^ ^ '-.-S'^ Ki; i^î- f"N BULLETIN MENSUEL DE LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION l'ARIS. — IMPRIMKRIE DE L. MARTINET, P.Un KICNON, 2. BULLETIN r r DE LA SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION FONDÉE LE 10 FÉVRIER 185^. TOME SIXIEME. a:\I\EE 1859. '*HW Vf>vs PARIS A LA LIBRAIRIE DE VICTOR MASSON, PLACE DE l'école-de-médecine, ET AU SIEGE DE LA SOCIÉTÉ, HÔTEL LAURAGUAIS, RUE DE LILLE, 19. 1859 -t.L SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION. t »■--.. ORGANISATION POUR L'ANNÉE 1859. LISTE DES SOCIÉTÉS AFFILIÉES ET AGRÉGÉES ET DES COMITÉS RÉGIONAUX, ET TROISIÈME LISTE SUPPLÉMENTAIRE DES MEMBRES. S. M. L'EMPERELR, prolecleur. BUREAU DE LA SOCIÉTÉ. MM. Isidore GEOl-'FROY SAL^T-UILAUIE, président. Le prince Marc de BE AUVAU, i DIIOUYN DE LIIUYS, Antoine PASSY, vice-présidents. niCIlAl'.D (du Cantal), 1 Le conilo d'ÉPIlÉMESiNIL, secrétaire général. Auguste DUMÉIUL, secrétaire des séances. E. DUPIN, secrétaire pour la correspondance à l'intérieur. GUÉUIN-MÉNEVILLE, secrétaire du Conseil. Le comte de SlNE'rY,secrétairepourla correspondance à l'étranger. Paul BLACQUE, trésorier. E. COSSON, archiviste. CONSEIL D'ADMINISTRATION. Les Membres du Bureau et MM. Frédéric DAVIN, Jules DELON, PO^LME, Le marquis SÉGUIER, J. CLOQUET, De QUATREFAGES, UUFFlEi;, Le baron SÉGUIEC, Fréd. JACQUEMART, MOQUIN-TANDON, Le marquis de SELVE, Jacques VALSERRES. Conseillers libres. ^' ^^ MM. le marquis AMELOT, le comte de COUESSIN, le baron de PONTALBA, ^ Emile TASTE'i". OU A ij SOCIÉTÉ IWI'ÉlUALt: ZOOLOÇlQLi: d'.vcclimatation. DÉLÉGUÉS DU CONSEIL EN FRANCE ET EN ALGÉRIE. ^Iggr MM. GÉUY, préfet du départemenur Alger. Bordeaux BAZIN, professeur de zoologie à la Faculté des sciences. Qaen . . LE Pr.ESTRE,cliirurgien en chef de l'Hôtel- Dieu, professeur à l'École de médecine. Cernay (Haut-Kliin). . . ZUI'.CllER (A.), propriétaire. Clermont-Ferrand . . . LECOQ (H.), professeur d'histoire naturelle à la Faculté des sciences. Le Havre DELAr.OCllE (II.), négociant. lygn LECOQ (F.),directeur de l'École vétérinaire. Marseille HESSE(A.), banquier. Mulhouse ZUBER (F.), propriétaire, manufacturier. jVanci/ MONNIEI'., membre du Conseil général de la Meurthe. Poitiers IIOLLAI'.D, prof, à la Faculté des sciences. Rouen POUCHET, membre correspondant de l'insti- tut, directeur du Muséum d'hisl. naturelle. Toulon AGUILLON, propriétaire, membredu Comice agricole de Toulon. Toulouse JOLY, professeur à la Faculté des sciences. Wesserlinij (llautnhin). SACC, ancien professeur à l'AcadcMniedeNeu- chàlel (Suisse). DÉLÉGUÉS DU CONSEIL A L'ÉTRANGER. Alexandrie {ȧy])\.it). . . MM. SABATIEU, consul général de France. Hatavia WASSINK (G.), chef du service sanitaire dans les possessions néerlandaises aux Indes orientales. Caracas (Venezuela). . . TOUIiUElL (de), consul de France. Chang-hai MONTKîlNY (de), ancien ministre plénipoten- tiaire, consul général de France. Florence DEMIDOFF (le prince A. de). Francfort BETIIMANN (le baron Maurice de), consul général de Prusse. Genève GOSSE (le docteur). Lausanne CHAVANNES (le docteur). Londres M ITCHELL, secret, de la Société zoologique, chargédeladireçliondu Jardin zoologique. Madrid GIÎAELLS, directeur du Musée d'hist. natur. Milan B1\0T (Ch.), banquier. Moscou KALINOVVSKI (J.), conseiller de Cour, pro- fesseur d'agric. à l'Université impériale. FOliMATlON DES BUUlivUX Uli LA SOCIÉTÉ. lîj Neuchâtel CAI'.BO.NMEIl, propriélairc. Philadelphie. WILSON (T.), menib. de l'Acad, des sciences. Riu-Janeiro CAPANE.MA (le capitaine de), professeur de physique à l'Académie impériale du génie. SainL-Pétersbourg. . . . BU A.\DT, conseiller d'État actuel, membre de TAcadémie impériale des sciences. Sù/nej/ (Australie). . . . MAC AUTHUll,commissairegénéralde l'Aus- tralie près l'Exposition universelle de 1855. Turin BAllUFFl (le chevalier), professeur à lUni- versité. Vieillie APiENSTElN, commissaire de l'Autriche près l'Exposition universelle de 1855. BUREAUX DES SECTIONS. • i" Section. — Mammifères. MM. RiCHAlîD (du Cantal), délégué du Conseil et président. Frédéric DAVIN, vice-président. DAllE^TE, secrétaire. Albert GEOFFROY SAIN l'-UILAlIlE, vice-secrétaire. 2° Section. — Oiseaux (Aviculture). MM. Le comte d'ÉPUÉMES.ML, délégué du Conseil. BEI'.l'.IEIl- l'OiNTAlNE, presù/eni. CllOLIl'PE, vice-président. DAVELOUIS, secrétaire. UUBEUr-BlUERUE, vice-secrétaire. 3° Section. — Poissons, Crustacés, Annélides, Mollusques (i'iscicullure). MM. PASSY, délégué du Conseil et président. MILLET, vice-président. LOBLIGEOIS, secrétaire. Charles WALLCT, vice-secrétaire. Ix^ Section. — Insectes (Sériciculture et Apiculture). MM. Le prince de BEAUVAU, délégué du Conseil. GUÉUIN-MÉNEVILLE , président. BIGOT, vice-président, h. SOUBEIRAN , secrétaire. A. PEiîllOT, vice-secrétaire. 5* Section. — Végétaux. MM. DHOUYN DE LIIUYS, délégué du Conseil. MOQUL\-TA.\ DO.N , président. CH ATIN , vice président. 3. MICHOxN, secrétaire. PlllLLIELX, vice-secrétaire. JV SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE u'aCCL1MAT\TI0N. COMMISSION PERMANENTE DE L'ALGÉRIE. MM RICHARD (du Cantal), président: le sénth-al DAUMAS, président honoraire; le prince Marc de BEALVAU, BIGOT, CIIATIN, COSSON , DARESTE, DAVIN, DELON, DUPRÉ DE SAINT-MAUR, DUVAL, FOCILLON, Victor FOUCHER, le vicomte GARBÉ, GUÉRIN-MÉMEVILLE, LAPERLIER, LOBLIGEOLS, J. MICHON , MILLET, de NABAT, PEUT, et A. GEOFFROY SAINT-HILAIRE, secrétaire. COMMISSION PERMANENTE DES COLONIES. MM. A. PASSY, président: AUBRY-LECOMTE, BELLIET-:\IONTROSE, DAVID, le comte DESBASSAYNS DE RICtlEMONT, DEVILLE, DUTI'.ONE, LIÉNARD père, MALAVOIS, MENNET-POSSOZ, RAMON DE LA SA(ÎRA, RUFZ DE LAVISON, secrétaire. COMMISSION PERMANENTE DE L'ÉTRANGER (i ). MM. DROUYiN DE LllUYS, président; de QUATREFAGES, vice-pré- sident; J. CLOQUET, DAVID, DEliRAUZ, DUPERREY, FAUGÈRE , JOMARD, PAYER, l'amiral PENAUD, POEY, RAMON DE LA SAGRA, ROSALES, TASTET, TAUNAY, Pierre de TCHIHATCHEF, Platon de TCIUHATCIiEF, de VERNEUIL, VVEDDELL, YVAN, et de CLERCQ, secrétaire. Commission climatologique. — MM. BECQUEREL, président; CHATIN, DUPERREY, J. DUPRÉ DE SAINT-MAUR, le comte d'ESCAYRAC DE LAUTURE, POEY, Cli. DEVILLE, le marquis de VIBRAYE, WEDDELL, et Edmond BECQUEREL, secrétaire. Commission industrielle (pour Tcxamcn des produits désignés comme propres à être introduits dans Pindustrie). — MM. le baron SÉGUIER, président; DKYlTi, Charles DOLLFUS, DOYÈRE, FOCILLON, FRÉMY, GERVAIS (de Caen), IIEUZEY-DENEYROUSE, Frédéric JACQUEMART, LE PLAY, MENNET-POSSOZ, PELOUZE, PERSOZ , Florent l'RÉVOST, Natalis RONDOT, et Ch. DARESTE, secrétaire. Commission médicale (pour Foxamcn des produits désignés comme propres à être introduits dans l'industrie). —MM. J. CLOQVET , président ; MOQUIN-TANDON, BOUCIIARDAT, BOULLAY, E. CAVENTOU, CIIATIN, J. GUÉRIN, N. GUILLOT, JOBERT DE LAMBALLE, le baron LARREY, LEBLANC, MIALIIE, Michel LÉVY, MICIION pire, RÉVEIL, RUFZ DE LAVISON, et L. SOUBEIRAN, secrétaire, (l) Les ambassadeurs, ministres, chargés d'affaires et consuls étrangers, qui résident à Paris, et qui sont membres de la Société, font de droit partie de la Commission de l'Étranger. LISTE DES SOCIÉTÉS AFFILIEES ET AGRÉGÉES o) A IJk !^OC lÉTÉ liUPÉKIALE ZOOLOGIQLE D'ACCLI^IATATIOIV ET DE SES COMITÉS RÉGIONAUX (2). SOCIETES AFFILIEES ET COMITÉS UÉGIONAUX FRANÇAIS. La Société zoologique cracclinialation pour la région des Alpes (Société zoo- logique des Alpes), à Grenoble. La Société régionale d'acclimatation pour la zone du nord-est, i Nancy. La Société du Jardin zoologique de Marseille. Le Comité régional de la Société impériale d'acclimatation à Bordeaux. Le Comité colonial d'acclimatation de la Guyane française. Le Comité colonial d'acclimatation de l'ile delà Réunion. Le Comité régional de la Société impériale d'acclimatation, à Poitiers. Le Comité régional de la Société impéiiale d'acclimatation, à Alger. Le Comité colonial d'acclimatation, à la Martinique. Le Comité colonial d'acclimatation, à la Guadeloupe. SOCIÉTÉS AFFILIÉES ET COMITÉS RÉGIONAUX ÉTRANGERS. Le Comité de la Société impériale d'acclimatation pour l'Egypte, à Alexandrie. La Société d'acclimatation pour le royaume de Prusse (Acclimatisations Verein filrdie h'Otiitjlich-PrPussischrn Staaten), à Berlin. Le Comité zoologique d'acclimatation de Moscou. Le Comité d'acclimatation des végétaux de Moscou. La Société centrale d'agriculture et d'acclimatation des Basses-Alpes, à Digne. SOCIETES AGRÉGÉES FRANÇAISES. Le Comice agricole de Toulon. La Société d'émulation, d'agricnllurc, sciences, lettres et aris du départe- ment de l'Ain, à Bourg. La Société d'agriculture de Verdun (Meuse). La Société d'agriculture, belles-lctiros, sciences et arts de Poitiers (Vienne). (1) Le titre de SoCiktks affiliées est spécialement réserve aux Sociétés fomlées dans le Imt d'appliquer à une région delcrmiiiéc les principes posés par la Société impériale d'Acclimatation. Le litre de SociiÎTKS acuégées est donné à des Sociétés scientifiques, agricoles, industrielles ou de bien pulilic, qui font entrer dans le cercle de leurs travaux l'application des principes posés par la Société. (Pour les Sociétés affiliées et agrégées, \o\ez le Règlement, cliap. 11 (Bulletin, t. H, p.x et XI), (-2) Le tilre de Comité de i.a Société impÉuiale d'.^cclimatation est accordé à des réu- nions locales de membres de la Société désireux de concourir plus activement, el [>ar des efforls communs, au but de la Société. Les Comités d'acclimatation jouissent de tous les avantages attribuéi par le Règlement aux Sociétés affiliées. VJ SOCIÉTÉ IMPÉIUALE ZOOLOGIQUE IJ ACCLIMATATION. La Soci('l(' protectrice des animaux, à Lyon (Hlione). La Société cragriculture du dépailemcntdes Bouclios-dii-niiône, à Marseille. Le Comice agricole d'Aubigny-sur-Nerre (Clier). La Société d'agricuUare, arts et commerce du département de la Charente, à Angoulème ((Charente". La Société d'agriculture d'Alger. La Société d'agriculture et de slatislique de Roanne (Loire). La Société d'agriculture, sciences, arts et belles-lettres de l'Eure, à Évreux. La Société d'agriculture du Puy-de-Dôme, à Clermont-Ferrand. La Société des sciences naturelles et archéologiques de la Creuse, à Guéret. La Société d'horticulture de la Gironde, à Bordeaux. La Société d'agriculture, sciences, arts et commerce de la Ilaute-Loire, au Puy. La Société d'agriculture de l'arrondissement de Dôle (Jura). La Société d'agriculture de la Haute-Garonne, à Toulouse. Le Comice agricole de l'arrondissement d'AUiis (Gard!. Le Comice agricole d'Épinal (Vosges;. La Société des sciences, agriculture et arts du Bas Rhin, à Strasbourg. La Société centrale de l'Yonne pour l'encouragement de l'agriculture, à Auxerre. La Société d'agriculture de Seine-et-Marne, à Melim. La Société d'agriculture de Provins (Seine-et-Marne). La Société d'agriculture et de l'industrie de Tonnerre (Yonne). La Société d'horticulture de l'Aube, à Troyes. La Société d'agriculture, industrie, sciences et arts de la Lozère, à Mende. Le Comice agricole des arrondissements de Melun et de Fontainebleau. La Société d'horticulture de Kantes. La Société d'agriculture de Louhans (Saône-el-Loire). SOCIÉTÉS AGRÉGÉES ETRANGERES. La Société d'utilité publique de Lausanne (Suisse). L'Association agricole des États sardes {Associazione agraria degli Stati sardi), à Turin. La Société d'économie rurale de la Côte (canton de Vaud) (Suisse). L^Académie royale d'agriculture de Turin {Reale Accademia d'agricoltura di Torino). La Société du Cercle littéraire de Lausanne (Suisse). La Classe d'agriculture de la Société des arts de Genève (Suisse). La Section dïndustrie et d'agriculture de l'Institut genevois (Suisse). La Société impériale et royale d'agriculture de Vienne {Die kaiseriiche IcOnigliche Landivirthschafts-Geselhchaft in Wien). La Société séricicole de l'ologne {Sjiolkajedicalmicza polska), à Varsovie. La Société agronomique du Frioul (Associazioîie agraria Friulana), à Lldine. La Chambre d'agiiculture de Port-Louis (île Maurice). La Société d'agriculture du duché de Nassau. L'Instjtui agricole catalan de San isidro, à Barcelone (Fspagne). OiJATRlÊME LISTE SIJPPLÉMEINTAIRE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION Membres admis (lu 23 avril 1858 au 22 avril 1839 (1). S. S. LE Souverain Pontife, S. M. LK l.oi DE Danemark. S. M. LE HOI D'JvSI'AGNE. H. M. LE Koi DE Bavière. S, A. lî. le i^r;iiul-;Iiic du Saxe-Weimar. S. A. 1. et li. rarcliidiic Kebdinand-Maximilien d'Autriche. MM. Adelswaul) (lo baron), envoyé exiraordinairc cl ininislre plénipotentiaire de S. M. le Roi de Snède et de Norvège, à Paris. Alcochète (le vicomte d'), conseillei; de la Légation portugaise, à Paris. Ali-i\aghi (Mirza), genlillioniiiie de la chambre de .s. M. le Schah de Perse, et second secrétaire do l'Ambassade persane, à Paiis. Altuammer, ornithologiste, membre fondateur de la Société d'acclimata- tion du Tyrol, à Jioveredo (r}rol). Andigné (le marquis d'), ancien pair de France, à Paris. André (César-Ernest), membre du Corps législatif, 5 Paris. A:ndré (Fiançois-Édouard), ollicier aux guides de la gaide, à Paris. Archambaui.t (le docteur), ancien médecin en chef de la maison impériale de Charenton, à l'aris. Arnould (A.), propriétaire-agriculteur, à Toussicourt (Marne) et à Alger. Arrault, pbarmacicn-cliimiste, à Montmartre. Actellet, propriétaire, à Poitiers (Vienne). AvARAY (le comte Camille d'), à Paris. Aymes, membre dn Conseil général du département d'Alger, à Ferkadji, commune de PArba, près Alger. Baborier, de la maison Jacquemet, Connefond, d'Annonay, à Lyon. Bach (S. Lxc. le baron A. de), conseiller intime actuel, ministre de l'in- térieur d'Autriche, à Vienne (Autriche). Baillarget (le docteur), médecin des hôpitaux, membre de l'Académie impériale de médecine, à Paris. (1) Pour les membres aniérieiiremeiii ii.lmis, voyez la Lute dénérale des membres, t. H, p. XXII il XLvit; la Première liste supplémentaire, t. III, p. xii :i xix; la Deuxième liste supfilémeataire, t. IV, p. ix à xx ; et U Troisième liste supiitèmevUtire, t. V, p. xi ii xxn . Viij SOCIÉTÉ IMPÉUI\LE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Bailly, membre du Conseil général de la Vendée, juge de paix, à la Soiir- derie', près Peyré-sur-Vendée, canton de Saint-llilaire des Loges (Vendée). Balcarce (de), cliargé d'affaires de Buenos-Ayres, à Paris. Ballykt (le baron), ancien intendant militaire, ancien maître des requêtes et membre du Conseil de l'Algérie, à Lantilly, par Corbigny (Nièvre). Banès, administrateur du Crédit foncier de France, à Paris. Barailon (J.-B.), propriétaire, à Chambon (Creuse). Barny, conseiller à la Cour impériale d'Alger. Barrallier (le docteur), médecin en chef de la marine impériale, profes- seur à l'École de médecine navale, à Toulon (Var). Basagoitia (:\Ianuel-Mariano), à Lima (Pérou), et à Paris. Bassery (Jules), à Paris. Baudier, à Paris. Beaumont-Vassy (le vicomte de), ancien préfet, à Semilly,prèsLaon (Aisne). Beaurin (Cuillaume), propriétaire, fabricant de sucre, à Margny, près Compiègne (Oise). Belcastf.l (le baron de), premier secrétaire d'ambassade, à Toulouse. Uelleroche (de), propriétaire, à El-Biar, près Alger. Bellet, avocat et propriétaire, à Saint-Gervais, près Magny en Vexin (Seine-et-Oise), et à Paris. Belliol (le docteur), à Paris. Belmon T (de), capitaine d'artillerie, à Alger. Belurgey de Granville, préfet de la Mayenne, à Laval (Mayenne). BÉNARDAKI (Léonidas), propriétaire, à Saint-Pétersbourg (lUissie). Benjamin, vétérinaire, à Paris. BÉRARD, membre correspondant de l'Académie des sciences, doyen de la Faculté de médecine à Montpellier. BÉRARD, peintre et voyageur, à Paris. Berdin (Henri), avocat, à Paris. BÉRENGER, juge de paix du 1" arrondissement, à Paris. Bersolle (Auguste), secrétaire de l'ambassade de France en Chine, à Paris. Besson (a.), membre du Conseil général de l'Aisne, maire de Guise (Aisne). BiETRix-SiONEST, propriétaire, à Lyon. Blanche (le docteur), à Passy (Seine). Blanche (Alfred), secrétaire général du Ministère de l'Algérie et des Colonies, à Paris. Blanchet (le docteur), à Paris. BocHET, avoué, à Paris. Boissonnet (le baron de), lieutenant-colonel d'artillerie, vice-président du Conseil général, à Alger. BoiTTELLE, préfet de police, à Paris. BoNNEAU du Martray, à Paris. BONNEAU dd Martray (Edmond), chef d'escadron d'état -major, à Paris. Bonnet (Gustave), ingénieur en chef des ponts et chaussées, à Lyon. BONNiN, entrepreneur des eaux de Paris, Bordeaux, Lyon, etc., à Paris. QUATHIÈME LISTE SUPPLÉMENTAIRE DES MEMBRES. ix BosQUiLLON DE Jeslis (Kmcsl), à Paris. Bouchard (Constant), propriétaire, à Franche ville, près Lyon. Bouge-Kesler, propriétaire, à Paris. BODiLLOD, propriétaire, à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire). BouiLLOux, propriétaire, à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire). BOL'LARD (Gustave), à l'a ris. BouLOUMiÉ, ancien magistrat, i)ropriétaire des eaux minérales de Viltet, à Villet (Vosges). BOURBEAO, ancien représentant, professeur à la I-'aculté de droit, avocal près la Cour d'appel, à Poitiers. BouRGUiN, ancien magistrat, à Paris. BoussiÈRE, vice-président honoraire de la Société impériale et centrale d'horticulture, à Paris. BODVY (IL-W.-M.-L.), attaché au Ministère de l'Algérie pour les affaires commerciales, à Paris. BoYER, inspecteur des lignes télégraphiques, à Paris. Bracounot, à Paris. Brenier, ministre plénipotentiaire, à Paris. IjREsson, ingénieur-mécanicien, à Alger. BRETOiNiNEAU (le doctcur), membre correspondant de l'Institut, associé na- tional de l'Académie impériale de médecine, à 'i'ours. Brimom (Gaston de), à Paris. Broglie (le prince llaymond de), au château de Saint-Georges, par Aulnay (Calvados). Brosselai'.d, sous-préfet, à Tlemcen (Algérie). Brolzet (Alexandre), capitaine de frégate, à Paris. Bkuch (S. Exe. le baron de), conseiller intime actuel, Ministre des finances d'Autriche, à Vienne (Autriche). BuOR (Alfred de), propriétaire, à Velaudin, par la Châtaigneraie (Vendée). Bureau, juge de paix, à Mortagne-sur-Sèvre (Vendée . Burger (S. E.\c. le baron Frédéric de), conseiller intime actuel, gouverneur de la Lombardie, à Milan. BussON-DuviviERs(J.-J.-E.), propriétaire, à la Bibouilière, par Grand-Lucé (Sarlhe), et à Paris. Caffe (le docteur), à Paris. Calligas, pharmacien de l'armée turque, à Constantinople (Turquie). CaSîpeau (de), ancien receveur général, à Laon (Aisne). Cartigny (Henri), homme de lettres, à Paris. Castel-Bra.nco (de), membre de la Société des sciences médicales de Lisbonne, à Funchal (Madère). Castellani (le comte Jean-Baptiste), à Casalta, près Luccignano (Toscane). Caulaincourt (le marquis de), membre du Corps législatif, à Paris. Caventou (Eugène), pharmacien, à Paris. Chabert-Moreau, défenseur à la Cour impériale, adjoint au maire, à Alger. Chambray (le comte Raoul de), à Paris. X SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Chancel (Ausone de), sous-préfet, à Blidah (Algérie). Chaintin, horliculteiir-pépiniérisle, à Montroiige (Seine). Chasseriau, maître des requêtes, ù Paris. Chasseriad, architecte, à Alger. Chassibon (le baron de), sénateur, à Paris. Chasteigner (le comte de), propriétaire, à Paris. Chatellus (Ernest de), à Paris. Chauvin, propriétaire, à Lannion (Côles-du-Nord). Chevallereau (Gustave), membre du Conseil général de la Vendée, à Sainte-Hermine (Vendée). CuEVANDiER, membre correspondant de l'Académie des sciences, adminis- trateur du chemin de fer de l'Est, à Cirey (Meurthe). Christofle (Charles), négociant, à Paris. CiTADELLA ViGODARZERE (S. Exc. M. le comte André), grand maître de la cour de S. A. I. et W. l'archiduchesse Charlotte, à Alilan (Lombardie). Claudon (le docteur Ch.-A.), à Clermonl (Oise). Clos (Dominique), professeur à la Faculté des sciences et directeur du Jardin des plantes de Toulouse (Haute-Garonne). COLLADON (le docteur), à Paris. CONTi (Joseph), propriétaire, à Milan (Lombardie). CORCELLES (de), ancien dépiilé, à Essai (Orne). CORDiER (Gustave), propriétaire, à Saint-Quentin (Aisne). CORDIER, agriculteur, à là Maison-Carrée, près d'Alger. CORNAY (le docteur), à Paris. CORNUDET (le comte), ancien pair de France, à Paris. COSTALLAT, sous-préfet de Milianah, à Milianah (Algérie). COTTENET (Pierre-Eugène), notaire honoraire, ancien maire du I" arron- dissement, à Paris. COTTIER, propriétaire, à Paris. Cour.NY (Emile de), propriétaire, maire de Sa vigny, près Lencloître (Vienne). COURCY (le comte de), membre du Conseil général de Seine-et-Marne, président de la Société d'agriculture de i'.ozay et du Comice agricole de Coulommiers, à Paris. CouRVAL (le vicomte de), membre du Conseil général de lAisne, au château de Pinon, par Anisy-le-Château (Aisne). Cousin (Adrien), notaire, à Paris. Croy (le vicomte de), membre du Conseil général d'Indre-et-Loire, au château de Crémauit, par Vouneuil (Vienne). Cussy (le vicomte de), ancien officier supérieur, à Paris. CzoERNiG DE CzERAHAUSEN (le baron Charles de), chef de section au minis- tère du commerceetdes travaux publics d'Autriche, à Vienne (Autriche). Dalmas (de), sous-clief du cabinet de S. M. l'Empereur, à Paris. Uanyau (le docleur), membre de l'Académie impériale de médecine, Paris. Dariste (Auguste), sénateur et propriétaire, à Paris. QLATlliEME LISTE SUPPLÉMENTAIRE DES MEMBRES. XJ Daru (le baron Eugène), à Paris. Dacger (le comte), à Menneval, par Bernay (Eure). EteBDTRiE (E. de lii), propriétaire, à la Debiitrie, par Chantonnay (Vendée). Degove (Jules), receveur général de la Vienne, à Poitiers ,Vienne). Delacroix, recteur de PAcadémie d'Alger. Delamare (Vlexandre), ancien cultivateur,;! la Chapelle-Saint-Denis (Seine). Delaville LE-RouLX, propriétaire, à la Guéritande, près Tours, et à Paris. Delesvaux (Camille), propriétaire-agriculteur, à Vendat (Allier). Deaiarquay (le docteur), chirurgien des hôpitaux, à Paris. DemOiXTZey, garde général, à Orléansviile (Algérie). Denonvilliers (le docteur), professeur à la Faculté de médecine, inspec- teur général des Facultés et des Écoles de médecine de France, à Paris. Dequevauviller (Ip docteur), à Paris. Desaix (le baron), sous-préfet, à Noniron (Dordogne). Deschamps (Jacques), introducteur du Colin de (Californie, à Paris. Descollard des Hômes, maire d'Épannes, au château d'Èpannes, par Frontenay-Piohan-Uohan (Deux-Sèvres). Devalois, régent de la banque de France, à Paris. Devilliers (le docteur), à Paris. DuBiED (G.), propriétaire, à Saint-Sulpico, canton de Neuchàlel (Suisse). Dubois i\e. baron Paul), doyen de la Faculté de médecine, à Paris. Ddbourg (A.), membre du Conseil général de Seine-et-Marne, à Paris. Duchesne, membre du Conseil général de l'Aisne, maire de Vervins (Aisne). DucHES\E DE Bellecol'rt, cousul général de France au Japon, à Paris. Ddclos (Nicolas-Auguste), propriétaire, à Lieusaiut (Seine-et-Marne). Dufeu, sous-inspi'ctcur des forêts, à Alger. Ddmesnil (Henri), à Paris. Ddpont, ancien ofticior du génie, à ISouge-Perrier, par le Neubourg (Eure). Dcquesne (le baron Melchior), propriétaire, à Paris. Dctfov (Auguste), propriétaire-cultivateur, à Éprunnes, arrondissement de Melun (Seine-et-Marne). Ddtfoy (Paul-Édouard),chef de culture à la ferme des Bergeries de Senart, par Montgeron (Seine-et-Oise). Ellice (Sir Robert), membre du Parlement britannique, à Londres. Erlanger (Raphaël), consul général de Portugal, consul de Suède et de Norvège, à Francfort. Ernemont (d'), membre du Conseil général de la .Seine-Inférieure, à Paris. Errazu (de), à Paris. EscAMPS (Henri d'), ancien administrateur de la marine, à Paris. EsGONNiÈRE (Aristide), membre du Conseil de Parrondissement de Napoléon- Vendée et maire delà Chaise-le- Vicomte (Vendée). EsNAULT (Paul-Eugène), négociant, à Paris. EspiERRE, conseiller d'arrondissement, à Fontenay-le-Comte (Vendée). Ettling (Guillermo), propriétaire, à Madrid (Espagne). Eynard (Gabriel), propriétaire, à Val-Ombré, près Vevey (Suisse), Xij SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE u'aCCLIMATATION. Eyroux, officier d'adminislralion, ù Alger. ExhNGER (J. , aîné), fournisseur de la vénerie de la Cour, à Vienne (Autriche). Fabre (Géraud), propriétaire, au château du Claux, près Aurillac (Cantal. Fantoni (le révérend père) (11,), missionnaire au Chang-tong (Chine). Ferrari (le comte Jules de), à Paris. Ferraton, médecin-major, à l'hôpital du Dey, à Alger. Festa (Pierre), propriétaire et négociant, à Milan (Lombardie). Feuillet de Conches (le baron), maître des cérémonies, introducteur des ambassadeurs auprès de S. M. l'Empereur, à Paris. Fitz-James (le duc de), à Paris. Fleury de Senlis (le docteur), médecin de 1'^ classe de la marine française, inspecteur des hôpitaux turcs, à Constantinople (Turquie). Foltz (le général), commandant de l'École d'élat-major, à Paris. Foold (S. Exe. M. Achille), Ministre d'État et de la maison de l'Empereur. FODRCiiY (Paul), à Paris. FOL'RRiER, propriétaire, défenseur, à Alger. Franche (André), 1" adjoint au maire de Boulogne (Seine). Franclieu (le comte de), propriétaire, à El-Biar, près Alger. Franclieu (Henri de), capitaine de frégate, à Alger. Fremunger (le docteur), à l'aris. Freschi (le comte Gérard de), à San-Vito (Frioul). Fresne (Eugène de), à Paris. Freteau de Peny, conseiller référendaire à la Cour des comptes, à Paris. Fréville (Eugène), propriétaire, à Paris. Galignani (Antoine), propriétaire, à Paris. Galig^vanf (William), propriétaire, à P.iris. Gallien, manufacturier et propriétaire, à l'uteaux (Seine). Gallifet (le marquis de), lieutenant aux guides, à Melun (Seine-et-Marne). Gallwey (le comte Edouard de), propriétaire, à Paris. Ganneval (Auguste), à Paris. Garnier (le docteur Marcel), propriétaire, aux Sables-d'Olonnc (Vendée). Gautier (Louis-Henri), juge au tribunal de Napoléon-Vendée (Vendée). Gavarret, professeur à la Facullé de médecine, à Paris. Gellineau (Georges) , propriétaire, à la Cigogne, près Barbezieux (Charente). Géraud, vétérinaire de l'armée, en mission à Constantinople (Turquie). Germain, avoué, aux Sables-d'Olonne (Vendée). Giaccobi, conseiller à la Cour impériale d'Alger. GiLBERT-BoucuEU iC.-G.), membre du Conseil général de Seine-et-Oise, à Paris. GiLLET DE Gp.andmont (Emcst), avocat, à Paris. Gingembre (L. -François), fabricant manufacturier, à Paris. GiRAUD, rédacteur des procès-verbaux à la Chambre des députés, à Paris. Girard (Maurice), agrégé des sciences physiques et naturelles, professeur au collège Rollin, à Paris. Glatigny (Edouard de), à Paris. QUATRIÈME LISTE SUPPLÉMENTAIRE DES MEMBRES. Xl'ij OoDET DE LA TiiBOUiLLERiE, au chàtcaii de rHcnnenault (Vendée). fiOHiiv (Eugène-Arthur), propriétaire, à Paris. GONNEAUD (Pierre), pharmacien, à Ciialon-sur-Saône (Saône-et-Loire). GoL'LiiOT DE SAiNT-GEr.MAiN (de), sénaieur, membre du Conseil général de la Manche, à Paris. GoDRom (Aristide), notaire, membre du Conseil d'arrondissement et maire, à Iloni, par Melle (Deux-Sèvres). Gourdin (D.-D.), docteur en droit, avocat, à Napoléon- Vendée (Vendée). Gouttes, chef de bureau au Ministère des finances, à Paris. Gravillon (Hector de), lieutenant-colonel dVHat-major, à Paris. Grenier lils, propriétaire, à Cerilly (Allier). Grisolle (le docteur), professeur à la Faculté de médecine, à Paris. Gross (Jean), propriétaire-agriculteur, à Griiningen, canton de Zurich (Suisse). , Grunelius (Charles), à Francfort (Allemagne). GuASTALLA, banquier, à Paris. Gcbler (le docteur), niédecin des hôpitaux, à Paris. Guérie (P.), propriétaire-agriculteur, au Longpré, à Rernay (Eure). GuGENiiEiM, banquier, à Alger. GuiLLEMARD, procureur général à la Cour impériale d'Alger. GuiLLEMEAU (Ic doclcur), à Paris. Gditton (Hcnri-Ernesl), notaire, à Napoléon-Vendée (Vendée). GuYON (le docteur^ membre correspondant de l'Institut (Académie des sciences), inspecteur du service de santé des armées, à Alger. GuYOT (le docteur Julos), à Paris. Haas (Marie), chef de division à la préfecture de la Haute-Marne, membre du Conseil d'hygiène publique et de salubrité, à Chaumont (Haute-Marne). Hamilton (le duc de), pair d'Angleterre, à Paris. Haerjng (Frédéric), directeur de la pépinière impériale de Hônc (Algérie). Harcourt (le comte lîernard d'), à l'aris. Harel (Pierre- François), à Monirouge (Seine). Harris (le capitaine), agriculteur, à Constantinople (Turquie). Hautpoul (le comte d'), à 'J'roiiville-sur-Mer (Calvados), et à Paris. Hébert, dépulé, membre du Conseil général de l'Aisne, à Cliauny (Aisne). HÉLOT (Léon), chef du bureau de la colonisation et des travaux publics, la préfecture d'Alger. HenNequin, chef du bureau de l'inscription maritime de la police de la navigation et des pêches, au Ministère de la marine, à Paris. Hennequin (Henri), propriétaire, à Aulnay (Seine), et à Paris. HÉRELLE (Félix), à Paris. IIÉRissK, agriculteur, à la Hevliison, par 13cauvoir-sur-Niort (Deux-Sèvres). Herpin (le docteur), à Paris, Hervez de Chegoin (le docteur), membre de l'Académie impériale de médecine, à Paris. Hétet (le docteur), professeur à l'École de médecine navale de Toulon (Var). xiv SUCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGÏQL'E I)'ACCLIMATATIO^'. IlEYRAL'O, piopiiélaire et sériciculteur, à Villciicuvc-de-lierg (Ardrche}. lIiLL (1p vicomte), pair crAiiglcIene, à Havvkston-Saiop (Angleterre). IliTiER, consul générai, à Sainl-]\oin-la-Bretesclie (Seine-et-Oise). UOCEDÉ DU Tramblay, propriétaire, à liubelles (Seine-et-Marne). HOFMANN (F.-W.), conseiller d'économie, à Vienne (Autriciie). t]vc (l'abbé H.), à Paris. HuGUEKAY, lieutenant-colonel, commandant les compagnies du train des équipages militaires de l'armée d'Afrique, à Alger. HuiLLiER, notaire, à Paris. iMBERDis, président de chambre à la Cour impériale d'Alger. Im^col'kt (le comte d'), membre du Conseil général de l'Aisne, au château de liousey (Aisne). iRissoN, notaire, à Oradour, près l'ierrefort (Cantal). Jalabert de Huparlac, à Paris. Janinet (Pierre), i)ropriétaire, à Monlrouge (Seine). JOLY DE LoTBiMiiRE (Gustave), à Québec (bas Canada). JossE (H. -F.), président du tribunal civil, aux Sabies-d'Olonne (Vendée). JossEAU (François-Jean-Bapiisle), député au Corps législatif, à Paris. Jourdain, négociant, à Louviers (Hure), et à Paris. JuLLiEN (Théodore- lierre), ancien magistral, président honoraire delà Société d'agriculture de Joigny, à Paris. Kevore Sdimabadjan, ancien élève de Crignon, agriculteur et directeur ; du iNizam des soies d'ismidt, à Constantinople (l'urquic). KoECHLiN (André), ancien député, à Paris. Koenigswarter (llenri-Julcs;, chargé d'allaires de S. A. le duc de Saxe- Cobourg-Gotha, à Paris. La BouLiE (de), sous-préfet, à Médéah (Algérie). Labussière, inspecteur des forêts, à Clermonl-Ferrand (Puy-de-Dôme). I^acroix (Léopold), propriétaire, à l'aris. liAFAULOTTE (Erncst de), propriétaire, à Paris. Laffiley (le docteur Jean), secrétaire du Comice agricole de Mclun et Fontainebleau, à Couberl (Seine-et-Marne). Lafont. (Emile), inspecteur général des prisons delà Seine, à Paris. ^-agneau (le docteur), à l'aris. Lagréné (de), ancien ministre plénipotentiaire, à Paris. Lairtullier, notaire honoraire, à Paris. Laisné, membre du Conseil général de l'Aisne, directeur au Ministère de l'intérieur, à l'aris. Laisné, propriétaire, à Braisne (Aisne), Lalliet (A.), allaché au contentieux du chemin (le fer de l'Ouest, à Paris. LA Mare Koeler (Uodrigo de), propriétaire, à Rio-Janeiro (Brésil). Lamote-Baracé (le comte de), au château de Coudray, près Cliinon (Indre). La Planche (de), propriétaire, membre du Conseil général de la Mèvre, à Aulun (Saùne-et-Loire). La Rochefoucauld (le comte Frédéric de), à l'aris. quatuirmk listi<: supplémi:>Taiiie des memoui-s. xv La RocnEKOUcAULn (Iccomlc llippolyto do), ancien minisire plénipolen- liaire, à Paris. La Iîoque (de), prnpriéîairo, à Saiale-Baudile de la Sylve , près Tiignac, par Montji(lU(>r (Hérault). Larrif.u, clit'f du cabinet de la préfecture d'Alger. Lasnonnier (Kugène), avocat et niend)re du Conseil général des Deux- ' Sèvres, à Niort (Deux-Sèvres). Laugier (le docteur), professeur à la Facullé dr médecine, à Paris. Laval (Adolplio), propriétaire, à Fontenay-le-Comte (Vendée). La Vallkk (Alphonse), a Paris. Lebaii-ly, notaire, à Alger. Lk Iîéalle-Antier, professeur au collège [îollin et à Sainte-Barbe, à Paris. Leckner (le docieur Aiexaudrf), directeur do la section enloniologiquc du Coniilé zoologique d'acclimalation de Moscou, à Moscou (lUissio). Lecointe, juge au tribunal de Corbeil (Seinc-et-Oise). Leemans (Emile), propriétaire, à ['aris. Lefèvre (Valère), négociant, à Paris. Legentil, président de chambre à la Coiu- impériale de Poitiers (Vienne). l.ELiÈVRE (le docteur), à Paris. Lemaistre-Chabert (Ad.), propriétaire, président du Comice agricole de l'arrondissement de Strasbourg, à Achcnlieim (Has-I\hin). LÉONARD, médecin en chef de la division de Médéali (Algérie). Le Pelleg, marchand grainier, à Saiiit-Brieuc (Cùtos-du-Nord). L'Esi'j.NE (le vicomte Oscar de), socréîairc do Pambassade de France, à Saint-Pétersbourg, à Paris. Lestiboudois, conseiller d'Étal, membre correspondant de l'Académie des sciences, h Paris. Levavassi UR, ancien député, à Paris. LiLLiE (le général John Scott), à Londres (Anglolorre). Liniers (le général de), comiuaiulanl la subdivision de Médéali (Algérie). LizoT (Ldmond), docteur en droit, à Argentan (Orne). Loche (le capitaine) , directeur du Musée d'histoire naturelle d'Alger. L('tFF!,Er. [Charles], à Berlin (Prusse). LoMKAiiD (Henri), négociant, à Nîmes (dard). LouvRiER, conseiller à la Cour impériale de Poitiers (Vienne). Madrid (le vicomlede), membre du Conseil général de l'Aisne, au lléric- la-Vievilie, canton de Solain (Aisne). Magnan (S. Kxc. le maréchal), commandant en chef de l'armée de Paris. Maisonneuve, aîné, propriétaire, à Amberl (Puy-de-Dùmo). Maisons, propriétaire, à la Maison-Carrée, près Alger. Maisonskul (de), capitaine de frégate, directeur du port d'Alger, à Alger. Mallarmé, intendant de la division d'Alger, à Alger. ^LM,LET (Joan-Fiançois), propriétaire, à Paris. Mamgal'lt (Louis), à Charloston (Caroline du Sud), el à Paris. Marchand, maître de poste, à Toury, ligne d'Orléans (Eure-et-Loir). XVJ SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE I) ACCLIMATATION. Marchesseaux, directeur de l'usine à gaz, ù Alger. Marcomnet 1,1e docteur), à Paris. Marcotte, pharmacien, à Paris. Marengo (le colonel), maire de Douera, à Douera (Algérie). Marguerite, chef d'escadron, commandant le cercle de Laghouat (Algérie). Marion, président du tribunal civil d'Alger, à Alger. Marnier (Jules), colonel d'éiat-ninjor, maire de Montmorency (Seine-et- Oise), à Paris. Maroin (le docteur), chirurgien principal de la marine, îi Toulon (Var). Marquet, gérant de la colonie pénitentiaire de Fontevrault (Maine-et-Loire). Martins (Ch.), prolcsseur à la Faculté de médecine de Montpellier, direc- teur du Jardin botanique, ù Montpellier (Hérault). Masson (Alfred), employé au Ministère de la marine, à Paris. Mathieu (le contre-amiral Aymé), à Paris. Maurice, avocat, à Douai (Nord). Mauiuce-Allard (Alexandre), propriétaire, à Paris. Maury (le connnandant) (11.), àWashington (États-Unis). Mercier (Enimanuel-Prosper), propriétaire, à Napoléon-Vendée (Vendée). Merck (Charles), syndic des affaires étrangères de la république de Ham- bourg (Allemagne). Meusmer. juge de paix, à Clermont (Oise). Millet, député au Corps législatif, à Orange (Vaucluse). MiNGAULT (Philippe), pharmacien, membre de plusieurs sociétés savantes, à Paris. Miran-Bev. gouverneur de riiôtel dos monnaies, à Constaiilinople. MNiszi'.CH (le comte Cicorgcsde), à Paris. Mon (s. Exe), ambassadeur de S. M. Catholique, à Paris. Montagne, membre de l'Institut, etc., à Paris. MoNTELLANO (le duc de), propriétaire en Espagne et en lielgiqne, à Paris. Montmorency (le duc de), à Paris. MoNTMORT (le marquis Jean de), au château de Uouvres, par Auberive (Haute-Marne), MORA (Pascal de), propriétaire, à Paris, et b ]\!oulins (Allier). MoREAU (le docteur), médecin en chef de l'iiôpital civil et membre de la Société d'agriculture de Hône (Algérie). MoREAU-DucnoN, essayeur en chef de la monnaie, à Constantinople. MOREL (le comte), propriétaire, à Paris. MoUENO DE MORA (Jean), attaché à l'ambassade d'Espagne, à Paris. Mor>:re (le docteur), conseiller d'arrondissement, membre de la Société d'agricnllure de Seine-et-Oise, à Palaiscau (Seine-et-Oise). MORET (Augustin-Jean), négociant, à Paris. MousTiER (le comte de), membre du Conseil général de Seine-et-Marne, à Paris. Munster (Louis), propriétaire, à Paris. MURGA (José-Maria de), propriétaire, à Marquina, près Uilbao (Espagne). QUATRIÈME LISTE SUPPLÉMENTAIRE DES MEMBRES. X\T) Mdtiaux, propiiiUaire et négociant, à Paris. NÉGRiN, ciiiriirgien en clief de l'Iiopilal civil d'Alger. NÉLATON, professeur à la Faculté de médecine, à Paris. ]\1ZA (le marquis de), pair du royaume de Portugal, à Lisbonne. NoiÏL (Étienne-Léon), propriétaire, à Paris. NouHES (Frédéric des^, propriétaire, 5 Velaudin (Vendée). NouHES DE LA Cacaldière (des), au château de la Cacaudière (Vendée). Onsenbray (le vicomte Paul d'), à Paris. Oraison (le général comte d'), à Paris. Orihdela (Andres-Avelino), vice-consul de l'Uruguay en France, à Paris. OcDix, libraire-éditeur du Courrier de la Vienne, à Poitiers (Vienne). OuDRY, directeur de l'usine électro-métallurgique d'Autciiil (Seine). Pahud(S. Exc. m.), gouverneur général des Indes néerlandaises, à Batavia (île de Java). Paillet (Louis), horticulteur, à Paris. Paillolx (le docteur), maire de Saint- Ambrcuil, par Sennecy-le-Orand (Saône-et-Loire), et à Paris. Palffy (le comte Jean), à Presbourg (Hongrie;, et à Paris. Paltschikoff (Alexandre', propriétaire, conseiller d'État et gentilhomme de la chambre de .Sa Majesté Impériale, à Saint-Pétersbourg, et à l'aris. Pauthon'MER, lieutenant-colonel Sém.m, secrétaire du Vice-Iîoi d'Egypte. Pe;AUT, propriétaire, ancien magistrat, àSaint-Cyr, près Lyon (lilione}. Pelletier (Joseph), chimiste, à l'aris. Pellon y Roijriguez (de), agronome, à Madrid (Espagne). PÉPIN, directeur des cultures au Muséum d'histoire naturelle, membre des Sociétés impériale et centrale d'agriculture et d'horticulture, à Paris. Percheron, receveur général, à Uhodez (Aveyron). Perrot d'Estivareilles, inspecteur général des lignes télégraphiques, en retraite, à Paris. Philippe, jardinier en chef du .Jardin botanique de l'École de médecine navale de Saint-Maudrier, près Toulon (Var). PiAZZA (François), propriétaire, à Milan (Lombardie). Pigeon (Alexis), maire de Saclay, membre de la Société d'agriculture de Seine-et-Oise, à Saclay (Seine-et-Oise). PiHORET, sous-préfet de Sarreguemines (Moselle). Plantamocr (Philippe), propriétaire, à Genève (Suisse). Plessy (Mathieu), chimiste ù l'imprimerie impériale d'indiennes, à Constan- linople (Turquie). PoiLLY (le baron de), membre du Conseil général de PAisne, au chtiteau de Folembray (Aisne), et à Paris. PoiRSON (Louis), naturaliste, à Bar-le-Duc (Meuse). Poisson (le baron Charles), propriétaire, à Paris. Poisson (le docteur J.-B.), à Vieillevigne (Loire-Inférieure). Pons (de), capitaine de spahis, commandant la smala de Béragouya , à Médéah (Algérie). XVllj SOCIÉTÉ i.Ml'ÉRIALL ZOOLOGIQUE I) ACCLIMAT.VTlOiN'. l'ORTALis (A.), séririculteur et filateiir de soie, à Beyronlh (Syrie). PoujADE (Eugène), consul gén(5riil, à P.Tiis. l'oussiN (Alexandre), propriétaire-manufacturier, ù Elbcuf (Seine-Inférieure). ['ouYER-QuERTiEi;, membre du Corps législatif, membre du Conseil général de TEure, propriétaire, à Ilouen (Seine-Inférieure). Prado ((Camille), colonel du génie, à Tiuadalajara, près Madrid (Espagne). Privé, syndic des notaires, à Alger. QUADT d'Isny (le comte de), secrétaire de la légation de Bavière, à Paris. Radiglet (Prosper-Stanislas), à Paris. Rallet (Alpbonse), propriétaire-agriculteur, à Biviers, près Grenoble (Isère). Ballet (Eugène). id id. Rapet, inspecteur de l'instruction primaire, à Paris. Ravan, consul de Portugal et de Brésil, à Alger. Rayner (le docteur), à Paris. REAL (Félix), ancien député, président de la Société d'acclimatation des Alpes, agriculteur-éleveur, à Grenoble (Isère). Recuberg (S. Exe. M. le comte Rotbcn-Boven), ministre plénipotentiaire d'Aulriclie, président de la diète germanique, à Francfort. Reinhard (S. Exe. M. de), envoyé extraordinaire et ministre plénipoten- tiaire de S. M. le roi de Wurtemberg à la diète germanique, à Francfort. l'iElSEX (le com-te de), ministre plénipotentiaire, à Paris. REVEIL, vice-président du Corps législatif, h Lyon (Rbone). REVor^TELLA (le cbevalier P. ), vice- président du Conseil municipal et banquier, à Trieste (Autricbe). Rey, professeur à PÉcole impériale vétérinaire de Lyon, à Lyon (Rhône). RiANZARÈs (S. Exe. M. le duc de), à la Malmaison (Seine-et-Oise). Richard (le docteur Adolphe), chirurgien des hôpitaux, professeur agrégé à l'École de médecine, à Paris. RICORD (le docteur), à Paris. RIETSCUEL, médecin principal de Tarmée, à Alger. RiTTEu (Charles), ingénieur des ponts et chaussées, au service du gouver- nement otioman, h Conslanlino|)le (Turquie). RivoCET (Paul de), audileiu- au Conseil d'État, ù Paris. RivocET (de), membre du Conseil général de l'Aisne, au château de Fon- tenay, par Soissons (Aisne). RivoLET, avocat à la Cour impériale, membre du Conseil général de l'ordre, . à Paris. RoRERi (Camille), vice-consul d'Oldenbourg, à Valence (Espagne). RoLiN (le général), adjudant général du palais des Tuileries, à Paris. Romand (le baron de), ancien préfet, à Paris. RosNOVANO (Georges de), préfet du district de Niamso, à Piatra (Moldavie). RossiNl, associé étranger de l'Institut de France, à l'aris. RosTAN, professeur à la Faculté de médecine, à Paris, RouLAND (S. Exe. M.), Ministre de l'instruction publique et des cultes. Roussel (le docteur), à Paris. yU.VrUlÈMli L1STI-: SLl'PLÉMENTAUlIi DES MEMBRES. XIX l'iOUssET (Won), avocat, à Paris. llOY (le docleiir), inspecteur de colonisation, à Alger. ROYER (S. Exe. M. de), Ministre de la justice, à Paris. IiOYER, sous-inspecteiir des forets, à Alger. HoziER, propiiéiaire, défenseur, à Alger. P.UMIGNV (le marquis M. -H. de), ancien ambassadeur, à Paris. Sabatini (Domenico), membre de l'Académie d'archéologie de Madrid, de la Société royale des antiquaires de Gopenliague, etc., à Naples. Sainte-Reine (Farmain de), à Paris. Saint-Cricq (le vicomte Arthur de), à Paris. Saint-Pal'l, député de la Ilauie-Vienne, ;i Paris. Saint-Pierre (le baron de), propriétaire, à Paris. Saimt-Vanne (Jean-Baptiste-Jules de), architecte, à Paris. Sarlande, maire d'Alger, à Alger. Sauzey, conseiller à la Cour impériale de Lyon, à Lyon (liliône). Schlcmberger (Jules), négociant, à Guebwiller (Haut-Rhin). Seager (Edward), ancien ofDcicr générai, propriétaire, à Londres. Seguin (Paul), ingénieur, à Paris. Senez, ingénieur en chef des mines, à Villefranche-de-nouergue(Aveyron). Serrano (S. Exe. le maréchal Don Francisco), sénateur, à Madrid. Serres (J.). propriétaire, à Auvenay, par Meursault (Côle-d'Or), et à Paris. Sery (de), ingénieur en chef des ponts et chaussées, à Alger. Sieyës (Paul), à Paris. Stirbey (S. A. le prince), ancien hospodar de Valacliie, à Paris. SuDDA (Georges Délia), professeur à l'École de médecine, à Constantinople. Tandeau de Marsâc (Henri), à Brignac, par Saint-Léonard (Haute-Vienne). Tardy de Montravel (Louis-Marie-François), capitaine de vaisseau, gou- verneur de la Guyane française, à l'aris. Teixe!RA-Leite, propriélaire, province de Minas-Gcraes (Brésil). ïerray de MoRi:L-ViNDÉ(le vicomte), conseiller à la Cour impériale, à Parjs. Terson (le docteur Samuel-Emile), à Puylaurens (Tarn), et à Paris. '; Thérouanne (Emile), à Paris. Thierrée (Théodore), maire de Champlan, à Champlan (Seine-et-Oise). Tisserand (Lucien), propriélaire, à Chamarandes, canton de Chauraont (Haute-Marne). Tollard (Eugène), marchand grainier, horticulteur, à Paris. Toustain-Dumanoir (de) , secrétaire général de la préfecture d'Alger. Treuille (Edmond), propriélaire, à Chàtellerault (Vienne). Trévise (le marquis Napoléon de), attaché à la mission extraordinaire de Chine, à Paris. Turenne (le marquis de), propriétaire, à Paris. UcciANi (le docteur), à Constantinople. Vaillant (Léon), propriétaire, à Paris. Valabrègue de Lawoestine (le comte Auguste de), préfet du palais de l'Empereur, à Paris. XX SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUK d'aCCLIMATATION. Valade-Gabel, directeur honoiniro de Pinslitut imptMial des sourds- muets de lîordeaux, à Paris. Varu (le capitaine W. Henri), agriculteur, à Constantinople (Turquie). Vaucher (All)erl), négociant, consul de France à ilong-kong (Cliine). Vaucuer (Alfred), négociant, à Fleurier, canton de Neuchàtel (Suisse). Vautrin, propriétaire, à Alger. Vaux (de), premier président de la Cour impériale d'Alger. VÉROLLOT (le docteur), médecin en chef de riiôpilal français, à Constan- tinople. Vidal (le docteur Ignacio), professeur de minéralogie et de zoologie à rUniversité de Valence (Espagne). ViÉviLLE (Luzin), membre du Conseil général de l'Aisne, à Pouilly (Aisne). ViGUiER, inspecteur général lionoraire de l'Université, à Paris. ViLCOQ, propriétaire, à Courhevoie (Seine). ViLLAi'RANCA (le comie de), dans le duché de Lucques, et à Paris. ViLLARS, propriétaire-agriculteur, à Màcon (Saônc-ct-Loire), et à Paris. ViNET (Jules-'J'héodorcj, à Paris. ViTALLis, propriétaire, membre du Conseil général de Saône- et-Loirc, ù .Màcon, et à l'aris. Vries (le docteur), botaniste, à Batavia. Waechter (le baron de), envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire de S. iM. le roi de ^Vurlemberg, à Paris. Wagner, propriétaire, à Courcclles (Aisne). Wattecamps, propriélairc, à Paris. WiLLERMOz, directeur de l'École d'boriicullurc pratique, ù Écully (lUiùne). WiMPFFEN (le baron François de), allaché à la légation de France, ù Francfort. WoDiANER (Maurice de), banquier, directeur de la banque nationale d'Au- tricbe, à Vienne (Autriche). WuRTZ (le docteur), professeur à la Faculté de médecine de Paris. Zamoïski (le général comte), à Paris. TROISIÈME SÉADiCE PlBLlftlE AMIELLE DB LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLLMATATION. PROCÈS-VERBAL. Celle séance a élè tenue à rHùteUle ville, le 17 février 1 859 ft). S. Exe. Mgr le Nonce du saint-siége aposloli(}ue assistait à la séance, et avait pris place au bureau, avec M. Isid. GeolVroy Saint-Hilaire, président, MM. le prince Marc de Beauvau, Drouyn de Lhuys et A. Passy, vice-présidents; le comte d'Éprémesnil, secrétaire général; Auguste Duméril, E. Dupin et Guérin-Méneville, secrétaires-, Cosson et de Quatrefages, membres du Conseil d'administration. Sur l'estrade se trouvaient placés le Conseil, les Présidents, Vice-Présidenls et Secrétaires des Sections, la Commission des récompenses et un grand nombre de membres de la Société. On remarquait aussi sur Lestrade M. l'inspecteur général, vice-recteur de l'Académie de Paris, et plusieurs étrangers de distinction. La disposition de la salle avait été confiée, comme les années précédentes, aux seins de MM. E. Dupin, Fréd. Jacquemart et le comte de Sinéty. Un autre membre du Conseil, M. le mar- (juis de Selve, avait bien voulu encore se charger d'en faire les honneurs avec plusieurs Commissaires qu'il avait désignés à cet effet. (1) CeUe séance devait être tenue, comme les années précédentes, le 10 février, jour anniversaire de la fondation de la Société, mais la salle Saint-Jean de rtlùtel de ville n'ayant pu être mise à sa disposition pour ce jour-là, la séance a été remise au 17. T. VI. — Janvier et Février 1859. ** 11 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE iJ ACCLIMATATION. — La séance a été ouverte par un discours de M. Isid. Geolîroy Saint-Hilaire, président. — M. Aug. Duméril, secrétaire des séances, a présenté un Rapport sur les travaux de la Société pendant Tannée 1858. Il a annoncé dans ce rapport : 1" la fondation par la Société de deux nouveaux prix extraordinaires, l'un \\our V introchiclioii et r occlimatatio7i à la Martinique d'wi aninial destructeur du Bothrops lancéolé [vulgairement appelé Vipère fer-de- lance) ; l'autre pour \a propagation de la race ovine Graux de Mauchamp. 31. Frédéric Davin, membre du Conseil, a doublé ce prix en y ajoutant 1000 francs ; 2° la fondation d'un prix par M. le docteur Sacc pour V amélioration de la Chèvre d'Angora. La Société se réserve de tripler le prix s'il y a lieu. Le prograuune des prix extraordinaires présentement pro- posés, est en consé(juence le suivant : PRIX EXTRAORDINAIRES PROPOSÉS PAR LA SOCIÉTÉ. Séance publique annuelle du iO février 1857. I. Introduction dans les montagnes de l'Euiopc ou de l'Algérie d'un troupeau d'Alpacas {Auchenia paco) de race pure. Ce troupeau devra se eoniposer au mininumi de 'i mâles et ilc 9 femelles. Concours ouvert j\is(iu';ui 1" décenibre 18111. Prix. - Une médaille de 2000 francs. H. Domestication complète, application à l'agriculture ou emploi dans les villes de l'Ilémione [Equus hemiunus] ou du Dauw (E. Bur- chellii). La domestication suppose néccssaireiucnt la reproduction eu caplivitc. Concours ouvert jusi|u'au 1" décembre 18C2. Pri.X. — Une médaille de 1000 francs. III. Domestication et multiplication d'une grande espèce de kangourou {Macropus gigunteus, M. fuliginosus, ou autre espèce de même taillej. On devra posséder six individus au moins, et avoir olilerui deux généralions en donieslicitc. Concours ouvert jusqu'au 1" décemlirc 1802. Prix. — Une médaille de 1000 francs. IV. Introduction et domestication du Dromée (Casoardc la Nouvelle-Hol- lande, IK A'o'.vp Ilollandiœ), ou du Nandou (Autruche d'Amérique, Khea americana). Mornes condilions et délais ipie poui' le pii.v piéeédeiil. l'iax. — Une uiédaille de 1000 fiants. m l'ROCÈS-VEllBAL DE L.V SÉANCE PUBLIQUE. 111 V, Domeslicalion de la grande Outarde {Otis tarda). Ce prix serait cijïik'uient acconlé pour la iloiiiestication Jii Hoiiliara ou do loiilc aiilre espèce d'une taille supérieure à celle de la Canepetière. Un devra justifier de la possession d'au moins six individus adultes nés en domesticité. Concours ouvert jusqu'au \" décembre 1859. l'Kix. — Une médaille do iOOO francs. VI. [niroduction et accliinalation d'un nouveau gibier pris dans la classe des Oiseaux. Sont exceptées les espèces qui pourraient ravager les cultures. Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1859. Prix. — Une médaille de 500 francs. \ il. Iniroduclion d'un poisson alinientaiie dans les eaux douces ou sau- nultres de l'Algérie. Concours ouvert jusqu'au 1" déceudne i80*l. T'rjx. — Une médaille de 500 francs. V 111. Acclimatation accomplie d'une nouvelle espèce de \ er à soie, produi- sant de la soie bonne à Hier. Concours ouvert jusqu'au i" décembre ISGO. Prix. — Une médaille de 1000 francs. IX. Acclimatation en Europe ou en Algérie d'un insecte producteur de cire, autre que l'Abeille. Concours ouvert jusqu'au 1"' décembre 18511. Prix. — Une médaille de 500 francs. X. Création de nouvelles variétés d'Ignames de la Chine {Dioscorea ba- latas), supérieures à celles qu'on possède déjà, et notamment plus faciles à cultiver. Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 18G1. Prix. — Une médaille de 500 francs. XI. Introduction, culture et acclimatation du Quinquina dans le midi de l'Europe ou dans une des colonies européennes. Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1800. Puix. — Une médaille de 1500 francs. Séance publique annuelle du 17 féiyrier 185y. I. i'ropagation de la race ovine Graux de Maucliamp en dehors de la localité oïl elle a pris son origine (en France ou à l'étranger). Un devra justillcr de la possession d'au moins 100 bctes, nées chez le propriélairc, et présentant toutes le type de la race Graux de Maucliamp pour la laine, et une bonne conformation. Concours ouvert jusqu'au 1" décembre ISlii. Prix. — Une médaille de 1000 franc?. — Plus 1000 francs offerts par M. Davin (voyez page suivante). II. Introduction et acclimatation à la Martinique d'un animal destructeur du Bothrops lancéolé (vulgairement appelé Vipère fer-de-lance), à l'état de liberté. On devra avoir obtenu trois générations. Sont exceptées les espèces qui pourraient ravager les culturcî. Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 180'J. Prix. — Une médaille de 1000 fraucb. IV SOCIÉTÉ IMI'ÉKIALL ZUOLUGIMLE U ALCLlMATATlOiN. PRIX FONDÉS PAR DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ. Séance publique annuelle du 10 février 1858. Prix fondé par M. CHAGOT aine, né^ocianl. Doiiicslicalion de rAulruche d'Afrique {Struthiu canieius) en France, en Algérie ou au Sénégal. On ilevra avoir obtenu, de deux ou iilusicurs Aulriiclies privées, doux gijiicraliuns au moins, justifier de la possession actuelle de six individus produits li l'clat douiestinue, cl faire connaître les moyens employés pour faire reproduire ces oiseaux comme ceux de nos basses- cours (1). Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 18G3. l'uix. — Une médaille do 2000 francs. Séance publique annuelle du 17 février 1859. Pri:^ fondé par .^1. F. DA¥I\ , manufacturier. Piopagalion de la race ovine Graux de Mauchamp. Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1809. l>lii>i. — Uncsdinmodc 1000 francs à ajouter ii la médaille du 1000 franc* fondée par la Société poiu- le même objet (voyez page précédente). Prix fondé par yt. le docteur SACC. Aniélioralion de la Clièvro d'Angora. Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 48G2. |>IIIX. — Une priine de lOU francs pour la toison la plus lourde de Clièvre d'Aiiiror^. Si cette toison est en même temps remarquable (lar ses ipuililés, la Sociélé triplera cette prime. .V. /y. Dans le cas oi'i nn ou plusieurs de ces prix seraient gagnés avant les ternies indiqués pour la clôture des concours, ils seraient décernés dans la séance pui)lique du 10 février suivant, pourvu que les pièces constatant les droits des concurrents cusscnl été envoyées à la Société avant le 1" décembre, terme de rigueur. La Société se réserve, s'il y a lieu, de décerner des seconds prix ou d'ac- corder des encourngonenls. — M. leilocleur Cossoii a lu une Notice sur les culUucs du Sahara algérien au point de vue de l'acclimafation. — M. (le Quatrefages a donné ensuite lecture d'une Notice sur l'acclimatation des Oiseaux. — M. le comte d Eprèniesnil, secrétaire <^énéral,a présenté le Happort sur les travaux de la Commission des récom- penses; puis après la proclamation des nouveaux metnbres (1} Pour le prix fondé par M. Cliagot, voyez la lettre de notre honorable confrère. Bulletin, 1858, I. V, p. Zi5. A celte lettre sont ajoutées quelques indications que doivent aussi consulter les personnes désireuses de concourir au prix Cliagot. Voyez, en outre, /(/., p. oOti et 581, deux Notices de MM. Hardy et le docteur Gosse. PROflKS-VFP.RAL DR LA SKANCR ['UnLlQrF.. V lionoraires, il a été procédé à la distrihiition des médailles, mentions lionorables et récompenses pécuniaires. Les récompenses décernées cette année sont les suivantes : 1° Deux titres de membres honoraires; '2" Trois grandes médailles d'or, récompenses hors classe-, ;> N'ingt et une médailles d'argent , médailles de premièic classe; de plus, il y a eu rappel de médailles d'argent potu' cinq laiH'éats des années précédentes ; II" Douze médailles de bronze, médailles de seconde classe ; ô" Sept mentions honorables; ()" Cinq récompenses pécuniaires. Les litres de membres honoraires ont été conférés : Au Révérend Père Annibale Fantoni, (\o Bielle (Piémont), missionnaire, au Chan-tong (Chine)-, A M. le commandant iMaury, de la marine des Etats-Unis, surintendant de l'observatoire national de Washington. Les trois grandes médailles d'or ont été décernées : A M. Haudy, directeur de la Pépinière centrale du gouver- nement, à Alger (celte médaille est celle qui a été mise à la disposition de la Société par S. Exe. M. le ministre de l'agri- culture, du commerce et des travaux publics) ; A M. D. W. MiTCHELL, secrétaire-gérant de la Société zoolo- gique de Londres; A M. le major Henry Wayne, à Washington (Etals-Unis). • (Pour les autres récompenses, voyez ci-après, le Rapport de M. le Secrétaire général.) Parmi les lauréats, presque tous ceux qui habitent Paris ou ses environs et plusieurs habitants des départements éloignés .sont venus recevoir les récompenses qui leur avaient été attri- buées, et qui leur ont été remises par S. Exe. Mgr. le Nonce du Pape, par M. le Président, par M3L les Vice-Présidents et Secré- taires, et par MM. les membres du Conseil d'administration. Le Conseil a arrêté que toutes les pièces lues dans la séance publique du 17 février seraient imprimées in extenso dans le Bulletin, et placées en tète du volume en cours d'exécution. Le Secrétaire des séances. AiG. Dlmékil. vr ^^nriKTK iMPi:niAi.r, zoolocioif. n'Ar.ci.iMXTATioN, DISCOURS D'Ol'VERTl RE Par 11. ta. GEOFFROY S<%I\T-IIII,AIRE , Président do la Socii'-té. l\IONSF,ir.NF,LT., MeSSIKURS, Lo rôo-lomenl et los iisaf^os do la Sociôlô impériale (rAcoli- malation veiilont que, chaque année, un de ses présidents et un de ses secrétaires fassent publiquement cniniaîlre les pro- grès généraux de Tassociation, et les travaux récents de ses mend)res. (le devoir dérivait pour nous de notre institution elle-n»ème. La Société doit compte ù tous de ce (pTelle l'ait, de ce (prelle tente, de ce qu'elle veut ; car elle a été créée, ce sont les termes mêmes de son premier prograumie, pour accomplir « avec le concours de tous » une œuvre entreprise « à Tavaii- î lage de tous ». Jusfpi'à présent, et puisse-t-il toujours en être de même! ce devoir nous a été doux à remplir. CJiaque année, nous avons eu le l)oidieur de retrouver devant nous la même assemblée, amie du progrès, amie du bien public ; et nous avons pu lui dire : Fja Société n'a rien négligé pour justifier les espérances que vous avez mises en elle , et mériter vos sympatbies -, elle vient • rajouter encore ([uelques services à ceux qu'elle avait déjà rendus, ([uelques conquêtes à celles qu'elle avait déjà faites; ses moyens (raction à tous les points de vue se sont multi- pliés et accrus- son développement en France, son expansion au dehors et sur le globe entier, ne se sont pas ralentis; elle est plus prospère que jamais. Tel était déjà le résimié de notre situation, lorsque j'ai eu, puiH' la première fois, Thonneur de vous en rendre compte dans celte même (>nceinte -. et je irai pa^ besoin de vous DISCOURS d'ouverture. VII rappeler (car c'est M. Drouyn de Lliuys qui vous l'a dit, et il est des paroles qu'on n'oublie pas) où nous étions parvenus au terme do l'année suivante. Heureuse la Société qui venait d'acconq)lir en quehjues mois de si nombreux et de si grands progrès, et qui trouvait un tel interprète pour en rendre compte au public et en féliciter les auteurs ! Heureusement pour moi, Messieurs, les faits ont aussi, dit-on, leur éloquence ; et n'est-ce pas vrai de ceux dont j'ai à vous entretenir, et que je vais vous faire connaître avec toute la sinqilicité d'un compte rendu? La Société, à son origine, ne se composait que de cin([uante membres : dès le lendemain de sa première séance prépara- toire, elle en comptait cent cinquante; l'an dernier, ce nombre était décuplé. Cinq cents nouvelles admissions viennent de porter notre cbift're à plus de deux mille. Association à la fois scientifique et pratique, c'est parmi les naturalistes, les agri- culteurs, les industriels, les médecins, que nous avons, comme toujours, trouvé le plus grand nombre de nos nouveaux adlié- rents; mais quelle profession et quel pays ne nous ont pas donné leurs plus liantes notabilités'!' Sur nos dernières listes nous voyons encorG briller des noms dont s'bonorent l'administra- tion, l'église, la diplomatie, la magistrature, les armées, les flottes françaises et étrangères ; et bien que les beaux-arts ne nous en aient donné cette année qu'un seul, nous pouvons, encore ici, trouver notre moisson riche : car ce nom unique est un nom immortel, Rossini. Enire les pays qui sont représentés sur les listes de 1858, nous remarquons, sans parler des Etats voisins de la France, la Norvège, la Pologne, la Russie, la Moldavie, la Turquie, Java, Madère, la Caroline du Sud, le Brésil, le Chili, la Nou- velle-Grenade. Presque tous ces Etats figuraient déjà sur nos listes antérieures, et plus de trente autres avec eux. Désor- mais, un membre de la Société d'Acclimatation peut faire le tour du monde, en trouvant partout des confrères associés à sa pensée. Où ne rencontrerait-il pas aussi des associations, filles de la nAIro ou déjà même nées de ses filles i* Grenoble, Nancv, Ror- Mil SOCIÉTÉ IMPÉniALE ZOOLOGIQLE d'aCCLIMâTATION. deaux, en France, Cayeiine et Sainl-Denis dans nos colonies, Alexandrie d'Egypte, Berlin, Moscou, à Félraniier, avaient déjà leurs Sociélés ou Coniilos d'acclimatation : Poitiers, Alger, Rùveredo du Tyrol, Saint-Pétersbourg, Orel, viennent de constituer les leurs. D'autres, en voie de formation, témoi- sneront bientôt à leur tour de la vitalité de notre association, et de la force d'expansion des idées dont elle a été le premier foyer. Cliaque année aussi augmente le nombre de nos augustes protecteurs. « Dans le nombre de sesnonveaux associés, disait, » il Y a un an, M. Drouvn de Lhuvs, la Société est lière de » compter plusieurs tètes couronnées » : six souverains, et trois princes de maisons souveraines. De semblables faveurs viennent de nous être accordées par LL. 3IM. les Rois de Danemark, de Saxe, d'Espagne, et par S. A. I. etU. rarcbiduc Ferdinand-Maximilien, vice-roi de Lombardie, dont le concours nous a été promis dans les termes les plus bienveillants. Et déjà il nous est permis tle ne pas nous arrêter ici ; la tiare romaine ne nous est pas moins favorable ([ue les couronnes impériales et rovales : la Société vient d'être autorisée à inscrire aussi sur la liste sans égale de ses membres protecteurs, le nom du souverain Pontife, qui a voulu, nous écrit le cardinal secrétaire d'État, encourager et bénir nos travaux. La Société d'Accli- matation a connu, dans sa dernière séance, ce témoignage d'une liante bienveillance. Elle le place au nombre des plus précieux encouragements qu'aient reçus les bienfaisants tra- vaux auxquels elle s'est vouée, et qui sont si bien selon cette parole de l'Écriture : ^ Dieu dit à l'homme : Préside à tous les » animaux de la terre, à tous les poissons de la mer, à tous j> les oiseaux, du ciel, afin de t'assujettir la terre. » Le mouvement de notre Société est si rapide, que cette liste où nous venions à peine d'écrire cinq noms augustes, en compte déjà deux de plus. A la veille même de cette séance, le Conseil d'administration de la Société a reçu la nouvelle, et nos confrères l'apprendront ici, que S. M. le Roi de Bavière et S. A. le duc régnant de Saxe-Weimar, daignent nous accorder aussi leurs royales adhésions. La Société compte maintenant DISCOURS n m VERTURE. IX di.v-liuit Souverains pour protecteurs (1) : elle a dix-huit mem- bres couronnés. Elle est justement fière de ces honneurs sans exemple, et heureuse de la protection qu'ils assurent partout à une œuvre qui, sans cesser d'être éminemment française, revêt de plus en plus le caractère d'une institution internationale. La Société a marqué chacune de ses années par des déve- loppements nouveaux. Dès son origine, elle avait commencé ce recueil de ses travaux, par lequel ses deux mille membres et les Sociétés régionales d'acclimalalion suivent de tous les points du globe le mouvement de l'association centrale, et, pour ainsi dire, assistent chaque mois à ses séances. Par Tin- stitulion de délégués spéciaux qui représentent la Société dans trente-cinq villes des cinq parties du monde, elle s'est rendue présente partout administrativement, comme elle l'était déjà scientiiiquement par ses publications périodiques. C'est à l'aide de cette organisation complexe, mais nécessaire, que sont devenus possibles ces concours annuellement ouverts en (1) En Europe : Séances du s. M. FEmpereur des Français 30 mars 1855. S. A. R. le Prince Albert d'Angleterre .... 23 janvier 1857. S. M. le r.oi des lielges 29 mai 1857. S. M. le Roi des Pays-Bas Idem. S. M. le Roi de Wurtemberg 7 août 1857. S. M. la Reine d'Espagne 6 décembre 1857. S. M. le Roi de Portugal Idem. S. A. le Prince régnant de Lichtenstein. ... 5 février 1858. S. M. le Roi de Saxe L>3 avril 1858. S. M. le Roi de Danemark U juillet 1858. S. M. le Roi d'Espagne 10 décembre 1858. S. S. le Pape h février 1859. S. M. le Roi de Bavière 17 février 1859. S. A. le Duc régnant de Saxe-Weiniar. . . . Idem. En Amérique : S. M. l'Empereur du Brésil 12 décembre 1856. En Asie : S. M. le premier Roi de Siam Idem. S. M. le second Roi de Siam Idem. S. A. le Maliarajali de Joliore 29 mai 1857. X SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. tout pays, pour tout progrès utile dans l'ordre de nos travaux, à la suite desquels nous distribuons, sans distinction de natio- nalité, des récompenses méritées dont un public d'élite veut bien doubler le prix par sa présence et ses sympatliies. Cinq médailles d'or, dont la première, en 1857, a été décernée à un illustre et savant marécbal de France (1), et la première, en 1858, à un Souverain étranger (2)- cinquante médailles d'argent et cinquante-cinq de bronze, ont déjà été distribuées dans tous les Etats de l'Europe, en Algérie, en Egypte, à Madère, à Maurice, dans l'Inde, dans la Guyane, au Brésil et aux Etats- Unis. Et, partout, on a attacbé à nos modestes récompenses un prix qu'on n'accorde pas toujours à de plus brillantes. C'est que, si elles ont quelque chose de la simplicité de l'an- ti([ue couronne de chône, elles ont quelque chose aussi de ce qui la mettait au-dessus de la couronne de laurier : dans cha- cun des progrès qu'elles récompensent, il y a un service rendu à nos semblables, et parfois à l'huuianité. La Société ne doit pas se borner à susciter partout le pro- grès par ses encouragements et ses récompenses ; elle doit ilonner l'exemple, et connue il lui appartient, par de grandes créations, selon le progranmie tracé, il y a un an, dune main si ferme, par un prince éclairé, prolecteur constant de nos travaux, auxquels il a voulu prendre, à plusieurs reprises, une part directe et active. « Nous voulons, » vousdisailS. A. I. le prince Napoléon dans notre dernière séance annuelle, « amé- » liorer la condition de tous, des classes souiVrantes en parti- » culier, par le développement de l'agriculture, cette vraie » richesse de la France... Nous voulons aujourd'hui sortir du » domaine de la théorie pour entrer dans celui de la pratique, » et mettre les résultats de nos cflbrts sous les yeux de tous (1) M. le Maréclial Ministre de la guerre. (2) S. M. le l'ioi d'Espagne. La mt-daille d'or, décernt^e à ce Souverain, lui a été remise par une députation de membres espagnols de la Société, ù la tète de laquelle étaient M. Graells, directeur du Musée d'Histoire naturelle de Madrid, délégué de la Société d'acclimatation en Espagne, et notre illustre confrère le général Zarco del Valle, sénateur, commandant supérieur du génie el président de l'Académie des sciences de Madrid. DISCOURS d'ouverture. XI » par la fondation (run Jardin d'acclimatation et par celle » d'un grand dépôt de reproducteurs. » La Société s'est crue assez forte pour répondre, dès cette année, à ce double vœu ; pour poursuivre de front la création du Jardin d'acclimatation et celle de l'établissement complémentaire dont le prince Napoléon avait conçu la pensée ; et dès aujourd'hui , nous pouvons dire l'existence de l'un assurée, et l'autre en grande partie réalisé. C'est en Auvergne qu'a été organisé, par les soins de notre honorable et dévoué vice-président, M. Richard (du Cantal), un premier dépôt de reproducteurs spécialement destiné aux ani- maux de montagnes, tels que les Yaks, les Lamas et les (Chèvres d'Angora. Un troupeau de ces Chèvres et trois Yaks ont formé, il y a cinq mois, le premier noyau du nouvel établisse- ment; d'autres Chèvres et d'autres Yaks y ont été bientôt con- duits, et des Lamas le seront à leur tour, aussitôt que la saison le permettra. Un agriculteur, élève d'une de nos principales écoles régionales, a été préposé par la Société à la direction des soins donnés à nos animaux, et des études et essais dont le programme a été tracé par M. Richard : l'ensemble de ces travaux a été placé sons l'active surveillance de délégués de notre Conseil d'administration. La Société est, dès à présent, assez riche en animaux pour avoir pu constituer ce dépôt sans interrompre d'autres essais antérieurement commencés dans les Alpes et sur d'autres points, en France et hors de France (1), par les soins de plusieurs de nos confrères et de nos Sociétés affiliées. Notre dépôt d'Auvergne a pu être presque improvisé ; rien ici n'était au-dessus des ressources matérielles de la Société et du zèle de ses membres. La création du Jardin d'acclimatation n'était, au contraire, possible qu'après avoir été préparée par de longues études, et dans des conditions qu'il n'appartenait pas à nous seuls de réaliser. Et c'est pourquoi une pensée qui s'était fait jour dans le sein de la Société dès iSb!\ va se réaliser seulement en 1859. Toutes les difficultés sont main- (l) V.n All(M))a£;np Pt en Sicile. XII SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. tenant levées, lous les obstacles aplanis, grâce à la souveraine protection de l'Empereur, à l'appui du prince Napoléon, qui a jjien voulu accepter la présidence d'honneur d'une œuvre en grande partie la sienne ; grâce aussi à la bienveillance de T Ad- ministration, et à la faveur publique, qui ne fait jamais défaut à une entreprise véritablement utile. La Société est aujourd'hui en possession de près de 15 hectares du bois de Boulogne, con- cédés parla ville de Paris; et le capital nécessaire pour appro- prier ces vastes terrains à leur destination, et assurer l'exis- tence du nouvel établissement, a été entièrement souscrit, et en presque totalité par des membres de la Société. On est venu ù nous, non-seulement de plusieurs Etats de l'Europe, mais de par delà les mers. « Je ne verrai jamais notre Jardin, écri- » vait de 3000 lieues un de nos confrères; mais il sera utile, » et je tiens à honneur de n'y pas rester étranger. » Nous n'attendons plus, Messieurs, qu'un dernier acte adnn"- nistratif : nous avons lieu de penser que ce complément né- cessaire de nos longs travaux préparatoires sera sous peu de jours en notre possession, et aussitôt nous nous mettrons à l'œuvre « pour créer ce Jardin où la Société pourra tout à » la fois élever, multiplier, étudier et améliorer les nouvelles » espèces introduites, et le public voir, apprécier et se pro- » curer ces conquêtes utiles et agréables. » C'est ainsi que dé- finissait notre futur Jardin, dans un remarquable rapport qui restera une des pages principales de l'histoire de cet établisse- ment, un des membres qni ont le plus heureusement contribué à amener le résultat auipiel nous touchons aujourd'hui, notre dévoué collègue M. Frédéric Jacquemart. Utile et agréable, c'est là, en eflet, le double caractère que nous voulons, que nous devons donner au nouveau Jardin. Utile, pour qu'il soit digne de la Société; agréable, élégant, pour ([u'il le soit du parc sans égal où il va trouver place, et de cette élite de la population parisienne, ou plutôt euro- péenne, qui fait du hois de Boulogne le lieu privilégié de ses délassements. Vutile paré, tel doit être, tel sera le Jardin d'acclimatation. Il aura en même temps un troisième caractère, il sera nou- DISCOURS d'OUVERTLKE. XIH veau. Nous n'avons pas à. créer un second Jardin des Plantes, comme celui que fondait, il y a deux cent vingt-quatre ans, le savant Guy de la Brosse ; une \iQQOx\<\& Ménagerie comme celle à la création de la([uelle, en 1793, un jeune homme de vingt et un ans osait attacher son nom, en attendant qu'il l'attachât à tant de travaux (ju'il m'appartient moins qu'à tout autre de louer, mais plus qu'à tout autre de vénérer. La Ménagerie, et je suis heureux de pouvoir reproduire, au sujet d'un établissement (|ui m'est cher à plus d'un titre, ces paroles recueillies d'une bouche auguste-, la Ménagerie « est bien où elle est, et il n'en » faut pas une seconde. » Telle est la volonté de l'Empereur, et, pour y déférer, la Société n'a rien eu à changer au pro- gramme qu'elle s'était tracé à l'avance. Elle n'a jamais voulu créer une concurrence à un établissement dont elle- même tire son origine, mais lui donner un complément en se le donnant à elle-même. Le jardin que nous voulons créer, est le Jardin zoologique d'application; la réunion, jusqu'à ce jour sans modèle, ni en France ni ailleurs, des espèces ani- males qui peuvent nous donner avec avantage leur force, leur chair, leur laine, leur soie ; enrichir l'agriculture, l'industrie, le commerce -, ou encore, utilité très secondaire, mais digne aussi qu'on s'y attache, qui peuvent servir à nos délassements, à nos plaisirs, comme animaux d'ornement, de chasse, ou d'agrément, à quelque titre que ce soit. Voilà les animaux qui devront peupler le nouveau jardin, et s'y mêler aux espèces végétales les plus dignes de culture aux mêmes points de vue : utiles et bienfaisantes, ou belles et d'ornement: nouvelles richesses pour nos champs, nos forêts, nos vergers, ou nou- velles parures pour nos jardins et nos parcs. Le Jardin d'acclimatation sera, pour les études relatives au Règne animal, la troisième création due à l'initialive fran- çaise : En 1793, la première Ménagerie d'observation zoologique; En 1854, la première Société d'acclimatation; En 1859, le premier Jardin d'acclimatation. Puissions-nous, Messieurs, être aussi heureux que l'ont été nos devanciers, que nous l'avons été nous-mêmes une première XIV SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQL'IÎ D ACCLIMATATION. l'ois! Si le Muséum d'histoire naturelle, dans son vaste en- semble, est resté unique en Europe, il a été, parties par par- ties, imité chez presque toutes les nations civilisées : à l'exemple de sa Ménagerie, dix grandes villes ont successive- ment créé des jardins zoologiques. La Société d'Acclimatation a été plus heureuse encore : quatorze associations se sont déjà constituées à son exemple, pour développer et appliquer les vues qu'elle émettait il y a cinq ans. Puisse notre nouvelle création trouver à son tour des imitateurs! Et puisse-t-il être donné à nos premiers successeurs, si ce n'est à iious- nuMnes, de voir de nombreux jardins d'acclimatation s'élever iiientôt autour du nôtre, comme des colonies autour de la métropole! UAl'l'OUT SL'U LES TKAVAUX DE LA SOCIETE. XV RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION PENDANT l'année 1858, Par M. Auguste DUMÉRIL, Secrétaire des séances. Monseigneur, Messieurs, Il appartenait à notre illustre Président de tracer devant vous le tableau des progrès accomplis par notre Œuvre depuis le jour de sa fondation , et vous venez de voir revivre dans ce récit éloquent notre passé déjà si riche, malgré Torigine récente de nos travaux. Pourquoi donc cet élan général et ce concours remarquable de tant d'intelligences d'élite préoccupées d'une même pensée? C'est que notre drapeau , Messieurs , porte cette belle devise d'Etienne Geoffroy Saint-Hilaire : A l'Utilité! Comment, en effet, ne pas être saisi du désir de contribuer pour sa part, (|uelque faible qu'elle puisse être, à Taccomplissement d'un programme si expressif et si riche de précieuses promesses? Réunir nos efforts communs pour arriver à accroître les res- sources de tout genre que le règne animal et le règne végétal peuvent fournir à l'homme, n'est-ce pas travailler à la réalisa- lion des désirs généreux du célèbre naturaliste? Heureux et justement fiers des résultats déjà obtenus, sou- tenus par l'espérance légitime de les voir se multiplier, conti- nuons à marcher avec confiance dans la voie que nous nous sommes tracée. Chaque pas nouveau fait sur cette route nous rapproche du but; il importe donc de ne négliger aucun détail de notre itinéraire. Le rôle de votre Secrétaire est de vous en présenter un exposé fidèle, et il s'estimera heureux si, dans XVI SOCIETE IMPEKULE ZOOLOGIQUE D ACCLIMAIATION. l'exercice de ce devoir, vous daignez, comme les années pré- cédentes, lui accorder votre bienveillante attention. Soumettre à une étude pratique les animaux et les plantes dont la zone géographique semble pouvoir être agrandie dans l'intérêt des pays qui ne les possèdent pas encore : tel est Tobjet constant de nos travaux. Pour procéder avec sûreté et de manière à éviter, autant que possible, les erreurs, il est in- dispensable, vous le savez, Messieurs, de tenir exactement compte des conditions climatologiques dont l'iidluence sur les résultats des expériences d'acclimatation est si manifeste. Ur, dès longtemps convaincue de cette nécessité, et voulant, désormais, prendre pour base de ses tentatives, plus encore qu'elle ne Tavait fait jusqu'ici , les données fournies par la science des météorologistes, la Société a institué dans son sein une Commission de cltmatolofjie (1). Présidée par M. le pro- fesseur Becquerel, qu'il sullit de nommer pour rappeler tous ses droits à ce tilre, la réunion d'hommes habiles dont il s'agit ne peut manijuer de nous rendre les services les plus signalés. Elle saura nous éviter des déceptions et nous assurer des succès. Déjà plus d'une fois, au reste, nos efforts ont été heureux. Si nous passons d'abord en revue ceux qui ont trait à l'accli- matation de végétaux utiles, combien n'avons-nous pas à nous réjouir des résultats obtenus? Ainsi , par exemple, est-il néces- (1) Voir, pour la composition de cette commission, le Bidlctin, t. V, p. 217. On y trouve, p. 361, un travail de M. Becquerel, lu le 11 juin 1858 : c'est en quelque sorte un prot;ramnie des travaux à exécuter par la com- mission, et le savant physicien l'a intitulé : Considérations générales sur le mode d'intervention des phénomènes météorologiques dans l'acclimatation des animaux et des végétaux. il faut citer comme de très heureuses applications des principes propres à guider les tentatives d'acclimatation et qui ont été exposés par ^\. Becque- rel, les succès que lui a donnés à lui-même la culture de cépages du Midi et d'orangers au centre de la France, à sa propriété de Châtillon-sur-Loing (Loiret). {Id,, t. V, p. 6-23 et 77 ; t. VI, p. 35.) A l'occasion des vignes, je ne dois pas négliger les communications qui nous ont été faites sur ce sujet par nos confrères MM. Graindorge (p. j6i) et Mares (p. 229). RAl'PORT SLU LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. XVM saire de vous rappeler les deux précieuses plantes de la Chine, lapportées en Europe par M. de Montigny, dont le nom se rattache d'une façon glorieuse à tous nos travaux? Je veux parler de Tlgname, cette dioscorée dont notre savant collègue M. IMoquiu-ïandon a su, dans notre dernière séance solen- nelle , vous présenter une histoire complète d'une façon tout a la fois si instructive et si attrayante (i) , et du Sorgho , gi- gantes(iue canne à sucre du nord de la Chine, ([ui fournit des (1) Bulletin, t. Y, p. Lxu. Ce travail, rédigé sous une forme piquante et originale, est devenu une leniarquablc monographie p.ir l'addition de noies scicntiliques nombreuses où raiitetira rallaché habilement à son sujet tout ce qu'il impoilait de mentionner pour rendre complote Thisloire de cette précieuse plante alimentaire. Elle a été l'objet d'éludés intéressantes de la part de M. le professeur Clialin qui, à l'énoncé des beaux résultais qu'il a obtenus, a joint des détails sur la culture de diverses espèces d'Ignames originaires de la Nouvelle-Zé- lande, des Indes orientales et des Moluques {Bulletin, t. V, p. 26). DesrechercbesdeM. Hardy (W., p. 5Zi6),il résulte que de diverses espèces d'Ignames adressées à la Société, l'Algérie, ainsi que le dit lui-même l'habile directeur de la Pépinière centrale, pourra tirer un très grand parti comme aliment, et comme nourriture pour les bestiaux. L'examen comparatif des produits qu'on obtient selon que telle ou telle partie des tubercules d'Igname est mise en terre, a démontré à M. Fréd. Jacquemart, dans une série d'expériences nettes et précises telles que l'on pouvait les aUendre de lui, ([ue le gros bout des tubercules, celui qui fournit la poriion la irlus considérable de la substance alimentaire, est heureusement le moins convenable pour la plantation {Id., p. 511). Voyez des observations de MM. le baron d'Avène et Moquin-Tandon (p l/i7). — Les personnes qui cultivent l'Igname trouveront aussi d'utiles renseignements dans le P.apport détaillé de M. II. de Calanjan (/(/., p. 589) sur les divers modes de culture auxquels il a soumis celle dioscorée en 1858, ainsi que dans une Note de !\I. Bourgeois sur le choix des plants d'Ignames et sur leur reproduction par les bulbilles [lit., p. 32;^). — Je dois rappeler que le vénérable et illustre M. Jomard a continué avec succès sa culture d'Ignames à Lozerre, près Paris [Ici, p. ÙO, 137, l'i") ; que M. Hardy, qui a pu recueillir des graines de cette plante, a vivement engagé, celle année, à en faire des semis, dans l'espoir de réussir par ce moyen à créer des races normalement moins dis- posées à pivoter (p. 28û). De son côté, M. Fouchez, chef des cultures de l'un de nos vice-présidents, IM. îe prince Marc de Beauvau, s'est livré à différents essais en vue de l'amélioration de cette utile plcinle (p. 021), qui, au resle, donne des tubercules arrondis, quand le sol, peu profond, est assis T. VI. — Jau\icr cl lévrier ISo'J. ^ XVIIl SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. produits variés et nombreux que je me suis plu à énumérer avec détail dans cette enceinte, Tan passé (1). Je dois donc me borner à dire aujourd'bui (jue la culture de ces deux végétaux réussit de raçon à dépasser toutes nos espé- rances. Et ce n'est pas seulement parmi nous rpie Ton doit se féliciter de cette double introduction : TEurope a déjà donné le Sorgbo à notre colonie algérienne, à la Sicile (2) et à TAmé- ri(|ue septentrionale (3). — Je n'oublierai pas de mentionner ici la persévérance et le succès des eiîorts de M. le docteur Sicard, de Marseille, pour vulgariser l'emploi de tous les produits qu'il a su en extraire {Bulletin, t. V, p. 351) [h). sur un banc de pierres, ainsi que M. le vicomte de Valnicr Ta nionuc eu présenlanl à Tune de nos assemblées des produits de M. I.asnicr, jardinier au MOe près iMeluu (p. /i7'2). Sur bien des points de la France, la culture de l'Iguame est maintenant poursuivie avec succès : c'est ce que constatent les rapports de MM. le comte de (lalbcrt (p. 95), Bricrrc, de lîiez en Vendée, qui les accompagne d'élé- gantes pointures à i'iiuile (p. 55Z|, Gl'2 et Z|17), et Monnier, délégué de notre Société afliliéc de Nancy (p. 1/|8). (1) llapport sur les travaux de l'année 1857 [liullelin. p, xlii et 138). (2) Par les soins de notre confrère M. le baron Anca (/(/., p. 222 et 281)). —Voyez (/(/., p. Z|08) un rapport de M. Bourlier sin- la culture du Sorgho eu Algérie, où sont consignés dos documents intéressants dus ù M. k- docteur Lauras. — M- Jomard a parlé du Sorgho d'Egypte (p. /il 7). (3) Des échantillons de sucre de Sorgho cristallisé ont été transmis à la Société au nom de M. Lovering, de Philadelphie, par notre confrère ]\I. Louis Vilmorin qui, dès 185/j, époque de ses premières et heureuses tentatives d'acclimatation sur notre sol, avait conçu de vives espérances de la culture du Sorgho en Amérique (/t/., t. V, p. Gil). De semblables produits ne larderont sans doute pas à être obtenus parmi nous, car une Société industrielle se préoccupe si'-rieusemenl de l'emploi de cette canne à sucre sur une grande échelle dans le midi de la France {Id., p. 289). L'histoire du Sorgho et de ses applications par l'industrie se trouve dans l'importaut ouvrage de M. Sicard, 1858, 2" édit. (W., p. OU). On en doit, en outre, une bistoire complète à M. Henry, S. Olcolt, qui a recueilli dans un volume édité à New-York en 1857 tont ce qu'on i-ait jusqu'à présent sur cette canne à sucre dn nord de la Chine, et sur la variété dite J)HpInj,oii canne à sucre de l'Afrique australe {Id., p. 611). {[{) M. le professeur Ilétet, de Toulon, doit être également cité pour ses recherches sur les substances colorantes tirées de ce précieux végétal {Id., t. VI, p. o5). — Sa racine, selon M, Sacc, pourrait servir comme suc- RAPPORl SIR LKS TUAVALX DE LA SOCIÉTÉ. XIX Le Sorglio cl rigiuune ne sont pas les seuls végéUiux (pie nous ayons reçus de la Chine (li. Ainsi , pour ne citer, parmi les espèces utiles à différents titres , que des plantes tinct(j- riales, deux Nerpruns importés en Europe par MM. Katalis Uondot et Robert Fortune (2). enrichiront notre industrie, il V a tout lieu de l'espérer, de la magnifique couleur verte dite vert de Chine ou lo-kao (3). cédanée du Chiendent (W., v. V, p. 107). — Voyez les observations de M. le vicomte de Valmer sur le produit comparatif du Sorgho dans diverses loca- lités (p. 9/i). — Entre les mains de S. Exe. Kœnig-bey, il réussit bien à Alexandrie, ainsi que d'autres plantes étrangères (p. 106). En France, on a des succès dans les Landes (p. 137), dans le Tarn, dans l'Oise, dans le Cal- vados (p. 101 et 289). Enfin, sa culture est poursuivie en Espagne (p. 559). (1) Sans m'arrêter sur ce sujet, je renvoie à un Rapport de M. Frédéric Jacquemart sur l'Ortie blanche ( Urtka nivea) [Bulletin, t. V, ]>, 512 ; voy,, en outre, p. 621), et à une Note de INL Lachaume sur le Pois oléagineux {Soja hispida) (W.,p. 131). De plus, Mgr Perny a apporté vivants les arbres à cire et à vernis (/ A(JCLIM\'lATIOiN. Après ces produits du Céleste l'^uipire, ouvert iiuiintenanL au commerce du monde entier par la puissance de nos lloltes alliées, et où tant de conquêtes paciti(|ues restent à entre- prendre d), je me hâte, ne voulant qu'etlleurer ce vaste sujet, de nommer ceux que le Japon semble près de nous céder. Grâce à l'habile exploration de la llore de cet empire par M. von Siebold, nous avons reçu de ce botaniste distingué dix variétés de Riz , et particulièrement (pielques-unes de celles (jui ofl'rent le grand avantage de pouvoir être cultivées sans l'établissement de rizières, dont les émanations miasmati([ues sont trop souvent une cause d'insalubrité (2). Nous avons donc (1) On U'ouve un aperçu intéressant de quelques-unes des richesses in- dustrielles promises par ce riche pays dans la lettre déjà citée, où M. Natalis Rondot parle, en observateur exact et plein de sagacité, de diverses plantes tinctoriales de Chine. Il y a, d'ailleurs, plus que des espérances relativement au produit remarquable que donne le Sophora japonica, arbre acclimaté en France depuis plus d'un siècle. Appliquons-nous donc, suivant les con- seils de notre confrère, à étudier et surtout à utiliser les propriétés tincto- riales des boutons de Heur de cet arbre, qui fournissent une magnifique couleur jaune ( N. lîondot, Nûtirc sur ce sujet; Jiulletin, t. V. p. 325). Happelons, cnlin , que la Chine possède un cotonnier qu'il serait très désirable, en raison des belles qualités de son produit, de voir introduire dans les Landes, ainsi que S. M. l'Empereur en a manifesté le désir. Cette contrée de la l-'rance a été désignée comme étant la plus favorable à des essais par M. de Montigny, qui a envoyé de Shanghaï des graines de cet arbre (Id., p. 3/i0). L'industrie, ainsi que le suppose M. Sacc, pourra peut-être tirer un utile parti d'un cryptogame fort abondant sur les rochers, au bord de la mer. à llong-kong et à Canton, et dont notre confrère a envoyé un échan- tillon. On eu obtient une gelée épaisse et incolore, sans doute très propre à servir d'apprêt pour les étoffes (/(/., p. i!|72). (2) Une note de M. von Siebold sur le Riz du Jupon et sur quelquea autres véijHaux du mvme pays est insérée au Bulletin, t. V, p. 125. — Cette contrée possède un mûrier [Morus japonica), qui peut jouer un rôle important dans l'éducation des Vers à soie, au moyen de son feuillage d'aulomne, comme l'a constaté M. Emile .\ourrigat à Lunel (Hérault) {Id,, p. oZ»2). Citons encore, parmi les jjroduits de ce pays, le Wéllier japonais, dont ^]. Aguillon a adressé des graines provenant de pieds qu'il possède dans ses belles i)lautations de végétaux près de Toulon. Plus d'une fois, au reste, ce généreux confrère a mis des produits de ses cultures à lu disposition de la Société ijd,, p. uDl). RtiPPor.T srn lrs TP..vv.\rx de f.a socikti':. wi lait tin nouveau pas vers la possession des Riz secs, dont la enlture en Europe est, depuis l'origine de notre Société, l'une de ses préoccupations les plus constantes (1). Par les soins de ce confrère, nous avons reçu une Rar- dane comestible [ïjippft p(lulis) , dont la racine, très volu- mineuse, se mange comme les Scorsonères. Elle a bien léus^i entre les mains de M. Sacc Ci), de même qu'une utile plante fourragère, également d'origine japonaise, et nommée, en riionneurdu savant voyageur hollandais, Renonée de Siebold [Pobjgommi Sieboldii) {Bidletbiy t. V, p. ?>h\). Tout ce qui peut multiplier les moyens d'alimentation de nos bestiaux et de la race chevaline doit trouver auprès de vous appui et encouragement. Aussi avez-vous accueilli avec inté- rêt, non-seulement les communications relatives à l'emploi des tiges du Sorgho, comme fourrage {Bulletin, t. V, p. /il), mais encore celles plus récentes de M. Sacc, sur les avantages offeris par le Lupin jaune dans les terrains arides et sablonneux (//., t. V, p. 621). Après les heureux essais de 1857, dus à MM. Griseri el Comba, de Turin, (jui avaient reçu des cocons par les soins d'un missionnaire piémontais, le père Fantoni (1), il importe de rappeler l'éducation poursuivie dans les salles de la Ména- gerie des reptiles au iMuséum d'histoire naturelle, sous la direc- tion de M. Guérin-Méneville, qui a, le premier, introduit ce Ver en France (Id., p. 5/j5) (2i. Je dois surtout une mention toute spéciale à madame Drouvn de Lhuys, ([ui non-seulement a mené à bien une éducation de cette espèce, en y consacrant les soins les plus attentifs el les mieux entendus, mais a complété l'œuvre difficile qu'elle avait entreprise, par la rédaction d'un journal où se trouvent consignés, sous une forme précise et élégante, tous les détails utiles à connaître pour des tentatives ultérieures (3). (1) flelle introduclion du Ver de l'ailante en Europp a attiré sur le pfre KantDiii les snllrages unanimes de la Société, quand le Conseil, d'apit^s le vœu émis par la Commission des récompenses, a proposé, dans la séance du !x février 1859, de lui décerner le titre de membre honoraire. ('2) On trouve Tliistorique complet de cette introduclion en France, la- quelle est un titre de plus à la reconnaissance que Tinduslrie séricicoledoit à M. Guérin-Méneville, dans un Mémoire que cet entomologiste distingué a lu à l'Académie des sciences le 7 février 185<). Il insiste sur l'utilité de cette espèce jusqu'alors inconnue parmi nous à l'état de vie, et qui, élevée par les Chinois sur TAilante glanduleux, en plein air, donne deux récoltes par an {Comptes rendus des srances de l'Académie des sciences, t. XLVIII, p. 281; voyez aussi, t. XLVII, p. 615). M. Vallée, qui a rendu, dans la Ménagerie des reptiles, des services si- gnalés que la Société se plaît encore à reconnaître publiquement aujour- d'hui (voyez plus loin le Rapport sur les rn-ompenses), a fait usage pour cette espèce, et avec succès, des feuilles du lîîcin, en comparant les résultats obtenus avec ceux que lui donnait l'emploi de l'Allante glan- duleux. (3) On comprend, sans qu'il soit nécessaire d'y insister, tontes les diffi- cultés que présentait l'éducation d'une espèce qu'on n'avait point encore élevée en France. Ce ver, qui vit sur l'Ailante, paraît ôtre le vrai Bombyx Cynthia, dont le nom avaitété donné à tort, comme on l'a reconnu maintenant, à l'espèce du KAPPOKT SUK LKS TRAVAUX ULl LA SOCIÉTÉ. XXIX l'jiiUn, eu terminant cet exposé sommaire de nos travaux relatifs à l'acclimatation des Vers à soie, je suis heureux de pou- voir proclamer ici nos nouveaux succès avec l'espère indienne (jui vit sur le ricin (1). Son éducation réussit parfaitement au Brésil [Bulletin, p. 612). Elle se continue sur une grande échelle et dans diverses localités. L'Algérie où elle est encou- ragée par le gouvernement (/f/., t. V, p. 220), livre des quan- lités considérables de cocons [kl.^ p. 612), et la Société industrielle de Mulhouse, frappée des avantages offerts par cette matière textile, vient de fonder un prix important pour en encourager la production {kl., p. 111). Enfin, MM. Ch. de Jongh et H. Schlumberger, habiles filateurs de notre industrieuse Alsace, en ont obtenu des soies remar- (juables (/f/., p. 566) (2). Sa possession, d'ailleurs, nous est d'autant plus assurée que l'on peut varier sa nourriture. Par madame Drouyn de Lhuys, Uicin. Bien des renseignements, au reste, nous manquent encore sur les Vers sauvages, mais il y a lieu d'espérer qu'on recevra d'utiles indications par MM. les comtes Castellani et Freschi (voy. plus haut, p. xxv, note 2, ce qu'il est dit du projet de voyage en Chine de ces deux sériciculteurs). (1) Je dois mentionner des expériences de M. Guérin-Méneville, qui est parvenu à faire passer l'hiver à des cocons vivants {Bulletin, t. V, p. 22y). On conçoit toute l'importance de ce résultat, puisqu'on évite ainsi que l'éclosion ait lieu dans une saison où, sous notre climat, le Ricin manque. — D'autres détails sur l'influence de la température sont consignés dans une communication de Sir W. Reid {Id., p. 230). (2) Voyez en outre, pour des communications de M. Sacc, au sujet des étoffes fabriquées avec cette soie (Bulletin, t. V, p. 42 et 139). M. Is. GeoflVoy Saint-Hiiaire, qui se plaît à entretenir de nos travaux ses confrères de l'Académie des sciences, a placé sous leurs yeux les beaux produits fournis par les cocons du ver qui vit sur le ricin, et leur a pré- senté une histoire rapide des efl'orts de la Société pour l'enrichissement de l'industrie séricicole {Comptes rendus de l'Académie des sciences, t. XLVll, p. 722; voyez aussi Bulletin, t. IV, p. 526). M. Guérin-Méneville n'a négligé aucune des questions industrielles nécessairement soulevées par l'introduction de nouvelles espèces de Vers à soie, et dont la solution offre tant d'importance au point de vue de ia pra- tique. Il les a étudiées avec grand soin, dans le Moniteur des comices, où il a publié (20 mai 1858, t. V, p. 69) des Considérations sur l'acclimatation des Vers à soie du Ricin el du faux Vernis du Japon, Elles sont surtout XXX SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQLE d' ACCLIMATATION. il a été mis sans inconvénient au régime de l'Ailanle glan- duleux, et M. Vallée, de son côté, a donné la preuve (juil est possible de substituer complètement au Ricin le l'euillagc du Cbardon à foulon, dont la culture est plus facile dans les con- trées septentrionales {Bulletin, t. V, p. 221 et2ll-21/i) (1). Tout concourt donc, vous le voyez, Messieurs, à seconder riieureuse initiative de notre Société. Si elle est vivement préoccupée depuis son origine (2), des intérêts de Tindustrie relatives à remploi indiistiiel de la bouire de soie que ces Vers donnent et à la valeur de leurs cocons. — En parlant de nos travaux en ce qui concerne Pacclimatalion de nouveaux Vers à soie, je dois indiquer les réflexions tr(;s justes présentées sur ce sujet à notre Société régionale pour la zone du N.-E. par l'un de ses membres, M. Maudheux {Bullet. de cette Société, 1858, 3' tri- mestre, p. 219). La Lorraine, comme il clierclie à le démontrer, peut, en cHet, avoir sa part dans rexleiision sur notre sol des espèces nouvelles. Tout ce qui se lie à ce sujet est analysé avec grand soin dans ce même Bulletin de rs'ancy par le secrétaire général de la Société, M. le baron de Dumasi. (1) Noire confrère, M. Kaufmann, qui s'est occupé avec beaucoup de soin du dé vidage des cocons (Bulletin, l. V, p. 95), a étudié le j)apillon que ces cocons fournissent, et a communiqué d'intéressantes observations sur les résultats de pontes non précédées d'accouplement (/(/., p. 361). Des recherches analogues de M. von Siebold ont élé citées par M. Dareste, qui a appelé l'attention sur des faits très curieux et relatifs aux Abeilles liguriennes. Us sont dus à M. Dzierzon : cet observateur a étudié, dans des croisements avec des Abeilles d'Allemagne , le rôle du mâle de la race de Ligurie, lequel n'a jamais transmis ses caractères qu'aux femelles et aux neutres (7(/., p. 3ùl, et plus loin au Bapporl sur les récompenses). (2) Tout ce qui se rapporte à la production de la soie a droit à notre in* térêt et peut devenir un utile sujet d'étude. C'est ainsi que la Société a reçu des communications sur les usages auxquels est employée en Autriche la matière soyeuse du cocon formé par la chenille du moyen l'aon {Sulurnia Spini {Bulletin, t. V, p. 220), et sur le produit fourni par les larves de certains Bombyces dites Chenilles processionnaires [Idi, p. 62). Des insectes auues que des larves de Lépidoptères fournissent-ils une soie qui puisse devenir un produit vraiment industiiel? On ne le sait point encore^ malgré des études déjà anciennes sur ce sujet. Comme éléments nouveaux dans la question, il convient de renvoyer à deux communications faites celte année à la Société sur le travail des Araignées filcuses, l'une par iM. le capitaine r.irard (M, p. 109), et l'autre par M. G. Duval (p. 2'2i;. Après les insectes séricigènes, ceux qui produisent la cire méritent aussi d'être recherchés, et la Société doit être fort reconnaissante du soin que RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. XXXI séricicole, elle l'est tout autant de celle non moins importante (les pèches. Aussi a-t-elle vu avec plaisir dans les communi- cations faites cette année sur la pisciculture là preuve irré- cusable des progrès de cet art d'ensemencer les eaux, dont l'extension est due surtout à l'établissement d'Huningue, (jui a été l'onde sous la savante inspiration de M. CostcTar les soins des ingénieurs des ponts et chaussées chargés de la di- rection, il s'y fait, tous les ans, des distributions d'œufs de plus en plus abondantes. Des chiffres officiels présentés par M. le professeur Cloquet résulte la preuve de Tessor considérable qu'a pris ce vaste laboratoire, devenu un instrument en quelque sorte universel de propagation pour cette nouvelle industrie. Cet éminent confrère nous a, en outre, montré comment, à côté des travaux poursuivis par notre Œuvre pour rendre à nos pêches maritimes leur ancienne prospérité, M. Coste se dirige vers le même but, soutenu par la haute bienveillance de S. RI. l'Empereur, toujours acquise aux entreprises d'utilité publi(|ue, et dont nous avons nous-mêmes reçu de si écla- tants témoignages. C'est ainsi que d'importantes études pra- li(iues ont pu être entreprises par ce professeur, avec l'aide de M. Gerbe, dans le but d'arriver à trouver les moyens les plus convenables pour arrêter la destruction des bancs d'huî- tres de nos côtes et celle des crustacés et des poissons qui habitent notre littoral (1). Mgr l^ciny a pris (rapporter en France, etl'insecleà cire de la Cliine, eieil même leraps un pied vivant de l'arbre sur lequel on le trouve {kl., p. 111). Pour ne rien omettre de ce qui concerne les Insectes dans nos travaux de celte année, il faut noter : 1" un Rapport de M. le docteur Blalin sur un procédé mis en usage par ]\h Anloinej de Reims, et qui permet de pratiquer, sans l'emploi delà fumée oude ranesthésie,le maniement des Abeilles et la récolte de leurs produits (/(/., p. 313); une Note de l'habile apiculteur, M. Debeauvoys, sur les causes qui permettent d'enfouir rationnellement les insectes {Id,, p. 221 et 353). L'introduction d'un Saule {Salix acuiifolia) des bords du lac Ladoga semblerait être fort utile pour la nourriture des Abeilles au printemps, si, comme en Suède, cet arbre se couvrait, deux ou trois semaines avant toute autre plante, de ses fleurs, qui sont très riches en miel [kl., p. 282). (1) J. Gloquet, Notice aur la piscicuUure en France pendant l'année 1857 {Ballclin, t. V,p. /i9 ; voyez, en outre, p. 135 et l/i2). XWll SOCIÉTÉ IMPERIALE ZOOLUGIULE d'aCCLIMATATIOiN. Celle rapide indication de ce que nous sommes en droit d atlendre de la culture des mers nous donne une fois de plus, Messieurs, la preuve (ju'il y a de très utiles travaux à accom- plir dans cette direction. Soutenons donc par ncs encourage- ments tous ceux fjui, comme MM. Bartlie de Sainte -Fare [Ihdlelin, t. VI, Rapport sur lesréco?npe7ises), René Caillaud (t. V, p. 395) (1), de Causans (t. VI, Rapport), Chauvin (t. V, p. 190), le comte de Galbert (p.l38), Guillou {l.\[, Rapport), Lamiral ^t. V, p. 6U), deMaude(p. 190 et 614), Millet (p. 109, 136 et 291), Montes it. \\, Rapport), le baron de Tocqueville (t. VI, Rapport), et le marquis de Vibraye (t.V, p. 106er270). nous ont entretenus de leurs tentatives et de leurs succès, soit sur les côtes de TOcêan, soit dans les rivières et dans les lacs d'eau douce (2). Favoriser, autant qu'il est en notre pouvoir, la multiplica- tion des animaux utiles, et qui, en particulier, servent à la nourriture de riionune, n'est-ce pas, en ell'et. Messieurs, salis- laire à l'un des vœux les [dus pressants de notre association? Aussi devons-nous appliquer tous nos soins à rechercher dans les diverses classes du règne animal, et de préférence aux espèces de simple agrément ou d'ornement, celles qui peuvent augmenter les ressources de notre alimentation. Or, c'est sur- (1) A roccasion cfiino coninuiaicalion de iM. INlillcl relalive aux essais d'ostréiculture de y\. Caillaud, une discussiou iustiuctivc s'est engagée sur les causes de la viriilitr des huîtres {Ihdlctin, I. V, p. 9G et 99 S ('2) Je dois, pour compléter celle partie de mon Rapport, indiquer la dé- couverte intéressante, dans certaines eaux de l'Algérie, d'une Truite qui y a été trouvée en assez grande abondance par M. le commandant Lapasset, et que nous a adressée M. Lucy, receveur généra! à iNlarseille. Kllc appartient à une espèce distincte que j'ai nommée Truite à grandes taches {Salav macroi^tiijmd). Je Tai décrite {Bulletin, t. V,p. Ziù/i-i'i6), et j'en ai donné une figure (/feywe de zoologie de M. Guérin-Ménevillc, 1858, pi. 10). Knlin, c'est ici le lieu de signaler les curieuses et savantes Observa- tions aur les perles des coquilles bivalves d'eau douce, présentées par MM. les professeurs J. Cloquet et :Mcquin-Tandon, à l'occasion des singu- lières perles artificielles que les Chinois se procurent en introduisant des corps étrangers de diflerente nature et de forme bizarre entre les valves pendant la \ic de l'animal {ht., p. Zi5'2-/)61). UAPPORT SLR LES TRAVAUX UE LA SOCIÉTÉ. XXXHl loiit parmi les Oiseaux et les Mammifères, oîi il reste tant de conquêtes à entreprendre, qu'il faut s'efforcer de puiser les richesses qui nous manquent encore. On y travaille activement, au reste ; et pour ce qui concerne les Oiseaux, M. deQuatret'ages vous le dira tout à l'heure dans un récit où vous aimerez à retrouver le narrateur élégant, qui a si habilement déroulé devant vous, dans notre séance solen- nelle de 1857, les phases successives de l'introduction en Europe des Yaks et de la Chèvre d'Angora (1). Après ce qu'on avait déjà dit sur cette précieuse espèce asiatique de la race caprine, il s'est trouvé encore d'utiles instructions à puiser dans une lettre de madame la princesse C. Trivulce de Belgiojoso, (pii, aux ijualités remar(|ual)les de l'écrivain, sait joindre celles d'un esprit finement observateur [Bulletui, t. V, p. 8()et29Zi)., M. Sacc, l'ardent promoteur de la naturalisation de cette Chèvre eti Europe, a entrepris, et nul mieux (pie lui ne pou- vait y réussir, un examen approfondi dos diverses opinions émises et des expériences faites sur son histoire naturelle, son acclimatation et son utilité. Aussi les travaux anté- rieurs sur le même sujet ont-ils été, par cela même, complétés de la façon la plus heureuse et la plus fructueuse pour l'avenir par le Mémoire de notre confrère de Wesserling ild., p. 569 1. (1) Je laisse donc de crMé, dans l'énumération de nos travaux de Tannée, ceux qui onl eu les Oiseaux pour objet ; mais la savante .Notice de !\1. de Quatictages [Hulletin, t. VI, p. lxi) comble celle sorte de lacune que mon Raiiport semble présenter. Je n'ai à citer ici que les travaux qui, par leur nature, sot>t nécessaire- ment restés en dehors du cadre que notre confrère s'était tracé. Telles sont des observations très justes sur la classification des races gallines présentées par M. le docteur Gbouippe, qui a montré dans cet Essai les qualités d'un observateur judicieux et exact {Bulletin, t. V, p. ZioO). Tel est encore un Rapport de M. Davelouis sur les espèces ornitliologiques qui figuraient au dernier concours agricole de Versailles, et qu'il a étudiées avec un grand soin {Id., p. 530). De plus, il est convenable de rappeler le zèle et le soin avec lesquels la 2' Section, pendant toute Tannée, examine les questions dornitiiolugie importantes à étudier à notre point de vue. T. VI. — Janvier cl Février 1859. c XXXIV SOCIÉTÉ IMl'ÉHLVLE ZOOLUGIQUE D ACCLIMATAI ION. On y trouve la preuve, comme il le dit lui-même, et surtout comme il le prouve par des chilî'res, (lue notre Société a rendu un immense service à l'auriculture française en lui donnant la Chèvre d'Angora, qui lui apporte, avec une nouvelle source de viande et de suif à bon marché, un lainage dDnt nuuKjuent nos manufactures pour satisfaire aux exigences du com- merce [IcL, p. 579, hih, et t. VI, p. Zi8). Afin d'exciter le zèle des éleveurs, M. Sacc, dont les senti- ments de générosité se sont déjà montrés tant de fois àVégard de notre œuvre, vient d'en fournir un nouveau témoignage. 11 met à la disposition de la Société les fonds nécessaires pour la création d'une prime (juelle devra décerner à celui (jui pré- sentera la toison la plus lourde de Chèvre d'Angora [Bulletin. t. VI, p. /i5). Si cette toison est également remar(|uable par ses autres qualités, la Société triplera celte somme (A/., t. VI, au Procès-verhal de la séance générale). Pour obtenir de la (Chèvre dont il s'agit tout ce qu'elle peut et doit donner, il faut la placer dans les conditions les plus favorables. Ces heureuses conditions, M. le Présid(>nt vient de nous le dire, se rencontrent sur les hauteurs du ('antal. Là, sou- mises à une surveillance continuelle et placées sous la direc- tion supérieure d'abord de notre honorable vice-président M. Piichard, puis de notre actif et zélé confrère M. Albert Geolfroy Saint-Hilaire, nos Chèvres déjà nondn-euses donne- ront, on est en droit de l'espérer, d'abondants et excellents produits. En Algérie, un second troupeau offert au ministère de la guerre par la Société, ainsi (pie par M. Sacc, et dont le déve- loppement s'elVectue bien, a été, de la part de M. Bernis, vété- rinaire principal de l'armée, l'objet d'études longues et atten- tives. Il résulte de ses observations, (jue la race des [)lateaux d'Angora, dont la sécheresse et l'aridité lui sont si favorables, trouvera, dans le sud d(i nos possessions de rAfri(|ue septen- trionale, des conditions à peu près analogues à celles sous l'in- lluencc des(|iieltes elle s est maintenue en Asie. Des croise- ments, selon notre habile confrère, en assureront la possession RAl'l'OHT SI II LKS TRAVAUX DE LV SOClÉTii. \\iv sur d'uulres points de l;i colonie (Btdlctifi, l. V. [j. 165) (1), Pour les Yaks, vous venez de Tenlendre, ee sont également les montagnes qui conviennent à leur épaisse toison destinée à les préserver contre le froid glacial des sommets élevés du Tliibet. Sur le Cantal , nous verrons peu à peu se consolider parmi nous l'acclimatation de ce Bœuf, dont la laine fournira , des produits excellents (2). Nous pouvons de même fonder les plus fermes espérances sur la naturalisation du Lama, de TAlpaca, et sans doute aussi de la Vigogne, quadrupèdes précieux à plus d'un titre, et dont la dispersion sur nos montagnes est, depuis longtemps déjà, l'objet des désirs de la Société. Elle s'est occupée activement, (1) L'espèce ovine nous fournil une race utile, préconisée avec raison par M. Sacc : c'est celle du Mouton de l'adoue. Il a rédigé sur ce sujet une Note instructive {Ici., p. 528). (2) Il convient de citer ici les observations très dignes d'intérêt que M. l'.oberlSchlagintvveit a transmises à la Société par l'intermédiaire de M. l)a- reste, sur les Yaks sauvages qu'il a étudiés dans ses voyages et sur les con- ditions climatologiques au milieu desquelles ils vivent {Bulletin, L V, p. 32). (Voyez, en outre, des remarques de M. Is. Geollroy Saint-Hilaire sur les qualités excellentes que présentent les métis d'Yak et de Zébu {Bulletin, p. 3Z|8). Enfin, le savant voyageur a communiqué des détails sur quelques autres animaux du Thibet et de l'tnde, et en particulier sur la Licorne (/c?.,p.35). Des l'ails nombreux relatifs à l'existence de ce quadrupède, mais qui n'ont pas encore suffi poin* dissiper les doutes des zoologistes, sont dus à l'un de nos membres lionoraires, M. l'abbé Hue. Ils ont été consignés par ce courageux missionnaire dans le récit de son périlleux voyage à travers le Thibet (tome II, page /!(22). Voyez pour sa nomination, Bulletin, t. V, p. 350. Parmi les animaux de l'Asie, dont l'acclimatation, déjà entreprise avec succès au Muséum d'hisioin* naturelle, est si désirable, je ne dois pas omettre de nommer la grande Antilope dite .Nilgaut. Elle est poursuivie avec le plus grand soin par M. Leprestre, notre lauréat de 1857 (t. IV, p. Lxx). Dans sa propriété aux environs de Caen, véritable jardin d'accli- matation où il se livre depuis plusieurs années à des essais nombreux et heureux d'acclimatation danimaux étrangers, le Mlgaut se développe bien. Il eu est de même pour une espèce de Kangurou de petite taille. Ce que M. IL Schlagintweil a fait pour l'Asie, M. le baron H. Aucapitaine l'a entrepris pour une partie de l'Afrique, comme le témoignent les :\otes sur la faune du Soudan qu'il nous a adressées (t. V, p. 240-2^5). XXXVI SOCIÉTÉ IMI'ÉIUALE ZOUEULIUlli D ACCLLMATATIU.N. celte année, des moyens les plus convenables à ineLlre en usage pour protiLer des dispositions bienveillantes du gouver- nement péruvien, qui permet, en notre faveur, la sortie hors de son territoire de vingt-quatre animaux de race parfaite- ment pure (1). Les continents asiatic^ue el américain ne sont pas seuls à nous promettre de nouvelles richesses. L'Afri(|ue australe, oi^i, (1) C'esl-à-diie douze Lamas et douze Alpacas {Bulletin, t. IV, p. /|98 et ZiOO). La ])iiiclc absolue des lypcs est une condiliou essentielle pour obtenir une laine qui ail vraiment une grande valeur. Des détails iniéiessanls sur les animaux de ce groupe et sur leur trans- port dans dilîiMcnles contrées sont venus, ceUe année, s'ajouter à ceux que nous possédions déjà. Ainsi, notre confrère M. Barthélemy-Lapomnie- raye, directeur du Musée d'histoire naturelle de Marseille, occupé depuis longtemps de toutes les queslions qui se rattachent à l'étude de ces rumi- nants, nous a adressé une Noih:e complémentaire sur les Lamas et congé- nères du Pérou et du Chili, rédigée sur des notes fournies par M. Eug. llochn. 11 s'y trouve de nombreuses et utiles indications {Bulletin, t. V, p. 521), de même que dans une communication de l'un de nos membres honoraires, M. 15eiij. l'oucel, de l'Uruguay, qui nous a transmis, par Tinter- médiaire de notre confrère M. le docteur Vavasseur, si versé dans la con- naissance de la faune et do la llore de l'Amérique méridionale, une narra- tion pleine d'intérêt d'une expédition à traversée vaslc pays entreprise par M. Ch. Ledger avec un noa)breux troupeau. On y voit combien sont énergiques et persévérants les efforts de ce cou- rageux Anglais pour arriver à introduire des Lamas, des Alpacas et des Vi- gognes en Australie {Id., p. 177). Cette riche contrée, au reste, ne tardera pas à recevoir d'autres Lamas, car un troupeau de o9 individus amenés de New-York à Glasgow, comme M. Vauvert de Méan nous l'a appris {Id., p. .'i(î7),doit être déjà transporté à la Nouvelle-Hollande. Si l'ancien monde et l'Australie sont en droit d'espérer que de précieuses races américaines deviendront leur possession, l'Amérique elle-même peut être enrichie d'espèces qui lui manquent. Ainsi, la grande entreprise du transport du Dromadaire au Brésil, pour laquelle notre Société a été con- sultée {Bulletin, t. IV, p. 53 ; p. 61, 125, 189 : liapport de M. Darestc ; p. 593, et t. V, p. LV, 97, Z|19), est sur le point de s'accomplir. On doit faire des vœux pour que cette introduction léussisse comme celle qui a eu lieu aux États-Unis par les soins de M. le major VVayne (t. V, p. 615 ; t. VI, Rapport sur les récompenses), et comme celle déjà bien ancienne, faite dès 1622, en Toscane, où cet utile animal est complètement naturalisé. Une his- toire très précise de cette acclimatation italienne nous a été communiquée par noire conIVère, M. 1. Cocclii (t. V, p. UTô-U^2). RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. XXXVU grâce il son climat, plus d'une victoire pacifuiue deviendra sans doute le prix de nos elîbrts, a donné à l'Angleterre une niagnifi(iue antilope, l'Elan du Cap {Bosek/p/ii(S Oreas), dont Taccliniatation paraît maintenant complète, comme nous la appris une intéressante Notice de 31. .Mitchell, l'habile direc- teur du Jardin de la Société zoologique de Londres (Ih/I/efin. t. V, p. 61/i, et t. VI, Happort aur les; récompenses, et. aussi, p. 16). Désireux de parcourir avec vous le cercle entier de nos Ira- vaux, qui s'agrandit chaque jour, je ne dois pas seulement vous entretenir des espèces originaires de contrées lointaines. J'ai, de plus, à vous parler de nos vœux et de nos tentatives pour l'amélioration des races que nous possédons déjà. C'est nous coid'ormer à notre pi'ogramme (|ue de doter le [)ays de produits nouveaux obtenus par des croisements judicieuse- ment combinés. Vous l'avez compris ainsi en accueillant avec faveur une proposition de M . P. Thenard, consistant en une sorte d'en([uète à entreprendre dans le sein de la Société sur les ré- sultats Tournis à l'agricidture par le mélange des races (t. V, p. 29/i), et le savant Rapport de iM. Leblanc {Id., p. 'lh&\ sur la race bovine sans cornes du Cotentin instituée par M. l)u- trône {IiL, t. IV, p. 238; voyez, en outre, t. V, p. 231). C'est en suivant le même ordre d'idées que vous vous êtes préoccupés de l'amélioration du Cheval de guerre. Otte ques- tion, déjà plusieurs ibis agitée dans nos réuiùons, a reçu de nouveaux développements par suite des observations (ju'une , habile et profonde expérience a dictées à MM. le général Daumas {Id., t. V, p. 297) et Richard (du Cantal) (p. 376), à l'occasion d'un curieux et instructif document dû à l'ex-émir Abd-el-Kader ip. 298). Vous avez pu apprécier par cetécritdu célèbre chef arabe ses vastes et exactes connaissances sur le cheval, exprimées d'ailleurs dans un langage auijuel le style de l'Orient prête un charme réel par rorigiiuilité même de sa poésie. Enfin, votre attention a été souvent appelée sur la magni- fique race mérinos créée par l'habile agriculteur M. Graux, à la ferme de Mauchamp, et vous avez jugé que sa toison doit jouer XXXVIII SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. lin rôle important dans rindiistrie des laines. M. Davin, notre (ligne lauréat des années précédentes {Bulletin, t. IV, p. lxx, et t. V, p. xc). Ta démontré par les beaux produits qu'elle lui a fournis, grâce à la perfection de ses procédés de filature. Cette race ovine n'est pas assez répandue, et notre généreux confrère, qui est plein de conliance dans les avantages de sa laine soyeuse qu'il compare à celle des cachemires du Tlii- l)et(l). vienuledoubler. en le portant <à 2000 francs, un pi'ixque la Société décernera pour sa propagation (2) . Applaudissons. Messieurs, à une si grande libéralité, dont l'industrie devra lui être prolbndément reconnaissante. Encourager ainsi les tentatives utiles, soit par ses propres ressources, soit avec Tappui de quelques-uns de ses membres, comme MM. Cliagot. Davin et Sacc en donnent l'exemple, n'est-ce pas une des belles prérogatives de notre reuvre? Vous apprenrlrez donc avec satisfaction ([ue les trois prix à la fondation desquels se rattachent d'une façon si honorable les noms que je viens de proclamer, ne sont pas les seuls à ajouter aux autres récompenses amioncées dès le conmience- nient de 1857, et (pii, alors, étaient déjà au nombre de onze [Bulletin, t . IV, p. xxii ; t. V, p. xxvi, et t. VI, Procès-verbal de la séance générale, où se trouvent les listes de prix proposés). Il faut mentionner encore le prix réservé à Tintroducl ion el à l'acclimatation dans l'île de la Martini(pie d'un aniuial non nuisible aux cultures et destructeur du Serpent redoutable nommé Fcr-de-lance (3). (1) On trouve des détails inléress;iiUs sur ce sujet dans une Note lue à la Société par M. Davin en mars dernier [Bulletin, l. V, p. llo). Voyez aussi, p. loi el 356, lZi5, 230, 29/i, 556, 619, relativement aux tissus fabriqués avec cette laine. (2) Voir, pour les conditions à remplir par les concurrents à ce prix, fhiUelin, \. VI, Procès-verbal de la séance générale. (3) Aux appels adressés déjà l'année dernière à la .Société pour provo- quer son attention sur la nécessité d'opposer un ennemi à ce dangereux reptile {Bullelin, t. V,p. Liv), il convientde joindre les laits intéressants et si bien présentés ])ar M. le docteur lUifz, dans un Ikipport qu'il a lu dans une des premières séances de l'année [lil., p. 1-18) ; une nouvelle coniniii- nication de M. le comte A. de Cliasleignier (/rf., p. 185); les observations r.APPOUT SUR LES TR AV.U X r»E LA SOCIÉTÉ. \XVIV Après cet t'iioiicé sommaire de dispositions libérales propres à liàter nos succès, et après avoir clierché à guider vos sou- venirs dans la revue rapide de nos travaux, j'aimerais à pouvoir m'arrèter. Un devoir pénijjle m'ol)lige cependant à garder encore un moment ki parole. Il me reste à rendre avec vous un tribut à la mémoire des confrères dont le concours nous a été ravi cette année. Parmi les membres étrangers, je dois citer MM. Coulon, de Neid'cliiitel (Suisse), le baron de Mandell d'Ecosse, Mérian de Teu[len(de Bàle), Piazzoni, le comte de Hatzfeld, ministre plé- nipotentiaire de S. M. le roi de Prusse, (jui, jeune encore, avait su SI' concilier l'estime générale par la droiture et l'aménité de son caractère, puis l'un de nos membres honoraires, M. Pid- dington, à qui nous devons le Ver à soie du ricin, envoyé par lui de Calcutta. En France, que do, noms n'ai-je pas à énumérer devant vous? Ainsi, parmi les hommes d'un esprit généreux et éclairé, (|ui. placés en dehors des fonctions publiques, portaient un bienveillant intérêt à nos travaux, MM. de Cliipilly, Daba- ret, llorson, Lejeune de Lamotte, Lesieur, le chevalier de Mora et le baron du Teil ; parmi les agriculteurs, MM. Delbetz et Varin d'Ainvelle, maii*e d'Alais et directeur de la ferme- école deServas; parmi les conseillers d'Etat et les membres de nos assemblées législatives, MM. (^arlier, les comtes de Bryas et Benoît; puis, dans les rangs du barreau et de la ma- gistrature, M. Cauvain et M. GeoUrov-Cbàteau, (jui savait si hien utiliser au prolit des lettres et de l'histoire les rares loi- sirs (pie lui laissaient ses fonctions déjuge au tribunal de la Seine. Ce ne sont pas là, malheureusement, les seuls vides que la mort ait faits au milieu de nous depuis un an: nous avons perdu le bienveillant directeur des colonies au ministère de la marine, M. Mestro, dont le zèle pour notre œuvr.' s'est bien souvent relatives aux leclieixhes sur ce sujet de MW. le docleur r,uy()n et Moreau de .luiiiiés {l'.l., p. 421), et les détails donnés par \!. Sacc sur le Hérisson, con- sidéré à tort (t. IV, p. i87), suivant lui, comme })!juvant être inlio;luit aux Antilles avec succès, pour combattre le Serpent (t. V, p. l'il). XL SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. manifesté dans des circonstances où sa haute position pouvait l'aider à servir nos intérêts. Nous n'avons pas eu le bonheur de compter pendant long- temps au nombre de nos collègues l'habile inuénieur, M. de Monlricher, à (|ui est due la construction du gigantes(|ue aqueduc de Uoquefavour, sur lequel passent les eaux dérivées de la Durance pour ahmenter Marseille : ouvrage d'art com- parable, sinon supérieur, aux travaux du nu^me genre exécutés par les Romains. Enfin, nos pertes ont été nombreuses dans le corps médical, qui nous avait donné les docteurs Uarier, Alex. Thierry- Valdajon, mend)re du conseil municipal dt; Paris, Bonnet ide Lvon), membre correspondant de l'Académie des sciences, enlevé, dès Tàge de quarante-neuf ans, à la science dont il était Tune des gloires et 1 une des forces, et Paul Gaimard, l'intré- pide et savant médecin de la marine, qui, après avoir fait deux fois le tour du monde, avait exploré à deux reprises les régi(ms glacées voisines du pôle septentrional. Ici, Messieurs, se termine ma tâche, .l'ose espérer de votre indulgence que vous voudrez bien excuser les onnssions qui peuvent se trouver dans ce Rapport, mais il en est une, du moins, qui va être réparée. Si j'ai à peine prononcé devant vous le nom de notre colo- nie algérienne où tant de succès sont réservés à l'acclimala- lion. c'est (jue l'un de nos confrères, M. le docteur Ccsson, qui, pour ses études botaniques et agricoles, a déjà parcouru cinq fois notre territoire africain, va vous parler des cultures du Sahara avec l'autorité i\w donne une savante expé- rience (1). (1) A Toccasion des végélaiix du Sahara, il iinporte de ciler le ISlf^moiie intéressant de AI. Hardy Sur la culture du DalUcr en AUjén'e {UuUrtin, t. V,p. 65). Les ressources que l'île de Cuba peut offrir ont (5lé déjà énuniérées en partie par M. l'.anion do la Sagra dans un travail dont il a donné lecture à la lin de 1858 (/(/., t. V, p. 016; voyez aussi p. b5'i), et dans une seconde Noie lue au conimonconienl de celte année. — Des renseigncmenis sur la ciillure, dans celle îlt-, des Aroïdées dites Ignames, nous sonl promis j)ar notre confrère M. Daud, an'ien minisire plénipolenliaire. SUR LR SAHARA ALGÉRIEN ET SES CILTIIRES. XLI CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SIR LE SAHARA ALGÉRIEN ET SES CULTURES Par W. E. CO$>iul, alleint Zi8% et à Tougourt même 51». Une autre cause non moins puissante des variations de température est le changement souventsubit de la direction des vents, qui parfois sont d une extrême violence: fréquemment les vents du sud alternent avec les vents du nord, et à des cha- leurs tempérées succède une température presque égale à celle de Tété au Sénégal . Kn été, lorsque le sol a été échauffe par l'action continue des grandes chaleurs, la température, même pendant la nuit, reste assez élevée pour être difficilement supportée par les Européens. Les vents venant du sud 'siroco, chyli. simoun), ont souvent une énergie telle, qu'ils se font sentir XLVI SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIWATATION. jusque sur le litloral; leur durée moyenne ne dépasse pas un jour ou deux, et le calme de ralmosphère leur succède, ou plus ordinairement ils sont remplacés par un vent en sens opposé d'une égale violence. Le siroco, cause de soullrance et d'elfroi pour le voyageur, impressionne vivement ceux (jui, pour la première l'ois, ont à le subir; il ne faut pas toutefois s'en exagérer le danger, car s^il a pu faire dévier des caravanes de leur route et amener ainsi leur perte, ce n'est (|ue dans des cas très exceptionnels qu'il peut créer un véritable péril par les Ilots de sable qu'il soulève. Ce vent est l'un des principaux agents delà dispersion des végétaux; les cultures et la végé- tation spontanée caractéristiques de la région saharienne remontent dans les vallées ouvertes à son iniluence, (juclque- fois même jusqu'à 1000 mètres d'altitude, tandis (jue dans les vallées soustraites à son action et situées sous le même pa- rallèle, la végétation saharienne n'a (jue de rares représen- tants, môme à une altitude plus faible, 300 à 400 mètres par exemple. Le véritable été du Sahara algérien, c'est-à-dire l'époque à laquelle la végétation est dans toute sa plénitude, est repré- senté par les mois davril ou de mai, mois dans lesquels a lieu la maturation des céréales. Le Dattier (1) [Phœnix dnctylifera) est, sans contredit, le principal élément de richesse des jardins des oasis ; il y est cultivé non^seulement pour l'abondance et la variété de ses produits, mais encore pour son ombrage, qui garantit les autres cultures de la violence des vents et maintient dans le sol l'hu- midité nécessaire à la végétation. Grùce à cet arbre précieux, la présence de l'eau suffit pour fertiliser les plaines arides du Sahara, (jui, sans lui, seraient réduites à une éternelle stérilité. — La véritable patrie du Dattier est aussi inconnue que celle du Blé et de la plupart des végétaux utiles cultivés dès la plus haute antiquité. Sa culture en grand caractérise (1) Voyez J)e la culture du Dattier dans les oasis des Zibau, par MM. E. Cosson et P. Jainiii (publié dans le Bulletin de la Société bolaninue de France). A la suite de celle note sont cités les principaux ouvrages à con- sulter sur la distribution géographique, la culture et les usages du Dattier. SLK LE 8AHAKA ALGÉRIEN KT SES CL'LTUUKS. XLMl ossenliellement la vaste zone désertique, presque privée de pluies, ([ui, de Tocéan Atlanti(|ue, s'étend ius(ju'à la vallée de rindus vers le 64' degré de longitude orientale, et (jui, en AlVicpie, est comprise entre le 35« parallèle et la limite septen- trionale des pluies estivales , soit le 12' ou 15« degré de latitude. Sur le littoral méditerranéen de TEurope, le Dattier n'est généralement (ju'un arbre d'ornement; ce n'est guère (|ue dans le midi du Portugal et de l'Espagne qu'il commence à ame- ner ses fruits à maturité ; mais c'est là un fait tout exceptionnel, qui s'explique par la nature du sol, par des conditions acciden- telles d'exposition et par des influences climatériques analogues à celles de la zone désertique, véritable région du Dattier. — En Algérie, comme au Maroc et dans la Régence de Tunis, le Dattier ne forme d'oasis qu'au sud de la cbaîne de montagnes qui constitue la limite du Sahara. Les conditions les plus essentielles de la culture du Dattier sont une grande somme de chaleur, au moins pendant l'été, la pureté du ciel, la rareté des pluies, et une humidité suffi- sante du sol; aussi les Arabes, dans leur langage imagé, disent- ils : « Ce roi des oasis doit plonge?' son pied dam l'eau et sa tête dans le feit du ciel. » La nature du sol paraît avoir une influence tout à fait secondaire sur son développement: il végète non moins bien dans les dunes du Souf (jue dans les ter- rains compactes argilo-sablonneux, calcaires ou gypseux salés ou non salés de la plupart des autres oasis. Les eaux nécessaires à Tarrosement du Dattier peuvent être tlouces ou cbargées de matières salines, froides ou chaudes, leur quantité étant plus importante que leur qualité. Des variations extrêmes de température ( — 3° à + 51°) n'ont aucune influence sur le déve- loppement de cet arbre ; il en est de même de l'action des vents qui, dans le Sahara, régnent souvent avec une si grande violence. Dans la plupart des oasis, le Dattier est arrosé par des canaux d'irrigation (saguias) qui sont alimentés par les eaux des oueds ou des puits ; dans des conditions particulières seu- lement, comme dans le Souf, le Dattier peut se passer d'irri- gation. — Les Dattiers sont généralement plantés sans ordre à 4-5 mètres de distance, et, dans les jardins bien tenus, les pieds XLVIII SOCIÉTÉ IMPÉKiALt ZOOLUCil^UE D ACCLIMATATION. sont liabiluellenient isolés ; ils ne forment de toulles que si l'on a négligé de les débarrasser des rejets de leur souche qui souvent finissent par égaler la hauteur du tronc principal. On arrose le Dattier dans toutes les saisons, mais c'est surtout au printemps, vers l'époque de la floraison, et en été, avant la ma- turité des fruits, que ces irrigations sont surtout nécessaires. Le mode de propagation généralement adopté est la sépara- tion des jeunes rejets que fournissent les souches des arbres adultes, ce mode permettant de ne multiplier que les arbres femelles appartenant aux meilleures variétés et d'en obtenir plus tôt des fruits. Il n'en est pas moins certain cependant (|ue les variétés les plus estimées doivent leur origine au semis, ainsi (jue le prouve une légende populaire : « Une vieille femme craignant Dieu consacrait sa vie à glorifier le Très-Haut et son Prophète. Trop pauvre pour acheter un chapelet, elle conq)tail ses prières avec des noyaux de dattes. A sa mort, furent enfouis avec elle les noyaux qu'avait sanctifiés sa dévotion. Bientôt s'élevèrent sur cette tombe de magnifiques arbres, source primitive du Deglet-noor (datte-lumière), le roi des Dattiers. » Le Dattier, après les premières années, ne s'accroît plus en diamètre ; il n'est pas rare cependant de voir son tronc pré- senter des étranglements plus ou moins considérables corres- pondant aux périodes de son développement pendant lesquelles Tarbre a eu à souffrir de la sécheresse, du défaut de culture ou d'un accident quelconque ayant entravé sa végétation. Vers le mois d'avril, le Dattier commence à fleurir, et l'on pratique la fécondation artificielle des individus femelles en insinuant dans la spathe (jui renferme la grappe de Heurs femelles un fragment d'une grappe de fleurs mâles. Tous les auteurs sont d'accord pour constater (|ue les arbres abandonnés à eux-mêmes ne nouent pas leurs fruits. — Il n'y adanscha([ue oasis qu'un i)etit nombre de Dattiers mâles, un seul de ces arbres pouvant suffire à la fécondation d'un 1res grand nombre d'individus femelles. Les variétés de dattes ne sont guère moins nombreuses (jue cellesde la plupart de nos fruits d'Europe. Elles peuvent être rap- SLR LE S.VHAUA ALGÉRIEN ET SES CLLTLRES. XLIX portées àdeux groupes principaux, dalles dures et dattes molles. Les dattes dures sont les plus estimées, en raison de la facilité avec laquelle elles peuvent se conserver pendant longtemps et être transportées sans subir d'altération. Les dattes molles ne peuvent être conservées que dans des vases ou des peaux de bouc où on lesconq)rime fortement pour les garantir du contact de l'air et retarder leur fermentation. Dans chaque groupe les variétés sont distinguées d'après la grosseur du fruit, sa forme, sa saveur, sa couleur, Tépoque de sa maturité, la forme du novau, etc. Les dattes du Souf sont les plus estimées du Sahara algérien et rivalisent avec celles du Belad el Ujérid, du sud de la Régence de Tunis. M. d'Escayrac (1) signale dans la Régence de Tunis, comme la variété la plus rare et la plus estimée, le Monakhù' (nez), dont la longueur peut égaler celle du petit doigt. Cette variété n'existe pas en Algérie, et son accli- matation serait à tenter dans les oasis du sud. Ce n'est pas seule- ment par son fruit (pie le Dattier forme la principale ressource alimentaire des Sahariens : la partie centrale de sa jeune pousse, ou chou de Palmier, est aussi un aliment recherché; par des incisions pratiquées sur son tronc, on obtient le lait de palmier, qui, par la fermentation, ne tarde pas à prendre une saveur vi- neuse (vin de palmier, lagmi), et, par la distillation, les juifs en obtiennent une boisson alcoolique (kirchein). Le tronc fournit aux indigènes leur bois de construction et de chautFage. Les feuilles servent à la couverture des maisons et à la confection de nattes, de paniers, etc. Avec les fibres des spathes et celles de la base des feuilles, on fabriciue des cordages grossiers. L'étude des variétés de dattes olfre les plus grandes difficultés, en raison del'iucertitude de la synonymie de leurs noms arabes, ces noms différant souvent d'une oasis à l'autre. Le moyen de trouver les caractères essentiels des races les plus distinctes se- rait de grouper dans une oasis du sud les variétés les plus esti- mées dont on encouragerait la propagation. Bien que la culture du Dattier ait déjà atteint un degré de perfection qui laisse peu à désirer, on pourrait peut-être cependant obtenir des (1) Le Désert et le Soudan, par M. le couile d'Escayrac de Laiiluic. T. VI. — Janvier et Févriei 1859. d L SOCIÉTÉ IMl'ÉKIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. résultats utiles du choix éclairé des individus mâles, si Ton voulait tenter par le semis la production de variétés nouvelles. Outre le Dattier (1), la plupart des oasis présentent en assez grande abondance le Figuier, le Grenadier, TÀhricotier (va- riété à petits fruits et plus rarement à gros fruits), et souvent la Vi'^ne ; le Pécher, le Cognassier, le Poirier et le Pommier sont surtout plantés dans les jardins des ksours ou dans les oasis situées vers les montagnes ; plus rarement on rencontre dans les oasis, comme dans les Zihan, l'Olivier, l'Oranger, le Cédratier ou le Limettier. Le Figuier-de-Barbarie [OjMutia Ficus-In- dicd], surtout la variété dépourvue d'épines, est planté par pieds isolés et plus rarement en massifs. V Acacia Farnesiana et le Zlzyphus Spina-Christi que l'on retrouve en Egypte, le Cyprès, TOrme et VElœugnus Orientalis^ ne sont })lantés (jue par pieds isolés. L'Orge et plus rarement le Blé {Tritlcum du- nmi et twf/idum) sont cultivés dans les terrains irrigués au voisinage des oasis et. dans les intervalles des plantations de Dattiers; mais la production de l'Orge et du Blé est loin d'être suffisante pour les besoins des habitants, (]ui doivent emprunter au Tell la plus grande partie de leurs grains. Le Sorgho {Sor- fjhimi vidgore), la Pénicellaire enépi [Poiicillaria spicata) et le Maïs ne sont guère cultivés ([ue par loufl'es espacées près des canaux d'irrigati jn. Les Oignons, les Fèves, les Carottes, les Navets et les Choux, tiennent une large place dans les cul- tures. Il en est de même du Piment [Capsicum annuum), dont le fruit, en raison de ses propriétés stimulantes, entre comme condiment dans la plupart des mets arabes. L'Aubergine et la Tomate sont cultivées dans quehjues jardins pour leurs fruits comestibles. De nond)reuses espèces et variétés de Cucurbita- cées (Potirons, Courges, Pastèques, etc.) sont semées en été dans les jardins, où leurs fruits acquièrent un grand dévelop- pemenl. Le Gombo {IJibisciis esctdentiis) est cultivé cà et là par les nègres pour ses fruits mucilagineux et comestibles. Le (1) Voy. : Note sur les cultures des oasis des Zihan, par MM E. Cosson et l\ Jamin (publié, en 1855, dans le Dulleiin de lu Société botanique de France). — Voyaye d'Alyer aux Ziban, par M. le docteur Giiyon. SUR LE SAHAlîA ALGÉRIEN ET SES CULTURES. Ll Pourpier forme souvent clans les oasis des carrés assez éten- dus (1). La Coriandre, le Cumin, le Fenouil et VAnethum gra- veolem, dont les fruits servent à aromatiser les mets, existen dans (jneiques jardins, oii ils se sont presque naturalisés. La Réglisse, dans Toasis deTougourt, est pres([ueàrétat sauvage. Le Rosier à cent feuilles, une variété de la 3Icnthe poivrée et le Basilic se rencontrent çà et là dans les cultures. Les plantes industrielles ou fourragères principales sont le Chanvre, repi'ésenté seulement par une variété naine [hachich), (jui n'est pas employée comme plante textile, mais dont les som- mités, sous le nom de tkhoiiri, sont fumées par quehjues musul- mans peu fervents. Le Tabac rustique est le seul qui soit cul- tivé, et cette culture n'a quelque importance que dans le Souf. Le Uennè {Lawsoniainennis)^ dont les feuilles ont été récem- ment employées avec avantage dans la teinture en noir, n'existe guère ({ue dans les oasis des Ziban ; les femmes arabes se ser- vent, comme on lésait, de ses feuilles pour se teindre en jaune orangé les ongles et l'extrémité des doigts. La Garance {Riibia tinctorum] est cultivée dans quelques jardins pour les propriétés tinctoriales de sa racine. Cette culture a dû être autrefois plus générale, car la plante est naturalisée dans les terrains incultes de la plupart des oasis. Le Cotonnier, dont la culture en grand a été essayée avec succès aux environs de Biskra, n'est repré- senté que par quelques individus dans les jardins de l'Oued Rir et du Souf. La Luzerne est cultivée en petits carrés irrigués dans le Souf et dans une partie tle TOued Rir, où elle peut fournir souvent jusqu'à huit coupes par an. Une variété de Ray-grass est cultivée dans les mêmes localités. Le Fenu-grec ne se rencontre guère que par pieds isolés (2). (1) Les indigènes, surtout dans leurs voyages, recueillent, pour en faire leur nourriture, toutes les plantes présentant à un degré quelconque des propriétés alimenlaires et qui se rencontrent sur leur chemin. Peu de temps après les pluies, ils recherchent soigneusement le Ter fez, espèce de truffe blanche {Choiromyces Leonis) qui, à cette époque, entre pour une part assez considérable dans leur alimentation. Ce champignon souterrain, qui se trouve à une faible profondeur, révèle sa présence par un léger soulève- ment du sol, ordinairement fendillé en étoile. (2) Sur les marchés sont également vendues comme fourrage plusieurs LU SOCIËTË IMl'ÉKIALE ZOULOGIQLL: l) AGCLlAlATATlOiN. Dans le Souf, les cultures présentent un type tout spécial, en raison de la nature sablonneuse du sol. Les plantations de Dat- tiers n'y sont pas disposées, comme dans les autres oasis, en mas- sifs continus composés souvent de plus de cent mille pieds d'ar- bres; ils y sont plantés dans des excavations plus ou moins vastes en l'orme de bassins coniques, creusés de main d'bomme dans le sable des dunes et dans les concrétions gypseuses sous-jacentes à une profondeur suflisante pour atteindre le sol liumide, et incessamment les babitants ont à lutter contre les envabisse- mentsdes dunes voisines. L'bumidité du terrain, à cette profon- deur, sultit pour assurer la végétation des Dattiers et dispense de toute irrigation. Les quelques plantes alimentaires, indus- trielles ou fourragères de cette contrée, oîi toute culture est une véritable con(|uète deriiommesur le désert, sont cultivées dans dos jardins sjjéciaux. (^es jardins, (|ui n'ont souvent que (pielipies mètres de superlicio, sont entourés de baies sècbes de leuilles de Dattier et arrosés au moyen de puits peu profonds dont Teau est tirée à Taide de Tappareil primitif de bascule désigné vulgairement sous le nom de dièvre; ils sont partagés en plusieurs carrés où les eaux sont distribuées par de petits canaux rendus imperméables par un enduit de plâtre, de telle sorte que cbaque plante puisse recevoir exactement la quantité d'eau nécessaire à sa végétation. Vers la limite nord de la région sabai'ienne, les oasis sont généralement établies au voisinage des oueds, et remontent plus ou moins dans les gorges ou les vallées par lesijuelles ces couis d'ium déboucbent dans le Sabara ; leurs eaux, par des dérivations directes on par des barrages (jui en élèvent le ni- veau, servent presque exclusivenient à l'irrigation des cultures (|ui souvtMit les épuisent. Dans cette première zone d'oasis, par exception seulement comme à El Abiod Sidi Cbeikli, les piailles des pàlurages saliarions, enUc autres le Cyperiis conglunieratiis, Vilelianlhcinuiit sesaililloruin, VAtriplex Haliinus, et surtout le Drinu {Arfhratheruni punyeits). Cette CrauiiiK^e, l'une des plus lépaudues dans les sables du sud, est très estimée pour ia nourriture des bestiaux ; sa graine est recueillie sous le nom de loul , et employée comme TOrge pour la nourriture des animaux et quelquctois même pour celle de Thomme. SUR LE SAHARA ALGÉRIEN ET SES CILTURES. I.III puits l'on missent la plus grande partie de l'eau d'irrii^ation. Dans l'intérieur, où les oueds sont à sec pendant la plus grande partie de l'année et même quelquefois pendant plusieurs années consécutives, les prises et les retenues d'eau ne sont plus (|ue des moyens d'irrigation accessoires, et ce sont les puits (jui deviennent le moyen principal d'irrigation. La pro- fondeur de ces puits est très difïérente dans les diverses parties du Sahara algérien (1). Lorsqu'ils sont peu profonds, l'eau en est extraite, comme nous l'avons déjà dit pour le Souf, an moyen de j'appnreil de bascule connu sous le nom de chèvre. Lorsque leur profondeur ne permet pas l'emploi de cet appareil, ils sont entourés d'une margelle flanquée de deux pilastres réunis par des traverses qui supportent une poulie; l'outre qui sert à puiser l'eau, largement ouverte à sa partie supérieure, est pro- longée inférieurement en un tube assez long-, ce tube, relié par un cordeau au cordage principal qui glisse sur la poulie , s'abaisse lorsf[ue l'outre est arrivée au-dessus delà margelle, et laisse couler l'eau dans un bassin, d'où elle est dirigée dans les canaux d'irrigation. Les puits à bascule sont les seuls (jue nous ayons vus dans le Souf; ils existent également dans quel- ques ksours du centre et de l'ouest. La seconde sorte de puits, la seule qui se rencontre dans le Mzab, se retrouve dans (juel([ues oasis entre El Oued et Ouargla. et dans l'ouest, par- ticulièrement à El Abiod Sidi Cheikh, L'existence dans l'Oued Rir d'une nappe d'eau souterraine jaillissante située à une profondeur assez faible (ordinairement (1) Les puits creusés clans le lit des oueds, dans les dépressions des dunes, et même souvent dans les plaines, n'ont ordinairement que quelques mètres de profondeur ; sur certains points seulement ou dans les parties nion- lueuses ou rocheuses, comme dans le Mzab, ils atteignent des profondeurs de 30 à 50 mètres. La température de l'ean des puits est de 17" à ^h". Dans les Zii)an, à El Amri, M, Dubocq signale des pulls dont la prol'ondeii r ne dépasse pas 1"",50 à 2 mètres ; ces puits traversent une assise do roches gypseuses et un petit banc de calcaire de quelques centimètres d'épaisseur au-dessous duquel existe une nappe d'eau dans une couche de sable argileux- Dans la province d'Oran, à la lisière du Sahara, à Ain Ben Klielil, se trouve de même une nappe d'eau superficielle au-dessous d'une mince plaquette calcaire. LIV SnCIÉTR IMPÉRIALE ZOOLOGIQUR I) ACCLIMATATION. Zi0à60 mètres en moyenne), a permis aux indigènes, dès les temps les plus reculés, d'irriguer toutes leurs oasis par de véritables puits artésiens (1). Ces puits, de forme carrée et mu- nis dans leur partie supérieure d'un colîrage en poutres de dattiers , sont creusés avec une sorte de houe h manche très court, jusqu'au moment où les eaux d'infdtration ne peuvent plus être épuisées ou jusqu'à ce que la nappe jaillissante soit atteinte ^ alors commence le travail des plongeurs, presque tous nègres, qui doivent approfondir le puits jusqu'à la nappe arté- sienne ou déblayer le sable entraîné par les eaux : chaque fois qu'ils plongent, et la durée moyenne de leur immersion est d'en- viron deux minutes, ils remplissent un petit couffin à peu près de la contenance des deux mains juxtaposées. On comprend fa- cilement toute la difficulté et la longueur d'un tel travail, fait dans de sendjlables conditions et avec des moyens d'exécution aussi primitifs, et l'inqiossibilité pres(jue absolue de réparer les puits dont les coffrages se sont elfondrés. Avant l'occupation française, l'obstruction de la plupart des puits de l'Oued Rir était une cause de dépérissement pour les oasis, et quelques- unes même étaient menacées d'une destruction prochaine et complète. Aussi les populations ont-elles salué par des cris de joie et des bénédictions le brillant succès du premier forage de puits artésien exécuté en 1856 parles soins de l'administration française, succès qui a démontré que toute cette partie de la région saharienne est appelée, par les nouveaux puits arté- siens, dont celui de Tamerna a été le prélude, à devenir une des parties les plus fertiles du Sahara. L'eau de la plupart des puits de l'Oued Rir contient d'assez grandes proportions de sel marin et de chlorure de magnésium pour être désagréable au goût et avoir une action purgative assez prononcée ; aussi les indigènes eux-mêmes disent-ils de l'un de leurs puits renommé pour la mauvaise qualité de ses eaux : (( Mieux vaut cent coups de bâton qu'une gorgée de l'eau de (1) Voy. les ouvrages déjà cilésde MiVI. Fournel, Dubocq, le général Dcs- vaux, Cl». Laurent cl ceux de MM. Prax et Berbrugger, ainsi que TcxUait du Rapport du général Dosvaux publié par M. ]''iguier {Année scientifique, 1.858, I, p. 171), SUR LE SAHARA ALGERIEN ET SES CULTURES. LV Rram. » — Dans les eaux salines des fossés des oasis de VOued Rir, alimentées par les puits, existe en abondance une espèce particulière de poisson, voisine du genre Perche (1) [Glyphi- sodoii Zillu^Valenciennes), qui apparaît partout où de nou- veaux puits sont creusés. Aussi ce poisson paraît- il vivre indifféremment dans les eaux souterraines de la nappe arté- sienne et dans celles qui se sont répandues à la surface du sol.! On le retrouve aussi dans les gouffres formés par des puits artésiens indigènes effondrés et dans quelques petits lacs profonds, dont les plus remarquables sont la ?ner d'Ourlana^ près de l'oasis de ce nom, et| celui àe la Merdja/a, près de Tougourt (2). Le caractère le plus saillant de la végétation saharienne est son uniformité, mise en évidence par la présence des mêmes espèces caractéristiques dans des stations qui diffèrent par l'altitude, la nature du sol ou ses accidents. L'ensemble des végétaux croissant spontanément dans le Sahara algérien, en dehors des cultures, ne dépasse pas le chiffre de 500 espèces (3). (1) Ce poisson a été successivement désigné sous les noms de Perça Guyonii Heck. (in Giiyon, loc. cit., p. 228), Acer ina Zillii Gerv. {Acad. se. lettr. Montp.), Coptoâon Zillii Gerv. {Bull. Soc. agric. Hérault), et de Ghjphisodon Zillii Valenc. {Compt. rend. Acad. se, 1858). (2) Shaw {Travels or Observations relating to... Barbary...) signale la présence d'un poisson (très probablement le Ghjphisodon Zillii) dans les eaux des oasis du sud de la Régence de Tunis. Une lettre de M. Aymé, manufacturier français, gouverneur des deux grandes oasis de Thèbes et de Garbé, en Egypte (lue en 1838 à la Société d'encouragement de Paris, et reproduite dans le Rapport de M. le générai Desvaux sur les forages artésiens exécutés dans le Sahara de la province de Constantine, en 1856 et 1857 [p. 22]), établit la grande analogie existant entre les puits artésiens indigènes des deux oasis soumises à son autorité et ceux de l'Oued Rif. M. Aymé admet l'existence d'un cours d'eau souterrain, et signale dans un puils qu'il a fait rétablir la présence de poissons vivant dans les mêmes conditions que ceux de l'Oued lUr. (3) I-es familles représentées dans le Sahara algérien par le plus grand nombre d'espèces sont : les Composées, les Graminées, les Légumineuses, les Crucifères et lea Salsolacées, etc. Certaines familles, à peine représen- tées dans les autres régions naturelles de l'Algérie, acquièrent dans la région saharienne une importance réelle par le nombre de leurs espèces ei leur abondance. Lvr so(;iiî;té impériale zoolociolir d'acclimatation. Le plus grand nombre d'entre elles sont vivaees, croissent en toutïes, et ont un aspect sec et maigre, un port roide et dur tout à l'ait caractéristique. De nombreuses espèces sont plus ou moins ligneuses, mais les véritables arbres, sauf le Dattier et les autres plantations des oasis, ne sont guère fprune exception. Dans les plaines sabariennes, diverses espèces de Tamarix, dont l'une propre au sud, TEtbel [T. articulata), sétend jusque dans le pays des Touaregs, sont presque les seuls végétaux ligneux arborescents; ils forment sur quelques points de véritables bois aux bords des oueds ou ilans les dépressions bumides en hiver (dayas). Un seul arbre, par son développement, rappelle ceux de nos pays tempérés : c'est une espèce de Lentisque [Pistacia Atlantica)^ qui, appartenant plus spécialement à la région des hauts-plateaux, s'avance dans le sud jusque dans la vallée de rOued en Nsa, au delà du 33* de latitude. Si l'on compare la statistique des végétaux réellement spon- tanés dans les terrains incultes des environs de Biskra avec celle des contrées analogues (1), on voit que sur les hlQ espèces constituant la flore indigène de Biskra, 37 seulement se re- trouvent dans le centre de l'Europe et 170 dans la région mé- diterranéenne ; 119 existent dans les régions désertiques de l'Orient, et sur ce nombre 33 appartiennent également au midi de l Espagne ; Ih espèces n'ont encore été observées (jue dans le sud de l'Algérie ou de la Régence de Tunis. — On aura en- core une idée plus nette des véritables affinités du Sahara algérien en prenant pour point de comparaison la statistique végétale des déserts de l'Egypte depuis Alexandrie jusqu'au Caire, telle qu'on peut l'établir d'après les renseignements les plus récents (2) -, on trouvera en elîet que sur le total de 207 es- pèces connues dans cette partie du désert égyptien, \!\!\ se retrouvent dans les déserts de TAlgérie. (1) Voy. Rapport sur un voyage botanique en Algérie, par M. K. Cosson (publié, en 1856, dans les Aminales (tes sciences naturelles). (2) Inclépenclamment de l;i Flore d'Egypte par Delile, nous avons con- siillé les coUeclions recueillies par les divers botanistes qui ont exploré TKgypte, et eu particulier celles de Wiest, lîové, llusson et de MM. Figari, Boissier, L. Kralik, elc. SUR LE SAHARA ALfiRRIEN ET SES CULTURES. LVll La zoologie n'indique pas moins clairement les affinités du sud de l'Algérie avec les déserts de l'Orient : le Lièvre d'Egypte {Lepus Isabelliinift) y est commun; la Gazelle, qui habite éga- lement l'Arabie, s'y rencontre par bandes nombreuses, et V Antilope addax de la Nubie a été retrouvé dans les dunes des aregs de l'ouest par MM. de Colomb et P. Mares (1) ; plusieurs reptiles, le Waran ou Monitor d'Egypte [Waranus arenarh/s) et le Céraste ou Vipère cornue {Cérastes cornutus) sont com- muns à l'Egypte et au Sahara algérien. L'entomologie des deux pays est des plus analogues; le Scarabée sacré (Ateucus sacer) et les Pimélies ne sont pas moins communs dans les sables du désert algérien qu'au pied des Pyramides. De ces données il résulte que le Sahara algérien se relie par d'étroites affinités avec l'Orient désertique, représenté par l'Egypte, une partie de la Syrie, l'Arabie et une partie de la Perse méridionale. C'est donc surtout dans la région saharienne que nous trouvons la confirmation delà loi, énoncée ailleurs par nous, d'après laquelle les intluences selon la latitude sont do- minantes dans l'intérieur. On peut dire, au point de vue de la géographie botanique, que s'avancer en Algérie, dans le sud dans le sens du méridien, c'est moins se rapproclier du tropique que de l'Orient. De l'ensemble des considérations que nous venons d'exposer il nous paraît résulter de la manière la plus manifeste que les animaux et les végétaux dont l'acclimatation peut être tentée avec les plus grandes chances de succès dans le Sahara algé- rien doivent être empruntés surtout aux régions désertiques orientales (2). Le Chameau à deux bosses , l'animal de transport le plus répandu en Asie, et qui existe également dans la basse Egypte, pourrait utilement être introduit en Algérie et sur de nom- (1) Voy. Observations de météorologie et d'histoire naturelle faites dans le sud de la province d'Oran, par M. P. Mares (Comptes rendus de l'Inst. , XLV.) (2) Voy. Delile, Histoire des plantes cultivées en Egypte (publié dans le grand ouvrage de la Description de l'Egypte). — Eové, Observations sur les cultures de l'Egypte (publié, en 183ii, dans les Annales de l'Iixstitnt agricole de Fromont). LVIIl SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. breux points remplacer le Dromadaire, dont la toison est loin de présenter la môme valeur industrielle pour la fabrication des tissus (1). Parmi les végétaux dont la multiplication ou Tacclimatation nous parait le plus utile, nous nous bornerons à citer comme arbres forestiers diverses espèces de Peupliers {Populus nigra, alba.Euphratica, etc.), diverses espèces de Saule [Salix Ba- hylonica, pedicdlata, etc.), les diverses espèces de Tamarix indigènes, IcPistacia Atlantica qui existe déjà dans la région sabarienne montagneuse, le Caroubier, le Cyprès, le /Azyphus Sphm-Christi, le MoJin Azedarach, le CordiaMyxa, le Schi- nus Molle, VElœagmis Orientalis, diverses espèces à' Acacia {Acacia Nilotica, Verek, Arabica et Lebbeck) importantes pour le bois de construction qu'elles pourraient fournir ou pour la gomme arabique qu'on pourrait en retirer ; le Sycomore d'Egypte [Ficus Sycomorus), en raison de son rapide dévelop- pement, de la ténacité de son bois et de son ombrage, pourrait être planté avec avantage dans les oasis récentes ou au voisi- nage des puits. — Indépendamment de nos arbres fruitiers de l'Europe centrale, tels que diverses variétés de Pécbers, d'Abri- cotiers, de Pruniers, etc., on pourrait multiplier ou introduire de boimes variétés d'Orangers, de Citronniers et de Limettiers. L'existence de l'Olivier dans les oasis de Biskra, oîi ses fruits atteignent une grosseur exceptionnelle, et l'importance de sa culture dans (|uelques oasis du sud de la Régence de Tunis, démontrent qu'il pourrait ôtre introduit avec avantage dans la plupart des oasis algériennes. Il en est de même du Câprier, dont une variété sauvage se rencontre fréquemment et en abon- dance dans les rocbersoules lieux rocailleux. Le Mûrier {Morus alba) croît très bien à Biskra, et en rc^tardantréclosiondes œufs de Vers à soie, comme on le fait en Egypte, en les conservant dans les puits jusquiau développement des feuilles, on pourrait ajouter aux autres ricbesses des oasis la production de la soie, qui (1) M. Davin, induslriel distingué, el l'un de nos confrères les plus actifs et les plus zélés, a déjà signalé [Kull. Soc, impér, Acclim.,lV, 253-257) la supériorité, pour la fabrication des tissus, de la toison du Chameau d'Asie sur celle du Dromadaire de TAlgérie. SUR LE SAHARA ALGÉRIEN ET SES CULTURES. LIX dans lesud ne deviendrait pas moins importante que sur le litto- ral. Le Ricin {Ricinm communis) pourrait aussi (Hre facileiiuMit multiplié et servir à la nourriture du Bombyx Cyntkia, Parmi les végétaux alimentaires, l'introduction des Blés précoces, et en particulier ceux de TAbyssinie, permettrait, comme l'ont dé- montré les essais faits à Biskra, l'extension de la culture des ce- l'éales en dehors de l'abri des Dattiers. Aux bords des canaux d'irrigation et au pied des Dattiers, certaines variétés de Riz, et en particulier le Riz sec, trouveraient de bonnes conditions de culture, comme le prouve le premier essai fait à Biskra. L'exten- sion de la culture du Mais fournirait aux Sahariens de précieuses ressources alimentaires ; il en serait de même de la culture en grand de la Lentille, du Pois-cbiche, des Dolichos et du Lupin. —Parmi les végétaux industriels, le Cotonnier, le Henné, l'Indi- gotier, leCarthame, l'Opuntia à cochenille, peuvent être cultivés en grand; le Lin réussit dans les oasis, et il en serait probablement de même du Chanvre cultivé comme plante textile, du Sésame et de l'Arachide. Le Sorgho sucré paraîtrait devoir s'acclimater dans les oasis. Aux plantes fourragères déjà cultivées, telles que la Luzerne et le Ray-grass, pourrait être ajouté le Trètled' Alexan- drie, qui en Egypte constitue la principale ressource fourragère. L'ombrage des Dattiers et la fraîcheur du sol résultant de l'irrigation ont permis à l'administration française d'introduire avec succès dans quelques oasis non-seulement les végétaux cultivés dans la région méditerranéenne chaude, mais encore la plupart des arbres fruitiers de l'Europe centrale et de nos plantes potagères et alimentaires, dont quelques-unes, telles que la Laitue, le Radis et le Fraisier, sont habituellement propres aux pays tempérés. Les caractères généraux de la végétation spontanée, qui, dans les oasis, est constituée presque exclusi- vement par des espèces communes dans les terrains cultivés de l'Europe, indiquent clairement que ces heureux essais d'accli- matation seraient facilement généralisés. En raison des variations extrêmes de la température du Sa- hara, même dans les localités les moins défavorables, les cul- tures tropicales ne seront jamais qu'une exception, etplutôtun objet de curiosité qu'une source de productions utiles. Dès ^u- LX SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUF, d'aCCLIMATATION. jourd'lmi d'ailleurs les richesses acquises sont assez nombreuses et assez importantes pour qu'il y ait peut-«^tre moins à s'occuper d'acclimatations nouvelles que de l'extension et du perfection- nement des cultures d'un pays qui possède déjà l'Olivier, la Vigne, le Figuier, le Cotonnier, le Lin, les Céréales, la Ponmie de terre, de nombreuses Cucurbilacées, la plupart de nos plantes alimentaires d'Europe, le Henné, l'Indigo, le Tabac, etc., et surtout le Dattier, qui dans tous les temps a été pour l'honniie un des végétaux les plus précieux. Telles sont les principales conclusions pratiques résultant des voyages que nous avons exécutés dans le sud de l'Algérie sous le patronage du Ministère de la guerre, et c'est pour nous un devoir d'exprimer toute notre reconnaissance à Son Exe. M. le .Maréchal Vaillant, .Ministre de la guerre, à M. le Maréchal Uandon et à M. le (Jénéral Desvaux, dont la haute et bienveil- lante protection a permis la réalisation de ces voyages et en a assuré la sécurité. Griice aux moyens d'exécution qui nous ont été libéralement Tournis et à l'obligeante sollicitude des olTiciers commandant les postes avancés du sud, MM. de Colomb, Mar- gueritte et Séroka, nous avons pu explorer le Sahara algérien de l'est à l'ouest et jusqu'à ses extrêmes limites méridionales, et recueillir de nombreux documents qui trouveront leur place dans le grand ouvrage de Y Exploration scientifique de l'Al- gérie (1). (1) Voy.,sur la végétation saiiarienne et sur la distribution des végétaux en Algérie les publications suivantes : — E. Cosson , Rapport sur un voijage bolanique d'Oran au Chotl ei Chergui (publié en 1853 dans les Annales des sciences naturelles). — Rapport sur un voyage botan. de Philippeville à Riskra [Ibid., 1856). — Itinéraire d'un voyage botanique exécuté dans le sud des provinces d'Oran et d'Alger en 1850 (publié en iSbT et iSbSàdmh Bulletin de la Société Botanique de France). — Lettre sur un voyage botanique dans la partie saharienne méridio- nale des provinces de Constant ine et d'Alger {Ibid., 1858). — E. Cosson et L. Kralik, Sertulum Tunetanum, ou Xotes sur quelques plantes rares ou nouvelles recueillies dans le sud de la Régence de Tunis {Ibid., l^bl). ACCLIMATATIUN Dh! QlELQUES ESPECES D OISEAUX. LXl NOTICE SUR L'ACCLBIATATION DE QUELQUES ESPÈCES D'OISEAUX, Par M. A. DE QL'ATREFAGES. Depuis Platon jusqu'à nos jours, les moralistes et les philo- sophes ont maintes fois cherché à indiquer dans une courte phrase comhien THomme se rapproche des animaux par cer- tains côtés, comhien il en difTère sous d'autres rapports. Se plaçant à des points de vue assez divers, ils ont donné de notre espèce de nomhreuses déhnitions. Pourtant il en est une qui leur a échappé, et qui pourrait se formuler ainsi : L'Homme est un animal qui a hesoinde superflu. Voyez, en effet, ce qui se passe dans le monde zoologique, depuis l'insecte le plus industrieux jusqu'à ces oiseaux, à ces mammifères en qui se manifeste d'une manière parfois étrange Tassociation de l'intelligence et de Tinstinct. Pour atteindre le nécessaire, chacun d'eux met en jeu tout ce qu'il possède d'énergie et d'activité : jamais il ne fait un pas pour aller au delà. lien est tout autrement de l'espèce humaine. Chez elle, le superflu se montre inévitahlement , là même où manque parfois le nécessaire ; et c'est pour acquérir le premier, que l'Homme semhle tenir en réserve ses plus persévérants efforts. Partout et toujours, d'autant plus qu'il grandit davan- tage dans le monde intellectuel et moral aussi bien que dans le monde physique, on le voit chercher sans cesse quelque chose au delà de ses besoins actuels, multiplier ainsi ses exi- gences, et faire du superflu de la veille le nécessaire du lende- main. Un fait aussi général ne peut que se rattacher à l'essence même de notre nature. Reconnaissons-le donc franchement • si, pour l'Homme, le nécessaire est de rigueur, le superflu lui est indispensable. LXll SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Après tout, cette aspiration, tant et si sévèrement blâmée, a sa raison d'être. Elle se confond avec l'instinct du progrès : elle l'excite et le motive. Là, Messieurs, se trouve la réponse à quelques-unes des objections faites à notre So.ciété, objec- tions, il faut bien le dire, chaque jour moins nombreuses et plus faibles. Nous avons fait de grands progrès dans l'opinion du monde. On tie Conteste plus notre principe-, on commence à nous pardonner le Yak et la Chèvre -d'Angora; on étendra bientôt la même tolérance à tous les mammifères qui nous occupent : mais quelques personnes sont encore intraitables, dès (ju'il s'agit des Oiseaux. Inutile, inexécutable, tous les termes de réprobation qui s'adressaient naguère à l'accli- matation d'un animal quelconque sont aujourd'hui réservés à ces pauvres volatiles. — N'en soyons ni surpris ni colères. La société humaine, habituée à profiter sans peine des elforts individuels, ressemble un peu à un enfant gâté. Comme lui elle a ses caprices, et n'accepte parfois qu'en boudant cela même qu'elle désire le plus. Montrons-lui une fois encore, par quelques mots, et surtout par des actes, que nous travaillons pour son bien; elle nous reviendra bien vite. Certes, si le reproche d'inutilité pouvait s'adresser avec justesse à (luehjues-unes de nos tentatives, c'est lorsqu'elles portent sur les oiseaux d'ornement. Mais ici la Botanique, cette sœur aînée de la Zoologie, a préparé les voies et vaincu les premières répugnances. Les serres, les orangeries, ont fait accepter les volières. Nos espèces exotiques, aux formes élé- gantes, à la riche parure, sont admises au même titre que les fleurs rares. Grâce à cet instinct du superflu dont je parlais tout à l'heure, ce sont précisément nos oiseaux de luxe dont on conteste le moins Futilité. Mais aussitôt (jue nous prononçons les mots de gibier ou d'oiseaux de basse-cour, surtout celui d'oiseaux de boucherie, les objections pleuvent de toute part. Le chasseur déclare brus- quement qu'il se contente fort bien du Perdreau; l'économiste démontre que les volailles actuelles, consommant tout le grain de nos fermes, il ne reste plus rien à manger pour de nou- velles espèces j le propriétaire s'eiîraye à la pensée de nourrir ACCL1MATAT10IN DE QUELQUES ESPÈCES D OISEAUX. LXlll des oiseaux (juinze ou vingt fois plus volumineux que TOie, et tous nous répètent en chœur : Vos essais sont inutiles, peut- être même dangereux; ils n^iboutiront à aucun résultat. En serait-il autrement, quand même le Faisan commun manquerait à nos parcs, à nos forêts, et le Dindon à nos basses- cours? Non certes, et le nom seul de ces deux espèces suffît à réfuter nos adversaires. Le premier, importé en Grèce, dans des temps tjuasi fabu- leux, se retrouve aujourd'hui à l'état sauvage dans toute TEurope tempérée ou même froide. Parti des bords du Phase, au fond de la mer Noire, il habite nos forêts du Berri et de la Touraine, tout comme les îles du Rhin. En avons-nous une Perdrix de moins, et nos gourmets trouvent-ils inutile que les Argonautes, nos illustres devanciers en acclimatation, aient emporté avec la toison d'or quelques couples de ces Gallinacés? Le second, originaire de l'Amérique du Nord, transporté en Espagne par les concjuérants du Mexique ou du Yukatan, par- vint en Angleterre vers 152â, en France peut-être vers la même époque. Longtemps oiseau d'ornement et de luxe, il parut, dit-on, pour la première fois, sur une table française aux noces de Charles IX, en 1570. Son éducation, restreinte d'abord aux environs de Courges, fut plus d'un siècle à se répandre dans le restant de notre pays. Vous savez ce qu'elle est aujourd'hui. Dans les trois quarts de nos départements, il n'est pas de ferme peut-être qui n'élève son troupeau de Din- dons à côté des Poules, des Oies, des Canards, seuls connus de nos ancêtres. Les Dindons figurent pour une très forte part dans ces trois ou quatre millions de volailles ou de gibiers que Paris dévore chaque année (1). Prise aux Halles centrales, la chair de cet oiseau revient en moyenne cà moins de 1 franc le demi-kilogramme. Elle est donc à peine plus coûteuse que la viande ordinaire du bœuf; beaucoup moins chère que les morceaux de choix. Sans cesser d'être économes, le petit ren- (1) V Annuaire du Bureau des longitudes de 1859 nous apprend qu'en 1857 le prix du gibier et de la volaille mangés dans l'enceinte des murs d'octroi de Paris représente une somme de 17 05'2 013 francs. J'ai supposé un prix moyen de 5 francs la pièce dans l'approximation ci-dessus. Lxiv SOCIÉTÉ imi'éuiall; zoologique d'acclimatation. lier, l'ouvrier lui-même, peuvenl goûter à ce mets réservé jadis aux tables royales. Voilà quel est le rôle que joue dans notre économie ; domesticjue un oiseau qu'on ne manquerait pas d'appeler inutile, s'il était encore à acclimater. Les Anglais ne s'y sont pas trompés, Messieurs. Ce peuple, utilitaire par excellence, n'a pas transporté dans ses colonies seulement le Cheval, le Bœuf, le Mouton ; il ne s'en est pas tenu à ses mammifères. Il s'est fait suivre de ses oiseaux justjue dans les grandes îles de la mer du Sud; et non pas seulement de ses Poules, de ses Canards, de ses Dindons, mais encore des Perdrix et des Faisans, de l'Alouette et du Rossi- gnol. Dès aujourd'hui, multipliés dans la Nouvelle-Hollande et la Tasmanie, les premiers sont chassés comme gibier, et ligurent au marché de grandes villes qui n'existaient pas il V a trente ans. Les seconds chantent là-bas comme ils chan- taient en Europe; rappellent la pairie absente aux exilés vo- lontaires comme aux proscrits de la loi, et feront comprendre aux descendants de ces pionniers certaines expressions, cer- taines traditions de leurs pères, qui, sans l'acclimatation de ces oiseaux, seraient devenues inintelligibles et se seraient perdues. En renversant les termes du problème, en cherchant à amener chez nous les oiseaux de ces lointaines régions, serons-nous moins heureux, et les prévisions de nos censeurs doivent-elles se réaliser? Le tableau complet des succès obte- nus déjà serait une réponse victorieuse à une question qu'il est désormais permis de trouver étrange. J'aimerais aie tracer ici: mais, faute de temps, je dois me borner à une esquisse incomplète et crayonnée surtout au peint de vue de nos en- virons immédiats, ([uels (juc soient mes regrets de ne pas montrer toutes nos richesses, de ne pas rendre pleine et publique justice à tous ceux (jui les ont con(iuises. Les espèces de luxe, mises en expérience par nos habiles amateurs, sont nombreuses et variées. Plusieurs d'entre elles ont fourni à nos Bulletins des chapitres pleins d'intérêt. «Vous vous rappelez tous la Notice déjà ancienne de M. Jules Delon sur la Perruche ondulée, et les détails qui, sous la plume de ACCLIMATATION DE QUELQUES ESPÈCES d'oISEAUX. LXV noire confrère, nous ont fait aimer cet oiseau presque autant qu'il l'aime lui-même. Originaire de la Nouvelle-Hollande, cette Perruche a conservé sous notre ciel comparativement froid son caractère vif et enjoué, ses habitudes aimables. En France, comme en Australie, la mère laborieuse et tendre, le père empressé et galant, les enfants, — selon la curieuse observation de M. Saulnier, — toujours prêts à s'entr'aider, à s(; secourir, ont présenté Tensemble des plus riantes vertus de la famille, et pourraient servir de modèle à bien des ménages humains. La Perruche ondulée peut être regardée comme le type de ces espèces dont les mœurs ont pour Tesprit, pour le cœur même d'un observateur délicat, des charmes irrésistibles. Nos volières en renferment d'autres (|ui semblent faites surtout pour le plaisir des yeux. Tel est, entre autres, le Dindon ocellé, dont la (|ueue est ornée de larges taches de saphir cerclées d'or et de rubis (1), et qui, pour la première fois, vient de se reproduire en Europe, dans le Jardin zoologique de Londres ; tels sont encore le Cygne à col noir et cinq espèces de Faisans dont M. Mitcliell, l'habile directeur de cet établissement et notre confrère, a vu plusieurs fois les couvées répondre à ses soins; tel est surtout le Lophophore, cet enfant des forêts de THimalaya que les Hindous appellent l'Oiseau d'or , et qui serait le plus splendidement vêtu de sa classe, si le Paon n'existait pas. Lui aussi, s'est reproduit plusieurs fois entre les mains de M. Mitchell; et peut-être, grâce à son origine, de- viendra-t-il un jour l'ornement de nos plus modestes exploita- tions ; mais jusqu'à ce jour son prix est resté tellement élevé, que pas un amateur, pas un établissement français, n'a pu le disputer à nos riches voisins d'outre-Manche (2). (1) Expression de Cuvier, qui a le premier décril cette espèce. (2) Prix de quelques animaux de la ménacjerie de lord Derby, à la venté de Knowiley, en octobre 1851 Mamniifèi PCS. Cerf du Canada. . Cervus canadensis (f ) Ici. $ j • LivrC5 steil, . . 105 Fr J*nrs. 2625 A, gnou. ..... Antilope gnu Id. %]■ . . 270 6750 T. VI. — Janvier et Février 18b9, e LXVI SOCIÉTÉ IJll'ÉKlALE ZUOLOGIQIJE DACCLIMATATIUN. Je ne puis encore ({ue vous signaler à la luUe la Grue de Mandchou rie, rapportée par notre ardent confrère, M. de Mon- tigny, et qui déjà s'est reproduite au Muséum : le Canard de la Caroline, à peu près acclimaté depuis plusieurs années, entre autres chez M. Coit'lier et au .Muséum; le Canard de la Chine, cet élégant mandarin, qui sera bientôt tout aussi com- mun que son IVère, si les éleveurs ne retardent pas son accli- Livres sifil. Kram-a. A. nilgaul Anliiope picla cT' 65 1125 A. oryœ Antilope oryx o^' 62 1550 Ici. Ç 62 1550 A. addax Antilope addax cf o2 800 A. pourpre .... Antilope personata o'^. . . . 27 675 Id. Ç. . . . 30 750 Yak Bos grunnieiis Ç 100 2500 Vigogne Auchcnia vicugna çf 30 750 Guanacu. . . » . . A. guanaco ùl 1025 Lama A. lama 'àU 850 Id. (2 individus). ... 60 1500 Id. (2 individus). ... 69 1725 Zèbre Equus zébra Ç 130 3250 Dauw K. Burcliellii çf 150 3750 Id. ^ 180 Zi500 Kamjurou yeant. Maciopus major (3 individus). 105 2625 Oiseaux. Spizaëtus bellicosus 35 875 Merle Heu. . . . 'l'urdus cyaneus (f 10 250 Toucan Bampljastos 8 200 Ara Ara hyacinthina 16 ÛOO Goura Goura coronata (2 individus). 30 750 Autruche Strutliio camelus çf 70 1750 Cygne a col noir. Cygnusnigricollis (/Ç (6ind.) 180 6500 Canard mandarin Anasgaleiiculata (3 individus) /|1 1025 Les principales ménageries avaient des représentants à cette vente. Voici les sommes dont pouvaient disposer quelques-uns d'entre eux : y\^]. Milchell, représentant du Jardin zoologique de Londres. . 50 000 fr. Weslerman, id. d'Amsterdam. 30 000 Vekniaus, id. d'Anvers. . . 20 000 Les chiffres qui précèdent ne justifient que trop, on Je voit, ce que je dis ;i diverses reprises du peu de ressources dont dispose le Muséum pour lutter contre ses riches concurrents. At;CLliMAiAliO> DE QLELyLES ESPÈCES d'oISEAUX. LXVIl iiiciUiliuii ptii- un excès de soins ; le Cygne auslralien dont le plumage noir enlève aux poètes un de leurs termes de comparaison favoris; qui, découvert en 1792 par notre com- patriote Laljillardière, se reproduisait en 1850 seulement dans le parc de lord Derby, bien peu après chez nos confrères MM. Le Prestre, de Rothschild et Ruffier, et qui, dans peu, partagera avec son frère blanc rempire de nos pièces d'eau; l'Oie d'Egypte enfin, apportée au Muséum par Geoffroy Saint- Hilaire père, acclimatée par Geoffroy Saint-Hilaire lils , à ce point qu'il existe aujourd'hui une race française, et ([ue l'époque de la reproduction a changé pour se mettre d'accoi'd avec notre clinial. Toutes ces espèces et bien d'autres méri- teraient de nous arrêter ; mais l'heure presse, je dois me hâter ; et pourtant je voudrais intercaler ici une réflexion bien natu- relle dans ma bouche. A diverses reprises je viens de prononcer le nom du Muséum, .l'aurais pu le répéter plus souvent encore, et aucun des membres de la Société n'en eût été surpris. Tous savent (|ue, sur le terrain de l'acclimatation, comme sur tous les autres, cet établissement est resté le digne émule de ses rivaux étran- gers. Riches des dons que leur adressent de puissantes colo- nies, les Jardins zoologi(jues d'Angleterre ou de Hollande ont quelquefois devancé le Jardin des plantes de Paris dans l'introduction d'espèces nouvelles ; jamais ils ne Tout surpassé (juand le manque de fonds, le défaut d'espace, l'insuffisance de personnel , qui motivent depuis tant d'années ses trop justes réclamations, n'ont pas opposé à l'initiative des profes- seurs, au zèle des emploves, des obstacles insurmontables. Sans même tenir compte des Manunifères, groupe où l'avan- tage est incontestablement de notre cO)té, les exemples que je viens de citer, ceux bien plus nombreux dont je vous épargne rénumération, ont mis depuis longtemps ce fait lior-^ de doute pour tout juge impartial. Mais revenons à nos Oiseaux. Nos expériences sur l'introduction de nouveaux gibiers ont pris dans quelques cas un développement exceptionnel, grâce à une volonté toute-puissante. M, le baron de Lage* officier LWIll SOCIÉTÉ IMPÉUIALB ZUOLOGIQLi: 1> ACCLIMATATION. (le la vénerie impériale et noire coiilVôre, avait essayé d'aceli- inaLer à RaniljouilleL la VerJrix gainbra, empruntée à l'Algérie et aux régions les plus méridionales de l'Europe. Un succès remarquable couronna cette tentative, laite d'abord en petit, et attira l'attention du prenûer veneur, M. le prince de la Moskowa, que nous comptons aussi dans nos rangs. BienUH l'Empereur lui-même s'intéressa à ces essais, et voulut ([u'ils lussent repris sur une écbelle digne du cbef de l'Etat. Par les ordres de Sa Majesté, en 1857, 38/i5 œufs de Perdrix gainbra lurent mis en incubation à la faisanderie de Rambouillet, diri- gée par M. de Violaine ; 3500 œufs de la même espèce furent remis à notre zélé confrère M. Fouquier de Mazières. Celui-ci enleva d'abord 125 œufs évidemment mauvais. Les 3875 res- tants furent partagés en deux moitiés. L'une fut placée à la faisanderie de Saint-Germain. On distribua la seconde par petits lots aux gardes, aux employés, dans les postes isolés. 'lOh œufs furent même déposés en pleins fourrés dans des nids de Perdrix grises et de Faisans. Cette incubation par supercberie réussit merveilleusement. Les nourrices sauvages élevèrent comme leurs enl'anls ces petits étrangers dont elles se crurent les mères: el ceux-ci, placés dans des conditions en barmonie avec leurs liabiludes de race, [)rospérèrent à ravir. Dès cette première année, les Gambras ligiirèrent [»our un quart emiron dans le nombre des Perdrix tuées aux cbasses impériales. Au mois de mai 1858. plus de 300 pariades furent reconnues. Aujourd'bui racclimalation de cette belle et bonne espèce peut être regardée comme accomplie dans les forêts de la Couronne. Le Cambra ne restera certainement pas renfermé dans ces limites. Il gagnera de procbe en procbe comme a fait le Faisan; et tôt ou tard nous le verrons, dans les étalages de <»ibier, faire concurrtMice au moins à la Perdrix ronge de nos départements méridionaux. Pour atteindre du premier coup un résultat aussi décisif, il n'a fallu rien moins que l'intervention du Souverain, qui, dès l'origine, se déclara le protecteur de notre Société. Plus lents el plus modestes, les succès obteims par de simples particuliers ACCLIMATATION DF. Ol'I^I^QUF^i FSPKCF.S I)'oiSr.Ai;\ . L\|\ nVn méritent pas moins votre attention. Je voudrais les rn~ conter tons; mais ici encore il faut choisir et me l)orner à (|iielfjues mots sur Tacclimatation des Colins. Vous connaissez ce joli groupe qui représente dans le nou- veau monde les Perdrix, de l'ancien continent. Deux espèces, toutes deux venues de rAmérique septentrionale, se partagent surtout en ce moment l'attention des éducateurs: le Colin houi et le Colin huppé de Californie. Dès 1816, M. Florent Prévost avait tenté l'acclimatation du premier par le procédé à la j'ois le plus simple et le plus rationnel. A divers reprises, il abandonna au milieu de grands parcs ou en pleins cliamps quel([ues paires d'individus fraîchement arrivées de leur pays natal. En 1837, chez M. Alfred de Cossette, il réussit si bien, que, pendant plusieurs années, on a chassé le Colin, conmic? la Caille ou la Perdrix, sur quelques grands domaines de la Bretagne. A côté du Houi est venu se placer depuis peu le Colin huppé. Plus petit, mais beaucoup plus fécond, il a gagné d'emblée la faveur de nos oiseliers, grâce surtout à son carac- tère <à la fois vif et confiant. Découvert par celui de nos navi- gateurs qu'on a pu appeler le Cook français, par La Pérouse, introduit en Europe par un de nos compatriotes, cet oiseau réunit tous les titres possibles à notre sympathie. C'est en 1852. (jue M. Deschamps embartpia six couples de ces Colins achetés en Californie an pri\ de 200 francs la paire. Deux mâles, une femelle, périrent pendant la traversée. 3Iais dès 1853, les couvées, parfaitement réussies, venaient combler ce vide; et l'heureux introducteur cédait une partie de ses produits à nos confrères MM. Pomme, de Rothschild et Saulnier. A leur tour, ceux-ci firent de nombreux élèves, et pourtant la faveur qui s'attacha tout d'abord à cette charmante espèce fut telle, que le prix d'une seule paire s'éleva jusqu'à ZiOO francs. Comme 31. Florent Prévost, 31. Deschamps a tenté l'accli- matation libre, et il a réussi comme notre confrère. Au prin- temps de 1857, deux paires furent lâchées par lui dans un ter- rain accidenté et boisé de la Haute -Vienne. Au mois de juillet 1858, il eut la joie de retrouver en pleine santé et suivis LXX SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUr: D ACrUMATATlON. d'iino nombreuse famillo, ces Colins livrés à eux-mêmes rlix- liuit mois auparavant. De pareils faits, Messieurs, n'ont pas besoin de commentaires. Autant et plus que les forêts ou les landes, nos basses-cours sont le théâtre irexpcriences journalières : mais celles-ci por- tent plus rarement sur des espèces nouvelles. Le Hocco, le Marail, le Goura, le Mandarin, et bien d'autres destinées à prendre place tôt ou tard à côté de nos Poules, de nos Pigeons, de nos Canards vulgaires (l), sont encore des oiseaux de luxe, et ne sauraient être l'objet d'une exploitation usuelle. En re- vanche, les races diverses des espèces déjà conquises se multi- plient chaque année ; et quel(pies-unes d'entre elles, venant de contrées éloignées, ont dû subir une véritable acclimatation. Telle est. entre autres, la race cochinchinoise, aujourd'hui ré- pandue partout, grâce surtout à la lettre aussi instructive qu'intéressante publiée, il y a cinq ans^ par madame Passy. Telle serait aussi cette grande race malaise, qui nous est arrivée par l'île de la Piéunion , et dont le prix est encore de 4 à 500 francs la paire. Mais, mérite-t-elle nos efforts et nos sacrifices? Il serait prématuré de répondre en pré- sence du désaccord (jui sépare à ce sujet deux juges aussi compétents t de seconde classe, Ulentions lioiio- raliles et Récompenses pécuniaires. Première Section. — Mammifères. Inti'Odiicllou et Acclinialalioii. Médailles do 1" classe. Médaille de 2' classe. Mcnliuii lioiiuiabie. (Rappel de médaille.) M. F. Prévost. M. S. -T. Barbey. M. Ch. Ledger (Huslralie). (SouveUes médailles.) MM. Ë. Roeho (Cuba. — Étals-Uois}. V. Bataille (CujaDc). Récompense pécuniaire. M^^^ Vidal, 50 fr. Rappel de médaille de 1" classe. — M. Florent Prévost n'a cessé de prodiguer aux diverses expériences d'acclimatation qui ont eu lieu au Muséum ces soins éclairés et persévérants qui l'avaient désigné une première l'ois à nos suffrages en 1857. Nous nous plaisons à rappeler que, sous sa surveillance, le petit troupeau d'Yaks du 31uséum s'est accru d'une manière re- manjuable, sans (ju'on ait eu aucune perte à regretter, malgré les conditions dél'avorables dans lesquelles se trouvent à Paris ces habitants des montagnes. Constatons aussi le même succès à l'égard du troupeau de Lamas, et n'oublions pas les études pleines d'intérêt sur la nourriture des oiseaux, dont M. Florent Prévost nous a l'ait pari, et qui se rattachent par un lien direct aux expéiiences de la Société. Première médaille de 1" classe. — Les titres de M. Roehn à notre première médaille d'argent sont d'avoir exporté du Pérou deux grands troupeaux de Lamas, l'un de 117 létes pour le gouvernemet espagnol, l'autre de 103 têtes pour les Etats-Unis- M. Roehn, notre compatriote, est, sans con- KAPPORT Dh L\ COMMISSION DES RÉCOMPENSES. LXXXl contredit, le premier et le seul qui ait, au prix des plus rudes fatigues et des plus grands sacrifices, fait sortir des Cordillères des troupeaux aussi nombreux de Lamas, et nous savons qu'il se prépare de nouveau à entreprendre une de ces expéditions difficiles dont le but utile a excité dès l'origine toute Tatten- tion de la Société. Médaille de "1" classe. — Ment uni honorable. — Les entre- prises de cette nature sont entourées de tant d'obstacles et sou- mises à tant de vicissitudes, que nous avons encore décerné une médaille de seconde classe à M. Barbey (du Havre), qui a in- troduit plusieurs Lamas distribués généreusement par lui au Muséum , à la Société et à notre Société affiliée de Nancy ; et une mention bonorable à 31. Ledger pour des tentatives d'in- troduction des Lamas en x\ustralie. bien qu'elles n'aient pas encore été complétées. Deuxième médaille de 1" classe. — M. Bataille a fait à la Société, avec une générosité qui mérite toute notre reconnais- sance, plusieurs envois d'animaux très dignes d'être remarqués, parmi lesquels nous citerons des Agoutis et surtout des Tapirs. Une note destinée à nous éclairer sur la manière de tirer le meilleur parti possible de ce précieux pacbyderme en accompa- gnait l'envoi. Nous ne saurions trop insister sur la généreuse spontanéité avec laquelle notre bonorable et zélé confrère a su recueillir et faire parvenir en France cette nombreuse et intéressante collection d'animaux. Récompense de 50 francs. — Une récompense pécuniaire de 50 francs a été accordée à mademoiselle Vidal, pour ses bons services et les soins (ju'elle donne aux animaux du dépôt d'expérimentation de la Société, à Souliard (Cantal). Deuxième Section. — Oiseaux. Inlrodiiciion et Acclimatation. Médaille= de l'"^ classe. Médaille de 2* classe. Mentions honorables. MM. J. Deschamps. M. L. S. Hébert. MM. Aimé Laurence. Le baron de Làge. Ritter (Algérie). Fouquier de Mazières. Récompense pécuniaire. M. Eillarci, 100 fr. Première médaille de 1^" classe. — Ce n'est pas seulement l'introduction du Colin de la Californie que nous avoiLs voulu T. VI. — Janvier et Février 1859. /" LXXXII SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUR D ACCLIMATATION. récompenser, en donnant à M. Deschamps la première mé- daille d'argent de la deuxième section, elle serait, par sa date, en dehors de notre appréciation ; mais ce charmant oiseau excite assez notre intérêt, pour que nous ayons pu reconnaître ainsi et encourager les sohis intelligents dont M. Descliamps Ten- loure en domeslicité et à Tétat sauvage. Deuxième et troisième médaille de 1'" classe. — La Société a décerné deux médailles d'argent ; la première, à 31. le baron de Lagp:; la seconde, à M. Fouquier de Mazièkes. pour l'intro- duction et l'acclimatation de la Perdrix gamhra dans les lorèts impériales de Rambouillet et de Saint-Germain. Bientôt, sans doute, grâce à l'heureuse initiative de M. le baron de Làge, une nouvelle espèce de gibier sera acquise à nos chasseurs. Médaille de 1" classe. — 31. Héhep.t ne croit pas (ju'il soit quitte envers la Société par tous les soins qu'il donne avec tant de zèle et d'intelligence à l'expédition de ses alVaires, il veut encore concourir directement à son but. et il a proiité d'un ré- cent voyage en Algérie pour lui rapporter plusieurs paires de Perdrix gandmis et de Gangas. Nous devons mentionner aussi ses heureux essais de culture des végétaux intioduits par la Société, et en particulier de la Pomme de terre de Sainte-Marthe. Première mention honornhle. — M. Aimé Laurence, [tour ses essais d'acclimatation de diverses espèces d'oiseaux exo- tiques et les bons procédés (ju'il emploie particulièrement pour l'élève du Canard mandarin. Deuxicinc mention honornhle. — 31. le cai)itaine KrfTEK. pour l'envoi à la Société de vingt douzaines d'œuls de Perdrix gamhra recueillis en Afrique. Récompense de 50 francs accordée à 31. Eillahd, pour les soins assidus et intelligents ([u'il a donnés à Télève des Perdrix gambras. dans les i'oréts de la Couronne. Tkoisième Section. — Poissons^ Crustacés. Annélides. 1" Plscîciilliirc fluviatile< Mcilaillcs de \" claSîC. Médailles de 2* classe. Munlion iionoiablc. MM. IcbarondeTocquetillc. MM. Tandon. Wriausky (iiussie). (Jrallaril. liarthe de ^;iiiitc-l nie. lï.U'i'UKi L»L L\ COMMISSION DKS UIÎCOMI't.NSES. LWXIU 2" PiscicnUiire niariue. M. De Mau.le. M. Guillovi. 3' OsU'êicMlliire et pisciculture flu\iatllc. M. Ueiiti Ciiillaud. &' Application Induslriclle. M. le comte de Causans. M. Moiilè». [ MM. Jaillct... 100 fi. Récompenses pécuniaires. < Bonvalol . 50 ( Blondeau. 50 Première médaille de 1" classe. —M. le. ])aroi» de Tocqll- VILLE s'est livré, dans sa terre de Baugy. près Compiègne, avee la coopération de notre confrère M. iMillet. à une double expé- rience sur les Truites et les Sangsues, et c'est un double succès (pie la médaille de la troisième Section vient récompenser aujourdhui. Les Truites introduites dans les eaux de Baugy, par les pro- cédés de la fécondation artificielle, ont tellement prospéré, <|u'elles se reproduisent maintenant sur lesfrayères artificielles, en grande abondance. L'acquisition de ce précieux poisson y est donc assurée dès à présent. La reproduction des Sangsues n'est pas moins intéressante (jue celle des Truites, et nous félicitons bien sincèrement M. de Tocfjueville de son succès, en considérant combien la vulgari- sation de Futile annélide doit rendre de services. Les marais .de IJaugv renferment les plus remarquables variétés de Sangsues, la reproduction y est des plus abondantes, et plu- sieurs de nos collègues ont pu s'en convaincre par leurs yeux* Deuxième médaille de '2' classe. — M. Wp.iaxsky a orga- nisé en Russie un établissement important de pisciculture. Nous avons dû honorer dignement une pensée qui rentre si bien dans les intentions delà Société, et (pii aura pour effet de vulgariser dans ces contrées éloignées les saines pratiques de la fecon- dation artificielle. Troisième médaille de i" classe^ — C'est à projms du repeu- plement des cours d'eau dans le Jura que la Société a décerné ces diverses récompenses. L'administration des eaux et j(»rèt- sest mise à la tète de ces expériences?: et c'est à M. le conscr- LXX.XIV SOCIÉTÉ IMPKKIALE ZOULUGigLE D ACClLlMATATlOiN. viiteur Barthe de Sainte-Fare que revient riionneur. coiislalé par notre médaille cVargent, d'avoir mis en prati{]ue, avec autant de zèle que de savoir, les intentions de l'administration et du Conseil général. Deuxième médaille de l"' classe. — Ihkompenses pécu- niaires. — La Société a décerné en outre au garde Grattard une médaille de seconde classe; au garde Jaillet, une récom- pense pécuniaire de 100 francs, et au garde Bonvalot. une récompense de 50 francs, pour les soins qu'ils ont donnés sans relâche à Tœuvre qui nous occupe. Première médaille de 1" classe. — M. Tanuoi:, maire de la Villette, près Corbeil, a utilisé de vastes réservoirs alimentés abondamment par les sources d'un coteau voisin, pour élever avec succès des Truites de diverses espèces et des Ombres- Chevaliers. Il a obtenu, eu choisissant les meilleures espèces de Truites, des individus (pii. au bout d'un an. mesuraient de "20 à 25 centimètres de longueur. Il a contribué ainsi à ré- pandre dans son pays la praticjue de la pisciculture. Médaille de V' classe. — Cliargé d'une mission dexplora- lion dans les forêts de la Suède et de la Norvège, M. de Maide n'a pas voulu laisser échapper l'occasion (|iii lui était oflèrte de projtager dans ces contrées lointaines les nouvelles méthodes de pisciculture. Il a lait établir des frayères artificielles, |)articu- lièrement [tour le Saumon et le Hareng, et il a bien mérité de la Société en appliquant les principes généreux dont elle s'honore. Médaille de Z" classe. — M. Guillou s'est occupé avec succès de rélève des Langoustes et des Homards. Les appareils qu'il a établis sur le littoral ont eu pour lésultat avantageux de faciliter les éludes scientiliques sur la reproduction des Crustacés. Médaille de 1" classe. — M. René Caillaud a depuis long- temps organisé des expériences de pisciculture et d'ostréicul- ture en Vendée et sur le littoral de la (Charente. La Société récompense par une médaille d'argent ces travaux si bien dirigés, les fruits (ju'ils ont produits chez lui et chez divers particuliers sous sa direction, et aussi le mérite de M. Caillaud, qui s'est généreusement imposé de lourds sacrifices pour par- venir à son but. RAPPORT DE L\ COMMISSION DKS RÉCOMPENSES. LXX.VV Médaille de 2'' classe. — M. le comte de Causans a obtenu de magniPuiues résultats en réempoissonnant le lac de Saint- Front jusqu'alors improductif, et où maintenant les Truites amenées par les procédés de la fécondation artificielle sont tout à fait acclimatées. Elles se reproduisent en abondance sur les iVayères artificielles, dans les ruisseax (|ui alimentent le lac. La Société a voulu consacrer par une médaille de seconde classe le bon et fructueux exemple donné par M. de Causans. Mention, honorable. — Elle a décerné, en outre, une mention lionorable à 31. Montés, qui apuissamment contribué à la réus- site de l'expérience. Récompe7ïse pécimioire. — M. Blondeau. pècbeur à Saint- flloud. a mérité une récompense de 50 francs pour l'intelli- gence avec la(juelle il a établi dans la Seine de nombreuses frayères artificielles. Quatrième Section. — Insectes. 1" Inirodiiciion el Arclimatatiou. Médailles de \" classe. Médailles de 2" classe. (Rappels de médailles.) MM. (îuérin-Méneviiie. MM. Th. Année. Griseri (Cipmonl). Lucas. Vallée. {Souvelles médailles.) M. Comba (Piémont). M^^Drouyn de Lhuys. M. Ch. Bourlier. 2" Application industrielle. {Rappel de médaille.) M. H. Schluniberger. {youvelles médailles.) M. Ch. de Jongh. 3° Apiculture. M. Dzierzoïi (Allemagne). Premier rappel de médaille de 1"" classe. — Depuis le jour où la Société a décerné sa première médaille d'aroent ù -M. Guérin-Méneville, voué depuis si longtemps à tout ce (jui intéresse la sériciculture, son zèle ne s'est pas démenti, il a continué ji contribuer, par ses travaux personnels, à Facclima- tation et à la vulgarisation des espèces de Vers à soie les plus intéressantes. Cette année, nous lui devons lintroductioii. en France, du Ver à soie de l'Allante glanduleux ou Vernis du Japon. I.WWI SUCIÉ'IÉ IMI'ÉIIIAI.K /OOI.OCIOll'; l> ACCLIMATATION . Lii Société ne pouvait décerner ;i [)!iis juste titre le rappi'l lie sa première luétlaillo dans la (jiuUriènie section. Doiiiii-iiu' rappel (h mv.d aille de 1"' cl/isse. — Le nom de .M. (ïRisr:!!!, de Turin, est attaché à toutes les expériences les plus importantes de sériciculture faites en Piémont: il ne cesse de; prodijj,uer ses soins aux. diitérentes espèces de Vers à soie. (l'est lui (|ui. concurremment avec M. Comba. a obtenu les pre- mières éclosions, en Europe, du Ver à soie de TAilanle. (piil avait reçu du révérend pèreFantoni. Troiùème rappel de médaille de \" classe. — (/est à des litres de même nature (pie se rapporte le ra|)pel de la médaille décernée à iM. N'allée. C'est à ses soins continuels et intelligents (jue nous devons l'acipiisition du lait incontestable aujourddiui. que le V^er à soie du l»icin peut être complètement élevé avec la feuille du ('liardon à foulon. Vreinin'e médaille de !"' classe. — 31, Cosmîa a puissamment conti'ibné en Piémont, de concert avec M. Tii-iseri. à reduciilion du Ver à soie de lAilante glanduleux. La Société a récompensé par une première médaille d'arj^enl colle précieuse concjuète. Deuxième médaille de 1"" classe. — JNous devons à madame Drouvn de Lhuvs des éducations importantes du Ver à soie du Piicin. et surtout de celui du Vernis du Japon, récemment intro- duit. A qui voudrait se convaincre du zèle éclairé et de tous les instants dont celte œuvre si intéressante pour la Société a été constanmient entourée, à qui voudrait apprendre à (pi(d prix s'achète le succès de seudjlables expiM'iences. il suffira de lire le remarquable rapport, sous forme de journal détaillé, ipn nous a été adressé par madame Drouvn de Lliuys. Obtenir un résultat utile et enseigner si bien comment on v est parvenu, c'est, à nos yeux, lapins digne manière de mériter la gratitude d'une Société dont la première ambition est de répandre partout le bien (ju'elle fait. Troisième tm-daille de 1"" classe. — Daiis un moment où la maladie éprouve si cruellement nos races indigènes de Vers à soie, M. lîoruLiER a rendu un grand service en importaid d'O- rienl «les graines de Vers à soie ordinaires provenant d éduca- tions faites par ses soins. RAPPOr.T DF. LK COMMISSION DES RÉCOMPENSES. LXXXVII M. Bourliei- nous a adressé en outre un excellent rapport SI a- les CJiévres d'Angora, et ses acclimatations de végétaux européens en Asie Mineure méritent également d'être signalées avec honneur. Première médaille de 2' classe. — Par son utile coopéra- tion à l'acclimatation du Ver à. soie du Ricin et de celui du Vernis du Japon, et par ses succès dans la culture d'un grand nombre de végétaux nouvellement introduits. M. Aîsnée a mé- rité la première médaille de seconde classe. Deuxième médaille de 2" classe. — La Société a décerné la se- conde à M. HippolyteLiCAS, pour ses tentatives d'acclimatation du liornhi/.j Pob/phemiis. et pour T Introduction, conjointement avec M, (iuérin-Méneville, Au Bombyx Prometheus. originaire de la Nouvelle-Orléans, dont une première éducation a été faite avec succès au Muséum par M. Vallée. Uappel de médaille de J"" classe. — Grâce à M. Henri ScHLiMBERtiER. nous conuaissous maintenant tout le parti ([ue l'on peut tirer de la soie du Ricin, nous savons exactement quel est le pri.x de revient des beaux tissus qu'il a confectionnés avant tant de zèle, et il nous est permis d'apprécier toute l'uti- lité de cette précieuse conquête. A de nouveaux services, la Société a décerné une nouvelle récompense pour le rappel de sa médaille d'argent. Médaille de 1'" classe. — A des litres de même nature que ceux du précédent lauréat, et qui justifieraient complètement la médaille de première classe décernée à M. Charles de Jongit. nous devons ajouter qu'il a fait sur la soie du Ricin d'utiles expériences de teinture qui ont démontré que cette nouvelle matière soveuse trouvera dans Tinduslrie des applications 1res variées. Médaille de. 1"" classe. — Les titres purement scientitlques de M. DziEP.zoN ne pourraient être récompensés parla Société, mais elle a pu décerner une médaille de [iremière classe au lait de l'introduction en Allemagne de l'Abeille ligurienne, du croisement de cette espèce avec l'Abeille allemande, des (ob- servations nombreuses de M. Dzierzon sur celte acclimatation; enfin aux découvertes scientifiques de la reproduclidii des in- LXXXVIH SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOr.lQUE D ACCLIMATATION. sectes, découvertes qui prendront, certainement dans l'avenir une grande importance dans les questions relatives à la propa- gation des insectes utiles. Cinquième Section. — Végétaux. 1" Iiiti'Ocluction et Acclimatution. Médailles de 1" classe. Médailles de 2° classe. Mentions honorables. MM. C. Skatschkoir (Russie). MM. Willcmot. MM. A. Du Courlhiai Âudibert. H. deCalanjan. (Nowvelle-Grenadr). Leroy (d'Angers). C. Aguillon. D. Graindorge. R. Fortune. V. Chatel. N. Rondot. 2" Applicallon agricole. 3" Application iiiduslrieile. M. Persoz. M. Noue!. Première médaille de l""" classe. — Los travaux de M. Skatschkoff, récompensés par une médaille de premièi'e classe, sont de ceux dont les heui'eux l'ésultats ne s'obtiennent que par une louable persévéï'ance. Après avoir cultivé pendant son séjour en Chine, dans le jardin de la mission russe, à Pékin, toutes les plantes qui lui paraissaient devoir être utiles en Europe, il a rapporté en Russie celles dont l'expérience lui avait démontré la valeur, et il a ainsi doté son pays d'un grand nombre de végétaux précieux. La Société a reçu de lui des graines de plus de cinq cents variétés. Deuxième médaille de i'" classe. — L'établissement des cultures de M. Audibert, à Tonnelle, près Tarascon, est le plus important de ceux du midi de la France. La Société a voulu honorer dignement le zèle avec lequel M. Audibert s'occupe depuis plus de ti'ente ans de l'introduction et de la pi'opagation des végétaux utiles, à divers titres, à l'agriculture ou à l'in- dustrie. Nous lui devons la naturalisation de plusieurs variétés de Chênes très intéressantes, et le développement considérable donné à la cultui-e des Diospyros et de tant d'autres végétaux. Troisième médaille de 1" classe. — M. Leroy (d'Angers) ne s'est pas borné à faire de ses magnifiques pépinières un des plus heaux établissements qui soienten Eui'ope, iln'a cessé de s'occu- per de l'introduction d'un grand nombre d'arbres étrangers et de variétés de végétaux utiles. Et c'est à ce point de vue que la Société a dû lui décerner une médaille de première classe. T^APPORT DR LA COMMISSION DF.S RÉCOMPENSES. LXWIX Qualrième médaille de 1"' classe. — Le nom de 31. Rol)ert Fortune, le célèbre voyageur, est attaché à un grand nombre de plantes utiles et d'agrément qu'il a rapportées de Chine et naturalisées en Angleterre. La relation de son voyage fournit les indications les plus précises sur les plantes de Chine que nous pourrions acclimater avec avantage dans notre pays. Cinquième méJAiille deV" classe. —C'est à M. Natalis Rondot que nous devons la première importation du Rhammis chloro- plioras. Nous lui devons aussi un ouvrage remarquable sur les propriétés et sur l'utilité pour l'industrie, du lo-kao, ou vert de Chine, que Ton extrait des deux nerpruns exotiques donth» savant professeur 31. Decaisne nous a donné la description. Quatre médailles de 2' classe ont été décernées : Lapremière à M. Willemot, pour l'introduction et la culture du Pyrèthre du (iaucase : cette plante fournit une excellente poudre insecticide; La de^ixième à 31. Henri de Calanjan, pour ses cultures comparatives d'Ignames et de diverses plantes de Chine, sur lesquelles il nous a adressé un rapport si consciencieux-, La troisième à 31. C. Aguillon, pour ses heureux essais d'ac- climatation et la naturalisation de plusieurs arbres utiles d'Amérique ; La quatrième à 31. Victor Chatel, pour la culture et la propagation de diverses espèces de Pommes de terre. Des mentions honorables ont été décernées : 1° A 31. Du CouRxniAL, pour l'envoi de Pommes de terre de Sainte-3Iartlie ^ 2" A 31. Denis Giiaindorge, pour l'acclimatation aux environs de Paris de diverses variétés de cépages du 3Iidi ; 3° Et dans l'ordre de l'application agricole, à 31. Nouel, pour la culture du Sorgho sucré comme plante fourragère. Médaille de 1'" classe. — Application industrielle. M. Per- soz a étudié et fait connaître, avec l'autorité du chimiste éminent, les propriétés tinctoriales du vert de Chine, et il est parvenu h. découvrir les moyens de préparer et d'employer la belle teinture qu'on en obtient. X(; SOCIÉTÉ IMPÉRIAT,F, ZnOLOr.IQl'E \^ ACf.FJMATATIOX, UAPPOUT FAIT AU NOM DE LA COMMISSION DE COMPTABILITK DK T;A S0C!I:TÉ IMPERIALE ZOOLOGIQUE D'ACCMM AT ATION Membres de la Commission : MM. Passy, Dupin, i>( FrtMh'TÎc JAl 4jUKi^IAUT . ra|t|torleiir. (Séance du 18 février 1859.) Messieurs, Aux termes du règlement, votre Gimmission de com|ttabililé vient vous rendre rompte de l'examen qu'elle a fait sur i)itVes, de vos reccltes et de vos ({('penses pendant l'exereiee isri.s. Voire Connnission a lrouv(', comme les années précédentes, vos écritures très n'-^ulièietnent tenues. Elles ont pris un développement en rapport avec les pro- grès et l(>s travaux de notre Société; mais le zèle de M. le Trésorier s'est tou- jours trouve au niveau de la tAclie dont il a bien voulu se charger. Votre Commissiou vous propose donc de voter des remercîments à M. le Trésorier. Ainsi (jue nous l'avons fait précédemment dans le but dètre plus clair, nous vous exposerons seulement les résultais généraux, et nous réunirons, dans des tableaux auncxésàce rapi)orl, une copie détaillée des écritures. Au 31 décembre 1857, il y avait en caisse, savoir : Kn espèces •'^,857 GG ) ^^ „,^,. ^^ En bous du Trésor 25,000 » j Pendant l'année 1858, les recettes se sont élevées, conformé- ment au tableau n" 1 , à 76,3G1 52 mais, dans cette somme, ligurent : 1" I,e remboursement des bons du Trésor que nous possédions eu 1857. . . 25,00(1 <> 2" Les fonds déposés par M . Cba- got, pour le prix qu'il a fondé pour l'acclimatation de lAutruclie 2,000 » :5" Des recettes pour le compte de la famille Hemy 8i 52 Total 27,084 52 qui n'appartiennent pas aux recetles de 1858 proprement dites, ci 27,081 52 Les recettes réelles, pendant l'amn-e 1858, t.nl donc été de 'i 8,277 » -18,2 à I 79,134 (K; COMPTABILITK l)K LA SOCIÉTÉ. XCI Les soiiiiuos dont la Société a pu disposer pendant l'exof- nvo ISj8 ont pur consôcinent atteint io ciiitîro de 79,1:^4 (\C> « Si l'on y ajonto pour ordre les dépAts faits pour le prix '1 C.hagot et pour la l'uuiillc Remy, soit -»"8'* •'- » On retrouve le cliilîrc total des ret'elles portées au tableau 11" I. SI, 219 18 Les dépenses de la Société pendant cette même année se sont élevées, conforinément au taldeau n" 2, à. "6,301 i:^ V eanipris l'achat de bons du Trésor, pour 39.Ù0() .. Et les avances laites à la Société du Jardin zoologique, pour 2, 210 30 33,001 13 Total 41,210 30 il, 210 30 Los dépenses pro|)rcnient dites seraient donc de Mais, à ces dépenses, il convient d'ajouter ce qui reste dû à M. Massou |i(»ur le solde des Dulletius et impressions de 18o8, soit 4,330 MO Ce qui porte les dépenses totales pour 18-i8, à 39,42 5 (i3 39,42! r.3 Il resterait doue, pour la dillcieuce entre les recettes et les dépenses 4 1 ,797 r.r, Ront il faut déduire, pour avoir le disponible : Dû à la famille Remy -il" '>■"> ) o ■•, 1 7 p,-, Dépôt de M. Ciiagot 2,000 » ) '" Il resterait donc en valeur disponible au 1" janvier 18:19. . 39,279 90 « Savoir : )) Eu caisse 4,917 75 \ » En bons dq Trésor 39,000 » f ^^^ j^g o.-; » Avances en 1858, à la Société i , -^ . « du Jardin zoologiquc 2,210 30 ) » Dont il faut déduire : , )) Dû à M. Masson 4,330 oO \ )) Dû à la famille Remy 517 65 ^ 6,8 48 15 » Dcpùl pour le prix 2,000 » ) Total 39,279 90 A cette somme il faut ajouter : r Les intérêts des bons du Trésor à échoir I , HO " 2" Ce qui reste dû sur les cotisations arriérées ; savoir : Four 1854 1 cotisation Pour 1855 16 ~ Pour 1856 50 — Pour 1857 115 — Pour 1858 340 — Cotisations définitives. 2 — Total 524 cotisations. 16,180 Nous ne pouvons évidemment compter sur la rentrée des cotisations des années 1854, 1855 et 1856 ; mais nous admet- trons qu'il rentrera 20 pour 100 de l'arriéré de 1857, et 35 pour 100 de l'arriéré de 1858, soit au totaFà recouvrer 4,300 >' ?,' Du par le Jardin zoologique pour avances en 1857 l 40 » Ce qui porte à 45, 1 89 90 net la sonuiie dont la Société peut disposer au 1" janvier 1859, toutes ses dépenses étant payées. 35 4G5 1 ,474 0 ,4 40 10 ,246 520 NCir SOCII^TK IMPKRIALE ZOOLOGIOl'F, d'aCCLIMATATION. Ce chiffre concorde avec les évaluations que nous vous avons soumises au mois de juin dernier, pour vous déinonlror (|tie l'état |)rospère de vos fuiances vous permettrait de souscrire pour 25,0(10 francs d'actions du Jardinzoologiquc Nous croyons devoir vous rappeler, Messieurs, que notre réserve au 1" jan- vier 1 Su8 n'était que de 32,866 SG Que, par conséquent, elle s'est augmentée pendant l'année 1858 de 12,323 04 Total 4r>,189 90" L'augmentation analogue n'avait été que de 11,075 francs pendant l'année précédente. Conformément à ce que vous avez déjà «lécidé, et pour ne rien laisser de fictif dans notre situation, les personnes (jni, après avoir re(.u deux avertisse- ments motivés an prinlemps dernier, n'ont pas payé la Cdtisationde IS'ii, ISTiTi el I3,"i(i, seront délimli\einenl rayées de la liste des membres de la Sociéti'. Nous \ous proposons aujourd'hui d'adopter la même mesure à l'égard des souscripteurs en retard pour 1857, après, toutefois, qu'il leur aura été donné un avertissement motivé, et de suspendre provisoirement l'enxoi du Hnlletin qui leur était adressé. Vous avez vu. Messieurs, que la Société du Jardin zoolopique vous devait 2,350 fr. 30 c, pour les avances que vous lui avez faites en 1857 ell858. La rentrée de celte errance nous parait assurée; car, vous le savez déjà, les sous- criptions pour le Jardin ont couvert le capital jugé nécessaire pour cette belle création, qui fera le plus grand honneur à notre Société. Nous vous avons dit. Messieurs, que vos receltes s'élevaient, pour l'an- née 1858, à 18,277 » Elles se composent de : 4,350 M intérêts de la reserve de la Société. 1,575 » dons faits à la Société par M. le Ministre et M. le prince Pémiddfl. 38,620 » cotisations ; v5,000 )' cotisations définitives; leur nombre est aujourd'hui de 52 an total. 936 M vente du Bulletin des premières années; 700 1) loyer payé pour 1857, par la Société protectrice des animaux, qui se réunit dans nos salles; 36 » vente de médaille de la Société, et d'une gravure d'Yak ; 60 w reniboursenieut de frais pour graines de riz et autres. 48,277 » en total. Nous allons passer en revue les divers chapitres des dépenses qui s'élèvent net, comme nous vous l'avons dit, à 39,421 63 Savoir : 2,674 » pour le solde du Bulletin de 1857; 10,640 50 Bulletin de 1858 — 1,905 exemplaires, dont 111 gratis, ont été fournis au prix moyen de 5fr. 59 c. par exemplaire. Le Bulletin a été ainsi distribué : A Paris, 9i0 exemplaires. Hors Paris, 965 — Le traité avec le libraire chargé de l'impression du Bulletin est expiré; s'il est renouvelé, il le sera à des conditions plus avan- tageuses, en raison du plus grand nombre d'exemplaires à fournir. 5i0 » achat d'anciens Bulletins; 150 » distributions diverses; 177 70 frais de transports d'animaux divers; 14,182 20 A reporter. CU.Ml'TABILITK ))K LA SOCIÉTK. \CI1I li,182 20 Hcport. i>20 i!0 frais de transport de deux bouquetins des Alpes; 4,816 8i pour Yaks et Chèvres d'Angora; Savoir : 661 90 payés à la Société des Alpes, pour la nourriture de quatre Yaks. i,\iii 94 Pour frais de transport de cinquante et une Chèvres d'Angora et de cinq Yaks au dépôt de Souliard ; nourriture des animaux , salaire du gardien , frais de voyage des délégués du Conseil. A l'occasion de cette dépense de près de ."j/JOG francs, nous devons vous rappeler que les détenteurs dos animaux delà Société se sont proniptement aperçus que ces animaux étaient une charge pour eux, et qu'ils réclamèrent des frais de nourriture. Ces frais ont été fixés pour chaque tète de bétail ; c'est aiusi que 661 fr. !»0 c. ont été payés à la Société des Alpes. Mais malgré ces indemnités, nos animaux ne recevaient pas par- tout les soins nécessaires ; beaucoup dépérissaient; ils n'étaient l'objet d'aucune étude. — Encore quelques années d'un pareil système, et les efforts et les dépenses de la Société étaient perdus. Ces faits ayant été constatés dans une inspection générale que le Conseil confia à l'un de ses membres les plus compétents, il fut décidé que les Chèvres d'Angora et les Yaks de la Société, sauf quelques exceptions, seraient réunis à Souliard, dans le Cantal, localité choisie par notre très habile confrère M. Richard; que là, sous sa direction, notre troupeau serait soigné par des per- sonnes salariées par la Société, et que des études sérieuses seraient faites sur les animaux et sur leurs croisements. Vous avez entendu dernièrement un rapport de M.Albert Geoffroy Saint-Hilaire, qui supplée M. Richard, et vous avez dû vous féliciter comme nous des bons résultats déjà obtenus au dépôt de Souliard. Il serait à désirer que nous eussions ainsi plusieurs dépôts d'étude et de reproduction pour les animaux et les végé- taux, dont les produits perfectionnés seraient envoyés au Jardin du bois de Boulogne, afin de les faire connaître et apprécier du public. Sur la somme de 4,1 -iri francs que vous coûte votre dépôt en 1 8-^8, près de la moitié, 1,920 francs représentent des frais de voyage, des transports d'animaux; frais qui seront infiniment moindres à l'avenir. 649 65 [lour l'éducatiou de Vers à soie de Chine, essais sur les graines de ces Vers et distribution de graines supposées bonnes. Votre Conseil a pensé qu'il était de son devoir de joindre les efforts de la Société à ceux de tant de personnes éclairées et dévouées, alin de chercher à atténuer les effets désastreux de la maladie sur les Versa soie. 392 70 pour appareils destinés à rapporter de Chine des cocons bien por- tants des Vers du chêne. Nous vous avons dit, l'année dernière, Messieurs, que, jusqu'à ce jour, tous les envois de cocons du Ver du chêne avaient été inutiles; que, faute de précautions suffisantes, ces cocons étaient arrivés morts ou hors d'état de rendre des services. 20,561 59 A reporter. XCIV SOCIÉTÉ IMPÉKIALE ZOOLOGIQLE 1) ACCLIMATATIUN. 20,561 59 lieport. Votre Conseil, qui attacliait la plus haute iiripoitance à cette pré- cieuse acclimatation, n'a pas été découragé par ces tentatives malheureuses et coûteuses. Connaissant la cause du mal, il a voulu y remédier; une Com- mission nommée à cet eiïet a proposé deux moyens pour mettre les cocons à l'abri d'une température extrême pendant la tra- versée, et éviter l'asphyxie. Ces moyens consistent : 1" En un appareil sous -marin attaché au flanc du navire et plongeant de 1 h 2 mètres au-dessous du niveau de la mer; 2" En un appareil analogue, mais de très petite dimension, plongeant dans de l'eau maintenue à une tempéralure conve- nable, en y faisant dissoudre de temps en temi)S du nitrate d'ammoniaque. Dans ces appareils de forme cylindrique, les cocons sont fixés sur des toiles mclalliques, suffisamment écartées les unes des autres, pour que les cocons n'occupent que moitié ou le tiers de l'espace total. Un tuyau, s'élcvanl du fond, traverse toutes les toiles et le cou- vercle supérieur. Il permet, à l'aide d'un soufflet qu'on ajuste à volonté, de renou- veler (chaque jour ou tous les deux jours) l'air intérieur des récipients, qui s'échappe par une ouverture réservée à cet effet. Il est inutile d'ajoulerque, dans l'appareil sous-marin, le tuyau d'air est hermétiquement et solidement bouché, tant qu'il ne sert pas à l'introduction de l'air. 13, un S9 frais généraux, dont : Î3,37;) >< loyer; 162 Oo impôts; 48 9.b assurance; 341 40 chauffage: , v£,_ „n I 4,359 79 appointements du personnel ; -t,5_/ ij I ^gg » habillement du garçon de salle; 915 80 affranchissement; 402 85 frais d'encaissement, etc. 1,744 ;)0 impressions diverses et lithographies ; 1,106 85 frais de bureau ; 542 'M) parchemins, relieurs, distribution, journaux; 250 }> souscription Rarey ; 500 )> indemnité de voyagea M. IJourlier; 853 25 pour graines diverses, dont ; 88 85 frais de transport ; 514 40 pomme de terre de Sainte-Marthe. Si cet essai n'a pas encore répondu aux espérance» qu'il avait fait naître, cela tient à ce que des rensei- gnements incomplets avaient été donnés à la Société. On lui avait laissé ignorer que dans des expériences faites on avait opéré sur des pommes de terre déjà cultivées en Amérique, et non sur des pommes de terre sauvages (1). 35,332 73 A reporter. (1) Nous avons lieu cl'csjiurei (|iic Icï lésulUil:- eu ISiJO seront iieauconiJ jilu? îalislaisaiil;. COMI'TABILILÉ DE LA SOCIÉTÉ. XCV 35,332 73 Report. i 250 h frais de collet'liuu ; >> Q/'o n- ' 2,285 65 récompenses; ï 20a /5 séance publique ; \. 877 63 impressions relatives à la séance publique; 441 85 complément du mobilier (pendule 300 fr.) ; 278 » remlioursenients à divers délégués. 39,421 63 en total. Nous devons ajouter que la Société possédait au l*' janvier 1859, ea outre de sa réserve en argent, un grand nombre d'animaux, parmi lesquels : 10 Yaks. 3 Zébus du Soudan. 1 Vache cotentine sans cornes. 71 Chèvres d'Angora. 8 Chèvres d'Auvergne. 17 Chèvres d'Egypte. 12 Moutons caramanlis. 4 Moutons du Soudan. 2 Biches d'Aristotc (de I hidej. 3 Lamas. 1 Tapir américain. 1 Pécari à collier. _ 8 Cochons de Chine. 2 Agoutis. 2 Pénélopes yacous. 2 Gangas catas. 4 Ibis rouges. 2 Autruches. tulin. Messieurs, nous vous dirons, pour terminer cet exposé, que pendant l'année 1858 le nombre des membres de la Société s'est augmenté de 344 ; il était de 1865 au 1" janvier dernier, et l'on comptait 40 Sociétés agrégées. ' Le grand nombre des demandes d'admis>;ion qui nous sont incessamment adressées, l'universel et saint respect qui environne !e dernier nom dont notre liste a été honorée, nous donnent l'assurance que l'année 1859 sera pour notre Société aussi favorable que les précédentes. Nous allons. Messieurs, vous soumettre un aper(;u des recettes et des dénenses probables pour 1859. Hccettes. Valeurs au 1" janvier 1859; espèces, bons du Trésor, recouvrements , i5, jy9 y^ 1395 souscriptions renouvelées sur 1865. . . oi,875 » déduction faite de 52 cotisations définitives, de 38 membres honoraires, et des souscriptions à annuler. 300 souscriptions nouvelles à 35 francs. . . . 10,500 >< Allocation du Ministre et dons 1 ,80(1 » Revenu des capitaux 1,600 » Loyer de la Société protectrice des animaux. 700 » Total des recettes probables.. . . 49,475 » 49,475 » Total des valeurs dont on pourra disposer pen- dant 1859 94,664 90 XCVI SOCIÉTÉ IMPÉHIÂLE ZOOLUGIQUK D ACCLIMATATION. Dépenses fixes. Loyer, impôts et chaudage 4,000 » Bulletins (2000 exemplaires) 10,500 » Impression 1 »800 » Appointements îj,000 » Afl'rauihisscnients et recouvrements 1,300 » Frais de bureaux divers, distributions 1 ,<)oO » Récompenses et séance publique 3,000 » Divers "■><> » Total 28,000 La difTérencc entre les recettes et les dépenses sera environ de li6,G64 90 En prélevant sur cette somme i2o,000 » pour le payement de 100 actions du Jardin zoologique, il restera de disponible pendant raïuiée 18')9 41,66i 90 Vous pourrez donc, Messieurs, pendant la présente année, apics avoir payé tous vos l'rtiis fixes, distribué vos récompenses et contribué à la création du Jardin zoologique, consacrer encore une |)artie de ces il,(î(ii fr. 90 c. a votre troupeau, à vos études, aux progrès de lacclimatation, et poursuivre avec la persévérance et le désintéressement que donne Taniour du bien, la belle car- rière ouverte par la Société impériale zoologique d" Acclimatation. Conformément aux propositions de la Commission, la Société, après avoir entendu ce rapport, a apjtrouvé les comptes de M. le Trésorier, et lui a voté, à l'unanimité, des remcrcimenls. BULLETIN MENSUEL DE LA SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION Fondée le lO Février 1.854. I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ. SUR LES ORIGINES DES ANIMAUX DOMESTIQUES d), Par n. U. GEOFFROY SU\T-HILARIE. Séance du 7 janvier 1839. On comprend communément sous le nom d'animaux domes- tiques tous ceux que l'homme élève et nounit « dans sa de- meure (2) « ou au voisinage de sa demeure. Mais entre ces commensaux deThomme, la science établit une distinction im- portante : des uns l'homme possède seulement des individus; des autres, il a des s««7es d individus, des races. Ces derniers animaux sont seuls domestiques dans le sens scientifique de ce mot ; les autres ne sont que captifs ou privés. Il y a loin de la simple captivité à Tapprivoisement, de Tapprivoisement à la domestication. Un animal captif est com- parable à un prisonnier violemment arraché à ses habitudes, (1) Extrait d'un travail destiné à paraître prochainement dans le tome 11, '1' partie, de YHistoire naturelle générale des Règnes organiques. (2) Déflnition du Dictionnaire de l'Académie française. T. VI. — Janvier et Février 1859. 1 2 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d' ACCLIMATATION. et toujours prêt à reprendre sa liberté ; un animal apprivoisé Test à un esclave réduit en servitude dès son enfance ou depuis delongues années, et qui vit paisiblement, sans espoir de liberté, sous un joug quel'babitudelui a rendu léger. L'apprivoisement a commencé pour lui le jour où le maître a pu cesser d^en en- chaîner le corps, parce qu'il a su en enchaîner la volonté. Mais Tapprivoisement n'est toujours qu\ni fait individuel, local et passauer. La domestication, au contraire, peut être dite un des faits permanents et généraux de la domination de l'homme sur le reste de la création ; résultant, en effet, de l'action d'une suite indéfinie de générations humaines sur une suite indéfinie de générations animales 5 et n'ayant guère plus de limites dans l'espace que dans le temps, car la multiplication indéfinie des individus entraîne comme conséquence l'expansion indéfinie de la race ou de l'espèce. S'il est déjà diiricile de faire vivre un animal en captivité ou à l'état privé, il l'est bien plus de passer de la possession de l'individu à celui de la race. En dehors de l'état de nature, les animaux sont le plus souvent inféconds ou peu féconds ; et s'ils se reproduisent, leurs petits, le plus souvent aussi, ne s'élèvent pas, ou chétifs et maladifs, ne peuvent propager leur race au delà de ([uelques générations. Pour vaincre d'aussi grandes difficultés, et même encore, la race concpiise, pour en étendre la possession à d'autres climats, il faut une si longue suite d'essais, d'efforts, de soins, qu'on ne saurait s'étonner de la rareté de ces victoires de Ibomme sur la nature; eùt-il ici poursuivi le succès avec autant d'ardeur et de persévérance qu'il a mis à l'obtenir, d'indécision, de mollesse et d'incurie. Aussi, sur les cent quarante mille espèces qui, selon les esti- mations les plus récentes, composent le règne animal, combien sont au pouvoir de l'homme ? Un peu plus de quarante ! Encore n'arrive-t-on à ce nombre qu'en réunissant les animaux do- mesti([ues de tous les pays : on doit le réduire d'un quart pour les contrées les plus civilisées et les plus agricoles, et de bien davantage pour les autres. Mais l'étude de ces animaux domestiques, sans parler ici de son importance pratique, n'en est pas moins d'un très grand ORIGINES DES ANIMAUX DOMESTIQUES. 3 intérêt pour la théorie de l'espèce. Leur diversité compense, à ce point de vue, leur petit nombre. Répartis entre quatre classes et entre deux embranchements zoologiques très dilïérents, ils sont, de plus, les uns terrestres, les autres aquatiques 5 les uns herbivores^ les autres carnassiers ou omnivores ; les uns vivi- pares, les autres ovipares; les uns très précoces, les autres lents dans leur développement. Parmi eux, il en est de natu- rellement sociaux et, quoi qu'on en ait dit, de naturellement solitaires ; de très anciennement et de récemment domestiqués; de si complètement soumis à notre espèce, qu'on les conçoit à peine sans elle ou elle sans eux, et de si peu attachés à Thomme, qu'ils vivent plutôt par ses soins que sous sa loi. Enfin, géo- graphiquement, ils ont eu les origines et ont encore les habi- tats les plus divers, venant les uns d'Asie, d'autres d'Europe, d'autres d'Afrique, d'autres d'Amérique, et de régions tantôt chaudes tantôt froides, tantôt basses tantôt hautes; et les uns n'occupant encore aujourd'hui que quelques points du globe, tandis que les autres le couvrent de leurs innondjrables races, ne se laissant pas plus arrêter que l'homme lui-même par les différences les plus extrêmes de latitude et d'altitude. Par ces diversités organiques et par la variété de ces condi- tions d'existence, nos espèces domestiques sont comme autant de spécimens heureusement choisis parmi les animaux les plus différents. Quand nous en faisons une étude approfondie, chacune d'elles vaut pour nous, après ce qu'elle est en elle- même, par ce qu'elle représente ; et leur comparaison, si faible qu'en soit le nombre, n'ouvre pas moins la voie à des induc- tions qui peuvent être d'une grande valeur et d'un ordre très général. Nous aurions voulu pouvoir communiquer à la Société l'en- semble de nos recherches sur les animaux domestiques. Nous en donnerons du moins le résumé sous la forme d'un tableau synoptique. Nous ferons suivre ce tableau du chapitre relatif aux Oiseaux. t/> UJ es -i: z ^ CJ Câ es :^ O O» l« w ç^ SS (fi H C£l itf^ O Q Z X! O ;^ H o '< N EJJ 'n nJ c/l ca t« < -< H CJ es -s b t« •w s ea CES H 'XI ■y: w es y. X.IVMO,!, 1^) b S ■ f 5 es ^:3 -3 5 — "^-d 5 ^ 53 P r . . 5: e h O eu •S;MftlH01SIH-;4I •^j •TH ---» ^ o ■^ _ j "" ■ ^ , ïï ;,; f 5- o 3 l '^ s-I" .S 3 es > m '-^ • 5 « 1 ■^ 1 -s s CA. -V P 2» = 33 1 1 ■ 1 ■^ S C) O ;:;; O O U C) — — -- es / eut-cl 1 ç ^ c £. ;i. îïP--û^H^ o -^ _^ --j \ ^ <- .^ «^ \ •u ffO \ h '^ f -^ 1 JîJ JXj Z^ 1 ->- 1-^ _J *?' i 1 o o -?C f "- "Si irl f ■ ZZ o ■ b Ç-*. 1 "^ '" ( a ï t^ ^ I i^r* O O -\ <^ 3 - 'é lorc. Hier. " ï 3 Ûr -" o o ■ 3 tr. o 1 es l 'è, 5- s- o D _ C P. ■- 1 1 s O 'p o •— 1 ■ eo =^ C5 ç_« cï • . 1 1 ';j ^ ^ O ^ i. s- 1 _l ■^ C -Z ■-^ t- — ^ jT"- 2f CB 5 «ô X "^ in Cr- --^ ^3 C ^ 21 -^ ~ '■'5 •ç-< ~ 5 — ■rr '^ / t-3 .S' l \ ^ 'E< CN \ ■^ CO 1 ^ J •^ C ■ -1 §- ■ .5 , 1 ■ij ™ = CO > ^ _^c; Te f -^ ^ ''-i \ ^ ■^ O ■ m o ■- 1 i '7, ■ = « Sç^ S Ci 1 ^^B^mÊ^^m c -^^ _^ a i O =-" o ^o .'- ci = « o r J, •aiMMOrtN!! «< ■'' 3 'li c - '53 ^ -î -^ < ~ C- anDo.i'i '-^ i„,|- ^,^ ^«^ ,-^ — ~^ t_ s'.iMuaaow sdiwj. I ^i^^K-i* 0 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d' ACCLIMATATION. OISEAUX. I. Parmi les dix-sept oiseaux domestiques, ceux dont il est le plus facile de retrouver les ancêtres à l'état sauvage sont na- turellement les espèces qui en sont le plus nouvellement sortis. Commencer par celles-ci, sera donc aborder le problème par les cas les plus simples. Ces derniers venus sont au nombre de cinq : deux palmipèdes alimentaires et surtout d'ornement ; et trois Faisans, oiseaux par excellence d'ornement, et en même temps gibiers de luxe. Les deux palmipèdes soniV Atias cygnoides, de l'Asie orientale, et V Allas canadensis, de l'Amérique du Nord; l'un et l'autre intermédiaires entre TOie et le Cygne. Nous savons mal Fliis- toire du premier, vulgairement connu, selon les pays, sous les noms d'Oie de Chine, de Sibérie et surtout de Guinée; son in- troduction est récente, mais sans date certaine. Celle de l'Oie à cravate ou du Canada a eu lieu en Angleterre, vers le milieu du xviu* siècle, et c'est aussi dans le même pays, et à la même date, qu'ont été d'abord possédés et multipliés les trois Faisans à collier, argenté et doré. La domestication du Faisan à collier paraît avoir commencé chez le duc de Norlbumbcrland, et celle de l'argenté dans les volières du célèbre fondateur du Musée britanni(jue, Hans Sloane. Ces cinq oiseaux ont sensiblement conservé les caractères du type sauvage; il y a parmi eux des variétés individuelles, mais point de races très distinctes. Il n'en est déjà plus de même du Serin des Canaries, du Din- don, de l'Amérique du Nord, et du Canard musqué, dit de Barbarie, quoiqu'il soit originaire de l'Amérique méridionale. Dans ces trois espèces existent des races domestiques, plus ou moins diiïérentes des types primitifs. Si l'on voit encore dans nos basses-cours des Dindons et surtout des Canards mus(jués, parés de couleurs métalliques aussi éclatantes que dans l'état sauvage, on en voit aussi à plumage complètement terne. Il s'est produit en outre, chez le Dindon, des diiVérences très marquées de taille. Le Canari s'est encore bien plus modifié : on dislin- ORIGliNES DES ANIMAUX DOxMESTlQUES. 7 giiait, dans le xviu' siècle, plusieurs races et jusqu'à vingt-neuf variétés de Serins domestiques; et l'on pourrait de nos jours en compter davantage encore. Dans quelques-unes il s'est dé- veloppé une huppe, et la taille a notablement augmenté ; dans plusieurs, le plumage est devenu jaune, et cette couleur est même devenue aussi commune chez le Canari (|ue le blanc chez les autres animaux domestiques: ce qui, du reste, ne saurait étonner, puisque le flavisiue , ainsi que nous l'avons menr- tionné ailleurs (1), est l'albinisme des oiseaux verts (2). A voir ces espèces si diversement modifiées, on pourrait déjà prévoir qu'elles sont plus anciennement domestiquées que les précédentes. Leur introduction date, en elîet, du xvi'' siècle, sans excepter celle du Dindon, qui même, malgré une croyance très accréditée (3), avait précédé les deux autres. Le « coc d'Inde » a été importé en Angleterre sous Henri VIII et en France sous Louis XII ; et il était déjà « commun es mestairies » vers J5Ô0, comme le dit expressément Belon {h). A la même époque, le Canard d'Inde ou de Guinée, comme on appelait alors \Anas moschata , commençait aussi à se répandre en France : on le vendait « par les marchez pour s'en servir es )) festins et noces (5). » Quant au Serin, si abondant aux Canaries qu'on y abat aisé- ment vingt individus d'un coup de fusil, son introduction a (1) Histoire générale et particulière des anomalies, 1832, t. I, p. 317. 1. L'éclat, l'intensité que prend souvent le jaune du Serin est, à ce point de vue, très remartpiable. (2) Et des végétaux, pour leurs i)arties vertes. Voy. Moquin-Taindon, Éléments de tératologie végétale. Paris, in-8, 18.41, p. A5. . (3) « Le premier Dindon qui fut mangé en France parut au festin des M noces de Charles IX, en 1575, » dit Tiîmminck., Histoire des Gallinacés, Amsterdam, in-8, 1813, p. 378 ; d'après Sonnini, qui lui-même emi)runlait à Anderson ce prétendu fait, reproduit par une multitude d'auteurs. 11 ne suffit même pas à certains auteurs de reporter jusqu'au milieu du XVI* siècle la domestication du Dindon. Cet oiseau n'aurait été amené en An- gleterre qu'en 1G26, selon Li^'k, Monde primitif et antiquité, t. II, p. 316. (Zl) Histoire de la nature des otjseaux. Paris, in-fol., 1555, p. 2ù8. .Te n'ai pas besoin d'ajouter que Belon se trompe lorsqu'il dit le Dindon commun « es mestairies romaines». 11 le confond ici avec la Pintade. (5) Ibid., p. 17Zu s SOCIÉTÉ IMPÉIIIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATaTION. (lù suivre de très près rôlablissenicnt des Espagnols dans ces îles. Nous voyons, en eiïet, au xvie siècle, le commorce im- porter en grand nombre des Canaris comme aujourd'hui des Benfjalh et des Sénégalis; puis quelques individus, et bientôt un grand nombre, s'acclimater et se reproduire, et l'espèce se répandre partout. Après avoir orné, au xvi"^ siècle les palais des grands, « mar/natum œdibus alitiir », dit encore Gesner en 1595 (1), animalibus, iib. VIII, tract, u, rop. 3. — Ailleurs, Albert parle delà possibilité d'apprivoiser les Cygnes (|uand un leur a coupé l'aile. {Il) lii-.i.oN, loc. cit., p. ir». (5) Aussi i'a-t-(in |iris d'aliord \)t,uv la souclic du Cygne tubercule. ORIGINES DES ANIMAUX. DOMESTIQUES. 0 Nous restons dans une semblable incertitude au sujet de la Tourterelle à collier, espèce voisine, mais bien différente, de la Tourterelle d'Europe. C'est celle-ci, Columba turtur, que les Romains nourrissaient en si grand nombre et avec tant de soin dans leurs maisons de campagne (1); et rien n'indique qu'ils aient possédé ni même connu la C. risoria, qui est originaire des contrées orientales de l'Asie. Comment et quand nous en est-elle venue ? Tout ce que nous pouvons en dire, c'est qu'elle est domestique en Europe depuis trois siècles au moins; que ses anciens noms, « Colombe indienne. Colombe turque, » sem- blent indiquer la voie qu'elle a suivie pour nous arriver ; et qu'elle conserve sensiblement, dans la variété la plus commune, les caractères du type primitif, tel qu'on le trouve dans l'Asie orientale, et particulièrement en Cbine (2), III. Les autres oiseaux domestiques le sont tous depuis une date beaucoup plus ancienne. ÎSous croyons pouvoir, dans l'état présent de la science, faire remonter à l'antiquité romaine la domestication du Canard, à l'antiquité grecque celle de l'Oie (quoiqu'on l'ait attribuée aux Romains), de la l'intade, du l'aon et du Faisan ordinaire, et à la haute antiquité, celle de la Poule et du Pigeon. A l'égard du Canard, nulle difficulté sérieuse. Nous connais- sons aussi bien le Canard sauvage que le Canard domestique, et parmi les nombreuses races et variétés qu'on a obtenues de celui-ci, il en est, et ce sont les plus communes, qui conservent encore, sauf une taille sensiblement plus considérable, tous les caractères de VAnas boschas. La question d'origine est par là (1) On les engraissait romme les Grives et tant d'autres, mais on ne les faisait pas reproduire. Colimelle le dit expressément, De re rustica, /î6. VIII, cap. IX. 't Educatio supervacua , dit l'auteur In ornithone nec parit nec excluait (ou excudit, selon d'autres leçons). » i'I) Elle est seulement devenue, en domesticité, plus grande et un peu plus pâle. La C. risoria a été souvent confondue avec d'autres espèces, ce ((ui a induit en erreur sur sa patrie. 10 SOCIÉTK IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. zoologiquement l'ésoliie. Mais, liislori(|uemenl, il reste quel- ques incertitudes. Elles ne portent, toutefois, que sur la date de la douiestiealion; encore celte date peut-elle être déter- minée approximativement. Chez les Romains, à Tépoque de Varron, il fallait encore couvrir de lilets les enclos destinés aux oiseaux d'eau, « ne possit anas cvolare (1). » La domes- tication était donc encore très incomplète, et par conséf|uent récente, à la tin de la république romaine, et rien n'indique que cette domestication eût été môme connnencée chez les Grecs. Il n'en est pas de même de celle de l'Oie. Je n'insisterai pas ici sur ranli([ue fable (2) qui nous montre une 0/e (et non, comme dans la Fontaine, une Poule) Pondant tous les jours un tcuf d'or; mais un passage trop peu remarqué d'Aristote sur les œufs de vent pondus par les jeunes Poules et les jeunes Oies vierges (3) atteste que les Grecs, quoi qu'on en ait dit, avaient devancé les Romains dans l'éducation de cet oiseau. Quant à ceux-ci, ils l'ont possédé de très bonne heure; témoin, lors de la prise de Rome par les Gaulois, « la vigilance des oies du Capitole , » trahi par les chiens, » comme le dit Pline (A). Nous avcms une preuve d'un autre genre, et non d'une moindre valeur, dans Texistence à Rome, au temps des premiers Césars, d'Oies de diverses variétés, notamment de diverses couleurs; conniie (1) VAiinoN, De re rustica, lib. III, cap. \i. — Bureau de la Malle a exactement cité ce passage dans son Économie politique des Romains, l.ll, p. 199; mais, ailleurs, sa mémoire Ta mal servi. Varron n'a pas (lit: « Anas aut anser n , comme le prétend Dureau, Sur l'influence de la domesticité [Séance publique des quatre Académies, \n-h, 1830, p. 38), et comme d'autres l'ont répété. — Clausœ pascuntur œnatps (et non: œnates et anseres), dit aussi Columelle, lue. cit., lib. MU, cap. XV. (2) Fables d'Ésope, Fable intitulée : Du paysan et de son oie. L'Oie aurait-elle été douiL'sti(|uée en Asie avant de rèlre en Grèce? l'Esope était Phrygien, mais cette fable est-elle bien de lui? (3) Histoire des animaux, liv. VI, n. (Zj) Lib. X, XXVI. ORIGINES DES AMMAUX DOMESTIQUES. 11 nous l'apprendrait au besoin ce vers d'Horace sur le iule d'oie qui était dès lors un des mets privilégiés des gastronomes : Pinguibus et ficis pastum jecur anseris albi (1). C'est en effet TOie blanche qui est indiquée par Varron comme la meilleure variété alimentaire. IV. Ce n'est plus Aristote, mais un de ses disciples, Clytus de Milet, et après lui, Athénée, qui signalent l'existence chez les Grecs de la Pintade. L'un nous apprend qu'on élevait de son temps la Meleagris dans l'île de Léros, près du temple de Mi- nerve (2), et Athénée cite l'Étolie comme la contrée où on l'a possédée d'abord (3); Link suppose que la Grèce l'avait reçue de Cyrène ou de Carlhage (A). Mais ces premières éducations paraissent avoir eu peu de résultats, et ce sont surtout les Ro- mains qui ont fait de la Pintade un oiseau européen. Ils avaient même, et en abondance, deux espèces de Pintades, laNwmda ptilorhynchus , à caroncules bleues, que l'Europe n'a pas con- servée, mais que nous essayons aujourd'hui de lui rendre, et la N. meleagris, à caroncules rouges (5) ; la même qu'on avait i\\ Aspice qmm tumeat magno jecur ansere majus. dit aussi Martial, Epigr. XIll, 58. On savait donc déjà obtenir des foies gras.— VhmE {lib.X, xxvn) a cru devoir transmettre à la postérité les noms des deux inventeurs de cet art : l'un d'eux était un personnage consulaire! (2) Dans un passage consacré par Athéxée, Deipnosophistes, liv. XIV, xx. La Pintade à caroncules rouges est bien décrite dans ce passage, et la similitude des deux sexes déjà mentionnée. (3) Loc. cit., liv. XIV, Lxx. (Zi) Loc. cit., p. 315. — Voy. aussi Pallas, Spicit. zooL, fasc. iv, p. 10. (5) Ces deux espèces sont très bien distinguées parCoLUMELLK, lH). VllI, cap. u. C'est tout à fait à tort que cet auteur a été accusé d'avoir pris les deux sexes d'une même espèce pour deux espèces.— Voy. Buffon, Histoire naturelle des Oiseaux, t. II, p. 16/i; — et DUREAU DE LA Malle, Econ. polit, des Romains, t. II, p. 193. Notons en passant que la Meleagris des Romains était l'espèce à caron- cules bleues. « In Meleagride cœrulea, » dit Columelle, Ub. VIII, il. L'espèce à caroncules rouges, à laquelle les zoologistes ont appliqué le nom de Meleagris, était appelée par les RonvAm Gallina africana ou numidica. là SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. eue en Grèce, et qui est aiijourtriiui si commune en Europe, soit qu'on l'y ait perpétuée depuis les Romains, soit, comme le croit Belon (1), qu'elle y ait été réintroduite il y a quelques siècles, de la côte occidentale d'Afrique • région où on la trouve en eflet , sur plusieurs points, à l'état sauvage et avec des caractères qu'on trouve bien conservés chez un grand nombre d'individus domestiques (2). L'origine asiati(jue du Paon et du Faisan est aussi certaine que l'origine africaine de la Pintade, et nous devons certaine- ment aux Grecs d'avoir fait de ces deux beaux oiseaux des es- pèces européennes. C'est l'expédition d'Alexandre qui a enrichi la Grèce du Paon, comme l'attestent plusieurs documents his- toriques (3); et c'est celle des Argonautes qui lui a donné « Toiseau du Phase », d'après une tradition généralement ac- ceptée par les anciens [li) . L'Histoire naturelle confirme pleine- ment ces origines; car les contrées d'où l'histoire et la tradition font venir le Paon et le Faisan sont précisément celles où on les rencontre aujourd'hui : le Paon est de Thide, le Faisan se trouve dans l'Asie iMineure. Et ici nulle incertitude : s'il y a des Paons blancs, des Faisans hlancs et d'autres gris, les cou- leurs les plus communes dans ces deux espèces sont j)récisé- ment celles qui les parent dans leur état primitif. La fdiation se prouverait donc au besoin par la ressendjiance. (1) Loc. cit., \). 2/jG, (2) Voy. IlAUTLAiB, System der Ornithologie ]Veslafrica's . l}i("me, in-8, 1857, p. 199. (3) Le Paon ('tait «'crlaiiKMiiiMil domcsliqne du temps d'AuiSTOTi:. On l'a nié; mais lllistuire des uninunix rciitcrnu' un passaii'e décisif. Voyez liv. VI, i\ : (I Los personnes qui élèvent des Paons, dit l'auteur, l'ont eouver leurs œufs par des Poules.» (Trad. deCAMi;s, t. I, p.3!iô.) — Dans la phrase suivante, Aristote oppose au Paon les oiseaux sauvages (àYpi'uv ofvîôwv). On avait vu (|uel(iues Paons en Créée avant Alexandre. A l'époque de Périelés, on en nKjiitiail un à Alliénes pour del'aryenl. Le Paon était domesliiiue à Samos avant de l'être dans la Grèce propre- ment dite. (AriiÉMit;, liv. XIV, i.xx.) (/i) Ll notamment par Mautial, dans le distique suivant (/:p/(/raj«wa/rt, //6. Mil, 72) : Ariiiva primum smn tvans] orlnln (ariiin, Anie iiiilii iwliuii nil, nisi l'Iui.sis, cral. OUIGINES DES ANIJI.VLX DO.MKSTIQUES. 13 V. L'Asie est de même la patrie originaire de la Poule, et de plus, le lieu de sa première domestication. De ces deux faits le premier est également attesté par l'Histoire naturelle et par l'histoire. C'est dans l'Asie, soit continentale, soit insulaire, que sont répandues toutes les espèces du genre Gallus, et particulièrement le G. Bankiva dont les caractères concordent parfaitement avec ceux de plusieurs de nos races domestiques. On voit encore communément dans nos basses-cours des Coqs exactement colorés comme le liankiva. Temminck, qui a le premier décrit le Coq Bankiva et signalé son étroite parenté avec nos races domestiques (1), le disait originaire de Java, et d'autres l'ont dit des Philippines. 3Iais nous pouvons affirmer que ce Cof[ se trouve sur le continent de l'Inde; et par là disparaît presque complètement la dernière des difficultés qu'avait rencontrées la détermination de l'origine du Coq (2). C'est en effet du continent de l'Asie, de la Perse, qu'il est venu, un peu après l'époque d'Homère (3), dans la Grèce, qui l'a, plusieurs siècles après, donné à l'Italie. Persixus Galliis, pe?'- (1) Loc. cit., t. I,p. 87.— Temmhick admet, du reste, d'autres « souches ou espèces premières. » (Voy. p. 69.) Avant Temminck, on prenait pour le Coq primitif, d'après So>^'erat, Voyage aux Indes orientales, m-8,\18'2,t.\ll, p. 139, une espèce rapportée de l'Inde par ce voyageur et qui porte aujourd'hui son nom. Mais le Gallus Sonneratii s'éloigne de nos Coqs par la plupart de ses caractères spécifiques. Une troisième opinion a été récemment émise par M. PuchilUan, Mono- graphie des espèces du genre Cerf, dans h^s Archives du Muséum d'Histoire naturelle, 1853, t. VI, p. /lOO. Selon ce savant zoologiste, la véritable souche serait le G. Lafayettii, de Ceylan. Maison ne retrouve pas dans nos races domestiques les caractères qui distinguent celui-ci (la coloration du dessous du corps et des rémiges secondaires). (2) Pour expliquer comment le Coq avait pu venir des îles de la Sonde, Llnk supposait {loc. cit., t. II, p. 312) d'anciennes « relations de commerce « entre ces contrées méridionales et celles du nord ». Nous n'avons plus besoin de recourir à ces conjectures toutes gratuites. Le seul point qui reste à éclaircir est celui-ci : Le Coq Bankiva existe-t-il sauvage jusqu'en Perse? Ou avait-il été importé de l'Inde en Perse? (3) LiNK, ibid., p. 310. 14 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQIJE d' ACCLIMATATION. sicus àXtxTMp, disent à plusieurs reprises les auteurs anciens (1), sans nous apprendre toutefois si le Coq est venu en Europe en- core à l'état sauvage ou déjà domestique. Mais le doute où nous laissent les livres grecs et latins est levé par un manuscrit d'une bien plus haute antiquité, par le Zend-Avesta. Ormuzd, selon les croyances des Parses, avait lui-même donné aux. hommes le Coq et la Poule (2), et la religion mazdéenne prescri- vait à tout tidèle de nourrir dans sa demeure un Bœuf, un Chien et un Coq, «représentant du salut matinal (3) ». LeCo(i est donc, depuis une longue suite de siècles, domestiiiue dans l'Asie en deçà de Flndus. Y était-il venu, plus anciennement encore, de la région où nous le connaissons aujourd'hui à l'état sauvage (II) ? Autant nos Coijs domestiques ressemblent souvent au (j«//«s Bankiva, autant il est commun de trouver dans nos colom- biers des Pigeons presque identiques avec le Columha Livia; nous avons môme vu des individus reproduire si lidèlement tous les caractères du type sauvage, qu'il était presque impos- sible de les en distinguer. Nous pouvons donc affirmer la parenté de nos Bisets domestiques avec le C. Livia. Malheu- reusement, après ce premier résultat (|ui est loin de nous suf- fire, nous sommes contraints d'entrer dans le champ des conieclures. Le Biset sauvage est- il la souche unique ou une des souches multiples de nos nombreuses races et de nos innombrables variétés soit de colombier, soit de volière? Tout ce que nous pouvons dire, c'est qu'on retrouve parfois jus([ue dans les races les plus modifiées une partie des carac- tères du Biset sauvage, et jamais ceux d'une autre espèce. (1) Athénée, lib. XIV, cap. lxx, d'après Cratims. ('i) Traduction du Zend-Avesla, par ANQiETii.-Dri'i-nnON, 1. 1, 2' part., n. ùOG. 11 s'ajiU ici du Coq céleste; mais il est qucsliuu, dans lo même passa|;e, des soins à donner au Coq. (3) J. Reynaud. Voy. sur ce point et sur le « Coq céleste » des Mazdéens, le savant article Zoroastre do V Encyclopédie nouvelle, 1861, t. Vlll, j). 807. (Zj) On ignore (■tj;alcmoiit îi (iiiollc époque la Poule est venue d'Asie en F.iivpte, où on fa possédée fort ancienuemeiit, et où les procédés de l'incu- l>;di(.n artificielle étaient en usa^'e dès le temps d'Aristote. (Voy. Hùt. des anim., liv. VI, ii.) ORIGIINES DES ANIMAUX DOMESTIQUES. 15 Loin que la diversité d'origine puisse être prouvée, il y a donc une présomption en faveur delà communauté, sans qu'il soit cependant permis de l'affirmer. Nous ne sommes pas plus fixés sur le lieu ou les lieux de la première domestication du Pigeon. Oiseau de grand vol, et essentiellement voyageur, le Pi- geon se rencontre à l'état libre dans trois parties du monde, en Europe, dans le nord de l'Afrique, dans une très grande partie de l'Asie : même en supposant la question de l'ori- gine zoologique exactement déterminée, la question de Forigine géographique reste donc encore très incertaine, à moins que l'histoire ne Tait résolue. Or, non-seulement elle ne l'a pas fait, mais il est peu de points sur lesquels elle nous donne aussi peu de lumières. En des temps reculés, nous voyons déjà le Pigeon domestique dans les trois mêmes parties du monde où il vit sauvage; et l'Europe est la seule pour laquelle sa domes- tication ne se perde pas dans la nuit des temps. Le Pigeon parait n'avoir été possédé par les Grecs qu'un peu après l'épofjue d'Homère (1); et c'est au cinquième siècle avant notre ère qu'ils virent pour la première fois des individus à plumage blanc, très vraisemblablement venus de Perse (2). Est-ce de Perse aussi qu'on avait introduit le Pigeon en Egypte (3) ? Il y a lieu non de l'affirmer, car l'histoire est muette sur ce point, mais de le présumer, d'après l'ensemble des résultats auxquels conduit l'étude des races. Quel animal africain voyons-nous dans la haute antiquité passer d'Egypte en Asie? Un seul peut-être, le chat. Nous avons, au contraire, plusieurs exemples d'animaux domestiques donnés par l'Asie à l'Egypte : tels sont le Coq parmi les oiseaux, et parmi les mammifères, le Cheval, l'Ane, le Dromadaire : traces significatives, bien qu'à demi efiacées par le temps, d'un antique courant, non de l'Afrique vers l'Asie, mais de l'Asie vers l'Afrique. (1) LiNK, loc. cit., p. 316. — DUREAU DE LA MaLLE, loi. Cit., p. 185. (2) D'après un passage de Charon, de Lampsaque, conservé par Athénée, loc. cit., liv. IX, chap. li. Les Romains paraissent avoir possédé de bonne heure le Pigeon. Ils l'ont quelquefois employé comme messager. (Voy. Pli>-e, lib. X, Liir.) (3) Du temps d'ARisTOTE, loc. cit., liv. YI, iv, le Pigeon était devenu extrêmement commun en Egypte. On en obtenait douze pontes par an. 16 SOClliTË IMl'ÉKIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. SUR L'ACCLIMATATION DU CANNA EN ANGLETERRE {Oreas canna). LETTRE ADRESSÉE A M. LE PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION Par M. D. W. MITCHELL, Secrétaire-gérant de )a Société zoolo£;iqiic de Londres, Délégué de la Société impériale zoologique d'acclimatation à Londres. (Séances du 10 décembre 1858 et du 21 janvier 1859.) Monsieur le Président, Dès le premier jour de mon entrée en fonction comme secrétaire-gérant de la Société zoologi([ue de Londres, en 1867, je dirigeai mon attention sur le problème de l'acclimatation des espèces utiles de mammifères et d'oiseaux, (jui, pour diverses raisons, avait été jusi|ue-la presque enlièremcnt négligé pour diverses raisons, (luoiiju'il fût l'un des premiers objets de la Société. Les constructions dans notre établissement de Regent's- Park ont généralement été disposées pour l'exhibition plutôt que pour la reproduction, et les succès que nous avons obte- nus pour plusieurs espèces ont presque toujours rencontré beaucoup de difficultés. Parmi les mammifères dont je me suis plus particulièrement occupé, aucune espèce ne paraît devoir être un jour plus utile et ne fait espérer un succès plus certain que le Canna. Ce noble animal, intermédiaire, pour la forme, enlre le genre Antilope et le genre Bœuf, n'est pas moins remarquable par son aptitude à supporter la captivité que par sa grande taille, sa disposition à l'engraissement et son rapide accrois- sement. ACCLIMATATION ULi (JAN.NA KN ANGLETEHIili. 17 Non moins robuste que la première classe de Bœufs à courtes cornes, il se reproduit avec plus de certitude, et il est plus pré- coce. Dans Fespace des six années qui se sont écoulées depuis que les femelles qui appartiennent à la Société zoologique ont commencé à porter, nous n'avons pas eu un seul cas de stéri- lité, et pas un seul jeune n'a péri pendant l'élevage, soit qu'il fût allaité par sa mère, soit qu'il fût élevé à la main. Il faut remarquer que la facilité avec la(|uelle les jeunes de cette espèce peuvent être nourris avec du lait de vache olfre un avantage tout particulier pour éviter les accidents ou les impatiences de la mère. La première tentative d'acclimatation du Canna fut faite par le dernier comte de Derby qui, en 1842, fît venir deux mâles et une femelle du Cap de Boniie-Espérance. Ces animaux vécurent et se reproduisirent dans sa magni- fique ménagerie de Knowsley, mais ils moururent prématuré- ment, pour avoir été imprudemment conduits dans un nouveau pâturage, à l'exception d'une jeune femelle née en janvier 18/i6, et qui appartient actuellement à la Société zoologique de Londres, comme la seule survivante de ce troupeau. La femelle avait eu en tout quatre petits nés, le 27 mai iShà, le 10 mars 18/i5, le 6 janvier 18/i6, elle quatrième en 18/17, à une époque qui n'est pas connue d'une manière précise. L'un des mâles importés avait été envoyé à la ménagerie du Muséum d'Histoire naturelle, à Paris, en décembre 18Z|5. Pendant l'existence de ce troupeau à Knowsley, lord Derby fit plus de vingt expériences dans le but d'obtenir un croise- ment du Canna avec les meilleures races de Bœufs domes- tiques. Des Vaches à courtes cornes, d'Ecosse, et quelques- unes à longues cornes, furent présentées à chacun des deux Cannas mâles, qui les servirent également, mais sans qu'il en résultât aucun produit. Il est évident que le Canna, quoique très voisin du genre Bœuf et ayant la même période de gesta- tion (ce en quoi il ditVère de l'Antilope), en est cependant trop éloigné pour admettre un croisement fécond entre eux. Le malheureux résultat de ce premier essai ne découragea pas lord Derby, qui, plein de confiance dans la parfaite possibi- T. VI. — Janvier et Février 1859. 2 18 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. lité d'acclimater le Ganna, s'appliqua avec sa persévérance ordinaire à remplacer le troupeau qu'il avait perdu, en faisant venir au printemps de 1851 deux jeunes femelles qui lui furent envoyées par le révérend M. Fry, de Charlie's Hope. Au mois de juin de la même année, deux jeunes mâles les suivirent, et quoiqu'ils fussent arrivés dans un état très peu satisfaisant, ils furent bientôt rétablis par les soins habiles de M. Thompson, qui fut pendant plusieurs années chargé de la ménagerie de sa seigneurie, el prit une très grande part à ses progrès. Le nouveau troupeau se composait de : Deux mâles importés en juin 1851 ; Deux femelles importées en mars 1851 ; Une femelle provenant du premier troupeau, née à Knowsley, le 7 avril 18/i6. Quelque temps avant sa mort, lord Derby m'avait consulté sur les dispositions testamentaires qu'il voulait faire au sujet de sa collection d'Histoire naturelle, et il laissa à la Société le droit de choisir parmi toutes les espèces qui pourraient exister dans la ménagerie de Knowsley, au moment de son décès, celle que je considérerais comme les plus avantageuses pour la Société avec tous les sujets appartenant à cette espèce. L'intention expresse de sa seigneurie en faisant cette dispo- sition, et la mienne propre en la lui conseillant, fut précisément de réserver la meilleure chance de continuer le plus important essai d'acclimatation que cette collection pût offrir-, et je suis heureux de pouvoir constater que sa généreuse appréciation des efforts qui avaient alors réussi à rendre à la Société sa pros- périté première, a eu des résultats qui répondent à ses désirs. Après la mort de lord Derby, en 1851, mes collègues réso- lurent, sur mes pressantes sollicitations, de rendre justice au choix du troupeau de Canna, en faisant construire une habita- tion convenable pour sa réception, et le comte actuel de Derby, qui témoigna le plus grand désir de remplir les intentions de son père de la manière la plus libérale, ayant consenti à les conserver à Knowsley jusqu'à ce que leur nouvelle demeure fût complètement appropriée, ils y furent successivement ACCLIMATATION DU C\NNA EN ANGLETERRE. 19 amenés par M. Thompson, dans le cours du mois de novembre qui suivit la mort de sa seigneurie. Les cinq animaux ainsi placés dans rétablissement de la Société depuis sept ans, n'ont pas produit moins de vingt jeunes, comme on peut le voir par le tableau suivant, et leur accroissement futur suivra nécessairement une progression beaucoup plus rapide. INDI- VIDUS. SEXE. DATE DE LA NAISSANCE. LIEU DE LA NAISSANCE. PAKENTS. A. O^ Janvier 1850. Importé. B. d" » » C. £ a » D. 9 » » E. 9 7 avril 1846. Knowsley. F. ri 29 juin 18;)3. Société zoologique. Par A de C. G. d" 4 juillet 1853. Il Par A de D. H. Q 10 janvier 1854. » Par A de E, I. 9 8 juillet 1854. » Par B de C. J. 9 )) )) Par B de D. K. 9 8 mars 1S53. )) Par B de E. L. 9 13 mai 1855. )) Par G de C. M. 9 8 juin 1855. » Par G de F. N. cf 27 septembre 1855. » Par G de D. 0. (1 + 1" mars 1856. » Par G de C. P. o^ 10 avril 1836. » Par G de F. Q. + 21 mai 1856. )) Par G de E. R. o^ 4 décembre 1836. » Par G de H. S. o^ 18 juillet 1857. i> Par A de E. T. 9 22 mai 1858. » Par A de G. U. 9 10 août 1858. 1) Par A de E. V. cT septembre 1856. Hawkstone. Par G de I. w. 9 juin 1857. » Par G de I. X. d" 27 mars 1858. u Par G de K. Y. o^ juin 1858. » Par G de I. Le premier propriétaire anglais qui entreprit de continuer cet essai d'acclimatation si heureusement commencé, fut le vicomte Hill, qui, au mois d'avril 1856, installa le mâle de trois ans G, la femelle de deux ans I et la femelle d'un an K, dans son beau parc de Hawkstone, près Shrewsbury. La femelle de deux ans I était pleine quand elle quitta l'éta- blissement de la Société, et elle donna un beau produit dans la même année. Elle reproduisit également en 1857 et 1858. La •«r>V- 20 S(k:iéte iMi'Li'.iALi:; zooLOuiQLi: d'acclimvtatk». i'emelle d'un an K ne fuL pas piéscnléo au mâle avant qu'elle eùlalleint le même âge (jue l'aulre, mais elle a depuis produil un mâle, et le Iroujteau de lord Hill est aclucllcinent de sept individus, dont quatre niàles et trois femelles seulement. Les femelles et tous les jeunes nés dans le parc sont aussi doux que les animaux domesti(jues avec lesquels ils vivent, se laissant conduire à la main dans leur cabane ; mais ils nont lien perdu de leur activité et de leur allure que l'on excite (piel- quefois au plus haut degré en leur faisant parcourir les pentes rapides qui donnent tant de caractère aux beautés du domaine de llawkstone. Le mâle G est maintenant un magnifique animal (1); et tous les produits obtenus par la Société ont toujours invariable- ment surpassé leurs parents en taille et en vigueur, parce (juils n'ont jamais éprouvé le moindre accident dans le premier âge et qu'ils n'ont jamais donné la plus petite marque de maladie, à Texception unicpie delà femelle J , née en juillet 1 85/i . Ces animaux ont une habitation conmiode dans un lieu élevé, sans aucune chaleur artificielle, ovi ils se retirent pen- dant la nuit en hiver. Les femelles et les jeunes ont le libre parcours du parc dans le jour, pendant toute l'année, et le mâle adulte, dont le caractère est incertain, a une égale liberté dans un grand enclos (pii a son compartiment dans l'habita- tion. En été, ils n'ont pas d'autre nourriture (jue le pâturage du parc qu'ils partagent avec un magnifique troupeau de Vaches à courtes cornes, avec les Daims et un petit troupeau de Cerfs de Barbarie qui proviennent d'animaux élevés à Knowsley et achetés à la vente de la collection de lord Derby en 1851. En hiver, on donne aux Cannas une nourriture arti- ficielle, des racines et du foin. A Tautomne de 1857, le marquis de Breadalbane installa le (1) Depuis que cette note a été rédigée, cet animal a été abattu pour la table. Quoique imparfaitenieut engraissé, il a prouvé incontestablement que le Canna, né et élevé en Europe, donne une viande exiraordinairement succulente, d'un tissu très lin et d'une saveur 1res délicate. Il justilic donc les espérances que l'on avait conçues de sa qualité supérieure. Son poids brut était de 1176 livres anglaises. ACCLIMATATION DU CAN.XA FN ANGLETIÎRIIE, 21 mâle d'un an Q et les femelles d'un an 0 et R dans son grand domaine à Taymouth-Castle, en Ecosse, où ils ont heureuse- ment passé l'hiver dans un bâtiment qui avait été préparc pour les recevoir. L'été dernier, ces animaux n'ont eu d'autre nourriture que le pâturage du parc où ils avaient été mis en liberté, et on ne les a reconduits dans leurs quartiers d'hiver qu'à la lin d'octobre. Les deux femelles ont été cou- vertes par le mâle et sont pleines; en sorte que ce troupeau commencera à s'accroître dans les circonstances les plus favo- rables, au printemps de 1859. M. Tatton-Egerton, membre du parlement, a plus récem- ment placé dans son beau parc de Tatton, dans le comté de Chester, une autre paire de jeunes Cannas, le mâle S, né en juillet 1857, et la belle femelle T, née en avril J85S. Nous avons donc dès à présent, dans la Grande-Bietagne, quatre troupeaux différents ou la souci le de quatre troupeaux qui donnent toute espérance d'être définitivement établis dans le pays. Et depuis que le succès de lord Hill a été connu, plu- sieurs autres grands propriétaires ont retenu les produits futurs de la Société. Si les six animaux qui furent exportés sur le continent en 1855 et 1856 avaient été conservés par la Société, comme je le désirais, il est évident qu'avec les soins donnés à ceux que nous possédons, on aurait obtenu un bien plus grand résultai. Mais comme le troupeau envoyé à Hawkstone en 1850 était né à la Société, comme ses produits sont maintenant près de se reproduire dans des conditions qui nediiïèrent pas essen- tiellement de celles dans lesquelles sont ordinairement placées les premières espèces de Bœufs domestiques, je pense qu'on peut admettre avec certitude que le succès de l'acclima- tation de la plus grande Antilope de l'Afrique méridionale, produisant la meilleure viande de toutes les espèces connues de celte famille, capable du plus rapide accroissement et ayant nno aptitude particulière pour la domestication, est ini fait réellement et com[)létemenl accompli. J'ai riioiiiK iir d'elle, elr. D. W. 31i!Cin';i.L. Comme il ptnit (Mi';» iulercssaiil \nn\v la Si)ciélé deconnMîlrc •22 SOCILTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE 1)' ACCLIMATATION. les espèces de mammifères qui ont paru jusqu'à présent capables cVètre élevées ici, j'ajoute la liste des espèces qui ont repro- duit et qui continuent à se reproduire de temps en temps dans rétablissement, sous ma direction. Nous ajouterons même, pour être complets, les espèces qui n ofiVent aucun intérêt au point de vue de Faccliinalation. Marsupiaux. IJalmaturus Bennettii. — Theliilis. — ruticollis. llypsiprymnus nuirinus. Phalangista vulpinus. Didclpliis vir5,'iniamis. Pliascolomys woiiibatus. Rongeurs. Dasyprocta agouti. — aurea. Chinchilla lanigera. Pteroinys volucella. Ruminants. Camehis dromedarius. Auclienia paco. — lama. — giianaco. Gazclla dorcas. Ccphalophus mergens. Oryx leucoryx. Portax picta. Oreas canna. Bison americanus. Ovis musimon. — tragelaphus. — Vignei. Capra hircus (corsica). — — (cashniir). — — (angora). — nubiana. Camelopardalis girafa. Cervus canadensis. — Duvaucellii. — barbariis. — hippclapluis. — Aristotelis. — rusa. — axis. — porcinus. — virginianus. Rangifer tarandus. Omnivores. Potamochœrus penicillalus. Carnivores. Canis mesomelas. — lupus. — pallipes. Luira vulgaris. Genetta pallida. Mêles taxus. Ursus arclos. Fehs leo. — pardus. — concolor. — pai'dalis. Quadrumanes. Lemur rufifrons. — caUa. Macacus Rhésus. Cercopilhecus pygerylhrus. Ccbus capucinus. l'ÉCHERIES EN NORVÈGE. 23 NOTICE SUR LES PÊCHERIES DES HARENGS, DE LA MORUE ET DU SAUMON EN NORVÈGE, Par 91. A. DE 91AUDE. Première partie. — Harengs et Morue. (Séance du 10 décembre 1858.) Pendant mes dernières explorations sur les cotes de Nor- vège, j'ai pu recueillir d'utiles renseignements sur les pêcheries de ce pays que j'ai étudiées avec un soin minutieux, au double point de vue de ce qui se pratique déjà et des améliorations (|ui peuvent y èlre introduites par les nouvelles méthodes de pisciculture. LMnqiortance des résultats obtenus dans ces pêcheries peut faire pressentir ceux qui attendent l'application de la pisciculture en France sur une grande échelle, et j'ai cru l'aire une chose utile et agréable à la Société d'acclimatation en lui communiquant une partie intéressante de mon travail. Avant de quitter Paris, je m'étais entendu avec notre savant confrère M. Millet, qui avait bien voulu me préparer à ces explorations et me donner des instructions très précises. 31. Millet appelait surtout mon attention sur le Hareng, la Morue et le Saunion, espèces très abondantes en Norvège^ sur leurs habitudes, les modes de pèche les plus usités, et sur rimportai|ce des pêcheries. C'est aussi seulement de ces trois espèces de poissons que je veux m'occuper aujourd'hui. En ne considérant les côtes de Norvège que comme lieux de pêcheries , on peut les diviser en deux zones bien dis- 2h SOCIÉTÉ 1MI>ÉU1ALK ZOOLOCIQL'R d'aCCI.IM vT\T10N. tincles. La première s'étend de Stavanger à Bergen, et n)ènie jusqu'au promontoire de Slat; la deuxième commenee à Cliristiansund, s'arrête à Trondjem pour la pèche du Hareng, et se prolonge, pour celle de la Morue, jusque dans les îles de Lofoten, au 70' de latitude. La première zone, celle du midi, ne fournit que l'espèce de Hareng dit hareng de printemps {vaarsild); le Hareng dit d'été [sommer si kl) hahite exclusive- ment la zone supérieure. Stavanger n'existait guère que de nom, il y a douze ou quinze ans^ mais depuis cette époque, l'abondance des Harengs a été telle dans les fyords (baies ou golles) qui l'environnent, qu'elle y a attiré une population considérable de pécheurs et de marchands, et qu'aujourd'bui cette ville compte 10000 ha- bitants, tous exclusivement occupés de la piklie et de ses produits. Tout le monde y vit dans l'aisance, et l'on cite même quelques fortunes considérables ; cependant les envi- rons de la ville ne présentent aucunes ressources, puisqu'elle est entourée de rochers couverts de neige pendant neuf mois de l'année. Harengs de priiUcinps. — La pêche du vaarsild commence du 5 au 10 janvier et iinit au 1'^'' avril. Cette espèce est plus grosse (jue le sommersild et lui est très inférieure connue qua- lité; elle est expédiée à destination exclusive de la Baltique, et consommée par les peuples de Russie et de Pologne. Ce poisson pond vers la lin de mars, et disparaît aussitôt après ; la femelle choisit pour accomplir cette (ruvre un fond de sable. En arrivant dans le port de Bergen, on me fit remarquer un fyord dont l'ouverture est fort étroite. L'an dernier lui pêcheur y ayant vu entrer un banc de Harengs, le ferma aussilùt avec un lilet de quebpies centaines de brasses, et il put prendre par ce moyen dans une seule nuit pour 25 000 specics (150 000 fr.) de ces poissons. De pareils exemples ne sont pas très rares : aussi rien n'égale la vigilance des pêcheurs norwégiens, cha- cun d'eux pouvant espérer une semblable chance une fois dans sa vie. Nous faisions escale à Bergen [lendaiit vingl-qualre heures; PÊCHERIES EN NO:iVÉGE. 25 j'en profilai pour aller voir, au musée iclithyologiiiue do la ville, Tun des plus intéressants qu'il y ait en Europe, le sildehonge ou roi des harengs. Le directeur du musée avait bien voulu être lui-même mon cicérone. Ce sildehonge a été pris en 1855 dans les eaux de Bergen ; il a 3"\20 de long et 28 centimètres de larae. Il a la tête et le cou mobiles, à la diiïérence du Fhiren"- ordinaire; il est solitaire. Le sildehonge pourrait bien être le fameux ver maritime dont tous les marins parlent en Norvège et qu'aucun d'eux n'a vu. Une fois peut-être il sera arrivé que plusieurs de ces poissons auront paru à la suite l'un de l'autre dans une baie, et semblé aux yeux de quelque pêcheur cré- dule ou mal éveillé un seul et môme poisson, un long ver barrant à lui seuU'entrée étroite d'un fyord, comme l'assuro la légende. IN'est-ce pas souvent à des faits aussi fortuits et moins vraisemblables que sont dues bien des croyances popu- laires ! Harengs d'été. — Les Harengs d'été [sommersild), habitent la deuxième zone, celle située au nord de Christiansund. On les pêche du 1"'' juin à la fin de novembre. La meilleure espèce est celle prise en septembre; elle vaut le Hareng hollandais. On emploie pour cette pêche deux espèces de filets. L'un a six brasses de long sur quatre de large, c'est le filet ordinaire; l'autre a cent, deux cents et quelquefois trois cents brasses, c'est celui dont on se sert pour fermer les fyords dans lesquels on a vu entrer un banc. Ces précieux poissons n'ont pas toujours été pour la Norvège une source aussi abondante de richesse qu'aujourd'hui. Il y a quatre-vingts ans environ qu'ils ont habité les côtes de ce pays pendant vingt- cinq années consécutives; ils s'étaient ensuite absentés pendant trente ans, et ils n'y sont revenus que depuis à peu près vingt-cinq ans. On espère maintenant les y conserver au moyen de la pisciculture. L'étude que j'ai faite d'une grande quantité des fyords (|ui forment les côtes de la Norvège m'a fait reconnaître en ell'et la possibilité d'établir, dans beaucoup d'entre eux, des fravères artificielles pour favoriser la propagation de cette intéressante espèce. J'ai en outre indiqué à quelques pêcheurs les modes de 26 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMAT AlION. fécondation arlificielle recommandés par notre savant con- frère M, Millet, afin d'attirer de nouveaux bancs de Ilarenos dans les endroits d'oi^i ils ont disparu. Dans aucun pays du monde la pisciculture ne saurait trouver une application plus facile et plus immédiate qu'en Norwége, à cause de Tinnom- Lrable multitude et de la disposition essentiellement favorable et variée des fyords qui forment son littoral, depuis Cbristiania jusqu'à Nord-Cap. De plus, comme les pècberies sont la seule, l'unique ressource de ce pays, je n'ai trouvé dans le comptoir du négociant et dans la cabane du pécheur, qu'une pensée, qu'un vœu, celui de retenir sur leurs côtes, par tous les moyens, ces riches bancs de Harengs qui font la fortune des habi- tants. Mes conseils et mes études ont pu contribuer dans une certaine mesure à appeler l'attention sur la pisciculture en Norvège, car le Storthing, dans sa dernière session, a pris en considération la demande d'une somme de 3000 francs faite par un député dans le but d'encourager la culture du Hareng. Pour résumer l'importance du commerce des Harengs en Norvège, disons (jue le résultat moyen des pèches d'été et d'hiver est de 600 000 barri([ues, valant 5 species l'une (31 fr.), et contenant ZiOO gros harengs [vaarsild) ou 600 petits {sormnersild), ce qui représente un total de 2/i0 000 000 de Harengs, soit en argent 18 000000 de francs. Six à sept mille bateaux et environ 33000 honmies sont occupés aux pêcheries. Inutile d'ajouter qu aucun étranger n'est admis dans les équi- pages. Morue. — La pèche de la Morue a lieu au delà de ïrondjem, principalement dans les fyords situés entre Namsen et Sand- torv, et dans toutes les îles de Lofoteii. Elle se l'ait en février, mars et avril. Ce sont principalement les habitants de Tromsoë et de Lol'oten qui s'en occupent. Les pécheurs de Morue forment des associations de huit personnes. Deux pécheurs montent un bateau, ([uatre bateaux se réunissent ensemble, et les huit pécheurs partagent leur pèche. Dans la mer du Nord on se seit, pour prendre la Morue, d'une ligne de cinq à six cents brasses, garnie d'hameçons à PÊCHERIES EN NOUVÉGE. 27 cluiqiie brasse. Quand on relire la ligne elle est quelquefois garnie à tous les hameçons. Ce poisson ])ond vers la lin de janvier ; la femelle dépose ses œufs sur le sable, à une profondeur de vingt à soixante brasses, sur un terrain incliné. Nous vîmes en passant quantité de sécheries sur des rochers presque à fleur d'eau. Le moyen employé pour sécher la Morue est simple et peu coûteux. On l'étend sur le roc dénudé ; puis après Tavoir désossée, on la saupoudre légèrement de sel et on la place ensuite dans des caisses sur lesquelles on pose de grosses pierres pour Faplatir. Si la saison a été pluvieuse, comme l'an dernier, par exemple, la qualité de la Morue est mauvaise. Ces sécheries sont en plein air. On estime à 20 mil- lions de francs le résultat de cette pèche dans les seules provinces de Nordland et de Finmark. Les habitants de cette dernière province échangent presque exclusivement avec les Russes les produits de leurs pêches contre des denrées, parce que ceux-ci sont les seuls qui ne leur demandent pas d'argent dans leurs échanges; ce qui ne les empêche pas de réaliser de gros bénéfices. Donc, quand la pèche a été bonne, l'aisance règne en Finmarck; quand elle a été mauvaise, la gène se fait sentir dans toutes les familles. Les pêcheurs de Morue des provinces du Nord fréquentent surtout les eaux qui avoisinent Sandtorv et Bodô, et nous passâmes en vue de deux endroits qui leur servent de centres principaux. L'un d'eux, situé au milieu d'innombrables fyords, littéralement semés d'écueils, est un aride rocher sur lequel s'élève une pauvre église de bois ; une seule maison, aussi de bois, est assise à côté. La maison est déserte, l'église est fermée pendant neuf mois de l'année. Mais, à l'époque des pêcheries, lepasteurvient habiter la maison, un camp s'établit autour du clocher, des milliers d'hommes grouillent sur un espace de quelques ares ; des marchands venus de Troncljem et jusque de Bergen, sur des chasse-marées, leur achètent chaque jour le produit de leur pêche et leur vendent des provisions en échange. Pendant trois mois, ce morne ro- cher est une vraie ville regorgeant de species et de richesses. 28 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUK d'aCGLIMATATIO.N. Puis un jour la bannière tle Norwége est hissée au clocher. A ce signal les tentes sont levées, la maison du pasteur se ferme de nouveau, la dernière voile de celte innombrable flotte de pêcheurs disparaît à l'extrémité des derniers fyords, et sur ce rocher si animé, si populeux la veille, il ne reste plus que l'église, éternel souvenir de Dieu, et la maison de son pieux serviteur. La pèche est terminée. En parcourant cette prodigieuse suite de montagnes ro- cheuses dont je n\ii pu apercevoir la fin et qui forment les deux provinces du Nord, et en les voyant encore couvertes de neige au plus fort de Télé, je me suis souvent demandé quel homme pourrait souhaiter la dure existence du pécheur nor- wégien ! Vivre unitiuement de poissons séchés ou fumés; cou- cher sous la tente ou dans une banpie par 20 ou 30 degrés de froid: avoir pour lit le roc ou la planche, pour couverture une peau de renne, pour espérance un gaard de bois de pin et de bouleau tjuil bâtira avec le bénéfice de sa pêche, dans une vallée sauvage où il ne pourra pas môme recueillir tous les ans quelques pommes de terre, à cause delà rigueur du climat, ni le peu de seigle nécessaire aux flat broed (galettes minces et cassantes), joies de sa pauvre famille ! Mais que lui importe î Sa réserve sera pleine de poissons secs, et l'étranger qui viendra s'asseoir à son foyer pourra s'en rassasier, pendant tout un jour, moyennant 10 sk. (11 centimes). Peut-être ce pêcheur a-t-il raison, et le bonheur est-il dans l'ignorance du luxe et de ses exigences.^ Du reste, tous ces peuples ont un air de santé et de prospérité dont s'élonne le voyageur, quand il les compare avec tios paysans de France, dont l'aspect inspire plutôt la pitié. Cette brillante santé, du(^ sans doute, en partie, au climat lui-même, trouve aussi son explication dans la nourriture si saine, si substantielle du poisson, dont le Nordiandais et le Finn se nourrissent exclusi- vement. Je veux consigner ici une observation climaléri(|ii<>, de laquelle je ne déduis encore aucune conséquence, mais (pii peut avoir son importance dans les essnis d'acclimatation (|ni pourraient être tentés au delà de Ti-ondjem. l'ECU KHI lis LN NO IVKGE. 29 Depuis llamcrfest, mais plus particulièrement depuis ïromsoë, la plupart des rochers qui forment les côtes des provinces du Nord sont, justiu'à une certaine hauteur, recou- vj^rts d'un humus d'un décimètre d'épaisseur sur lequel vé- gètent, pendant des siècles, des Epicéas (1), des Bouleaux et des Pins (2), tandis qu'au-dessous de Trondjem, et en descen- dant vers le sud de la Norvège, on ne rencontre [)lus guère que des rochers complètement arides. On attribue la végétation que Ton remarque sur les rochers du nord à la température plus élevée sous cette latitude que dans le sud, et l'on suppose que le motif de cette élévation de température est dû aux cou- rants de chaleur (|ui du golfe du Me\i({ue viennent mourir sur les rochers de la mer de Scandinavie. Or, j'ai remarqué (|ue la Morue se trouve exclusivement dans la zone tempérée par les courants de chaleur dont je viens de vous parler. Cette observation n'avait pas encore, je crois, été faite. (1) Pinus abies, Lin., Abies excelsa, ])C., Abies picea. Sapin picéa. (2) Pinus silvestris, Lin., Pin sauvage, Pin du Nord. 30 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d' ACCLIMATATION. DESCRIPTION, CULTURE ET USAGE DE LA BARDANE COMESTIBDE {Lappa edulis, Sieb.), Par M. le docteur SACC, Délégué de la Société à Wesserling (Haut-Rhin), (Séance du 10 décembre 1858.) La Dardane comestible est l'une des nombreuses plantes que notre illustre confrère M. de Siebold a empruntées au Japon pour en doter nos cultures; elle est l'une des plus belles et des plus robustes. Ce végétal, de la famille des Composées, dilTère des autres lîardanes par sa taille beaucoup plus grande, ses feuilles lisses, tendres, d'un beau vert vif, et ses capitules floraux du double plus grands et colorés en pourpre vif. Il est bisannuel, fleurit en juillet, et donne en août, quelques milliers de graines grises presque aussi grosses que celles du tournesol. Il faut les re- cueillir au furet à mesure qu'elles mûrissent et les semer aus- sitôt, afin d'empècber qu'elles ne soient dévorées par les larves d'un gros coléoptère qui dépose ses œufs à la base des fleurons. La germination est si rapide, qu'au mois d'octobre les jeunes plantes ont déjà des feuilles larges comme la main, et une belle racine pivotante aussi forte qu'un tuyau de plume. On doit ne pas semer dru , ou bien sarcler au printemps, de manière à espacer les pieds de 10 centimètres en tous sens. On arracbe soi- gneusement les individus qui fleurissent dès la première année, et l'on fait la récolte des racines après les premières gelées de novembre, ou bien à mesure des besoins, et pendant tout riiiver. L'arrachage est assez diflicile, parce (|ue les racines, longues déplus d'un mètre, s'enfoncent verticalement en terre, d'où il est difficile de les retirer entières, tant elles sont fragiles ; elles ont deux doigts d'épaisseur, et pèsent généralement BARDANE COMESTIBLE. 31 250 grammes chacune : nous en avons retiré 30 kilogrammes d'une planche de jardin ordinaire (1). Comme la Bardane comestible supporte les froids les plus vifs, la sécheresse la plus ardente, et prospère dans les sols les plus arides, il serait bon qu'elle fût essayée dans toutes les espèces de terres, et à toutes les expositions, afin de savoir oii elle réussira le mieux. Cette plante n'ayant qu'une seule et très longue racine, comme celle du Trèfle et de la Luzerne, on devait s'attendre à ce qu'elle n'absorberait pas d'engrais; c'est aussi ce qui est arrivé dans notre jardin, et c'est ce qui motive la présente communication, qui a pour but essentiel de proposer aux agri- culteurs la Bardane comestible comme fourrage fertilisant^ destiné à utiliser les terres sèches et profondes, de la même manière que le Trèfle fertilise et enrichit les terres fraîches et profondes. Les essais que nous avons faits en petit nous font croire que la nouvelle plante peut fournir au moins trois pleines coupes par an, et une ample provision d'excellentes racines au mo- ment de Farrachage, depuis la fin de la seconde année jusqu'au printemps de la troisième. (1) Ces racines constituent le légume favori des Japonais. Cuites comme les scorsonères, elles sont plus fermes qu'eux sans être dures, très saines. et douées d'un goût extrêmement fort d'artichaut. 32 sot'.iiirL; imtéuiale /.oolugiuul; d'acclimatation. II. EXTRAIT DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES GÉNÉRALES DE LA SOCIÉTÉ. SÉANCE DU 7 JANVIEn 1859. Présidence de M. Is. Geoffroy Saint-Hilaire. M. le Président proclame les noms des membres nouvelle- ment admis : MM. Bainès, administrateur du Crédit foncier de France, à Paris. Chauvin, propriétaire, à Lannion ^Cùtes-du-INord). CoTTENKT (Pierre-Eugène) , notaire honoraire , ancien maire du l" arrondissement, à Paris. Feuraki (le comte Jules de), à Paris. Gallifet (le marquis de), lieutenant aux guides, à Melun (Seine-et-Marne). GiRAUD (Maurice), agrégé des sciences physiques et natu- relles, professeur au collège Rollin, à Paris. HiTiER, consul général, à Saint-Nom-la-Hretèche (Seine- et-Oise). Laval (Adolphe), propriétaire, à Fontenay-le-Comte (Vendée). Lebailly, notaire, à Alger. MuRGA (José-Maria de), propriétaire, à Marquina près Bilhao (Espagne). OuDiN, libraire, éditeur du Courrier de la Vienne, à Poitiers (Vienne). — M. le Président fait connaître : 1° le résultat des élec- tions faites le h janvier par les Sections qui ont désigné les membres de leurs bureaux spéciaux pour Tannée 1859, ainsi nue leurs délégués dans la Commission des récompenses; 2» le résultat des élections qui ont eu lieu le 7 janvier dans le sein du Conseil, pour compléter cette Commission. pk0cès-veu15alx. 33 !'■'= Section. — Mammifères. MM. Richard (du Cantal), président. Frédéric Davin, vice-président. MM. C. Dareste, secrétaire. A. Geoffroy S'-Hilaire, vice-secrél. M. C. Dareste, délégué dans la Commissitm des récompenses. 2'' Section. — Oiseaux. MM. MM. Davelouis, secrétaire. Hubert-Brierre, vice-secrétaire. Berrier-Fontaine, président. Chouippe, vice-président. M. Davelouis, délégué dans la Commission des récompenses. 3' Section. — Poissons, Annélides, Mollusques, Zoophytes MM. .\. Passy, président. Millet, vice-président. M. Millet, délégué dans la Commission des récompenses U^ Section. — Insectes. MM. Cil. Lobligeois, secrétaire. Ch. Wallut, vice-secrétaire. MM. GuÉRi.N-MÉNEViLLE, président. Bigot, vice-président. MM. L. SouBEiRAN, secrétaire. .\. Perrot, vice-secrétaire. M. Ferdinand Moreau, délégué dans la Commission des récompenses. 5*^^ Section. — Végétaux. MM, Moquin-Tandox, président. Chatin, vice-président. MM. Joseph .MiCHON, secrétaire. Prillieu.x, vice-secrétaire. M. Joseph MiCHON, délégué dans la Commission des récompenses. ' Conseil. Délégués dans la Commission des récompenses : MM. Davin, A. Duméril, Fréd. Jacquemart, Moquin-T.\ndon. La Commission des récompenses pour l'année 1859 se compose donc de MM. Is. Geoffroy Saint-Hilaire, président, le comte d'Eprémesnil, secrétaire général; de M.M. Davin, Duméril, Fr. Jacquemart et Moquin- ïandon, délégués du Conseil, et de M.M. Dareste, Davelouis, Millet, Moreau et J. Michon, délégués des cinq Sections. — Il est donné communication d'une lettre datée de Madrid, émanant du lieutenant général, premier aide de camp du Roi. Cette lettre renferme le témoignage de la bienveillance avec laquelle Sa Majesté a reçu l'adresse qui exprimait la respec- tueuse gratitude du Conseil à l'occasion de l'inscriplion du nom T. VI. — Janvier et Février IS.'iO. 3 fia SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d' ACCLIMATATION. du Roi parmi ceux des souverains qui font partie de la Société. — M. le vicomte de Valmer, président de la Société protec- trice des animaux, à Paris, annonce qu'il compte faire, dans la prochaine séance générale de cette Société, un appel à des souscriptions pour la fondation du Jardin d'acclimatation au bois de Boulogne. Des remercîments seront adressés à notre confrère, que nous comptons déjà parmi les souscripteurs à à cette œuvre. — M. N. Annenkow, président du Comité botanique d'accli- matation à Moscou et directeur de l'École d'agriculture de cette ville, annonce un envoi de semences provenant de la Sibérie orientale, du Caucase et delà Chine. — M. Drouyn de Lhuys transmet un Rapport de M. Petit Huguenin sur ses cultures de plantes exotiques à Nemours (Seine-et-Marne). Renvoi à la 5' Section. — M. Aguillon fait parvenir un nouveau présent de fruits exotiques récoltés dans sa propriété à Toulon. Ces fruits sont des Oranges triuitaires. des Oranges mandarines et des Coings du Japon. Des remercîments seront adressés à notre confrère pour ces beaux produits de ses cultures. — M. Bourgeois, qui, dans le but de vulgariser la méthode de l'incision annulaire de la Vigne, emploie tous les moyens de publicité dont il peut disposer, place sous les yeux de l'assemblée des tiges supportant des grappes, et sur lesquelles cette opération a été pratitjuée. Notre confrère en résume ainsi les résultats : 1° précocité de quinze à vingt jours; 2° accroissement d'un tiers pour le volume des grains ; 3» moyen de prévenir, en grande partie, la coulure quand Topération a été faite au moment de la floraison ; h° par con- séquent, une certaine augmentation des produits, et surtout une grande amélioration de la qualité du raisin ; 5" une plus grande facilité de conservation par suite d'une maturité plus complète. — M. Marc de Haut, président du Comice agricole de l'ar- rondissement de Provins, adresse un échantillon de tubercules d'Igname provenant du plant qui lui a été donné au printemps dernier. Des remercîments seront transmis à notre confrère, I'ROCÈS-VERB\UX. 35 qui informe qu'il a obtenu de sa cuUure des Pommes de terre (le Sainte-Marthe des résultats satisfaisants pour un premier essai. — Notre confrère M. le commandant Paulin Geoffroy fait hommage à la Société d'une certaine quantité de Haricots récoltés dans les environs d'une petite ville située à liS kilo- mètres deVera-Cruz (Mexique), dans l'intérieur des terres. Leur saveur est excellente, dit M. Geoffroy, et dans le pays ils sont estimés comme légume. On tentera des essais de culture, et des remercîments seront adressés au donateur. — M. le docteur Sicard (de Marseille) l'ait parvetiir cinc^ cartes d'échantillons de soie, de coton et de laine, teints de nuances variées avec les substances colorantes provenant du Sorgho sucré, et qui, dit-il, ne se laissent altérer ni par l'air, ni par le soleil. A cette occasion, M. le professeur Hétet, en rendant toute justice aux travaux de M. Sicard sur ce sujet, fait observer que dans un mémoire daté de décembre 1855, et inséré dans la Bévue coloniale de 1856, dont il présente un exemplaire à la Société, il a fait connaître les propriétés tinctoriales de la graine de Sorgho avant que M. Sicard eût encore rien publié sur les résultats de ses recherches. — 31. le baron de Piothschild transmet une Note lithographiée relative à un Chêne d'un volume colossal, qui se voyait à Atrage-Eschène en Alsace, près Belfort, et dont l'abatage a eu lieu récemment. A la description de cet arbre énorme est jointe une lettre de M. George Augustin, propriétaire d'une scierie mécanique. S'étant rendu acquéreur de l'arbre, cet in- dustriel propose à M. de Rotbschild de vendre comme objet de curiosité pour le Jardin du bois de Boulogne l'énorme bille que forme le tronc. Ces pièces sont renvoyées à l'examen du Conseil. — ftl. Becquerel présente des Citrons et des Cédrats récol- tés à la lin de 1858 dans ses serres de Chàtillon-sur-Loing (Loiret), où sont cultivés les Orangers et les Citronniers suivant les principes qu'il a fait connaître précédemment à la Société [Bulletin, t. V, p. 67). Ces principes consistent à faire fleurir les 36 SOCIKTK IMl'EItlALi; ZOOLOGigilK d'aCCLIiMATATION. arbres en mars, afin (juc les fruits, déjà gros en mai, quand on sort les arbres, aient le temps de se développer et de mûrir jusqu'en novembre et décembre. Les Citrons et les Cédrats possèdent toutes les qualités qui leur sont propres dans les pays méridionaux. — M. le comte de Galbert adresse à la Société un Mémoire manuscrit relatif au repeuplement du lac du Bourget en Savoie. Les eaux de ce lac. autrefois renommées par leurs Truites, leurs Ombres-Cbevaliersetleurs Corégonesou Lavarets, contiennent aujourdluii un bien moins grand nombre de ces Salmonoïdes, dont la diminution sendjle due à la multiplication considérable de la Percbe. Or, notre confrère insiste, dans ce travail, sur les ressources que pourraient fournir les féconda- lions artilicielles, et la création, au moyen des cours d'eau (|ui se jettent dans le lac, de réservoirs propres à retenir les pois- sons jus(|u"à une époipie assez avancée de leur développement; les moyens pratiipies à mettre en usage pour arriver à des résultats satisfaisants sont in(li(iués avec tous les détails né- cessaires. Le gouvernement sarde a étésaisi, [)arl>l.de Galbert lui-même, de cette (piestion, qui est importante au point de vue de la ricbesse du pays et de l'accroissement possible des revenus que le lac du Uourget peut fournir à l'Etat. En sou- mettant ce Mémoire à la Société, Pauteur a pour but de lui faire connaître une des applications (|ui peuvent (Hre tentées sur une grande ecbelle des procédés de la pisciculture. — (]e mi^nie membre informe que le sieur Pierre Tartas, pècbeur, à la Buisse, près Voiron (Isère), possède une assez grande (juantité d'œufs de Truite et (rOnd)re-Cbevalier (ju'il peut céder au prix de '20 francs le mille. — Enfin, la Société reçoit de ce confrère une Note détaillée sur un établissement dbirudiniculture fondé dans le départe- ment de lAin par mademoiselle de l\ullieux,et qui est en pleine voie de prospérité. Celte noie est renvoyée à l'examen de la troisième Section. — M. Descliamps, qui a apporté de Californie en France, au niois d'octobre 1852, le Colin, dont la reproduction a eu lieu, adresse une Noie relative à ce sujet, et qui est le complément PROCÈS-VERBAL'X. 37 (l'une communication précêdenle faite par ce voyageur, au mois de mai dernier {Bulletin^ t. V, p. 28/i), — On reçoit de Uayonne l'annonce de l'arrivée dans cette ville de caisses expédiées de Madrid par notre confrère et délé- gué, M. Graëlls, qui fait parvenir à la Société, par ordre du Roi, des toisons provenant des Lamas du troupeau royal. 11 y a joint des laines fournies par ses Chèvres d'Angora et par celles de M. le général Zarco del Valle. — M. 3Iauricede Wodianer, membre de la Société, sollicite son intervention pour le choix, de quarante Brebis et deux Béliers de la race de Rambouillet qu'il veut acquérir, afin de les transporter en Autriche. Cette demande est renvoyée à l'examen du Conseil. — Une lettre de l'administration du Muséum d'histoire natu- relle annonce que l'assemblée des professeurs-administrateurs de cet établissement a accueilli la proposition d'échange qui lui a été faite par le Conseil de la Société, l-ln conséquence, le Muséum cédera un Lama femelle né à la Ménagerie contre des animaux de curiosité représentant une valeur égale et que la Société possède. Cette femelle sera réunie à un des mâles donnés par 31. Barbey. — 31. le docteur Bouteille, secrétaire général de notre Société affiliée des Alpes, donne des détails satisfaisants sur les Yaks dont se compose le petit troupeau confié à ses soins. Le lait de cette espèce, sur lequel notre confrère fait, en ce moment, quelques expériences, est bien supérieur, dit-il, à celui des Vaches du pays. Il annonce l'intention d'opérer un croisement entre le Taureau et une Vache bretonne. — Notre confrère M. Rozan d'Orlhez, archiviste delà ville de Tonneins (Lot-et-Garonne), fait parvenir un travail ayant pour ùiYQ: Secours offerts contre leBothrops lancéolé. C'est une sorte de réponse à l'appel adressé à la Société par 31. le comte de Chas- taigner {Bulletin, t. IV, p. 296 et /i07, et t. V, p. 185), lequel a motivé un Rapport de 31. le docteur Rufz au nom d'une Com- mission spéciale (t. V, p, 1). Après avoir passé en revue quel- ques-unsdes nombreux médicaments préconisés contre les elfets de la pifjùii' du Serpent fer de-lance., el avoii' insisté sur les 38 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. avantages que semble devoir offrir racclimatation aux Antilles de l'oiseau destructeur des Ophidiens, à\\.Serpentarius reptili- vorus, M. Rozan émet l'opinion qu'il serait convenable, pour arriver à faire disparaître ce redoutable ennemi, qu'on organi- sât des battues générales. Il voudrait que de nombreuses bandes d'hommes recouverts de chaussures et de vêtements propres à les préserver, fussent armés de façon à pouvoir dé- truire tous les serpents qu'ils trouveraient. — M. Davelouis achève la lecture qu'il avait commencée dans la précédente séance, d'un Mémoire sur le Buflle. A la suite de cette lecture, M. Bourgeois rappelle la néces- sité 011 l'on s'est trouvé, à Rambouillet, de renoncer à l'emploi des animaux de cette espèce pour le labourage, à cause de leur peu de docilité. 11 fallait atteler au-devant des Bufiles un Cheval, et, (juand ils se couchaient, on était dans une impossi- bilité pres(|ue absolue de les faire lever. M. Jules Clo(iuet suppose ([ue les résultats fâcheux dont parle notre confrère étaient dus à la manière dont on dirigeait ces animaux. Comme exemple des bons services que les Buffles peuvent rendre, il cite ceux de la campagne de Bome, qu'on mène facilement à l'aide d'un anneau passé dans la cloison des fosses nasales. M. Davelouis fait observer que, outre l'emploi de l'anneau dont l'usage est très ancien, on possède dans la castration un moyen excellent de dompter ces Ruminants, qu'il est d'ailleurs nécessaire de couvrir d'une toile; car étant ainsi préservés de la piqûre des insectes, ils recherchent l'eau avec moins d'em- pressement. — Parmi les pièces imprimées, on remarque un ouvrage de notre confrère M. le baron Larrey sur le camp de Châlons. M. Jules ('loijuet, en en faisant hommage de la part de l'au- teur, appelle l'attention de l'assemblée sur l'importance de ce travail, <{u'il signale comme un modèle excellent et comme un guide parfaitement sûr pour tous ceux qui ont à s'occuper de questions d'hygiène. Il indique en môme temps quelques-unes des vues nouvelles que ce livre renferme. PROCÈS-VEP.BiVUX. 89 SÉANCE DU 21 JANVIER 1859. Présidence de M. Is. Geoffroy Saint-Hilaire. M. le Président proclame les noms des membres nouvelle- ment admis : MM. Archambault (le docteur), ancien médecin en chef de la maison impériale de Charenton, à Paris. AuTELLET, propriétaire, à Poitiers. Aymes, membre du Conseil général de la province d'Alger, à Serkadji, commune de l'Arba, près Alger. Baudirr, propriétaire, à Paris. Blsson-Dlviviers (J.-J. -Ernest), propriétaire, à laRiboul- lière, par Grand-Lucé (Sarthe), et à Paris. CouciSY (Emile de), propriétaire et maire, à Savigny près Lencloître (Vienne). ExiNGER aîné, fournisseur de vénerie de la Cour, à Vienne (Autriche). Glatigny (Edouard de), à Paris. Jourdain, négociant, «àLouviers (Eure), à Paris. Marchand, maître de poste, à Toury (Eure-et-Loir) MoRÈRE (le docteur), à Palaiseau (Seine-et-Oise). MoRET (Augustin-Jean), négociant, à Paris. Pigeon (Alexis), maire de Saclay (Seine-et-Oise). Privé, syndic des notaires, à Alger. RossiNi, associé étranger de l'Institut de France, à Paris. Toustain-Dumanoir, secrétaire général de la préfecture, à Alger. Trévise (le marquis Napoléon de), à Paris. Vaulx (de), premier président à la Cour impériale, à Alger. Il informe ensuite la Société de trois pertes très regret- tables qu'elle vient de faire en la personne de MM. le comte de Bryas, membre du corps législatif, A. de Coulon (de Neuf- châlel), et le comte de Hatzfeldt, ministre plénipotentiaire de Prusse en France. hO SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. — M. le Président donne une idée générale du plan suivant lequel sera disposé le Jardin d'acclimatation. — Des lettres de remercîment sont adressées par le révé- rend père Lemaitre, supérieur des missionnaires de la Com- pagnie de Jésus en Chine, à Chang-hai, pour sa nomination comme membre honoraire, et par MM. Cliauvin, J.-B. Poisson, le docteur Vérollot, médecin en chef de l'hôpital français à Constantinople, et de la Mare Koeler, pour leur admission dans la Société. — M. Radiguet fait parvenir des offres de service pour les traductions de l'espagnol en français et du français en espa- gnol (jue pourraient nécessiter nos relations avec nos corres- pondants de la Péninsule. Des remercîments seront transmis à notre confrère. — M. Drouyn de Lhuys informe M. le Président qu'il vient de recevoir de M. Baradère, consul général de France à Bar- celone, une lettre où se trouve le passage suivant : « J'ai la satisfaction de vous apprendre qu'à l'unanimité le Conseil de V Institut agricole catalan de San Isidro a décidé qu'il accep- terait avec empressement et reconnaissance le titre de membre de la Société impériale zoologique d' Acclimatation, et, par réciprocité, il offre à cette Société celui de sociétaire de l'In- stitut agricole. » Cette communication est renvoyée k l'examen du Conseil. — M. le Président y renvoie également une lettre de M. Mauduyt, secrétaire de notre nouveau Co?7îité d'acclimata- tion de Poitiers, et dans laquelle dilféreuts vœux sont formulés. — M. Anat. Bogdanow, en sacjualiléde délégué du Comité zoologifpie d'acclimatation de la Société impériale cV agricul- ture de Moscou, fait connaître les rapides développements de ce Comité, qui a organisé une magniiique exposition d'oiseaux de basse-cour, laquelle a fixé Pattenlion de S. M. l'Empereur, dont la haute approbation est accordée au Comité. Afin de hâter les progrès de ses travaux, il a été formé à Saint-Pétersbourg une Section spéciale du Conseil, sous la présidence du prince Dolgorouki, vice-président de la Société économique libre, et mend)r(' du ('oiiseil impérial. l'ROCÈS-YKRBALX. hi Enfin, une autre Section a été organisée à Orei, et il y en aura une plus tard dans chaque ville principale; mais dès à présent, il y a donc déjcà quatre Sociétés d'acclimatation en Russie, savoir : deux à Moscou, une à Saint-Pétersbourg, et une à Orel. — M. Guérin-Méneville donne des nouvelles de la santé de Mgr. Pernv, qui vient d'être atteint par la maladie; mais il est maintenant rétabli, et il commence ses préparatifs de départ pour la Chine, d'oii il compte nous faire de nombreux envois. — Des accusés de réception de plantes de Chine provenant de M. de Montigny sont adressés par MM. Bourguin, Meurand et Paillet. — S. Exe. le Ministre de Tagriculture, du commerce et des travaux publics transmet une lettre de M. Salles, capitaine au long cours, relative ta la culture du Tayo (espèce particulière d'i4rMm), originaire de Samana (Haïti), et dont les tubercules, très riches en matière féculente, constituent uti aliment excel- lent. La lettre de M. Salles fait connaître les heureux résultats obtenus en pleine terre avec ce végétal dans les environs de Marseille, et qui sontde nature, dit-il, à ne laisser aucun doute sur le succès de l'acclimatation en Provence. Ces documents sont renvoyés, avec les échantillons de tubercules et de fécule qui les accompagnent, à l'examen de la 5* Section. — M. le Président lui renvoie en même temps l'examen des rapports sur leurs cultures de plantes provenant de la Société, adressés par MM. Braguier (de Saint-Genest, Vienne), Brierre (de Pliez, Vendée), de Cheveigné (de sa terre de Cepoy en Gàtinais) et de M. Petit-Huguenin (de Nemours). Ces rapports ont pour objet les Pommes de terre d'Australie et de Sibérie, les diverses variétés de Mais, l'arbre à Suif et le Sorgho à pain {Sorgho cermms) . — M. le major Taunay fait de nouveau hommage à la Société de ce qui lui restait encore de pignons de l'arbre dit Araucaria brasiliensis. Les remercùiients de la Société seront transmis à notre confrère. — M. Drouyn de Lhuys remet au nom de notre confrère M. le marquis Napoléon de Trévise, attaché à la nn'ssion A2 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. extraordinaire de Chine, trois petits sachets de graines dési- gnés ainsi : 1" Houssen, légume dont hi lige et les feuilles supérieures ont une saveur très agréable et que les cuisiniers chinois apprêtent comme des asperges ; 'i» Ta-tsi, espèce de chou très hon à manger en salade; 3" Pou-ha-tsi^ salade. Ces graines seront remises à la Commission de distribution des végétaux. — M. Géhin, pharmacien à Metz, à l'occasion de la com- munication faite par M. le docteur Debeauvoys sur l'emploi alimentaire de la fécule fournie par les tubercules de nos Orchidées indigènes [Bulletin, t. V, p.(3H), informe (jue depuis cjuinze ans, grâce à l'usage de cette fécule, on a, dans plusieurs officines de Metz, substitué au Salep exotique un Salep indi- gène avec des avantages réels tant au point de vue de la (jualité du produit que sous celui du prix de revient. Les Orchidées dont on se sert sont celles dites O. maculata, bifolia, mascula, militaris ^i lalifolia, qui sont les espèces les plus communes. Ces documents et les échantillons qui les accompagnent sont renvoyés, ainsi (jue la note de M. le docteur Debeauvoys, à l'examen de la Commission médicale. — M. d'Ivernois (jui, le premier, a appelé l'attention de la Société sur la nécessité de faire venir des Pommes de terre de Sainte-Marthe (/??///<"//«, 1857, p. 150), afin de pouvoir renou- veler nos races dégénérées, adresse (juehjues observations sur les résultats de la culture de cette plante en France. Suivant notre confrère, on ne pourra porter un jugement motivé sur les ressources à attendre de celte espèce qu'à l'époque où, par suite de reproductions successives, bien soignées et faites dans les conditions les plus favorables au développement des tubercules, ceux-ci atteindront toute la perfection dont ils sont susceptibles. 11 rappelle qu'il en a été ainsi pour la Pomme de terre de Virginie, dont l'excellence et la valeur comme aliment ne purent pas être appréciées dès les premiers temps de son introduction en Europe. — M. le docteur Sicard (de Marseille) adresse un travail ayant pour titre : Ktitde sur les dégénérescences obsei^vées dmis la Canne à sucre de la Chine (Sorgho sucré). PROCÈS-VERBAUX. AS — M. Sacc fait parvenir un rapport sur la culture du Sorgho de Sibérie, dont il avait reçu deux variétés désignées par les dénominations de Gaulan rouge et blanc. La seconde de ces variétés a seule réussi ; mais encore, pour obtenir un succès réel, serait-il nécessaire, selon notre confrère, de cultiver cette plante dans une contrée de la France où les étés seraient plus chauds qu'ils ne le sont dans les montagnes des Vosges. 11 joint à sa lettre les graines qu'il a obtenues. — M. Ch. Martins, professeur de la Faculté de médecine de Montpellier et directeur du Jardin, envoie le catalogue imprimé des semences récueillies dans cet établissement en 1858, et qui peuvent être distribuées avant le 1" mars aux personnes qui désireraient en obtenir. — M. de Chavannesde laGiraudière transmet une lettre de M. de Lachadenède, président du Comice agricole Aq l'arron- dissement d'Alais (Gard), par laquelle est annoncé l'envoi de deux boîtes renfermant des œufs de Vers à soie rapportés en France par l'agent que ce Comice a envoyé en 1858, en Orient, dans le but d'y faire de la graine. L'une des boîtes contient 130 grammes de graine d'origine certaine, considérée comme bonne, et qui a été obtenue par les soins de l'agent dans les montagnes de la Roumélie, au nord d'Andrinople, localité épargnée jusqu'à ce jour par la maladie. Dans la seconde boîte, il y a delà graine suspecte recueillie dans la même contrée et destinée à servir à des expériences comparatives. Les remer- cîments de la Société seront transmis au Comice. — Une demande dœufs de Perdrix-Gambra et de Colin de Californie est adressée par notre confrère M. René Caillaud. — Notre confrère M. Baude, membre de l'Institut (Académie des sciences morales et politiques), présente des considérations sur les avantages que semblerait offrir l'instinct de sociabilité de la grande Outarde {Otis tarda), relativement à sa domes- tication, qui serait si désirable. 31. le Président, en coniirmant l'exactitude des observations de M. Baude, lui a rappelé que la Société a fondé un prix de 1000 francs pour la domestication de cette espèce ou de toute autre du même genre d'une taille supé- rieure à celle de la Canepetière. bh SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGlQUl;: d'aCCLIMATaTION. — M. le docteur Ch. Loffler fait hommage d'un exemplaire d'un ouvrage qu'il vient de publier sur la propagation des Poules étrangères en Allemagne. Il insiste sur les secours que lui ont fournis pour ses études les travaux de la Société, dont il témoigne le désir de devenir membre. — M. l'envoyé du Brésil, en réponse aux dernières commu- nications du Conseil, rinlorme que pour profiter du concours d'heureuses circonstances qui vont hâter Tintroduction des Dromadaires dans Tempire brésilien, un crédit de 15 000 fr. vient d'être ouvert par la Légation pour couvrir les premiers frais d'acquisition et d'entretien des quatorze animaux que le gouvernement de S. M. don Pedro II a demandés. — M. le sous-préfet de l'arrondissement de Barcelonnette écrit qu'il tient à la disposition de la Société la tonte des Yaks appartenant au Comice agricole de l'arrondissement oîi rinq)ortance de la propagation de ces animaux n'a pas été suflisamment appréciée. Aussi l'extension du petit troupeau a-t-elleété presque nulle, malgré les sacrifices pécuniaires faits par le Comice et personnellement par M. le sous-préfet, (|ui offre en don à la Société un métis femelle de Yak et de Vache, dont il s'est rendu acquéreur à notre intention. M. le Président annonce (pie des remercîments seront trans- mis pour ce don, et, en même temps, il informe que le Muséum a reçu dernièrement des Açores, parles soins de M. le baron de Las Rangeras, un animal sur le(|uel on ne pos- sède aucun renseignement. Or, l'examen attentif auquel l'a soumis M. Albert Geoflroy Sainl-Hilaire a conduit à penser que ce ruminant est un métis né du croisement de l'un des Yaks de M. de iMonligny avec une Vache du pays. On sait, en effet, que pendant la relâche forcée (pie notre confrère fit aux Açores, plusieurs vaches indigènes furent saillies par l'un des taureaux. En réponse à une question qui lui est adressée par un mendjre, M le Président répond qu'il y a tout lieu de penser (|ue le métis femelle donné par M. le sous-préfet de Barcelon- nette ne sera pas stérile, car parmi les douze animaux trans- portés en Kurope par M. de Monligny, il se trouve un métis de PROCÈS- VEIi «ALIX. Û5 même sexe, qui, chaque année, fournit un très beau produit. — S. Exe. M. le duc de Rianzarès offre à la Société deux Béliers d'un an à un an et demi, issus d'un Bélier mérinos amené d'Espagne à la Malmaison. Les remercîments de la Société seront offerts à M. le duc de Rianzarès. — Une lettre de M. le baron de Dumast, secrétaire générai de notre Société régionale d'acclimatation pour la zone du nord-est, est renvoyée à Texamen du Conseil. Elle est relative à rimportance qu'il y aurait, selon notre confrère, à rassembler dans les montagnes du Cantal toutes les Chèvres d'Angora qui se trouvent encore dans la Lorraine, dont le climat ne semble pas convenable pour cette espèce. — M. Sacc, prié, comme tous nos délégués , de faire con- naître le montant des dépenses occasionnées par la nature même de ses fonctions, annonce le désir que la somme qui lui est due soit convertie en une prime, dont il porte la valeur à 100 francs, par l'envoi d'un bon de poste. Cette prime, dé- cernée par les soins de la Société, serait destinée au détenteur de Chèvres d'Angora ayant produit la toison la plus lourde. Cette toison, devenue par cela même notre propriété, serait le point de départ d'une collection destinée à permettre déjuger des progrès que ces animaux auront faits depuis leur arrivée en France. M. Sacc fixe les conditions du concours, et expose les motifs qui le portent à considérer la toison la plus lourde comme étant celle qui réunit les meilleures conditions de quantité, mais aussi de qualité, l'expérience lui ayant appris que le poids spécifique des laines est en rapport direct avec la finesse. On aura d'ailleurs ainsi, ce qui est bien préférable, à primer particulièrement des toisons de mâles adultes. La proposition généreuse de M. Sacc est renvoyée à l'examen du Conseil. — Notre confrère, dans une autre lettre adressée à M. le Président, l'informe que Moil'at écrit iJourn. of the Royal Geogr. Society, t. XXVI, p. 9(5) qu'il a vu sur les collines de rAfri([ue, au nord-est du Zambèze, de nombreux troupeaux de Chèvres d'Angora généralement blanches, dont la laine A6 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d' ACCLIMATATION. descendait jusqu'à terre et cacliait totalement les jambes. « Livingsloiie, dans les voyages de qui j'ai trouvé cette inté- ressante citation, ajoute 31. Sacc, a vu chez ces mêmes sau- vages, à l'orient de l'Afrique, le millet, le maïs, la canne à sucre et le cotonnier, puis le cheval, le mouton et le hœul' commun sans bosse, c'est-à-dire toutes les plantes, tous les animaux utiles à l'homme dans les parties chaudes de l'Asie. Il devient donc dès lors évident que ces peuples ont, confor- mément aux traditions bibliques, émigré à l'occident. Il est aisé d'en conclure c|ue, dès les temps les plus reculés, la Chèvre d'Angora était si estimée pour sa belle toison, que les peuples d'Asie l'ont amenée avec eux dans leurs migrations primitives en Afrique. Cette espèce est donc non-seulement très répandue, mais aussi ancienne que toutes celles de nos autres animaux domestiques venus d'Orient. » — Il est donné lecture par M. Hébert, agent général de la Société , de la traduction qu'il a faite d'un Mémoire de M. Mitchell, secrétaire général de la Société zoologique de Londres, sur racclimatalion en Angleterre du Canna [Oreas canna), grande espèce d'Antilope de l'Afrique du Sud. Parmi les pièces imprimées olVertes à la Société, on re- mar(iuc : l» Un travail présenté à la Société imj)ériale et centrale d'agriculture par notre confrère M. Montagne, membre de l'Institut. C'est l'extrait d'une Lettre ({ue lui a adressée M. Cic- cone de (Turin), au sujet d'un prétendu champignon micros- copique auquel est attribuée la maladie actuelle des Vers à soie nommée la gattine. Dans cette note, on trouve énumérées toutes les hypothèses émises sur la nature de la maladie dont il s'agit. 2» Un cahier de la Revue britannique (n»ll, nov. 1858), dans lequel ftl. Pierre Pichot, iils du directeur de ce recueil, a inséré un article ayant pour titre : L'acclimatation en Aus- tralie. Il a eu pour but de faire connaître les heureux résultats obtenus dans ce pays par l'introduction de diverses espèces animales. Ainsi le Chien, le Chat, le Cochon, la Poule, le Canard, le Lapin, le Pigeon, y sont déjà introduits en très grand PROCÈS- VERBAUX. /|7 nombre. Depuis longtemps il y a des Cerfs en Tasmanie et dans la Nouvelle-Galles, ainsi qu'aux environs de Liverpool et dans l'île Phillip. Un petit troupeau d'Alpacas, arrivé depuis peu aux environs de Londres, doit partir très prochainement pour Melbourne. Les Faisans sont très communs aux environs de Mongarrin, dans le nord de la Nouvelle-Zélande. Vers 18Zi7, dit la lettre qui fournit à M. P. Pichot tous ces détails, un colon, regrettant sans doute les chants qui réjouissent dès Taurore le laboureur matinal de sa patrie, lâcha dans les monts Barabaal sept Alouettes, qui se sont reproduites. Le Rossignol d'Europe niche et chante aussi sous ce ciel étranger. Enfin, la pisciculture est venue peupler plusieurs cours d'eau et quelques lacs d'Australie. — U. le Président informe que notre confrère M. le doc- teur Auzoux ouvrira, le 5 février, une série de quelques con- férences où il fera connaître à ceux de MM. les membres qui désireraient y assister les faits les plus importants de l'ana- tomie et de la physiologie des animaux sur lesquels portent plus spécialement nos études. Les démonstrations se feront au moyen des pièces d'anatomie élastique, dont quelques-unes ont été placées sous les yeux de l'assemblée dans la dernière session. Le Secrétaire des séances. AUG. DUMÉRIL. Z|S SOCIÉTÉ IMl'ÉKIALE ZOOLOGIQUE u'aCCLIMATATION. OL¥RAGES OFFERTS IL L!k SOCIÉTÉ. SÉANCE DU 10 DÉCEMBRE 1858. De la muscardinc, et des moyens d'en prévenir le sravages dans les magnaneries, par M. CiccoNK, D. M., 1 vol. in-8, Paris. Gatline ou étisie du Ver à soie [Bombyx wori), cause de cette affection, moyens de rendre à cet insecte sa vigueur primitive, par Céleste Duval, inspecteur de colonisation en Algérie, etc. De la maladie des Vers à soie dans l'Ardèche, en 1858, extrait d'un rapport adressé à S. Exe. M. le Ministre de l'agriculture et du commerce, par le Préfet de lArdèche. Monographie de la Canne à sucre de la Chine, dite Sorgho à sucre, par le doc- teur Adrien Sicard, t. II, in-8. (Études sur les produits industriels et manu- facturiers. Marseille, 1858.) Études agricoles sur la Grande-Bretagne, par F. Malezielx. 1 vol. iu-8, Paris, 1858. La France dans les mers asiatiques, nouvelle édition. Notice minéralogique sur les provinces d'Oran et d'Alger, par M. Ville, ingé- nieur au corps impérial des mines. 1 vol. in-4, Paris 1858. Des espèces exotiques naturalisées spontanément dans le .Tardin des plantes de Montpellier, par M. Charles Martins, directeur du Jardin, 1858. Note sur la somme de chaleur efficace nécessaire à la floraison du Nelumbium speciosum, par le même, 1858. Promenade botanique le long des côtes de l'Asie Mineure, de la Syrie et de l'Egypte, par le même, 1858. Notice sur Joseph Donibey, naturaliste, par M. Cap, 1858. ERRATUM. Une erreur s'est glissée dans l'article de M. le docteur Saco, sur les Chèvres d'Anijora, page 579, numéro de décembre 1858. ^H lieu de : Produit. . . 2 kilogr. de laine à G fr. le kilogr 12 fr. 45 litres de lait à Ofr. 15 c. l'un 6 75 c. 1200 kilogr. de fumier à 5 fr. leslOOkil. 60 1 Chevreau , 5 Total de la recette 83fr.75c. D'où soustrayant la dépense 00 Il reste en bénéfice net 23 fr. 75c. Lise:: : Produit '2 kilogr. de laine à 6 fr. l'un 12 fr. 45 litres de lait à 0 fr. 15 c. l'un 6 75 1 200 kilogr. de fumier à 5 fr. les 1 000 kil.. 6 1 Chevreau 50 Total de la recelte 74 fr. 7 5 c. D'où soustrayant la dépense 60 Il reste en bénéfice net 14 fr. 75c. ANIMAUX DÉPOSÉS EN AUVERGNE. lld I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ. EXTRAIT D'U.N RAPPORT fait au conseil de la socitïé impérlvle zoologique d'acclimatation SUR LES AMMAUX DÉPOSÉS EN AUVERGNE. YAKS. — CHÈVRES D'ANGORA. Par 91. Albert GEOFFROY I^AIXT-HILAIRE. (Séance du 4 janvier 1859.) iMessieurs, Vous avez jugé utile de faire visiter pciiitlaiil l'Iiiver le dépôt des animaux que vous avez formé en Auvergne sur la proposi- tion et par les soins de M. Richard [du Cantal). En rabseiice de noire honorable vice-président, vous m'avez fait riionneur de me charger de cette mission; je viens vous en rendre compte aujourd'hui. C'est dans le Cantal, dans l'arrondissement de Saint-Flour que se trouvent vos animaux. Le pays est propre à l'élève des Chèvres d'Angora et des Yaks; aussi ces animaux sont-ils dans un état prospère. Les fourrages de boime qualité, une température assez rigoureuse convenant essentiellement à ces espèces. La ferme dans laquelle le dépôt a été constitué renferme Il Yaks : 1 mâle et 3 femelles; 51 bètes d'Angora: 20 Boucs et 31 Chèvres, et 8 Chèvres d'Auvergne à longs poils. Trois Yaks ont d'abord été conduits en Auvergne, deux Vaches et un Taureau sans cornes. Le Taureau est mort il y %j 1. VI. — Mars 1859. li 50 SCCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. a peu de mois, et les deux Vaches sont au contraire en bon état. Ces Yaks ne sont pas tout à fait aussi grands que ceux que possède le Muséum d'histoire naturelle dans sa Ménagerie, mais ils sont bien conformés. Depuis la mort du Taureau qui a succombé à une affection de la vessie, et dont la dépouille n'a pas été perdue pour l'histoire naturelle, vous avez fait conduire à votre dépôt d'Auvergne deux nouveaux Yaks : l'un, femelle, (pii restait seul chez M. Jobez; Fautre, mâle, qui était entre les mains de la Société d'acclimatation de Grenoble. La Vache est plus grande que celles dont je vous parlais plus haut^ son poil n'est pas blanc comme celui des deux autres, mais gris ; elle ne porte pas de cornes. Le Taureau est cornu, son pelage est complètement blanc ; sa taille, moindre que celle du Taureau de Paris, est cependant supérieure à celle des Vaches qui sont avec lui. La Société d'acclimatation de Grenoble vous a demandé de lui reprendre ce Taureau, à cause de son caractère difficile et des dangers (pj'il faisait courir à ceux (pii prenaient soin de lui. Cet animal est en effet assez méchant; il est loin cependant d'ôtre aussi redoutable ([u'on l'avait annoncé d'abord ; peut-être a-t-il été îualtraité à Grenoble, et tous ses mouvements, quand on l'approche, surtout avec une fourche à la main, sont de nature à confirmer ce que j'avance. Le transport de ce Taureau de Grenoble en Auvergne a été assez coûteux pour la Société, mais on a lieu de se féliciter tpi'il ait eu lieu; car cet animal s'est déjà beaucoup adouci, grâce aux soins dont il est l'objet, et sa santé ne peut que bien se trouver du régime qu'il suit maintenant. Le pays dans lequel se trouvent aujourd'hui placés nos Yaks est montagneux, et, par cette raison, convient bien à ces animaux. Si l'Yak a sur le Bœuf une supériorité, elle n'est réelle et appréciable que dans des conditions particulières. J'en- tends dire, messieurs, et vous avez certainement entendu répéter souvent, (pie s'il s'agit de remplacer nos races de Bœufs français et autres par des Yaks, la Société d'acclimata- tion fait faire un pas en arrière à l'agriculture, au lieu de lui AMMMK DÉI'USKS F:N AUVlillGNi:. 51 donner de nouveaux éléments utiles. I.a question ne peut pas se poser ainsi. Les Yaks sont essentiellement animaux de moiîtagiies et de hautes montagnes; leur conformation, leur pelage laineux, les appelle dans ces contrées; les qualités (pii les distinguent, la sûreté tjien connue de leur pied, les rendent essentiellement propres au travail dans les pentes et dans les chemins difficiles. Alors, dira-t-on sans doute, les circonstances dans lesquelles l'Yak peutnous être utile sont peu nondireuses, dans notre pays; sans doute, et c'<'st pour des localités qui sontdansdes conditions exceptionnelles (ju'il faut des animaux spéciaux, (^est à ce point de vue que l'Yak présente pour nous un intérêt véritable, en dehors de celui qu'il offre pour la zoo- logie proprement dite. Il nous seudjle que la question de l'Yak ^ jusqu'ici été négligée, et l'on a peut-être laissé un peu trop s'étendre Pengouement des uns et le découragement des autres touchant cet animal. D'après ce que je viens de vous dire, messieurs, de la nature des Yaks et" des conditions dans lesquelles ils peuvent être utiles, vous allez penser que le point où sont placés les animaux de la Société est une cime élevée, où tous les avantages de l'Yak peuvent ressortir; il n'en est rien cependant: les Yaks sont encore trop rares en France, pour que l'on puisse oser les placer dans les conditions propres à faire complètement apprécier leur valeur économi(|ue ; il faudrait pour cela les abandonner à des cultivateurs inconnus, qui n'en prendraient peut-être pas tous les soins convenables. Pour le moment, vos animaux sont dans une ferme voisine du mont Cantal, dans un pays couveil de neige pendant plusieurs mois de l'année, où le froid est vif, mais où les soins peuvent être donnés et sont donnés à vos animaux. Les agents que vous avez préposés à leur garde font de leur mieux pour mériter vos encouragements; l'état des animaux, leur propreté, due à un pansage (juotidien, méritent bien les éloges que j'ai dû donner, en attendant que vous les trans- mettiez vous-mêmes. Le troupeau de Chèvres, composé d'animaux venus de plu- sieurs points de la France, est en assez bon état, quoique 52 scciÉi:. iMrKiîiALK zoologiqui': dacci.i.mat.vtion. quelques bètes soient i)riscscle piélin (1). Les toisons sont Tob- jet de soins spéciaux qui [lortent heureusement leurs fruits; vous pourrez en juger en examinant le lainier que j'ai recueilli sur les animaux; vous y verrez encore quelques échantillons qui accusent des toisons feutrées, condition qui, vous le savez, déprécie considérablement ces produits. Mais il est peu d'animaux dans ces conditions, et ceux qui s'y trouvent encore placés sont arrivés à votre dépôt dans un état qui ne permettait déjà plus le peignage. Dans le nombre des échantillons, vous en verrez aussi quel- ques-uns qui présentent dans le poil des jarres, condition défavorable sans doute, mais qui s'explique par la nature du troupeau même qui renferme plusieurs Chèvres de demi et de trois ([uarts de sang d'Angora; ces jarres sont la trace di; croisement, il est même rare d'en rencontrer dans les hôtes de trois quarts de sang, ailleurs que sur Téchine. Les saillies ont été faites pour tout le troupeau par un seul et même Bouc, afin de rendre les produits plus homogènes. Ce Bouc porte dans le lainier le n" 1: sa conformation est satis- faisante, il a de bonnes qualités comme repi'oducteur. Le Conseil a décidé que plusieurs animaux du pays à longs [loils seraient achetés pour donner des deini-sang; cet achat a été fait par les oi'dres de M. Uichard. Ces Chèvres, couvertes par le môme Bouc ipie nos Chèvres de pur sang, sont pleines aujourd'hui. Les autres boucs, ou du moins les meilleurs d'entre eux, ont fait dans le |)ays un grand nombre de saillies : les cultiva- teurs des environs sont désireux de modifier le sang de leurs Chèvres et de posséder des animaux à poil fin. Cependant il faudra peut-être aller contre ces désirs, car en Auvergne comme dans tous les pays de montagnes, le principal [troduit de la Chèvre consiste dans le lait qu'elle produit ; le croisement que vont obtenir les cultivateurs du Cantal sera peut-être moins laitier que le pur sang auvergnat, puisque, vous le savez, (1) I)o))uis la lecture de ce Rapport, l'i'tat sanilaire de ce troupeau s'c s considéiablement amélioré. Le piélin a complètement disparu. ANIMAL s: DÉPOSÉS EN AUVERGNE. 53 messipiirs, la Chèvre d'Angora est peu laitière; la toison des demi-sang est sans beaucoup de valeur la plupart du temps, et vous pourrez en jugervous-mèmes, en considérant réchanlillon n" /i2 du lainier que je vous présente. Il est vrai de dire que cette toison est une des plus mauvaises de demi-sang que j'aie jamais vues. Le cullivakMir auvergnat perdrait donc plutôtqu'il ne o-aoiierait à faire des croisements, et nous devrons faire en sorte d'épargner à la Société les reproches qu'on lui ferait plus tard sans doute. En conséquence, je pense qu'il faudrait faire paver les saillies de nos Boucs à ceux qui les demande- raient; nous sommes certains de cette façon de voir considé- rablement diminuer le nombre des Chèvres que Ton nous amène. L'intérêt que présentent les animaux do demi-sang est grand sans doute; si l'on peut arriver à faire des Chèvres lai- tières à poil (in, on aura remédié à un des désavantages delà Chèvre d'Angora, et je ne doute pas que ce résultat ne puisse être atteint. Pour la Société, ces croisements sont intéressants à im autre point de vue encore; car ils multiplient le nombre des reproducteurs, et permettent par conséquent de répandre plus vite cette belle espèce à laine fine que la Société cherche à propager. I) ailleurs, les animaux obtenus de ces Chèvres de demi-sang donnent déjà des toisons précieuses, et qu'il est souvent difficile de distinguer des toisons des animaux de pur sang. On a dit souvent qu'il était fâcheux d'introduire dans nos campagnes des Chèvres, quand on cherchait cà les expulser à cause des dégâts qu'elles font partout où elles passent. C'est avec plaisir, messieurs, que je puis vous répéter ce (|ue d'autres vous ont déjà rapporté, ([ue les Chèvres d'Angora se comportent absolument comme des moutons, qu'elles se gardent parfaitement nu pâturage; ce qui les rend tout à fait dilférentes des Chèvres ordinaires, pour la garde desquelles il faudrait parfois autant de bergères que d'animaux. Le rapport de la bergère de la Société est conforme à ce que j'ai l'honneur de vous dire ici: cette fille, dont le zèle mérite des encou ragements, craignait beaucoup, quand on lui a remis bli SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQLlË d'aCCLIMATATION. ces animaux, de ne pouvoir venir à bout d'une trentaine de Chèvres qu'on lui confiait alors ; aujourd'hui, elle en mène cinquante sans chien, et en conduirait de même une centaine sans craindre de voir les animaux s'écarter pour ravager les haies. La sobriété de ces Chèvres est aussi à noter, elles se main- tiennent dans un état parlait avec une ration (jui ne suffirait même pas à l'entretien des Chèvres ordinaires du pays -, c'est là un des caractères des Chèvres d'Angora de se nourrir de peu et de prendre la graisse avec la plus grande facilité. La possibilité d'entrclenii- la Chèvre d'Angora avec une faible ration ne doit pas surprendre ceux d'entre vous, messieurs, qui ont examiné la conformation de cette race : elle est en eflet construite comme les meilleurs animaux de boucherie; sa viande, comme sa nature, est plutôt celle d'un mouton (|ue d'une chèvre. En résumé, messieurs, d'après ce que j'ai vu, vous avez lieu d'être satisfait du parti (|ui a été pris pour nos animaux : les choses sont en bonne voie; lorsque la saison le permettra, vos Yaks travailleront, et l'on pourra apprécier alors la valeur éco- nomique de ces animaux. J'espère que le lainier de l'an prochain sera plus satisfaisant que celui do cette année, qui est cependant déjà bien supérieur, à cause des soins dont les animaux ont été l'objet, aux poils que nous avons vus l'an dernier. L'an prochain, les soins, au lieu d'avoir duré quelques mois, amont duré toute l'année, les animaux sans qualités auront été supprimés. Tout nous fait espérer d'arriver à mieux encore. (Suivent plusieurs propositions relatives au troupeau.) VALEUR DU HÉRISSON. 55 NOTE SUR LA VALEUR DU HÉRISSON COMME ANIMAL A OPPOSER AU BOTHROPS LANCEOLATUS, Par M. A. CHAVAl^lXES, Docteur-professeur de zoologie. (Séance du 10 décembre 1858.) Dans les renseignemenls qui suivent le rapport sur les ani- maux destructeuis du Botlirops lanceolatus (p. M du Bulle- tin, 1858), M. le docteur Uufzfait le procès du Hérisson, et le condamne comme impropre à lutter contre le serpent venimeux de la Martinique. Il est même disposé à regarder l'introduction du Hérisson aux Antilles connue pouvant être dangereuse, si cet insectivore venait à prendre goût à la canne. Sur ce dernier point et sur l'aptitude du Hérisson à attaquer des serpents venimeux, M. Uufz sollicite de nouvelles expé- riences^ il demande qu'on mette le Hérisson en présence de la Vipère et de la canne à sucre. Le Hérisson attaque et mange les vipères sans être affecté par leur venin, c'est un l'ait mis hors de doute par les belles expé- riences de Lenz [Schlangenkunde, Gotha, 1832, 1 vol. in-8). Voici la traduction de ce qui se rapporte aux expériences de Lenz : « Le 30 août, j'introduisis une grosse vipère dans la caisse où le Hérisson allaitait tranquillement ses petits. Je m'étais assuré que cette vipère ne manquait pas de venin, car elle avait deux jours avant tué un serin en peu de minutes. Le Hé- risson la sentit bientôt (il se dirige par l'odorat plutôt que par la vue), se leva de sa litière, s'approcha sans précautions, flaira la vipère de la queue jusqu'à la tête et surtout à la gueule, sans doute parce qu'il y sentait la chair. La vipère commença à siffler et mordit le Hérisson plusieurs fois aux lèvres et au b6 SOCIF.TI-: IMllUlUK ZOOLOGIOLK n ACCLIMM VIION. nuisiMU : oeliii-i'i, sans s'oloiiruer, se Iri'lia. ot i\\'iil uiu^ lovli» niiM'suro a la laiiLiiu' ; sans s'on iuiiuiiiiM' il continua, à tlairrr la \i[uM-o et la louolia mumuo avec ses donts, mais sans luoinln'. Knlin il saisit la lète, la broya avec 1rs ci'ocliols et la lilande à viMiin, nialiire les eonlorsions du sei'jien.t ijuil dévora jusciirà la moitié. Après (|iioi il retourna allaiter ses petits; le soir il acheva de manger la vipère coiniuoin'i'e l't en ih-vora une autre petite. Le jour suivant, il eoiisonnna liois jeuiu's \i[)ères. el demeura ainsi que ses petits en parfaite saule; on ne remar- (piait ni l'nilui'e. ni licn de partieiilier à l'endroit oii il avait èl('' moi'du. » Le l"^ septeud)re. le eoud)al recommença. Le Hérisson s'approclia comme la première lois de la nouvelle vipère, la flaira, et recul pas mal de coups de dents au museau el dans ses épines, l'endanl (piil la llairait, la \ i[)èi'e. (|ui s"etait rortement blessée aux épines, chercha à échapper. Elle rampait dans la caisse, le Hérisson la suivait loujours llairanl ; chaque Ibis qu'il s'approcliait delà tète, il recevait une morsure. Enlin il la retint dans un coin, de la caisse, la \ii>ère ou\ie une large gueule en montrant ses crochets; le Hérisson ne recule pas. Klle s'élance, et le moid à la lèvre si fortement, (lu'elle y reste attachée : il la secoue, elle décampe-, il la poursuit, c[ i-t'coit encore plu- sieurs coups de dents. (aHIc bataille avait duré ilouze Uiinules -, j'avais compte dix morsures qui avaient tVapiié le museau du Hérisson, vingt ipii s'étaient perilues en l'air ou sur ses épines. La vipère avait la gueule ensanglantée par suite des blessures qu'elle s'était l'aile au.\ épines. Le Hérisson saisit la tète entre ses dents, mais la vipère se dégagea. L'ayant alors prise par la queue, puis derrière la tète, je vis que ses crochets élaient en- core en bonne contlitiun. y Lorsipie je la rejetai dans la caisse, le Hérisson la saisit de nouveau par la tète, (ju'il broya : il la mangea lentement sans s'inquiéter de ses eonlorsions. retourna ensuite à ses petits et les allaita sans ressentir d'inconvénients. t> Dès lors ce Hérisson a souvent dévoré des vipères, et tou- jours en connnençanl par leur broyer la tète, ceipi'il ne Taisait point p-i(|ue elles ont éprouvé une dilierenee de 20 degrés au moins, sans parler de celle du niveau (|ui rend encore le changement plus sensible. Il était difficile (|ue des .plantes d'une constitution si herbacée et si peu consistante, résistassent tout d'abord à une dillérence si brusque; c'est Ig raison (jui aura empêché leur croissance, ja première année. A Madrid même, en 1856, on n'obtint pas un seul rameau ; il fallut leur faire subir la première transition aux Canaries, pui§ les faire passer dans la Péninsule, pour voir prospérer quelques variétés seulement, mais non pas toutes, dans les provinces de Madrid et de Tolède, les plus centrjiles et les plus élevées de TEspagne. Aujourd'hui on peut regarder comme assurée l'acclimatation des quinze variétés, dans toutes les parties du royaume. Cette armée, nous avons distribué des semences dans toutes les provinces, assez pour ensemencer au moins î?00 fanègues (1) , dont le produit suffira pour inonder la Péninsule et se répandre au delà des Pyrénées. Le Sorgho de Chine parait originaire d'une partie de l'Asie comprise entre lesZiO'' etôô* degrésde latitudenord. L Espagne, ritalie, laFrance, la Belgique, TAllemagne, la Turquie, partie de la Russie et de l'Anoleterre se trouvant dans les mêmes latitudes, on comprend (pie le Sorgho ait pu s'acclimater de prime saut dans ces pays, et qu'il ait pu avancer au delà du sud des Canaries et de l'Algérie, peur aller, avec le temps, gagner la zone torride : toutefois nous avons remarqué qu'en s'avançant ainsi vers le sud, il dégénère un peu, et devient ligneux, tandis que V Imphy s'améliore dans nos climats, devient plus tendre et plus robuste, sans perdie rien de sa qualité saccharine. Cette année nous avons obtenu des graines d'un Holcus sucré semblable peut-être à une variété que nous possédons déjà dans la série africaine; cet Holcus, recueilli par Mgr Verrolles dans la Manlchoiirie (Tartarie chinoise), remis par lui à la Société impériale d'Acclimatation, m'a été procuré par M. E. Clet, (1) La fanègue est de 6/i4 mètres carrés. 68 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMAÏATION. l'un des membres de celte Société, grâce à l'entremise de M. O'Ryan de Aciina , mon ami et associé. J'ai envoyé au comte de la Vega Grande la moitié de ces graines pour qu'il les essaye aux Canaries; je ferai des expériences comparatives sur l'autre moitié, cette année, en Espagne, dans diverses loca- lités. Déjà ces graines sont levées. Je crois que les renseignements qui précèdent suflisent pour rhistoire de ces nouvelles plantes saccharines dont Tavenir industriel et agricole est immense. CHAPITRE II. Classification et nomenclature des variétés de ces plantes. Il règne une telle confusion dans la nomenclature, la descrip- tion et la classilication des plantes saccharines qui sont rohjel de ce mémoire, que personne ne s'y retrouve, quand il s'agit de les examiner; mais comme le principal intérêt, pour l'agri- culture et l'industrie, est de connaître les avantages d'une plante et non les détails scientifiques, je crois, en écrivant ce mémoire, rendre un service à mon pays et à la science même, en adoptant la nomenclature usitée, et donnant à chacune des plantes en question un nom qui indique leur pays d'origine, et qui soit déjà plus ou moins accepté. Ainsi, au point de vue industriel ou agricole, je leur donnerai les noms suivants • Sorgho sucré de Chine à VHolcus saccharatiis envoyé par M. de Monligny. Holcus sucré d'Afrique à toutes les variétés importées en Europe par M. Léonard Wray, ainsi qu'à celles qui viendraient du même continent, et seraient nouvelles, me réservant de donner à chacune de ces variétés un nom spécial qui les dis- tingue des autres, en leur conservant autant que possible ceux qu'elles portent en Afrique, tels que le Niazana, le VimbiscJiuapa^ Eglota^ etc., celte nomenclature me parais- sant avantageuse pour l'avenir. Holcus sucré de Tartarie, à la variété remise à la Société impériale d'Acclimatation par Mgr Verrolles, variété venant de la Mantchourie, province chinoise située dans la grande PLANTES SACCHARINES. 69 Tarlaiie; pourvu que l'avenir démontre que celte variété n'est pas identique avec Tune de celles d'Afrique. De cette façon, nous pouvons être clair en entretenant les agriculteurs de cette grande et nouvelle collection de plantes sucrées, groupe intéressant et qui fera une révolution heu- reuse pour l'agriculture et l'industrie. Le Sorgho sucré de Chine constitue une seule variété ; il doit conserver ce nom, comme j'ai dit plus haut. VHolcus sucré d'Afrique a déjà quinze variétés très bien caractérisées, et dont je vais citer les noms, donnant ceux qu'elles doivent porter en espagnol, suivis de leur étymologie cafre : Vimbiscliuapa (en Cafrerie , Vim-bi-schu-a-pa). Anamody. ... — E-a-na-nioodi.^ Enga — E-engha. Niazana — Is'i-a-za-na. Booiivana. ... — Boom-wa-na. Onsiana — Oom-si-a-na Sagova — Shla-goova. Sagondi — Shla-goon-di. Zinmomana. . . — Zim-moo-ma-na. Elota — E-bolh-Ia. Boyana — Boo-i-ana. Combana .... — Koom-bana. Sienglana. ... — Si-en-gla-na. Zimbazana ... — Zimba-zana. Eltosa — E-lhlo-sa. Ces quinze variétés sont connues sous le nom général de ImpJiy des Cafres Zulus, depuis le cap de Bonne-Espérance jusqu'à la baie de Delago, ainsi que le rapporte I\l, Wray; ce nom est aussi celui que leur donnent les Européens. Toutes ces plantes sucrées arrivent à une hauteur qui varie de 1"',80 à 5>",/iO, selon les variétés, le climat, le terrain et la culture. Leur aspect et leur port ressemblent à celui du 3Iillet, mais les feuilles sont plus tendres, plus larges, plus longues, d'un vert plus prononcé, et beaucoup plus douces au toucher. La grosseur des brins ou cannes est de un demi-pouce à 2 pouces de diamètre, dans la partie près de terre ; arrivés à 70 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUl': d'aCCLIMATATION, maturité complète, ils pèsent depuis à onces jusqu'à 3 livres. Ces cannes sont fermes, et contiennent de 50 à 80 pour 100 de jus sucré, qui lui-même contient de 10 à 16 pour 100 de sucre pur. Les racines sont beaucoup plus nombreuses (|ue dans le Maïs, bien que semblables pour la forme; elles pénètrent jus- qu'à 0'", 45 quand le terrain le |)ermet, s'étendant borizonta- lement de 0"',Z|5 aussi. Cbaque graine [)roduil d'aboi'd ime tige centrale ; quand cette tige arrive à 6 ou 8 pouces de bauteur, deux autres liges latérales sortent de la naissance des racines, je les nomme tiges secondaires; au bout de peu de jours sortent deux autres tiges tertiaires, au-dessous des secondes : de sorte que, dans le premier développement de végétation, une graine produit au moins cinq brins ou cannes. Ces tigps., ,au bout d'un mois environ, poussent des rejets à fleur -de terre-, et cbacune d'elles s'entoure de quatre nouvelles tiges ou* brins de second déve- loppement, (juand la plante croît avec vigueur ; de sorte (ju'une seule graine peut donner jusqu'à vingl-cinq tiges ou cannes en une seule récolte, mais jamais moins de cinq, dans les plus mauvaises conditions de culture. Si le climat et l'exposition sont favorables, trois ou quatre mois après la première récolte une seconde est encore bonne à couper: " " A la pointe de cbaque tige sort un pédoncule (|ui se couvre de fleurs; puis se forme une quantité considérable de graines, dont le nombre varie de 500 à 5000. selon la variété, la canne qui a fourni Tepi et le succès de la cultuie. Selon la variété aussi, et la force de la plante, on a 1000 à 1800 graines à Tonce-, do sorte qu'une seule graine peut donner naissance à une touffe ([ui produise depuis 16000 jusqu'à 80 000 autres graines, ou de 1 à 5 livres de semence pure, (lette fécondité est rare toutefois, et la moyenne (|ue j'ai constatée le plus souvent est au minimum de /lOOO et au maximum de 16 000 graines par toulfe; le poids de ces graines est de (juatre onces à une livre. Le Sorgho de Chine est la variété la moins })ro- ductive en graines. Ces plantes soni anmielles en Espagne; le temps nécessaire à leur développement et à la maturité de PLANTES SACCHARINES. 7\ la graine varie de trois à cinq mois, selon la température, le terrain, le mode de culture et la variété cultivée. Leurs cou- leurs sont brillantes, et changent suivant les phases de leur croissance; elles exhalent pendant l'été une odeur agréable et forte, qui ressemble a celle du miel nouveau de la meilleure (|uali(é. Il résulte de ce qui précède que, s'il y a analogie de carac- tères et de propriétés entre le Sorgho sucré de Chine et les Holcus sucrés d'Afrique et de Tartarie, ils diffèrent cependant entre eux d'une Façon si remarquable, qu'il est impossible de confondre une variété avec une autre ; il est donc fort intéres- sant pour la science, pour Tagriculture et pour Tindustrie, d'assigner, comme je le fais, un nom à chacune d'elles, afin d'éviter une déplorable confusion. Sorgho sucré de Chine. Celle plante est crime croissance rapide ; son aspect est agréable ; sa liaii- lein-alteiiil jusqu'à \>.'",l(!i. La grosseur des cannes varie enlre un demi-pouce el un pouce de diamètre à fleur de terre. Elle pousse cinq à vingt liges par toufle, si la terre est bonni'. L'articulation des feuilles, c'est-à-dire le point où elles cessent d'enve- lopper la canne, esl de couleur de bambou très paie, el presque blanche. L'épi est droit, niol)ile, il esl attaché à de longs pédoncules ; de sorte que le grain mûrissant riitraîne vers la terre l'épi dont les grappes foiment une courbe semblable à celle d'une queue de cheval arabe. Les graines portent une barbe tordue longue de k lignes environ. Quand l'épi est mûr, les cosses qui contiennent les graines sont d'un noir brillant ; elles sont coriaces et enveloppent la graine presque entièrement; aussi larges que longues, elles sont couvertes d'un léger duvet aux deux bouts, et au centre elles sont lisses. La couleur de la cosse n'est pas celle des graines. La graine est presque ronde, de couleur brun de rouille; 1000 à 1100 graines -pèsent une once. Dans unh cultuie convenablement sidvie, chaque épi donne de 500 à 1600 graines. Le Sorgho mel quatre mois au j)lus à croître et à mûrir. Au bout de trois mois il pousse son épi, qui fleurit au bout de huit jours. Peu après la pre- mière récolte, on retourne, on arrose la terre, et l'on obtient de nouveaux rejets en abondance, plus faibles que les premières tiges, mais qui croissenl jusqu'à ce que les gelées les arrêtent. Le climat plus ou moins favorable de chaque localité décide de la prospérité ou de la perle de celte seconde ré- colte, qui demande trois mois et demi pour arriver à bien. 72 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE /OOLOGIQUK d'aCCLIMATATION- Les cannes dépoiiillL^es des feuilles et du pédoncule donnent de 50 à GO poui- 100 de jus avec de bonnes presses. Ce jus est facile à purifier si les cannes sont à point, très difficile si la maturité n'est pas complète; il ron- tient de 10 à l'x pour 100 de niatièie sucrée, selon les circonstances clinia- lériques et les soins donnés à la culture. Celte variété dégént'-re ù mesure qu'elle approche de l'équaleur ; elle devient plus ligneuse et le sucre plus cristallisable. Vimbisc/mapa. Variété la plus grande et la plus robuste entre toutes les espèces d'IIolcus sucré d'Afrique; elle arrive jusqu'à 2'", 50 et plus de hauteur, de 1 pouce 1/2 à 2 pouces de diamètre dans la partie la plus grosse ; chaque canne pèse de 1 à 2 livres 1/2. Les feuilles sont larges. Jurandes et plus rudes que dans les autres variétés; leur artictdalion est blanche ou de couleur de bambou. L'épi est énorme, 12 à 18 pouces de longueur, rigide, épais ; il contient jusqu'à 5000 graines bien nourries. Ce nombre est le maximum ; la moyenne est do 3 à tiOOO. La couleur des cosses varie du jaune au pourpre ; elles sont plus longues que larges et ne couvrent la graine qu'en partie. La graine est bien pleine, allongée et de couleur ferrugineuse tirant au jaune. En Espagne, il lui faut cinq mois ou cinq mois et demi pour mûrir, pourvu qu'elle soit semée au printemps; plus tard elle ne milrit pas, bien qu'elle forme son épi. Son jus est très sucré, limpide et facile à clarilier. Les tiges se fendent par en bas quand elles sont près de la maturité, et un ^icu avant ; elles pro- duisent jusqu'à 65 pour 100 de jus, contenant au moins IZi pour 100 de sucre pur cristallisable semblable à celui de la canne à sucre, selon M. \\rny. Le sucre commence à paraître à la lloraison de l'épi, du moins à Madrid, et chaque touffe donne de six à quinze brins. Après la première récolte, une nouvelle pousse paraît, mais il est difticilc qu'eu Espagne elle puisse venir à maturité, à moins que ce ne soit tout à fait au sud. Anamodi/. Celte variété ressemble au Vimbischuapa et est aussi bonne que lui ; elle pousse à une hauteur de 3'", 60 et quelquefois plus , mais elle n'est pas si grosse et n'a pas les libres aussi ligneuses, selon M. Wray. Elle est plus tendre et rend plus de jus que le Vim!)iscluiapa. Ses liges ou cannes pèsent de 1 à 2 livres chacune, quand elles sont mures el de coupe récente. Une lonITe peut donner jusqu'à douze brins bien nourris et robustes. Le pédoncule est gros, épais et rigide, contenant plusieurs milliers de graines, rondes plutôt que longues. Chaque épillet contient parfois plus de PLANTES SACCHARINES. 73 100 graines. Ils sont verlicaux et altacliés par l'axe central du pédoncule ; les cosses sont peliles et sans consistance, elles atteignent à peine jusqu'à la moitié de la graine; elles sont sans couleur et couvrent à peine le tiers de la graine. Cette variété, d.ms un espace de quatre mois et deuii de chaleur, croît et niiirit. Après la première récolte, la racine pousse de nouveaux rejets, mais je ne crois pas qu'ils puissent arriver à maturité en Espagne, si ce n'est aux Canaries, en Andalousie, à Valence, aux Baléares, Les tiges contiennent de 6^ à GG pour 100 de jus chargé de Ih pour 100 de sucre. Après la floraison de l'épi la matière sucrée commence à paraître. Enga. Celte variété est une des plus belles et des plus élégantes; elle pousse à une hauteur de 2", 70 à i",50. Ses liges sont plus minces que celles des deux \ariétés qui précèdent ; chaque toude donne de six à quinze brins, tous grands et gracieux. Le pédoncule est grand, développé, magnifique, les épis y adhèrent for- tement ; cette circonstance et le poids des graines lui impriment une posi- tion peu élevée, très gracieuse, qui lait distinguer cette variété des autres. Chaque pédoncule porte des milliers de graines. La cosse est aussi large que longue ; sa couleur change du jaune de canne au pourpre azuré ; lie couvre à peine la moitié de la graine, et porte un duvet léger sur les bords et à la naissance. La graine est forte, longue et aplatie plutôt que ronde; sa couleur est jaune foncé, tirant sur le rouge noir. Au bout de trois mois elle fleurit, et mûrit en moins de quatre. Après la première recolle, il en repousse une seconde dans l'espace de trois mois, si les circonstances sont favorables. Les brins ou cannes mûres pèsent de 1 à 2 livres, donnent de 68 à 70 pour 100 de jus excellent, contenant au moins IZi pour 100 de sucre. Niazmia. Une des plus petites en hauteur, elle dépasse à peine 1"',80, mais les brins sont généralement plus gros que ceux de VEnga, dans leur partie infé- rieure. La feuille est large, grande et frisée. Le pédoncule grand, presque droit, épais et bien fourni en graines. De l'intérieur de l'enveloppe florale, c'est-à-dire de l'une des petites pailles qui enveloppent la graine, sort un filet ou barbe tordue de 5 à 6 lignes de long, ce qui la distingue beaucoup des autres variétés. La cosse est pointue, plus longue que large, de couleur variant du blanc pâle au pourpre vif, couverte de duvet dans toute sa longueur; elle enve- Ih SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUi: d' ACCLIMATATION. loppe la graine de deux côtés, la laissant découverte latéralement sur les deux tiers de sa longueur. La graine bien mûre est large, grande, épaisse, d'une couleur jaune ferru- gineuse avec des taches rousses ou noirâtres. Cette variété est l'une des plus sucrées, tendre et avantageuse à cultiver en Europe. Elh; mûrit en trois mois, pousse une seconde récolte en trois autres mois, et donne de quinze à vingt-cinq brins par touffe. Ainsi le iMazana donne une récolte tous les trois mois, dans de bonnes conditions de cliniiii ; cette qualité le fera rechercher généralement comme le dit judicieusement 1\L Wray. Les tiges du Miizana contiennent très peu de libre ligneuse et pèsent de h onces à 1 livre, dépouillées de leurs feuilles; elles donnent de 70 à 80 pour 100 de jus mucilagineux et féculent, contenant an moins 15 pour 100 de sucre. Ce sucre commence à apparaître dans les cannes avant même que l'épi se découvre. lioonvnna. I/une des plus belles et des plus productives entre toutes celles dont il est question dans ce mémoire : moins haute que VEnga, elle n'atteint jamais 2°', 70. Ses tiges sont nuancées d'une couleur rose qui devient i)!us foncée à niesuie que la maturité apj)rnche: elles exhalent une l'irte odeur de miel nouveau qui attire les abeilles et les guêpes, dont les piqûres causent par- fois quelque dommage à la plante. La feuille, moins grande et moins large que celle de VEnga, porte une tache au point de jonclion avec, la ti,;e. Le pédoncule mou comme celui du Sorgho de Chine, mais les épillels plus courts cl plus fournis de graines; ils en contiennent de 'i à 3000. Les cosses sont de couleur rose pourpre clair, sur un fond jaune, dures, coriaces, lui peu pins longues que larges, oblongucs, pointues, prcs(|ue sans poil, et aussi longues que la graine qu'elles embrassent sur deux faces si fortement, qu'il est difficile de la détacher. Cette graine, dans sa partie saillante de la cosse, est de couleur rouge brun, allongée, presque cylin- drique, très pleine et très pesante. Cette variété mûrit en quatre mois dans le centre de l'Espagne, el encore plus promptonn'nl dans les provinces méridionales et aux Canaries. Après la première récolte, une seconde croît en trois mois ou trois mois et demi, suivant les circonslances, de sorte que dans l'espace de sept mois, on fait deux belles el abondantes lécolles, quand le temps est favorable. Les tiges pèsent une livre ou une demi-livre en général ; chaque touffe produit de dix à vingt brins qui donnent, pour le moins, 70 potu- loo d'un jus pur, très doux et facile à clariTier, contenant de l/i à IG pour 100 de sucre. On trouve ce sucre dans la canne avant même la naissance des épis, mais il y est en plus grande abondance quand la graine est complètement mûre. Ce phénomène, du reste, se remarque dans toutes les variétés. PLANTES SACCHARINES. 75 Onsiana. Cette variété diffère beaucoup d'aspect du Boonvana; la couleur des pé- doncules et des cosses est noirâtre, les épis plus courts; mais elle est aussi bonne que cette dernière , et les pbénomènes de la croissance sont les mêmes. Les tiges sont plus courtes et plus grosses que celles de VEnga et du Boonvana ; les feuilles sont moins grandes que celles de VEnçja, et por- tent au point de jonction avec la lige une tache rouge comme celle du Boon- vana, mais plus foncée. • Le pédoncule est droit, rigide; les épis courts, verticaux, très serrés^ contenant sensiblement plus de graine que le Booncana. Les cosses, couleur de pourpre ou noir purpurin, oblongues, pointues, un peu plus longues que larges, et plus courtes que le grain, ne le couvrent qu'à moitié. La partie découverte de la graine varie de couleur entre le blanc rosé et le rouge ferrugineux; plus longue que ronde, très pleine et pesante, elle sort facilement de la cosse. Cette variété mûrit au bout de trois mois et demi ou quatre mois ; elle donne comme le Boonvana deux récoltes en sept mois. • Les cannes, bien que un peu courtes, pèsent une livre ou une demi-livre. On trouve de cinq a seize brins par touffe ; 70 pour 100 de jus pur et très sucré donnent 15 pour 100 de sucre, qui commence à paraître dans les tiges en même temps que les épis. Ces trois dernières variétés, le Niazana, Boonvana ou Siana, sont les plus avantageuses pour le nord et le centre de la i'éninsule, à cause de la promptitude de leur croissance et du peu de temps qu'il faut pour avoir au moins une récolte. Toutefois les variétés Sagova, Sagoiidy, Enga et Combana ne sont pas à dédaigner. Sagova. Un peu moins sucrée que les précédentes, elle atteint une grande hau- teur, elle donne beaucoup de liges par pied, d'aspect gracieux ; ses pédon- cules sont énormes, leur poids et leur flexibilité donnent aux cannes une forme élégante. Les Cufres apprécient beaucoup cette variété et la cultivent de préférence, dit M. Wray. Lu hauteur des cannes est presque toujours de plus de 2'",70. La fibre centrale du pédoncule est très courte ; les épis sont longs, flexibles et très cliiirgés de graines, de sorte qu'à maturité ils tombent en forme de panache et donnent aux cannes la courbe la plus gracieuse. J'ai des pédon- cules qui ont presque cr.Zià de longueur, i-esant plus d'une livre, et con- tenant au moins ùOUO graines bien mûres. Ces merveilles proviennent des cultures du comte de \ ega Grande, de Ginamar. aux grandes Canaries. Les cosses sont oblongues, plus longues que larges, sans aucun poil per- ceptible à l'œil nu, presque aussi longues que la graine , qu'elles ne couvrent 76 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. qu'en partie et laissent échapper facilement ; leur couleur varie du jaune et du rosé au noir purpurin. La couleur de la graine est rouille, brun foncé ; celle graine, plus longue que large, est bien nourrie et presque cylindrique. Celte variété arrive à maturité quatre mois après sa naissance, cl repousse comme les autres. Ses tiges pèsent quelquefois i)lus de 1 livre, donnent 60 à 68 pour 100 de jus contenant IZt pour 100 de sucre. Sagondi. Variété bonne el sucrée, quand elle est bien cultivée, donnant des liges de belle venue et de riclie rendement. L'éj)i est rigide, très fourni, avec des épillets droits, résistants et 1res durs. Les cosses noires, brillantes, oblongues, plus longues que larges, quasi sans poils, souvent couvertes d'un léger vernis blanc argenté, sont générale- ment aussi longues que les graines, d'une consistance coriace; elles couvrent cnlièrement la graine par les deux bouts et à moitié par les deux côtés, de sorte qu'il est diflicile de détacher celle graine, dont la forme est oblongue, d'une couleur noir brun, et portant une espèce de crête à la pointe. Mêmes conditions de croissance el de seconde pousse que les précédentes. Ses liges varient eulre une et une demi-livre, produi.^^ant de GO à G5 pour 100 de jus, dont la richesse saccharine est de l/i pour 100. Zinmnmana. Bonne et sucrée, mais un peu moins que les précédentes, ses épis sont droits el touflus; ils renferment une grande quantité de graines bien nour- ries et farineuses : elle met quatre mois à mûrir el est moins riche en ma- tière saccharine que le Uoonvana. Coiitbana, Variété un peu inférieure au Uoonvana, à VOnsiana el au Sagondi; elle s'élève à 1"',80 el pousse (\c nombreux rameaux. La graine est noire dans la partie découverte, el blanche dans celle que recouvre la cosse; elle esl ronde el pèse beaucoup moins que les précé- dentes. Nos observations sur les variétés Eblola, Jioyuna, Sienglana, Zimha- zana, Eltoza, ne sont pas encore assez avancées pour permettre une des- cription. Il en esl de même pour Vllakua tartare, dont la graine nous est parvenue seulement celle année. Je ne me dissimule pas que les renseignements qui précèdent sont loin d'êire complets, et je ne gar.-ntis pas qu'ils soient sans erreurs; mais j'espère en avoir dit assez pour faire comprendre la grande valeur de ces plantes. PLANTES SACCHAIllNES. 77 CHAPITRE III. Du climat et des époques convenables pour la culture. Climat. On connaît dans la science deux sortes de climats : le climat astronomique et le climat physique. Les climats ou divisions astronomiques delà sphère terrestre ne sont pas ceux qui décident la question d'acclimatation ou . de géographie hotanique ; s'il est certain, en effet, que la lati- tude influe heaucoup sur la température de chaque pays, à cause de la projection plus ou moins diagonale des rayons solaires qui le frappent, on sait aussi que la position géographique, l'exposition ou Télévation au-dessus du niveau de la mer, la nature et la couleur du terrain et heaucoup d'autres circon- stances modifient Tinfluence du soleil et constituent le climat physique. Les circonstances qui contribuent en tout pays à former le climat physique sont les dix suivantes : 1° La latitude géogra[)hique; 1° L'état plus ou moins hygrométrique de l'atmosphère; 3° La température intérieure du glohe ou la conductihilité des roches ; l\° L'élévation au-dessus du niveau de la mer ; 5° La pente ou exposition locale ; 6" La situation des montagnes; 7° Le voisinage de la mer ; 8° La nature et la couleur de la terre 5 9" La population et le genre de culture ; 10" Les vents qui régnent pendant Tannée. Nous n'entreprendrons pas de traiter toutes ces questions, et de décider, à priori, quels sont les points les plus favo- rables à la culture de VUolcus saccharinus ; ces questions géné- rales, qui ne sont pas à la portée de tous les agriculteurs, ont été élucidées par les illustres écrivains Gaspari/i, Rico y Sino- bas, Don Genaro Morquecho y Palma. En règle générale, tous les climats où prospèrent la Canne à sucre, le Caroubier, le Cotonnier, le Palmier, l'Oranger, l'Oli- 78 SOCIÉTK IS11>ÉI{!AL:. ZOOLOGlQUli 1)'aC(;LI>.!ATAT10N. vicr, la Vigne, el surtout lo Maïs et le Millet, sont l'avorablcs pour la culture des plantes sucrées dont nous nous occupons, avec cette particularité remarquable, ([ue ces plantes saccha- rines produisent deux récoltes annuelles dans les climats du Palmier, du Caroubier, de la Canne à sucre et du Cotonnier; tandis que quelques variétés précoces seulement viennent à maturité, une seule fois l'an, dans des contrées où poussent la Vigne, l'Olivier et le Mais. Le Mais particulièrement est un des meilleurs thermomètres naturels pour reconnaître jusqu'à quelle latitude on peut culti- ver V IIolcus sacchartnus . VUulcus africain est dans le même cas. En semant les variétés qui ne demandent que trois mois et demi pour mûrir, dans les contrées propres à la Canne à sucre, au Caroidiier, au Palmier, on obtiendra deux récolles abondantes; tandis que les variétés tardives, celles qui restent en terre cinq mois, ne mûriront pas là où le Maïs de trois mois prospère, où les Raisins mûrissent avec peine, où les Orangers ou Citronniers ne sont pas en pleine terre. La végétation spontanée de chaque localité est le produit ré- sultant de toutes les inlluences naturelles combinées qui con- stituent \q c\\nvA{ physique *\v\ pays. Partant de ce principe, et alin de fixer nettement les idées sur ce point capital, Tort inq)ortant pour les agriculteurs, je diviserai en trois groupes les plantes sucrées dont je m'occupe. Premier groupe : Niazana. Ce groupe comprend le Niazana, VEltom et les autres variétés qui sedévelop[)entet mûrissent en trois mois, comptés depuis le jour de leur naissance jusqu'à celui de lamatiu'ité du grain. Deuxième groupe : Boonvana. Ce groupe comprend toutes les variétés qui demandent trois mois et demi ou (juatre mois pour se développer et mûrir : Boonvana, Onsiana, Sagova, Sagondi, Sorgho de Chine et autres. l'LAîNTES SACCH.VKINKS. 79 Troisième groiipe : Vimbischiiapa. Ce groupe comprend toutes les variétés qui ont besoin de rester en terre de quatre à cinq mois, Vimlmchuapa^ Ana- mody, Eiiga, Zinmomana, Combana et autres. Je vais donner aux régions où ces plantes [)euvent vivre les mêmes noms qu'aux groupes eux-mêmes : c'est-à-dire que ces trois régions doivent s'appeler Niazana, Boonvana, Vimbis- chiiapa. Les flores caractéristiques sont les suivantes : Région du Niazami. 1° Là mûrissent difficilement ou ne mûrissent jamais les Raisins, les Maïs decinq mois ou ciiu} mois et demi, et le Mûrier l)lanc. 2° Le Cliàtaignier, le Lin, le Noisetier, le Noyer, le Chêne et le Hêtre y croissent avec vigueur. 3° Le Bouleau, l'Alisier, les Fougères, les Romarins, com- mencent à s'y montrer avec abondance. h" Enfin le Chêne vert, l'Arbousier, le Lentisque, le Figuier, l'Olivier et l'Oranger n'y peuvent vivre. Régio?i du Boonvana. i° Là ne viennent pas en pleine terre le Palmier, la Canne à sucre, le Cotonnier, l'Aloès pite. - 2° Les Orangers et le=; Limoniers y donnent difficilement des fruits mûrs. , 3" Le Froment, le Maïs de certaines variétés, le Millet, les yignes, les Oliviers, les Mûriers, les Figuiers, les Pêchers, les Grenadiers, y prospèrent. Il" Le Hêtre, le Bouleau, le Lin, l'Alisier, le Noisetier, n'y viennent pas. Région du Vimbischuapa. 4° Dans la partie la plus chaude, on voit le Platane d'Amé- rique, la Canne à sucre, le Palmier à dattes, le Cotonnier, le Caroubier. 80 SOCIKTK IMI'ÉIUALK ZOOLOGlQUi; d'aCCI.IMATATION. 2" Dans la partie froide, TAIoès, le Palmiste, l'Oianger, le Figuier. 3° On y trouve en ahondanec^ le Maïs de toute es|)èce, les Oranf^es très inùres, les Limons, les Olives, le Nopal, la Vigne. h° Point de Cdic^ne, de (lliàlaignier, de IlcHre, d(î Chêne vert, ni (le fruits acides. Telles sont les règles simples pour reconnaître le climat le plus convenable à clui(|ue variété. Passons aux épo(pies con- venables pour semer dans cbacime des zones indi([uées. Kpoqitcs de culture. Aucune des varitMès ([U(; nous avons essayées n'a végété scnsil)lement ([uand la tciuixTaturi» a été inféi'ieure à 10 degrés centigradiîs. La graine semée à. Madrid, au mois de mars, avec la susdil(î température, a mis vingt jours à lever, tandis ([ue, semée dans le printemps, elle n'en a mis (pie sept ou huit. Les plantes venues cessent de pousser à 10 degrés et gèlent complélement à zéro. Toute végétation est étcinle (piand les feuilles sont gelées. Le jus entre en fermentation, devient aigre et entraîne la pourriliui* de la ('aune; dans ce cas, la piaule ne peut servir même pour fourrage. La chaleur de nos climats, (piel([ue forte qu'elle soit, ne miit à aucune variété, pourvu (ju'elles soient bien cultivées et sidlisaimuent arrosées; et pour obtenir des produits de bonne (jualité, il faut (jue la graine arrive à matu- rité parfaite. 11 faut donc proliler du printemps, dès qu'il ne gèle plus, ])our faire; les semeiwes : en jirenant s(jin de mouilhîr la graine, elle lèvera en ipialre jours; eu huit, si elle n'est pas mouillée. Cluupie jour de juin, de juillet et d'août en vaut trois de mars <>t de novend)re, deux d'avril et d'octobre, un et demi de sej)tend)re et de mai. La durée de la végétation de chaf[ue groupe varie, comme il a été dit : elle est, de cintj mois ])our les uns tandis que pour d'autres elle ne dépasse pas trois mois. Dans la région (|ue nous avons appelée celle du )Vw«/5»/ôt/(?/^//>(/, la végétation peut l'L.VNTKS SACCir.VRlNKt:. 81 continuer poiulanl presnuc tous les mois de Tannée, ooinnie aux Canaries et sur la cMc de la Méditerranée ; aussi ces variétés, qui ne demandenl ([ue trois ou (|ualre uiois pour venir à bien, donnent au moins deux réeoltes dans la région dont il s'agit. L'époque convenable pour semer eonnnenee dans cliacpu" localité (piand les Vignes, les Grenadiers, Figuiers, Mûriers, Cbéue vert, Frênes, Acacias, l\nipliers, Noyers et (Miàtai- gniers, commencent à pousser leurs leuilles ; elle linit (juand tous ces ail)res les perdent. (ïette règle générale est un tlu>r- niomètre à la portée de tout le uioude, etcpii servira auv agri- culteurs connue il leur seit déjà pour seuicr le Maïs; j(^ répète, au surplus, (pie toutes les vaiictc's de V //o/ci/s oIVreut les mèuies pbénomènes de végétation (|ue le Mais. Je n'entre pas dans de plus longs détails, et j'appelle l'at- tention sur les paroles suivantes de M. Léonard \N'ray : « L'insuccès éprouvé, selon (juidipies relations, par M. Pieiro » Arduino dans lt>s tentatives (pi'il a faites pour introduire à )> Fioi'ence la culture de V I/o/cifs Micrlidri.mis, et l'ahstMire d(> » résultat industriel, proviciment uniipuMuent de ce ipTil a » employé des variétés ipii exigeaient trop de temps pour venir » à uiaturité, et aux(pudles ne pouvait sul'lire TiHé court et » variable de l'intérieur de l'Furope. Je ue saurais assez re- » couimander à nos lecteurs (rapporter une grande atteuliou » dans leclioix des vaiiétes, suivant la contrée ([u'ils bahitent^ » de là seul dépemi la réussite ou l'insuccès. » cHArriuF IV. Des Icnes cl amcndcincnts convenables pour ces plantes. Elles prospèrent dans des terrains très dillérents; à cepoiut de vue, elles ress(Mnl)lcnt beaucoup à la (>aune à sucre ; daus les terres d'alluvion, daus les sols riches, elles pr()s[)èreut lar- gement, si elles trouvent rbuuiidité nécessaire. Les observations de MM. Ibui/é et le comte de Vcga (Iraude ^concordent sur ce point avec les miennes; il en result(> (|U(>. le Sorgho de Chine , aussi bien ([ue VJJolcus africain , dc- T. VI. — Mars 18:i9. G &$ SOCIKTÉ IMl'KRIAL!: ZOULOGIQUi; d'aCCUM '.'! .VTlOiN . mandent nno terre légère, profonde vX l'ertile ^ les terrains purement argileux, à moins {|u'ils ne soient fort riehes, ne valent pas ceux qui contiennent du sable et de la chaux en proportion notaJjle, et sont facilement perméables à la pluie, à l'air et à la chaleur. On doit choisir de préférence les terres qui contiennent du carbonate de chaux en proportion convenable. On sait quelle grande influence la chaux exerce sur la végétation des plantes saccharines, elle augmente beaucoup In (juaiitité et la qualité du sucre. Les terrains contenant du carbonate de chaux dans la proportion de 20 ou 1^0 pour 100 sont excelleiils pour ces plantes, tandis que ceux (jui contiennent un excès de sub- stances salées leur sont contraires ; quant à ceux (jui sont purement argileux, ils ont pour elîet de retarder beaucoiq) la croissance et la maturité. Les terres amendées avec Tengrais animal ou artiliciel, cest-eà-dire celles où abondent l'ammoniaque et le principe salé, doiment des tiges magnilifiues, mais le jus est nuicilagineux et nitreux, et tout à fait impropre à la fabrication du sucre. Le même phénomène s'observe sur la (lanne à sucre et sur la Betterave. La couqiosition la |)lus convenable des terres, résultant de mes propres observations, est celle-ci : Argile 50 à /i5 Carbonate de chaux 20 à 25 Sable 15 à 20 Manlillo, inanleau (terre préparée d'avance) pour couvrir la î?rainc 15 à 9 Oxyde de fer et de magnésie 1 100 En outre des qualités de la terre, la plante a besoin de trouver la fraîcheur et rhumidilé pour faciliter l'absorption du jus. Cette humidité est nécessaire pour dissoudre les composés des engrais. Si, au contraire, le sol est desséché par la chaleur ou par le vent, il faut arroser, à peine de voir languir la plante et de perdre une partie du principe sucré. De là la nécessité, dans l'LANTES SACCHARINES. 83 les terres légères particulièrement, défaire des arrosages par inllltration. En résumé, terres légères, fertiles et de beaucoup de fond ; abondance de cbaleur et de lumière; bumidité convenable, proportionnée au climat et à la nature du sol, telles sont les conditions essentielles pour le complet développement de ces précieux végétaux. Amendements. J'ai dit que la terre doit être naturellement fertile; mais cette condition n'exclut pas les amendements convenables. Ils sont de deux sortes : modifiants k'\ fertilisants. Les moditiants se composent de toutes les substances minérales nécessaires pour ramener le terrain aux conditions que j'ai posées plus baut : la cbaux, l'oxyde de fer, le sable quand les terres sont fortes, l'argile quand elles sont trop légères. Les fertilisants, plus importants encore (jue les premiers, doivent être employés avec discernement; il ne faut pas em- ployer toutes les matières organi([ues indistinctement. 11 faut renoncer aux fumiers ou matières contenant l'azote en abondance; elles ont l'inconvénient de développer les sub- stances salées et albumineuses au détriment du sucre. Si l'on veut obtenir seulement du fourrage, il importe peu {|ue les engrais soient plus ou moins azotés ou ammoinacaux. De toute façon, il faut employer un engrais qui se décompose et pro- duise des effets en rapport avec la rapidité de croissance de la plante. Ceux qui doivent obtenir la préférence sont: le sang dessécbé, la poudrette bien préparée, le fumier d'écurie bien consommé, et les débris de végétaux, tels que feuilles, herbes, etc. -, il faut exclure le guano, le fumier d'écurie frais, et beaucoup d'autres cbargés d'ammoniaque, dans les cultures qui ont pour but la production du sucre. Pour les semences, il est bon de préparer une couclie com- posée de feuilles et de paille très consonunées, et d'y mêler un tiers de sable fin. Cette préparation, nous la nommerons manteau des semences. [La fin prochainement.) 8A SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE u'ACCLlMATATlOrS. SUR LE CLIMAT DE MONTPELLIER. EXTRAIT d'une LETTRE ADRESSÉE A M. LE PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE D'ACCLIMATATION Par M. Charles NARTIIVS, Professeur d'hisloirc nalurelle à la Faculté de médecine, Direcleur du Jardin des piaules de Monlpellier. (Séance du 24 décembre 1858.) Lii Société d'acclimatation a bien voulu m'ad mettre au nombre de ses membres. Si je n'ai pas sollicité cet honneur plus tôt, c'est que je n'étais pas en mesure de prendre part activement à ses travaux. Je le suis actuellement. S. Exe. le Ministre de l'instruction publifiue consacrera, l'année pro- chaine, une somme de i5 000 francs à la reconstruction de la serre élevée par De (landolle, mais (pii tondjait de vétusté. Cette libéralité du Ministre émut l'opinion publique; l'ancienne serre était mal placée, le Conseil général du département de l'Hérault vota une somme de 5000 francs pour contribuer à l'acquisition d'un terrain conligu au Jardin, en exprimant le vœu (ju'il serait destiné spécialement à l'érection de la serre et à la naturalisation de végétaux intéressants pour l'agriculture du Languedoc, Le Conseil municipal acheva l'œuvre du Conseil général, et décida qu'un hectare de terrain serait acquis pour remplir ce but. Désormais je pourrai donc tenter sur une échelle conve- nable les essais que la Société voudra bien m'indicpier. Je demanderai surtout à être compris dans la distribution de graines provenant de la Chine, du Japon, de l'Himalaya, de la Californie, du haut Mexique et de l'Australie. En elfet, sept années d'observations météorologiques faites régulière- ment au Jardin des plantes et un assez grand nombre d'essais CLIMAT DE MONTPELLIER. 85 de naturalisation m'ont appris que le climat de Montpellier appartient à la classe des climats extrêmes caractérisés par des contrastes de température du jour et de la nuit, de l'hiver et de rété ; des pluies torrentielles, des sécheresses prolon- gées, etc. Cette série météorologique spécialement appliquée à l'horti- culture se continue , et tous les essais de naturalisation se feront dans des conditions météorologiques exactement dé- finies, et qui permettront de conclure pour d'autres contrées de la France ou de l'Europe. Aucun essai rationnel et scientifique de naturalisation ne saurait être tenté sans le concours de la climatologie. Le naturaliste choisit les sujets, mais le météorologiste étudie et détermine rigoureusement les circonstances climatologiques favorables ou défavorables à leur existence ou à leur propa- gation en dehors du pays où ils vivent et se multiplient. Montpellier, le 20 décembre 1858. 86 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOUlQUE d' ACCLIMATATION. II. EXTRAIT DES PROCÈS-VERBAUX DRS SÉANCES GÉNÉRALES DE LA SOCIÉTÉ. SÉANCE DC /l FÉYRIKPx -1859. Présidence de M. Is. Geoffroy Saint-Hii.aire, M. le Président proclame les noms des membres nouvelle- ment admis : MM. AR^OL■x, propriétaire auriculteur, à Alger. Ballyet (le baron), ancien intendant militaire, ancien maître des r(>(ju6tes, ancien membre du Conseil de rAlgérie, au cbàteau deLantilly, parCorhigny (Nièvre). lîELCASTEL (le baron de), premier secrétaire d'ambassade, à Toulouse (Haute-Garonne). Bérako, membre correspondant de l'Académie des sciences. doyen de la Faculté de médecine de Montpellier. Bol"GE-Kkslf:r. propriétaire, à Paris. Bi'.ouzET (Alexandre), capitaine de frégate, à Paris. Chatellus (Ernest de), à Paris. CfL\MRR\Y (le comte Baoul de), à Paris. CoRDiER, agriculteur, à la Maison-Carrée, près Alger. Cor.i)n:R (Gustave), propriétaire, à Saint-Quentin (Aisne). Danyau lie docteur), membre de TAcadémie impériale de médecine, à Paris. Demarquay (le docteur), cbirm'gien des hôpitaux, à Paris. Devalois, régent de la Banque de France, à Paris. DucLOS, propriétaire, à Lieusaint (Seine-et-Marne). Ferraton, médecin-major, àlliôpital du Dey, à Alger. Galignani (Antoine), propriétaire, à Paris. Galignaisi (William), propriétaire, à Paris. GuGUENHEiM, baurpiier, à Alger. Lacroix, propriétaire, à Paris. Lagneau (le docteur), membre de TAcadémie impériale de médecine, à Paris. l'îlOCÊS-VEllBAUX. 87 MM. LAFFiLiiY (le docteur Jean), secrétaire clu Comice agricole deMelun et Fontainebleau, à Coubert (Seine-et-Marne). Larrieu, cbef du cabinet de la préfectuie, à Alger. Le Béalle-Antier (A.), professeur au collège Rollin et à Sainte-Barbe, à Paris. l.ocuE (le commandant), directeur du Musée d'bistoire naturelle, à Alger. Maisonnel've aîné, propriétaire, à Ambert (Puy-de-Dôme). MAlS0i^sEL•L (de), capitaine de frégate, directeur du port d'Alger, à Alger. Mallarmé, intendant de la division à Alger. Mallet (Jean-François), propriétaire, à Paris. MoNTELLANo (le duc de), à Paris. MousTiER (le comte de), membre du Conseil général de Seine-et-Marne, à Paris. MuTiACX, propriétaire et négociant, à Paris. Pépin, directeur des cultures au Muséum d'histoire natu- relle, membre des Sociétés impériales et centrales d'agric\dture et d'horticulture, à Paris. RAYNER(le docteur), à Paris. RosTAN, professeur à la Faculté de médecine, membre de l'Académie impériale de médecine, à Paris. Sarlainde, maire d'Alger, à Alger. Senez, ingénieur en chef des mines, à Villefranche de Rouergue (Aveyron). Terray de Morel-Vjndé (le vicomte), à Paris. — M. le Président informe que, en réponse à une lettre adressée par M. Diouyn de Lbuys à S. Emin. Mgr le cardinal Antomelli, le prélat a annoncé que le Saint-Père daigne per- mettre que son nom vénéré soit inscrit en tète de la liste des augustes protecteurs de notre Société. — Conformément à Tordre du jour spécial de cette séance, l'assemblée est appelée à voter sur la nomination de deux membres honoraires proposés par le Conseil et la Commission des récompenses. L'un est le révérend père Annibale Fantoi\i, de Bielle (Piémont) , missionnaire apostolique au Chan-tong 88 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGlttUË d'aCCLIMATATION. (Chine), et l'autre est le commandant Maiiry, de la marine des États-Unis, surintendant de l'observatoire national à Washington. Les titres du premier sont exposés par M. le Président, et ceux du second par M. Davelouis, qui, au nom de la Commission des récompenses, donne lecture d'un Rapport (voy. pour les détails, p. lxxvi). Les nominations sont faites à l'unanimité par deux votes successifs. — Conformément encore à l'ordre du jour, l'assemhlée, par ses votes , admet au nombre de ses Sociétés agrégées : 1° l'Institut agricole catalan de San-Isidro à Barcelone (Espagne); 2° la Société d'agriculture de Louhans (Saône-et- Loire) ; 3° la Société nantaise d'horticulture. — Des lettres de remercîments pour leur admission sont adressées par MM. Ed. de Glatigny, de 3Iurga et Pépin. — En réponse à une lettre par laciucUe la Société avait annoncé à M. le Préfet de la Seine la clôture de la souscrip- tion pour la fondation du Jardin zoologi{|ue d'acclimatation, et lui avait demandé d'être mise en possession du terrain que la ville a concédé au bois de Boulogne, ce haut fonctionnaire informe que nulle formalité nouvelle n'est nécessaire pour l'en- trée en jouissance du terrain. — M. Willemot met à la disposition de la Société : 1° une certaine quantité de plants de Pyrèthre du Caucase [Pijre- tbrumclongatum^ Fisch.), provenant de ses semis de graines récoltées en France, afin <|ue l'acclimatation de cette plante utile puisse être étudiée ; 2° de la graine de celte même plante provenant d'individus acclimatés depuis trois ans. — M. Sacc adresse une Noie sur la culture de l'Oranger du Japon {Cltrusjaponica) et sur l'usage qui pourrait être fait des fruits de cet arbrisseau, jusqu'alors inutile dans notre pays. Suivant lui, à l'exemple des Chinois, on devraitles faire confire. En donnant de l'extension à la culture de cet Oranger dans le midi de la France et en Algérie, on n'aurait plus à aller cher- cher au loin un article d'importation, qui n'est pas sans valeur. — M. Anselme Pételin fait connaître les résultats remar- quables qu'il a obtenus dans la culture des céréales par suite de l'intluence des changements de semonces, qui déterminent IM'.OCÈS-VKI'.BAUX. 8V) une très grande augmentation des produits. Ainsi, dans l'Isère, des semis de Seigle provenant de cultures d'Algérie qui sont elles-mêmes le produit de graines importées de France, ont donné près de 12 pour un, c'est-à-dire plus du double de ce qu'on obtient d'ordinaire avec le Seigle récolté sur notre sol. M. (iuérin-Méneville lit une Note sur les races de Vers à soie du Mûrier que l'on élève en Syrie. — Le même membre annonce qu'il sera fort difficile, d'ici à un certain temps, de faire droit aux demandes déjà assez nom- breuses de graine du Ver à soie qui vit sur l'Allante glandu- leux, et dont on lui doit l'introduction en France. Il sera pru- dent, dit-il, en raison de la petite quantité de cocons obtenus jus(|u'à ce jour, de concentrer les éducations à faire cette année, entre un petit nombre de personnes, qui seront bien en mesure de donner tous les soins nécessaires à cette espèce, afin que, plus tard, il soit possible delà répandre largement. — M. Jules Verreaux ayant fait don à la Société d'un certain nombre d'œufs d'un Ver à soie de l'Himalaya, M. Guérin-Méne- ville a recueilli ceux en petit nombre qui n'étaient point éclos pendant le voyage, et il en a confié le soin à M. Vallée, se ré- servant, s'il y a lieu, de surveiller activement l'éducation des larves et de recbercber dans les serres du Muséum les végé- taux de l'Inde dont le feuillage pourrait servir à leur nourriture. — M. Poitevin adresse des détails sur quelques produits de la Californie qu'il y a étudiés pendant un séjour de sept années, et en particulier sur un Ver à soie qui vit sur le Chêne. — M. 0. Tuyssusian, membre arménien de notre Société, qui vient de parcourir pendant deux ans les contrées sérici- coles de l'Orient, tant pour y répandre les notions de séricicul- ture qu'il a puisées en France, que pour recueillir dans ces contrées de la graine saine, annonce qu'il en possède une cer- taine quantité de qualité excellente et sur la provenance de laquelle on peut avoir, dit-il, la plus grande confiance, car la gattine n'a pas encore paru dans les localités où a eu lieu l'éducation qui l'a fournie. Il peut en céder au prix de 15 francs les 31 grammes (once de Paris) à ceux de nos confrères qui en désireraient avant la fin du mois de février. 90 SOCIÉTÉ IMI'ÉIUALE ZOOLOGIQUI': u'aCCLIMATATION. — M. le Président place sous les yeux de rassemblée quel(jues chenilles du Uonilnx du llicin arrivées à tout lein- développe- ment. Elles proviennent d'une éducation dliiver composée de 500 chenilles nées du l"au 20 décendjre, et élevées à la Ména- oerie des reptiles du Muséum d'histoire naturelle par 31. Vallée. Il les a exclusivement nourries avec des feuilles de Chardon à foulon régulièrement envoyées de Gisors, trois l'ois par semaine, par les soins obligeants de madame Ant. Passy, à ([ui les remerchnents de la Société seront transmis. Ces résul- tais prouvent donc la possibilité d'une substitution complète de régime sans inconvénient pour cette race, et par consé- quenr il en résulte l'assurance (pie les éducations peuvent n'être pas anêtées pendant l'hiver. — ."\i. Millet présente des produits des huitrières deMM.Bois- sière et Douillard, mendjres de la Société, et Lalesquo, tous les trois propriétaires dans la Gironde. 11 entre dans (juehpies détails sur les procédés employés par ces messieurs pour favoriser dans leur établissement la reproduction et le déve- loppement des lluitres. — M. deQuatrefages annonce (pie M. le maréchal Vaillant donne à la Société une ligure peinte à l'huile de l'une des jeunes Autruches nées à la Pépinière centrale du Gouverne- ment à llamma près Alger; ligure présentée tout réceminent à l'Académie des sciences par M. le Ministre, à qui la Société fera parvenir ses remercîmenls. — M. le docteur Rufz, membre de la (loinmission nommée pour déterminer les conditions du prix à décerner à celui (|ui aura introduit et acclimaté aux Antilles un animal non nuisible aux cultures et destructeur du Serpent venimeux di.t Fer-da- lance, écrit une lettre dans hupielle il développe des considé- rations sur la nécessité pressante de provo(juer des tentatives ayant pour but la réalisation de ce programme. — M. Gustave-Henri Chabaud, agent consulaire de France à Port-Élisabeth (cap de Bonne-Espérance), annonce l'inten- tion où il est de l'aire parvenir à la Société deux Gazelles, dites dans le pavs Spr'uuj-boky et deux Pachydermes du groupe des Sangliers. Il se met, en même temps, à la disposition de la PUOCÈS-VEUBAUX. 9l Société pour lui procurer d'autres animaux du (lap. Des remer- cîments lui seront transmis pour ce présent et pour ses od'res de service. — M. Jolivot, secrétaire de la Société centrale d'agriculture des Basses-Alpes, adresse de Digne un rapport détaillé sur les Yaks. Ces animaux, conllés d'ahord au Comice agricole de Barcelonnette, sont maintenant remis par M. l)ard,sous-préret de cet arrondissement, aux soins de la Société centrale. .■:■ — M. Albert Geod'rov Saint-Ililaire donne lecture d'un ij Rapport sur l'état actuel des Chèvres d'Angora et des Yaks j'assemblés sur les hauteurs du Cantal, et qu'il a tout récem- ment visités (voy. ci-dessus, p. /i9j. — M. Henri d'Escamps, lauréat de l'Inslituletancien admi- nistrateur de la marine, olTre à la Société un exemplaire d'un ouvrage publié par lui sous le titre (V Histoire de Madagascar^ et dans lequel il a traité avec une attention particulière des questions d'Histoire naturelle. On fera parvenir des remer- cîments à notre confrère. — M. Ramon de la Sagra continue la lecture de son mé- moire sur l'île de Cuba. Le chapitre (ju'il communique contient ■ i'énumération des animaux et des plantes utiles de ce pays. — M. Jules Cloijuet, présente de la part de notre confrère M. Eug. Cavenlou, un Mémoire sur un arbre de la Guyane {Carapa toidoiicouna^ le même (pie le Carapa senegalensis)^ appartenante la famille des iMéliacées, et dont l'écorce con- tient un principe amer fébrifuge. Ce travail, qui est une suite des recherches de ce chimiste sur les écorces réputées conime pouvant servir de succédanées au Quin(juina, est renvoyé à l'examen de la Conunission médicale. 92 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUIi D'aCCLIMATATION. SÉANCE DU 18 FÉVRIER 1859. Présidence de M. Is. Geoffroy Saint-Hilaire. M. le Président proclame les noms des membres nouvelle- ment admis : MM. Agnely (le docteur), à Alger. Alcochete (le vicomte d'), Conseiller de la Légation por- tugaise, à Paris. Barisy, Conseiller à la Cour impériale, à Alger. Belleroche (de), propriétaire, à El-Biar, près Alger. BELMONT(de), capitaine d'artillerie, à Alger. BoissoNNET (le baron de), lieutenant-colonel d'artillerie, vice-président du Conseil général de la province d'Alger, à Alger. Bo^NEAU DU 3Iartray, à Paris. BouiLLOD, propriétaire, à Cbàlon-sur-Saône (Saùne-ct- Loire). BoL'iLLOL'x, propriétaire, à Cluilon-sur-Saùne (Saône-et- Loire). Bresson, ingénieur-mécanicien, à Alger. Brimont (Gaston de), à l*aris. Caffe (le docteur), à Paris. Chassériai', architecte, à Alger, Claudon (le docteur Cb.-A.). directeur du crédit départe- mental, à. Clermonl (Oise). Delacroix, recteur de l'Académie, à Alger. Demo>'tzev, garde général, à Orléansville, provinced'Alger. Deqieval'viller (le docteur), à Paris. Dl'Feu, sous-inspecteur des forêts, à Alger. DuQUESiNE (le baron Melchior), à Paris. EscAMi'S (Henri d'), lauréat de l'Institut, ancien adminis- trateur de la marine, à Paris. Eyroi'X, officier d'administration, à Alger. Franclieu (le comte de), à El-Biar, près Alger. Franclieu (Henri de), à Alger. PROCÈS-VKRB.VUX. 9B MM. Fourrier, propriétaire, défenseur, à Blidah (province d'Alger). GoNNEAUD (Pierre), pharmacien, à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire). GuASTALLA, banquier, à Paris. Hérelle (Féhx), à Paris. Herpin (le docteur), à Paris. HiLL (le vicomte), pair d'Angleterre, à Hawkstone Salop (Angleterre). Imberdis, Président de chambre àla Cour impériale, à Alger. JoLYDE LoTBiNiÈRE (Gustave), à Québec (bas Canada). Lamote-Baracé (le comte de), au château de Coudray, près Chinon (Indre-et-Loire), et à Paris. Léonard, médecin en chef delà division, à Alger. Lestiboudois, Conseiller d'État, membre correspondant de TAcadémie des sciences, à Paris. Maisons, propriétaire, à la Maison-Carrée, près Alger. Marchessealx, directeur de lusine à gaz, à Alger. Marcotte, pharmacien, à Paris. Marion, Président du Tribunal civil, cà Alger. Marmier (Jules), colonel d'état-major, maire de Mont- morency (Seine-et-Oise). Négrin, chirurgien en chef de l'hôpital civil, à Alger. NoEL (Étienne-Léon), propriétaire, à Paris. Orihuela (A. -A.), vice-consul de l'Uruguay, k Paris. OuDRY, directeur propriétaire de l'usine électro-métallur- gique d'Auteuil, à Auteuil. Pailloux (le docteur), maire de Saint-Ambreuil (Saône- et-Loire) et à Paris. Percheron, receveur général, càRhodez (Aveyron). Ravan, consul du Portugal et du Brésil, à Alger. RiETSCHEL, médecin principal de l'armée, à Alger. Roussel (le docteur), à Paris. RoYER, sous-inspecteur des forêts, à Alger. RoziER, propriétaire, défenseur, à Alger. RuMiGNY (le marquis M. -H. de), ancien ambassadeur de France, à Paris. 9ll SOCIKTÉ IMI'ÉISIALK ZOOLOGI()l'K d'aCCLI.MATATION. MM. Seguin (Piuil), ingénieur, Paris. Skry (de), ingénieur en chef des ponts et chaussées, à Ali>er. Vautrin, propriétaire, à Alger. ViGLiER , inspecteur général honoraire de l'Université , à Paris. ViLLARs, propriétaire agriculteur, à Paris. ViTALLis, propriétaire, menihre du Conseil général de Saône-et-Loire, à Màcon (Saône-et-Loire) et à Paris. — M. le Président armonce que M. Drouyn de Lliuys a reçu de S. Exe. M. Fould, ministre d'Etat et de la maison de l'Empereur, mendjre de la Société, une lettre rinCormant (|ue Sa Majesté, voulant encourager nos tiavaux, a daigné ordonner (|ueson nom serait porté pour qualre-vingts actions sur la liste des souscripteurs de la Société du Jardin zoologique d'accli- matation. — M. le Président comnuinique ensuite deux lettres succes- sives de M. Drouyn d(; Lhuys, lui apprenant, l'une que S. M. le roi de Bavière, et l'autre (jue S. A. le Duc régnant de Saxe-Weimar, ont daigné permettre que leurs noms fussent inscrits sur la liste des augustes protecteurs de notre Société. La nouvelle de ces nouveaux témoignages de distinction a été transmise à noire honorahle vice-président par M. le haron de Wendland, ministre de Bavière à Paris, et par M. le vicomte des Méloizes, ministre de France à Weimar et membre de la Société. — MM . Audihert Irères, Bonvalot, Jaillet, et MM. lecomte de (]ausans, le baron de Làge, André Leroy et Barbey, tous (piatre membres de la Société, écrivent pour remercier des récom- penses qui viennent de leur être décernées. Ce dernier met à la disposition de la Société, pour le transport des Dromadaires d'Alger à Rio de Janeiro, des navires (jui sont en ce moment à Marseille. — Des remercîments pour leur récente admission sont adressés par MM. Lal'liley, le comte A. de Moustiers, de Orihuela et par M. Hérissé, qui l'ait parvenir un mémoire sur PROCÈS-VEliBALX. 95 la[)ro|)agaUoii en liberté des animaux utiles. Ce travail surtout relatif à la Pintade, au Paon et au Faisan, et dont la dernière partie renferme des considérations sur un projet de loi ayant pour but d'assurer cette propagation, est renvoyé à l'examen de la 2'' Section. — Dans une lettre adressée d'Alger, M. Richard (du Cantal) s'exprime ainsi à Toccasion des félicitations qui lui avaient été transmises pour Timpulsion qu'il vient de donner à notre œuvre par la création et l'organisation du Comité d'Alger : « Si j'ai été assez heureuxpour concourir au but que la Société se propose dans l'intérêt du bien public, je n'ai fait que suivre Texemple de dévouement qu'elle donne à tous ses membres. Je saisirai toujours avec empressement toute occasion de prou- ver par des actes, que je n'ai pas oublié les marques d'estime et de sympathie dont mes confrères n'ont jamais cessé de m'honorer. » — Notre confrère M. le comte de Galbert, administrateur du canal de Suez, au moment de son départ pour TÉgypte, se meta la disposition de la Société, à laquelle il adresse ses offres de service. — M. Fréd. Jacquemart, au nom de la Commission de comptabilité, dont il fait partie avec MM. E. Dupin et Passy, lit un Rapport sur l'état des recettes et des dépenses de la Société pendant Tannée 1857. Sur les conclusions de ce Rapport, l'assemblée approuve les comptes de M. le Trésorier, à qui elle vote à Tunanimité des remercîments, ainsi qu'à la (Commission de conqitabilité. (Voy. ce Rapport, p. xc.) — M. le marquis Séguier fait hommage à la Société d'é- chantillons de dix variétés de Pommes de terre, dont huit pro- viennent du Jardin botanique de Berlin ; les deux autres sont celles qui portent en France les noms de Bec-d'aigle et de Comice d'Amiens. Ces variétés sont remarquables, dit notre confrère, par l'abondance de leur rendement et par leurs bonnes qualités comestibles. — M. Giot, membre de la Société, offre des produits de ses cultures de Maïs. — M. de Lentilhac, directeur de la ferme- école de la 96 SOCIÉTK IMI'ÉIUALE ZOOLOGIQUi: u'aCCLIMâTATION. Dordogne, fait don à la Soriété d'une collection de glands de Chênes de l'Amérique du Nord et de graines de Virgilia hitea, de dinérentes plantes légumineuses du môme pays, ainsi que de Sorgho sucré de la Chine. Cette graminée est cultivée depuis plusieurs années avec succès en Pensylvanie, dit notre con- frère, qui offre de fournir des notes sur certains arbres précieux des État-Unis, dont Tacclimatation serait facile, à ce qu'il pense, dans la Sologne et dans les landes de Gascogne. — M. Marcadieu offre à la Société un sachet de graines de Thé qu'il a recueillies lui-même et rapportées des Indes. Des remercîments seront adressés à M. Marcadieu. — Notre confrère M. Bahorier, de ia maison .lacijuemet- Bonnefond père et fils, de Lyon, expédie le catalogue des végé- taux de pleine terre que ceti»; maison possède, et un Uapport sur ses cultures par xM. l'abhé IJerlèse. Cetenvoi est accompagné d'une proposition d'échanges, qui est renvoyée à la Commis- sion de distrihutioi\ des végétaux. — La culture de l'Igname de Cuba pouvant offrir de l'inté- rêt à la Société, l'un de ses membres, M. David, ancien ministre plénipotentiaire à Venezuela, offre de procurer des réponses très précises aux questions qui pourraient lui être posées rela- tivement à cette culture. — Renvoi à la 5" Section. — Le même renvoi a lieu pour une Noie de M. V. Chatel, relative à ses cultures de l'Igname, ipii, dans les terres argi- leuses et à sous-sol schisteux, n'a pas pris la forme en massue. Les rhizomes, après avoir traversé la couche de terre meuble, se sont aplatis et ont même parfois pénétré dans le sous-sol. Des différents engrais qu'il a essayés, c'est le mélange de guano et de sel, «pii lui a donné les meilleurs résultats. Cette Note contient différents autres détails touchant ses essais sur cette dioscorée. A celte occasion, M. Anselme Pétetin insiste sur l'impor- tance d'obtenir des tubercules courts, pour que ce précieux végétal, dont Tacclimatation est maintenant assurée parmi nous, puisse entrer déhnitivement dans la grande culture. M. le Président fait observer que la Société le comprend si bien ainsi, qu'elle a proposé un prix extraordinaire à décerner PROCÈS-VERBAUX. 97 en 1862, pour la création de nouvelles variétés d'Ignames de la Chine supérieures à celles (ju'on possède déjà, et notam- ment plus faciles à cultiver. (Voy. plus haut, p. ni.) — 31. le Président renvoie, en outre, à la même Section une série de réponses faites par M. Brierre, de liiez en Vendée, au Questionnaire rédigé par M. V. Chatel, imprimé et distri- bué par ses soins, et portant pour tilre : Projet d'enquête sur la culture de l'Igname de Chine. — Enfin, M. V. Chatel présente des observations relatives à une sorte d'ergot développé sur les graines du Sorgho. — M. le comte de Fontenay fait un Rapport sommaire sur les recherches auxquelles, d après la demande de la Société, il s'est livré pendant un voyage en Orient qu'il a entrepris avec le soin d'accomplir une mission littéraire que lui avait confiée S. Exe. le Ministre de Tinstruction publi(jue. Notre confrère insiste particulièrement sur l'Olivier de Crimée, dont il n'a pu constater la présence dans les lieux qu'il a visités aux environs de Sébastopol. -- M. Drouyn de Lhuys signale à l'attention de la Société un Rapport inséré au Procès-verbal imprimé des concours du Comice agricole des arrondissements de 3Ie!un et de Fontaine- bleau en 1858. Ce Rapport, dû h. M. E. Dumesnil, rend compte des succès obtenus dans la pisciculture par M. Petit-IIuguenin, propriétaire à Nemours. Il a établi des appareils semblables à ceux qui fonctionnent au collège de France, et y a fait éclore en assez grand nombre des œufs de Salmonoides reçus de l'établissement de Huningue, pour peupler des cours d'eau où jamais auparavant ces poissons n'avaient vécu. — Une liste d'oiseaux demandés et ofi'erls par notre confrère M. Harlé a été renvoyée par M. le Président à la 2'' Section, quia dressé une liste des propositions d'échanges parvenues dans ces derniers temps. Elle sera soumise à l'examen du Conseil. (Voy. cette liste plus loin, p. 112.) — M. de la Régassière. conservateur des forêts des Vosges, adresse un Rapport de M. Galmiche, inspecteur des forêts à Remiremont, sur ses essais de domeslication du Coq de bruyère. — Renvoi à la 2*^ Section. T. VI. — Mars 18o9. 7 08 SOCIÉTÉ I.MI>r:ill.\l.K /(iOl.OGIQUK t)'A:;CLIMATATlUN. — M. Louis tleClercfi annonce qu^on écrit de Sidney (Aus- tralie), à la date du mois de décembre dernier, que la maison de Montefiore, Grahan. et C'' de cette ville, vient d'y importer un troupeau de 300 têtes de Lamas, d'Alpacas et de Vigognes. Ce troupeau a éle rassemblé au Pérou avec le plus grand soin, pendantsix années, par >1. Ledger {Bulletin, t.V, p. 177). On fonde, ajoute notre cotdrère, de grandes espérances sur ce troupeau, (jui trouvera dans les montagnes entre Sidney et Moreton-Bay un climat fort analogu!' à celui des Cordillères. — Un mémoire sur les Uhunas-Lamas et congénères de la cliaine des Andes de rAméricjue du Sud est adressé par M. Eug. R()(;lin, (jui fait parvenir une proposition relative au transport en France, à efléctuer par lui, de Lamas et d'Alpacas. M. le Président informe (lu'une autre proposition ayant le même objet et émanant de M. Russeil (de Bordeaux) lui est par- venue. Elles sont Tune et l'autre renvoyées à une Commission ebargéede présenter le plus pronq)tement possible un Rapport au Conseil. i\I. Ferdinand Denis fait liommage i\ la Société d'une paire de gants tissés en poil de Puco Vicuna ou Alpa-Vigogne. En présenlant ces gants, M. le Président rappelle que la Société possède déjà, gnice au don de notre confrère M. le docteur Weddell. de la laine de cette admirable race obtenue par M. l'abbé Cabrera, curé de Macuzani au Pérou, l'un des premiers membres bouoraires de la Société. L'Alpa-Vigogne est le produit de l'Alpaca blanc et de la Vigogne. 11 est donné lecture par M. le docteur Vavasseur, à la (limande de M. le Président , d'un extrait des Notes d'un voyage dans les montagnes de l'Elbourz et le Mazendéran etilrepris par notre confrère M. de Saint-Quentin, secrétaire de la léga- tion de France à Tébéran, en ((Mnpagnie i. le comte d'Eprémesnil, 337; M. Dareste, 1. li° Pour les fonctions de Secrétaires : MM. K. Dupin, 337; le comte de Sinéty. 337: Aiig. Duniéril, 336: Guérin-MiMie- ville, 33(3. 5° Pour le (Conseil : MM. le haronSéguier, 337; Iluftier, 335 ; J. Cloquet, 33/1 ; de Oualrel'ages, 334. En outre, d'autres membres ont obtenu un moindi'e nombre de voix. - Kn conséquence, sont élus pour l'année 1859, Président : M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire • Vice Présidents : MM. le prince .Marc de Beauvau, Drouyn de Lhuys, Passy et Richard (du Cantal) ; .. Secrétaire général: M. le comte d'Kprémesnil ; Secrétaires: MM. Guérin-Méneville, pourle Conseil : Auo-. Duniéril, pour les séances; E. Dupiti, pour l'intérieur: et le comte de Sinety, pour Textérieur; Membres dit Conseil : .MM. J. Cloque!, de Quatrela^es Unifier et le baron Séguier. 100 SOCIÉTÉ IMl'ÉRlALi: ZOOLOGIQL'E l) ACCLIMATATION. SÉANCE DU U MAUS ISÔ'J. Présidence de M. Is. Geoffroy Saint-Hilaire. M. le Président proclame les noms des membres nouvelle- ment admis : MM. Baraillon (J.-B.), propriétaire, à Chambon (Creuse). Bassery (Jules), ancien agent de change, à Paris. BoNNiN, entrepreneur des eaux de Paris, Bordeaux, Lyon, etc., à Paris. BouLOUMiÉ, ancien magistrat, propriétaire des eaux miné- rales de Vittet, à Vittet (Vosges). Braconnot, à Paris. CnABEKT-MoREAU, défenscur à la Cour impériale d'Alger, adjoint au maire, à Alger. Cheyam)IER, membre correspondant de l'Académie des sciences, administrateur des cbemins de fer de TEst, à Cirey (Meurlhe). CouKCY (le comte de), membre du Conseil général de Seine-et-Marne, président de la Société d'agriculture de Rozoy et du Comice agricole de Coulommiers, à l*aris. Dlbourg (A.), mendjre du Conseil général de Seine-et- Marne, à Paris. Delaville Le Uoulx (Laurent), propriétaire, à la Guéri- tande, près Tours, et à Paris. Delesvaux (Camille), propriétaire agriculteur, à Vendat par EscuroUes (Allier). Dubois (le baron), doyen de la Faculté de médecine, à Paris. DuTFOY (Paul-Edouard), clief de culture à la ferme des Bergeries de Sénart, par Montgeron (Seine-et-Oise). Ernemont (d'), membre du Conseil général de la Seine- Inférieure, à Paris. FouRCHY (Paul), à Paris. Fremunger (le docteur), à Paris. Gallien, manufacturier, propriétaire, à Puteaux (Seine). Gamseval (Auguste), à Paris. Garnier (le docteur Marcel), propriétaire, aux Sables d'Olonne (Vendée). PROCÈS-VERBAUX. 101 MM.G.WARRET (le docteur), membre de TAcadémie impériale de médecine, professeur à la Faculté de médecine, à Taris. GiLLRT DE Grandmont (Emest), avocat, à Paris. GouLHOT DE Saint-Germain, sénateur, membre du Conseil général de la Manche, à Paris. Gouttes (de), chef de bureau au ministère des finances, à Paris. Grisolle (le docteur), membre de l'Académie impériale de médecine, professeur à la Faculté de médecine, à Paris. Gubler (le docteur), médecin des hôpitaux, professeur agrégé à la Faculté de médecine, à Paris. Guillemârd, procureur général à la Cour impériale dVVlger. HuiLLiER, notaire, à Paris. La BouLiE (de), sous- préfet, à Médéah (Algérie). Lairtullier, notaire honoraire, à Paris. Laugier (le docteur), membre de l'Académie impériale de médecine, professeur à la Faculté de médecine, à Paris. LiNiERS (le général de), commandant la subdivision de Médéah (Algérie). LoFFLER (Charles), à Berlin (Prusse). Marconnet (le docteur), à Paris. Marengo (le colonel), maire, à Douera (Algérie). Mniszech (le comte Georges de), à Paris. 3IoRE>;oDEMoRA(Jean), attaché à Tambassade d'Espagne, à Paris, Perrot d'Esiivareilles, inspecteur général des lignes télégraphiques en retraite, à Paris. Portalis, sériciculteur et fdateur de soies, à Beyrouth (Syrie). Poujade (Eugène), consul général, à Pans. Bapet, inspecteur de l'instruction primaire, à Paris. BicoRD (ledocteur Philippe), membre deFAcadémie impé- riale de médecine, et chirurgien des hôpitaux, à Paris. Sauzey, conseiller honoraire à la Cour impériale de Lyon, à Lyon. Serres (Jules), propriétaire, à Auvenay, par Meursault (Côte-d'Or), et à Paris. 10'2 soriRTi'^ iMi'KiUALr: zoologiulk d accliaiatation. MM. Tandkal- de Marsac, à Rrignac , par Saint-Léonard (Haute-Vienne). Takdy uk MoiNTRAVKL (Louis-Maric-Prançois) , capitaine devaisseau, gouverneur delà Guyane française, à Paris. WiLLKRMOZ, directeur de l'Ecole pratii|ue d'horticulture du Rliône, à Écully (Uhône). Des lettres de re:uercîmenls pour leur admission sont. adressées par MM. Claudi-n, Edau, inspecteur pour la France des douanes chinoises à Chang-hai, le comte de Lamotte- Baracé, Paul Séguin et Villars. MM. J. (iloiiuet, le haron Séguier et le comte de Sinéty, remercient de leur récente nomination comme membres du Conseil et comme secrétaire pour l'étranger . MM. Barlhe de Sainte-Fare, H. de Colonjon, F. Comha, Jacipies Deschamps, V. Griseri, Aimé Laurence et Nouel- Lecomte, l'ont parvenir Texpression de leur reconnaissance pour les recompenses qui leur ont été décernées dans notre séance solennelle du mois dernier. Une demande d'alliliation emananl de la Société centrale d'a'iricullure des Basses-Alpes, (jui compte ajouter à son titre celui de Société d'acclimatation, est renvoyée à l'examen du Conseil. . Des olîres de service pour le Brésil et pour l'Egypte sont adressées par notre confrère M. Bodrigo de la Mare Koeler, et par M. Miaiii qui va entreprendre, à ses frais, une expédition aux origines du Nil. Les remercîmentsde la Société leur seront transmis, et M. Miani est invité à vouloir bien se servir, conmie guide dans ses recherches en faveur de la Société, des Inslruc- iions récemment rédigées par rAcadémie des sciences pour une expédition seudjlable ipii n'a pas eu lieu, et dont M. Clo- quet, en sa qualité de membi-e de la Commission nommée par rinstilut, dépose un exemplaire sur le bureau. Des remcrciments seront également adressés à M. Maurand, (jui met à notre disposition, pour des expériences d'acclinuita- tion, des propriétés qu'il possède dans les départements du Uhône, de TAin et de TAriége. puocès-vi:rbaL.k. 103 I)e ce dernier département, M. le Président a reçu une lettre de noire confrère M. Léo d'Ounous, (jui informe que, dans le sein des Sociétés hippiques et d'agriculture de Saver- dun et des villes voisines, il sera possible de créer un Comité d'acclimatation. Cette lettre est renvoyée à l'examen du Conseil, qui aura également à examiner une proposition relative à la délégation d'un membre de la Société au Concours régional de Foix, fixé au mois de mai, M. dOuîious donne des détails sur les conséquences fâcheuses des sécheresses extrêmes de l'été passé, lesquelles ont fait périr un assez grand nombre d'arbres étrangers depuis long- temps acclimatés dans cette contrée où l'Allante glanduleux croît en abondance, et où, par conséquent, les éducations dii nouveau Ver à soie pourront être poursuivies sur une grande échelle. Notre confrère, enfin, annonce l'intention d'offrir à la Société des graines d'arbres et d'arbustes du midi très propres à être cultivés dans le centre de la France, ainsi ([ue des œufs de rOiede l'Ariége, vulgairement nommée Oie de Toulouse. — Diverses demandes de végétaux sont renvoyées à la Com- mission de distribution. — Notre confrère M. Chagot fait hommage à la Société d'un certain nombre de graines du Sénégal, en aimonçatit (ju'un envoi sendjlable vient d être fait par ses soins à Alger, à notre confrère M. Hardy. Ces graines seront remises à la Commis- sion de distribution. — A l'occasion d'un passage du procès-verbal de la séance du 7 janvier dernier, où il est dit que M. le professeur Hétet, tout en rendant justice aux travaux de i^i. le docteur Sicard sur l'exlraction et l'emploi des matières colorantes fournies par le Sorgho, a fait observer (jue dans un mémoire daté de décembre 1855 et inséré dans la Bévue coloniale de 1856, il a mentionné les propriétés tinctoriales des graines de cette plante avant que M. Sicard eût encore rien publié sur les ré- sultats de ses recheiches, ce dernier rappelle que le 13 dé- cembre 185^, il a déposé sur le bureau de la Société d'horti- culture de Marseille la sorghotine et un autre principe colo- rant de même origine, découvert par lui. En mars 1855, cette lOh SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE u'aCCLIMATATION. Société lui a décerné une médaille de vermeil pour ces produits et pour des échantillons d'étolîes teintes avec ces substances; des pièces semblables ont figuré à TExposition universelle de 1855. — De beaux échantillons d'Ignames de Chine et de Pommes de terre de Sainte-Marthe sont placés sous les yeux de rassem- blée par nos confrères MM. le baron de Kirgener et Hipp. Geoffroy-Château, juge à Bernay. A l'occasion de ces Pommes de terre, dont Vun des spécimens, qui n'a pas été choisi parmi les plus beaux, pèse 69 grammes, et a 0"',055 de diamètre, M. le Président fait observer que l'on s'est peut-être trop hâté de juger défavorablement cette espèce. M.Louis Vilmorin pense, d'après certaines observations qui lui sont propres, qu'il y a eu probablement plusieurs variétés dans l'envoi, et que les différences dans les résultats obtenus pourraient être dues à cette diversité même. M. le Président, sur la demande de M. Drouyn de Lhuys, dit que notre honorable vice-président tient à ce qu'il soit bien établi devant l'assemblée, puisque de bonnes nouvelles sont données sur la culture de la Pomme de terre américaine, ({u'il n'a pas été seul à solliciter l'expédition en Europe de cette plante, et que le premier appel à ce sujet nous a été adressé par notre confrère M. d'ivernois. M. Bourgeois rappelle alors ses anciennes tentatives relati- vement à racclimatation sur notre sol de la Pomme de terre des Cordillères, qu'il ne lui a pas été possible de conserver. — M. lîrierre, de Riez (Vendée), fait parvenir un dessin à Ihuile, qui est placé sous les yeux de l'assemblée, il représente, de grandeur naturelle, à ijualre mois, des racines de deux espèces de Haricots à tubercules de Siam, dont la culture réussit bien entre ses mains. Il joint à cette peinture un Rapport sur d'autres végétaux étrangers. Des remercîments seront trans- mis à notre confrère, — M. A.Dupuis, membre de la Société, dépose sur le bureau le numéro du journal la Patrie en date du 22 février, dans lequel il a inséré un compte rendu détaillé de notre séance solennelle. Il présente, en même temps, de la part de M. H.-E. René, élève de l'école de (Iriffnon, une Note relative à la substance I>I'.OCÈS-VEnB,VLX. 105 connue sous le nom de teckroiiri, et qui n'est autre chose que le produit obtenu par lehachage extrêmement fin de la graine du Chanvre dit Cannabis indlca. Celte substance, dont il com- munique un échantillon, et qui peut être fumée sous cette forme, est la base de la préparation connue sous la dénomina- tion de hachisch. — l'envoi à la Commission médicale. — M. le Président renvoie à la Commission industrielle un échantillon de fds fournis par l'Ananas et d'autres plantes de la famille des Broméliées. Ces tils sont transmis par M. de Bel- laigue, consul de France à la Chaux-de-Fond ; il adresse en même temps une Note rédigée par une dame qui, après s'être longtemps occupée aux Antilles des moyens d'obtenir les fils dont il s'agit, est arrivée à trouver un procédé permettant de tirer de ces plantes un produit vraiment industriel. — M. Giot, qui avait fait parvenir, déjà Tannée dernière (t. V, p. 559), et récemment, des échantillons de Maïs des Indes provenant de ses cultures de Chevry (Seine-et-3Iarne), adresse aujourd'hui une Note à ce sujet, dans laquelle il insiste sur l'importance de cette plante et sur celle du Sorgho qu'il cultive aussi, relativement à la production de l'alcool. A un certain moment de l'année, la distillerie qu'il a établie dans son exploitation, qui couvre 365 hectares, chômerait, si, après les travaux de distillation exécutés d'abord avec la Betterave, puis avec le Topinambour, il n'avait la possibilité d'obtenir du 3Iaïs et du Sorgho alors arrivés à leur maturité l'alcool qu'ils peuvent fournir. Néanmoins une lacune reste encore forcé- ment dans l'atelier de distillerie depuis la fin de juillet jusqu'à la fin d'août, et notre confrère appelle l'attention de la Société sur l'intérêt qu'il y aurait à introduire dans nos cultures une plante riche en alcool propre à être travaillée pendant cette période. La comparaison que M. Giot a faite des produits du Sorgho et du Maïs des Indes le porte à considérer ce dernier comme supérieur tant sous le rapport de la quantité de sucre, et par suite d'alcool, qu'il peut donner, que parce que ses tiges, dit-il, sont préférées par les bestiaux. — M. Laure, agronome à Toulon, offre à la Société des :106 SOCIÉTÉ IMPÉI'.lALK ZOOLOGlUlK d'aCCLIMATATION . graines d'un arbre de ïh\de\S(fpm(h(s emarginata) (jui sup- porte les gelées des hautes montagnes de la partie méridionale du continent indien, et dont les fruits fournissent une sorte (le savon. iM. Lanre pense que cet aibre peut réussir dans le Midi, et il a entrepris des estais avec une portion des graines qu'il a reçues. Il adresse, en outre, une ISote lilliographiée dont l'examen est renvoyé à la 5" Section, et (jui contient la descripli(jn d'un procédé de culture permettant d'obtenir des tubercules d'Ignames arrondis et ramassés, par suite d'obstacles qu'on oppose à leur développement en longue ui'. Celte Note renferme des détails sur des tentatives de culture du Tayo ou Taro, aroïdée à tubercules féculents de Samana iHaïti), dont quelques-unsd( s tubercules rapportés par M. Salles, capitaine- annaleur, ont été remis à M. Laure. (Voy. liullctin, l. IV, p. 2/il,58U.) — M. Vilmoi'in |)résenle un Happort siu' les résultats cpie lui a fournis lu culture des diverses plantes chinoises rap- portées par Mgr Perny. Il entre dans (|uel(pies détails sur ses essais de fabricalion, avec les Pois oléagineux, du fromage chinois nonuné teo-fou. M. le baron Séguier fournit des renseignements complémen- taires sur cette fabricalion. , — M. Brot, délégué de la Société à Milan, donne des nou- velles fort satisfaisantes de la culture de l'Igname en Lom- bardie, où son acclimatation réussit très bien. \a\ lettre de notre confrère informe du bon accueil (|ui a été fait en Lom- bardi(! au projet de voyage en Chine de MM. les comtes Freschi et (^astellani pour y recueillii' de la graine de Vers à soie, et de renq)ressement avec lequel on a pris part à la souscription ouvei'te en vue de l'exécution de ce voyage dont on espère de très heureux résultats relativement à l'industrie séricicole. • — Différentes demandes de graines de Vers à soie du Ricin sont renvoyées à la Ix' Section. Une de ces demandes émanant du Gouvernement portugais a été transmise par S. Kxc. M. le baron dePaiva. envoyé extraordinaire et ministre plénipoten- tiaire de S. M. le Roi de Portugal et membre de la Société. Parmi les personnes (jui désirent de la graiiu; de Vers à l'ftOCÈS-VERBAUX. 107 soie, se trouve notre confrère 31. le professeur Hétet. Il annonce à 31. J. Cloquet, par qui la demande est transmise, que, selon robservation de 31. Philippe, mendjre de la Société, les Dattes Jiiùrissent bien à Toulon, et donnent de bonnes graines, si l'on il soin de laisser les fruits deux ans sur Tarbre, comme on le fera à Lamalgue, dans la propriété de M. Clotjuet. — Notre confrère, 31. Perrotlet, dans le but de venir en aide à la sériciculture européenne si gravement atteinte par suite de rétat de maladie de nos Vers, voudrait pouvoir faire par- venir en France de la graine des races indiennes, qui vivent également sur le31ùrier, et qui sont parfaitement saines. Pour que ces envois pussent èlre faits, il serait indispensable que la graine fût soumise à une réfrigération qui retardât l'éclosion jusqu'au trente-cinquième jour, durée actuelle du voyage de Pondichéry en France ; car dans l'Inde, cette éclosion a lieu au bout de huit, dix, douze ou quinze jours, selon la tempéra- ture. La lettre est renvoyée à l'examen de la Commission de sériciculture. (Voy. t. V, p. 565.) — 31. le docteur L. Soubeiran, en sa qualité de secrétaire de la h' Section, adresse le Procès-verbal de la séance tenue par cette Section, le 22 février. On y remarque une discussion sur les conditions climatolo- giques de la Chine comparées à celles de la France relativement à l'alimentation des Vers à soie du Chêne, et sur la distinction spécifique des espèces dont le feuillage sert à la nourriture de ces Vers. De cette discussion, il résulte : J" que le Ver dont il s'agit est soumis dans le Kouy-tcheou, ainsi que dans la 31audcbourie, et sans renversement de saisons, à des tem- pératures semblables à celles de la France, sinon même plus froides -. '1° (jue non-seulement les quehiues Vers éclos jusqu'ici ont pu être nourris d'une façon satisfaisante avec les feuilles de deux de nos Chênes {Quercus pedunculata et alba), mais que les Chênes de Chine, dont on a apporté des glands, se déve- loppent bien dans notre pays. Sur l'observation de M. A. Dupuis, la Section décide (|ue, en raison de la complexité des ques- tions que soulève l'acclimatation des insectes producteurs de soie, elle s'adjoindra, quand elle le jugera convenable, des 108 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIOUE d'aCCLIMATATION. membres de la 5" Section, afin de composer une Commission mixte. — M. Baslil'ord, de Surdah (Bengale), adresse une Notice imprimée, qui contient la suite de ses expériences sur les croi- sements des Vers à soie indiens avec les meilleures races fran- çaises et italiennes, mais sans altérer la rapide succession des phases du développement des Vers de Tlnde. — M. Guérin-Méneville dépose sur le bureau un Mémoire extrait de sa Revue de zoologie, ayant pour litre : Mélanges de sériciculture , et dans lequel il s'occupe de l'introduction du Ver à soie du Vernis du Japon, de l'éducation du Ver à soie ordinaire à Cayenne et de Tépidémie des Vers à soie. — La Société reçoit un numéro du journal de Loubans (Saône-et-Loire), du 20 février, dans lequel se trouve un Rapport favorable sur la pisciculture. — M. Millet place sous les yeux de rassemblée une série d'échantillons vivants d'œufs fécondés et de jeunes poissons, savoir : de Saumon, de Truite saumonée et (rOmbrc-t^heva- lier. Ces œufs ont été fécondés, les uns artiliciellement, les autres naturellement, sur desirayères établies parles soins de M. Millet dnns des viviers et réservoirs parfaitement clos et alimentés par des eaux de source. Les frayères ont été fré- (|uentées, cette année, pour la seconde fois, par les espèces introduites dans ces eaux à l'état d'alevin provenant de fécon- dations artilicielles. — M. J. Cloi|uel lit une Note relative à la reproduction du Saumon au milieu des eaux de l'étang de Saint-Cucufa près de Saint-Ouen, dans les domaines de l'Empereur, où, depuis plu- sieurs années, M. le professeur Coste exécute sous les yeux de Sa Majesté des expériences sur une vaste échelle. Le fait domi- nant de cette note est la constatation de la reproduction abon- dante du Saumon à l'état de domesticité, dans des bassins clos et sans que les individus séquestrés dès leur naissance, âgés maintenantdevingl-deux mois, pcsanten moyenne l"20grammes et longs de 0"", 25 à 0'", 30, aient jamais pu elfecluer leur mi- gration à la mer. — M. Davelouiscommuniijue une lettre adressée de Kliadra PROCÈi:-VEUBAUX. 109 (cercle de Géryville, Algérie) par M. A. JoyeuK, lieutenant, commandant les puisatiers du Sud, chargés de rechercher les eaux dans cette partie de notre colonie. D.' la lettre dont il s'agit, il semble résulter que M. Joyeux aurait domestiqué une grande espèce d'Outarde. — Renvoi à la future Commission des récompenses à décerner en 1S60. — M. Althammer, président de notre Société aftiliée d'accli- matation à Roveredo (Tyrol méridional), transmet des détails sur la domestication de la Perdrix bartavelle. — Une demande de graines et de Vers à soie étrangers est adressée par la Société d'agriculture du duché de Nassau sié- geant à Wiesbaden et agrégée à la nôtre. Cette Société de- mande en même temps des renseignements sur les Chèvres du Mont-d'Or. — Renvoi à la 1" Section. — M. iMilliot, chargé de la direction de notre troupeau de Souliard (Cantal), annonce que dix Chèvres d'Angora ont ré- cemment mis bas chacune un Chevreau ou une Chevrette, et que la maladie désignée sous le nom de pietin a disparu. — Notre confrère M. le docteur Lepresire (de Caen) fait connaître que, au nombre des animaux dont il vient d'enrichir son jardin zoologique, se trouve un Lama femelle. — M. deCapanema, notre délégué à Rio-de-Janeiro, informe que le coupon de drap velours fabriqué par M. Davin avec le poil de Chameau d'Asie et d'Afrique a été présenté à l'empereur du Rrésil et fort admiré. — M. Vauvertde Méan fait parvenir de Glasgow la traduc- tion d'un article publié par un journal de Sidney {Australian and hew Zeland Gazette)^ et dans lequel sont consignés des détails sur l'heureuse arrivée en Australie du troupeau de Lamas et Alpacas rassemblé dans l'Amérique du Sud par M. Ch. Ledger, qui, après six années de séjour pénible sur le continent américain, voit enfin ses efforts couronnés de succès. — Notre confrère M. 0. Réveil adresse une Note renfermant quelquesrenseignements sur la tentative d'acclimatation du Dro- madaire dans les Landes, faite en 1836 parM. Laurence, député de ce département; tentative quia échoué par des circonstances particulières, et d'où ne résulte aucune preuve que ces ani- 1 10 SOCIÉTI': iMPÉllIALE ZOULOCMUL'i; d'aCCLIM VI ATION. maux, ne puissent y être transportés avec succès et y rendre les services qu'on est en droit d'en attendre sur un sol si ana- logue à celui du désert. — Renvoi à la 1" Section. — M. Sacc informe que MM. Ziegler et Juci de (iuehwiller pouvant iiler bien et avantageusement nos laines d'Angora indi- gènes, il lui semble nécessaire, pour cpron arrive à obtenir des résultais convenal.'Ies, (|u'on rernetl<' à ces lilateurslOO kilo- grammes de laine. En conséquence, il sollicite l'iidervention de la Société afin qu'elle demande les toisons de l'Algérie. Une lettre a, en elï'et, été immédiatement écrite dans ce sens à S. A. I. le prince Napoléon. — M. Guérin-Méneville dépose sur le bureau, de la part de M. le docteur Bcrg, cbirurgien delà marine impériale, aide- major de l'escailrou despaliis au Sénégal, lu» travail ijui a pour titie : Étude sur une tribu de Ruîninants à cornes creuses très commune au Sénéijal. — Renvoi à la l""*" Section. — M. b. Figuier, membre de la Société, lui fait bonnnage du livre qu'il publie sous le litre de : Année scientifique. — M. Drouvn de Lbuvs Iransmel \\\\ numéi'o du Journaldc Loir-et-Cher, en date du 'Il février, dans lequel est contenu un extrait du discours prononcé par M. le Président dans notre dernière séance solennelle. Le Secrétaire des séances, AUG. UUMÉHIL. FAITS UiVEUS. 111 III. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. Projet d'importation en France d'un troupeau d'Alpacas et de Vigognes. Le Conseil d'administration vient de prendre une décision importante : il a accepté les propositions qui lui avaient été adressées par M. Eugène Roehu. voyageur français depuis longtemps établi en Amérique, et qui sont relatives à l'introduction en France d'un troupeau d'Alpacas et de plusieurs Vigognes. La Société recevra coinnuiiiicalion, dans sa prochaine séance, des bases adoptées pour celte opération i'nportanle, à laquelle pourront s'associer, en leur nom privé, ceax de AL>L les Membres de la Société qui désireraient rece- voir pour pux-mèmes, soiides Alpacas ou des Vigognes, soit des Lanias. S. M. l'Empereur a donné nn nouveau témoignage de son intérêt pour la Société et pour ses travaux, en demandant que trois Alpacas et trois Vigognes, destinés aux domaines impériaux, fussent compris dans les demandes de la Société. Utilité de l'introduction de plantes remarquables par la beauté de leurs fleurs. La Chambre de commerce de Lyon, afln de mettre à la portée du plus grand nombre un nouvel élément d'instruction, a récemment voté la création dans cette ville d'un Mmée d'art el d'industrie. Cette décision, dès longtemps projetée, a été prise à la suite de la lecture d'un Rapport que notre confrère M. Natalis Rondot, délégué de la '>liambre, lui a présente au mois de septembre dernier. Le Rapport dont il s'agit servira de programme préliminaire à l'organisation du Musée, qui est institué dans le but d'éveiller et d'entretenir chez le public le sentiment du beau, de lui montrer et de' lui faire aimer dans l'ai l la grâce et la disiinction. Parmi les moyens d'arriver à ce résultat si désirable que M. N. Rondot énu- mère dans son Rapport, il en est un sur lequel il semble convenable d'appeler rattenlion de lu Société, car il se rattache, jusqu'à un certain point, à l'objet de nos travaux. Nous voulons parler de l'introduction de plantes remarquables par l'éclat et par la beauté de leurs fleurs Or, voici ce que dit le rapporteur sur le rôle que les plantes peuvent être appelées à jounr dans l'accomplissement des œuvres d'art : '( Une salle, d.ins le Musée, serait destinée aux fleurs. Elles sont les éléments » essentiels de tout ornement, les modèles les plus heureux dont l'art se soit » inspiré, et offrent des diversités infinies de formes, de port et de couleur. Le » bienfait serait grand, de réunir des dessins fidèles et des photographies des » plantes et lies fleurs les plus belles, tant de l'Australie que de l'Amérique, ;> de l'Inde que de la t'hine et du .Japon. La seule famille des Orchidées ne pré- « sente-telle pas un tyjie d'ornement d'une beauté singulière? » Toute l'ornementation (-gyptienne, dont on connaît la grandeur, l'élégance » et la richesse, se rapporte à trois types, à trois plantes, au lotus, au palmier » et au papyrus. L'ornement de la Grèce et de Rome repose sur l'acanthe et » deux ou trois feuillages, et celui du xni" siècle a pour type une feuille à trois )) ou cinq lobes. N'y a-t-il que ces types dans la nature, et à ceux-là seuls l'art » est-il essentiellement lié? Non certes; le nombre est grand parmi les cent )i mille espèces de plantes répandues dans le monde, de celles qui ont la beauté i> de la l'orme ou de la couleur, et dont un art savant et ingénieux peut tirer )) de nouveaux sujets d'ornement. L'homme exercé à bien voir trouvera des 112 SOCIÉTÉ IMl'Él'.LVLli ZOOLOUIQLÎE 1) ACCLIMATATION. » ressources inattendues et précieuses d'orncmeatation dans les attitudes et les » enlacements naturels des plantes, dans les ciiarniants et harmonieux efTets )' que présentent le rapprochement et l'accord de tant de vie et de couleurs. » Les belles fleurs que la Société intri)duira dans son jardin du bois de Bou- logne ; les (leurs nouvelles dont ou lui devra la découverte et l'accclimatation, n'auront donc pas le seul mérite de l'agrément. Elles présenteront une véritable utilité, comme le fait observer M. N. Uondot dans une lettre qui accompagne l'envoi de son Rapport. Elles fourniront, eu effet, de nouveaux sujets d'orne- ment, et par cela même, la Société, qui se préoccupe vivement de tous les genres d'utilité des productions de la nature, pourra rendre à l'art et à l'industrie uu véritable service en encourageant la recherche des fleurs les plus belles. BlILIiETlIV DES ECUAîVftiES PROPOSÉS PAR LES MEMBRES DE LA SOCIÉTK IMPÉULVLE d'aCCLIMATATION. MM. Le baron d'AvES.NE, à Paris. A. BOUVRNOT, à Jcviirncy , \wr Coiiibcau-Fonlîiine (Haiilc-Saùiie), DESCIIAMI'S , à Paris. • Harik, it .Aizccomi-le-Haut, près Péronne. Lecointe, à Paris. E. lior.EU, à Paris. P.ÉVKII,, à Paris. DEMANDES. Œufs de Canard mandarin. — de la Caroline. Œufs de Colin \\'>m. Poules de Bulgarie. — de Varna. — do Maljcca. — de (^ocliincliino. — moucliclces de noir el don', Femelles de Faisan doré. Pcrriich» (imlnlécs. Colins Sarcelles de Cliine. Faisan doré. Ol'FRES. Poules de Cochinchine pei-drix. — — jaune. — — blanche — • Bralima-pooira. Colombes à lèlc bleue. (Eufs de Colins. Œufs d'Oie d'Egypte. — de Magellan. — à pâlies et bec roses. — de Cravanl. — licrnache. — du Canada. Faisan argenté. — doré, mâle. Poule co(liintliinoi--e penlrix. — — jaune. — — blanche. — Brahma-poolra. Le Secrétaire du Conseil, GUF,niN-Ml';NEVILLE ALPAGAS ET VIGOGNES. 113 I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ. PROJET D'INTRODUCTIOiN D'CN TROUPEAU D'ALPAGAS ET DE VIGOGNES. RAPPORT PRÉSENTÉ DANS LA SÉANCE DU 1" AVRIL 1859 Par II. Frédéric J ACQIJUllART, AU NOM d'une commission SPÉCIALE (1). Messieurs, M. le Président vous a souvent entretenus de l'intérêt qu'il y aurait à acclimater en Europe et à répandre dans le monde les Lamas, lesAlpacaset les Vigognes, animaux précieux, au- jourd'hui renfermés dans l'Amérique du Sud, et gardés par des gouvernements jaloux, qui cependant n'en tirent qu'un bien faible parti. M. le Président vous a dit aussi quels avaient été, à diverses époques, les projets conçus, les tentatives faites pour se procurer ces animaux, et les circonstances qui avaient, ou suspendu l'exécution de ces projets, ou compromis le suc- cès de ces tentatives. Néanmoins la question restait entière et conservait toute son importance. Notre Société était àpeinefondée depuis quelques semaines, que votre Conseil préparait déjà les moyens défaire venir en Europe un troupeau de Lamas, d'Alpacas et de Vigognes. Notre caisse étant vide alors, le Conseil faisait appel à nos confrères de bonne volonté; et ceux-ci répondaient par (l) Celte Commission se composait de : MM. Richard{du.Cànla\), président, le marquis Amelot, Daresie, Davin, Delon, Drouyn de Lhuys, le comte d'Éprémesnii, A. Geoffroy Saint-Hilaire, Gervais (de Caen), le baron de Pon- talba, le marquis Séguicr, le marquis de Selve, le comte de Sinety, le baron de Tocqueviile, Vavasseur, Weddell, et Frédéric Jacquemart, rapporteur. T. VI. — Avril 1859. 8 illi SUUlliTÉ IMPÉKIALE ZOOLOGIQLE d'aCCLIMXTATION. unedemandedequarante-sixailimaux (jui devaient Otre achetés et transportés à leurs risques et périls. Ces demandes furent transmises à un ingénieur français qui reprenait, dans les Cor- dillères, l'exploitation d'anciennes mines d'argent, et que ses aftaires appelaient souvent à Lima. En même temps, grâce au concoursetficacede notre confrèresi dévoué M. Drouyn de Lhuys, alors ministre des affaires étrangères, nous obtenions du gou- vernement péruvien l'autorisation de faire sortir du Pérou un certain nombre de ces animaux dont l'exportation est prohi- bée. Ce projet, longuement mûri, allait recevoir son exécution, lors(pie notre malheureux compatriote, atteint de la fièvre jaune, qui pour la première fois apparaissait au Pérou, mou- rut après avoir langui pendant plusieurs mois. Cette tentative, ou [)lutôt cette étude n'a cependant pas été inutile; elle nous a lait connaître toutes lesdillicultés que présentent le choix et l'achat d'un troupeau au Pérou, son expédition en France, sa nourriture et sa conservation pendant la traversée. Ces dilli- cultés, très grandes et multiples, peuvent bien ne pas décou- rager celui qui demande un petit nombre d'animaux et n'a de comptes à rendre qu'à lui-même : mais elles sont capables d'arrêter le zèle d'un Conseil qui se trouverait dans la néces- sité d'engager dans une opération si chanceuse des sommes importantes appartenant à une Société dont il doit surveiller les intérêts. La question fut donc encore nécessairement ajournée. La situation prospère de vos finances avait décidé votre Conseil à l'étudier de nouveau, lorsque 31. Eugène Roehn, voyageur naturaliste français, vint lui proposer sa coopération, mettre à sa disposition sa grande expérience, et lui offrir d'amener en France pour la Société, à des conditions qui se- raient débattues, un troupeau de cent têtes. Vous connaissez déjà, messieurs, le nom et les travaux de M. Roehn; vous vous rappelez que, dans votre séance publicjuedu 17 février dernier, vous lui avez décerné une médaille de première classe, pour avoir, en deux fois, avec des peines infinies, fait sortir de l'Amérique du Sud plus de deux cents Lamaset Alpacas qui ont été dirigés sur New-York, Cuba et l'Australie Le Conseil a été d'avis que les propositions de M Roehn ALl'ACAS ET VIGOGNES. 115 devaient être étudiées; mais, frappé tout à la t'ois de l'impor- tance de la somme à engager et de la grandeur du but. le Conseil a pensé qu'on devait s'eJVorcer d'atteindre ce but, et n'engager sérieusement les finances de la Société qu'à partir du moment où les animaux, étant arrivés en France, auraient été acceptés par la Société. En conséquence, il nomma une commission qui dut se mettre en rapport avec jM. Roehn, et traiter avec lui sur ces bases. Cette Commission, pénétrée de la double pensée du Conseil, et comprenant que, lorsqu'on a l'iionneur de traiter au nom de la Société, on doit être sagement économe de ses deniers, et ne poser que des conditions très nettes et très précises, afin qu'on ne puisse jamais soupçonner sa loyauté, cette Commis- sion aborda résolument toutes les diiticullés. Après les avoir successivement aplanies, elle présentait à 31. Roebn un projet de traité rédigé dans cet esprit. En Tacceptant, M. Uoebn a prouvé, à notre sens du moins, qu'il appréciait les devoirs imposés à la Commission ; que sa bonne foi était entière, et que son premier mobile était le désir formé depuis longtemps pav lui d'être l'introducteur en France de ces précieux animaux. Vous pourrez, messieurs, prendre communication, au siège de la Société, de cet acte (|ui vous intéresse non-seulement parce qu'il engage une partie de vos finances, et parce qu'il est la constatation d'un des actes les plus importants de la Société; mais même parce qu'il y est expressément convenu que tous les membres de la Société ou toutes autres personnes qui vou- draient se procurer des Lamas, des Alpacas et des Vigognes, pourraient, par l'intermédiaire de la Société, les faire venir aux mêmes clauses et conditions que la Société impériale zoologique elle-même. Limité dans ses ressources, votre Conseil a dû se restreindre dans le cboix des espèces, afin d'avoir de chacune d'elles un nombre suffisant de sujets pour faire des expériences déci- sives. Il a préféré les Alpacas de pur sang et les Vigognes aux Lamas et autres races, parce que les premiers sont supérieurs aux seconds par la beauté si remarquable de leurs magnifiques toisons, et présentent sous les autres rapports presque les mêmes 116 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQLE d'aCCLIMATATION. avantages. Le Conseil a donc demanilé tant pour la Société impériale d'Acclimatation que pour le Jardin du bois de Bou- logne, vingt Alpacas de pur sang, au prix de 200 piastres (1050 fr. environ) par tète (1), et dix Vigognes, au prix de 300 piastres (1575 fr. environ) par tète, dont le prix est payable seulement quand les animaux, amenés bien portants en France, auront été acceptés et reçus par la Société, confor- mément aux conditions stipulées dans le traité. La Société a reçu de l'Empereur la mission de faire venir pour Sa Majesté un petit troupeau d'Alpacas et un autre de Vigognes. La Société zoologique d'acclimatation des Alpes et M. le baron de Rothscbild se sont également fait inscrire pour un certain nombre de ces animaux. EXTRAITS DES PRINCIPAUX ARTICLES DU TRAITÉ. Le délai accordé h M. Iioelin pour ainoiier les animaux en France est fixé à un an ou dix-liuit mois au plus, à dater du 18 mars. Les animaux seront âgés de trois à quatre ans au plus, d'une lielle con- formation, propres à la reproduction et au moins de la taille moyenne de leur espèce. Tous les animaux devront être marqués sur la joue droite, de la marque au feu de la Société. 11 est expressément convenu que la Société a le droit de n'accepter que les animaux qui satisferont à toutes les condilions émises au traité, et que si aucun de ceux qu'.imèaera M. Uoehn n'était dans les conditions exigées, la Société pourrait n'en recevoir aucun. Les demandes adressées à la Société par des associations ou par des par- ticuliers seront transmises par elle à M. Roehn, qui s'engage à les exécuter aux mêmes clauses et condilions que celles stipulées au traité. Pour ces demandes, comme pour la réception des animaux qui en résulte- ront, la .Société sera seule en rapport avec M. lloelui ; elle seule se chargera de la répartition. (1) Le prix des Lamas sera le môme que celui dos Alpacas. Les personnes qui désireraient profiler de l'inlervenlion de la Société pour se procurer des Lamas, des Alpacas ou des Vigognes peuvent s'adresser pour tous les renseignements à l'Agent général de la Société, ruo do Lille, 19. PERDRIX BARTAVELLE. 117 NOTE SUR DES PERDRIX BARTAVELLES [Perdix saxatilis) ÉLEVÉES EN DOMESTICITÉ. Par n. ALTHAMMER, Membre-fondateur de la Société d'acdimatation du Tyrol. (Séance du 4 mars 1859.) La Perdrix bartavelle est abondante dans certaines parties duTyroi méridional, etdepuiscinq ans j'en possèdedes individus qui vivent en pleine liberté dans ma maison. Elle se multiplie très bien, même dans une petite chambre. Les soins à donner aux nouveau-nés sont déjà très bien indiqués par M. Allary (1), et je n'ai rien à y ajouter. Les adultes sont peu délicats, et mangent de tout. Les trois paires que j'ai en ce moment se pro- mènent dans la maison; mais le lieu de leur prédilection est la cuisine, o\\, je le répète, les oiseaux mangent tout en véritables omnivores, même la viande cuite ou crue. Leur apprivoise- ment en domesticité est étonnant et remarquable. S'il le plai- sait à la Société, je pourrais lui en envoyer un couple, ou même quelques couples en septembre prochain, lorsque les jeunes seront iléjà développés et pourront subir le voyage sans crainte de soulIVances. Ce sont des oiseaux très rustiques, robustes; l'esclavage jusqu'ici n'a pas eu d'influence sur leur tempérament. J'ai envoyé, ces jours-ci, un mâle etdeux femelles à M. Œttel, à Gœrlilz, qui veut en essayer l'acclimatation dans son pays. Je viens de lire dans le Bulletin de la Société impériale qu'elle désire des œufs du Tétras auerhan et birkhan {grand &i petit Coq de bruyère); je m'empresserai d'en procurer un petit nombre, car ces deux espèces ne sont pas abondantes dans le Tyrol méridional surtout le T. iiro- gallus. Il me serait bien agréable, de recevoir quelques instruc- tions pour l'envoi de ces œufs et les soins préalables à y apporter. (1) Voyez Bulletin, t. I, 185/i, p. 62. 118 SdCIKTÉ niI'ÉlUALK ZOOLOGlQrK d'aCCIJMATATION. APPLICATION DE N011YEI.LES METHODES DE PISCJCI LTURE A LA PRODUCTION DE LA TRUITE DANS I.E DI■;PAUTEJIK^T DE LA HAITE-T.OIRK, Par l?l. le cuiutc Maxime «le CitUSAIVS. (Séance du 10 décembre 18^8.) La pêche delà Truite dans le département de la Hante- Loire donne lieu depuis longtemps à un commerce d'exporta- tion considérable. La qualité supérieure que la chair de ce poisson ac(juiert dans les eaux vives et rapides des montagnes du Valay Ta fait rechercher j)ar les goui-mets à Lyon, à Sainl- Etienne et dans les départements voisins, au point que le prix des meilleures Truites s'élève jusqu'à 3 francs le demi- kilogranuiie. De cette recherche et de celte exportation toujours crois- santes est résulté le dépeuplement rapide et progressif des cours d'eau de la Ilaute-Loire. La Truite, môme de 500 gram., y devient très rare, et tous les règlements actuellement existants sur la pêche, lors même qu'ils sont exécutés rigoureusement, ne peuvent remédier à celte fâcheuse situation. Les nouvelles méthodes de pisciculture sont venues fort à propos fournir un moyen de repeupler les lacs, les étangs et les cours d'eau ; mais seules, et à défaut de bons règlements, elles seraient certainement insuflisantes pour atteindre les résultats réparateurs aux(juels la pisciculture send)lait d'abord être réservée. C'est ce qu'a parfaitement compris la Société d'Accli- matation en résumant, dans un remar(juable rapport inséré dans son Bulletin, les mesures de conservation (jui lui pa- raissent les plus eflicaces. Toutefois la pisciculture a fait PISCK.ILTLP.K. 119 depuis plusieurs années dans le département de la Haute- Loire des proiirès qui méritent d'être signalés. Dès Tannée 1853, M. de TEguille. sous-inspecteur au Puy, et dont le département regrette encore la perte, s'était mis en rapports suivis avec M. Millet, qui s'empressa de lui donner les instructions les plus précises et essentiellement pratiques avecqueltiues modèles d'appareils. Désireux d'être utile à mon pays et d'utiliser les belles eaux que j'avais à ma disposition, je me suis mis à l'œuvre de mon côté, et je suis arrivé dans ces dernières années à des résultats qui m'ont paru de nature à fixer la bienveillante attention de la Société d'Acclimatation. J'ai applicjué les nouvelles méthodes au lac de Saint-Front (canton de Fay-le-Froid) et à la pièce d'eau de Saint-Jean-de-Nay icanton de Londes) dont je suis propriétaire. Ces deux bassins présentent aujourd'hui un repeuplement complet de Truites et d'Ombres-Chevaliers, et ce résultat a été obtenu par deux méthodes : la fécondation arti- ficielle et la frayère artificielle^ qui ont produit, la dernière surtout, d'excellents effets. J'ai suivi à cet égard les instruc- tions prati([ues de M. Millet qui sont insérées dans le Bulletin de la Société d'Acclimatation et la description des frayères qu'il a imaginées et ([u'il a décrites dans plusieurs publications. Le lac de Saint-Front, d'une surface de plus de 30 hectares, d'une profondeur qui ytteint jusqu'tà 10 mètres, est situé dans le canton de Fay-le-Froid (Haute-Loire), à 1200 mètres au- dessus du niveau de la mer. Ce lac est alimenté par de nombreuses et belles sources qui jaillissent de 1 intérieur ou qui sillonnent les prairies dont il est environné. L'eau en est constamment renouvelée, et forme, à sa sortie, une rivière appelée la Gagne, qui se jette dans la Loire. Les Truites du lac sont généralement très saumonées, d'une chair ferme et grasse, d'une conservation facile et supportant trèsbien lé transport. Elles sont si estimées, qu'elles se vendent, prises au lac, de 2 fr. 50 c. ta 3 francs le demi-kilogramme. On comprend dès lors tout l'intérêt que j'avais à repeupler cet important réservoir. On s'était jusqu'alors borné à y jeter 120 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMâTATION. chaque année quelques centaines de jeunes Truites pêchées dans les ruisseaux voisins, et qui acquéraient dans ces nou- velles eaux toutes les qualités qui les font rechercher par les gourmets. Mais ce mode d'empoissonnement était toujours très incomplet et sujet à mille inconvénients. Le fermier du lac, comptant trop sur le remplacement insuf- fisant du poisson qu'il péchait sans modération, en avait épuisé les ressources. En 185/i, on avait de la peine à saisir, au mois d'octobre, un nombre de Truites suffisant pour fécon- der trente ou quarante mille œufs. A cette époque, je fis construire aux abords du lac un réduit voûté dans lequel je fis disposer des ruisseaux artificiels et des tamis flotteurs destinés à recevoir les œufs fécondés. Chaque année, M. Montés (i), homme intelligent, maire delà commune de Saint-Front, place dans ces appareils plus de cent mille œufs fécondés artificiellement. C'est par milliers qu'il verse, chaque printemps, dans le lac, les alevins de Truites et Ombres-Chevaliers obtenus par cette méthode. En môme temps les embouchures des ruisseaux qui,- se jettent dans le lac ont été désobstrués et élargis, et les Truites s'y précipitent en foule pour y déposer leurs œufs sur un fond de cailloux et de gravier au moment du frais. Ce moyen si simple et si naturel de reproduction a donné de tels résultats, que, dans le courant de l'année 1857, les iilets placés pour la pèche retiraient chaque fois du lac de 25 à 30 kilogr. de Truites d'un poids moyen de 500 grammes, et le revenu de ce magnifique bassin atteignait dès lors le niveau des années les plus prospères. Je puis actuellement livrer à la consommation, sans appauvrir mon lac, au moins 1500 kilogrammes d'excellentes Truites par année. Ces résultats, déjà très remarquables, donnent lieu de pen- ser que l'on pourrait faire mieux encore. Car, d'après les don- nées pratiques de M. Millet, on pourrait facilement obtenir, (1) M. Montes, au lac de Saint-Front, près Fay-le-Froid (Haute-Loire), se charge de fournir des œufs de Truilc, fécondés avec le plus grand soin, aux personnes qui lui en feront la demande avant la fin de septembre 1859, PISCICULTURE. 121 par année, 200 kilogrammes à Tliectare. Le lac de Saint- Front est situé à 26 kilomèlres du Puy et à 6 kilomètres de Fay-le-Froid, chef-lieu du canton. Les abords en sont faciles et Ton arrive en voiture jusque sur les Lords du lac. Les sources abondantes et intarissables qui l'alimentent , les vastes gazons qui l'environnent et dont plusieurs pourraient être con- vertis en réservoirs dépendants ^lu lac, la qualité supérieure de ses Truites, enfin sa forme arrondie qui en facilite la surveil- lance, tout semble signaler ce bassin comme éminemment propre à un important établissement de pisciculture pratique. L'abondance des Truites qui le peuplent actuellement et leur présence sur les frayères artificielles, au moment de la ponte, permettent d'y préparer d'immenses quantités d'œufs fécondés; d'un autre côté, le voisinage des sources de la Loire et de l'Allier présente les plus grandes facilités pour une application immédiate des résultats obtenus au lac de Saint-Front. Il me reste à parler maintenant du mode de repeuplement appliqué au réservoir de Saint-Jean-de-Nay, d'une surface d'un demi-hectare, et construit exprès pour des expériences piscicoles. Il est formé par un barrage de 5 mètres de hauteur, établi en travers d'un petit cours d'eau. On a jeté une centaine de Truites dans le réservoir, et des fravères artificielles leur ont été ménagées avec soin dans la partie supérieure du ruisseau. Au bout de ti'ois ans, cette pièce d'eau s'est trouvée peuplée abondamment de Truites de tout âge et de toute taille, quel- ques-unes dépassaiit le poids d'un kilogramme . Il est à remarquer que le lac de Saint-Front et les bassins de Saint-Jean-de-Nay nourrissent et reproduisent la Carpe, et surtout la Tanche, et que les bords sont peuplés de myriades de Vérons et de Grenouilles qui fournissent une pâture abon- dante à la voracité des Truites. J'ai suivi pour leur alimenta- tion le système à la fois simple et ingénieux de M. 3Iillet, en favorisant et en provoquant même la production d'aliments naturels. Les viviers-barrages, dans le genre de celui de Saint-Jean- de-Nay, seraient faciles à établir dans une foule de vallons. Ils 122 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUK d'aCCLIMaTATION. existaient même autrefois en grand nombre, et leur écoule- ment, calculé pendant les époques de sécheresse, n'en faisait pas seulement des asiles protecteurs pour les poissons, mais entretenait encore la fraîcheur des prairies, et retardait ou détruisait les causes des inondations si fréquentes de nos jours. Il serait donc du plus grand intérêt pour la pisciculture, et pour l'agriculture en général, de favoriser la reconstruction des barrages. Il suffirait pour cela d'encourager les proprié- taires à les rétablir, en les aidant à les empoissonner et en protégeant les résultats obtenus. Or, nos règlements actuels sur la pêche présentent, à ce point de vue, de grandes et re- grettables lacunes. On prône la fécondation artificielle, on applaudit à ses ré- sultats, et les règlements interdisent la pèche dans le momenl même, le seul, où la Truite soit propre à subir ces opérations. On rencontre les plus grandes difficultés à se procurer quelques sujets au point voulu pour être opérés, et les règlements défendent encore de transporter dans les viviers du fretin vivant destiné à fournir les plus précieux éléments de fécon- dation. Les réclamations d'un grand nombre de propriétaires et la puissante intervention de la Société d'Acclimatation, au sein de laquelle cette importante question a été parfaitement traitée, ont enfin obtenu pour (juelques départements (le département de la Haute-Loire est de ce nombre) des permissions qui ont rendu un service immense à la pisciculture. Quant aux mesures de conservation et de protection, on ne peut qu'applaudir aux vœux émis par la Société d'Acclima- tation ; il serait bien important que ces vœux fussent mis, cette année encore, sous les yeux des Conseils généraux et des préfets. PLANTES SACCHARINES. 123 EXTRAITS d'un MÉMOIRE SUR LES PLANTES SACCHARINES APPELÉES SORGHO DE CHINE, HOLCUS SACCHARATUS kYVACkm ET TAUTARE, Par Don Julian PELLOIV T RODRIGUEZ, Commandeur Je l'orJre d'Isabelle la Callioli(|iie, Professeur de sciences physiques et naturelles appliquées à l'agriculture. (Séance du il juin 1858.) CHAPITRE V (^). Systèmes de reproduction. L'unique moyen convenable pour multiplier les plantes sac- charines consiste à semer la graine venue à maturité parfaite. Les autres moyens proposés par M, G.Heuzé, tels que la divi- sion de chaque touffe en boutures et le repiquage ne m'ont pas donné de bons résultats, parce que ces plantes sont très déli- cates, et la moindre atteinte à leurs racines les altère. Semis de pied ferme. Il faut travailler, ameublir et fumer pendant l'hiver les terres que l'on destine à la culture de VHolcus ; il importe que la semence soit bien choisie et préparée : le moyen le plus sûr est de la jeter dans l'eau un jour ou deux avant de l'employer : celle qui est saine et mûre se précipite au fond ; la mauvaise surnage; on recueille alors celle qui est au fond, on la met à égoutter dans un sac de toile. Il faut échelonner cette opéra- tion de manière à employer au plus tard le lendemain les graines ainsi préparées, afin d'éviter la germination qui pour- rait se produire. (1) Pour les quatre premiers Chapitres, voyez numéro de mars, page 63. I2â SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Epoques des semailles. — Fin février dans presque toute la région du Vimbischuapa, mi-avril dans la région du Boo?ivana, mi-mai dans celle du Niazana. Le premier mouvement de la sève dans les arbres cités comme indicateurs annonce le mo- ment de semer. J'ai déjà dit que la saison des semailles dure plus longtemps dans les régions chaudes, ou quand on ne veut récolter que du fourrage, qui, en règle générale, est bon à couper au bout de deux mois. Manières de semer de pied ferme. — Elles varient selon le but qu'on se propose. Si Ton ne veut obtenir que des pâturages et des fourrages, et faire des prairies artificielles, il suffit de jeter la semence à la volée, comme pour le Blé ou l'Avoine, mais pourtant moins épais, et de la couvrir très légèrement avec la herse ou des bottes d'épines traînées sur la siqieriicie du terrain; on peut aussi employer une semeuse spéciale-, il n'est pas besoin, d'ailleurs, de tracer des sillons, ni de faire des planches. L'arrosage se fait par immersion comme pour les j)rairies naturelles. Pour obtenir du sucre, la culture doit être autrement soi- gnée; je vais décrire une méthode perfectionnée qui doit porter mon nom ou celui que je lui donne, et que mes longues obser- vations m'ont fait reconnaître pour préférable. Dans la terre bien préparée, ouvrez, au centre de chaque planche, avec une binette de jardinier un sillon de 2 pouces de profondeur (ce travail peut être fait par des femmes). Derrière celui qui ouvre le sillon, marche une femme ou un enfant qui sème en jetant trois ou quatre graines de place en place, c'est-à-dire, à la distance de 12 à 13 pouces : ces graines formeront des touffes qui perdraient de leur vigueur à être trop rapprochées ; on perdrait du terrain en les éloi- gnant davantage, et les vents d'automne pourraient ébranler les cannes ([ui manqueraient alors de soutien- Derrière le semeur vient une autre personne portant le terreau ou manteau de seynences dont il est parlé au chapitre précédent, et elle en couvre les graines d'une couche de 2 pouces d'épaisseur. Le semis ainsi terminé, on remue la terre sur laquelle on a marché, et l'on donne un arrosage léger PLANTES SACCHARINES. 125 dans toutes les raies, pour que le manteau prenne bien l'hu- midité et fasse germer-, on laisse le tout ainsi jusqu'à ce que les touffes soient levées. Si la chaleur est forte, si huit jours se passent sans que rien paraisse, il faudra arroser de nouveau. Si quelques cultivateurs reculent devant la dépense que nécessite la préparation du terreau manteau de semences, ils couvriront au moins les graines avec de la terre fine et bien meuble, en ayant soin de n'en mettre qu'une épaisseur de moins d'un pouce, et d'arroser immédiatement. De ces soins dépend presque toujours le succès delà culture. Soins de culture. Ils se composent d'arrosement, de binages et de sarclages. J'ai déjà dit que la terre doit toujours être à un certain degré d'humidité. Il est entendu que les arrosages nécessaires varient selon les terrains et le climat ; mais, en règle générale, on peut dire qu'il faut arroser quand la terre est sèche, à trois doigts de profondeur, et quand elle se couvre d'une croûte sèche. Au printemps il vaut mieux arroser le soir, et le matin dans les autres saisons. Pendant la première végétation, il faut biner et sarcler pour maintenir toujours la surface du sol bien meuble et propre, en ayant bien soin de n'attaijuer en rien les racines. Le pre- mier binage se donne au bout de vingt jours, un second encore au bout de vingt jours, puis il suffira d'un par mois ; on but- tera et l'on chaussera bien les plantes quand paraîtra l'épi. Au bout de deux mois , il faudra éclaircir, c'est-à-dire, débarrasser les touffes des tiges faibles et mal venantes, et n'en laisser que dix sur chacune d'elles. Si la terre est très fertile et que la végétation soit vigoureuse, on peut laisser jusqu'à quinze tiges. Il est bon de faire une seconde éclaircie quand l'épi com- mence à paraître; on enlève alors les repousses qui se seraient élevées depuis la première opération, et l'on ne laisse que les brins bien venants. Il ne faut point ùter de feuilles aux brins que l'on conserve; quant à ceux qu'on enlève, on peut les utiliser en fourrage. J2G SOCIÉTÉ IMI'ÉKIALE ZOOLOGIQLE d'aCCLIMATATION. Époque des récoltes selon l'usage auquel on destine ces plantes. Quand on veut employer \e Sorgho ou V Holcus en fourrage, on peut le couper au bout de deux ou trois mois. Au bout de deux autres mois on a une nouvelle coupe, si l'on a pris soin de biner et d'arroser, et ainsi de suite jusiju'à ce que viennent les gelées. Quand on veut récolter la graine, il faut laisser mûrir à point et sécher Tépi sur la Canne, jusqu'au moment où les feuilles devienneï\t jaunes : c'est là le signe de la maturité complète. Mais(piand, à part la graine et le fourrage que procurent les feuilles à Télat adulte de la plante, on se proposera de faire du sucre, il ne faut commencer la récolte au plus tôt qu'au moment où la graine est en lait^ et la terminer (juand elle arrive à maturité parfaite. La maturité du grain se reconnaît en le pin(;antavec l'ongle ; il est alors compacte comme l'amande ou la châtaigne fraîche, ne rendant aucun jus, mais se laissant partager par l'ellort de l'ongle. Les derniers grains de l'épi étant ceux (jui mûrissent le plus tard, c'est sur eux (|u'il faut faire l'épreuve ; la couleur caractéristique des cosses, dans chaque variété, est aussi un signe que l'on peut consulter J'ai déjà dit plusieurs fois (jue, dans toutes les variétés, la matière saccharine n'est bonne (|u'au moment où la graine est mûre, j'ai dit aussi à quelle épocjue elle commence à monter. Vouloir extraire le jus des (humes avant cette époque, c'est encourir un mécompte complet : c'est ce qui est arrivé dans le midi de TKspagne à (juelques expérimentateurs malinten- tionnés, (jui, prenant le titre de chimistes, ont voulu ex[)loiter les Cannes de \ Holcus avant la maturité de la graine, se ligu- rant qu'on pouvait les traiter comme la Canne à sucre ordi- naire : le résultat a été négatif, et il n'en pouvait être autrement. Règle générale. — Avant la floraison de l'épi, aucune variété, pour ainsi dire, ne contient le minimum de son sucre. PLANTES SACCHARINES. 127 et en ce moment même il est cà l'état de glycose ; elles en sont chargées quand la graine mûrit, mais il n'est pas encore à l'état solide. En laissant flétrir la graine sur la plante, la (juan- tité de jus diminue, mais il est plus cristallisable qu'à aucune autre époque. Ces faits, annoncés par M. Wray, étaient inconnus des chi- mistes dont je viens de parler et de divers écrivains français, tels que M. Heuzé, et une célébrité étrangère qui vient de les présenter comme nouveaux à l'Académie des sciences de Paris. Je réclame pour M. Wray la priorité de ces obser- vations. M. Heuzé, dans son second mémoire, dit (page 232) que les expériences ont prouvé que la récolte des Cannes doit se faire quand la graine est mûre : avant la maturité, le jus est moins sucré ; trop tard, la quantité de jus est moindre. M. Heuzé dit cela à propos du Sorgho de Chine, mais cette règle est générale pour toutes les variétés de VHolcus. J'incline à croire que Mgr Verrolles se trompe aussi dans la note qui accompagnait l'envoi qui m'a été fait des graines tVHoicits de Tartarie, et dans la([uelle il dit qu'il ne faut pas attendre la maturité parfaite pour extraire le jus sucré. Cette plante est une variété des Africains que nous possédons, et doit être sujette aux mêmes lois. CHAPITRE VI. Produits à retirer de ces plantes. Ces produits consistent en : fourrage, semences, jussaccha- rin, marc, racines, cendres, matière colorante et cire. Les essais relatifs aux ressources fourragères que peuvent donner ces plantes ont été faits en grand, en France, sur le Sorgho de Chine, unique variété qu'on y ait cultivée jusqu'à ce jour. M. Heuzé dit à ce sujet : « Dans les terres légères, fertiles et fraîches, le Sorgho peut » donner en moyenne de 90 000 à 100 000 kilogrammes de » tiges vertes par hectare, soit de 9 à 10 kilogrammes par » mètre carré. Si cette plante, merveilleuse par sa beauté et 128 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATVIION. * sa taille, n'est pas destinée à être cultivée en France comme » plante saccharine, il est incontestable qu'on peut, dès à pré- » sent la regarder comme une de nos meilleures plantes fourra- » gères. Dans le midi de lu France, coupée en juin, elle donne » un plantureux fourrage vert; elle repousse immédiatement, » et donne encore en octobre un excellent fourrage. » En 1857, M. Noël a semé dans sa propriété del'Isle, près Saint-Denis, département du Loiret, 7 hectares et demi de terres sur lesquelles il n'a récolté que du fourrage, qu'il a donné aux chevaux, bœufs, vaches et moutons. Les quantités obtenues furent de 80 à 100 000 kilogrammes par hectare : les bestiaux le dévorèrent avec avidité; on le hachait même avant de le leur donner. Toutes les bètes engraissèrent, les vaches donnèrent un lait plus abondant et de meilleure qualité ; la chair des animaux devint plus savoureuse. Ces résultats furent communicjués au gouvernement et à la Société d'Accli- matation par le préfet du Loiret. Mes expériences m'ont démontré la vérité de ces faits. Semence. — J'ai déjà dit, au chapitre H, (jue le Sorgho de Chine est une des variétés les moins productives en grains; toutefois, bien cultivé, il en donne un produit qui n'est pas à dédaigner, vu le grand nombre d'enq)lois qu'on en peut faire. Plusieurs variétés de r//o/c?/.s africain produisent davantage. Jus saccliarin. — J'ai dit, au chapitre II, la production de chaque variété; mes expériences dans la Péninsule, aussi bien que celles faites aux Canaries par le comte de Vega Grande, confirment (ju'une fanègue de terre produit toujours de Ix à 6000 arrobes (1) de tiges propres à faire du sucre. Si l'on a obtenu moins en France, c'est parce qu'on a cultivé le Sorgho seulement., et qu'on n'y a pas apporté le soin désirable. Je puis certifier qu'on obtiendra le résultat que j'annonce, pourvu que Ton suive ponctuellement mes instructions. Prenant le minimum de /lOOO arrobes de Cannes par fanègue, et le rendement minimum de 60 pour 100 de jus, nous trouvons un produit de 24 000 arrobes (25 litres) de jus. (1) L'arrobe équivaut à 12''ii,508, et à 25 litres environ. PLANTES SACCHARINES. l^O Ce jus coiitieiil au moins 14 pour 100 de matière sucrée, soit 350 arrobes de sucre par fanègue de terre, sucre cristallisable etincristallisable; en moyenne, il faut déduire un tiers d'incris- tallisabie, ce qui laisse environ 233 arrobes de sucre cristal- lisable, et donne, en poids français, 2910 kilogrammes par fanègue (6ZiO mètres) ou /I530 kilogrammes par hectare. Ce mémoire avait pour objet seulement d'enseigner la culture (\qVBoIcîis d'Afrique. Toutefois il me semble à propos d'indi- quer un moyen facile de se rendre compte de leur rendement. Marc (m jus. — Pour se rendre compte de la production des Cannes en marc ou jus, on prend dans l'une d'elles un mor- ceau au pied, un autre au centre, un autre à la pointe; on les coupe en rondelles minces, on les fait cuire par trois fois dans le double de leur poids d'eau pure, et après la troisième cuite, on les met à sécher au soleil ou au four. Avant de couper en rondelles les morceaux de Cannes, on les pèse avec soin ; on les pèse de nouveau quand ils sont secs après la cuisson, et la diflerence de poids entre l'une et l'autre opération donne la quantité de jus que contiennent les Cannes. Sucre. — Déterminer la valeur saccharine de jus est une opération difticile pour quiconque n'a pas à sa disposition les appareils de chimie nécessaires en pareil cas 5 toutefois, voici un procédé qui donne des résultats approximatifs. On exprime le jus de quel([ues Cannes avec une presse ([uel- conque, jusqu'à ce qu'on en ait une livre environ, on y ajout ; un gros de chaux vive éteinte et réduite eu poudre hue; ou remue le tout, et au bout de dix minutes ou liltre dans un linge propre et fin, ou mieux dans une manche de flanelle double. Le jus filtré se met dans un tube de verre ou de fer-blanc ; l'aréomètre de Baume, introduit dans ce tube, marque un nombre de degrés que l'on double; du total on retranche le dixième. Le chiffre restant indique la proportion du sucre pour ce?it. Exemple : Supposons que l'aréomètre donne 8 degrés; en doublant, comme il est dit, on aura 16; ôtez le dixième, soit 1,6, reste lli.h. Ce chiffre indique que 100 livres de jus con- tiennent lli,!\0 de sucre. T. VI. — Avril 1859. 9 130 SOCIÉTÉ IMI'ÉUIALE ZUULOGIQUE I)' ACCLIMATATION. Cette méthode offre aussi l'avantage de faire connaître très approximativement la (|Liantité d'alcool que peut produire le ius : chaque degré de l'aréomètre, dans les conditions ci- dessus, indique 1 pour 100 d'alcool pur contenu dans le jus. Ainsi, d'après Vexemple qui précède, on sait que le jus contient 8 pour 100 d'alcool pur, ou 16 pour 100 d'eau-de-vie à pou 20 degrés de Cartier CHAPITRl'] VII. Emploi des produits. J'ai déjcà dit que le Sorgho de Chine et XUolcas iijr'uain^ employés en lourrage, sont excellents pour les races chevaline, hovine, ovine et caprine ; la quantité de matière sucrée et lecidente ([ue contiennent ces plantes leur assure une grande supériorité, et, de plus, la constitution herbacée, tendre et délicate des feuilles est un attrait pour les animaux. Ce fourrage doit être donné coupé en petits morceaux, c'est-à-dire haché au hache-paille. Le jus sucré peut être employé : 1°A faire des sirops excellents et économiques; 2° Pour la [(réparation des fruits en conserves et en mar- melades ; 3° Pour alimenter les abeilles; h° Pour faire du sucre aussi bon que celui de la Canne à sucre-, 5° Pour fabriquer des vins et eaux-de-vie de toutes (|ualités. Par de bons procédés on obtient des [)roduils aussi bons (jue ceux de la Vigne, même plus purs et plus limpides. Ces faits sont contirmés par les travaux du comte de Vega Grande et par les miens. CHAPITRE VIII. Applications assurées en Espagne par privilège exclusif. iVo^e du traducteur. — Dans ce chapitre, Tauteur donne la copie des pièces officielles (jui assurent, en Espagne, le privi^ PLAGIES SACCHARINES. 1 SI lêge de la fabrication des sucres, alcools et vins provenant de \ Holcus saccharatus . Jusqu'à ce jour, la fabriijue montée auN. Canaries par le comte de Vega Grande est la seule (jui ait fonctionné avec régularité; les eaux-de-vie et les liqueurs provenant de cette fabri(iue, ainsi que des Cannes récoltées par l'auteur lui-même, auprès de Madrid, sont d'une linesse exquise et de qualité très supérieure. Eu ce moment, Don Manuel Delgado y Reufigo cultive ces plantes sucrées par cession de privilège dans la province de 3Ialaga. Il en est de même de Don Jacobe Navauo y Aledo dans la province d'Aluceira, et de Don Antonio Lopez de Tejada dans la province de Jaen. L'auteur ajoute que le but principal du comte de Vega Grande, et le sien propre, en demandant le privilège, a été bien plus de constater qu'ils sont les premiers qui aient accli- maté en Espagne les variétés de Y Holcus saccharatus , et enricbi leur patrie d'une nouvelle industrie si ricbe et si pro- fitable, (jue de s'assurer, pour Tavenir, dans des vues de cupidité égoïste, les revenus d'une spéculation importante. Enfin, leur privilège n'ayant pour objet que la grande indus- trie, ou fabrication manufacturière, comportant établissements spéciaux et machines , ils se mettent à la disposition de quiconque voudrait se livrer à l'étude de ces plantes, ofl'rant tous les renseignements ou conseils dont on pourrait avoir besoin. 132 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. II. TRAVAUX ADRESSÉS ET COMMUMCATIOINS FAITES A LA SOCIÉTÉ. MÉMOIRE SUR LES LAMAS [Rhuna- Hamas) (1) ET CONGÉNÈRES DE LA CHAINE DES ANDES DE L'AMÉRIQUE DU SUD (EXTRAIT), Par M. Euj^èiie ROEIIIV, Naturaliste voyagciir français, Vice-présidenl de la Société nationale aLçricolc et inaiiufacturicrc do Paris, etc. J'im.-ipiiie que ces :iniiHaiix seraient une « X( filent»- ni <]ui^itii>n ptuir l*Kin l'pe, il pi i>- iliiiniient plus de bien leil 'iin- t.uit l'ur ilu niiiiveau momie. (IïuF^■o^, 17CD-) Qnuml une tcnt:tli\e sera faite siii- un point liien rlioisi «les Alpes ou îles l'yréf*ées, le sueres est aussi assnié que peut rêtic lelui d'iine etiti-eprise iiouvetle. (Is, Gfotfkoï Saiht-IIilaire, 1848.) (Séance du 18 février 1859.) Il est incontestable ([ue l'implantation d'animaux et de plantes utiles tend à augmenter le bien de tous en général. Depuis longtemps il a été reconnu que l'acquisition des Uliunas- Lamas (2) et congénères peut (Hre une source de nouvelle richesse pour Tagriculture, en ce (jui concerne d'immenses terrains improductifs, des pentes arides et crevassées : comme aussi pour rindustrie, une précieuse ressource de laines fines, soyeuses , nécessaires à la fabrication d'étofles lisses et brillantes. L'Angleterre, la France, la Belgique, queltjues provinces (1) Rhuna signifie indien; Llama, nom géniiiique (en langue ki(iina) ou Oviga de la tierra, mouton du pays, scion les localités de la chaîne des Andes. (12) l'our un précédent Iravail de M. lîoclin sur les mêmes animaux, voyez tome V, page 521. LAMAS ET ALPAGAS. 133 allemaïKles, manufaclurent d'immenses quantités de laines de Rliunas-Lamas et congénères, qui laissent à chacun de ces pays des bénéfices de plusieurs millions. Nous devrons toujours signaler avec plaisir, et surtout avec justice, le nom de M. Benjamin Outram, savant manufacturier de Greeltland près Halifax (Angl.), qui, en 1832, a été le pre- mier à manufacturer les laines de Rhunas-Lamas et congé- nères, comme aussi celui deM. Titus Sait (de Bradford), qui a consacré plusieurs millions de piastres à construire une immense manufacture spécialement destinée au seul emploi de ces laines. Beaucoup de personnes, guidées par les célèbres paroles du grand naturaliste Butlbn (1765), se sont appesanties sur la question des utiles et intéressants animaux dont il s\ngit; beaucoup de phrases bien sonores sont sorties de la plume éloquente de savants agronomes, et cependant, combien leur importation sur une grande échelle, une importation' sérieuse, que nous désignerons par le chiffre d'au moins une centaine, est encore tardive sur divers points, où ils s'acclimateraient si facilement et avec avantage pour l'éleveur. Il suffit de (juelques années de soins donnés avec discerne- ment au développement de cette race, pour obtenir, en peu de temps, une entière fixation au sol^ les placer dans des condi- tions propres à leur nature, à peu près similaires, s'il se peut, des lieux où ils sont nés, avec des gardiens ou gardiennes fami- liarisés avec leurs mœurs. Ces conditions natales sont faciles à rechercher. Il n'y a donc pas d'étude bien spéciale à faire pour concevoir l'élevage de ces animaux, qui recherchent par préférence les parties montagneuses. Les terres élevées, cre- vassées, dénudées, sous un climat froid et humide, sont prin- cipalement exposées à fétat de jachère; elles peuvent être uti- lisées au moyen des Rhunas-Lamas et congénères. Ces animaux peuvent être comparés aux moutons, sur les- quels ils l'emportent à plusieurs égards, car ils vivent et prospèrent là où nos races ovines ne pourraient résister. 1° Ils l'emportent par le rendement de la chair, puisque ces animaux pèsent trois, quatre et cinq fois le poids d'un mouton iZll SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGlQUli u' ACCLIMATATION. ordinaire; 2" parle rendement d'une plus grande quantité de laine par tonte. Le Rhuna-Lama est on outre une /jête de somme; il peut porter un poids de 80 à 150 livres, selon Tàge et la taille de ranimai. Il peut cheminer plusieurs mois de suite, si Ton a soin toutefois de lui donner du repos, tous les huit ou dix jours, ([uellc que puisse ôlro la nourriture qu'il rencontre chemin faisant. Dès Tâge de deux ans (la Vigogne exceptée), il peut déjà porter 30 ou 50 livres sur de longs parcours. C'est ainsi que j'ai parcouru d'immenses distances dans le lïrand prolongement de la chaîne des Andes jusqu'au littoral de la mer, de 1855 à 1857, avec deux troupeaux : Tun de 117 têtes, pour le Gouveniemeut espagnol (.lunta de Fomenio de la Havane, île de Cuha), et par son ordre; l'autre de 103, pour les Etals-Unis. 39 animaux de ce dernier troupeau ont été conduits à lilascow (Ecosse). Au point de vue alimentaire, le poids hrut de sa chair, sans os, ni sang, varie de 70 à 160 livres, selon la taille de l'animal. La femelle donne un lait savoureux, (juoique épais. Comme animal industriel, il donne annuellement de 12 à Mi livres de laine par tonte, quehpies animaux en donnent jusqu'à 20 livres. Si l'on n'a pas soin de le tondre tous les ans, il rejette lui-même sa toison en se frottant, soit sur le sol, soit à des buissons épineux. Beaucoup peuvent être tondus dès l'âge de deux ans. La laine la plus tine est sur les épaules et sur le dos. Son cuir, par son élasticité, par sa force, l'em- porte sur celui du Mouton, qui n'est propre qu'à certains usages, tandis (pie celui des Hhunas-Lamas et congénères (bien tanné) rend non-seulement les mêmes services, mais égale aussi celui du Veau. Le cuir du cou, tpii est la partie la plus épaisse de la peau de ces animaux, fait (rexcellentes bottes, souples et pour ainsi dire imperméables. J'ai parcouru de grandes distances avec ces animaux sous la zone torride, et je n'ai jamais pu observer de transpiration sensible par le cuir de l'animal. Sa charpente osseuse fournit également une plus grande quantité de matières pour la fabrication du noir animal que celle du Mouton. LAMAS ET ALPAGAS. 135 ' Doués de beaucoup de docilité (la Vigogne exceptée), ils sont susceptibles d'être dressés à tous les caprices de l'homme qui sait s'armer de patience. . Originaires de rAmérifpie du Sud, depuis le /iô" degré sud, jusqu'au 10* degré nord de la chaîne des Andes, ils appartien- nent à la famille des Ruminants et ressemblent au premier abord à u;i petit Chameau. Us habitent la partie supérieure de la chaîne des Andes, à une hauteur de 2000 à 3500 mètres au-dessus du niveau de la mer, dans des climats qui varient en raison de Télévation. J'en ai rencontré de sauvages à /i200 uièlres, mais à cette hauteur ils sont rares; ce sont ce- pendant ceux dont la laine est la plus fine, la plus longue, la plus la soyeuse, la plus élastique, variant de 1 0 à 30 et même AO centimètres, selon les croisements. Taille, force, rusticité, sobriété, excellence de la chair (car elle est savoureuse, quel que soit l'âge de ranimai), sécrétion du lait, facilité pour la domestication, tout se trouve dans les Rhunas-Lamas et con- génères pour le plus grand avantage de Tespèce humaine, qui ne les a pas recherchés comme ils devaient Tètre ^ et nous répéterons, comme nous l'avons déjà exprimé dans un autre Mémoire publié le 10 juin 1848 à Marseille, et dans une Note, en 18/|Z|, dans les journaux du Havre : « Que c'est un des animaux les plus utiles de la création. » La hauteur du corps de l'animal, terme moyen, varie de 1 mètre à i"\!iO des pieds de devant au garrot. De trois ans à trois ans et demi, il a atteint son entier développement. La grosseur du corps est en raison de sa taille. Haut sur jambes, .le cou allongé, la tête légère, fine, osseuse, élégante; yeux vifs et saillants, entourés de cils longs et serrés-, narines mo- tlérément écartées^ la lèvre supérieure fendue, l'inférieure fer- mant hermétiquement la bouche; les oreilles, sans être trop longues comparativement au corps, un peu arrondies vers l'extrémité, et toujours dirigées en avant, lorsque l'animal est jeune et en bonne santé (les vieux portent presque toujours les oreilles en arrière). Quatre petites mamelles ne s'allongcant que légèrement, quel (pie soit l'Age de l'animal ; pieds fourchus, armés de 13(3 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. deux onglons ; sole charnue et ferme; système dentaire le même que celui du Cliameau ; longévité commune, dix-huit ans. La mâchoire supérieure est dépourvue d'incisives. La couleur de leur robe varie du brun (café) au noir gris, jaune, blanc. Il s'en rencontre autant de blancs que d'autres robes, selon les diverses localités et les hauteurs de la chaîne des Andes (les lianes du Chimborazo voient naître une très grande quantité de Rhunas-Lamas blancs). Ces animaux, quoique extrêmement sobres, ruminent presque toujours, aussi les voit-on souvent avec d'énormes protubé- rances de chaque côté des mandibules, qui, au premier abord, paraissent à lœil peu exercé comme une inflammation subite de cette partie de l'animal, tandis que ce n'est que le dépôt momentané d'une certaine quantité de nourriture première- ment absorbée (|uMl a fait revenir sans effort par un mouve- ment de contraction imperceptible, pour la rebroyer encore. Ils ont sur les Moutons l'avantage de ne consommer que très peu d'eau, en raison de la conformation de leur estomac, dont la capacité est très grande et garnie d'un tissu cellulaire très épais. Ils boivent i-arement, à moins (ju'ils ne soient soumis à une nourriture par trop sèche, dans les longs voyages par mer. Avant de s'abreuver, ils flairent l'eau, toute boisson ne leur convient pas : ils boivent par gorgées répétées de une à six et huit; ils diflèrent en cela aussi de l'Ane et des Moutons qui recherchent toujours l'eau la plus limpide, qui boivent presque toujours d'un seul trait ou par deux reprises au plus. Dans les montagnes, sur les grandes hauteurs, ils mangent la neige à défaut d'eau, et l'eau qu'ils préfèrent est toujours celle de la fonte des neiges. Ils recherchent de préférence les herbes courtes, quoique presque sèches, les feuilles sèches, les troncs d'arbres secs; mais ce qui leur plaît le plus, c'est le Siccé, espèce de grami- née qui se rencontre sur presque tous les points habités par les Rhunas-Lamas et congénères, laquelle pourrait être également implantée avec avantage (j'en ai apporté et remis un sac avec le troupeau des Etats-Unis). Siccé : paille plate, longue de 80 centimètres à \ mètre, rugueuse., verte à sa naissance, jaune LAMAS ET ALPAGAS. 137 càrextrémité, croissant par touffes séparées, à lonp;iies racines filandreuses, ne se rencontrant pas au delà de 3500 mètres, mais croissant déjà à 2000 mètres d'élévation au-dessus du niveau delà mer. Il suffit de mêler les Rhunas-Lamas et congénères farouches ou à demi- sauvages à quelques-uns réduits à l'état de domes- ticité, pour qu'ils s'apprivoisent en quelques jours. Ces ani- maux sont naturellement très craintifs, extrêmement sensibles au châtiment de leur gardien, auquel ils s'attachent facilement, jusqu'à le suivre comme tète de colonne. Il faut donc toujours user de douceur avec eux. Comme l'homme, ils regrettent pen- dant un certain temps les lieux où ils sont nés-, leurs petits gémissements nasillards, les oreilles portées en arrière, marquent toujours de la tristesse ; un désir, l'inquiétude, la frayeur, la curiosité, les leur font pointer en avant. Doux, sans défiance, curieux, ils flairent tout, vont au-devant du danger, qu'ils ne prévoient pas. Il n'en est cependant pas ainsi de la Vigogne, dont le premier instinct est toujours de fuir. Le màle est très lascif, et suffit à dix femelles; il est presque toujours disposé à la monte, lorsqu'il est en bonne santé, et peu importe F époque de Vannée. Lorsque la femelle est disposée à recevoir le màle, elle se couche sur le sol, les quatre pattes repliées sous elle (l'accouplement des deux individus màle et femelle a lieu sur le sol). Si elle résiste, c'est qu'elle est pleine ^ elle repousse le màle en lui crachant à la face, elle le fuit de toutes manières. La gestation de la femelle est de dix mois et demi 5 cepen- dant, en dehors du pays natal, elle est quelquefois plus longue-, elle donne un petit, rarement deux. Elle est bonne mère et donne bien souvent à teter à trois ou quatre autres petits, in- dépendamment du sien. J'ai eu dans ma seconde expédition un Lama femelle qui en allaitait cinq tous les jours. Trois ou quatre jours après la mise bas, elle recherche elle-même le màle. el il faut remarquer qu'elle ne consent à être chargée du poids qu'elle a coutume de porter, que lorsqu'elle est pleine. Cette observation met les Indiens à l'abri de toute erreur sur l'état de la gestation de leurs animaux. Si l'on 138 SOCIÉTÉ IMPÉRIALK ZOOLOGIQUE d'aCXXIMATA'I 10.\. surcharge ces animaux, ils se couchent et ne se relèvent que lorsque le chargement est allégé ; tout châtiment devient inu- tile, et ils sont si sensibles , que si l'on a Timprudence de les battre, ils meurent presque instantanément. Si Ton remarque dans un troupeau un de ces animaux se repliant circulairc- ment la tète à la colonne vertébrale, il faut en conclure qu'il se sent mal; cette contraction annonce toujours une mort pro- chaine. Ils sont néanmoins plus patients que Tespèce Chameau, (jui mord bien cruellement celui qui Tirrile, tandis que les Rhunas-Lamas et congénères n'expriment leur tristesse que par un petit gémissement nasillard bien sourd qu'ils font entendre sans ouvrir la bouche. Ces animaux ont besoin de l'air libre de la campagne ; con- finés^ leur nature chanrjc. Hois de leur pays, à dcftnd de petites phdes, il est utile de les baigner pendant la saison des chaleurs (une seule inmiersion dans Teau suffit, ou bien on les asperge au moyen d'une pompe ; il est bon de les tenir toujours à proximité d'un terrain sablonneux ou d'herbes sèches, sur lesquelles ils puissent se rouler à la manière des Mules et des Chevaux ; ceci est essentiellement utile à leur santé : les grandes avalanches de pluies leur sont contraires. La seule défense des Hhunas-Lamas et congénères est de souiller une salive acre, mêlée d'aliments macères, au moyen de laquelle ils s'aveuglent entre eux, si Ton n'y prend garde; mais à l'aide d'un peu d'eau et de vinaigre ou d'eau seule- ment ., cette salive devient sans nul effet, même sur l'homme. Toutes les fois que le gardien verra l'un de ces animaux sous l'impression d'une forte respiration, les narines agitées d'un mouvement convulsif, il devra conclure que l'animal est malade, lui présenter un peu d'eau douce, ne jamais la lui entonner de vive force, mélanger un peu de sel à de la terre (Ml du sable fin répandu sur le sol, puis le laisser libre dans le champ. L'élevenr qui les tiendra à l'étable pendant l'hiver aura soin de ne leur donner qu'une nouniture légère, avoine, orge, foin, point de farines ni de boissons humectées de son, et de les préserver des yr ondes pluies. Il laissera toujours un pain la:\ias et alpvcas. 439 de sel au centre de rétable, afin qu'ils puissent venir le lécher. Il ne faut jamais mélanger de sel aux breuvages ni aux ali- ments, et avoir soin de les tondre dès le début de leur implan- tation en Europe. Il va sans dire que dans les localités où il y a des loups et des chiens furieux, il sera utile de les parquer ou de les rentrer la nuit venue. Là où ce danger n'existera pas, il suffira de fixer une femelle ou deux par un lien quelconque à un piquet pour que tout le troupeau se réunisse autour d'elle à la tombée de la huit. Un seul lazo tendu des deux bouts et présenté au- devant de ces animaux suffit pour arrêter toute une colonne en fuite, fût-elle de plusieurs centaines. Nous recommanderons au berger qui sera chargé du soin d'un troupeau de ces animaux, d'en dresser un ou deux comme tète de colonne. Ces animaux ont une recherche toute particu- lière pour le sexe féminin ; ils sont plus soumis et plus obéis- sants à sa voix ; et j'ai toujours employé des femmes indiennes avec avantage comme guides et comme gardiennes dans les longs voyages. '' Nous espérons (|ue les détails qui précèdent épargneront bien des tâtonnements à Téleveur qui, désormais, se consacrera à rélevage des Rhunas-Lamas et congénères ; ils sont le fruit de bien longues années d'étude de ces animaux sur les lieux de production, dans les diverses localités du prolongement de la chaîne des Andes fréquentées par ces animaux. Je crois devoir rappeler, en terminant, que depuis plusieurs années je vis au milieu de la chaîne des Andes de l'Amérique du Sud. J'ai traversé les Cordillères d'un océan à l'autre, c'est-à-dire de l'est à l'ouest, siir sept points différents, et j'ai, entre autres montagnes, parcouru tous les flancs du Chimborazo, m'étant reposé au pied de son cône (Equateur) avec : 1" un troupeau de 117 Rhunas-Lamas, Alpacas et Guanacos en 1856; 2° avec un autre de 103, en 1857. Le pre- mier par ordre et pour compte du gouvernement espagnol et Hacendados (Juiita de Foment de la Havane, île de Cuba), ayant pour président-né M. le général Don José Gutierrez de la Coucha, capitaine général et gouverneur de l'île. Le second làO SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. pour New-York (États-Unis), dont 39 pour Glascow (Ecosse ang].). L'exportation de ces animaux, en 1855, n'étant pas permise au Pérou, j'ai dû longer la chaîne des Andes et sortir précipitamment mes troupeaux par Bahahogo (Equateur), où j'ai pu les embarquer pour Panama, en leur faisant soufl'rir dix embarquements et débarquements jusqu\à leur destination, oij mes Indiens et moi arrivâmes tous avec des blessures encore saignantes de ces pénibles voyages. Ce furent les deux premiei's plus grands troupeaux qui sortirent jamais de la chaîne des Andes jusqu'en 1857. Les certificats de sept consuls de l'Amérique du Sud sur le Pacifique sont aux mains de M. le Ministre de l'agriculture et du com- merce ; le certificat de M. le consul de France à Panama, attestant qu'aucun autre troupeau ne passa par l'isthme jus- qu'en 1857, est joint aux pièces que j'ai l'honneur de sou- mettre cà la Société impériale zoologi(iue d'Acclimatation, ainsi que divers autres documents constatant que c'est depuis bien longtemps (jue nous nous occupons sans relâche de cette question, que nous considérons encore justpi'à ce jour comme l'une des plus utiles, ou du moins pouvant rendre de grands services à l'agriculture et à lindustrie. VOYAGE DANS LES MONTAGNES DE l'eLBOURZ. l/jl NOTES D'UN VOYAGE DANS LES MONTAGNES DE L'ELBOURZ ET LE MAZENDÉRAN entrepris par M. de ISAIIVT-QUE1\ITI1\I, Secrétaire de la légation de France à Téhéran, en compagnie de lord KEKR et de M. THOMPSON, tous deux secrétaires de la mission de Sa Majesté Britannique à Téhéran. PRÉSENTÉES A LA SOCIÉTÉ PAR M. DROUYN DE LHUYS. (Séance du 18 février 1859.) On donne le nom d'Elbourz à une longue chaîne de mon- tagnes qui, se détachant du Caucase dans les plaines de Mogham, prèsde l'embouchure de l'Araxe, contourne tout le littoral méridional de la mer Caspienne, passe au nord de Téhéran, et se dirigeant vers l'est, va rejoindre l'Hindou-bou et l'Himalava. Cette chaîne sépare les trois provinces de TAzerbidjan, de l'Irak et du Korassan des provinces caspiennes appelées le Guilan et le Mazendéran. Lorsqu'après avoir franchi la montagne des Tigres ( le Ka/ïan-cou), vous quittez l'Azerbidjan, et vous descendez dans les vastes plaines de l'Irak, qui s'étendent jusqu'à Téhéran, et vont se confondre à Test avec les steppes du Grand désert salé, vous apercevez à gauche, vers le nord, une suite de pics rocailleux dontles sommets dépouillés, mais pleins de majesté, sont couverts de neiges éternelles : c'est VElbourz. A ses pieds passe le chemin des caravanes qui deTebriz se rendent à Casbin, à Téhéran, et, plus loin, dans le Korassan, jusqu'à Meched. Ces lieux ont été le théâtre des exploits du Vieux de la montagne, Hassan-el-Sabàh. On montre encore près de Casbin les ruines du château d'Alamont, où ce chef des assassins mourut à quatre-vingt-dix ans dans son lit, impuni et triom- phant, après un règne de trente-cinq ans, dont les souvenirs sanglants ne sont point encore elfacés de la mémoire des 1/|2 SOCIÉTÉ IMl'ÉUIALE ZUULOGlQLIli d'aCCLIiMATATIOiN. peuples de cette contrée. Ce vieux brigand ne pouvait placer son repaire dans des lieux plus inaccessibles et plus sauvages. Rien n'est plus triste (jue l'aspect de ce pays désolé: en hiver, une neige épaisse recouvre la terre, et le froid s'élève jusqu'à 20 degrés Réauinur (pendant mon voyage au mois de dé- cembre 1857, le vin de Xérès a gelé dans les caisses où il était emballé, ce qui indique, je pense, une température de plus de 20 degrés) ; en été, la chaleur devient aussi extrême que le froid, la plaine se transforme en un désert brûlant et aride. Dès le mois de mai, le peu de verdure auquel la fonte des neiges a donné la vie se sèche sous les feux d'un soleil ardent. On n'aperçoit d'autres traces de végétation (pie quelques maigres peupliers éparpillés autour des rares villages que de loin en loin on rencontre sur la roule-, encore cette végétation purement artificielle est-elle due à des prodiges de patience et de travail, et, sans les nombreux canaux (pii, creusés sous terre à une profondeur {piehpiefois considérable, amènent dans chaque village, souvent de plusieurs lieues de distance, les eaux des sources et des montagnes voisines, la sécheresse et la chaleur sont telles, ([ue toute culture serait impossible, et que les arbres même périraient. Les Persans, du reste, il faut leur rendre cette justice, excellent dans ces travaux d'irri- gation et de canalisation souterraine. Ils n'ignorent ni l'art de faire des saignées à une rivière et de calculer les pentes et les dillérences de niveau, ni celui de construire des voûtes et de creuser des puits dans des terrains sablonneux et difliciles. Ils ont couvert le sol de leur pays de travaux de ce genre, au moyen desquels ils cherchent à lutter contre leurs deux plus grands ennemis, la sécheresse et la chaleur, qui sont toutes deux extrêmes, mais la sécheresse y est surtout incroyable. On doit aux observations d'un savant russe la détermination de la (juantité de vapeur d'eau contenue dans ralmosphère de Téhéran. Selon M. Kanikof, cette quantité ne dépasserait pas 8 pour 100. Ce résultat, que j'ai tout lii'u de croire exact, (jueUjue exagéré ([u'il paraisse, constate que le plateau où est située la ca[iitale de la Perse est un des points les plus secs, sinon le plus sec de l'univers, et je suis porté à penser que VOYAGE DANS LES MONTAGNES DE l'eLBOURZ. 1^3 sur tous les autres grands plateaux de l'Iran on obtiendrait un. chifVre aussi surprenant. Si à cette sécheresse extrême on ajoute une chaleur qui s'élève pendant l'été jusqu'à ZiO degrés Réaumur, on pourra se faire une idée du peu de charmes el de fraîcheur que doit offrir un paysage persan au mois de juillet. L'air est en feu, le soleil brûle de ses rayons ces vastes plaines de sable et de sel qui se partagent la Perse, et qui ont fait dire si justement de ce pays qu'il pouvait se diviser en deux parties, en désert salé et en désert non salé. Les montagnes paraissent couleur de brique ; une vapeur rougeàtre formée de la poudre du désert flotte comme un brouillard à l'horizon ; les villes et les villages privés de ces coupoles et de ces minarets qui font la gloire de rOrient, et construits en boue séchée au soleil, se confondent avec la poussière ; rien ne vient rompre l'uniformité et la monotonie de ce paysage, et je plaindrais le voyageur qui chercherait dans ce pays ce que nous appelons la couleur orientale. Quelquefois cependant, si l'on suit la route qui, à travers le lit desséché d'un torrent, mène au campement du roi, sur les premières croupes de l'Elbourz, la scène s'anime ; de longues caravanes de chameaux et de mules sillonnent le chemin : les chameaux passent silencieusement et en file, les mules vont en troupes bruyantes et font résonner leurs grelots. Ici vient le harem d'un chef qui retourne en ville prendre ses quartiers d'hiver: ce sont des litières portées par des mules et hermétiquement fermées au moyen de tentures rouges richement brodées; les eunuques précèdent, le bâton blanc à la main, signe de leur dignité, et les femmes esclaves, avec leurs longs voiles blancs percés de trous à l'endroit des yeux et leurs larges manteaux bleus, suivent les litières, montées à cahfour- chon sur des mules ou des ânes, suivant leur rang. Plus loin, vous rencontrez des seigneurs qui vont et viennent de la ville au campement royal. Un nombreux cortège de serviteurs et d'esclaves les entoure. Leurs riches habits aux couleurs écla- tantes, leurs bonnets élevés, leurs chevaux couverts de housses et de harnais dorés, leurs faucons portés sur le poing, leurs lévriers qui bondissent autour d'eux, leurs kalions ou ihll SOCIÉTÉ IMl'ÉRIALK ZOOLOGlQUli d'aCCLIMATATIOIN. narguillés qu'ils fument à cheval sans s'arrêter, tout cela forme un tableau pittoresque et animé qui rappelle à la fois le moyen âge et l'Orient, et fait oublier la tristesse et la laideur du paysage environnant. Mais cette nature si stérile et si sauvage change en quelques heures, si vous gravissez et franchissez la chaîne del'Elbourz. Autant le versant méridional qui regarde la plaine de Téhéran est rocailleux et aride, autant le côté septentrional est cou- vert de verdure, de fleurs et de forêts. Le climat, la nature, l'air, Jiont entièrement difl'érents^ le changement est subit et total. Les montagnes se revêtent d'une végétation de plus en plus puissante, à mesure (pi'elles abaissent leurs versants vers la mer Caspienne. Cette mer, dont le niveau est de 83 pieds au-dessous de celui des autres mers, est environnée de profondes vallées aussi basses qu'elle, et remplies de forêts et de marais presque impénétrables : c'est ce qu'on appelle le Mazendéran. De nombreux cours d'eau, dont les principaux sont les rivières de Sélif-Houd, qui a son embouchure près de Recht, de Héras ou Lar, de IJarfrouche, de INour. répandent dans cette province une végétation admirable. On y trouve des forêts presque vierges, avec tous les arbres d'Europe, et des variétés inconnues, des bois de construclion propres aux navires et des bois précieux pour l'industrie et l'ébénisterie. Le citronnier et l'oranger y prospèrent; mais le man([ue absolu de voiesdecomrnunicalion (împêche qu'on ne tire [)arti de ces richesses. Les arbres meurent de vieillesse, et leurs débris poudreux encombrent les ravins et les torrents. Quehjucs charbonniers exercent seuls leur industrie au sein de ces forêts, et en expédient les produits sur des mulels, à Téhéran et dans la province de l'Irak. Malheureusement, l'humidité extrême et les pluies continuelles, qui font la ri- chesse et la fertilité de ce pays, contribuent aussi à y dévelop- per des lièvres terribles qui le rendent inhabitable pour les Européens et dangereux même pour les indigènes. Les Russes qui s'y étaient établis sous Pierre le Grand, attirés par la fertilité du sol, ont été obligés de l'abandonner, et l'ont cédé par un traité à Nadir-Chah, le conquérant de l'Inde. VOYAGE DANS LES MONTAGNES DE l'eLBOURZ. 145 Noire voyage dans cette partie du Mazendéran dura plus d'un mois. Nous marchions à Taventure. Lorsque nous trou- vions un endroit pittoresque et fertile en gibier, nous nous y arrêtions et y faisions dresser nos tentes. Les Truites abon- dent dans toutes les rivières. Les Perdrix sont de trois sortes. Il y a d'abord une espèce de Perdrix rouge qui ressemble beau- coup à la Bartavelle; puis une Perdrix grise, beaucoup plus petite que celle de France et d'une chair excellente, qu'on appelle Tiou; enfin, une Perdrix de la grosseur d'un dindon, qu'on nommQ Perdrix royale ou du Demavend, et qui se plaît dans les rochers et la neige, à une élévation considérable. Nous en avons vu sur le pic de Kolasson, après de 12 000 pieds au-dessus du niveau de la mer. C'est l'oiseau le plus remar- quable du pays, et le nom qu'on lui a donné indique le cas qu'en font les Persans. Son plumage est brun et blanc, son bec et ses pieds rouges, sa chair excellente. Un ministre d'Angle- terre à Téhéran a envoyé en Ecosse un couple de ces animaux ; mais j'ignore le résultat qu'a eu cet essai d'acclimatation. Outre la Perdrix, on trouve dans les vallées, des Cailles, et, sur les hauteurs, des Antilopes, des iMouflons et des Chèvres sauvages d'une espèce remarquable, dont les cornes ont quel- quefois plus d'un mètre de longueur. J'en possède un spécimen vraiment extraordinaire. Voici les points principaux dont nous avons mesuré les hau- teurs : Chaiislonek 7,889 pieds anglais. Cliimlian 9,620 — Kolasson 10,800 — Lanoiis 5,900 — Tchesmè 9,/io0 — Camarman 7,860 — Fulad-cou 10,561 — Vallée de Nour 6,520 — Passage avant Sefid-Ab 10,859 — Ler 7,833 — r.ena 6,618 — Le pied du pic de Deraavend. . . 12,864 — Le Deraavend 21,5'iO — Après le Demavend, la montagne la plus élevée de toute celte région est le Chazadé-cou (la montagne du prince). Sa T. VL — Avril 1859. 10 l/lO SOCIÉTÉ IMPÉI'.IALE ZOOLOGigL'h: DACGLIMATATION. forme bizarre la désigne à ratlention du voyageur. Son som- met est inaccessible à cause des rochers à pic (jui le couron- nent ; maison peut évaluer sa hauteur à 15 000 pieds environ. A notre retour du Mazendéran, et après quelques jours de repos au campement anglais dans la vallée de Lar, nous sommes repartis pour faire l'ascension du Demavend. Nous tenions à avoir la gloire de mesurer les premiers la hauteur de cette montagne, qui passe chez les Persans pour inacces- sible, et qui domine majestueusement de sa neige éternelle toute la chaîne del'Elbourz. Cette dernière expédition devait, pour ainsi dire, couronner notre voyage d'exploration et de découverte dans ces régions inconnues (i). Le Demavend est la plus haute montagne de TAsie après THimalaya: nous étions à peu près de 5000 pieds plus élevés que l'Ararat et à plus de (iOOO au-dessus du î\lont-BlaMC ((jui n'a, comme on sait, (pie Z18IO mètres, ou 1 5(33'2 pieds anghiis). Il n'y a ni en Europe, ni en Africpie, de points plus élevés. On cite en Asie les pics de l'Himalaya, et en Amérique, dans les Cordillères, ceux appelés Nevado de Sorala et Nevado de Ilimani. Le Chimborazo lui-même (21 222 pieds anglais) est inférieur de (piehjues centaines de pieds au Demavend. Il est à regretter qu'un voyage tel que celui que nous avons fait dans les montagnes de TElboui-z, et une ascension comme celle du Demavend, n'aient pas été exécutés par des savants. Ce curieux pays est tout à fait inconnu au point de vue de la science, et renferme pour un botaniste, et surtout pour un géolosue, des trésors inunenses.qui se donneront au premier qui saura les voir. On pourra juger, d'après le peu (jue notre ionorance a pu découvrir, des richesses que contient ce sol inexploré. On nous pardonnera aussi d'avoir osé tourheràces matières qui ne sont point de notre compétence; nous n'avons (1) L'auteur donne ici de l'ascension du Demavend une relation lr(''s intt'ressanle, mais trop étendue et trop étrangère à l'objet des travaux de la ."Société pour qu'il ail été possible de lui donner place dans ce recueil. VOYAGE DANS LES MONTAGNES UE LELBOURZ. l/l? eu que la préleiition d'indiquer la route ; les liabiles viendront ensuite Voici les noms de quelques plantes qui nous ont paru re- marquables à divers titres, et dont, pour la plupart, nous avons recueilli des graines. Kargoiichek, plante cà fleur jaune, dont les pêcheurs du Ma- zendéran se servent pour étourdir le poisson, ([ui abonde dans les rivières, et qui se prend ensuite facilement. Kehvache, herbe contre les puces, dont on fait une assez grande exportation en Russie. Le Rheurn Rivas se trouve en abondance dans les mon- tagnes de l'Elbourz jusqu'à la hauteur des neiges éternelles, et prospère dans des terrains composés de débris d'ardoises. Ce légume fleurit vers le mois d'avril, et Ion en mange les bour- geons, qui ont un goût délicat. La racine se vend dans les bazars, sous le nom de Rhubarbe de Chine ; mais son action est faible. Les Persans font avec les bourgeons du Rheum Rivas une boisson très rafraîchissante. J'en ai recueilli des semences dans un endroit delà montagne où se trouvaientdes bouleaux, arbres qui ne viennent en l'erse que dans les lieux froids et élevés. Zo/e, chardon qui croît dans les pierres et les rochers et donne une fleur bleue, couleur turquoise, en forme de boule, la plus belle que j'aie jamais vue en Asie. Karchoutouri , Chardon du chameau, ainsi nommé parce que c'est le seul animal qui puisse s'en nourrir. Ses feuilles exsudent unemanneque les Persans appellent terengebin, et dont ils font des sirops et des sorbets. Cette plante croît en abondance dans le désert qui environne Téhéran, mais elle ne produit de la manne qu'aux environs de Kerman. Cette substance, que les Persans apprécient fort, se recueille égale- ment près de Kerman, sur un arbre vert assez commun que l'on nomme Giœz, espèce de ïamarix qui, comme le Karchou- louri, pousse partout, mais ne donne de marme que dans le sud de la Perse; la meilleure vient de Khounsor. Le Saule persan [Salix fragilis), dont les racines sont rouges, les feuilles très allongées, et les fleurs, au printemps, ihS SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQLIi: DACCLIMATATION. répandent une odeur délicieuse, exsude également une manne dont on l'ait un excellent sirop, et qui s'emploie aussi en mé- decine. Derekt felfoL l'Arbre de poivre, petit arbrisseau qui croit dans les terrains les plus secs et les plus pierreux. Dans les forêts du Mazendéran, nous avons remarqué : Le Tengiœs , espèce d'Acacia dont le tronc est hérissé d'énormes épines, et dont on fait des haies impénétrables. Le Demir Agalche^ bois de fer [Mioxylum)\ sa hauteur atteint 30 pieds environ. Il est fort estimé dans le pays, et très employé dans Tindustrie. VAzad dereht, arbre libre, espèce de Pin. En Persan, Azad veut dire ci/près, mais ici ce nom s'applii|ue à une va- riété du genre Melea de Linné. Cet arbre est remarquable par sa hauteur, la grosseur de son tronc, et sa forme droite et élancée. Il me paraît éminemment propre aux construciions maritimes. Le Fermani. Cet arbre, particulier au bassin de la mer (Caspienne, est colossal. Ses feuilles ressemblent à celles du Hêtre, et son fruit à de petites dattes. On enqiloie son bois dans rindustrie, et l'on fait avec le fruit un bon sirop. Cet arbre a une analogie avec le Palmier, ses sexes sont séparés. Nous avons vu également dans ces forêts un arbre dont nous ignorons le nom, mais qui ressemble au Tremble, et atteint d'immenses proportions ; on nous a assuré qu'il y en avait de plus de /lO archines ou 50 mètres environ. Je mentionnerai ici deux arbres qui se trouvent non-seule- ment dans le Mazendéran, mais dans toute la Perse, sous les climats les plus divers, et qui font le plus bel ornement des jardins du pays. L'un s'appelle Narbend. Sa forme ronde et gracieuse s'élance en éventail. Son feuillage, composé de touffes rondes et bril- lantes, est tellement épais, qu'il est impénétrable même aux rayons du soleil d'Asie et qu'il répand une ombre toujours fraîche. Ce bel arbre, dont l'acclimatation en France me semble très facile, est tout simplement une variété de l'Orme. On l'obtient par greffe, car il ne donne point de graines. VOYAGE DANS LES MONTAGNES DE l'eLBOURZ. 1^9 Le second dont je veux parler, et qui est tout aussi gra- cieux et non moins aimé des Persans, c'est TArbre de soie, Derekt Aprichen. Cet arbre, de la famille des légumineuses, ressemble à l'Aca- cia du Grand Seigneur, dont il est sans doute une variété obtenue par gretVe comme le Narbend ; sa feuille est des plus gracieuses, et les fleurs dont il se couvre pendant la fin de l'été et l'automne entier se composent d'une toufle de soie d'un rose vif dont l'ensemble produit un effet des plus agréables. Le tabac de Perse, connu sous le noui de Tomhakou, se cultive dans les provinces méridionales de la Perse ; le meilleur vient du district de Hedjnum près d'Ispahan. Il v en a de deux espèces. L'une s'appelle G/zm-i?e;;/t, et l'autre Ghiri-Kiishad. La première, qui est la plus estimée, a des nœuds dans les feuilles, qui sont longues et pesantes. La plante s'élève jusqu'à une hauteur de h pieds, et demande à être abondamment arrosée. Le Ghiri-Kmhad a des nœuds plus rares ; ses feuilles sont grandes, fines et terminées en rond. Il ne demande pas autant d'eau ; aussi le plante-t-on à Ispahan. à Djulfa et partout où l'eau est rare. On fait un semis de Tombakou vers la fin de janvier, dans un endroit chaud, exposé aux rayons du soleil, où on le laisse gran- dir jusqu'aux premiers jours de mai: puis on le dépique et on le transporte dans les lieux de plantation dont la terre a été convenablement préparée. La récolte se fait vers la fin de septembre. 150 SOriÉTR IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATIOIV m. EXTRAIT DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES GÉNÉRALES DE LA SOCIÉTÉ. SÉANCE DU 18 MARS 1859. Présidence de M. Is. Geoffroy Saint-Hilaire. M. le Président proclame les noms des membres nouvelle- ment admis : MM. Ali-Naghi (Mirza), gentilhomme de la chambre de S. M. le Schali de l'erse et second secrétaire de l'ambassade persane, à Paris. Baillarger (le docteur), médecin des hùpilaux, membre de l'Académie impériale de médecine, à Paris. Bérard (de), peintre et voyageur, à Paris. Bkrsolle (Auguste), secrétaire de l'ambassade de France en Chine, à Paris. BoiiLARi) (Gustave), à Paris. BoYER, inspecteur des lignes télégraphiques, à Paris. Brenier (le baron), ministre plénipotentiaire, à Paris. Costallat, sous-préfet, à Milianah (département d'Alger). Cousin (Adrien), notaire, à Paris. CussY (le vicomte de), ancien officier supérieur, à Paris. Denonvilliers (le docteur), professeur à la Faculté de médecine, membre de l'Académie impériale de méde- cine, inspecteur général des Facultés et des Ecoles de médecine de France, à Paris. Dupont, officier du génie en retraite, à Rouge-Perrier, par Neubourg (Eure). Fabre (Géraud), propriétaire, au château du Claux, près Aurillac (Cantal). Feuillet de Conches (le baron), maître des cérémonies, introducteur des ambassadeurs auprès de S. M. l'Empereur, à Paris. PROCÈS-VERBAUX. 151 MM. GiACCOBi, conseiller à la Cour impériale d'Alger. . GiRALD (A.), rédacteur des procès-verbaux du Corps légis- latif, à Paris. Hamilton (le duc de), pair d'Angleterre, à Paris. Hen:nkquin (H.), propriétaire, à Aulnay (Seine), et àParis. JossEAU (François-Jean-Baptiste), député au Corps légis- latif, à Paris. Mahgueritte, chef d'escadron, commandant le cercle de Laghouat, àLaghouat (Algérie). Masson (A.), employé au Ministère de la marine, à Paris. Millet, député de Vaucluse, à Orange (Vaucluse). Munster (Louis), propriétaire, à Paris. Palffy (le comte Jean), à Presbourg (Hongrie), et à Paris. Reiset (le comte de), ministre plénipotentiaire, à Paris. WuRTZ (le docteur), professeur à la Faculté de médecine, membre de l'Académie impériale de médecine, à Paris. — MM. Arthur Arnould, Delacroix, Garnier, Lairtiillier, Percheron, Fourrier et E. Perrot dEslivareilles écrivent pour remercier de leur récente admission dans la Société. — S. Emin. le Nonce apostolique, archevêque de Nice, et M. le baron de Wendland, ministre de Bavière en France, inforinent qu'ils ont lait parvenir à Sa Sainteté le Souverain Pontife, et à S. M. le Boi de Bavière, les adresses où le Conseil a déposé Texpression de sa respectueuse gratitude pour riiou- neur que ces souverains ont accordé à la Société en daignant permettre leur inscription sur la liste des augustes protecteurs de notre œuvre. — 3I.Drouyn de Lhuys rend compte d'une audience dans laquelle il a eu l'honneur d'être reçu par l'Empereur avec MM. le prince Marc de Beauvau, le comte d'Eprémesnil et Mitchell, afin de^résenter à S. M. les plans du Jardin d'accli- matation qu'Elle a bien accueillis. Dinérentes demandes adres- sées dans l'intérêt du Jardin ont été très favorablement écoutées par l'Empereur. Sur la communication qui a été faite à l'Empereur du projet formé par la Société de se procurer au Pérou des Alpacas et 152 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. (les Vigognes de race pure, S. M. a voulu que son nom fût inscrit en tête de la liste des personnes qui désirent s'associer individuellement à cette importante acquisition. — M. Guérin-Méneville donne, d'après une lettre de notre confrère M. Hollard, des nouvelles satisfaisantes sur l'organi- sation du Comité d'acclimatation de Poitiers. M. Hollard, de concert avec M. le Préfet de la Vienne, s'occupe de la création d'un jardin qui serait à la fois une annexe très utile de la Faculté des sciences et un jardin d'acclimatation zoologique aussi bien que botanique. — Une demande de graines, provenant de notre Société agrégée d'horticulture de TAube, est renvoyée à la Commission de distribution des végétaux. — A l'occasion d'un don de graines du Savonnier de l'Inde, dit Sapindus cmarginata, cpie M. Laure, agronome de Tou- lon, fait à la Société, et par suite d'une observation du secré- taire, relative aux inconvénients que semble présenter l'emploi habituel du savon végétal fourni par les fruits de cet arbre, M. Ramon de la Sagra appelle l'attention sur ce point. Ainsi, dit-il, le savon provenant, par exemple, du Sapindus sapona- ria, très commun à l'île de Cuba, contenant des principes qui attaquent les libres du tissu des toiles, il est utile seulement pour le linge très grossier. — M. Brierre, de Riez (Vendée), adresse un nouveau Rap- port sur les Haricots de Chine, sur les graines mucilagineuses du Dracocpp/ialum Roi/leanum [Bulletin, t. V, p. 39) et sur le Sorgho. Il a vu de très heureux résultats obtenus par l'emploi, dans son département, des tiges de cette graminée comme fourrage. A ces pièces il a joint un dessin à l'huile représen- tant, de grandeur naturelle, le développement sous terre de l'Igname de Chine dans sa quatrième année, et dont les tuber- cules se sont subdivisés et aplatis. Kn outre, M. Brierre annonce qu'il fait de nombreuses distributions des produits obtenus par lui des végétaux qui lui ont été confiés. Ce Rapport est ren- voyé à la 5* Section ainsi qu'un autre Rapport transmis par M. Charleuf, à l'occasion de ses cultures à la Bussière (Nièvre). PROCÈS-VERBAUX. 153 — M. V. Cimtel dépose sur le bureau un travail imprimé qui a pour titre : Durôle des animalcules dans les altérations des fruits, des tubercules de la pomme de terre, des truffes et des feuilles de végétaux. Notre Société agrégée d'horticulture à Nantes annonce qu'une exposition des produits et objets d'art et d'industrie horticoles aura lieu dans cette ville, les 12, 13 et \h mai, et elle sollicite la présence d'un membre de notre Société comme délégué devant faire partie du jury chargé de l'examen et du jugement des concours. Renvoi au Conseil. — M. Paillet donne lecture d'un Rapport satisfaisant sur ses cultures d'Ignames. A cette occasion, M. le Président rap- pelle que c'est cà M. Paillet qu'ont été confiés les premiers bul- billes de cette précieuse Dioscorée. — M. Oudin aîné, pépiniériste à Lisieux, fait parvenir un extrait du Catalogue de ses cultures. — M. Zablotsky, directeur du département de l'Économie ru- rale au Ministère des domaines de l'empire de Russie, transmet le catalogue des plantes de Chine dont il adonné des graines formant une nombreuse collection. — Des offres de service relatives à l'éducation des Vers à soie sont adressées à la Société par M. Ed. Réveil, au nom de la Société d'agriculture de Lyon, et par M. le général marquis d'Hautpoul qui met cà la disposition de notre œuvre deux ma- gnaneries qu'il possède dans le département de l'Aude. Des remercîments seront transmis à nos deux confrères. ■ — M. Guérin-Méneville fait hommage à la Société, de la part de mademoiselle Caroline de Susini, d'une certaine quantité de graine de Vers cà soie du Mûrier appartenant cà la race Tre- voltini, et provenant d'éducations poursuivies par elle à Sar- tène (Corse); cette graine sera déposée à la Ménagerie des reptiles du Muséum et confiée aux soins de M. Vallée. — M. Guérin-Méneville offre à la Société, de la part de M. Levert, Préfet de l'Ardèche , un opuscule extrait d'un Rapport officiel adressé à S. Exe. le Ministre de l'agriculture, et fjui a pour titre : Des Vers à soie d'automne dans l'Ardèche, en 1858. Notre confrère présente une analyse de ce travail 154 SOCIÉTK IMPKUIVLF. ZOOI.OCÎlOnî d'aCCLIMATATION. dont les conclusions motivées sur l'cxamoM dclaillc de toutes les (lueslions ([ui se ralUichenl an sujet, sont (|ue les éduca- tions d'automne peuvent être considérées comme utiles aux petits agriculteurs de rArdéclie, car elles semblent devoir jeter dans le connnerce et dans la lahrication une (piautité notaliU' lie produits. — iM. le docteur liéon Souheiran place sous les yeux de rassend)lée un IVagnient dune toile tissée par un insecte d'espèce non indi(|uée, et trouvée aux environs de i^làcon sur un tronc di*(l\ÙMuCi/tisi(s Inburmtm'^. M. Guérin-iMéneville dit ipie ce tissu doit avoir été l'abriiiué par les larves du Papillon nocturne désigné sous la dénomina- tion de lli/po)tomeutti padvlln . (jui couvrent (iiielcpiefois le tronc des arbres, t>t particulièrement des arbres Irnitiers, de longs voiles blancs sous lesquels elles vivent. Il ajoute (pu* des tentatives laites dans le but de cbercber à utiliser ce produit ont démontré qu'on n'en peut tirer aucun parti en raison de son peu de consistance. — .M. de lieauvoys informe de l'iieureux succès obtenu dans renlouissenjcnt des rucbes à Dôle (Jurai par une dame, (pii élève un grand nombre d'Abeilles. Klle vient de l'aire sor- tir vingl-cini| rucbes (jui avaient été etdouies sons terre en no- vembre et en décembre. Toutes ces rucbes sont en bon état, à rexceptioii d'uiu» seule, dont la destruction a été acciilen- telle. Des résultats aussi satislaisants ont été obteims par M. de Beauvovs lui-même, qui lait observer que l'excellence de la prali(|ue proposée par M. Antoine (de Ueims) se trouve, pour la seconde année, contirmee en tout point. — M. Millet présente des observations sur les dilVerences olVertes dans leur développement par les poissons de la l'amille des Salmonoïdes, suivant qu'ils se sont reproduits après avoir séjourné dans la mer ou sans avoir ipiitlé les eaux douces Des résultats fournis par le< pécberies dlrlande et d'Ecosse, dont M. Millet analyse les documents, il résulte, dit-il, (jue dans le cas où ces poissons ne fré(|uentent pas les eaux salées, leur taille reste plus petite. Dans son opinion, ajoute-l-il. il y a des inconvénients très graves, à tous les points de vue, à cber- PKOCÈS-VKHBAL'X. 155 cher à recommeuctM' des expériences sur le développement des Salmonoïdes dans les eaux douces. M. Jules (llofiuel fait observer que notre confrère a conclu d'une manière trop générale d'expériences faites dans les pays du Nord à celles tentées dans la pièce d'eau de Saint-Cucufa. En elVet. dit-il, lesdilîérencesde climat, de terrains, dénature et de température des eaux, doivent apporter nécessairement de notables différences dans les résultats obtenus par des expéri- mentateurs opérant dans des contrées (|ui sont loin de pré- senter les mêmes conditions. Nul, d'ailleurs, ajoute-t-il, ne peu! dire à priori où s'arrêtera l'action de l'homme sur la nature vivante, surtout dans un temps où, par de profondes études d'embryologie comparée, la science pénètre plus avant dans la connaissance des lois de la vie: l'avenir ne nous appartient pas, et nous ne pouvons encore juger des futurs résultats que donneront les expériences de iM. Coste. Il pense donc qu'on doit engager les'jjiscicuUeurs à les répéter, et qu'ils constateront sans doute aussi que des Sawnons nés (Tœufs fécondés artificiellement dans des réservoirs d'eau douce ^ peuvent, sans aller à la mer, aîTiver à un développeme?it qui leur permette d'une part de se reproduire, et de l'autre de pouvoir servir à l'alimentation. Quand bien même on ne parviendrait à élever les Saumons qu'aux dimensions des Sau- moneaux du Rhin si recherchés sur nos tables, ce serait déjà un service important rendu par les expériences de pisciculture du professeur au Collège de France. — M. Chavannes, délégué de la Société à Lausanne, écrit : 0 Notre Société de pisciculture marche bien. Nous avons eu, ces jours-ci, l'éclosion de AO 000 œufs de Truites du lac Léman : il n'en a pas péri plus de 6 pour 100 pendant l'in- cubation. » — Dans une lettre relative à l'introduction à la Martinique d'animaux qui puissent combattre et détruire le Serpent veni- meux dit Fer-de-lance {Bothropts lanceolatus), le Cochon ayant été cité, le Secrétaire fait observer (jue, en raison des ravages de cet animal, (juand il pénètre dans les champs de Cannes, il est impossible de songer à en faire un auxiliaire utile de 156 SOCIÉTÉ IMPÉIUALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. rhomme pour la destruction du redoutable reptile. Aussi la Société, en proposant dans sa dernière séance publique un prix pour l'introduction et l'acclimatation à la Martinique d'un animal destructeur de ce Serpent, a-t-elle eu soin d'exclure les espèces nuisibles aux cultures (voy. plus haut, p. m). — M. le professeur J. Cloquet annonce l'intention où il est délire prochainement un travail sur ce sujet. — M. Aristide Dupuis dépose sur le bureau trois numéros des journaux la Science pour tous et le Moniteur des comices, dans lesquels il a publié, aux dates du 13 décembre 1855, du 28 août 1S58 et du 5 mars 1859, des articles étendus sur les travaux de notre Société, et un compte rendu détaillé de la dernière séance publique. M. le Président remercie notre con- frère du soin qu'il prend d'entretenir les lecteurs de ces jour- naux des progrès de notre œuvre. — M. Natalis Rondot écrit une lettre de remercîments à l'occasion de la médaille de première classe que la Société lui a décernée pour l'introduction on France de l'un des Nerpruns de Chine qui donnent la belle couleur verte nommée lo-kao En même temps, il fait hommage d'un Rapport qu'il a présenté à la Chambre de commerce de Lyon sur le IMicsée d'art et d'industrie qu'elle va fonder dans cette ville. — M. Félix Foucou, en faisant parvenir une brochure inti- tulée De l'acclimatation des travcdlleurs blancs dans les colotiies françaises, adresse une lettre dans laquelle se trouve contenue une proposition dont l'examen est renvoyé au Con- seil. Cette proposition a pour but de provoquer la formation, dans le sein de la Société, d'une Commission chargée d'étudier, dans leurs rapports avec le travail, les cultures des colonies et toutes les questions qui se rattachent, sous le point de vue de l'hygiène, au remplacement dans ces colonies des hommes de couleur par des hommes de race blanche. PUOCÈS-VEllBAUX. 157 SÉANCE DU 1" AVRIL 1859. Présidence de M. Is. Geoffroy Saint-Hilaire. M. le Président proclame les noms des membres nouvelle- ment admis : MM. Adelsward (le baron d'), envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire de S. i\I. le roi de Suède et de Nor- vège, à Paris. Beaurin (Guillaume), propriétaire, fabricant de sucre, à Margny près Compiègne(Oise). Chassiroin (le baron de), sénateur, à Paris. CoRNUDET (le comte), ancien pair de France, à Paris. DucHESiNE DE Bellecourt, cousul général de France au Japon, à Paris. Dltfoy (Auguste), propriétaire agriculteur, à Eprunnes près Melun (Seine-et-Marne). Grenier fils, propriétaire, à Cérilly (Allier). GuiLLEMEAU (le docteur), à Paris. Glyot (le docteur Jules), à Paris. HuGUENEY, lieutenant-colonel, commandant les compa- gnies du train des équipages militaires de l'armée d'Afrique, à Alger. Jalabert DE Huparlac, à Paris, KoECHLiN (André), ancien député, à Paris. La Vallée (Alpbonse), à Paris. LouvRiER, conseiller à la Cour impériale de Poitiers. Mon(S.Exc. M.), ambassadeur deS.M. Catbolique,àParis. Paillet (Louis), borliculteur, à Paris. Pelletier (Josepb), chimiste, à Paris. PoNs (de), capitaine de spahis, commandant la Smala de Béragouya, à Médéah (Algérie). ToLLARD (E,), marchand grainier, horticulteur, à Paris. Valade-Gabel, directeur honoraire de Tiiislitution impé- riale des sourds-muets de Bordeaux, à Paris. — Il est donné lecture d'une lettre par laquelle S. A. L le prince Ferdinand-Maximilien, archiduc d'Autriche, qui a J58 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. daigné permettre l'inscription de son nom parmi ceux des augustes protecteurs de notre Société, exprime à M. le Prési- dent, en termes pleins de bienveillance, l'intérêt qu'il porte à nos travaux. — M. le chef du cabinet du Ministre de l'Algérie et des Colonies, transmet copie de deux dépêches des gouverneurs de la Guadeloupe et de la Martinique informant de l'inslitution dans chacune de ces deux colonies d'un Comité d'acclimatation destiné à correspondre avec la Société. Ces Comités, composés des hommes les plus compétents, portent à quatre le nombre de nos Comités coloniaux. — Suivant Tordre du jour spécial de cette séance, l'assemblée, appelée à se prononcer sur une demande d'afiilialion adressée au nom de \di Société centi^ale d'ogri cul titre et d' acclimatation des Basses-Alpes, à Digne, par son Président, M. de Saint- Paul, Préfet du département, l'admet à l'unanimité au nombre de nos sociétés ulliliées. — Deux demandes d'agrégation émanant , l'une de la Société d'ayricidt are deSavoie, dont le siège est à Chambéry, l'autre de la Société d'horticulture de Bergerac (Dordogne), sont renvoyées à l'examen du Conseil. — Dos lettres de remerciments sont adressées par M. Hardy, à l'occasion de la grande médaille d'or qui lui a été décornée dans notre dernière séance solennelle, et par MM. le vicomte de Cussy, Demonlzoy et Rapet, pour leur récente admission. — M. J. Pellon y Uodriguez, nommé Commissaire spécial des travaux publics des possessions espagnoles à Fernando-Po, dans le golfe de Guinée, fait parvenir, par rentremise de M. Danican-Philidor, ses olTres de service pour tout ce qui pourrait intéresser la Société dans cette île. — M. le Président informe l'assemblée de l'adoption par le Conseil d'Etat des Statuts de la Société du Jardin d'acclimata- tion du bois de Boulogne. Toutes les difficultés étant mainte- nant levées et le décret impérial préparé, il y a tout lieu d'espérer que S. M. daignera le signer très prochainement. — M. Becquerel, rappelant les succès dosa culture d'Oran- gers à Chàtillon-sur-Loing (^Loiret) [Bulletin^ t. V, p. 77, 107, PUOCÈS-VEKBAUX. 159 et t. VI, p. 35), où il possède un grand nombre de variétés, émet le vœu que, comme ornement du Jardin d'acclimatation, il y soit construit une serre tempérée pour cette culture, dont il offrira volontiers les premiers éléments à la Société, à laquelle il propose aussi de fournir les moyens de cultiver dans ce jardin les plus belles Jacintbes, dont il obtient des produits comparables à ceux de la Hollande. Notre confrère est prié, par M. le Président, de recevoir, à cette occasion, les remercîmenls de la Société. — M. le baron de Luitjens, membre de la Société, adresse de beaux écbanlillons de la Pomme de terre de Sainte-3Iartlie provenant de Fremersberg près Baden-Baden. Il y joint un Rapport sur sa culture. — Notre confrère M. Pépin, qui a fait des essais avec cette Pomme de terre, déclare qu'il en a bonne opinion; il engage, en conséquence, à continuer les expériences et les observations commencées l'année dernière, et à attendre la récolte procbaine avant de se prononcer d'une manière définitive. Il a goûté quelques-uns des plus gros tubercules, et il les a trouvés fari- neux et doués d'une saveur agréable. — M.Drouyn de Lbuys fait hommage à la Société, de la part de l'un de ses membres, M. Hubert-Delisle, ancien gouver- neur de Fîle delà Réunion, d'une collection de graines pota- gères venant du cap de Bonne-Espérance, ainsi que d'un assez bon nombre d'autres graines de même origine. Des remer- cîments seront transmis à M. Hubert-Delisle, et l'on remettra les graines à la Commission de distribution. — M. le Président renvoie également à cette Commission des noyaux de Pèches, d'Abricots et de Prunes originaires de Perse, que M. Drouyn de Lhuys offre au nom de notre collègue M. Bourrée, ministre plénipotentiaire, à qui on fera parvenir les remercîments de la Société. — M. Bourgeois, qui nous a déjà plusieurs fois entreténus de ses eflbrts pour l'amélioration de la culture des Ignames, place sous les yeux de l'assemblée deux racines de forme bizarre : leur extrémité grêle, c'est-à-dire supérieure, longue de 0'",ZiO à O^.ôO, s'élève verticalement après avoir fait un effigie droit 160 SOClÉTfi; IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. avec la portion rentlée, qui s'était dirigée clans le sol hori- zontalement. Cette conformation anormale est due au soin que M. Bourgeois a pris de placer à une profondeur de 0"',35 environ un lit de grands joncs ayant 0'",04 à 0'",06 d'épaisseur. Par suite de cet obstacle imaginé par son jardinier, les lo-names se sont ainsi détournées de leur direction verticale. — M. A. Dupuis fait observer (jue, par suite de cette hori- zontalité des Ignames, il est à craindre qu'on ne soit obligé d'espacer les plants par des intervalles trop considérables. — M. Jaccjuemart, qui vient de faire don à la Société d'une quantité considérable de racines de cette Dioscorée, s'est éga- lement bien trouvé d'une préparation du sol destinée à em- pêcher une pénétration trop profonde. Un membrede l'Assemblée dit, à celte occasion, qu'il pense que l'instrument en pied de biche destiné à extraire du sol la lon'^ue racine de la Patience pourrait être employé avec avan- tage pour rigname. M. Pépin fait observer que les difficultés dont il s'agit sont en grande partie levées par le mode de culture proposé par M. Paillet, et qui consiste dans la transformation de l'Igname eu plante annuelle, par suite de l'emploi pom' la reproduction de portions de racines beaucoup plus volumineuses que celles dont on fait usage d'ordinaire. (Voyez plus loin la Note de M. Paillet.) M. Hennequin, directeur au Ministère de la marine, et membrede la Société, communique des renseignements qu'il a recueillis sur TAroidée de Samana (Haïti) nommée Tayo, et qui a été rapportée en France par M. Constant Salles, capi- taine au long cours [Bulletin, 1857, t. IV). Il résulte de ces renseignements, que cette plante contient 72 pour 100 de fécule pure et '28 pour 100 d'un résidu mucilagineux: et gluti- neux, qui est propre à la nourriture des animaux, et qu'elle réussit bien en Provence. On en peut fabriquer un pain agréable et très nutritif, et son feuillage est un bon légume. Des remercîments seront transmis à M. Henneciuin pour cette communication, qui est renvoyée à l'examen de la 5« Section. M. le docteur Turrel, secrétaire du Comice agricole de l'UoCËS-Vbir.BAUX. 161 Toulon, écrit à M. le Président une lettre (jui sera soumise au Conseil, et qui a pour but d'appeler lattenlion de la Société sur l'importance que semblerait devoir présenter la formation, dans le Jardin du bois de Boulogne, d'une collection complète de vignes recueillies sur tous les points du globe. « On les ras- semblerait là, dit notre confrère, au point de vue de l'étude ou de la multiplication ultérieure dans les districts viticoles où des espèces supérieures, soit en produit et en vigueur, soit en précocité, pourraient utilement se substituer à des variétés inférieures, abâtardies ou dégénérées par une culture séculaire ou par les ravages de l'oïdium. » — M. Aristide Dupuis donne lecture d'un travail sur les ré- sultats obtenus jusqu'à ce jour par la culture des arbres rési- neux du nord du Mexique et de la Californie, connus sous les noms de Séquoia sempervirens et S. gigantea. Cette Note complète les renseignements précédemment fournis sur ces arbres par M. le marquis de Vibraye {Bulletin, t. V, p. 500), en faisant connaître les conditions climatologi(iues les plus favorables à des essais d'acclimatation de ces arbres pré- cieux. — M. Bonnevyn, pliarmacien en chef des hospices civils d'Aerscliot (Belgique), fait hommage d'un ouvrage ayant pour titre : Considérations sur le Thé et sur son acclimatement en Belgique. — Diverses demandes de araine de V(M-s à soie du Uicin sont renvoyées à la Conuiiissionde sériciculture. A cette occasion, le Secrétaire informe des soins pris par le Conseil pour que ces distributions amènent, autant que possible, de bons résul- tats. Ainsi, on remet à chaque destinataire, en expédiant les œufs, une histruction rédigée par M. Guérin-Méneville, et qui renferme tous les renseignements nécessaires aux éleveurs. — M. de Quatrefages offre a la Société un exemplaire d'un extrait du Rapport qu'il a présenté récemment à l'Académie des sciences au nom de la Sous- Commission chargée par elle d'étudier la maladie des Vers à soie dans le midi de la France. Notre confrère fait connaître d'une manière sommaire les principales conclusions de ce Rapport. T. VI. —Avril 1859. 11 162 SOCIÉTÉ IMPÉlîlALÉ ZOOLOGIQUE d'aCCLIiMaTaTION. Une de ces conclusions étant que la maladie épidémique dontil s'agit ne peut ètreattribuée à une altération préexistante des feuilles de Mûrier, altération dont il n'y avait, est-il dit, aucune trace en 1858, M. Guérin-Méneville fait observer que les recherches entreprises cette année par MM. les Commis- saires de l'Académie des sciences n'ont pas été assez prolon- gées pour pouvoir infirmer l'opinion émise par lui, et qui résulte d'études déjà anciennes, qu'il poursuit depuis (juinze ans en France, en Italie, en Espagne, savoir, que la maladie des Vers a pour principale cause celle des feuilles. Il ajoute que, selon lui, l'état morbide des Vers à soie, devenu héréditaire, ne peut cesser brusquement, même quand les Mûriers auront repris leur état normal-. — M. de Ouatrefages répond que, déjà longtemps avant d'avoir été chargé de la mission dont il vient d'exposer quelques-uns des principaux résultats, il avait combattu l'opi- nion qui tend à faire considérer l'épidémie comme tirant son origine de l'altération de la substance alimentaire. Si, dans certains cas, dit-il, il va eu coïncidence de la maladie des Vers et de celle du Mûrier, dans d'autres, au contraire, cette coïncidence n'a pas été remarcpiée. Dès d8/i2 et 18Zi3, près de Poitiers et dans le Gard, l'épidémie frappait les magnaneries, et les feuilles étaient saines. Il pense donc que les maladies des végétaux ont pu aggraver celle des Vers, mais ne l'ont pas produite. M. Anselme Pétetin dit (jue, dans le Dauphiné, en 1852 et en 1853, le feuillage du Mûrier a été malade, mais que l'année passée, bien qu'il ne présentât plus les mômes taches, il a pro- duit une inflammation de l'intestin et ladiarrhée chez tous les animaux quadr(q)èdes auquels il a été donné comme aliment. — Un envoi de 250 grammes de graine de Vers à soie du Mûrier parfaitement saine, provenant de l'Ecole centrale de sériciculture de Moscou, (|ue la maladie n'a jamais atteinte, est annoncé par M. de Masslow, secrétaire perpétuel de la Société impériale d'agriculture de cette ville, comme un don qu'il fait à notre Société, dont il est un des membres honoraires. Des remercîments lui seront transmis. I'I!Ocès-m:kbal'\. 163 — M. Aguilloii, (jui possède près de Toulon, dans sa pro- priété de TEvgoulier, des Aikuites glanduleux en nombre con- sidérable, les met à la disposition de la Société pour des éduca- tions en liberté du Ver à soie qui se nourrit des l'euilles de cet arbre. Des remercinients seront adressés à notre confrère. — A celle occasion, M. Guérin-Méneville informe l'assem- blée qu'il a euTlionneur de placersouslesyeuxdel'Empereurce nouveau Ver à soie, et de faire connaître à Sa Majesté les res- sources que la soie produite par cet insecte peut fournir à notre industrie séricicole. — M. Perrottet écrit de Pondichéry pour informer qu'il adresse à la Société soixante-douze cocons vivants de la larve productrice de soiequi vit sur VOdina ivodier, arbre de la famille des Térébinlhacées, et neuf cocons également vivants de la larve du Bombyx Mylitta, (:|ui mange le feuillage de plusieurs arbres, et en particulier celui du Jujubier dit Syzygium jamho- lamim. Cette dernière espèce nous a déjà été adressée précé- demment à deux reprises par notre confrère, mais nous n'avons jamais reçu la première dont il sera nécessaire de cberclier à obtenir les accouplements à l'état de liberté, comme on le fait pour le Bombyx Mylitta {Bulletin, t. V, p. 485 et suiv.}. — M. Hamet, professeur d'apiculture, fait hommage à la Société du Cours pratique d'apiculture qu'il vient de publier. Les remercîments de la Société lui seront transmis. — M. Galmiclie, inspecteur des forêts, à Remiremont, adresse deux Rapports qui ont été insérés dans le Bulletin de notre Société affiliée d'acclimatation pour la zone du N.-E. L'un est relatif à des tentatives heureuses de pisciculture dans le ressort de l'inspection de iM. Galmiche, et l'autre à des essais de domestication de la Marte. — 31. A. Lefèvre, naturaliste, à Paris, annonce qu'il pos- sède le moyen de guérir certaines atîections des membranes muqueuses des oiseaux de basse-cour, et demande à la Société de vouloir bien lui confier ceux qu'il lui semblerait nécessaire de faire soumettre à un traitement. — M. le professeur J. Cloquet donne lecture d'une Note sur les moyens de détruire les Serpents, par racclimatalion à 164 SOCIÉTÉ IMPElîlAI.E ZOOLOGlQL'Ii UACCLIMATATION . hi Martinique, à Sainte-Lucie et à la Jamaïque, d'oiseaux <{ui puissent combattre le Serpent fer-de-lance. Notre confrère ayant cité parmi les oiseaux dont l'intro- duction devrait être tentée, les Cigognes, qui ne causent aucune espèce de tort aux cultures et que la mauvaise qualité de leur chair ferait respecter des chasseurs, M. le comte de Sinety émet l'opinion qu'il n'y aurait sans doute pas de secours efficace à attendre des Cigognes qui, habitant d'ordinaire le bord des eaux, ne se porteraient pas dans les lieux où se tient d'ordinaire le Serpent. Il craindrait aussi qu'elles ne restassent pas stationnaires, en raison de leurs habitudes voyageuses. M. Ramon de la Sagra n'a pas la même crainte, car dans la Caslille, où il n'y a pas de marais, ces oiseaux-, dit-il, séjournent toute l'année et s'y reproduisent. M. Moquin-Tandon, à l'appui de cette fixité de résidence, cile des (Cigognes qui ont été conservées pendant trois ans, au Jardin des plantes de Toulouse. La première année, elles cber- chèrent à s'échapper, mais ensuite elles ne quittèrent plus le jardin, où une alimentation suffisante leur était fournie. Ce fait prouve, ajoute-t-il, que les Cigognes, quand elles ont une nourriture assurée, n'émigrent plus. — Des renseignements sur les Lamas et les Alpacas sont adressés par M. Russeil (de Bordeaux), qui a étudié ces ani- maux dans l'Amérique du Sud. — M. Frédéric Jacquemart, conformément à l'ordre du jour spécial de cette séance, donne lecture d'un Rapport pré- senté au nom d'une Conmiission dont il faisait partie, sur les mesures prises par le (Conseil pour l'introduction en France d'un troupeau d'Alpacas et de Vigognes. M. le Président engage ceux de MM. les membres qui dési- reraient faire venir quelques-uns de ces animaux en Furope pour leur propre compte, à se hâter de se faire inscrire au siège de la Société. Le Secrétaire des séances, AuG. Dlméiul. FAITS DIVERS. 165 III. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. Comités d'aeelimatation de la Giiadeloape et de la Martinique. Dans la séance du 1" avril. M, le Président, après avoir rappelé la cir- culaire que S. A. I. le prince Napoléon avait bien voulu adresser, le 3 novembre dernier, à MM. les Gouverneurs des Antilles, pour l'organisa- tion de Comités d'acclimatation dans nos colonies, a donné communication des deux dépèches suivantes qui lui ont été transmises par son Exe. M. le Ministre de l'Algérie et des Colonies. Ces dépèches avaient été adressées à S. A. I. le Prince Napoléon. Martinique (Fort-de-France), le Id février 1859. Monseigneur, J'ai l'honneur d'informer votre Altesse Impériale que, conformément aux recommandations de sa dépêche du 3 décembre, j'ai désiiiné le Comité de l'expo- sition locale pour correspondre avec la Commission permanente des Colonies formée au sein de la Société impériale zoologique d'Acclimatation. Le Comité se compose de : MM. Le directeur de l'intérieur, président. Le maire de Saint-Pierre, vice-président. Le Lorrain, secrétaire général de la direction de l'intérieur. Neyrat, propriétaire. CORDIKR, id. BÉLANGER, directeur du .Jardin des plantes. De Maynard, commissaire de l'Exposition locale. Je suis avec un profond respect, etc. Le Gouverneur par intérim, Lacrange. Gnadelonpe (Basse-Terre), le 12 février 1859. Monseigneur , .l'ai reçu le 1" de ce mois la dépêche par laquelle votre Altesse Impériale manifeste l'intention d'organiser dans la colonie un comité destiné à correspondre avec la Commission permanente des Colonies formée à Paris au sein delà Société d'Acclimatation. Je me suis occupé immédiatement de la formation de ce comité. J'ai, en outre, en publiant dans la gazette officielle du 1 1 de ce mois, la dépèche que votre Altesse Impériale m'a fait l'honneur de m'adresser à cette occasion, fait un appel à ceux des habitants de la colonie qui s'occupent des améliorations à introduire dans notre agricxdture. J'aurai l'honneur d'informer prochainement votre Altesse Impériale de la constitution définitive de ce comité, comme aussi je m'empresserai, le cas échéant, d'adresser au département le résultat de ses travaux. Je suis, etc. ie Gouverneur, Toichard. Lettre de S. A. I. l'archidue Ferdinand-Maxiniilien d'Autriche. La lettre suivante a été adressée à M. le Président de la Société par S A. I. l'archiduc Ferdinand-Maximilien d'Autriche : Monsieur le Président, Je me serais empressé de répondre sans délai à l'aimable lettre par laquelle vous avez bien voulu m'annoncer mon inscription parmi les membres de la Société 166 SOCIÉTÉ IMl'ÉlilALL ZUOLUtilQUK d'.VCCLLMATATION . impériale zoologique d'Accliinatatioii, si je n'avais préféré altendre le momeiil où je pourrais en même temps remplir ma promesse de vous transmettre l'épreuve pliotog-rapliique de cette espèce d'Hémione qui se trouve à la ménagerie de Schœnbrunn. Cette épreuve vient de m'ètre envoyée, et j'ai hâte de vous la faire parvenir dans le pli ci-joint. Je regrette doublement le retard qu'a subi sa con- fection, puisqu'il a fait différer si longtemps l'expression de la vive satisfaction que j'éprouve à voir figurer mon nom au milieu de celui de tant d'hommes dis- tingués. Toutes mes sympathies sont acquises à la lâche que poursuit la Société, et c'est avec, un grand intérêt que je prends connaissance de ses publications. Peut-être les relations dans lesquelles mes voyages m'ont mis avec les régions extra-européennes pourront-elles, dans l'occasion, lui être de quelque avantage, et je me féliciterai toutes les fois que mon concours aura pu profiter au but inté- ressant et éminemment utile que la Société s'est proposé. Placéà la tête de l'administration d'un pays dont la culture de la soie, si grave- ment atteinte aujourd'hui, fait une des principales richesses, j'ai été particulière- ment touché de l'assistance prêtée récemment par la Société d'Acclimatation à une entreprise qui a pour objet de remédier à la fatale déchéance de cette industrie. Veuillez, M. le Président, faire connaître ces sentiments au Conseil d'adminis- tration et à chacun de ses membres en particulier. Ma visite au Musée d'histoire naturelle de Paris, où j'ai eu le plaisir de vous avoir pour guide , m'a laissé le plus agréable souvenir, et je me fais une fête d'aller le revoir un jour, ainsi que rétablissement analogue que la Société impé- riale d'Acclimatation a eu la pensée de créer au bois de lioulogne. Je suis, M. le Président, etc. Ferdinand Maximilien, archiduc d'Autriche. Château de Monza, le 27 mars 1850. Introduction d'un tronpenii di- 'iHO l.anias et congént^i-es en .fuKtralie. Sous ce titre, M. Vauvert de Méaii, chancelier du consulat de France à Glascow, a communiqué à la Société la note suivante : « Peu d'entreprises des temps modernes ont été conduites avec une énergie plus déterminée et une plus grande persévérance que celle que vient heureuse- ment d'accomplir M. Lcdger. Le nom de ce gentleman est peu connu du public anglais en général ; mais il se perpétuera dans les colonies australiennes comme celui d'un homme ([ui aura jilus que tout autre contribué à l'accroissement de sa richesse. M. Charles Ledger est un marchand anglais établi depuis nombre d'années à Tacua, au Pérou ; le commerce des laines d'Alpaca est le but principal de ses affaires; il préparait depuis six ans l'exécution de son projet d'introduire en Australie cette race précieuse d'animaux à laine. » Les difficultés contre lesquelles il avait à lutter pour porter à exécution ce projet étaient énormes, mais après six ans de persévérance indomptable, au milieu de dangers et de désappointements sans nombre, il a réussi à accomi)lir son projet, et la dernière malle australienne nous annonce riicureuse nouv(!lle de l'arrivée à Sidney de 280 de ces précieux animaux. Le troupeau se compose de Lamas, Alpacas et Vigognes, plus différentes variétés qui ont été obte- nues par des croisements de races. Ces animaux, au départ de la malle, pais- saient tranquillement dans les environs de la ville, sans paraître se ressentir du changement de climat. L'heureuse arrivée de ce grand troupeau d'Alpacas à Sidney est un grand triomphe pour M. Ledger, et donne un exemple d'intrépidité et de prudence qui mérite d'être signalé. Avoir conduilce troupeau par des régions montagneuses, exposé aux vicissitudes de climat, changement de nourriture, ravages des animaux, jalousie des gouvernements, et enfin avoir réussi avec autant de succès à l'embarquer et à faire une traversée aussi longue, sont des faits qui prouvent en faveur du patriotisme et de riiit!éi)idité de leur auteur. « FAITS DIVEHS. 167 Acquisition ilii troupeau ûe Chauieaux que la Société a été cijargéc d'introduire au Brésil. La saison dt^signée pour rexpédition des Chameaux au Brésil étant arrivée, M. iiicliard (du Caillai), vice-président de la Société, acluell(iiicnt à Alger, s'est rendu dans le sud de l'Algérie où il a fait, avec le zèle et le dévouement dont il a déjà donné tant de témoignages, l'acquisition d'un troupeau de choix. !■ n même temps M. A. Hesse, qui a déjà rendu d'importants services à la Société, dont il est le délégué à Marseille, et qui avait bien voulu se cliarf'er de prendre les mesures nécessaires pour s'assurer d'un navire, traitait avec un armateur dans dos conditions propres à assurer le succès de cette expédition. Nous extrayons de la correspondance de M. Richard (du Cantal) les passages suivants : n"]\Ie voici enfin rentré à Alger, et je suis prêt à embarquer les animaux ; acqui- sition lies chameaux, du fourrage et des grains, engagement de quatre Arabes, dont deux comprennent et parlent le français, tout est terminé. Grâce au bien- veillant empressement de l'administration delà guerre, qui m'a prêté ses presses hydrauliques, la provision de fourrage, calculée pour trois mois, est prête, sous un volume comparativement peu considérable. » Parti d'Alger le 9 avril, je suis arrivé à Boghar le 12. Deux jours après, j'étais à 27 lieues de là, sur la gauche de la route de Laghouat, au milieu des tribus les plus riches en chameaux, au centre d'une immense plaine. Tous les chefs de tribus environnantes avaient été préveims et envoyaient des Chameaux au point où je me trouvais. J'ai fait l'acquisition de dix belles Chamelles de trois à quatre ans, et de quatre Ciiameaux très beaux également, dont trois de quatre ans et un de sept ans Pour éviter toute substittition, ces quatorze animaux de choix ont été immédiatement marqués au feu d'un B , sur le côté gauche de l'encolure , et placés sous bonne garde et surveillance. Cette importante opération de l'acquisi- tion m'a été singulièrement facilitée par l'obligeante intervention des bureaux arabes, et surtout par le concours le plus bienveillant de M. le général de Liniers, qui commande la subdivision de Médéah, et le zèle de notre confrère M. le capi- taine Ritter, placé sous ses ordres. » Ainsi donc, aussitôt que j'aurai reçu avis de l'arrivée du navire que votre honorable délégué M. Hesse, toujours dévoué aux intérêts de la Société, vous a procuré à Marseille, je serai prêt à faire embarquer immédiatement les animaux et leurs provisions. » Liste des animaux proposés à l'échange par l'étahlissenienC zoologif|ue de San-Donato. îlàles. Fem. Jlàles. Fnii. i Taureau d'Egypte 1 3 Antilopes Nilghau. ... 1 2 1 Gazelle Dorcas 1 » 1 Cerf d'.\frique » 1 2 Cerfs de Bohême » 1 Cerf croisé d'Afrique. . . » 1) ') 2 Cerfs Axis 1 1 1 Daim blanc » 1 4 Faisans dorés 2 2 6 Faisans dorés 3 3 3 Cygnes noirs 1 2 Le Secrétaire du Conseil , Gdérin-Méneville 16S SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE DACCLIMATATION. OUVRAGES OFFERT.^ A L/t SOCIÉTÉ. SÉANCE DU 7 JANVIER 1858. Sorgho and Imphee, the Chiiiese and Africau sugar (Cannes. A Treatisc upon their Origiii, Varieties and Culture. By Henry S. Olcott. 1 vol. in-8, New- York, 1857. Report of the Conimissioners of Patents for the year 1856. — Agriculture. 1 vol. iu-8, Washington, 1857. The First and second Annual Reports of the Geological Survey of Missouri, byG. C. Swallow. i vol. in-8, 18S5. Transactions of the Michigan State Agricultural Society for 1836, vol VIII, in-S. Annual Report of the Board of Régents of the Sniithsonian Institution, for the year l8r)C,l vol. in-8, Washington, 1857. Eleventh Annual Report of the Board of Agriculture of the State of Ohio lo the Governor, for Iheyear 1858. I vol. in-8, Columbia, 1857. OCcio informativo, que por conducto del ministerio de hacienda éleva al supremo gobierno del Pcru el Giudadano Manuel Mariauo Basagoitia a po- derado fiscal enviado A. Inglalerra, Espana, Italia e isl.i de Mauricio. En coniplimento de la resoiurion legislaliva de Osetienibrc de 1859. 1 vol. in-4, Paris, 1858. Le bon Jardinier, alnianach horticole pour Tannée 1859 , par Vilmorin, Poiteau, L. Vilmorin, etc., Paris. Notices sur l'amélioration des plantes par le semis, et considérations sur l'héré- dité dans les végétaux, par Louis Vilmorin, précédées d'un mémoire sur l'amiMioralion de la Carotte sauvage, par M. Vilmorin, correspondant do l'Institut. Catalogue des végétaux et graiues disponibles et mis en vente par la Pépinière centrale du Gouvernement, au Uamnia (près Alger), pendant l'automne 1858 et le i)riniemps I8.")9. Exposition permanenie des produits coloniaux à Paris. — Premier envoi des établissements framjais dans l'Inde (Pondichéry). Essai de réponse aux questions sur l'utilité de l'acclimatation, par M. le doc- teur N. Joly (de Toulouse . Sur les maladies des \ ers a soie et sur la coloration des cocons par l'alimenta- tion au moyen duChica, par le même. Établissement d'un nouveau genre tératologique, pour lequel l'auteur propose le nom de Rhinodynie, par le même. Sur riiypernietamoriihose des Strepsiptères et des OEstrides,par le même. Société impériale d'horticulture pratique du Rhône. Congrès pomologi(iue de Lyon : Poires, variétés admises par te Congrès. Die Zucht der ausiandischcn Hùlner in Deutschland, von Cari I.offler. Berlin, 1857. Recueil de travaux lus à la Société médicale allemande de Paris, publié par MM. H Meding et A. Martin. Première année. Paris, 1856. Le livre d'Abd-el-Kader, intitulé Rappel à l'intelligent, avis à l'indiflérent. Considérations philosophiques, religieuses, historiques, etc., par l'Emir Ahd-el-Kader, traduites par Gustave Dugat. 1 vol. in-8. Paris, 1858. Projet de colonies agricoles pour tous enfants orphelins ou abandonnés et tous autres des deux sexes, jtar ,1.-F. Baudicr (de la Côle-d'Or). Paris, 1858. Czwarte Zebranie Ogolne Uczestnikow spolki ledwabniczéj. Warszowa, 1858. ESPÈCES ZOOLOGIQUES ET BOTAMQUES DE CUBA. 109 I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ. ENUMEUATIOiN DES ESPÈCES ZOOLOGIQUES ET BOTANIQUES DE L'ILE DE CUBA UTILES A ACCLIMATER DANS d'aOTRES RÉGIONS ANALOGUES DU GLOBE. Par n. mknn\ de la. («agra., Consul général de la République de l'Uruguay, correspondant de ITnslitul. (Séances du 10 décembre 1858 et du 21 janvier 18o9). Un des moyens les plus directs et les plus féconds pour obtenir de grands résultats des travaux de notre Société d'ac- climatation, serait, à mon avis, de rédiger des relevés détaillés des productions naturelles de chaque pays, avec des indications précises sur les conditions du sol, du climat, de F exposi- tion, etc., auxquelles ils doivent la vie. En parcourant ces tableaux des richesses naturelles du globe, chaque pays en général, et la France et ses colonies en particulier, pourraient rechercher et étudier celles que, d'après les conditions analo- gues des contrées, il conviendrait d'introduire pour essayer de les acclimater. Il faudrait donc que les relevés en question pussent offrir à l'examen attentif des Sociétés d'acclimatation, non-seulement rénumération méthodique des animaux et des végétaux utiles de chaque pays, mais aussi un exposé sommaire et très exact des conditions climatologi(|ues sous lesquelles ils vivent et prospèrent sur le sol natal. Ne voulant pas borner mon indication à un simple conseil, que chacun de vous. Messieurs, pourrait émettre avec plus d'autorité que moi, il m'a paru plus utile d'essayer d'en fournir un exemple, en mettant à profit mes propres recherches dans un pays intertropical que j'ai habité longtemps, et dont la richesse et la variété des productions naturelles seraient diffi- 1. VI. —Mai 1859. 12 170 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. cilement surpassées par celles cFune autre contrée. Je veux parler de l'île de Cuba, riche lleuron envié de la cour de Castille, et un des restes précieux de ses anciens domaines sur toutes les parties du globe. Vous savez, Messieurs, que le grand ouvrage ovi se trouve exposé le riche tableau de la faible partie des productions na- turelles cubanaises que j'ai pu réunir, et qui furent étudiées et déterminées par des savants français associés à mon entre- prise, comprend la zoologie et la botanique. Cest donc dans ces deux branches de l'histoire naturelle que je devais cher- cher les objets utiles à Thomme, pour vous les présenter ici. Mais, conformément aux indications qui précèdent, je dois commencer par vous donner un aperçu des conditions géogra- phiques, lopographiques, orographiques et climatologiques de l'île de Cuba. Que cette éiiuinération ne vous effraye point, Messieurs; je saurai être avare de votre tenqis en vous fournis- sant cependant le moyen d apprécier la plus grande partie des conditions de locaHté, sans entrer dans de très longues et ennuyeuses descriptions. La carte générale de l'île de Cuba, dont je me plais à faire hommage à la Société, suffit, ;i mon avis, pour donner une idée assez nette des conditions du sol en lui-même, et relativement au ciel et à l'eau qui l'environnent. Vous n'avez, en eilét. ([u'à rélléchir un moment sur ce que doit olï'rir, pour la vie des animaux et des plantes, cette langue de terre détachée du continent américain, jetée à travers l'entrée du golfe du Mexique, sous une latitude admirable; plate dans une grande étendue, de formation calcaire neptunienne; on- dulée et montagneuse dans l'autre, de date beaucoup plus ancieime \ presque en totalité couverte d'une végétation luxu- riante ; traversée dans sa petite longueur par d'innombrables ruisseaux, et offrant aux vagues lièdes et aux brises rafraî- chissantes une immense étendue de 2500 kilomètres de côtes sinueuses, dont les plis capricieux forment les plus grands et les plus magnifiques ports du monde. Mais si l'œil clairvoyant du savant peut découvrir tout cela à la siujple inspection de la carte, les conditions climatoio- giques ne se dévoilent pas dans la représentation graphique; ESPÈCliS ZOOLOGIQUES ET BOTANIQUES Di: CUBA. l7l 11 faut l'aide des chiffres, déduits d'observations constantes et variées, dont je vais avoir l'honneur de présenter le résumé. I. — Conditions climatologiques. Les caractères distinctifs de la zone fertile oîi se trouve l'Ile de Cuba proviennent moins de la température élevée de sa latitude géographique que de la constance de la chaleur dans les mêmes degrés, et de l'excessive humidité atmosphérique pendant une longue période de l'année. Cette humidité, jointe au voisinage de la mer, par l'extrême rétrécissement de Pîle, et à l'action des vents alises dans les mois les plus rigoureux de l'été, modère la température et procure à la vie animale et végétale des conditions beaucoup plus favorables que celles que devait faire présumer la zone tropicale. Pour qu'on puisse juger, au moyen de données plus certaines, des effets simultanés de ces diverses influences bienfaisantes, je vais réunir dans un seul tableau le résumé de mes observations les plus essentielles pour caractériser les phénomènes que je viens de signaler. HOIS. TEMPÉRA- TURE. HUMIDITÉ. JOURS de pluie. QUANTITÉ tombée. ASPECT Journées obscures. DU CIEL. Journées claires et nuageuses. Janvier Février Mars Avril Mai 21", 8 7 23,33 23,37 24,79 25,74 27,22 27,47 2o,54 26,87 26,03 23,96 22,63 82,0 84,0 82,8 82,4 85,4 85,0 87,6 88,2 88,2 85,2 86,2 84,8 8 7 6 4 8 10 12 12 14 9 8 6 64 53 61 31 97 128 139 116 147 79 83 31 5 8 7 5 8 6 6 6 7 7 8 7 26 20 24 25 23 24 25 23 23 24 22 24 Juin Juillet Août Septembre. . . . Octobre Novembre. . . . Décembre, . . . Moyenne et total 2o,0a 88,15 104 l'°,029 80 285 = — Pour bien apprécier, par la seule donnée des températures moyennes mensuelles, l'intensité de la chaleur qu'elles pro- 172 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. duisent, on doit fixer son attention sur la longueur derêcheile thermométrique parcourue par le mercure, soit pendant la durée du jour, soit pendant celle du mois, dans les diverses périodes de Tannée. Par l'examen de ces faits, que je vais con- signer d'une manière spéciale dans un autre lableau, on peut se convaincre combien sont rapprochés les degrés maxima et miîiimaenire lesquels oscille la colonne du liquide métallique ; car la longueur qui sépare ces extrêmes ne dépasse pas 8'',5 pendant la durée de la journée, ni 12%/i pendant la durée du mois. MOIS. Janvier. . . Février . . . Mars Avril Mai Juin Juillet. . . . Août Septembre. Octobre. . . Novembre. Décembre . TEMPERATURES mensuelles. 12,3 10,3 12,4 9,8 10,2 6,7 6,2 6,1 6,8 8,4 9,8 11,0 iliurnes. 6,8 6,9 6,8 6,5 7,1 5,6 5,6 ■„o 5,1 5,0 6,7 85 HUMIDITES mensuelles. 25,4 22,7 24,0 26,0 23,2 22,2 18,7 18,5 17,0 20,4 20,2 21,3 Pendant mon séjour de douze années à la Havane, la plus grande variation diurne que j'aie observée n'a été que de 9 de- grés centigrades, dans (|uelques journées du mois de décembre, et la moindre variation fut de li degrés pendant quelques journeesdu mois d'août. Les plus grandes variations mensuelles furent de 14 à 15 degrés dans le courant des mois de janvier, février et mars, et les moindres variations, mensuelles aussi, ne dépassèrent pas 5 à 6 degrés dans les mois de juillet, août et septembre. Les données extrêmes annuelles otlrent le même caractère de proximité constante; car, pendant la longue période de mon séjour à la Havane, j'ai vu une seule fois le mercure du thei- ESPÈCES ZOOLOGIQUES ET BOTANIQUES DE CUBA. 173 momètre monter à 32°, 3, et une autre fois, seulement, descendre à 10 degrés au-dessus de zéro, A l'intérieur de l'île cependant, dans le voisinage des forêts vierges, lors des changements subits de température qui sur- viennent dans la saison sèclie de l'année, à cause des vents qui descendent des régions septentrionales, le thermomètre mar- que quelquefois zéro; mais ce phénomène est accidentel, de très courte durée et sans action sur les lois constantes de la vie animale et végétale. D'après ces légères indications, et la connaissance fournie par l'observation des faits relatifs à l'influence qu'exerce sur l'organisme des animaux et des plantes, pendant toutes les périodes delà vie, l'action physique d'une température non pas extrême, mais accitnmlée par son action constante; d'après ces indications, dis-je, il est facile d'apprécier les phénomènes et d'en déduire toutes les conséquences. Comme vous êtes à même de le faire mieux que moi, Mes- sieurs, je vous épargnerai la fatigue de les écouter dans ce moment. Je vais passer à un autre ordre de phénomènes qui accompagnent ceux de la température, savoir, ceux de Vhimiidité. L'hygromètre offre aussi, dans sa marche diurne et mensuelle, des phénomènes semblables à ceux du thermomètre, et qui ca- ractérisent également le climat de Cuba, savoir: une oscillation de l'aiguille dans des limites très restreintes, qui dans cet instrument sont les plus élevées de son échelle. Le degré infé- rieur de celui de Saussure où j'ai vu se fixer l'aiguille a été le 66% et le plus haut, et très fréquemment, le 100" ou maximum de l'échelle ; ce qui donne 34 degrés seulement à l'étendue maxima parcourue, c'est-à-dire à la plus grande oscillation hygrométrique observée par moi. La fréquence de l'indication en 100 degrés, maximum de Thumidité atmosphé- riquej est toujours observée dans les heures de la matinée. La course la plus ordinaire s'opère entre 8A et 100 degrés, de même que celle qui a lieu en descendant du maximum dans la matinée, pendant les heures suivantes jusqu'à trois heures de l'après-midi, où la température commence aussi à baisser. 17 h SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d' ACCLIMATATION. L'humidité moyenne est supérieure à 88 degrés, dans quel- ques mois OÙ la saturation atmosphérique parvient au maxi" miim 100 degrés. Les époques de la plus grande sécheresse sont celles où pendant la nuit et la matinée tomhent d'ahon- dantes rosées. L'abaissement de la température fait perdre à l'air une partie de sa faculté dissolvante, et alors l'eau des vapeurs condensées se dépose sur les corps. L'abondance de ces rosées, dans la saison sèche de l'année, est extrêmement favorable à la végétation des plantes herba- cées; car ces rosées viennent en quelque sorte remplacer, pour ces faibles végétaux, les pluies qui manquent dans la saison de l'hiver intertropical. Le tableau de l'humidité atmosphérique que je viens de présenter montre que les degrés moyens de l'humidité men- suelle diiïèrent très peu dans les difterents mois de l'année; et (piant aux oscillations diurnes, la diflérence est aussi très res- treinte. Cependant ces difTérences sont encore plus petites pendant les mois de juillet, août et septembre, c'est-à-dire pendant les trois mois les plus chauds de l'été, qui sont aussi les plus humides. On peut observer ainsi une corrélation régulière et constante, signe caractéristique du climat de l'île de Cuba, entre les tem- pératures mensuelles, l'état hygrométrique de l'air et la quan- tité des pluies, trois phénomènes (|ui, en Europe, sont bien loin d'olfrir un semblable parallélisme. Mais, je le répète, car c'est essentiel à constater, dans l'île de Cuba la simultanéité des trois phénomènes sus-indiqués, dans leurs manifestations maxima et minima^ est toujours constante. La première de ces manifestations, savoir : la température élevée, l'excessive hu- midité atmosphéri([ue et la fréquence de pluies torrentielles, constituent et caractérisent la saison de l'année qui porte le nom de saison des phdes, laquelle dure ordinairement depuis le mois de mai ou juin jusqu'à celui de septembre. La seconde manifestation, c'est-à-dire celle des températures douces entre 22 et 28 degrés, d'une moindre humidité atmosphcricpie, et de la rareté ou du manciue absolu des pluies, distingue l'autre saison, qui porte le nom de saison de la sécheresse. ESPÈCES ZOOLOGIQIIES ET BOTANIQUES DE CUBA. 175 Une circonstance particulière que mes observations consta- tent, et qui contribue aussi à modérer la cbaleur du climat cubanais, c'est que plus de la moitié du nombre des pluies tor- rentielles a lieu dans les après-midi, lorsque la chaleur semble le demander. Cette circonstance, agréable à Thomme, est extrê- mement avantageuse à la végétation, car les plantes se trouvent entourées d'une atmosphère humide après les chaleurs actives de la journée. A ces conditions heureuses pour le développement de la vie organique dans cette région privilégiée du globe, il faut joindre l'action puissante et mystérieuse qu'y exerce l'électricité, dont les manifestations fréquentes et formidables constituent un autre caractère, pas encore bien étudié, du climat des Antilles. Je ne les indiquerai ici que parce qu'elles rentrent dans le cadre de mes considérations essentielles pour le sujet que je me propose de vous recommander, savoir : Tétude des condi- tions climatologiques des contrées où vos savantes études vont chercher de nouvelles conquêtes pour enricbir le domaine de l'acclimatation zoologique et botanique dans toutes les régions du globe. Telles sont en résumé. Messieurs, les quelques données pré- liminaires que je voulais vous soumettre sur le climat de la riche Antille espagnole, avant devons présenter l'énumération des animaux et des plantes dont l'introduction utile pourrait être essayée dans d'autres régions analogues. II. — É?nimératio?i des animaux et des plantes utiles de l'île de Cuba. Ayant exposé, quoique d'une manière bien sommaire, les conditions climatologiques de l'île de Cuba, dont il faudra tenir compte pour en chercher de semblables dans les con- trées oh Ton voudra essayer l'acclimatation de ses animaux et de ses végétaux utiles, je vais présenter le résultat de mon enquête sur les uns et sur les autres. Mais dès le commencement, je me trouve embarrassé par cet obstacle, savoir ; que les pays vierges ou peu soumis encore à l'action intelligente de l'homme offrent aux animaux des 176 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d' ACCLIMATATION. conditions d'indépendance propres à la vie sauvage qui leur est naturelle, mais qui sont différentes de celles qui caracté- risent la domestication et la culture. Les considérations de cet ordre n'ont pas d'importance pour les peuples nouveaux, dans les essais qu'ils entreprennent afin de s'approprier les conquêtes des anciens; car ceux-ci, par l'effet des efforts persévérants des générations qui les ont précédés, sont parvenus à se rendre maîtres des animaux et des plantes utiles dans un état déjà docile, et si je puis m'expri- mer ainsi, résultant d'une longue civilisation. Je suis obligé d'employer ce mot qui s'applique seulement à l'humanité, à défaut d'un autre collectif semblable exprimant l'état qui résulte de la domesticité chez les animaux et de la culture chez les végétaux: état qui constitue leur civilisation respec- tive. Le mot naturalisation ne me semble pas convenir, parce que, étant trop général, il n'exprime pas les changements opérés par l'industrie prévoyante de l'homme sur les êtres vivants. L'art d'introduire des animaux déjà domestiqués et des plantes déjà cultivées par les peuples anciens, dans des contrées nouvelles (|ui possèdent des conditions climatolo- giques analogues, ne peut présenter les mêmes difficultés que l'entreprise inverse; car, dans le premier cas, plus de la moitié de la roule est déjà franchie, tandis que, dans le secon .cas, tout doit être conquis par le travail de l'hofnme. Maintenant vous me permettrez de vous soumettre une ques- tion préliminaire : celle de savoir si la réussite des acclimata- tions en général, soit d'animaux, soit de plantes, peut offrir des chances de succès, lorsqu'on ne les fera pas précéder des deux transformations que je viens de signaler à votre attention sous les noms de domestication et de culture ? Sans entrer dans de longs raisonnements, à l'appui desquels je pourrais citer de nombreux exemples d'expériences infructueuses et dispen- dieuses, essayées dans presque tous les pays, il me semble que la simple considération à priori des changements énormes que doivent éprouver les animaux et les végétaux encore sauvages dans leur pays, pour devenir citoyens et obtenir des lettres de naturalisation dans un autre, peut nous faire com- ESPÈCES ZOOLOGIQUES ET BOTANIQUES DE CUBA. 177 prendre la grandeur de l'obstacle qui est opposé à l'industrie humaine. Les conquêtes de celles-ci ont toujours offert un caractère de lenteur et de gradation dépendant à la fois des moyens et des obstacles ; par conséquent, l'entreprise de la généralisation des espèces utiles sur le globe, entreprise im- mense et toute providentielle confiée par le Créateur aux sociétés humaines, ne saurait être réalisée en dehors de la soumission à cette loi de progression lente, indispensable pour le succès; car la Suprême sagesse, en confiant à l'homme Tac- complissement de ses grands desseins, n'a pas effacé du travail ce cachet de lenteur et de lutte persévérante qui en est caractéristique et qui le rend méritoire. Je n'irai pas plus loin, Messieurs, dans l'examen de la question préalable que je vous ai soumise, et sur laquelle je serai forcé de revenir à la fin de ce Mémoire, lorsque vous aurez devant les yeux le tableau complet des productions ani- males et végétales d'une utilité immédiate pour l'homme, que la Providence divine a données à l'île de Cuba , laissant à sa noble créature le soin d'accomplir la mission de les répandre sur les climats analogues du globe, afin que tous ses habitants profitent des bontés du Père commun. 1° Zoologie, ou Animaux. La zoologie de l'île de Cuba est incontestablement riche ; car elle répond à Tensemble des conditions admirables de la con- trée, pour le développement de la vie sous toutes les formes organiques; mais, lorsqu'on examine les diverses classes et familles d'animaux qui constituent cette richesse, on parvient bientôt à reconnaître qu'elle est plus considérable au point de vue de la science qu'à celui dé son utilité pratique, relative- ment à l'homme. Il se pourrait bien que ce manque de rap- port entre le nombre total des espèces animales et de celles réellement utiles eût pour cause l'imperfection de nos con- naissances sur les applications ; mais il est toujours certain qu'aujourd'hui, soit dans l'île de Cuba, soit dans beaucoup d'autres contrées riches du globe, le nombre des animaux immédiatement utiles à l'homme, dans l'ensemble des espèces 178 SOCIÉTÉ IMPÉRIALK ZOOLOGIQUE d' ACCLIMATATION. vivantes, n'est que très minime. Je ne prétends pas le moins du monde blâmer ce défaut apparent de rapport, rjui plus d'une fois soulève des questions puériles où l'orgueil humain surpasse sa véritable science; je suis, au contraire, très dis- posé là regarder cette même disproportion entre ce (pii existe en général et ce qui est simplement utile à l'homme, comme l'exposant exact de celle qui se remarque entre les besoins matériels de cet homme (si faciles à satisfaire avec quelques dons de la nature), et l'immense ensemble des besoins du monde physique, dont il n'est qu'un imperceptible atome. Mais voyons un peu quel est ce contingent d'utilité payé par la zoologie cuhanaise aux besoins de notre espèce. La classe des Mammifères, représentée à l'île de Cuba par quelques Vespertilionides et quelques Rongeurs, ne mérite pas d'appeler l'attention de notre Société-, car, quoique les Ilutias [Capromys lùmrnie^'i et p7'ehensilis) soient man- geables, leur chair n'est pas si délicate qu'elle puisse rivaliser avec celle de nos Rongeurs. Du reste, la multiplication de ces espèces ne doit pas franchir les bornes de la domesticité, à cause des ravages qu'elles opèrent dans l'état de liherté sauvage. Nous devons passer à la classe des Oiseaux, laquelle pré- sentée l'île de Cuba un ensemble plus factice que réel, à cause du nombre considérable d'espèces voyageuses qui y séjournent plus ou moins passagèrement. La position géographique de l'île de Cuba, et même la langue de terre qui la forme, la constituent en une espèce de rendez-vous pour les oiseaux des deux grandes portions du con- tinent américain. Par le détroit qui la sépare de la Floride, ces voyageurs ailés arrivent vers la fin de l'été de toute l'Amé- rique septentrionale, et séjournent dans les riches ombrages de Cuba, pour se rendre plus tard aux vastes étendues so- litaires de l'hémisphère méridional , en traversant la série d'îles qui se prolongent à l'ouest. Par la pointe en face du Yucatan, Cuba donne accès aux émigrations du Mexique, qui remontent vers le nord; de la même manière, elle sert de passage à ces innombrables bandes qui, après avoir fait de ESPÈCES ZOOLOGIQUES ET BOTANIQUES DE CUBA. 179 monstrueux repas dans les lacs desséchés des solitudes du Sud, retournent aux États-Unis, moins généreux, mais également hospitaliers pour les oiseaux sauvages. C'est à cause de ces circonstances propices pour l'émigration et l'immigration, que l'ornithologie cubanaise oiîrc un ensemble bizarre d'espèces des différentes parties du monde : ensemble que mon savant collaborateur Alcide d'Orbigny distribua en six sections. Le total de 129 espèces ([ue j'ai rapportées de Cuba, fut ainsi classé : 1° Esp^ces qui habitent les deux hémisphères dans l'Amérique, 14 2" Espèces qui sont de l'Amérique méridionale Zi9 3* Espèces cubanaises connues aussi aux deux continents. ... 26 W Espèces cubanaises qui se trouvent aussi dans l'hémisphère nord de l'ancien et du nouveau monde 8 5* Espèces cubanaises connues aussi aux deux Amériques et à l'Europe 5 6° Espèces particulières à l'île de Cuba, et tout au plus à d'autres Antilles 27 Total 129 Par conséquent, mon enquête pour trouver les espèces utiles dont l'introduction pourrait intéresser d'autres contrées ana- logues du globe restera bornée au nombre 27 de ces espèces particulières au sol de Cuba ; car toutes les autres appar- tiennent déjà à divers pays où elles se répandent et se multi- plient, par le seul effet de l'admirable loi des migrations naturelles. Par une coïncidence particulière, presque tous les oiseaux utiles de l'île de Cuba, dont la possession peut être enviée, appartiennent à la section peu nombreuse de ceux qui lui sont particuliers ; et même dans la catégorie des espèces remarquables par la beauté des formes et l'éclat du plumage, c'est cette même section, que j'appellerai des véritables indigènes, qui offre les trois plus charmants oiseaux de la riche Antille, savoir : le Tocororo {Trogon tennurus) , le Peorrera [Todus multicolor)^ et le Zun-Zun, ou Oiseau- Mouche [Orthorhijnchu^ Ricordi). Les véritables oiseaux utiles, indigènes de Cuba, sont cinq 180 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQL'E d' ACCLIMATATION. espèces de Gallinacés, presque toutes malheureusement encore dans l'état sauvage, savoir : 1° Le Pigeon à tète blanche, Paloma de cabeza blanca à Cuba [Columba leucocephala, Gmel.), belle et grande espèce qui se trouve aussi à Santo-Domingo. 2° Le Pigeon rougeàtie, Paloma morada { Columba Porto- riccensis,'ï]i&\Q: PerdiziyÇ>y\\yà{Columba cyanocephala, Gmel.), qu'on garde dans des cages, pour le vendre au marché, et dont la chair est excellente. 5° Une autre Tourterelle, Paloma San Juanera à Cuba {Co- lumba Zenaida, Bonap.), la plus petite de toutes les espèces, et extrêmement abondante. Outre ces cinq espèces, particulières à Cuba, on peut re- commander aussi, comme appartenant à son ornithologie, le Columba Caroliuensis Gmel., Paloma rabiche ù Cuba; le Columba montana, du même auteur, Tortola à Cuba, qui se trouve aussi dans d'autres régions de l'Amérique, et le Co- lumba passerina, id., Tojosita à Cuba, espèce très petite, très commune dans l'Amérique méridionale, et qui pourrait augmenter la population des Colombiacées dans les contrées peu riches en espèces de ce beau groupe des Gallinacés. La famille des Tétraonidés n'est représentée à Cuba que par une espèce du sous-genre Ortix {VOrtix virginianus), petite perdrix américaine, déjà connue de Buffon, appelée Codornix à Cuba, laquelle pourrait être comprise dans le catalogue des conquêtes à faire. Je ne recommanderai pas comme nourriture une autre grande et magnifique espèce d'oiseau de la famille des Echas- siers, savoir, le Flammant américain, quoique les Romains aient comparé sa chair à celle de la Perdrix, et que les langues de cet oiseau, accommodées gastronomiquement par Apicius, aient obtenu l'honneur de plaire au palais délicat d'Héhogabale et de Vitellius. Mais, sinon comme aliment, le Flammant d'Amérique pourrait être introduit comme oiseau domestique ESPÈCKS ZOOLOGIQUES ET BOTANIQUES DE CUBA. 181 d'ornement, remarquable par sa couleur éclatanle, propre à briller dans les allées des jardins de l'Algérie. La classe des Reptiles n'est pas riche en espèces utiles, soiL parla nourriture qu'elles procurent à l'iiomme, soit par leurs dépouilles. Cependant l'île de Cuba possède, outre deux espèces de Tortues terrestres de peu d'importance, quatre autres maritimes, desquelles on tire un parti avantageux, savoir : la Tortue commune [Chelonia viridis) , la grande Caguama[Chelonia cephala)^ et deux Carets, les Ch. virgata et hnbricata, utiles par leurs écailles. La chair de la Tortue commune est un excellent remplaçant de la chair des manmii- fères, dans les époques de l'abstinence chrétienne; et les œufs desséchés se prêtent à divers condiments, que la cuisine fran- çaise saurait améliorer facilement. Sous le point de vue de la nourriture variée que les diverses parties des Tortues do mer procurent, ces animaux mériteraient donc d'être acclimatés ou au moins multipliés, soit par les moyens simples et naturels, dans les régions chaudes du globe, soit par les moyens artifi- ciels, qui ne sont pas dispendieux, dans les contrées tempé- rées. Si, dans ces dernières, la multiplication de l'espèce par la génération devient impossible , on devrait essayer au moins l'éducation pour favoriser le développement et la crois- sance des jeunes individus, qu'on pourrait apporter très faci- lement et en très grand nombre, des régions intertropicales aujourd'hui nos voisines, grâce à la rapidité de la navigation pyroscaphique. Si l'espèce commune à Cuba mérite de fixer l'attention pour satisfaire les besoins des peuples catholiques et le goût des gastronomes orthodoxes, qui peuvent faire usage de sa chair dans les abstinences, les autres espèces que j'ai citées, dont les écailles sont employées par l'industrie, ne sont pas à dé- daigner, d'autant plus que la grande consommation de ce pro- duit, dont la récolte est faite au détriment de la vie de ces animaux, et la longue durée que doit avoir leur existence pour qu'ils acquièrent le développement voulu, exigent l'ap- plication des moyens scientifiques, afin d'assurer et de garantir la conservation de ces utiles espèces contre ces chances de 182 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE DACCLIMATATION. destruction. L'industrie iiumaine, imprévoyante et un peu sauvage dans ses exploitations commerciales, est encore bien loin d'avoir appliqué tous les moyens artificiels de conservation que ses ravages réclament. Pour ne pas rester infidèle à mon rôle d'historien des pro- duits animaux comestibles de l'île de Cuba, vous me permet- trez, Messieurs, de vous citer un énorme lézard, superbe et élégante espèce de la famille des Sauriens, savoir, le grand Iguana, ou Cyclurus Harlani^ que les anciens indigènes de Tîle de Cuba plaçaient avec justice au nombre de leurs mets les plus délicats et les plus recherchés. C'est à cause de cela et de la continuation du même goût parmi les nègres, que les Iguanas deviennent extrêmement rares ; mais je doute fort que ces opinions favorables puissent jamais décider les Européens à encourager la multiplication, dans Tîle de Cuba ou ailleurs, de ce magnifique lézard. Passons maintenant à la riche classe des Poissons, classe composée de nombreuses espèces voyageuses, vagabondes et migratoires, aux(juelles on peut appli(iuer toutes les observa- tions ([ue j'ai indiquées en parlant des conditions préalables que le succès de Tacclimatation exige. Ici mon embarras pour désigner quelques espèces utiles, dignes de vos études sous le point de vue qui nous occupe, est encore plus grand que pour les Oiseaux: car, ipioique j'aie tâché de demander et de réunir le plus grand nombre possible de nolices exactes sur les loca- lités et les profondeurs où vit chaque espèce, ainsi que sur leurs mœurs migratoires, je ne pourrais employer le résultat trop incomplet de mes recherches à la détermination précise des espèces dont on pourrait essayer racclimatation. Il me serait encore plus difticile de prescrire des règles pour la réussite, soit de la multiplication naturelle sur d'autres côtes, soit de la simple alimentation et de la conservation dans des viviers peuplés par les moyens artificiels que procure la fécondation directe. L'acclimatation des Poissons doit l'aire partie d'une science qui est encore dans l'enfance, et {|ue notre actif collègue, mon honorable compatriote M. 0-Ryan d'Acuna, aeu l'heureuse idée ESPÈCES ZOOLOGIQUES ET BOTANIQUES DE CUBA. 183 de nommer aquœcultura, ou culture des eaux. Envisagée de cette manière, elle profitera de toutes les observations faites et à faire sur la topographie du fond des océans et leurs cou- rants, ainsi que sur celles relatives à la vie peu connue des habitants des mers. Ces études fourniront des règles pour essayer leur domestication, que je considère comme la transi- tion par laquelle doit passer tout animal, de même que toute plante doit passer par celle de la culture, avant d'être soumis l'un et Tautre aux essais de propagation et de multiplication réclamés par les besoins sociaux de la civilisation, besoins qui embrassent ceux de Fagriculture, de l'industrie, du com- merce, de la science et de l'art. Ne pouvant pas préciser devant vous quelles sont les espèces cubanaises qui , dans une époque plus ou moins éloignée, entreront dans l'immense cadre des conquêtes de l'acclima- tation, je me bornerai à vous indiquer l'examen des indica- tions publiées dans la section ichthyologique de mon ouvrage sur les espèces comestibles de l'île de Cuba. Ces indications seront comme un premier jalon jeté sur la route de l'avenir. Quant à la classe des Mollusques, dans les 561 espèces dé- crites dans mon ouvrage, je n'en trouve aucune digne de venir enrichir le catalogue des conquêtes de notre science. Il y a sans doute des espèces mangeables, mais rien qui soit assez remar([uable pour attirer votre attention. Je puis en dire presque autant des classes .suivantes dans la série animale, savoir, de celles qui composaient les animaux articulés, ou les Crustacés, les Arachnides et les Insectes de Tile de Cuba, qui ont paru dignes à notre savant collègue, M. Guérin-31éneville, d'une étude longue, persévérante et con- sciencieuse. Parmi les nombreuses espèces d'Ecrevisses dont les armées blanches, rouges, vertes et jaunes, couvrent les plages solitaires de l'île de Cuba, il y en a quelques-unes de comestibleSj mais peu déhcates, qu'on assaisonne d'une ma^ nière étrange avec les graines extrêmement mucilagineuses du Gombo ou Hibiscus esculentus. Une goutte de citron fait disparaître l'elfet gluant de ce mets singulier. On parcourt en vain les innombrables séries d'animaux crus- 18Û SOCIÉTÉ IMPÉRULli ZOOLOGIQUE d' ACCLIMATATION. tacés, arachnides et insectes de Cuba, avant de trouver quelque espèce utile à l'homme. La science, cependant, s'est enrichie par les explorations faites dans cette belle contrée, et elle saura un jour nous dévoiler les mystérieux rapports de l'utilité absolue et relative des espèces de ces trois classes d'ani- maux, dans l'économie universelle du globe et dans l'économie particulière à notre espèce. Elle saura fournir de temps en temps à nos arts et à notre médecine de nouvelles conquêtes aux dépens d'espèces aujourd'hui dédaignée^., comme l'étaient jadis, sans doute, la Cochenille, le Ver à soie et la Cantharide, qui recèlent de véritables trésors pour les manufactures et pour la médecine. Quant à la période actuelle, qui. par son ignorance sur Tulilité des espèces animales des dernières classes zoologiques, montre que la science est encore dans l'enfance, il est certain qu'il faut parcourir inutilement des ordres, des familles et des légions immenses, depuis les Mol- lusques et (juclques Crustacés utiles de l'île de Cuba jusqu'aux Insectes hyménoptères, pour y trouver une Abeille sauvage, mais inofl'ensive, le Melipona fulvipes^ dont la cire noire et tout à fait particulière n'est pas à dédaigner pour quelques industries, et pourrait peut-être se prêter à de nouvelles com- binaisons chimi(iues. Je crois devoir terminer ici le court relevé que je me pro- posais de vous faire, Messieurs, des animaux utiles de l'île de Cuba. Il n'est pas en rapport, je le répète, avec ses richesses scientifiques ; mais le cadre de l'utile, dans le règne végétal que je vais avoir le plaisir d'étaler à vos yeux, offrira, je l'espère, une heureuse compensation. [La suite prochainement.) ANTILOPE NILGAU. 185 NOTE SUR L'ANTILOPE MLGAU PAR m. le docteur LE PRESTRE, lleiiibre du Conseil général du Calvados, Chirurgien en chef de l'Hôlel-Dieu, professeur à l'Ecole de médecine, et délégué do la Société impériak' d'acclimataticin à Caen. (Séance du 10 décembre 1858.) Dans un moment où chaque membre se fait un devoir d'ap- porter à la Société le tribut de ses études et de sou observation, il n'est pas sans intérêt, je le crois, d'appeler son attention sur les avantages de l'acclimatalion de l'Antilope INilgau. La difficulté sera grande ; j'en fournirai plus loin la fatale certitude, acquise à mes dépens, mais, du moins, l'expérience de deux faits malheureux servira à éclairer la question, et facilitera la solution du problème. En visitant les jardins zoologiques de l'Europe, en Belgique, en Hollande, en Angleterre, j'avais été frappé des formes et de la beauté de cette Antilope ; sa robuste constitution, carac- térisée par la hauteur du garrot, la profondeur de la poitrine, large et bien musclée, la vaste circonférence des côtes, me parut de nature à -supporter les rigueurs et les variations at- mosphériques de nos régions tempérées. J'avais présentes à l'esprit les pages éloquentes deBulfon, les justes observations du célèbre Hunier sur celte Antilope, puis enfin, le fait acquis aujourd'hui à la science, que les espèces venant des contrées les plus chaudes de llnde et du continent africain, s'acchma- tent moins difficilement clans nos régions que le Renne ou l'Élan, plus rapprochés de nous, cependant, par la distance et le climat (1). (1) Is. Geolïroy Saint-llilaire, Domestication et naturalisation des ani- maux utiles, 3' édil., in-l'_>, 185Zi, p. 53. T. YI. — Mai 1839. 13 186 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d' ACCLIMATATION. En examinant clone ce bel animal si fortement trempé, dont le foyer respiratoire indiqnait une grande vitalité, j'arrivais à prio7i à conclure en faveur du succès de l'acclimatation; mais en poussant plus loin mes recherches, les observations déjà faites vinrent développer et confirmer mes espérances. Dans les jardins zoologiques de Regent's-Park à Londres, d'Anvers, de Gand, de Bruxelles, d'Amsterdam, malgré les rigueurs d'un froid parfois très intense, plusieurs couples de Nilaau ont passé des hivers à l'air libre, sans fatigue et sans maladie. Chez moi, une jeune femelle de trois ans, exposée aux brouillards de la rivière d'Orne, à un froid de plus de dix degrés, est restée alerte, vigoureuse, sans la plus légère atteinte à sa santé, et pour toutes précautions on n'employait que l'abri d'une cabane ouverte la nuit et une excellente litière. Aux questions que j'ai adressées aux directeurs de ces grands établissements, la réponse était invariable-, le INilgau est un animal robuste qui résiste à l'action des températures extrêmes, et s'babilue sans difficulté au froid ou à l'humidité de nos climats. Les précautions à prendre sont des plus simples ; voici celles qui m'ont si bien réussi jusqu'à ce jour : 1» Exposer la cabane de refuge au midi, autant ([ue pos- sible adossée à un mur, ou bien abritée par un massif d'arbres verts, contre les vents de l'est et du nord 5 2° Disposer l'ouverture de telle sorte que l'animal, une fois entré, reçoive le moins possible l'atteinte des vents régnants. (Il est mieux de laisser la porte constamment ouverte, ces animaux ne supportent pas la réclusion, même pendant la nuit.) S'' Que le sol de la cabane soit en plan incliné, et plus élevé que celui du petit parc, pour permettre l'écoulement facile des urines. Plus la litière est sèche, moins on doit redouter les atteintes de la pblhisie pulmonaire (|ui fait périr tant d'ani- maux en domesticité, l'humidité favorisant singulièrement le développement des tubercules. Ajoutez à ces précautions une nourriture saine et abondante, et la santé de l'animal restera parfaite. C'est aujourd'liui pour moi une certitude acquise, et ANTILOPE NILGAU. 187 la diftioulté la plus grande pour arriver à l'acclimatation du Nijgau, réside ailleurs. La nourriture quotidienne d'une Antilope d'aussi grande taille, et d'un aussi excellent appétit, se compose de deux kilogrammes et demi de bon foin, bien sec, exempt de poussière, d'une ration de son, soir et matin, mélangée en hiver de ca- rottes et de betteraves hachées 5 en été, d'avoine et de four- rage vert, soit d'herbe non mouillée ou de trèfle également exempt d'humidité. Ces animaux boivent beaucoup, l'eau doit être renouvelée avec soin deux fois par jour. La plus grande difficulté pour arriver à la demi-domesticité du Nilgau, vient de son instinct farouche ou plutôt de son extrême timidité. Tout lui porte ombrage, tout lui fait peur; l'animal excité par la crainte ou la colère ne connaît plus d'entraves, il pousse la sauvagerie jusqu'à la brutalité, brise tous les obstacles, ou se tue. Bien convaincu ([ue la Normandie ne serait pas moins favo- rable à des essais d'acchmatation que la brumeuse Angleterre, j'achetai en 185/i, d'un marchand de Londres, une femelle adulte, très grande et très belle, vivant depuis longtemps à l'état de demi-domesticité dans un parc anglais. Dans la caisse de voyage, pendant et après la traversée, elle ne témoigna ni crainte ni défiance, et mangeait à la main le pain qu'on lui pré- sentait. Arrivée à bon port, et la croyant parfaitemement dis- posée à accepter sa nouvelle situation , je fis ouvrir avec précaution sa prison cellulaire, et l'installai dans son petit parc. Une fois libre, l'Antilope redressa la tête, ouvrit large- ment les naseaux, puis, en quelques bonds, se rua avec une telle violence contre le grillage, cependant très fort de son enceinte, (ju'elle le brisa, et prit son élan à travers les jardins et les pelouses du parc ! Témoin forcé de la course qu'elle fournit, en la voyant dé- vorer l'espace, si belle et si fière, un instant j'oubliai qu une catastrophe devenait inévitable. Je songeais au merveilleux spectacle que doit offrir au voyageur une troupe de ces ani- maux, indépendants et fibres, fuyant à toute vitesse dans les vastes plaines de l'Asie. 188 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE u'aCCLIMATATION. Assez longtemps je pus observer les allures de mou Anti- lope. A son premier élan, l'œil put à peine la suivre, puis de temps en temps, brusquement elle se retournait, bumait l'air, observait autour d'elle, et recommençait de plus belle sa course elï'rénée. Je ne sais si Butîon a été à même d'observer de visu la course du Nilgau: je serais tenté de croire qu'il a vu par les yeux d'autrui, quand il dit tju'il court de mauvaise grâce. D'après mon appréciation, nul animal n'est plus souple ni plus rapide, sans exclusion d'élégance. Les articulations sont d'une élasti- cité telle, que le sabot semble à peine toucber le sol : il l'effleure plus qu'il ne le foule, (i'est par boi\ds successifs que la pro- gression s'opère, mais si rapides, (|ue l'œil ne peut en apprécier le nombre. Mon plaisir fut, bêlas! de courte durée. Après avoir leste- ment francbi une barrière, le pauvre animal empêtra ses sabots bifur(jués dans une toulî'e d'berbes sècbes, et se fractura les deux jambes de devant. En voulant se relever et se soutenir sur les moignons, il ne lit que rendre plus graves ses blessures, que je voulus tenter de guérir à l'aide d'a[)pareilsdextrinés-, ce fut en vain, les soulfrances devinrent si grandes, que je le lis abattre. Malbeureux de mon échec, inais non rebuté, je ne songeai qu'à le réparer. Je lis l'acquisition, dans le magnilujue jardin (le Uegent's-Park, d'un jeune couple âgé d'un an, et né à Londres même, dans l'établissement. Ces animaux, je le sup- posais du moins, devaient être par cela même moins farouches, liabilu»'s (ju'ils étaient à voir circuler des promeneurs, des enfants, si nombreux là cha(|ue jom\ Je me berçais de l'idée que je n'aurais plus à l'edouter l'instinct désordonné de leur indomptable nature ; une nouvelle déception m'était, hélas ! réservée. Elle m'apporta la preuve qu'en changeant les con- diticjns et le milieu d'existence de ces animaux, il faut s'en- tourer des plus grandes précautions, les pousser jusc[u'aux plus extrêmes limites. Emprisonnés dans une caisse qui ne leur permet (jue de se coucher et se lever, étourdis par le bruit, le roulis du vaisseau, le transbordement et le voyage en wagon ANTILOPE NILGAU. 189 OU en voiture, les pauvres bètes oublient vite les habitudes (J'une première éducation pour retrouver leur énergique brus- querie, leur sauvage amour de la liberté. C'est que, remis dans un parc, ils s'effraient de tout, et, sans tenir compte des obstacles qui leur sont opposés, ils les franchissent, les brisent ou se tuent, i^iieux vaut cependant les placer dans une très petite enceinte, oarnie de paillassons, que les tenir enfermés dans la cabane qu'on leur desline. Mon jeune couple, dispos, bien portant, sans la moindre blessure, n'an- nonçait rien de farouche ; du geste et de la voix, je cherchai à me faire connaître ; sans crainte ni hésitation, le pain que j'offris fut accepté; je me croyais donc à l'abri de tout danger, en les faisant entrer à la sortie de la caisse de voyage dans une cabane close, l'auge et le râtelier bien garnis. Le premier moment de stupeur passé, il est difticile d'expri- mer l'incroyable fureur dont furent saisis ces aTiimaux, parti- culièrement le mâle. Tout fut brisé; ruades, coups de tête, mouvements désordonnés se succédaient sans repos ni trêve, et se terminèrent en peu d'instants, par la mort du mâle, qui se brisa la colonne vertébrale, au niveau de la septième ver- tèbre cervicale. La mort fut immédiate. Je me hâtai de faire ouvrir la porte qui retenait captive la femelle, autrement elle eût subi le sort de son compagnon de voyage et de captivité. Dans des circonstances analogues, je conseillerais de rendre les animaux à la liberté, mais d'éloigner le biuit, la vue de toute personne, en donnant d'avance des aliments pour un ou deux jours ; le parc un peu étroit, bien garni de [laillassons, dérobera par cela même la vue des objets extérieurs, et eu très peu de temps, ces beaux animaux, plus timides que réellement méchants et farouches, s'arrangeront de leur nouvelle demeure, connaîtront vite la voix du gardien, et les dangers seront conjurés. En deux jours ma jeune femelle devint aussi calme qu'elle avait été furieuse. Trois années de captivité en ont fait une bête admirable de douceur et de tranquillité. Elle recon- naît de loin les voix amies, accourt, se laisse flatter comme le chien le mieux dressé, lèche la main qui lui donne ou du pain ou du sucre, en un mot c'est un des plus magnifiques animaux 190 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d' ACCLIMATATION. qui puissent animer le parc d'un oisif par la beauté de ses formes, ou fixer l'intérêt du naturaliste qui veut étudier le caractère et les mœurs des espèces pliées à la domesticité. Avec ces minimes précautions, on évitera très certainement les deux catastrophes qui m'ont si fatalement donné de Texpé- rience. Aujourd'hui je n'en suis plus aux regrets, mais au plaisir de posséder cette belle espèce. Je ne crains pas d'avan- cer, et j'espère le prouver, que le Nilgau. au point de vue artistique, économique, industriel, peut devenir, si Ton sait s'imposer quelques sacrifices , une de nos plus précieuses et plus utiles acquisitions. L'acclimatation m'en paraît aujourd'hui, non pas seulement possible, mais certaine. Les faits sont assez nombreux pour en fournir des preuves patentes. De grands naturalistes, dans un temps déjà loin de l'époque actuelle, de boîis esprits de nos jours.^ ont exprimé des doutes à cet égard ; ainsi Parsons, qui le premier en France a parlé du Nilgau, Hunter en 1771. dans les Transactions pJnloso- phlques, Bulîon, redoutant pour le Nilgau le froid et les brusques changements de température des climats septentrio- naux, ont écrit que ces animaux, originaires du Mogol et des contrées des plus chaudes de l'Asie, ne pourraient vivre long- tem])S en Europe, encore moins s'y propager l Cette opinion, émise à priori, sans avoir fait appel à Texpérience, n'est-elle pas démentie par les faits ? N'est-ce pas le cas de répéter que dans les sciences d'observation il ne faut jamais se hâter de conclure? Sans attacher à cette objection plus d'importance qu'elle n'en mérite, il est bon, cependant de fournir des preuves pa- tentes d'une proposition complètement opposée. En premier lieu, l'analogie démontre que les animaux venus de l'Inde et bien moins robustes que le Nilgau, sont arrivés aujourd'hui à l'état de demi-domesticité, et résistent parfaitement au froid, ainsi qu'à toutes les vicissitudes atmosphériques: tel est l'Axis; originaire des bords du Gange et du Bengale, habitant les con- trées les plus chaudes de l'Asie méridionale, il subit les froids les plus intenses de nos hivers, et se propage en France, en AM'ILOI'E rSILGAU. 191 Angleterre, aussi facilement que le Daim et le Chevreuil. Plu- sieurs fois chez moi, en plein hiver, des Axis ont mis bas et allaité leurs petits. Il en est de même du Cerf-Cochon, A l'appui de l'observation, la physiologie prêtant son con- cours à riiistoire naturelle a établi en principe que les animaux originaires des parties les plus chaudes de l'Afrique et de l'Amérique, au moins dans les grandes espèces, s'accommodent mieux d'un climat froid, que les espèces apportées du Nord dans les pays tempérés. L'Elan et le Renne, transplantés chez nous, ne s'y propagent pas, languissent, et ne tardent pas à mourir. Sous des latitudes plus chaudes, ils succombent plus rapidement encore. Pour les premiers, la transition s'opère sans trop de diffi- cultés, et le couple que je possède depuis plusieurs années n'a jamais été enfermé un seul jour, pas même la nuit, pendant la durée des hivers. Je crois donc pouvoir affirmer qu'à ce point de vue la ques- tion d'acclimatation du Nilgau est résolue, non pas seule- mentdans le sens de sa conservation dans des limitesrestreintes, mais quand on le voudra sérieusement, dans de vastes pro- portions. Les jardins de Londres, de Bruxelles, d'Anvers, d'Amster- dam, ont vu le Nilgau se reproduire sans qu'aucune précau- tion spéciale ait été prise pour les préserver du froid, ces pré- cautions je les ai indiquées. Je ne puis que rappeler avec les observateurs, que, dans la nombreuse famille des Antilopes, le Nilgau est placé au premier rang pour la force de résistance au froid. Sans aller jusqu'à Anvers ou en Hollande chercher des exemples, le beau couple qu'on admire au Muséum d'his- toire naturelle, jouit, ainsi que les petits qui en sont nés, de la santé la plus florissante; il prouve aux plus incrédules que mes assertions sont rigoureusement exactes. La ({uestion de reproduction n'est pas moins avancée et avant peu d'années sera complète, si quelques amis de la naturalisa- tion veulent bien consentir, par de légers sacrifices dont ils seront plus tard très largement dédommagés, à agrandir le cercle des expériences. 192 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMàTATION. C'est en Angleterre, chez lord Cleve, que la première Anti- lope Nilgau a mis bas; puis, dans le splendide jardin zoolo- gique de lord Derby, si riche en espèces de ce groupe, elle s'est reproduite plus d'une fois. Le jardin de Regent's-Park à Londres en possède une paire qui donne naissance chaque année à deux petits. Le couple que je possède en provient, et depuis un an qu'il est arrivé à l'âge adulte, sans que la santé du mâle ou de la femelle ait subi la moindre atteinte, cette dernière a subi les phases diverses de la gestation, aussi bien que Tanimal le mieux habitué à nos climats. La mise bas s'est faite facilement, et le jeune produit, malgré les pluies d'automne et le fioid intense d'un hiver pré- coce, jouit de la plus florissante santé. Au midi, comme au nord, les mômes succès ont été constatés. A San-Donato, chez M. le prince DemidolT, les essais de reproduction ont été suivis des conséquences les plus favorables. Si dans des contrées aussi peu propices, j'en excepte l'Italie, des succès réels sont un fait acfjuis, qu'adviendra-t-il dans des contrées favorisées d'une température égale et chaude? Pour TEspagne et l'Italie les précautions d'abri seraient inutiles, et la reproduction ne présenterait pas la moindre difficulté. Dans ces belles contrées, le Nilgau deviendrait facilement habitant libre du pays, s'il n'avait à redouter les atteintes du plus cruel ennemi de la naturalisation, de l'homme lui-même. Les bulletins de la Société ont enregistré les conquêtes faites par M. le prince A. de Demidofî. Si le Nilgau devait rester un animal d'ornement et de luxe destiné seulement à embellir le parc des privilégiés de la for- tune, j'insisterais moins pour en solliciter la naturalisation; mais, au point de vue de l'utilité, son ac([uisition (j'espère le prouver) est des plus précieuses. Je trouve là un motif pé- remptoire de continuer mes essais, et de provoquer ceux de mes collègues. Comme aliment, le Nilgau devenu animal commun, est appelé à fournir à nos tables un produit abondant et délicat. Il n'y a pas de gros gibier, de venaison, qui puisse lui être com- paré pour la quantité et la qualité. D'après Hun ter, les empe- ANTILOPE NILGAU. 193 reurs du Mogol s'en réservaient exclusivement le droit de chasse, et recevoir de la main du souverain un quartier de Nilgau était une haute faveur recherchée de tous les grands de ce riche empire. Hunter ajoute qu'au dire des voyageurs qui ont pu en goûter, la chair en est honne et savoureuse. En lisant le mémoire de Hunier, j'étais loin de penser qu'un jour une funeste expérience me permettrait de confirmer la vérité des assertions de cet illustre savant, et cependant rien de plus vrai, de plus fondé qu'elles ! Un jour, avec quelques amis, nous avons pu, les premiers en Europe, constater de gustu l'excellente qualité de l'impérial gibier. Conmie l'empereur du Mogol, nous avons mangé du filet de Nilgau, du rôti de Nilgau, pris à même le jeune et bel animal qui se tua chez moi le jour même de son arrivée. Au- cune des autres parties moins délicates ne fut perdue, et plus d'un habitant du village n'a pas encore perdu le souvenir du repas exceptionnel qu'on y fit ce jour-là. Le jeune Nilgau était âgé d'un peu moins d'un an ^ aussi les morceaux les moins bons furent-ils trouvés tendres et succulents. Tous étaient con- tents, l'amphitryon excepté!... Aujourd'hui, deux années se sont écoulées, et le magnifique couple que je possède, bien acclimaté, d'une grande douceur, me donne l'espérance d'un ample dédommagement et la certi- tude que si des essais de naturalisation, faits avec intelligence, sont poursuivis, l'Antilope Nilgau deviendra un des joyaux de la zoologie pratique. Les deux peaux que je possède ont donné un cuir d'une grande épaisseur et d'une résistance extrême. Il appartiendra plus tard aux gens compétents, d'en établir les qualités supé- rieures et l'emploi qu'on en pourrait faire dans les arts ou l'économie domestique. Je crois avoir pleinement réfuté les objections soulevées par les écrivains du xvni* siècle contre la domestication du Nilgau, objections puisées dans les dangers du froid, de nos hivers, et l'humidité presque constante de nos climats. Les arguments étaient préconçus, l'expérience n'avait pas encore parlé ; mais aujourd'hui, que de tous côtés la lumière s'est faite, que de la 194 SOCIÉTÉ IMPÉUIALE ZOOLOGIQl'F. d'aCCLIMATATION. lîcigiqiie, de la Hollande, de l'Angleterre, de la France, les preuves ronlraires oui allliié, on peut admettre comme une certitudo, que si leNilgau ne vient pas, dans (|uel(|ues années, occuper un rang important parmi nos animaux à demi-domes- li(pies, à côté de I Axis, du Cerr-Cocliou, du Cerf d'Arislote, la cause proviendra de difficultés d'une autre sorte, mais non des froids de l'Iiiver, des brouillards de l'automne, des varia- tions atmosphériques de toute l'année. Cette cause, il faut la chercher dans l'instinct farouche ou l'excessive timidité de ces animaux. On a eu bien raison de signaler à l'attention des naturalistes cette puissante objection, (pii, aux yeux des gens très compé-. tents. au nombre desquels je puis citer le très habile directeur du jardin zoologique d'Anvers, M. Vekemans, est irréfutable. Il m'écrivait que l'humeur farouche de ces animaux les rend indomptables; (|ue jamais, malgré leur apparente douceur, on ne parviendra à les plier aux exigences de la vie captive. A mon sens, c'est bien là que se trouve le sérieux obstacle qu'ait à vaincre la science de la naturalisation. Les deux funestes exemples ipii lue sont personnels et que j'ai signalés, vieiment à l'appui des motifs allégués contre la domestication du Nil- gau. Ces exemples ne sont pas les seuls : au Muséum, deux de ces animaux ont péri par suite d'accidents analogues, et le jardin zoologique d'Anvers a fourni son contingent de preuves défavorables; comme le Muséum, comme moi-même, il a perdu plusieurs Nilgaux (jui se sont tués en se brisant contre le fer des enceintes. La fraveur causée par des chiens ou des bruits insolites, a presque toujours été le point de départ de ces malheurs. Je conviens, sans me rendre à ces raisons, qu'il existe dans l'extrême timidité de cette belle race, une difficulté considé- rable à vaincre ; mais suffit-elle pour décourager l'expérimen- tateur, et lui faire abandonner des essais dont le résultat serait un véritable triomphe ? je ne le crois pas. Si, au lieu de poursuivre les expériences qui m'ont coûté tant de peines et de sacrifices pécuniaires, découragé, j'eusse abandonné mes essais, les motifs d'abandon eussent paru cou- ANTILOPE NILGAU. 195 cluants. Je pouvais dire avec le? opposants, que le Nilgau, animal do luxe, devait tout au plus trouver sa place dans les collections zoologiques, mais ne méritait pas les dépenses que ses fâcheux instincts rendaient stériles. C'est l'opinion de M. Vekemans formulée explicitement: cet homme hahile re- garde comme impossihle la domestication du iMlgau ! Selon lui, la fin de cette Antilope est toujours malheureuse. Il veut qu'on ta tienne enfermée dans de très petits parcs, herméti- quement clos, de manière à lui dissimuler la vue des objets extérieurs ; au précepte il ajoute la pratique, et cVst ainsi qu'aujourd'hui dans le parc d'Anvers, elles sont au régime de la prison cellulaire. Quelle que soit la gravité des objections, je persiste à les trou- ver mal fondées. Oui, l'Antilope Nilgau est facilement douée d'un instinct farouche, d'une timidité extrême, d'une susceptibilité qui la tient constamment en éveil: mais avec le temps, des précau- tions minutieuses au début, des nuances graduées, on arrive rapidement, facilement même, à une transformation complète. Les miens en fournissent la preuve la plus concluante : fami- liers avec leur gardien, ils le suivent, et l'aiment au point de lui lécher les mains et le visage ; ils accourent à la voix qui les appelle, étrangère ou cannue; leur familiarité est poussée parfois jusqu'à l'importunité; moi, qu'elles ne voient que rare- ment, j'entre comme le gardien dans leur enceinte, et loin de fuir, elles se laissent caresser sans hésitation comme sans crainte. Des personnes étrangères, en grand nombre même, des voix inconnues, le bruit, les étonne, leur fait dresser la tête ; elles s'arrêtent pour regarder ou écouter, s'éloignent (pielquefois; mais jamais, aujourd'hui, elles ne cherchent à franchir les limites de leur enceinte qui est de moyenne gran- deur. A toute heure, à tout moment, on peut entrer dans la loge, soit pour faire la litière ou donner les rations. L'allaitement de la femelle n'a modifié en rien ses habitudes de douceur et de familiarité ; le jeune produit est, comme sa mère, si peu farouche, qu'elle ne se lève même pas quand on entre chez elle, joue avec un jeune chien, avec des chats 196 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. errants dans le parc ; un entre autres est souvent couché entre ses jambes, et l'excellente nourrice adoptant l'étranger, lèche sans distinction, quand ils sont couchés près d'elle, et le chat, et la jeune Antilope. C'est donc par nuances, doucement conduites, qu'il faut pro- céder à l'éducation de ces beaux animaux; rien de !)rusque, rien de saccadé ; beaucoup de douceur, de patience, de conti- nuité ; les caresser du geste et de la voix, et très certainement arrivées à l'âge adulte, avec l'habitude contractée de soins intelligents, le problème sera résolu. On ne peut sérieusement admettre comme objection les funestes exemples d'accidents suivis de mort dans les parcs ouverts au public; la foule bruyante, la méchanceté des enfants qui fait naître ou augmente la frayeur instinctive, la vue de chiens qui s'introduisent malgré la vigilance des gardiens, tant de circonstances de bruit ou de désordres qu'on ne peut prévoir à l'avance, expli(|uentsuflisamment les malheurs enre- gistrés, et ce n'est pas l'Antilope INilgau seule qui figure sur la liste des accidents produits par la frayeur. La science de la naturtilisation est encore au début des essais, et c'est trop vite arriver à une conclusion fâcheuse que repousser formellement du cadre d'admission, un animal dont les instincts se modifie- ront, je l'espère et je le crois, à la seconde ou troisième géné- ration. J'aborde une dernière objection. On dit que le Nilgau , comme la tribu des Antilopes, ne vit pas longtemps en domes- ticité; que sa reproduction est difficile et plutôt une exception qu'une règle commune : dès lors pourquoi dépenser tant d'argent et faire tant d'efforts pour n'obtenir qu'un résultat né- gatif ou peu important? Cette observation n'est pas le fruit de lobservation, et dès lors elle est peu sérieuse, si l'examen anatomique et l'expé- rience démontrent que le Nilgau est d'une constitution très robuste, propre à supporter la rigueur ou les variétés atmosphériques de nos climats , l'expérience prouve mieux encore la possibilité de conserver pendant une longue suite d'années cet animal en domesticité. La première femelle (|ue ANTILOPE MLGAL. 197 j'ai possédée, était âgée de plus de douze ans \ le développement des dents et des sabots le prouvait de la manière la plus évi- dente. La fécondité est encore mieux: démontrée ({ue la longévité. Le jardin zoologique de Londres en possède un couple qui pendant plusieurs années a donné, à chaque saison, naissance à deux jumeaux ; le Muséum de Paris, les autres collections européennes ont consigné le même résultai: les jeunes pro- duits sont nés bien constitués et nullement inférieurs à leurs ascendants. La jeune femelle née chez moi depuis deux mois, exposée aux froids prématurés, à la pluie, aux brouillards très communs dans la vallée oii se trouve situé mon jardin, est forte, pleine de vie, et tout fait présager que l'hiver ne lui sera pas funeste. Un rayon de soleil vient-il à se montrer -, elle sort avec sa mère dans son petit parc, court, bondit, joue avec elle et le jeune chien, qu'elle semble aimer et traiter comme s'il était de son espèce. Je recommande particulièrement comme précaution indis- pensable au succès de la gestation de séparer le mâle de la femelle, mais de manière qu'ils puissent se voir, se flairer, sans que le mâle, toujours despote dans le ménage, puisse em- pêcher sa compagne de manger ou de dormir, autant et aussi souvent qu'elle le veut. La nostalgie, si funeste à l'homme, ne l'est pas moins chez les animaux ; j'ai plus d'une fois, même dans les petites espèces, constaté les déplorables elfets qui, encore ici, se feraient mani- festement sentir. Il faut donc isoler le couple sans le séparer complètement dès que la femelle tourmentée par le mâle refuse ses caresses et repowsse ses approches; c'est l'indice presque certain que la fécondation a été obtenue. La nourriture du Nilgau est des plus simples, c'est un animal aussi sobre (jue robuste, mais friand de pain et de sucre. Avec ces deux appâts, on ferait suivre les miens comme le chien le mieux dressé. J'ai indi(iué que quatre livres de foin dans la journée en hiver, en été, de Iherhe nouvellement fau- chée, siins humidité, matin et soir un mélange de son, d'avoine et de carottes ou de betteraves composaient l'ordinaire de mes 198 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. animaux. Leur robe luisante et polie indique que ce régime est l)on et entretient un florissant état de santé. Celte esquisse rapide, fruit d'une consciencieuse observation, a été tracée avec l'espoir de convaincre les esprits difticiles ou rebelles. Je voudrais provoquer d'autres essais, afin que la ques- tion fiU vite résolue. En se plaçant dans un milieu convenable, sans défiance ni certitude absolue du succès, on saurait ne négliger aucunes des précautions qui font réussir. Le nombre croissant des expé- riences, provoquées par les résultats des croyants, formerait un faisceau de preuves en faveur de l'opinion que je professe, de la conquête définitive. Je ne pense pas qu'il soit utile d'insister afin de prouver que le Nilgau, comme animal de luxe, est un des plus jolis, des plus précieux qu'un parc puisse renfermer; mais il me reste à établir, (|u'au point de vue utilitaire, sa place est marquée dans les produits (jue la science de la luituralisation réserve à l'ave- nir. J'ai prouvé (jue ce bel animal, grand, robuste, sobre, est comme venaison un mets' véritablement digne de la table des rois, et que ce n'est pas sans motif que Hunter, à la fin du xvin" siècle, le signalait à l'Académie des sciences. N'est-ce pas aujourd'bui un fait acquis, qu'avec l'extrême division du sol, cba(|ue année voit diminuer le nombre des espèces de gibier, particulièrement les grandes, et que dans peu d'années, si une loi sérieuse ne vient pas les protéger efficace- ment, on les verra successivement disparaître? Le Daim, le Chevreuil, le Cerf, ne se trouvent plus, en certain nombre, que dans les forêts de la couronne ; dans nos plaines, livrées à la merci de tous les braconniers, le petit gibier est traqué nuitel jour. Ce serait donc une bien précieuse ressource, une belle ac(juisition que l'acclimatation du Nilgau portée au point de le rendre vulgaire, autant (|ue le Daim, par exemple, et d'en faire une ressource alimentaire. Il faudra bien aviser aux moyens de parer à la destructioii sans cesse croissante du gibier à l'état libre, par des moyens de domestication applicables aussi bien aux grandes qu'aux petites espèces. Si l'expérience est pres([ue faite pour les Colins ANTILOPE NILGAU. 199 qui se reproduisent à l'infini dans Fespace le plus restreint, l'avenir démontrera qu'avec quelques soins, un peu de peine, beaucoup de bon vouloir, de nombreuses conquêtes seront faites à des degrés plus élevés dans l'échelle animale. C'est un des services que la Société est appelée à rendre à la France et à l'Europe entière. Le cuir du Nilgau m'a paru d'une force extrême et d'une résistance bien supérieure à celui d'animaux plus élevés en taille et semblant plus robustes, à en juger par le volume. Le commerce trouverait là, au moins comme exception, un élément utile. Quelle que soit la douceur de mœurs du Nilgau, je n'ose espérer qu'il soit jamais possible d'en faire un animal auxiliaire. Pour plier cette nature, aussi ardente que timide, à dépareilles exigences, il faudrait assurément plusieurs générations. Mais n'est-ce pas déjà, sans demander autant, un grand pas de fait dans la naturalisation, que d'avoir amené à se reproduire et à subir les intempéries et les variations atmosphériques de nos climats, cet élégant et brillant habitant des zones torrides? 200 SOCIÉTÉ IMPÉUlALli ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. NOTE SUR LES MOYENS DE DÉTRUIRE LES SERPENTS. Par M. J. CLOQUET, Membre de l'Instiliit. (Séance du 1" avril 1859.) Kn parcourant le voyage du docteur Livingstone, de ce courageux missionnaire qui, pendant plus de quinze ans, s'est dévoué pour répandre parmi les populations noires du centre de l'Afrique australe les lumières de l'Evangile et les secours de la médecine, j'ai remar([uéle passage suivant, qui pourra, jecrois, intéresser la Société. En parlant des oiseaux qui habitent la vallée de Cassaugé, province d'Angora (1), il cite le Léhutulu (2) qui se rencontre iusf|u'aux environs de Kolobeng, et jette ici, comme partout, le cri prolongé dont son nom est Tonomalopée. C'est un gros oiseau qui ressemble beaucoup au Dindon : il est noir, mais quand il vole, on aperçoit la partie extérieure de ses ailes qui est blanche. W tue les Serpents qu'il frappe avec adresse derrière la tète. Me rappelant le vif intérêt avec lequel la Société avait écouté la lecture du Mémoire de notre savant collègue, le docteur Rufz, sur les trop nombreux cas de mort ou d'accidents déplo- rables résultant des piqûres faites parles crochets à venin de la grande Vipère Fer de Lance {Bothrops lanceolatus) , à la Martini(iue, à Sainte-Lucie, à la Jamaïque, et sur l'insuccès des moyens (|ui avaient été mis en usage pour détruire cette espèce de Serpents: me rappelant aussi que la Société d'acclimata- tion a fait de la destruction de ces dangereux reptiles le sujet de l'un de ses prix, j'ai pensé que, par ses rapports avec les autorités portugaises, elle pourrait tenter l'importation et racclimatation du Léhututa à la Martini(|ue dabord, et de là aux autres îles des Antilles infestées par les/'crs de Lance. (l) Exploration dans l'intérieur de l'Afrique centrale et voyage à travers te continent de Saint-Paul du Loanda , à l'embouchure du Zambèze, de 18i0à 1856, p;ir le docteur David làviiigstone. Traduct. française, p. 476. ('i) Tragopan Leadbeaterii. MOYENS DE DÉTRUIRE LES SERPENTS. 201 En m'enlretcnant de ce sujet avec notre collègue M. le pro- fesseur Moquin-Tandon, il me parla dun autre oiseau bien connu, de Tordre des Ecliassiers, également ennemi et destruc- teur des Serpents, rpron pourrait opposer à la Vipère des Antilles. Il s'agit de la Cigogne {Ciconia alha. Lin.). Cet oiseau est assez commun dans le nord de la France, par- ticulièrement en Alsace, sur les bords du Pdjin et en Hollande. Surles toits des fermes, on a coutume, dans quelques contrées, de placer de petites roues de cbariot liorizontalement, le côté concave tourné en baut, et sur ces roues, les Cigognes construisent de grands nids de brancbages. Ces oiseaux viennent s'établir pendant l'été dans nos con- trées pour s'y reproduire et faire la cbasse aux Serpents et autres reptiles dont ils se nourrissent et alimentent leur cou- vée. Les Cigognes ne font aucune espèce de tort aux cultures. Hàtons-nous d'ajouter que ces oiseaux, n'étant pas bons à manger, seront respectés par les cliasseurs et les braconniers. Ces oiseaux se rencontrent aussi en Algérie et y détruisent un grand nombre de ces Serpents que l'on rencontre fréquem- ment entre la toiture et les plafonds de roseaux et de torchis des maisons arabes, oii ils se nourrissent des souris, des scor- pions et autres animaux qui en font également leur demeure. En assistant à Tune des visites de Tbôpital de Mostaganem, en 18Zil, une Couleuvre de près d'un mètre de longueur tomba du plafond sur le sol et se tua à nos pieds. Les Cigognes, chez nous, sont des oiseaux de passage. Elles s'éloignent du pays où elles ont niché dès que la mauvaise sai- son arrive. C'est le moment où les reptiles vont hiverner. Aux Antilles, où ces derniers animaux ne s'endorment pas, et où la température est assez douce pendant l'hiver, les Cigognes demeureraient sédentaires. Il serait donc facile de se procurer déjeunes Cigognes, soit en Allemagne, soit en Algérie, et de tenter leur acclimatation et leur domestication à la Martinique et à celles des autres Antilles où se rencontrent les lîolhrops, et c'est précisément pour étudier cette importante question, que j'ai cru devoir soumettre la présente Note à la Société. T. VI. —Mai 1859. 14 202 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d\cCL1MA.TATI0N. DE LA DESTRUCTION DU HANNETON ET DE SON EMPLOI POUR LA NOURRITURE DES JEUNES OISEAUX. LETTRE ADRESSÉE A M. LE PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'aCCLIMATATION Par M. Florent PRÉYOST. (Séance du 29 avril 1859.) Monsieur le Président, Au moment où la Société tracclimatation va constituer son Jardin zoologique, je viens vous proposer un moyen écono- mique de nourrir et d'élever les oiseaux, particulièrement les Gallinacés dans leur premier âge. C'est l'emploi du Hanneton à l'état de farine. A une épo(jue déjà fort éloignée, j'ai eu l'idée d'utiliser cet insecte à l'état parfait pour la nourriture de plusieurs espèces d'oiseaux que je possédais alors. En ]8/i7, j'ai répété ces expériences sur une plus grande échelle, en réunissant une quantité considérable de Hannetons. Voici le moyen que j'ai employé après plusieurs essais et qui m'a le mieux réussi. Il faut faire périr ces insectes en les enfermant dans des vases exposés à lardeur du soleil ; les faire sécher ensuite sur des claies ou de grandes toiles, puis les réduire en poudre à l'aide d'un mortier; on obtient alors une espèce de farine qui a l'aspect de celle de graine de lin. Cette farine, mêlée à la pâtée composée de pain, grains, ou pommes de terre, donnée ordinairement aux volailles, est très bonne pour les jeunes oiseaux, et ils en sont très avides. La farine de Hanneton se conserve fort longtemps dans des bocaux hermétiquement fermés, n"iais il est préférable dé l'employer fraîche, ce qui est facile, puisque l'époque de l'é- closion de cet insecte coïncide avec celle de la naissance des oiseaux de basse-cour. Je dois faire remarquer ici que cet aliment, bon pour de DESTHUCTION DU HANNETON. 205 jeunes oiseaux, ne leur convient plus à l'âge où ils connneneent à devenir adultes. A cette époque, cette nourriture est trop excitante et il faut lui substituer le sang de bœuf et les œufs durs qui sont aujourdbui employés avec avantage, par plu- sieurs éleveurs. Vous savez qu'à l'époque de l'éclosion du Hanneton, à laquelle nous arrivons présentement, Tinsecte sort de terre à l'état parfait, s'accouple, et que la femelle va déposer ses œufs, un à un, dans un champ déjà ensemencé du grain qui doit ser- vir de nourriture à la larve qui va bientôt se développer. Toutes ces évolutions s'opèrent la nuit. Le jour, l'insecte reste engourdi sous les feuilles des arbres; il est donc facile de le récolter en grand nombre, ainsi qu'on le sait et qu'on le pratique partout avec plus ou moins de suite. Vous voyez qu'il est plus utile de détruire le Hanneton à l'état d'insecte, que de chercher à le détruire à l'état de larve, soin qu'il faut laisser aux petits mammifères insectivores et aux oiseaux (1) qui s'en acquittent beaucoup mieux que l'homme ne pourra jamais le faire. Le moyen que je propose rendrait un triple service à l'agri- culture : 1° En favorisant la destruction de l'insecte le plus nuisible aux récoltes; 2» En l'utilisant pour élever les Gallinacés, et en donnant ainsi une valeur à une chose qui n'en avait aucune ; J'ajouterai que lorsque la farine de Hanneton est trop ancienne et devenue rance, elle peut encore être employée comme engrais. Je place sous les yeux de la Société deux bocaux, contenant l'un de la farine de Hannetons, l'autre des Hannetons entiers, que j'ai conservés depuis 1847. (1) Parmi les nombreux moyens que l'on a essayés ou proposés pour la destruction de la larve du Hanneton, le plus simple et le plus efficace est remploi des oiseaux de basse-cour qu'on laisse aller dans les champs ; mais ce moyen présente le grand inconvénient d'exposer à l'avidité de ces auxi- liaires les semences et les récoltes. 11 serait, ce me semble, facile d'obvier à cet inconvénient en parquant les volailles comme on le fait pour les moutons* 204 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIWATMION. SUR UN ÉTABLISSEMENT D'HIRUDICULTURE GRÉÉ DANS LE DÉPARTEMENT DE L'AIN. LETTRE ADRESSÉE A M. LE PRÉSIDENT Dt LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION, Par M. le comte de «ALBERT. (Séance du 7 janvier 1859.) Monsieur le Président, Dans ma lettre du 27 décembre dernier, j'avais riionneur de vous annoncer une Note sur rétablissement d'iiirudiculture créé par mademoiselle de Uullieux, dans le département de VAin ; je m'empresse de vous transmettre ces renseignements. J'avais souvent entendu parler de Télève des Sangsues, (furieux de voir et d'étudier un résultat que l'on nrannonçait devoir être merveilleux, je saisis la première occasion (|ui m'était otîerte, et je visitai, dans le courant de juillet, les marais où l'intelligente propriétaire avait disposé ses bassins. A cette épo([ue, des myriades de Sangsues de divers âges peuplaient les dilVérents réservoirs. Un grand nombre attei- gnaient déjà le poids marcband. Presque toutes annonçaient par leur embonpoint que la ponte serait des plus abondantes et des plus beureuses. Voici les notes (|ue je recueille sur l'origine et sur la suite des essais de mademoiselle de Ruldeux : L'entreprise avait été tentée en 18/|9. Dirigée en sous- ordre par un bomme pement de l'agri- culture, cette vraie richesse de la France, celle dans laquelle elle n'a pas de rivale parce que son admirable position l'a faite, au point de vue agricole, la pré- destinée parmi les nations européennes. » Ces paroles n'ont pas été prononcées en vain par S. A. I. — L'Empereur, par un décret récent, a concédé à la Société impériale d'acclimatation un terrain de dix-huit hectares au bois de Boulogne, pour y faire un jardin d'acclimatation. Un grand dépôt de reproducteurs a été fondé dans les montagnes d'Auvergne, sous la direction de la Société. C'est à nous, Messieurs, de faire en Afrique ce qui a été fait en France- Nous avons déjà un jardin d'acclimatation de végétaux, fondons de grands dépôts de reproducteurs, des fermes-modèles, des champs d'essai pour la science agricole. La protection de l'Empereur et du prince Napoléon, celle du Ministre de l'Algérie et des colonies, ne nous feront pas défaut. La Société impériale d'accli- matation aura fait pour l'Afrique française ce qu'elle a déjà réalisé pour la mère- patrie, et nous aussi nous aurons accompli, avec le concours de tous, une entre- prise à l'avantage de tous. Ce discours est vivement applaudi. M. le Président procède ensuite à la distribution des médailles et mentions honorables accordées par la Société à des Membres du Comité algérien. (Les médailles, décernées par la Société dans sa séance annuelle du 17 février, avaient été adressées à M. le préfet, comme président du Comité d'acclimatation, pour être remises aux lauréats dans la première séance du Comité). Les récompenses accordées celte année, sont les suivantes : r Une médaille d'or de 1'* classe à M. Hardy, directeur de la Pépinière du gouvernement ; 2" Une médaille d'argent de 1'"' classe à M. le docteur Bourlier, professeur à l'École préparatoire de médecine d'Alger ; 3° Une deuxième mention honorable à M. le capitaine Ritter, chef du bureau arabe de Médéah. M. le Président donne ensuite lecture du programme des prix exiraordinaires offerts par la Société ; lesquels sont indiqués au n" 2 du Bulletin de la Société zoologique, année 1839. M. Hardy dépose sur le bureau une pièce d'étoffe pour meubles, fabriquée par MM. Sacc et Schlumberger avec la soie provenant de cocons du Bombyx cynlhia récoltés à la pépinière centrale, et un paquet de filasse de l'ortie blanche de Chine. L'étoffe présentée par M. Hardy, faite avec la soie du Bombyx cynlhia, est 232 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. teinte en rouge et brochée ; elle n'a ni la finesse, ni le brillant de la soie ordinaire, mais elle est souple, nerveuse et elle paraît douée d'une solidité remarquable. L'échantillon de filasse de l'ortie blanche de Chine présente a l'apparence du lin peigné. Cet échantillon a été préparé par M. Tervangne (de Lille) au moyen d'un pro- cédé dont il est l'inventeur. Les Chinois tirent un excellent parti de l'ortie blanche , qu'ils nomment chou-ma. Ils font avec ses filaments des toiles d'une finesse et d'une beauté admi- rables. Les procédés qu'ils emploient pour tailler cette filasse sont très minutieux et ne sont pas admissibles chez nous avec la cherté de notre travail. L'ortie blanclie est une plante vivace dont la culture est facile en Algérie et dans une grande partie de l'Europe. Ici, elle donne par an trois coupes dont le produit en poids de filasse est plus élevé que celui du lin ou du chanvre à égales surfaces. L'obstacle le plus sérieux à sa vulgarisation résidait dans la difficulté de pré- parer économiquement ses tiges, qui sont enduites d'une gomme très tenace. Le procédé de rouissage de M. Tervangne semble avoir vaincu cette difficulté. M. Millon demande la parole pour exprimer que la Société a intérêt à se mettre de suite à l'œuvre ; elle trouverait sans peine, dans les indications générales qui viennent d'être présentées par M. le Président du Comité, des questions à étudier. Le Comité entre ensuite, sur le plan et l'ordre de ses travaux, dans une discus- sion à laquelle prennent part MM. le docteur Uourlier, le docteur Warnier et Richard (du Cantal), Conformément aux vues émises par ces honorables membres, et sur la proposition de M. le Président, le Comité décide (ju'il sera créé deux com- missions permanentes, l'une pour le règne végétal, l'autre pour le règne animal ; lesquelles se subdiviseront en sous-commissions , qui étudieront les espèces indigènes à faire connaître ainsi que les espèces étrangères à introduire dans le pays. L'assemblée ayant donné son adhésion à cette division du travail, MM. les Membres sont invités à s'inscrire suivant leurs aptitudes, pour l'une ou l'autre commission. — M. Mitchcll, qui a dirige pendant quatorze ans le jardin zoologiquc de Londres, vient d'être chargé de la direction du Jardin zoologique d'acclimatation du bois de Boulogne, dont les travaux vont être poursuivis, sous la direction de M. Davioud, architecte de la ville de Paris. Le Secrétaire du Conseil ^ Gdébin-Méneville. TEMPÉRATUHE DES VÉGÉTAUX. 233 I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ. SUR LES CONDITIONS DE L'ACCLIMATATION DES ÊTRES ORGANISÉS ET PARTICULIEREMENT SUR LA TEMPÉRATURE DES VÉGÉTAUX ^'\ Par m. BECQLEREL , Membre de l'Institut. (Séance du 29 avril 1859.) Dans Vacclimatation des animaux et des végétaux, on doit prendre en considération les phénomènes calorifiques, lumi- neux et aqueux de Tatmosphère des pays d'où on les tire, afin de voir si ces conditions sont remplies dans ceux où on les transporte. Ces phénomènes varient non-seulement avec la latitude, mais encore sous la même latitude, suivant l'expo- sition. Les effets calorifiques sont c^ux qui exercent sans aucun doute le plus d'inlluence ; aussi leur étude est-elle indispen- sable, si Ton ne veut pas faire des essais infructueux. Le hasard conduit quelquefois à la vérité, tandis que les données scien- tifiques y conduisent sûrement. Le travail que j'ai présenté dernièrement à TAcadémie des sciences sur la température des végétaux a été entrepris dans le but d'éclairer l'acclimatation des végétaux. Je vais essayer d'en donner une analyse à la Société, en écartant tous les dé- tails techniques qui ne sauraient avoir de TintértM. pour elle. Les conditions de température nécessaires à l'existence des (1) ExU-ait d'un Mémoire récemment présente à l'Académie des sciences. T. VI. —Juin 1859. 16 23/i SOCIÉTÉ IMPÉRIALK ZOOLOGIUUK d'aCCLIMATATIOIN. végétaux dans une contrée ne sont pas les mêmes que pour les animaux : ceux-ci ont une chaleur propre qui vient en aide à leur acclimatation ; la nature les a pourvus en outre d'un pelage au moyen duquel ils peuvent braver les hivers rigou- reux dans les régions polaires. L'homme et le chien sont les seuls qui vivent sous toutes les latitudes, sous l'équateur comme dans le Nord, puisqu'ils peuvent supporter des dilîé- rences de température qui vont jusqu'à 100 degrés, sans qu'il y ait danger pour leur vie. Les végétaux, connue je viens de le démontrer, n'ayant pas de température propre appréciable, prennent à l'air la chaleur dont ils ont besoin pour remplir toutes les phases de leur existence, c'est-à-dire pour naître, fleurir et fructifier. Cette chaleur est soinnise aux lois suivantes. Les températures men- suelle, aniujelle et parfois même diurne des végétaux sont exac- tement les mêmes que celles de l'air, (|uel que soit le diamètre de ceux-ci. Plus ce diamètre est petit, plus l'équilibre de tem- pérature s'établit rapidement : dans les feuilles, il a lieu en peu de temps ; dans les rameaux ensuite, et en dernier lieu dans le tronc et les racines. C'est pour ce motif que la gelée atteint d'abord les bourgeons à peine éclos ; puis successivement les jeunes brandies, le tronc, et rarement les racines. La variation de température, c'est-à-dire la dilïérence entre le maxinunn et le minimum, est beaucoup plus grande dans l'air (pie dans les arbres d'un certain diamètre, quoique la température moyenne soit la même. Le maximum de température dans l'air a lieu, suivant la saison et l'exposition , de deux à trois heures du soir, le minimum au lever du soleil- Dans l'arbre, en raison de la mauvaise con- ductibilité, le maximum se manifeste de neuf heures du soir à minuit: le minimum a lieu vers le lever du soleil. Pendant la nuit la variation de température est très faible. La transmission de la chaleur de l'air à rari)re se fait de la périphérie au centre, et le refroidissement suit une marche inverse. 11 est prouvé par ces faits (pie ratmos|)hère est bien la source naturelle de la température des végétaux; la latitude doit TEMPÉIUTURK DES VÉGÉTAUX. 235 donc exercer par conséquent une plus grande influence snr leur existence que sur celle des animaux qui ont une tempéra- ture propre, et qui, pouvant se transporter d'un lieu à un autre, notamment les poissons et les oiseaux, s'arrêtent dans la région dont la température convient à leur constitution. Les véuétaux, qui ne sont [)as doués de la locomotion, sont obligés de subir la température du milieu où ils vivent, sans pouvoir s'y soustraire. Cette liaison intime entre la température de Pair et celle des végétaux exige que lorsqu'on veut transporter avec chance de succès un végétal d'un pays dans un autre pour l'y acclimater, on prenne en considération non -seulement la température moyenne de l'un et de Fautre, mais encore les températures maxima et minima, surtout les dernières, qui peuvent rendre impossible la culture de telle ou telle plante, très sensible à la gelée ; je pourrais en citer un grand nombre d'exemples : aussi on ne saurait trop recommander aux vovageurs et aux personnes qui envoient des graines d'y joindre autant que possible des renseignements précis relatifs aux températures des contrées où on les cultive. Nulle difficulté pour la détermination des maxima et des minima, on a des instruments qui les donnent avec facilité ; mais il n'en est pas de même de la manière de supputer la température moyenne, telle que l'on doit la considérer à la végétation. Dans l'origine, pour trouver la (juantité de chaleur néces- saire a la vie d'une plante, soit que l'on considère sa floraison ou sa fructiflcalion, on multipliait le nombre de jours pendant lequel s'accomplit la phase de la vie végétale dont il est question par la moyenne des températures de Pair prises au nord pendant la durée de cette phase. On sentit plus tard la nécessité de prendre en considération la tenqiérature moyenne solaire que Ton avait négligée^, et qui est d'une grande im- portance. La chaleur totale se composerait donc ainsi de ces deux éléments multipHés par le nombre de jours, savoir, la chaleur moyenne au nord et la chaleur moyenne au soleil. 236 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE DACCLIMATATION. C'est ainsi que M. de Gasparin a établi comme il suit le nombre de degrés nécessaire pour la maturité du froment et celle du raisin, depuis le commencement de la végétation au printemps Froment. Orange. Paris. Clialeur moyenne 1601° 19Zi4" Chaleur solaire 832 52^ 2633 2668 Raisin. Bruxelles. Paris. Chaleur moyenne 1916° 1916" Chaleur solaire 761 619 2677 2533 On voit par là comment une différence de lAZi degrés de cbaleur suffit pour empècber que le raisin ne soit cultivé pour vin en Belgique. Je dois dire (pie la métbode employée pour déterminer la cbaleur solaire ainsi que l'emploi de la cbaleur moyenne au nord, ne sont pas à l'abri de toute objection. Ce qu'il y a de mieux à faire, suivant moi, c'est de substituer à ces deux valeurs la moyenne des températures observées le plus fré- tjuenmient possible dans la journée avec un tbermomètre ordinaire ou le tbermouiètre électrif|ue placé à un mètre au- dessus du sol, loin de tout abri, et se trouvant ainsi dans la même position (ju'un végétal exposé à la radiation solaire. Le court exposé que je viens de présenter suffit pour mon- trer à la Société combien il importe de faire entrer l'élément scientifique dans l'acclimatation des animaux et des végétaux, particulièrement des derniers. Avec ces éléments faciles à se procurer, on ne court pas le risque de s'égarer, et, en suivant cette inarcbe, on éprouve la satisfaction d'arriver au but (|ue l'on s'était proposé en voulant acclimater tel ou tel végétal, en même temps qu'on imprime un caractère de grandeur à l'œuvre de l'acclimatation en générai. ESPÈCES ZOOLOGIQL'ES ET BOTANIQUES DE CUBA. 237 ÉNUl\IÉRATIOi\ DES ESPÈCES ZOOLOGIQUES ET BOTANIQUES DE L'ILE DE CUBA UTILES A ACCLIMATER DANS d'aUTRES RÉGIONS ANALOGUES DU GLOBE. Par n. RAiraoI¥ DE LA f§>AGRit , Consul général de la République de l'Uruguay, correspondant de l'Inslitut. SUITE ET FIN (I). (Séances du 10 décembre 1858 et du 21 janvier 1859.) 2° Botanique, ou Végétaux. Nous avons fait précéder réniimération des espèces utiles cubanaises qu'il conviendrait d'introduire dans d'autres con- trées du globe de quelques données caractéristiques des con- ditions climatologiques qui accompagnent leur existence, et nous avons expliqué le motif de pareilles indications présentées au début de ce travail. Par une cause analogue, nous croyons dans ce moment convenable de faire précéder le catalogue des végétaux utiles de l'île de (]uba d'un ra[)ide coup d'œil sur l'aspect de sa végétation luxuriante. Nos recberchesetlescollectionsquienontétélefruit n'offrent pas, bien loin de là, la totalité des espèces qui couvrent le sol de la ricbe Antille; mais les \bbli qui sont décrites dans la Flore cubaine suffisent pour donner la confirmation de ce qui frappe tout de suite le regard avide du naturalistequi parcourt ce pays, savoir, la prédominance des plantes arborescentes sur les berbacées, donnant à la végétation l'aspect grandiose et imposant que ne possèdent pas les contrées européennes. Le nombre, comparativement restreint, d'espèces herbacées peut être attribué en partie à cette même prépondérance des arborescentes, lesquelles, jetant un épais ombrage sur la sur- face du sol, empêchent la végétation des autres. Mais la source de ce phénomène réside principalement dans l'intluence de la chaleur et de la lumière, extrêmement favorables au dévelop- (1) Voir, pour la première partie de ce travail, le numéro de mai, p. 169. 238 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION pement et à la transformation des tissus délicats en matiér(> ligneuse. Qui sait encore si rélectricité, dont Faction est si active sous les tropiques, n'agit pas aussi pour produire ou se- conder cette merveilleuse puissance ascensionnelle des végé- taux, à partir du col de la tige, et dont le point de départ superliciel semble démontrcrTexistence d'une zone, dansl'épi- derme du globe, chez b'Ujuelle s'opère le partage d'une même force occulte en deux directions opposées, vers le haut et vers le bas, mais dont la nature est identi([ue? C'est à la grande vigueur que lélectricité possède sous les tropiijues, secondée par les deux autres agents, peut-être de nature analogue, la chaleur etlalumièio, (|u'il iaudra attribuer le dévelop[)ement, la hauteur et la solidité des arbres de ces régions, ainsi que l'abondance de leurs gommes, de leurs résines et de leurs sucs laiteux, ricbes sécrétions qui d'ordinaire accompagnent la luxin-iante végétation des régions chaudes du globe. Cette force remar(|uable se décèle dans la végétation cuba- naise par deux autres manifestations curieuses, qui frappent aussi le regard du voyageur, savoir : le nombre considérable de lianes, quelques-unes arborescentes, et la quantité pro- digieuse de plantes parasites (jui couvrent la cime des arbres et tapissent les fentes des rochers. Les unes en multipliant leurs tiges infinies, les autres en étalant leurs larges feuilles et leurs brillantes corolles, donnent lieu à une végétation aérienne inconnue en Europe. Kn conteuiphmt ces gracieux bouquets suspendus aux branches et ces inmiensos guirlandes (|ui senddent unir les habitants ligneux des forêts par un télégrapbe fleuri ; en voyant la végétation sous ces deux formes bizarres, mêlant ses Heurs et ses fruits, sans demander rien au sol ou seulement un point d'appui, on est forcé d'avouer que dans ces admirables régions les forces de la vie s'épanchent au dehors de la surface et enva- hissent la couche voisine de l'atmosphère, où elles se développent avec une égale puissance à Taidc de la chaleur, de la lumière, de l'humidité, et de quelque autre agent encore inconim. Mais venons enfin à cliercber parmi ces richesses celles que riioinme appli(|ue à satisfaire ses besoins. ESPÈCES ZOOLOGIQUES ET BOTANIQUES DE CUBA. 239 En suivant Fonlredes familles naturelles, pour nous guider dans cette enquête, il nous faut arriver à la famille des Ano- nacées pour trouver des espèces utiles. Outre des fruits succu- lents et délicieux, mille fois décrits et ligures, elle comprend des arbres renommés pour leurs bois de construction, dont quel(|ues-uns n'avaient pas encore de dénomination bota!ii(pie. Ces conquêtes nouvelles de la science sont : le Xylopia cu- bensis, ou le Guacima-haria du pays, et l'espèce obtiisifolia, appelée Guavico. connue déjà des nègres sous le nom de Gin7/ibà, car elle semble être sinon la même, au moins seni- blable à l'espèce africaine ainsi nommée ^ \Uvaria neglecta, Yaya à Cidja, et un autre Yoya qui appartient au nouveau genre Oxandra de Ricliard, et qui porte aujourd'hui le nom spéciri(|ue de laurifolia. La famille des Flacourtiacées contient, à l'île de Cuba, dif- férents arbres utiles pour la résine médicinale qui découle de leurs troncs. Tels sont les Lœtia longifolla et crenata, qui portent dans le pays le nom de Guaguaci, donné aussi à la résine. La famille des Malvacées contient un grand nondjre de plantes dont toutes les parties possèdent des propriétés émol- lientes, car elles sont extrêmement mucilagineuses. LeGomùo, ou Hibiscus esculentits, est la plus remarquable. Cette famille aussi et les deux suivantes, les Bombacées et les Tiliacées, sont riches en plantes textiles : je citerai pour les écorces quelques Sida, Corchoi'us et Triunpheta, le Belotia grevifolia, arbre magnifique dont le bois est aussi très estimé et dont les écorces sont employées partout dans la campagne, pour faire, soit des cordages, soit des attaches de tout genre. Il porte, ainsi que son produit fibreux, le nom de Majagua. Parmi les libres textiles retirées des fruits, je mentionnerai, outre le Coton, qui végète très bien dans toute la partie occidentale de Cuba, le duvet extrêmement délicat qui enveloppe les graines du Pari- tiurn elatuni et des Eriodendron, qui portent dans l'île les noms de Ceibon et de Ceiba. V Amandier de Cuba, ou Almendro de la Vuelta de abajo {Laplacea Curtya)ia,K\vh.), fournit un bois de construction. La famille des Guttifères, outre le Mammea^ bien connu par son ~hO SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d' ACCLIMATATION. fruit, possède le CalopJtyllwn calaba^ Ocuge du pays, très estimé par son bois pour la construction et par la résine mé- dicinale qui en découle. Parmi les Sapindacées se trouvent différents arbres utiles aussi par leurs bois : tels sont les Sc/tmidelia, les Guara, les Cnpania el VH//pelate paniculata. Comme fruits comestibles, le Mamoncillo [Melicoca bijuga) n'est pas à dédaigner. La famille des Méliacées. outre l'Acajou et le Cèdre juste- ment renommés, possède le Ymnao, le Cabo de hacha et deux Cigua?'aya, trois arbres cubanais dont les bois sont employés, et (pii trouvent leur place respective dans la science, sous les noms de Giiarea trichiloides, Trichilia spondioides/rrichilia havanensis, et Trichilia minor. Parmi les Uutacées, je citerai le Gnaiacuni officinale et le G. verticale^ et quelques espèces du genre Zanthoxylum, par- ticulièrement les lanceolatum Qi jug lundi foliiim, (|ui portent à Cuba les noms de Ayua mâle et femelle, ou jaune et blanche. Dans les Rbamnées se trouvent deux arbres utiles : le Bija- guara ou Colidn'ina ferruginea, Brong., (ït le Yayajabico^ qui est l'espèce reclinata du même auteur; tous les deux em- ployés comme bois de construction. La famille des Térébinlbacées offre des plantes à fruits co- mestibles, comme le Manguiei\ et des arbres à bois de con- struction, comme le GuaoiCommocladiadentata)^ très dange- reux par ses émanations irritantes, et d'autres très utiles dans la médecine, comme le Rhus metopium, Vlcica copal et 1'/. Edivigia,\e Burrcra gwmyiifera, et un autre peu cunnu en- core, VAguedita {Picranmia pentandra. S\v,), dont l'écorce est employée par les canq)agnards de Cuba avec un grand succès contre les lièvres intermittentes. La ricbe famille des Légumineuses, outre les graines comes- tibles des espèces vulgaires et une racine peu connue encore, \aJicama, provenant du Stenolobiimi cœruleus de Bentbam,et (pii mérite d'être cultivée, ofîre un ensemble considérable de plantes utiles sous beaucoup de rapports. Tctlles sont diverses espèces A' Indigo fera, le bois de Campècbe et le bois du Bré- sil, parmi les tinctoriales; le Granadillo {Brya ebe?ius), le ESPÈCES ZOOLOGIQLES ET BOTANIQUES DE CUBA. 2^1 Sabicu, leiVorwroetle Tengiie, qui sont des espèces d'Acacias, le Yaba {Andira inermis). et le remarquable Quiehra hacha {case hache), CopaiferahijmenœfolUi, comme arbres à bois de construction-, le Pterocarpus gummifer , XHymenœa cour- baril, et le Moringa pterygosperma, desquels on retire des résines et de Tiiuile; les Cassia fistula et d'antres espèces, par leurs propriétés médicinales ; le Tamarinier et V Arachnide, etc. Dans la famille des Rosacées se trouve un arbre, VIcaquier, dont les fruits en confiture sont 1res agréables, et un autre dont le bois, extrêmement dur, est très employé dans les con- structions civiles et maritimes. H porte le nom de Ciiajaniy et celui de Cerasus occldentalis dans la science. Parmi les Combrétacées se trouve àCuba un autre arbre d'une solidité remarquable. C'est le Chicharron^ introduit nouvelle- ment dans la science avec le nom Ckicharronia intermedia; et à côté de lui figure un autre arbre à bois tendre, mais utile, le Yana {Connocarpus erecta), alV Amandier de rinde {Termi- nalia catappa), acclimaté dans l'île où il orne les promenades par ses branebes en parasols horizontaux et parallèles. Ses amandes, servies sur les tables de Tlnde, n'ont pas encore été admises sur celles des Havanais, plus riches et plus délicates, à cause du bien-être général du pays et de ses fréquents rap- ports avec les peuples les plus avancés du monde. A côté du Guayabier, bien connu dans toutes les Antilles, la famille des Myrtacées olîru un arbre de faible taille dont le bois cependant est employé, le Yaya [Mouriria myrtiloides,. et deux piments eu Malagueta, appartenant au ^enre Eugenia. Dans les Cucurbitacées il y a un fruit remarquable qui sur- passe en délicatesse, quoique non en dimension, toutes les Courges d'Europe. C'est le Chayote [Sechium edule) , qu'on mange cuit et qu'on peut assaisonner de diverses manières. Quatre arbres dont les bois sont très employés à Cuba, savoir : VErithalis fruticosa [Yayajabico] , YE. pentagona (Vibona), le CalycophyllumcandidissiînumiDagaîne) et le Ge- nipa americana {Jagua), avec quelques espèces de Quinquinas sauvages, appartenant nu g,enve Exostemma, et diverses espèces médicinales des genres Cephaelis et Psycothria, rendent encore 242 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQL'K L>\\CrLlMÂTATION. plus utile et remarquahle la riche rauiille des Rubiacêes, dans laquelle le Café lient une place si importante pour le commerce des Antilles. Nous sommes forcé de laisser de côté des familles précieuses pour la science, afin de nous arrêter aux plantes utiles que possède le groupe des Sapotacées, où se trouvent des fruits excellents, comme le Lucuma^ la Sapotille et le Caïmito, et des bois pour la construction civile et maritime. Tels sont, entre autres, le Jociimn [Sideroxylum pallidum) , le Cocuyo ou Jiqid [Bumelianigra) , et IMma/i^^zer sauvage [Dipholis salici- fol'uù. La famille des Ébénacées, du même groupe, possède dans le genre Achras des arbres à bois de construction, parmi lesfpiels le Sapotillior noir {A. laurifolia) mérite d'être cité. Une famille dangereuse, celle des Apocynées, olîre aussi un arbre précieux, dont le bois est très eniployé sous le nom de Maboa: c'est le Camernria latifolio^ du tronc et des brancbes ducpiel découle un suc laiteux, d'une action très active sur les dents cariées, qui les fait éclater en morceaux. Jusqu'à ce jour ont été infructueuses , que je sache, toutes les expériences faites pour tirer parti de la soie végé- tale qui entoure les graines de quelques Asclépiadées, seul aspect utile sous le(|uel on puisse les regarder jusqu'aujour- d'hui. Mais cette famille est suivie de deux autres, celles des Hignoniacées et des Cordiacées, riches en plantes usuelles. Tels sont le Baria iCordia geracanthoides) et X Ateje femelle (C. Valenzuelaneà), le Roble negro [Erhctia tinifolid), et le IhJde guayo {E. bourreria), recommandables parleur bois de construction. Une famille, d'ordinaire caractérisée en Europe par des plantes petites et odoriférantes, offre à Cuba des espèces arbo- rescentes : telles sont h;sVerbénacées des genres 6VM6rm2:y/?mî eiAvicennia, dont une espèce du premier, le C. caudatiim, est le Roble amurillo ou Chêne jaune de Cuba, et l'espèce ^o??ze;i- tosa du second fournit un bois tendre connu sous le nom de Mangle blanco. Beaucoup de familles à plantes herbacées, et jusqu'à ce jour sans application, précèdent dans la série botani(iue la famillo des ESPÈCES ZOOLOGIQUES ET BOTANIQUES DE CUBA. 2/13 Lauracées, caractérisée par le mengnifique et utile Avocatier. La famille desDaphnées, très pauvre en espèces, offre, dans le Lagetta lintearia., un produit jusqu'à ce jour plus curieux qu'utile : c'est le liher ou couches sous-corticales, connu sous le nom de bois-dentelle ; on en fabrique des cordages blancs, d'une résistance extrême. Nous arrivons à la famille des Eiqîhorbiacées, très ricbe et très intéressante sous les tropiques, dont les plantes utiles pour- raient fournir matière à écrire un volume. En effet, nous trou- vons des arbres à bois de construction, tels que \(iYaiti{Excœ' caria lucida)., le Hueso {Drypetes alba) et le Maco [D. glauca)\ des arbres à graines oléagineuses comestibles, tels i\w^el Ave- llanooyi Noisetier^ qui est VOmphalea diandra., elVAleiirites triloba, appelé Noger de l'Inde, parce qu'il y a été introduit de ce pays. La même famille fournit aussi des espèces à graines oléagineuses médicinales, telles que le Ricin et divers Croton ^i Jatropha. En nommant ce deuxième genre, le botaniste se trouve humilié de n'avoir pas encore trouvé des différences assez caractéristiques, assez manjuantes, pour distinguer les deux variétés comestibles de la même espèce (Manikot), mais dont les racines amylacées et douces de l'une sont mangeal)les sans aucune préparation, tandis que celles de l'autre demandent à être débarrassées du suc nuisible dont elles sont remplies. On sait que les racines de cette seconde variété, appelée à Cuba Yuca aigre, sont celles dont on fabri([ue le pain de Casabe; celles de l'autre, distinguées par la dénomination de Vaca douce, se mangent crues ou cuites à l'eau. Les Urticées fournissent des plantes utiles pour trois indus- tries extrêmement importantes, savoir : l'industrie delà tein- ture, par le bois appelé du Brésil, Fnstete à Cuba {Brons- sonnetiatinctoria) ; à l^ndustrie textile, par lesécorcesdu Ficus populnea et du F. radula, connus sous le nom de Jaguey à Cuba ; celles du Chichicastre [Urtica baccifera) et du Brous - sonnetia papyrifera; et enfin à la nouvelle et importante industrie qui se sert des matières élastiques et plastiques, telles que le caoutchouc, (pi'on peut retirer abondamment d'un arbre peu connu encore dans la science, savoir el Vie, décrit 2/i/l SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. par Cervanilles sous le nom de Castilloa elastica, originaire du Mexique, et que nous avons multiplié très facilement par des graines à l'île de Cuba, où il croît avec une grande rapidité. Nous pouvons fermer ici notre revue des plantes utiles de la riche Antille, dans la grande section seulement des espèces dicotylédonées ; celle des monocotylédonées va nous fournir aussi une nombreuse et importante série. Je ne ferai pas mention des belles Orchidées, dont une seule espèce est parvenue à conquérir l'estime des marchands, le Vanilla aromatica, qui croît spontanément dans les forêts de l'île, quoiqu'il ne semble pas être aussi riche en arôme que celui du continent voisin. Je passerai aussi sous silence les Zingibéracées à racines stimulantes, que la cuisine française n'admet pas dans ses condiments délicats; mais, en trouvant sur mon passage les Musacées, je dois mentionner l'utilité de ces plantes comme de riches et inépuisables magasins de ma- tières textiles, ce (|uien reconunande la culture, même dans les régions méridionales de TEurope, connne le midi de la France, la Grèce, l'Italie et l'Espagne, (juoique la température ne soit pas assez élevée pour obtenir des fruits. Sous le même point de vue des matières textiles pour la fabrication du papier et du carton, l'île de Cuba mérite une mention spéciale; car, outre les Malvacées , les TiHacées , les Urticées que nous avons citées plus haut, nous trouvons maintenant, dans la série bolanlipie quenous parcourons, deux familles voisines extrêmement intéressantes et pas encore bien étudiées sous le rapport industriel : nous voulons parler des Amaryllidacées et des Broméliacées. Parmi les premières, nous trouvons les genres Agave et Fourcroia, dont les feuilles de toutes les espèces contiennent une masse énorme de fibres textiles d'une extrême longueur et diiine blancheur remar- quable. Dans le commerce, on donne inexactement aux pre- mières le nom iVA/oès. qui appartient à une plante d'une famille toute différente, (jui fournit le suc drastique bien connu dans la médecine. Les espèces textiles du genre Foiircroia ne sont pas encore bien déterminées; mais elles semblent fournir des fibres plus fines et plus tenaces que les ESPÈCES ZOOLOGIQUES ET BOTANIQUES DE CUBA. 2/i5 Agaves. Quant à la famille des Broméliacées, presque toutes les plantes qui la composent fournissent des fibres textiles d'une longueur, d^une blancheur et d'une ténacité remarquables. L'île de Cuba possède un Pitcairnia nouveau, le pendidiflora de Micliaud, et deux Bromelia^ le Pinguin et le Karatas, outre ï Ananas, dont les feuilles sont formées de fibres extrême- ment fines et fortes ; et l'on peut utiliser aussi quelques-unes des espèces du genre Tillandsia, dont Vusneoides, vulgaire- ment nommé Barbe espag?2ole, est employé depuis longtemps comme crin végétal dans les matelas des marins. Viennent ensuite les espèces médicinales du genre Smilax ; on en trouve quatre dans l'île de Cuba, qui remplacent la célèbre Salsepareille du Mexique : toutes sont des plantes grimpantes, à tiges tenaces, qui croissent dans les forêts, s'ap- puient sur tous les troncs et sur toutes les brandies, respectant seulement, comme les plantes de la même nature, les colonnes palmifères, dont nous n'osons pas recommander la difficile acclimatation en dehors des régions chaudes du globe, où la Providence semble les avoir placées pour l'ornement de ces belles contrées et l'utilité des habitants. Ces magnifiques plantes, désignées par le savant classificateur Linné sous le nom de princes du règne végétal, fournissent toul à l'homme de la zone torride : bois etfeuillages persistants pour sa cabane, nourriture amylacée, boisson rafraîchissante et sucrée, huile pour l'éclairage, fibres textiles pour l'habillement. Quoique le Palmier ne dépasse pas, en général, les li- mites de la zone torride, on trouve quelques espèces dans des zones plus éloignées, ce qui indique la probabilité de pouvoir étendre leur domaine. Les feuilles de toutes les espèces fournis- sent des fibres d'une grande ténacité, applicables au tissage, au cordage et à la fabrication d'excellents papiers et cartons. Nous avons recommandé maintes fois ces produits des Pal- miers, qui nous semblent renfermer les éléments précieux d'innnenses et profitables industries. Nous arrivons aux dernières familles monocotylédones : à celles des Cypéracées et des Graminées, desquelles l'Europe a reçu déjà trois espèces d'une utilité immense : le Riz, le 246 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUK d'aCCLIMATATION. Mais ella Canne à sucre. Après ces riches dons de l'Amérique et de l'Asie, les Graminées des pays chauds semhlent n'avoir plus rien iailx. individus nés. la naissance. Didelphe Sarigue {Didelphis virginiana) Kanîiurou à cou toux (Macroinis rufcolUs) 2 1830 KauguroH de Bennett (.1/. licnnetlii) 2 1 849 Kangurou Thctis [Halmaturus Thelis) 1 Kangurou rat {Ilypsiprymnus murinus) 2 1853 à 1854 ^ Rapaccs. Vautour fauve (Vultur fulvus) 1 1834 Hibou grand duc {Slrix biibo) 1 "1843 Grimpeurs. Canopshe (CalopsUta) 7 1847 h1848 Perruche ondulée {PsiUacus undulatus) 12 I84lî îi 1832 l*iiNSer4*aiix. Gros-bec fascié {Loxia fasciala) 4 1849 Gros-bec Padda {Loxia oryzivora) Paroare {L. cucuUala) Gros-bec commandeur (Emberiza gubernatrix) 8 1849 Cardinal {Loxia cardinaHs) Colombe Loiignp {Columba lophotes) Colombe lumaclielic (C. chakoptera) Colombe to\irtelette {C capemis) Colombe à large queue (C. malaccensis) 2 1850 Colombin (C. ainas) Colombe maillée (C. senegalensis) Colombe à nuque perlée ; C. ligrina) 15 1 846 à 1 852 Colombe à oreillons noirs (C.) Goura (C. coronata) 1 (àallinacés. Pénélope marail {Pénélope marail) 9 1 845 à 185G Pénélope (/'. pileifera) 7 Paon sauvage {Pavo criMatus) 3 Faisan à collier (Inde) ( Phasianus torquatus) 20 1851 a 1858 Dindon sauvage [Meleagris gallopavo) 15 183G à 1^848 Perdrix de roche ( Pcrdix petrosa) 35 185" Colin-Houi (Ortyx virgmiana) 8 '^** ^ '^^^ Colin de la Californie (0. caUfornica) 25 1 857 à 1 858 Colin zonécolin {(). crislata) 40 1858 Casoar de la Nouvelle-Hollande {Casuarius Novœ Ifol- landiœ) ^ 185làl852 Grue de Mantcbourie [Crus Monlign.) 12 1854 a 1858 Grue cendrée (Grus cinerea) 8 Cigogne {Ciconia alba) 8 Oie du Canada {Anser canadensis) Oie d'Egypte {Anser œgypiiacm) 14 1 8i3 à 1854 Canard de la Caroline {Ànas aponsa) 30 1844 à 1858 Canard de la Chine {Anas galericulala) 4 1858 pisciciiL'i'LinE. 256 NOTE SUR LA REPRODUCTION DU SAUMON DANS UN ÉTANG Par M. Jules CLOQUET, Membre de l'Institut. (Séance du 4 mars 1859.) J'ai riioiineur de communiquer à la Société une décou- verte (|ui me parait destinée à exercer une véritable influence sur les progrès ultérieurs de la pisciculture fluviale : je veux parler de la reproduction du Saumon à l'état de domesticité, dans des bassins clos et sans que les individus, séquestrés dès leur naissance, aient jamais pu effectuer leur émigration à la mer. Cette découverte vient d'être faite à Saint-Cucufa, près de Saint-Cloud, dans l'un des domaines de l'Empereur, où, depuis plusieurs années, M. Coste. membre de l'Institut, exécute, sous les yeux de Sa Majesté, des expériences sur une grande échelle. Le petit étang qui a été le théâtre de ce curieux phénomène, situé dans le creux d'une vallée ombragée, n'a pas plus d'un hectare de superficie. Sa profondeur est de 6 mètres vers l'extrémité où se trouve la bonde, tandis que, dans tout le reste de son étendue, son fond, richement herbeux, s'élève en mourant vers les bords, comme celui d'une cuvette. Les eaux limpides et toujours froides qui l'alimentent proviennent d'une simple filtration des collines d'ulentour, mais sont assez abondantes pour fournir une cascade au déversoir. Il y a trois ans, cette pièce d'eau, entièrement vidée, resta à sec pendant tout le temps nécessaire pour qu'on pût en re- battre le fond et en réparer les parois. Ces opérations terminées, on ferma la bonde, et lorsque les eaux s'y furent facilement accumulées, M. Coste y mit un cer- tain nombre de Truites d'un an qu'il avait déposées provisoi- rement, sous les yeux de l'Empereur, dans un petit bassin 256 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. latéral, d'environ 2 mètres carrés. Ces Truites sont aujourd'hui âgées de quatre ans, et ont de 50 à 55 centimètres de longueur. En avril et mai 1857, plusieurs milliers de Saumons, mis au collège de France deux mois auparavant, furent mêlés aux Truites de l'étang ; et ces Saumons, malgré les ennemis redou- tables qui y étaient déjà, y ont prospéré en si grand nombre, que, dans une pêche exécutée le mois dernier, par ordre de TEmpereur, et en présence de Leurs Majestés, on en a ramené d'un seul coup de filet plus de 200 kilogrammes. Ces poissons, aujourd'hui âgés de vingt-deux mois, pèsent en moyenne 120 grammes et ont une longueur de 25 cà 30 centi- mètres. Ce n'a pas été sans surprise que M. Coste a constaté que tous ces poissons étaient en pleine reproduction. Les femelles avaient leurs œufs à maturité, et des fécondations artificielles ont pu être faites sur place. J'ai vu les œufs provenant de ces fécondations. Les embryons y sont arrivés à un tel degré de développement, que les éclo- sions sont imminentes. La possibilité de la reproduction du Saumon dans des eaux privées et closes est donc un fait acquis à la science. Il s'est manifesté ici d'une manière si générale, qu'on ne peut le con- sidérer comme une exception, et si rien ne vient entraver cette magnifique expérience, le résultat sera encore plus saisissant à la saison prochaine, quand les animaux auront pris un plus grand accroissement. De cette expérience, il résulte encore que la première ponte du Saumon a lieu à dix-huit mois comme celle de la Truite, et que le nombre d'œufs de celte première ponte est de deux cents environ. Si ces œufs sont moins colorés que ceux des grands individus péchés en plein réservoir, cela tient à ce que la chair des jeunes Saumons qui la fournissent n'a pas encore pris la teinte qu'elle doit avoir. Par là aussi se trouve détruite la dernière objection que l'on avait faite à l'élève du Saumon dans les étangs et les bassins fermés; mais pour que cette industrie soit eflicace, il faut savoir choisir les conditions où l'on doit l'exercer. VRR A SOIE DU CHÊNE. 257 DESCRIPTION DES APPARi:!LS ADOPTÉS PAR LA COMMISSION DE SÉRICICULTURE POUR LE TRANSPORT DES COCONS DU VER A SOIE DU CHÊNE QUI DOIVENT ÊTRE ENVOYÉS DE CHINE PAR MONSEIGNEUR PERNY. Par M. le docteur O. REVEIL, Professeur agrégé à la Faciilli' do médecine et à l'Ecole de pharmacie. (Séance du 15 avril 1859.) La Commission de sériciculture à laquelle M. le Président avait adjoint M^"" Perny et Mî\I. Fremy et Réveil, s'est réunie plusieurs fois dans le but de rechercher les moyens propres à faciliter et permettre le transport des cocons des Vers à soie du Chêne que Ms"" Perny doit envoyer de Chine à la Société d'acclimatation. La Commission m'a chargé de vous faire connaître les moyens qu'elle a mis en usage, et ceux qu'elle aurait Tintention d'em- ployer dans d'autres circonstances. Je viens m'acquitter de la mission qu'elle a bien voulu me confier. Les précédents envois de cocons du Bombyx du Chêne ont démontré que la température élevée des régions équatoriales déterminait l'éclosion des cocons, et qu'alors les papillons, placés dans de mauvaises conditions, périssaient. La Commission a pensé que l'éclosion des cocons et la perte des papillons devaient être attribuées autant à l'air confiné dans lequel ils étaient placés qu'à la température élevée à laquelle ils étaient soumis; le problème à résoudre consistait consé- quemment à trouver un moyen peu dispendieux et d'une application facile pour maintenir autour des cocons un courant d'air froid, ou du moins un renouvellement fréquent de cet air. Ahn de bien comprendre les difficultés qu'il y avait à combattre, il est nécessaire d'entrer dans quelques détails climatologiques. 258 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCMMVTATION. Sur les mers équatoriales, la différence entre les maxi- mums et les minimums du jour est de 1 ou 2 degrés au plus, tandis que sur les continents équatoriaux la différence s'élève à 5 ou 6 degrés. Entre les tropiques, l'air dans ses plus hautes températures est en général un peu plus chaud que la surface de l'eau prise dans les plus hautes températures. D'après M. Duperrey, c'est l'eau qui est plus chaude que l'air (1850). Entre les tropiques, la température de la mer diminue avec la profondeur. C'est le contraire au pôle, à 1000 brasses la température est de 6 à 7 degrés. Il résulte de tout ce qui pré- cède, que sous l'équateur la température de la surface de la mer est sensiblement égale à celle de la couche d'air qui est au-dessus d'elle, et que cette température s'abaisse à mesure que l'on s'enfonce dans l'eau. Les différents moyens proposés ont été longuement discutés par la Commission; elle s'est arrêtée à l'usage de trois appa- reils: deux d'entre eux ont été construits sous la direction et la surveillance de MM. Jacquemart et Réveil ; quant au troi- sième, il est d'une construction si simple, qu'il sera facile à Ms'' Perny de le faire construire en Chine. C'est celui-là que nous vous ferons d'abord connaître. Nous avons pensé (jue l'on pouvait arriver au but que nous nous proposions (c'est-à-dire d'avoir un courant d'air froid), en mettant à profit l'abaissement de température déterminé par l'évaporalion de l'eau dans un courant d'air : pour cela nous avons conseillé de faire construire une caisse de bois blanc percée de trous de O^.OOôO de diamètre environ sur ses parties latérales, portant à l'intérieur des toiles métalliques ou de canevas superposées, sur lesquelles seront placés les uns à côté des autres les cocons, (jue l'on pourra maintenir sur les toiles en les y cousant au moyen d'un fil très fin. après avoir introduit les cocons dans la caisse; et celle-ci étant fermée, on l'enveloppera d'une grosse toile d'emballage. Le tout, ainsi dis- posé, sera placé à l'ombre dans un lieu aéré, soit par exenq)le sous une tente sur le pont, et plusieurs fois par jour on aurait le soin d'humecter la toile enveloppant la caisse avec une VEH A SOIE DU CHÊNE. 259 pelile fiuantité d'ecUi froide; la toile étant aiiisi mouillée et placée dans un courant d'air, il en résultera une évaporation rapide (lui déterminera nécessairement un abaissement de température très grand dans l'intérieur de la caisse. L'appareil, dont l'exécution avait été confiée aux soins de M. Jacquemart, a été construit sous sa direction avec tout le soin et l'exactitude auxquels il vous a dès longtemps habitués. Une note qu'il a bien voulu me faire parvenir me rendra facile la description de cet appareil, un de ceux sur lesquels la Com- mission fonde les plus grandes espérances. La note de M. Jacquemart est accompagnée d\m dessin qui permettra de mieux saisir chacune des parties et l'ensemble de l'appareil. AA. Bois. BB'. Anse de fer. ce. Cocons. DD. Cercle de fer à vis. i.iHiiiiii iiirmim Détails d'un tarais. Hauteur d'un tamis. Fig. 1. Dans un cylindre de tôle étamée (fig. 1), dont le diamètre est de 0'°,26 à 0'",27, et d'une hauteur de 0°',36 à 0™,39, on a superposé huit tamis de toile métallique percés d'un trou au centre pour donner passage à un tube qui conduit Tair de la partie supérieure de l'appareil à la partie inférieure; sur chaque tamis, dont la hauteur est de 0'",0/i5 environ, on peut placer 2G0 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. environ 50 cocons, soit AOO clans chaque appareil; entre deux tamis il y a une toile métallique destinée à éviter le ballottage des cocons; le cylindre, parfaitement fermé sur toutes ses faces, montre à sa partie supérieure le tube dont nous avons déjà parlé et qui est fermé par un bouchon à vis. L'appareil métal- lique est placé dans un tonneau de bois garni intérieurement d'une masse de plomb qui le fera plonger ; les douves de ce tonneau sont maintenues par des cercles de fer et à vis, de manière que le cylindre métallique puisse être débarrassé à volonté de son enveloppe protectrice; la partie supérieure du tonneau est fermée par un couvercle maintenu par des vis de fer. Pour employer cet appareil il faut : 1° Desserrer et ôter les vis qui fixent le couvercle des ton- neaux aux douves, et enlever ce couvercle. (Il y a une des quatre vis placée au-dessous du couvercle.) 2" Desserrer les vis des cercles de fer du tonneau de ma- nière à pouvoir retirer le cylindre de fer-blanc qu'il renferme; 3° Oter les trois cales de bois fixées au-dessus du cvlindre; h° Retirer le cylindre ; 5° Enlever le couvercle du cylindre, qui n'est pas soudé 5 6° Oter successivement les tamis que renferme le cylindre sans ébranler le petit tuyau central qui est soudé au fond ; 7° Coudre légèrement les cocons sur les tamis (50 cocons par tamis environ); 8" Remettre le premier tamis du fond en place ; 9" iMettre un rond de toile métallique sur le premier tamis; 10° Superposer de même successivement les tamis et les ronds de toile. 11° Souder avec beaucoup de soin et fortement le couvercle du cylindre ; 12' Serrer avec soin le bouchon à vis du cylindre après avoir introduit la partie conique dans la cavité qui doit la recevoir ; 13° Remettre l'appareil dans le tonneau de bois -, 1/1° Resserrer fortement les vis des cercles et des tonneaux; 15° S'il y a des vides entre le cylindre de fer-blanc et le bois, introduire dans ces vides soit du goudron très épais mêlé à du sable, soit du goudron pur, épais et chaud qui se fige- VER A SOIE DU CHÊNE. 2(51 rait en refroidissant. (Insufller de l'air intérieurement pour refroidir Fair tiédi par le goudron.) 16° Clouer dans l'intérieur du tonneau de bois des cales qui empêchent de jouer de haut en bas ; 17» Visser le couvercle du tonneau de bois, et attacher la patte à charnière pour qu'elle ne s'ouvre pas. Soins pendant le voyage. 18° Cette barrique devra plonger de deux mètres dans la mer et être fixée vers le centre du navire pour qu'elle soit moins ballottée. 19° Chaque jour cette barrique sera retirée de l'eau, on ouvrira le couvercle à charnière, et l'on débouchera le bouchon à vis du cylindre de fer-blanc. 20° On ajustera un tube de caoutchouc au tuyau central, au-dessous de la petite bague qu'il porte; à l'autre extrémité du tube de caouchouc on ajustera un soufflet que l'on fera fonctionner pendant quelques minutes, de façon à renouveler l'air dans l'intérieur du cylindre ; cela fait, on rétablira les choses dans l'état où elles étaient primitivement. Soms avant et après le voyage. Quand le cylindre ne sera pas à la mer, depuis le moment où l'on y mettra les cocons jusqu'au moment où on les retirera, il faudra le tenir autant que possible dans un endroit frais, et y insufller de l'air tous les jours -, pour plus de précautions, on pourrait laisser ouvert le bouchon à vis, ce qui n'empêcherait pas d'ailleurs de faire les insufflations. On a expédié deux appareils semblables à celui que nous venons de décrire; deux tubes de caoutchouc, deux soufflets, deux clefs pour les bouchons à vis. L'appareil que je m'étais chargé de faire construire (fig. 2) est d'une très grande simplicité. 11 consiste en un vase de terre de la capacité de deux litres environ, à l'intérieur duquel on main- tient, au moyen de cales de bois, un second vase également de terre, porté sur des tasseaux (AA), et présentant dans son inté- rieur cinq tamis de toile métallique sur lesquels les cocons de- ?-02 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE UACCLIMATATION. vrout être placés ; au centre du tamis on a prati(jué des ouver- tures qui laissent passer un tul)e(B) plongeant jusqu'au fond du vase intérieur, et qui par consé(|uenl traverse tous les tamis. Ce vase intérieur est fermé par un disque de verre arrondi à rémeri, fermant exactement le vase, et présentant deux ouver- tures qui donnent passage aux deux tubes destinés à la rentrée et à la sortie de Tair (B et B'). Ces deux tubes sont ajustés au moyen de bouchons de caoutchouc, et ils traversent le couvercle du même vase, qui est de bois. '^^■t^JiCwjL^^^^^ ^v<<^t^tt~v^.>.^v . ..^.N JC~sv:-j-.U^y Fig.2. Les cocons ayant été disposés sur les tamis, et ceux-ci placés dans le vase intérieur, comme nous l'avons dit, il sullira de remplir le grand vase d'eau aussi froide que possible, de placer l'appareil dans un courant d'air et à. l'ombre, puis enfin d'ajouter deux fois par jour cluujuc fois 500 grammes de nitrate d'amnionia(pie dans l'eau. L'eau et le sel se trouvent être dans des proportions telles, que par simple solution le sel détermine un abaissement de température de 10 degrés; de sorte qu'en prenant de Teau à 25 degrés, on la ramènera VEU A SOIE DU CHÊNE. 263 à 15 degrés; si Teau était plus chaude, il faudrait nécessaire- ment augmenter la proportion de sel à ajouter chaque jour. L'eau des vases devra être renouvelée tous les jours, et il suffira d'exposer au soleil dans un vase ces solutions saturées de nitrate d'ammoniaque, pour obtenir le sel cristallisé, qui pourra être employé de nouveau et indéfiniment avec autant de succès. On comprend sans peine que l'abaissement de température dans le vase intérieur doit déterminer un courant de dehors en dedans, de manière que les cocons se trouvent dans les conditions nécessaires à leur respiration, respiration'qui d'ail- leurs est très lente et qui n'use pas de grandes quantités d'air. La Commission de sériciculture a fondé de grandes espé- rances sur l'emploi des moyens que je viens de décrire; mais, pour favoriser le succès, elle pense qu'il serait convenable de proposer des primes, qui seraient augmentées si les cocons arrivaient vivants. Si, contre nos espérances, tous ces moyens échouaient, il y aurait encore à essayer l'usage des vases poreux, que l'on serait obligé de faire construire à Creil ou à Montereau, car ceux que l'on fait à Paris fonctionnent mal et s'obstruent rapide- ment. Nous devons également nous livrer à des expériences pour rechercher si les Vers veulent se nourrir des feuilles des- séchées par le procédé que j'ai proposé conjointeuient avec M. Berjot, feuilles que l'on rafraîchirait au moyen de l'eau, au moment du besoin. Si l'expérience réussit ici en France en opérant avec les feuilles du Mûrier, du Ricin et de l'Allante glanduleux, il est plus que probable ([u'elles réussiront égalementavec les feuilles du (ihène et sou Bombyx-, dès lors le problème sera résolu, et le fourrage des Vers à soie sera trouvé. 26A SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUK 1>' ACCLIMATATION. SUR LES ESSAIS DE FILATURE ENTREPRIS AVEC LES COCONS DU BOMBYX DU RICIN, PAR Mlfl. Henri SCHLUMBERCiER et Ch. de J01\GII, Membres de la Société. LETTRE ADRESSÉE A M. LE PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION. Par M. le docteur SACC, * Délégufi de la Société à Wesserling (Haut-Rliin). (Séance du 4 février 1859.) La Société impériale d'Accliiiialation nous avait remis h kilogrammes de cocons, auxquels notre savant confrère de Ilamma, M. Hardy, en a joint 22 kilogrammes ; soit et enscml)le 26 kilogrammes, que nous avons confiés à M. Henri Scliluiii- herger. M. Schlumberger, désirant fair^ cette ibis un essai complet, appela à son aide M. deJongli, (|ui possède la plus belle filature de soie de (luebwiller, et qui joint à de pro- fondes connaissances en mécani(|ue une grande habitude des manipulations chimiques ap[)liquées au travail de la soie. Les cocons lurent d'ahord décreusés en les faisant bouillir pendant deux heures et demie avec 25 pour 100 de leur poids de savon blanc, et assez d'eau pour les submerger entièrement. Cette opération fut répétée une seconde fois avec 10 pour 100 de leur poids en cristaux de soude, pendant une heure. Le produit de cette opération fut de 11'^'', 100 en soie à peu près pure, qui fut peignée à la main, puis livrée à Vassortis- seuse. L'assortisseuse est une machine toute nouvelle, de l'invention de M. de Jongh, et qui lui permet d'assortir les soies peignées d'après leur longueur, en sorte (ju'il arrive à reproduire avec les longs brins une soie aussi belle que celle dévidée directement du cocon, comme le prouve le n° 300 joint à ces lignes. Grâce à cette nouvelle et admirable ma- chine, arrivée bien à point pour utiliser la soie du nouveau FILATURE DES COCONS DU BOMBYX DU RICIN. 265 Ver, M. de Jongh a fabriqué six sortes différentes de fds, et trois espèces de déciiets qui ont été remis à M. Henri Schlumberger. Ce dernier n'a pas hésité à modifier sa célèbre peigneuse à soie pour mieux utiliser le nouveau produit, avec lequel il a pu fabritjuer 2600 grammes de til n° lliO à deux brins, mi-perlé, dont je joins un échantillon à mon envoi ; le reste devant servir à tisser une pièce d'étoffé pour M. Hardy. Dans un paquet séparé se trouvent divers essais de teinture faits par M. de Jongh ; ils sont fort beaux, sauf ceux en cou- leurs claires, qui ont souffert de la teinte grise propre à la soie du Ricin. Passons maintenant au détail de l'expérience. 26 kilogr. de cocons éclos du Ricin ont donné ll"^'', 100 de soie, qui ont fourni à leur tour : kil. 0,015 de filé n" 300. 0,335 — 11° 120 A, à deux bouts. 0,Zl95 — n" 120 B. 0,2i0 — n" 160, mi-perlé, à deux bouts. 2,600 — n" IZiO id. 0,215 — n" 70, cordonnet, à deux bouts, 3,900 en filé. 0,160 en bas déchet. 5,/i/i0 en mauvais déchet des peigneuses. 1,025 en bon déchet de l'assortisseuse. 0,575 en perte. 11,100 Donc 26 kilogrammes de cocons vides du Ver à soie du Ricin ont produit 3^^900 de fil et 6''", 625 de déchet, soit hourre de soie. Pour arriver k fixer le prix du kilogramme de cocons vides du Ver à soie du Ricin, comme le demande S. A. I. le prince Napoléon, il faudrait connaître exactement la valeur des di- vers numéros de filés obtenus, et qui ne sont pas employés en Alsace. C'est a Roubaix qu'on les consomme , c'est donc à Roubaix qu'il faudra les envoyer pour en connaître le prix réel ; on peut cependant, sans se tromper beaucoup, fixer à 25 francs T. VI. — Juin 1859. 18 266 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATIOIV. le kilogramme, valeur des filés obtenus, qui vaudraient donc ensemble 97 Ir. 50 c. Quant aux décliets, on pourrait l'aire avec les bons de la tilo- selle, et avec les mauvais de la toile à voiles ou à bâches ; les premiers valent 50 francs les 100 kilogrammes, et les seconds seulement 18 francs. Comme ovi a obtenu l'''',185 de bon déchet et 5'''',/i/i0 de mauvais, ils représentent une valeur totale de 1 fr. 56 c, qui. ajoutée à celle des tilés, forme un total de 99 fr. 06 c, qui, après déduction faite des frais de transport et filature, ne ferait certainement pas ressortir d'une manière rémunérative par le produit le prix du kilogramme de cocons vides, puisqu'on ne pourrait pas le payer plus de 3 francs. Le travail dont nous venons de donner l'analyse ayant coûté une peine infinie à MM. Henri Schlumbcrger et de Jongh, qui ont d'ailleurs refusé toute rémunération pour les frais nom- breux qu'il leur a occasionnés, je propose au Conseil de bien vouloir les remercier d'abord de leur intéressante autant qu'utile communication, et de vouloir bien ensuite la renvoyer au Comité d'éricicullure. (Ces propositions ont été adoptées.) IGNAME DE iHINE. 267 NOTICE SUR LA CULTURE ET RAPPORT SUR LE PRODUIT DE L'IGNAME DE CHINE {Dioscorea batatas), APRÈS CINQ ANNÉES d'ESSAIS ET SON ENTRÉE EN GRANDE CULTURE. Par MM. PAILLET père et fils, Horticulteurs et pépiniéristes de la Société impériale d'Acclimatation. (Séance du 18 mars 1859.) Monsieur le Président, Nous venons vous soumettre, ainsi qu'à tous les membres de la Société d'acclimatation, un rapport sur le produit de rigname de (]hine, ainsi que quelques observations que nous avons pu faire pendant ces cinq années d'essais, et l'entrée en grande culture de cette précieuse introduction. Les semences de cette récolte furent confiées à la terre au mois d'avril 1856, afin d'expérimenter les terrains qui pou- vaient être le plus convenables à cette culture ; nous en plan- tâmes donc dans ditïérentes localités des environs de Paris, le tout pouvant foi-mer une étendue superficielle de àO ares. Cette récolte, que nous avons estimée à 18 000 kilos pesant, a été recueillie dans cette étendue de terrain. Ce produit ne semblerait peut-être pas assez considérable pour la quantité de terrain employé ; mais il est utile de faire remarquer ici que les plantations qui ont été faites à cette époque consis- taient en bulbilles et en petits tronçons très faibles , et, en raison de ce fait, lors de la pousse de ces tubercules, un grand nombre ont manqué: nous estimons cette perte par un tiers, ce qui réduirait ainsi à 27 ares environ l'étendue de terrain où aurait été récolté ce produit, «qui deviendrait un résultat assez satisfaisant. Ces plantations nous ont coûté environ 350 francs pour frais de location et de fumures, 50 francs pour frais d'entre- tien des binages durant deux années, et 150 francs pour frais d'arrachage de ces tubercules; ce qui produit un total de dépenses de 500 francs. Nous avons aussi récolté, en coinpen- 268 SOCIÉTÉ IMI'ÉKIALK ZOOLOGIQUE d'aCCLIMâTATION . sation des frais d'arrachage, un très grand nombre de bulbilles qui se produisent en grande quantité sur les branches et k's tiges; ce lait ne se fait remarquer (|ue dans certaines parties de terrain. Nous avons à Chatenay, près Sceaux, lieu de notre nouvel établissement d'horticultureet de pépinières, une partie de terrain d'environ 8 ares, très propice, il est vrai, à la culture de l'Igname, le sol étant d'une nature très sablonneuse ; nous y avons récolté près d'un hectolitre de ces bulbilles. Les autres terrains où nous essavâmes l'Ii^name, tel (lu'à Cioissv et à Nanterre, dont la contenance est deux fois plus grande que celle de Chatenay, n'ont produit (jue 50 litres environ. Nous évaluons le prix de ces bulbilles égal aux frais que nous a coûté Tarrachage. Jusqu'à présent, par l'expérience ({ue nous avons acquise sur la culture de l'Igname, nous contiiuierons à conseiller, comme nous l'avons déjà fait, de choisir de préféreuce des terrains sablonneux et les moins chargés de gravier ou de pier- railles ; car partout où cela existe, les racines n'ont jamais de belles formes. Dès le principe nous avions aussi recommandé aux personnes (|ui s'intéressaient à cette culture, de planter les semences à 15 ou "20 centimètres les unes des autres; mais l'expérience nous a montré (ju'il fallait faire le contraire, car nous avons remarqué que partout où les pieds ou tiges étaient agglomérées, et chacun sait que les tiges d'Ignames en poussant se relient et s'attachent ensemble par groupes compactes, et forment des espèces de buttes et de feuillage ; eh bien ! disons- nous, nous avons toujours remarqué que c'était en ces endroits que nous trouvions toujours les plus belles racines et le plus en rap[)()rt avec la ([uuntité de bulbilles; le contraire se faisait alors remar([uer dans les endroits où les semences avaient poussé isolément, par man(jue de réussite de la semence au printenq)s,et([ui ne trouvaient pas àse rallieravec d'autres. Nous conclùuies, par ces diverses observations (|ue nous lunes cette année sur la culture de l'Igname de Chine, que ce tubercule peut être récolté comuie la ponnne de terre, c'est-à-dire la môme année et avec un produit convenable. Jusiiu'à présent cette plante ayant été assez rare et peu répandue, on n'avait que de très faibles semences à conUer à la terre, IGNAME DE CHINE. 269 lesquelles semences produisaient, Tannée suivante, une racine moyenne qui, étant laissée en terre, devenait une très bonne semence pour obtenir, Tannée d'ensuite, un produit satis- faisant : ce sont ces faits ([ui ont fait dire jusqu'à ce jour qu'il fallait deux années pour récolter l'Igname. Cette racine, comme tout le monde a pu s'en rendre compte, périt tous les ans, après avoir alimenté la nouvelle, absoluinent comme cela se produit chez la pommede terre, dont la semence se dessèche lorsque les nouveaux tubercules commencent à se produire; mais si Ton plante primitivement des semences d'Ignames d'une force convenable, on est certain de récolter la même année les mêmes tubercules qu'on n'aurait eus qu'après deux ans de végétation en plantant des tronçons ou collets de racines d'une force insuffisante. Ainsi donc nous pouvons conseiller aux personnes qui s'inté- ressent à la culture de cette introduction chinoise, et qui dési- rent faire une bonne plantation : 1° de choisir un terrain sablonneux ; 2° de planter en mars ou au commencement d'avril les semences d'Ignames d'une bonne grosseur, soit des collets de racines ou des tronçons de 10 à 15 centimètres de longueur, et ensuite d'espacer les plants de 10 à 12 centimètres les uns des autres en tous sens; il en résultera, par ce dernier moven de plantation, que Tétendue de terrain employée sera moindre, le produit plus considérable et la main-d'œuvre moins coû- teuse pour l'arrachage. Si plusieurs personnes, parmi les men;ibres de la Société que cette culture intéresse plus particulièrement , désirent avoir un aperçu du produit de notre première récolte obtenue en grande culture , nous les engageons à venir visiter notre éta- blissement de Paris, où une partie de cette récolte est emma- gasinée depuis deux mois. Nous remettons à M. le Président quelques spécimens de cette récolte, terme moyen obtenu en grande culture, depuis le minimum jusqu'au maximum, ainsi que des bulbilles récol- tés sur les branches, et nous prions M. le Président de vou- loir bien les offrir à messieurs les membres de la Société qui en désireraient. 270 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE 1> ACCLIMATATION. NOTE SUR LA POMME DE TERRE DES CORDILLÈRES. LETTRE ADRESSÉE A M. LE PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ IMPi-RlALE ZOOLOGIQUE D'aCCLIMATATION Par M. D'IVERl^OIS. (Séance du 21 janvier 1859.) Monsieur le Président, Les rapports qni vous sont adressés sur les produits des Pommes de terre fjue la Société d'acclimatation a fait venir des Cordillères sur ma proposition sont unanimes à constater à la fois la vigueur de la végétation des plantes et Tinsuffisance du nombre et de la grosseur des tubercules. Ces résultats n'ont rien de décourageant. Il était facile de les prévoir, et ces premiers tubercules doivent en outre être très inférieurs en goût et en saveur cà ceux que nous donnent nos vieilles Pommes de terre de France. En elVet, les Pommes de terre envoyées de Sainte-Marthe ont dû, pour répondre complètement à la demande de la Société, être choisies sur les plantes croissnnt spontanément sur les plateaux des Cordillères. Or, tout le monde sait à quel point une plante sauvage a ordinairement besoin d'être amé- liorée par la culture, et combien ses premiers produits sont loin de valoir ceux qu'elle pourra donner plus tard. Il est donc impossible, je crois, de juger l'avenir des Pommes de terre venues de Sainte-Marthe par les résultats de la pre- mière année de culture, et ce n'est probablement qu'après plu- sieurs reproductions successives bien soignées et faites dans les conditions les plus favorables que les tubercules attein- dront toute la perfection dont ils sont susceptibles. La Pomme de terre figure aujourd'hui sur toutes les tables; mais on sait que pendant les premières années de son accli- matation en Europe, tout le monde la repoussait presque avec dégoût, et qu'il a fallu la persévérance du célèbre Parmentier pour en faire adopter l'usage, qui devint bientôt universel. POMME DK TERRE DES CORDILLÈRES. 2/1 Cette extrême difiicultéde faire apprécier cet excellent légiiine ne tenait-elle pas probablement à ce qu'il était bien loin alors de la bonté qu'il devait acquérir, et ne peut-on pas supposer que c'est surtout en en développant les qualités par une habile culture (pie Parmentier a su forcer le goût du public? Un voyageur revenant des Cordillères, que j'eus le bonheur de questionner lors(jue je pensai pour la première fois à faire venir des Pommes de terre de ces montagnes, me disait : « Elles y sont moins que médiocres à manger, et l'on n'en trouve de passables que dans quelques jardins ; mais là encore elles sont bien loin de valoir celles d'Europe. » Les Pommes de terre que je fis venir moi-même de Sainle- Martlîe, il y a i|uatre ans, et qui, grâce à Tobligeante inter- vention d'un négociant de Marseille, me furent rapportées par un capitaine au long cours, étaient au moins deux fois plus grosses que celles reçues dernièrement par la Société. Elles ont confirmé toutes les espérances dont j'avais eu Thonneur de vous entretenir, et m'ont donné à la première récolte des tubercules très nombreux, très beaux et très bons. Il est pro- bable que ces Pommes de terre achetées simplement sur le marché de Sainte-Marthe, oiî l'on aura même choisi les plus belles, provenaient de quelques jardins où déjà la culture les avait perfectionnées; tandis ([ue celles de la Société ont dû être choisies sur des plantes venues spontanément. Quoi qu'il en soit, il est incontestable que nos Ponmies de terre d'Europe, dont bien des espèces paraissent aujourd'hui malheureusement s'affaiblir et dégénérer, proviennent de celles qui furent importées de l'Amérique du Sud il y a quatre-vingts ans environ. On peut donc espérer de reproduire avec les tu- bercules venus des Cordillères, et perfectionnés par la culture, la Pomme de terre dans toute sa vigueur et son excellence. Il importe donc beaucoup que les agriculteurs qui ont bieni voulu tenter des essais dans cette voie ne se découragent pas, en présence de premiers résultats nécessairement peu satisfai- sants, mais qu'au contraire ils continuent leurs expériences pendant tant le temps indispensable au perfectionnement com- plet d'une plante tirée de l'état sauvage. 272 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d' ACCLIMATATION. NOTE SUR L'INFLUENCE DES CHANGEMENTS DE SEMENCES DANS LA CULTURE DES CÉRÉALES, Par Ifl. Anselme PETETI^'. (Séance du 4 février 1859.) En 1857, S. Exe. M. le Ministre de la guerre a bien voulu me confier des écliantillons de chacune des céréales d'Algérie qui figuraient à l'Exposition spéciale des produits de notre colonie. L'expérience que j'ai faite sur la plupart de ces grains a été contrariée par la sécheresse excessive qui a affligé nos con- trées du sud-est. Je la renouvelle cette année, avec l'espoir d'obtenir des résultats plus décisifs. Mais, malgré cette circonstance défavorable, l'un de ces grains a donné des produits qui méritent dVtre remarqués, parce qu'ils confirment une loi dès longtemps observée par les cultivateurs attentifs. Notre Seigle vulaaire n'est pas indigène en Algérie, nous l'y avons introduit. Celui que j'ai reçu de M. le Ministre de la guerre provenait de cette céréale déportée de France en Afrique. Or, elle m'a donné un produit de près de 12 pour un. C'est plus du double de ce que nous obtenons de sa semblable dans la culture générale de nos contrées. Encore une fois, ce n'est pas là une découverte : tout culti- vateur soigneux s'attache à changer ses semences aussi sou- vent qu'il le peut. Mais ces changements sont nécessairement bornés à de petites quantités et à de faibles distances. Ils auraient une importance bien plus générale et plus radi- CULTURE DES CÉRÉALES. 273 cale, si on les organisait de TAlgérie à la France, et récipro- quement. Sans doute ces échanges seraient coûteux et embarras- sants, s'il fallait que chaque particulier parcourût la chaîne des intermédiaires commerciaux ; mais ne [)ourrait-on pas, sous le patronage du Gouvernement, ou même de notre Société, s'adresser à quelque grande culture impersonnelle : par exemple, à celle des vénérables cultivateurs de la Trappe de Staouéli, dont les produits figurent si honorablement sur le marché d'Alger? On serait assuré ainsi de la loyauté la plus parfaite dans le choix et dans l'expédition des grains, de la modération dans les prix ; en un mot, du zèle le plus sincère pour un succès qui serait celui de l'intérêt public. 274 SOCIÉTlt IMPÉ1U.\L!'. ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. SUR LES SEQUOIA, Par n. Aristide DLPUIS. (Séance du l"avriU859.) La Société, qui poursuit si activement son œuvre d'intro- duction des espèces utiles, végétales et animales, que notre pays no possède pas, a accueilli avec un vif intérêt la commu- nication, faite par notre collègue M. le marquis de Vibraye, des résultats obtenus dans les essais de culture des arbres résineux exotiques, et notamment des 5'gula- ritcdu développement. L'expérience a confirmé ces prévisions. Toutefois l'irrégularité des hivers précédents ne permet pas encore de se prononcer délinitivement sur le climat qui lui SEQUOIA. 279 convient. Les observations sont d'ailleurs peu nombreuses. On sait qu'elle a parfaitement passé en plein air, au Plessis-Piquel (près de Paris), l'hiver de 1857-1858. Elle prospère également chez notre honorable confrère M. le baron Rouen desMallels, à Saint-Leu-Taverny. Enfin elle a bravé les hivers précé- dents k Gendbrugge (près Gand), dans le célèbre établissement horticole de M. van Houtte. Le Séquoia gigantea se plaît dans les climats humides et brumeux; il aime les sols siliceux marécageux, et ses racines plongent quelquefois dans les eaux courantes oustagnanles. lU.Herwagen sème les graines dans un mélange de 6 parties de terre de gazon argileuse , 3 de terre de bruyère, 3 de terreau, de fumier et de feuilles (le tout passé à un crible demi- fin), auijuel il ajoute 2 parties de sable blanc. Les plants qui lèvent sont repiqués en pots, sous une bâche, à l'exposition du sud-est; on les habitue peu à peu à l'action del'air et du soleil. Les graines germent très inégalement; on aura soin, dans le repiquage, de recueillir celles qui n'ont pas levé et de les semer en terrines, dans une serre chaude. Cette opération, qu'on réitérera plusieurs fois, est d'autant plus importante, (jue la graine est encore d'un prix fort élevé. A défaut de graine, on peut employer le bouturage, qui réussit parfaitement. Au bout de quelque temps, comme nous avons pu nous en assurer chez notre habile confrère M. Paillet, on ne distingue plus les plants obtenus par les deux procèdes. Les jeunes sujets paraissent pouvoir être confies de très bonne heure à la pleine terre. Le bois de cette espèce ressemble beaucoup a celui du Séquoia sempervirens ; analogue, pour la dureté, au Pin et au Cèdre, il a, dans les sujets fraîchement coupés, une cou- leur blanchâtre qui rougit au contact de l'air et arrive presque à la teinte de l'Acajou. On pourra sans doute tirer parti de l'écorce, qui cède sensiblement à la pression des doigts et se divise aisément en faisceaux fibreux. En résumé, \esSequoia sont de précieuses acquisitions pour l'arboriculture; ils demandent à être mieux étudiés, mais dès à présent ils nous paraissent dignes de tout linterèt de la Société. 280 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. II. EXTRAIT DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES GÉNÉRALES DE LA SOCIÉTÉ. SÉANCE DU 13 MAI 1859. Présidence de M. Is. Geoffroy Saint-Hilaire. M. le Président proclame les noms des membres nouvelle- ment admis : RIM. Barth (le docteur), professeur agrégé de la Faculté de médecine, membre de l'Académie impériale de méde- cine, à Paris. Blanchard (le lieutenant-colonel de), secrétaire du Comité de la gendarmerie au ministère de la guerre, membre du Conseil général du Calvados, à Paris. Chillou (le baron Armand du), à la Gaubretière, près les Herbiers (Vendée). CouRTY (le docteur Amédée), professeur à la Faculté de médecine de Montpellier. Daudin (F.-L.-H.), ancien membre du Conseil général de l'Oise, au cbâteau de Pouilly par Méru(Oise), et à Paris. Dubois (Edmond), propriétaire, à Chassagne près Cliagny (Côte-d'Or). DziATLYNSKi (Ic comlc Titus), propriétaire au château de Kornik, grand-duché de Posen (Prusse). Falloux (le comte de), ancien ministre, membre de l'Aca- démie française, Président de la Société de perfection- nement des races d'animaux domestiques, à Segré (Maine-et-Loire), Fortin (le docteur Pierre), à Montréal (Canada). Grandidier, ancien notaire, à Paris. Grasset (J.-M.-H. de), propriétaire, à Pézenas (Hérault). Harly Perraud, propriétaire, à Paron près Sens (Yonne). Hervey Saint-Denys (le marquis d'), à Paris. Ledien, ancien magistrat, à Asnières (Seine). LiGNAC (A.), ancien interne en pharmacie des hôpitaux, employé principal du chemin de fer d'Orléans, à Paris. PROCÈS-VERBMJX. 281 MM.LiGNiÈRES (de), ancien élève de l'École polytechnique, capitaine d'artillerie en retraite, à Paris. LoYNES (de), conseiller référendaire à la Gourdes comptes. Naudet (J.), secrétaire perpétuel de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, membre de l'Académie des sciences morales et politiques, à Paris. Néverlée (le comte de), au château de la Brûlerie, par Douchy (Loiret), et à Paris. Patte (L.-C.-F.), horloger, à Lagny (Seine-et-Marne). Rouillé (Augustin), juge au tribunal de Napoléon-Vendée. Rlsseil (Aristide), capitaine au long cours, à Bordeaux. Salverte (Georges de), auditeur au Gonseil d'Etat, à Paris. — M. le Président informe la Société de la perte très re- grettable qu'elle vient de faire dans la personne de l'illustre doyen des savants de l'Europe, M. le baron de Humboldt, l'un de nos plus anciens membres honoraires. — M. Drouyn de Lhuys transmet à M. le Président une lettre de 3J. le baron de Grancy, ministre de Hesse-Darmstadt à Paris, informant que S. A. R. le grand-duc de Hesse- Darmstadt verra avec plaisir son auguste nom inscrit sur la liste des membres de la Société. — Des lettres de remercîments sont écrites par MM. Cos- lallat, sous-préfet de Miliana (Algérie), Heyraud et Mingaud (du Gard), à l'occasion de leur admission dans la Société. — 31. le général Rolin, adjudant général du palais des Tuile- ries, adresse, de la part de l'Empereur, des graines oiVertes à Sa Majesté par notre confrère, M. de Montigny, consul général de France, à Ghang-haï. Ges graines sont celles de l'arbre qui produit la cire végétale et du Gamphrier du nord de la Ghine. — Des remercîments sont transmis par l'Administration du Muséum d'histoire naturelle pour un envoi de graines qui lui a été fait par la Société, et se composant de cent quatre-vingt- huit espèces. — M. le comte de Sinéty dépose sur le bureau deux Rap- ports sur des essais de culture du Riz sec et des Pois oléagi- neux. Renvoi à la b" Section. T. VI. — Juin 1859. 19 282 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. — Le même renvoi a lieu : 1° pour un Rapport de M. Brierre, de Riez (Vendée), sur les végétaux exotiques qui lui ont été confiés, et ([u'il accompagne d'un dessin à l'huile représentant de grandeur naturelle le Lathyrus plaUjphijllus; 2- pour un Rapport de notre confrère. M. Philippe, jardinier-botaniste, entretenu de la Marine et chargé de la direction du jardin de Saint-Mandrier, près Toulon, sur les plantes d'origine étran- gère qu il a reçues de la Société. A cette occasion, M. J. Clo- quet insiste sur les avantages que peuvent nous offrir les com- munications de M. Philippe et sa coopération à nos travaux, en raison de l'imporlance du jardin de Saint-Mandrier, où les végétaux exotiques sont nombreux et réussissent parfaitement. — M. H. Daudin transmet une liste des arbres forestiers et d'ornement les plus remarquables que renferme son domaine de Pouillv (Oise), et un catalogue général des Conifères qui y sont cultivés en pleine terre. Ces pièces sont renvoyées à Texa- men de la ô* Section. De plus, notre nouveau confrère fait con- naître ses essais d'acclimatation de différents oiseaux et qu'il poursuit depuis longtemps. — Noire confrère M. Flury-Herard fait don à la Société d'une caisse dlgnames de Fernando-Po (Afrique occidentale) au nom de 31. le comte de Villoutreys, vice-consul de France àSierra-Leone. — M. Galland, membre delà Société, lui adresse de Ruifec (Charente) un petit paijuet de graines d'une variété de Melon qu'il a obtenue par le croisement de celles dites Prescot fond blanc et Melon ananas d'Amérique à chair verte, aqueuse et très sucrée. — M. Guérin-Méneville offre à la Société, de la part de madame la princesse Drucka-Luheka, des graines comestibles que l'on récolte en Lithuanie dans le gouvernement de Minsk, et que l'on nomme Manne. La céréale qui porte cette graine croit spontanément dans des terrains marécageux. Notre con- frère pense (ju'il serait utile d'introduire ce végétal dans cpielques contrées marécageuses du nord de la France. M. A. Passy émet l'opinion (jue la plante dont il s'agit doit être le Leerzia oryzoides. Renvoi ta la 5* Section. — M. Guérin-Méneville donne quelques détails sur les ré- PROCÈS-VERBAUX. 283 sultats des premières éducations commencées cette année par M. E. Robert à la Magnanerie expérimentale de Sainte-Tulle, et sur les produits fournis par le croisement des races de Vers à soie dont les larves vivent sur le Ricin et sur l'Allante. Notre confrère dépose sur le bureau un travail imprimé ayant pour titre : Ver à soie du Vernis du Japo?i. — Le Secrétaire place sous les yeux de l'assemblée un cer- tain nombre de cocons provenant des Vers à soie ordinaires, dont l'éducation vient d'être complètement achevée sans feuilles de 3Iùrier, à la Ménagerie du Muséum, par les soins de M. Val- lée. Tous ces Vers, dont le coconnement a été par cela même plushàtif, ont reçu exclusivement pour nourriture le feuillage du Chardon à foulon. — M. Rernard-Durand adresse d'Aouste (Drôme), où il se livre à l'éducation des Vers à soie, un travail manuscrit volu- mineux, intitulé : De la restauration de lindustrie séricicole. L'espoir de cette restauration est fondé sur le choix métho- dique perpétuel, et un à un, des sujets destinés à la reproduc- tion ; c'est, selon l'auteur, le moyen par excellence pour arri- ver à éteindre progressivement les eft'ets désastreux de la gat- tine et de toutes les maladies constitutionnelles qui peuvent frapper le Ver à soie. Le mémoire se termine par une Instruc- tion populaire dressée sur une série d'observations et d'expé- riences entreprises par l'auteur et par madame Bernard- Durand. Renvoi à la A" Section. — M. le docteur Girou de Buzareingues lit une Note sur la destruction du Hanneton et du Ver blanc. A la suite de cette lecture, oij sont mentionnés les ravages que produit ce ver, ou plutôt cette larve, M.Jullien émet l'opi- nion que des services réels pourraient être rendus par les membres de la Société, si tous ceux qui peuvent le faire se livraient à une étude attentive des insectes nuisibles qu'on a fréquemment sous les yeux. Connaissant mieux les habitudes et le genre de vie de ces animaux, on pourrait peut-être arri- ver à l'emploi de moyens plus efficaces pour leur destruction. — M. le comte de Sinéty donne communication d'un passage de la relation du voyage de M. Isid. de Lôwenstern au 284 SOCIÉTÉ IMPÉItlALK ZOOLOGIQUE u' ACCLIMATATION. Mexique, en 1838. Il y est dit que dans le nord de cette con- trée, aux environs d'Escuinapa, ville du littoral de la province de Simaboa, croît en abondance une plante dont les tiges et la racine passent pour êlre le remède le plus sur contre la morsure des Serpents à sonnettes et des autres animaux veni- meux. Cette plante est connue sous le nom de Guaco. Les Indiens frottent avec son suc frais le point où la piqûre a été faite, mais l'usage général est d'en distiller la racine dans Teau-de-vie, et de l'employer en frictions en même temps qu'on en fait boire quelques gouttes. Le voyageur a été témoin, dit-il, de l'enicacité de ce remède. Comme suivant une tradi- tion du pays, un oiseau également nommé Guaco se sert de cette plante pour s'opposer aux conséquences des blessures que lui font les Serpents venimeux qu'il combat, M. de Lowenstern pense que cette plante pourrait être employée par l'iiommc. M. Rufz dit que le Guaco, dont l'usage est très connu à la Martinique, n'est pas une substance sur laquelle on puisse bien compter. U remercie néanmoins M. le comte de Sinéty, au nom de la colonie, pour cette communication, car il pense (pie, grâce à l'appel fait par la Société, d'beureux résultats seront obteims dans la guerre entreprise contre le Serpent Fer-de-lance. — 31. Anselme Pétetin exprime le vœu in résumé d'un Iravail de M. Po- tel-Lecouteux adressé sous forme de lettre à M, le Président. et qui a pour objet l'étude des moyens d'étendre l'influence de la Société, et de populariser les animaux ainsi que les végé- taux étrangers qu'elle juge propres à contribuer au bien-être du pays et à la prospérité de l'agriculture. Le but de notre confrère est de démontrer que, pour arriver au but qui vient d'être signalé, il serait très important, comme cela a été dit dans l'un des Piapports sur la fondation du Jardin d'acclima- tation, de créer, dans un temps prochain, des annexes pour élever, cultiver et multiplier sur une grande échelle, avec économie et succès, les espèces animales et végétales. M. Po- tel-Lecouteux, dont l'expérience dans les ([ueslions agricoles donne beaucoup de poids à ses opinions, ajoute quelques déve- loppements à ceux qui ont été présentés par le Secrétaire. Il insiste sur la nécessité, pour le jardin, qui devra surtout servir de lieu d'exhibition, d'avoir une annexe placée à une petite distance, pouvant lui fournir constamment les maté- riaux de cette exhibition et lui servir en quelque sorte de lieu de dépôt, en même temps que les expérimentations s'y feraient en grand et dans des conditions vraiment agricoles. Il faudrait en même temps, dans l'annexe dont il s'agit, une variété suffisante de terrains et d'expositions. — M. Isid. Geoffroy Saint-Hilaire expose verbalement les conclusions auxquelles il a été amené par ses études sur les origines de notre Chat domestique, qui ne descend ni du Chat sauvage d'Europe, ni d'une espèce chinoise, contrairement à ce qu'on a dit. Il a pour souche, ainsi que le prouvent les re- cherches de M. Isid. Geofl'roy, un Chat d'Egypte, le Felis maniculata, comme l'ont déjà admis MM. Temminck et plu- sieurs autres zoologistes récents. — On remarque, parmi les pièces imprimées, un exemplaire de la lettre d'adieu adressée par M. de Siebold, au moment de son départ pour le Japon, à tous ceux qui s'intéressent aux résultats scientifiques, agricoles, industriels et commerciaux que pourra fournir ce nouveau voyage du savant hollandais. 286 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQIE d'aCCLIMATATION. SÉANCE DU 29 MAI 1859. Présidence de M. Is. Geoffroy Saint-Hilaire. M. le Président proclame les noms des membres nouvelle- ment admis : MM. Abdullahad-Khaura, interprète du consulat de France en Syrie, à Beyrouth. AiiMEn-BEN-RouiLAT, caïd desDouairs, à Médéab (Algérie). Beaussier, interprète principal de l'armée, à Alger. Bégé (Jules), auditeur au Conseil d'État, à Paris. BoRDET, régisseur de la ferme -modèle, près Birkaden (Algérie). BoRNEMANN, chargé d'affaires de S. A. R. le grand-duc de 3Iecklembourg-Strelitz, à Paris. Cavailhon, conseiller à la Cour impériale, à Alger. Chevallier, membredeTAcadémieimpérialede médecine, professeur à l'École de pharmacie, à Paris. Desvignes, pharmacien, à Alger. Dru (le docteur), à Alger. Durand, interprète pour la langue arabe, à Alger. Ferney, négociant et cultivateur, à Péronne (Somme). Frison (le D'), professeur à l'École de médecine, à Alger. GoNOT, propriétaire, à Paris. Lefebvre (Marie), secrétaire particulier du préfet d'Alger, à Alger. MoRiN, pharmacien aide-major au laboratoire central, à Alger. Mouton (le colonel), à Alger. Pécholier, professeur à l'Ecole de médecine, à Alger. Perrenod, commissaire civil, à Aumale (Algérie). PiRON, sous-directeur de l'Administration générale des Postes, à Paris. Poisson (le docteur), à Alger. Rivière, propriétaire, à Paris. Robinot-Bertrand, architecte, à Alger. Boucher (Ch.), professeur à l'École de médecine, à Alger. Sudré, vérificateur des domaines, à Alger. PROCÈS-VERBAUX. 287 MM. Tellier, chef de bureau k la préfecture d'Alger. TiREAU (Charles), avoué, à Napoléon-Vendée. Trollier, professeur à l'École de médecine, à Alger. Warnier (le docteur A.), à Alger. — Il est donné lecture d'une lettre par laquelle S. Exe. le Ministre de FAgriculture, du Commerce et des Travaux publics annonce que la subvention de 1500 francs déjà accordée les années précédentes, sur les fonds de son département, sera continuée en 1859. M. le Ministre sera prié d'agréer les re- mercîments de la Société. — MM. le comte de Blanchard, André Franche, le docteur Ernest Godard, Henri de Grasset, Alcinde Lignac, le profes- seur Moreau et Vaucber frères, écrivent pour remercier de leur récente admission. — M. le Président, conformément à l'avis porté sur la lettre de convocation pour la séance de ce jour, invite l'assemblée à voter sur une proposition de modification à l'article 93 du règlement administratif. Cette modification, qui, ainsi que M. le Président le fait observer, est la première que le Conseil propose depuis notre fondation, est relative à l'adjonction du Crédit foncier aux établissements financiers où l'on peut verser les fonds disponibles. L'assemblée, par un vote unanime, au- torise cette adjonction , et décide que l'article 93 sera à l'avenir ainsi rédigé : (( Les fonds versés entre les mains du trésorier, provenant, » soit des cotisations annuelles, soit de dons faits à la Société, » soit enfin de toutes les recettes, seront déposés à la Banque » de France, au Crédit foncier de France^ ou au Comptoir s> national d'escompte. s> (Le reste comme précédemment.) — M. le Préfet d'Alger, en sa qualité de Président du Comité d'acclimatation fondé dans cette ville, adresse vingt exem- plaires du 1" numéro du BuUetfn de ce Comité, et donne quelques détails sur la première séance et sur les travaux aux- quels vont se livrer les membres, dans le but d'étudier les questions relatives aux acclimatations à tenter dans notre colonie. (Voyez pour plus de détails, p. 228.) A l'occasion de cette communication et de l'annonce de ce 288 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. fait que deux journaux d'Alger rendant compte de la séance, ont été adressés à la Société, M. Richard (du Cantal) insiste sur l'urgence de l'introduction en Algérie des Vaches laitières et des Chevaux de trait, éléments indispensables de toute agriculture, et qui y manquent complètement. Il combat, comme complètement erronée, Fopinion presque générale- ment admise dans le pays, de l'impossibilité d'acclimater sur le sol africain les animaux d'Europe. La Société, dit M. le vice-président, rendra donc un important service à l'Algérie en démontrant par ses succès l'inexactitude de cette opinion. — Un envoi de graines de plantes et d'arbres de la Louisiane {Magnolia^ Néllier de la Louisiane, ou Diosj,yros virginiana^ Momordica bahamica^ et une Cucurbitacée vulgairement nommée Torchon), est fait par M. J.-B. Maureau, de ce pays. — Un dessin à l'huile représentant le développement du Cyperus ediilis, d'une Cucurbitacée de l'Inde et de douze plantes chinoises indiquées par les numéros d'envoi , est transmis par M, Brierre, de Riez (Vendée), à qui l'on fera parvenir les remercîments de la Société. — Notre confrère M. Ch. Latham, du Havre, fait connaître un fait curieux relatif à l'introduction du Riz dans les Carolines (Amer, septentr.), et qu'il a trouvé consigné dans un journal américain -.Harpersnew Monthly Magazine, avril 1859. Ce fait est le suivant. En 1696, un navire hollandais allant de Bombay à Charleston, dans la nouvelle colonie anglaise des Ca- rolines, dut prendre à Madagascar des vivres, parmi lesquels se trouvait une certaine quantité de Riz, dont un demi-boisseau, non livré à la consommation de l'équipage, fut olfert en don par le capitaine au gouverneur Thomas Smith. Des mains de celui-ci, le Rizpassa dans celles de plusieurs personnes, qui le semèrent, et furent ainsi les propagateurs de cette plante, dont la culture, très étendue maintenant dans les Carolines, fournit un Riz d'une qualité très supérieure. — M. le docteur Turrel, secrétaire du Comice agricole de Toulon, et délégué de la Société dans cette ville, insiste sur la nécessité d'essayer en Provence les cultures de plantes nou- velles qui semblent spécialement exiger les conditions de tem- PROCÈS-VERBAUX. 289 pérature qu'elles pourront y trouver. De plus, notre confrère revendique en faveur de M. le comte D. deReauregard l'hon- neur d'avoir, le premier, introduit dans une grande exploita- tion rurale la culture du Sorgho, surtout comme fourrage., en lui consacrant du premier coup, dès 1853, 20 hectares: ce qui, dans des expériences, lui a permis de constater, depuis août 1858 jusqu'en février 1859, la possibilité de nourrir exclusivement avec cette plante près de soixante bœufs de tra- vail et d'engrais. Les observations de M. Turrel sont motivées par un passage du travail de M. Jullian Pelon y Hodriguez, in- séré plus haut (voy. p. 6Zi). — M. Pépin lit une Note sur des rhizomes de Tamus corn- munis pris pour des racines d'Igname. — M. Disse, propriétaire à Moissac(Tarn-et-Garonne), écrit à l'occasion de cette opinion émise par M. de Quatrefages dans son récent Rapport sur les Vers à soie, que la graine de nos races indigènes est perdue sans ressource, et qu'il est néces- saire d'aller chercher au loin des graines que la maladie n'ait pas encore attaquées. Il tient à ce qu'il soit constaté qu'une éducation de Vers provenant de graines indigènes a parfaite- ment réussi, en 1858, à la magnanerie de M. Adrien Avy de la Rastide Saint-Pierre près Montauban, et que tout annonce le même succès pour cette année avec des Vers de même origine. — i\I. Alcinde Lignac communique le fait suivant, qui témoi- gne de la possibilité de faire passer l'hiver aux Vers à soie du Ricin sons le climat de Paris, tantils sont robustes et paraissent susceptibles de résister à l'abaissement de la température. Il lui restait huit cents Vers environ, dont le développement n'était pas encore achevé à l'automne, au moment où les pre- mières gelées le privèrent de feuilles de Ricin. Placés aussitôt dans une pièce sèche et froide, sans feu, deux cents résistèrent. Les uns se mirent' à fder des cocons presque entiers, d'autres ne purent en fabriquer que de très incomplets, ou s'envelop- pèrent, dans des cornets de papier où ils avaient été placés, d'un réseau mince et transparent. Pour un certain nombre enfin, la transformation à l'état de chrysalide se fit sans qu'ils eussent filé. Le 15 mai, l'éclosion des papillons a commencé: plusieurs 290 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d' ACCLIMATATION. sont mal développés; d'autres, au contraire, apparaissent dans un état normal, et quelques accouplements ont eu lieu. Les Vers qui en proviendront seront élevés par les soins de M. Lignac, dont la communication est renvoyée à la 5'Section. — M. 0. Réveil dépose sur le bureau plusieurs paquets de feuilles de Mûrier blanc, de Cbéne, de Cliardon à foulon et d'Ailante glanduleux desséchées par un procédé qu'il a fait connaître avec M. Berjot, et sur lequel il donne quelques expli- cations verbales. Si ces feuilles, ramollies dans de l'eau tiède, puis essuyées et offertes aux Vers à soie, sont mangées par eux, on n'aurait plus à redouter l'éclosion des cocons à bord des navires, puisqu'il serait possible d'emporter de quoi nour- rir les chenilles pendant la traversée. — M, Perrottet annonce un nouvel envoi de cocons vivants du Bombyx Mijlitta ^ au nombre de soixante. — M. le général Rolin annonce le don fait à la Société, par l'Empereur, d'un Cerf et d'une Biche adressés de Chang-hai par M. de Montigny. M. le Président dit que ces animaux pa- raissent très voisins de l'espèce dite Cervus pseudaxis, Linn., dont ils ne représentent peut-être qu'une variété. Sa Majesté a voulu que la Société n'eût à supporter aucun frais. M. le général Rolin sera prié de vouloir bien faire agréer l'expression delà reconnaissance de la Société. — S. Exe. le Ministre de l'Algérie et des colonies annonce que, conformément à la demande qui en avait été adressée par la Société, trente-neuf toisons provenant du troupeau de Chèvres d'Angora, pesant ensemble 28 kilogrammes, sont mises à notre disposition. M. le Ministre exprime le désir qu'il lui soit transmis plus tard (juelques échantillons des filés et des étoffes à la fabrication desquels elles seront employées. — Le Secrétaire communique un extrait d'un passage des procès-verbaux des séances de l'Académie des sciences natu- relles de Philadelphie (1857, p. 209). Ce passage est relatif aux services que rendent, dans les États-Unis, les Dromadaires qui y ont été transportés par M. le major Wayne. Ce dernier, lauréat de la Société en 1859 pour cette acclimatation (p. Lxxix), a donné dans la même séance de l'Académie des PROCÈS-VERBAUX. 291 détails sur rextrôme facilité avec laquelle voyagent sur mer ces animaux, dont un cent causerait moins d'embarras sur un navire, dit-il, que dix Chevaux ou Mulets. A la suite de cette communication, où il est aftlrmé que le pied du Dromadaire supporte très bien la marche sur les terrains basaltiques, M. lePrésident rappelle que la même observation a été faiteàTénériffcoLi ce précieux animal réussit parfaitement sur les montagnes sèches. Les terrains humides, au contraire, lui sont très défavorables, à ce point qu'on y a vu des Droma- daires se refuser à la marche après des pluies, et se laisser glisser sur les genoux pendant la descente des montagnes. — M. le baron H. Aucapitaine transmet des détails sur la Kabylie, où il vient de passer une année, pendant laquelle il a eu occasion d'apprécier la sobriété, l'amour du travail et la remarquable intelligence des habitants de ce pays. Par de si précieuses qualités, et surtout par leur goût pour Tagricul- ture, ils pourraient, dit notre confrère, venir puissamment en aide aux tentatives de colonisation sur notre territoire afri- cain. Les montagnes de la Kabylie, souvent couvertes de neige, présenteraient, ajoute-t-il, les conditions les plus favorables pour nos Chèvres d'Angora, qui y trouveraient des conditions climatologiques analogues à celles de l'Asie Mineure. — M. le Président lit un travail sur les origines du Chien domestique, et dont les conclusions sont que le Chacal [Canis mirens, Linn.) en est la souche principale. A la suite de cette lecture, quelques observations sur les habitudes sauvages chez certains Chiens, et sur la douceur du Chacal à l'état domestique, sont présentées par M. Anselme Pétetin et par M. Richard (du Cantal). — Parmi les pièces imprimées, on remarque les Comptes rendus des séances générales des Sociétés zoologiques d'accli- matation pour la région des Alpes, siégeant à Grenoble, et pour la zone du nord-est, dont le siège est à Nancy. (Voy. ci-après l'extrait d'un de ces comptes rendus.) Le Secrétaire des séances^ AUG. DUMÉRIL. 2^2 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. III. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. Lettre de S. A. R. le grand-duc de Saxe-lVeîmar. LL. A A. RPi. les ducs régnants de Saxe-Weimar et de nesse-Dannstadt ont bien voulu, comme ravaieut fait LL. MM. les rois de Bavière, de Saxe et de Wurtemberg, lionorer de leurs noms la liste des membres de la Société. Le Bureau s'étant empressé de faire parvenir les remercîments de la Société pour ce témoignage de haute bienveillance, S. A. R. le grand-duc de Saxe-Weimar a bien voulu adresser la lettre suivante à M. Drouyn de Lliuys, vice-président de la Société. Monsieur, .le viens de recevoir par l'entremise du ministre de France, M. le vicomte de Meloiser, l'adresse de la Société impériale zoologique d'Acclimatation. Je suis charmé de voir mon nom inscrit dans la liste des membres d'une société qui, depuis sa fondation, a attiré tout mon intérêt par la renommée de son administration excellente et par les résultats de ses travaux. En vous priant. Monsieur, d'être auprès des membres de votre Société l'in- terprète de mes sentiments reconnaissants ainsi que de mes vœux sincères pour la prospérité de l'institution, je vous exprime la liautc considération que je vous porte. Charles Alexandre. Weimar, 9 avril 4859. Départ des nromadaires envoyés au Brésil par la Société. M. Ch, Géry, préfet d'Alger, président du Comité algérien delà Société, vient d'annoncer à M. le Président, dans les termes suivants, le départ des Chameaux qui sont destinés à être acclimatés au Brésil, dans le Ceara et dans d'autres régions chaudes et sablonneuses de cet empire. Alger, le 18 juin 1859. Monsieur le Président, .le m'empresse de vous annoncer que j'ai fait embarquer ce matin pour le Brésil dix Chamelles et quatre Chameaux sur le Irois-mâts le Splendide (bâtiment nolisé à Marseille, pour le compte de la Société, par son délégué M. Hesse). Il a été constaté qu'ils étaient en bon état. Toutefois un des mâles a une bles- sure au bas de l'oreille gauche ; cette blessure est sans gravité. Les sangles et appareils qui avaient été préparés ayant offert des dangers pour l'embarquement des Chamelles pleines, j'ai dû devoir les remplacer parune stalle mobile qui a très bien fonctionné. Les animaux ont été l'objet de soins particuliers pendant leur voyage de Tîo- ghar (I) à Alger, et pendant leur séjour dans la plaine. Les aliments, médicamenis, ustensiles, et la stalle nécessaire poiu" le débar- quement, ont été mis à bord par mes soins- Je dois ajouter que treize Chevaux (destinés aussi au Brésil) ont été également embarqués sur le Splendide par M. Vogeli, à la surveillance duquel j'ai confié l'envoi des Chameaux. (1) M. Richard (du Canl;d), qui .ivait bipii voulu aller faire lui-même le choix des Chameaux dans le Sud, les avait laissés à Boghar pour attendre le moment de l'eraliarquement. H. FAITS DIVERS. 293 J'ose espérer. Monsieur le Président, que les mesures que j'ai prises à Alger pour la prompte exécution de la mission que lu Société a bien voulu me contier auront les bons résultats que nous devons en attendre. J'ai été beureux de trouver cette occasion de prouver à la Société l'empresse- ment que je mettrai toujours à entrer dans ses vues et à seconder ses efforts. Le Préfet d'Alger, Président du Comité algérien de la Société impériale d'Acclimalation, Cb. GÉRY. Une autre lettre nous a appris que le Splendide a mis à la voile le 21 . Séance annuelle de la Société d'accliniatation de Cîrenoble. Les deux Sociétés réctionales cracclimatalion établies à Grenoble cl à Nancy ont tenu, l'une le 10 avril, Tautre le l/i , leurs séances générales annuelles. Nous publierons successivement des extraits des comptes rendus tri'S intéressants des travaux et de la silualion des deux Sociétés, faits par leurs honorables secrétaires généraux, i\I. Bouteille et M, le baron G. do Duniast. Nous publions aujourd'hui l'extrait du rapport de M. Bouteille : Messieurs , Votre bureau m'a chargé de vous présenter im résumé de nos expériences et de nos observations sur les principaux animaux que possède la Société. Je suivrai, dans le rapport, l'ordre adopte jusqu'ici dans nos comptes rendus. MAMMIFÈnES. L'Yak de Chine. — Nous avons entendu l'an dernier, avec le plus vif inté- rêt, les belles pages écrites, sur les Yaks, par notre honorable vice-présicient M. Michal-Ladicbère. Tout ce qu'il a si bien dit sur les avantages que présente- rait l'emploi de l'Yak dans nos montagnes a été pleinement confirmé par une nou- velle année d'expérience. Cependant les Yaks ont leurs détracteurs, et nous entendons dire souvent au- tour de nous : A quoi bon ? A ceux-là nous n'avons rien à répondre ; mais nous dirons aux impatients, avec notre vice-président : Il faudra un siècle pour que l'Yak soit à la portée des petites bourses ; mais qu'importe ! un siècle n'est rien dans la vie de l'humanité, et comme nous n'avons pas la prétention égoïste de travailler pour nous-mêmes, il nous suffira, pour notre récompense, de prévoir le bien qui doit résulter de nos efforts. Le nombre des Yaks confiés à la Société des Alpes, qui était de quatre l'an dernier, s'est accru en 1858 d'une Génisse née à Grenoble, et d'un Taureau né à Vaujany (1). Clièvre nubienne. — Ce que nous disions il y a quelques instants aux impa- tients à propos des Yaks, nous pourrions nous le dire à nous-mème à propos de la Chèvre de Nubie. Notre compte rendu de l'an dernier vous faisait pressentir que nous ne tarderions pas à abandonner nos expérimentations sur cette race. Avant d'arriver à cette extrémité, nous avons eu l'heureuse idée de faire rentrer à l'établissement ceux de ces animaux que nous avions en dépôt, afin de voir par nous-mème. Aujourd'hui nous sommes complètement édifié sur ses qualités. La Chèvre de Nubie est très féconde ; nous avons eu cinq petits avec trois Chèvres, dont une primipare. Elle est rustique et moins délicate que la Chèvre indigène. Les sujets adultes craignent moins le froid que ne pourrait le faire sup- (1) Suivent, sur le lait d'Yak, des expériences dues à M. Biuiteitle ; elles seront reproduites dans un article spécial du Bulletin. lî. 594 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. poser leur origine. Cependant il est nécessaire de tenir les jeunes dans une écurie chaude, dans les premiers jours de leur naissance, si la mise bas a lieu pendant les rigueurs de l'hiver. De toutes nos Chèvres c'est la plus douce et la plus familière ; elle se laisse traire sans résistance. Son lait est abondant. Il en a été l'ait des fromages façon Mont-d'Or, qui paraissent ne céder en rien à ceux de cette localité. Chèvre de Malle. — L'expérience ne nous a encore rien appris sur les qualités de cette chèvre. Chèvre d'Angora — Cette race, nous dirions presque cette espèce, tant elle diffère des autres, est, à notre avis, l'introduction la plus importante que la Société zoologique des Alpes ait faite en Dauphiné. Mais il ne suffit pas d'intro- duire une espèce, il faut encore poursuivre son utilisation pendant des années, et forcer les incrédules et les indifférents à reconnaître l'utilité de nos travaux. Nous écrivions, l'an dernier, dans notre compte rendu : « Ne songeons pas à utiliser la Chèvre d'Angora comme race laitière ; elle ne pourra jamais supplanter la race indigène dans cette fonction. C'est comme bête à laine et de boucherie que nous devons l'exploiter ; et dans ce cas faisons pour elle ce qu'on fait en Anatolie, ce que font pour leurs moutons les bergers de Provence. Essayons de la transhu- mance pour échapper aux dangers de l'exploitation ruineuse en stabulalion con- tinue, qui ne peut manquer de décourager les éducateurs. » Nos nouvelles observations ont confirmé les anciennes. Mais laissons parler les chiffres. Dépense par tète de bétail d'un troupeau transhumanlde Provence en Daupiiiné : Séjour sur la montagne (5 mois) gardiennage compris Ifr.SOc. Voyage aller et retour, herbages achetés en route, nourriture et gages des bergers 1 » Séjour en Provence (7 mois), parcours, nourriture et gages des bergers : Pour les bêtes qui agnèlenl 8 » Pour les bêles qui n'agnèlent pas 4 >, La moyenne entre ces deux chiffres nous paraissant insuffisante, nous prenons le plus élevé, soit (1) 8 » lOfr.SOc. Ici ne sont pas comprises les dépenses imprévues qui doivent s'élever à 10 pour 100, ainsi que je l'ai dit en donnant le bilan de la Chèvre d'Angora en stabulation. • Résumé : Produit de la Chèvre, 42 francs, moins 4 francs 20 centimes pour les dépenses imprévues 37fr.80c. Dépense par la transhumance 10 50 Bénéilce net 27fr. 30 c. Dépense de la Chèvre d'Angora en stabulation 57fr.30c. Dépense par la transhumance 10 50 Diff'érence 4t)fr. 80 c. Voilà ce qui nous paraît être la vérité sur cette importante question. Je suis heureux, en terminant cet article, de vous apprendre que votre conseil d'admi- (1) On peut regarder ces chifl'rcs coiiime officiels; ils m'ont élé fournis par mon t'xcol- lent parent, M. Jacques Aurilloii, un des plus habiles cultivateurs de la Camargue, dont le nom est souvent prononcé dans les concours d'Arles, soit pour la bonté de ses cultures, soit pour la beauté de son bétail. 11 fait transhumer des Uoupeaux depuis quarante ans. FAITS DIVERS. 295 nistration, entrant dans ces idées, a résolu de former un petit troupeau transhu- mant ; il sera confié à un homme sûr et habile qui depuis trente ans opère par le mode d'élevage que nous préconisons. Je suis convaincu que la Société y trouvera un double avantage : celui de sou- lager sa caisse, et celui de faire le premier essai sérieux sur l'élève de la Chèvre d'Angora, depuis sa nouvelle introduction. Cerf axis. — Nous avons acquis l'automne dernier un couple du Cerf axis. Gazelle. — Comme espèce de mammifères la Société possède un couple de Gazelles ordinaires. Races gallines. — Les races suivantes se trouvent à l'établissement de la Société : races de Houdan, de Crèvecœur, de Caux, de la Flèche, de Dorking, de Bréda, espagnole, de Cochinchine, de Brahma-Pootra, malaise. Races de fantaisie. — La poule coucou de France, la poule Bantam pattue, les poules de Bantam argentées et dorées. Classement de ces 7-aces selon le produit des œufs donnés en 1858 : Brahma- pootra, espagnole, Houdan, Cochinchine, Caux, Dorking, ardoisée, Crèvecœur, malaise. On peut diviser ces dix races : les cinq premières en bonnes pondeuses, elles ont donné en dix mois de quatre-vingts à cent œufs ; les cinq dernières en pon- deuses médiocres, elles ont donné de quarante à soixante œufs. Pour être dans le vrai, il faut augmenter ces nombres d'un tiers, lorsque l'ani- mal est dans de bonnes conditions de liberté et de parcours. La privation de liberté n'est pas, d'ailleurs, la seule cause de l'abaissement de la moyenne de production dans notre établissement; il faut aussi tenir compte du grand nombre de Poules qui s'y trouvent occupées, soit à couver, soit à conduire des Poussins. Voici maintenant ces mêmes races classées selon leur poids : Kilogr. Kilogr. Coq Brahma-Pootra 4,o00 Poule id 4,050 Coq de Cochinchine 3,800 Poule id 3,400 Coq de Bréda 3,950 Poule id 2,750 Coq de Caux 3,750 Poule id 2,500 Coq de la Flèche 3,570 Poule de la Flèche 2,700 Coq de Dorking 2,900 Poule id 2,300 Coq espagnol 2,850 Poule id 2,450 Coq de Crèvecœur 2.750 Poule id 2,550 Coq de Houdan 2,550 Poule id 2,250 En comparant les deux listes ci-dessus, on peut voir que l'abondance de la ponte est souvent inverse du poids. Toutefois cette observation ne peut être applicable qu'aux races indigènes, les races asiatiques possédant le double avan- tage de la taille et de la fécondité. Nous regrettons vivement de ne pouvoir reproduire, faute de place, le compte rendu plein d'intérêt qu'a fait aussi M. Julhiet , trésorier, et le remarquable discours par lequel M. Félix Real, président, a terminé la séance. La Société des Alpes, qui comptait dès l'année de sa fondation (1854) , 281 membres, en a aujourd'hui près de 1000. M. le ['résident de la Société impériale d'Acclimatation en a été nommé président honoraire, afin de rattacher encore plus intimement à la Société mère sa première Société aflBliée. Le Secrétaire du Conseil, GUÉRIN-MÉNEVILLE. 296 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUIi d'aCCLIMATATIUN. OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIETE. SÉANCES DES Zj ET 18 FÉVRIER 1859. BulletiDS du Comice agricole de rarroudisscmeot de Saint-Quentin (Aisne). Tome VII, 1858, n^" 1 à 12. De la vigne et de ses produits, par M. le docteur Arthaud (de Bordeaux). 1 vol. in-8. Société philomatique de Paris. Extraits des procès-verbaux des séances pendant l'année 1858. 1 vol. in-8. Revue européenne, lettres, sciences, arts, voyages, politique. 1" année, 1" vo- lume, 1'" février 1859. 1 vol iu-8. Histoire et géographie de Madagascar, par Heury Descamps. 1 vol. in-8, 1858. Le Japon et ses derniers traités avec les puissances européennes, par Léon Pages, ancien attaché de légation en Chine, 1859. The Atlantis : a Register of Literaturc and Science, conductcd by members of the Catholic University of Ireland, N" 3, January 1859 (with two plates). 1 vol. in-8. Anbau-Versuchemit neucn odervvenig bekanntenNutzgewiichsen, nebstAndeu- tungen zur ISegrundung nouer Industriczweige , par le docteur A. Rauch , 1859. 1 vol. in-8. De racclinialation des travailleurs blancs dans les colonies françaises. Discours lu à la séance de rentrée de la Société impériale zoologique d'Acclimatation, le 18 février 1859, par M. F"oucou (notice). Société d'agriculture, des belles-lettres, sciences et arts de Rochefort. Travaux. Années 4857-58. SÉANCE DU à .MAUS 1859. Résumé des vues sur l'espèce organique émises par les principaux naturaliste» français du xviu' siècle et du commencement du xix", et ilo la théorie de la variabilité limitée de l'espèce, par M. Isidore Geoffroy Saint Hilaire, 1859. Des origines des animaux domestiques, et des lieux et des époques de leur do- mestication (extrait des Comptes rendus des séances de l'Académie des sciences, tome xlvui, séance du 17 janvier 1859). Par le même. Mémoires de la Société d'agriculture, commerce, sciences et arts du département de la Marne. Année 1858. L'année scientifique et industrielle, ou exposé annuel des travaux scientifiques, des inventions et des principales applications de la science à l'industrie et aux arts, qui ont attiré l'attention publique en France et à l'étranger, par Louis Figuier. Troisième année, 2 vol. Osservazioni zoologico-anatomichc sopra un nuovo génère di Cruslacei isopodi sedenlarii {Gygc branchialis), par MM. E. Cornalia et P. Panceri. UKOMAUAIUES. 297 I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ. ENVOI D'UNE TROUPE DE DROMADAIRES FAIT AU GOUVERNEMENT BRËSILIEN SUR SA DEMANDE PAR LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE D'ACCLIMATATION. COMPTE RENDU DES MESURES PRISES PAR LE BUREAU, LA COMMISSION SPÉCIALE ET MM. LES DÉLÉGUÉS A MARSEILLE ET A ALCEU, Par n. Is. CEOFFROY NAIXT -HIL.tIRE, . PRÉSIDENT. (Séance du Conseil du 8 juillet 18o!J.) MeSSIEI;KS, Des lettres de M. Géry, préfet cVAIger, président de notre Comité algérien, etde quelques-uns de nos honorables confrères d'Aloérie, viennent de nous informer du départ des Chameaux destinés au Brésil. Leur embarquement a eu lieu le 18 juin sur le Splendide, nolisé en notre nom par notre délégué à Mar- seille, M. Hesse : et ce navire a mis à la voile le 21. Il est sorti du port d'Alger en présence de plusieurs de nos confrères et d'un grand nond)re de spectateurs, associés du moins par leurs vœux au succès de notre entreprise. Quoique votre Bureau et une Commission spéciale vous aient, à plusieurs reprises, entretenus des mesures prises pour pré- parer r introduction et Facclimatation du Dromadaire au Bré- sil, il a paru convenable, au momentoùnous venons d'atteindre le terme de nos travaux, d'en résumer l'ensemble, et de rap- peler ce que nous devons au zèle éclairé de plusieurs de nos confrères de Paris, de Marseille et d'Alger, dont le concours à divers titres, comme savants, comme administrateurs, comme armateurs , nous était également indispensable dans une œuvre aussi complexe et aussi diflicile. T. Vi. —Juillet 1859. 'JO 21^»8 SOCIÉTÉ IMl'ÉKlALb; ZUOLOGIQUE DACCLIMATATION. La pensée d'introduire le Dromadaire au Brésil a été plu- sieurs fois émise, soit dans ce pays, soit même eu France (1) ; elle ne pouvait manquer de trouver faveur auprès du gouver- nement ami du progrès, qui préside aujourd'hui aux destinées de ce vaste empire. Plusieurs provinces sablonneuses et arides, et particulièrement le Céara, où l'eau manque presque complète- ment pendant plusieurs mois de l'année, n'ont que trop d'ana- logie avec les régions où, en Asie et en AlViipie, le Droma- daire rend de si grands services, et des services pour lesquels nul autre animal ne saurait le remplacer. La question de son introduction ayant été posée dans l'Institut hisl()ri(|ue de Rio- de- Janeiro, qui a souvent l'honneur d'être présidé par l'Empe- reur lui-même, un membre de cet Institut, 31. le capitaine de Capanema, fut chargé par son gouvernement de s'adresser à la Société iiiq)ériale d'Acclimatation dont il est le délégué à Rio-de-Janeiro, et de lui demander son opinion sur ce projet d'introduction , et. s'il y avait lieu , son concours actif pour le réaliser. C'est dans les derniers jours de décembre 1856 que nous parvint la lettre de notre délégué, et le Conseil, puis la Société tout entière, en eurent connaissance dans leurs pre- mières séances de 1857 (2). La Société procéda aussit(M à une double information. Deux de nos confrères, 31M. Richard (du Cantal) et Albert (leolVroy Saint-Hilaire, partaient en ce moment même pour l'Algérie : ils furent chargés de recueillir sur les lieux tous les docu- ments propres à éclairer la Société, soit sur l'opportunité de l'introduction du Dromadaire au Brésil, soit sur les moyens les plus propres à en assurer le succès, dans le cas où la Société aurait à la tenter (3). Kn même temps, à Paris, la lettre de M. de Capanema était renvoyée à la première section de la (1) Par M. Ferdinand Denis, si l)icn au couianl de tout ce qui concerne le Portugal et le Brésil, qui sont pour lui des pays d'adoption. M. Denis a insisté sur les services que peut rendre rintroduclion du Dromadaire au Brésil, particulièrement dans les provinces du Céara et du l'iauliy. (Voy. le Rullelin,t. IV. p. 199.) (2) hulletin, t. IV, p. 53. (3) Ibid., p. 5/i. DKOMAUAIKES. !>9i) Société, avec inviUiliou de réunir tous les éléments scienti- fiques et pratiques de la réponse qui nous était demandée. Les résultats des études qui furent faites et de la discussion qui eutlieu au sein de la première section, furent consignés dans un rapport très développé de M. Dareste, qui fut entendu avec le plus grand intérêt [)ar la Société dans sa séance du 6 mars 1857 (1). Le savant rapporteur, après avoir résumé ce qu'on sait de l'emploi des Chameaux en divers pays, et des conditions où ils peuvent réussir et être utilisés, et après avoir rappelé les introductions plus ou moins heureusement faites en divers pays de Tune ou de l'autre des espèces camélines (2), s'arrêtait aux conclusions suivantes : « La tentative du gouvernement du Brésil est possible, et » pourra devenir pour certaines provinces de cet empire une » source d'abondantes richesses. La Société doit s'associer aux » efforts du gouvernement brésilien, et lui prêter son concours » dans la limite de ses pouvoirs (3), » C'est aux mêmes conclusions que tendaient les résultats des informations prises en Algérie par MM. Richard et Albert Geoffroy Saint-Hilaire. Et c'est aussi en ce sens que le bureau de la Société répondit à notre honorable délégué au Brésil, et. par son intermédiaire, au gouvernement, aucjuel fut immédia- (1) 11 a été inséré en trois parties dans le Bulletin, t. IV, numéros de mars, avril et mai. {'-) Les deux espèces ont été récemment introduites en Bolivie et dans divers États méridionaux des États-Unis de l'Amérique du Nord, notam- ment dans les plaines arides qui séparent la Californie ou l'Orégon des États de l'Atlantique. « Le Congrès, dit M. Dareste {loc. cit., p. 199), après avoir discuté la question (18535, a voté une somme considérable (30 000 dollars) pour assurer le succès de cette entreprise. » Le succès a été dû à M. le ma- jor Wayne, de l'armée des États-Unis, que la Société a admis, en raison de ce service, au nombre de ses membres honoraires. Divers documents rela- tifs à l'expédition dirigée par M. Wayne ont été publié.? à Washington, en 1857. Voy. Report of the Secretary of War; Information respectiny the Purchase of Carnets, 1 vol. in-8. Ce livre a été fort utile à la Société pour la rédaction des instructions dont il sera question plus loin. (3) Loc. cil., p. 'iOl 300 sociÉTi': iMPÉiîiALi: zoologique d'acclimatation. tenieiit adressé, à rappiii et comme développement de notre réponse, le savant rapport de M. Dareste. Dès le mois d'aoûl, le Bureau avait eu Tlionneur de rece- voir les remercîments de S. M. FEmpereur du Brésil; et au mois de décembre, le gouvernement, après avoir renouvelé ses remercîments dans les termes les plus bienveillants et les plus honorables pour la Société, lui demandait de se charger de réaliser elle-même Tintroduction dont elle avait reconnu la pos- sibilité et l'utilité. M. le 3Iinistre de l'Empire ayant pris les ordres de son Souverain, les mesures suivantes avaient été arrêtées: Acquisition de quatorze Dromadaires, savoir, quatre mâles et dix femelles, tous de race forte ou de transport. Engagement de quatre Arabes pour le soin des animaux pendant la traversée et dans les premiers temps de leur séjour au Brésil. Transport des hoimnes et des animaux, sur deux points de la cote, Fortalezza, chef-lieu de la province du Céara, et la Granja, autre port brésilien ; lieux désignés pour deux dépôts où les animaux devaient arriver du comnuMicement de juin à la fin d'août, saison particulièrement favorable à plusieurs points de vue. Sur tout le reste, le gouvernement brésilien s'en remettait à la Société en lui donnant pleins pouvoirs, en lui ouvrant un crédit illimité, et en lui assurant le précieux concours de la Légation brésilienne en Franco. Le Conseil d'administration de la Société ne s'est pas dissi- mulé toutes les dillicultés de l'entreprise dont elle était invitée à se charger, et qui était de nature à faire peser sur elle, à divers titres , une grave responsabilité. Mais le Conseil savait aussi que le succès de cette entreprise serait un immense service rendu à plusieurs provinces, et dans l'ordre même des travaux de notre Société, essentiellement internationale en même tempsTpie française. Nous ne pouvions non plus oublier, non-seulement (jue la Société a l'honneur de compter parmi ses membres S. M. l'Empereur du Brésil , mais que ce prince éclairé est le prenrier souverain étranger dont h' nom ait honoré notre liste. DROiMAn-URES. 301 Le Conseil n'a donc pas hésité à répondre arfirmativement ; et une commission d'exécution a été aussitôt nommée. Elle se composait, avec MM. Richard (du Cantal), Dareste et Alhert Geoffroy Saint-Hilaire , désignés à l'avance par la part déjà prise par eux aux travaux préliminaires, de M. le général de division Daumas, direcîeur des affaires de l'Algérie au minis- tère de la guerre (1), de M. Davin, vice-président de la pre- mière section (2), et de M. Antoine Hesse, notre honorahle délégué à Marseille, spécialement chargé de choisir dans le port de cette ville et de noliser le bâtiment de transport. La Commission s'est réunie à plusieurs reprises à la fin de 1857 et au commencement de 1858; mais quelques ren- seignements complémentaires ayant dû être demandés en divers lieux (3), il fut reconnu que l'expédition ne saurait être prête assez tôt pour arriver dès cette année dans la saison spécialementdésignéepar le gouvernement brésilien; et toutes les études nécessaires ayant été faites dès 1858, l'exécution fut remise à 1859. Cet inévitable ajournement nous a permis de mettre à profit un nouveau séjour fait cet hiver en Algérie par notre dévoué vice-président, M. Richard (du Cantal). Notre collègue a bien voulu se rendre lui-même dans le sud de l'Algérie, entre Roghar et Lagouat, dans une région habitée par une des tribus les plus renommées pour la multitude et la beauté de leurs Droma- daires ; et c'est parmi un nombre considérable d'individus qu'il a fait le choix de dix femelles de trois à quatre ans, de trois mâles de quatre ans et d'un de sept, tous dans les meil- leures conditions de force et de santé, et tous aussi acquis à des prix très modérés, relativement à la valeur, en d'autres (1) Voy. un travail de M. le général Daumas sur le Chameau, dans ie Bulletin, t. 1, p. /i52. (2) Voy. aussi le Bullelin, t. IV, p. 253, sur les belles éloil'es de poil de chameau falniquées par noue habile confrère M. Davin. La Société vient d'envoyer au Brésil, en même temps que les chameaux, des échantillons de ces étoffes, et parliculièrement un Uès beau drap- velours, fabriqué par M. Davin avec du poil de dromadaire d'Afrique. (3) ^■otamment aux Étals-Unis, poiu- obtenir divers renseignements de M. le major Wayne. 302 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUK d'aCCLIMATATION. j)rovinces, d'animaux trune bien moindre qualité (380 fr. en moyenne). Les quatorze dromadaires ont été aussitôt marqués au chiffre du Brésil, et placés aux environs de Boghar, chez un agha, pour y recevoir les soins les plus convenables jusqu'au moment de l'embarquement. M. Richard a aussi engagé quatre Arabes chameliers, dont deux parlent un peu notre langue et la comprennent bien 5 condition indiquée, dans les instructions envoyées du Brésil, sinon comme indispensable, du moins comme très utile à remplir. Dans le même temps, à Marseille, le délégué de la Société, M. Antoine Hess* passait avec un armateur de la môme ville un traité pour le nolisement d'un des meilleurs marcheurs et des plus beaux bâtiments de la marine marchande, le trois-màts le Sj^lendide , et y faisait faire (1) toutes les dispositions né- cessaires à l'installation des quatorze Chameaux, et de plus, de treize Chevaux qui venaient d'être acijuis aussi en Algérie, pour l'amélioration de la race chevaline brésilienne. Les di- mensions du Splendide. qui ne jauge pas moins de 730 ton- neaux, ont permis de faire cette installation dans les meilleures conditions hygiéniques. Grâce à nos deux collègues, tout était prêt à la fin de mai, soit à Marseille, soit à Alger, et lorsque le Splendide est arrivé à Alger pour prendre les animaux, il ne restait plus qu'à pro- céder a leureudjarquementet à celui de leurs gardiens. L'em- barquement des chevaux nollrait aucune difticuUé. Il n'en était pas de même de celui des Dromadairesi, qui exigeait, non- seulement beaucoup plus de précautions, mais des appareils particuliers; d'autant que plusieurs des chamelles se trouvaient pleines. M. Géry, préfet d'Algôr, et notre délégué en cette ville, a fait ajouter aux appareils préparés par les ordres de M. Hesse une sellette mobile qui a très bien fonctionné; et il a bien voulu présider lui-même à l'embarquement, (jui était heureusement terminé le 18 juin. Les fourrages, les grains, l'eau, une provision de médicaments, et tous les ustensiles né- (1) Sous sa surveillance et celle de ses fils, MM. Edouard et Ernest Hesse, membres de la Société. DROMADAIRES. 303 cessaires avaient été à l'avance placés à bord, soit à Marseille, soit à Alger. On y a joint les appareils d'embarquement qui doivent servir de nouveau pour le débarquement. 31. Gérv a aussi complété les instructions que lui avait fait tenir la Société, en l'invitant à ajouter les prescriptions dont l'observation des animaux et l'expérience locale feraient re- connaître la nécessité. Enfin, conformément aussi aux mesures arrêtées par le Conseil d'administration de la Société, M. Géry a installé à bord du Splendide, en lui confiant la surveillance du convoi, M. Vogeli, vétérinaire français au service du Brésil, que nous avait désigné M. l'envoyé du Brésil en France, et par lequel avait été faite l'acquisition des treize Chevaux embarqués avec les Dromadaires. M. Vogeli devra tenir un journal détaillé du voyage; il y consignera toutes les observations de nature à éclairer sur les soins à donner aux Chameaux pendant leur acclimatation au Brésil, ou qui pourraient être ultérieurement mises à profit pour d'autres expéditions analogues. Ce journal sera mis sous les yeux du Conseil aussitôt qu'il nous aura été transmis. Tel est l'ensemble des mesures successivement prises, au nom de la Société, par son Bureau, sa Commission spéciale et ses délégués, pour répondre à la confiance qu'a mise en elle le gouvernement brésilien. Nous croyons pouvoir dire que rien n'a été négligé pour assurer le succès de cette grande entreprise d'acclimatation. Le reste ne dépend plus de nous. Tous les animaux étaient au départ dans le meilleur état; le navire qui les porte est un des plus sûrs et un des plus rapides de la marine française : espérons ({u'il ne rencon- trera pas une mer trop difficile. Le Splendide a quitté TAfrique le 21 juin. A Marseille, oîi la marche de ce navire est bien connue, on évalue à quarante jours le temps de la traversée. Le Splemlide louchera donc vraisemblablement la côte d'Amérique au commencement d'août; et la durée du voyage fùt-elle augmentée des deux tiers par des accidents de mer, l'arrivée des animaux aurait encore lieu à l'époque indiquée par le gouvernement brésilien. 30/j SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUF d'aCCLIMATATIOïN. Je ne saurais, Messieurs, terminer ce compte rendu sans vous rappeler une coïncidence remarquable. Si l'exécution de toutes les mesures que vous avez prises n'est pas entravée par des événements imprévus et de force majeure, une autre expédition maritime est aussi sur le point de s'accomplir, mais celle-ci en sens inverse : d'Amérique en Europe. 11 s'en faudra de peu que le Splendide, i)orlant^ au Brésil un trou- peau de Chameaux de l'ancien monde, ne se croise sur l'Océan avec les deux navires qui doivent amener en France pour la Société, par les soins de 31. le capitaine Uusseil et de M. lloehne, cinquante Alpacas, Vigognes et Lamas; ces Cliaineaux d'Ame- rlquc, « plus précieux que tout Tor du nouveau monde », selon les expressions du même grand naturaliste qui a appelé le Dro- madaire « le trésor de TAsie ». Félicitons-nous, Messieurs, de voir la Société assez puissante, après cintj ans à peine d'existence, ))()ur faire marcher de front deux entreprises aussi considérables, et appFKjuer, sur une si grande échelle, le fécond principe qu'elle proclamait à son origine même, en se proposant pour but « l'échange réci- » pi'0(piement utile, entre tous les pays, de leurs productions » naturelles, dans les limites tracées par les climats et les » besoins des [)i'U[»les. » Exlrail du procès-verhal de la i^énnce du. Coriftcil du 8 juillet JS59. Le (Conseil, après avoir entendu ce compte rendu, invite le lîureau à renouveler en son nom à M. lîichard (du (lantal), vice-président de la Société, à M. le préfet Géry et à M. Hesse, délégués du Conseil à Alger et à Marseille, les remercîments dui déjà leur ont été votés par la Société tout entière; Et il décide que ce compte rendu sera adressé à S. Exe. le Ministre de l'Empire au Brésil, à M. l'envoyé du Biésil à Paris, dont le bienveillant et empressé concours , ainsi ipie celui de M. le secrétaire de la légation, ont été fort utiles à la Société, et à M. le capitaine de Capanema . délégué du (Conseil à Rio- (le-.laneiro. V.ONOfiRAPHlE DKS OALLINAtÉS. 305 ÉTUDE SUR LA BASSE-COUR. MONOGRAPHIE DES GALLINACES. RACES PRINCIPALES INDIGÈISES ET EXOTIQUES. Par Itl. Paul LETRO]\'E. /■Séance du 10 décembre 1858.) PREMIERE PARTIE. — Races françaises. § I, — Race française de Crèvecœiir. Il y a en France plusieurs races de Poules qui donnent de arands avantages à la culture: ce sont les Poules de la Flèche, de Crèvecœur, de Houdan, de Rresse, de Rarbezieux, etc. Parmi ces races, il y en a trois que nous connaissons par- faitement; nous nous sommes occupé de leur élevage, et c^est pourquoi nous pouvons vanter avec assurance leur mérite et dévoiler leurs défauts. Aprèsles Fléchoises que nous mettons au premier rang, nous faisons choix des Crèvecœur préférablement aux Houdan qui proviennent d'elles. La race de Crèvecœur se trouve en Normandie, dans la vallée d'Auge; son élevage s'étend au loin dans la contrée. On trouve de très beaux sujets de l'espèce dans beaucoup de com- munes voisines de Lisieux, dans la direction de Caen : nous devons citer Crèvecœur, point central. Saint-Julien, Mézidon, les Autbieux, Saint-Pierre-sur-Dives, etc. Cet excellent type de volaille s'est prêté à d'heureux croi- sements; tels sont parmi les anciens : les races mélisses de Caiix, obtenues avec la race de la Flèche ; celle de Houdan^ avec la race anglaise Dorliing; et la belle volaille dont larépu- tation n'est pas encore généralisée, qui est élevée dans les environs de Livarot, Falaise et Argentan, connue dans le pays .^06 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. SOUS le nom de Poule du Biot ou Billot, ancien marché placé à la limite des deux communes de Saint-Martin et Saint- Julien de Fresnay, dans rarrondissement do Lisieux, où elle se vend en quantité. Cette dernière doit son existence au croi- sement de Crèvecœur avec la Poule deCaumont, autre magni- fique Poule du Calvados, dont nous parlerons. Les grands amateurs ont cru devoir accorder leur préférence à un choix à faire parmi les Crèvecœur, ceux dont le plumage est complètement noir. Ces volailles, dit-on, semhleraient marquer une origine plus pure, mais elles sont assez rares à trouver dans le pays même, parce que là on s'occupe fort peu de cette préférence. En général, les Coqs de Crèvecœur ont plus ou moins dans la huppe, sur le cou et le croupion des plumes colorées de brun sur un fond gris jaunâtre, et quel- quefois celles du vol sont aussi mi-parties blanches et noires. Mais depuis que cette volaille est étudiée par des éleveurs soigneux, ceux-ci sont arrivés <à faire disparaître ces nuances disparates plus ou moins mélangées dans le plumage. Ayant trouvé près de Mézidon un Coq et (juel([ues Poules qui se rap- prochaient de cette unité de couleur, nous avons suivi cette recherche, en faisant la première année une épuration parmi les élèves obtenus, et en continuant ainsi depuis d'autres sélections, nous aussi, sommes arrivé par ces soins à reconsti- tuer cette couleur uniforme du plumage. La volaille de Crèvecœur est d'une construction peu élégante \ son corps paraît très allongé, parce qu'il se trouve monté sur des pattes comparativement courtes. Sa démarche est inquiète et étourdie : la forte huppe qui orne sa tète, gène considérable- ment sa vue, elle ne voit pas en face d'elle, ni en arrière et fort peu de côté; ce qui fait que dans sa course, elle se jette très souvent contre les obstacles sans les voir. Cette race qui vit dans un pays où la plu> riche herbe croît partout en abondance, où même les chemins, lescours de fermes sont un perpétuel gazon, a beaucoup de mal à s'acclimater dans d'autres lieux où elle ne trouve plus une tiède température, des terrains toujours frais et ombragés où croissent en quan- tité des vers de terre (lombrics), et où elle ne peut plusramasser MONOGRAPHIE DES GALLINACÉS. 307 tant lie larves et trinsectes (jui vivent dans les herbes, base d'une nourriture qui lui est saine et dont elle est très friande. Robuste dans ces riches pâturages, elle devient maladive, délicate, lorsqu'on Télève en séquestration, et qu'on lui refuse une nourriture animalisée et du vert. Bien plus (jue toute autre volaille, la Poule de Crèvecœur, déshabituée de cette vie chasseresse si nécessaire à toute l'espèce galline, perd non-seulement son état robuste, la faculté remarquable décroître rapidement, mais aussi ses dispositions naturelles à la production. Par ce régime différent, son embonpoint normal ne déclinera pas sensiblement peut-être, mais elle fournira à peine la moitié du rendement en œufs qu'elle donne lorsqu'elle est libre et bien placée. Nous avons pu constater ce fait, en donnant la liberté à un lot de ces Poules, qui cherchèrent leur vie dans de bons gazons, en grat- tant sous des mousses et les feuilles sèches d'un taillis où elles divaguèrent pendant la belle saison. Ces animaux se nour- rissant en cet état d'herbes et d'insectes à leur choix et de quelques graines qu'on leur distribuait, ont donné, comparati- vement à l'année précédente, exactement plus de la moitié des œufs en surcroît; l'incubation a été plus certaine, les élèves plus forts et mieux venants que précédemment; et avec cela, bien entendu, la santé de ces volailles a toujours été parfaite. Pour bie;i juger les mérites d'un animal que l'on acclimate, il faut avant tout tenir un compte fidèle de ses habitudes et de ses besoins, sans quoi l'on s'expose à rencontrer toutes sortes de déceptions, par les pertes et la dégénérescence de l'espèce soumise à l'épreuve : ainsi pour les Crèvecœur et les Fléchoises. Si celles-ci, après avoir été déplacées de leur propre pays, ne sont pas établies et nourries d'une façon à peu près semblable ailleurs, il arrivera ce dont on se plaint, que ces races d'un tempérament lymphatique dégénèrent à l'état scro- fuleux pour arriver ensuite à la consomption. Cette nature de tempérament, propre et indispensable à toutes les volailles d'en- graissement, ne doit point être modifiée ni forcée. Quelques variétés dans l'espèce galline peuvent peut-être moins souffrir d'être retenues que celles-ci, mais il ne faut pas oublier que 308 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQCE d'aCCLIMATATION. rélevage à Tétat libre est le seul naturel : la santé y est entre- tenue par l'exercice, le bon air et le contentement, et la seule économie possible d'entretien s'y rencontre. Les Crèvecœur, les Fléchoises, avec quelques autres volailles d'une même orga- nisation, appartiennent absolument à la basse-cour rurale, et non aux parquets si restreints des villes. Coq de CrèDecœur. — Le Coq de Crèvecœur, dont la tète est ornée d'une forte huppe formée de plumes droites et éparses ; qui a cette garniture de petites plumes agencées des deux côtés des joues et sous le bec, servant d'accompagnement et iniitant un cordon de barbe; cette crête bifurquée imitant deux cornes rondes et épaisses, bien écartées, se tenant droites et roides; ce bec fortement recourbé, grossi par le renilement énorme des narines, qui, vu en silhouette, imite assez la forme d'un nez crochu, doit-il être considéré comme un bel animal? En ajoutant à cela de grands yeux ronds et ardents, et sous le bec deux barbillons courts et contournés, partagés par une forte mouche déplumes: tout cet ensemble ne communi(jue-t-il pas à la tête de cet oiseau l'aspect de ces diablotins à surprise, sorte de jouets d'enfants? Serait-ce à notre goût prononcé des Callinacés, (jue nonobstant nous trouvons à ce Coq un carac- tère de beauté même dans cette réunion de formes et d'orne- ments bizarres ! Le Coq de Crèvecœur est un oiseau robuste. Ses patios sont plus fortes et un peu plus longues que celles de la Poule- son corps, d'après les proportions, paraît être moins allongé ; il porte bien sa queue, qui est amplement fournie de plumes for- mant l'arc. C'est bien le plus précoce et le plus diligent cocheur parmi les Coqs; il se conserve parlait reproducteur jusqu'à trois ans. Le plus grand nombre des Coqs ont les plumes de la huppe du cou et du dos d'un jaune sale, mélangé de roux, le reste du corps e§tnoir. Nous avons dit que les amateurs préfé- raient ceux dont le plumage est unicolore; ces derniers con- servent sur le dos et aux ailes quelques taches de feu (|ui se fondent dans la masse noire. Cet oiseau domestique neman(|ue pas de vivacité, il surveille avec inquiétude et diligence toutes ses Poules: sans être pusillanime, il est très prodigue de son MONUGKAPHIE DES GALLINACÉS. 309 cri d'averlisseinent qui est saccadé comme le rire, et ses com- pagnes obéissent promptement à ce qui-vive de leur maître, qui, à cause de sa huppe plus dégagée que la leur, voit mieux et plus promptement le danger dont il veut les garer. Le Coq de Crèvecœur a le caractère doux et gai, il n'est pas batailleur : cela semble donner un démenti à son air rébarbatif. Il atteint le poids de 3 kilogrammes en moyenne; son corps est trapu, ses pattes ardoisées sent courtes, d'une grosseur médiocre, nues; l'éperon est aigu. Poule de Crèvecœur. — La Poule de Crèvecœur a le corps allongé et posé sur de courtes jambes; son plumage est noir et long. Sa tête, ornée d'une huppe très fournie de plumes de la même couleur, disposée pour prendre la forme d'un champi- gnon et la recouvrir de manière à ne laisser visible (ju'une partie du bec, présente un grand contraste dans sa physiono- mie en la comparant avec celle du plus grand nombre des Gallinacés; sa crête et ses barbillons d'une même forme sont les véritables diminutifs de ces appendices du Coq ; son bec est moins gros, mais plus long; ses joues aussi sont garnies d'un même entourage de plumes, et la mouche placée entre les barbillons a plus d'ampleur. Cette exubérance d'ornement, (|ui appartient à plusieurs races, est une gêne continuelle pour celle-ci : particulièrement, lorsqu'elle gratte la terre humide, elle se salit; quand il pleut, tout cet appareil est en désordre, et s'il gèle, des glaçons s'attachent à ces plumes ; dans la belle saison, c'est véritablement une parure, mais celle-ci a encore l'inconvénient de l'aveugler. Les races qui portent la huppe se trouvent toutes en Europe. Parmi les Asiatiques, on ne connaît jusqu'ici que les petites races chinoises à plumes soyeuses, qui aient une touffe de poils; encore cette coiffure prend-elle plutôt l'aspect d'une aigrette épanouie n'occupant que le sommet de leur tête, qui par sa roideur et son inflexion en arrière laisse parfaitement dégagés les yeux, le bec, la crête et les barbillons. Si nous nous en rapportons à l'opinion si juste et sagement raisonnée de nos grands naturalistes, qui ne reconnaissent dans l'œuvre de la création (ju'un seul être primitif pour chaque 310 SOCIÉTÉ IMPEKIALK ZOOLOGIQLE I)" ACCLIMATATION. espèce d'animaux, nous conviendrons que Tespèce galline pré- sente d'énormes changements dans sa forme, son habillement, son aptitude à produire, son intelligence et ses besoins, depuis cette époque inconnue. Les causes de ces transformations si diverses se trouvent bien expliquées en reconnaissant cette loi toute-puissanle de l'équilibre (|ue la nature approprie à tout ce qui ressort d'elle : c'est ainsi que par des migrations dans des climats divers, par l'assujetlissement ou la domestica- tion, et par une nourriture dillérente, etc., ces oiseaux de nos basses-cours ont avec le temps subi, comme tout ce qui vit, ces changements (jui nous étonnent. Cette bonne pourvoyeuse ne devait-elle pas accorder à que^iues (iallinacés ce système d'un plumage duveteux plus ample et plus chaud, comme elle l'a fait pour tous les oiseaux (|ui séjournent dans les régions boréales, de même ({u'elle a donné d'épaisses fourrures aux quadrupèdes qu'on y rencontre? Dans l'espèce galline, celles qui portent la huppe et un plu- mage plus chaud, le devraient done à leur Iransporlation ou migration dans les pays froids, oi'i en s' acclimatant, celte sin- gulière couverture prolectrice de la lète se sera développée et complétée par degrés. Ne pourrait-on pas dire aussi que les races françaises de Crèvecœur, de Caux, de lloudan, courtes pâlies, les Hollamlaises, les Polonaises ou Padoue. qui donnent tant de variétés obtenues par artilice, proviennent toutes d'une nu^me souche, etfjue cette souche serait la race de Crèvecœur, car celle-ci possède, dans cette sorte de famille, le plumage le plus long et le plus chaud, qui, même à cause de sa coloration noire, se prêle le mieux à l'absorption de la chaleur? 11 est assez présumable que toutes ces variétés ou races que nous citons plus haut devraient avoir été obtenues après une succession répétée de croisements avec ce type encapuchonné et d'autres espèces ayant un plumage diversement coloré. Si ces opinions conjecturales que nous soumettons à l'appré- ciation de tous ceux qui liront notre travail, paraissent a (juelques-uns un peu hasardées, nous avons du moins l'assu- rance qu'elles sont en concordance avec la base admise \)iiv l'autorité la plus respectable. MONOGRAPHIE DES GALLINACÉS. 311 § II. — Race française de Houdan. La race de Houdan est métisse ; elle est due à des croise- ments faits entre les Crèvecœur et les Dorkinp-. Tous les caractères extérieurs de cet oiseau sont trop significatifs pour qu'on puisse conserver le moindre doute à cet égard. Le carac- tère de cette volaille, et son tempérament même, (juoique moins lymphatique que celui du Crèvecœur et du Dorking, et sesqualités productives, servent ensemble à prouver cette ori- gine en dehors de son signalement, que nous donnerons plus loin. Ce n'est pas du premier jet que l'on a constitué cette bonne variété, ainsi que beaucoup d'autres dont l'origine reste un mystère. Ceux qui ont étudié peu ou beaucoup le mélange des races, n'ignorent pas qu'on ne parvient à d'heureux résultats qu'après de nombreux essais: quelquefois le hasard aura servi de puissant auxiliaire dans ces recherches, mais disons-le, il faut du raisonnement et une certaine connaissance des espèces pour entreprendre avec fruit les croisements. De plus, il faut de la persévérance dans ce travail ; car on ne trouve pas tout de suite de bons métis, se reproduisant identiquement; faculté que doivent avoir ceux-ci pour constituer de nouvelles races. Il nous semble que pour atteindre ce but, c'est dans les pro- duits des premiers accouplements que les femelles devraient être prises pour servir à la deuxième épreuve du croisement, en les réunissant avec un mâle de l'une des races choisies pour l'épreuve, et ainsi de suite, en alternant par l'autre mâle, et autant de fois qu'on en reconnaîtrait la nécessité pour trouver dans les métis un heureux partage de formes extérieures et de notables qualités nouvelles qui puissent offrir un avantage ci sa conservation. Il faut croire que ce n'est point en alliant des races par trop en opposition dans leur structure, les habitudes et surtout le tempérament, que l'on aura une bonne création de métis, mais en choisissant les variétés do races qui se rap- prochent le plus entre elles. De la réunion d'une qualité avec un défaut, le moins mal «{ue l'on puisse obtenir, ce sera une faculté neutre ou médiocre, et de l'assemblage de deux qua- 312 suciKTL impëiuall; zooLuGiQUb; d'acclimatation. lités résultera bien certainement plus de perfection : en réu- nissant ainsi les races d'engraissement avec les races d'engrais- sement, les pondeuses avec les pondeuses, les couveuses avec les couveuses, toutes inévitablement gagneront en mérite. Le tempérament des animaux se modifie et se transforme plutôt par les influences des climats et la nourriture qu'ils y trouvent que par une alliance; il ne faut pas alors craindre de marier les races lympliatiques entre elles. Plus ce genre de tempérament sera prononcé, meilleuresera la chair, et plus son engraissement sera prolitable. Il y a des pays où ces sortes de volailles vivent bien, où elles ne sont pas plus maladives qu'au- cune autre race, et où par cette raison de tempérament, elles ont obtenu une réputation bien méritée. Beaucoup d'essais pour acclimater les races de la Flèche et de Crèvecœur ont été faits un peu partoutdepuis quel(|ues années: les unsse plaignent, c'est le plus grand nombre -, les autres sont satisfaits. Certes, les premiers n'auront pu placer ces animaux dans le centre voulu de leur élevage habituel, et les seconds auront compris ou pu satisfaire ces impérieuses nécessités du besoin qu'ont ces oiseaux de vivre dans une atmosphère douce (jue l'on ne trouve que dans les prairies et les pays de bocage. Ces digressions, qui nous paraissent à leur place, nous sont inspirées par le sujet même que nous traitons, et ne s'en écar- tent pas, puisqu'elles nous ramènent à placer ici, à l'occasion de la race de Iloudan, cette observation qui, à cause d'une mo- dification qu(; le croisement lui a fait accepter, la désigne comme un pres(|ue équivalent de ces Poules de Crèvecœur, de la Flèche et Dorking, qui, dit-on, se prêtent mal à leur accli- matation dans le voisinage de Paris. En ellèt, n'est-elle pas l'espèce la plus répandue et celle que cultivent de préférence les agriculteurs environnant la capitale'/ La race de Houdan tire son nom de la localité où son éle- vage est le plus généralisé et où sa vente se pratique en grand (1). Dans cette race métisse, on rencontre ces mérites (1) Houdan est une jjclile ville conimeiratilc du dr'|)arleMioiit de Seine- et-Oise, MONOGRAl'HlIi DES CALLINACÉS. olîî réunis : une grande précocité dans l'élevage ; véritable rappro- chement avec la race de Crèvecœur ; une ponte abondante ; une cliair parfaite et un bel engraissement, qualités partagées entre les Dorking et les Crèvecœur. Cette volaille est très ro- buste et très facile à acclimater. Coq de Houdan. — Le Coq de Houdan a une ressemblance certaine avec le coq de Crèvecœur par la conformation du bec, sa crôte et les barbillons, sa huppe, ses joues et le système de plumage, qui ne diffère que par la coloration. Ce coq a de plus, avec le Crèvecœur, une analogie de construction, bien que son corps soit un peu plus ramassé et ses pattes un peu plus lon- gues. Il a cinq doigts comme le Dorking, toutes les autres races n'en ont que quatre. Ce cinquième doigt, qui est placé en arrière, reste moins écarté que celui du Dorking, il est moins long et ne l'embarrasse pas autant pour marcher et courir. La coloration des pattes est rose, tacliée de gris-ardoise sur la partie antérieure du canon et le dessus des doigts ; il participe dans cette circonstance de Tune et de l'autre race. La coloration de ses plumes est la même que celle du Dorking, mais les nuances ne sont pas absolument appliquées de la même ma- nière; celles-ci sontplutôt disposées par plaquesou mouchetures imitant le cailloutis. Les plumes du cou et du recouvrement de la queue n'offrent pas une grande différence avec toutes les autres plumes qui le recouvrent, mais elles sont d'un ton plus jaunâtre et plus uniforme. Les plumes des ailes sont noires, vertes et blanches ; celles de la queue sont noires et d'un vert- émeraude bordé de blanc; celles de la poitrine sont d'un brun noir avec des taches noires et blanches aux extrémités-, celles du dos sont cailloutées par un mélange de plusieurs couleurs. L'abdomen est d'un gris sale; les plumes de la huppe sont étalées comme celle du Coq de Crèvecœur, elles sont de toutes nuances. En général, le plumage de cette race diffère beaucoup, il est rare d'y rencontrer la même disposition des couleurs. On distingue deux variétés, la noire et la blanche, simple indica- tion du fond de la robe. Sa crête est cornue à trois rangs, transversale dans le sens du bec; quelques Crèvecœur l'ont ainsi faite. Les barbillons sont d'une longueur moyenne; T. VI. — Juillet 1859. 21 BIA SOCIÉTÉ IMPÉRlALli ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. ceux-ci sont divisés par une mouche de petites plumes réunies. La tète est ornée autour de l'œil de plumes semblables imi- tant un collier de barbe. Le bec est recourbé et fort, les na- rines sont très ouvertes ; l'œil est grand, couleur brique brune. Le poids ordinaire de ce coq est de 2 kilogr. 50 décagrammes à 3 kilogranmies. Le caractère du Coq de lloudan est doux.; il est moins tur- bulent et moins inquiet dans sa surveillance que le Crève- cœur. H est bon coclieur et de bonne conservation. Son chant tient de l'une et de Tautrerace; sa phrase musicale est bien accentuée, mais sa tonalité, sourde et quelquefois che- vrotante, reste dans le médium du chant oïdinaire des coqs dont il relève. Poide de Houdan. — La Poule de Houtlan présente encore mieux une similitude de formes avec la l'oule de Crèvecœur, que celle qui existe entre les deux Coqs de ces deux races ; à cela près des cinq doigts, de son plumage de diverses couleurs et un peu plus de longueur dans les pattes, on dirait ([u'elle en est l'exacte image. Cette Poule robuste est, dans les races françaises, une de celles dont la ponte est très précoce et qui donne le plus grand nondjre d'œufs. Son engraissement est facile; il se fait à l'entonnoir. Ce mode expéditif d'engraissement donne des résultats assez bons, mais il nous semble fautif ; car les farines que Ton em- ■» ploie délayées, doivent moins se prêter à l'assimilation des principes nutritifs qu'une nourriture consistante comme celle des patons : la privation de boire, qui aide si puissamment à la prompte réalisation de l'engraissement, n'est point ici observée. Il serait à désirer qu'on employât une meilleure méthode ; nous conseillons fortement le traitement si certain auquel sont sou- mises les volailles de la Flèche. Cette manière parfaite d'en- graisser a été publiée in extenso dans notre Notice sur la basse- cour (1). Nous sommes convaincu (jue les Coqs et Poules de (1) Oh Iroiivc celle I)rocIiur(! cliez madame veuve Bouchard- ,'îiizard, rue de l'Éperou-Saiut-André. 5, à l'aris. MOiNOGRAPHIE DES GALLINACÉS. ^\b HoLidan, sans qu'il soit besoin qu'on les ciiaponne, devraient parlaitement s'en accommoder et donner des produits supé- rieurs. Cette race, qui se rapproche beaucoup de celle de la Flèche par le volume et l'excellence delà chair, offrirait, nous en avons la certitude, aux éleveurs du Vexin qui ne peuvent bien acclimater cette dernière, une véritable compensation en la traitant ainsi. Nous sommes assuré de même que les Crè- vecœur, les Dorking et toutes les races d'engraissement profi- teraient du régime suivi dans la Sarthe, car il a contribué puissamment à la réputation des poulardes de la Flèche. Nous lisons dans l'ouvrage de M. C. Jac(]ue, intitulé le Pou- lailler, au chapitre de l'engraissement par Xentonnage : « La » paille, ai-je dit, doit être changée tous les jours, parce que » les bons éleveurs, et surtout ceux (jui élèvent pour eux, » n'adoptent jamais le système de laisser les animaux sur leur » fiente, ce qui leur communique toujours un mauvais goût, » Ce conseil de propreté devrait être suivi ponctuellement, si en effet la fiente des volailles à l'engraissement était d'une nature aussi infectante que celle de ces animaux onmivores vivant libres. La digestion des farineux provenant de céréales, seul aliment qu'ils prennent, répand simplement une odeur de le- vain qui ne peut donner mauvais goût à la chair ; aussi n'a-t-on jamais songé à reprocher aux poulardes de la Flèche d'avoir un goût de poulailler. Il en sera de même bien certainement pour toutes volailles dont on entreprendra l'engraissement [)ar le procédé de l'entonnage, tel qu'il est décrit, à moins que les déjections ne soient liquides, ce qui serait fâcheux, car ce serait, selon nous, une infîrmalion bien précise du procédé. Enfin, si les éleveurs du pays de la Flèche ne trouvaient pas un avan- tage assuré en laissant ces animaux sur leur saleté, ils ne négligeraient pas de nettoyer les loges, et de donner de l'air au local où ces patients industriels sont obligés de ne séjourner (|ue trop longtemps pour leur santé. Leur vieille expérience vaut mieux que toute théorie contrevenante , car il a été observé que plus la chambrée se trouve garnie, par conséquent les émanations abondantes, mieux se fait l'engraissement. C'est par ce motif qu'il est d'usage à la Flèche de ne nettoyer les 31(3 SOCIÉTÉ IMPÉRIAL',: ZOOLOGIQUE d'aCCLIM.VTATION. cageots ou divisions qu'api-ès l'enlèvement des poulardes arri- vées au ternie de l'engraissement. Mais le sol est toujours sans litière : on a reconnu que la paille, par sa fermentation, occa- sionnait une trop forte odeur, et qu'elle communiquait aux animaux engraissés un goût sui generis détestable. fl est regrettable que M. C. Jacque n'ait pas indiqué deux cboses utiles dans son cbapitrede Tengraissement par Tenton- nage : combien une volaille absorbe de farine pendant son traitement- et combien Tanimal gagne en poids. A cause de cette ressemblance de formes qui existe entre les Poules de Houdan et de Crèvecœur, nous avons peu de cboses à ajouter. Les babitudes et les besoins sont peu diffé- rents. Le tempérament de la Poule de Houdan, (juoique d'une même nature, se prêterait mieux à un cbangement de climat que celui de la Poule de Orèvecœur. Cette volaille pond beau- coup et de beaux œufs ; elle couve bien, et elle atteint le poids de 2 kil. 50 décagrammes à l'état ordinaire; elle prend, dit- on, 25 à 30 décagrammes en plus lorsqu'on l'engraisse. Le bec de cette poule est moins gros (jue celui du coq, il a la même forme; la crête cl les liarbillons sont encore plus petits. A l'exception des plumes de la luippe, qui est plus fournie cbez celle-ci, et de celles du cou et du dos, la disposition est la môme. Quebiues poules présentent des diiîérences entre elles sous le rapport d'une nuance de fond plus ou moins foncée; elles ont aussi, comme les coqs, des plumes contournant l'œil à partir du bec jusqu'à l'oreille et une moucbe placée entre les deux bar- billons. § 3. — Race française de Caux. Le mélange du sang des Crèvecœur avec ceJuides Flécboises, nous ne craignons pas de radirmer, a donné naissance à la race de Caux. Les caractères extérieurs de l'une et de Tautre es|)èce sont trop bien inditiués cbez cette variété métisse pour (|iril soit possible de récuser cette assertion ; nous dirons plus, la Poule de Caux ne mérite pas qu'on la classe au rang des types parfaits, c'est-à-dire au nombre de ceux qui ont la puissance de reproduire par eux-mêmes des sujets d'un aspect uniforme MONOGRAPHIE DES GALLINACÉS. 317 OU semblable. En effet, la race de Caiix n'a pas ce pouvoir ; tanlôt elle se rapproche davantage de la race fléclioise, tantôt elle tient par la ressemblance aux Crèvecœur. Celte variété métisse est cependant une excellente volaille; mais comme elle n'a rien gagné en mérite sur ces deux remarquables races de la Flèche et de Crèvecœur, qu'elle n'est pas plus volumineuse, ni plus robuste, et queses qualités sont moins assurées, nous devons dire qu'elle a un peu usurpé sa réputation, et qu'elle ne mé- rite d'être mentionnée que comme un produit assez insigni- fiant, quoique bon. Si l'on trouvait seulement en elle un tem- pérament bien disposé pour son acclimatation, ce serait alors sur ce seul avantage que nous proposerions de la comprendre comme une race bonne à répandre, mais il n'en est rien ! Nous avons étudié l'élevage de cette volaille- jeunes et adultes, la plupart ont mal fini. Les races de la Flèche et de Crèvecœur s'élèvent cependant très bien et sans dégénérer dans notre con- trée du Perche. 11 est assez difficile de décrire les formes de cette espèce, puisqu'elles sont variables. Toutes ont des demi-huppes plus ou moins garnies de plumes qui se rejettent sur l'occiput. Le bec est aussi plus ou moins incliné, sa forme tient de l'une et l'autre race mère. La crête est composée de petites excroissances rondes variant beaucoup dans leur assemblage: généralement elle est moins grande que celle du Crèvecœur, quelquefois elle ressemble à celle des Coqs fîéchois. Les barbillons sont ronds et de moyenne longueur. La conformation du corps est encore plus indécise : quelques-unes de ces volailles pourront être prises pour des Crèvecœur mal coiffées, parce qu'elles ont les pattes courtes, le corps plus allongé et sont pourvues de la juguloire et de la mouche ; d'autres auront une grande ressem- blance avec la race de la Flèche, parce qu'elles seront montées sur de hauti s jambes, et (jue la crête même se rapprocliera de celle-ci. C'est précisément celte reproduction des formes de la Poule de la Flèche qui a contribué à induire en erreur quelques auteurs écrivant sur la basse-cour, qui ont prétendu que la l'oule du Mans ou de la Flèche aune demi-liuppe, et qu'elle est de race normande. 318 SOCIÉTÉ IMPÉr.lALE ZOOLOGIQL'E DACCLIMATATION. Nous no pensons pas qu'il faille décourager les éleveurs du pays de Caux et leur conseiller Tabandon de cette volaille, puisqu'elle a des qualités ; mais il est bon que Ton sache qu'elle est plutôt l'inférieure que l'égale des bonnes races qui l'ont produite. Tel amateur qui voudra se procurer la Poule de Caux, l'ob- tiendra sans beaucoup de frais et par un premier croisement fait chez lui, en réunissant dans un parc soit le Co([ de Crève- cœur et la Poule de la Flèche, soit le Coq fléchois et la Poule de Crèvecœur, indifféremment. Un de nos voisins de campagne l'a ainsi obtenue par un Coq de Crèvecœur. Le plumage de la race de Caux est noir avec les reflets verts et violets. Le poids du Coq est de 3 kilogrammes; sa chair est excellente, fine, bonne à l'engraissement. La poule de Caux ne couve pas ; elle pond médiocrement et ses œufs sont gros. Cetle volaille a le caractère sauvage. Le chant du Coq est sonore et prolongé. Ilnousresteraitencore, pour terminer la monographie de nos Poules françaises le plus en réputation, les trois races : de Caumont en Normandie, de Barbezieux en Saintonge, et la Bressoise. Ces trois races ne nous étant pas connues, nous laissons ce travail à faire à de plus compétents que nous, et nous passons immédiatement à l'étude des races étrangères. {La suite prochainement.) VIPÈUES DE FRANCE. olî) QUESTIONNAIRE SUR LES VIPÈRES DE FRANCE RÉDIGÉ AU !SOM D'UNE COMMISSION (1), Par n. A. DU91ÉRIL. (Séance du 24 juin 1859.) L'altenlion de la Société d'acclimatation a été appelée, à diverses reprises, par plusieurs de ses membres, et particu- lièrement par M. le docteur Rufz de Lavison, sur les blessures faites par les serpents venimeux. Un prix a élé proposé pour rintroduction et^ l'acclimatation à la Martinique d'un animal destructeur du serpent dit Fer-de-lance [Bothrops lan- ceolatus). Aujourd'hui la Société, désirant se faire une juste idée des accidents occasionnés dans notre propre pays par les Vipères indigènes, et ne pas s'en rapporter uniquement à ce qui a été écrit jusqu'ici sur cette matière, a décidé qu'une enquête serait ouverte sur ces serpents. Elle en a confié le soin à une Commission spéciale qu'elle a instituée dans sa séance du 27 avril. Pour répondre aux vues de la Société, et recueillir tous les renseignements propres à l'éclairer, cette Commission a préparé un Questionnaire, qui sera adressé à toutes les Sociétés et à tous les Comices agricoles en rapport avec la Société impériale d'Acclimatation, aux Conseils généraux, à MM. les conservateurs des forêts, et aux personnes que leur position et leurs études spéciales mettent en mesure de résoudre les questions posées. (1) Cette Commission est composée des membres dont les noms suivent: M A 'Passy, vice-président de la Société, presideul ; MM. J. Cloulet, A. Du- MÉRiL, Arist. DuPLiis, GiROt; de Buzareingues , Jullien,Woqi;in- Tandon, A. Pktetin, 0. RÉVEIL, liiFz HE Lavison, et le comte de Sinéty. 320 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION Nous appelons à l'avance les réponses de nos confrères, en insérant le Questionnaire dans le Bulletin. \. Existe-t-il des Vipères clans votre départenicnl? 2. Dislingiiez-voiis une ou plusieiirs espèces? A quels caractères les reconnaissez-vous ? (Voyez les caractères et les figures ci -après qui sont celles des trois espèces admises comme existant en I''rance) (1). VIPÈRES. (cornu. . . Vipère ammody le. f pas de plaques ; museau < i'i.,;„.„ .>,.w;„,,.-,.o Sur la lèlc ' » 1 ' ^ non cornu. \ iperc oraintnre. (des plaques Pcliade ordinaire. Vi|itM'(' aniinoliUc il (/.(./'<( (niimodJjles). Vipère ordinaire {Vipera aspis). Poliailc onlinaiie (Pelias Berns). 3. Quelles sont les localités habitées de préférence par chacune de ces espèces? Les trouve-t-on dans les buissons ou dans les arbres? Vont- elles à l'eau ; les voit-on nager sur les lacs et les étangs? Pénètrent-elles quelquefois dans les liabitalions ? Zi. Les rencontrc-t-on en toute saison ? Ouclles sont celles où on les rencontre le plus fréquemment? 5. Sont-cc des animaux nocturnes, ou bien les irouvc-l-on à certaines lieures du jour ? 6. Se retirent-elles pendant l'hiver en t;rand nombre dans une même retraite et entortilh'cs les unes avec les autres? 7. Quelle est leur nourriture ? l'eut-on les considérer comme des destructeurs d'animaux nuisibles, tels qu'insectes, mollusques, laiipes, mulots, rats et autres rongeurs? Mangent-elles des oiseaux? (I) Ces figures sont extraites des Éléments de zoologie médicale de notre i'oll(';;ue M. Moquin-Tniuldn 'Paris, tS'iO, in-18, chez J. -H. liiiillière et (ils). VIPÈRES DE FRANCE. 3'2l 8. Onl-elles quelques inconvénients pour les animaux de jjasse-coui' (poules, dindons, etc.) ? 9. Blessent-elles les chevaux et autres animaux qui paissent dans les prés? Résulte-t-ildes accidents de ces blessures? 10. Quels sont les accidents observés chez les chiens? 11. Quel est, approximativement, le nombre des personnes piquées dans votre département? 12. Quels sont les accidents déterminés par ces piqûres ? 13. Ces piqûres sont- elles quelquefois mortelles et dans quelle proportion environ? IZi. Quand elles ne sont pas mortelles, laissent-ellesaprès elles des lésions et des maladies chroniques? 15. Y a-t-il des conditions de saisons, d'âge, de sexe, de tempérament, ou autres, qui influent sur la gravité des accidents? 16. Les accidents résultant des piqûres faites soit à l'homme, soit aux .animaux, et qui n'entraînent pas la mon, se dissipent-ils naturellement ou bien exigent-ils un traiiement ? 17. Quels sont les traitements en usage dans voire département ? Y en a-t-il un qui soit plus généralement préféré ? 18. Quels seraient les moyens les plus convenables à employer pour amener la destruction de la Vipère? 19. Y a-t-il des animaux réputés pour être ennemis et destructeurs de ce reptile? Que pensez-vous comme tels des chiens terriers, du hérisson, du cochon et de la cigogne? 20. Dislribue-t-on des primes dans votre déparlement ? Quels en sont les résultats? La Société d'acclimatation seraitdésireuse de recevoir des spécimens des différentes espèces de Vipères. Par la même occasion, la Société sollicite quelques renseignements sur la Tortue d'eau douce qui, à une certaine époque, servait dans divers dépar- tements à l'alimentation. 1. Celte Tortue se trouve-t-elle dans votre département ? 2. Quels sont les caractères qui la distinguent? 3. Est-elle encore employée comme aliment? ?)'1'1 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUR l)' ACCLIMATATION. CULTURE ET USAGE DE L'ORANGER DU JAPON {Citrus japonica). Par M. le docteur SACC. Délcgiié lie la Société à Wcsserling (Haiit-riliin). (Séance du 4 février 1859.) Ce cliarmant arbrisseau, dont les feuilles et les fleurs sont presque aussi liramles que celles du Citionnier commun, ne s'élève cependant pas à plus de 30 centimètres de hauteur, mais tend beaucoup à s'élargir à la surface du sol qu'il couvre de ses branches noueuses, épineuses et ramifiées dès la base, de manière à présenter une l'orme hémisphérique. Aux fleurs succèdent en abondance des fruits de la grosseur d'une forte groseille épineuse, et même de celle d'un œuf de poule quand la plante est forte et ne porte que deux ou trois fruits. Cette espèce, bien connue des jardiniers sous le nom ^Oranger de Chine ou (ÏOtaïti^ est excessivement répandue, parce qu'elle se multiplie facilement et qu'elle orne admira- blement pendant toute l'année les serres et les appartements; grâce à son excessive rusticité, on y voit fleurir et mûrir ses fruits avec la plus grande facilité. Malheureusement les fruits sont acides, en sorte que cette gracieuse conquête de l'hor- ticulture européenne restait sans utilité pratique. Il y a un an que je reçus de Canton un petit bocal de véri- tables chinois confits, dans lesquels je reconnus aussitôt les fruits de l'espèce (jui nous occupe. La marmelade en question était formée uniquement de jolis petits citrons jaunes, déli- cieusement parfumés, et nageant dans un sirop de sucre; leur peau fine et tendre ne ressemble en rien à celle des chinois OHANGER DU JAPON. 323 verts confits en Europe, et auxquels on les substituera sans doute avec avantage. Comme les orangettes à contire forment un article d'importation important pour la France, nous pen- sons qu'il serait bon de tenter de s'y soustraire en cultivant en grand dans les départements du Midi, et dans FAIgérie, l'Oranger du Japon, qui échapperait facilement aux gelées, grâce à sa rusticité et à sa petite taille. Depuis six ans que je cultive dans mon salon cet intéressant arbrisseau, je le tiens constamment en pot et ne le sors qu'au mois de mai, ([uand les gelées ne sont plus cà craindre. On le rentre à la fin de septembre -, sa végétation est continue. Il exige une terre très fertile qu'on renouvelle chaque année, des arrosements très fréquents, et rapporte en moyenne, quand sa tête mesure 30 centimètres en tous sens, dix citrons chaque année ^ tenu en pleine terre, il est pro- bable que le produit décuplera et payera largement les frais de culture. 32/i SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'ACCL1MATAT10^'. NOTE SUR LES VINS FABRIQUÉS AVEC DES CÉPAGES DU MIDI CULTIVÉS DANS LE CENTRE DE LA FRANCE. Par M. BECQUEREL, Membre de l'Inslitiit. (Séance du 24 décembre 1858.) Je m'occupe dopiiis [ilusieiirs années d'acclinialcr, dans mon jardin de Cliàlillon-sur-Loing (Loiret), delà contenance d'un hectare et entouré de murs de 10 métrés de hauteur et de 2 mètres d'épaisseur, divers cépages du Midi, dans le hut de faire arriver les raisins à un degré de maturité suffisant pour en obtenir des vins ayant à peu près les ([uaiités de ceux des localités d'où ces cépages sont tirés. Ce jardin, où se cultivent également des orangers pour fruits, est situé dans une vallée; il est abrité des vents du nord par une colline dirigée de Test à l'ouest, et se trouve, par conséquent, dans une position fa- vorable pour racclimatation des végétaux des contrées méri- dionales. En outre, le mur de ceinture possédant nuit et jour une température d'environ Ih degrés, à une profondeur de 0'", 70 cent, pendant l'été etTautomne, et une autre supérieure à la moyenne diurne à une profondeur de 0"',02, on conçoit l'avantage que l'on retire de semblables abris. Parmi les cépages que je cultive, je citerai particulièrement le Muscat ordinaire de France, celui d'Alexandrie, les Mal- voisies de l'Ardèche et de ïouraine, le petit Pineau de Rour- gogne, qui produit les vins fins de cette province, etc., etc. Le Muscat y mûrit bien et se colore comme le Chasselas de Fontainebleau; son goût musqué est bien développé, mais la matière sucrée manquant, la fermentation ne se développe que lentement en produisant une très faible proportion d'alcool. VINS FABRIQUÉS AVEC LES CÉPAGES DU MIDI. ,V25 En y ajoutant du sucre, environ 100 grammes par litre de moût, on arrive à obtenir un bon vin muscat. Voici comment il faut opérer. Lorsque la cueillette est faite, on peut laisser le raisin sur la paille au soleil, comme il est d'usage pour la fabrication du vin dit de paille ; mais il vaut mieux le laisser' pendant un mois dans une étuve chauffée à 20 degrés, pour amener complètement la maturité et rendre le raisin moins arpieux. Si l'on chauffait beaucoup au-dessus, on courrait risque de volatiliser le principe qui constitue le goût muscat. On prépare le moiU comme il est d'usage et on le laisse fer- menter pendant quinze jours avec la pulpe, après quoi on enlève le vin pour le mettre dans un tonneau, d'où on le soutire au printemps pour le mettre dans un second tonneau, dans le({uel s'élève la fermentation, qui dure environ deux ans, plus ou moins, suivant la quantité de sucre ajoutée au moût. Après ce temps, le vin est clair, très agréable au goût, et contenant de 12 à 15 pour 100 d'alcool ; il a la plus grande ressemblance avec les vins muscats du Midi. Les raisins des différents cépages de Malvoisie ont donné, par les mêmes procédés, des vins agréables en raison de leur parfaite maturité et de l'addition de sucre, et la couleur de ces vins est légèrement rougeàtre. Mon intention, l'année prochaine, est de donner plus d'ex- tension à mes essais de culture, non plus en plaçant les cépages en espaliers, mais en pleine terre, à 12 kilomètres de Chà- tillon-sur-Loing, dans un terrain silico-argileux, humide et à proximité de bois taillés, par conséquent dans une localité peu favorable à l'acclimatation de cépages des pays méridio- naux ; mais en drainant, puis en échauffant simultanément les parties inférieures du sol, suivant un procédé mis en pra- tique sur (piatre ou cinq hectares de terre dans les environs de Saverne, pour y cultiver des cépages du Midi. Ce procédé consiste ta échauffer le sol, au moyen de conduits de briques, construits à /l ou 5 décimètres au-dessous et recouverts de terre; lesquels aboutissent, d'un côté à une fosse servant de loyer, également de briques et à ciel ouvert, s'échauffant sous la radiation solaire, et de l'autre à une petite cheminée d'appel 326 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOULUGIQUE d'aCCLIMATATION. entretenant un courant cVair échauffé dans le foyer par l'effet de la radiation solaire. L'air chaud, en parcourant le conduit, échauffe successivement leshriques, et par suite, la terre con- tiguë. ■ Les conduits sont assez rapprochés pour que toutes les parties du sol cultivé participent à réchauffement. Mon intention, dans les expériences que je vais entreprendre^ est de faire servir ces mêmes conduits au drainage de la terre, afin d'ohtenir un même eflet. En terminant, j'ajouterai que dans cette môme terre, répu- tée froide dans le pays, j'ai obtenu la maturité de dillerents cépages de Malvoisie en répandant sur le sol, par are, deux voitures de fraisil ou terre calcinée, mêlée de poussière de charbon qui recouvre les places à charbon après la cuisson. Cette terre, qui est un mélange d'argile calcinée et de ma- tières charbonneuses, divise le sol, lui donne une teinte noire, facilite par là Técoulcment des eaux, et augmente, par sa cou- leur noire, son pouvoir absorbant pour la chaleur. De cette manière la terre est plus sèche, s'échauiïe davantage, ce qui hâte d'autant la maturité du raisin. PROCÈS-VERBAUX. 3*27 II. EXTRAIT DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES GÉNÉRALES DE LA SOCIÉTÉ. SÉANCE DU 10 JCIN 1859. Présidence de M. Is. Geoffroy Saint-Hii.aire. M. le Président proclame les noms des membres nouvelle- ment admis : M3I. André (le baron d'), ministre de France à la Cour des Pays-Bas. Conrad, sous-préfet de l'arrondissement de Meaux, à Meaux (Seine-et-Marne). CouRcv (le comte René de), premier secrétaire de la Léga- tion de France, en Grèce, à Athènes. Crosse, notaire, à Paris. Hlbert de Sainte-Croix, ancien magistrat, membre de diverses Sociétés savantes, [>ropriélaire, à Coudiat- Otman, province de Constantine (Algérie), à Paris. Jansse, propriétaire, à Paris. Lejeune (César- Napoléon), à Paris. PiENAULT, membre correspondant de l'Institut, directeur de rÉcole impériale vétérinaire d'Alfort, membre de l'Académie impériale de médecine, à Alfort. — Conformément à l'ordre du jour spécial indiqué pour cette séance, M. le Président soumet aux délibérations de l'assemblée une proposition du Conseil relative à la participa- tion de la Société à une souscription ouverte pour Térection du tombeau de Paul Gaimard, membre du Conseil et secrétaire pour l'étranger. Lecture est donnée de l'appel adressé aux amis de notre ancien collègue par le comité de souscription, puis M. le Président rappelle les titres qui peuvent motiver cet hommage à rendre à la mémoire d'un homme de cœur et de science, mort pauvre. L'assemblée, appelée alors à voter, décide, à l'unanimité, qu'une somme de 300 francs, proposée par le Conseil, sera olîerte par la Société au comité de souscription. 328 SOCIÉTÉ IMI'ÉUIALli ZOOLUGIQL'E u'aCCLIMATATION. — L'Institut agricole catalan de San-lsidro de Barcelone remercie de sa récente admission au nombre de nos Sociétés agrégées. — Des lettres de remercîments sont adressées à l'occasion de leur entrée dans la Société, par M. le liaron Brenier qui, sur le point d'aller occuper le poste d'ambassadeur à Najiles, se met à la disposition du Conseil, et par MM. xMillet, député de Vaucluse, et A. Portails, de Beyrouth. — M. Léo d'Ounous rend compte des principaux résultats obtenus dans les récents concours régionaux du sud-ouest et du centre de la France, et particulièrement dans l'un des plus importants, celui de Foix (Ariége). On y a jugé de l'utilité de la création de la Société hippique dans ce département où il y a un accroissement notable de l'élevage des Chevaux. Notre confrère passe rapidement en revue les diiïérentes races bovines, ovines et porcines qui étaient représentées à ce con- cours. En terminant, il appelle l'attenlion sur les avantages que les Pyrénées sendjleraient devoir olîrir pour l'acclimata- tion des animaux étrangers (jui, comme le Lama, l'Yak et la Chèvre d'Angora, doivent vivre sur les montagnes. — Des remerchnents pour des envois de plantes sont adressés par M. le Ministre de Wurtemberg, au nom de son Souverain. — M. le comte de Sinély dépose sur le bureau un rapport favorable concernant la culture des Pêchers de ïullins fournis par les noyaux qui lui avaient été remis. — M. Brierre, de Riez (V^endée), fait parvenir onze dessins à l'aquarelle des plantes obtenues des graines de Chine, et adressées sous des numéros inscrits au-dessous de chaque dessin. — M. Bourlier, professeur à l'Ecole de médecine d'Alger, ayant, à la suite d'un voyage dans l'Asie Mineure, et sur la demande de la Société , rapporté de la graine de Vers à soie, dont on obtient des produits excellents, écrit pour se mettre à la disposition du Conseil, (jui lui avait demandé de fournir les indications nécessaires pour ([u'une nouvelle ac([ui- sition de graine put élre faite. Alin d'éviter les fraudes et l'IlOCÈS-VEKDALX. 3*29 d'obtenir des résultats satisfaisants, notre confrère offre de solliciter un congé, afin de pouvoir accompagner la personne qui serait chargée des achats. Il lui servirait volontiers de guide, et il pense qu'il pourrait ainsi épargner à la Société des déceptions dont une peisonne ne connaissant ni lepavs, ni la langue, ni les usages, ne pourrait peut-être pas la préserver. La lettre de M. Bourlier est renvoyée à l'examen du Conseil. — M. le docteur Weddell. membre de la Société, lui adresse quelques notes qui lui ont été communiquées par notre con- frère, M. le docteur Costallat, relativement au lac pyrénéen d'Oncet, dont il désirerait tenter l'empoissonnement, s'il rece- vait de nous un avis favorable sur l'opportunité de cet essai. Ce lac est situé dans les Hautes- Pvrénées , au voisinaiie immédiat du pic du Midi de Bigorre, à une élévation de 1*300 mètres au-dessus du niveau de la mer. Sa longueur est de 500 mètres et sa largeur de 300- on n'en connaît pas la profondeur. Sa surface, excepté sur ses bords, est couveite de glace et de neige pendant six ou sept mois de l'année. Aucune plante ne croit ni dans ses eaux, m sur ses rives, mais on v rencontre un certain nombre de Mollusques [Lymnœa ovata^ var. glacialis , Ancijlus fiaviatilis); les larves de quatre espèces de Phryganes y vivent également et y sont abondantes. Enfin, la dégradation des berges y amène accidentellement un assez grand nombre de larves ou d'insectes parfaits d'ordres variés : des Carabiques, des Forficules et beaucoup do chenilles de papillons alpins. Des tentatives d'empoissonnement du lac Bleu, dont l'altitude est de 2000 mètres, ont été faites en 183J , et couronnées de succès. Renvoi à la S*" Section. — M. le docteur Rufz lit un travail ayant pour titre : Des Tortues considérées au point de vue de l'alimentation et de l'acclimatation. Il ne parle aujourd'hui que de la Tortue de mer, dite Tortue franche ou verte {Testudo Midas), et réserve pour la prochaine séance ce qui concerne les autres Tortues. — Il est donné lecture de quelques passages d'un travail manuscrit de M. 3Ioreau de Jonnès, membre de l'Institut, et qui font connaître qu'en 1819, sur les indications (ju'il avait données dès 181() dans sa Monographie du Trigonocé- T. VI. —. Juillet 1S5 SOCIKTK IMI'ÉIUALL ZOOLOGIULK u'ACCLlMATAllOiV. MM. SxY (ConstniiO, propriétaire, à Paris. Tavano (le docteur), à Novo-Uetloiulo, au Congo (Africjue portugaise). Wannebroucq (Emile), interne des hôpitaux, à Paris. — M. le Président informe que, depuis sa dernière assem- blée, la Société a perdu trois de ses membres : MM. José Marco de! Pont, consul général du Cbili et du Pérou à Paris; le prince de Metternicb, et le marquis de Villelte. — 3L Piouillé, juge à Napoléon-Vendée, écrit pour remer- cier de sa récente admission dans la Société. — Notre conlVèro M. Alfred Perrot annonce à M. le Prési- dent (jue, dans le but de contribuer pour sa part au témoi- gnage d'alfectueuse confraternité décerné par rassemblée dans la deinière séance à la niémoire de M. Paul Gaimard, il se met complètement, en sa (pialilé d'arcbitecte, à la disposition de la Connnission du monument à élever sur la tombe de notre ancien collègue. M. le Président prie M. Perrot de recevoir les remercîmenls de la Société. — Conformément à Tordre du jour spécial portésur la lettre de convocation i)our la séance de ce jour, l'assemblée est appelée à voter sur une demande d'affiliation adressée par la Société d' horticulture et (V acclimatation de Tarn-et-Garonne siégeant à Montauban. Celte affiliation est prononcée par un vote unanime. A cette occasion, M. liigilac, originaire de Moissac près Montauban. ex])rime le désir (ju'on informe cette Société qu'il lui offre ses services pour tout ce qui pourrait faciliter ses rap- ports avec la nôtre. M. le Président fait observer que cette Société veut créer un jardin d'acclimatation comme il y en a déjà dans d'autres villes de France, soit seulement pour les végétaux, soit en outre pour les tlnimaux. M. le Président cite comme ayant, dès à présent, déjà commencé ces applications, les villes de Grenoble, (le Lvon, de Nancvetde Marseille. « Les idées à la réalisation desquelles la Société s'est consacrée font donc, dit-il, de remar- (piables progrès, » PUOCÈS-VEUBALX. 333 — M. le Président informe que le révérend père Besson, dominicain, préfet apostolique de la mission de Mossoul et du Kurdistan, sur le point de partir pour l'Asie, offre à la Société ses services et ceux des six missionnaires qui le secondent dans ses travaux apostoliques. Des remercîments lui seront adressés. Selon son désir, il lui sera remis des graines de végétaux pouvant être utilement acclimatés dans sa mission. — De plus, Mgr Desflèches, évèque du Su-tcliuen, pro- vince centrale de la Chine, voisine du Kouy-tcheou, dans laquelle réside Mgr Perny, fait parvenir des oflVes de service. Il sera prié d'agréer les remercîments de la Société. — M. Kaufmann, vice-président de notre Société affiliée d'acclimatation pour les Etats royaux de Prusse, donne verba- lement quelques détails sur les progrès de cette œuvre. Il remercie des graines qui lui ont été envoyées, et fait hommage des derniers numéros qui ont paru du journal relatif à l'accli- matation qu'il publie à Berlin. 11 annonce que les Sociétés dont les travaux se rattachent à ceux de la Société centrale de Berlin sont maintenant au nombre de quarante-quatre. — M. le Ministre des Pays-Bas en France informe qu'il a expédié à S. M. le roi de Hollande les graines oiïertes parla Société, et il transmet les remercîments de son Souverain. — M. Brierre, de Riez (Vendée), fait parvenir une nouvelle série de vingt-huit dessins en couleur reproduisant l'aspect que présentent, pendant leur développement, difiérents végé- taux exotiques dont les numéros d'envoi qui accompagnaient les graines sont placés au-dessous des dessins. — M. Dupuis présente une Note descriptive concernant deux variétés nouvelles de Fraises obtenues par notre confrère 31. Graindorge, à Bagnolet, près Paris. L'une, qui est denii- hàtive et déjà passée, n'a pu être placée sous les yeux de l'assemblée; l'autre, qui est tardive, au contraire, est déposée sur le bureau. Elles ont reçu les noms de nvALVMua Lo/œsse et de madame CoUonge. — M. le professeur Bazin, président du Co?nité régional de Bordeaux, annonce que M. Delisse, de Blanquefort, membre de la Société, a vingt pieds de l'un des Nerpruns de Chine 334 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATAÏION. (celui nommé Mhamnus chlorophorus), et qui fournissent le vert de Chine ou Loza. Ces vingt pieds, après avoir passé l'hiver en pleine terre, avaient atteint, au commencement du printemps, i mètre à l^^ôO de hauteur. Ils ont fleuri et sont en pleine fructitication. flI.Delisse enverra des graines aussitôt qu'il les aura récoltées. Notre délégué donne des renseignements sur les résultats heureux ohtenus par ce confrère et par M. Castillon, dans la culture des Pommes de terre de Sibérie et de Sainte-Marthe, ainsi que du Tabac de la Nouvelle-Hollande 5 il ajoute que des rapports seront adressés ultérieurement à la Société sur ces différentes cultures. — M. Guérin-Méneville écrit pour annoncer que M. C. Aguit- lon adresse, pour qu'on les distribue aux membres de la Société qui habitent le midi de la France et l'Algérie, des cônes d'une précieuse espèce de Pin {Pimis pinea tenerrima), originaire de Naples, et que notre confrère a acclimatée à Toulon dans son jardin de l'Eygoutier. Les graines, qui ;sont douces et bonnes à manger, sont tendres comme les amandes dites Prin- cesses. A cet envoi, M. Aguillon joint des Patates douces de diverses variétés. — Un Rapport satisfaisant sur une éducation de Vers à soie de l'Asie ftlineure. poursuivie àSartène (Corse) par made- moiselle Rosine Ortoli, est adressé par notre confrère M, le vicomte F. de Susini. Renvoi à la IC Section. — Le même renvoi a lieu pour un Rapport sous forme de journal, rédigé avec un grand soin et adressé par madame de La Bédoyère, sur une éducation de Vers à soie de Perse qu'elle a faite à sa terre de Bragny près Verdun, et pour une lettre écrite par notre collègue M, Guérin-Méneville sur les expé- riences séricicoles qu'il a entreprises chez nos confrères, M3L E. Robert, à la magnanerie expérimentale de Sainte- Tulle, et C. Aguillon, à Toulon. — M. Giot annonce les bons résultats qu'il a obtenus de l'emploi du fumier sur un champ de Betteraves, aussitôt après le semis, contre les ravages d'un insecte dont les troupes PROCÈS -vi:r.BAUX. 335 innonil)ral)los avaient détruit en trois ou quatre jours, dans un espace de 6 hectares, les jeunes pousses d'une première semaille. L'insecte est un Coléoptère de très petite taille [Atomaria Imearis), déjà signalé |)ar des déiïàts sur des champs de Betteraves dans le départeuicnl de l'Oise. Il a été rohjet d'un travail particulier de M. Hipp. Lucas [Biillet. de la Société entomolog.^ 185/i, p. xxxix). — Il est donné lecture, au nom de la Commission nommée pour s'occuper des moyens de destruction de la Vipère en France, d'un Questionnaire relatif aux faits principaux qui se rattachent à l'histoire naturelle de ce reptile et aux accidents causés par ses blessures. En ouvrant cette enquête, la Coui- mission a pour but de réunir le plus de matériaux qu'il lui sera possible en vue de la solution des questions que soulève ce sujet important. Il est décidé que le Questionnaire sera inséré dansle Bulletin, et qu'un tirage à part nombreux en permettra la distribution à toutes les Sociétés d'agriculture, à tous les Conseils généraux, aux Conservateurs des forêts, ainsi qu'aux chefs de service de cette administration, et enfin à toutes les personnes en position de pouvoir adresser des réponses. — M, le docteur Rufz dépose sur le bureau, l'ordre du jour n'en permettant pas la lecture, la seconde partie de son travail sur les Tortues au point de vue de f alimentation et de l'ac- climatation. Il complète ainsi son sujet, en passant en revue toutes les espèces autres que la Tortue de mer dite Tortue franche, qui avait été l'objet principal de sa première IS'ote. Renvoi au Comité de publication. — M. Millet annonce que la S'Section se propose de présenter un Questionnaire relatif à l'emploi du thermomètre pour la me- sure de la température des eaux. Il donne ensuite quelques dé- tails sur un instrument qu'il a imaginé poui obtenir les minima de température, et dans lequel il introduit de petites boules 'composées de matières grasses dont le degré exact de fusibilité est connu. Si, par exemple, une de ces boules qui doit fondre à 4- 5 degrés est retirée intacte, il en conclut que l'eau dans laquelle l'instrument est plongé ne monte pas à cette tempéra- ture. M. Millet expose aussi les résultats auxquels il est arrivé 336 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQLK d'aCCLIMATATION. dans la détermination de la température des poissons, en leur faisant avaler des noyaux de cerises où sont renfermées des boules fondantes dont le degré de fusibilité est bien déter- miné. Il a trouvé ainsi que leur température dépasse un peu celle du milieu dans lequel ces animaux vivent. — M. P. Jannet, membre de la Société, adresse une Notice sur trois ouvrages relatifs aux diverses races de Gallinacés élevés dans les basses-cours, et dont la publication récente est due à M. Cil. Loefler (de Berlin). Cette Notice est renvoyée à l'examen de la 2' Section. — M.Davclouis fait connaître qu'il ne lui est pas possible de se rendre à la séance de ce jour, et par conséquent de pré- senter à rassemblée une carte qu'il adressée pour les travaux de la 2' Section. Il annonce, en sa qualité de secrétaire de cette Section, qu'elle a. comme les années [)récédentes, nonmié une Commission permanente qui s'assemblera régulièrement pen- dant rintervalle des deux sessions. Cette Commission se compose de M3I. Berrier-Fontaine, Davelouis, J. Delon, Ilubert- îîrierre et Florent Prévost. M. le Président iiifoi'me que des remercîments seront adressés à la Section pour ce nouveau témoignage de son zèle. — M. Ferdinand Denis, qui a rendu plusieurs services à la Société et qui s'intéresse beaucoup aux tentatives d'acclimata- tion, envoie le renseignement bisloritpie suivant qu'il a extrait du journal ayant pour litre : Revista irimensal de Rio de Janeiro, t. XV, p. 18 : « Les premiers Lamas ou Guanacos (ce t]ui n'est pas tout à fait la même cbose) furent envoyés à Cbarles-Quint parle navigateur Diego Garcia en 1527. » — M. Girard, professeur de sciences pbysiques et naturelles au collège Piollin, transmet une Note concernant des tentatives beureuses d'acclimatation sur des Cbèvres de race tibétaine dites Clièvres-cacbemire, [)Oursuivies pendant vingt armées, à partir de 1820, aux environs de Reims, par M. Petil-llutin. Notre confrère annonce, en outre, (|ue cet agronome a contribué, en Cliampagne, d'une uianière eflicace, à la pro- pagation des troupeaux Mérinos, ^i a rei;u trois médailles d'or de la Société d'airriculture de Cliàlons. PROCÈS-VERBAUX. 337 — M. Bouteille, secrétaire général de \a Société zoologigae des Alpes, annonce qu'une femelle de Yak, déjà malade depuis assez longtemps, a succombé, mais que les autres animaux de cette même race sont depuis plus de deux mois déjà sur la montagne, et jouissent d'un parfait état de santé. — • M. Dutrùne, dans le Lut d'instituer une race bovine bretonne sans cornes, comme il a déjà constitué la racecoten- line à tète nue, annonce qu'il vient de faire l'acquisition d'une petite Vacbe arabe sans cornes qu'il croisera avec un Taureau de Brelaiïne. Il demande que la Commission qui s'est occupée des deux Bœufs à tète nue nommés Sarlabot I", et Sarlabotll, soitcbar- gée d'examiner celte Vacbe arabe, ainsi que le troisième spé- cimen de la race du Cotentin sans cornes, qui va être procbai- nement abattu au profit des Bureaux de bienfaisance de Paris, Sceaux et Poissy et de la caisse de secours de la Boucberie. Benvoi à la Commission précédemment désignée. — Il est donné lecture d'une proposition de la Commission permanente de l'Algérie, contenant le vœu que « la Société impériale d'Acclimatation veuille bien prier M. le Ministre de l'Alaérie et des Colonies de faciliter par tous les moyens en son pouvoir les études expérimentales nécessaires pour doter l'Afrique française des animaux utiles, notamment de Cbevaux de trait, qui manquent à l'agriculture et à l'industrie de ce ricbe et beau pays. j> M. J. Dupré de Saint-Maur, propriétaire de la ferme d'Arbal (province d'Oran), insiste pour qu'il soit donné suite au vœu qui vient d'être exprimé-, car, malgré la présence dans notre colonie d'animaux de pur sang qui peuvent être croisés avec des Juments provenant de la réforme de l'armée, il faut de toute nécessité, pour avoir des Cbevaux de trait, introduire des étalons de race percheronne. Il fait ensuite observer que dans la province d'Oran, on s'est déjà occupé beaucoup plus que dans celle d'Alger de la production de la race cbe- vnline. M. le comte de Fontenay présente ensuite quelques obser- vations sur les précieuses qualités des Cbevaux du Percbe, et 338 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOCîQLMî 1)' ACCLIMATATION. sur la prudence qu'il faut apporter dans le choix des croise- ments auxquels on veut les faire servir. La proposition de la Commission permanente de l'Algérie est renvoyée à Fexamen du Conseil. — 31. John Le Long annonce de Parana l'envoi : 1° d'un certain nombre de cocons d'un Ver à soie (}ui vit sur l'arbre dit Espenillo {Mi?nosa), et qu'il n'a trouvé sur cet arbre que dans les provinces d'Entre-Rios et de Santa-Fé, c'est-à-dire du 33" au 30' degré de latitude sud ; 2" d'une collection de graines provenant de diverses plantes médicinales, textiles, tinctoriales et oléagineuses, dont racclimatation, pense-t-il, sera facile dans le midi de la France ou en Algérie ; elles sont toutes étiquetées et la plupart accompagnées de l'indica- tion de la latitude et de la qualité des terres on elles croissent naturellement; 3" de différents tubercules, et particulièrement ceux de la Pomme de terre indigène; A" d'oiseaux, dont il a déjà parlé dans une lettre précédente, et qui sont le Pavo del monte (Dindon des bois), et le Mitu (nom guarani), dont la chair est excellente et sur lequel il ndresse une Note détaillée. — M. Pépin dépose sur le bureau un spécimen degraminée très précoce, l'Alpiste bleuâtre [PJialaris cœridescens, Desfont.) ([ui formera, un jour, dit-il, d'excellentes prairies naturelles; elle croît spontanément en Egypte ainsi qu'en Algérie, et il en a obtenu l'acclimatafion en France, où il la cultive en pleine terre au Muséum d'histoire naturelle depuis plus de trente ans. Notre confrère joint à cet envoi une Note détaillée sur cette plante et sur le mode de culture qui lui convient. — M. Bouchard-Uuzard fait hommage d'un volume com- prenant la fin de la première partie de son ouvrage sur les Constructions rurales. M. le Président adresse à notre confrère les remercîmenls de la Société, et renvoie ce livre à l'examen delà Commission qui a déjà été chargée de faire un Rnpport sur le premier fascicule. — - M. Girard offre à la Société un ouvrage qu'il a publié en 1857 sous ce titre : Vie et travaux de François Pérou, et qui a été couronné par la Société d'émulation de l'Allier. Notre confrère accompagne ce livre de la Note suivante, (pii montre PROCÈS-VERBAUX. 339 que, (lès 180/i, l'habile naturalisle, mort peu de temps après le retour de son grand voyage, appréciait tous les avantages (pje peut promettre l'importation d'animaux utiles dans des pays autres queceuxoùils vivent d'ordinaire. « Pérou, dit-il, indique un certain nombre d'animaux australiens dont l'acclimatation serait désirable. Tels sont le Dromée ou Casoar, dont il a trouvé excellents la chair et les. œufs; le Cygne noir; l'Oie du détroit de Bass [Cereopsis cinereus) ; plusieurs Kanguroos : K . gris (il/«- cropiis nifo-griseiis.'Gi^o^.)-^ le Potoroo élégant, dont la chair est préférable à celle du Kanguroo géant; enfin le Phascolonie wombat, déjà rendu domestique à la façon du Lapin par les pêcheurs anglais établis sur l'ile de King au commencement de ce siècle. Pérou signale un Zèbre qu'il ramena parfaitement dressé, se laissant bien monter. Il a également essayé de rap- porter vivant en France le poisson à chair délicieuse, nommé Gourami [Osphromemis olfax). » A l'occasion de ce poisson, le Secrétaire rappelle les tenta- tives généreuses répétées à plusieurs reprises par notre con- frère M. Liénard père, de l'île Maurice, pour doter la France de cette précieuse espèce. — On remarque, parmi les pièces impriuiées, de nombreuses brochures relatives aux travaux des Comités d'acclimatation de Moscou. Elles sont déposées sur le bureau par M. le profes- seur Anat. Bogdanow, fondateur de ces Comités, et à qui M. le Président transmet aussitôt les remercîments de la Société. — M. le Président, après avoir rappelé que cette séance est la dernière de la session 1858-1859, donne quelques détails sur les trois grandes questions qui ont occupé la Société pen- dant cet espace de tenq)S : 1" le choix, l'acquisition en Algérie et le transport des Dromadaires destinés au Brésil ; 2° la déter- mination prise par la Société de faire venir du Pérou en France des Alpacas et des Vigognes ; 3" enfin, la fondation du jardin zoologique d'acclimatation du bois de Boulogne, où les travaux, entrepris dès que les autorisations administratives ont été obtenues, sont poursuivis avec activité. Le Secrétaire des séances, AUG. DUMÉRIL. 3/iO SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATIOIV. III. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. Inscription de H. M. le Roi de Grèce sur la liste des membres de la Société. Le Conseil d'administration de la Soci(îlé a reçu , dans sa séance du 29 juillet, la nouvelle que S. M. le Roi de Grèce a bien voulu donner un témoignage de la haute bienveillance qu'il accorde à nos travaux, en auto- risant l'inscription de son nom sur la liste des membres de la Société, Cette nouvelle a été annoncée au Conseil par M. Drouyn de Lhuys, vice- président de la Société, qui en avait été lui-même informé par une lettre de M. de Moniiierot, ministre de I-'rance en Grèce. « Le roi Otbon, » dit M. de Monlberot dans cette lettre, « est charmé d'associer son nom à ceux » des autres Souverains qui patronnent la Société d'acclimatation. » Séance annuelle «le la Société d'acclimatation de Kancy. Nous avons inséré, dans le dernier numéro, un extrait du Compte rendu des travaux de la Sociétt- d'acdhnaialiun des Alpes, par M. IJouteillc. Nous donnons aujourd'liui un extrait de ceux de la Société régionale pour la zone du Nord-Est (Société d'acclimatation de Nancy), par son honorable secrétaire général, M. le baron G. de Dumas. Messieurs, Comme il est bon que, dans une assemblée générale, on puisse présenter aux sociétaires les receltes et les (iépeiiscs de rexercice écoulé, les grandes séances périodi(]ii('s sont moins bien placées à la lîn des années dont il s'agit de passer la revue iin'ou début des années suivantes. Aussi tel est l'usage adopté par la So- ciété impériale d'Acclimatation, dont la vôtre est la fille. Pendant 1857 et IS'iS, vous avez jeté du jour sur plusieurs oliapitrcs concer- nant ou l'acclimatation proprement dite, c'est-à-dire l'introduction de nouvelles ressources, ou bien le perfectionnement et l'extension des ressources existantes; ce second résultat n'étant pas, à vos yeux, moins intéressant que le premier. Acclimater des êtres nouveaux, voilà ce qu'on regarde assez généralement, mais à tort, conmie l'unique but de vos sollicitudes; — tttUiser les êtres d'une façon nouvelle, à la bonne heure. Si ce n'est pas là le corps et la lettre de votre devise, c'en est l'esprit. Le premier argent gagné, disait Franklin, c'est celui que Von a, pourvu qu'on sache le bien employer. De mènu', les premiers végétaux, les [iremicrs animaux dont l'Europe ait à s'occuper, ce sont ceux qu'elle possède; et la tâche d'une Société comme la vôtre, messieurs, est de vérifier d'abord s'ils sont hicn mis en œuvre, s'il n'y aurait pas à en tirer plus de profil qu'on ne sait le faiie. Com- battre perpétuellement l'inertie et la routine, communii|uer aux esprits une sage hardiesse, tel est le point essentiel; mais le progrès, le bénéfice à obtenir n'a pas toujours besoin de venir d'une source étrangère au pays. Améliorer peut quel- quefois dispenser d'innover. Les deux grands rameaux du règne organique se sont partagé vos soins. Voyons d'abord la division végétale. Vous rivez encouragé vos concitoyens à rnltivor l'Igrinme de Chine. L'Igname, FAITS DIVEIIS. '6li\. — très bon aliment, dont l'arrachage seul rend la récolte assez dittîcile, — est assurément le meilleur des succédanés de la Pomme de terre. S'il ne faut pas s'attendre, comme en Algérie et peut-être en Provence ou en Languedoc, à voir le Sorgho prendre chez nous une place dans l'industrie sucrière, il promet ici un excellent fourrage. Sous ce rapport, vous en avez recommandé et rendu facile la semaille. Vous avez fait tenter la culture de Carottes, de Navets et d'Oignons venus de Russie, dont l'origine septentrionale donne lieu d'espérer une rusticité plus grande. Vous avez aussi distrihué des Pois oléagineux ; et si le public, toujours si long à sortir de l'indifférence, n'a pas encore su tirer parti de ce légume, telle- ment populaire à la Chine, ce n'est pas que l'acquisition en soit impossible, car l'un des essais faits par vos membres a très bien réussi. Mais une de vos entreprises les plus louables et dont la poursuite vous fera le plus d'honneur, c'est la demande que vous formez tous les ans, de voir planter les routes ; de les voir planter non en peupliers, mais en arbres variés et utiles, et surtout en arbres à cidre. C'est aussi, messieurs, la guerre incessante que vous faites à la plus fâcheuse erreur dont nos contrées soient victimes; nous voulons dire à la ridicide et funeste manie qui y domine, de détruire partout les haies et les buissons. Nudité des routes, nudité même des campagnes, voilà deux fléaux dont il faudra longtemps pour triompher, parce que, sur ce chapitre, l'Ignorance a pris pour alliée l'Avarice. En quittant le règne végétal pour le règne vivant proprement dit, nous nous trouvons sur im terrain où votre action a moins de facilité pour s'exercer. Il n'est pas, en effet, si aisé de se procurer des animaux que des plantes ; il est surtout plus coûteux de les entretenir. Celte branche de l'acclimatation paraît donc peu en rapport avec la modicité de vos ressources. Malgré cela, vous êtes parvenus à créer une oisellerie, qui, si elle n'est pas encore remplie d'espèces fort rares, commence toutefois à exercer sur les basses-cours du pays une influence avan- tageuse. A présent, que la construction du bâtiment va se trouver payée, et que le soin de loger les volatiles ne sera plus l'affaire majeure, il deviendra possible d'appliquer un peu plus d'argent aux oiseaux eux-mêmes; et déjà vous venez, grâce à l'obligeance de M. Sacc, de placer dans une de vos loges la Perdrix alpestre dite de roche. Depuis quatre ans, messieurs, vous avez appelé l'attention publique sur le Coq de bruyère, et signalé les essais entrepris dans les Vosges pour domestiquer cet oi- seau. Commencés à Étival par M. de Rosières, ils se continuent à Remiremont sous la direction de l'un de vos membres les plus intelligents et les plus hardis, M. Galmiche. Vous n'avez pas encore de ménagerie pour les quadrupèdes, et il sera difficile d'en former une tant que le nombre ou la libéralité de vos membres ne viendra pas à s'augmenter. De belles choses seraient à faire si quelque citoyen généreux venait à tourner de votre côté ses munificences pécuniaires. En attendant, comme marque d'estime et comme témoignage du rang dont vous jouissez dans l'opinion, vous avez reçu de M. Rarbey, l'armateur, un superbe Lama. Aidés par la complaisance de plusieurs de vos confrères, vous avez élevé des bètes caprines de diverses sortes. Si la Chèvre de Nubie n'a pas pu, malgré les soins les plus parfaits, s'habituer à notre climat, trop différent du sien, celle d'Angora, originaire d'un pays plutôt sec que chaud, a beaucoup mieux résisté au changement de lieu. Amenés en Lorraine dans un déplorable état de santé, les ru- minants de cette race n'y ont pas péri tous ; bien s'en faut. Plusieurs d'entre eux s'y sont rétablis, voire môme reproduits; il ont fourni de belle laine et fait naître de beaux Chevreaux. Peut-être les résultats ont-ils été moindres que ceux qu'on obtiendra dans le Cantal, où la Société impériale vient de les réunir au troupeaudes Cévennes ; mais les expériences faites par vous dans la Meurthe et dans les Vosges auront prouvé ([u'cu sonnuc l'Angora peut y subsister cl s'y multiplier. 3/|2 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQLE d'aCCLIMATATION. Aussi zélés partisans des sages idées conservatrices que vous èles ennemis de la routine, vous vous opposez fortement à toutes les destructions inintelligentes. A côté du vandalisme qui brise ou gâte les œuvres de l'art, il y en a un autre qui ravage les œuvres de la nature. Depuis quelque temps, comme on sait, le pre- mier des deux est en recul ; mais le second reste en progrès, parce que sur ce point l'opinion s'égare encore. Or, vous ne laissez passer aucune occasion de la redresser. Ce que vous avez fait pour combattre le préjugé relatif aux hnies et buissons, vous le faites pour une autre aberiation d'esprit que, maintes fois, des voyageurs qui traversaient la Lorraine ont signalée comme une affligeante bizar- rerie de notre province. Vous ne craignez pas d'attaquer, malgré son crédit, l'idée slupide (|)lus stupide encore que cruelle) qui, non-seulement permet ici, mais en- courage la tendue aux oiseaux à bec fin ; à ces précieux insectivores dont pas un seul n'est inutile et dont on ne possède jamais assez de nichées. L'erreur que vous osez flétrir, est cependant aussi triomphante que possible. Cette tuerie des jolis chantres du printemps, on l'a régulaiisée, prùnée, mise ù la mode. Par des raisons analogues (quoique avec moins de chaleur, parce qu'ici les in- convénients, soit matériels, soit moraux, sont beaucoup moindres), vous avez aussi déconseillé, messieurs, la guerre faite aux oiseaux de nuit, lesquels, se nourrissant de mulots et de campagnols, rendent, par leur existence, service aux laboureurs, et devraient être favorisés dans les fermes. Vos démarches déjà anciennes pour essayer de faire peupler des cours d'eau, et votre souscription en faveur de la famille Uemy, avaient laissé voir, dès l'ori- gine, quel intérêt vous preniez à la pisciculture. Vous avez continué d'en suivre avec attention les progrès, toujours [irèts ipie vous êtes à y faire songer les in- différents, là où il y a quelque chance de la répandre, et publiant les noms des opérateurs qui la propagent. N'est-ce pas dans votre zone régionale qu'elle a pris naissance! cl tous ceux qui s'en disputent l'invention ne sont-ils pas Lorrains? Plus récemment, vous venez d'éveiller fortement l'attenlion publique sur une autre industrie agricole, sur la sériciculture. I.e membre qui, dans votre Conseil régional, représente spécialement les Vosges, a remué de nouveau cette belle question ; il ne croit pas impossible en Lorraine l'éducation des Vers à soie. Et, en effet, dùl-on s'abstenir d'y élever le Bombyx ordinaire (qui cependant y a vécu autrefois, tant à l'aide du mûrier que de la scorsonère), aucune difTicullé ne pa- raît exister pour les deux nouveaux Vers exotiques dont M. Guérin-Méiicville tra- vaille si activement à doter la France ; car l'un pourrait vivre des feuilles du char- don à foulon et l'autre des feuilles de l'allante glanduleux^ (vernis du Japon). Nous aurions à mentionner aussi votre post-scriptum,coTirt mais décisif, au sujet de l'bippophagie ; car, sans être revenus ex professa sur une thèse liont votre pie- mier volume contenait, par des témoignages enqiruntés à tous les jiays et à tous les siècles, la démonstration presque surabondante, vous avez du moins enre- gistré le fait final et péremploire qui ne permet plus aux régionaux la moindre incertitude, puisqu'il s'est passé à Nancy. Supérieure à tous les plaidoyers du monde, celte expérimentation (faite, comme vous savez, chez un de vos membres) a constaté et mis en lumière un résultat, fort aisé à prévoir, mais étonnant encore pour bien des gens : dix hommes sains de corps <■{ d'esprit, dix invités non avertis, à qui l'on avait servi du cheval, à qui pourtant on en avait servi sous la forme la plus simple (rôti non déguisé par aucune sauce), ne s'en (il aient pas même aperçus, et n'avaient su distinguer, ni en bien nien mal, qu'ils mangeaient là autre chose que du filet de bœuf. Sans doute, on ne saurait, malgré mille de ces démonstrations accablantes, espérer de vaincre, d'ici à longtemps, l'enlètcment, la peur absurde des jiopula- tions occidentales ; car les préjugés sont d'autant plus tenaces qu'ils sont plus bêtes, et la déraison, quand elle est au comble, semble jtuiser une double force dans son énormité même. îSon, sans doute, nos Européens n'arriveront guère plus FAITS DIVERS. 3^3 vite à manger du cheval que les Hindous à manger du bœuf, ou que les Levantins à manger du porc. Quelque affligeant qu'il soit, et pour l'honneur de l'humanité, et pour son bien-être, de songer qu'une routine insensée condamne encore nos concitoyens, même en présence de la cherté croissante des vivres de boucherie, à se priver et à priver leur prochain d'une substance nutritive excellente, aussi agréable au goût que favorable à la santé, il faut bien prendre en patience un pareil aveuglement, et s'attendre à le voir durer longtemps, surtout chez les Fran- çais, ces passionnés adversaires de tout ce qui n'est point à la mode. Mais il n'y a pas là motif suffisant pour cesser un moment de parler et d'agir auprès d'eux en faveur de la vérité. Lettre de M. Gnérin-iVIénet-ilIe. M, Giiérin-Méneville, qui fait en ce moment un voyage séricicole dans le .Midi, a adre.ssé à M. le Président une lettre destinée à faire connaître les principaux résultats qu'il a obtenus ou constatés, Nous croyons devoir mettre cette lettre sous les yeux de nos lecteurs, en attendant le Rapport que notre savant confrère a Pintenlion de faire au Conseil, aprijs avoir achevé ses voyaiîes en France et en .Algérie. Toulon, le 21 juin 1859. Monsieur le Président, Permettez-moi de donner brièvement à la .Société quelques nouvelles des nombreuses expériences séricicoles que j'ai entreprises pour elle, chez nos dé- voués confrères MM. E. Robert, de Sainte-Tulle, et T.. Aguillon, de Toulon. Chez M. E. Robert, les nombreuses catégories de graines du Ver à soie du mûrier appartenant à la Société ont été élevées séparément, et cependant dans les conditions de la grande culture. Elles ont montré des phénomènes très divers et presque tous plus ou moins alarmants, qui ont nécessité un redoublement de soins pour isoler chaque expérience. J'ai dû me rendre plusieurs fois chez M. E. Ro- bert pour constater et noter les diverses phases de ces éducations expérimentales et si utiles pour bien connaître l'état de l'épidémie qui ravage encore les Vers à soie, et il est résulté de ces observations, qu'il serait trop long de mentionner ici, que la gattine est encore dans presque toutes les graines des diverses provenances dont la Société a disposé, et qu'il est impossible de faire de la bonne graine avec les cocons obtenus des races qui ont le mieux réussi ; que j'y ai constaté des traces plus ou moins intenses de gattine. Parmi les races qui ont été les moins atteintes, il faut placer en première ligne la graine faite en Orient par notre sa- vant confrère M. Rourlier. Quant aux expériences faites chez JI. Aguillon avec des Vers à soie exotiques et avec quelques cocons de Ver à soie du mûrier obtenus au Jardin des plantes, elles ne sont pas encore terminées et promettent beaucoup de travail et des ré- sultats très divers. Ainsi les cocons de Ver à soie du mûrier ont donné des Papillons mous, faibles, souvent tachés et portant tous les caractères de la gattine intense, et je n'ai pas cru prudent de garder les rares graines qu'ils ont données autrement que pour constater l'année prochaine qu'elles donneront des Vers gattinés. Les cocons de la race Trevoltini (de mademoiselle de Susini n'ont pas été meilleurs ; mais, cependant, j'élève en ce moment des Vers provenant de la ponte des rares papillons, à peu près sains, que j'en ai obtenus, et qui sont éclos douze jours après la ponte, au lieu de rester inactifs jusqu'au printemps prochain, comme ceux des races annuelles. Je vais suivre celte éducation avec beaucoup d'intérêt et de soin. Les cocons de Ver à soie du ricin, que j'ai encore conservés l'hiver dernier dans de la flanelle pour les empêcher d'éclore, m'ont donné des papillons vers la fin de mai, et les œufs que j'en ai obtenus viennent d'éclore. Je vais élever ces Vers illk SOCIÉTÉ IMPEKIALE ZOOLUGIQUE u'aCCLIAUTATION. avec du ricin, car il n'y a pas de chardon à foulon ici. Des cocons de'la même es- pèce, provenant des éducations du Jardin des plantes, m'ont donné des papillons quelques jours après, et leurs œufs éclosont en ce moment. Quant aux métis de ricin et vernis du Japon, les cocons que j'ai apportés ici sont éclos dès mon arrivée; et, dans ce moment, j'ai en plein air des Vers près de faire leurs cocons. Les Vers à soie du vernis du Japon, dont j'avais apporté de nombreux cocons, ont donné leurs papillons beaucoup plus tard, car les premiers n'ont éclos que le 5 juin. Depuis, il eu apparaît tous les jours ; et je suis constamment occupé ù re- cueillir leurs œufs et à les séparer par journées de ponte. Le fait le plus intéressant est l'éclosion simullanéc enfin de mâles et de femelles du Ver à soie du chêne {Bomb. Mylilta), et surtout d'un moyen d'avoir des accou- plements en domesticité, sans être obligé d'attacher les femelles et de mettre les mâles en liberté au risque de les perdre. Sans entrer ici dans le détail des considé- rations qui m'ont engagé à faire cet essai, je dirai tout de suite qu'ayant coupé une aile au mâle pour lui ôter toute idée de voler, et l'ayant mis, avec deux femelles nées le même jour, sous une cloche de toile métallique placée le soir dans un buisson du Jardin, j'ai trouvé, le lendemain, un accouplement qui a persisté toute la jour- née. Ces deux individus s'étant séparés le soir, j'ai retiré la femelle fécondée, (]ui m'a donné ensuite beaucoup d'œufs, et j'ai laissé le mâle avec l'autre lemelle. Se ré.iignant probablement à l'esclavage, puisqu'il se sentait dans l'impossibilité de voler, le mâle, à ma grande surprise, était accouplé le lendemain avec la seconde femelle, qui me donne actuellement de nombreux œufs. Je compte bien renouveler l'expérience de la mutilation du mâle dès que j'en aurai d'autres; car, si elle réussissait toujours, elle doimerait un moyen certain d'avoir sûrement des fécondations d'espèces rebelles, telles que le l'oiyphèine de l'Amériiiuc du Nord, et d'autres encore. Et peut-être ce procédé permettrait- il d'obtenir la fécondation de beaucoup d'autres [lapillons que les entomologistes ne sont jamais parvenus à faire reproduire en domesticité. On arriverait à ce ré- sultat sans être obligé d'attacher les femelles et de lâcher les mâles, ce qui expose à les perdre, surtout dans un pays très peuplé comme la France, où sont tant de jardins pleins d'oiseaux domestiques ou sauvages, et d'autres ennemis susceptibles de dévorer ces mâles ainsi lâchés, sans leur laisser le temps de venir féconder les femelles captives. Je borne là, pour aujourd'hui, cetlc lettre, réservant pour des notes plus délail- lées les nombreuses obscrvaiions que je lais journellement, et qui me tiennent ici dans une sorte d'état d'esclavage ; car je ne puis plus quitter mes expériences un seul jour, tant les travaux qu'elles nécessitent sont minutieux, multipliés et in- cessants. J'ai eu le plaisir de voir ici notre savant confrère M. Jules Cloquet, dans son admirable jardin du fort La Malgue, qu'on peut nommer à juste titre un véritable jardin d'acclimatation. Il ne tardera pas à retourner à Paris, où il vous fera connaître les remarquables ex[)èriences qu'il a instituées, et que je vais suivre avec le plus vif intérêt, pour arriver, comme lui, à faire mûrir les dattes dans nos contrées. Veuillez agréer, etc. Guérin-Méneville. Pour le Secrétaire du Conseil absent, Le Secrétaire des aéances, AUC. DlJMÉRIL VENEZUELA. 3Z|5 I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ. NOTICE GÉOCrlUPHIQUR ET CLIMATOLOGIQUE SUR VENEZUELA. POSITION GÉOGRAPHIQUE, ASPECT PHYSIQUE DU PAYS, SAISONS, ZONES CLIMATÉRIQUES, OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES. Par M. A. DE TOLRREIL, Chancelier du Consulat de France, Dclétrué de la Société iinpéiiale d'Acclimatation à Caracas (Vénéiuéla). (Séance du 15 avril 1859.) I. — Position géographique. Venezuela est une des trois sections qui formèrent, lors de Tindépendance de rAmériqne du Sud, la grande république de Colombie (1). Cet État a pour limites : à l'est, la Guyane anglaise ; au sud, Tempiiedu Brésil; à l'ouest, la Nouvelle-Grenade, et au nord, l'océan Atlantique, sur lequel ses côtes forment une courbe de 522 lieues d'étendue et renferment 50 rades et 32 ports. Placée à l'extrémité septentrionale de l'Amérique du Sud, cette république se trouve comme à l'avanl-garde des jeunes nations du nouveau continent. Son territoire s'étend du 1" degré S' au 12« degré 16' de latitude boréale, et comprend 15»'/ de longitude, savoir : 8° /iO' à Test du méridien de Ca- racas et 6° 13' à l'ouest. Caracas, ([ui en est la capitale, est située à 69" 25' de longitude occidentale du méridien de Paris. La superficie totale de Venezuela embrasse 35 951 lieues (1) Les deux autres sonl la république de la Nouvelle-Grenade et celle de l'Équaleur. T. VI. — Août 1859. 23 3/16 SOCIÉTÉ IMPÉKIALl-: ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. carrées, non compris plus de 6000 lieues disputables avec les nations limitrophes, et ne compte qu'environ un million et demi d'habitants. II, — Aspect physique du pays. Tout est gigantesque en Amérique : les montagnes, les fleuves et la masse de la végétation. Ce n'est point comme dans notre vieille Europe, où Tliomme semble avoir maîtrisé la nature. Dans le nouveau monde, l'homme isolé se sent petit à l'aspect grandiose de cette nature imposante; ému par le silence profond de ces vastes solitudes, il n'a que la con- science de sa faiblesse individuelle. Sur toute l'étendue du littoral de Venezuela s'élève une Cordillère qui s'avance jus(juedans la mer, ramilicalion d'une partie des îles qui avoisinent la côte. Plusieurs branches du môme système sont échelonnées en lignes parallèles vers la partie méridionale, et bornent la région des savanes. Dans les intervalles qui séparent ces montagnes et sur leurs plateaux se trouvent de vastes et fertiles vallées arrosées par de nom- breuses rivières, des lacs et une infinité de courants d'eau. C'est la partie la plus peuplée et la plus cultivée du pays ; elle occupe une étendue de lZi(30 lieues carrées de 20 au degré, sur une superficie de 2000 lieues.. Deux autres grands systèmes complètent la partie monta- gneuse de Venezuela. Le premier appartient à l'immense chaîne des Andes, dont un rameau sert de limites occidentales avec la Nouvelle-Grenade. La branche la plus importante de ce système est considérée comme la région alpine de ces con- trées, c'est la région des Paramos. Tandis que la cime de ces masses énormes est couronnée de neige et privée de toute végétation, leurs bases sont couvertes de forêts épaisses, où croît sans culture le Theobrotna cacao. Son étendue est de 1765 lieues carrées sur une superficie de 2000 lieues. Le troisième système est celui de la Parima ; il se distingue des deux autres par sa position et sa constitution géologique. Ce svstème va se perdre, sur un espace immense, dans les VENEZUELA. 3Û7 Guyanes limitrophes; la vaste région qu'il emlirasse présente un terrain convexe, peu élevé, qui se prolonge de l'est à l'ouest, sur lequel on voit percer de distance en distance, entre des forêts et des prairies naturelles, des montagnes plus ou moins hautes, de formes hizarres, dont les sommets les plus élevés, hien ({u'ils ne parviennent point aux limites des neiges perpétuelles ni à la région froide et orageuse des Para- mos, sont dépourvues de végétaux. La partie de la chaîne de la Parima comprise sur le territoire vénézuélien, actuellement reconnu, occupe une étendue de 510A lieues carrées et une superticie de 20 000 lieues. III. — Bassins hydrographiques. La nature, si prodigue pour ces contrées, a placé dans le cœur des groupes de montagnes qui se partagent le territoire de Venezuela , des sources intarissables d'eaux vives qui fécondent la terre, se réunissent en lacs immenses, et forment de grandes voies de communications fluviales. Le vaste sol de cette républi(iue est traversé par 1059 ri- vières, dont 12 seulement prennent naissance hors du pays, dans l'Etat voisin de la Nouvelle-Grenade. Les diverses direc- tions de ces nombreux courants constituent huit bassins hy- drographiques, désignés sous les dénominations suivantes ; bassins de TOrénoque, du Cuyuni, du rio Negro, du lac de Maracaibo, du lac de Tacarigua ou de Valence, du golfe de Cariaco, du golfe de Paria et des versants à la mer des Antilles. Bassin de l'Orénoque. — L'Orénoque est le principal fleuve de Venezuela ; c'est un canal naturel qui traverse le pays d'une extrémité à l'autre et communique avec les principales provinces de la république par ses nombreux affluents. Sur Zi26 lieues de cours, AOO sont navigables ; ses grands tribu- taires, au nombre de 436, non compris plus de 2000 petites rivières, lui apportent les eaux que leur fournit une superficie de 31 000 lieues carrées. Son bassin , une fois et demie grand comme la France, reçoit une quantité triple d'eau de pluie. 3/|8 SOCIÉTÉ IMPÉKIALK ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. fiassin du Cuyuni. — Le bassin du lleuveCuyuni embrasse iiii espace de 3699 lieues carrées. Qualre-vingt douze rivières principales, parmi lesipielles on compte le Yurnari, fameux aujourd'hui par ses dépôts aurifères, et /lOO petits courants, composent ce bassin, que termine l'Eséquive où le Cuyuni lui- mt'me a son embouchure. On calcule qu'il y tombe annuelle- ment 90 pouces d'eau. Bassin du rio Negro. — Le rio Negro est ainsi appelé du nom indien Curana, qui signifie noir, parce que ses eaux sont extrêmement noires. Il entre sur le territoire de Venezuela par la Nouvelle-Grenade, qu'il traversesous le nom {\eGiiaïnia, et prend sa source sur un terrain inconnu, dans des forêts éloignées de la Cordillère des Andes. Le bassin du rio Negro, qui correspond au Venezuela, embrasse une superficie de •2350 lieues carrées, sur laquelle les eaux pluviales sont cal- culées à 100 pouces par an. Ces eaux sont portées au rio Negro par 36 grands alUuents et 60 petites rivières. Le prin- cipal de ses tributaires est le Casiquiare, bras de TOrénoque, de 72 lieues de navigation, qui relie ces deux grands fleuves à l'Amazone. Du lac de Maraca'ibo. — Le lac de Maracaïbo a21/i lieues de circonférence, et ses eaux occupent une superficie de 700 lieues carrées. Ce grand récipient est alimenté par 120 rivières principales et AOO petits versants, qui lui appor- tent les eaux recueillies sur une étendue de 2900 lieues carrées du territoire de Venezuela et de ZiOO lieues de la Nouvelle- Grenade. On évalue les eaux pluviales (|ui tombent annuel- lement dans la partie méridionale du lac à 86 pouces 1/2; mais, dans la partie septentrionale, elles ne s'élèvent qu'à 52 pouces. Du lac de Valence. — Le lac de Valence, primitivement nommé Tacarigua par les indigènes, ne le cède point en beautés naturelles à celui de Genève. Sa situation au centre de la vallée la plus fertile de Venezuela et des groupes de montagnes qui l'entourent ofl're les perspectives les j)lus pitto- resques et les plus variées. Placé à /i35 mètres au-dessus du niveau de la mer, il reçoit le tribut de 22 petites rivières qui VENEZUELA. 349 lui apportent les eaux répandues sur une superficie de 86 lieues carrées. Ce lac, formé au nord par la Cordillère du littoral, au sud par la chaîne qui le met à l'abri des venls brû- lants des plaines, à l'est et à Touest par des collines élevées qui semblent lui servir de digues transversales, n'a aucune issue par où ses eaux puissent s'écouler. Soumises seulement à la puissante influence de l'évaporation, elles se mêlent à l'atmosphère, et contribuent à entretenir sur les terrains envi- ronnants une féconde et vigoureuse végétation. On a observé, d'après des données historiques et la configuration des bords du lac, que depuis plus d'un siècle ses eaux baissent sensible- ment, l'équilibre entre leur produit et leur évaporation étant rompu, bien que les terrains dont le lac est le grand réservoir reçoivent annuellement 72 pouces d'eau pluviale. La plus grande longueur du lac de Valence est actuellement de 9 lieues, dans là direction de l'est à l'ouest, et sa plus grande largeur, du nord au sud, est de li lieues. Ses endroits les plus profonds mesurent 37 brasses et sa profondeur moyenne en compte 13. Son périmètre est de 25 lieues, et sur sa surface s'élèvent 22 îles, dont la plus grande, appelée l'île de Burro (de l'àne), a 2 milles de long. Du golfe de Paria. — Entre l'île anglaise de la Trinité et la côte ferme se trouve le grand golfe nommé Paria, formé sans doute par un ancien cataclysme qui submergea cette partie du continent, et en sépara, selon les apparences géologiques, les terrains qui composent actuellement l'île de la Trinité et les autres îles de ce golfe. Les versants du golfe de Paria sont formés : au nord, par la Cordillère de la péninsule de ce nom, qui lui envoie 31 rivières à travers des vallées d'une fertilité admirable, et par une partie de la chaîne qui se dé- tache de cette Cordillère et le sépare du golfe de Cariaco ; vers le sud, par les monts Guanipa, sur les confins de la province de Barcelone ; et vers l'ouest, par les ramifications du plateau de Juanipa, qui s'étendent en digues transversales jusqu'au pied de la montagne de Turumiquiri, la plus élevée de la province de Cumana. Ce bassin embrasse une étendue de 60li lieues carrées, où l'on compte 90 rivières et plus de 350 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE u'aCCLIMATATION. 200 ravins. Les plus grandes de ces rivières sont le Guarapiche et le Guanipa. On calcule les eaux pluviales qui arrosent ces terrains à 70 pouces par an. Bu golfe de Cariaco. — Le golfe de Cariaco, compris entre la péninsule de Araya et les côtes orientales de Cuinana, doit également son origine à un affaissement des terres suivi d'une irruption de l'Océan, catastrophe dont les Indiens conservaient encore le souvenir lorsque Colomb aborda sur ces plages. Les rivières qui ont leurs embouchures au golfe de Gariaco sont au nombre de 3â, et se trouvent toutes vers les parties méridionale et orientale du golfe ; la péninsule de Araya, qui est au nord, n'a aucune rivière. Les terrains (jui forment le bassin de ce golfe appartiennent exclusivement à la province de Cumana et embrassent 165 lieues carrés. Divisées en deux parties, on a observé que les eaux pluviales ne sont (|ue de 50 pouces par an sur Tune, tandis que sur l'autre elles s'élè- vent à 70 pouces. Versmits à la mer des Antilles. — Les terrains compris entre la péninsule de Paraguana, dans la province de Goro. à l'ouest de Garacas, jusqu'à l'extrémité orientale de la péninsule de Paria, qui ont leur versant à la mer des Antilles, présen- tent une superficie de 2907 lieues carrées, (jui reçoit annuel- lement une moyenne de 72 pouces d'eau pluviale. L'écoule- ment des eaux de ces terrains se fait par 230 rivières et plus de /iOO ravins. Les plus importantes de ces rivières sont le Tocuyo, qui reçoit le tribut de 550 lieues carrées ; l'Unare, dont les eaux sont le produit d'un espace de /jOO lieues, et le Tuy, qui rend celles de 250 lieues. Principales rivières. — Venezuela compte 7 fleuves de premier ordre, 33 rivières de second ordre et 19 de troi- sième ordre : celles de quatrième ordre sont au nombre de 1000. Les fleuves de premier ordre sont : FOrénoque, l'Apure, le Guaviare, le Meta, le Garoni, le Guyuniet le rio Negro. Ils ont gi-aduollement de 160 à A26 lieues de cours, presque toutes navigables. Si ce pays parvient à faire un traité équitable de délimitation avec le Brésil, il pourra comprendre aussi parmi VENEZUELA. 351 ses voies fluviales une partie assez considérable du fleuve des Amazones. Les rivières de second ordre ont un cours de 60 à 175 lieues, et celles de troisième ordre de hO à 58 lieues. La plupart de ces rivières sont aussi navigables, ou le deviendraient aisément par le secours de l'art et de l'industrie. IV. — Zone agricole. Par sa nature, le terrain de Venezuela se divise en trois zones bien caractérisées, que Fillustre de Humboldt consi- déra, à son passage dans ces contrées, comme l'image par- faite des trois âges de la société. La première zone qui se présente aux yeux du voyageur est la région cultivée. C'est là que se trouve la classe la plus civilisée de la population, et que l'on voit acclimatés les mœurs, les usages et les produits de l'industrie des autres parties du monde. La zone agricole s'étend, dans sa plus grande longueur, du promontoire de la péninsule de Paria à l'est, jusqu'aux sources du Tacbira à l'ouest, limites entre le Venezuela et la Nouvelle-Grenade. Son étendue en ligne droite est de 2/i0 lieues. Une moitié de cette zone a de 10 à 14 lieues de largeur du nord au sud, et l'autre moitié de liO à Zi5 lieues, à partir du littoral jusqu'à l'entrée des savanes. Elle embrasse une super- ficie de 8787 lieues carrées. Mais cet espace est loin d'être entièrement cultivé, il ne porte encore (jue la première empreinte des travaux aratoires, confondus çà et là avec les productions spontanées de l'agreste nature. Comme aux temps primitifs de la société, la terre étant ici surabondante, lliomme n'est point réduit à s'enfer- mer dans l'enclos qu'il a tracé, ni tenu de bonifier le sol qu'il veut cultiver ; presque tous les ans, il défriche un nouveau terrain et l'abandonne successivement pour un autre, après en avoir obtenu une abondante récolte. A l'exception des grandes plantations de Café, de Cacao, de Sucre, de Coton, de Tabac et d'Indigo, dont la culture est B52 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. permanente, les champs de Mais, de Manioc, et en général les ensemencements des céréales et des légumineuses, oft'rent une culture mobile. La culture permanente occupe à peine une centaine de lieues carrées, et la culture mobile en comprend environ 500. Le reste de cette zone compte 1800 lieues de plaines propres à Télève des bestiaux, un espace à peu près égal occupé par des montagnes escarpées, des lacs et des marécages, non susceptibles de culture, et une étendue de Û500 lieues de forêts vierges qui renferment mille espèces de bois précieux, de l'encens, des gommes et des résines, des baumes aromatiques et du miel en abondance, richesses natu- relles dont Findustrie n'a pas encore su profiter. Par les inégalités de son terrain, la zone agricole offre presque toutes les pressions atmosphériques sous lesquelles 1 homme peut vivre et qui conviennent le mieux à ses goûts ou à sa santé; dans la même journée, et souvent en quelques heures, on peut passer de la chaleur étouffante d'un soleil tropical à la douce fraîcheur des belles journées d'automne. Malgré tous ses avantages, cette partie du territoire de Venezuela, bien qu'elle soit la plus peuplée, ne compte que 8 à 900000 âmes, tandis qu elle pourrait nourrir dans l'aisance plus de 1 0 millions d'habitants. V. — Zone des pâturages. A mesure que l'on pénètre dans l'intérieur du pays, entre les Cordillères et les épaisses forêts delà Guyane, la zone des pâturages se dessine comme un océan terrestre ; elle se com- pose d'immenses savanes de graminées. C'est là que paissent en pleine liberté d'innombrables troupeaux. Excepté quelques villes placées à l'entrée de ces vastes prairies naturelles, ou au bord des grandes voies fluviales qui les traversent, la population de ces contrées est disséminée dans les l)er- geries ou dans des cabanes isolées, et constitue un peuph; de pasteurs dont la vie et les usages ont quelque ressem- blance avec ceux des anciennes peuplades nomades de l'Arabie. VENEZUELA. 353 Jusqu'au milieu du xvi* siècle, les plaines tle Venezuela n'étaient habitées que par des Cerls, des Chiguires (espèce du genre Cabiai), des Sangliers (F«^m>fl5), des Dan tes (Tapirs), des Cachicamos (genre Tatou), et par une multitude d'autres animaux appartenant aux différents ordres des édentés et des rongeurs. Le Taureau et le Cheval n'y furent introduits qu'en 15Z|8 par un Espagnol nommé Christophe Rodrigue/, qui avait déjà résidé dans la Nouvelle-Grenade. Les savanes de Venezuela, par leur physionomie locale, se présentent sous cinq aspects divers, caractérisés par des traits particuliers dignes d'être connus (i). Leur superficie est de 9000 lieues carrées, réparties entre sept provinces de la manière suivante : Savanes du Garico et de Carabobo , superficie. . . 2273 lieues. — de Barcelone et de Cumana , id 1979 — de Barinas id 1300 — de l'Apure id 1512 — de la Guyane id 1936 Total 9000 lieues. Sur tout ce vaste espace, on ne compte qu'environ 500 000 habitants, tandis qu'une population de plus de 6 millions d'Ames y trouverait une existence aisée. Zone des forêts. — Au delà de tout centre de population, dans la plus profonde solitude, s'étend la zone des forêts, vaste région où la nature, pleine de vie, déploie avec ostentation l'action libre et spontanée des forces organiques de la plus vigoureuse végétation. Cette zone, presque déserte, au fond de laquelle se tiennent cachées les sources des grands fleuves, rappelle l'état primitif de la création. Pas la moindre trace des travaux de l'homme ne s'y fait remarquer, l'intérieur en est même resté pour lui impénétrable^ elle est parcourue seulement par quelques tri- bus d'Indiens sauvages, d'une nudité complète, vivant de la (1) Je supprime les détails relatifs à chaque division de ces savanes, pour ne pas être trop long. 354 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. chasse et de la pêche, leur unique occupation, et des fruits sylvestres que la terre prodigue, sans éprouver aucun autre hesoin : fidèle image de l'origine delà race humaine. C'est à travers ces hois immenses que les premiers conqué- rants du nouveau monde cherchaient l'empire fahuleux du grand Patiti et la magnifique résidence de iMcnwa, avec ses palais couverts de plaques d'or massif, au lac imaginaire de la Parima. Chimère séduisante que les indigènes savaient entretenir pour se défaire de leurs hôtes incommodes, et qui donna lieu aux expéditions mémorables des Ordaz , des Herrera, et des Spiro sur la terre classi(|ue de Vel Dorado de Raleigh. A peine a-t-on quitté les côtes de la Guyane, (|ue l'on com- mence à entrer dans la région des forêts, où se trouvent réunies les plus utiles et les plus précieuses productions de la famille végétale. C'est un trésor auquel personne n'ose toucher, et qui est encore le domaine exclusif des hêtes sauvages ; niais la science saura sans doute un jour se l'approprier pour le bien de l'humanité. Pour pénétrer dans ces contrées, il n'est d'autre voie que le cours des rivières, qui se détachent de tous côtés comme les bras d'un grand arbre, dont le tronc est représenté par l'Oré- noque, où elles vont toutes aboutir. Mais cette voie est semée de dangers : à tout moment on estexposéà être entraîné par le courant sous la chute d'une cataracte, ou à tomber sous les traits des Indiens errants, dont les flèches empoisonnées donnent la mort presque instantanément. Si l'on descend à terre, au milieu de cette masse épaisse de végétation, on ne sait où poser le pied sans avoir à craindre les morsures mor- telles des serpents (|ui pullulent sous l'herbe; et si l'on est surpris par la nuit dans l'épaisseur des hois, on court risque de devenir la proie du terrible jaguar qu'on ne tarde pas à entendre rugir. Au reste, tout le long de cette pénible na- vigation, on est assailH, nuit et jour, par des nuées de mous- tiques et de petites mouches venimeuses [Jejenes ouSmmlies) qui vous criblent de piqûres et vous causent un tourment incessant. VENEZUELA. 355 Plus de la moitié du territoire de Venezuela est occupée par la zone des forêts, qui embrasse une superficie de 18 2U lieues carrées. Cette zone, où Ton compte à peine quelques milliers de familles créoles et 50 000 Indiens ou soumis ou sauvages, pourrait fournir abondamment à l'existence de plus de 20 mil- lions d'habitants. En résumé, lorsque dans leur marche inaltérable, les pro- grès auront pénétré dans ces contrées, quand le sol inculte de Venezuela sera défriché, et que Thomme, changeant la super- ficie delà terre, changera aussi la constitution de l'atmosphère pour pouvoir utiliser, sans danger, les innombrables éléments de richesses qu'elle renferme, cet état, si insignifiant et presque inconnu aujourd'hui, bien que plus de deux fois plus grand en étendue que la France, pourra élever sa population à plus de 70 millions d'âmes qui jouiront de tous les bienfaits dont la nature est prodigue envers les régions equinoxiales. [La suite prochainement.) 356 SOCIÉTÉ IMPKC.IALK ZOOLOGIQUI' d'aCCLIMATATION. SUR LE LAIT D'YAK Par M. BOITEILLE, Secrétaire général de la Sociélé zoologique des Alpes, Directeur du Musée d'histoire naturelle de Grenoble. (Séance du 24 juin 1859.) La Société zoologitjue des Alpes a réuni , en 1858 , à Gre- noble, pour les faire hiverner dans nos écuries, tous les Yaks que lui a confiés la Sociélé impériale d'Acclimatation. Ce séjour nous a permis d'ajouter aux renseignements déjà donnés nos expériences sur le lait de la vache Yak. Le plus difîicile dans cette expérience était de se procurer le lait. Nous savions par les récits du P. Hue, missionnaire apostolifpie dans le Tibet, que la mulsion de la vache Yak présentait des difficultés. Le jour de notre premier essai, la vache avait été privée de son petit depuis vingt-quatre heures; la tétine était gorgée de lait. Pour prévenir tout accident, l'animal fut entravé. Malgré ces précautions, la mulsion, quoique faite par une main exer- cée, ne put faire sortir une goutte de lait. Nous eûmes alors recours au procédé tibétain : Tun des trayons fut abandonné au petit, tandis qu'on opérait sur le trayon opposé. Le résultat fut satisfaisant, sinon complet. La patience et la persévérance de notre fille de basse-cour ont fait le reste. Cette bonne fille, après bien des coups de pieds reçus, est parvenue à traire nos deux vaches Yaks comme des Vaches ordinaires, sans entraves et sans artifices. Ce résultat est d'autant plus remarquable, qu'il s'obtient rarement dans le pays dont l'Yak est originaire. A la vue et au goût, deux moyens d'analyse à la portée de tout le monde, il est facile de s'apercevoir que le lait d'Yak a des qualités qui lui sont propres. Il est si épais que, lorsqu'il est refroidi, on pourrait le prendre [lour de la crème. Sa saveur est d'une grande finesse et sans aucun des arrière-goûts que donnent quelques laits, surtout ceux de Chèvre. La couleur L\n u YAK. 357 jaune caractéristique des bons laits est plus prononcée dans celui de l'Yak ([ue dans celui de Vache ordinaire: même lors- qu'il est écrémé, le lait d'Yak n'a jamais ces teintes azurées propres aux laits de mauvaise nature. Abandonné à lui-même, il peut se conserver sans aigrir, et il se décompose en un temps plus long du double que le lait tle Vache placé dans les mêmes conditions. Tous ses produits participent de ses qualités. La crème de lait d'Yak est d'une saveur exquise et onctueuse, si je puis m'exprimer ainsi; lorsqu'elle est battue, elle prend une con- sistance qu'on ne donne le plus souvent à l;i crème ordinaire qu'en y ajoutant de la gomme adragante et autres drogues qui en changent le goût et amènent promplement sa décompo- sition. La propriété qu'a la crème de lait d'Yak de se con- server longtemps ne peut manquer de la l'aire rechercher pour les préparations culinaires. Le caillé de lait d'Yak a une finesse et un goût parfaits. Son beurre est très abondant et ne laisse rien à désirer; ses qualités nous paraissent supérieures à celles du beurre ordi- naire. Un litre de lait d'Yak a donné 55 grammes de beurre. Un litre de lait de vache ordinaire a donné 32 grammes de beurre. Ces chiffres ont leur signification, et il faut noter que l'expérience a été faite dans les conditions les plus défa- vorables au lait d'Yak. Le lait de Vache qui a servi de point de comparaison provenait d'une bretonne dont les produits ont une supériorité incontestée. D'autre paît, nous devions faire l'essai avec partie égale du lait de nos deux femelles, lorsque celle dont le lait avait été reconnu comme plus crémeux est tombée malade et a perdu son lait. Après cette expérience, nous pouvons dire sans exagération que le lait d'Yak contient une fois plus de beurre que celui de la Vache commune. Le lait d'Yak donne aussi d'excellents fromages. Nous n'avons pas encore constaté si le caséum y est plus ou moins abondant (jue dans le lait de Vache, la maladie de notre con- S58 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUK d'aCCLIMATATIOiN. cierge ayant interrompu nos essais; mais je puis dire dès au- jourd'hui que l'albumine s'y trouve en grande proportion , ce qui rapproche sa composition de celle du lait de Bulîle. A ces faits, déjà exposés dans un Rapport à la Société zoolo- gique des Alpes, j'ajouterai, en terminant, une observation qui m'avait échappé dans la rapide composition de mon Rap- port. Dans le lait d'Yak, les principes immédiats se séparent difficilement. Pour opérer cette séparation , il faut plus de réactif, plus de temps, et une température plus élevée que pour les laits de Vache et de Chèvre. C'est probablement à cette cohésion de ses principes constituants (jue le lait d'Yak doit la propriété de se conserver longtemps. De tous les laits de ruminants ((ue j'ai pu observer, c'est celui de Brebis (jui me paraît avoir le plus d'analogie avec le lait d'Yak; l'un et l'autre sont en effet épais, crémeux et riches en beurre. Leur coagulum est abondant, mais il ne donne pas la (juantité de fromage que cette abondance pourrait faire supposer. Il s'en écoule à travers la faisselle, outre le reste du petit-lait, une matière visqueuse assez abondante qui me parait contenir beaucoup d'albumine. Cependant le lait d'Yak sera toujours préféré à celui de Brebis par le goût plus fin de ses produits cl par la consistance de sa crème et de son beurre. M0N0GUA1>H1E DES GALLINACÉS. 359 ÉTUDE SUR LA BASSE-COUR. MONOGRAPHIE DES GALLINACÉS. RACES PRIiNClPALES INDIGÈNES ET EXOTIQUES. Par M. Paul LETROME. (Séance du 10 décembre 1838.) DEUXIEME PARTIE. — Races étrangèrks. § I. — Race anglaise Dorking. La plus estimée des volailles qu'on élève en Angleterre, est la race Dorking. Cette race a évidemment de grandes qua- lités; sa chair délicate et son engraissement très facile décident en sa faveur. Elle possède une grande douceur de caractère, et, sans être familière, on peut rapprocher sans exciter chez elle de l'inquiétude et du trouble. En liberté, elle est disposée à s'écarter au loin : elle compte sur la solidité de son vol, car sa marche est pénible. La race Dorking est certainement un type de volailles depuis longtemps obtenu ; la conformation toute particulière de cette Poule présente une apparence suf- fisamment tranchée pour la distinguer de tous les autres ani- maux de son espèce. La bizarre exception des cinq doigts dont elle est pourvue est signalée par Columelle. qui n'indique pas son origine, mais il est plus que probable que c'est de cette race dont il parlait; il se peut qu'elle soit originaire de la Grande-Bretagne. Le développement si marqué des pectoraux, son allure embarrassée et le port incliné de sa queue ressem- blant à celui du Faisan, se réunissant à un plumage délicat, dont la coloration même a un caractère à part, aident à faire connaitre l'espèce Dorking. Les œufs qu'elle pond sont d'un volume moyen, et elle en fournit passablement. Nous n'avons essayé l'engraissement d'aucune race de volailles ; mais nous pensons que sa réputation pour cette qualité productive est 3(50 SOCIIÎTE IMPÉRIALi: Z0OI.U(JIUL>"- d'aCCLIMATATION. suffisamment marquée par l'embonpoinl dans lequel elle se mainlienl toujours, soit jeune ou parvenue à Fàge adulte; en outre, le fin et délicat plumage qui la recouvre aide bien à faire préjuger de cette bonne disposition. Il serait bien utile que l'on connût le régime employé en Angleterre pour les amener à rétat de Poulardes : nous n'avons rien appris à ce sujet. Il est certain que l'importation de cette race date d'une époque fort ancienne, et qu'elle s'est assez bien acclimatée en France, dans les régions nord et nord-ouest^ mais nous igno- rons comment elle se comporte dans les contrées méridio- nales du centre et de Test. Depuis longtemps, on avait mélangé le sang du Dorking avec diverses variétés de nos espèces françaises, et la plupart do ces produits mixtes ont disparu; un seul s'est maintenu, et bien certainement beaucoup d'ama- teurs l'auront rect)nnu dans notre race de Houdan. dette volaille de Houdan, si estimée, qui mérite un des premiers rangs paruii nos ra^es, ne pouvait être abandomiée; sa culture et son perfectionnement devaient bien naturellement exciter l'attention des cultivateurs ; aussi voit-on son espèce très répandue dans les environs de Paris. Elle provient du croisement des deux races Dorking et de Crèvecœur. Nous avons essayé de donner toutes les preuves à l'appui de cette remarcpie, lorsque nous nous sommes occupé de décrire cette race de Houdan. Nous avons vu, il y a peu de temps, un lot de Dorking qui avait un volume extraordinaire, et qui nous a semblé provenir dim croisement de la race Dorking avec une forte race nor- mande des environs de Bayeux, la Poule de Caumont. Ces Dorking, (|uc nous nous sommes permis de supposer métis, avaient le plumage d'un roux foncé, autrement panacbé (jue celui du Dorking franc, et parfaitement semblable à l'agence- ment des couleurs de celui de la race de Caumont. Les plumes étaient moins fines dans leur contexture, les bigarrures peu voyantes. Le Coq avait bien le plastron noir, et tous les sujets de ce lot de volailles. Coqs et Poules, avaient le corps assez semblable à celui de la race anglaise et l'allure en rapport, avec la coloration rose des pattes et les cinq doigts placés de MONOGRAPHIE DES GALLINACÉS. 361 même, mais selon la proportion voulue ; ces animaux étaient un peu plus haut, et la crête, au lieu d'être droite, simple, grande et dentée, était double, en entonnoir, découpée sur les rebords, ayant la forme d'une couronne, parfaitement sem- blable à celle de la race de Caumont. Quel(|ues lots de cette race de Caumont qui nous était encore inconnue, étaient installés près de là; c'est à cette cir- constance fortuite de leur présence que nous pûmes découvrir Torigine de ce croisement qui doit offrir un avantage réel, si, comme on nous Fa affirmé, la Poule de Caumont a une bonne chair et des qualités propres à l'engraissement. La volaille de Caumont pond des œufs énormes ; son volume arrive à celui des plus fortes volailles exotiques, et il n'est pas en France d'autre race indigène qui puisse lutter par le poids avec elle : la variété fléchoise la plus forte peut à peine lui être comparée pom- le rendement de la chair. Nous ne savons pas le degré de pesanteur où elle peut atteindre après l'engraisse- uient. Coq Dorking. — Le Coq Dorking présenterait au premier coup d'œil l'aspect dune volaille ordinaire, si ce n'est son port particulier, son allure lourde, sa marche embarrassée par le cin({uième doigt dont il est pourvu, qui le fait bouliner dans sa course, et le port ordinairement incliné de sa queue. vSon plumage est très fin. Sa coloration la plus ordinaire offre un ensemble de nuances à peu près en rapport avec celui de quehjues espèces communes ; cette coloration est apphquée par mouchetures et rayures imitant le panache. Cet animal a la taille assez forte: son corps, est arrondi ; sa crête est droite et simple, profondément découpée en forme de dents de scie; son regard, qui est doux et gai, et son thorax si bien arrondi, lui prêtent un air débonnaire et satisfait. Dans son jeune âge, il est très amusant: les Coqs et Poulettes sont les boute-en-train de folàtreries avec leurs amis d'élevage, en provoquant la course par des bonds spontanés, et en simulant des combats qui se terminent par des passes fugitives qui provoquent l'éton- nement de ceux-ci et font rire les personnes qui les observent. Ce (^oq n'est jamais méchant, il paraît assez confiant. S'il ne T. VI. — Août 1859. 24 36:^ sociiiTÉ impéiuali': zooloimque u'acclimatatioin. provoque point, il ne se laisse pas dominer sans accepter la lutte. Son chant est sourd, rauque et chevrotant. Il est d'une taille ordinaire; àVàge adulte, il pèse S''", 50, et souvent 3 kilo- grammes. Sa crête, qui est grande, recouvre toute sa tète et finit en la dépassant par une courbe arrondie; ses barbillons, bien proportionnés, sont accompagnés d'oreillons longs et tom- bants. Son œil est jaune rouge; le bec est rond, fort, légère- recourbé, entr'ouvert au centre, et d'un blanc jaune; il a les narines plates. Ses pattes sont d'une moyenne force, peu longues, couleur chair; ses cinq doigts sont ainsi placés : trois en avant, comme chez les autres Gallinacés, et deux en arrière, posés en dedans; le cinquième doigt est incliné verticalement entre le postérieur et la patte. Le plastron et les cuisses sont garnis de plumes noires mélangées avec des nuances dou- teuses, vertes, rousses et grises-, Tabdomen a une couleur grise sombre. Les plumes du cou sont très longues, pouvant rejoindre celles du recouvrement du dos et de la (|ueue; elles sont jaune-paille, rayées dans le sens de leur longueur par des filets noirs placés au centre -, les grandes plumes de l'aile sont blanches, vertes et noires, et celles de la queue, d'un vert noir, sont grandes et bien arquées. Poule Dorking. — La Poule Dorking est revêtue d'un plu- mage très tin, dont la coloration est tantôt d'un roux clair mêlé de mouchetures grises, et quehpiefois grise mouchetée de noir nuancé de roux. Son corps, très arrondi, n'offre pas autant de volume dans la région pectorale. Sa gloutonnerie anu'me souvent un abaissement de la poche, défaut qui dépare ses formes. Elle est un peu basse, et sa marcbese trouve gênée comme celle du Coq, par le môme motif, et son allure est lourde et embarrassée. Le port très abaissé de sa queue est encore plus manjué; c'est tout à fait celui du Faisan. Cette volaille n'est pas familière, mais elle ne s'éloigne pas avec crainte des personnes qui la soignent. Elle ne glousse pas et fait très silencieusement sa ponte ; elle nous paraît, comme nous l'avons dit, très bonne pondeuse : la grosseur de ses œufs est ordinaire. Ces Poules demandent quelquefois à cou- ver et sont assez persistantes. Nous su[)posons que les devoirs MONOGRAPHIE DES GALLINACÉS. 363 do la nuilernilé seraient bien remplis par elles : la douceur de caractère qu'elles possèdent doit nous convaincre. On peut le redire sans inconvénients, en général tontes les espèces propres à l'engraissement sont très rarement disposées à la couvée. C'est ainsi que sur un assez grand nombre de Poules de laFlècheet de Crèvecœur, notamment celles qui ont passé sous nos yeux, aucune n'a jusqu'ici manifesté ce désir: ceci est en grande contradiction avec les lois naturelles; aussi pensons-nous que ces sortes d'animaux agiraient autrement s'ils étaient libres; car, privés, un régime de nourriture sub- stantiel ne fait qu'entretenir leur disposition gourmande. Kn liberté, ce sentiment de se reproduire que conservent tous les êtres se raviverait, car, il faut le croire, il ne se trouve amorti que par cet excès de bien-être forcé dans lequel on les main- tient, et parTinquiétude de la séquestration. A l'âge adulte, la Poule Dorking atteint le poids de 2 kilo- grammes à 2'''^50; nous ne savons pas jusqu'cii son engrais- sement peut la conduire. Son bec a la même forme que celui du Coq, il est moins fort; son œil est jaune et roux. La région pectorale est garnie de plumes grises mouchetées régulière- ment par des taches noires et rousses-, celles du dos sont grises, mêlées de roux et de noir parsemés très finement; les plumes sont noires sur la tête, rousses sur la partie supérieure du cou, et reprennent la nuance noire à leur extrémité : toutes ces parties sont dessinées avec une régularité de linéaments les plus délicats. Les plumes de l'abdomen sont fournies et d'un gris mêlé d'un aspect terne; celles du vol sont mi-parties noires et tachées; la garniture des cuisses est gris mêlé, et la queue grise, arrivant par degrés insensibles au noir brun, est aussi parsemée de ces bigarrures régulières et abondantes. On voit autant de Poules Dorking ayant le fond de leur pluniiige tantôt gris, tantôt roux, avec ce système d'ornementation. La race Dorking, bien que déhcate., croit rapidement, et ne se maintient bien qu'en liberté. 36/i SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLUGIQUIÎ D ACCLIMATATION. DES TORTUES CONSIDÉRÉES AU POINT DE VUE DE L'ALIMENTATION ET DE L ACCLIMATATION, Par M. le docteur RUFZ. (Séance du 10 juin 1859.) . température de zéro el au-dessous, c'est-à-dire, qu'ils produi- ront un jour des Grenades capables de mûrir, el de donner naissance à des individus pouvant mûrir et se reproduire indé- finiment. Personne n'ignore que le Grenadier [Piinica granatum) est originaire de la Mauritanie : est-il possible, en elîet, de l'accli- mater sérieusement à la latitude de Paris? J'ai vu autrefois, à Auteuil, chez le colonel Coutelle, des Grenadiers aussi en pleine terre et en espalier ;j"ai entendu dire ([u'àSainl-Mandé on avait vu la même chose; cela se voit aussi en Angleterre. Il n'y a donc rien de bien neuf dans le fait des Grenadiers vivant en pleine terre aux environs de Paris; mais j'ignore si ces arbres ont donné des fruits, si ces fruits ont mûri, enfin si les graines ont été semées, et ont produit, à leur tour, d'autres arbres également acclimatés. Doutant de l'intérêt que pouvait avoir ce simple essai d'ac- climatation, j'ai dû, avant de le soumettre à la Société impé- riale, consulter l'un de nos plus savants praticiens, noire confrère M. L. Vilmorin. La lettre ci-jointe qu'il a bien voulu m'écrire, m'a un peu rassuré sur ce point, el je prends, en conséquence, la liberlé. Monsieur le Président, de vous offrir, pour la Société impériale d'acclimatation, deux jeunes pieds du Punica ^rawr/Zwmque j'appelleraiyMr?5?ew5zs, s'il est permis de donner déjà un nom à celte variété. Veuillez agréer, etc. Jomard. Extrait de la Lettre adressée à M. Jomard par M. L. Vilmorin. « Monsieur, » Je suis bien heureux de m\issocier à vous dans celte œuvre d'acclimatation ; car c'est de V acclimatation, aussi logique et aussi correcte que possible dans son application aux végétaux. Je ne crois pas à la possibilité de racclimalaliondes individus : une plante n'acquerra jamais (même en cherchant GHENADIKR. 383 à l'y habituer peu à peu) la faculté de ne pas ètie tuée par un certain degré de froid. Mais, parmi les enfants de cette plante, il y aura, on pourrait l'aflirmer avec certitude à priori^ (juand in(^nie Texpérience ne l'aurait pas montré vingt fois, il y aura dis-je, des différences notables dans la limite du froid que chaque individu pourra supporter; on en trouvera certaine- ment de plus rustiques que leur mère {\). En continuant dans les générations successives à choisir dans cet ordre d'idées, on arrivera à modifier le tempérament de la race, ou plutôt à façonner une race modiliée qui aura acquis une propriété qui n'appartenait pas à la race primitive, et qui, dans ce sens-l;i, sera bien positivement acclimatée. » Les individus que vous possédez àLozerre et qui donnent des graines fertiles sont bien certainement des individus d'élite sous le rapport de la rusticité, et l'on doit considérer leurs graines comme devant produire un plus grand nombre de sujets rustiques que si l'on semait des graines du Midi, et la proportion doit nécessairement s'en augmenter de génération en génération. Ce sont, comme vous voyez, des expériences de bien longue haleine; mais c'est pour cela justement qu'elles rentrent dans les attributions des sociétés scientifiques, qui devraient être impérissables, et rendre aux sciences et à la culture les services que leur rendirent autrefois les commu- nautés religieuses. » Veuillez agréer, etc. L. Vilmorin. » (1) Nous trouvons dans une noie de notre honorable collègue M. Moquin- Tandon un fait remarquable que nous croyons devoir citer ici, en le ratta- chant aux vues de M. Vilmorin. " « En 1835, j'apportai, des environs de Narbonne, au Jardin des plantes » de Toulouse, quelques pieds et un certain nombre de graines mûres » d'Hypericum tomentosum, Linn. Je plantai ces pieds, au mois de sep- » tembre, et je semai ces graines, le printemps suivant. Tout réussit ii » merveille. » Quelques années après, l'hiver fut très rigoureux. Le froid sévit contre » mes Hypericum. Tous les pieds venus de graines résistèrent. Tous les » autres moururent, quelle que fût leur exposition ! » B. ?)H!i SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. NOTE SUR L'ALPISTE BLEUATRE [Phalaris cœrulescens. Desfont.), Par M. PÉPn\ , Chef des cultures au Muséum d'histoire naturelle, Membre des Sociétés impériales et centrales d'agriculture et d'horticulture. (Séance du 10 juin 1859.) On a cultivé pendant plusieurs années dans les terres du Muséum d'histoire naturelle, sous le nom de Phalaris brd- bosa, deCavanilles, une graminéevivace,queRœmeretSchullz avaient aussi nommée PJtalaris aquatica; mais le savant bo- taniste Desfontaines, qui avait trouvé cette plante spontanée en Algérie, en 178/i, l'avait décrite, dans son Flora atlantica, sous le nom de Phalaris cœrulescens^ et ce nom a fait autorité depuis dans les écoles pour la classification des plantes bota- niques. Depuis que je connais et cultive cette plante, je l'ai depuis longtemps acclimatée en pleine terre, et dans cette condition, j'ai été à même de l'observer dans toutes les phases de végé- tation. Eh bien ! j'ai remarqué à chaque printemps que sa grande précocité sur les plantes de cette famille pouvait la faire employer avec un grand avantage comme plante vivace fourragère propre à former des prairies naturelles, soit seule ou associée avec le Secale montaniim et VHordewn bulbosum, deux espèces qui se suivent pour leur développement prin- tanier. Cette espèce de graminée vivace a ses tiges droites, roides, noueuses, hautes de 80 centimètres à 1 mètre 30 centimètres. La partie inférieure des tiges qui se trouve en terre est renflée et forme une sorte de bulbe solide, pyriforme, muni de fibres chevelus comme ceux que Ton trouve à la base des tiges de VHordeum bulbosum. De la gaîne de la feuille supérieure, qui A.LPISTE BLEUATRE. ^85 est large et ventrue, se développe une panicule ovale-oblongue, glabre et resserrée en épis dense. Les bases sont lancéolées, aplaties, glabres, et ont de cbaque côté une nervure un peu saillante. Cette plante acquiert tout son développement vers la fin du mois de mai ou au commencement de juin. Elle est susceptible d'être faucbée plusieurs fois, et elle conserve encore à l'au- tomne une grande végétation. La maturité de ses graines a lieu vers la fin de juin et les premiers jours de juillet. Quoique cette plante appartienne à une température plus élevée que celle de Paris, telle que celle de l'Egypte, de l'Algérie et de l'Italie, dans le voisinage du Tibre, où on la trouve spontanée, je ne l'ai jamais vue succomber à nos hivers; et pendant les autres saisons, je l'ai remarquée comme étant très rustique et résistant même à la sécheresse. Jusqu'à ce jour cette graminée n'a été cultivée que dans les écoles de botanique; j'ai commencé seulement au printemps de cette année à l'expérimenter en plein champ par un semis fait sur une superficie de quelques mètres, et je me propose d'en récolter les graines pour la traiter ensuite sur une plus grande échelle, afin de pouvoir mieux en apprécier les avan- tages et le rendement qu'elle peut produire. J'aurai l'honneur de communiquer à la Société les résultats que j'observerai dans les différentes phases de culture aux- quelles j'ai l'intention de soumettre cette plante. 386 SOCIKTK IMl'KHlALi; ZOOLOGIQUI'. I) ACCLIMATATION. NOTE SlIR LA YERVA DE GUINEA, Par N.C.-E. DAVID, Ancien ministre plénipotentiaire. (Séance du 29 avril 1859.) Mossieurs, La Yerva de Gidnea^ dont j'ai déposé un sac de graines sur voire bureau, est un beau et bon fourrage (|ue Ton cultive à l'île de Cuba, sur le versant des montagnes. Celte plante vient dans les terrains éii\ix épuisés \yàv \a cul- ture du cale, et où il ne pleut pas pendant [)lus de six mois de Tannée. Il y a donc lieu d'espérer que ce fourrage réussira dans les terres les moins fertiles de la France, et plus particu- lièrement de la Bretagne, oii l'arrosage surtout fait défaut, et où Ton a réclamé avec instance , de quebiues-uns des mendjres de noire Société, et entre autres de Al. Guérin- Méneville, l'importation d'un fourrage (pii ne demandât pas trop de soins et qui put d'ailleurs améliorer les vastes pâtu- rages de celte belle et intéressante contrée, où, depuis les temps les plus reculés, on s'occupe activement de l'élève des bestiaux. Je serai beureux d'avoir pu contribuera un résultat si dési- rable en faisant venir d'Amérique les graines que j'ai l'honneur de vous offrir (1). (1) Nous ferons connaître ultérieurement, dans le ïinllclin, les résultats des essais qui ont été faits. R. puoces-ykubaux. 3S7 II. EXTRAIT DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DU CONSEIL DE LA SOCIÉTÉ. SÉA>'CE DL 8 JUILLET 1859. Présidence de M. Is. Geoffroy Saint-Hilaire. Le Conseil admel au nombre des membres de la Société : MM. Balchet Cle docteur), cbirursrien des bôpitaux. à Paris. GiMET (Charles;, chef de bureau au ministère de rintérieur, à Paris. Onuarza ('Juan), de la Bolivie, à Paris. — MM. le docteur de Mourao Pitta. José Tavano. le comte Piené de Courcv et Pierre Fortin, adressent des remerciments pour leur admission au nombre des membres de la Société. — MM. Tavano el Fortin ofîrent en outre leur bienveillant concours à la Société, et se mettent à sa disposition, le premier, pour tout ce quipourrait l'intéresser dans les colonies portu- gaises du Congo, le second pour les services qu'il pourrait rendre sur les côtes du bas Canada et du Labrador. — Le révérend père H. Besson, préfet apostolique de la mission dominicaine de Mossul et du Kurdistan qui avait bien voulu offrir aussi son concours à la Société dans les contrées où l'appelle son zèle apostolique, adresse ses remerciments pour la collection de graines qui lui a été envoyée. « Je m'em- presse, dit M. Besson. de vous réitérer l'expression de toute ma sympathie pour votre Société si éminemment utile, et de mon empressement à la seconder, soit en répondant à ses demandes, soit spontanément et par les informations f|ue mes confrères et moi serons en mesure de lui procurer. » — M. le vice-président de l'Institut agricole catalan dt- San Isidro écrit pour remercier la Société des graines qui ont été adressées à l'Institut agricole de Barcelone. — M. Russeil, capitaine au long cours, «{ui a offert à la Société avec une si bienveillante spontanéité de lui ramener 388 SOCIÉTÉ IMI'ÉIUALE ZOOLOGIQUR d'aCCLIMATATION. du Pérou un certain nombre d'AIpacas, écrit pour annoncer son prochain départ et demander des instructions sur les soins qu'il aura à donner à ces animaux pendant sa traversée de retour. — M. E. Kaufmann transmet les remercîments de laSociété d'acclimatation de Berlin pour les Chèvres d'Egypte et d'An- gora qui ont été confiées à celte Société affiliée par décision du Conseil d'administration. — M. Kaufmann annonce qu'il résulte d'expériences récem- ment faites à Berlin par M. Fintelmann sur l'éducation du Ver à soie du Ricin, qu'indépendamment de cette plante et du Chardon à foulon, les feuilles de neuf autres espèces ou variétés de végétaux ont pu servir à élever parfaitement ce Ver à soie, qui a donné d'excellents cocons. M. Kaufmann donne la liste de ces végétaux, qui sont les suivants : Acer platcmoides et tataricum, Spirœa sorbifolia. Lo)îicera tatarica, Symp/io- ria racemosa,, Syringa vidgaris et cldnensis, Prunus Padus et serotina. — Notre habile et zélé collègue, M. Brierre, de Riez (Ven- dée), adresse deux Rapports, en date du 2Zi juin et du 3 juillet, sur l'état actuel de ses cultures des végétaux qu'il a reçus de la Société; ces Rapports sont accompagnés de nouveaux dessins à l'huile. — M. VVillemot fait parvenir à la Société un certain nombre de plants de Pyrèthre du Caucase, destinés à satisfaire à des demandes récemment adressées par plusieurs de nos confrères. Des remercîments seront transmis à M. W^illemot. — M. Richard (du Cantal), dans une lettre adressée à M. le Président, donne d'excellentes nouvelles des animaux ([ui sont au dépôt de Souliard. Le troupeau tout entier d'Yaks et de Chèvres d'Angora est dans les meilleures conditions de santé. — M. le Président fait connaître au Conseil que deux vaches Yaks ont encore mis bas cette semaine (5 et 6 juillet) à la Ménagerie du Muséum. Des deux jeunes, l'un est mâle, l'autre femelle. Ces naissances portent à treize le nombre des jeunes obte- ims à la Ménagerie, du mâle et des deux femelles donnés au PIIOCÈS-VËHBAUX. 389 Muséum en 1854 par le Gouvernemenl, el qui provenaient, comme tous les autres, du troupeau ramené d'Asie par M. de Monti^nv. Sur ces treize produits, quatre sont déjà de la seconde géné- ration par leur mère. Tous ont été élevés sans difficulté et se portent bien, ainsi que les trois individus venus du Tibet. Il est né aussi cette semaine, à la 3Iénagerie, un Lama femelle qui est le dix-septième individu né au Muséum de la même paire, acquise il y a quelques années en Angleterre, ou de ses descendants déjà parvenus depuis deux ans à la troi- sième génération. — M. le docteur Sacc accuse réception de la balle de toisons de Cbèvres d'Angora qui lui a été adressée, et il annonce qu'il l'a immédiatement expédiée à MM. Ziegier et Frey, fila- teurs à Guebwiller, qui ont bien voulu se cbarger de faire travailler cette matière dans leurs ateliers. — M. A. Haussmann, consul de France au cap de Bonne- Espérance, qui a offert son concours à la Société avec une si grande bienveillance, écrit de la ville du Cap, le 3 mai, pour renouveler ses offres de services et annoncer qu'il s'est mis en rapport avec 31. Chabaud, agent consulaire de France à Port-Elizabeth, et avec iM. Layard, naturaliste anglais très distingué, directeur du Musée du Cap, pour obtenir tous les renseignements possibles sur les animaux de ces contrées que la Société pourrait trouver utile de se procurer. Déjà M. Chabaud, avec une générosité pour laquelle la Société lui a transmis ses sincères remercîments, nous a fait un premier envoi d'animaux précieux qui malheureusement ont péri soit dans le cours de la traversée, soit à leur arrivée en Europe. La lettre de M. Haussmann renferme une note qui lui a été remise par M. Layard, et dont il donne la traduction. Cette note présente une liste des animaux utiles et d'ornement de l'Afrique méridionale qu'il croit susceptibles d'acclimatation et de domestication en Europe. Il fait remarquer que cette note signale la difficulté de se procurer aujourd'hui les diverses espèces zébrées sur lesquelles M. le Président avait appelé son nOO SOCJKTÉ IMPÉUIALK ZOOLOGIQUI': l/ ACCLIMATATION. attention, et qui ne se rencontrent plus qu'aux environs do la rivière Orange et en bien petit nombre. Des remercîments seront adressés à M. Haussmann pour cette intéressante com- munication. — M. le Président donne lecture d'un Rapport dans lequel il rappelle et résume toutes les mesures prises depuis deux ans et demi pour l'accomplissement de l'importante mission (|ui avait été confiée à la Société par S. M. TEmpereur du Brésil pour l'introduction d'un troupeau de Dromadaires dans ce vaste enq)ire. Grâce au concours si dévoué et si éclairé de M. Ricbard (du Cantal), de M. Hesse, délégué de la Société k Marseille, de M. Géry. préfet d'Alger et délégué de la Société, et de plusieurs autres de nos confrères composant la Commission spécialement cbargée d'étudier cette grave question, la Société a pu remplir sa mission dans des conditions qui pré- sentent les plus grandes garanties de succès. (Voy. le Rapport au Bidletm, numéro de juillet, p. 297.) M. le Président dépose sur le bureau une Notice bio- grapliique sur un des membres bonoraires de la Société, Mgr Retord, évô([ue d'Acanlbe, vicaire apostoli(|ue du Tong- king occidental. Cette notice est offerte à la Société par son auteur, M. Léon Pages. — M. ArlliurBlacque, en l'absence de M. Paul Blacque, tré- sorier, fait parvenir au Conseil l'état de situation financière de la Société au 30 juin, situation très satisfaisante sous tous les rapports. Le Conseil vote des remercîments à M. Artbur Rlacquc pour le zèle avec lequel il a bien voulu se cbarger de remplir les fonctions de trésorier, et pour le soin qui a été donné, sous sa direction, aux écritures et à la comptabilité de la Société. Pour le Secrétaire du Conseil absent. Le Secrétaire des séances, AUG. DUMÉHIL. FAITS DIVERS. 391 III. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. Nous annoncions, dans le dernier numéro du Bulletin, l'inscription du nom de S. M. le Koi de Grèce sur la liste des membres de la Société. Une lettre de son Exe. M. Musurus, ambassadeur de la Porte ottomane à Paris, adressée à M. Drouyn de Lhuys, vice-président de la Société, a fait con- naître au Conseil que S. M. I. le Sultan autorise aussi, dans les termes les plus bienveillants, Tinscription de son nom sur la liste des membres de la .Société. Cette inscription a eu lieu dans une séance du Conseil, tenue le 13 aoùt,etleBureau a été chargé de transmettre au Sultan les remercîments de la .Société pour ce haut témoignage de Tintérét que ce Souverain veut bien aussi accorder à nos travaux. Le .'sultan a ordonné qu'une somme de raille francs fût immédiatement versée dans la caisse de la Société, pour remplacer les cotisations annuelle- ment dues par les membres. — La Société vient de recevoir un nouveau don de graines de S. M. THm- pereur. Ce don a été annoncé à la Société par la lettre suivante, adressée à M. le Président de la Société par M. le général Rolin : Palais des Tuileries, le 16 août 1859. Monsieur le Président, Par ordre de l'Empereur, j'ai l'honaeur de vous adresser, ci-joint, une petite caisse renfermant des graines de l'arbre à cire végétale du Japon, que M. de Monligny, consul général de France à Shang-hai, envoie à l'Empereur. Sa Majesté verra avec plaisir que la Société d'acclimatation veuille bien expé- rimenter cette graine, avec les soins et la haute expérience qu'elle apporte en toutes les choses qui sont de son ressort. Recevez, etc. Le général de division, adjudant général du palais, ROLIN. — Une lettre de notre confrère M. Kaufmann, datée de Berlin, 2 août 1859, vient d'annoncer à la Société la mort très regrettable de M. le pro- fesseur Dieterici, président de la Société d'acclimatation des États royaux de Prusse, affiliée à la Société impériale d'acclimatation. Pour le Secrétaire du Conseil absent, Le Secrétaire des séances, ADC. DDiMÉRIL 392 SOCIÉTÉ iMi'ÉiiiALii zooLoGiyun d'acclimatation. OLTRAdiES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ. SÉANCE DU 18 MARS 1859. Anuuaire des essais de Vilmorin-Andrieux et C'. Première année, 1858. Index seminum horti rogii botanici. Panormitani, ann. 1858, quae pro mutua commiitalione olTeruntur. Musée d'art et d'industrie. Rapport de M. Natalis Rondot, délégué de la Chambre, président de classe au jury de'l'Exposition universelle de 1855. Comice agricole de Marseille. Rapport sur l'araire-Aycard. Assemblée générale de rinstitut de charité pour les orphelins protestants, fondé à Saverdnn (Ariége), 31 octobre 1858. Dix-neuvième anniversaire. Histoire du calendrier, comprenant tout ce qui a rapport à l'heure, au jour, à la semaine, etc., avec figures, par M. Gédéon Brcsson, professeur à l'insti- tution Bernard Palissy, 1359. SÉANCE DU 15 AVniL 1859. Annales de la Société d'agriculture, sciences, arts et commerce du Puy, t. XX, 1855-1856. Société d'émulation de la Vendée, Annuaire départemental, 1857. Bulletin de la Société d'horticulture de Marseille (février et mars 1854). Annales de la Société d'horticulture de la Haute-Garonne, 1858. Société nantaise d'horticulture (années 1840 à 1843, ISiSà 1850,1853,1858. Bulletin annuel de la Société centrale d'agriculture de Chambéry, 1857-1858. Histoire naturelle générale des règnes organiques principalement étudiée chez l'homme et les animaux, par M. Is. Geoffroy Saint-Hilaire, t. H, 2* partie. 1 vol. in-8. (Offert par l'auteur.) Acclimatement et colonisation, Algérie et Colonies, par D. Thibaut, 1859. Des indigestions gazeuses du cheval, et de l'efDcacité de la ponction du caecum comme moyen curatif, par M. P. Charlier, 1859, Cours pratique d'apiculture, professé au Jardin du Luxembourg par M. H. Hamet. 1 vol. in-12. Paris, 1859. Essai de réponse à trois questions sur la possibilité, l'utilité et la nécessité de l'acclimatation, par M. le docteur N. Joly, de Toulouse. Sur les maladies des Vers à soie et sur la coloration des cocons par l'alimen- tation au moyen du Chica, par le mémo. Mélanges de sériciculture, par M. F.-E, Guérin-Méncville. Des Vers à soie d'automne dans l'Ardèche en 1858, par M. le Préfet de l'Ardèche. Synopsis analytique de la flore des environs de Paris, par MM. E. Cosson et Germain de Saint-Pierre, 1 vol. in-18. Paris, 1859. (Offert par les auteurs.) Le Sahara algérien et ses cultures, par M. E. Cosson. Des Céréales en Italie sous les Romains, par M. Joseph Michon. 1 vol. in-8, 1859. Quid Libycœ geographia; auctore Plinio Romani contulerint. Thèse pour le doctorat es lettres, par le même. (Offert par l'auteur.) Les Bonnes poires, leur description abrégée et la manière de les cultiver, par M. Ch. Baltet. Troyes, 1859. (Offert par l'auteur.) Du Carapa Touloucouna (senegalensis), par M. E. Cavenlou. Paris, 1859. (Offert par l'auteur.) VENEZUELA. 393 I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ. NOTICE GÉOGRAPHIQUE ET CLIMATOLOGIQUE SUR VENEZUELA. rOSmoN GÉOGUAPHinUE, ASPECT PHYSIOUE DU PAYS, SAISONS, ZONES CLDIATÉKIOUES, OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES. (Suite) (1). Par M. A. DE TOLRRËIL. Chancelier du Consulat de France, Ucle^uii de la Société imiiéi'ialc d'Acclinialalion à Caracas (Vcnézinila). (Séance du IS avril 1859.) VII. — Saiso)is. Le Vénéziiélii, comme toutes les régions situées entre les tropiques, ne connaît (jue deux saisons, la pluvieuse, désignée dans le pays sous le nom àHnvierno (hiver ou hivernage i, et la sèche, dénommée vermio (été). Ces deux saisons sont dues à l'action des vents. Le vent général de ces contrées, qu'on pourrait appeler vent primitif, parce qu'il provient de Taction du soleil et du mouvement diurne de la terre, souille de Test à l'ouest. Ce vent règne dans une zone qui s'étend des deux côtés de rétjuateur jusqu'au 30' degré environ : les navigateurs le nomment veiit alizé, parce qu'il suit constamment la même direction; sur la côte, il prend le nom de brise, et décline un peu vers le nord. La hrise com- mence le matin vers les neuf ou dix heures; elle augmente en proportion que le soleil s'élève sur Thorizon, et diminue en raison inverse à mesure (ju'il haisse : quand cet astre touche au couchant, elle cesse pres(|ue entièrement. Elle éprouve aussi dans Tannée des périodes marquées selon que le soleil est à l'apogée ou au périgée. (1) Voir numéro craoùt, p. oho. T. VI. — Septembre 1S;".9. iJG 39/i SOCIÉTÉ IMPÉRIALi: ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. L'hivernage, ou la saison des pluies, se présente lorsque le soleil est près d'entrer dans le tropique du Cancer, et dure depuis le mois de mai jusqu'au mois d'octobre ; les vents géné- raux passent alors entre le sud et l'est, et sont ordinairement chauds. A cette époque, les pluies sont abondantes et accom- pagnées de coups de tonnerre; elles éprouvent néanmoins des intermittences, et vers la fin du mois de juin, il survient une interruption remar([uable qui dure ordinairement un mois, appelée le verano de San Juan (l'été de Saint-Jean). D'après un calcul approximatif, on peut établir que dans cette saison il y a, terme moyen, trois heures de pluie par jour, d'une manière périodique; elle se fixe quelquefois dans la matinée, mais elle a lieu plus généralement dans la soirée ou pendant la nuit. Les violentes et soudaines averses de la zone torride répandent plus d'eau en un jour (jue les pluies d'Europe en six. On évalue l'eau qui tombe dans les forêts à 2", 57, et dans les plaines à 1°',81 ; la pluie moyenne de chaque année sur toute l'étendue de la républi([ue est portée à 2°*, 01. L'été ou la saison sèche arrive quand le soleil va entrer au tropi([ue du Capricorne. Les vents soufflent alors du côté du nt3rd-est, et l'on éprouve aussi des courants d'air asceadants qui viennent du nord et du nord-ouest; ceux-ci sont plus frais et plus fréquents aux mois de novembre et de décembre, qu'aux mois de février et de mars. Au commencement de cette saison, il tombe aussi quehjues pluies, appelées A^or/^'5 (pluies du nord) ; mais elles ne sont jamais aussi copieuses que celles de l'hivernage. Situé au nord de la ligne équinoxiale, ce pays éprouve une chaleur plus forte dans la saison appelée hivernage, à cause de la proximité du soleil à rhémisphère boréal, et de la cessation des brises, remplacées par les calmes ou par les vents chauds du midi. Durant les autres six mois de la saison dite d'été, la température est plus fraîche parce que le soleil se trouve alors dans la région australe, et que les vents souillent du septentrion. Vin. — Zo7ies climatériques. Bien que par sa position, le vaste territoire de Venezuela st? trouve sous les ravons ardents du soleil de la zone torride, VÉ.NÉZLtLA. 39n il n't^i jniiil ]);is moins des ciiiiiab les plus variis. Do l'atmospliôro cmbiascc des sables du litloral, la lonipcralure baisse graduellenieiil à mesure que l'on s'élève au-dessus du niveau de la mer, jus(ju"à ce qu'elle arrive à la région des glaces (jui couronnent la cordillère de l\Iérida. Doué de ces avantages, ce pays devrait oiVrir une place à tontes les végétations, et receler dans son sein les dilîérentes espèces d'animaux de l'ancien hémisphère; il n'en est pourtant pas ainsi : la température locale n'est pas assez variable poui' permettre à la plupart des fruits de l'Europe de parvenir à leur parfaite maturité, et par des circonstances dont on ignore la cause, les grands mammifères de l'Asie et de l'Afrique sont inconnus dans ces contrées; d'ailleurs l'art n'y est pas encore venu en aide à kniature. Quant à la différence de la température, on ne saurait l'at- tribuer d'une manière absolue ni à la latitude, ni à l'élévation au-dessus du niveau de la mer, car on observe à des latitudes et à des élévations égales des contrastes singuliers, tant sont nombreuses les causes qui exercent une influence sur les élé- ments climatériques. Selon les divers systèmes de montagnes, les causes de ce pliénomène tiennent à la disposition où elles se trouvent, soit pour recevoir la chaleur directe des rayons solaires du midi, ou la brise sèche et chaude qui traverse les grandes savanes, soit pour être rafraîchies par les vents chargés de vapeurs aqueuses qui viennent de la mer. Dans les plaines, les vents agissent aussi comme forces phy- siques et causent des changements remarquables de tempéra- ture : les savanes qui sont les plus rapprochées de la mer jouissent d'une atmosphère plus douce, parce qu'elles re- çoivent directement les brises de l'Océan; celles du centre conservent l'équilibre ou éprouvent à peine une légère modi- fication de chaleur; mais les plus éloignées du rivage sont exposées aux courants d\iir qui, traversant des terrains sablon- neux, dénudés de végétation, s'échauffent et arrivent brûlants. Quant aux forêts, l'inégalité de température est due, pour les une*5, à l'action des vents réguliers «jui en modifient la cha- leur; pour les autres, à ce qu'étant abritées par de hautes 396 sociÉTii iMl'ÉRiALi': zooLOGiQUb; d'acclimatation. montagnes, elles n'éprouvent aucune graiide altération îles mouvements atmosphériques; tandis que celles qui se trouvent dans des parages où règne un calme éternel, et à travers les- quelles coulent de grandes rivières, conservent constamment une douce IVaicheur; mais d'autres, au contraire, sont situées sur des terrains Ingrats, et ne reçoivent que les eaux pluviales (prabsorbent bientôt les vents secs et chauds de la saison dite d'été. Abstraction laite des causes locales dont l'inlluence agit sur la température, le territoire de Venezuela, considéré sous le rapport de l'élévation du terrain au-dessus du niveau de la mer, présente trois zones climatériques, qu'on distingue sous les noms vulgaires de zone froide, zone tempérée et zone chaude. IX. — Zone froide. La zone Iroide prend naissance à 21/14 mètres d'élévation, et s'étend jusqu'à /|580 mètres au-dessus du niveau de la mer. Sa température est établie entre le 18- et le 2'= degré du ther- momètre centigrade. Les montagnes dont le sonunet reste perpétuellement cou- ronné de neige sont situées entre le 8' et le 9*= degré de lati- tude septentrionale; elles appartiennent à la cordillère de Mérida. La limite inlerieure des neiges perpétuelles descend (luelijuel'ois jus([u'à /i200 mètres ; mais aux époques de chaleur, elle se fixe généralement à /i5/iO mètres. A partir de 4300 mètres toute végétation cesse, ce ne sont plus que des mousses et des cryptogames cacbés sous la glace ou couverts de neige. A celte élévation, le thermomètre centi- grade ne varie qu'entre le second et le troisième degré au-des- sus de zéro. C'est plutôt la raréfaction de l'air et l'absence de la chaleur solaire, constamment aiïaiblie par la violence des vents ou par l'épaisseur des brouillards, que l'intensité du froid, qui s'opposent dans ces parages au développement des phéno- mènes de la vie végétale. Les mêmes causes rendent ces régions, appelées Paramos-, inhabitables à l'homme. Quand le sommet des Paramos se couvre de nuages blancs et noirs, qui, pousses par des vents vi;NÉzrK[.\. ,^07 1/ contraires, s'erilre-Liioijiient avec violence, ou se précipileiit (le la inonlagne en tourbillonnant, un mugissement sourd se lait alors entendre, et les naturels disent ijuc le Paramo esta bravo (est en fureur). Aces signes on connaît (|ue le moment est dangereux pour franchir ces passages, où Ton a vu périr plus d'un Européen imprudent. X, — Zone tempérée. Depuis 585 mètres d'élévation jusqu'à la hauteur de lihU mètres, jamais la température ne touche aux extrêmes; elle est toujours douce et agréable comme aux premiers mois d'automne, et la campagne conserve toute l'année la verle parure du printemps. C'est la zone tempérée, où le blé, l'avoine et les autres cé- réales de l'ancien continent croissent et se développent avec une vigueur remarquable, où les arbres, sans se dépouiller de leur feuillage, sont, dans toutes les saisons, couverts de fruits et de Heurs, et où la Pomme et la Pèche, la Figue et le Raisin, mûrissent à côté du Cédrat, de l'Orange, du Citron et des incomparables productions équatoriales. Sous cette zone, la nature semble ofl'rir à Thomme le choix du climat le plus analogue à ses goûts; la terre récompense avec largesse ses travaux, et le ciel se montre favorable à toutes les plantes utiles à son bien-être. Les oscillations du thermomètre sont limitées entre le 18" et le 25" degré. XI. — Zo7ie chaude. Du niveau de la mer jusqu'à 585 mètres d'élévation, la tem- pérature est chaude, entièrement tropicale. La chaleur se maintient constamment dans un terme moyen de 25°, 5 à 28°, 5. C'est la partie la plus dangereuse à habiter, surtout pour l'Européen, avant qu'il soit acclimaté. On ne saurait toutefois attribuer l'insalubrité du climat à l'excès de la cha- leur, mais bien à l'action qu'elle exerce, et aux gaz délétères qu'elle dégage, selon la nature du sol sur lequel elle agit. Près des lieux marécageux, les effluves morbifiques qui s'exhalent des eaux stagnantes sont pestilentiels, et dans le voisinage des forêts vierges, où la nature déploie toute la force 39H soriKTK iMPKP.i.vLF. zooLonioiE d'atclimatation. (riino végélalion kixuriante, une alinchsplière luiniitle et les émanations des délrilus végétaux produisent ces fièvres per- nicieuses dont l'homme est si souvent victime. Dans les lieux même les plus sains, le relâchement des pores, toujours ouverts à la transpiration, rend le corps plus sensible à Timpression de Tair, et l'expose à des transitions subites qui deviennent mortelles, si l'on ne parvient à rappeler immédiatement la chaleur vitale. Xn. — Observations méttwrologiques. Ainsi que l'a observé le savant M. Boussingault. un pays de formes aussi variées qu'est le Venezuela, une région intertropi- cale (jui renrerme des montagnes couvertes de neiges perpé- tuelles, des savanes immenses où régnent constamment les plus fortes chaleurs de la zone torride, des forêts où il pleut presque toujours, et une étendue considérable de côtes, est pour la climatologie un champ admirable d'observations. Ce cbamp a été exploré avec sagacité et persévérance par le colonel du génie Codazzi, auteur de la géograpbie de Vene- zuela, et lui a fourni un grand nombre d'observations météo- rologiipies, (jui comprennent l'élévation des terrains au-dessus du niveau de la mer, leur qualité et leurs positions. Voici le l'ésullat de ces observations. Température moyenne des Paramos. PROVINCES des Farainns. Tiujillo cl Méiida, Id. Ul. Méridu id Id KLEVATION en mrlres. 3o94 a 371)5 3795 à 4096 409Gà 1340 iriiO à 4380 TEMPlinATURE moyenne tliorni. conli;;!'. OBSERVATIONS. 11" il 9" 9" à r," 3" à 3" 3° à 2" n t-o ' 1 lo i Beniicou|( do vent Pl uelo au I quoiquofoisdelagrêle. C Rareincnl de la iioig I clic se fond à l'iiislun t Souvent de la neigi j mais bientôt fondue f La neige se conserve j plus longtemps. I Neiges iierpéluelles. i Nota.— Cc-fs obsorvnlinn« oui ûl' fnili": à divorio^ lii>iire«, --uv y]n=. ilo .''lO puiiils difTôrenls VÉNKZl'Éf.A, 399 Tempéralure maxima et moyenne des diverses zones. ZONE AGRICOLE. Côtes (Je la mer Vallées de la Cordillère Montagnes boisées, côté nord. — boisées, côté sud. . . . — graminées, côté nord, graminées, côté sud. ELEVATION moyenne en mèlres. 27,5 De 0" à 109^ 302 à 5S5 o85 à 1170 .j8o à 1170 583 à 1 170 585 à 1170 ^ Nota. — Les températures de ce tableau sont lo résultat do plus de 2000 observatiu faites pendant dix ans sur différents points de la république, à des bcures et ù des époqu diverses. MAXIMUM de chaleur. 32 22 29,44 25,5tJ 27,78 26,67 28,78 MAXIMUM de froid. 19,44 18,33 16,67 20,56 19,44 21,11 TEMPERA- TURE moyenne. Tber. cent. 25,5 21,6 09 "7 22,2 23',8 ons es ZONE DES PATURAGES. Province du Giiarico. .Savanes près des montagnes. . . . — près de Calabozo — près de rOrénoque Province de Carabobo. Savanes près de bancs de rochers — près du Balïl Province de Barcelone. Savanes des plateaux — vers la côte Province de Cumana. Savanes des plateaux — de Maturin Province de Burinas. Savanes près de la Cordillère. . . . — près de l'Apure Province de V Apure. Savanes du haut Apure ........ — du bas Apure Province de la Guyane. Savanes du Zuruari et du Caroni. — de Caicara —r de la Paragua — de l'Atures et du Meta. . ELEVATION moyenne en mètres. 167" sa 209 188 83 247 83 298 83 155 106 167 75 334 73 167 159 MAXIMUM de clialeur. 32,22 36,67 30,11 31,11 33,33 35,00 31,67 32,22 30,56 31,11 33,33 32,22 35,36 27,78 30,56 32 22 35,00 MAXIMUM de froid. 25,00 26,11 23,36 25,56 20,11 28,33 21,00 25,00 23,33 24,44 26,11 25,56 30,00 23,33 26,67 26,67 26,67 TEMPERA- TURE moyenne. Ther. cent 28,61 31,39 28,34 28,34 29,72 31,67 28,89 28,61 26,95 27,78 29,72 28,89 32,78 23,56 28,62 29,45 30,83 ZlOO SOCIÉTÉ IMPÉniALE ZOOLOGIQL'E h'aCCLIMATATION. ZONE DES FORÊTS. ÉLÉVATION moyenne en mètres. MAXIMUM .le chaleur. MAXIMUM de froid. TEMPKKA- TUUR moyenne. Ther. cent. Korèls du Delta, de rOrénoque et de o ri ma tara 17'" 284 28,05 26,67 23,33 23,33 25,69 25,00 — du Zuruari et du Cuyuni du Caroni 251 334 27,78 26,56 23,33 22,25 25,56 24,40 — de la Paragiia et du Catlra — du Sipapo et du Yenluari 251 27,50 22,78 25,14 — du Guaviare et du Vichada 234 27,78 23,89 25,84 — de i'Infrida et de l'Atabapo 251 26,67 22,78 24,87 — du Rio-Negro et du Pacinioiii. . . 253 26,56 25,33 24,95 — du Casiquiarc et du Siapa 263 26,67 22,78 24,87 — du Cunucunuma et du Padanio. . 376 27,50 22,78 25,14 En général, \e 7naximiim (\g c\vd\euv a été pris enti\^ deux ol trois lieures de l'après-midi, elle maxmiwn de froid, entre quatre et ciiui heures du malin, dans la saison sèche, au cont- mencement et vers la fin des pluies. Dans les plaines, les observations ont été journalières pen- dant des mois entiers et sur dilVérents points des savanes, selon l(N marches que l'on faisait ; dans les forôts, elles ont duré plu- sieurs semaines sur des points dillërents aussi, selon que l'on remontait ou (pi'on descendait les rivières pour les traverser. Quant à la température woye/?? quantité de chair et d'œufs, on doit comprendre celle de Bruges, aussi nommée Combat du Nord. Cette race olï're deux variétés (pii ne se dis- tinguent que par un plumage diflëremm(>nt coloié : la noire et la bleue ou ardoise. Cette dernière subit ({uelques variations par des teintes claires et foncées ; elle arrive même à prendre un fond blanc (pii domine et nous laisse croire qu'il en existe d'entièrement blanches. La race de Bruges a une force prodi- gieuse : elle possède tout ce(jui se prête pour la rendre propre au condjat ; aussi la rechercbe-t-on dans cette intention dans le pays, où l'on s'amuse à cette singulière et cruelle distrac- MONOGRAPHIE DES GALLINACÉS. A09 lion. Un bec lisse, long, très dur et crochu, avec des narines sans saillie ; peu de crête et de barbillons, dont on opère la section dès le bas âge-, des muscles solides, des membres ner- veux, une taille élevée et des éperons longs et aigus, sont ses avantages physiques ; et pour le caractère, elle est courageuse, féroce, tenace et de sang-froid. Lorsqu'on laisse combattre le Coq de Bruges avec un adversaire digne de lui, il faut que l'un des deux succombe ; et à ce moment critique de la défaite, s'il reste assez de force à l'animal victorieux, celui-ci monte sur le cadavre de son ennemi pour chanter sa gloire ; puis, bien souvent, il tombe expirant près de sa victime. Nous ne pour- rions dire quel est celui, entre le Coq de combat anglais et le Coq de combat belge, qui résisterait le plus longtemps et com- battrait le mieux. Avec les personnes ces animaux sont d'une grande douceur, peu craintifs et susceptibles d'afi'ection. Le Coq, bien qu'at- tentif et complaisant pour les Poules, ne se révolte jamais contre ceux (jui les approchent pour les enlever. Ces volailles sont très carnassières ets'entre-dévorent pendant la mue, lors- qu'elles sont renfermées dans des cours étroites 5 elles s'en- tre-arrachent les plumes, et si l'une d'elles ou le Coq sai- gnent, ils sont déchiquetés par les autres en peu d'instants lorsqu'on néglige de les enlever. La mue est très lente, et une grande quantité de plumes tombent avant que de nouvelles paraissent. Dans cet état ces oiseaux ont un aspect hideux, Lorsque ces volailles prennent de Fàge, leur chair est fdjreuse injectée de marbrures sanguinolentes; nous avons trouvé ex- cellente celle des jeunes Coqs de cinq à six mois ; les Poulettes de cet âge doivent mieux valoir sous ce rapport. Ce n'est qu'en vieillissant que la chair devient fdandreuse. Si cette race a la faculté de vivre longtemps productive pour la ponte, on ne doit pas attendre d'elle plus que n'offrent d'ordinaire les volailles rustiques qu'on laisse vieillir, et qui toutes, sans exception, ne sont plus bonnes qu'à fournir le suc nourricier, ouosmazôme, contenu dans leurs vieilles chairs qui, en se dis- solvant dans une eau assaisonnée pendant la cuisson de quel- ques légumes, constitue un savoureux bouillon que malades, T. VI. — Sfiiitembre 1859. 27 hiO SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d' ACCLIMATATION. convalescents et valides consomment avec délices ; el ces vieilles chairs, ainsi dépouillées par la coction de toutes leurs parties nutritives, ne sont plus supportables à la dent et au goût. Coq de Bruges. — Le Coq de Bruges a le corps rond et bien proportionné ^ il est monté sur des jambes nerveuses et longues d'un noir bleu 5 ses doigts sont longs, forts et bien ongles. Il marche et court aisément ; son poids le gène pour le vol. Il a la crête noirâtre, simple et petite, ses barbillons sont courts. Son œil roux loncé a une expression dure et méchante ; on y lit bien toutes les impressions bonnes ou mauvaises qu'il res- sent. Son bec est long et crochissant <à son extrémité, comme celui du corbeau ; ses narines sont plates. Son chant a un ton rauqueet l'un des moins agréables à entendre. Il est bon co- cheur et fécond, mais il est calme. Son vol est lourd, bien que ses ailes aient passablement d'envergure. Les plumes du cou sont longues, très minces, ainsi que celles du dos et du crou- pion -, elles sont jaune orange avec des rayures brunes ; le reste du corps est d'un noir terne avec quelques taches de feu sui- tes ailes 5 les cuisses sont garnies de petites plumes courtes, très rapprochées, noires, imitant le velours. Le duvet est très sec, très épais; celui de l'abdomen est noir gris. Une variété a le plumage coloré gris bleu ou ardoise; les plumes légères du cou, du dos et du croupion sont jaune- paille -, sur les ailes ciuelques taches de feu sont distribuées sans profusion. Ce mariage des couleurs dans l'ensemble est très plaisant; mais, dans cette variété, on voit assez souvent quel- ques sujets (|ui perdent le fond ardoisé pour passer au blanc douteux mêlé de quelques plumes fauves et bleues, sans qu'on puisse signaler une dégénérescence autre que celle de la colo- ration de la robe. Le Coq de Bruges atteint le poids de 8 kilogrammes 50 dé- cagrammes : sa chair est blanche lorsqu'il est tout jeune ; en vieillissant, elle devient terne. Elle n'est réellement mangeable que dans son jeune âge. Poule de Bruges. — La Poule de Bruges est une excellente pondeuse, ses œufs sont gros ; sa santé est robuste et elle est de MONOGRAPHIE DES GALLINACÉS. ill durée. Sa chair est bonne (juand elle est toute jeune, et ou l'engraisse assez aisément ; plus tard, cette chair est ferme, mais très juteuse. Sonpoids,àràge adulte, va jusqu'à 3 kilogrammes. Cette Poule ne couve pas. L'espèce noire a des taches de feu sur les ailes, et les plumes du cou sont alternées de noir et de jaune terreux ; l'ensemble du plumage est terne : aussi n'olVre- t-elle rien d'agréable à l'œil. Elle ressemble trop, malgré ses belles formes et sa grosseur, à certaines espèces communes qui n'ont aucun caractère de race. La Poule de Bruges ardoise a le plumage entremêlé de bleu et de roux, couleurs qui se fondent sans trop de dureté. Cette variété ardoise est très élégante et distinguée -, le Coq surtout est quelquefois admi- rable de couleur. La race de Bruges est d'un facile élevage, quoique lente à venir: les jeunes, à cause de leur richesse de muscles et de l'état d'embonpoint satisfaisant qu'ils savent garder, peuvent être livrés néanmoins de bonne heure à la consommation. L'espèce s'acclimate bien. § V. — Race espagnole^ andalouse. Ce bel oiseau de basse-cour n'est point une race de luxe, comme l'ont prétendu quelques auteurs, puisqu'elle réunit à sa beauté des qualités productives qui doivent lui être comp- tées : elles consistent à donner de gros œufs et en grand nombre, à fournir une excellente chair, plus abondante qu'on ne le supposerait par l'apparence de l'animal, et à se repro- duire aisément, quoiqu'on ait dit le contraire. Notre expérience particulière, après plusieurs élevages, nous permet de démen- tir cette assertion exprimée trop à l'aventure ; les jeunes viennent à bien, mais ils sont lents à croître. En outre, la race andalouse a un tempérament passablement robuste. Ces animaux sont très sobres, qualité qu'on ne saurait trop consi- dérer chez les gallinacés. Cette race est d'une moyenne gros- seur, mais ses muscles délicats garnissent bien la charpente osseuse; elle se peut maintenir toujours en bon état, et son engraissement se fait bien. Depuis trois ans que nous cultivons M2, SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. celte race, nous n'avons pas vu non plus que les Coqs fussent ({uerelleurs et propres au combat ; leur attitude matamore n'a pas de signification ; nous leur supposons plutôt une placidité de caractère qui les éloignerait de toute agression. Ce n'estpas dire qu'ils refuseraient le combat par absence décourage. Coq andaloKS. — Lorsqu'on examine séparément les mâles dans l'espèce galline, tous sans exception oll'rent un genre de l)eauté particulière; mais si l'examen se poursuit et devient comparatif, on est tout de suite porté à faire des distinctions à l'avantage de quelques-uns : ainsi le Co(j andalous doit être compté au nombre de ceux dont Félégance, la légèreté des formes, Fattilude fièrc, plutôt calme que provocatrice, sont des plus saisissantes. Son corps se dessine bien sous ce plumage d'un noir d'ébènc, court, lisse, qui le recouvre. Sa tète est surmontée d'une crête simple dont l'ampleur est extrava- gante; elle se reporte en arrière en s'inclinant de côté. Les barbillons, bien divisés, sont ronds et courts 5 seul il possède parmi nos oiseaux domestiques, dans l'espèce, une sorte de collier ou mendirane d'un blanc pur, composée d'un tissu graisseux granulé, à divisions vermiculées qui, après avoir contourné l'œil, descend pour se rejoindre sous le bec. Ola forme un contraste saisissant par sa rencontre avec les cou- leurs vives de la crête, des barbillons et du plumage. Il est visible (|ue ce singulier ornement de la tête provient d'un ac- croissement démesuré de loreillon ou disque auriculaire. L'andalous a le bec noir, lisse, mince, long et crocbu, jet les narines plates ; ses jambes sont très menues, longues et ner- veuses ; il inarclie avec fierté et une grande légèreté d'allure. Il atteint le poids de 2 kilogrammes 50 à 75 décagrammes. Comme coclieur, il est fécond et un des plus adroits. Ses plumes ont des refiels ; celles du cou et du recouvrement de la (jueue sont d'une grande finesse et étroites, toujours noires ; celles delà queue sont bien iuiplantées en décrivant un arc parfait; le vol a de l'ampleur et de la facilité. Léchant du Coq andalous est très bref, cadencé et clair, s'entendant de fort loin. Poule andalouse — La Poule andalouse a le corps rondelet, MONOGRAI'HIR DES CALLINACÉS. ZllS liicii que conservant une grande élégance. Sa marche légère et ses gestes coquets sont des pins amusants. Ses pattes, longues, sont tellement minces , que dans sa course vive et aisée elles sont à peine visibles. Sa robe, d'un beau noir ; sa crête, petite et brisée, (pii se déjette; son œil vif, (|ui pointeau centre d'un large contour blanc de même nature que celui du Coq, qui s'arrête à recouvrir l'espace des joues : tout semble se prêter à donner à sa tête l'image de notre cocarde natio- nale. On serait loin de croire, en examinant la fine taille delà Poule andalouse, qu'elle atteint le poids de 2 kilogrammes à 2 kilogrammes 50 décagrammes, et qu'elle puisse produire en quantité des œufs d'un volume égal à celui de nos meilleures volailles. Nous ne pensons pas qu'elle se rebellerait contre le traitement de l'engraissement-, ce serait un essai à faire, car sa chair est d'une grande finesse, très blanche et d'un goût parfait. On a dit que l'élevage de cette race était ditTicile, cela nous semble une erreur, car nous avons toujours réussi les éclosions. Toutes les phases de l'élevage se sont succédé sans accidents, même en faisant des couvées tardives; mais si son accroissement est lent, on y trouve une compensation, car c'est un signe de longévité pour l'espèce. [La suite prochainement.) fi\k SOCIÉTK IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE n' ACCLIMATATION. DES TORTUES CONSIDÉRÉES AU POINT DE VUE DR L'ALIMENTATION ET DE L'ACCLIMATATION Par M. le docteur RUFZ. SUITE (1). (Séance du 10 juin 1839.) Il n'était pas possible que les navigateurs et les naturalistes (|ui, comme M. de Lacépède, savaient que la Tortue franche était une si bonne chose, n'eussent pas songé à en enrichir leur pays, et qu'on fût arrivé jusqu'à nos jours sans avoir eu l'idée d'acclimater en Europe ce précieux animal. « On devrait, écrit M. de Lacépède en 1778, lâcher d'acclimater les Tortues fran- ches sur toutes les côtes tempérées, où elles pourraient aller chercher dans les terres des endroils un peu sablonneux et élevés au-dessus des plus hautes vagues, pour y déposer leurs œufs et les y faire éclore. L'acquisition d'une espèce aussi féconde serait certainement une des conquêtes les plus utiles. » Plus récemment, un ingénieur d'un grand mérite, membre, je crois, de notre Société, M. Fournet (de Lyon), dans un Mémoire publié dans les Annales des sciences physiques et naturelles d' agriculture et d'industrie de la Société impériale d'agri- culture de Lyon, reprenant la question de l'acclimatation de certains poissons, avec les lumières nouvelles que la science moderne a réunies sous le nom de pisciculture, y a compris l'acclimatation des Tortues. « Il y a près d'un siècle, dit-il, en 1770, que M. Laborie demandait que chaque bâtiment re- venant d'Amérique fût soumis à l'obligation de rapporter un certain nombre de Tortues franches pour peupler les côtes de France. La chaleur solaire de nos côtes lui paraissait suffisante pour déterminer l'éclosion des œufs, d'autant que les essais devaient s'eflécluer de préférence sur les bords de la Médi- terranée. Il espérait éviter là l'effet des marées qui , étant (1) Voir numéro d'août, p. 36/i. TORTUES. ^15 beaucoup plus considérable sur notre littoral océanique qu'en Amérique, pouvaient par cela même nuire à cette reproduc- tion. M. Laborie supposait que le Gouvernement accueillerait avec empressement sa proposition : il ne l'ut pas même écouté. En reprenant aujourd'hui la pensée de M. Laborie, on aurait des chances bien autrement favorables; on pourrait mettre à profit les plages basses, désertes et sablonneuses des diverses parties du littoral algérien, dont les dunes offriraient aux Tor- tues des hauteurs suffisantes pour placer leurs œufs à l'abri des flots soulevés par les vents du N.-N,-0. qui régnent dans ces parages. » M. Fournet ne s'est pas contenté de rappeler l'attention sur la possibilité de l'acclimatation des Tortues, il n'en livre pas les essais aux hasards d'une aveugle et capricieuse expérimen- tation 5 il a étudié la question en savant, et a examiné toutes les données qui pouvaient en faire espérer ou bien en con- trarier la réussite. Vous venez d'entendre ce qu'il a dit de l'intluence des marées. Il a examiné aussi la part de la température. La température joue, en effet, un rôle d'une prépondérance incontestable dans l'acclimatation. Pour les végétaux attachés au sol et qui ne peuvent se déplacer pour contre-balancer certaines conditions climatéiiques, il est hors de doute qu'ils ne peuvent vivre en dehors de certaines régions et de certaines plages détermi- nées. Si pour les animaux supérieurs qui peuvent trouver des abris contre les intempéries des saisons, la chose est moins évidente, les animaux aquatiques ou d'un ordre inférieur jus- qu'à un certain point sont susceptibles d'être assimilés aux végétaux, en ce sens que leur domaine se trouve surtout limité par la chaleur. Il s'agit donc de savoir si les eaux de la Médi- terranée sont assez chaudes pour qu'il soit possible d'espérer que les Tortues y puissent vivre. Suivant Grifïîth, les Tortues ne sont jamais prises au delà du 50« degré de latitude, où la chaleur est de 9 à 10 degrés d'après l'isotherme de M. le professeur Becquerel, à moins qu'elles ne soient entraînées par quelques tempêtes. Sibbald dit qu'on en trouve quel- cuefois dans la mer des Orcades, qui sont par 58 degrés hlQ ROCiÉTii: impériale zoologique d'acclimatation. de latitude; d'autres voyageurs en ont rencontré dans la mer Baltique. En venant en France, à la liauteur des Açores , par 38 degrés, je vis une grosse Tortue qui flottait immobile à la surface de la mer, et semblait prendre plaisir à s'abandonner au cours de l'eau ; elle y était, dit-on, livrée au sommeil. Le capitaine du navire m'assura que de pareilles rencontres n'é- taient pas rares. Feu Hippolyte Cloquet, frère de notre savant collègue et de notre bien-aimé maître, M. Jules Cloquet, a vu trois Tortues francbes qui avaient été recueillies dans l'océan Atlantique, sur les côtes de la France. « En 1752,1a mer jeta dans le port de Dieppe une Tortue qui avait, disent les écrits du temps, 6 pieds de long sur h de large, et qui pesait près de 9 quintaux. Dieppe est par 50 degrés de latitude. » En 175/i, une Tortue de mer fut prise dans le pertuis d'Antiocbe, à la liauteur de l'île de Ré (/i 7 degrés de latitude); elle avait un poids considérable : son foie se trouva, dit-on, assez abondant pour donner à dîner à plus de cent personnes (je pense que ce foie ne formait qu'un plat sur la table, et que le narrateur veut dire que les cent personnes en eurent seulement un petit mor- ceau pour en goûter). On en tira, continue M. de Lacépède, plus de 100 livres de graisse; enfin, ie sang qu'elle répandit lorsqu'on lui coupa la tète fut estimé à S ou 9 pintes. Sa chair était comparable à la chair de la génisse. On peut supposer que cette Tortue avait été entraînée jusque sur nos plages par ce grand courant appelé Gulf-Stream, qui, sortant du golfe du Mexique, passe le long des Etats-Unis et vient se faire sentir jusque sur les côtes de la Bretagne. Cette Tortue, ([ui fut ap- portée vivante à Tabbaye de Louveau , près Vannes, avait 8 pieds Ix pouces depuis le museau jusqu'à la (jueue. La cara- pace seule avait 5 pieds de long. Suivant Valmont de Bomare, cette Tortue pouvait bien être la même (|u'une Tortue qui s'était échappée, linéiques années auparavant, dans le naufrage d'un navire qui l'apportait en France, et elle avait continué de vivre et de s'accroître sur nos côtes jusqu'aux dimensions que vous venez d'entendre. Enfin, plus d'un voyageur parle de Tortues franches trou- vées dans la Méditerranée; mais il est certain (pie la Tortue TOîiTn':s. /!i'i7 caouane, qui est une Thaiassilc très voisine de laTorlue fran- che, qui est moins bonne à manger, mais ([ui paraît avoir les mêmes mœui's, et ([u'uii trouve souvent de compagnie, dans les mêmes lieux, avec la Tortue franche, n'est pas rare dans la Méditerranée. « Elles y sont en grand nombre, dit iM. de Lacé- pède; elles choisissent pour faire leur ponte les rivages bas, sablonneux, presque déserts et très chauds, qui séparent rÉgypte de la Barbarie, où elles trouvent l'abri, la chaleur et le terrahi qu'elles aiment. Mais on n'a jamais vu de Tortues pondre sur les côtes du Languedoc et de la Provence, où cependant on en prend de temps en temps quelques-unes. » Le renseignement suivant nous a été fourni par M. E. Cosson, notre collègue de la Société, Ihabile botaniste que vous con- naissez tous : « En se rendant par mer de Sfax à Tunis, un de mes amis, M. Kraiik, aux renseignements duquel on peut entièrement se rapporter, a vu, par le travers de Souza, a en- viron deux lieues au large, une Tortue d'environ 1 mètre 50 centimètres de diamètre, et les marins du bâtiment, qui la lui ont montrée, paraissaient habitués li de semblables ren- contres dans ces parages. » Enfin, c'est dans la Méditerranée surtout qu'on a trouvé la Sphargis lutb, cette espèce de Tortue thalassite ainsi nommée parce que c'est de son écaille que les Grecs formaient la lyre ; d'où le mot tesludo signifie lyre dans la poésie latine. De tous ces faits, il résulte que la région où peuvent vivre les Tortues franches est très étendue et très variée ; qu'on les trouve à peu près dans toutes les mers équatoriales; qu'elles font de longs voyages pour faire leur ponte-, qu'on les rencontre assez souvent en dehors de la zone qui leur est habituelle ; que, pour arriver dans ces parages étrangers , il faut nécessairement qu'elles puissent en supporter pendant un certain temps les conditions climatériques: qu'eniin tous ces faits rapprochés peuvent former un commencement de preuve de la possibilité d'acclimater les Tortues franches sur nos côtes . sinon de l'océan Atlantique, au moins de la Méditerranée. Telles sont, pour entreprendre l'acclimatation des Tortues franclies, les données fournies par l'expérience. A18 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Examinons maintenant la question scientifiquement, par l'analyse de ses éléments. M. Fournet a constaté qu'au milieu (le l'été, la température des sables de la côte d'Alger pouvait atteindre à 36 ou /|0 degrés, ce qui serait suffisant pourFéclo- sion des œufs de Tortues. Quant à la température des eaux mêmes de la Méditerranée, elle est, d'après des renseignements fournis par notre collègue M. Moquin-Tandon, un peu plus chaude que l'océan Atlantique aux mêmes latitudes. M. Fournet, pendant une traversée faite en octobre d'Alger à Marseille, a constaté l'égalité de tempé- rature qui existe sur l'étendue de la surface de la mer Médi- terranée; c'est-à-dire qu'au voisinage des côtes les eaux ne sont pas chaudes d'un degré déplus qu'au milieu de la pleine mer. Voici, d'après M. Aimé, la température de la mer à Alger : Alger. Janvier. Juillet. 7 heures du matin. . . . lZi°,22 21°,022 U heures du soir lZi",52 22%13 Diiïérence. . . . 0%30 ' 0",91 On voit aussi par là que les variations diurnes de ces eaux sont très faibles, puisqu'elles ne sont que de 1/30' de degré en hiver et de 4/91* en été. La température de la mer change moins soudainement et moins facilement que celle de l'atmos- phère. Il importe maintenant de connaître la température des mers équatoriales où habitent les Tortues franches, afin delà com- parer à celle de la Méditerranée. On sait que la température de l'eau n'est qu'un reflet de celle de l'air dans les couches les plus superficielles de la mer, ou du moins n'en difTère que par un refroidissement de 1 ou 2 degrés au plus. Or, les moyennes des températures atmosphériques prises à Alger et à Cumana sont : Alger. Cumnnu. Moyenne de l'été 26°, 8 28", 7 Moyenne de l'hiver. . . . 16%û 26°,8 Différence. . . 10°, a 1",9 On voit qu'en été la température d'Alger n'est pas bien dif- férente de celle de Cumanu. Or, nous avons vu que la lempé- TORTUES. Zil9 rature de la Méditerranée, examinée directement, était de 22°, 13 en juillet. On peut conclure que celle des eaux au voisi- nage de Cumana n'est pas beaucoup plus élevée. Il n'en est pas de même en hiver ; la température de l'air, et par consé- quent des eaux, diffère beaucoup plus dans les deux climats: elle est. d'après les expériences (]ue nous venons de citer, de plus de 10 degrés. Mais d'après quelques observations men- tionnées dans X Annuaire du Bureau des longitudes sur la chaleur des mers tropicales, hiver et été confondus, elle est de 28°, 05, tandis que Tété ne fournit que 22°. 02 à Alger. Il s'ensuit donc que la différence entre les deux points est de 6°, 3 en tous temps, et peut être de 10%/i en hiver, différence notable, dont il faudrait tenir compte si, pour résoudre les problèmes d'acclimatation, vous vous décidiez par les données scientifiques seulement. La Méditerranée est un peu plus salée que l'Océan : la salure de l'Océan étant 28, celle de la Méditerranée est 30 (Moquin- Tandon). Les sels sont partout à peu près les mêmes : chlo- rures, sulfates, carbonates de chaux et de magnésie. Suivant M. Fournet, les eaux de la Méditerranée contiennent un excès de magnésie. Le long des côtes espagnoles , à cause du Rhône et de l'Ebre, la mer se dessale un peu ; il en est de même dans le golfe de Venise, sur la côte italienne, à cause du Pô. et pro- bablement il en doit être encore ainsi aux embouchures du Nil. Quand on parle de la Méditerranée . il ne faut pas oublier que cette mer, en partant de l'Egypte à l'Espagne, se dirige obliquement du sud au nord, et répond à un arc de cercle de 13 à lu degrés de latitude. La côte d'Egypte, qui est la plus basse de toutes celles qu'elle baigne, est par 31 degrés, et le fond du golfe de Lyon est par hh degrés. Tout son pour- tour est sillonné par des baies et des golfes très profonds, qui doivent apporter encore de grandes différences à ses conditions climatériques; l'eau de la mer éprouve aussi de grands chan- gements par l'agitation des flots et par l'action des courants. Un autre élément très important dans la question qui nous occupe est la considération des substances alimentaires dont se nourrissent les Tortues. Les voyageurs nous les représentent 'i'IO SOCIKTl': IMPÉRIALE 700LOGIQUK d'aCCLIMATATION. errantes dans des espèces de prairies d'herbes marines appe- lées sargasses par les Espagnols, et qui se trouvent autour des lieux recherchés par les Tortues. Ces herbes sont à trois ou quatre brasses au fond de la mer, et quand la mer est calme, dit l'un d'eux, rien de plus agréable que de voir ce beau tapis vert au fond de la mer et les Tortues qui s'y promènent. « Ces troupeaux marins, dit Lacépède, (jui semblent être rassemblés à dessein pour le soulagement des navigateurs, ne le cèdent en rien à ceux qui paissent l'herbe des campagnes delà terre. » Suivant Labat, on reconnaît de loin les lieux où les Tortues abondent aux débris des herbes fauchées par elles, et qui flottent à la surface de la mer. 11 n'y a pas de doute que ces herbes ne soient celles dont se nourrissent les Tortues , car ce sont celles qu'on trouve dans leurs entrailles,... Mais comme la llore comparative des mers est encore peu connue, nous avons peu de données sur la nature des herbes dont se noui- rissent les Tortues. Suivant Labat, ces herbes ont la feuille petite, d'un quart de pouce de large et de (3 pouces de long. Suivant Auduhon, c'est le Zostera marina que les Tortues coupent près des racines pour en avoir les parties tendres et succulentes. M. ftloquin- Tandon m'a remis la note suivante : « Les plantes marines sont en général [)lus petites dans la Méditerranée que dans l'Océan; elles ap[iartiennent aussi à des espèces moins grandes : beaucoup présentent le tiers ou le (piart des plantes océaniques. » M. Cosson nous a fait savoir que la flore sous-marine de la Méditerranée, prise dans son ensemble, en raison du llux et du retlux de cette mer et du moindre degré de salure de ses eaux, dilîère notablement de celle de l'Océan 5 qu'elle est moins riche en algues et autres plantes marines; que néanmoins, sur la côte de la régence de Tunis, on en trouve de véritables prairies, qui doivent servir d'aliments aux Tortues (jui vivent dans ces parages. Mais , quant à l'acclimatation dans la Méditerranée des végétaux sous-marins propres à l'Océan, elle paraît à M. Cosson avoir bien peu de chances de réussite, et ne présenter pour l'accli- matation des Tortues qu'une importance tout à fait secondaire. Enfin, suivant M. Fournet, « les plantes sous-marines contieu- TORTUES. ll'il nent des végétaux (|Lii ne sont pas identiques avec ceux de l'Océan , et par conséquent le fourrage qu'elles produisent n'est pas le même. Le changement de nourriture qui en résul- terait pourrait bien jeter dans les habitudes des Ghéloniens une perturbation assez profonde pour que nnôrne déjeunes individus pussent s'en trouver aiïectés. » Permettez-moi, messieurs, en face de ces citations, d'offrir mes remerchiients aux savants illustres dont nous avons l'hon- neur d'être ici les collègues, et qui veulent bien répondre avec tant de bienveillance à toutes nos interrogations.... Ce n'est point un des moindres agréments de notre Société d'avoir sous la main des hommes que l'on peut consulter comme des dictionnaires, et que l'on trouve toujours aussi complaisants et souvent plus savants que les dictionnaires. C'est ainsi qu'on peut paraître soi-même savant à peu de frais, vous en avez la preuve dans tout ce que je viens de vous lire. Reste une dernière circonstance qui ne serait pas la moins importante ou la moins critique, comme dit M. Fournet, dans l'acclimatation des Tortues : ce serait le moment de la ponte. Il est bien reconnu que ces animaux tendent alors à s'écarter au loin pour chercher des stations convenables. L'île de Saint- Vincent, appartenant au groupe du cap Vert, est regardée comme la plus septentrionale parmi celles où les Tortues vont pondre. Elles paraissent aussi accorder la préférence aux Tor- tugas, dans la mer des Antilles, et aux Gallapagos, dans la mer du Sud, et à celle de l'Ascension, au miheu du sud Atlantique. Pour y arriver, ces Chéloniens, comme nous l'avons dit, font des trajets de 1 00 à 300 lieues, en venant soit de la partie méri- dionale de Cuba, soit des côtes africaines du Congo. N'aurions- nous pas à craindre quelque nécessité du même genre chez nos élèves méditerranéens? L'émigration leur serait d'autant plus facile que les longs trajets sont choses familières aux Tor- tues, et, dans le cas présent, il leur suftirait de se laisser gui- der par la simple sensation d'une chaleur sans cesse croissante pour retrouver la mer patrie qui leur a été concédée par la Providence. /i22 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMÀTATION. En résumé, considérée à priori scientifiquement, sous les rapports de la température des eaux qu'liabitent les Tortues, de la nature des fourrages dont elles se nourrissent, et de cer- taines particularités de leurs mœurs, notamment à l'époque de la ponte^ la science élève de grands doutes sur la possibilité deracclimatalion des Tortues ; mais devons-nous être arrêtés par ces doutes et renoncer à toute tentative pour acclimater les Tortues? A Dieu ne plaise que je témoigne ici aucune irrévérence pour les enseignements de la science, j'en aurais horreur comme d'un blasphème ! Mais la Société d'acclima- tation ne me paraît pas , et elle ne se fâchera pas de cette appréciation , une Société scientifique 5 elle n'a pas l'ambition d'être une douijlurc de l'Académie des sciences. Elle peut, sans se compromettre , sans déroger à l'infaillibilité des cal- culs et des démonstrations à priori^ se donner quelquefois la satisfaction de faire appel, envers et contre toutes les don- nées rationnelles, à l'expérience brute comme à une sorte de jugement de Dieu. C'est ainsi que la médecine, laissant de côté les explications et les suggestions physiologi(|ues, se confie souvent aveuglément à l'expérience populaire , et souvent aussi, j'ai bien quelque droit de le dire, ne s'en trouve pas plus mal. C'est pour(juoi je ne serais pas fâché de voir le gouver- nement, ou quelque riche armateur de Marseille, envoyer aux îles du cap Vert, ((ui ne sont pas très éloignées, ou même aux Tortugas, où la Tortue ne se vend que 6 cents la livre (moins de 6 sous), un navire pour charger des Tortues, en répandre la cargaison dans la Méditerranée, et abandonner, grosso modo, cette expérience à la bonne nature. C'est une opération bien hasardeuse que de prétendre déter- miner à l'avance toutes les conditions d'un problème d'histoire naturelle \ il n'est pas possible que quelque petite circonstance en apparence insignifiante ne nous échappe, et c'est souvent de cette petite circonstance dont la chose-a besoin pour réussir. Je le répète, la Tortue franche n'est pas un animal séden- taire, c'est un voyageur, un migrateur, même à l'épotjue de sa ponte; elle peut donc se faire à bien des localités. On l'a TORTUES. /i'23 trouvée égarée, c'est vrai, dans toutes les uiers, dans la Bal- tique et dans la mer Noire; mais, pour atteindre jusque-là, il Fallait (ju'elle pût supporter bien des conditions climatériques diverses. Dans la 3Iéditerranée vivent déjà naturellement la Tortue caouane et la Spbargis, qui sont des Tortues thalassites de la même famille que les Tortues franches. Si les herbes marines de la Méditerranée ne sont pas les mêmes que celles des autres mers recherchées par les Tortues franches, nous avons vu que dans l'état de captivité ces animaux mangeaient de toutes sortes d'herbes. Enfin , ajoutons qu'il n'y a pas d'animal qui ait une vitalité plus dure que la Tortue ; comme tous les reptiles, elle supporte de longues diètes ; elle résiste à la pri- vation de Tair beaucoup plus que la plupart des autres animaux aquatiques : elle peut subir à cet égard les plus rudes épreuves. Le célèbre iMéry, ayant fortement serré les mâchoires à deux Tortues, et ayant de plus scellé leur nez ainsi que leur bou- che, avec de la cire à cacheter, vit l'une d'elles vivre trente et un jours et l'autre trente-deux. La Tortue résiste au vide de la machine pneumatique, ainsi que dans l'air ([ui n'est pas respirable : c'est ainsi qu'on explique sa présence dans la baie de Callao, où les émanations d'hydrogène sulfuré qui se dé- gagent sont funestes à toutes les autres sortes de poissons. Une Tortue à qui le plastron avait été enlevé a pu vivre six jours. Je tiens de MM. Auguste Duméril et Chevet que des Tortues dont la tête est coupée donnent les jours suivants des marques de sensibihté lorsqu'on vient à leur piquer les pattes. Redi en a vu une vivre sans tête vingt-trois jours. Ayant enlevé tout le cerveau à une Tortue, il referma le crâne et la laissa en liberté ; l'animal ne parut ressentir aucun mal : elle se mou- vait, marchait, mais à tâtons, car elle ne pouvait rouvrir ses yeux. Non-seulement la plaie guérit et les os qui avaient été enlevés furent remplacés par une membrane charnue, mais la Tortue vécut ainsi six mois, ayant toujours la force de mar- cher. Enfin, aux îles Maldives, pour enlever l'écaillé des Tor- tues , on a la coutume de les placer sur le feu, et, l'opération faite, on rend l'animal à la mer. N'est-on pas autorisé à penser qu'un animal d'une telle vitalité doit être capable de /|2/i SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. résister ù bien des intempéries? Ajoutons enfin que la vie des Tortues est fort longue : on a constaté qu'elle pouvait durer (juatre-vingts ans. Lacépède la porte au delà de cent ans. Ne serait-il pas possible aussi que ces œufs qui éclosent à la cha- leur du sable de la mer, dans un bon emménagement deTélève des Tortues, fussent mieux conservés par nos machines d'éclo- sion, qui imitent si heureusement la nature? Vous voyez donc, messieurs, que la Société peut avoir bien des raisons pour entreprendre et motiver des essais de Taccli- matation des Tortues. 3Iais je dois faire observer (|ue ce n'est pas seulement sur racclimatation de la Tortue que j'ai voulu appeler votre atten- tion, qu'il y a dans ma communication une partie plus actuelle, d'une réalisation plus immédiate, dont vous pouvez vérifier l'excellence au sortir même de cette assemblée : c'est le plai- sir (jue peut donner la Tortue comme alimentation exotique , [)ar exemple une bonne soupe de Tortue; et, à cet égard, M. Chevet neveu se charge de vous fournir des preuves meil- leures que tout ce ([ue je pourrais vous dire. Voici la formule de la soupe de Tortue, d'après M. Chevet ahié : Faire blanchir à l'eau tiède les pattes et le plastron de la Tortue pour en enlever la partie écailleuse; les couper en morceaux, y ajouter les intestins et les autres chairs. 31ettre dans une marmite environ 1 kilogramme de Tortue pour un litre et demi d'eau; traiter le tout comme un pot-au-feu, écu- mer avec soin, saler convenablement; mettre les légumes ordi- naires, carottes, poireaux; laisser cuire, à feu modéré, deux heures et demie. Ajoutez une réduction de vin de Madère et un peu de poivre de Cayenne, qu'on lie avec un roux de farine, tapioca, sagou , ou toute autre fécule. On obtient ainsi un excellent bouillon, très rafraîchissant, nutritif, gélatineux, qui laisse la bouche fraîche. On peut remplacer l'eau par du bouil- lon . et y ajouter des (pienelles faites des chairs basses de l'animal, ainsi que les œufs, lorsqu'il s'en trouve. Les œufs doivent être bien lavés et cuits séparément, alin de ne pas troubler le potage. Ce potage se sert généralement comme pièce priiici[iale d'un dîner. VERMS UL' JAPON. 425 NOTE SUR UNE NOUVELLE PROPRIÉTÉ DU VERNIS DU JAPON Par n. HÉTET, l'rol'esseur ;t l'Ecole de médecine navale de Toulon. (Séasce du 24 décembre 1858. Tous les bolaiiisles savent que l'arbre connu sous le nom vulgaire de Vernis du Japon, appartient au genre Ailantiis (t'am. des Xanlhoxylées ; Rutacées de Juss.), et (ju'il con- stitue l'espèce Ailantus glandnlosa { Allante glanduleux , A. procera, Salisb.), décrit autrefois sous les noms de Rhus hypsolodendron^ 3Iœnch., Rhus cacodendron, Ehrb. Ce nom de Vernis du Japon tend à le faire confondre avec les véritables Vernis, qui sont des Sumacs (genre Rhus^hm. des Térébintbacées), dont les Allantes se distinguent par les fruits, qui sont des méricarpes samaroïdes, tandis que les Sumacs {Rhus) ont des fruits drupacés. Ces fruits des Aila?i- tus ne sont pas connus de tout le monde, parce qu'on n'a possédé pendant longtemps en France que des individus mâles, mais tous ceux que j'ai observés en Provence sont berma- pbrodites et fructifient cbaque année. Je ne décrirai pas le Vernis du Japon, qui est très connu; j'appellerai seulement l'attention sur une circonstance de son développement et sur les propriétés intéressantes (jui placent au rang des plantes utiles l'Allante glanduleux, si répandu comme arbre d'ornement. On sait que le Vernis du Japon se développe avec rapidité, et que, lorsqu'il est jeune, il porte des feuilles très grandes, imparipennées, à folioles oblongues, acuminées, d'un vert gai, insérées sur un racliis vigoureux, qui peut atteindre jus- qu'à 80 centimètres de long : c'est ce feuillage élégamment T. VI. — Septembre 1859. 28 426 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMÂTATION. découpé qui lui donne alors ce port gracieux qui le fait re- chercher pour l'ornement des promenades et des parcs. Mais en vieiUissant, il change d'aspect : son tronc droit et élancé se termine par des rameaux plus ligneux, ses feuilles sont plus rares, les folioles plus petites et moins parenchyma- teuses; dès lors l'arhre a perdu, en grande partie, son élé- gance et sa grâce, et il ne fournit plus cet ombrage mêlé d'une douce lumière qu'il répandait auparavant. En outre de cet inconvénient, l'Allante en présente un autre, c'est de développer de nombreux rameaux souterrains qui, s'étendant au loin, apparaissentende nouveaux individus: il est envahisseur comme les Sumacs ! Le bois du Vernis du Japon, d'un jaune pâle, satiné, assez dur, est propre à quelques ouvrages de marqueterie, mais il est loin de valoir sous ce rapport le Noyer, auquel on l'a com- paré; il a cependant une qualité précieuse, c'est d'être inat- taquable par les insectes. Depuis quelques mois, l'Allante glanduleux s'est trouvé placé au rang des plantes utiles par l'heureux emploi que l'on fait de ses feuilles pour nourrir de nouvelles espèces de Bom- byx, provenant de la Chine, et même le B.Cynthia, qui vit sur le Ricin (1) et accepte en pâture les feuilles de Vernis, circonstance d'autant plus précieuse que le Ricin se développe mal en Europe ailleurs que dans les contrées méridionales, et, d'après ce que j'ai dit plus haut, il faudra n'employer à la nourriture des Vers à soie que les feuilles des jeunes Vernis du Japon. A ces propriétés de VAilaiitus glandidosa j'en ajouterai une que je crois toute nouvelle, et qui résulte de l'action phy- siologique spéciale qu'exercent son écorce et ses feuilles sur l'homme et sur les animaux. Si l'on mâche un fragment d'écorce d'Allante, on y constate une saveur amère prononcée, et peu après on éprouve un malaise général, un sentiment de faiblesse croissante, des (1) Ce fait résulte d'observations faites avec les soins les plus délicats par madame Droiiyn de Lhuys, cl des expériences de M. Vallée, au Muséum. VERMS DL J.Vl'ON. /i27 eblouissemeiiLs, une sueur tVoidc et des nausées : en uu mol, les effets d'un hypostliénisant puissant, comparables à ceux du tabac chez les fumeurs novices, ou de la jusquiame! Telles sont les sensations que j'ai éprouvées et qui justifient bien répithète de cacodendron (Rhus cacodendron, Elirh.), arbre mauvais, qu'on avait donnée au Vernis du Japon. Les mêmes effets ont été éprouvés par plusieurs personnes qui ont répété mon expérience (1). Ces phénomènes m'engagèrent à essayer sur des animaux l'action de l'écorce d'Allante, de ses feuilles, et plus tard des principes qu'on en peut extraire. Je lis piéparer, sous mes yeux, delà poudre d'écorce et de feuilles, des extraits a(jueu\ et alcoolique, de l'oléorésine, de Thuile essentielle el de la résine. L'écorce contient, entre autres produits, une matière colorante jaune que j'ai pu fixer sur des étoffes de laine, mais (jui n'est ni belle ni très fixe ; et une (|uantité de mucilage telle que la décoction en est lilante comme celle de graine de lin. Après avoir fait l'analyse de fécorce (ÏAiicmtus, et y avoir constaté l'existence des principes que M. Payen {'2) y avait signalés il y a longtemps, je commençai mes expériences sur des chiens. Plusieurs de ces animaux ont été soumis à l'action des diverses préparations d'Ailante, administrées sous diffé- rents modes. Les premières doses de poudre m'ayant révélé l'action vermifuge du Vernis du Japon, j'ai dû continuer long- temps les essais sur les chiens, afin d'établir le fait d'une manière assez positive pour permettre de tenter ensuite fap- plication chez l'homme. — Voici un résumé très succinct des expériences sur les chiens : (1) Je tiens de M. Decaisne que des jardiniers du Muséum ont éprouM; les mêmes phénomènes, et pariiculièrement les vertiges et les envies de vomir, après avoir taillé les aiiantus. (2) Composition de récorce d'ailantus, d'après M. Payen {Annalei. de chimie, XXVI, 239) : ligneux, une sorte de chlorophylle, un principe colo- rant jaune, une gelée végétale, une substance amère, une résine aromaliquo, traces d'huile essentielle à odeur forte et virousc, une niaticrc grasse azotée, (jucUiues sels. 428 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQLli D ACCLlMATATlOxN. Premier chien, de forte taille et âgé. — 1" dose, 1 gramme de poudre d'écorce mêlée à des aliments : l'animal ne mange bientôt qu'avec répu- gnance ; une demi-heure après ce repas, vomissements et évacuations liquides au nombre de sept, —l'' dose, Os^ôO de poudre : vomissements et trois selles liquides, dans la journée, une selle moulée, dure et grise, tout empâtée de fragments de ténia. Deuxième Chien, fort et jeune. — 1" dose, 0gs50 de poudre d'écorce dans de l'eau : vomissements et trois selles; peu après, selle moulée, grise, avec anneaux de ténia, —'i'^^ dose, OS',50 : mêmes ellets, mais pas de ver. — 3^ dose, Og^ôO : mêmes efiéts, quelques anneaux.— h' dose, 0S'',50 en bol, avec viande liachée : vomissements, deux selles muqueuses et sanguino- lentes; plus tard, il rend des anneaux. Le lendemain et jours suivants, le chien rend des anneaux nombreux de ténia, quoique n'ayant plus reçu dans ses aliments de poudre CCAilantus. Troisième chien, très fort. — 1" dose, 0sr,50 de poudre d'écorce : vomis- sements et deux évacuations avec fragments de ténia. — 2'^ do.se, 1 gramme de poudre : vomissement, ^ans évacuation. IMais le lendemain, selle natu- relle avec fragments de ver. Quatrième chien, de moyenne taille. — Il prend Og'',50 de poudre : vomissements et deux selles avec anneaux de ténia. Cinquième chien. — Je lui administre Osr, 25 d'extrait : mêmes effets, vomissements et selles avec ténia. Lfs mêmes expériences, répétées souvent sur tous les chiens tant avec l'extrait qu'avec la poudre des feuilles fraîches, ont amené des résultats identiques. J'ai administré ensuite l'oléorésine, qui a produit la même action à la dose de0s^20. Cette matière, de consistance pois- seuse, d'une couleur hrun verdâtre, a une saveur amère et acre, tout à lait nauséeuse, ainsi (pi'une odeur repoussante. La Résine, séparée et donnée à la dose de Opp,/iO, détermine toujours un elVetlaxalir, mais rarement avec expulsion de ver. (^est donc à l'huile essentielle que contient la poudre, ou à l'oléo- résine, qu'il faut attribuer tous les phénomènes d'hyposthénie observés chez l'homme etchezles chiens. L'activité de cette huile essentielle est telle, (juc l'infirmierchargé de préparer un extrait de l'écorce était frappé de vertiges, avait dessucurs froides et des vomissements, lorsipi'il ne se mettait pas à l'abri des vapeurs, et j'ai été iTioi-mème fort malade lorsque je m'y exposais. Des capsules contenant l'extrait et l'oléorésine ayant été laissées à terre dans le laboratoire, les chiens en liberté vinrent les flairer VFRNis niî .lAPO.v. /i20 fit y portèrent la langue; chaque fois ils avaient des évacua- tions plus nombreuses, contenant des anneaux de ténia! Ces expériences et ces faits prouvent chez l'Allante glandu- leux une action éméto-catliartique due à l'oléorésine que con- tiennent son écorce et ses feuilles, et une propriété vermifuge. Il était important de constater si ces actions se reproduiraient chez l'homme, surtout l'action ténifuge : c'est ce qui a été fait, autant que les circonstances nous l'ont permis. Première observation chez l'homme. — Au moment où je faisais sui- des chiens les essais que je viens de résumer, un malade se trouvait en traitement pour le ver solitaire à l'hôpital maritime de Toulon, dans le ser- vice de M. le professeur Barrallier. Le sieur F..., âgé de trente-trois ans, ouvrier de l'arsenal, était entré le 9 septembre 1857, accusant des douleurs assez vives dans le côté gauche de la poitrine et dans le ventre. Le 10, respiration normale, pas de fièvre, langue belle, appétit. Le 11, le malade se plaint de prurit à l'anus ; on trouve dans ses selles des anneaux de ténia, dont il se dit atteint depuis neuf ans. On lui prescrit lavement éthéré, 30 grammes. Le l'2, une selle avec anneaux de ténia. Le 13, potion à l'huile de ricin, 65 grammes, et le soir décoction de 60 grammes de racine de grenadier. Le Ik, un litre d'eau de Sediilz et 60 grammes racine de grenadier. Le 15, coliques'sans évacuation ; 60 grammes racine de grenadier. Le 16, diarrhée, quelques anneaux de ténia; même prescription. Les 17, 18, 19 et 20, repos, pas de médicaments; quelques fragments df ténia sont rendus. On désespère de chasser le ver par ce moyen, je pro- pose la poudre d' Allante. Le 21, on administre 1 gramme de poudre d'écorce en deux doses. Le 22, quelques anneaux sont rendus. On prescrit le matin un verre d'eau de Sedlitzet 1 gramme de poudre d'Ailante ; à trois heures de l'après- midi le malade, après quelques coliques, va à la garde-robe, et rend un paquet de ténia de /i°',20, tète comprise. Sorti de l'hôpital le 23 septembre, le malade y est rentré dix mois après pour une autre affection; interrogé sur son ver, il a déclaré n'avoir rien vu, ni rien éprouvé qui puisse lui faire redouter son retour. Deuxième observation. — L'abbé X...... à la suite d'un purgatif, avait remarqué dans ses selles des fragments rubanés d'un ver blanc : la dimen- sion des anneaux annonçait un ténia très fort. Aucun traitement ne lui avait été fait lorsqu'il s'est présenté à la clinique de l'hôpital maritime: il a été soumis immédiatement à la poudre d'Ailante, qu'on lui administrait en pilules, à doses croissantes depuis Os^ôO. Chaque jour de nombreux /i!50 ^iOCIF.TK IMPÉRIALE ZOOLOGIQUR d'aCCMMATATION. anneaux dtaienl expulsés : mais après quinze jours, le ténia n'ayant pas été rendu en entier, le malade a perdu patience et a cessé tout remède. Cepen- dant la nature des anneaux qui devenaient de plus en plus petits, et l'état général du malade indiquaient que le jour du succès était prochain. D'ailleurs le traitement avait fait disparaître de violents maux de tète qui incommo- daient fiéquemment le malade. Troisième ohserration. —Le sieur L..., âgé de quarante-neuf ans, ton- nelier, aie ver solitaire depuis longtemps et a fait des remèdes de charlatan. Le 28 janvier 1858, état général très bon, constipation, prurit à Tanns ; on prescrit /i5 grammes de sulCalc sodique. Le 29, pondre d'écorcc (ÏAilantus, 081,75. Le 30, six selles, pas de ver ; 1 gramme poudre d'écorcc. Le ^1, même prescription. Le 1" février, huile de ricin 30 grammes, à prendre le matin, el 1 gramme poudre d'Allante; après relVot du purgatif une garderobe avec anneaux de ténia. Les 2, o, /i, 5, 6, 7 février; repos : quelques anneaux de ténia sont rendus dans les selles naturelles. fie 8, /i5 grammes sulfate sodique. Le y, 2 grammes poudre d'Ailaiite. I.e 10 et le M, même prescription. I^e 12, on essaye d'administrer une énuilsion avec 20 grammes d'huile essentielle de térébenthine, mais la potion est vomie immédiatement par le malade ; le soir, il prend encore 1 gramme poudre d'écorce. Le 13, rien de nouveau; on lui donne encore 2 grammes de la poudre, et vers le soir de ce jour il y a expulsion complète du ténia, de ô^.ôO avec la tête. Voici donc deux cas bien constatés chez l'homme, oij la poudre d'écorce fraîche iVAi/antus glandulosa a amené l'ex- pulsion du ténia, se comporlant ainsi comme un puissant anthelininthi(iue. Il résulte aussi des expériences faites sur les chiens, que l'oléorésine agit de môme à dose très faible, et nous pensons (ju'il y aurait avantage à l'employer de préfé- rence à la poudre qui perd de ses propriétés en vieillissant. Nous ferons remarquer en outre que, prises à l'intérieur par l'homme, et introduites dans les voies digestives, les pré- parations (VAilantus ne déterminent pas de vomissements, comme chez les chiens, et que, administrées à dose téni- fu"e. elles n'exercent aucune influence fâcheuse sur la santé ^ .jirelles ne fatiguent pas les malades, ainsi que le font la racine de grenadier et k' kousso- les elVets locaux se bornent VERNIS DU JAPON. llM à quelques coliques et parfois à une purgation modérée. Il est permis d'espérer que ces premiers résultats seront confirmés par de nouvelles expériences, et que l'Allante viendra grossir le nombre déjà fort étendu des substances ténifuges -, mais il aura sur ses congénères Tavantage fort appréciable de se trou- ver partout et d'être d'une administration plus facile et plus innocente (1). Le pauvre qui sent dans ses entrailles le plus tenace des parasites, et qui souhaite de s'en débarrasser au plus vite, ne serait-il pas bien heureux si un morceau d'écorce de Vernis du Japon qu'il se procurerait très facilement, lui assurait une guérison rapide et définitive? La Société d'acclimatation, qui poursuit avec un zèle ardent la noble mission qu'elle s'est donnée de propager les animaux et les végétaux utiles, ne néglige jamais de répandre les con- naissances nouvelles sur des espèces acclimatées depuis long- temps. Jusqu'à ces derniers jours, le Vernis du Japon n'avait d'intérêt que comme arbre d'ornement^ désormais il contri- buera à nous donner de la soie de bonne qualité, en offrant dans ses feuilles une excellente nourriture pour le Bombyx chinois, et il sera en même temps, par les produits de son écorce et de ses feuilles, un succédané fort important des téni- fuges déjà connus. (1) Depuis la rédaction de cette note, l'emploi de VAilantus glandulosa comme ténifuge tend à se généraliser; il a été employé plusieurs fois à bord des navires de l'État, par les chirurgiens de la marine , avec des effets et des résultats analogues. /|32 snCIKTl'l IMI'KIUALE ZOOLOGIQUE n'ACCLIMATATlON. II. EXTRAIT DES PROCÈS-VERBAUX DFS SÉAÎS'CES Dl' CONSEIL DE LA SOClflTÉ. SÉANCE nu 21) .ILILLET 1859. Présiiience de M. Is. Geoffroy Saint-Hilaire. IM. Droiivn (le Lhuys transmet une lettre par laquelle M. de Montberot, ministre de France en Grèce, lui annonce que S. M. le roi de Grèce a daigné autoriser l'inscription de son nom en tète de la liste des membres de la Société. Des lettres de remercîments seront adressées à Sa 3Iajesté et à Son Exe. M. le Ministre de Grèce. Le Conseil admet au nombre des membres de la Société : MM. Dl'Chaine (Gbarles), propriétaire, à Napoléon-Vendée. Lallhé (Lucien), négociant, vice-consul de la Conl'édé- ration Argentine, à Paris. M. le Président inlorme le Conseil de la perte regrettable que la Société vient de faire en la personne de Tun de ses membres les plus éclairés et les plus zélés, M. David Hicliard, directeur de l'Asile départemental des aliénés du Bas-Rbin, a Stepbansfeld. M. le Président rappelle les nombreux témoi- gnages que M. Uicbard a donnés de l'intérêt particulier (juMl prenait aux travaux delà Société, dont il avait reçu, à si juste titre, une des récompenses décernées dans la séance du 10 février 185S. — M. Juan Ondarza, colonel d'ingénieurs de la Bolivie, et M. Edmond Did)ois, adressent leurs remercîments pour leur ré- cente admission parmi les membres de la Société. M. Ondarza fait en outre bommage à la Société d'un exemplaire de la grande carte de la Bolivie qu'il a publiée, et pour laquelle des remercîments lui seront transmis. — M. Cb. Géry, préfet d'Alger, délégué de la Société, écrit le 21 juillet, pour annoncer que le Comité algérien d'acclima- tation, dont il est le Président, poursuit activement son œuvre .lorganisation. Il s'est déjà divisé en deux sections perma- nentes, l'une zoologique et l'autre botaniipie. Parmi les ques- l'nocÈs-vi'T.iîAUX. l\'6\^ lions importantes qui sont ù Tel iule, on remarque : une enquête sur les Vaches laitières et l'importation du bétail en Algérie; la eréation clune Ménagerie (Vessai près d'Alger, et la fondation de fermes d'acclimatation destinées aux animaux reproduc- teurs, pour lesquelles plusieurs stations ont déjà été indiquées. M. A. Hesse, délégué du Conseil à Marseille, écrit à la date du lli juillet, pour annoncer que le navire le Splendide, qui a quitté Alger le 21 juin avec la troupe de Chameaux qu'il porte au Brésil, a été rencontré le 25 juin, sortant du détroit de Gibraltar, que tout allait parfaitement bien à bord, et qu'il faisait bonne route. — 3IM. les administrateurs du Muséum d'histoire naturelle écrivent pour remercier la Société du don qu elle a fait au Muséum d'un Bouc d'Angora à la Ménagerie. — M. le baron Anca adresse de Palermeles toisons des trois Chèvres d'Angora qui lui ont été confiées par la Société et dont l'acclimatation en Sicile lui parait parfaitement accomplie. Ces toisons témoignent que ces animaux sont l'objet de soins bien dirigés et qu'ils n'ont pas dégénéré depuis leur séjour à Palerme. Notre zélé confrère adresse également plusieurs exem- plaires de divers méuioires publiés par lui sur l'introduction et la culture du Sorgho et du Ver à soie du Ricin, et sur l'intro- duction des Chèvres d'Angora en Sicile par ses soins et sur son initiative. Il ajoute qu'il poursuit toujours son projet d'or- ganisation d'une Société d'acclimatation à Palerme, et qu'il espère voir ce projet se réaliser. (Voy. plus haut, page ZiOl.) — Notre confrère M. Rieder, qui élève depuis 1857 un petit troupeau de Chèvres d'Angora confié à ses bons soins, dans une propriété qu'il possède en commun avec notre honorable délégué M. Zuber, à Rixheim près Mulhouse, écrit pour pro- poser à la Société de reprendre ce petit troupeau composé de sept tètes, auquel sont jointes deux Chèvres grises de race croi- sée. Les conditions dans lesquelles se trouve sa propriété ne lui permettant pas d'élever ces animaux autrement qu'à l'étable, M. Rieder pense qu'il n'y aurait aucun avantage à conserver cette race dans le pays qu'il habite. — Notre confrère M. Maurice David, maiud"acturi(M- à la A3/i SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE I)' ACCLIMATATION. Chartreuse près Strasbourg, écrit à la date du 18 juillet, qu'ayant appris que la Société avait à sa disposition une cer- taine quantité de toisons de Chèvres d'Angora, et ne sachant si elle a les moyens de faire travailler celte matière, il s'em- presse de lui offrir gratuitement les services de ses ateliers, dans lesquels il a le matériel et le personnel convenables pour tirer le meilleur parti possible de ces produits, qu'il traiterait avec les mêmes machines et les mêmes procédés qui leur seraient appliqués dans les meilleurs établissements de Bradford et d'Halifax pour le fdage et le lissage. Les remercîments de la Société seront transmis à M. David pour ses offres bienveillantes et si généreuses qu'elle regrette de ne pouvoir accepter pour celle année, les toisons dont elle pou- vait disposer ayant été adressées, par les soins de M. le docteur Sacc, à MM. Ziegler et Frey, fdateurs à Guebwiller. . — M. René Caillaïul, de retour d'une longue excursion, pen- dant laquelle il s'est activement occupé de travaux de pisci- culture sur le littoral et dans les cours d'eau de la Vendée, écrit pour annoncer qu'il adressera prochainement k la Société un rapport détaillé sur le résultat très satisfaisant des expé- riences entreprises par lui les années précédentes, et sur les récentes observations qu'un séjour de trois mois en Vendée lui a permis de recueillir avec le plus grand soin. Sa lettre est accompagnée d'un numéro de la Gazette de France (26 juillet 1859) qui rend compte de ses intéressants travaux de pisci- culture. — M. Henri Bope adresse du Punjab (Inde anglaise), à la date du \li juin, deux cocons d'un Ver à soie qui vit à l'état sauvage sur les Chênes dans les montagnes de cette riche pro- vince, afin que la Société puisse les comparer avec ceux des espèces sauvages du Chêne, qu'elle fait venir de Chine. M. Gué- rin-Méneville déclare que ces cocons ne ressemblent nullement à ceux des deux espèces de Vers à soie du Chêne déjà expéri- mentées par la Société. Ces cocons présentant un aspect qui fait présumer des qualités supérieures à celles des deux autres, il pense qu'il serait ulile de tenter l'introduction de cette nouvelle espèce. PROCÈS-VERBAUX. A 3 5 M. Guérin-Méneville rend ensuite compte sommairement, des expériences séricicoles dont la Société l'a chargé et de celles ([u'il a entreprises par ordre de l'Empereur. Il met sous les yeux du Conseil des cocons de Vers à soie de l'Allante prove- nant d'une éducation faite en plein air avec le concours de M3I. Aguillon et de Lamote-Baracé, à Toulon et au Coudray (Indre-et-Loire). Ces éducations ont parfaitement supporté les orages et les intempéries de la saison, et les cocons ainsi obtenus sont d'une force et d'une grosseur notablement supé- rieures à ceux que l'on obtient dans les éducations à l'inté- rieur. M. Guérin -Méneville annonce qu'il va prochainement se rendre en Algérie, pour continuer ses expériences, et qu'à son retour il présentera à la Société un rapport détaillé sur ses travaux séricicoles de cette année. — M. le docteur Sacc, qui prend un intérêt si vif à toutes les questions dont s'occupe la Société, écrit le 17 juillet, qu'il a été frappé des difficultés immenses que présente l'expédi- tion par les voies ordinaires des cocons de ces précieuses espèces de Vers à soie sauvages, pour le transport desquels des appareils si ingénieux ont été préparés par les soins de nos zélés confrères MM. Fr. Jacquemart et Réveil, et il propose de demander l'intervention du gouvernement russe pour faire venir tous les mois, par les courriers de Sibérie, quelques centaines de ces cocons qui leur seraient remisa Shang-hai. M. Sacc pense que par cette voie les cocons ne risqueraient pas d'éclore, le trajet n'étant que d'un mois, au lieu de trois qu'il faut dans le transport par mer. Le Conseil décide que des démarches seront faites dans ces vues, et que des remer- cîments seront adressés à notre dévoué collègue pour ces indi- cations qui sont un nouveau témoignage de son zèle. — Notre confrère M.Grasset aîné, de la Charité-sur-Loire, écrit pour faire part d'observations qu'il a eu l'occasion de répéter trop souvent dans ses propriétés et dans une forêt de l'Etat de plus de 3000 hectares, et qui ne lui paraissentpas d'ac- cord avec les expériences dont M. Millet a rendu compte dans la séance du 29 avril dernier, sur la température propre inté- rieure des arbres, « J ai été à même, dit M. Grasset, d'ob- /l36 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE I)'ACCLIiM\TATION. server dans tles hivers plus ou moins rigoureux qui ne faisaient pas descendre le thermomètre extérieurement à 18 degrés, que des Chênes de 30 à 70 centimètres de circonférence et peut- être plus, ce qui accuse de trente à soixante et quinze ans d'existence, gelaient, au point de s'ouvrir avec un grand fracas jusqu'au cœur de l'arhre, sur une longueur de plusieurs mètres. Ce fait est incontestahle par la présence des arbres gelés existant chez moi, comme dans les forêts de l'Etat. » M. le directeur du Muséum d'histoire naturelle adresse à la Société, à la date du 19 juillet, un paquet de graines de Graminées fourragères récoltées aux environs de Buenos- Avres. Des remercîments seront transmis à M. le directeur pour ce don, qui est accepté avec reconnaissance. — M. de Tourreil, chancelier du consulat de France et délégué de la Société à Caracas, écrit le 20 juin, pour annon- cer l'envoi par le uawWe Jemi-Maurice de Bordeaux, de deux caisses de boutures d'Arracaches en voie de végétation, de tubercules d'Aroïdées et de quatre variétés d'Ignames. Des remercîments seront adressés à M. de Tourreil pour cet envoi, (|ui ne nous est pas encore parvenu. — 31. Diouyn de Lhuys met à la disposition de la Société une caisse de plants vivants d'Ananas et d'autres végétaux, et une boîte de graines de diverses espèces, qu'il a reçues de M. W. L. de Sturler, major du génie en retraite de l'armée des Indes orientales, à Leide, au nom de Mgr Pahud , gouver- neur général des Indes néerlandaises, qui en fait hommage à la Société. M. Drouyn de Lhuys est prié de recevoir les remer- cîments de la Société et de les transmettre à Mgr Pahud et à M. de Slurlir. — M. Brierre, de Uiez, adresse une nouvelle Note accom- pagnée d'un dessin, sur les plantes qui lui ont été envoyées par la Société sous les numéros 2153 et 215/i. — M. Gustave de Lauzanne écrit de Porzanlrez (Finistère) pour appeler l'attention de la Société sur rimportan( e de l'in- troduction en France au Sapi?idus emarginata, due à son ini- tiative, et dont il recommande la propagation: il insiste siu' Tutilité de la graine savonneuse de cet urbre, utilité qui! PROCÈS-VERBAUX. A 37 assure avoir été contestée à tort, et sur laquelle il a eu les renseignements les plus précis par un capitaine au long cours, habile chimiste, qui a longtemps habité les localités de l'Inde où cet arbre croît spontanément à peu près partout, et pré- sente les caractères d'une rusticité très remarquable. Son fruit, concassé et battu dans une quantité suftisante d'eau, produit une émulsion savonneuse dont les propriétés sont celles du savon de Marseille le plus fin, moins les qualités caustiques ([ui attaquent les couleurs, ce qui la rend précieuse pour laver les soieries, les rubans et autres étoftes légères susceptibles de changer au lavage. — M. Guérin-Méneville dépose sur le bureau des graines de Parki7tsomadu Sénégal, qui lui ont été remises, pour laSociété, par M.Duroc, capitaine de frégate, à Toulon. 31. le Secrétaire du Conseil est prié de transmettre à M. le capitaine Duroc les remercîments de la Société. — M. le Président communique une lettre de M. Jomard. qui offre à la Société, dont il est membre honoraire, deux jeunes plants de Grenadier {Pimica granatian) provenant d'un semis de graines de Grenadiers parfaitement acclimatés à Lozerre, près Paris, où ils sont élevés en pleine terre et donnent des fruits qui mûrissent. M. Jomard transmet en même temps une lettre qui lui a été adressée par M. L. Vilmorin, et dans laquelle noire savant confrère exprime d'une manière positive son opinion sur la possibilité, si souvent démontrée déjà par des faits, de Tacclimatation des végétaux, contrairement aux assertions irréfléchies souvent émises sur ce sujet. Le Conseil est d'avis unanime pour décider l'insertion au Bulletin de ces intéressantes communications (voy. Bulletin, numéro d'août 1859, p. 381), et vote des remercîments à M. Jomard pour ce don, ([ui est accepté avec reconnaissance. Pour le Secrétaire du Conseil absent, Le Secrétaire des séances, AUG. DUMÉRIL. A38 SOCIÉTÉ IMPÉHIALb; ZUOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. III. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. Arrivée du troupeau de Cliameaiix au Brésil. Nous nous empressons de donner communication de la leltrc suivante, adressée le 5 septembre à M. le Président, par M. Hesse, délégué de la Société à Marseille, qui s'était chargé du choix d'un navire pour le trans- port des Chameaux au Brésil. Monsieur le Président, .Je suis heureux de vous annoncer que le Splendide, parti d'Alger le '2i juin, est arrivé ,tu Céara le 23 juillet, après une traversée de trente-deux jours. Les quatorze (Uiamoaux ont été débarqués sans accident. Les Chevaux étaient aussi en bon état. Veuillez as^réer, etc. Signé A. Hesse. La Société se félicite d'autant plus du succès de cette importante expédi- tion, que la r.ipidilé extraordinaire de la traversée et le débarquement de tous les animaux sans aucun accident témoit^nent suffisamment de l'efficacité des mesures prises, tant pour le choix du navire que pour les nombreux détails de son aménagement et de l'inslalialion à bord. Le llapport que doit faire à la Société M. Vogeli, qui accompagnait le convoi, nous donnera prochainement des renseignements plus complets sur cette expédition. liitruduction d'un troupeau de Mérinos Alnucliauip en Espagne. Pendant que le transport d'une troupe de Chameaux au Brésil s'accom- plissait si heureusement, la .Société recevait du (îouvernement espagnol une mission analogue qu'elle s'est empressée d'accepter. M. Graells, délégué à Madrid, écrivait en effet, à la date du 15 août, que S. M. le Roi d'Espagne lui avait exprimé le désir de posséder, dans les bergeries royales d<: l'Escurial, un petit troupeau de Mérinos de la race soyeuse Graux de Mauchamp, et qu'il priait la Société de se charger du choix et de l'acquisition de deux Béliers et de quatre Brebis, et de lexpé- dition de ces animaux en Espagne. Des mesures ont été prises immédiatement par le Conseil pour l'accom- plissement de cette mission dans des conditions qui puissent en a.ssurer le succès. FAITS DIVERS. i!|39 Lettre de i^I. de Montigny sur l'arrivée de ifl, le comte Castellanî en Chine. M. Drouyn de Lluiys a transrais à M. le Présidenl de la Société Texliait suivant d'une lettre qui lui a été adressée de Shang-haï, le 13 mai 1859,! par M. de Montigny, consul général de France en Chine : Monsieur, J'ai reçu la bienveillante lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire puui me recommander MM.Freschi et Castellani qui ont entrepris une mission d'études sur l'éducation des Vers à soie en Chine. Dès l'arrivée de M. Castellani et de ses trois compagnons (M. Freschi étant resté dans l'Inde), je leur ai fait accepter l'hospitalité, et pour mieux assurer le succès, je les ai présentés aux autorités chinoises de Chang-hai en qualité de protégés français, et les ai officiellement placés sous leur protection. Tous ces mandarins ont été parfaits de courtoisie et de bienveillance. Les éducations ne commençant que vers le 15 avril, je partis le 13 avec ces messieurs pour aller les placer moi-même sous la protection du gouverneur et des autres autorités du Tché-kiang, avec lesquelles j'avais heureusement ouvert, depuis deux mois les relations officielles de la France dans l'immense ville de Hang-tchéou-fou , capitale de celte riche province. Ils furent parfaitement accueillis parles autorités, qui s'empressèrent, à ma demande, d'envoyer par un courrier spécial des ordres au préfet de Ou-tchéou-fou, où se produit la meilleure soie de la Chine, pour lui enjoindre de leur trouver une habitation propre à leurs études. Je les conduisis alors dans cette ville, je les présentai au préfet, et ne les quittai que parfaitement installés dans une pagode, sous la protection de la France. Veuillez agréer, etc. Signé de Montigny. Dons d'animaux vivants faits à. la ISoeiété par ^>. Exe . Kcenig-be; , et M. Bataille. M. Bataille, de Cayenne, à qui la Société doit déjà trois envois impor- tants d'animaux (voy. Bulletin, 1857, p. 698, 591, et 1858, p. 360), vient encore de lui adresser huit animaux de la Guyane, savoir : trois Pécaris à collier, un Cabiai, un Paca, un Savacou, un Butor et un Singe Couata; à l'exception du Butor qui a péri pendant la traversée, tous ces animaux sont arrivés en parfait état, le 30 août dernier. — Au moment de mettre sous presse, nous recevons de S. Exe. Koenig- bey, secrétaire des commandements de S. A. le vice-roi d'Egypte, une lettre par laquelle il nous annonce l'envoi d'un Bélier et d'une Brebis de l'Yémen que notre honorable et zélé confrère expédie par le dernier paquebot, et dont il fait hommage à la Société impériale d'acclimatation. Pour le Secrétaire du Conseil absent : Le Secrétaire des séances, AUGi DUMÉRIL. hliO SOCIÉTÉ IMPÉUIALli ZOULUGIQLE DACCLlMATATlOiN. OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ. SÉANCE DU 27 MAI 1859. Ijiilletin de la Socii-tc centrale de rVonne, pour rencouragement de l'agricul- Une, 2° année, 1858. Hevue horticole des Bouches-du-Rhôue, journal de la Société d'horticulture de Marseille, u" 7, janvier 1838. Traité des constructions rurales, par M. L. Bouchard-Huzard, t. 1, 2<^ livraison. 1 vol. grand in-8. (Olfert par l'auteur.) Richesses ornithologiques du midi de la France, par MM. J.-B. Joubert et Bar- thélémy Lapommeraye. l vol. gr. in-4, 1" fascicule. (Olïert par les auteurs.) iJe l'influence de la maladie végétale sur le règne animal, et plus particulière- ment sur le Ver à soie, et des moyens pour la combattre, par M. E. Nourri- gat. (Offert par l'auteur.) Des Escargots an point de vue de l'alimentation, de la viticulture et de l'hor- ticulture, par M. le docteur Ebrard. (Offert par l'auteur,) Fiantes usuelles de la Nouvelle-Grenade, par M. José Triana, 1858. (Oflert par l'auteur.) I,e The et son acclimatement en Belgique, par M. H. Bonnewyn. Gand, 1856. Offert par l'auteur.) SÉANCE bt 2/t .ILl.N 1859. Mémoires de la Société d'agriculture, des sciences, arts et belles-lettres de l'Aube, nos 47 et -48, 1858. Compte rendu de la situation et des travaux de la Société d'émulation de Montbéliard, mai 1858. Le Congrès scientifique de Carisruhc, i)ar M. J. Nicklès. Nancy, 1859. Travaux de la Commission française sur l'industrie des nations, exposition universelle de 1851, t. 1, 2' partie. L'Algérieagricole, commerciale et industrielle. Première année, n° l.juin 1859. Résumé dune publication de M. E. -A. Carrière, intitulée : Les hommes et les choses en 1857, par M. Ch. des Moulins. (Offert par l'auteur.) Mémoire sur l'introduction du Sorgho à sucre en Sicile, par M le baron F. Anca. Premier et deuxième rapport sur la production du Sorgho en Sicile, par le même. Manuel de la culture du Sorgho, par le n;ême. Quelques réformes sur 1 éducation des Vers à soie, par le même. Sur l'introduction des Chèvres d'Angora en Sicile, par le même. Sur la culture du Bombyx Cynthia et du Ricin en Sicile, en 185ti, par le même. Ces sept mémoires, publiés en italien par M. le baron F. Anca, ont été offerts par lui. Rapport sur laccliniatation, par M, Anatole Bogdanoff. Moscou, 1856. 1", 2' et 3" rapport annuel du Comité d'acclimatation de Moscou, 1857 à 1859, Rapport du Comité d'acclimatation d'Orel, 1858. Bulletin et revue des Sociétés d'acclimatation et des Jardins zoologiques d'Eu- rope. Moscou, 1859. Traduction de l'Introduction à la Zoologie générale de M. Milne Edwards. Moscou, 1859. Ces derniers ouvrages, publiés en russe, ont été offerts à la Société par M. A . Bogdanoff. ETUDE sur. LE BUFFLE. l\li\ I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ. FRAGMENTS D'UNE ÉTUDE SUR LE BUFFLE*'». DOMESTICATION ET DIFFUSION DE L'ESPÈCE BUFFALINE. Par n. DAVELOLIIS. (Séance du 7 janvier 18o'J.) Dans cette partie de mon travail j'ai deux choses à examiner : en premier lieu ce qui a trait à la domestication du Bullle; en second lieu , ce qui se rapporte à. la diffusion qu'on a lait éprouver à cette espèce. Je vais successivement considérer chacun de ces sujets. Comme on le verra par la suite de ce travail, le Buille est une espèce essentiellement asiatique, quoiqu'il soit très difti- cile de déterminer dans quelle région il se trouvait originai- rement. On ignore complètement vers quelle époque il a com- mencé à être domestiqué. La seule chose qu'on puisse recon- naître, c'est que le Gyall a été rapproché de Thomme avant le Buille. L'humilité du rôle de ce dernier, appliqué au labourage et aux grossiers travaux de transports, est remarquable, lors- qu'on voit le Gyall assimilé au Zébu, dans la vénération des populations brahmaniques; d'autant plus que le Gyall est une espèce qui s'est trouvée avec le Buffle sur le sol de l'Inde. On n'est pas mieux renseigné pour les autres pays asia- tiques. Le Buffle a-t-il été domestiqué dans certaines régions où il vivait à l'état sauvage, par les émigrants qui s'y établirent, (1) Voyez les Fragmenls déjà publiés dans le Bulletin, t. IV, p. liQl et 519. T. VI. — Octobre 1851). 29 h!l'2 SOCIÉTÉ IMl'ÉlllÂLE ZUOLOGIQLE u'aCCL1M\TATI0N. OU fut-il amené pas ces émigranls mômes dans des pays où nous les voyons aujourd'hui'!' Est-ce postérieurement à cer- taines émigrations que des populations acquirent de leurs voisins des Buffles domestiqués, ou commencèrent à se servir de ces animaux à leur exemple? Nous sommes, à cet égard, dans la plus grande incertitude. Les faits que je signale sont importants, car ils se présentent pour un pays excessivement riche en Buffles, la Chine. Un passage très remar(juable des Védas, signalé d'abord par le docteur Eusèbe de Salles, et appuyé ensuite, à l'aide des traditions chinoises, pat M. de Gobineau, dans leurs ouvrages sur les races humaines, indique très nettement que le sud du Céleste Empire fut civilisé par une bande de Kschattryas, qui abandonna Tlnde au moment où éclata la grande lutte entre le pouvoir royal et l'autorité suprême revendi(|uée par les Brahmes. La partie sud de la Chine est certainement aujour- d'hui la plus riche enBuflles, par consé(juent, on peut au moins soulever la question de savoir si les Kschattryas n'introdui- sirent pas les premiers individus, dont on verrait aujourd'hui les nombreux descendants. Cette question comme toutes celles que je viens de signaler, et plusieurs autres non moins remarquables, échappe à notre curiosité. Ce qui existe pour la Chine se reproduit en partie pour la Perse. Il est certain qu'il y existe des animaux de l'espèce bulfaline, mais on ne sait rien de ce ([ui se rapporte à leur introduction ou à leur acclimatation; incertitude fâcheuse, comme on pourra s'en convaincre dans un instant. Pour les autres pays de l'ancien continent, l'Europe et l'Afrique, on est un peu mieux renseigné, et les conjectures ont une base plus solide. On peut reconnaître que le Buffle fut introduit à des époques diverses et par des peuples dilVé- rents, et «pi'il n'y eut ici qu'une question d'acclimatation détinitive. C'est ce que je vais tâcher de mettre en lumière. L'Europe se présente en premier lieu à notre examen. Il est incontestable (ju à l'époque d'Alexandre le Grand, le Buffle n'existait pas en Europe, car la première mention se trouve dans Aristote. La seconde espèce de Bœuf dont il KILIiK SI!! lA. liLlFLi:. llh?> parle, est bien certainement Tespèce bufCaline, qu'il désigne sous le nom de Bo'jÇc<),&,-, qui a donné lieu à tant d'erreurs d'in- terprétation. On ne peut méconnaître l'animal d'après les détails de mœurs qu'il en donne, maison reconnaît facilement aussi qu'il en a parlé d'après les récits qui lui ont été faits, car il place son séjour dans l'Arachosie, indication qu'il faut soigneusement conserver en mémoire. Les Tiomains, môme pendant l'empire, ne connurent pas le Bullle. Cependant ils auraient dû avoir sur lui des ren- seignements plus précis que les Grecs. Si le prélat Gaetani a soutenu le contraire, les détails donnés par Cuvier montrent qu'il fut dupe d'une mystification, et le fait avancé par lui n'a pas de valeur et ne mérite pas l'attention (1). Ce n'est donc que plus tard qu'eut lieu en Europe l'arrivée des Buftles, et la date qu'on peut assigner à leur introduction montre qu'il s'écoula environ dix siècles entre l'époque de la mention faite par Aristote et celle de leur arrivée. Il est impos- sible de rapporter le fait à une autre cause qu'à l'arrivée des peuples barbares qui devaient plus tard renverser la domination romaine. David Low, qui nous a signalé cette explication, sans paraître cependant très convaincu de sa valeur, a néanmoins fait cette remarque importante que les Buffles « furent d'abord introduits en Thrace et sur les bords du Danube (2). » Cette opinion me paraît excessivement juste, car il existe aujour- d'hui une région irrégulière, mais considérable, comprenant la Valachie, la Bulgarie et la Hongrie, dans laquelle les Buffles sont tellement nombreux que les autres pays qui en possèdent paraissent en être des satellites. Je montrerai plus loin que, dans le moyen âge, il paraît en avoir été de même. En outre, l'existence des Buffles dans le sud de la Russie, et particuliè- rement en Crimée oîi Pallas en a vu, semble être une preuve indirecte du chemin suivi par les Buffles conduits parles émi- urants barbares. (1) Voyez Cuvier, Ossements fossiles, t. IV. (2) D. Low, Hist. nat. agric. des anim. domest., traci. de lloycr. Bœuf, p. 39. bhh SOCIÉTÉ IMI'ÉIÎIALI'; ZOOLOGIQUE U ACCLIMATATION. Muratori est le premier historien qui ait attiré rattention sur Tapparition des Uullles en Italie, en faisant remarquer que Paul Warnfrid dit positivement que ces animaux furent intro- duits sous le règne d'Agiluph, ce qui place leur apparition à la fin du VI'' siècle. D'autres auteurs, d'après D. Low, qui ne les nomme pas, la placeraient en 695, ce qui est une erreur manifeste. Warnfrid remarque que la vue de ces animaux causa un grand étoimement, preuve nouvelle qu'ils étaient entièrement inconnus en Italie. Des écrivains ecclésiastiques en ont parlé avec horreur, les considérant comme des animaux venus de l'enfer avec les barhares. Les modernes qui ont parlé des Ikiftles de l'Italie, ont tou- jours considéré ceux qu'on y voit aujourd'hui connrie les descendants de ceux qui furent introduits sous Agilulf. Celte opinion, quoi(|ue universellement admise, doit être examinée. Pour le faire, je dois, cependant, entrer préalablement dans (|uel(|ues détails, et avant de parler de la flrèce, pour laquelle répo(|ue de lintroduclion des Bullles n'est pas connue, je dois m'attacher à ce qui se rapporte aux pays situés en Afri(|ue. L'Egypte se présente tout d'abord à l'examen. A l'époque pharaonique, le Budle y était totalement inconnu. Les mo- numents, sur lesquels on trouve le Zébu ligure avec tant d'exactitude, ne donnent pas la moindre représentation de l'espèce bulValine; c'est donc aune époque postérieure qu'il faut en chercher l'introduction. On ne peut hésiter (ju'entre deux périodes de domination étranuère : celle de la domination des Perses et celle des Arabes. Je ne sache pas qu'un auteur ait jamais recherché si c'était sous la domination persane que le Buflle fut introduit. Cependant le fait vaut la peine d'être examiné, puisqu'on trouve aujour- d'hui des Buffles répandus sur les bords de l'Euphrale et dans le pays étendu entre ceux-ci et la (jaspienne. On compreml (ju'une fantaisie de Cambyse ait pu introduire des Buffles pour y trou- ver un sujet d'oppression, en obligeant les vaincus à recevoir des animaux qu'ils étaient portés à exécrer, et celte idée aurait pu séduire d'autant mieux Cambyse, qu'on sait (jue dans KTUDE SIU LK PLFFLE. Aâ5 un momenl (le fureur résultant tle son état mental, il avait tué le Bœuf Apis. Si celte opinion a des présomptions en sa faveur, il s'en faut (le l)eaucoup ijuc des preuves la confirment. Je ne parle même pas ici de l'opinion de D. Low, qui pense (jueles Buffles d'Égyple appartiennent aux espèces africaines, opiniou qu'il n'a appuvée d'aucune preuve, et qui se trouverait contredite par l'opinion de Bruce, qui prétend avoir vu en Abyssinie des Bulîles de l'espèce indienne, assertion qu'à son tour il n'a pas établie, mais qui, d'après les faits qui vont être exposés, prou- verait seulement que ces animaux avaient pu provenir de rÉgypte. Je parle ici des preuves directes qu'on pourrait re- cueillir dans l'histoire, et qui font complètement défaut. Si, pendant la domination des Perses, le Bulile avait été introduit en Egypte, il serait impossible d'expliquer le silence complet des écrivains de l'antiquité sur lui, car on possède des rensei- gnements bien établis sur des faits d'une moindre importance, et assurément les Grecs auraient mentionné ce fait, môme longtemps après. C'est donc à une autre époque moins reculée qu'il faut pla- cer cet événement, et celle qui se présente appuyée de prouves est la période de la domination arabe. David Low a adopté cette opinion sans l'étayer, mais elle paraît dans tout son jour lorsqu'on rélléchit sur les paroles de saint Willibald, que Cuvier a rapportées le premier, et sur une citation d'Albert, d'Aix, qui montrent : d'une part qu'il existait des Bullles en Syrie, de l'autre, qu'à, l'époque des croisades les parcs des armées mabométanes étaient pleins de ces animaux. Ce fut bien certainement après la conquête de la Perse, que les Arabes commencèrent à répandre des Buflles dans la Syrie, où on connaît aulhenliquement leur existence au vni" siècle. De la Syrie à l'Egypte le passage était facile. Resterait seulement k savoir à quelle époque il eut lieu. La date est inconnue, mais on ne peut la faire descendre plus bas que la moitié du vil* siècle, et peut-être même faut-il conjecturer qu'il eut lieu à la fin, vers répo(|ue où l'existence des Bullles en Syrie est mise complètement hors de doute. Zt/lG SOCIHTK IMI'KlilALl-: ZOOLOGIQUK d'aCCLIMATVIION. . Attribuer l'introiluctiou ilu Buille eu Kgyple aux Arabes, peut encore s'appuyer tle preuves indirectes. On sait que ce sont eux qui ont introduit le Cbameau dans ce pays, comme plus tard ils devaient faire pénétrer le Mérinos en Espagne. Pour ces deux dernières espèces animales, le doute n'est pas pos- sible. Rien d'étonnant, alors qu'ils n'aient fait de môme pour le Buflle dont le lait avait une si grande importance pour eux. En se répandant le long de la côte méditerranéenne, en se fixant sur les points où ils assirent leur domination, les Arabes firent pénétrer les Buffles depuis TÉgypte jusqu'au Maroc. Les dates de cette introduction sont inconnues , mais il serait peut-être possible de les retrouver chez les écrivains arabes. C'est ainsi que nous arrivons à l'Espagne, pour laquelle les conquérants ne firent que continuer ce qui avait eu lieu pour lAfriciue. Le seul doute qu'on pourrait avoir relativement à l'époque de l'introduction de l'espèce buffaline dans la Pénin- sule ibérique, serait de prétendre ([u'elle fut faite par les Gotbs, car on ne peut l'attribuer aux Vandales. Mais si les Gotbs avaient possédé des Buffles, le souvenir s'en serait conservé, et en tout cas ce peuple en aurait eu, lorsqu'Alaric vint ravager l'Italie au v' siècle. On n'en trouve pas la moindre trace et la mention de Warnfrid ôte toute indécision à ce sujet. Ces faits établis avec toute la précision qu'ils comportent dans l'état actuel de nos connaissances, revenons à quelques pays, pour lesquels nous sommes moins éclairés. En premier lieu se présente l'Italie. Paul Warnfreid dit bien que les premiers Buflles furent introduits sous le règne d'Agilulf. Mais saint Willibald qui parcourut ce pays un siècle après, n'en vit [tas un seul, car il signale expressément ceux qu'il vit en Palestine, et il en parle comme on peut le faire d'animaux singuliers et entièrement inconnus (1). Ce fait est d'autant plus singulier , qu'il n'est, aujourd'bui , aucun voyageur qui n'en aperçoive en parcourant la voie appienne, lorsqu'il traverse les Marais-Pontins, et qui ne les retrouve vers le sud de l'Italie. Cuvier a conclu de ce fait qu'à l'époque (1) Cuvier, Ossements fossiles, t. IV. ÉTUDE SLI{ LE BLFFLE. Mil de saint WillibaicL l'espèce buflaline comptait peu de repré- sentants. Mais il n\a pas soulevé une question beaucoup plus remarquable et plus grave, (jui ^consisterait à savoir s'il n'y eut pas une seconde introduction de Bullles, faite à une époque postérieure à celle de l'établissement des Lombards. Cette question doit être posée et voici par quelles raisons. Les écrivains ecclésiastiques qui ont parlé des Buffles, l'ont fait avec horreur, comme de tout ce qui avait trait aux bar- bares. Or, il faut se demander si cette profonde répulsion des populations italiennes n'amena pas la destruction des premiers Buffles introduits. Cette conclusion est d'accord avec le fait très singulier qui résulte de la narration de saint Willibald, et Ton conçoit que ce pèlerin n'ait rien vu, parce que les animaux avaient complètement disparu. A côté de ce fait, si on met en regard ce qui eut lieu pour les Arabes, il devient difficile de ne pas croire que ceux-ci ame- nèrent aussi desBuffles en Italie. Les Arabes ont séjourné depuis 827 jusqu'en 1058. époque à laquelle ils furent définitivement expulsés par les Normands. Dans cet espace comprenant deux cent trente et un ans, ils se sont étendus depuis la Sicile jusqu'à la Campanie. Or, ce qui est très remarquable, aujour- d'hui encore, les Marais-Pontins sont le point extrême auquel se montrent les Buffles, tandis que vers le sud on les ren- contre en plus grand nombre, à mesure qu'on s'éloigne des États romains. Il semble exister entre tous ces faits une rela- tion remarquable. La longueur de la domination sarrazine explique ce qui dut se passer. Malgré les combats et les massacres , les populations avaient fini par vivre mêlées, quoique les idées restassent sensiblement opposées; il est cer- tain qu'elles se firent de mutuels emprunts, et comme en défi- nitive les Bufiles présentaient des avantages dans ces pays misérables, leur importance se tfouva démontrée avant l'époque de l'expulsion du peuple qui les avait introduits. Je suis le premier à reconnaître que la question dont il s'agit est excessivement obscure ; toutefois , elle est assez importante pour mériter qu'on la soumette à de nouvelles investigations. liliS SOCIÉTÉ IMPÉniALE ZOOLOGIQUR d'aCCLIMATATION. Pour !a fTrèco, dans laqiH3lIe il existe des Buftles en grande quantité, l'époque de Tintroduction de ces animaux est incon- nue, ainsi que la route qu'ils suivirent. S'il n'est pas possible de savoir quelque chose de certain relativement à l'époque, on peut aller plus loin relativement à la région d'où ils ont dû provenir. Si les premiers Bullles introduits en Europe s'arrêtèrent dans la Thrace ou dans une région voisine de celle-ci, il est plus que facile de concevoir qu'ils aient été répandus de là en Grèce. Leur introduction par les Arabes n'est pas possible à admettre, car on sait que ce peuple ne forma jamais d'établis- sement en Grèce. Ils débanjuèrent à la vérité en Thrace, en 672, lorsqu'ils tentèrent le siège de Constantinoplc, mais ils n'y restèrent (jue cinq mois, après lesquels ils prirent leurs quartiers d'hiver à Gy/.ique. Les elVorts qu'ils tentèrent pen- dant sept ans contre Gonslantinople, aboutirent à la trêve de (rente ans, conclue entre Moaliviah et Constantin l'ogonat. Plus tai'd les expéditions de Soliman furent encore moins heu- reuses jusqu'à l'époque où Léon l'Isaurien Unit par repousser définitivement les agresseurs. (iC n'est certainement pas dans de pareilles conditions que les Arabes purent introduire des Bullles sur la C(Me euro- péenne, et aider à leur développement. Ici, ils étaient dans des conditions bien dillerentes de celles qu'ils avaient trouvées en Afri(jue. en Espagne et en Italie. Je ne crois donc pas qu'on puisse leur accorder la moindre valeur dans la question dont il s'agit. Mais on a une preuve qu'il existait, au moyen âge, des Buftles en grande quantité, dans une région géographiquement plus élevée, qui est précisément une partie du pays dans lecpiel ont dû s'arrêter les Bullles introduits par les premiers barbares. En parlant de la guerre (|ui eut lieu entre l'empereur latin de Constantinople Henri et Joamiice, roi des Bulgares, Villehar- doin raconte que l'enq^ereur poursuivit pendant (piatre jours l'armée ennemie, s'arrêta devant la ville (jue, dans son langage, il appelle Veroi, et l'occupa. Parmi les anim;iu\ formant le butin (|ue les troupes recueillirent dans le pays, Villehardoin ÉTtlDR Sl'R LE BUFFLE. h!l9 signale en grande quantité les Bug/es et les Vaches (1). La ville dont il s'agit est Béria située aux pieds des Balkans. L'existence des Bulïles dans ce pays doit sexpliquer par une tout autre cause que l'arrivée des Arabes. De là résulte aussi la conséquence que ces animaux ont dû se répandre de cette région vers le sud. La France est le dernier pays dont il me reste à parler. Si les Arabes introduisirent le Buffle en Espagne, on ignore s'ils le firent pénétrer en France. Le professeur Grognier, de Lyon, est le seul auteur qui ait parlé de l'existence du Buffle dans notre pays au xii" siècle. Il dit, sans faire connaître l'auto- rité sur laquelle il s'appuie, que les moines de l'ordre de saint Benoît faisaient labourer les vastes domaines de l'abbaye de Clairvaux par ces animaux. Cette citation étant isolée, il n'est pas possible de savoir actuellement si Temploi des Buffles, dans cette abbaye, fut une tentative unique, si elle se géné- ralisa, ou si elle eut lieu simultanément sur plusieurs points de la France. On serait porté à ado[)ter la première opinion lorsqu'on sait que l'ordre de saint Benoît comptait des couvents en Orient. Il en avait dans les faubourgs de Constantinople, dans la vallée de Josaphat et sur le mont Thabor : ce qui explique parfaite- ment comment les moines de Clairvaux eurent l'idée d'em- ployer des Buffles, puisqu'ils devaient connaître cet animal et savoir quelle était la nature de ses produits et de ses services, d'après les renseignements transmis parles membres de leur ordre. Mais, d'autre part, il résulte aussi des recherches de M. Da- reste, que le Chameau a été répandu en France pendant le moyen âge, quoiqu'aujourd'hui on ne trouve pas trace de son existence, si ce n'est chez les historiens. Or, rien ne prouve (|ue le môme fait ne se soit pas produit pour le Buffle, surtout lorsqu'on songe que le moyen âge est encore si peu connu, et qu'on jette les yeux sur les faits qui ont été précédemment exposés. (1) Ln second pas.s;ige est d'accord avec celui-ci. Voyez Villehardoiii, De la conquête de Constantinople, édition Paulin-Paris. ZÏ50 SOCIÉTI'] niI'KUlALK ZOOLOGIQL'K u'aCCLIMATATION. Cette conclusion et la nécessite de suspendre son opinion se trouvent confirmées par les faits qui ont eu lieu à l'époque où Tempereur Napoléon I" songea à introduire le Buffle en France pour en faire un animal domestique. Après les campagnes d'Italie, on amena à la bergerie de Uambouillet un troupeau de Buffles pour chercher à les natu- raliser. Grognier, qui vit les premiers essais, a dit, en parlant de ces animaux : « Ils réussirent parfaitement, ils se mon- trèrent trailables et dociles; on les mit au travail, on fit du fromage de leur lait et ils furent même introduits dans (juehjues fermes du Beaujolais où j'en ai vu attelés et traçant docile- ment leur sillon (1). » Cette introduction n'eut pas de suite, et les animaux disparurent, sans (pi'on puisse trouver la moindre trace des faits qu'on aurait dû recueillir, pour savoir ce qu'il y avait à dire pour ou contre eux. Ce lut aussi de ces Buffles de Uandjouillet (|ue provinrent les individus envoyés par Tcmpereur Na[)oléon dans les Landes, en 1807. L'En)pereur, en traversant le Midi delà France pour se rendre en Espagne, fut frappé de l'aspect du pays, et malgré les préoccupations et les soins que nécessitait la guerre qu'il allait entreprendre, il donna encore une preuve remar(juable de la suite qu il mettait à la réalisation de tout ce qu'il jugeait utile. Peu de temps après, et par ses ordres, des Buffles furent envoyés à Mont-de-Marsan, pour qu'on tentàtleur élève dans les Landes. Je n'examine pas en ce moment quelle est la valeur réelle du Buffle, mais il est incontestable que c'était une grande idée que de vouloir améliorer une région, en y transportant un animal que sa sobriété, sa force et son remanjuable pouvoir de résistance rendaient si propre à vivre dans un pays misé- rable. Sans doute, en traversant les Landes, l'Empereur se rappela les Buliles qu'il avait vus en Italie, et peut-être aussi ceux de l'Egypte. Ses souvenirs lui rappelèrent ce qu'ils valaient dans ces régions où l'agriculture est si arriérée. Quoi qu'il en soit, l'Empereur voulut réaliser son projet et commence^ à le faire. (1) Maison-Piuslique du ïix« siècle, p. iZi7. ÉTLDE SUR LE BUFFLE. • llbi On doit tiiie, en loule vérité, qu'il ne l'ut nullement secondé. Les faits qui ont été transmis sur rintrotluclion du Buftle dans les Landes sont tellement déplorables qu'on se refuserait à les croire, s'ils n'étaient pas rapportés par un témoin oculaire. Pour n'être pas taxé d'exagération, je citerai les paroles de M. P. Lalanne, qui rendent toute réflexion inutile. « Le préfet, dit M. P. Lalanne, peu soucieux de remplir les intentions de l'Empereur, donna ces animaux à un riche propriétaire qui les envoya au fond des Landes sur le bord de la mer, où ils ne tardèrent pas à s'acclimater et à multiplier prodigieusement. Comme ils paraissaient sans destination, puisque Ton n'utili- sait pas leurs services, ils finirent par embarrasser le pro- priétaire qui, n'osant en disposer, se contenta de les abandon- ner dans les plaine? immenses où ils errèrent quelque temps sans maître et sans protecteur. Bientôt ils entrèrent dans les semis de Pins, sur les dunes ou chez les particuliers. On les fusilla d'abord la nuit, puis le jour. Enfin on en conduisit aux boucheries, et ils eussent tous disparu si un habitant n'eût eu l'heureuse idée de s'en approprier cjuelques-uns et d'en former un troupeau. C'est ce troupeau qui a fourni à quelques culti- vateurs de ce pays (les Landes) les Buffles dont ils ont tiré depuis de si grands avantages (1). » L'habitant dont il est ici question et dont le nom est passé sous silence est la personne même qui a écrit ces lignes, c'est notre confrère M. P. Lalanne. Déjà Grognier avait signalé son nom. Mais il est nécessaire de le rappeler, cardans la suite de ce travail j'aurai fréquemment occasion de citer les re- marques faites par lui sur le Buffle, et les progrès qu'il a apportés à l'élève de ces animaux. M. P. Lalanne a même dé- veloppé l'idéede l'empereur Napoléon, car, par son exemple, il a invité plusieurs habitants du Gers à s'occuper aussi de l'élève du Buffle. L'envoi de Buffles dans les Landes est la dernière grande tentative d'introduction qui ait eu lieu. Depuis, ainsi que je l'ai appris par une phrase de M. de Weckherlin, le gouver- (1) Maison-Hustique du xix' siècle, p. 659. /iÔ'2 SOCIÉTK IMPÉhIALË ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATIOiN. nement de Wurtemberg a entrepris quelques essais (1). Il y a quelques années un second essai fut également tenté en Belgique, mais dans des conditions ditîérentes, car on s'oc- cupa de l'hybride du Bullle et du Bœuf (2). J'nurai à revenir sur ces derniers essais dans le cours de ce travail, et à faire con- naître quelles sont les raisons qui me paraissent les avoir fait écbouer. ADDITIONS. Depuis répoque où ce travail a été lu à la Société, des reclierches nouvelles m'ont prouvé qu'il n'y avait rien à y modifier; car, sauf une nouvelle indication qui touche à un point secondaire, et qu'on trouvera plus bas, rien d'important ne se trouve à ajouter. Cette épreuve me paraît de nature à permettre de formuler les conclusions suivantes, qui complètent aussi les sujets (|ue j'ai dû mentionner. 1° On ignore à (|uelle époque et chez qu(ds [jcuples d'Asie les premiers Bullles ont été domestiqués. 2° Le BiifUe domestique a été répandu d'Asie en Europe. 3" La mention d'Aristote elle pays dans lequel il place son jSûuÇaXo;, justifie déjà ce premier fait sans rien préjuger sur le séjour primitif de l'espèce. Il prouve seulement qu'à son époque il existait des Builles en Arachosie. h" Ceci expliquerait aussi pourquoi les Perses n'introdui- sirent pas de Builles en Egypte à lépoque de leur domination, puisqu'il n'en existait pas encore dans leur pays. Le silence de l'antiquité sur l'espèce buffalinc est tl'accord avec ce fait. 5" On ignore complètement si c'est avant ou ajjrès la con- quête de la Perse par les Arabes (jue les premiers Buflles y furent introduits. (1) Wecliliei'lin, Dio land/oirthschafttiche Thier production. Sltillgard, 18Ù6, 2' partie. (2) Indication donnée par M. Kanfmann, mcnihro de la Société. ÉTUUE sur, LK BUFFLi:. /|53 (3° Les premiers BuHles introduits en Eniope l'ont été pou- les peuples qui plus tard devaient envahir l'Empire romain. Ils vinrent donc par le nord. C'est dans cette même direction qu'ils furent introduits en Italie. 7° Les Arabes répandirent les Buffles dans toute la région comprise entre la Perse et la Syrie, de là sur la côte sud de la Méditerranée, et les introduisirent également en Espagne. 8° De là résulte que l'Europe a reçu des Bufiles par deux routes différentes. 9» Il est vraisemblable qu'ils effectuèrent une seconde intro- duction de Bul'iles en Italie, cette fois par le sud. La distribu- tion géographique actuelle est d'accord avec cette induction. L'ilalie serait donc le seul pays d'Europe qui aurait eu deux introductions importantes, à des époques différentes et éloi- gnées Ici se place le renseignement nouveau dont j'ai parlé. Hallam dit que Laurent de Médicis avait introduit dés Buftles dans sa ferme de Poggi cajano. Il cite comme preuve ces deux vers, tirés du poëme d'Andira de Politien : Atqiie aliiid nigris missuni, qiiis credat ! ab Indis, Puiminat insiietas armentum discolor lierbas. Ces vers sont assez obscurs. Hallam a pensé que c'était de ces buffles que descendaient ceux de l'Italie, quoiqu'il ait mentionné l'opinion de Buffon, qui est pour l'introduction au \n' siècle. Cette opinion est inexacte. Tout au plus pourrait- on faire descendre de ces buffles ceux qui existent dans les maremmes de Sienne, où ils se trouvent isolés et indépendants de la région du sud de lltalie. Mais, en rapprochant l'épithète de discolor, de la mention ab Indis, etc., on voit qu'il s'agit ici non de Buffles, mais de Zéhus (I). 10° Les Arabes ne paraissent nullement avoir répandu le Buffle en Grèce. Les animaux de ce pays sont très vraisem- blablement les descendants des Buffles introduits par les bar- bares et provenus de la région où ceux-ci les avaient fixés, (1) Voyez la noie de la page suivaule. libh SOCIÉTÉ iMPÉr.iu.E zouLOGiQUii; d'acclimatation. où on les retrouve dcins le moyen cage et où existe aujoiir- (riiui le grand centre du développement des Buftles pour l'Europe. il° On n'a aucun renseignement qui prouve que les Arabes aient introduit le Buffle en France. 12° La première introduction connue remonte au xn*' siècle, mais il est impossible de dire maintenant quelle a élé la valeur de cette tentative. 13° Il y en a une seconde introduction au commencement du xix" siècle. C'est la dernière grande introduction qui ait été faite en Europe. 14° L'élève de Buffles en AVurtemherg et en Belgique n'a constitué que des essais isolés, mais non des introductions. 15" La plupart des faits précédents se trouvent justitiés par les conséf[uences déduites de la distribution géographique actuelle du Buffle, résultant nécessairement en grande partie des routes suivies par les peuples qui ont opéré la diftùsion géographique de cette espèce. Nota. — Pour éviler que feireur de Hallam ne se perpétue et ne vienne embrouiller celte question déjà si obscure, il faut remarquer que ; 1" Politien avait vu les animaux dont il parle, et il n'aurait pu appliquer le mot discolor pour des Buffles, animaux dont la teinte est uniforme; 2° il n'aurait pas mis quis credat, etc., pour des animaux qui existaient déjà en Europe ; y Avant Ilallam, lîoscoe avait cité les vers de Politien (vie de Laurentde de Médicis), mais, embarrassé par le sens, il les a traduits en les dénaturant en grande partie. C'est Ilallam qui a prétendu qu'il s'agissait de Bulllcs, en introduisant un sens U-ès différent de celui qui existe. MOiNOGUAl>mi: !)ES GALLINACÉS. i55 ÉTUDE SUR LA BASSE-COUR. MONOGRAPHIE DES GALLINACES. RACES PRINCIPALES INDIGÈNES ET EXOTIQUES. Par n. Paul LETROI^E. (Séance du 10 décembre 1858.) TROISIEME PARTIE. — Races étrangères. SUITE ET FIN. § VI. — Races exotiques cochinchinoises. Les rares cochinchinoises sont maintenant répandues en France, mais dans leur état de pureté elles sont relativement rares : on ne les trouve dans cette condition satisfaisante que chez quelques amateurs. Cette variété galline, qui a un carac- tère et une physionomie différant de nos espèces d'Europe, a déjà subi beaucoup d'épreuves par les croisements avec celles-ci, et la plupart des oiseaux de basse-cour désignés pour des Cochinchinois , ne sont très souvent, à cause de cela, que des métis de bien peu de valeur. On a toujours espéré et l'on espère encore créer de bonnes sous -races; y par- viendra-t-on?... Jusqu'à présent, ces nombreuses tentatives avaient particulièrement pour but d'obtenir des variétés plus grosses, et bien qu'on ait allié le sang précieux de nos fortes races avec les Cochinchinois, les sujets issus des croisements ont dépassé quelquefois la moyenne du poids brut de Fune et de l'autre race ; mais on a pu voir que le développement des os a été la cause unique de cette différence, et qu'en dehors de cette trompeuse apparence, ces produits intermédiaires ga- gnaient d'un côté pour perdre de l'autre, sous le rapport de la finesse et du bon goût des chairs. Alors, si, dans cette cir- constance, ces recherches n'ont offert rien de profitable, les essais que Ton tentera à l'avenir devraient se reportera l'obten- tion de couveuses intelligentes et persistantes : mérites réunis, /lô6 socitTi'; iMi'Ér.iALi: zoulogiquk d'acclimatation. que l'on ne trouve pas dans les Cocliiucliiiioises et loii rare- ment flans les espèces indigènes. Il est bien supposableque les aptitudes de chacune d'elles se réuniraient dans leurs produits métis, et ceux-ci seraient alors une bien précieuse acquisition pour les éleveurs. Tout le monde sait que les Cochinchinoises sont d'ardentes couveuses, mais qu'il leur manque l'intelli- gence, l'activité et surtout la persistance nécessaire pour l'éle- vage; on n'ignore pas non plus que beaucoup de nos espèces d'Europe possèdent ces qualités essentielles réunies à un désir moins fréquent pour s'y appliquer. C'est donc ainsi, qu'en dirigeant ces diverses aptitudes on les ferait accepter à une variété métisse, et celle-ci désormais obtenue, il est bien pré- sumable que nous rencontrerions en elle, en dehors même de cette recherche importante, un tempérament plus solide, plus sain, de bonne durée et se prêtant bien à tous les genres de fécondité. On ne peut méconnaître non plus celte similitude de formes qui existe entre toutes ces grosses races asiaticiues, telles sont: 1° Une espèce malaise qui n est pas eiupluinée mais recou- verte d'une espèce de duvet soyeux que l'on nonnne Cochin- chinoise à soie noire et fauve. A notre avis, ce doit être la race mère de toutes les variétés cochinchinoises; 2° La race brune ou rouge fauve ; 3" La race noire ; h" La race oranrje ou fauve uni ; 5" La race panachée ou perdrix ; 6" La race blanche ; ces cinq dernières nous sont venues de la Cochinchine et de Chang-hai ; 1° Nous joindrons à celles-ci, la belle r^ccàu Brahmapoolra, parce qu'elle est bien certainement d'une même extraction, et nous croyons pouvoir dire, en nous ap|)uyantsur d'excellentes preuves, (\ue tout cet ensemble de variétés cochinchinoises et Brahma-poolra sortent d'une même souche. En elfet le carac- tère, les habitudes, le tempérament, les qualités et les défauts sont identiques à cela près d'imperce[)libles variations. La conformation de la tête, par le bec; l'œil et les paupières; la crête, les barbillons et l'oroillon : l'attache des ailes et leur peu .M(tN(>(;i;Al'HIL DKS (i ALLINACÉS. !lb7 dc! tléveloppenuMit : l;i grosseur el la pose écnilée J(!S cuisses; la grosseur des os et leur charperUe; la force extraordinaire des pattes, les pUnnes qui les garnissent; la nature de l'em- plumementqui est singulièrement raccourci aux ailes et à la queu(>; la coloration jaune, infiltrée dans le sang et dans tous les tissus; Taspect général du corps, bien différent de celui de nos espèces indigènes ; les allures dans la marche, et l'inertie du vol: tout est d'une exacte ressemblance. Ensuite : la dou- ceur et Tindolence de caractère; rintelligence médiocre; les habitudes sédentaires; le tempérament et les facultés (|ui en dérivent et qui consistent dans le désir immodéré de couver. La ponte abondante en toute saison, la coloration et la peti- tesse [)roportionnelle des œufs, Télevage et remplumement lent des jeunes sujets, le cri, le gloussement des poules, le chant grave des coqs, les qualités de chair et d'engraissement médiocres, et la vieillesse précoce, tout, disons-nous, précise en eux une même extraction. 3Iais alors, comment expliquer les causes qui ont dû modilier si étrangement et si diversement non-seulement par le plumage l'aspect de ces Gallinacés, mais aussi celles qui ont provoqué une amélioration assez distincte parmi (juelques-uns; si ce n'est par la domestication ou la culture, par des soins particuliers dans le choix des reproduc- teurs, par riidluence d'une alimentation différente et surtout par les changements de latitude, d'altitude et de climat. Ces races de volaillesqui sontvenuesdel'Inde, sont-elles toutes réellement originaires de la Cochinchine? Cela peut être pour une grande partie ; mais quoique nous ne puissions pas assurer d'où vient la souche mère de ces races, nous croyons cepen- dant que celle-ci n'a dû se conserver dans cet état incomplet que dans les régions intertropicales, pour ainsi dire vivant dans un état d'abandon, et qu'aussitôt qu'elle fut transportée dans les Etats de l'Empire cochinchinois et dans la Chine selon quelques auteurs, elle se sera prêtée aux perfectionne- ments que devait produire la domesticité, jointe à un climat mi(.Mix approprié pour cette amélioration. C'est ainsi que son plumage rudimenlaire s'est complété, (|ue son instinct borné s'est modifié, et surtout, cette dégoûtante coloration citrine T.- VI. — Octobre 18a9. 30 ZI58 suciKTÉ I M PÉRI ALI-: zooLOGiguE u'acclim\tation. répandue avec tant trintensité (Inns tout le système vasculaire se sera amoindrie par degrés... Singulière coïncidence! pour- quoi ne pas le rappeler ici? Dans les pays reculés de TOrient. depuis l'homme jusqu'au plus infime des êtres créés, le sang de tous les animaux se trouve injecté d'une même teinte jaune ou cuivrée que Ton attribue aux etîets climatéri(jues de cette partie du globe. Si ces races exotiques n'ont point formé de bons métis, leur introduction en Europe n'en est pas moins un véritable bienfait, car, dans leur élat de conservation, ces animaux, par eux- mêmes sont d'une précieuse richesse, par la quantité d'œufs qu'ils produisent en tout temps, par un bon rendement de chair, qui est d'une assez bonne qualité chez les jeunes, et par le mérite quand même comme couveuses. Le produit de leur duvet (jui est sec, tin et léger et surtout presque inodore, doit être préféré à tout autre provenant de nos volailles pour la literie commune. § VII. — Race cochinchinoise à soie fauve, noire et rouge. (Race mère.) La race que l'on nomme cochinchinoise à soie fauve, noire et rouge, qui est peut-être" la seule qui ait conservé jusqu'à présent son premier état, vient, dit-on, de la Malaisie. Sa con- struction est dans un tel rapport avec toutes les variétés de cochinchinoises, qu'il n'est pas possible de la séparer de cette famille; bien plus, nous croyons qu'elle en est le type originel. Cependant, elle n'en paraît qu'une ébauche. A la place de plumes, ce sont des fds soyeux, épais et longs qui recouvrent son corps; sa peau est d'une couleui' citrine tellement prononcée, que le tour du bec, les pattes et jusqu'à sa crête ne sont point exempts de cette supercoloration. Cette espèce acquiert un moindre volume (jue ses congénères, disons mieux, que sa des- cendance, bien qu'elle paraisse en avoir autant, à cause de son genre de plumage. Son élevage est assez facile, et le corps se garnit assez vite de cette couverture insolite ; sa croissance suit la même marche (jue celle des autres Cochinchinois. La Poule donne une abondante ponte, hiver connne été, les œufs .MONUGIlAI'lllL DIS GALLl.NACLS. 459 sont i'ortemenl colorés jaune et rouge ; elle couve avec autant de persistance cjuVlle en manque pour rélevage, et ses petits sont des plus mal gouvernés. Ces animaux ont un naturel très doux et inquiet, leur instinct est fort borné. Le Coq n'a rien qui le distingue, sinon sa taille plus forte. Sa crête et ses barbillons manquent d'anqileur. Il est cocheur maladroit comme ceux de son espèce, mais il est bien pourvu d'ardeur. Cette race est complètement impuissante pour le vol, sa marcbe est lourde, sa course dégingandée. Son chant est grave et cadencé de trilles. Sa chair est fort appétissante. Cette volaille est heureusement peu répandue : les échantillons que nous avons eus pendant une année venaient d'Angleterre. Ce Galli- nacé est de toute manière trop inférieur pour mériter que l'on cultive sa race, si ce n'est que Ton s'en tienne à conserver quelques rejetons comme des spécimens curieux, car ceux-ci ne feraient que de bien pauvres produits en les associant avec nos espèces. Succession des races cocliinchinoises. Nous plaçons au premier rang de l'échelle de descendance du type cochinchinois : la race brune ou rouge fauve et la race noire; parce qu'elles deux doivent avoir été les premiers produits, et qu'elles ont subi ensemble, au même degré, une première amélioration du sang et un emplumement achevé, dus à l'action d'un autre climat et de soins domestiques : cette pre- mière métamorphose ne se sera pas certes complétée tout de suite sur les premiers produits, car pour arrivera la séparation bien tranchée des principes de coloration des plumes, il aura fallu aider à ce travail de la nature par une culture toute spéciale, qui n'aura été hâtée que par de patientes sélections dans l'accouplement des reproducteurs. C'est ainsi que le fauve et le rouge feu auront été le lot de la première variété, et le noir et le rouge feu celui de la seconde. Ces races ainsi formées, et après avoir été disséminées dans tout l'empire cochinchinois et les États voisins , se seront à leur tour prêtées à façonner la race unicolore noire et la race ftluve proprement dite. Quelques personnes doutent de la Zi60 T fi;k-I)i;-l\.\<:i:. /i09 Mais ce n'est point de ces animaux dont ou [iciil tiltendre un secours efficace; ce n'est point assez de leur courage, de leur sagacité et de l'attachement qu'ils portent à l'homme: il l'aul, pour détruire des reptiles aussi venimeux, Time de ces espèces que la nature semhle avoir formées pour les condjattre victo- rieusement, et pour diminuer le fléau de leur fécondité. L'Afrique, qui a fourni aux Antilles une partie de leur popu- lation et de leurs plantes comestibles et coloniales, pourrait faire ce don utile et précieux aux îles de la Martinique et de Sainte-Lucie; le Vautour du cap de Bonne-Kspérance, qu'on désigne communément par les noms de Messager et de Secré- taire [Falco Serpentarius L.) serait pour ces colonies une accjuisition inestimable qui mériterait toute la r;'connaissance de leurs habitants à l'homme d'Etat dont les soins bienfaisants l'auraient naturalisé dans ces îles. Cet oiseau, qui se nourrit de Rats et de reptiles, s'apprivoise aisément et peut se propa- ger dans l'état de domesticité. La force de son bec, qui est celui de l'Aigle, et la longueur de ses jambes, qui le rapproche de l'ordre des Kchassiers, et lui donne une hauteur de 3 pieds, ne sont pas ses seuls avantages pour vaincre les Ser- pents. Il pourrait, malgré leur puissance et leur succès, suc- comber par Tetlét terrible de la dent de ces reptiles, lors même qu'il les aurait déjà frappés mortellement; mais, guidé par son instinct, il évite adroitement leur atteinte, il se couvre de Tune de ses ailes comme d'un bouclier, et les frappant avec l'autre, il se sert, comme d'une massue, des protubérances osseuses dont elle est armée. D'après mon indication, iM. le baron Portai, alors ministre à la Martinique, fit importer du Cap à la Martinique deux de ces oiseaux, qui y furent naturalisés en 1819. Difïérentes circonstances paraissent malheureusement avoir empêché le développement de ce projet. Z|70 SOCIÉTÉ IMPÉKIAI.i; /UULUGlQUIi 1) ACCLIMATATION . III. EXTRAIT DES PROCÈS-VERBAUX bLS SÉANCES DU CONSEIL DE LA SOCIÉTÉ. SÉAINCK 1>L 13 AOUT 1859. Présidence de M. Is. Geoffroy Saint-Hilaire. M. le PrésiJenl donne lecture trune lettre adressée à M. Drouyn de Lhuys, qui la lui a transmise, par S. Exe. M. Musurus, ambassadeur de la Porte ottomane, pour lui annoncer que S. M. I. le Sultan a bien voulu accorder à la Société l'autorisation d'inscrire son nom en tète de la liste de ses mendjres. Des lettres de remerciment^ seront adressées à S. M. I. au nom de la Société. — Le Conseil admet au nombre des membres de la Société : M. Simon, négociant, à Paris. — M. le Président informe le Conseil delà perte que la Société vient de l'aire dans la personne de MM. Sandoz, à Cernay (Haut-Rhin)-, Temminck, directeur du Musée d'histoire naturelle des Pays-Bas, à Leyde, et Salvignac. à Paris. — La Société d'horticulture et d'acclimatation de Tarn-et- Garonne adresse des remercîments pour son admission au nombre des Sociétés affiliées. — Des lettres de remercîments sont également adressées par M. Gourdin, pour sa nomination au titre de délégué du Conseil à Napoléon-Vendée, et par M. Dorinoy, de Chaumont, pour son admission parmi les membres de la Société. — M. Ch. Géry, préfet d'Alger, délégué du Conseil et Pré- sident du Comité algérien d'acclimatation, écrit en date du 5 août pour annoncer l'envoi de divers documents émanant du Comité d'Alger, et entre autres du procès-verbal imprimé de la séance du 11 juillet dernier et de plusieurs mémoires publiés dans V Algérie nouvelle. Ces diverses communications témoignent, comme le fait justement remarquer M. le Préfet, de l'activité et du soin avec lequel les mend)res du Comité de l'Algérie se sont occupés depuis sa fondation si récente encore de plusieurs questions d'un très grand intérêt pour la colonie. riiOCÈS-VEi'.BAUX. Ii7i A ces pièces se Irouve joint un ctaL présonlé par M. (îii- geniieim, trésorier du Comité d'Alger, (pii a Lien voulu se charger du recouvrement des cotisations des membres algé- riens de la Société, et qui rend compte de sa gestion jusqu'au 5 août. Des remerciments seront adressés au nom de la Société à M. le délégué du Conseil et à M. le Trésorier du Comité d'Alger. — M. Richard (du Cantal) écrit de Souliard, à M. le Prési- dent, que tous les animaux du troupeau d'expérimentation sont dans les meilleures conditions de santé. Il donne des détails très satisfaisants sur le bon résultat qu'il a obtenu du traite- ment auquel il a soumis le taureau Yak qui paraissait si re- doutable et si difficile à dompter. Cet animal , traité par la douceur, est devenu aussi facile à aborder et à conduire que les autres. — M. Sacc adresse de Wesserling les peaux de trois Chèvres d'Angora qui ont été tannées gratuitement par M. I. D. Friedel, à Strasbourg, par un nouveau procédé de son invention à Taide de substances minérales qui paraissent rendre les peaux inaltérables. Des remerciments de la Société seront transmis à M. Sacc et à M. Friedel. Dans la lettre qui annonce cet envoi, M. Sacc informe M. le Président de la perte regrettable que la Société vient de faire de notre vénérable confrère M. Sandoz , un des premiers membres alsaciens de la Société dont il était le doven d'âge. — M. le comte de Saint- P»emi écrit de Caen, le 30 juillet, pour proposer à la Société de reprendre les Chèvres d'Egypte qui lui avaient été confiées et qu'une circonstance indépen- dante de sa volonté l'empêche de conserver plus longtemps. Des mesures seront prises pour donner à ces animaux une nouvelle destination. — M. le baron de Malfutti, maire de la ville de Roveredo (Tyrol), écrit à la date du 25 juillet, pour attester les succès de M. L. Althammer dans l'introduction de plusieurs races de Poules exotiques et étrangères et du Colin de Californie dans le Tyrol méridional, où il a fondé la Société d'acclimatation de Roveredo. — - MM. Cliazei et Reidan, lilaleiirs et iriouliniers en soie à Alger, dans une lettre adressée à M. le Président, le '27 juillel, appellent l'attention de la Société sur le rapport qu'ils ont lait récemment à la Société d'agriculture d'Alger, sur la maladie des Vers à soie. Dans ce rapport ils établissent, d'après les nombreuses expériences qu'ils ont faites, (pic la maladie des Vers à soie n'a d'autre cause que celle des feuilles elles-mêmes qui ne sont atteintes, en général, qu'au moment de leur entier développement. Ce fait explique pourquoi la maladie ne com- mence d'ordinaire à paraître, chez les Vers à soie, qu'à partir de la quatrième mue. MM. Chazel et Heidan pensent (ju'un des meilleurs moyens d'éviter le fléau, c'est de ne donner aux Vers que des feuilles non encore entièrement dévelopjjées, c'est-à- dire avant qu'elles soient atteintes. A l'aide du Mûrier mulli- caule cultivé actuellement dans plusieurs localités de l'Algérie et qui doime sa feuille un mois avant le Mûrier ordinaire, il sera facile d'obtenir ce résultat, en nourrissant les Vers avec cette feuille jusrpi'au Iroisième âge, et terminant les éduca- tions avec celles du Mûrier ordinaire. Des remercîments seront transmis à MM. Cbazel et Ueidau pour celte intéressante communication. — M. H. (^ope adresse de Umristur, dans le l'unjab (Indes anglaises), une lettre qui contient un extrait du procès-verbal de la séance du 8 juin de la Société d'agriculture et d'horti- culture de l'Inde, dans lequel sont mentionnés les heureux, résultats (pi'il a obtenus cette année dans ses éducations de Vers à soie. Ce procès-verbal renferme une lettre de M. le comte Freschi du 7 mai . qui à cette épo([ue n'était pas encore parti pour la (^bine, et ([ui témoigne du succès de ces éducations. — M. Cb. Mény, de Wesserling, demande à être conqiris dans la première distribution que la Société poiu'ra faire de îrraines de Vers à soie du (ihêne. — M. Kreuter. membre de la Société, à Vieinie (Autriclie;, écrit le '25 juillet pour annoncer la fondation prochaine d'une Société d'acclimatation dans celte ville, ïous les plus favorables auspices et avec le concours assuré dès à présent des person- IMlOCts-Vlil'.BALX. /|73 nages les [)lus illustres, (jui sont disposés à seconder ses elVorts et à créer en Autriclio un nouveau centre d'action, pour attein- dre le but que s'est proposé la Société inipi'riale de France. M. Kreuter demande ensuite a être inscrit pour diverses espèces de graines qu'il désigne parmi celles que la Société a reçues. — M. Brierre, de Uiez, envoie un nouveau rapport en date du 1" août, sur les nombreuses espèces de graines qui lui ont été envoyées par la Société et qu'il cultive avec le plus grand soin — M. Willemot adresse un exemplaire d'une brochure dont il l'ait hommage à la Société, et (ju'il a publiée, sur la destruc- tion des insectes nuisibles, par le Pyrèthre du Caucase, dont on lui doit l'introduction en France et auquel on a donné son nom iPyrethrum Willemoti, Dre.). Des remercîments seront transmis à notre honorable confrère, — M. Moquin-Tandon présente le rapport rédigé par M. le docteur Chatin, au nom de la Connnission spéciale chargée d'examiner les produits obtenus de l'huile de Ricin par iM. Li- gnac. Les conclusions de ce rapport sont les suivantes : « INous dirons, en terminant, (|ue l'ensemble du projet de MM. Lignac et Martin nous a paru de nature à donner d'excellents résul- tats, et de même que dans le Nord de la France nous n'avons vu les fabriques de sucre prendre leur véritable essor que le jour où elles sont devenues en même temps des exploitations rurales et industrielles, de même les cultures de la soie du Ricin n'auront d'avenir qu'à la condition d'être des exploita' lions mixtes comprenant en même temps des exploitations rurales et des fabrications industrielles. Nous pensons en outre que la création d'une vaste culture et l'établissement d'huileries et de savonneries ne pourraient avoir pour notre colonie africaine que d'heureux résultats, et en conséquence nous sommes d'avis qu'il y a lieu, pour la Société, d'encou- rager l'entreprise eu lui donnant son appui moral et ses conseils. » — M. G. Riembault, membre de la Société, à Argentan (Orne), fait connaître le procédé qu'il a employé et qui lui a bien léussi, pour préserver les Pommes de terre de la maladie dont les etVets ont été si désastreux cette année. Ce procédé T VI. — Octobre 1859. 31 [i7!i sociK'ii': iMPKiîiALi; zooLOi^iQHi-: d'acclimatation. consiste à mêler à la terre desliiiée à recevoir la plaiilalioii des Pommes de terre, de la cendre et des débris de braises ou de charbon. Les remercîments de la Société seront adressés à M. Riembault pour cette utile communication. — M. Teyssier des Farges écrit de Beaulieu (Seine-et- Marne) pour présenter une observation relative à la Note pu- bliée dans le Bulletin par M. A. Petetin sur l'inlluence des changements de semences et sur les avantages qu'on pourrait obtenir eu semant des céréales d'Algérie (n° de juin 1859, page 272). Notre honorable confrère assure que les expériences qu'il a faites pendant quatre années de suite sur environ 20 hectares de terres, en semant les dilférentes variétés de blés d'Algérie et plus de quatre-vingts variétés de blés anglais, espagnols, belges et suisses, l'ont amené à la conviction (|ue les blés d'Algérie, bons peut-être pom- les contrées méridionales de la France, ne convieiment, pas plus (pie ceux d'Espagne, an climat du centre ni du nord, tandis que les blés anglais, belles et suisses lui ont donné des résultats admirables. Là où ces derniers lui ont produit 30 ou 35 hectolitres à l'Iiectare, il n'en obtenait (jue ili avec des blés d'Algérie. Des remer- cîments seront adressés à M. Teyssier des Farges, M. J. Kalinowsky, notre délégué à Moscou, adresse une collection de graines olVertes à la Société par la Société russe d'borticulture de Moscou, ainsi (ju'un exemplaire d'un discours sur les progrès de i acclimoiatiou en Russie, (ju'il a |)rononcé dans la séance solemielle de l'Université de Moscou, b; 2/i jan- vier dernier. Notre savant collègue sera prié d'agréer les re- mercîments de la Société et de les transmettre à la Société d'borticulture de Moscou. iVI. le Président donne communication d'une Notice adressée à l'Académie des sciences, et qui lui a été comnmni- (luée par ]VI. Elle de lieaumont, sur les travaux d'André Michaux, et en particulier sur ses nombreuses tentatives d'in- troduction du Cèdre du Liban en France et surtout dans les montagnes d'Auvergne. l'HOCÈS-VKUUALX. ^75 SÉAINCK DU 2/| AOIT 1859. Présidence de M. Is. Geoffroy Saint-Hilaire. Le Conseil admet au nombre des membres de la Société: MM.OwKN (Hichard), directeur des départements d'Histoire naturelle au Musée britanni(|ue, associé étranger de l'Institut de France, à Londres. RoucHÈs, juge de paix, à Pierrefort (Cantal). — M. Kaufmann. vice-président de la Société d'acclimata- tion des Etats royaux de Prusse, écrit, en date du 2 août, pour annoncer la perte si regrettable que noire Société affiliée de Berlin vient de faire récemment dans la personne de M. le professeur Dielerici, son président. — 31. le général Kolin, adjudant du palais, membre de la Société, adresse une petite caisse de graines de l'arbre à cire (jue notre bonorable et zélé collègue M. de Montignv avait envoyée de Cbang-liai à ri'^mpereur. Sa Majesté a exprimé le désir que des expériences de culture de cet arbre précieux fussent faites par les soins de la Société. Des remercîments seront adressés a M. l'adjudant général du palais. — M. le Président donne lecture d'une lettre qui lui a été adressée de l'Escurial, le 15 août, par M. Graells, notre délé- gué à Madrid, en exécution des ordres de S. M. le roi d'Espagne. Par cette lettre, M. Graells informe M. le Président que Sa Majesté a bien voulu confier à la Société impériale zoologique d'acclimatation l'bonorable mission de lui faire parvenir, pour ses bergeries royales de TEscurial, un petit troupeau de six Brebis et deux Béliers de la race Mérinos à laine soyeuse Graux- de-Mauchamp. Cette lettre renferme des instructions très dé- taillées et très précises qui, tout en laissant à la Société la plus grande liberté d'action pour Taccomplissement de sa mission, sont destinées à lui en faciliter l'exécution matérielle. Le Conseil, saisissant avec empressement cette occasion de donner au gouvernement espagnol un nouveau témoignage du dévouement de la Société impériale d'acclimatation, accepte /i7(5 sociKTÉ iMi'KiiiALi!: zooLOGiQUi'; d'acclimatatio.n. celle mission el décide (in'une Coiiiniission composée de MM. F. Daviii, F. Jacquemart (>t Iiicliard (duCanlal), sera chargée de prendre immédialemenl les mesures nécessaires pour répondre dignement à la liante contiance de S. M. le lioi d'Espagne, M. F. Davin renouvelle les offres (|u'il avait faites déjà de se rendre lui-même à Mauchamp pour faire, dans les bergeries de M. Graux, le choix de ces huit animaux et pour en surveiller l'expédition dans les conditions les plus propres à en assurer le succès. Ces offres sont acceptées avec reconnaissance. — M. le Secrétaire perpétuel de la Société impériale et cen- trale d'agriculture remercie la Société pour les exemplaires qui lui ont été adressés du Rapport sur l'envoi d'un troupeau de Dromadaires au gouvernement brésilien. — M. Todaro, membre de la Société, écrit de Palerme, le 9 août, pour offrir ses remerciments au sujet des graines de diverses espèces (|ui lui ont été adressées. — M. Hilaire Lafon, de Montpellier, qui va s'établir |)Our plusieurs années à Nangasaki (Japon), fait parvenir ses offres de services à la Société à laquelle il se propose de faire con- naître et, autant que possible, d'envoyer les espèces et produits animaux ou végétaux qui paraîtraient pouvoir être utiles pour ralimentation, la médecine, la teinture, etc.; il désire recevoir avant son départ, qui aura lieu au mois d'octobre, des indica- tions ([ui puissent le mettre en mesure de se rendre utile, en lui signalant des questions à résoudre ou des objets à recber- cber. Des remerciments seront transmis à M. Hilaire Lafon, pour ses offres de bienveillant concours que la Société accepte avec reconnaissance. — M. Davin fait hommage à la Société d'un certain nombre de peaux de diverses espèces d'animaux qui lui ont été adres- sées de Buenos-Ayres, par notre zélé confrère M. Jules Lacrcze. M. le Président prie M. Davin de recevoir lesremercî- ments du Conseil. — M. le Secrétaire général de la Société régionale d'accli- matation de Nancy adresse trois toisons provenant du petit troupeau de Chèvres d'Angora (|ui avait été confié aux soins de M. lUiffet, agronome, au château de Havenel près Mire- l'!;OCÈS-VLItBAL\. /l77 court (Vosges). Ces trois toisons (jui sont le [H'oduit d'un jeune Bouc, d'une t^.lievretle et d'un liouc adulte, pèsent ensemble h kilogr. 105 grammes dont : 1530 pour le jeune Bouc, (575 grauunes pour la Chevrette et 1900 grammes pour le Bouc adulte. — M. Uicliard (du Cantal) appelle de nouveau Tattenlion du Conseil sur les projets formés par le Comité colonial d'accli- mataliou d'Alger, d'établissement de centres d'expérimenta- tion, pour l'introduction en Algérie des races domestiques et en particulier de Chevaux de trait et de Vaches laitières qui sojit devenues indispensables à la colonisation. Le (Conseil approuve en principe ces idées qui sont tout à fait d'accord avec l'objet des travaux de la Société impériale d'acclimata- tion ; il émet le vœu unanime que ces projets reçoivent l'exé- cution la plus prompte possible, et, sans pouvoir encore déter- miner la part active que pourra y prendre la Société, il est d'avis qu'il v a lieu pour elle d'aider de toute son inlluence la réalisation de ces projets, dans l'intérêt de notre colonie algé- rienne. SÉANCE DU 23 SEPTEMBRE 185». Présidence de M. Moquin-Tandon. Le Conseil admet au nombre des membres de la Société : MM. Barboza du Bocage, professeur à l'F^cole polytechnique et directeur du Muséum d'Histoire naturelle de Lisbonne. Bauchart (Quentin), conseiller d'Etat, à Taris. Caisete-y-Moral (Don Nicasio), consul général d'Espagne, en Chine et à Macao. Carette, propriétaire, à Coucy-le-Chàteau (Aisne\ Cari'Vite (Henri), propriétaire agriculteur, à Nogent près Coucv-le-Chàteau (Aisne). DujARDiN, membre correspondant de l'Académie des sciences, professeur à la Faculté des sciences de Bennes (Ille-et-Vilaine). DuRCHON, propriétaire, à Braine (Aisne) et à Paris. GarnU'.r, négociant, à ^angasaki (Japon). /j/iS SOCIKTK IMI'KUIALK ZOOLOI.IQLI.; d'aCCMM AÎATIOIN . GoDELLK. Conseiller d'État, ;'i Paris. Gl'imaraes (S. Exe. m. Isidore- Franç-ois), gouverneur de Macao, membre du Conseil de S. M. Très Fidèle, et son minisire plénipotentiaire en Chine, à Macao (Chine). Halgan (Cyprien), agent des traites, au ministère de la n)arine, à Paris. HoussARD, membre du Conseil général de TAisne, à Vailly (Aisne). HuNTEii (William), vice-consul de France, à Macao (Chine). Hlysskn de KAT^E^DYKE (le chevalier), chelde l'École de marine hollandaise, à Nangasaki (.înpon). Lemaitre, receveur général des finances, à Laon (Aisne). Martin de Moussy (le docteur), à Paris. Mkiu.o, chancelier du consulat de France, à Nangasaki (Japon). Nye (Gédéon), vice-consuldesKlats-Unis, àMacao (Chine). Pompée vax Merderwoort. médecin en chel' de l'établisse- ment hollandais, à Nangasaki (Japon). Régis, armateur, vice-président de la chambre de com- merce de Marseille. RoNGiÉHAs (Théodore), propriétaire agronome, à Ladouze, près Périgueux (Dordogne) . Rltherfoud Alcock, consul général et chargé d'aiîaires de S. M. Britanni(|ue. à Yédo (Japon). TowNSEND Harris, ministre des États- Unis, à Yédo (Japon). Verdun (le marquis Alexandre de), au château de la Crenne, commune d'Aussay, près Pontorson (Manche), — M. (]. Duchaine, de Napolèon-Vendée, et M. Tobias, de Riom, adressent leurs remercîments pour leur récente admis- sion parmi les membres de la Société. — M. de Montiuiiv, consul général de France en Chine, annonce, par des lettres adressées de Macao, le 20 juin et le 18 juillet, à M. le Président età M. le Secrétaire général, que sa résidence est transférée de Chang-hai à Canton, et il envoie, avec la liste d'un certain nombre de candidats présentés par lui et admis dans cette séance, une note du révérend père de PROCÊS-VEI'.BaLX. â*/-' Modeiia sur la ciilUire de l'arbre à Vernis laque, chinois ou japonais, et sur celle du Lo-Ko Sun, tubercule fêculeux dont une caisse a été adressée à la Société par notre dévoué collègue. Sur la proposition de M. de Monligny, le Conseil nomme pour ses délégués : à Chang-hai, M. B. Edan, chancelier du consulat de France, depuis longtemps membre de la Société; à Yédo (Japon), 31. Rutherford Alcock, consul général et chargé d'niïaires de S. M. Britannique, et à Macao, M. Canete-y- Moral, consul général d'Espagne. Le Conseil décide en outre que M. de Montigny conservera son titre de délégué dans sa nouvelle résidence à Canton. — M. le Président communique une lettre par laquelle M. A. Hesse, délégué de b Société à Marseille, annonce, à la date du 5 septembre, Theureuso arrivée au Ceara du navire le Splendide qui transportait au Brésil le troupeau de Cha- meaux d'Algérie expédié en juin dernier. Parti d'Alger le 21 juin, le Splendide est arrivé à sa destination le 23 juillet, après une traversée de trente- deux jours seulement. Les quatorze Chameaux ont été débarqués sans accident; les Chevaux arabes qui les accompagnaient étaient également en bon état. M. le Président fait remarquer que le succès complet de cette expédition, qui présentait d'assez grandes difficultés, témoigne de refticacile des mesures prises parla Société pour l'accom- plissement de la mission dont le gouvernement brésilien l'avait honorée, et qu'elle doit y trouver un puissant encouragement pour les tentatives d'introduction qu'elle se propose de faire successivement. — M. le Secrétaire donne ensuite communication de plu- sieurs pièces relatives à un nouvel envoi d'animaux adressés deCayenne k la Société, par notre zélé collègue M. Bataille. Cet envoi annoncé par M. le Président du Comité zoologique delà Guyane, à la date du 6 juillet, se composait de huit ani- maux, savoir : trois Pécaris à collier, un Cabiai, un Paca, un Savacou, un Butor, un Singe Coaita, embarqués sur la frégate l'Amazone, en retour pour Brest. A l'exception du Butor qui a péri pendant la traversée, tous ces animaux sont arrivés en /|80 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE 7.0ÙL0G\QVE d'aCCLIMaTATION. parfait état le 30 août, ainsi que la Société en avait été inl'or- inée par ordre de M. le ministre de TAIgérie et des colonies. Des remercîments sei'ont adressés à M. Bataille pour ce nouveau témoignage de son zèle et de sa générosité, ainsi (|u'à M. Cliapuis, président du Comité de Cayenne qui avait pris toutes les précautions désirables pour le succès de cette expé- dition. — S. Exe. Kœni«-bev, secrétaire des commandements de S. A. le vice-roi d'Egypte, écrit d'Alexandrie, le 7 septembre, pour aimonccr l'envoi, par le dernier paquebot, d'un IJélier et d'une Bi'ebis de rYémen, qu'il vient de recevoir de Djeddah et dont il fait hommage à la Société ; notre honorable et dévoué collègue ajoute qu'on lui a assuré que la Brebis fournit un lait abondant et d'excellente qualité. Les remercîments de la Société seront transmis à S. Exe. Kœnigbey, pour ce nouveau témoi- gnage de l'intérêt et du zèle avec lesquels il lui prête son géné- reux concours. — Les Sociétés d'horticulture du Uliône et de la Gironde font parvenir le programme du congrès pomologique de Lyon qui doit tenir sa (luatrième session, cette année, à Bordeaux, du 19 septend)re au 2/i octobre prochain, et invilent la Société à se faire représentera cette session par une délégation. ■ — M. E. Kaufmann écrit de Berlin, le 29 août, pour faire connaître la destination donnée par la Société prussienne d'acclimatation aux Chèvres d'Egypte et aux Boucs d'Angora (jui lui ont été conliés. — M. Drouvn de Lhnys fait parvenir une caisse de laine d'Alpa-Vigogne (pii lui a été adressée de Lima, pourélre offerte à la Société par M. Basagoita dont il avait déjà 'comniuirK|ué, l'année dernière, un mémoire sur une mission d'études relatives à l'exportation du Guano. M. Basagoita destinait à la Société trois Alpas-Vigognesquiontpéri pendantla traversée. M. Drouyn de Lbuys sera prié par le Conseil de transmettre les remer- cîments de la Société à notre zélé coidVère de Lima. — M. Bichard (du Cantal) écrit de Souliard, le 10 septembre, pour demander au (Conseil l'autorisation de tondre une seconde fois les Chèvres d'Angora du dépôt. Ayant remar(|ué que l'ROCÈS-VERBAUK. /^Sl depuis fiiielqiies jours ces animaux perdent leurs poils, comme par le lail de la mue, M. Richard pense qu'il serait utile, pour prévenir le feutrage des toisons et pour profiter de ce double produit qu'il espère pouvoir retirer régulièrement de ces ani- maux, de faire deux tontes par an, l'une à la fin d'avril, l'autre à la fin de septendjre ; il propose donc de faire dès cette saison des expériences dans ce sens, sur des sujets de sexe et d'âge différents. La proposition de M. Richard est adoptée par le Conseil. — iM. Paul Gervais, doyen de la Faculté des sciences de Montpellier, transmet un extrait du rapport de M. le préfet de l'Hérault, sur les travaux de pisciculture fluviale et marine entrepris dans ce département. — M. Graells, délégué de la Société, à Madrid, M, Guyot, professeur à la ferme école du Pelit-Chène, près Mazières (Deux- Sèvres), M. Collenol, de Semur (Côted'Or), M. Girou de Buzareingues, Président du Conseil général de l'Aveyron, et notre confrère, M. Brierre, adressent leur réponse au Question- naire publié, en juillet dernier (année 1859, page 319) par la Société, pour obtenir le plus de renseignements possibles sur la Vipère. Ces Rapports sont renvoyés à l'examen de la Com- mission spéciale chargée de la rédaction du Questionnaire et de l'étude des moyens propres à la destruction du Serpent Fer- de-Lance aux Antilles. — M. Brierre adresse en outre deux Rapports accompagnés de dessins à l'huile, sur le Lokomie de Chine, sur diverses plantes et sur la culture de la Yerva de Guinea, qu'il regarde comme une introduction très utile. — M. le chevalier Baruffi, délégué de la Société, à Turin, transmet une petite boîte de graines de Versa soie et de cocons adressés à la Société par madame la comtesse Corsi de Bosnasco. Cette graine et ces cocons proviennent d'une éducation faite à Turin de graines envoyées par la Société à M. Baruffi qui fait parveiiii' en même temps un rapport sur cette éducation. — M. Drouyn de Lhuys transmet au Conseil une lettre par laquelle M. de Montigny lui annonce, à la date du 13 mai 1859, l'arrivée k Chang-hai de M. le comte Castellani /iS*2 S(K:lK'iK IMI'KKIALI'; /OOlJKilQL K d'aCCLIMATaTION. et ses compagnons, et lui fait part des mesures qu'il a prises pour assurer le succès de leur exploration à l'intérieur et de leur mission d'études sur l'éducation des Vers à soie en Chine (voy. au Bulletin, \\° de septendjre 1859, page /i 3 9, l'extrait de cette lettre). — M. llard\ . directeur de la Pépinière centrale du gouver- nement, au Hamma près Alger, adresse à la Société un travail ayant pour litre : Importance de ï Alger ie comme station d'acclimatation. Dans cet ouvrage, notre habile confrère, après avoir parlé du climal, du sol et de la flore de l'Algérie, indique les espèces qui y croissent spontanément elles espèces déjà cultivées lors de la conquête-, il énumère ensuite celles que nous avons introduites et acclimatées; [tuis il entre dans (pielques considérations sur racclimatation en général et sur l'application des principes, particulièrement pour l'Algérie qui ])eut devenir un vaste dépôt de reproducteurs de toute sorte, dont les descendants auraient déjà une aptitude marquée à remonter, dans certaines mesures, vers le nord. Ce travail intéressant est renvoyé à la Commission de publication pour être inséré au Bulletin. M. Hardy annonce en outre ([ue les dillérentes espèces de Chenilles sériciières apportées à la Pépinière centrale par M. Guérin-Méneville, et dont la suitede l'éducation a été cotiliée à ses soins, lui ont, jus(iu'ici, donné des résultats satisfaisants. II a obtenu des cocons du Bombyx Prometlieus ; il a des Vers au deuxième âge du Bombyx Selene, (jui a donné pour la pre- mière fois en Europe des œufs et des (Chenilles; cet insecte trouve une nourriture convenable dans un arbrisseau cultivé au llannna, le Schinus Terebenthinus Au Brésil. Enfin il a des graines fécondées du Bombyx Myiitta. Le Ver de l'Ailante réussit à merveille; quant au Ver à soie du Hicin, il est com- plètement domestiqué à la Pépinière, les larves et les papillons ayant perdu les habitudes vagabondes qu'ils avaient lors(ju'ils sont arrivés de l'Inde. — M. Kœchlin-Schouch, de Mulhouse, adresse ses remercî- ments pour les graines de Vers à soie de l'Ailante qui lui ont été envoyées par l'entremise de M. Sacc. PUOCÈS-VKHHMX. ASS M. le liaron Ballyet, membre de la Société, écrit pour oftiir (le nouveau son concours actif pour les essais d'acclima- tation (jue la Société voudra lui confier et mettre à sa disposi- tion sa propriété deLantilly, dans la INièvre. Des remercîments seront transmis à notre zélé confrère dont les offres bienveil- lantes sont acceptées avec reconnaissance. M. Agron de Germigny adresse des remercîments pour les «raines qui lui ont été envoyées récemment sur sa de- mande. M. Drouvn de Lbuys transmet un extrait du compte rendu des travauxde la Société d'agriculture de Meaux (Seine- et-Marne) pour l'année 'J859, dans lequel 31. le secrétaire de cette Société fait remarquer que M. Plateau a distribué, pour la propager, une excellente espèce de Haricots mange- tout dits Ta-ti-Hou. à rames de h mètres de hauteur, qui sont très bons a manger, et dont les premières graines avaient été envoyées par la Société impériale d'acclimatation, et que M. Verneau a présenté deux tubercules de Pommes de terre de Sibérie, pesant ensemble 820 grammes. On se souvient que l'introduction de cette variété est due aux soins de notre col- lègue M. Victor Cbatel ([ui en remit à la Société, en 1855, un certainnombrede bulbilles. Enfin, M. le Secrétaire delaSociété d'agriculture de Meaux, rendant justice aux efforts tentés par la Société impériale d'acclimatation pour l'introduction de nouvelles espèces de végétaux utiles, signale les essais de cul- ture entrepris, avec le zèle le plus éclairé, par MM. Gavé, Le Pelletier de Glatigny et Verneau pour les variétés de Riz sec distribuées par la Société, par MM. Hotlot, Privault, Le Pelle- tier de Glatigny et Fournier, pour le Sorgho sucré employé comme plante fourragère, et par notre collègue M. le baron d'Avène, pour les Pommes de terre de Sibérie qui lui ont donné d'excellents résultats. — M. le Président de la Société d'agriculture de Melun transmet, à la date du 37 juillet, les notes recueillies à la der- nière séance de cette Société sur l'état actuel de végétation des Pommes de terre de Sainte-Marthe qui promettent, dans certaines localités, une bonne récolte pour cette année. liSIl SOCIÉTÉ IMPÉKIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIM\TATIOK. — M. J. A. Villamus, consul général chargé d'alTaires de France à Quito, Équaleur, fait parvenir à la Société une petite boîte contenant des tubercules de deux variétés, l'une blanche, Pautre, rose de Pommes de terre douces appelées Millocos, à Quito. Ces Pommes de terre croissent naturellement sur le sommet des Andes de l'équaleur, aune hauteur de 12 000 pieds -, un terrain sablonneux et une température froide conviennent à leur culture. Les remerciments de la Société seront transmis à M. Villamus pour cet intéressant envoi. M. Hétet, professeur de botanique à l'Ecole de médecine de Toulon, adresse trois iNotes sur des expériences qu'il a faites cette année au Jardin botani(|ue de Saint-Mandrier. La pre- mière se rapporte à l'éducation faite par lui de Vers à soie des races Acrity et Uelledi, de Syrie, et de celle que M. Uourlier a rapportée d'Orient-, cette dernière race a seule bien réussi, les deux autres n'ont donné aucun résultat. Dans sa seconde Note, M. Hétet constate l'insuccès d'une tentative d'éducation du Ver à soie du Ricin en plein air, les Fourmis et les Guêpes ayant à trois reprises dillerentes détruit en vingt- (juatre heures tous les jeunes Vers déposés sur les Uicins. De cette (expérience, il n'est permis de rien conclure au sujet de la possibilité d'élever ce Ver à soie à l'état libre et en plein air; elle prouve seulement qu'il est indis- pensable de les mettre à l'abri de l'attaiiue des Guêpes et des Fourmis, dans les localités où cos insectes se Irouvent en grand noudjre. Enfin M. Hétet rend conq)le du résultat de la culture de deux tubercules de Pommes de terre duPichinango (Uruguay) ([ui lui avaient été remis par la Société en janvier dernier, et qu'il avait fait planter à la lin de février. Récoltées à la (in de juin, cesPounnesde terre ont fourni une (juarantaine de tiiber- cules de diverses grosseurs et de bonne «lualité.- — A cette occasion, M. Hébert, agent général de la Société, met sous les yeux du Conseil des tubercules des deux variétés envoyées de Sainte-Marthe à la Société, provenant de la cul- ture qui en a été faite par ses soins, aux Rordes-d'Isle- Aumont (Aube). De l'examen de ces produits, il résulte que la iMiocÈs-vEiUîAi \. h^b variété ronde violeltc a mieux réussi (jne la vaiiélé Ijlaiidie; lieux tubercules de la première, piis parmi ceux de grosseur movenne, pèsent 295 grammes. Ce résultat obtenu par une seconde année de végétation, et présentant des tubercules plus développés que ceux qui avaient été envoyés d'Amériijue, semble témoigner d'un commencement bien remarquiible d'acclimatation de cette plante et fait espérer que cette variété aura tout le succès (jue la Société pouvait en attendre. Le Con- seil engage M. l'agent général à continuer ses expériences. M. Hébert rend ensuite compte d'une expérience d'édu- cation en plein air du Ver à soie de TAilante, qui a été laite cbez lui et (|uia réussi au delà de son attente. Les jeunes Vers mis sur les arbres à différents âges, les uns (les plus avancés) après leur seconde mue, et les autres deux jours après leur éclosion. ont également bien supporté les orages les plus vio- lents, sans qu'il eût à constater une perte de plus de (5 sur 1 00. Les cjcons provenant de cette éducation, pour huiuelle aucune précaution spéciale n'avait été prise ni contre les oiseaux ni contre les insectes ou les intempéries de la saison, sont remar- quables par leur grosseur et leur fermeté. — M. le Président présente un échantillon de miel du mont Hymète offert à la Société par M. Gaultier de Claubry, qui l'a reçu de l'un de ses fils, membre de l'École française d'Athènes. Des remercîments seront adressés à M. Gaultier de Claubry. — S. Exe. IM. le ministre de l'Algérie et des colonies adresse à la Société un exemplaire de l'Atlas destiné à être joint à la Notice minéralogique de M. Ville sur les provinces d'Alaer et d'Oran. Des remercîments seront transmis à 31. le ministre. Pour le secrétaire du Conseil, absent, Le Secrétaire des séances, AUG. DUMÉRIL. hS6 SOtilÉTli IMl'ÉlilALI': /UULUGIQLI' DACCLIM AT.VTIO^ . IV. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. L'heureuse arrivée au Brésil du troupeau de Chnmcaux, donl la Sociélé avait reçu la nouvelle le 6 scptcnibre, par une lelirede M. liesse (voyez le Bulletin, numéro de scpicmbre , p. /io8), vient (Fèlre conlirmée par la lettre suivante de M. Vogeii , vétérinaire français au service du Brésil, chargé par la Société de surveiller le transport de Chameaux. Celle If lire est parvenue à M, le Président le 11 octobre. Rio lie .lancii'o, 7 st-plenibre 1859. Jlonsiour le Président, .l'ai l'honneur de vous annoncer que les quatorze Ciiameaux donl la conduite m'avait été confiée sont arrivés le 19 juillet dernier au Ceara. Ces animaux avaient été embarqués à Alger le 18 juin précédent, et le Irois-màts le Splendidc, sur lequel ils avaient été cliaigés, avait quitté ce poit le 21 juin. I.a traversée a donc été de viuïft-huit jours. Les Chameaux l'ont parfaitement supportée quoiqu'elle eût été assez pénible pendant cinq ou six jours, immédiatement après notre sortie du détroit de Cibraltar et jusqu'à la hauteur des Canaries. Ces quatorze bétes sont loiiles arrivées à destination dans l'état le idus satis- faisant, et sans qu'il se soit passé à bord rien de bien notable. Leur (bdiarquemeiit à Fortalezza, bien que présentant d'assez grandes difficultés, a eu lieu sans le moindre accident. Ces bons résultats sont en grande partie dûs à l'extrême bonne volonté ilu capitaine et dcsolTiciers du Splendide et aux soins intelligents ([u'ils m'ont aidé à donner à notre cargaison. Je suis arrivé à llio le 2.") août, et c'est seulement par ce courrier que j'ai pu vous annoncer l'heureux résultat de l'expédition. Les petits soucis inhérents au débarquement et à l'installation, et plus encore l'impos-ibité de voir M. le Mini.stre de l'Empire, m'ont emiiéché de terminer tout ce qui est relatif à cette all'aire. C'est seulement par le courrier d'octobre, arrivant en France en novembre, qu'il me sera permis de vous transmettre la copie du journal tenu par moi à bord, et le rapport dont parlent les instructions que j'ai reçues. J'aurai donc l'honneur de vous écrire le mois prochain, et je vous prie de croire. Monsieur le Président, qu'il n'a pas tenu à moi que tout ce que je vous armonce pour novembre ne vous parvînt un mois |)lus tôt. Veuillez agréer, etc. FÉLIX VOOKI.I. — Le Conseil a aussi reçu la nouvelle de l'arrivée, en bon état, du petit troupeau de Moutons Craux de Mauchamp, envoyé par la Sociélé à S. M. le Hoi d'Espagne, sur la demande faile, au nom de ce souveiain, par le délégué de la Société à Madrid, M. Graells. M. Hébert, agent général de la Société, avait bien voulu se charger de surveiller lui-même l'expédition de ce troupeau , et d'en faire la remise à M. le Consul d'Espagne à Marseille. Une Icltrc de M, Hébert a fait connaître que cette remise avait eu lieu le 5 octobre, et une di'pèche Ich'^îraphique adressée de Madrid par M. Graells, en date du 15 octobre, a informé la Sociélé que le troupeau était parvenu eu bon état à sa destination. lAiis iiiviiiis. /|87 — La Société a reçu, pendant le mois d'octobre, pliisiours dons précieux. Nous reproduisons, par ordre de dates, une partie des lettres qui les ont annoncés à la Société. Ces lettres sont de nos confrères MM. Le Long et Kœnig-bey, et de M. le capitaine de vaisseau Hippoiyle Pichon. Extrait de la lettre de M. Lk Long, membre de la Société, annonçant le don de plusieurs oiseaux. I^arana, 25 août 1850. Monsieur le Président, J'ai retardé l'envoi des animaux dont je vous ai entretenu dans mes précé- dentes lettres, parce que j'avais perdu le Hocco mâle, espèce Paraguay dont la chair est parfaite. J'ai eu beaucoup de peine à me procurer le mâle qui fait partie de cet envoi, parce que dans le pays môme les mâles sont infiniment plus rares que les femelles, ce qui est cause qu'on exige un prix sept fois plus élevé que pour celles-ci. L'autre espèce (Pénélope) se nomme Paro del monte, espèce de Faisan d'une cliair très délicate. Cet oiseau est assez abondant dans le Grand Chaco, mais pour l'obtenir en vie, il faut le prendre très petit. Sauf le Hocco mâle, j'ai ces oiseaux depuis quatorze mois. Quoique presque toujours en cage, ils se sont bien portés, sont tout à fait domestiqués et ont par- faitement passé deux hivers, l'un à Corrientes et l'autre à Buénos-Ayres (le dernier). I.a température de cette ville est à peu près celle de Nice. Ces oiseaux se nourrissent de graines, entre autres de maïs. Ils préfèrent cependant le pain trempé dans de l'ea\i. Veuillez agréer, etc. J. Le Long. Les deux Hoccos et les deux Pénéiopes, annoncés par M. Le Long, ont été expédiés de Buénos-Ayres par le brick de commerce k Saint-Françuis, dont le capitaine, M. Frémoiit,a bien voulu veiller à ce qu'ils reçussent tous les soins nécessaires. Grâce à ces soins, les quatre oiseaux sont arrivés vivants au Havre. M. Quesnel, armateur, auquel ils avaient été adressés, les a immédiatement fait parvenir à la Société. Extrait de la lettre de S. Exe. Koenig-bey, membre de la Société, annonçant deux Moutons de l'Yémen. Alexandrie, le 7 septembre 1859. Monsieur le Président, J'ai l'honneur de vous prévenir que je viens d'expédier par ce paquebot à M. Noël Suquet, directeur du Jardin zoologique de Marseille, un Bélier et une Brebis de l'Yémen, que je viens de recevoir de Djeddah, et dont je désire faire hommage à la Société impériale d'acclimatation. En les adressant à notre hono- rable confrère, je l'ai prié de leur donner asile dans le Jardin zoologique jusqu'à décision ultérieure du Conseil. On m'a assuré que la Brebis fournit un lait abondant et d'excellente qualité. Veuillez agréer, etc. Koenig-Bey. Notre honorable confrère M. Suquet a été invité à faire au Conseil un rapport sur les animaux envoyés par M. Kœnig-bey, auquel la Société avait déjà dû plusieurs dons intéressants. /i88 suciKiL iMi'KiUAi.i': z(H)Loii:(jii. d acclimatation Extrait de la lettre de M. le capitaine de vaisseau IIu'I'Olvte ITCIION, annonçant le don d'un Giianaco ou Lama sauvage femelle. Brest, le 7 octobre 1850. Monsieur le Président, De retour en France et tout récemment, d'une longue campagne dans le Paci- fique et rOcéanie, j'ai rhonncur de vous faire connaître que j'ai rapporté un Guanaco femelle, de fort belle apparence. Le Iiaut prix que mettent les Anglais de Sidney à se procurer au Pérou et au Cliili des sujets de l'espèce, me fait supposer que le parti que l'on pourrait tirer de leur linè toison n'est i)as absolument étranger à l'intérêt qu'ils attaclient à acclimater ces animaux chez eux et dans leurs possessions coloniales. Aussi voudrez-vousbien m'excuser, Monsieur, si je prends la liberlé de recourir à votre obligeant intermédiaire pour faire agréer en mon tH)m, à MM. les membres de la Société savante (pie vous présidez, riiumble tribul que je viens otfrir à votre précieuse colleclion; le nouveau sujet qui lui est ainsi destiné est, je crois, arrive au terme de sa croissance; il était jeune encore quand je les ai pris au Chili, en mai 18.'jS. Depuis lors il a navigué sans cesse sur le pont de ma cor- vette', vivant des mêmes vivres que l'équipage et du grossier fourrage destiné aux bestiaux. Nous avons souvent passé en quelques semaines, des zones interlropi- cales aux climats rigoureux tels que ceux de la haute Californie et du cap Horn; noire r.uanaco n'a jamais accusé de malaise, et a fait les délices de imn équipage par ses gambades extraordinaires et sa gaieté. Si ma proposition est acceptée, soyez assez bon, Monsieur, iioin- faire connaître votre décision à son éganl, à M. j'ogham, dirccleurdu Jardin botanique de P.resl, en voulant bien lui indiquer aussi le mode et les moyens d'expédier; il s'empres- sera de se conformer à vos intentions. Veuillez agréer, etc. Hip. Pichon. Le bureau s'est empressé de se mettre en rapport avec M. Pogliam, et aussi avec M. le commanda m (îeofl'roy, membre de la Sociélé, en résidence à Brest, cl avec M- Delaroche . membre délégué de la Société au Havre. Grâce aux mesures prises par MM. logham, Ceodioy et Delaiociie, le Guanaco est arrivé en bon état au Havre, puis à Paris, il a été provisoire- ment placé à la .Ménagerie du Muséum d'Iiisloire naturelle, en société avec un mâle de la môme espère que pos.sède cet élablissemenl. La Société n'avait encore que des Lamas domestiques. — La Société s'est enricbie aussi par la naissance de plusieurs animaux issus de ceux qu'elle avait précédemment reçus en dons, entre autres d'ime des grandes Biches du Malabar {('ermis JrisJo Trad du V. Gaubil, in-Zi, 1770, p. 175. ORIGINES DES ANIMAUX DOMESTIQUES. !\97 les travaux de la f^uerre comme dans ceux de la paix. La domestication du Cheval remonte de même très haut chez les Perses : l'antique Zend-Avesta, et en particulier le Vendidad, ne nous laissent pas plus de doute pour les peuples en deçà de rindus que les Vedas pour les Indiens. L'Ane passe généralement pour moins anciennement domes- ti(jué que le Cheval, et nous n'avons aucune objection à éle- ver contre cette opinion, que nous regardons comme vraisem- blable, mais rien de plus. Ce qui est certain, c'est que nous trouvons l'Ane soumis aussi à l'honmie depuis la haute anti- quité; mais non plus aussi généralement que le Cheval, et surtout moins loin en Orient. C'est particulièrement dans le sud-ouest de l'Asie et en Egypte que l'Ane est de bonne heure domestique. Peut-être même l'est-il ici avant le Cheval. Si les monuments égyptiens qui portent également les figures de Tune et de l'autre ne nous apprennent rien à cet égard, la Bible est très explicite en faveur de f antériorité de l'Ane, comme déjà nous l'avons fait remarquer (1) : à partir du voyage d'Abraham en Egypte ('2), l'Ane figure presque à chaque page dans les récits de la Genèse; il n'y est question du Cheval qu'à l'époque de Joseph. Si l'Asie centrale et orientale, d'une part, le sud-ouest de l'Asie et le nord-est de l'Afrique de l'autre, sont les régions dans lesquelles le Cheval et l'Ane ont été primitivement ou principalement domestiqués, nous sommes conduits, par une induction légitime, à chercher dans ces mêmes régions les patries originaires de nos deux solipèdes. Or c'est précisément là que nous les trouvons établis de temps immémorial : le Cheval sauvage habite l'Asie centrale, particulièrement la Tar- tarie- et l'Onagre s'étend de l'Asie jusque dans le nord-est de l'Afrique (3). Il est vrai que des animaux domestiques viennent (1) flist. nat. gén., Introd. histor., p. h et 5. (*2) Ln Genèse, xu, 16, cite l'Ane comme un des animaux donnés â Abi'iilianl on Egypte. (3) Ce point m'ayant éié contesté par mon savant ami le prince Ch. BOivA- PAUTE (dans les Compt. rend, de l'Acad. des se. , t. XLl, p. \'2Û0), j'ai ras- seml)lé [lbid.,\}. 1221), plusieurs témoignages historiques qui établissent l'existence de l'Ane sauvage en Afrique depuis l'antiquité jusqu'à nos jours. Z|98 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE u'.VCCLIMAT.VTION. paribis tecriiler les Iroupes sauvages ; mais rien n'aulorise à croire qu'elles n'aient pour origines, conmie on Fa supposé, que des Chevaux el des Anes échappés. Ajoutons que la situation des lieux où sont le Cheval et TAne sauvage con- corde parfaitement avec ce que nous savons de la distrihution géographi(jue de l'ensemble des solipèdes : c'est l'Afrique qui est, sans exception, la patrie des espèces zébrées; l'Asie, de celles qui ont le pelage uniforme (1). Où donc, à ce point de vue encore, devons-nous chercher les patries primitives du Cheval et de l'Ane, si ce n'est précisément où nous venons de les trouver? Le Cheval, de couleur uniforme, est asiaticjue; l'Ane, intermédiaire entre les espèces concolores et les espèces zébrées (2), est aussi intermédiairement placé, partie en Asie, partie en Afrique. II. Tandis que le Cheval et l'Ane appartiennent à un genre propre, dans l'état de nature, à l'Asie et à l'Afrique, nos autres herbivores domestiques se rapportent a des genres communs aux trois parties de l'ancien continent. Comme nous avons le Cochon, la Chèvre, la Brebis et le Bœuf dans nos demeures, nous avons le Sanglier dans nos forêts, le Bouquetin et le Mouflon dans nos montagnes ; et si l'Aurochs ou Bison d'Eu- rope n'est plus, comme au temps de César, dans la forêt Her- cynienne, il se retrouve encore en Liihuanie et en Moldavie. Sont-ce là de simples rencontres ? Ou aurions-nous encore, réunis dans notre Europe, les ascendants sauvages et les des- cendants domestiques ? (1) Depuis que j'ai appelé raltention sur ce fait général {Sur le genre Cheval, et spécialement sur l'Hémione dans les Nouvelles Annales du Mus. d'hist. nat., t. IV, p. 98, 1835), la découverlede la nouvelle espèceque j'ai fait connaître sons le nom d'Iléniippe {Equus hemippus) est venue fournir un exemple de plus. L'ilémippe, qui est comme le Ciieval et i'ilémione, de couleur uniforme, esl, comme eux, propre à PAsie. (Voy. \esCompt. rend, de l'Acad. des sciences, t. XLI, p. 1214 ; 1855.) (2) L'Ane sauvage n'a pas seulemeat la croix, qui est un commencement de zébrure : il aie bas des jambes zébré, ainsi qu'on peut le voir sur l'Onagre de la Ménagerie du Muséum. ORIGINES DES ANIMAUX DOMESTIQUES. A99 Cette dernière supposition a été admise avant tonte étude scieiitifKiue, et les norns mêmes du Bouquetin (1) et de l'Au- rochs (2) en fou t foi . Les naturalistes eux-mêmes, jusqu'au milieu du xviii'' siècle, n'ont pas hésité à conclure ici comme le vul- gaire. Ils ont jugé qu'il n'y avait pas lieu d'aller chercher au loin les ancêtres de notre hétail, quand nous avons autour de nous des animaux qui lui sont si semhlahles; et sans discuter la question, on Ta tranchée. Le Bouquetin des Alpes et l'Au- rochs de Germanie ont été déclarés les pères des Chèvres et des Bœufs ; et si ces erreurs, rectifiées l'une par Giildensladt et par Pallas, l'autre par Cuvier, ont disparu de la science, le Sanglier de nos forêts et le Mouflon de Corse continuent à y être dits les ancêtres des Porcs et des Moutons domestiques. On a peine à concevoir que ces prétendues filiations aient pu être si longtemps acceptées, malgré les démentis que leur donnait l'histoire. Comment l'Occident, s'il a été peuplé et civilisé après et par l'Orient, aurait-il été le lieu des premières domestications? Et si c'est en Orient que ces domestications ont été accomplies, comment les races d'abord soumises à l'homme auraient-elles pour ancêtres des espèces de l'Occi- dent? L'un et l'autre sont également impossibles, et c'est mani- festement faire couler le fleuve vers sa source, que de faire descendre tout le bétail de l'antique Egypte et de l'Asie anté- historique des animaux de notre jeune Europe. Nous nous associons donc pleinement, au moins d'une ma- nière générale et sauf quelques restrictions partielles, aux efforts déjà faits par plusieurs auteurs pour démontrer l'origine orientale, et surtout asiatique, du Cochon, de la Chèvre et du Mouton; et aussi, comme nous le montrerons ailleurs, du Chat et du Chien (3). Nous croyons même pouvoir aller au delà, et restituer à l'Asie le Bœuf; le seul entre tous les ani- (1) Bouquetin n'est qu'une forme corrompue du mot germanique Bock- stein, OH mieux, Steinbock (Bouc des rocliers). (2) F,n allemand, Urochs, et plus ordinairement, Auerochs (Bœuf pri- mitif, originel). (3) A ces quadrupèdes peuvent être ajoutés trois autres animaux très anciennement domestiqués, la Poule, le Pigeon et le Ver à soie. 500 SOCIÉTii I.Ml'ÉniALK ZOOLOGIQL'E d'aCCLIMATATIOIV. mau\ très anciennement domestiqués, dont l'origine orientale fût restée généralement méconnue. III. C'est Link qui a, le premier, insisté sur Torigine orientale du Cochon (1), mais d'après des arguments fort contestables. D'Aristote à Pline, et de Pline à Cuvier, on avait toujours vu dans les races porcines des dérivés du Sanglier d'Europe. Link, et après lui Dureau de la Malle, les font descendre d'un Sanglier oriental; perse et égyptien, selon Link; indien, selon Dureau ; et qui est, disent-ils, d'une autre espèce (2). Il y a, en effet, en Orient, des Sangliers différents du nôtre, mais par des caraclères d'une si faible importance, que la diversité spé- cifique de ces animaux c st loin d'être généralement admise. Blainville lui-même, qui a fait une étude très attentive de tous les éléments de la ([uestion, dit n'avoir pu saisir, entre le Sanglier de l'Europe et celui de Tlnde, « aucun caractère d'espèce » (:î). Il n'y a donc pas lieu de rapportera l'un plu- tôt qu'à l'autre nos races porcines, qui sont, les unes également voisines, les autres également distantes du Sus scrofa et du .S", indiens. Mais où l'Histoire naturelle nous laisse indécis, riiistoire nous permet de nous prononcer ; car plus nous nous portons vers TOrient, plus nous trouvons bî Cocbon ancien- nement domestiqué. La Grèce l'a possédé avant l'Europe occi- dentale, comme le prouve, sinon Y Iliade., où le Cochon est à peine indiqué, du moins VOdi/ssée, où il figure à plusieurs re- prises. Et il existait à une époque bien [)lus reculée en Orient; témoin, pour l'Asie occidentale, les prohibitions du Deutéro- nome, et pour la Chine, divers passages de l'antique C/ion- king (h). Selon le premier de nos sinologues, la domesticité (1) Klie avait (''tt-enlrcviip paiZnniKRMAiSN, /oc. cit., p 151 et suivantes. (2) Li.NK, Die i'rirclt, traduct. franc., t. It, p. 299. — Dureau uk la Malle, Économ. polit, des Romaiîis, t. II, p. 137; Irt-s certainement, d'après Linli, quoique Bureau ne le dise pas. (3) Ostéoijraphie, Des Cochons et Sangliers, p. loO. (6) Voyez Hist. nnt. gén., Introduction, p. 10. C'est, au coniraire, en vain que j'ai clieiclié le Cochon dans les Xcickas et OUIGIiNES DES AMMaLX DO.MKSTIUU! S. 501 (lu Cochon dans l'exlrème Orient daterait au moins de quarante- neuf siècles (1) ! Nos Sangliers d'Europe ne sont donc pas les pères des Cochons de l'Asie et de TEgypte ; et ce sont, au contraire, les Cochons de l'Europe qui descendent des Sangliers de TAsie. 3Iais les races porcines ont-elles toutes cette même origine? Les Cochons de TOcéanie, par exemple ceux des îles de la Société, ne sont-ils aussi que le Sanglier d'Asie modifié? Question insoluhle, tant qu'on ne connaîtra pas mieux, et les races océaniennes, et \esSns sauvages de la Nouvelle-Guinée et de Célèhes : espèces propres à ces îles, selon plusieurs auteurs; simples races sauvages, issues de Cochons domes- li(|ues, selon d'autres, et particulièrement selon Blainville (2). IV. L'antique existence de la Chèvre et du 3Iouton chez les peuples orientaux n'est pas plus douteuse que celle du Cochon. La Genèse mentionne dès ses premières pages le Mouton, bientôt après la Chèvre (3). Tous deux sont nommés dans leZe/^r/- Avesta et dans les Védas, et représentés sur les monuments de l'Egypte, où l'on voit même parfois des individus très moditiés. Le Mouton est de plus cité dans le Cliou-king. En sorte que, dès la plus haute antiquité, nous voyons la Chèvre répandue de l'Egypte à l'Inde, et le Mouton dans tout l'Orient, la Chine comprise. La Chèvre ne descend donc pas d'un de nos Bouquetins, ni le Mouton de notre Mouflon d'Europe, comme l'avait cru dans les Védas. — Le Cochon paraît avoir existé très anciennement en Egypte. (Voyez Hérodotk, Euterpe.) (1) Stanislas Julien, note communiquée à Blainvu-le, voy. VOstéogr., loc. cit., p. 163. — On trouve dans VOstéogr aphie plusieurs autres preuves de ranliquilé de la domestication du Cochon en Orient. Blainville croit que cetle domestication a d'abord eu lieu en Mésopotamie; mais rien nejusiilie la désignation de celle contrée, de préférence à d'autres plus orientales. (2) Loc. cit. , p. loi. [o) Pour le Mouton, chap, iv : Abel pastor ovium, lit-on au 2' verset. Voy. aussi chap. \ii, Ki, et xiii, 5. — Pour la Chèvre, chap. xv, 9. 502 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGlQUIi d' ACCLIMATATION. Bud'on (1), et comme on Va répété jusqu'à nos jours, ([uoiquc Pallas eût, depuis longtemps, relevé ces erreurs (2). Les faits de THisloire naturelle concordent ici avec les données de Thistoire, et confirment les conclusions auxriuelles celles-ci conduisent. Ils ne le font toutefois, à l'égard des races ovines, que d'une manière générale; nous montrant dans rOrient plusieurs iMoullonsdont ces races se rapprochent autant que de notre espèce, mais sans qu'elles se rattachent à aucun d'eux en particulier par une similitude plus marquée de caractères. Nous n'avons d'ailleurs sur ces Mouflons orientaux, foi-t difficiles à distinguer entre eux et à caractériser par rapport à ceux d'Europe, que des connaissances très insuffisantes. Aujourd'hui, con)me il y a trente ans, nous croyons prématurée toute tenlalive de détermination spécili(|ue de la souche ou des souches des Moutons. Nos races ovines sont originaires d'Orient; c'est à peu près tout ce que nous pouvons en dire. V. La question est moins obscure à l'égard des Chèvres. Nos races caprines descendent certainement, au moins en grande partie, de la Capra œgagrus, des montagnes de la Perse et de l'Asie Mineure; ce (|ue Gïddenstadt, Pallas, et, d'après Pallas, Cuvier, avaient déjà admis et rendu très vraisemblable (3) ; et ce que notre célèbre confrère M. lîrandt a achevé de déuionlrer dans un mémoire spécial, où il indique en même temps, commet (1) llisl. nat., t. XI, p. 363, pour l'origiae des races ovines, cl l. XU, p. l/i9, pour celle des races caprines. (12) Jbid., p. 16etZ|3. Voy. A. PiCTET, Origine}! indo-europ.,t. I, p. 357 et 365, pour les anciens noms asiatiques du Mouton et de la Clièvre. Ces noms sont venus en Europe, avec les animaux qui les portaient. Ovis, Capra (par conj-cquenl Checre), et surtout Bock, Bouc, etc., sont des formes de ces noms priniitils. (3) Voy. GOELDENSTAEDT, Novi Comment. Acad. Petropolitanœ, t. XX (1776), p. 452. — Pallas, Spicil. zooL, Fasc. XI, p. /i3, et Zoograph., t. I, p. 226. — Cuvier, licgn. aniin., t. I, l"'-' (îdil., |). i;65 ; 2" édit., p. 275. Voyez aussi Ménag. du Mus. Les individus ligures par Cuvier ne sont pas des Égagres purs. OHIGINKS DES AMMAUX DOMESTIQUES. 503 seconde souche^UCapraFalcotieriàes montagnes dellnde(l). Grâce à la diversité très caractéristique des cornes dans les espèces sauvages, il y a ici des éléments de détermination qui circonscrivent du moins les incertitudes dans un champ très étroit. Les cornes, comprimées, carénées, chez lEgagre et la Copra Falconeri ont, au contraire, chez les autres Bouquetins, leur face antérieure élargie, ordinairement avec des bourrelets transversaux : deux types non-seulement différents, mais oppo- sés. C'est ce dernier que présentent nos trois Bouquetins d'Europe-, c'est le premier que reproduisent les Chèvres do- mestiques, souvent avec de semblables courbures. Les carac- tères ostéologiques, parfois même les couleurs du pelage, rap[)rochent également les Chèvres de l'Egagre. C'est donc celui-ci qui est le père de nos races caprines; et s'il n'en était pas le seul père, ce ne serait nullement en Europe, mais dans l'Inde, qu'il faudrait chercher une seconde souche. D'où il suit que nous pouvons dire la Chèvre, non-seulement d'origine orientale, comme le Cochon et le Mouton; mais, en termes plus précis, d'origine asiatique, comme le Cheval, et, ainsi que nous allons le voir, comme le Bœuf. VL Les arguments sur lesquels nous nous sommes fondé pour (1) Considérations surlaC. aegagrus de Pallas, souche delà Chèvre do- mestique, dans le BuUet. de la Soc. iiiip. d'accliin., t. Il, p. 565, 1855; mémoire reproduit par M. Tchih4TCHIi:ff (qui l'avait traduit en français d'après le manuscrit allemand), Asie Min., Zoologie, p. G70, in-18, 185i. M. Brandt pense que l'Egagre est la souche principale, mais non absolu- ment unique, de nos Chèvres domestiques. Il est porté notamment à voir dans la Chèvre d'Angora (produite, selon Pallas, par le croisement du Mou- ton avec la Chèvre) une race issue de la Capra Falconeri. Cette opinion a été admise par notre savant confrère M. Sacc, Essai sur les Chèvres, dans le Bull, de la Soc. d'acclim., t. III, p. 563, 1856. N'ya-t-il pas à faire à la C. Falconeri une plus large part dans la filiation des Chèvres? Sa patrie plus orientale et sa ressemblance avec quelques-unes de nos races autorisent à le penser, ou, pour mieux dire, dans l'état pré- sent de la science, ;i le conjecturer. Sur l'origine des Chèvres domestiques, voy. outre les auteurs déjà cilés, KODLIN, art. DaimdnDict.univ.d'Hist. nat.,l. IV, p. 578; iHUli. bOll SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIUUK d'aCCLIM.VTA'I ION. étendre cette conclusion au lîœuf(l) sont encore empruntés, les uns aux témoignages de l'histoire, les autres aux faits de la zoologie, mais, nous le reconnaissons, à des témoignages qui restent parfois incertains, et à des faits encore incom- plets. Si nous ouvrons, encore une fois, la Genèse, le Zend- Avesta, les Védas, les Kings, nous y voyons le Bœuf associé partout au Cheval et au Mouton, dès l'origine de la civilisation. Mais de ces antiques sources ne nous viennent ici que des enseignements incomplets. Sont-ce hien des Bœufs du même sang que les nôtres, qu'Abraham recevait en don des Egyptiens (2) • que les anciens Perses nourrissaient, par grands troupeaux, avec un soin religieux (3), et que les Chinois atte- laient, il y a plus de quarante siècles, pour les travaux de l'agri- culture et pour le service des armées? Sont-ce hien des Bœufs ordinaires qui traînaient les chars des Indiens et leur ser- (1) Domestication des animaux iitilcs, p. 125. — Simple résumé de vues souvent exposées dans mes cours. Mou savant confifirc et ami M. Joi,y les a, non-seulement le premier adoptées, mais confirmées par des aigiimenls nouveaux. — Voy. Note sur la patrie primitive du Bœuf domestique, dans le Journal d'ayriculture pratique de Toulouse; 3° série, t. IV, p. 5, 1853. Les arguments employés dans ce travail sont lires de la linguistique com- parée. M. Joly établit que les noms européens du IVcuf sont d'origine asia- tique, et, par conséquent, sont venus d'Asie avec les aidmaux qui les portaient. M. A. PiCTET, loc. cit., a depuis traité la même qncsiion dans le même sens, mais d'une manière beaucoup plus étendue, selon h; plan général de son ouvrage (voy. p. ooO ù 3io). (2) Geii., XII, IG. C'est la première mention du Bœuf dans la Genèse. Quelques auteurs veulent que Noé eût déjà possédé des Bœufs; car, selon la Genèse, ou plutôt selon l'interpréiation qu'en font ces auteurs, Noé la- bourait. Mais le labourage n'implique pas la possession du Bœuf; le Bélier a été attelé à la charrue dans Tanlique Egypte. 1,'liomnie a aussi lui-même traîné la charrue. En outre, la Genèse ne dit même pas (|ue Noé labourait, mais qu'il travaillait à la terre, exercebat terram (cap. ix, 5). (3) On trouvesouvent, dans le Zend-Avesta, des recommandations faites par Ormuzd, ou en son nom, en faveur desBanifs. Voici, connue e\emii|p, une des plus brèves : « Oue vos troupeaux de Bœufs soient en bon état! > (Trad. d'ANQUETiL-DuPERRON, t. 1,2' part., p. /|06.) OKIUINKS DES AMMaU.V UUAlKSTlUUliS. 5UÔ vaieni de a coursiers » (1)? et ces « nourrices chargées de » lait, à la mamelle lourde et traînante, » que célèbre l'antique Rig-Véda (tî), sont-elles les ancêtres de nos Vaches? Nous ne saurions l'affirmer. Des passages, tous très courts et vagues, que nous avons trouvés dans les anciens livres de l'Asie, quelques-uns peuvent se rapporter, sinon au Buffle, du moins au Zébu ou Bœuf à bosse ^ et comment faire ici le par- tage entre le Bœuf ordinaire et le Zébu? Chose impossible, au moins pour nous, si nombreux ([ue soient les passages que nous avons recueillis dans ces livres, et surtout dans ieZend- Avesta. Mais il est d'autres preuves, et celles-ci décisives, de l'exis- tence du Ba>uf en Orient. D'une part, on a sur le dieu Apis des témoiii'nages précis qui permettent de reconnaître en lui un véritable Bœuf, et non un Zébu ; et de l'autre, nous trou- vons le llœuf domestique représenté, et ici sans incertitude possible, sur les monuments de l'Egypte et sur ceux de l'Assyrie (3). Les peuples de ces deux pays possédaient d'ail- leurs aussi le Zébu, ou du moins le connaissaient; mais il est indubitable qu'il était alors, et bien plus tard encore, beau- cou[) moins répandu en Orient qu'il ne l'est de nos jours. Héro- dote qui avait voyagé en Orient, Aristote qui connaissait si bien l'Egypte, la Perse et l'Inde, parlent à plusieurs reprises (1) liig-Véda, sect. III, lect. vi, hymn. xiv, irad. de Langlois, I. II, p. 1G9. — Oh attelait aussi les Vaches. (2) Jiid., sect. III, lect. m, hymn. xvi, p. 87. — Ce passage csl le plus remarquajjle de tous. L'appareil mammaire était donc, dès lors, hyperlro- pljié comme dans nos races actuelles; et, par conséquent, la domesticité remontait à une date déjà reculée. (3) Pour les anciens peuples de l'Asie centrale et orientale, qui ne nous ont pas laissé de monuments ligures, il est un aulre genre de témoignages qui peut nous conduire, non avec la même certitude, mais avec vraisemblance, à une semblable détermination. Dans l'ouvrage, déjà cité, qu'il vient de pu- blier sur les Aryas, M. A. Pictet donne la longue série des noms sanscrits et zcnds du Bœuf, avec le sens étymologique de chacun de ces mots. iNoiis venons de faire le dépouillement de ces mots, et voici ce ([ui en résulte : de ces noms, les uns se rapportent au beuglement, comme le sanscrit fjo {gii, ljaus),el le zend gao, d'où viennent la plupart des noms européens, Pcù;, T. VI. — >o\einbrc 1859. oo 006 SOCIETK IMPEIUALE ZUULOGIQLl!; UACCLlMA'i ATION. (les liœufs de rOrient et des parlicidarités de leur organis.i- tion, jamais de leur bosse (Ij. Le Bœuf sans bosse, le Bos Taurus, a donc éU' domestiijuê très anciennement dans TOrient; et c'est là le fait capital. Que la domestication du lîœuf date de Tépoquedu Ch.ou-king et du Rig-Véda, ou de quelques siècles plus tard; qu'on Tait pos- sédé depuis l'Egypte jusqu'à la Chine, ou seulement de rÉgvpte à TAssyrie, la conclusion est la même : c'est en Orient que doit être cherchée sa patrie originaire. Non cependant comme renlendail Aristotc i'ï). Selon hii, TArachosie « nourrissait un Bœuf sauvage, di lièrent du Bœuf » domesti(|ue, comme le Sanglier diflère du Cocbou. » Mais ce Bo'ul' sauvage était 1res robuste, à cornes renversées, à pelage Bos, Bœuf, et aussi Kuh, Cow, etc. D'autres exprimenl l'idt^o de force, comme le sansciil sthira, d'où, dans la plupart di's lanfîiies oiuopéeiines, le nom du Taureau, reconuaissable siirlout dans l'allemaïul Slier. D'autres encore rappellent la |,'randeur, la douceur, la soumission h Tliomme, la fé- condité de la Vaclic, etc. Si bien que l'ensemble de ces noms donne, eu quelque série, le résumé complet de toutes les qualités de l'espèce bovine. Si le Zébu eût été alors le lîoMif le |)lus répandu en Orient, un caractère distiiiclif aussi remarqua i)le que l'existence d'une bosse n'eiU-il pas été rappelé aussi par un des nombreux noms sanscrits ou zends? (1) l'our UÉRODOTK, voy. surtout Liv. U. III et V. Je ne trouve pas davantage le Zébu dans Éi.iENct dans Athénkk, locis cit. Au contraire, Pline, lih. VIII, lxx, mentionne son existence en Syrie et en Carie. Ouant à Aristote, il y a, il est vrai, à la lin du l.iv. VIII, chap. xvin, un passage ambigu où quelques commentateurs, substituant Ay.u.'Kix;, h propre- ment parler fo»r^!/i7'S, plis (et non bosses, comme on a traduit), à /."'-Ta;, crinières (qu'on trouve dans la pliq)art des éditions), oui cru reconnaître le Zébu. Mais cette interprétation est inadmissible; car elle ne saurait être vraie du Bœuf sans l'être aussi du Cliameau, qu'Aristote associe, dans ce passage, au Bœuf. Or, Aristote n'a pu dire que le Cliameau pour lequel la gibbosité dorsale est un caractère spécilique et même générique, pré- sente, en Syrie, cette particularité qu'il porte une bosse sur le dos. Aristote dit d'ailleurs formellement, dans un autre passage, Liv. Il, i : « Une chose qui n'appartient qu'au Chameau, entre tous les nuadrupèdes, » c'est qu'il a une bosse sur le dos. » ( l'rad. déjà citée de Camus, p. 59.) Donc Aristote ne connaissait pas le Zébu. (•2) Liv. Il, i. OUIGliNKS DES ANIMAUX DOMKS'IIQLKS. 507 noir : caractères d'après lesquels il est facile de reconnaître le Buffle. Non pas, non plus, couïme Cuvier Fa un instant, nous ne dirons pas admis, mais conjecturé, au commencement de notre siècle. Le Bœuf, disait alors Cuvier, pourrait bien être un « rejeton » du Zéhu, et celui-ci, à son tour, descendre de l'Yak (1). Conjecture inadmissible, même à cette époque, comme Cuvier lui-même Ta bientôt reconnu ; on ne la trouve pas même rappelée dans ses ouvrages ultérieurs, où le Bœuf est dit par lui, comme pnr Bufîon, d'origine européenne. C'est, du reste, le seul point sur lequel Cuvier s'accorde avec ses de- vanciers. Buflbn (2), et d'après lui Pallas (3) et tous les natu- ralistes modernes, avaient vu dans le Bœuf im Aurocbs modi- fié; Cuvier veut, au contraire, qu'il descende d'un « animal anéanti par la civilisation », mais dont les ossements fossiles., très peu rares dans les terrains d'alluvion, attestent l'antique existence sur notre sol. De ces deux origines, la première est depuis longtemps rejetée. L'Aurocbs est, aujourd'liui surtout, trop bien connu pour que l'opinion de Bulfon puisse conserver un seul parti- san. Pour ne citer qu'un des caractères qui séparent ce Bœuf sauvage des Bœufs domesti(iues, il a quatorze paires de côtes. Nos races bovines eu ont treize, comme la plupart des rumi- nants. L'Aurocbs, malgré son nom consacré par l'usage, n'est donc par VUrochs, le Bœuf primitif . Les Bœufs fossiles décrits par Cuvier sont beaucoup plus voisins que l'Aurocbs de nos Bœufs domestiques; mais ils le sont moins que Cuvier ne l'avait cru. Son disciple et collabo- rateur Laurillard a fini, abandonnant lui-même l'opinion du maître, par regarder comme « probable » que « ces Bœufs (1) Ménag. du Muséum, ait. Zébu. fi y a, dans cel article, à côlé de ces conjectures plus que hasardées, des notions très exactes sur les caractères des Bœufs, et une idée qui, sans être nouvelle, pouvait passera ciMte époque pour très avancée : celle de l'origine asiatique de la plupart des animaux domestiques. (2) Hist. liai., t. XI, p. 307, 175/i. Voy. aussi la Table, L XV, p. lxv. (3) Spic. zool., Fasc. xi, p ti, et Zoograph., t. 1, p. 2ZiO. 508 SOCIlilK IMI'ÉltlALK ZOOLOGlULiK d'aCCLIMATA 1 lUN . fossiles tlitlerHieiil tie nos espèces » (I ). Et en l'ùt-il aiitreiiieul, Torigiiie européenne (le nos races Ixnines en serait-elle mieux démontrée'!' On trouve aussi en Em-ope, et précisément dans les mêmes terrains, des ossements fossiles qu'on a cru j)ou- voir rapporter à VEquus caballus : qui les a jamais érigés en preuves de l'origine européenne du Cheval'!' L'espèce chevaline a pu exister sur notre soi dans d'autres temps géologicjues; mais, dans les ncMres, c'est en Asie que l'homme en a fait la conquête, et c'est là (|ue sont les vrais ancêtres de nos races. Les laits sont parfaitement analogues, et par conséquent la conclusion est logi(|uement la même pour le Bœuf; et hien (jue nous ne puissions encore déleiniiner pour lui, phis (|ue pour le Mouton et le Porc, (|uelle espèce est particulièrement la souche de nos races domestiques, les faits zoologi(|ues con- cordent trop hien avec les témoignages historiques, pour (lu'on puisse ri'cusiM* la conclusion commune des uns et des autres. Des (juatre groupes naturels d'espèces entre lesquels on a récemment fractionné le genre Bas de Linné, c'est, connue on sait, à celui des Taiirus qu'appartient le Bœuf do- mestique. Or tous les auteurs, d'accord sur ce point, le sont éga- lement sur un autre : la patrie de toutes les espèces connues de ce groupe, c'est TAsie, soit continentale, soit insulaire. C'est donc en Asie, d'après les analogies zoologiques, connue d'après toutes les présonq)tions historiques ('2), (jue nous devons chercher la patrie i)rimitive du Muîuf, aussi hien (pie des cinq autres espèces domestiques du genre Bos^ le Gayal, le Zéhu, rVak, le Bullle et l'Arni. (1) Arl. Bu'ufs fusfiiU'^ (lu Dict. unie. d'IlisL iiaL, l. U, p. G'27, 18Zi'i. — Voy. aussi CïAWkin, Zuolugie et imléontoluyie française, Vuris, hi-k, 18/)8-1852, Mummif., p. 70. (2) l-'oilili(2t's encore par toutes les aualoj,Mes philologiques, puisque le Bœuf porte encore aujourd'hui, dans presque toutes les langues de l'Kurope, des noms d'origine asiatique, et parliculièrement sanscrite, comme l'oni montré MM. Joi-v et A. Pictet, locis cit. oisi:alv KTn.vNoF.Us. Ô09 SUR LA REPUODUCTfON EN CAPTIVITÉ DE PLUSIEURS OISEAUX ÉTRANGERS KT SUR LES AVANTAGES DES VOEIERES ISOf .ÉES, Par !TI. Aimé LAURF1VCE. (Séance du 4 novembre IR.'in.) L'Histoire naturelle est un livre ouvert où tout le monde peut lire, mais avant de le comprendre, que de peine, ({ue de travail. Chaque jour je cherclie à le traduire, chaque jour aussi je sens que les difficultés augmentent, et si je n'arrive pas à les résoudre comme je le voudrais, faute de savoir, je crois pouvoir dire que je rachète mon ignorance par un zèle sincère, une alfection tonte particulière jiour cette science. J'aime surtout les oiseaux, et pour orner ma volière de ces charmants petits êtres, je me suis adressé à Bordeaux, à Mar- seille, au Havre, à Paris, partout où j'avais chance d'en trouver. C'est (|u'il faut bien le dire, avant d'arriver à un succès, que de mécomptes. J'ai (ini par atteindre le but de tons mes désirs, à faire reproduire mes oiseaux. Voici la liste de ceux qui ont fait leur nichée chez moi : Les Bengalis cl Sénégalis, les Cordons bleus de Sainte- Hélène, les Becs-d'argent, les Cous-coupés, les Calfals, le,'* Diamants, les Tisserins, les Cardinaux gris à tète rouge, les Cardinaux rouges, les Cardinaux verts, les Perruches ondulées, les Colins de diverses espèces, les Canards de la Caroline, la Sarcelle de Chine. J'ajouterai à cette liste quelques observations pratiques concernant chacune de ces espèces; mais, avant d'entrer dans des détails, je croirai utile de dire d'abord ce que je pense sur 510 sociiiTii; iMi'ÉuiALK zooLor.iyuK u'acclimatation. l'organisalion tViine volière, sur les habitudes et le caractère de certains oiseaux. J'ai vu le Jardiu zoologique de Londres, ceux d'Anvers, de Bruxelles et le Muséum à Paris; ces jardins contiennent d'excellentes choses, mais selon moi leurs volières laissent encore à désirer dans leur organisation : on sent trop, à côté de la science, le désir de plaire. Pour qu'une volière soit sérieuse, il faudrait en quelque sorte renoncer aux applaudis- sements delà foule. Comment voulez-vous qu'un oiseau puisse vivre en repos dans une volière adossée ou contiguë à d'autres volières? il se préoccupera toujours des voisins qui Tentourent. Comment voulez-vous ([u'il trouve la solitude si nécessaiie à ses amours, si la mullilude se renouvelle sans cesse à ses c). —C'est un DolicJtos lablab à fleur violet clair et gousses blanches, abondant et mûrissant bien. Il nous a paru plus [)roductif et plus hàtif que les an- ciennes variétés de cette espèce qui existaient dans les collec- tions. Une dégustation du grain encore frais ne lui a pas été favorable ; il a paru sec et dur, bien que dépourvu de saveur forte et désagréable. /\ 'F^c J2. Ta-lou-teou, n''797. — S'est trouvé encore un Haricot à huile ou Soya, comme l'indique la désinence teou, (!) niz ordinaire. Le climat du Kouei-tcheou se rapprocliant plus de celui de la Traiice, ce lUz viendrait mieux que celui de climats chauds. On l'a semé trop tard ici. (2) Haricot dont on fait le caseuin chinois appelé Teou-fou, qu'il serait utile d'introduire chez nous ; ce serait, dans les villes surtout, une vraie ressource pour les pauvres. (o) Ce qui veut dire Uaricol-coulcau, sa forme étant ainsi. b'ih SOCIÉTK liMPlUllALL ZOOLOGIQULi i/aCCLIM AlATIOiN . commune à toutes les plantes de ce genre. Do celle-ci, nous n'avons vu que Therbe. C'est une petite piaule presque waine, mais l'ormant un buisson épais et d'une végétation vigoureuse. Nous en attendions un produit intéressant, d'autant (pie le grain semé était d'une jolie apparence; mais la plante a ('té si tardive, (jue les premières gelées l'ont détruite au moment où elle montrait les premières fleurs. p=] JyC 52. Tsht(j-py-teou^ n» 767, — Autre plante du même genre, à gros grain, d'un vert brillant. Ses graines n'ont pas germé. ,l?f^ ,ft J Soii-ma-tsé, WJSS (1). — Grande Labiée à beau feuillage vert et gaufré, tout à fait ornemental, reconime pour être le Perilla ocymo'ides. Toute la plante exbale une odeur aromatitpie très forte et désagréable ; mais ce n'est pas pour les (iliinois un obstacle à son emploi connne légume, et nous b^s voyons se nourrir de plantes qui, comme le Chrysantbème des jai'dins, la Moutarde cuite, nous sembleraient dune saveur bien repoussante. '>pj ^ Yen-tduj. n"806. — C'est une Belle-de-nuit à tleur blancbe, assez petite. La plante est d'une grande vigueur ^ elle est probablement employét; à des usages médicinaux ou cos- méti(jues. /^ ^ J2. Ta-hoan(/ teou, ri" 780. — C'était, par le grain, un Haricot ou Dolic vert pâle. La plaiit(î (jiiil a i)roduite, analogue d'aspect au Haricot à buile ou Soya , s'est montrée extrêmement tardive et n'a pas fleuri. ^ 'IHj Kouei/hoatsé, n"771. — Grand HelianUms, re- mar(|uable par l'absence de bourgeons à l'aisselle de ses feuilles; il en résulte un mode de v(''gélation très particulier. Sa tige, très grosse et dressée, s'élève, sans aucune ramification, jus- (1) l'clilr graine (ini so iiiange el s'emploie en iiR-dcciiie. r'LA?yTES DF. L\ CHiNE. 525 (|u'à une hauteur de 3 mètres environ, et là elle se termine par une fleur unique dont le poids fait que le haut de la tige se recourhe en l'orme de crosse (1). La fleur, très grande, n'a (ju'un rang de pétales, et prend un tel développement, lors de la maturité des graines, qu'elle acquiert un diamètre de 30 à 32 cent, et un poids de 2 à 3 kilogr. J'avais déjà, il y a trois ou quatre ans, reçu la même plante d'Algérie, s>ous le nom de Soleil dont on fait des échalas. Elle est hii^n reconnaissable à sa graine 1res longue et bordée de deux lignes blanches. Bien que cultivée dans une année beaucoup moins chaude et sèche que les deux dernières , ses tiges étaient devenues assez ligneuses pour me servir dans le jardin, non comme échalas, elles se seraient pourries en terre, mais comme treillage ou séparation déplantes, à quoi leur longueur et leur légèreté les rendent parfaitement propres. Elles m'ont servi pendant trois ans à cet usage, et étaient encore passablement solides la troi- sième année, bien qu'elles eussent passé les deux hivers pré- cédents dehors, sans abri, en tas, adossées contre un arbre. J'avoue que j'ai été très surpris de cette durée dans une tige qui, pendant sa végétation, paraît si molle et si herbacée, et que cela m'a amené à supposer (jue ses fibres devaient être protégées par quelque matière de nature résineuse ou analogue ; mais je n'ai pu aller plus loin, et me suis borné à projeter quelques recherches à ce sujet. ÉI ^ yÇfc Pe-tchy-ma, n" 760 (2). — C'est le Sésame, plante oléifère, bien connue et répandue dans tout l'Orient, mais (jui ne mûrit pas sous notre climat. La désinence ma semblerait indiquer que la plante est rangée par les Chinois au nombre des plantes textiles. J'ignore si le Sésame est propre à quebjue emploi de cette nature. ^4^n^ Lou-kao, n» 808 (3). — Matière tinctoriale. Voyez l'ouvrage de M. Natalis Rondotsur le vert de Chine. (1) Très bien venu chez M. Drouyn de Lliuys. (2) Graine aiomaliqiie qui sert de condiment dans certains mets cliinois. (3) Lou-kao (et non koua]. 52() SOCIKTR IIVIPÉRIALI'; '/AU)\JH',\Qi]E d'aCCLIM \'( ATION. ■^. 1n^ Hong-paï, ii" 791 . — C'est une variété tardive (!(> XEIeusine coracana . petite céréale répandue sur la côte orientale d'Afrique et dans toute l'Asie australe. Cette plante, trop tardive pour notre climat, pourrait y être utilisée comme plante fourragère. (Voy. Bon Jardinier, 18/10 et suiv.) ^i -fJP Kao-bang (1). — C'est le nom chinois du Sorgho sucré. Le paquet de ce nom (n° 780) renfermait, en mélange, des graines de deux Sorghos : l'unjjui est le Sorgho sucré, que nous avions déjà reçu de I\l. de Montigny ; l'autre, un Dourah, c'est- à-dire un Sorgho à gros grain farineux et à épis serrés et réflé- chis. Ces deux plantes, chacune dans leur genre, ne se sont pas montrées dillerentes de celles de leur espèce que nous possé- dions déjà. ^ 52. Boang-teou, n° 773. — C'est un Haricot à huile (Soya), à gros grain lisse, plus jaune qu'à l'ordinaire. La plante s'est montrée un peu plus naine; elle a lleuri et noué, mais n'a pas mûri. przj -fvt" tt'r fîvi x«- /'l'ii'- He-tchy-ma ^ n" 789. — C'est, comme le Pe-tchy-ma, un mélange de sésame hlaiic et noir. Les plantes qui se sont développées ont été semhlahles à celles du n" 790 ; elles ont fleuri, mais n'ont pas mûri leurs graines, hien que les capsules soient arrivées à leur grosseur naturelle. f^ S, Ouan-teou. — Malgré l'analogie de nom avec le n" 773, les plantes sont très dillerentes: celui-ci est im vrai Pisum, de l'espèce sativum, et très analogue à quelques-unes de nos variétés françaises; celle dont il m'a paru se rapprocher le plus est notre Pois deGouvigny; mais la plante chinoise a été maladive et a si mal mûri, (|ue cette assimilation a hesoin d'être confirmée par une deuxième année de culture. Le n" 7()6 ne portait pas de nom. Nous avons cru reconnaître la graine pour le Doliclws viridis, et la culture a confirmé cette prévision-, la plante n'a pas mûri. (1) Dites Kao-leang. C'est le Sorgho. l»L\NTi:S DE LA CHINE. 527 ^=- -yr —A V^-^} Tsing-tsai-tsé, n" 782. — SVst trouve être une petite Moutarde dont le développement a été si incomplet, qu'il nous a été impossible de la juger. Cependant elle a ileuri et a donné (lueUpies graines qui, nous l'espérons, donneront l'an prochain des plantes mieux développées. Les graines de prove- nance très lointaine présentent presque toujours ce phénomène que nous ne pouvons nous expliquer. La première année de semis, les maladies, les parasites de toute espèce, semblent s'acharner sur la plante d'origine étrangère ; si l'on parvient à en recueillir des graines, cet effet ne se présente plus ou au moins diminue d'une manière très prononcée. La deuxième année de culture, on n'a plus à combattre ({ue les difficultés provenant de son tempérament propre, qui peut s'adapter plus ou moins aux conditions que la plante rencontrera dans notre climat, ou bien ne pas lui convenir du tout. Mais un échec de la première année n'a pas pour moi de signification comme preuve que la plante ne conviendra pas à notre climat. ^ 'Ù ^ Tien-sien-mtj, n° 802 (l). — Nous y avons re- trouvé une plante qui s'est répandue dans les jardins botaniques et chez les amateurs, il y a une vingtaine d'années, sous le nom à' Amarante gigantesque. Ses tiges, fortes et rameuses, s'éle- vant à plus de 2 mètres, portent un beau feuillage d'un vert gai à nervures rosées, et se terminent par des épis réfléchis et pendants, dont quelques-uns mesurent 75 à 80 centimètres de long; leur couleur, d'un rouge amarante clair, et la manière dont ils couronnent la plante, lui donnent un aspect trèssingu- Her et pittoresque qui en feront pour nous une plante d'orne- ment très remarquable, il est probable cependant que ce n'est pas à ce titre que les Chinois la cultivent, mais bien comme plante potagère. En effet, les feuilles de la plupart des plantes de ce genre sont employées comme épinards aux Indes et à la Chine, et nous avons consigné dans le Bon Jardinier, il y a déjà assez longtemps, le résultat d'un essai satisfaisant quenous avions fait d'une autre Amarante comesliblu de la Chine, qui (1) Tien-sin-my. 528 SOCIKTK IWPKUIALK ZOOLOOIQIR d'aCCMMATATION. faisait partie (le la collection rapportée par le capitaine Geof- IVov, en 1837. 3>ic 52. Kia-teoic, n° llh. — Le grain était un DoUchos labial) noir; il n'a pas germé. )EB ;^ J Yeou-tsao-tsé, n" 762. — Gros IVuit vernissé. C'est le fruit du Sapindiis saponaria^ dont la pro[)riété de rendre Teau mousseuse et propre au nettoyage des étotïes est commune avec (juehiues plantes de notre pays, et surtout avec l'écorce d'un arbre du Chili nommé Quillai. QueUjues graines ont germé; mais la plante aura besoin d'tHre tenue en serre, étant trop délicate pour notre climat. A'^ J Tcha-fsé, n" 772. — Graine de l'arbre à thé N'a pas levé. >\}l ^(^'. f^ Ty-lo-pQu, w" 7()5. — Grande graine droite cloisonnée. N'a pas levé. tl -^ w\ Pc-lxo-chou, n° 775. — Amandes de Gingko hiloba; elles paraissaient bien saines, mais n'ont pas levé. i%r^J Che-kun-tsé, n" 798. — Fruit d'arbre à cinq ailes; je n'ai pu le reconnaître. Il n'a pas poussé. Beaucoup de ces piaules ont ixHissi ailleurs, nn^modansle voisinage de l'ari.s. PROCÊS-VERBAlfX'. 529 II. EXTRAIT DES PROCÈS-VEftBAUX DES SÉANCES DU CONSEIL DE LA SOCIÉTÉ. SÉANCE DU 21 OCTOBRE 1859, Présidence de M. Is. Geoffroy Saint-Hilaire. Le Conseil admet au nombre des membres de la Société ; MM. Daraquin, botaniste voyageur, cà Sainte-Marie de Belem (Para). RsTiENNi: (Jean-Nicolas), pharmacien honoraire de l'Ecole spéciale de Paris, à Versailles. Hayes (Joseph), commissaire adjoint de la marine, con- trôleur colonial des établissements français dans l'Inde, à Pondichéry (Hindoustan). Le Gras (le docteur Cli.), médecin de la léproserie et des prisons de Saint-Denis (île de la Réunion). MoNTHEROT (de), ministre de France près la Cour de Bade, à Carisruhe (grand-duché de Bade). O'Reilly, ingénieur, constructeur de serres, à Paris. PiNNA-MoRAES (Fclippc-Neiri), chimiste et naturaliste, à Belem (Para). PouKTALÈs (le comte de), envoyé extraordinaire, ministre plénipotentiaire de Prusse, à Paris. Raffo (S. Exe. M. le comte), ministre des affaires étran- gères de S. A. le bey de Tunis, à Tunis. Saint-Quantin (Frnnçois-Isidore-Auguste de), employé au ministère de l'Algérie et des colonies, à Paris. — M. le Président annonce au Conseil la perte très regret- table que la Société vient de faire de trois de ses membres les plus zélés et les plus dévoués : MM. l'abbé Allary, Jules Delon et le général Gaslu. M. le Président rappelle les travaux de MM . l'abbé Allary et Jules Delon sur les oiseaux, et le concours éclairé que nos regrettés confrères n'ont cessé de donner à la Société, depuis sa fondation. Le zèle et les connaissances spéciales de M. Delon, qui a pris une pari très considérable à la création de la Société, l'avaient naturellement désigné au choix de ses collègues pour faire 530 SOCIKTK IMI'ÉKIALK ZOOLOGIQUIi d'aCCLIiMATATION . partie du Conseil d'administration dés son origine, et une nouvelle élection Tavait maintenu dans ces fonctions en 1857. Il avait toujours concouru activement aux études de la seconde Section et de la Commission spéciale de sériciculture. iM. le général Gastu, qui commandait la division de Con- stanline, était un des membres les plus éminents de la Société en Algérie. Après avoir donné plusieurs témoignages de Tin- térêt éclairé qu'il portait aux travaux de la Société, il lui avait oflert, l'année dernière, une belle paire d'Autruches, qu'il avait bien voulu conserver à notre demande, jusqu'au moment de l'ouverture ^lu Jardin du bois de Boulogne. — M. Houssard, membre du Conseil général de l'Aisne, remercie de sa récente admission. — iM.leSecrétairedonnecommunication d'une lettreadressée de Marseille, le 6 octobre. par!\I. Hébert, agent général de la Société, et d'une dépêche télégraphique du 15, datée de Madrid, Taisant connaître l'arrivée en bon état, à Marseille d'abord et ensuite à l'Escurial, des Moutons Craux de Mauchamp expédiés à S. M. le roi d'Espagne par li's soins de la Société. — Notre zélé confrère M. John Le Long écrit de Parana, pour annoncer l'envoi qu'il fait à la Société de deux Hoccos et de deux Pénélopes qui sont arrivés en bon état, ))ar la bien- veillante entremise de MM. Quesnel frères du Havre. Des remerclments seront adressés à M. Le Long et à MM. Quesnel. — M, le capitairuï de vaisseau Piclion écrit pour olîrir égale- ment cà la Société un Guanaco sauvage femelle ([u'il a ramené du Cbili, et (|ui est arrivé en très bon état, le 20 de ce mois, grâce aux soins obligeants de M. le commandant Geollroy, de M. Poghain, directeur du Jardin botanique de Brest, et de M. Delaroche, notre délégué au Havre. Lesremercîments de la Société seront transmis à M. le capitaine Pichou pour ce don précieux qui est accepté avec reconnaissance, ainsi qu'à nos collègues et à .M. Pogham. — M. de Luca. [)rofesseur cà l'université de Pise, membre de la Société, adresse un échantillon de sucre de Sorgho préparé par lui; des remerciments seront également transmis à notre savant confrère. PROCÈS-VEKBAUX. 531 SÉANCE DU II NOVEMBRE 1859. Présidence de M. Is. Geoffroy Saint-Hilaire. Le Conseil admet au nom des membres de la Société : MM. Blache (le docteur), membre de l'Académie impériale de médecine, médecin de Fliôpital des Enfanis, à Paris. Favre-Bellanger, à Nantes (Loire-Inférieure). Lesseps (Ferdinand de), ministre plénipotentiaire, prési- dent du Conseil d'administration de la Compagnie de risthme de Suez, à Paris. Pages (L.), ancien attaché à la légation de Chine, à Paris. Zamoyski (le comte John), à Londres et à Paris. — M. Cunningham, de Boston ; M. Houssard, de Vailly (Aisne); M. Régis, de Marseille, et M. de Saint-Quantin , adressent leurs remercîments pour leur récente admission au nombre des membres de la Société. — M. Vogeli, par une lettre datée de Rio-de-Janeiro, le 7 septembre, confirme l'heureuse arrivée et le débanjuement à Fortaleza des quatorze Chameaux expédiés au Brésil, sous sa surveillance, par les soins de la Société. Le Splendide, qui portait ces animaux, est arrivé à Ceara, le 19 juillet, après une heureuse traversée de vingt-huit jours, et le débarquement, bien que présentant d'assez grandes difficultés, s'est effectué, ainsi que nous l'avions annoncé déjà, sans aucun accident. — Notre collègue M. Bouteille, secrétaire général de la Société zoologique des Alpes, fait connaître l'état alarmant d'un Taureau -Yak tondjé malade récemment, et que l'on n'espère plus pouvoir sauver. — M. de Saint-Quentin, secrétaire de la légation de Perse, écrit de Chartres, le 2 novembre, pour annoncer l'envoi d'un jeune Lévrier de Perse qu'il otfre à la Société pour le Jardin d'acclimatation du bois de Boulogne. Des remerciments seront adressés a M. de Saint-Quentin, qui avait rapporté un couple de ces intéressants animaux qu'il destinait à la Société, mais la jeune femelle est morte pendant le voyage. — M. Louis Althammer, dont les travaux et les essais d'accli- 53*2 SOCIÉTÉ i:\iPÉRi,vLi: zoologiqL'K d'acclimatation. malalion dans le Tyrol méridional ont été plusieurs fois déjà mentionnés, écrit le 14 octobre dernier, pour faire connaître qu'il a fixé sa résidence à Arco, cette localité offrant par son climat spécial des conditions plus favorables que celles de Roveredo pour le développement pratique de la Société d'ac- climatation du Tyrol. M. Altbammer annonce en outre qu'il est en mesure de fournir, à titre d'échanges, un bon nondiie de Perdrix bartavelles qu'il met à la disposition de ceux de nos confrères (jui désireraient en élever. — M. Joyeux, commandant le détachement des puisatiers du sud, à Géryville, province d'Oran, Algérie, aimonce l'envoi d'un couple d'Outardes houbaras provenant d'une seconde éducation faite par ses soins. Ces oiseaux, nés en mars dernier, et dont réclôsion a eu lieu sous des Poules, nous sont parve- nus en très bon état. Des remercîments seront adressés à M. Joyeux. — I\I. J. Klein, agriculteur, à Maisons-sur-Seine, faitjjarvenir la copie d'une note sur le Messager on Secrétaire, ipTil avait publiée dans le Journal des cultivateurs du 2 se[)tembre 1858. — M. le docteur Sacc transmet une lettre et un rapport de M. Kœchlin-Schouch, de Mulhouse, sur une éducation de Ver à soie (le l'Ailante faite par ses soins. Un dessin très exact de la Chenille et des cocons sur une feuille d'Allante accompagne ce rapport, ainsi que quelques cocons qui témoignent du bon résultat obtenu par notre confrère. Des remercîments seront adressés à MM. Sacc et Kœchlin-Schoucb. — M. E. Kaufmann, par une lettre du 1" novembre, annonce qu'il a été assez heureux pour réussir à faire une éducation complète du Bombyx Selcne, ou d'une variété (|ui présente tous les caractères de celte espèce, avec quelques cocons qu'il avait reçus directenient du Mexiciue. Cette éducation a ('té faite à Berlin avec des feuilles de Noyer et de Cliâtaignier. Les papillons et les cocons que M. Kaul'mann se [)ropose de pré- senter à la Société permettront de reconnaître exactement celte espèce nouvelle de Ver à soie et d'en apprécier le mérite. Notre honorable collègue informe en outre la Société (|ue, dans la pens(M^ de propager en France une borme race d(> Verà l'HocÈs-vjaîBAUX. 5;^:> soie (kl Minier, provenant d'un pays excmitl de la maladie, il a fait eonfectionner de la graine en Prusse aven des précautions toutes particulières; il ni t à la disposition des sériciculteurs français une assez grande quantité de cette graine. — M. Hardy, directeur de la Pépinière centrale du gouver- nement, à Alger, accuse réception des graines qui lui ont été adressées en septembre dernier parla Société. — M. Ch. Brot, délégué du Conseil à Milan, écrit également pour accuser réception des graines qui lui ont été envoyées, et l'aire connaître la perte regrettable que la Société a faite récem- ment de l'un de ses membres milanais les plus distingués, M. Hercule Viscontini. — M. le l'résident met sous les yeux de la. Société deux Patates douces, de forme et de volume très remarquables, dont Tune est présentée par M. Drouyn de Lbuys, et l'autre par M. d'Kiclitbal. Les remercîments de la Société seront transnds à nos lionorables collègues, pour la communication de ces curieux spécimens qui seront mis sous les yeux de l'assemblée., dans sa séance de rentrée. — M. le docteur Sacc adresse, de Weserling, une boite con- tenant une certaine quantité de graines de Pois oléagineux de la Chine [Soja hispida) qu'il a reçue de Toulon, où elles ont été récoltées par M. le docteur Turrel. M. Sacc attire l'attention de la Société sur l'utilité qu'il y aurait d'introduire ce précieux végétal dans notre colonie de la Guyane, où il pense que sa culture réussirait parfaitement et présenterait des avantages inappréciables, comme plante oléagineuse. — Notre confrère, M. Salomon, inspecteur de coloinsation à Tlemcen (Algérie), fait parvenir à la Société quatorze pieds d'Antbémi-Pyrètbre, plante (|ui croît spontanément dans cer- taines localités de la province d'Oran, et dont les racines sont l'objet d'un commerce impoitant pour les caravanes qui votit à la Mecque. Soumise à la mastication, cette racine offre une saveur aromati([ue très forte, chaude et astringente, qui excite la salivation. Il paraît, en outre, que cette racine, réduite en poudre fine, peut être employée très efficacement comme insec- ticide. Des remercîments seront adressés à M. Salomon. 53Û SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. — M. Gustave, de Lausanne, écrit de Porzantrez (Finistère) pour transmettre une note de M. Edouard Loarez, datée de Calcutta, le 15 août 1859, sur le Sapmdus emarginalus, dont il recommande la propagation en France et en Algérie. Cette note renferme des détails intéressants sur l'emploi que l'on fait dans l'Inde anglaise des graines du Sapindus, appelées Rita en Hindoustan, pour le lavage des tissus de laine, de soie et de coton, ainsi que pour la toilette, et sur la supériorité de la matière savonneuse de ces graines, qui paraît être préférable aux savons les plus fins et les meilleurs. — M. le Secrétaire donne communication de plusieurs lettres adressées par notre confrère M. Bricrre, de Riez (Vendée), à la date desl", 3, 8 et 20 octobre, et renfermant des rapports sur le résultat de la culture des graines qui lui ont été adressées par la Société. Cliaque lettre est accompagnée d'un dessin à riiuile, de grandeur naturelle, qui donne une représentation exacte delà plante ou de son fruit. Des remercîments seront transmis à M. Brierre. — M. Léon Maurice, membre de la Société, à Douai, rend également compte des résultats ipfil a obtenus dans la culture des graines qui lui ont été remises par la Société. — M. le Président transmet les bienveillantes propositions de MM. Lafon et Cbarles Monestier qui, sur le point de partir pour le Japon, où ils vont s'établir à Nangasaki, ont bien voulu ollrir à la Société leurs services pour tout ce qui pourrait l'in- téresser dans ce pays si peu connu encore. Les remercîments de la Société seront adressés au nom du (Conseil à M.M. Lafon et Monestier pour ces olîres, qui sont acce[)tées avec empres- sement et reconnaissance. — M. Guérin-Méneville, de retour d'un voyage de six mois dans le midi de la France et en Algérie, où il a été envoyé par ordre de S. M. l'Empereur, pour continuer ses travaux sur l'acclimatation du Ver à soie de l'Ailante, rend un compte provisoire et très abrégé de ses éludes sur ce sujet et de celles que la Société l'a cliargé de faire sur la maladie des Mûriers et des Vers à soie ordinaires, sur l'acclimatation de diverses races de ce Ver à soie, et sur celle des espèces exotiques don! PI'.OCÈS-VERBALX. 535 il il fait don à la Société ou qui lui ont été ofierles par notre confrère M. Perrottet, de Pondichéry. Les Vers à soie du Vernis du Japon, ou Ailante, ont donné partout des résultats très satisfaisants, qui promettent à l'agri- culture et à rindustrie une production nouvelle et très utile. Dans le centre et le midi de la France, ainsi qu'en Algérie, les essais d'éducation en plein air ont complètement réussi. M.Guérin-Méneville a observé, entre autres, que des papillons provenant de cocons oubliés sur les arbres du parc de M. Aguillon se sont fécondés en liberté, et que les femelles, avec un admirable instinct, ont pondu spontanément leurs œufs sous les feuilles des Vernis du Japon épars dans un massif composé de beaucoup d'autres arbres, sans jamais se tromper d'essence. Ce fait très intéressant prouve que l'Ailante est bien le végétal particulier à cette espèce de Bombyx. Du reste, il a été observé quelques semaines plus tard, dans le centre de la France, par M. le comte de Lamote-Baracé. Des métis du Ver de l'Ailante [Bombyx Cynthia vrai) et du Ricin {Bomh. arrindia, improprement nommé Cynthia par les auteurs anglais), ont donné, dans le midi de la France, jusqu'à quatre générations, et ils en donneront plus encore en Algérie. Ainsi qu'il l'avait précédemment tenté pour le Ver à soie du Ricin, à qui il avait fait présenter un grand nombre de végétaux pour connaître ceux qui pourraient remplacer le Ricin, M. Guérin-i'\leneville a prié M. Hardy de faire offrir au Ver de l'Allante diverses espèces d'arbn^s et d'herbes, comme il l'avait déjà fait à Toulon, ce qui l'a conduit à reconnaître que cette espèce peut aussi être nourrie avec trois ou quatre végétaux différents. Seulement ces essais lui ont fait recon- naître qu'aucun de ces végétaux ne peut lutter contre l'Ailante pour la facilité de culture et l'abondance des feuilles produites sur une surface donnée de terrain. Relativement aux autres espèces, les résultats ont été moins décisifs. Cependant le Bombyx Mylitta a parfaitement réussi à Toulon, sur le Chêne blanc, et M. Ozande, directeur du jardin de la ville, (|ui avait bien voulu se charger de l'éduca- tion de cette espèce, a obtenu de beaux cocons dont les des- 5o(3 SULIKTi: IMPÉKIALE ZUOLUGiyLlK l)'Al;l;LIMATATIO^; . cendants, confiés aux soins de M. Hardy, étaient en voie de donner une seconde génération à Alger, quand M. Guérin- Mérieville a quitté l'Afrique. Dans un rapport détaillé sur sa double mission, M. Guérin- Méneville fera connaître beaucoup d'autres particularités qu'il ne peut donner dans la séance du Conseil. Il ajoute qu'ayant pris des notes pour faire connaître ce que la question de raccliniatation des végétaux doit à l'Algérie, et particulièrement aux travaux de notre confrère M. Hardy, il a rapporté de ce pays quelques échantillons à l'état frais de végétaux utiles dont l'acclimatation est au- jourd'hui accomplie. Parmi ces objets, on remar(jue l'Ortie blanche de Chine, l'Arbre à cire, Tai bre chinois dont Mgr Perny avait rapporté des graines [VHovcnia dulcis)^ divers Haricots à gousses gigantesques, des fruits du Goyavier, des Cucurbi- tacées allongées de forme bizarre, des Indigotiers de l'Inde et de l'Egypte, du Vétiver, etc. M. Guérin-Méneville annonce (ju'il lira prochainement à la Société un travail plus étendu sur l'état actuel du Jardin d'essai d'Alger, et sur les nond)reux végétaux utiles et d'agré- ment qui y sont acclimatés et cultivés sur une plus ou moins grande échelle. A l'occasion de la communication précédente relative à rOrtie blanche, M. Frédéric Jacquemart annonce (juc la cul- ture de cette plante lui a donné de bons résultats, à Paris et dans l'Aisne, et (pi'il peut en remettre une certaine (juantité cà la Société pour ceux de ses membres (jui voudraient la cultiver. Le Secrétaire du Conseil , GUERIN-lVlÉNliVILLE. LALGÉlilE COMME STATION DACCLIMATATlON. 537 I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ. IMPORTANCE DE L'ALGERIE COMME STATION D'ACCLIMATATION^ SUITE ET FIN (1). Par m. HARDY, Directeur do la Pépinière centrale ilu gouvernement , au Hammu( Algérie). (Séance du 25 novembre 1859.) L'avénement de ragricultiire européenne en Algérie y a augmenté beaucoup le nombre des espèces végétales usuelles. On peut dire que la colonisation, dans son ensemble, a été un vaste fait d'acclimatation. Chaque émigrant, en ([uiltant ses pénates, emportait avec lui quelques plants, quelques graines, qu'il avait vus rendre le pkis de services autour de lui, et ([u'il espérait voir fructifier dans sa nouvelle patrie. Le commerce des graines, dont le transport est facile, a aussi été un moyen d'introduction efficace. Il y a eu sans doute beaucoup de non-valeurs dans ces tentatives ; beaucoup d'espèces et de variétés dépaysées n'ont pu trouver ici le milieu qui leur fût approprié ; on s'est souvent trompé, pour leur installation, sur le choix du terrain, sur sa préparation, sur l'altitude né- cessaire, sur la saison convenable-, quoi qu'il en soit, il en est resté acquis à l'agriculture locale des matériaux utiles. C'est ainsi qu'au blé dur des indigènes, nos cultivateurs ont ajouté des variétés à grain tendre, d'un rendement plus élevé et d'une valeur vénale plus grande. C'est ainsi que l'Avoine a été introduite dans la grande culture, et c'est un progrès impor- tant. Cette céréale peut se semer beaucoup plus tard que (1) Voyez le numéro de novembre, page ^89. T. VI. — Décembre 1859. 35 538 sociÉT!'; imi'éiiiali-; zoologiqlk o'acclimatation. toutes les autres ^ mieux que toutes les autres elle réussit sur un dèlrichement récent; son rendement est très élevé et son débouché facile, J^,es bestiaux «'en accommodent [)ari'aitement, surtout en dehors de la saison la plus chaude. Elle paraît réu- nir un autre avantage, c'est de ne pas être autant que l'Orge a(laqué(> sur pied par les moineaux. La Pomme de terre est une introduction tout européenne; si elle n'n p^s priîj une place décisive dans la granJe culture, il est certain ceptnulant qu'elle rend des services signalés, qui s'étendent nunue à la population indigène, comme plante de movenm; culture; c'est surtout dans les montagnes que sa réussite est le plus complète. Sous le i-apportdes herbes fourragères destinées à améliorer le régime du bétail, rien ou presque rien d'important n'a été entrepris: on n'a que quelques exemples trop rares de prai- ries naturelles nettoyées et améliorées. Le progrès le plus sail- lant qui ail été réalisé en ce genre sur les Arabes, a été de faucher telles quelles les meilleures parties d herbages natu- rels et de faire des provisions de fourrages secs pour la mau- vaise saison. La Vigne a d'abord été Tobjet de l'attention de nos colons : des plants, des cépages ont été introduits de toutes parts; le choix cependant n'en a pas toujours été heureux, et les résul- tats obteims n'ont pas toujours été proportionnés à la Ijonne volonté des nouveaux vignerons. En même t(Mnps (pie ces elî'orts individuels se proiluisaient pour rintroduction des espèces et variétés utiles, nouvelles, rj'^tat, de son ccHé, les patronnait et les encourageait el'licace- ment par la création d'un vaste établissement (racclimatation, sous le nom de Pépinière centrale du Gouvernement. Pour sa part, la Pépinière centrale a introduit 3235 espèces utiles, originaires des diverses contrées du globe, et sur les- quelles 1699 espèces ligneuses sont d'origines tout à fait tro- picales. Surcenondjre de 1699 espèces tropicales, 1280 espèces ont pris possession du sol, vivent en plein air, et peuvent être considérées connue acclimatées; 262 espèces se nujltiplient naturellement au moyeu des graines (ju'elles nn'irissent LALCJÉlUi: CO.MM!': SIATlOiN I> ACCLIMATA HUN. 589 Le reste se iiiuUiplie par tics inoyens horticoles, et principa- lement de boutures. Il reste en ce moment 519 espèces tropi- cales récemment introduites, (jui sont encore soumises au régime de la serre, pour les élever et les acccnjtuiner insensi- blement à l'air libre, et elles seront successivement livrées à la pleine tene. dès qu'elles y auront été convenablement préparées. A cet ensemble de 3'235 espèces viennent s'ajouter 1893 va- riétés horticoles et agricoles, comprenant nos meilleures variétés d'arbres à fruits, de plantes potagères, do céréales, de ileurs, etc. : c'est un total de 5128 dénominations spéci- fiques végétales, cataloguées, introduites par la Pépinière cen- trale, acquises pom- ainsi dire à la culture algérienne, et ajoutées aux '2600 es])èces (jne la flore du [)ays nous offre spontanément. Les plantes alimentaires ont d'abord été l'objet de toute l'attention qu'elles méritent; nos meilleures espèces et variétés de plantes potagères ont été introduites: elles sont l'objet de soins constants pour leur conserver leurs qualités acquises, ou pour leur en donner de nouvelles, et les graines qu'elles produisent sont mises à la disposition du publie, dans les livraisons journalières de rétablissement. Parmi les céréales, 17 variétés de Blé sont à l'étude depuis plusieurs années, 10 variétés d'Orge, ili d'Avoine, dont on observe les valeurs comparatives, et dont, certainement, quelques-unes révéleront des qualités particulières pour l'Algérie. Déjà un Blé venant d'Acyr, contrée de l'Arabie, accuse une aptitude particulière par une précocité bien caractérisée, jointe à une grande rusticité et à un rendement assez élevé. A ces céréales d'hiver s'ajoutent 5*2 variétés de Maïs qui réu- nissent ce (|ue les Américains ont de mieux dans ce genre; JO variétés de Millet, 27 do Sorgho, et 3 de Riz sec de la Chine, Mont les résultats ont été on ne peut plus satisfaisants. Parmi les plantes tuberculeuses : aux Pommes de terre déjà vulgarisées sur le sol algérien, nous avons ajouté 17 variétés de la Patate, tubercule qui n'est pas assez apprécié; 23 espèces bllO SOCIÉTÉ IMfÉUIALt ZUOLOUIUUK u' ACCLIMATATION . OU variétés d'Igname ; 15 espèces ou variétés du Caladium esculentiim, ou Colocase comestible. Les Patates, les Ignames, les Colocases, font la base de la nourriture des habitants de toute la zone intertropicale. Elles y sont estimées tant à cause delà grande quantité de principes assimilables qu'elles contiennent, que par Tabondance de leurs produits; elles ont de plus l'avantage d'être indiiïerentes aux ouragans qui détruisent souvent les Millets, les Maïs, les Riz et autres Graminées. Aussi est-il convenu, dans ces contrées, (|u'avec ces tubercules, il n'y a pas de disette possible. Ces plantes réussissant parfaitement en Algérie, sont, sans aucun doute, appelées à y rendre des services considérables, et il n'y a [)as de raisons [)()ur (|ue ce pays ne participe pas aux bien- faits que leur culture répand dans d'autres régions Parmi les plantes tinctoriales, nous avons introduit cpiatre espèces d'Indigotiers. Leurs produits ne sont pas inférieurs en qualité à ceux des contrées de production, mais ils le sont en (juantité, au point de ne pouvoir, en l'état, supporter la con- currence avec les similaires de Guatemala et de l'Inde. Nous fondons plus d'espoir sur un autre arbuste indigofère, VEiipa- tormm tiîictorinm, dont le rendement est plus abondant en couleur d'une grande pureté, et sa culture moins dispendieuse, parce (|u'il n'est pas nécessaire de la renouveler chaque année par le semis. La Gaude, la (iarance, le Carthame, sont des espèces accpiises depuis longtemps à l'Algérie ; on pourra en faire la culture en grand, dès (ju'on le \oudra, ou phitôt lorsijue les circonstances économi(jues le p(M"inettront. Le Loza ou ISerprun qui produit le vert de (^hine nonmié lo-kao a été introduit, et prospère. Le Campéche, originaire de rAmériqiie méridionale, nous a donné des graines fertiles. Sa croissance de dix années nous montre des branches de la grosseur du bras, dont le bois est imprégné du principe colo- rant. Eidhi, un arbre originaire du Mexi(|U(;, iiarfaitement* acclimaté ici, donne des gousses nombreuses (pii nous paraissent appelées, sinon à remplacer, du moins à su[>pleer avec avan- tage laiNoix de galle. l/AI.r.ÉRlF. COMMR STATION i/aCCLIM vt.ATtON. 5!|l Parmi les plantes textiles, 155 variétés do (îutonniers ont été étudiées dans Télahlissement ; 3 variétés de Chanvre, y com- pris le /.o-m« ou Chanvre géant de la Chine ; 3 variétés de Lin; la Corète textile de Chine, ou Tsing-ma des Chinois; . TAbutilon de l'Inde, nommé encore Chanvre du Kang-uan. La culture du Cotonnier est passée dans le domaine public, et elle y a fait ses preuves. Dans les conditions requises par la nature de cette plante, les qualités et les quantités des pro- duits obtenus sont satisfaisantes. Il est démontré que l'exten- sion désirable de cette culture, quia un intérêt toiU national, ne dépend, ni de la nature de la plante, ni du sol, lorsqu'il est judicieusement choisi, ni du climat: elle dépend, avant tout, de la condition économi(|ue dans la(|uelle se trouve le travail en Algérie. La situation est la même pour le Lin, le Chanvre, la Corète, TAbutilon et autres plantes textiles. Sont encore soumises à l'étude, sous le rapport textile, 5 espèces d'Agave, 3 espèces de Yucca, les Sansévières de Guinée et de Ccylan, le Bonapartea pmcea, le Dragonnier, le Phormium, le Broussormetia, 3 espèces iVHibisafs, les diverses variétés de Bananier, toutes plantes qui renferment des lila- ments en notable quantité ; enfin, l'Ortie de Chine, ou Chmi-yna des Chinois. Cette plante n'est pas délicate ici, sa culture et sa nuiltiplication sont faciles; un avenir brillant semble lui être réservé, surtout depuis que la possibilité du tillage éco- nomifpie de ses tiges a été mise à jour. M. Terwangne (de Lille) vient, en efîet, de découvrir un procédé simple et écono- mique de rouir et de tiller ses tiges, en donnant à ses filaments l'aspect du plus beau Lin de Flandre. Dans le groupe des espèces oléagineuses, outre 7A variétés d'Oliviers, ligure le Ricin au nombre de 1/i espèces ou variétés, 2 espèces de Sésame, l'Arachide et les autres espèces oléifères cultivées en Europe, ([ui ont été, de la part de divers de nos colons les plus intelligents, l'objet de tentatives de culture, mais qui ont dû être abandonnées momentanément, vu le revient élevé du produit ou le bas prix f|ue lui donnait le commerce. Parmi les végétaux à produits sucrés, nous avons introduit 5^*2 SOCiftTR IMPRP.IALi; ZOOLOCIOLIK DACCLIMVÎATIOIN . h variétés de Cannes à sucre : les résultais (|n'e!les donnent ne sont pas inférieurs à ceux que l'on obtient dans la Louisiane, où l'exploitation de la Canne est encore lucrative; diverses va- riétés de Sorgho à sucre et d'Iuqdiv; entin deux Palmiers de l'Inde, dont on tire une sève sucrée, comme de l'Érable du nord de rAméri([ue, sont l'objet d'essais encourageanls : l'un est une espèce de Dattier, le Phœnix sylvestris ; l'autre, le Gomuti,ou Palmier à crin : cette dernière dénomination lui vient de ce que, outre son |)roduit sucré, ce beau Palmier dorme encore de nombreux lilaments donton fait des cordages et des nattes. Aux végétaux |)r()prescà la fabrication des essences odorifé- rantes (|ue possédaient déjà les indigènes, nous avons ajouté le Jasmin d'Arabie, le Pat'i'bouli, une espèce d'Acacia à lleurs très odorantes, originaire de Buenos-Ayres, plus rusticjue et plus productive que l'ancienne Cassie de l'Inde; le Basilic en arbre à Heur de Girolle. Nous ajouterons probablement à ces espèces VEarebia arf/op//////rt, qui a uiu; odeur de nuise très prononcée. De leur côte quehpies-uns de nos cultivateurs se livrent en grand à la culture et à la distillation du Géranium rosa et de la Citronnelle, «b^ la feuille et de la Heur du Bigaradier. Dans les plantes médicinales, à une cin(piantaines d'espèces vivaces de nos climats du nord, au Safran, au Pavot, à l'Opium, viennent se réunir les espèces ci-après d'origine tropicale: In Salsepareille officinale, qui est en bonne voie d'acclimalalioii ; le Camphrier, dont la réussite est certaine ; indépendamment de la |)lantaliou d'(>ssai de la Pépinière centrale, dont l'état est des [ilus satisfaisants, il existe un magnifique exemplaire de cette espèce, haut de 15 à 20 mètres, au-dessous du fort l'Empereur, dans une projiriété appartenant aujourd'hui à M. .ïay, et qui a été planté avant la conquête par un consul amateur. L'Ayapana, le Dorstenia, le Gingendjre, le Séné, sont acquis à notre climat : nul doute que la thérapeuli(jue algérienne n'en tire un jour un excellent parti. Les divers Acacias (pii donnent la Gomme arabi(pie sont aussi réunis dans l'établissemenl et y prospèrent; mais leur exj)l(>ilatiou l'algéuie comme station d'acclimatation. bh'à lucrative semble plutôt réservée aux régions sahariennes, où d'ailleurs elle est en voie {Texpérinientation. Certaines eatéfforics d'aihres donnent du suif et de là cire végétale, du caoutchouc, des gommes diversement employées dans les arts et la médecine. Dans ce genre, nous avons réuni TArhre à suif (Cro^?/m sebifenim. Lin.), avec la graine duquel les (chinois font leurs hougies, et qui commence à fructitier ici. Le Galécirier de la Louisiane, (jui donne une cire verte, et veut des terrains humides et marécageux ; le Figuier de l'Inde, qui donne le caoutchouc ; le Palmier à cire, originaire des Cordillères de la Nouvelle- Grenade, donnant la cer^a de Palma, qui, mélangée avec un peu de suif animal, sert à fabri- quer les bougies que l'on trouve dans le commerce du pays. Cet. arbre fera l'un des plus beaux ornements de nos parcs. L'arbre à vernis, (jui donne la fameuse laque du Japon et qui croît dans nos cuUui-es d'essai en conipagnie du Camphrier. N'oublions pas de mentionner un genre d'arbres qui paraît, appelé à un grand avenir, le Savonnier {Sap'mdns), qui a quatre espèces acclimatées ici. Elles sont originaires de l'Amérique méridionale. Elles donnent un fruit qui remplit l'office du savon dans bien des cas, et qui est appelé à un emploi avanta- geux pour le foulage des draps. Nous ne parlerons ici que pour mémoire du Hoiiblon, dont la culture a été tentée déjà avec succès, et qu'il serait dési- rable de voir s'étendre-, non plus que du Tabac, dont l'établisse- ment a réuni une trentaine de variétés. On sait l'essor considé- rable qu'a pris la culture du Tabac en Algérie, et qui constitue en ce moment sa principale richesse agricole. La situation prospère de cette culture est due entièrement à l'intervention efficace du gouvernement, el aux soins particuliers du service des Tabacs. Parmi les espèces fruitières de la zone tropicale, (|ue l'on peut considérer dès à présent comme acquises à l'Algérie, nous avons introduit et mis en culture une demi -douzaine d'espèces de Bananiers. Grâce à ces introductions, la culture du Bana- nier, dont une espèce existait déjà dans (juelques jardins bhll SOCllîTR IMPitRIALE ZOOLOulQLIR d'aCCLIMATaTION. maures, commence à se répandre chez nos jardiniers des environs d'Alger-, les Bananes devieiment assez abondantes sur le marché et sont exportées en France. Le fruit, agréable et des plus saluhres lorsqu'il a été produit dans de bonnes conditions, n'est pas toujours l'objet des soins tju'i! mérite ; il faudrait notamment que les Maltais, qui se sont appropriés le monopole de la vente des fruits en Algérie, s'abstinssent de cueillir les régimes bien avant leur maturité, comme ils le font. Les Goyaviers, au nombre de quatre espèces, se couvrent chaque année de récoltes abondantes. Le Néflier du Japon nous donne des fruits en abondance, et d'autant plus agréables, qu'ils mûrissent à une époque oii ils sont à peu près seuls. Le Cberimolier [Anuna cherimoUa) produit à l'automne des fruilsdélicieux (jue l'on a nonnnés à bon droit la crème végétale. L'Avocatier, arbre dont le fruit est si estimé dans la zone torride, coiiunence à fructilier ici, et bientôt il pourra être répandu dans le pays. Vllovenia dalcis du Japon, dont le produit se constitue dans ses pédoncules renflés, qui ont un goùl (jui rappelle celui du Raisin de Coiinthe. VEiKjenia Micheli ou inùflora, dont le fruit est d'une saveur agréable, ressemble à une Cerise à côtes, et est quel- (piefois nommé Cerise de Cayenne. Le Cocos australis, (jui a fructifié l'année dernière pour la première fois. La pulpe de son fruit est sucrée et a un arôme des plus agréables ; elle est comestible et peut servir à prépa- rer une boisson salubre. Le Wampi {Coockia punctata) porte un fruit estimé des Chinois, et (|ui, selon toute apparence, produira bientôt ici. Nous avons vu combien la flore algérienne est pauvre en espèces arborescentes et forestières. Il y a de nondjreux em- primts à faire aux flores étrangères pour combler cette lacune. Introduire des essences propres à contribuer au reboise- ment de nos montagnes, et pouvant donner de grands bois d'œiivre pour nos cc.nstructions civiles et navales, pour le L^LCÉnir: comme station d'acclimatation. 5^i5 charronnage, rébéiiisterie et la marqueterie; choisir des espèces à feuillages toujours verts, pour orner nos places pul)li(jues, nos routes, nos parcs, et remplacer les espèces à feuilles caduques, actuellement employées, qui nous laissent sans abri contre le soleil une bonne partie de Tannée, serait assurément chose fort utile et digne, de tous points, de l'in- térêt de la société. Déjà nous avons rassemblé d'assez nombreux matériaux sous ce rapport. Parmi les Conifères pouvant servir au reboisement des montagnes, nous avons les Araucarias du Brésil, du Chili et surtout de la Nouvelle-Hollande, dont nous attendons les fruc- titications avec impatience. Nous possédons des Pins de la Californie, des hauts pla- teaux du Mexifjue, du Népaul, qui se plaisent sur nos ter- rains déclives; leur élévation promet d'être infiniment plus grande que celle du Pin d'Alep et du Pin pignon , et leur croissance plus satisfaisante ici que celle des Pins maritimes, larici.0 et sylvestres et autres espèces du Nord. Des graines récoltées aussi de Ténériffe sur une espèce de Pin à longues feuilles particulière à cette région ont servi à établir une plantation qui ombrage déj.à un des coteaux du Hamma. La fructification de cette espèce précieuse ne se fera pas longtemps attendre, el, dans quelques années, des graines en abondance pourront être remises au service forestier, pour en faire une application plus générale. Le Cèdre déodora, originaire de l'Himalaya, est un arbre colossal dans son pays natal ; il paraît se plaire ici dans des ré- gions moins élevées que le Cèdre del'Atlas. Le Cryptomeria du Japon; le Casuarina de la Nouvelle-Hollande, dont le bois a une grande solidité et dont l'écorce donne une couleur rouge; le Filao de Bourbon, sont autant d'acquisitions pour notre climat. Parmi les espèces tropicales à feuillages toujours verts et propres aux plantations d'alignement, nous citerons plusieurs figuiers de Tlnde : les Ficus benjamina, lœmgata^ racemosa^ reclinata, capensis ^ilaurifolia; le Sycomore d'Kgypte, qu'il 5/|(5 SOCIÉTÉ IMPÉHlALK '/AHnAH:\QVK KACCLIiM AÎATION. conviendra peut-être mieux 'aCCLIM\TA'MO.\. 551 soit par la sécheresse, soit par rabaissemenl momentané de la température, ont toutes chances d'être transplantés avec suc- cès dans la zone maritime de l'Algérie, qui comprend les terres basses. Ainsi, les espèces tropicales qui sont déjà im[)lantées dans nos carrés d'expérience sont originaires du Mexique, du Pérou, du Paraguay, de la haute Colombie, des plateaux du Brésil, de la partie moyenne de l'Hindoustan, des altitudes moyennes de Java, de Madagascar. Enfin, les produits de l'Afrique australe, de la Nouvelle- Hollande et du bas Chili, toutes contrées ([ui ont à peine été ellleurées par nous, les productions du Tibet, de l'Himalaya, des montagnes élevées du Mexique, trouveront un milieu con- venable dans les abris de nos montagnes. Une ample moisson reste à faire dans ces immenses régions, au profit de l'Algérie, et [)ar suite de l'Europe, en espèces végétales utiles sous le rapport alimentaire, industriel, orne- mental, et aussi en espèces animales, qui pourront devenir des auxiliaires utiles et s'ajouter à celles que nous avons déjà. Avec la protection et las ollicitude de l'Etat, qui nous sont acquises; avec le concours de la Société impériale zoologique d'Acclimatation, qui a une force d'expansion considérable, qui a des adhér.ents et des correspondants répartis sur le globe entier; avec Factivité et Tintelligence de nos colons, sous l'influence de la science agronomique, la culture algérienne peut devenir une des plus variées et des plus riches en pro- duits divers qui rayonneront sous toutes les formes vers les contrées voisines et même vers les régions éloignées. 552 SOCIÉTÉ IMPÉUIALE ZOULOGIQUI': l) ACCLIMATATION. RAPPORT SUR LA RACE M1^:R1N0S SOYEUSE DE MAUCHAMP AU NOM 1)K LA COMMISSION (1) CHARGÉE DE L'ACQUISITION ET DK L'eXPÉDITK» D'UN PETIT TROUPEAU MÉRINOS SOYEUX DESTINÉ A ÊTRE ENVOYÉ A S. M. LE KOI d'eSPAGNE, Par M. Frédéric DA¥II\% Manufacturier. (Séance du 9 décembre 1859.) La raco Mérinos soyeuse, dite race de Mauclianip, a été créée par M. Graux, cultivateiir à la ferme de Maiicliamp, près Rerry-au-Bac, dans le département de l'Aisne. Le hasard Ut naître, en 1828, dans la bergerie de Mauchamp un Bélier monstrueux, mal conformé, ayant la tête grosse, le cou très long, mais porteur d'une laine remanjuable par la douceur et surtout par le brillant tpii la faisait ressembler à de la soie. C'était lesecond animal de cette espèce qui naissait dans le trou- peau mérinos de Mauchamp (le premier avait été tué par sa mère). M. Graux le sépara du tiou[)eau et l'éleva à part pour éviter tout accident, puis il le fit servii- à la reproduction, et obtint des animaux sembUibles les uns au père, les autres à la mère ; prenant ensuite les animaux send)lables au père et les croisant entre eux ou avec le père, qui servait de type, il iinit par former peu à peu un petit troupeau d'animaux dont la hiine était parfaitement soyeuse. Lorsiju'il fut parvenu à ce résultat, il s'occupa de modifier les formes, ce à (|uoi il parvint aisé- ment; et enfin après avoir obtenu des animaux bien confor- més, il s'occupa de modifier la taille, qui primitivement était faible, et qui aujourd'hui est sensiblement la même que celle des mérinos ordinaires. Pour parvenir à ces divers et successifs (1) Cette Commission se composait de MM. IWgharu (du Cantal), vice- pic^sidcnt; Frédéric Jacquemart et Frédéric Davin, membres du Conseil d'adminisiration de la Société. M. Davin a été désigné pour Tacquisitiou de ce petit troupeau. MÉKINOS MAL'CHAMP. 553 résultats, M. Graux dut faire de nombreux et grands sacrifices; et il est probable (jue, malgré une très grande persévérance, il eût dû renoncer au développement de cette magnifi(|ue race, si M. Yvart, inspecteur général des bergeries impériales, ne fût venu Tencourager et lui faire obtenir une subvention annuelle du gouvernement pour l'aider à persévérer. M. Yvart forma, d'autre part, dans la bergerie impériale de Gévrolles, un petit troupeau du type mérinos- soyeux pur, qui lui servit à faire divers croisements. L'un de ces croisements avec la race an- glaise de Disbley lui donna une sous-race dont un troupeau existe aujourd'hui à Alfort, et qui commence à être fort recher- chée par les fermiers. Pour ce qui est du petit troupeau mé- rinos soveux de Gévrolles, il s'est parfaitement conservé avec son type pur depuis sa création, mais on a eu le tort jusqu'ici de ne pas l'accroître, et il est probable qu'avant peu on lui donnera un développement plus grand. Comme il arrive presque toujours èi tout novateur, M. Graux n'éprouva dans le principe que des difficultés, ou ne rencontra que des détracteurs de sa découverte ; les fermiers et les éle- veurs prétendirent que le type soyeux transporté hors de Mau- champ ne se conserverait pas : l'expérience faite à Gévrolles prouve victorieusement le contraire; M. Yvart a même dé- montré que ce type est un de ceux qui se transmettent et se conservent le plus sûrement. Les industriels aux(piels M. Graux confia les premières toi- sons de sa laine prétendirent qu'elle était trop lisse et trop glissante, et qu'on n'en pouvait rien faire; ils lui firent un reproche des qualités qui la distinguent. Des essais furent faits successivement pour l'emploi de cette laine, en bonneteries fines et pour remplacer le cachemire dans les châles. M. Davin,manufacturieràParis, s'occupa le premier, enl853, de traiter cette laine sur une certaine échelle, et il parvint à faire de magnifiques étofles de toutes sortes qui font aujour- d'hui l'admiration des connaisseurs. Il appartenait à la Société zoologique d'Acclimatation d'encourager le développement d'une race qui promet d'aussi beaux résultats ; aussi, presque à son début, la Société obtint et confia à un de ses membres, le T. VI. — Décembre 1859. 36 55'i sociKTi-: iMi'KitiALt; zooi.oGiQLU': u'acclimatation. docteur Millot, tic Mello (Oise), (jue!([iies loisoiis provenant d'aiiiniaux donnés à la Ménageiie du Muséum d'iiistoire nalu- rolle par M. Graux. Mais ces animaux, qui liabilaiont la ména- gerie depuis plusieurs années, y vivaient en plein air et dans de mauvaises conditions, n'avaient pas une laine aussi belle ni aussi fine, bien (pie présentant le même type (jue celle du troupeau de M. Graux, ce dernier ayant lait l'aire depuis de grands progrès à son troupeau, en ce cjui concerne la qualité de la laine. Les essais du docteur Millot, [)arrailement exécu- tés d'ailleurs, ne donnèrent nécessairement pas des tissus aussi remar(pial)les qu'on pouvait l'espérer. C'est au mois de jan- vier 1855 que le docteur Millot présenta son rapport à la Société. Un autre meud)re de la Société, M. Davin,qui depuis deux ans fdait les laines soyeuses des troupeaux de Maucbamp et de relui de Gévrolles, présenta alors les lils (pi'il obtenait avec ces laines et les tissus fabriqués avec ces mêmes lils. Depuis lors la Société d'Aeclimatatiou n'a [)as cessé d'accueilbr avec laveur les communications relatives à la laine soyeuse de Maucbamp; elle a, en 1S57, décerné une médaille de pre- mière classe à M. Davin pour les applications industrielles de la laine soyeuse, et c'est sous son patronage que M. Davin a envoyé en Kspagne des écbantillons de ses remai'quables tissus, atin d'engager Sa Majesté la Reine à acclimater et à propager dans ses Etats une race d'animaux dont les produits rempla- ceront un jour lecacbemire. Eulin,la Société impériale d'Ac- climatation a fondé uji prix de 2000 francs, dont 1000 francs donnés ])ar la Société, et 1000 francs olferts par M. Davin, pour l'éleveur qui jusqu'en 186/i pourra présenter un troupeau de cent bétes du type soyeux pur, nées et élevées dans ses ber- geries. Le gouvernement français n'est pas non plus resté indifl'é- rent au développement de la race soyeuse de Maucbamp. Nous avons déjà dit connnent M. Yvart avait aide M. Graux en lui faisant obtenir une subvention annuelle <|ui lui a été continuée jusqu'à ce jour ; tout réceunnent encore. Son Exe. M. le Ministre de l'agriculture, du commerce et des travaux publics, prenant en considération les services que peut rendre .MÉilliNOS MALCHAMl'. 555 à riiidiislrie la laine soyeuse, a iionimé, à l'iiistigalion de M. Daviii, une conunission chargée d'étudier remploi (ju'on peut faire de celte précieuse matière dans l'iiiduslrie. Cette commission, composée d'industriels compétents et présidée par M. Monny de Mornay, directeur de Tagriculture, fera connaître procliainement le résultat de ses travaux dans un rapport rédigé par Tun de ses meml)res, M. Yvart, inspecteur général des bergeries impériales. Après avoir retracé rapidement la naissance et le dévelop- pement de la race soyeuse, et le concours a|)porté par la So- ciété d'Acclimatation à ce développement, il nous reste à exposer Tétat actuel de cette race, et les ressources nouvelles qu'elle peut offrir à l'industrie. M. Graux, cultivateur à Maucliamp, et créateur de la race soyeuse, possède aujourd'hui un (roupeau de 600 bêtes envi- ron, de race très pure, parfaitement caractérisée, dont les animaux n'ont de commun avec leurs ancêtres que la laine, (jui est longue, lisse, soyeuse, brillante comme le cachemire, et exempte des jarres que renferme ce dernier. Ces animaux ne laissent aujourd'hui rien à désirer pour la conformation : ils sont on ne peut plus rustiques, bas en jambes; ils ont le poi- trail large et les épaules carrées, les côtes arrondies, les mou- vements vifs et faciles ; et quant au cou, qui, dans l'origine était mal fait, il est aujourd'hui dans les conditions ordinaires chez les Mérinos. La taille, dans le principe, était faible, ce qui se comprend, puisque le troupeau mérinos au milieu duquel est né le premier bélier soyeux ne se composait que d'animaux de taille médiocre:, mais, depuis (quelques années, M. Graux, étant arrivé à fixer complètement le type soyeux et à en amé- liorer les formes, s'occupe aujourd'hui h en développer la taille. On peut voir dans le troupeau de 31. Graux des Béliers qui pèsent jusqu'à 80 kilogrammes à l'âge de trois ans, et des Agneaux de sept mois dont le poids atteint 51 kilogrammes- des Agnelles du même âge pèsent jusqu'à S6 kilogrammes. C'est donc aujourd'hui un fait acquis que, pour la production de la viande, la race mérinos soyeuse peut égaler la race mé- rinos ordinaire. Quant à la (|ualilé de cette même viande, elle 556 SOCIÉTÉ IMPÉIllALK ZOOLOGIQUE d'aCCLIMAÏATIOM. a été jugée, par tous ceux qui ont pu en goùler, supérieure à- celle (lu mérinos ordinaire. Un reproche qu'on a fait à M. Graux dans le principe, c'est que ses Moutons donnaient peu de laine : cela était vrai, alors qu'ils étaient de petite taille; mais aujourd'hui (jue la taille s'est considérablement accrue, ce reproche n'est i)lus fondé. Ainsi, la récolte de 1858 a donné en moyenne 2 kilogrammes par toison lavée à dos. Or, M. Davin, |)ayantla laine soveuse lavée àdos à raison de 8 francs le kilogramme, il en résulte que M. Graux a obtenu cette année 16 francs par toison, ce qui est un prix supérieur à celui des toisons mérinos ordinaires. Il nous reste à connaître la laine soyeuse de Mancliamp au point de vue industriel; ici nous n'avons qu'à mentionner les travaux de M. Davin, qui depuis 1853 emploie toutes les laines provenant du troupeau de Maucbamp et du troupeau de Gé- vrolles. Le troupeau de Mauchamp seul a une certaine inq)or- tancc. La laine soyeuse de Mauchamp achetée par M. Davin, lavée à dos et soumise par lui à un lavage à fond, rend environ 65 pour 100 de laine pure et propre à la filature. Elle se trouve donc placée dans les nuMiies conditions de rendement (pie les laines de Bourgogn(^ les mieux lavées. Lors(ju'on veut sou- mettre ces laines au travail ordinaire d(; peignage mécani(|ue, on éprouve de sérieuses dillicullés à cause des propriétés mômes de la laine, qui est brillante, lisse et glissante connue la bourre de soie et le cachemire; aussi M. Davin a-t-il pensé qu'il valait mieux employer la carde comme pour le cachemire. Kt en elVel. à l'aide de deux cardages successifs, dont le second dans une carde fine montée en n" 28, outre qu'on évite de faire les dé- chets appelés blouses, (jui se composent de parties courtes, il arrive que ces mêmes parties courtes, en très petite (pianlité dans la laine soyeuse, donnent au til cpi'on obtient avec du cardé pur une grande douceur, ce qui est une qualité. Le iil (pie M. Davin a pu ainsi obtenir avec du cardé pur était d'une pro[)relé rigoureuse, sans bouton, aussi beau (jue le fil obtenu avec du peigné ordinaire et tout aussi fin. Ainsi, M. Davin a fait en cardé i)ur, avec la première qua- MÉRINOS MVLCHAMP. 557 lile, (le la chainen" 90 à 100 an kilogramme, de la trame ii" 180 et de la demi-chaîne n" l/iO à 160; avec la deuxième qualité, de la demi-chaîne n" 120 et delà trame n° 1/iO au kilogramme; avec la troisième qualité, de la demi-chaîne n° 80 à 90 et de la trame n" 100 à 1 10 au kilogramme. Ces tils ont servi à divers usages : les uns ont été em- plovés par M. Davin lui-même, soit purs, soit avec des chaînes soie, pour la fahrication de divers tissus lisses, qui présentent, surtout pour les couleurs tendres, des reflets inattendus et une douceur qu'on ne rencontre dans aucun tissu de laine, quelle qu'en soit la finesse. Ces tissus divers ont été exposés en 1855 : c'étaient des mousselines, des mérinos, des cachemires d'Ecosse, dos satins de Chine, etc., et ils étaient tous d'une régularité et d'une propreté qui ne peut être dépassée parle fil peigné. M. Davin a ensuite vendu une partie de ces fils, qui ont été employés en honneteries fines et en châles dits cachemiies français. Dans ces divers articles, les produits obtenus égalaient, si même ils ne surpassaient, les produits analogues fabriqués avec les plus beaux fils de cachemire; pour les châles, notanmient, M. Davin a soumis à la Société impériale d'Acclimatation et à la Com- mission nommée par iVI. le Ministre de l'agriculture un chàle d'une réduction admirable, fabriqué par MM. Heuze-Denei- rouzeet Boisglavv : les dessins, malgré leur finesse, sont d'une netteté qu'on n'atteint pas avec le cachemire, et d'un coloris beaucoup plus vif. M. de Montagnac, l'habile manufacturier de, Sedan, a fabriqué avec les laines d'agneaux de Mauchamp des draps de velours supérieurs à tout ce qui a été fabriqué jusqu'à ce jour, soit avec de la laine pure, soit avec des mélanges de laine et de cachemire. Enfin, et tout récemment, M. Davin a fait fabriquer des châles écossais beaucoup plus doux et plus brillants que les châles analogues fabriques en Angleterre, et qui jouissent d'une si grande réputation. 11 résulte donc clairement de tout ce (jui précède, que la laine soyeuse est ap[)elée à remplacer complètement dans l'in- dustrie le cachemire qui nous vient du Tibet; elle est tout aussi brillante que le cachemire, tout aussi douce, et outre 558 SOCIETE nil'ÉKlALK /UOLOGIULIE u' ACCLIMATATION . qu'elle coiHe moins cher comme malièri; première, elle exige moins de main-d'œuvre pour être translorméeen (il, puisqu'elle ne contient pas ces jarres (|u'il faut l'aire enlever du cachemire. Or, non-seulement réjarrage est une opération dispendieuse, mais encore, quoi qu'on fasse, il reste toujours (|uel(iues jarres môme dans h' plus heau cachemire ; et comme elles ne prennent pas la couleur, il en résulte que le cachemire ne présente ja- mais, surtout dans les nuances claires, un coloris aussi vit' ni aussi pur que la laine de Mauchamp. Nous ne terminerons pas cette note sans dire (juelques mots sur la manière la plus prompte et la plus sûre pour propager la race soyeuse. En pareil cas, la meilleure marche à suivre serait celle qu'a suivie M. Graux lui-même, pour arriver à la formation de son troupeau. En efl'et. étant donnés, par exem- ple, deux Béliers et (jualre Brebis pur sang, on peut procéder de deux manières: ou mettre le petit troupeau à part, et ne jamais permettre aucun croisement de ces animaux avec d'au- tres; il est clair <|u'on n obtiendra ainsi que des animaux pur sang, mais il faudra un temps considérable pour arriver à la formation d'un troupeau d'une certaine nnportance. La seconde manière de procéder el la meilleure à adopter, consiste à prendre dans un troupeau mérinos ordinaire, tout formé, un certain nombre de Brebis bien conformées et dont la laine est de belle (jualité, longue et nerveuse, puis on les met à la lutte avec les deux Béliers mérinos soyeux; parmi les produits ré- sultant de cet accouplement, on choisit toutes les Brebis qui présentent ce type soyeux, et l'on élimine tous les autres. Ces Brebis sont mises de nouveau à la lutte avec des Béliers pur sang provenant des deux Béliers et des (pialre Brebis pur sang primitives. Un continue à procéder ainsi, en employant tou- jours des Béliers pur sang et des Brebis (jui, provenant d'un ou de plusieurs croisements, présentent un type soyeux de plus en plus pur. En opérant ainsi sur un certain nombre de bêtes, on peut arriver rapidement à former un troupeau de pur sang, car quebjuefois, à la première et deuxième génération, on trou- vera le type presque pur, et certainement à la (piatrième et cincpiième il devra être complètement lixé. ÎOUTUES. 559 DES TORTUES CONSIDÉRÉES AU POINT DE VUE DE L'ALI^IENTATION ET DE L ACCLIMATATION (SUlTIi ET FIN) (I). Par M. le «loeleur RL'FZ. (Séance du 24 juin \Sh9.) Dans une précédente communication sur les Tortues con- sidérées au point de vue de ralimentation et de l'acclimata- tion, après avoir annoncé qu'il y avait cent vingt et une Tor- tues, j'ai entretenu la Société d'une seule de ces Tortues, la Chélonée franche. Je viens aujourd'hui compléter cette com- munication, et vous parler des antres Tortues et des avantages qu'on en peut aussi retirer. Par une de ces dispositions si fréquemment constatées dans Fhistoire naturelle, et où nous voulons voir de visibles attentions de la Providence envers l'homme, il se trouve que la Tortue de mer franche, qui est la plus utile, est aussi la plus multipliée, la plus répandue, et par consé(juent celle dont nous avons dû le plus nous occuper. Les autres Tortues de mer, ou Thalassites, forment encore trois genres bien connus, mais sont d'un usage moins fré(pi(Mit pour ralimentation. De la Caoua?ie (2). La Tortne caouanc [Chêlonnée caouane, Tortue à grosse tète) est aussi grosse et quelquefois plus grosse que la Tortue (1) Voyez les niiniéros d'août, p. 364, et de seplemhre, p. Z|l/i. ('2) Carapace un peu allongée, subcordifornie, unie dans i'àge adulte, li-icarénée et à bord terminal dentelé dans le jeune âge ; vingt-cinq plaques marginales ; deux ongles à chaque patte. 560 socii^:tk impruialr zoologiql'iî d'acclimatation. franche; elle a les mêmes mœurs, habite les mêmes parages, s'élève un peu plus au nord. C'est elle que l'on trouve dans la Méditerranée, sur les rivages de la Corse et de la Sardaigne, et môme dans la mer Noire. Elle fait ses pontes sur les côtes de l'Afrique. Sa chair est huileuse, filamenteuse, coriace, répand une forte odeur de marée, néanmoins on la fait saler, et on la mange sans inconvénient; l'huile qu'on en retire est fort abondante, mais elle n'est bonne (ju'à brûler, elle gâte les sauces. Son écaille servait autrefois à garnir les miroirs et les gros meubles de luxe, mais on ne l'emploie guère aujourd'hui, parce qu'elle est souvent d'une vilaine couleur et gâtée par une espèce de galle. Les grandes analogies qui existent entre lu Caouane et la Tortue franche font espérer, conmie je l'ai dit, (jue la Tortue franche pourrait s'acclimater dans la iMédi- lerranée, où vit très bien la (ïaouaue. Caret (1). Tnrluf" à bec de faucon (des Anglais), Chélonée imbriquée (Dumi^ril et Bibron). Moins grosse que la Tortue franche et que la Caouane, elle vit dans l'Océan indien et dans l'Océan américain. Son écaille est la plus estimée de toutes celles des Tortues. Ses œufs passent aussi pour être plus délicats (|ue ceux de la Tortue franche, elle en pond en aussi grand nombre; mais sa chair n'est pas aussi recherchée : sans être désagréable au goût, elle est de dillicile digestion; ce (jui n'empêche pas dit, M. Hol- broock, que sur les marchés la chair du jeune Caret ne soit très souvent vendue pour de la Tortue franche à ceux qui ne s'y connaissent pas. Quehjues auteurs lui ont leconnu une vertu purgative-, ce (|ui provient, suivant Dampier, des lieux (ju'elle habite et des aliments qu'elle mange. Le père Labat raconle à ce sujet une histoire fort singulière : 0 La chair du Caret, dit-il, n'est pas bonne à manger; ce (!) Carapace siibcor.liforme; pla(]iio.s du rlisriiie ini!)riqii(''os et nu nombre tic lioize, maibii'cs de brun sur un fond jaune ou fauve; museau long et comprimé, à bords droits sans dentelures, recourbés légf'remenl l'un vers l'autre à leur extrémité; deux ongles à ciiaque nageoire. TORTUES. 561 (jui ne provient pas de ce qu'elle soit plus maigre ou plus dure que celle de la Tortue franche, mais d'une qualité purgative qu'elle renferme, qui l'ait «lue quand on en mange, on est assuré d'être couvert de clous, si Ton a quelque impureté dans le corps. Ceux qui vont aux îles de la Tortelle ou autres îles, pour la pèche de la Tortue ou du Caret, ne vivent que de chair de Tortue ou du Caret pendant trois ou quatre mois qu'ils emploient à cette pèche, sans pain, sans cassave et sans autre chose que le gras et le maigre de cette chair ; et il est assuré que quelque maladie qu'ils aient, môme le mal deNaples, ils en guérissent très parfaitement. Cette nourriture leur procure d'ahord un cours de ventre qui les purge merveilleusement ; que l'on augmente ou que l'on diminue à proportion des ■forces du malade, en lui donnant à manger plus ou moins de Caret avec la chair de Tortue franche. Ce cours de ventre est accompagné de clous et de hubons qui, pour l'ordinaire, i\iusent la fièvre, qui, bien qu'elle soit violente, ne peut être dangereuse, surtout quand le malade est d'une complexion forte et d'un bon tempérament. On en est quitte en douze ou (|uinze accès, mais les clous (jui sont ouverts continuent de rendre de la matière tant qu'il se trouve la moindre impureté dans le corps. Après cela, il semble qu'on soit changé en un autre homme. On se sent tout renouvelé, on devient gras, et la force et la santé reviennent à vue d'œil. Cependant il est bon d'avertir ici le lecteur que des personnes vieilles, faibles et délicates auraient peine à résister à ces violentes évacua- lions, et qu'il faut un tempérament fort et robuste pour les supporter, » Un de nos pères, appelé Jean Montdidier, qui demeurait avec moi en notre hahilation du fort Saint-Jacques, en 1697, s'avisa un jour d'acheter un plastron de Caret qu'il prit pour un plastron de Tortue franche, et malgré tout ce que je pus lui dire, il le fit accommoder, et il en mangea tant qu'il se sentit de l'appétit; j'en mangeai aussi un peu, parce que j'étais bien aise de me purger. Mais ce pauvre religieux ne fut pas long- temps sans s'en repenlir de ne m'avoir pas voulu croire. En moins de trois ou (juatre jours, il se trouva couvert de clous 5&2 SOCIÉTÉ impéiuaLi: zooLot^iori' d'acci.imaIa'Iion. gros comme des moitiés d'oeufs de Poule, de manière qu'il ne pouvait trouver de situation pour être un moment en repos. Ces clous furent accompagnés (Fun dévoiemeiil terrible avec une grosse fièvre, rpii m'auraient fait craindre pour lui si je n en avais pas su la cause, et si sa jeunesse et sa bomie com- plexion ne m'avaient rassuré. Il soul'Irit pendant dix-huit ou vingt jours; mais il en a tiré cet avantage, qu'il n'a point été attaqué de la maladie de Siam, ni d'aucune autre pendant cinq ou six ans (ju'il a demeuré aux Iles du Vent. » Pour moi, ([ui en avais mangé plutôt comme d'un médi- cament que comme d'une viande, j'en fus quitte pour un petit dévoiement de cinq ou six jours, accompagné de deux ou trois clous qui ne laissèrent jjas de me faire du bien, après m'avoir causé un peu de douleur et d'incommodité. » Quand la chair de Caret a été salée, elle n'est plus si pur- gative; mais toutes sortes de chair de Tortue perdent beau- coup de leur honte, quand elles ont demeuré dans le sel, parce qu'étant délicates et grasses, le sel consomme absolument toute la graisse et toute la saveur. Je ne sais si l'on ne pourrait pas attribuer cet inconvénient au sel du pays, (jui est fort cor- rosif, et si la même chose arriverait, si l'on se servait du sel d'Europe, » (Labat, tome I, Voyage aux i les.) Les écailles du Caret sont les plus employées dans les arts : ce sont les treize plaques vertébrales et costales (|ui recouvrent la carapace. Pour les obtenir, il suffit d'exposer au feu cette carapace, les écailles s'en détachent; on les façonne ensuite connue ou veut, en les amollissant dans de l'eau chaude, en les mettant dans un moule où on leur doiuie la forme que l'on désire au moyen d'une pince de fer, puis on y ajoute des cise- lures et des ornements dor et d'argent. Autrefois, avant ([ue les métaux et les bois précieux fussent moins communs et que l'art de les travailler lut moins connu, les écailles de Tortue étaient très recherchées. Pline nous apprend que , sous AugUbte, l'art de les travailler fut porté très loin par un cer- tain Carvelius Pollio; Martial et Juvénal disent (lu'on en ornait les lits et les meubles. Velleius Paterculus rapporte que, lors de la prise d'Alexandrie par Jules César, les magasins étaient tOHTLlKS. eur le retour de la belle saison (1), Brown {Histoire de la Jamaïque), et notre collègue 31. Ra- monde la Sagra, dont vous avez pu lire dans le dernier Bulle- tin de la Société, mai 1859 (2), quelques lignes sur les avan- tages de la chair des Tortues, parlent d'une Tortue paludine alimentaire à la Jamaïque et à Cuba. Ce peut être l'Èuiyde concentrique, qui paraît se trouver également dans l'Amérique du Nord et dans l'Amérique du Sud ^ ce qui est une exception, car toutes les autres espèces de Tortues qui se trouvent dans ces deux parties du même continent du nouveau monde sont ditïérentes. Ou bien cette Paludine de la Jamaïque et de Cuba pourrait bien être la Podocnéu)ide de Duméril et Bibron, dont nous allons parler. Car cette Podocnémide, qui est aussi un genre de Paludine, n'est autre que la Tortue arrau ^ qui, à l'embouchure du fleuve Orénoque, près de son confluent avec la rivière Apure, (1) M. de Lentillac, membre de la Société, écrit à M. Auguste Duméril : que la Tortue concenlrique ou lerrapèue est si prisée à Philadelphie, qu'on la paye jusqu'à o dollars ; et comme ces TorUies ne sont pas grosses, si l'on veut oll'rir de ces mets dans une soirée, ce qui est fort en usage, c'est une dépense de 500 francs pour une réunion de soixante à quatre-vingts per- sonnes. On la prépare avec du vin de Madère et des épices La Chélonée de Temmiiic est aussi très estimée; on la trouve dans les marécages de l'Alabama, sur les côtes du golfe du Mexique. (2j M. Ramonde la Sagra pense que, sous le point de vue de la nourriture va- riée que les diverses partiesdes Tortuesprocurent, ces animaux mériteraient d'être acclimatés ou au moins multipliés, soit par les moyens simples et naturels dans les régions chaudes du globe, soit par les moyens artificiels, qui ne sont pas dispendieux dans ces contrées. Parmi les moyens d'acclima- tation, il met le transport des jeunes Tortues, si faciles à recueillir et à importer par la navigation à vapeur. 566 sociiîTE iMPÉiiiAij': zoologiquk m'acclimatvtion. donne lieu à celte merveilleuse recolle crœufs sur l;i(juelle M. dellumboldt, dans son voyage dans rAniéri([ue méridionale, a recueilli les plus intéressants détails, (jue je crois devoir faire passer sous vos yeux : « Aussi loin, dit M. de Humboldt, (jue porte la vue lo long de la plage, une couche de terre recouvre les œufs de Tortue ; en sondant avec une perche, on détermine l'étendue du strate d'œufs, comme les mineurs déterminent les limites d'un dépôt de marne, de fer limoneux ou de houille. Aussi ne parle-t-on ici que de perches carrées d'œufs : c'est comme un terrain de pommes de terre (ju'on divise par lots et qu'on exploite avec la plus grande régularité. On évalue le produit de la récolte comme celui d'un arpent bien cultivé. Ce strate d'œufs s'éloigne du rivage de 120 pieds, et sa profondeur est de 3 pieds. Une area bien mesurée, de 420 pieds de long et de 30 pieds de large, donne cent jarres d'œufs, c'est-à-dire pour 1000 francs. » La plage d'Uruana, l'un des points où se fait la récolte, fournit annuellement 1000 bolijas ou jarres d'huile (chaque bolija est dt; la contenance de 25 bouteilles); cha(|ue jarre se vend 2 piastres ou 2 piastres et demie. On peut admettre que le produit total des trois plages où se fait annuellement la cosecha, ou récolte des œufs, estde 5000 bolijas. Or, comme il faut 200 œufs pour remplir une bouteille, il faut 5000 oîufs pour remplir une bolija, en évaluant à 100 le nombre des œufs que produit une Tortue, et en conq)tant que le tiers est cassé au momentde la ponte. On conçoit que, pour retirer 5000 jarres d'huile, il faut 330 000 Tortues arrau (dont le poids peut être évalué à 165 000 f|uintaux) qui viennent pondre sur les trois plages où se fait la récolte. 3Iais les résultats de ces calculs sont au-dessous de la vérité; beaucoup de Tortues ne pondent que 60 à 70 œufs. Un grand nombre de ces Tortues sont dé- vorées par les jaguars et les oiseaux qui en font leur proie, au moment où elles sortent de l'eau. Les Indiens emportent un grand nombre d'œufs pour les manger desséchés au soleil. Ils en brisent un très grand nombre, en marchant dessus, pour les récolter. Knlin la cpiantite d'œufs éclos avant (|ue Ion puisse les détruire est si prodigieuse, (jue, près du canq)emenl TOIïTUKS. 567 (rUrnana, j'ai vu toute la rive de i'Oréiiotjue founiiiller de petites Tortues d'un pouce de diamètre. Si fou ajoute ;i ces considérations, que tous les Arrau ne se réunissent pas dans les trois plages du canipeuient, et qu'il y en a beaucoup qui pondent sporadiquement, et (jiielques semaines plus tard, on se voit forcé d'admettre que le nombre des Tortues qui dé- posent annuellement leurs œufs sur les bords de rOrénotjue s'approche d'un million. » Le profit des marchands d'huile s'élève à 70 ou 80 pour 100, et le commerce qu'ils en font est considérable : c'est une branche de revenu que le gouvernement du Brésil retire de la provincedeRio-Negro, en prélevant la dune de l'huile deTortue. Malgré cette extrême production, on croit s'apercevoir que d'année en année les récoltes sont moins abondantes, car le gaspillage (jui s'en fait, ainsi que nous venons de le dire, est encore plus grand ; aussi les pères jésuites avaient-ils essayé de régulariser cette exploitation en ne permettant pas qu'on exploitât la plage entière, dans la crainte de voir sinon dé- truite, du moins considérablement diminuée, la race des Tortues arrau. Les œufs de la Tortue arrau, ou Podocnémide, sont un peu plus gros que les œufs de Pigeon; ils sont couverts d'une croûte calcaire, et l'on assure qu'ils ont assez de consistance pour que les enfants des Indiens Otomaques, qui sont de grands joueurs de paume, puissent les jeter en l'air pour se les passer les uns aux autres. I/huile qu'on retire de ces œufs se conserve d'autant mieux, qu'elle a été soumise à une ébullition plus forte; lorsqu'elle est bien préparée, elle est limpide, inodore, à peine jaunâtre. Les missionnaires la comparent à la meilleure huile d'olive, et on l'emploie non-seulement pour la brûler dans les lampes, mais surtout pour préparer les aliments, auxquels elle ne donne aucun goût désagréable. Suivant notre collègue M. Emile Carrey {Huit jours sous i^ Equateur), les \)et'ites Tortues, toutes jeunes encore, passées dans la poêle à frire ou grillées, alors qu'elles no sont plus œuls et ne sont pas viande, et pas plus grosses (jue des Mau- 568 SOCIlViÉ IMI'ÉIUALE ZOOLOGIQLE D ACCLIM.VlATIOrS . vielles, sont un mels très délicat. On les mange tout entières, avec leur écaille encore molle. Le nombre de cespetitesïortues, au momentoù elles viennent de naître, est si considérable, que le père Guinella assure que les plages de l'Orénoque renferment moins de grains de sable (|ue Teau ne renferme de ces Tortues, et que ces animaux empê- cheraient les navires d'avancer, si Ton n'en faisait une aussi grande destruction. On voit que l'idée de i\l. Kamon de la Sagra, d'en transporter en Europe des cargaisons, serait facile à réaliser. L'Europe ne possède que trois espèces de Tortues paludines ; ce sont : 1" la Cistude europée?i?ie, Duméril et Bibron, ou Tor- tue bourbeuse de Lacépède [Cistndo lutaria, Tortue orbicu- /«/re de Liimé) ; 2" XEimjde Caspienne, Duméril et Bibron, {Cistudo caspica àe?, nyilQuvs); 2>''VÉmyde sigriz^ Duméril et Bibron [Emys leprosa^ Terrapene sigriz, Charles Bonaparte). La Cistude européenne csi sans contredit la plus répandue de ces trois espèces; on la trouve en Grèce, en Italie, dans les Iles de la iMéditerranée, en Espagne, en Portugal, dans les dé- partements méridionaux de la France, en Hongrie, dans l'Allemagne et jusqu'en Prusse. Les pécheurs, dit Valmontde Bomare, la prennent souvent dans les fdels qu'ils étendent dans la rivière Bartha, en Silésie. Ces pays sont à peu près sur risotherme do 10 degrés de M. de Humboldt. Suivant Wulf, les paysans de la IMusse con- servent la Tortue bourbeuse dans les vaisseaux qui contiennent la nourriture destinée à leurs cochons ; ils pensent que ces derniers animaux s'en portent mieux et en engraissent (ce qui ferait penser que les cochons les mangent). Mais, ajoute Wulf, les Tortues bourbeuses vivent quelquefois plus de deux ans dans cette sorte d'habitation extraordinaire (si elles con- tinuent de vivre, elles ne sont donc pas mangées); la phrase de Wulf est par conséquent très obscure ou ne peut s'expli- quer que par une superstition populaire (|ui attribuait l'in- tluence exercée sur les cochons à la simple présence de la Tortue. Des superstitions analogues ne sont pas rares dans l'histoire de l'esprit humain. En France, la Cistude était TORTUES. 569 autrefois 1res commune en Languedoc; et dans la Provence; elle se trouvait surtout dans cette île appelée la Camargue, que forment par leur écartement les deux principales branches du Rhône, « M. le président de la Tour d'Aygues, écrit Lacé- pède (dont les lumières et le goût pour l'histoire naturelle sont bien connus), a bien voulu m'apprendre qu'on trouve une si grande quantité de Tortues bourbeuses dans un marais d'une demi-lieue de surface, situé au bord de la Durance, que ces animaux suOh-ent, pendant plus de trois mois, à la nour- riture des paysans du voisinage. Aujourd'hui, la mise en culture de ces marais en a tellement réduit le nombre, que M. Fournet n'a rencontré de Tortues bourbeuses, le long du canal d'Arles à Bouc, que dans des espèces de puits naturels où l'eau, s'élevant à fleur de terre, se maintient durant toute Tannée à une température à peu près égale. » Lyon, au dire de Rondelet, possédait autrefois ces mêmes Tortues dans la presqu'île de Perrache, et elles existent encore, suivant M. Fournet, dans les étangs de la Bresse et de la Dombes, mais elles ne remontent pas plus haut vers le nord, du moins il n'en est plus question dans les départements du Doubs et de la Côted'Or. Ces Tortues boueuses sont communes aux environs de Bor- deaux ; dans le bassin de la Loire, elles ont été trouvées aux environs de Moulins, sur les bords de l'Allier. « En réunissant ces données, ajoute M. Fournet, à celles qui concernent la Bresse, on arrive à considérer l'endjouchure de la Seille à l'embou- chure de l'Allier, ou le liQ' degré et demi, comme formant la barrière naturelle que ne franchissent pas en France les Tortues bourbeuses : cette démarcation est à peu près tracée par l'isotherme 11 degrés de M. Becquerel. » Dans les couvents d'Espagne, où la règle oblige presque toute l'année à une nourriture maigre, on élève les Tortues boueuses dans des jardins clos de briques et plantés de" laitues dont elles se nourrissent ; elles y pondent leurs œufs entre deux terres : le soleil suffit pour les faire éclore. Il faut deux ans pour que les Tortues atteignent le poids d'un demi-kilo : c'est l'âge où il convient de les manger. T. VI. — Décembre 1859. 37 570 sdCiK!!, iMi r:!'.i.vi,K zooLOUiQUi: u'accmmatation . On voit (loue du qticllo ressource [)e'ul, cHrc la Torliie houeiise. Aussi un riche propriéUiire de la Camargue, M. !e baron de Rivière, considérant la diminution de ces Tortues comme une perte pour ralimenlation des campagnes de ses enviions, a eu ridée d'en repeupler les marécages non exploités de sa terre de Tamarens. « Après en avoir dessalé les lagunes par Tin- troduction des eaux lluviales, je me procurai, dil-il. rlicz les fournisseurs d'Arles une vingtaine de très petites Tortues (pji pouvaient p(>ser environ chacune 50 grammes. Deux ans après elles avaient umlli[)lié, et, de plus, le poids d(^ plusieurs d'entre elles s'était élevé à un demi-kilogranmie, environ h> double. » I):U)s la l'rovenee, en 18Zi(i, le prix de la Tortue boueuse était de /i à 0 IVanes le kilogranmie, qui est le poids d'une Tortue vivante avec sa carapace. ÎVI. le baron de Rivière et M. Fournet conclurent qu'il serait très à souhaiter qu'on donnât des soins à la multiplication des Tortues boueuses dans U> Midi de la France, car leur chair est très nourrissante et de facile digestion ; elle a un certain goût sauvage (pie les cuisiniers ont de la peine à dissinuder par les assaisonnements , mais en compensation les médecins l'es- timent beaucoup plus (pie la Tortue de mer. La médecine, en ell'et. en faisait autrefois grandement usage. M. de Rivière paraît lui avoir dû sa santé, comme le disent les réflexions dont il a accompagné l'essai tenté par lui. « Il est peu de nouveaux mets (pi'on puisse pn^senter sur nos tables, et même certains d'entre eux, comme les Trull'es et les Tortues, deviennent de plus en plus rares, et par cons(''- (pient [)lus cliers. Mais je fais infiniment \)\us de cas des Tortues que desTrulVes! 11 dépend de chacun de nous d'en avoir une garenne, comme une garenne de Lapins: et certes celle-ci serait bien plus convenable à la grande propriété, car ce serait le moyen d'exercer une noble et généreuse bienfaisance vis-à-visdeceux(jui inspirent le plus de conqiassion, les malades, dont un grand nombre pourraient être comme moi ramenés à la santé par l'usage un peu prolongé des consommés de Tortue. » TUIlTUEvS. 571 D'après cela, vous voyez que nous sommes bien autorisés à vous demander la nmlliplicalion de la (lislude européenne. INousne savons rien deV Emyde caspiemw, (pii n'a été ren- contrée que dans les parties les plus orientales de 1 Europe. LÉmi/da sigriz se trouve en Espagne, mais en plus grande (|uantité dans l'Algérie, aux environs de la Calleetde IMiilippe- ville; les habitants n'en font point usage, parce (jue sa chair est dure et répand une odeur très repoussante. Ces Emydes y sont d'autant plus multipliées, que les berges du Sal'saf en sont comme pavées (voy. Guyon et Fournel). Des Chersites, oiiTortues de terre (1). Elles ont été divisées en quatre genres et vingt-huit espèces. Quelques-unes, comme la Tortue géante ou la Tortue éléphan- tine, oil'rent un volume considérable ; quoiiju'elles n'aillent jamais à leau, c'est souvent dans son voisinage qu'on les ren- contre. Elles vivent dans les bois ou dans des lieux bien four- nis d'herbes ; elles se creusent peu profondément dans le sol des sortes de terriers où, dans les climats tempérés, elles s'en- o-ourdiss'ent durant la saison froide ; c'est aussi dans un trou qu'elles déposent leurs œufs. Elles se nourrissent de végétaux, principalement, mais elles détruisent aussi beaucoup de Lima- çons : c'est pour cela qu'on les lâche quelquefois dans les jardins. Les Tortues terrestres sont répandues sur presque toutes les parties du globe. Jus(iu'ici cependant il n'en a été rapporté aucune de l'Australie en Europe, où Ton en possède trois genres. La bordée et la grecque^ (jui se trouvent dans la région méridionale, en Grèce, en Italie, en Sardaigne, en Espagne, en Portugal. On en fait du bouillon, principalement pour les malades, sa cbair est beaucoup plus dure que celle de la (1) Corps court, ovale, bombe, couvert d'une carapace et d'un plastron; point de dénis; quatre pattes en moignons tronqués, de longueur égale en avant et en arrière, à doigts pou distincts, presque égaux, immobiles, à ongles courts, obius, ressemblant au sabot des Mammifères pacbydermes. 67'2 SOCIÉTÉ IMI'ÉI'.IALK ZOOLOGIQUE u'aCCLIMATATION. Tortue de mer et des Elodites et des Potaiiiites alimentaires. Quelques auteurs rappellent qu'il est interdit aux Grecs et aux Turcs d'en manger, sans dire la raison de cette interdiction. L'Afrique contient neuf espèces de Tortues de terre; on les rencontre jusque dans les sables de la Libye. Il y en a deux espèces en Algérie, suivant M. Guyon : l'une dans la province de Constantine, l'autre dans celle d'Oran ; nos troupes en mangent la cbair. La Chersite rayonnêe de Madagascar donne lieu à un grand commerce, on la porte souvent au cap de Bonne-Espérance et à l'île Bourbon ; c'est celle que Ton voit à Paris, exposée quelquefois chez les marchands de comestibles. Ou ne sait pas au juste le nombre des Tortues de terre que nourrit TAsie; l'Amérique en renferme trois races ; La Tortue PolypJième^ qui existe dans la Caroline du Sud, l'Alabama, les Florides, la Géorgie, d'où elle est apportée sur les marchés de la Nouvelle-Orléans (Holbroock). Elle se nourrit de Patates douces, de Melon, et peut être domestiquée. Sa chair est bonne et d'excellent goût. Il y a aussi une autre Chersite alimentaire, désignée sous le nom de Cistude de Blanding. Dans les petites Antilles, Martinique et Guadeloupe, on trouve les espèces appelées charbonnière et marquetée , dont la chair n'est pas très recherchée, mais les nègres la mangent. A Cuba, on chasse les Tortues de terre avec des chiens qui les découvrent à la piste ; lorsqu'ils les ont trouvées, ils aboient jusqu'à ce (]ue les chasseurs soient arrivés. On les emporte en vie, elles peuvent peser 5 à 6 livres. On les met en parc, on les nourrit avec des herbes et des fruits, elles multiplient beaucoup, même en captivité ^ leur chair, (luoi- qu'uu peu coriace, est de bon goût. A l'île des Pins, qui est entre Cuba et le continent de l'Amérique, on se contente, après les avoir prises, de leur faire une marque particulière et de les lâcher dans les bois, bien assuré de les retrouver à peu de distance, et que chacun poura reconnaître les siennes (Lacé- pède). « Aux îles de Gallapagos, dit Danqtier, les Tortues de terre sont en si grande (juantité, quecinij ou six hommes pourraient ToniURS, 573 en subsister pendant plusieurs mois, sans aucune autre sorte de provisions; elles sont extraordinairement grosses et grasses, et si délicates, qu'il n'y a point de poulets qui se mange avec plus de plaisir. Une des plus grosses pesait 150 à 200 livres. La Tortue chersite des îles de Gallapagos est la Tortue géante de Duméril et de Bibron. On trouve aussi des Tortues terrestres dans la Guyane, au Brésil, en Patagonie, au Chili, et en général dans toute l'Amérique méridionale. Les Chersites seraient peut-être, de toutes les Tortues, les plus faciles à acclimater, mais ce sont celles qui fournissent les moins bonnes espèces alimentaires. Des Potamites, ou Tortues fluviales (1). Cette famille de Tortues est la moins nombreuse et la moins répandue : Duméril et Bibron en ont fait deux genres et onze espèces. On n'a encore trouvé aucune de ces espèces dans nos fleuves européens; toutes celles qui ont été décrites, et dont on connaît la patrie, proviennent des rivière?, des fleuves ou des grands lacs d'eau douce des autres parties du monde, du Nil et du ^Mger en Afrique, de l'Eupbrale et du Gange en Asie, du Mississipi, de l'Obio et de leurs affluents en Amérique. La Potamite appelée Gymnopode , spécifiée par Duméril et Bibron, Tortue molle de Lacépède, Testudo fcrox de quelques auteurs, qui se trouve dans les rivières de la Géorgie, desFlo- rides, dans la Savannab, le 3îississipi, le Wasbab et l'Ohio, a la cbair très délicate, et se pêcbe à l'hameçon, que l'on garnit de petits Poissons ou d'autres petits animaux vivants. Il paraît que quelques Potamites atteignent de très grandes dimensions : Pennant parle d'individus i\\i'\ pesaitnt 70 livres. (1) Carapace molle, cartilagineuse; côtes à extrémités sternales libres ; lète allongée, étroite ; mâchoires transversales; membres courts, trapus, à pattes très larges, bordées et prolongées en arrière par la peau, à trois doigts munis d'ongles forts, les deux autres doigts sans ongles, soutenant les membranes natatoires. 57/i SOCIÉTK IMPÉI'.IALE ZOOLOGIQUK iVaCCLIMAT.VTION. M. le (JoclciirL. A Petit, cliiriirgieii de lu marine, a remis à M. Auguste Duméril une note manuscrite sur un Triouyx pèclié à l'embouchure du Gabon, et (jui paraît (Mi'c le Gyninopode mutique de Duméril et Bibron {Triojiyx œgijptiacus de Geoffroy Saint-Hilaire). Les indigènes, dit M. Petit, connaissent hien cette espèce ; elle n'est pas rare dans les marigots du Galion, et ils en mangent volontiers la chair. » A propos d'un autre Trionyx {Cycloderma Aubrii, Trio- nyx cryptopodes)^ M. Aubry Lecomte, membre de la Société, a fait aussi à M.Auguste Duméril la comuumication suivante : « Cette espèce est très recherchée sur la cote d'AlViipie ; elle fournit un aliment très délicat, réservé pour les chefs des tribus. Elle se tient habituellement dans la vase, au fond des eaux; il en résulte qu'on ne peut se la procurer que diflicile- ment et rarement. Les Tortues potamites et le Thalassite Caret sont les seules Tortues qui opposent quelque résistance à l'homme et dont les morsures soient à craindre. Toutes les autres Tortues sont douces et timides, et se laissent facilement prendre; et c'est un avantage de plus de cette classe d'ani- maux, que cette chasse ne fait courir aucun danger et n'exige pas de grandes fatigues. » [Note sur les Repiilp.s du Gabon, par M. A. Dmnéril.) » Les Tortues potamites sont à présent les moins bien con- nues, car les espèces différentes de cette famille ont été long- temps confondues sous un même nom. Il est probable (jue toutes sont alimentaires là où elles se trouvent • leur chair a la (jualilé qu'a celle des Poissons qui vivent dans les eaux courantes, car les Tortues, sous le rapport de l'alimentation, sont de véritables Poissons ; peut-être menu; leur classilication scientili(|ue parmi les Reptiles est-elle une des causes (jui dé- versent sur elles la répulsion qu'inspire cette ( lasse d'animaux. L'amiral Anson raconte que lors de l'un de ses voyages sur les côtes de l'Amérique du Sud près de Panama, oîi Us vivres ne sont pas toujours très abondants, ayant remarqué que les habi- tants, croyaient (jue la chair des Tortues qui y étaient en grand nombre, était malsaine, et (ju'ils s'abstenaient de cette pré- cieuse ressource comme d'un poison, jugea que c'était à la TORTUES. 5/5 figure siiiiinlu're de cel animal (|Li'il fallail jitUibuer ce pré- jugé. Il en iii manger pa ses matelots. Les esclaves indiens el les nègres (jui élaienl à bord de l'escadre, élevés dans la même opinion (jue leurs mailres, furent surpris de la hardiesse des Anglais, (pi'ils voyaient manger librement de la tliaii' des Tortues, et s'attendaient à leur en voir jjieiitôt ressentir de mauvais effets-, mais à la (in, ayant reconnu (|n'ilsn'en épr(ju- vaient aucun mal, et que même ils s'en [)ortaient mieux, ils se miient ù suivre leur exemple, et se lélicitèrent d"une expé- rience qui les assurait à Tavenir de pouvoir faire avec aussi peu de peine que de frais de meilleurs repas que leurs maîtres. {Histoire des voyages, édit. 13M753, vol. I, p. h'^'l.) Puissé-je, messieurs, être aussi heureux que Famiral Anson, et vous avoir convaincus que la chair de Tortue est un excel- lent aliment, et surtout vous déterminer à en m.anger • je suis sur que vous nVen serez reconnaissants comme le furent les Indiens envers lamiral Anson. Mais certainement vous recon- naîtrez, dapiès tout ce que je vous rapporterai, ijue Lacépède a pu, sans exagération, comparer les avantages que nous pouvons retirer des diverses espèces de Tortues à ceux que nous retirons des troupeaux de Mammifères qui paissent à la surface de la terre. En résumé : 1" La chair de Tortue, principalement de certaines espèces, est très prisée par tous ceux qui en ont une Ibis goûté. 2" Cette chair peut être comparée, sous tous les rapports, à celle des meilleurs Poissons. 3" De tous les Poissons vivants, et à l'état frais, la Tortue •est celui qui peut donner lieu, par son abondance, sa forte vitalité et par les facultés de la navigation à vapeur, au com- merce d'exploitation le plus considérable. h" Sa chair pourrait figurer sur les marchés et être mise à la portée des plus petites bourses. 5" Des faits directs et de puissantes analogies portent à pen- ser (pie la Tortue de mer peut être acclimatée dans la mer Méditerranée. 6" La Cistude européenne devrait être plus multipliée 576 sociiiTi-: impî^irialk zooLOGiQun: i)\vrcLiMAT.\TioN. qu'elle ne l'est; on pourrait aussi essayer d'acclimater dans les marais de nos côtes TEmyde concentrique et les autres espèces si estimées aux Etats-Unis, et dans nos fleuves les bonnes espèces de Potamites. T Les Chersites même ne sont pas à dédaigner. En terminant cette communication, (ju'il me soit permis de la placer sous l'autorité d'un nom aimé et honoré de tous, de notre Président M. GeoIVroy Saint-Hilaire, qui ne se contente pas d'être un grand savant, mais qui a Tambilion plus grande d'ètie un bienfaiteur de l'humanité, s'etîorce de tirer la Zoologie des montres et des mystères du cabinet d'Histoire naturelle, pour la porter sur nos marchés et sur nos tables, lui adonné pour épigraphe sa devise héréditaire : iJtUitatil et veut la faire servir non-seulement à la curiosité, mais au bien-être de l'homme. C'est pounpioi je Unirai en empruntant à son excellent et charmant ouvrage sur la viande du Cheval, ces belles paroles : « Que chacun fasse son devoir; le devoir, cest lont ce qa'on peut faire pour son pays et pour ses semblables. Homme de science, j'ai dit; à d'autres l'action (1). » (1) Depuis la publicalion du premier article, l'un des membres les plus 7/'lés de la SocifMé (rAcrlimalalioii, M. Sacc; considérant que le Sphargis liilh esl la plus ancienne Tortu»' reconnue dans la Médilerranée, et celle (nii pciit-cue encore s'y rencontre le pins Iréqueminent, écrit à M. le Président (pril propose un prix de 100 francs à la personne qui apportera à Mar- seille, (i nicllra à la disposition de la Société d'Acclimalalion, une paire de Tortues Sphargis liilli. avec la plante marine dont ces Tortues se noin- rissenl. Les individus devront avoir au moins 3^5 centimètres de longueur. rL\NTES ALIMRNTAIRKS DU VÉNÉZUfU.A. 577 PLANTES ALIMENTAIRES DU VENEZUELA DONT L'ACCLIMATATION EN FRANCE OU EN ALCERIE POURRAIT CONTRIRUER A AMÉLIORER LE SORT DES CLASSES LARORIEUSES Par M. A. DE TOURREIL, Chancelier du Consulat de France, Délégué de la Société impériale d'Acclimatation à Caracas (Venezuela). (Séance du Conseil, du 10 juin 1859.) I. — Arracache (1). Parmi les nombreuses plantes alimentaires que produit, presque sans culture, le sol fécond du Venezuela, j'en citerai quelques-unes, dont racclimatation en France ou en Algérie pourrait contribuer à ramélioration du sort des classes laborieuses. V Arracache, ou Apio, ainsi nommé dans le pays par la ressemblance de ses feuilles avec le Céleri d'Europe, appelé Apio en espagnol , est un genre de la famille des Ombelli- fères, dont les rbizomes pivotants, de forme conoidale, partent d'une souche ou collet souterrain et divergent en tous sens comme des rayons spliériques. Cette plante radiciforme se rapproche extraordinairement de la Carotte jaune et parla forme et par la couleur, bien que ses racines soient plus féculentes et plus nombreuses. Elle offre aussi, comme plante potagère, un aliment des plus sains et d'une saveur très agréable: quand on prive les malades de l'usage des farineux, l' Arracache seul est excepté; il constitue un mets journalier qui tient le milieu entre la Patate (Co^zvo/- vulm batatas) et la Pomme de terre {Solanum tuherosum). Quelques essais ont déjà été faits pour acclimater cette (1) Ou Arracacha, prononcez Arrakntcha {Arracacha esculenta). 578 SOCIÉTl': IMPÉRIALK XoOLOGIUUIC !»*ACCLIMAT.\TiON. racine en France. Il y a environ vingt ans, l'éminent docteur Vargas, Vénézuélien, (run rare niérile, lit deux envois d'Arra- caclies en Europe, l'un ;'i M. Viiuiorin, directeur alors du jardin d'acclimatation ou Pépinière de Paris, l'autre au |uo- iesseur De Candollr, en Suisi-.e. A Paris, les plants de ce pré- cieux comestible présentèrent un résultat favorable la jtre- niière année; ninis l'année suivante ils se perdirent . on en ignore la cause. Vers la fin de 18/17, M. G.-E. David, ministre plénipoten- tiaire, représentant à celle époque la France au Venezuela, sur la demande du Ministre de l'agriculture et du commerce, fit aussi un envoi d'Arracaches très considérable. Cet envoi se com[)Osait de sept petites caisses de racines soigneusement conditionnées, les unes dans du sable ou de la sciure de bois, les autres enveloppées dans du crin végétal ou des copeaux, et enfin d'autres bermétiquement fermées dans des boîtes de fer-blanc. Le tout fut adressé au Couunissaire général de la marine à Marseille sur un bâtiment marcband de ce port, qui dut arriver à sa destiïuition au connnencement de l'biver. Soit (pie la saison ne fût pas propice à l'implantation de ces racines, soit qu'elles rTaient pu arriver en bon état, cet essai ne réussit pas mieux que les précédents; on n'en a j)lus entendu parler. Toutefois, aujourd'bui que la Société impériale d'Acclimata- lion s'intéresse si vivement à enricbir notre sol de produits exoli(|ues qui puissent servir à augmenter nos ressources aliuienlaires. um' nouvelle tentative faite sous de si bons auspices ne saurait manepier de répondre à ses louables ell'orls. Voici d'ailleurs ([uebpies indications qui pourront faciliter la recbercbedes moyens de naturaliser cette [liante en France. VArracache est une racine dune nature très délicate, pronqjte à se détériorer; il n'est tendre, succulent et farineux (jue tout récemuient arracbé; une fois liors de terre, quebjues jours suffisent pour lui faire perdre la fraicbeur de sa substanc(^ et le moelleux de sa fécule. A mesure (ju'il se dessècbe, ses fibres, réunies en coucbes concentriques, deviennent corticales et d'une apparence ligneuse; il prend alors un goût saccbarin et PLANTES ALI.MENTAIUKS 1)1 VÉNÉZL'F.LA. 5/9 n'est plus bon à manger: aussi n'en fait-on jamais provision. Toutefois, en terre, l'Arraeache se conserve assez longtemps, même après avoir atteint son degré de maturité, et les agri- culteurs de ces contrées nVn arrachent (juc la (piantité néces- saire à être portée au marché; de sorte que la récolte d'un champ d'Arracaches peut durer des mois entiers. Le meilleur mode de reproduction de l'Arracache est par boutures herbacées : on arrache de la grosse tête ou collet de cette racine les jeunes pousses dont elle est garnie, de ma- nière que chaque tige emporte un morceau du collet on se trouve le germe ; on dégarnit la surface de la tige des parties qui lui sont étrangères, après l'avoir réduite à une quinzaine de centimètres de longueur, et l'on coupe de la portion du collet arrachée tout ce qui dépasse l'épaisseur de quelques lignes : car on a observé que si l'on en laissait trop attenant à la bouture, les racines alimentaires ou le produit utile serait moindre, et la plante se convertirait presque toute en souche, qu'on destine ordinairement à la nourriture des animaux. Quant à sa culture, TAri acache exige peu de soins ; il suffit (le remuer le sol avec la bêche à une vingtaine de centimètres de profondeur, d'ouvrir des sillons espacés les uns des autres d'environ /lO centimètres, et d'y planter les boutures isolées, observant entre elles i\ peu près cette même distance. Sou- vent même on se contente, après avoir remué la terre, de faire un trou de 7 à S centimètres de profondeur, où l'on met la bouture, sans former de sillons. La lige de la bouture doit être coupée à Zi ou5 centimètres au-dessus du sol. Une nature de terre légère et un peu argileuse semble convenir essentiel- lement à cette plante; ici, oîi la terre est si fertile, on la cul- tive généralement sans fumure. L'Arracache doit probablement se reproduire aussi par graines, car la plante, en vieillissant, pousse un épi ; maison n'en a jamais fait l'expérience, du moins que je sache. Cette plante se plaît dans les endroits frais et humides; bien qu'elle végète dans la vallée de Caracas, dont la tempé- rature varie de 13 à 25 degrés Réaumur, elle n'aime pas les climats chauds. Son habitat de prédilection est sur les 580 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOCIQUE d'aCCLIMATAÎION. montagnes voisines, à une altitude de 900 à 1000 mètres au- dessus du niveau de la mer, et sous une pression atmosphé- rique de î) à 18 degrés seulement de chaleur. On assure même qu'elle croît avec plus de vigueur encore à une plus graude élévation et au-dessous de 7 degrés de température. La végétation de FArracache est de neuf mois à un an pour qu'il parvienne à sa pleine maturité. On le récolte ici toute l'année, mais les plantations principales de cette racine ont ordinairement lieu à l'entrée de l'hivernage, dans les mois d'avril ou mai, ou vers le mois d'octobre, époque où com- mencent les pluies du nord. 11 s'agit d'étudier quelle sera en Europe la meilleure saison pour la planter, afin qu'elle puisse se conserver pendant les rigueurs de l'hiver et résister égale- ment aux ardeurs de l'été. Le rendement de l'Arracache est supérieur à celui de la Pomme de terre, en fait de substance féculente. Outre ses rhizomes, principal produit alimentaire, il oll're aussi dans sa grosse tète ou collet un mets que les pauvres mangent dans leur potage, quoique moins savoureux; mais qui sert, avec la partie herbacée de sa tige, d'excellente nourriture pour les animaux. Sa fécule produit d'ailleurs un sagou exquis et un amidon des plus blancs et des plus fins. Quant aux ressources (|ue cette racine otïre à l'art culinaire, elles sont nombreuses : elle entre essentiellement dans la cui- sine écononii(|ue du riche comme du pauvre, et accompagne presque toujours le potage; sa cuisson s'obtient en peu de temps à leau de sel, au four ou sous la cendre chaude; elle est employée comme garniture dans certains ragoûts de viande, et sert de base à plusieurs entremets : on en l'ait des beignets aussi bons que les beignets de Pommes. Il y a deux espèces d'Arracaches : l'Arracache jaune et l'Ar- racache blanc, ainsi appelé parce (|u'il est d'un jaune plus pâle, ou plut(H parce que le bas de la tige de l'un est rosacé et celui de l'autre est blanc. Le meilleur est sans contredit le premier; mais les agriculteurs donnent souvent la préférence à la culture de l'Arracache blanc à cause du rendement, ses racines étant beaucoup plus grosses et plus nombreuses. PLANTES ALlMb:iNTAIUES DU VÉNÉZLÉLA, 581 II. — Igname. De toutes les Ignames récemment implantées en France ou en Algérie, Tlgname de la Chine seulement [Dioscorea bata- tas) semble s'y être acclimatée. L'Amérique méridionale possède aussi cette précieuse plante, et le Venezuela en compte plusieurs espèces, dont l'introduc- tion sur notre sol donnerait sans doute les résultais les plus satisfaisants, à en juger par les conditions qui favorisent leur développement. L'Igname, appelée en espagnol Name (pour Gnamé), est indigène du continent américain comme elle l'est de l'Afrique et de l'Inde; on la trouve sylvestre dans les forêts vierges, qui occupent encore plus de la moitié du territoire de Venezuela. Parmi les différentes espèces d'Ignames cultivées dans le pays, on en distingue trois principales, vulgairement connues sous les noms de Name de Santo-Domiiigo , Name liso et Name de espina. Ces trois espèces n'ont pas encore été classées, que je sache; toutefois la première, ou l'Igname dite de Saint-Domingue, semblerait répondre au Dioscorea bulbifera. C'estune|)lanteàtigesarmenteuse, dont la principale produc- tion consiste dans les bulbilles ou tubercules qui se développent sur la partie aérienne de la plante, à l'aisselle des feuilles 5 la racine souterraine n'est qu'un produit accessoire : aussiy forme- t-on à Fentour une espèce de treillage sur lequel elle puisse grimper et étendre ses rameaux. Cette Igname est la moins prisée-, sa fécule conserve un certain goût d'amertume peu agréable , mais qui serait sans doute susceptible de correction. L'Igname lisse serait-elle le Dioscorea sativa? Elle donne des racines plus ou moins allongées, en forme de massue, à tissu charnu, compacte, féculent et d'un blanc opalin -, elle contient une humeur laiteuse qui disparait par la cuisson. Sa surface, d'un brun fauve, est unie, et offre les organes de la génération autour du collet. Ses racines pivotent quelquefois jusqu'à une grande profondeur 5 mais en général les renlle- 582 SOCIÉIÉ IMCÉUIALK ZOOLOGIQl'K u'aCCMMàT VIION, ments souterrains, (jui constitueiU le produit os>ci!liel de la plante, sont presque ronds et d'un arrachage facile. Les liges portent également leurs fruits, et l'on a soin d'y placer auprès des tuteurs pour soutenir. L'Igname épineuse appartient au même genre; elle dilîere seulement de la lisse en ce que sa surface offre des yeux ana- logues à ceux delà Patate, et des radicelles en forme d'épines. Sa fécule est grasse, moelleuse et succulente. Ses tiges sont aussi grimpantes et parviennent à plusieurs mètres d'élévation , mais on ne les pourvoit de tuteurs (|ue pour leur servir d'appui ; on ne fait aucun cas des bulbilles qu'elles portent, (ies deux espèces ont beaucoup de rapport avec la Dioscorée chinoise. La reproduction de l'Igname se fait ici par tubercules entiers ou par tronçons de la partie supérieure du rhizome. Souvent même cette opération s'exécute sans détruire la partie aérienne de la plante; ou en découvre la racine, on la coupe à environ un pouce au-dessous du collet, on comble de nouveau l'excavation et l'on remet à sa place la portion supé- rieure de la racine, qu'on recouvre de terre végétale. L'Igname aime la terre molle et elle s'étend ordinaiiemeiit, selon l'espace qu'on lui a [iréparé ; sur un terrain creusé à un mètre de [)roforideur et un demi-mètre de largeur, on en a retiré des Ignames en proportion de cette grandeur. L'Igname est susceptible d'aciiuérir de très grandes diuiensions, on en a vu au Venezuela pesant jusqu'à 100 kilogrammes. Il arrive souvent que ne pouvant opérer leur entier dévelo|)- pement dans la partie souterraine, soit par faute d'espace, ou par la rencontre d'un obstacle quelconque, les rhizomes de rigiiame s'élèvent au-dessus du sol à plus d'un quart de mètre ; on a soin alors de les tenir recouverts de terre, ce qui d'ailleurs n'offre aucun obstacle à leur production. Le rendement de l'Igname est supérieur à celui de la Pomme de terre-, elle contient pres({ue autant de fécule fari- neuse que celle ci, et elle renfernie ufi principe azoté qui la rendrait plus nutritive. Sa substance est reconnue comme; très nourrissante et d'une facile digestion; elle sert, au besoin, en (|ualité de pain aux habitants des campagnes, et en généial de ['LANTKS ALIMliNTAinKS DL ViiMZL1;LA. 583 piaille potagère cruii usage journalier. Elle se [)rète en outre sous dillérentes formes à la composition de divers l'agoùls, et sa cuisson s'obtient en i)eu de temps, soit à Teau de sel, soit au l'our ou sous la cendre chaude. Les climats chauds sont les plus favorables à l'Igname : plus la chaleur est vive et intense, plus sa végétation est active et vigoureuse. La température moyenne sous laquelle elle végète est d'environ 52 degrés du thermomètre centigrade, et le maximum de froid de 15 à 16 degrés, tandis (ju'elle supporte très bien un maximum de plus de 29 degrés de chaleur. La rusticité de Tlgname est telle, que sa culture n'exige ici aucun engrais ; elle croit même sylvestre, et les oiseaux se chargent souvent d'en répandre la semence. m. — Mapuey. Il est une autre racine farineuse, connue dans le pays sous le nom vulgaire de Mapuey, dont la forme et la tige sarmen- teusc indi([uent qu'elle appartient aussi à la famille des Dioscorées. Klle se présente sous deux espèces différentes, l'une de couleur violette, l'autre blanche. La première est sans doute le Dloscorea alata^ ou Tlgname violette, de la même nature que celle des Indes; Fautre doit être Tlgname deltoïde, ou le Dioscorea deltoïdes. Le Mapuey violet est préféré : ses renflements radiciformes sont gros et courts ; sa fécule est très friable et d'un goût savoureux ; cuit à l'eau de sel, au four ou sous la cendre, on le mange comme du pain. C'est aussi une plante potagère par excellence. La culture de ces deux plantes est la même que celle des Ignames. Elles aiment les climats chauds, mais elles s'habi- tuent aussi à un climat tempér^. A 600 ou 700 mètres d'éléva- tion au-dessus du niveau de la mer, leurs rhizomes mûrissent dans l'espace de dix mois ; mais à une plus grande altitude, à 1600 ou 1700 mètres, il leur faut quatorze ou quinze mois pour atteindre à leur maturité. 584 SOCIÉTÉ IMl'ÉRIALli ZOOLOGI^UE b^ACCLIMAlAilON. IV. — Ocumo. Ocumo est le nom territorial d'une autre racine farineuse de la lamillo des Aroïdées • c'est V Arum esculenturn de Linné. Il paraîtrait que (|uel(|ues tentatives auraient déjà été faites pour l'introduire en France en qualité de succédanée du Sola- num tubcrosum^ mais sans succès. Ce serait pourtant une ac(|uisition utile, si la Société impériale d'Acclimatation parve- nait à ly naturaliser. Cette plante habite spécialement dans les endroits bas et luimides. Sa racine est vivace, tubéreuse et charnue en forme de petite massue de (juatre à six |)oiices de long sur un pouce et demi de diamètre dans sa partie la plus rendée. Sa fécule est blanche et alimentaire; ellesup[ilée, au besoin, à la Ponune de terre. Il y a deux espèces d'Ocumos : l'une dont la substance est causti(iue et d'un goût piquant; Tautre (|ui est douce et un peu sucrée. La première perd son priiu-ipe irritant [lar la cuis- son, ou au moyen du lavage, après avoir été râpée et mise en poudre. Il esldiliicile de les distinguer à la simple vue. Quaritàleur culture, elle se praticpie de la môme manière et sans plus de soins (jue celle des autres racines. .retendrai d'ailleurs mes recherches sur les particularités de ces plantes, et je nie ferai un devoir d'en comnmniijuer les résultats à la Société. Nul doute (ju'elles ne doivent ôtre sus- ceptibles de modilications propres à nos zones climatériques. CHÈV11I':S DU THIBET. 5S5 II. TRAVAUX ADRESSÉS l'T CO.MMUMCATIONS FAITES A I.A SOCIÉTÉ. SUR DES ESSAIS D'ACCLIMATATION DE LA CHÈVRE THIBÉÏAINE  DUVET FAITS EN FRANCE Par SI. PETIT. LETTRE ADRESSÉE A M. LE PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ IMPKRIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION Par m. GIRARD, Membre de la Société, r-rofesseur des sciences physiques et naturelles au collège Rollin. (Séance du 24 juin 1859.) Monsieur le Président , Je crois devoir indiquer à la Société impériale d'acclimata- tion, à titre de renseignements, les résultats de tentatives d'acclimatation sur des Chèvres de race tliibétaine, dites C fièvres- Cachemires , poursuivies pendant environ vingt années aux. environs de Reims par un agronome distingué, M. Petit, dont le fds, 31, Petit-Dclbourg (de Reims i, a bien voulu me fournir des renseignements détaillés. Un Roue et deux Chèvres furent acquis par M. Petit avec l'entremise de MM. Fernaux et Jaubert, au prix total de 900 francs, le 6 décembre 1820. J'ai vu les descendants de ces animaux au nombre de douze environ vers l'année 1839 ou 18/iO. Leur éducation était aussi simple que celle d'un bon troupeau de Mérinos, leur reproduc- tion très facile. On les nourrissait l'hiver à la façon des Brebis, et ces Chèvres thibétaines s'en trouvaient fort hien, il fallait les peignera temps. Le croisement avec des espèces indigènes n'a pas donné de bons résultats comme toison, mais la forme des sujets métis était meilleure que celle des sujets du pays. T. VI. — Décembre 18.^9. 38 58(1 socii.Ti': i.Mi'i:iîiALK zooLOGiQiit: d'acclimatation. Le t'ait importanl ;'i signaler dans cette tentative de longue durée, qui a été parfaitement constaté par M. Petit, et (pii concorde complètement avec les observations déjà connues de la Société, c'est que les plaines de nos pays, comme celles des environs de Reims, où réussit parfaitement la race Mérinos, ne peuvent convenir au\ Chèvres-cachemire, car les produits de race pure, élevés chez M. Petit, ont dégénéré en taille et en cachemire. Il faut à ces animaux un libre pâturage dans des pays de montagne, des broussailles, des lochers, des monts escar[)és. Il reste ac(|uis que les soins à leur donner sont très simples et leur reproduction bien assurée. Veuillez agréer, etc. GuiAliD. Nota. — M. Petit-Hulin, dont les tentatives sont mentionnées dans cette note, a contribué en (ihampagne d'une manière efficace à la propagation des trou[)eaux mérhios , et a reçu trois médailles d'or de la Société d'agriculture deCbàlons. l'IKJGÉS-VKlUSAIJX. 587 III. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX bKs s1':ances générales de la société. SÉANCE DIJ 9 DÉCKMBIÎE J859. rrcsidcnce de M. Is. C.eoffroy Saint-Hilaire, puis de M. Guérin-Mkneville. M. le Président, après avoir déclaré ouverte la session de 1859-1860, proclame les noms des nouveaux membres admis par leConseil d'administration dans ses séances du 25 novembre et du 9 décembre. MM. Andelle (Guslave), directeur des Verreries d'Epinac, à Epinac (Saùne-et-Loire). BoisGiRAP.D (de), à Paris. Boucher de Crèvecoeur de Perthes (Jacques), président de la Société d'émulation d'Abbeville, à Abbeville (Somme). Daguenet (F.), propriétaire, à Paris. Dalpiaz (John), pharmacien, à Paris. FoLLOPPE (Charles), propriétaire, receveur de Fenregis- trement, à Pierrefort (Cantal). FoREY, capitaine commandant le troisième régiment de spahis, à Constantine (Algérie). Gautherin (Edouard), négociant, cà Paris. Grenier (Augustin), propriétaire, à laBassée(Nord). HoTTOT. pharmacien, à Paris. Lafosse, propriétaire, à Saint-Côme, près Carentan (Manche). Marchand (André), négociant, à Paris. Matignon, ancien magistrat, à Fontainebleau (Seine-et- Marne). MoNTBHON (le comte Xavier de), à la Rochelle (Charente- Inférieure. OcAGNE (Mortimer d'), à Paris. Perreuse (le marquis de), à Paris. 588 SOCIÉTÉ IMPÉRIAL!': ZOOLOGiyUE u'aCCLIM VTATION. MM. QuESM'X (Robert), au Havre (Seine-Inférieure). Swann, pharmacien, à Paris. Thieuuy, grainier, à Paris. Thouvenel (Auguste), conservateur adjoint du Jardin des Plantes, à Orléans (Loiret). ViLTARD (Prosper), pharmacien aide-major (h* première classe, au grand quartier général de Farméc, à Milan. WiTZ-WiLMOT (Edouard), manulacturier, à Cernay (Haut- Rhin). — M. le Président donne ensuite lecture d'une lettre de S. A. R. le prince Eugène de Savoie de (^«arignan faisant con- naître que S. M. le Roi i»E Sardaigne a bien vouhi permettre (pie son nom fût inscrit au nombre de ceux des augustes pro- tecteurs de noire Société. Le Conseil s'étant empressé de faire transmettre, à celte occasion, deux adresses, l'une au roi et Tautre au prince de Savoie, S. Exe. M. de Villamarina, mi- nistre de Sardaigne en France, informe, par une battre du 15 novembre, (pfil a fait parvenir ces adresses à leur haute destination. — M. le Président donne des détails sur les travaux (|ui s'exécutent au Jardin zoologi(iuc d'acclimatation du bois de Boulogne. L'entourage est achevé ; la rivière qui y a été creusée est rem|)lie; le lac est presque complètement achevé ; la volière et les bàlimcnts destinés aux grands quadnq)èdes, et à l'aquarium sont terminés comme maçonnerie. (]es travaux ont été poursuivis par les soins du (lomilé de direction et n'ont subi aucune inlerruption, malgré la niorl de M. Milchell. Le Conseil vient de faire rar(piisition de deux collections importantes d'animaux, ap[>arlenaiit, riine à M. le docteur Le Prestre, de Caen, et l'autre à M. deSouancé, tous les deux membres de la Société. A ce premier fonds déjà considérable et d'une valeur de 28000 francs environ, d'autres animaux en assez grand nombre viendront se joindre, par suite de dons faits on annoncés à la Société du Jardin, par plusieurs de nos confrères et par des [)ersonnes (pii nappartiennent [tas à la Société d'acclimalation. pnof:Ès-VF,nRU V. 580 Ainsi, M. le conile cl'Kpiémesnil fait présent d'une paire de Nandous ou Autruches d'Amérique; M. le général Gastu, récemment décédé, d'une Autruche mâle, et madame veuve Gastu donnera, selon les intentions du général, un couple de cerfs d'Algérie avec un jeune. M. le prince de Démidoff met à la disposition du Conseil un taureau et une vache Brahma, un taureau d'Egypte et un mouflon de Corse. Diverses races de Poules et (|uelques (piadrupèdes sont offerts par madame Anl. Passy, et un lévrier de Perse par M. de Saint-Quentin, attaché à la légation de France, qui, plus tard, complétera la paire. M. Becquerel, selon l'intention qu'il avait exprimée l'an dernier, a fait don de séries hien choisies de caïeux de Tulipes et de Jacinthes des belles variétés qu'il cultive. A cet envoi était jointe une Instruction sur la culture de ces plantes qui, maintenant déjà, sont en terre. M. André Leroy, également membre de la Société, adresse des graines du Cej)hcilotaxus Fortiinii, et en enverra d'autres appartenant à diverses espèces de Conifères. Entin, le Conseil a été informé llUCÈS-Vii!tB.\LX. Ê99 Désirant conlrihiior, pour sa pari, aux progrès de la sérici- culture, il annonce l'intention de donner cincj primes à dé- cerner par la Société dans sa séance générale de février 1861 , et monlant ensemble à la somme de 500 francs. Dans une lettre, notre conl'rère indi(iue les conditions (jui devront être remplies parles éducateurs pour obtenir ces primes (voyez au iiulletin). Des remercîments lui seront adressés. — M. le professeur N. Joly, notre délégué dans le Tarn-et- Garonne, adresse le n" du S novembre du Journal de Toulouse, dans lequel il a rendu compte des efforts (juil a faits, sur la demande de M. h> l*résident, pour répandre dans la ville et les environs le Ver à soie du Ricin au moment oii cette plante conimençait, à Paris, à être atteinte par la gelée. — M, Duport, à l'occasion du travail de M. le docteur Rufz sur les Tortues inséré dans le Bulletin (1859, p. UMx et Ixllx), transmet des observations qu'il a faites pendant ses voyages. Ainsi, ces Reptiles autrefois si abondants à Tîle de l'Ascension y sont maintenant bien plus rares, depuis l'occupation des Anglais, ce qui, suivant un médecin de la localité, semblerait pouvoir être attribué au bruit du canon. De plus, dit-il, il a entendu des vieillards, à Tîle Bourbon, raconter que, dans leur enfance, il leur arrivait (|uelquefois de trouver des Tortues sur la plage, tandis (|ue maintenant on n'en rencontre plus une seule, ce qui paraîtrait prouver (jue ces animaux fuient le bruit et le contact de Tliomme. — Par suite du même travail de M. Rufz, M. Sacc revient sur l'importance qu'il y aurait a conserver la grande espèce de Tortue qui vit dans la Méditerranée, connue sous le nom de Sphargis luth et dont la chair, dit-on, est excellente. 11 parait probable (|ue c'est ce chélonien OMS DES DONATEURS. S. M. I'Empeueur. S. Exe. M. LE Ministre de l'Algérie et des Colo- nies. MM. C. Aguillon, membre du Comice agricole de Toulon, membre de la Société et son délégué à Toulon. Le même. OBJETS DONNES. Annenkow , directeur l'École de Moscou de l'École d'agriculture Becquerel, membre de 'Institut, membre de la Sociéié. Bourrée, ministre plé- nipotentiaire, membre de la Société. Chagot aîné, membre de la Société, David, ancien ministre plénipotentiaire, membre de la Société. 2° VÉGÉTAUX. plantes, graines et semences. Graines d'Arbre à cire et de Cam- phrier du nord de la Chine, envo- yées par M. de Montigny. Graines d'Arbre à cire, du Japon, également envoyées par M. de Mon- tigny. Graines et tubercules de diverses espèces de végétaux de Chine. Une caisse d'oranges trinitaires et mandarines et de coings du Japon, et graines de végétaux exotiques qu'il a acclimatés à Toulon. Plusieurs cônes de Pinus pmea tenerrima , et des tubercules de di- verses variétés de Patates douces. Une collection de graines de la Sibérie orientale, du Caucase et de la Chine. Oignons de Jacinthe et de Tulipes de variétés choisies. RENVOI au nVLLETIN. 281, 475 391 mAO 34 334 Noyaux d'abricots, de pêches et de prunes de Perse. Une collection de graines du Sénégal. Graines d' Yerva de Guinea. 34 158,589 459 103,224 214,224 T. YI. — Décembre 1859. uo 618 SOCIÉTÉ l.All'ÉHIALK ZOOLOGIQLE d' ACCLIMATATION. AOMS DES DONATEURS. MM. Dkcaisne , professeur adniinislraleur au Mu- séum d'histoire naturelle. M""" la princesse Drucka- Lubeka. DuROC , capitaine de frégate, à Toulon. (JALLAND, horticulteur, a Rufîec. membre de la Société. Paulin Geoffroy, capi- taine do frégate, membre de la Société. Hi uert-Delisle, ancien gouverneur de la Réu- nion, membre de la So- ciété. Frédéric Jacquemart, membre de la Société. Le môme. OBJETS DONNES. RENVOI au BULLETIN. JoMARH , membre de rinslitui, membre hono- raire de la Société. Le même. Laube , agronome , à Toulon. Une collection de graines de Gra- minées de Buenos-Ayres. Graines comestibles de Lilhuanie, dites de Màime[Lecrziauryzoïiksy Graines de Parkinsonia , du Sé- négal. Graines de melon croisé de Prescotl blanc et de melon ananas d'Amé- rique, à chair verte. Un sac de Haricots du Mexique. Une collection de graines pota- gères, du cap Bonne-Espérance. Une caisse de tubercules d'I- gname de (Ihine, de sa récx)lle. Deux paquets de liges d'Ortie blanche {Urlica nivea), provenant de ses cultures dans le département de l'Aisne. Deux |)lants do (irenadiers \Pn- iiicd ijranalum), acclimatés en pleine terre, à Lozère (Seine-el-Oise) . Une collection de graines de di- verses espèces de végétaux de Bul- garie, qui lui avaient été offertes par M. le D' Poyel. Graines de Sapindus emarginata, Savonnier de l'Inde. 436 282 437 282 3;i 1S9 160 608 437 S9.Ï 106,152 1)0^S FAITS A LA SOCIETE. 619 - ^iOMS DES DONATEURS. OBJETS DONNES. MM. De Lentilhac, membre de la Société. André Leroy, d'Angers, membre de la Société. Malezieux, membre de la Société. Marcadieu. J.-B. Maureau. Marc de Haut, prési dent du Comice agricole de Provins. De Montigny , consul général de France à Can- ton, membre honoraire de la Société. Le même. M^r Pahud, gouverneur général des Indes néer- landaises, membre de la Société. Pépin, directeur des cul- tures au Muséum d'hist. nat. membrede la Société. Perrottet , directeur du Jardin botanique de Pondichéry, membre ho- noraire de la Société. Renard, membre de la Société. r.ENVOI un BULLETIN. Graines d'arbres et de plantes potagères de l'Amérique du Nord. Graines de CcphaJotaxiis For- lunei. Graines d'une variété de Potiron gigantesque, de Cambridge. Un sachet de graines de Thé, du Punjab. Graines de diverses espèces de plantes et d'arbres de la Louisiane Tubercules d'Igname de Chine, de sa récolte. Trois caisses de graines et tuber- cules de diverses espèces de végé- taux de Chine. Tubercule d'une plante crypto- game du Su-tchuen. Une caisse de plants vivants d'Ananas et autres végétaux, et une boîte de graines de diverses espèces, de Java. Un sac de graines de Vernis du Japon i^Ailanlus glandulosa). Une collection de tubercules de six espèces de Dioscorées de l'Inde. Graines de Sorgho sucré, récollées A Saint-Mandé, près Paris. i);j 859 394 96 •2 8 S 34 214 606 i3(i 215 216 224 620 ^ocl[•;T^: Ii^ipékialk zoOLO(;iQUfc; d'acclimatation. .>U.MS DES DUXATEUKS. OBJETS DONNES. fc MM. Le D' Sacc, délégué de la Société à Wesserling (Haut-Rhin). Salomon, inspecteur de la colonisation, à TIemcen (Algérie). Le marquis Séguiek , membre de la Société. Le D"" Siecnstra Tous- saint, membre fondateur do la Société d'histoire naturelle de Batavia. Le major Taunay, mem- bre de la Société. LemarquisdeTRiivisE, membre de la Société. Une boîte de semences de Pois éagineux do Chine, récollées à Toulon. J.-.\. ViLLAMus, consul général, chargé d'affaires de France, à Quito (Equa- teur). Le comte de Villoi TREYs , vice - consul de France, à Sierra-Lcone. W ILLEMOT. (Quatorze pieds d'Anthérni pyrè- thre, de la province d'Oran. Échantillons de tubercules de dix variétés de Pommes de terre. Une caisse de plants d'arbres à fruits de Java et des tubercules de la collection complète des Ignames de l'ile do Java. Un sac de graines d'Araucaria brasiliensis. RENVOI au BULLETIN. 533 533 95 S. Exe. M. le maréchal Vaillant, ministre de la guerre, membre de la Soc. Trois sachets degraines de plantes légumineuses de la Chine. Tubercules de deux variétés de pommes de terre douces [Millocos) de Quito. Une caisse de tubercules d'I- gnames de Fernando- Po. Plants vivants et graines de Pyréthre du Caucase ( Pyrethrum longdlitm). 606 41 42 bS4 iS: 3" OBJETS DE COLLECTION. PRODUITS INDUSTRIELS ET OBJETS DART. Figure , peinte à l'huile, d'une jeune Autruche née à Alger. 88 90 DONS FAITS A LA SOCIFTf:. 621 NOMS DES DONATEURS. OBJETS DONNES. MM. S. Exe. M. le Ministre de l'Algérie et des Colo- nies. Basagoita, membre de la Société, à Lima. Brierre, membre de la Société, à Riez (Vendée). Dard, sous-préfet de Bar- celonnette (Basses-.41pe.s) Ferd. Denis, conserva- teur de la bibliothèque Sainte-Geneviève. Gaultier de Clauery, professeur à l'École de pharmacie. GioT, horticulteur , a Chevry (Seine-et-Marne j, membre de la Société. De Luga, professeur de chimie à l'université de Pise, membre de la Société A. RussEiL, capitaine au long cours, membre de la Société. LeD' A. SiCARD, mem- bre de la Société, à Mar- seille. Trente- neuf toisons de Chèvres d'Angora, provenant du troupeau introduit en Algérie. Une caisse de poil d'.\ipa-Vi- gogne. Un grand nombre de dessins à l'huile des végétaux introduits par la Société et cultivés par lui à Riez (Vendée). Toisons d'Yak du Thibet. Une paire de gants tissés en poil de Paco vicuna ou Alpa-Vigogne. Un échantillon de miel du mont Hymette. Divers échantillons d'alcools ob- tenus par la distillation de la bet- terave, du Maïs, du Sorgho et du Topinambour. Un échantillon de sucre de Sor- gho, obtenu par lui. Une toison d'Alpaca. RENVOI au BULLETIN. 290 480 104,152, 224,282, 28 8, 328, 333,436, 470,.n34. 44 98 485 223 530 •)'2'" Cinq cartes d'échantillons de soie, de coton et de laine, teints avec les couleurs extraites par lui du Sorgho sucré de Chine. 35 652 SOCIÉTÉ IMI'ÉRIALE ZOOLO(,iyL'E d'aCCLIMATATION. INDEX ALPHABÉTIQUE DES ANIMAUX MENTIONNÉS DANS CE VOElMi:. Abeilles, m, xxx\, 4, 154. — allemandes, xxx, lxxxviii. — de Cuba, 184. — d'Egypte. 4. — liiTuriennes, xxx. lxxxvii. 4. Able, 69. Agouti, LXXIX, LXXXI, xcvi. ;2o3. Aigle, 60, 61, 469. Alose, 6i. Alouette, lxiv, 47. Alpaca, II, XXXV, xxxvi, 4, 47, 98, i09, 111, 113-116. 139, 151. 164, 166, 227, 339, 388. Alpa-Vigogne, 98, 480. Anas hoschas, 9. — canadensis, 6. — cygnoides, 6. — moxchata. 7. Ancylua (luviatiiis, 3 29. Ane, 4, 15, 136, 253, 497, 498. — sauvage, 498. Anguilles, 226. Animaux domestiques, 1-15. Antilope, lxv, lxvi, 46, 145, 191. 196, 226, 589. — addax, lvii, lxvi. — bubale, 253. • — chikara, 253. — gnou, LXV. — kevel, 253. — nilgaut, XXXV, lxvi, lxxix, 167, 185-199,253. — oryx. lxvi. — pourprée, lxvi. Ara. LXVI Arachnides, I 83. Ami, 4, 508. Aleucuft sacer, lvm. Atonwria linearis, 335. Attchenia guanaco, 22. — lama, 22. — prico, 22. Auroclis, 49S, 507. — de Germanie, 499. Autruche, iv, lxvi, lxxi , lxxii- Lxxiii, Lxxviii, xcvi, 90, 530, 549, 589, 601, 609. — dWmérique. Voy. Nandou. Babiroussa, 253. Bartavelle, 109. 117, 145, 532. Bec-d'argent, 509. Bengalis, 8, 509, 516. Bernache. Yoy. Oie bernache. — des Sandwich, 227. Bison, 498. — d'Amérique, 22. Bœuf, Lxiii, Lxiv, 4, 16, 21, 37, 44, 46, 50, 230, 288, 342, 353, 356, 358, 433, 477, 498, 499, 503-508, 547. — arabe, 337. — breton, 37. — d'Ecosse, 17, 20. — égyptien, 167. — sans cornes, xxxvii, xcv, 337. — zébu. Voy. Zébu. Bombyces. Voy. .Vers à soie. Bombyx Arrindia, 535. — Cynthia, xxviii. — mori. Voy. \'ers à soie. — Mylittn, xxvi, 163,216,290, 314. 482, 535. ■ — Pernyi. Voy. Vers à soie .'sau- vages du chêne de la Chine. — Polyphemus, lxxxvii, 344. — Promethcus, xxv, lxxxvii, 482, — Psidii, 609. — Selene, 482, 532. Hoselnphus oreas. Voy. Canna. Bolhrops lanceolaius. Voy. Serpent fer-de-lance. Bouquetin, 498. 499, 501, 503. — de Faiconer, 503. Brochet, 62. Buffle, 4, 38, 253, 358, 441-454, 505, 508. — de Ceylau, 253. Buse, Lx XI, 57. INDKX ALPHAHKTIQIK l)i:S AMMUX. it, G7 Butor, 439, 479. Cabiai, 353, 439, 479. Cachiramnf, 353. Caqituma, '181. Caille, Lxix, 1 45. Calfat, 509. Callopsitte, 554. Camelopurdnlis girafa, 22, Camelus dromedarius^ 22. Canis hipits. 22. — mcsomclas, 22. — pnliipes, 22. Canard, Lxm, i.xiv, lxx, 4, 9, 46. — de la Caroline, lxvi, 1 1 2, 254 309, — du Labrador. 591 . — mandarin, lxvi, i.xx, lxxxm 112, 254, 520. — musqué, 4, 6, 7. — sauvage, 9. Canepetière, m. Canis aurcus, 291 . Canna, xxxvii,Lxxix,'1 6, 22,46, 226 Ciintharide, 1 84. Capra œyugrus, 502. — Fniconeri, 503. — hircua angora, 22. — — casJimir, 22. — — coraica, 22. — — nubiana. 22. Capromys Fournieri, 178. — prehenailis, 178. Cardinal, 254. — gris à tête rouge, 509. — rouge, 509. — vert, 509. Carets, 181. 560-503. Carpe, 4, 122. Casoar, lxxiv, 2 26, 339. — de la Nouvelle-Hollande, Lxxi, 254. Cebns capucimm, 22. Cephaloplias mergcns, 22. Cérastes cornutus, lvii. Cercopilhecus pijgerylhrus, 22. Céréopse, 227. Cereopsis cinereus, 339. Cerf, 47, 353. — d'Arislole, xcvi, 22, 194, 253, 488. 623 253, 167. Cerf axis, 2, 2t, G7, 191,19^ 294. — de Barbarie, 20, 22, 253, 5S9. — de Boliôme, IG7. — cochon, 22, 191, 194. — du Canada, i.xv, 22. — de Cor.-;e, 253. • — daim, 253. — gymnole, 253. — du Mexique, 253. — munijac, 253. — des Philippines, 253. — pseudaxis, 253,290.488,603, — de Virginie, 22, 253. Cervus DuvauceUH. 22. — hippelaplius, 22. — rusa, 22. — tarundu.'i, 22. Cistado caspica, 568. i68. LXXIX, 136, 167, 292- 433, ■ — lultirin, Chacal, 225, 294. Chameau, Lxxx, 4, 15, 44, 109, 220, 223, 253, 290, 291, 293, 297-304, 339, 390, 438, 449, 476, 479, 486, 506, 531, 602. Chat, 4, 46, 285, 499. 603. — d'Egypte, 285. Chélonée caouane, 559-560. — franche, 370, 559. — marbrée, 370. — tachetée, 370. — vergetée. 370. Chelonia cephata, 18 1. — ferox, 573. — imbricala, 181, 560-563. — Midas, 329, 365. it, — virgala, 1 81 . • — riridis, 181. - Chenilles processionnaires, xxx. Cheval, XXI, xxïvii, lxiv, 4, 15. 38, 138, 206, 230, 288, 291, 303, 328, 337, 342, 353, 438, 477, I 496, 497, 498, 503, 508, 576. I Cheval sauvage, 498. ; Chevreuil, 191. Chèvres, lxxix, 4. 145, 356-358, \ 498, 499, 501-503, 603. 6-2li SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQLIE D ACCLIMATATION. Chèvres d'Angora, ii, iv, xi, xxxiii, XXXIV, LXII, LXXXVII, XCIII, XCV, 37, 45, 46, 48, 49-54, 91, 109, 253, 290, 291, 294, 328, 330, 341, 388, 389, 401 -402, 433, 434, 471, 476, 480,503,602, 003. • — d'Auvergne, xcv, 49-54. — d'Appenzell, 330. — d'Egypte, XCV, 253, 293, 330, 341, 388, 471, 480. — naine, 253. — maltaise, 294. — du Thibet, 336, 585-586. Ciiien, 4, 46,139, 252, 291, 427- 428, 496, 499. — lévrier de Perse, 531, 589. Chiguires, 353. ^ Chinchilla, lxxix, 22. Cigogne, 164, 200-201, 254. Civette, 252. Cochenille, 4, 1 84. Cochons. 4, 46. 155, 342, 498, 499-501, 503, 506, 508. — chinois, xcvi, 253. ■ — d'Inde, 4. Codoniix, 1 80.. Coléoptères, 30. Colins. Lxix, Lxx, Lxxiii, 112 198, 509. 5M- — de (Californie, lxix, lxxxi, 35, 43, 254, 471, 609. — houi, i.xix, 112, 254. — zonécolin, 254. Columba cm-olincnsis, 180. — cyunoct'phala, 180. — inortiakt, 180. — hmcocephala. 180. • — Livia ,14. — lophotes, 254. — montcma, 1-80. — passerina, 180. — Porloriccensis, 180. • — risoria, 9. — tojosila, 180. ■ — tiirlur, 9, 254, — Zeridida, 180. Colombe d'Australie, 226, 601. • — indienne ou turque, 9. — lumachelle, 254. Colombe maillée, 254. — à nuque perlée, 254. — à oreillons noirs, 254, — à large queue, 254. — à tête bleue, 254. Colombin, 254. Coq de bruyère, 97, 117, 341. Cordon bleu de Sainte-Hélène, 509. Corégone, 35. Couagga, 589. Cou-coupé, 509. Cyclurus //ar/o»/, 182. Cygne, 4, 6, 8. — à col noir, Lxv, Lxvi, Lxxix, 226. — noir, Lxvii, 167. 339. — tubercule, 8, Cygnus férus, 8. i — olor, 8. .Cynocéphale hamadryas, 252. , Cyprin doré, 4. |Daim, 20, 191, 503. ' — blanc, 167. Dan tes, 353. Dasyprocta agouti, 22. I — aurea. 22. I Dauw, II, Lxvi, 253. j Diamants, 509. Didclpho sarigue, 22, 254. Dindon, xxxiv, lxiv, lxxiv, 4. 6, 7, 145, 220, 254, 338. ■ — ocellé, Lxv, Lxix. .Drnjasena polymorpha, 597. [ Dromadaire. Voy. Chameau, i Dromée. Voy. Casoar de la Nouvelle- Hollande. Égagre, 503. Eider, 227. Élan, 185, 191. — du Cap, xxxvM. Éléphant, lxxii. Émyde Caspienne, 568. — concentrique, 564. — pictée, 564. — ponctuée, 564. — réticulée, 564. Emys leprosa, 568. — mobilensis, 564. — rithri ventris, 564. — serratn. 564. — sigrift. 568. INDEX ALPHARÉriQlJE DES ANIMAUX, 6-25 Éniysaure serpentine, 564. Épervier, lxli. Equus BurcheUii. Voy. Dauw. — cabalhis, 508. — Hcmionus. Voy. Hémione. Escargots, 331 . Faisan, lxiii, lxiv, lxviii, lxix, 4, 6, 9, 12, 47, 95. 220, 359, 362, 609. — argenté, 4, 112. — doré, 4, 112, 167, 512. — à collier, 4, 6, 254. — i^e l'Inde, lxv, lxxix. Falco serpentarius . Voy. Secrétaire. Fauvette d'hiver, xxm. Felisconcolor, 22. — leo, 22. — nwnicuhUa, 285. — pardalis, 22. — par dus, 22. Flammant, 1 80. Furet, 4. Gallus bankiva, \3, 14. — LafayetiH, 3. — persictis , 13. — Sonneratii, \ 3. Gangas, lxxxii, xcvi. Gayal, 4, 508. Gazelle, Lvii, lxxix, 90, 294. — dorcas, 22, 1 67. Genetla palUda, 22. Gerbille, 253. — deShaw, 253. Glyphisodon Ziliii , lv. Goura, lxvi, lxx, lxxiii, 254. Goura mi, 339. Grenouilles, 122. Grivet, 252. Gros-bec commandeur, 254. — fascié, 254. ■ — padda, 254. Grue de Mandchourie, lxv, 254. — cendrée, 254. Guanaco, lxvi, lxxix, 139, 336, 488, 530. Gyal, 441. Halmalurus Bennellii, 22. — ruficolis, 22. — Thelis, 22. Hanneton, 202-203, 283, 378 380. Harengs, lsxxiv, 23-29. Hémione, ii, 253, 498. Hémippe, 498. Hérisson, xxxix, 55-57. Hibou grand duc, 254. Hippopotame, 255. Hoccos, LXX, 5, 220. — du Para, 487, 570. Homard, lxxxiv. Honbara, m. Huîtres, xxxii, lxxxiv, 90, 227. Hutias, 178. Hyponomeiita padella , 154. Hypsiprymnus murinus, 22. Ibis rouge, xcvi. Iguane, i82. Insectes. Voy. Abeilles, Bombyces, Vers à soie, Saturnies. Insecte à cire, m, xxi. Kangurou. ii, xxxv, lxxix, 339. — géant, LXVI, 339 — de Bennett, 254. — à cou roux, 254. — gris, 339. — rat, 254. — Thétis, 254. Lama, xi, xxxv, xxxvi, lxvi, lxxix, Lxxx, Lxxxi, XCVI, 4, 37, 98,109, 111, 113-116, 132-140, 164, 166, 220, 253. 328, 336, 341. Langoustes, lxxxiv. Lapin, 4, 46, 339, 570. Lavaret, 35. Léliutulu, 200-201. Lemur catta, 22. — rtififrons, 22. Lepus isabellinus, lvii. Lézard, 182. Licorne, xxxv. Lièvre, 253, 603. — d'Egypte, Lvii. Limnœa glacialis, 329, — ovata, 329. Lion, 603. Lophophore, lxv, lxxix. Loup, 139,252. Lutra viilgaris, 22. Macacus cynomoUjus, 252. — Rhesits, 22, 252. Macropus fuliginosus. V. Kangurou, 626 SUCIKÏÉ IMPÉI'.IALK ZOOI Macropus giganteus.Yoy. Kanfiuwu. iMangabey à collier, 252. Marail, lxx. Marte, 163. Melipona fulvipes, 1 84. Merle bleu. lxvi. Messager. Voy. Serpentaire. Méharis. Voy. Chameau. Mi lu, 220, 338. Moineau, xxm, 538. Mollusques, 183, 331. Monilor d'Egypte, lvii. Morue, 23-29, 62. Mouflon, 145., 498, 501-502. — de Corse, 253, 499. Moutons, Lxiv, Lxxix, 4, 46, 133, 134, 136, 230. 358. 498, 499,501,502,503,508,547. — dAbyssinie, 253. — à grosse queue Karamanlis, XCVI. — dePadoiie,xxxv.336,552.586. — mérinos, 336, 552,586. — — ri'Kspagne, 45. — — Mauchamp, n , m, iv, xxxvin, 438, 475, 486, 530, 552-558, 601. — de IVémen, 439, 480, 487. — du Soudan, xcvi. Midel, 138, 2!>l. Nandou, u, lxxi, lxxiv, 589. Nilgaut. Voy. Antilope. Nnmnbi nicleayris, 11. — ptilorlujncIntK, 1 I . Oie, Lxiii, 4, 6, 9, 10, 11, 277. — bernache, 112. — à cravate, 227. — de Bass. 339. — du Canada, 4, 1 12, 254. — de Chine, 6. — de Cravant, 112. — cygnoïde, 4. — d Egypte, lxvii, M 2, 254. — de (Guinée, 6, 227. — de Magellan, 112. — de Sibérie. 6. — de Toulouse, 103, 227. Oiseaux, m, xxiu, xxiv, xxxin, lxi- Lxxxiv, Lxxxri, 164, 178, 225, 342, 509-519. (>(;|QUK b'.\C(:LIM\T.VTl(»i\. Oiseau-Mouche, 179. Ombres-chevaliers, Lxxxiv. 36, 1 08 119, 120. Onagre, 497, 498. Orms canna. Voy. Canna. Orlhorhiinchiis Ricordi, 179. Orlijx V irg in in n «.<; , 1 8 0 . Oiyx leitconjx. 22. Ospliromenus olfax, 339. Olis larda. Vov. Oul;ir(le. Ouistiti, 252. Ours, 252. — à collier, 252. Outardes, m, 43, 109. — houbara, 532, 601 Ovis musimon^ 22. — tragelaphun, 22. — Vignei, 22. Paca, 439, 479. Palomn de en lie: a bhtnra . ISO. — Força z, 180. — morada, 1 80, — rabiclie, 1 80. - — SanJiiaiiera, 180. Paon, ixv, 4, 9. 12, 95, 254. Papion, 252. Paroare, 254. Pavo dcl moule, 220, 338, 487. Pécari à collier, xcvi, 253, 439, 479. Péliade, 3 20. Pénélope, 254, 487, 530. — marail, 254. Peorrera, 179. Perche, lv, 35, 62. Perdrix, lxh, lxim, lxiv, i.xit, 145, 405, 5M, 517-519. — de Cuba, 180. — Gambra, lxvih, lxxiii, i.xxxii. 43, 254, 341. — grise, Lxviii, lxxim, 145.609. — rouge, Lxviii, 145, G0!>. — royale ou du Demavend, 145. Perruche ondulée, i.xiv, i.xv. 112, ?o4, 509, 51. '.-51 6. Plialangista vulpina, 22. Pliascolomes, lxxix, 22. — wombat, 339. Pigeon, LXX, 4,9. 14, 15, 46, 180, 499. Pigeon d'Australie, 226. — biset domestique, 14. — — sauvage, 1 4. Pimelies, lvii. Pintade, 4, 9, \\, 12, 9o. — à joues bleues, I \ . Poissons , m , xxxi , xxxii Lxxxiii, 182, 185. Po!a touche, 233 Porcs. Voy. Cochons. Porcs-épics, 253. Poricx picta, 22. Polnmocliœrus penicillaluf!. Poule, LXiu, ixiv, Lxx, 4 INDEX ALPHAHKTIQUK DKS .VM.M.Vl K Rat, 4(i9. — rayé. &2: LV 12. !3, 14, lo, 44, 22. , 9. 10, 46, 305- 318,359,3: 3,403-413,455- 465, 499, 532, 589. — andaloi!.^e, 295, 4M-4-I3. — de Barbezieux, 305. — Brahmapootra, ■H2,295,456, 460, 462-465. — Breda, 295, 403-406. — de Bresse, 305. — bretonne, 443. — de Bruges, 408, 4M. — de Bulgarie, 112. — de Caumonl, 360-361. — deCaux, 305, 316-318. — céleste, 1 4. — deCochinchine, lxx, 1 12, 295. _ — blanche, 112, 456, 459. — — brune, 456, 459. — — coucou, 459. — V— jaune, 112, 456, 458. — — noire, 456, 458. • — — panachée, 456, 459. — — perdrix, 112. — deCrèvecœur, 295, 305-311, 363. _ Dorking, 295, 312,313,359- 363. — de Houdan, 295, 305, 311- 316, 360. _ de la Flèche, 295, 305, 363. — de Gue'dre, 406-408. . — deMalacca, lxx, lxxi, 112. — malaise, 295. — de la Réunion, lxx. — de Varna, 1 12. Pleromys volacella, 22. 253. Renard, 252. Renne, 4,22, 185, 191. Rlwa americana. Voy. Nandou. Rlmna-Lama. Voy. Lama. Rossignol, Lxiv, 4. Sular rnacrontiçima. Voyez Truite, XXXII. Sanglier, 90. 353, 498, 409-501, 506. Sangsues, lxxxiii, 204-206, 608. Sarcelle de Chine. Voy. Canard mandarin. Saturnies. Voy. Bonibyces. Salnntia spini^ xxx. — Polypliemus, xxv. Saumon, lxxxiv, 22, 58-62 97, 108, 154, 155, 255-256. Savacou, 439, 479. Scarabées, lvii. Sénégalis, 8, 509,516. Serin des Canaries, 4, 6, 7. Serpent, 163, 164, 200-201,284, 319-321. — fer-de-lance, ii, m. xxxviii, XXXIX, 37, 55-57, 90, 155, 200, 201, 284, 319, 330, 468-469. — à sonnettes, 284. I Serpentaire ou Secrétaire, 38, 330, j 468-469, 532. I Sildehonge, 25. Singe coaïta, 439, 479. Sphargis hdh, 417, 423, 563, 599. Spizaelus bellicosus, lxvi. ^ Spring-bock. Voy. Gazelles. Sirulhio camelua. Voy. Autruche. Susscrofa, 500. — iiulicus, 500. Tanche. 121 . Tapir d'Amérique, lxxxi,xcvi, 353. I Tatou, 353. ! Ténia, 427-430. I Tesludo Midaa. Voyez Chrlnnia I Midas. Telrao nrogallus^ 117. 1 Tiou, 1 45. , Tocororo, 179. Todus miiUicohr^ 179. 62S SOCIÉTÉ IMPÉIUALK ZOOLOGIQUE d'aCCLIM.VTATION. Tortues, 181, 321, 329, 335, 364, 1 Vers à soie du Para, 338. 377,414-424,559-376,599. Toucan, lxvi. Tourterelle, 9. — à collier, 4, 9, Trionyx œcjypliacus, 574. — cryplopodes, 574. Trogon Icnnurus, 179. Truites, xxxii, lxxxiii, lxxxiv, lxxxv, 35, 62, 108, 118-122, 145. 155, 255-256. Ursris arctos, 22. Fa 7 M? ras, 353. Vautour fauve, 254. Ver blanc, 283, 378-:380. Vérons, 121. Vers à soie, m, xx, xxiv, xxv, xxvii, LVIII, LXXVl , LXXXV, LXXXVI, XCIII, 4, 43,46, 89. 106, 107, 108, 153, 161, 162, 184, 216, 217, 223, 283, 289, 290, 328, 334, 342, 343, 439, 472, 481, 484, 499, 533, 534, 546, 597, 598,608. — deVOiliim Hof/ù-n, 1 63, 21 6. — de l'ailanle, xxvm, xxix, lxxv, LXXVl, LXXXV, LXXXVI, LXXXVII, 4, 89,108,163. 283, 342, 344, 426,435,482, i 84-485, 532, 534-535, 591,598. . — de l'Himalaya, 89. — de la Louisiane, xxv. — du mûrier. Voy. Vers à soie. — du ricin, xxix, xxx, lxix, lxxvi, LXXXVII, 4, 90, 106,107, 161, 218, 223,231,264-266,283, 289,343,426,433,473,482, 484, 535, 347, 598, 599. — du vernis du Japon. Voy. Ver à soie de l'ailanle. — sauvages du chêne de Califor- nie, 89. — sauvages du chône de la Cliine [Bombyx Pernyi) xxvi, xcui, 107, 217, 257-263, 434, 435, 472. — Trevollini, 153, 343. Vigogne, xxxv, xxxvi, lxvi, 98, 1 1 1 , 113-116,134.135, 137,152, 164. 166, 339. Vipère, 55-57, 284,319-321,335, 481, 600, 609. — ammodyte, 310. — cornue, lvii. Waran. lvii. ]]'aianus arcnarius, lvii. Yaks, XI, XXXIII, xxxv, lxii, i.xvi, Lxxx, XCIII, xcv, 4, 37, 44,49- 54, 91, 253, 293, 328, 337, 356-358,388,471, 507,508, 531, 603, 609. Zèbre, lxvi, 233, 589. Zébu, xxxv. xcv, 4,253, 339, 444, 505-508. Zun-zun, 179. INDEX ALPHABÉTIQUb; DES VÉ(]ÉTALX. 629 INDEX ALPHABÉTIQUE DES VÉGÉTAUX MENTIONNÉS DANS CE VOLUME. Abies excelsa, 29, • — picea, 29. Abricotier, l,lviu, 159, 494. Abutilon, 541 . Acacia. 81, 148, 241, 542. Acacia arabica, lvui. — falcata, 546. — ■ Farnesiana, l. — latifolia, 546. — h'bbeck, lvui, — longissima^ 546. — nilotica, lvui. — verek, lviii. Acanthe, 111. Acer platanoides, 388. — tataricuin, 388. Aciiras laurifoiia, 242. Agave, 244, 541 . Ailante glanduleux, xxviii, xxx, 1 03 , 163, 215, 290, 342, 425- 431, 532, 535. Ailantus glandulosa. Voy. Ailante. Alisier, 79. Aloès, 79, 80, 244. Al piste bleuâtre, 338, 384, 385. Amandier, de Cuba, 259. — de l'Inde, 241. Amarante gigantesque, 527. Ananas, 105, 224, 245, 436. Andira inennis, 241 . Anelhum graveolens, li. Anona cherimolia, 544. Anthémi-pyrèthre, 533. Apiosluberosa, 213, 577, 580. .\rachide, lix, 241, 541. Araucaria brasiliensis, 41 , 545. Arbousier, 79. Arbre à cire, xix, 281, 391, 475, 536, 543. — à suif, 41, 522, 543. — à vernis, xix, 543. Aroïdées, xl, 436, 584. Arracaches, 536, 577, 480. Artliratherum pungens, li. Artichaut, 31, 495, 548. Arum^ 41 , 225. — esculentuin, 584. Alriplex haiimus, li. Aubergine, l. Avocatier, 243, 544. Avoine, 124, 397, 537, 539. — de Sibérie, xxi. Ayapana, 542. Azad derekt, 148. Bambou, lxxviii, 516. — du nord de la Chine, 592. Bananier, 541, 543. Bardane comestible, 30-31 . Basilic, li, 495, 542. Belle-de-nuit, 524. Bel 0 lia g revifo lia, 239. Benincasacerifera, 521, 522. Betterave, 105, 223, 334, 335. Bigaradier, 5^2. Blé, L, lix, 1 24, 397, 474. — de Californie, 607. Bonaparlea juncea, 541 . Bouleau, 39, 79. Bromelia, 245. Broussonneiia papyrifera , 243 , 541. — iinctoria, 243. Brya ebenus, 240. Bumelia nigra, 242. Bursera gummifera, 240. Café, 242, 351. Caladium esculentum. 540. Calophyllum calaba, 240. Calycopliyllnm candidissimum, 241. Camellia, 214. Camcraria lalifolia, 242. Campêche, 540. Camphrier, 542. — du nord de la Chine, 281 . Canne à sucre, 57, 79, 246, 351, 542. 630 SOCIÉTli IMPÉlilALE ZOOLOGIQUK d'aCULIMATATION, Cannabis indica, 105. gigonlea, o ■>^ yo. — saliva, 522. Câprier, lviii. Capsicum unnuum, lv. Campa senegalensis, 91 . — touloucouma, 91 . Carotte, l, 341, 495, 577. Caroubier, Lviii, 77, 79, 492, Carthame, 522, 540. Carlhamus linclorius, ux. Cassie. 495, 542. Caslilloa elastica, 244. Casuarina, 545. Cédratier, l, 397, 594 Cèdre, 2i0, 474, 491. — de l'Atlas, 345, — déodora, 545. Céleri, 577. Cephalotaxu.% Forlunei, 589. Cerasus occidantalis, 241. Cerfeuil bulbeux, xxi, 224. Cliampignon, i.i, 4(5. Chanvre, li, lix, 522, 541. — de Chine, 522, 541. Chardon à l'oulon, xxx, lxxxvi 283, 230, 342, 598. Chasselas de Fontainebleau, 324. Châtaignier, 79, 80, 81, 532, 548. Chayoie, 241. Chêne, xxv, xivi, lxxxvui, 25, 79, 80, 225, 290, 436. 491. — de l'Amérique du Nord, 96. — blanc, 535. — jaune de Cuba, 242. — liège, 492, 493. — à glands doux, 493. — vert, 80, 81. Clu'-lmn-tse, 528. Chérimolier, 544. Chervis, xxiii. Chicharron, 241 . Chiendent, xix. Choiromyces leonis, li. jChou, L. — quintal, 495. Chou-ma, 541 . Chœrophyllum biilboaum. Voy, Cer- feuil bulbeux. Chœrophyllum Prescottii, xxi. Chrysanthème, 524. Ciguaraya, 230. Cistes, 491. Cilharexylum caudatum, 242. — cinereum, 546. — lucidinn, 546. — quadrangiilare, 546. Citronnelle, 542. Citronniers, lvhi, 55,78, 79, 397, 59 4. Cilriis jnponica, 88. Cocos anstralis^ 544. Cognassier, l. — du Japon, 34. Colocase, 540. Colubrina ferruginea, 240. — reclinala, 240. Commocladia dentula, 240. Concombre, 522, Connocarpus erecta, 241 . Coockia piinctata, 544. Copaifera hymenœfoliu, 241 . Cordia geracanlhoïdcs, 242. — nujxa, LVHI. — ■ Vulenzuelana, 247. Corète, 541 . Coriandre, li, 495. Colon, xxxiv, LI, i.ix, Lx. 77, 351, 495, 541. — courte soie de Chine xx, 591. Courges, l, 241. 495, 521, 522. Crolon lacciferum, 243. — scbifemm, 522, 543. Cryptomeria japouica, 545. CuHJani, 241 . Ciuurbitacées, 594. Cumin, li. Cupania, 240. Cyperus edulis, xxii, 288. — conglomeralus, li. Cyprès, l, lviii, 148. Cytisus laburnum, 4 54. Dattier, xl, xlvi,l, lu, lvi, lix, lx, Lxxvin, 107, 493, 542. Demir agate ho, 148. Derekl aprichcn, 149. — [et fol f, 148. Dioscorea a la ta, 583. — batalas. Voy. Igname — bulbifera, 581 . INDIiX AI l'IlABliriQU Dioscorea deltoïdes, 583. — eliita, 216. — fascicuhilu, 216. — gihbosa, 2i 6. — opunlifolia, 216. — pentaphylla, 216. — purpiirea, 216. — rubella , 216. — saliva, 58-1 . Diospyros virginianu, x.\v, lïxxviu E ni:s VÉGÉIAL'X. 631 IJiphoUs salicifoiid, 242. Dolichos lablab, 323, 528. — viridis, 526. Doliques, lis. Dorsteiiin, 542. Dourah, 526. Dracocephaliim Royleanum, \ 52. Drypoles alba, 243. — cjlauca, 243. Elœagnus orientalis, l, lviii. Eleiisine coracana, 526. Ëpiccu, 29. Erable, 542. Erehtia bourreria, 242. — linifolia, 242. Eriodendron. 249. Erithalis fruiicosa, 241. — pentagona, 241. Ethel, Lvi, Eucalyptus, 546. Euijenia Michdi, 544. Eupatoriu))i tinclorinni, 540. Eurebia ai-gophylla, 542. Excœcaria lucidu, 242. F(in-kou, 523. Fenouil, li. Fenugrec, li. Fermani, 1 48. Fève, L. 4'J4. Ficus benjaminu, 545. — capensis, 545. . — lœvigatn, 545. — laarifolia, 545. — popubwa, 243. — racé-mosa, 545. — r adula, 243. — recUnata, 545. — sycomorus, lviii. Figuier, L, lx, 79,81. 397. Figuier de Iîarl)arie, l. — de rimio, oi.3. Filao, 545. Flor de pascua, 224. Fougères, 79. Fourcroia, 244. Fraisiers, 333. Frêne, 81, 491. Gaie cirier, 343. Garance, li, 540. Garbancos, 494. Gaude, 340. Genêt, 491. Genipa americana, 241 . Géranium, 542. Gingembre, 342. Gingkobiloba, 528. Glycine apms, 213. Gombo, L, 183, 239, 495. Gomuti, 342. Goyavier, 241, 536, 544. Grenadiers, l, 79, 81, 381-382 430, 437, 494. Guacimabaria, 239. — oblusifolia, 239. Guaco, 284. Guaguaci, 239. Guaiacum officinale, 240. — verticale, 240. G«ao, 240. Guara, 240. Giiarea trichiloides, 240. Gi/ei, 1 47. Guimba, 239. Haricots, 536, 548. — de Californie, 594. — de Chine, 152, 594. — à luberculesdeSiam, 104. — mange-tout, 483. — du Mexique, 34. ■ — du Sénégal, 593. Hachich, li, 105. Helianilmnum sessiliflorum, li. Helianthus, 534. Henné, li, lix, lx, 494, 495. He~tchy-nta, 526. He-teou, 523. Hêtre, 79, 80, 148,225. Hibiscus esculentus, l, 183, 239 341. -'*' ^ 632 SOCIÉTK IMPEUIALli ZOOLUGIQllE 1) ACCLIMATATION. Hoang-leou, 526. Hoca, XXI. Holchus saccharalus. Voy. Sorglio sucré. Homj-liod, 522. — 2)01, 526. Hordeum btilbosiim, 384. Houblon, xxiii, 543. Houssen, 42. Hovenia (/it/c/s, 536, 544. Hymenœa courbaril, 241 . Hypelale paniculala, 240. HypericHin tomenlosum, 383. Ica(iuier, 241 . Icica copal, 240. — Eihvigea, 240. — de Cuba, 96. Igname de Chine, m, xvii, xvin, xix, XL, Lxxvui, Lxxxix, 34, 96,97, 104, 106, 4 52. 153,159. 160, 267-269.289,340, 341, 466- 467,540,581,593,595,596, 608. — de Caracas, 431 , 581 - 583. — de Cuba, 214. — deltoïde, 581 . — épineuse, 581 . — de Fernando-Po, 282. — lisse, 581 -582. — de Saint-Domingue, 581. Imphy. Voy. Sorgho. Indigotier ,' Lix , lx, 240, 251, 540. ■ — de lÉgyple, 536. — de rinde, 536. Jacaranda du Brésil, 546. Jacinthes, 159, 589. .lasmin, 495, 542. Jalroplia, 243. Jujubier, 1 63, 494. Kao-baiHj, 526. — leang, 526. Karchoutouri, 1 47. h'arqouchek, 1 47. Keltcachc, 147. Kia-tcou, 528. Koucy-hoa-tsé, 524. Koii-koua, 521. Kousso, 430. h'uen-lsé-chou, 522. Lœlia crenaUi, 230. — long ifolin, 230. Lugenaria, 521 . Lagetta linlearia, 243. Laitue, lix. Lappa edulia, xxi, 30-31. Latliyrus platyphyllns, 282. Lavandes, 49! Lawsonia inermis, u. Leerzia oryzoides, 282. Lenlisque, lvi, 79. Lilas, 218. Liûiellier, l, lviii, 79. Lin, LIX, LX, 79, 495. 541 . Lokomie de Chine, 481 . Loma, 541 . Lonicera talarica, 388, Lo-pou, 523. LoH-kao, 525. Loza, XIX, 334, 540. Lupin blanc, 21 5. — jaune, xxi. Luzerne, li, i.ix, 31 . Maïs, xxiii, L, LIX, 41, 78, 79, 80, 95, 105, 223, 246, 352, 539, 540. — do l'Inde, 593. Mdjtujua, 239. Malvoisie, 324, 325. i][(immra, 279. Manguier, 240. Miinihot, 243. Miinioc, 352. Manne, 282. Mapucy, 583. Ma-tsé, 522. Mclid azedaracli , lviu. Melicoca bijugd, 240. Melons, 282. — d'Espagne, 495. — de Malle, 495. Menthe poivrée, li. Millet. 77,79, 539, 540. .1////0C0.S, 484, Mimosa, 220. Momordica balsamina, 28S. Moringa jilerygospcrma, 241. Munis japonica, xx. -Mousses, 396. Moutarde, 524, 527. INDKK AIJ'IIARÊTIQUR DI'S VÉGÉTAUX 107, 162, 03 -î Mûrier, xx, lvih, SI 217, 342, 472. — blanc, 790,29. — mullicaule, 472. Muscat, 32 4. Myoxylum, 148. Nnrbend, 148. Narcisse, 495. Navet, L, 341, 495. Nétlier du Japon, xx, 544. — de la Louisiane, 288. Nerprun de Chine, 156,333, 540. Nesri, 495. Nicotiana ruslica, 494. Nigella saliva, 494, Noisetier, 79, 243. Nopal, 80. Noyer, 79, 81, 426, 532, 548. — de l'Inde, 243. Ocnmo, 584. Odina Wodieri, 163, 216. Œillet, 495. Oignons, l, 341 . — rouges, 495. Opium, 542. Opuntia ficus indica . Voy. Figuier de Barbarie. — à cochenille, lix. Oranger, xvi, l, lvih, 35, 77, 78- ^79, 158, 397, 493. — du Japon, 88, 322-323. — mandarin, 34. — trinilaire, 34. Orchidées, 42, 111. Orchis bifolia, 42. — lalifoiia, 42. — maculata, 42. — mascula, 42. — mUilaris, 42. Orge, L, Li, 494, 538, 539. — de Californie, 607. Orme, l, 148, 491. Ortie blanche, xix, 232, 536, 541, 608. Ouan-ieou, 526. Oxandra laurifolia, 239. Palmier, 77, 78, 99, 148, 205, 245, 492, 542. — à cire, 543. T. Yl. - Décembre 18ri9. Parkinsonia du Sénégal, 437. Paritiumelaium, 239." Passerines, 491 . Pastèques, l, 495. Patates douces, 334, 533, 359, 577, 582, 593. Patchouli, 542. Patience, 1 60. Pavot, 542. Pêcher, l, lviii, 69, 159, 397, 494 — de Tullins, 328. Pe-ko-chou, 528. Pe-lo-pou, 522. Pénicillaire en épi, l. Penicillaria spicata, l. Perilla ocymoides, 524. Pe-tchy-ma, 525, 526. Peupliers, lvui, 81, 341. — blanc d'.\lgérie, 491. Phalaris cœruloscGus, 338, 384-385, Phœnix sylvestris, 542. Pliormium, 541 . Piment, l, 241. 495. Pin, 29, 225, 451. — d'Alep, 491, 545. — de Californie, 545. — laricio, 5/4-5. — maritime, 545. — du Mexique, 545. — du Népaul, 545. — de Ténériffe, 545. Pineau (petit) de Bourgogne, 324. Pinus abies, 29. — pinea tenerrima,i^i,i9\ ,543. — sylveslris, 29. Pislacia allantica, lvi, lviii. Pisum sativuin, 526. Pitcairnia penduliflora, 245. Platane, 491. ! — d'Amérique, 79. I Poirier, l, 494. Pois oléagineux de la Chine, \\x, j 106, 281, 341, 523, 524, I 526, 533. j — de Gouvigny, 526. I Po'ygoimm Sieboldii, xxi. 1 Pomme de terre, lx, lxsxix, 95, I 341, 473, 474, 539, 548, i 577, 582, 584. > 6SA SOCIÉTÉ iMpÉniALh: zoologicue I)'aCCMI\1ATÂTI<)X. Pomme de terre d'Amérique, xxiii, LXXXII, LXXXIX, xciv, 3 f ) , 42. 104, 4 59, 270-27i, 334, 483, 484, o38, 59:2. — de terre d'Australie, xxi, 41, 592. — de Californie, 607. — doucede Quito, 484 du Pichinango, ^84. — grosse quarantaine lyonnaise, 605. — du Para, 338. ~ de Sibérie, xxi, 41 , 334, 483, 592. — de Virginie, 42. Pommier, l, 397, 494. Popuhis alba, lviii. — euphralicn, lviii. — iiiçint, LVIII. Polirons, l, 594. Pon-ha-iiié, 42. Pourpier, li. Prunier, i.vni, 159, 494. Prunus pudus, 388. — seroihia, 388. Pteroc(trpufi (jummifer, 241. Punica (jramitnm. 381, 382, 595. Pjin'tlirum clongtihim. Voy Py- rèlhre du Caucase. Pyrètlire du Caucase, xxii. lxxxix, 388, 473. Quercus nlbn, 1 07. — pcdunculdUi, XXV, 107. Quinquina, m, 91 , 241 . Radis, Lix, 522, 523. Raves, 495. Ray-grass, li. lix. Réglisse, li. Renouée de Siebold, xxi. Bliamnus chlorophorm, xix, lxxxix, 333. — ulilis, XIX, 522. Rheum rivas, 1 47. Rhubarbe de Chine, 147. lUius metopium, 240. ~- succedauea. Voy. Arbre à cire. • — vcrnicifera. V . Arbre à vernis. Ricin, IX, xx,xxvin,xxx,Lix,21 8,21 9, 243,289,330,473,541, 607. Hicinus commimis, lix. Riz, lix, 245, 288, 494, 523, 540. — sec, XXI, LIX, 281, 483, 539, — du Japon. xx. Romarin, 79. Rosier, li. — à cent feuilles, 495. — musqué, 496. Ihibitt linclorum, li. Safran, 542. Salix cicutifolin, xxxi. — babiilonicn, lviii. — fragilis, 1 47. — pedicellata, lviii. Salsepareille, 542. — du Mexique, 245. Sansevière, 541. Sapin, 225. Sapindus emargimild, 106. 152, 436, 534, 543, 592. — saponarld, 152, 528. Sargasses, 420. Saule, XXI, lviii, 1 47. Savonnier, 543. Scluitu:-, molle, lviii. — lerebinlhinus ^ 482. Scorsonères, 31 , 342. Sccalc montanum, 384. Scchiurn cdulc, 241 . Seigle, 89, 272. Séné, 542. Senonge, 494. Séquoia gigantea, 161, 278-279. — semperviretis, 1G1, 274-278. Séquoiées, 274-279. Sésame, lix, 525, 526, 541. Siccé, 136. Sida, 230. Sideroxylum pallidum, 242. Sniilax, 245. Soja liispida. Voy. Pois oléagineux. Solanum tuberosum. Voy. Pomme de terre. Soleil, 524. Sopliora japonicd , xx. Sorgho sucrédeChine, xviii. xix.xxi, L, LIX, LXXXIX, 35, 42, 63-83, 96, 97, 103, 105, 123-131, 152, 207-210, 213, 223, 224, 289, 330, 341, 433, 483, 526, 530, 539, 542, 593, 595. INUli.V ALl'IlAKli'l Sorgho d'Afrique, 63-83. — deTarlarie, 63-83. — à pain, 41 . — cernmif^, 41 . ■ — de Sibérie, 42. Sorghumvulgare.h^ 312. Souchel comestible, xxm. Sou-mu- 1 se ^ 524. Spirœa sorbifoliu^ 338. Slcnolobium cœruleum, 240. Sycomore d'Egypte, lvih, 545. Sijmplioria racemosa, 388. Syringa chincnsis, 388. — viilgaris, 388. Sfizygiuin jambolaniim, 163, 216 Tabac, li, lx, 351, 494, 543. — de Nouvelle-Hollande, 334. — de Perse, 149. Ta-hoang~teou, 524. Ta-lou-teou, 523. Tamarinier, 241 . Tamarix. lvi, lviii, 147. — articulata, lvi. Tamus conimunis, 289, 466-467. Tao-k'uii, 523. Ta-pe-chomj-teon, 523. Ta-ti-hou, 483. Ta-fse, 42. Tayo, 41, 106, 160. Tcha-tsé, 528. Tengues, 1 48. Ter fez, li. Terminalia catappa, 241 . Thé, 96, 161, 528. Tlieobroma cacao, 346, 351. Tien-sien-my . 527. Tillandsia usneoides, 245, Tomate, l. Tombdkou, 1 49. Ton^-koua, 521. Topinambour. 105, 223. Torchon, 288. lyUt UKS VÉGÉl.VUX. Tournesol, 30. Trèfle, 31. — d'Alexandrie , Tremble, 1 48. Trichilia havanensis, 240. 635 LIX. minor no. — spondioicles, 240. Trilicum duruin, t. — turgidum, l. Truffe, LI, 214, 570, 607, Tsing-ma, 541 . — py-teou, 524. — tsai-tsé, 527. Tubéreuse, 495. Tulipes, 589. Ty-lo-pori, 528. Urlica nivea. Voy. Ortie blanche. Uvaria neglectu, 239. KamZ/a aromalica, 244. Vernis du Japon. Voy. Allante. Vétiver, 536. Vigne, XVI, l, lx, lxxxix, 34, 57, 77, 78, 79, 80, 81, 161, 236, 324-326, 397, 538, 548, 594. Virgilia lulea, 96. Wampi, 544. Xylopia cubensis, 239. Yaya, 239. Yana, 241. Yerva de Guinea, 214, 224, 385, 481. Yen-tchy, 524. Yeou-tsao-tsé, 528. Yucca, 541 . — aigre, 243. — douce, 243. Zanthoxylum juglandifolitim, 240. — lanceolalum, 240. Zizyphus, 216. — spina-Chrisli, l, lvui, Zo/e, U7. Zost£;raj/iarma, 420. 636 SOCIÉTK IMPÉRIALE ZOOLOGIQIK d'aCCLIMATATION. TABLf: DES MATIÈRES. SÉANCE PUBLIQUE ANNUELLE DU 17 FÉVRIER. Procès-verbal de la troisième séance publique annuelle, tenue le 1 7 février 1859, à l'hôtel de ville i Prix proposés par la Société n Prix fondé par M. Chagot aîné iv Prix fondé par M. Frédéric Davin iv Prix fondé par M. le docteur Sacc iv MM. Is. Geoffroy Saint-Hilaire. — Discours d'ouverture. ... vi Aug. DuMÉRiL. — Rapport sur les travaux de la Société pen- dant l'année 1858 xv E. CossoN. — Considérations générales sur le Sahara algé- rien et ses cultures xLr A. De Quatrefages. — ÎSotice sur l'acclimatation de (juel- ques espèces d'oiseaux xn Le comte cI'Éprémesnil. — Rapport au nom de la Commis- sion des récompenses lxxv Concours annuel. — Récompenses hors classe lxxvi Médailles, montions honorables, récompenses pécuniaires. . . lxxxvui M. Fréd. Jacquemart. — Annexe au compte rendu de la séance publique annuelle. — Rapport ;m nom de la Commission de comptabilité xc (iÉNÉH ALITÉS. Is. Geoffroy Saint-Hilaire, — Sur les origines des animaux domestiques. Premier fragment : Oiseaux 4 Le môme. — Second fragment: Cheval, Ane, Cociion, Mouton et Rœuf 496 Charles Martins. — Sur le climat de Montpellier 84 De Saint-Quentin. — Note d'un voyage dans les montagnes de l'Elbourz et le Mazadéran ly Ramon de la Sagra. ■ — Énuniération des espèces zoologiques et botaniques de l'île de Cuba utiles h acclimater dans d'autres régions du globe i 69 Le même. — Suite et fin 237 J. Cloquet. — Note sur les moyens de détruire les Serpents. . 200 Becquerel. — Sur les conditions de l'acclimatation des êtres organi.sés, et particulièrement sur la température des végétaux 283 F. Prévo.st. — Liste des principales espèces de Mammifères et d'Oiseaux qui se sont reproduites à la Ménagerie du Muséum. 252 TABLH DES MATIÈRES. 637 Aug. DuMÉRiL. — Questionnaire sur les Vipères de France. . . 319 De TouBREiL. — Notice géographique el climalologique sur Vene- zuela 345 Le même. — Suite et fin 393 MoREAu DE JoNNÈs. — Utilité de rintroductioii à la Martinique d'un animal destructeur du Serpent fer-de-lance 468 Hardy. — Importance de l'Algérie comme station d'acclimatation. 489 Le même. — Suite et fin 537 MAMMIFERES. MircHELL. — Note sur l'acclimatation du Canna en Angleterre. . 1G Albert Geoffroy Saist-Hilaire. — Extrait d'un rapi)ort sur les animaux déposés en Auvergne : Yaks, Chèvres d'Angora. . 49 D"' Chavannes. — Note sur la valeur du Hérisson comme animal à opposer au Bothrops lanceolatus 5o Fréd, Jacquemart. — Rapport sur le projet d'introduction d'un troupeau d'Alpacas et de Vigognes 113 E. RoEHN. — Mémoires sur les Lamas et congénères de la chaîne des Andes de l'Amérique du Sud 132 Le Prestre. — Note sur l'Antilope Nilgaut 185 Is. Geoffroy Saint-Hilaire. — Mesures prises pour l'envoi d'une troupe de Dromadaires, fait au gouvernement brésilien par la Société impériale d'Acclimatation 297 Bouteille. — Sur le lait d'Yak 356 Baron Anca. — Acclimatation de la Chèvre d'Angora en Sicile. . 401 Davelouis. — Fragments d'une étude sur le Buffle. — Domestication et diffusion de l'espèce buff'aline 441 F. Davin. — Rapport sur la race mérinos soyeuse de Mauchamp, au nom de la Commission chargée de l'acquisition et de l'expé- dition d'un petit troupeau mérinos soyeux destiné à S. M. le Roi d'Espagne , 552 M. Girard. — Sur les essais d'acclimatation de la Chèvre thibé- taine à duvet faits en France par M. Petit 585 OISEAUX. Althammer. — Sur des Perdrix bartavelles élevées en domesticité. 1 1 7 F. Prévost. — De la destruction du Hanneton, et de son emploi pour la nourriture des jeunes oiseaux 202 P. Letrone. — Étude sur la basse-cour. — Monographie des galli- nacés. Races principales indigènes et exotiques (première partie) 305 Le même. — 2'' partie 359 Le même. — 2*^ partie (suite) 403 Le môme. — 3*^ partie 455 .\ Laurence. — Sur la reproduction, en captivité, de plusieurs Oiseaux étrangers, et sur les avantages des volières isolées. . 509 C38 SOCIÉTÉ IMl'ÉRIALL ZOOLOGIQUK d'aCCLIMATATION. POISSONS, CKUSTACÉS, ANNÉLIDES ET ZOOPHYTES. De Maude. — Notice sur les pêcheries du Hareng, de la Morue et du Saumon, en Norvège 23 Le môme. — Suite et fin 58 Le conile de Causans. — Application de nouvelles méthodes de pisciculture à la production de la Truite <\\s Comte de Galhert. — ■ Sur un établissement d'hirudiculture créé dans le département de l'Ain 20 4 .1. Cloquet. — Note sur la reproduction du Saumon dans un étang. 255 Docteur Rtez. — Des Tortues considérées au point de vue de l'alimentation et de l'acclimalation 364 Le même. — Suite .y 4 Le môme. — Suite et fin 559 INSECTES. Docteur O. Réveil. — Description des appareils adoptés pour le transport des cocons du Ver à soie du chêne 257 Docteur Sac.c. — Sur les essais de filature entrepris avec; lescocons du Hombyx du ricin par. MM. H. SclilundjergeretCh. doJongh. 264 Docteur Ginou de Buzareingues. — Note sur la destruction du lianneion et du Ver blanc 3 78 VÉGÉTAUX. Le docteur Sacc — Description, culture et usage do la Bardane comestible . 30 Le môme. — Culture et usage de l'Oranger du Jai)on 322 Don .Iuliaii Pellon y Runiu<,uE/.. — Extraits d'un mémoire sur les plantes saccharines ap|)elées Sorgho de Chine, llokus sacclui- ratus africain et tarlare 63 Le môme. — Suite et fin 4 23 Docteur Su.ard. — Études sur les dégénérescences observées dans le Sorgho sucré ....... 207 Pau.let père et fils. — Sur la culture et sur lo produit de l'Igname de Chine, après cinq années d'essais et son entrée en grande culture 267 D'IvERNOis. — Note sur la Pomme de terre dos Cordillères 270 A. l'ÉTETiN. — Note sur l'iniluence des changements de semences dans la culture des céréales 272 A. Depuis. — Sur les Séquoia 274 Becquerel. — Note sur les vins fabriqués avec des cépages du Midi cultivés dans le centre de la P^rance .324 JoMARD. — Lettre sur des Grenadiers cultivés en pleine terreaux environs de Paris; suivie d'une lettre de M. L. Vilmorin sur l'acclimatation des végétaux 38/1 TABL!': DES MATIKRKS. ()39 y Pépin. — Note sur l'Alpiste bleuâtre 38i Le même. — Noie sur des rhizomes de Tamus^ pris pour des ra- cines d'Ignnme i6G David. — Noie sur la Yervu de Gnincti ^586 Hétet. — Note sur une nouvelle propriélé du Vernis du .Inpon. . i'2'') L. Vilmorin. — Compte rendu des essais de culture sur les plantes de la Chine rapportées par Mgr. Perny iJ-O De ToLRREiL. — Piaules alimentaires du Venezuela dont l'acclima- tation en France et en Algérie pourrait contribuer à améliorer le sort des classes laborieuses o77 EXTRAITS DES PROCÈS- VERBAUX. Procès -verbaux des séances générales de la Société. Séance du 7 janvier 1859, p. 32. — Séance du 2i janvier, p. 39. — Séance du 4 février, p. 80. — Séance du 18 février, p. 92. — Séance du 4 mars, p. i»)(). — Séance du 1S mars, p. I.'SO. — Séance du r-" avril, p. 157. — Séance du 15 avril, p. 21 I . — Séance du 29 avril, p. 221. — Séance du 13 mai, p. 280. — Séance du 29 mai, p. 286. — Séancedu 10 juin, p. 327. — Séance du 24 juin, p. 331. — Séancedu 9 décembre, p. 589. — Séance du 23 décembre, p. 604. Procès-verbaux des séances du Conseil. Séance du 8 juillet 1859, p. 387. — Séance du 29 juillet, p. 432. — Séancedu 13 août, p. 470. — Séance du 24 août, p. 475.— Séance du 23 septembre, p. 477. — Séancedu 21 octobre, p. 529. — Séance du 4 novembre, p. 531. DOCUMENTS RELATIFS A LA SOCIÉTÉ IMPÉRL4LE D'ACCLIMATATION. Organisation de la Société pour l'année 1859 j Liste des Sociétés affiliées et agrégées v Ouatrième liste supplémentaire des membres de la Société, . . . vij FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. Projet d'impoi-lalion en France d'un troupeau d'AJpacas et de Vigognes. — Utilité de l'introduction de plantes remarquables par la beauté de leurs Heurs 111 Création de Comités d'acclimatation à la Guadeloupe el à la Marli nique. — Lettre de S. A. 1. l'archiduc Fcrdinand-ÏMaxiinilien d'Autriche. — Introduction d'un troupeau de Lamas et con- génères en Australie. • — Acquisition du troupeau de Chameaux destiné au Brésil '65 C/lO SOCIÉTÉ IMI'ÉIUALI-: ZOULOGIUUK D ACCLIMATATION. Première séance du Comité algérien de la Société impériale d'accli- matation. Discours de M. Géry; préfet du département d'Alger, président du Comité. — Direction du Jardin zoologique d'acclimatation . 228 Lettre de S. A. K. le grand-duc régnant de Saxe-Weimar. — Départ des Dromadaires envoyés au Brésil par la Société : lettre de M. Gery, prélét d'Alger. — Séance annuelle de la Société d'acclimatation de Grenoble 292 Inscription de S. M. le Roi de Grèce sur la liste des membres de la Société. — Séance annuelle de la Société d'acclimatation de Nancy. — Lettre deM. Guerin-Méneville sur les résultats de divers essais séricicoles laits dans le Midi 340 Inscription sur la liste des membres de S. M. L le Sultan. — Don de graines lait à la Société par S. M. 1 Empereur. — Mort de M. le professeur Dieteiici 391 Lettre de M. A. Hesse, délégué de la Société à Marseille, sur lar- rivée du troupeau de Cliamtaux au Brésil. — Introduction d'un troupeau de Mérinos-Maucliamp en Espagne. — Lettre de M. de JNlontigny, consul général de France et délégué de la Société à Chang-hai, sur 1 arrivée de M. le comte Castellani en Chine. — Dons d'animaux vivants faits par S. Exe. Kœnig- bey et M. Bataille, membres de la Société 438 Lettre de M. Vogeli, sur l'arrivée du Iroupeau de Chameaux au Brésil. ■ — Introduction d'un trou[)caude Mérinos-lMauchamp en Espagne. — Dons d'animaux vivants laits par AL J. Leiong et par S. Exe. Kœnig-bey, membres de la Société, et par M. le capitaine de vaisseau H. l'ichon. — Naissance de jeunes Cerfs de rinde et do la Chine 488 Lettre de S. A. U. Mk' le prince de Savoie-Carignan ; inscription de S. M. le Roi de Sardaigne sur la liste des membres de la Société. — Lettre de S. Exe. leiiraréclial Serrano, gouverneur général de l'île de Cuba. ■ — Communicalion d'une leltre de ïl. Roehn relative à l'époque présumée de l'arrivée du trou- peau d'Alpacas et de Vigognes. — l'résentaiion faite par M. Guérin-Méneville d étoiles chinoises fabriquées avec la soie du Ver de l'allante. — Lettre de AL Debrauz sur le succès de la mission entreprise par AIM. les comtes Freschi et Castellani , 610 BulleLin de» échanges proposés par les membres de la Société impériale d'Acclimatation 112, 1()7 Bulletins bibliographiques 48, 108, 296, 392, 440, CI 3 Errata 48 PARIS. — IMPRIMKItlE DE L. MARTINET, RUE MK.NON, 2, New York Botanical Garden Library 3 5185 00259 6854 - .«.. ^■■■'^^ _Jip .- ^ -^R^F i^*^»? '■^ .. :JmW^f^ rr'-^m^