■ j/,y, ''.'Y.V'f.i m ■':mii:<. ■'■m ■. 'l'iV-i'' iv'ii'l 'l'.'i' .v'Vi ,<<• .■, :■ •;«!i>^:'.- iiii mmmmm 111 :^^r:^;^':i^ •• , V V' ,sv-^' *JS là r^ M ,L(^é^ ■A BULLETIN MENSUEL DE LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLÛGIQUE D'ACCLIMATATION Paris. - Imprimerie de L. MARTINET, rue Mignon. 2. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION FONDÉE LE 10 FÉVRIER 185^. TOME HUITIEME. AVIVÉE 1861. 4 <^^ A Vf fiOTAiV'CAii» PAPilS VICTOR MASSON ET FILS, PLACE DE l'école-de-médecine, ET AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ, HÔTEL LAURAGUAI3, RUE DE LILLE, 19. 1861 Musé jï*f SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIOUE D'ACCLIMATATION. OKOANISATION POUK L'ANNEE 1861. , LISTE DES SOCIÉTÉS AFFILIÉES ET AGRÉGÉES ET DES COMITÉS KÉGIONALX, ET SIXIÈME LISTE SUPPLÉiMEiNTAlUE DES MEMBRES. S. M. L'tMPERElR, protecteur. BUREAU DE LA SOCIÉTÉ. MM. Isidore GEOFFROY SALM'-HILAIKE, président. Le prince iMarcde BEAUVAU, DROLY.N DE LIIUY^, Antoine PASSY, mce-presidents. UICIlAI\D(dii Canlal), ) Le comte d'ÉPilÉMES.ML, secrétaire général. E. DUPLN, secrétaire pour la correspondance à l'intérieur. GUÉUIA-jMÉ-\E VILLE, secrétaire du Conseil. Le comte de SiNE'ÏY, secrétaire pour la correspondance d l'étranger. L. SOUBEIRAN, secrétaire des séances. Paul BLAGQUE, trésorier. E. COSSON, archiviste. CONSEIL D'ADMINISTRATION. Les .Membres du Buread et MM. Fréd. JACQUEMAI\T, J. CLOQUëT, MOQULN-TANDON, Le marquis de SELVE. ^P— Conseillers libres : MM. de MOiNTlGM, le marquis SÉGUim. Ci: A a. De QUATREFAGES, C^ r.LFFIEIJ, ^ Le baron SÉGUIEU, * "* De BELLEYME, Frédéric DAVIN, DEBAL\S, A. DLMÉIUL, rO.MME. ij SOCIÉTÉ. IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'âCCLIMATATION. DÉLÉGUÉS DU CONSEIL EN FRANCE ET EN ALGERIE. Bordeaux ^1^'- BAZIN, professeur de zoologie à la Faculté des sciences. Q^çj^ LE PPiESlRE, chirurgien en chef de l'Hôtel- Dieu, professeur à l'École de médecine. Cernaij (Haut-Hhiu). . . ZURCHER (A.), propriétaire. Clermont-Ferrand . . . LECOQ (H.), membre correspond, de l'Iosti- lut, professeur à la Faculté des sciences. j),^^^^l MAURICE (Léon), avocat, propriétaire. le Havre DELAROCHE (H.), négociant. Jy^J^ , LECOQ (F.), directeur de l'École vétérinaire. Marseille nES5E(A.), banquier. Mulhouse ZUBER (F.), propriétaire, manufacturier. Xancu MONMER, membre du Conseil général de la Meurthe. Napoléon-Vendée. : . . GOURDIN, docteur en droit, membre de l'a Société d'agriculture de la Vendée. Poitiers HOLLARD. prof, à la Faculté des sciences. jlouen. . . 1)0UCHET, membre correspondant de rinsli- lut, directeur du Muséum d'hisL naturelle. Saint-Quentin (Aisne). THElLLlER-DESJAnDINS, propriétaire. foulon AGUILLON, propriétaire, membredu Comice agricole de Toulon. Toulouse JOI^Y, professeur à la Faculté des sciences. Wesserlin'j (Haut-Rhin). SACC, ancien professeur à l'AcadémiedeNeu- chàtel (Suisse). DÉLÉGUÉS DU CONSEIL A L'ÉTRANGER. Batavia WASSINK (G.), chef du service sanitaire dans les possessions néerlandaises aux Indes orientales. Bruxelles LTEDEKERKE (le comte de), membre de la chambre des représentants de Belgique. Canton (Chine) MONTIGNY (de), consul général de France. le Caire UELAPORTE, consul de France. Chang-haï\ édaN, chancelier du Consulat de France. Constantinople DUFOUR, Florence DÉMIDOFF (le prince A. de). Francfort BETHMANN (le baron Maurice de), consul général de Prusse. Genève GOSSE (le docteur). Lausanne GHAVAISNES (le docteur). FUHMATION DES HLllliALX i)E LA SOCIÉTÉ. iij Macao (Chine) G AM^FE Y MOi\AL,consii! giinér. d'Espaitiio. Madrid (1 II AI^LLS, directeur du Musée d'hi^î. natur. Milan 131101' (Ch.), banquier. Moscou KALIMOnVSKI (J.), conseiller de Cour, pro- fesseur d'agric. à l'Université impériale. Philadelphie.,.. . . . WILSON (T.), nienib. de l'Acad. des sciences. Québec JOLY DE LOTDIMÈRE, propriétaire. Rio-Janeiro CAl^ANEM A ;Ie capitaine de), professeur de physique à l'Académie impériale du génie. Saint-Pétersbourg. . . . BRANDT, conseillerd'État actuel, membrede l'Académie impériale des sciences. Sirfrîey (Australie). . . . MAC A PiTHUlî, commissaire général de l'Aus- tralie près l'Exposition universelle de 1855. Turin BAllL'FFI (le chevalier), profes. à TUniversité. Vienne ARENS'JEIN. Washington CLEMSON, surintendant de l'agriculture des États-Unis. Yedo (Japon) UUTHERFOriD-ALCOCK:, ministre plénipo- tentiaire de S. M. Britannique. BUREAUX DES SECTIONS. 1" Section. — Mammifères. MM. RICHARD (du Cantal), délégué du Conseil et président. DAREiiTE, vice-président. MM. DAVELOUIS, secrétaire. Albert GEOFFROY SAINT MILAIRE, vice-secrétaire. 2* Section. — Oiseaux (Aviculture;. MM. Le comte d'ÉPRÉMESML, dé- légué du Conseil. bEÏ\l\lEï{-['OKï:MMÙ, président MM. DAVELOUIS, vice-président. UUBERT-BRIERRE, secrétaire. E. ROGER, vice-secrétaire. 3* Section. — Poissons, Crustacés, Annélides, Mollusques (Pisciculture). MM.PASSY, délégué du Conseil et président. MILLE'!', vice-président. Zi* Section. — Insectes (Sériciculture et Apiculture). MM. LOBLIGEOJS, secrétaire.- Charles WALLUT, vice -secré- taire. MM. Le prince de BEAUVAU, délégué du Conseil. GUÉRIN - MÉNEVILLE, prési- dent. 5* Section. - MM. DROUYN DE LHUYS, délégué du Conseil. MORE AU, président. MM. BIGOT, vice-président. A. PERROT, secrétaire. h. SOUBEIRAN, vice -secré- taire. - Végétaux. MM. CllATIN, vice -président, DUPUIS, secrétaire. PRILLIEUX, vice-secrétaire. iv SOCIÉTÉ IMPÉniALE ZUOLOGIOUE D ACCUMATATlUN, COMMISSION PERMANENTE DE L'ALGERIE. MM. PxICHAIU} (du Cantal), président: le général DAUMAS, président honoraire; le prince Marc de BCAUVAU, BIGOT, CHATfN, GOSSON, DARESTE, OAVIN, DUPRÉ DE SA[.\T-MAUR, FOCILLON, Victor FOUCHEU, le vicomte GARBÊ, GUÉRiN-MÉNEVfLLE , LAPERLIER, LOBLIGEOIS, J. MICHON, MILLET, de >JABAT, et A. GEOFin\OY SALN r-HlLAlRE, secrétaire. COMMISSION PERMANENTE DES COLONIES. MM. A. PASSY, président; AUBIIY-LECOMTE, BELLIE T-MON'niOSE, DAVID, DEVILLE, DUTi;Oi\E, LIÉNARD père, MALAVOIS, MENNET- POSSOZ, RAMON DE LA SAGHA, et RLFZ DE LXYlSOy, secrétaire. COMMISSION PERMANENTE DE L'ÉTRANGER (1). MM. DROUY-N DE LHUYS , président; de QUATREFAGES, vice-pré- sident; J. CLOQUET, DAVID, DEBliAUZ, DUPERPiEY, FAUGÈRE , JOMAR!), lamiral 1>E.\AUD, POEY, r.AMON lU: LA SAGliA, ROSALE-, TASTET, TAUNAY, Pierre de TCHIllATCllEF, Platon de TGIIIHATCIJEF, de VERNEUIL, WEDDELL, et YVAN , secrétaire. Commission climatologique. — MM. BECÇLEREL, président; CHATIN, DUPERREY, J. DUPRÉ DE SALNT-MAL'R, le comte d'E.SGAYRAC DE LAUTCRE, POEY, Cli. DEVILLE, le marquis de VIBRAYE, WEDDELL, et Edmond BEGQUEREL, secrétaire. Commission industrielle (pour l'examen des produits désignés comme propres à être introduits dans l'industrie). — ^]\\. le baron SEGLTLR, président; D.Wl'S, Charles DOLLFUS, DOYÈRE, FOCILLON, FREMY, GERVAIS (deCacn), IIELZEY-DENE'lROCSE , Frédéric JACQUEMART, LE PLAY, MENNET-l'OSSOZ, PEl.OLZE, PERSOZ, Florent PRÉVOST, et Natalis RO-NDOT, secrétaire. Commission médicale (pour l'examen des produits désignés comme propres à être introduits dans l'industrie). — MM. J. CLOQUET, président; MOQUIN-TA?sDON, BOUGIIARDAT, BOULLAY, E. CAVENTOU, CHATLN, J. GUÉRIN, N. GUILLOT, JOBERT DE LAM BALLE, le baron LARREY, LEBLANC, MIALHE, Michel LÉVY, MICHOX père, RÉVEIL, RLFZ DE LA VISON, et L. SOUBEIRAN, secrétaire. (l) Les ambassadeurs, niinislrcs, chargés d'aftaires cl consuls clraiigers, qui résident à Paris, et qui sont membres de la Société, font de droit partie de la Commission de l'Étranger. LISTE DES SOCIÉTÉS AFFILIÉES ET AGRÉGÉES A LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQLE D'ACtLIMATATlO:^ ET DE SES COMITÉS RÉGIONAUX. SOCIÉTÉS AFFILIÉES ET COMITÉS RÉGIONAUX FRANÇAIS. La Société zoologique d'acclimatation pour la région des Alpes (Société zoo- logique des Alpes), à Grenoble. La Société régionale d'acclimatation pour la zone du nord-est, h Nancy. La Société du Jardin zoologiqne de Marseille. Le Comité régional de la Société impériale d'acclimatation à Bordeaux. Le Comité colonial d'acclimatation de la Guyane française. Le Comité colonial d'acclimatation de l'île delà Réunion. Le Comité régional de la Société impériale (l'acclimatation, à Poitiers. Le Comité régional de la Société impériale d'acclimatation, à Alger. Le Comité colonial d'acclimatation, a la Martinique. Le Comité colonial d'acclimatation, à la Guadeloupe. La Société centrale d'agriculture et d'acclimatation des Basses-Alpes, à Digne. La Société d'horiiculture et d'acclimatation de Tarn-et-Garonne, à Mon- tauban. La Société centrale d'agriculture, d'horticulture et d'acclimatation de Nice et dps Alpes-Maritimes, à Nice. SOCIÉTÉS AFFILIÉES ET COMITÉS RÉGIONAUX ÉTRANGERS. Le Comité de la Société impérialed'acclimatation pour l'Egypte, à Alexandrie. La Société d'acclimatation pour le royaume de Prusse {Acclimatisations- Verein fur die Koniglich- Preussischen Staaten), à Berlin. Le Comité zoologique d'acclimatation de Moscou. Le Comité d'acclimatation des végétaux de Moscou. SOCIÉTÉS AGRÉGÉES FRANÇAISES. Le Comice agricole de Toulon. La Société protectrice des animaux, à Lyon (Uhône). La Société d'agriculture de Verdun (Meuse). La Société d'agriculture, belles-letires, sciences et arts de Poitiers (Vienne). La Société d'agriculture du département des Bouches-du-Pdiône, à Marseille. Le Comice agricole d'Aubigny-sur-Nerre (Cher). La Société d'agriculture, arts et commerce du déparlement de la Charente, à Angoulème (Charente). La Société d'agriculture d'Alger. La Société d'agriculture et de staiisiique de liounne (Loire). VJ SOCIÉTÉ DIPÉKIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATÂTION. La Société d'agriculture, sciences, arts et belles-lettres de l'Eure, à Évreux. La Société d'agriculture du Puy-de-Dôme, à Clermont-Ferrand. La Société des sciences naturelles et archéologiques de la Creuse, à Guéret. La Société d'horticulture delà Gironde, à Bordeaux. La Société d'agriculture, sciences, arts et commerce de la Haute-Loire, auPuy, La Société d'agriculture de l'anondissement de Dôle (Jura). La Société d'agriculture de la Haute-Garonne, à Toulouse. Le Comice agricole de l'arrondissement d'Alais (Gard^ La Société des sciences, agriculture et arts du Bas-Rhin, à Strasbourg. La Société centrale de l'Yonne pour l'encouragement de l'agriculture, à Auxerre. La Société d'agriculture de Seine-et-Marne, à Melun. La Société d'agriculture de Provins (Seine-et-Marne). La Société d'agriculture et de l'industrie de Tonnerre (Yonne). La Société d'horticulture de l'Aube, à Troyes. La Société d'agriculture, industrie, sciences et arts de la Lozère, à Mende. Le Comice agricole des arrondissements de Melun et de Fontainebleau. La Société d'horticulture de Nantes. La Société d'agriculture de Louhans (Saône-et-Loire). La Société d'horticulture de Bergerac (Dordogne). La Société d'agriculture de la province de Savoie propre, à Cliambéry. La Société d'agriculture de l'Ardèche, à l'rivas. La Société d'horticulture et d'arboriculture de la Côle-d'Or, à Dijon. SOCIÉTÉS AGRÉGÉES ÉTRANGÈRES. La Société d'utilité publique de Lausanne (Suisse). L'Association agricole des États sardes {Associazione agraria degli Stati sardi), à Turin. La Société d'économie rurale de la Côte (canton de Vaud) (Suisse). L'Académie royale d'agriculture de Turin {Reale Accademia d'agricoltura di Torino]. La Société du Cercle littéraire de Lausanne (Suisse). La Classe d'agriculture de la Société des arts de Genève (Suisse). La Section d'industrie et d'agriculture de l'Institut genevois (Suisse). La Société impériale et royale d'agriculture de Vienne {Die kaiseiiich- konigliche Landwirthschafts-Geselhchaft in Wien). La Société séricicole de Pologne {Spolka jedwahnicza polska), à Varsovie. La Société agronomique du Frioul {Associazione agraria Friulana), à Udine. La Chambre d'agriculture de Port-Louis (île Maurice). La Société d'agriculture du duché de Nassau. LTnstitut agricole catalan de San Isidro, à Barcelone (Espagne). La Société d'agriculture de Valence (Espagne). La Direction centrale d'agriculture de Stuttgard (Wurtemberg). L'Académie agronomique de Hohenheim (Wurtemberg). SIXIÈME LISTE SUPPLÉMENT URE DES MEMBRES DE LA SOCIETE IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION Membres admis du 8 mai 1860 au 2G avril 1861 (1). S. A. P». le grand-duc de hesse-darmstadt. S. A. K. le duc de saxe-cobourg-gotha. MM. ABADlE, pharmacien, à Luçon (Vendée). ABENANTI (le commandeur Saverio), rue de Tolède, palais Cireili, à ^iaples. ADAM (N.-A.), ancien notaire, propriélaiie, àCoulommiers (Seine-et-Marne). ALI-KHAIV (S. Ex. Hassan), général do division, aide de camp du roi de Perse et ministre plénipotentiaire à Paris.' AîVDRADE, ancien élève de l'inslitui agronomique de Beauvais, à rinstilut de Beauvais (Oise). ARBIGNY (François d'), propriétaire, à château d'Ormoy, près Château- Vilain flIaute-Marne). ARCHiîVTO (le comte r>ouis), propriétaire, à Milan (Italie). AROUX (Félix), propriétaire, rue Circulaire, avenue de rimpéralrice. ARTALD, vice-recteur de l'Académie de Paris, inspecteur général honoraire de Tinstruction publique, à la Sorbonne. AUBRY (Eugène), notaire honoraire, boulevard des Italiens, 27. AllCLERC (André), pharmacien, rue du Havre, 1. AUZEIVDE (Joseph), jardinier en chef du jardin de la ville, à Toulon (Var;. AVELLAR (le docteur Joiio Ouinlino d'), licencié es sciences physiques, à Lisbonne (Portugal). AYGCESVIVES (le comle Jacques-Auguste d'), écuyer de PEmpereur, rue de r Université, 23. BAG.^EUX (le comle de), rue de PUniversité, 19. BALLESTEROS (Joseph-Mérino), vice-consul d'Espagne, à Lima (l'érou). BAUDIY (Henri-Eugène de), propriétaire, rue Saint-Dominique, 101. BELSEUR, propriétaire, rue de iUvoli, 128. BERIVIER (Emile), juge d'instruction au l'ribunal de la Seine, rue des Champs-Elysées, 8. BERTHIER DE BIZY (le comte de) membre du Conseil général de la Mèvre, au château de Bizy, près Pougues (Mèvre . (1) Pour les nieniljrcs antcrieureniciil admis, \o^ez h Lixte générale des membres, I. 11, p. XXII à XLVii; la Première liste svfplémenlaire, t. 111, p. xu à xi\; la Deuxicme liste supplémentaire, t. IV, p. ix à xx ; la Troisième liste supplémentaire, t. V, p. M à xxiv ; la Quatrième liste supplémentaire, l. VI, p. vu à xvi ; rt la Cinquième liste su} plémentmre, t. Vil, p. VII à XVI VIIJ SOCIÉTÉ IMPÉUIALE ZOOLOGIQl'E D ACCLIMATATIOX. BERTR.WD (Léon), réclncieur en chef du Journal dps chjsspiir.'<, rno du Marclié-Saint-Hoiion'. '21. BESSETTE (le doclciir F,>lmond), à Angoulème (Charente). BIE!\C01RT (le comte Léon de), rue Sainl-Doniiniqiie, 67. BOISHÉBERT (de) propriétah'C, au château de Sasselot, rue Bouquet, 35, à Rouen (Seine- Inférieure). BOIS^ARD-GRANDMAISON (\lauiice), armateur, président du Tribunal de Gran ville (Manche). BORDIER (le docteur Paul), à Melle (Deux-Sèvres). BOICHAL'D DE BtsSY (Louis de), propriétaire au château de Uoussan, ù Sainl-Uemy (Bouches-du- Rhône). BOUDET, président de section au Conseil d'État, avenue (lahrici, Zj2. BOi'DET DE PARIS, juge au Tribunal de la ^eine.rue d'Anjou-St-lJonoré,23. BOLRGUIG^'OA' (le docteur), directeur de rétablissement hydrothérapique de Bellevue (Seine-et-Oise). BOVET (iMilz), négociant en Chine, ù Fleurier, canton de Neuchâtel (Suisse). BRETAGNE, ancien magistrat, riie du Rocher, 70. BRETOiii, maire de Ponchon (Oise). BRIAAD (Eugène), propriétaire, à Pontchardon, canton deVimouliers(Orne). BRUSI Y FERRER (Anlonio), calle dc Jaimel, nMJ, à Barcelone (Espagne). CAFFARELLI (le comte de), député, membre du Conseil général de T Aisne, rue de Vnronnes, 58. GAILLARD (l'aul), propriétaire, quai Malaquais, 17. OAIX (Amédée de\ au hameau Fleury, par Putanges (Orne). GALDEROX COLLANTES (S. Exc. M. Satumino), ministre des atfaires étran- gères d'Espagne, grand-cordon de la Légion d"honneur, à Madrid (Espagne), CALVO (Charles), chargé d'affaires du Paraguay près S. M. l'Empereur des Français, rue de la Chaussée-d'Antin, 53. CARBO^':v'IER, fabricant d'appareils d'éclosion, quai de la Mégisserie, GO. CARCEl>[AC, rue Neuve-des-Capucincs, 10. CARivÉ (le vi,:omte Edmond de), à (iuingamp (Côtes-du-Nord). car;\é (Ollivierdc), au château de Glazan, près Guingamp (Côtes-du-Nord). CVSTELCICALA (le princc de), à Naples. CAUTHIOA (Claude), avoué honoraire, boulevard des Italiens, 28. CAtzÉ DE îVAZELLE (le comte Charles- Ilérard de), à Guignicourt (Aisne). <;avi.\a (le docteur Dino), inspecteur des écoles techniques de la Toscane, à Florence. CHABRIER (Ernest), propriétaire, à j'île delà Réunion. CHAPELLE (Paul MOXAIER), ancien capitaine d"arlillerie, à Chalon-sur- Saône (Saônc-et-Loire). GHAUDORDY (le comte de), allaché au ministère des affaires élrangères, rue Tronchet, 2^i. GHAZELLES (de), ûvpulé au Corps législatif, ancien maire de Clermont- Ferrand, à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme^ CHELSEA (le vicomte), Lowndesstreet, 28, h Londres (Angleterre). SIXIÈME LISTE SUPPLEMENTAIRE. IX CHENXEVlÈiiE (Edmond), propriétaire, à Elbciif (Seine- Inférieure). CHEVALIER (Georges-Cliarles), secrétaire gérant du Cercle agricole, quai Voltaire, 29. CHEVRIER, pharmacien, rue du Fauijourtï-Montmartre, 21. CHOLET (le comte de), ancien pair de France, au château de Beauregard (Loir-et-Cher). CI.EMSOK (T.), surintendant de l'agriculture aux États-Unis d'Amérique, f/é/é-'^MP Je /a Soc/e^e/mppr?a/ef/V/cc//mfffah"on, à Wabhington (États-Unis). CLERMOlVT-TO\'NERRE (le comtc de), officier d'ordonnance de l'Empereur, rue de Varennes, 72. COLLARDEAU, propriétaire, rue Monlholon, 18. CO\'0ilSTA (Don Jacinlho OZELLA\A Y PIZARRO, marquis de la), à Truxillo. province d'Estramadure (Espagne). COOIEREL (Athanase-Josué), pasteur, rue de Grenelle-St-Germain, 121 6/*. CORBEROA (le-baron de), député, membre du Conseil général de l'Oise, au château de Saint-Maurice, commune de Froissereux, par Beauvais (Oise). C0RBiG:>iY (de), inspecteur des domaines et forêts de la couronne, à Saint-Cloud (Seinc-et-Oise). CORSO (llippolyto), notaire et directeur de la Gazette de Savoie, à Cham- béry (Haute-Savoie). CORTAMBERT, attaché à la Bibliothèque impériale, rue de Saintonge, 6'4. CORVERA (S. Exe. le marquis de), ministre du progrrs et de l'instruction publique d'Espagne, à Madrid (Espagne). COCËDIC (le comte du), député au Corps législatif, à Quimperlé (Finistère), ei rue de Crrenclle, 71. COCRAJOT (Louis), rue des Francs-Bourgeois, Zi, au Marais. COCRCEL (Chodron de), à Athis-Mons (Seinc-et-Oise). COURT (le docteur Jules), propriétaire, à la Trinidad (Antilles), et rue de la Madeleine, 17. COiRTiGis (Louis-Marie de), propriétaire, boulevard Bonne-Nouvelle, 10. COIRTOIS (C.-A.), juge de paix du canton de Marseille-le-Petit (Oise). CïiADRA (Louis de) banquier, rue Taitbout, 51. BAMOiVViLLE (Henry), marchand d'instruments aratoires et fontes de jardin, quai de la Grève, 36 et 38. DAMOURETTE (Claude), directeur de la succursale de la banque de France, k Chàteauroux (Indre). DAMOURETTE (Emile) , vicc-sccrétaire de la Société d'agriculture , à Chàteauroux (Indre). DAI\J0Y (Léon), élève interne des hôpitaux, rue de Milan, 12. da\ta:\ jeune (Jean-Pierre), statuaire, rue Blanche, /|1. DEBAl^'S (l'rédéric,), attaché à la légation de France près la Confédération germanique, à Francfort-sur le-Mein (Allemagne). debrotowe, men)brcdu Conseil général de l'Aisne, à Laon (Aisne). I)EF0\D, banquier, à Niort (Deux -.Sèvres). DEUAFONTAii^K (Gustave), i)ropriétaire, rue ilauteville, 53. X SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. DELESTRE (Oscai), propriétaire, rue d'Angoulème-Saint-Honoré, 3. DELPLAIVQUE, mécleciii vétérinaire, administrateur du muséum d'histoire naturelle de Douai (Nord). DEMÊTRE (Paul), rue des Bons-Enfants, 21. DETHAN (Henri-Adhémar), pharmacien, rue du Faubourg Si-Denis, 90. DEYALOIS (Edouard), rue Neuve-des-Petits -Champs, 101. DiSDERl, photographe, boulevard des Italiens, 8. DITTE (Henry), au château de Saint-Paul, près <:hevreuse (Seine-et-Oise). DKECX-LiiVGET, agriculteur, à CormainviUe, parOrgères (Eure-et-Loir). DREYFUS (Jonathan -Nestor), négociant armateur, rue Lepelletier, 20. DUCHAMPT (Jean-Baptiste), négociant, à Barcelone (Espagne). DUCLOS, propriétaire, rue xMatignon, ifi. DUGUÉ (Eugène), cultivateur, suppléant du juge de paix à Cramaille, par Oulchy-le-Château (Aisne). DUMRDm (le docteur Albert), professeur agrégé à l'École de médecine militaire, rue d'Enfer, hl. DDHiOMT, membre du Conseil général de l'Oise, membre de la Société d'agriculture de l'arrondissement de Clermont, maire de Uouvillers (Oise). DCPRÉ, capitaine de vaisseau, directeur des mouvements de la flotte au ministère de la marine. DURAIVD (Alphonse), pharmacien chimiste, à Gray (Haute-Saône). DURAND (Félix), propriétaire, à Bléré (Indre-et-Loire). DLRAIVD, maire de Borrel, par Mèru (Oise). DURRIEU (Henri), receveur général du Bas-IUiin, à Strasbourg CBas-Uhin), EIGHTHAL (Louis d'), rue Neuve-des-Malhurins, 98. ENGELHART (le docteur Emile), ancien chirurgien en chef de la Commis- sion des provinces danubiennes, à Wesserling (Haut-Rhin). ESPINA, agent vice-consul de France, à Soussa (Tunis). FAISEAU-LAVANXE, notaire, rue Vivienne, 55. FAUDON, propriétaire et juge de paix, à Saint-Paul-sur-Ubaye, arrondisse- ment de Barcelonnetle (Basses-Alpes). FLAMEtVT (Auguste), (dateur de laines peignées, à Avesnes(Nord). FLEURY, rédacteur en chef et directeur du Journal de l'Aisne, à Laon. FLURY (Hippolyte), consul de France à Palerme, rue Jean-Goujon, 5. FONDRETON (L.-F.), propriétaire, Grande-Rue, 68, à Saint-Mandé (Seine). FONTAINE (Victor), cultivateur, suppléant du juge de paix, à Blanzy-lez- Fimes (Aisne). FONTENAY, de l'Orne (Louis de), élève diplômé de Grand-Jouan, à Bel- lesme (Orne). FOUCAUCOCRT (le barou de), propriétaire, à Belloy, près Péronne (Somme). FFeESSiNET (MARQUIS DE Bellanger, le baron), au château de la Hcrpi- nière, près Ponl-aux- vîoines (Loiret). GAULTIER-LARICHER1E(C.) , receveur des finances, à Cliâiellerault (Vienne). GAYFFIER (de), garde général des forêts, rue Saint-Georges, 1. GERARD, maire, à Blincourt, par Clermont (Oise). SIXIEME LISTE SUPPLEMENTAIRE. XJ GÉRARD (Liienne), marchand d'animaux, au Parc de la Têle d'Or, à Lyon. GÉRARD (Jules), lieutenant des spahis, rue du ]\Iarché-Saint- Honoré, 21. GÉVELOT (Jules), rue Notre-Dame-des-Victoires, 30. GODDE (Charles), rue de Tournon, 13. GRAI\DEFFE (le comte de), rue Saint- Dominique, 72. GRAïV'DEFFE (le viconitede), rue de Chaillot, 6^. GRANDVAL (Adolphe), raffineur de sucre, à Marseille ;Bouclies-du-Khône). GRANDVOlî^lET (J.-A.), professeur de génie rural à l'Ecole d'agriculture de Grignon, rue de l'Ouest, 117, à Vaugirard. GRAi\lÉ (Auguste), propriétaire, rue Saint-Antoine-du-T., 12 et IZi, à Tou- louse (Haute-Garonne). GRACIÉ (François-Guillaume), propriétaire, rue Saint-Antoine-de-T., 12 et IZi, à Toulouse (Hauîe-Garonne). GRIFFON (Eugène de), consul des États romains, rue du Cliamp-de-Mars, 7, à Bordeaux (Gironde). GRiFFOl\ D'OFFOY aîné, membre du Conseil général de la Somme, à Mérélessart, par Aizaines (Somme). GRIS (Arthur), docteur es sciences naturelles, aide naturaliste au Muséum d'histoire naturelle, rue Guy de la Brosse, 5. GCÉNOT fils, grainier fleuriste, pépiniériste, quai Napoléon, 35. GUÉPiN (le docteur Ange-Victor), ancien interne de THôtel-Dieu de Nantes, à Nantes (Loire-Inférieure). GUERIVE le baron Frédéric de), propriétaire, président de la Commission administrative du muséum de Douai, rue de Leuvarde, à Douai (Nord). GLILHEM, ancien receveur général du Nord, rue lîoyale-Saint-Honoré, 11. GUY aîné, propriétaire, rue de Cugnaux, 15, à Toulouse (Haute-Garonne). HAVRiivcouRT (de Cardevac marquis d'), rue de Varennes, ZiS. HECKSCHER, 5th. Avenue, n° 69, à New-York (États-Unis). HEKBEACMO!^T aîné, constructeur de serres de fer, rue de Paris, 91, à Charonne (Seine). HOFFMAIVIV (le docteur), au château de Cordoux, par Rosoy en Brie (Seine- et-Marne). HOOKER (sir William), directeur du Jardin royal de Kiew, membre corres- pondant de l'Académie des sciences, à Londres (Angleterre). IILBERT DESAii^iTE-CROlx (A.-C.-E.), médecin militaire, attaché à l'hôpital militaire de Toulouse (Haute-Garonne). HL'LOT (le docteur Jacques), rue de Lancry, 8. HUSSOiV, directeur de l'intérieur, à la Martinique. JACQiELET (Ch.), secrétaire du prince Ismaïl-pacha, à Alexandrie (Egypte). JAGERSGHMIDT, consul de France à Odessa (Russie). JALSSALD (Gharles-Josepii-Kemy), notaire honoraire, rue de Glichy, 13. iAiR (Camille , propriétaire, rue Chauchat, 12. JOUEN (le révérend père), jésuite, supérieur de la mission de \Lalagascar, rue de Sèvres, 35. kERGHOVE DE LIMON (Cil. de), bourgmestre de la ville de Gand (Belgique). Xij SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. KEROliARTZ (le maïquis AlberlJ.-i\L de),àC.iiingamp(Côles-du-Noid). KOECHLli\-S('.HWARTZ, manufacturier, à Mulhouse (Haiit-Khin). LA BASTIERRE (de), propriétaire, au château de SauQiery, par Huisseau- sur-Cosson (Loir-et-Cher). LA BORDÈRE (Jules-Armand de), chancelier du consulat général de France au Japon, à Yédo (Japon). LA BOiiLLERiE (le comle (le), rue de Varennes, 28. LABOUR DE CHALIFERT, vlce-président au Tribunal civil de la Seine, rue Taitbont, 9. LACAZE-DUTHIERS, professeiu' à la Faculté des sciences, ù Lille (Nord). LAC DE FOUGÈRES (du), conseiller honoraire à la Cour des comptes, rue de Lille, 86. LA FORCE (le duc de), sénateur, avenue des Champs-Elysées, 133. LA MARTLMÈRE (Auguste-Charles piCHAliLT DE), directeur des contribu- tions indirectes, à Vesoul (llaule-Saône). LA ROCHËJACQI'ELEIN (le comle de), ruc ftichepanse, li. LASXET, propriélaire, à la ferme de Chambois, près Langres (Haute-Marne). LA SUZE (Alphonse-Louis de chamillart, marquis de), au château de Courcelles, par Foulletourte (Sarthe;. LE BOEUF (le général), aide de camp de l'Empereur, rue d'Amsterdam, 39. LECOURT-LEROY (fsmaël), propriétaire, membre du Comice agricole de Corron (Mayenne), à Sainl-Siméon, près Passais (Orne). LEFEBVRE (Éclouard), négociant, rue d'Enghien, 16. LEGROS Oscar), maire d'Amberville (Seine-Inférieure). LEJEUI\E (Marc), propriétaire, rue du Bac, 105. LE30URDAIV (Alfred), directeur du jardin des plantes de Marseille. LE MIRE (Auguste), propriétaire, à Lons-le-Saulnier (Jura). LEMpiG^E (Zacharie), propriétaire, 5 Isigny (Calvados). LEPRIEIR (Edmond), étudiant en droit, ruedel'Odéon, 18. LEREBOURS (Noël-Maric), ancien opticien de l'Empereur et de l'Observa- loire, membre adjoint du Bureau des longitudes, boulevard Maillot, à Neuilly (Seine). LETliiERRY-BARROlS (Adolphe), propriétaire, à Sl-Maurice-lez-Lille (.Nord). LETULLE (Éléonore), propriélaire, à Pré-David-Presles, près Beaumont (Seine-et-Oise). LEVICOMTE (Lucien), chancelier du consulat de France, ù Barcelone (Espagne). LHOMME (Jules), avocat à la Cour impériale de Paris, rue d'Isiy, 12. LIG\E (S. Exe. le prince de), président du Sénat de Belgique, à Bruxelles (Belgique). LOUBÈRE, chef de bataillon à l'état- major de l'infanterie de marine, à Cayenne, rue d'Isly, o. LUQUET, négociant eu commivsion et consignation, à Lyon, rue du l^uiis* r.aillo!, 1 (Tihône). MAHIAS (Ernest-Augusle), avocat, à Vitré (I Ile-et-Vilaine). SIXIÈME LISTE SIPPLÉMENTAIRE. \iij MAHIET DE LACHESÎVAY, rilÇ (le P.ivoli, 19/j. ^fALAKOFF (S. E\c. Ic maréchal PÉLISSIER, duc dcj, gouverneur général de l'Algérie , à Alger (Algérie). MALLEY.SSIE (le marquis de),' propriétaire, rue d'Anjou-Saint-Honoré, 22. MARLIER (Victor), cultivateur, à Vierzy, près OnIchy-le-Châleau (Aisne). MARQUIS (Philibert), propriétaire, au château de Lillemanière , près Avranches (Manche), et rue Vivienne, hà- MARTIN (Charles), ancien rédacteur du Répertoire de chimie industrielk', à Auvcrs, près Ponloise (Seiiie-el-Oise). MASSO!\ (Georges), libraire-éditeur, place de PÉcole-de-Médecine, 17. MASS01JG!\ES DES FOl^iTAliVES (E.-J.-B. de), propriétaire ft maire aux Fon- taines, commune de Bonneville (Charente). MASSOUGNES DES FOîVTAliV'ES (J.-Z. de), propriétaire, aux l-'ontaines, commune de Bonneville (Cbarente). MATHIEU (J.), au cbàteau deLorey, par Bueil (Eure), et rue Boursaulr, 7. MAUME\'ET (Edouard), propriétaire et négociant, à Nîmes (Card). MÉLINOIV, commandant supérieur de la Colonie agricole pénitentiaire de Saint-Laurent du Maroni (Guyannc), propriétaire, place Hoyale, 2û, h Paris. MEMi\ECHET (Eug.), juge au Tribunal civil d'Abbeville (Somme). MERLAIVD (liippolyte), propriétaire, à Napoléon-Vendée (Vendée). MEROINA (de), président du Comice agricole d'Orgilet,rue St- Dominique, 23. MESTAYER ( André-Gustave), notaire, rue de la Chaussée-d'Antin, Ziû. MESTRE (Sébastien), inspecteur des forêts du domaine d'Arc- en-Barrois (Haute-Marne). METTER!VICH (S. A. le princc de), ambassadeur d'Autriche, à Paris. MIGHAUD, notaire, à Gevray-Chamberlin, près Dijon (Côle-d'Or). MO^'TAGXAC (E. de), député au Corps législatif, manufacturier, à Sedan (Ardennes). MOSBOURG [\e comte de), secrétaire d'ambassnde de i''*' classe, quai Vol- taire, 0. MOUCHEZ (Ernest), lieutenant de vaisseau, rue Pa^vée-au-Marais, 1^. !\'ÉTUMIÈRES (le comle Uaymond des), au Châtelet, par Vitré (lllc-el- Vilaine). XICOLESKO, ancien élève de PÉcole polytechnique, propriétaire, à Bu- charest (Valachie). >"1EU\\'MEI1>JSTER (le vicomte Van Leempoel), membre de la Chambre des représentants de Belgique, sénateur, rue des Sables, 3^, à Bruxelles (Belgique). I^IVIÈRE (le baron de), rue de Grenelle, 91. NORMAl\D, négociant, rue Feydeau, 32. OUVRÉ, propriétaire, avenue d'Anlin, 5, pacot-d'ye^i^e, négociant, place des Victoires, 6. PALMER (Frédéric), de New-York, avenue de Paris, 17, à Versailles (Seine- et-Oise). PAUMiER, pasteur de l'Église réformée, avenue du Maine, 19. xiv .SOCIÉTÉ DiPÉriiALK zuouxiioui^ d'acclimatation. PEMBERTOA^ HODGSO^' , consul (rAn?;ietejre au Japon , à l'an (Basses- Pyrénées). FEREZ ARCAS (L.), prolesseiir à l'Cniversilé de Madrid, rne de la Gor- giiera, 7, à Madrid (Espagne). PETIT (Stanislas-Amédée), ancien magistral, rue de la Madeleine, 23. PEYROîV (le docteur Ernest), à Marines, près Ponloise (Seine-et-Oise). PiGEAl'X (le docteur), rue Yilledo, 5. PITOIV- DRESSANT, ancien élève de TÉcole polytechnique, rédacteur de rAmi des sciences, rue Saint-Maur-Saint-Gerraain, 15. PLANCY (le vicomte de), député de FOise, rue Saint-Lazare, 7. PLANTEVIGNE (Louls), ancien élève de l'École polytechnique, propriétaire, maire de Marcillac-Lanville, par Aigre (Charente). POIGNAIN'D (X.), propriétaire-cultivateur, à Chalon-sur-Saône (Saône-et- Loire). POIREL (Auguste), à Elchingen, près Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais). POMPIGIV.AC (Monseigneur de), évèque de Saint-Flour (Cantal). PORTALis (le baron Jules-Joseph de), député, rue de la Ville-rÉvêque, Zi3. POTOCKI (le comte), à Varsovie (Pologne). POTIEZ (Anatole), membre de la Commission administrative du Muséum d'hist(.ire naturelle de Douai , à Douai (\ord). POYEZ (Gustave), propriétaire, à Jérusalem-du-Bouchet, près Loudun (Vienne), et rue de la Tour-des-Dames, 13. PREVOT (Charles), propriétaire, à Bougival (.Seine-ct-Oise), et rue Bour- sault, 19. PRULAY (le baron llichaidde), ancien attaché au Corps diplomatique, rue du Marché-d'Aguesseau, 12. PUCKLER-MliSKAU (S. A. le prince), à Branitz-Nieder-Lausitz (Prusse). QUÉLEN (le comte Raoul de), rue de PUniversité, 91. QUESl^OY (le baron du), quai d'Orsay, 13. RALX, juge au Tribunal de commerce de la Seine, rue de la Ferme, 52. REFFY (Verchères de), au Chàleau-de-Passage , près Ives (Charente- Inférieure). REGNALD DE sai!^t-3EAIV-d'aivgely (le maréchal comte), commandant la garde impériale, à l'École militaire. REYî\"iER (Albin), ancien receveur général des finances, rue Blanche, 27. REZARD DE WOLVES (le docteur), rue Saint-Lazare, 92. RIANT (Ferdinand), ancien élève de l'École polytechnique, propriétaire, rue de Berlin, 36. RICHEMONT (le comte de), rue du Regard, 7. RIVIÈRE (le duc de), rue de Grenelle-Saint-Germain, 13ù. ROBIN (Charles), propriétaire, à Pîle de la Réunion. ROHAN-CHABOT (l"e comte Fernand de), rue Las-Cases, 9. ROLLAND (Lucien), propriétaire, au château de Fréminy, près Bouray (Seine-et-Oise). ROSTAND, administrateur du Crédit industriel, rue Neuve-des-Mathurins, 67. SIXIEME LISTE .SUPPLEMENTAIRE. XV ROL'JOL'X (le baron de), conseiller dÉtal, directeur des Colonies au minis- tère de la marine et des colonies. SABAU Y LARROYA (Pedro), directeur général de l'instruction publique en Espagne, à Madrid (Espagne). SABIR (le comte Constantin de), à Saint-Pétersbourg (Russie). SAi!\T-GERLACHE (F. Corneli de), au cliàleau de llontheni. près Maestriclit (Pays-Bas). SAIKT-LAUMER (A. BILLARD de), président de la Société d'horticulture d'Eure-et-Loir, à Chartres (Eure-et-Loir). SAll\iT-PRiX (Charles de), au château de Trotfunteniou , près Morlaix (Finistère). SALANSOiv (Fernand), juge suppléant au Tribimal de Florac (Lozère). SALVERT (Charles de), propriétaire, membre du Conseil d'arrondissement de Gannat, à Cannât (Allier). SANTA-CRUZ (S. Exc. le maréchal Andrès de), rue Berthier, 13, à Ver- sailles (.Seine-et-Oise^ SANTAiVA (Gomez de), professeur d'histoire naturelle, à Cacero, Estra- madure (Espagne). SAULXL'RE (Amédée de), ancien secrétaire général de la préfecture de police, à ."^aulxure, par Montigny-le-iloi (Haule-Marne). SAUTCOLA (M. .S. de), à Saniander (Espagne). SAVix (Edmond), propriétaire, à Napoléon-Vendée (Vendée). scHNEEGAiVS (Henri-Édouard), négociant, à Strasbourg (Bas-Rhin). SCHIXEPF (le docteur B.), secrétaire de l'Institut égyptien, à Alexandrie (Egypte). SECULIER (Alfred de), président du Tribunal civil de iMoutiers (Savoie). SEi^îiOR (Nassau William), maître es arts, membre correspondant de l'Acadé- mie des sciences morales et politiques, à Kensington-Londres (Angleterre). SERRES DE MESPLÈs (le comtc Olivier de), propriétaire, rue de Verneuil, 23. SHRIMPTOIV (le docteur), rue d'Anjou-Saiut-llonoré, 17. SOUZA GOMEZ (Pires de), lieutenant d'étal-major, licencié es sciences ma- thématiques, à Lisbonne (Portugal). STRATEN-POMHOZ (S. Exc. Van den), maréchal delà Cour de S. M. le Roi des Belges, à Bruxelles (Belgique). STAMLEY (l'honorable Ch. E. J.), à Londres (Angleterre). SCQUET (le docteur Sainte-Rose), rue de la Madeleine, 55. SWAZEMA (Carly de), concessionnaire des pêcheries de la Vire et de la SouUe, à Saint-Lô (Manche). TEissoiVNiÈRE (Emile), membre du Comice agricole de Florac (Lozère). TENORio (S. Exc. M. Miguel), secrétaire des commandements de S. M. la Reine d'Espagne, griind-croix de l'ordre royal de Charles III, à Madrid (Espagne). TETUAN (S. Exc. le maréchal odonnel, duc de), président du Conseil des ministres d'Espagne, à Madrid (Espagne). XVJ SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOULO(.IQUE d'aCCLIMÂTATION. THIERS, membre de l' Académie française, ancien président du Conseil des ministres, place Saint-Georges, ù Paris. THOMAS (A.), propriétaire, à iNantes, rue Copernic, 16 (Loire-Inférieure). TISSERAIND (Louis-Eugène), clief de la division des établissements delà couronne, rue Vavin, il. TRICOTEL (Alphonse-Charles), rue des Vinaigriers, 37, TROLBETZKOI (le prince Nicolas), à Bellefontaine, près Fontainebleau (Seine-et-Marne), et rue de Ciichy, Zi9. URQUISA (S. Exe. le capitaine général J.-J.), généralissime des armées de terre et de mer delà confédération Argentine, au Parana (Confédéralion Argentine). tSEDOM (le baron Guido d'), conseiller intime et chambellan de S. M. le Roi de Prusse, ministre de Prusse près la Diète germanique, à Francfort-sur- le-Mein (Allemagne). VALADY (le vicomte de), rue Vieux-Raisin, à Toulouse (Haute-Garonne). VALDiviELSO (de), rue de Choiseul, 3. VALE!\ÇAY (le duc de), rue de Lille, 86. VA!\DERKAMP (le docteur), rue Tronchet, 15. VARLEMO\T (de), membre du Conseil général dePAisnc, à Oigny, près Villers-Collerets (Aisne). VASSAL (Alexandre), propriétaire, boulevard des Capucines, 39. VASSEL, agriculteur-éleveur, vice-président de la Société d'agriculture de Beauvais, maire d'ilétomesnil (Oise). VERRUE, pasteur, à Saint-Sauvant, par Lusignan (Vienne). VOUGA, professeur d'histoire naturelle, à Neucliàiel (Suisse). WAGîVER (llermann), propriétaire, fabricant de sucre, à Sewarde, près Douai (.\ord). WITTERING (James), secrétaire honoraire de l'Académie royale des beau\- arls d'Amsterdam, rue dAumale, 11. WYKERSLOOTii DE WEERDESTEYiv (le baron de), chambellan de S. M. le Roi des Pays-Bas, rue des Écuries-d' Artois, 38. Y.A€OVLEFF, chambellan de S. M. l'Empereur de Russie, rue Royale-Sainl- ilonoré, l/i. ZANIS, peintre, à Clermont-Ferrand (Puy-de-Uôme). Paris, — Imi)iimorie de L. Martinet, lueMtgnon, MORT ET FUNÉRAILLES DE II!. Isidore GEOFFROY SAI?iT HILAIRE, PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE D'ACCLIMATATION, ET DU CONSEIL DU JARDIN D'aCCLIMATATION DU BOIS DE BOULOGNE, Membre de riiistitut (Académie des sciences), Professeur-administrateur au Muséum d'histoire naturelle, Professeur de zoologie à la Faculté des sciences, Associé libre de l'Académie impériale de médecine, Membre du Conseil d'administration de la Société de secours des amis des sciences, Membre de plusieurs Académies et Sociétés savantes françaises et étrangères, Commandeur de l'ordre impérial de la Légion d'honneur, Commandeur des ordres de la Rose (Brésil), de Charles 111 (Espagne), du Christ (Portugal), Chevalier de l'ordre royal de l'Étoile polaire (Suède). Un douloureux événement vient d'atteindre la Société im- périale d'acclimatation. M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire , l'un de ses premiers et de ses plus illustres fondateurs, qui n'avait cessé de diriger ses travaux et d'y prendre, comme président, la part la plus active depuis sa création en 185/i, a été enlevé par une mort prématurée, à la suite d'une courte maladie, le 10 novembre 1861, à l'âge de cinquante-six ans. Sa mort est, pour le monde savant, mais plus particulière- ment pour la Société d'acclimatation, son œuvre de prédilec- tion, une perte irréparable et un deuil général. L'immense concours de notabilités scientifiques, de fonctionnaires publics et surtout de membres de la Société, qui se pressaient à ses funérailles, le mercredi 13 de ce mois, témoigne assez de la profonde douleur et des regrets universels que laisse après lui notre éminent et dévoué président (1). Plusieurs discours ont été prononcés sur sa tombe par les représentants des divers corps savants ([ui s'bonoraient de le (1) Voyez le Moniteur du IZi novembre 18G1. ij SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. posséder dans leur sein. M. Milne Edwards, au nom de l'In- stitut (Académie des sciences); M. Robinet, au nom de l'Académie impériale de médecine ; M. de Ouatrefages, au nom du Muséum d'histoire naturelle ; M. Delaunay, au nom de la Faculté des sciences ; M. Drouyn de Lhuys, au nom de la Société impériale d'acclimatation, et M. Pasteur, au nom de la Société de secours des amis des sciences, ont rappelé les titres si nombreux qui recommandent M. Is. Geoffroy Saint- Hilaire à notre admiration comme savant et comme homme de bien, et lui ont adressé de touchants adieux. Nous croyons répondre au désir de tous nos confrères en reproduisant tous ces discours, et en plaçant en tête celui de notre honorable vice-président, M. Drouyn de Lhuys, car nous sommes certains qu'ils y trouveront la fidèle interpréta- tion de leurs sentiments unanimes de regrets douloureux et d'affectueuse sympathie. Discours de M. Drouyn de Lhuys, Au nom de la Société impériale d'acclimalation et du Jardin d'accliuiatation du Bois de Boulogne. Messieurs, (( Vice -président de la Société impériale d'acchmatation, j'ai voulu accompagner jusqu'à sa dernière demeure celui qui fut, pendant six années, mon collègue, c'est-à-dire mon ami: car avec Geoffroy-Saint-Hilaire, ces deux titres étaient insé- parables ; sa bienveillance sympathique transformait en ami- tié durable une simple collaboration. Il est ici quelqu'un dont je semble usurper la place, et qui pourrait mieux que moi vous le dire, puisqu'il a été le promoteur ou le confident de ses premiers desseins : M. le comte d'Eprémesnil, secrétaire oénéralde notre Société. » Dans les âmes d'élite , le même foyer produit la lumière de la pensée et la chaleur du sentiment : c'est là leur gloire et la cause de leur puissance; mais trop souvent aussi, c'est recueil auquel vient se briser la fragilité humaine. La plus MORT DE 31. GEOFFROY SAINT-HILAIRE. iij riche nature s'épuise bientôt en prodiguant tous les trésors de l'esprit et du cœur. » Combien de fois avons-nous admiré dans notre président cette infatigable activité qui tour à tour s'élevait aux plus hautes généralités de la science et descendait aux plus minu- tieux détails de l'administration; cette indomptable ardeur que le succès n'a jamais attiédie et que le revers n'a jamais éteinte ; cet habile maniement des hommes, qui savait exiger sans violence et transiger sans faiblesse ; ces ménagements si délicats et si ingénieux, qui conduisaient au but sans froisser personne et sans rien heurter sur sa route ; enfin cette exac- titude, cette ponctualité qui fait chaque chose en son temps, met chaque chose à sa place, condense en quelque sorte la vie et en double la durée parce qu'elle supprime les lacunes ! » Ces éminentes qualités, qui faisaient le charme et le suc- cès de notre association, étaient-elles seulement l'émanation d'une grande inteUigence? Non, messieurs, elles étaient sur- tout l'inspiration d'un bon cœur. Isidore avait adopté la devise d'Etienne : Utilitati. Dans son ardent amour de l'humanité, il voulait, suivant la belle parole de Fénelon, que la nature élargît ses entrailles, pour être plus féconde et multipher les produits destinés à la subsistance et au bien-être de l'homme. Ainsi interprétée, cette devise marque un noble but; car, s'il est vrai que, restreinte à l'individu, la recherche de l'utile constitue souvent un vice flétrissant et stérile que l'on nomme l'égoïsme, apphquée à riiumanité entière, elle devient une vertu que la rehgion consacre sous le nom de charité. » Voilà pourquoi Geoffroy-Saint-Hilaire voulait que la science descendît sur la terre, qu'elle se fît chair et qu'elle habitât parmi nous. Suivant lui, la vraie science n'est point comme ces soleils de théâtre qui brillent sans échauffer. L'arbre qu'elle cultive peut porter sa tête dans les cieux, pourvu que les rameaux laissent tomber sur la terre des fruits abondants. » Telle est la pensée qui l'inspirait, lorsqu'il jetait les fonde- ments de la Société d'acclimatation et qu'il traçait le plan du jardin zoologiqu(^ du bois de Boulogne. Perm(^ttez-moi, mes- sieurs, de le dire avec un sentiment de reconnaissance et iv SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. d'orgueil : c'était son œuvre de prédilection. Il n'y a pas un mois, sentant sa fin prochaine, il se fit porter chez son iils, près de ce jardin auquel il voulait dire un adieu suprême. C'est là que, pour la dernière fois , ses yeux presque mou- rants contemplèrent cette helle nature qu'il avait tant aimée ! » N'oublions pas, messieurs, cette muette recommandation ; ftue ce legs nous soit sacré. Souvenons-nous que c'est en continuant leurs œuvres qu'on honore le mieux la mémoire des hommes illustres. » Discours de Mt. ITIilne Edwards, Président de l'Académie des sciences. ;\lESSlELr.S, Depuis le commencement du siècle les GeolTioy Saint- llilaiie sont comptés parmi les représentants les plus illustres des sciences zoologiques , et hier encore l'Académie se plaisait à voir riiéritier de ce grand nom occuper dans son sein une de ces places éminentes qui ne peuvent être conquises que par le mérite personnel. Les sentiments d'eslime et d'amitié que nous inspi- raient le caractère, les talents, les travaux du savant dont nous portons ici le deuil, s'associaient dans nos cœurs au. souvenir que le génie de son père avait laissé parmi nous, et souvent, en entendant Isidore Geoffroy exposer en termes élégants, lucides et bien pondérés, les idées élevées que l'auteur de la Philosophie anatomique lui avait léguées, il nous semblait que l'esprit de ce penseur profond n'était pas mort avec lui, mais que, dégagé de toute entrave et revêtant mic forme nouvelle, il s'avançait d'un pas plus rapide et plus sûr dans le chemin du vrai. En effet, Isidore Geoffroy, sans négliger les travaux dont ses propres inspi- rations étaient l'unique source, s'est appliqué avec une rare persévérance à développer, à rendre saisissables pour toutes les intelligences, à perfectionner même les grandes vues théoriques de son père, et il n'a pas failli à cette lâche ardue. La piété filiale était un des traits les plus saillants de son carac- tère, et le culte qu'il rendait à la mémoire de son père lui a fait entreprendre une'longue série d'ouvrages tous dignes du sentiment qui les dictait ainsi que de la pensée philosophique dont ils étaient l'expression. Notre regrelté confrère était bien doué par la nature : son esprit droit, ferme et méditatit était mûri par l'étude ; il possédait à un haut degré l'art de l'exposition, et un concours de circonstances heureuses avait contribué à développer en lui Tamour de la science, et à faire aussi naître la pensée qui domina sa vie. rvé le 16 décembre 180ô, et élevé au milieu des richesses scientifiques dont le Muséum d'histoire naturelle est dépositaire, Isidore Geoffroy avait à choisir MORT DE M. GEOFFROY SAINT-HILAIRE. V sa carrière à l'époque où son père, arrivé à Tapogéede sa gloire, luttait avec le grand Cuvier et passionnait tous les esprits au sujet de questions al)slraites qui jusqu'alors n'avaient été que timidement abordées dans l'enceinte étroite de quelques écoles. Isidore, témoin de ces débats célèbres et nourri des idées du philosophe illustre qui cherchait à imprimer aux études zoologiques une direction nou- velle, ne pouvait y rester indifférent, et de bonne heure il devait se com- plaire dans la pensée d'être à son tour le défenseur et l'interprète des doc- trines dont son père était un si vaillant champion. Depuis longtemps sa jeune imagination était d'ailleurs excitée et séduite par le spectacle varié des merveilles de la création, par la vue des triomphes de la science, et davantage encore peut-être par mille récits des conquêtes de l'intelligence accomplies au milieu du bruit des armes pendant cette mémorable campagne d'Egypte qui semble nous avoir ramené les temps héroïques de l'antiquité, et qui était un sujet d'entretien inépuisable pour son père et pour ses amis. Il n'hésita donc pas à se consacrer aux études qui avaient jeté tant d'éclat sur le nom d'Etienne Geoffroy Saint-tiilaire, ft quelques années plus tard, lorsqu'il vit ce chef d'école, affaibli par les veilles plus que par l'âge, fléchir sous le poids qu'il avait à porter, Isidore comprit que son tour était venu pour entrer en lice, et qu'il lui appartenait de défejulre le drapeau de son père. Aussi, vers 1830, voyons-nous Isidore Geoffroy, après s'être exercé dans l'art d'observer par divers travaux descriptifs dont le mérite fut reconnu de tous les zoologistes, aborder une question d'anatomie philosophique non moins intéressante que vaste et difficile. Depuis quelques années Etienne Geoffroy avait été conduit à penser que les anomalies de l'organisation animale, désignées communément sous le nom de jnonstruosités, ne pouvaient être, comme on le disait souvent, des effets du hasard, cl devaient suivre des lois non moins absolues et générales que celles dont dépend le mode de structure normale de chaque espèce zoologiquc ; mais cette vue de l'esprit ne reposait encore que sur de faibles bases, lorsque Isidore (icoffr.)y entreprit la révision et la discussion de tous les faits de cette nature qui se trouvaient consignés dans les annales de la science. Il fit à ce sujet d'immenses recherches, et l'ouvrage dont il com- mença la publication en 1832 forme époque dans l'histoire de la tératologie. En effet, il y créa presque toute une branche nouvelle des sciences physiolo- giques, et il montra que les méthodes employées avec succès pour l'étude des animaux pariaits sont également applicables à celle des produits anor- maux de la création. Ce livre porta aussitôt Isidore Geoffroy Saint-llilaire au premier rang parmi les naturalistes, et marqua sa place à l'Académie des sciences, où il vint s'asseoir en 1833, à coté de son iUustrc père, parmi les représenlanls de la zoologie en France. Je ne passerai pas en revue tous les ou-.rages dont noire illustre collègue VJ SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'àCCLIMATATION. a, depuis lors, enrichi la science ; la liste en serait trop longue pour pouvoir être lue ici. Les uns sont consacrés à la constatation et à la classification des faits particuliers, sans la connaissance précise desquels la zoologie n'aurait pas de base solide et deviendrait bientôt un chaos inabordable ; d'autres ont pour sujet l'examen de diverses questions des plus ardues et des plus vastes, telles que les caractères de l'espèce ou la valeur des méthodes scientifiques. Tous témoignent une profonde érudition et portent le cachet d'un esprit sage, élevé et généralisateur ; la pureté et l'élégance du style en rehaussent le mérite, et les nombreux amis des sciences apprendront avec regret qu'au- jourd'hui son Histoire générale des êtres organisés ne saurait être achevée. La vie trop courte de notre illustre confrère a été bien remplie. Son temps était partagé entre les devoirs de l'enseignement public, les investiga- tions du zoologiste et les travaux destinés à étendre les bienfaits que la science peut rendre à l'humanité. D'autres voix vous raconteront ce qu'il a fait comme professeur et administrateur au INIuséum d'histoire naturelle, où il remplaça son père en I8Z1I ; comme professeur à la Faculté des sciences oii, dix ans plus tard, il succéda à Blain ville, et comme fondateur de la Société zoologique d'acclimatation, qui date de 185/i ; mais j'ajouterai que, dans tous ces établissements, sa mort prématurée est un sujet de deuil profond, et sa mémoire restera vénérée. En effet, ce n'est pas seulement le naturaliste célèbre dont nous déplorons aujourd'hui la perte. Isidore Geoffroy était aimé autant qu'estimé de tous ceux qui le connaissaient. Son cœur était bon, et le souvenir des services qu'il a rendus fera couler plus d'une larme sur les bords de sa tombe. Pendant longtemps il avait eu tout ce qui peut contribuer le plus à rendre un homme heureux. Sa compagne charmait tous les cœurs par sa grâce tendre et délicate, sa bonté, la distinction de ses manières et l'élévation de son esprit ; ses enfants ne lui laissaient rien à désirer ; sa mère ne l'avait pas quitté; ses nombreux amis lui prodiguaient des témoignages d'estime et d'affection; enfin, il jouissait pleinement de la gloire de son père et il voyait chaque jour son nom grandir dans l'opinion publique. Mais une félicité si parfaite ne devait pas durer autant que lui. Il eut d'abord à sentir les longs déchirements que fait éprouver la vue des souffrances d'un être tendrement aimé dont on sait que les jours sont comptés ; puis il se trouva séparé de celle qu'il chérissait le plus en ce monde, et on le vit chercher dans un tra- vail sans relâche l'oubli de ses peines ; mais rien ne pouvait effacer de sa pensée le souvenir de son bonheur perdu ; il usa ses forces, mais il ne guérit pas les blessures de son cœur. Enfin, sa constitution, minée par les fatigues et par le chagrin, n'a pu résister à un mal qui n'a paru être grave que dans les derniers jours de sa vie, et, le 10 novembre, il expira entre les bras de son (ils, de sa fille et de sa vieille mère. La veuve d'Etienne Geoffroy Saint-Hilaire a eu le triste privilège de sur- vivre à son illustre mari et à tous ses enfants. Sous l'impression du coup suprême dont elle vient d'être frappée , son cœur doil être insensible aux MORT DE M. GEOFFROY SAINT-HILAIRE. vij choses de ce monde et n'aspirer qu'au moment où Dieu ne retiendra plus son âme loin des objets de ses plus chères aQections. Mais si une douleur si grande pouvait être adoucie par des témoignages de sympathie, les consola- tions ne lui manqueraient pas, car tous les amis de la science réunis ici en foule, rinstitutde France, l'Université, le Muséum, tous les membres de la grande famille des hommes d'étude, partagent ses regrets ; son deuil est un deuil public, et dans ce moment solennel où la terre va recouvrir à jamais la dépouille mortelle de son fils et où la voix de la vérité peut seule se faire entendre, je ne crains pas de lui dire quel sera le jugement de la postérité : le nom d'Isidore Geoffroy Saint-Hilaire prendra place à côté de celui de son illustre père, et ne sera pas oublié tant que des esprits philosophiques culti- veront les sciences naturelles. Adieu, Geoffroy ! espérons que ton fils unique marchera sur tes traces et ajojitera de nouveaux tleurons à la couronne que ton père l'avait léguée! Discours de M. Delaiinay, Membre de l'Institut, professeur à la Faculté des sciences. Messieurs, Je viens, au nom de la Faculté des sciences, prendre part à l'expression des regrets universels que cause la mort si prématurée de M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire. Vous n'attendez pas de moi que j'essaye de faire ressortir le mérite des travaux scientifiques de notre excellent confrère ; je laisse à. d'autres voix plus autorisées que la mienne le soin de vous parler de ses recherches si variées et si étendues, de ses publications si nombreuses et si importantes. Je me bornerai à vous rappeler en quelques mots les qualités du professeur éminent et de l'homme de cœur qui vient de nous être enlevé. Son père, le célèbre naturaliste Etienne Geoffroy Saint-Hilaire, habitait le Jardin des plantes où il avait créé la belle ménagerie que l'on y admire, et où il occupait la chaire de zoologie. C'est là qu'est né j\I. Isidore Geoffroy, le 16 décembre 1805 ; c'est là qu'il a passé sa vie presque tout entière, grandissant d'abord dans la science, sous les yeux et la direction de Fillustre maître auquel il devait le jour, puis succédant à ce père vénéré dans la chaire de zoologie du Muséum ; c'est là enfin que nous venons de prendre sa dépouille mortelle pour la conduire à sa dernière demeure. Le jeune Geoffroy consacra d'abord quelque temps à l'étude spéciale des sciences mathématiques. Il se plaît à rappeler cette circonstance dans ses ouvrages, et lui attribue une heureuse influence sur l'esprit dans lequel il a entrepris et exécuté ultérieurement ses divers travaux. Bientôt il quitta les mathématiques et s'adonna complètement à l'étude des sciences naturelles. A dix-neuf ans, il était aide-naturaliste au Muséum ; à vingt-quatre ans, il débutait dans l'enseignement public," et faisait dans ce même établissenjeiil la seconde partie du cours d'ornithologie, comme suppléant de son père; à vingt-sept ans, il entrait à l'Institiit. vil] SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Permettez-moi, messieurs, à cette occasion, de rappeler une scène qui s'est passée lors de son élection à l'Académie des sciences. C'était le 15 avril 1833, Gay-Lussac présidait la séance ; à côté de lui, siégeait, comme vice- président, le père du jeune candidat, Etienne Geoffroy Saint-Hilaire. Les bulletins de vote étant recueillis, Gay-Lussac les compte d'abord, suivant l'usage ; puis, au moment d'en faire le dépouillement, il s'arrête, et demande à l'Académie la permission de se faire remplacer au fauteuil de la présidence par l'heureux père, son voisin : par une exquise délicatesse de sentiment, l'éminent physicien voulait procurer à Etienne Geoffroy le double bonheur de constater lui-même le triomphe de son fils, et de le proclamer l'élu de la savante compagnie. Je n'essayerai pas de dépeindre l'émotion produite dans toute l'assemblée par cette scène touchante. La carrière universitaire de .M. Isidore Geoffroy commença en 1837, époque à laquelle il fut chargé de suppléer son père à la Faculté des sciences de Paris. Bientôt, lors de la création de la Faculté des sciences de Bordeaux, il fut nommé proviseur et doyen de celte Faculté; puis il devint successi- vement inspecteur de l'Académie de Paris, inspecteur général de l'Université, et membre du Conseil royal de l'instruction publique. Enfin, en 1850, il obtint à la Faculté des sciences de Paris la chaire de zoologie vacante par la mort de Blainvillc, et ne tarda pas à se démettre des fonctions d'inspecteur général pour s'adonner exclusivement a son enseignement et à ses travaux scientifiques. M. Isidore Geoffroy était un professeur des plus distingués. Il avait l'élo- cution facile, s'exprimait avec une gracieuse simplicité, sans aucune préten- tion à l'éloquence, et captivait Tattention de son auditoire à la fois par la clarté de ses explications et par l'art avec lequel il savait grouper les faits isolés autour des idées principales qu'il cherchait à mettre en lumière. Un des caractères saillants de son enseignement, c'est qu'il cherchait toujours à montrer le côté utile de la science qu'il professait ; en suivant cette voie, il n'a pas voulu s'arrêter en route, et il a été conduit à la fondation de la Société zoologique d'acclimatation, société qui, sous son impulsion, a pris si rapidement un développement considérable. Etienne Geoflroy Saint-Hilaire, on le sait, avait eu eu 1830, avec Cuvier, une célèbre discussion à laquelle tout le monde savant s'était vivement inté- ressé. M. Isidore Geoffroy, adoptant complètement les idées larges de la méthode synthétique que son père avait cherché à faire prévaloir, s'en con- stitua depuis le champion zélé et infatigable. Dans ses leçons, il ne négh- geait aucune occasion pour appuyer la doctrine de son père. En agissant ainsi, il ne faisait qu'obéir aux convictions profondes qu'il s'était formées au sujet du célèbre débat que je viens de rappeler ; mais il était heureux que son opinion comme savant s'accordât avec les sentiments de son cœur, et il puisait dans ces sentiments de nouvelles forces, pour défendre ce que sa raison lui montrait comme étant l'expression de la vérité. Ai-je besoin, messieurs, de vous dire combien les affections de fauiille MORT DE M. GEOFFROY SAINT-HILATRE. ix étaient puissantes chez notre regrettable confrère ; combien surto-.it, dans ces derniers temps, il trouvait de ressources dans son cœur pour tâcher d'adoucir le cruel chagrin dont sa vénérable mère se voyait abreuvée ? Pauvre mère, qui a vu successivement s'éteindre près d'elle son mari et ses enfants ! Puisse-t-elle ne pas succomber à cette nouvelle épreuve, si ter- rible et si inattendue ! Puisse-t-elle du moins trouver quelque allégement à son immense douleur, en voyant combien la mort de son fds bien -aimé excite de regrets parmi nous tous ! Et nous qui avions le bonheur de le voir souvent de près et dans Tin li- mité; nous qui avions pu apprécier jusqu'à quel point étaient poussées chez lui à la fois les qualités du savant et celles de l'homme de bien, nous faisons en lui une perte irréparable ! ?ious allons nous séparer à jamais de ses restes mortels ; mais son souvenir restera vivant dans nos cœurs ! Sa mémoire ne cessera de nous le présenter comme un modèle que tous, maîtres et élèves, ne sauraient trop s'efforcer d'imiter ! Adieu, cher confrère, adieu ! Discours de M. Robinet , Président île l'Académie de médecine. MESSIEURS, L'Académie impériale de médecine aurait cru manquer à un devoir sacré si elle n'avait pas donné à l'un de ses représentants la mission d'apporter sur celte tombe l'expression de ses douloureux regrets. Il y a moins de deux ans l'Académie écoutait avec respect l'éloge de l'il- lustre Etienne GeolVroy Saint-llilaire, dans lequel son se;:ré;alre perpétuel avait dépeint avec une vérité saisissante et un rare bonheur d'expressions les grandes qualités de l'émule, du rival de Cuvier. Cet hommage ne devait pas être le seul rendu à la mé'noire du savant naturaliste qui avait été notre collègue. L'Académie de médecine, pour l'honorei- un(^ seconde f )is, s'était em- pressée de s'associer son fils, AL Isidore Geoffroy, le digne successeur de ce beau nom. Mais ce n'était pas seulement, hàtons-nous de le dire, parce qu'il s'appelait Geoffroy, que l'Académie avait donné au fils le fauteuil du père. M. Isidore Geoffroy était un de ces homm.es qui, par leurs immenses tra- vaux scientifiques, se placent bienKM au premier rang, et pour lesquels l'il- lustration du nom est- une noblesse qui oblige. Personne n'avait mieux rempli c(» devoir que noire regretlé collègue, et l'histoire des sciences dira les deux Geoffroy, comme elle a dit les deux Pelletier, les Jussieu, les Richard. Les travaux des Geoffroy avaient eu, surtout parmi nous, un grand reten- tissement. X SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. La médecine est une de ces sciences complexes résultant de l'applica- tion judicieuse de toutes les connaissances humaines , et s'il était donné à un homme de tout savoir, afin qu'il puisse remplir sa mission, sans défaillances, sans méprises, c'est bien le médecin qui devrait être cet homme. Sa vie est une vie de labeurs et d'études constantes. Jamais il ne croit avoir assez appris , et pour satisfaire ce besoin qui le tourmente, pour répondre à ce cri de sa conscience, il recherche avec ardeur les plus savants dans toutes les sciences, il s'attache à leurs pas et se suspend à leurs lèvres. Tel est, messieurs, le sentiment qui porta l'Académie de médecine, dès son origine, à s'associer les maîtres de la science, les Jussieu, les Cuvier, les Geoffroy Saint-Hilaire, Arago, Gay-Lussac, Thenard. M. Isidore Geoffroy était bien digne de l'une de ces places que les illus- trations de la science avaient occupées. Ses travaux si remarquables en zoologie, en tératologie et anthropologie lui donnaient des litres brillants à l'estime de l'Académie, et si nous avons considéré comme un honneur de le voir à nos côtés, ^M. Geoffroy ne témoi- gnait pas moins, par une assiduité constante à nos séances, du prix qu'il atta- chait au titre de membre de l'Académie impériale de médecine. C'est avec une profonde émotion que l'Académie a appris la grande perle qu'elle venait de faire. Puisse cette imparfaite expression de ses regrets être du moins une preuve de la douleur qu'elle ressent. L'Académie s'associe à raffliction de la famille de M. Geoffroy et au deuil du monde savant, qui était aussi sa famille et dans laquelle il occupait une place si distinguée. Adieu donc, cher et honoré collègue ! Ton nom restera gravé dans notre mémoire et dans les fastes de l'Académie, à côté de celui de ton illustre père et parmi les noms les plus respectés. Adieu ! Discours de IVI. A. de Quatrefages, Membre de rinslilut, professeur-administrateur au Muséum d'histoire naturelle. Messieurs , Chargé de rappeler ici ce que fut Isidoi'e Geoffroy Saint-Hilaire connue professeur au ^luséum, je m'efforcerai d'être court. Je ne sais rien do plus éloquent que la foule qui nous entoure et qui réunit fies hommes de vies si diverses, d'occupations si différentes, surpris peut-être d'avoir à confondre sur une même tombe leurs larmes et leurs regrets. Dès l'âge de dix-neuf ans, en 182/i, Isidore Geoffroy devenait l'aide-natu- raliste de son illustre père; en 1837, il recevait le titre officiel de professeur suppléant. Quatre ans après (18/il), Etienne Geoffroy Saint-Hilaire était exilé MORT DE M. GEOFFROY SATNT-HILAIRE. ^ XJ de sa chaire par une infirmité que la science semble se faire un jeu cruel d'infliger à ses plus dévoués soldats. Comme Lamarck et Savigny, il était aveugle ; et si, plus heureux que ses deux émules, il put trouver dans sa famille d'inefi"ables consolations, il n'en fut pas moins comme perdu pour la science. Son fils fut alors nommé pro- fesseur titulaire. Cette quaUté mit entre ses mains la Ménagerie, les galeries des oiseaux et des mammifères, et l'enseignement relatif à ces deux classes d'animaux. En d'autres termes, Isidore Geoffroy eut dès lors un matériel immense déjà et d'mie double nature à surveiller et à accroître, une science à faire connaître et à vulgariser. Voyons-le dans ce double rôle. Notre regretté collègue voyait dans le iNIuséum où s'était écoulée sa pre- mière enfance une seconde et presque sa plus chère patrie. L'amour fihal ajoutait à la vivacité de ce sentiment. Continuer en tout l'œuvre de son père était à ses yeux plus qu'un bonheur ; c'était l'accomplissement d'un devoir. A ce double titre, l'accroissement des collections^ le développement de la ménagerie fondée par Etienne Geoffroy (1793), étaient pour lui l'objet d'une sollicitude constante. J'en ai trouvé la preuve à chaque page dans les lettres qu'il écrivait à celui qui fut l'aide aussi modeste que dévoué du père et du fils, à M. Florent Prévost. — Il écrivait de Douai : « J'ai enfin réussi cette fois à obtenir le Leptorhynque ! Voilà une grande lacune de moins dans la collection. » — Il écrivait d'Hyères : « Quel malheur que notre ménagerie ne jouisse pas d'un climat comme celui-ci ! » Partout, dès qu'il s'agissait de ses galeries, il se faisait solhciteur. C'est ainsi qu'il suppléait à la modicité du budget alloué pour ces dépenses et amenait au Muséum ces dons nom- breux, souvent d'une grande valeur, qu'il annonçait à ses collègues presque à chaque réunion. Laissons ici parler les chiffres. En 1828, on ne comptait au Muséum que 7500 sujets ; en 1835, ce chiffre s'élevait à 11,750; au mois d'août 1861, le nombre était de 15 500, et les magasins renfermaient en outre environ 12 000 peaux. Ajoutons que l'ordre le plus sévère a tou- j ours régné au milieu de ces richesses sans cesse croissantes, grâce aux dis- positions réglementaires à la fois simples et sages établies par Isidore Geoffroy, et qu'il savait rendre légères à tous ses subordomiés par une justice bien- veillante, par son inaltérable bonté. Ce qui se passait dans la coHection des animaux morts se répétait à la mé- nagerie, la collection des animaux vivants. En 182/i, Isidore Geoffroy la trouva composée de 283 oiseaux ou mammifères ; en 18/i2, elle comptait Zi20 individus; depuis 1850 elle s'est maintenue à un chiffre moyen de près de 900. Dans ce laps de temps, des reproductions nombreuses, dont plu- sieurs nouvelles sous notre chmat, ont démontré la possibilité d'acchmater certains animaux exotiques ; des croisements variés entre des espèces, entre des races chfférenles, ont résolu quelques-uns des plus ardus problèmes de la physiologie générale. Pour qui connaît les diflicultés résultant de l'exiguïté du local, de la nature du sol, de la parcimonie des budgets, ces résultats seront la démonstration la plus nette des soins de toute heure, qu'Isidore XI] ^SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. Geoffroy donnait à la ménagerie. Pour les obtenir, en effet, le savoir ne suffit pas ; il est nécessaire de joindre à cet indispensable élément de succès le sens pratique et l'aptitude à descendre à une infinité de détails d'où dépendent la santé, le bon état de ces espèces exotiques. Ici encore, pour montrer jusqu'à quel point Isidore Geoffroy possédait ces qualités, j'aimerais à reproduire quelques passages de la correspondance que je citais tout à l'heure ; mais le temps presse, et je dois me hâter. La direction d'Isidore Geoffroy laissera au Jardin des plantes des traces ineffaçables. Elle a porté son inlluence au dehors même de cet établissement. Le Muséum, cette institution jusqu'ici unique dans le monde, reproduite, mais toujours partiellement chez presque tous les peuples civihsés, a enfanté les jardins zoologiques, imitations de sa ménagerie. A celle-ci se rattachent encore la Société d'acclimatation, qui compte aujourd'hui ses membres par nu'lliers, et à laquelle se joignent les souverains, et le Jardin d'acclimatation qui sera au Jardin des plantes ce que la Société d'encouiagement pour l'in- dustrie est à l'Académie des sciences. A Isidore Geoffroy revient l'honneur de ces deux créations nouvelles, réalisation naturelle des pensées qu'expri- maient déjà lUiffbn et Daubenton ; et comme pour montrer la filiation que j'indique, les liens qui unissent ces trois institutions, toutes trois sont frappées du même coup. Isidore Geoffroy est mort directeur du Ahiséum, président de la Société d'acclimatation, président du Conseil du Jardin d'acclimatation. Est-il nécessaire de rappeler avec quel tact, avec quelle connaissance parfaite des hommes et des choses il sut faire la part de ces trois corps qui l'avaient mis à leur tète, et transformer en occasions de bons services mutuels des circonstances qni auraient pu prêter à des accidents de rivalité ? Aon, sans doute, et certainement ces relations si utiles à tous survivront à jamais à celui qui sut si bien les faire naître et les cimenter. Je viens d'esquisser ce qu'était Isidore Geoffroy dans ce qu'on peut appeler la partie matérielle de ses attributions. Voyons-lc maintenant comme profes- seur, comme savant. Ici le tableau change en grande partie , ou mieux se colore de teintes nouvelles. Sans doute, il a laissé plusieurs écrits conçus dans une direction tout utilitaire, et montré ainsi que pas plus que ses sœurs, la zoologie ne doit rester étrangère à qui s'occupe de l'aisance générale du bien- être matériel ; sans doute dans la description de nombreuses espèces iwu- velles, dans la caractérisation des genres et des autres groupes qu'il a rendus classiques, nous retrouvons l'honnne précis, rigoureux, minutieux même quand il le faut; mais en général, dans ses écrits connue dans son enseigne- menl, percent toujours des préoccupations élevées, des vues remarquable- ment larges, des pensées essentiellement philosophiques. Parfois le contraste est frappant, et à lui seul, il en dit [)lus qnc tontes les i)aroles. C'est le cachet d'une intelligence complète que do pouvoir à la fois descendre aux derniers détails et d'atteindre aux grandes idées. C'est à l'Athénée et dès 1830 qu'Isidore GeoffroN , déjà connu par de nom- breuses publications, débuta comme professeur. Il y montra tout à la fois ses MUKT DE M. GEOFFROY SAl>iT-IllLAlUL:. Xllj qiialil«!s et ses tendances. Dans cet esprit net el lucide les idées naissaient et se coordonnaient dans un ordre logique, aisé à suivre pour l'auditeur. La parole, toujours facile, était avant tout simple et claire; mais elle s'animait, se colorait quand l'orateur abordait des sujets élevés: et alors des compa- raisons heureuses, des images frappantes, résolvaient pour l'esprit le moins préparé les plus sérieuses diflicullés de la science. Dès ses premières leçons, Isidore Geoffroy se plaça sur le terrain de la zoologie générale. Par là il se rattachait à l'école philosophique française, à cette grande école qui réunit à des titres divers, Buffon, Lamarck et Etienne Geoffroy. Les rapports fondamentaux des espèces animales entre elles et avec le monde extérieur, tel est le sujet qu'abordait le jeune professeur de vingt- cinq ans, et il ne se trouva pas au-dessous de sa tâche. C'est que déjà son intelligence était mûrie par la ténacité de réflexions embrassant constamment le même ordre d'idées et lui rattachant de près ou de loin à peu près tous les faits scientifiques qu'il apprenait ou découvrait. Ces préoccupations du jeune homme, de l'adolescent, pourrait-on dire, ont suivi l'homme fait dans toute sa carrière. On les retrouve jusque dans de courtes notes dont le sujet semble d'abord devoir leur être totalement étran- ger ; elles dominent tous les travaux importants d'Isidore Geoffroy; elles le suivaient dans sa chaire et se faisaient jour à chaque instant. Plusieurs fois, comme pour leur faire une part, notre collègue commença ses cours d'orni- thologie ou de mammalogie par des leçons consacrées à traiter quelque point de zoologie générale. C'était là, en réahté, autant de chapitres isolés d'un ouvrage auquel il pensa toute sa vie, et dont il avait commencé la publication lorsque l'inexorable mort est venue le frapper. Laissez-moi, messieurs, retenir un instant vos pensées sur ce livre, sur VHistoire naturelle générale des règnes organiques. Son titre seul vous dit qu'en se mûrissant, la conception du jeune professeur de l'Athénée s'était élargie et complétée. C'est qu'en effet dans ces hautes régions de la science où se plaçait notre confrère, on ne saurait plus séparer impunément les êtres qu'unissent l'organisation et la Aie. « Aux limites mêmes du règne animal, nous dit l'auteur dans sa préface, l'application de la méthode reste incom- plète, les démonstrations pour la plupart inachevées, la synthèse seulement partielle. » Voilà pourquoi au lieu d'une zoologie générale, Isidore Geoffroy fut conduit, malgré ses efforts pour l'éviter, à entreprendre l'histoire géné- rale des êtres organisés. Il s'était préparé à l'écrire pendant vingt-six ans, lorsque le premier volume parut en 185Z|, C'est là ce que l'auteur déclare dans sa préface ; et nous pouvons en croire sa parole, car un programme détaillé, une sorte de table analytique anticipée, ouvre ce premier volume, et prouve que l'ouvrage entier était arrêté et comme fait dans la tête de noire regretté confrère. Voilà par-dessus tout peut-être pourquoi la mort d'Isidore Geoffroy est pour la science une perte irréparable. 11 ne fallait rien moins que toute une vie pour préparer un semblable travail. Qui recommencera cette o'uvre?.... xlv SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Au milieu des tourbillons qui nous entraînent tous, il est bien peu d'intelli- gences capables de rester fidèles à la même pensée pendant vingt-six ans !... Peu de savants sont placés dans les conditions nécessaires pour agir ainsi ; moins encore ont dès l'enfance à côté d'eux et sous la main tout ce qui peut éveiller, guider, éclairer leurs méditations. Isidore Geoffroy avait tout cela ; il en avait usé avec la hardiesse prudente dont il a si souvent donné la preuve. Ici, plutôt que partout ailleurs, peut-être il a lait preuve des qualités que j'indiquais tout à l'heure dans le choix des faits, dans la manière de les pré- senter, dans une argumentation sobre et logique. Aussi est-il bien difficile de ne pas accepter ses conclusions, et alors même qu'on est tenté d'en con- tester quelques-unes, il est impossible de ne pas reconnaître qu'elles reposent sur un savoir immense et vrai, coordonné par une raison des plus fermes, vivifié par des vues d'une incontestable profondeur. VHistoire naturelle générale est à peine parvenue au tiers de l'étendue qu'elle devait avoir, et pourtant elle n'en constitue pas moins pour Isidore Geoffroy, pour la France entière, un sérieux titre de gloire. Ainsi en ont jugé les étrangers eux-mêmes, qui s'empressaient de la faire passer dans leur langue, et dont la traduction arrivait lundi dernier à l'Académie comme un hommage rendu à celte tombe à peine ouverte ! Ce livre fait à son auteur une place à part, et lui assure en zoologie le titre de chef de l'école philosophique actuelle ; on met le fils non loin du père dans une des plus larges voies qu'ait ouvertes notre grand Buffon ; il est le fruit du dévoloppemcut graduel d'idées qui ont germé et ont grandi au Jardin des plantes. En outre, c'est surtout dans les galeries qu'il se plaisait à enrichir, dans la ménagerie qui lui rappelait tant de souvenirs, qu'Isidore Geoffroy en avait recueilli les matériaux. Par toutes ses origines, V Histoire naturelle générale est donc un produit du Muséum. Voilà pour([uoi j'en ai parlé de préférence, pourquoi, au risque d'aviver encore vos douleurs, j'ai voulu le rappeler à >os mémoires au moment où nous disons à celui qui n'a pu l'achever un cruel, un dernier adieu ! Discours de 1?I. Pasteur , au nom de la Société de secours des amis des sciences. Messieurs, Vous connaissez cette institution de secours mutuels si jeune et déjà si prospère, léguée comme un pieux héritage à tous les savants, par la bonté de M. Thenard. Après tout ce que vous venez d'apprendre, après tout ce que vous saviez déjà des vertus publiques et privées de M. Isidore Geoffroy Saint-IIilaire, ai-je besoin de vous dire que la Société de secours des amis des sciences pleure en lui l'un de ses membres les plus vigilants ? Ai-je besoin de vous dire que, l'un des premiers, il s'associa aux pensées généreuses de son fon- MOKT DE M. GEOFFROY SAINT-HILAIRE. XV daleiir, avec cette chaleur de cœur et cet amour passionné de la science dont la noble vie de son père l'avait comme embrasé ? Il était si bien le digne fils de cet illustre père ! il y avait entre eux une si parfaite communion de pensées et d'aspirations vers tout ce qui peut ho- norer l'humanité et agrandii' les conquêtes de la science ! Oserai-je vous rappeler ici un des traits de leur tendre affection ? Beaucoup parmi vous, messieurs, ont eu le triste honneur d'assister, à cette place même, il y a dix-sept ans, aux funérailles d'Etienne GeoCfroy Saint- Hilaire. Je serais bien surpris si leurs cœurs n'étaient pas remplis en ce moment du souvenir de l'immense douleur que pouvait à peine contenir son malheureux fils. Pour moi, je le vois encore se jetant tout en pleurs dans les bras de ceux qui ve- naient de célébrer les vertus et le génie de son père, éprouvant cette sorte de vertige qui nous pousserait tout vivants dans la tombe de ceux que nous chérissons. Ai-je besoin également , messieurs , de vous dire que l'esprit orné de M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, aussi supérieur dans le salon de l'homme du monde que dans sa chaire de naturaliste, savait partout rendre la science aimable, et était à ce titre l'un des nieilleurs et des plus naturels soutiens de l'institution fondée par M. Thenard. Bientôt les membres du conseil de la Société de secours des amis des sciences s'assembleront sous la présidence aimée de l'illustre maréchal qui, depuis la mort de iNI. Thenard, veille à la prospérité de leur œuvre. Quelle sera pénible leur émotion, en revoyant inoccupée cette place où naguère venait s'asseoir avec tant d'exactitude l'homme de bien qu'ils accompagnent aujourd'hui à sa dernière demeure. Et dans ces touchantes délibérations sur des infortunes presque saintes, combien de fois ils regretteront cette parole lucide et persuasive toute pleine des accents d'une âme loyale et généreuse. Parmi les nombreux témoignages de douloureuse sympa- thie que la Société a reçus dans ces tristes circonstances, nous nous faisons un devoir de mentionner les lettres ou dépêches suivantes qui ont été adressées, dès le premier jour, à M. le Secrétaire général. Lettre de Son Altesse Impériale le prince Napjoléon. Monsieur le comte, L'estime et l'affection que j'avais pour M. Geoffroy Saint-Hilaire me ren- dent profondément sensible au triste ('vénement que vous m'annoncez. La science et la Société impériale d'acclimatation viennent de faire une perte immense. Veuillez agréer, etc. Signé JNAPOLÉOiV. XV J SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOULOGIQUE D ACCLIMATATION. Lettre de S. Exe. M. le Ministre d'Italie. Alonsieur le comte, C'est avec une peine profonde que j'ai reçu la nouvelle de la mort de ■M. Geoffroy Saint-Uilaire. La France a perdu en lui un de ses hommes les plus éminents et la science une de ses plus grandes illustralions. C'est donc très sincèrement que je m'associe à la douleur de la Société d'acclimatation. Veuillez agréei*, etc. Signé ÎNigra. Lettre de S. Exe. M. le Ministre de Saxe. Monsieur le comte. lietenu depuis huit jours par une indisposition, j'ai été sincèrement peiné de ne pas avoir pu m'associer aux témoignages de profond regret qui ont éclaté près de la tomhe de M. Geollroy Saint-llilaire. Parmi les souverains de l'Europe, aucun ne sentira plus vivement que le Roi, mon auguste maître, ce que le monde savant et notre Société en parti- cuher perdent dans Tillustre défunt. Connaissant le grand intérêt avec lequel Sa .Majesté n'a cessé de suivre ses efforts persévérants pour étendre le domaine des sciences naturelles et pour rendre son immense savoir matériel- lement utile à l'humanité, je sais que je vais au-devant des intentions du Roi en vous priant, monsieur le comte, d'assurer la famille de M. Geoffroy Saint- Hilaire, et le Conseil d'administration de notre Société, de la part vivement sentie que Sa Majesté j)rend à nue perte qui frappe l'une et l'autre d'une manière si cruelle. Veuillez agréer, etc. Signé baron de Seebach. DèiJ(khe tclê(jrci[jhique adressée de Nancy, pur M. E. Kaufniann^ à la Société impériale d'acclimatation. La Société d'acclimatation du royaume de Puisse vous témoigne de la douleur de ses memiires et de la part générale que prend le monde savant de l'Allemagne à notre tristesse. Signé E. Kaufmaxn. CINÔIIÈME SÉAÎiCE PlBLIftlE mmiil DE LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION. PROCÈS-YERBAL. Cette séance a été tenue à rHôtel-de-Yille, le ih février 1861. MM. le général marquis d'Hautpoul, grand référendaire du Sénat, le vice-amiral comte Cécile, sénateur, et Artaud, vice- recteur de l'Académie de Paris, avaient pris place au bureau avec M. Is. Geoffroy Saint-Hilaire, président, MM. le prince de Beauvau, Drouyn de Lhuys, Ant. Passy et Richard (du Cantal), vice-présidents ; le comte d'Eprémesnil , secrétaire général, Auguste Duméril, secrétaire, et le professeur Jules Cloquet, de l'institul, membre du Conseil d'administra- tion. Sur l'estrade, se trouvaient placés le Conseil, les Prési- dents, Vice-Présidents et Secrétaires des cinq Sections, la Commission des récompenses et un grand nombre de membres de la Société français et étrangers. — Comme les années précédentes, MM. E. Dupin, Fréd. Jacquemart, et le comte de Sinéty avaient bien voulu se charger de la disposition de la salle, dont les honneurs étaient faits par un autre menibre du Conseil, M. le marquis de Selve, avec plusieurs Commissaires, choisis dans le sein de la Société et qui avaient été désignés à cet effet, — La séance a été ouverte par un discours de M. Ant. Passy, vice-président. — M. Aug. Duméril, secrétaire des séances, a présenté un Rapport sur les travaux de la Société pendant l'année IbOO. T. Mil, I8GI. — Séai. ce publique, a II SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'AGCLIMATATION. M. Is. Geoffroy Saint-Hilaire, président, a lu un discours sur les prix spéciaux et les primes, provenant de diverses fondations particulières. Le programme des prix extraordinaires proposés par la Société, et des prix fondés par des membres de la Société et par madame Guérineau, née Delalande, est le suivant : PRIX EXTRAORDINAIRES PROPOSÉS PAR LA SOCIÉTÉ ET ENCORE A DÉCERNER. Séance publique annuelle du 10 février 1857. r. Domestication complète, application à l'agriculture ou emploi dans les villes (le rilémione (Equus hemionus) ou du Dauw {E. Burchellii). La domestication supjiose nécessairement la reproduction en captivité. Concom's ouvert .insqu'aii {<" dérombre 1802. Prix. — Une médaille de 1000 francs. n. Domestication et multiplication d'une grande espèce de Kangurou {Macropus giqanf.cus^ M. fuli(jinosus, ou autre espèce de même taille). On devra posséder six individus au moins, et avoir obtenu deux générations en domesticité. Concours ouvert jusqu'au 1" déi:embrc 1802. Prix. — Une médaille de 1000 francs. III. Introduction et domestication du Dromée (Casoar de la Nouvelle-Hol- lande, />). Xovœ Hollandiœ), ou du Nandou (Autruche d'Amf^rique, Rhea americana). Mêmes conditions et délais que pour le prix précédent. Prix. — Une médaille de 1 500 francs. IV. Domestication de la grande Outarde {Otis tarda). Ce prix serait és^alcment accordé pour la domestication du Iloubara ou de toute autre espèce d'une taille supérieure à celle de la Cauopetière. On devra justifier de la possession d'au moins six individus adultes nés en domesticité. Concours ouvert jus(iu'au 1"' décembre 1802. Prix. — Une médaille de 1000 francs. V. Introduction et acclimatation d'un nouveau gibier pris dans la classe des Oiseaux. Sont exceptées les espèces qui pourraient ravager les cultures. Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1802. Prix. — Une médaille de 500 francs. VT. Introduction d'un Poisson alimentaire dans les eaux douces ou sau- màlres de l'Algérie. Concours ouvert j\isqu'au 1'' décembre 1802. Prix. — Une médaille de 500 francs. PROCÈS-VERBAL DE LA SÉANCE PUBLIQUE. III VII. Acclimatation accomplie (rune nouvelle espèce de Ver ù soie, produi- sant de la soie bonne à filer. Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 18G2. Prix.— Une médaille de 1000 francs. VIII. Acclimatation en Europe ou en Algérie d'un Insecte producteur de cire, autre (]ue TAbeille. Concours ouvert jusqu'au '1" décembre 1862. Prix. — Une médaille de 500 francs. IX. Création de nouvelles variétés d'Ignames de la Chine {Dioscorea batatas), supérieures 4 celles qu'on possède déjà et notamment plus faciles à cultiver. Concom's ouvert jusqu'au 1" décembre 1861. Prix. — Une médaille de 500 francs. Séance publique annuelle du il février 1859. I. Propagation de la race ovine Graux de Vlauchamp en dehors de la localité où elle a pris son origine (en France ou à l'étranger). On devra justifier de la possession d'au moins 100 bêles, nées cliez le propriétaire, et présentant le type de la race Mauchamp pour la laine et une bonne conform;ilion. Concours ouvei't jusqu'au i" décembre 186-i. Prix. — Une médaille de 1000 francs. — Plus 1000 francs otîerls par M. U.vviN (voyez page suivante). II. Introduction et acclimatation à la Martinique d'un animal destructeur du Bothrops lancéolé (vulgairement appelé Vipère fer-de--lance) , à l'état de liberté. On devra avoir obtenu trois générations. Sont exceptées les espèces qui pourraient ravager les cultures. Concours ouvert jusqu'au ]" décembre 1809. Prix. — Une médaille de 1000 francs. Séance publique annuelle du 14 février 1861. Introduction, culture et acclimatation du Quinquina dans le midi de l'Europe ou dans une des colonies françaises. Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1865. Prix. — Une médaille de 1500 francs. PRIX FONDÉS PAR DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ. Séance publique annuelle du 10 février 1858. Prix fondé par M. CHAtJOT aîné, négociant. Domestication de l'Autruche d'Afrique {Struthio ramelus) en France, en Algérie ou au Sénégal. On de\ra avoir obtenu, de deux ou plusieurs Aulrucbcs privées, deux générations au moins, justilicr de la possession actuelle de six individus produits à l'état domestique, et faire connaître les moyens employés pour faire reproduire ces oiseaux connue ceux de nos basses- cours. Concours ouvert justju'au 1" décembre 1863. Prix. — Une médaille de 2000 francs. IV SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATAïION. Séance publique annuelle du 17 février 1859. Prix fonde par Jtl. F. DAVIX, manufacturier. Propagation de la race ovine Graux de jMauchamp. Concours ouvert jusqu'au 1" décembre 1864. Prix. — Une somme de 1 000 francs à ajouter à la médaille de 1 000 francs fondée par la Société pour le même objet (voyez page précédente). Prix fondé par lU. le docteur SACC. Amélioration de la Chèvre d'Angora. Concours ouvert jusqu'au \" décembre 1862. Prix. — Une prime de 100 francs pour la toison la plus lourde de Chèvre d'Angora. Si celte toison est en même temps remarquable par ses qualités, la Société triplera cette prime. Séance publique annuelle du IZi février 1861. MÉDAILLE DELALANDE (1). Prix fondé par Madame GUÉRI]\EAU, née DELALA!\DE. Une grande médaille d'or sera décernée, le 10 février 1862, au voyageur qui, en Afrique ou en Amérique, aiua rendu depuis huit années le plus de services dans Tordre des travaux^ de la Société, principalement au point de vue de l'alimentation de l'homme. Les pièces relatives à ce concours devront parvenir à la Société avant le 31 mai 1861. Prix fondés par un membre de la l^ociété (|ui a voulu garder l'anonyme. Deux primes, l'une de 200 fr., l'autre de 100 fr. , seront décernées, chaque année, pour les bons soins donnés aux animaux ou aux végétaux, soit au Jardin zoologique d'acclimatation (prime de 200 fr.), soit dans les établissements d'acclimatalion se rattachant à la Société (prime de 100 fr.). ]Y. C. — Dans le cas où un ou plusieurs de ces prix seraient gagnés avant les lernnes indiqués pour la clôture des concours, ils seraient décernés dans la séance publique du 10 février suivant, pourvu que les pièces constatant les droits des concurrents eussent été envoyées à la Société avant le 1""" décembre (2). La Société se réserve, s'il y a lieu, de décerner des seconds prix ou d'accorder des encouragements. — M. le comte d'Eprémesnil, secrétaire général, a présenté ensuite le Rapport sur les travaux de la Commission des récompenses. (1) Voyez ci-après, p. xxiii, (2) Par exception, avant h> 31 mai, pour la IMkdaii.lf Delalaxde (voyez ci-dessus). PROCÈS-VERBAL DE LA SÉANCE PUBLIQUE. V Après la proclamation des nouveaux membres honorai- res, il a été procédé à la distribution des médailles, men- tions honorables et récompenses pécuniaires. Les récompenses décernées cette année sont les sui- vantes : l*' Deux titres de membres honoraires ; 2° Une grande médaille d'or, récompense hors classe ; 3° Un prix spécial de 2000 francs ; II" Dix-sept médailles d'argent, médailles de première classe ; de plus, il y a eu rappel de médailles d'argent pour quatre lauréats des années précédentes, et l'une de ces médailles, étant rappelée pour la troisième fois, a été offerte en vermeil ; 5'' Dix-neuf médailles de bronze, médaiUes de seconde classe ; 6*' Neuf mentions honorables ; 7" Deux primes annuelles de 200 et de 100 francs, fondées par un membre de la Société ; 8" Cinq récompenses pécuniaires. Le titre de membre honoraire a été conféré à : M. Edw. WiLSON ; Et à M. le docteur Ferdinand Mueller, directeur du Jardin botanique et zoologique de Melbourne (Austrahe). La grande médaille d'or a été décernée à M. F. Davin, meml)re du Conseil. Le prix spécial de 2000 francs proposé par la Société pour l'introduction de l'Alpaca en Europe, a été décerné à M. Eugène Roehn. Lorsque M. le Secrétaire général eut fait connaître les titres qui justifient la décision par laquelle la Société, sur le rapport de sa Commission, a accordé ce prix à M. Roehn, M. le Prési- dent a pris la parole pour annoncer que les membres du Conseil d'administration avaient voulu lui donner un témoi- gnage particulier d'estime et de sympathie en ajoutant, à la prime de 2000 francs, une grande médaille d'or qui sera dé- cernée aussi dans cette séance. Les membres du Conseil ont tenu à s'associer personnellement, en réunissant entre eux les VI SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aGCLIMàTATION. ZiOO francs représentant la valeur de la médaille, à ce témoi- gnage de gratitude pour les services exceptionnels que cet intrépide naturaliste voyageur a rendus à l'acclimatation, en poursuivant avec une persévérance sans exemple , au mépris de tant de dangers et d'obstacles, la tâche si difficile qu'il s'est imposée par un noble sentiment de dévouement à son pays. Pour les autres récompenses, voyez ci-après le Rapport de M. le Secrétaire général. Parmi les lauréats, presque tous ceux qui habitent Paris ou les environs, sont venus recevoir les récompenses qui leur avaient été attribuées et qui leur ont été remises par M. le Président et par MM. les Vice-Présidents. — Le Conseil a arrêté que toutes pièces lues dans la séance du ili février seraient imprimées in extenso dans le Bulletin et placées en tête du volume en cours d'exécution. Le Secrétaire des séances^ AUG. DUMÉRIL. DISCOURS D'OUVERTURE Par n. A, PASSÏ, Vice-président de la Société. Messieurs , Les sciences sont l'expression ki plus haute du génie hu- main. Elles élèvent, attiré vers les sommets de la pensée, l'es- prit de l'homme au-dessus des intérêts de la terre. Mais les sciences ne se manifestent par leurs bienfaits posi- tifs qu'en descendant des hauteurs de la méditation pour livrer au monde leurs apphcations usuelles, se mettant ainsi au ser- vice de l'humanité tout entière. Pour remplir leur mission providentielle , il faut donc que les sciences se fassent connaître par leur utihté, qu'elles pénè- trent largement jusqu'au fond des populations, s'y établissent à jamais par des révélations pratiques et faciles. L'astronomie, cette admirable science , lasse les élans les plus énergiques de l'imagination, recule les bornes du ciel, éclaire ses profondeurs ; cependant quelle est son expression populaire, expression d'une utihté incontestable, universelle? Qu'on me permette de le dire, ce sont les almanachs. C'est un service bien humble, mais bien grand, que l'astronomie nous rend, en asservissant le temps à des règles fixes auxquehes personne ne peut se soustraire. La chimie, qui donne une impulsion si forte et si intehigente àl'industrie, s'explique aux yeux de tous parla pharmacie et la teinture. La botanique? c'est l'herboriste, c'est le jardinier qui la divulguent. La physique ne se fait-ehe pas la rivale de la poste aux lettres? L'électricité n'est-elle pas soumise k l'alphabet? La zoologie est un mot (jue le peuple prononce uni à celui d'acchmatation, depuis qu'il sait (jue la science a pris pour tâche journahère d'ajouter de nouvelles espèces aux animaux VIll SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aGCLDIATATION. de travail ; craugmenter les troupeaux qui portent des toisons, les nsectes qui lilent la soie ou sécrètent la cire ; de multiplier les poissons et les coquillages qui se font rares dans les eaux de la mer et dans celles de nos fleuves. Elle veut varier les quadrupèdes et les volatiles qui peuplent nos basses-cours , et, sous ce rapport, elle semble appelée à réaliser plus que le vœu d'Henri lY, car elle veut mettre, si ce n'est une poule, du moins un kilogramme de viande dans le pot-au-feu de chaque chaumière. Le but de la Société zoologique d'acclimatation est, vous le savez, de faire connaître et de propager de nouvelles espèces utiles, dont le prix, exorbitant au moment de leur introduc- tion, décroît à mesure que les individus se multiplient, et arrive par le succès au bon marché. Elle se charge des premiers essais, parce qu'ils sont les plus coûteux, et livre les animaux aux soins de tous, quand des épreuves constatées établissent, à l'égard de leur propagation, de rassurjintes probabilités. Elle sème à ses dépens la moisson de tout le monde. M. Geoffroy Saint-Hilaire, notr(i président, dans son ouvrage sur l'acclimatation, dont il vient de faire un récent hommage à notre Société, explique admirablement les raisons qui a|)pel- lent de nouvelles (>spèces à venir augmenter le nombre des animaux déjà utilisés. Il démontre que c'est du temps ({u'il faut avec confiance et patience attendre des résultats décisifs. Dans une récente communication à l'Académie des sciences, il fait voir par quels pr(3Jugés contradictoires des nations tout entières, des systèmes religieux, privent d'aliments les ])lus sains, que leurs voisins recherchent, des millions de créatures humaines, et que, même dans notre France, de tels préjugés ont besoin d'être attaqués souvent pour être vaincus à la fin. Le philosophe le plus profond que la zoologie ait possédé, Étitmne Geoffroy Saint-llilaire, avait pris pour devise : Utili- tatiy à l'utilité. G'est désormais la devise de la famille, c'est la raison d'être de la Société zoologique d'acclimatation. Donc, fondée sur l'utilité, notre Association a marché rapi- dement dans une voie de progrès. Je me bornerai à démon- trer, par sa statistique particulière, comment elle s'est formée, DISCOURS d'ouverture. IX agrandie, quel est son état présent, duquel on peut déduire son avenir. La plus forte éloquence est celle qui porte la conviction dans le plus d'intelligences, dans le plus d'intérêts. Les chiffres ont cet avantage sur la parole, qu'ils sont incontestables et que chacun peut les vérifier. Quand une idée est érnise, qu'une organisation la découvre aux yeux de tous, qu'elle reçoit un assentiment général, qu'elle se manifeste chaque jour davantage en attirant à elle de plus nombreux et zélés partisans, c'est qu'elle répond à un intérêt réel négligé jusqu'alors. Les chiffres qui constatent sa situa- tion deviennent un argument en sa faveur. C'est donc sur des chiffres que j'établis l'état présent de notre Société. Après les discours annuels de notre président, lui dont la science descend et se maintient par la lucidité de son expres- sion dans toutes les intelligences ; après les discours de notre vice-président M. Drouyn de Lhuys, qui vous a charmé par la plus élégante érudition , il ne me reste plus , en partant de notre origine, qu'à vous dire comment, nés en petit nombre, forts de nos intentions, de la conscience du bien que nous étions appelés à faire, nous avons vu s'accroître le nombre de nos adhérents. Ce fut au commencement de iSbà que 50 fondateurs je- tèrent les bases de notre Société. Les adhésions arrivèrent au nombre de 15/i. Le règlement qui nous gouverne fut adopté, et le 28 avril, la Société comptait 50 fondateurs, 9 membres honoraires et 282 membres titulaires. Ainsi rapidement organisée, la Société fut reconnue le 26 fé- vrier 1855, comme établissement d'utilité publique. Le nniid)re des membres s'élevait à 750. 2 sociétés d'acclimatation fondées à l'instar de la nôtre, à Grenoble et à Nancy, se faisaient affilier, et 3 sociétés agrégées étaient admises. En 185(5, nous avions dépassé le n()nd)re de 1165 meml»rcs. En 1857, je suis obligé de distinguer, dans ma statistique, X SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOULOGIQUE D ACCLIMATATION. un élément nouveau : c'est le chiffre des souverains qui sont en tète de notre liste. Ce chiffre est de 12, mais dans un sys- tème d'égalité que la communauté d'intentions consacre, nous nous permettons de les comprendre dans le chiffre to- tal de l'année, qui est de iliJO. En 1858, nous atteignons, par une progression crois- sante, io'lli. En 1859, 1865. En 1860, 2215. Nous nous honorons de compter 17 sociétés affiliées, tant françaises qu'étrangères, et 43 agrégées. Total : 60. Aujourd'hui, 39 souverains ou princes de maisons souve- raines se placent en tête de notre hstc. Ce chiffre est digne de hgurer dans une statistique. Pour donner une idée de l'expansion de notre Société, je demande à l'Assemblée de me permettre de lui lire la répar- tition suivante des membres qui ne sont pas regnicoles, dont le total s'élève à 685. En Europe, 280. Dans nos colonies, 22. Dans les Amé- riques, 62. Dans l'Asie, en Chine, 28. Dans les Indes an- glaises, 15. Le Japon, 8. La Perse, 1. En Afrique, Algérie, 127. Egypte, 39. A Tunis, 3. Au Cap, 2. Enhn, en Océanie, dans les îles Néerlandaises, 5, et dans l'Australie, 3. Ce rayonnement si étendu, cette progressi(jn constante pendant six années, annoncent que l'idée primitive de notre institution a pénétré et reste accueillie partout. Nous comptons Zi2 délégués, nos mandataires officiels, nos correspondants zélés, en Europe et dans les autres parties du monde, jusqu'à Sydney en Australie. Les sociétés affiliées et agrégées comprennent chacune un certain nombre d'hommes voués aux sciences, nombre qui augmente le chiffre des personnes qui concourent à notre œuvre ; et nous pouvons aftirmer que plus de 3000 associés poursuivent, en commun, notre œuvre, et nous donnent chaque jour des témoignages de zèle, d'activité et de dévoue- ment. Vous savez que pour le travail nous sommes divisés en DISCOURS d'OLVERTURE. XI sections permanentes ou en commissions qui s'occupent de questions spéciales. Les communications qui nous arrivent, ainsi réparties, font que tous les membres prennent part au travail journalier, et que chacun participe à Tœuvre de tous. Pour compléter notre organisation, cette année, par l'ini- tiative de notre président, des conférences sont établies au siège de notre Société, et lui-même, si occupé de ses travaux scientifiques et de ses autres devoirs publics, a pris la tête de ces conférences. Voici la liste de ces professeurs bénévoles et celle des sujets qu'ils traitent. BULLETIN DES CONFÉRENCES ET LECTURES. Janvier. Mercredi 23, à 4 h. MM.Is. Geoffroy Sâint-Hilâire. — Des progrès de l'accli- matation chez les différents peuples. Samedi 26, à 8 h. Chatin. — Des données dont il y a lieu de tenir compte dans l'acclimatation des Végétaux. Mercredi 30, à 4 h. Focillon. — Du genre Cheval et des espèces dont on pourrait enrichir notre pays. Février. Samedi 2, à 8 h. MM. Florent Prévost. — Des Gallinacés au point de vue de l'acclimatation. Mercredi 6, à 4 h. Richard (du Cantal). — Du Cheval de l'agriculture et du Cheval de guerre. Mercredi 13, à 4 h. Joseph Michon. — Des rapports de l'acclimatation avec l'agriculture. Samedi 16, à 8 h. Soubeiran. — Sur les Abeilles et sur le miel. Mercredi 20, à 4 h. Gris. — Des Plantes féculentes. Samedi 23, à 8 h. Dlméril. — Sur la Pisciculture. Mercredi 27 , à 4 h . Oscar Réveil . — De l'acclimatation de quelques Plantes médicinales, et particulièrement du Pavot à opium. A cette liste, il faut déjà ajouter les noms de MM. Guérin- Méneville, Dupuis, Auzoux, PrilHeux et Albert Geoffroy Saint- Ililaire, dont les enseignements continueront ceux qui ont obtenu tant de succès. Ainsi, à ce qu'on apprend dans les séances de la Société où })resque cliaque fois nous recevons des nouvelles des cinq parties du monde, où nous accueillons avec intérêt et recon- XII SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLDIATAïION. naissance les communications de nos membres vo valeurs, sans cesse préoccupés des progrès de notre œuvre, se joindra désormais un enseignement pratique sur les questions qui restent à résoudre, et ces questions se trouveront discutées avec les éléments de la science et la simplicité d'aperçus qui porte la conviction dans les esprits. Je n'ai pas besoin de dire qu'un nombreux auditoire répond au bienveillant appel qui a été fait. Ces conférences, nouvel effort pour étendre les connais- sances scientifiques, étaient Tune des vues qui avaient pré- sidé à notre organisation, et dont la principale était d'éclairer ainsi la pratique par les lumières de la théorie. La Société, non-seulement a rempli son programme, elle est donc allée au delà par cette récente institution. Elle étend ses relations dans le monde entier. Elle réunit les animaux comme les plantes utiles qu'un lui envoie. Elle les distribue pour qu'ils soient soumis aux essais les plus divers. Elle répond avec libéralité aux demandes qui lui sont adressées de toutes parts, de toutes les contrées, et nous regardons ces demandes comme des faveurs qu'on nous accorde, car elles sont la sanction de l'utilité universelle de notre entreprise. Si nous pouvons marcher ainsi, c'est que nous avons des missionnaires partout dans les profondeurs des pays inconnus ou fermés, aux antipodes de l'Europe, voguant à travers les océans, parcourant les déserts, heu- reux de nous faire parvenir ce qui nous manquait, ce que nous ne connaissions pas, et heureux aussi de porter nos richesses à ceux qui en étaient privés. Un centre était devenu nécessaire pour recevoir, garder et répandre les produits vivants arrivés des zones les plus diffé- rentes. Il est désormais organisé, c'est le Jardin d'acclimatation du bois de Boulogne. M. Drouvn de Lhuvs, il v a trois ans, en terminant un dis- cours qui a été accueilli par de vifs applaudissements, vous disait (pi'un vaste terrain nous était concédé afin d'y établir un parc d'acclimatation, pour les produits des deux règnes. DISCOURS d'ouverture. XIII (( Désormais, ajoutait-il, notre Société pourra rendre l'hos- D pitalité qui lui est offerte sous tous les climats, et la splen- )) deur de la métropole répondra à la richesse de ses innom- 5) brables colonies. » L'année suivante, M. Geoffroy Saint-Hilaire vous expliquait quelles seraient l'organisation et la disposition de ce Parc, et en J 860 il déroulaitle planque nous commencions à exécuter. Ce plan a été achevé, j'ose le dire, avec rapidité. L'aspect de ce qui a été construit, de ce qui a été planté, nous justifie contre les impatiences amies ou hostiles qui nous accusaient de lenteur dans l'accomplissement de nos promesses. Le Jardin zoolugique d'acchmatation du bois de Boulogne est donc aujourdliui livré aux appréciations les plus diverses. Nous n'avons plus à les redouter. Je n'ai pas à vous entretenir. Messieurs, des difficultés que nous avons rencontrées, ni même, et c'est de Fingratitude, des puissants et bienveillants appuis qui ont levé les premiers et les derniers obstacles qui entravaient l'exécution défini- tive de notre plan. Je mentionnerai ce point principal, c'est que dans un moment de crise politique et linanciére, pendant l'hiver de 1858, par souscription, nous avons trouvé la somme d'un million pour fonder cet établissement. Ce succès démontre que l'utilité de la Société d'acchmatation était généralement reconnue et qu'on se confiait dans son avenir. Obtenir du dévouement à un but d'utilité probléma- tique alors, un million, est un phénomène nouveau. Nous en sommes fiers, mais très reconnaissants. Le Jardin d'acclimatatiun ayant pour but de mettre en prati(|ue la théorie de la Société, nous avons voulu montrer aux yeux de tous, par cette fondation, quels étaient nos pro- cédés, soumettre à l'appréciation publique les animaux comme les végétaux, dont nous faisons l'acquisition pour les propager. Je ne ferai qu'indi([uer un avantage particulier pour le bois de Boulogne. Une partie inculte a été transformée en un parc élégant et animé. Ceci n'était qu'une conséquence naturelle de notre enlrepiùsc XIV SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. Notre but était autre et il a été atteint. Disposer les demeures de toutes les espèces à naturaliser chez nous, de la façon la plus favorable à leur acclimatation ; alimenter sans cesse l'intérêt public par des admissions, par des réno- vations incessantes ; offrir atix épreuves de la culture les animaux qui peuvent faciliter son travail et augmenter ses produits; faire ces choses dans une enceinte pittoresque qui appellerait les promeneurs quand un intérêt plus sérieux ne les attirerait pas. Voilà ce que nous avons voulu et réalisé. Nous cultivons les plantes et les arbres que nous recevons de toutes parts ; il fallait plus : il fallait élever un véritable jardin d'hiver, (jui, n'étant pas fermé aux désirs des an)a- teurs, leur offrît, au contraire, des facihtés pour acquérir les fleurs de nouvelle importation, dont le goût élégant, mais nouveau en Krance, devient, chaque jour, plus vif et mieux raisonné. Nous ne pouvions pas nous établir nous-mêmes comme horticulteurs. Cet étabhssemeiit ne peut prospérer que par les , soins éclairés d'un botaniste émérite, d'un voyageur qui, daiis l'intérêt de l'horticulture, a passé (juatorze années à chercher des plantes dans les contrées les plus diverses. M. Linden s'en est chargé, et le jardin d'hiver offre ainsi tous les avantages d'une culture intéressée pour les amateurs et la satisfaction d'une indépendante curiosité pour les prome- neurs, qui peuvent contempler la végétation singulière des tropi(jues dans un tableau vivant. L'installation de ces serres rencontrait un obstacle formi- dable. La dépense d'acquisition et du transport allait au delà de ce que pouvait entreprendre, dans les hmites de son propre budget, la Compagnie des actionnaires du Jardin du bois de Boulogne. Les membres du Conseil et du Comité y ont spon- tanément pourvu, dans un élan de bon vouloir et de désinté- ressement. Ils ont acheté privativement, pour être transpor- tées et réédifiées dans le périmètre du Jardin, les serres qui étaient à Villiers, et que tout Paris avait admirées. L'établissement d'acclimatation du Ixûs de Boulogne a donc DISCOURS d'ouverture. XV l'avantage de comprendre dans son enceinte de grandes et belles serres formant un jardin d'hiver, qui ne lui coûtent rien et qui offrent un attrait de plus aux visiteurs que nous désirons voir se renouveler et s'augmenter chaque jour, ainsi que nous le promettent les premières semaines d'une température peu favorable. Ces serres étaient un complément naturel de l'étabhsse- ment principal, elles ont été créées sans obérer les finances de la Compagnie. Tout n'est pas donné à la curiosité ni aux essais de l'accli- matation. Le Jardin est naturellement un grand amphithéâtre où pourra se répandre une instruction à la fois élevée et pra- tique ; des jours seront réservés à l'appréciation scientifique des sujets nombreux, mais choisis, qui y sont renfermés. Ce sera sur des êtres vivants placés sous les yeux des auditeurs que leur histoire sera développée par des voix autorisées. En vous expliquant notre marche, en vous exposant quelle est notre position, aujourd'hui, nous ne demandons qu'une chose, c'est que vous reconnaissiez que nos efforts tendent sans cesse à nous rendre réellement utiles à notre pays, à le doter d'étabhssements destinés à augmenter le bien-être général, non-seulement de nos concitoyens, mais encore celui des contrées où l'on réclame notre aide. Il faut le dire, dans ces réunions solennelles, nous plaidons notre cause devant nos juges, et si nous parvenons à vous con- vaincre que nous sommes unis pour travailler au bien de notre patrie, votre assentiment sera la récompense que nous .estimons la plus belle. SUR LES PRIX SPÉCIAUX ET PRIMES PROVENANT DE FONDATIONS PARTICULIÈRES, Par n. Is. GEOFFROY SAII^T-IIILAIRE, Président de la Société. Messieurs, On a souvent comparé l'ensemble des vérités scientifiques à une immense chaîne dont chaque siècle vient à son tour dérouler quelques anneaux; et, en partant de cette compa- raison, on a dit que, comme chaque anneau conduit à l'an- neau qui le suit, chaque vérité acquise est le chemin d'une autre vérité nouvelle. Tout progrès est donc doublement pré- cieux, toute découverte a une double valeur : elle vaut par ce qu'elle nous a donné, elle vaut encore par ce qu'elle nous donnera. On en f)eut dire autant des bonnes actions, des actes géné- reux. Nous en devons honorer à double titre les auteurs. Les nobles élans du cœur ont leur fécondité comme les grands efforts de l'intelligence; et de même que la vérité engendre la vérité, le bien engendre le bien. Le faire aujourd'hui de ses mains, .c'est, presque assurément, le faire faire demain par celles d'autrui. La série déjà longue des dons faits à la Société, dans le généreux désir d'en hâter les progrès, en serait au besoin une preuve de plus; et cette preuve, j'aime à en mettre du moins sous vos yeux les termes principaux. Chargé par le Conseil d'administration de vous faire connaître les nouvelles fondations que nous devons à la libéralité de quelques amis du bien public, je commencerai par vous rappeler celles qui ont ouvert la voie à toutes les autres. Vous montrer quelle heureuse influence elles ont dùyk exercée, n'est-ce pas vous faire entrevoir ce que nous devrons un jour aux actes géné- reux que j'ai l'agréable devoir de porter à votre connaissance? SUR LES PRIX SPÉCIAUX ET LES PRLMES. XVU Dès notre première séance publique annuelle , celle du 10 février 1857, nous avons proposé onze prix spéciaux, dont un, la médaille de 2000 francs pour l'introduction de l'Alpaca, va être décerné dans quelques instants. Par la créa- tion de ces onze prix, (( nous voulons », disait notre cher et honoré vice-président, M. Passy, « provoquer de nouvelles et » énergiques tentatives ; obtenir des résultats plus certains, 7i plus positifs et plus fructueux, et achever, entre les divers » pays, cet échange de leurs productions privilégiées, » qui est la pensée même de notre institution. C'est dans le même sentiment, dans le même espoir, que, notre programme à peine publié, M. Chagot aîné concevait la pensée de l'étendre en créant un douzième prix pour la domestication de l'Autruche : notre généreux confrère por- tait à 2000 francs la valeur de la médaille destinée à récom- penser l'auteur de ce progrès. La domestication de l'Autruche ! conquête utile, sans doute, disaient les naturahstes; car l'Autruche semble destinée à dis- paraître de l'Afrique, comme s'y est éteint, il y a deux siè- cles, cet autre grand oiseau africain, le Dronte, qui n'est plus connu aujourd'hui que par deux portraits et par quelques débris plus mutilés, plus rares encore dans nos musées que les restes eux-mêmes des plus antiques habitants du globe. Mais le Dronte ne nous manque pas et l'Autruche nous man- querait. Sa chair, très bonne quand elle n'a pas été durcie par l'âge ; ses œufs, qui ne le cèdent en rien, comme qualité, à ceux de la Poule, et qui valent en poids vingt et un de ceux-ci, peuvent faire de l'Autruche le premier de nos oiseaux alimentaires, comme elle est déjà le premier de nos oiseaux industriels. Ses belles plumes, qui n'étaient dans l'antiquité que la parure de quelques guerriers, sont aujourd'hui celle de toutes les dames, et ont pris rang parmi les principales richesses naturelles de l'Afrique. Le jour où elles feraient défaut à notre commerce, plus de débouchés pour une mul- titude de produits de nos manufactures, cotonnades, armes, couteaux, verroteries, destinés à la troque dans nos comptoirs africains; et tel est, en économie sociale, l'encbaînement T MU, I8GL — Sr-anro piililiqiie. b XVIII SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOr.IQUE d'aCCLIM.VTATION. secret des multiples phénomènes de la vie des nations, tel est le lien intime qui rattache au superflu des uns les besoins les plus impérieux des autres, que les dames de Paris et de Lon- dres ne sauraient être privées d'un vain ornement, sans que le nécessaire manquât bientôt à de pauvres familles de Mul- house et de Rouen, de Birmingham et de Manchester. Voilà le malheur qu'a voulu prévenir M. Chagot en ren- dant l'Autruche domestique ; en lui donnant pour asile, contre notre civilisation qui la menace partout, nos demeures elles- mêmes. Mais comment l'y amener, l'y faire vivre, l'y retenir? Si la domestication de l'Autruche n'est pas absolument im- possible, disait-on, elle est du moins d'une extrême diffi- culté : le géant des oiseaux est comme le géant des qua- drupèdes; lui aussi, comme l'Éléphant, refuse de hvrer sa postérité à l'esclavage. Voilà ce que pensaient, il y a encore quatre ans, presque tous les naturalistes (1); et, j'en fais l'aveu, montrant dans le Casoar de l'Australie et le Nandou d'Amérique de futurs oiseaux de boucherie, je n'osais, pas plus que mes confrères, étendre à l'Autruche des prévisions qui n'eussent été que des conjectures. Eh bien ! nous avions tort, et M. Chagot a été heureusement inspiré par le désir de soute- nir une industrie dont il lui appartenait mieux qu'à personne de se faire l'honorable patron. Depuis deux siècles, plusieurs centaines d'Autruches avaient été amenées en Europe, et qu'en avait-on obtenu? Une multitude d'œufs, mais pas même un seul poussin. Et voici qu'aujourd'hui, en Algérie, dans la Pépinière du gouvernement; en Italie, dans le beau jardin zoologique de notre confrère le prince Démidoff; en Espagne, dans le parc d'acclimatation de la Reine, l'Autruche, privée et déjà presque domestique, pond, couve et élève ses petits. Déjà même commence à Alger une seconde génération par les soins de M. Hardy, qui n'a plus qu'un pas à faire pour conquérir le prix Chagot, comme déjà notre confrère a mé- rité, en 1859, par ses belles acclimatations végétales et ani- males, une des grandes médailles d'or de la Société. (1) Notre honoral)lc ronfrère, M. le dncleur Gosse, élait presque le seul qui soutînt ropiniou roniraire. (Toy. 7?»//^'/ m, années 4856, 1857 et 1858.) SUR LES PRIX SPÉCIAUX ET LES PRIMES. XLK Tel a été, Messieurs, le pouvoir d'une noble pensée et d'un acte généreux ; une des plus belles expériences d'acclimatation qui pussent être tentées, a résolu, en moins de quatre années, le problème prétendu insoluble; et l'on peut l'affirmer aujour- d'hui : l'Autruche peu4, être domestiquée, et elle le sera pro- chainement, au moins dans le midi de l'Europe. Après le prix Chagot pour la domestication de l'Autruche sont venues les primes de M. Davin pour la propagation du Mouton Graux-Mauchamp, et de M. Sacc pour l'améhoration de la Chèvre d'Angora : deux animaux également précieux par leurs belles et soyeuses toisons ; et, dans notre industrie, futurs rivaux, que la Société saura faire vivre et prospérer l'un à côté de l'autre, sous une protection assidue et impartiale. Tous deux, en effet, n'ont-ils pas des droits égaux à occuper, entre toutes les espèces que la Société cherche à répandre, des places privilégiées? Si le Mouton Mauchamp, sorti de notre sol, est un des plus précieux dons de notre pays au reste de l'Europe, la conquête de la Chèvre d'Angora a été le premier grand résultat des efforts de la Société, le premier acte par lequel elle se soit pour ainsi dire affirmée eUe-même.On dou- tait alors de notre institution, de sa vitalité, «de son avenir ; l'introduction d'un grand troupeau a montré jusqu'où nous pouvions atteindre : comme le philosophe grec, nous avons prouvé le mouvement en marchant. La création de la race ovine à laine soyeuse a précédé de plu- sieurs années la fondation de la Société, et cependantla Société a presque le droit d'être fière de cette belle œuvre agricole et industrielle. C'est un de ses membres, M. Graux, qui l'a com- mencée; c'est lui qui, d'un Agneau né à Mauchamp avec une toison d'une qualité exceptionnellement soyeuse, a eu la pensée d'obtenir une race nouvelle, et qui a su y parvenir. C'est un autre de nos confrères, M. Yvart, qui a aidé M. Graux à perfectionner sa belle création, et un autre encore, M. Davin, qui a donné à la laine soyeuse du Mouton Graux- Mauchamp la place qu'elle occupe aujourd'hui dans l'indus- trie. Vous avez tous vu. Messieurs, à la dernière grande expo- sition, les admirables étoflés fabriquées par M. Davin. Cette XX SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ÏOOLOGIQUE d' ACCLIMATATION. exposition même était le plus bel encouragement que notre confrère put donner à la propagation de la race de Mau- champ. Mais M. Davin a voulu faire plus : sans se laisser arrêter par la crainte, indigne de lui, de se créer un jour des émules et des rivaux, il a fait un appel direct aux agriculteurs de tous les pavs, par la fondation d'une médaille de 1000 francs, destinée à honorer le plus zélé propagateur du nouveau Mérino'; Heureuse de s'associer à cet acte généreux d'un de ses membres les plus dévoués, la Société s'est empressée de doubler la valeur de cette médaille, pour laquelle le concours reste ouvert jusqu'au 1" décembre 18(34. C'est aussi la propagation, mais surtout l'amélioration de la Chèvre d'Ânsora, qu'a voulu encourager M. Sacc ; la prime qu'il a créée'sera décernée à la plus lourde, par conséquent à la plus riche des toisons obtenues avant le 1" décembre 1862. Ai-ie besoin. Messieurs, de vous rappeler les droits parti- cubers qu'avait M. Sacc à se faire le promoteur d'améliora- tions destinées à rendre plus précieuse encore cette belle toison de soie blanche qui pare la Chèvre d'Angora ? Cette admirable race, dont nous avons aujourd'hui plusieurs trou- peaux en France, en .\lgérie, en Sicile, en Allemagne, ne serait pas plus sur notre sol sans la généreuse initiative de M. Sacc que sans l'appui et le concours d'un savant maréchal, habile à faire sortir des malheurs mêmes de la guerre le progrès des arts de la paix, et d'un autre illustre guerrier qu'on a appelé le Jugurtlia moderne. .Mais l'émir Abd-el-Kader ne sera pas seulement dans l'histoire un autre roi des Numides, lombe de son trône, captif des Romains, .lugurtha périt cruellement selon l'implacable maxime de ces temps : Malheur aux vamcus ! Va- «/c<*s.' Aujourd'hui le vainqueur honore sa victoire en respectant le vaincu ; et quelques années écoulées, le vaincu devient l'ami du vainqueur, et s'élevant au-dessus des préjuges nationaux et religieux, il s'unit à lui pour défendre la sainte cause de l'humanité, plus grand dans sa défaite qu il n eut jamais pu l'être dans ses triomphes. ,, ^ • Par la fondation des prix que je viens de rappeler, M. Davin et M. Sacc poursuivaient une œuvre qui, à plus d'un titre, était SUR LES PRIX SPÉCIAUX ET LES PRLMES. XXI déjà la leur. C'est celle d'un naturaliste qui n'est plus, d'un martyr toujours regretté de la science, qu'a voulu reprendre une dame, auteur d'une fondation toute récente dont la pensée vous touchera comme une heureuse et sainte inspiration de piété fraternelle. Ceux qui ont eu le malheur de survivre aux ohjets de leurs plus chères affections trouvent quelque adou- cissement à en orner les dernières demeures : sur les tombes consacrées, ils déposent des fleurs, ils suspendent des cou- ronnes. C'est un autre hommage, non plus pieux et plus pur, mais plus durable, qu'a désiré pour la mémoire du voyageur Pierre Delalande, sa sœur, madame Guérineau : des services rendus au nom de ce voyageur à la science pour laquelle il a vécu et pour laquelle il est mort, voilà la noble et impérissable couronne que madame Guérineau a voulu déposer sur la tombe de son frère, comme la plus belle et la plus digne de lui. Trente-huit ans se sont déjà écoulés depuis que s'est refer- mée sur Delalande cette tombe si religieusement honorée. Mais les services de ce voyageur ne sont pas de ceux que le temps efface. Successivement envoyé par le Muséum d'histoire natu- relle, pour en enrichir les collections, en Espagne et en Por- tugal en 1808, dans le midi de la France en 1813, au Brésil en 1816, dans l'Afrique australe en 1818, Delalande a su aller partout au delà des espérances qu'on avait mises en lui. On connaissait peu, avant lui, les productions du vaste empire brésilien ; Delalande y a fait de si riches moissons, qu'où il avait passé, ses successeurs n'ont plus trouvé qu'à glaner. Ce n'est encore là, cependant, qu'un des mérites secondaires de Delalande : son grand titre, celui qui en a fait le modèle, presque incomparable, des voyageurs naturalistes, c'est cette grande exploration de l'Afrique australe, faite, durant trois années, avec un courage, une énergie, un dévouement qui ne seront jamais surpassés. Quatorze mille animaux, déposés par Delalande, à son retour, dans les collections du Muséum, en sont encore aujourd'hui dans ce grand établissement l'éclatant témoignage ; parmi ces quatorze mille animaux, on comptait plusieurs l)aleines, et tous ces gigantesques animaux dont la terre africaine, cette yx/^;7C(/e5 monstres, conmic Tap- XXII SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. pelaient les anciens, est le lieu privilégié. Voilà ce qu'a fait Pierre Delalande, n'ayant d'autres aides qu'un entant, son dii^ne neveu Jules Yerreaux, alors âgé de douze ans, et quel- ques Hottentots toujours prêts à déserter leurs postes quand les hasards de la chasse devenaient trop semblables aux périls de la guerre. Dans les nombreuses excursions de Delalande à travers l'Afrique australe, que d'incidents, que d'épisodes! Et dans ces incidents, que décourage, de sang-froid, d'énergie! Plu- sieurs fois, Delalande s'avance, pour atteindre un animal rare, jusqu'au campement des Cafres, engagés alors dans une guerre à mort contre les Anglais, c'est-à-dire sans distinction, contre tous les blancs. Un jour, un Hippo|)otame, blessé d'un premier coup de feu, s'élance sur Delalande ; l'intrépide chasseur tire, le colosse tombe mort presque sur lui : c'est le premier indi- vidu bien conservé qu'aient reçu nos collections. Dans une autre lutte non moins périlleuse, celle-ci contre un Pdiinocéros qui est devenu, lui aussi, une des richesses de nos galeries, un cheval s'elïraye, s'emporte, renverse Delalande ; il a la clavicule cassée, et n'en continue pas moins, le bras en écharpe,ses excursions et ses travaux. Dans une autre chasse, celle-ci bien innocente, dans une chasse aux Insectes, un danger, plus grand i>eut-ètre, menaça Delalande : sa main, abaissée pour saisir un Papillon, s'était posée sur la tète d'une Panthère qui, tapie sous le feuillage, guettait sa proie. Chacun des deux chasseurs recula aussitôt de quelques pas ; mais le seul effravé, ce fut la Panthère. Delalande, mainte- nant son fusil en main, revint aussitôt sur elle pour l'ajouter à sa collection; mais l'animal n'accepta pas le combat, il bondit, et disparut dans l'impénétrable forêt. Légère décep- tion pour Delalande! Mais, en d'autres occasions, que de regrets ! Une tempête violente s'élève un jour tout à coup, et les flots en furie, roulant sur la plage, entraînent une énorme Baleine préparée par Delalande au prix de six semaines des plus durs labeurs : elle eût été la quatrième de sa grande col- lection ostéologique. Gomment les ressorts de la vie ne seraient-ils pas brisés par SLll LES PRIX SPÉCIAUX KT LKS PlUMES. XXlll des travaux si rudes, si pleins de périls, si manii'estemeiit au- dessus des forces humaines ! Des jours ainsi employés ne valenl-ils pas des mois ! Delalande était parti plein de jeunesse et de santé; quand il revint du Cap, à peine âgé de trente- trois ans, il penchait déjà vers la tomhe, où devaient descendre avec lui une partie des fruits de son mémorable voyage : ses souvenirs; ses innombrables observations sur les mœurs des animaux ; ses études géographiques sur les régions encore si peu connues où il avait pénétré. Delalande n'a publié qu'une relation sommaire de son voyage : sa mort prématurée a privé la science du livre qui devait être le véritable monument de cette noble victime de la science. Les services rendus par les voyageurs n'ont été, dans aucune Société, plus honorés que dans la nôtre, et il devait en êire ainsi ; ils n'ont pas seulement des droits à notre estime, à notre sympathie, ils en ont à notre reconnais- sance. Sans leur concours, le mouvement de la Société s'arrê- terait bientôt. Aussi est-ce pour les voyageurs, et même pour eux seuls, qu'elle a créé dans son sein ces titres de membres honoraires dont elle a fait ses plus hautes récompenses. Si Delalande eut vécu, son nom eût été, sans nul doute, un des premiers dont nous aurions paré notre liste. La fondation de madame Guérineau nous donne pour ainsi dire le droit de l'y inscrire après coup. Au moins f.era-t-il gravé sur la grande médaille d'orque vient de créer la digne sœur dô Pierre Dela- lande, et qui, d'après ses intentions, doit être décernée par la Société au voyageur qui, depuis l'origine de notre institu- tion, aura rendu le plus de services aux sciences dans l'ordre de nos travaux, et dans une des deux parties du monde, l'Afrique et l'Amérique, à l'exploration desquelles reste si honorablement attaché le nom de Delalande. La fondatrice a exprimé, en outre, le vœu que la Société prît plus particuliè- rement en considération les services rendus « au point de vue de l'alimentation de l'homme. » Le Conseil d'administration de la Société, en acceptant la fondation dans ces termes et en faisant de la grande médaille d'or de madame Guérineau une des récompenses à décerner le 10 février ISO'2, a décidé qu'elle porterait le nom de XXIV SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATlU.X. Médaille Delalaxde. Nous avons cru ne pouvoir mieux en rehausser le prix. Le Conseil a voulu aussi qu'en annonçant clans cette séance la fondation de la médaille Delalande, on rappeLàt les princi- paux senices rendus à la science par l'intrépide explorateur du Brésil et de l'Afrique australe. Je remercie mes collègues de m'avoir désigné pour ce pieux devoir ; d'autres l'eussent mieux rempli, mais non avec plus de conviction, de sympa- thie et de respect pour une mémoire qui m'est particulière- ment chère. Je viens de vous parler, Messieurs, de la reconnaissance que nous devons aux voyageurs : c'est par leurs soins que de nou- velles espèces animales et végétales viennent sans cesse prendre place à côté de nos anciennes richesses. Mais que devien- draient ces dons précieux, si, une fois sur notre sol, ils ne recevaient des soins assidus et intelligents ? La science doit diriger ces soins, mais elle-même y échouera si, après qu'elle a bien commandé, on lui obéit mal. Et de même que le plus habile tacticien ne saurait se montrer bon général s'il n'a de bons soldats, il n'y a pas, en acclimatation, de bon expérimen- tateur sans de bons aides. De là, Messieurs, à côté des mé- dailles et des mentions honorables que vous décernez chaque année, les primes instituées par un des articles de votre Règle- ment pour les personnes « qui auront concouru par leurs soins au but que poursuit la Société. » Après l'esprit qui conçoit et ordonne, la main qui exécute; et dans nos séances annuelles, l'une a toujours eu aussi bien que l'autre sa part dans nos encouragements ; et l'assemblée n'a pas manqué de la lui faire aussi dans les applaudissements par lesquels elle veut bien doubler le prix de nos modestes récompenses. Dans un sentiment auquel elle s'associera de même, un anonyme dont je puis dire seulement qu'il est un de nos plus vénérés confrères, a voulu aussi encourager ces bons soins donnés aux animaux, sans lesquels tous nos efforts n'abouti- raient qu'à des échecs et à des déceptions. Le généreux ano- nyme a fait don à la Société d'un capital de six mille francs qui a été aiVecté, selon les intentions du fondateur, à l'acquisition d'une rente perpétuelle de trois cents francs, et à la constitu- SUK LKS PUIX SI'KCIAUX ET LES PRIMES. XXV lion de deux primes, de deux cents et de cent francs, qui seront annuellement décernées aux employés les plus méritants de notre Jardin zoologique du Bois de Boulogne et des autres établissements, soit français, soit étrangers, où l'on s'occupe aussi utilement de l'acclimatation des animaux et des végétaux. La prime de deux cents francs est spécialement attribuée aux gardiens et aux jardiniers du Jardin zoologique. Ces disposi- tions vont recevoir pour la première fois leur exécution dans cette séance, où nous remettrons, au nom du fondateur, à des emplovés de notre Jardin et du Muséum d'histoire naturelle, les deux primes qu'ils doivent à la libéralité de notre confrère. Pourquoi faut-il que leur reconnaissance ne puisse rem.onter jusqu'à la source d'où leur sont venues ces récompenses? Ils en seraient bien plus touchés encore, et bien mieux encoura- gés pour l'avenir, s'ils savaient quelle noble et simple vertu se cache ici sous le voile de l'anonyme ! En fondant ces primes annuelles, le confrère dont je res- pecte malgré moi la trop grande modestie, avait émis le vœu que, pour la première fois, une d'elles récompensât les bons soins donnés aux Yaks ramenés d'Orient par M. de Montigny. On pouvait voir dans cette désignation un premier hommage indirectement rendu à notre éminent consul général en Chine ; et lorsque, bientôt après, la proposition nous fut faite de con- sacrer le souvenir de ses immenses services par une médaille frappée en son honneur au nom de la Société, il ne fut pas bien difficile de deviner la filiation de cette noble pensée : la libéralité du don qui nous parvenait en même temps désignait assez le même généreux confrère. C'était lui, en effet, mais toujours retranché contre notre juste reconnaissance, der- rière un anonyme invinciblement gardé ! La pensée d'honorer M. de Montigny dans le sein de la Société n'est pas nouvelle. Loin de là, elle est aussi ancienne que la Société elle-même. Le premier nom qu'on ait prononcé dans son sein, pour rendre hommage à des services dès lors considérables, c'est celui de M. de ^lontigny ; la première pro- position qu'elle ait reçue, est celle d'inscrire ce nom respecté en tète de la liste des membres honoraires, et son premier XXVI SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZUOLOGIQUE D ACCLIMATATION. acte, le vote unanime qui accueillit cette proposition. Et il était juste qu'il en fût ainsi, car, comme l'avait dit notre savant vice-président, M. Richard (du Cantal), digne interprète des sentiments de tous ses confrères, M. de Montigny était le géné- reux devancier de la Société ; il avait entrepris seul ce que nous allions entreprendre tous ensemble; et de plusieurs de nos espérances il avait déjà fait des réalités. Depuis, Messieurs, de même que M. de Montigny n'a cessé de rendre à la Société de nouveaux services et de mériter du pays par de nouveaux bienfaits, vous avez bien voulu lui rendre à plusieurs reprises de nouveaux hommages. Vous lui avez extraordinairement décerné, quoique membre honoraire, une de vos grandes médailles d'or; vous avez donné à son portrait une place d'honneur dans la salle de vos séances ; et nouvel- lement encore, il y a moins d'un an, vous l'avez élu par 352 suffrages, membre de votre Conseil d'administration, où vous saviez tous qu'il ne pourrait siéger, car sa santé avait fléchi sous le poids de son dévouement ; mais où vous com- preniez que le nom de M. de Montigny, au défaut de son con- cours, serait déjà, à lui seul, un appui et une force en même temps qu'un honneur. Vous avez fait, en un mot, tout ce que vous pouviez pour honorer M. de Montigny ; mais ce tout était bien peu pour de tels services, et nous le sentions tous, nous restions les débi- teurs de M. de Montigny. La médaille qui va être frappée, selon la généreuse propo- sition que j'ai tout à l'heure rappelée, et que vous avez adoptée, le fx janvier, par un vote unanime et avec la plus vive sympa- thie, acquittera du moins une partie de notre dette. Rien n'a été néghgé pour que cette médaille, déjà en cours avancé d'exécution, fût digne de celui dont elle portera la glorieuse effigie, et de la Société dont elle doit à jamais consacrer la reconnaissance. Pour présider à l'exécution de la nouvelle œuvre d'art, le Conseil a institué une commission où l'art a pour représentant notre illustre confrère Horace Vernet, dont les autres membres sont MM. Agron de Germigny, Pelouze, Richard (du Cantal) , Ruffîer, et dont le président est M. Drouyn SUR LES PRIX SPÉCIAUX ET LES PRIMES. XXVII de Lhuys. Le Conseil s'est félicité de pouvoir placer à la tête de la Commission le ministre lui-même, qui, en nommant M. de Montigny consul à Chang-haï, avait ouvert devant ses pas une carrière si noblement parcourue. Puissent les minis- tres avoir souvent la main aussi heureuse ! Plusieurs artistes distingués se sont présentés à la Commis- sion chargée de la médaille ; son choix s'est porté sur M. Alphée Dubois, grand-prix de Rome, qui avait des titres tout parti- culiers aux préférences de la Commission. Il est l'auteur, entre autres travaux, de la médaille que la Société distribue chaque année à ses lauréats, et dont l'heureuse composition et l'habile exécution ont été également appréciées. Rappeler cette médaille si bien réussie, c'est dire assez ce que sera la nouvelle œuvre d'art, et je pourrais dire déjà ce qu'elle est; car M. Dubois l'a déjà en partie exécutée, et avant deux mois elle sera achevée. La face principale portera le profil de M. de Montigny, et le revers une inscription commémorative de la reconnaissance de la Société. Autour de l'inscription sera placée, au heu des emblèmes ordinaires, une guirlande for- mée des principales plantes introduites par M. de Montigny, et particulièrement d'Igname, de Sorgho et de Chêne de Mant- chourie. Heureux qui a pu se tresser à lui-même une si belle couronne civique! Que d'autres titres encore il eût faUu pouvoir rappeler ! Mais une médaille n'est pas le piédestal d'une statue ! En m'arrêtant ici , Messieurs , que mes derniers mots soient l'expression d'un sentiment qui, j'en suis certain, est ici dans tous les cœurs : celui de notre reconnaissance pour le donateur anonyme dont la solhcitude, aussi éclairée que généreuse, s'est tour à tour portée, pour les récompenser, sur les plus modestes services, et pour les honorer, sur les plus grands. Cher et vénéré confrère et ami, au nom de tous je vous remercie : et je vous remercie sans vous nommer, puisque vous le voulez ainsi ; puisque votre modestie m'arrête sur le seuil de cette simple et douce retraite dû il vous plaît, selon l'expression d'un de vos poètes favoris, de vivre obscur et ti'anquihe à l'ombre : lentus in umbra. RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ IMPÉRLVLE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION PENDANT l'ANNÉK 18G0, Par M. Auguste DU^IÉRIL, Secrétaire des séances. Messieurs , Parmi tontes les sciences dont l'étnclc est ofTertc à l'activité de l'esprit lunnain, même parmi les plus abstraites, il n'en est aucune dont nous ne puissions dire avec un savant physicien de notre époque : « Aimons, cultivons ces belles sciences dont les résultats su])1imes améliorent le sort de l'homme, élèvent sa pensée, étendent sa puissance sur la nature : conquêtes pai- sibles qui sont communes à toutes les nations (1). d Quelle science, en vérité, quand on considère son utilité pratique, ne mérite un semblable éloge? ^( Chacune, selon les expressions de notre illustre président, a en propre ses appli- cations, et par Là même sa mission et pour ainsi dire sa fonction sociale. C'est à la mécanique, à la physique, à la chimie appli- quée , c'est aux arts mécaniques , physiques , chimiques , qu'appartiennent la construction et l'arrangement de nos demeures, les voies et moyens de transport, l'échange de la pensée à travers l'espace. Au contraire, dans le domaine des applications de l'histoire naturelle, des arts agricoles, se place tout ce qui se rapporte au vêtement et à l'alimentation. C'est l'histoire naturelle, en effet, dit-il encore, ([ui, faisant l'inven- taire des innombrables espèces dont le globe est peuplé, y (1) J.-B. Biot, Discours sur l'esprit d'invention et de recherche dans les sciences^ lu dans la séance publique de Tlnstitut, le 3 janvier 18 lu {^lé- lanijes scientifiques et littéraires, t. II, p. 95). RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. XXIX découvre et désigne celles qui peuvent nous être utiles; et c'est l'agriculture qui les multiplie sur notre sol, crée ces sul)stances alimenlaires et ces matières textiles qu'il appar- tient ensuite à l'industrie de mettre en œuvre, et au commerce de distribuer parmi les nations (1). » Favoriser, étendre, accroître les progrès de cette science pratique : tel est le but que se propose et que poursuit avec une infatigable ardeur et avec un succès toujours croissant la Société impériale zoologique d'acclimatation, dont j'ai l'bon- neur de venir vous exposer aujourd'hui les travaux. Avant de commencer le récit sommaire de ses nouveaux efforts, qu'il me soit cependant permis , dans cette solennité consacrée aux triomphes de la science appliquée à l'extension des arts économiques, agricoles et industriels, de rappeler que notre Société n'a jamais voulu et ne pourra jamais séparer les essais pratiques des études théoriques. Prenant pour point de départ les grandes vues émises par Buffon, dont elle n'oublie pas cette parole remarquable : « L'homme ne sait pas assez ce que peut la nature ni ce qu'il peut sur elle », la Société s'efforce donc, d'une part et avant tout, de mieux connaître les productions naturelles des diver- ses contrées du monde; puis, d'autre part, d'introduire dans les pays où elles manquent celles qui semblent appelées à y remplir un r(Me utile. La théorie et la pratique sont, par con- séquent , unies dans ses travaux, et elles doivent l'être par un lien indissoluble : vouloir le rompre, ce serait, dans la voie remplie d'écueils que nous parcourons , s'exposer aux plus graves mécomptes. Ainsi appuyée sur les données positives et fécondes de la science, notre Association, chaque année plus florissante et plus nombreuse, agrandit le cercle de son action , et pendant le cours de l'année qui vient de finir, elle a accompli une œuvre importante. Le Jardin d'essai, fondé sous les auspices et avec le concours (I) Is. Geoffroy Saiiit-Hilaire, Acclimatation et domeslicat ion des animaux ni i les, U' mu, 1861, p. 110. XXX SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. le plus actif de la Société, et situé, grâce à la munificence de FEmpereur, dans ui; vaste emplacement, au milieu des élé- gantes splendeurs du bois de Boulogne, a ouvert ses portes au mois d'octobre. Une foule de visiteurs , vraiment considérable pour une saison si avancée, a parcouru avec le plus vif intérêt ce somptueux établissement, déjà très riche, mais destiné à le devenir encore bien davantage. Tant d'espèces, en effet, dont il importe de tenter Facclimatation , doivent venir y prendre place ! Il en est sans doute beaucoup pour lesquelles il faudra d'autres conditions d'altitude ou de température et un genre de vie différent, si l'on veut en voir l'introduction parmi nous donner les résultats heureux qu'on est en droit d'en attendre. L'exemple offert par la ménagerie du Muséum d'histoire natu- relle, remarquable école d'acclimatation où se reproduisent avec abondance les Mouflons à manchettes, les Bubales, les Nilgaus, les Iléiniones, les Yaks, pour citer seulement quel- ques-uns des plus précieux mannnifères étrangers ; cet exem- ple, dis-je, permet d'espérer que plus d'un succès sera obtenu dans les parcs mêmes de notre Jardin (1). Pour ceux dont on ne })ourra cependant obtenir la possession complète que par leur séjour habituel sur des sommets élevés, nous avons déjà dans les Vosges, dans les Alpes et dans les montagnes de l'Auvergne, d'utiles auxiliaires. Sur le Cantal, c'est M. Richard, notre honorable vice-président, qui veut bien recevoir en dépôt dans sa ferme de Souliard un certain nombre (1) Pour tout cf! qui concerne la création de ce jardin, il faut consulter le Discours prononcé à Touverture de noti'e séance soionneilc du 10 lévrier dernier, par M. le Président, qui y a exposé le but que la Société s'est proposé en fondant cet établissement {Bulletin, 1860, p. x-xiv). En 1858, notre zélé et habile confrère, M. Fr. Jacquemart, qui a pris, comme membre du Comité de direction , la part la plus active à son ori^anisation , avait présenté à la Société, au nom du Conseil, un 1» apport laissant déjà prévoir ce qu'on pouvait attendre de ce Jardin d'acclimatation {Bulletin, 1859, p. 153 et l6Zi). Depuis, elle a été tenue au courant des progrès de cette importante annexe de notre œuvre par la publication d'extraits du procès- verbal de la séance générale des actioimaires du oO avril dernier {Id., 1860, p. t233), et du Ilapport lu dans cette même séance, par M. Jacquemart (7(/., p. 290). Voyez, en outre, le récit de l'inauguration, p. 519. RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. XXXI de nos Yaks et de nos Chèvres dWngora, et nous accorder le précieux concours de son expérience. A Nancy et à Gre- noble, ce sont nos Sociétés affiliées qui, presque dès l'origine, s'étant associées activement à nos travaux, ont vu prospérer, sous leur surveillance éclairée, les petits troupeaux confiés à leurs soins. Plusieurs de nos confrères, placés dans des localités favorables et dont les offres ont été acceptées avec reconnaissance chaque fois qu'il a été possible de satisfaire à leurs demandes, participent de même, et souvent avec succès, aux tentatives de naturalisation, objet des préoccupations con- stantes de la Société. Si certaines espèces animales ou végétales réclament impé- rieusement dfis conditions de climat que les parties même les plus méridionales de l'Europe ne peuvent leur offrir, les Comi- tés d'acclimatation de nos colonies, et particulièrement de nos vastes possessions du nord de l'Afrique , sont tout disposés à nous prêter leur utile coopération. Les précédents Rapports annuels ont déjà fait voir, et celui de cette année montrera une fois de plus la puissante efficacité de ce concours en Algérie (1). Cette année encore, des relations plus intimes se sont nouées avec la Guadeloupe, la Martinique et l'île de Cuba, grâce aux offres de service adressées par les gouverneurs de ces îles. Au nom d'une Commission chargée de rédiger des instructions pour les Antilles, M. le docteur L. Soubeiran a présenté un lumineux rapport (2) qui a été enrichi de savantes instructions météorologiques rédigées par M. Ch. Sainte-Claire Deville {Bulletin, 1860, p. 301); M. le docteur Piufz l'a complété par (1) Nous pouvons attendre aussi de bons résultats des efforts de l'Jnstitut é?;yptien récemment fondé à Alexandrie, et qui voudrait y établir un jardin destiné, comme nous l'apprend ]\I. le docteur S<:linepf, secrétaire de cet Insti- tut, à servir de station intermédiaire pour les animaux et les plantes du Sud à acclimater {Bulletin, 18G0, p. oZi7). (2) Ces Instructions ont été rédigées pour être transmises à nos éminents confrères S. Exe. le maréchal Serrano, gouverneur de Cuba, et M. le colonel Fréi)ault, gouverneur de la Guadeloupe {Bulletin, iS60, p. Zi9). Elles ont été ultérieurement transmises à M. Ilusson, directenr de l'intérieur à la Maiti- XXXII SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. un chaleureux appel en laveur de nos colonies (1). Il a forte- ment insisté sur cette pensée, émise par la Commission et dé- veloppée par elle , que la Société , tout en ayant beaucoup à attendre des Antilles, peut, à sontour, leur rendre d'importants services. Traitant la question en colon expérimenté, il a dé- montré que nous ne devons pas nous borner à introduire dans cette île l'Igname de Chine ou quelques autres espèces nou- velles, soit de végétaux, soit d'animaux; mais qu'il importe de témoigner d'un intérêt actif pour ses grandes cultures, et sur- tout par nos rapports avec les pays les plus divers, d'y aider à leur développement , et en particulier à la régénération des caféières (2). D'après l'accueil fait à son éloquent plaidoyer, M. Rufz a pu comprendre combien il avait utilement servi la cause de nos compatriotes d'outre-mer. Ce n'est pas seulement à nos colonies que nous avons à de- mander et à donner : nos relations doivent s'étendre sur tous les points du globe. Parmi ces relations, celles que le triomphe des forces réunies de la France et de l'Angleterre va permettre de nouer avec le Céleste Empire exerceront , on n'en saurait douter, la i)his heureuse influence sur la marche progressive de notre œuvre. Il importait de fournir des Instructions con- cernant les tnivaux de la Société à la Connnission scientifique instituée par le gouvernement ; puis à nos courageux mission- naires, au corps des officiers de marine et aux médecins atta- chés à l'expédition, qui ont, les uns et les autres, généreuse- niquo ot président de la cliambio d'agriculture de cette colonie {kl., p. 605), ainsi qu'à notre confrère INI. le docteur Jules Court, qui, ayant longtemps habité au\ Antilles l'île de la Trinidad, nous a adressé des olFres de service {W.,p. 605). (1) Annexe au Jktpport de la Commission des Antilles (Bulletin, 1860, p. 53). ('2) En étudiant avec son habileté ordinaire les causes de la maladie des Caféiers, notre confrère M. Montagne contribue, pour sa part, à la réalisa- tion des vœux formés par ^I. lliifz. Voyez une lettre de ce savant botaniste relative à ce sujet et ù la maladie des Oliviers (Bulletin, 1860, p. 63-65), et pour la discussion qui a suivi la lecture de cette lettre, p. 103. RAPPORT SUR LES TRAYAl'X DE LA SOCIÉTÉ. XXXIII mentofTerl leurs services (1) {Bulletin, 1860, p. 96, 161, 363 et Zi22). Se hâtant donc de compléter et d'étendre beaucoup un pre- mier travail {Bulletin, 1857, p. 215), la Commission choisie dans votre sein a présenté , dès le mois de mars dernier, un long rapport (2) pour la rédaction duquel elle a puisé aux meil- leures sources, en faisant appel aux lumières de ceux de nos confrères qui ont visité la Chine (3). Insister ici sur les espé- rances que peut faire concevoir, môme à notre point de vue, la libre circulation des Européens à travers ces vastes contrées, serait inutile. VYak [h)\ \e Sorgho sucré {b), ou Canne à sucre (1) Pour le nord de la Chine et pour la Tartarie, des Instructions ont été remises à nos confrères ;\LM. Louis d'EiclUhal et le docteur iMeynier, qui entre- prennent une exploration de ces contrées {Bulletin, 1860, p. 598 et 606). (2) Bulletin, 1860, p. 113, 173 et'iûO. Dès le début de ce Rapport habi- lement rédigé par M. Joseph iMichon, on peut voir, d'après les noms des hauts personnages, chefs de service dans la flotte et dans Farmée, qui y sont cités, quel appui doit trouver en eux la Société, dont ils font presque tous partie. (3) Parmi ces confrères, il faut citer, comme ayant pris une part active aux travaux de la Commission, MM. le vice-amiral comte Cécile, le capitaine de vaisseau S. de Maisonneuve, de Montigny, Léon Pages ei Natalis Rondot. (li) Voyez une très intéressante Note de M. Tabbé Fage , missionnaire apostolique au Tibet (province de Bunga), sur VYcik et sur les beaux et utiles produits qu'il donne par son croisement avec le Bœuf ordinaire du pays, ou Zébu {Bulletin, 1860, p. 209). M. le Président, dans la séance du 9 mars, a corroboré les observations de M. Fage par quelques remarques sur les bons services que rendent les métis dont il s'agit {hl., p. 170). En France, on se félicite déjà de la possession de métis d'Yak et de Vache (/(/., p. 352 et Zil7). De plus, M. le Président a appelé l'attention sur l'allongement du poil des Yaks depuis leur arrivée en Europe. Au reste, il vient de donner une histoire complète de leur intro- duction et des observations qu'on a faites sur ces animaux {Acclimatation et domestication des animaux utiles, U'' édit., 1861, p. 277-296). (5) Dans l'avanl-dernicr rapport anmiel, en énumérant les pays où cette plante est maintenant cultivée hors de France, je mentionnais en particulier les succès obtenus en Sicile {Bulletin, 1859, p. xmii). Une Lettre adressée à M. le Président par notre honorable confrère, M. le baron Anca, montre combien a réussi cette introduction que lui doit son pays, et jusqu'à quel point l'industrie, grâce à lui et à M. Atanasio, sait tirer parti du jus de cette plante pour remplacer, dans la fabrication dos vins dits de Alarsala, le moiil cuit qu'on T. VIII, 18GI. — Séance publique. c XXXIV SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. du nord de la Chine ; V Igname (1) ; les Nerpruns ("2 ), qui four- nissent le magnifique et inimitable vert de Chine ; le Bambou mélange au mont naturel pour en augmenter la fermentation. Une ingénieuse machine permettant une extraction rapide et complète du sirop, on peut espérer, si Ton panient à remplacer complètement par ce sirop le moût cuit, une augmentation de 31680 000 litres dans la production des vins. (Voyez pour plus de détails sur ce sujet intéressant : Bulletin, 1860, p. 395-398, ZilO, ei Bulletin^ 1861, Rapport sur les récompenses, p. lxxix.) Des détails très satisfaisants sur sa culture dans la région nord-est de la France ont été présentés dans la séance générale de la Société d'acclimatation de Nancy (Bulletin, 1860, p. 299). — La maturité des graines a été obtenue en Alsace par madame David lUchard, veuve de notre regretté confrère de Stephansfeld (/(/., p. 22A). :M. le docteur Sicard, qui a étudié avec un soin tout particulier la culture du Sorgho sucré et a su en tirer de nombreux et utiles produits industriels (Bulletin, 1857, p. xli etL\xvni),a soumis à une culture attentive et à des essais propres à en faire apprécier l'utilité au point de vue de l'industrie, le Sorgho oraine chocolat, introduit en l-'rance par feu notre savant confrère M. Vilmorin. Il résulte des recherches de INL Sicard, que cette plante semble pouvoir rendre quelques services, mais elle ne contient pas de sucre (Bulletin, 1860, p. /i^9-Z|53). Voyez, en outre, pour l'histoire des progrès accomplis dans la culture du Sorgho a sucre, le llapport annuel sur les travaux de 1859 (Bulletin, 1860, p. XLIV). (1) La culture de cette plante est continuée avec succès dans un grand nombre de points, et en particulier chez ]M. Rémont, de Versailles, qui l'a entreprise sur une vaste échelle (Bulletin, 1860, p. 123). Elle réussit au nord de la France, comme on en a eu la preuve par une communication de M. Aug. Berdin, de Vic-sur-Aisne, laquelle a motivé, de la part de M. le Président, des remarques conlirmatives du fait annoncé par notre confrère (Id., p. Z|2). Différents cultivateurs continuent leurs tentatives pour arriver à obtenir des Ignames qui s'enfoncent moins profondément dans le sol. Des observa- tions ont été présentées sur ce sujet par ]M.M. David, le docteur Aube (Id., p. 608) et par M. Célestin Vigneron (M, p. 21.3 et 275). Frappé de l'élégance du feuillage, M. le docteur Sacc en a proposé avec raison la culture connue plante d'ornement, là où manqueraient les conditions nécessaires pour son emploi agricole (Id., p. 283), (2) M. Delisse, à qui ses succès dans la culture de ces précieux Bhamnus ont valu, l'an passé, une médaille de première classe (Bulletin, 1860, p. xcii), a si bien continué cette année, qu'il considère ces végétaux comme acquis à la France ; au moins, dit-il, dans le département de la Gironde (/(/., p. 607). Un récit de ses persévérantes tentatives a été donné par notre RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. XXXV des provinces septentrionales (1), et en particulier l'espèce comestible, ainsi que les plantes alimentaires déjà naturalisées sur notre sol (2) : toutes ces précieuses acquisitions, dues à' notre éminent confrère M. de Montigny , ne sont-elles pas le garant de conquêtes nouvelles? La Chine, à son tour, n'a-t-elle pas à attendre, pour Tac- habile confrère (/c?., p. lZi3). Nous devons à un autre de nos confrères, M. Brierre, de Riez (Vendée), qui ne néglige aucune occasion d'enrichir l'album qu'il compose pour la Société avec un zèle et im soin si dignes d'éloges, un beau dessin représentant cette plante et des détails intéressants sur sa, réussite dans cette culture nouvelle (p. oû9, ZiH et 602, et 1861, p. lxxviii). (i) Ces Bambous réussissent très bien en Algérie, et devront, selon les prévisions de Al. Hardy, donner également de bons résultats en France, où il en a envoyé à deux reprises {Bulletin, 1860, p. 222 et 27û). Ces espé-' rances, en effet, se confirment ; on le sait par une communication de M. Clo- quet, notre savant confrère, qui en a entrepris la culture dans son domaine de La Malgue près Toulon (Ici., p. 358), et par une lettre de AL de Alon- tigny où il fait connaître les succès obtenus à Marseille par AL Lucy, et donne de nouveaux détails sur les emplois variés auxquels les Chinois font servir leurs Bambous (/d,p. 11). (2) Tels sont le Pou-ha-thé e\.\e Ca-t-se de Montifiny, Sicard, qui contient un principe amer appelé peut-être, selon l'opinion de notre habile confrère de Aiarseille, à faire un jour concurrence au Quinquina {Bulletin, 1860, p. Zi53-Zi56) ; les Pois oléagineux {Id., p. 22^), dont le feuillage, suivant une remarque de AL Laurence, semble devoir fournir un excellent fourrage (if/., p. 165). A Tours, différentes plantes rapportées de Chine par AL de Alontigny ont donné des résultats très satisfaisants, sur lesquels AL Robert Barnsbey, direc- teur du Jardin de cette ville, a envoyé des détails (W., p, 155). Al. le professem- Alartins, de Alontpellier, membre de la Société, qui a vu fleurir VEuryale ferox de Chine, plante aquatique voisine du magnifique Victoria regia, a présenté, à l'occasion de cette floraison en pleine terre, des considérations intéressantes sur renrichissement possible de la flore horticole du midi de la France, par l'acquisition de belles plantes aquatiques dont lat culture, d'après des motifs qu'il énumère avec soin, ollrc des conditions favo- rables pour la naturaHsation (/<:/., p. 552-555). iNotre confrère AL le comte de Caudaux a fait mention d'un Asclepins qui est employé en Chine aux mêmes usages que le Chanvre, et dont les longues tiges lui semblent propres à donner une filasse de qualité stipérieure à celle qui provient de cette planta {Id. , p. o55). Quant à VOrtie blanche, si bien étudiée par M. le professeur Decaisne, elle a t'té, cette année, robjet d'une Notice scientifique très intéressante, pré- XXXVI SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQl'E d' ACCLIMATATION. croissement de ses richesses agricoles, de sérieux bénéfices des rapports que la paix ne tardera sans doute pas à établir entre elle et les diverses nations? Qui pourrait d'ailleurs méconnaître les heureuses consé- quences de ces dons réciproques des peuples se cédant mu- tuellement les produits de leur sol? Voyez, en effet, ce qui se passe en Australie. Un Anglais, dont cette terre est devenue la patrie d'adoption, M. Ed. ^Yilson, défendant avec une convic- tion énergique l'utilité du système des échanges d'animaux et de végétaux dans ses plus larges limites, s'efforce, pour sa part, de mettre ce système en pratique entre l'Angleterre et la Nouvelle-Hollande (1). Notre honorable secrétaire général vous semée par notre confrère M. A. Diipuis, qui s'est attaché a montrer quelles sont les conditions nécessaires au succès de la culture de ce précieux végé- tal (/rf., p. 205-208). — Voyez, en outre, sur les moyens les plus conve- nables à employer pour sa transformation en filasse, les observations de M. Terwangne, de Lille (p. Zi09 et /i27). VOrtie blanche a très bien réussi entre les mains de l'un des membres de la Société, M. Daudin (p. lO/i). Kous avons d'ailleurs reçu directement de Chine de très utiles renseigne- ments sur cette plante, par les soins de monseigneur Chauveau, évêque de Sébaslopolis, de la mission du Yûnnàn (p. 3/ii), et du révérend père Ber- trand, missionnaire apostolique du Sutchuen (p. 2(i3). Après les plantes de la Chine, il convient de parler de celles du Japon. Ainsi, la Renouée de Siebold [Polygonuni Sieboldii) a donné, avec une cul- ture très facile, de prompts succès à M. Belhomme, conservateur du Jardin des plantes à Metz, qui, comparant ses tiges à celles de V Asperge et ses feuilles à celles de VOseille, la considère comme un nouveau et très bon légume à ajouter à nos plantes économiques. Dans un terrain humide, elle pourrait, dit-il, devenir un fourrage (p. ZiOô). Le Citronnier du Japon {Citrus japonica), sur lequel M. Sacc a donné des renseignements instructifs Tan passé {Bullelin, 1859, p. 322), a bien réussi entre les mains de M. le docteur Turrel {Ici., 1860, p. 165). Des Poires et des Coings du même pays, servant, les premières à parfu- mer, le linge et les autres pour la confection de gelées, ont été donnés par notre confrère et délégué M. C. Aguillon, avec d'autres fruits, comme échan- tillons des belles cultures quMl a instituées dans son domaine de l'Eygoutier près Toulon (p. 606). (i) Ce serait ici le cas de mentionner Jes échanges de plantes faits entre TAustralieet TAlgérie, parles soinsde MM. Ferdinand Mueller et Hardy {Bid- lelin, 1860, p. 222, /|69 et 518), si ces détails ne se trouvaient plus loin RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. XXXVII dira tout à l'heure , dans son Rapport sur les récompenses , quel dévouement infatigable ce confrère apporte à l'œuvre de l'acclimatation, et M. Wilson nous a raconté lui-même, dans une lettre très intéressante que renferme notre Bulletin de cette année (1860, p. /i29), ce qu'il a déjà fait et ce qu'il veut faire encore, maintenant qu'un Comité s'est établi à Londres (/c?., p. 616), pour l'introduction en Australie des espèces qui man- quent à cette grande île , dont les climats variés semblent de- voir se prêter merveilleusement à de semblables essais (1). N'est-ce pas là une très louable extension de notre œuvre dans la Grande-Bretagne, où, jusqu'à présent, les idées que nous cherchons à propager avaient eu un bien faible retentisse- ment, malgré les ressources immenses que lui fournissent ses nombreuses et riches colonies? Aussi n'est-on pas surpris d'en- tendre M. Wilson se plaindre de l'indifférence de l'homme pour l'accroissement des richesses que pourraient amener des tentatives incessantes de naturalisation. « Le Créateur, dit-il, nous a donné à profusion une infinie variété de bonnes choses et de magnifiques contrées pour les recevoir, mais il nous a laissé aussi la tâche de les distribuer, et cette tâche nous l'avons négligée comme de coupables barbares. » Félicitons- nous , Messieurs , d'avoir été les premiers à secouer cette tor- dans le Rapport sur les récompenses, à l'occasion du titre de membre hono- raire décerné au directeur du Jardin du gouvernement, à ^lelbourne {Bulle- tin^ 1861, p. LXiv). Outre les plantes qu'il envoie, M. Mueller promet des ani- maux (M., p. 566, 572 et 601). M. Pépin a lu, cette année, une intéressante Notice historique sur les acclimatations en Europe de plantes et d'animaux de l'Australie, dues aux naturalistes de l'expédition qui eut heu, de 1800 à 180^, sous le commande- ment du capitaine Baudin (W., p. 617, et Bulletin^ 1861, p. 1h). (1) A toutes les introductions mentionnées par M. Wilson dans la lettre citée plus haut, il faut joindre celle très digne d'intérêt qui vient d'y être faite. Nous savons, en effet, qu'on y essaye la culture du Coton dans les dis- tricts nord de la Nouvelle-Galles du Sud {Bulletin, 1860, p. 602). Au moment où l'industrie cotonnière peut craindre, par suite de l'état des affaires publiques aux Etats-Unis, de voir manquer les approvisionne- ments qu'elle tire des États du Sud, il n'est pas sans intérêt de savoir que sur la côte occidentale d'Afrique on a entrepris également de vastes planta- tions d'arbres à coton (/(/., 1860, p. 162). XXXVIII SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOIJ)GIQUE d'aCGLIMATATION. peur et cette singulière incurie devant un si vaste champ de travail, dont l'exploitation aurait pour résultat définitif l'amé- lioration, chaque jour plus désirable, du bien-être public. Et si, jetant un regard en arrière, nous voyons notre passé, qui compte à peine sept années, déjà si bien rempli cepen- dant, puis l'exemple donné par nous suivi avec tant d'empres- sement, ne craignons pas de montrer quelque fierté du rôle honorable que notre Société joue dans cette utile propagande. Cette année encore , nous avons fait de nouvelles tentatives à consigner dans ce Rapport. Ainsi, la culture des plantes étrani^ères continue à être l'objet de soins assidus de la part d'un grand noml)re de nos confrères. Avec un zèle dont le Conseil se plaît à les remercier ici , ils transmettent , à l'occa- sion des résultats obtenus, des Rapports qui, méthodiquement classés , constituent des documents précieux pour la vaste en- quête ouverte par la Société sur les plantes alimentaires, industrielles ou d'ornement dont notre sol pourrait être enri- cbi. Vouloir les énumérer ici, ce serait m'exposer à dépasser des hmitcs que je ne dois point franchir (1) ; mais si je réserve (1) Parmi ces végétaux , je dois surtout rappeler les Pommes de terre nouvelles. Pour celles de Sainte-AIarthe, notre agent général, M. Hébert, a joint à un historique détaillé de sa culture d'intéressants détails sur cette raca sauvage des Cordillères. Il a insisté avec beaucoup de raison sur la nécessité de la persévérance dans les exi)ériences tentées sur des végétaux nouveaux {Bulletin, 1860, p. i:i et 018). La Pomme de terre d'Australie est cultivée avec beaucoup de soin et aussi avec une grande persévérance par notre confrère M. David, ancien ministre plénipotentiaire, qui a plusieurs fois mentionné les avantages de cette race nouvelle pour notre pays {Ici., p. o5, i8(il, p. IxS, et au Rapport des récom- penses, p. LXXIX). M. le professeur Rostan a rendu compte de ses essais (W. , 1860, p. 619).. On aura peut-être de bonnes récoltes avec les produits des tubercules du Chili, du Pérou et de la BoUvie envoyés par M. Roehn. Diverses comnnmications sur les procédés les meilleurs à employer pour obtenir un bon rendement de notre espèce, et pour en prévenir la maladie, ont été faites par .AI. V. Chatel, membre de la Société (M, 1860, p. 215, 'i76, 356, Zi27 et 517). — Voyez en outre, pour les Pommes de terre, dans le Rapport sur les travaux {Id., p. xlv, note 1). Un savant botaniste, notre confrère M. Weddell, qui a hibité h Bjlivie,. en a rapporté des tîibfn'cules alinieiitiires, dont Tun, en p.irliculier, l'Ari-; RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. XXXIX ces détails pour les notes de ce Rapport , je veux cependant appeler en ce moment votre attention sur de nouveaux services que l'Algérie peut rendre à la France. Vous savez coma (Polijmnia ediilis, de la famille des Composées), lui semblerait pou- voir être introduit avec succès en Algérie. Voyez les détails qu'il a donnés à ce sujet {kl, 186u, p. 357). D'autres tubercules (Dioscorea aculeata et D. fasckulata, Roxb.) ont été envoyés de Pondichéry par jNL Perrottet, qui a exprimé l'espoir que les végétaux dont ils proviennent réussiront en Algérie {Ici., p. 222). La plante tuberculeuse de la famille des Aroïdées, dite Tayo, rapp<3rtée de Sumana (Cuba) par :\J. Gonst. Salles, continue à prospérer à Marseille par les soins de la Société d'horticulture, ainsi que nous l'a appris M. Lucy {Ici. , p. 3Zi9, et voyez aussi p. xliv, ù la noie). Les Cerfeuils à racines tuberculeuses {Chœrophylhim bulbosum et Cli. Prescottii, de Sibérie) ont produit un bon rendement entre les mains de M. P'oucher, jardinier de l'un de nos vice-présidents, ^1. le prince de Beau- vau {Ici., p. 517). Des Maïs nouveaux rapportés de r_Vmérique du Sud par MM. Grandidier frères, et cultivés avec succès aux environs de Paris par M. Grandidier père, ont donné lieu à une Note intéressante sur cette culture, qu'il a lue dans une de nos séances, et dans laquelle il a fait connaître l'emploi dejiou- veaux procédés industriels pour la mouture {Ici, p. 225). Le :\laïs attaqué par la maladie dite verdet, quand il entre pour une large part dans l'alimentation, peut-il être considéré comme cause essentielle de la cruelle maladie connue sous le nom de pellacjre? Telle est l'opinion déjà ancienne, et souvent combattue, que notre confrère M. le docteur Gostallat a soulevée cette année (p. 275), et qui a molivé une INote nouvelle de M. Grandidier (p. 3Zi9). Les fds de notre confrère ont, en outre, rapporté des graines de deux espèces dilTérentes de Ouinoa {Chenopoclium), dont il se fait une grande consonunation pour la nourriture de l'homme et des animaux près de la Paz en Bolivie. Ils en ont donné une certaine quantité à la Société, afin que des essais de culture pussent être faits {hl, p. 213;. M Sacc a montré, dans une -Notice détaillée sur l'Arracacha {A. escidenta) de la Nouvelle-Grenade, les avantages qu'on pourrait attendre de sa culture en Algérie (p. 275 et 556). Pour achever l'énimiération déjà si longue des plantes alimentaires dont on s'est occupé dans l'année qui vient de finir, je dois mentionner les Pois blancs (le Bohême, vantés par M. Sacc (p. 223) ; les Haricots beurre, très estimés à Montevideo et olïcrts par M. le docteur Vavasseur {Ici., p. 36) ; un Girau- mont de la J'Toride, donné par M. Guérhi-Méneville (p. 36) ; deux arbres à fruits comestibles, de l'Amérique du Nord : 1" le Chêne à gros fruits {Quercus macrocarpa, ^Villd.), qui prospère bien à Metz par les soins de M. Belhomme XL SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. d'ailleurs quelle sollicitude éclairée l'habile directeur de la Pépinière du gouvernement, notre confrère M. Hardy, apporte aux essais nombreux qu'il a déjà entrepris à la demande de la Société, dont la gratitude lui est depuis longtemps acquise. Ne peut-on pas espérer, par exemple, que notre belle colo- nie, dans toute l'étendue des versants septentrionaux des mon- tagnes qui forment la limite du Sahara et dans les nombreuses vallées que renferme le Tell, cette région des hautes teî^es, pavs fertile et non moins accidenté que les îles Canaries, pour- rait servir de patrie adoptive aux magnifiques et précieuses essences forestières de ces îles? Tel est le vœu exprimé par un de nos membres honoraires, M. Sabin Berthelot , vice-consul de France à Sainte-Croix de Ténériffe. Dans un style plein de charme , il nous a présenté un tai)leau séduisant des forêts autrefois si belles, mais au- (p. 607, et 1861, au Rapp. sur les ri^compenscs, p. lxxix) ; 2° un Châtaignier reconuTiandé par notre confrère M. E. Durau'I, nienibie de rAcadéniie des sciences de Philadelphie (M., 1860, p. 607) ; puis ï Amandier de Sibérie, bien étudié par AI. lîrierre, de Riez en Vendée (p. 213) ; enfin le Melon (féant, cultivé dans quelques oasis des steppes des Kirghiz, et les Melons d'Escla- vonie, dont des graines ont été offertes, les unes par M. le colonel du génie de Komaroff (p. 28û), et les autres par M. Fr. Kreuter, membre de la Société (p. 331 et ^11). Des graines de YAnona, cherimolia dont le fruit très rafraîchissant et fort estimé, est déjà cultivé en Espagne et aux Antilles, ont été adressées du Venezuela par notre confrère et délégué INI. de Tourreil, avec Tespérance qu'elles pourraient réussir en Algérie ou dans le midi de la France (p. 28^). L'attention de la Société a été fixée par M. Sacc sur une plante employée à la Guyane comme tonique et antichlorotique {Eniilia rigidula, DC), et dont UM. Vilmorin et Andrieux ont obtenu des graines (p. Zi95). Relativement à l'arbre à savon {Sapindus emarginata) dont il fut ques- tion devant la Société à plusieurs reprises en 1859 (/rf., 1860, p. xliii, à la note 1), de nouveaux détails ont été présentés par M. Loarer {Id., p. 156). On peut, nous a écrit M. Hardy, espérer de voir réussir à Alger une plante très utile, dite Wrightia tinctoria, envoyée de Tlnde par notre confrère M. llayes (p. 369). Une Note instructive a été lue par :\L Montagne à l'occasion d'un Lichen fixé sur les Manguiers, commun à Pondicluîry et employé comme le Wrightia pour la teinture. Ce Lichen a été dédié à notre savant confrère par M. Bélan- ger, qui Va nommî Ro:cella Montagnei (p. 1/|6). KAPPORT SUU LES TRAVAUX DE L\ SOCIÉTÉ. XLl jourd'luii presque complètement détruites, qui, avant l'occu- pation européenne, formaient une large bande de végétation sur le penchant des montagnes de ces terres fortunées (1). Sauver par une introduction prévoyante sur notre sol africain les Pins, les quatre espèces magnifiques répandues dans la zone des Lauriers, et une vingtaine d'autres essences propres, les unes à l'ébénisterie et à la marqueterie, les autres à la charpente et au charronnage, serait pour notre pays un bien- fait dont il jouira un jour, n'en doutons pas, grâce aux efforts persévérants de notre Association, qui a renvoyé l'étude de cette question si grave à la Commission permanente de l'Algérie. Après cet appel pressant de M. Berthelot en faveur de nos cultures forestières , il convient de mentionner ceux que nous ont adressés cette année MM. de Puibusque et Yalentin de Courcel. Énumérant l'un et l'autre les produits considérables que V Erable à sucre fournit au Canada et aux Etats-Unis, non- seulement pour la consommation intérieure , mais aussi pour l'exportation, qui en réclame à elle seule jusqu'à 30 et 40 mil- lions de kilogrammes, nos confrères s'étonnent à bon droit (1) Acclimatation en Algérie des principales essences forestières des îles Canaries (Bidletin, 1860, p. 192-20Zi). Les motifs sur lesquels noire confrère s"appuie en habile naturaliste, pour démontrer Topportunité de cette ntroduction et les chances de succès qu'elle présenterait, sont longuement développés dans cet intéressant mémoire. — Tout récemment, M. le baron G. de Dumast a, de nouveau, appelé Tattention sur ce sujet dans une lettre dont la Commission permanente de l'Algérie a été également saisie (/d, p. 608). Je dois ici, à l'occasion des Canaries, rappeler que S. Exe. le marquis de Corvera, ministre du progrès (de Fomento), en Espagne, et membre de la Société, a formé la résolution de réorganiser le jardin d'acclimatation de l'Orotava, l'une de ces îles. Voyez, à ce sujet, une lettre de ^l. Fr. ^Merino Ballesteros (/d., 1860, p. Zi22 et Û75), établissant qu'il faut faire remonter ù 1859 l'époque où l'heureuse initiative dont il s'agit fut prise par le ministre espagnol. Voyez, en outre, page 60u. A Madère également , d'uliles tentatives d'acclimatation pourraient être faites, aiui^i que le propose notre confrère, M. le docteur G. -A. .Mourào Pitta (/rf., p. 606). Déjà, M. Davies, membre de la Société, a entrepris, dans cette île et avec succès, la naturali ration de plusieurs végétaux du Brésil (/(/., p. 601). XLIl SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZUULOGIQUE d'âCCLIMATATION. que de vastes plantations de cet arbre n'aient pas encore été faites en France (1). Les lieux d'essai les pins convenables signalés par M. de Puibusque seraient les revers septentrio- naux des Pyrénées, des Alpes, des régions les plus froides de la Savoie, de l'Auvergne ou des Cévennes, et particulièrement les vallées de Barcelonnette , de Chamounix et de Briancon. M. Sacc, en joignant ses instances à celles de nos deux con- frères, émet l'opinion que l'Erable à sucre réussirait bien dans la basse Normandie et dans les plaines des bords du Rbin {Bulletin, 1860, p. 618). Une question d'un si liant inté- rêt réclame sans contredit une étude attentive. Aussi M. le Président en a-t-il confié l'examen aux soins d'une Commis- sion spéciale, à laquelle, en outre, il a soumis une proposition de M. Desplaces, dont le concoiu's, ainsi que celui de quelques- uns de ses amis du Canada, a été ofl'ert pour tout ce que la Société jugerait propre à favoriser l'extension de la culture de cet arbre sur notre sol (A/., p. 21 A) (2). D'autres arl)res encore, et qui sont originaires de contrées diverses , semblent appelés à réussir dans le midi de l'Europe ou même de la France : je veux parler de certains Palmiers sur lesquels un habile botaniste, M. Gh. Naudin, a appelé, cette année, votre attention. Ceux qu'il a désignés, s'écartant beau- coup de la région des tro})iques, berceau commun du plus grand nombre des espèces de la famille à laquelle ils appar- tiennent, pourraient trouver dans leur nouvelle patrie des con- ditions climatériques favorables, puisqu'ils croissent naturelle- ment au nord de la Chine , à de grandes hauteurs sur les flancs de l'Himalaya, dans certaines régions de l'Australie, dans la Nouvelle-Zélande et sur la côte de Natal, comparable au midi de l'Espagne. Les succès obtenus déjà à Kew, près de Londres , doivent encourager des tentatives destinées à enri- chir la flore européenne de ces arbres élégants et utiles. On y voit, en effet, deux pieds d'un Palmier {Chamœrops excelsa) (1) A. de Puil)usqiie, Sur l'Érable à sucre {Acer saccharinum) {Bul-^ lethi, 1860, p. 268), et V. de Courcel (Id., p. 590). (2) Le Jardin du I)ois de Boulogne doit à la générosité de madame la com- tesse de Montessuy une collection d'Érables à sucre {Bulletin, 1860, p. 609). KAPPOllT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. XLIII originaire de Chang-hai et de Tîle Chusan, et dus à M. de Mon- tigny, prospérer dans les beaux jardins de ce célèbre étabUs- sement, car ils ont, jusqu'à présent, passé plusieurs hivers en pleine terre, sans abri (1). Parmi les végétaux exotiques dont la naturalisation en Eu- rope offre une grande nnportance , il convient de signaler les Chênes , sur lesquels vivent , en Chine et dans l'Inde , les Vers à soie sauvages. C'est seulement après l'acclimatation de ces arbres qu'on pourra espérer dans notre pays la multiplication abondante d'espèces si précieuses. Rien, au reste, n'est négligé pour arriver à ce résultat. Ainsi, sur la chenille indienne {Saturnia Mylitta), dite Ver à soie des Jujubiers, car elle ne se nourrit pas exclusivement de feuilles de Chêne , mais re- cherche le Zizyphus lotus et accepte volontiers différents feuil- lages , des essais encourageants d'éducation en liberté ont été entrepris en Suisse par un sériciculteur très expérimenté, notre confrère M. le docteur Chavannes (Bulletin, 1860, p. IZiO) (2). Nous en avons reçu des cocons par les soins de l'habile direc- teur du Jardin botanique de Pondichéry, M. Perrottet, l'un de nos membres honoraires, qui a déjà souvent témoigné de son zèle éclairé pour le succès de notre œuvre (3) ; et M. Lucy, (1) Les indications fournies par M. Naudin sur les Palmiers se trouvent {Bulletin, 1860, p. 91-9Û) à la fin d'une Xotice sur les Cucurbitacées, où il sollicite le concours de la Société pour la continuation du travail auquel elle a décerné, Tan passé, une première médaille de seconde classe (Ici., p. xcii), et qui a pour but l'étude pratique des nombreuses espèces, souvent assez mal déterminées, de cette grande famille. Ce même botaniste a publié tout récemment un mémoire dont il a fait hommage à la Société, et dans lequel, sous ce titre : Serres et orangeries de plein air, aperçu de la culture (jéothermique, il expose un nouveau procédé de culture pour certains végé- laiLV exotiques, en vue de leur naturalisation horticole {Id., 1860, p. 609). (2) ]\1. Hardy a également élevé le Bombyx Mijlitta sur des Chênes en plein ail', à la pépinièreMu Ilamma (Rapport de M. Guérin-Méneville sur les Vers à soie exotiques. Bulletin, 1860, p. 9). (3) Bulletin, J860, p. 215, 223 et 285. Voyez, en outre, p. Zi3 et p. xlvi. Des essais dus à .AI. Vallée, gardien de la ménagerie des Reptiles au Mu- séum d'histoire naturelle, il résulte que cette espèce mange avec plaisir les feuilles de notre xVbricolier (Id., p. 77, note 1). Elle peut être nourrie avec d'autres feuilles encore, comme AL Chavannes l'a constaté (Id., p. iliO). XLIV SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLniAïÂTION. fils de notre confrère, a profité de son passage à Geylan pour nous en faire également un envoi (1). Relativement au Ver sauvage du Chêne propre à la Chine {Bombyx Pernyi), de nouveaux efforts viennent encore d'être tentés cette année , et les rapports qui vont s'établir avec l'ex- trême Orient, maintenant plus accessible aux Européens, nous permettront, on doit l'espérer, de voir s'accomplir une accli- matation objet des préoccupations constantes de la Société depuis son origine (2). (1) Bulletin, 1860, p. 350 et Zil3. Ce don a été fait par M. Liicy et par son compagnon de voyage, M. ZiU. Une histoire succincte des efforts tentés jusqu'à ce jour, en vue de l'accli- matation du Saturnia Mijlitta, a été donnée par :M. Isid. Geoffroy Sainl- Hilaire(^(:r7maf. et domestic, des anim. utiles, û^édiL, p. hhl-kh'd). 11 n'est pas sans intérêt de rappeler ici, avec notre confrère ^I. Nat. Ron- dot, les tentatives faites dès 1831 par feu le général baron de Feistliamel, habile entomologiste, et par M. Lamare-Picquot, pour introduire en Europe un Ver à soie très utile par la force de résistance de son produit, le Bombyx Paphia {Id., 1860, p. /il3). Les généreux ellbrts de M. Lamare-Picquot, auquel le Muséum d'his- toire naturelle est redevable de collections importantes, ont été mentionnés dans un passage remarquable de l'ouvrage cité de M. Isid. Geoffroy Saint- Hilaire (p. Zio6-/i38). Des envois intéressants de Vers à soie indiens, Asctio Selene et Âttacus Baninrji, ont été faits cette année par iVL le capitaine ïhom. Ilutton, qui habite Mussoore (Himalaya occidental). Il a adressé, en même temps, les graines des végétaux dont ces Vers se nourrissent. La seconde espèce, a-t-il dit, vivrait très bien sur le Ricin {Bulletin, 1860, p. 166). (2) Dès la première année de sa fondation, en effet, la Société avait adressé et abondanmient répandu un questionnaire sur les Vers à soie sauvages de la Chine {Bulletin, 185/i, t. I, p. 197). Voyez les détails que j'ai donnés sur ce sujet dans mon précédent Rapport {Id., 1860, p. XLVi), puis la Note détaillée de M. Guérin-:\Iéneville annexée au Rapport de la Commission spéciale pour la Chine {Id., p. 178). De nouveaux renseignements sur ce précieux insecte ont été fournis par monseigneur Chauveau, évèque de Sébastopolis, de la mission du Yûnnàn {Id., p. 169 et 362). Une demande de ces Vers à soie a été faite à MM. Louis d'Eichthal et le docteur Meynier, qui vont parcourir le nord de la Chine, et ont reçu, par les soins d'une Commission, des instructions spéciales (/(/., p. 598). Afin de compléter autant que possible l'historique de tout ce que la Société a déjà fait pour se procurer les Vers à soie sauvages du Chêne, je crois devoir RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. XLV Quant aux Vers à soie de l'Inde et de la Chine, qui vivent, l'un sur le Ricin, et l'autre sur le faux Vernis du Japon ou Ai- lante glanduleux, leur éducation se poursuit avec succès (I). Un grand nombre de nos confrères ont bien voulu nous prêter encore un concours dont l'année dernière déjà vous vous étiez plu à les remercier, vous associant ainsi aux sentiments de re- connaissance qu'avait exprimés notre savant confrère M. Gué- rin-Méneville dans une Note sommaire sur les travaux relatifs à l'acclimatation des Vers à soie exotiques (2). Cette année , les essais ont été continués. De nombreuses plantations d'Ailantes , dont l'exemple a été donné par S. M. l'Empereur dans le domaine impérial de Lamotte-Beuvron {Bulletin, 1860, p. xlvii et p. Zi3), permettront d'accroître la production du Ver qui vit sur cet arbre, et d'essayer sur une plus grande échelle les éducations en plein air. Déjà ces édu- cations ont donné des résultats satisfaisants entre les mains de M. le maréchal Vaillant, de madame Guérin-Méneville (3), de M. le comte de Lamote-Baracé (4), de notre agent général rappeler, outre les passages du Rapport annuel de 1860 qui y sont relatifs {/(/., 1860, p. XLVi), ceux que renferme le Rapport précédent (/c?., 1859, p. XXVI et xxvii). Voyez aussi Isid. Geoffroy Saint-Hilaire, Acclimat. et domestic. des anim. utiles, k' édit.,p. /ji/i-Zi/i7. (1) Pour les résultats oJ3tenus dès la fin de 1859, voyez le Bulletin de 1860, p. XLviii et la note 1 de la p. xlix, où sont mentionnés les avantages du croisement de ces deux espèces. Ces métis ont été, de la part de :\I. Guérin-Méneville, l'objet d'observations attentives dont il a conmiuniqué les résultats au commencement de Tannée (M, 1860, p. 37). Des détails intéressants sur ce même sujet se trouvent dans une note de M Vallée (/c?.,p. 77). (2) Cette Note, qui a ét(; lue dans la séance du 9 décembre 1859, est in- sérée dans le Bulletin de 1860, p. 7-10. (3) M. le Président a appelé l'attention du Conseil dans sa séance du 10 août sur les soins habiles donnés par madame Guérin-.Méneville à une éducation en plein air qu'elle avait entreprise, et qu'elle dirigeait au bois de Boulogne (Bull., 1860, p. Û72, et Rapp. sur les récomp., 1861, p. lxxvi). (ù) Ce zélé confrère, qui, dans son domaine du Coudray-AIonipensier, près Chinon (Indre-et-Loire), compte couvrir dix hectares du faux Vernis japo- nais {Bulletin, p. 37), a obtenu, cette année, 150 000 cocons (/(/., p. 568). Voyez plus loin au Uapporl sur les récompenses, p. lxxv. XLVI SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLDIÂïATION. M. Hébert (1), de M. C. Leclerc, de M. Kœchlin-Schouch (2) et de M. Vallée, qui, en outre, a continué ses éducations dans les salles de la ménagerie des Reptiles au Muséum d'histoire natu- relle (3). Si l'acquisition définitive et complète de ce Ver à soie de l'Allante doit être poursuivie par la Société avec une vive sol- licitude qui, au reste, ne s'est pas un seul instant ralentie de- puis réi)oque où il a été iniroduit en France par notre con- frère et lauréat M. Guérin-Méneville (Zi), elle ne perd pas de vue les résultats vraiment industriels que le Ver à soie du Ricin promet et a déjà fournis aux sériciculteurs. Énumérer ici les preuves à l'appui de cette assertion, ce serait revenir sur un récit dont tous les détails ont pris place chaque année dans le Rapport soumis à votre appréciation dans notre séance solen- nelle (5). (1) Une note dûtaillrc et très intéressante de .M. Hébert est insérée dans le Bulletin (1860, p. 66-70). On y trouve la preuve de la rusticité de ces chenilles. (2) Bulletin, 1860, p. 70 et 72. Voyez aussi pour une éducation faite à Montauban, p. 571.— Des renseignements adressés à M. Guérin-Méneville sur d'autres essais du même t^enre ont été l'objet d'une courte conuTiuni- calion de notre confrère dansle mois de juin (W., p. A13). Je dois, en oulro, meniionner \q^ Rapport q\\"i\ a présenté à l'Emporeursur ce sujet, ainsi qu'un travail publié par lui sur l'éducation des Vers à soie del'Ailante et du llicin, et sur la cullure des végétaux qui les nourrissent (M., p. 620). (3) Bulletin, 1860, p. 75. — Le zèle apporté depuis plusieurs années déjà par :M. Vallée pour les travaux de sériciculture entrepris par la Société, et les succès qu'il a constamment obtenus, ont été, de la part de !\L (îuérin- Méneville, l'objet d'une mention dans un llapport déjà cité qu'il a présenté à la Société à la fin de 1859 (/c/., 1860, p. 10). Au reste, en 1857, une médaille de première classe a été décernée à M. Vallée (M, 1857, p. lxxiv) et rappelée deux ans après (/(/., 1859, p. lxxxvi). (Û) Voyez, pour tout ce qui se rapporte à cette introduction, les Bulletins de 1859, p. XXVII et xxviii, et de 1860, p. xlvii. —Voyez, en outre, le récit qui vient d'en être fait par :\I. Isid. Geoffroy Saint-llilaire, dans la quatrième édition de son ouvrage intitulé : Acclimatation et domestication des animaux utiles, p. /i50-A5û, et enfin le Rapport sur les récompenses {Bulletin, 1861), à l'occasion du troisième rappel de la médaille de première classe décernée à :\l. Guérin-:Méneville (p. lxxiv). (5) Bulletins, 1857, p. xlii-xliv; 1858, p. xlvii etXLViii ; 1859, p. xxix et xxx ; 1860, p. xlviii et xlix. —De nouveaux essais sur la soie du Ver du RAPPORT SLR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ. XLVIl Qu'il me soit seulement permis de montrer par un nouvel exemple que cette espèce déjà cosmopolite (1) a pénétré cette année sur un nouveau point du globe où, tout récemment en- core, elle était inconnue. Aux Canaries, en effet, elle s'est abon- damment multipliée chez M. le comte de Vega Grande, habi- tant de Las Palmas (2). Après vous avoir ainsi entretenus des insectes producteurs de soie, dont racclimatation nous préoccupe plus particulière- ment, permettez-moi, Messieurs, de réserver pour les annexes de ce rapport les détails concernant d'autres Vers à soie étran- Ricin ont parfaitement réussi chez M. Sclilaniberger, comme nous l'a appris M. Sacc (/f/., 1860, p. 715.) (1) « Voici donc une espèce animale qui, sortie de Tlnde depuis quelques années à peine, est devenue, presque au même moment, européenne et africaine, et, trois ans après, américaine. La nature l'avait faite exclusive- ment asiatique ; la culture l'a faite cosmopolite. » Tel est le résumé du récit des différentes introductions de ce Ver en Europe, en .Vlgérie, en Egypte et au Brésil, que présente M. Isid. Geoffroy Saint-Hilaire dans la quatrième édition de son livre déjà cité, p. /|58. (2) M. L. Laulhé, négociant à Paris et vice-consul de la Confédération Argentine, nous a informés que M. le comte de Vega Grande avait manifesté le désir que la mise en œuvre de la soie à provenir des 33 kilogrammes de cocons obtenus par lui eût lieu sous la direction et le patronage de la Société, à qui il a dû la première gi'aine de Vers à soie du Ricin. Cette demande a été agréée, et un échantillon de l'étoffe fabriquée avec cette soie sera déposé dans nos collections {Bulletin, 1860, p. 285, Zi68 et 508). J'indiquerai ici, comme complément de l'histoire de l'acclimatation de ce Ver à soie en Europe, les observations relatives à son éducation faites à Tou- louse par un savant professeur de la Faculté des sciences de cette ville, notre confrère M. Joly (Je/., 1860, p. o82), par M. Vallée (p. 7â), et par M. H. de Colonjon (p. û6) ; puis les nouvelles tentatives pour retarder l'éclosion jus- qu'à l'époque où le Ricin commence à croître, dues à ^L Guérin-Méneville (p. 215). Une semblable hivernation a eu lieu chez M. le professeur J. Bian- coni, de Bologne (p. Zi26). Ce résultat si désirable de n'avoir que des récoltes estivales, est celui qui a été obtenu, comme on lésait, pour le Ver à soie du Mûrier, sur les sixrécol-' tes annuelles duquel Jean Ovington a fait à Surate, il y a cent cinquante ans, des observations que M. Sacc nous a communiquées (p. 189-191). Enfin, je dois mentionner, relativement à l'emploi industriel de cette soie (18(i0 , p. 215), les efforts persévérants de M. Henri Schlumbergcr (p. 571) ; les nouveaux essais de dévidage du cocon par madame Colin XLVIII SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. gers (1), afin d'aborder aussitôt avec vous un sujet qui, se rattachant à raccroissement de nos ressources alimentaires, présente un intérêt plus puissant encore. Si, en effet, comme nous l'a dit un de nos confrères qui a {Bulletin, 1860, p. 215), et les résultats heureux de tciuture dus à M. Torne (p. 166). Cette année, les feuilles de Chardon à foulon, dont la ménagerie des Rep- tiles a été fournie par Tobligeance de madame Ant. Passy et de M. le maire de Mantes, ont fourni une nourriture abondante et convenable pendant la saison froide aux Vers du Ricin et aux métis de ceux-ci et des Vers de TAi- lante. Ainsi se sont trouvées confirmées de nouveau, et de la façon la plus heureuse, les prévisions de M. Vallée {Bulletin, 1858, p. 211). (I) Le Bombyx Cecropia, déjà reçu en France dès 18M, a été envoyé encore cette année de la Nouvelle-Orléans, par M. Lavallée {Bulletin, 18G0, p. 609), et Ton peut espérer que Ton parviendra enfin à Tacclimater en Europe. De TAmérique du Sud, ^\. Michely, à qui ses heureuses introductions du Ver à soie du .}fûricr, à Cayenne, ont valu, en 1860, une médaille de pre- mière classe {Bulletin, p. lxwix), a expédié des cocons de deux espèces de la Guyane, dites Bombyx Hesperus et Tarquinius. ^]. Sacc a fait connaître les intéressantes observations sur plusieurs Che- nilles séricigènes de ce pays, que M. Michely lui avait communiquées dans une lettre dont nor> Bulletins contiennent un extrait (J860, p. 560-563). De ce même pays, M. Tabbé Jardinier, aumônier du pénitencier de la Montagne d'Argent, a envoyé un grand échantillon d'une soie fabriquée par des Chenilles {Id., p. 16*J). Voyez pour des remarques sur ce sujet, présen- tées par ^I. J. Cloquet et par AI. Guérin-Ménéville, page 166. A Madagascar, on trouve différentes espèces de Vers à soie, dont nous a entretenus le supérieur de la mission de cette île, le père Jouen (/ul)lique. ^ LXV[ SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Prix extraordinaire. Médaille de 2000 francs, proposée par la Société pour l'introduction en Europe ou en Algérie d'un troupeau d'Alpacas. — M. Eugène Roehn, naturaliste voyageur. Dans sa première séance publique du 10 février 1857, la Société, voulant signaler tout particulièrement l'importance qu'elle attache à l'acclimatation de certaines espèces d'animaux ou de végétaux, a proposé onze prix spéciaux. Au premier rang de ces primes extraordinaires devait tout naturellement se placer celle qui se rattachait à l'introduction en Europe ou en Algérie de l'Alpaca, ce précieux animal qui ne se trouve que dans les Cordillères des Andes, de la Bolivie et du Pérou, et dont vous connaissez toutes les (jualités exceptionnelles. La Société qui, dès le jour de son organisation, s'était occupée de cette question, n'osait presque espérer que les conditions du programme qu'elle proposait en 1857 pussent être rem- plies dans les délais indiqués, car elle avait appris à con- naître, en partie du moins, par sa propre expérience, les immenses difficultés que présentait cette entreprise. Mais il s'est heureusement trouvé un liomme qui, avant même de connaître l'existence de la Société, avait voué toute sa rare et persévérante énergie à l'idée de l'introduction de l'Alpaca en France. M. Eugène Roehn, soutenu au milieu de tant de fatigues et de dangers, par cet admirable sentiment de dé- vouement patriotique qui lui avait fait considérer comme un devoir de s'imposer cette noble tache, a lutté pendant vingt ans sans jamais se décourager. Après avoir étudié, par un long séjour dans les plateaux les plus élevés des Andes, les mœurs et les aptitudes des Alpacas, notre courageux com- patriote ne pouvant laire partager en France ses convictions sur la valeur utile qu'offrait l'acquisition de ces mammifères à la riche toison, et se voyant obhgé d'ajourner l'accomplis- sement de sa mission, était allé offrir ses services au goUver- nement espagnol d'abord, puis aux Etats-Unis. C'est ainsi que le 25 octobre 1866 il débarqua à l'île de Cuba un troupeau de 117 Lamas et Alpacas, et que le \f\ décembre 1857 il ame- RAPPORT DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES. LXYII nait à New-York un second convoi de 103 de ces animaux. Le troupeau de la Havane a fourni les Lamas et Alpacas que possède aujourd'hui TEspagne, et dont les toisons ont été transformées par notre honorable et habile confrère M. Davin en tissus si remarquables. C'est du troupeau de New-York que provenaient les 53 Al- pacas et Lamas amenés des États-Unis en Ecosse par M. Gée, et dont un certain nombre, acquis par un comité spécial orga- nisé à cette intention expresse par M. E. Wilson, ('taient dépo- sés à Svdnev, le 12 novembre 1858, un mois avant le débar- quement du beau troupeau de 25(5 têtes introduit en Australie par M. Ledger. . Enfin, le 6 septembre dernier, M. Roehn arrivait à Bor- deaux avec son troupeau de hb animaux, dont 35 Alpacas, 9 Lamas, et une Yigogne. Il accomplissait ainsi la mission que lui avait confiée la Société en 1859. Yous avez tous lu. Messieurs, les relations des travaux de M. Ledger à qui vous avez décerné votre première médaille de 1" classe dans la séance ailnuelle de 1860. Yous avez lu éga- lement, dans notre Bulletin mensuel, les lettres de M. Roehn sur sa dernière expédition. Yous vous êtes demandé sans doute, ainsi que nous, comment, au miheu d'un pareil concours de diflîcidtés et de dangers, M. Roehn est parvenu à ramener en France un seul de ces précieux animaux. Yous n'avez donc pas été étonnés d'apprendre que les résultats définitifs de cette grande entreprise n'aient pas complètement répondu à notre attente ni à la sienne. Cependant comme la prime extraordi- naire s'applique non-seulement à la France, mais à l'Europe, M. Roehn, parFensemble des introductions qui hii sont dues, a bien et justement gagné la médaille offerte, et s'il nous fallait insister sur la valeur des hommes à qui vous la dé- cernez, il nous sulfirait de vous dire qu'il est reparti déjà pour une nouvelle expédilion dont M. le Président (1) vous a fait connaître le double hut, et qui, nous l'espérons, assu- rera cette fois à la France la plus précieuse acquisition que puissent jamais faire son agriculture et sdti industrie. (1) Séancodu IZj dcîconibre 18G0 (voyez p. 615 du JiuUetiu, 1860). LXVIII SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D^VCCLIMÂTATION. médailles de première et de seconde classe. Mentions hono- rables et Récompenses pécuniaires. Première Section. — Mammifères, Introduction et Acclimatation. Médailles de 1" classe. Médaille de 2« classe. Mention honorable. {Rappel de médaille.) M. Faudon. M. Audy. M. "Victor Bataille (Gujane). {Notivelle médaille.) MM. Ferd. de Lesseps. Noël Suquet. M. Rumilly père. Récompense pécuniaire. M™« Chopelin 50 fr. Application industrielle. ta Rappel de médaille de 1'" classe. -— M. Bataille nous a témoigné son zèle incessant et son intérêt soutenu pour nos travaux, en nous faisant successivement jusqu'à huit envois d'animaux de la Guyane, choisis parmi les espèces de ces contrées qui nous promettaient les meilleurs résul- tats. Comhien l'acclimatation ne ferait-elle pas de progrès, si, à l'exemple de M. Bataille, beaucoup de nos confrères s'associaient à nos travaux d'une manière aussi généreuse? Médaille de 'V' classe. — M. Ferdinand de Lesseps. — Vn rapport très intéressant de notre honorable vice-président, M. Richard (du Cantal), nous a mis au courant de tous les titres qui ont mérité à l'illustre président de la Compagnie de l'isthme de Suez la reconnaissance de la Société. Si le pro- grès agricole n'est pas spécialement et directement le but que nos travaux se proposent d'atteindre, cependant il se relie trop à notre œuvre pour qu'il ne nous nnpose pas, pour celui qui le produit, une sympathie toute particulière. Mais ce n'est pas seulement comme agriculteur éminent que M. de Lesseps est signalé à notre attention, il se livre à des expériences d'un très grand intérêt sur la production du cheval de guerre par des croisements judicieux : il a intro- duit et acclimaté pour cela en France des étalons et des juments poulinières arabes des meilleurs types, et c'est par- RAPPORT DE LA COMMISSION DES RECOMPENSES. LXIX ticulièrement les résultats remarquables obtenus par cette méthode que nous avons voulu récompenser. Médaille de 1'" classe. — M. Noël Suquet, directeur du Jar- din zoologique de Marseille. — M. Noël Suquet se recommande à notre attention par les opérations de pratique les plus variées, et il a obtenu à Marseille des acclimatations et des reproductions nombreuses de mammifères et d'oiseaux ; elles nous ont été signalées particulièrement par nos zélés con- frères MM. Sacc et Lucy. Plusieurs espèces de Moutons, de Chèvres, de Cerfs, ont prospéré et reproduit par ses soins. De très bons résultats ont été aussi obtenus pour les Autruches ; une ponte abondante, qui malheureusement n'a pas été suivie d'éclosion, nous donne l'espoir que bientôt la ques- tion de la reproduction de l'Autruche en domesticité aura fait, même en France, un pas de plus. Médaille de T classe. — M. Faudon, propriétaire, à Saint- Paul-sur-Ubayes (Basses-Pyrénées). — Pour ses remarquables métis d'Yaks. Ces métis inspirent à la Société un véritable intérêt, car elle peut espérer que, grâce au croisement de ces Yaks et de nos races indigènes, on pourra obtenir des sujets unissant à une aptitude et à une activité plus grande pour le travail une production de lait et de laine importante. Mentions honorables. — M. Audy, à Compiègne. — M. Audy est parvenu à soumettre complètement aux usages domes- tiques un métis d'Hémione qui passait pour intraitable, et il en a bien étudié les qualités et l'emploi. Notre confrère M. de Tocqueville nous a rendu compte de cette expérience à laquelle nous attachons beaucoup de prix. Récompenses pécuniaires. — Prix de 50 francs. Madame CiioPELiN, pour les soins les plus intelhgents donnés depuis longtemps dans le département de l'Isère, aux Yaks, et récemment aux Lamas et Alpacas qui y ont été transportés. application industrielle. Médaille de 1'" classe. — M. Rumilly père, un de nos fabricants de velours d'Amiens les plus distingués, a reçu LXX SUCiÉTp l^irmiALE ZOLJLOGIQUE d'ACCLI.MATATION. les filés de poil de Chèvre d'Angora, envoyés par nos conr . frères MM. Sacc et Davin , il nous a rendu de magnifiques velours que nous avons admirés à l'Exposition agricole de 1860. Une médaille de 1" classe nous a paru être une juste récompense de cette belle démonstration des applications utiles que l'industrie peut faire, dés aujourd'hui, des pré- cieuses toisons de nos Chèvres d'Angora. Deuxième Section. — Oiseaux. Introduction et Acclimatation. Mt'lailk's de 1" claisc. Médailles de 2<: classe. (Rappel de médaille.) MM. J. Aiistin. M. J. Desmeure. . a. Mitivié. {Souvelle médaille.) F. Bréa ;tsp3gi;e]. M. F. Gigoust. A. Laurence. Beaussier. Rappel de médaille de V^ classe. — M. Desmeure, direc- teur du jardin zoologique de San-Donato. — S. E. le prince Démidolf, notre confrère, a porté à notre connaissance, dans un rapport plein d'intérêt, les succès obtenus depuis de nom- breuses années par M. Desmeure, à propos de l'acclimata- tion et de la reproduction particulièrement d'im Kangurou de moyenne taille et de l'Autruche ; espérons que des résultats définitifs couronneront bientôt ses efforts, et lui donneront de nouveaux titres à nos récompenses. Médaille de K^ classe, — M. Gigoust, garde chez M. le comte Aguado, à Civry (Seine-et-Marne). — Nous devons à M. Gigoust Facchmatation et la reproduction, sur une grande échelle, dans les bois, du P^iisan doré de la Chine; ce succès devait être vivement apprécié par notre Société, qui v(jit en lui le terme final de l'acclimatation de ce bel oiseau confiné jusqu'alors dans les enceintes de nos volières et de nos fai- sanderies. Première médaille de 'l"" classe. — M. Austin (James), pour fintroduction de la Perdrix en Australie. Les détails nous ont manqué sur la réussite plus ou moins grande qui RAPPORT DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES. LXXl a suivi cette opération. Notre médaille n'est venue récom- penser qu'une tentative dont il nous sera peut-être donné plus tard de constater le succès. Deuxième médaille de '2' classe. —M. A, MitiVié.—- Notre confrère M. Mitivié, auquel des Houppifères ou Euplocomes avaient été confiés par la Société, a obtenu la première re- production, en France, de ces beaux gallinacés. Cet heureux résultat est digne de tout notre intérêt. Troisième médaille de '2 classe. — M. Francesco Bréa, attaché au jardin d'acclimatation du Buen-Retiro , près Madrid, a fait reproduire les Autruches en captivité, et nous pouvons espérer qu'il obtiendra bientôt des résultats plus nombreux et plus décisifs. Ceux qu'il a recueillis jusqu'à ce jour tendent à nous démontrer de plus en plus la possibilité de la reproduction de l'Autruche en captivité dans les pays méridionaux. Quatrième médaille de '2' classe. — M. Aimé Laurence. — Il s'est livré avec succès à l'élève de plusieurs espèces orni- thologiques intéressantes; mais c'est spécialement l'élève du Colin de Californie, lâché en liberté par lui, après une abondante reproduction, que notre médaille vient récom- penser. Cinquième médcdlle de 2' classe. — M. Beaussier. — Nous devons à l'obligeance et au zèle de M. Beaussier l'envoi de plusieurs centaines d'œufs de Perdrix Cambra. Il a ainsi contribué, d'une manière toute spéciale, à l'acclimatation maintenant acquise en France de cette jolie espèce. Troisième Section. — Poissons, Crustacés, Annélides V Pisciculture flnviatile. Médailles du 1"^ classe. Mcdailli-s (lu 2'^ classe. Mentions honorables M. Liniozin. MM. de Vernejoul. MM. France. Rico. des Nouhes de la Ca- P. Tartas. Rousselot. caudière. Chenu. Damourette. Breuillard. 'S LXXTI SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMÂTATION. /MM. Eugène Lefèvre. 100 Ir. \ Faivre 50 ïlcco:uren>especuu.ane,. < GuilloU-DC'Samy . 50 V Thomas 50 2' Pisciculture marine. M. Borie. 3* Hîrudicullure. M. Borne. Première médaille de \.'' classe. — M. Limozln, sous-inspec- teur des eaux et forets au Puy, s'est voué, depuis plusieurs années, au repeuplement des lacs et des cours d'eau de son département, au moyen des frayères artificielles. Les Truites et les Ombres - chevaliers ont particulièrement attiré son attention. Grâce à lui , des lacs à peu près improductifs jus- qu'alors donneront bientôt, sans doute, d'excellents produits. Il nous appartenait de récompenser par notre première mé- daille ses succès acquis, et d'encourager ses essais dans l'a- venir. Deuxième médaille de l" classe. — M. llico, préparaleui' à la faculté des sciences de Clermont-Ferrand. — Notre con- frère M. Lecoq , membre correspondant de l'Institut, nous a fait connaître, dans un rapport des plus intéressants, les titres de M. Rico à notre reconnaissance. Chargé de faire l'emploi le plus utile des fonds alloués par le Conseil général du dé- partement du Puy-de-Dôme pour la piscicuhure , il n'a épargné ni son temps, ni ses fatigues, pour obtenir les meil- leurs résultats. Ses efforts sont en partie déjà couronnés de succès, et le repeuplement du lac Pavin, commencé en 1858, fait concevoir les plus belles espérances. Troisième médaille de 1" classe. — M. Housselot, inspec- teur des eaux et forets. — Déjà , dans le Jura, M. Rousselot avait donné la mesure de l'intérêt que lui inspire l'œuvre du repeuplement de nos rivières, si tristement dévastées. Arrivé récemment dans le département de l'Yonne, il a su donner ime impulsion heureuse aux travaux de pisciculture dont les fruits doivent être, pour la France, d'une si haute importance dans l'avenir. RAPPORT DE LA COMMISSION DES RÉCOMPENSES. LXXllI Première médaille de 1' classe. — M. de Yerxejoul, in- specteur des eaux et forêts, à Privas. Deuxième médaille de 1' classe. — M. des Nouhes de la Cacaudière, propriétaire dans la Vendée. Troisième médaille de 2' c/^^55e. — M.Chenu, sous-inspec- teur des eaux et forêts, à Eriey (Moselle). Quatrième médaille de 2 classe. — M. Damourette, pro- priétaire, à Chàteauroux (Indre). Cinquième médaille de T classe. — M. Breuillard, garde- pêche de Tadministration des eaux et forêts, à Besancon (Doubs). Ces messieurs se sont appliqués à Fétude et à la vulgari- sation des bonnes pratiques de pisciculture et à leur appli- cation dans les lacs et les cours d'eau. Leurs observations et leurs expériences se sont portées particulièrement sur les Saumons, les Truites, les Anguilles, les Écrevisses. La Société a voulu témoigner tout le prix qu'elle attache à des efforts que de grands succès doivent, sans doute, consacrer un jour. Mentions honorables. — M. France, garde général des eaux et forêts à Serres (Basses-Alpes). M. Pierre Tartas, pêcheur, à la Buisse (Isère). Pour les bons soins que ces messieurs ont apportés à l'application des préceptes de la pisciculture pratique dans les cours d'eau dont ils pouvaient disposer. Récompenses pécuniaires. — M. E. Lefèvre, pêcheur, à Aul)enton (Aisne), une récompense de 100 francs. M. Faivre, garde-pêche des eaux et forêts, à Beaulieu (Corrèze), une récompense de 50 francs. M. Guillou-Desamy, à Nieul, prés la Rochelle (Charente- Inférieure), une récompense de 50 francs. M. Thomas, à Clermont-Ferrand, une récompense de 50 francs. Pour l'utile coopération (ju'ils ont apportée à l'œuvre dont s'occupe s[»écialement notre troisième Section. LXXIV SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOULUGIQUE D ACCLIMATATION. PISCICULTURE MARINE. Médaille de T classe. — M. BoRiE, syndic des gens de mer, à l'île de Ré. — Nous devons à notre confrère M. Gail- laud la connaissance des travaux faits par M. Borie, sous la direction éclairée de ses chefs, et de ses essais de multipli- cation des Huîtres par les huitrières artificielles et par l'or- ganisation d'un grand nombre de parcs de reproduction sur le rivage occidental de l'île de Ré. Espérons que cet exemple trouvera de nombreux imitateurs. HIRUDICULTURE. Médaille de 1'" classe. — M. Borne. — L'établissement d'hi- rudiculture de M. Borne, à Clairefontaine, près Rambouillet, est une œuvre remarquable à tous égards. Ses procédés lui ont permis de supprimer le mode barbare d'alimentation des précieuses Annélides par le moyen des chevaux livrés vivants à leur voracité. C'est par centaines de mille qu'il faut compter ses élèves parqués avec un soin minutieux, par divisions, selon les besoins d'un élevage bien compris. La Société lui sait gré, et des résultats acquis, et des moyens à employer pour les obtenir. Quatrième Section. — Insectes. lo Introduction et Acclimatation. Médailles de l" classe. Médailles de 2« classe. Mentions lionorables. (3' fiappei de médaille.) M. Rautou. M'"'^ la comtesse de La- MÉDAiLLE DE VERMEIL. ^i j Recel tes de 1860. 41,425f.39c. Pendantl'annéelSeO, les recettes se sont élevées, con- formément au tableau n°1 ci-annexé, à. 107,125f.45c. Mais de ces recettes il faut retranclier le produit de la vente des bons du Trésor 40,295 » Sommes pour lesquelles ils figuraient dans l'encaisse, au 31 décembre 1859. D'où il résulte pour les recettes réelles en 1860, la sonune de 66,830f. 45c. Ces recettes, ajoutées à l'encaisse au 31 décembre 1 859, donnent pour le total des sommes dont la Société a pu disposer pendant l'exercice 1860, le chiffre de . . . 108,255f84c. T. VIII, 1861. — S«'ance publique. f LXXXII SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Dépenses de 1860. Report. 4 08/255f.84c. Les dépenses pendant cette même année se sont élevées, conformément au tableau n" 2, à. . . i 00,471 fr. 15c. Mais à ces dépenses il convient d'a- jouter : 1° Ce qui reste dû à notre éditeur pour solde des frais relatifs au Bulletin de 1859 3,931f.50c.\ 2° Pour achat de Bulletins anciens. . . 325 » 3° A l'imprimeur. 833 20 4° Lesdépensesim- \^ ,j q^^ ^q payées du dernier tri- m.estre pour le trou- peau de Souliard. . . 2,005 60 Total à ajouter aux dépenses pour j ces quatre articles / Ce qui porte les dépenses totales pour 1860, à 1 07,566fr.45 c. 107,566f.45c. Il reste donc, pour la différence entre les recettes et les dépenses, la somme de 689 39 Hâtons-nous de dire qu'il nous est dû : 4° Par divers, en payement de 1 4 Alpacas et Lamas, savoir : Par l'Empereur 7,500 f. » c. \ Par M. de Bothschild 3,750 » j Par la Société des Alpes 2,000 » \ 15,750 » Par la Société du Jardin zoologique, \ pour solde 2,500 » ) 2° Par la Société protectrice, loyer de 1860 700 » 3" Par M. Roehn, à lui avancés 1,000 » 4" Sur les cotisations arriérées, savoir : Pour 1855 325 fr. — 1856 1,310 — 1857 2,407 — 1858 4,352 — 1859 7,733 — 1860 10,843 26,970 fr. Nous n'aurons pas un instant la pensée que ces sommes seront payées intégralement; nous admettons Areporter. 18,139f.39c, RAPPORT DE LA COMMISSION LE COMPTABILI'IÉ. LXXXIII Report. 1 8,4 39 f. 39c. seulement, comme très probable, d'après l'expérience acquise, une rentrée de 40 pour 100 sur la dernière année, soit 4,320 » Ce qui porterait le disponible à 22,459f.39c. Wais nous devons : A la famille Remy -ISOf. 55 c. Pour le prix de M. Chagot .... 2,000 » Pour le prix de M. Sacc. . . ... 100 » Pour la médaille Guérineau ... 350 y> Pour employer en valeur portant intérêt sur le don de M. X.. . 340 20 Total de ce qui est dû à divers. . 2,940 f. 75c. 2, 940 f. 75c. Ce total, déduit du précédent, laisse pour les sommes dont la Société peut disposer au l'^'" janvier 1 86 1 , toutes ses dépenses étant payées 19,5'! 8 64 Mais avant de comparer cette situation à celle de l'année dernière, il nous paraît juste d'ajouter : J" Qu'en dehors du troupeau de Souliard et de ses accroissements naturels, la Société a acheté dans le cou- rant de l'année, et possède encore, 6 Vaches et 5 Lamas, valeur déboursée et réalisable. . . . 6,500 f. » \ 2° Qu'elle a fait un versement de - ;U "nn 5000 fr. sur 100 actions du Jardin i ' zoologique, représenté par des titres. . 5,000 )> ] Cette valeur ajoutée à celle disponible donne le chiffre 31,018 64 que nous devons comparer à celui de 40,204 65 représentant le disponible au 1" janvier 1860. Notre situation s'est donc amoindrie, pendant l'année dernière, de 9,186 01 Vous connaissez tous déjà, Messieurs, les causes principales de ces amoindrissements. C'est, d'une part, l'acquisition d'un premier troupeau d'Alpacas ; c'est, d'autre part, notre participation à l'achat d'un second troupeau d'Alpacas, avec le concours dévoué de quelques-uns de nos confrères. En résumé, la Société possède aujourd'hui : Valeur disponible, non conqjris ses animaux, fr. 19,518 64, ci 19,518f.64c. 100 actions du Jardin zoologique d'acclimatation. . . 25,000 i> 20 obligations des Ardennes (fondation de M. X...), garanties par l'Étal, dont le revenu doit être distribué en récompenses annuelles 6,134 » Total. . . 50,6521. 6 ic, Nous vous demanderons encore celle année, Messieurs, afin de ne rien laisser ùv liclif dans notre silualion, Tauloiisalion de raver de la liste des LXXXTV SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGÏQUE d'aCCLIM ATATION. membres de la Société, les personnes qui, après deux averlissements motivés, ne payeraient pas les cotisations antérieures à l'année 1860, et de supprimer dès aujourd'hui l'envoi du Bulletin à tous les souscripteurs en retard. Nous demandons que les noms de tous ceux qui seront dans le cas ci-dessus ne figurent plus sur les nouvelles listes imprimées. Nous avons dit, Messieurs, que les recettes s'élevaient pour 4 860, à 66,830 f. 45 c. Elles se composent de : 7,709 fr. )i c. Dons faits à la Société : Par M. le Ministre du commerce. . . I.BOOfr. » Par M. le prince Démidoff 75 » Par un membre de la Société, M. X.., qui désire garder l'anonyme. . . . 6, 134 » Ce généreux donateur a voulu qu'à l'aide de ce capi- tal transformé en obligations rapportant 300 fr. de rente, on distribuât, chaque année, deux récompenses de 200 et de 100 francs aux surveillants des animaux du Jardin d'acclimatation et des succursales de la Société impé- riale qui rendraient les meilleurs services. Cotisations, dont 4,245 pour cotisations arriérées. (2o) cotisations définitives, ce qui porte leur nombre total à 107. Vente du Bulletin de 18G0et des années antérieures. Vente de çrravures d'Yaks, et de médailles. Vente de 6 Chèvres du pays parle troupeau de Souliard. Produit de la vente de 93 onces 3/4 sur 1 00, de grai- nes de Ver à soie recueillies en Chine par MM. Castel- lani et Freschi, et pour lesquelles la Société a déboursé 2,000 fr., c'est-à-dire 20 fr. par once. La Société a cédé ces graines, au prix de 1 5 fr. l'once à ses membres et au prix de 20 fr. à des personnes étrangères à la So- ciété. Sauf dans quelques cas satisfaisants, ces graines ne paraissentpas, en général, avoirdonnéde bonsrésultats. 350 j) Donnés par madame Guérineau, au nom et en mé- moire de son frère, Pierre Delalande, voyageur natura- liste. L'intention de madame Guérineau est qu'il soit décerné, en 1861, une médailled'or au voyageur qui, en Amérique ou en Afrique, aura rendu le plus de ser- vices dans l'ordre des travaux de notre Sociétr, et prin- cipalement au point de vue de l'aHmentation de l'homme. 102 15 Remboursement de frais occasionnés par l'expédition des Chameaux au Brésil, faite en 1 859. Intérêts des bons du Trésor. Remboursement des frais d'un protêt. Encaissement pour la famille Remy. 7,980 » 6,460 )) 811 » 78 » 48 » 1,515 )) 1 ,095 » 4 15 77 30 66, ,829 fr .60c. RAPPORT DE LA GU.MMlSSlU^' DE COMPTABILITÉ. LXXXV ^ Nous allons examiner maintenant les divers chapitres de dépenses qui s'élèvent, comme nous l'avons dit, à 'I 07,566fr. 45 c Savoir : 3,871 fr. 00 c. Solde du Bulletin de 1839. 1 1,431 50 Bulletin de 1 860. 2329 exemplaires (dont 1 32 gra- tis) ont été fournis, au prix moyen de 4 fr. 90 c.^par exemplaire rendu à domicile. Ce prix est plus élevé que de droit de 0,23, attendu que le volume contient 48 feuil- les et demie d'impression, au lieu de 42, nombre con- venu; l'année dernière, le prix moyen du volume était de 5 fr. 01 c. Les conditions avec M. Masson ne seront pas chan- gées pour l'année 1861. Ainsi, le volume de 42 feuilles sera payé à raison de 5 fr. pour les 1500 premiers exemplaires et de 3 fr. pour chacun de ceux excédant ce nombre. A ces prix on ajoutera 1 fr. par exemplaire distribué hors de Paris. 325 » Achat à M. Masson de Bulletins des années précédentes pour livrer à des nouveaux membres. 0,000 » Dernier versement de 30 fr. sur 1 00 actions du Jar- din zoologique d'acclimatation. ^_ Vous avez tous été invités, Messieurs, à assister à l'inauguration du Jardin qui a eu lieu le 6 octobre der- nier. L'Empereur a bien voulu l'honorer de sa présence. Le 9 octobre, le Jardin a été ouvert au public, auprès duquel il paraît être en faveur. Le 16 de ce mois, le public sera admis à visiter les grandes serres dont l'inauguration aura lieu le 15. MM. les membres de la Société seront priés de vouloir- bien y assister. Nous rappellerons qu'en exécution de l'article 23 de ses Statuts, largement interprété, la So- ciété du Jardin zoologique d'acclimatation a décidé que dix entrées gratuites seraient accordées, chaque année à chaque membre de la Société impériale d'acclimatation' Pour jouir de ce droit, il suffit de présenter chaque* fois la carte de membre de la Société impériale aux guichets du jardin, et d'apposer sa signature sur le registre des entrées. 46,153 10 Pour achat et transport de Bordeaux à Paris etc etc de : ' -5 -, 33 Alpacas. 9 Lamas. 1 Vigogne. 43 têtes. La Société avait déjà, en 1850, avancé 2,042 fr. à valoir sur le prix du troupeau. La dépense totale pour ces 4o têtes s'élève donc à 48,195fr. 10 c. 60,780fr.00c. A reparler. l8,i9'6fr. iô^ LXXXVI SOCIETE nïPEKIA.tE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. 66,780fr. 60 c. Report. 48,1 95fr. 1 0 c. Dont à déduire, remis à M. Roehn, à titre d'avance . 1.000 D'où la dépense pour 45 têtes est de 47,193 10 (c'est-à-dire de 1,048 fr. 70 c. par tête) dont l .000 fr. d'achat et 4 S fr. 70 c. frais divers. Sur ces 43 têtes, valeur 47,193 10 14, représentant, y compris les frais de nourriture et de traitement, une valeur de 16,230 » sont payées par S. M. l'Empereur, M. le baron de Rothschild, la Société des Alpes et la Société du Jardin zoolo- gique d'acclimatation. La dépense restant à la charge de la Société pour 31 têtes est donc de. . 30,943 fr. 1 0 c. De ce magnifique troupeau, que l'intrépide M. Roehn, alors que la guerre réojnait entre la Dolivie et le Pérou, a enlevé des Cordillères, au prix de fatigues inouïes, au péril de sa liberté et de sa vie, souvent compromises ; de ce troupeau dont l'arrivée à Rordeaux, le G septembre dernier, nous avait causé une joie si profonde, il ne reste plus que onze individus appartenant, savoir : Deux Lamas et deux Alpacas à la Société des Alpes ; deux Alpacas mâles au Jardin zoologique d'acclimata- tion ; cinq Lamas femelles (d'une valeur de 3,000 fr.), à notre Société. C'est une perte de 23,443 fr. pour notre Société! Cette somme est considérable pour ses finances ; mais vous l'avez vu plus haut, ses ressources sont grandes encore, et elles s'accroissent chaque jour avec le nom- bre de ses membres. Nous n'hésiterons pas à vous rappeler en ce moment. Messieurs, que les essais d'acclimatation n'échouent que trop souvent même entre lesmains des plus habiles, qu'ils exigent une persévérance inébranlable par les revers, et que c'est même l'essence de notre Société de faire, en vue d'intérêts de premier ordre, ces essais toujours si difficiles et souvent trop coûteux pour la fortune d'un seul. Cette expérience, d'ailleurs, est loin d'avoir été stérile ; elle a laissé dans l'esprit de nos confrères qui l'ont, ou dirigée, ou suivie avec soin, la conviction qu'il ne s'est manifesté aucun fait décisif contraire à l'accli- matation des Alpacas en France, et que, malgré l'insuc- cès actuel, cette accHmatation paraît très probable. G6,780fr. 60 c. A reporter. RAPPORT DE LA COMMISSION DE COMPTABILITÉ. LXXXVII 66,780 fr. 60 c. Beport. De cette conviction est née, chez ces confrères, la pensée de tenter une seconde expérience. Ils ont, avec le concours de quelques autres membres de la Société, réuni un capital de 52,000 fr., qui sera consacré à faire venir en France, par les soins et sous la direction de l'infatigable M. Pioehn, un second troupeau d'Alpacas, après avoir emmené , de France à Buenos-Ayres , un troupeau de Mérinos Graux de Mauchamp. 5,000 » Représentent la souscription de la Société pour cette nouvelle tentative que le Conseil a voulu ainsi encou- rager et mettre sous votre patronage. D'ailleurs il eût été difficile de refuser les offres avantageuses qui lui étaient faites. Pour cette somme de 5,000 fr., la Société aura le droit de choisir et de prendre avant tous autres, dans le troupeau, lors de son arrivée en France, dix animaux d'une valeur réelle de 1 0 à 15,000 fr. 131 40 Transport d'animaux divers. 380 05 Chèvres d'Angora ; préparation de peaux et façons des pièces de velours avec le poil de Chèvre d'Angora. Ces belles étoffes, fabriquées, par M. Rumilly père, vous ont été montrées. Elles ont très honorablement fissuré à l'exposition des produits agricoles de 1 860, dans la col- lection de M. Davin. On a jugé nécessaire de faire venir à Paris de la chair de Chèvre d'Angora, pour en apprécier la valeur. Notre confrère, M. Chevet, a reconnu que cette viande, bien qu'elle provînt d'un sujet âgé et qui n'avait pas été finement engraissé, était de très bonne qualité. Pour que l'expérience fût plus complète, M. Chevet a bien voulu réunir à sa table plusieurs membres de la Société et leur faire goûter la viande de Chèvre d'An- gora préparée de diverses manières. Ils ont été unanimes , tout en faisant la part de l'excellente préparation, pour reconnaître que cette viande vaut celle du Mouton. Ce point est très impor- tant, car tous ceux qui ont examiné les Chèvres d'An- gora sont frappés de la ressemblance que présente leur conformation avec celle des bêtes de boucherie. 10,634 55 Troupeau de Souliard : 'l,037fr. 35c. Pour solde de l'année 1859. 6,91 4 fr. 20 c. Pour frais de nourriture, de bergers, d'employés et d'entretien en 1860. 1,500 fr. » Achat de six Génisses. 283 fr. » Achat de Chèvres métisses. 1 0,634 fr. 55 c. 82,926fr.60c. A reporter. LXXXVIII SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZUOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. 82,926fr. 60 c. Report. Au 31 décembre dernier, le troupeau se composait: 1° De 5 Yaks, dont trois femelles adultes, et une de ■1 3 mois, et un mâle de 5 mois ; dont G>0 De 1 Bœuf de travail ; 3° De 6 Génisses du Cantal ; 4° De 62 Boucs et Chèvres d'Angora 27 Boucs, savoir : 1 2 vieux, 9 de 2 à 3 ans, 6 nés en 1860. Et 35 Chèvres, savoir : 30 adultes, 5 nées en 1860. 5° De 27 Chèvres métisses, dont : 17 nées avant 1860, 10 nées en 1 860. 101 têtes. La nourriture des Yaks, Bœufs et Génisses est payée à raison de 12 fr. 50 c. par mois et par tête ; celle des Chèvres et Chevreaux, à raison de 3 fr. 60 c. Le nombre des Yaks s'est augmenté d'un dans l'année écoulée, carie nombre est resté le même en décembre 1860 qu'en décembre 1859, bien qu'on ait fait venir dernièrement à Paris le Taureau Pluton, qui refusait de servir les Génisses du Cantal. Votre Conseil a voté l'achat de 6 Génisses du Cantal pour faire des croisements avec les taureaux Yaks. Les métis qui résultent de ces accouplements présente- raient un grand intérêt, s'ils pouvaient réunira l'agilité des pères la vigueur de la race maternelle. On pourrait espérer donner ainsi plus de mobiUté à nos races de travail. La conformation de quelques rares métis de ce genre semblerait devoir confirmer nos espé- rances. Un Taureau des Alpes sera envoyé à Souliard pour remplacer P[uioji. Le Bœuf qui avait été acheté pour dresser Pluton au travail doit être vendu. Le nombre des bêtes d'Angora était, au 31 décem- bre 1859, de 70 têtes. Il était, au 31 décembre 1860, de. . . 6^ Il a donc diminué, dans l'année, de . . 8 têtes. M. Richard attribue celte diminution à la rigueur de l'hiver précédent, suivi de pluies abondantes en été. Une stabulation prolongée en hiver, et des herbes 82,926 fr. 60 c. A reporter. RAPPORT DE LA COMMISSION DE COMPTABILITÉ. LXXXIX 82,926fr.60c. Report. trop aqueuses en été, ont profondément troublé la santé des animaux, malgré les soins qui leur ont été donnés. Vous savez sans doute. Messieurs, que l'année der- nière, par suite des mêmes causes, beaucoup de trou- peaux de Moutons ont subi des pertes considérables. La proportion de nos pertes n'a pas été aussi grande que dans beaucoup de troupeaux ordinaires. Nous fondons de grandes espérances sur les métisses d'Angora, pour maintenir, accroître et fortilier notre troupeau. 11 possède déjà des trois quarts de sang, el nous en possédons personnellement dont la toison ressemble déjà considérablement à celle du pur sang. Mais le Conseil insiste cependant pour que des me- sures soient prises, afin de conserver intacte la race pure, de manière à avoir toujours de bons reproducteurs. Le nombre des Boucs (27), pour 62 Chèvres, est excessivement disproportionné ; votre Conseil a décidé qu'après avoir fait un choix, on en vendrait les deux tiers. 265 » Yaks du Thibet : 225 fr. à la Société des Alpes, pour nourriture de deux Yaks. 40 Préparation delà peau d'un Yak qui avait péri dans les Alpes, à la suite de grandes et su- bites inondations. 1,176 90 Vers à soie : 176fr. 90 c. Frais divers. 1,000 )•> à MM. Castellani et Freschi, poursolde de cent onces de graines de Vers à soie recueillies en Chine. L'année \ 860 s'est écoulée sans que nous ayons reçu des corons, tant désirés, des Vers sauvages du Chêne de la Chine. 663 73 Frais pour transport, distribution et classement de graines diverses. 1,707 35 iSéance annuelle et récompenses ; Soit : 1 ,044 fr. 20 c. Récompenses; 174 20 Séance pubUque ; 498 95 Imprimés, gravures, etc. 3,172 65 Traitements des employés. Aident £(énéral, Employés auxiliaires, Conqitable, Garçon de bureau. Votre Conseil a trouvé juste, en raison des services rendus, d'augmenter pour 1 86 1 les émoluments de votre agent générai. 9 1 , 9 1 2 f !• . 2 3 c, A reporter. XG SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'âCCLIMâTATION. 91,9'12fr.25 c. Report. 8,077 10 Frais généraux ; savoir : /'3,i25f. ))C, Loyer. o croe "f^ ^ 82 05 Impôts. 3,643f.o0c.' ,, ,o 4 ' j 44 4t) Assurance. ( 392 » Chauffage. / 1 ,238f. 40 c. Ports de lettres, affranchis- sements et timbres-poste. 1,499 70 Facture Martinet, impri- meur, lettres, etc., etc. 4,168 60 "^ 479 25 Frais divers de bureau. 683 60 Frais divers, médailles, reliures. 267 65 Frais de distribution. 265 y> Achat de 53 thermomètres demandés par la Section de pisciculture, dans le but de faire des expériences sur la tempé- rature des eaux. 1 03 instruments, au total, ont été mis à la disposition de cette Section. Dépenses pour le mobilier, achat d'un calorifère. Frais de recouvrements en province. Achat de 20 obligations des Ardennes, garanties par l'Etat, remploi de la donation de M. X... 558 85 Envoi d'argent à la famille Remy sur son compte, et emploi de ses fonds en une obligation des Lombards. 560 50 dont75 à M. Chagot, les intérêts des 2,000 fr. déposés par lui et destinés à un prix pour la domestication des Autruches. 485 f. 50 c. Frais de nésociation d'un bon du Trésor, 70 y) 593 95 ,793 80 1 07,566fr. 45 c. Total des dépenses. Nous le répétons en terminant ce chapitre, la situation de la Société, au 31 décembre 1860, se résume par un actif net de 50,652 fr. 64 c. En outre, la Société possède de nombreux animaux, dont le détail est consigné au tableau n° 3. Nous allons vous présenter, Messieurs, un aperçu des recettes et des dépenses probables pour l'année 1861 : Receltes pour 1 861 . Valeurs au 4 *''■ janvier 1 86 5 , en caisse ou à recouvrer. 19,518fr.64 c. i ,900 souscriptions renouvelées sur 2,409, déduction faite de 509 représentées par 107 souscriptions défini- tives, 40 de membres honoraires, 4 7 de Sociétés affiliées et 345 souscriptions à annuler 47,500. A reporter, i 9,51 8fr.64 c. RAPPORT DE LA COMMISSION DE COMPTABILITÉ. XCI Report. 19,ol8fr.64 c. 200 souscriptions nouvelles à 30 francs. . 6,000 20 souscriptions définitives nouvelles à 260 francs 5,200 Allocations du iMinistre et dons 1,600 Revenu des capitaux. Mémoire. Revenu de la donation de M. X 300 Loyer de la Société protectrice 700 Total des recettes 61,300 f. 61,300 > Ces recettes jointes à la réserve forment un total de ^ ^ 80,8 I 8fr. 64 c. représentant l'importance des valeurs dont la Société pourrait disposer pendant l'année 1861. Dépenses fixes pour 1861. Loyer, impôts, assurance, chauffage 3,800fr. » c. Riiiletin, 2400 exemplaires à 4 fr. 90 c. (prix moyen de 1860) . 11,760 > Papiers, impression, affranchissement, distribution (10 pour 100 déplus qu'en 1860) 5,000 » Recouvrements en province 530 » Traitement des employés, gratifications, etc 6,400 » Séance annuelle, récompenses (dont un prix de 2000 francs), imprimés, frais 4,000 » Troupeau de SouUard (au lieu de 6,91 4) 8,000 > Nourriture des Yaks des Alpes 300 » Total des dépenses inévitables 39,81 Ofr. » c. Si des recettes probables pour 1861 61,300fr. »c. on retranche les dépenses fixes de la même année. . . 39,81 0 i on trouve un excédant de recettes de 21,490 j Cet excédant, ajouté à la réserve déjà existante au 1" janvier 1861 , et qui est de 19,518 64 donne un total net disponible de 41 ,008fr. 64 c. C'est-à-dire, Messieurs, qu'après avoir payé vos frais fixes, distribué vos récompenses et nourri votre troupeau , vous pourriez disposer , en 1861 , pour vos études et vos travaux, de cette somme de 41 ,008f. 64c., si la prudence ne vous faisait une loi de conserver dans votre caisse une réserve importante. Si le but de la Société était de thésauriser et d'augmenter incessam- ment son épargne, l'année 1860 aurait été une mauvaise année, car nous sommes moins riches aujourd'hui qu'il y a un an. Mais, selon nous, ce n'est pas le nombre, c'est le bon emploi de ses richesses qui fait la force et fjui augmente l'influence bienfaisante de notre Société. Exami- XCII SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. lions donc, en laissant de côté vos frais gt^néraux d'administration, si vous avez fait un bon emploi de vos finances. Malgré une année déplorable par la longueur de l'hiver et la constante humidité de l'été, vous avez conservé votre troupeau de Chèvres d'An- gora, et vous en avez préparé l'accroissement et le rajeunissement par le métissage avec les Chèvres du pays, ainsi que cela se pratique en Asie. De belles et riches étoffes ont été fabriquées avec leurs toisons, et vous avez pu constater la bonne qualité de leur choix. Vous avez multiplié les Yaks, vous les avez soumis au joug, et vous avez commencé une série d'expériences sur leur croisement avec les Vaches du Cantal, dans l'espérance d'obtenir des produits caractérisés par d'éminentes qualités. Vous avez introduit en France un beau troupeau d'Alpacas. — Tenta- tive funeste et stérile, diront quelques-uns. — Tentative féconde, dirons- nous ! — Féconde, car elle nous a donné une expérience qui ne s'ac- quiert jamais gratuitement ; féconde surtout , parce qu'elle a donné naissance à une association formée entre quelques-uns de nos confrères, dans le but de consacrer à l'achat d'un second troupeau d'Alpacas un capital à peu près double de celui que nous avons employé pour le premier. Enfin, Messieurs, vous avez créé le Jardin zoologique d'acchmatation, non pas parce que la Société a souscrit 1 00 actions, mais parce que la pensée et la direction vous appartiennent, parce qu'à nous tous, nous avons fourni plus de la moitié du capital. S'il convient à votre Conseil, moins qu'à personne, de juger ici cette importante création, il se croit néanmoins en droit de vous dire : L'année '1860 a été bonne, car les sacrifices que vous avez faits ont déjà profité et profiteront encore à l'œuvre que poursuit la Société impé- riale zoologique d'acclimatation. BULLETIN MENSUEL DE LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIOUE D'ACCLIMATATION Fondée le tO Février 1854. l. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ. RAPPORT AU NOM DU COMUrÉ DE SOUSCRIPTION POUR L'INTRODUCTION DE LA RACE OYINE GRAIX DE MALCHAMP A BUENOS-AYUES, ET L'ACQUISITION D'UN TROUPEAU D'ALPAGAS, Par M. Frédéric DAl^IIV. (Séance du 8 février 4 861). Messieurs, La Société impériale zoologique d'acclimatation, qui s'est imposé la noble mission d'introduire et de propager de nou- velles espèces utiles, s'est toujours montrée fidèle au pro- gramme qu'elle s'était tracé dès son origine. Les résultats qu'elle a déjà obtenus témoignent de ses efforts. Vous savez que l'acquisition, si précieuse à tous égards, des Alpacas, a été l'objet de ses premières démarches, et que si elle n'est pas encore parvenue à réaliser complètement cette partie de son programme, c'est que les avantages immenses que nous devons attendre de sa réalisation sont encore dépassés par les diffi- cultés sans nombre qu'elle présente. Aucun de vous n'ignore dans quels termes notre célèbre BulVon exprimait son désir de voir un jour l'Alpaca acquis à T. MU. — Jciiivicr et Février 18(jl. 1 2 SOCIÉTÉ IMPÉRI ALb: ZUOLOGIQUE d'aCCLDIATATION. la France ; nous devons cependant ajouter que Buffon ne pou- vait/à son époque, pressentir l'étendue des services que cet animal était appelé à rendre un jour à notre industrie, qui a fait depuis de si grands progrès. C'est donc avec conviction que nous venons vous dire : Nous avons la ferme espérance de voir bientôt l'Alpaca aussi sûrement acclimaté en France que le Mouton. Comme le Mérinos, l'Alpaca nous donnera sa toison, beaucoup plus précieuse que celle du Mérinos; comme le Mouton, il nous fournira un aliment aussi sain et aussi abondant. Ce rapprocbement entre ces deux animaux est par- faitement exact sous tous les rapports; car le caractère, les mœurs, les aptitudes de TAlpaca et du Mouton sont identiques, et il semble que la nature ait voulu faire de ces deux espèces deux des auxiliaires les plus utiles à l'homme. Vous savez, messieurs, que notre Société, malgré la modi- cité de ses ressources, n'a pas craint de faire de grands sacri- fices pécuniaires, en vue de l'introduction des Alpacas. Il vous a été donné connaissance du traité passé, à cette intention, en 1859, avec M. Roebn, notre intrépide et dévoué compatriote, qui, contiant dans sa longue expérience, n'a pas craint d'af- fronter mille dangers au milieu des Cordillères des Andes, pour ramener en France un troupeau d'Alpacas. J'ai vu la joie de cetbomme si énergique, lorsqu'il débarquait à Bordeaux ces animaux qui lui avaient coûté tant de peines, et dont il avait tant à cœur de doter son pays; je ne puis résister à une certaine émotion à ce souvenir d'un bonheur que nous parta- gions avec lui. Honneur, messieurs, à la Société qui a tant fait pour atteindre son but! honneur aussi à l'homme (lui s'est dévoué pour cette grande entreprise ! Si le succès espéré n'a pas complètement répondu h tant d'eftbrts, c'est, je le répète, que la tâche est si difficile, qu'elle avait jusqu'à notre époque semblé au-dessus des forces humaines. La Société a subi des pertes importantes, mais non irréparables; elle les regrette sincèrement, mais nous nous félicitons beaucoup plus encore avec elle de la révélation que nous leur devons de sa force et de sa persévérance. Ce sont de nouveaux obstacles à surmonter avant d'atteindre le but, mais le résultat en vaut la peine. RACK OVLNE GRALX DK MAI CIlAMl' Kl ALPAGAS. 3 Quel mérite y aurait-il à des succès faciles, et quel besoin serait-il de faire appel au concours de tous les amis de Fliu- manilé et du progrès. La constatation de la perte d'une grande partie du troupeau ramené en septembre dernier par M. Roebn n'a découragé, ni les membres de votre Conseil d'administration, ni M. Roehn lui-même ; parce que ces animaux nous étaient arrivés dans des conditions tout à fait exceptionnelles, après avoir subi toutes les fatigues et môme les privations imaginables : aussi une souscription en vue de réaliser une somme de 60 000 l'r. fut ouverte spontanément parmi nos collègues des plus dévoués, et cette souscription, à laquelle la Société impériale d'acclima- tation et la Compagnie du jardin du bois de Boulogne ont pris part dans des conditions spéciales qui leur assurent une faveur particulière, produisit immédiatement un capital de 52 000 francs (1). Ainsi que vous l'a annoncé M. le président dans la séance du là décembre dernier, une combinaison longuement étu- diée permettra au comité souscripteur de s'associer directe- ment aux vues d'utilit(' universelle de la Société, en introdui- sant à la Plata un troupeau considérable de reproducteurs de la précieuse race Graux de Mauchamp. La Société ne verra pas sans intérêt cette tentative très sérieuse de régénération, par une race justement appréciée aujourd'hui, des 10 à r2 milUons de Moutons que possède la Plata, et dont la laine recevra de ces croisements avec le Mauchamp, le nerf, la longueur, le brillant et le soyeux qui lui manquent. Les éleveurs de la Plata ont fait venir à grands frais, de l'Allemagne, des animaux petits, mais dont la laine était d'une grande lînesse. Ces animaux, loin de se développer, sont restés dans leur état primitif; ils ont même dégénéré dans certaines contrées. Leur laine, qui était déjà courte et peu (1) Le comité des souscripteurs se compose de .MM. Debains, Charles de Belleyme, Fréd. Davin. A. d'EIclitlial, A. OollVoy Saint-Ililaire, Graux de Atauclianip, l'réd. Jacjuemart , E, Letebvrc , Lepelletier de Glaligny, E. Téreire et I. Péreire. (|\.) Il SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOULOGlULE d'acCLLMATATION. nerveuse, a perdu de ses qualités sur ce sol lointain. 11 est vrai que depuis, plusieurs éleveurs, reconnaissant leur erreur pre- mière, ont fait venir de France des reproducteurs de notre belle race de Moutons mérinos, qui jouissent, à juste titre, dans le monde entier, d'une supériorité incontestable, tant par leur taille, leur viande, que par leur laine si recherchée des indus- triels. Aussi depuis cette nouvelle introduction d'animaux français l'industrie reçoit-elle de ces pays des laines plus propres au peigne. Il est donc à désirer que Buenos-Ayres comprenne bien l'importance du service ({ue lui rend la Société d'acclimatation en introduisant, sous son patronage, une nouvelle race qui doit, comme je le disais plus haut, régénérer ses nombreux troupeaux en lui donnant le moyen de propager la race pure de Mauchamp qui aura toujours plus de valeur industrielle que les autres, à cause de la grande ressemblance de sa toison avec le poil de cachemire. Le troupeau expédié par le comité souscripteur k Buenos-Ayres se compose de 30 Béliers et 60 Brebis Graux de Mauchamp race pure, auxquels seront joint 6 Béliers mérinos provenant du beau troupeau de notre collègue M. Frédéric Jacquemart. Le produit de la vente de ces 96 animaux, ajouté à ce qui pourra rester disponible sur le capital souscrit, sera employé à une nouvelle tentative d'introduction de l'Alpaca en France. Je crois devoir vous faire connaître ici la part qu'ont prise à cette double opération, la Société impériale d'acclimatation et la Compagnie du jardin du bois de Boulogne. La Société a bien voulu assurer à notre entre])rise son patronage et l'aider de toute son influence, mais elle n'entend participer en rien aux risques de l'opération commerciale. Le comité, par un sentiment très légitime de reconnaissance, s'est engagé à lui fournir 10 Alpacas de premier choix pour la somme de 5000 francs ; il a pris également, envers la Compagnie du jardin d'acclimatation du bois de Boulogne, l'engagement de lui céder 6 Alpacas pour la somme de 6000 francs. Vous vovez, messieurs, que la seconde tentative que nous venons d'entreprendre avec le concours de l'intrépide natura- RACE OVINE GRAUX DE MAUCIIAMP ET ALPAGAS. 5 liste, homme de cœur par-dessus tout, qui sacrifie famille, santé, avenir à une aussi généreuse idée, présente toutes les chances désirables de succès. Nous ne croyons donc pas être trop présomptueux en espérant que la France devra un jour à la Société impériale d'acclimatation cette conquête plus pré- cieuse, de l'avis même de Buffon, que tout l'or du nouveau monde. Nous n'ignorons pas que pour avoir acquis définitivement l'Âlpaca, il ne suffît point d'en amener en France un grand trou- peau, et qu'aux difficultés de cette première tâche viendront ensuite se joindre celles de son acclimatation; mais l'insuccès même de notre premier essai justifie nos espérances, malgré toute la contradiction apparente de cette assertion. Sans vouloir entrer dans aucun détail sur cette importante question, nous nous contenterons de faire remarquer le bon état de santé dans lequel se trouvent ceux des Alpacas de notre troupeau qui ont été envoyés dans les Alpes, à Grenoble, et ceux recueillis par notre honorable et zélé collègue M. F. Jacquemart, et qui, sous sa direction et par les soins inteUigents d'un berger habile, sont aujourd'hui dans d'excellentes conditions. Vous vous joindrez à moi, messieurs, pour demander à la Société que des remercîments soient votés ta M. Jacquemart (1). (1) Conformément anx conclusions de ce rapport, des remercîmenls ont été votés par l'Assemblée à AI. Fréd. Jacquemart. Des remercîments ont été également votés à M. Fréd. Daviii. (R.) ETAT DE LA DOMESTICATION DE L'AUTRICHE A ALGER, Par W. HARDY. Directeur delà Pépinière centrale du GouvernemenI, à Alq-er. (Séance du 28 décembre 1860. La possibilité de domestiquer rAutniclie et d'en faire un oiseau de rapport, prenant sa place dans l'économie rurale, à côté des autres espèces, domestiques, avait été pressentie par plusieurs naturalistes, notamment par BufTon, par M. Isidore Geoffroy Saint-ïlilaire et M. le docteur Gosse (de Genève), auquel nous devons une remar(|ua])le enquête sur cette question. On avait vu jusqu'ici des Autruches captives vivant familière- ment près de la demeure de l'homme et parmi ses serviteurs, mais jamais elles ne s'étaient reproduites dans ces conditions. Or, la d(»mesti(.'ation de ce pi'and oiseau ne pouvait être résolue sans qu'il se reproduisît normalement dans l'état de servi- tude. Ce résultat est aujourd'hui acquis. Les éclosions obtenues régulièrement au Jardin d'essai d'Alger de]»uis 1857, celles ([ui se sont reproduites en 1859 et en 1860 à San-Donnlo , prés Florence, dans les parcs du prince Démithifl", déinonlrent de la manière la plus évidente que l'Aulruclie jieul se multiplier ind(''iiniment dans la capti- vité, et que sa domestication peut être considérée comme un fait acquis. Je désire soumettre à la Société les résultats (jue j'ai obtenus jusqu'à ce jour de mes tentatives pour la domestication de l'Autruche. Je diviserai mon travail en deux parties : la pre- mière comprenant l'historique des essais; la seconde, mes observations personnelles et les déductions pratiques qui en découlent, et qui formeront une sorte de guide de l'éducateur de l'Autruche. DOMESTICATIOX I)K L ArTHUCHE. 7 m PREMIÈPiE PARTIE. — Historique des essais. Bien que j'aie déjà rendu compte de ce qui s'était passé jusqu'en 1858, je vais cependant reprendre les opérations à leur début. Jusqu'au mois de décembre 1856, un troupeau d'Autruches était entretenu dans l'étaldissement. 11 était d'abord resserré dans un parc, qu'il partageait avec des Gazelles. Ce troupeau s'était formé des dons de diverses personnes appartenant à l'armée et à l'ordre civil. Les mâles étaient plus nomlireux que les femelles; ils se battaient entre eux, et faisaient aussi la guerre aux Gazelles, dont jilusieurs eurent les reins cassés })ar les terribles coups de pied que ces grands volatiles don- nent lorsqu'ils sont agacés et excités. Des dons d'Autruches furent faits à divers établissements publics, notamment au Muséum d'histoire naturelle de Paris, au Jardin zoologique de Marseille et à celui dWnvers. Le trou- peau, réduit à deux couples, fut mis dans un parc circulaire placé au milieu de Tune des principales allées de l'établisse- ment. Cet enclos avait 1(3 mètres de diamètre, et, sur un point de sa circonférence, un hangar avait été établi. Un râtelier, une mangeoire pour déposer leur nourriture , une auge con- tenant de l'eau pour leur l)oisson, furent établis sous le han- gar; cette installation eul lieu au commencement de 1852. Dans l'ancien parc, les femelles ne firent aucune ponte; nous n'avons j)as vu non plus que, dans ce heu, elles aient eu des rapports avec les mâles. Évidr-mment les Gazelles les gênaient beaucoup et ajjportaient une grande perturbation dans leurs habitudes. Dans leur nouveau parc, elles n'étaient plus gênées par des individus étrangers, et elles étaient beau- coup plus tranquilles; néanmoins les mâles se battaient, et il y en eut un qui eut le dessous, et qui ne pouvait jdus prendre sa nourriture ni faire la C(jur à sa femelle qu'à la dérobée. Dans ce nouvel état, les femelles pondirent abondanunenl; elles creusèrent même chaque année, aidées do^ mâles, plu- sieurs excavations circulaires pour y faire leur nid ; il fallait 8 SOCIÉTÉ IMPÉRTAI.E ZOOLOOIOFE d'aCCLIMATATION. r[iio ce besoin de faire ce travail fût bien pressant chez ces animaux, car le sol de ce parc était excessivement dur et avait été rechargé de pierres, de décond)res, de gravier, liés en- semble et formant une espèce de béton. L'excavation circulaire n'en était pas moins creusée à coups de bec, et des pierres d'un volume assez considérable en étaient extraites et mises à l'écart. Ce trou pouvait avoir i mètre 20 centimètres de dia- mètre. Un même couple en creusait plusieurs dans une même saison, sans jamais en adopter un seul pour y faire la ponte. Ces trous se remplissaient d'eau au moment des pluies, et la conservaient pendant plusieurs jours. Le public fréquentait constamment cet endroit et excitait ces oiseaux , qui n'étaient pas suffisamment, dans cet espace étroit, protégés contre les regards indiscrets. La position n'était évidemment pas favo- rable à la procréation ; mais ces préliminaires semblaient indi- quer qu'il serait peut-être possible d'arriver à des résultats meilleurs dans une situation mieux appropriée. Craignant cependant de ne pas réussir iv faire couver natu- rellement les Autruches, je pris le parti de tenter l'incuba- tion artificielle. Je fis l'acquisition d'une couveuse Vallée, et pendant plusieurs saisons de suite, j'essayai d'y faire éclore des œufs d'xVutruche , mais toujours sans succès. Je mettais les œufs d'abord à la température de 25° centigrades, puis successivement elle était élevée jusqu'à lib". Je les ai laissés exposés ainsi de 45 à 50 jours. Dans quelques-uns seulement, j'ai cru remarquer un commencement d'incubation , mais à peine sensible ; le vitellus avait un peu plus de développement que dans l'état ordinaire, voilà tout. Cependant les deux couples présentaient de plus en plus les meilleures dispositions pour la ])rocréation. Les mâles en- traient régulièrement en rut au commencement de chaque hiver, ils cochaient les femelles; les pontes étaient abondantes et réguhères. Les œufs étaient ramassés à mesure, afin qu'ils ne fussent pas brisés par les pieds des oiseaux pendant leurs luttes, et cette circonstance avait pour résultat d'exciter la ponte. Une seule ponte donnait de 25 à 30 œufs. Une année, la plus grosse femelle fil une seconde ponte à l'automne et DOMESTICATION DE l/ArTRECIIE. 9 pondit 21 œufs, ot donna pendant les deux pont/'s et pendant l'année 50 œufs. Plus tard, lorsque ces oiseaux déposaient leurs œufs régulièrement dans un nid, et qu'ils n'étaient plus enlevés à mesure de la ponte, la quantité en était bien moins élevée, ainsi qu'on le verra par la suite. Au mois de décembre 1856, je pris le parti de mettre un couple dans un parc plus spacieux et plus retiré, pour voir si enfin il se déciderait à couver. Ce nouvel enclos avait une superficie d'un demi-hectare environ; la moitié était cou- verte d'arbres et d'arbustes entremêlés et formant des fourrés impénétrables à la vue ; l'autre moitié était nue et abritée des vents d'ouest par un haut bâtiment. L'autre couple resta dans l'ancien parc. A partir de ce point, j'indiquerai, pour plus de clarté, année par année, les résultats obtenus, et je désignerai par le n" 1 le couple qui fut transféré dans le nouveau parc, et par le n" 2 celui qui demeura dans l'ancien parc. Année 1857. A peine entrées dans leur nouveau parc , les deux Autru- ches en visitèrent tous les recoins. La partie boisée fut sur- tout de leur part l'objet d'une exploration minutieuse, et c'est là qu'elles se tenaient le plus volontiers. Dans les premiers jours de janvier, elles commencèrent à creuser, dans la par- tie la plus loutï'ue et où les regards pénétraient le moins, un nid en terre ; la terre , en cet endroit , est une argile ocreuse. Vers le 15 janvier, la femelle commença sa ponte: deux œufs furent d'abord abandonnés au hasard dans le parc , je les fis mettre dans le nid qu'elles avaient creusé ; elle vint pondre ensuite régulièrement à côté. Elle en pondit ainsi douze. Dans les premiers jours du mois de mars, le mâle et la femelle commencèrent à couver. Une semaine après, il vint des pluies très abondantes qui se prolongèrent; l'eau pénétra le nid ; les œufs se trouvèrent dans une espèce de mortier, et les pauvres animaux abandonnèrent leur couvée. .l'avais déjà l'expérience que les Autruches faisaient quel- quefois deux pontes dans une année, je pensai que celles-ci pourraient bien ne pas tarder à en faire une nouvelle; mais JO SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLniATATION. il convenait do prendre ses précautions pour prévenir le re- tour de l'accident qui venait de se produire. Je lis apporter une grande quantité de sable, et j'en fis former un large mon- ticule à l'endroit où le nid avait été creusé , et , comme les regards y pénétraient de divers points, je le lis entourer, à une grande distance , de paillassons , de façon que l'on ne pût l'apercevoir. Ce fut avec satisfaction que je vis, vers la mi-mai, les Au- truches creuser un nouveau nid au sommet du monticule que je leur avais fait préparer; puis, peu de temps après, la se- conde ponte commença. Dans les derniers jours de juin, les Autruches commencèrent à garder le nid plusieurs heures par jour, il y avait huit œufs; puis, à partir du 2 juillet, elles couvèrent régulièremenl, le mâle gardant le nid la nuit, et la femelle le jour. Le 2 septembre , on aperçut un petit se promenant autour de l'Autruche, qui était sur le nid. Ouatre jours après, elles cessèrent de couver, s'occupant exclusive- ment du nouveau-né. Je cassai alors les œufs restants , et je vis que trois fœtus étaient morts dans un état d'incubation très avancée et prêts à sortir de la coquiUe , que deux œufs étaient clairs et sans putréfaction, et que deux étaient pourris et répandaient une odeur insupportable. Le petit Autruchon mangea du grain, du pain, de l'herbe tendre, de la salade. Il s'éleva parfaitement. Le n" 2, demeuré dans l'ancien jiarc, qui, ainsi que je l'ai dit, était très peu spacieux, et autour duquel il y avait une grande fréquentation, se conq)orla counne par le passé. La ponte fui nboudanle; les aMifs furejit déposés, sans aucune attention, à tous les endroits du parc par la femelle, qui ne montra pas la moindre velléité de couver. Année 1858. Le 18 janvier, la lémene du couple n" 1 commença sa ponte. Ses deux premiers œufs furent déposés au hasard dans le parc ; puis elle alla régulièrement pondre dans le nid qui avait servi l'année précédente, e.t qui n'avait pas été dérangé. Elle y déposa douze œufs. Cette ponte fut de quatorze œ^ufs ; DOMESTICATION DE l'aïTRICHE. Ij ies deux proniiers abandonnrs par la mère, et douze déposés dans le nid par elle. Cette ponte se termina dans les premiers jours du mois de mars. Dès lors la femelle se mit sur ses œufs quelques heures au milieu du jour. Le soleil donnait sur le nid presque toute la journée ; puis ses séances se prolon- gèrent, et elle demeura sur les œufs de neuf heures du matin à trois heures du soir. Le reste du temps, et pendant la nuit, les œufs restaient découverts. Enfin, le 12 mars, elle garda le nid tout à fait. Alors le mâle partagea les travaux de l'incuba- tion, et se mit sur le nid principalement la nuit. Peu à peu il prolongea ses séances, et, vers la fin de l'incubai ion, il de- meura sur les œufs beaucoup plus longtemps que la femelle. Dès les premiers jours de la couvaison, un œuf fut sorti du nid et ne fut pas couvé; cet œuf demeura intact jusqu'à In fin et ne fat pas cassé par les Autruches. Chaque fois que le mâle et la femelle se sont substitués sur le nid , celui qui reprenait la séance examinait les œufs les uns après les autres avant de se remettre dessus ; il les re- tournait et en changeait toujours (juelques-uns de place. S'il pleuvait, l'Autruche demeurée libre venait se ranger à côté de celle qui couvait pour l'aider à abriter le nid. Le 11 mai, on aperçut quelques petites Autruches sortir leur tète de dessous les ailes du couveur, et, le 13 au matin, on put voir le mâle et la femelle quitter leur nid, ccjnduisant une bande de neuf petits Autruchons. Les plus jeunes s'avançaient avec des pas incertains ; les plus âgés couraient et becquetaient les lierbes les plus tendres; le père et la mère veillaient sur eux avec une vigilante sollici- tude. Le père surtout ]jaraissait leur accorder la plus grande tendresse ; c'est lui princii)alement qui les abritait de ses ailes pendant la nuit. De toutes les sortes de nourritures qui furent offertes à ces Autruchons, ce furent les salades (ju'ils préférèrent. Ils pre- naient du grain, mais en très petite quantité; quant à la pâtée et à la viande , ils la dédaignèrent complètement. Ainsi, sur douze œ.ufs, neuf ont éclos; sur les trois restants, un avait été sorti du nid à dessein par les Autruches : il était 12 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOfilQUE d'aCCLIMâTATION. clair, et n'a pas été couvé. Un autre était gâté, et dans le troi- sième il y avait un petit mort. Le couple n** 2, demeuré dans l'ancien enclos, se compor- tait comme par le passé : la femelle pondait en dispersant ses œufs ; on les ramassait au fur et à mesure, en les conservant avec soin. Le 5 avril, à la fm de la ponte, je fis transférer ce couple dans un parc plus spacieux et plus retiré, établi au milieu d'une plantation de jeunes caroubiers. Des baliveaux ont été ménagés pour l'ombrage, et, dans la partie la mieux située, je fis déposer un monticule de sable pour y établir le nid, et ce monticule fut entouré, à certaine distance, de pail- lassons, de façon à le soustraire aux regards de tous les côtés, tout en ménageant des accès faciles pour les oiseaux. Dans le nid ainsi préparé, je déposai douze œufs de la femelle de ce couple, choisis parmi les plus nouveaux de ceux qui avaient été recueillis au fur et à mesure de la ponte. Tout était disposé de la sorte, lorsque ces deux grands oiseaux furent introduits dans leur nouvelle demeure. Ils mi- rent plusieurs jours à s'orienter; ils ne s'approchaient pas du nid , et le regardaient avec une sorte de défiance. Je les y liabiluai, en faisant déposer leur nourriture tout auprès. Pen- dant ce temps, la femelle pondit deux œufs à travers le parc, je les ajoutai aux douze que contenait df^jà le nid. Peu à peu les xVutruches se rapprochèrent des œufs, et se mirent à les examiner avec la ])lus grande attention ; elles les touchaient alternativement avec le bec, comme si elles eussent voulu les compter. Enfin, au bout de trois jours de la méditation où elles paraissaient plongées, le maie se mit résolument sur les œAifs, et commença à les couver. Alors ce travail d'incubation se continua avec la plus grande assiduité, le mâle et la femelle se succédant alternativement. Elles trièrent trois œufs, qui furent rejetés en dehors du nid. Le 10 juin, trois petits étaient éclos; ce fut le résultat de la première couvée de ce couple. Ces trois petits s'élevèrent parfaitement. Il y a ici une remarque importante à faire, et qui démontre combien l'Autruche se prête à la domestication lorsqu'elle est DOMESTICATION DK l'aI'TIILCHE. 13 mise dans un milieu convenable : c'est que ce couple a accepté sans hésiter une nichée d'œufs préparée par la main de l'homme, absolument comme ferait une poule de basse-cour. Le résultat de l'année 1858 fut la naissance de douze petites Autrjiches obtenues de deux couvées ; pas une ne fut malade, et toutes grandirent admirablement. Celle née en 1857 prit un beau développement; elle demeura avec ses parents, le couple n" i , pendant la couvaison de 1858, et il n'en résulta aucun inconvénient. Année 1859. La femelle du couple n" 1 commença à pondre le '2li février. Ses œufs furent d'abord abandonnés au hasard dans le parc ; les trois premiers ont été ramassés , puis les deux suivants ont été mis dans le nid, dont le sable a été relevé et arrangé. A partir de ce moment , la femelle a déposé régulièrement ses œufs dans ce nid. Le 22 avril, la femelle a commencé à garder le nid plusieurs heures par jour ; puis, au bout de trois jours, elle y demeura assidûment. Elle a pondu vingt-trois œufs dans le nid , plus trois qui ont été ramassés dans le parc; la ponte s'élève, par conséquent, à vingt-six œufs. Six œufs ont été éliminés du nid ; il en reste dix-sept soumis à l'incubation. Les neuf petits nés l'année précédente n'ont pas été sé])arés de leurs parents. Ils se hvrent ta tous leurs ébats autour de la mère, sautent par-dessus, et marchent même sur elle, tandis qu'elle est accroupie sur le nid. Ces exercices paraissent l'im- portuner beaucoup ; le mâle en souftre moins, parce qu'il ne couve que la nuit, et qu'alors les petits restent couchés près de leurs parents. Au bout de quinze jours, la femelle impatientée abandonne ses œufs, et le mâle en fait autant. Je fais aussitôt séparer les petits et mettre une haie de pail- lassons au milieu du parc ; le père et la mère demeurent dans le conqjartiment où se trouve le nid, mais ils ne se remettent pas sur leurs œufs. Ce couple ne recommence pas une seconde couvée , ni la femelle une nouvelle ponte dans le courant de la saison. Ih SOCIÉTÉ IMPÉiilALE ZUULU(>UjLE d'aCCLIMATATION. Le couple n° 2 se dispose à procréer de noiiveau. La femelle commence à pondre le 15 février. Le premier œuf est déposé dans l'ancien nid, dont le sable a été relevé ; le second œuf est pondu à travers le parc, et ceux qui suivent sont déposés régulièrement dans le nid. La femelle pond à peu près tous les deux jours; cependant il se présente quelques intervalles de trois jours. Dans la nuit du 9 au 10 mars, deux œufs ont été cassés ; on voit un peu de désordre dans le parc, mais on ne sait pas ce qui s'y est passé. Je rappelle que ce parc est établi au milieu de l'établisse- ment , dans une plantation de caroubiers occupant le carré n" 14 ; il est environné d'une double enceinte de treillage à claire-voie. La clôture de l'établissement, de trois côtés, se compose de haies de roseaux, à travers lesquels il est facile de passer Dans la nuit du 5 au 6 avril, de nouveaux désordres ont lieu ; du poil resté au treillage, les empreintes sur le sol, indi- quent que des chacals ont pénétré dans le parc. On voit les traces d'un combat acharné entre les Autruches et les chacals: ces derniers sont parvenus , paraît-il , à entraîner quelques 03ufs jusque près du treillage , mais ils n'ont pu leur faire franchir l'enceinte , et ils ont dû gagner le large sans avoir acconq)li leur dessein. On a remis tout en place avec soin , mais les oiseaux sont incjuiels, agités. Deux jours après, mêmes désordres, occasionnés encore ï)ar l'assaut des chacals, mais moins apparents cependant. Le 10 avril, la femelle a pondu un œuf à nouveau ; mais la saison s'écoule, et la mère ne se met pas à couver. Les trois petits nés l'année précédente, (pii sont demeurés avec eUe, la gênent évidemment. Le père et la mère paraissent in(|uiets ; les assauts des chacals ne sont certainement pas étrangers à cet état. Le couple finit par abandonner les œufs, et ne s'en occupe plus. La femelle de ce couple mourut tout à coup le 10 août. Elle était languissante depuis quelque tenq>s. Le corps a été remis à l'École de médecine d'Alger pour (^n faire un s([uelette. On DOMESTICATION DE l'aLTUUGHE. 15 lui a trouvé dans les intestins un calcul voknnineux, au centre diKiuel se trouvait un clou de charrette qu'elle avait avalé. La jeune Autruche, née en 1857, a tout son développement, et a pris Ja livrée de l'Autruche femelle. A l'automne, on re- connaît chez elle des signes qui annoncent (ju'elle approche de l'âge adulte. ?]lle hecquète la terre, incline les ailes, et les agite en frémissant, ainsi que le font les femelles qui désirent l'approche du mâle. Les douze jeunes, nées en 1858, ont, à la fm de l'année, la taille de leurs parents ; mais les caractères extérieurs qui doi- vent ftiire distinguer les mâles d'avec les femelles ne sont pas encore suffisamment accusés. Année 1860. Dès le déhut de la campagne , des mesures ont été prises pour prévenir la confusion (jui avait eu lieu l'année précé- dente par la cohahitation des jeunes avec leurs parents. Au commencement du mois de janvier, les jeunes Autru- ches nées en 1858 ont pris leur plumage définitif, et l'on dis- tingue parfaitement les mâles d'avec les femelles. Les trois jeunes provenus du couple n" 2 présentent deux femelles et un mâle; parmi les neuf obtenus du couple n° 1, il se trouve trois mâles et six femelles. Dans l'un comme dans l'autre cas, il y a deux femelles pour un mâle. On verra, par la suite, si cette proportion se maintient. Il paraît certain qu'à l'état sau- vage, le nombre des femelles est toujours plus élevé que celui des mâles. Les trois jeunes obtenus du couple n" 2 ont un peu plus de développeuK'nt que les autres ; avec le mâle et la plus lorte femelle, il est formé un couple qui est établi dans un parc séparé, et reçoit la désignation de couple n'' 3. La femelle qui reste est réunie aux autres jeunes, qui de- meurent ensemble et composent un troupeau d(^ ti'ois mâles et sept femelles. A ce momeni, ces oiseaux ne j)araissent pas encore avoir atteint l'âge de pubert('» : les mâles ont revêtu le plumage noir et blanc, mais ils n'ont pas les signes qui carac- térisent le rut ; le cou et les cuisses ne sont pas rouges ; ils ne 1(5 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZUULUGlnUE d'ACCLIMATATIUN. chaulent pas, et ne cherchent pas encore à cocher les femelles. Ceci se passe au commencement de janvier, époque où les ponles sont commencées d'ordinaire , et elles sont plus tar- dives cette fois que de coutume. La femelle du couple n*" 1 commence à pondre le 4 mars. Ses deux premiers œufs sont déposés à travers le parc ; on les ramasse et on les met dans le nid de sable; la femelle y dé- pose ensuite ses œufs régulièrement. Le 8 avril , elle commence à couver ; il y a quatorze œufs dans le nid. Le mâle couve assidûment : il remplace la femelle lorsqu'elle va manger; il se tient sur les œufs la nuit, et, en somme, ses séances sont infiniment plus longues que celles de la femelle. A partir du 25 avril, il pleut presque tous les jours; une nuit il tombe une averse inouïe. Le parc est en contre- bas d'une grande route, et cette route est au bas d'une pente rapide et prolongée ; l'eau se précipite à torrents , inonde le parc et noie les œufs. Cependant les oiseaux ne bougent pas de leur nid , et couvent avec la même ardeur. Le 21 mai , le mâle déménage les œufs de leur place, et les rétablit dans un nouveau nid qu'il creuse à côté. Le mâle et la femelle sem- blent redoubler d'ardeur à couver, et paraissent inquiets Le 9 juin , on voit que ces oiseaux souffrent et s'épuisent Les œufs sont enlevés et examinés ; on en trouve onze ren fermant des fœtus morts et ayant un peu plus de la moitié de leur développement , mais déjà en état de décomposition Il est certain que la submersion du nid par l'eau a refroidi les œufs au point de faire avorter l'incubation. Vers la mi-juillet, la femelle recommence une nouvelle ponte ; tous ses œufs sont déposés réguHérement dans le nid par elle. Ce nid a été rétabli, on y a ajouté beaucoup de sable ; le monti- cule est assez élevé pour que les eaux ne puissent le recouvrir. On a d'ailleurs creusé plusieurs rigoles pour les détourner en cas de fortes pluies, ce qui n'est guère probable en cette saison. Le 26 août, le couple commence à couver ; il y a seize œufs dans le nid. Cependant on n'est pas certain qu'ils aient été fécondés. Le mâle n'a donné aucun signe de rut ; les parties du corps qui sont ordinairement rouges dans cet état, sont DOMESTICATION DE l'aUTRUCIIE. 17 demeurées pâles. On n'a remarqué d'ailleurs aucun rappro- chement intime entre le mâle et la femelle. Le 5 octobre , il n'y a pas encore d'éclosion. Les oiseaux sont très fatigués; le nid exhale une odeur infecte; les œufs sont retirés, et, examinés, ils sont trouvés tous clairs. Couple n" 2. La femelle du couple if 2 étant morte au mois d'août précédent, elle est remplacée près du mâle par la femelle née du couple n° 1, le 2 septembre 1857. Cette union a lieu le 20 janvier. Le nouveau couple ne tarde pas à se livrer avec ardeur à ses ébats amoureux. Le II mars, la femelle commence à pondre, et son premier œuf est déposé par elle au miheu de l'ancien nid, qui est écroulé et à besoin de réparations. Ce premier œuf est suivi de deux autres, à deux jours d'intervalle. Le nid est réparé; on y ajoute beaucoup de sable , et les œufs sont remis à leur place ; la ponte continue ensuite régulièrement et sans inter- ruption ; les œufs sont énormes. Le 8 avril, la femelle commence à couver; il y a quinze œufs dans le nid. Au bout de quelques jours, trois œufs sont éhminés et mis en dehors du nid. Ils demeurent intacts, et n'ont pas été cassés par les oiseaux. Le mâle, comme de cou- tume, partage les travaux de l'incubation et couve la nuit. Ses séances sur les œufs sont plus prolongées que celles de la femelle. On peut dire, en général, que c'est la femelle qui commence la couvaison, et que c'est le mâle qui la fmit. Le 21 mai, on voit au matin sept petits qui viennent d'éclore. Le père et la mère les cachent sous leurs ailes. Ils se lèvent vers dix heures , et promènent leurs petits en plein soleil. On voit alors un autre petit gisant sur le sable, et qui est encore vivant; on le réchauffe; on lui fait manger du pain trempé dans du vin; il se ranime, et, au bout de trois jours, il est remis avec la couvée. Le lendemain, en relevant les œufs non éclos, on retrouve un autre Autruchon complètement enterré dans le sable ; il donne encore signe de vie. On essaye de le ranimer, mais on n'y parvient pas; il finit par périr. Il est mis dans l'alcool. Cette éclosion a amené neuf petits, et elle constitue une T. VIII. — Janvier et Février 1861. 2 18 SOCIÉTÉ IMPÉUIALE ZOOlAXiTQUE d'aCCLIMATATION. deuxième génération obtenue en domesticité. L'incubation n'aurait duré , ici , que quarante-quatre jours. La date de l'éclosion est certaine , et je crois être certain également de la date du jour où la mère a commencé à couver. Cependant, il peut se faire qu'elle ait gardé partiellement le nid anté- rieurement, mais pas d'une manière continue. Au bout de quelque temps , on remarque deux petits qui ne grandissent pas autant que les autres, et restent languis- sants. Le 10 juin, ils sont très malades et ne suivent pas la troupe. On les retire , pour les soigner à part. On leur fait prendre un peu de vin d'Espagne , mais ils meurent tous les deux dans la journée. Le 20 juillet, on voit un petit qui a la patte cassée près du j)ied. Le pied ne tient plus que par un lambeau de peau. ()mi- tre ou cinq pierres de la grosseur du poing sont au milieu du parc, à l'endroit où ces jeunes oiseaux se groupent d'ordi- naire. Il n'y a pas à douter que cet accident est le résultat d'un acte coupable. Des gens malintentionnés ont IVancbi la première enceinte pour jeter ces pierres sur les oiseaux. On coupe le lambeau du petit blessé, on met un appareil sur la plaie, et on le confine dans un coin du parc. La pauvre bête marcbe en s'appuyant sur son moignon, elle mange à peu près comme d'babitude ; mais l'intlammation gagne le liaut de la jaudie, et au bout de dix jours elle meurt. Le 18 septembre, deux de ces jeunes Autrucbes sont tuées pour figurer comme r«jti au repas offert par la ville d'Alger à LL. MM. l'Empereur et l'Inqoératrice. Ces petites Autrucbes, âgées de quatre mois moins deux jours, étaient excessivement grasses. Elles pouvaient peser environ 25 kilogrammes chacune (je n'ai pas eu le loisir de les peser). Des personnes qui en ont mangé, m'ont aflirmé (|ue leur cliair était très tendre, excel- lente , tenant à la fois du dind(m et de la pintade. Ainsi, sur cette couvée : 3 petits sont morts de langinnir, peu de temps après la naissance. 1 — est mort d'accident, ayant eu la patte cassée. 2 — ont été mangés. 3 — restent en parfait état et grandissent sensiblement. DOMESTICATION DE l'aUTRUCHE. 19 Le jeune couple portant le n" 3 n'a rien produit; le mâle n'a donné aucun signe de rut, il n'y a eu aucun accouplement; la femelle n'a pas pondu ; il n'y a eu chez les individus de ce couple aucune velléité de procréation. En ce qui concerne le grand troupeau de jeunes , nés en 1858, se composant de trois mâles et de sept femelles, les choses ont été un peu plus avancées. Deux mâles ont donné des signes de puberté, mais, peu prononcés, leur cou n'était que très légèrement rouge, et leur chant n'avait pas toute son étendue; quant au troisième, qui était un peu plus fort et plus vigoureux, il réunissait tous les caractères de l'âge adulte. Il avait la peau du cou très rouge, il chantait fort, il se hvrait fréquemment à cette pantomime lascive qu'exécute le mâle dans le plus fort du rut; il battait ses frères à outrance, et co- chait violemment les jeunes femelles. Cependant il y en avait une qui paraissait avoir ses préférences. Cette femelle pondit trois œufs de médiocre volume, à travers le parc. J'avais fait préparer un vaste nid, entouré et garanti par des paillassons, dans le cas où ces oiseaux auraient voulu s'associer pour pondre et couver, ainsi que l'on dit que les choses se passent dans le désert, mais rien de semblable n'eut lieu. La ponte se borna à cette seule femelle et à ses trois œufs , qui bientôt furent cassés et les coquilles mangées par les membres du troupeau, chez lequel régnait l'anarchie la plus complète. Par ce qui précède, je suis fondé à dire que les Autruches, en domesticité du moins, ne sont adultes que deux ans et demi après leur naissance, et que ce n'est qu'au bout de ce temps qu'elles sont réellement en état de reproduire. En résumé, il est né à l'état domestique, sous mes soins : 1 Autruche en 1807. 12 — en 1858. 9 — en 1860. 99 et parmi ces naissances, il n'y a de mortalité que dans celles de 1860, et dans les conditions qui ont été indiquées. (La suite pvochaiiu'menl.\ NOTE SUR L'ACCLIMATATION DES COLINS EN LIBERTÉ, P^r M. A. LJlLRE1%CE. (Séance du li décembre 1860.) Monsieur le Président , Je suis de ceux qui voient dans les êtres qui nous entourent plutôt des amis à chérir que des ennemis à combattre, ou bien encore de précieux auxiliaires que le Créateur nous a donnés pour nous venir en aide , satisûiire nos goûts , nos besoins. C'est dans cette idée, bercé par cette douce croyance, que moi aussi, depuis bien des années, j'ai consacré mes loisirs à l'édu- cation et à racclimatation de quelques-uns de ces oiseaux qui font l'ornement de nos volières et le charme de nos basses- cours. J'ai été assez heureux pour les faire reproduire tous ou presque tous; mais, en dépit de mon succès, je dois le dire, je sentais mon bonheur incomplet : malgré moi je gémissais de voir de si jobs petits êtres entassés pêle-uiêle dans des cages. J'aurais voulu les voir libres, sautiller dans la plaine, ou, perchés sur un arbre, jeter au vent leurs notes sonores, ou se vautrer dans la poussière sous-un rayon de soleil ; mais un sentiment (]ue je ne saurais définir le plus souvent arrêtait l'élan de mon cœur. Ce n'est qu'après des hésitations, des ter- giversations de tout genre , que je me décidai à ouvrir les portes de leurs prisons; mais, avant d'en arriver là, vous dirai-je , monsieur le Président , quelles peines je m'étais données , quels moyens j'avais employés pour habituer mes oiseaux au pays, les précautions infinies que j'avais prises pour éloigner d'eux ce qui pouvait leur nuire. C'est en vérité toute une histoire, et comme je la crois utile à connaître par ceux du moins qui, mus par un noble sentiment, cherchent dans l'intérêt de tous à repeupler de gibier nos bois et nos champs, qui de jour en jour semblent se dégarnir davantage, je vous demanderai la permission de vous la raconter. COLLNS EN LIBERTÉ. 21 II ne faut pas so le dissimuler, rien n'est plus difTicile (jue (rattacher au sol le gilner qu'on veut mettre en liberté' : qu(,' ce soit un lièvre, une perdrix, un chevreuil ou un oiseau, du moment qu'il s'aperçoit qu'aucune entrave ne l'arrête, il part comme un insensé, s'élance dans l'espace, et l'abus qu'il fait de sa liberté ne tarde pas à tourner contre lui.... Il ne suffit donc pas d'ouvrir la porte d'une cage à un oiseau pour le croire ?auvé ; ne vous y trompez pas , mille dangers l'atten- dent dans la plaine, surtout quand cet oiseau a été élevé et tenu en captivité. Son inexpérience de toute chose le rend incapable de se suffire à lui-même; il ne sait ni chercher ni trouver sa nourriture. Ses ailes, sa sauvegarde, cet énergique instrument de sa conservation, il ne sait pas s'en servir ; son corps, alourdi par l'inactivité, ne peut résister à la fatigue : à la moindre poursuite, il s'affaisse , il suffoque, il est pris. Pour obvier à ces graves inconvénients, il y a donc des me- sures à prendre, des précautions à observer, et comme celles que j'ai prises jusqu'à ce jour m'ont bien réussi, je me bâte de vous les indiquer. Avant tout, le point essentiel, c'est d'habituer l'oiseau au pays où l'on veut qu'il vive. On y arrive en le plaçant dans un endroit élevé d'où son regard puisse plonger aux dernières limites de son empire ; il faut que d'avance il connaisse les lieux où il trouvera sa nourriture, afin qu'il n'ait pas à se préoccuper de son avenir. Quand il aura compris que son existence est assurée, que vous l'aurez préparé de longue main aux douceurs qui l'attendent; quand enfin vous l'aurez fait passer par degrés, par une sage transition, de l'esclavage à la liberté, vous pourrez sans crainte fiiire tomber la dernière barrière qui le sépare des choses qu'il aime. 11 les connaît depuis longtemps ; identifié avec elles, elles ne produisent plus sur lui cet enivrement tant à craindre : c'est avec calme, dans une juste mesure, qu'il en usera. Pour réaliser ce que je viens de dire, voici les moyens que j'ai employés avec les Colins de la Californie. J'ai pris d'abord plusieurs couples que j'ai placés dans une grande mue, au pied d'un grand arbre (jui s'élevait dans la clairière d'un bois; ^2 SOCIÉTÉ niPÉHIALE ZOULOGlQlJE d'aCCLIMATATION. chaque jour je leur portais à boire et à manger. Au-dessus de celle cage, attachée aux branches de l'arbre qui la domine, j'avais établi une autre cage en tout semblable à celle du des- sous, mais avec cette différence toutefois que celle-ci avait un plancher qui débordait de 20 centimètres, et que l'autre n'en avait pas. Dans celte dernière cage, où j'avais renfermé un nombre égal de Colins, je leur avais donné à boire et à manger pour quinze jours au moins, dans la pensée de ne plus y re- venir et pour ne pas troubler leur sécurité par des allées et venues trop fréquentes. En agissant ainsi, voici quel était mon but. Le Colin , me disais-je , est plus souvent perché qu'à terre, du moins dans nos volières ; créons-lui des habitudes sur un arbre , qu'il y trouve une demeure paisible , bien abritée ; quand il sera libre, il y reviendra, et sans doute il entraînera avec lui les autres Colins qui sont à terre. Du haut de cet arbre, il apprendra à connaître le pays; son regard, longtemps ;\ l'avance, lui aura désigné le fourré du bois, l'herbe de la prai- rie, l'eau du ruisseau, et quand il pourra les parcourir, il ira à eux comme à de vieilles connaissances, avec bonheur, mais aussi sans transport irréfléchi. Pour Fattacher au sol, pour l'habituer à venir y chercher sa nourriture, je comptais sur les Colins qui étaient dans la cage inférieure ; habitués à ne vivre que sur terre, j'avais, je crois, quelque raison de penser qu'ils engageraient les autres Colins à venir les rejoindre, qu'ils partageraient ensemble leur nourriture , et que , con- fondant leurs habitudes, ils se prêteraient un mutuel secours. Ce que j'avais prévu arriva. Un soir, à la nuit close, quand je jugeai que mes oiseaux pouvaient impunément prendre la clef des champs, j'ouvris avec précaution toutes les portes de leurs cages, et je m'en allai sans bruit. Le lendemain, avant l'aurore, je revenais sur les lieux, et pour ne porter aucun trouble à mes oiseaux, je me cachai derrière un massif d'arbres. A cette heure, tout était tran- quille dans les cages aussi bien que sur terre. Bientôt le soleil parut h l'horizon, à cette vue, à cette douce chaleur qui les pénètre, mes Cohns s'agitent; ils vont, ils viennent dans leurs cages , une grande préoccupation les anime. Je COLINS EN LIBERTÉ. '23 U'^ vois, le cuii tendu, s'approcher tioiideniriit de rouverture qui s'est faite comme })ar encliantement devant eux. Passeront- ils outre? Ils n'osent, ils reculent ; ils reviennent pour reculer encore ; enfin, l'un d'eux se décide, il passe : le voilà sur la plate-lbrme qui 1-orde sa cage; droit sur ses pattes, il chante à tue-téte. Ceux du has lui répondent, et bientôt ce n'est plus qu'un concert général où chacun paye hardiment de sa per- sonne. Déjà le mélange s'opère : deux Cohns de la cage infé- rieure prennent leur vol, et viennent s'abattre sur l'arbre ; leur présence excite encore plus d'enthousiasme, plus d'animation. Tous sortent de leur cage, et l'arbre est le rendez-vous com- mun. La reconnaissance est bien vite faite entre eux; une fois les premiers témoignages d'afléction donnés et rendus, la joie éclate de plus belle ; ils sauteni, ils voltigent en tous sens. Ce sont des fuites précipitées et des retours instantanés qui sem- blent ne pas avoir de cesse. Ce[)endant le calme se rétablit : d'autres besoins se font sentir, la faim les aiguillonne.... Ren- treront-ils dans leurs cages? Non, leur dédain est superbe, ils iront ailleurs. Quelques-uns s'envolent , mais aussitôt ils reviennent s'abattre au pied de l'arbre ; ils cherchent, ils grat- tent la terre: je les vois qui mangent. Entraînés par l'exemple, les autres Colins les suivent, et, tous de commun accord, les voilà qui partagent leur nourriture. Le problème était résolu. Sachant maintenant à quoi m'en tenir , je m'en revins chez moi enchanté de mon succès. Chaque soir je leur apportais quelques bonnes provisions , mais , malgré mes efl'orts pour exciter leurs sensations et les rendre dociles à ma voix, je vis avec regret que leur défiance augmentait sans cesse, et l)ientôt il ne me fut plus possible de les voir ni de les entendre. Les ingrats n'avaient jdus besoin de moi, et quand le besoin ne commande pas, on oublie vite. A. Laurence. NOTES SUR LES SERVICES RENDUS A L'ACCLIMATATION PAR LES NATURALISTES PÉRON ET GlICHENOT. Par M. PÉPIX. (Séance du 28 décembre 1 8G0.) Messieurs , La Société impériale zoologique d'acclimatation, créée seu- lement depuis sept années , a déjà rendu , par ses savantes publications, de grands services à la science et au pays. Notre honorable président, M. Is. Geoffroy Saint-Hilaire, a fait con- naître, dans ses nombreux mémoires, les animaux qu'il serait utile d'introduire en France , leur histoire , leurs mœurs et leur emploi dans l'économie domestique et l'industrie. Déjà plusieurs d'entre eux se sont naturahsés sous notre climat, et se trouvent répartis dans plusieurs de nos départements, ainsi qu'à l'étranger. Les Bulletins et les Comptes rendus, si bien rédigés, sont lus avec empressement et très appréciés par les personnes qui s'occupent de la naturalisation des animaux et des végétaux, et les intéressantes notes qu'ils renferment sont, pour la plu- part, le résultat de faits et d'observations pratiques. Notre honorable président vous a donné l'énumération et la description des animaux utiles que l'on désirerait intro- duire et naturaliser en France. L'introduction de nouveaux animaux est une affaire de temps, et cependant, depuis soixante ans, il en a été importé un nombre assez notable. Je mention- nerai entre autres l'expédition du capitaine Baudin à la Nou- velle-Hollande, de 1801 à 1804, d'où le savant et infatigable zoologiste Pérou, et Lesueur, peintre d'histoire naturelle de l'expédition, rapportèrent en France les premiers Kangurous, le Cygne noir et le Casoar. Ces recherches sont toujours très INTRODUCTION d'aNIMALX ET DE VÉGÉTAUX. 25 pénibles, cllo transport des animaux ofï're surtout de grandes difficultés. Ces premiers Casoars {Dromaius ater, Vieillot) avaient le plumage noir et étaient de petite taille. Ils avaient été rappor- tés de l'île Decrès en 1803 : c'était la seule espèce connue alors ; ils sont morts à la ménagerie du Muséum d'histoire naturelle en 1822. Cette espèce n'a pas été retrouvée depuis, et ce sont les seuls qui furent importés en Europe. On peut les voir dans les galeries où est placée la riche et nombreuse collection de zoologie du Muséum. L'espèce que la Société d'acclimatation cherche à propager aujourd'hui, et qui a été l'objet d'une intéressante notice de notre confrère M. Florent-Prévost, publiée en 1857, sur leur reproduction et leur acclimatation en France, est le Dromée, appelé vulgairement Casoar de Nouvelle-Hollande {Dromaius Novœ Hollandiœ). Les Casoars que nous possédons aujourd'hui sont beaucoup plus grands et plus gros que ceux rapportés par Pérou, et leur plumage grisâtre diffère essentiellement des premiers. Des cinq zoologistes partis sur le Géographe et le Naturaliste pour cette expédition, Péron est resté seul. Dans cette position, il redoubla de zèle et de dévouement , et Lesueur réunit ses efforts aux siens pour s'occuper avec un soin égal de recher- cher toutes les classes d'animaux de ces contrées. Ils rappor- tèrent en France , en animaux de toutes sortes , grands et petits, 2500 à 3000 espèces presque toutes nouvelles, qui en- richirent considérablement les collections, et particuhèrement celles du Muséum d'histoire naturelle de Paris. Péron décrivait les mœurs de ces animaux, leurs habitudes, les noms qu'ils recevaient des naturels, leurs usages divers, etc. Lesueur les dessinait avec un grand soin. Péron avait, à son retour, emporté de l'île de France cent jeunes poissons d'eau douce connus sous le nom de Gouramis. Mais avant d'atteindre le travers du canal Mozambique , la mauvaise qualité de l'eau donnée pour remplacer une partie de celle contenue dans les vases occasionna la mort de tous ces poissons. Péron n'a pas été plus heureux que le bailli de •26 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'âCCLIMATATION. Suffren : il n'a pu réussir à doter la France du fameux poisson Gourami. Gomme on le voit, cette expédition a puissamment contri- bué au progrés de la science, et surtout de la zoologie ; mais la botanique s'est également enricbie par les végétaux de toutes sortes rapportés de l'Australie. Les plantes de la Nouvelle- Hollande ont , comme ses animaux , des caractères tout spé- ciaux; les arbres de ce continent étaient inconnus en Europe, et c'est encore à cette expédition, composée de savants et de naturalistes, cjue l'horticulture et l'arboriculture sont rede- vables d'arbres et arbustes qui, presque tous, sont aujourd'hui naturalisés dans plusieurs de nos départements de l'Ouest et du Midi, et dont un très grand nombre figurent avantageu- sement dans nos i)rovinces algériennes. Trois jardiniers botanistes, nommés par le Gouvernement, faisaient partie de cette expédition : c'étaient Riedlé, Sautier et Guichenot. Les deux premiers étant morts de fatigues et de privations pendant l'expédition, c'est Antoine Guichenot qui récolta et rapporta en France tous ces curieux et magnifiques végétaux qui enrichirent les collections de botanique , et ornent encore aujourd'hui nos serres et nos jardins par leur port et leurs belles et curieuses fleurs. Je crois devoir dire ici (pielques mots sur ce modeste horticulteur, qui aujourd'hui habite aux Gouéts, comuume de Bouguenais, à 7 kilomètres de Nantes. Antoine Guichenot, né à Paris, était élève jardinier au Jardin des plantes. Dans ses herborisations, il n'avait jamais été plus loin ({ue Fontenay-aux-Roses et Sceaux, lorscjuc le ca])itaine Baudin , d'après les ordres du Gouvernement , le prit à son bord comme jardinier-botaniste. Parti le 30 septemlire 1800, il ne revint à Paris que le 25 mars 1 80/i, rapportant le premier de beaux et magnifuiucs arbustes, tels que les Metrosideros , les^c«cm, les LepU)spermn7n ^ les Melaieiica, Eucalyptus ^ Hakea, Bankùa, Correct^ Embothriiim, ProteaM^ Casuarina, si précieux par la solidité et les riches marbrures de leur bois > les Xanthorrhea, dont la tige sécrète abondamment une résine très odorante; le Vhormium tenax^ deBotany-bay, nommé Liri INTHODLCTIUN d'aMMAUX ET DE VÉGÉTAUX. 27 de la Nouvelle-Zélande, pour les fibres textiles de ses feuilles; les diverses espèces à' Eucalyptus , ces puissants arbres, ces géants des forêts de l'Australie. La plupart de ces arbres ont été depuis naturalisés sur le sol français, et ils produisent déjà des bois utiles à l'ébénis- terie et à la marqueterie. Les bois si durs des Casiiarina et des Acacia (Mimosa) ont été admirés pendant l'Exposition uni- verselle de Paris, en 1855. Dans les jardins du midi et de l'ouest de la France , ils forment de curieux et élégants bos- quets. V Acacia dealbata s'est aussi naturalisé dans les jardins de Nantes et d'Angers. On ne pouvait alors qu'admirer cette inconcevable fécondité de la nature par ses productions si particulières et toujours si riches et si belles. Aujourd'hui encore tous ces arbres et arbustes sont très multipliés et recherchés pour garnir et orner nos serres tempérées et nos jardins d'hiver. Je crois devoir aussi rapporter un fait qui honore M. Gui- chenot, qui montre sa déhcatesse, et dont je dois la communi- cation à mon honorable ami le docteur Emmanuel Rousseau. Les nombreuses collections qu'il rapporta en France enri- chirent considérablement le Muséum d'histoire naturelle et les étabhssements d'horticulture de Paris. Guichenot, peu fortuné d'ailleurs, fit preuve, en cette circonstance, d'une grande délicatesse, en sachant résister aux offres les plus séduisantes. Il poussa la fidélité à ses engagements jusqu'à refuser de céder à un botaniste anglais, au prix de 25 francs pièce, des graines de Banksia, qu'il voulait scrupuleusement conserver pour la collection du Jardin des plantes. Cet honnête désintéressement , méritoire en toute circon- stance, le devenait bien plus encore dans la position extrême- ment modeste de Guichenot. Il refusa également de vendre une coquille, alors très rare, le Faisan {Fasianella bulimoïdes^ Lamk), qu'on vendait en- core, en ISO/i, 500 à 600 fr., et dont il avait été assez heu- reux pour se procurer un assez grand nombre d'échantillons. La conduite et le zèle du jeune A. Guichenot, pendant ce voyage, furent tghement appréciés par l'état-major du bord, â8 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATÂTION. ^ et en particulier par le capitaine Baudin , que son nom lut donné à un cap de l'Australie. La Société impériale et centrale d'horticulture a décerné , il y a quelques années, une médaille à M. Guichenot, en recon- naissance des services qu'il avait rendus à la science et à l'hor- ticulture : c'est là, je crois, la sçule récompense qu'il ait jamais reçue. Il y a en France une généreuse émulation pour honorer les helles actions et les utiles travaux : Antoine Guichenot a dou- hlement mérité que la piibhcité fît connaître sa belle conduite et les services qu'il a rendus, et il appartenait à la Société impériale zoologique d'accUmatation d'en être l'organe. C'est pourquoi je viens vous prier, messieurs, de vouloir bien auto- riser l'insertion de cette notice dans votre Bulletin. SL'K LA POiMME DE TERRE DE SAINTE-MARTHE ET SUR LES RÉSULTATS DE LÀ TROISIÈME ANNÉE DE CULTURE, Par n, L.-S. HÉBERT, Agent général de la Société. (Séance du 28 décembre 1860.) En rendant compte à la Société impériale d'acclimatation de mes essais de cultm^e des Pommes de terre dites de Sainte- Marthe en 1859, j'avais sm^out en vue de répondre aux obser- vations toutes défavoral)les présentées sur cette espèce par plusieurs agriculteurs qui , s'appuyant sur les résultats peu satisfaisants d'une première année d'expérimentation, con- damnaient sans appel la tentative de régénération entreprise par la Société. Les produits que j'ai obtenus cette année ont complètement confirmé mes prévisions. Je crois devoir rappeler, ainsi que je le faisais remarquer l'année dernière , que mes cultures ont été faites dans une terre forte et fraîche , que les conditions atmosphériques tout à lait exceptionnelles de cet été ont tenue constamment dans un état d'humidité anormale dont les fâcheux effets se sont fait sentir sur la récolte des Pommes de terre communes dans nos localités, de telle sorte que les produits de cette récolte n'atteignent pas le cinquième d'une récolte ordinaire. La ma- ladie, à peu près inconnue jusque-là, a fait cette année de très grands ravages ; partout les tiges étaient flétries dès le mois de juillet, et, dans certains endroits, il n'en restait plus trace au moment de l'arrachage. La plupart des tubercules étaient gâtés, et parmi ceux qui paraissaient sains, un grand nombre pourrissaient peu de temps après avoir été récoltés. Les Pommes de terre de Sainte-Marthe, cultivées comme les deux années précédentes, sans aucuns soins spéciaux, n'ont donné que quelques rares traces de la maladie , soit sur les 30 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOOIQUE d'âCCLIMATATION. tiges, soit sur les tubercules, dont un vingtième tout au pluf^ présentait quelques points attaqués. Les caractères particuliers que j'avais déjà remarqués se sont encore reproduits, mais avec une progression suivie dans le même sens. Les tiges étaient encore beaucoup plus vigou- reuses que celles des espèces communes, mais d'une végéta- tion moins folle que les précédentes. La floraison s'accomplit parfaitement, malgré les intempéries de la saison; la fleur se développa vigoureusement, tandis que, chez les autres, efle était étiolée avant d'éclore. On avait remarqué, dès l'époque des buttages, qui furent liiits à deux reprises, que les tubercules se montraient à fleur déterre, et demandaient par conséquent à être recouverts d'une couche assez épaisse ; on les avait donc buttés forter ment. Je reconnus k l'arrachage que cette précautiou était nécessaire, car les tubercules étaient tous ramassés, serrés Içs uns contre les autres , et si rapprochés de la tige, que, pour obtenir tous les tubercules d'un seul coup, il suflîsait de saisir des deux mains toutes les tiges d'un même plant et de tirer fortement: on avait ainsi, avec la plus grande facilité, une belle grappe de tubercules, dont le nombre s'élevait en moyenne à quarante par chaque plant. J'en ai même compté jusqu'à quarante-huit sur le même plant, sans tenir compte des petits bulbifles qui peuvent encore servir de semence. Les tubercules que j'ai l'honneur de mettre sous les yeux *^de la Société ont été pris, quelques-uns parmi les plus beaux, et le reste parmi ceux qui étaient au-dessous de la moyenne grosseur, les moyens ayant été consommés ; car l'abondance de ma récofle me permettait de m'assurer de la valeur comes- tible de cette espèce dont je n'avais point encore goûté. Je fus d'abord très désagréablement surpris, en coupant un de ces tubercules, d'y trouver des marbrures intérieures d'un beau violet, pén('lrant toute l'épaisseur du tissu très dense qui forme ce tubercule; je n'hésitai pas à le croire malade, malgré la teinte vermeiUe de ces marbrures. J'en coupai un second, un troisième, toujours même singularité. L'existence régulière de ces marbrures est un caractère particulier à cette espèce , POMME DE TERRE DE SAINTE-MARTHE. 31 mais qui n'altère en rien ses qualités. Préparée de diverses manières, cette Pomme de terre a été trouvée au moins égale en saveur aux meilleures des variétés ordinaires. Il ne faut pas se dissimuler toutefois que ces marbrures colorées doivent être un obstacle sérieux à la propagation de la Pomme de terre de Sainte-Martbe, quand même elle serait meilleure sous tous les rapports que les autres espèces, parce que cette bizarre coloration intérieure en empêchera la vente aux yeux des consommateurs, qui ne se laisseront pas facilement convaincre que cette singularité n'est point un signe de maladie. La rugosité de la peau, que j'avais signalée l'an dernier comme un indice de l'origine sauvage de cette espèce et de l'imperfection cle son acclimatation à cette époque, se repré- sente sur une surface beaucoup moindre ; et cette circonstance venant confirmer ma première appréciation , je crois pouvoir en conclure que l'acclimatation de ce tubercule a foit un pa.s déplus, sans être encore parfaitement accomplie. La variété qui m'a donné ces produits est la violette. La blanche, dont je n'avais récolté en 1859 que des tubercules déjà dégénérés, n'a fourni cette année qu'un produit insignifiant. Des résultats tout aussi satisfaisants de la culture de la Pomme de terre violette de Sainte-Marthe ont été obtenus dans différentes localités, et par plusieurs membres de la Société, parmi lesquels nous devons citer M. Brierre dans la Vendée, M. d'Eichthal dans l'Yonne, M. Geoffroy-Château dans l'Eure, M. Jacquemart dans l'Aisne, M. Sacc dans le Haut-Rhin, et, dans Seine-et-Oise , madame la comtesse Lepick, qui en avait reçu de la semence de M. le docteur Gloquet. Nous avons donc le droit de dire aujourd'hui que la Pomme de terre de Sainte-Marthe ne s'est pas montrée, comme l'ont prétendu en 1858 d'habiles agriculteurs, plus rebelle à l'accli- matation que tant d'autres végétaux étrangers, puisqu'elle atteint des proportions très satisfaisantes. Il y a peut-être même peu de végétaux dont l'introduction ait donné lieu de constater des progrès si nettement appréciables dans leur acclimatation. Nous nous fais(ms donc un devoir, avant de terminer ces observations, sur lesquelles, nous n'aurons sans doute plus à 32 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATIOM. revenir, de répéter que des tentatives comme celles qui font l'objet des efforts et des travaux de la Société demandent delà persévérance, et qu'un demi-succès ou même un premier échec ne doivent jamais faire abandonner une expérience utile. J'ai l'honneur de mettre également sous les yeux de la Société quelques Pommes de terre de quatre variétés diffé- rentes provenant de la culture de tubercules recueillis à l'état sauvage, sur divers points des Andes par M. E.Roehn, et en- voyés par lui à la Société. La caisse qui les contenait nous étant parvenue vers la fm d'avril, ils ne purent donc être mis en terre que dans la première quinzaine de mai , ce qui ne les a pas empêchés de fructifier dès cette première année , malgré les conditions atmosphériques particulièrement défavorables de Aoute la saison. Les tiges présentèrent une belle et vigoureuse végétation ; la floraison futremarquablement belle et abondante, et je recueillis un certain nombre de tubercules qui serviront à une nouvelle expérience de cuhure pour l'année prochaine. Si j'ai fait mention de ce premier essai, c'est qu'il m'adonne Heu à une observation qui me paraît très intéressante au point de vue des causes si controversées de la maladie des Pommes de terre. L'opinion généralement accréditée sur cette maladie est qu'elle doit être attribuée à la dégénérescence de ce pré- cieux végétal. Je ne prétends point entrer en discussion sur ce sujet, mais je dois citer un fait qui ne me paraît pas s'ac- corder avec cette opinion. J'ai déjà dit que la maladie avait été générale cette année dans nos contrées , que les Pommes de terre de Sainte-Marthe n'en avaient été que très peu atteintes. Or, les Pommes de terre arrivées des Andes à la lîn d'avril, mises en terre en mai , ont été très violemment attaquées , et les tubercules de première formation, c'est-à-dire les plus beaux , ont été tout à fait perdus , sans qu'il me fût possible d'en conserver un seul de certaines variétés. On ne peut pas dire, dans le cas présent, qu'il y avait dégénérescence de l'es- pèce par suite de longues cultures successives. Je me conten- terai d'appeler l'attention des observateurs et des savants sur ce fait, sans en tirer moi-même d'autre conséquence. II. TRAVAUX ADRESSÉS ET COMMU-MCATIO-NS FAITES A LA SOCIÉTÉ. SUR LES ALPAGAS ET SUR LES AVANTAGES QUE PRÉSENTE LEUR INTRODUCTION EN AUSTRALIE, Par M. LEDGER (1). (Séance du 14 décembre 1860.) J'ai dit que les Alpacas seront un jour pour l'Australie une richesse à la fois plus profitable et plus durable que ses mines d'or ; jusqu'à présent les résultats que j'ai obtenus conlîrmcnt mes prévisions , ainsi qu'on peut en juger par la toison de jeunes individus nés cette année, à Arthursleigb, d'un premier croisement de Lamas et d'Alpacas. Je prétends que l'Alpaca n'a jamais produit au Pérou de laine aussi belle, et la longueur ainsi que la qualité de cette précieuse matière dépassent toutes mes espérances. En faisant le calcul approximatif du nombre d'Alpacas que l'Australie pourra posséder dans cinquante ans d'ici , on est arrivé à des chilTres si considérables , qu'ils ne pourront man- quer de paraître exagérés aux yeux des personnes qui n'exa- mineront cette question que superficiellement; mais j'ai répété souvent ces calculs dans mes voyages solitaires, et plus d'une fois ils m'ont encouragé à persévérer, quand tout espoir sem- blait évanoui. Il n'y a assurément aucune exagération à prétendre qu'avec trois cent vingt femelles et cinquante iHcàles adultes, la colonie peut espérer de compter, dans cinquante ans d'ici, sur plus de cinq millions d'Alpacas, dont les toisons, calculées à 3 kilo- grammes seulement par individu, fourniraient 15 millions de kilogrammes de laine ; ce qui représente, à 5 francs le kilo- gramme, une valeur de 75 millions de francs. (1) Nous devons à rohligi^ance de M. P. llainel la traduction et la coni- municalion de ce travail. r MU. — Janvier et Février 1861. 3 34 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZUOLOGIQl'E d'acCLIMATÂTIUN. Si ces rdiimîiux sont capables à\m tel rapport , la simple énoncialion de ce résultat provoque une question bien natu- relle. Pourquoi le Pérou et la Bolivie n'exportent-ils pas une plus grande quantité de laine, puisque ce sont les contrées où ces animaux vivent depuis des siècles ? 11 est de notoriété officielle, d'après de nombreuses et impor- tantes autorités , qu'immédiatement après la conquête du Pérou par François Pizarre (et A. Priscott le rapporte dans son ouvrage , si excellent et si justement connu dans le globe), on tua les Alpacas uniquement pour satisfaire une simple gour- mandise, une fantaisie épicurienne, et que beaucoup de Lamas lurent détruits pour le seul plaisir d'en avoir la cervelle, (pii est un mets très friand et très reclierclié des Espagnols. Tel était l'esprit de destruction après la conquête, dit Onde- gardo , le sage gouverneur de Cuzco , qu'en quatre ans il périt plus de ces animaux que dans quatre siècles , sous la domination des Incas (1). Les troupeaux, jadis très nombreux dans les vastes plateaux, étaient tellement diminués, que pour les conserver on dut les abriter dans les pics les plus élevés des Andes. Et cependant le Lama et l'Alpaca étaient la seule viande (pii servît à la nour- riture des conquérants et des indigènes, dont le nombre total est de buil millions d'individus. La guerre d'extermination contre ce noble et si précieux animal a été suivie avec la même insouciante sévérilé jusiju'à nos jours. En 178*2, les Indiens du Pérou prirent les armes contre leurs oppresseurs ; ils furent soumis , après six années du plus borrible carnage ; et leurs Iroujjeaux de Lamas et d' Alpacas furent exterminés, parce (ju'on supposait (ju'en les i»rivant des moyens de subsistance et de tralic par les transports, ils seraient aussi obligés d<' succomber. Vingt-quatre ans après, en 1807, Tupac Amaru, cacique de Tungasuca, et descendant en bgne directe de Atahualapa, leva l'étendard des Incas; avec cent cinquante mille compagnons (1) •' Se puede affirmar que hiceron mas dano Espagnoles en U anos que al Ynga eu quatre cientos. » (Ondegaixlo Rev. Lcg.) ALI'ACAS. 35 (libfipliiiés, mais sans amies , il surprit les yarnisuiis espa- gnoles à Lampa, Orcos, Puno el Chuqiiito, mil à mort et tua tout soldat ou résident espagnol. Il assiéga la ville de La Paz , et quoique ses desseins eussent été déjoués, il n'en causa pas moins, pendant huit mois de siège, la destruction de six mille Espagnols, qui succombèrent par la famine ou par les sorties sans succès. Des troupes venues de Lima firent lever le siège ; Tupac Amaru, sa femme, ses enfants et ses parents furent écartelés, })eu à prés, sur la principale place de Guzco. Vinrent ensuite les représailles. Indiens et troupeaux furent indistinctement massacrés : tel était l'ordre du vice-roi ; et il fut strictement observé jusqu'à ce que la vengeance dut s'arrêter pour se jjrèparer à lutter contre un nouvel ennemi, la guerre de Fin- dépendance. Gela dura jusqu'en 1824. Le 9 décembre de cette année, dans la j^laine de Ayacucho, les Péruviens s'affranchi- rent à tout jamais de la métropole. L'Indien du Pérou cessa- t-il d'être persécuté ? .Certes, non î Pendant la guerre il avait deux maîtres au lieu d'un ; il était soldat dans les deux armées, et il fournissait viande , transport de provisions, fourrage aux deux armées avec ses Lamas et ses Alpacas. On rapporte que cinq cent mille de ces animaux moururent annuel- lement sur la route par excès de fatigue. Les deux camps, la baïonnette en avant, forçaient le malheureux Indien au ser- vice. Depuis, il y a eu accidentellement des trêves de guerre ou de révolutions. La plus longue période a été de huit ans, la plus courte d'un mois ; dominé par les nombreux préten- dants au pouvoir suprême, tour à tour vainqueurs ou vaincus, l'Indien avec ses troupeaux a toujours dû contribuer à soutenir chaque parti. Aujourd'hui, le Lama etFAlpaca fournissent exactement la viande à deux millions et demi d'êtres humains, quand tout au plus huit cent mille descendants des Espagnols ou Européens vivent de bœuf et de mouton. La zone de la contrée oi^i le Lama et l'Alpaca ont été forcés à se réfugier par des persécutions si «ruelles et si continues ne produit qu'une quantité assez limi- tée d'une grossière espécede Pomme de t/^rre , dont on fait 36 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIM.VTATIUN. le cJiuno (Quinoa); une espèce de Millet grossier et très nourrissant; des Ocas et de l'Orge. Ces produits, avec de la viande scellée de Lama et d'Alpaca, et aussi de Mouton, appelée chalonnas et secina , sont transportés sur le dos des Lamas et des Alpacas dans les vallées inférieures, qui fournis- sent des céréales. Là on les échange contre du Maïs, de la farine de Maïs, du Blé ou de la farine. Le Maïs est la base de l'alimentation des Indiens péruviens et boliviens , tandis que le Blé n'est pour eux qu'un luxe accidentoL On ne tond jamais le Lama de transport, sa toison tient lieu d'emballage ; donc , ceux qui servent à cet emploi ne I)euvent fournir de la laine, si ce n'est quand ils sont vieux , environ à l'âge de quatorze ans, et qu'on les tue. L'Indien em- ploie ces animaux au transport de ses grains et de ses provi- sions, ainsi qu'à celui des produits de la contrée jusqu'au port d'exportation, (jui sont les laines et les minerais de cuivre , d'étain et d'argent. 11 transporte aussi le bois, le charbon, la tayna (sa fiente séchée) aux différents établissements de mines et de fonte de cuivre, en même temps que les provisions dans toutes les cités, bourgs et hameaux de l'intf'rieur. Je peux porter en toute vé-rité à six millions le nombre de ces animaux qui gar- dent leur laine. La sofja, ou corde qui sert à attacher la charge sur le dos de l'animal, est invariablement faite de laine de Lama et d'Alpaca. Les Indiens de ces contrées, qui s'appellent chrétiens, et sans nul doute beaucoup le sont, emploient à leurs besoins pour se vêtir, pour faire des lits, des sacs, des emballages, des couvertures, des tapis, la laine de Lama et d'Alpaca, et même de Brebis, et ils en fournissent aussi pour les mêmes usages aux nombreuses tribus nomades et sauva- ges, qui s'appellent infidèles, (|ui ne sont point soumises, et qui ne reconnaissent aucun gouvernement. Les Indiens péruviens ou boliviens sont au nombre d'environ trois millions cinq cent mille, et je peux étabhr, sans exagération, que AO millions de livres de laine de Lama et d'Alpaca sont consommées sur place annuellement. Les Alpacas ou Lamas femelles,. (|ui nourrissent, sont rare- ment tondues ; il est impossible d'obtenir cette opération de ALPACAS. 37 rindion : il priHond qu'elles avortoraionl ot mourraient s'il les tondait. Voilà pour quels motifs la quantité exportée est com- parativement si petite. Ouand, pour la première fois, en \ 837, on demanda de l'Alpaca, ce fut avec peine qu'on réussit à em- barquer 300 000 livres vers 1838. Depuis, la quantité expor- tée a progressivement augmenté , et elle était de 2 millions de livres en 1857. 11 n'y a pas eu de diminution dans la quantité consommée dans le I3ays, mais au contraire augmentation. Cela n'est pas dû non plus à la suppression d'aucun des obsta- cles qu'impose la superstilion, mais seulement à ce que des individus qui ne s'en occupaient pas auparavant se sont livrés à l'élève de cet animal dès 18/il. Mon ami, qui, en 18/|3, ne possédait pas un Alpaca sur ses vastes propriétés , en avait quinze mille en 1857. L'Alpaca ne sera jamais le compétiteur du Mouton. 11 sera, sans nul doute, cependant, son grand et très précieux auxiliaire, et peu d'années suffiront, d'après ma profonde con- viction, à en donner la preuve. EXTRAIT DU UAPPOUT ADRESSÉ A S. E. M. LE MINISTRE DE L INTÉRIEUR SIR LES ESSAIS DE PISCICULTURE FAITS A IIEHRENALB, Par M. le docteur HLEI\ERT, Direcicur de r<''!alilisscniPiU hydrothérapiijue d'Hcrrenalb , Membre de la Société wurtembourgeoise d'hi'loire naturelle. (Séance du 2a janvier I8GI.) Lorsqu'en 1857 j'arhotai rétnblissomont hydrotbérapiqiie d'Herrenalb , je désirais pouvoir offrir h mes malades la dis- traclion bienfaisante de la pêcbe , el j'allermai les pêcberies de l'Alb, autrefois renommées à cause de leur abondance el de l'excellente qualité de leurs Truites. Mais leur mauvais état , ainsi que les établissements industriels d'Eltlingen, m'ont forcé de recourir à la pisciculture pour repeupler mes eaux. Pendant l'été, je recueillis à cet effet un certain nombre de belles Truites; mais j'aurais [)rcsque abandonné l'essai, sauf à le recommencer une année plus tard, parce qu'un petit ou- vrage sin^ la pisciculture, dans lequel je voulais m'instruire, prétendait que les Tmùtes ne frayent pas si on les tient loru/- teinps en captivité. Heureusement j'ai reconnu, par un basard, que cette assertion est fausse. J'avais trouvé dans mon réser- voir une Truite morte dont le ventre était excessivement dilaté. Un pareil accident s'étaht reproduit deux jours plus tard, j'ou- vris les poissons; je trouvai les ovaires vivement rougis, et traversés dans toutes les directions par des vaisseaux fortement injectés. J'en conclus que les Truites, enfermées dans un petit réservoir qui ne leur offrait pas les conditions nécessaires pour frayer, avaient dû supprimer cette opération physiolo- gique, et étaient mortes d'une congestion des ovaires. Incessamment j'examinai les autres poissons , qui étaient encore en bonne santé et qui me permettaient de recueillir une masse de laitance et d'œufs ; je fécondai les derniers de PISCICL'LTURE. 39 lu manière connue et j'obtins ainsi, au bout de cinijuanle-six jours, de jeunes Truites. Depuis ce temps^ je me sers, 2^oiir la fécondation artificielle . exclusivement de poissons tenus en réservoir. Je me servais, pour Fincubation, des appareils em- ployés dans le siècle passé avec beaucoup de succès par.Iacobi, et qui ont été adoptés pres([ue universellement dans ces der^ niers temps. Ce sont des auges parcourues par un courant d'eau, et qui sont réunies dans une caisse à incubation, d'où l'eau s'écoule par des ouvertures latérales. Les œufs étaient répandus sur des coucbes de gravier et traités avec tous les soins nécessaires ; j'en perdis néanmoins une grande quantité. Beaucoup d'œufs se gâtaient par l'effet des byssus dont ils furent envahis, et qui se répandirent d'autant plus, que le cou- rant fit rouler les œufs les uns sur les autres. Pour obvier à cet inconvénient, j'observai attentivement les animaux, afin de pouvoir, autant que possible, imiter dans la captivité leur état naturel. Or, la Truite, (piand elle veut frayer, quitte son endroit habituel pour rechercher des endroits situés plus haut, où elle trouve un gravier propre , un courant rapide et peu urofond. . Le développement des œufs étant un procédé respiratoire pendant lequel de V oxygène est résorbé et du carbone exhalé, l'instinct apprend aux Truites à se rapprocher de ces trois conditions, qui favorisent la perspiration des membranes de l'œuf et rimprégnation d'oxygène. Ceci nous explique pour- (|uoi la Truite ne fraye pas dans un petit réservoir qui ne répond pas aux conditi(jns exigées, et supprime plutôt son instinct naturel, fût-ce au détriment de sa vie. Mais toutes les Truites ne périssent pas d' une inflamnuition ou gangrène des ovaires, si elles ne peuvent se débarrasser de leurs œufs. Chez la plupart les œufs sont résorbés pjeu à peu, sans que l'on en retrouve de traces; d'autres fois il se manifeste une perte no- table de sang. D'après mes obsenations, il est donc essentiel, pour l'incu- bation des œufs, de les imprégner conlinuellement d'oxygène, de les tenir toujours propres et dans un repos aussi comjilet (pie ])ossible. AO SOCIÉTÉ IMPÉrUAl.E ZOOLOGiOL'E d'aCCLIMATATION. Les appareils à étages usités en France, dans lesquels l'eau tombe d'abord dans la première, puis dans la seconde, puis successivement dans les autres auges, ne me paraissent guère remplir ce but , parce que l'eau , en passant d'une auge à l'autre, est de plus en plus privée de son oxygène, et ne peut plus servir dans les dernières auges au développement des œufs. J'ai taché d'obvier à cet inconvénient par l'appareil suivant : L'eau de ma source (qui a une température constante de 6° à 7° R.) passe par un tuyau souterrain du bassin inférieur de ma fontaine A dans une auge de pierre B. Le tuyau cd la fait ensuite passer dans l'auge C, située un demi-pied plus bas. Le tube cd est composé de deux parties, ch, dJu que l'on peut insérer l'une dans l'autre ; la partie ch , fixée dans l'auge B, se termine par une pomme d'arrosoir x\ il a un coude terminé par un bouchon m, que l'on retire partielle- ment ou tout à fait, si l'on veut empêcher l'eau de passer dans Je tube, ou si l'on veut amoindrir le courant inférieur ; hd est piscicuLTinr:. ^1 fixé sur lo couvercle hk, de manière à pouvoir être remué de droite à gauclie et adapté à ch. Le tube hd est muni, à une distance de quinze pouces, de petits tubes terminés en pomme d'arrosoir (1-6). Ces tubes conduisent Feau sous forme de phiie dans les boîtes incuba- toires n, n. n. Ces boîtes incubatoires sont faites de fer-blanc, ont une su- perficie d'à peu i)rès un pied carré et une bauteur de quatre pouces. Toutes les parois de ces boîtes sont percées de trous nombreux, ainsi que les couvercles qui sont enfoncés dans les boîtes. On place ces boîtes sur un support de bois rjgg, ayant la forme d'une échelle et reposant dans l'auiie C. Ce sup- port est plongé dans l'eau k une hauteur telle, que les boîtes n, n, n, sont toujours à tïeur d'eau ; de cette manière l'eau se trouve toujours à un ou deux pouces au-dessus du gravier con- tenu dans les boîtes. On régie le cours d'eau par le tube c;??, ainsi que par le tube de décharge r, qui se trouve dans l'auge C. Si l'appareil doit fonctionner, on place le couvercle avec les tubes sur l'auge C; on joint les bouts du tuyau c/id, et immé- diatement l'eau pure se répand dans toutes les boîtes. Pour observer les œufs, on intercepte la circulation de l'eau, et on ouvre le couvercle de l'auge C , ainsi que les couvercles de chaque boîte. . Cet appareil m'a tellement satisfait, que je viens d'en faire construire un second un peu plus grand, dans lequel j'ai seu- lement modifié la jonction du tuyau conducteur, qui s'effectue au moyen d'une vis, et dans lequel un robinet règle l'accès de l'eau. Je remplissais les boîtes jusqu'à deux tiers de leur contenu de gravier: je crois que ce lit est plus apte que tout autre véhicule à recevoir les œufs, qui s'intercalent et se reposent dans les interstices. Mais ce gravier, employé tel qu'il se trouve dans les torrents, contient une quantité de matières sales, voire même cet emluit verddtre provenant de spornles de conferves des familles des Diatomées, Bacillaires, etc., qui se dévelop- pent pendant l' incubation des œufs et les gâtent. C'est pour- quoi je LE LAVE AVEC BEAUCOUP DE soix, avout de l'employer. h'2 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOULOGIQUE d'aCCLIMATATION. DANS DE l'eau BOUILLANTE, afin de détruire les germes de ces plantes. Depuis que j'emploie ce moyen , les byssus n'ont jamais attaqué mes œufs, et depuis trois ansl'éclosion de mes Truites a lieu, avec une exactitude presque mathématique, le cinquante-sixième jour. •Je m'abstiens de parler de la fécondation des œufs. Peu im- porte que ce soit d'abord les œufs ou la laitance que l'on fasse couler dans l'eau ; seulement il faut que les deux 'inatières se rencontrent avant la mort des spermatozoaires, et avant que la partie de l'œuf contenue entre la coque et le vitellus soit tout à fait remplie d'eau quelle résorbe. Dès que l'œuf plonge dans l'eau, cette résorption commence : c'est à cette circon- stance qu'il faut attribuer le changement subit des œufs pen- dant la fécondation ; caries spermatozoaires, qui n'ont pas de mouvements particuliers sont seulement attirés parce mouve- ment de résorption, et arrivent ainsi dans le micropyl(\ Mes appareils ont les avantages suivants : 1° Ils conduisent l'eau directement de la source aux boites incuhatoircs en quantités égales, et assurent ainsi l'uniformité de l'éclosion. li" Par la distribution (V l'eau par les doubles tamis des tuyaux et des couvercles , reau s'imprègne de l oxygène de l'air. 3° Le courant de l'eau contribue à la propreté des œufs, de telle manière que je n'ai pas besoin de les nettoyer, au moyen du pinceau, phis d'une fois pmdanl toute la période incuba- toire. h" La pression modérée^ exercée sur les œufs par les fdels d'eau qui tombent perpendiculairement , assure le repos nécessaire aux œufs pendant le commencement de l'incu- bation. 5" Le transport des œufs et des petits poissons est très facile; on les laisse dans les boîtes incul)atoires. ()" Il est on ne peut plus facile d'égaliser le niveau de l'eau. 7" Mais l'avantage essentiel de mes appareils , c'est qu'ils permettent de nourrir les fretins dans les boîtes mêmes. Le moment je plus difficile pour le pisciculteur est Piscicui/niu:. /i3 .'irrivé liiiand la poche omliilicalo est résorbée et n'offre plus cJe nourriture au fretin. On s'est épuisé dans le choix de la nourriture artificielle ; mes appareils offrent pour cela toutes les facilités possibles. Dés que les Truites ont perdu leur sac ombilical, je prends du sang de bœuf, dont j'ai éloigné la fibrine en le battant avec des verges^ et qui ne contient plus par conséquent que de la globuline et de ïhématine. J'en verse plusieurs fois par jour la quantité nécessaire dans la partie inférieure de ma fontaine A. Après avoir passé dans l'auge B par les différents tuyaux (dont j'ai enlevé préalablement les pommes d'arrosoir), il arrive dans les boîtes incubatoires très dilué, de manière à pouvoir être bien assimilé par le fretin. Plus tard, quand le sang n'a plus besoin de dilution, je le verse directement dans Tauge B. Enfin, f ajoute une nourriture azotée sous forme d'une purée de pois, qui est excellente pour les Truites. A un âge plus avancé, j'ajoute les feuilles et les tiges du Veronica beccabunga, parce que les Truites aiment beaucoup cette nourriture végétale fraîche. On pèche rarement la Truite sans la trouver sous les touffes de cette plante. Des observateurs superficiels ont prétendu que la Truite ne fait que ronger cette plante , à cause des petits insectes qui s'y attachent ; mais j'ai trouvé que mes Truites ont mangé aussi avidement la seconde pousse de tiges et de feuilles qui se formaità cette plante, et à laquelle il ne se trou- vait aucun insecte. Quand il s'agit de nourrir une grande quantité de Truites, leur alimentation artificielle deviendrait trop coûteuse : c'est pourquoi je les expose dans mes courants libres dés qu'elles sont assez grandes; cependant j'en ai élevé quelques-unes en captivité pendant deux ans pour faire l'essai, et je m'en suis bien trouvé. Je dois ajouter que j'éloigne presque tout le gravier des boites incubatoires après féclosion, afin de donner aux pois- sons plus d'espace ; je b^s laisse dans les boîtes jusqu'à l'âge de trois ou quatre mois. Je ne me servirai plus dorénavant des boîtes de métal, à /|/l SOCIÉTÉ niPÉRTALE ZOOLOGTQUE d'aCCLIMATATIOX. cause de la rouille, j'en ferai foire de porcelaine; car je ne pouvais pas même obvier à cet inconvénient en les entourant d'un enduit de silicate de potassium. Peut-être serait-il utile de faire ces boites de la manière suivante, qui nia satisfait. J'ai fait fobriquer ces canaux incuba toires avec du bois de sapin, que j'ai fait enduire à l'intérieur et extérieurement d'une couche de ciment de 2 à 3 centimètres d'épaisseur. Je me suis servi à cet effet du ciment de MM. Leube frères , à Ulm , dont 400 kilogrammes ne coûtent que h fr., et qui durcit dans l'eau immédiatement. Dès que mes appareils de bois sont terminés , j'y ftiis fixer de tous les cotés des clous à grosse tête, afin d'offrir plus de surface au ciment et de mieux le retenir. On mélange deux parties de ciment à une partie de saille tamisé; puis on n'hu- mecte à la fois que la ({uantité nécessaire pour couvrir un pied carré : si l'on en humecte une plus grande quantité, il durcit trop facilement, et l'on ne peut i)lus s'en servir. Ces boîtes sont très bon marché et très utiles. Il est évident que les appareils à étages dont on se sert en France peuvent être employés aussi utilement; seulement il faut alors prendre la ])récaution d'alimenter chaque auge par un tuyau spécial muni d'une pomme d'arrosoir. Il m'est dilficili^ de conq^rendre connnent on a pu recom- mander en France une méthode qui consiste à faire revenir l'eau dont on s'est déjà servi dans le réservoir primitif, auquel on a ajouté un fillre. Celui qui croirait sérieusement (jue cette eau privée d'oxygène pourrait servir uHérieiu'ement, mécon- naît le procédé de l'incubation, (jui n'est autre chose qu'un procédé respiratoire dans lerpiel l'oxygène est résorbé et l'acide carl)onique exhalé. III. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES GÉNÉllALES DE LA SOCIÉTÉ. SÉANCi: DU il JV.SVŒR 1851. Présidence de M. Is. Geoffroy Saint-Hilaire. M. le Président proclame les noms des membres nouvelle- ment admis : MM. Andrade , ancien élève de Tlnslitut agronomifiuc de Béarnais, à l'Institut de Beauvais (Oise). Arbigny (François d'), propriétaire, au château d'Ormuy, près Cliàteau-Yillain (Haute-Marne). Belseur, propriétaire, à Paris. BovET (Fritz), négociant en Chine, à Fleurier, canton de Neucliàtel (Suisse). Carné (OUivier de), au château de Glazan, près Guin- guamp (Côtes-du-Nord) . Demêïre (Paul), à Paris. Fressinet, marquis de Bellanger (le haron), au château de la Herpiniére, près Pont-aux-Moines (Loiret). Hoffmann (le docteur), au château de Cordoux , i)ar Rusoy-en-Brie (Seine-et-Marne). Maruuis (Philibert), propriétaire, au château de Lille- uianière, près Avranches (Manche), et à Paris. Mélinon, commandant supérieur de la Colonie agricole ])énitentiaire de Saint-Laurent-du-Maroni (Guyane française). Palmer (Frederick F.), de Ne^v-York, à Versailles (Seine- et-Oise). Pemrerton-Hodgson (C), consul d'Angleterre au Japon, à Pau (Basses-Pyrénées). PoMFiGNAC (monseigneur de), évèque de ,Saint-Flour (Cantal). Reffy (Verchères de), au château du Passage, près Yves (Charente-Inlerieure). /|6 SOCIÉTÉ IMPÉKIALE ZUULUGIULE d'aCCLLMATATION. MM. Saint-Laumer (A. Billard de), président de la Société d'horlicullure d'Eure-et-Loir, à Chartres. Seguier (Alfred de) , juge d'instruction, à Draguignan f(Var). Wykerslooth de >Yeerdesteyn (le baron de), chambel- lan de S. M. le roi des Pavs-Bas, à Paris. « — M. le Président fait connaître le résultat des élections faillis le 10 janvier par les Sections, qui ont désigné les mem- bres de leurs bureaux spéciaux pom^ l'année 18(51, ainsi que leurs Délégués dans la Commission des récompenset> : !'■* Section. — M.ui m itères. MM. Richard (du Cantal), président. C. Dareste, vice-président. MM. G. Dayelol'IS, secrétaire. A. Geoffroy S'-Hilaire, vice-sccrél. M. FociLLON, délégué dans la Commission des récompenses. 2" Section. — Oiseaux. MM. Berrier-Fontaine, président. G. D.welouis, vice-président. MM. Hubert-Brierre, secrétaire. E. Roger, vice-secrétaire. M. le IK Pigeal'X, délégué dans la Commission des récompenses. 3** Section. — Poissons, Annélides, MollusOues, Zoopuytes. MM. A. Passy, président. Millet, vice-président. MM. Cil. LoBLiGEOis, secrétaire. Ch. Wallut, vice-secrétaire. M. Millet, délégué dans la Commission des récompenses. h" Section. — Insectes. MM. Guérin-Méneville, président. Bigot, vice-président. MM. A. Perrot, secrétaire. L. SoUDEiRAN, vice-secrétaire. M. Bigot, délégué dans la Commission des récompenses. 5*^ Section. — Végétaux. MM. Moreai:, président. Chatin, vice-président. MM. Dupuis, secrétaire. Prillieux, vice-secrétaire. M. Pépin, délégué dans la Commission des récompenses. Conseil. Délégués dans la Commission des récompenses : » MM. CossoN, A. DuMÉRiL, MoQUiN -Tandon et Richard (du Cantal). ruocÈs-VEinjALX. Ii7 Par suite des élections qui ont eu lieu le li janvier dans le soin du Conseil, la Commission des récompenses, pour l'année 1861, se compose : deMM.Is. Geoffroy Saint-Hilaire, président; le comte d'Éprémesnil, secrétaire général; de MM. Cosson, Duméril, Moquin-Tandon et Piichard (du Cantal), délégués du Conseil ; et de MM. Focillon, le docteur Pigeaux, Millet, Bigot et Pépin, délégués des cinq Sections. — Des lettres de remercîments pour leur récente admis- sion sont adressées par MM. le pasteur H. Paumier, le baron de Prulay, M. S. de Sautuola, de Santander (Espagne). — Notre confrère M. Léon Maurice remercie le Conseil de l'avoir choisi comme délégué de la Société à Douai. — M. Mélinon, commandant supérieur de la Colonie agri- cole pénitentiaire de Saint-Laurent-du-Maroni (Guyane fran- çaise), qui doit prochainement retournera son poste, adresse, comme nouveau membre de la Société, ses offres de service et demande des instructions. M. le Président charge du soin de les rédiger une commission composée de MM. Pépin, Florent Prévost et L. Soubeiran. — Des demandes de graines , de plantes et de graine de Vers à soie, adressées par nos confrères MM. de Corcelles et le marquis de Keroùartz, sont renvoyées aux li' et 5^ Sections. — 11 est donné lecture' d'une lettre adressée à M. Drouyn de Lhuys par M. Duchène de Bellecourt , consul général de France au .la[)on, en résidence à Yedo, qui annonce l'envoi de deux serres portatives à la Ward , contenant des plantes vivantes du Japon, et dont l'une, garnie de végétaux ordinaires de l'île de Jezo, est un don de M. Hodgson, consul de S. M. Britanni(iue au Japon. M. Duchène de Bellecourt a joint à cet envoi une caisse contenant des châtaignes et des tubercules iïlr/nr/7ne, dont les racines plus courtes que celles de l'IgnanKi de Chine répondront peut-être, dit-il, aux désirs exprimés par la Société ; des noyaux du fruit japonais , désigné à Yedo sous le nom de I^ia, sorte de prune-abricot à chair ferme, juteuse. Ce fruit, fort commun dans le i)ays, aux mois de juillet et d'août, vient par grappes. De j)lus, enfin, notre confrère a expédié trois cages conte- 48 SOCIÉTÉ l.MPÉKIALE ZUOLUUJQLE DACCLl.MATATiU.X. liant, la première un Coq et une Poule du Japon, elles deux autres un Faisan doré et sa femelle. — M. F. Blain, membre de la Société Linnéenne de Maine- et-Loire, fait parvenir un Rapport sur des graines de végétaux cultivés à Shang-Haï (Chine), et sur les essais d'acclimatation en Anjou. — Des remercîments seront transmis. — M. Guérin-Méneville lit une Note dans la({uelle il fait connaître quelques détails adressés par M. Fiadiguet sur des cultures faites avec des tubercules de la Pomme de' terre d'Australie, qu'il avait reçus de M. David. Ce confrère dépose sur le bureau une Note dans laquelle il insiste sur les avan- tages de cette espèce, dont MM. le manjuis Séguier, Flury- Hérard et Bergeron ont obtenu, dit-il, les meilleurs résultats. — M. .1. de Liron d'Airoles appelle l'attention sur l'intérêt que lui semble présenter, au point de vue de l'acclimatation, l'ouvrage accompagné de nombreuses figures qu'il a publié sous le titre de Notice pomologique. Outre le travail des- crij)tif ({u'il a consacré au [ilus grand nombre possible de fruits, dont beaucoup n'étaient connus (]ue dans certaines localités où on les cultivait, il a organisé sur tous les points de la France et dans divers pays étrangers (Belgique, Angleterre, Prusse, Russie, Italie) des correspondances actives dans le but d'établir des échanges, et d'introduire, au moyen d'envois de greffes, soit en France, soit dans ces contrées, les esj)èces qui n'y étaient point cultivées. Par suite de ces explications, M. le Président renvoie l'exa- men de l'ouvrage de notre confrère à la 5" Section. — M. de Cheveigné transmet un Rapport sur les résultats de ses cultures de plantes de Chine, dont la plupart, après avoir très bien réussi en 1859, ont péri en 1860 ; les Ignames seules ont eu un plein succès. En conséquence , notre confrère demande que de nouvelles graines lui soient confiées. Les Pommes de terre d'Australie et de Sibérie lui ont donné de bons produits, mais elles sont aqueuses, dit-il, notamment la première espèce, et sont inférieures aux Pommes de terre de France. M. de Cheveigné témoigne le désir d*'èlre inscrit pour des œufs de CoUns et de Perdrix Cambra. PJIOCÈS-VEKUALX. /^Q — M. le ducteui' Sacc, à roccasion d'iuie dcmaiide de "raines de Cucurbitacces que M. Cli. Naiidin lui a adressée, écrit une lettre par laquelle il s'attache à faire ressorlir toute l'ini- porlance que présente le grand travail entrepris par ce bola- niste , afin d'arriver à éclairer par ses propres essais de culture, non-seulement l'histoire botanique de cette famille, mais les avantages que pourraient oflrir les tentatives d'accli- matation de certaines espèces étrangères. M. le Président rappelle que la Société a déjà bien compris rulihté des recherches assidues de M. Xaudin sur ce sujet, car elles lui ont valu, dans notre dernière séance solennelle, la première médaille de 2' classe {Hulletin, 1860, p. xcii). — Une lettre de M. Sacc informe que le jury de l'exposition de Besançon vient d'accorder une médaille de 1'^ classe à M. Guérin-Méneville, pour les Vers' à soie de l'Ailante qu'il v a présentés. — M. Kaufmann , qui a fondé des prix pour l'étude et la culture des Vers à soie provenant de la graine de Prusse importée par lui, et consistant en une prime de 200 francs, et en trois primes de 100 francs ûvA^mw. {Bulletin, 1860, p. iv), écrit que son but n'a pas été atteint. Ce but était de propager chez les sériciculteurs français l'observation sur une base scientifique. Pour y arriver, notre confrère s'était imposé de très grands, .sacrifices afin d'établir une sorte de concours en vue des primes qui viennent d'être mentionnées. Et cepen- dant une seule réponse, qui même est incomplète, lui est parvenue. En conséquence , il informe que maintenant son désir est que la somme de 500 francs, mise par lui à la disposition de la Société , reçoive une autre destination, tout en res- tant employée à des primes d'encouragement pour la sérici- culture. La proposition de M. Kaufmann est renvoyée à l'examen du Conseil. — S. A. le prince de Démidoff' fait parvenir un lia]>port qui lui a été transmis par l'Académie iinpi'riale Léopoldo- Caroline, des naturalistes d'iéna, sur les résultais obtenus T. VIII. — Jiinvicr et Février 1861. Ix 50 SOCIÉTÉ IMPÉlllALE ZOULUGIULE d'aGGLLMATATION. par M. Cliristuplie Loreiiz, liorliciiltcur à Erfiirtl], tlans l'ac- climatation en Allemagne de V Abeille haUenne. — M. le professenr Gloquet fait don à la Société, pour pien- dre place dans sa collection d'histoire naturelle appliquée, d'un cadre contenant une coquille Invalve de Vinne hérissée {Puma nobilis, Linn.) , accompagnée de son byssus, et une paire de gants fabrii^ués avec ce byssus. A l'occasion de ce présent, notre confrère donne lecture d'une Note sur l'ômploi industriel du byssus de certaines coquilles bivalves. M. le Président prie. M. Cloquet d'agréer les remercimenls delà Société. — Un complément à ses réponses au Questionnaire sur la Vipère est adressé par M. A. Thomas, de Nantes, et renvoyé à la Commission spéciale, ainsi que des ré[)onses transmises par M. le docteur Lortet, de Lyon, et par M. Boisrut, membre du Comice agricole.de Montluçon, au nom de ce Comice. — M. le docteur Bouteille, secrétaire de la Société zoolo- gique (racclimatation pour la région des Alpes, siégeant à Grenoble, transmet des détails satisfaisants sur les Alpacas acquis par celte Société. Il annonce que les vaches Yaks ont été Siiillies, il y a un mois environ, et qu'il peut, conformément au vœu exj)rimé })ar le Conseil, envoyer à Souliard le jeune taureau (pii est à Gre- nol)le. Notre confrère rappelle les indications (ju'il a fournies pré- cédemment à M. le Président, sur les bons soins rendus aux animaux de la Société par madame Cho[)elin. — M. Gimet, préfet des Basses-Alpes, membre de la Société, écrit à M. Drouvn de Lhuvs, sous la dal(^. du 30 décembre : « Le seul animal que nous cherchions à acclimater est le Yak. Nous sommes sûrs de réussir, mais nous avons une [)eine extrême à obtenir des cultivateurs de faire saillir leurs vaches. J'ai fait inscrire au nombre des récompenses à accorder, lors du Concours régional, une allocation pour les métis. » A cette occasion, M. le Président dit qu'il y a lieu d'espérer que des croisements pourront être faits à Souliard, mainte- nant que le jeune taureau Yak de Grenoble va y être trans- rilOCÈS-VEllDALX. 51 [turlc. S'il n'y en a [)(>iiil encore on (lan< la renne du Canlal, cela lienl à ce que le Umreau (jui y était a loujouis relusé de saillir les Vaches. Ce taureau, amené depuis peu à Paris par les soins de M. Richard (du Cantal) , et provisoirement j)lacé à la Ménagerie du Muséum d'histoire naturelle, y a servi pres- que aussitôt après son arrivée un Zéhu femelle. Ce lait vient confirmer, par la préférence que le Yak a manilestée j)our cette vache, la distinction déjà signalée par plusieurs zoolo- gistes, et notamment par M. Aihert Geoffroy Saint-llilaire , entre l'espèce dite Zéhu et l'espèce hovine ordinaire. — Conformément à l'ordre du jour spécial, indiqué jjour cette séance, M. le Président annonce qu'un de nos con- frères, qui a déjà donné des preuves de sa générosité à l'égard de la Société en fondant des primes pour les gardiens des animaux, mais qui désire garder l'anonyme, demande qu'elle veuille hien accepter une somme de 1200 francs, pour une médaille à frapper en l'honneur de M. de Montigny. M. le Président rappelle comhien la Société est redevahle à notre éminent collègue, dont le nom se rattache aux accli- matations les plus importantes ; aussi s'est-elle [»lu à le dési- gner, presque dès sa fondation, comme l'un de ses six pre- miers membres honoraires, puis, l'an passé, à l'appeler dans le sein du Conseil. L'assemblée , à la suite de cette communication , déclare, par un premier vote unanime, accepter le don anonyme de 1200 francs. Par un second vote, également unanime, ehe témoigne qu'elle est heureuse de rendre cet éclatant témoi- gnage de reconnaissance et d'estime pubhque à un confrère que ses travaux ont placé hors ligne. En conséquence, l'examen de toutes les questions qui se rattachent à l'exécutiijn de ce projet est renvoyé à une Commission composée de MM. Pelouze, Richard (du Cantal), Ruffier , Horace Vernet , et présidée par M. Drouyn de Lhuvs. — M. le Président présente quelques nouveaux détails sur l'organisation des conférences , et donne lecture du pro- gramme de celles qui auront lieu pendant les mois de janvier 52 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. et février, les mercredis, à quatre heures, et les samedis soirs, àh uit heures, à partir du mercredi '23 janvier. — M. le Président lit un travail sur les progrès de la pisci- culture et de la sériciculture. SÉANCL Dt 25 JANVIER 18G1. Présidence de M. Geoffroy Saint-Hilaire. M. le Président proclame les noms des membres nouvelle- ment admis : MM. Aroux (Félix), propriétaire, à Paris. Berthier de Bizy (le comte de) , membre du Conseil général de la Nièvre, au château de Bizy, près Pougues (Nièvre). Chevalier (Georges-Charles), secrétaire gérant du Cercle agricole, à Paris. CoRSO (Hippolyte), notaire et directeur de la Gazette de Savoie^ àChambéry. Danjoy (Léon), élève interne des hôpitaux, à Paris. FLAMEXT(Auguste), lilateur de laines peignées, à Avenellc. près Avesnes (Nord). Jaussald (Ch. J. R.), notaire honoraire, à Paris. Jayr (Camille), propriétaire, à Paris. Lhomme (Jules), avocat à la Cour impériale, à Paris. MiGiiAUD , notaire, à Gevrey-Chambertin , près Dijon (Cote-d'Or). Suquet (le docteur Sainte-Rose), à Paris. Vassal (Alexandre), propriétaire, à Paris. Wagner (Hermann), propriétaire et fabricant de sucre, à Sewarde, près Douai (Nord). — Des lettres de remercîmenls pour leur récente admis- sion sont adressées par MM. d'Arbigny, E. Bissette, et Mahias. Mgr l'évèque de Saint-Flour écrit à notre vice-président , M. Richard (du Cantal), pour le prier de remercier, en son nom, la Sociétéde l'avoir reçu parmi ses membres. — M. le Président informe du décès d'un de nos confrères, - PROCÈS-YERKAIX. 53 M. Louis de Clercq, publicisto au ministère des afïaires étran- gères. — M. le docteur E. Godard, au moment de partir pour un voyage en Orient, durant lequel il visitera Alexandrie, le Caire , une partie de l'Egypte, l'Asie-Mineure et la Turquie d'Europe, adresse des offres de service. M. le Président désigne une Commission composée de MM. Guérin-Méneville, Jomard, Montagne, Pépin, le comte de Sinéty, et chargée de rédiger des instructions pour notre confrère. — M. le Chargé d'aflaires de Grèce en France, dans le but de satisfaire au désir exprimé par la Commission instituée pour l'introduction d'espèces bovines et ovines propres à y offrir des avantages pour l'agriculture {Bulletin, 1860, page 59), fait parvenir une Notice détaillée sur le climat et la nature du sol de ce pays. — Ce document est renvoyé à la Commission. — M. Ch. Brot, délégué de la Société à Milan, lui soumet, de la part de plusieurs riches propriétaires de la province de Bergame, une proposition relative à leur désir, de tenter la régénération de la race des Moutons du pays , qui constituent la plus importante des ressources de la partie montueuse de cette province. Ils voudraient aussi faire des essais d'acclima- tation de la Chèvre d'Angora, attendu que ce pays offre les conditions les plus favorables pour ces animaux. — L'étude des questions que comporte l'examen de cette proposition est renvoyée à une Conmiission composée de MM. Davin, de Belleyme, Jacquemart, le mar(}uis de Selve, et présidée par M. Richard (du Cantal). — Notre confrère M. L. Pages donne communication d'une lettre, que lui a écrite de Ting-haï, chef-lieu de l'île Chousan (province de Tché-kiang), M. Simon, membre de la Société, qui a reçu du gouvernement français une mission spéciale- ment relative à l'agriculture et à l'acclimatation. Notre confrère a trouvé dans cette île beaucoup de plantes que signalent les Instructions rédigées par notre Commission, et il compte les faire parvenir de façon qu'elles arrivent au i)rintemps. Il pense avoir trouvé Y Igname ronde, demandée en raison des 54 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. avanta^os que sa culture offrirait. Il exprime le regret que la Société ne puisse pas lui faciliter les moyens de se procurer un interprèle, à l'aide duquel , dit-il , sa mission deviendrait plus utile pour notre œuvre. — La dernière partie de cette lettre est renvovée à l'examen du Conseil. — M. Brierre, de Riez (Vendée), fait parvenir un dessin k riiuile, représentant un pied (V Igname ronde, violette, de l'Inde , sorti de terre aux premières gelées de l'automne de 1860. La tige et le feuillage sont vigoureux, mais le tuber- cule n'est pas plus volumineux qu'une noix, et il n'est pas mûr, car il n'est pas violet comme celui dont il proyient. Notre con- frère fait observer, au reste, ([ue dans l'origine de sa culture des Pommes de terre de Sainte-Martbe, les tubercules étaient très petits. — Des remercîments seront transmis pour cette communication et pour l'envoi de cette nouvelle peinture. — - M. le baron Anca annonce, de Palerme, qu'une Société d'acclimat;ition se forme actuellement dans cette ville, et va procbainement adresser une demande d'affiliation à la notre. Il a fait tous ses efforts, dit-il, pour constituer cette association dans un pays qui , a j>ar sa position géograpbique, par la qua- lité des terrains, et par la diversité des climats , dépendant de l'élévation de ses montagni^s , peut rendre de grands services à l'acclimatation, commi^ station intermédiaire pour les ani- maux et les plantes qui, du sud, doivent passer dans le nord, ou du nord dans le midi. » Notre- confrère fait en même temps parvenir des sirops de SorfjJin obtenus de ses cultures, et qui ont été concentrés, les uns ])ar lui, en 1857, et d'autres par M. Atanasio, en 1859. En demandant que ces écliantillons soient renvoyés à M. Cbatin , comme l'ont été déjà ceux qu'il avait déposés lui-même sur le bureau en juin dernier, il insiste de nouveau sur l'utilité de ces sirops pour remplacer le principe sucré qui manque au mofit de vin dans certaines localités, vers le nord, par exemple, de la zone oii la vigne peut être cultivée en France. (Voyez, pour cet emploi industriel du Sorgiio, une Note de M. le baron Anca, Bulletin, 1800, p. 395.) — Notre confrère M. Andi'é Poey, professeur à la Havane , PR0CÊS-YEKI5AUX. 55 ot (liroctour de rôbservatoire de cette ville, présente, de la part de S. Exe. le maréchal Serrano, gouverneur de Cuba et membre de la Société, des échantillons de la cuhure du Coton toute nouvelle dans cette île, entreprise sous les auspices du gouvernement, et dont on espère pouvoir obtenir deux récoltes par an. L'examen de ces échantillons et des questions qui se rattachent à cette culture est renvoyé cà une Commission composée de MM. Davin , Dupuis, Moquin-Tandon, Pépin, A. Poey, du Pré de Saint-Maur, Piobert Quesnel, et présidée par M. Passy. — M. Gouëzel, conducteur des ponts et chaussées à Relle- Jle en mer , transmet une copie d'un travail qu'il vient d'adresser au Ministre de Tinstmction publique et des cultes, • en réponse à des questions que S. Exe. a posées aux insti- tuteurs sur les besoins de l'instruction primaire au triple point de vue de l'école, des élèves et du maître. Dans ce mé- moire, M. Gouëzel insiste snr les secours qne pourrait four- nir pour l'accroissement de nos connaissances sur la zoologie, la botanique, la géologie, et, par suite , sur l'agriculture de notre pays, une direction spéciale imprimée, aux étudesprati- ques des élèves par l'instituteur, et dans un sens qu'il indique. — M. Thomas adresse de Nantes de nouvelles observations à joimh^e à ses réponses au Questionnaire sur la Vipère. , — M. le préfet des Basses-Pyrénées transmet des réponses à ce Oupslionnaire. — M. Drouyn de Lhuys annonce avoir reçu de M. le doc- leur Kleinert, directeur de rétablissement hydrothérapique d'Herrenalb , et membre de la Société wurtembourgeoise d'histoire naturelle, une copie du Rapport qu'il vient d'adres- ser à S. Exe. M. le Ministre de l'intérieur de ce rovaume, sur des essais àe pisciculture ïniis à Herrenalb. Notre honorable vice-président envoie une traduction de ce Rapport, due à l'obligeant concours de notre confrère M. Raufmann. — Renvoi au Comité de publication. — M. le président du Comice agricole de l'arrondissement d'Alais (Gard) adresse, par rintermédiaire de M. de Chavannes, inspecteur de sériciculture, divers échantillons de graine de 56 SOCIÉTÉ TMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATÂTION. Vers à soie, que co riOmice a fnit confectionner dans les envi- rons de Smyrne, sous la surveillance d'un de ses membres. Il serait intéressant, au point de vue scientifique, dit-il, d'es- sayer si cette graine, soumise à l'éducation dans le Nord, où ne sévit pas la maladie, donnerait de meilleurs résultats (jue dans le Midi. — - Les échantillons seront renvoyés à la 4" Sec- tion, et l'on transmettra des remercîments au Comice d'Alais. - — ■ M. le Président renvoie également à cette Section un travail sur la guérison des Vers à soie, adressé par mademoi- selle Maria TIenry, ainsi qu'une demande de Vers à soie de l'Ailante, émanant du directeur de la ferme-école de Bazin, près Lectoure (Gers). — M. le docteur Sacc informe que de grands Tétras ont été élevés par M. Zamotajewe, à Saint-Pétersbourg, qui pos- sède en ce moment cinq cou|)les de la seconde génération domestique de ce bel et excellent oiseau. — Cette pièce sera communi([uée à la future Commission des récompenses pour 1862. — M. Bourgeois offre, pour la collection de la Société, un Cygne sauvage à plumage gris blanc, légèrement argenté, que son garde a tué , le 17 de ce mois , dans une bande d'une vingtaine, près des étangs de Sainl-llnbert, canton de Ram- bouillet. Cet oiseau mesure l"',/i3, du bout du bec au bout de la queue, et il pèse 7500 grammes. M. le Président prie notre confrère d'accepter les remer- cîments de la Société pour ce don. — 11 en sera également adressé à notre confrère M. le doc- teur Blatin, qui fait présent à la Société, pour le Jardin du bois de Boulogne, d'un Coq et d'une Poule-pigeon à plumage blanc, et éclos sous Taile d'une Caille, au Havre. — M. le docteur Cosson dépose un Ilapport relatif à la natu- ralisation du Faisan dorc% comme gibier, sous le climat de Paris. — Il est donné lecture par M. IIé])ert, agent général de la Société, d'une Note de M.. Hardy sur la domestication de V Autruche au Jardin du gouvernement , au Ilamma, près Alger. Notre confrère sera prié d'agréer les remercîments de la PROCES-VERBArX. 57 Société, et ses (V'iicitations sur les résultats importants qu'il a ohlenus. — M. Ramel informe que, à la date du 26 octobre dernier, on annonçait de Melbourne le succès de Tintroduction en Austra- lie de tous les Oiseaux de la dernière expédition d'Angleterre faite par les soins de M. Ed. Wilson, et parmi lesquels se trou- vent des Chardonnerets, des Linottes, des Grives, des Merles^ des Alouettes, des Faisans, qui tous, écrit-on, fêtaient ce printemps nouveau pour eux, comme ils l'eussent fait en Eu- rope , par des chants et par les actes qui les accompagnent. Les Faisans pondaient beaucoup, et l'on s'était procuré pour eux des couveuses, afin de favoriser la multiplication. A ce moment, M. Ledger était venu de Sidney à Melbourne avec deux Alpacas mâles, que le gouvernement de Victoria avait demandés à celui de la Nouvelle-Galles du Sud pour des croisements. On y attend l'arrivée d'une famille de Baudets du Poitou, importée par les soins de M. \Yilson. L'insuccès du transport des œufs de Saumon n'a pas ralenti le zèle des membres du Comité formé à Londres pour l'intro- duction des animaux et des plantes en Australie. On compte consacrer à une nouvelle tentative 50 000 francs recueillis dans ce but. — M. Drouyn de Lbuys transmet une demande d'une paire de Moutons à grosse queue, dits Karamanlis, adressée par notre confrère M. de Saint-Quentin, qui informe qu'un de ses parents, grand propriétaire aux environs de Bayonne, vou- drait tenter l'acclimatation de cette race dans les Basses-Pyré- nées, où Ton ne trouve, quanta présent, qu'une race petite et abâtardie. — Cette demande est renvovée à l'examen du Conseil. — M. le Président v renvoie également une demande d'Yaks émanant de la Société centrale d'agriculture, d'horticulture et d'acclimatation de Nice et du département des Alpes-Mariti- mes, affiliée à la nôtre. — Conformément à l'ordre du jour spécial de cette séance, M. le Président annonce que la Commission chargée du soin de tout ce qui concerne la médaille à frapper en l'honnenr de 58 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIOlE d'aCCLIMATATION. M. de Montigny a désigné pour rexécution M. Alphée Dubois, dont l'habile burin a déjà gravé la médaille que la Sociélé décerne à ses lauréats. D'un côté sera le profil de notre émi- nent confrère, et le revers portera une inscription entourée d'une couronne, formée par le feuillage du Chêne de Manl- chourie , introduit par lui , et auquel on mêlera celui de X Igname et du Sorgho^ également dus à M. de Montigny. Il est ensuite donné lecture d'une lettre par laquelle M. Ho- race Yernet, actuellement à Hyères, exprime son regret de ne pouvoir assister aux réunions de la Commission , et adlière, par avance, à tout ce qui sera fait à l'occasion de ce témoignage si honorable de reconnaissance à rendre à M. de Montigny. Ce dernier n été informé de la résolution prise par une lettre que M. Drouyn de Lhuys , en sa quah'té de président de la Commission, hii a adressée, et dont il est donné lecture par M. le Président. On y remarque ce passage : « En me chargeant du soin de vous faire connaître cette résolution, on a supposé, avec raison, qu'il me serait doublement agréable. Si, connue membre, de la Société, j'ai pu apprécier vos tra- vaux, comuie ministre il m'avait été donné d'ouvrir devant vos pas une carrière dans lafpielle vous avez bien mérité de votre pays et de la science. » — M. Louis Figuier fait déposer sur le bureau, pour être placé dans noire biblioliièqne, le tome Y' de X Année scienti- fique, ({ui a paru récemment. « Ce vohmie contient sur le Jardin zoologi(|ue du bois de r)(Uilogne un article qui est de nature, dit-il, à intéresser les membres de notre importante association. » Des remercîments seront adressés à M. Figuier. — M. le Président fait hommage du livre dont il vient de publier une k édition, considérablement augmentée, sous ce titre : Acclimatation et domestication des animaux 7ililes, et qui , comme dans la S*" édition , porte cette dédicace : A la Société zoologiqne d'acclimatation, à laquelle seront dus les bienfaisants progrès indiqués dans cet ouvrage. M. le Président donne quelques indications sur les matières PIlOCÈS-VnHP.AUX. 50 traitées dans ce volume , et. rappelle à cette occasion les vues plus ou moins anciennement émises par divers auteurs sur l'acclimatation, et particulièrement Theureuse initiative de Daubenton dans les essais d'introduction en France des ani- maux qui y manquaient. — M. Richard (du Cantal), prenant alors la parole, énumère les droits de Daubenton à la reconnaissance publique. Golbert , qui a donné à l'industrie et au commerce une si énergique impulsion, avait voulu doter la France du Mérinos, dont l'Espagne avait le monopole. Mais il ne réussit pas, parce (|u'il n'eut pas recours à la science de la nature appliquée à l'acclimatation de ce précieux type. Les successeurs de Colbert continuèrent les expériences indiquées par Colbert, mais les efforts faits de 1666 à 1766 furent inutiles, et l'on en conclut que l'acclimatation du Mérinos était impossible en France. Trudaine pria, en 1766, Daubenton d'étudier la question de l'acclimatation du Mérinos , et le savant naturaliste ne tarda pas à doter son pays du Mouton à laine fine. Il publia des tra- vaux qui éclairèrent la France sur l'élevage de cet animal, et lorsqu'en 1775 le roi Louis XVI obtint un troupeau de Mérinos du roi d'Espagne , ce troupeau , placé à Rambouillet sous l'babile direction de M. Bourgeois, réussit parfaitement, et c'est de cette époque que date la prospérité de l'espèce mérine française, la plus remarquable de l'Europe. C'est Daubenton , ajoute M. Richard , qui mit en lumière Etienne Geoffroy Saint-Hilaire , lequel appela , plus tard , Cuvier à Paris; et c'est ainsi que le Muséum d'iu'sloire natu- relle qui venait d'être réorganisé sous ce nom par Lakanal, a bientôt acquis une illustration égale à celte de l'ancien Jardin (ïes plantes. Le Secrétaire des séances, AUG. DUMÉRIL. IV. BULLETINS DES CONFERENCES ET LECTURES. Les conférences dont l'organisation au sein de la Société avait été annoncée par M. le Président, à l'assenijjlée générale, dans sa séance du iU décembre 1860, et dont il Ta entretenue de nouveau dans la séance du 11 janvier, ont commencé le mercredi 23 janvier, et se sont continuées régulièrement dans Tordre indiqué. L'institution de ces conférences a été réglée de la manière suivante : Règlement des Conférences et Lectures. Art. l^f". — Une Commission permanente est chargée de l'organisation des conférences, soit au siège de la Société, soit au Jardin d'acclimatation, et de tojit ce qui se rapporte à ces conférences. Art. 2. — Cette Commi?siou sera nommée chaque année par le Conseil, au mois de décembre. Art. 3. — Chaque conférence sera présidée par un membre du Conseil, délégué par lui. Art. 4. — Les conférences commenceront en janvier. Art. t). — Au commencement de chaque mois, un Bulletin mensuel sera dis- tribué aux membres de la Société. Ce Bulletui fera connaître : 1° Les jours et heures des conférences. 2" Les noms des membres qui en sont chargés pendant le mois courant. 3*^ Les sujets qu'ils traiteront. Art. 6. — Les membres de la Société seront admis de droit, sur la présentation de leur carie personnelle, soit aux conférences qui se feront au siège de la Société, soit à celles qui auront lieu au Jardin d'acclimatation du bois de Boulogne. Art. 7. — Les dames et les personnes qui ne font pas partie de la Société pourront y être admises sur présentation de billets spéciaux. Voici les conférences qui ont eu lieu en janvier et février, et relies qui auront lieu en mars, au siège de la Société : "" Janvier. Mercredi 23, à 4 h. MM.ls. Gkoffroy Saint-Hilaire. — Des progrès de raccli- matalion chez les différents peuples. Samedi 26, à 8 h. Chatin. — Des données dont il y a lieu de tenir compte dans l'acclimalalion des Végétaux. Mercredi 30, à 4 h. Focillon. — Du genre Cheval et des espèces dont on pourrait enrichir notre pays. Février. Samedi 2, à 8 h. MM. Florent Prévost. — DvS Gallinacés au point de vue de l'acclimalalion. Mercredi G, à 4 h. Richard (du Canlal). — Du Cheval de Fagricullure et du Cheval de guerre. Mercredi 13, à 4 h. Joseph Michox. — Des rapports de l'acclinintalion avec l'aû-riculture. Samedi i6,à8li. Mercredi 20, à 4 h. Samedi 23, à 8 h. Mercredi 27, à 4 li. Samedi 2,à8li. Mercredi 6, à 8 lu Samedi 9, à 8 h. Mercredi 13, à 4 h. Samedi 16, à 8 h Mercredi 20, à 4 h. Samedi 23, à 8 li. Mercredi 27. à 4 h. CONFÉRE:NCt:S DK LA SOClKTi:. (\\ SoL'DEiRAN. — Sur les Abeilles et sur le miel Gris. — Des Plantes féculentes. DcMÉRiL. — Sur la Pisciculture. Oscar RÉVEIL. — De racclimatation de quelques Plantes médicinales, et particulièrement du Pavot à opium. Mars. MM. Millet. —Delà Pisciculture, et particulièrement des Poissons migrateurs. Richard (du Cantal), — Nouvelles considérations sur le Cheval de l'agriculture et sur le Cheval de guerre. Dlpuis. — Sur les migrations des "Végétaux. Is. Geoffroy Saint-Hilaire. — Sur l'emploi alimentaire de la viande des Solipèdes , et particulièrement du Cheval. Oscar Réveil. — Des sèves laiteuses (caoutchouc, gutta-percha, etc.). Docteur Aczolx. — De la nutrition dans les Animaux. FociLLON. — Des Bètes à cornes, sauvages ou domestiques. Hollard. —De la domesticité animale, de sa nature, de ses conditions et de ses effets. — Conséquences pratiques. Outre les conférences et lectures faites au siège de la Société , d'autres auront lieu, dès que la saison le permettra, au Jardin zoologique d'acclima- tation du Bois de Boulogne. Les jours et heures, les sujets traités, et les noms des membres chargés de ces conférences et démonstrations seront prochainement annoncés. Le vœu a été émis par un grand nombre d'auditeurs, et aussi par des membres n'habitant pas Paris, que les Conférences pussent être, ou sténo- graphiées, ou rédigées par les auteurs, et pubhées. Quand ce vœu a été émis, il n'était déjà plus possible de lui donner satisfaction pour cette année ; car déjà plusieurs conférences avaient été faites et n'avaient point été recueillies. .Mais il sera du moins publié, dans le. Bulletin, un résumé de chacune des conférences ; et quelques-unes ayant été rédigées par leurs auteurs, notre recueil pourra, en outre, en reproduire les parties les plus intéressantes et les plus neuves. Le Secrétaire du Conaeil^ GULRIN-iMÉNEVlLLE. V. BULLETINS MENSUELS DU JARDIN ZOOLOGIQUK D'ACCLiMATATION. Inawjv.raiion des grandes serres dites Jardin d'hiver. Le Jardin criiivcr a été ouvert au public le 16 février. S. M. rimpéralrice a bien vuulu honorer de s-i présence rinaugurnlion qui avait, eu lieu la veille. Les seiTes, placées sous la diiection spéciale de notre confrère M. Linden, si connu par ses travaux botaniques et par ses longs voyages en Amérique, renferment déjà une très belle colleciion de grands végétaux sur lesquels de détails seront donnés dans un prochain Biillclin. Ces serres sont ouvertes au public tous les jours, un supplément de prix d'entrée est exigé le dimanche seulement (1). Un salon de repos, de conveisation et de lecture, attenant au Jardin d'hiver, sera prochainement mis à la disposition des visiteurs des serres. Mouvement du Jardin zoologique, La Société d'acclimatation a J)ien voulu réserver quelques pages du Bulletin qu'elle publie au mouvement des animaux et aux faits remarquables du Jardin zoologique du bois de Boulogne ; il serait trop long de faire remonter ce do- cument jusqu'aux premiers jours de l'établissement. La plupart des dons faits au Jardin ont été d'ailleurs signalés dans les publications précédentes. On se bornera donc à faire connaître aujourd'hui les dons et les acqiusitions nou- velles depuis le l^"" janvier de cette année ISGl jusqu à ce jour, 120 février. Nous avons reçu une Poule négresse du Japon. Envoyée par .M. Pemberton llodgson, consul de S. ÎM. Britanni(|ue à ledo ; elle est d'une grande beauté ; c'est la seule qui soit arrivée en Europe, sur seize qui étaient parties du Japon. M. de Saint-Quentin, secrélair(> d'ambassade, membre de la Société d'ac- climatation, a fait don d'un Faucon de chasse. Faucon pèlerin {Falco pere- grmus). ]\L de Saint-Ouentin, pendant son si-jour en Perse, se servait de cet oiseau pour chasser la (lazelle, et d'un autre de même espèce poiir chasser le Lièvre. Depuis qu'il est dans la volière du Jardin, le Faucon pèlerin se, porte très bien. Il est nourri sur le poing, et nous espérons prochainement mettre à l'essai son instinct de chasseur. Cinq Colombi-gallines composaient un envoi de M. le colonel Frél):udt, (l) Le Jardin zoologique d'acclimatalion a parfois reçu, le diinaiiclic, plus de seize mille visiteurs, et les serres ne sauraient en recevoir, sans encombrement, plus de quatre cents à la fois. C'est ce qui a délerminc le Conseil d'ailminislration à prendre cette mesure pour le dimanche seuienicnt. Toutes les autres parties de l'établissement sont libres, même le dimanche. Les membres de la Société ont dix culrces libres (indépendannnent des convo- cations spéciales) dans le Jardin d'hiver aussi bien que dans les autres parties de l'établissement. JAliDl.N ZOULUGKa'E D'aCCLIMATAj iUN. 63 gott.cnieur de la (îiiadcloupc, membre de la Sociélé. Ces jolis oiseaux, des régions les plus chaudes de rAmérique, nous sont arrivés par la voie de Mar- seille, grâce aux soins de V. Aguillon, délégué de la Société d'acclimatition; mais c'était au milieu des jours les plus froids du mois de janvier ; elles étaient presque dépouillées de leurs plumes. Trois sont mortes quelques jours après; deux sont encore vivantes, en très bon état, et prouvent que les oiseaux des pays chauds peuvent très bien supporter Thiver. 11 est à regretter que les deux Colombi-gallines qui restent appartiennent à des espèces différentes. On doit à madame Andréa (de Paris) un lot de Dindes rouges de la plus grande beauté, à M. de Lareveillère-Lepeaux et à notre confrère ^1. Daudin d'autres Dindes de différentes variétés. Celles de M. de Lareveillère sont de la race dite jaspée cuivrée. Ces dons, joints à celui des Dindes blanches fait pré- cédemment par S. Exe. l'ambassadeur turc Véfick-Effendi, complètent la très belle collection de Dindons que possède le Jardin ; il n'y manque que les Dindes cliamois, qu'on trouve dans les fermes de la Bourgogne. M. Bataille, l'infatigable donateur de Cayenne, nous a envoyé de nouveaux Agoutis qui malheureusement ont mal supporté la rigueur de l'hiver ; plu- sieurs ont succombé. Une paire d'Yaks noirs a été offerte par i\I. le comte de Morny. C'est un don magnifique : ces Yaks proviennent des superbes animaux de cette espèce ramenés de Chine par ^!. de .Montigny. M. de Morny les avait dans son châ- teau, en Auvergne ; il a bien voulu les donner au Jardin d'acclimatation. Ces beaux animaux, joints aux autres que nous possédions déjà, forment un trou- peau qui n'est pas un dei3 moindres ornements du Jardin. ^ous tenons de ^]. de Carcenac un Daim des Vosges, qui est heureusement venu appareiller la femelle que le Jardin possédait déjà. Un petit Coq chinois, d'une extrême petitesse, de ^I. Louis Miclion, et un Coq et une Poule de Java blancs, d'un donateur inconnu. Ce Coq et cette Poule sont d'une petitesse et d'une perfection de formes extraordinaires. Trois Moutons à longues cornes en spirale, de la belle race qui vit dans les steppes de la Hongrie, viennent de M. de Fontelle (de Caen), et nous donne- ront des reproductions. Un Bélier de race algérienne, dont on espère de grands avantages, a été envoyé par .AI. de Saussure. Je me garderai ])ien d'oublier le magnifique don de jM. A. Servant, douze Tétras huppecols {Tetrao Cupido), arrivés des bords du !\lississipi par la voie de XeAV-York, dans le meilleur état. Le Tétras Cupidon est nu des meilleurs gibiers de l'Amérique ; sa chair est blanche et succulente. Ce beau don per- mettra de tenter l'acclimatation du Tétras Cupidon en Europe sur une échelle et dans des conditions diverses qui en font espérer la réussile. A toutes ces générosités, qui attestent combien l'œuvre de la Sociélé d'ac- climatation est bien comprise, il faut ajouter les acquisitions que nous avons faites. Les plus importantes sont : 1" des Canards automates, espèce de Canards de prairie originaiies de la Guyane, et remarquables par leurs longues pattes 6h SOCIÉTÉ IMPÉHJALE ZUULUGKJl K d'aLIMATATCCIUxX. rouges et leur plumage varié ; 2° des Faisans vcrsicolores du Japon, dont les belles couleurs fixent Tattenlion du public ; 3" des Colombi-gallines poignar- dées {Columha cruentata), ainsi nommées d'une tache rouge de sang qu'elles portent vis-à-vis du cœur. Les naissances commencent. Deux ]\ilgauts, mâle et femelle, sont nés en décembre, et déjà la belle venue de ces animaux, qui font l'admiration des visiteurs du Jardin, confirme l'avancement de racclimatation de l'espèce. La Brebis de Mauchamp, don de M. Graux, a mis bas une Agnelle très robuste et digne de sa mère. Et la Brebis de Naz, donnée par :NL le général baron Girod (de l'Ain), une Agnelle femelle. Nous avons également des produits des Moutons romains, de ceux dits de Garamanie, ainsi que d'une de nos Chèvres d'Angora. La ponte se multiplie de jour en jour chez les Poules et les Canards. Les Casoars d'Australie ont donné déjà quatre œufs remarquables par leur coloration bleu foncé et par leur volume, moindre que celui des œufs de l'Autruche, mais décuple de celui de lœuf de la Poule. Nous sommes à même de fournir des œufs de bien des espèces aux de- mandes qui nous seront faites. Je dois faire connaître aussi la mortalité qui a eu lieu dans nos parcs et dans notre volière. Malgré les rigueurs de l'hiver qu'il nous a fallu traverser, malgré l'habitation récente des animaux dans le Jardin et l'humidité des nouvelles constructions, nous avons perdu peu d'animaux. Les maladies qu'ils ont pré- sentées n'ont eu aucun caractère d'épizoolie. On a remarqué chez les Cerfs Cochons et le Cerf de Virginie des claudications de quelques jours, qui se dis- sipaient promptement, et qu'on ne pourrait attribuer qu'à une cause rhuma- tismale. Nos Zébus et nos Tapirs ont ollert une affection cutanée, qui est sans doute le résultat de la stabulation prolongée pendant l'iiivcr. L'un des Tapirs, à la suite de cette affection cutanée, a eu d'imioml)ral)les et vastes abcès, et a fini par succomber à une infection purulente. Les altérations trouvées chez les Poules et les Oiseauv étaient des congestions cérébrales, lorsque la mort était soudaine, ou bien des diarrliées qui entraînaient une maladie plus longue. Nous n'avons pas trouvé que l'affection tuberculeuse, si fréquente chez les animaux en captivité, et surtout chez ceux qui viennent des cUniats chauds, ait été souvent constatée chez ceux qui ont succombé au Jardin du bois de Boulogne, et dont l'autopsie a été pratiquée. Enfin, nous avons pu satisfaire à un assez grand nombre de demandes d'animaux divers qui nous ont été faites par nos collègues de la Société d'ac- climatation ou par d'autres personnes, soit au moyen des doubles que nous possédions, soit à l'aide des relations que nous avons établies avec les autres Jardins zoologiques, et qui nous permettent de nous procurer ces animaux, là où ils se trouvent. Le Direcleur du Jardin zuoloijlque d'acclhiiatalion , Le D'^ Uliz de Lwiso.x. î. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ. ÉTAT DE LA DOMESTICATION DE L'ALTHUCHE A ALGER, Par M. UAKUl , Diiecleur de la Pépinière centrale du Gouvernement, à Alger. (Séance du i'8 décembre 1860.) OBSERVATIONS TKATIQUES SLT. LA DOMESTICATION DE L'AUTRUCHE (!). 1" De r habitation. Si l'Aulruclie captive ne s'est jamais reproduite jusqu'ici, cela tient à ce qu'on ne lui a pas donné une habitation qui lui lut appropriée. Au milieu des tribus nomades du désert, dans les villages des nègres du centre de l'Afrique, comme dans les étroits enclos à claire-voie des jardins zoologiques des pays civilisés, l'Autruche n'a pas un endroit à elle, et sa vie est Irop publique. Le petit oiseau, qui ne couve que quinze jours, veut la soH lude et le calme pour soigner sa couvée, à plus forte raison le plus grand des oiseaux, qui garde le nid deux mois, a besoin iVwi retiré pour se reproduire. En temps ordinaire, les xVutruches pourront, jusqu'à un cer- tain point, se mêlera d'autres animaux domestiques, pourvu qu'il n'y ait pas antipathie entre eux, et qu'elles puissent s'é- battre dans un grand espace ; mais dans le temps des amours, il faut qu'elles puissent se retirer dans un parc clos et abrité, où nul importun ne vienne les déranger. 11 est encore indis- pensable que chaque couple puisse s'isoler, et ne soit pas dans le cas d'être gêné par son voisin. Il est nécessaire que chaque couple ait un [)arc particuher, suftisamment spacieux, dans lequel existent un ou plusieurs massifs, composés d'arbres et d'arbrisseaux au feuillage épais. Au milieu d'un massif on établira un monticule composé (l) Pour la première partie de ce travail, voyez plus haut, page 6. T. VIII — Mars 1801. 5 66 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. de II à 5 mètres cubes de sable. Ce monticule sera aplati , et c'est sur son centre que sera établi le nid, en y pratiquant une petite dépression. Si ce nid peut être aperçu du dehors, il fau- dra l'entourer, à une certaine distance, d'une palissade de paillassons , ou de toute autre chose propre à intercepter la vue. L'enceinte formée ainsi ne devra pas être rapprochée du nid de plus de 3 à A mètres. Les Autruches ne craignent pas trop l'approche des personnes qui leur donnent ordinaire- ment à manger, ou ([u'olles ont l'habitude de voir tous les jours , mais la visite des étrangers les contrarie dans leurs travaux d'incubation. Dans un endroit du paie, un établira un hangar ou une ca- l)ane ouverte d'un côté , où les Autruches puissent entrer et sortir librement, et se meltre à l'abri, si cela leur plaît, pen- dant les ])luies ; il y aura un ràtcher et une mangeoire pour v déposer leur ncuirriture, et à coté, un vase plein d'eau [lour qu'elles puissent boir<'. Il faut (|ue le sol du [larc soit furtcmenl sablé ou gazonné, de façon qu'il ne se produise pas de boue, par le piétine- ment, pendant les pluies; il faut également étaldir des ri- goles pour l'écoulement des eaux. Il est des terrains légers qui laissent filtrer Feau, où ces précautions ne sont pas nécessaires. Les endroits bas, humides, qui sont par trop couverts d'ar- bres, où le soleil ne pénétre pas partout, ne conviennent pas pour panjuer les Autruches. 2" De la jjonte. C'est ordinairement au mois de décembre, quelquefois à la fin de novembre, que l'Autruche mâle entre en rut. La peau de son cou et de ses cuisses prend une nuance rouge vif. Il fait alors entendre son chant, qui se compose de sons rauqueSj concentrés, ressemblant assez au rugissement du bon. 11 pro- duit ce bruit en accumulant l'air dans son gosier, qui se gonfle alors considérablement. Au plus fort des amours, il C(khe trois ou quatre fois sa femelle par jour, mais plus fréquemment le malin. Entre les DOMESTICATION DE l'auTRUCHE. 67 actes, il exécute, étant accroupi, des mouvements de tête et de haut du corps qui décèlent l'ardente nature africaine. La ponte commence le plus souvent dans le mois de janvier. Le plus ordinairement , la lemelle pond tous les deux jours, mais il se présente quelquefois des intervalles de trois jours. Les premiers œufs de chaque ponte, surtout lorsque les femelles ne sont pas nées en domesticité, sont déposés épars dans le parc, et il en sera probablement ainsi pendant plusieurs i>énérations, et jusqu'à ce que l'on ait obtenu des races par- faitement domestiquées. Il faut ramasser soigneusement ces œufs, et les mettre dans le nid, alors la femelle vient pondre régulièrement à côté. Une ponte se compose de quinze à vingt-cinq œufs, et quel- quefois davantage. Une femelle peut faire deux pontes dans le courant d'une année , mais c'est lorsqu'elle ne couve pas, ou que la couvée du printemps a avorté. Lorsque la couvée du printemps a réussi, la même femelle ne pond pas une seconde fois, du moins c'est ce qui est arrivé jusqu'à présent. Lorsque l'on enlève les œufs à mesure qu'ils sont pondus, la ponte est plus abondante. Une même femelle peut donner, de cette façon, jusqu'à cinquante œufs dans le courant d'une année, et quelquefois plus. La nourriture, le régime, paraissent devoir influer sur l'abondance de la ponte. Je n'ai aucune observation exacte à cet égard. Les Autruches que je soigne reçoivent à peu prés la même nourriture, et tantôt leur ponte a été très abondante, tantôt elle a été moindre, sans que j'aie remarqué rien dans la nourritui'e qui ait pu expliquer cette différence. Les œufs d'une Autruche d'un beau développement pèsent chacun 1 kilogr. 565 grammes ; en multipliant ce poids par le nombre de cinquante œufs qu'une Autruche peut donner dans le courant d'une année, on peut obtenir dans le même laps de temps 78 kilogr. 250 granmies d'œufs. Un œuf de Poule d'Espagne, ou normande, pèse à peu prés 65 grammes ; un œuf d'Autruche équivaut à vingt-quatre œufs, de Poule, et la |»unle d'une Autruche, pendant une année, jieul équivaloir à douze cents œufs de Poule. Évalué au même prix que les œufs 68 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLUGIQUE d' ACCLIMATATION. de Poule, \mx il' Alger, le produit annuel de ki })onle d'une Autruche ])eut être de 72 francs. Les œul's de l'Autruche sont inoins délicats à inanger ((ue ceux des Poules, mais l'art culinaire peut cependant en tinir un excellent parti ; ils sont surtout propres à la confection de certaines pâtisseries. La coquille de l'œuf d'Autruche, étant ménagée, est susceptible de prendre une certaine valeur pour faire des vases montés et ornés. 1^'incubation commence le plus habituellement vers la fm de mars ; c'est la femelle qui la commence, dans la majorité des cas. Elle débute par garder le nid plusieurs heures au milieu du jour ; puis elle y demeure tout à l'ait . C'est alors ({ue le mâle vient partager avec elle les travaux de l'incubation. Il se tient sur le nid, principalement dans la nuil. 11 faut alors nîdoubler de soins ])our Iciu* nouriilure, «'t la remettre régu- lièrement à l'oiseau qui est b'vé, parce qu'autrement il ab- sorberait à lui seul toute la piovision , et celui qui est sur le nid ne trouv<'rait |)lus rien à manger hn'scju'il en sortirait. Ordinairement les Autruches cpii couvent, ri^jettent quel- ques œufs en dehors de leur nid. Le nombre île (îes œufs éli- minés est variabl(\ ()n a beauciuip dil sur la destination de <:es œufs rejetés, cai' ce fait a ét('' remarijué dans l'état sau- vage. Les uns disent que les jeunes Autruches se nourrissent du contenu de ces leufs, à leiu" sortie de la coipiille ; les autres avancent que ces œufs sont cassés dans le dessein d'attirer les mouches, (jui serviraient de [iremiére nourriture aux jeunes Autruclii^s. Aucun*.' de ces versions n'est vraie; ces œufs mis de coté ne sont pas cassés ])ar les Autruches, et la première nourriture que les petites Autruches prennent, c'est de l'herbe tendre. Selon toute aj){)arence, ces œufs ne sont rejetés que parce ipi'ils sont trop nombreux, qu'ils embarrassent ces oiseaux, qui ne peuvent les couvrir convenablement. Un couple d'Autruche ne couve pas ordinairement plus de (piinze ou seize œufs; et, lorsque ce nombre est réuni, ils sont rangés sur deux étages. Les œufs sont i)lacés dans n'importe quel sens. Chaque fois qu'un oiseau se substitue à l'autre sur le nid, les oQufs sont remués et retournés de fond en comble ; DOMESTICATION DE i/aUTRUCHE. 60 ceux de dessus sont mis dessous, et ceux du centre sont re- poussés à la circonférence. Ce travail est fait par l'oiseau, avec une adresse infinie ; il s'accroupit en arriére des œufs , il forme une grande courbe de son cou et de son bec, avec la- quelle il saisit Tœuf, et ces deux organes prennent la figure d'un bras qui se dispose à enceindre, ayant la main étendue et les doigts réunis. Cette manœuvre est exécutée avec une telle précision, que Ton nVntend pas le cboc des œ.ufs, étant tout près. L'oiseau, remis sur le nid, regarde tout autour de lui si les œufs apparaissent ; et si l'un vient à dépasser, il recom- mence l'arrangement, et ne se tient parfaitement inmiobile que lorsque tous les œufs sont complètement couverts. L'Au- truche se tient sur ses œufs, ordinairement le cou relevé ; mais si elle aperçoit un animal ou un homme venir de son côté, elle s'aplatit à terre pour s'effacer autant que possible. Ces circonstances donnent des craintes à l'oiseau ; c'est pour cela qu'il convient d'intercepter son nid à tous les regards. L'incubation dure de 56 à 60 jours; dans un seul cas, elle n'aurait été que de f\lï jours : peut-être, ici, le début de la couvaison n'nurait-il pas été bien observé ; peut-être, aussi, les couveurs dégagent-ils parfois plus de calorique qui hâte Tincubalion. Ce cas dont il s'agit, est celui de la jeune femelle née en domesticité, et qui couvait pour la première fois. Chez des oiseaux plus âgés, la durée de l'incubation a été bien exactement ce qui a été indiqué ci-dessus. Il convient d'avoii' ('^gard au plus ou moins de spontanéité de l'éclosion. Il y a des cas oii elle se prolonge ; il y a des petits nés qui se tiennent sous l'aile de la mère , et ne se mon- trent pas, ils peuvent rester ainsi deux jours sans manger. 3" De la noJirriture. Ce n'est ordinairement qu(*. lorsque les Autruches, père et mère, quittent le nid, pour [jromener leur [(rogéniture, (jue les petits commencent à manger. On leur donne du grain, de l'herbe tendre, mais ce qu'ils préfèreni par-dessus tout, ce sont les laitues et les romaines. A mesure qu'ils grandisseiil, ils prenneni des alim^'iits pins solides. 70 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATÂTION. La nourriture de nos Autruches se compose exclusivement d'herbes et de grain. Les herbes qui leur sont le plus habi- tuellement données, sont les feuilles de choux, de salades, de betteraves, de patates, d'Ignames ; on leur donne aussi les meilleures herbes provenant des sarclages; elles mangent volontiers les feuilles de maïs, de blé, de sorgho, de luzerne, de trèfle, et de presque toutes les légumineuses. Lorsque l'herbe devient rare en été, nous leur donnons des feuilles de figuier de Barbarie {Opuntia ficus indica), coupées par morceaux menus, et principalement les articles de nopals qui ont nourri de la Cochenille, el que l'on retranche au moment de la récolte. Ces articles de nopals s<^rvent deux fois de nour- riture, pour deux genres d'êtres différents. Chaque Autruche reçoit par jour 500 grammes d'orge, deux brassées d'herbes , ou un demi-décalitre de morceaux de no- pals. Cette nourriture leur est distribuée en deux fois, un repas le matin, et un repas le soir. Elles mangent, en outre, comme passe-temps, les feuilles des arbres ({u'elles peuvent atteindre dans leur parc et l'herbe qui y croît. Avec ce ré- gime, ces oiseaux se portent admirablement bien, et ils ont un embonpoint très satislaisanl. L'herbe et b^s feuilles de nopals ne coûtent que le temps de les préparer. La nourriture par jour, d'une Autruche, nous revient à 18 centimes, savoir : 500 grammes d'orge, à 20 francs le quintal 0 fr. lOc. Temps pour préparer l'iierbe ou les morceaux de nopals, soins journaliers, 0 IV. 08 c 0 fr. 08 c. Total Ofr. 18 c. Dans une exploitation rurale, où Ton n'aurait pas à acheter le grain, ce revient ])Ourrait être notablement réduit. Il y a loin de cet ordinaire modeste ati besoin considéi\able de nourriture (|u'aurait l'Autniche, laqu«dlc consommerait autant qu'un Cheval, ainsi qu'on lui en a lait la réputation. Je ne vevix pas dire, cependant, que l'Autruche ne consomme- rait pas une ration plus forte que celle que je lui donne ici, mais ce serait au détriment de sa santé. On a présenté l'Au- Irucbe comme un oiseau vorace et carnassier; elle englouti- DOMESTICATION DE l'aUTRUCHE. 71 rait les grenouilles, les crapauds, les serpents, les lézards, les petits poulets, les rats, que sais-je encore. Je leur ai présenté de tous ces animaux morts, il est vrai, et les Autruches les ont parfaitement dédaignés. Je leur ai donné des morceaux de viande de boucherie, à laquelle elles n'ont pas voulu toucher. Les objets brillants, les métaux pohs, les couleurs vives, exercent une grande attraction sur les Autruches. Si elles cherchent à les saisir avec le bec, c'est plutôt pour se les ap- proprier que pour s'en nourrir. Le chmat, paraît-il, leur a donné un penchant lirutal pour le clinquant et les couleurs vives, penchant qui est intelhgemment développé chez les hommes et surtout chez les femmes du centre de l'Afrique. Les Autruches boivent peu pendant Thiver, davantage pen- dant l'été ; il faut conséquemment entretenir dans leur parc un vase toujours plein d'eau pure. li" Longpvlte de l'Autruche, et quelques remarques qui lui sont particulières. Les jeunes Autruches mettent deux ans et demi pour attein- . dre l'âge aduhe. Au bout de ce temps les mâles ont pris leur livrée définitive, et ils sont en état de féconder les femelles. C'est alors également que les femelles commencent à pondre. Je n'ai pas d'expériences positives sur l'âge que peut attein- dre une Autruche. Il y a, au Hamma, un mâle qui doit avoir dix-sept ans. Il est très vigoureux, ses facultés prolifiques ne sont pas éteintes, et il paraît pouvoir vivre encore quatre à cinq ans. Ainsi, la durée de la vie de l'Autruche pourrait être de vingt à vingt-deux ans. Jusqu'ici le rapport des sexes dans les couvées a été d'un mâle pour deux femelles. Cette constatation ne peut avoir lieu que lorsque le mâle est arrivé à l'âge aduhe ; jusque-là son plumage ressemble à celui de la femelle. Les Autruches sont très agitées lurs des changements de temps , surtout aux approches des orages ; et lorsque le vent du sud, que nous nommons le sirocco, va se faire sentir, elles courent avec une grande vitesse, tournent sur elles-mêmeïi, en étendant les ailes, et font les évohitions les plus gracieuses. DU REPEIPLEAIENT DES HUITRES SUR LE LITTORAL DE L'OCÉAN ET DE LA MÉDITERRANÉE PAR I.A CRÉATION d'hCÎTRIÈRES ARTIFICIELLES PaK M. COSTE. Communication de Ifl. Jnles CLOQL'ET , nant de les voir éclore trop tôt. En juin et en juillet dernier je n'ai obtenu que quatre papil- lons mâles, tous les autres cocons ont péri. Comme ils étaient très beaux et très lourds, je suis ])orté à croire que la tempé- rature de 10 degrés, à laquelle ils ont été exposés durant l'hiver, est décidément trop basse, et que c'est à cette cause que je dois attribuer la perte de cette espèce, qui en était, chez moi, à sa troisième génération. Si c'était à refaire, je donnerais à mes cocons 12 degrés après la formation de la chrysalide en septembre, afin d'em- pêcher les éclosions d'automne, qui peuvent avoir lieu jus- qu'en novendjre. A cette époqu<' il n'est plus possible d'élever les jeunes Vers, à moins d'avoir une serre à 25 degrés et des Néfliers du Japon qui conservent leurs feuilles pendant tout l'hiver. Une fois l'automne passé, je donnerais à mes cocons pendant l'hiver une température de ih à 16 degrés; les papil- lons se montreraient alors en juin ou en juillet. ^ Du reste, l'été passé a été tellement pluvieux et froid, que je n'aurais probablement pas réussi à élever ces Vers en plein air; en chambre chaude je n'aurais pas été plus heureux, car la première génération provenant de cocons venus des Indes semble seule pouvoir s'élever ainsi avec succès. Je regrette d'avoir à annoncer à la Société un insuccès; il est cependant toujours utile d'en rendre compte, afin de pou- voir éviter à l'avenir les écueils dont la voie d'une acclimata- tion quelconque est parsemée. SUR UNE ÉDUCATION DE VERS A SOIE DU MURIER FAITE EN PLEIN AIR A MILAN. LETTRE ADRESSÉE A M. LE PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'acclimatation, Par M. le Comte Joseph TAVER^'il (Séance du Conseil du 19 octobre 1860.) Monsieur le Président, J'ai suivi avec infiniment d'intérêt l'éducation de Vers à soie du Mûrier, faite par S. Exe. le Maréchal Vaillant, à Milan, et j'ai également apprécié les observations et les sérieuses consi- dérations que M. de Quatrefages a publiées sur ce sujet dans le journal le Cosmos , mais je n'en ai pas moins cru devoir vous informer des résultats d'une éducation faite sous mes yeux et avec mon concours, à l'air libre. J'espère que vous y trouverez quelque intérêt, sans toutefois prétendre comparer mes simples observations aux savantes recherches de ces pères de la science. L'éducation de Vers à soie dont il s'agit m'ayant donné des résultats bien différents de ceux que S. Exe. le Maréchal Vaillant a obtenus, j'ai jugé utile, monsieur le Président , d'appeler sur elle votre attention, persuadé, comme je le suis, que l'étude consciencieuse des faits offre toujours à ceux qui les comparent le moyen de découvrir la vérité. Au mois de mai dernier, ma mère lit éclore de la graine (39 milhgrammes) provenant d'une éducation spéciale faite pendant l'hiver de 1859 avec le nouveau succédané du Mû- rier {Trayopogon pratensis), dont j'ai eu l'honneur de vous parler dans ma lettre du 9 courant , et le double intérêt qui s'attachait à cette graine indigène, et produite dans des con- ditions exceptionneUes, nous poussa, ma mère et moi, à en tenter l'éducation en plein air. > 80 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQLE d'aCCLIMATATIoN. Nous plaçâmes la graine en train d'édorc dans un sachet ouvert, que nous suspendîmes au tronc d'un jeune Mûrier en pot, que nous mîmes dans une serre ouverte de trois cotés, et dont nous avions préalablement enlevé les panneaux. . Les chenilles d(*voraient les teuilles de Tarbrisseau sans perte de temps, c'est-à-dire au lur et à mesure cpi'elles sor- taient de l'œuf. Les fourmis , (jui juuntèrent le long du pol , piquèrent et sucèrent quelques-unes de nos chenilles ; ce malheur nous ap- prit à isoler nos pots en les plaçant sur des chevalets, dont les pieds plongeaient dans des vases remplis d'eau. Tant que les Vers à soie n'eurent pas dépassé la troisième nuie, tout marcha an gré de nos désirs; mais, depuis cette époque leur voracité devint si prodigieuse, que nous nous trouvâmes au dépourvu de Mûriers en pots. Alors nous eûmes recours à des brainhes coup('es, (pie nous maintenions fraî- ches assez longtemps, en h^s enfonçant dans du sable humide, tassé dans des caisses isolées par le même [irocédé que nos pots. Quand l<'s l)ranches de Mûrier ('(aient complètement dé- pouillées de feuilles ou cnlièrement fanées, nous en ])Osions simplement de nouvelles sui" les pi-emières. Les larves s'cm- ])ressaient d'v nionlcr , et nous pouvions ainsi les enlever sans déranger les Vers encore en état de léthargie qui se trouvaient sur les vieilles branches. De cette façon, nous donnâmes à nos chenilles aulant d'es- pace que leur accroissemenl lapidc en demandait. Les mues étaient plus longues qu'elles ne le sont en g(Mié- ral, quand elles s'eflectuent dans une chambre; car, dans celle-ci les larves ne sont pas exposées aux brusques change- ments de tenq)érature, surtout entre le jour et la nuit. Cepen- dant nos chenilles lilèrent de magnifiques cocons, qui ne lais- saient rien à désirer, ni pour la forme, ni pour la solidité et la couleur. Le mois de mai a été excei)tionnel celte année-ci, car le froid a été assez vif, pour (pie des gelées blanches couvrissent le sol dans les parties les plus basses du territoire, jusqu'à la fin VERS A SOIE DU iMURIER. 81 du mois. Il a aussi beaucoup plu, et la bise, qui a soufïlé pen- dant des jours entiers, poussait la pluie dans l'intérieur de la serre, où nos pauvres chenilles furent littéralement lavées par l'averse. Le 26 juin, les premiers cocons étaient formés, et six jours après toutes nos chenilles travaillaient avec ardeur. Les premiers cocons étaient à peine visibles , car les Vers les avaient cachés avec soin entre les feuilles desséchées; mais , comme il n'y avait pas assez d'espace sur les branches de Mûrier pour que nous pussions laisser toutes nos larves libres de suivre leur instinct, nous fixâmes sur nos caisses des bouquets de tiges de Colza, dont nos paysans font générale- ment* usage pour les éducations ordinaires du Bombyx. Ces bouquets offrirent en un instant le ravissant spectacle du travail empressé des Vers, qui y grimpèrent par centaines. Le soleil, qui nous avait toujours manqué, se montra dans toute sa splendeur, aussitôt que les cocons furent formés , et comme il dardait en plein dans la serre, une partie des nym- phes furent grillées dans leurs cocons. Nous laissâmes à nos chenilles le temps voulu pour qu'elles pussent toutes compléter leur travail, et ensuite nous cueil- lîmes et pesâmes nos cocons. Nous récoltâmes 7'^''-,761 de cocons. Nous ne pûmes cependant compter que sur ô^''-,337 pour en obtenir de la graine, et cela à cause des dégâts faits par l'ardeur du soleil. Nous fîmes choix d'une grande pièce, ayant deux croisées opposées, pour y placer les cocons. De cette façon, ils étaient exposés aux changements de température du dehors. Jamais je n'ai vu de plus beaux papillons ; les ailes en étaient bien étoffées, et de la plus éclatante blancheur. Pas la moindre trace de pébrine, point de gros abdomens , et de pattes rabougries et contournées. Les mâles volaient çà et là sur les claies, et recherchaient les femelles avec empressement. Celles-ci, après la ponte, vé-' curent encore huit à dix jours, et les mâles bien davantage. La ponte se lit aussi régulièrement que le reste. Nous accou- plâmes avec des mâles frais les femelles qui ralentissaient le T. VIII. —Mars 1861. 6 ^5 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. travail de la ponte , et c'est peut-être à cette précaution (|ue nous dûmes la parfaite fécondation et coloration de la graine. Nous récoltâmes 5/15 grammes d'œufs qui, observés à plu- sieurs reprises au microscope, à des intervalles de quinze jours en quinze jours, ne donnèrent aucune trace d'atrophie du germe, et je me flatte que rien n'aura altéré l'état de notre graine depuis ma dernière observation. Le produit a été d'environ 96 grammes de graine par kilo- gramme de cocons, rendement extraordinaire dans notre pays, même alors que la pébrine n'était pas à craindre ; supérieur aussi de 10 grammes au cliilïre indiqué par M. André Jean comme maximum du produit d'un kilogramme de cocons^dans son célèbre mémoire. Je crois ne m'être pas trompé, en vous disant que je n'avais pas observé' de p(''brine sur mes chenilles depuis leur éclosion jusqu'à la fin de leurs métamorphoses , et c'est en cela que les résultats obtenus par S. Exe. le Maréchal Vaillant diffèrent complètement de ceux que je vous ai rapportés, et la quantité de chenilles dont ma mère et moi avons eu soin (à peu près AOOO chenilles), était tellement supérieure à celle dont le Ma- réchal s'est occupé (AO ou 50 Vers), que j'ai pensé que le suc- cès de mon éducation sur une plus grande échelle donne à mon expérience une importance qui, sans cela, leur aurait manqué par le peu de mérite de l'observateur. Je mets à votre disposition, monsieur le Président, une cinquantaine de grammes de la graine que j'ai obtenue , et ma mère et moi sommes bien fâchés de ne pouvoir vous en offrir davantage pour le moment. Veuillez agréer, etc. Comte Joseph Taverna. SUR L'ALHAGl DES MAIRES Parlai. PÉP1]\. (Séance du 22 février 1861.) Pendant longtemps on avait attribué à tort la production de la manne des Hébreux à une plante vivace, herbacée, de la famille des légumineuses, nommée Alhagi par Tournefort, tandis qu'elle est le produit du Tomarix niannifera^ très voi- sin du Tamarix indica. Ehrenberg dit qu'il existe sur le mont Sinaï un Tamarix qui, après avoir été piqué par le Coccus mamiiparus, exsude tine sorte de manne. Cette substance contient beaucoup de saccharine, mais elle n'a pas la saveur de celle de l'Alhagi. L'auteur rapproche cette espèce du Tamarix gallica, variété mannifera.^ Les Arabes nomment cet arbuste Tarfa ou Atté. En 1882, M. Bové, botaniste voyageur, a trouvé ce même arbuste dans cette locahté ; il l'a décrit et reconnu pour le Tamarix mamii fera que l'on rencontre en Egypte, en Orient, et surtout en Asie, où il paraît être très répandu et commun sur plusieurs points. Cependant l'Alhagi des Maures, dans de certaines contrées de l'Asie, produit une assez grande quantité de manne qui est employée en guise de sucre dans plusieurs industries. M. le professeur Delile, botaniste distingué, était un des savants qui partirent en 1798 avec Tarmée française, pour l'expédition d'Egypte. Il y trouva l'Alhagi sur phisieurs points, et, comme professeur et directeur du jardin botanique de Montpellier, il l'introduisit dans ce jardin, où il prospérait encore en ISlih. Voici ce qu'il m'écrivait à cette époque sur cette intéressante plante, qui a toujours été rare dans nos collections : « V Alhagi Manrorum croissait il y a près de cinquante ans » dans l'P^cole de botani(pie de Paris; traçant à travers les allées, » il était fort abondant, comme celui que nous avons à l'Ecole )) de botanique de Montpellier. Nous avons essayé fort souvent 8/| SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOfilOL'E d'aCCLIMâTÂTION. » d'en déterrer de longues racines ; elles sont sans chevelu sur » plus d'un mètre, en sorte que nous n'avons pas réussi à en » planter en vase pour vous les envoyer. Elles ont toujours )) péri, parce qu'il n'y avait pas de chevelu proportionné, Peut- )) être les racines que nous envoyons à présent, le printemps » aidant, croîtront-elles à Paris. j) L'Alhagi fleurit, mais ne donne point de graines à Mont- y> pellier. La gelée l'avait détruit une fois, il nous est revenu, ;) de graines d'Egypte. C'est une plante d'une saveur douce, » aussi est-elle très recherchée des Chameaux, qui la broutent. » Elle ne donne point de manne sur les feuilles en Egypte, » mais elle en donne tellement en Asie, qu'à Alep elle rem- » place le sucre pour les pâtisseries (Niehbur). Olivier en rap- » porta, de son voyage en Orient, des poignées au Muséum à » Paris, où elle a pu être conservée. » Les plants d'Alhagi que M. Delile disait avoir vus dans l'École de botanique du Muséum provenaient sans doute du vovagc en Orient que fit Olivier, à la fin du siècle dernier, mais je n'en ai pas souvenir. Ceux qu'il m'adressa en iSlili furent plantés dans l'École de botanique ; ils y fleurirent en 18/i7, et, comme dans le jardin de Montpellier^ ils ne donnèrent point de ô raines. Cette plante est très curieuse par son port : ses tiges, de couleur vert foncé, ressemblent beaucoup à celles de plusieurs espèces do. S par tin m, el notammentà celles Ao Spartium ferox ; elles sont rameuses et très rarement feuillées. C'est une plante assez délicate sous le climat de Paris, attendu qu'étant cultivée en pot, ses racines sèches et traçantes ne peuvent se dévelop- per. Ce n'est qu'en la livrant à la pleine terre dans un sable composé de silex, qu'elle peut croître; mais il arrive, quoique les pieds soient couverts de plusieurs centimètres de sable et d'une cloche pendant l'hiver, que la gelée et l'humidité pro- longées de certaines années font périr les racines, et enfin le collet, oii se trouvent les bourgeons, qui bientôt sont annulés. Comme toutes les plantes égyptiennes en général, elle redoute nos hivers, même dans les serres, où la moindre humidité et un trop long séjour les font mourir. NOTE SUR LA. POMME DE TERRE D AUSTRALIE, Par M. GUÉRII\-MÉiVEYILLE. (Séance du 1 1 janvier 1 861 .) La Société se rappelle qu'elle doit au zèle de notre dévoué confrère M. David la propagation des Pommes de terre d'Aus- tralie, qui ont donné d'excellents résultats dans diverses loca- lités, où nos honorables confrères les ont expérimentées. Je pense que la Société accueillera avec intérêt quelques détails adressés par M. Radiguet sur des cultures faites avec des tuber- cules donnés généreusement par M. David. Voici donc l'extrait d'une lettre de M. Radiguet, du 15 décembre 1860 : ((•La Pomme de terre d'Australie, que j'avais fait partager en treize morceaux et dont j'ai fait la récolte il y a trois jours, a produit cent quatre-vingt-deux individus, dont au moins un tiers aussi beaux que la mère et parfaitement sains, sans qu'un seul ait été atteint de la maladie. Nous avons goûté un seul tubercule, et l'avons trouvé fort bon ; et à cela près des quatre que je donnerai à des amis, je n'en distrairai aucun du reste, que je garde précieusement pour semences, et qui probable- ment me produira une belle récolte l'année prochaine. Je vous cite ce paragraphe de la lettre de mon ami pour vous prouver combien il y attache de prix. Voici ce qu'ont produit les deux autres : D M. le comte de Vignerol a obtenu, dans sa propriété située dans l'Orne, 79 tubercules pesant l/i kilogrammes et d'une grosseur prodigieuse. » M. de Rostang, près de Meaux, d'un tubercule coupé en deux morceaux seulement, en a récolté quatre-vingt-quatre presque tous plus gros que celui que je lui avais donné. » Le quatrième fut donné au général du génie Goury, qui 86 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'âCCLIMÂTATION. a aussi obtenu un résultat superbe dans sa propriété au Pont- de-Gé, près Angers. Mais ce qui rend cette Pomme de terre précieuse, c'est que, plantée près et parmi d'autres Pommes de terre atteintes de la maladie, elle ne l'a point contractée. Cela durera-t-il longtemps? Il faut l'espérer. » Nos bonorables confrères M. le marquis Séguier, M. Flury- Hérard et M. Bergeron ont aussi annoncé à M. David qu'ils ont obtenu les meilleurs résultats des Pommes de terre qu'il avait bien voulu leur donner. M. David ajoute que ces Pommes de terre sont d'une très facile conservation ; on les a mangées très bonnes encore au printemps, lorsque les autres Pommes de terre ne valent plus rien. II. TRAVAUX ADRESSÉS ET CO-MMU-MCATIONS FAITES A LA SOCIÉTÉ. SUR LES BOEUFS SAUVAGES DES PARCS D ECOSSE DE CHILLINGHAM ET D'HAMILTON , EXTRAIT DE DIVERS DOCUMENTS PUBLIÉS EN ANGLETERRE (1), Par II. lljgrV^OT. (Séance du 22 février 1861). A»la liiiitième réunion de l'Association britannique pour le progrès de la science (British Association for tbe advanceruent of Science)^ qui eut lieu en 1838 à Newcastle, la section de zoologie et de botanique a entendu la lecture d'un mémoire de M. J. Hindmarsh d'Almvick, sur les Bœufs sauvages du parc de Chillingbam, dans le comté de Northumberland. Voici la substance de la communication de ce savant naturaliste, qui se trouve analvsée dans 1'^ thenœum anglais de la même année, pages 611 et 612. A l'époque de ce travail, le troupeau de Chillingham comp- tait environ 80 animaux, dont 25 taureaux adultes, 15 jeunes mâles et une quarantaine de vacbes. Les yeux, les cils et les extrémités des cornes (dit M. Hindmarsb, qui a examiné per- sonnellement ces animaux) sont noirs ; le museau est brun, ainsi que l'intérieur des oreilles, qui est quelquefois rou- gefitre. Tout le reste du corps est blanc; la peau en est si mince, que certains taureaux sont d'un blanc jaunâtre, appro- chant de la nuance de la crème. Les formes sont élégantes, les jambes courtes, le dos horizontal, et les cornes d'une con- texture très hne. Sauf quelques crins grossiers sur le cou, les mâles ne possèdent pas de crinière proprement dite. Ils (i) M. Viennot a bien voulu adresser ce travail à la Société, au uionicut où M. Drouyu de Lhuys venait d'annoncer la prochaine ajrivéc au Jardin zuologique d'acclimatation d'un Bœuf sauvage d'Ecosse, donné par S. r,. lo duc d'ilaniilton. 1«. 88 SOCIÉTÉ I3IPÉR1ALE ZOOLOGiQUE d'aCCLIMATATION. ont un cri particulier, qui rappelle plutôt la voix des animaux sauvages que le mugissement des bestiaux ordinaires. Les femelles commencent à mettre has à trois ans ; elles cachent leurs petits pendant les huit ou dix premiers jours après leur naissance, et les allaitent deux ou trois fois par jour jusqu'à neuf mois. M. Bailey, de Chillingham, fit une fois la rencontre d'un veau âgé de deux ou trois jours, qui lui parut faible et chancelant. Il caressa le petit animal, qui recula de quelques pas et s'élança contre lui de toutes ses forces ; mais comme il s'était détourné pour éviter le coup, le veau se jeta à terre ; sur quoi tout le troupeau vint à son secours, et obligea M. Bailey à opérer sa retraite. ^ Les mâles se livrent de fréquents combats jusqu'à ce que les plus forts triomphent des autres, qui ne leur disputent plus la suprématie. (Juand deux taureaux ont été séparés pen- dant quelque temps, et qu'ils se retrouvent en présence, ils se battent, quoique ayant été amis auparavant, et la lutte recom- mence tant que la paix n'est pas faite de nouveau. 11 est rare qu'ils meurent de maladie ; on ne les laisse guère vivre au delà de huit ou neuf ans, âge auquel ils commencent à dépérir et où on les abat, d'autant plus ({ue lorsqu'un membre du trou- peau s'aflaiblit et languit, les autres se jettent sur lui et le tuent à coups de cornes. Ils ont d'ailleurs la vie assez dure, comme le prouve le fait suivant. Un vieux taureau ayant été désigné pour être abattu, un garde-chasse l'avait séparé du reste de la bande, qui paissait dans le grand parc de Chil- lingham. Furieux de se voir empêché à plusieurs reprises de rejoindre ses compagnons, l'animal se rua sur le garde-chasse qui ne le surveillait pas suffisamment; il le renversa, le lança trois fois en l'air, et s'agenouillant sur son corps, lui rompit plusieurs côtes. Impuissant à lui apporter d'autre secours, un jeune garçon, qui était témoin de la scène, se hâta de lâcher contre le taureau un limier, qui se mita lui mordre les talons et le força d'abandonner sa victime, dont cette diversion sauva la vie. Le taureau n'en revint pas moins plusieurs fois à la charge, ne quittant jamais l'homme des yeux, et le lançant encore de temps en temps dans l'espace. Tandis que le chien UŒLFS SAUVAGKS DÉCOSSE. 89 redoublait de sagacité et de courage pour le tenir à distance, un messager parvint au château. Les invités de lord Ossulston sortirent aussitôt, armés de leurs carabines de chasse, et firent feu sur l'animal, qui devint surtout le point de mire d'un excellent tireur placé derrière une haie à une distance de vingt-cinq pas. Le taureau ne broncha ni ne changea de place, se contentant de secouer la tête chaque fois qu'il se sentait atteint. Il ne tomba qu'après avoir reçu dans le crâne six ou sept balles, dont l'une lui traversa l'œil. Abattus à temps, les taureaux pèsent de 760 à 880 livres anglaises. Un d'eux, qui fut pris jeune et tenu en captivité, s'apprivoisa aussi bien qu'un bœuf domestique; il acquit autant d'embonpoint que l'aurait fait un individu de la race Durham, et, au moment de sa pleine croissance, on évaluait son poids à 1300 livres. Pendant l'été, ces animaux s'enfoncent dans les bois de Chillingham, prenant la fuite dès que quelqu'un se montre, fût-ce à une très grande distance, et vivant cachés à tous les yeux pendant des semaines entières. Ils mangent généralement la nuit, dormant le jour ou ruminant au soleil. En hiver, lors- que la rigueur de la saison les oblige à sortir de leur sanc- tuaire, et à venir chercher dans le petit parc la nourriture qui leur manque, ils consentent à manger du foin, mais ne veulent pas toucher auxturneps. Ils sont alors moins farouches et se laissent approcher assez facilement, surtout si l'on est à cheval. Même dans ce cas, leur caractère sauvage se manifeste par des traits curieux. Parfois ils paissent tranquillement : qu'un homme se montre tout à coup, et surtout qu'il vienne sous le vent, aussitôt le troupeau paraît saisi d'une terreur panique ; tous prennent le galop, les uns à la suite des autres, et ils ne s'arrêtent que lorsqu'ils sont à couvert des arbres. On a remarqué que, de môme que les Daims, ils sont doués d'une faculté spéciale pour tirer parti des inégahtésdu sol; aussi, quand on les dérange, ils font en sorte de traverser tout le parc sans se laisser apercevoir. Leur mode habituel de retraite consiste à se lever lentement de leur lieu de repos, à marcher d'abord au pas, puis au trot, et enfin à galoper 90 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. jusqu'à ce qu'ils se dérobent derrière un repli du terrain. Lorsqu'ils descendent des hauteurs du parc, ainsi qu'ils en ont l'habitude à certaines heures de la journée, on les voit se mouvoir par files isolées, à l'instar d'un régiment de cavalerie, les mâles conduisant l'avant-garde, comme ils se tiennent à l'arrière en cas de fuite. Un soir, vers le coucher du soleil, lord Ossulston les vit prendre possession d'un pâturage qu'on venait de mettre à leur disposition. Us se tenaient rangés à l'entrée d'un petit bois, qui en semblait tout peuplé ; soudain ils s'élancèrent en avant sur une seule ligne, et passant rapi- dement devant lui, ils se dispersèrent dans la plaine et ne tar- dèrent pas à se mettre à brouter. La terre de Cliillingham appartient aux comtes de Tancar- ville. M. Hindmarsh a emprunté plusieurs des détails qui précèdent à une lettre (}ui lui fut écrite par le noble posses- seur de ce domaine , et (jui est reproduite in extenso dans VAthenœum. Ce château a été construit on partie sous le règne de Henri III, au xiir siècle, et bien qu'il ne subsiste aucun document concernant l'origine des animaux que ren- ferme le parc, on doit nécessairement le faire remonter au delà de l'époque reculée et inconnue où les propriétaires de Chillingham songèrent à faire enclore une partie de la forêt de ce nom. Parmi d'autres troupeaux du même bétail dont l'existence s'est également prolongée jusqu'à nos jours, on cite celui de Lyme-Park, dans le comté de Chester(dansle pays de Galles) ; celui de Chartley-Park , en Angleterre, et celui d'Hamilton- Park, en Ecosse. A la lin du xviii^ siècle, on connaissait encore trois autres petits groupes aujourd'hui détruits : l'un à Bmlon-Constable, dans le comté d'York ; le second à Dunnary, dans le comté de Dumfries, en Ecosse. Ces derniers avaient les oreilles noires, mais sous tous les autres rapports ils ressemblaient à leurs congénères du Northumberland. A cette occasion, il sera bon de remarquer que, d'après le naturaliste Bewick, le garde- chasse de Chillingham aurait tué, vers 1798, quelques indi- vidus de ce domaine qui offraient la même particularité. La BŒUFS SAUVAGES d'ÉCOSSE. 91 troisième bande vivait dans Ribblerdale-Park, en Angleterre, et il en serait conservé un spécimen dans le muséum d'histoire naturelle de Manchester. Les zoologistes ne s'accordent pas sur le genre dans lequel il faudrait ranger les Bœufs dont il s'agit, que les uns vou- draient classer avec l'Aurochs (Bos urus)^ et que les autres pla- cent sous une rubrique distincte. M. Hindmarsh n'hésite point à y voiries descendants des anciennes races sauvages de la Calédonie. Il a retrouvé dans Boèce un passage qui les décrit avec une certaine exactitude, en faisant la part de l'amplifica- tion poétique. Walter Scott, dont l'autorité est si compétente en matière des antiquités de son pays, les regarde aussi comme issus de l'espèce qui peuplait la vaste forêt calédonienne située entre la Tweed et Glasgow, et aux extrémités de laquelle sont précisément placés Chillingham et Hamillon, qui en pos- sèdent les derniers rejetons. Les vers suivants de l'illustre barde écossais, par lesquels nous terminerons cette notice, retracent assez fidèlement l'aspect de ce bel animal : ' « Voici .venir le plus puissant des animaux de chasse qui errent dans la Calédonie boisée. Écrasant la forêt dans sa course, le taureau des montagnes bondit avec un bruit de tonnerre. Il mesure d'un regard menaçant la troupe des chas- seurs armés de carquois, roulant ses yeux pleins d'un sombre éclat. Il fait voler le sable sous ses cornes et ses noirs sabots, et secoue en l'air sa crinière de neige ( l). » (i) IMightiest of ail the beasts of chace That roam o'er woocly Caledon, Crushing ihe forest in bis race, The mountain-bull conies thimdering on : Fierce on tbe bunter's quivered band He rolls bis eye of swartby glow, Spurns with black hoof and horns tbe sand , And tosses bigb bis mane of snow. (Walter Scott, Ballad onCadyow castle.) III. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES GÉNÉRALES DE LA SOCIÉTÉ. SÉA>'Ct; DU 8 FÉVRIER 1801. Présidence de M. Is. Geoffroy Saint-Hilaire. M. le F^résident proclame les noms des membres nom-elle- ment admis : MM. Bourguignon (le docteur), directeur de rétablissement hydrothérapique de Bellevue (Seine-et-Oise). Cholet (le comte de), ancien pair de France, au cbàteau de Beauregard (Loir-et-Cher) et à Paris. CoLLARDEAU, propriétaire à Paris. CoNQUiSTA (don JacintoOzellana y Pizarro, marquis delà), à Trujillo, province de l'Estramadure (Espagne). QuELEN (le comte Raoul de), à Paris. Rolland (Lucien), propriétaire au château de Fréminy, prés Bouray (Seine-et-Oise), et à Paris. Serres de Mesplès (le comte Olivier de), à Paris. — A l'occasion du procès-verbal de la séance précédente, dans laquelle M. Richard (du Cantal) a rappelé que c'est à Daubenton qu'est due l'introduction en France des Moutons mérinos, notre confrère M. le docteur Fonlan dit que, vers 1780, le premier troupeau venant d'Espagne fut introduit en France par son père. Une partie de ce troupeau, composé de 100 têtes, fut gardée dans les domaines de son père, et le reste placé à la bergerie royale de Rambouillet. Après quel- ques explications échangées à ce sujet entre MM. Richard (du Cantal), Bourgeois et Fontan, ce dernier est invité par M. le Président à fournir les documents qu'il possède et qui pourraient éclaircir le fait qu'il a énoncé. — Le secrétaire de S. A. L le prince Napoléon écrit pour remercier, au nom du prince, des détails transmis par M. le Président sur les travaux de la Société, et particulièrement sur la récente organisation de conférences au siège de la PROCÈS-VERBAUX. 93 Société. « Le Prince a l'intention d'assister à une des confé- rences qui viennent d'être organisées. » — M. le Ministre de l'agriculture, du commerce et des tra- vaux publics annonce qu'il met à la disposition de la Société, comme les années précédentes, une médaille d'or grand mo- dule, destinée à être décernée dans la séance du 10 février. S. Exe. sera priée d'agréer les remercîments de la Société. — M. Arthur Gris écrit pour remercier de sa récente admission. — M. Joly de Lotbiniére, récemment nommé délégué de la Société à Québec (Canada),adresseàM.le comted'Eprémesnil, qui lui en avait fait la demande, la liste des animaux de l'Amé- rique septentrionale qu'il pourrait faire parvenir. Celte liste comprend l'énumération de plusieurs espèces de Mammifères, d'Oiseaux et même de Poissons. Notre confrère exprime un vif désir de concourir directement au but que poursuit la Société, et donne l'assurance qu'il s'empressera d'envoyer ceux des animaux désignés dans sa lettre qu'elle désirerait posséder. Cette lettre est renvovée à l'examen du Conseil. Kl — M. le Ministre des affaires étrangères annonce avoir été informé par le consul général de France à Yedo, M. Duchesne de Bellecourt, que M. Hodgson, consul d'Angleterre à Haco- dadi, a bien voulu, en partant pour l'Europe, se charger des caisses de plantes qu'il a envoyées à la Société et dont il a été question précédemment (voyez plus haut, p. 47). — Différentes demandes de graines des Melons d'Esclavonie, données par M. Fr. Rreuter, sont renvoyées à la commission de distribution des végétaux. — Un envoi de bulbilles d'Ignames est fait par M. Charrel qui, dans ses cultures à Orange, n'ayant pas pu obtenir de gros tubercules, compte mélanger maintenant de la cendre de bois au terreau, afin d'arriver, s'il est possible, à avoir un rendement plus considérable. — M. David dépose un certain nombre de tubercules de Pommes de terre d'Australie pour être distribués à nos con- frères. OA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. — M. le docteur Rosen, directeur de Tinstitut agricole de Clèves, adresse à M. Drouyn de Lhuys un mémoire dans lequel il expose le résultat de ses expériences sur la culture du Sorgho sucré. Ce travail est renvoyé à l'examen de la 5' Section. — M. Flury-Hérard fait parvenir une caisse adressée du Japon par M.Duchesne de Bellecourl, et contenant de la graine de Vers à soie de ce pays. — M. Louis Esperon, associé de M. Octave Thoron et C'^ à Embrun, fait parvenir, par rintermédiaire de M. Drouyn de Lhuys, des renseignements sur le cardage des frisons de soie, et demande ^5 kilogrammes de cocons du Ver à soie de l'Ailonle pour essayer les meilleurs moyens de travailler ce iiouvéau produit. La lettre de M. Esperon est renvoyée à la II" Section. — Un don de graine de Ve?'s à soie du Marier des monts Balkans est fait \rdv noire confrère M. Wattecamps, qui a rapporté lui-même cette graine en France. - — Dix cocons du Bomhjjx Cecropia de la Nouvelle-Orléans sont offerts par M. Alphonse Lavalléc, qui a témoigné le désir que réducation en soit poursuivie dans la ménagerie des Reptiles au Muséum dliisloire naturelle. Un semblable don avait été déjà fait précédemment par M. Lavallée. — M. Honoré Coulomb, (jui s'occupe de sériciculture près d'Anduze (Gard), exprime l'opinion (pie la maladie des Vers à soie est causée par la fenillo du Mûrier. — 11 adresse en même tem[)s une demande de graines de la Cliine. — M. le professeur .1. Cloqnet lit une N(>te ayant pour titre : Ihi repeuplemevi dxi littoral de l Océan et de la Méditerranée an moyen de la création d'IuiUrieres artificielles, par M. le professeur Coste. De nombreux échantillons d'Huîtres jeunes, adhérant à des débris d'huîlricres artificielles, sont placés sous les yeux de l'assemblée. (Voyez cette Note au Bulletin.) — M. des Nouhes de la Cacaudiére adresse des observa^ lions sur la nécessité qu'il y a, suivant lui, de multiplier dans nos eaux, par rlnlroduction des Poissons herbivores de Chine, les espèces destinées à servir de proie aux Poissons PROCÈS-VERBAUX. 95 carnivores. La lettre de notre confrère est renvoyée à la 3* Section. — Différentes demandes d'œufs de Perdrix Gambra sont adressées par des membres de la Société. Il y sera fait droit dès que cela sera possible. — M. Ferdinand Denis transmet des détails sur une tentative d'acclimatation de Rossignols à Tîle de la Réunion, faite sans succès par M. Legras, magistrat de Tile : tous les oiseaux sont morts pendant la traversée, à l'exception d'un seul, qui n'a pas tardé à périr après le débarquement. M. Denis informe, en même temps, que M. Cliarles Legras, membre de la Société et frère du précédent, a transporté à la Réunion le Kabou, Cygne de Madagascar, le Canard malgache à bec rose, et différentes variétés de Sarcelles. Tous ces oiseaux vivent bien dans cette nouvelle patrie. — Notre confrère M. le docteur Guépin écrit de Rordeaux que le Canard du Labrador , très avide de Colimaçons, serait fort utile dans le Rordelais pour la destruction de ces mollus- ques si nuisibles aux jeunes pousses de Vigne. — M. le docteur Gosse, qui a prêté son concours actif et éclairé à la Société pour tout ce qui concerne la domestication de VAîitrnche {Bulletin, 1856, Questionnaire, p. 290 ; — Note sur les plumes de l'Autruche, 1857, p. 525; — Mémoire sur les mœurs et les habitudes de cet Oiseau, p. 21 ; — Rapport sur les documents adressés d'Algérie en réponse au Ques- tionnaire, 1858, p. 33/i, 391 et /i82 ; — Compte rendu d'une Notice adressée par M. Rerg sur l'Autruche du Sénégal^ p. 581), signale des faits relatifs à cette domestication. Ainsi, comme notre confrère l'a su par les réponses au Questionnaire, et c'est un renseignement qu'il a omis de men- tionner au Rapport, on élevait au Maroc, vers le commence- ment de ce siècle, des Autruclies en domesticité dans les parcs du palais du prince, et elles y couvaient. A Algoa-Ray (Afrique australe) , 6 Autruches (2 maies et h femelles) domestiquées, et qui recevaient leur nourriture à des heures régulières, matin et soir, sortaient de la ferme au cf»mmencement du jour pour allei* au désert, d'où elles rêve- 96 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. naient au coucher du soleil. Elles pondaient et couvaient hors de la ferme, et y rentraient avec leurs petits. Ce fait se passait en 1818, chez M. Korsten, et a eu pour témoin oculaire M. Jules Verre aux. Enfin, M. Gosse, en raison du défaut habituel de fécondation des œufs pondus en domesticité, émet l'opinion que peut-être on obvierait à ce fâcheux résuhat : 1° en mélangeant des sub- stances animales aux aliments des Autruches, qui sont omni- vores et pour lesquelles une nourriture exclusivement végétale ne semble pas convenable ; 2" en les plaçant dans de vastes enclos, afin que la femelle puisse plus facilement échapper au mâle, qui, par la trop fréquente répétition de l'accouplement, nuit à la fécondité. M. le Président, en confirmation de ce fait que les œufs obtenus en domestication ne contiennent ordinairement pas de germe, dit qu'il en a été ainsi pour un grand nombre d'œufs qui ont été pondus par les Autruches de la ménagerie du Muséum d'histoire naturelle. — Des détails sur des Panthères (ou Guépards?) dressées qui servaient pour la chasse à l'empereur Frédéric II, vers le commencement du xiii' siècle, sont transmis par M. de Cherrier, membre de l'Institut (Académie des inscriptions et belles-lettres). — M. Davin donne lecture d'un Rapport fait au nom du Comité de souscription pour l'introduction de la race ovine Graux de Maucliamj) à Buenos-Ayres et l'acquisition en retour d'un troupeau ^'Alpacas. (Voyez au Bulletin, ^861 , p. 1.) Sur les conclusions de ce Rapport, des remercîments sont votés par l'assemblée à M. Fréd. Jacquemart pour les bons soins qu'il fait donner à. ({uelques-uns des Alpacas ramenés en France par M. Roehn, et qui ont été mis en dépôX chez notre confrère. A la suite de la lecture du Rapport, M. le Président fait remarquer combien, par suite de la générosité du Comité de souscription, sont avantageuses les conditions faites à la Société, qui, n'entrant que pour 5000 francs dans la dépense, recevra cependant de ce comité à\\ Alpacas de premier choix. PROCÈS-VERBAUX. 9/ ' — M. le docteur Sacc, en présentant comme nouveau membre M. Alfred Kœchlin-Sclnvarlz, célèbre vovaeeur dans l'Inde et au Thibet, informe que ce nouveau confrère est en mesure de fournir les renseignements les plus précis sur les Chèvres de Cachemire; renseignements dont la communica- tion serait, dit-il, d'un grand intérêt pour la Société. M. Kœcblin a vu dans l'intérieur de l'Inde la grande Anti- lope dite Nil-ga?f, réduite à l'état de domesticité. Ainsi, aux environs d'Agra et de Delhi, on voit ces animaux attelés à de petites voitures à deux roues. — A l'occasion du choix qui vient d'être fait de M. Delaporte, consul de France au Caire, comme délégué de la Société, M. Sacc exprime le désir que notre confrère soit instamment prié de prendre des renseignements aussi complets que pos- sible sur les grandes Chèvres laitières àpnez busqué de ce pays, dont il serait si désirable, dit-il, que chaque ménage peu aisé fût pourvu, en raison de l'abondance et de la qualité de leur lait. Une partie de la lettre de M. Sacc est renvoyée à l'examen du Conseil, parce qu'elle contient une proposition relative à la nécessité qu'il y aurait, suivant lui, à ce que la Société demandât à tous ses délégués, correspondants ou membres bien placés pour répondre à ce désir, un catalogue descriptif exact et détaillé de toutes les plantes cultivées et de tous les animaux domestiques dans le pays que chacun d'eux habite. (( Une fois en possession de ces précieux documents, la Société, dit-il, pourrait demander aux uns ce qui manque aux autres, et ne risquerait pas de faire à ses dépens de coûteuses expé- riences que d'autres ont déjà conduites à fin bonne ou mau- vaise. » Pour ne citer qu'un exemple, ajoute notre confrère, qui aurait pu se douter que sous le nom de Moutons Roma- no\vsky {Bulletiii, 1860, p. 595), la Russie possédait déjà une race que nous allons chercher en (^hine ? » — Conformément à Tordre du jour spécial de cette séance, la Société est appelée à voter sur la nomination de deux membres honoraires proposés par le Conseil et par la Com- mission des récompenses. Ce sont MM. le docteur Ferdinand Muellcr, directeur du jardin botanique et zooingique de T. MU.— Mnr? 18<>l. 7 98 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Melbourne (Australie), et M. Edward Wilson, membre du comité établi à Londres pour Tintroduction et racclimatation des animaux en Australie. Leurs titres sont exposés par M. le Président. Les nominations sont faites à l'unanimité par deux votes successifs. — Conformément encore à l'ordre du jour, M. Fréd. Jac- quemart, au nom de la Commission de comptabilité, dont il fait partie avec MM. E. Dupin et Ant. Passy, lit un Rapport sur l'état des recettes et des dépenses pendant l'année 1860. Sur les conclusions de ce Rapport, rassemblée approuve les comptes de M. le trésorier, et lui vote à l'unanimité des remercîmenls. Des remercîmenls sont également votés à la Commission de comptabilité. (Voyez le Rapport, p. lxxxi.) — AI. Léon Maurice, délégué de la Société à Douai, fait parvenir un numéro du journal le Courrier douaisien, dans lequel il a publié tont récemment un article destiné à faire connaître davantage, dans la localité à laquelle cette feuille publicpie est destinée, les travaux de notre Société. — Des remercîmenls seront transmis à notre confrère. — M. Leblanc fait hommage d'une pul)lication mensuelle qu'il vient de commencer à publier, et qui a pour titre : La clinique vétérinaire. « Quoique cette publication, dit notre confrère, ait pour objet plus spécial la médecine vétérinaire proprement dite, je ferai tous mes efforts pour la rendre plus intéressante en pro- pageant par cette voie tous les enseignements qui résultent des travaux de notre Société, enseignements que les vétéri- naires, par leurs relations professionnelles, peuvent souvent faire appliquer. » Des remercîmenls seront adressés à M. Leblanc. — On en fera également parvenir à M. le docteur Jules Guyot, qui offre à la Société, dont il est membre, la 2*^ édition de son Traité de la culture de la Vigne et de la vinification. — La Société reçoit deRerlin le journal publié en allemand parla Sociélé d'arclimatation de cette ville sous le litre suivant: PROCÈS-YERBAUX. gg Communications de l'Institut central allemand pour l'accli- matation, et dans lequel se trouve un article sur le Jardin d'acclimatation du bois de Boulogne. SÉANCE DU 22 FÉVRIER 1861. Présidence de M. Is. Geoffroy Saint-Hilaire, M. le Président proclame les noms des membres nouvelle- ment admis : MM. Artaud, vice-recteur de l'Académie de Paris, inspecteur général honoraire de l'Instruction publique, membre du Conseil municipal, à Paris. Bernier (Emile), juge d'instruction au tribunal de la Seine , à Paris. BouDET, président de section au Conseil d'État, à Paris. Carbonnier, fabricant d'appareils d'éclosion, à Paris. Chalifert (Labour de) , vice-président au tribunal de première instance de la Seine, à Paris. CoRBiGNY (de), administrateur des domaines et forêts de la Couronne, à Saint-Cloud (Seine-et-Oise). Delplanque , médecin-vétérinaire , administrateur du Muséum d'histoire naturelle à Douai (Nordj. Grandeffe (le comte de;, à Paris. . Kœchlin-Schwartz , manufacturier , à Mulhouse (Haut- Rhin;. Legros (Oscar; , propriétaire, et maire , à Amberville (Seine-Inférieure). Masson (Georges), libraire-éditeur, à Paris. Urquiza (le capitaine général Justo José de), généralis- sime des armées de terre et do mer de la Confédéra- tion Argentine, au Parana. VouGA , professeur d'histoire naturelle , à Neuchalel (Suisse;. — M. le Président annonce la perte très regrettable que la Société a faite de quatre de ses membres, MM. Aug. Bauchart, maire d'Ôrigny-Sainle-Benoite (Aisne;; Dohfus (Daniel; , JOO SOCIÉTÉ IMPÉHIALK ZOOLOGIQUP: d'aCCLIMATATION. président do la Société industrielle de Mulhouse; Johnson (J.-B.-J.), ancien maire de Montesson (Seine-et-Oise) , bien connu par son habileté à élever les oiseaux, l'un des plus an- ciens membres de la Société; et S. Exe. sir AV. Reid, membre honoraire, ancien gouverneur général de File de Malte, et dont le nom se rattache à l'introduction du Ver à soie du Uicin en Europe. — M. le Ministre de l'instruction publique et des cultes, en réponse à la lettre par laquelle M. le Secrétaire général l'avait informé de l'organisation des conférences sur divers sujets d'histoire naturelle appliquée , annonce qu'il en ap- prouve le programme. « Je ne doute pas, ajoute M. le Minis- tre, que la Société n'obtienne ainsi le résultat qu'elle se pro- pose, de propager des vues utiles, et d'ajouter un nouveau crédit à celui dont elle jouit si légitimement dans l'opinion. » — M. Fréd. Davin, à qui la Société a décerné une grande médaille d'or dans sa séance solennelle du ik février, écrit pour faire parvenir ses remercîments. — M. Roehn (Eug.), qui a obtenu le prix extraordinaire de ^000 francs, jiroposé dans la séance publique annuelle du 10 février 1857 pour l'introduction dans les montagnes de l'Europe d'un troupeau d'Alpacas, écrit de Bordeaux, où il se dispose à entreprendre une nouvelle expédition dans TAmérique du Sud (Ihdietûi, 1861, p. 1), pour adresser ses remercîments. (Voyez au Procès-verbal de la séance publique, p. V, l'addition faite à cette récompense par les membres du Conseil.) — MM. NoëlSuquet, Rumilly père, A. Laurence, Rousselo', Chenu, Limosin, Breuillard, des Nouhes de la Cacaudière, de Vernejoul, de France, Christophe Lorenz, Delisse, Brierre, A. Denis, mesdames veuve David Richard, et la comtesse de Labédoyère font parvenir leurs remercîments pour les récom- penses qui leur ont été décernées. — M. Chagot, en remerciant M. le Président des termes dans lesquels il a parlé, dans la séance publique, du prix qu'il a fondé pour la domestication de l'Autruche, ihVlare a atta- cher un intérêt si vif au résultat qu'il se propose, et qui est la PRUCÈS-VERHALX. 101 vulgarisation de la domestication de cet oiseau, qu'il serait disposé, pour que ce l'ait fut définitivement accompli, à augmenter la valeur de son prix. » — MM. le comte de Ghaudordi et Mathieu écrivent pour remercier de leur récente admission. — M. Dino-Carina , docteur es sciences, membre de la Société de Pise, demande que des relations s'établissent avec l'Académie des Géorgophiles de cette ville. Cette proposition est renvoyée à l'examen du Conseil. — M. Baruffî, membre honoraire, professeur à l'université de Turin, et notre délégué dans cette ville, informe que, portant le plus vif intérêt à nos travaux, il va publier dans la Gazette officielle du royaume un article pour appeler l'atten- tion de ses compatriotes sur notre œuvre, qui ne peut avoir, dit-il, tout le retentissement qu'il désirerait dans le pays, en raison des graves événements politi({ues dont il est le théâtre. — M. Dupré , sur le point de prendre le commandement de la frégate rHerminie, pour entreprendre un voyage de plus de deux ans, à Madagascar, sur la côte orientale d'Afri- que et dans la mer Rouge, adresse ses offres de services. — Des instructions et des remercîments seront transmis à notre confrère . — Un don de trente-cinq Oiseaux, d'un Poisson et de quel- ques morceaux de gomme, reçus du Sénégal, est offert pour la collection de la Société, par M. Chagot, à qui des remer- cîments seront transmis. — Il est donné lecture d'une lettre adressée par le gou- vernement de la Grèce , qui renferme des renseignements sur le climat de ce pays. Cette lecture motive quelques obser- vations de MM. Richard (du Cantal) et J. Cloquet. La lettre est renvoyée à la Commission précédemment nommée. — M. le Président fait connaître la mesure prise par le Conseil de la Société du Jardin du bois de Boulogne, dans le but d'éviter, le dimanche , l'encombrement dans les serres, et qui consiste dans l'établissement , poui' ce jour-là et pour les jours de fête, d'un droit d'entrée supplémentaire pour les serres ; mais cette restriction ne porte pas sur les membres 102 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. de la Société d'acclimatation à qui leur carte personnelle de dix entrées donne un libre accès dans le jardin et dans les serres, le dimanche comme les autres jours. — M. Drouyn de Lhuys donne lecture d'une lettre que lui a écrite M. Hipp. Flury, consul général de France à Païenne, pour lui annoncer l'envoi de graines , de fils et de tissus de coton, du royaume de Naples. — Des remercîments pour ce don seront transmis, et les graines seront adressées à M. Hardy, ta Alger, et aux directeurs d'autres pépinières du gouverne- ment, en Algérie. Les fils et tissus prendront place dans nos collections, pour qu'ils puissent être comparés avec les pro- duits analogues d'autres provenances. — M. Biétrix-Sionest lit une Note ayant pour titre : Sur les noyers greffés. — M. le major Taunay et M. H. d'Jlliers, en annonçant de Rio-Janeiro l'envoi cpi'ils ont lait précédemment de graines de Quinquina rouge, informent qu'ils expédient à la Société un demi-kilogramme àe^Thé noir, de production brésilienne, afin de satisfoire au désir de M. Maulaz, notre agent consu- laire à la Nouvelle-Fribourg, colonie suisse, dans la chaîne des Orgues (province de Rio-Janeiro), (jui voudrait soumettre ce thé, en Europe, à l'appréciation des personnes aptes à juger s'il peut soutenir la concurrence avec le thé chinois , ou du moins prendre rang à sa suite. Nos confrères rap})ollent que depuis le commencement du siècle, où le roi D. Joào VI, réfugié au Brésil, y fit venir de Chine l'arbuste à thé, avec une colonie de Chinois, pour en enseigner la culture et pour aj)prendre à en préparer le pro- duit, on a continué cette culture dans les provinces de Saint- Paul et de Minaz, ainsi que dans les districts montagneux de celle de Rio, mais sur une petite échelle, la consommation intérieure et le commerce ne s'en étant pas accommodés. Donnant des exemples des préventions , qui s'opposent à la consommation de certains produits, nos confrères font obser- ver qu'on ne devrait cependant pas rejeter à priori l'emploi de ce thé, le commerce pouvant l'avoir à meilleur compte que celui de la Chine. l PUOCÈS-VEKBAUX. 103 — Un numéro du Moniteur du Calvados^ en date du 12 février, nous apprend que la Société d'agriculture, etc., de rarrondisscnient de Falaise, dans sa dernière séance géné- rale, présidée par M. de Brébisson, a nommé une Commis- sion chargée de rechercher quelle peut être l'influence sur l'ahmenlation de l'homme et des animaux, de l'emploi des Pommes de terre trop germées , et si le voisinage du Jiini- perus sabina entre pour quelque chose dans la maladie des Poiriers et de l'Épine blanche , connue sous le nom à\Eci- dium cancellaturu , questions sur lesquelles notre confrère M. V. Chatel a récemment publié deux mémoires. Ce même membre fait don de graines de Bombay, reçues sous le nom de Colza. — M. Nourrigat adresse trente pieds du Mûrier du Japon {Morusjaponica), dont il a fait pour ses éducations de Vers à soie le plus heureux emploi, ainsi qu'il le dit dans sa lettre, i laquelle il a joint "25 grammes d'œufs obtenus dans des con- ditions très favorables, et dont il désire que l'éducation soit laite par les soins de la Société. — Des remercîments seront transmis à notre confrère. — Il en sera également adressé à M. le professeur Decaisne, qui fait don à la Société d'un sachet de graines du Sapin de Céphalonie (Abies cephalonica) , qu'il demandait depuis des années, et qui sont enfin arrivées. Ce Sapin est un des plus beaux du genre, et parfaitement rustique en France ; mais il est si recherché, et encore si rare dans le commerce, que les individus hauts de 1 à 2 mètres se vendent jusqu'à oUO francs pièce. — Des demandes de plantes, adressées par nos confrères MM. le chevalier d'Andréis, Bataillard, Béraud, Ad. Bézier, le docteur Bordier fils, E. Cordeviola, Gabillot , Gourdin, le marquis de Keroùartz, Léon Maurice, Le Pellec, et le marquis de Selve, sont renvoyées à la Commission de distribution. — M. Flury-Hérard transmet , de la part de M. Duchesne de Bellecourl, un échantillon de soie du Jai)on avec de la graine d'une espèce de Ver à soie sauvage, ainsi (lu'une grande quantité de graine de Ver à soie du Mûrier du Japon. 104 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLUGIQUE d'aCCLIMATATION. — Des demandes de Vers à soie de l'Ailanle et du Kiciu sont adressées par M. le Ministre des affaires étrangères, de la part de l'ambassadeur de S. M. Britannique en France, pour être transmis par le gouvernement anglais aux républiques des îles Ioniennes; par MM. Biétrix-Sionest , Gillet, les docteurs A. Labritbe de Braudelac, Leclerc, et M. de Saint- Amant. — Madame la comtesse Clémence de Gurneilian, en infor- mant du succès qu'elle a obtenu dans une éducation de Vers à soie de l'Ailante, annonce avoir remis à M. Guérin-Méne- ville un échantillon d'une sorte de soie indienne dont l'ori- gine semble inexplicable. A cette occasion, M. Guérin-Méneville promet de faire con- naître plus tard le résultat de ses observations sur cette soie, qu'il n'a pas encore eu le temps d'examiner à loisir. — M. Douillal fait parvenir de Rosey (Haute-Saône), un Rapport sur l'éducation qu'il a faite des Vers à soie du Mûrier qui lui ont été remis par la Société. — M. le professeur Chavannes transmet, de Lausanne, un Ra[»|M)rt sur sa dernière éducation du Saturnia Mylilta, qui n'a pas réussi ; ce ({u'il atlrilnie à ce que la température fie 4- 10\ à laquelle il avait maintenu les cocons pendant l'hiver, était trop basse; aussi, dans d(;s éducations ulté- rieures, élèvera-t-il cette température à + 14", ou 4- 16\ Il demande des œufs de ce papillon et de ceux du Bombyx Cecropia, si l'on obtient à Paris des accouplements de prin- temps. Notre confrère transmet un numéro du journal le Com- merce séricicole, où se trouve un Résumé de ses observations sur la maladie des Vers à soie, et sur le moyen de les régénérer. 11 annonce, en outre, que sur trois cents alevins de Saumon du Rhin, jetés en 1857 dans le lac Léman, devenu aujourd'hui en partie français, il en a été péché huit ou neuf, dont le plus pesant atteignait 1250 grammes. Le printemps dernier, il en a jeté dans le lac environ 3000, dont les œufs prove- naient de l'étal)lissement dlluningue, et ce printemps encore, PROCKS-VEKJiAUX. ^i()5 grâce à un iiuuvel envoi du même établissement, il en pourra mettre une nouvelle quantité. « Si l'envie de retourner à la mer, dit-il, ne les pousse pas à s'engager dans la perte du Rhône, où ils seraient infailliblement broyés, on peut espérer que cette espèce sera acquise au lac Léman, v Enfin, M. Chavannes suppose que le Gasoar, dont il est question dans le liuUetin de décembre 1860, doit avoir suc- combé à une hypertrophie du cœur très avancée, « car , sur un poids total de 37 kilogrammes, le cœur en pesait 2, c'est- à-dire tout près de 1/18" du poids total ; or , transporté à l'homme, le rapport donnerait à ce dernier un cœur de 3 kiloorammes 500 grammes. — Des réponses au Questionnaire sur la Vipère sont transmises par M. le préfet de la Somme. — M. le docteur L. Soubeiran offre à la Société un exem- plaire d'une Notice imprimée de son père, feu le professeur Soubeiran, sur les marais à Sangsues de Clairefontaine, établis par M. Borne, à qui la Société vient de décerner, dans sa dernière séance solennelle , une médaille de 1'' classe. Déjà, en 1853, époque de la publication de ce Rapport, les résultats obtenus par M. Borne étaient très satisfaisants. — M. Ramel communique un extrait du journal le Mel- bourne Argus, en date du 20 décembre dernier, dans lequel il est dit que six Tanches vivantes , expédiées d'Europe , sont arrivées en très bon état, et paraissent se plaire dans les eaux où elles sont déposées. — M. le préfet de l'Hérault fait parvenir un extrait de son dernier Rapport au Conseil général, relatif aux essais d'ac- climatation du Saumon dans l'Hérault, et sur l'ensemencement des Huîtres dans l'étang de ïhau, entr(»[)ris par M. P. Gervais, doven de la Faculté des sciences de MontpeUier. — Des demandes d'œufs et d'oiseaux sont adressées par nos confrères MM. Guy aîné et le comt*? H. de Montesquiou. — M. Ferdinand Denis signale , par une lettre en date du 10 février, les services rendus à l'acclimatation, par M. Legras, à l'ile de la Réunit)n, où il a introduit |)lusieurs Oiseaux d'Europe. Il remettra une Note snr ses titres, ainsi 106 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. que sur ceux d'un nègre qui a l'ait , dans la même île , de belles acclimatations végétales. Cette lettre est renvoyée à la future Commission des récom- penses pour 1862. — M. Savin de Larclause, directeur de la terme-école de Monts, près Coulié (Vienne), annonce l'envoi, pour le Jardin du bois de Boulogne, d'un Coq et d'une Poule de race Dor- king, provenant de sujets qui ont remporté le troisième prix de leur race au concours de Paris. « Ces belles volailles, dit-il, ne le cèdent en rien aux Poules indigènes, et elles ont pour avantage de donner une chair des plus délicates, tout en étant égales comme pondeuses et comme précocité aux meilleures espèces de notre pays. » Des remercîments seront adressés à notre confrère, dont le nom sera, sur sa demande, inscrit parmi ceux des membres auxquels des graines et des plantes devront être envoyées. — M. Servant, membre de la Société, qui avait déjà fait venir de l'Amérique du Nord des Tétras huppecol (vulgaire- ment. Prairies Hois), vient d'en donner à la Société douze, qui sont arrivés en très bon état , sans qu'il en ait péri un seul pendant le voyage. Ces oiseaux sont donc faciles à trans- porter ; car les premiers étaient de même arrivés heureuse- ment, mais on n'avait pu les conserver longtemps. Ces Tétras a])ondent dans les plaines de Galena, sur les bords du Mississipi , ent^e Saint- Louis et la chute Saint- Antoine ; leur chair, au llapport de 31. Servant, qui a voyagé et résidé pendant un grand nombre d'années en Amérique, est excellente, et blanche comme celle du poulet : elle peut être mangée aussitôt après la chasse. — M. le professeur Ph. de Filippi, directeur du Musée zoo- logique de Turin, étant chargé, par le roi du Piémont, de lui procurer des Nilgauts vivants, demande à cet égard des ren- seignements à M. le Président. Cette lettre est renvoyée au Conseil. — M. Ramel fait parvenir des détails très satisfaisants sur l'état du troupeau de Lamas et d'Alpacas amené à Arthurs- leigh, en Australie, par M. Ledger. Le nombre de têtes est PROCÈS-VERBAUX. J07 actuellement de 311, et M. Ledger estime, en raison des sail- lies qui ont eu lieu, qu'à la fm de mars, il sera de 360. — M. Noël Suquet annonce la naissance, au Jardin zoolo- gique de Marseille, de deux Alpacas. Il offre trois mâles de cette espèce à la Société, qui ne peut pas en accepter, parce qu'elle possède déjà des individus de ce sexe, qui sont de race plus pure que ceux du Jardin de Marseille. — M. Ant. Azam adresse, de la Londe-d'Hyéres, un Rap- port sur l'éducation d'un couple de Moutons Karamanlis qui lui a été confié. — M. le colonel comte Pajol , membre de la Société, dési- rant faire, dans sa propriété de Belloyaume, près Gournav en Bray (Seine-Inférieure), des essais de croisement, afin de perfectionner les formes de la race bovine dans ce pays, de- mande qu'un taureau de la race sans cornes , dite Sarlabot, instituée par notre confrère M. Dutrône, à Trousseauville (Calvados), lui soit confié momentanément. — Cette demande est renvoyée à l'examen du Conseil. — M. Ricbard (du Cantal) lit une Note sur VYak, étudié au point de vue de sa domestication , de sa conformation musculaire, et de sa rusticité. — M. Bouteille , secrétaire de notre Société affiliée de la région des Alpes, annonce que dans le petit troupeau confié à cette Société, il est mort un Alpaca femelle et qu'un Lama de même sexe y est né. Il fait savoir, en outre, qu'il a été expédié à Lyon, pour le dépôt de Souliard , un taureau Yak, et à Paris deux Yaks femelles. Ces Yaks ont été placés au Jardin du bois de Boulogne, où se trouvent, en outre, en ce moment, comme représentants : 1° de la race blanche à cornes , le beau taureau Pluton, ramené de Souliard par M. Richard ; 2° de la race noire sans cornes, le couple donné par M. le comte deMorny, et enfin le métis du taureau Yak noir et d'une vache ordinaire , donné par M. Faudon. — M. le Président donne lecture d'une Note de M. Viennot sur les Bœufs de Calédonie, dont un individu vient d'être donné au Jardin du bois de Boulogne par M. le duc d'Hamilton. (Voyez ci-dessus, \). 87.) 108 SOCIÉTÉ IMPÉKhVLE ZOOLOGIULK d'acCLI.MATATION. — 11 fait don à la Société d'un extrait des Comptes rendus de l'Académie des sciences, relatif à une communication qu'il a faite à cette Académie, dans sa séance du 10 février, en lui présentant la A' édition de son ouvrage sur V Acclimatation et la dôme stical ion des cmimaux utiles. — M. le comte de Saint-Priest, directeur de Y Encyclopédie du XIX' siècle, et membre de la Société, lui fait hommage d'un exemplaire de YAimuaire encyclopédique. Nous devons une mention particulière ta cette publication, ({ui mérite d'être rangée au premier rang parmi les livres les plus utiles. Ce recueil expose, chaque année, le mouve- ment universel de l'activité humaine, et embrasse tout à la fois la* [)olitique, les sciences, les arts, l'industrie et l'agri- culture. Les travaux de la Société d'acclimatation n'y sont pas oubliés ; disons même qu'ils y sont retracés avec un soin consciencieux et un talent incontestable par quelques-uns de ses membres. -- Des remcrcîments seront transmis. ~ M. Gourdin fait parvenir un numéro du journal de la Vendée, le Publicateur, dans kniuel il a annoncé l'ouver- ture des conférences, dont il a donné le j)rogrannne détaillé. M. A. Dupais dé[)ose le numéro du journal la Patrie, du 16 février, dans lequel il a rendu un compte détaillé de la séance solennelle du \h. — Conformément à l'ordre du jour, spécial de cette séance, on procède à l'élection du Bureau et du tiers du Conseil. Les bulletins de vote sont remis à trois Commissions choisies dans le sein du Conseil, et présidées par MM. Cosson, Moquin-Tandon et le marquis de Selve, pour le dépouillement innnédiat du scrutin. Le n()nd)re des votants était de 319. (Outre les billets de vote, déposés dans l'urne par les membres présents, beau- coup de bulletins avaient été envoyés, sous pli cacheté et contre-signe, ou dans des lettres adressées, soit à M. le Pré- sident, soit à M. le Secrétaire général.; ..Voici comment les votes ont été répartis : . 1° Pour la présidence : M. Is. Geolfroy Saint-Hilairc , 315. 2" Pour les quatre vice -présidences : MM. le prince de PROCKS-VEniiAlX. 10P Beauvau, 316; Drouyn de Lhiiys, 316; A. Passy, 316; Richard (du Cantal), 318. 3° Pour les fonctions de secrétaire général, M. le comte d'Éprémesnil, 31 /i. /i° Pour les fonctions de secrétaires : MM. E. Dupin, 316 ; Guérin-Méneville , 312 ; le comte de Sinéty , 315 ; et le doc- teur Léon Soubeiran, en remplacement de M. Aug. Duméril, démissionnaire, 313. 5° Pour les fonctions d'archiviste : M. E. Cosson, 315. 6" Pour celles de membres du Conseil : MM. Davin , 312 ; Debains , 310 ; Duméril, 31/i ; Pomme, 311 En outre , d'autres membres ont obtenu des voix pour diverses fonctions. En conséquence, sont élus pour l'année 1861 : Président :M. Is. Geoffroy Saint-Hilaire. Vice-Prémlents : MM. le prince Marc de Beauvau, Drouyn de Lhuys, Ant. Passy, et Richard (du Cantal). Secrétaire général : M. le comte d'EPRÉMESNiL. Secrétaires : MM. E. Dupin , Guérin-Méneviule , le comte de Sinéty, et le docteur Léon Soubeiran. Archiviste : M. Cosson. Membres du Conseil : MM. Davin, Debains, A. Duméril et Pomme. Le Secrétaire des séances , A. Duméril. SÉANCl, DU 8 MARS 1861. Présidence ilc M. Is, Geoffroy Saint-Hjlairk. M. Duméril, secrétaire sortant, donne lecture du procés- verbal, qui est adopté. — M. le Président, au nom du Conseil, propose k la Société de voter des remercîmenls à M. Auguste Duméril pour le zélé qu'il n'a cessé de montrer dans l'exercice de ses fonctions depuis rinauguration de notre Société, et pour le soin (pi'il a 110 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'aCCLIMâTATION. pris, chaque année, de résumer en un rapport général l'en- semble des travaux présentés aux séances. Cette proposition est adoptée à l'unanimité. M. A. Duméril adresse ses remercîments pour le vote dont la Société vient de l'honorer. — M. le Président proclame les noms des membres nou- vellement admis, ce sont : MM. Ali-Khan (S. Ex. Hassan), général de division, aide de camp et ministre plénipotentiaire du roi de Perse, à Paris. AiGUEsvivES (le comte J. -A. d'), écuyer de l'Empereur, à Paris. BiENCOURT (le comte Léon de), à Paris. Briand (Eugène), propriétaire, à Ponchardon, canton de Vimoutiers (Orne), et à Paris. Calvo (Carlos), chargé d'aflairos du Paraguay, à Paris. CLERMONT-To>'>ERnE (Ic comtc de), officicr d'ordonnance de l'Empereur à Paris. CouRTiGis (L.-M.-A. Aulas de), propriétaire, à Paris. EspiNA, agent vice-consul de France à Soussa (Tunis). Flury (Ilippolyte), consul de France à Palerme (Sicile). Gra>'dvolxet (J.-A.), professeur de génie rural à l'École impériale d'agriculture, à Paris. Guerre (le baron Frédéric de), propriétaire, président de la Compagnie administrative du Muséum, à Douai (Nord). Havrincourt (de Cardcvac marquis d'), à Paris. Lasnet, propriétaire cultivateur à la ferme de Chambois près Langres (Haute-Marne). La Suze (Alphonse-Louis de Chamillart marquis de), aL château de Courcelles, par Foulletourte (Sarthe). Ligne (S. Ex. le prince de), président du Sénat de Belgi- que, à Bruxelles. Lourêre, chef de bataillon à l'étaf-major de l'infanterie de marine, à Cayenne. Maleissye (le marquis de), à Paris. PROCÈS-VERBAUX. 111 MM. Martin (Gliarles), ancien rédacteur du Répertoire de chi- mie industrielle, à. Anvers près Pontoise (Seine-et-Oise). Massougnes des Fontaines (E.-J.-B. de), propriétaire et maire aux Fontaines près Bonneville, par Aigre (Charente). Massougnes des Fontaines (J.-Z. de), propriétaire aux Fontaines près Bonneville, par Aigre, (Charente). Monmer-Ghapelle (Paul), ancien capitaine d'artillerie à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire). Normand, négociant, à Paris. PoRTALis (le baron Jules-Joseph de), député, à Paris. PoTOCKi (le comte), à Varsovie. Baux, juge au tribunal de première instance de la Seine, à Paris. Riant (Ferdinand), ancien élève de l'École polytechnique, propriétaire, à Paris. Sabau y Larroya (Pedro), directeur général de l'instruc- tion pubUque en Espagne, à Madrid. — Sur la proposition du Conseil, la Société vote à l'unani- mité l'inscription au nombre des sociétés agrégées de la Société d'horticulture et d'arboriculture de la Côte-d'Or, siégeant à Dijon. — M. le Président annonce que dans sa dernière séance générale, la Société d'acclimatation des Alpes a décerné le titre de membres honoraires à cinq de nos confrères, MM. Drouvn de Lhuvs, A. Passv, Richard (du Cantal), Fréd. Davin et Jacquemart, voulant ainsi resserrer les liens qui l'unissent à notre Société, et donner spécialement une preuve de reconnaissance à MM. Fr. Davin et Jacquemart pour les soins assidus qu'ils ont donnés à la question de l'introduction des Alpacas en France. — La correspondance comprend : Une lettre de M. Debains qui remercie la Société de sa récente nomination au conseil. Des lettres de remercîments, adressées par MM. le comte de Lamote-Baracé, Auzende, Laurence, et Fnndon pour les 1J-2 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATIO.N. récompenses qu'ils ont obtenues à la dernière séance générale delà Société. MM. Flurv, consul de France en Sicile, Granier ide Toulouse) et Martin (d' Anvers), adressent des remercîments pour leur récente admission. M. le vice-amiral Charner, commandant en chef les for- ces navales en Chine, annonce qu^il a donné l'ordre au navire irans^oTi, la Giro?ide, qui doit toucher à Siam, de prendre les animaux précieux destinés en don à la France, qui se trouvent dans ce pays. Dans une autre lettre, communiquée par M. Drouvn de Lhuvs, M. Charner annonce aussi que M. Rémi- Smith, négociant à Shang-Haï, s'occupe de réunir une collec- tion d'animaux destinés à la Société, et qui seront apportés en France par le premier navire de guerre qui quittera la Chine. A l'occasion des lettres de M. Charner, M. le Président fait connaître à la Société la liste des animaux donnés à TEmpereur par les deux rois de Siam, liste qui lui a été communiquée par M. de Moiiligny. Ce sont, de la part du premier roi : deux jeunes Éléphants, un mâle et une femelle, deux Bœufs blancs il bosse et à long poil (espèce inconnue), deux Chèvres du Thibet, deux Ours du nord de Siam, deux Babouins, deux très grands Orangs-outans, et un magnifique Tapir. De la part du second roi : deux Éléphants de sept ans, mâle et femelle, un grand Singe (Orang-outan), trois Chèvres du Thibet, un grand Casoar de 2 mètres, deux Cerfs d'espèce inconnue et dont les cornes se vendent comme panacée au poids de l'or, plusieurs espèces de petits nuadru[)èdes, et ])lusieurs espèces d'Oiseaux. — M. le Président de la Société d'agriculture et d'horticul- ture de Chalon-sur-Saône adresse une demande d'agrégation pour cette Société. — Renvoyé au Conseil. ' — M. le Président de la Chambre de commerce de Bcjrdeaux annonce que, désireux de témoigner de sa sympathie pour le but vers lequel tend la Société, la Chambre de commerce a autorisé le navire Attgust von Tronchin, qui doit transporter le troupeau mérinos Graux de Mauchamp à Buenos-Ayres, à aborder à quai sans augmentatirm de frais. PKOCÈS-VERlîAUX. 113 — M. Faudon écrit que ses métis d'Yaks se trouvent en bon état, et (jue les Yaks de race pure sont aujourd'hui à la cliarge de la Société d'agriculture du département des Basses-Alpes. — M. Bartliélemv-Lapommerave transmet des observations sur des cas de rage qui auraient été guéris par un cultiva- teur des environs d'Annunay, et appelle Tattention d(3 la Société sur l'intérêt qu'il y aurait à vivifier ces laits et à encourager l'auteur du traitement. — Renvoyé à la Com- mission médicale. — M. Hamel écrit ([u'il peut mi^ltre sous les yeux de la Société, si elle le désire, une serge d'Alpaca aussi belle que de la soie, et qui, servant de doublure à un vêtement de fatigue, a résisté bien plus longtemps que n'auraient pu le l'aire (juatre doublures de la plus belle soie. — M. Le Prestre annonce qu'il a déjà repris ses études sur l'acclimatation des Oiseaux, et qu'il désire reprendre aussi, dans un avenir prochain, ses expériences sur lesMannnilëres. Il a déjà une belle nichée de Cygnes noirs, et ses Cygnes à col noir commencent à pondre. — Une demande d'œufs de Perdrix d'Afrique est adressée parM. Ch. Demandre. — M. Louis Roget signale à la Société le fait d'un Cygne sauvage qui paraît s'acclimater spontanément sur le lac de Genève, où il vit au milieu des Cygnes tubercules qu'y entre- tient la municipalité de Genève. — M. A. Servant écrit pour faire remarquer que les Tétras huppecols qu'il a offerts à la Société pourront sans doute s'acclimater facilement, car ces animaux ne demandent que de la propreté et une nourriture abondante. Sur 17 animaux transportés des montagnes Saint-Antoine à New-York, 12 y sont arrivés en bon état, et ont supporté facilement une longue traversée de six semaines pour venir jusqu'à Paris. — M. A. Revenaz annonce que les Autruches qu'il avait l'intention d'offrir à la Société ont malheureusement péri pendant la traversée. — M. le sous-préfet de Chàteau-Chinon écrit pour deman- der des œufs de Truite et de Saumon [)our plusieurs proprié- T. VIII. — Mars 1861. 8 ilh SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. taires de son arrondissement, qui désirent tenter l'élève de ces Poissons. . — M. Hardy, directeur de la Pépinière centrale du gou- vernement au Hamma, près Alger, annonce l'envoi de graines d'Igname de Chine (Dioscorea batatas) qu'il a récoltées. — M. Charrel, d'Orange, annonce aussi l'envoi de graines d'Igname, et en même temps d'une Cinarocéphale spontanée dans le pays, et dont les racines sont alimentaires. — M. Sacc écrit pour faire connaître un. envoi de plantes de la Guyane française, fait par M. Micliely, et transmet en même temps les notes rédigées par l'expéditeur, pour guider dans les expérimentations en France. — M. le Président annonce à la Société la perte qu'elle vient de faire de deux de ses membres, M. le docteur Abel Bonneau, de Cliarlieu 'J.oirct), et M. le comte Joseph Archinto, chevalier de la Toison d'or, à Milan. . — Il est fait hommage à la Société : Par MM. Jaubertet Barthélémy- Lapommeraye, du 5' fasci- cule des Jiic/iesses ornitholof/iques du 7ni(li de la France. Par M. de la Boquette, de ses Notices sur la vie et les tra- vaux de M. le baron de lluiidjoldt, et sur la vie et les travaux de M. Pierre Daussy. M. le Président, en présentant ces (hvers ouvrages au nom des auteurs, rappelle que la Société a eu l'honneur de compter M. de Ilumboldt parmi ses membres. — M. le Président présente aussi : Au nom de M. Bocourt, un exenq)laire du portrait de M. lo professeur Duméril, exécuté par cet habile artiste. Et au nom de M. F. Léon Soubeiran, trois volumes ma- nuscrits de son aïeul, Jean Soubeiran, sur les subsistances de la France, et une collection d'ordonnances relatives au même sujet et recueillies par son aïeul. Des remercîments sont adressés à chacun des donataires par la Société. — M. le docteur Gosse appelle l'attention de la Société sur l'inlérêt que présente l'étude de la Coca {Enjthro.rjjlon coca), dont l'usage {)ermet aux habitants de l'Améri(jU) du Sud do PROCÈS- VERBAUX. H5 supporter facilement une diète prolongée : il annonce que M. Roehn doit en rapporter des pieds pour que Ton puisse faire des tentatives d'acclimatation dans le midi de l'Europe et en Algérie, et ajoute qu'il fera connaître à la Société le résultat des études qu'il a entreprises sur cette plante. M. le Président rappelle, à l'appui de la communication de M. Gosse, les observations de M. de Gastelnau, qui a longtemps voyagé en Amérique. — M. A. Dupuis fait hommage à la Société, de graines d'Igname de Chine, et de graines de Radis de Madras dont les sihques se mangent avant la maturité, comme les racines des Radis communs. — Remercîments. — M. Yavasseur ht un Mémoire sur les habitudes d'une espèce de Tatou très recherchée comme aliment dans les pro- vinces de la Plata (voyez au Bulletin). M. Ray fait observer, à cette occasion, que les Indiens font des sortes de paniers avec l'enveloppe des Tatous, et que très probablement le mot de cabas vient du nom d'une de leurs espèces, le Tatou cabassov, — M. Bourgeois donne lecture de la première partie d'un Mémoire sur l'inqDortation des Mérinos en France, et sur l'améhoration des laines fmes. — M. Pépin lit une Note sur VAlhagi et sur le Tamarix mannifera. — Renvoi au Comité de publication. M. Guérin-Méneville rappelle à ce sujet, que dans le grand ouvrage de Hemprich et Ehrenberg se trouvent une bonne description et une belle figure de ce Tamaris et de l'Insecte qui détermine l'exsudation sucrée. — M. Chatel donne lecture de la première partie d'un Mémoire qu'il va publier sur l'utilité des Oiseaux insectivores, et insiste tout particulièrement sur l'utihté que présentent les Moineaux pour l'agriculture. Le Secrétaire des séances^ L. SOUBEIRA.X. IV. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPOÎDANGE. S. A. î. et n. le prince FERDiXAND-MAXi.\fiLiEN, archiduc d'Autriche, que* la Société a Thonneur de compter parmi ses membres, a bien voulu adresser la lettre suivante à M. Drouyn de Lhuys, Vice -Président de h Société impériale zoologique d'acclimatation : Vienne, le 24 novembre 18G0. Monsieur, Dans votre lettre du 29 du mois dernier, vous m'avez exprimé le désir d'obtenir, pour la Société impériale d'acclimntation, quelques espèces de volatiles qui man- quent encore à son jardin. Voulant être utile à la Société el répondre par un léger service aux aimables attentions que vous avez eues pour moi, j'ai réclamé l'enlie- mise d'un magnat hongrois, qui s'est engagé à me fournir, dans un bref délai, les Outardes dont vous faites mention. De même je pense qu'il me sera possible de compléter la collection du bois de Boulogne par des Oies de Turquie. Il ne sera pas aussi facile de se procurer des Canards Casarca. .l'espère toutefois que les dis- positions prises à cet effet ne resteront pas sans résultat. Tous ces oiseaux, au fur et à mesure qu'ils me parviendront, seront remis à l'ambassade de France à Vienne, qui consentira bien, je le suppose, à prendre soin de leur transport ulté- rieur. je vous remercie. Monsieur, de l'offre que vous voulez bien me faire de me céder, si je le désirais, des objets appartenant au parc d'acclimatation, dont la richesse est tant vantée, et que je serais bien charmé de pouvoir parcourir avec vous quelque jour. Recevez , Monsieur, l'assurance de l'estime particulière avec laquelle je suis' votre très affectionné. Ferdinand Maximimen, Arcliicluc cl'.\iilriche. — La lettre suivante a été adressée à ^\. Drouyn de Lhuys par M. Duchêne de Bellecourt, consul général, membre de la Société, chargé d'affaires de France au Japon : Vedo, le 20 octobre 1860. Monsieur le Vice-1'résiJent , Les dilTicultés que nos premières relations avec le Japon devaient rencontrer, surtout sous l'influence des événements qui s'étaient accomplis en Chine, ont rendu les redierches scientifiques dans ce pays bien diflicilcs pendant la première année. L'incertitude et les anxiétés dans lesquelles ont dû vivre ici les étrangers ont eu sur les travaux qui intéressent la Société d'acclimatation une influence bien regrettable. J'ai l'espoir qu'il me sera tenu compte de ces circonstances et de mes efforts pour justifier la confiance que la Société d'acclimatation doit mettre dans la sollicitude des agents du gouvernement impérial pour ses utiles travaux. Je prends la liberté de recommander à la bienveillance habituelle de Votre Excellence le porteur de cette lettre, M. Pemberton Hodgson, consul de S. M. Britannique au Japon (port de Hocodade, île Yeso ). M. Hodgson s'occupe lui- même d'acclimatation , et je regrette vivement son départ, car j'aurais pu lui faire d'utiles emprunts. M. Hodgson a bien voulu se charger du soin de faire parvenir à la Société impériale d'acclimatation deux caisses (à la Ward ) contenant des végétaux du Japon. Une de ces caisses est marquée S. A. (Société d'acclimatation). Elle con- tient des plantes do it la nomenclature ôst indiquée dans la lettre ci-jointe écrite FAITS DIVERS. 117 par M. Veicht, bolanisle anglais récemment arrive à Ycdo. Dans celte caisse, nous avons mis des Ignames du Japon, dont les racines, plus courtes que celles de Chine, répondront pcut-clie aux désirs exprimes par la Société d'acclimatation. L'autre caisse est un don de iM. Hodgson lui-même; elle contient des végétaux de l'île Yeso. , Une troisième caisse, fermée et cerclée, portant également la marque S. A., contient des tubercules d'Ignames sèches. Les gros tubercules portent au Japon le nom de Satsuma imo, probablement à cause de leur origine, la piovince (ou plutôt le loyaume) de Salsunia étant située au midi du Japon. Les petits sont connus sous le nom de Salo ivio {Salo veut dire M o o NOMBRE ce • NOMBRE de S POULERIE. o 00 3 > < d e ce S « PALMIPÈDES. > s -p S 2 3 Brahmapootra Id. inverses . . . i 7 8 1 17 1 08 7 » » 2 2 9 7 Oies de Guinée. Jd. du Danube » 3 2 a 33 2 Id. bleus 5 2 13 17 » 2 6 Id. de Toulouse n 8 5 Cochinchine coucous.. 8 13 3t 57 » 3 9 Id. du Canada . s 13 G Id. blancs 5 3 28 48 )i 1 1 Id. d'Egypte . » 1 6 Id. fauves 3 15 95 » » » Id. de Gambie » » 6 Id. noirs » » 3 61 » » » Id. de Magellan » » 8 Crèvecœur noirs . . . 6 2 2 63 » » » Id. de Sandwich » » 0 Id. bleus » » » 9 » 1 1 Céréopsis . . . » 1 2 Id. blancs 4 6 6 18 » 3 6 Canards de Piouen » 29 iO Houdan 3 1 19 97 »' 3 6 Id. de Barbarie > 19 8 Fléchois 13 22 39 55 » 2 2 Id. d'Aylesbury » 26 3 Campines » » » 10 » 2 3 Id. de Labrador » 36 3 Dorkintr ordinaires . . » » 2 31 » 1 1 Id. polonais . y II 4 3 Id. blancs . . . . 2 » » 9 » 1 1 Id. pol'jnaisbup * H 2 Id. coucous. . . . >t » 5 M N 4 7 Id. mignons . » 30 3 Andaloas Padoue bollandais noirs. Padoueliollaudais bleus. 6 1 » 6 6 9 16 19 9 49 34 » 30 60 Id. divers. . . 54 79 7 8 » Totaux. » 59 283 5 2 Padoue blancs Id. citrins i » 47 12 » » 5 Id. dorés 1 II 7 25 » F.\IS.\NDEPJE. 7 Id. argentés . . . 2 3 13 39 » 3 Id. cbamois. . . . » * » » » 1 1 Faisans argentés » » 4 7 Id. coucous. . . . » » 19 60 )) » » Id. dorés. . . » » ■» 9 2 Nègres ?, » -1 18 1 47 14 » » 1 1 1 1 Id. mélanotes. Id. de Cuvier. » . » 4 1 Tarmelans 1 2 Wailikiki noirs. . . . 1 1 9. 9 » 1 kl. bleus » » Il 2 » Totaux. II >> 9 4 Id. chamois. . . . Gueldrcs » 12 1 19 2 Bantara dorés 1 » » » S 1 1 Casoars .... . 1 a » 2 3 Id. argentés. . . . Id. coucous. . . . » 2 » » 3 » » 2 12 De Caux >Jnins » » » > 8 37 0 18 Dindes diverses » » 50 Totaux. . . 70 1 77 310 1071 1 )> Totaux. . 1 3 50 JARDIN ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. 127' Ce tableau est comme un thermomètre révélateur de la puissance p;énéra- trire que la nature recèle dans son sein pour la conservation des êtres. On peut, en nombrant les œufs, suivre le développement de cette puissance, aussi bien que celui du calorique, en mesurant l'ascension du mercure ou de l'alcool dans le tube de Torricelli. Ainsi, le nombre des Poules étant toujours égal, les œufs peu abondants en décembre et surtout en janvier, se multiplient en février et décuplent en mars. La ponte des Canards et des Oies a été plus tardive que celle des Galli-. nacés : ce n'est que le 9 février que nous avons eu le premier œuf de Canard. Depuis, nous en avons obtenu des Oies du Danube, du Sandwich et d'Egypte. Les Faisans n'ont commencé leur ponte que le 28 mars (Faisan melanotus et Faisan de Cuvier). Les Dindes, en mars aussi. Le 18 janvier, l'une des femelles de Casoar a donné son premier œuf. Le 9 février, le second, le 18, un troisième, et le 23, un quatrième. Ces œufs sont d'un vert foncé, légèrement sablé de points blancs. L'un d'eux pèse 69":) grammes, ou autrement le poids de 10 œufs de Poule de Crèvccœur, ou de U œufs d'une Oie de Danube. Cette femelle n'a point fait de nid, mais elle a déposé ses U œufs toujours dans le même point et pendant la nuit. Ces œnifs ont été placés sous des Poules de Nankin, dites cochinchinoises, eiï attendant que nous ayons des Dindes couveuses. On a essayé inutilement d'excitei l'incubation du Casoar en lui offrant des œufs de plâtre de la forme et de la couleur des siens. En général l'incubation est à peine commencée.. Nous n'avons que quelques Poules qui demandent à couver. Les œufs recueillis jusqu'en février, et mis sous des couveuses artificielles, ont été pour la plupart des œufs clairs. Parmi les produits des Mannnifères obtenus durant ce mois, nous signa- lerons : Un jeune Cerf-cochon. Deux jeunes flonflons à manchettes (mâles), dont l'un a péri sous les coups de corne de son père. La Jument ^hetlandaise (poney) a mis bas une Pouliche qui n'est pas plus grosse qu'un chevreau et qui se porte bien. La mortalité a été plus forte qne pendant les mois précétients, ce que nous. attribuons à l'influence printanière. Nous avons perdu un Mouflon de Corse chez lequel il a été trouvé une péritonite générale avec épanchement purulent et fausses membranes. Chose singulière, cet animal a mangé jusqu'au dernier moment et n'a donné aucun signe de souff"rance, quoique les lésions fussent certainement de deux ou trois jours de date. Nous les avons attribuées à quelque chute faite du haut d'un rocher où grimpent ces Mouflons ou à quel ques coups de corne. Une femelle d'Axis avait les poumons farcis de tubercules, et conservait 128 SOCIÉTÉ IMPÉHlALt: ZOOLOGlUlE d'aCCLLMATATION. néanmoins assez d'embonpoint, elle a eu en dernier lieu une inflammation de la plèvre droite. Une Biche de Virginie, qui avait offert des symptômes du tournis (tour- noiement sur elle-même, redressement contre les murs du parc), a présenté une congestion très marquée des méninges. Une Perdrix Cambra avait des tubercules dans les muscles et dans les os. Un Coq de Nankin , ,unlais il ne suffit pas de bien connaître un reprodur leur pour améliorer une race, il faut, de plus, ne pas ignorer les règles de l'hygiène, de l'élevage des ani- maux, ni celles de leur accouplement ou de leur croisement ; il y a donc là des questions d'histoire naturelle appliqm'e et d'économie rurale doiil l'étude a été tiop négligée en matière de piodiiclioii du Clieval de giu-rre , cl c'est là 166 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMâTÂTION. Tune des causes les plus sérieuses de Tétat d'infériorité dans lequel la France se trouve sur la multiplication et le perfectionnement de ce type. Lorsque Colbert organisa les haras pour améliorer le Cheval de guerre et le multiplier, il voulut aussi doter la France du Mérinos, dont l'Espagne avait le monopole. Il fit tout ce qu'il put pour ce dernier animal comme pour le premier, mais il oublia l'élément scientifique pour l'un comme pour l'autre, et il ne réussit pas. Cent ans plus tard, Trudaine eut l'heureuse idée de s'adresser au naturaliste Daubenton pour étudier les moyens d'ac- climater le :\lérinos et de le perfectionner. Dans l'espace de dix ans, le savant professeur du Jardin des plantes résolut le problème jusqu'alor.^ con- sidéré comme insoluble, et la France ne tarda pas à marcher à la tète de l'Europe pour la production des laines fines. :\lais la production du Cheval de guerre n'a pas été favorisée de la même manière, parce que pour elle on n'a pas employé les moyens qui ont si bien fait prospérer l'élevage de l'espèce Mérinos. Les mêmes causes produisent des effets analogues. Que les procédés qui ont si bien réussi pour le Mérinos soient mis en pratique pour améliorer le Cheval de guerre, et la France ne tardera pas à atteindre le but qu'elle poursuit vainement depuis des siècles ; mais si elle continuait à se Iwrner à l'emploi des moyens administratifs en dehors de la science spéciale, elle n'y parviendrait jamais : l'expérience du passé l'a toujours prouvé, elle le prou- vera toujours dans l'avenir, si les mêmes errements sont suivis. CONFÉRENCE DU 27 FÉVRIER 1861. Sur l'acclimatation de qudques plantes médicinales, et particulièrement du Pavot à o^pium, par M. Oscar Réveil. M. le docteur Ueveil, après avoir signalé en peu de mots l'importance de celte question et avoir indiqué approximativement la valeur en numéraire des plantes médicinales consommées chaque année en' France, passe suc- cessivement en revue chaque famille du règne végétal, et indique les plantes qui seraient susceptibles d'être acclimatées ou celles dont la culture pourrait être améliorée; il signale les tentatives heureuses faites à diverses époques pour cuhiver les i\hubarbes en France , et si la racine de cette plante n'a pas rendu de plus grands services à la thérapeutique, il est certain que ses pétioles peuvent entrer dans l'aUmentation sous diverses formes. Après avoir parlé des efforts que fait le gouvernement hollandais pour propager dans ses possessions de l'Inde la culture des arbres à quinquina, M. Réveil rappelle que la Société d'acclimatation a fondé un prix pour la culture des Cinchonas en Europe. Il signale nos montagnes de l'Algérie comme étant une localité très propre à de pareils essais : il rappelle que nos possessions d'Afrique ont déjà donné de bons résultats relativement à l'acch- matation d'un grand nombre de plantes médicinales, parmi lesquelles il faut signaler les Sennes {Cassia senna, L.), les Tamarins {Tamar indus indicd), l'arbre à la Casse {Cassia fistula, L.), l'arbre qui produit le benjoin (Styrax henzoin), les divers Indigotiers, etc. M Réveil ajoute que les essais devraient CONFÉRENCES ET LECTURES. 167 surtout porter sur les'plantes des genres Laurus et Cinnamomum : il signale le Laurus sassafras, qui végète parfaitement en pleine teiTe aux environs de Bordeaux. Arrivant à la question de l'opium, ». Réveil signale l'iniportance du commerce de cette substance. D'après ses recherches, la quantité d'opium consommée en France chaque année ne dépasse pas 12 000 kilogrammes, tandis que celle de l'Angleterre approche de 60 000 kilogrammes; les causes de celle grande augmentation doivent être attribuées au nombre de mangeurs et de fumeurs d'opium qui augmente tous les jours en Angleterre. Passant ensuite à la consommation de l'opium dans l'empire chinois, M. Réveil évalue, d'après M. Perdra, à 125 000 000 de francs la quantité dopium de l'Inde importée chaque année en Chine; niais d*après M. Moyen ce chiffre est bien au-dessous de la vérité, et la quantité dopium con- •ommée par les Malais de l'archipel Indien, dans la Gochinchine, à Siam, aussi bien que dans l'Inde et la Perse, est si grande, que si l'on on donnait le vrai chiffre, il paraîtrait tout à fait incroyable. L'opium fourni par les Anglais aux Chinois ne renferme en moyenne que 2 pour 100 de morphine, tandis que les opiums de bonne qualité en con- tiennent de 10 à IZi pour 100. Le commerce de l'opium donne à la Compa- gnie des Indes un revenu annuel de 87 millions, et dans ce chiffre n'est pas compris lopium que la Chine reçoit des contrées qui la bornent à Test. Après avoir signalé les caractères distinctifs des différentes espèces de Pavois, M. Réveil indique plus spécialementle Pavot à œillette, ou Pavot noir, comme étant celui qui pourrait devenir l'objet d'une exploitation importante. U résulte en effet de ses recherches que l'on peut évaluer à 9600 hectares la superficie de terrain cultivé en Pavot à œillette dans les cinq arrondissements d'Amiens, d'AbbeviUe, de Péronne, de Montdidier et de Doullens; d'un autre côté, il résulte des expériences nombreuses de MM. Aubergier, Des- charmes, Bénard et Renard, qu'il est facile d'extraire des Pavots contenus dans un hectare 13 kilogrammes d'opium, ce qui ferait pour les 9600 hec- tares l'JZiOOO kilogrammes d'opium, quantité qui pourrait être doublée en pratiquant plusieurs incisions successives : mais les expériences de M. Au- bergier démontrent que les deuxièmes et troisièmes incisions donnent un opium moins riche, et que le produit couvre à peine les frais d'extraction. M. Réveil ajoute encore que la richesse comparative des opiums est étabhe relativement à leur richesse en morphine. Or, tandis que les opiums du Levant ne renferment que 8 à i!i pour 100 de morphine, celui "du Pavot à œillette en contient jusqu'à 26 pour 100. Les intéressantes recher- ches de M. le professeur Roux, de Rochefort, démontrent qu'au point de vue de la richesse en morphine, c'est le Pavot de l'Inde qui donne l'opium qui se rapproche le plus de celui du Pavot noir. En terminant, M. Réveil fait connaître les résultats des expériences faiies par MM. Aubergier, Bénard, Renard, etc., qui ont démontré que la récolle de l'opium ne nuirait en rien à la production de la graine, à la condition que l'incision ne pénètre pas l'intérieur du péricarpe. D'après M Renard, dans Î68 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQrE d'aCCLIMATATJON. l'espace de .'^^2 heures, lorniant 35 journées et demie de ti-avail et revenant à 26 fr. 25 c, à raison de 75 centimes par jour, il a été recueilli 2018 gram- mes 60 centigrammes de suc qui ont fourni 1027 grammes d'opium renfer- mant environ 25 pour 1 00 de morphine. Cet opium revient donc à 25 fr. 50 c. le kilogramme, et il contient trois fois plus de morphine que l'opium du commerce, dont la valeur habituelle est de 50 à 60 francs le kilogramme. M. Heveil fait connaître la richesse comparative en morphine des opiums de Smyrne, de Constantinople, d'Egypte, de l'Inde, de Perse, d'Algérie et de France. Les faits rapportés démontrent qu'il y aurait grand intérêt à encourager l'extraction de l'opium du Pavot à œillette ; mais il faut faire remarquer que la culture du Pavot dans le but unique d'en extraire l'opium serait une mauvaise spéculation. L'extraction de ce précieux médicament doit niaicher parallèlement avec la récolte de la graine. (;0>FÉREXCK 1)1 2 MARS 1861, Sur la pisciculture, par ^L C. Mili.kt, inspecteur des eau\ et forêts. La conférence de M. Millet a eu particulièrement pour objet les questions suivantes : l" nature et importance des eaux douces de la France; 2° leurs produits actuels en Poissons : 3" leurs produits anciens; A" les causes de leur dépeuplement ou appauvrissement ; 5*' les moyens de les repeupler : 6" état actuel de la pisciculture en France et en Europe. Cette étude de la question a amené Al. Alillet à établir que la production des eaux douces est et sera toujours très limitée avec les Poissons sédentaires; et que cette production ne peut recevoir une grande extension et d'impor- tants développements qu'à l'aide des Vohsarï^ m iarateurs, notamment du Saumon, de l'Alose et de l'AngnilIp. (;ONFKP.E>CE DU 9 MARS 1861. Sur les mifjrations des l'égétaux, par W. A. Duplis. Les espèces végétales (|ui caractérisent les diverses régions du globe n'y sont pas renfermées dans des limites si rigoureuses qu'elles ne puissent les franchir et se répandre au loin. Des causes nombreuses, auxquelles vient se joindre l'action volontaire ou involontaire de Ihomme, favorisent cette dis- persion, et concourent puissamment à modifier les flores locales. Plusieurs groupes de végétaux (Orme, Bouleau, Sapins, Saules, Peuplier, Clématites, Cotonnier, Composées, etc.) ont des graines munies d'ailes ou d'aigrettes, qui donnent beaucoup de prise au vent. Dans les régions équa - toriales, les vents alizés sont assez réguliers et assez constants pour conduire des graines sur des rivages éloignés. Les trombes ont une action plus puis- sante encore. D'autres graines peuvent flotter sur les eaux et s'y conserver un temps assez long. Des plantes des montagnes sont ainsi entraînées par les fleuves jusqu'à une grande dislance de leur source, souvent même jusqu'à leur eni- CONFKUExNCES ET LECTLRES. 169 bouclmr*'. Tous nos grands cours creau, le lUiin, le Hliône, la Loire, la Garonne, naturalisent ainsi dans les plaines des plantes alpines. Les débor- dements accidentels ou périodiques des fleuves, les débâcles des grands cou- rants des régions polaires, disséminent des germes nombreux. Les courants marins transportent des graines d'un continent à Tautre. Sloane et Linné ont recueilli, en Ecosse, en Irlande et en Norvège, des graines ou des fruits de Dolic, de Bonduc, de ^limosa, de Casse, d'Acajou, de Cocotier, etc., souvent assez bien conservés pour germer et se développer. Le Cocotier des Seyclielles s'est ainsi introduit aux "Maldives. Les oiseaux transportent dans Icm- estomac des semences qui peu\eni conserver longtemps leur faculté germinalixe, et ils les déposent, avec les résidus de leur digestion, dans des lieux plus ou moins éloignés. Les Turdus propagent de celte manière le Gui, avec lequel on fait la glu qui sert ensuite à les prendre. C'est aux oiseaux que l'on doit la naturalisation du Phiftolacca decandra. Les plantes aquatiques sont portées d'un lac ou d'un fleuve à un autre par les Palmipèdes. Le I^igeon des Aloluques a propagé dans le-; îles voisines le Muscadier, que les Hollandais cherchaient à détruire hors de leurs possessions, pour conserver le monopole du commerce des noix muscades. Les recherches de M. Florent Prévost sur le régime alimentaire des oiseaux révéleront sans doute à ce sujet des faits intéressants. Ln grand nombre de graines sont munies de poils ou d'appendices cro- chus qui s'attachent aux toisons de plusieurs Mammifères. Les laines trans- portées par le conuuerce dans des pays étrangers, introduisent donc une quantité considérable de végétaux exotiques. Au Port-Juvénal, près de Alontpellier, où existent depuis très longtemps des lavoirs à laine, à Agde, à Marseille, etc., les botanistes ont recueilli environ cinq cents espèces, pro- venant des régions les plus diverses, Espagne, Maroc, Egypte, Caucase, Asie Mineure, Italie, Amérique, etc. Le lest des navires, pris à l'étranger et déposé dans le voisinage de nos ports de mer, renferme les graines d'espèces très variées, dont plusieurs se sont naturalisées chez nous i)ar ce moyeu. La navigation fluviale i)ropage ensuite ces espèces le long des cours d'eau : c'est ainsi que le Digitnria pas- palodes, importé de l'Amérique du Nord à Bordeaux, s'est répandu sur les rives de la Garonne, delà Dordogne et du canal du Languedoc. Les céréales ou les plantes industrielles que l'on fait venir de l'étranger sont toujours mêlées de graines de plantes adventices ou parasites qui se pro- pagent tellement chez nous, qu'elles passent à l'état de mauvaises herbes: tels sont les Coquelicots, b'S iiluets, les Melles, les Mélampyres, etc. Enfin, il est des plantes qui semblent attachées à l'homme d'une manière si intime, qu'elles le suivent partout : de ce nombre sont l'Ortie, le Marrube blanc, la lienouée des oiseaux, le Séneçon, des Ansérines, des Mauves, etc. Si de nombreuses naturalisations se sont ainsi opérées sans la volonté de rhomme, et souvent contre sa volonté, n'est-il pas permis d'espérer que ce nombi-e s'augmentera encore lorsque nous chercherons sérieusement à naturaliser des espèces végétales? Chacun a déjà répondu allirmalivemenl. 170 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. CONFÉRENCE DU 13 MARS 1861. • Sur l'emploi alimentaire de la viande des Solipèdes, et particulièrement du Cheval , par M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire. L'objet de celte conférence a été la démonstration de cette proposition : La viande de Clieval est à tort rejetée de l'alimentation de l'homme. Elle peut fournir des ressources considérables, particulièrement pour la nourri- ture des classes laborieuses. Pour qu'il y eût lieu de rejeter cette viande de la consommation, il fau- di-ait qu'elle fût, ou malsaine, ou désagréable au goût. M. Geoffroy Saint-Hilaire a d'abord montré qu'elle est parfaitement saine. Elle est à la fois aussi nutritive et aussi facile à digérer qu'aucune autre. M. Geoffroy Saint-Hilaire a cité un grand nombre de faits qui ne peuvent laisser aucun doute à cet égard. Il n'y a d'ailleurs qu'une opinion parmi les médecins et les naturalistes sur l'excellente qualité de la viande du ClievaL On n'est pas aussi bien d'accord sur ses qualités gustalives. Elle passe pour douceâtre et dure. Cette opinion a été accréditée par quelques per- sonnes qui n'ont mangé de la viande de Cheval que durant des sièges ou des retraites, et quand les animaux avaient été, comme les honmaes, affa- més, accablés de fatigue, el étaient arrivés au dernier degré d'amaigrisse- ment. En outre, la viande était consommée aussitôt après l'abatage, et souvent à demi cuite. H n'y a pas une seule espèce dont la viande en de telles conditions n'eût été détestable. Tous les faits de ce genre sont donc abso- lument sans valeur. La conséquence qu'on prétendait en tirer, est d'ailleurs démentie par un grand nombre d'auteurs, et particulièrement par les expé- riences de MM. Renault, à Alfort ; Chevet aîné, Leblanc et Geoffroy Saint- Hilaire, à Paris; Lavocat et Joly, à Toulouse; de Dumast, à Nancy, etc. Ces expériences ont toutes donné exactement les mêmes résultats, et l'on peut les résumei- ainsi. La viande de Cheval est excellente comme rôti; elle est moins bonne connne bouilli, mais très mangeable, et elle fournit un des meilleurs bouillons, le meilleur peut-être, que l'on connaisse. On la mange, quand on n'est pas prévenu, pour de la viande de Bœuf; ce qui a été récemment vérifié par une expérience faite sur une grande échelle : un restaurateur de Paris a servi , toute une journée, du Cheval pour du Bœuf, sans que personne s'en aper(;ût. Quant au bouillon, on s'était aperçu d'une différence, mais en mieux. Après avoir exposé ces résultats, M. Geoffroy Saint-Hilaire a insisté sur ce fait, que les chevaux qui ont servi aux expériences de MM. Renault, Lavocat, Joly et aux siennes, n'étaient pas des animaux jeunes et de choix, mais, tout au contraire, des individus de seize, dix-neuf, vingt et même vingt-trois ans. Ils n'avaient pas été engraissés, mais seulement reposés Gi bien nourris pendant quelques jours. S'il n'en était pas ainsi, l'emploi ali- mentaire du Cheval ne saurait être recommandé ; on ne gagnerait rien à élever dans les herbages, pour la boucherie, des chevaux au lieu de bœufs. Mais il serait d'un grand avantage d'utiliser une seconde fois, pour leur chah-, CONFÉRENCES ET LECTURES. 171 des chevaux déjà utilisés, jusque dans leur vieillesse, pour leur force ; d'oii, au terme de leur vie, et quand leur travail a couvert les frais de leur élevage et de leur entretien, une plus-value, un gain presque gratuitement obtenu. En présence de ces faits, il faudrait, pour qu'on fût fondé à maintenir l'exclusion de la viande de Cheval, qu'elle ne pût nous fournir que des ressources insignifiantes ; or, elle donnerait des ressources considérables. D'après les calculs qu'a faits M. Geoffroy Saint-Hilaire, le Cheval pourrait donner, annuellement, en viande, 1/6^ de ce que donne le Bœuf ou le Cochon, et 2/3 de ce que donnent les viandes réunies de Mouton et de Chèvre (I). Il y a donc, dans l'emploi de la viande de Cheval, une ressource impor- tante, la plus importante même (quoiqu'elle soit loin de suffire encore), à laquelle nous puissions recourir pour donner aux populations laborieuses l'aliment qui leur manque le plus, la viande, et pour modérer son enchéris- sement graduel, qui devient une calamité pour tous. La viande de l'Ane , d'après divers essais faits surtout par Leblanc, est aussi bonne, si ce n'est meilleure, que* celle du Cheval Mais la question à l'égard de cette viande est d'une bien moindre importance, et M. Geoffroy Saint-Hilaire s'est borné à en signaler en peu de mots les bonnes quahtés, ainsi que celles delà chair des divers Sohpèdes sauvages; gihiers très recherchés dans tous les pays où il en existe. M. Geoffroy Saint-Hilaire a terminé en faisant connaître et en discutant les diverses objections qu'on lui a opposées, et il a conclu qu'il n'existe en réa- lité, contre l'usage alimentaire de la viande de Cheval, qu'un seul obstacle : le préjugé. Ce préjugé a d'ailleurs en nous, comme le montrent une foule de faits, des racines très peu profondes. La répugnance qu'on éprouve pour la viande de Cheval , comme en général pour tout aliment nouveau , est très grande ; mais elle cède aussitôt qu'on a fait un ou deux essais, comme on a pu s'en convaincre en Allemagne. Dans ce pays, les Sociétés protectrices des animaux ont essayé de propager l'usage de la viande du Cheval, afin de le soustraire aux traitements barbares qu'il subit d'ordinaire dans sa vieillesse. Ces sociétés ont rencontré d'abord la plus vive opposition ; parfois même le peuple a empêché leurs réunions par la force. Mais cette opposition a été d'aussi courte durée que violente. Aujourd'hui, il existe en Allemagne un grand nombre de boucheries de viande de Cheval ; certaines villes en ont plusieurs (trois, cinq et jusqu'à huit), et Ton n'y peut suffire aux demandes. On a aussi établi quelques boucheries de Cheval en Suisse et en Belgique. Une décision récemment prise par le Comité d'hygiène donne lieu d'es- pérer qu'il en sera bientôt de même en France. La Société protectrice des animaux de Paris, suivant l'exemple de ses sœurs allemandes, a fait à plu- sieurs reprises des démarches pour obtenir ce progrès, conformément aux conclusions d'un remarquable rapport de M. le docteur Blatin. (1) Pour les calculs qui justifient cette proposition, nous renvoyons à Touvra-i-e publié sur ees questions par M. Geolîroy Saint-Hilaire. Le iSecrélaire des séances, L. SOUBEIRAN. IV. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. 1 Projet d'érection d'une statue à Daubenton. La Société, dans sa séance du 3 mai 1861, a entendu un rapport présenté par M. Drouyn de Lhuys, vice-président, sur la proposition faite au nom du Bureau, d'ouvrir une souscription pour l'érection d'une statue à Daubenton. Ce rapport, qui sera publié en tête du prochain numéro du Bulletin, a reçu 'approbation unanime de l'assemblée générale, et il a été décidé : 1° Qu'une souscription était immédiatement ouverte au sein de la Société, à laquelle il appartenait de prendre l'initiative de cet éclatant hommage rendu à la mémoire du Nestor des naturalistes et du léfiislateur des ber- yers, selon les expressions de M. le rapporteur ; •J" Que la Société s'inscrirait pour une somme de cinq cents hancs ; 3" Qu'une Commission spéciale serait chargée de s'occuper activement de la réalisation de ce projet. Un grand nombre de membres présents ont voulu, avant de se séparer, prendre part à cette souscription qui doit avoir un caractère tout à fait na- tional, puisqu'elle intéresse à la fois la science, l'agriculture et l'industrie. On souscrit pour la statue de Daubenton : Au siège de la Société impériale d'acclimatation, rue de Lille, 19. Et au Jardin zoologique d'acclimatation, au bois de Boulogne. Les souscriptions peuvent aussi être déposées, à Paris : Au secrétariat de l'Institut de France. Au secrétariat du Aluséum d'histoire naturelle. Et chez MM. P. Br.vCQiE, l)an(|uier, trésorier de la Société, rue de Gram- mont, 12. Flury-Hérard, banquier, membre de la Société, rue Saint- Monoré, 372. Mestayer, notaire, membre de la Société, rue de la Chaussée- d'Antin, Ulx. Tandeau de Marsac, notaire de la compagnie du Jardin zoologique d'acclimatation, place Dauphine, 22. Et dans les départements et à l'étranger , Chez MM. les Délégués de la Société. Le >iecrétaire du Conseil, GUÉRIN-MÉNEVILLE. OtiVRAttKS «FFKItTS A L% SOCIKTÎ: SKAÎS'CES DES il KT 25 JANVIEII 1861. Acclimatation et domestication des animaux utiles, par M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire. l vol. iQ-8". Annuaire de l'Institut des provinces, des Sociétés savantes, et des Congrès scicniiliques. Seconde série, 3*'vol., xin" vol. de la collectiuu, 1861. Annales de la Société impériale d'agriculture, industrie, sciences, arts et belles- lettres du département de la Loire, tome III, livraisons 2 à 4, 1859. Mémoires de la Société académique de Maine-et-Loire, tomes VII et VIII, 1860. Rapport à S. M. l'Empereur sur les travaux entrepris, par ses ordres, pour l'introduction du Yer à soie de l'Allante en France et en Algérie, par M. F.-E. GUÉRIN-MÉNEVILLE, 1860. Education des Vers a soie de l'Allante et du Ricin, et culture des végétaux qui les nourrissent, par M. F.-E. GuEuiN-MÉNEViLLii. Ces deux ouvrages ont été olTcrts par Fauteur. Notice pomologique. Liste synonymique, historique, des diverses variétés du Poi- rier, anciennes, modernes et nouvelles, par M. Jules de LinoN d'Airoles. Offert par Fauteur, L'Année scientifique et industrielle, etc., par M. Louis Figdier, :>" année, 1861. Offert par Fauteur. SÉA>Ci:S ULS 8 ET 22 FÉVUIEK 1861. Sur l'ensemble des applications de la zoologie; extrait des comptes rendus des séances de l'Académie des sciences, tome LU. séance du 4 février 1861, par M. Is. Geoffroy Saint-Hilaire. Note sur la Ménagerie et sur Futilité d'une succursale ou annexe aux environs de Paris, par le même. Ces deux mémoires ont été offerts par Fauteur. Empoissonnement des eaux douces, par M. le baron J.-J. Baijde, membre de l'Institut. Offert par l'auteur. Régénération des races de Veis à soie, etc., par M. Emile Nourkig.\t, 1860. Offert par Fauteur. Culture de la Vigne et vinification, par M. Jules GiJYor, 2** édition, 1861. Offert par Fauteur. Annuaire encyclopédique, politique, etc., publié par les directeurs de VEncy- ciopédie du xix'' siècle, 18.59-1860, 1 vol. in-8". Offert par M. le comte de Saint-Prtest. Du Mouton mérinos, comparé aux races perfectionnées de l'Angleterre, suivi du Rapport adressé à M. le Préfet de Seine-et-Marne, par la Commission dé- partementale, sur les laines et les bêtes ovines exposées au Concours géné- ral et national de 1860, par M. Teyssier des Farges. Offert par Fauteur. La Clinique vélérinaire, journal des intérêts scientifiques et professionnels des vétérinaires praticiens, par MM. Urbain Leblanc, L.-C. Leblanc et E. Weber, 2^ série, janvier et février 1861. Offert par M. Leblanc. La laouia de Chellala, excursion chez les Zouaoua de la haute Kabylie, par M. Henri Aucapitaine, extrait des mémoires de la Société de géographie de Genève , 1860. Offert |)ar Fauteur. Philibert Commerson, naturaliste-voyageur, étude biographique, par M. Paul Antoine Cerp (extrait du Journal de pharmacie et de chimie, décembre 1860). Offert par l'auteur. Candide, grand opéra bouffe, en cinq actes et sept tableaux, par M. Désiré PiLETTK, 1861. Offert par Fauteur. Documents sur les céréales pour les années 18IC à 1826, recueillis par Jean Soubeiran, 3 vol. in-i"; manuscrits et arrêts et sentences relatifs aux substances, collection de pièces diverses, de 1720 à 1800. Offert par M. le docteur L. Soubeihan. V. BULLETIN MENSUEL DU JARDÏN ZOOLOGiaUE D'ACCLIMATATION. I. — La ponte des Gallinacés et de nos divers Oiseaux continue d'être le phénomène le plus remarquable de la saison. Elle a été de jour en jour plus abondante. En avril, on a vendu, au Jardin, pour 3083 fr. d'œufs divers. Ce cliilîre est ici noté non pas seulement comme une appréciation de l'abon- dance de la ponte, mais pour faire connaître combien l'amélioration de la basse-cour occupe aujourd'hui l'attention. On trouvera plus loin le tableau de la ponte en avril. Les éleveurs placés dans d'autres conditions que nous pourront comparer leurs résultats avec les nôtres. On remarquera que ce sont les races asiatiques, de Nankin (race diteCochin- chinoise) et de Bramapootra, qui sont en première ligne pour le nombre des œufs: puis viennent les races indigènes : Grèvecœur, Houdan, Flé- chois, puis les Dorkings, les Padoue hollandais (voyez le tableau). Les Poules Nankin et les Bramapootra sont encore remarquables par leiu' précocité ; dès février, elles donnaient bon nombre d'œufs. Suivant quelques éleveurs, elles pondraient toute l'année ; on a même évalué à 300 le nombre des œufs qu'elles pouvaient fournir en douze mois. Les Fléchoises, au contraire, sont plus tardives ; mais cette tardiveté n'est pas un désavantage, car les Poulets, étant longtemps à devenir adultes, con- tinuent à se développer pendant Thiver, et au commencement du printemps suivant, époque à laquelle les volailles sont rares, ces Poules donnent de beaux pi'oduils. H. Mammifères. — La Biche d'Aristote nous a donné un jeune faon, qui dès les premières heures de sa naissance sautait autour de sa mère, et qui aujourd'hui, à trois semaines de sa naissance, est très bien portant et a la taille d'un Ghevreuil de deux ans. ]Nos Biches cochons ont donné deux jeunes faons ; et nos Moutons de Hongrie, un agneau. L'Axis mâle a perdu son bois eu février ; le Gerf de Virgine, en mars ; le Daim, en avril. Le Cerf rusa, celui de Bornéo et le Cerf d'Aristote, conservent encore les leurs, quoique ce dernier eût perdu le sien' l'année dernière, dès le 5 janvier. IIL ^lORTALiTÉ. — La mortahté de ce mois a été plus considérable que celle du mois précédent, surtout parmi les Oiseaux. Nous complons trente- quatre oiseaux morts et un seul mammifère. Le mammifère était un Bouc de l'espèce naine du cap de Bonne-Espé- rance. On lui a trouvé de la sérosité dans l'abdomen et dans les plèvres. Cette altération a été reconnue par M. Leblanc, vétérinaire de l'établissement, comme étant la cachexie aqueuse des races o . ine et caprine. Les oiseaux morts étaient pour la plupart des Gallinacés. JARDIN ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATAïION. 175 IV. — Dons faits a la Société et acquisitions nouvelles. Par iM. Bataille, négociant à Cayenne, et M. Chapuis, médecin en chef de riiôpital militaire, président du Comilé colonial d'acclimatation de cette colonie : un Paca, espèce d'Agouti à robe fauve mouchetée de blanc; un Pécari, Sanglier à poils gris, à museau allongé; un Agami, singulier oiseau qui remplit, pour la basse-cour, l'office du Chien dans la bergerie, mène et dirige les Poules aux champs (voy. Is. Geoffroy Saint-Hilaire, Domestica- tion des animaux); des ^larails et un Hocco. Par M. de Lesseps: deux Flammants, du lac Menzaleh (isthme de Suez). Par M. Bernard des Essarts : un Mouflon de Corse. Par:\I.***, ouvrier : un Coq et une Poule russes de race; les trouvant d'une espèce rare et curieuse, cet ouvrier n'a pas cru mierix faire que de les offrir au Jardin. iM. Audy (de Compiègne) qui a donné au Jardin un métis d'Hémione et d'Anesse, vient d'en déposer un autre, très bien dressé et se laissant monter et conduire par un enfant ; il le céderait volontiers à un de nos confrères. Enfin plusieurs acquisitions de Poules et d'Oiseaux, parmi lesquels on dis- tingue une johe Tourterelle du Sénégal, ont été faites pour remplacer les vides que le Jardin éprouve par les ventes journalières, V. — Dans ce bulletin mensuel, nous ne pourrons omettre l'état de la végétation, dont les différentes phases vont commencer à être intéressantes. Le Jardin, malgré son titre, n'est pas exclusivement consacré au règne ani- mal. Les nombreuses graines et semences qui nous sont envoyées de toutes parts y reçoivent aussi une hospitalité soigneuse et intelligente. Les serres sont sous la direction de M. Linden, qui jouit, pour l'introduction des plantes tropicales, d'une renommée européenne, et un jardin d'essai en pleine terre vient d'être terminé par notre habile jardinier en chef, M. Quihou, qui a pu y planter déjà plusieurs variétés de Pommes de terre, ainsi qne VOxalis crenata rouge, conservé soigneusement depuis l'année dernière. Le jardin possède une riche collection de Conifères, parmi lesquels on dislingue le magnifique .Segwo^a gigantea. et plusieurs Cerfrws rfeof/ora dons de \I. Leroy (d'Angers) ; et des plantations en pleine terre iV Araucaria imbricata et de Chamœrops excelsa , qui ont pu supporter les rigueurs du dernier hiver. Pendant le mois d'avril, la température, à sept heures du matin, a varié depuis un degré au-dessus de zéro jusqu'à à au-dessous, ce qui nous a donné de la gelée blanche presque tous les matins. A deux heures après midi, la température variait de 1 2 à 2U degrés centigrades au-dessus de zéro. Ces brusques changements ont arrêté la végétation et amené quelques pertes dans nos arbustes. Nos Pêchers et nos Cerisiers à fleurs doubles ont beaucoup souffert. Tel a été en avril le Jardin zoologique, dont les développements sont de jour en jour plus importants. 176 SOCIÉTÉ IMPÉIUÂLE ZOGUIGIOLK D ACCLIMATATION. Détail des œufs pondus en avril 1«61 (1). POULERIE. BrahmapooliM Id. bleus Id. inverses Nankin coucous Id. blancs Id. noirs Id. fauves Fléchois Andalous Houdan Crcvecœur blancs Id. bleus Id. noirs Banlam argentés Id. dorés Id. nègres Padoue hollandais noirs. . . Id. lioliandais bleus. . . Id. blancs Id. argentés Id. dorés Id. cilrins Id. coucous Gueldrts Tarmclans Campines argentés. . . . , Id. dorés Id. de Hambourg. . . Id. de Caux Id. de Breda Malais de la Réunion. . . Dorkings ordinaires. . . . Id. blancs Id. coucous Wallikiki Id. nains A reporter NOMBRE. i 93 1-2 14 36 19 50 38 87 30 30 22 18 93 17 O 3-J .01 92 57 55 49 29 70 -20 29 17 8 17 13 34 • » 0 17 o 1572 POULERIE (suite). Poule de soie . Dindes blancs Id. ronge Id. Report. Id. Id. Id. jaunes, bleus. jaspes. . . panachés. Total PALMIPEDES. Cygne noir Oies de Toulouse. . . . Id. du Canada^ . . Canards divers Id. de Rouen. . . . de Bari)arie. . . d'Ayksbury. . . de Labrador. . . polonais huppés. Id. Id. Id. Id. Id. Total. FAISANDERIE. Faisans de l'Inde. . Id. argentés. . dorés. . . . de Cuvler. . niélanote. . de Wallich. Paons ordinaires. . Cygne noir .... Colins de Californie Id. Id. Id. Id. Total. NOMBRE. 1572 9 29 18 0 29 18 9 1 8 8 103 72 25 22 100 18 44 400 3 17 9 7 5 0 3 1 20 1)4 1684 (1) Le nombre de Poules étant à peu près le même, voyez le Bulletin de mars où oe ctiiffre est donné. Le directeur du Jardin zoologique d'acclimatation, Le D'" KUFZ DE Lavisox. I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIETE. PROJET D'ÉLEVER Li\E STATUE A DAIBENTON RAPPORT FAIT A LA SOCIÉTÉ IMPERIALE ZOOLOGIOLE D'aCCLIMATATION AU NOM DU CONSEIL d'ADMLMSTR\TION, Par M. DROIIY^ DE LHUYS, Vice-Président de la Société. (Séance du 3 mai 1861.) Messieurs , S'il est des hommes auxquels on ait pu justement décerner le titre de bienfaiteurs de l'humanité, ce sont assurément ces savants illustres qui, portant le flambeau des sciences natu- relles dans le domaine de l'agriculture, ont perfectionné les méthodes et accéléré les progrès de cet art, devenu, grâce à leurs travaux, la plus noble des professions. Libre comme l'air (jui la féconde, pure comme le soleil qui l'éclairé, stable comme la terre qui lui sert de base, l'agriculture assainit le cœur, fortifie le caractère, et élève l'àme vers le Créateur par le spectacle des merveilles de la création. Dès l'origine du monde. Dieu a divisé en deux parties le vaste champ ouvert devant l'intelligence humaine : l'une où l'on sème du vent pour récolter des tempêtes, où l'on nourrit des chimères pour enfanter des monstres, et que l'arbre dé la science du bien et du mal couvre de son ombre maudite ; l'autre livrée par la Providence à nos légitimes investigations, et dans laquelle l'étude de la nature est marquée du sceau de la consécration divine. Oui, Messieurs, la zoologie peut pré- senter une page d(3 la Genèse comme son premier titre de noblesse. Dieu, en montrant à l'homme les habitants de la mer, les oiseaux du ciel et les animaux qui peuplaient la terre, T. VMI — Mai I8(>1. 12 178 SOCIÉTÉ IMPÉUIALE ZOOLOGIQUE D'ACCL1MATÂTI0^^ ne lui a-t-il pas prescrit de leur donner des noms, de les sou- mettre à son empire et de les approprier à ses besoins? La sanction n'a pas manqué à ces deux lois. Voyez, en effet, quels renoms, quels destins divers attendent, au bout de la carrière, ceux qui se sont engagés dans l'une ou l'autre de ces voies! La mythologie, comme la Bible, nous apporte son témoignage. Là ce sont les orgueilleux constructeurs de la tour de Babel qui tombent dans la confusion des langues ; c'est Prométhée expiant sur un rocher sanglant son audace sacrilège ; ce sont les Titans foudroyés et ensevelis sous les montagnes qu'ils entassaient pour escalader le ciel; c'est ce monarque insensé que Virgile, interprète de la tradition, place dans le Ténare pour le punir d'avoir voulu, par des moyens artificiels, imiter la voix inimitable du tonnerre. Ici, au con- traire, c'est Flore, Pomone, Gérés, Bacchus, Triptolème, aux- (juels une fiction antique avait accordé les honneurs divins, soit qu'on les considérât comme des mortels que la reconnais- sance de la terre avait élevés au ciel, soit qu'on vît en eux des divinités que la bonté du ciel avait envoyées sur la terre pour y répandre leurs bienfaits. La Bible ne fait pas des dieux, mais elle reconnaît et immortalise des patriarches. Au premier ransf elle cite Noé, l'inventeur de la vigne et le conservateur des animaux destinés à l'ornement ou à l'exploitation du do- maine de l'homme. Pour prix de ses bienfaits, il reçut l'appro- bation du Seigneur, la bénédiction des hommes et le manteau de l'indulgence pour voiler sa faute. Quant à nous, Messieurs, nous ne pouvons faire ni des dieux ni même des patriarches ; mais n'avons-nous pas quel- que moyen de reconnaître les services éclatants que des hom- mes d'élite ont rendus à rhumanité, en faisant, suivant la belle expression de Socrate, descendre la philosophie du ciel • sur la terre? Ne pouvons-nous, à fexemple des étrangers eux- mêmes, rendre à nos savants une complète justice? Voici en quels termes l'illustre Gœthe glorifiait la grande école des naturalistes français. Après avoir fait un parallèle entre Buffon et Etienne Geoffrov Saint- Hilaire, entre Guvier et Daubenton; après avoir indiqué les différents points de vue auxquels PROJET d'Élever uine statue a daubenton. 179 chacun d'eux s'est placé pour explorer le domaine de la science, il ajoute : « La crainte des répétitions ne saurait nous empêcher de î continuer nos réflexions sur ces quatre hommes, dont les » noms reviennent sans cesse dans l'histoire des sciences )) naturelles. De l'aveu de tous, ils sont les fondateurs et les » soutiens de l'histoire naturelle française, le fover éclatant )) qui a répandu tant de lumière C'est un spectacle que » l'histoire des sciences ne présentera peut-être jamais pour » la seconde fois, que celui d'hommes aussi remarquables » habitant la même ville, professeurs à la même école (I). » Remarquez, Messieurs, cette glorieuse généalogie d'intelh- gences : Daubenton est introduit dans la science par BufTon, Etienne Geoffroy Sainl-Hilaire par Daubenton, et Cuvier par Geoffroy Saint-Hilaire. Ne croyez-vous pas voir ces coureurs antiques, échelonnés de distance en distance, se passant de main en main le flandjeau qui doit parvenir, sans s'éteindre, à l'extrémité de la carrière? De ces quatre grands naturalistes français, trois ont leurs statues ; Daubenton seul attend encore la sienne. C'est, dans les fastes de la reconnaissance nationale, une lacune que nous vous proposons de remphr. Ai-je besoin de m'étendre longuement pour présenter les titres de Daubenton à un pareil honneur? Lacépéde, Etienne Geoffroy Saint-IIilaire, Cuvier, Flourens, Richard (du Cantal) et notre honorable Président ont à l'avance plaidé cette cause avec une autorité à laquelle je ne saurais prétendre. Permettez- moi seulement de réunir ici quelques traits que j'emprunte aux tableaux tracés par ces savants maîtres. Daubenton, né à Montbard le 29 mai 1716, et appelé à Paris, vers l'année 17/i2, par Bufl^on, qui lui fit obtenir ultérieure- ment la place de garde et démonstrateur du cabinet d'histoire naturelle, se livra sans interruption (dit Cuvier, que je vais citer presque textuellement) aux travaux propres à seconder (1) Œuvres d'histoire imtureUe de Goethe, traduction de M. Alartins. page 163. 180 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATAÏION. les vues de son bienlaiteiir, et érigea par ces travaux mêmes les deux principaux monuments de sa propre gloire. L'un est le cabinet d'histoire naturelle du Jardin des plantes. Dans l'origine, il ne contenait que des coquilles rassemblées par Tournefort, qui avaient servi depuis à amuser les pre- mières années de Louis XV, et dont plusieurs portaient encore l'empreinte des caprices de l'enfant royal. En bien peu d'années, par les soins de Daubenton, il chan- gea totalement de face. Les minéraux, les fruits, les bois, les coquillages, furent rassemblés de toutes parts et exposés dans le plus bel ordre. On s'occupa de découvrir et de perfectionner les moyens par lesquels on conserve les diverses parties des corps organisés; les dépouilles inanimées des quadrupèdes et des oiseaux reprirent les apparences de la vie, et présentèrent à l'observateur les moindres détails de leurs caractères, en même temps qu'elles firent l'étonnement des curieux par la variété de leurs formes et l'éclat de leurs couleurs. Le second monument qu'a laissé Daubenton devait être, d'après son plan primitif, le résultat et la description complète du cabinet ; mais des circonstances l'empêchèrent de pousser cette description plus loin que les quadrupèdes. Cet ouvrage, aussi immense par ses détails qu'étonnant par la hardiesse de son plan, comprend la description de 208 espèces (1). Cuvier nous apprend encore que Daubenton est le premier qui ait appliqué la connaissance de l'anatomie comparée à la détermination des espèces de quadrupèdes dont on trouve les dépouilles fossiles ; qu'en physiologie végétale, il a découvert ce fait, que tous les arbres ne croissent pas par des couches extérieures et concentriques, observation développée et com- plétée par M. Deslbntaines. Dans la science minéralogique, il a eu l'honneur d'être le maître du célèbre Haiiy. Je ne puis. Messieurs, prononcer ce dernier nom sans vous rappeler une anecdote qui fait honneur à trois personnes. Etienne Geoffroy Saint-Hilaire avait, pendant le règne de la Terreur, enlevé à la mort son professeur l'abbé Haûy, qui, (1) Jic'iieil des éloge.s hîsi.orinues des membres de l'Académie des sciences, par Cuvier. PROJET d'Élever une statue a DAUBENTors\ 181 reconnaissant de ce service, le présenta à Daubenton, en lui disant : a Aidez, aimez, adoptez mon jeune libérateur. » Vous savez combien Daubenton sut tenir compte de cette recom- mandation bienveillante. Voilà comment, dans ses beaux jours, la science pratique les devoirs de la confraternité. Dans cette collaboration féconde de Butlon et de Daubenton, quelle part revient à chacun des deux? Gardons-nous de le rechercher avec une indiscrète ou mahgne curiosité. N'enga- geons pas dans une guerre posthume, sans leur aveu, contre leur intention, deux hommes qui ont vécu dans une étroite et touchante alliance. Disons avec Pahas : « Le hvre de Dau- » benton est un livre d'or ; ses ouvrages sont vraiment clas- » siques. » — Avec Lacépède : « Réunissant leurs efforts , » sans confondre leurs facultés, se donnant l'un à l'autre ce » que chacun d'eux aurait pu désirer séparément, ils for- » maient un ensemble merveilleux. » — Avec Cuvier : « Dau- » benton fut l'œil et la main de Buffon... Il avait cette patience » qui ne veut point deviner la nature, parce qu'elle ne déses- j> père pas de la forcer à s'expliquer elle-même en répétant )) ses interrogations, et cette sagacité habile à saisir jusqu'aux » moindres signes qui peuvent indiquer une réponse. » — Avec Etienne Geoffroy Saint-Hilaire : « Rien n'échappait à la )) finesse de ses regards, à la grande justesse de son esprit, à » son enregistrement calme et incessant. » Disons avec Buffon lui-même : « Daubenton n'avait jamais ni plus ni moins » d'esprit que n'en exigeait le sujet de sa pensée. » Un auteur a dit, peut-être avec raison, que, sans Daubenton, il eût été impossible à Buffon d'accomphr son œuvre, tandis que, sans Buffon, Daubenton aurait pu composer ses utiles ouvrages. Mais pourquoi scinder la gloire de ces deux génies? L'un, par les actives recherches de l'analyse, recueillait de toute part des rayons lumineux ; l'autre, par la puissante concentration de la synthèse, les réunissait dans un éclatant foyer. C'est ainsi que s'est formée l'auréole qui couronne ces deux nobles têtes ; ne la divisons pas : contester la gloire de Buffon, ce serait affli- ger, scandahser peut-être la reconnaissante modestie de son ami d'enfance, du compagnon de ses travaux, qui, an soir de 182 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMAÏATION. la vie, disait de son illustre protecteur : « Gomment ne l'ai- ^ merais-je pas? Sans lui, je n'aurais jamais eu dans ce jardin •> cinquante années de bonheur. » Je quitte ce sujet délicat, pour lequel je reconnais volontiers mon incompétence, et j'aborde un ordre de travaux dans lequel Daubenton a révélé un mérite que les esprits profanes peuvent mieux apprécier. N'ayant jamais voulu admettre que des idées nettes, des aperçus précis, il fut conduit par une pente irrésistible à préférer les objets sensibles aux abstrac- tions, des notions circonscrites aux vues vasques et incertaines, et par conséquent à diriger principalement ses efforts vers l'accroissement des commodités de la vie, des douceurs de la société, du bonheur de l'espèce humaine. Aussi, suivant la remarque de Lacépède, s'il traite des minéraux, se plaît-il à montrer aux agriculteurs les diverses terres qui promettent le plus de fertilité ; aux architectes les matériaux de la demeure modeste du citoyen, et les blocs de marbre ou de granit qui rendent les monuments immortels ; aux joaiUiers les pro- priétés diverses des pierres rares et brillantes. S'il s'occupe des végétaux, il aime à dire quels sont ceux qui conviennent à la nourriture de l'homme, à celle des animaux ; quels arbres donnent au navigateur, au charpentier, au menuisier, à l'ébé- niste, au teinturier, les plus belles tiges, les poutres les plus soHdes, les planches les })lus satinées, les substances les plus précieuses. Enfin, s'il considère les animaux, il indique quelles espèces sont les plus fécondes ; les plus faciles à familiariser, à nourrir, à perfectionner; les plus capables de résister aux intempéries, les plus sobres pour les voyages, les plus fortes pour les transports; les plus patientes pour les travaux cham- pêtres, les plus courageuses pour la guerre; les plus propres à donner un aliment salutaire, des tissus chauds ou légers, des ornements élégants et gracieux, des modèles pour les arts (1). Daubenton, comme il le dit lui-même, avait toujours aimé les plantes ; c'était pour lui un goût de famille. Si je ne crai- (1) Séa7ices des Ecoles normales. Leçons, t. \iU, 1800. — Discours de Lacépède. PROJET DÉLEVER UNE STATUE A DAUBENTON. 183 gnais de fatiguer votre attention, je vous exposerais le plan détaillé qu'il traça, par ordre du Directoire exécutif, pour le Jardin du Luxembourg. Ce projet, qu'il mtiinle Bosguet de tous les mois, consiste principalement à réunir en groupes séparés les arbustes qui fleurissent dans les mêmes mois: J'ignore si l'on a jamais réalisé l'ingénieuse idée de cette espèce de zodiaque floral. Vous le voyez. Messieurs, Daubenton se recommande par- ticulièrement à notre Société par le caractère pratique de son génie et de ses travaux. Mais son plus grand titre à nos yeux est l'initiative qu'il a prise dans les questions relatives à l'accli- matation. C'est lui qui, le premier, a dressé la liste des espèces dont notre sol et nos eaux pourraient encore s'enrichir. On trouve cette liste dans la première leçon du cours d'histoire naturelle à l'École normale. Elle est reproduite à la page/i88 de l'ouvrage récemment publié par notre honorable Président, sous le titre de : « Acclimatation et domestication des animaux utiles. » Ces précieuses indications sont notre guide le plus sûr, et la plupart des espèces qu'il a nommées viennent, pour ainsi dire, à sa voix, prendre place dans le jardin du bois de Boulogne, et justifier ses prévisions. Ce grand homme ne s'est pas arrêté à la théorie de l'accli- matation. Une magnifique expérience, couronnée d'un écla- tant succès, a complété sa gloire et doublé la richesse agricole de la France. (( Le premier, dit M. Isidore Geofl'roy Saint- » Hilaire, il a passé de la parole à l'action, et nous lui devons » les seules grandes apphcations de la zoologie à l'agriculture >> qui aient été faites en France dans le xviii' siècle : l'amé- )> lioration de nos races ovines, par une suite d'expériences » dignes de servir de modèles à tous les essais de ce genre, d et l'acchmatation des Moutons à laine fine d'Espagne, inu- ;) tilement tentée avant lui. » Double succès dont l'histoire a été écrite par notre collègue M. Richard (du Cantal) (1), et résumée en ces mots par l'iUustre Guvier : (1) Voyez son llappoit à rAssenibléo conslituanle sur la Production des chevaux au point de vue de l'année, in-Zi% 18/|0. Annexes, p. 85, et son Dictionnnire d'agrindture, an mot Mkrtaos. J8/f SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. a Ce que Daubenton a fait pour ramélioration de nos laines )•) lui méritera à jamais la reconnaissance de l'Etat, auquel il » a donné une nouvelle source de prospérité. Il commença j) ses expériences à ce sujet en 1766, favorisé par l'intendant j) Trudaine, et les poursuivit jusqu'à sa mort. Mettre dans Tf tout son jour Futilité du pacage continuel; démontreriez )) suites pernicieuses de l'usage de renfermer les moutons T' dans l'étable pendant l'hiver ; essayer divers moyens d'en •n améliorer la race ; trouver ceux de déterminer avec préci- ;.) sion le degré de finesse de la laine ; reconnaître le véritable » mécanisme de la rumination , en déduire des conclusions » utiles sur le tempérament des bêtes à laine et sur la manière » de les nourrir et de les traiter ; disséminer les produits de » sa bergerie dans toutes les provinces ; distribuer les béliers J) à tous les propriétaires de troupeaux ; faire fabriquer des » draps avec ses laines , pour en démontrer aux personnes )) prévenues la supériorité ; former des bergers instruits pour )) propager la pratique de sa méthode ; rédiger des instruc- » tions à la portée de toutes les classes d'agriculteurs : tel )) est l'exposé rapide des travaux de Daubenton sur cet impor- » tant sujet. » Daubenton avait dépensé sa fortune au profit de la science. L'n décret de la Convention, rendu sur le rapport de Lakanal, le !'■' nivôse an 111, ordonna la réimpression aux frais de l'État du traité relatif au perfectionnement du Mouton, ou- vrage que les étrangers nous enviaient, et qui fut traduit en itahen, en allemand et en espagnol. Outre ce traité, il pré- senta, presque chaque année, à l'Académie des sciences, des mémoires qu'il publiait ensuite pour tenir l'agriculture au - courant de ses belles expériences. On le rencontre partout où il peut faire le bien. En 1787, il lit à l'assemblée provinciale de l'Orléanais une notice sur le climat et les terrains de la Sologne, et sur les moyens d'a- méliorer le sol, ainsi que les troupeaux. Ailleurs il travaille sans relâche au développement de la prairie artificielle. En 1778, il oecupela chaire de zoologie générale au collège de France. PROJET D ELEVER UNE STATUE A DAUBENTON. 185 En 1783, il professe le cours d'économie rurale à l'école d'Alfort. En 1793, il esl appelé à la chaire de minéralogie au Mu- séum d'histoire naturelle. En 1795, il est nommé professeur à l'École normale. Élu membre du sénat conservateur, Daubenton fut frappé d'apoplexie la première fois qu'il parut dans cette assemblée, et il expira au milieu de ses nouveaux collègues, le 31 décem- bre 1799, à l'âge de quatre-vingt-quatre ans. Telle est, Messieurs, l'histoire des œuvres et des jours du grand homme auquel votre Conseil vous propose d'ériger une statue. Bientôt, d'après vos inspirations, la compagnie du Jardin zoologique du bois de Boulogne va entreprendre la création d'un établissement destiné à l'amélioration des races d'animaux agricoles, projet dont j'ai eu l'honneur, il y a un an, de soumettre les bases à la bienveillante approbation de l'Empereur. Quel moment pourrait être plus opportun pour rendre un éclatant hommage au Nestor des naturalistes et au législateur des bergers? . Nous attendons avec confiance le résultat d'une souscrip- tion ouverte, en quelque sorte, sous les auspices de Buffon, Lacépède, Pallas , Geoffroy Saint-Hilaire, Cuvier et Gœthe. Votre appel trouvera de l'écho dans nos campagnes comme dans nos villes, car Daubenton n'est pas moins cher à l'agri- culture, qu'il a instruite et enrichie, qu'à la science, qu'il a honorée. Ce Rapport a été approuvé par la Société, qui a institué une Commission pour l'érection de la statue de Daubenton (voy.page 233), et ouvert une souscription à laquelle un grand nombre de membres présents ont immédiatement pris part. NOTE HISTORIQUE SUR LES BÉTES A LAINE DE LA CORDILLÈRE DES ANDES, Par M. P. VAIASSELB, Docteur en médecine. (Séance du 5 avril 1861.) DEUXIÈME PARTIE (1). Dans la première partie de ce travail nous avons examiné les bêtes à laine des Andes sous le rapport de leurs mœurs et de leurs habitudes. Nous consacrerons cette seconde partie à l'histoire des tentatives qui ont été faites pour les introduire et les acchmater en Europe et dans d'autres parties du monde. Mais avant d'aborder ce sujet, nous croyons devoir dire quelques mots sur deux points importants pour compléter l'histoire de ces animaux. Le Lama, l'Alpaca, le Guanaco et la Vigogne forment-ils autant d'espèces distinctes, ou bien une seule ou deux espèces qui se seraient progressivement modifiées sous l'influence des localités, de la nourriture plus ou moins abondante et de la domesticité? Cette question, d'une haute importance sous le rapport de la science zoologique proprement dite, n'est pour nous, au point de vue des travaux de la Société, que d'un in- térêt secondaire. Il nous suffit, en effet, de savoir que ces animaux, qu'ils forment ou non une ou plusieurs espèces "zoologiquement distinctes, sont tellement voisins entre eux, que les différences qui les séparent sont à peine sensibles, et ne portent guère que sur des diversités de taille, de port et de nuances du pelage. Ces différences sont certainement beaucoup moins tranchées que celles que nous voyons tous les jours entre les diverses races de Chiens, de Moutons, de Chèvres et d'autres animaux domestiques. (1) Voyez, pour la première partie, numéro d'avril, pa»e 131. SUR LES BÊTES A LAINE DES ANDES. 187 Un rapprochement, nous dirions presque une parenté aussi intime entre les animaux qui nous occupent, devait naturel- lement porter à penser qu'ils pouvaient se croiser entre eux sans difficulté et donner des métis plus ou moins intéressants, et c'est en effet ce qui a lieu. Les métis de Lama et d'Alpaca, et vice versa, ne sont pas rares dans les troupeaux que possè- dent les Indiens. On y rencontre souvent des Lamas d'une taille moindre que l'ordinaire , et offrant une laine plus longue et plus fine qui se rapproche de celle de l'Alpaca; d'un autre côté, on voit des Alpacas d'une plus grande taille, à laine dure et grossière, et qui rappellent tout à fait les formes et la laine du Lama. D'ailleurs les expériences qu'a faites, sur une assez grande échelle, M. Charles Ledger à la Laguna Blanca, vers 1856, non-seulement ne laissent aucun doute sur ce point, mais elles prouvent en outre que ces Métis sont féconds entre eux: notre ami, M. B. Poucel, memhre honoraire de la Société, a vu, chez M. Ledger, un certain nombre de métis de seconde génération résultant du croisement de TAl- paca avec le Lama, qui avaient presque la taille du second et foute l'abondance et la fmesse de la laine du premier. Le croisement de l'Alpaca et de la Vigogne, et vice versà^ est un fait tout aussi certain. Don Francisco de Teran, dans un mémoire adressé à l'Académie des sciences, de l'Insti- tut, en 1821, mentionne ces croisements dont il avait été le témoin, et donne le nom A' Alpa-Vijogne aux produits féconds qui en résultent. En 18/19, notre honorable Président, M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire , annonça à l'Académie des sciences qu'il tenaitdu docteur Weddell, qui avait accompagné M. de Castelnau dans son voyage d'exploration dans l'Amé- rique du Sud, que le curé du village de Macusani, dans les Cordillères du Pérou, Tabbé Cabrera, était parvenu à obtenir une variété nouvelle du croisement de ces deux espèces, et qu'il possédait tout un troupeau d'Alpa-Vigognes. Plus tard notre Société, dans sa séance du 12 mai 185/j, sur la propo- sition de M. A. Passy, vice-président, donna à l'abbé Cabrera Je titre de membre honoraire pour ce fait d'une si haute im- portance. Dans la même séance, M le Président fit hommage 188 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQTJE d'aCCLIMÂTÂTION. à la Société, de la part de M. Weddell, d'échantillons de laine d'Alpaca, de Vigogne et d'Alpa- Vigogne, qu'il avait obtenus du curé de Macusani, et qui font ressortir pleinement les avantages que présentent les produits de ces métis. Quant au croisement du Guanaco avec les autres espèces, quoiqu'il ne soit prouvé jusqu'ici par aucun fait authentique, ni par aucune expérience directe, il passe pour certain dans la patrie de ces animaux , et tout nous porte à l'admettre comme un fait. Le second point qui nous resterait à traiter avant de passer â ce qui fait l'objet de la seconde partie de ce travail, c'est l'examen et la description des laines des quatre espèces qui nous occupent. Mais cette question, d'une immense impor- tance au point de vue industriel, n'est pas plus que la précé- dente de notre compétence. C'est aux habiles manufacturiers que la Société compte dans son sein à la traiter comme elle mérite de l'être. Nous nous bornerons à dire que ces laines, qui diffèrent beaucoup entre elles sous le rapport de la qualité, de la finesse, de la longueur, etc., sont propres à faire des tissus différents d'une valeur vénale plus ou moins grande, selon leur degré de finesse et de beauté. Ces tissus, très distincts de ceux qu'on fabrique avec la laine du Mouton, jouissent de propriétés par- ticuUères, telles que la légèreté, la sohdité, etc., qui leur donnent une grande importance commerciale. La laine de la Vigogne, la plus précieuse de toutes et qui était autrefois l'objet d'une importation assez considérable en Espagne, où elle était employée à faire ces draps soyeux et légers, ces bonneteries si douces et si chaudes qui portaient son nom, ne vient plus en Europe qu'en quantités presque insignifiantes. La majeure partie de celle qu'on recueille sur les lieux de production est consommée dans le pays, comme nous l'avons dit plus haut. Celle du Lama et du Guanaco, généralement rude et grosse, je dis généralement, car certains individus en fournissent qui a une longueur et une finesse remarquables, reste aussi, en presque totalité, dans le pays, où elle est employée à faire SLR LES BÊTES A LALNE DES ANDES. 189 des étoffes grossières dont se servent les Indiens. Quelques centaines de balles seulement de laine choisie de Lama sont importées annuellement en Angleterre. La plus importante de toutes, sous le point de vue com- mercial, dans l'état actuel des choses, est la laine de l'Alpaca. L'importation de cette laine en Angleterre, en quantités no- tables, date des premières années de ce siècle, mais sans qu'il soit possible de se rendre un compte exact de ces quantités ; attendu que dans les bureaux de la douane anglaise, on confon- dait les unesaveclesautres toutes les espèces de laines d'origine étrangère, et ce n'est qu'en 18Zi5 qu'on a commencé aies dis- tinguer. Nous voyons, dans une note lue à la Société, en 1855, par notre honorable confrère M. Gosse, que les quantités de cette laine importées en Angleterre, depuis cette année 18/15 jusqu'en 1854, ont augmenté progressivement depuis Zi27 396 jusqu'à plus de 1 000 000 de kilogrammes, et que les prix, suivant la même progression, se sont élevés de 3 francs à 8 francs 50 le kilogramme. La France est restée jusqu'ici presque complètement étran- gère à ce commerce, dont l'Angleterre a le monopole ; et les quantités de laine d'Alpaca importées directement en France de leurs lieux d'origine sont à peu près insignifiantes. Le peu que nous en employons est tiré d'Angleterre. Bradfort, situé sur le canal de Leeds à Liverpool, est le centre de cette industrie, et l'on v voit des étabhssements considérables d'où sortent tous les produits obtenus avec cette laine. Le plus re- marquable d'entre eux est celui de M. Sait, qui occupe prés de 3000 ouvriers, et dont la fabrique, animée par Lme machine à vapeur de 1200 chevaux, lui a coûté 300 000 livres sterhng. Ce que nous avons rapporté dans la première partie de cette notice, d'après les vieux auteurs espagnols qui ont écrit sur l'Amérique du Sud, et ce que nous venons de dire au com- mencement de cette seconde partie, démontre de la manière la plus évidente quels avantages immenses l'Europe et la France en particulier pourraient retirer de l'acclimatation et de la propagation des bètes à laine des Andes. Malgré ces avan- tages qui devaient frapper tous les esprits, ce ne fut que fort 190 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGlniE d'aCCLLMATATTON. longtemps après la conquête de l'Amérique par les Espagnols, que cette idée d'acclimatation et de propagation se manifesta. Cette apparente négligence s'explique facilement par l'igno- rance où l'on était sur ces animaux précieux et sur les avan- tages qu'on en pouvait retirer; ignorance due, sans aucun doute, à l'espèce de séquestration dans laquelle l'Espagne tenait ses colonies d'Amérique et au mystère dont elle enr tourait tout ce qui y avait rapport. Ces animaux cependant furent connus en Espagne peu de temps après l'expédition de Pizarre, et de cela il ne peut exister le moindre doute, car on lit dans l'ouvrage de Gonzalo Fernandez de Oviedo, intitulé Historia gênerai y natural de Indias : « Déjà ces Moutons (il parle des Lamas et des deux autres espèces qu'il vient de dé- crire) ont été vus en Espagne, parce que le même marquis (Don Francisco Pizarro) les apporta en Castille, où ils sont déjà très connus..., et dans cette ville il y en a quelques-uns qui ont été amenés de ces pays (le Pérou). » Depuis lors, jusqu'à la fm du xvif siècle, on ne trouve nulle part aucune mention de ces animaux. Gesner seul parle, sous le nom de Allocamelus, d'un Lama dont il donne la figure, et qui fut amené vivant en Hollande en 1558. Dans les premières années du xviip siècle, il paraît qu'une tentative fut faite en Espagne pour y introduire ces précieux animaux. On ignore absolument les détails de cette entreprise ; on sait seulement qu'elle ne réussit pas. Un assez grand nombre d'années après, en 1765, Buffon, quoiqu'il connût parfaitement, comme il le dit lui-même, la tentative faite en Espagne et le résultat qu'elle avait eu, émit l'idée d'enrichir « nos Alpes et nos Pyrénées de ces animaux, qui produiraient plus de biens réels que tout le métal du nouveau monde. » Malgré tous ses efforts et la haute position qu'il occupait, son appel ne fut pas entendu. Plus tard l'abbé Béhardy, qui avait longtemps vécu en Espagne, où il avait recueilli de nombreux documents sur les bêtes à laine des Cordillères, reprit l'idée de Buffon, et proposa d'en essayer l'acclimatation en France. Il communiqua son projet à notre grand naturaliste et lui remit un mémoire sur ce sujets SUR LES lîÊTES A LAINE DES ANDES. 191 dont Texlrait est imprimé dans les additions faites aux pre- mières éditions de son ouvrage. Quoique fort âgé alors, BufTon se joignit à lui et le seconda de tout son pouvoir. Le projet fut soumis à l'examen de l'autorité compétente; mais l'affaire manqua, parce qu'il plut à un haut fonctionnaire ad- ministratif de dire que ces animaux ne pouvaient vivre sans ime graminée particulière, propre aux Andes, et nommée Ycho. En vain Béliardy et l'abbé Bexon démontrèrent-ils la fausseté de cette assertion, et proposèrent-ils, en l'admettant comme vraie, d'introduire dans nos montagnes la plante en question; ils échouèrent complètement, au grand regret de Buffon, qui dit alors : « Je persiste à croire qu'il serait aussi possible qu'utile de naturaliser ces trois espèces d'animaux du Pérou. » Ce fut vers le même temps que M. de Nesle conçut le projet de tenter l'expérience sur une grande échelle, en faisant venir, à ses frais, un troupeau de Lamas et d'Alpacas. Mais détourné par les objections d'hommes soi-disant com- pétents, il ne donna pas suite à son idée. Pendant plusieurs années il ne fut plus question de ces ani- maux. Quelques-uns seulement sont mentionnés comme des objets de curiosité existant dans quelques ménageries. Ainsi on sait qu'en 1777, il y avait, au château d'Alfort, à l'école vétérinaire, un Lama vivant, qui avait d'abord été envoyé des Indes espagnoles en Angleterre, d'où il avait été amené en France, en 1773, avec sa mère, qui était morte en arrivant. [La suite au prochain numéro.) DE LA NATURALISATION DU FAISAN DOHÉ COMME GIBIER, SOUS LE CLIMAT DE PARIS, Par n. E. COSSOX. (Séance du 25 janvier 18G1.) En 1859, M. A. de Quatrefages a captivé ratteiition du nom- breux auditoire qui assistait à la séance publique annuelle de la Société, par son éloquente notice sur l'acclimalation de quelques espèces d'oiseaux. 11 a démontré par des faits bien constatés que la Perdrix Gambra, de nos possessions algé- riennes, le Colin boni et le Colin liuppé, originaires de la Ca- lifornie, sont appelés dans un avenir prucbain à prendre place dans nos cbasses et sur nos marchés avec les gibiers indigènes. Le genre P'aisan, auquel nos bois et nos parcs doivent déjà le Faisan commun (Phasianus colchiciis, L.), actuellement si répandu, est destiné à nous enrichir encore d'un nouveau et magnifique gibier. Le Faisan doré ou tricolure {Phasianus pictus\ L.), origi- naire de la Chine, qui, par l'éclat et le brillant contraste de ses couleurs, est l'un des plus beaux oiseaux de nos vohères, a été naturalisé aux environs de Sivry, près Melun, dans le massif de bois connu sous le nom de Buisson de Massouri, et, dès maintenant, dans quelques parties de la forêt, il est presque aussi abondant que le Faisan cuuunun lui-même. Temminck avait déjà fait observer que le Faisan doré se multiplierait beaucoup plus en Europe, si on ne l'élevait pas dans un trop étroit esclavage, et si, en lui donnant un plus grand espace à parcourir, on l'habituait davantage aux intem- péries de climat et aux changements de saison. On a déjà signalé à la Société les résultats heureux obtenus dans de vastes faisanderies pour la multiplication de cet oiseau; mais jus- qu'ici aucun essai n'avait été fait pour une véritable natura- lisation de cette belle espèce. En .1856, M. Place, alors loca- taire du Buisson de Massouri qu'il avait rendu Tune des plus belles chasses de France, fit lâcher, au mois de mars, une trentaine de Faisans dorés, parmi lesquels, par suite d'une NATURALISATION DU FAISAN DORÉ. l93 erreur, il n'y avait guère que la moitié de femelles. M. Gigousl, brigadier des gardes, fut chargé spécialement d'assurer la conservation et l'acclimatation de ce nouveau gibier, et s'oc- cupa avec zèle de suivre cet essai. Tout en laissant aux oiseaux leur liberté, il les empêcha de s'écarter et de se répandre sur de trop grandes surfaces, en leur faisant donner chaque jour le grain nécessaire à leur nourriture. Dès la première année, les Faisans dorés furent assez abondants pour qu'on pût en tuer sans inconvénient quelques-uns dans les chasses réelle- ment princières de Sivry. En 1857, leur nombre ne s'élevait pas à moins de 300, et il eût été plus considérable si les œufs de plusieurs nids n'eussent été accidentellement détruits ou enlevés pour des faisanderies. Depuis 1858, les Faisans dorés se sont naturahsés, non-seulement dans le Buisson de Massouri, mais encore dans les bois voisins, où ils sont devenus assez abondants pour être considérés comme un véritable gibier. Les bois des environs de Sivry sont particuhérement pro- pices à la multiplication des Faisans : ces bois, gardés avec la plus scrupuleuse exactitude, ont une étendue de près de 1500 hectares, et forment une bande assez étroite entre deux plaines très fertiles; leur sol argileux est couvert, sur de larges espaces, de hautes herbes parmi lesquelles domine la Canche {Aira cœspitosa); des mares herbeuses, de nombreux fourrés, des buissons de Ronces et de Prunelliers, offrent aux Faisans les meilleures conditions et les abris les plus utiles. Le Faisan doré est, comme on le sait, beaucoup plus petit que le Faisan commun, et seulement vers la fin de la seconde année le jeune maie se revêt de son brillant plumage. Cet uiseau est d'une chasse plus difficile que celle du Faisan com- mun, car il se tient presque constamment dans les fourrés et se dérobe généralement à l'arrêt du chien sans prendre son vol ; mais ces inconvénients sont largement compensés par une ponte abondante, qui a lieu généralement dans le mois de mars, et dont la précocité a l'avantage d'assurer la multi- plication de l'espèce même dans les années où celle du Faisan commun se trouve compromise jiar les pluies d'avril et de mai. T. vin— Mai 1861. 13 PROTECTION AUX OISEAUX, Par m. le docteur TLTRREL. Secrétaire du Comice agricole de Toulon. (Séance du 11 janvier 1 861.) Sans les oiseaux, aucune agriculture, aucune >égétation même ne serait possilile. Ils font un travail que des millions de mains d'hommes ne feraient pas de moitié aussi bien et aussi corn- plétemeat. V. DE Tsciicbl.) Le braconnier qui se livre à la destruction des Cigognes et des Hirondelles, est un indus- triel qui se livre à la fabrication des Cousins, des Chenilles et des Vipères. (TorSSENEL.) Les traditions religieuses nous font connaître, sous les noms d'âge d'or, de période Edénique, une époque d'inno- cence dans laquelle l'espèce humaine, en rapport plus immé- diat avec son créateur, avant de l'œuvre divine une intuition plus complète, vivait en paix et en harmonie avec tous les êtres peuplant l'air, la terre et les eaux. Cette croyance, généralement répandue, nous paraît le pré- cieux symptôme d'un besoin d'ordre et de bienveillance dans la domination que Dieu a donnée à Adam, par droit d'intelli- gence, sur toutes les créatures du globe. L'homme, en effet, a le droit d'approprier à son usage toutes les espèces créées, mais il doit le faire avec mesure, avec intelligence, avec bonté, sous peine de porter dans l'œuvre divine une perturbation dont les conséquences entrevues d'abord, puis démontrées par la science, seraient des plus funestes et menaceraient sa pro- pre conservation. Nous voyons en effet, à l'origine des choses, toute la création admirablement équihbrée dans un but de maintien des espèces et de progrès , suivant le milieu dans lequel elles vivent. Si le monde végétal est le support naturel et indispensable de l'animalité, si chaque plante a son parasite qui tend à la détruire, la plante à son tour voit son existence sauvegardée par des animaux destinés à se nourrir de proie vivante. Ces correctifs naturels de l'excessive fécondité, de l'excessif déve- PROTECTION AUX OISEAUX. 195 loppement soit dans le monde végétal, soit dans le monde animal, ont existé de tout temps, et rendent tout à fait impro- bable rh\ pothèse d'un lieu où les animaux chasseurs auraient pu vivre sans attaquer les animaux pasteurs , dont, par leur organisation spéciale, ils étaient destinés à faire leur proie. Mais si la lutte a toujours existé entre les êtres vivants, si même dès l'origine l'homme, pour assurer sa vie, a été obligé de sacrifier les animaux que Dieu lui a soumis, il n'est nulle- ment contradictoire avec les données de la science, d'admettre qu'Adam a pu vivre en harmuni+3 avec la création : il est sur- tout permis d'espérer qu'Adam se mettra de plus en plus en rapport affectueux et intelligent avec l'œuvre divine, et que roi juste, et non phis tyran brutal et aveugle, il saura ména- ger d'abord, s'attaclier ensuite les espèces utiles qui l'aident à protéger contre les espèces destructives ce qu'il lui importe de préserver dans l'intérêt de sa propre subsistance et de la gestion harmonique du glol)e, son légitime patrimoine. A mesure que Thomme s'est multiplié à la surface du globe, il a rendu moins nécessaires les modérateurs de la vie ^ que Dieu avait créés en vue d'empêcher l'exclusive domination des herbivores, qui bientôt auraient rendu impossible la vie végé taie. Appropriant les animaux pasteurs à son usage, l'homme" peut de plus en plus, sans inconvénients, supprimer les car- nivores qui, au milieu des civiHsations avancées et des cultu- res, généralisées deviennent non-seulement des auxihaires gênants, mais encore d'effrontés et dangereux spoliateurs des ressources nutritives que notre prévoyance réunit sous forme de troupeaux. Le but que se propose la Société d'accHmatation tend à se fléfinir en ces termes : augmentation par la domestication d'espèces nouvelles, de nos ressources de travail, d'alimenta- tion et de luxe. Mais ce but doit être complété par une protec- tion efficace à donner aux animaux auxiliaires se nourrissant, non })lus en faisant leur proie de nos animaux domestiques ou des herbivores, mais aux dépens des ennemis de nos réserves alimentaires animales ou végétales. Tel est le complément d'action que doivent se proposer la Société d'acclimatation, les 196 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Sociétés pi'oteclricf'S des animaux, et les Sociétés d'agriculture. Leur influence coninume doit s'appliquer à faire pénétrer dans les masses des notions convenables sur le rôle des pré- cieux auxiliaires qui sauvegardent nos récoltes et protègent nos animaux domestiques, et ce but atteint par tous les moyens possibles, l'homme rentrera en possession de sa plénitude (rinfluence sur la création, dont il sera, comme il est destiné à l'être, le légitime pondérateur et l'équitable souverain. Pénétrés de l'importance du rôle spécialement dévolu aux oiseaux pour la protection que nous avons en vue, des hommes de bien et de science ont depuis longtemps élevé la voix en faveur de ces auxiliaires si admirablement organisés pour combattre les immenses légions destructives des insectes. Que sont en effet les dégâts conmiis sur les herbivores par les car- nassiers les plus féroces, en regard des incalculables ravages que des myriades d'insectes exercent à toute heure, en toute saison, contre nos réserves alimentaires. L'homme peut bien suffire à combattre les grands et les petits carnassiers, il se substitue en effet avec mesure à la destruction immodérée que les carnivores pratiquent, là où ils sont seuls modéra- teurs de la multiplication des herbivores. Mais comment rhomme atteindra-t-il Tinsecte destrucleur du végétal qu'il cultive pour ses besoins ? Non-seulement rinsecte Jui échappe par sa petitesse, qui le soustrait aux sens iniparfahs du roi de la création, mais encore il se joue de ses recherches i^ar son effrayante fécondité. C'est par centaines que procèdent les femelles d'insectes ; et chaque année quelques-uns, la Noc- tuelle, par exemple, produisent deux générations : tel de ces petits animaux se trouve donc avoir, à la seconde génération, un million de descendants, à la quatrième, des miUiards, et tout ce monde grouillant et fécond est armé pour la destruc- tion des végétaux d'une manière formidable : limes, râpes, scies, tarières, pinces, tout cela fonctionne avec une activité, une débauche de forces, dont on ne peut, sans l'avoir vu à l'œuvre, se faire qu'une idée bien imparfaite ; mais le peu qu'on en entrevoit est effrayant. L'insecte a trois vies : chenille, larve, insecte parfait. Pen- PROTECTION AUX OISEAUX. 197 dant deux de ces existences, il attaque et détruit; dans cha- cune, il est presque invisible, et tout à fait, sauf de rares excep- tions, inaccessible à nos moyens de défense. Si l'on excepte en effet quelques Chenilles processionnaires, se groupant en société dans des bourses que l'on peut atteindre et détruin*, rhomme reste désarmé devant ses innond)rables et impercep- tibles ennemis; aussi aucun d(^ ceux qui savent, ne sera tent('' de nous accuser d'exagération, quand nous dirons que, sans Toiseau, la terre serait en grande partie, pour l'homme, inhos- pitalière et inhabitable. Nous avons parlé des insectes que l'homme peut atteindre et en partie détruire, certains processionnaires, des Bombvces, mais nous savons avec quelle néghgence il s'acquitte de c<' soin, car c'est à peine si les arrêtés de poHce annuellemeni renouvelés et la surveillance des agents spéciaux parvienneni à faire pratiquer un peu généralement l'échenillage. Vovez au contraire comme l'oiseau s'occupe activement et d'unemanière incessante de l'échenillage, qu'il pratique à notre profit. Même pendant l'hiver, alors que la vie semble partout su.s- pendue, et que, cachés sous les feuilles, dans le sol ou parmi les écorces, les larves et les œufs des insectes n'attendent pour s'éveiller et pour é(;lor<' qu'un rayon de soleil, les insectivores et même les oiseaux réputés granivores se livrent à une chasse active de ces myriades d'ennemis prêts à l'œuvre de destruc- tion. Le Rouge-gorge, les Fauvettes, les Mésanges, les Alouettes, les Linottes, les Pinsons, fouillent les buissons, les bois et les guérets, interrogeaiir chaque feuille morte, et butinant, avec une activité que rien n'arrête, les œufs des insectes et leurs larves : un intérêt puissant excite les oiseaux à cède salutaire i)olice, c'est le besoin de vivre, c'est la loi impérieuse de l'alimentation «{ui impose à l'insectivore l'obligation de dévorer journellement uue quantité d'insectes égale au p(»id^. de son corps. Au printenqis, Li scène change', et la chasse s'active à un> sure qu'apparaissent en légions incalculables les ennemis de nos récoltes : c'ei^t l'épociue des nids. Occupé seulement jus- ffu'alors de sa con^onimatiou, l'oiseau devient le pourvoyeur 198 SOCIÉTÉ IMPÉIUALE ZOOLOGIQUE u'ACCLIMATATION. infatigable de sa jeune couvée. Rien n'égale la sollicitude des parents pour la famille que protège à peine un naissant duvet, et dont l'insatiable appétit impose aux époux l'obligation d'une chasse continuelle. A cette époque , même les granivores nourrissent leur nichée exclusivement d'insectes , et nous avons tous pu voir les Moineaux, ces pauvres proscrits de la rancune avaricieuse des paysans, prendre au vol des papil- lons, et apporter à chaque instant à leur nid des sauterelles, des hannetons et tous les insectes qu'ils rencontrent dans leur district de chasse. Un observateur consciencieux , qui a publié sous le titre de : Les Insectes nuisibles et les Oiseaux, un opuscule digne d'être mis entre les mains de tout être sachant hre, M. Frédéric de Tschudi, président de la Société d'agriculture du canton de Saint-Gall (Suisse), donne des chiffres, qu'il est bon de repro- duire, de la consommation d'insectes faite par certains oiseaux. « On a compté, dit-il, qu'un couple de Moineaux emploie chaque semaine environ 3000 insectes, larves, sauterelles, chenilles, scarabées, vers, fourmis, pour la nourriture de sa couvée, chacun des parents lui apportant au moins vingt fois par heure la becquée.... Un très petit nombre de ces oiseaux nettoie en fort peu de temps des massifs de rosiers de tous leurs pucerons. » Dans les contrées où l'on a fait inconsidérément la guerre aux Moineaux, à mesure que ceux-ci diminuaient, le nombre des chenilles augmentait, et les arbres étaient dépouillés : on ne devrait pouvoir prendre les Moineaux francs que là tout au plus où il V a à côt('; d'eux un nombre suffisant d'autres oiseaux insectivores. >> Cette phrase semble spécialement écrite pour la France et pour le Midi, où le Moineau est poursuivi par racharnement du cultivateur, et où il reste à peu près seul protecteur de nos récoltes, sur lesquelles il a bien le droit de prélever une légère dîme à titre d'impôt, la manie de la chasse aux becs- fins et la destruction de leurs nids laisant un vide de plus en plus effrayant parmi nos auxiliaires insectivores. Cette passion immodérée de la chasse est d'autiint plus re- IMIUTECJION AUX OLSKAI X. 190 greltable dans les régions tempérées qu'étant providentielle- ment destinées à recevoir et à nourrir les insectivores dont les migrations ne sont que des déplacements forcés en quête de nourriture, elles restent, par la guerre que nous faisons à ces oiseaux, entièrement livrées aux ravages des insectes doués là d'une vie plus longue et plus intense, puisque la chaleur est une condition indispensable à leur existence. Ne soyons donc pas étonnés des fléaux qui viennent s'abattre périodiquement d'abord, puis d'une manière permanente sur nos cultures. Il semble que nous protégions à plaisir les insectes ravageurs en les délivrant de la rude guerre que leur font les oiseaux. Ne nous plaignons donc pas lorsque nous subissons les désastreuses conséquences de notre ingratitude et de notre imprévoyance. Un autre oiseau réputé granivore rend aussi de grands ser- vices à l'agriculture en se nourrissant des vers et des larves d'insectes ennemis des céréales. L'Alouette se nourrit de vers, de grillons, de sauterelles, d'œufs de fourmis, et surtout des larves des Cécydomies du froment, qui s'attaquent aux grai- nes, et des Èlatérides, notamment le Taupin des moissons, qui rongent les racines du Blé. Aussi, plus avisés que nous et meilleurs observateurs, les Grecs, au rapport de Plutarque, la respectaient et l'avaient consacrée à Lemnos, à cause des ser\àces qu'elle rendait à l'agriculture (V. Chatel). Le Pinson, qui se plaît dans les vergers, détruit aussi une grande quantité de larves et de chenilles du Pommier et du Poirier. La Caille dévore incessamment d'énormes quantités de vers de terre, et la Perdrix recherche non moins la nour- riture animale que la végétale. Or, si de pareils services sont rendus par des oiseaux répu- tés granivores, mais qui se nourrissent exclusivement d'in- sectes à l'époque des nids, que ne doit-on pas attendre de la tribu si intéressante et si persécutée des insectivores. Les oiseaux qni se nourrissent d'insectes mangent presque toute la journée, parce que les chenilles contiennent beau- coui) d'eau et peu de matières nutritives solides (TsdiudiV Lr Coucou, sur lequel on met tant de noirceurs, a pour mission 200 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d' ACCLIMATATION. fie se nourrir de chenilles velues, que peu d'autres oiseaux peuvent manger. On peut compter qu'il détruit toutes les cinq minutes au moins une chenille, cent soixante et dix au moins en un jour, dont les poils restent attachés à la membrane mu(|ueuse de l'estomac, et souvent la tapissent entièrement. Les infatigables Troglodytes, qui fouillent tous les taillis, et les petits Roitelets huppés, détruisent des quantités innom- brables d'œufs de chenilles, car il leur faut toujours quelque chose à avaler. Ils portent à leurs petits en moyenne trente- six fois par heure leur nourriture de larves, d'œufs et d'in- sectes rongeurs (Tschudi). On a compté qu'un couple de Troglodytes apportait à sa famille cent cinquante-six chenilles dans une seule journée (Toussenel). Un Rouge-queue affamé prit, pendant l'espace d'une heure, environ six cents mouches dans une chaml)re (Tschudi). Le Tra({uet (Vitcharcha de Provence) et le Traquet tarier (Grasset) pivnncnt des mouches, des vermisseaux, de petits scarabées, qu'ils attrapent au vol. Protecteurs de la Vigne, ils la nettoient des larves de la Teigne, delà Vyrale^ de YEiimolpe et de VAttelabe. Le Rossignol, ce grand artiste des solitudes boisées, détruit une énorme quantil)'' d(* Cossus et de Scolytes à l'état de lar- ves, qu'il recherche sur le sol et parmi les feuilles mortes. Les Fauvettes demandent leur nourriture à l'air. Les mou- ches, les scarabées, les pucerons sont leur proie habituelle, n est intéressant d'observer la Fauvette à tête noire saisir, en voltigeant autour d'une plante infestée de pucerons, sa proie vivante, et ne quitter la partie que lorsqu'elle a rempli son office de nettoyage et satisfait son appétit. Les Pics sont les grands conservateurs des forêts (Tous- senel). Ils chassent les larves des insectes destructeurs des bois : les noctuelles, les lasiocampes, les sphinx du Pin, les hilotomes, les guêpes du Bouleau, les bostryches du Pinastre, les frelons elles charançons du Sapin (Tschudi). Calomniés par riunorance, les Pics sont accusés de creuser les arbres et de les rendre ainsi accessibles à la pourriture; l'erreur est évi- dente pour tout observateur désintéressé : le Pic ne s'attaque PROTECTION AUX OISEAUX. 201 JHiimis aii\ arbres sains, mais il nettoie les arbres pourris et atteints par les insectes, dont il met à jour, en les poursuivant, les travaux de mine et les ravages irréparables. Que dirons-nous des Gobe-mouches et des Hirondelles, ex- clusivement insectivores , tandis que beaucoup de becs-fins , tels que Fauvettes, Rouges-gorges, Grives, Merles, sont en même temps baccivores? L'utilité de ces oiseaux est tellement incontestée, que les plus intrépides chasseurs n'oseraient leur refuser une sorte d'immunité. Mais ce que l'on ne sait pas assez, c'est que, parmi les oiseaux de proie, il est certaines espèces qui rendent de grands services à l'agriculture. Les Hiboux (Chouettes, Effraies, Chevêches) détruisent des insec- tes nocturnes ou crépusculaires et leurs chenilles, mais sur- tout des rats, des souris, des taupes et mulots en quantités considérables. Les Buses, les Bondrées chassent aussi la souris, et l'on évahie à plus de /jOOO de ces rongeurs la consommation annuelle d'un seul exemplaire de ces espèces (Tschudi). On ne semble pas se douter des services rendus par les Merles, les Grives et les Étourneaux, qui mangent par millions les chenilles de terre, si nuisibles. Ces derniers surtout s'at- taquent aux escargots, qu'ils cassent adroitement contre une pierre (Toussenel), aux sauterelles, aux mordettes, et même dans les pâturages, comme le fait la Bergeronnette jaune, délivrent le bétail des vers, des tiquets, des taons et des mou- ches (Tschudi). Le Héron garde-bœuf défend les bœufs au pâturage contre les mouches et les tiquets. C'est une espèce rare et proscrite, malgré les services qu'elle peut rendre. EUe a le malheur de tenter les assassins par son beau plumage blanc (Toussenel). Le Vanneau est pour l'homme un précieux auxiliaire, car il le défend contre les effroyables ravages du Taret, le destruc- teur des constructions navales. Cependant sur les plages où il aime à établir sa résidence d'amour, depuis l'Elbe jusqu'à l'Oder, les Allemands recherchent les œufs de cet oiseau dont ils sont très friands, et en font une consommation considéra- ble. Us détruisent dans son germe une race précieuse dont il laudrait au contraire favoriser la multiphcation. NOTE SUR L'EMPLOI INDUSTRIEL DU RYSSUS DE PINNES, Par m. Jules CLOQUET, De l'Instilul. (Séance du 11 janvier 1861.} J'ai l'honneur d'otl'rir à la Société dçs gants fabriqués avec le byssus de la coquille bivalve nommée la Pimie hérissée. Les Pinnes sont des coquilles bivalves connues dès la plus haute antiquité, et qui sont assez communes dans plusieurs régions de la Méditerranée. Ces mollusques se font remarquer par leur coquille, qui est grande, mince et fragile ; ils portent le nom vulgaire de Jam- bonneaux, en raison de leur forme. Lamarck en signale quinze espèces (non compris les fossiles). Parmi ces espèces, les principales sont la Pi?me rouge {Pinnn riidis, Linn.) et la Pin?ie hérissée {Pi/ma nobilis, Linn.). Ces bivalves possèdent un byssus ou touffe de filaments très curieux. Ce byssus n'est pas rude et rare comme celui de la moule, mais fin et abondant; les fds sont longs, serrés, lustrés, soyeux, brunâtres, un peu dorés et d'une couleur inaltérable. A diverses époques on a employé ce byssus à la fabrication de diverses étoffes ; malheureusement cette matière ne peut recevoir aucune espèce de teinture. Il y a quelques siècles, les tissus dont il s'agit étaient, en Itahe, l'objet d'un commerce assez étendu. La Calabre et la Sicile fournissaient des étoffes variées, des bas et des gants recherchés, à cause de leur moelleux, de leur lustre, et parce qu'ils étaient très chauds. Aujourd'hui le peu qui s'en fabrique esl vendu nux étrangers comme objet de curiosité. HYSSUS DE PINNES. 203 Cependant un de nos industriels français les plus distingués, M. Terneaux, a exposé il y a plusieurs années, au milieu des utiles et brillants produits de ses vastes manufactures , une pièce d'étoffe souple et légère faite entièrement de byssus de Pinne. Cet exemple n'a pas été imité. Peut-être la difficulté de se procurer une grande quantité de matières premières est-elle pour beaucoup dans l'oubli de cette initiative? Nous ne savons pas si les Pinnes de la Méditerranée sont susceptibles d'être élevées et propagées comme les Huîtres, et si l'industrie ne pourrait pas se livrer avec succès à hpinni- cultiire , comme elle le fait pour X ostréiculture» Il serait à désirer que l'on pût favoriser et augmenter la multiplication de ces curieux bivalves , car certainement l'emploi de leur byssus prendrait de l'importance. ÉDUCATION DES VERS A SOIE EN CHINE d'après des renseignements fournis par un missionnaire chinois. Lettre de M, FORTH-ROLE\, Ministre de France en Saxe, ancien ministre plénipolentiaire en Ciiinc. Communiquée par M. Natalis RONDOT. (Séance du 29 juin 1860.) Au munieiit où je m'occupais d'écrire dans l'intérieur de la Chine pour faire venir les Vers à soie demandés, j'avais auprès de moi un missionnaire chinois qui a hahité les provinces de la Chine où l'on s'occupe le plus de l'élève des Vers à soie. J'ai eu de longues conversations avec ce hrave ecclésiastique sur ce qui se passe à ce sujet en Chine, et ce qui suit est une analyse de ces conversations. Je la transmets dans la pensée qu'il pourrait hien s'y trouver quelques détails intéressants inconnus dans nos magnaneries. C'est au commencement du mois d'avril, lorsque les feuilles du Mûrier commencent à sortir parhourgeons, que l'on s'oc- cupe de l'éclosion des Vers à soie. Dans la Tartarie mongole, aux environs de Ge-/to (1), pays dont la température est plus froide que celle de la France, il faut quelques précautions pour amener la graine à un degré de chaleur suffisant pour pouvoir provoquer l'éclosion. On injecte avec la houche de l'eau sur cette graine jusqu'à ce qu'elle soit légèrement humectée ; ensuite on l'enveloppe avec du coton. On la met dans un endroit où la chaleur est tempérée, et on la couvre avec un vase; on la dépose dans un creux pratiqué dans la terre, renfermant le même degré de chaleur. Dans l'espace de trois à quatre jours, quelquefois cin(| et six, la graine commence à éclore, et il sort de petits Vers ayant l'apparence de fourmis noires. (\) Ge-ho, Je-ho ou Zlie-liol, eu ctiinois Tcliing-le-fou, est le chef-lieu d'un département de la province do Tchi-li. (N. T>.) ÉDLCATION DES VERS A SOIE EN CHINE. 205 Ailleurs les éleveurs de Vers à soie ont l'habitude de porter sous leur vêtement la graine, afin de lui communiquer leur chaleur naturelle ; deux jours suffisent pour déterminer l'éclosion. L'éclosion n'a pas lieu pour tous les Vers en même temps ; il y en a qui naissent avant les autres ; on ne leur donne pas à manger avant que l'éclosion soit complète ; on aime mieux perdre ceux qui, venus les premiers, ne pourraient supporter cette privation de nourriture. Quand tous sont éclos, on les étend sur des feuilles de papier, en se servant d'une plume pour éviter le contact de tout autre objet qui pourrait les blesser, et on leur donne alors des feuilles de Mûrier très tendres, et coupées en très petits morceaux. Il ne faut jamais leur donner de feuilles trempées de pluie ou mouillées de rosée ; on doit avoir préalablement le soin de bien essuyer ces feuilles avec un linge sec ; autre- ment les Vers mourraient tous de dyssenterie. On leur donne six fois par jour des feuilles nouvelles, de quatre en quatre heures. Ces Vers sont extrêmement délicats; ils redoutent l'influence des vents, surtout de celui d'occident ; ils craignent également les mouches, les moustiques et les fourmis. On ne permet pas de fumer du tabac auprès d'eux, et les éleveurs vont jusqu'à défendre à ceux qui boivent du vin de s'en approcher, tant ils supposent les Vers sensibles aux odeurs fortes. Il faul avoir le soin de nettoyer souvent leur place et d'enlever les restes de feuilles déjà mangées, de manière à «mlretenir la plus grande propreté. Cinq ou six jours après qu'ils sont éclos, arrive l'époque de leur première mue. Dès qu'ils ont atteint la longueur d'un demi-pouce, ils commencent à changer de peau, et pendant ce changement, qui dure à peu près vingt-quatre heures, quel- quefois davantage, ils demeurent sans remuer et sans manger, dans un état complet d'engourdissement. Lorsque cette espèce de sommeil se manifeste pour tous en môme temps, il v a espoir de les élever avec succès; mais quelquefois il y en a qui sortent plus vite que les autres de cette léthargie pour cheivher leur nourrituiv, il ne faut pas leur en donner ; ils 206 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. peuvent rester ainsi un ou deux jours sans manger, et quoi- qu'ils cherchent avidement cette nourriture, ils sont à même d'en supporter la privation pendant cet espace de temps. Si on leur donnait une fois à manger, ils ne pourraient plus s'en abstenir ; il faudrait continuer, et la seconde mue s'opérerait encore d'une manière partielle. Il est donc préférable d'at- tendre pour les nourrir que tous soient sortis de leur sommeil, afin qu'ils arrivent ensemble à l'époque de la seconde mue. Cinq à six jours après ce réveil, ils dorment une seconde fois, et changent encore de peau. Ce changement a lieu quatre fois. Après leur quatrième nuie effectuée, ils prennent une couleur luisante ; leur corps, surtout la partie de la tête, devient en quelque sorte transparent ; alors ils ne mangent plus, et ils cherchent à faire leurs cocons. On a préparé d'avance des rameaux d'arbres, ou des tiges de froment ou de riz liées en gerbes ; on les met debout sur quelque objet élevé de terre, que les fourmis ne puissent pas atteindre ; puis on prend les Vers qui ont cette couleur luisante, et on les place sur les rameaux ou tiges, en répandant autour d'eux des feuilles de Mûrier, pour le cas où ils éprouveraient encore le besoin de quelque nourriture. Lorsque le temps est froid, il faut échauffer la chambre pour qu'ils aient plus de force pour faire les cocons ; cela dure ordinairement vingt-quatre heures ; faute de prendre ces pré- cautions, ils pourraient ne finir leurs cocons qu'au bout de deux jours, et ces cocons seraient alors beaucoup moins bons. A Canton, au lieu de paquets de tiges, on se sert de machines de bambou dans lesquelles on met les Vers pour qu'ils fassent leurs cocons, et au heu d'échauffer l'endroit dans lequel ils se trouvent, on se contente d'exposer les machines et les Vers à la chaleur du soleil. Depuis l'époque de l'éclosion jusqu'à celle où les Vers font leurs cocons, il s'écoule, si le temps est bon, environ un mois ; quarante jours, si le temps est froid ou mauvais ; il suffit quel- quefois de dix-huit jours pour les Vers qui sont bien soignés, bien nourris et qui se trouvent dans des conditions de temps favorables. ÉDUCATIOIN DES VERS A SOIE EN CHINE. 207 Les Vers à soie sont sujets à une maladie qui les tue pres- que toujours, et contre laquelle il n'y a pas de remède connu • mais, avec des précautions, on peut diminuer les chances de cette mortalité. Une bonne maison, bien fermée, bien chauf- fée quand il fait froid, bien aérée au besoin, et dont on ouvre avec soin les portes et fenêtres pendant la chaleur, pour y faire pénétrer l'air, excepté lorsque le vent d'occident vient à souffler, contribue à détruire l'influence du mal : aussi les pertes sont-elles plus considérables chez les gens pauvres, qui ont des maisons mal disposées , que chez les gens riches, où l'on peut satisfaire à toutes les conditions hvdé- niques. Pour conserver les cocons et pouvoir les filer, il faut faire mourir les Vers qui sont dans l'intérieur. Il suflit de les mettre au grand soleil, quand il fait beau, durant quelques heures, pour les tuer tous ; lorsque le temps n'est pas assez favorable, on a recours au feu. On met les cocons dans un panier lar^e, peu profond, et l'on expose ce panier à l'action d'un feu doux sans flamme, quelquefois à la vapeur de l'eau bouillante; au bout de deux ou trois heures, tous les Vers sont morts. Si on les laissait vivre dans le cocon, ils accompliraient, après cinq à sept jours, leur transformation en papillons, et perceraient le cocon pour en sortir. Aussitôt que les cocons sont achevés, il faut se hâter de les filer : plus on les file de bonne heure, plus les lils ont de consistance ; si l'on attend un ou deux jours pour le faire, ils sont moins faciles à filer et perdent de leur quaUté. Il est à remarquer que ce sont les cocons les plus petits qui sont les meilleurs , ils ont plus de force ; les cocons les plus grands sont au contraire minces et faibles. Pour pouvoir filer aisément la soie, on fait bouillir les cocons dans l'eau ; on les remue avec une fourchette de bois ; ensuite on prend l'extrémité du fil, on le fait passer dans des petits trous pratiqués dans une barre de fer, puis on dévide ce til sur une roue de bois. C'est dans la province de Hou-pf' que se trouvent les gens les plus habiles dans la pratique du filage; \m homme y pcul filer, on nn jour, deux ou trois 208 SOCIÉTÉ IMPÉRIALP: ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. livres (l) de fil de soie. Dans le district de Chîm-lé(*2)^ le filage, par jour et par homme, n'excède pas cinq onces (3). On ne parvient pas à enlever entièrement les fils des cocons ; il y a toujours un résidu, et l'enveloppe mince qui recouvre le Ver; tandis que dans le Hou-pé, on file le cocon de manière qu'il n'en reste rien, et le Yer se trouve complètement à nu. La machine sur laquelle on attache les commencements des fils est fort grande, et en la faisant tourner vite par un mouvement du pied, on les dévide jusqu'à la fin. L'ouvrier qui fait mou- voir la machine en pesant avec le pied sur le ressort, tient dans sa main droite cinq hâtons avec lesquels il cherche les commencements des fds des cocons placés auprès de lui dans un grand vase d'eau houillante ; il ramasse ces fils pour les faire passer sur la machine : il y a trois trous dans lesquels on les introduit, afin de pouvoir filer trois écheveaux de soie d'un coup. Dans le district de Chm-té, la machine dont on se sert est très petite : celui qui la dirige la fait aller par un mouve- ment de la main droite, et arrange de l'autre main les fils des cocons qu'il a près de lui ; c'est pour cela que l'opération marche plus lentement. Dans le Tché-kiang {h), on fait usage d'une machine tout à fait semhlahlc pour la forme à celle du Ho2i-pé, mais dont la dimension étant moindre, ne peut pas, dans son mouvement de rotation, tirer les fils des cocons aussi hien qu'avec l'autre. Si l'on veut avoir des fils égaux, il est nécessaire d'avoir loujours le même nomhre de cocons; on en met ordinaire- ment huit ou dix; leurs fils joints ensemhle passent par le même trou pour venir ensuite s'appliquer sur la machine. Dés qu'un cocon est fini, il faut avoir soin de le remplacer, pour éviter qu'il n'y ait inégalité dans les fils. (1) La livre, ou A7n, est de 602 grammes environ. (2) L'arrondissement de Choun-té est dans le département de Kouang- ichéou-fou, province de kouang-toung. Une partie du territoire de Canton est comprise dans cet arrondissement. (3) L'once, ou liang, est de 37 grammes 1/2 environ. {h) Le Tché-kiang est une province de la Chine orientale ; Hang-tcliéou- lou en est la capitale. Les villes de Ilou-tchéou-fou, de >iing-po et de Kia- hing-fou, et l'arcliipel de Tchou-san, sont dans celte province. (N. R.) ( ÉDLCATJOIN i>ES VKKS A SOIE EN CHliNK. 209 Dans lu province de Eou-pé^ il y a deux espèces de Vers, l'une fait le cocon blanc, et l'autre jaune ; les fils blancs sont plus estimés, et par conséquent plus cbers. Pour avoir de la graine, on conserve quelques cocons ; chaque famille qui élève des Vers à soie en garde quelques dizaines; cela sulïitpour la reproduction. On choisit des cocons qui ont la forme ronde, et d'autres la forme conique, en nombre égal. Au bout de six ou sept jours, la chrysalide renfer- mée dans l'intérieur se transforme en un papillon, qui s'ouvre un passage et s'échappe du cocon par le trou qu'il y a prati- qué. Dès que les papillons commencent à sortir, il faut avoir le soin de les accoupler. Les mâles et les femelles demeurent réunis pendant quatre heures, et au bout de ce temps on les sépare, on jette les mâles, et on met les femelles sur un linge ; elles y déposent aussitôt leurs graines. Si l'on n'avait pas la précaution de les séparer, ces papillons resteraient le plus souvent unis, et mourraient ensemble. Il n'y a pas d'autre préparation à faire pour conserver ia graine, que de l'envelopper dans un linge ou dans du papier, et de la suspendre dans une chambre bien aérée. Pendant l'hiver, lorsqu'il fait grand froid, on la conserve dans quelque caisse fermée, au milieu d'étoffes chaudes qui puissent la préserver du contact de l'air trop rigoureux; lorsque le froid est passable, on Texpose de nouveau à l'air. 11 lui faut une températu;'e constamment douce, pas trop chaude, sans quoi il y aurait éclosion trop rapide ; et, en la suspendant dans un endroit où le vent puisse pénétrer et la rafraîchir, on peut sans inconvénient la conserver pendant les chaleurs de l'été. Quel- ques éleveurs ont l'habitude d'injecter sur la graine, aussitôt qu'elle a été déposée par la femelle, un peu de vin et de chaux, dans le but de la préserver des autres vers et des rats. Dans ce cas, après l'hiver passé, on met la graine dans de l'eau tiède mêlée de sel, pour lui enlever la couche de chaux qu'on y a appli(juée ; on la lave ensuite avec de l'eau douce, puis on la met sécher au soleil, et on la suspend de nouveau, en l'expo- sant au contact de l'air frais, jusqu'au commencement du mois d'avril, époque.de l'éclosion. 1 . ^Ml. — Miti \m\. \ix 210 SOCIÉTÉ LMPÉHIÂLE ZOULOGIQUE d'aCCLIMATATION. Il est généralement d'usage d'élever une seule ibis des Vers à soie dans le cours de l'année; il y a fort peu d'éleveurs qui en nourrissent deux lois, les fds de la seconde nutrition étant moins bons que ceux de la première. Dans la province de Tché-kiang, les familles qui nourrissent le Yer à soie ne prennent pas le soin de conserver la graine; elles achètent, pendant l'hiver, celle de Hang-schoen-fau (1), métropole du Tché-kiang. Dans cette province, comme dans celle du Hoii-pé, on dis- tingue aussi deux espèces de Vers, que l'on désigne par les noms de Han, c'est-à-dire salés, et de Tan, insipides ou peu salés. Pour conserver la graine salée, on la met, après le solstice d'hiver, pendant une heure et plus, dans de l'eau légèrement saturée de sel, puis on la retire ; on la lave dans de l'eau douce : on l'expose au soleil pour la sécher, et on la suspend dans un endroit bien aéré, comme dans le cas dont il a déjà été ques- tion ci-dessus. Cette graine éclot une fois par an. Pour la graine non salée, on la met dans de l'eau de chaux, et. on lui fait subir la même préparation dont il vient d'être parlé. On peut nourrir les Vers de cette espèce trois et quatre fois l'an. A Canton, on distingue aussi deux espèces produisant des cocons blancs et jaunes. Une de ces espèces est appelée Eul- chong, c'est-à-dire seconde graine; on peut nourrir les Vers deux fois par an ; la graine se conserve à l'aide des précautions qui viennent d'être indiquées. L'autre espèce s'appelle San- chong, c'est-à-dire troisième graine; on peut nourrir les Vers cinq ou six fois par an. Pendant l'été, vingt jours suffisenl pour que les Vers puissent faire leurs cocons. On n'a pas besoin d'employer les mêmes précautions pour en conserver les graines, puisqu'on conserve les cocons de la dernière fois, et qu'alors l'été étant déjà passé, les Vers destructeurs dont on avait à redouter les ravages ont disparu complètement. Les cocons de cette province sont beaucoup plus petits et plus minces que ceux du Hon-pé et du Tché-kiang. (1) Hang-tchéoii-foii. ' ÉDUCATlOxN DES VERS A SOIE EA CHLNE. 211 On ne cultive pas partout de la même manière Je Mûrier, et cette différence a sans doute de l'influence sur les cocons qui produisent les Vers, indépendamment peut-être du climat dans les diverses provinces où Ton s'occupe de l'éducation des Vers à soie. Dans le Bnu-pé, les Mûriers ne sont pas greffés ; ils sont,tous francs de pied et croissent en grands arbres; ils fournissent d'une seule fois quelques charges de feuilles. Dans le Tché- kiamj^ au contraire, tous sont greffés et croissent à une hau- teur médiocre ; on ne peut cueiUir d'un arbre qu'une seule charge de feuilles. Dans le district de Chun-té, on plante les Mûriers dans les champs comme des choux. A l'hiver, on les coupe en laissant seulement des tiges de quatre à six pouces de hauteur ; au printemps, ces tiges poussent de nou- veau, mais sans atteindre plus de cinq à six pieds d'élévation. Lès feuilles du Mûrier les plus belles sont celles du Tché- kiang; elles sont très grandes, épaisses, et plus nourrissantes que celles qu'on récolte dans le Hou-pé et le Chun-té: c'est à la grefle que l'on doit attribuer cette différence remarquable. Au r67^e-Â;/r//iy, etsurtout au Chun-ié^ on fertilise les terres où croît le Mûrier en y mettant de la boue des étangs et des canaux autour du pied de ces arbres. Au Hou-pé^ on n'a recours à aucun engrais; on laisse les Mûriers croître et se développer naturellement. II. TRAVAUX ADRESSES ET COMAILMGATIONS FAITES A LA SOCIÉTÉ. SUR L'ONOBRYCHÏDE OU ESPARCETTE DES ROCAn.LES. LETTRE ADRESSÉE A M. LE PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLOIATATT0\, Par M. BELHO^x^IE , Chef du Jardin botanique de Metz. (Séance du b avril 1861.) Monsieur le Président , On a préconisé jusqu'à ce jour beaucoup de plantes four- ragères, mais peu ont présenté l'avantage de celle dont je vais vous entretenir. C'est une Onobrychide du Caucase, connue dans quelques jardins botaniques sous les noms scientifiques à'Otiobrijchis petrœa, Des. , Iledysariim petrœum, Bieb. , vulgairement Onobrychide, Esparcette des rocaUles. Son importation dans les cultures date de 1818. C'est une plante vivace, appartenant à la tribu des Hédysa- rées, section 1'% famille des Papiilonacées. Ce végétal vient dans les pierres et les terrains les plus arides, atteint une liauteur de ZiO à 50 centimètres; à tiges dressées, à folioles linéaires, mucronées ; les fleurs sont blan- ches, à carène rose, un peu plus courte que l'étendard; les ailes une fois plus longues que le calice ; les épis cylindriques, longuement pédoncules ; le bord des gousses est dilaté, den- telé, le supérieur rugueux. Cette plante fleurit en juillet. Elle peut se semer concurremment avec la Luzerne, et peut former des prairies artificielles, comme le Sainfoin, dont elle A beaucoup de rapports ; elle améliore le sol dans lequel elle est cultivée. On sait que M. Boussingault a démontré (|ue la plui)art de nos Pa])ilionacées fourragères, au lieu de se nourrir unique- ONOBRYCHIDE DU CAICASK. 213 menl aux dépens Hes matériaux que leur fournit la terre, absorbent dans Fatmospbère du gaz azote qu'elles s'incorpo- rent. Or, à cette propriété physiologique si digne de remarque, l'Esparcette joignant celle de végéter sans difficulté dans des sols pierreux, secs et peu fertiles, fournit un moyen excellent de modifier progressivement ces terres en les améliorant, et de finir par les transformer en terres à blé. Cette plante peut se semer au printemps ou au milieu de l'automne; on pourrait la mélanger aux céréales. Dans les mêmes conditions que le Sainfoin, on peut juger qu'il en faudrait !i hectolitres par hectare. Ce végétal réussit très bien dans le calcaire le plus maigre et le plus stérile, comme dans les terrains sablonneux les plus secs. Je crois qu'il lui faudrait quelques hersages pour détruire les mauvaises herbes qui pourraient le gêner. On peut le semer en lignes. C'est exclusivement à la précieuse conquête du Sainfoin que les coteaux crayeux de la Champagne, que les plaines les moins fertiles de la Bejiuce, sont parvenus à être, comme on le voit maintenant, couverts de verdures et de troupeaux sur les espaces qu'occupait autrefois la stérile jachère. La graine de l'Esparcette est très nourrissante, et peut se donner aux chevaux en place d'avoine. A en juger par de petits essais, on peut penser qu'elle est capable de donner de h à 5000 kilogrammes par hectare. En résumé, je crois que c'est une bonne acquisition pour les terrains stériles, montagneux, pierreux, crayeux et secs. Elle ne craint pas les années sèches, et peut donner deux ou trois coupes par an, et de plus c'est une plante vivace. En conséquence, je la recommande particulièrement à la Société impériale d'acclimatation, et je fais remettre conjoin- tement un paquet de graines pour le Jardin d'essai. Veuillez agréer, etc. P.EIJIOMMK. m. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DUS SÉANCES GÉNÉRALES DE LA SOCIÉTÉ. SÉANCE DU 19 AVRIL 18G1. in-ésidence de M. Is. Geoffroy Saint-Hilaire. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. — M. le Président informe la Société qu'elle vient de perdre un de ses membres, M. le docteur Bonneaud, de Char- lieu (Loire). — M. le Président proclame la liste des membres nouvelle- ment admis : MM. Abenanti (le commandeur Saverio), à Naples. Archinto (le comte Louis), propriétaire, à Milan. Chazelles (de), député au Corps législatif, ancien maire de Clcrmont-Ferrand, à Clermont (Puy-de-Dôme), et à Paris. * Chelsea (le vicomte), à Londres. CoiJEDic (le comte du), député au Corps législatif, à Qu imperlé (Finistère), et à Paris. Dantan jeune (Jean-Pierre), statuaire, à Paris. Faiseau-Lavanne, notaire, à Paris. FoNTENAY, de rOrne (Louis de), élève diplômé de Grand- Jouan, à Bellesme (Orne). HooKER (sir William), directeur du Jardin royal de Kiew, membre de la Société royale de Londres, membre correspondant de TAcadémie des sciences, à Londres. MoNTAGNAC (E. de), député au Corps législatif, manufac- turier, à Sedan (Ardennes). Salanson (Fernand), juge suppléant au tribunal de. Florac (Lozère). Santana (Gomez de), professeur d'bistoire naturelle, à Caceres, Estramadure (Espagne). Straten-Ponthoz (S. Exe. le comte Van der), maréchal de la Cour de S. M. le Roi des Belges, à Bruxelles. SwAZEMA (Carly de), concessionnaire des pêcheries de la Vire et de la Soulie, à Saint-Lô (Manche). PROCÈS-VERBAUX. 215 — MM. de Gayffier, Meslayer, Boisnard-Grandmaison et Schneegans adressent leurs remercîments pour leur récente admission. — M. Graux fils, informe la Société de la perte qu'il vient de faire de son père, créateur de la belle race ovine Graux- Maucliamp. M. de Tourreil remercie la Société des marques de douloureuse sympathie qu'elle lui a données à l'occasion de la mort de son frère, notre délégué à Caracas. — M. le Ministre de la marine adresse une demande de cocons de Vers à soie pour M. Michély, lauréat de la Société, qu'il a chargé d'études séricicoles à la Guyane. — M. le Ministre de la marine annonce l'envoi d'animaux de la Guyane, adressés à la Société par MM. Bataille et le docteur Chapuis. A l'occasion de cettelettre, M. Rufz de Lavison informe la Société que presque tous les animaux annoncés sont arrivés au Jardin, et qu'ils sont dans le meilleur état de santé. Le plus remarquable d'entre eux est l'Agami, oiseau qui est pour la basse-cour ce que le chien est pour la bergerie : il mène les poules aux champs, les dirige, réprime leurs écarts, et les ramène le soir à la ferme tout comme le chien ramène les moutons. L'Agami préside aussi avec la plus grande im- partialité à la distribution des vivres faite à ses administrés, et ne permet aux forts de prendre leur part que lorsque les faibles ont eu la leur. — M. Delbet, qui doit visiter la Galatie, la Bithynie, la Paphlagonie et le Ponl avec MM. Perrot et Guillaume, chargés d'une mission en Asie Mineure, offre ses services à la Société. — Des instructions el des remercîments ont été adressés à M. Delbet. — - M. Flury, consul de France à Palerme, annonce que M. le baron Anca espère pouvoir bientôt fonder une Société d'acclimatation en Sicile. ~ M. Ramel fait connaître que M. VVilson s'occupe en ce moment de fonder une Société d'acclimatation en Australie. — M. Bernard des Essards, consul général de France à Livourne , annopee l'envoi d'un Ahiiifloii mâle de Corse. — Remercnnents. 21i5 SOCIÉTÉ IMPÉKlALb: ZUOLOGlQlîE d'aCCLIMATATIOiS . — M. Sacc transmet des renseignements snr les Chèvres d'Angora et quelques propositions à ce sujet, qui sont, ren- voyées à une Commission composée de MM. le comte d'Epré- mesnil, Ch. de Belleyme, Fr. Davin, Debains, etFr. Jacquemart. --=M. Ramelfaitparvenir l'extrait d'une lettre de M. Mueller, de Melbourne, qui s'occupe activement de préparer l'envoi de nombreux animaux ou végétaux, et qui pense pouvoir y joindre un des plus curieux oiseaux d'ornement, la Lyre, qu'on n'a pas encore vu en Europe. — M. Altbammer, d'Arco, adresse des renseignements in- téressants sur ses éducations d'Outarde. — Renvoi à la deuxième Section. — M. le docteur Turrel transmet une pétition adressée par le Comice agricole de Toulon au Sénat pour la protection des petits Oiseaux. La Société décide qu'elle sera imprimée dans le Bulletin, à la suite du mémoire de M. Turrel. — M. le docteur Berchon (de Rochefort) adresse un Rapport favorable sur un mémoire de M. le docteur Cornay sur l'abla- tion des dandes nidoriennes des Oiseaux. — M. Millet fait mettre sous les yeux de la Société un jeune Saumoneau, âgé d'un an environ et péché récemment dans a Seine aux environs de Paris, au moment où il effectuait sa migration à la mer. Notre confrère rappelle, cà ce sujet, que chaque année les Saumoneaux profjt(mt des premières crues du printemps pour quitter les eaux douces dans lesquelles ils sont nés, et descendre àla mer; que dans ce miheu essentielle- ment favorable à leur développement, ils acquièrent, en quel- ques mois, un accroissement de 2 et même 3 kilogrammes; et que c'est dans cet état qu'ils reviennent dans les eaux douces en juin et juillet. M. Millet fait alors remarquer com- bien il serait important de favoriser la propagation du Saumon dans le bassin de la Seine, qui est actuellement à peu près dé- pourvu de ce précieux poisson. Déjà les tentatives faites par la Direction générale des eaux et forêts ont amené de bons ré- sultats; et il est bien à désirer qu'elles soient répétées sur une grande échelle. Notr(^ confrère met ensuite sous les veux de la Société PHOCÈS-VERhîAL X . '217 un bocal rempli de jeunes AnguiUettes vivantes, et fait ressortir tous les avantages que présente cet alevin pour re- peupler les cours d'eau, les canaux, les lacs, les étangs et même les mares. Les moyens de transport indiqués et décrits par M. Millet sont faciles et peu coûteux, même à de très grandes distances. C'est à l'aide de ces moyens que la Direc- tion générale des eaux et forêts vient de répartir, dans les parties supérieures de nos principaux cours d'eau, plus de deux millions d'Anguillettes. Notre confrère fait observer que l'inlroduction de FAnguille dans un étang ou dans un lac ne peut jamais avoir les inconvénients que présentent d'autres espèces piscivores, telles que le Brochet, la Perche et la Lotte, parce que l'Anguille, n'ayant qu'une petite bouche, ne peut engloutir une grosse proie, et surtout parce que ce poisson ne se reproduisant pas dans F eau douce, on est toujours maître «l'en restreindre le développement, et même de faire dispa- raître l'espèce dans le cas où elle deviendrait nuisible à d'au- tres poissons plus précieux ou plus recherchés, tels que la Truite, TOmbre-chevalier, etc., etc. — M. Labille, de Boulogne sur mer, écrit pour annoncer une communication sur les moyens de propager facilement toute espèce de poisson. — M. J. Hayes, commissaire adjoint de la marine, chef de service à Chandernaoor . adresse des î?raines de Bael xile rnarmelos et de Pon ou Ponrie, et quatre Cocons de Bombyx Mylitta. Les papillons, éclos pendant le voyage, ont été trouvés étouffés. — M. Sigerth annonce avoir fait des expériences sur des éducations hibernales au moyen de feuilles légumineuses, et avoir réussi. — MM. Margollé, Denis, Aguillon et Turrel, qui se sont mis à la disposition de la Société pour lui procurer les feuilles de Chêne nécessaires pour nourrir des Vers à soie du Japon, envoyés par M. Duchesne de Bellecourt, adressent de nouvelles assurances de leur dévoué concours aux travaux de la Société. — Remercîments. — M. Haniel fait connaître qu'il avait écrit à M. de Moux, '2\S SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMâTATION. propriélaire à Carcassonne, pour obtenir un enA-oi de feuilles, de Chardon à foulon, destinées à terminer une éducation de Vers à soie du Ricin, au Muséum. M. de Moux, n'étant pas en mesure de faire lui-même cet envoi, s'est adressé à M. C. Sicre, qui habite Carcassonne, où il possède des cultures de ce Chardon, et qui a fait parvenir à la Société un envoi de f« uilles excellentes. — Remerciments à MM. Ramel, de Moux et Sicre. — M. Remi-Schmidt, de Chang-hai, annonce qu'il envoie à la Société une certaine quantité de graine de Vers à soie. Elle est parvenue à Paris complètement éclose, et tous les Vers étaient morts. — Diverses demandes de graines de Vers à soie sont par- venues et seront enregistrées. — MM. E. Robert, Chamarot, Razin, le comte Taverna, Chevalier, Rrot, W. Hooker, Le Jollis, Rouillé-Courbe et Bou- teille adressent leurs remerciments pour les envois de graines de Vers à soie qui leur ont été faits. — M. Debrauz offre, au nom de M. le comte Castellani, douze onces de graine de Vers à soie, chinoise et acclimatée. — M. AV. ïlooker propose à la Société de lui faire parvenir des pieds de Fagara piperita. — M. Le Jollis annonce que M. le docteur Pancié, professeur à Belgrade, s'est livré à des études sur le Sorgho, et désirerait avoir des renseignements sur sa culture en France. — M. Reved transmet divers travaux de M. Bénard (d'A- miens) relatifs à la récolte de l'opium en France, sur lesquels U appelle l'attention de la Société. — M. Galland adresse des semences d'un Haricot rouge ramé, dont la culture lui semble devoir être encouragée. — Remerciments. — M. Miray, instituteur, et M. Althammer, adressent des demandes de graines et de plantes. — M. Ramel écrit que M. Stuart, voyageur dans l'intérieur de l'Australie, vient d'y trouver une Pomme de terre, très probablement indigène, tandis que celle que nous cultivons sous le nom de Pomme de terre d'Australie paraît être d'ori- gine européenne. PROCÈS-VERBAUX. 219 — M. Ramel transmet en outre le rapport annuel du direc- teur du jardin botanique et zoologique de'Melbourne sur cet établissement, 1860-1861. — La Société reçoit le programme des expositions d'horti- culture de Marseille et de Toulouse. — M. Sacc fait hommage à la Société d'une brochure inti- tulée : Le Jardin zoologique de Marseille. — Remercîments. — M. le Président fait connaître les conférences qui doivent avoir lieu pendant le mois de mai. — M. le Président annonce qu'on a émis le vœu qu'une statue soit élevée à Daubenton, et qu'une commission a été nommée par le Conseil pour étudier ce qu'il y a lieu de faire. — M. le comte de Sabir présente le magnifique ouvrage qu'il vient de publier : Le fleuve Amour, histoire, géographie et ethnographie, 1861, m-!\. — M. Cloquet fait hommage à la Société de plusieurs ouvrages qui proviennent de sa bibliothèque, et d'un échan- tillon de Thé de la baie d'Ameïva, au sud de la grande île Ségalien, qu'il a reçu de M. le capitaine Maisonneuve. — Remercîments.) Il donne lecture d'une lettre de M. de la Gironière sur l'heureux emploi de l'ivresse alcoolique contre la morsure des Serpents. (Vovez au Bidletin), — M. Hébert donne lecture d'une lettre de M. Suquet sur une incubation d'Autruche. — Renvoi au Bulletin. — M. Cap fait hommage à la Société de la biographie de , Commerson qu'il vient de pubher. — Remercîments. — M. Vavasseur donne lecture d'un mémoire sur les bêt^s à laine de la Cordillère des Andes. (Voy. au Bulletin.) SÉANCE DU o MAI 1861. Présidence de M. Is. Geoffroy Saint-Hilaire. Lé procès-verbal est lu et adopté. -— M. le Président annonce que LL. AA. le duc de Saxe- Gotha et le prince de Monaco veulent bien faire inscrire leurs noms parmi les protecteurs de la Société. 2*20 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOI.OGIOIE d'aCCLIMATÂTIO.X. — M. le Président proclame les noms des memlires nou- vellement admis : MM. Gaillard (Paul), propriétaire, à Paris. La Force (le duc de), sénateur, à Paris, Mestre (Sébastien), inspecteur des forets du domaine d'Arc en Barrois (Haute-Marne). Mettermch(S. a. le prince de), ambassadeur d'Autriche, à Paris. PoiGNAND (Xavier), propriétaire, cultivateur industriel pour Tutilisation générale du Maïs, à Chalon-sur- Saône. r Roujorx (le baron de), conseiller d'Etat, directeur des Colonies, au ministère de la marine et des colonies. Senior (Nassau William), maître es arts, membre cor- respondant de l'Académie des sciences morales et politiques, à Londres. Vâssel, agriculteur-éleveur, vice-président de la Société d'agriculture de Beauvais, maire d'Hétomesnil (Oise). — MM. Mestre et le vicomte de Valade adressent leurs re- mercîments pour leur récente admission. — M. le Ministre de l'agriculture, du commerce et des tra- vaux publics informe la Société qu'il vient de lui accorder une subvention de 1500 francs. — Des remercîments sonl adressés pour cette nouvelle preuve de la sympathie de M. le Minisire. Une lettre du même Ministre annonce que, roniormément au désir de S. M. l'Empereur, une partie des plantes recueillies en Chine par M. Simon, sera mise à la disposition de la Société pour qu'elle puisse faire les études nécessaires à leur accli- matation. — M. Drouyn de Lhuys fait connaître qu'il a appris de M. le baron de Seebach, ministre de Saxe et membre de la Société, que S. M. le roi de Saxe, un des membres protecteurs de la Société, a résolu de fonder, à Dresde, un jardin zoologique d'acclimatation. M. le baron de Seebach exprime le désir que le concours de la Sftciété soit assuré, en cette occasion, h son gouvernement. l'HOCÈS-VERIiAUX. ^'2\ — M. Hardy aunuiice que S. Exe. le gouverneur général de l'Algérie vient, par arrêté, de transformer la pépinière centrale du Hamma, près Alger, en jardin zoologique d'acclimatation. — La Société d'émulation des Gôtes-du-Nord fait savoir qu'elle a décidé de former, dans son sein, une section d'accli- matation, et demande que la Société veuille bien lui transmettre ses avis et tous les documents nécessaires pour la guider dans cette fondation. — Les documents ont été envovés. — Le directeur de l'exposition universelle de Metz demande ([ue la Société veuille bien faire ex])oser, dans le local atïecté, des plantes et des animaux susceptibles d'accHmatation. — Quelques renseignements sont donnés par M. le Président à propos d'une carte personnelle remise par un de nos con- frères à une personne étrangère à la Société, et saisie au Jardin zoologique du bois de Boulogne. M. le Président rap- pelle que les cartes sont essentiellement personnelles et ne peuvent être valables qu'entre les mains des titulaires. — M. de Montigny annonce que , désireux de faciliter la visite de sa splendide collection d'antiquités cbinoises (rue du Centre- Beaujon, 13), il a pris des mesures pour que tous les membres de la Société y soient reçus, avec les personnes qui les accompagnent, sur la présentation de leur carte. — M. Ramel transmet la traduction, parextraits, ducompte rendu de la situation du jardin botanique et zoologique de Melbourne, et la traduction du dernier rapport de M. Mueller. (Vov. au Bulletin.) — M. Richard (du Cantal) adresse des renseignements rela- tifs au troupeau de Souliard (renvoyés au Gonseilj, et fait par- venir de très beaux spécimens de la laine de métis d'Angora, deuxième croisement. — M. Louis Roget annonce Tenvoi par M. Auguste Turret- lini, de Genève, d'un jeune Cbamois qu'il destine au Jardin du bois de Boulogne. ~ Remercîments. — M. le gouverneur de la province de Sondrio (Italie) écrit pour demander les conditions auxquelles il pourrait se pro- curer des Alpacas et Lamas, dont l'introduction paraît devoir offrir (le grands avuntages pour son pavs. 222 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOULOGIQLE d'aGCLIMATATION. — M. Paul Troy, de Labaslide de Sérou (Ariége), demande qu'il lui soit confié par la Société quelques Alpacas et des Chèvres d'Angora , . auxquels ses propriétés offriraient de nombreux avantages. — Renvoi à la Commission. — Le Muséum d'histoire naturelle adresse ses remercîments pour le don que la Société vient de lui faire d'un Coati et d'une gronde Harpie, ou Aigle destructeur, provenant de l'envoi fait de Cayenne par MM. Chapuis et Bataille. — M. Rufz de Lavison transmet une Note de M. Muteau, premier président de la Cour impériale de Dijon et membre de la Société, sur une ponte de Cigognes en captivité, ayant eu Heu après quinze ans d'interruption et de captivité. Il annonce, en même temps que les Cygnes à cou noir de M. Le- preslre ont pondu quatre œufs, mais il n'est né qu'un seul petit qui se développe bien. — M. Hardy écrit d'Alger, que, malgré le mauvais temps, il élève en ce moment une nouvelle génération d'Autruches. — M. Beaussier a adressé à la Société mille œufs de Perdrix Gambra qui ont été distribués au Jardin du bois de Boulogne, au Muséum et à vingt-sept membres. Il est parvenu depuis un nouvel envoi de cent œufs recueillis et expédiés par les soins de notre zélé confrère. — M. Bourgeois adresse ses remercîments pour les œufs de Perdrix Cambra qui lui ont été envoyés. — MM. Haentjens et Delisse adressent des demandes d'œufs de ces Perdrix et d'autres oiseaux. — M. Aubry Lecomte signale l'intérêt qu'offrirait l'acclimata- tion en Europe de quelques oiseaux de la Nouvelle-Calédonie, et particulièrement àwRhijnochetos jiibatuSy et propose de faire venir plusieurs spécimens de ces animaux. — Remercîments. — M. le docteur Turrel adresse une note sur l'utilité du Vanneau comme insectivore. — Des réponses au QueHiunnaire sur la Vipère sont trans- mises par M. le sous-préfet de Lure, M. le président de la Société d'histoire naturelle de Colmar, et par M. Savardan. — La chambre de commerce de Constantine et la Société d'horticulture etd'acchmatation de Tarn-et-Garonne adressent PROCÈS-VERBAUX. 223 leurs remercîments pour l'envoi qui leur a été fait de pfraines de Ver à soie du Mûrier. — Des demandes de graines de Ver del'Ailante sont adressées par MM. Saint-Marc Girardin et le marquis de Vibraye. Ce der- nier se met à la disposition de la Société pour toutes les expé- riences de sériciculture pour lesquelles les nombreuses va- riétés de Chênes qu'il cultive pourraient être de quelque utilité. ~ M. J. Hayes (de Chandernagor) adresse l'envoi de onze cocons vivants de Bombyx Mylitla , qui, comme les précé- dentes, sont arrivés éclos et étouffés. — Des demandes de graines et de plantes sont adressées par MM. Denis (d'Hyères), Turrel, Léonard de Glatigny etDelisse. — Des remercîments pour des envois de plantes du Pérou, provenant de M. Baraquin , sont adressés par MM. Rufz de Lavison, au nom de la Société du Jardin d'acclimatation, et Decaisne, au nom du Muséum. — M. Brierre (de Riez) adresse un nouveau Rapport sur les plantes exotiques qu'il cultive avec un remarquable succès. — M. A Dupuis fait hommage à la Société, au nom de M. Cor- tambert, de deux mémoires intitulés : Essai sur la chei^elure des différents peuples, et Tableau général de rArnérirpie; rapport sur les progrès de r ethnographie et de la géographie en Amérique pendant les années lSr,S et '}Sb9, in-8% J86I. — M. A. Duméril offre à la Société , au nom de M. Achille Costa, un mémoire intitulé : Osservazioni sull'allevamento dei bachi de seta del semé Chinese, portato in Italia al Castellani, eseguito in Napoli a cura del reale Istiluto d'in- coraggiamento^ in- 4", 1860. — La Société reçoit en outre : de la part de M. le professeur Clos, un Mémoire sur les Cladodes à axes ailés, et un Nouvel aperçu sur la théorie de l'inflorescence ; de la part de M. Paul Troy, un travail intitulé : Etude sur le reboisement des mon- tagnes; de la part de M. Gehin, le n» 5 de ses Notes pour servir à l'histoire des insectes nuisibles à l'agriculture, à l'horti- culture et à la sylviculture dans le département de la Moselle ; et de la part de M. Ouvière, par l'entremise de M. Margollé, le Cosmographe, Observatoire vraiment populaire. — Des remercîments sont adressés à chacun des donataires. 23A SOCIÉTÉ IMPÉUIALK ZOOLOl.lQlE d'aCCLIMATATION. — M. Delaniotte a fait connaître à la Société que son beau- Irére, M. F. de Lesseps, a fait don à la Société de deux Flam- inants pris sur le lac Menzaleh, et les a exi)édiés par la voie de Suez. Ces beaux oiseaux sont arrivés en bon état. — M. Rufz de Lavison annonce que le Lophophom vient de pondre son premier œuf au Jardin du bois de Boulogne. — Conformément à l'ordre du jour spécial de la séance, la Société est appelée à délibérer sur le projet d'érection d'une statue à Daubenton. Il est donné lecture de deux lettres de M. le Maréclial Vaillant, et de M. de Niemverkerke , qui ac- ceptent de faire partie de la commission désignée pour s'oc- cuper des détails relatifs à cet bonunage rendu à Daubenton. M. Drouvn de Lhuvs donne lecture d'un Rapport concluant à la prise en considération de la proposition d'élever une statue. Les conclusions de ce Rapport sont adoptées à Funanimité par la Société, qui décide : 1" l'érection de la statue à Paris ; S** la coniirmation du choix fait par le Conseil pour la compo- sition de la commission d'organisation ; i^"* sa souscription en tête de la liste pour une somme de cinq cents francs. La Société, sur la proposition de M. Debains, vote l'im- pression immédiate du Rapport de M. Drouvn de Lhuys et de,s listes de souscription. — M. Poianand met sous les yeux delà Société sa magniiique collection de Mais, et donne quelques détails sur l'intérêt par- ticulier que présente chacune de ces variétés. — M. Vavasseur doniui lecture de la fin de son travail sur les bêtes à laine de la Cordillère des Andes , et otfre à la Société, au nom de M. le baron Larrey, le travail manuscrit de M. Larrey père sur les Vigognes. — Des remerciments sont adressés à M. Larrey pour ce don précieux. M. Guérin-Méneville donne quelques détails sur le Ver à soie sauvage du Japon, dont les graines ont été envoyées par M. Duchesne de Bellecourt, et qui, jusqu'à présent, s^3St par- faitement élevé à l'aide de feuilles de Chêne {Qucreus pedun- culata). (Voyez au Bulletin.) Le Secrétaire des séance.'^, L. SOUBEIRAN. IV. BULLETIN MENSUEL DES CONFERENCES ET LECTURES. COM'ÉRE>CE DU 16 MAKS 18G1. Sur les sèves laiteuses (caoutchouc, gutta-percha, etc.), par M. U. Iîev£1l. M. Ueveil, dans cette conférence, après avoir défini les sucs laiteux et indiqué les vaisseaux dans lesquels ils sont situés, ainsi que leur composi- tion générale, dit quelques mots du lactucarium, de la Chélidoine, de la Sanguinaire du Canada, il insiste sur le lait de TArbre à la vache {Galacto- dendron utile); sur TAntiar des Javanais {Antiaris toxicaria), que les Javanais emploient pour empoisonner leurs flèches ; sur le Jaquier ou Arbre à pain {Artocarpus incisa et integrifolia), dont les fruits cuits servent de pain à une partie des peuples de la .Malaisie et de Tinde ; sur la Piratinera yuianensis, xVublet, dont les mouchetures du bois ressemblent à des carac- tères chinois, ce qui lui a fait donner le nom de Bois de lettres de Chine. A propos des Figuiers, M. lieveil dit quelques mots du Ficus religiosa, sur lequel vit la Cochenille {Coccus lacqua) qui produit les laques en grains, en masses et en bâton. 11 indique en quoi consiste l'opération de la caprifi- ration, pratiquée dans le Levant sur lei^^/cuscar/ca, et le rôle de cette opé- ration ; il cite encore comme donnant des sucs laiteux certaines plantes des Gutlifères, des Asclépiadées, des Euphorbiacées ; comme plantes susceptibles d'acclimatation qui peuvent fournir du caoutchouc, le Figuier commun {Ficus carica) et VAsclepias sgriaca sont signalés. Arrivant à l'histoire du caoutchouc, M. Réveil dit que les Indiens connais- saient cette substance sous le nom de cahuchu. La Condamine la fit connaître en 171^5 ; Ilesnau et Macquer, en 1751, présentèrent mi mémoire à l'Académie des sciences sur la gomme élastique; mais ce n'est qu'en 1800 que le caoutciiouc reçut quelques applications sous le nom de gomme élastique et de Indian rubber en Angleterre. En 1830, la quantité importée en Angle- terre était de 56 000 livres seulement; en 18Z|2, elle était de 800 000 livres, et aujourd'hui elle dépasse à OUO 000 de livres. Analysé par Faraday, le caoutchouc a été reconnu comme composé d'hydrogène et de carbone, C^H'. ]MM. Faraday, Bouchardat, iiimly, Gregory, Payen, etc., etc., ont étudié le caoutchouc au point de vue chimique. Après avoir indiqué les propriétés physiques qui rendent le caoutchouc très précieux dans ses nombreuses applications, M. Ueveil fait connaître ses propriétés chimiques, ses dissolvants, les produits de la distillation sèche ; il analyse ensuite rapidement les travaux successifs de Macintosch, Hancock, Godyear, etc.; il dit quelques mots des progrès de celte industrie en France et des services rendus par MM. lialtier, (Juibal, (ialaute, Gariel , etc., etc. Passant ensuite à la vulcanisation du caoutciiouc, M. r»e\ eil signale les dan- gers du sulfure de carbone ; il dit quelques mots d'un travail remarquable de M. le docteur Delpech, agrégea la Faculté de Paris, sur celle importante question d'ingiène. T. Mil. —Mai 1861. 15 '2'lij 8UC1ÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'acCLIMATâTION. l'assant à roiigiiie des divers caoïilclioucs et les plaçant par ordre de qua lité, M. Réveil dit : !■' Que le caoutchouc du Para, du Brésil, de la Guyane, de la Colombie, est produit par le Siphonia elastica, Persoon, Jatropha elastica, L. , Jatropka cahuchu, R., Hevea guianensis, Aubl., Euphorbia punicea et picta. 2" Les caoutchoucs de l'Inde, produits par divers Ficus, elastica, reli- (jiosa, sycoviorus, etc. 3° Les caoutchoucs de Java et de l'archipel Indien, produits par VUrceolaria elastica , Apocynée grimpante et gigantesque. Zi° Le caoutchouc du Gabon, de mauvaise qualité. On ne connaît pas la piaule qui le produit. Quant aux procédés d'extraction des caoutchoucs , ils varient selon les locahtés. M. Réveil indique les procédés indiens, américains et celui de M. Anthoine : il tait connaître également les différentes méthodes d'incision des arbres et des récoltes des sucs laiteux, ainsi que leur conservation. Enfin il termine ce qui est relatif au caoutchouc par Ténumération de ses princi- pales applications. Après avoir dit quelques mots de la gonune exlejisible produite par un Artucarpus, et qui nous vient du Gabon et de Singapore, M. Réveil insiste sur la gutta-perclia de Boriiéo, de la Malaisie et de Singapore, introduite en France en 1 8^6, déjà connue en Angleterre en 1 8ûo. V Isonandra gufta, Ilooker, de la famille des Sapotacées, (jui produit la gutta-percha, est abondant aux îles de la Malaisie. Or celles-ci sont situées à une même latitude que nos possessions de rOcéanie, c'est-à-dire Taïli, la Nouvelle-Calédonie, les îles Marquises. La gutta diffère du caoutchouc par sa consistance pâteuse, sa faible élasticité et son insolubilité dans l'éther; elle est plus soluble dans l'essence de térében- thine. Elle a été examinée, au point de vue chimique, par Soli (de Londres) et par le professeur Soubeiran. Après avoir fait connaître les propriétés chimiques de la gutta-percha, M. Réveil dit quelques mots de la gulla de la (Juyane ou d'Amérique, étu- diée par Al. Bleckrode et par M. Serres, pharmacien à Paris : ces guttas sont connues sous le nom de balata. Le lait de VAchr as sa porta est comestible. Ou connaît leBollelorie du Lucuma mnmmosa; blanc ou Bérowé (Dipholis salicifolia, Alph. DC); le Bolletorie bâtard ou Tovrano {Bumelia nigra et salicifolia), etc. 11 faut encore signaler le Sapota Mulieri, Blum, etVAchras dissecta, comme produisant une gomme élastique de balata. M. Réveil met sous les yeux de l'auditoire divers objets confectionnés par M. Serres avec la sévc de balata ; il insiste surtout sur les fils télégraphiques recouverts de balata, qui pourront rendre d'immenses services, principalement pour la confection des câbles sous-marins; le balata n'al)sorbe pas l'eau et ne se résiniMe pas à l'air connue le fait la gutta-percha. M. Réveil ajoute ([ue les substances isolantes sont douées d'un pouvoii- inducteur spécifique variable, et laissent plus ou moins passer l'électricité, suivant la manière dont elles sont prépcU'ées etleur origine : Le caoutchouc isole mieux que la gutta, mais il est susceptible d'absorber de 20 à 25 pour 100 d'eau; la gutta se laisse moins pénétrer. CONFÉl'iENCKS ET LKCTIJRES. 227 Le baiala isole aussi bien que la guUa el ne se laisse paspeiiélrtr pari'eau. D'après les expériences du docteur Guillemin, le pouvoir inducteur, ou, si l'on aime mieux, l'induction spécifique du caoutchouc n'est que les 7/10^* de celle de la gutta ; ce qui veut dire que la charge électrique d'un câble du caoutchouc ne serait que les 7/10'" de celle #un pareil câble confectionné avec la gutta. M. Réveil rappelle, en terminant, que quatre plantes peuvent plus spéciale- ment être cultivées en France, au point de vue de l'extraction du caoutchouc ou de corps analogues ; ce sont : le Ficus carica, VAsclepias syriaca^ le Periploca grœca et les Bumelia. CONFÉllEiNCE DL 20 AIARS. De la nutrition dans les animaux, par M. le docteur Auzoux, auteur de Tanatomie élastique (1). M. le docteur Auzoux explique, à l'aide de ses préparations artificielles, comment la vie ne s'entretient qu'à la condition de réparer par l'alimenta- tion les pertes que font continuellement les organes. 11 démontre que toutes les parties solides ou fluides se renouvellent sans cesse ; que l'art de conserver la santé consiste à maintenir l'équilibre entre les dépenses et les recettes ; que ces conditions d'équilibre sont subordonnées, non-seulement à la quantité, à la qualité des matières nutritives, introduites dans l'économie, mais encore à l'exercice et aux influences atmosphériques. Il démontre que si la connaissance de ces conditions que l'on appefle lois physiologiques, lois hygiéniques, est nécessaire pour la conservation de la vie, elle n'est pas d'une moindre importance pour la production de la matière animale, pour l'amélioration des races, pour l'acclimatation et la multipli- cation des indi\idus. Mettant successivement sous les yeux de ses auditeurs tous les appareils qui composent la machine animale, il les fait en quelque sorte assister à toutes les phases par lesquelles doit passer la matière alimentaire pour arri- ver aux molécules organiques, qui s'en <;mparent et se l'approprient. Il démontre que, par le régime, l'honnne peut à volonté motlilier la matière animale, influer sur la qualité, sur la quantité; développer ou atrophier les organes, en changer la forme et la puissance ; que pour avoir une idée des effets de l'alimentation, il est nécessaire d'étudier chaque ali - ment, les éléments qu'il contient, leurs combinaisons et réactions diverses, leur élaboration dans les voies digestives, leur assimilation dans les organes. 11 dit comment par la digestion se forme le chyle, à la condition de faire subir à l'aliment une série d'opérations très diverses. Comment, par la respiration, le chyle, mis en rapport avec l'air, devient du sang. (I) De /./.ato (/t/aoj, rompre, briser. C'esl-a-diie Modetei d'afinfomie coirposes de pièces solides, qui peuvent aisément se monler el d'^mrm'er, s'enlever une a une, comme dans une veriiable di^sertion. 228 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGJQUE d'aCCLIMATATIOiN. Comment, par la 'circulation, !c sang est porté par les artères dans chaque molécule qui constitue les organes. Comment, dans cette molécule, une partie du sang est décomposée et changée en matière propre à faire tous les produits animaux. Et comment, après avoir traversé la molécule organique, la partie du sang non utilisée, privée de ses principes vivifiants, est reprise par les veines, rapportée dans le cœur, puis dans le poumon, où elle est revivifiée par la présence de Tair et Taddition du chyle. 11 démontre que pour parvenir au degré de division nécessaire pour for- mer du chyle, il ne suffit pas que Faliment soit trituré, grossièrement divisé; il faut qu'il soit liquéfié , liquéfaction qui n'est possihlc que par l'action d'a- "■ents chimiques, de ferments, qui se trouvent dans les fluides sécrétés par le tube digestif ou ses dépendances. Il rappelle que les aliments sont composés d'oxygène, d'hydrogène, de carbone, d'azote et de quelques parcelles de matières inorganiques; Que ces éléments s'y trouvent dans des proportions très différentes ; que les deux premiers éléments, oxygène, hijdrogene, s'y trouvent en grande quantité sous forme d'eau ; Oue l'azote est l'élément le plus actif; que l'aliment tiré du règne animal contient plus d'azote et proportionnellement moins de carbone que l'aliment tiré du règne végétal ; Que l'aliment tiré du règne végétal contient moins d'azote et proportion- nellement plus de carbone que l'aliment tiré du règne animal ; Que la chair des vieux animaux contient plus d'azote que celle des jeunes ; Que les graines en contiennent plus que les parties vertes de la plante. Divisant les parties constituantes de l'aliment en : Éléments azotés. Éléments non azotés , Et matières grasses, il démontre que dans la salive se trouve un ferment, appelé diastase, qui a la propriété de changer en sucre les molécules non azotées ; Dans le suc gastrique, un principe ou ferment, appelé pe/)s/7ie, qui dissout les molécules azotées ; Dans la bile sécrétée par le foie, un principe alcalin qui se combine avec les corps gras et en forme des acides gras ; Dans le suc pancréatique, la pancréatine, qui a la propriété d'émulsion- ner les acides gras. Après avoir dit comment toutes les parties constituantes de l'aliment non susceptibles de s'assimiler sont rejetées au dehors; comment les parties assimilables sont liquéfiées, chylifiées, changées en sang, il rappelle que chaque molécule organique vit, et que la vie ne s'y entretient qu'à la condi- tion de recevoir une gouttelette de sang ; que non- seulement elle vit, mais qu'elle fonctioime et qu'elle a la propriété de décomposer le sang ; qu'en passant à tra\ers cette molécule, non-seulement le sang, qui était rouge, s:ing artériel, devient noir, sang veineux ; mais qu'une certaine quantité de CONFÉRENCES ET LECTURES. 2*29 sang est changée par la puissance de cette molécule eu matière animale. Du sang est porté dans les myriades de granulations qui composent la peau, est changé en transpiration cutanée; porté dans la peau qui tapisse les voies aériennes, il est changé en transpiration pulmonaire ; Dans la peau qui tapisse les voies digestives, en transpiration intestinale; Dans les os, il est changé en sels calcaires ; Dans le tissu cellulaire, en graisse ; Dans les muscles, en fibre musculaire ; Dans les glandes salivaires, en salive ; Dans les glandes lacrymales, en larmes : Dans les glandes mammaires, en lait ; Dans le foie, en bile ; Dans le rein, en sécrétion urinairc ; Dans le cuir chevelu, en matière propre à faire des cheveux ; Dans la glande séricicole du Ver à soie, en liquide soyeux; Dans la peau de certains animaux, en matière propre à faire de la laine. Toutes les sécrétions, toutes les productions animales , sont toujours le résultat de la décomposition du sang, qui est le produit de Talimentation. ^ Dans une autre séance, il se propose de dire comment l'homme, muni de ces connaissances, peut améliorer, perfectionner les instruments de la vie ; diriger Tafflux du sang vers tel ou tel organe, en favoriser ou arrêter le développement; modifier la forme des êtres, et particulièrement celle du Cheval, dont il s'occupera plus spécialement. CONFÉRENCE DU 3 AVRIL. De la domesticité animale, ses caractères et ses conditiom, son avenir^ par M. IlOLLARD. Après avoir jeté un coup d'oeil sur l'ensemble des relations des sociétés humaines avec les êtres animés, avoir ramené ces relations au double fait d'un refoulement, souvent même d'une extinction graduelle de beaucoup d'espèces auxquelles nous dispuions le sol, et d'imc conquête d'autres es- pèces dont nous tirons un parti plus ou moins avantageux; après avoir mon- tré combien jusqu'ici les espèces pourchassées, surtout celles qui ont échappé à notre influence, sont plus nombreuses que celles dont nous avons pris possession, M. Ilollard a étudié la nature de nos relations avec ces dernières espèces. Il a fait de celles-ci trois catégories : les unes, et c'est le plus grand nombre, sont laissées à l'état sauvage, et doivent être multipliées dans cette condition, soit par des naturalisations d'animaux étrangers, soit par une protection bien entendue, et cela à titre de ressources alimentaires, ou de productions industrielles, ou enfin comme destructeurs d'espèces nui- sibles ; d'autres sont apprivoisées, c'est-à-dire nous fournissent des individus, quelquefois même des races habituées à vivre près de nous, mais dans un état de familiarité plutôt que d'association, et avec des tendances pronon- cées à reprendre leur indépendance et les habitudes de la vie sauvage; 530 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLLMATATION. d'autres enfin ont accepté Thomme comme chef, et se sont données à lui, elles vivent dans im état de véritable domesticité, mais proporlionné à la civilisation de leurs maîtres, à leurs aptitudes intellectuelles, et à leurs qualités aiïectives. M. Hollard s'est attaché à faire ressortir, par des exemples et des détails de mœurs , Ips vrais caractères de la domesticité par comparaison avec le simple apprivoisement ; il n'a eu en quelque sorte qu'à reprendre à cet égard les belles études de ses prédécesseurs, et notam- ment de Frédéric Cuvier, celles aussi du Président de la Société. C'est aussi en suivant les mêmes traces qu'il a pu ensuite montrer que la vraie domes- ticité a toujours pour condition première, mais non pas unique, l'instinct dp sociabilité, traduit dans les mœurs naturelles par les habitudes p;régaires. A celte donnée fondamentale s'ajoutent, dans tous nos animaux domesti- ques, des aptitudes qui favorisent ou limitent plus ou moins leur accepta- lion volontaire de la soumission et des services que nous leur demandons, fj'animal domestique est noti-e conquête par excellence: c'est dans cette relation que se réalise au plus haut degré l'empire que le règne humain est appelé à exercer sur le règne animal. Et c'est ici que nous trouvons nos ani- maux les plus utiles, car ce ne sont pas seulement des matières alimentaires ou propres à l'industrie que nous leur devons, c'est une véritable auxiliarité, et une auxiliarité dont nous cherchons à étendre et à varier les applications en multipliant les races du petit nombre d'espèces domestiques dont nous avons hérité, ou en prenant possession de celles que peuvent nous fournir des peuples étrangers. M. Hollard insiste en conséquence sur l'importance des conquêtes nouvelles que la Société a déjà entreprises sur l'état sauvage. Connaissant, d'une part les conditions de la domestication, de l'autre les groupes d'animaux qui nous oifrenl les aptitudes requises, nous savons aujourd'hui de quel côté diriger nos expériences et nos efforts ; nous savons même que les difficultés que Ton pourrait craindre de rencontrer dans la différence des patries géographiques et des conditions climatériques ont été surmontées pour plusieurs espèces introduites dans nos parcs, et qui s'y re- produisent. Tl n'y a donc pas plus à hésiter sur les chances de réussite que sur les avantages de multiplier, en même temps que les diversités des races, celles des espèces: celle-ci, étant une diversité naturelle, est bien moins précaire que celle qui est due à l'art, laquelje ne se maintient qu'à la faveur de procédés spéciaux et de précautions incessantes. Il est inutile d'ajouter que, dans le cours de cette étude, M. Hollard a constamment appuyé d'exemples et de faits les idées dont l'espace ne nous a permis de donner ici qu'une rapide analyse. COiNFÉRENCE DU 6 AVRIL. Des Vers n soip donipfifiqiips et sauvages, par M. F.-E. Glérix- Mî':^"KVILLE. Si ces conférenct's, dit M. Guériii-Méneville en commençant, n'étaient pas la suite il<'s propositions que j'ai faites dès les premières années de la ton- CONFÉRENCES ET LECTURES. 2Sl dation de notre Société, je croirais devoir féliciter notre illustre Président d'avoir bien voulu réaliser mon idée. Je dois nie borner à le remercier, car ma paternité dans cette question m'interdit tout éloge. Le sujet est si vaste, qu'il aurait fallu plusieurs séances pour le traiter un peu à fond. Pour le renfermer dans une conférence, M. Guérin-îMéneville s'est borné à présenter une espèce de sommaire de son cours de séricicul- ture de la magnanerie expérimentale de Sainte-Tulle. Il a présenté d'abord quelques considérations générales sur l'industrie de la soie, en montrant que dans tous les pays où elle a pu s'implanter, elle a apporté l'aisance et même la ricbesse. Cette belle production, que les habi- tants du midi de la France ont appelée le pain industriel de la ville de Lyon, a toujours été l'objet de la sollicitude des souverains de la France : et il cite en preuve Henri IV, qui est parvenu à introduire le Ver à soie ordinaire dans la grande culture, et .\apoléon III, qui veut y introduire le Ver à soie de l'Allante, que l'on élève en plein air et presque sans main- d'œuvre. L'industrie de la soie a paru tellement importante, qu'elle a donné lieu ci une foule de publications dont le catalogue formerait un gros volume. Les poètes Tout chantée, et, de nos jours, une de nos plus gracieuses muses, madame Anais Ségalas , dans une délicieuse poésie intitulée Lps ouvriers du bon Di'eii, disait : Le Ver à soie, actif fournisseur de Lyon, Sans vouloir de brevet pour son invention, Fit sur un mûrier tdanc votre éducation, 0 grands industriels, apprentis des insectes, (ialant fileur, sans rien garder de son butin, Aux femmes il offrit sa coque toute pleine. Plus charitable encor que le grand saint Martin, Qui donna la moitié de son manteau de laine, il nous livre en entier son manteau de satin. M. Guérin-Méneville a donné ensuite une idée rapide des mœurs et des miraculeuses métamorphoses des Lépidoptères, qui, débutant par être de hi- deuses et voraces chenilles, se transforment en élégants et légers papillons, véritai)les bijoux de l'air, dont la courte existence est alors tout éihérée, toute consacrée à l'amour et aux fleurs. Après avoir piésenté les résultats de ses seize années d^études théoriques et pratiques du Ver à soie ordinaire, faites dans le midi delà France, l'Ita- lie, la Suisse, l'Espagne et rx\lgérie, M. Guérin-Méneville a émiméré les diverses espèces de Vers à soie sauvages, déjà au nombre de plus de vingt, dont la Société impériale zoologique d'acchmatalion cherche à obtenir l'in- troduction et l'acclimatalion dans des pays où elle pourrait prospérer. Il a donné rapidement une idée de l'histoire de chacune de ces espèces, dont 5 appartiennent à l'Asie, à à l'Afrique, 8 à l'Amérique et 2 à l'Europe, <;t il s'est arrêté un peu plus longtemps sur celles des espèces déjà e^i voie d'ac- 232 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUÉ D ACCLIMATATION, climatalion ou acclimatées, telles que les Vers à soie du Chêne, du Hicin et de TAilante. M. Cuéiin-Méneville ne considère une espèce comme acclimatée que lorsqu'on a démontré : 1" Qu'elle peut vivre dans la nouvelle localité où elle est introduite comme dans son propre pays d'origine; 2" Que srs produits y sont utiles; 30 Qn^ Tagriculture peut trouver de l'avantage à l'élever en grand. Dans ces conditions, et panui les insectes, il ne voit que le Ver à soie de l'Allante que Ton puisse considérer, jusqu'à présent, comme réellement ac- climaté. Il est entré dans quelques détails sur cette espèce, en les puisant dans deux ouvrages qu'il a publiés récemment, [et qui ont pour litres, le premier: Rapport à S. M. l'Empereur sur les travaux entrepris par ses ordres, pour introduire le Ver à soie de VAilajite en France et en Algérie (ouvrage pui)lié par ordre de S. M. , à l'Imprimerie impériale) ; et l'autre : Éducation des Vers à soie de l'Ailante et du Ricin, et culture des végé- taux qui les nourrissent (Paris, chez M. A. Marchand, rue des Petites- Kcuries, 50). Il a rappelé que la Société d'acclimatation, beaucoup de pro- priétaires et même S. ]\1. l'Empereur, ont protégé ses débuts, qui, malgré cet appui, ont été très difficiles ; mais que le concours des dames, toujours acquis à ceux qui cherchent à apporter le bien-être chez les classes pauvres, a soutenu son courage en lui montrant qu'il luttait pour une bonne cause. M. Guérin-.Aléneville a annoncé ensuite qu'une association de proprié- laires était organisée par M. A. Marchand, membre de la Société d'acclima- tation, pour préparer le développement de cette utile et fructueuse industrie. Ainsi, la propriété va faire ses affaires elle-même en conservant toute son indépendance; la Société I'Ailamike mettra M. Guérin-Méneville à même de planter en Allantes le terrain que l'Empereur a daigné lui concéder sur la ferme impériale de Vincennes (à Joinville-le-Pont), et il pourra y établir une sorte de ferme école spéciale, dans laquelle il donnera un ensei- gnement pratique indispensable aux nombreux agriculteurs qui ont fait des plantations d'Allante. La grande propriété est donc appelée aujourd'hui à doter le pays d'une industrie agricole qui va devenir une source de richesse pour la France et l'Algérie {Moniteur du 2/i mars 1859). En terminant, M. Guérin-Méneville a annoncé aussi que des éducations expérinif iitales de Vers à soie ordinaires, et d'espèces étrangères en voie plus ou i;ioins avancée d'acclimatation, seraient faites, sous sa direction, à la magnuierie du Jardin, du bois de Boulogne, et qu'il y donnerait de iemps en temps, et dans la magnanerie même, des explications sur les di- verses eNpérienciis qui y seront organisées. Le Secrétaire des séances^ L. SOUBEÎRAX. Y. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. ComniSssion pour l'érection d'une statue à Daubenton. La Commission a (Mé ainsi organisée, après la lecture du Rapport de M. Drouyn de Lhuys (voyez ci-dessus), et son adoption par la Société : Le BUREAU DE LA SOCIÉTÉ, composé de: MM. Is. Geoffroy vSaint-Hilaire, presidejif ; le prince de Beauvai:, Drouyn df. Lhi'Ys, a. Passy et Richard (du Cantal), vice-présidents ; le comte d'ÉPRÉ- MESNiL, secrétaire général ; E. Dl'pin, Guérin-Méneville, le comte de Sinéty et L. SouBEiRAN, secrétaires; P. Blacqle, trésorier, et E. Cosson, archivisie. Et MM. Ch. de Belleyme, juge au tribunal de 1"^ instance delà Seine. J. Cloquet, membre de l'Institut. F. Dayin, manufacturier, filateur de laines. Debains, membre du Conseil et du Comité de direction du Jardin zoolo- gique d'acclimatation. A. DuMÉRTL. professeur-administrateur au Muséum d'histoire naturelle. ÉLIE de Beaumont, sénateur, membre de l'Institut, professeur au Collège de France. F. Jacquemart, vice-président du Conseil et. du Comité de direction du Jardin zoologique d'acclimatation. JoMARD, membre de l'Institut. Monny de Mornây, directeur de l'agriculture. McTEAU, premier président de la Cour impériale de Dijon. Le comte de Nieuvverkerke, membre de l'Institut, directeur général des Musées impériaux, intendant des beaux-arts de la maison de l'Empereur. Renaum, inspecteur général des Écoles vétérinaires, ancien directeur de l'École impériale d'Alfort. Le baron Séglier, membre de l'Institut et de la Société impériale et cen- trale d'agriculture. S. Exe. le maréchal Vaill.ant, ministre de la maison de l'Empereur, membre de l'Institut. Valenctennes, membre de l'Institut, professeur-administrateur au Muséum d'histoire naturelle, Horace Vkrnet, membre de l'Institut. Orj^anisation de nouvelles Sociétés d'acclimatation en iingleterre, en Australie et en Sicile. Si la Société impériale d'acclimatation a été assez heureuse pour voir, dès son origine, ses idées pratiques accueillies partout avec la plus encoura- geante sympathie, et pour constater, chaque jour, de nouveaux progrès dans la voie qu'elle s'est tracée vers un but d'utilité universelle, le développement de ces idées n'a toutefois point encore été aussi remarquable que depuis quelques mois. 53A SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATÂTION. En même temps, en eflet, qu'un certain nombre de jardins d'acclimata- tion s'organisent en Europe, en Egypte, que la pépinière centrale du Hamma près Alger, est transformée en jardin d'acclimatation, nous apprenons qu'une grande Société se forme à Londres, sur le plan de la nôtre, et nous venons d'être informés tout récemment de la création de deux nouvelles Sociétés d'acclimatation, l'une à Palerme, pour la Sicile, l'autre à Melbourne, pour l'Australie. • Les journaux de cette colonie, dont nous devons la communication à M. P. Ramel, renferment, à ce sujet, des rapports pleins d'intérêt dont nous croyons utile de présenter ici le résumé succinct, et que nous regrettons de ne pouvoir reproduire in extenso. INous lisons dans V Argus de Melbourne, du '26 février dernier, que, sur les instances de M. Edward Wilson, une assemblée publique a eu lieu à Mel- bourne, le 25 février, pour l'établissement d'une Société d'acclimatation, sur les bases de celles de Paris et de Londres. Cette assemblée, présidée par S. Exe. sir Henry Barkly, gouverneur de la colonie, présentait une afïluence considérable de l'élite de la population. M. le gouverneur, après avoir rendu justice aux nobles efforts de M. Wil- son pour doter la colonie d'un grand nombre d'espèces nouvelles, a, dans une allocution très remarquable, fait ressortir tous les avantages que l'Aus- tralie est appelée à recueillir de racclimatation entreprise, non plus seule- ment par des particuliers, mais par une puissante association placée sons le patronage du gouvernement. L'Australie a été trouvée, au moment de sa découverte, très dépourvue des espères animales et végétales les plus utiles à l'homme, mais elle est, par compensation, merveilleusement douée de toutes les conditions nécessaires à leur acclimaîation ; les succès déjà obtenus en sont la preuve. La colonie doit présenter un jour à ses nouveaux habitants tous les animaux, toutes les plantes de la mère patrie, si elle veut bien s'appliquer de toute son énergie aux moyens d'arriver à ce résultat. Elle possède déjà, par les elTorls isolés d'un certain nombre de colons, avec la plupart des oiseaux chanteurs, la Perdrix, le Faisan, le Cerf. Si de tels succès ont déjà couronné les tentatives privées, que ne doit-on pas attendre d'une Sociétéqui pourra suivre attentivement les phases deraccHmatation des espèces nouvellement intioduites, et qui auront réussi, ou s'assurer des causes qui les auront fait périr ou en auront empêché la reproduction, et établir ainsi, par cette étude comparative, des règles précises pour les expériences, qu'elle recommencera avec une opiniâtre persévérance, jusqu'à ce qu'elle ait atteint son but ou acquis la preuve de l'inutilité de ses efforts. M. Wilson a ensuite pris la parole, aux grands applaudissements de l'assem- blée. Après avoir rappelé dans un langage plein de conviction et d'entraî- nement les acclimatations individuelles de MM. Chirnside et Austin , les siennes propres ou ceUes accomplies par le Comité spécial de Londres, des espèces énumérées par AL le gouverneur, et auxquelles il faut ajouter les Poissons, qui ont été l'objet d'expériences réitérées, et les Alpacas introduits FAITS DIVERS. 235 sur deux points du continent australien, où ils prospèrent également bien, AK Wilsonfiit connaître les bases princij-ales des statuts de la Société impé- riale d'acclimatation de Paris qui ont servi de modèle à celle de Londres et qu'il propose d'adopter pour la Société de Melbourne. M. le docteur 'Muellcr, appuyant celte proposition, a rappelé que les services rendus par le Comité zoologique, sous l'iinpulsion de AI. Wilson, sont déjà très dignes d'être signalés. Malgré les pertes inévitables dans de premières tentatives , la situation actuelle et le mouvement présent sont très favora- bles. La collection du Comité australien de Melbourne se compose déjà, parmi les quadrupèdes, de î 36 animaux. Le nombre des Alpacas s'y est accru de 19 à 37, auxquels il faut ajouter les trois provenant du troupeau de M. Ledger. Les naissances attendues cette année porteront vraisemblablement le nombre total du troupeau à 52. Le Comité aura donc bientôt un noyau assez consi- dérable pour pouvoir faire une distribution importante d'animaux utiles dans les diverses localités. Il possède 2M Oiseaux, sans compter les chanteurs, qui sont au nombre de 80, en outre de ceux qui ont été mis en liberté. L'assemblée a adopté à l'unanimité la résolution de M. Wilson, ainsi for- mulée : « L'étendue de la surface, la variété du climat, la nouveauté relative de l'établissement de l'Australie, donnent à la question d'acclimatation un intérêt particulier, et l'organisation d'une Société, sur les bases de celles de Paris et de Londres étant extrêmement désirable, cette Société est dès à présent établie. » Le Sydney Herald, du 21 mars, consacre également plusieiu's de ses colonnes au compte rendu de cette assemblée, et il exprime ainsi une pensée déjà souvent émise : « jXous ne doutons pas que si la théorie des échanges par l'acclimatation, d'après un système tout à fait scientifique et pratique, était l'objet des recommandations de l'autorité, toutes les colonies ne se con- certassent dans une action commune, et que toutes les nations ne devinssent bientôt tributaires d'un si grand projet de distribution et de répartition luii- verselle » Souvent les bénéfices d'un pareil système d'échange seraient immédiate- ment appréciables et réalisés, même pour ceux qui sont dans l'âge le plus avancé. Mais nous ne sommes pas d'ailleurs dégénérés à ce point, que nous n'ayons aucun souci du bonheur de ce monde, alors même que vient notre heure de le quitter. Laisser son pays en meilleur état qu'on ne l'a trouvé, voilà le but que doit se proposer tout honune généreux. » L'auteur de ce compte rendu émet ensuite une idée qui mérite d'être signalée et de fixer notre attention. « Ne pourrait-on pas, ajoute-t-il, profiter de la réunion des représentants de toutes les colonies qui vont se rencontrer à la prochaine exposition universelle de Londres, pour invoquer le concours de leur connaissance touie spéciale des contrées qu'ils habitent et élaborer un plan d'action commune ? » -Nous nous plaisons à citer encore un dernier passage de cet organe de lu presse australienne, an sujet de notre Société. . 23(3 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. « En France, dit-il, on a fait de tri's nobles efforts pour acclimater des animaux de diverses contréos et pour former un centre d'opération ; mai» la France a toujours eu l'avance sur l'Angleterre dans ce genre d'amélioration. Nous devons reconnaître la vérité des prétentions de chaque écrivain, de chaque homme d'État franf-ais à soutenir que leur pays a la gloire d'être la tête et le bras de la civilisation du monde. » L'Angleterre poursuit avec vigueur l'idée dont elle s'occupe, son énergie et sa persévérance sont admirables ; mais très certainement les grandes pen- sées et les projeis de bien universel sont, hélas î trop souvent d'origine française. » Nous devons nous féliciter de voir notre œuvre sincèrement appréciée dans un pays dont les immenses progrès, si rapidement réalisés, sont la preuve la plus éclatante de ce que peut l'énergique volonté de l'homme civilisé, et nous saisissons celte occasion de rappeler que, dans sa dernière séance publi- que, notre Société accomplissait un acte de justice, en décernant à MM. Muel- ler et Wilson le titre de membres honoraires, et en déclarant qu'ils ont bien mérité de l'acclimatation. Dons d'animaux vivants de l'Australie et du Soudan. Nous venons d'être informés de l'arrivée à Londres de deux Phasco- lomes wombats, destinés au Jardin d'acclimatation du bois de Boulogne, qui sont envoyés à la Société par M. le docteur Mueller, directeur du Jardin botanique et zoologique de Melbourne. Nous croyons devoir reproduire ici la lettre par laquelle notre honorable collègue annonçait cet envoi à M. le Président : Melbourne, le 21 janvier 1861. Honoré et cher Monsieur , Ayant appris par mon excellent ami, M. Ramel, que vous aviez le désir d'ajouter une paire de Pliascolomes wombats à la brillante collection formée par la Société impériale d'acclimatation, sous votre présidence, j'ai saisi la première occasion qui s'est présentée de satisfaire à votre désir ; j'ai aujourd'hui confié aux soins du commandant du navire Copenhague une paire de ces animaux qui ont vécu plusieurs mois en bonne santé dans notre jardin, et qui, par conséquent, ont chance d'arriver en bon état dans votre établissement. J'espère avoir avant peu le plaisir de vous envoyer une seconde et nouvelle espèce de Wombat de la colonie de l'Australie méridionale, qui se trouve dans le voisinage des golfes de Spencer et de Saint-Vincent. Je pense que vous per- mettrez que le nom de Phascolome Saint-Hilaire soit attaché à cette espèce, comme un témoignage de la profonde vénération que j'éprouve pour ces grands scrutateurs delà nature, portant votre nom, qui ont, depuis plus d'un demi-siècle, illustré le monde scientifique (l). Veuillez agréer, etc. Ferd. Mueller. (1) On sait que le genre Phascolome (Phascolomys) a élé établi en 1803 parP^lienne Geolîroy Saint-Hilaire, d'après des individus ramenés vivants, d'une dos premières expéditions françaises autour du monde, par Péron et I.esjieur. Depuis eeUe époque, on n'avnit pas revu en France de Pliascolomes vivants. (P,J FAITS DIVERS. 237 — La lettre sulvanle vient d'être également adressée à M. le Président par notre honorable collègue, S. Exe. Koenig-Bey, secrétaire des comman- dements de S. A. le Vice-Uoi d'Egypte. Marseille, le 4 juin 1861. Monsieur le Président , Son Altesse le Vice-Roi d'Egypte ayant résolu de faire don à la Société im[>é- riale d'acclimatation de quelques Zébus du Soudan, mâles et femelles, j'ai fait embarquer sur le paquebot qui m'a amené moi-même en France six femelles, dont cinq du Soudan et une de l'Inde, qui m'appartient et dont je désire faire hommage à la Société. Les six Zébus mâles seront embarqués sur le prochain paquebot des Messageries impériales, et consignés, à leur arrivée, ainsi que l'ont été les femelles, à M. Su- quet, directeur du jardin zoologique de Marseille, qui les tiendra à votre dispo- sition. Veuillez agréer. Monsieur le Président, etc. Le Secrétaire des commandements de Son Altesse le Vice Ho i d'Egypte, Koenig-Bey, Le Secrétaire du Conseil^ GUÉRIN-MÉNEVILLE. VI. BULLETIN MENSUEL DU JARDIN ZOOLOGiaUE D'ACCLIMATATION. I. Ponte. — La ponte des Oiseaux ne s'est pas ralentie en mai. Nous avons recueilli 15bl œufs de nos diverses espèces de Poules, 33 œufs de Dinde ; les Palmipèdes en ont produit 318 et les Faisans 108. Les espèces exotiques rares ont commencé à donner des œufs : les Lopliopliores, 3 ; les Autruches, U ; les Faisans de Wallich, 10 ; les Tétras liuppecols (oiseaux qui ne s'étaient point encore reproduits en France), 1 2; les Colins, 70. Les Canards de la Caroline n'ont pondu qu'un seul œuf; il n'y a que les Canards mandarins et les Demoiselles de Aumidie qui soient en retard. La ponte abondante et régulière du Lophophore est une espérance déplus que ce bel oiseau est désormais une conquête assurée pour les volières, et il figurera bientôt à côté dfes Paons et des Faisans dorés de la Chine. D'au- tres motifs nous portaient à le croire. On sait que les Lophophores sont ori- ginaires des contrées nord de l'IIindoustan, dont le climat est aussi tempéré que celui de la France, et que ceux qui sont au Jardin zoologique de Paris proviennent d'une seconde générstion des Lophophores du Jardin de Londres. II. Incubation. — Le résultat général de nos incubations a été d'un tiers poxu' les Poules. La proportion est un peu plus forte pour les Palmi- pèdes. 36 œufs de Faisans divers, Cuvier, mélanote, doré, nous ont donné onze petits. 20 œufs de Colins, 12 petits, et 96 œufs de Perckix (Cambra, 5ù. Nous faisons connaître ces résultats afin que, comparés à ceux obtenus par d'autres personnes et dans d'autres localités, ils servent à faire appré- cier les diverses influences qui peuvent agir sur l'incubation. Nous enten- dons tous les jours des reproches adressés aux œufs clairs des divers mar- chands. Un journal américain a été même jusqu'à publier que tous les œufs qui voyageaieut i)ar les chemins de fer, par suite de la secousse qu'ils en éprouvaient, devenaient flairs. Nous croyons ceci trop généralisé. Nous expédions des œufs à de 1res grandes distances, et nous savons qu'il n'en est pas ainsi. 11 nous suffira d'ailleurs, pour démentir cette assertion, de citer les œufs de Perdrix Gambra qui nous viennent de rAIgérie, après avoir subi plusieurs transbordements de navires à vapeur en chemins de fer, et dont plus de la moitié donnent des éclosions. Nous sommes plutôt porté à attri- buer une fâcheuse influence sur tes résultats de Tincubation à la captivité des animaux producteurs, quoique ce soit le seul moyen d'avoir des races pures dans les grands établissements, et d'éviter les croisements. 11 est cer- tain que nos incubations, quelque soin que nous en prenions, n'auront jamais la réussite de celles qui ont lieu dans les fermes où les Poules sont en liberté, pas plus que les populations des villes ne peuvent prétendre à la vigueur et à la santé de celles de la campagne. IIL — Les naissances des [Mammifères ont été de 3 Chevreaux du Séné- gal, 1 Agneau mâle de Alauchamp, 2 Agneaux romains, 1 Gazelle, 1 Biche cochon, 1 Faon de la biche d'Aristote. JARDIN ZÔOLUGJQUE d'aCCLIMATATION. 239 tV. — La mortalité a été beaucoup moindre que celle des mois précé- dents. Nous n'avons perdu aucun mammifère. Nous ne comptons parmi les Gallinacés que 6 T>oules mortes et 3 Coqs. Presque tous étaient des Crève - cœurs ou des Hollandaises. 1 Cygne à cou noir, 1 Canard de la Caroline et plusieurs petits Échassiers. La plupart de nos volailles mortes provenaient d'un achat récent fait à Gand. Elles nous ont apporté une maladie catarrliale qui paraît être de nature contagieuse. Elles ont été immédiatement séquestrées et soumises à une observation rigoureuse et à des expérimentations dont nous ferons connaître plus tard les résultats. Mais jusqu'à présent nous pouvons dire que l'air du bois de Boulogne paraît être favorable aux Gallinacés. Il ne s'est déclaré, au Jardin, aucune épizootie, malgré le grand nombre d'oiseaux qui y ont été rassemblés de pays très divers, et malgré toutes les conditions défavorables d'un établissement neuf et nouveau. Xous remettons à un résumé spécial de taire connaître les altérations pathologicpies qui nous ont été révélées par l'examen anatomique des sujets morts. Un envoi de petits Échassiers (Barges, Chevaliers, Pluviers, Alouettes) nous a été fait de la petite ville du Crotoy (Somme) , nous en avons déjà perdu plus de la moitié. Dans l'estomac de ces oiseaux de mer qui ont succombé cinq ou six jours après leur arrivée au Jardin, nous n'avons trouvé que des débris d'Algues et d'herbes marines, et pas un grain des aliments qui leur avaient été donnés au Jardin. Ils sont morts évidemment de faim. Nous avons appris que, pour des animaux récemment réduits en capti\ ité, au lieu de les laisser vaguer dans de grands parcs, comme sont les nôtres, il est préférable de les tenir renfermés dans des cages étroites, et de leur placer les aliments pour ainsi dire sous le bec, et de manière qu'ils ne puissent pas ne pas les voir. Nous consignons ici cette observation pour les personnes qui s'occupent d'élever ces sortes d'oiseaux. \. Dons faits à la Société et acquisitions nourelles. — Un Chamois mâle, par M. Turettini; et un Francolin du Cap, /i Damans {Hyrax cappnsis, vulgairement Lapins de roche), 9 Tortues terrestres, dites anguleuses, par S. Exe. sir George Grey, gouverneur du cap de Bonne-Espérance, membre de la Société. Sir George Grty, dans le désir de faire à la Société un don bien plus précieux encore, avait fait capturer trois Zèbres dauws, un mâle et deux femelles. Malheureusement deux de ces individus sont morts avant même leur arrivée à la ville du Cap. Sir Georges Grey a bien voulu annoncer l'intention de faire réparer ces pertes. VL Magnanerie. — La pousse des feuilles a j)ermis ih\ mettr(î la magna- nerie en exercice. L'administration du domaine a misa notre disposition les Mûriers qui se trouvent dans l'île de Neuilly et qui y avaient été plantés par le roi Louis-Philippe. Notre collègue M. Dorel (de l'Ardèche) nous en a aussi envoyé de son déparlement, avec la plus grand»' bienveillance. •2A0 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGiQUE d'ACCLIMATATIO.N. Les éducations comparatives des diverses variétés réunies dans la magna- nerie seront l'objet d'un rapport spécial. L'intéressante collection de ces graines de diverses provenances présente l'ensemble des dons faits à la Société impériale d'acclimatation et au Jardin par le Comice agricole d'xAlais et par MM. Ducbesne de Bellecourt, consul de France au Japon ; Durand, de Saint-Hippolyte (Gard) ; Guérin-Aléneville; ÎVourrigat, de Lunel; Houille Courbe, de Tours; le comte Taverna, deîNlilan; Vallée et Wattecamps. A côté de ces Vers à soie du Mûrier se trouvent les espèces nouvellement introduites, savoir : -,Le Bombyx Cynthia vrai (Ver de l'Allante), graines données par M. (îué- rin-Méne ville ; Le Bombyx Arrindia (Ver du Ricin), jeunes Vers donnés par M. Vallée; Le Bombyx Cecropia (Ver de l'Amérique du jNord), dont les cocons ont été donnés par M. Lavallée, et les jeunes Vers élevés sur l'Abricotier, le Prunier et le Cerisier, par M. Vallée. La magnanerie renferme en outre divers spécimens de cocons de Vers à soie sauvages en cours d'introduction , et de produits manufaciurés des espèces énumérées plus haut. VIL Pisciculture. — Des essais de pisciculture sont commencés par notre collègue M. Millet. M. Seguy, directeur des eaux de Versailles, a bien voulu nous faire don de Carpes, Perches et Gardons. VI. Millet nous a fourni plusieurs milliers d'Anguilles déjà grosses comme le doigt, propres au repeuplement des étangs, mares et viviers, et que nous tenons à la disposi- tion des personnes qui désireraient en acquérir. Ces Anguilles peuvent être transportées à de grandes distances dans des paniers plats garnis d'herbes humides. VIII. Jardin. — La température a été en moyenne, à 6 heures du matin, de 7 degrés centigrades au-dessus de zéro, et à 2 heures après midi, de 19 degrés. Cette température chaude a réveillé la végétation, qui avait été suspendue par le froid du mois d'avril, et les pluies qui sont tombées ont fait beaucoup de bien, surtout au gazon, qui olh'e à présent le plus riant aspect. Deux magnifiques Palmiers de Chine (Chamœrops excdsa)^ don de M. Hardy, ont été envoyés de la pépinière d'Alger et plantés en pleine terre. Le Jardin d'expériences est achevé et en partie planté. Le directeur du Jardin zooloijique d'acclimatation, t Le D' RuFZ DE Lavisox. î. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ. RAPPORT SFR l'examen d'un ÉCHANTILLON DE THÉ DU BRÉSIL, Au nom de la Commission composée de :\L\L J. Gloqlet, Debains, Passy, le comte de Sinety, et L. |B>OLBEIRA^% rapporteur. (Séance du 14 juin 1861.) Au commencement du mois de mars dernier, la Société a reçu de MM. le major Taunay et d'Illiers une petite quantité de Thé fabriqué au Rrésil, et provenant des cultures établies dans la chaîne des Orgues, province de Rio-de-Janeiro. Une commission, composée de MM. Cloquet, Debains, Passy, de Sinety et Soubeiran, a été nommée pour examiner ce pro- duit, et vérifier s'il peut soutenir la comparaison avec le Thé originaire de Chine. Chacun de ses membres a reçu une petite portion de Thé brésilien, et a été invité à faire en particulier toutes les expériences de dégustation nécessaires ; puis la Commission s'est réunie une fois, chez un de ses membres, pour jn'océder à une expérience comparative faite en com- mun. C'est le résuUat de ces diverses investigations que nous avons aujourd'hui l'honneur de vous présenter. n y a déjà un certain nombre d'années qu'on cherche à introduire la culture du Thé dans plusieurs contrées ; mais, dans presque toutes les tentatives, on a dû renoncer à le cul- tiver en grand, parce que les produits obtenus ne présentaient pas à un degré suffisant l'arôme qui est un des principaux mérites du Thé, et surtout parce que les frais de cette culture ne permettaient pas de la continuer avec avantage. Aujourd'hui, il ne reste plus guéiT, en dehors de la Chine, que le Rrésil et Java oii l'on s'occupe, sur une assez grande T. vin.— .luiii 18(11. 16 2Û2 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. échelle, de la culture et de la fabrication du Thé; mais, nous ne nous occuperons que des produits du Brésil, et du poini spécial sur lequel notre avis est demandé. Depuis le commencement du siècle, où le roi Don Joâo VI, réfugié au Brésil, fit venir de Chine Tarbuste à Thé {Thea chinensis), avec une colonie de Chinois pour en enseigner la culture et la préparation du produit, on a continué dans les provinces de Saint-Paul et de Minas à cultiver le Thé, mais sur une petite échelle, la consommation intérieure et le com- merce d'exportation ne s'en étant pas accommodés. Le Thé que nous avons reçu par les soins de MM. le major Taunay et d'IlUers est sous forme de feuilles assez grandes, foncées en couleur, et exhalant, à un degré assez faible, l'odeur particulière aux diverses variétés de Thé. Infusé dans une certaine quantité d'eau, il donne un liquide offrant à un degré prononcé la saveur particulière que l'on trouve dans les Thés de provenance chinoise, mais il s'en distingue par un parfum moindre, ce qui le rend moins agréable au goût. Le mélange, en proportions variables avec des sortes très aromatiques de Chine, fait disparaître cette imperfection du Thé brésilien, et permet d'obtenir ainsi une infusion des plus agréables. Cette imperfection du Thé brésihen, qui jusqu'à présent a été un obstacle à sa consommation, nous paraît devoir être facilement corrigée, en suivant l'exemple que les Chinois eux- mêmes nous ont donné, c'est-à-dire en parfumant au moyen de certaines plantes les feuilles desséchées du Thé. On sait, en eftet, que les Chinois mettent, au miheu des caisses où ils renferment leurs Thés, des fleurs d'Olea fragrans au parfum délicieux d'Oranger, de Jasmimim sambac, et d'autres plantes odoriférantes. C'est une erreur de croire que Todeur du bon Thé lui est naturelle ; et très probablement le jour où les Bré- siliens auront commencé à aromatiser leurs Thés à la manière des Chinois, ils pourront espérer le commerce plus facile et plus considérable d'un produit dont les qualités générales sont bonnes, et auquel il ne manque qu'une qualité, facile à ajouter, pour lui donner toute sa valeur. NOTE HISTOPJOrE « ?iri'. LES BÊTES A LAINE DE LA CORDlLLÈPxE DES AiNDES, Par RI. P. ¥A¥A<§»I^El R , Docteur en médecine. (Séance du 5 avril ISOl.) TROISIÈME PARTIR (1). Ail commencemont do notre siècle, une femme dont, la France ne perdra jamais le souvenir, l'impératrice Joséphine, reprit l'idée de Buffon et de l'abbé Béliardy. Elle demanda, en I8O/4, au roi d'Espagne, et obtint de lui de faire venir de son royaume du Pérou, pour la France, un troupeau des trois es- pèces alors connues de ces animaux. Les ordres que donna Charles IV furent ponctuellement exécutés. Un troupeau fui réuni à la Concepcion, puis à Lima, et dirigé, à petites jour- nées de trois ou quatre lieues, surBuenos-Ayres, où il arriva sain et sauf, mais où il fut obligé de séjourner assez long- temps, à cause des obstacles que la guerre maritime appor- tait aux communications. On ignore le nombre des têtes dont se composait ce trou- peau lors de son arrivée dans la Plata ; on sait seulement que trente-six individus furent embarqués à Biienos-Ayres. Pen- dant la traversée on les nourrit de pommes de terre, d'épis de maïs, de foin et de son. Tout alla bien tant que durèrent les pommes de terre ; mais quand elles vinrent à manquer, les animaux tombèrent malades, et vingt-sept succombèrent pen- dant le vovaae. Neuf seulement arrivèrent vivants, en 1808, au port de San-Lucar : une femelle de Lama pleine d'un Alpaca, deux Vigognes femelles dont l'une pleine d'un Alpaca, (t) Voypz, pour la première parlie, le numéro (ravrîl, pajïot.'îl : ei poiu' la deuxième parlie, le numéro de mai, page 186. , '2hll SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLO(;iQUE d'aCCLIMATATION. trois Alpa-Vigognes et trois Alpacas mâles. Un nouveau danger attendait ces pauvres bêtes à leur débarquement : quelques exaitados, en baine du prince de la Paix, Godoï, qui s'était activement occupé de cette affaire, voulurent les jeter à la mer, et il ne fallut rien moins que la protection beureusement toute- puissante de Venegas, gouverneur de Cadix, pour les sauver d'une mort certaine. Ils furent alors remis à l'intendant de San-Lucar de Berrameda, don Francisco de Teran, qui avait établi dans ce lieu un jardin zoologique célèbre. Là ces ani- maux vécurent pendant quelque temps. Lorsqu'un peu plus tard les armées françaises pénétrèrent dans l'Andalousie, Bory de Saint-Vincent mit ce qui restait du troupeau sous la protec- tion de son général, le marécbal Soult. Bory de Saint-Vincent, aussi habile officier que savant naturaliste, étudia avec soin ces animaux, et en fit même des dessins qu'il perdit à la ba- laille de Vittoria; mais il rapporta en France des échantillons de leur toison, qu'il remit aux membres de l'Académie des sciences chargés de faire un rapport sur un mémoire concer- nant ces animaux que don Francisco de Teran avait envoyé à cette illustre compagnie, mémoire que nous n'avons pu nous procurer, mais dont Antoine Desmoulins a donné un extrait dans son article Chameau du Dictionnaire classique des sciences naturelles^ et dont nous avons tiré les détails que nous venons de donner. On ignore ce que sont devenus les restes de ce précieux troupeau; toujours est-il qu'aucun des animaux ne parvint en France. A la même époque, Larrey, dont le nom restera immortel dans les fastes de la chirurgie militaire , eut occasion de voir à Madrid deux jeunes Vigognes, mâle et femelle, qu'un né- gociant de Cadix avait amenées avec lui du Pérou vers la lin de l'hiver de 1808, et conduites au mois d'avril suivant dans la première de ces villes. Ces animaux ne furent pas incom- modés du changement de cKmat, ni de la différence de nour- riture, jusqu'à l'invasion des fortes chaleurs ; mais alors ils parurent souffrir : il est vrai qu'ils étaient fort mal logés, dans une chambre obscure, rétrécie et mal aérée. Ces détails sont extraits presque textuellement d'une note manuscrite SUR LES lîÈTES A LAINE DES AIVDES. 2/15 el inédite de Larrey, que notre honorable et excellent con- frère, M. le baron Larrey, son fils, a bien voulu nous com- muniquer, et que nous avons sous les yeux en écrivant ces lignes. Cette notice, que notre savant collèi^ue nous a charité d'offrir, en son nom, à la Société, pour être déposée dans ses archives, contient une relation exacte et détaillée, non- seulement des formes, des allures et des mœurs de ces animaux, mais encore une description anatomique de leurs organes des plus exactes et des plus intéressantes, que l'auteur eut occasion de faire tout à son aise, car les deux pauvres animaux moururent peu de temps après, la femelle d'abord et le mâle une quinzaine de jours plus tard. A cette époque, où la guerre maritime avait tourné en France toutes les idées vers les moyens de nous procurer, sur notre propre sol, les produits que nous ne pouvions plus tirer des pays d'outre-mer, la question des bêtes à laine des Andes ne fut pas oubhée. En 1809, M. Leblond appela sur elle l'attention publique par la publication d'une brochure très-intéressante, dans laquelle il démontre la facilité de na- turaliser la Vigogne dans les Alpes et les Pyrénées, sans qu'elle dégénère de son espèce, et fait connaître la laine pré- cieuse de cet animal et l'emploi qu'on en peut faire. Cet appel ne i'ut malheureusement pas entendu. Deux ans après la pubhcation de cette brochure, en 1811, on voyait vivant à Londres, dans Piccadilly, un magnifique Alpaca, à laine fine et longue, qui avait appartenu à un M. Thorpe, du comté de Cambridge, chez qui il avait vécu en parfaite santé pendant plus de deux ans avant d'être exposé à la curiosité publique. Si nous mentionnons spéciale- ment ici cet animal isolé, c'est que c'est à sa présence à Londres qu'est due la })ublication d'un ouvrage anglais fort important, qui parut à Londres en cette même année (1). M. William Walton, auteur de cet ouvrage, le dédia à lord Shefïield, protecteur éclairé de l'industrie lainière en Angie- (l) An Historîcal and Descriptive Account of the four Species of Peru- vianSheeps, etc. In-8°, London, 18H. 2/j6 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOULUGIQLE 1) ACCLIMATATION. terre. Ce livre, l'ail par nn homme fort intelligenl , maib complètement étranger à la science zoologique , contient le résultat des observations recueillies par Fauteur sur les lieux qu'il a visités plusieurs l'ois, et le résumé des notes et des renseignements qu'il s'était procurés de toutes parts. Il ren- ferme une foule de faits des plus intéressants à connaître pour l'histoire des animaux qui nous occupent ; mais i\ n'est pas exempt d'un assez grand nombre d'erreurs, contre lesquelles il faut se tenir en garde. L'auteur y développe, avec beaucoup de clarté et d'exactitude, les immenses avantages que TEurope et surtout TAngleterre devraient retirer de l'introduction de ces espèces , sous le double rapport du commerce et de l'in- dustrie. Il liasse en revue avec beaucoup de soin et pèse avec attention les moyens d'arriver à ce résuUat, et il insiste IVatement sur la nécessité de tenter l'expérience sur une grande échelle. Uien, dit-U, ne s'opposerait à la réussite de cette tentative, en France surtout, dans les xVlpes et dans les Pvrénées, si ce n'est, ajoute-t-il, l'incapacité des Français. Quelle que soit son opinion sur notre habileté, M. \Yalton ne doit pas moins être compté parmi les premiers et les plus zélés propagateurs de la grande idée de Buffon. Malgré l'importance de son ouvrage et tout le zèle qu'il déplova pour faire adopter ses idées, M. Walton échoua com- plètement. La même chose arriva en France quatre ans plus lard, en 1815. Bory de Saint-Vincent soumit alors au gouver- nement un projet relatif à l'introduction dans notre pays des Lamas et Alpacas, et il ofl'rit d'aller lui-même les chercher dans les Gorddlères et de diriger personnellement toute l'ex- pédition. Le moment, malheureusement, n'était pas propice, et aucune suite ne fut donnée à cette proposition. Pendant plusieurs années on ne s'occupa plus de ces ani- maux que comme objets d'études et de curiosité. Plusieurs des ménageries de l'Europe et certains riches amateurs d'his- toire naturelle en possédèrent seulement quelques individus, et particulièrement des Lamas. On n'y vit que très rarement des Alpacas et des Guanacos et jamais de Vigognes, du moins à notre connaissance. SLK LES EÈTES A LAI^E DES ANDES. 2^7 Plus laid le duc d'Orléans, qui ne négligeait rien de ce qui peut contribuer à la prospérité de la France, crut aussi à la possibilité d'introduire le Lama et l'Alpaca dans nos mon- tagnes, et de les naturaliser en Afrique dans les chaînes de l'Atlas. M. de Gastelnau, qui partait pour son voyage d'explo- ration dans l'Amérique du Sud, reçut à ce sujet les ordres du prince, et réussit à les exécuter, du moins en ce qui le con- cernait ; mais, par suite d'un malentendu avec l'administra- tion de la marine, le troupeau qu'il avait réuni, non sans beaucoup de peines et de soins, ne put être embarqué et fut perdu pour la France. Depuis celte époque, un certain nombre de Lamas et d'Al- pacas ont été introduits en Europe, à plusieurs reprises, mais toujours par petites quantités à la fois. La première de ces introductions, à ce qu'il semble, fut faite en Angleterre, par lord Derby, qui, dans la belle ménagerie élabUe dans son parc de Knowsley, obtint la reproduction de ces deux espèces. Plusieurs de ses compatriotes arrivèrent au même résultat, au point qu'en 18/il, on comptait en Angleterre et en Ecosse jusqu'à soixante -dix-neuf Lamas et Alpacas dont plusieurs étaient nés dans le pays. La ménagerie du Muséum d'histoire naturelle de Paris n'a pas été moins heureuse, mais pour les Lamas seulement, car elle ne possédait pas d'Alpacas. Les quelques individus que cet établissement s'était procurés y ont parfaitement bien vécu sans nécessiter de soins particu- hers, et s'y sont reproduits tout aussi réguhèrement que nos ruminants indigènes. Tout le monde peut admirer chaque jour le beau troupeau que possède le Jardin des plantes, troupeau composé pour la plupart d'individus qui y sont nés. Enlin il y a une douzaine d'années, le roi de Hollande, Guillaume II, eut l'idée de s'occuper de l'importante question des bêtes à laine des Andes. Il se procura, on ignore où et par quels moyens, un certain nombre de Lamas et d'Alpacas qu'il établit dans un de ses parcs situé prés de la Haye. L'ex- [ïérience réussit à souhait, et ces animaux y prospérèrent, malgré le mauvais choix de la localité où on les avait placés, '2!lS SOCIÉTÉ IMPÉUIALE ZOOLOGIQUE b'ACCLIMATATION. qui était basse, plate et humide, et s'y multiplièrent au point qu'en 18/i7, ce troupeau avait atteint le chiffre de trente tètes. Les faits que nous avons signalés dans le cours de ce travail ne peuvent, selon nous, laisser le moindre doute, même dans les esprits les plus prévenus, sur la solution de la question, si longtemps controversée, de l'acclimatation parmi nous des bêtes à laine des Andes , et prouvent d'une manière absolue que non-seulement il est possible, mais encore assez facile d'accHmater en France et ailleurs ces animaux précieux, et de doter notre pays d'une nouvelle source de richesses. En présence de tels faits, l'idée jadis émise par Buffon ne )Ouvait rester plus longtemps stérile. Aussi voyons-nous, à dater de cette époque, se succéder une série de tentatives pour arriver au résuUat si désiré. C'est Thistoire de ces tentatives dont il nous reste à présenter le résumé. En 1849, M. Lanjuinais, alors ministre de l'agriculture et du commerce, conçut le projet d'une expédition toute spé- ciale, dont le but était d'acquérir, sur les lieux mêmes où vivent ces animaux, un grand troupeau d'Alpacas, et de l'ame- ner en France. Ce projet, comme tant d'autres, ne reçut pas d'exécution pour des causes qui sont restées inconnues. Mais à cette même époque , il arriva que le troupeau du roi de Hollande , dont nous venons de parler , fut mis en vente publique. Notre honorable président, qui n'avait pas vu sans peine l'abandon du projet d'expédition conçu par M. Lan- juinais, proposa au ministre de faire l'acquisition de ce trou- peau. Sa proposition fut acceptée. Il fut chargé de la conduite de cette importante affaire, et se rendit en Hollande, où il acquit le troupeau , qui se composait de dix-huit Lamas et de douze Alpacas , les premiers qui eussent été introduits en France. Ces animaux arrivèrent sains et saufs à Paris ; mais, au Ueu de les placer aussitôt dans les localités convenables, on les envoya à Versailles, où, faute des soins les plus simples et surtout d'une nourriture saine et suffisante, ils périrent jus- qu'au dernier, comme il était tout naturel de s'y attendre. Malgré l'issue désastreuse de cette expérience , issue dont SUIl LES BÊTES A LAINE DES A.\DES. 2ll9 chacun put sans peine apprécier la cause, l'idée ne fut pas abandonnée. L'élan était donné et ne devait plus s'arrêter. En 1852 le gouvernement local de la Nouvelle-Galles du Sud offrait une récompense de 10 000 livres sterling (250 000 francs!) au premier qui introduirait dans ce pays au moins six Alpacas et Vigognes vivants. M. Charles Ledger, qui depuis longtemps faisait, à Tacna, port de mer du Pérou, le commerce des laines d'Alpaca et de Vigogne pour le compte d'une riche maison anglaise, eut connaissance de la récompense offerte, et ré- solut de tenter l'entreprise. Cet homme, d'un courage et d'une résolution réellement admirables , réussit , après six ans de fatigues et de travaux dont on ne peut se faire une idée que quand on connaît les pays dont il s'agit, à amener à Copiapo, au commencement de mai 1858, un troupeau qui, de /il5 têtes, se trouva réduit, lorsqu'il arriva, à 322, et qui se composait de Lamas, d'Alpacas et de Vigognes de pur sang et d'un certain nombre de métis de ces trois espèces. Ces animaux, embarqués au port de la Caldera, arrivèrent à Sydney le 20 septembre de la même année, au nombre de 260 têtes en bon état, malgré les souffrances qu'ils éprou- vèrent dans une si longue traversée. Ce troupeau, presque aussitôt après son arrivée, a été dirigé à petites journées sur le district de Maneroo, k 260 milles de Sydney, contrée choisie d'avance et étudiée avec le plus grand soin par M. Ledger lui-même, qui, avant de rien entreprendre, avait fait tout ex- près le voyage d'Austrahe. Cette expérience, faite sur une grande échelle, peut être regardée comme complètement dé- cisive, et cela d'autant mieux, que l'on sait aujourd'hui que les nouveaux hôtes des Montagnes Bleues s'y trouvent aussi bien que dans leur pays natal. Vers l'année 185/|, quelques négociants et amateurs de Marseille conçurent le projet de faire une importation en France des animaux qui nous occupent; mais la difficulté de réunir les fonds nécessaires pour une entreprise de cette na- ture le fit abandonner. Un peu plus tard, et dans la même année, plusieurs membres de notre Société, qui venait de se fonder alors , reprirent ce projet. Les fonds furent faits et 25l) SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOULUGIQUE b'AGCLlMATATlOIN. toutes les mesures prises pour mener l'opération à bonne fin ; mais la mort de la personne qui devait la diriger la fit encore avorter. En 1856, M. Pioelin, homme d'un dévouement et d'une énergie au-dessus de tout éloge , qui avait habité longtemps le Pérou et la Bolivie, et zélé propagateur de l'acclimatation du Lama et de ses congénères sur lesquels il avait publié, en iShà, une note fort intéressante dans les journaux du Havre et un mémoire à Marseille, en I8Z18, faisait sortir des Cordillères, pour le compte du gouvernement espagnol et de la Junte du progrès de l'île de Cuba, un troupeau de 117 Lamas, Alpacas et Guanacos, qui arrivèrent sans encombre à leur destination, la Havane, et dont une partie, plus tard envoyée en Espagne pour le compte pei'sonnel du roi, devint la souche du troupeau que possède aujourd'hui ce prince. L'année suivante, le même M. Pioehn, dont aucun obstacle ne peut arrêter le zèle , introduisait à New-York un autre troupeau de 103 de ces animaux, pour le compte de divers particuliers et dont 33 étaient destinés pour Glasgow, en Ecosse. Pendant que M. Roehn travaillait ainsi avec tant d'ardeur à réaliser l'idée de Buffon, bien qu'à son grand regret ce ne fût pas au profit de la France, un de nos compatriotes, notre ami M. Benjamin Poucel, homme profondément versé dans la connaissance des bêtes à laine, et qui avait administré avec tant de zèle les bergeries de Naz que nous avions créées au Pichinango, dans la république de l'Uruguay, conçut, de son côté et sans rien savoir de ce qui se passait en Europe, le projet de doter la France des bêtes à laine des Andes. En 1858, il achetait de ses propres deniers un troupeau de cinquante- huit Lamas, choisis avec soin, et de deux jeunes Vigognes , et partait, avec eux, de la province de Catamarca, située au pied de la Cordillère , pour les amener lui-même à Buenos-Ayres. Un voyage de quatre mois dans des déserts rendus plus affreux encore par une terrible sécheresse, lui fit perdre la moitié de ses animaux, entre autres ses deux Vigognes, et il arriva à sa destination avec quinze têtes seulement. Deux Lamas blancs. SUR LES BÈTES A LAINE DES ANDES. 251 inàle et femelle, de la plus grande beauté, l'ureiit envovés d'abord en cadeau à la ménagerie du Muséum d'bistoire na- turelle , où cbacun peut aujourd'bui les voir. Deux autres couples, mais de couleurs diverses, furent adressés à l'un de nos honorables collègues, M. Ch. Christofïe ; mais trois de ces animaux périrent quelque temps après leur arrivée, de la gale qu'ils avaient contractée abord. Le troisième, qui s'était complètement rétabli, fut tué par hasard d'un coup de fusil. Les autres sont encore, à ce que nous croyons, à Buenos- Avres. Enlin, et ici je vais vous entretenir d'un fait que chacun de vous connaît et à l'exécution duquel vous avez pris part, mais que je ne puis passer sous silence, pour ne pas laisser incom- plète la tâche que je me suis imposée ; enfin, dis-je, en 1859 notre Société, profitant de la situation avantageuse de ses fi- nances que lui avait faite une habile administration, résolut de faire, pour les Lamas et ses congénères, ce qu'elle avait fait, presque à son début, pour les chèvres d'Angora, et d'achever par ses propres ressources l'œuvre, tant de fois tentée en vain, de leur introduction en France sur une échelle suffisante. Les fonds nécessaires lurent votés sans opposition, pour acheter sur les lieux et amener en France un troupeau de quarante têtes, Lamas, Alpacas pur sang et Vigognes. S. M. l'Empereur daigna s'associer à cette opération pour une di- zaine de têtes, destinées à ses domaines particuliers. Plusieurs riches amateurs vinrent aussi augmenter le nombre des ani- maux à importer. M. Roehn, si connu, par ses entreprises précédentes, fut chargé de toute l'opération, et s'engagea à livrer les animaux en bon état, dans un de nos ports, à des prix fixés d'avance et d'une extrême modération. Toutes les précautions furent prises pour que les animaux amenés fussent dans les conditions exigéespar laSociété. Après avoir surmonté des fatigues et des difficultés impossibles à décrire ; difficultés augmentées encore par la nécessité de faire sortir clandesti- nement son troupeau du Pérou, où l'exportation de ces animaux- est prohibée, et par la guerre qui désolait ee pays, «'irconstance qui l'a forcé de faire d'immenses détours dans des contrées 252 SUCIÉTÉ IMPÉRIALE ZUULUGIQUE d'ACCLIiMATATIUN. inhabitées et presque inhabitables, et qu'il faut avoir parcou- rues pour s'en faire une idée, M. Roehn, qu'aucun obstacle ne peut arrêter, rassembla un troupeau, et débarqua à Bordeaux, il y a quelques mois, trente-trois Alpacas, neuf Lamas et une jeune Vigogne femelle, reste d'un plus grand nombre qu'il avait réussi à embarquer. Ces animaux furent d'abord déposés au Jardin zoologique qui venait de s'ouvrir. Mais malheureu- sement un grand nombre d'entre eux, et la Vigogne en parti- culier, qui avaient immensément souffert pendant un aussi long voyage de terre et de mer, succombèrent à la gale et à d'autres maladies. Ceux qui ont survécu, en bien petit nombre malheureusement, sont aujourd'hui distribués en diverses localités convenables et sont dans un fort bon état. Sans se laisser décourager par ce résultat peu avantageux, il faut l'avouer, la Société a résolu de continuer son œuvre. Plusieurs de nos honorables collègues, avec un désintéresse- ment au-dessus de tout éloge, se sont réunis pour faire les fonds d'une nouvelle entreprise. Déjà l'infatigable M. Roehn est reparti pour l'Amérique du Sud afin de tenter une nouvelle expédition. Nous faisons les vœux les plus ardents pour que le succès, un succès cette fois complet, vienne couronner tant de zèle et de persévérance. — Nous croyons devoir ajouter ici l'extrait suivant de la note rédigée par Larrey , et que nous avons citée plus haut (1) : « Un négociant de Cadix, amateur d'histoire naturelle, avait amené du Pérou deux jeunes Vigognes, mâle et femelle. Il les débarqua à Cadix au commencement de l'hiver en 1808, et les conduisit à Madrid à la fin d'avril de la même année. Ces deux animaux ne furent point incommodés du changement de climat et du mode différent de nourriture, jusqu'à l'inva- sion des fortes chaleurs. Ils étaient fort mal logés, dans une (1) Voyez p. Ilili. — ISotre savant confrère, M. le baron Larrey, a bien voulu, comme on Ta vu, faire don à la Société de la note autographe de son illustre père. (R-) SUR LES BÊTES A LAINE DES ANDES. 253 chambre obscure, rétnk-ie et mal aérée. C'est dans ce rédiiil que j'ai eu occasion de les voir, d'examiner leurs formes, leurs allures, d'étudier leurs mœurs et leurs habitudes. » La femelle, plus grande et plus âgée que le mâle (elle avait environ trois pieds de hauteur), mourut peu de temps après et pendant un court voyage que j'avais fait aux environs de Madrid pour inspecter les hôpitaux. Je n'ai pu connaître la cause de la mort ; la putréfaction s'étant emparée très vite du corps de cet animal, on le fit jeter dans un champ. » Au retour de mon inspection, je m'empressai d'aller visiter les deux péruviens ; je ne retrouvai plus que le mâle, triste, abattu et jetant des cris plaintifs aux moindres attouchements. Il mangeait peu, il restait habituellement couché sur ses quatre membres ; cependant il paraissait plus gai et mieux portant pendant la fraîcheur du soir et du malin, qu'il semblait recher- cher, tandis qu'il était accablé et respirait à peine pendant la chaleur du jour. Il passa la première semaine de juin dans cet état de tristesse et de malaise. Vers le 15 du même mois, des symptômes inflammatoires se déclarèrent, et il mourut peu de jours après leur invasion. » . ■ (Suit l'exposé des observations anatomiques faites par Larrev, dans la dissection de cet animal.) DE L'AMÉLïORATIOiN DE L ESPÈCE CHEVALINE EN FRANGE, Par iMM. LHERBET'J'E, ancien député, et DE QUATREFAGE!^, membre de l'Institut (Académie des sciences). (Séance du 17 mai 1861.) Si Ton n'examine la question de la production chevaline que sous le point de vue de la richesse d'un pays, on peut s'en rapporter pour celte production, comme pour l'immense majorité des autres, à l'industrie, guidée par l'intérêt per- sonnel, toujours le plus vigilant et presque toujours le plus éclairé des conseillers. Mais il est des produits pour lesquels les lois de l'économie politique sont dominées par des lois d'un intérêt supérieur. Au nombre, et en première ligne de ces dernières, est celle de la défense du pays. Les Chevaux de selle sont nécessaires à cette défense : on ne peut s'en approvisionner pour un long temps, et l'impor- tation en pourrait devenir impossible au jour du besoin. La production de ces chevaux dans le pays même doit donc être, pour toul Etat, un objet de préoccupation constante, quelque- fois même d'une intervention. 11 est des pays où cette intervention est inutile: telles sont notamment l'Angleterre, la Russie, l'Allemagne. L'Angleterre, nation mai^time, n'a presque pas besoin de cavalerie. Le goût des Chevaux, d'ailleurs, y est très développé; et des richesses considérables, seigneuriales, assurées dans les mêmes familles par le droit d'aînesse et par des substitutions, y pei^mettent des établissements particuliers, nombreux et durables. En Russie des steppes immenses, en Allemagne AMÉLIORATION DE l'ESPKCE CHEVALINE. 255 do vastes plaines, facilitent l'élève du Cheval à de grandes for- tunes territoriales. Mais, en France, les circonstances ne sont pas les mêmes. Les plus grandes fortunes y sont des fortunes financières, à la formation desquelles est consacrée la vie de l'homme, qui n'a que le temps et le goût d'acquérir, qui ne crée rien. Toutes, d'ailleurs, se suhdivisent par les lois d'é- gaKté entre les enfants dans les partages de successions. Une forte armée de terre, et, dès lors, une nombreuse cavalerie, sont nécessaires à notre puissance continentale. Enfin, si nos anciennes races de Chevaux de trait se sont conservées, celles de nos Chevaux de selle ont été toutes détériorées, et quelques- unes complètement perdues par des fautes, que nous signale- rons et qu'il s'agit de réparer. L'administration publique, en France, doit donc s'occuper de la régénération des Chevaux de selle, mais uniquement de ceux-ci ; et son intervention, plus ou moins forte, plus ou moins directe ou indirecte, selon les temps et les circonstances, ne doit jamais être conçue que dans la pensée de se retirer devant l'industrie privée, à mesure que celle-ci s'avancera. Pour toute administration publique, le jour du triomphe est le jour où elle cesse d'être nécessaire. C'est aussi du Cheval de troupe qu'il sera surtout, presque uniquement question dans ces articles. Modes d'amélioration. 11 est trois modes d'amélioration d'une race : La sélection^ ou appareil lement entre eux des meilleurs animaux indigènes. C'est une alliance entre sujets de même race et de même sous-race. Le croisement entre des animaux de races étrangères et des indigènes. V accliinatat ion (Vime race étrangère, étalons et juments, adoptés comme seuls auteurs de produits, comme créateurs d'une race, résnltante du sang étranger et du milieu où il es! importé. Sélection. — La sélection peut donner à une race indigène 256 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATâTION. toutes les qualités compatibles avec le milieu dans lequel elle vit. Et cette race, enfant du sol, est moins sujette à dégénérer que ne l'est une race importée. En dix ans, Dauben'ton a amélioré ainsi la laine de nos races ovines, très inférieures, au point de la rendre comparable à celle des plus beaux Mé- rinos. Mais ce procédé, qui a très bien réussi pour des Mou- tons auxquels on ne demandait qu'une qualité, réussirait-il de même pour des cbevaux à qui l'on demande la réunion de tant de qualités diverses? Et si l'on pouvait l'espérer, com- bien du moins ne faudrait-il pas d'efforts, d'intelligence, de recbercbes, d'avances pécuniaires, de suite dans les idées et dans l'exécution, de sacrifices, qui ne seraient peut-êlre pas suffisamment rémunérés par le succès! Croisement. — Le croisement opéré avec intelligence et suite est le moyen le plus prompt, sinon pour une transfor- mation complète, du moins pour une grande n^odification d'une race. Il a réussi en Angleterre, où se sont rencontrées ces deux conditions; en France, où elles ont fait défaut, il a écboué. Il était, cliez nous, flétri du nom de màtim/ge ju^- qu'au temps de Golbert, où le besoin d'avoir vite beaucoup de cbevaux l'emporta sur le désir de les avoir supérieurs. Et de- puis il a été si mal employé, (pfil a perdu nos meilleures races ; entre autres, celles des Ardennes, de la Bretagne, de la Bourgogne, du Nivernais, de l'Ardécbe, du Limousin, (hi Daupbiné. Les seules qui se soient conservées sont celles qui ont pu s'y soustraire, celles dont ne s'est pas occupée l'admi- nistration des baras, celles de gros trait. Pour réaliser de bons croisements, il faut connaître quelques lois de la pbysiologie , à laquelle beaucoup d'éleveurs ont le tort de rester étrangers; comme, il y a cinquante ou soixante ans, les industriels l'étaient aux sciences, qui, presque toutes, et surtout la cbimie et la pbysique, ont depuis tant contribué au développement des industries et aux progrès de la ri- chesse. Dans rignorance de ces lois physiologiques, beaucoup d'éleveurs, guidés par quelques faits particuliers dont ils n'apprécient pas avec exactitude les éléments, croient qu'il AMÉLIORATION DE l'eSPÈCE CHEVALINE. 257 s'opère toujuurs dans la génération un mélange des qualités des deux auteurs, qui se fondent entre elles et donnent des qualités moyennes. C'est là une grande erreur, généralement répandue dans la pratique, et non encore complètement dis- parue de plusieurs écoles ; erreur qu'il importe de dissiper. Les résultats du croisement sont soumis aux lois qui régis- sent l'hérédité en général (1). Dans ces lois, il en est une qui se vérifie constamment. C'est celle-ci : Chacun des deux auteurs tend à transmettre au produit à la l'ois toutes ses quahtés, honnes ou mauvaises, tous ses caractères intérieurs et extérieurs ; sans qu'on puisse dire en quoi consiste, dans l'acte de la génération, la prédo- minance chez l'un ou chez l'autre de la puissance de trans- missibilité. Il y aura donc chez le produit mélange égal des quahtés, si cette puissance est égale entre les deux parents ; prédominance des quahtés de l'un, si cette puissance est iné- gale; reproduction des qualités d'un seul, si cette puissance chez lui est assez forte pour annihiler celle de l'autre. Le pre- mier et le troisième cas, celui d'une égalité parfaite et celui (Fune annihilation absolue, sont des cas extrêmes qui ne se rencontrent peut-être jamais. Le deuxième, celui d'une pré- dominance, est le cas général, presque universel. Il donne au produit un résultat intermédiaire entre les quahtés de ses deux auteurs. Jusqu'ici tout le monde est à peu près d'accord. Mais là où est l'erreur d'un grand nombre de personnes, c'est sur la nature de ce résultat intermédiaire. Ehes croient qu'il consiste en ce qu'une qualité transmise par l'un des parents est modifiée par une autre qualité venue de l'autre parent, de manière à se fondre : pour faire une qualité mixte ; qu'ainsi, par exemple, si le Cheval de course anglais, doué d'une grande force mus- (1) Les principes les plus essentiels qui président à la formation des races ontétérobjet du cours d'anthropologie fait par M. de Qualrefagesau Muséum d'histoire naturelle, en t860. ils ont «Hé résumés par lui dans la lievue des Deuœ-Mondps du 15 décembre 1860 au 1*^^' avril 1861. Des idées à peu près analogues avaient déjà été présentées par M. Prosper Lucas dans un ouvrage d'un grand intérêt, et trop peu connu, sur VhérédUr natiuellr, T. Vni. —Juin 1861. 17 258 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION. culaire, avec une ardeur qui la lui fait dépenser en peu de temps, est croisé avec une jument d'un tempérament hvïd , la force musculaire de l'un persistera tout entière, mais tempérée par la froideur de l'autre ; qu'ainsi l'anglais aura transmis sa qualité de force, sans transmettre sa manière de la dépenser. Les choses se passent parfois ainsi ; mais le plus souvent il n'en est rien. Chaque qualité transmise l'est le plus fréquemment avec son mode d'action; est transmise telle qu'elle est. En un mot, le plus souvent le résultat intermédiaire dont il s'agit est dans la somme, mais non pas dans la nature des qualités transmises. C'est surtout quand il s'agit d'une qualité exceptionnelle et ohtenue presque artiiiciellement, que si l'on peut parfois présumer, on ne peut jamais affirmer qu'elle sera transmise. Par des causes encore incomprises, l'inégaUté de puissance de transmissibilité entre les deux parents croisés semble être d'autant plus grande que leurs races sont plus voisines entre elles. Quelquefois même le croisement entre de telles races donne un produit qui sendjle appartenir presque en entier à l'une des deux. De ce que nous venons dire, il résulte que le type domina- teur imprimé à un produit de croisement devra finir par l'être tout entier, avec toutes les circonstances qui le caractérisent. On comprend toutefois que cet effet ne se réahse pas dans chaque individu. Il ne se réalise que dans l'ensemble de la race ; et d'autant plus que, par des croisements successifs, on rap- proche davantage les générations suivantes du type qu'on cherche à généraliser (l). La conséquence de ces principes, qui ressortent d'une mul- titude d'expériences et d'observations, est que, si rien ne venait contrarier les effets de Thérédité, on finirait par transformel' complètement une race en une autre ; qu'on aurait opéré un (1) Tout ceci, nous prions le lecteur de bien le remarquer, s'applique seu- lement au métis, c'est-à-dire au produit du croisement entre deux races, non à l'hybride, produit du croisement entre deux espèces. Il est, à cet (''gard, enlre le mélis et l'iiybride des différences que l'observation constate, mais don! jusqu'à présent la science n'a pas expliqué los causes. AMÉLIORATION DE l'eSPÈCE CHEVALINE. *250 changement de toutes les qualités de l'une en toutes les qua- lités d'une autre , modifiées toutefois par le nouveau milieu, par l'acclimatation, dont nous parlerons plus bas. Mais la ten- dance de chaque race à transmettre toutes ses qualités fait souvent que quelques-unes de la race qui a moins de puis- sance de transmissibilité passent cependant au produit. Dès lors, avant d'obtenir la transformation complète , combien d'animaux à qualités qui parfois ne s'harmonisent pas, d'ani- maux décousus ! Il est encore une considération importante dont on ne tient pas assez compte dans la pratique , bien qu'elle soit généra- lement admise en principe. Plus une race est ancienne, plus ses caractères sont fixes, et plus sûrement ils se transmettent par voie de génération. L'antiquité du sang est quelque chose de réel. De tout ce qui précède, il suit que rien ne serait plus irra- tionnel que de prendre comme régénérateurs, pour améliorer une race, des animaux de demi-sang. Car, ne possédant pas complètement les bonnes quahtés que l'on recherche, et ayant conservé une partie des mauvaises, que l'on veut éviter, ils transmettent un mélange des unes et des autres. Et, en outre, comme ils sont nécessairement de formation plus récente que la race à régénérer, ce sera cette dernière qui l'emportera, sinon à la première génération, du moins dans les générations successives. Les succès d'un tel croisement ne seront donc que des hasards, toujours en minorité. On sera obhgé d'importer incessamment de nouveaux producteurs de demi-sang, sans arriver jamais à un bon résultat. Acclimatation et conservation d'une race pure. — Le troi- sième mode, l'acclimatation d'une race pure, à conserver ci à reproduire telle, interdit le mélange non-seulement entre les diverses races, mais encore entre les sous-races. Et quand on a obtenu la race résultante des deux éléments, pureté originaire et action du nouveau climat, il faut bien se garder d'y verser encore du sang primitif par de nouveaux venus. Ce serait combattre les elïets de l'acclimatation. Ce mode est, sinon le plus prompt, du moins le plus effi- '260 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQl'E d' ACCLIMATATION. cace. Il a été couronné do succès pour les chevaux dans tous Ij's pays où on l'a employé : dans le Turcoman, dan"s le Daghes- tan et dans d'autres contrées de TOrient ; pour les moutons à laine fine importés d'Espagne en Angleterre, en Suède, en France. 11 a les avantages de la sélection, en ce qu'on choisit dans le troupeau les animaux qui peuvent le mieux s'appa- reiller; et il aide au croisement, en ce qu'il peut lui fournir des sujets, surtout des mâles, surabondants toujours, puis- qu'il n'est l)esoin que d'un étalon pour vingt juments. Pour l'un ou pour l'autre de ces deux derniers modes d'amé- lioration du Cheval de guerre en France, croisement ou accli- matation d'une race à conserver pure, (]uelle race étrangère faut-il importer de préférence ? On doit, pour résoudre cette question, d'abord bien préciser les qiialit('S désirées du Cheval de guerre ; puis consulter les lois de riiistoire naturelle et les leçons de l'expérience, atin de savoir quelle race étrangère possède ces qualités au plus haut degré, et quelles conditions favorables d'acclimatation parmi nous elle [irésente pour traiismetlre ces (pialités dans une suite de générations. Qualités du Cheval de guerre. — Les qualités du Cheval de guerre sont : constitution robuste, qui résiste aux fatigues prolongées, aux marches longues et répétées, aux change- ments de régime, aux privations de tous genres, à celles de nourriture, de soins, de sommeil; sobriété ; ardeur modérée, qui stimule les forces assez pour les activer, mais pas assez pour les user; habitude de les économiser pour un long ser- vice, et non de les dépenser en de courts efforts ; sûreté de jambes; souplesse pour les temps d'arrêt, les détours, les ma- nœuvres; encolure relevée, qui couvre le cavaher; enfin en- semble entre les divers organes, et non prédominance d'une qualité spéciale au détriment des autres; dociUté, courage. [La suile au prochain numéro,) PROTECTION AUX OISEAUX, Par M. le docteur TlIRREL, Secrétaire du Comice agricole de Toulon. r_ (Séance d u 1 1 janvier 1861.) .Sans les oiseaux, ancuiir a^îiicultuif, aucune Aéjiétatioii même ne serait possil>le. Ils l'ont un travail que des millions de mains d'hommes ne feraient pas de moitié aussi bien et aussi com- plètement. 'F. DE TSCHCDI.) Le braconnier qui se livre à la destruction des Cijrognts et des Hirondelles, est un indus- triel qui se livre à la fabrication des Cousins, des Cbenilles et des Tipères. (TOUSSESEL.) .Nous avons dit que cliaque petit oiseau insectivore a besoin pour son entretien journalier d'une quantité de nourriture au moins égale au poids de son corps. M. de Tschudi, dans l'opuscule duquel je relève ces détails, nous signale plusieurs faits dignes d'être reproduits. Dans une serre se trouvaient trois rosiers de hautes tiges couverts d'environ 2000 pucerons. On y introduisit une Mésange nonnette qui, dans l'espace de quelques heures, consomma toute cette multitude d'insectes et nettoya parfai- tement les plantes. Les Mésanges et les Roitelets sont les plus habiles destruc- teurs d'œufs d'insectes parmi les membres utiles de la grande lamille ailée. Le jardin de M. le comte Casimir AVoszicki, dé- vasté par d'énormes quantités de chenilles du Bombyx dispar, dont le propriétaire avait vainement essayé de faire enlever à grands irais par la main de l'homme les miUions d'œufs, fut nettoyé et entièrement purgé de ces hôtes immondes par une vingtaine de couples de Mésanges qui vinrent y établir leurs nids. Le Moineau a été mis à ])rix en Prusse (Tschudi), <'n Angle- terre (V. Chalel). .Vu bout de deux ans, dans ces deux pays, les chenilles ^'étaient tellement nudtipliées, ((u'on fut obligé 262 SOCIÉTÉ DIPÉKIÂLE ZOOLOGIQUE d'âCCLIMATATION. à grands Irais de réimporter des Moineaux de très loin, parce que ces oiseaux, qui sont d'obstinés sédentaires, ne seraient pas revenus spontanément de sitôt. La chasse aux Alouettes est faite avec tant d'acharnement et la destruction a Heu sur une si grande échelle, que souvent de grandes étendues de champs de blé sont ravagées par des Scarabées et d'autres insectes, Gécydomies, etc. En 18/i7, une grande forêt de sapins, en Poméramie, souf- frit tellement des dégâts causés par les chenilles, qu'elle com- mençait déjà à se dessécher, lorsque tout à coup elle fut sauvée par une bande de Coucous qui, bien qu'en état de migration, s'y établirent cependant quelques semaines,^! nettoyèrent si bien les arbres, que l'année suivante ce mal ne se renouvela plus. (Tschudi.) Si, dans quelques heureuses occurrences, les dévastations des insectes ont pu être réprimées , si quelques localités privilégiées ont été sauvées par les oiseaux des ravages des insectes, il est bon de montrer ce à quoi sont exposées les contrées où ces précieux auxihaires font défaut. Près de ïorgau, on a dépensé depuis plusieurs années plus de 25 000 thalers (125 000 francs) seulement pour détruire les chenilles et les cafres dans la forêt d'Annaburg, afm de la sauver avec peine d'une destruction totale, et l'on a dû cepen- dant abattre 9372 journaux de bois. (Tschudi.) En 1837, dans les forêts de Stettin, les chenilles des Noc- tuelles dépouillèrent de leur feuihage tous les sapins sur une étendue de 8(30 arpents, et le gouvernement dépensa plus de 1.000 thalers (5000 francs) pour détruire environ 9!i millions de ces dangereux insectes. (Tschudi.) En 1839, les chenilles de la Nonne ou du Lasiocanipe dé- vorèrent conqjlétement 2200 arpents des forêts de l'État en Franconie, malgré les peines inlmies qu'on se donna pour détruire ces ravageurs. (Tschudi.) Les chenilles de la Noctuelle piniperde détruisent souvent Hu peu de semaines de grandes étendues de forêts, et dans la Marche de Brandebourg elles dévastèrent en deux ans un septième de toutes les forêtg de sapins de l'État, (Tschudi\ PROTECTION AUX OISEAUX. 263 Il y a quelque leuips, les chenilles rasèrent si bien l'herbe dans d'immenses districts de l'Amérique du Nord, qu'il fallut faire venir du foin de l'Angleterre. La cheniUe herbivore dé- vasta les plaines du Lesch, près d'x\ugsbourg', en rongeant jusqu'à la racine toute l'herbe et la verdure au loin à la ronde autour de plusieurs villages. (Tschudi). Depuis une cinquantaine d'années, la culture des arbres fruitiers a pris une si grande extension dans le Wurtemberg, qu'on évalue son rapport à la somme de 1 700 000 florins. Une grande partie de la récolte est cependant dévorée par les chenilles, et tandis que jadis on s'apercevait à peine de ce mal , il s'est répandu depuis quelques années d'une manière dangereuse, et a découragé les cultivateurs d'arbres fruitiers. (Tschudi.) On a observé, dans la Hesse, que c'est dans les contrées où, faute d'arbres, il ne se trouve que peu d'oiseaux chanteurs, que les chenilles font les plus grands dégâts. Aux bords du Rhin, les Lisettes ou Attelabes font chaque année à la vigne, l'Authonoine et la Phalène aux arbres frui- tiers, un dommage de plusieurs centaines de mille thalers (plusieurs millions), sans que jusqu'ici on ait réussi à les en empêcher. (Tschudi.) En France, les viticulteurs se plaignent des ravages de la Pyrale , certains districts de la Bourgogne en sont infestés. Dans le Midi , les Coccinelles sont considérées par beaucoup de cultivateurs comme causes de l'oïdium qui ravage nos vignobles, et il est constant que ces insectes pullulent sur les vignes malades, comme les parasites animaux ou végétaux sur les individus d'un tempérament maladif et d'une constitution altérée par quelque vice originel ou acquis. Nos cultivateurs voient souvent jaunir les blés, surtout lorsque l'hiver n'est pas rigoureux et n'a pas, comme ils le disent, tué le ver. Nos forets, dévastées par les n(tmbieu\ insectes qui se nour- rissent de l'écorcc et du bois ; nos vergers, dont les arbres, incessamment détruits par leurs invisibles ennemis, ne sont entretenus qu'à grands frais et à l'aide d'une persévérance que !?6/i SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATAïION. rien ne décourage , témoignent encore énergiquement qu'il y a dans l'harmonie générale une perturbation dont nous savons bien reconnaître les désastreux effets, mais dont nous ne voulons pas admettre les causes , et à laquelle nous ne savons ou ne daignons pas appliquer le remède. Cependant le danger croît; nos subsistances sont menacées ; des cris d'alarme s'élèvent de toutes parts. « Si nous ne dé- truisons pas l'insecte, l'insecte nous détruira, et nous ne pou- vons agir contre lui que par l'aide de l'oiseau. » Mais cette parole est emportée à travers les foules ignorantes ou dis- traites, sans prévaloir contre la manie de meurtre et de des- truction qui possède certaines populations. Nous ne voyons donc d'autre moyen de salut que dans une protection suffi- sante, écrite dans la loi et dans les conventions internatio- nales, en faveur des oiseaux, sans préjudice des efforts intel- ligents dans un autre ordre d'idées que nous indiquerons en son temps. Un i'aj)ide coup d'œil sur les abus de la chasse et de la des- ti'uclion des nids nous édifiera, je l'espère, sur l'urgence d<3 la répression légale de ce funeste et criminel gaspillage de la fortune pubh([ue. Ce sont les populations méridionales (pii font la guerre la |)lus acharnée aux oiseaux, et surtout aux insectivores, dont la finesse de chair est malheureusement cause de la recherche dont ils sont l'objet. La réprobation dont un ami des oiseaux stigmatise lem\s destructeurs, qu'il appelle les barbares du Sud, est justifiée par l'énorme diminution de nos plus utiles oiseaux de passage. Depuis une dizaine (fannées, en effet, ils disparaissent de certaines contrées qu'ils égayaient de leurs chants, qu'ils débarrassaient de leurs insectes. M. le docteur Sacc nous a signalé la disparition des Fauvettes en Alsace ; le Rossignol devient de plus en plus rare ; les Alouettes ne se voient plus que par petites compagnies. La Caille, la Grive sont devenues des mythes insaisissables; et tout cela provient en grande partie de la chasse effrénée et exterminatrice que font à nos plus utiles auxiliaires les habitants du midi de l'Europe et du nord de l'Afrique , maintenant que le Pro- rROTECTION AUX OISEAUX. 265 vençal a étendu dans cette région son parcours de chasse. « C'est un fait connu, dit M. de Tschudi, qu'à l'époque des migrations des oiseaux, au printemps, mais surtout en au- tomne, les Italiens sont pris d'une véritable rage pour la chasse aux oiseaux Au bord des ruisseaux et dans les champs, partout l'air retentit de coups de feu ; on pose des fdets, on dresse des pièges, on place des gluaux : sur toutes les collines propres à cela, on établit des aires {roccoli) avec des Éperviers et des Chouettes pour attirer les petits étrangers et les égorger.... Pour se faire une idée de ces exterminations auxquelles pendant plusieurs semaines toutes les classes de la population se livrent par tradition, il suffit de savoir que, dans un seul district au bord du lac Majeur, le nombre des oiseaux chanteurs et des petits oiseaux égorgés chaque année s'élève de 60 à 70 000, et que, dans la Lombardie, dans un seul roccolo , on en prend souvent jusqu'à 1500. En sorte que, près de Vérone, Bergame, Brescia, le nombre des petits oiseaux tués pendant un seul automne monte à plusieurs millions, et ceci n'est qu'une très petite partie de l'ItaKe. Vers le sud, c'est la même chose : l'extermination atteint des mul- titudes innombrables. » Cette passion vraiment itahenne a aussi pénétré en Suisse, dans le canton du Tessin, où aucune patente ne limite la manie universelle de faire la chasse aux oiseaux.... Faut-il s'étonner dès lors si les Moineaux même y sont devenus une rareté? Il règne comme une odeur de meurtre sur le pays riant des oran- gers : l'homme y est devenu un ennemi et un traître pour ses petits amis. Les belles contrées dans lesquelles les joyeux chanteurs ont cherché pendant l'hiver une patrie, ou du moins une hospitahté passagère, respirent la mort et la destruction. i> Cette éloquente indignation de l'auteur suisse, nous avons tenu à en reproduire l'accent, parce qu'il semble que M. de Tschudi ait écrit pour stigmatiser aussi l'extermination à laquelle se livrent contre les oiseaux les populations françaises du littoral méditerranéen. Malgré les lois sur la chasse, et grâce à la coupable tolérance des arrêtés préfectoraux ou à rindillérence bien plus coupable encore de nos législateurs. 266 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'âCCLIMATATION. tout ce qui a échappé aux Italiens trouve la mort en Provence, en Languedoc, dans le Roussillon. La chasse au filet, prohibée en droit conmiun, est permise dans les propriétés closes, où toutes les infractions au régime de la loi sont autorisées, même la chasse aux gluaux en toute saison, même la chasse au fusil en temps prohibé : singulier abus de la propriété qui, par extension, aboutirait à la tolé- rance du crime dans une maison fermée. La chasse aux gluaux est de beaucoup la plus nKmrtrière pour les oiseaux de passage. Elle est permise jusqu'au 15 dé- cembre dans le Var, mais en réalité elle se pratique pendant toute la durée de la chasse, et même se prolonge pendant toute l'année dans bien des localités où le gendarme protec- teur n'apparaît jamais. C'est par milliers que les tendeurs de gluaux prennent les oiseaux chanteurs ou les becs-fms, et nous devons dire que cette industrie est exercée en Provence essen- tiellement par des Italiens , qui payent ainsi la généreuse hospitalité de notre pays. Pour donner une idée de la dépo- pulation qu'ils occasionnent, M. Pehicot, président du Comice de Toulon, cite un seul tendeur de gluaux qui, en 1858, prit ^850 petits oiseaux; en 1859, 850; en 1860, 600, et ce ten- deur n'était qu'un amateur. On juge par là ce que font les tendeurs de profession, braconniers de la pire espèce, qui se livrent journellement à cette abominable industrie. Dans le Languedoc, c'est par milliers que l'on prend en avril et mai les Cailles qui viennent s'abattre sur le rivage pour gagner les régions où elles couvent. Malgré les lois sur la chasse, la Caille verte, ainsi qu'on l'appelle en cette saison, est servie sur toutes les tables, et même sur la table du repré- sentant de la loi , du préfet. M. Pellicot évalue à plus de 200 000 Cailles la destruction pratiquée à cette époque, dans le seul département de l'Hérault, de cet utile et savoureux gibier. Les gorges des montagnes du Roussillon se couvrent en automne de chasseurs au filet qui, au moyen de la Chouette nu de l'Épervier, prennent par bandes les oiseaux effectuant leurs migrations, l'HOTECTlOiN AUX OISEAUX. 267 Auus n'avons pas tenté d'atténuer les torts des popidations méridionales. Disons cependant que si d'autres localités jouis- saient du même privilège que nos climats tempérés et offraient pendant l'hiver aux insectivores la nourriture qui les attire, les habitants de ces stations favorisées se livreraient aux mêmes excès de chasse et à la même manie de destruction. Nous savons, en effet, ce que font nos compatriotes du Nord et de l'Est pendant la saison de chasse, et les Allemands eux- mêmes sont loin d'être sans reproche. « Dans quelques contrées de l'Allemagne , écrit M. de Tschudi, on prend et l'on mange en très grande quantité les Hirondelles. Dans l'Allemagne centrale, on tue les Alouettes par cent mille, et l'on ose à peine, en considérant cette des- truction, se plaindre des Itahens, qui, pendant l'équinoxe d'automne, dirigent un feu de fde continu sur les Alouettes, dont il arrive journellement près d'un million sur les côtes de la Sicile, et les abattent par essaims, h a J'ai vu en Lorraine, dit Toussenél, dans mon enfance, tous les sentiers et toutes les lisières des bois, tous les man- geoirs et tous les abreuvoirs quelconques des forêts garnis pendant des vingtaines de lieues de suite de pièges si serrés et si drus, qu'il était à peu prés impossible aux malheureuses espèces obUgées de passer par cette voie scélérate de mettre pied à terre sans tomber dans un guet-apens.... 11 est urgent d'imposer un frein à la cupidité et à la barbarie des tendeurs de raquettes et des poseurs de gluaux, car il est inutile de nous abuser plus longtemps sur les périls de la situation actuelle. La fortune territoriale de la France est totalement compromise par ces débordements scandaleux d'insectes dé- vorants qui envahissent toutes les cuhures l'une après l'autre, et qui finiront par demeurer seuls maîtres du sol, si Tadmi- nistration n'y met ordre. » Le paysan, privé par les ravages de l'insecte, de la récolte (pi'il a laborieusement préparée, ne sait que blasphémer la IVovidence et accuser Dieu de ce qui est son œuvre à lui. Qu'un oiseau i)asse à sa portée, en effet, il oublie son cliagrin et su ruine, prend son fusil, et court aj)rés l'oiseau que Dievi 268 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'âCCLIMATATION. lui envoie pour sauver sa récolte ; il n'aura de repos qu'il n'ait tué l'oiseau sauveur, le messager d'abondance que Dieu lui avait dépêché. « Il paraîtra un jour singulier, dit M. Isidore Geoffroy Saint- » Hilaire, qu'il y ait eu lieu d'insister, dans notre époque à )) tant d'égards si avancée, sur la conservation des animaux » sauvages utiles. Conserver ce qu'on possède est d'une sagesse » si vulgaire, qu'aucun vœu ne semble ici pouvoir être émis, » aucun progrès indiqué qui ne se trouve déjà et depuis long- » temps réalisé par le bon sens public. Mais ce qui devrait » être est malheureusement ce qui n'est pas, et il est vrai de » dire que, sur ce point, la barbarie des temps passés est » encore debout au milieu de la civilisation du xix^ siècle. » L'homme se fait plus que jamais un jeu de détruire autour » de lui des biens que lui offrait libéralement la nature, et en » présence desquels il suffirait de s'abstenir pour les conser- » ver : la guerre que fait l'homme sous les noms de chasse et )) de pêche à tous les animaux qu'il peut atteindre^ est aussi }) acharnée de nos jours qu'au moyen âge, et la seule diffé- » rence étant qu'il la fait aujourd'hui avec des engins plus )) perfectionnés et des armes plus redoutables, la civilisation » est venue la rendre plus meurlrière, et par conséquent plus » pernicieuse que jamais. » Quelle que soit la justice de Tanathème auquel tous les amis de l'agriculture et du progrès vouent les chasseurs d'oiseaux, ceux-ci ont cependant pour circonstance atténuante l'excel- lence de la chair et la légitimité d'user des dons de Dieu avec mesure et modération. Mais il est un autre genre de destruc- tion des oiseaux que nous ne saurions trop énergiquement signaler à la protection de la loi, c'est la destruction des nids. Écoutons à ce sujet la parole de S. E. monseigneur Donnet, archevêque de Bordeaux : « Parmi les moyens généraux de prévenir les ravages que les insectes occasionnent à l'agriculture, le plus simple con- siste à protéger les êtres destinés par la Providence à nous servir d'auxiliaires : tels sont tous les oiseaux à bec fin qui ne se nourrissent absolument que d'insectes, et môme les gra- PROTECTION AUX OISEAUX. 269 nivores.... Par une coïncidence qui lient aux merveilleuses harmonies de la nature, les petits de ces gardiens ailés de vos récoltes viennent au monde précisément à l'époque où les chenilles et les insectes apparaissent en plus grand nombre, et pourtant de combien d'œufs destinés à la propagation de ces oiseaux n'empêche-t-on pas l'éclosion! D'après les calculs qui évidemment ne peuvent qu'être approximatifs, un natu- ralisle assure qu'en France on en détruit plus de quatre-vimjts millions. C'est par milliards qu'il faut compter les insectes nuisibles qu'auraient fait périr les 80 millions d'infatigables échenilleurs qui seraient nés de ces œufs, ravis en pure perle par des enfants. » C'est aux premiers jours du printemps que les petits ma- raudeurs de chacun de vos villages ou des faubourgs de vos cités prennent leur essor vers les bois, pénètrent dans les saussaies, courent le long des haies à la découverte des nids. Ils fouiUent dans les buissons, dans le creux des arbres, dans les fentes des rochers; une couvée rencontrée par ces jeunes Attilas est fatalement destinée à périr Que d'espérances perdues ainsi chaque année ! que de chantres enlevés à nos bois ! que d'utiles ouvriers ravis à nos jardins, à nos futures moissons ! sans parler des scènes de cruauté qu'il serait si moral d'interdire à ces êtres qu'ajuste titre on appelle un âge sans pitié. )) Que tous les propriétaires, les pères, les mères, les insti- tuteurs et les institutrices usent donc de leur influence pour protéger les nids des petits oiseaux. Dans certains États, qui- conque s'empare d'un Rossignol ou trouble sa couvée est pas- sible d'une amende et même de la prison. J'ai vu, à Berhn, trois jeunes garçons et deux petites fdles conduits par des soldats dans une maison d'arrêt pour avoir abattu des nids d'Hirondelles et soustrait une nichée de Mésanges et de Fau- vettes. Pourquoi sévir contre le chasseur, et ne pas réprimer cette nuée d'enfants qui, au sortir des écoles, se précipitent sur les arbres, sur toutes les haies de nos campagnes, jusque dans nos jardins, pour tarir à sa source la race harmonieuse et hienlaisante des habitants de l'air? » 270 SOCTÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Nous avons cité in extenso cette éloquente protestation contre le gaspillage effrayant de la fortune publique, occa- sionné par cette manie de destruction qui n'a plus même pour excuse une tentation de gourmandise ou l'attrait du gain , car monseigneur rarchevêque de Bordeaux pose l'un des termes de la question complexe que nous avons entrepris de présenter dans son ensemble, la protection des oiseaux. Il ne suffirait pas, en effet, complètement d'empêcher la rlestruction des nids et les chasses meurtrières aux raquettes, aux gluaux et aux fdets, ainsi que les abus de chasse dans les propriétés closes, pour rétablir dans toute son harmonie l'équilibre entre l'oiseau protecteur et l'insecte destructeur. L'oiseau aime et recherche l'arbre du haut duquel il jette dans l'espace sa fanfare éclatante ou sa poétique chanson ; il recherche les bois touffus et les frais ombrages ; il fréquente le buisson protecteur, qui lui ofTre la nourriture et l'abri. Quelle que soit la préservation dont vous entouriez sa vie et ses amours, l'oiseau ne s'établira pas dans un pays nu, balayé parles vents, que n'arrêtent plus des massifs de verdure, et livré à toutes les intempéries outrées que l'homme, le plus imprévoyant des êtres, ne cesse de provoquer par les déboi- sements inconsidérés auxquels il se livre. La question du reboisement des montagnes se présente donc ici en première ligne, et qu'on la considère au point de vue des oiseaux, de l'adoucissement des températures ou de l'aménagement des eaux contre les subites inondations, on voit quelle importance elle prend pour l'avenir agricole de notre pays. Mais sans insister trop ambitieusement sur cette grande réparation du sol qui fera la gloire du gouvernement assez bien inspiré pour vouer toute son activité à l'œuvre du reboi- sement des montagnes, chaque propriétaire peut, en consa- crant une petite étendue de terrain à former un asile pour les oiseaux, les attirer autour de sa demeure, d'où ils étendront leur protection sur tout le domaine. Qu'il plante, comme le conseille M. de Tschudi, un bosquet très épais de buissons épineux, de quelques sorbiers et de cerisiers, de chênes et de pins; une fois cette plantation établie, il s'y rassemblera PROTECTION AUX OISEAUX. 271 bienlùt une foule de petits oiseaux qui aiment extraordinai- rement de tels fourrés, à eause de la sécurité dont ils jouissent et de la nourriture qu'ils y trouvent. La plupart des oiseaux insectivores recherchent pour y éta- bhr leurs nids les creux des vieux arbres, où ils savent dis- poser pour leur jeune couvée une demeure abritée contre les intempéries et contre les regards indiscrets. Là où les vieux arbres manquent, on devrait leur préparer des abris artifi- ciels ; au moyen de quelques planches, on ferait de petites caisses soigneusement fermées au fond, avant de l'autre côté une ouverture de 15 à 20 centimètres de diamètre, et donl le vide intérieur est proportionné à la grosseur de l'oiseau que l'on veut y attirer. Ces petites caisses, placées sous la corniche d'un toit rustique ou sur un arbre qui feuille de bonne heure, à une hauteur de 2 à 3 mètres, sont facilement peuplées d'utiles chasseurs d'insectes, surtout si l'on prend soin de les dissimuler sous une enveloppe de mousses et de lichens. Cette éducation des oiseaux en liberté, recommandée par quelques zélés naturalistes, Lenz, Gloger, Schott, Tschudi, devrait être conseillée dans tous les étabhssements publics, tels que jardins zoologiques, fermes, écoles, jardins et pépi- nières des départements ou des communes ; et si le gouver- nement en recommandait l'usage aux propriétaires par les instituteurs et par les curés des paroisses rurales, nul doute que chaque hal)itation des champs ne fût bientôt un asile pour les insectivores, dont les enfants prendraient Thabitude de respecter les nids. Du reste, une pénahté sévère devrait frapper les destruc- teurs des couvées, comme cela se pratique déjà en Prusse, en AVurtemberg, en Bade et dans le duché de Hesse. A côté de cette éducation en hberté, nous recommanderons l'étabUssement de volières d'oiseaux insectivores, non plus au point de vue de l'engraissement d'individus tenus en captivité, comme le faisaient les Romains pour la Grive, et comme on le pr;ïti([ue encore dans quelques locahlés de Corse et de Pro- vence, mais pour les midlij)lier en denii-ca[)tivit(', suivant la 272 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. pensée de notre collègue M. le docteur Sacc, de Wesserling. Ce savant ami des oiseaux appelle surtout l'attention à ce point de vue sur la Grive et sur le Merle rose. Il croit que des cou- ples de ces oiseaux, abrités dans une volière assez vaste et fournie de nourriture et de caisses à nicher, élèveraient leurs couvées, et, au moment de la saison des nids, pourraient librement sortir au dehors pour chercher la nourriture qui convient aux jeunes, et n'abusant pas de cette liberté à cause de leurs petits, prendraient l'iiabitude de revenir au logis, d'où ils rayonneraient sur les champs voisins, qu'ils protége- raient contre les insectes. Il serait, nous le croyons, très facile d'élever de celte ma- nière la Grive, la Draine, et surtout l'Etourneau, parce que la domestication réussit mieux chez les espèces sociables qui émigrent en grandes masses. Un mot sur le Merle rose. Cette espèce serait mieux nommée Martin rose, car elle appartient incontestablement à la famille des Martins, si célè- bre en l'Ile Bourbon, qui lui doit d'être préservée des ravages des sauterelles. C'est un charmant oiseau originaire de la Syrie et de l'Asie Mineure, d'une belle couleur rose de chair, dont la tête est ornée d'une huppe élégante noire, à reflets violets. Cette teinte noire s'étend sur la gorge, le cou, la queue et les ailes, et forme, avec le rose clair du reste du plumage, un accord contrasté de nuances du plus charmant eflel. Connue l'Etourneau, dont il se rapproche beaucoup, le Alartin rose est un grand chasseur d'insectes, dont la domes- tication devrait être essayée, et rendrait les plus grands ser- vices à l'agriculture du midi de la France, l'Etourneau ou la Grive étant plus particulièrement appropriés aux localités où ils ont riiabitude de nicher, comme le nord de notre pays. Un mode indirect de multiplication des petits oiseaux con- siste dans une chasse active aux oiseaux de proie, et surtout aux oiseaux ovivores, tels que le Geai, la Pie, la Corneille, le Corbeau. Ce sont ces espèces malfaisantes et meurtrières que l'on devrait poursuivre impitoyablement, et que Fadministrn- lion devrait mettre à prix. Les oiseaux de proie qui devraient être ménagés sont la PROTECTION AUX OISEAUX. 373 Buse et la Bondrée, qui se nourrissent de taupes, rats, souris et serpents, ainsi que les nocturnes, moins les grand, moyen et petit Ducs , le travail de protection des Chouettes, Scops, Effraies, étant incontestablement plus grand que le dommage résultant des quelques meurtres qu'ils commettent quelque- fois, lorsqu'ils sont pressés par la faim. Mais tous ces moyens seraient encore insuffisants, si la pro- tection efficace des oiseaux utiles n'était pas écrite dans la loi, et si le code rural n'édictaitpas des pénalités suffisantes contre les chasses prohibées, la destruction des nids et les privilèges des propriétés closes. Les Sociétés impériales d'acclimatation, d'agriculture et protectrice des animaux n'auront rempli leurs devoirs com- plètement que lorsqu'elles auront obtenu du gouvernement : 1° La prohibition des chasses aux gluaux et aux filets, des pièges, tels que raquettes et arbalètes, des agrenages et des collets, enfin de l'emploi des substances toxiques. En un mot, la prohibition de la coupable et dangereuse industrie des bra- conniers, n'autorisant que la chasse au fusil. T La protection aux insectivores par des amendes infligées aux destructeurs des nids, par un impôt établi sur les oiseaux vivant en cage, ainsi que cela est pratiqué en Saxe, où il faut payer 20 francs pour garder en cage un Rossignol; enfin, par l'interdiction de la vente sur les marchés des Rouges-gorges becs-fins et de toutes les espèces protectrices, comme les Pics et les Alouettes, surtout lorsque, comme ces dernières, elles arrivent par masses considérables du Languedoc, où elles sont empoisonnées par la strychnine. 3° La destruction et la mise à prix des Geais, Pies, Cor- neilles, Corbeaux et Rapaces, moins la Buse, la Bondrée, les Chouettes et V Effraie. If L'uniformité des arrêtés préfectoraux sur Touverture de la chasse, déterminée par zones ou régions, et des dispositions protectrices et sévères en faveur des oiseaux de passage. 5" Enfin, des négociations internationales pour obtenir des gouvernements européens une répression de la chasse achar- née à laquelle se livrent contre les oiseaux insectivores les T. vin.— Juin 1861. 18 274 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'âCCLIMATATION. populations méridionales et les braconniers de tous les pays. A ces conditions, le gibier abondera en Europe et protégera efficacement nos récoltes. A ces conditions, disparaîtront les maladies qui atteignent divers végétaux utiles, et les lïéaux qui ravagent périodiquement notre agriculture. — Nous croyons devoir reproduire la pétition au Sénat du Comice agricole de Toulon pour la protection aux oiseaux (1) : Le Comice agricole de Toulon , Considérant que les insectes occasionnent à Fagriculture des dommages de plus en plus sérieux, se multipliant dans des proportions effrayantes et ravageant tout : prairies, bois, vignes, céréales et cultures industrielles, sans qu'il soit pos- sible de s'opposer, par les moyens dont l'homme dispose, à leur action destructive ; Considérant que les oiseaux sont les précieux auxiliaires mis par Dieu à notre disposition pour s'opposer à la propa- gation inimitée des insectes, dont ils font leur nourriture, soit exceptionnellement, soit partiellement, surtout dans la saison des nids ; Considérant que, par une dangereuse incurie de l'équilibre providentiel, les chasseurs et les braconniers se livrent à une guerre acharnée contre les protecteurs infatigables de nos cultures, les détruisant par myriades au moyen de gluaux, filets et pièges de toute espèce, même hors le temps de chasse, (1) Cette pétition et crautres analogues faites par la Société régionale (Fac- climatation du nord-est, à Nancy, par M. iMarchal, ancien député delà Meurtlie, et par M. SchœfTer, à Robertsau (Haut-lihin), ont dr)nné lieu à un rapport très remarquable fait au Sénat, par M. Bonjean, dans la séance du 2£ijuin 1861. Sur la proposition du rapporteur, les pétitions ont été ren- voyées à M. le Ministre de Fagriculture, et il y a lieu d'espérer que la légis- lation sera modifiée dans un sens favorable à la conservation des oiseaux utiles. M. Bonjean a bien voulu annoncer l'intention de faire déposer, au siège de la Société, des exemplaires à part de son important travail, pour les membres qui désireraient en obtenir. (U.) PROTECTION AUX OISEAUX. 275 par un privilège abusif, dans les propriétés closes, et que les oiseaux échappés à ces déplorables boucheries sont encore poursuivis dans leur progéniture pendant la saison des nids, recherchés par l'instinct ravageur des enfants ou la cupidité des marchands d'oiseaux; Considérant que si, dans certains départements, les oiseaux sont suffisamment protégés contre les chasseurs et les bra- conniers par les arrêtés préfectoraux, il y a, dans bien des locaKtés, tolérance coupable ou autorisation formelle pour la destruction , même hors le temps de chasse , de certains oiseaux : Cailles, Grives, Alouettes, que l'on prend par mil- liers au moyen de filets, de pièges et même de poison ; que c'est par ces causes réunies que s'expliquent la pullulation croissante des insectes, et, pour bien des observateurs sérieux, les maladies des végétaux affaiblis par les attaques de ces légions d'animaux invisibles pour l'homme. A ces causes et par une déhbération prise à l'unanimité, croit de son devoir d'adresser au Sénat cette pétition tendante à obtenir l'introduction dans le code rural : 1*' De dispositions générales pour la pohce de la chasse dans tout le pays, concernant : a. L'ouverture et la fermeture par zones ; h. L'emploi des filets, pièges ou engins à prohiber ; c. Les délits qui se commettent dans les propriétés closes ; d. La vente sur les marchés des insectivores. 2° D'une protection efficace des oiseaux pendant la saison des nids au moyen de peines sévères contre les destructeurs des couvées, et d'un impôt pour la possession en cage d'oi- seaux chanteurs. 3*' D'un encouragement par des primes à la destruction des oiseaux ovivores, tels que Pies, Geais, Corneilles, Pies-grié- ches, et des rapaces, moins les Buses, Bondrées, Chouettes et Hulottes, qui font une chasse utile aux rats, taupes et mulots. NOTES SUR LiNE ÉDUCATION DE VERS A SOIE DU MURIER PROVENANT DE GRAINES ENVOYÉES DU JAPON PAR M. DUCHESNE DE BELLECOURT, Par m. E. !\'OlRRIGAT. (Séance du 14 juin 1861.) En me confiant quelques graines de Vers à soie d'origine japonaise envoyées par notre consul au Japon, M. Duchesne de Bellecourl, le Conseil d'administration de la Société ayant bien voulu m'exprimer le désir de connaître le résultat de l'éducation, je me fais un plaisir de vous transmettre les ren- seignements suivants sur les qualités exceptionnelles de cette excellente race. Les œufs, placés sur les quatre papiers-cartons que j'ai reçus le 29 mars dernier, bien qu'en assez bon état de con- servation, condition assez rare pour les graines de ces prove- nances, étaient cependant déjà en éclosion. Placés deux jours après à l'incubation, avec trente-quatre autres races de provenances diverses, j'ai dû abandonner les naissances des premiers jours, vu leur peu d'importance, pour ne conserver que les levées des 6, 7, 8, 9 et 10 avril. Grâce à la précocité du Morus japonica que je cultive et que je propage sur une vaste écbelle, j'ai pu nourrir les Vers qui, après avoir traversé avec un ensemble admirable toutes les phases de l'éducation, sans montrer aucun symptôme de maladie et sans laisser de pertes à aucune période de leur existence, sont montés, le 16 mai, à la bruyère, en devançant de huit jours toutes les autres races , bien que placés à une égale température et ne recevant que les mêmes soins. Les cocons, d'une beauté remarquable, se recommandent encore par leur homogénéité, la richesse de leur produit et la tinesse du brin. VERS A SOIE DU MURIER. 277 .rai placé ({uelques cocons à l'incubation pour tenter un petit grainage à titre d'essai. Cet heureux succès, qui n'est cependant pas une exception chez moi, puisque sur trente-cinq races que j'ai expérimentées, trente et une sont arrivées à la bruvére dans des conditions moins satisfaisantes, il faut le reconnaître, est d'autant plus remarquable qu'il a été obtenu au milieu d'un échec k peu près général. Il n'est malheureusement que trop vrai que los résultats de la récohe seront, sans nul doute, inférieurs à ceux de l'année dernière, déjà si réduits. Ces résuUats sont d'au- tant plus tristes, que les cocons, mélange de toutes sortes, étant d'une assez mauvaise qualité et d'un très mauvais rendement, trouvent des prix nullement rémunérateurs pour le proprié- taire, surtout pour ceux qui, sur certains marchés, ont été obligés de payer la feuille jusqu'à 30 fr. les 100 kilog., par suite d'une quantité inusitée de graines qu'ils avaient mise à éclore, et dont les Vers, à la faveur d'une température des plus belles, ont pu atteindre les quatrième et cinquième âges pour échouer à la montée. Les races qui ont le mieux résisté sont, après celle du Japon, les provenances de la Turquie d'Europe. La Valachie et la Bulgarie fourniront la plus grande partie du peu de ré- colte de cette année. Toutefois je remarque depuis plusieurs années, je dois le dire, un affaibhssement qui se manifeste par la présence toujours croissante de Vers atrophiés, appe- lés communément maladies des petits. N'est-il pas à craindre que ce symptôme révélateur ne soit le signal de l'anéantisse- ment plus ou moins prochain de ces races? Dieu fasse que ce moment soit encore éloigné. La pébrine a fait peu de ravages cette année, et malgré trente-cinq races d'origines diverses que j'ai expérimentées, et une éducation industrielle de six cents onces de graines (environ 22 500 000 insectes), je n'ai pu constater qu'un très petit numlire de cas de cette affection. J'attribue la maladie dominante, les morflats ou tripes, cause de nos désastres actuels : \° A la masse de mauvaises graines importées de tous 278 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. côtés, mélange épouvantable de toute sorte de races, et surtout à leur mauvais état de conservation ; 2° A l'influence de la maladie végétale. 3" Enfin, à l'état trop avancé de la feuille donnée en ali- ment aux Vers. Il n'est que trop vrai que, indépendamment de la mauvaise qualité des œufs importés de tous les coins du globe et des avaries auxquelles ils sont exposés dans leur transport, les soins inintelligents qu'ils reçoivent, ou, pour mieux dire, la négligence dont ils sont l'objet durant leur séjour dans nos entrepôts, provoque une fermentation qui amène un travail prématuré de l'embryon , interrompu le plus souvent par de coupables procédés. Il est facile de comprendre la fâcheuse influence qu'un pareil état de choses doit exercer sur l'ave- nir de l'insecte et les maladies qui en dérivent. Heureux en- core pour l'éducateur lorsque ces maladies surgissent avec la naissance de l'insecte ; la perte est alors peu importante , parce qu'on peut procéder à un remplacement, si la saison n'est pas trop avancée, ou vendre sa feuille dans le cas con- traire. En second lieu, l'état de l'atmosphère et surtout la maladie végétale, niée par les uns et reconnue par d'autres, exercent une influence dont j'ai essayé de démontrer les pernicieux effets dans une brochure que j'ai publiée en 1859. Les faits sont encore venus donner raison, cette année, à mes obser- vations. Les mois d'avril et de mai ayant été très secs et la tempéra- ture fort belle, les feuilles des Mûriers se sont rapidement dé- veloppées sans maladie, du moins apparente, et elle ne s'est montrée que vers la fin de l'éducation. Cette circonstance ex- phquerait pourquoi les Vers des éducations en retard sont arrivés jusqu'aux approches de la montée, et les succès des chambrées précoces. Tandis que l'année dernière, dès la fin du mois d'avril, le mal étant déjà très apparent sur certains végétaux, les chambrées échouèrent dès les premiers âges. En troisième lieu, à la faveur de la belle température que nous avons eue à partir de la fin de mars, le iVlùrier a été VERS A SOIE DU MURIER. 279 très précoce ; la végétation a pris un tel développement et la feuille a acquis une maturité si rapide, que les Vers, généra- lement nés trop tardivement en raison de l'état avancé de la végétation, ont trouvé une feuille trop substantielle et inap- propriée à leur âge. Cette nourriture indigeste a eu pour effet de provoquer une irritation intestinale, ainsi que l'indi- quent les matières alvines de l'insecte, qui l'a fait périr aux approches delà montée. C'est du moins ce que j'ai pu obser- ver dans les troisièmes épreuves arrivées tardivement à la bruyère, et sur lesquelles les ravages ont été considérables, sans nulle apparence de pébrine. Après une aussi longue série de mauvaises récoltes qui ont porté la misère dans le pays, nos éducateurs sont fort décou- ragés. Partout où l'on peut substituer aux Mûriers une autre culture, on arrache impitoyablement cet arbre comme une plante improductive, et il ne resterait pas un seul sujet dans la partie montagneuse du pays, si, par sa nature, le sol se prê- tait, comme dans nos fertiles plaines, à la culture d'autres produits. Tel est le sombre mais véridique tableau de la situation d'une industrie agricole à la prospérité de laquelle étaient dus cependant le bien-être antérieur et la civihsation présente de nos populations rurales. Hâtons-nous de le dire, le mal n'est cependant pas sans re- mède ; je crois en avoir indiqué les moyens, dont l'application, aussi simple qu'économique, doit amener les plus heureux effets, ainsi que l'expérience me le démontre chaque jour. Ces moyens sont consignés dans diverses brochures que j'ai pubUées et dont j'ai eu l'honneur de faire hommage à la Société. II. EXTRAITS DES PROCÈS -VERBAUX DES SÉANCES GÉNÉRALES DE LA SOCIÉTÉ. SÉANCE DU 17 MAI 18GI. Présidence de M. Is. Geoffroy Saint-Hilaire. Le procès-verbal est lu et adopté, après des observations faites sur sa rédaction par M. le Président et M. le docteur Yavasseur. — M. le Président fait connaître les noms des membres nouvellement admis : MM. Almâzan (le duc d'), à Paris. BouRRTT (0.), ancien pasteur, à Vandœuvres, canton de Genève (Suisse). Calvière (le marquis de), à Paris. Chauvelot (François-Xavier), directeur du Bulletin de la Société d'Jiorticidture de Besancon , professeur d'arboriculture des départements du Doubs et de la Haute-Marne, à Besançon. GoAVLEY (S. Exe. le comte), ambassadeur de S. M. Bri- tannique, c"i Paris. DAMRÉMOiST (Denys, comte de), ministre plénipotentiaire, à Co2:nac (Charente). DoEHNEL jeune, fourreur naturaliste, membre de plu- sieurs Sociétés savantes, h Paris. Falret (le docteur Jean-Pierre), membre de l'Académie impériale de médecine, à Vanves (Seine). Fellmann (Georges-Jules), chef de bureau au ministère de la guerre, à Paris. MoRïEUiL (le vicomte de), àChilhac, par Lavoute (Haute- Loire). Nachet (le baron), conseiller de préfecture du départe- ment de l'Aisne, au château de Mailly, par Ghavignon (Aisne). pRADOUE (Milon de), propriétaire, à Paris. PROCÈS-VERBAUX. 281 MM. Vély-Pagha (S. Exe), ambassadeur de la Sublime Porte, à Paris. ViLLE>'EUVE (le marquis de), maire du YIP arrondisse- ment, à Paris. Voisin (le docteur Félix), à Vanves (Seine). — Des lettres de remercîments pour leur récente admission sont adressées par MM. Sabau y Larroya, Ballesteros, de Santana, Espina et le prince de Castel-Cicala. — Des remercîments pour les récompenses qu'ils ont reçues de la Société sont' adressés par MM. Atanasio, le baron Anca, de Sicile, et M. le capitaine Salles, de Marseille. — M. Renault , inspecteur des Ecoles vétérinaires, écrit pour accepter de faire partie de la Commission cbargée d'éri- ger une statue à Daubenton. — M. le Ministre de l'instruction publique et des cultes fait connaître qu'il ne peut donner suite à la proposition qui lui a été présentée de fonder un concours pour les instituteurs ; mais il offre de faire publier, dans le Journal des instituteurs ^ une note indiquant le but que se propose la Société, et les avantages que ses travaux peuvent produire. — M. le baron Anca annonce la fondation d'une Société d'acclimatation et d'agriculture italienne à Païenne, et fait ses offres de service à la Société pour l'Exposition universelle agricole italienne, qui doit ouvrir à Florence en septembre prochain. — La Société d'émulation des Côtes-du-Nord demande de nouveaux renseignements sur les moyens d'étendre le plus possible ses rapports avec la Société, et exprime le désir d'être comprise dans les distributions d'animaux et de végé- taux qui pourront être faites, pour enrichir le Jardin d'ac- climatation réemment fondé à Saint-Brieuc. — M. Ramel fait hommage à la Société : 1° d'un numéro de X Argus, de Melbourne, du 26 février 1861, contenant le compte rendu de la séance d'inauguration de la Société d'acclimatation de Victoria (voy. au Bulletin, p. 232) ; 2° d'un exemplaire, réimprimé à Melbourne, du discours prononcé par M. F. Bnckland à la Société d'acclimalation de Londres. 282 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. — Sir George Grey, gouverneur de la colonie du Gap de Bonne-Espérance, membre honoraire delà Société, écrit pour annoncer qu'il destine à la Société un envoi d'animaux de l'Afrique méridionale. Cet envoi se compose de à Faisans (Francolins), k Lapins de roche {Hyrax) et 12 Tortues de différentes espèces. Notre honorable collègue exprime son vif regret que les soins qu'il avait pris pour joindre à son envoi ^ Zèbres (Ecfuus montaiitis), aient été infructueux, mais il espère être plus heureux dans une nouvelle tentative. — Des remercîments sont adressés à sir George Grey. — Notre confrère, M. Lewis, résident anglais de Pinang, à Singapore, dans une lettre adressée à M. Drouyn de Lhuys, fait connaître que, jusqu'à présent, il a lait de vains efforts pour se procurer une espèce de Bœuf, comnnin dans la Pénin- sule et dans la Malaisie, qui présente un intérêt particulier, mais qu'il ne désespère pas de pouvoir en faire parvenir un jour à la Société. — M. Richard (du Gantai) annonce la naissance d'un jeune Yak, qui se trouve en très bon état de santé, au dépôt de SouharcL — M. Emile Thomas, ingénieur, qui va faire un voyage aux États-Unis et au Ganada, fait ses offres de service à la Société, et demande des instructions qui lui seront adressées avec des remercîments. — M. Bréon-Guérard fait parvenir un document intéressant sur la question historique de l'introduction en France des Mérinos et sur les travaux de Daubenton. — llenvoi à la Com- mission. — M. Torelli, gouverneur de la Valteline, annonce qu'il désire prendre part, en son nom personnel, à la souscription organisée en vue d'une nouvelle expédition de Lamas ou d'Alpacas, et qu'il espère que sa province se joindra égale- ment aux souscripteurs. — MM. Laurence et d'Arbigny remercient pour les œufs de Perdrix Gambra qu'ils ont reçus. — M. le docteur Bordier écrit pour demander des oiseaux et des œufs de différentes espèces. PROCÈS-YERBAUX. 283 — Des réponses au Questionnaire sur la vipère sont adressées par la Société impériale des sciences et d'agricul- ture de Lille, par la Société des sciences, arts et belles-lettres de Baveux, et par MM. Delbourg, le docteur Rainbert et Main. Des remercîments seront transmis aux auteurs de ces com- munications. M. Chavannes, délégué de la Société à Lausanne, donne un avis défavorable sur une proposition faite précédemment d'introduire des Anguilles dans le lac de Genève. — M. le docteur Saurier offre à la Société quatre Tortues d'Europe vivantes. — Des remercîments seront adressés à M. Saurier. — M. le capitaine Constant Salles, de Marseille, adresse un Mémoire sur l'utiUté de faciliter la propagation des Tortues dans la Méditerranée, et d'y introduire quelques nouvelles espèces. — Ce Mémoire est renvoyé à l'examen de la S*" section. — M. Labille, de Boulogne, adresse un travail étendu sur les moyens de repeupler promptement nos cours d'eau par la pisciculture, et deux numéros du Journal de Boulogne, re- latifs à des expériences pratiques sur ce sujet. — Renvoi à la S*" section. — M. le comte de Sinety fait parvenir une traduction d'un Mémoire allemand envoyé par M. Lorenz, apiculteur à Er- furth, sur l'Abeille ligurienne {Apis ligustica). Les expérien- ces dont M. Lorenz rend compte sont très favorables à l'intro- duction de cette intéressante espèce dans nos ruchers. — M. Ch. de Gauvain adresse, au nom de la Société d'ac- climatation de Nancy, une demande de graine de Vers à soie de l'Allante. — MM. les docteurs Turrel et Bordier offrent leurs remer- cîments pour le récent envoi de graines qui leur a été fait par la Société. — M. Nakwaski, de Genève, qui assiste à la séance, offre un échantillon de sucre cristalhsé d'Erable {Acersaccharinum), et il est prié d'agréer les remercîments de la Société. — M. le général Herrera fait don de six tubercules d'une Pomme de terre du Pérou, dite Papas d' Huarnantanga , 28Zl SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMâTâTION. qui lui ont été envoyées récemment et recommandées comme étant d'excellente qualité. — M. Brierre, de Riez, adresse un nouveau rapport sur les plantes exotiques dont il poursuit la culture avec un zèle et un soin qui lui ont mérité déjà plusieurs fois les récompenses de la Société. — M. le chevalier de Paravey transmet quelques documents tirés d'ouvrages orientaux sur la Gomme adragante. — Notre confrère M. Reisser fait hommage d'une Notice sur le voyage du prince Alfred à la Martinique, dans laquelle se trouvent quelques détails sur le jardin botanique de cette colonie. — La Société d'émulation des Vosges transmet le bulletin de ses travaux. -- M. Haas annonce qu'il met à la disposition des membres de la Société, au prix de revient, divers ouvrages qu'il a publiés. — Sont oiferts à la Société les ouvrages imprimés suivants, adressés par les auteurs : 1" Les Bords de la mei\ par M. Labille, de Boulogne-sur- Mer. 2" Voyage en Orient^ exposé de l'état actuel des chrétiens de Syrie, par M. Tabbé Lavigerie. 3° De la nature et de l origine des corps vibrants , par M. Plagniol. — A l'occasion de la correspondance , un membre émet l'opinion qu'il y aurait grand intérêt à faire venir de la Hongrie des Buflles, qui sont beaucoup plus faciles à élever que ceux de la Campine. — M. le Président présente à la Société un Mémoire de MM. Lherbette et de Ouatrefages sur l'améhoration de l'espèce chevaline, et notamment des chevaux de troupe en France. A ce sujet, M. le Président annonce que M. Lherbette a fait présenter avant la séance un étalon arabe, d'une très grande réputation, connu sous le nom d\E?npsael, que M. le baron d'Haenens a ramené de ses voyages en Orient. — M. A. Duméril lit un Rapport sur l'éducation faite au " PROCÈS-VERBA.UX. 285 Muséum des Vers à soie du Chêne, dont la graine a été en- voyée du Japon par M. Duchesne de Bellecourt. (Voyez au Bulletin.) A l'occasion de ce rapport, M. le Président fait remarquer que les Vers, dont plusieurs spécimens sont présentés à la séance, ont été sauvés, grâce au zèle de MM. Aguillnn, Mar- gollé et Turrel, de Toulon, et de M. Denis, d'Hyères, qui ont pris soin d'envoyer les feuilles nécessaires à l'alimentation de ces animaux, jusqu'au moment de la venue des feuilles de nos chênes. Il rappelle aussi les importants services rendus par M. Vallée, qui a pu sauver ces animaux par ses soins inces- sants, et auquel on doit la conservation àw Bombyx Cecropia. M. Guérin-Méneville propose qu'une partie de ces Vers soit placée à la magnanerie du Jardin d'acclimatation du bois de Boulogne, afin que des expériences comparatives puissent y être faites en même temps que celles qui se poursuivent au Muséum. M. A. Duméril fait observer que l'état de prospérité de ces Vers et leur petit nombre semblent indiquer, au contraire, qu'il vaut mieux, quant à présent du moins, les laisser au Muséum. — L'examen de la proposition de M. Guérin-Méneville est renvoyé au Conseil. — M. Lamiral lit un Mémoire sur l'acclimatation des éponges dans les eaux de P'rance et d'Algérie, suivi de pro- positions relatives à l'importance que présenterait la création d'une Société pour l'application pratique des théories déve- loppées dans ce Mémoire. — L'examen de ces propositions est renvoyé au Conseil. (Voyez au Bulletin.) — M. le Président annonce que S. M. la reine d'Espagne vient de donner à la Société un nouveau témoignage du haut intérêt qu'EUe daigne prendre aux travaux de la Société, en accordant à M. Fréd. Jacquemart la décoration de l'ordre royal de Cliarles III, pour les services qu'il rend à l'acclima- tation. — M. Rufz de Lavison annonce que l'on a obtenu au Jardin d'acclimatation du bois de Boulogne deux nouveaux œufs du Lophophore; que les Tétras huppecols ont pondu 286 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'âCCLIMATATION. neuf œufs, et que l'Autruche en a pondu un. Il ajoute qu'il a lieu de croire que ces œufs sont parfaitement fécondés, et qu'il espère obtenir ainsi, dès cette année, la reproduction de ces précieuses espèces. — M. Vavasseur lit une lettre de M. Poucel sur les Alpacas et Vigognes. (Voyez au Bulletin.) — M. Guérin - Méneville lit la deuxième partie de son travail intitulé : Matériaux pour servir- à l'histoire de l accli- matation du Vers à soie du Chêne. SÉANCE DU 31 MAI 1861. Présidence de M. Is. Geoffroy Saint-Hilaire. ' Le procès-verbal est lu et adopté. — M. le Président proclame les noms des membres nou- vellement admis : MM. Daguillon (le docteur Léon), à Pontivy (Morbihan). Delahaye (Auguste) , commissaire-priseur, à Paris. DuBRUNFAUT, chimiste industriel, à Paris. FoRTH -Rouen (le baron), ministre i)lénipotentiaire de France, à Dresde (Allemagne). Hertford (Sa Grâce M. le marquis de), pair d'Angle- terre, à Paris. La Fouchardière (Veneau de), membre du Conseil gé- néral d'Indre-et-Loire, au château de Repenehers, par Cremillé-sur-Indruis (Indre-et-Loire). Lewis (Henry), ancien secrétaire colonial à Bencoolen (Inde anglaise), à Paris. Nicolas, banquier, membre du Conseil général de la province de Constantine (Algérie), à Saint-Étienne (Loire). Raimbault (Alexandre), pépiniériste, à Montreuil (Seine). — S. A. S. le prince de Monaco, qui abien voulu autoriser l'inscription de son nom parmi ceux des membres pro- tecteurs de la Société, fait parvenir un don de 500 francs comme témoignage que lui inspire notre œuvre d'utihté PROCÈS-VERBAUX. 287 générale. -- Des remercîmenls seront adressés à Son Altesse Sérénissime. — MM. Paul Gaillard, le vicomte de Morteuil, le docteur Bourrit et le docteur Daguillon (de Fontivy) adressent leurs remercîmenls pour leur récente admission. — S. Exe. M. le Ministre des affaires étrangères, par une lettre du 21 mai, annonce la formation d'une Société d'accli- matation à Melbourne, colonie de Victoria (Australie), et transmet en même temps une liste des animaux que le Comité zoologique de cette ville possède et offre en échange à notre Société. M. le Président rappelle, à cette occasion, que déjà des rela- tions de bonne et sympathique confraternité ont été établies avec le Comité austrahen, par des échanges de graines, et qu'un premier envoi d'animaux australiens a été récemment annoncé par M. le docteur Mueller. — M. Lecoq, délégué à Glermont, annonce qu'il s'occupe activement des questions relatives à la souscription pour la statue de Daubenton, et qu'il va faire toutes les recherches qui lui ont été demandées , pour le choix d'une locahté propre à l'étabHssement d'un dépôt de reproducteurs des espèces nouvehement introduites par la Société ou dont elle veut tenter l'introduction. — Le Comice agricole de l'arrondissement d'Alàis accuse réception des pièces qui lui ont été adressées par la Com- mission pour la souscription de la statue de Daubenton. — M. Richard (du Cantal) annonce la naissance d'une jeune femelle d'Yak, qui se trouve dans d'excellentes conditions. Cette naissance porte à huit le nombre actuel des Yaks que la Société possède à Souliard, savoir : un taureau adulte, un jeune taureau de huit mois, un autre jeune mâle récemment né, trois femelles adultes, une autre de dix-huit mois et celle (|ui vient de naître. — M. Sacc annonce avoir reçu les Chèvres d'Angora dé- posées chez M. Dausse, et qu'il offre d'acheter à la Société. Il insiste sur l'intérêt que la Société aurait à faire l'acquisition de femelles métisses d'Angora et de Chèvres du Jura, que pos- 288 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCGLIMATATION. sède aujourd'hui M. Dausse. — L'examen de cette proposition est renvoyée au Conseil. — M. Drouyn de Lbuys fait connaître que le Jardin zoolo- gique du bois de Boulogne va s'enrichir d'une paire d'Oies du Danube, offertes par M. le docteur Delpech , qui les a reçues de S. E. Yefik-efendi, et d'un Cerf et d'une Biche du Paraguay, nommés Guazùbira, envoyés de Buenos -Ayres par M. le comte Alfred de Brossard, consul général de France. — M. Delisse adresse ses remercîments pour l'envoi d'œufs de Perdrix Gambra qui lui a été fait. — Un membre de la Société signale le fait, récemment ob- servé par lui dans le département de Maine-et-Loire, d'une couvée simultanée, dans le même nid, de 30 à 35 œufs par deux Perdrix, l'une grise, l'autre rouge. — M. Ramel, en transmettant un numéro du Melbourne Punch, qui renferme un dessin figurant M. Wilson présentant aux animaux indigènes les animaux européens qu'il a im- portés en Australie, fait remarquer que l'oiseau dit Laughing Jacasse, indiqué sur le dessin, serait intéressant à introduire dans nos colonies pour la chasse active qu'il fait aux ser- pents venimeux. — Diverses réponses au Questionnaire sur la Vipère ^ont adressées par MM. les sous-préfets de Chàtellerault et de Grasse, et par M. Monont (de Besançon). — La Société des sciences natm'elles de l'Ardèche adresse une demande de graine de diverses espèces de Bombyx. — Des remercîments pour l'envoi de graines de Vers à soie métis d'Allante et de Ricin qui leur a été fait sont adressés par MM. Sihert et Maumenet. — Le prieur de l'hospice du grand Saint-Bernard ollre ses remercîments pour les graines de plantes septentrionales qui lui ont été envoyées par la Société afin qu'il put en essayer la culture dans les environs de son couvent. — M. Buckland écrit, au nom de la nouvelle Société d'accli- matation de Londres, pour remercier la Société impériale d'acclimatation des tubercules d'Igname de la Chine ( Dios- corea batalas) qui lui ont été envoyés, sur sa demande. PROCÈS-VERBAUX. 289 — M. Bri(MTe, de Riez, adresse un nouveau Rapport, ac- compagné de peintures à l'huile , sur les plantes qu'il cultive cette année et qui proviennent de graines qu'il a reçues de la Société. M. Drouvn de Lhuvs annonce (lue le maréchal Santa- Cruz vient de faire don au Jardin du bois de Roulogne d'une excellente espèce de Pomme de terre et d'une variété de Maïs qu'il a reçues du Pérou. — M. Grandidier, répondant à une lettre de M. le secrétaire, exprime ses regrets de n'avoir plus de semences de Maïs des Incas, et promet de mettre plus tard, à la disposition de la Société, une grande partie de sa récohe de cette année. — M. le docteur Gosse, délégué du Conseil, à Genève, de- mande que la Société favorise des essais d'acclimatation de la Coca, Erythroxylon coca, en faisant venir du Pérou une notable quantité de graines et de fruits de cette plante. — Cette proposition est renvoyée au Conseil. — La Société reçoit les diverses publications suivantes : i" Mittheilungen der K aiser lichen freien œkonomischeii Ge~ sellschaft zii Saint-Petersburg. — 2" Annonce de vente d'ani- maux de race bovine a\i domcdne de Fouilleuse. — 3'^ Sur l'Hémione, le Dauw et /'i4?^e,parM.le baron de Dumast^extr. du Bulletin de la Société régionale d' acclimatation fondée pour la zone du nord- est, iSbS). — 4' Sur le traitement des fièvres intermittentes par le sulfate de cinchordne, par M. Michel Lévy, 1860. — 5° Coup d'œil sur les productions et sur les peuples géophages et sur les autres populations des bords de rOrénoque,\ydV M. Gortambert, 1861 . — (5" Culture forcée par le thermosiphon, des fruits et légumes, des prun,iers, vignes, par M. le comte de Lambertye, 1861. — 1" Les numéros de mars et d'avril des Annales forestières et métallurgiques. — M. Drouyn de Lhuys dépose, au nom de M. B. Poucel, une brochure ayant pour titre * La tente du berger des Cordillères, 1861. — M. le Président annonce que la médaille décernée à M. de Montigny sera très prochainement frappée, et qu'elle lui sera remise par une Commission à laquelle pourront s'ad- T. VIII. — Juin I86i. 19 290 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. joindre tous les membres de la Société qui le désireront. Le jour sera ultérieurement désigné. M. le Président fait connaître que la Commission • de la statue de Daubenton s'occupe activement de la mission qui lui a été confiée , et il donne lecture de lettres qui lui ont été adressées, à cette occasion, par S. A. I. le prince Napoléon, M. Jomart et M. B. Poucel. La Société décide k l'unanimité la nomination de M. Jomart comme membre de la Commission. M. Hébert donne lecture d'une lettre adressée de Chine par M. E. Simon qui annonce l'envoi de graines ou de tuber- cules d'un certain nombre de plantes alimentaires et d'autres espèces de végétaux utiles. — M. Guérin-Méneville donne quelques détails sur les dis- tributions de graines de Vers à soie métis de l'Ailante et du Ricin, et lit un travail sur ce sujet. — M. le Président présente un travail très intéressant de M. Schulz (de Nancy), intitulé : Petite note sur les noms du Chien, sur les noms du Chat, sur les Chevaux à oreilles pendantes, etc., dont il donne lecture par extraits. — M. Lamiral lit un Mémoire sur la culture, la pèche et le commerce du corail. Ce mémoire est renvoyé à la Commis- sion nommée pour l'examen des propositions présentées par M. Lamiral, dans sa séance du 17 mai, sur les avantages que peut présenter l'acclimatation des Éponges sur les côtes de l'Algérie. Cette Commission est ainsi composée : MM. Drouyn de Lhuys, Cloquet, Duméril, Focillon, Simonnet de Maisonneuve, Eug. Péreire, de Quatrefages et L. Soubeiran. — M. Rufz de Lavison lit une note sur le Gourami, dont l'assemblée demande la publication. (Voyez au Bulletin.) Le Secrétaire des séances^ L. Soubeiran. m. BULLETIN MENSUEL DES CONFERENCES ET LECTURES. CONFÉREINCE DU 17 AVRIL 1861. De quelques: objections contre l'acclimatation, par M. Is. Geoffroy SATNr-IIlLAIRE. Les objections qu'on a si souvent faites contre la possibilité et l'utilité de racclimatation et de la domestication de nouvelles espèces animales sont aujourd'hui jugées. En présence du succès sans exemple de la Société d'acclimatation et de ce rapide mouvement de progrès qui lui a donné, en six ans, 2ZiOO membres, et par suite duquel des associations analogues s'élè- vent de toutes parts à son exemple, il peut même sembler qu'il soit superflu de revenir sur les doutes et les objections que la Société a rencontrés à sa naissance. Cependant ces objections ont encore quelques défenseurs, et on les pré- sente parfois sous des formes spécieuses, et de manière à jeter quelque incertitude même dans les meilleurs esprits. 11 n'est donc pas hors de pro- pos, sans leur attribuer une importance qu'elles n'ont plus, de donner les éléments de la solution de ces objections, et c'est dans cette pensée que M. Geoffroy Saint-Hilaire a cru devoir résumer les réponses qu'il a déjà faites, à plusieurs reprises, à ces deux questions : Est-il possible d'acclimater sur notre sol de nouvelles espèces, ou d'aug- menter le nombre de nos animaux domestiques? Et si cela est possible, est-ce utile ? A la première de ces questions les faits répondent de la manière la plus décisive : « Nous ne vivons, » comme l'a si bien dit M. Drouyn de Lhuys, « que de choses accUmatées. » Notre éminent vice-président a justifié cette proposition par une multitude d'exemples tirés du règne végé:al : elle n'est pas moins fondée à l'égard du règne animal. Des espèces qui peuplent nos serres et nos basses-cours, combien en est-il qui soient originaires d'Europe? Un très petit nombre. Le Lapin est originaire du midi de l'Europe ; le Canard a été domestiqué par les Romains ; mais ce ne sont là que des espèces d'une utilité secondaire ; et quand on arrive aux animaux les plus précieux de tous, on reconnaît qwe tous, sans exception, sont des animaux soit asiatiques (1), soit africains (2), acclimatés en Europe dans des temps fort anciens. Ajoutons à cette série de faits, qui n'est pas moins décisive que la première, que ces animaux, après avoir passé, dans l'antiquité, de l'Asie et de l'Afrique en Europe, ont passé, dans les temps modernes, d'Europe en Amérique et en Australie; si bien que des espèces qui n'existaient d'abord que sur un point de l'ancien continent se trouvent aujourd'hui répandues sur toute la surface du monde, de l'équateur au cercle arctique, et plus au (1) Comme le Cheval, le Porc, le Bœuf, la Chèvre, la Poule, etc. (2) Comme le Ctiat. D'autres sont d'origine à la fois asiatique et africaine, comme le Chien. 202 SOCIÉTÉ IMrÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. nord encore, et, par conséquent, dans des pays, les uns très chauds, les autres tempérés, les autres très froids. Donc Tacclimatation est possible, et elle est presque sans limites, au moins pour les animaux supérieurs. Après avoir justifié cette conclusion qui ressort indubitablement de Tensem- ble des faits, M. Geoffroy Saint-Hilaire a montré, parles résultats de quelques observations récentes, que racclimatation n'est pas seulement possible à la longue, mais qu'elle a quelquefois lieu beaucoup plus rapidement que la théorie ne le ferait penser. Le Cygne noir, qui, en raison du renversement de l'ordre des saisons dans l'hémisphère austral, pond et élève ses petits durant notre hiver, ne tarde pas, en Europe, à rapprocher ses époques de ponte de celles des espèces indigènes. Au Muséum d'histoire naturelle, il a suffi de peu d'années pour que la Bernache armée, dite Oie d'Egypte, au heu de se reproduire, comme en ^ubie, à la Cm de décembre ou au commencement de janvier, reportât successivement ses pontes aux mois de février, de mars et d'avril. On voit par là ce que vaut cette objection encore tout récemment reproduite comme décisive contre l'acclimatation : « La nature a naturelle- ment attaché chaque è re à son climat natal, en raison de l'harmonie qui existe entre les époques de reproduction et le cours des saisons dans ce climat. » Oui, cette harmonie existe, et c'est à juste titre qu'on l'a signalée et admirée ; mais elle n'est pas tixe et invariable pour chaque espèce et chaque climat : elle se rétablit bientôt entre les conditions vitales de l'espèce déplacée et le climat de sa nouvelle patrie. L'utilité de l'acclimatation et de la domestication n'est pas plus contes- table que leur possibilité. Sur 1/^0 000 espèces animales, nous n'en avons à l'étal domestique que 32. Gomment un si petit nombre serait-il tout ce qu'il peut nous être réellement utile de conquérir sur la nature ? Ges 32 espèces sont d'ailleurs presque toutes de l'ancien monde; est-ce assez d'avoir obtenu le Dindon et le Gochon d'Inde de ce vaste continent américain , peuplé de types qui lui sont exclusivement propres? Quanl à l'Australie, ce troisième continent, découvert plus nouvellement encore, nous n'en avons pas même obtenu une seule espèce. 11 y a donc encore des terres vierges, des régions où l'on n'a pas seulement à glaner, mais à faire la première moisson. Après avoir développé ces remarques générales , M. Geoffroy Saint- Uilaire a passé en revue les animaux qu'il juge pouvoir être utiles à l'état domestique, soit conmie auxiliaires, soit comme alimentaires, soit comme industriels, soit comme animaux accessoires ou de simple agrément. Il a particulièrement insisté sur les espèces qui peuvent, soit nous rendre des ser- vices différents de ceux de nos animaux actuels ou nous donner de nou- veaux produits industriels, soit réussir dans des localités où vivent mal les animaux domestiques analogues, soit ajouter à nos ressources alimentaires, en raison de leur extrême fécondité, du développement rapide de leurs jeunes, ou encore parce qu'elles se nourrissent de substances aujourd'hui sans emploi véritablement utile et sans valeur. CO^'FÉRE^'CES ET LECTURES. 59S CONFÉRENCE DU 20 AVRIL 1861. Sur la germination, les ■procédés de transport et de conservation des yraines, par M. Arthur Gris (1). Après avoir rappelé Timportance des semis en agriculture et en horticul- ture, M. Gris indique rapidement les procédés employés par les jardiniers et ceux qu'a recommandés ^I. Appun, savant praticien allemand, qui a longtemps résidé dans le Venezuela, d'où il a fait en Europe de fréquents envois de graines et de plantes. Après ces considérations pratiques préliminaires, il s'occupe de l'étude botanique de la graine. H montre par une série d'exemples que si beaucoup de plantes portent des graines pendant plusieurs années, il en est d'autres chez lesquelles la semence paraît être le but el le terme de la végétation. Il entre dans quelques détails sur les caractères intérieurs des graines, sur la manière dont se fait leur dispersion ; il s'arrête sur le rôle imprévu et en quelque sorie contraire aux idées actuellement reçues dans la science, que M. A. De Candolle attribue aux ailes, aigrettes de certains fruits quant à leur dissémination ; enfin il décrit la structure intime de la graine. M. Gris passe ensuite en revue les faits et les expériences précises de M. A. De Candolle, qui constatent la vitalité de certaines graines conser- vées dans les circonstances ordinaires (Légumineuses, Conifères, etc.), et la résistance beaucoup plus considérable et souvent merveilleuse de celles qui ont été placées à l'abri des agents atmosphériques. ][ constate cependant, quant à ce dernier point, l'absence d'expériences rigoureuses, et pense que dans beaucoup de cas les phénomènes de transport des graines sur les couches du sol rendues à la lumière sont peut-être plus importants qu'on ne pense. Il n'abandonne pas ce sujet sans parler des expériences de M. Martins (de Montpellier), sur la résistance des graines flottantes à la sur- face de la mer, et sur le rôle presque insignifiant des courants dans la dif- fusion des espèces dans des pays séparés par la mer. Enfin, M. Gris s'étend sur les conditions qui déterminent la germination, et explique comment se fait cette germination chez les Monocotylés et les Dicotylés. Passant à la pratique, il signale les moyens propres à isoler et à conserver les semences de quelques-unes de nos essences forestières les plus importantes, et termine en indiquant les meilleurs procédés propres à pré- parer et à expédier les graines qui doivent avoir un long voyage à faire. Il faut les recueillir bien mures, les faire sécher parfaitement et les mettre dans des sacs de toile suspendus dans des endroits secs et aérés. Celles qui s'altèrent facilement ou qui germent vite doivent être straliliées. C'est en suivant à la lettre les procédés sur lesquels M. Gris est entré dans des détails précis, que nous pouvons espérer de voir s'introduire ou se niulliplier parmi nous des espèces dont les physionomies nouvelles char- (1) Le sommaire de cette conférence a été donné dans le journ.il Ja Pairie {n" du 26 avril IS(;i). La acience pnnr tous: (6* nnnéo, n" l'2, p. 172; on a donné une analyse complète. 294 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. meront nos regards ou qui satisferont à nos besoins avec avantage. Parmi les Palmiers de l'ancien et du nouveau continent , les Chamœrops excelsa et palmeth, VAreca sapida, 1p Cocos australis ; parmi les espèces que nous essayons d'emprunter à la Chine, les arbres fruitiers (Pêchers, Pru- niers, Pommiers, Citronniers, Figuiers) et forestiers (Érable à feuilles tron- quées, Orme nain, Chêne à feuilles obovales) ; des plantes alimentaires (Céréales, Légumineuses, Melons, Pastèques, Cannelliers, etc.). CONFÉRENCE DU llx AVRIL 1861. Sur les fibres textiles^ par M. Chatin. Laissant, comme étrangères au sujet dont il a à traiter, les matières d'ori- gine animale et minérale (l'amiante, le verre) employées à la fabrication des tissus, M. Chatin traite successivement : 1" Des fibres textiles produites par les écorces (Chanvre, Ortie-chanvre, Ortie neige des Chinois, Mûrier à papier, Arbre à pain. Procris, Bœhmeria^Conocephalus, Cao-co des Chinois, Balibago des Philippines, Guimauve chanvre, Abutilon, Tilleul, Crotularia, Spartium., Lin, etc.); — 2" Des fibres textiles fournies par les feuilles (Lin de la Mouvelle-Zélande, Bromelia, Agave, Abaca des Philippines, Cordyline, Pandanus, Morphile végétal, Alfa, etc.); — 3° Des fibres textiles emprun- tées aux fruits et aux graines (Typha, Cocotier ; Apocyn à la Ouate, Saule, Peuplier, Cotonniers.) 11 compare les fibres textiles entre elles, et montre les qualités générales qu'elles tirent de l'organe qui les fournit et de la famille végétale à laquelle elles appartiennent. Recherchant enfin, ens'appuyant sur les enseignements de l'anatomie vé- gétale et sur les analogies botaniques et d'habitat, quelles sont les plantes qu'on pourrait tenter d'ajouter à nos espèces textiles en exploitation, il signale : Parmi les plantes de la famille des Urticées, la grande Ortie et le Houblon, les jeunes pousses de Mûrier abattues par la taille après la cueillette des feuilles. Parmi les Malvacêes, la Rose tréinière et la Guimauve cultivée en masses serrées pour forcer les tiges à rester simples et à s'allonger, la Ketmie sou- mise à la taille. Parmi les Daphnées, les Daphne gnidiuniy qui croissent dans les terrés les plus stériles du midi de la France, etc. Parmi les Ampélidées, les divers Cissus. Parmi les Légumineuses, les Genista juncea et scoparia. Mais il ne suffit pas, ajoute-t-il, d'introduire dans nos exploitations des espèces nouvelles, il faut que celles-ci oflrent, sur les espèces anciennement cultivées, des avantages, soit par la qualité ou la quantité de leurs produits, soi! dans la plus grande économie de leur culture. Sous ce dernier rapport, les Orties, qui prospèrent dans les décombres, les Daphne, qui croissent spontané- ment, les unes sur les cimes glacées des Alpes, les autres dans les sables arides de la région méditerranéenne, paraissent surtout dignes de fixer l'attention. Madame Haudos, qui avait assisté à la conférence, a fait à M. Chatin l'honneur de lui envoyer, à l'issue de celle-ci, un bel écheveau de filasse CONFÉRENCES ET LECTURES. 295 retirée de la grande Ortie, il y a cinquante ans, par son père. Cette filasse, fort résistante encore, paraît susceptible d'être peignée plus parfaitement qu'elle ne l'est et de donner alors de fins tissus. Elle offre d'ailleurs quelques r eflets satinés rappelant les batistes de Chine. CO^FÉRE.NCE DU 27 AVRIL 1861. Des plantes à sucre, par M. J. Léon Soubeiran (1). Le sucre, qui se rencontre dans un grand nombre de plantes, se retrouve aussi dans presque tous les organes des végétaux. Parmi les plantes, qui fournissent de notables quantités de sucre, on a cité la Canne à sucre {Arundo saccharifera) la Betterave {Beta vulgaris), diverses espèces de Palmiers, l'Érable à sucre {Acer saccharinum) les Bouleaux, le Sorgho (Holchus saccharatti.s) le ^laïs {Zea mays), et les Algues. Mais on a fait ob- server que le produit sucré de ces dernières plantes est une sorte de sucre particulier analogue à la mannite, et nommé phycite. Après quelques mots sur l'histoire de la culture de la Canne à sucre, et sur son introduction successive dans divers pays, M. Soubeiran a donné quel- ques détails sur la culture de celte plante, et sur le choix que l'on doit faire de certaines variétés de préférence à d'autres. Il a insisté tout particulière- ment sur l'influence fâcheuse qu'exercent sur la quotité et la quantité des produits, l'habitude de perpétuer la culture de la Canne dans les mêmes champs, et d'autre part l'obligation où l'on est de faire les nouvelles plan- tations avec les flèches des Cannes que l'on récolte, puisque la plante ne fructifie presque jamais. Après avoir fait remarquer que les divers procédés de culture exercent une influence incontestable sur la quantité de sucre obtenu, il a terminé l'histoire de Y Arundo saccharifera par l'indication des •principaux ennemis qui l'attaquent. L'histoire de la Betterave, qui fournit en Europe une grande quantité de sucre, surtout depuis le blocus continental, a été ensuite exposée avec quel- ques détails. Les précautions à prendre pour conserver les racines jusqu'au moment de la fabrication du sucre ont été particulièrement signalées. Les Palmiers qui fournissent , principalement dans l'Inde, la Malaisie et à Java, le sucre désigné sous le nom de jagre ou jaggerij, sont les Cocos nucifera et Nipah, Borassus gomutus et flabelliformis, Caryota urenSy Phœnix daclylifera et Sagus Rumphii. Ce sucre, qui peut être raffiné et alors cristalhse très bien, s'obtient par l'évaporation du callou ou vin de Palme, qui coule de la blessure faite aux pédoncules avant la floraison. On met les arbres en exploitation pendant six mois pour le suc qu'ils lais- sent exsuder, pendant les six autres mois les arbres sont au repos et donnent des fruits. Le sucre de jagre, et surtout \e jagre d'Aren, fourni par le Sagus Rumphii, est très estimé dans les Indes, où on le préfère au sucre de Canne. (I) Cette conférence est imprimée dans le tome 111 des Annales de la Société Linneenne de Maine-et-Loire. Le Secrétaire des séances, L. Soubeiran. IV. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. Médaille offerte ù, ^I. de itlonfigny par la Société impériale d^acclimatation. La médaille que la Société a fait frapper en riionneur delM. de Montigny, sur la généreuse et discrète initiative de l'un de nos plus vénérables confrères, a été remise à notre éminent collègue, le samedi 29 juin, par une Commis- sion déléguée, au nom de la Société tout entière (I), et par un grand nombre de ses membres qui s'étaient empressés de s'adjoindre à la Commission. Les ambassadeurs des rois de Siam avaient voulu, par leur présence, s'associer à cet hommage de gratitude, en souvenir des services rendus à leur pays par rhnnojable ministre plénipotentiaire, à l'occasion des traités de paix signés en 1859, par son entremise, entre la France et leurs souverains, que la Société s'honore de compter parmi ses membres. En présentant à M. de Montigny la médaille à son effigie, exécutée avec un talent et une fidélité extrêmement remarquables par \L Alphée Dubois (2), \L le Président a rappelé, en termes improvisés et pleins d'une émotion par- tagée par toutes les personnes présentes , quelques-uns des titres si nom- breux et si éclatants qui justifient ce témoignage spécial de la plus vive et de la plus profonde reconnaissance de la Société impériale d'acclimatation pour le premier de ses membres honoraires ; titres qui le placent au nombre des bienfaiteurs de Thumanité. M. Drouyn de Lhuys a pris ensuite la parole pour exprimer, en son nom personnel , comme ancien ministre des affaires étrangères , et au nom du pays tout entier, les mêmes sentiments de gratitude envers le digne repré- sentant de la France qui, dans les diverses missions qu'il eut à remplir, sut toujours si honorablement ménager les intérêts politiques de sa patrie, tout en travaillant sans cesse à l'accroissement de ses richesses agricoles, indus- trielles et commerciales. Plusieurs autres membres, ;MM. Duméril, Flury-Hérard, Cîuérin-^NIéneville, Moquin-Tandon, Pouchet, et Rufz de Lavison, ont également présenté leurs lélicitalions à M. de Montigny, qui a répondu par de nouvelles assurances de son entie^ dévouement à la Société et du sincère désir de concourir, comme par le passé, au but d'utilité universelle qu'elle poursuit avec une confiance justifiée par ses succès. (1) La Commission se composait de : MM. Is. Geoffroy Saint-Hilaire, président : îe prince M. de Beauvaii, Drouyn de Lhuys, L. Passy et Richard (du Cantal), vice- présidents ; le comte d'Eprémesnil, secrétaire général ; Guérin-Méneville, secré- taire du Conseil; Davin, Debains, Duméril, F. Jacquemart, Moquin-Tandon, Pelouze, Ruffier et Horace Vernet. (2) Voyez BuUelin, page xxv, la partie du Discours de M. le Président relative à celte médaille. FAITS DIVERS. 297 Des exemplaires en aluminium de la médaille ont élé offerts aux trois ambassadeurs de Siam qui, par lïntermédiaire de leur respectable interprète, M. Tabbé Larnaudie, ont adressé leurs remercîments pour ce souvenir au- quel ils attachent un très grand prix. Première séance annuelle de la Société cracclimatation de Londres, et création de Sociétés analogues à. Glascoiv et à i!Ielbourne. Le 26 mars 1861, la Société d'acclimatation de Londres, réunie en assem- blée générale, sous la présidence de M. le marquis de Breadalbane, a entendu le premier rapport annuel présenté, sur son organisation et sur sa situation actuelle, par son secrétaire, M. Francis T. Buckland (l). Dans ce rapport , AL le secrétaire rappelle que c'est aux propriétaires du journal The Field qu'est due l'initiative de la première réunion du* 26 juin 1861), ayant pour objet de constituer une Société en vue de racclimatation. Cette réunion, à laquelle assistaient M. Edward Wilson, que ses succès en acclimatation ont rendu le bienfaiteur de l'Australie, M. le docteur Bennett, réminent naturalis'.e de Sidney, et M. Fitzgerald, de la Nouvelle-Zélande, se composait d'un grand nombre de représentants de la noblesse, de grands propriétaires, d'agriculteurs et de savants distingués. De nombreuses adhésions sont venues, depuis, encourager cette entreprise et ajouter à ses chances de succès. Des relations ont été établies avec toutes les colonies et avec plusieurs associations à l'étranger, pour l'échange réci- proque des productions naturelles utiles spéciales à chaque contrée. De la Société centrale de Londres sont nées déjà deux autres Sociétés na- tionales d'accUmatalion, l'une à Glascow, pour l'Ecosse, et l'autre, à Alel- bourne, pour l'iVustralie. La Société de Londres se félicite particulièrement des relations de bonne at sympathique confraternité établies entre elles et la Société impériale d'ac- climatation par l'organe de son illustre président, \L Geoffroy Saint-Hilaire; elle lui doit un envoi d'Ignames de la Chine qui lui a donné l'occasion de faire un premier essai de culture de ce précieux tubercule alimentaire, en Angleterre. Sans parler des acclimatations d'animaux précédemment accomplies sur le sol britannique, M. le secrétaire signale les tentatives faites récemment par lord Malmesbury et par M. J. Stevenson pour l'introduction des Cailles du Canada envoyées par AI. Cunard ; par M. Berkeley, vice-président, pour celle des Poules de prairies, les Tétras d'Amérique; par la Société elle-même et (1) M. Buckland avait déjà fait à la Société des arts de Londres, en 1860, une lecture du plus haut intérêt sur les avantages de l'acclimatation. Dans cette leclurc il avait exposé les vues de la Société impériale de France, son organisa- lion et ses progrès, et il avait énuméré les primes proposées par elle et le? diverses applications utiles qui en sont l'objet. 298 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'acCLIMATATION. par le colonel H. Wyse pour les Moutons de race naine. Une paire de ces intéressants animaux a été confiée aux soins tout dévoués de miss Burdet Coutts, dont le nom sera vénéré par la postérité, comme celui de la plus généreuse bienfaitrice de toutes les œuvres bonnes et utiles de ce pays. M. Buckland ajoute que la Société pour la conservation des pêcheries de la Tamise a promis son concours pour des expériences de pisciculture, et particulièrement de l'élève du Saumon dans ses eaux réservées. Il men- tionne ensuite les essais de culture de l'Igname de Chine et des Patates douces des Indes orientales, d'un Haricot de Honduras envoyé par M. Temple ; de diverses espèces de graines des rives du Nil Blanc, dues à M. Petherick, consul à Kartoum, parmi lesquelles il indique particulièrement les Haricots éléphants, et une autre variété dont les gousses ont un pied de long et con- tiennent de six à huit grains bons à manger (les Djours les plantent le long de leurs palissades, qui sont bientôt entièrement recouvertes par leurs tiges); les Haricots de la tribu de Mandar, plante trisannuelle qui donne pendant toute Tannée des produits excellents; enfin d'autres légumineuses remar- quables par la beauté de leur feuillage et la qualité de leurs graines. Pour le moment, la Société doit apporterions ses soins à trois objets prin- cipaux : ' 1*^ L'introduction d'un nouveau mammifère. Celui qui paraît le plus dési- rable, c'est le Mouton de Tespèce naine. On peut l'obtenir d"Aden, de l'Inde, où il est connu sous le nom de Purik, et de la Chine. Plusieurs membres se sont vivement intéressés à l'acquisition du Canna dont racclimatation est due à trois d'entre eux, M. le comte de Brcadalbane, lord Hill et lord Powerscourt. 2° L'introduction d'un nouvel oiseau. Les Cailles et les Poules de prairies du Canada sont déjà acquises ; d'autres espèces de la Nouvelle-Ecosse et de Hondouras sont attendues. Différentes espèces d'oiseaux de chasse, des jungles de l'Inde centrale et deNorway, ont également été promises. 'à*^ Enfin l'acquisition d'un nouveau poisson d'étang ou d'eau douce. Le Lucioperca^ auquel on avait pensé d'abord, a été rejeté, comme destruc- teur, sur l'avis du savant ichihyologiste le docteur Gunther, du British Muséum, et cela prouve combien il importe de ne pas se prononcer à la légère dans le choix des espèces à acchmater. Alais le docteur Gunther a vivement recommandé le ^ihire {S ilur us ylanis), qu'il a lui-même rapporté vivant en Angleterre; le Gourami {Osphromenus olfax); la Morue du Mur- ray, poisson d'eau douce de l'Australie, très estimé de M. Wilson, et le San- dre, excellent poisson pour lequel un agent spécial a été envoyé par la Société en Prusse, sur la recommandation de M. Wilson. Sa Grâce le duc de Newcastle, à qui les vues de la Société ont été soumises, leur a donné son entière approbation, en lui promettant son puissant con- cours; des instructions ont déjà été transmises, par ses ordres, aux gouver- neurs de toutes les colonies, qui sont au nombre de soixante, avec les publi- cations de la Société. FAITS DIVERS. 299 Don de graines et de soies par S. 91. rimpératrice. La Société, dans sa séance du iti juin 1861, a reçu la communication suivante, qui témoigne du haut intérêt que S. M. l'Impératrice daigne pren- dre à ses travaux et aux progrès du Jardin d'acclimatation. Paris, le 4 juin 4 861. Monsieur le Président, J'ai l'honneur de vous transmettre, par ordre de l'Impératrice, deux boîtes contenant : L'une, des échantillons de soie grége ; L'autre, six flacons de graines diverses. Sa Majesté a daigné me donner l'ordre d'offrir, de sa part, ces spécimens au Jardm d'acclimatation, comme un témoignage de l'intérêt qu'EUe porte à cet établissement. Veuillez, je vous prie, Monsieur, m'accuser réception de cet envoi et agréer l'assurance de ma considération distinguée. Le Secrétaire des commandements , Signé Camas-Hinard. Les beaux échantillons de soie grége donnés par Sa Majesté seront placés dans la magnanerie du Jardin d'acclimatation. Les graines ont été immédiatement mises en ten-e avec toutes lés pré- cautions convenables. Dons d'animanx vivants de l'Afrique septentrionale. S. A. le vice-roi d'Egypte, qui avait déjà envoyé tout récemment six paires de Zébus de la grande race du Soudan, vient encore d'envoyer en don, pour la Société, deux Pélicans, trois Flammants et deux Spatules, dont l'envoi avait été annoncé par une lettre datée d'Alexandrie, le 2 jum. S. Exe. le général Khérédine, bey de Tunis, par une lettre du i'9 juin, annonce à la Société ren\oi d'animaux destinés au Jardin d'acclimatation du bois de Boulogne, auquel il veut bien les offrir. Cet envoi se compose de dix-neuf animaux, savoir : une Biche de Barbarie, trois Gazelles, trois Mou- tons, quatre Autruches, quatre Poules d'Inde et quaire Oies. Ces deux magnifiques dons sont parvenus, à deux jours de distance, au Jardin d'acchmalation. Cet établissement possède maintenant jusqu'à six Autruches, auprès desquelles sont aussi de belles paires de Nandous et de Casoars. Le Secrétaire du Conseil, GUKRIN-MÉNEVILLE OUVRAGES OFFERTS A L;^ M»CTÉTÉ. SÉANCE DU 8 MARS 1861. Annuaire de l'Institut des provinces, des sociétés savantes et des congrès scien- tifiques, seconde série, 3*^ vol. 1861. Mémoires de la Société d'agriculture, commerce, sciences et arts de la Marne, 1860. Bulletins du Comice agricole de l'arrondissement de Saint-Quentin, 1860. Mémoires de la Société d'agriculture, des belles-lettres, sciences et arts de Rochefort, 1859-1860, 2^ série. Histoire de l'introduction et de la propagation des mérinos en France ; ouvrage posthume de Tessier, 1838. Offert par M. J.-B. Huzard. La Pisciculture en Vendée par M. René Caillaud, 1860. Ofîert par l'auteur. Sui caratteri che présenta il semé sano dei baclii da seta, e corne queslo si possa distinguere dal semé infelto, par M. E. Cornalia. Risultato délie osservazioni microscopiche fatte sulle uova di bachi da seta dal sellembre 1860 a tutlo gennajo 1861, parle même. Offert par l'auleur. Voyage agronomique en Russie, en 1859 et 1860, par M. A. Jourdier. 1 vol. grand in-8, Paris, 1861. Offert par l'auteur. Richesses orniihologiques du midi de la France, 5*^ fascicule grand in-^, par MM. J.-B. Jaubert et Barthélemy-Lapommeraye. Offerts par les auteurs. Les Banques agricoles. Toulouse, 1861. Offert par M. Granié. Notice sur la vie et les travaux de M. le baron A. de Himiboldt, par M. de la Roquette, Paris, 1860. Notice sur la vie et les travaux de M. Pierre Daussy, par le même. Paris, 1861. . Offerts par l'auteur. SÉAINCE DU 5 AVr.IL 1861. Bulletin de la Société philomalique de Paris, 1860. Bulletin de la Société centrale de l'Yonne pour l'encouragement de l'agriculture, 1860. Annuaire de la Société d'horticulture et d'acclimatation du département de Tarn- et-Onronne, 1861. Le neuve Amour par M. C. de Sabir. 1 vol. grand in-4, avec planches. Paris, 1861. Esquisse ethnographique des Manègres, par le même, 1861. Offert par l'auteur. L'Ailantine, société séricicole pour la production des matières textiles provenant des Vers à soie, 1861. Offert par M. A. Marchand. Nouveau moyen proposé par le prolessour E. Cornalia, pour distinguer à coup sûr la bonne graine de vers à soie de la mauvaise, par M. le D' N. Joly, 1860. Nouvelles expériences sur les effets de la garance mêlée aux aliments des mam- mifères et des oiseaux carnivores, par le même, 1861. Offerts par l'auteur. Essai sur la garance, par M. le docteur Sacc. Paris, 1861. Offert par l'auteur. Étude biographique sur Philibert Commerson, naturaliste voyageur, par M. P. -A. Cap. Paris, 1861. Offert par l'auteur. Percement de l'isthme de Panama par le canal de Nicaragua, par M. Félix Belly. Paris, 1858. Offert par M. le docteur .T. CIoq> Dorking et gasconnes. >' Si en toutes chosesles résultats positifs sont les meilleurs, les négatifs, comme renseignements, ne sont pas à dédaigner. C'est à ce titre que nous signalons ici ceux des oiseaux existant au Jardin, mais qui n'ont point effectué de pontes. Ce sont : les Canards mandarins, lesA.autumnaiis, les Canards Casarka, tadornes. Plombières, siffleurs, milouins, morillons, pilets. Sarcelles. — Les Oies de Gambie, de Magellan, les Bernaches et les Cravans, les Cygnes blancs et les Cygnes à cou noir. — Le Paon du Japon, les Faisans versicolores, les Colombes lumachelles , du Labrador, de Manille. — Les fJoccos, les Pénélopes, les Ibis roses et blancs, la Perdrix G ambra et les Golombi- gallines. Les Canards Bahania, comme ceux de la Caroline, n'ont donné qu'un seul œuf, et les Colombes lophotes deux. II. Incubations — En général, les incubations de cette année n'ont pas été heureuses ; un grand nombre d'éleveurs avec lesquels nous sommes en (I) La Poule WalliRiki ou sans queue est une espèce rare qui a été donnée au Jardin par l'anribassadeur \.\wc Vefik efendi. Elle vient de la Turquie et ne doit pas être confondue, comme on l'a ftiit souvent, avec la Poule sans queue ordinaire, assez répandue dans certaines provinces. Elle est plus élégante et d'un port plus distingué. Il n'y a que le Jardin du bois de Boulogne qui en possède quelques individus. 302 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. relations s'en plaignent comme nous ; ils en attribuent la cause aux orages qui ont été si fréquents pendant le mois de juin. jNous avons trouvé plus d'avantage à vendre les œufs, et le produit de cette vente s'élevait, au 1^' juillet, à 9,197 fr. Z|0 c. 10 œufs de Faisan ou Euplocome mélanote ont donné 7 petits ; 8 œufs de Faisan de Guvier, h petits, qui sont tous bien portants. 9 œufs de Tétras huppecol ont donné 7 petits qui semblaient assez bien venir et prenaient bien les plumes, mais ils sont morts du dixième au quin- zième jour. 8 œufs de Lophophores ont donné 3 petits ; deux ont été trouvés étouffés au second jour de leur naissance sous la Poule qui les avait couvés et qui est morte sur eux; le troisième, venu plus tard, est bien portant et aussi gros qu'un Dindon du même âge. Une couvée de 18 Perdrix Gambra paraissait se bien développer, mais il est survenu une affection des yeux qui a fait périr plusieurs individus. Une Poule faisane de Wallich nous a donné 2Zi œufs, mais tous ont été clairs. On avait remarqué cpi'elle repoussait constamment les approches du mâle, et, chose singulière, elle le battait tellement, qu'il en est mort. ni. — Les mammifères ne nous ont donné qu'une jeune biche Axis et une petite génisse d'une vache métis d'Yak et d'un taureau Yak. Le lait de cette vache, goûté par plusieurs personnes, a été trouvé très bon pour les divers usages auxquels elles l'ont employé. On a remarqué qu'un jeune Kangurou, dont la présence dans la poche de la mère avait été constatée dès le mois de décembre, n'y rentrait plus durant le mois de juin. Ce qui ferait supposer que le séjour de cet animal dans la poche maternelle serait de six mois. IV. Mortalité. — Nous avons perdu une Biche-cochon chez laquelle existaient toutes les lésions d'une péricardite très intense (fausses mem- branes, adhérences). Deux Gazelles dorcas ont succombé dans le travail de la parturition. qu'elles n'ont pu mener à terme. La poulerie a eu 25 morts : dans ce nombre, les Crèvecœurs sont pour 9, les Padoue-Hollandais 7, les Poules naines 5, auxquelles il faut ajouter un Coq cochinchinois fauve et un coq Brahmapootra. La maladie régnante est tou- jours cette affection pseudo-membraneuse dont nous avons parlé dans les derniers bulletins, et qui sévit surtout sur les races indigènes. Les races indigènes de Houdan et de la Flèche, ainsi que les asiatiques , y sont plus réfractaires. Le coq Brahmapootra, considéré comme goutteux, parce qu'il ne pou- vait plus marcher, portait entre les doigts des pattes une tumeur adhérant aux tendons des orteils, et consistant en un tissu fibreux spongieux très dur^ pénétré de sang, et non circonscrite par une membrane d'enveloppe, de sorte qu'elle ne pouvait être enlevée sans ouvrir les gaines tendineuses- JARDIiN ZOOLOGIQUE D'aCCLIMATATION. SOS Cette affection est commune chez les races asiatiques et même en Chine. Je tiens de M. de Montigny que, quelque soin qu'on en prenne, les Poules ou Coqs qui sont atteints de ces tumeurs finissent par succomber. Ce mal rend la marche impossible. V. — La mue a commencé , surtout chez les oiseaux d'eau : Oies et Canards. Les Canards de la Chine et de la Caroline ont perdu leur brillant plumage : à peine le mâle est-il distinct de la femelle. VL Dons. — Parmi les dons faits au Jardin se trouvent un Cerf et une Biche du Paraguay, envoyés par M. le comte de Brossard, consul de France au Paraguay. Ce joli animal est de la taille du Cerf-cochon, avec lequel il offre quelque ressemblance, mais ses formes sont plus légères et plus élé- gantes ; son pelage est généralement bnm grisâtre, mais les parties basses et le tour des yeux sont d'un fauve plus clah* ; il a les ramures pointues et rejetées un peu en arrière. Une Antilope donnée par M. Dugied, de l'espèce désignée sous le nom d'An- tilope Sœmmeringii. Cornes noires à pointes courbées en dedans ; pelage isabelle, les parties basses blanches ; la tète marquée de trois bandes noires, dont celle du milieu très large. C'est un charmant animal. Plusieurs Lapins do. belle race ont été donnés par madame Élie de Beaumont (1). VIT. — La magnanerie a fonctionné pendant tout le mois. Les Vers à Soie du Mûrier, de diverses provenances, indiqués dans le bulletin de mai, ont achevé leur éducation très régulièrement. En trente-neuf jours, ils ont donné des cocons d'une belle qualité, dont une partie est filée sous les yeux du pubUc et dont l'autre a été employée à faire de la graine. Malheureusement il a été constaté que la maladie qui règne dans le midi de la France s'est manifestée aussi dans les éducations du Bois de Boulogne et a fait périr bon nombre de nos Vers. Les Vers de V Allante et du Ricin ont aussi donné des cocons. Ceux de Bombyx Cecropia, de l'Amérique du Nord, âgés présentement de près de deux mois, ont atteint la grosseur et la longueur d'im gros doigt médium. Ils n'ont point encore donné de cocons. VIII. Jardin. — La température a été en moyenne de 13 degrés centi- grades à 6 heures du matin, et de 23 degrés à 2 heures après midi : le mi- nimum, 8 degrés; le maximum, 33. La végétation est belle. Le jardin d'essais commence à offrir quelques résultats. Voici les plantes qui y ont levé : Sept variétés de Pommes de terre , et VOxalis crenata, données par M. Roehn ; Pois mange-tout et Melons de Smyrne, par M. Marochetti ; (I) Pour des dons faits depuis la rédaction de ce Bulletin, voyez page 299. 306 sociétp: impériale zoologiqi :e d'acclimatation. Chenopodium quinoa, ou Mil de Ouito (espèce crépiiiards), par M. Gran- didier ; Ai Dora du Maroc (piaule fourragère), par \L le baron Larrey ; Pe-tsài (épiuard de Chine) et Pak-tsaï (chou de Chine), par M. Ver- nouillet ; Vingt variétés de Maïs, par M. Poignant ; Belle espèce de Pomme de terre et de Mais noir, par M. le maréchal de Santa-Cruz ; Pomme de terre du Pérou, par Madame Herrera ; Pois, Haricots et Lentilles de Tlnde, par M. Decaisne ; Concombre-calebasse de la Guyane , par M. JMichely ; Une collection d'ignames du Chili, par M. le Alinistre de la marine et des colonies : Ricin deTfnde et Ricin de la Nouvelle-Calédonie, par M. Aguillon ; Patate à sucre du Japon, Sorgho, Coton herbacé ; Tabac de Maryland, etc. Plusieurs de MM. les horticulteurs de Paris oiit désiré faire dans les cor- beilles du Jardin des expositions de leurs plus brillants produits, et, sous cette parure de Heurs et de verdure, le Jardin zoologiqiie a été pendant le mois de juin uni' des promenades les plus recherché/as delà capitale. La Société, toujouis empressée de répandre racclimatation par toutes les voies, a continué pendant Télé, dans le Jardin, en présence des animaux ou des plantes qui en font Tobjet, les conférences qu'elle tenait pendant l'hiver rue de Lille. Elles ont lieu les jeudis, à trois heures. :\IM. les membres de la Société y ont leur libre entrée. La première deces conférences a été faite sur la sériciculture, par AL Guérin- Méneville, et la seconde sur les Oiseaux d'eau, par M. Léon Soubeiran. Le Directeur du Jardin zoologique d'acdimatation, Le D' RuFZ DE Lavisojn. I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIETE. DE L'A>JÉIJ0RAÏ10iN DE L'ESPÈCE CHEVALLNE EN FRANGE, Par MM. LHERUET'I'E, ancien député, et DE QtMTREFAGE!^, membre de l'Institut (Académie des sciences^ Séance du 14 mai 1861 (I). Diverses races régénératrices. On ne connaît pas exactement la patrie primitive du Clieval. On sait seulement que c'est dans le centre de l'Asie que, dès les temps les plus reculés, cet animal se trouve à l'état sau- vage. C'est de laque, compagnon de l'homme, et l'un de ses plus anciens et plus utiles auxiliaires, il s'est répandu dans le monde entier. Races des provinces caucasiennes. — Parmi les races che- valines de l'Asie, il en est une dont l'origine se perd dans les siècles, et que des conditions spéciales de milieu, tempéra- ture et sol, comme son mode d'existence, ont contribué à entretenir et à améliorer sans cesse. C'est la race qui habit»} les grandes pentes caucasiennes : la Cappadoce (correspon- dant aujourd'hui à une partie des pachaliks de Sivas et de Caramanie) ; la Cilicie (bornée au sud par la Méditerranée, au nord par la Cappadoce, à l'est par la Pamphihe et la Pisi- die, à l'ouest par la Syrie) ; l'Arménie, l'Assyrie (Kourdistan actuel) ; la Mésopotamie, entre l'Euphrate et le Tigre (formant à présent les pachaliks de Bakka, de Mossoul, de Diarbékir et de Bagdad) ; la Syrie, la Babylonie (comprise dans la partie méridionale du pachalik de Bagdad et dans celui de Bassora) ; la Chaldée, entre le continent de l'Euphrate et du Tigre et le golfe Persique ; la Médie ; la Parthie (Turkestan actuel) ; la (1) Voyez, pour la première partie de ce travail, le numéro de juin, page25Z(, T. YIIl.— Juillet 1861. 20 30Ô SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMâTÂTION. Circassie, la Géorgie (aujourd'hui Gurgistan). Faisons toute- fois observer que les rapprochements entre les anciennes et les nouvelles dénominations de ces contrées sont seulement approximatifs; qu'ils ne pourraient être exacts, en raison des variations fréquentes et énormes que ces différents empires ont éprouvées à diverses époques. Plusieurs d'entre eux ont été, dans les vicissitudes des guerres, tantôt accrus, tantôt diminués, anéantis ou renaissants ; immenses ou restreints, spéciaux ou fondus dans d'autres. On voit que cette dénomination de caucasienne, nous ne la restreignons pas à la province actuelle dite Gouvernement du Caucase ; que nous retendons à toutes celles de la chaîne du Caucase, à toutes les provinces bordant le grand système de montagnes qui sépare l'Asie au sud-est. — Nous ajouterons même que a entre le Terek et le Kour (^ou véritable Caucase), croissent en abondance des herbes , la petite aurone et l'absinthe, pernicieuses aux chevaux. » (Itinéraire de Tiflis à Constantinople, par le colonel Rottiers, p. lAS. — Voyage de Saint'Pétersbonrg dans les diverses contrées de l'Asie, par M. Bel. d'Autremont, imprimé à Paris en 1766.) Ce n'est pas dans un pays d'une végétation dangereuse, d'un chmat froid, dans les montagnes du Gouvernement actuel du Caucase qu'il faut chercher le séjour, pas plus que le berceau de la pure race chevaline. Cette expression de caucasienne, im- propre dans son sens actuel et restreint, est bonne dans son sens ancien et général. Elle nous épargnera un rapprochement répété et fatigant entre les anciennes et les nouvelles dénomi- nations de ces contrées. C'est dans ces contrées caucasiennes, surtout dans celles qui forment aujourd'hui la Circassie et la Géorgie , que sont les plus beaux types du régne animal et du régne végétal. C'est là qu'on a toujours pris et- qu'on peut trouver encore ces types supérieurs d'une race chevaline qui n'a jamais été al- térée ni par des croisements, ni par une vie factice, ni par aucun usage domestique. Cette race était justement appréciée des anciens, très bons observateurs de la nature, qui, s'ils ne nous ont pas transmis AMELIORATION DE l'ESPÈCE CHEVALINE. 307 sur ce sujet des ouvrages spéciaux à étudier, nous ont laissé de bons exemples à suivre. Dans Homère, les chevaux de Rhésus, pour la capture des- quels Diomède et Ulysse affrontent de si grands dangers, sont de ces contrées ; et Ton sait combien Homère possédait les connaissances de son époque. Ce sont aussi des chevaux de ces pays qu'Hérodote cite comme ayant toujours été reconnus les premiers de tous. Et Hérodote, mal compris et appelé pendant longtemps le père des fables, est proclamé aujourd'hui, par la science plus éclairée, le père des vérités pour le récit des faits, sinon pour les exphcalions des causes. « Les Giliciens fournissaient à Gyrus (le Grand) un cheval y> blanc par jour, outre les chevaux de guerre. Les chevaux ï les plus purs étaient à poil blanc, mais à peau noire (Ij.ï (Hérod., Thalie^ hv, HI, xc.) Ces derniers mots prouvent l'exactitude des observations de ce temps. Encore aujourd'hui on observe que plusieurs races supérieures dans diverses espèces animales ont aussi noires, soit toute la peau, soit (!) Ce blanc est à reflets argentés. C'est la couleur regardée chez les anciens comme celle des chevaux du sang le plus pur. C'est encore celle qu'on estime le plus aujourd'hui dans l'Orient. « Les écuries du roi des Arabes Wahabi Ebn Sihoud, dans la ville de Darkisch, capitale du Neggdé, pays entrecoupé de vallons et de montagnes, sont tout ce qu'un amateur peut voir de plus beau. D'abord on y voit 8u juments blanches, rangées sur une seule file, d'une beauté incomparable, et si exactement pareilles, qu'on ne peut reconnaître Tune de l'autre. Leur poil, brillant comme l'argent, éblouit les yeux. 120 autres de diverses robes, mais également belles de for- mes, occupent un second bâtiment, qu'on ne peut également parcourir sans être saisi d'admiration. » (Extrait du récit du séjour de Fatalla Sayeghir chez les Arabes du Grand Désert, rapporté par M. de Laniartine.) N'oublions pas que le poil blanc n'est signe de supériorité de race que s'il couvre une peau noires Le poil blanc avec peau blanche ou rose est au contraire signe de dégénérescence. Chez la race pure, ce noir de la peau n'existe pas seulement au palais, aux narines, autour des yeux; il existe dans tout le corps. — Une autre remarque à faire sur tous les poils, de quelque couleur qu'ils soient, de ces chevaux de pur sang, c'est que sous l'étriUe, et même sous la brosse , ils donnent , comme celui des animaux de la race féline, des étincelles très visibles dans l'obscurité. 308 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZUOLOGIQUE d'agCLIMATATION. certaines parties, comme le palais, le tour des yeux ou de la gueule. A rexemple des Perses , les peuples qui ont conquis ces pays, les Romains, les sectateurs de Mahomet, ont toujours exigé des peuples de la ligne caucasienne des impôts en chevaux. C'est même seulement depuis Fimportation en Arabie de ces animaux par les Mahométans, qu'il a été parlé de la race arabe. C'est de là également que la Russie tire ses meil- leurs chevaux. « La Babylonie entretenait encore pour le roi (de Perse) en D particulier, sans compter les chevaux de guerre, un haras y> (hsez troupeau, car les animaux y vivaient en liberté) de T> 800 étalons et de 16 000 cavales; de sorte que l'on comptait » 20 juments pour chaque étalon. » (Hérod., Tha/ie, liv. III, xciii.) — Un étalon pour 20 juments, telle a toujours été la proportion dans l'antiquité; telle elle est encore aujourd'hui. « 11 y avait dans cette plaine (Niséenne, en Médie) de su- > perbes haras (troupeaux) de 150 000 chevaux, qu'Alexandre D eut la curiosité d'aller voir à son retour de l'Inde. Il n'en > trouva que 50 000, les 100 000 autres ayant été volés pen- » dant son invasion.» (Larcher, note 76, sur Hérodote, Polymnie .) « Les plaines qui s'étendent du mont Argée aux bords de » la rivière de Sarus, nourrissent une race de chevaux esti- > mes dans l'ancien monde comme supérieurs à tous les au- j) très par la beauté de leur structure et par leur incompa- j) rable vitesse. Ces animaux sacrés étaient destinés au service D du palais et des jeux impériaux; et la loi défendait de les D profaner pour le service d'un maître vulgaire )> (Gibbon.) — Gibbon donne le nom de sacrés à ces animaux, probable- ment d'après ce passage d'Hérodote : « Venaient ensuite 10 chevaux sacrés. Niséens, avec des » harnais superbes. On leur donne le nom de Niséens, parce 5 qu'ils viennent de la vaste plaine Niséenne, en Médie, qui en > produit de grands. Derrière ces 10 chevaux paraissait le » char sacré de Jupiter, traîné par 8 chevaux blancs ; et der- ]> riére ceux-ci marchait à pied un conducteur qui tenait les AMÉLIORATION DE L ESPÈCE CHEVALINE. 309 j> rênes ; car il n'est permis à personne de monter sur ce » siège. On voyait ensuite Xercès sur un char attelé de che- » vaux Niséens ; le conducteur allait à côté (1).» (Héro- dote, Polymnie, liv. VII, xl). (( Les Arméniens donnaient tous les ans au roi, pendant T> les fêtes de Mitlira, 20 000 jeunes chevaux. Ces chevaux » venaient de la plaine Niséenne. » (Strabon, liv. XI.) Il paraît par là que Strabon pensait que cette plaine était en Arménie, quoiqu'elle fût réellement en Médie. Mais peut-être, du temps de ce géographe , cette plaine dépendait-elle de l'Arménie. (Larcher, note 173 sur le § xliii, Thalie, liv. III, Hérodote.) « La Médie était le plus puissant royaume de l'Asie , soit i) que Ton considère l'étendue du pays, soit qu'on la regarde i) par le nombre et la force des hommes ou même des che- » vaux qu'on y trouve. C'est elle qui fournit toute l'Asie de jD ces sortes d'animaux ; et ses pâturages sont si bons, que les » autres rois y mettent leurs haras. » (Polybe, liv. X, frag- ment 6.) Le rapprochement de ce passage de Polybe avec ceux crHérodote et de Gibbon donne à penser que la Médie était moins la mère que la nourricière des chevaux primitifs. C'était de là que, sous les Romains, étaient tirés les meil- leurs chevaux. « Il est temps d'ouvrir la carrière aux chevaux hémoniens, » dit Properce : Et campum Hemonio jam dare tempus equo, L'Hérnus était, comme chacun le sait, un pays de monta- gnes entre la Thrace et la Médie. — Dans une autre élégie, le même poète désigne comme hémoniens ces animaux d'Achille rapides, et en outre si intelligents, qu'Homère leur prête la parole : Fortem illum Hemoniis Hectora traxit equis. (1) Les Romains ont quelquefois, dans leurs triomphes, adopté le même cérémonial. Camille, dans son triomphe a Rome, et Néron, à son retour de Grèce, dans ses ridicules triomphes à Naples, à Antium, à Albe, à Rome, étaient sur un char traîné par des chevaux blancs. 310 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION, a 11 traînait le grand Hector à son char emporté par des chevaux hémoniens. » Les chevaux des pays accidentés ont l'intelligence surexcitée, et dès lors plus développée, par la nécessité où ils sont con- tinuellement de se tenir en garde contre les surprises des animaux. « Préfère le cheval de montagnes au cheval de plaines, » dit l'Arabe. « Une des plus belles races, la Palmyrienne, fut confisquée j> sur un rebelle, dont les domaines étaient à environ 46 milles 7) de Tyane, près du chemin de Constantinople à Antioche, » (Gibbon.) Dans la Bible, les habitants de la Chaldée, qui touchait à la Médie , sont désignés comme « nation d'une incroyable vitesse, dont les chevaux sont plus légers que les léopards. » {Hobacnc, ch. I, §§ 5 et 6.) (( Cette race chevaline de la ligne rlu Caucase avait encore sa supériorité et sa réputation sous le Bas-Empire. Des lois de cette époque s'occupent de sa conservation {Codex Théo- dosiamis, lib. IX, tit. 6, De grege Bominico). Et le célèbre Godefroy a recueilli tous les passages de l'antiquité relatifs aux chevaux de Gappadoce. «(Gibbon.) Des chevaux de Gappadoce avaient été envoyés en cadeau à François Y\ Ils furent dédaignés, abandonnés aux plus vils services. La vigueur avec laquelle ils y résistèrent pendant longues années leur fit rendre justice, et donna naissance à ce proverbe : « Il est comme les chevaux de Gappadoce, il devient meilleur en vieillissant. » Ainsi furent également dédaignés, sous Louis XV, Godolphin Arabian, qu'un Anglais trouva attelé à une charrette ; sous Louis XVIII, un autre oriental, à lui envoyé en présent, et qui passa de ses écuries aux fiacres, d'où il fut tiré pour un haras particulier. Voici quelques détails qui viennent d'un prince , grand proprietaire.de chevaux en Gircassie. Nous croyons bon de les relater, tels qu'ils nous ont été transmis. Les animaux sont laissés constamment à l'état primitif, en pleine Uberté, dans un genre de vie naturelle. L'homme n'in- tervient que pour les protéger et les secourir; pour surveiller AMÉLIORATION DE l'eSPÈCE CHEVâLIjNE. 31 J les accouplements, éloigner de la production les médiocrités, empêcher les mésalliances. Toujours au grand air, stimulées ffans leur croissance par un exercice continuel, mais volon- taire, par les intensités alternatives de la chaleur et du froid des régions élevées de ce large continent; n'ayant souvent, qu'une chétive nourriture d'herbes brûlées l'été par un soleil ardent ou étouffées l'hiver sous la neige; harcelées parles fréquentes attaques d'animaux féroces, de loups surtout, dont les bandes les obhgent à des veilles et à une agitation conti- nuelle, à des luttes terribles, à des fuites d'une longueur ex- cessive, presque sans relâche, dans des terrains accidentés, coupés de cours d'eau larges, rapides et quelquefois encaissés; astreintes ainsi à un jeûne prolongé ; décimées dans ces épreuves incessantes, où toutes les médiocrités succombent , ces races, où ne survivent que les sujets fortement organisés, sont d'une complexion à toute épreuve. C'est là une véritable sélection naturelle^ dans le sens que Dauvins donne à ce mot dans son curieux et savant ouvrage sur l'origine des espèces. Cette sélection fait plus pour la valeur de la race entière que ne pourrait faire l'éducateur le plus intelligent, qui ne con- sentirait jamais à sacrifier une partie de ses produits. Les animaux de cette race, à leur entrée dans la vie, ont presque la force et l'activité des adultes, et les conservent jusqu'à leurs derniers moments. Ils meurent, mais ne vieil- lissent pas. Ils naissent adultes, vivent jeunes, meurent âgés, mais non vieux. Ils sont d'une vitalité, d'une résis- tance, d'une robusticité, d'une sobriété et d'une agilité extra- ordinaires. M. le baron d'Hanens, qui a longtemps séjourné dans ces pays, écrit : « Avec trois chevaux valant chacun au plus 100 francs, attelés de front à une voiture, j'ai fait près de 100 lieues en trente-six heures. Ils ne furent débridés que quatre fois, et ne s'arrêtèrent, tout compris, que pendant cinq heures sur les trente-six. On ne les dessella qu'une fois, de dix heures du soir à deux heures du matin, au milieu de la bruyère, où, pour se reposer, on leur permit de paître sans aucun soin, sans abri. » Ces voitures sont, il est vrai, fort légères, tout de bois, sans un seul morceau de fer, très petites; .^12 SOCIÉTÎ: IMPÉRIALE ZOOLOGIOrE d\\cclimatatiox. mais les routes sont très mauvaises, si même on peut leur donner le nom de routes, coupées qu'elles sont d'ornières, de trous, ou se fravant dans le sable et dans la bruyère. Par ce que font de malheureux animaux de louage, jugez de ce dont sont capables des animaux d'élite ! Ajoutons que leur genre de vie sauvage, accidentée, périlleuse, leur a donné finesse exquise de sens, rapidité et sûreté d'intelligence, développe- ment de l'organe d'orientation. Les sous-races, bien qu'unies par des liens communs, sont différenciées par plusieurs qualités; et, dans la monte, on évite tout mélange de sous-races. De quelque no- blesse que soit un cheval d'autre sous-race, il est repoussé du troupeau comme pouvant compromettre l'unité parfaite. Au surplus , les individus de ces sous-races distinguent si bien eux-mêmes les diflérences qui existent entre elles, qu'ils se refuseraient presque toujours aux croisements. Ces sous- races sont même quelquefois ennemies l'une de l'autre, au point de s'attaquer avec fureur. Quant aux métis, si belle que.soit leur conformation, ils sont toujours dédaignés pour la production, et restent même sans valeur commerciale. Les caractères de conformation communs à tous les indi- vidus des sous-races vraiment pures de chevaux de ces con- trées sont : Grande longueur du corps ; articulations à angles aigus et élastiques; largeur du front, excepté chez l'une d'elles, et petitesse de la partie inférieure delà tête; grande expression; raccourci et énergie de la queue, et aussi des extrémités des membres, qui semblent d'une trempe métalli- que; richesse du sabot, finesse des crins et des poils; peu de châtaigne ; plus de profondeur et d'épaisseur d'articulations dans l'avant-main que dans Tarrière, et les pieds de devant plus gros que ceux de derrière. L'aspect de chaque individu frappe, non par des dimensions extraordinaires, mais par la parfaite symétrie et par la vitalité de l'ensemble, par la ma- jesté de la pose et par celle des mouvements, par l'énergie du regard. Et, en raison du non-mélange entre les diverses sous-races, ni même entre les diverses familles, l'aspect du troupeau de chaque sous-race 'est le plus souvent uniforme AMÉLIORATION DE i/eSPÈCE CIIEVALIXE. 313 et unicolore, comme celui fl\iii troupeau de moutons bien dirigé (1). Race arabe. — Avant de parler de la race arabe, il faut bien s'entendre sur cette expression, cpii est prise en deuK (i) Nous croyons qu'on ne lira pas sans intérêt Pindicalion, telle qu'elle a ^\é donnée par le personnage indiqué plus haut, des caractères et des noms des principales sous-races; bien que notre mémoire n'ait peut-être pas con- servé la parfaite exactitude ni l'orthographe de ces noms. La Dalibos. — Forme longue, horizontale, près de terre; élastique; front moins large que dans les autres sous-races, et même tête busquée ; pelage généralement blanc, alezan doré dans quelques familles et alezan brillé dans quelques autres. Grande vigueur, grand courage. Chevaux de premier ordre pour les longues courses, qu'ils fournissent avec une rapidité soutenue, et pour la guerre, où ils prennent, avec leurs maîtres, part au combat. Hostile à l'Alapolska et à la Ziland. L'Alapotsla. — Autre famille de guerre, plus ramassée dans la forme, très recherchée des hommes corpulents ; poil gris. Ennemie de la Dalibos et de la Grahat. LaGrahat. — Aussi race de guerre. Elle court, nage et franchit les obstacles admirablement. D'un grand prix dès lors pour les partisans; très attachée à ses maîtres. Ennemie de rx\lapotska. La Ziland. — Du nom delà tribu kurde qui l'a créée. Pelage bai sanguin ou gris truite. Tête large dans les parties cérébrales, fine et longue dans le bas; nature la plus athlétique ; formes du chevreuil ou de la gazelle. La plus rapide de toutes les races pour une course de courte distance. Il faut être habitué à monter des chevaux de cette race pour ne pas être laissé en arrière au départ, ou lancé dans le vide à l'arrêt. Caractère sérieux. Très hostile aux autres sous-races, surtout à la Dalibos, avec laquelle elle forme contraste en tous points. La Zaroidard. — D'un bai éclatant, porphyre. La plus haute ; magnifique de souplesse, de cadence, de relevé; à fuites d'une rapidité incomparable, mais très courtes. Race de luxe et d'apparat ; la plus agréable à monter. La Tocmak. — D'un bai brun ou d'un alezan brillé. D'une conformation se rapprochant de celle de la Dalibos, mais plus charnue ; imposante, calme ; propre aux poids lourds et aux charges en ligne ; combattant à coup d'épaules, pour renverser ses adversaires. Facile pour la nourriture ; résistant bien au^ fatigues et aux privations; excellente pour la guerre. H est inutile de répéter ce que nous avons dit dans la note de la page 10, que chez toutes ces sous-races, quelle que soit la couleur du poil, celle de la peau est toujours noire. Toutes ces sous-races, formées de temps immémorial, sont infiniment supérieures à toutes les autres, surtout dans leurs spécialités. 31 A SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. sens différents. Nous avons expliqué pourquoi nous eniplioyons le mot de caucasienne dans un sens général ; il nous faut ex- pliquer que nous allons, au contraire, conserver à celui à' arabe son sens restreint, propre, comme désignant la race de la pres- qu'île de ce nom. Quelques personnes (Jonnent la dénomina- tion d'Arabie à tous les pays conquis, ou mémo seulement sub- jugués ou envahis momentanément par les Arabes, sous Mahomet et sous ses successeurs , et restés ensuite mahomé- tans même après s'être affranchis delà domination arabe. Pour ces personnes, l'Arabie hippique, comme elles l'appellent, s'étend à l'ouest jusqu'à la Syrie; aii sud-ouest, jusqu'aux mers d'Oman et des Indes ; au nord, jusqu'au Tigre et au golfe Persique; au sud, jusqu'à la mer Rouge. Elles comprennent donc, sous la dénomination (Varabes, une grande partie des races que nous avons appelées caucasiennes ; et, en dissidence avec nous sur les mots, elles seront avec nous d'accord sur les choses. Comme nous, elles pensent que ce n'est pas dans la presqu'île de l'Arabie, dans les déserts de ce pays, qu'il faut placer le berceau de la race chevaUne; que là n'a pu naître ni se développer cette race primitive; que là non plus ne s'est point conservée la pureté de la race importée. Ce n'est qu'une question de mots, si l'on veut, mais elle n'est pas sans intérêt. Il nous paraît mauvais de confondre sous une même dénomination des races essentiellement différentes. Les Arabes eux-mêmes, dans les origines orgueilleuses qu'ils donnent à leur race chevaline , proclament qu'elle n'est pas indigène. Qu'elle vienne du haras de Salomon, selon les uns; des écuries de la reine de Saba, selon d'au- tres; de cinq juments offertes à Mahomet par des princes de la Syrie, selon une troisième légende , toujours est-il qu'elle est d'origine étrangère. La vérité est que les familles chevalines de la presqu'île de l'Arabie, quoique toutes de sang oriental, supérieur au sang européen, ne se sont cependant améliorées que lors des incursions des lieutenants de Mahomet dans la haute Asie, par les chevaux qu'ils avaient ramenés notamment d'Arménie et de Cappadoce. Ces chevaux étaient de sous-races toutes nobles, mais différentes de types, de AMÉLIORATION DE l'eSPÈCE CHEVALINE. 315- complexions, de mouvements, de qualités. Il en a été opéré un mélange confus. Le sang arabe est donc originaire- ment caucasien pour les mâles, mais mélangé poiu^ les fe- melles indigènes à TArabie. Il n'est resté pur que pour les^ animaux nés des mâles et des femelles venus aussi des lignes caucasiennes, et non croisés avec des indigènes, ni même croisés entre eux de sous- races ou de familles différentes. Ce sont ces animaux qui forment la superbe race que les Arabes disent issues des cinq juments de Mabomet, et qu'ils nomment Kocklanis. Mais ils sont en bien petit nombre, si même il en est de vraiment purs. Les prétendus titres de gé- néalogie fournis par les Arabes ne sont le plus souvent que des supercheries. En outre, il est extrêmement difficile de se les procurer. L'Arabe ne veut jamais vendre ces animaux de premier ordre , dont les qualités font son orgueil et les pro- duits sa ricbesse. Et quant aux présents que les souverains en font, dit-on, un homme qui a été longtemps attaché aax écuries du pacha d'Egypte, en qualité de vétérinaire en chef, M. Hamont, nous rapportait qu'il y avait dans ces écuries cinq classes de chevaux : la première , pour la reproduction ; la deuxième, pour le service du pacha ; la troisième, pour celui des membres de sa famille; la quatrième, pour son escorte; la cinquième, pour les services communs ; et que jamais on n'avait vendu ni envoyé en présents, même aux souverains étrangers, que des animaux de cette dernière classe. Il en est de même à Constantinople. Si parfois le sultan ou le pacha en laissent choisir un dans une classe supérieure, Hs ont soin, lors de la livraison, de le faire remplacer par d'au 1res de la dernière, de même couleur et de ressemblance do conformation. L'élevage dans des contrées souvent arides, privées d'herbes, l'usage des entraves . une équitation dure, ont forcé le Cheval arabe dans ses ressorts, l'ont atrophié ; ont remplacé chez lui l'ordre et le grandiose primitif par la discordance, et, comme conséquence, la force calme par la pétulance. La vigueur du sang qu'il a conservée fait qu'il transmet à ses produits ses défauts avec plus d'énergie que ne le ferait un animal de race moins noble. Au total, ce n'est 516 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. qu'une race bâtarde et appauvrie, dans laquelle se trouvent rependant de très beaux et très précieux animaux. Race anglaise, — La race anglaise dite de pur sang des- cend à^^ juments royales (rov/rt/ ;726rr^5) arabes de Charles Y\ croisées avec Godolphin Arabian et Darley Arabian, et peut- être aussi, pour quelques familles, avec des individus de sang indigène. C'est une race orientale modifiée par un changement de climat plus froid, plus humide, et dans un but spécial, cehii de la course, et non celui d'un service régulier. Cette race a été distendue dès le jeune âge par des efforts d'entraînement qui ont détruit l'ordre et l'harmonie de l'organisation primitive. Le Cheval anglais de pur sang est forcé dans les points principaux de mouvements ; dans les épaules et dans les hanches, sorties de l'obliquité naturelle ; dans les extrémités, allongées ou étiolées par les souffrances. Huche sur de longues jambes, emmanchées d'un long cou, il est roide, sans souplesse pour les détours, les arrêts; il rase le tapis elestpeu sûr dans les chemins raboteux. Il n'a pour lui qu'une grande vitesse ; mais la vitesse rectiligne, invariable de la flèche ; vitesse presque toujours inutile, de courte durée, et exclusive de la vigueur de fond. La prodigalité de dépense des forces en peu d'instants est l'opposé de l'économie des forces pour une longue résistance. Et la puissance musculaire qui lui donne cette vitesse, il la transmet, d'après ce que nous avons dit à l'article du Croisement (voyez plus haut), telle qu'il l'a, devant se prodiguer en quelques instants, et non se ménager pour des fatigues prolongées ; il la transmet dans des conditions opposées à celles qu'il faut au cheval de service. Ajoutons que l'hygiène à laquelle on l'a habitué le rend délicat, incapable de résister aux privations, au défaut de soins. Et quant aux qualités intellectuelles, cet animal, dont on a toujours prévenu les besoins, qu'on a toujours tenu renfermé dans des écuries, doit rester inférieur aux deux races précédentes, dont les fa- cultés ont été développées, chez la première parla vie à l'état de liberté, et chez la seconde par une vie commune sous la rente et dans la famille de l'homme. En un mot, ce cheval de AMÉLIORATION DE l'eSPÈCE CHEVALINE. 317 r^erre tempérée, élevé pour le luxe et pour le jeu, ce cheval (l'hippodrome est tout l'opposé du Cheval de guerre, pour la production duquel on le choisit en France. Il est aussi impropre à la vie de caserne et de bivouac qu'un enfant choyé des grandes villes le serait à celle des pionniers américains. Dans les guerres civiles des Romains , divers chefs enrôlèrent des gladiateurs dont les muscles herculéens avaient été développés, fortifiés par des exercices spéciaux, par une nourriture substantielle, par un régime régulier : ces héros de cirque succombaient promptement aux fatigues variées et aux privations que sup- portaient sans peine les plus vulgaires soldats. Le Cheval de pur sang anglais, c'est le cheval de cirque, doué d'une qualité prédominante : ce qu'il faut comme régénérateur du Cheval de troupe, c'est le cheval soldat, sans prédominance d'un organe quelconque, mais de bon ensemble entre les divers organes. Un dernier inconvénient, très grave, est que, par suite de la diversité des iamilles et même des sous-races des premiers régénérateurs orientaux de la race anglaise et de ses régéné- rateurs subséquents tirés des hippodromes, tous les produits anglais diffèrent de conformation et de mouvements : signe frappant de bâtardise. Nous ne parlons pas des chevaux de demi-sang anglais, dont, par décision récente, on va prendre pour régénérateurs encore un plus grand nombre r[u'on ne l'a fait jusqu'à pré- sent. Nous nous sonnnes expliqués à cet égard, à l'article du Croisement, Ce qui rend encore plus irrationnel l'emploi de ces animaux comme régénérateurs chez nous , c'est que , pour les produire, les Anglais viennent souvent chercher nos chevaux de fort trait, dont nous allons ensuite parfois leur acheter les produits bâtards. [La suite au prochain namcro,) NOTE SUR DES ESSAIS DE DOMESTICATION DE LA GRANDE OUTARDE FAITS A ROVEREDO ET A ARCO (Tyrol), Par M. L. ALTHAHIMER, Membre fondateur de la Société d'acclimatation du Tyrol. (Séance du 19 avril 1861.) J'ai déjà eu, à plusieurs reprises , riionneur d'entretenir la Société impériale d'acclimatation des tentatives que j'ai faites pour la domestication de la grande Outarde ; je crois devoir aujourd'hui lui rendre compte sommairement des ré- sultats (juc j'ai obtenus, dans la pensée que les observations ({ue j'ai recueillies pourraient être utiles à ceux de nos con- frères qui voudraient recommencer l'expérience. De toutes les tentatives dont la connaissance est parvenue jusqu'à moi et de mes propres observations je crois pouvoir conclure qu'il serait inutile de tenter l'acclimatation de cet oiseau, en le prenant à l'état adulte, surtout à cause de sa stupide sauvagerie. Dans cette conviction, basée sur des faits, j'ai cberché à me procurer des œufs, voulant les faire éclore sous mes yeux et élever moi-même les petits. Un de mes amis se chargea de m'en envoyer de Hongrie. De 1855 à 1858, je ne pus obtenir une seule éclosion, quoique j'eusse trouvé dans plusieurs des œufs mis en incubation des traces certaines d'embryon. Sup- posant que ce résultat tout négatif dépendait des poules aux- quelles j'avais confié les œufs, j'eus recours à la couveuse arti- ficielle, et je fus assez heureux, en 1858, pour obtenir quatre petits. Les soins que réclament les nouveau-nés n'ont rien d'extraordinaire, mais il est extrêmement difficile d'arriver à leur faire prendre la nourriture : ils ne veulent ni fourmis, ni fruits, ni œufs durs ; j'eus alors la pensée de leur offrir de très jeunes larves de Tenebrio molitor (ver de farine) qu'ils avalent vivantes, mais il faut les leur donner très petites. Je DOMESTICATION DE LA GRANDE OUTARDE. 319 laisse à penser ce que ce fut que dé nourrir ces quatre oiseaux, tout jeunes qu'ils étaient, avec de si petites larves. Fatigué de la difficulté d'en trouver un nombre suffisant, j'ai tenté de donner à mes Outardes des œufs de fourmis ; j'eus bientôt lieu de m'en repentir, car elles furent prises de diarrhée, maladie qui en lit périr deux. Je fus donc obligé de revenir au premier régime que je suivis jusqu'à ce que mes oiseaux eussent atteint la grosseur d'une poule. C'est depuis ce moment seulement qu'ils ont commencé à becqueter les pousses tendres de Phalaris caiiariensis (l'alpiste) que j'avais semée à leur in- tention dans la petite orangerie où ils se trouvaient. Toujours sauvages et stupides, ils se tapissaient aussitôt que j'entrais dans leur enclos. Quoiqu'ils eussent été habitués dès les prer- miers jours à recevoir tout de mes propres mains, il me fallait attendre une heure, deux heures même pour les rassurer et les faire venir manger à quelques pas de moi, et au moindre mouvement que je faisais ils s'enfuyaient précipitamment poui' aller se blottir cà et là. Il ne suffisait donc pas de les avoir élevés et fait vivre, il fallait obtenir un autre résultat au moins aussi important, il fallait vaincre leur sauvagerie. Dans cette intention, je me décidai à faire vie commune avec mes Outardes, et je m'installai dans l'orangerie, chaque jour, depuis l'aube jusqu'à la tombée de la nuit. Ce ne fut qu'à l'aide de la plus grande patience que je parvins, après quelques semaines, à voir mes oiseaux venir me manger dans la main, encore fallait-il qu'ils fussent pres- sés par la faim. Ce sont là les seuls résultats que j'aie obtenus au point de vue de leur apprivoisement, malgré mes soins et ma persévérance. Passant tous les jours dans l'orangerie, je nai jamais pu surprendre aucun accouplement. C'est seulement en août 1 860 que je vis un premier œuf qui fut bientôt suivi de deux autres. Dès le troisième œuf, la femelle se mit à couver dans un nid formé de quelques brins de paille, comme celui de la Caille; mais elle était restée tellement sauvage, que si je voulais l'ap- procher même à distance, elle se levait brusquement du nid. Je me suis donc trouvé dans la nécessité de renoncer définiti- 320 SOCIÉTÉ IMI'ÉRIALE ZOOLUGloLE DACCLIMATATION. vement à mes visites, et de me contenter de continuer mes observations par des trous que j'avais pratiqués du dehors. L'incubation dura vingt-cinq jours, après lesquels la femelle se leva, conduisant un petit et laissant dans le nid les deux autres œufs, dans lesquels je trouvai les fœtus morts. Ce petit fut élevé avec le même régime que les autres, Ja femelle prenant tous les soins, et le mâle ne s'en occupant nullement et d'aucune façon. Ces renseignements sont très incomplets sans doute , mais ils sont du moins exacts, et ce sont les seuls que je puisse donner sur les difficultés que présente la domestication de la grande Outarde. Ces sortes d'expériences sont pénibles, et je ne crois pas qu'elles puissent donner des résultats satisfai- sants, avant que, par des générations successives assez nom- breuses et obtenues en domesticité', on soit parvenu à sou- mettre, à adoucir, uu plutôt à changer complètement le carac- tère toujours stupide, larouche et sauvage de cette belle espèce dont la conquête serait cependant assez précieuse pour mériter que d'autres plus halùles fassent de nouvelles ten- tatives. NOTE SLR L'ÉDUCATION D UN VER A SOIE SAUVAGE DU JAPON (', ÉLEVÉ AVEC DES FEUILLES DE C:iÈNE, A LA MENAGERIE DES REPTILES, PAR LES SOLNS DE M. VALLÉ--:, Par n. A. DLu'VlÉRir. (Séance du 17 mai 1861.) La Société impériale cracclimataliou a été informée, dans sa séance du 'l'2 février dernier (voy. au Bidietù/, page 103), que des graines d'un Ver cà soie sauvage du Japon lui avaient été envoyées par notre honorable confrère M. Duchesne de Bellecourt, consul général de France à ledo. Ces graines nous sont parvenues par l'obligeant intermédiaire de M. Flury- Hérard, sans autre indication que le nom indigène écrit sur l'enveloppe qui les renfermait, sous cette désignation : Vers sauvages Yama-maL Remises à M. le Président, ces graines furent déposées immédiatement à la ménagerie des Reptiles du Muséum dTiis- toire naturelle. C'est là que, depuis l'origine de la Société, des essais ont été constamment poursuivis avec une rare per- sévérance, beaucoup d'intelligence et une grande habileté, par lAL Vallée, gardien de cette ménagerie. Dans cette éduca- tion surtout, il a donné des preuves nouvelles de cette sagacité qui l'avait amené déjà à de très heureux succès pour d'autres espèces, et en particulier pour les Vers à soie de l'Ailante et du Ricin. Les œufs de ce nouveau Ver étaient, en effet, arrivés, ainsi que nous l'avons rappelé, sans aucun renseignement; et quand l'éclosion commença, le 15 mars 1S61, la végétation n'était que très peu avancée. M. Vallée présenta en vain aux jeunes (1) Voyez, sur ce nièiiie Vei à bok , rarlicle suivunt dû à M. uiiériii- Méiicvillo. T. Vlll — Juillcl I8UI. 21 Z'1'2 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQLE d'aCGLIMATATION. larves différents feuillages, et ses tentatives variées et num- breuses furent favorisées par robligeance de M. le professeur Decaisne. Enfin, on les plaça sur les premières pousses de Chêne dit Qiœrcus cuspidata, et à partir de ce moment les jeunes Vers, qui avaient refusé tout autre aliment, se mirent à manger avec plaisir. Les feuilles de Chêne empruntées à Tunique sujet dont M. VaUée put disposer auraient bientôt fait défaut, si M. le Président ne se fût empressé d'écrire à nos zélés confrères de Marseille, de Toulon et d'Hyères, qui mirent aussitôt à la disposition de la Société des feuihes de Chênes expédiées de jour en jour du Midi, jusqu'à ce que celles des Quercus pedun- culata et castaneifoUa fussent assez développées, à Paris, pour suffire aux besoins de ces précieuses chenilles qui semijlent préférer la fcuiUe du Quercus castaneifolicu Nous nous plaisons à signaler ici le service rendu à la Société par l'empressement qu'apportèrent MM. Aguillon, Margollé et Turrel de (Toulon), et F. Denis (d'Hyères), à envoyer des provisions de feuilles. C'est au commencement d'avril que sont écloses les pre- mières CheniUes ; elles sont aujourd'hui parvenues à un degré de développement très remarquable, et paraissent être dans d'excellentes conditions de santé. 11 V a donc tout lieu d'espérer que cette espèce, dont nous ne pouvons encore apprécier tout le mérite, puisque nous ne connaissons pas le cocon qu'elle produit, mais qui doit être d'aulant plus précieuse qu'elle trouve son aliment sur un arbre d'espèce si commune en France, peut être considérée comme une acquisition accompHe par notre Société, grâce au con- cours si bienveillant de M. Duchesne de Bellccourl, (jui nous a donné d'ailleurs plusieurs autres témoignages de son zèle et de l'intérêt qu'il prend à nos travaux. SUR LE VER A SOIE SA{j\AGE-Y.^MA MAI Par M. G lÉRI^ -MÈNE VILLE (i). (Séance du 17 mail861.) J'ai eu l'honneur de vous entretenir, dans la dernière séance, du Ver à soie du Chêne dont on vient de vous donner des nouvelles si favorahles et en tout conformes à ce que je vous en avais dit; de plus, je vous ai fait connaître alors les diverses hvrées revêtues par cette espèce dans son premier et son second âge. Comme il m'était impossible, à cause de l'éloignement de la ménagerie des Reptiles, d'y étudier ces précieux Vers à soie, j'ai pu suivre à Passy, ainsi que je vous l'ai dit dans la dernière séance, les phases de leur existence sur un individu obtenu des derniers œufs qui m'avaient été envoyés par notre illustre Président, sujets soignés avec autant de sollicitude que d'habileté par notre confrère M. Année, qui habite les envi- rons du bois de Roulogne. Aujourd'hui ce Ver à soie est arrivé à son troisième âge, et il a déjà subi les transformations suivantes : Ainsi que je l'ai dit dans mon jyremier article (séance du 3 mai), le sujet de mes études est né le 15 avril, et il ne s'est endormi pour la première fois que le 26. Ce premier sommeil a duré jusqu'au 30, jour où le Ver a opéré sa première mue. Pendant ce premier âge, et ainsi qu'on peut le voir par le dessin que j'ai l'honneur de mettre sous les yeux de mes confrères, ce jeune Ver est demeuré d'un jaune assez pâle, avec la tête, le corselet et les pattes d'un brun roussàtre, marqué dans toute sa longueur de cinq lignes noires et de trois taches de la même couleur sur le dernier segment. En comparant cette figure avec celle du //. Mylitta au même âge, (1) M. (iiu'iin-.Méne ville avait fait sur le iiitMiie Ver à soie une première communication clans la séance du 3 mai. Les principaux faits sont rappelés clans la présente note. 32/i SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'acGLIMATATION. on voit qu'il y a une grande diftérence entre ces deux espèces. Ainsi, pendant que le jeune Ver du Mtjlitta est d'un jaune presque orangé, celui-ci est d'un jaune pâle. Chez le Mylitta il y a une grande tache noire sur le premier segment, chez la nouvelle espèce ce premier segment est entièrement d'un brun roussàtre. Dans le premier il y a de petits traits courts et transversaux sur le miUeu et les côtés du segment, dans mon espèce il y a cinq lignes longitudinales noires, continues et étroites. Ces différences notables, et d'autres moins importantes, que le dessin fait beaucoup mieux ressortir qu'on ne pourrait le faire par une minutieuse description, suffiraient pour autori- ser à regarder ces deux Bombyx comme appartenant à deux espèces différentes, et les autres âges déjà observés confirment entièrement ces vues. Ainsi, après avoir parcouru son premier âge, du 1 5 au 30 avril, ce Ver ta soie s'est éveillé et il a mangé jusqu'au 10 mai. Pendant ce second âge il est demeuré d'un beau vert tendre, et tous ses tubercules ont conservé une cou- leur jaune pâle. Comme dans l'âge précédent, les trois taches (]ui terminent son corps présentaient chacune une grande tache noire , mais le premier segment était devenu vert comme les autres, et il ne portait pas les quatre taches noires (jui s'observent chez le deuxième âge du Mylitta. Tous ses tubercules étaient jaunes, sans aucune tache, tandis que dans le Mylitta ceux des quatre rangées supérieures ont leur extré- mité noire. Enfin, les pattes membraneuses ne portaient, à l'extérieur, ([ue des lignes brunes, tandis que, dans le Mylitta, il V a une grande tache noire. Ce second âge s'est prolongé jusqu'au i/i mai, car la Che- nille a mangé du 1" au 10, et elle a effectué son second som- meil du 1 0 au \h. Cependant, à l'approche du second sommeil, les tuiiercules inférieurs ont commencé à prendre une teinte bleue. Le \l\ mai, elle a fait sa deuxième mue, et elle est appa- rue d'un beau vert frais, en tout sem])lable à celui des feuilles de Chêne dunt eUe se nourrit, avec tous les tubercules jaunes, à l'exception de ceux du rang inférieur, ({ui sont d'un beau bleu. VER A SOIE SAUVAGE. 3*25 A cette époque, qui est le commencement du troisième âge, Ja Clienille a pris le vrai caractère qui semble distinguer le groupe {Antherœa Hubner ), dont le Bombyx Mylitta est le type : c'est-à-dire que son dernier segment montre, de chaque côté, un grand triangle brun dont la pointe tend à se conti- nuer avec une bande latérale plus pcàle et jaunâtre, située au-dessus des stigmates. Aujourd'hui cette Chenille diffère encore notablement de celle du Mylitta arrivée au même âge, car tous ses tubercules des quatre rangs supérieurs aux stigmates sont jaunes, tandis que, dans l'autre, les deux tubercules médians des troisième et quatrième segments sont terminés de noir. Dans notre espèce nouvelle, le rang de tubercules inférieur aux stigmates est d'un beau bleu, tandis qu'il reste encore jaune dans le Mylitta. Enfin, quand celui-ci offre à la partie externe des pattes membraneuses plusieurs points noirs , les mêmes parties sont simplement bordées de brun dans l'espèce nouvelle. 11 reste encore à observer les quatrième et cinquième âges de notre Chenille japonaise, mais on reconnaît déjà que les taches métalliques des flancs vont paraître, car on voit un très petit point argenté au-dessus du stigmate du quatrième segment. 11 est donc évident que les caractères qui la distin- guent déjà de celle du Bombyx Mylitta suffiront pour faire penser qu'elle appartient à une espèce nouvelle à laquelle j'ai donné le nom de Bombyx Yama-maï {Comptes rendus de l'Académie des sciences, 13 mai 4861, t. LU, p. 970), qui rappellera la dénomination sous laquelle ce Ver à soie sauvage est connu au Japon. Jusqu'à présent cette Chenille, tenue à l'entrée de la serre tempérée de M. Année, près de la porte, qui demeure presque constamment ouverte, s'est montrée vigoureuse et très facile à élever. Elle n'est pas craintive et sauvage comme celle du Mylitta, mange avec avidité les feuilles des Chênes blancs du bois de r)Oulogne, même (juand on la regarde de 1res prés en tenant à la main le rameau sur le([uel elle est posée. Enfin elle pnraît appartenir à une espèrn prestjue domesliqu<'. 326 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLniATATION. Il est probable que c'est une espèce annuelle, car sa vie semble devoir se prolonger assez, pour ne pas permettre une seconde éducation, surtout lorsqu'on opérera en plein air. Comme les œufs envoyés du Japon par M. Duchesne de Belle- cour n'ont éclos qu'au commencement du printemps, il est certain que l'espèce a des mœurs très différentes du Mylitta, qui passe l'hiver dans le cocon, comme notre grand Paon, en donnant ses œufs au printemps. Si les œufs de la nouvelle espèce se comportent comme ceux du Ver à soie ordinaire, ainsi qu'on peut le siqjposer, ce sera une acquisition pré- cieuse pour l'Europe et pour toutes les régions où la végé- tation reste endormie pendant un temps plus ou moins prolongé (1). (1) Dans une conmiunicalion postérieure à la rédaction de cette note, M. riuérin-Méneville ajoute: Le Ver Varna -maï élevé chez M. Année avec des feuilles de ChcMies du bois de Boulogne a filé un magnifique cocon d'un jaune verdàtre, construit connue ceux du Ver à soie ordinaire et susceptible d'être dévidé en belle soie grége. Aujourd'hui il ne peut rester aucun doute sur la nouveauté de l'espèce, car sa Chenille aux divers âges, et son cocon, diffèrent totalement de ceux du B. Mylitta et Pernyi, ce qui promet aussi un Papillon différent, qui conservera, à juste titre, le nom de Bombyx Yama-maï, que je lui ai donné à la suite d'une étude sérieuse. (H.) Sun L'ACCLIMATATION DES ÉPONGES DANS LES EAUX DE LA FRANCE ET DE L^ALGÉRIE, Par i^l. E LA^IBRAL. (Séance du 17 mai 1861.) La Société impériale d'acclimatation démontre chaque jour Ja haute portée de son institution en mettant en pratique ce précepte de la raison, qui veut que chacun travaille pour l'uti- lité de tous, car alors tous travaillent utilement pour chacun. Cette maxime hienfaisante développe la civilisation en mettant en rapports d'intelligence et de bien-être les peuples de tous les pays, et elle combat la devise glaciale qui comprime notre époque : l'instant présent et chacun pour soi. Apportons donc notre coopération aux efforts qui se font pour généraliser les bienfaits de notre institution, puisque toute découverte dans les sciences, toute idée ulde, tout pro- grès dans la vérité énoncée par la Société d'acclimatation devra engendrer le bien. Pour ma part, messieurs, je présente une idée : l'acclima- iation des Eponges dans les eaux françaises de la Méditerranée, et cette idée, dont l'utilité a déjà été reconnue en 1857 par la Société, après lecture d'un rapport de notre honorable con- frère, M. Focillon, je demande h la développer, afin d'en faire apprécier la valeur agricole et commerciale. A la première inspection, on distingue, dans l'Eponge vivante qu'on retire de la mer, deux substances bien diffé- rentes : la première, externe, est une sorte de mucosité gélati- neuse recouvrant et enveloppant la seconde substance, qui est un tissu fibreux et feutré, présentant un corps de formes variables et irrégulières, percé et souvent perforé d'une multitude de pores et de trous à orifices de différentes gran- deurs et frangés d'osciiles. C'est cette seconde substance que nous connaissons tous, et qui conserve ses qualités de com- pressibihté, d'élasticité, et ac(|uiert, dans l'éponge préparée, celle de capillarité. Pis SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATÂTION. Celte famille de corps organisés est anciennement connue clans l'histoire naturelle. On n'a pas été d'abord parfaitement d'accord sur leur nature, car les uns en ont fait des végétaux, les autres les ont décrits comme étant des animaux primitifs, placés dans un règne particulier auquel on a donné le nom d'Hétéromorphe, d'Amorphozoaire, etc. ; maintenant on les range à la fin du règne animal , comme un groupe qui s'en- chaîne avec le règne végétal par les Zoophytes, division des Polypes et Polypiers. On sait que dans les mois d'avril et de mai, des essaims de larves surgissent à l'extérieur de la masse spongiaire, et entraînés par les courants sous-marins, vont subir leur méta- morpbose sur les corps solides environnants. 11 a dû être bien difficile jus(ju'à présent de pouvoir étu- dier la physionomie, l'organisation vitale de ces êtres végétant au fond des mers. Les Éponges se nourrissent des molécules qui lïottent dans leur milieu ambiant et qui sont arrêtées par cette gélatine contractile qui semble sentir obscurément. Toujours adhé- rentes à des corps sous-marins de quelque nature qu'ils soient, les Éponges se trouvent dans les fonds de 5 à 25 brasses (la brasse de 5 pieds métriques! : à cette profondeur, la mer est tranquille; elles se rencoiilrent principalement dans les excavations et les anfractuosités. Les Eponges les plus communes, en qualité et en quantité, sont dans les eaux chaudes, comme celles du golfe du Mexique de la mer Rouge, où certaines espèces atteignent de grandes dimensions, par exemple, jusqu'à un mètre et plus de liauleur. Dans les régions tempérées de l'Europe, surtout dans la Méditerranée, les Éponges sont plus belles en qualité; à mesure qu'elles approchent du Nord, le tissu en est plus serré ; elles sont aussi plus petites, et enfin elles disparaissent de la créa- tion dans les contrées glaciales. Les Éponges, en général, se trouvent dans l'Atlantique, dans le golfe mexicain, dans la Méditerranée, dans les mers des Indes, dans les mers australes, dans le? mers du Nord el dans beaucoup de ileuves. ACCLIMATATION DES ÉPONGFÎS. 329 La monographie de ces polypes, publiée dans le tome XX des Annales du Muséum, indique cent quarante et une espèces, formant six divisions : A, B, C, D, E, F. Les Éponges du commerce sont spécifiées dans les deux divisions scientifiques A, D. La division A comprend les Éponges communes {Spongia officinalis), cà formes arrondies ou planes, ou convexes en dessous, à tissus mous, plus ou moins tenaces, grossièrement poreux et à grands orifices. On en compte vingt-deux espèces. La division D comprend les Éponges tines (Spongia iisitatis- si?na), à formes concaves ou évasées, ayant des oscules déliés comme des poils et des pores très fins dans l'intérieur. On en compte trente-quatre espèces. On ignore quelle est au juste la durée de la vie des Éponges et la vitesse de leur accroissement; cependant, dès la troi- sième année, on peut revenir pêcher dans les lieux où elles avaient été précédemment presque épuisées. Nous ne parlerons que des Eponges dites marchandes, qui se trouvent dans le commerce en France. D'après l'emploi le plus fréquent des Éponges, qui consiste à laver ou à nettoyer, en portant dans leur capacité capillaire une grande quantité de liquide qu'on peut étendre ou faire couler en frottant les surfaces avec ce tissu fibreux, il est évi- dent que plus ce tissu est finement poreux et élastique, plus il a de valeur dans le commerce : aussi, suivant les degrés des qualités, les Eponges servent aux usages les plus grossiers dans l'industrie, ou bien elles sont utilisées à la toilette, aux soins chirurgicaux, dans les arts, etc. Si les Éponges étaient plus abondantes dans le commerce et d'un prix beaucoup moins élevé, l'usage s'en répandrait dans nos campagnes; on pourrait en faii'c d'excellents som- miers, des garnitures de meubles, des tissus larges et épais pour épurer et filtrer les liquides, du papier, etc. Au moment de la pêche, avant de livrer les Éponges aux acheteurs, on trépigne, on presse, on lave un grand nombre de fois les Eponges dans de l'eau de mer et dans de l'eau douce li'é(|uenmient renouvelée jusqu'à l'entière disparition 330 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGÎQUE d'acCLIMATATION. du mucus gélatineux; on les passe ensuite à l'eau chaude dans le but de les priver, s'il est possible, d'une odeur chloreuse qui leur est particulière et qui est due à cette matière animale renfermée dans le tissu fdjreux. Lorsqu'on veut blanchir les Éponges, on les trempe dans une solution aqueuse d'acide sulfurique de 1" à 1",03; on les y laisse macérer cinq ou six jours, en ayant le soin de les presser de temps en temps; il faut, avant le blanchiment, éliminer les matières calcaires qui peuvent se trouver dans le feutrage de l'Eponge, en la laissant tremper pendant une heure dans de l'acide chlorhydrique dilué. L'analyse chimique des P^ponijes du commerce se divise comme suit : Carbone Z|7,16 Hydrogène 6,31 Azote 16,15 Oxygène 26,90 rode 1,08 Soufre 0,50 l'hospliore 1,90 Dans le commerce français voici les dénominations qui classent les Eponges à la vente : Éponge fine douce, de 3yiie ; — fine douce, de l'Archipel ; — fine dure, de Syrie, dite Ghimousse; — blonde, de Syrie, dite Venise fine ; — blonde, de l'Archipel, dite Venise commune ; • — géhne, de Barbarie; — l)rune, de Barbarie, dite Marseille; — de Salonique ; Enfin, les Éponges des Bahamas, Amérique. Ces dernières sont divisées en fines et communes : mais en général elles sont d'un mauvais usage ; leur tissu est lâche, sans élasticité, et conséquemment facile à déchirer. Elles sont vendues à bas prix. La récapitulation approximative des importations et de la consommation pendant le cours des dix dernières années de 1850 à 1860 indique que le commerce général à l'entrepôt ACCLIMATATION DES ÉPONGES. 331 égale la consommation, et s'élève à 2000 000, chiffre rond, (le kilogrammes. Les prix se cotent ainsi : Les Éponges fmes, en sortes, valent de lA à 75 fr. le kilog. Les Éponges fines, au choix, de 100 à 110 — Les Yenises, par assortiment, de 9 à 12 — Les Chimousses, par assortiment, de 5 à 7 — La moyenne pour chaque année est d'une importance de 10 600 000 francs. Les droits de douane se payent par 100 kilogrammes. Par navires Par navires français. étrangers. Éponges fines 200 fr. 212 fr. 50 c. Éponges communes 60 65 50 Pèche des Époiiges. Dans le Levant, depuis Beyrouth jusqu'à Alexandrette, la pêche des Éponges est principalement exploitée parles Syriens et les Grecs. Les Grecs commencent à pêcher en mai et finissent en août, afin de pouvoir rentrer chez eux avant la mauvaise saison; les Svriens continuent la pêche jusqu'à la fin de septembre. Les Éponges sont plus abondantes sur les côtes rocailleuses de la Syrie, où se trouvent les quahtés fines, que sur les côtes sablonneuses de la Caramanie, où les qualités sont plus infé- rieures. A l'époque de la pêche, les Grecs débarquent à Seyda (Sidon), à Beyrouth, à Tripoli, à Tortosa, à Lataquié et autres parties de la Syrie. Ils désarment leurs embarcations, nommées sar- coléves, qui généralement portent de quinze à vingt hommes; ils louent aux habitants du pays des barques de pêche, et sur chacune d'elles quatre ou cinq hommes vont explorer les côtes et plonger à la recherche des Eponges. Chaque plongeur est armé d'un couteau à forte lame, afin de pouvoir détacher du rocher les Eponges ipii y adhérent. Les Grecs de la Morée, et parmi eux les Hydrioles, font la pêche avec un trident à lames tranchantes recourbées, et 33*2 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'aCCLIMÂTATION. garni d'une poche ou tilet. Lorsque la mer est calme, de manière que plusieurs poignées de sable trempe dans de l'huile et jetées sur la surface de la mer, y déposent cette huile qui s'étend et empêche les rides de l'eau en ncutrah- sant l'action de l'air ; alors les pêcheurs voient au fond de la mer les Éponges, sur lesquelles ils dirigent leurs dragues. Cette manière de pêcher a l'inconvénient de déchirer les masses, aussi se vendent-elles 30 pour 100 de moins que les Éponges dites plongées. On ne saurait évaluer le i)roduit de la pêche aux Éponges dans la Méditerranée, cai* chaque année une foule de causes amènent des variations; mais largement entreprise et avec persévérance, cette pêche deviendrait importante. On peut dire que les qualités des Éponges pêchées dans la Méditerranée sont assez régulièrement classées comme suit : 1/Zi fines, 3/8 Chimousses, 3/8 Venises. Sur les bancs des Bahamas, dans le golfe du Mexique, les Éponges croissent à de faibles profondeurs, et les pêcheurs espagnols, américains, anglais, après avoir enfoncé dansl'eau une longue perche amarrée près du bateau, se laissent glisser sur les Eponges, dont ils font une récolte plus facile ((ue celle des plongeurs de la Méditerranée. Dans la mer Rouge, les Arabes pèchent les Eponges en plongeant; ils vont ensuite les vendre aux Anglais à Aden, ou bien les envoient en Egypte. Considérations sur r acclimatation des Eponges dans les eaux françaises de la Méditerranée. La pêche des Éponges, sur tous les points de la Méditerranée, manque d'une direction intelligente ; car elle est exploitée sans prévoyance préservatrice. La consommation commerciale va toujours en augmen- tant, et il est bien certain que la spéculation qui éclaircit chaque année les champs sous-marins de ces zoophytes, cau- sera une destruction telle, que la reproduction ne sera plus en rapport avec la demande, ce qui sera très préjudiciable à l'intérêt vénérai. ACCLIMATATION DES ErONGES. 333 11 devient donc uriienl de prévenir ce cas fâcheux et de s'y soustraire en naturalisant les diverses espèces d'Epongés en France et en Algérie, et en favorisant par la culture la repro- duction sur les côtes rocailleuses de la Méditerranée, depuis le cap de Cruz jusqu'à Nice, autour des iles de la Corse et d'Hyères, dans les eaux de l'Algérie, et même dans certains lacs ou étangs salés des départements voisins de la iMédilerranée. Cette suggestion d'acclimater les Eponges dans nos eaux peut se raisonner comme suit : 1" L'eau de la Méditerranée, analysée cliimicjuement, contient, sur 100 parties : Piotoxyde d'oxygène 956,26 Chlorure de sodium 27,22 — de potassium 0,01 ~; — de magnésium 6, lu Sulfate de magnésium 7,02 Sulfate de chaux. 0,15 Carbonate de chaux 0,20 1000,00 parties environ. Cette composition de l'eau de la Méditerranée est la même sur les côtes de France et celles d'Algérie, de Syrie ; consé- quemment le milieu dans lequel vivent les Eponges ne sera pas changé. 2" L'eau de la Méditerranée renferme des matières végétales ou animales ou volatiles, qui s'y trouvent, soit à l'état de dis- solution, soit à l'état de suspension, plus ou moins combinées avec elles ; les Éponges, par l'action commune cà tous les êtres organisés, les transformeront en leur propre substance, et il est évident que ces zoophytes opéreront cette assimilation aussi bien sur nos côtes que sur celles de la Turquie. 3° La température de la mer varie, il est vrai, sur les côtes suivant les latitudes, les saisons et les profondeurs ; mais il est certain qu'à la profondeur moyenne où viventles Éponges, cette variation n'est physiquement pas possible au point d'empêcher ces robustes zoophytes de s'acclimater. Remarquons aussi, d'a[)rés l'histoire naturelle, que plus l'Eponge s'avance vers le Nord, plus son tissu devient lin et 33/| SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLUGIQUE d'aCCLIMATATION. nerveux ; il y aurait donc un avantai^e d'amélioration de qua- lité à espérer de ce côté. La difficulté à vaincre consiste dans l'opération de la transplantation des Éponges de Syrie en Algérie ou en France. Mais voici comment on pourrait faciliter cette conquête plus précieuse que celle d'une province ou d'une colonie ! Un bateau plongeur peut descendre à toutes les profondeurs physiquement permises à l'organisme humain, et l'équipage, qui peut rester immergé longtemps puisqu'il respire un air pur et vital, est mis en contact libre avec les objets envi- ronnants. Les hommes manœuvrent au milieu des Éponges pour choisir celles qu'on voudra naturaliser dans les eaux françaises ; on aura alors le soin d'éclater et d'enlever les blocs sur lesquels les Éponges sont adhérentes; on les placera dans des caisses trouées, et on les remorquera jusque sur les côtes où l'on désire les déposer, afin de laisser s'acclimater ces zoophytes dont la nature n'est pas déhcate. Certainement, dès l'année suivante, les Éponges se propageront dans leur nouvelle patrie. On pourrait aussi dans les mois du printemps recueiUir les larves essaimant en abondance, et les transporter rapidement de Syrie en Algérie. Lorsque ces champs sous-marins, créés (comparativement) à peu de frais, seront au bout de trois ans en plein rapport, on pourra les mettre en exploitation méthodique et les mois- sonner par coupes réglées, par le moyen des bateaux plon- geurs et des scaphandres. Si la Société impériale d'acclimatation veut adopter cette idée, qui deviendra nationale, et si un petit nombre de ses membres iniluents consent à former une compagnie pour obtenir des concessions cmpJiytcotiques de terrains submergés, nouveau jardin d'acclimatation sous-marin, on y acchmatcra les Éponges, le Corail, les Moules séricifères {Pinna marina), les Huîtres, différentes plantes, etc. L'État, par la protection qu'il donnera à ses fermiers, facilitera la culture, la pêche et le commerce des Éponges dans les eaux françaises, et encou- ragera cette nouvelle industrie, l'agriculture sous-marine. NOTICE su II LLS AVA>TAGES QU'OFFRIKAIT L ACCLliMATATlON DE VERYTIIIiOXYLON COCA DANS PLUSIEURS COLONIES EUROPÉENNES, Par n. le docteur L.-^. GOSNE, de Genève. (Séance du 14 juin 1861.) Le Conseil d'administration ayant bien voulu mettre à ma disposition une partie des feuilles de la plante connue sous le nom de Coca, rapportées d'Amérique par M. Uoehn, je crois devoir vous rendre compte sans plus tarder de l'emploi que j'en ai fait, ainsi que des raisons qui m'engagent aujour- d'hui à vous proposer l'acclimatation de ce végétal dans d'autres lieux que le pays où il a pris naissance. h' Fvrythroxylon coca des botanistes est un arbrisseau ori- ginaire des versants orientaux des Andes du Pérou et de la Bobvie, dans les mêmes localités où croissent les Quinquinas. Jusqu'à ce jour il règne beaucoup d'incertitudes sur la plante sauvage; car, depuis des siècles, on ne la connaît que soumise à la culture. La récolte des feuilles est le but de l'ex- ploitation, et on les emploie sèches, soit mâchées ou plutôt chiquées, soit en infusion, seules, ou mélangées avec des alcalis, la potasse ou la chaux. Il faut remonter à l'histoire mythologique du Pérou pour en trouver les premières traces, mais bientôt on voit les feuilles de Coca y jouer un rôle important. Les Incas s'en réservaient le monopole exclusif; ils .les dis- tribuaient comme faveur spéciale k leur noblesse et aux chefs étrangers qui se soumettaient volontairement à leurs lois. Elles étaient aussi l'apanage des prêtres du soleil, constituaient une des bases essentielles de leurs cérémonies religieuses, et la superstition populaire les transforma même en un symbole de la divinité. Les conquérants espagnols survinrent, et, tout en anéantis- sant la famille des Incas, ainsi que la caste des prêtres, n'a- bandonnèrent pas les privilèges que ceux-ci possédaient. Ils exploitèrent exclusivement à leur profit la culture de la Coca, 336 SOCIÉTÉ IMPÉHIALK ZOOLOGIQUt: d'aCCLIMATATION. en popularisèrent la consomnialion parmi les classes inie- rieures de la nation, et en fournirent aux administrations des mines des quantités assez considérables, pour que des for- tunes colossales se créassent rapidement à l'aide de celte industrie. Au xvi siècle, les planlations, dont la rente annuelle s'élevait à 20 000, 50 000, 100 000 et même 200 000 francs, n'étaient point rares, et le fisc ne tarda pas à en jirofîter. Les mines de Potosi, qui seules en absorbaient de quatre-vingt- dix ta cent mille balles, de vingt-cinq livres cbacune, rappor- taient ainsi à l'administration provinciale un revenu net annuel de 2 500 000 francs. Dans les siècles suivants, le commerce intérieur de la Coca faiblit légèrement par des causes étrangères, religieuses cl autres ; mais, vers 179/i, il était remonté et s'élevait annuelle- ment à environ 15 000 000 de francs; en 1831, le roulement était de plus de 1 5 000 000 et demi. De pareils résultats financiers ne sauraient s'attribuer à un simple effet d'imagination, et semblent prouver (|ue celte plante jouit de propriétés exceptionnelles. C'est en effet ce qui parait avoir lieu. Tous les voyageurs au Pérou nous apprennent que ce n'est (jue grâce à son emploi que les mallieureux Indiens purent soutenir leur existence sous le régime espagnol, et que les patriotes péruviens parvinrent à secouer définitivement le joug' de la mère juitrie. Douée d'une faculté excitante et tonique remarquable, elle leur aurait permis de supporter la faim, la soif, l'insomnie, les intem})éries,rinlluence mortelle des éma- nations métalliques dans les mines, et de résister aux fatigues incessantes, de jour et de nuit, qui leur étaient imposées. Cette même faculté, au dire d'autorités respectables, ren- drait des services non moins signalés aux voyageurs appelés à parcourir des contrées marécageuses ou les régions po- laires, en les rendant moins impressionnables aux miasmes paludéens et au froid. Enfin elle soutiendrait les forces vitales, au point de pro- longer la vie au delà des limites auxquelles nous sommes babitués de les voir arriver. ERYTHROXÏLON COCA. 337 Joignez à cela son influence reconnue avantageuse, par quelques praticiens, pour combattre plusieurs maladies du système nerveux, en particulier les rhumatismes, les troubles de la digestion ou des fonctions musculaires, et vous com- prendrez, messieurs, le rôle qu'elle a dû jouer au Pérou, ainsi que la faveur dont elle y jouit, même de nos jours. Son abus aurait, il est vrai, donné lieu quelquefois à une espèce d'ivresse qui se rapprocherait de celle du haschisch, mais qui ne s'accompagnerait d'aucune titubation, d'aucune perte de conscience du moi, et qui serait facile à prévenir en ne se condamnant pas au repos; d'ailleurs, on n'a pas à craindre qu'elle se transforme en vice populaire, vu le prix élevé auquel se maintient cette marchandise. Et cependant, malgré ces précieuses qualités, quoique pré- conisée par une foule d'auteurs, ce n'est que depuis deux ou trois ans que son usage a été introduit en Europe et qu'elle commence à prendre rang dans l'arsenal pharmaceutique. Or à ces premiers essais ne saurait se borner l'avenir des feuilles de Coca, si les faits sont tels qu'on nous les représente, et déjà l'analyse chimique y a révélé la présence d'un nouvel alca- loïde, la cocaïne, qui fait pressentir des résultats plus positifs encore. En outre, ces feuilles, sous le rapport du goût, de l'arôme, et de leurs propriétés excitantes, se rapprocheraient du thé de Chine, et pourraient en être considérées, dans beau- coup de circonstances, comme un succédané avantageux. Telles sont quelques-unes des raisons qui m'ont engagé à m'occuper de ce sujet, pour composer une monographie, et qui m'ont fait considérer comme bienvenue la petite provi- sion de Coca que l'on avait eu la complaisance de me confier, quoique privée évidemment d'une partie de ses quahtés, par une exposition prolongée à l'air libre. J'en ai employé une portion pour faire contrôler quelques- unes des expériences chimiques publiées au Pérou, et elle les a jusqu'à un certain point vérifiées ; de plus, j'en ai remis à iM. le professeur Claude Bernard, ([ui a bien voulu me pro- mettre sa coopération, et eniin des expériences thérapeuti(jues ont élé tentées à l'hospice de Bicètre. T. Vni. — Juillet 18G1. 22 338 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. S'il est présumable, d'après ce qui précède, que la Coca ne tardera pas à devenir un produit recherché en Europe, et d'une assez grande valeur, il faudra donc s'en approvisionner au Pérou ou en Bolivie, puisque ce n'est que là qu'on la cultive. Dans ce cas, se présente une question qu'il est de toute nécessité de résoudre préalablement. Qu'arrivera-t-il, en effet, si les demandes en absorbaient une quantité notable ? Sans doute Tindustrie agricole indigène chercherait à pren- dre un nouvel accroissement, une nouvelle activité, et nous r souhaitons qu'elle le fasse dans Tintérêt de ces Etats indépen- dants. Mais il est facile de prévoir les obstacles qui viendraient l'entraver pendant longues années. Les localités où se cultive la Coca sont toutes placées dans une zone montagneuse, d'un accès des plus difficile, et dont nous sommes séparés par des distances immenses ; et si l'on joint aux frais de culture assez considérables ceux occasionnés par le transport, qui en quadruplent ou en quintuplent le prix, on arrive à des sommes fabuleuses. Ainsi, quoique son prix moyen soit déjà sur place de 20 à 30 francs les 25 livres espagnoles (11*^'' ,Zi75), dans les provinces de la confédération Argentine qui avoisinent la Bolivie, ce prix s'élève à 7 francs la livre d'Espagne (Zi59 gram.), et à Paris, dans la maison de commerce de M. Menier, la Coca est cotée à 32 fr. le kilogramme. De plus, d ne faut pas perdre de vue que, jusqu'à ce jour, le produit des plantations est consommé en entier dans le pays. On peut donc s'attendre, quoi qu'on fasse, avec ce système, à une production insuffisante, difficile à se procurer, et à une élévation de prix qui rendrait inabordable en Europe l'usage de cette plante. Dans cette alternative, j'ai pensé que sans nuire aux intérêts légitimes des pays qui fournissent cette substance, et qui peut- être en fourniront encore davantage, il y aurait convenance dès à présent de songer aux moyens de multiplier les lieux de production, en rapprochant ceux-ci des foyers probables de communication en Europe, et en rendant leur accès plus facile, à l'aide d'une acclimatation graduelle de la plante en dehors des Andes; car c'est cette acchmatation dans d'autres ERYTHROXYLON COCA. 339 pays moins excentriques, qui peut seule nous mettre à même de résoudre le problème d'une manière satisfaisante. L'entreprise est-elle possible, peut-elle devenir probable? Je le pense également, et voici les raisons sur lesquelles j'ai basé mes espérances. Les documents nombreux que j'ai recueilHs sur la culture de VErythroxylon coca m'ont permis de fixer d'une manière po- sitive les conditions de climat et de terrain qui lui conviennent. J'ai vu, d'un côté, que cet arbrisseau prospérait dans les zones montagneuses de pays intertropicaux, dont la température moyenne est de 15" C, et qu'il redoutait soit la gelée, soit la sécheresse; que, d'autre part, les terrains siliceux, ardésiens, argileux et volcaniques, mais meubles et légers, lui étaient fa- vorables, tandis que les terrains calcaires lui étaient contraires. Ces conditions posées, si l'on trouve, en dehors des Andes, des conditions semblables ou s'en rapprochant beaucoup, l'acclimatation est possible. Et remarquons que cette acchmatation serait d'autant plus facile et plus probable, que la Coca se propage très bien par graines ; que ces graines n'étant pas huileuses, se conservent pendant assez longtemps sans s'altérer ; qu'en outre nous avons affaire, non à une plante sauvage, mais à un arbrisseau déjà domestiqué depuis des siècles : or il est reconnu que l'état de domestication est non moins favorable à l'acclimatation chez les plantes que chez les animaux. C'est ce qui explique comment il a pu croître et se propager dans quelques plaines du Brésil, q,uoiqu'une température élevée au delà de 20" C. lui fût contraire, et ce qui nous fait espérer qu'il pourra éga- lement s'acclimater plus tard et prospérer dans des localités dont la température, quoique inférieure à 15" C, serait plus ou moins égale, sans jamais descendre à zéro. Toutes les autres conditions de succès ou de non-succès dépendent du mode de culture, ou de la richesse du sol, et, à cet égard, nous possédons des données suffisantes pour qu'on puisse être guidé convenablement. Maluré cela, on conçoit que Je nombre des localités répondant aux desiderata énumérés ne soit pas considéji^ablc, cl j\*iiii;iis élé assez eml nrrnssé de 3/|0 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATÂTION. les désigner, en ne consultant que les traités de météorologie et de géologie, si, parmi les végétaux qui prospèrent dans le voisinage de la Coca, l'un d'entre eux ne fût venu me mettre sur la voie de la solution du problème. Il est reconnu , en effet , que les Cafiers cultivés dans le contour des plantations de Coca en Bolivie et au Pérou y réussissent assez bien, pour fournir un fruit qui, dit-on, va de pair avec le Café de Moka. D'un autre côté, les conditions atmosphériques, topogra- phiques et telluriques des lieux où l'on cultive les Cafiers, correspondent ta celles que nous avons reconnu être favorables à la Coca. On voit, en eifet, ces plantations réussir également dans les régions intertropicales, sur le penchant des montagnes ombragées, dans des vallées profondes, jouissant d'une expo- sition au levant, abritées contre les vents violents et soustraites à la température élevée des plaines, bien qu'exposées jour- nellement à l'évaporation aqueuse abondante qui s'en échappe ; là où le thermomètre ne descend pas au-dessous de 10° C. , et où se rencontrent des terrains schisteux, argileux, légers ou vol- caniques, son terroir fertile est composé de détritus végétaux. Ces locahtés privilégiées sont : à l'occident, la plupart des Antilles, en particulier la Martinique, Cuba, Porto-Rico, Saint- Domingue, la Jamaïque, etc., etc.; sur terre ferme, en Amé- rique, les parties montagneuses de la Guyane, de Costa-Rica, de Guatemala, et les montagnes de la région moyenne du Brésil, connues sous le nom de chaîne des Orgues; à l'orient, la province du Yemen en Arabie, en particulier la montagne de Saber où l'on cultive le Cath et le Café ; la province du Chiré, en Abyssinie, ainsi que les îles de Bourbon et de Java. C'est donc dans ces localités que devront être tentés, sur une échelle plus ou moins étendue, les premiers essais de naturalisation de la Coca, à Taide de semis judicieux ; et de celte manière on parviendra à se maintenir au niveau de la consommation et du commerce. Plus tard, si on le juge convenable, on pourra les répéter dans des climnts plus rapprochés de l'Europe : par exemple, EKYTIIHOXVLON COCA. S/l* dans les leiraiiis siliceux et arrosés de l'Algérie, ou sur les côtes de la Méditerranée, en Espagne, entre Cadix et Malaga, en Italie, dans les environs de Menton, etc. ; mais je crains qu'à ces latitudes l'absence des pluies tropicales ne nuise à la végétation de cette plante, dont la culture, pour être pro- fitable, doit offrir au moins trois récoltes de feuilles par année. Dans l'intérêt de cette acclimatation, j'ai adressé dernière- ment à notre Société la demande qu'elle voulût bien y coop('- rer, en faisant venir au plus tôt des graines de Coca par le moyen de ses correspondants, et en les distritiuant ensuite dans les lieux qui lui paraîtront les plus propres à l'exploita- tion. Votre Conseil d'administration a pris en considération ma requête et s'est empressé d'y donner suite, qu'il en reçoive ici mes sincères remercîments. Lorsqu'il en sera temps, j'aurai l'avantage de lui transmettre toutes les informations relatives à la culture qui doivent servir de base et de complément à ces essais. Il me reste encore à exprimer le vœu que l'on prolite de la même occasion pour se procurer une nouvelle provision de feuilles de Coca, mais conservées avec [dus de soin que la précédente, c'est-à-dire, renfermée immr'diatement après la récolte dans une enveloppe imperméable, comme on h fait en Chine pour le Thé; car ces feuilles, très hygrométri(}ues, contiennent des principes organiques, ou volatils, ou qui se décomposent à l'air libre. La manière dont on les emballe actuellement au Pérou ou en Bolivie est des plus vicieuses, puisqu'elles ne sont préservées pendant la traversée des Andes que par des tissus de laine poreux ou par des enveloppes qui joignent mal, et arrivées en Europe, elles ont perdu la plu- part de leurs qualités, par conséquent ne peuvent fournir (pie des résultats incomplets ou nuls. En facilitant ainsi acces- soirement des recherches qui peuvent devenir profitables à l'acclimatation d'une substance utile, notre Société ne s'éloi- gnera pas de son mandat, et acqueira de nouveaux titres à la reconnaissance pul)lique. II. TRAVAUX ADRESSES ET COMMUNICATIONS FAITES A LA SOCIÉTÉ. SUR LE FABRICIA. LETTRE ADRESSÉE A N. DROUYN DE LHUYS, Vice-Président de la Société imjiériale d'acclimatation. Par M. P. RA.llEL. Paris, le 16 mai 1861. Monsieur , Quand, en 1859, j'écrivais à mon ami M. Ferdinand Muelier, directeur du Jardin liotaniquc et zoologique de Melbourne, pour lui demander les semences des végétaux australiens qui m'avaient frappé par leur agrément ou leur utilité, j'avais désigné celles d'un arbre de hauteur moyenne (six à huit mètres), en forme de buisson toufl'u, toujours vert, donnant une jolie fleur, et dont la place est marquée comme ornement dans les parcs. Mais cet arbre m'avait surtout frai)pé par son côté utile. Il croît dans le sable, sur le bord de la mer, et il supporte sans inconvénient cette rosée que l'on pourrait appeler poussière de mer, et que la violence du vent détache de la masse et pré- cipite en pluie fine sur le rivage. Il est parfaitement approprié pour retenir les sables (lui peuvent l'enterrer, impunément pour sa végétation, à de grandes hauteurs relatives. J'ai pensé qu'il serait très intéressant de tenter l'acclimata- tion de cet arbre dans les landes de Gascogne, sur les plages de la Méditerranée , dans les lieux similaires de l'Afrique, voisins des lacs salés ou non, et dans les terrains que traverse le canal de l'isthme de Suez. C'est en voyant la dénudation du sol, dans les environs mômes de Suez, que l'idée de son application m'est venue. J'avais plusieurs fois répété ma demande à M. Mucller, en indiquant le nom vulgaire, BoXj sous lequel je le connaissais, SUR LE FABUICIA. 3^13 l'endroit où je l'ai vu et une description à ne pas s'y mé- prendre. J'étais étonné de ne l'avoir pas reçu, et ma dernière lettre le réclamait encore. Ces jours derniers , au Muséum, comme on mettait en plein air les végétaux de l'orangerie, j'ai été assez heureux pour reconnaître mon Box tant désiré et que j'y avais si souvent cherché en vain. On l'appelle Fabricia en botanique. La connaissance de son nom scientifique m'a donné alors la certitude que dans les six collections de graines envoyées récemment de Melbourne à la Société, il y avait plusieurs sachets de Fabricia. J'ai pu m'assurer , en outre , grâce à l'obligeance de M. Newmann, que le Muséum, qui a reçu de la Société l'une de ces- six col- lections de graines, possède un certain nombre de jeunes plants de Fabricia provenant de ces graines, et qui n'ont encore en ce moment que 2 à 3 centimètres. Je pense, Monsieur, que vous croirez utile d'appeler l'at- tention toute spéciale des membres de la Société qui ont reçu d'elle des graines de Fabricia, sur l'intérêt que présente cet arbre dont l'acclimatation me paraît non-seulement possible, mais facile, dans les conditions que j'ai eu l'honneur de vous indiquer. Veuillez agréer , etc. P. Ramel. III. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES GÉINÉRALES DE LA SOCIÉTÉ. SÉANCC DU ill JUIN 1861. Présidence de M. Druuyn de Lhuys. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. — M. le Président proclame les noms des membres nouvelle- ment admis : MM. Baillet (Henry de), propriétaire à Siregeolle prés Bergerac (Dordogne). Bezançon (Gbarles), à Savigny (Haute-Marne). Brame (Jules), député du Nord, à Paris. Caste LLO de Paiva (le baron de), à Lisbonne (Portugal). Chevenon de Bigny (le marquis de), au cbàteau d'Auray- le-Vieil, près Saint-Amand (Glier). Costier (Georges), propriétaire et maire, à Glion (Indre). CuRisoL (Gbarles), vice-consul de France, à la Soulette, près Tunis. GouRRAUD (Cb. ), juge de paix à Sainl-Fulgenl (Vendée;. GouRRAUD (Gonstant), notaire bonoraire, à Gbavagnes-en- Paillers (Vendée). Le Batteux (François), au Mans (Sarlbe). Lemesle, au cbàteau de Toury, près Ferrières-Gàtinais (Loiret). Marquiset (Gaston), à Fontainc-lez-Luxeuil (Haute-Saône). Roux, administrateur du chemin de fer de l'Est, à Paris. Tempsky (Frédéric), libraire-éditeur, à Prague (Autricbe). Vega-Grande (le comte de) , à la grande Canarie (îles Ganaries). Xifre (don José), propriétaire, député aux Gortès espa- gnoles, à Barcelone (Espagne). — M. le Président annonce ensuite la perte regrettable que la Société vient de faire récemment de deux de ses mem- bres, MM. le commandeur Da Gama Macbado, etGalderon de la Barca. PROCÈS-VERBAUX. 3/|5 — MM. Wilson et Mueller adressent de Melbourne (Australie) leurs remercîments pour le titre de membres honoraires que la Société leur a décerné dans la séance annuelle du ili février dernier. — M. Vega-Grande adresse également de la grande Canarie ses remercîments pour la médaille de première classe que la Société lui a décernée dans cette même séance, pour ses édu- cations en plein air du Ver à soie du Ricin. — MM. le vicomte de Damremont, le baron Nachet et Nicolas écrivent pour remercier de leur récente admission. — M. Damas Hinard , secrétaire des commandements de S. M. l'Impératrice, annonce le don fait par S. M. d'échantillons de soie grége et de graines diverses. Les soies, qui sont fort belles, seront exposées dans la magnanerie du Jardin du bois de Boulogne, et les graines seront semées dans le jardin d'essai. — S. Exe. M. Kœnig-bey, secrétaire des commandements de S.A. le vice-roi d'Egypte, annonce le nouveau don fait par Son Altesse de douze Zébus du Soudan , deux Pélicans , trois Flammants et deux Spatules. — Des remercîments ont été adressés au vice-roi pour ce précieux témoignage de l'intérêt que S. A. daigne prendre aux travaux de la Société et la munilicence avec laquelle il enrichit sa collection d'animaux. — M. Gourdin , délégué de la Société à Napoléon-Vendée, informe qu'il a pris toutes les mesures qui lui ont paru propres à faciliter la souscription pour la statue de Daubenton dans son département. — M. Bréon Guérard (de Montbard) annonce qu'une liste de souscription pour la statue Daubenton a été déposée à la mairie de Montbard. — M. Bréon Guérard offre en outre, au nom de M. le doc- teur Vaussin, propriétaire de la ferme de la Bugrie de. Gour- tangy, près Montbard, le plan de cette propriété où Daubenton a fait ses essais et ses éducations de Moutons. Il donne commu- nication, au nom de M. Vaussin et de la famille Junot, des deux ouvrages suivants de Daubenton : Mémoire sur le premier drap de laine super fine du cru de la France^ in-8, 2' édit., 1785. 3Zi6 SOCIÉTÉ IMPÉIIIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Extrait de l'instruction pour les bergers et les propriétaires de troupeaux, 3' éclit. , \f 12, an III. Ces documents sont renvoyés à la Commission du Mérinos. — M. B. Poucel écrit pour faire connaître son opinion sur l'importance d'établir des étapes d'acclimatation, depuis les montagnes des Cordillères jusqu'aux bords de l'océan Atlan- tique, pour les divers Ruminants des Andes. Notre honorable confrère pense que toutes les tentatives d'introduction de ces précieuses espèces en Europe par une autre voie ont peu de chances de succès. — M. Pierre de Tchihatcheff, en réponse à une lettre de M. le Secrétaire général, envoie des renseignements sur les condi- tions qui conviennent aux Chèvres d'Angora, et sur les avan- tages que présente l'Auvergne pour leur acclimatation ainsi que pour celle des Lamas et congénères. — M. Lecocq (de Montevideo), qui veut tenter l'acclimata- tion des Chèvres d'Angora dans l'Amérique du Sud, demande des renseignements qui puissent le guider dans ses essais. — Madame Élie de Beaumont fait don ta la Société de deux belles espèces de Lapins d'Amérique , une paire de Béliers noirs et une paire de Béhcrs albinos. — Des remercîmenls ont été transmis par M. le Président à madame Elie de Beau- mont. — M. Lasserre adresse une brochure intitulée : Ne tuez pas vos amis : promenade avec le voisin Jean Claude, n" 12, 1861, et destinée à faire connaître l'importance de certains animaux, et principalement des oiseaux, comme insectivores. — M. Beaussier (d'Alger) annonce un dernier envoi d'œufs de Perdrix G ambra. — M. Sacc adresse de nouveaux renseignements sur les éducations d'Autruches de M. Noël Suquet au Jardin zoolo- gique de Marseille. — Des réponses au Qaestiom taire sur la Vipère ont été envoyées par MM. les préfets de l'Oise et des Pyrénées-Orien- tales, par la Société d'agriculture de l'arrondissement de Lorient, et par MM. le vicomte de Dax, L. Puel (de Figcac) et Dénecourt (de Fontainebleau). PROCÈS-VERBAUX. 3/17 — M. Heyraud annonce l'envoi d'un rapport sur des éduca- tions de Vers à soie ordinaires du Japon, et un porte-bruvère perpétuel, de l'invention de M. Heyraud. — M. Nourrigat adresse un rapport sur ses éducations de Vers à soie, et un mémoire sur la Régénération des espèces de Vers à soie, etc., In-h, 1860. — M. le docteur Teilleux envoie un exemplaire du mémoire qu'il a publié sous le titre d'Essais de sériciculture dans le département du Gers^ in-18, 1861. — lAIM. Louis Althammer (d'Arco) et le duc de Morlemart écrivent pour demander des graines de Vers à soie de l'Ailante. — MM. Lejolis, Gamare, Cb. de Gauvain et E. Mennechet accusent réception de graines de Vers à soie de cette espèce, dont ils remercient la Société. — M. le docteur Ourada écrit pour proposer un moyen de régénération des races de Vers à soie; ce moyen, souvent proposé et essayé sans succès , consiste en des croisements des diverses races et espèces. — M. Sicard envoie deux pots de moutarde préparée avec le Ca-t-sè de Chine, dû à M. de Montigny, et cultivé avec le plus grand succès en Provence par notre confrère. — M. Brierre de Riez (Vendée) adresse un nouveau Rap- port, accompagné de dessins à l'huile, sur ses cultures de plantes dont les graines lui ont été envoyées par la Société. — M. Decaisne, du Muséum, offre à la Société une collec- tion de graines potagères de l'Inde. — M. Lienard fait don de graines de Marpose cucurbitacée de l'île de France, dont le fruit sert de condiment pour les Caris, et s'emploie en médecine comme éméto-cathartique. — M. V. Chatel adresse un exemplaire d'une note impri- mée sur le Sarrasin. — M. Baruffî, délégué à Turin, transmet un numéro de la Gazzetta officiale del regno cVltalia, h juin 1861, qui con- tient un article sur la Société zoologique d'acclimatation. — M. le docteur Bourrit adresse la traduction de l'ouvrage de M. Tschudi : Le monde des Alpes, ou Description pitto- resque des montagnes de la Suisse j et particidièrement des 3/i8 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQLE u'ACGLIMATATIOiN. animaux qui l'habitent^ 3 vol. in-8, 18f)8. — Des remer- cîments seront transmis à notre savant confrère. — La Société reçoit le First annual Report of the Society for the acclimatation of Animais, etc., Londres, 18()1. — M. le docteur Espian de Lamaestre adresse un Mé- moire sur l'orgcmisation du service médical et pharmaceutique dans les Sociétés de précoyance et de secours mutuels, in-8, 186j, et fait remarquer que les médecins des Sociétés de secours mutuels pourraient fournir de précieux renseigne- ments à la Société sur quelques-unes des questions dont elle s'occupe. — M. Gustave Lanoise fait hommage à la Société des Tableaux synoptiques d'histoire naturelle dont il vient de publier la première partie. Cet ouvrage, qui doit conq)rendre les trois règnes de la nature, présente l'ensemble de l'orga- nisation sous forme de tableaux synoptiques, destinés à faci- liter l'étude, et dont l'emploi est très commode pour tous les étudiants. — M. Lamiral adresse une lettre à la Counnission chargée de l'étude de l'acclimatation des Zoophytes Éponges, etc. — Cette pièce sera renvoyée à la Commission. — M. Cloquet fait hommage de son Rapport sur un mé- moire de M. Bourgarel sur les races de rOcécmie française et de la Nouvelle-Calédonie. — M. le Président annonce que M. Eugène Poujade a fait don au Jardin du bois de Boulogne d'une caisse venant de Bucharest, et renfermant des œufs de grande Outarde. M. le Président ajoute que le Comice agricole des arrondis- sements de Melun et de Fontainebleau s'est réuni, sous sa pré- sidence, le 9 juin, à Auzouer-le-Piepos, près de Mormant (Seine-et-Marne), et qu'à la suite du banquet, une collecte a été faite pour la souscription à la statue de Daubenton. Cette collecte a produit 3/i2 fr. 90 c, somme à laquelle il faut ajouter celle de (35 fr., souscrite par M. Garnot (de Genouilly), cuhivateur du canton de Mormant. M. Drouyn de Lhuys lait remarquer que le département de Seine-et-Marne est un de ceux qui ont donné le plus grand développement à la produc- PROCÈS-VERBAUX. 349 lion et à l'amélioration de l'espèce ovine, et que MM. A. Dutfoy etGarnot (de Genoiiilly) envoient en Australie, chaque année, de (50 à 80 têtes. — M. Hébert, agent général, donne lecture d'une analyse du compte rendu mentionné plus haut, de la première assem- blée générale de la Société d'acclimatation de Londres, du 26 mars 1861, dont il a bien voulu faire la traduction (voy. au Bulletin, faits divers, p. 297). — M. Rufz de Lavison met sous les yeux de la Société du lait de métis d'Yak et de Vache ordinaire qui a paru excel- lent aux personnes qui en ont goûté, et dont M. le docteur Réveil a bien voulu se charger de faire l'analyse ; il annonce ensuite les conférences qui doivent avoir lieu, tous les jeudis, à trois heures, au Jardin du bois de Boulogne. Enfin il fait con- naître la naissance de deux petits Lophophores, et de sept Tétras huppecols, éclos ces jours derniers au Jardin d'accli- matation. M. le Président fait observer que les Lophophores viennent de se reproduire pour la première fois sur le con- tinent, et que les Tétras huppecols n'ont jamais encore repro- duit en Europe, même à Londres. Ils n'ont même jamais pu vivre aussi longtemps qu'ils ont vécu dans notre Jardin. — M. Hébert donne lecture d'une lettre de M. Ramel sur les Fabrlcia (voy. au Bulletin, p. 3/i2). — M. J.-Léon Soubeiran présente un Rapport rédigé au nom d'une Commission spéciale sur les Thés du Brésil (voy. au Bulletin, p. 2/il). — M. le Président annonce que, par exception et pendant les fêtes de Neuilly, le prix d'entrée au Jardin du bois de Boulogne sera réduit de 50 centimes à 25, pour les trois dimanches de la fête. — M. le baron de Noirmont lit la première partie d'un Mémoire sur quelques espèces de Mammifères qui ont existé antre fois en France, et qui ont disparu ou sont devenus très rares. — M. Cloquet fait don d'un échantillon de XYerba maté{Ilex paraguayensis), et rend compte à la Société des résultats qu'il a ulilenus de quelques essais d'accHmatation qu'il poursuit à 350 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Lamalgui?, près Toulon. Il s'est assuré que le Palmier dattier (Phœnix dactijlifera) peut être acclimaté dans beaucoup de localités des départements du Var, des Bouches-du-Rhône et des Alpes-Maritimes. Sa collection de Dattiers se compose de il h individus (1 de soixante ans, 53 de quatre à dix-neuf ans, et 120 en semis de deux ans). Huit de ces Dattiers ont fleuri l'an passé (3 mâles et 5 femelles) ; l'un d'eux, âgé de dix-neuf ans, a donné onze régimes de Dattes qui n'arriveront à matu- rité qu'au mois de septembre prochain, et un de ces régimes envoyé à l'exposition agricole de Marseille pesait 8 kilo- grammes. Le même membre présente deux tiges de Bambous de la Chine introduits par M. de Montigny à la Pépinière impériale d'Alger. Dix tuuffes de racines de ces Bambous, envoyées par M. Hardy, ont parfaitement réussi à Lamalgue : les tiges de l'an dernier atteignaient à 2 deux mètres de hauteur, celles de cette année s'élèvent, pour plusieurs, à 2 mètres et demi. M. Jules Cloquet se propose d'envoyer un Bambou l'année prochaine au Jardin zoologique d'acclimatation. Les Chênes à gland doux, obtenus de semence venant du Portugal, ont actuellement dix-neuf ans. Plusieurs d'entre eux sont dans un état parfait de développement, mais ils ne donnent encore que quelques glands. Les semences à'Aldora du Maroc, envoyées à la Société par M. le baron H. Larrey, ont parfaitement levé et leur dévelop- pement se fait régulièrement. M. J. Cloquet rend également compte de la visite qu'il vient défaire au banc d^Huîtres établi à la Seyne, près Toulon, en juin 1860, par les soins de M. le professeur Coste. Ce banc, d'une étendue de- A à 5 hectares, est en pleine voie de succès. Les fascines extraites de la mer, d'une profondeur de 2 à Zi mè- tres, sont couvertes d'une immense quantité de nouvelles Huîtres, dont un grand nombre ont déjà atteint la taille de /i à 5 centimètres de largeur. Les rochers voisins du parc se cou- vrent également des essaims de cet utile coquillage, et il est à présumer que d'ici à peu d'années la petite rade de Toulon deviendra le siège d'un grand banc d'Huîtres. PROCÈS-VERBAUX. 351 M. J. Cloquet fait connaître une particularité remarquable qui s'observe clans le développement ultérieur du test des Huîtres de l'Océan après leur immersion dans les eaux de la Méditerranée, fait qui peut jeter un grand jour sur la ques- tion pbysiologique relative aux modifications qu'éprouvent les êtres organisés en changeant de conditions climatériques. M. Coste, dit M. Cloquet, a le premier fait cette curieuse observation, que des Huîtres incomplètement développées , prises à la côte d'Angleterre et immergées dans la Méditer- ranée, en continuant de croître, gardent bien dans leur test les zones concentriques qui les ont caractérisées jusqu'alors, mais qu'ensuite ce même test continue de croître sous forme de rayons divergents, très saillants, comme cela se remarque pour les Huîtres de la Méditerranée. Il en résulte que ces Huîtres sont d'une forme singulière, moitié océanique, moitié méditerranéenne, et semblent appartenir à deux variétés du même Mollusque. M. Cloquet met sous les yeux de la Société plusieurs de ces coquilles puisées récemment sur le banc de la Seyne. — A la suite de quelques observations de MM. Moquin- Tandon et Vavasseur, ki Société nomme une Commission composée de MM. Cloqiaet, Moquin - Tandon , Soubeiran et Vavasseur, pour étudier les questions qui (jnt rapport au Maté. — M. Guérin-Méneville donne quelques renseignements sur la magnanerie du Jardin .du bois de Boulogne. Il annonce, en outre, que notre confrère M. Marchand offre de livrer aux membres de la Société dtîs œufs de Vers à soie de l'Ailante avec une réduction de 51") pour 100 sur le prix auquel ils sont vendus aux personnes étrangères à la Société. — M. le comte Alexis de C hastaigner demande que la Société veuille bien reprendre activement la question de l'introduction d'animaux destructeurs du ïJolhrops à la Martinique, et offre l'habitation Loris pour y rec-*woir tous les animaux qu'elle enverrait dans la colonie. Il de mande, en outre, (jue la Société veuille l)ien nommer une Com mission chargée de rechercher quelle espèce de bêtes de sonnn e on pourrait introduire avan- 35*2 SOCIÉTÉ BirÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. tageusement à la Martinique. — Cette proposition est renvoyée au Conseil. — M. le docteur Vavasseur donne lecture d'une lettre dans laquelle M. B. Poucel entretient la Société des beaux troupeaux de Mérinos qu'il avait introduits et propagés à laPlata, et saisit cette occasion de rendre un juste hommage à la mémoire de Daubenton. SÉANCE DU 28 JUIN 18G1. Présidence de M. Is. Geoffroy Saint-Hilaire. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. — M. le Président fait connaître les noms des membres nouvellement admis : MM. Davin (Eric), à Paris. Davin (Félix), k Paris. EsTEVENET (le doctcur), professeur à l'École préparatoire de médecine de Toulouse (Haute-Garonne). Garnot(G.), propriétaire agriculteur, à Genouilly, près Crisenoy, par Guignes-Rabutin (Seine-et-Marne). Graux (Louis), agriculteur, à Maucliamp, commune de Juvincourt, près Béry-au-Bac (Aisne). Maquet (le docteur Jules), à Angoulême (Charente). MoNNiER (Edouard), notaire, à Douai (Nord). — M. le Président rappelle à la Société que S. H. le suUan Abdul-Medjid, qui vient de succomber, était un des vingt-deux souverains inscrits sur la liste des membres et protecteurs de la Société, et qu'il lui a donné des témoignages de l'intérêt qu'il portait à ses travaux. — S. Exe. l'ambassadeur de Turquie, Vely-pacha, exprime par lettre ses regrets de ne pouvoir assister à la séance. — M. lecomtedeLiedekerkeîidressesesremercîmcnts pour sa récente nomination au titre de délégué du Conseil à Bruxelles. — M. Pouchet, délégué du Conseil à Rouen, fait parvenir plusieurs numéros des journaux de Rouen dans lesquels a été PROCÈS-VEUBAUX. 353 annoncée, par ses soins, la souscription pour l'érection d'une statue à Daubenton. — MM. Le Mesle et Barao do Castello de Païva adressent leurs remercîments pour leur récente admission. — M. l'abbé Jouen, préfet apostolique de Madagascar, renouvelle ses offres de service à la Société, et demande des instructions qui puissent le guider dans ses recherches. — La Société adresse ses remercîments au révérend père Jouen, et décide que les instructions demandées lui seront envoyées. — M. Godard adresse, de Siout (haute Egypte), de nouvelles offres de service à la Société, et exprime l'espoir de lui faire parvenir des objets et des renseignements qui pourront l'inté- resser. — Remercîments. — M. le Secrétaire général transmet à la Société les offres de plusieurs propriétaires de l'Auvergne, qui pensent que leurs fermes pourraient être utilisées avec avantage par la Société pour y établir un dépôt de reproducteurs des Yaks, des Chèvres d'Angora, des Lamas et Alpacas qu'elle possède déjà, et de ceux qu'elle pourra introduire plus tard. — Ces pro- positions sont renvoyées à la Commission chargée de cette question. — M. Roehn a fait parvenir à M. Drouyn de Lhuys le rap- port de son voyage depuis Bordeaux jusqu'à Bahia. Malgré une pénible traversée de soixante- deux jours de mer, le troupeau de moutons Graux de Mauchamp est en bon état de santé, et M. Roehn n'a eu à regretter que la perte de deux individussur quatre-vingt-quinze qu'il avait embarqués. Obligé, par suite d'avaries, de relâcher à Bahia, il espère qu'il pourra prochainement reprendre la mer et arriver à Buenos-Ayres sans autre accident. La perte insignifiante de deux individus sur quatre-vingt-quinze après un si long séjour en mer, témoigne d'une manière incontestable de la remarquable rusticité de la race Graux de Mauchamp. — M. Richard (du Cantal), en adressant le compte des dépenses du troupeau de la Société à Souliard pendant le deuxième trimestre 1861, fait connaître le bon état des ani- maux dont il se compose. T. VIll. — .luillet I8()l. 2o 35/i SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. — M. Dutrône, dont la Société a déjà reçu de nombreuses marques de bienveillance et de générosité, annonce qu'il a fait embarquer, le 22 juin, le taureau Sarlabot, destiné au haras reproducteur de la Martinique. Il met à la disposition de la Société un autre mâle sans cornes pour la Guadeloupe, et espère que plus tard la Société voudra bien en accepter un troisième pour la Guyane française. M. Dutrône demande des instructions pour pouvoir expédier promptement le jeune Taureau destiné à l'Algérie, et qui est aujourd'hui dans les meilleures conditions pour en tenter l'acclimatation. Enfin M. Dutrône exprime le désir que la petite Vache désarmée, dont il a fait don à la Société, soit placée le plus promptement possible au Jardin du bois de Boulogne. — M. Dutrône est prié de vouloir bien accepter les vifs remercîments de la Société pour son incessante libéralité. — M. Kœnig-bey, secrétaire des commandements de S. A. le vice -roi d'Egypte, fait connaître l'arrivée des six Zébus mâles du Soudan offerts à la Société par Son Altesse. — Il est donné lecture de lettres de MM. Petit et Durieu de Maisonneuve, relatives à deux Tatous {Dasypus geba), vulgai- rement Mtilila, adressés à la Société par M. Las Gazes, phar- macien à Montevideo, et dont l'un seulement est arrivé vivant à Bordeaux, l'autre ayant péri pendant la traversée. — M. A. Gindre, de Ghampigny (Seine-et-Oise), fait hom- mage à la Société de trois Moutons d'Abyssinie, un couple adulte et un jeune. — Des remercîments lui seront transmis. — M. Louis TorelH, gouverneur de la Valteline, adresse le montant de sa souscription pour obtenir des Lamas et Alpacas, et demande tous les renseignements qui pourront le guider dans l'élevage de ces animaux. — M. Gh. de la Brosse-Flavigny demande des renseigne- ments sur le moyen de se procurer des Lamas. — M. Drouyn de Lhuys adresse une Notice sur les Lamas et congénères, et sur le croisement de l'Alpaca et de la Vigogne, rédigée, d'après des documents officiels et étrangers, par M. de Mofras ; et offre à la Société, à l'appui de ce mémoire, le premier numéro du tome L' àeElAteîieo Americano, publié PROCÈS-VERBAUX. 355 à Lima (18Zi7), et contenant un article sur la domestication et le croisement des Vigognes avec les Alpacas. A cet article se trouve joint une lithographie représentant le révérend père Don Juan Pahlo Cabrera, que la Société a nommé membre honoraire, un des premiers, pour ses travaux sur ces pré- cieux Ruminants dont il a su obtenir l'Alpa-Vigogne. — M. Sacc adresse ses remercîments pour les Chèvres d'Angora que la Société a bien voulu lui céder, et donne quelques renseignements sur l'état des animaux qu'il élève. — M. Noël Suquet écrit pour informer de l'arrivée, à Marseille, de deux Pélicans, trois Flammants et une Spatule, donnés à la Société par S. A. le vice-roi d'Egypte. Il annonce en même temps l'état prospère dans lequel se trouvent les jeunes individus de ses éducations d'Autruches. — M. Chagot aîné écrit pour rappeler à la Société les con- ditions spéciales auxquelles il a fondé le prix pour des édu- cations d'Autruches. — Cette lettre est renvoyée au Conseil. — M. Poujade, qui a fait parvenir récemment des œufs de grande Outarde, annonce, dans une lettre à M. Drouyn de Lhuys, la prochaine arrivée d'une caisse renfermant des œufs de petite Outarde. • — Des remercîments seront adressés à notre honorable et zélé confrère. — M. de Greaux, qui a fondé à Nice un jardin zoologique d'acclimatation, annonce qu'il espère avoir bientôt chez lui une éclosion déjeunes Hoccos. — M. le vicomte de Montesquiou signale à la Société les travaux de M. l'abbé Lucas, curé de la Chartre (Sarthe), qui a fondé un étabhssement de pisciculture intéressant. — M. de Roujoux, directeur des colonies au ministère de la marine et des colonies, adresse une Notice sur le Gourami {Osphronemus olfax, Comm.), rédigée sur les dossiers et les publications semi-ofticiellcs du ministère. A l'occasion de ce travail et du mémoire présenté récem- ment par M. Rufz de Lavison, la Société charge une Commis- sion, composée de Ws\. le baron Baude, Duméril, Imhaus, Liénard, de Roujoux et Rufz de Lavison, d'étudier les ques- tions relatives à l'accHmatation de ce précieux poisson. 35(5 SOCIÉTÉ IMPÉRIAL!!: ZOOLOGIQUE d'aCCLI.MATATION. — M. Cil. Bretagne adresse un mémoire sur la Prère, coquillage alimentaire et hygiénique. — M. le sous-préfet de Moutiers fait parvenir des réponses au Questionnaire sur la Vipère. — M. Guérin-Méneville fait connaître que la Société a reçu une caisse de cocons de Vers à soie du Ricin, envoyée des Canaries par M. de Yega-Grande. Presque tous les cocons étaient éclos en route, mais les précautions qu'avait prises M. de Vega-Grande dans les dispositions de l'emballage, ont permis à beaucoup de papillons de s'accoupler pendant le vovaae et de pondre des œufs fécondés. M. Guérin-Méneville a pris soin de recueillir tous les œufs et les Vers éclos, ce qui permettra de conserver cette espèce, en nous rendant possesseurs de quelques niilliers d'individus de pure race. Ces Vers ont été, sur sa demande, partagés entre le Jardin du bois de Boulogne, la ménagerie des Reptiles, M. Année et lui. M. le Président rappelle que les Vers envoyés par M. de Vega-Grande proviennent d'individus que la Société lui avait adressés il y a quelques années : il fait observer que leur étude comparative avec les Vers du Ricin, élevés déjà à la ména- gerie des Reptiles, et qui ont huit jours d'existence, offriront le plus grand intérêt. — Des remercîments seront adressés à MM. de Vega-Grande et Guérin-Méneville. : — M. Grozelier offre à la Société quatre cocons de Vers à soie du Mûrier provenant des premières éducations réussies eu Californie par les soins de M. Prévost, horticulteur français, auquel M. Hensch, banquier à Paris, avait envoyé à plusieurs reprises de la graine de Vers ta soie. Ces graines étaient arrivées en mauvais état; enfin, en d8(30, il en est par- venu de bonnes, qui ont donné des Vers sains. M. Prévost, bien qu'il n'eut qu'une faible idée de la pratique séricicole, a obtenu de cette éducation une très belle récolte, montrant que rindustrie de la soie peut être très avantageusement pratiquée en Californie. Des échantillons de cette soie ont figuré aux diverses expositions agricoles et industrielles de la Californie, où ils ont produit le meilleur eifet. — La Société rROCÈS-VERBAUX. Sô7 décide que ces cocons seront déposés dans ses collections, et que des remercîments seront transuiis à M. Grozelier. — Mesdames Santy et Bernard adressent des rapports sur leurs éducations de Vers à soie provenant des graines de la Société. — M. le Président de V United Stales patent Office adresse une demande de graines de Vers à soie de l'Ailante. — MM. Charles Baltet, Maraarot et de Sautuola adressent leurs remercîments pour des graines de Vers à soie qu'ils ont reçues. — La Société impériale et centrale d'horticulture fait par- venir le programme de l'exposition qu'elle doit ouvrir au mois de septemhre prochain. — M. Belhomme, directeur du jardin botanique de Metz, adresse une Note sur le Malva crispa^ qui fournit des fibres textiles de bonne qualité : il joint à cette note des échantillons de graines et des fibres de cette plante. — M. A. Vattemare fait hommaiie à la Société de la traduc- tion d'un ouvrage américain : Le Fibrilia, substitut pratique et économique du Coton, in-8% 1861, traduit en français par M. H. Vattemare. — M. Brierre (de Riez) adresse un nouveau Rapport accom- pagné d'une peinture à l'huile, sur ses cultures de cette année. Parmi les vingt-quatre espèces dont il rend compte, il signale les Eucalyptus globulus qui, ont bien levé chez lui, et l'Orge du Japon, qui, bien que n'ayant qu'un mois de semence, est déjà près d'épier. Si elle mûrit bien son grain, dit avec raison M. Brierre, elle serait précieuse en cas de désastre des récoltes au printemps, puisqu'on pourrait la semer à la fin de mai: il en est de même du froment de Chine. — M. Auzende (de Toulon) envoie également un Piapport sur l'état actuel de ses cultures. Les Loza et les Encalyptus globulus d'Australie ont parftiitement levé, ,et il a des plantes d'Eucalyptus qui ont donné déjà des pousses de 20 centimètres. Les diverses espèces de Melons qu'il a reçues de la Société sont en bonne voie de végétation. — M. Sclater écrit (]ue la Scciéti!' zoologique de Londres 358 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. accepte l'échange de ses publications avec notre Bulletin, et qu'elle nous fera parvenir la collection de I8/18 à 1860. — M. Buckland, en réclamant quelques numéros du Bul- letin, adresse : 1° The Thames Angling préservation Society , 1860-61. — 2° Fresh Fishs (in AU the year round, 8 June 1861, p. 260). — 3" The Naturalist. The Acclimatisation of Exotic Animais (in The Field, 22 June 1861 , p. bbli). — M . le Président met sous les yeux de la Société des Chenilles du Bombyx Cecropia provenant d'un envoi de M. ^Yilliams Laurans, beau-père de M. Lavallée, qui réside à la Nouvelle- Orléans : M. le Président fait remarquer Tintérêt que présente l'éducation de ces Vers, donnés à la Société par M. Lavallée, puis confiés aux soins de M. Vallée, et que l'on pourra comparer à ceux que la Société possède déjà à la ménagerie des Reptiles et qu'elle doit à M. Andoux. — M. Guérin-Méneville offre à la Société, au nom de M. Grozelier, qui habite la Californie, des glands d'une espèce de Chêne à feuilles entières et persistantes, connue sous le nom de Chène-chàtaignier, ou Chestnut-oak. Cet arbre, qui croît dans le comté de Santa-Clara, donne un bois très estimé, et passe pour très riche en tannin. M. Grozelier a l'intention d'adresser des glands frais de cet arbre, qui croît abondamment à mi-côte des montagnes. — Des remercîments lui seront transmis. — M. Piufz de Lavison fait connaître les plantes qui sont aujourd'hui en pleine végétation dans la partie qui leur a été réservée au Jardin zoologique d'acclimatation (voy. au Bul- letin, page 303). — M. J.-Léon Soubeiran donne lecture d'une Note de M. Nakwaski sur le sucre d'Érable, et offre, en son nom, un bel échantillon de ce sucre. M. Nak^vaski, présent à la séance, est prié d'agréer les remercîments de la Société. — M. le docteur Gosse donne lecture d'une Notice sur l'ac- climatation de VErythroxylon coca (voy. diW Bulletin, p. 335). — M. le professeur J. Cloquet fait don à la Société d'un PROCES-VERBAUX. 359 appareil dont les Américains du Sud se servent pour prendre le 7naté. La plante porte le nom de Yerba ; la calebasse qui sert de tasse, celui de ?7îate\ et l'espèce de pipette par laquelle on aspire le liquide bouillant, celui de henbilla. — M. le Président transmet cà notre savant collègue les remercîments de la Société. — M. A. Duméril fait hommage à la Société, au nom de M. E. Grandidier, d'un exemplaire de l'ouvrage récemment publié par lui, à la suite de son voyage dans l'Amérique du Sud, et particulièrement dans le Pérou et la Bolivie. — M. le sénateur Bonjean annonce l'envoi de plusieurs exemplaires du Rapport qu'il vient de faire au Sénat sur la nécessité de conserver les oiseaux destructeurs des insectes. — M. Laborde (de Bayonne) fait connaître que les paysans des Basses-Pyrénées font grand usage aujourd'hui d'une boisson préparée avec le Sorgho {Holcims saccharatus). Après que la tige du Sorgho est restée plusieurs jours à sécher sur terre, on la dépouille de ses feuilles et on la coupe en tron- çons de 3 à /i centimètres de long ; on en rempUt le quart d'une barrique, on contuse fortement le Sorgho, on remplit d'eau entièrement : au bout de huit joursla piquette est bonne. Jusqu'à présent on ne sait pas si elle s'améHore en vieillissant. — M. le Président donne lecture d'un mémoire de M. Pierre Pichot sur les ijrogrès de l'acclimatation en Russie (voy. au Bulletin). — M. Martin de Moussy fait hommage des deux premiers volumes de sa Description géographique et statistique de la confédération Argentine, 1860. Le Secrétaire des séances^ L. SOUBEIRAN. •» IV. BULLETIN MENSUEL DES CONFÉRENCES ET LECTURES. CONFÉRENCE DU l*^"^ MAI 1861. Sur l'art de développer et de perfectionner le Cheval, par M. le docteur Auzoux. Le docteur Auzoux rappelle qu'en parlant delà nutrition (1), lia dit comment les aliments sont changés en cliyle, comment le chyle devient du sang à la condition d'être mis en rapport avec l'air, et comment le sang, distrihué dans toutes les parties du corps, est changé en matières propres à faire des os, des muscles, de la graisse, du lait, etc., c'est-à-dire tous les produits qui s'échappent de la machine animale ou s'y fixent, et que la com- position de ces produits animalisés présente de grandes différences selon le plus ou moins d'eau, de carhone ou d'azote contenu dans la matière alimentaire. Rappelant que toutes les parties solides ou fluides se renouvellent sans cesse par l'alimentation , il fait comprendre l'influence que l'homme muni de celte connaissance peut exercer sur la production de la matière animale, et du Cheval en particulier. D'accord avec tous les honnnes qui se sont occupés sérieusement de la production du Cheval , rappelant ce qu'a dit M. Richard (du Cantal) dans la conférence du 6 février sur le Cheval de guerre, sur les conditions d'or- ganisation qui le rendent propre à ce service, sur les causes de l'état d'in- fériorité dans lequel se trouve la France pour la multiplication et le perfec- tionnement de ce type, il démontre par des faits incontestables que le moyen le plus sûr d'obtenir des Chevaux forts et légers serait de former des éleveurs, c'est-à-dire des hommes pourvus de connaissances nécessaires pour choisir le poulain, l'élever, le nourrir, l'exercer selon son organisation, selon la fin à laquelle on le destine. Longtemps on a cru et beaucoup d'éleveurs croient encore que pour avoir de bons Chevaux, il suffit d'avoir de bons reproducteurs; depuis plus de deux siècles, l'État, les administrations départementales, de riches particu- liers, ont sacrifié à l'achat d'étalons et de poulinières des sommes fabuleuses. L'influence du sang n'est que le côté matériel de la question, l'élevage est le côté principal. Avec un bon étalon et une bonne pouUnière on est à peu près certain d'avoir un bon Poulain ; mais il s'en faut de beaucoup qu'avec un bon Pou- lain on soit certain d'avoir un bon ChevaL C'est dans le jeune âge que les os croissent en longueur, c'est dans le cartilage qui unit le corps de l'os aux extrémités que se fait rallongement ; lorsque les extrémités (épiphyses) sont soudées au reste de l'os, l'accroisse- ment en longueur n'est plus possible : c'est ce qui constitue l'âge adulte pour les animaux, cinq ans pour le Cheval. (1) Séance du 20 mars. CONFÉRENCES ET LECTURES. 301 C'est à cette pc^riode de Ja vie que , contrairement à ce qui se fait très souvent, on doit entourer le jeune animal de plus de soin, ^on-seulement on devra lui fournir une alimentation suffisante contenant les éléments né- cessaires au développement du tissu osseux, mais Texercer convenablement pour appeler l'afflux: du sang dans la partie de Tos non encore ossifiée. Il ne suflit pas d'obtenir des os longs, c'est-à-dire de grandes branches de levier qui permettent à l'animal d'enjamber une grande surface de ter- rain à chaque pas ; il faut encore des muscles d'une puissance suffisante pour les faire agir et pour empêcher les articulations de se doubler sous le poids du corps, cause la plus ordinaire des tares. C'est par l'exercice que se développe la fibre musculaire : à l'appui de son assertion le professeur rappelle que les danseurs et les danseuses ont les muscles des jambes très développés comparativement à ceux des bras, que les forgerons, au contraire, ont les muscles des bras beaucoup plus déve- loppés que ceux des jambes. Passant en revue la manière dont sont élevés la plupart des Poulains, soit ceux que l'on attelle de bonne heure aune grosse charrette avec des li- moniers aux allures lentes, soit ceux qu'on laisse en liberté dans de grasses prairies, soit ceux que l'on attache à un piquet , soit ceux que l'on retient dans une écurie ou dans un enclos de quelques mètres , soit ceux qu'on laisse en liberté avec des entraves aux jambes, il trouve que tous ces sys- tèmes d'élevage sont peu propres à faire des muscles de forgeron, à faire des Chevaux forts et légers propres à monter un cavalier ou à traîner une voiture légère. Il démontre qu'il ne sufîit pas d'exercer l'animal, de lui donner du mou- vement, de le promener, comme on le fait le plus ordinairement. — 11 faut choisir le genre d'exercice selon que l'on veut développer les muscles qui servent au trop, au saut, au galop ou au trait, c'est-à-dire au tirage. On sait que le bras du forgeron qui fait agir le marteau est plus développé que celui qui tient le fer sur l'enclume; les expériences physiologiques constatent que l'organe en activité reçoit cinq fois plus de sang que dans l'état de re- pos, par conséquent peut recevoir et s'approprier cinq fois plus de matière assimilable contenue dans le sang. 11 insiste sur la nécessité de ne pas perdre de vuo que pour développer la fibre musculaire, il faut non-seulement soumettre l'animal à un exercice approprié, de tous les jours, de tous les moments , mais encore lui donner une alimentation dans laquelle se trouvent de l'azote, de la fibrine, c'est-à-dire les éléments nécessaires à faire de la fibre musculaire. Par le repos, au contraire, une température appropriée, des aliments con- tenant beaucoup d'hydrogène et de carbone , donnés en abondance, on est certain de développer le système adipeux, de produire des animaux gros, gras, lourds et épais. Pour convaincre ses auditeurs, il lui a sufli de citer quelques exemples pris dans ce qui se passe journellement dans les basses- cours, de citer tel éleveur qui d'avance, selon la quantité de matière alimen- taire dépensée, peut affirmer quel sera le poids de l'animal à un jour donné. 362 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. On sait que la graisse n'ajoute rien à la force, à la vigueur de l'animal ; qu'au contraire elle gêne , entrave l'action musculaire, l'annihile même. C'est donc avec raison que l'Arabe dit que le repos et la graisse soiit les plus cruels ennemis du Cheval. Tels sont la plupart des Chevaux élevés dans les prairies, qu'on livre au commerce : ce n'est pas de la fibre musculaire que l'on conduit au marché, c'est de la viande de boucherie ; et comme l'a dit avec tant de lucidité et tant d'autorité notre honorable président M. Is. Geoffroy Saint - Hilaire , il n'existe contre l'usage alimentaire de la viande de Cheval qu'un seul obstacle, le préjugé. En quelques mots le professeur fait comprendre que les notions de phy- siologie appliquée ne seraient pas d'une moindre importance pour la pro- duction de la viande de boucherie, du lait, de la laine, de la soie et des autres produits agricoles, même pour l'acclimatation. Notions que l'on peut enseigner partout, mettre à la portée de toutes les intelligences avec les ressources de Tanatomie clastique, c'est-à-dire, de pré- parations d'anatomie dont toutes les parties peuvent se monter et se déplacer comme dans une véritable dissection. CONFÉRENCE DU Zl JUILLET 1861. Sur les arbres résineux, par M. A. Dupuis. Il est peu de familles aussi intéressantes, à tous les points de vue, que celle des Conifères. Ses caractères botaniques , son organisation spéciale, la distinguent nettement de toutes les autres. Elle fournit à l'industrie, aux arts, à l'éconoiuie domestique, à la médecine, etc., des produits nombreux et variés, et rend à l'agriculture et à rhorticullure des services inapprécia- bles. La longévité de ces arbres est très grande, et ils arrivent à des dimen- sions gigantesques. Le bois des Conifères doit aux sucs résineux dont il est imprégné les qua- lités qui le distinguent, son élasticité, sa résistance aux diverses causes de destruction, et, par suite, sa durée. Aussi le bois de quelques espèces passe- t-il pour incorruptible. Tel est entre autres le Cyprès, qui paraît être le bois de Cèdre des anciens. Le bois des Conifères présente du reste des degrés très variés de couleur et de dureté, depuis l'if jusqu'au Sapin. Les arbres résineux sont d'une haute utilité pour les constructions navales, et notamment pour la mâture. D'après les observations de MM. Bravais et Martins, on peut espérer, en choisissant les localités, obtenir chez nous des Pins aussi estimés pour cet usage que ceux du Nord. Les résineux servent aussi pour les constructions civiles, la charpente, le charronnage, la menuiserie, l'ébénisterie, etc. On sait la prodigieuse quantité qu'en emploie la télégraphie électrique. Ils fournissent un très bon bois de chauffage et un charbon estimé, surtout pour la forge. Employés dès l'antiquité pour l'éclairage, ils servent encore à cet usage dans plusieurs contrées. L'industrie en relire des produits résineux abondants, résinC; térébenthine, CONFÉRENCES ET LECTURES. S63 galipot, colophane, poix de Bourgogne, goudron, etc., et quelques substances spéciales, encens, sandaraque, huile de cade, etc. L'écorce de quelques espèces sert pour le tannage. Les jeunes pousses des Pins sont utilisées pour la fabrication de la bière et pour la nourriture du bétail. On a obtenu, dans ces dernières années, des feuilles de ces arbres, la laine des bois, qui paraît avoir une certaine impor- tance comme matière textile. Les graines des Pins pignon et cembro, du Pin de Gérard, du Gingko, des Araucaria, etc., entrent dans l'alimentation, et les fruits (vulgairement les baies) du genévrier servent de condiment. La médecine a tiré aussi un grand parti des arbres résineux. Leur in- fluence sur la salubrité de l'atmosphère a été de tout temps appréciée. Les médecins de l'antiquité envoyaient dans les forêts de cyprès de l'île de Crète les malades atteints d'affections de poitrine. L'eau de goudron a été puissam- ment préconisée contre ces maladies. Les Conifères fournissent plusieurs antiscorbutiques. Les Conifères rendent de grands services à l'agriculture pour la création des forêts de défense, des abris et des brise-vents, la fixation des dunes et des terrains en pente, et surtout pour la mise en valeur des terres les plus pauvres : la Sologne, les Landes, la Champagne Pouilleuse en présentent des exemples convaincants. Ils servent encore à l'embellissement des jardins et des parcs, et, comme s'ils ne présentaient pas une assez grande variété de port et de dimensions, plusieurs espèces se prêtent très bien à la taille et prennent toutes les formes qu'on veut leur imposer. On ne peut qu'indiquer sommairement l'influence des arbres verts sur la poésie, l'architecture, l'ornementation, la peinture de paysage, etc., ainsi que leur emploi pour la décoration des tombeaux. Les nombreuses applications des Conifères expliquent et justifient suffisam- ment l'intérêt qui s'attache à ces arbres et la faveur dont ils sont l'objet. L'horticulture les recherche aujourd'hui, et nous lui devons un grand nom- bre d'espèces utiles qui, après avoir orné les jardins, peupleront les parcs et les forêts. La plus grande partie de ces végétaux appartiennent en effet aux régions tempérées et froides des deux hémisphères; quelques espèces, pro- pres aux régions chaudes, exigeront chez nous la serre ou l'orangerie, le reste croîtra en plein air. Il est des espèces pour tous les climats, pour toutes les expositions, pour tous les sols. Ainsi cette famille fournira ample matière aux naturalisations. La fin de la conférence est consacrée à l'étude de la distribution géogra- phique des Conifères, et à l'indication, dans chacune des parties du globe, des espèces dont la naturalisation, en France ou en Algérie, est possible et désirable. • CONFÉRENCE DU 11 JUILLET 1861. Sur les différentes espèces de laits, par M. le docteur Réveil. M. Réveil signale d'abord l'importance du lait au point de vue de la méde- cine et de l'hygiène, de l'économie domestique et de l'agriculture. II fait res- 36/i SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. sortir son importance comme aliment ; il combat un préjugé généralement répandu, qui considère le lait comme un aliment insuffisant pendant la pre- mière enfance, tandis que parmi les aliments fournis par la nature, le lait est le î^eul qui, employé seul, puisse suffire à ralimentation. 11 contient en effet tous les éléments des aliments complets, savoir : 1" une matière azotée, la caséine ; 2*^ une matière grasse, le beurre ; o" une matière de la nature des fécules ou des sucres, c'esl-à-dire le sucre de lait ou lactose ; Zi*^ enfin des sels qui, comme le phosphate de chaux, servent à la constitution du squelette, ou bien le sel marin ou sel de cuisine, indispensable à la compo- sition du sang. Rien ne peut donc remplacer le lait comme aliment de la pre- mière enfance; d'ailleurs, il existe la plus grande analogie de composition entre le lait des mammifères et Tœuf des autres vertébrés. Le lait est propre aux femelles : il se forme dans les glandes mammaires pendant la gestation , toutefois il peut exister exceptionnellement avant cette époque et même chez les mCdes ; mais généralement les liquides lactiformes, tout en réunissant les mêmes éléments que le lait, s'éloignent de ce liquide par la proportion de ces éléments. Hunter a trouvé dans le jabot des jeunes Pigeons un liquide lactiforme sécrété par des glandes situées dans Tépais- seur de l'estomac succenlurié, mais ce liquide ne contient pas de lactose. Après avoir établi ce que l'on doit entendre par lait physiologique, et indiqué les caractères physiques du lait, M. lieveil insiste sur la densité des diflérenls laits et sur la nécessité de faire les corrections de température lorsqu'on se sert des pèse - lait ; il indique ensuite par un tableau la com- position des difléreiites espèces de laits ; il énumère rapidenient les caractères de chacun des éléments, tels que caséiun^ beurre, lactose. Il indique les modes de séparation et de dosage de ces matières, ainsi que ceux qui ser- vent à doser les sels ; il insiste sur l'état du caséum dans le lait, et il fait con- naître les expériences à Taide desquelles on peut démontrer qu'une partie de ce caséum est en dissolution et l'autre en suspension ; il donne les caractères distinctifs des globules caséeux et des globules butyreux. A propos du caséum ou caséine, les procédés de préparation des froma- ges sont indiqués, et les plantes qui jouissent de la propriété de coaguler le lait sont énumérées ; au sujet du beurre, M. Réveil indique quelle est à peu près, pour chaque espèce de Vache, la proporiion de lait nécessaire pour produire un kilogramme de beurre. Au sujet de la lactose ou sucre de lait, M. Réveil pense que pour un même animal, c'est l'élément du lait qui varie le moins en proportions, mais les quantités varient considérablement selon les espèces. Ainsi il n'y a pas ou il n'y a que très peu de lactose dans le lait des carnivores, 5 pour 100 chez la Vache et jusqu'à 9 pour 100 chez la Cavale. Aussi est-ce ce lait que l'on fait fermenter pour obtenir une liqueur alcoolique très estimée des ïartares. Quant à l'albumine, qui paraît n'exister qu'en proportions extrêmement minimes dans le lait, quelque temps après la traite, M. Réveil expose que d'après les expériences de M. le professeur Filhol (de Toulouse), on n'en trouve pas les moindres traces au moment de la traite: enfin M. Réveil fait connaître l'influence des sels dans la nutrition, CONFERENCES ET LECTLHES. 305 et piincipalenioiU celle des chlorures de potassium et de sodiiiin, et du phos- phate de chaux. I^assant ensuite en revue les causes diverses qui peuvent faire varier la composition du lait, en laissant de côté Vinfluence des races, question importante qui sera traitée avec Y allaitement naturel comparé àl 'allaite- ment artificiel, dans une autre conférence, !\I. Réveil énumère les variations de composition du lait dans les circonstances suivantes : 1° influences de la parturition, colostrum; — 2" de Tàge du lait; — 3° deTàgedes animaux; — /l° des maladies diverses; — 5" de l'alimentation : effets produits par cer- taines plantes ; — 6° de l'introduction de certains sels dans Talimentation ; — 7" de l'état de plénitude ou de vacuité de l'utérus ; — 8° de la quantité de lait ; — 9° du travail ; — 10'' de la quantité des hoissons ; — 11° de 'élevage à l'étahle ou dans les pâturages. Enfin il indique la composition du lait à différentes époques de a traite. En faisant connaître la composition du lait des divers animaux. M, Réveil donne les résultats de l'analyse du lait de Yak, et celui du lait d'une Vache métis 3/Zi Yak, élevée au Jardin d'acclimatation. Ces deux laits sont très remarquables par leur richesse en matériaux solides assimilables. Les laits de femme, d'Anesse, de Cavale, de Brebis, de Chèvre, de Buf- flesse, de Chienne, sont ensuite étudiés comparativement. Après avoir mentionné les procédés divers de conservation du lait, les différentes méthodes d'analyse et d'essai des laits sont indiquées, puis on apprécie la valeur des instruments suivants : 1° galactomètre de Cadet de Vaux ; — 2'^ galactomètre centésimal de M. Chevallier : — o° laclo-donsi- mètre de M. Quevenne; — à" lacto-butyromètre de M. Marchand; — 5" crémomètre; — 6° lactoscope de M. Donné; — 7' lacto-saccharimètre de MM. Chevallier et Réveil; — 8° méthode de M. Poggiale. Aucun de ces instruments employé seul ne peut suffire pour établir la falsification du lait et sa bonne qualité ; mais à l'aide d'un bon densimètre, du crémomètre, du lacto-butyromètre et du lacto-saccharimètre, on peut cer- tainement se prononcer sur la qualité du lait. De tous ces instruments, celui qui, employé seul, donne les meilleures indications, est le lacto-sacchari- mètre. Après avoir indiqué rapidement les différents iiiodes de transport du lait, et fait connaître son approvisionnement et son commerce, M. Réveil assure que 99 fois sur 100 la falsification du lait consiste à soustraire la crème et à ajouter de l'eau. Quant aux adultérations par l'amidon. !a gomme, la dextrine, les sucres, les semences émulsives, la cervelle des anhnaux. Al. Réveil assure que la plupart de ces falsifications sont impossibles et les autres trop coûteuses, et d'ailleurs extrêmement faciles à constater. f^a confércnc<î est terminée par l'indication des usages divers du lait et de ses dérivés dans l'économie domesii(|iu'., la médecine, la plnrmacie, les arts cl rindustrie. Le Secrétaire des séances, L. SoUBElRAiV. IV. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. Envoi de cocons vivants de Vers à soie du Ricin élevés aux Canaries, par M. le comte de Vega-Grande. Le 23 juin dernier, la Société a reçu de M. le comte de Vega-Grande, l'un de ses membres, habitant la grande Canarie, une caisse de cocons vivants de Vers à soie du Tiicin. Ils proviennent des belles éducations faites à l'état libre et en plein air depuis plusieurs années, aux Canaries, par notre honorable confrère, et pour lesquelles la première médaille de V classe lui a été décernée par la Société dans sa séance annuelle du li fé- vrier dernier. Ces cocons, faits par les chenilles sur des rameaux de palmier, avaient éié si convenablement disposés par les soins de M. de A'ega-Grande, qui avait prévu le cas de leur édosion pendant le voyage et avait fixé les bran- ches de palmier contre les parois intérieures de la caisse, que, cette éclosion ayant effectivement eu lien, les papillons ont pu s'accoupler facilement dans la caisse et donner des œufs dont la plus grande partie était parfaitement fécondée. Ces œufs, recueillis avec soin, mais non sans peine, par .Al. Guérin- JNIéneville, auquel l'envoi avait été adressé, étaient en assez grande quantité pour pouvoir être utilement partagés en plusieurs lots, dans le but d'ob- tenir des éducations variées et comparatives. Une partie a été immédiate- ment placée à la magnanerie du Jardin d'acclimatation du bois de Boulogne ; une autre a été confiée aux soins de M. Vallée, à la ménagerie des Ueptiles, au Muséum, où ont été faites les premières éducations de celte espèce, qui ont été suivies sans interruption depuis qu'elle a été introduite en France par la Société. Notre dévoué confrère M. Année en a reçu également , et M. Guérin-IMéneville s'est chargé d'en faire lui-même une éducation dans son établissement séricicole de la ferme impériale de Vincennes. Envoi d'animaux vivants de la Ctu^ane, par Vt. Victor Bataille. La Société vient encore de recevoir un nouveau témoignage de l'inépui- sable générosité de M. Victor Bataille (de Gayennc). Une lettre de M. le Ministre de la marine et des colonies, en date du 9 juillet, nous informe eu elTet de la prochaine arrivée, par le transport de l'État la Céres , de cinq animaux vivants de la Guyane, qui sont envoyés par notre dévoué confrère, savoir : une Spatule rose privée ; trois Agoutis et un Pack ou Paca, égale- ment privés. Cet envoi sera le huitième don fait à la Société par noire zélé et généreux confrère M. Bataille. FAITS DIVERS. 367 Don d'animaux vivants fait pour le Jardin zoologique d'acclimatation, par l^î. Exe. le général Kliércdine. S. Exe. le général Kliérédine, ministre de la marine du bey de Tunis, vient d'annoncer en ces termes à M. le Secrétaire général un don très précieux, destiné au Jardin d'acclimatation du bois de Boulogne : Paris, Ifi 29 juin 1861. Monsieur le Comte, Je désire offrir à notre Société du Jardin zoologique d'acclimatation du bois de Boulogne quelques espèces d'animaux provenant de la Tunisie. En voici la liste : 1 Daine (biche de Barbarie). 3 Gazelles, 3 Moutons, Il Autruches , d Poules d'Inde. Il Oies. Ils arriveront lundi ou mardi par le chemin de fer de Lyon. Veuillez m'indi- quer l'endroit où il faudra les faire transporter, et agréez, etc. Signé Général Khérédixe. Cet envoi est arrivé en bon état au Jardin d'acclimatation, S. E\c. le gé- néral Khérédine a généreusement voulu que les animaux fussent conduits à ses frais jusqu'aux portes même du Jardin zoologique d'acclimatation. — Nous nous empressons d'insérer la lettre suivante, qui annonce le succès d'une nouvelle tentative faite par nos honorables confrères MM. Lié- nard, de l'île Maurice, pour introduire en France le Gourami. Paris, le 10 juillet 18G1. Cher Monsieur, Enfin nos efforts sont couronnés de succès. Nous avons en ce moment, à Mar- seille, cinq Gouramis seuls survivants de cinquante que mon frère, maintenant à Maurice, avait confiés au docteur Perrot, arrivé, il y a quelques jours , par la voie de Suez. Je savais depuis le 8 que mon frère avait expédié ces poissons, mais craignant pour eux le sort de ceux que j'avais confiés à plusieurs capitaines de navire, j'ai cru devoir attendre jusqu'à ce jour pour vous donner une nou- velle positive. Les voilà donc à Marseille, ces poissons qui nous ont coûté tant de peine à faire arriver en France ; mais ce n'est pas le tout d'arriver, il faut qu'ils y restent et qu'ils multiplient Recevez, etc. Signé Ch. Liénard. Le Bulletin du Jardin zoologique d'acclimatation sera inséré dans le numéro prochain. Le Secrétaire du Conseil, OUÉRIN-MÉNEVILLE. ocie;tf SÉANCIÎ DU 17 MAI 1861. Annales le doute oppose une sage résistance à l'enthousiasme qui ne D manque jamais d'être le partage des premiers observateurs : » le merveilleux a des charmes dont les esprits les moins cré- » dules ont peine à se défendre. » Heureux s'il se fût appliqué ce sage conseil. A quelque temps de là on vit que les petits Gouramis nés à la Martinique, sans plus grossir que leurs parents, produisaient d'autres petits encore, et l'on reconnut alors qu'ils n'étaient autre que du fretin de poissons ordinaires et très connus qui avaient été entraînés dans l'étang du jardin botanique, probablement par quelque pluie d'orage. Ce fut un rire général. La tradition de cette histoire ne s'est pas perdue. Les Gouramis de M. A... sont passés en proverbe dans le pays, comme la fable du Pot au lait; pour indiquer une grande déception, une espérance avortée, on dit : C'est comme les gouraynis de M. A.., Mais, ce qui malheureusement n'arrivt; que trop souvent, la méprise du savant rejaillit sur les véritables Goumaris, et leur fit tort; autant on les avait accueillis avec faveur, observés soignés, autant ils furent al)andonnés, délaissés. Si bien qu'à la Martinique comme àCayenne, ils finirent par être servis sur la table des gouverneurs lorsque ceux-ci recevaient quelque illustre étranger. Le dernier fut mangé en 18/i6, vingt-sept ans après son introduction à la Martinique. On m'a dit qu'il avait plus d'un mètre de longueur et (ju'il fut trouvé excellent. 398 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. (Voy. Reisser, Historique du jardin den plantes de Saint- Pierre-Martinigue . ) J'ai connu l'excellent homme, auteur de la méprise que je rappelle ici. Je demande pardon à sa mémoire de l'exposer à des rires, mais cette méprise peut du moins nous fournir quelque instruction. Nous en pouvons apprendre que des fiouramis ont pu être transportés do Tile Maurice aux Antilles par un bâtiment à voiles, c'est-à-dire après une traversée de trois mois au moins; qu'on n'en perdit, durant cette traversée, que viniit-trois, environ un cinquième ; qu'à la Martinique, sans aucun soin particulier, jetés dans un petit étang-, ils ont vécu vingt-sept ans, et auraient pu vivre davantage s'ils n'a- vaient été mangés ; que sans doute avec un peu plus de con- naissance de leurs mœurs, en leur ménageant desréduilsetdes iravères arlilicielles, on eut pu en obtenir des produits réels. Grande espérance qu'avec la promptitude de la navigation à vapeur et les connaissances modernes de la pisciculture, une expérience mieux conduite pourra réussir. C'est ainsi que dans les choses humaines les erreurs et les insuccès sont souvent les fondements et peut-être les conditions du succès et de la vérité. Mais que dirons-nous de Bory de Saint-Vincent, un vrai savant, celui-là, l'autf'ur du Dictionnaire classique d'histoire naturelle que vous connaissez tous. Bory de Saint-Vincent, lui aussi, s'est occupé de la tentative d'acchmatation duCourami, dont je viens de vous entretenir, et pour s'en railler aussi, mais comment! « Le nom, (Ht-il, du véritable bienfaiteur de rhumanilé qui porta le premier en Europe la Pomme déterre est ignoré, mais la postérité saura que le chevalier Moreau de Jonnès eut le premier l'idée de proposer à S. Exe. rnonsei- uneur le Ministre de ia marine, de porter des Gouramis, du poisson de luxe aux Antilles. » Puis suivent deux pages d'ironie sur cette acclimatation inutile. Vous pouvez les lire aux feuilles /i92 et /i93 du Dictionnaire classique (1). l^'auteur conclut (1) Il faut dire, à la décharge de Bory Saint-Vincent, que dans ce même article il prêche la conquête de la Vigogne, préférablement à celle du Gou- lami. :Mais Tune ne devrait pas être opposée à Taulre, vous Je prouvez bien en vous occupant îuijourd'hui des deux «''gaiement. ACCLIMATATION DU GOURAMI. 399 ainsi, u Kucure que nous connaissions beaucoup la cliair des fiouramis, durant notre séjour à l'île de France, il ne nous vint pas dans l'idée de nous exposer à la privation d'un verre d'eau pour en rapporter de vivants en Europe î ^) Depuis Bory de Saint-Yincent, grâce à vos soins, d'autres idées se sont laites sur les acclimatations. D'heureuses tenta- tives en cours de réussite permettent d'en espérer de plus lieureuses encore, et il n'est aucun savant, j'en suis sûr, qui tiendrait aujourd'hui un pareil langage. Ainsi la dernière tentative d'acclimatation du Gourami, due à M. Wilson, a eu lieu de l'île Maurice en Australie. L'insuc- cès en est consigné dans votre Bulletin du 27 août 4860. Mais loin de se décourager, et de conclure en aucune sorte contre l'accUmatation du Gourami, M. Wilson termine ainsi sa lettre : « En somme, dans une tentative de cette nature une première non-réussite, ou un demi-succès doit être regardé comme une simple indication des difficultés à surmonter. » Encouragé par cette pensée de M. Wilson, par le demi-suc- cès dont je viens de vous faire l'historique, et par toutes les bonnes choses que j'entends souvent dans cette assemblée sur racclimatation, j'ai écrit à M. le baron Darricau, gouverneur de l'île de la Réunion, à M. Hubert Debsle, son prédécesseur, à M. Liénard, de l'île Maurice, à M. Boisnard-Grandmaison, armateur à Granville , qui tout récemment vous a fait les offres de mettre à votre service M. Chenu, un de ses capitaines partant pour Maurice et la Réunion (voy. Bulletin d'avril 1861, p. 150) ; enfin à M. le baron deRoujoux, directeur des colonies, qui m'a promis sa puissante coopération. Tous ces messieurs sont membres de la Société d'acclimatation. Nous pouvons compter sur leur concours pour une nouvelle tenta- tive d'importation du Gourami en France. Je ne désespère «lonc pas de vous montrer ce poisson au nombre de ceux que vous pourrez voir bientôt dans l'aquarium du Jardin zoologicjue, d'où il pourra passer, je l'espère encore, dans nos étangs d'eau douce (1), et produire de petits Gouramis qui ne seront pas (1) AI. Millot pense que les étangs de TAlgérie et des déparicnionis du Midi seraient favoral)les à l'ncclimatalion du Gourami. /iOO SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGTQUE d'aCCLIMâTâTION. des Gouramis de la Martinique, quoique celui qui vous les pro- met ne puisse nier qu'il ne soit qu'un savant de la Martinique. — La lettre ci-jointe m'a été adressée par M. le baron de Roujoux. Monsieur, Avant de répondre aux questions que vous m'avez adressées concernant le Gourami, j'ai voulu m'entourer de tous les éléments d'informations que possède la Direction des colo- nies. J'ai fait compulser, à cet effet, les dossiers et les diffé- rentes publications semi-officielles qui sont entre nos mains. Voici quels sont les renseiirnements que j'y ai puisés. Je les consigne ici dans l'ordre de vos demandes : 1" Le Gourami est un poisson de rivière ; il aime particu- lièrement celles où la nature a ménagé des retraites, des bas- fonds et des aspérités ; il se montre rarement à la surface de l'eau ; il n'y vient que pour manger les herbes et les fruits que le courant entraîne ou qu'on lui jette, mais il choisit le moment où il n'y a personne sur les bords. Il paraît se plaire et multiplier également dans les eaux moins vives ; mais il s'acclimate difficilement dans les étangs ; les mélanges d'eaux saumâtres apportées par les orages le font périr. Il préfère les régions basses aux hauteurs où il fait froid. 2° Ce poisson atteint, dit-on, dans l'Inde 5 et même 6 pieds de longueur, et pèse jusqu'à 50 kilogrammes. A la Réunion, il ne dépasse guère le poids de 15 à 18 livres. 3° et t Le Gourami existe à la Réunion comme à Maurice ; il paraît y avoir été introduit vers la même époque. Les indi- vidus de cette espèce observés à l'île de France en 1770, par le vovageur Gommerson, avaient été apportés de la Chine et de Ratavia. Élevés d'abord dans des viviers , ils s'étaient répandus dans les rivières, où ils s'étaient muhipliés avec la plus grande facilité, en conservant toutes leurs qualités. A la Réunion, il n'existe guère que dans les viviers. R y est assez rare et s'y vend fort cher. 5° Le Gorami ou Gourami {Osphro)7ienus olfax de Gom- merson) est un poisson écailleux, originaire de la Chine, et ACCLIMATATION DT' GOURAMT. /,0l remarquable par sa forme , par l'excellence de sa chair, qui ressemble à celle de la Carpe, et par la grandeur de sa taille. Il peut être considéré comme le meilleur et l'un des plus gros poissons d'eau douce. 11 se nourrit des herbes qui poussent ordinairement dans les rivières, et mange volontiers certaines des espèces de petits poissons qu'on y rencontre. Mais il se montre surtout très friand de songes, de choux caraïbes et de feuilles de citrouille. Il dévore également avec avidité le maïs cuit, le pain et le son de blé ou de maïs. A la Réunion, les propriétaires qui s'occupent de multi- plier les Gouramis, les placent dans des viviers dont les bords sont garnis de terre pour que les herbes puissent v végéter. a Ces poissons viennent, à ce qu'il paraît , faire une sorte de » nid dans ces herbes pour y déposer leurs œufs (1). On » garnit également les bords des bassins qu'ils habitent d'une » traînasse qui jiend dans l'eau. » (Rapport d'un habitant.) Un phénomène très singulier des mœurs de ces poissons, que je trouve consigné dans les Annales maritimes (année 1827, tome P', p. 50), donnerait heu de penser que leur reproduction s'opère avec une grande rapidité et dans d'énormes proportions. Je ne sais si la science a confirmé ou infirmé les faits avancés par ce recueil ; je ne les rapporte donc ici que sous toutes réserves. Des observations faites en 1826 à la Martinique sur des Gouramis provenant de Tile de France et introduits dans cette dernière colonie eu 1819, avaient conduit un naturahste à constater: 1" Que les Gouramis nés à la Martinique s'étaient montrés aptes à la génération au bout de six mois, bien qu'il eût fallu six années révolues à ceux apportés de File de France pour manifester la môme facuhé ; 2" Que ces poissons scmt vivipares « puisqu'il est évident, » dit le rapport, que leur frai reçoit dans le sein de la mère » une élaboration sufh'sante pour faire éclore les petits et les » lui faire pi'oduire vivants. » (1) Gos ronseignemenls, puisés à diverses sources, impliquenl parfois ronlradiclion. Les uns font de ce poisson un vivipare, les autres un ovipare. T. VIII. —Août 18G1. 20 . Il02 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGÏQUE d'aCCLIMATâTION. Le travail auquel je me réfère en concluait que cette éton- nante fécondité promettait à la colonie une ressource dont elle ne tarderait pas à reconnaître Fimportance. Les avantages qu'on se promettait de racclimatation des Gouramis avaient, en effet, déterminé le Ministre de la marine, sur les instances de M. Moreau de Jonnès, à faire expédier par un bâtiment de l'Etat des individus de l'espèce dans nos colonies d'Amérique. La flûte le Golo, affectée à cette opéra- tion, avait pris, en avril 1819, cent Gouramis à Maurice. Leur embarquement et leur entretien à bord avaient été l'objet d'instructions détaillées où se trouvent consignées les pré- cautions les plus minutieuses. Pendant la traversée, beaucoup d'entre eux devinrent aveugles, mais il n'en mourut que vingt-trois. Cayonne en reçut vingt-cinq ; le reste fut partagé entre la Marlini(|ue et la Guadeloupe. Le contingent de la Martinique fut de vingt-six individus, dont les plus grands avaient à peu prés 3 pouces. Six ans après, ils avaient atteint 20 à 2h pouces de longueur; ils s'étaient reproduits , et c'est sur la génération suivante qu'a- vaient été faites les expériences décrites plus haut (I). Ceux de Cayenne avaient grossi de près du double en une année; on en avait repêché plusieurs en 1820, qui avaient 5 pouces de longueur. Je n'ai pu me procurer aucun renseignement officiel sur l'envoi fait à la Guadeloupe. Quoi qu'il en soit, ce poisson, signalé au début par quelques enthousiastes comme devant remplacer la morue dans l'ah- mentation publique aux Antilles, paraît ne s'être point pro- pagé dans nos colonies d'Amérique. Une brochure publiée à la Martinique en 18 /i 6, et qui contient V Historique du jardin des plantes de la colonie , lait connaître qu'il n'y restait plus, à cette époque , un seul Gourami. Des informations officieuses établissent que ce poisson n'a produit à la Guadeloupe qu'une race dégénérée, d'une dimension de plus en plus petite , et qui ne peut être utilisée pour l'alimentation. (1) Erreur expliquée plus haut. ACCLIMATATION DU GOURAMI. ZjOS En 1852, M. le Ministre de rintérieur écrivit au départe- ment de la marine pour demander l'envoi de spécimens vivants de cette espèce, alln d'en tenter l'acclimatation en France. Il lui fut répondu par l'exposé des résultats obtenus aux Antilles, et par l'offre, s'il persistait à essayer une opération qui paraissait d'une réussite bien difficile, de faire venir de la Réunion des Gouramis qu'on mettrait à sa disposition. En présence, sans doute, des obstacles que présentaient, au premier abord, le transport et l'acclimatation de ce poisson, la proposition n'eut pas de suite. Des individus de cette espèce précieuse , que Lacépède avait exprimé le désir d'in- troduire en France, avaient été, d'ailleurs, envoyés de la Réunion en 1820 par le baron Milius. Les précautions les plus minutieuses avaient été prescrites, et le commandant de la Zélée, qui les avait pris à son bord , avait été autorisé à débarquera Toulon, en cas de mauvais temps, afm de les soustraire aux effets des brises dcN.-E. et de N.-N.-E. , signalées comme pouvant leur être funestes. Je ne sais quel a été le résultat de cet envoi ; mais comme le problème de l'accli- matation du Gourami n'est pas résolu, je m'offre très volon- tiers pour provoquer le renouvellement d'une tentative qui, mieux dirigée, aura peut-être une plus favorable issue. L'ich- tbyologie a fait, dans ces derniers temps , des progrès telle- ment remarquables, que je ne doute pas qu'elle ne fournisse des moyens plus simples et plus sûrs de propager et de trans- porter les diverses espèces de poissons exotiques appelés à entrer dans la consommation européenne. Je serais beureux, pour ma part, de contribuer à doter votre Jardin du Gourami, dont j'ai pu apprécier à la Réunion les qualités exquises. Je me mets donc à votre disposition pour tenter, à l'aide de vos instructions, un nouvel essai d'intro- duction en Fnmce de ce poisson exceptionnel. Veuillez agréer, etc. Le Conseiller d'Etat t Directeur des Colonies^ Baron de Roujoux. II. TRAVAUX ADRESSÉS ET COMMUNIC ATJOx\S FAITES A h \ SOGlt^rrfi. SUR LES PROGRÈS DE L'ACCLIMATATION EN RUSSIE. LETTRE ADRESSÉE A M. LE PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'aCCLIMATATION Par lU. H. P. PICHOT. (Séance du 28 juin 1861.) _, . J'aris, lo 27 juin mil. Monsieur, Ain suite de la conversalioii que nous avons eue ensemble depuis mon retour de Saint-Po'tersbouro ^ vous m'avez fait l'honneur de me demander quelques détails sur les progrès de racclimatation dans les principaux gouvernements de ce vaste empire, où je viens de l'aire un séjour de trois mois, de- puis la fin de février jusqu'aux premiers jours de juin. Je suis un peu à court de temps pour mettre en ordre les notes que j'ai recueillies, d'autant plus que j'ai laissé derrière moi la plupart de mes papiers et de mes documents auxquels j'aurais besoin de recourir pour vous donner les chiffres d'une statistique exacte. J'espère que vous voudrez bien ex- cuser ce qu'il y aura d'incomplet dans les indications que je vais chercher dans ma mémoire et les feuillets épars de mon carnet de voyage. Peut-être faudrait-il commencer par esquisser la faune sauvage et primitive de la Russie, telle que l'a trouvée l'accli- matation il y a quelques années, puis signaler les premières applications de cette science à l'agriculture et àl'élevage. On a beaucoup reproché aux chemins de fer de détruire le pittoresque des voyages; je ne contesterai pas que la fré- quence des rapports internationaux tend à établir une uni- formité générale chez tous les peuples, mais je crois que chaque partie du globe exposée à des influences climatérielles I'KoijUès de l'acclimatation en klssie. /iOô différentes n'en conservera pas moins son originalité , quoi- que cette originalité puisse changer de caractère. Même au point de vue du touriste, je sais gré à la vapeur de nous faire franchir rapidement les plaines un peu monotones de la Prusse ou les forêts de Sapins de la Russie, souvent par trop uni- formes. Par le rapprochement des points extrêmes , les con- trastes ne sont que plus frappants. C'est ainsi que, penchés à la portière , nous voyons le paysage changer d'aspect , et comme à chaque instant un nouvel ohjet sollicite l'ohserva- tion, l'esprit peu à peu s'habitue à un exercice plus actif pour percevoir et conserver à la fois un plus grand nombre d'images. Le trajet de Paris à Saint-Pétersbourg se fait main- tenant en quatre-vingt-quatorze heures (il en faUait un peu plus lorsque je suis parti) , et comme dans ce parcours de 700 lieues environ on traverse des régions et des climats en- tièrement différents, on voit changer aussi les modes de cul- turc, les productions du sol, les faunes enfin sauvages et domestiques; — on passe de nos bois de Chênes aux forêts de Sapins et de Bouleaux ; de notre dix cors altier au Renne plus humble, mais plus utile; de notre beau chmat tempéré à un climat dont les rigueurs sont également extrêmes en hiver et en été. Au mois de février je quittais en France un ciel déjà prin- lanier, pour aller chercher en Russie la neige et les frimas. D'heure en heure je voyais disparaître nos belles campagnes, les riches plaines de la Flandre belge , les riantes collines de Liège, de Veniers, de Spa. A la vie pastorale, aux premiers travaux de la saison nouvelle, succédait une nature livrée en- core au silence et à la mort relative de la gelée. Arrêtons-nous cependant à Berlin, qui mérite tout l'intérêt de la Société d'acchmatation. Je ne vous dirai rien des musées de zoologie , de minéra- logie et d'anatomie de cette capitale, quoiqu'ils renferment defs pièces fort remarquables. Mais elle possède aussi un jardin zoologiquc. Quoiqu'il ait déjà presque vingt années d'existence, ce jardin n'est pas encore très conq)let, les loge- ments des animaux surtout accusent encore cette date ; mais Z|06 SOCIÉTÉ IMPÉUIÂLE ZOOLUGlOUE d' ACCLIMATATION. le docteur Peters , professeur au Muséum , s'occupe active- ment do son amélioration. Ce jardin est situé, comme le Jar- din du bois de Boulogne, au milieu d'une magnifique pro- menade, le Thiergarten, à une petite distance de la ville. Le terrain est trop bas , les massifs d'arbres sont un peu trop touffus dans certains endroits, pour qu'il ne soit pas un peu humide. C'est un don du roi Frédéric-Guillaume III, qui le concéda gratuitement à une compagnie d'actionnaires, à la- quelle on avança de plus sur les fonds de FÉtat une somme de 25 000 thalers (93 750 francs) sans intérêts pour un cer- tain temps, à condition qu'elle réunirait dans ce parc une collection d'animaux. Avant que l'agrément et l'utilité des Jardins zoologiques fussent compris par les particuliers , les souverains , les républiques et certains grandes municipa* lités ont eu leurs bêtes curieuses. Londres avait ses Lions et Berne a encore ses Ours. A l'époque de la fondation du jardin zoologique de Berlin , la capitale prussienne avait aussi sa petite ménagerie dans l'île des Paons, près de Potsdam. Ces animaux, donnés à la Société, formèrent le fonds du nouveau jardin; la collection s'est beaucoup enrichie depuis. Elle pos- sède des Cerfs du Canada, une famille de Rennes , l'Elan de Russie, plusieurs BufQes, des Mouflons, des Zébus, des Gua- nacos ou Lamas sauvages, des Kanguroos, un Phascolome, des Armadilles, le Casoar à casque et celui de TAuslrahe, des GvQfnes noirs et des Canards de diverses espèces, des Faisans argentés et dorés, et des Poules. Ces dernières ne sont pas du premier choix j mais évidemment on améliorera ces éléments primitifs. Ne quittons pas Berlin sans signaler le jardin bota* nique et la serre des Palmiers construite en J856. Les col- lections de Fougères, de Palmiers, de Pins, d'AroïcIées et de Myrtacées sont assez complètes. L'école vétérinaire m'a paru fort bien organisée, et c'est un des beaux étabUssements de ce genre. Après être resté une semaine à Berlin, je me dirigeai sur Pétersbourg en ne faisant plus qu'une courte halte à Duna- bourg. Je trouvai la Russie ensevelie depuis Eydkiinen sous une profonde couche de neige. Le mois de janvier avait été PROGRÈS DE l'acclimatation EK RUSSIE. 407 Tort rigoureux : on avait vu des froids de 32 degrés. Je l'ai quittée couverte de verdure et par des chaleurs déjà presque insupportables : j'ai donc pu juger par moi-même des rigueurs de ce climat et de tout ce qu'ont à y endurer les hommes et les animaux; j'ai vu de combien de difficultés l'acclimatation aura à triompher , et je n'en ai que plus applaudi aux efforts heureux qui ont déjà été tentés. Rien de plus original que l'aspect des forêts et des routes de la Russie à cette époque de l'année : tout paraît enseveli dans un morne silence, et le voyageur, roulé dans une vaste pelisse au fond d'un traîneau des plus rustiques où il est sou- vent fort cahoté, n'a autre chose à faire qu'à prendre pa- tience et à se relever des nombreuses chutes qtii le jettent sur la route. Un esprit observateur trouvera cependant tou- jours de quoi satisfaire sa curiosité. Souvent on parcourt une bien longue distance sans rencontrer un être vivant : les forêts ont l'air d'un désert pétrifié par le froid ; on n'y en- tend d'autre bruit que les craquements des branches de Sapin sous le poids de neige qui les charge. De temps en temps le Dur-bcc iPyiThula enucleator) vient se percher sur un arbre au bord de la route, et chanter sa chanson comme pour encourager le voyageur. On salue avec plaisir ce char- mant oiseau dont le plumage rouge se détache si gaiement sur la sombre verdure des Sapins ; sa femelle a une robe d'une teinte plus modeste, mais aussi joHe : elle est jaune et grise. Les Becs-croisés {Loxia curvirostra et L. leucoptera) se ren- contrent aussi de temps en temps. Ils ressemblent fort au Dur- bec ; leurs mouvements sont incessants ; ils grimpent comme des perroquets sur les troncs, ou se supcndent la tête en bas sous les rameaux, mais leur chant est moins harmonieux que celui du Dur-bec. Les .laseurs (Bomhycilla garruhis) viennent quelquefois à leur tour réveiller le paysage. Sur la lisière de la route et en s'enfonçant sous bois, on remarque des traces multiples de Lièvres blancs; souvent on dirait qu'ils ont Axx défiler par centaines , tant ces traces sont serrées les unes contre les autres. Puis au pied d'un arbre vous voyez lé grat- tage d'un Tétras ou d'un Lagopède, ou bien les petites em- àOS SOCIÉTÉ IMPERIALE ZOOLOGIQLE D\\.CCLiMATATlUN. prcintes des pattes de la Gelinotte. Sous les Sapins, de petits tas d'écorccs ou des débris de pommes de pin témoignent du déjeuner de rEcureuil gris, ou bien perçant droit au milieu de la plaine, vous pouvez suivre les larges empreintes du Loup. Mais il est rare de voir tous ces animaux près des routes, et on ne les rencontre guère en voyage. Le seul être vivant qui vous apparaît partout, comme le sombre génie de ces vastes solitudes, c'est la Corneille mantelée , planant lentement au- dessus de la neige et en quête d'un maigre butin. Près des villages, le paysage prend quelciues signes d'ani- mation. De loin les maisons de bois se détachent comme des points noirs sur le blanc linceul de la neige : des troupes de Moineaux picorent autour des demeures, les Pies descendent sur les toits. Mais les Choucas sont les plus nombreux, et ils ne laissent aucun détritus se perdre ; ils rivalisent avec nos Moineaux en liardiesse et en impudence , d'autant plus à leur aise que jusqu'à présent, comme le Pigeon biset, ils ont été protégés par la superstition populaire. Du côté de Moscou et en Finlande, les Freux sont assez communs et se partagent les toits avec les Choucas. Dans les grandes villes, d'innombrables troupes de Pigeons nichent dans les clochers des églises, sur les encoignures des maisons, mais je n'en ai pas trouvé ce- pendant autant que je l'aurais cru ; la superstition à ral)ri de la(|uelle ils avaient pu se multiplier sans danger a probable- ment un peu laibli : les Pigeons de Pétersbourg" et de Moscou doivont faire diî temps en temps connaissance avec la cas- serole. Qui n'a été quelquefois dans ses cauchemars emporté à travers l'espace sur un de ces chevaux à tous crins de l'em- pire des songes, lançant le feu par les naseaux, et la crinière soulevée par nn vent de tempête ! A l'entrée des villages russes nous croyons les revoir ; plusieurs d'entre eux , errant en liberté autour des cases de leurs maîtres, s'avancent sur le bord de la route à l'approche du voyageur, et les naseaux ouverts, l'oreille droite, le regardent demi-effrayés glisser silencieuse- ment-^ur la neige. Tel est en effet le Cheval du paysan russe. L'imagination prête volontiers quelque chose de fantastique l'ROGlIÈS DE l'aCCLJ.MATATIU-N EN JllSSlE. llOi) à ces petites bêtes à tous crins, de la taille de nos Chevaux de fiacre, maigres et efflanqués, pleins de courage et d'ardeur. A voir leurs jambes difformes, leur dos pelé , leur ventre sou- vent ballonné par la mauvaise nourriture, on les croirait in- capables de fournir une longue carrière; mais leur rusticité est à toute épreuve. Ils ne sont pas capables d'une grande somme de travail , il est vrai , et dès qu'il faut tirer un peu fort et longtemps, ils se rebutent; mais ils sont parfaits pour le service de la poste et pour tout charroi léger. Il faut les voir aussi se débrouiher dans la neige au milieu du dégel, alors que deux voitures se rencontrent sur la route. ObHgés de se détourner et de quitter le sentier battu, les malheureuses bêtes enfoncent tout entières dans la neige, ramollie. Ce n'est plus marcher, c'est nager. Ces Chevaux sont souvent affectés d'une espèce de plique, ou plutôt leur crinière, faute de soins, se feutre et tombe en gros rouleaux sur leur enco- lure : les paysans, qui croient que la plique chevaline, comme la plique humaine, préserve d'autres maladies, se gardent bien de remédier au mal, qu'ils voient même venir avec plaisir. Les Vaches russes ressemblent fort aux Chevaux. On pour- rait s'attendre à trouver en Russie les descendantes de ces immenses Aurochs des forets de la Lithuanie et de l'Ukraine , il n'en est rien. Nous savons comme on a pu modifier par une alimentation appropriée la taille des animaux domestiques ; assurément la Vache russe, comme la Vache bretonne, doit à la quantité comme à la qualité de sa nourriture la petitesse de sa taille et les défauts de sa charpente générale. Gomme nos races bretonnes, les Vaches russes ont souvent la tête très élégante, les cornes bien placées, les membres assez bien conformés ; mais le plus souvent, sous un cuir hérissé de poils en désordre, vous voyez poindre les angles d'une ossature disproportionnée. L'hiver elles s'abritent comme elles peuvent sous des hangars ou dans les cabanes mêmes des serfs ; là on les nourrit assez parcimonieusement , mais le foin qu'on leur donne est généralement de très bonne qualité. L'été, elles trouvent d'assez salubros pâturages , lorsque le sol n'est pas trop marécageux. Leur lait est bon , s'il n'est pas très abon- ZllO SOCIÉTÉ LMPÉHIALE ZOOLOGIQUE d\\CGL1MATAT10\. liant, et quoique ayant quelque analogie avec les Vaches arabes de notre grande colonie africaine, elles sont beaucoup moins sauvages. Disons maintenant quelques mots de cet animal si univer- sellement utile, le Cochon. Le Cochon russe n'est autre chose qu'un Sanglier apprivoisé et très peu modifié ; mais pour l'admirer, il faut le voir au point de vue de l'art et nulle- ment avec des yeux de gourmet ou d'acclimatateur. Quelle physionomie ! Quel air d'intelligente insouciance dans ce petit œil luisant ! Comme les Orientaux, le Cochon doit être lataliste. Il y en a de jaunes, il y en a de noirs ou de brunSi Taine oublierait devant ces animaux ses Cochons blancs et roses, se lavant avec coquetterie dans les torrents des Pyré-^ nées, et trouverait certes un charmant tableau à faire aussi de ces Cochons russes qui, l'hiver, donnent tant de vie au l)aysage , alors qu'hommes et animaux cherchent un al)ri contre le froid autour du poêle d'une hutte infecte. Comme le Cochon irlandais, le Cochon russe est l'ami de la maison : il y entre, il en sort à son gré, il se sent parfaitement chez luij et sa vie d'animal affairé contraste singulièrement avec la fr(.)ideur souvent taciturne du caractère russe et le silence qui, l'hiver surtout, règne dans les villes. Permettez -moi de transcrire ici de mes notes de voyage ma première im- l)ression de la ville de Dunabourg : le Cochon y joue lin premier rôle : « J'ai vu Pompéi et Herculanum! Dunabourg^ la première ville importante que je rencontre en Russie^ me rappelle ce^ deux villes, solennelles attestations de la grandeur romaine et de la fragilité des hommes. Je crois voir dégeler à Dunabourg une avalanche qui aurait englouti une cité tout entière. Quelques rares passants, quelques juifs déguenillés, un traî- neau par-ci par-là, glissant silencieusement sur la neige et sur la boue, voilà tout! Mais non, la vie est cependant à Duna- bourg : où la trouver? Là, aux pieds de ce juif, au coin de cette borne, voyez-vous fouillant la terre ces Cochons aux longs poils hérissés, à l'œil pétillant de lumière et dintclhgence? ils vont tous parcourant activement les rues, disant bonjour PROGRÈS DE l'acclimatation EN lUSSIE. llli à l'un, bonjour à l'autre, coudoyant celui-ci, fuyant celui-là; et maintenant qu'ils ont prélevé la dîme de toutes ces ordures, les voilà couchés tout de leur long au coin de leur porte, un œil fermé, celui qui est contre la terre, un œil ouvert, celui qui semble épier le ciel et conduire leur pensée au delà des nuages! Elles vivent aussi, ces nuées de Corbeaux qui causent tous ensemble au milieu des places, dépeçant là une charogne^ se battant plus loin sur un morceau de chiffon ! ils vivent, car leur activité travaille; ils vont, ils viennent, ils croassent, et le soir leur temps s'est trouvé bien employé, à voir comme ils vont gaiement dormir sur le faîte de quelque monument. Mais que font donc ces hommes dans ces alTreuses cahutes? ils sont là couchés, eux aussi, mais dans la vermine, sans songer à laver leur personne, accroupis autour d'un poêle dans une chaleur étouffante, ne songeant à rien, pas même à vivre. Voilà ce que j'ai vu dans toutes les malheureuses maisons, noni- breuseSj trop nombreuses de Dunabourg, maisons dont je franchissais le seuil sans même que Ton prît garde à moi.» Cette population pauvre de Dunabourg est presque entièrement juive. L'état de dégradation de ces malheureux est quelque chose d'épouvantable ; mais ne doit- on pas attribuer l'abrutis- sement de cette race à l'espèce de proscription qui l'a frappée dans tous les pays! L'élève du Mouton a une grande importance en Russie. Depuis l'impératrice Catherine j qui comprit combien on pou- vait retirer d'avantages de l'élève des bêtes à laine, le nombre des troupeaux a considérablement augmenté. Il faudrait faire une étude spéciale des races russes, qui sort du cadre de cette esquisse rapide. Il y aurait bien à dire sur le Mouton noir (|ui fournit ces belles peaux d'Astrakan qui font de si bonnes et de si chaudes peUsses dont on se sert surtout en Suède, jus- qu'au Mérinos russe dont la toison grise et jaunâtre fournit des vêtements très chauds : on en fait la plupart des toidoupes dont nous nous servions à la chasse. Pendant ces derniers tenq»s on a fait à Ti-ti-anger de j)ré- cieuscs acquisitions de Mérinos Uambouillel, etc. Mais en première ligne, parmi 1rs inli'oducteurs, il faut citer le grand- h\'2 SOCIÉTÉ IMPÉKIALE ZOOLUGIQUE d'aCCLLMATATIOX. duc Nicolas, qui a ramené des Leicestcrs, des Soullido\vns,clc. Le Lapin est inconnu en Russie : ce sera l'une des meilleures introductions que l'on pourra y faire. J'ai déjà dit que les Lièvres étaient abondants ; je ne sais si l'on pourrait les domestiquer, mais il serait bon d'en faire l'essai, car ils sont très gros, et leurs belles fourrures pourraient être utilement employées. Nous en avons rencontré trois espèces dans nos chasses: le Lièvre blanc, d'un blanc pur en hiver, gris brun en été ; un gros Lièvre brun, et une espèce intermédiaire. Ne quittons pas les bêtes à poil sans dire un mot du Chien. Celui que l'on rencontre dans les villages lient beaucoup du Chien des Esquimaux. On se sert pour la chasse d'une très grosse espèce d'ÉpagneuL De l'autre côté du Volga, en Sibérie, le long du fleuve Amour , un gros Dogue sert au traînage : c'est une espèce curieuse et peu connue que je voudrais bien voir ramener en France. Enfin il y a de magnifiques Lévriers, dont nous voyons quelquefois à Paris de beaux exemplaires. [La suite au prochain numéro.) .si;p. I.F.S EUCALYPTUS OLEOSA ET GLOBULUS. LETTRE ADRESSÉE A M. DROIJVN DE LHUYS, YICE-PRÉS[DENT DE I.A SOCIÉTÉ, Par .^I. P. RAiYlEL. (Séance du 14 août I 861 .) Monsieur, Le récit d'un voyage par terre du Sénégal au Maroc, à Alger, que j'ai lu dans l'avanl-dernier numéro de la Revue maritime^ m'engage à vous signaler un végétal qui peut être très utile à nos possessions d'Afrique. C'est encore un auslralien, dont in conformité de climat favorisera l'acclimatation . Je veux parler de X Eucalyptus oleom. Cet arbre, qui atteint une hauteur très médiocre, mais qui occupe des espaces im- menses sur le continent australien , sous le nom de Mallee ficrub, pousse à la surface du sol des racines horizontales qui renferment une eau très pure et très saine. On coupe la ra- cine, on met un vase dessous, et il en découle le très rare et bienfaisant breuvage qu'on n'apprécie bien que quand on en est privé : or on l'est souvent en Australie, surtout dans ces solitudes où croît le sujet en question. Les renseignements que j'ai l'honneur de vous transmettre sont extraits d'un ouvrage très remarquable de mon savant ami le docteurMueller, auquelje puis ajouter les observations de ma propre expérience (1). Je pense que, tentée avec intelligence par étapes partont où le sol le permettra (et le sujet n'est pas difficile, habitué qu'il est à la sécheresse, à la chaleur, et à la poussière, voii*e même aux incentlies, qui ne le font pas périr), l'acclimatation de ce végélal peut être capable de rendre quelques services en Afrique dans un avenir peu éloigné. (1) Fragmenta phytographiœ AiisfraHœ^ Ford. Muoller, p. 5G ot 57. /il/j SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Si VOUS partagez cette supposition, je me ferai un plaisir de procurer les graines nécessaires aux essais. Je crois devoir ajouter un fait historique : c'est qu'une des récentes villes qui ont germé dans les districts aurifères de l'Australie est éclairée au gaz que l'on retire des feuilles do VEucalyptus oleosa, La manière dont on traite en général les plantes ou arbres exotiques avec de la seule terre de bruyère ne saurait con- venir à mun géant aux feuilles bleues, YEucalyptus globidus. 11 lui iïiut quoique chose de plus substantiel ; alors il se déve- loppera suivant sa nature, et pourra résister aux rigueurs de l'hiver. En Tasmanie, d'oii il vient, il croît depuis le bord de la mer jusqu'aux cimes (juc rouvrent la glace et la neige (en hiver). M. Hardy m'a écrit qu'il grandissait en Algérie de 5 à 6 mètres par saison. En outre, (^'ost le bois le plus dur et le plus durable à l'eau, à Tair, et je pense à Tabri de l'atteinte des insectes : c'est le rival du Tock dans l'Inde, et pour les chemins de fer, et pour les constructions navales. Qu'en eût dit Evelyn, pour l'utilité? De plus, c'est un très joli arbre d'or- nement, par la couleur bleue de ses feuilles et par la mue qu'elles subissent. Sa fragrance le fera un jour remarquer par les médecins comme très précieux pour la santé. Pour le connaître à fond, il ne faut pas le tenir trop en serre chaude, comme on le fait dans les établissements bota- niques, où il s'étiole, faute d'air, de lumière et d'ahmentation. Veuillez agréer, etc. P. Ramel. NOTE ST R L'ÉRABLE A SUCRE Par M. H. XAK^VAfiKI. (Séance du 28 juin 1861.) En offrant à la Société d'acclimatation un second spécimen de sucre d'Érable du Canada, recueilli l'année dernière, j'ajoute encore quelques données à celles de M. de Puibusque et de M. Yalentin de Courcel, qui se trouvent déjà dans les articles insérés dans le Bulletin de la Société (tome YII, année 1860), Ces détails, ainsi que le sucre, me furent donnés par une dame de ce pays, mariée à un Polonais. Cet écbantillon de 1860 provient de Saint-Hilaire, au bord de la rivière Richelieu, et vaut à peu près 50 centimes la livre. Dans le commerce , le prix du sucre d'Érable varie de /iO à 50 centimes ; le prix de revient pour les paysans est de 30 à 35 centimes, tandis que celui des colonies monte au Canada de 90 centimes à 1 franc la livre. Un arbre donne généralement une livre ; il produit davan- tage étant exposé au soleil. La terre qui convient le mieux à l'Érable est celle des collines bien exposées ; elle doit être grasse et non sablonneuse. II y a deux espèces d'Érable : l'une , appelée la plaine, donne plus d'eau et moins de sucre ; l'autre, qui est l'Érable proprement dit, fournit au contraire plus de sucre que d'eau. Le sucre de plaine est plus blanc que celui d'Érable. Ils peuvent être raffinés tous deux, mais les raffineries ne sont point en usage au Canada. Les propriétaires louent les plan- tations d'Érable à compte à demi aux paysans. Des forêts entières de cet arbre appartiennent au gouvernement (terre de la couronne). Les paysans les exploitent gratuitemeni et livrent le sucre au commerce, mais il n'est point exporté. Cette manutention est très simple dans le Canada; aux /|1G sooiÉTi': IMPÉRIALE zooLor.iorE d'acclimatation. Etats-Unis elle est perrectionnée. Au Canada, les incisions sont faites au tronc à un demi-mètre du sol ; aux États-Unis on incise même les grosses branches. Le temps des incisions exige une température froide pen- dant la nuit, et du soleil pendant le jour. L'arbre ne produit pas si c'est le vent du nord qui souffle. Comme je l'ai mentionné plus haut, le sucre d'Éral)le n'est pas un ol>jet d'exportation. L'arbre est utile comme combustilde et comme bois de construction. Comme combustible, c'est le plus clier et le plus estimé pour la rpialité, la rorrh (mesure du pays) revient à 7 nn 8 dollars. m. EXTRAITS DES PROCES-VERBAUX DES SÉANCES DU CONSEIL DE LA SOCIÉTÉ. SÉANCE DU 20 JUILLET 1861. Présidence de M. Is. Geoffroy Saint-Hilaire. Le procés-verbal de la séance générale du 8 juin et de la séance précédente du Conseil est lu et adopté. — Le Conseil admet au nombre des membres delà Société : MM. Berg (le docteur Achille), à Saint-Denis (île de la Réunion). BocQUET, sous-intendant militaire, aux Invalides. DuGiED (Hilaire), à Paris. FiOLET (Louis), propriétaire, à Saint-Omer (Pas-de-Calais). Gode AUX (Ernest), élève consul au consulat général de Londres, à Paris. Kârr (Alphonse), homme de lettres, horticulteur à Nice (Alpes-Maritimes). La Brosse Flavigny (Charles de), à La Venrière, près Angrie, par Candé (Maine-et-Loire). La Ferté (le baron Henry de), à Paris. Plœuc (le marquis de), inspecteur général des finances, à Paris. QuiHOU, jardinier en chef du Jardin d'acclimatation du bois de Boulogne. — Il est donné lecture d'une lettre adressée par MM. le vice-président et le secrétaire de la section d'acchmatation de la Société d'émulation des Côtes-du-Nord, et renfermant un extrait du procés-verbal de la séance du l"" mai de cette So- ciété, relative aune décision, en raison de laquelle la section d'acclimatation est admise par le Conseil au titre d'agrégée à la Société impériale d'acclimatation. — M. le Président informe le Conseil de la perte regrettable que vient de faire la Société dans la personne de M. L.-C. Hey- raud, notaire à Villeneuve-de-Berg. — Notre honorable collègue M. le baron Anca , président T. Vni.— Aoûl 1861. 27 lliS SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. «le la Société d'acclimatation et d'agriculture de Sicile, Condée à Palerme, le 21 avril 1861, fait parvenir le premier numéro des actes de celte Société. Il écrit en outre, à la date du 21 juin, que cette Société, dont le but est non-seulement l'ac- climatation, mais encore l'amélioration et le progrès de l'in- dustrie agricole en Sicile, est dès à présent en mesure de joindre la pratique à la théorie. M. le comte Tasca, l'un de ses jbndateurs, a mis à sa disposition un grand jardin près de Palerme, renfermant déjà une collection de plantes indi- gènes et exolifpies, utiles et d'ornement. M. le baron Anca demande ensuite, au nom de la Société sicilienne dont il a été le premier promoteur, divers rensei- gnements sur la race ovine Soutbdown qu'elle veut essayer de propager en Sicile. M. le Président rappelle que déjà M. Anca a, depuis plusieurs années, introduit dans son pays la Chèvre d'Angora et la Chèvr«' d'Egypte. — Des remercîments pour leur récente admission au nombre des membres de la Société sont adressés par MM. Ch. Cubisol, agent vice-consul de France, à la Goulette, près Tunis, par M. Caustier, maire de Clion ( Indre ), et M. L. Graux de Mau- cbamp. — M, le docteur Léon Dury, qui v'a s'établir au Japon, pour y fonder, sous les auspices des missions étrangères, un liùpital franco-japonais, et M. ïroutot, vétérinaire de l'armée, sur le point de partir, en cette qualité, pour la Gochinchine, l'ont parvenir leurs offres de services à la Société, qui les accepte avec reconnaissance. — Diverses lettres adressées par la Société d'horticulture de l'Aube, la Société d'agriculture de l'arrondissement de Verdun, notre délégué M. C. Aiguillon, au nom du comice agricole de Toulon, le comice agricole d'Aubagne (Var), M. le Préfet de la Somme et un certain nombre de nos confrères de Paris et des départements, qui envoient leur souscription pour l'érection d'une statue à Daubenton, témoignent de l'accueil sympathique qui attendait l'appel fait par la Société à la reconnaissance publique. — M. Drouyn de Lhuys communique plusieurs articles rROCÈS-VERRArX. A 10 insérés dans les journaux, le Sénonais du 13 juillet, le Journal de Chartres du 1/1 et le Propagateur du Xord et du Pas-de- Calais du 1" et du 8 juillet, qui adressent un chaleureux appel aux habitants de ces départements pour les inviter à concourir à l'exécution du projet d'élever une statue à l'émi- nent naturaliste agricuUeur. M. Saint-Amour, ancien repré- sentant du Pas-de-Calais, auteur des articles insérés dans le Propagateur, a envoyé une circulaire à toutes les Sociétés agricoles de cette région. Ce dernier journal annonce qu'une liste de souscription est ouverte dans ses bureaux. — Notre vénéra] de confrère, l'auteur anonyme du don fait à la Société pour la confection de la médaille frappée en l'hon- neur de M. de Montigny, adresse ses remercîments pour les deux exemplaires de cette médaille qui lui ont été offerts, au nom du Conseil. — S. Exe. M. le Ministre de la marine et des colonies, par une lettre du 9 juillet, annonce l'expédition faite sur le trans- port la Cerès, prochainement attendu à Toulon, d'un nouvel envoi d'animaux de la Guyane , destinés à la Société par M. Victor Bataille. Cet envoi, le huitième que la Société devra au zèle infati- oable et à l'incessante o'énérosité de notre dévoué confrère, se compose de cinq animaux privés, savoir : une Spatule rose, trois Agoutis, et un Pack ou Paca. En faisant connaître cet envoi par une lettre datée de Cayenne, le 7 juin, M. Bataille annonce qu'il fait réunir une nouvelle collection d'animaux destinés comme les premiers à la Société. — Son Exe. M. le général Khérédine , notre honorable confrère, ministre de la marine de S. A. le bey de Tunis, fait hommage à la Société d'une très belle collection de dix-neuf animaux qu'il a ramenés en France, et qui se compose de trois Gazelles, trois Moulons à large queue, un Daim, quatre belles Autruches, quatre Poules d'Inde et quatre Oies. — - S. Exe. M. le Maréchal duc de Malakoff, gouverneur général de l'Algérie, par une lettre du 25 juin, transmet à la Société ses remercîments pour le couple de Zébus qui lui a été offert, et annonce que des ordres ont été donnés pour que /l20 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'âCCLIMATATION. ces animaux soient immédiatement transportés de Marseille au jardin d'acclimatation du Hamma, près Alger. Une lettre de M. Hardy, directeur de ce jardin d'acclimata- tion, datée du 15 juillet, fait connaître leur arrivée à Alger par le dernier pa(iuebot. M. Hardy accuse en même temps réception des graines do Bael CE g le marmelos) de l'Inde, qui lui ont été envoyées par la Société. — M. Vimercati, par une lettre adressée à M. le Président, en date du 3 juillet, transmet les remercîments de S, M. le roi Victor Emmanuel pour les deux Zébus du Soudan qui lui ont été offerts. — La correspondance renferme plusieurs lettres échangées entre la Société, M. Noël Suquet, directeur du jardin zoolo- gique de Marseille, et M. L. Mackinnon, représentant à Londres de la Société d'acclimatation de Melbourne, relativement à un second couple de ces Zébus qui doit être très prochainement expédié en Australie. — M. le Président donne communication d'une lettre qui lui a été adressée [)ar M. Ricbard (du (iantal), et qui renferme d'excellentes nouvelles sur la situation et l'état de santé actuelle des animaux du troupeau de Souliard. — M. B. Poucel, notre confrère, à qui la Société doit 'déjà d'intéressantes communications sur les Lamas, Alpacas et congénères, écrit de Marseille, le 8 juillet, pour insister de nouveau et avec l'autorité que lui donne son expérience per- sonnelle, sur la nécessité d'établir des étapes d'acclimatation entre les Cordillères et l'océan Atlantique, parce qu'il est con- vaincu que c'est le seul moyen d'assurer l'introduction de ces précieux animaux en France et en Europe. M. Poucel entre dans des détails à Fappui de son opinion, et transmet un pas- sage de ses dernières correspondances avec M. Ch. Ledgerqui témoigne du succès toujours croissant de l'acclimatation des Alpacas en Australie. — M. le Secrétaire donne communication de six lettres renfermant de nouvelles propositions de domaines dans les montagnes d'Auvergne pour rétablissement «l'un dépôt de PROCÈS-VEIIBAUX. ^21 reproducteurs que la Société désire fonder. Ces lettres sont renvoyées à l'examen de la Commission qui a été spécialement chargée de cette question. — M. L. Tydgadt, secrétaire gérant de la Société royale d'histoire natm^elle de Gand, adresse la hste des Mammifères et des Oiseaux qui se sont reproduits dans le cours de l'année 1860 au jardin zoologique de cette ville, placé sous sa direc-. lion. — M. le chevaher de Paravey fait parvenir d'utiles rensei- gnements sur l'espèce très naine de Mouton du Ladak, appelé Purik, et sur une Chèvre et un Cheval sauvage de la même contrée, sur lesquels il croit devoir appeler l'attention de la Société. — Des remercîments seront transmis à M. de Paravev. — M. Hesse, délégué de la Société à Marseille, par une lettre du SjuiUet, confirme les renseignements déjà donnés par M. Noël Suquet sur les heureux résuhats qu'il a obtenus cette année dans la reproduction de l'Autruche. — M. Drouyn de Lhuys communique une lettre par laquelle M. Poujade, exprimant ses regrets que les œufs de grande Outarde qu'il avait fait venir se fussent trouvés gâtés, annonce la prochaine arrivée d'une caisse d'œufs de petite Outarde. — M. d'Esterno , membre du conseil général de Saône-et- Loire, écrit pour transmettre une observation contraire à l'opinion exprimée par M. le docteur Turrel, dans un travail sur les Oiseaux insectivores, relativement au Pic, qui, selon M. Turrel, ne s'attaquerait jamais aux arbres sains. Notre honorable confrère assure qu'il existe sur la conniumc de La Pelle, près Autun, des arbres à bois très dur, comme des Pla- tanes et des Frênes, qui, ({uoique parfaitement sains, sont perforés de trous creusés par des Pics. M. d'Esterno, pensant avec raison qu'il importe essentiellement que la distinction entre les animaux utiles et ceux qui sont nuisibles soit très sûrement établie, invite la Société à faire constater par des experts dignes de foi les faits qu'il signale et à donner toute publicité aux résultats de l'examen. — Il est donné lecture de la lettre suivante adressée, le 10 juillet 1 861 , par M. Ch. Liénard, et dont nous croyons devoir A2*2 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZUOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. reproduire ici un extrait, à cause de riiiiportance de la nou- velle qu'elle renferme : a Enfin nos efforts sont couronnés de succès, nous avons dans ce moment, à Marseille, cinq Gouramis, seuls survivants de cinquante que mon frère, maintenant à Maurice, avait con- tiés au docteur Perrot, arrivé, il y a quelques jours, parla voie de Suez. » (Voyez au Bulletin, p. 367.) — M. le Président rappelle, à cette occasion, les fréquentes communications faites tout récemment encore sur ce poisson qui a été longtemps, et à diverses reprises, l'objet de tentatives sérieuses d'acclimatation, et dont la Société est heureuse de devoir l'acquisition à la généreuse initiative et au zèle persé- vérant de M. Liénard. — Au moment où cette communication parvenait à la Société, elle en recevait une de M. le docteur A. Vinson, membre du Muséum d'histoire naturelle et de la chamljre d'agriculture de la Réunion, datée de Saint-Denis, le 7 juin, qui renferme un mémoire manuscrit 5^/r l'acclima- tation du Gourami à l'/le de laRcunion, et les moyens d'accli- mater ce poisson en Abjérie et dans le midi de la France. — M. Drouyn de Lhuys dépose sur le bureau des Notes qui lui ont été adressées par M. Lamiral, sur la navigation sous* marine, et qui sont destinées à la Commission des Eponges et du Corail à laquelle elles seront remises. — M. le président du comice agricole de Villeneuve-sur- Lot adresse , à la date du 29 juin, une lettre par laciuellc il rai)pellc que, dans sa séance du 2/i avril dernier, ce comice avait mentionné sa réponse au Questionnaire sur la Vipère publié par la Société. C'est donc par erreur que dans notre dernière circulaire de rappel à ce sujet, le département de , Lot-et-Garonne se trouve compris dans la liste de ceux dont la Société n'avait pas encore reçu de réponse à l'époque où elle a été distribuée. — M. Poujade, dans la lettre déjà indiquée plus haut, annonce qu'il attend deBucharestune petite quantité de graine de Ver à soie de Yalachie de première qualité, (fu'il veut liien offrir à la Société, en insistant sur l'utilité qu'il y aurait, pour notre industrie séricicole, à ce que des agents spéciaux fussent PKOCÈS-VERBAL'X. Zl'23 envoyés, au printemps proehain surtout, pour taire taire sur place des graines dont ils pussent affirmer et garantir la qualité. — M. E. Nourrigat (de Lunel) adresse plusieurs exemplaires d'une brochure in-A" qu'il a publiée sous le titre de La régé- nération des Versa soie par le soufrage préventif du Mûrier. Par une lettre du ih juillet, le même confrère annonce l'envoi de deux échantillons d'œufs de Vers à soie du Mûrier, races des Balkans, l'une à cocons jaunes, l'autre à cocons blancs, recueilUs en juin dernier, et avec lesquels il invite la Société à faire, dans sa magnanerie du Jardin du bois de Bou- logne, des expériences d'éducation automnale pour constater le parfait état de conservation de ces œufs, dû à un procédé sur lequel il se propose de donner plus tard des renseigne- ments. — M. E. Maumenet (de Nîmes) rend compte du résultat satisfaisant qu'il a obtenu dans une éducation de Vers à soie métis d'Allante et de Ricin, dont il avait reçu des œufs de la Société. Notre confrère fait remarquer que son éducation a été faite comparativement, partie à l'mtérieur, partie en plein air. Les Vers de cette dernière partie ont été placés en liberté, sur une touffe d'Allante, dix jours après leur naissance, et ils ont donné leurs cocons neuf jours plus tard que ceux élevés à rintérieur ; ceux-ci ayant commencé à coconner le vingt- sixième jour, et les autres Vers le trente-cinquième seulement. — M. E. Caillas envoie à la Société trois échantillons de cocons de Ver à soie du Mûrier obtenus par lui à Passy, près Paris, dans une petite éducation d'amateur qui a été tout à fait exempte de maladie. — M. le baron Anca, dont nous avons déjà fait connaître une première communication au nom de la Société sicilienne d'acchmatation, renouvelle sa demande de graines d'Allante cl d'œufs de Ver à soie de l'Allante et du Ricin. — La Société d'agriculture adresse le programme de l'expo- sition des produits des Abeilles et des instruments agricoles qu'elle ouvrira dans l'orangerie du Luxembourg, du 15 au 20 août 1861. — La Société d'horticulture de Nantes fait également par- !\'2ll SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZUOLOGIQUE d'aCCLIMAïATION. venir le programme de son exposition nationale, dont Touver- ture a été fixée au ih juillet i86J . — M. Drouyn de Lhuys offre à la Société un paquet de VYerbamate, espèce de Thé du Paraguay, pour lequel une Commission a été nommée. — Cet échantillon sera soumis à l'examen de la Commission. — M. Rufz de Lavison, directeur du Jardin d'acclimatation du bois de Boulogne, transmet une caisse de graines du Japon qui lui a été adressée par M. le consul des États-Unis à Yedo. Ces graines sont ainsi désignées : 1° Ficus maiden hair (Fur- long); 2" Paulina (boutons à fleur, pris i)ar erreur pour des graines); 3° Arbor vitœ ; A" Pistacia vera; 5° IVius vernicl' fera; 6" Cryptomeria japonica. — M. A. de Roosmalen écrit, le 8 juillet, pour oflrir à la Société des plantes et des graines du Brésil, destinées au jiirdin d'accHmatation. — Des remercîments ont été transmis à M. de Roosmalen. — M. P. Ramel adresse à M. le Président communication d'une lettre qu'il a reçue de M. Ferd. Mueller (de Melbourne), par laquelle notre honorable confrère lui annonce quil vient d'expédier à la Société une paire (rAigies d'Australie, non point, dit-il, dans le but que poursuit la Société, mais seule- ment pour l'ornement de la ménagerie. M. Mueller ajoute qu'il s'occupe de recueilHr les Araucaria qui lui ont été demandés par M. Ramel; que le défaut de place sur les derniers navires l'a seul empêché d'envoyer une paire de Casoars, et qu'il espère toujours nous adresser l'an prochain POiseau lyre vivant. En terminant, M. Ramel offr(^ à la Société quelques graines d'une nouvelle et curieuse plante australienne d'ornement, le Goodiiia Mac-Millani. —M. le docteur Turrel (de Toulon) adresse une Notice sur le Câprier sans épines, accompagnée de deux dessins représentant des fragments de rameaux, l'un du Câprier épineux {Capparis spinosa)^ l'autre du Câprier sans épines {Capparis inermis), — M. Brierre, de Riez (Vendée), envoie, à la date du 3 juillet, le bulletin périodique de ses cultures de végétaux exotiques, avec un nouveau dessin à l'huile des plantes de Chine, dont PROCÈS-VEHBÀUX. 425 il parle, et qui sont un Hibiscus à fleurs roses, des Fèves et du Froment. Notre zélé confrère annonce que FOrge du Japon dont il a déjà entretenu la Société est déjà épiée après six semaines environ de semence en terre, ce qui témoigne d'une très remarquable précocité. — La Société centrale d'agriculture, d'horticulture et d'ac- climatalion de Nice, par une lettre du 29 juin, adresse ses remercîments pour les graines qui lui ont été envoyées, et exprime son vif regret de ne pas posséder encore un jardin d'expérimentation pour suivre elle-même et directement ses essais de culture et d'acclimatation. — M. le Président communique au Conseil le numéro du IZi juillet {{M Journal des instituteurs^ qui renferme un article sur le but et les travaux de la Société, et qui invite MM. les instituteurs à prêter leur concours à cette œuvre d'utilité pu- blique. A la suite de cette publication, la Société a déjà reçu d'un certain nombre d'instituteurs des offres de bienveillant concours qui témoignent d'un zèle et d'un empressement dont elle leur est particulièrement reconnaissante. — M. le Secrétaire dépose sur le bureau les publications suivantes : Le Sarrasin et les engrais verts. Le pain et la viande à bon marché^ lettre circulaire par M. Victor Chatel, datée de Valcongrain, près Aunay-sur-Odon (Calvados), le 1" juillet '1861. Le numéro du 3 juillet dernier de la (lazzetta offlciale dcl regno d'Ltalia^ renfcrnianl un très intéressant article sur la Société d'acclimatation pour la région des Alpes, public et communiqué par notre délégué à Turin, M. F. Baruffî. Le Secrétaire du Conseil , Guérin-Méneyille. IV. BUUETIN MENSUEL DES CONFÉRENCES ET LECTURES. CO>FÉRE.\CE DU 18 JUILLET 1861. Considérations générales sur l'utilité des Oiseaux insectivores, par M. PiGEAUX. Dès la plus haute antiquité, Tutilité des Oiseaux insectivores a été recon- nue et proclamée, mais il était réservé aux travaux des modernes d'en préciser la portée et d'en assigner les limites. Hérodote, à l'égal de Moïse, promet la fécondité et la longévité à ceux qui respecteront les Oiseaux en raison des bons offices qu'ils rendent à l'agri- cullure. Les Égyptiens, pour mieux protéger encore ces charmantes et utiles créatures, les avaient élevés aux honneurs divins, pour reconnaître les ser- vices qu'ils rendaient à leur pays infesté d'insectes après le retrait des eaux du Ml. Iris, chez eux, avait un masque d'Hirondelle, et Osyris une tctc d'Epervier. Celui qui tuait un oiseau ou détruisait son nid était déclaré sacrilège. Les Grecs et les l\omains les ont suivis dans ces errements. Pline, Varron, Columelle et le bon Plularque. déclarent ennemis des dieux et des hommes ceux qui tuent un oiseau sans nécessité. Convaincus de leur perspicacité et de leur communication sympathique avec la divinité, ils les consultaient dans toutes les éventualités de la vie. Il était réservé aux races barbares qui en- vahirent l'Europe occidentale de nous inculquer leur haine pour les Oiseaux, et surtout pour le .Aloineau franc, auquel ils attribuaient toute espèce de malé- fices. Mahomet, en proscrivant le Pierrot et ordonnant de détruire tout arbre qui pouvait l'abriter, a stérilisé sans retour toutes les contrées jadis les pluH fécondes où ses doctrines ont pénétré. L'Arabie Heureuse, la Syrie, la Mésopotamie, la Perse, et enfin le nord de l'Afrique et l'Espagne, sont de ce nombre. Le midi et l'est de la France, en chassant à outrance les petits Oiseaux de passage après avoir détruit ceux qui y vivaient sédentaires, ont singulièrement diminué la fécondité de leurs champs, si remarquable du temps des Ilomains, La persécution des Oiseaux amène la stériHlé, et à son tour la rareté des subsistances oblige à chasser les Oiseaux sans Irùve ni merci ; c'est un cercle vicieux dont il faut sortir à tout piix. La législation et l'intervention bienveillante de la classe intelligente peuvent par leur concours atteindre ce résultat. Aide et protection sont ducs aux Oiseaux, pour cause d'utilité pu- blique. Sans cette assistance, nos plantes, déjà malades, finiront par succomber sous la morsure acharnée des insectes. Seuls, les Oiseaux sont aptes à nous protéger contre leur déplorable fécondité et leur faim insatiable. Que si quelques-uns d'entre eux, le Pierrot et les Gros-becs poussent leur rèle jusqu'à détruire le bourgeon, attaquer le blé et les fruits rouges où les larves des insectes sont déposées, ils n'en doivent pas moins être protégés en raison des services qu'ils nous rendent en attaquant certains insectes qui, CONFÉRENCES ET LECTURES. /i27 ])ar leur voliiiiie et la résistance de leur carapace, écliappenl aux Becs-fins. On peut en pennettre la chasse dans une certaine limite et à des temps où leur frugivorie a rendu leur chair bonne et profitable. Mais avant tout il faut protéger leurs nids en en proscrivant la recherche et en rendant les parents responsables du délit de leurs enfants. Plusieurs millions d'Oiseaux sont ainsi annuellement détruits en pure perte; c'est par centaines de millions qu'il faut évaluer la perte qui en résulte. Partout où les Oiseaux ont dispani, partout où ils ont été proscrits, comme en Hongrie, en Pi-usse et en Angleterre, on a été obligé de les rapatrier à grands frais. Profitant de cette expérience pour les réhabiliter chez nous, nous les déclarons indispensables : s'ils peuvent vivre sans nous, nous ne saurions vivre sans eux. Je le déclare ici avec la plus intime conviction, malgré les immenses services qui nous sont rendus par la race ovine, par sa chair, sa laine et son fumier, il serait moins préjudiciable de la voir disparaître du milieu de nos cultures que de proscrire tous les Oiseaux de France. Sans les premiers , on pourrait moins bien vivre ; sans les Oiseaux, on mourrait littéralement de faim. Il n'y aurait pas d'hésitation si le choix était à faire : le mieu^ est de se servir avec intelligence de tous les êtres qui ont été donnés à l'homme pour le seconder dans ses travaux. CONFÉRENCt: DU 25 JUILLET 1861. Sur l^oologie des Oiseaux du Jardin, par M. le docteur Rufz deLaviso.n. Gomme directeur de cet établissement, M. Kufz de La vison a pensé qu'il devait prendre part à ce concours de bonjies volontés que lui prêtent tous ceux qui lui portent de l'intérêt, afin qu'il remplisse sa destination. Les géné- reux fondateurs du Jardin d'acclimatation ont désiré que l'enseignement théorique ouvert rue de Lille pendant l'hiver fût ici continué pendant Tété par des applications pratiques ; que les exemples fussent mis en face des préceptes, et que, donnant en quelque sorte une voix à toutes les choses de ce Jardin, on les fît parler autant à rintelligence qu'aux yeux. Tel est l'esprit de ces conférences. M, le directeur a choisi pour sujet de celle qu'il devait faire ïoologin des Oiseaux du Jardin , c'est-à-dire Téiade de leurs œufs. Il fait remarquer qu'il dit des œufs, et non pas de l'œuf, car ce pluriel est infi- niment plus restreint et plus humble que son singulier. L'étude de l'œuf c'est l'ovologie, ou la science du développement des parties constituantes de l'œuf, c'est-à-dire de l'être qu'il contient : sujet vaste, complexe, qui a exercé les plus grands esprits; l'oologie est tout simplement l'examen de la confi- guration extérieure de l'œuf : du contenant (la coque), et non du contenu (le poussin). IM. llufz de La vison se propose donc de parcourir rapidement les diflérentes variétés de nombre, de volume, de forme, de poids et de cou- leur des œufs, sui\anl les diverses espèces d'Oiseaux, et le parti qu'on jieut tirer eu histoire naturelle de ces caractères oologiques pour classilier les Oiseaux. Z|28 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLuGIQUE d'aCGLÎMATATION. Entrant dans son sujet après l'avoir défini, M. Vmïz s'est attaché aux con- sidérations qui pouvaient surtout se rattacher à raccliniatatiou. Ainsi ayant montré que sous le rapport du nombre des œufs, les Oiseaux se partageaient en deux grandes classes, ceux qui pondent peu et ceux qui pondent beau- coup d'œufs, il a rappelé que les Oiseaux destinés à fournir à Talimentation des hommes, les Gallinacés par exemple, étaient ceux qui produisaient le plus grand nombre d'œufs, et que c'était là une des considérations qui devaient faire espérer la domestication de l'Autruche, puisqu'à Marseille, une Autru- che avait donné, l'an dernier, quatre-vingt-quatre œufs, nombre qui ne se trouve que chez les animaux domestiques. Sous le rapport du poids. Al. lUifz fait voir, par un grand nombre de pesées qu'il a fait faire des œufs de diverses espèces de Poules, que le poids moyen des œufs actuels est de 66 grammes environ, tandis que celui évalué par Bullon n'était que de Uk grammes : ce qui autoriserait à croire que les œufs, comme le grain de blé d'aujourd'hui, sont plus gros, et par conséquent plus nutritifs qu'autrefois: amélioration qui doit être attribuée au soin qu'on prend aujourd'hui de l'élève des volailles et au croisement des races indi- gènes avec des races étrangères plus fortes et plus rustiques, etc. , etc. M. Uufz, après avoir fait passer sous les yeux des auditeurs quelques spé- cimens de la belle collection d'œufs du Muséum que M. le Président de la Société, M. Is. (leoffroy Saint-llilaire, avait bien voulu mettre à sa disposi- tion, a fait casser des œufs depuis les premièies heures de l'incubation jus- (pi'au vingt et unième jour, époque de l'éclosion, et il a montré ainsi, en les expliquant, les dilférentes phases de l'éclosion du poulet. La conférence s'est terminée par une démonstration des diverses couveuses artificielles expérimentées au Jardin. Le Secrétaire du Cumeil^ GUtRIN-MÉNEVILLE. OUVRACiES OFFERTS A L\ SOCIETE. SÉA>CK DU l/l JLIN 1861. First annual Report of the Society for the acolimatisation of Animais, Rirds, Fishes, Insects and Vegetablcs within Ihe United Kingdom, 1861. .Mémoires de la Société d'agriculture, des sciences, arts et belles-lettres de l'Aube. 1861, tome XII, deuxième série, n^* 57 et 58. Organisation de la Société d'agriculture, des sciences, arts et belles-lettres du département de l'Aube. Rapport sur un mémoire de M. Rougarel, intitulé ; Des races de l'Océanie fran- çaise, et de celles de la Nouvelle-Calédonie en particulier. — Extrait des comptes rendus de l'Académie des sciences, par M. J. Cloquet. Offert par l'auteur. Régénération des races de Vers à soie par les éducations automnales à la tempe- rature naturelle, par M. E. Nourrigat, 1860. Offert par l'auteur. Essais de sériciculture dans le département du Gers, par M. le docteur Teilleur, Auch, 1861. Offert par l'auteur. Le Monde des Alpes, par F. de Tschudi, traduit de Fallemand et offert par M. 0. Rourrit. 3 vol. in-12, Genève, 1858. Tableaux synoptiques d'histoire naturelle, par M. Gustave Lanoix. Offert par l'auteur. De l'organisation du service médical et pharmaceutique dans les sociétés de prévoyance et de secours mutuels, par M. le docteur Espiau de Lemaestre. Paris, 1861. Offert par l'auteur. Atli délia Societa italiana di scienze naturali, de 1855 à 1861. Trois volumes, Schriften der kœniglichen physikalisch-œkonomischen Gesellschaft zu Kœnigs- berg, années 1860 et 1861. Imllicher Rericht iiber die im Mai 1857 abgehaltene fiinfzigjaehrige Jubelfeier der k. k. Landsvirlhschafts-Gesellschaft in Wien, par le Prof. Dr. Ad. Fuchs. Vienne, 1858. Riickblickauf dieJiibelfL'ier, par M. Ed. Freiherrn v. Hohenbruch. Vienne, 1858. Katalog der mit der land- und forstwirthschaftlichen Ausstellung vereinigten Austellung der Gegenstœnde des Haushalles des Land- und Forstwirthes. Vienne, J857. Katalog der land- und forstwirthschaftlichen Ausstellung, veranstaltet von der k. k. Landwirthschafts-Gesellschaft in Wien. 1857. Der Roden und seine Renutzung im Kaiserstaate Oesterreirh, par le Dr. Freiherrn F. \V. von Reden. Vienne, 1857. Voyage dans l'Amérique du Sud, Pérou et Rolivic , par M. Ernest Grandidter. 1 vol. in-8, Paris, 1861. Offert par l'auteur. Le Fibrilia, substitut pratique et économique du coton, traduit de l'américain par M. H. Wattemvre. Paris, 1861. Offert parle môme. s Y. BULLETIN MENSUEL DU JARDIN ZOOLOGIÛUE D'ACCLIMATATION. T. }iiip, — Le fait notable au Jardin zoologique, à cette (époque de l'année (juillet), est la mue des Oiseaux. Celle des Palmipèdes, commencée à la mi- juin, est présentemeni terminée. Us sont dans toute la fraîcheur de leur |)lumage, excepté les Canards mandarins et de la Caroline qui n'ont pas repri leurs plumes d'amour. La mue commence chez lesGallinacés : leurs parcs sont jonchés do plumes, surtout ceux des Poules de Crèvecœur et de la Flèche. Les Faisans, les Hoccos et les grands Echassiers sont un peu plus tardifs à muer. En général , pendant la mue , les divers Oiseaux ne nous ont point paru moins manger qu'à l'ordinaire, leur chiffre de consonnnation des di- verses graines a été le même que celui des mois précédents. Quoique leur plumage soit terne, iiérissé, facilement caduque, ce qui en rend l'aspect peu flalieuraux >eux, les animaux ne nous ont point paru pour cela plus tristes l'I moins allègres : ils sont aussi vifs et aussi lestes à fuir lorsqu'on veut les prendre. I*endant la nuie, la mortalité des Oiseaux a été beaucoup moindre (jue pendant la ponte ; et chose contraire à bien des croyances, la ponte a été presque aussi abondante que précédemment. Le nombre des (inifs obtemis en juillet pour les r.allinacés s'est élevé à 1225. Ces considérations nous |K)rteraient l\ penser que la mue n'est point pour les Oiseaux aussi à redouter ([u'on le croit généralement, ou du moins ce phénomène mérite d'être soumis à une étude faite de plus près et à une observation spéciale. IL Incubation. — Nous avons continu»; à obtenir des éclosions de nos In- cubations, soit par les Poules, soit parles couveuses artificielles. De ces der- nières, la grande couveuse anglaise dite de Cantello, que le Jardin tient d'un don de .^L de Catters, est celle qui jusqu'à présent a donné les meilleurs résultats. Nous avons eu aussi à nous louer des couveuses de MM. Carbon- nier el Dubuis, mises par leurs auteurs en expérimentation au Jardin. Si le nombre des œufs fécondés est le même à toutes les époques de l'année, les couveuses artificielles offrent le double avantage d'avoir toujours à discrétion des poulets jeunes et tendres, et d'obtenir des poules un plus grand nombre d'œufs, en supprimant le temps perdu, pour la ponte, des incubations. 11 est bien à désirer aussi que cette question de l'utilité des incubations artificielles soit expérimentée de nouveau , avec les lumières que lui peuvent porter les progrès nouveaux obtenus dans l'étude du calorique. A propos des œufs fécondés, nous ne voulons pas dissimuler que de nombreuses réclamations nous ont été adressées sur les œufs clairs ou infé- conds c|ui se sont trouvés parmi ceux fournis par le Jardin. .Mais nous ne pensons pas avoir été au-dessus de la proportion ordinaire aux établisse- ments qui sont dans les mêmes conditions que le Jardin zoologique du bois de Boulogne. L'administration du Jardin s'est empressée de faire droit à toute réclamation qui lui est parvenue, et de remplacer les œufs dont on se plaignait. Mais il en est résulté pour elle la conviction que cette question JARDIN ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. /jSJ (le la l'écoiulation des œufs est une de celles qui méritent d'être signalées à l'attention des membres de la Société qui s'occupent de l'élève des Oiseaux puisque les œufs sont le grand canal de l'acxlimatalion. Nous recevons avec reconnaissance tous les renseignements relatifs aux diverses circonstances qui peuvent influer sur la fécondation des œufs. IIL Mortalité. — Eu Mammifèies, nous n'avons perdu que quelques Lapins et un Agouti. Treize Poules sont mortes dont cinq Crèvecœur, trois Hollandaises. La maladie à laquelle succombent nos Gallinacés est toujours l'affection pseudo-membraneuse des mois précédents, dont nous avons offert ini spécimen de développement dans les réservoirs aériens, à l'Académie de médecine, séance du 30 juillet (voy. Gazette médicale]. La cautérisation par le nitrate d'argent, opposée à ces fausses membranes, nous paraît, par l'exa- men anatomique des parties que nous avons pu faire après la mort, un mau- vais moyen. Le nitrate d'argent se combine avec le tissu de la production morbide, et forme une croûte grisâtre, très adhérente, qui substitue un ob- stacle à un autre à l'entrée des voies respiratoires ; nous préférons la solu- tion ou insufflation d'alun, ou un mélange de miel rosat, 3 grammes, avec 1 gramme d'acide hydrochlorique. tV. Dons faits au Jardin. — Une Biche d'Algérie, une Gazelle dorcas, femelle, et son jeune, 3 Béliers à grosse queue, Ix Autruches, par le général khérédine, ministre de la marine du bey de Tunis; 3 Moutons noirs, par AL Gindre ; une Biche de France, très apprivoisée, par M. le duc d'Uzès ; 2 Phascolomes latifrons, par :\1. Aluëller de Melbourne ; un Tatou cachiman (octocinctns) , de AL Lascazes, de Montevideo ; 2 Pigeons russes noirs, de AL Pomme ; des Grues et des Sansonnets, de M. Sacc ; 5 petites Tortues palu- (\me^{Emijs guttata), de M. dePuydt ; une Tourterelle de la Guadeloupe; un Coq de combat des Antiffes, vingt fois vainqueur dans des combats à mort, et surnommé à cause de cela, Zouave ; sa Poule ; un Coq et une Poule caraïbes, dits de Aladère, par M. II. d'Escamps; 2 Agoutis et un Paca, par M. Bataille. Le nombre de ces dons et la diversité de leur provenance montrent l'intérêt qu'inspire partout le Jardin d'acclimatation. V. Magnanerie. — Une éducation un peu tardive du Bombyx Mori a été expérimentée sur 15 grammes de graine à cocons jaunes et 15 grammes à cocons blancs de Vers à soie des Balkans (Bulgares;, envoyés par AI. Emile Nourrigat. Ces Vers, recueiffis en juin 1860, par les procédés de conserva- lion particuliers à AL Nourrigat, sont éclosdu 20 au 2û juillet, à la chaleur natiu-elle de l'appartement ; déjà ils ont accompli leurs deux premières mues, leur éducation marche bien. Ils n'ont présenté, jusqu'à présent, aucune trace de maladie. Les homhi/x Cecropia ont accompli leur évolution en sept sejuaines et donné 32 beaux cocons. Nous en avons perdu une dizaine. Nos Bombyx Arrindia et Cynthia vera, ainsi que leurs métis, ont tous donné de beaux cocons. Ouelques essais d'électrisatiou faits sur des Bombyx Mori déjà malades, Zl32 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. afin de les exciter et de réveiller leur appétit, n'ont pas eu le succès. qu'on en attendait. Voici les poids coniparatiis de divers cocons des différents Vers ù sole , dans des pesées faites par nous: Bombyx Cecropia Cocon fiais et plein 8 grammes. - — Cynlhia vera — plein, un peu sec. . . 2 gram. 4/2. — id — vide 1/2 gramme. — Arrindia — plein et sec 1 gram. 4/2. — id — vide 4/2 gramme. Métis — plein 4 gram. 4/2. Bombyx Mon — sec et plein 4 gramme. — id — vide 4/5'' de gramme. Bombyx Mori japonais. ... — sec et vide . 4/5*= de gramme. Nous ferons observer que les cocons des Vers à soie japonais, quoique moins gros que ceux de la plupart des autres Vers à soie du Alilrier, sont néanmoins du même poids, plus fermes et d'une couleur plus foncée. VI. Jardin. — La température moyenne a été de 13 degrés à six heures du malin, et de 20 apr«^s midi. Mlnima, 9 ; maxima, 26. Plusieurs plantes du jardin d'essai sont en pleine floraison. Le Chenopo- dium {Quinoa du Pérou), le Pe-tsaï (Épinard de la Chine), le Pak-lsaï (Chou de Chine), plusieurs espèces de Pois et de Lentilles de l'Inde ; VOxalis crennta, la Patate sucrée, et plusieurs variétés de Pommes de terre. Le Concombre calebasse de la Guyane est d'une végétation extraordi- naire ; il commence à fleurir et fait espérer des fruits. Le Tabac de Maryland a réussi au delà de toute attente ; ses feuilles ont 0'",80 de long sur 0"',ZiO de large. Sa floraison est belle et promet d'excel- lentes graines. C'est une espèce à recommander. L'ensemble du Jardin, sous sa parure de Roses Irémières [Althœa rosea), excite l'admiration des visiteurs, et doit remettre à la mode ces belles plantes garnies de larges fleurs aux couleurs si vives et si variées, et qui, sans qu'on puisse dire pourquoi, ont été trop mises en oubli. VIL Conférences. — Les conférences qui ont eu lieu pendant ce mois, dans le salon des Serres, tous les jeudis, à trois heures, ont été faites par AL Dupuis, Sur les arbres résineux ;\)air M. 0. Réveil, Sur les différentes sortes de laits ; par j\L le docteur Pigeaux, Sur l'utilité des Oiseaux insec- tivores ; et par le directeur :M. Ruifz de Lavison, Sur l'oologie des Oiseaux du Jardin. Le Directeur du Jardin zoologique d'acclimatation y Le D"" RuFZ DE Lavison. I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ. RAPPORT SUR LE MÉMOIRE DE M. LAMIRAL RELATIF A L'ACCLIMATATION DES ÉPONGES DANS LES EAUX DE LA FRANCE ET DE L'ALGÉRIE, AU NOM DE LA COMMISSION COMPOSEE De MM. Drolyn de Lhuys, président, J, Cloquet, A. Dlméril, Focillon, SlMÛKNET, HE MaISONNEUVE, Eug. PÉREIKE, de QUATREFAGES, et L. SOUBEIRAX, rapporteur. (Séance du Conseil du 14 août 18GI.) Dans les séances des 17 et 31 mai 1861, un de nos con- frères, M. Lamiral, a lu deux mémoires, l'un, sur la pèche et le commerce du Corail; l'autre, sur la pèche et le commerce des Eponrjes usuelles, et sur leur naturalisation siir les côtes maritimes françaises. A la suite de ces deux importantes communications, la Société a nommé une Commission pour lui faire un rapport sur les diverses propositions contenues dans les deux mémoires de M. Lamiral. Cette Commission a été composée de MM. Drouyn de Lhuys, président; le docteur Cloquet, A. Duméril, A. Focillon, Simonnet, de Maisonneuve, E. Péreire, de Quatrefages et J.-L. Soubeiran. Si nous examinons ce qui se passe sur les côtes de l'Algérie, où la pêche du Corail se fait sur une grande échelle, nous remarquerons d'abord que cette pêche, autrefois privilège exclusif des Compagnies françaises, a été depuis abandonnée par nos nationaux, et est aujourd'hui en grande partie entre les mains de pêcheurs étrangers (250 barques en 1850). N'y a-t-il aucun moyen de remédier à cet état de choses, et de rendre à notre patrie une source de production qu'on pcul évaluer annuellement à quinze millions de francs environ? Pouvons-nous arriver à restituer à l'industrie française une T. VIIL — Septembre 1861. 28 A3Zi SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. branche autrefois productrice, et que nous avons actuellement laissée passer, presque en entier, entre les mains d'étrangers, principalement des Génois et des Napolitains? Les études aux- quelles M. Lamiral s'est livré nous permettent de répondre affirmativement, et l'emploi de ses bateaux plongeurs (dont l'utilité pour tous les travaux sous-marins est démontrée par une expérience déjà prolongée) (1) permettra une récolte plus facile et plus abondante du Corail, aux profondeurs où on le rencontre. Non-seulement, en faisant usage de ces bateaux, on pourra lutter victorieusement avec les pêcheurs étrangers, qui viennent, chaque année, sur nos côtes algé- riennes, mais on évitera la déperdition d'une quantité énorme de Corail, que les personnes, qui ont suivi cette récolte, éva- luent aux neuf dixièmes du produit obtenu. En abandonnant les procédés grossiers dont les pêcheurs disposent aujourd'hui, on substituera à l'emploi d'engins barbares, qui brisent et arrachent indistinctement tout ce qu'ils rencontrent, mais laissent échapper presque tous les débris qu'ils ont faits, celui des bateaux plongeurs qui permettent une cueillette raisonnée, et l'on fera un choix heureux, en épargnant les jeunes Coraux, et recueillant au contraire les vieux troncs, qu'épargnent trop souvent les instruments. La facilité avec laquelle on explorera les régions sous -marines donnera le moyen de repeupler certains rochers, qui offrent les conditions les plus favorables au développement du Corail, et pour ces tentatives on trou- vera les meilleurs renseignements près d'un de nos savants confrères, M. Lacaze-Duthiers, chargé en ce moment d'une mission particulière, au sujet du Corail, par S. Exe. le Ministre de la guerre. Notons, en passant, que l'usage des bateaux plongeurs pourra facihter singulièrement les études du savant chargé d'étudier cette importante question du Corail. Du reste, en 185(5, dans un rapport à la Société (t. III, p. 213), M. Focillon, répondant aux questions faites par Son Exe. le Ministre de la guerre, a déjà démontré aussi nettement que (1) Voyez les rapports de MM. Trotté de la Hoche (18^7), Charles Diipin (18Zi9), Félix Leblanc (1850), le Chatelier (185^), Clément delà Roncière le Noury (1857), Reech (1857), l^'ocillon (1857, etc.). ACCLIMATATION DES ÉrONGES. /l35 possible, la possibilité de réglementer la pêche du Corail, de la rendre aussi fructueuse que possible, et il a rendu évidente la possibilité de l'exploitation méthodique des bancs natu- rels, et de la création de bancs artificiels dans des conditions favorables à leur exploitation ultérieure. Les bateaux sous- rnarins, dit M. Focillon, nous semblent devoir résoudre, mieux qu'aucun autre procédé, le problème, et l'on peut dire qu'au- cun essai ne paraît plus désirable que celui des bateaux sous-marins apphqués à la pechc du Corail. La question relative aux Éponges offre au moins une importance aussi grande que celle de la pêche du Corail, et même elle rentre plus directement encore dans la nature des travaux pour lesquels notre Société s'est constituée. En effet, dans le projet de M. Lamiral, il ne s'agit pas seulement d'aller sur les côtes de Syrie faire une active concurrence aux Svriens et aux Grecs, qui, sur leurs sarcolèves, vont chercher, pour la consommation de l'Europe, une quantité d'Épongés dont le prix s'élève annuellement à plusieurs milhons. Sans contredit, l'exploitation des rochers à Éponges, faite d'une manière méthodique au moyen des bateaux sous-marins et de scaphan- dres, serait un progrès immense à tous les points de vue, car il permettrait la récoUe des Éponges dans les conditions les plus favorables pour leur conservation, mais surtout on éviterait les graves accidents qui menacent à chaque instant la vie des plongeurs. Le but que se propose M. Lamiral est plus grand encore, car il veut tenter la naturalisation des Eponges sur nos côtes algériennes, et doter ainsi notre pays l'une industrie nouvelle, tentative que l'emploi de ses bateaux plongeurs peut seul rendre praticable. En eflet, il sera facile, parleur usage, de détacher des fragments de rochers chargés (l'Eponges, sans léser ces êtres précieux, et en transportant avec tous les soins convenables (l)ces dépouilles opimes arra- (1) La Commission pense que le transport des Éponges demandera beau- <:oup de soins, et que des précautions toutes particulières seront nécessaires pour cdecluer dans de bonnes conditions le transport des Éponge?. On ne devra i)as oulilierque, de tous les animaux marins, les Éponges sont ceux qui décomposent le plus rapidement Tcau dans laquelle on les conserve. Le ( A36 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMÂTATION. chées aux rivages syriens, de les transplanter, en quelque sorte, sur nos côtes algériennes. Ces essais donneront-ils des résultats satisfaisants, et pouvons-nous espérer de voir un jour notre colonie dotée d'une nouvelle source de richesse? Dans l'état actuel. Userait sans doute prématuré d'affirmer la réus- site absolue, mais cependant nous pouvons espérer; caria nature des eaux, de composition identique dans les diverses régions de la Méditerranée, des conditions analogues de tem- pérature, et la présence de courants très puissants sur les côtes de l'Algérie, permettent de supposer que des êtres, d'une vitalité aussi profonde que les Éponges, pourront subir victo- rieusement l'épreuve de la transplantation. Du reste, tant que l'expérience ne sera pas venue donner sa sanction aux espé- rances que l'on peut concevoir, il est prudent de se main- tenir dans une sage réserve ; mais, ne la prenons pas dans ses limites extrêmes, et de crainte d'un échec, ne nous condam- nons pas à l'inaction. Rappelons-nous que, sans doute, nous aurons, dans un avenir prochain, à inscrire les résultats d'une première expérience de naturalisation des Eponges; car, on annonce que le général Garibaldi vient de faire déposer, dans les eaux de l'île de Caprera, des Éponges qu'il a fait venir de Syrie, et dont il veut tenter l'acclimatation. Quelles localités seront le plus favorables à de semblables expériences? Pourrons-nous voir les Eponges se développer sur les côtes rocheuses de la Méditerranée, depuis le cap de Cruz jusqu'à Nice, autour des îles de Corse et d'Hyères, ou dans certains lacs ou étangs salés de nos départements médi- terranéens ? Quelles parties de nos côtes d'Algérie pourra-t-on choisir avec le plus de chance de succès ? C'est ce que l'ob- servation attentive des diverses localités , la comparaison minutieuse des conditions qu'elles présentent avec celles des côtes où croissent naturellement les Éponges, pourront seules moyen qui lui semble le plus convcnahlc serait de placer dans des filets (métalliques ou non) les fragments de rochers chargés d'Épongés, et de les fixer à Tarrière du navire, de telle sorte qu'ils soient cntoui'és d'une eau sans cesse renouvelée, en même temps qu'ils seraient plongés assez profon- dément pour ne pas ressentir les changements de la température extérieure. s ACCLIMATATION DES ÉPONGES. 437 décider. Mais le critérium par excellence sera toujours et seule- ment dans l'expérience, et dès aujourd'hui votre Commission pense qu'il y a le plus grand intérêt à suivre de semblables essais. Comme les Éponges se développent très bien dans les localités où se font sentir des courants très rapides, qui ont surtout l'avantage de renouveler incessamment l'eau qui Jiaigne ces êtres précieux, votre Commission pense que Ton peut instituer, avec de grandes chances de succès, des expé- riences sur les côtes de l'Algérie où les courants se font sentir avec une grande puissance, et, par contre, elle pense qu'il faut être très réservé sur l'espoir de succès dans des tentatives qui seraient faites dans les lacs salés, puisqu'une des conditions qui semblent les plus essentielles au développement des Éponges, le mouvement de l'eau n'y est que très peu marqué. En résumé, considérant les services que l'emploi des bateaux plo)igeurs \)eui rendre et rend effectivement dans l'exploitation des régions sous-marines, considérant l'importance des pro- positions contenues dans les deux mémoires de M. Lamiral, votre Commission pense qu'il y aurait le plus grand intérêt à : 1° AppHquer les bateaux plongeurs à la pêche méthodique 4 t du Corail et des Eponges, dans les localités où ces produits se rencontrent naturellement. 2° Tenter la naturalisation des P^ponges du Levant, soit sur les côtes de nos départements méditerranéens, soit sur quel- ques points de la côte algérienne, dans les parties rocheuses de la baie de Tunis : par exemple, entre Cherchell et Ras-el- Mouch, au cap Matifou, entre Delly et Bougie, ou bien encore aux îles Hal)iba, à l'entrée deDjidjelli, au cap Bugaroni, ou vers le cap de Fer. Le Conseil, après avoir entendu la lecture de ce rapport, a décidé : 1° Qu'il serait inséré dans un des plus prochains numéros du Bulletin (voyez page /i69). 2" Qu'il serait transmis à LL. Exe. les Ministres de l'agri- culture et du commerce, et de la marine et des colonies. SUfl QUELQUES ESPÈCES DE MAMMIFÈRES QUI ONT EXISTÉ EN FRANCE ET QUI ONT DISPARU OU SONT DEVENUES TRÈS RARES, Par IVI. le baron de IVOIR^IOXT. (Séance du 14 juin 1861.) La contrée que nous appelons la France, et que les anciens nommaient la Gaule transalpine, devait, dans les temps primi- tifs, offrir une ressemblance frappante avec les contrées les plus sauvages de l'Amérique septentrionale. Le sol, couvert de forêts vierges (1), de vastes marais et de landes désertes, nourrissait des troupes innombrables d'animaux sauvages. Outre les espèces qui vivent encore, bien réduites en nombre dans les dél)ris clair-semés de nos bois, ces immenses solitudes étaient parcourues par des animaux qui n'existent plus que dans l'extrême nord des deux continents, et dans quelques recoins oubliés de notre territoire, ou qui ont même entière- ment disparu de la surface de la terre. VUnis gigantes({ue et le liison baii)u, l'Elan, le Cbeval sau- vage erraient en liberté du Pdiin aux Pyrénées et des Alpes à l'Océan. Le Bouquetin et le Lynx descendaient sans crainte juscfu'au pied des montagnes dont les sommets les plus escar- pés ont à peine i)U les préserver d'une entière destruction, et le Castor se jouait dans les cours d'eau qui baignent aujour- d'hui nos cités les plus opulentes, y compris la petite rivière qui a conservé son nom au sein de l'orgueilleuse capitale de notre France (2). (1) César donne à la sente forêt dos Ardcnnes (en langue celiique ArcJen, a profonde) 500 milles romains on /lOOO siades d'élendne (800 kilomè- tres). Strabon irouve ce cliillie exagéré. 11 reconnaît cependant que cette forêt couvrait tout le pays des :\Iorins (Boulonnais), des Alrébates (Artois), des Éburons (pays de Liège) et des ^lénapiens (Gueldres). (2) La Bievre. SUR QUELQUES MAMMIFÈRES QUI ONT DISPARU. ZjBO Nous allons essayer de retrouver les traces fuiiitives qu'ont laissées dans l'histoire ces Mammifères dont quelques espèces ont entièrement cessé d'être, comme VUrus, tandis que les autres ont quitté notre sol, ou n'y sont plus représentées que par un nombre de jour en jour plus petit d'individus. § I. — Espèces disparues. 1° Le Cheval sauvage, — Le professeur Froriep, dans son Tableau des races de Chevaux (1), émet l'opinion qu'une partie des Chevaux de l'Europe septentrionale et occidentale a pour ancêtres une race de Chevaux sauvages de grande taille à poil noir et crépu, qui aurait habité dans des siècles reculés les Alpes, le Jura, les Ardennes, les Vosges, les bassins de l'Escaut, du Rhin et de la Meuse, la forêt Noire, le Harz elle Thiiringerwald. Du temps de Strabon (i" siècle de notre ère) il existait encore des Chevaux sauvages dans les Alpes ; mais Pline, qui écrivait moins d'un siècle après Strabon, n'en signale plus qu'en Scythie et en Germanie (2). Il n'est point resté d'autres traces de ces animaux, qui auront probablement été réduits de bonne heure à un état d'entière domesticité. 2" L'Élan {Cervus alces). — L'historien Polvbe, contem- porain et ami des Scipions, nous apprend « qu'il naît dans les Alpes (3) un animal d'une forme singuhére : il ressemble à un (1) Dans ce tableau, en langue allemande, _AI. Froriep admet rexistence de plusieurs espèces de Chevaux sauvages dont la descendance, par ses croisements, aurait formé nos races domestiques. Cette opinion est contraire à celle de beaucoup de nos naturalistes. (2) Strabon, Géographie, liv. IlL — Pline, Hist. natur., liv. \LU. Du temps de Strabon il y avait aussi des Chevaux sauvages en Espao-ne. Au xr" et au xii'' siècle, il s'en trouvait en Ilelvétie et en Poméranie où leur chair était un aliment recherché {Les Alpes, par Frédéric de Tschudi Strasbourg, 1859; — Glossaire de du Gange, v" Fi:rl\a). Des ponevs sau- vages erraient encore au xvr siècle dans les montagnes de PEcosse et dans les Orcades, et auxvnj^'enSardaigneCvoy. Bullon, Hist. natur. du Cheval). (3) -M. Troyon a trouvé des bois d'Élan dans les lacs de la Suisse, parmi les débris des habitations sur pilotis que construisaient les peuples primitifs de ces contrées. {Habitations lacustres des tei)ips anciens et modernes, Lausanne, 1800.) hhO SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. Cerf, si ce n'est que par le cou et le poil il tient du Sanglier. Cet animal porte sous le menton une caroncule de la forme d'un cône, velue à l'extrémité, longue à peu près d'un empan et aussi grosse que la queue d'un Cheval (1). » Cette description, qui nous a été conservée par Strabon (2), est infiniment plus exacte que celle de VAlce de la forêt Her- cynienne donnée par César, dans laquelle on a voulu recon- naître l'Élan, quoiqu'il n'y ait guère que le nom qui s'y rap- porte {Elch, en vieil allemand; ^Eh/, en suédois). VAlce de César, animal à demi fantastique, dont les jambes n'ont pas d'articulations, est de la taille d'un Chevreuil. Il est privé de cornes, et sa robe est mouchetée comme celle du Faon (3), tandis que l'Elan est aussi grand qu'un Cheval de carrosse, que son poil est d'un brun noirâtre uniforme, même pendant le jeune âge, et que les bois plats et dentelés qui surmontent la tète du mâle sont les plus vastes de ceux qui caractérisent le genre Cerf (Zi). Pausanias, écrivain du \f siècle de l'ère chrétienne, parle de r^/A'e comme tenant du Cerf et du Chameau (5). Le mâle porte des cornes au-dessus du sourcil, tandis que la femelle n'en a point; il naît au pays des Celtes (6). L'Élan était déjà fort rare dans les Gaules à cette époque ; car cet historien ajoute qu'on ne le rencontre jamais que par hasard, en poursuivant d'autres animaux. Pour joindre cet bète défiante et douée d'un odorat très subtil (7), les Gaulois (1) La caroncule gutturale est un des caractères spécifiques de TÉlan. Linné, qui connaissait bien cette espèce en sa qualité de Suédois, la désigne par la formule de Ccrcus cornibus acaulibus , palmatis ^ caruncula gutturali, (2) Géographie, liv. IV. (3) César, De bello gallico, lib. VI. {U) Il est singulier que Polybe ni Pline ne parlent des bois si remar- quables de l'Élan, et que César en nie Texistcnce. (5) Il y a en effet une vague ressemblance entre le port de FÉlan et celui du Chameau. (6) Pausanias, in Mliacis et in Bœoticis. (7) Les récils des chasseurs américains nous affirment en effet que le Moose du Canada, qui est le même animal que notre Élan, est très défiant cl très difficile ù surprendre, à cause de la finesse de son odorat. 1 SUR QUELQUES MAMMIFERES QUI ONT DISPARU. klli entouraient parfois de traqueurs une enceinte de 1000 stade? (200 kilomètres) ; les chasseurs, en se resserrant, finissaient par cerner VAlké, qui cherchait en vain un refuge dans les rochers et dans les fourrés les plus impénétrahles. Depuis Pausanias on ne rencontre plus aucune mention de rÉlan dans nos contrées, ni dans les pays voisins, sauf celui que le héros Siegfried tua dans l'Odemvald, non loin de la rive droite du PJiin, d'après le vieux poëme allemand des Niehe- lungen. Buffon et plusieurs autres naturalistes ont cru que le Renne avait existé dans nos montagnes jusqu'au xv' siècle. Ils étaient induits en erreur à ce sujet par un passage du Traité de vénerie de Gaston Pliœhus, défiguré par l'imprimeur Yérard (1). Nous n'avons aucun indice certain de la présence du Piennc dans les Gaules, quoique César décrive d'une manière assez con- fuse comme hahilant la forôl Hercvnienne, en Germanie, un animal dans lequel on a cru le reconnaître, et qu'il paraisse certain qu'il a vécu des Piennes en Angleterre jusqu'à une époque relativement récente (2). Il n'est pourtant pas impos- sible que le Renne soit descendu en hiver jusque dans les forêts de la Gaule, puisque dans la saison froide, il étend ses coursesjusquesurles bords de la Kouma, bien au sud d'Astra- khan, par /|5 degrés de latitude (3). 3° Le Bison et fUrus. — La Gaule nourrissait dans ses forêts séculaires deux espèces de Bœufs sauvages, V Unis et le Biso?î (II), mentionnés tous deux par les anciens. Une troisième (1) Dans le Phœbus de Vcrard, imprimé à la fin du xv^' siècle, on fait dire à raiiteur, au sujet du Rangicr ou Renne : « J'en ai veu en Morienne » et Puedene onltrenier, mais en liomain pays en ay-je plus veu » , tandis que les manuscrits portent : « J'en ay veuz en Nouruègue et en Xuedene et en » ha oultremer, mes en romain pays en ay-je pou veuz. » (Voy. l'édition de ]M. J. Lavallée). (2) Voy. Pharon Turner, History of the Anglo-Saxons, (3) Bévue des Deux-Mondes, t. XXXIF. (6) lUifTon croyait à l'existence en Europe de deux espèces de Bœufs sau- vages, l'une à bosse, le Bison, l'autre sans bosse, VAurochs. Cuvier, après avoir constaté que le Bison de Buflbn n'était qu'un vieil Aurochs màlc, au garrot saillant et chargé de poils, avait commencé par soutenir qu'il n'y hh^ SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMÂTATION. espèce n'est connue que par les ossements trouvés dans les lacs de la Suisse et les marais de la Picardie. On la nomme Bœuf des tourbières. Quelques naturalistes y voient l'ancêtre de l'espèce domes- tique. Cette opinion est combattue par d'autres savants (1). Selon le professeur Riitimeyer, qui a étudié les os trouvés en Suisse, parmi les débris des villages lacustres, le Bœuf des tourbières était de petite taille ; ses membres étaient grêles, son front boml)é et ses cornes courtes, fortes et recourbées en avant de manière à diriger les pointes vers le sol ('2). VUriis (3) était, d'après César et Pline, un animal d'une force et d'une vitesse prodigieuses, sa taille ne le cédait qu'à celle de l'Éb'pbant, et ses cornes atteignaient des dimensions énormes. 11 était semblable au Taureau ordinaire pour la forme et la couleur (/i). Le Biso7î des anciens est l'animal que les Allemands mo- dernes apiicUent Aurochs (Bœuf des landes), et auquel les naturalistes ont appliqué le nom de Bos unis. Les Germains le nommaient Wisent. C'était un Bœuf de grande taille (5), remarquable surtout par son épaisse crinière et la barbe touf- fue qui pendait à son menton (6). Les cornes étaient d'une grandeur médiocre, son poil laineux et de couleur brune. Le avait jamais eu dans nos climats qu'une ospccc de Bœufs sauvages, V Aurochs {Dict. des sciences naL, t. V). Il modifia plus tard cette opinion, et admit deux espèces, V Aurochs et YUrus des anciens, dans lequel il voyait la souche de nos Bœufs. {Xotes sur i^line, édition Lemaire.) (1) Il est reconnu aujourd'hui que le Bœuf domestique ne descend ni du Bison (Bos imts), ni de VUrus (Bos primigenius). (2) Untersuchung, etc. : Recherches sur les restes d'animaux trouvés dans les hatntations lacustres de la Suisse, par le docteur lUitimeyer, 1860. (3) Cet Crus est le Bos primigenius des zoologistes, et VUr des Ger- mains. {[\) César, De hello gallico, lib. VI. — Plinii Hist. natur., lib. VIIL D'après ce dernier, deux cornes d' C/rws • pouvaient contenir une urne de liquide, environ 12 pintes, ancienne mesure de l^iris. Le naturaliste Gesner dit avoir mesuré une corne d't/r'is suspendue depuis des siècles dans la cathédrale de Strasbourg et lui avoir trouvé quatre coudées de longueur. (5) 3'", 25 de long sur l'",95 de hauteur au garrot. (G) Jubatos bisoiUes. (Plinii Hist., lib. VIII}. SUR QUELQUES MAMMIFÈRES QUI ONT DISPARU. M3 garrot s'élevait en forme de bosse, surtout chez les vieux mâles, qui exhalaient une forte odeur de musc (1). Le Bison, ou Aurochs, aA'ait quatorze paires de côtes, tandis que l'espèce domestique n'en a que douze, et son front était convexe au lieu d'être concave. Dès le temps de Pline, le vulgaire ignorant confondait ces deux espèces sous le nom de Biibalus, dont nous avons fait Buffle, et qui appartenait légitimement à une espèce d'Antilope à qui les modernes l'ont restitué (Antilope bubalis) (2). Des ossements provenant du Bos wus et du ^05 primige- nius ont été trouvés sur plusieurs points de notre territoire, notamment dans les tourbières de la Somme et des Pvrénées. César et Pline avaient les premiers décrit YUrus et le Bison des forêts de la Germ.anie. Strabon parle de Bœufs sauvages habitant les vallées des Alpes, sans en spécifier les caractères distinctifs (3). A propos d'un vers de Virgile où YUrus se trouve mentionné : Silvestres uri assidue capreaeque sequaces.... {Géorgie, lib. IL) Servins, grammairien du v" siècle, nous apprend que, de son temps, ces animaux se trouvaient dans les Pyrénées. « Les Urus sont des Bœufs sauvages qui naissent dans les monts Pyrénées, entre la Gaule et l'Espagne. Ils sont plus grands que tous les autres animaux, excepté l'Eléphant. Leur nom vient des montagnes (octuô twv opwv) qu'ils habitent (h). (1) Du nom de Bison dérive, à ce qu'on croît, le mot Bisam, musc. (2) « Ouibusimperilicm \ulgus Buhalorum nomen imponit. » (Pline, lib. MIL ) Il est assez remarquable que ce même nom de Buffle {huffalo) a été attribué par les Anglo-x\méricains au Bison des prairies {Bos americanus). (3) On a conservé à Saint-Gall, en Suisse, un Livre des bénédictions composé au xr^ siècle par le moine Ekkcliard. Le bénédictin y a transcrit en vers latins les prières que les rebgieux de son couvent prononçaient sur chacun des mets servis à leur table. On y voit figurer trois espèces de Bœufs sauvages : V Aurochs, le Bivuf des bois et le W'isent. V Aurochs doit être ici VUrus ; le Bœuf des bois paraît être le Bœuf ordinaire, vivant à Tétai sauvage. (Voy. Les Alpes, par xM. F. de Tschudi.) (Zi) Mauri Servii Honorati commentarii in Bucoiica , Georgica et JEneidem Virgilii. hlill SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLDIATATION. Macrobe,ami et collaborateur de Servius, prétend avec plus de raison que le mot Unis est d'origine gauloise (1). Les chroniqueurs et les hagiograplies nous ont conservé maintes anecdotes sur les Buffles que chassaient les rois francs ; c'est sous cette dénomination impropre qu'ils con- fondent YLrus et le Bison. Ghildebert I", fds de Clovis (2), poursuit dans les forêts du Maine un Buffle qui se trouve avoir été apprivoisé par le saint ermite Karilef. Le légendaire a soin de faire remarquer que cet animal était déjà fort rare dans les forêts de l'Ouest (3). Théodebert \% roi d'Austrasie, neveu de Ghildebert, périt en 547 à la chasse au Buffle, a II rencontra, dit Agathias, un de ces Taureaux sauvages de montagne qui attaquent de leurs cornes tout ce qui se trouve devant eux, et qu'on nomme, je crois, Bufffes {hubalos). )) Le terrible animal, s'élançant tête baissée sur le roi, brisa un arbre dont la chute blessa mortel- lement Théodebert. Gonlran, roi d'Orléans et de Bourgogne (h), chassant un jour dans les Vosges, trouva les restes d'un Buffle fraîche- ment tué. Quoique ce fût le plus pacifique et le plus humain des rois mérovingiens de cette époque, il entra dans une l\irieuse colère. Le forestier chargé de la garde du gibier royal accusa de cet attentat Ghundo, chambellan du roi. Gelui- ci nia le fait et demanda à prouver son innocence par le duel judiciaire. Un de ses neveux descendit dans la lice à sa place, et combattit le forestier. Les deux champions s'entre-tuèrent ; mais ce double meurtre ne suffît pas pour assouvir la fureur de Gontran : il fit saisir Ghundo, qui cherchait un asile dans l'éghse de Saint-Marcel de Ghàlon, et le fit lapider (5). Ce ressentiment implacaljle est une preuve de la rareté des Buffles dans le royaume de Gontran. (1) Macrobii SaturnaUum lib. IV. (2) Roi de Paris de 511 à 558. (3) Vita S, Karilef, cité par M. de Montaleinbcrt , Histoire des moines d'Occident y t. IL (U) De 562 à 593. (5) Gr(jgoire de Tours, Hist, des Francs, liv. X. SUR QUELQUES MAMMIFÈRES QUI ONT DISPARU, Zi/i5 Fortunat, évoque de Poitiers, qui vivait sous le régne de Clotaire l", a chanté dans ses vers l'adresse du veneur franc qui frappe le Buffle robuste entre les deux cornes (1). Saint Pol de Léon, vers la même époque, fait rentrer dans les forêts de l'Armoriquc un Biiff7e qui avait renversé et mis en pièces la cabane construite par un moine auprès de la fon- taine où s'abreuvait d'habitude cette bête farouche (*2). Le légendaire, auteur de la vie de saint Ferréol, qui convertit au III'' siècle les habitants de la Séquanie, prétend trouver l'éty- mologie du nom de Besançon ( Vesiintio) dans celui d'un Bison ou Wisent, rencontré dans la forêt désorte où s'éleva plus tard cette ville (3). La loi salique, rédigée au vif siècle, punit de douze sols d'or d'amende le meurtre d'un Bison ou d'im Buffle appri- voisé. Lorsque les ambassadeurs du calife Haroun al Raschid vin- rent trouver Charlemagne à Aix-la-Chapcllo (807), ce grand empereur voulut leur faire voir une chasse aux Vrus ou Bi- sons (h) dans les environs de sa résidence. Il y fut légèrement blessé d'un coup de corne à la jambe, et les Orientaux eurent grand'peur (5). Louis le Débonnaire, lils de Charlemagne (6), fonda le mo- nastère d'Inde, à trois milles d'Aix-la-Chapelle, dans un lieu où se plaisaient les Cerfs, les Chevreuils et les Buflles (7), C'est la dernière fois que nous ayons connaissance de ces animaux sur la rive gauche du Rhin. Il est môme probable que, dès cette époque, on n'envoyait plus que dans des parcs et des forêts réservés où ils étaient gardés soigneusement pour les chasses du souverain. C'est dans cette condition que les (1) « Seu validi hiifali fcrit iiilcr comua campum.» (Du Cin^Qy Glossaire, V*^ BUFALUS). (2) Histoire des moines d'Occident, t. IT. (3) Du Gange, v° Visox. (Ix) « Caroliis advcnalioiicm riisontiuin rc / Uronini in nemus ire parât. » {Vie de Charlemagne, par le moine de Saint-Gall.) (5) Ibidem. (6) Empereur d'Occident de 81Zi à 8/i0. (7) Ermold le Noir, Poème sur les gestes de Louis le Pieux. !lll6 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. Aurochs existaient en Allemagne au siècle dernier, et que les derniers descendants de cette puissante espèce de Mammifères ont été conservés jusqu'à nos jours sous les futaies immenses de la forêt de Bialowiez en Lithuanie, où l'empereur de Russie en fait prendre les plus grands soins (1). L'expression à'Urus ou Bisons employée par le moine de Saint-Gall semble indiquer qu'au ix' siècle on confondait ces deux espèces d'animaux, et qu'il n'en existait plus qu'une, probablement celle du Bison, appelé encore Aurochs par les Allemands. Cependant le Livre des bénédictions du couvent de Saint-Gall (xf siècle) distingue VUi'us du Wisent, et dans le \}o'éme des Niebelwnjen, Siegfried, chassant dans l'Odenwald, tue d'abord un Bison (Wisent), puis quatre Urus (Ure). On ignore à quelle époque Y Urus a entièrement disparu de la face de la terre. Albert le Grand, évèque de Ratisbonne au xiif siècle, confond VUrus avec le Wisent, tout en lui attri- buant ces cornes immenses qui formaient son caractère distinc- tif le plus saillant (2). Divers auteurs du xvf siècle rapportent qu'il y avait de leur temps dans la forêt de Wyskitca, en Mazovie, une i^ace de Bœufs sauvages de la même forme et à peu près de la même taille que les Bœufs domestiques, mais ayant tous le poil noir avec une raie blanche le long du dos. Ces animaux portaient, en langue polonaise, le nom de Tw\ tandis que les Bisons qui se trouvaient à la même époque dans la Prusse orientale, en Lithuanie et en Podohe, étaient désignés dans les diverses langues slaves par le nom de Ziibr ou de (1) D'après une note très curieuse de jM. le génc'ral Cliazal, insérée dans la Vénerie française de ]\1. le baron Lecouteux de Canteleu, l'espèce serait près de s'éteindre. En 1855, il n'y avait plus dans la forêt de Bialowiez qu'une quarantaine d'individus plus ou moins dégénérés, malgré la sollici- tude dont les entouraient les agents de la couronne. L'entrée delà forêt est interdite sous les peines les plus sévères , de nombreux gardes en ont la surveillance, et déposent dans l'intérieur du bois la nourriture que les Aurochs préfèrent. (2) « Uri sunt boves quos germanicè Visent vocamus, cornua ingentia duo gestantes, per quaî capere possint multum liquorem. » (Alberti iNlagni De animal, commentar. XX.) SUR QUELQUES MAMMIFERES QUI ONT DISPARU. llM Zumhro, et se distinguaient parleur bosse et leur crinière (1). Quelques naturalistes ont pensé que le Tnr était VlMis; d'autres y ont vu le Bœuf ordinaire resté ou retourné à l'état sauvage. Cuvier croyait que le Tu?' était le Buffle {Bos ôu- èahis), qui vit à l'état domestique en Italie, en Grèce et dans l'Orient (2). Le Bison des anciens, V Aurochs des modernes (Bos ti7'us)^ existait au xviii'' siècle en Pologne, dans quelques cantons de l'Allemagne et dans les monts Carpathes et en Moldavie. Il disparut en Allemagne pendant la guerre de sept ans (1756 à 1763) (3), sauf quelques-uns conservés dans des parcs prin- ciers, qu'on s'amusait à faire combattre contre des chiens ou arlaitement construites pour préserver du froid eu hiver et des trop fortes chaleurs en été. Les Cochons anglo-chinois commencent aussi à détrôner les fameux porcs deDunahourg, et je crois que l'on s'en trou- vera bien. Il y en avait chez le grand-duc Nicolas de fort beaux qui venaient de notre dernière exposition; une laie, entre autres, suivie d'une nombreuse famille. Enfin, dans le district de Krestzy, gouvernement de Novo- gorod, M. Albert Kempé a fondé un étal)lissement très remar- quable pour l'élève des Lapins, et en particulier du Lapin argenté. Ces Lapins, qui se reproduiraient plus facilement peut-être dans les gouvernements plus méridionaux, donnent, dans les circonstances actuelles, des peaux plus belles et plus fournies de poil que partout ailleurs. Les i)eaux de Lapins de la même espèce, que l'on importe d'Angleterre en grandes quantités, sont plus petites et moins estimées; elles ne se vendent que 60 kopecks argent (2 fr. /iO c), tandis que celles des Lapins de M. Kempi'' sont enlevées sur les marchés à raison de 85 kopecks (3 fr. liO c.) la pièce. La faisanderie du grand-duc Nicolas à Znamensuoé est aussi la plus belle de toutes celles qui commencent à Vétablir en Russie. Les constructi qui ont leur importance,, et que je signale tout spécialement à l'attention de la Société, car ils sont dignes de ses encouragements. En Crimée, on tente la domestication de l'Outarde, mais on n'a pas encore obtenu un grand succès. Quant à la pisciculture, vous apprendrez avec plaisir qu'elle est fort avancée, et plusieurs propriétaires, montant cette entreprise sur une grande échelle, tirent déjà un fort beau revenu des Poissons qu'ils ont élevés. Au premier rang se montre M. Yladimir Yrassky. Non-seu- lement il a fait des essais de tous genres (essais récompensés PROGRÈS DE l'acclimatation EN RUSSIE. Zi6i en 1858 par une médaille d'or, du comité de Moscou), mais encore son établissement de Nicolsk, près Valday, dans le gouvernement de Novogorod, fournit à la consommation du poisson en abondance. Prolitant de l'heureuse disposition de sa terre, il a construit des bassins et des courants d'élevage, ainsi que des viviers où nagent des Poissons jadis étrangers à la province, et qu'il y a amenés dans des caisses de son inven- tion et dont on lui a concédé le privilège. Grâce à ces appareils, il a pu faire parcourir ta ses Poissons des distances de plus de 3000 verstes, de la mer Caspienne chez lui; il a aussi imaginé un moyen d'empêcher les œufs d'éclore avant le moment opportun. 11 est temps que je vous parle maintenant delà Société d'ac- climatation de Moscou. Il en a été en Russie comme en France : les éleveurs et les naturalistes, après avoir chacun tenté des efforts séparés, ont compris que leur œuvre était une œuvre de temps, et qu'il fallait que les générations futures pussent continuer sans interruption les travaux de leurs devanciers. Ils se sont donc réunissons les auspices deTunde vos élèves, de M. Bogdanoff, le jeune et savant professeur d'histoire natu- relle de l'université de Moscou, et sous la haute protection du plus jeune frère de l'Empereur, de S. A. I. le grand-duc Nicolas. L'Impératrice mère avait pris un grand intérêt à ces travaux, et à sa mort elle légua à la Société de Moscou un magnifique parc qu'elle avait dans cette ville, le parc de Neskoutschnœ, d'une contenance de près de 60 hectares. C'est là, sur les bords de la Mosko^va, que Ton va construire un jardin zoologique, où petit à petit on réunira tous les animaux et les plantes utiles non-seulement de la Russie, mais encore du globe. Vous comprenez de quehe utilité sera ce dépôt, non- seulement pour les Russes, mais pour les autres jardins zoo- logiques, pour lesquels il est presque impossible, comme j'ai pu l'éprouver, de se procurer les animaux du pays. Quant à moi, j'ai cherché à vous procurer quelques animaux russes et me suis occupé des moyens de faciliter les transports. Grâce à l'intérêt que prennent à toutes ces transactions S. Exe. le duc de Montebello, notre ambassadeur, et son lils M. Gustave llQ'2 SOCIl-TÉ BIPÉllIALE ZOOLOGIOLE d'ACCLIMATAïION. x\e Montebello, attaché à Tambassade, je crois que nos échanges s'eftectiieront facilement. M. Bogdanoll' m'a déjà fait espérer qu'il nous enverrait avant peu des Poules, des Chevaux sau- vages de la Tartarie, etc., etc.; il tachera d'avoir pour nous quelques-uns de ces Coqs de bruyère nés en faisanderie. Je termine avec l'espérance que celte esquisse rapide aura suffi pour attirer l'attention de la Société sur les noms de tous ces savants et amateurs distingués, si dignes d'encouragements de tous genres. Je n'en ai pas fini cependant avec ce sujet, et bientôt peut-être, le reprenant avec plus de détails, je tâcherai de compléter ce mémoire, et de réparer tout oubli involontaire. Que ne peut-on remonter aussi facilement à la source de tant de bonnes choses, dont la postérité jouit cliaque jour, quoique ayant laissé retomber dans l'ombre le nom de ses bienfaiteurs î Nous tacherons de n'en pas faire autant pour les acclimateurs russes. Je crois qu'il est difficile de rencontrer plus de bonne volonté ([ue je n'en ai trouvé chez eux ; soyez sûr que de mon côté je ferai tous mes efforts pour entretenir ces relations et les rendre utiles et profitables à l'un et à l'autre empire. Veuillez agréer, etc. H. P. PicnoT. DE LA MULTIPLICATION DES TORTUES DE MER DANS LA :^IÉDlïEimANÉE, Par :^ï. €. S4LLES, Cnpitainc nu Ion? cours, Membre honoraire de la Société d'Iiorliciiltiiro ilc Marseille. (Séance du 17 mai 1861.) Tortue francJie d'Europe. — Tortue caoueume de la mer Rouge à Mayotte. Les pêcheurs vulgaires, et môme tous les peuples en général, considèrent à tort la mer comme inépuisable dans ses produc- tions. Partant de là, ils pèchent à tort et à travers, sans souci aucun de la reproduction et de la conservation des espèces, sans faire grâce au fretin, aux œufs et aux femelles pleines: la Tortue souflre spécialement de ces procédés destructeurs. L'excessive fécondité des habitants de la mer , le nombre Incoinmensurahle de leurs œufs et Timmensité des mers , donnent à cette croyance d'inépinsabilité une certaine raison d'être, en apparence ; mais en réaUté l'expérience prouve que les causes de destruction sont si grandes aussi, qu'elles vien- nent faire équilibre pour les espèces les plus prolifiques et les mieux douées de moyens de reproduction (telles que le Hareng, la Morue, le Maquereau, la Sardine, etc.), chez lesquelles, toutefois, un amoindrissement de nombre se fait remarquer déjà, tandis que, par contre, les es])èces destructives, telles que les Phoques, les Squales, les Marsouins et autres petits cétacés, aux({uels Thomme fait trop peu la chasse, s'accrois- sent d'une manière très percei)tible. Ceci est un fait que j'observe depuis trente-cinq ans de navigation. Il n'y a pas un Phoque ou un Marsouin qui ne consomme journellement de 20 à 25 Ivilos de poisson d'espèces utiles à Fhomme; la pêche des espèces destructives, qui toutes produisent de l'huile, peut seule prévenir la décadence des espèces comestibles citées. àQll SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Revenons à la Tortue de mer, celle de la Méditerranée, que nous pouvons voir figurer sur nos marchés pour peu qu'on veuille s'en occuper, et cette Tortue d'Europe lutte contre ses ennemis avec un acharnement qui mérite vraiment notre protection. Je n'apprendrai rien de nouveau h la Société en disant que la Tortue de mer est un mets exquis, sain et nutritif, fort cher et réservé aux tables aristocratiques, d'Angleterre surtout, où les paquebots en apportent régulièrement de tous les points du globe. On sait aussi que dans tout l'archipel des Antilles, à Maurice, à la Réunion et bien ailleurs, la Tortue de mer forme une partie de la viande de boucherie, d'une manière permanente, et que dans beaucoup de pays il y a des parcs à Tortues qui donnent Heu à un commerce considérable. Seu- lement tous ces parcs sont approvisionnés par la pêche vulgaire sans discernement, et ne sont que des dépôts; nulle part je n'ai vu s'y occuper de la multiplication de l'espèce, excepté tou- tefois à l'île de l'Ascension, où l'on respecte les œufs et où l'on protège les jeunes jusqu'à ce qu'elles aient acquis assez de dureté de carapace pour être à l'abri des griffes et des dents de leurs nombreux ennemis. Là est tout le secret et toute la question que j'oserai soumettre à la Société d'acclimatation en lui exposant avec quelle facilité nous pouvons manger la Tortue de mer à Paris, aussi bien aux Antilles et en Angleterre. Xous avons à notre porte, sous la main, dans la Méditerra- née, une des meilleures espèces qui est douée d'une telle vitalité dans le pays, que si l'on considère le nombre de ses ennemis et son impossibilité presque absolue de pouvoir leur dérober une seule ponte sur des côtes partout habitées, on sera étonné que l'espèce ne soit pas complètement détruite au lieu d'être encore assez nombreuse ; car on ne fait jamais une traversée d'été dans la Méditerranée sans prendre à la main quatre à six Tortues, sans se déranger de sa route. Cette espèce est la même que celle de Madère, des Açores et des Canaries ; son plastron est jaune-serin verdâtre ; la carapace est couvertede plaques cornées de couleur marron, veinées en longueur de nuances' plus claires : ces plaques n'ont aucune MULTIPLICATION DES TORTUES DE MER. ^65 valeur comme écaille. Les plus grosses Tortues de cette espèce ne dépassent guère 50 à 60 kilos : nous l'appelons vulgaire- ment Tortue franche ou commune. Elle est omnivore, vit de varecs, d'Encornés, Sèches et Polypes; spécialement de l'es- pèce Méduse et Galère à crête. Son estomac est multiple comme celui des ruminants. Je fais cette observation, parce que dans les Tortues de mer, il y en a de trois catégories : les carnivores, les omnivores et celles purement herbivores. Celles-ci sont les plus délicates de goût et ont cinq estomacs très distincts, à papilles différentes, dont le premier, vers le bec, est armé de pointes coniques aiguës, capables de blesser la main par une simple contraction. La grosse Tortue caouanne, qui habite la mer Rouge, les Maldives, les Seychelles, l'archi- pel de Madagascar, etc., appartient à cette catégorie; elle atteint le poids de 200 kilos et plus ; sa chair est supérieure en qualité à celle du bœuf. Ses plaques, surtout chez le mâle, sont transparentes, minces, mouchetées de blanc et jaune vif sur fond noir et brun, très grandes et propres au plaqué. Notre île de Mayotte est évidemment propre à la multipHca- tion de cette espèce précieuse qui y existe naturellement. La Tortue caret (celle qui fournit l'écaillé à peignes) appartient à l'espèce Carnivore ; son bec est tranchant comme celui de l'aigle , et l'estomac destiné à digérer le poisson n'est qu'un sac ou simple conduit. Sa chair n'est pas agréable au goût ni à l'œil, et occasionne la diarrhée. Cette espèce, qui nage avec une grande vitesse, fait une guerre d'extermination aux jeunes Tortues de l'espèce herbivore, quand elles sont encore molles. Il suffît de connaître le mode de propagation des Tortues de mer et les causes qui y font obstacle, pour y obvier, ce qui est très facile : il n'y a qu'à protéger les nids et la couvée. Les Tortues de mer sont ovipares et pondent à terre plu- sieurs milliers d'œufs blanc jaunâtre, presque ronds, à coque coriace non cassante; leur grosseur varie suivant l'espèce, depuis celle de l'œuf de petite poule à celle de l'œuf de pigeon. La grosseur de l'œuf est relative à chaque espèce ; elle est la même pour deux femelles de même espèce ditTérant beaucoup de taille entre elles, seulement la plus grosse et la i)lus vieille T. VIII. — Seiacmbre ISiJl. 30 Zi66 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. en pondra un nombre beaucoup plus grand que la jeune. Ceci est commun aux reptiles. La ponte dure plus d'un mois, et la Tortue mère descend à terre chaque nuit pour y déposer ses œufs sur le sable sec au-dessus du battement de la plus haute mer; elle les recouvre de sable, et retourne à la mer avant le jour chaque matin. La ponte finie, elle ne revient plus à terre et abandonne le tout à l'incubation des rayons solaires. On conçoit qu'un nid appartenant à une bête lourde qui imprime fortement sa trace sur un sable mouvant est facile à trouver. Le premier ennemi est l'homme hal)itant de la côte ; ce qui échappe à l'homme est trouvé par les chiens, chacals et autres animaux carnassiers, très friands des œufs de Tortue. Si le hasard a permis qu'un dépôt d'œufs ait échappé à ces ennemis- là et que l'incubation arrive à éclosion, les jeunes Tortues qui, au sortir de l'œuf, sont grosses comme de petites gre- nouilles et aussi mohes, deviennent la proie d'une myriade d'oiseaux de mer et de terre, tels que les Émouchets, Milans, Fous, Phaétons et Frégates, pendant le trajet du nidcà la mer. Celles qui auront éclos pendant la nuit et réussi à se mettre à Ilot rencontrent encore là de nouveaux et implacables ennemis sous forme de Squales, de Crabes, Murènes et autres poissons voraces,y compris la Tortue caret. Ces jeunes Tortues molles, sans vitesse et sans défense, deviennent la proie de tous les liabitants de la mer, de l'air et de la terre, et je suis persuadé qu'il ne s'en échappe pas quatre par mille de tous ces dangers! Ceci soit dit des îlots inhabités de la zone torride, les plus favorables à l'espèce. Que sera-ce donc pour notre Tortue franche de la Méditerranée, qui se débat contre la presque impossibihté de trouver un heu inhabité du littoral propre à y déposer sa progéniture? Un peu de protection pour elle ; que l'on sauve seulement la ponte d'une demi-douzaine de femelles par an, et la Médi- terranée fourmillera de Tortues! Il suffit de les protéger comme des poulets, comme œufs, pendant le temps où elles sont molles ; la carapace une fois endurcie, elles sont sauvées de tous les ennemis cités. Quelques parcs disposés à cet effet sur la cote de l'Algérie, la Sardaigne, la Corse, et surtout les MULTIPLICATION DES TORTUES DE MER. 467 Baléares, qu'elles affectionnent, suffiraient pour multiplier à l'infini la Tortue franche de la Méditerranée. Une s'agit point là d'acclimatation, fespèce y existe naturellement. Elle s'acharne même à y vivre, malgré des obstacles innombrables, et aurait succombé aune totale destruction, si quelques îlots inhabités, tels que Alboran et quelques autres de la Méditerranée , n'avaient préservé et sauvé quelques rares couvées. La Tortue franche d'Europe peut fournir une source d'alimentation saine, déhcate et abondante; son huile (gras fondu), riche d'iode, a une propriété cicatrisante extraordinaire pour les blessures. Ce gras ne se mange pas, il donne mauvais goût. Pour cette espèce du pays (la Tortue franche) , si la Société veut, elle peut la multipher à l'infini comme on muhiphe la volaille ; il ne s'agit que de garder quelques femelles en parcs pendant la ponte, de protéger les œufs et les jeunes Tortues jusqu'à ce qu'elles soient dures. Ces mêmes parcs sont utili- sables pour d'autres espèces. D'une pure multiphcation certaine d'espèce préexistante et aborigène à l'aide d'une simple protection, je passe à l'accli- matation dans la Méditerranée de la reine des Tortues de mer, la Caouanne. Je laisse de côté toutes les autres espèces, bien (qu'elles aient du mérite à divers titres. L'espèce Caouanne me paraît mériter la préférence sur toute autre par les raisons suivantes : 1'' par le goût exquis de sa chair, sa grosseur et sa quahté, son écaille à placage; 2° parce que, habitant la mer Rouge, elle habiterait probablement la Méditerranée, si les deux mers communiquaient ensemble ; 3" parce que l'espèce étant herbivore pure, si les herbes de la Méditerranée ne lui convenaient pas (ce qui reste à savoir), nous sommes sûrs de la posséder à Madagascar et surtout à Mayotte, où les récifs plats de cette île peuvent, à très peu de frais, devenir des parcs immenses d'approvisionnement pour la France et l'Europe par les paquebots de Suez après la coupure de l'isthme et même auparavant, si Ton veut. Quelques'points de la côte d'Abyssinie pourraient aussi se prêter à la propagation de cette grosse et excellente Tortue, qui est propre à faire l'objetd'un commerce d'alimentation très lucratif, dont nous sommes plus à même /i68 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMâTATION. qu'aucune autre nation de profiter et que nous pouvons inaugurer. Il ne faut que vouloir pour la Tortue franche d'Europe. Quant à la Tortue caouanne, rien ne prouve qu'elle se refuse au régime de la Méditerranée, on peut l'essayer. Les Tortues d'eau douce, de petite taille généralement, sont toutes d'une délicatesse de goût qui rivalise avec la volaille; les espèces sont nombreuses et en majeure partie originaires de pays chauds. Je les passe sous silence, et me borne à signaler à la Société d'acclimatation une espèce verte rayée jaune, à cou très long et à pattes demi-palmées, qui vit dans les rivières et bayons de la Louisiane, de la Virginie et de la Caroline (États-Unis). Cette espèce ayant la facuUé de s'en- terrer dans la vase pendant les longues et fortes gelées de ces pavs, je la suppose propre à réussir et susceptible de s'accli- mater dans nos rivières, étangs et marais d'Europe où la tem- pérature est identique. Si la Société prenait en considération ces notes sur la Tortue et qu'elle voulût se procurer la Caouanne, je puis lui aOirmer que sur les îlots de Jean de Nova, Coëtivi, la Provi- dence, j'ai rempli des barriques d'œufs de Tortue caouanne, où Ton peut prendre les femelles à terre. Le mâle, qui est beaucoup plus petit et ne descend jamais à terre, peut être pris sur les récifs de ces îles avec le petit flottant appelé folle. Quant à la Tortue franche de nos pays, on peut, avec le premier bateau venu, s'en procurer à volonté dans les Baléares. III. EXTRAITS DES PR0CES-VER5AUX DES SÉANCES DU CONSEIL DE LA SOCIÉTÉ. SÉA>'CK DU 1/i AOUT 1861. Présidence de M. Is. Geoffroy Saint-Hilaire. Le Conseil admet au nombre des membres de la Société : MM. Barbet, ebef d'institution, à Paris. Carmier (Louis), propriétaire, à Boulogne-sur-Mer. Caron (Henri) , membre de la Société botanique de France, propriétaire, à Bulles, par Clermont (Oise). r Racotta (Constantin) , directeur de l'Ecole nationale d'agriculture de Panteleimon,prèsBucbarest(Valachie). Saint-Amour (Jules) , ancien député du Pas-de-Calais , à Saint-Omer. Spinelli (François), des princes de Scalea, à Xaples. — M. le Président informe le Conseil de la perte regret- table que la Société vient de faire de deux de ses membres, MM. Duffour-Dubergier, de Bordeaux, et A. Gibert, de Beauvais. — MM. Baillet, Godeaux et de la Brosse Flavigny adressent leurs remercîments pour leur récente admission. — S. A. L l'archiduc Ferdinand Maximilien d'Autriche, par une lettre datée de Miramar, le 17 juillet, fait parvenir à la Société la nouvelle assurance du haut intérêt qu'il porte à ses travaux. — M. L. Soubeiran donne lecture d'un rapport présenté au nom de la Commission nommée dans la séance générale du 31 mai, pour l'examen des propositions contenues dans le mémoire communiqué par M. Lamiral, dans la séance du 17 mai, sur les avantages que peut offrir l'acclimatation des Éponges sur les côtes de l'Algérie. Les conclusions de ce rapport sont adoptées par le Conseil, qui décide qu'il sera inséré dans un des plus prochains numéros du Bulletin (voyez page /i33) et transmis à LL. Exe. les Ministres de la marine et des colonies, et de l'agricuUure et du commerce. A70 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. — Notre confrère M. le docteur Schnepf écrit d'Alexandrie, le 20 juillet, pour annoncer que l'Institut égyptien, dont il est le secrétaire, applaudissant à la pieuse pensée de la Société impériale d'acclimatation de rendre un éclatant hommage à la mémoire de Daubenton, en érigeant une statue à cet illustre naturaliste, prie la Commission d'accepter son offrande comme un témoi^naîïe de son admiration pour le- savant et le bien- faiteur de l'humanité. — La correspondance renferme plusieurs autres lettres qui prouvent également le sympathique empressement avec lequel l'appel fait par la Société a été généralement accueilli en France et même à l'étranger. La Société académique de l'Aube, la Société des sciences naturelles de Semur, la Société d'agriculture de Mclun, ont généreusement pris part à la souscription. — M. Drouyn de Lhuys fait parvenir plusieurs communica- tions relatives au môme sujet, savoir : 1" Un numéro du Recueil des actes administratifs du déjjartement de l'Oise, dans lequel, après avoir annoncé à ses administrés l'ouverture de la souscription, M. le Préfet leur rappelle les titres de Daubenton à cet honneur exceptionnel, et leur fait savoir que les souscriptions seront reçues, pour l'ar- rondissement chef-lieu, au secrétariat général de la préfecture et pour les autres arrondissements, à la sous-préfecture. 2° Le numéro du 6 juillet du journal la Haute Auvergne, renfermant un article de M. Richard (du Cantal) qui adresse aux cuhivatcurs de cette région une invitation chaleureuse à souscrire pour la statue de Daubenton. 3° Une circulaire envoyée à MM. les membres des Sociétés et des Chambres d'agriculture, des Comices agricoles, des Aca- démies et des Sociétés savantes du Nord et du Pas-de-Calais, par M. J. Saint-Amour, ancien député, qui amis tout son zèle au service de cette œuvre de reconnaissance nationale. — Notre délégué à Constantinople, M. Dufour, écrit k la date du 1'' août pour assurer également son bienveillant concours. — M. le Président donne ensuite communication d'une note qui lui a été adressée par M. Drouyn de Lhuys, et qui est PROCÈS-VERBAUX. /Î7l relative à un essai cracclimatation tenté aux îles Sandwich, il y a environ vingt ans. « Nous avions, dit l'auteur, porté aux îles Sandwich, de France, du Chili, du Pérou et du Mexique, un grand nombre de plantes et d'animaux utiles. J'avais commencé près d'Hanna- roura un jardin de naturalisation, mais n'étant point maître de choisir l'exposition et sans cesse occupé d'autres soins, je n'ai obtenu que de médiocres succès. M. Vignes, culti- vateur attaché à l'expédition française, a continué mes expé- riences avec beaucoup plus d'avantages. Il a, en ce moment, sur sa plantation, des Pommiers, des Poiriers, des Pruniers, des Abricotiers, et surtout des Pêchers qui poussent à mer- veille. La Vigne, dont nous avions apporté des plants de Bor- deaux, lui a déjà donné des fruits. Il m'annonce qu'il a obtenu de bonnes récoltes de Froment et d'Orge, ce k quoi je n'avais pas pu réussir. M. Vignes cultive principalement le Maïs, qui lui donne trois récoltes par an, et la Canne violette dont il fait du Rhum. Sa propriété est d'environ 200 hectares. D Pendant mon séjour en Gahfornie, j'ai envoyé à mes com- pagnons des Bœufs, des Chevaux et d'autres animaux en assez grande quantité. M. Vignes est le seul éleveur de Dindons, il en possède déjà plusieurs centaines, et les vend fort cher. Ce produit est en ce moment la branche la plus importante de son revenu. J'étais loin de prévoir cette source de fortune, mais j'avais pensé (ce qui s'est vérifié) que ces animaux ren- draient un grand service à l'agriculture, en détruisant les insectes qui dévorent, en certaines saisons, les jeunes pousses de rindigotier et d'autres plantes précieuses que nous avons importées à AVahoo. » — Notre confrère M. Honoré écrit de Trouville,le 12 août, pour offrir à la Société un Axis femelle né et élevé chez lui, au bord de la mer. M. Honoré a pendant longtemps possédé toute une famille de cette belle espèce qui s'était parfaitement reproduite. — Ce don est accepté avec reconnaissance. — M. le docteur Delbet, de retour à Constantinople d'une première excursion dans l'Asie Mineure, en renouvelant ses bienveillantes offres de services pendant l'exploration qu'il doit h72 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMÂTATION. continuer prochainentent de ces contrées asiatiques, fait par- venir quelques renseignements sur les Chameaux employés au transport du sel des grands lacs intérieurs, jusque sur les bords de la mer de Marmara et de l'Archipel, et sur les Chèvres d'Angora. Ces derniers sont complètement d'accord avec ceux que la Société a déjà recueillis dès l'origine sur ce sujet. — M. le docteur Clos, directeur du jardin des plantes de Toulouse, écrit qu'une Chèvre d'Angora de cet étabhssement, après avoir été saiUie, en l'absence d'un mâle de même espèce, par un Bouc métis de Chèvre commune et d'Égagre, dépourvu de cornes, a donné deux petits, mâle et femelle, dont la toison est presque aussi blanche et aussi fine que celle de la mère; ils ont des cornes comme elle, mais, comme le nicàle, ils por- tent deux petits appendices charnus en forme de glands. M. Ramel transmet les nouvelles récentes qu'il a reçues d'Austrahe sur le troupeau d'Alpacas de M. Ledger qui est tou- jours à Arthursleigh. Les animaux se portent admirablement et répondent complètement aux espérances de M. Ledger. Non- seulement les pertes éprouvées à l'arrivée, par suite d'une nourriture insuffisante, ont été comblées, mais on peut cons- tater un rapide accroissement. Le troupeau comptait, au départ de la dépêche, 379 têtes. Les toisons d'Alpacas envoyées d'Austrahe par M. Ledger à M. Titus Sait, de Bradfort, n'ont pas été trouvées inférieures a celles de l'Amérique du Sud. — S. Exe. M. le Maréchal gouverneur général de TAlgèrie, par une lettre du 7 août, adresse ses remercnnents pour le Taureau de la race sans cornes Sarlabot, don de M. Dutrône, qui, selon le désir du donateur, a été offert par la Société au jardin d'acclimatation d'Alger, et que M. le gouverneur o-énéral accepte avec reconnaissance pour cet établissement. — M. le Président met sous les yeux du Conseil le portrait, envoyé par M. Noël Suquet, de l'une des jeunes Autruches obtenues par lui au jardin zoologique de Marseille. Ce por- trait était joint à la lettre qui accompagnait le rapport adressé par M. Suquet sur cette remarquable éclosion d'Au- truches, la première qui ait eu lieu en France. (Voyez au Bulletin, page 382, pour le Rapport.) PROCÈS-VERBAUX. 473 — M. le comte de Galbert fait hommage à la Société d'une paire de Canards ressemblant au Canard de Barbarie pour le plumage, mais différant de celui-ci parle goût non musqué de la chair, qui est ferme et rappelle celle du Canard sauvage. Notre honorable confrère assure que cette variété est très féconde, et fait communément trois couvées par an, si l'on a soin de lui enlever ses petits. — M. Drouyn de Lhuys communique : 1° une lettre de M. le docteur Sacc, sous la date du 16 juillet, par laquelle notre dévoué délégué l'informe que M. Bataille, de Cayenne, lui annonce comme très prochain l'envoi de plusieurs couples d'Agamis et de Hoccos, et met ces oiseaux à la disposition de la Société ; 2° une lettre par laquehe M. le marquis de Béthisy lui fait connaître les résuUats d'un essai d'éducation de la Perdrix Cambra, provenant des œufs distribués par la Société. — M. Gohin, qui a reçu également de ces œufs, annonce que l'incubation en a parfaitement réussi, et que les Perdreaux, déjà arrivés aux deux tiers de leur grosseur, s'élèvent très bien. — M. le comte de Nattes-Yillecomtal offre ses services pour des essais d'accHmatation et de propagation d'Oiseaux et de Mammifères de petite taille et de chasse dans le midi de la France. — M. Barthélemy-Lapommeraye écrit de Marseille, le 20 juil- let, pour informer la Société de l'arrivée déjà annoncée de cinq Gouramis vivants envoyés de Maurice par notre dévoué confrère M. Liénard, et confiés aux soins de M. le docteur Perrot, qui s'en est occupé avec la plus grande solhcitude pen- dant toute la traversée. • — M. Jomard appelle l'attention de la Société sur l'avantage qu'offrirait, selon lui, l'accUmatation du Harmout du Nil, poisson dont la chair est excellente ; il pense que S. X. le prince Halim prêterait volontiers son concours à cette accli- matation. M. le Président rappelle, à cette occasion, qu'il a aussi indiqué comme utile à acclimater, un autre poisson du Nil, d'une autre famille, le Ci/pr. binmj (Binny des Arabes), au sujet duquel existe ce dicton : a Si tu connais meilleur que moi, mange-le. t> hJà SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIM^TATION. — M. de Marignan, secrétaire du Comice agricoledeBayonne, adresse la réponse de ce Comice au Questionnaire sur la Vipère. — M. Drouyn de Lhuys transmet une lettre qui lui a été adressée par M. Poujade, et dans laquelle notre confrère, après lui avoir annoncé l'envoi d'une certaine quantité d'œufs de petite Outarde, et l'arrivée prochaine d'un échantillon de graine de Ver à soie de Valachie de première qualité, exprime son opinion sur l'importance qu'il y aurait pour notre industrie séricicole, si souvent trompée, qu'une Commission fût envoyée, chaque année, en Valachie, pour faire faire elle-même sous ses yeux les graines nécessaires à nos éducations. — M. Centlivres, qui a élevé en Suisse des Vers à soie du Mûrier du Japon provenant des graines enYoyées par M. Du- chesne de Bellecourt, fait connaître les résultats satisfaisants qu'il en a obtenus, et assure que cette race est très digne d'être expérimentée de nouveau et avec soin par les sériciculteurs. — M. Léon Maurice, délégué à Douai, adresse une centaine de cocons vivants de Vers del'Ailante pur et de métis d'Allante et du Ricin, qu'il a élevés à l'aide des feuilles du Bhus coriaria, et signale à l'attention de la Société ce fait remarquable d'une éducation parfaitement accomphe avec un végétal que celte espèce avait paru vouloir refuser jusqu'à présent. Ces cocons ont été déposés à la magnanerie du Jardin d'acclimatation, ainsi que le constate une lettre du directeur, M. Piufz de Lavison, en date du 11 août. — Notre confrère M. Cassicourt rend compte d'éducations du Ver de l'Ailante ayant donné des résultats remarquables dans le département des Ardennes, et exprime le vif intérêt qu'il porte aux progrès de cette nouvelle culture en France. — M. Krieger renouvelle, à la date du 6 août, la demande qu'il a déjà adressée de cocons du Ver du Ricin destinés à ime tentative d'introduction de cette espèce au Brésil. — M. le Président dépose une Note sur les tentatives d'édu- cation d'espèces indigènes de Vers à soie delà Guyane, et parti- culièrement de celle qui se nourrit des feuilles du Francara^ ou Café du diable, faites autrefois à Cayenne par M. Beauvis. PROCÈS-YERBAUX. /[75 — M. de Beauvoys, par une lettre du 7 août, renouvelle l'assurance de son bienveillant concours pour le complément d'organisation du rucher du Jardin d'acclimatation. — S. Exe. M. le Ministre de la marine et des colonies transmet à la Société une nouvelle série de plantes austra- liennes qui lui ont été envoyées par M. Truy, agent vice-consul de France à Melbourne, au nom de M. le docteur Mueller, directeur du jardin zoologique et botanique de cette ville. M. Truy annonce à M. le Ministre qu'il espère être en mesure d'expédier avant peu, pour la Société, un couple de Native Companions, grands oiseaux aquatiques d'Australie. Les graines envoyées par M. Mueller ont été remises au Jardin d'acclimatation. — M. Ramel adresse quelques observations sur le mode de culture des Eucalyptus ole.osa Qiglobulus d'Australie. (Voyez au Bulletin,]). Al 3.) — M. Belhomme, chef du jardin botanique de Metz, adresse à la Société un petit sachet de graines d'Esparcette des rocailles [Onobrijchis petrœa), sur laquelle il avait antérieurement envoyé une Notice publiée au Bulletin (page 212). Il y joint des épis d'une autre plante fourragère des hautes montagnes de Sicile {Secale montanwn, Juss.) dont il recommande égale- mentla culture dans les terrains secs, où elle atteint une hau- teur de l'",50. Cette plante fourragère, dit-il, peut donner plusieurs coupes, vu sa croissance rapide. Très estimée des chevaux et des moutons, elle se plaît à toute exposition, et se multiplie par ses graines qu'elle produit en abondance vers le mois d'août. Si le sol était humide, il serait bon de semer au printemps, dans la crainte de les perdre en hiver. Dans les terrains secs, si l'on sème à l'automne, les pieds fleurissent l'année suivante. — Notre confrère M. Laborde, de Bayonne, par une lettre du 2 août, confirme les renseignements qu'il avait fait déjà parvenir sur la fabrication d'une boisson de Sorgho dont l'usage se répand de plus en plus dans le pays qu'il habite. — Notre confrère M. Galland, de Ruffec (Charente), fait pan-cnir une Notice sur un appareil qu'il a imaginé avec /|76 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. M. G. Yribaud, pour assurer la conservation des céréales et des légumes féculents. — M. Brierre, de Riez, adresse un nouveau Rapport accom- pagné de dessins à l'huile, sur les Pois jaunes de Péking et sur diverses autres plantes exotiques. — M. Gauldrée Boilleau écrit à M. Drouyn de Lhuys, de Qué- bec, le 2(5 juin 1861, une lettre dont nous extrayons le passage suivant : porl et par décret du 14 août, l'Empereur a nommé chevalier de la Légion d'honneur M. Jacquemart (Frédéric), membre du Conseil de la Société. 516 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. Des remercîments ont été transmis à M. le Ministre. . — La Société d'acclimatation et d'agriculture de Sicile, sur sa demande, transmise en vertu d'une délibération du 31 juil- let par M. le baron Anca, son président, est admise, par un vote unanime du Conseil, au nombre des sociétés affiliées à la Société impériale d'acclimatation. — M. le Président fait connaître diverses communications relatives à la souscription pour la statue de Daubenton, parmi lesquelles il signale une lettre de M. le Secrétaire général de la Société protectrice des animaux (voy. au Bulletin, page 526), annonçant la délibération par laquelle cette Société a voulu concourir à cet hommage de reconnaissance publique; une lettre par laquelle M. Drouyn de Lbuys transmet la décision du conseil général du département de l'Aisne qui, sur la proposi- tion de M. Georges, rapporteur de la commissîon d'agriculture et du commerce, a voté une allocation importante; des lettres et des circulaires imprimées qui témoignent des louables efforts faits par M. Saint-Amour dans les départements du Nord et du Pas-de-Calais, et une lettre de M. Jomard, ainsi qu'une autre de M. Mueller, écrite de Melbourne et transmise par M. Ramel. — Des remercîments pour leur récente admission sont adressés par MM. Hilaire Dugied, L. Fiolet, le marquis de la Conquista et le comte de Yega-Grande. — M. Godeau, chargé de la gestion intérimaire du consulat de France à Port-Louis et sur le point de partir pour se ren- dre à cette résidence, écrit, en date du 2 septembre, pour offrir ses services à la Société. — Des remercîments ont été adressés à M. Godeau et ses offres acceptées avec reconnaissance. — Diverses communications sont adressées par M. Ramel ; elles sont extraites de lettre de MM. Mueller et ^Yilson, du 25 juillet, et de r.^r^?/^, journal de Melbourne, de la même date. Dans sa lettre, M. Mueller, après avoir contlrmé l'opinion de M. Ramel que l'Oiseau moqueur d'Auslrahe, le Laughing Jacass (Daseio gigantea) pourrait être avantageusement utilisé comme destructeur de Serpents, annonce qu'il vient de faire trois envois ditférents par le même navire. Le premier, répon- dant au désir ({uc lui avait exprimé M. Ramel, et composé PROCÈS-VERBAUX. 517 de cinq Cailles du pays et de quatre Goat-suckcrs, est adressé à la Société impériale d'acclimatation, à laquelle il se propose de faire parvenir prochainement des Native Compaiiions. Le second, destiné à l'établissement de Regent's Park à Londres, se compose de cinq espèces de Poissons vivants du Yara. Le troisième comprend une paire de Bronze icings Pigeons (Colombes d'Australie) et une collection de graines pour le jardin d'acclimatation d'Alger. M. AYilson donne d'excellentes nouvelles des Baudets du Poitou qu'il a introduits en Australie, et envoie le catalogue des nombreux animaux que le jardin zoologique de Melbourne possède déjà. L'article inséré dans V Argus renferme un compte rendu d'une lecture publique dans laquelle M. Wilson a exposé l'historique des tentatives faites pour l'introduction du Saumon et de diverses autres espèces de Poissons en Australie, prin- cipalement à l'aide de l'aquarium installé par M. Lloyd, à bord AuLincoinshire, et uniquement destiné aux échanges de poissons vivants entre l'Angleterre et Melbourne. — M. Drouvn de Lhuvs transmet une lettre de notre hono- rable confrère M. le baron Baude, renfermant d'intéressantes observations siu' les conditions climatériques des côtes de Bretagne (voy. au Bulletiti). — M. le docteur Sacc appelle l'attention de la Société sur le Mara, vulgairement appelé le Lièvre des pampas de l'Amérique, et sur les nombreuses espèces d'animaux peu connus que l'on pourrait se procurer dans les Etats de la Plata, et qui sont mentionnés dans la relation du vovagede Burmeister. — M. Jacquemart rend compte de l'excellent état de santé dans lequel se trouvent actuellement les Lamas et les Alpacas qui lui ont été confiés, et, sur sa proposition, le Conseil décide qu'ils seront déposés au Jardin d'acclimatation. — Le Conseil vote des remercîments à M. Jacquemart pour les soins qu'il a donnés à ces animaux. — M. Bouteille, secrétaire général de la Société régionale d'acclimatation des Alpes, écrit, à la date du 21 août, pour annoncer la naissance i\\\y\ Ynl< mfde. 518 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. — M. Turrel, par une lettre datée de Toulon, le 20 septem- bre, fait parvenir quelques observations relatives à la commu- nication adressée par M. d'Esterno sur les dégâts causés par les Pics à des arbres parfaitement sains (voyez page Zi21). Nous croyons devoir citer les passages suivants de la lettre de M. Turrel, qui ont rapport à cet objet : « Je ne pense pas qu'il soit nécessaire de contrôler l'asser- tion de M. d'Esterno, j'ai la plus grande confiance dans la parfaite bonorabilité de notre confrère. » Tous les actes des animaux ont une conséquence pro- chaine ou éloignée qu'il s'agit de bien observer. Ils obéissent à cette raison émanée de Dieu même, qui s'appelle l'instinct. Ils ne font donc pas le mal pour le mal, et s'ils commettent quelque méfait préjudiciable en apparence à l'ordre établi ou à l'homme, le futur distributeur des harmonies du globe, c'est dans un but d'intérêt personnel, et non de persécution envers l'espèce humaine. » Le Pic sonde et creuse les arbres attaqués parles insectes; il trouve à cela deux avantages : le premier, de rechercher et de saisir sa nourriture, exclusivement insectivore ; le second, de se préparer une retraite, un abri pour la saison des amours. )) Or, dans les pays où les bois sont rares, et où par consé- quent il faut un singulier bon vouloir au Pic pour habiter, rien d'étonnant que cet utile oiseau, n'ayant pas à sa disposi- tion des creux préparés par les insectes dans les arbres cariés, pratique tout simplement des trous pour préparer son nid, dans des arbres sains. Mais ce travail du Pic suffît- il pour le classer parmi les animaux nuisibles? Ce serait là une injustice criante contre laquelle protesteraient tous les véritables observateurs. » J'ai du reste retrouvé dans le département du Tarn, où j'ai eu occasion de remarquer l'absence presque complète d'oiseaux insectivores et le préjudice causé à l'agriculture par leur destruction inconsidérée, les mêmes accusations contre le Pic; mais après vérification, on a reconnu l'innocence de ces intéressants forestiers. Je vous supphe donc de ne pas les condamner sans entendre leur défense. » — M. Lambert, inspecteur des forêts à Bône (Algérie), écrit, PROCÈS-VERBAUX. 519 le 3 septembre, pour offrir ses bienveillants services, surtout en ce qui concerne l'envoi d'oiseaux. — Des remercîments ont été transmis à M. Lambert. — M. L. Soubeiran donne lecture d'un Rapport présenté au nom de la Commission nommée, sur la proposition de M. le comte de Cbasteigner, relativement aux animaux destructeurs de Serpents qu'on pourrait introduire dans les Antilles. Les conclusions de ce rapport sont adoptées par le Conseil (voy. au Bulletin, page IxM). — Notre confrère, M. Simon, chargé d'une mission agricole en Chine, dans une lettre adressée à M. le Président (voyez page 527) et dans une autre dont nous devons la communi- cation à l'obligeance de M. L. Pages, annonce qu'il envoie en France, à M. le Ministre de l'agriculture, sept espèces de Poissons de Chine représentées par 12 000 sujets environ et accompagnés d'un pêcheur chinois. Parmi ces espèces se trouvent le Poisson vache, qui se nourrit d'herbe; le Li-in, si vanté ; le Ko-in, le plus exquis de tous les poissons, et le Lo-in, qui pèse jusqu'à 60 et 100 kilos, et qui vaut le Saumon. — Une lettre de M. Flury-Hérard, du 30 août, annonçait également cette expédition à M. le Président. — M. des Nouhes de la Cacaudière, dont nous avons déjà eu plusieurs fois l'occasion de signaler les travaux et les succès en pisciculture, informe la Société, à la date du 31 juillet, qu'il a présenté à l'exposition nationale de Nantes, 16 Truites de 1860 et 35 de 1861 qui y sont arrivées en parfait état, mal- gré une distance de vingt-deux heues à parcourir. Les Truites de 1860 varient de 18 à 32 centimètres, il y en a de 1859 dont le poids dépasse 500 grammes. Les Ombres-chevaliers ne lui paraissent pas avoir présenté autant de développement. — Notre honorable confrère, rectihantune erreur qui s'est glissée au procès-verbal (page 9/i du Bulletin), rappelle qu'il a demandé qu'on introduisît en France l'Aquadelle, poisson qui se multij)lie énormément et qui vit dans les lagunes de Comacchio, comme moyen de fournir un aliment aux espèces carnivores dont nous cherchons à peupler nos cours d'eau, et que l'on s'occupât de l'impnrlalion du Poisson vaclie de Chine 110 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. dont M. Simon annonce précisément Tenvoi dans la lettre mentionnée plus haut. — M. Lamiral adresse une Notice complémentaire sur Fac- climatation des Éponges, dans laquelle il présente, par des chiffres, les résultats que Ton serait en mesure d'attendre d'une entreprise hien conçue pour l'exploitation de la pêche des Éponges. 11 signale ensuite la tentative faite par M. Garihaldi, pour acclimater les Éponges sur les côtes de l'île de Gaprera. — M. le haron de Dumast, de Nancy, par une lettre du 24 septemhre, appelle l'attention de la Société sur l'utilité qu'il y aurait à tenter la multiplication des Tortues dans la Méditerranée. — S. Exe. M. le Ministre des affaires étrangères transmet une nouvelle demande adressée par l'amhassadeur de S. M. Britannique à Paris, pour l'introduction du Ver à soie du Ri- cin aux îles Ioniennes, les cocons de cette espèce qui ont été envovés une première fois par la Société n'ayant pas produit de bons résultats. — Des mesures sont prises pour qu'il soit donné satisfaction à cette demande. — M. le comte de Kercado, de Bordeaux, rend compte du succès qu'il a obtenu dans l'éducation du Ver à soie de l'Ailante. — M. le chevalier Baruffi, délégué à Turin, en communi- quant un numéro de la Gazette officielle cht royaume d'Italie, dans lequel il a publié un article sur la nouvelle Société d'ac- climatation de Sicile, fait parvenir deux échantillons de cocons de Vers du Mûrier provenant de la graine envoyée du Japon par M. Duchesne de Bellecourl, et les Rapports de M. le comte Roberti et de M. l'abbé Gualdi sur les éducations qui leur ont produit ces cocons d'une qualité très remarquable. — M. Rozay, d'Orbays l'Abbaye, adresse le compte rendu d'une éducation de Vers à soie de l'Ailante faite par ses soins. — Des communications sur le même sujet sont adressées par M. I. Baumgartner, de Loerrach (grand-duché de Bade), par M. le duc de Mortemart et par M. L. Sihert. M. Sihert donne en outre quelques renseignements sur des expériences d'édu- cations muhiples de Vers du Mûrier faites par lui à l'aide des feuilles de Scorsonère de vStrasbourg. l PROCÈS-VERBAUX. 521 — M. Bernis, président de la Société d'agriculture d'Alger, transmet, en la recommandant, une lettre de M. Liautaud, qu demande l'intervention de la Société pour faire venir du Brésil une certaine quantité de graines de Thé, destinées à la propagation de cet arbre utile en Algérie. — M. Auzende, jardinier en chef du jardin de la ville de Toulon, fait parvenir un Rapport sur le résultat de la culture des graines qu'il a reçues de la Société. — Quatre lettres de M. Brierre, de Riez, contiennent égale- ment des rapports ainsi que des dessins sur ses cultures. — M. Chagot aîné écrit pour faire plusieurs communica- tions, et entre autres pour demander des graines de diverses espèces qu'il désire envoyer à son agent au Sénégal, qui vient de faire planter 15 hectares de Coton, et désire se livrer à de sérieuses tentatives d'acclimatation dans notre colonie occidentale d'Algérie. — M. Delisse, de Bordeaux, envoie, dans une lettre du 2/i août, un petit sachet de graines à' Eucalyptus globulus, en annonçant que ses Lo-za sont en pleine fructification; qu'il a des Croton sebifenim et des Ciriers de la Louisiane qui réus- sissent parfaitement en pleine terre, ainsi que les végétaux de Chine dont la Société lui a adressé des graines. Par une seconde lettre du 6 septembre, notre confrère annonce l'envoi qu'il a fait à la Société ^ graines d'Australie qui lui sont parvenues récemment. — MM. Baltet frères , de Troyes , écrivent pour faire hommage au Jardin d'acclimatation d'un certain nombre de jeunes pieds de Lo-za, qui sont arrivés en très bon état. — M. Barba, de Réthel-lez-Sierck (Moselle), rend compte de sa culture de Melons d'Esclavonie, dont il a obtenu des résultats satisfaisants et qu'il a l'intention de recommencer, sur une plus grande échelle, l'année prochaine. — M. le Président communique plusieurs lettres adressées par des instituteurs qui offrent leur concours à la Société. Le Secrétaire du Conseil , CtUÉRIN-MÉNEVILLE. IV. BULLETIN MENSUEL DES CONFÉRENCES ET LECTURES. CONFÉREXCE DU 5 SEPTEMBRE 1861. Sur les plantes cultivées au jardin d'essai, par M. Qumou. -M. Qiiihou, jardinier en clief du Jardin zoologique, dans une promenade à travers les plantes cultivées dans le jardin d'essai , et dont la plupart lui arrivent en gi-aines et sans aucune indication, a fait ressortir la difliculté de ce genre de culture par tâtonnement, et surtout à contre-saison, à des époques tardives qui ne permettent pas à la floraison et à la fructification d'arriver à leurs termes dans nos climats. Il s'est efforcé de tirer parti de tout ce qui lui a été remis, plantant moitié en pleine terre, moitié en pots, de manière à pouvoir continuer dans les serres les cultures qui ne pourraient pas sup- porter l'hiver au dehors. Il s'est attaché surtout à montrer celles de ces plantes qui ont donné des résultais. Tels sont le Pet-saï et le Pot-saï de Chine, dont la fructification très féconde permet de recueillir des graines en abondance. Diverses sortes de Maïs, parliculièrement l'espèce donnée par le maréchal Santa-Cruz, et les Eucalyptus de l'Australie, donnés par M. Ramel, qui grandissent à vue d'œil, et promettent à l'Europe de magnifiques essences, si l'on parvient à les accli- mater. Les nombreux assistants à cette conférence ont témoigné à M. Quihou leur satisfaction pour le sens pratique et la complaisance avec lesquels il a répondu h toutes les questions qu'on lui adressait. CONFÉRENCE DU 19 SEPTEMBRE 1861. Sur les Parasites, par M. le docteur Pigeaux. Le but évident de l'existance des insectes parasites est d'abord, et avant tout, de faire faire aux substances peu assimilables un plus prompt retour au foyer central de toute vie ; aussi voyez avec quelle merveilleuse activité ils procèdent à l'endroit de tous les êtres, grands ou petits, qui eussent pu mettre des années et même des siècles à se décomposer, pour rendre leurs éléments constitutifs à l'absorption, qui est la vie de tous les êtres. Linné, je crois, a dit, peut-être avec un peu d'exagération, qu'une forêt, qu'un trou- peau de bœufs ou d'éléphants, seraient plutôt détruits ou réduits à leur plus simple expression, à leur élément primitif, par les Parasites, que par l'in- cendie ou par une bande de lions. Mais comme ce n'est pas à cette fin de tout détruire que les Parasites ont été créés par un être infiniment intelligent, il faut donc, pour mieux les connaître €t les apprécier, étudier leur tendance naturelle pour nous trouver le moins possible en antagonisme avec eux. Cherchons donc d^abord à voir si ks parasites attaquent indistinctement CONFÉRENCES ET LECTURES. 523 loiis les êtres. La négative est trop évidente pour avoir besoin d'être démon- trée : il saute aux yeux que les êtres adultes sains et vigoureux, sans en être complètement indemnes, n'y sont pas généralement en proie, et que les Parasites sévissent de préférence, et en vertu de leurs fonctions attributives, sur les êtres jeunes, faibles, malades, misérables ou chétifs, sur les plantes et sur les animaux cultivés dans d'autres conditions , d'autres climats que ceux où ils avaient d'abord été placés, ou quand ils ont été énervés par les soins même de l'homme. Nous devrons donc d'abord, et avant tout, diminuer le nombre des êtres auxquels ils s'attaquent de préférence, par une culture et des soins plus intelligents, en préférant la qualité à la quantité, en limitant notre ambition insensée de faire vivre près de nous les plantes et les animaux les moins faits pour nos climats, de cultiver dans les plaines les plantes et les animaux des montagnes, et vice versd; de moins énerver les substances qui servent à notre alimentation, par ce que l'on nomme si improprement une culture perfectionnée ; de laisser à chaque être assez d'air et d'espace pour y croître vigoureusement ; de porter plus de soins qu'on ne le fait au bon état des reproducteurs, en renouvelant les semences aux pays qui leur sont plus propices, en évitant de culiiver aussi souvent les plantes sur un même ter- rain fécondé avec les mêmes engrais, etc. Ensuite il faudra donner aide et protection aux Oiseaux, les antagonistes nés des insectes, sans en excepter un seul, jusqu'à ce que l'on sache si, malgré leur apparence nuisible, il n'existe- rait pas en faveur de leurs réprouvés ce que l'on nomme des circonstances atténuantes. Étudier avec soin la classe très intéressante et assez peu connue jusqu'ici des contre-parasites qu'on trouvera, de préférence, sinon exclusivement, dans la classe des insectes carnivores, parmi les reptiles, les batraciens, les arachnides. On pourra ensuite subsidiairement prescrire impérativement réchenillage en grand, chercher à isoler les larves des insectes qui vivent sous terre, en pratiquant des labours aussitôt après la récolte, car la lumière et la sécheresse leur sont mortelles ; dimiiuier, par le drainage, l'humidité excessive qui est si préjudiciable à la vitalité des plantes, et dès lors les voue à un parasitisme destructeur, infaillible. Nous croyons presque superflu d'engager à ne pas faire moins pour nos troupeaux, pour tous les êtres qui nous sont reliés ; nous devons nous elfor- cer de les mieux nourrir, de les mieux loger, de leur fournir de l'air en abondance, et d'éloigner d'eux les cas d'humidité ; de ne pas traiter les enfants comme les adultes, et ceux-ci comme les vieillards, etc. Il nous resterait encore à faire connaître un procédé antiparasi tique, tiré de la propriété de la plupart des insectes, de pouvoir suspendre pendant des années et plus leurs évolutions, et qui peut, par suite, être tournée contre eux ; car, en les forçant malgré eux à suspendre leurs évolutions, on atténue leur intervention préjudiciable. Mjiisje réserve de le démontrer corn- plélemcnl plus tard. 52/l SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. Conclusions. — De l'ensemble de tonles ces considéralions en est forcé de conclure que Tantagoni^me des êtres est le raoyf n par excellence qu'emploie la nature pour perpétuer la durée de son œuvre ; que Dieu a fondé Tordre admirable de la création sur un désordre, sur nn antagonisme plus appa- rent que réel. Que les tendances contraires de Thomme sont aussi vaines que ridicules : Texistence des Parasites n'est pas nne imperfection, si l'on peut ainsi dire, de l'œuvre du Créateur, qui s'atténue et doive un jour disparaître par les soins et l'intervention de l'bomme. Non, ce n'est pas sans une prévision toute divine qu'intervient incessam- ment l'opposition des êtres les uns par rapport aux autres ; cet antagonisme si stupidement déploré est une loi immuable de la nature. L'homme ne peut que la constater, chercher à l'étudier, et en tirer le moins mauvais parti pos- sible en la limitant dans ses écarts et en réprimant ses excès. Le parasitisme bien ordonné, comme il semble avoir existé jadis, est donc en définitive une loi providentielle ; il faut, bon gré, mal gré, que l'homme sache obéir, sous peine de se fourvoyer. Toutes les tendances contraires qui se sont manifestées jusqu'ici attestent notre imprescience et n'ont servi qu'à aggraver notre misère en multipliant en vain bien des labeurs inutiles. La destruction des Parasites est, à mes yeux, une œuvre vaine et fort heureusement au- dessus ou en dehors de nos moyens. Malgré tous les eftorts de l'homme, il n'a pas diminué d'un atome la myriade d'insectes qui semblent se multiplier en raison directe de ce que l'on nomme si improprement le progrès de la culture. Que si l'on eût mieux examiné les tendances de la nature en étudiant les lois du parasitisme, on eût vu que ces êtres si abhorrés ne sont réellement préjudiciables qu'aux individus faibles, -ci inaptes à transmettre intacts à leurs semblables les trésors de vie qui leur avaient été confiés. Ne doivent -ils pas, en bonne économie, retourner le plus promptement possible au foyer central pour subvenir aux besoins impérieux et imprescrip- tibles des êtres mieux conformés, et leur fournir les éléments de vie dont la somme est réellement immuable et limitée. C'est ce que les Parasites ont mission et hâte d'accomplir : telle est leur tâche providentielle, pour laquelle ils déploient une activité et une aptitude merveilleuses. Nous croirions avoir rendu un véritable service à la science sociale en cherchant à divulguer ce grand œuvre , si nous parvenions à exciter à la poursuite de cette élude aussi intéressante qu'inexplorée jusqu'ici. Le Secrétaire du Conseil, GUÉRIN-MÉNEVILLE. V. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPO.^DANCE. L'Empereur vient de donner à la Société un nouveau témoignage du haut intérêt que Sa Majesté daigne prendre à ses travaux. S. Exe. le Ministre de Tagriculture et du commerce, par une lettre du 22 août dernier, a fait con- naître à M. le Président que, par décret du IZi août, M. Frédéric Jacquemart a été nommé chevalier de la Légion d'honneur. Les ^Membres de la Société, qui ont tous pu apprécier le zèle et le dévouement de notre honorable collègue, apprendront avec plaisir que cette distinction lui a été accordée comme membre du Conseil de la Société impériale d'acclimatation et vice- président du Conseil d'administration du Jardin zoologique. Souscription pour la statue de Daubenton. Nous publierons prochainement dans le Bulletin une première liste de souscriptions. Nous croyons devoir insérer aujourd'hui la Notice suivante, communiquée à M. le Président par ^L Cap, et renfermant, sur Daubenton et sa famille, des renseignements nouveaux qui complètent le remarquable Rapport de .M. Drouyn de Lhuys. — La famille Daubenton était une des plus anciennes et des plus consi- dérables de :\Iontbard, où elle tint pendant quatre cents ans le rang le plus distingué. Parmi les châtelains du château de INIontbard, immortalisé par le séjour de Buffon, qui en fut le dernier seigneur, on trouve quatorze capitaines châtelains fournis par la famille Daubenton. Le premier fut Jean Daubenton, en 1397, et le dernier Georges-Marie Daubenton, maire et châtelain de Montbard, en 1777; la châtellenie ducale ayant été réunie à la mairie de la ville en 17/|9. Courtépée apprend {Description de Bourgogne) que Guillaume Daubenton fut anobli en 1Z|72 par le duc Charles le Téméraire. En lZi8/4, un Guil- laume Daubenton (probablement le même) était conseiller du duc de Bour- gogne et seigneur de Grimant, ^larsilly, Yiserny et de Crépon. 11 fonda dans l'église de Montbard une chapelle dont ses descendants nommèrent le cha- pelain jusqu'en 1560, époque où Barbe Daubenton porta ce droit à une autre famille, par son mariage avec Guillaume Leviston, éciiyer, archer de la garde écossaise du corps du roi et capitaine du château de Montfort. En 1557, un Jacques Daubenton fut appelé par le suflrage de ses conci- toyens aux importantes fonctions d'élu des états généraux de Bourgogne. Cette famille a donné neuf maires èi la ville de Montbard, dont sept, sans interruption, de 1522 à 1658. L'un d'eux, Pierre Daubenton, fiU le fondateur des belles pépinières de Montbard; il était membre des Académies de Dijon, de Lyon, d'Auxerre, de Bouen, de la Société économique de Berne, l'un des collaborateurs de la Collection académique et de V Encyclopédie. Il mourut en 1770. 526 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZUOLOGIQUE DACCLIMATATION. ]\-ous croyons également donner communication des lettres suivantes : Extrait d'une lettre adressée à M. Drouyn de Lhuys. a Le Conseil «'énéral du département de l'Aisne, dans sa séance du l*^"" sep- tembre a décidé, sur la proposition, de M. Georges, rapporteur de la commission de l'aericulture et du commerce, qu'une somme de 100 francs serait mise à la disposition de la Société impériale zoologique d'acclimatation, comme témoignage de sympathique approbation pour l'érection d'une statue à Daubenton.» Lettre de M. le Secrétaire de l'Institut égyptien. Alexandrie, le 28 juillet 18(31. Monsieur le Président , L'Institut égyptien applaudit à la pieuse pensée de la Société impériale d'accli- matation de rendre un éclatant hommage à la mémoire de Daubenton, en érigeant une statue à cet illustre naturaliste. 11 prie la Commission de vouloir bien accueillir sa modeste offrande, comme un faible témoignage de son admiration pour le savant et le bienfaiteur de l'humanité. Veuillez a^éer, etc. Ls Secrétaire de l'Institut égyptien, D. B. SCHNEPF. Lettre de M. le Secrétaire général de la Société jjrotectrice des animaux, Paris, le 12 septembre 1801. Monsieur le Président, J'ai l'honneur de vous informer que, sur la proposition de son Bureau , le Conseil d'administration de la Société protectrice des animaux a voté une somme de 100 francs pour la statue à ériger à Daubenton. Daubenton n'a pas seulement été un naturaliste éminent et le législateur des bergers , il a été aussi un protecteur éclairé des animaux. Dans son admirable Instruction pour les bergers, il veut que les chiens soient élevés à accomphr leurs fonctions par de simples manœuvres, et bien appris à ne montrer les dents qu'aux loups et jamais aux moutons. Il va jusqu'à dire qu'il faut casser les crochets des chiens quand, sous ce rapport, ils se montrent indisciplinés. Il recommande aussi aux bergers d'apprivoiser quelques bêtes de leur troupeau, en leur donnant des noms particuliers et en les accoutumant à venir à eux, dès qu'ils les appellent. Ouand vous voulez , leur dit-il , faire passer le troupeau par un défilé ou quand vous avez à changer de route, faites venir à vous les bêtes apprivoisées, les autres les suivront. Si ces conseils étaient mieux connus , nous ne verrions pas si souvent les brebis et leurs agneaux estropiés par les morsures des chiens. Dans le cas probable où les fonds de la souscription surpasseront les frais de la statue, je crois que le meilleur emploi à donner à l'excédant serait de faire réimprimer l'Instruction aux bergers, et de la répandre dans les campagnes. Je sais bien que les principes de Daubenton ont passé, plus ou moins complètement, dans la plupart des livres d'agriculture ; mais les bergers ne lisent pas ces ou- vrages, et c'est pour eux que Daubenton a écrit son Instruction. Veuillez agréer, etc. Le Secrétaire général de la Société protectrice, BOURGl'IN. FAITS DIVERS. 527 Envoi de sept espèces de Poissons vivants de la Ciiine, par II. Simon. La lettre suivante a été écrite à M. le Président de la Société impériale d'acclimatation par M. G.-E. Simon, chargé d'une mission agricole en Chine. Schang-hai, le 18 juillet 1861. Monsieur le Président , J'ai l'honneur de vous informer que je viens d'adresser à S. Exe. M. le Ministre de l'agriculture une Note sur la pisciculture et les principales espèces de Poissons du Yang-tsé-kiani,' (fleuve bleu), qui vous sera sans doute communiquée, et j'espère que la Société y trouvera quelques renseignements intéressants. Précédemment j'ai également envoyé à Son Excellence cinq jarres contenant environ 12 000 jeunes Poissons des espèces dont il est parlé dans cette Note; mais je n'ose pas espérer que cet envoi arrive à bon port, malgré toutes les précautions que j'ai prises et le pêcheur qui l'accompagne. Je l'ai plutôt consi- déré comme une tentative qu'il était de mon devoir de faire et à laquelle m'in- vitaient plusieurs circonstances qui ne se représenteront peut-être plus. C'est- à-dire le transport tout entier fait par Suez et par bâtiments de l'État , et les soins de mes amis MM. le colonel Doré, le commandant Desmarquais, et le capitaine Guérin, qui s'est spécialement chargé de rendre ces Poissons à Paris. Dans peu de temps je commencerai une série d'essais non moins importants et d'un succès plus facile, dont les éléments m'arrivent maintenant à Han-kou, oîi je vais retourner. Ce sont des végétaux tels que Vernis, Arbre à cire, plantes tinc- toriales et médicinales, arbres résineux, Vignes, etc., et quelques insectes, comme Insecte à cire, Vers à soie du petit chêne. Vers à soie de montagne, etc. Veuillez agréer, etc. G. Eug. Simon. IVenvième envoi d'animaux de la Guyane, par M. Bataille. M. le Président a reçu, le 28 septembre dernier, la lettre suivante, qui lui a été adressée par notre généreux confrère :M. Victor Bataille. Cayenne, le l*' septembre 1861. Monsieur et très honoré Président, J'ai l'honneur de vous informer que, le 30 août dernier, j'ai fait embarquer, sur le transport V Amazone, faisant voile pour Cherbourg, six cages contenant vingt-cinq animaux et oiseaux entièrement privés, que je vous prie d'offrir, en mon nom, à notre illustre Société, savoir : l''' cage, 2 Pécaris à collier. 2e — 2 Pacs, 2 Agoutis, 1 Akouchi. 3*^ — i Kinkajou potto. 4*^ — 10 Pénélopes marails, 2 Yacous, 5^ — 2 Hoccos et 2 Agamis. ge — ^ Toucan. Les Hoccos et les Agamis sont destinés à M. Sacc, à qui je vous prie de vouloir bien les transmettre. Il me reste encore un assez grand nombre d'oiseaux que j'aurai l'honneur d'expédier à la Société dans la belle saison, parce que je redoute le froid pour leur tempérament délicat. Veuillez agréer, etc. Signé V, Iîataille. Le Secrétaire du Conseil , GUÉRIN-MÉ.NEVILLE. VI. BULLETIN MENSUEL DU JARDIN ZOOLOGIÛUE D'ACCLIMATATION. Le mois de septembre, au Jardin zoologique d'acclimatation , a été à peu près semblable à celui d'août. I. Ponte. — La ponte est en décroissance : elle n'a donné que 269 œufs , surtout des Bralnuapootra et des Poules de Nankin. Les Poules indigènes ne pondent qu'à cinq ou six jours d'intervalle. Les Hollandaises, Brecla, Gueldres, ne pondent plus du tout. II. Mue. — La mue est terminée chez tous les Oiseaux. Les Canards carolins et mandarins commencent à reprendre leurs belles plumes. Une femelle de Cygne noir a donné quatre œufs qu'elle couve. III. Mammifères. — La plupart des mammifères : Zébu, Yak, Hémiones, Antilopes, Biches et Brebis diverses, ont pris le mâle et donnent des espé- rances que les saillies ont été heureuses. Une Lama a mis bas un jeune Lama difforme qui n'a pu vivre que dix jours. IV. Mortalité. — La mortalité a été moindre durant ce mois que pendant le précédent. Nous n'avons perdu que 6 Lapins et 2 Lièvres parmi les iMam- mifères. 6 Poules adultes, 1 Coq, 15 Poulets nés au Jardin, 8 Tadornes, 6 Hérons pourprés, o Cravans, 3 Barges, 5 Gangas-catas, 3 Perdrix Gambra, 2 Perruches élégantes, 2 jeunes Paons et une Autruche. Les Oiseaux d'eau , les Perdrix Gambra et les Gangas-catas provenaient d'envois récents. On sait que c'est dans ces conditions que la mortalité est surtout fréquente. V. Dons. — Deux Pécaris à collier déposés par la Société impériale d'ac- climatation ; un Cerf et une Biche de France donné par M. Duplessis, officier de louveterie à lîeimes. VI. Jardin. — On récoite les produits des différentes plantes cultivées dans Je jardin d'essai et annoncées dans le précédent bulletin. L'administration sera à même de les livrer à ceux qui en feront la demande. La température a été en moyenne de 9 degrés à six heures du matin, et de 17 degrés après midi. Les extrêmes ont été de h au minimum et de 28 au maximum. A la liste publiée dans le dernier numéro de septembre, il faut joindre : 1" Un grand nombre de Canards mandarins et carolins, dont le Jardin a fait provision ; une vingtaine de Faisans mélanotes et de Cuvier , nés cette année au Jardin, ou qu'il s'est procurés aux ventes de divers établissements zoologiques de l'Europe. 2" Plusieurs paires de Bruants commandeurs, Tourterelles, Tourlelettes {Columba capensis) d'Egypte et de bois, o" Des Cygnes noirs et blancs, nés blancs, variété dont le pied est gris au lieu d'être noir, mais qui se distingue surtout en ce que les jeunes sont blancs dès la première année au lieu d'être gris, comme ils le sont ordinairement jusqu'à l'âge de quinze mois environ. Le Directeur du Jardin zoologique d'acclimatation^ Le D"^ Rlfz de La vison. 1. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ. SUR UNE ESPÈCE DE TATOU TRÈS RECHERCHÉE COMME ALIMENT DANS LES PROVINCES DE LA PLATA, Par M. VAVASSEUR. (Séance du 8 mars 1861.) La famille des Tatous , si remarquable , non par la beauté de ses formes ni la grâce de ses mouvements, mais par sa conformation bizarre, et surtout par l'espèce de cuirasse dont elle est complètement recouverte, à peu près comme la Tortue, est propre à l'Amérique méridionale. Les espèces de cette famille sont assez nombreuses; mais il y règne encore la plus grande confusion, malgré la description qu'en a donnée de Azara; car, à part quelques-unes bien distinctes, les carac- tères sur lesquels elles sont fondées, ne reposent que sur des difterences de taille, de couleurs et de formes tellement légères, qu'à moins de les avoir toutes sous les yeux, il est presque impossible de ne pas les confondre. Celle qui a principale- ment attiré notre attention pendant notre long séjour dans les pays bispano-américains, à cause de l'excellence de sa cbair, est le Tatou by bride {Basypus hybridus), connu dans les pays qu'il babite sous le nom de Mulita. C'est le plus élégant, ou, pour mieux dire, le moins laid des Tatous; il se trouve en grande abondance dans cette par- tie de l'Amérique du Sud comprise entre le 26"^ et le h'\' degré de latitude sud, c'est-à-dire dans les répubHques de l'Uru- guay, de TEntre-Rios et de Corrientes. Il babite de préférence les lieux secs et découverts, et les terrains incultes et non pierreux. C'est un animal éminemment fouisseur et qui re- doute la grande lumière. 11 vit dans des terriers qu'il se creuse avec une rapidité et une adresse qui tiennent du prodige, avec les ongles de ses pattes de devant, très forts et parfaite- ment disposés pour cet usage. Ces terriers, de 1 à 2 mètres T. VIII. — Novembro ISP.I. 3/i 530 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMÂTATION. de profondeur, et dirigés obliquement, n'ont généralement qu'une issue. C'est là que se tient l'animal pendant le jour; il n'en sort que le matin au lever du soleil, ou le soir un peu avant son coucher, pour chercher sa nourriture, qui consiste uniquement en vers, en insectes et en larves, comme nous nous en sommes assuré par l'examen , plusieurs fois répété, de l'estomac des individus que nous préparions pour nos repas. Nous n'y avons jamais trouvé autre chose que des débris d'insectes, soit parfaits, soit a l'état de larves, et sur- tout ceux d'une grosse espèce de Coléoptères que, en raison de la corne unique qu'il porte au rniUeu et en avant du corse- let, on appelle dans le pays le Rhinocéros. Le Tatou hybride est aussi très friand de fourmis, et surtout des larves de ces insectes, dont il détruit une immense quantité. Le Tatou midita a des mouvements assez vifs, et court avec une certaine légèreté ; mais lorsqu'il est poursuivi, il ne manquerait pas d'être très promptement atteint, s'il n'avait recours à son talent de pionnier; aussi, après avoir parcouru une petite distance, s'arrête-t-il tout court, et se met-il à fouir avec une prestesse et une habileté telles, qu'en quelques in- stants il a complètement disparu sous terre. La femelle a plusieurs portées par an, d'un nombre de petits variable depuis quatre jusqu'à dix, qu'elle met bas et allaite au fond de son terrier sur la terre sèche. Les petits, qui grandissent rapidement, sont bientôt en état de sortir de leur trou, et suivent la mère pendant quelque temps; puis, lors- qu'ils peuvent se suffire à eux-mêmes, ils l'abandonnent et se dispersent, car cet animal ne vit pas en société proprement dite. Il forme plutôt des cantonnements dans lesquels les indi- vidus sont entièrement isolés les uns des autres. En effet, on en trouve un nombre plus ou moins considérable dans telle locahté, et dans telle autre, plus ou moins rapprochée et par- faitement semblable, en apparence du moins, pour la nature du sol et pour toutes les conditions extérieures, on n'en trouve plus un seul. Le Tatou mulet paraît doué d'un caractère doux , peu craintif et d'une intelligence dc,^ plus bornées* Il est absolu- T -» * »►■• 4 SUR UNE ESPECE DE TATOU. 531 ment inoffensif. Lorsqu'on le saisit, il ne cherche pas à se défendre ; seulement, en se débattant pour tâcher de recou- vrer sa liberté, il égratigne quelquefois assez rudement avec •les ongles durs et robustes dont sont armées ses pattes anté- rieures et postérieures, mais jamais il ne cherche à mordre. Il s'apprivoise avec la plus grande facilité, ou, pour parler plus exactement, il se résigne à la captivité. Au bout de quel- ques jours, il se laisse prendre et manier sans -la moindre résistance, mais aussi avec la plus complète indifférence. Pris jeune cependant, il semble reconnaître la main qui le noiUTit, et vient à la voix qui l'appelle. L'odorat est de tous les sens celui qui paraît le plus développé chez cet animal, et celui qui lui sert principalement à découvrir sa nourriture. Aussi le voit-on, à l'état de liberté, courir çà et là et comme au hasard, le bout de son museau pointu apphqué sur le sol, et quêtant comme un chien de chasse, jusqu'à ce qu'il ait trouvé ce qu'il cherche. Si l'insecte est à terre, il s'en empare et le croque en un instant ; si, au contraire, il est caché sous terre, quelques coups de ses ongles puissants l'ont l)ienlôt mis à découvert et hvré à son appétit. La proie à peine dévo- rée, la quête recommence, jusqu'à ce que la faim soit satisfaite. Ce que nous disons là résulte d'un grand nombre d'observa- tions faites par nous, tant sur ces animaux à l'état de hberlé que sur d'autres que nous tenions en captivité. Désirant étudier cet animal bizarre que nous voyions vivant pour la première fois, nous nous en étions procuré un certain nom])re, que nous avions placés dans des conditions qui nous ' paraissaient les plus convenables à leur conservation. Suivant l'avis des gens du pays, nous leur donnâmes pour nourriture des racines potagères fraîches, coupées en petits morceaux ; de la salade et de Lr viande de bœuf crue et découpée en lanières longues et minces comme un ver de terre. Nous fumes d'abord très étonnés de voir qu'ils ne touchaient à rien ; nous leur donnâmes alors du lait, dont ils burent une petite quan- tité ; mais, malgré tous nos soins, nous ne pûmes parvenir à leur faire accepter rien autre chose de la nourriture qui leur était offerte. Au bout de quelques jours, ils moururent tous 532 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. dans un état d'épuisement et de maigreur qui ne laissait au- cun doute sur la cause de leur mort. Nous en prîmes alors de jeunes, et nous leur donnâmes du lait de vache tiède, qu'ils burent très bien, d'abord à l'aide d'un biberon, ensuite seuls. Plus tard, nous leur présentâmes de l'œuf dur et coupé en très petits morceaux , qu'ils acceptèrent volontiers. Ils vécu- rent ainsi plusieurs mois ; mais, au bout de ce temps, ils com- mencèrent.à dépérir, et seraient morts infailliblement comme les précédents, si nous ne nous étions rappelé les observations que nous avions faites sur le contenu de l'estomac de ceux que nous avions mangés. La nourriture que nous leur don- nions ne leur convenait pas; il leur fallait des insectes. Leur en procurer en quantité suffisante et de vivants, car nous pen- sions que morts ils les rebuteraient, n'était pas difficile, mais cela nous aurait demandé beaucoup de temps. Pour remédier à cet inconvénient, nous nous avisâmes d'attacher à l'une des pattes de derrière des quatre animaux que nous possédions une ficelle longue de quelques mètres , et de les porter à quelques pas de la maison, sur un terrain où nous savions que les insectes de toutes sortes ne manquaient pas. Lcà nous les mîmes à terre en tenant le bout des quatre ficelles. Aussi- tôt qu'ils se sentirent libres, ils se mirent à courir çà et là, quêtant le museau contre terre. Ils trouvèrent, à ce qu'il paraît, ample pâture, car, au bout d'une heure environ, pen- dant laquelle je n'avais perdu aucun de leurs mouvements, ils se tapirent chacun de son côté sous une touffe d'herbe ou sous un chardon, et restèrent parfaitement tranquilles et pa- raissant dormir. L'expérience avait réussi. Le même manège fut répété les jours suivants; seulement, nous attachâmes le bout de la ficelle à quelque corps résistant, et nous abandon- nâmes les animaux à eux-mêmes, et, chose remarquable, aucun d'eux ne chercha jamais à s'échapper en fouissant, ni à se débarrasser du lien qui le retenait captif. Au bout de quelque temps de ce régime, non-seulement nos animaux avaient repris leur vivacité et leur embonpoint ordi- naires, mais ils avaient acquis leur presque entier développe- ment. Nous songions aux moyens de les accoutumer peu à peu SUR UNE ESPÈCE DE TATOU. 533 à un autre genre de nourriture que les insectes vivants, pour pouvoir les envoyer à la ménagerie du Muséum d'histoire naturelle, lorsque, enlevés nous-mêmes par la force armée, comme prisonniers de guerre, nous fûmes forcés de les aban- donner. Si je me suis étendu sur cette petite expérience, c'est parce que Azara, et plusieurs autres auteurs qui ont parlé de ces animaux, ont avancé qu'ils se nourrissaient principalement de la chair à demi corrompue des animaux morts dans les champs. Je puis affirmer qu'il n'en est rien, et que si l'on voit quelquefois la mulita et ses congénères fouir autour et sous les cadavres d'animaux, c'est uniquement pour y cher- cher les insectes et leurs larves, qu'on y trouve abondamment. La chair du Tatou mulet est délicieuse, blanche, tendre, grasse, avec un petit fumet de gibier des plus fins. Simple- ment rôti dans la carapace sur les charbons, c'est, suivant nous et beaucoup d'autres personnes, le manger le plus exquis. Aussi lui fait-on une chasse très active, et à certaines époques de l'année, les marchés des villes de Montevideo et de Buenos-Ayres en sont abondamment pourvus. Quoique ce gibier ne soit pas rare, son prix se maintient dans ces viUes au prix fort élevé de 2 à 3 francs la pièce. De plus, essentiellement insectivore, il détruit une grande quantité d'animaux nuisibles , tels que vers blancs , four- mis, etc., etc. Ne serait-il donc pas à désirer que l'on pût l'in- troduire et le multipHer en Europe, sinon dans les parties où les gelées rendent la terre trop dure pour lui permettre de rechercher sa nourriture, du moins dans nos départements méridionaux et dans nos possessions d'Afrique. Gela ne nous paraît pas impossible aujourd'hui, puisque deux individus d'une espèce très voisine de celle qui nous occupe, et que Ton peut voir vivants au Jardin zoologique du bois de Bou- logne, ont pu être amenés de Cayenne, et vivent en très bonne santé de la nourriture variée qu'on leur donne. Nous savons aussi que madame de Forbin-Janson a rapporté avec elle de Bucnos-Avres, où son mari était dernièrement chargé d'af- faires, deux Tatous nmlitas, qu'elle a nourris avec diverses substances, et surtout de la viande cuite. >'OTE SUR LA REPRODUCTION DES OISEAUX ET SUR UNE ÉDUCATION DE PERDRIX CAMBRA. LETTRE ADRESSÉE A M. LE PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE d'ACCLIMATATION Par n. Aimé LALREXCE. (Séance du Conseil, du 8 novembre 1861.) Monsieur le Président , . Vous avez eu l'obligeance de m'envoyer, sur ma demande, deux douzaines d'œufs de Perdrix Garnira ; depuis longtemps j'avais le désir d'acclimater ces oiseaux dans ma propriété. J'ai là un terrain très accidenté, hérissé de rochers, avec des fon- taines partout, donnant naissance à de clairs ruisseaux; des ibugcres, des l)ois, des prés, tout cela me semblait si propice à une éducation de Perdrix Cambra, que j'ai reçu ces œufs avec un vrai plaisir. A peine arrivés, je les ai placés sous deux petites Poules bâtardes, issues de Coq de Barbarie et Poule de combat (je recommande ce croisement aux amateurs, parce qu'il donne les plus exccllenis résultais comme mères viailantes, adroites et braves). L'incubation s'est faite sans le plus petit accident. A l'heure prévue, mes petits poussins pre- naient vie, et, chose vraiment heureuse, deux seulement manquaient à l'appel. Ces œufs, qui venaient de la terre d'A- frique, qui avaient parcouru la mer, qui avaient, en chemin de fer, parcouru la distance de Marseille à Paris et de Paris à Ghâ- tellerault, et enfm à Bonneuil-Matour, lieu de ma résidence ; ces œufs, dis-je, réussissaient aussi bien que si je les avais pris moi-même dans le nid de la mère, à quelques pas de ma demeure. Certes, quand on pense à toutes les secousses qu'ils ont éprouvées, quand on réfléchit à toutes les lenteurs d'un long voyage, et qu'on voit un pareil résultat, on est mal venu de dire, ce m^ semble, que le transport des œufs est presque impossible. Pour moi, depuis longtemps, j'ai la conviction, du REPRODUCTION DES OISEAUX. — PERDRIX GAMBRA. 535 contraire. A l'époque où l'on pouvait librement faire circuler les œufs, j'en recevais de tous côtés, et je puis assurer que tous ceux qui provenaient d'oiseaux vivant en liberté, quand ils étaient pris à temps sous l'aile de la mère, c'est-à-dire quand ils n'avaient pas été couvés et que rien ne venait déran- ger l'incubation de mes Poules, ces œufs éclosaient parfaite- ment, et mes petits poussins étaient doués d'une vigueur et d'une activité qu'on ne retrouve jamais dans les petits prove- nant d'œufs d'oiseaux vivant en captivité. Je crois donc pou- voir assurer que quand on ne réussit pas, c'est une erreur de croire que le trouble du voyage est pour quelque chose dans l'insuccès ; il faut l'attribuer à d'autres causes que je crois entrevoir, et comme, dans une pareille question, une simple observation peut venir en aide à des personnes plus compé- tentes que moi et les mettre sur la voie de découvertes utiles^ je n'hésite pas à vous exposer ce que je pense sur ce sujet. Il faut l'avouer, on éprouve une singulière déconvenue, quand on a tout préparé, tout organisé pour fêter dignement la bienvenue d'un essaim de jobs oiseaux, de voir, quand Fhcurc est arrivée , que rien ne répond à votre appel. C'est pour éviter, autant que possible, ces mécomptes si pénibles, et surtout le relard et la perte de temps, que je viens aujour- d'hui vous soumettre mes observations. Il ne faut pas se le dissimuler, il y a autre chose à faire que de mettre des œufs sous une Poule, et de la faire couver; avant tout et par-dessus tout, il faut s'assurer si ces œufs sont bons. Les moyens de renseignements, je le sais, ne sont pas toujours à notre portée; mais quand il s'agit d'œufs d'oiseaux sauvages, la question se simplifie, et je crois qu'on peut aisé- ment reconnaître dans quel état ils sont. Du reste, parmi tous les moyens qu'on indique et que votre esprit peut vous sug- gérer, le plus simple, c'est de casser un œuf. C'est un sacrifice qu'il faut savoir faire dans l'intérêt de l'avenir ; mais si ce sacrifice coûtait et qu'on le jugeât trop barbare, on peut encore apprécier le mérite des œufs en se renfermant dans un endroit sombre et en les exposant à une lumière éclatante ou à un rayon de soleil qu'on laisse pénétrer, il est bien rare qu'un 536 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLLMATATION. œil exercé ne sache pas y lire les secrets qu'ils contiennent, et dès lors vous réglez votre conduite en conséquence. J'ai dit que les œufs des oiseaux sauvages étaient toujours bons; à quelques exceptions prés, je crois que cela est vrai. La nature l'a voulu ainsi pour la conservation des espèces, et elle a tout prévu pour cela, en inspirant à l'oiseau l'instinct qui le dirige et en lui dictant des besoins dont la satisfaction tourne à l'accomplissement de ses vues. Ainsi, pour ne citer qu'un exemple entre mille, l'appariage des oiseaux se fait de par la loi du plus fort ; le plus fort choisit sa femelle à sa guise, et de ce choix dépend la première et principale condition d'une bonne reproduction. Cet oiseau fort et vigoureux, qui a pu donner un libre cours à son affection, communique à sa des- cendance une énergie vitale qui se perpétue par suite des mêmes entraînements, et qui souvent se double en raison du milieu où il se trouve. Je crois donc pouvoir dire qu'cà moins de circonstances particulières, ces œufs doivent réussir : s'ils ne réussissent pas, il faut l'attribuer à l'intempérie de la saison, aux atteintes que peut éprouver la femelle quand elle couve, enfin à cette foule d'événements (ju'il est facile de pré- voir; mais si rien ne vient entraver la marche régulière des choses, l'éclosion aura Heu, elle aura lieu également dans nos volières ; et quand bien même ces œufs auraient voyagé comme les œufs des Perdrix Gambra, ils réussiront comme eux, pourvu toutefois qu'ils soient dans de bonnes conditions, c'est-à-dire qu'ils n'aient pas été couvés. Nous avons eu déjà l'occasion de signaler les inconvénients qui résultent de l'élevage en captivité des oiseaux habitués à vivre à l'état sauvage, jusqu'à ce que la race soit domestiquée. Ces inconvénients, qui se renouvellent chaque jour et dont les plus graves ne sont que la conséquence des usages contractés depuis longtemps parmi les éleveurs de laisser ensemble les mâles et les femelles, sont la source de toutes les difficultés qui entravent la reproduction des oiseaux vivant en captivité. D'un autre cùté, avec le système de nos vohères, qui laissent tant à désirer au point de vue du confortable, puis avec le ré- gime si négligé, si mal entendu qu'on leur imiiose, on corn- REPRODUCTION DES OISEAUX. — PERDRIX GAMBRÂ. 537 prendra aisément comment il se fait que les œufs de pareils oiseaux ne réussissent pas, ou réussissent mal. Je crois qu'a- vec un peu plus de soin et d'attention, on peut arriver à modi- fier, sinon à changer bien des choses. C'est dans cet espoir que je viens aujourd'hui vous parler des moyens que j'ai em- ployés et qui m'ont été d'un si grand secours pour atteindre le but que je me proposais. On sait que l'influence du milieu agit puissamment sur tous les êtres ; qu'il faut avant tout leur créer un genre de vie conforme à leur organisation, à leurs habitudes. De là découle tout un monde de petits soins et d'observations, pour arriver, autant que faire se peut, à reproduire le chmat et la tempé- rature qui leur sont propices. Il serait donc à désirer que l'on créât de grands centres d'élevage , ou tout au moins des dépôts d'oiseaux dans les différentes contrées de la France où ils auraient le plus de chance de réussir. Là j'aurais des vohères bien simples, sans apprêts luxueux, mais sagement combinées pour les besoins et les exigences de leurs hôtes ; au lieu de les entasser pêle-mêle, comme nous le faisons le plus souvent dans nos parcs, je les vou- drais isolées, cachées dans des massifs de verdure, ou bien dissimulées dans des rochers , avec de l'eau , toujours de l'eau claire et limpide. Je voudrais qu'on donnât aux oiseaux une nourriture variée, sans abondance, quelquefois même ré- duite à de simples proportions, suivant les époques. Pour faire accepter toute espèce de nourriture, je le sais, il y a souvent de grandes difficultés : pour les vaincre, il faut s'y prendre dès le plus bas âge ; autrement l'oiseau, du moment qu'il a contracté des habitudes, quand on veut l'en faire changer, se prend d'un profond dégoût pour la vie et se laisse mourir. Mais, je le répète, si depuis son enfance on a eu le soin d'ex- citer son appétit et de mullipHer ses goûts en alternant les espèces d'aliments qui doivent composer sa nourriture, on arrive plus tard à lui faire accepter tout ce qu'on croit utile de lui donner, et Texpérience que nous tirons des malicrcs que nous trouvons dans l'estomac des oiseaux sauvages tués à dif- férentes époques de l'année, devient pour nous un enseigne- 538 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZUOLOGIQUE d'àCGLIMATAïION. ment à suivre et qui nous ouvre la voie du succès. Depuis longtemps j'ai mis cette idée en pratique, et je ne saurais dire combien j'en ai tiré d'avantage. La nature prévoit tout, et fournit à l'oiseau, suivant ses besoins, la nourriture qui lui convient. C'est donc à nous de l'imiter, de la suivre pas à pas, et il en résultera pour conséquence que nos oiseaux, bien portants, résisteront mieux aux ennuis de la captivité, et qu'ils puiseront progressivement dans une alimentation bien enten- due les éléments d'une force toujours nouvelle, qui atteindra toute son énergie quand arriveront les beaux jours de la reproduction. Voyez ce qui se passe dans nos volières. Dès la première ou la seconde année, des oiseaux énervés, maladifs, dégoûtés de leur femelle, et par cela même ne faisant aucun effort pour lui plaire; les femelles, de leur côté, subissant les mêmes in- fluences que les mâles, tombent en langueur et ne prêtent que de rares attentions à leurs avances. Les œufs qu'elles don- nent dans de semblables conditions, il est facile de le com- prendre, ne peuvent être bons. Il faut donc, par tous les moyens possibles, changer les habitudes que nous avons suivies jusqu^à ce jour, en prendre de nouvelles que je vous demanderai la permission de résumer ainsi. Faire construire des volières aussi simples que possible, et de telle façon que leur étroite limite semble se perdre dans les massifs de verdure ; chercher une bonne orientation tou- jours en rapport avec les besoins et l'organisation des oiseaux ; donner une nourriture que l'on varie suivant les époques de l'année ; habituer les oiseaux dès le plus bas âge à prendre avec plaisir les différents aliments qu'on juge convenable de leur donner ; tenir les mâles et les femelles séparés une partie de l'année, renfermés dans des parcs bien boisés, afm qu'ils puissent se cacher et éviter les poursuites des plus forts ; re- nouveler les mâles tous les ans, si c'est possible ; les faire venir de la localité la plus éloignée de la résidence d'élevage, c'est la première de toutes les conditions pour avoir de bons œufs...; présider avec soin aux accouplements, sans les contrarier, et au moment de l'appariage donner une abondante verdure, REPRODUCTION DES OISEAUX. — PERDRIX GAMBRA. 539 principalement du mouron ; enfin mettre une excessive réserve dans la visite des volières, pour ne porter aucun trouble aux oiseaux. En agissant ainsi, j'ai la conviction que les œufs que l'on obtiendra seront bons. Sachons en outre que nous ne devons plus attribuer aux secousses du voyage tous les mécomptes que l'on a éprouvés jusqu'à ce jour; je n'en veux pour preuve que l'expérience que je viens de faire avec les œufs de Perdrix Gambra que vous avez eu l'obligeance de m'envoyer. Je vous l'ai dit au commencement de cette note, ces œufs ont par- faitement éclos : 22 sur 24, et encore les deux qui ont manqué avaient des petits morts avant terme. Le lendemain de la nais- sance de mes petits poussins, je les plaçais dans une boîte vitrée, ainsi que cela se pratique d'ordinaire, la mère d'un côté, les petits de l'autre. Quelques jours après, j'ajoutais à l'une des extrémités de cette boîte une enceinte double de grandeur, entourée de grillage tombant jusqu'à terre de tous côtés : c'est à mon avis la chose la plus essentielle pour le bien-être des oiseaux. Dans cette partie réservée où ils vont seuls prendre leurs ébats et s'imprégner d'air, ils trouvent de la verdure, du sable fm, et surtout une exquise propreté qu'il est presque impossible d'obtenir dans leur boîte où l'on jette leur nourriture. Je ne saurais trop recommander aux éleveurs cette enceinte, que j'appellerai un petit parc; les oiseaux y prospèrent à merveille et c'est peut-être une des causes la plus sûre d'une bonne éducation. Trois semaines après leur entrée dans la boîte, jugeant mes oiseaux assez forts pour lutter contre la fatigue, j'en prenais 12 avec leur mère, que je portais d^ins une enceinte réservée au milieu des bois. Cette enceinte, qui contenait des fourrés épais et une partie cultivée, était close tout simplement par des fagots d'épines juxtaposés de façon à ne laisser aucun passage aux animaux malfaisants. Là, chaque jour, je faisais apporter les aliments nécessaires, et je m'en rapportais du reste à la vigilance de la Poule, qui sem- blait avoir pour ses petits un dévouement à toute épreuve. S'il est vrai (jue la nécessité commande et rend industrieux, je ne m'étonne plus de la prévoyance de cette Poule. Aban- 540 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'AGCLIMATATION. donnée à elle-même, dans une solitude profonde, elle prit aussitôt les instincts et les allures de l'oiseau sauvage. Au moindre bruit, elle glissait dans les herbes en entraînant sa couvée après elle, et faisait si bien, qu'elle échappait à tous les regards, aux plus minutieuses recherches. Aujourd'hui la mère et les petits courent les champs et les bois, et quand il m'arrive d'en apercevoir, je les trouve si vigoureux, si beaux, que je demeure convaincu que ce système d'élevage est le meilleur, quand on veut acclimater des oiseaux en liberté. Jusqu'à présent on a presque toujours procédé autrement: ainsi, quand on veut mettre du gibier dans une propriété, Perdrix, Faisans, etc., on choisit toujours la fm de la chasse, le mois de mars, par exemple, sous prétexte que les oiseaux seront moins tourmentés et que la saison des amours qui ap- proche les attachera au sol; mais en agissant ainsi, on oubKe ou plutôt on ne fait pas attention que la terre, à cette époque, est complètement dénudée; que les baies, les graines, les insectes, ces mille choses qui forment la base de la nourriture des oiseaux, sont encore à naître. Je vous le demande alors, que vont devenir ces pauvres affranchis qu'on a gorgés de nourriture dans les vohères? maladroits et lourds, où iront-ils chercher leur subsistance ? Il y a évidemment là un contre- sens ; et cela est si vrai, que la plupart du temps, tous les essais que l'on fait en ce genre sont infructueux, à moins d'o- pérer sur une grande échelle. J'ai procédé autrement cette année avec mes Perdrix Gambra ; j'ai voulu qu'elles goûtas- sent les joies de la liberté quand tout devait contribuer à la leur rendre plus chère... J'ai réussi, je le crois; mais avant de me prononcer, je vais attendre que l'hiver soit passé. Veuillez agréer, etc. A. Laurence. II. TRAVAUX ADRESSES ET COMMUNICATIONS FAITES A LA SOCIÉTÉ. DE L'ACCLIMATATION DU GOURAMl A L^ILE DE LA RÉUNION, ET DES MOYENS D'ACCLIMATER CE POISSON EN ALGÉRIE ET DANS LE MIDI DE LA FRANCE, Par lU. le docteur Auguste IJNSOIV, Membre du muséum d'Iiîsloirc naliirelle cl de lacliambre d'agriculture de la Réunion. SUITE ET FIN (1). • IL Il y a deux manières d'élever le Gourami : elles différent suivant que vous l'élevez pour l'agrément ou pour la repro- duction. Dans le premier cas, vous pouvez le conserver dans des bassins de ville, de jardin, qui sont de petits réservoirs stuqués, de 3 ou /i mètres. Il suffira de le bien nourrir, de dis- poser le bassin à recevoir durant une partie du jour les rayons solaires, car le Gourami aime à se chaufîer comme le Lézard; il faut aussi renouveler doucement l'eau de façon à ne pas le saisir par une température trop disproportionnée à celle où il se trouvait, les transitions brusques de chaud au froid l'impressionnant mal. Surtout ne mettez pas le poisson dans un bassin trop récemment cimenté : l'eau, devenue corrosive, le fera périr. Si vous élevez le Gourami pour la reproduction, d'autres conditions sont nécessaires, même indispensables. Ayez un vivier spacieux, creusé en pleine terre, pour que les herbes puissent croître sur les bords; que l'eau en soit un peu chaude, condition essentielle pourla reproduction, même à l'île (1) Voyez, pour la première partie de ce travail, numcîro d'octobre, p âge 509. 5/i2 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMÂTATION. de la Réunion. Le Gourami, comme tous les animaux intelli- gents, ne se multipliera qu'autant qu'il sera assuré d'avoir une bonne température pour ses petits, une retraite conve- nable pour placer son nid, des herbes et du limon pour le construire, et dans les débris de plantes fluviatiles de quoi nourrir sa progéniture. Il faut que le fond soit vaseux, que la profondeur soit inégale : ici de moins d'un mètre, là de plu- sieurs mètres au contraire. Le Gourami nidifie de préférence parmi les touffes de l'herbe de Guinée {Panicum jumentorum^ Pers.) qui s'étendent à la surface de l'eau, et projettent ainsi, sur un treillis de racines flottantes qui s'abaissent et montent avec son niveau, des galeries naturelles sous lesquelles le poisson va se cacher. — On plante sur certaines parties de ces viviers des Songes, espèces d'Aroïdes dont les larges feuilles alimentaires, en s'affaissant sur l'eau, présentent au Gourami une nourriture favorite (1). A l'un des angles du vivier, autour d'un îlot ménagé, ou parmi les herbes qui y croissent, le Gourami attache un nid sphérique, amas d'herbes et de limon, dans la forme de ceux de certains oiseaux, certains Sénégalis. Ces nids ont environ di centimètres de long : le maie et la femelle, assidus à ce travail, ne se quittent plus durant cette construction qu'ils mènent avec ardeur. En cinq ou six jours, une semaine au plus, elle est terminée. On facilite cette aptitude du Gourami à nidifier, lorsque l'époque des amours est venue, en plongeant dans l'eau, presque à sa surface, une grande branche de hm^i- ho\i{Ba?72bifsamnindmacea,\\l\(\.), sur les rameaux de laquelle on attache des bottes de chiendent fm. Le Gourami arrache celte herbe et en forme son nid dans les branches mêmes qu'on immerge, comme les vers à soie dans le rameau qui leur "est présenté. — C'est k la fin des mois de septembre et de mars que la multiplication a lieu. — Le nid fait, la femelle y dépose ses œufs, dont le nombre s'élève de 800 à 1000. Ils (1) L'île de la Uéiinion possède de nombreux végdtaiix dans ceUe classe : Caladium esciilenfum, violaceum ., pictum ; Arum r-ampannlatum^ maero- rhîzon, cordifoliumy etc. ACCLIMATATION DU GOURAMI. 5/13 éclosent rapidement, et les petits trouvent dans cette retraite un refuge où ils échappent durant les premiers jours à mille causes de destruction. En outre ils trouvent dans les débris de végétaux déjà macérés qui composent ce nid un premier ali- ment convenable à leur état de faiblesse. Bientôt après ils commencent de petites excursions sous la surveillance ma- ternelle, prête à les secourir. Ils ne s'écartent point et vont par bandes. En cet état les petits traînent après eux deux longs appendices qui, partant de dessous la partie antérieure du ventre, s'écartent dans l'eau, et semblent les maintenir en équilibre, comme le feraient deux câbles. Il est important, dans le vivier où se multipli(?nt des Gou- ramis, de ne point avoir de poissons plats (c'est le nom qu'on donne, à l'île de la Réunion, au Didcs rupestris, Val.). — Un éleveur de Gouramis, homme du monde, me raconta qu'un jour il voyait trois petits poissons plats aux aguets et fort oc- cupés : s'étant approché, il les vit autour d'une femelle de Gourami, mangeant les œufs au fur et à mesure que celle-ci frayait. Il s'expliqua de la sorte l'infécondité de ses poissons : il fit dessécher le vivier, retira les poissons plats , et les Gou- ramis se multiplièrent sans entrave. Le Cyprin de la Chine, commensal moins incommode, paraît ne causer aucun dom- mage à ce poisson, maison ne saurait en dire autant de l'An- guille et de la Chevrette, qui, en s'introduisant dans les nids, dévorent les œufs. Nous avons dit que le Gourami était le meilleur poisson connu ; Commerson, le bailh de Suffren et de Géré paraissaient de cet avis. Cependant beaucoup de personnes, à même d'établir la comparaison, lui préfèrent deux espèces naturelles à l'île de la Réunion, le poisson plat dont j'ai déjcà parlé, et la Chitte (Nestis cyprinoides, Yalenc), qui peuplent nos bassins bleus et qui sont les hôtes des eaux douces, froides et trans- parentes qui tombent de nos cascades. Le Gourami est aujourd'hui complètement naturalisé à l'île de la Réunion. Le débordement des viviers durant les grandes crues d'eau et les débordements ont conduit ce poisson, des réservoirs où on le tenait captif et en stabulation, dans nos 5/i/i SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMÂTATION. rivières et dans nos étangs. Les rivières de Sainte-Suzanne et de Saint-Jean, celle des Roches, à Saint-Benoît, renferment des Gouramis qui s'y multiplient, échappés des viviers des habitations qui les avoisinent. C'est un grand bienfait. Ces Gouramis sont remarquables par leur volume énorme. Leurs dimensions colossales font rêver à ceux de la Chine. Cela s'explique aisément : ce poisson est dans nos rivières le seul qui soit herbivore, et nul ne vient lui faire concurrence en ce genre d'alimentation. De la sorte, et par le soin qu'on prend à l'élever, il devient de plus en plus commun dans notre île. Dans une vallée qui domine le quartier français, l'unique pro- priété d'une série de créoles est un vivier de Gouramis pour chaque famiUe. Toute leur fortune consiste dans ce modeste avoir. Heureux s'ils savaient mettre en pratique les progrès et les manœuvres de la pisciculture moderne ! Même à l'île de la Réunion, l'hiver, le Gourami disparaît de la surface de l'eau : il gagne les couches inférieures plus chaudes que les supérieures: il s'envase même, et semble hi- verner ; si la vase manque , il serre et rallie de très près les bords où la température est moins basse. L'été il fait le con- traire , tant la chaleur semble être pour lui une condition né- cessaire; il se tient au voisinage du soleil, à la surface de l'eau et aspire fréquemment l'air extérieur. 11 vient à mer- veille sur le littoral de toute l'île, surtout à Saint-Paul, où la température est plus chaude et plus uniforme: là chaque mai- son opulente qui borde la Chaussée a son vivier. Cette con- dition de chaleur a été un motif de sa plus rapide naturahsation à l'île Maurice. Un colon n'a pu le faire multipHer dans un vi- vier alimenté par une source d'eau froide, tandis que dans deux bassins consignés à eau stagnante il foisonnait. Un habi- tant, M. Protêt, s'étant rendu acquéreur de la propriété de Bellevue, où les premiers Gouramis introduits à l'île Bourbon avaient été déposés en 1795, voulut de nouveau tenter l'épreuve déjà faite par M. Desmanières. Une trentaine de très beaux Gouramis furent quatre ans sans se reproduire. La venue d'un été exceptionnel et très chaud leur permit d'effectuer une éclosion abondante, mais les petits périrent à l'entrée de l'hi- ACCLIMATATION DU GOURAMI. 5/i5 ver. — A Salagie, au Brûlé, situés dans les montagnes de l'île de la Réunion, malgré de jolies pièces d'eau stagnante, bien disposées, le Gourami n'a pu vivre, à cause de l'abaissement de température, et cependant il n'y gèle jamais (1). Sur le ver- sant même de Saint-Denis, sur la montagne à une certaine élévation, il a toujours succombé à cause du froid. En Algérie, en Provence, sera-t-on plus heureux ? On peut et l'on doit ten- ter cette entreprise jusqu'à ce que l'insuccès en ait démontré l'impossibilité. Le froid est donc l'ennemi le plus redoutable du Gourami. Cuvier, procédant par analogie, pensait que ce poisson pouvait être acclimaté en France. Ce grand naturaliste oubliait sans doute que l'habitation du Gourami se limite exclusivement aux parties chaudes de la Chine. Le bailli de Suffren et le natura- liste Pérou ont fait d'inutiles efforts pour importer ce poisson en Europe. Leurs Gouramis sont morts au voisinage du cap de Bonne-Espérance, en changeant de climat. La conception du bailU de Suffren pour le faire arriver en France, en l'accli- matant par échelle le long de la côte orientale d'Afrique et en remontant vers le Sénégal, après avoir doublé le cap de Bonne-Espérance, a quelque chose de gigantesque comme le génie de ce grand homme. La hgne droite en pareil cas serait encore le plus court chemin, et la voie de Suez pourrait en vingt- huit jours mettre le Gourami dans les viviers de Marseille et de l'Algérie et sur les tables opulentes de l'Europe. C'est à la Société impériale d'acchmatation qu'il appartient de réahser ce rêve magnifique auquel travaille l'infatigable M. Liénard, dont la Société des arts de l'île Maurice garde le nom et le sou- venir. — Avec un peu d'argent pour s'approvisionner d'une certaine quantité d'eau et la bienveillance des agents de la Compagnie orientale des bateaux à vapeur, on pourrait se procurer à l'île de la Réunion , dernière étape de ces stea- mers dans l'océan Indien , un certain nombre de petits Gou- ramis, les mettre dans des baquets, et les habituer à cette (I) Dans ces localités, le thorniomètic, au cœur de notre hiver (juin, juillet et août), ne s'abaisse jamais à plus de /i à 5 degrés au-dessus de zéro. T. VIII.— Novembre 1861. 35 5A6 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. . réclusion et à ce régime un mois avant leur départ. Après ce temps de prison préventive, on les conduirait en France parla mer Rouge. Les baquets devraient être suspendus à bord comme des hamacs, pour éviter les chocs et une trop grande agitation de l'eau. Il faudrait que cette entreprise eût Heu en été, afm de ne rencontrer aucune température froide, de la mer des Indes à la Méditerranée, le froid étant le seul enne- mi à redouter. La traversée de la Réunion à Marseille se fait en vingt-huit jours. Dans ces conditions, on serait bien malheu- reux si, sur 200 Gouramis, on n'en conduisait quelques-uns à bon port. Il faudrait se servir d'eau prise à l'île de la Réu- nion dans les liassins mêmes oii les poissons seraient péchés, et diviser le nombre des sujets importés pour multipher les chances de succès. L'acclimatation des Gouramis rendus à Marseille serait l'ob- jet de soins nouveaux pour lesquels tout ce que j'ai dit pré- cédemment pourrait n'être pas sans utiUté. Voici encore, sui- vant nos idées, de quelle manière il faudrait procéder. Diviser la quantité des poissons sauvés en trois parts, si elle est assez nombreuse au point d'arrivée : en conserver une partie à Marseille ; en diriger une autre sur Alger, et la troisième sur Paris. Ces poissons devraient, dans ces villes, être déposés dans les bassins qui se trouvent dans les serres et qui servent d'aquariums. On pourrait en laisser quelques-uns dans les viviers naturels, en plein air, tout le temps de l'été, et les mettre en automne en serre-chaude, comme on le fait pour les orangers, enfants comme eux de chauds chmats. Ce serait un très grand avantage, si même,. à ces conditions, on pouvait acclimater le Gourami en France. De génération en génération, on finirait peut-être par le voir, comme la Carpe, si lentement conquise sur la Perse, se maintenir et se multi- plier en liberté dans nos canaux, sous les eaux que réchauf- fent sans cesse les usines à vapeur, concourant doublement ainsi à un but d'utilité humanitaire. SUR LES VERS A SOIE DU JAPON ^'^ {Bombyx Mori). LETTRE ADRESSÉE A M. BARUFFI , Délégué de la Société à Turin, Par n, Victor ROBERTI. (Séance du Conseil du 26 septembre 1 861 .) Mon cher professeur Barulfi , Je vais vous rendre compte de l'éclosion et de l'éducation des Vers à soie du Japon que la Société d'acclimatation de Paris vous avait recommandés, et que vous avez eu la com- plaisance de me confier en partie. J'ai sorti cette graine de la cave, où je l'avais déposée pour attendre le développement de la feuille de Mûrier, qui a été très tardif cette année, le 1" du mois de mai, décidé à la lais- ser éclore à la température naturelle. Le morceau de carton couvert de cette graine pouvait contenir, à mon appréciation, cinq mille œufs, du poids pro- bable de A à 5 grammes. Je pense que cette graine n'avait pas été lavée ni en janvier, ni plus tard. Dès le lendemain, 2 mai, quelques Vers commencèrent à éclore, la température de la chambre arrivant à peine à \!x degrés et demi centigrades. Mais ayant observé que les petits Vers ne mangeaient pas, je passai ma graine dans la chambre à coucher, qui était à 16 degrés et demi. Les Vers continuèrent à naître chaque jour en petite quantité, mais sans pouvoir manger ni vivre. C'est seulement depuis la matinée de la journée du 11, probablement parce que la température est montée à 18 de- grés, que les Vers éclos commencèrent à se nourrir et à vivre, à ma grande satisfaction. (1) Les Vers à soie dont il est ici question provenaient de renvoi fait à la Société par M. Duchesne de Bellecourt, consul de France au Japon. hliS SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATÂTION. L'éclosion continua chaque jour plus abondante, jusqu'au 22 du mois, la température ayant encore monté jusqu'à '21 de- grés et demi et s'y étant maintenue. Après deux jours d'interruption, j'obtins encore Téclosion de quelques Vers, une centaine environ, qui se développèrent moins bien et plus lentement que les autres. Je conclus de tout cela que la graine dont il est question n'était pas dans un parfait état de conservation. Les Vers obtenus étaient très petits et très noirs à l'éclosion ; leur croissance me parut très lente d'abord. Ils atteignirent pourtant en huit jours le premier sommeil, et neuf jours après, le second, sans en perdre pour ainsi dire un seul ; j'avais eu le soin de ne pas en abandonner un seul sur la vieille litière, lors des changements, et je ne pouvais faire autrement, ayant un mélange de Vers nés pendant onze jours de suite. Les plus avancés de mes Vers se réveillèrent encore très bien du troisième sommeil; mais je ne peux pas dire s'ils ne furent pas un peu paresseux à cause de mon mélange ; l'essen- tiel, c'est qu'il ne m'en mourait pas. Ils prospérèrent et devinrent très beaux pendant le qua- trième âge, d'un beau blanc, avec un petit reflet vert ou bleu, d'un épidémie très fm, plus petits que nos Vers ordinaires, mangeant très bien, toujours à une température constante entre 21 et 22 degrés centigrades, les fenêtres ouvertes, sans la moindre trace d'humidité dans l'atmosphère, ou de mau- vaise odeur dans la chambre.. . J'avais affaire à des Vers à soie de l'espèce chinoise... Ils allaient si bien, qu'il ne pouvait pas me venir à l'idée d'essayer de les saupoudrer avec du charbon pilé et de la poussière de chaux, seulement par précaution et comme préservatif, selon la méthode chinoise décrite par M. le comte Gastellani. Et pourtant, quelques heures après qu'une centaine de Vers, les premiers nés, que j'avais séparés des autres depuis quelques jours, s'étaient réveillés du quatrième sommeil et avaient très bien changé de peau, j'observai qu'ils ne se por- taient pas bien, qu ils avaient mauvaise mine, ne mangeaient pas, perdaient leur transparence, devenaient roides; quel- VERS A SOIE DU JAPON. 5/i9 qiies-uns paraissaient devenir noirs ; un ou deux avaient déjà la pointe de la queue tachetée de noir... Alors, craignant de tout perdre (j'en avais la conviction), je me décidai à employer la chaux et le charbon, en saupou- drant mes Vers éveillés, que j'avais divisés en trois classes, avec du charbon seul, de la chaux seule, et avec charbon et chaux successivement sur les mêmes, à quatre heures de distance. C'était une après-midi. Le lendemain, mes Vers ainsi saupoudrés abondamment, se portaient sensiblement bien ; quelques-uns seulement des plus malades succombèrent, pas plus de six à huit. Je pris alors le parti de saupoudrer tous mes autres Vers endormis, et tous les autres à mesure qu'ils arrivaient au quatrième sommeil, en répétant le charbon et la chaux pour les Vers retardataires qu'on aurait néghgés dans une grande éducation. Tous mes Vers ainsi traités, à l'exception d'un nombre insignifiant, arrivèrent à filer leur cocon, qui est d'une fine graine, de bonne contexture, d'une grosseur moyenne conve- nable, mais d'un vert pâle, nuance qui n'est pas très appréciée dans le commerce, parce qu'elle donne la soie d'un blanc sale, qui ne plaît pas à la vue. Le poids moyen des cocons est de 90 centigrammes; pour faire 100 grammes, j'ai eu un dixième de cocons plus gros, dont 50 pesaient les 100 grammes. J'ai eu en tout 2^''\b0 de cocons que j'ai laissés éclore, et qui m'ont donné environ 200 grammes de graine sur des carions minces. Les papillons avaient, en général, assez bonne mine, mais un petit nombre avaient quelques taches noires sur les ailes, ce qui prouverait que les Vers ont contracté la maladie domi- nante, et que c'est la feuille du Mûrier qui la leur aurait don- née. J'espère réussir l'année prochaine à paralyser les effets du germe de la maladie contractée cette année, en usant de la méthode chinoise complète, charbon et chaux, dès le com- mencement de l'éducation. Veuillez agréer, etc. Victor Roberti. SUR LA COCA, LE QUINOA ET LE PIÏO DES INDIENS, LETTRES ADRESSÉES OU TRANSMISES A M. DROUYN DE LHUYS, . Vice-Président de la Société impériale d'acclimatation, Par m. E. de LESSEPS, Charcré d'affaires de France au Pérou. (Séance du 8 novembre 1861.) Lima, le 1 5 septembre 1861. Monsieur, La lettre ci-jointe de M. Colpaert vous prouvera le soin empressé apporté à exécuter vos ordres et les difficultés que leur accomplissement a rencontrées. Aussitôt que cet envoyé du ministère de l'instruction publique aura pu réunir les fruits et plants indiqués dans la note jointe à votre première lettre, je me ferai un devoir et un plaisir de vous les faire parvenir par la voie la plus sûre et la plus prompte. En attendant, permettez-moi de vous offrir, avec la Coca, ([uelques échantillons de plantes médicinales du Pérou, dignes, je le souhaite, do l'intérêt des botanistes de notre •illustre Société, si elles ont jusqu'ici échappé à leur curiosité scientifique. Chacune de ces plantes recueillies et offertes par M. Dupevron, vice-président de la Société de bienfaisance française de Lima, est accompagnée d'une notice indiquant ses vertus et ses propriétés. Deux flacons renfermant des graines de Pito et de Qulnoa du Pérou font partie de cet envoi. M. Colpaert, qui regrette de n'avoir pas pu s'en pro- curer une plus grande quantité, entre dans d'intéressants détails sur ces deux végétaux. J'aurai répondu également à votre bienveillante lettre du 21 juin dernier, en vous faisant savoir qu'à sa réception, je me suis rendu chez M. le ministre des relations extérieures, pour lui recommander chaleureusement M. Roehn, ainsi que vos Lamas et Alpacas. Dès que j'aurai pu me mettre en rela- SUR LA COCA, LE QUINOA ET LE PITO DES INDIENS. 551 lions directes avec cet intrépide voyageur, je le prierai de me mettre à même de vous prouver, en le servant, le haut prix que j'attache à votre recommandation. M. Melgar (le ministre) m'a chargé de vous assurer qu'il ne négligerait rien de ce qui pourrait aider M. Roehn dans la mission que vous lui avez confiée... Sig7ié E. DE Lesseps. Lettre de M. G. Colpâert , envoyé en mission scientifique dans r Amérique du Sud jjar le Ministre de V instruction publique, à M. E. de Lesseps, chargé d'affaires de France au Pérou, Islay, le 4 7 juillet 1861. Monsieur le chargé d'affaires, J'ai l'honneur de vous accuser réception de votre lettre du 9 courant, renfermant la note et le mode de vous expédier des fruits et des plants de Coca. Vous n'ignorez pas que ce curieux végétal n'est cultivé par les Indiens que sur l'autre versant des Andes, et que le passage des régions froides, malgré toutes les précautions que l'on puisse prendre, est funeste à la délicatesse de cette plante; d'un autre côté, il est indispensahle que les plants soient enlevés avec une certaine quantité de terre prise au pied du végétal mère : c'est ainsi que font les Indiens quand ils entreprennent dé nouvelles plantations. Or cette terre, en passant par des transitions subites de température, de l'extrême froid à la grande cha- leur, sera cause du dépérissement de la tige ; quant aux fruits de Coca, les soins à prendre pour qu'ils arrivent en Europe en bon état sont inouïs : il faudrait, comme vous le dites très bien, une petite serre artificielle; mais alors il faut accom- pagner soi-même l'envoi jusqu'au port d'embarquement pour surveiller et graduer, selon les lieux et les endroits, la marche calorique de la susdite serre, et empêcher ainsi la fermenta- tion des embrvons. Malgré toutes les difficultés que j'ai pris la liberté de vous signaler, alin que vous soyez convaincu qu'il n'y aura point 552 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. de ma faute si malheureusement ces objets arrivaient en mauvais état ; malgré, dis-je, toutes les craintes que j'éprouve à l'avance sur l'issue de l'envoi, aussitôt après mon arrivée dans la vallée de Santa- Anna, je m'occuperai sérieusement, de la manière la pins propice et la plus sûre, pour vous expédier les plants et fruits des deux espèces. ào, Coca cultivées au Pérou, et s'il est possible de me procurer des écbanlillons (même nature) de Coca bolivienne, plus estimée par l'Indien que celle du Pérou, soyez persuadé que je ne négligerai rien à cet égard. Je profite de l'occasion de mon ami M. de la Puerta, pour vous faire parvenir des échantillons de Quinoa et dePito. Le premier (Chenopodium quinoa, AYild.) est une plante de la famille des Atriplicées, et dont la graine, d'une couleur blanc jaunâtre , ressemble au Millet. Elle ne donne point d'épis comme le Blé, mais elle fournit une fleur presque impercep- tible, couleur bleu foncé. La graine se trouve tout à côté ; la lige, généralement couleur paille, est cependant quelquefois, et quoique ce soit la même espèce, couleur cramoisi, sang de bœuf; la feuille, quoique petite, est un bon légume vert, analogue à l'Épinard, et qui n'a pas cette amertume ni cette àcreté assez prononcées que l'on remarque dans la feuille du Quinoa d'Europe, et qu'on ne peut lui ôter que par plu- sieurs lavages. Cette plante vient particulièrement sur les plateaux élevés des Andes; elle pousse à l'élat sauvage. Sur la côte, où l'on sème cette graine, il en vient de deux espèces : l'une, douce et agréable au goût, et l'autre tellement amère, que les oiseaux la dédaignent ; la feuille de cette dernière, qui est plus grande que l'autre, finit, comme celle d'Europe, par perdre cette àcreté en lui faisant subir plusieurs lavages. Dans la Sierra, les Indiens sèment le Quinoa en octobre, et font la récolte en février, de môme que l'Orge. Les Indiens habitant les plateaux élevés des Andes font bouilhr la graine de Quinoa comme le riz en Europe, et ils ajoutent un morceau de Llama qui constitue la graisse ; ce plat, très estimé des Indiens de ces régions, est leur principale nourriture. SUR LA COCA, LE QUINOA ET LE PITO DES INDIENS. 553 Ils font aussi avec celte graine une sorte de boisson appe- lée chicha. Ils la mettent dans l'eau, où elle séjourne environ trois ou quatre jours, et où naturellement elle fermente; puis ils la font sécher, la broient et la font bouillir. Au bout d'une heure d'ébullition, ils y ajoutent un levain, tel que le concfw, qui est le résidu de la chicha de Mais, et pour rendre cette boisson plus agréable, on met, après refroidissement, soit du sucre, de la cannelle ou de la muscade. Le Pito est un végétal qui pousse à l'état sauvage dans les mêmes régions des Andes que le Quinoa, et qui atteint parfois 2 mètres de hauteur; sa graine, très petite, d'une couleur blanc gris, est la principale nourriture de la Indiana, ou pauvres Indiens. Ceux-ci la font griller, exactement comme nous faisons griller le Café, et la mangent à cet état, ou bien la pulvérisent et la délayent dans l'eau, en y ajoutant un peu de sucre. Cette graine constitue à cet état la boisson la plus agréable, la plus rafraîchissante que j'aie bue de ma vie, sans lui ôter ses principes nutritifs. Jamais l'Indien de la Sierra ne se met en route sans emporter un petit sac de cette graine, et sa provision de Coca. Pourvu de ces deux choses, l'Indien est capable des plus grandes fatigues, sans souffrir de la faim. Si vous trouvez, Monsieur le chargé d'affaires, les échantil- lons de ces graines, ainsi que les détails qui se rattachent à leur usage, d'un certain intérêt, je m'estimerai heureux de l'idée que j'ai eue de vous les envoyer, et me croirai autorisé à pouvoir, à l'avenir, vous envoyer des échantillons des curieux végétaux que je suis susceptible de rencontrer dans mes voyages dans l'intérieur. Veuillez agréer, etc. Signé G. Colpaert. m. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DU GOISSETL DE LA SOCIÉTÉ. SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 1861. Présidence de M. Drouyn de Lhuys, Vice-Président. Le Conseil admet au nombre des membres de la Société : BouYER (F. -M.) , lieutenant de vaisseau , commandant l'aviso à vapeur l'Alecton, à Toulon (Var). Charnây (Désiré), auteur des photographies des monu- ments du Yucatan, de Guatemala et d'Oaxaco, à Paris. Fâche (Gabriel), avocat, propriétaire, à Paris. FouGERoux (du), ancien représentant, au château du Fougeroux, près Sainte-Hermine (Vendée). JACQUEMET-BoNNEFOND(Marius), horticulteur pépiniériste, à Annonay (Ardèche). Jacquemin (Eugène), professeur de chimie à l'École de pharmacie, à Strasbourg (Bas-Rhin). Lamarche (Alfred), industriel, à Liège (Belgique). Mas (D. Sinibaldo de), ministre plénipotentiaire de S. M. la reine d'Espagne, à Madrid (Espagne). Nagelmaekers de Broukère (Jules), banquier, à Liège (Belgique). Reneufve, sous-préfet, à Riom (Puy-de-Dôme). Riant (Paul), ancien membre du Conseil général de la Seine, au château de Sillery, par Savigny (Seine-et- Oise), et à Paris. — M. le Président annonce au Conseil les pertes regrettables que la Société vient de faire de plusieurs de ses membres : Mgr Verrolles, èvèque de Colomby, qui, dans sa mission apostolique en Mandchourie, avait donné de nombreux témoi- gnages de son zèle tout dévoué pour notre œuvre, et à qui la Société décernait, dès 1855, le titre de membre honoraire. M. C. Aguillon, qui, nommé délégué du Conseil à Toulon, lors de la première organisation de ces fonctions, le 23 fé- vrier 185Zi, les avait toujours remplies depuis cette époque PKOCÈS-YERBAUX. 555 avec le plus gi-arid zèle, et avait mérité, par ses reiaarquables succès dans la culture et l'acclimatation de diverses espèces de végétaux exotiques, en 1857 une mention honorable, et en 1859 une médaille de seconde classe. M. Liénard père, dont le nom se rattache si honorablement aux diverses tentatives d'introduction du Gourami en France, et qui avait eu la satisfaction de voir ses efforts récompensés par l'arrivée à Marseille, en juillet dernier, d'un certain nombre de ces poissons vivants. (Voyez au Bulletin, p. 367.) M. le comte Ch. de Préault, et M. Joseph Dournay. — La Société académique des sciences, arts, belles-lettres et agriculture de Saint-Quentin (Aisne), est, sur sa demande transmise par M. le docteur Blin, son secrétaire général, admise au nombre des Sociétés agrégées. — MM. L. de Bec, Lemaire, E. Oppenheim (de Cologne) et F. Spinelli (de Naples), adressent leurs remercîments pour leur récente admission parmi les membres de la Société. Ces deux derniers confrères offrent à la Société leur bienveil- lant concours pour les essais d'acclimatation qu'elle désire* rait tenter dans les pays où ils résident. — M. le Secrétaire fait connaître diverses communications adressées à la Société, relativement au projet d'érection d'une statue de Daubenton, parmi lesquelles il signale les souscrip- tions de la Société d'agricullure de Douai, de la Société d'agri- culture de Saint-Pol, du Comice agricole central de Lille, de la Société centrale de l'Yonne pour l'encouragement de l'agri- culture, de la Société d'agriculture de Louhans (Saone-et- Loire) , du Comice agricole de Villeneuve-sur-Lot (Lot-et- Garonne), du Comice agricole de Pierrefort (Cantal), et de plusieurs de nos confrères des départements. — M. le Ministre de la marine et des colonies écrit, en date du 27 septembre, pour assurer la Société de ses bienveillantes dispositions à favoriser les expéditions d'animaux originaires de nos colonies ou des contrées étrangères (voyez page 572). — M. S. Netscher, résident de Piiour et ses. dépendances (Indes néerlandaises), écrit pour faire connaître spontanément «on désir dç concourir à notre œuvre, autant que le lui pcr- 556 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'aCCLLMATATION. mettront sa position officielle et son autorité sur les contrées soumises à son administration. — Des remercîments ont été adressés à M. Netscher pour ses offres, qui sont acceptées avec empressement. — Des propositions semblables ont été faites par notre nouveau confrère M. Bouyer, lieutenant de vaisseau, com- mandant l'aviso à vapeur de guerre rAlecton, en partance pour la Guyane. — M. Rufz de Lavison donne communication d'une lettre qu'il a reçue de M. Hausman, consul de France au cap de Bonne-Espérance, au sujet de la correspondance établie depuis quelque temps déjà entre la Société et lui, relativement aux animaux de l'Afrique méridionale qu'il serait possible de se procurer. M. Hausman signale la rareté actuelle des Zèbres, la difficulté de s'en procurer, même à des prix très élevés ; les efforts infructueux tentés par sir Georges Grey, quand il était gouverneur de la colonie anglaise, pour en envoyer en Europe, quoiqu'il fût parvenu à en réunir six vivants au Cap. Il annonce ensuite que, concurremment avec M. Ghabaud, agent consulaire français à Port-Élisabeth, à qui nous devons déjà un premier envoi, il s'occupe de rechercher diverses espèces intéressantes, entre autres les Oies africaines dites de mon- tagnes, et des Antilopes, pour les offrir à la Société. Quant à des Poissons d'eau douce, ajoute M. le consul, la colonie du Cap n'en possède point, et en demande, au contraire, à TEu- rope. — Notre honorable confrère M. Dutrône , poursuivant généreusement son œuvre de propagation de la race bovine sans cornes qu'il a créée, écrit pour offrir à la Société deux nouveaux sujets sarlabots, savoir : un Taureau destiné à rem- placer celui qui avait été envoyé à la Martinique, et qui y est mort peu de jours après son arrivée, et une petite Vache pleine, croisée breton et sarlabot, pour suppléer la petite Vache arabe désarmée du Jardin d'acclimatation, qui est restée stérile. Le Conseil accepte avec reconnaissance ces nouveaux dons de notre dévoué confrère, dont la lettre renferme, en outre, la PROCÈS-VERBAUX. 557 nouvelle du prochain départ du Taureau réservé pour le jar- din d'acclimatation d'Alger ; de l'installation en Bavière d'un autre reproducteur mâle de même race, accepté parla Société allemande protectrice des animaux. De plus, il donne copie d'une lettre qui lui a été adressée d'Alexandrie par les ambas- sadeurs de Siam, pour lui faire connaître l'excellent état dans lequel se trouve, au moment de partir d'Egypte, le Taureau qu'il leur a offert pour Leurs Majestés siamoises. Nous croyons devoir rappeler, à cette occasion, que déjà M. Dutrône avait assuré l'introduction de cette race en Grèce, en envoyant au roi un Taureau qui est arrivé dans les meil- leures conditions à sa nouvelle destination. Des remercîments seront offerts à notre confrère pour ses nouveaux dons, qui sont acceptés avec reconnaissance. — M. Drouyn de Lhuys donne communication d'un cer- tain nombre de documents qui lui ont été transmis par M. le docteur Sacc, notre délégué à Wesserling, et qui sont relatifs aux services importants rendus à la colonie française de la Guyane par M. V. Bataille et M. Michely. Ces documents, dont la plupart sont des pièces revêtues d'un caractère officiel et authentique , constatent les louables efforts faits depuis longtemps par M. Bataille pour les progrès de la colonie, principalement au point de vue de l'alimentation et du déve- loppement de son commerce, et ceux de M. Michely, pour la création de l'industrie séricicole à la Guyane, où elle pourrait donner des résultats si avantageux. La Société avait pu déjà apprécier le zèle et le dévouement de nos deux honorables compatriotes, auxquels elle s'est fait un devoir de témoigner sa reconnaissance en leur décernant à plusieurs reprises les récompenses qu'ont méritées leurs services. — Une lettre de M. Bataille, datée de Cayenne, le 1" sep- tembre, ajoute une nouvelle preuve de son zèle, en annonçant un neuvième envoi d'animaux adressés à la Société (voy. p. 527). Cet envoi se composait de 25 Mammifères ou Oiseaux, dont 13 seulement sont arrivés vivants, savoir : 2 Yacous, 3 Marails, un Agami, 2 Hoccos alector, un jeune Pécari femelle, un Agouti mâle, un Acouchi mâle, un Paca femelle et un Kinkajou. 558 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D*ACCLIMATATION. Notre généreux confrère signale les Pacas, au point de vue alimentaire, comme donnant une viande de première qualité ; les Pécaris comme étant de seconde et l'Acouchi de troisième qualité. — M. le secrétaire des commandements du Vice-Roi d'Egypte, par une lettre datée d'Alexandrie, le 12 octobre, annonce l'envoi de trois Gazelles tétais, offertes à la Société par Son Altesse. Une lettre de M. N. Suquet (de Marseille), annonce qu'une seule de ces Gazelles a été reçue au Jardin zoologique de cette ville, où elle restera provisoirement pour se reposer des fa- ligues du voyage, et que les deux autres ont péri pendant la traversée. — Madame Duffour (de Bordeaux) offre pour le Jardin d'acclimatation une Gazelle barrée de l'intérieur de l'Afrique. — Des remercîments seront transmis à madame Duffour. — M. le docteur F. Mueller, par une lettre écrite de Mel- bourne le 26 août, annonce l'envoi qu'il vient de faire, parle navire Lincolnshire, de plusieurs animaux, savoir : cinq CaiUes d'Australie {Coturnix australis), dont quatre sont arrivées vivantes; quatre Goat-sucke?'s {Capri?nidgus humeralis), qui ont péri tous pendant la traversée, et deux Colombes {Peris- tera chalcoptera), destinées au Jardin d'acclimatation d'Alger. Notre honorable confrère, membre honoraire de la Société, annonce en outre la prochaine expédition d'un couple de Grues d'Australie {Native Companioiis),, offert par la Société d'acclimatation de Melbourne, et un mâle de la même espèce que le docteur Embling veut bien rriettre à notre disposition. 11 ajoute ensuite qu'il espère pouvoir nous faire parvenir, pour la saison prochaine, quelques jeunes Laiighing Jacass {Dacelo gigantea), et d'autres espèces utiles ou d'ornement, et adresse ses remercîments pour la paire de Zébus du Sou- dan qui a été offerte par notre Société à sa sœur de Melbourne. Il termine en signalant le bienveillant empressement de M. Truy, consul de France, à favoriser ces précédents échan- ges, et à intervenir tout récemment encore pour l'envoi d'une collection considérable de graines, provenant du jardin bota- PROCÈS-VERBAUX. 559 nique de Melbourne et destinées au jardin d'acclimatation d'Alger. Dans cette collection, se trouvent des graines dePitto- sporiim imdulatiim^ arbre qu'il regarde comme digne d'une sérieuse attention , parce qu'il pourrait très probablement s'accommoder du climat de notre colonie africaine et de l'Eu- rope méridionale, et qu'il est précieux pour ses propriétés médicinales, sa beauté de formes et la fragrance toute spéciale de ses fleurs. Un échantillon d'huile de ce curieux végétal, préparé par ses soins, figurera à la prochaine exposition de Londres. — Une lettre de M. Ramel, du 23 octobre, confirme ces renseignements , et annonce que , sur une proposition de M. Ledger, le gouvernement de Victoria a voté 50 000 francs pour une seconde importation d'Alpacas en Austrahe. — M. le docteur Sacc transmet, à la date du 30 octobre, un certificat du maire de la ville d'Arco (Tyrol), attestant que notre honorable confrère, M. Althammer, possède en ce mo- ment huit grandes Outardes {Otis tarda), dont cinq mâles et guatre femelles, nés chez lui en domesticité, tant en 1859 qu'en 1860 et en 1861, et que ces oiseaux sont magnifiques , sains et très bien portants. M. Sacc rappelle en même temps le beau succès obtenu cette année par M. Noël Suquet, directeur du jardin zoolo- gique de Marseille, dans la reproduction de l'Autruche en domesticité (voyez page 382). — Nous extrayons d'une lettre de M. Graells, délégué de la . Société à Madrid, adressée \q ih octobre à M. le Président, les passages suivants : « Les Emeus {Dromaius) de notre parc du Retiro se sont reproduits, et les petits ont fort bien réussi. Cette reproduc- tion est due aux soins de M. François Bara, qui avait obtenu des Autruches l'année dernière. — Nos Autruches ont couvé cette année à deux reprises différentes, mais l'incubation n'a pas réussi par des accidents imprévus. — Les Lamas se sont beaucoup reproduits, ainsi que les Mérinos Mauchamp, et mes Chèvres d'Angora. — Dans notre jardin zoologique se sont multiphés les Canards de la CaroUne, les Oies d'Egypte, les 560 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. deux espèces de Colins et diverses variétés de Pigeons de Cuba. — Nous travaillons activement, et je vois avec plaisir que nous réussissons, car nous avons attiré déjà l'attention des particuliers, qui commencent à se livrer à l'acclimatation et à la propagation des animaux utiles dont nous leur facili- tons l'acquisition. » — M. le capitaine C. Salles (de Marseille) écrit, à la date du 29 octobre, pour insister sur l'importance que présente- rait une sérieuse tentative de multiplication de la Tortue dans la Méditerranée, et demande à être chargé de cette mission. Le projet exposé par M. Salles est pris en considération par le Conseil, et une commission est nommée pour examiner cette question et faire à ce sujet un rapport à la Société. Cette commission se compose de MM. A. Duméril, Moquin-Tandon, Rufz et Soubeiran. — S. Exe. M. le Maréchal Ministre de la guerre transmet, à la date du 29 octobre, une lettre de S. Exe. M. le Maréchal gouverneur général de l'Algérie, en réponse à celle qui lui avait été adressée avec un exemplaire du Mémoire de M. Lami- ral, et du Rapport de M. Soubeiran sur l'acclimatation des Éponges sur le Httoral de la Méditerranée. La lettre de M. le duc de Malakoff est un nouveau témoignage de l'intérêt qu'il veut bien prendre aux travaux de la Société , dont il est membre, et en particulier à la question traitée dans les docu- ments qui lui avaient été adressés. A cette lettre était joint un échantillon d'Épongé, de forme curieuse, péché dans les environs de Bône (voyez page 572). , — S. Exe. M. le Ministre de l'agriculture accuse réception, à la date du 31 octobre, de l'exemplaire de ces mêmes Mé- moire et Rapport, et offre ses félicitations à M. le rapporteur. — M. le Secrétaire donne communication d'une nouvelle Notice remise par M. Lamiral, et renfermant d'intéressants détails sur les manœuvres que peut exécuter le bateau plon- geur propre à la récolte et à l'ensemencement des Éponges et du Corail, ainsi que l'équipage de ce bateau. — M. Soubeiran donne lecture d'une lettre qu'il a reçue de M. A. Necchy, aide de camp de M. le général Garibaldi, en PROCÈS-VERBAUX. 561 réponse à celle qu'il lui avait adressée relativement aux ten- tatives d'acclimatation des Eponges que le général propose de faire sur les côtes de son île de Caprera. M. Necchy annonce que ces expériences vont être commencées pro- chainement. — M. Soubeiran transmet ensuite des Notes très intéres- santes qu'il doit à l'obligeance de M. de la Fons, baron de Mélicoq, de Raismes (Nord), et qui renferment une ordon- nance de 1395 sur la pêche, et des extraits de divers titres anciens propres à faire connaître les noms vulgaires des pois- sons de mer dans le nord de la France, du xiv' au x\f siècle. Ces notes ont été relevées par M. de la Fons Méhcoq dans les archives de l'hôtel de ville de Lille et dans celles de l'hôtel de ville de Valenciennes. Ces documents seront renvoyés à l'examen de la section de pisciculture, ainsi qu'une brochure adressée de Saint-Martin- de-Ré, par M. le docteur Kemmérer, et ayant pour titre : ce Des ruches tuilées, et de la culture des Huîtres sous le rapport commercial. » M. Kemmérer assure que les ruches tuilées, recouvertes de mastic calcaire, ont donné d'excellents résul- tats pour la culture des Huîtres. — M. LabiUe, de Boulogne-sur-Mer, écrit qu'il poursuit activement ses louables efforts pour l'organisation d'une Société de pisciculture, en vue du repeuplement des eaux douces et saumâtres dans les départements du nord de la France. — Des réponses au Questionnaire sur la Vipère sont adres- sées : l** Par la Société d'agriculture d'Orléans ; elles ont été rédigées par la section de médecine de cette Société, et par le docteur Pelheux (de Beaugency). 2° Par M. le préfet du Gers ; celles-ci sont dues aux conseils d'hygiène et de salubrité des arrondissements d'Auch , de Condom , de Lombez et de Mirande. Ces nouveaux documents seront joints à ceux que la Société a déjà recueillis en assez grand nombre sur cette question, pour être soumis à l'examen de la commission spéciale, qui sera prochainement en mesure de faire son rapport. T. VIII. — Novembre 1861. 3C 562 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. M. Cil. Brol , délégué de la Société à Milan, transmet : 1° un Rapport de M. V. Roberti , sur une éducation de Vers à soie ordinaires (B. Mori) du Japon, de l'envoi de M. Duchesne de Bellecourt (voyez page 5Zi7) ; 2° un Rapport manuscrit de M. Reymond (de Monza), sur une éducation de Vers à soie de TAilante,. dont les résultats lui ont paru relati- vement satisfaisants, et qu'il compte renouveler avec beau- coup de soin l'année prochaine; 3" un numéro du journal la Perseveranza , renfermant un article rédigé par notre savant confrère M. E. Cornalia, sur les intéressantes obser- vations qu'il a recueillies dans le cours d'une éducation de la même espèce de Vers à soie faite par ses soins. M. Brot transmet en même temps une demande dé graines, adressée par notre confrère M. le comte Gasati, qui désire se livrer à de sérieux essais d'introduction de divers végétaux qu'il signale. — S. Exe. M. le Ministre des affaires étrangères, par une lettre du 15 octobre, transmet la traduction qui lui a été adres- sée par M. Gauldrée-Boilleau, consul de France à Québec, d'un article publié par le Journal des arts et métiers du haut Canada, relativement au parti que l'on pourrait tirer, pour la fabrication de la soie, des Cocons de certaines Chenilles qui se trouvent en grande abondance dans ce pays, telles que les B. Attams, Cecrojna, Polyphemus , Promethea et Luna. M. le Ministre assure, en outre, que M. le consul se charge- rait volontiers de faire parvenir à la Société des spécimens de celles de ces espèces qu'elle désirerait se procurer. Des remercîments ont été adressés pour cette intéressante communication et pour ces offres bienveillantes, qui sont acceptées avec reconnaissance. — M. le docteur Sacc fait parvenir l'extrait suivant d'une lettre qu'il a reçue de M. Michely (de Cayenne), relatif à un fait extrêmement curieux, sur lequel il appelle tout particuliè- rement l'attention de la Société. M. Michely écrit en effet, à la date du 17 septembre 1861 : « Ayant reçu l'année passée, de la Société d'horticulture de Tarn-et-Garonne, quelques graines d'Ailante, je les ai semées et en ai obtenu des plants vigou- rROCÈS-YERBAUX. 563 reux, sur lesquels j'ai placé, lorsqu'ils avaient trois mois déjà, des œufs de Bombyx Hespems, dont les larves s'y sont admi- rablement bien développées. Celles que f ai enlevées de dessus l'Allante pour les placer sur le Café diable^ dont ces Vers se nourrissent à l'état sauvage y se sont laissées mourir de faim plutôt que d'y toucher. » Quoique provenant des mêmes œufs, les Chenilles éle- vées sur y Allante ont une couleur différente de leurs sœurs, nourries au Café diable. Le corps, qui est blanc naturellement, devient verdatre, teinté de bleu ; les six tubercules de chaque segment sont d'un rouge beaucoup plus vif, et la grande bande noire qui s'ouvre transversalement en deux pour encadrer les tubercules passe, au contraire, au blanc pur. » La soie, par contre, ne change ni de poids, ni d'aspect, ainsi que vous pourrez vous en assurer par l'examen du cocon fendu joint à ces hgnes. » En février prochain, j'enverrai à la Société d'acchmata- tion telle quantité de cocons qu'il lui sera agréable. » Voilà donc, ajoute M. Sacc, grâce à l'intelhgence, à la persé- vérance et à la générosité de M. Michely, le magnifique Bo?n- byx Hesperus définitivement acquis à l'agriculture de la mère patrie, puisqu'il se nourrit surl'Ailante, de préférence même au Café diable sur lequel on le trouve à l'état naturel. — M. P. Girodon, ingénieur civil, licencié es sciences, dont la Société s'était empressée d'accepter les offres toutes spontanées de bienveihant concours, en les renouvelant pour l'Egypte et la Syrie, quil se propose de visiter prochainement, adresse de Constantinople, le 21 septembre dernier, un Mé- moire très intéressant sur la sériciculture dans les provinces transcaucasiennes russes, et notamment dans la vihe de Nou- kha, oii il se vend annuellement environ 500000 kilogrammes de cocons. — Des remercîments ont été adressés à M. Gi- rodon. — M. E. de Morgan fait parvenir, de Huisseau-sur-Cosson (Loir-et-Cher), le 2A octobre, un Rapport très circonstancié sur son éducation de Vers de l'Ailantc en 1861 , et sur les observations qu'il parait avoir faites avec un très grand soin. / 56/l SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. — Une lettre de M. Maumenet (de Nîmes) est relative à une éducation de la même espèce, dont il rend compte. — Notre collègue M. Edan, consul de France, délégué du Conseil à Chang-haï (Chine), adresse, par le bienveillant inter- médiaire de M. le général de division Jamin, une collection de graines de fleurs du nord de la Chine. — Cette collection sera partagée, autant qu'elle pourra l'être, et des remercîments seront transmis à notre zélé délégué et à M. le général Jamin. — M. le baron Anca adresse, au nom de la Société d'accli- matation et d'agriculture en Sicile, une collection de Hari- cots et de Ricin, extraite de celle qu'avait exhibée à l'exposi- tion de Florence M. Michel-Ange Carolo. — Des remercîments ont été transmis à M. le baron Anca. — M. Drouyn de Lhuys donne communication d'une lettre qui lui a été adressée de Lima, par M. E. de Lesseps, chargé d'affaires de France au Pérou, qui témoigne de son désir de servir utilement les intérêts de la Société dans ce pays, prin- cipalement en ce qui concerne les Alpacas et les végétaux que notre honorable vice-président lui a recommandés, et trans- met une lettre de M. Colpaert, envoyé du ministère de l'in- struction publique, qui s'occupe activement de recueillir des graines de Coca, de Quinoa et de Pito, pour nous les faire parvenir (voyez page 550). M. de Lesseps annonce en outre qu'il envoie, dès à présent, avec une provision de Coca, quelques échantillons de plantes médicinales du Pérou, recueiUies et offertes par M. Dupeyron, vice-président de la Société de bienfaisance française de Lima, et des graines de Pito et de Quinoa, dues aux soins obligeants de M. Colpaert. M. Drouyn de Lhuys s'est chargé d'interpréter auprès de M. le chargé d'affaires de France à Lima, les sen- timents de reconnaissance de la Société. — M. Delaroche , délégué au Havre, fait parvenir une collection de graines expédiées de la Plata par notre dévoué confrère M. J. Lelong, dont une lettre, datée de Buenos-Ayres, le IZi août, donne des renseignements sur ces plantes, et con- lirme ses bienveillantes dispositions à l'égard de la Société. — M. le major Taunav envoie de Rio-Janeiro, avec des PROCÈS-VERBAUX. 565 lettres du 25 août et du 2Zi septembre, des capsules de Sapou- caya, contenant leurs amandes, destinées à être soumises à un essai de culture en Algérie. On peut, dit notre honorable confrère, espérer voir les Sapoucayas {Qiiateles lecytis), croître et fructifier en Algérie , et peut-être dans le midi de TEurope, où elles fourniraient leurs nombreuses amandes, non-seulement comestibles, mais saines et savoureuses. Ces fruits de Sapoucaya, ainsi qu'une capsule de Bertholletia excelsa, vulgairement appelé Châtaignier du Brésil, ont été immédiatement envoyés à M. le Maréchal gouverneur général de l'Algérie, pour le jardin d'acclimatation d'Alger. M. le major Taunay, qui les devait au zèle obhgcant de M. le comte d'Escragnolle, major au service du Brésil, avait pris toutes les précautions nécessaires pour conserver les amandes aussi fraîches que possible , en enveloppant la capsule d'un réseau de fd de fer pour en empêcher la rupture. — Un envoi de graines des Indes françaises a été également adressé, avec une lettre datée du 7 septembre, par notre hono- rable confrère M. Hayes, commissaire de la marine , chef du service à Chandernagor. — M. Baraquin écrit de Belern (Para), le 2 octobre, pour faire connaître un envoi de graines et tubercules destinés à la Société. Notre honorable confrère exprime ses regrets de ne pouvoir expédier tous les objets intéressants qu'il pourrait recueihir, vu les nombreuses difficultés contre lesquelles il a à lutter, et qui n'ont cependant pu abattre sa rare énergie. — M. Delisse (de Bordeaux), à qui la Société doit déjà une abondante provision de graines de Loza, annonce, par plu- sieurs lettres datées du 1 2 octobre au h novembre, qu'il pourra encore en mettre une certaine quantité à la disposition de nos confrères; qu'il a obtenu un nombre assez considérable de jeunes plants à' Eucalyptus globuhis , dont il avait reçu des graines directement d'Australie, et qu'il en tient une partie en réserve pour la Société. Il adresse un sac de Blé dur d'Afrique, qui lui a été signalé comme d'excellente qualité, et annonce qu'd enverra des toulfes et des graines d'un Millet de Péking, dont il a suivi la culluro avec grand soin depuis 566 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. trois ans, et sur lequel sa lettre contient des détails très inté- ressants (voy. au Bulletin). — M. Galland (de Ruffec) a fait déposer au siège de la Société deux échantillons de Blé, l'un abandonné à lui-même, l'autre préparé à l'aide de l'appareil conservateur qu'il a ima- giné avec M. G. Vridaud. La comparaison de ces deux échan- tillons démontre évidemment les avantages incontestables de cet appareil. — M. Jean Macé, de Beblenheim (Haut-Pdiin), a fait égale- ment déposer un échantillon de Maïs à poulet perfectionné, à sa septième année de culture. Ce Maïs est d'une maturité par- faite, et paraît offrir des qualités toutes spéciales. — M. Drouyn de Lhuys communique une lettre par la- quelle M. le docteur Sacc lui transmet le passage suivant de l'ouvrage de Schmarda, intitulé Reise um die E?'de, sur l'Arra- cacha; d'où notre savant délégué croit pouvoir conclure que nous devons, avant tout, nous efforcer d'obtenir les variétés précoces d'Arracache, puisque cette plante, avant d'être livrée à la culture de pleine terre, devrait, à son arrivée, être placée en serre tempérée. M, Sacc a également relevé dans cet ouvrage un passage qui indique que les Mexicains emploient de toute antiquité le procédé Rarey pour dompter les Chevaux sauvages et corriger ceux qui sont vicieux. — M. Guérin-Méncville dépose un certain nombre de gousses d'une espèce particulière de Haricot de Yénétie , offertes à la Société par M. de Morgan. — S. Exe. M. le Ministre des affaires étrangères transmet, à la date du lA octobre : 1*" le quatrième numéro du Bulletin de la Société d'acclimatation et d'agriculture en Sicile ; 2° une lettre de M. le baron Anca, renfermant un Rapport sur une première éducation de Vers à soie du Ricin, faite cette année en Sicile par ses soins ; 3° une lettre de M. le recteur Filipo Evola, relative aux avantages, bien constatés par des expé- riences , du sirop de Sorgho sur le moût cuit, pour la fabri- cation des vins; 4° un Mémoire plus étendu sur le même sujet. PROCÈS-YERBALX. 567 — M. Brierre fait parvenir avec de nouvelles notes et de nou- veaux dessins sur ses cultures, un Rapport d'ensemble sur les plantes de récente introduction, dont il a reçu les graines de la Société, et qu'il a cultivées à Riez (Vendée), et propagées gratuitement en France et à l'étranger, pendant les années 1855 à 1861. Ce rapport comprend une nombreuse série de végétaux de diverses espèces, sur lesquels M. Brierre n'a cessé, depuis 1855 , d'adresser à la Société de fréquentes notes accompagnées de dessins àl'huile parfaitement propres à faire connaître les plantes à leurs divers âges. — M. Philippe , jardinier en chef du jardin botanique de la Marine, à Saint-Mandrier, près Toulon, a adressé, à la date du lA octobre, un Rapport sur sa culture ^Eucalyptus glo- bulus, Labill., dont les graines lui ont été remises le 11 sep- tembre 1858 par M. Richard Foy, lieutenant de vaisseau. Ce rapport confirme ce que l'on sait déjà de la puissance de végé- tation de ce géant australien, dont la croissance à Saint-Man- drier a été de 5 mètres en une année, et que M. Philippe regarde comme l'une des plus précieuses acquisitions que puissent faire l'Algérie et nos départements méridionaux (voyez au Bulletin). Notre honorable confrère a envoyé depuis une Notice sur le Schi7ius molle (Poivrier d'Amérique, faux Poivrier), qu'il cultive en pleine terre depuis plusieurs années, et qu'il a pro- pagé en Provence, à cause de sa vigoureuse végétation et de l'usage qu'on peut faire de ses fruits abondants et propres à être employés comme condiment (voyez au Bulletin). — M. Auzende , jardinier en chef du jardin de la ville de Toulon, adresse, avec une lettre du 22 octobre, des graines, fruits, tubercules et plants d'un certain nombre de végétaux de pleine terre, dont une partie proviennent de graines dis- tribuées par la Société. — M. Drouyn de Lhuys dépose une Notice sur une espèce {ii'Abies d'Arcadie, très voisine de VAbies cephalonica^ qui lui a été adressée par M. Th. de Heldreich (voyez au Bulletin)^ avec j)lusieurs dessins photographiés de cet arbre. L'admi- nistration du .lardin d'acclimatation possède une provision 568 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMÂTATION. assez considérable de ses graines, qu'elle tient à la disposi- tion de nos confrères à un prix très modéré. — M. Léo d'Ounous écrit du Vigne, près Saverdun (Ariége), pour entretenir la Société des succès qu'il a obtenus de la culture d'un certain nombre de végétaux exotiques, arbres fruitiers ou d'ornement, et légumes de récente introduction. — M. Léon Maurice, délégué à Douai, rend également compte des résultats de ses cultures dans le département du Nord. — M. Chagot écrit, à la date du 6 novembre, pour rectifier une erreur qui s'est glissée au dernier numéro du Bulletm, page 521, où il faut lire « qu'il désire se livrer à de sérieuses tentatives d'acclimatation dans notre colonie occidentale d'Afrique, » et non d'Algérie. Notre honorable confrère ajoute qu'il a effectivement envoyé au Sénégal 50 kilos de graines de coton et de plantes alimentaires, médicinales et autres. — Diverses demandes de graines, adressées par nos con- frères, ont été enregistrées. — Sur la proposition de M. Drouyn de Lbuys, le Conseil décide que des instructions générales seront rédigées dans le cours de la prochaine session, et que le soin en sera confié à une Commission composée de MM. Cosson, Duméril, Dupin, Guérin-Méneville, Moquin-Tandon et Soubeiran; chacune des cinq Sections sera en outre invitée à déléguer un de ses membres pour le représenter dans cette Commission. — M. Baruffi, délégué à Turin, adresse deux numéros de la Gazzetta officiale ciel regno d'Italia, dans lesquels il a publié d'intéressants articles sur les travaux de la Société. — Parmi les publications déposées sur le bureau, se trouvent deux Notices, sous forme de circulaires, adressées par notre zélé confrère M. Victor Chatel. L'une a pour titre Le Smradn, et porte la date du 10 mai 1861 ; l'autre, datée du 20 août, est intitulée : Les jardins maraîchers du camp de Châlons. — Le Conseil décide que la séance de rentrée, pour la session 1860-1861, sera fixée au 6 décembre prochain. Le Secrétaire du Conseil , Guérin-Méneville. V. BULLETIN MENSUEL DES CONFERENCES ET LECTURES. Conférences sur la Pisciculture, au Jariiin d'acclimatation du bois de Roulogne, Par m. AIillet, Vice-Président de la Seclion de pisciculture. (octobre 1861.) I La pisciculture est pour les eaux ce que Tagriculture est pour la terre, la pêche n'en est que la moisson; mais c'est cette moisson qui nous intéresse le plus au point de vue de l'alimentation pu])lique. Pour en apprécier les produits, il est nécessaire de rechercher l'étendue et la nature du domaine aquatique sur lequel elle s'effectue. La France présente environ 200 000 kilo- mètres de fleuves, rivières et canaux, et 200 000 hectares de lacs et étangs; dans ces nombres ne sont pas comprises les vastes étendues d'eau salée sur lesquelles s'exerce la pêche maritime. D'après notre législation, le droit de pêche appartient à l'État sur 15 000 kilomètres seulement, et aux particu- liers sur le surplus. On peut déjà, par ce simple aperçu, se rendre compte de toute l'influence que l'industrie privée doit exercer sur les produits de la pêche. Un de nos éminents confrères, M. de Forcade la Roquette, a porté à '20 millions de ft'ancs la valeur réelle du poisson péché annuellement dans l'ensemble de nos eaux douces, y compris les espèces voyageuses capturées à l'embouchure des fleuves et des rivières (Bull, delà Soc. imp. d'accl.^ avril 1860). Ce produit est bien minime, surtout quand on considère que la France livre chaque année à la consommation plus de 380 millions de kilo- grammes de viande de boucherie, et plus de 100 millions d'hectolitres de pommes de terre! On a recherché les causes qui pouvaient influer sur cette production qui est bien inférieure à ce qu'elle devrait être, eu égard à l'é- tendue et à l'importance des eaux douces ; on a cru les trouver dans l'im- prévoyance et l'incurie des riverains, dans l'insuffisance des lois et règle- ments, et même dans l'organisation administrative du service de la pèche. Mais on s'est, en général, placé à un point de vue trop étroit pour l'examen d'une question qui doit être envisagée sur un horizon beaucoup plus étendu. 11 faut, en effet, considérer les cours d'eau sous trois faces : 1° comme voies de circidation sur lesquelles sont engagés des intérêts de plusieurs centaines de millions ; 2'' comme force motrice pour les usines, représentant aussi des sommes immenses ; et 3° enfin, comme domaine empoissonné utile à l'alimen- tation publique. Dans quelle proportion figure ce dernier intérêt ? est-ce par centaines de millions ? Non, assurément ! 11 ne faut pas, dès lors, s'étonner s'il a été négligé ou sacrifié en face des puissants intérêts de la navigation et des usines. Cette situation, toutefois, n'est pas sans remèdes, et il y aura lieu d'examiner ce que pourrait être, en cet état de choses, l'action réparatric des divers détenteurs des eaux. Nous aurons bientôt l'occasion d'étudier, dans cet ordre d'idées, les moyens de favoriser et de faciliter la reproduction 570 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION. du poisson ; nous examinerons en même temps les motlifications à introduire dans la législation et dans le service de surveillance des cours d'eau. Nous pouvons même, dès h présent, constater que des améliorations im- portantes ont été réalisées ; depuis plusieurs années déjà on s'est occupé activement et sérieusement du repeuplement des eaux. Si les administrations spéciales chargées de la pèche n'ont pas encore obtenu de très grands résul- tats, la cause ne peut en être attribuée qu'aux conditions mêmes dans les- quelles elles sont placées; car il ne faut pas perdre de vue que les services publics ne disposent que de 15 000 kilomètres de canaux, fleuves et rivières, sur lesquels il faut défalquer 1500 kilomètres concédés à des particuliers, de sorte qu'il ne reste en réalité que 13 500 kilomètres sur lesquels l'État a une action directe, savoir, 500 kilomètres d'embouchures dans l'inscription mari- lime, 5000 kilomètres de canaux et rivières canalisées, entre les mains des ponts et chaussées, et 8000 kilomètres de rivières navigables ou flottables, entre celles de l'administration des eaux et forêts. Sans doute, les études auxquelles on s'est livré plus particulièrement de- puis une dizaine d'années sur la pisciculture n'ont pas encore donné à la science la solution complète de toutes les questions qui l'intéressent, mais elles ont du moins abouti à démontrer : que les eaux peuvent apporter à l'ahmentalion pubhque un contingent décuple, centuple et au delà encore, de celui qu'on en retire aujourd'hui; que ce résultat peut être obtenu, même dans une période de temps assez courte, d'une part, par l'organisation d'une bonne police des pêches, et, d'autre part, par la mise en pratique des bonnes méthodes de pisciculture. Cette industrie est aujourd'hui sortie de la phase d'expérimentation et d'examen, et elle peut enregistrer à son actif des succès remarquables en France et à l'étranger. Des rivières, des canaux, des lacs autrefois improductifs ou dépeuplés, donnent aujourd'hui, par hectare, 300 à /lOO kilogr. d'excellents poissons, et la reproduction s'y fait avec une dépense presque insignifiante. En Irlande, notamment, la haute commission des pêches obtient annuellement, sur une rivière qui n'est pas la centième partie de la Loire, plus de ZiOOOOO kilogrammes de Saumon. Nos fleuves et nos rivières s'ollrcnt donc à la direction générale des eaux et forêts comme une mine féconde exploitable à ciel ouvert ; pour accroître et recueillir les trésors qui sont sous sa main, elle n'a besoin de recourir ni à des crédits considérables, ni à des recherches hasardeuses, tout est prêt; son personnel est presque complet, les procédés à apphquer sont connus. C'est une véritable satisfaction pour nous de pouvoir dire qu'elle a compris sa haute mission ; et nous sommes heureux de citer ici les noms de deux de nos éminenls confrères, MM. de Forcade et Vicaire, qui, placés successi- vement à la tête de l'administration, ont fait rédiger et publier à un très grand nombre d'exemplaires des instructions dans lesquelles les méthodes pratiques de pisciculture sont exposées avec une clarté et une précision remarquables. Dans la position élevée qu'ils occupaient, MM. de Forcade et Vicaire n'ont pas oublié qu'ils étaient membres de la Société d'acclimatation, et n'ont pas CONFÉRENCES ET LECTURES. 571 hésité à favoriser, par Faiitorité de leur nom et par de puissants encoura- gements, les applications pratiques de la pisciculture. Aussi, grâce à leur initiative et à leur patronage, plus de quatre-vingts établissements fonction- nent aujourd'hui sur les bords de nos rivières, où ils se trouvent dans les meilleures conditions possibles pour en opérer le repeuplement en bonnes espèces de poissons. C'est là un noble et digne exemple que Ton ne saurait trop signaler à la reconnaissance publique. De son côté , l'administration des ponts et chaussées n'est pas restée inac- live; elle a créé l'établissement d'Huningue, qui répand, en France et à l'étranger, des quantités considérables d'œufs fécondés ; ses ingénieurs ont entrepris des travaux de repeuplement sur quelques canaux et rivières cana- hsées, et ont cherché à lever les obstacles qui gênaient la libre circulation du poisson. Le concours ou l'action simultanée de ces deux ser\1ces publics paraît devoir amener de bons résultats dans la recherche et l'application, sur une grande échelle, des méthodes pratiques de pisciculture. Au milieu de ce mouvement et de cette agitation que soulèvent partout l'aménagement et l'exploitation des eaux, le temps n'est pas éloigné, sans doute, où nous verrons mettre en culture réglée les cours d'eau de toute nature, lacs, étangs, lagunes et tout le httoral de nos mers. Déjà l'adminis- tration de la marine s'occupe avec succès du repeuplement de notre littoral avec le concours de M. Coste : c'est là un vaste théâtre d'études et d'opéra- tions qui convient aux conceptions hardies de notre savant confrère. La direction générale des eaux et forêts ne peut-elle pas, de son côté, concevoir la légitime ambition de se mettre à la tête du mouvement pour la culture et la mise en valeur des eaux douces. Son rôle, beaucoup plus res- treint sans doute, n'en serait pas moins utile. Commencer par les fleuves et les rivières dont la surveillance lui est confiée, c'est pour elle un devoir, car elle peut faire succéder l'abondance et la richesse à la pénurie et à l'appau- vrissement qui rendent les poissons d'eau douce plus rares de jour en jour, et qui menacent d'extinction les espèces les plus précieuses. G'esl, dans un avenir très prochain, procurer à l'État une notable augmentation de revenus, qui suivra la marche ascendante des populations aquatiques dont l'accrois- sement, une fois protégé et favorisé, peut devenir très considérable et même presque illimité par la propagation des poissons migrateurs, tels que le Sau- mon, l'Alose, etc. C'est enfin, indépendamment de l'honneur attaché à l'ini- tiative de toute bonne chose, se créer le titre le plus assuré à la reconnais- sance du pays , qui tiendra compte à l'administration du bien-être résultant pour lui, de la vulgarisation d'un aliment précieux, inabordable aujourd'hui pour les fortunes modestes et surtout pour les classes ouvrières. En entrant dans cette voie , en se mettant à la tête de la culture des eaux douces, la direction générale des eaux et forêts complétera sa haute mission, et devien- dra dans la nouvelle industrie qui commence un praticien et un guide aussi sûr qu'elle l'est, en ce moment, dans la culture des forêts. {La suite au prochain numéro.) V. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. Lettre adressée à M. Rufz de Lavison, directeur du Jardin d'acclimatation dit bois de Boulogne. Paris, le 27 septembre 18G1. Monsieur, Vous m'avez adressé, le 12 de ce mois, au nom de la Société zoologique d'ac- climatation, une demande à l'effet d'obtenir que des animaux \ivants appartenant aux diverses espèces originaires soit des Colonies françaises, soit de quelques contrées étrangères, telles que le royaume de Siam, la >'ouvelle-Zélande et l'Abys- sinie, soient recueillis dans ces possessions et envoyés en France pour être l'objet d'essais d'acclimatation. Je viens d'écrire à MM. les Gouverneurs de nos colonies pour recommander cette demande à leur attention particulière ; d'un autre côté, j'aurai soin, lorsque l'occasion se présentera, d'adresser des instructions spéciales aux commandants des bâtiments de l'État qui se rendraient dans les parages indiqués plus haut. Recevez, Monsieur, l'assurance de ma considération distinguée. Pour le Ministre de la marine et des colonies. Le Conseiller d'État, directeur des Colonies, DE ROLJOUX. Lettre adressée à M. le Président de la Société impériale d'acclimatation. Alger, le 23 octobre 1861. Monsieur le Président, Je réponds à votre lettre du 28 septembre, contenant un Mémoire sur l'accli- matation des Éponges dans les eaux de la France et de l'Algérie. Il me serait difficile d'émettre une opinion sur la question des Éponges au point de vue de leur reproduction. Je ne saurais décider si les animaux qui les forment peuvent se transporter des côtes de Syrie vers celles de l'Algérie ; mais ce qui est certain, c'est que les eaux de l'Algérie nourrissent des Éponges et qu'elles sont en très grande quantité sur quelques points du littoral de la région de Timis. Je vous fais parvenir un échantillon péché dans les environs de Bône, et qui paraît d'une qualité passable. La nature des eaux algériennes ne serait donc pas un obstacle à l'acclimatation des Éponges qu'on y apporterait des côtes de Syrie. L'emploi du bateau plongeur et du scaphandre n'est guère possible par de grandes profondeurs (1) ; mais si la reproduction des Éponges peut se faire par transport, il serait facile, ce me semble, de placer ces précieux animaux par les profondeurs qui pourront permettre d'en faire aisément l'exploitation. J'ai souvent, errant sur les bords de la nier, alors que je m'occupais à chercher des coquilles, rencontré des Éponges sur des rochers très peu enfoncés en mer. M. Lacaze-Dulhiers, qui depuis deux ans fait des études sur la reproduction du Corail, s'est occupé de la question traitée dans le Mémoire de M. Lamiral; si vous jugez à propos. Monsieur le Président, de lui en faire la demande, j'ai toute raison de croire qu'il s'empresserait de vous adresser d'intéressantes communica- tions. Si donc vous n'y voyez inconvénient, je lui ferai part de la question et du Mémoire dont vous m'avez donné communication. Veuillez agréer, etc. M^i PELISSIER, duc de Malakoff. (I) M. Lamiral a, depuis l'envoi de celte lellre, remis une Note dans laquelle il démontre l'usage facile de ces appareils, niOiiie à de grandes profondeurs. Le Secrétaire du Conseil , Guérix-Mkneville. VI. BULLETIN MENSUEL DU JARDIN ZOOLOGiaUE D'ACCLIMATATION. I. — Octobre, dans ralmanacli zoologiqiie, est un mois d'hiver. Tandis que les arbres se dépouillent de leurs feuilles et se présentent nus à Thiver, les mammifères ont repris leurs longs poils, les oiseaux leur duvet et leurs plumes. La mue est terminée. La ponte n'a plus lieu, ou du moins on remar- que celles des Poules qui pondent encore, ce sont les Brahmapootra, les Coclîincliinoises, qui continuent à donner des œufs de trois jours en trois jours, et parmi les autres espèces, la variété Padoue Hollandais dite Padoue coucou, ce qui peut confirmer le soupçon où Ton est que cette variété a du sang asiatique. II. — Les Mammifères oni produit deux jeunes Yaks, maie et femelle, un Lama et un Guanaco. Ces jeunes animaux sont aussi robustes et aussi vifs que s'ils étaient nés dans l'état de liberté. III. — La mortalité reste, et restera durant la saison d'hiver, le fait le plus notable du Jardin zoologique. On conçoit qu'il en doit être ainsi dans un établissement destiné aux animaux de tous les climats, même des plus chauds. L'hiver est la saison critique, et quelque précaution que l'on prenne pour en adoucir les rigueurs, les hôtes du Jardin s'en ressentiront. Nous ne continuerons pas moins à faire connaître le chiffre de leur mortalité. Il ne nous vient pas dans la pensée qu'on puisse en tirer un argument contre le soin que nous donnons aux animaux ; on y verra plutôt, nous l'es- pérons, une preuve de notre respect pour la vérité. Nous sommes persuadés que dans toutes les questions d'acclimatation, la connaissance de la mortalité est un élément nécessaire, pour pouvoir apprécier ce que coule chaque essai. Nous avons donc perdu en octobre 11 Poules et un Coq de diverses espèces ; 12 Poussins, parmi ceux nés au Jardin ; à Faisans dorés, 3 Colins, 2 jeunes Paons ; 3 IMarails et un Agami (ces derniers le jour même de leur arrivée de Cayenne) ; 13 Perdrix Gambra , et plusieurs individus parmi les Oiseaux d'eau. La mortalité des Gallinacés est en raison de leur population. Octobre est cependant un des mois où nous en avons le moins perdu. 11 est à remarquer que cette fois la mortalité a porté surtout sur les Poules négresses. La maladie pseudo-membraneuse des voies respiratoires est presque entière- ment disparue. Les Poules et surtout les Poussins qui ont succombé présen- taient surtout une sécrétion catarrhale des fosses nasales, un gonflement de la membrane muqueuse, et une légère rougeur de la trachée et des bronches. La perle si regrettable de l'Agami et des Marails résulte des souffrances de ces animaux pendant le long voyage qu'ils ont eu à faire de Cayenne à Paris. Ils étaient dépouillés de leurs plumes, amaigris et moururent en arri- vant. Les 13 Perdrix Gambra provenaient d'un envoi de l'.Algérie. Elles sont toutes mortes eu moins d'un mois, tandis que d'autres individus de la 574 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aGGLIMATÂTION. même espèce qui sont au Jardin depuis longtemps continuent à vivre. C'est ce qui est observé dans toute acclimatation, même des hommes : beaucoup, à lem' arrivée, succombent, mais quelques-uns résistent aux mauvaises chances, finissent par se mettre en harmonie avec leurs nouvelles conditions d'exis- tence, et ce sont ceux-là qui servent au développement de la race acclimatée. Dans l'examen des animaux morts fait par nous, trois lésions ont frappé notre attention : 1° le développement des tubercules dans le tissu musculaire du cœur, en nombre considérable ; 2° la même production disséminée en granulations dans le tissu cellulaire sous-cutané de toute les régions ; 3° un emphysème général observé chez une Outarde canepetière qui ne paraissait pas provenir d'une lésion traumalique des voies respiratoires, mais d'un dévelop- pement spontané de gaz dans l'épaisseur des tissus et des réservoirs aériens. Dans les Mammifères, nous avons perdu une Gazelle édmi (abcès dans la bouche), une Gazelle dorcas (abcès multiples et infection purulente), une Chèvre du ïhiljet (apoplexie pulmonaire), un vieux Béher morvan (diarrhée), un Mouflon à manchettes (diarrhée), deux Lapins, un Tatou. XV. — Le Jardin a reçu en dons : un Pécari à collier, un Acouchi, un Paca, de M. Bataille ; une Outarde canepetière, de M. le baron Salle (de Bourges) ; un Bouc et une Chèvre de Mascate et un Mouton de l'Yémen, de M. le comte Delangle, capitaine de vaisseau; des Cailles d'Australie, de M.Mueller (de Melbourne), par l'entremise de M. Ilamel ; une Chèvre d'An- gora et une Grue couronnée, de U. Drouyn de Lhuys. V. La vente des animaux s'est élevée, en octobre, à 7321 francs. On voit déjà par ce mouvement conuuent le Jardin répond à sa destination de propager l'acchmatation. Les acquisitions se sont élevées à 50/i0 francs, et parmi celles-ci se trouve un grand nombre de Canards mandarins el caro- lins, dont il a été fait provision pour répondre aux demandes qui sont faites de ces jolis oiseaux, si recherchés aujom'd'hui comme ornements des pièces d'eau. VL — Mais l'événement principal du Jardin zoologique, ce mois d'octobre, a été l'ouverture de l'Aquarium. C'est le plus grand de tous ceux qui existent en Europe. Il consiste en un long bâtiment de 50 mètres qui présente sur l'un de ses côtés 1/i bacs ou réservoirs. Les quatre premiers sont destinés aux Poissons d'eau douce, les dix autres aux Poissons d'eau de mer. Ces constructions, d'un effet original et pittoresque, ont vivement intéressé l'at- tention du public et valu au Jardin 30 200 visiteurs. Plusieurs amateurs, à la vue de cet Aquarium, nous ont promis des Pois- sons de leur élevage. M. Roger Desgencttes a envoyé deux douzaines de jeunes Truites, de son réservoir de Saint-Maur. Les divers Poissons et ani- maux, soit d'eau douce, soit d'eau de mer, placés dans l'Aquarium, vivent très bien ; peu sont morts depuis un mois qu'ils y sorit. YII. Jardin, — La température a été en moyenne de 6° à six heures du JARDIN ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. 575 matin et de 16° dans l'après-midi. Les extrêmes ont été de 0" au minimum et de 23° au maximum. Il n'y a pas eu encore de gelées blanches. La plupart des plantes cultivées dans le Jardin d'essai, et indiquées dans le précédent bulletin, ont donné des graines qui peuvent être remises à^HL les membres de la Société qui en feront la demande. L'administration possède plus de cent espèces intéressantes à divers titres. VAbies désigné précédemment dans le Bulletin sous le titre de cepha^ Ionien se trouve être une espèce nouvelle de la Grèce, désignée sous le nom (ÏAhies recjina Âmaliœ., dont la description se trouve dans le présent Bulletin. Le Jardin en a reçu une abondante provision de graines, qu'il peut céder au prix de 5 francs les cent graines et 300 francs le kilo. VJIL — Les conférences du mois, faites dans l'Aquarium sur la piscicul- ture, par M. Millet, ont été suivies par un nombreux auditoire. Nous croyons devoir ajouter à ce compte rendu la liste des Animaux dont le Jardin d'acclimatation peut disposer en ce moment. ]YIamniifères. Yaks du Tliibet, mâles et femelles. Lama mâle ordinaire. Cerf et Biches de France. Biche d'Algérie. Gazelles d'Algérie. Vache zébu {Bos indiens), née en France, Boucs et Chèvres d'Angora. Béliers dits de Crimée (race naine). Bélier à grosse queue de Barbarie. Agouti mâle. Lapins de grandes races : béliers blancs ; angoras blancs ; anglais noirs et blancs, jaunes et blancs. Lapins de petites races : de Sibérie ; riches ou argentés ; anglais bleus. Kangurous de Bennett mâles. Oiseaux. Coqs et Poules de toutes les races. Faisans dorés adultes et jeunes. Faisans argentés adultes et jeunes. Faisans de l'Inde {Phasianus torquatus). Faisans ordinaires ; Faisans ordinaires panachés ; Faisans ordinaires cendrés. Houppifères de Guvier (Euplocomus Cuvieri), Faisan noir de l'Himalaya, Houppifères mélanotes {Euplocomus melanotus), Faisan noir de l'Himalaya. 576 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACGLIMATATION. Dindons blancs, rouges, jaunes, jaspés, bleu cendré. Pintades grises et blanches. Hoccos d'espèces différentes. Paons ordinaires et blancs. Paons du Japon à ailes bleues. Colins houi mâles. Colins de Californie (mâles et femelles), hO paires environ. Colins piquetés femelles. Pigeons romains et de volière de races diverses. Tourterelles Longup {Cohimba lo/^/ioie.!;), Nouvelle-Hollande (nées au Jardin). Oies de Gascogne et de 'l^oulouse. Oies d'Egypte. Oies de Guinée. Oies du Canada. Bernaches ordinaires. Bernaches cravans. Bernaclie de Magellan femelle {Bernicla magellanica), née en France. Canards domestiques de toutes races. Canards de Bahama. Canards de la Caroline. Canards mandarins. Canards casarka {Anas rutila). Canards à bec rouge {Anas autumnalis). Canards tadornes. Canards sauvages divers : pilets, sifïleurs, milouins, morillons, Sarcelles, etc. Cygnes blancs, jeunes et adultes. Cygnes blancs, nés blancs. Cygnes noirs d'Australie. Pélican blanc. Mouettes et Goélands. Hérons communs. Spatules blanches. Huîtriers vulgaires {Hœmatopus ostraleya). — Le Jardin peut également céder, à des prix modérés, un nombre assez considérable déjeunes plants de végétaux de serre et d'orangerie, provenant de semis de graines d'AustraUe, d'Amérique et des Indes. N. B.— Adresser les demandes à M. RuFZ de Lavison, directeur du Jardin d'acclimatation du Bois de Boulogne. Le Directeur du Jardin zoologique d'acclimatation, Le D"^ RuFZ DE Lavison. I. TRAVAUX DES MEMBRES DE LA SOCIETE. RAPPORT SLU UNE PKUPOSITIU^ DE M. SALLES, CAPITAINE AU LO>G COURS, RELATIVE A LA MULTIPLICATION DE LA TORTUE FRANCHE DANS LA MÉDITERRANÉE. Commissaires: MM. Aug. Duméril , Moquin - Tandon , Kufz dk L^vison, et L. !^OL'BEIRA]\ , rapporteur. (Séance du 6 décembre 1861.) Dans la séance du 17 mai dernier, M. Salles, capitaine au long cours, et auquel vous avez accordé (en 1858) une mé- daille pour l'introduction en Europe du Tayo de Sumana, vous a adressé un mémoire intéressant sur la nmltiplication des Tortues de mer, et tout particulièrement de la Tortue franche dans la Méditerranée. Dans ce travail , qui démontre que la pêche de ces animaux est faite sans discernement et sans frein, M. Salles a attiré votre attention sur l'effet inévitable qui résulte de cet état de choses, et a démontré, d'une manière très évidente, qu'il était facile de parer à une éventualité aussi fâcheuse, en favorisant la reproduction des Tortues, et en protégeant les jeunes animaux jusqu'au moment où ils sont recouverts d'une carapace assez forte pour résister aux nom- breux ennemis acharnés à leur perte. L'importance de la question soulevée par M. Salles a valu à son mémoire d'être inséré dans votre Bulletin (1861, t. VIII, p. /|63), au miheu des nombreux documents d'utilité générale auxquels vous accordez cet honneur. Profondément convaincu par une étude attentive de tout ce qui a rapport à la multiplication des Tor- tues, que le repeuplement de nos mers par ces précieux ani- maux est digne de toute votre sollicitude, que des moyens faciles peuvent amener à une solution satisfaisante, et prévenir T. VIIl.— Décembre 1861. 37 578 SOCIÉTÉ IMPÉillALE ZOULOGIQUE d'ACCLIMATATION. la disparition des Tortues, M. Salles a depuis adressé au Conseil de notre Société un nouveau mémoire , où il expose quelle voie serait la meilleure pour exécuter une pareille en- treprise. L'examen de ce second mémoire a été renvoyé par le Conseil à une commission composée de MM. A. Duméril, Moquin-Tandon , Rufz de Lavison et Soubeiran , et nous ve- nons aujourd'hui vous rendre compte du résultat de nos re- cherches sur une entreprise qui nous paraît digne d'être tentée sous l'inspiration de notre Société. Considérant, comme l'avait déjà fait notre collègue, M. Rufz de Lavison {Bulletin, 1859, t. YI, p. 36/i, kVh^ 559), que la Tortue de mer est très recherchée dans un grand nombre de pays , et qu'elle peut figurer avec avantage parmi les sources d'alimentation les plus saines et les plus productives, M. le capitaine Salles pense qu'il est urgent d'imiter ce qui se fait actuellement à l'île de l'Ascension, c'est-à-dire de protéger les œufs et les petits qui en naissent, tandis qu'ils sont encore trop faibles pour résister aux nombreuses causes de destruction qui les menacent. Pour arriver promptement à un résultat utile, il suffirait de s'emparer d'un certain nombre de femelles fécondées, en allant, à l'époque de la ponte, dans les loca- Utés où elles existent encore assez abondamment, aux îles Baléares par exemple, et de les transporter dans quelques parcs établis sur les côtes de la France et de la Corse. Faisons remarquer immédiatement que le succès doit d'autant plus certainement couronner une pareille tentative, qu'il s'agit, non pas d'introduire une nouvelle espèce dans des localités qui en étaient privées jusqu'à ce jour, mais seulement de repeupler des régions aujourd'hui très appauvries , et où les Tortues se trouvaient autrefois en abondance. Il n'y a donc pas ici à redouter les chances fâcheuses qui accompagnent trop sou- vent les tentatives d'acclimatation, puisque les Tortues ont été très fréquentes dans les locahtés qu'on veut repeupler, et que même elles y existent encore, bien qu'en très petit nombre. Pour aller chercher les animaux dont la ponte doit fournir les premiers éléments de l'opération, on n'aura besoin que d'un petit navire pouvant porter une dizaine d'honnnes d'é- ML'LTlPLICATIOiN DE LA TORTUE FRANCHE. 579 quipage : ses dimensions doivent être telles qu'il puisse braver la mer pendant l'hiver, dans la Méditerranée, sur les côtes des Canaries, et sur la côte nord-ouest de l'Afrique, et sa cale devra être assez spacieuse pour recevoir, sans inconvénients pour la santé des animaux , un nombre notable de Tortues. On prendrait les femelles fécondées, au moment où elles se dirigent vers les rivages sablonneux pour y déposer leurs œufs, et les mâles autour des îlots qu'ils n'abandonnent pres- que jamais. Ces derniers animaux devront servir ultérieure- ment à féconder les femelles emprisonnées dans les parcs. Les frais, d'ailleurs peu considérables, que nécessiterait la recher- che des Tortues, pourront être, dès le premier voyage, couverts par la vente d'un certain nombre des Tortues pèchées, et l'on sait que sur le marché de Londres , la chair de ces animaux se vend toujours à un prix assez élevé. Les animaux capturés doivent être déposés dans un parc étabh sur quelque point convenal)le de nos côtes, choisi d'après les considérations suivantes. La conformation de la côte devra être telle qu'elle fasse naturellement les frais de clôture, et qu'il n'y ait plus qu'un barrage artificiel de médiocre étendue à étabhr. Ce barrage , formé de pierres , devra être à pic du côté intérieur, pour opposer un obstacle invincible aux Tortues ; on pourra ménager dans son épaisseur des ouver- tures qui, donnant un libre accès aux poissons, ne leur per- mettraient pas de regagner la haute mer ; ce qui fournirait le moyen d'étabhr une pêcherie dans le parc. On pourrait égale- ment utihser le parc à l'élève des Huîtres et de quelque autre mollusque aUmentaire, tel que la Prère. Comme les Tortues sont herbivores, le fond du parc devra être garni de fucus et de varechs. Pour que la ponte s'opère dans des con- ditions aussi rapprochées que possible de la nature, c'est-à- dire dans du sable sec, il est de rigueur qu'une partie de la plage, au moins, soit de cette nature, et l'exposition au sud sera choisie avecd'autant plus de raison (|ue la chaleur solaire, est l'unique agent de l'incubation des œufs. Toutes ces condi- tions peuvent se rencontrer facilement sur les côtes de nos dé- partements méditerranéens. Du côté de la terre, si la nature ne £80 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLLMATATION. ferme pas suffisamment l'accès dii sable où l'incubation doit s'opérer, une clôture quelconque pourra empêcher l'entrée des animaux ou des voleurs, que d'ailleurs un gardien, choisi autant que possible parmi de vieux marins ou pêcheurs encore dispos, serait toujours chargé d'éloigner. Lorsque la première éclosion aura été efl'ectuée, on mettra en liberté dans les divers étangs de nos cotes méditerra- néennes, du golfe de Lion par exemple, un tiers environ des jeunes Tortues, dès que celles-ci auront une carapace assez dure pour résister à la rapacité des poissons et des oiseaux de mer. Ces jeunes animaux, qu'en raison du peu de profondeur de l'eau, on pourrait parquer facilement avec quelques vieux tilets, seraient dans des conditions d'autant meilleures que le fond de ces étangs est garni d'une abondante végétation. Dès que les Tortues par({uées seront devenues marchan- des, on les expédi(;rait sur les divers marchés, et des béné- fices notables pourront compenser les premiers frais de mise on activité de l'entreprise, couverts déjà en partie par la vente de l'excédant des Tortues du premier voyage, et par celle des poissons ou des mollusques pris ou élevés dans le parc. Le projet de M. Salles, tel que nous venons de l'exposer, se trouve d'une appHcation facile, et ne demandera ({u'une somme assez modique pour être mis à exécution. Mais pour utiliser le navire qui devra aller chercher à plusieurs reprises des Tortues pour la reproduction, et qui devra aussi en porter sur divers points de la Méditerranée, lorsqu'elles seront déjà assez développées, M. Sahes propose d'adjoindre une nouvelle entre- prise qui permettrait d'obtenir bien plus promptement des bé- néfices, en fournissant une nouvelle source de richesses pour notremarine.Ilcroitqu'ilserautiled'aifecterle navire (que dans ce cas on prendrait d'un plus fort tonnage) à la pêche de la Morue australe, pêche susceptible de doubler un jour les produits actuels du banc de Terre-Neuve, et de créer toute une branche nouvelle de commerce avec le Brésil et l'Amérique du Sud, ï/adjonction de cette pêche à la multiplication des Tortues sr" ferait d'autant v>lus facilement, que le moment propice est entre septejubre et janvier, el([ue c'est au contraire vers les MULTIPLICATION DE LA TORTUE FRANCHE. 581 premiers jours de mars qu'il importe de faire captives les Tortues. Le moment paraît d'autant plus opportun à M. Salles, que, depuis le 15septembrel858, un décret impérial brésilien, abolissant les anciens droits prohibitifs sur le poisson de pêche étrangère à ce pavillon, l'admet désormais au léger droit de 500 réis par quintal de 58 kilogrammes 720 grammes (environ 3 francs). Tel est l'exposé sommaire des propositions contenues dans le mémoire de M. Salles, et nous pensons qu'une telle entre- prise serait très utile à effectuer; mais les conditions parti- culières dans lesquelles se trouve notre Société ne lui per- mettent pas d'y prendre une part aussi directe que le désire l'auteur du mémoire. Cependant, si la Société d'acclimatation ne peut elle-même tenter une opération de ce genre, il lui est toujours loisible de donner son approbation à de semblables essais, et de reconnaître qu'il y aurait grand intérêt à les voir entrepris, avant que la destruction des Tortues soit complète. Après avoir sérieusement étudié le problème que M. Salles a soumis à votre appréciation, votre Commission vous demande de donner votre sanction aux conclusions suivantes : 1" La multiplication des Tortues par le procédé de M. Salles peut se faire avec les meilleures chances de succès. T II est très désirable que son projet soit mis à exécution dans un avenir aussi rapproché que possible, car la destruc- tion des Tortues se fait incessamment, et il est importani de conserver cette source précieuse d'alimentation. â" Ce rapport sera adressé aux Ministres de la marine et du commerce, ainsi qu'aux chambres de commerce, pour faciliter autant que possible la mise à exécution d'un projet d'une utilité incontestable. (Les conclusions de ce Rapport ont été adoptées par la Société, dans sa séance générale du (> décembre 1S61.) NOTICE SUR L'INDUSTRIE DE LA LAINE DANS LA RUSSIE MÉRIDIONALE. EXTRAIT d'un MÉMOIRE DE M. JAGERSCHMIDT, SOUS-DTRECTEUR AUX AFFAIRES ÉTRANGÈRES, SLR LA RLSSIE MÉRIDIONALE , Commnniqné par M. Drou^rn de Lhuys. (Séance du Conseil du 8 novembre 1861.) Le Mouton indigène de la Piussie méridionale est une race originaire d'Asie. Il en existe deux espèces : le Yolosk et le Tchoundouk. Le Mouton volosk est blanc, et produit une laine connue sous le nom de laine donskoï; le Tchoundouk est d'une couleur brun foncé, et donne en petite quantité une mauvaise laine ; il est excellent pour la viande de boucherie. A la fin du siècle dernier, la Russie méridionale ne con- naissait que le Mouton indigène, qui produisait peu de laine et uniquement pour les besoins du pays; on le rencontrait par troupeaux errants de 10 000 têtes. A cette même époque, un Français, M. Rouvier, avait émi- gré de Toulon lors de la reprise de la ville sur les Anglais par le général Bonaparte, et s'était établi à Malaga. L'idée lui vint, au bout de quelques années, de se rendre en Russie pour y tenter la fortune. Arrivé en Crimée, il est frappé de l'immensité des pâturages qu'il a sous les yeux: son séjour en Espagne Tavait familiarisé avec l'élève du Mouton méri- nos ; il conçoit le projet d'introduire le Mérinos en Russie. L'occasion était favorable : le gouvernement russe venait de soumettre à son autorité les vastes espaces inhabités des steppes de la Russie méridionale, et donnait à qui voulait des concessions de terrain pour peupler ces solitudes; Odessa sor- tait de ses fondations. DE l'industrie DE LA LAINE EN RUSSIE. 583 M. Rouvier se rend donc à Saint-Pétersbourg, et présente un mémoire dans lequel il sollicite l'appui du gouvernement pour aller chercher en Espagne un petit troupeau de Béliers mérinos. Les fabriques de drap de Moscou étaient obligées jusqu'alors de se procurer, à grands frais, la laine fine en Allemagne. Le gouvernement approuve les conclusions du mémoire. On donne à M. Rouvier une gabare, l'autorisation de l'armer à ses frais avec un équipage et des officiers de la marine de l'État, et un secours d'une quinzaine de mille roubles (60 000 fr.), pour Faider dans son entreprise. îl part en I8OZ1 avec un chargement de blé, dont il se défait à Mar- seille, et se rend avec son navire à Malaga. La fièvre jaune y sévissait avec une effrayante intensité. Repoussé de tous les autres points de la côte d'Espagne, il revient en rade de Ma- laga, décidé à y attendre la fin de l'épidémie, qui ne tarda pas à se déclarer également à bord de son navire. Quand la maladie a cessé, il se rend à Madrid pour essayer de faire lever en sa faveur l'interdiction générale d'exportation des Mérinos qui existait alors en Espagne. Il échoue par suite des dissentiments personnels qui s'étaient élevés entre le prince de la Paix et l'ambassadeur de Russie. Ce n'est qu'au prix de peines inouïes que, de retour à Malaga, il réussit à se procurer cent Béliers du plus beau choix, et à les embar- quer par contrebande. Après trois mois de navigation, il arrive enfin à Sébastopol, où un naufrage l'attendait au port : le navire se perd, mais le troupeau est sauvé. On ne tarda pas à reconnaître que FaméHoration de la race indigène par les croisements successifs avec les Béhers méri- nos était impraticable. Il ne fallait pas attendre moins que jusqu'à la dixième génération pour transformer la laine dons- koï en laine fine. Le gouvernement se décide alors à faire venir de la Vala- cbie une assez grande quantité de mères des plus beaux écliantillons de la race Tsigaï, identique, pour la forme et la qualité delà laine, avec notre race de laCrau, etqui donne, par le croisement avec le Mérinos, de la laine fine à la quatrième génération. Il en livre à M. Rouvier pour une somme de 58/i SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d' ACCLIMATATION. /jO 000 roubles (IfiO 000 francs), doiil, il lui fait Favanœ à 5 pour 100 d'intérêt. Il lui donne, en outre, le choix des terrains sur lesquels il désire s'établir, et ce dernier se décide pour le district d'Aleckki, dans le gouvernement de Tauride, à l'ouest de l'isthme de Pérékop, où le pâturage lui semblait excellent, en même temps que la douceur de la température rendait l'hivernage plus facile. Un contrat est passé , par suite duquel le gouvernement russe fait à M. Rouvier la concession gratuite de 35 000 hec- tares de terre, à la seule condition de justifier, au bout de dix ans, de la possession d'un troupeau désigné de Moutons méri- nos. Il ajoute de plus, aux hO 000 roubles avancés déjà pour les Tsigaïs de Yalachie, une nouvelle somme de 60 000 roubles (2ZiO 000 fr.), destinée à l'acquisition d'un second troupeau en Hongrie, dans les biens du comte Esterhazy. M. Rouvier s'engage à restituer cette avance de 100 000 roubles, plus les intérêts à 5 pour 100. En 1808, M. Vassal, gendre de M. Rouvier et son associé, se rend en Hongrie pour l'acquisition que l'on s'était engagé à faire. Les bouleversements dont l'Allemagne était le théâtre à cette époque l'empêchent de rempHr sa mission. Ce n'est que l'année suivante qu'il réussit à se procurer en Saxe et à ramener en Russie un troupeau de cinq cents Réhers et de mille mères. Dix années après, les engagements pris par MM. Rouvier et Vassal étaient remplis; les avances faites par le gouverne- ment lui étaient remboursées avec leurs intérêts; l'introduc- tion du Mouton mérinos en Russie était un fait accompli. Dans cet intervalle, le duc de Richelieu, gouverneur géné- ral de la nouvelle Russie, avait engagé d'autres propriétaires de la contrée à suivre l'exemple de MM. Rouvier et Vassal. Quelques-uns l'avaient tenté; mais tous les propriétaires russes avaient échoué. Quelques étrangers seulement avaient réussi à importer et à conserver un petit nombre de Mérinos. Il n'en est pas moins vrai que les deux troupeaux importés d'Espagne et de Saxe par MM. Rouvier et Vassal, au prix de tant de peines et de persévérance, se trouvent être, on peut DE l'industrie DE LA LAh\E EN RUSSIE. 585 le (lire, la souche de la plus grande partie des Mérinos ré- pandus en nombre si considérable jusqu'à Moscou. Personne ne peut leur disputer la gloire d'avoir introduit les premiers en Russie une industrie qui a fourni aux fabriques du pays et de l'étranger un aliment assuré, en même temps qu'elle don- nait aux steppes de la Russie méridionale une valeur que leur peu de population ne leur promettait pas de trouver dans la culture des céréales. Les résultats ont prouvé que le Mouton mérinos réussit parfaitement dans la Russie méridionale ; les soins qu'on lui donne se bornent cependant à très peu de chose. Il demeure constamment dans le steppe sans être parqué ; il ne quitte le steppe qu'en hiver, et seulement encore lorsqu'il y a des chasse-neiges ou de la glace. Alors on le rentre dans les ber- geries ; autrement on le laisse, même en hiver, sur le steppe, où il réussit à trouver sous la neige une herbe fraîche qui suffit à sa nourriture, et que fournissent toujours les terrains vierges. C'est le motif qui fait conserver avec autant de soin les terres vierges aux environs des bergeries. En Tauride, on a rarement Heu de mettre le Mouton dans la bergerie ; dans les gouvernements de Kherson et d'Iékatérinoslav, on est habituellement obligé de l'v laisser deux mois d'hiver. La nourriture du steppe est excellente. L'herbe la plus commune est le Stipa pennata ou Stipa capillata, qui donne au printemps, en été, et quelquefois en hiver, le meilleur des pâturages ; mais en automne, quand la plante est arrivée à sa maturité, elle devient très dangereuse, à cause du dard qu'elle renferme dans son épi. Les Moutons emportent l'épi avec eux dans leur laine; le dard entre peu à peu de lui- même dans la toison, arrive jusqu'à la peau, pénètre dans le corps , et la bête meurt bientôt traversée par des milliers d'aiguilles. Ce danger subsiste pendant trois mois de l'année , et quel- quefois même pendant l'hiver, si la gelée n'a pas été assez forte pour détruire l'épi et le faire tomber. Il faut alors éplu- cher les animaux tous les jours avec le plus grand soin, sous peine de perdre le troupeau tout entier. C'est, il est vrai, une 586 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. assez grande dépense de main-d'œuvre, mais c'est encore le moyen le plus employé jusqu'à présent. Quelques propriétaires mettent le feu à la plante ; mais c'est un procédé détestable qui ruine le steppe. Un assez grand nombre commencent à employer des ma- chines à faucher, spécialement appropriées à la circonstance. L'usage de ces machines se répand de plus en plus; elles sont légères, et ne sont manœuvrées que par une paire de Bœufs. C'est un grand cadre de madriers renfermant une série de lames tranchantes, qui agissent par rotation au moyen d'un système d'engrenage, quand la machine se met en mouvement. Plus on s'élève vers le nord, plus ce danger diminue ; ce sont, en effet, surtout les terrains sablonneux de la lisière méridio- nale qui favorisent la croissance exagérée de cette plante. En hiver, le Mouton ne reçoit pas, dans la Russie méridio- nale, la nourriture variée et abondante qu'on lui donne à rétranger. On ne le nourrit que de foin à la bergerie, à raison de 3 livres russes par jour (environ J>**,23). Les pro- priétaires prévoyants ont toujours du foin en réserve pour l'hiver; mais la cherté des ouvriers pour la fenaison, et la difficulté de s'en procurer, font que la provision de foin pour l'hiver est parfois insuffisante. Quelquefois aussi la sécheresse amène une disette de foin, et, si l'hiver se prolonge au delà des provisions ordinaires, les Moutons périssent ou se vendent à vil prix. On ne calcule généralement qu'un Mouton par hectare dans le gouvernement de TaiTinde et le midi de la nouvelle Russie. On pense que le pâturage ne serait pas suffisant pour en tenir davantage, ce qui vient peut-être de la diflicuhé que l'on aurait à faire faucher le steppe sur de très grandes étendues de terrain pour faire disparaître le Stipa pennata. Ainsi, dans le nord des gouvernements de Rherson et d'iékratérinoslav, où cette plante n'offre plus le même danger, on tient deux et jusqu'à trois Moutons par hectare. En Bessarabie, où les pâturages sont beaucoup meilleurs, on entretient cinq Moutons par dessiatine (la dessialine équivaut à lh"',925). Il faut dire aussi que Ton fait paître DE l'industrie DE LA LAINE EN RUSSIE. 587 le Mouton sans soin, sans science aucune. Il gâche considé- rablemenl le steppe. C'est encore là une des causes pour les- quelles on no tient dans le midi qu'un Mouton par dessiatine, le sol y étant plus sablonneux, et par suite plus facile à détériorer. En général donc, les Moutons sont peu nourris et mal soi- gnés. Ils boivent l'eau des puits que l'on a creusés de distance en distance dans le steppe. Cette eau ne manque pas; elle est assez fortement salée. Avec plus de soins et une meilleure nourriture, il n'est pas douteux que les Moutons produiraient davantage : on pourrait donc augmenter le rendement. Mais la qualité de la laine est excellente. La laine de Russie est sur- tout supérieure pour être blanchie ; elle est très élastique et préférable à toute autre pour la nouveauté. Les Moutons, dans la Russie méridionale, souffrent beau- coup plus de la chaleur que du froid. Passant la plus grande partie de l'année dans le steppe, ils n'y trouvent aucun abri. Par les grandes chaleurs de l'été, lorsque le soleil est un peu élevé sur l'horizon, l'appétit manque aux animaux; ils restent immobiles, la tète basse, exposés à toutes les ardeurs de la saison. Aussi la maladie la plus commune est-elle le coup de sang. Toutes les autres maladies connues sévissent également ici, et l'on estime la perte moyenne dans l'année à 10 pour iOO, en dehors, bien entendu, des épizooties extraordinaires. Les troupeaux sont habituellement de quatre à six mille têtes, partagés en deux ou trois divisions. Chaque division est conduite par trois ou quatre berger^. Les bergers sont des paysans des gouvernements de Poltava, d'Orel, et que l'on engage à Tannée, au prix de 80 roubles (o20 francs) par an, au maximum, et que l'on est obligé de renouveler assez fré- quemment, à cause de l'obligation où ils sont de faire chan- ger leurs passe-ports tous les ans au domicile où ils sont inscrits, Rs sont, en outre, nourris d'une façon très copieuse, font quatre repas par jour, reçoivent une pelisse de mouton par an et une paire de sandales par mois. La tonte se fait au mois de mai, elle dure un mois. La monte a lieu en novembre, l'ae^nellement en avril. Les mères 588 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. mettent bas dans le steppe, et les agneaux y viennent très bien . Les achats de laine commencent au mois d'octobre. On achète la tonte de l'année suivante ; on donne au propriétaire la moitié du prix à titre d'avance, sans intérêts. Les acheteurs sont des négociants de Kherson surtout, et d'Odessa. La plus grande partie des laines de la Russie méridionale s'expédie en France. Le propriétaire transporte à ses frais la laine qui lui a été achetée ; mais ces frais de transport sont peu élevés, et ne dépassent pas 10 à 15 kopecks par poud (2 fr. à 3 fr. 75 les 100 kilogr.). On trouve par la comparaison des prix moyens des trois qualités de laines en suint pour les quatorze dernières années, prix de Kherson et d'Odessa, que, depuis l'abaissement des droits de douane en France, les prix n'en ont pas moins été toujours en augmentant. Il y a eu une diminution jusqu'en 1848, par suite de la concurrence de l'Australie; mais la décou- verte de l'or a arrêté la production de l'AustraHe, et les prix en Russie se sont relevés. Jusqu'en 18/i6 et 1847, le propriétaire trouvait du bénéfice à vendre sa laine à li roubles le poud, soit 97 fr. 68 c. les 100 kilogr. Aujourd'hui, il ne peut plus livrer sans perte, à moins de 6 roubles le poud, soit l/i6 fr. 52 c. les 100 kilogr., à cause du renchérissement de toutes choses, main-d'œuvre, valeur des terres, etc. Les frais de transport en France, pour la laine en suint, étant trop considérables, eu égard à la valeur de la marchan- dise, presque toute la laine de Russie s'expédie aujourd'hui en blanc. 11 faut donc l'assortir, la nettoyer et la laver. M. Vassal a encore ici donné l'exemple, c'est à lui qu'est due la création, à Kherson, du premier lavoir établi dans la Russie méridionale. Actuellement, il existe à Kherson onze lavoirs, lavant environ 290 000 pouds (A millions de kilogr.) de laine fme d'Espagne, et 150 000 pouds (2 millions et demi de kilogr.) de laine ordinaire. 11 en existe, en outre, un à Nico- laïeff, un à Tiraspol, un à Odessa, et un certain nombre dans la mer d'Azow, àRostov notamment. Les frais de lavage, assortissagc et transport de Kherson à Odessa, sont, tout compris, de 85 kopecks par poud de laine en suint (20 fr. 75 c. par 100 kilogr. ). DE l/liNDLiSTKlE DE LA LAINE E.N HLSSIE. 5S9 11 existe également à Kharkow une dizaine de lavoirs; mais les acheteurs manquent souvent, et la laine a de la peine à s'écouler, même quand elle est lavée. A Rherson, les négo- ciants achètent la laine avant la tonte, et avancent de l'argent aux propriétaires. A Kharkow, il en est autrement, et les pro- priétaires souffrent beaucoup de cette absence d'acheteurs, qui entraîne pour eux une pénurie d'argent. Le gouvernement russe a tenté de leur venir en aide. Il a provoqué la formation d'une société par actions, à laquelle il a ouvert un crédit à la Banque. Les opérations consistent à recevoir la laine des propriétaires, à la laver et à la garder en magasin, jusqu'à ce qu'elle trouve à s'écouler. La compagnie fait des avances de fonds aux propriétaires; elle donne envi- ron la moitié de la valeur des marchandises, mais elle ne fait ces avances qu'en recevant la laine, et non avant la tonte, comme cela se pratique à Kherson ; de plus, elle perçoit pour ces avances un intérêt de 6 pour 100, en outre d'une commis- sion de "2 pour 100 sur la vente. Ce sont des employés du gouvernement qui dirigent ces opérations. Les affaires de cette société marchent assez mal. A Kharkow, on emploie la terre glaise pour laver la laine, ce qui la gâte sensiblement ; aussi la laine de Kharkow ne con- vient-elle guère qu'aux fabriques de Reims; c'est en effet là le seul point à peu près, en France, où elle est achetée. Il existe des foires pour la vente des laines à Kharkow et à Poltava. Ce sont des spéculateurs du pays et des juifs de Gallicie qui viennent y acheter la laine en suint pour l'expédier. Très peu de laines de hi Russie méridionale sont envoyées à ces foires. SUR UN MILLET DE CHINE. LETTRE ADRESSÉE A 1^1. LE PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE d'acclimatation Par M. T. DELISSE. (Séance du Conseil du 25 octobre 1861 .) Blanquefort, près Bordeaux, 16 octobre 18G1. Monsieur le Président, Je crois devoir vous faire connaître les résultais que j'ai obtenus dans la culture d'un Millet de Péking, que j'étudie depuis trois ans, et qui me paraît devoir être une très pré- cieuse ressource pour nos départements méridionaux, où les prairies sont grillées par le soleil au point de ne plus présen- ter au bétail qu'une pâture tout à fait insuffisante, souvent même absolument nulle; l'herbe n'existant plus que sous forme de chaume ou de feuilles complètement desséchées. La plante dont j'ai l'honneur de vous entretenir, est, je crois, un Millet ; elle est arrivée parmi les graines reçues en 1859 (n" 1383 des graines distribuées par la Société), sous le nom de Millet brun de Péking, et envoyées de Chang-hai par M. de Montigny. Dans tout le semis, je n'ai eu qu'un seul individu. Ce Millet avait été semé en terre assez fraîche, sablo-argi- leuse; il y a pris un très grand développement, mais j'ai re- connu, par la maturité tardive des graines, qu'il fallait au nouveau végétal, ou une terre plus sèche, ou une exposition plus chaude. Cultivé l'année suivante (1860) sur une pente sablonneuse (mélange d'humus et de sable avec très peu d'argile) inclinée vers le nord, j'ai faiUi en perdre l'espèce, à cause de la basse température de l'année. J'ai dû lever de terre quelques touffes qui, replantées contre un mur au midi, m'ont fourni les graines qui ont donné naissance aux sujets de l'année jpré- sente. MILLET DE CHINE. 591 Cette fois, j'ai choisi un terrain incliné vers le midi de 5 à 6 degrés. Le sol, au lieu de l'expérience, contient de l'argile, des cailloux roulés et du sable en proportions à peu près égales; cette terre, en été, devient dure comme une maçon- nerie. Le Millet brun de Péking nous a fait voir cette année toute la puissance de rusticité qu'il possède pour supporter les effets désastreux de la chaleur combinée avec une sécheresse absolue. Le Millet des Landes, placé dans la planche à côté, a été rôti jusqu'au ras du sol; celui du Japon est mort. Il n'était plus resté vestige des autres plantes. Pendant que tout dépé- rissait autour de lui, et que le Maïs King Phihp, son voisin, végétait tout juste assez pour ne donner qu'un quart de ré- colte, le Millet brun était toujours vert et continuait à pros- pérer. Les tiges de cette plante ont présenté cette particula- rité très curieuse, que jusque vers le 15 septembre elles sont restées apphquées ou presque appliquées sur le sol. A dater de là, elles se sont rapidement redressées, et aux premières pluies, de belles toulïes se sont formées, les épis se sont mon- trés, et en ce moment la maturité des graines marche rapide- ment. Sur le terrain actuel, les plantes sont naines, elles avaient l'année dernière deux fois et demie plus de hauteur (l'^jSO). L'année prochaine, je sèmerai en terre chaude une planche de porte-graine, et je ferai l'essai en grand du fourrage chinois dans le marais. Tout me prédit la produc- tion d'un très beau et excellent fourrage, et par conséquent une réussite complète au point de vue agricole. Veuillez agréer, etc. Delisse. II. TRAVAUX ADRESSÉS L r COMMUNICATIONS FAITES A LA SOCIÉTÉ. CURIOSITÉS DE L'AQUARIUM Par M. VlE!\'I\OT, Rédacteur au mini&tère des affaires éliangères. (COMMLMQUÉ PAR >I. DROUYN DE LHUVS.) (Séance du 6 décembre 1861.) Au moment où FAquarium du Jardin d'acclimatation fixe chaque jour l'attention d'un si grand nombre de visiteurs par les merveilles qu'il expose à leur insatiable curiosité, il peut être intéressantde jeter un coup d'œil rétrospectif sur les essais tentés dans un pays voisin, qui ont frayé la voie à l'œuvre que nous voyons s'inaugurer sous nos yeux sur une échelle si grandiose. Nous empruntons ces détails au compte rendu publié dans le Fraser's Magazine d'un ouvrage qui a obtenu en Angleterre un grand succès de popularité, et qui mériterait d'être traduit dans notre langue comme manuel des observateurs, auxquels la récente addition faite à rétablissement du bois de Boulogne ouvre un si vaste champ d'exploration. Nous voulons parler du livre pubhé à Londres en 185/i, par M. Gosse, sous ce titre : L'Aquarium, ou les Merveilles de la mer dévoilées (1). On sait que les expériences de cette nature reposent sur l'équilibre des fonctions vitales entre les deux grands régnes du monde organique , qui fait que les végétaux, absorbant, sous l'influence de la lumière, l'acide carbonique versé sans cesse dans Tatmosphére par la respiration des animaux, s'en assimilent le carbone, et restituent à l'air, pendant la nuit, (1) Parmi les travaux récents qui ont abordé en France Je sujet si peu connu des mœurs des animaux marins, nous rappellerons \(t^ Souvenirs d'un naturaliste, de M. de Ouatrefages, et la Géographie de la mer, traduite par M. Jullicn sur roiivrage classique de M. Maury. CURIOSITÉS DE l'aQUARIUM. 593 Toxygène indispensable surtout à ces derniers. Les lois de cette circulation avaient été mises en évidence par les clii- misles, mais il appartenait à un naturaliste den faire l'appli- cation qui constitue l'Aquarium, c'est-à-dire la réunion, dans un bassin artificiel, de végétaux et d'animaux aquatiques qui, séparés les uns des autres, périraient promptement, tandis que leur association permet de les conserver en vie, tout comme s'ils habitaient encore aux lieux de leur naissance. D'après M. Gosse, l'honneur des premières expériences fondées sur le principe que nous venons de rappeler revien- drait à M. Warington, qui, en mars 1850, fit part à la Société de chimie de Londres des résultats qu'il avait constatés. 11 avait eu l'idée de placer dans un récipient de verre, pouvant contenir douze gallons, et à moitié rempU d'eau de source, deux petits Cyprins dorés de Chine. Le fond du vase était recouvert d'un mélange de sable et de boue, dans lequel M. Warington planta un jeune Vallisneria spiralis, retenu en place par quelques fragments de grès et de pierre calcaire, disposés de manière à offrir un abri et de l'ombre. Au bout de quelque temps, il s'aperçut que le dépérissement des pre- mières feuilles de la plante commençait à troubler leHquide, et que des conferves formaient une couche à la surface et s'ac- cumulaient sur les parois du récipient. Il imagina alors d'y remédier en introduisant dans l'eau quelques Limaces des étangs. Ces mollusques ne tardèrent pas à dévorer les matières végétales décomposées, et rétablirent la salubrité de l'eau, ainsi qu'on put s'en assurer en voyant la plante grandir et pousser de nombreux rejetons, tandis que les poissons repre • naient leur beauté et leur vigueur et trouvaient un abondant aliment dans les œufs déposés en grande quantité par les Limaces. Le succès fut désormais complet, et M. Warington se trouva dès lors possesseur d'un petit aquarium d'eau douce qui prospérait encore à l'époque où M. Gosse lit paraître son volume, sans exiger d'autres précautions que de remplacer l'eau enlevée par l'évaporation. Encouragé par cette épreuve, M. Warington voulut la renou- veler sur des plantes et des animaux marins. Les conditions T. Vm. — Décembre ISC.I. 38 59/i SOCIÉTÉ niPÉRTÂLE ZOOLOGIQUE d'aCCLDIATATION. étaient plus difficiles, en raison de la nature composée de l'eau de mer, et des particularités de la végétation développée dans cet élément. Il fallut d'abord reconnaître, parmi les trois catégories de ces plantes qui se distinguent par leur couleur rouge, brune ou verte, celles qui altéraient le moins la limpidité de l'eau, et qui fournissaient le plus facilement l'oxygène nécessaire à la vie animale. Il s'assura queles plan- tes vortes répondaient le mieux au but proposé. Il se procura, au moyen d'un bateau pêcheur, de Feau prise au milieu de la Manche; il y mit des cailloux ramassés sur la côte, auxquels adhéraient des fragments à' Eiiteromorpha elà'Ulva latissima d'une dimension suffisante, et y joignit des Mollusques et des Zoophytes, qui étaient encore en parfaite santé lorsque M. Gosse les vit quinze mois après leur installation. L'eau de mer apportée en janvier 1852 servait encore en novembre 1853, quand M. Warington publiait dans les Aiinals of natu- ral History l'histoire de sa seconde série d'expériences ; ii avait suffi de substituer de l'eau distillée à celle qui s'était vaporisée pendant cet intervalle. Tandis que ce savant poursuivait ses études, alors ignorées de M. Gosse, ce dernier se livrait à des tentatives moins heu- reuses, il est vrai, qu'il faisait connaître dans le même recueil dès octobre 1852. Au mois de décembre suivant, il se mit en rapport avec l'habile secrétaire de la Société zoologique de Londres, qui lui permit de transférer dans l'un des réservoirs de la nouvelle Poissonnerie [Fish-home) construite dans les jardins de la Société, àRegent's Park, quelques Zoophytes et Annélides marins qu'il gardait chez lui depuis deux mois dans de simples vases. Cette modeste collection fut le noyau du superbe aquarium que l'on admire aujourd'hui dans cet éta- blissement, et dont l'ouvrage de M. Gosse a pour objet de signaler les services scientifiques. Au moment où l'auteur terminait son livre, plusieurs bassins de la Poissonnerie ren- fermaient de l'eau de mer qu'on n'avait pas changée depuis plus de sept mois, et plusieurs des individus qui y vivaient y avaient été placés un an auparavant. ' La foule ne se lasse paS;, au Jardin zoologique de Londres, CURIOSITÉS DE l'aQUÂRIUM. 595 de suivre les ébats jusqu'alors si peu connus des animaux marins et d'eau douce dans les réservoirs distincts qui leur sont assignés. Les seconds sont alimentés par un courant con- tinu; les premiers s'entretiennent moins facilement. Lorsque les plantes marines sont en présence de Zoophytes seulement, l'eau peut se conserver sans s'altérer pendant six mois ; avec des Poissons ou des Crustacés, dont les excrétions se manifes- tent bien plus rapidement, on était réduit, en 185/i, à la renou- veler environ toutes les semaines. Encore fallait-il la puiser à mi-chemin entre les embouchures de la Tamise et de l'Escaut; l'eau recueillie à Douvres ou à Brighton se troublant bien plus tôt que celle provenant de la haute mer. C'est pour éviter cet inconvénient, que l'on a eu recours au. système de fillra- tion pratiqué dans l'Aquarium du bois de Boulogne. Parmi les agents les plus efiîcaces pour entretenir la trans- parence des parois de cristal des réservoirs, M. Gosse cite avec éloge le Vignot commun (Littorina littored), mollusque gasté- ropode à coquille ronde et brune, avec des raies longitudinales noirâtres, qui abonde sur les côtes de la Manche. C'est un hôte très utile pour faire disparaître les myriades déplantes micros- copiques provenant des millions de spores ou de semences que l'eau de mer tient en suspension, et qui, adhérant aux surfaces internes des bassins et s'y développant, ne tarderaient pas, sans le Vignot, aies envahir entièrement d'une couche de verdure. Le naturaliste anglais décrit ainsi la langue de cet animal, vue au microscope : a Le moyen le plus simple d'extraire cet organe consiste à fendre la trompe charnue entre les deux tentacules; la pointe d'une aiguille suffit pour tirer au dehors une espèce de filament blanc, ayant deux pouces environ de longueur : l'une de ses extrémités s'attache à l'œsophage ; l'autre, qui est libre, est roulée en spirale dansla cavité de l'estomac. En mouil- lant ce filament à l'aide d'une goutte d'eau, on peut l'étendre sur une plaque de verre pour rexaminer. On reconnaît que c'est un ruban excessivement délicat, formé d'une substance cartilagi- neuse transparente, sur laquelle sont implantées des depts épineuses ayant féclat et la texture du verre. Ces dents, parfai- tement réguhères, sont rangées sur trois lignes; celles qui 596 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. constituent la lio'ne médiane ont trois pointes, tandis que sur les deux lignes extérieures une dent à trois pointes alterne avec une dent plus grosse, offrant la forme d'une moitié de bateau. Toutes se dressent sur la surlace de la langue en courbes concaves, et sont dirigées dans le même sens. » Une autre tribu de Mollusques gastéropodes, celle des Toupies ou Troques (Trochiis), reconnaissables à leur co- quille, conique comme le jouet d'enfant dont ils portent le nom, peut remplir le même office. Parmi ces espèces, le Trochiis nmbilicatus et le Trochus ciiierarhis, à coquille verdâtre, rayée obliquement de violet, se rencontrent partout où les grèves sont tapissées de plantes marines. M. Gosse recom- mande de s'armer d'une loupe de pocbe pour mieux suivre le mode de dépaissance de cet herbivore en miniature : « A des intervalles très réguliers, dit-il, la trompe, sorte de tube à parois épaisses, se retourne du dedans en dehors jusqu'à ce qu'un organe d'un aspect soyeux vienne s'appliquer contre le cristal. C'est la langue du mollusque, qui la promène un instant; après quoi la trompe se rephe en sens inverse, et la langue disparaît dans sa cavité, emportant avec elle jusqu'au dernier brin de conferve qui occupait l'étroite portion de surface qu'elle a balayée. Au bout d'un moment, le pied ayant légèrement changé déplace, la trompe se déploie une seconde fois, la langue se promène au dehors et rentre avec la trompe, et ainsi de suite. Je ne saurais mieux comparer cette action qu'cà la manière dont le bœuf attire avec sa langue l'herbe d'un pré, ou à celle dont le moissonneur abat les javelles de blé à mesure qu'il marche. Cette dernière comparaison est la plus frappante, en raison des traces que l'homme et le mollusque laissent également derrière eux. Bien (|ue la langue de celui-ci balaye les plantes confervoïdes, ce n'est pas sans laisser une marque à l'endroit où elles croissaient, et de la forme parti- culière ainsi que de la structure de cet organe résultent une série de courbes fort semblables aux sillons que laisse la faux du moissonneur s'avançant à travers champs. » -^ Ailleurs, M. Gosse fait remarquer que les dents des Mol- lusques agissent sur les végétaux dont ils se nourrissent, phi- CLKiusi'iÉs DE l'aquakilaj. 597 tôt à kl iiiaiiièrc d'une râpe que d'une Taux, et rappellent l'efïet des papilles cornées de la langue du lion sur la chair de la proie qu'il lèche avant de la dévorer. Cette conformation est générale chez les Gastéropodes, tout en variant presque à l'inlini d'une espèce à l'autre. Dans le petit Trochus, par exemple, on compte sur le milieu du ruban de la langue onze rangées de dents, et les bords, qui sont recourbés de chaque côté, sont découpés en sorte de peignes obliques. La langue d'un grand ïrochus [Trochus zizyphinus) des côtes britanniques est encore plus compliquée que celle du Vignot. Ce sont de longues lames vitreuses recourbées en pointe et finement dentelées sur leurs bords, tandis que les peignes latéraux se composent de dents également recourbées dont l'épaisseur va en décroissant. Les Crustacés offrent des particularités non moins curieuses. Tel est le Porcellana platyckeles^ animal insignifiant en lui- même, mais intéressant en ce que la section des Anomoures, à laquelle il appartient, forme la transition entre les Déca- podes à courte queue (Brachyures) et les Décapodes à longue queue (Macroures), dont les Crabes et les Homards sont res- pectivement des types bien connus. Ce crustacé est mauvais nageur ; mis dans un bassin, il se contente d'agiter son abdomen qui l'aide à descendre obliquement et à reculons jusqu'au fond de l'eau. Il se fixe alors sous la première pierre venue, et comme il n'abandonne pas sa retraite pendant des mois entiers, il faut avoir soin, pour l'observer, de placer la pierre près de la paroi du vase. L'auteur de {'Aquarium put ainsi s'assurer que les longues antennes de l'animal sont sans cesse en mouvement, comme pour l'avertir de la nature des objets qui s'en appro- chent, et que les pattes-mâchoires sont alternativement proje- tées en avant sans relâche, et ramenées ensuite vers la bouche. Ces pattes ressemblent à une faucille, étant formées de cinq ar- ticulations bordées intérieurement de soies courbes parallèles, qui, à chaque déploiement des pattes, s'étalent, comme les branches d'un éventail, et se rapprochent quand le membre se replie. Examinée au microscope, chaque soie parait garnie elle- même d'un rang de poils plus courts implantés pert)endiculai- 598 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZUOLUGIQUE d'ACCLIMATATION. remeiit à sa longueur. Dans le mouvement de rétraction, les poils de chaque soie, s^entrecroisant avec ceux qui garnissent les soies latérales, forment un véritable treillis qui doit enfer- mer et entraîner tous les animalcules flottant à leur portée ; tandis qu'au déploiement , les soies s'écartent , et laissent s'échapper tout ce que rejette le crustacé, qui peut ainsi se procurer sa nourriture sans changer de place. De tous les Crustacés étudiés en captivité, il en est peu qui donnent heu à des observations plus amusantes que le Pagure (Pagurus)^ vulgairement appelé Soldat ou Bernard l'ermite, et dont plusieurs espèces vivent sur nos rivages. Ce singuher animal est dépourvu de toute enveloppe testacée du côté de l'abdomen, qui est gros et contourné sur lui-même; pour pro- téger cette partie déhcate, le Pagure est réduit à se loger dans la coquihe abandonnée de quelque Gastéropode, àlaquehe il se cramponne à l'aide de ses pattes postérieures, et qu'il traîne partout avec lui. Lorsqu'on trouve im de ces crustacés privés de sa demeure, et qu'on le met dans un vase remph d'eau de mer avec une coquille de dimension convenable, on le voit se diriger aussitôt vers cette dernière, y introduire ses pattes comme pour tàter s'il ne s'y trouve pas déjà un locataire, faire le tour de la coquille en poursuivant cette exploration, puis, dès qu'il est sûr de son fait, il redresse son abdomen et s'y ghsse prestement ; il semble alors aussi heureux et satisfait de sa position qu'il était humilié et malheureux tout à l'heure sans cet abri. Les Pagures sont très querelleurs, ils se battent constamment dans les réservoirs de Regent's Park. Ainsi que le dit M. Gosse : « Deux de ces animaux ne peuvent guère se rencontrer sans se manifester leur hostihté ; chacun d'eux étend ses longues pattes et tàte l'autre, comme font les Araignées, en cherchant à saisir son ennemi du côté le plus vulnérable. En général, ils se contentent de ces preuves de prouesse mutuelle, et cha- que combattant, trouvant l'autre armé de tous points, bat en retraite. Souvent il y a une véritable passe d'armes, les pinces s'agitent en s'écartant d'une manière menaçante, et les deux adversaires se culbutent, et roulent l'un sur l'autre dans l'ar- deur de la mêlée. Parfois la lutte se termine par un dénoû- CURIOSITES DE L AQUARIUM. 599 ment plus tragique. On a vu, à T Aquarium de Londres, un Pagure s'approcher d'un autre qui habitait une coquille un peu plus grande que la sienne, le saisir à la tête avec ses puis- santes pinces, l'arracher de son asile avec la rapidité de l'éclair, et s'y loger non moins promptement, laissant le malheureux dépossédé se débattre dans les convulsions de la mort. » M. Gosse décrit d'une manière très intéressante la bizarre association de cet animal avec un Annélide {Nereisbilineata), qui semble être son compagnon préféré de logis. Les pêcheurs de Weymouth, qui connaissent cette particularité, ne man- quent pas de briser les coquilles renfermant des Soldats, pour en retirer le Ver marin, qui sert d'appât excellent. Un autre ordre de la classe des Annélides fournit un des spectacles les plus attrayants. Lorsqu'on drague en mer dans une eau profonde, on ramène souvent des tessons de poterie et de vieilles coquilles auxquels sont attachées des masses de tubes calcaires d'un blanc sale, enchevêtrés et contournés en tout sens. Ces tubes sont la demeure des Serpules, petits êtres dont la brillante parure contraste avec leur modeste enveloppe. Pour les voir de près sans les effaroucher, on a recours à un micros- cope vissé à la table sur laquelle repose le réservoir : le moindre mouvement de la main pour faire usage d'une lentille de poche ferait rentrer l'animal dans son tuyau. Il faut qu'il se croie à l'aise pour se risquera paraître. On aperçoit d'abord k l'extré- mité du tube une espèce de bouton de couleur écarlate; peu à peu il sort tout à fait, et à sa base s'épanouit un splendide pana- che delà même teinte, disposé en entonnoir. Ce bouton, en forme de cône renversé, porté à l'extrémité d'une longue tige flexi- ble , n'est autre qu'un tentacule ayant pour office de fermer l'oritice du tuyau, quand la Serpule s'y retire tout à fait. Le second tentacule, inutile à l'animal, demeure à l'état rudi- mentaire. Le bouton est richement nuancé de vermillon ou d'orange, parfois strié de blanc pur; son extrémité aplatie est divisée par dessillons rayonnant du centre à la circonférence, oiiilssontarmésdedentsmicroscopiquesparfaitementalignées. Le panache est formé de filaments aux mêmes couleurs écla- tantes, qui sont continuellement en mouvement. Ce sont les 600 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLLMATATION. brancliiesou organes respiratoires, destinés à séparer roxygène de l'eau qui circule àlravers leurs cils vibratoires. LesSerpules n'ont pas de tête distincte; la partie antérieure de leur corps représente une sorte de manteau qui protège les organes que nous venons de décrire et au-dessous duquel s'ouvre l'estomac. M. Gosse n'a pu y constater la présence d'un appareil visuel, bien quel'animal soit sipromptementaverti du moindre danger. Quant au mécanisme qui lui permet d'opérer une retraite instantanée, et d'émerger de nouveau quand toute cause d'a- larme a cessé, le naturaliste anglais en donne une description animée dont voici la substance : «Chacun des sept segments du thorax de la Serpule présente sur les côtés une paire de pieds tuberculaires, traversés à leur sommet par un faisceau de soies fines élastiques et dures, que des muscles spéciaux fontsortir du pied ou y rentrer complète- ment, à la volonté de l'animal. On compte par pinceau vingt à trente de ces poils, qui, au microscope, offrent l'apparence d'un tuyau jaune, transparent et de consistance cornée, se dilatant à son extrémité en nœud divisé en quatre pointes. Trois de ces pointes sont très ténues, la quatrième se prolonge en lance acérée très élastique et aiguë. Lorsque l'animal veut sortir, il pousse au dehors des pieds les pinceaux du premier segment dont les pointes pénètrent dans la fine membrane qui tapisse l'intérieur du tube et leur fournit un point d'appui. Les segments postérieurs se contractent, les pinceaux de la dernière paire de pieds s'épanouissent à leur tour et s'arc-boutent de la même manière, tandis que ceux de la première paire rentrent dans le fourreau et permettent au corps de s'allonger. S'agit-il de reve- nir sur ses pas, la nature y a pourvu par un appareil préhenseur encore plus délicat. Chaque pied est marqué sur le dos d'une ligne jaunâtre, perpendiculaire à Taxe du corps, Hgne imper- ceptible àFoeil nu, mais qui, sous un grossissementde 300 dia- mètres, présente Faspect d'un ruban musculaire érectile, garni sur toute sa longueur de plaques triangulaires paral- lèles, découpées en sept dents, dont six se recourbent dans un sens, et dont la septième se recourbe en sens opposé, eu faisant face aux autres. » M. Gosse a compté 136 plaques sur CUKIOSITÉS DE l'aQUAIUL'.U. (JOl m seul ruban, et comme il y a autant do rubans quo de pieds, c'est-à-dire quatorze, on peut évaluer à 1900 le total de ces plaques préhensiles, chacune mue par un muscle distinct. Chaque plaque étant armée de sept dents, on voit que l'animal dispose de 13 à ih 000 crochets, suceptibles de s'implanter à sa volonté dans la membrane de sa cellule. Il n'est pas éton- nant qu'avec tant de muscles faisant agir ces myriades de "rif- les, il puisse se déroher avec tant de rapidité. » Tel est le mer- veilleux système moteur prodigué à un misérable Ver marin? Nous aurions encore à parler du suicide des Astéries et des Holothuries, et des mouvements non moins curieux des Our- sins et des Anémones de mer. M. Gosse a pu observer que les longs fdaments de l'Actinie sont de véritables armes offensives. Il a vu l'un de ces filaments s'attacher à un petit poisson, qui parut grièvement atteint, et, après quelques efforts pour nager, ne tarda pas à mourir. Le Hvre de M. Gosse renferme de nom- breux détails à cet égard, ainsi que sur les Zoophytes et les Poissons qu'il convient d'associer avec les plantes et les Mol- lusques. Il recommande, parmi les Poissons de mer, \e Mulet gris {Mugilus), le Labre ou Vieille de mer, aux flancs diaprés de couleurs diverses et moirésd'or ; Ies5'y;i.^?zr///ze5, etlesP/ze^, dont les mouvements ondulatoires sont si gracieux quand leur corps aplati glisse en montant ou en descendant à travers l'eau. On peut encore signaler l'intérêt que présenteraient les habiles ruses du Poisson-crapaud, vrai diable de mQT[Lophius piscato- rius), qui se tapitdanslaboueetlesable, en se contentant d'agiter les deux longs appendices charnus de sa tête, pour attirer les petits poissons, (ju'il engouffre dans sa large gueule, lorsqu'ils se sont laissé séduire par le jeu de ces appâts animés. Parmi les Poissons d'eau douce, le Brochet, qui se tient immobile dans les longues herbes dont son corps imite la couleur, en attendant qu'il se jette sur sa proie, et la Truite, qui, dans sa voracité, n'épargne {)as ses semblables, oflriraient matière à des remarques que nous laisserons à nos lecteurs le plaisir de chercher dans le livre si intéressant sur lequel nous appelons leur attention. NOTE SUR LE SAPIN D'ARCADIE (Abies reginœ Amaliœ), Par I?I. Th. de HELDREICH. (Séance du 8 Novembre 1861.) Conformément à l'ordre du Ministère, en date du 29 mars, je me suis rendu en Arcadie pour y examiner, au point de vue scientifique, le Sapin d'espèce nouvelle qu'on y a derniè- rement découvert, que MM. Balsamaki et Origoni y ont les premiers remarqué en 1859, et qui a plus tard été désigné sous le nom de Sapin de la reine Amélie (Abies rcginw Amaliœ). C'est donc par un examen fait sur les lieux mêmes que je me suis assuré des qualités de cette espèce de Sapin et du nombre prodigieux des individus; elle est en tout digne d'ad- miration et du haut nom qu'elle porte. Ce Sapin pousse au centre de l'Arcadie, et particulièrement dans les dèmes de Phalanllie, Nympliasie et Gortynie, où il forme des forêts étendues et épaisses qui couvrent les monts Chionotrypa (Ménale), Madara, Thaumasio, Rhoudia et d'au- tres encore. La plus belle, la plus vierge et la plus touffue de ces forêts est celle de Pateriza, près Bityne, où l'on voit la grotte des Nymphes, curieuse pour ses stalactites. Ce Sapin se rencontre dans la zone comprise entre 2700 et 5000 pieds français au-dessus du niveau de la mer. L'obser- vation de ces hauteurs est due à M. Jules Smith, directeur de l'observatoire d'Athènes, mon compagnon de voyage. Ce Sapin jouit d'une propriété très curieuse : si Ton en coupe les branches ou le tronc, il pousse de nouveaux bourgeons droits, non-seulement du tronc coupé, mais aussi des bran- SAPIN d'akcadie. 603 ches; il S(3 forme ainsi des figures très variées, de grands arbres qui deviennent très touffus, parce que la plupart des sommets ont été coupés. Ainsi nous avons vu des Sapins coupés à plusieurs reprises, à différentes époques et à diffé- rentes hauteurs : ils ont de cinquante à soixante sommets ; il y en a deux gigantesques, et des plus remarquables, sur le plateau de Bas-Diasselon, situé au-dessus du village de Alo- nistène, à une hauteur de 3800 pieds. Les bourgeons du Sapin en question ne poussent pas seu- lement du tronc et des branches, mais aussi fréquemment de la racine, comme on le voit dans l'Olivier. La force de bourgeonner, si rare dans la famille des plantes résineuses, existe à tous les âges de cet arbre ; on en peut voir des milliers d'exemples dans les forêts, parce que les villageois coupaient autrefois ces arbres sans distinction aucune. Ils l'appellent Sapin (sÀaroç), et connaissent parfaitement ses propriétés. D'après un passage de l'histoire des plantes de Théo- phraste (III, 7, et suiv.), et bien que ce passage ait été cor- rompu, on est porté à induire que les anciens connaissaient aussi cette propriété du Sapin d'Arcadie. « Le tronc une fois » coupé, tous les autres arbres repoussent, à moins que les » racines n'aient été préalablement endommagées; le Pin et » le Sapin périssent en entier; pour peu qu'on en coupe le » sommet. // arrive quelque chose de particulier au Sapin : » lorsqu'il est coupé ou endommagé dans son écorce, par le » vent ou par une autre cause...., il pousse autour un bour- » geon moins élevé, qu'on appelle àV^«"''^-î ou à,acpjœvta Les » Arcadiens en font des coupes. » Toutefois l'admirable propriété de ce Sapin ne peut pas être considérée, en botanique, comme caractéristique, parce que d'autres espèces de Pins, surtout le Sapin ordinaire d'Eu- rope {Abies iiectinata, DC), jouissent, quoique à un degré beaucoup moindre, de cette propriété. \! Abies regina^ Amaliœ a des caractères spéciaux qui le font immédiatement distin- guer, avec une précision scientifique, comme une espèce à l30/i SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLUGIQLK d'acGLIMATATIuN. part, différente de toutes celles de la môme famille, etsm'tout du Pin très commun de la Grèce, appelé en botanique Pin d'Apollon (Abies Apollinis, Link). Le tronc est plus long et plus droit ; les feuilles droites, sans courbure, plus douces au toucher, moins aiguës et d'un vert plus clair que le Pin commun {Abies Apollinis); le cône qu'il produit est de moitié moins grand. Le Sapin d'Arcadie ressemble plutôt à celui de Céphalonie {Abies cephalonica, Loud.). Pour com- . parer et distinguer ces deux espèces, il a fallu prolonger mon voyage jusqu'à Céphalonie ; j'y ai vu les forêts du mont Aino, qui étaient en floraison, et je me suis convaincu que ce Pin diffère aussi de celui d'Arcadie par beaucoup de caractères des feuilles et des fleurs. Théophraste décrit deux espèces de Pins qu'il nomme l'une mâle et l'autre femelle (III, 10, 6). Il n'y a pas de doute que l'espèce mâle ne soit le Pin commun, celui que les botanistes modernes appellent Pin d'Apollon, car le père de la science botanique la décrit très nettement par ces mots : « Il y a un » Sapin mâle et un Sapin femelle ; ils diffèrent par les feuilles : » celles du mâle sont plus aiguës, plus piquantes et plus cour- » bées; aussi cet arbre-là paraît-il plus crépu. » Quant au Sapin désigné sous la dénomination de femelle par Théophraste, il n'est pas démontré que ce soit le Sapin d'Arcadie, parce qu'il ajoute qu'on le trouve aussi en Macé- doine, et malheureusement les Pins de Macédoine n'ont pas encore été étudiés par les botanistes modernes. Pour ce qui est de la culture et de la propagation du Sapin d'Arcadie dans les autres parties de la Grèce, je suis con- vaincu que partout où le sol est montagneux et élevé à 2000 pieds au moins, pour la température ordinaire, et à moins, là où le froid est plus intense, cet arbre prospérera ; il est d'ail- leurs préférable à toutes les autres espèces par sa grandeur, sa direction droite et l'abondance de ses bourgeons. Th. de Heldreich. m. EXTRAITS DES PROCÈS-YERBAOX DES SftWGES rxÉNKftALES DE E\ SOrjÈTÉ. SÉANCK DU 6 DKCEMBUE 1801. Présidence de M. Dp.ouyn de Lhuys, vice-président. M. le Président, en déclarant ouverte la session de 18(50- 1861, s'exprime en ces termes : (( Nous reprenons aujourd'hui le cours de nos séances sous » de bien tristes auspices. La mort a enlevé à notre Société T) son illustre Président. Vos regards, vos cœurs, vos regrets, » redemandent et cherchent en vain à la place que j'occupe y> en ce moment celui qui, pendant huit années, dirigea nos » travaux d'une main à la fois si ferme, si habile, si bienveil- » lante. Un coup inattendu a arrêté M. Geoffroy Saint-Hilaire » au milieu de sa carrière, de ses études, de ses succès, et l'a, » pour ainsi dire , enseveli dans son triomphe. Ses yeux, » avant de se fermer, ont vu en effet le couronnement de Fé- » difice dont il avait jeté les fondements, et notre main recon- » naissante a pu inscrire sur le frontispice son nom impéris- » sable. C'est par une lettre de son fils, M. Albert Geoffroy j) Saint-Hilaire, en date du 10 de ce mois, que nous avons » appris ce doidoureux événement. Permettez-moi de vous en D donner lecture. (( Monsieur le Vice-Président, T> Je rempHs un douloureux devoir en vous faisant part de la mort de mon père, M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, Prési- dent de la Société impériale zoologique d'acclimatation, décédé ce matin 10 novembre. » J'aurai l'honneur de vous annoncer ultérieurement le jour et l'heure des obsèques. » Veuillez agréer, etc., » Sir/né Albert Geoffroy Saint-Hilaire. » » Votre Conseil s'est réuni pour concerter les mesures qu'il ;) devait adopter, et pour déterminer la part qu'il devait pren- 606 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGTQUE DACCLÏMATATION. » dre à cette triste solennité. Il décida qu'un des Vice-prési- » dents (celui qui se trouverait alors à Paris) prononcerait » quelques paroles sur la tombe qui allait s'ouvrir, et adresse- » rait, au nom de la Société d'acclimatation, un adieu suprême » à son Président. Cette mission me fut confiée. » Le 13 novembre, les funérailles furent célébrées à l'église T) de Saint-Médard. Je ne vous retracerai pas l'émouvant » tableau de celte foule immense qui, dans l'église, dans le » cimetière, se pressait, venue de toutes parts, autour de la 5) dépouille mortelle de celui que nous pleurons. Tous les pays, » toutes les classes y étaient représentés. Le peuple y tenait » une large place, car tout le monde connaissait les senti- » ments de cbarité de l'illustre défunt envers les pauvres, » sentiments dont il avait donné de si nombreux témoignages. » La lamille impériale était représentée par un prince ami de » la science. La maison de l'Empereur, par M. le marécbal T> Vaillant, dont notre Société a si souvent éprouvé la bienveil- » lanle sympathie ; le Gouvernement, par M. le Ministre de » l'instruction publique; les grands pouvoirs politiques, par » le Yice-président du Sénat et par plusieurs membres du » Conseil d'État et de l'A^embléc législative; l'Université, » par M. Dumas et par des membres émincnts de toutes les » Académies ; le Corps diplomatique étranger par l'Ambassa- » deur de Turquie, et enfin nos collègues étrangers, par M. le » marécbal Santa-Cruz, ancien président des républiques du » Pérou et de Bolivie. y> M. le Président rappelle que des discours ont été pro- noncés au nom des divers corps savants auxquels appartenait M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, et que tous ces discours ont été réunis dans une brocbure que tous les membres de la Société ont reçue par les soins du Conseil. — M. A. Duméril demande que, conformément aux usages reçus dans les Académies et Sociétés savantes, M. Drouyn de Lbuys veuille bien donner lecture du discours qu'il a prononcé lors des funérailles de M. Geoffroy Saint-Hilaire. Après avoir donné lecture de ce discours, M. Drouyn de Lbuys fait connaître à l'assemblée les lettres et les dépêches PROCÈS-VERBAUX. 607 télégraphiques qui ont été adressées à la Société, à l'occasion du décès de M. Geoffroy, par S. A. I. le prince Napoléon, par leurs Exe. les Ministres d'Italie et de Saxe, par la Société d'ac- climatation de Prusse, etc. (voy. au Bulletin). M. le Président annonce que quelques-uns de nos col- lègues ont pensé que ces démonstrations passagères ne suffi- sent pas à la manifestation de notre douleur, et qu'un monu- ment plus durable doit perpétuer le souvenir de nos regrets, et des services rendus à la science par notre illustre Prési- dent. Il cite entre autres MM. Chagot, Ghatel, Camille Del- vaille, Sacc, Flury Hérard et de Montigny. Le Conseil, donnant une adhésion unanime à cette pensée, a nommé une Commission pour centraliser les diverses pro- positions, les examiner, et pour consigner dans un rapport des conclusions qui seront plus tard soumises à la Société. Cette commission est composée des membres du Bureau, de MM. Debains, Duméril, Moquin-Tandon, de Quatrefages, pour le Conseil ; Davin, Berrier-Fontaine, Millet, Bigot et Moreau pour les cinq sections. « Mais, messieurs, ajoute M. le Prési- » dent, le meilleur moyen d'honorer la mémoire des hommes » éminents, c'est de continuer leurs œuvres. Faisons donc •h trêve à notre douleur pour reprendre nos travaux avec une )) ardeur nouvelle. Celui que nous regrettons ne nous en a-t-il » pas donné l'exemple? Vous le savez, son bonheur domes- » tique avait reçu de cruelles atteintes, et son cœur était miné » par de profonds chagrins. Ce sentimenta-t-il jamais paralysé )) les facultés de son esprit? Non : c'est par une indomptable » activité qu'il répondait aux coups du sort. On peut dire » qu'il rcahsait cette belle image tracée par un ancien philo- » sophe : « Le vrai sage couvre de la main gauche les plaies de » son cœur, et lutte avec la droite contre les difficultés de la » vie. » — M. Drouyn de Lhuys fait connaître à la Société qu'il occupe le fauteuil de la présidence en vertu d'une délégation du Conseil, et pour encourager chaque membre h lui fournir une active coopération, il donne connaissance d'un tableau qui prouve l'étendue des relations actuelles de notre Société, 608 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. puisque dan S la seulf3 séance du 28 novembre dernier, on trouve, outre la correspondance nationale, des communications venant d'Espagne, d'Italie, de Grèce et du Tyrol, pour l'Europe; des Indes françaises, du Caucase, de la Syrie et de la Chine, pour l'Asie; de l'Egypte, du Sénégal, du Cap, etc., pour l'Afrique ; du Canada, de la Guyane, du Centre- Amérique du Sud, du Brésil, delà Plata, de la Bolivie et du Pérou, pour l'Amérique, et enfin des Indes néerlandaises et de l'Australie (voy. p. 553 et suiv.). — M. le vicomte de Valmer, prenant la parole au nom de la Société protectrice des animaux, rappelle les services émi- nents rendus par M. Geoffroy Saint-Hilaire, et propose, au nom de la Société protectrice, l'érection d'un monument à sa mémoire (voy. au Bulletin, p. 629). — Le procès-verbal de la dernière séance, conformément au règlement, ayant été approuvé par le Conseil, dans sa séance du 20 juillet dernier , il n'y a pas lieu d'en donner lecture. M. le Président proclame les noms des membres nouvelle- ment admis : S. Exe. don Carlos Lopez, président de la république du ParaLiuav. MM. Bertociie (Hippolyte-Victor Pinondel de la), membre correspondant de la Société impériale et centrale d'a- griculture, à Paris. Candé (le baron Clovis de), au château du Gué, à Loire, près Candé (Maine-et-Loire). Gauldrée-Boilleau , consul de France , à Portland (Canada). Gérome, peintre d'histoire et de genre, à Paris. Laplace (E.-V.-F. de), à Bédouàtre, par Boulogne-sur- Mer (^Pas-de-Calais). Lepalte, conservateur du bois de Vincennes, à Saint- Mandé (Seine). LoPEZ (le général), à l'Assomption (Paraguay). Maissart(.1.), ancien notaire, àSedan(Ardennes),etàParis. PROCÈS-VERBAUX. (iOi) MM. MoNTEssu.N (le cuintc Haoul de), au Mans. Riant, père, ancien membre du Conseil général de la Seine, au château de Sillery, par Savigny-sur-Orge (Seine-et-Oise), et à Paris. ScHAEZLER (Paul Bontoux de), propriétaire, à Paris. Verghère de Reffye (A.), capitaine d'artillerie, au haras de Meudon (Seine). — M. le Président t'ait connaitre à la Société deux nouvelles pertes qu'elle vient de faire par suite du décès de S. M. le roi de Portugal, enlevé à la fleur de son âge, à l'affection de ses sujets et aux sciences, qu'il cultivait avec le plus grand succès, et de M. Artaud, vice-recteur de l'xVcadémie de Paris. — MM. Bouyer, Fâche, Sinihal de Mas, de Saint-Amour, Carly de Swassema, Gauldrée-Boilleau, consul de France à Porlland (Canada), et Abadie, adressent leurs remercîments pour leur récente admission. — M. Bouyer, commandant de VAlecton, écrit, au moment de partir pour une exploration de la Guyane et du fleuve des Amazones, pour faire ses offres de service à la Société. — Remercîments et envoi de renseignements. — M. de Saint-Amour, dans une lettre adressée à M. Drouyn de Lhuys, rend compte de ses efforts pour activer la sous- cription à la statue de Daubenton, et fait connaître les princi- paux résultats qu'il a obtenus. — M. Martin, directeur du jardin zoologique de Rotterdam, envoie sa souscription pour l'érection d'une statue à Daubenton. — A Toccasion de la prochaine réunion de la Commission des récompenses, la Société reçoit divers renseignements des- tinés à faire connaître les travaux de candidats aux médailles que la Société doit décerner en février 1862 : 1" Une lettre de M. Sacc, délégué de la Société, indiquant les services importants rendus depuis plus de quarante ans à l'agriculture et à l'acclimatation, par Sa Majesté le roi de AVur- temberg, et par MM. le baron Hùgel et le chevalier Schniidt, qui ont apporté uu concours dévoué et efficace à Sa Majesté. 2" Une seconde lettre de M. de Sacc, signalant les travaux T. VIU.— Décembre 13G1. 33 610 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMâTATION. de M. Boppe Hermite, sur l'éducation des Oiseaux, et l'intro- duction de quelques nouvelles espèces aux environs de Nancy. 3° Une lettre de M. Lucy, sur les éducations d'Autruches opérées cette année à Marseille par M. Noël Suquet, directeur du Jardin zoologique de Marseille. Zi° De M. Davelouis, sur les travaux de M. Bouvenot. 5° De M. le comte d'Espréménil, sur l'établissement de pis- ciculture de M. Mouchel (Eure). 6° De MM. Abadie et René Caillaud sur les travaux de M. Morin, relatifs à l'ostréiculture sur les côtes de la Charente. 7" De MM. Deschamps et Léon Soubeiran, sur les services rendus à l'élève des Oiseaux par madame Rose Vaudois, dite la reine des Fourmis. — M. Séguin fait connaître qu'il a obtenu récemment un jeune Yak résultat de l'accouplement de l'Yak Phiton avec une génisse bretonne. Ce fait est d'autant plus intéressant, que jusqu'à présent Pluton s'était refusé à saillir des femelles autres que celles de son espèce. Le produit résultant de ce croisement est très beau et dans les meilleures conditions de santé. — M. Wilson, membre honoraire, écrit de Melbourne pour annoncer que le Comité qu'il préside accepte la paire de Zébus que notre Société lui a proposée, avec d'autant plus de reconnaissance, que le climat est des plus propices à l'élève des diverses races du genre Bœuf, et que tout fait espérer un heureux résultat de l'importation de ces animaux. A cette occasion, M. Wilson, qui travaille incessamment à la propa- gation de la grande idée de l' acclimatation^ annonce la fon- dation d'un journal hebdomadaire, TheYeoman and Austra- lian Acclimatiser , destiné à faire connaître tous les faits intéressants relatifs à l'acclimatation. M. YVilson exprime l'espoir ({ue l'Australie recevra un joiu^ de la France l'Yak du Tibet. Il annonce ensuite qu'il fait faire un appareil d'incu- bation artificielle, et qu'il a recueilli de son constructeur le renseignement que des œufs enveloppés dans un papier fin et emballés dans une graine fine (millet, navet ou autre) et retournés tous les jours, garderont très longtemps leur vita- lité; il cherche à faire faire une boîte qui aura chaque jour PROCES- VEHBÂUX. 611 de la seiiiainc imprimé sur chacun de ses côtés, avec prière aux personnes chargées du transport, de tourner chaque jour en haut le côté correspondant au. jour de la semaine. — M. Ramel, en faisant connaître que nos deux memhres honoraires MM. Wilson et Mueller viennent d'être nommés président et vice-président de la Société d'acclimatation de Melbourne, informe la Société des efforts que fait M. Mueller pour arriver à nourrir le Phascolarctos avec des feuilles sèches à'Eiœalyptus, seul moyen qui [)uisse lui permettre de faire parvenir ce précieux animal. M. Mueller donne également tous ses soins pour trouver un moyen qui lui permette de nous faire parvenir \'i\'dni VOrnithorhT/nque. — M. Decroix, vétérinaire au 1" chasseurs d'Afrique, annonce qu'un banquet de viande de Cheval, de Mulet et d'Ane a eu lieu dernièrement avec succès à Alger, et demande à ce (|ue la Société veuille bien favoriser l'ouverture d'une bouche- rie de Cheval. — Renvoi au Conseil. — M. Charles Desmoulins, président de la Société Hnnéenne de la Gironde, adresse, à l'occasion du travail de M. Noirmont (t. VIII, p. 492, /|93), Sur quelques mammifères de France disparus ou devenus très rares, une note pour certifier dans le Bordelais l'existence de la Genette, que M. de Noirmont n'indique avec certitude que dans le Poitou et le Rouergue. — M. Hardy, directeur du Jardin d'acclimatation d'Alger, annonce que les Zébus qu'il a reçus de la Société sont en très bon état, et ont donné naissance à un jeune, qui est également très bien portant. — M. d'Esterno lait observer qu'il lui paraît prudent de ne pas croire à une innocuité, pour les arbres sains, de la part du Pic vert, aussi grande que l'a dit M. Turrel, car plusieurs faits qu'il a pu étudier lui ont démontré que cet oiseau exerce des ravages notai îles sur les arbres sains, même hors de la saison des amours. — M. Suquet, directeur du jardin zoologique de Marseille, transmet plusieurs exemplaires de sa Notice sur ses éduca- tions d'Autruches. — Remercîments. — M. Lamiral envoie la copie d'une pétition qu'il vient 612 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aGCLIMATATION. d'adresser à M. le Ministre de la marine et des colonies, rela- tivement à son entreprise d'acclimatation des Eponges sm^ les côtes de France et d'Algérie. -- Renvoi à la Commission déjà nommée. — M. de Beauvoys adresse à la Société un Rapport sur quelques faits d^acclimatation très importants qu'il a pu obser- ver à l'exposition de Nantes, et ayant trait à l'éducation des Huîtres, des Poissons, des Abeilles et des Vers cà soie. M. Garlv de S^vassema annonce l'envoi de documents rela- tifs à la pisciculture dans la Vire et la Taute. Il est donné communication à la Société de plusieurs lettres adressées au directeur du Jardin du bois de Boulogne, et qui témoignent de l'intérêt très vif porté à cet établissement, et en particulier à l'Aquarium, par MM. RenéCaillaud,Muteau, et le comte de Galber t. — M. Forgemol écrit pour annoncer qu'il a découvert un procédé pour dévider les cocons du Bombyx de l'Allante, et qu'il désirerait pouvoir exposer ses appareils et produits à l'exposition universelle de Londres. M. Guérin-Méneville, à cette occasion, dit que les flottes de soie grége que M. Forgemol a mises suus ses yeux ont 1 mètre et demi de circonférence, et les fds qui les composent, attei- gnent une longueur de plus de 800 mètres. Gette Soie, gris de lin, comme les cocons de l'Ailante, est brillante et lustrée, et a paru à M. Alcan, professeur de tissage au Conservatoire des arts et métiers, très propre aux usages de Tindustrie. 11 ajoute que M. Forgemol désire mettre sous les yeux de la Société des échantillons de soies grèges du Bombyx de l'Ai- lante et d'autres espèces îx cocons ouverts. — Renvoi à la Commission des récompenses. — M. Schlumberger écrit pour demander, au nom d'un /da- teur de bourres, où il pourrait trouver une vingtaine de kilogr. de cocons du Bombyx du Ricin pour des essais industriels. — M. le Secrétaire signale Fannonce, publiée au Moniteur du il novembre, d'un prix de /lOOOO francs, institué par le Conseil général de l'Ardècbe, pour la personne qui aura trouvé un remède contre la maladie des Vers à soie. PROCÈS-VERBAUX. 613 Delisse, Dubourgnoux-Réal et Brousse adressent des demandes d'œiifs de Vers à soie de diverses espèces. — M. le général d'Hautpoiil annonce qu'il met à la dispo- sition de la Société, suivant le désir qui lui en a été exprimé, une collection complète des Vignes et des Rosiers du Luxem- bourg, destinée à la Société d'acclimatation de Melbourne. — S. A. le vice-roi d'Egypte annonce l'envoi d'une collec- tion de graines recueillies dans le Soudan par M. Miani et feu M. le docteur Penev. Son Altesse manifeste le désir de recevoir de la Société des graines et plantes exotiques pour le Jardin d'acclimatation qu'elle vient de fonder aux environs du Caire. — M. Charles Godefroy, chef du bureau des troupes de la marine, annonce qu'il a prié les officiers qui vont rejoindre le corps expéditionnaire en Cochinchine de recueillir les graines et les plantes utiles qu'ils rencontreront, et prie la Société de lui faire parvenir ses desiderata. — Remercîments. — M. Lejeune, capitaine de frégate, dans le dessein de témoigner de sa sympathie pour le but que poursuit la Société, adresse une collection de graines recueillies à Madagascar et sur la côte ouest de l'Afrique, ainsi que des échantillons d'une soie de Madagascar. — Remercîments. — M. Ferdinand Denis transmet, au nom de M. Legras, une collection de graines de la Réunion. — Remercîments. — M. Brierre, de Riez (Vendée), fait parvenir à la Société plusieurs nouveaux dessins représentant quelques-unes des plantes qu'il a obtenues de ses semis de graines. — M. Robert Barnsby, directeur du jardin botanique de Tours, adresse un Rapport sur ses cultures de plantes prove- nant de la Société. — M. Ramel, dans une lettre adressée à M. Drouyn de Lhuys, fait remarquer, contrairement à l'opinion générale des horticulteurs, qu'il est important de ne pas repiquer V Euca- lyptus globulus eÛesPonax, et que le meilleurmoyen d'obtenir de beaux pieds de Panax par semis, consiste à les planter séparément en pots ou à les stratiher dans du charbon pilé et sec. M. liamel fait connaître également les soins que prend 614 SOCIÉTÉ IMPÉPaALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. incessamment M. Mueller de faire des envois de plantes pour la Société, et l'arrivée d'une nouvelle collection de graines. — Remercîments. — M. Decaisne adresse ses remercîments pour une collec- tion de graines d'Australie, qu'il a reçues. — M. Delvaille Camille fait hommage à la Société de ses Etudes d'histoire iiatwelle, 1" série; — U7iité d'origine des races humaines; — Alimentation par la viande de cheval, r œuvre d'Etienne Geoffroy Scànt-Hilaire ; — Biographies scientifiques du XVIIF siècle; — Les hommes à queue, 1861 . — Remercîments. — M. J. Léon Soubeiran fait hommage de deux brochures extraites des Annales de la Société linnéenne de Maine-et- Loire : De la structure de la glande à venin dans le genre Vipère et le genre Céraste, 1861 ; — Sur les Abeilles et sur le miel, 1861. — Remercîments. — La Société reçoit les n°' 161 et 198 de la Gazzetta uffi- ciale del regno cVItalia, 1861 , contenant deux articles de M. Raruffî, délégué à Turin, l'un sur la Société d'acchmata- tion des Alpes, l'autre sur la Société d'acchmatation et d'agri- culture de Sicile. — M. de Quatrefages fait hommage à la Société de son ouvrage intitulé : Unité de r espèce Immaine. — M. le Président donne lecture de l'extrait d'une lettre qu'il a reçue de M. Delaporte, consul de France au Caire, annonçant l'envoi de six Oies mâles et femelles de la haute Egypte, de trois Pintades à joues bleues du Sennaar, et d'un beau Pélican blanc et privé, du fleuve Rlanc. — Remercîments. — M. Cauldrée-Boilleau , consul de France à Portland (Canada), annonce le prochain envoi de graines et de plants des arbres canadiens que l'on pourrait facilement acclimater en France. — Remercîments. — M. le Président donne lecture d'une lettre de M. Duchesne de Bellecourt, consul général de France à Yeddo (Japon), dans laquelle notre zélé collègue annonce l'intention de faire avec M. Simon les recherches nécessaires pour procurer à la Société tous les produits utiles de ce riche pays. Il ajoute PROCÈS-VERBAUX. 615 qu'il a découvert un riz sec, croissant en pleine terre sur les montagnes et sans le secours d'aucune inondation artificielle, dont il enverra des échantillons à la Société, ainsi que des cocons et des graines. — Remer ciments. — M. le Président transmet les offres de service de M. Pou- jade, consul général de France à Florence, qui fait parvenir un manifeste pour la formation d'une Société zoologique d'ac- climatation dans cette ville. Sa Majesté le roi d'Italie a favorisé l'établissement d'un jardin royal d'acclimatation à Florence, et ce jardin va s'enrichir de la belle collection du prince Demidofi, réunie à San-Donato. — Remercîments. — M. le Président fait connaître que, sur la proposition de M. AYilson, il vient de s'étabhr à Sidney une nouvelle Société d'acclimatation, sous le nom de Société d'acclimatation de la Nouvelle-Galles du Sud, et, à cette occasion, il fait remar- quer le rapide essor que prend dans toutes les parties du monde l'étude des questions importantes dont notre Société a pris l'initiative. — 11 est donné lecture d'un mémoire de M. Graells, délégué à Madrid, sur la reproduction des Dromées de la Nouvelle- Hollande au parc royal de Bueri-Retiro. — M. Poucel, de Marseille, envoie des plants vivants de ChenopodÂum quinoa, provenant de ses cultures, et dont l'ac- climatation lui semble devoir être poursuivie avec toute la soin citude possible. — Remercîments. — M. Drouyn de Lhuys offre à la Société des graines de Coccozelli, espèce de Concombre provenant de graines en- voyées de Naples par les soins de la princesse de Castelcicala, dame patronnesse du Jardin du bois de Boulogne. Ces graines, semées le 15 août en terre de potager ordinaire, avec un bon fumage, dans des trous de /i à 5 centimètres de profondeur, ont donné en juillet un fruit excellent, qui doit être cueilli encore vert, avant sa pleine grosseur, quand il est à peu près de la dimension d'un gros Cornichon. Il se mange à la maître d'hôtel, en friture, au lait, farci, dans le potage, découpé en petites tranches rondes, etc. Plus gros, le fruit, quoique moins déliôat, peut encore être mangé, et offre l'avantage de 616 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATATION. se conserver une grande partie de l'hiver. — Remercîments. — M. le Président transmet : 1° un extrait du travail de M. Jagerschmidt, sous-directeur au ministère des affaires étran- gères et membre de la Société, Sia^ rindustrie de la laine dans la Russie méridionale; ^° une Notice intitulée, Curiosités de r Aquarium, rédigée par M. Viennot, chefde bureau au minis- tère des affaires étrangères, auquel la Société doit déjà un intéressant mémoire sur les Bœufs sauvages Calédoniens (voy. HU Bulletin). — M. le Président annonce que le Conseil a chargé une Commission de préparer des instructions générales et univer- selles pour les voyageurs, les délégués résidant à l'étran- ger, etc. Cette commission sera composée de MM. Cosson, Duméril, Dupin, (Îuérin-Méneville, Moquin-ïandon, Soubeiran et de cinq membres élus parles cinq sections. — M. J.Léon Soubeiran donne lecture d'un Rapport aunom de la Commission chargée d'examiner les propositions de M. le capitaine Salles, relatives à la multiplication de la Tortue franche dans la Méditerranée. Les conclusions de ce rapport sont adoptées à l'unanimité (voy. au Bulletin). — M. le Président annonce que la Commission pour l'érec- tion d'ime statue à Daidjenton va reprendre avec la plus grande activité le cours de ses Iravaux, et invite les membres de la Société à lui prêter leur concours le plus dévoué. — Il annonce ensuile la reprise prochaine des conférences, — M. Rufz de Lavison rend compte de l'état actuel du Jardin d'acclimatation. sÉANcr. i>r '20 r)i:(.i;Mr.Rr. 1861. Présidence de M. Drouyn de Lhuys, vice-président. M. le Président proclame le nom des membres nouvellement admis : S. Exe. M. CASTiLLA(le général Ramon), président delà répu- blique du Pérou, à Lima (Pérou;. PROCKS-VEnnAUX. 017 MM. Blixen-Fincke, ancien ministre des affaires étrangères de Danemark, à Copenhague (Danemark). CouRTAiN, maire à Joinville-le-Pont (Seine). DuBOS (Ernest), vétérinaire, à Beauvais (Oise). DucoMiL.), pharmacien en chei'à Thôpital Larlhoissière. EsQuiROL (Paul), à Paris. Galvès (Pedro), ministre du Pérou, à Paris. KosKULL (le comte), premier secrétaire de la légation impériale de Russie, à Copenhague (Danemark). Lambertie (de), avocat à la cour impériale, à Paris. Saint-Albin Lagayère (de), gérant propriétaire du jour- nal le Sport, à Paris. — M. le Président annonce à la Société les nouvelles pertes qu'elle vient de faire par suite du décès de S. A. R. le prince Albert d'Angleterre, et de M. le comte de Pourtalès, ministre de Prusse, et s'exprime en ces termes : Messieurs, ({ Depuis quelques mois, notre Société a été sévèrement éprouvée ; chaque jour un nouveau coup vient éclaircir nos rangs, .l'énumérais dans la dernière séance les memhres émi- nents que nous avions perdus, aujourd'hui j'ai le triste devoir d'ajouter un nom auguste à cette liste déjà bien longue, celui de S. A. R. le prince Albert de Saxe-Cobourg. Son éloge est dans toutes les bouches, son souvenir vivra dans tous les cœurs. » La constitution britannique n'admetUait point l'époux de la reine au partage officiel de l'autorité royale, mais le prince régnait effectivement par ses vertus publiques et privées, par son amour du bien, par sa haute raison, par ses vastes con- naissances. Son mérite personnel lui avait, en quelque sorte, élevé un trône incontesté, à l'abri des orages politiques, par le noble et paisible empire des arts, des sciences, de l'agri- culture et de l'industrie. Il aimait à inscrire, parmi les titres qui décoraient son nom, celui de président de la Société zoo- logique de Londres. Aussi, messieurs, je ne crois pas manquer au respect du à sa mémoire, en disant qu'il était des nôtres, 618 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATATION. et que sa mort est un deuil de famille pour les Sociétés savantes. » L'illustre défunt avait d'ailleurs un titre particulier à notre reconnaissance. Vous n'avez pas oublié, messieurs, avec quelle bienveillance, avec quelle générosité toute royale il avait ac- cordé son patronage à notre Société. » Je ne fais donc qu'interpréter votre pensée et prévenir vos vœux, en proposant de consigner dans votre procès-verbal le respectueux témoignage de nos profonds et unanimes re- grets. ■ )) Au moment peut-être où je vous parle, à quelques pas de cette enceinte, un autre deuil étend ses voiles au-dessus du seuil de la demeure d'un de nos plus éminents collègues. Une mort subite et prématurée vient de nous enlever M. le comte de Pourtalès, ministre de Prusse. J'ai pu souvent apprécier l'affectueux intérêt qu'il portait à notre œuvre, dans les cau- series qu'à la faveur du voisinage j'avais avec lui, comme un prélude de nos séances, et sur lesquelles son loyal caractère et son esprit orné répandaient tant de cbarmes ! » Excusez, messieurs, la teinte peut-être un peu person- nelle de ces regrets, et reprenons avec un redoublement d'énergie le cours de nos travaux. Comblons les vides que la mort ouvre dans nos rangs, et portons haute notre bannière, pour rallier autour d'elle des auxiliaires nouveaux. » — Conformément aux propositions de MM. Ruffier et de Quatrefages, la Société vote l'insertion au procès-verbal du discours de M. le Président, et décide que copie en sera trans- mise à la Société d'acclinieatation de Londres et à la Société d'acclimatation de Prusse. — MM. Lereboullet, délégué à Strasbourg, Zuber, délégué à Mulhouse, etMaurice, délégué à Douai, transmettent les coti- sations reçues jusqu'à ce jour pour l'érection d'une statue à Daubenton. — hç, Journal de l'Aisne du 10 décembre, annonce que dans sa réunion du 6, le Comice agricole de Château-Thierry a décidé que des fonds seraient adressés à la Société impériale d'acclimatation pour l'érection d'une statue à Daubenton, en laissant au bureau le soin d'en fixer le montant. PROCÈS-VERBAUX. 619 . — M. Baruffî, membre honoraire et délégué de la Société à Turin, adresse le n° 278 de la Gazzetta ufficiale del regno d'Italia^ qui contient un nouvel article, signé par lui, sur la Société d'acclimatation et sur les résultats qu'elle a déjà obtenus. — M. Gosse, à l'occasion du Mémoire lu dans la dernière séance par M. Rufz de Lavison, fait observer que l'habile directeur du jardin zoologique d'Anvers, M. Vekemans, a obtenu également des succès remarquables pour la conserva- tion, durant l'hiver, des Oiseaux des pays chauds, en prenant la précaution d'éviter le refroidissement par l'humidité des extrémités des membres. Les Autruches ont particulièrement traversé, grâce à cette précaution, l'hiver de 1855 à 1856, où la température s'est abaissée jusqu'à 12 degrés. — M. Roland, dans une lettre adressée au directeur du Jar- din du bois de Boulogne, fait remarquer la difficulté de se procurer des types purs de volailles, et l'abâtardissement qui est à peu près général pour presque toutes les races de galli- nacés. Il félicite la Société de veiller à la conservation de bons types reproducteurs. — M. Granié, de Toulouse, adresse quelques observations ^xxvl^Poide gasconne, et annonce l'envoi prochain d'un travail complet relatif à cet animal. ~ M. Renard, ancien délégué du commerce français en Chine, fait don à la Société, pour être déposé au Jardin du bois de Boulogne, d'un magnifique exemplaire de Bénitier {Tridacne gigantea), qu'il a reçu récemment de Chine. Il demande en même temps que la Société veuille bien étudier la question de l'acclimatation de ces mollusques dans nos mers. — Remercîments. — M. Guérin-Méneville annonce avoir reçu plusieurs docu- ments relatifs à l'éducation des Vers à soie du Mûrier prove- nant des envois de MM. Duchesne de Bellecourt et Remy- Schmidt : dans une prochaine séance il transmettra à la Société le résumé de ces observations. — M. Delisse, de Bordeaux, auquel la Société doit déjà de nombreuses graines de Rhwnmis i/ti/is (Loza), annonce l'en- voi d'une assez grande quantité de graines de cette plante 620 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQLE D ACCLIMATATION. tinctoriale, ainsi que de Maïs de Giizco et de Millet brun de Pékin. — Remercîments. M. Ferdinand Denis transmet, au nom de M. Maillard, ingénieur de l'île de la Réunion, des citrons très parfumés de cette colonie, et désignés sous le nom de Citrons galets. — Remercîments. — M. Brierre, de Riez, adresse à la Société liuit nouveaux dessins à Thuile, représentant quelques-unes des plantes qu'il cultive avec tant de zèle et de succès. — Remercîments. M. Dibos a fait don à la Société de deux graines d'un fébrifuge indien, qui est connu sous le nom de Cakri, — Remercîments. — M. Gosse, à l'occasion du travail récemment publié par M. Colpaert (voy . Bull. , t. VIII, p. 5Zi9), adresse quelques obser- vations tendantes à rappeler les conclusions de son mémoire, et prie la Société de vouloir bien demander à MM. Colpaert et de Lesseps d'examiner quelques points encore litigieux de l'bistoire de Y Erijthroxylon coca. — M. E.-G.-S. Duclos adresse un mémoire intitulé : Nou- veaux détails à propos de la Coca, excitant des Péruviens et des Boliviens. — Remercîments. — M. Galland envoie quelques documents sur son procédé de conservation des grains. — MM. Zuber, Vilmorin et Aymar Bression adressent des demandes de graines et de plantes. — La Société d'agriculture de l'État de New-Vork adresse le numéro de novembre 1801 du journal qu'elle publie. — M. le Président remet, pour être distribués aux membres de la Société, au nom de M. J.-M. de Murga, membre de la Société, un paquet de tubercules de Chufa iCyperus esculen- t2(s), ainsi qu'une note relative à la culture de cette plante, qui est très usitée en Espagne. — M. Gauldrée-Boilleau, consul de France à Portland (Canada), annonce à M. Drouyn de Lbuys l'arrivée prochaine de plantes et de semences du haut Canada. Parmi ces végé- taux, plusieurs, qui sont très rares, sont dus au zèle obligeant de M. John Selmour, qui a mis ses bûcherons au service de phocès-vehhaux. (i2l M. Gauldrée-Boilleau, et les a employés activemenl à des re- cherches prolongées, qui à la fin ont été couronnées d'un plein succès. — Remercîments^ — M. le Président informe la Société qu'une distribution de graines d'Abies reginœ A?naliœ, originaires de la Grèce, va être faite prochainement à ceux de nos confrères qui en désireront, — M. le comte d'Esterno, à l'occasion du procès-verbal, demande que la Société veuille bien désigner des experts pour constater que le Pic vert, contrairement à ce qui a été annoncé par M. le docteur Turrel, a attaqué dans son voisinage, près d'Autun, des arbres encore sains, et par conséquent que cet oiseau ne doit pas être rangé parmi ceux dont l'agriculture doit protéger l'existence. M. Millet, sans contester l'exactitude des faits observés aux environs d'Autun par M. le comte d'Esterno, pense que le Pic vert n'attaque les arbres sains que lorsqu'il ne trouve pas d'abris suffisants dans les régions qu'il habite ; et que le pro- cédé usité en Allemagne, qui consiste à établir des nids artifi- ciels sur les arbres, empêche certainement la mutilation des végétaux par les Pics, et permet à ces animaux de détruire, sans inconvénient pour les forêts, un grand nombre d'insectes xylophages. M. le comte d'Esterno pense que ces moyens sont insuffi- sants, et insiste pour que la Société veuille bien renvoyer à une commission l'étude d'une question très intéressante pour l'agriculture. La Société ordonne le renvoi de cette étude aux 2' et ô*" Sec- tions, qui sont priées de lui faire un rapport à ce sujet. — M. A. Duméril transmet l'extrait d'une lettre de M. Sacc, qui annonce que S. M. le roi de Hollande, voulant récompenser les travaux remarquables de M. Guérin-Méneville, vient de le nommer officier de l'ordre de la Couronne de chêne. M. Guérin-Méneville, en témoignant de sa reconnaissance à S. M. le roi de Hollande, exprime en même temps sa grati- tude pour la Société, qui a bien voulu l'encourager dans ses travaux, et qui lui a fourni l'occasion de rendre, à plusieurs reprises, d'éminents services à la sériciculture. (3*22 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOULUGIQUE D ACCLIMATATION. — M. A. Duméril signale dans sa lettre à la Société les travaux de madame la comtesse Clémence de Gorneilhan, petite nièce de Philippe de Gérard, relatifs au dévidage de cocons ànBoînbyx Cynthia. — M. Guérin-Méneville, pour compléter la communication qu'il a faite à la séance du 6 décembre, relativement au pro- cédé à l'aide duquel M. le docteur Forgemol a obtenu de très belles soies grèges des cocons de FAilante et de tous les cocons analogues, lit une Note sur te dévidage de ces cocons, et fait remarquer que la découverte de M. Forgemol leur donne une valeur égale à celle des cocons fermés du Chêne et autres espèces semblables. M. Guérin-Méneville fait en même temps passer des échantillons de soies grèges de diverses espèces traitées par le procédé de M. Forgemol. — M. le Président fait connaître à la Société que par suite du décès de M. Aguillon,de Toulon, le Conseil a nommé délé- gué de la Société dans cette ville M. le docteur Turrel, dont les travaux et le zèle pour l'acclimatation sont connus de tous nos confrères. — M. Millet communique le n" 277 A\\ Journal des Pays- bas, que l'un des aides de camp de S. M. le roi de Hollande vient de lui adresser, pour lui faire connaître la fondation, à la Haye, d'une Société zoologique et botanique d'acclimatation. — M. le Président annonce à la Société que le 15 octobre dernier, un grand banquet d'acclimatation a eu lieu à Mel- bourne, et que dans les toasts qui ont été prononcés, les ora- teurs ont témoigné d'un grand zèle pour l'étude de Tacclima- lation et ont accordé un éclatant hommage aux services déjà rendus par notre Société. A cette occasion, il insiste tout parti- culièrement sur l'intérêt que présentent certains animaux qui ont figuré avec honneur sur la table du banquet, et parmi les- (luels on doit citer notamment le Homard, les Canards noirs, les Cabillauds du fleuve de la Murrav, etc. — M. le Président communique une lettre de S. Exe. leMi-^ nistre de la marine et des colonies, qui annonce avoir donné des ordres pour l'embarquement, à bord des vapeurs de l'Etat, d'Autruches et d'une collection de plantes destinées à la PROCÈS-VERBAUX. 6*23 Société d'acclimatation rie Melbourne. — Reraercîments. M. le Président annonce ensuite que le Conseil s'est oc- cupé de nouveau de la question de conservation d'un certain nombre d'espèces d'arbres forestiers des Canaries qui étaient menacées d'une complète destruction, et des movens d'intro- duire en Algérie ces belles et précieuses espèces. Dans cette intention, le Conseil s'est adressé à M. Berthelot, vice-consul de France aux Canaries, qui avait déjà remis à la Société un très intéressant mémoire sur ce sujet (voy. au Bulletin, 1860, p. 192), en proposant spontanément son concours si utile pour l'exécution de ce projet dû à son initiative éclairée. — MM. Ballesteros frères offrent à la Société la publi- cation dans les deux journaux el Eco hispano-americano et el Mundo lllustrado, pour toutes les questions qu'elle désirera y voir traiter. — La Société accepte avec reconnaissance la généreuse proposition de nos confrères, et leur vote des renier ciments unanimes. — M. le Président informe que le Conseil, d'accord avec le comité du Jardin d'acclimatation, a décidé que les dix entrées gratuites affectées à chacun des membres pourront dorénavant être utilisées par ceux-ci, non- seulement pour eux personnellement, mais encore pour les personnes qui les accom- pagneront. Il est l)ien spécifié que le membre titulaire de la carte devra acompagner les personnes qu'il voudra faire jouir de cette faveur. — M. Cosson donne lecture d'un Mémoire qui fait connaître les heureux résultats obtenus en Algérie par MM. Kralik et Bandel sur l'acclimatation, aux environs de Constantine, des Carpes et des Tanches. — M. Millet, en présentant à la Société des échantillons d'œufs de Fera et de Lavaret fécondés, donne quelques détails sur l'importance de la multiphcation de ces deux poissons. — M. de la Roquette indique, dans l'ouvrage de M. l'Abbé Brasseur de Bourbourg, un passage relatif à une espèce à' Agave du Mexique, qui lui paraît digne d'intérêt. Le Secrétaire des semices, L. SOUBEIRAN. IV. BULLETIN MENSUEL DES CONFERENCES ET LECTURES. De l'intubation artificielle et de son application à l'élevaye des OiseauXy par J. LÉON SOUBEIRAN (1). Après avoir tracé avec des détails circonstanciés les procédés employés depuis la plus haute antiquité, par les Égyptiens, dans leurs Ma'males, M. SouJjciran a fait connaître successivement le résultat des travaux entre- pris au siècle dernier par Réaumur et Copineau , et a démontré que le peu de succès obtenu par ces habiles expérimentateurs dépendait principalement du mode de chauffage particulier (la chaleur du fumier) dont ils faisaient usage. Après avoir insisté tout particulièrement sur la révolution heureuse que remploi du chauffage, par l'intermédiaire de leau, avait produit dans Part de Tincubalion artificielle, M. Soubeiran a fait la description successive des appareils de Bonnemain, do Cantelo, Vallée, Carbonnier et Deschamps, et a cherché à faire connaître quels défauts on pouvait reprocher à chacun de ces appareils, en même temps qu'il signalait les modifications heureuses que chacun des inventeurs avait apportées au type primitif des couveuses artifi- cielles. M. Soubeiran a cherché à démontrer quelles conditions, le plus sou- vent négligées jusqu'à présent, étaient nécessaires pour un emploi aussi fructueux que possible des divers hydro-incubateurs, et, se basant sur les résultats avantageux obtenus par quelques agronomes habiles, il a conclu que l'emploi de ces appareils, dans des circonstances données, pouvait rendre des services qu'on serait au premier abord tenté de leur dénier. Des modèles dé diverses couveuses, mis sous les yeux des personnes pré- sentes, ont permis à M. Soubeiran d'indiquer nettement, quoique d'une ma- nière rapide, les moyens de tirer un bon parti de ces appareils. Sur la Pisciculture (suite), par M. Millet (2), vice-président de la Scclion de piscicullure. Cette haute mission dans l'œuvre si importante du repeuplement des eaux est aussi celle de l'administration des ponts et chaussées, sur les canaux et les rivières canalisées dont la régie lui est confiée. Ces deux services peuvent concourir efficacement à l'œuvre commune, quoique agissant séparément, et rien n'autorise à penser, quant à présent, qu'un changement quelconque dans leurs attributions, que la spoliation de l'un au profit de l'autre, modifieraient les conditions delà nature, du régime (1) Celte conférence sera imprimée dans les Annales de la Société linncenn de J\Jaine-et-Loire pour 1 861 . (2) Voyez le numéro de novembre r8(îl, page 569. CU.NFKHE.NXES ET LECTIKES. (5!>Ô cl de rt'xploiiaiion des eanx, et, par conséquent, celle de la production du poisson. Laissons donc à Técart ces suppositions de dissentiments, de conflits, d'im- puissance à faire le bien que l'on a imprudemment et injustement mises en avant, et n'entrons pas surtout dans ces personnalités ou ces individualités qui provoquent presque toujours des débals irritants et blessants, et qui, loin d'élucider une question, n'y apportent trop souvent que tmuble et con- tusion. Qu'il nous suliise de porter lt;s re|y;ards sur riiiter\ention et le concours des deux administrations dans l'œuvre commune de la défense contre les inonda- lions ; ici, en elïet, le rapprochement est saisissant, l'analogie est complète. Les forestiers attaquent l'inondation à l'état iVembryon; les ingénieurs la combattent à l'état de géant. Je ne discuterai pas l'opinion de ceux qui prétendent que les premiers s'amusent à des jeux u'enfants, et que les autres sont trop contiants en leurs propres forces : mais je dirai, ce que les faits du reste établissent d'une ma- nière péremptoire, que l'intervention séparée ou collective des forestiers et des ingénieurs peut, sinon faire disparaître totalement, du moins atténuer consi- dérablement le fléau des inondations. Que se passe-t-il donc entre les forestiers et les ingénieurs pour obtenir cet immense résultat ? Une chose bien simple, parce qu'elle est naturelle. Les premiers effectuent les semis de végétaux forestiers, les seconds exé- cutent les travaux d'art ; dans ces opérations isolées, qui tendent à un but commun, il n'y a ni désordre, ni conflit, ni dissentiment, ni impuissance. 11 n'y en a pas davantage quand les ingénieurs des ponts et chaussées et des mines sont, aux termes de la loi, appelés à prêter leur concours aux agents forestiers pour les opérations relatives aux terrains à reboiser obligatoirement ; partout, et sans aucune exception, ces ingénieurs ont apporté dans leur coo- pération le plus cordial empressement ; l'accord le plus complet ne cesse de régner entre les agents des divers services. 11 ne pouvait en être autrement, car en France on aime les grandes choses ; pour le progrès et le bien public, le cœur éprouve les mêmes impressions, quel que soit l'uniforme ou le vêtement qui le couvre. Eh bien î ce qui se fait pour les inondations se fait aussi pour la piscicul- ture, dans les mêmes conditions et avec les mêmes avantages : les forestiers eftectuent les semis de poissons pour repeupler les fleuves et les rivières ; les ingénieurs exécutent les travaux d'art pour régler le régime de ces cours d'eau. Il faudrait, en vérité, avoir une bien triste opinion du premier corps sa- vant du monde pour supposer que les ingénieurs refuseraient de se concerter avec les forestiers sur toutes les questions où il conviendrait d'approprier certains travaux d'art à la propagation et à la conservation du poisson. Ces observations préliminaires m'ont paru nécessiiires pour éclairer, sinon l'opinion publique, du moins celle de mes nombreux auditeurs sur un projet T. VII). — Décembre 1861. 40 626 SOCIETE IMPERIALE ZOOLOGIQUE D ACCLIMATATION. qui a eu beaucoup de retentissement, et qui consistait à moditier les atlribu-. tiens des deux services pul)lics cliargés de la régie de la pêche sur nos fleuves et nos rivières. L'auteur de ce projet croyait avoir trouvé, dans ces modifications, les moyens les plus efficaces pour rempoissonner les eaux douces. Quelles que puissent être, dans l'avenir, les conséquences de sa proposition, il ne faut y voir, quant à présent, je le crois du moins, que la pensée d'amé- liorer un état de choses qui paraît insuffisant ou incomplet ; que l'intention d'augmenter les ressources du trésor, et de donner une juste satisfaction aux exigences de l'alimentation publique ; enfin, que la manifestation d'un senti- ment généreux qui nous porte à venir en aide à nos semblables. Mais on peut se tromper, même en voulant faire le bien. Il est d'ailleurs, dans cette question, un passé qui nous rappelle l'œuvre de nos pères, et qui, par cela seul, a des droits à notre respect. N'oublions pas non plus que l'histoire a toujours d'utiles enseignements; jetons donc un regard en arrière, et consultons l'histoire. La célèbre ordonnance de 1669, consacrant des usages dont l'origine se perd dans la nuit des temps, a conféré la police et l'administration des forêts et celle des eaux douces à l'administration forestière. En confiant à la même surveillance et aux mêmes soins ces deux branches de la richesse sociale, nos pères ne faisaient que transporter dans la législation la connexion qui existe dans la nature entre la conservation des bois et l'alimentation des sources ou des rivières. De notre temps, les législateurs ont consacré le même principe par le code forestier de 1827 et le code de la pêche de 1829. On n'a dérogé aux sages dispositions de l'ordonnance de 1669, que pour les canaux et les rivières cana- lisées, où le service de la pèche n'est que secondaire, et même très accessoire, en présence des grands et immenses intérêts des usines et de la navigation. La loi de 1829, qui règle aujourd'hui l'exercice de la pêche, contient une disposition qui me paraît être une des causes déterminantes du dépeuple- ment des rivières. Cette disposition est relative au droit de pêche que les rive- rains exercent dans tous les cours d'eau qui ne sont ni navigables ni flotta- bles. Là, à part quelques rares exceptions, tout est livré au pillage, à la dé- vastation. Mais nous devons espérer que l'initiative prise par les services publics aura une salutaire influence sur les riverains de ces cours d'eau, dont l'étendue est de 180 000 kilomètres au moins. C'est sur ce vaste domaine aquatique que la Société d'acclimatation peut spécialement rendre d'immenses services par ses relations, dont les ramifications nombreuses embrassent toute l'étendue de notre territoire. Son intervention à la fois scientifique et pratique, ses en- couragements honorifiques et pé :uniaires répartis avec discernement et im- partialité dans toutes les parties de la France, et même du globe, ont déjà puissamment contribué à faire cesser les abus et à hâter ou à développer les progrès de la pisciculture. CONFÉRENCES ET LECTURES. 627 Ce sera là, je n'hésite pas à le dire haiitemeiit, une de ses plus belles con- quêtes, car, augmenter la population animale dans les eaux, c'est augmenter les moyens d'existence de la population humaine. Utilitati, à futile ! telle doit être notre devise. C'était celle de l'illustre Etienne CeofiVoy Saint-Hilaire ; c'est celle que son fils, non moins illustre, notre bien regretté président, a inscrite sur le drapeau de la ScK:iété d'accli- matation. -\oble et belle devise qui, à ce double titre, doit être sacrée pour nous. A l'œuvre donc ! Grands et petits, riches et pauvres, savants et praticiens, A l'œuvre ! Ne nous laissons pas attiédir ou décourager par ces dénigrements, ces oppo- sitions, ces semblants d'incrédulité qui s'attaquent trop souvent aux meil- leures choses, au progrès le plus réel et le plus utile. Quand on a l'insigne honneur de marcher sous le drapeau des Geoffroy Saint- Tlilaire, on doit avoir foi dans le présent et confiance dans l'avenir • on peut aborder de front toutes les difficultés, car on a la certitude de surmonter tous les obstacles, de vaincre toutes les résistances. Sous ce drapeau, vouloir c'est pouvoir ! (La suite au prochain numéro.) V. FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CDRRESPOJDANCE. Communications relatives à la mort de H. Is. Cicoffruy Saint-Hilaire) Président de la Société impériale d'acclimatation. Lettre adressée a la Soc/tété impériale zoologique d'arrlimatation de France ^ au nom de la Société d'acclimatation de Londres^ par MM. V. J. Bucr- LA^D et James Lowe, membres du Conseil de cette Société, Messieurs , Nous sommes chargés par le C-ouseil dfîla Société (Vacclimalalioii de la Grande - Bretaiiïiie el de l'Irlande, ^ Enfin notre Société, voulant payer, comme le monde entier, le tribut dû à son mérite, à ses vertus, lui décerna, à plusieurs reprises, des médailles que le savant ne dédaigna pas. C'est sous l'empire de ces sentiments de reconnaissance et de douleur, que la Société que j'ai l'honneur de représentera, dans sa dernière séance, émis le vœu qu'une statue fût élevée à la mémoire du savant, du philanthrope, de l'homme de bien, et que, dans ce but, elle a ouvert une souscription. iNotre cher et honoré vice-président, M. Drouyn de Lhuys, dans un tou- chant langage, nous a raconté que, dans les derniers moments de sa vie, Geoffroy Saint-Hilaire s'était fait transporter au Jardin du bois de Boulogne; il éprouvait le besoin de respirer l'air de l'acclimatation... jN 'est-ce pas là l'expression de son dernier désir? n'est-ce pas là l'indica- tion de ce que nous devons faire? Oui! c'est là, c'est ;.u centre de ce Jardin qu'il a créé que doit s'élever sa statue ! Nos cœurs sont d'accord... Que nos mains s'unissent, que nos efforts se confondent pour placer Isidore Geoffroy Saint-Hilaire sur le piédestal qui lui est dû. Unis dans la même pensée, nous devancions la proposition qui vient d'être faite et à laquelle nous adhérons de tout cœur. Organisation d'une Société d'acclimatation a Sydney (Australie). ^ous nous félicitions, au mois de mai dernier, d'avoir à annoncer à nos confrères l'organisation d'une première Société d'acclimatation à Melbourne, en Australie (voyez page 233) ; nous sommes heureux de pouvoir constater aujourd'hui que notre œuvre a fait un pas de plus vers le but qu'elle poursuit. Grâce au zèle infatigable du promoteur de la Société de Melbourne, M. Edward Wilson , pour qui notre Société impériale a épuisé le luodeste trésor de ses récompenses .honorifiques, en le nommant membre honoraire dans sa dernière séance publique, l'Australie s'est créé un nouveau centre d'action pour l'acclimatation, dont la pratique peut ajouter tant de richesses à celles que possùle déjà cette terre privilégiée des antipodes. Lue Société d'acclimatation a été récenmient inaugurée à Sydney. Les journaux australiens, dont nous devons la communication à l'obli- geance de M. .). luimcl, en nous apportant cette nouvelle, rendent compte de la réunion dans laquelle cette .'•ociété a été institué»', comme celle de Melbourne , sur les hases des Sociétés de l'aris et de Londres. lia réunion était |)résidée pa V. Pias Thompson. Thisieurs allocutions ont «'té pronun- 630 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCLIMÂTATION. cées devant l'assemblée , sur rimporlance d'une pareille institulion , sur les avantages incalculables qui peuvent en résulter pour l'avenir de la colonie. M. Wilson, avec cet enlraînenient qui s'inspire de ses vives convictions sur l'idée essentiellement humanitaire dont il s'est fait l'apôtre si dévoué, a rap- pelé, comme à iNIelbourne, tout ce qui avait déjà été accompli ou tenté, et ce qui était en voie d'exécution. Insistant particulièrement sur le bienfait de l'introduction des Alpacas en Australie , il a démontré que la génération actuelle, grâce à la levée de la prohibition d'exportation, maintenue si sévè- rement jusqu'à ces derniers temps par le gouvernement péruvien, pourrait très probablement voir elle-même les résultats qui n'étaient promis qu'à celle qui doit la suivre. La séance s'est terminée par l'adoption des résolutions présentées par MM. Bennelt, Gh. Nicholson, W. Mac Arthur, en vertu desquelles la Société de Sydney a été définitivement constituée sous le nom de Société d'acclima- tation de la Nouvelle-Galles du Sud, Une lettre de M. Wilson, datée de Melbourne, le 23 septembre 1861, annonce en outre qu'à partir du samedi 5 octobre, un journal hebdoma- daire destiné à servir d'organe spécial à l'acclimatation, et à favoriser cette idée dans sonjihis lanje point de vue, le cosniopolitanisme, sera publié à Melbourne, sous le litre de The Yeoman and Australian Acclimatiser. Lettre adressée par S. Exe. M. le Ministre de la Marine et des Colonies à M. le comte (/'Éprémesnil, secrétaire général de la Société impériale d'acclimatation. Paris, le 15 décembre 4 8fit. ^Monsieur, Suivant le désir exprimé dans la lettre que vous m'avez écrite le 25 no- vembre dernier, j'ai l'honneur de vous prévenir que j'autorise l'embarque- ment sur les bâtiments de l'État, des Autruches que M. Hardy se propose d'envoyer à M. le docteur Mueller, à Melbourne (Australie). Je donne des ordres en conséquence. Une frégate à vapeur devant se rendre très prochainement à Stora pour y prendre des troupes qu'ellCidoit conduire à Alexandrie, je vous prie d'en aviser M. Hardy, afin qu'il ait à faire envoyer les Autruches en temps utile d'Alger à Stora. J'informe M. le commandant des forces navales françaises, stationnées en Egypte, de ces dispositions, en le chargeant du soin de diriger ces oiseaux sur Suez et de les faire embarquer sur le transport le Rhône, qui, en retour- nant de ce port en Cochinchine , les remettra à son passage à la pointe de Galles, au correspondant de M. le docteur Mueller. Veuillez agréer, etc. Le Ministre secrétaire d'Élat de la Marine et des Colonies, Signé C«« de Chasseloup-Lalbat. FAITS DIVERS. 631 Lettre adressée à M, le comte f^'ÉPRÉMESNiL , seari'taire général de la Société impériale d'acclimatation, par M. Duchesne de Bellecourt, ministre et consul général de France à Yeddo. Ycddo, le 10 septembre 1864. Monsieur le comte, J'ai reçu la lettre flatteuse que vous avez bien voulu m'écrire relativement aux envois de Vers à soie que j'ai eu l'honneur d'adresser à la Société d'acclimata- tion, et qui ont si heureusement réussi. Je dois, à cette occasion, rendre à qui il appartient l'honneur de l'introduction de ces graines Japonaises. C'est à M. Bourret, jeune négociant français de Privas (Ardèche), homme actif et des plus intelligents, représentant au Japon la maison française Rémi, Schmidt et Ci«, que je dois d'avoir pu mériter les éloges de la Société. Je ne puis donc accepter qu'une part toute restreinte dans les compliments que vous avez bien voulu, monsieur le comte, m'adresser au nom du Conseil, c'est-à-dire celle du zèle qui m'anime pour aider dans ses travaux si recommandables une Société dont je m'honore bien vivement de faire partie , et à laquelle je regrette de ne pouvoir être plus utile. Le Japon contient d'immenses richesses, et j'attends ici avec impatience M. Simon (1), que l'on me dit envoyé parla Société d'acclimatation pour explorer ces contrées si peu connues de l'extrême Orient. Je ferai de mon mieux pour lui être utile, bien que les recherches scientifiques aient à lutter ici, outre les difficultés de la langue, contre la déplorable tendance du gouvernement indigène à faire aux étrangers mystère de toutes choses en fait de sciences, comme d'his- toire, d'art ou de politique. Ce n'est qu'avec le temps que nous parviendrons à lever ces obstacles, et, pour ma part, j'y travaille de toutes mes forces, mais sans pouvoir me flatter d'avoir obtenu jusqu'à présent de bien grands résultats. Malgré cette répugnance marquée du gouvernement japonais (car la population elle-même est toute cordiale pour les étrangers), quelques savants ont réussi à obtenir ici des résultats d'une incontestable utilité, mais sur lesquels aucune communication n'a encore été faite. J'attends donc M. Simon avec impatience. Je ne puis cependant passer sous silence une découverte que je viens de faire de Riz secs, croissant en pleine terre sur les montagnes et sans le secours des inondations artificielles. M. Siebold, qui est en ce moment au milieu de nous, m'en a vivement félicité. Je me propose d'envoyer à la Société quelques échan- tillons de ces Riz qui m'ont été d'ailleurs demandés par le Ministère de la Marine. Je vais m'occuper du nouvel envoi des cocons et des graines dont vous avez bien voulu, monsieur le comte, me parler dans votre lettre; mais j'ai besoin pour cela de m'entendre avec notre actif collaborateur, M. Bourret, et, pour le trouver, je dois faire le voyage de Yeddo à Kanagawa, ce qui ne me permet pas de vous répondre à ce sujet par le courrier de ce jour. Mais j'ai tenu à réparer, s'il est possible, le malheur arrivé à mon envoi de l'an dernier : mes Ignames, mes Fougères et surtout mes superbes Poules japonaises et Faisans dorés. Les deux caisses de plantes ont été détournées de leur destination directe par je ne sais quel contre-temps. Au lieu d'êlrc expédiées par la malle anglaise, ainsi qu'on me l'avait fait espérer, elles ont été confiées à un naviie voilier du Ha\re. On a emporté les caisses, mais personne n'a voulu se charger des Poules (t Faisai s! La femelle est morte à Hong-kong ; le mâle est resté chez notre agent consulaire. Ainsi va-t-il souvent de nos envois des lointains pays ! J'espère bien prendre ma revanche. En attendant, veuillez agréer, etc. Dlchesne de Bellecourt. Le Secrétaire du Conseil, Guérin-Mékeville. {\) M. Simon, chargé par l'Emp creui d'une mission agricole (ii Cliini'. OUVRACiEfii OFFERTS A L% SOCIÉTF SKANCK DU lÙ AOUT 1861. The l>roceedings of tlie scienlific meetings of the Zoological Society of London, années 18A8 à 1861. Atti délia Sociela di acclimazione e di agricultura in Sicilia. Tome I, n" 1. Société des scien;îes naturelles et archéologiqnes de la Creuse. Tome III, 3^ Bul- letin. Compte rendu de la situation et des travaux de la Société d'émulation de Monl- béliard, de mai 1859 à mai 1860. Atli délia Societa italiana di scienze naturali. Tome III, n" 2. Concours et expositions de Marseille, à l'occasion du co icours régional de 1861. — Exposition d'horticulture. Tableaux de population, de culture, de commerce et sées par l'Institution smithsonicnne. Des ruches tuilées et de la cullurc des Huîtres, sous le raftport commercial, par le docteur Kernnserer. Saint-Martin (île de Ré), 1861. Offert par l'auteur. Sopra una nuova specie di Crostacei sifoaostomi (Gyropellis dor,idis), osserva- zioni del prof. Emii.io Cornall\. Milan, 1860. Offert par l'auteur. Loisirs. Nouvelles de Bourbon, par M. A. Logeais. Offert par M. Oeneslev. De la manière de disposer les habitations ù l'usage des hommes et des animatLX, afin de les rendie parfaitement saluhres, chaudes en hiver, fraîches en été, et sèches en toutes saisons, par M. P. Ci rtillet, 2^ édition. Marseille, 185:{. Offert par l'auleur. VI. BULLETIN MENSUEL DU JARDIN ZOOLOGiaUE D'ACCLIMATATION. 1. — Novembre est, comme on le sait, im des mois les plus tristes de Tannée : le ciel est gris et sombre ; les arbres se dépouillent complètement de leur verdure ; la gelée a détruit les dernières fleurs des parterres ; il pleut presque chaque jour. Malgré toutes ces circonstances peu favorables, l'as- pect général du Jardin a conservé un certain charme, et nous avons eu la satisfaction d'y recevoir, dans le cours du mois, 10 172 visiteurs. II. Naissances. — La race de Poules dite malaise est la seule qui n'ait pas encore achevé sa mue. Les Cochinchinoises, Brahmapootra et quelques négresses ont donné quelques œufs. L'incubation des œufs de Cygne noir, annoncée dans le précédent bulletin, a duré /l'i jours. De quatre œufs, trois sont venus à bien. Dans le quatrième, le petit, bien formé, est mort au moment de l'éclosion. Depuis la naissance, un pelit est mort accidentellement; les deux autres sont bien portants. Lne biche Axis a mis bas d'un faon en apparence robuste et bien conformé, qui est mort quelques heures après. III. Mortalité. — Nous avons perdu parmi les Mammifères : un Chamois (météorisation et constipation), deux Lapins, un Daman, une Gazelle dorcas (tournis), et une aulre Gazelle edmi (abcès à la bouche suivi de la carie des os de la mâchoire supérieure , et détachement de la voûte palatine). C'est pour la seconde fois que cette singulière affection se présente. IV. — l'armi les Oiseaux la mortalité est en proportion du nombre que contient le Jardin et non d'aucune épizootie. L'affection régnante est toujours la maladie pseudo-membraneuse qui a été notée les mois précédents. V. Dons. — Le Jardin a reçu en dons : un Coq et Poule croisés Dorking et de la Réunion, par M. Passy ; un Bélier Mauchamp, de M. Graux; deux Cigognes, de M, Lefèvre (de Versailles) ; une Chèvre, de M. le comte Du- châtel ; une paire de Poule coucou d'Anvers, de M. Pomme ; une Gazelle suib {Antilope scripta), de M. Dufour ; une Biche d'Andalousie, de MM. Lan- seigne frères ; un Coq Padoue doré, par un inconnu. Le Jardin a également reçu : 1" De INI. Danjoy, douze arbustes venant du jardin botanique de .Mont- pellier, et des graines de Nelumbium rose et blanc. 2° De madame la comtesse d'Oraison, une collection nombreuse de graines du Japon. 3" De M. le duc de Trévise, des Cannes à sucre. JARDIN ZOOLOGIQUE d'aCCLIMATÂTION. 635 VI. — L'Aqnariiim a continué de fonctionner et d'exciter l'intérêt du pul)]ic. Tous les animaux qui y ont été placés se portent remarquablement bien; il y a eu à peine quelques mortalités. Plusieurs bacs ont reçu des addi- tions de poissons de mer, notamment des Homards, Langoustes, Lottes, Motelles, Blennies, Oursins, etc. M. Uené Gaillaud nous a envoyé des arbres d'Huîtres et de Moules de son exploitation dans la Charente-Inférieure, et jNI. Charles Wallut des Truites élevées par lui à Saint-Germaiii^ VIL — Quelques Canards et Sarcelles étrangers, provenant des bandes sauvages qui traversent l'air à cette époque de Tannée, ont été vus mêlés aux nôtres sur les pièces d'eau du Jardin. Pareille observation est faite chaque année sur les lacs du bois de Boulogne; mais jamais les avantages de la captivité, sécurité et nourriture abondante, ne sont assez puissants pour retenir ces nouveaux hôtes. Ce sont eux qui finissent toujours, au contraire, par débaucher et entraîner quelques-uns de nos captifs dont la pousse des ailes nous échappe, sans doute en leur rappelant le quam diilcis liber tas! VIII. — La température a été en moyenne de 1 degré au-dessous de zéro à six heures du malin, et de 8 degrés nu-dessus à deux heures de l'après-midi. Les extrêmes ont été de 8 degrés au-dessous de zéro au minimum, et de 16 de- grés au-dessus de zéro au maximum. On a achevé de couvrir ou de rentrer dans les serres les plantes qui peuvent soulïrir du froid. IX. — M. le docteur vSoubeiran a clos la série des Jconférences d'été au Jardin par une savante leçon sur les couveuses artificielles , en présence d'un nombreux auditoire. Nous avons, dans le numéro précédent (voy.page 575), donné la liste des animaux dont le Jardin d'acclimatation pouvait disposer; un certain nombre de ces animaux représente les produits obtenus au Jardin depuis son instal- lation. Nous sommes heureux de pouvoir constater que les résultats de nos cul- tures n'ont pas été moins satisfaisants. Le Jardin a en efi'et, ainsi que nous l'avons annoncé déjà, recueilli de la ciUture des semences qui lui avaient été offertes directement ou confiées par la Société impériale d'acclimatation, une certaine quantité de produits (plantes, graines, tubercules, etc.) dont nous croyons devoir insérer ici la liste. Parmi ces produits, la moitié de ceux qui résultent de dépôts faits par la Société impériale a été mise à sa dispo- sition, l'autre moitié appartient au Jardin, conformément au règlement arrêté entre les deux associations. Le Jardin peut donc céder à des prix modérés une partie de ceux qui lui restent (voyez la liste ci-après). LISTE DES PLANTES ET GRAINES DONT PEI'T DISPOSER LE JARDIN ZOULOGIQIJE D'aCCLIMATATION. «"* Plantes. Acacia armata. — chordophylla, lon^issima. — ciillriformis. — decipiens. — decurrens. — dictyocarpa. — dodoneifolia. — fariiiosa. — farnesiana. — juniperoides. — Latroboi. — leprosa. — longifolia. — lopliantha. — margiiiata. — melanoxylon , lalifolia. — mollissima. — montana. — myriifolia. — pulchella. — pymenlha. — reclinata. — rectinoides. — saligna. — Sophoraea. -- sp. West. Aust. Ainobium alatuni. Anipherephis iiitermedia. Amphicome arguta. Anona Bael, M^q marnielos. Araucaria Bidwilji. Boaufoiiia deciissala. Bossia linoides. Brachycoma iberidifolia. Cajanus llaviis (Cytisus Gajan). Callislachys ovata. Callistemon lophanlha. C.anovalia rosea. Gassin eremophylla. — occidentalis. Casuarina eqiiisetifolia. — leptoclade. — stricta. Ceanothiis africaniis. Cleonie pentaphylla. Cliioria ternatea. Coreopsis alata. Cycas humilis. Daubentonia ? Dodonea conferla. — ciineata. — l'reissii. Eriobolrya japonica. Escalonia ? Eucalyptus globulus, pulverulonta. — odorata ? — robusta, gigantea. — viminalis. Eucahptus species? — species ? — species? Eutaxia diffusa, l'abricia laevigata. Gomphocarpus arboreus. Goodia latifolia. — medicaginus. Halciieria ozothameudis. Ilermannia angularis. Hibiscus ? Indigofera australis. — selœtia. — syjvatica. Ixodia alala. Kennedia JîaumaiiDii. — nionophylia. — nionophylia alba. LISTE DES Kcaiicdia ovata. — prostrala. — nibiciinda. Kiinzea leptospennoidcs. Jjiippago racemosa. Leptoi-iiiynchus sqiiainatus. * Leptosperininn flavcscens. — juniperimini. — Ianig;ennn. — scoparium. Lyciiiin afriini. .Manioiit? Maracorya passiflora. Mclaleuca aniiillaris. — decussala. Melrosideros qiiad rifidus. Pattersonia longicarpa. Polypodiuni australe. PL.VNTES ET C. RAINES. Pomaderi'is apetala. — elliptica. Psoralea corylifolia. — glandulosa. Rhagodia niitans. lUiamiuis lUilis (Loza). lîlius vernicifera. Puibingia parviflora. Salisbnria adiantifolia. Sida pulchella. Solanum giganteum. — hystrix. — laciniatum. Swainsonia gall.egifolia. — Grayana. — alba. Viminaris denudala. \\le\ arborea. (3;v \ Z" Racines. Patate à sucre du Japon. — rouge de l'Australie. — blanche de l'Australie. Oxalis tuberosa du Pérou. Pommes de terre de l'Australie (huit variétés). 3° Graines. Abies reginae Amaliœ, de Grèce (1). Arbor vitae. du Japon. Brassica sinensis (Pe-tsai de Chine). Chardon à foulon. Cryptomeria japonica. Ficus du Japon. Haricot mongo de l'Inde. Maïs (vingt-cinq variétés). Pistacia vera, du Japon. Pois gros-gris de l'Inde. Po-tsai (Épinard de Chine). Rhus vernicifera , du Japon. Ricin commun. Salpiglossis sinuata. Salvia horminum. Tabac du Maryland. N.B. — Les demandes doivent être adressées à M. le Directeur du Jardin d'acclimatation du bois de Boulogne, à Neuilly. H) Magnifique arbre vert nouveau, qui a la propriété iJe repousser après le recépage. Le Directeur du Jardin zoologique d'acclimatation ^ Le D*^ RUFZ DE Lavison. ÉTAT DES ANIMAUX YlVAiNTS, PLANTS, GRAINES ET SEMENCES DE VÉGÉTAUX, OBJETS DE COLLECTION, PRODUITS INDUSTRIELS, ET OBJETS d'ART, DONNÉS A LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'acclimatation Du \" janvier au 31 décembre 1861 (1). •NOMS DES DONATEURS. S. A. le vice - roi d'Egypte, membre de la Société. OBJETS DONNES. RENVOI au BULLETIN, Comiceagricoled'Alais. M*"^' Andréa, à Paris. MM. Baruffi, délégué à Tu- rin. Le D' Blatin, membre de la Société, à Paris. Bataille, membre de la Société, à Gayenne. Bernard des Essarts, consul général de France a Livourne. r ANIMAUX VIVANTS. Douze Zébus de la grande race du Soudan et de l'Inde. Deux Pélicans, trois Flamants, deux Spatules. Trois Gazelles télal. Graines de Vers à soie de Smyrne. ! Dindes rouges. Échantillons de Cocons de Bom- byx du Japon, élevés en Italie. Une paire de Poules-Pigeons blan- ches. Une Harpie huppée, un Pécari à collier, deux Pacas, un Coati. Trois Agoutis, un Paca, une Spa- tule rose. Deux Agamis, deux Agoutis, un Acouchi, deux Hoccos, un Kinka- jou potlo. deux Pacs, deux Pécaris à collier, deux Pénélopes marails, un Toucan. Un Mouflon mâle de Corse. 237,345 354 ^299,345 355 558 56 63 5liO 56 118,175 215 419,431 527, 557 175,515 (1) Pour les livres, voyez les pages 173, 300, 360, 420, 632. DONS FAITS A LA SOCIETE. (139 OBJETS DONNES. MM. Boisnard-Grandmaison , membre de la Société, à Granville (Manche). Le comte de Brossard, consul de France au Pa- raguay. Beaussier , interprète de l'armée, membre de la Société, à Alger. De Cargenac. Le c**^ de Castellani, membre de la Société. Chapuis, président du comité d'acclimatation de la Guyane. Daudin, membre de la Société, à Paris. Delaporte, membre ho- noraire de la Société. Roger Desgenettes. Drouynde Lhuys, vice- président de la Société. DUCHESNE DE BeLLE- court, consul général de France, membre de la Société, à Yeddo (Japon). M'"'" DUFFOUR. Ddgier, membre de la Société, à Paris. Canards de la côte occidentale d'Afrique. Un couplé de Cerfs du Paraguay. Seize cents œufs de Perdrix Gambra d'Algérie. Un Daim des Vosges. Deux onces de graine de Vers à soie chinois, acclimatés. Un Agami, quatre Pénélopes ma- rails, quatre Sarcelles. Dindons de diverses variétés. Six Oies, trois Pintades, un Pé- lican de la haute Egypte. Deux douzaines de jeunesTruites. Une Chèvre d'Angora et une Grue couronnée. Poules et Faisans dorés du Japon. Graine de Vers à, soie du Mûrier, du Japon. Graine de Vers à soie sauvage du Chêne [Yama-maï], du Japon. Une Gazelle barrée d'Afrique. Une Antilope de Sœmmering. RENVOI au BULLETIN. 150 288,303 222,346 63 218 118,175 215,557 63 614 574 574 103,116 117,240 424 558 303 iShO SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZUULUGJULE u'acCLIMATAïIOxX l NOMS DES DONATEURS. OBJETS DONNES. MM. DuPLEssis, à Rennes. Durand, à Sainl-Hip- polyte (Gard). Ddtrône. Le comte Delangle. M""^^ Élie de Beaumoxt. H. d'EscAMPs, à Paris. RENVOI au BULLETIN. De FoNTETTE, àCaen. Le colonel Frébadlt, gouverneur de la Guade- loupe, membre de la So- ciété. Le comle de Galbert, membre de la Société, à la Buisse (Isère). Gindre, à Champigny (Seine -et - Oise). Le général baron Gi- Roi» (de l'Ain), membre de la Société, à Paris. Graux (de Mauchamp), membre de la Société. Sir Georges Grey , membre honoraire de la Société. Un couple de Cerfs de France. Graine de Vers à soie du Mûrier Taureau sans cornes Sarlabot. Un couple de Chèvres de Mascate et un Mouton de l'Yémen. Lapins de diverses races. Une Tourterelle de la Guade- loupe, un Coq et une Poule de com- bat des Antilles, un couple de Poules caraïbes, dites de Madère. Trois Moulons de Hongrie. 328 240 354, 556 574 303,346 Cinq Colombi-gallines. Un couple de Canards de Barba- rie d'une espèce particulière. Trois Moutons d'Abyssinie. Moutons mérinos de Naz. Un couple de Moutons mérinos Mauchamp. Un Francolin du Cap, quatre Da- mans et neuf Tortues terrestres, dites anguleuses. , 431 63 62, 63 473,479 354,431 64 64 27<>, 28? DOiN'S FAITS A LA SOCIETE. 6hi NOMS DES DONATEUHS. OBJETS DONNES. RENVOI au BULLETIN. MM. Grozellier, à Paris. Guérin-Méneville, se- crétaire du Conseil de la Société. Sa Grâce le duc de Ha- MiLTON, membre de la So- ciété. Hayes, commissaire de la marine, membre de la Société, à Chandernagor, Honoré, membre de la Société, à Paris. S. Exe. legénéral Khé- RÉDiNE, ministre de la marine du bev de Tunis, membre de Ja Société. Comte de Lamotte-Ba- RACÉ. membre de la So- ciété, à Paris. De Lareveillère -Le- pkalx. Quatre cocons de Vers à soie duf- Mûrier élevés en Californie. Graine de Vers à soie de l'Ai- lante. Un Bœuf sauvage de Calédonie. I 0"/ 336,358 240 deo. Las Cases, à Montevi- Quinze cocons vivants du Bombyx Mylilla. Un Axis femelle. Une Biche de Barbarie, trois Ga- zelles, trois Moutons, quatre Autru- ches, quatre Poules d'Inde et quatre Oies. Graine de Vers à soie de l'Ai- lante. Dindes de diverses variétés. Deux Tatous miulita. Dix Cocons vivants de Bombyx Cecropia, de la Nouvelle-Orléans. Deux Flan-anls du zaleh. lac Men- Alph. Lavallée, mem- bre de la Société, à Paris. Ferdiniind de Lesseps, membre de la Société, à Paris. Léon Maliuce, délégué Vers à soie métis de l'Ailanle el de la Socitlé, à Douai. du Ricin, élevés avec le Sumac. T. Vfll , — Dôcemlire 1 861 . h l 217,223 471,479 299,367 419, 471 152 63 354,431 94, 240, 338 173,224 4-'- / » 642 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLIMATÂTTON. NOMS DES DONATEURS. OBJETS DONNES. MM. L. MicHON, membre de la Société, à Paris. S. Ëxc. M. le comte de MoRNY, membre de la So- ciété. Le D' Ferd. Mueller, membre honoraire de la Société, à Melbourne. NouRRiGAT, membre de la Société, à Lunel. Pemberton Hodgson , consul d' Angleterre à Yeddo, Japon. Pomme , membre du conseil de la Société. Eugène Poujade, con- sul général de France, membre de la Société. De Plydt. Un Coq chinois d'espèce naine. Une paire d'Yaks noirs. Deux Phascolomes wombat. Un couple d'Aigles d'Australie. Cinq Cailles, quatre Goat-suckers et deux Colombes d'Australie. Graine de Vers à soie du Mûrier. Une Poule négresse. Deux Pigeons russes noirs. Œufs de grande et de petite Ou- tarde de Valachie. Cinq petites Tortues paludines, RENVOI au BULLETIN. 63 63 150,^2361 424, 431 I 558,574 240 62 Remy, Schmidt, mem- Graine de Vers à soie du xMûrier, bres de la Société, aide Chine Chang-hai (Chine). Rouillé-Courbe. LeD' Sacc, délégué de la Société, à Wesserling (Haut-Rhin). De Saint - Quentin , membre de la Société. Le baron Salle. Graine de Vers à soie du Mî^irier. Grues et Sansonnets. Un Faucon pèlerin. Une Outarde canepelière. 431 348,367 474 431 215 240 431 62 574 DONS FAITS A LA SOCIETE. iih'^ De Saussure, membre Un Bélier de race algérienne, de la Société. Savin de Larclause, membre de la Société, à Couché-Vérac (Vienne). Servant, membre de la Société, à Paris. Segui, directeur des eaux de Versailles. De Semallé. « Le c"^ Taverna, mem- bre de la Société, à Milan. Turettini, à Genève. Le duc d'UzÈs, membre de la Société, à Paris. Le 0*6 de Vega Grande, membre de la Société, aux Canaries. S. E. Vefick Efendi, ambassadeur de Turquie, membre de la Société. Wattecamps, membre de la Société, à Paris. \ Une paire de Poules Dorking. Douze Tétras huppecols. Carpes, Perches et Gardons. Une paire de Pigeons de Syrie. Graine de Vers à soie du Mûrier. Un Chamois mâle. Ucie Biche de France. Cocons vivants de Vers à soie du Ricin. REiNVOI au BULLETIN , 63 106 Oies du Danube. 63, 106 240 479 240 220,239 461 S. M. I'Impératrice. S. A, le vice-roi dÉ- gypte. Graine de Vers à soie du Mûrier, des Balkans. 2« VÉGÉTAUX. PLANTES, GRAINES ET SEMENCES. Graines de diverses espèces de Végétaux. Graines du Soudan. 356, 366 288 94, 240 299,345 613 C^[if^ SOCIÉTK IMPÉRIALE ZOOLOGIOUE d'ACCLTMATATION. NOMS DES DONATEURS. OBJETS DONNES. S. Exc M. le Ministre! lo^names du Chili. de la marine. MM. C, Aguillon, délégué Ricin de l'Inde el Ricin de la de la Sociélé, à Toulon. Nouvelle-Calédonie. AuzENDE, membre delà; Graines, fruits, tubercules de Sociélé, à Toulon. végétaux de différentes espèces. RENVOI au BULLETIN. 30^ Baltct, à Troyes. Baraquin, membr de la Société, au Para. Bf.lhomme, directeur du jardin botanique de Metz. Jeunes pieds de Lo-za. Graines et tubercules du Para. Graines et fibres de Mnlva crispa. Graines d'Esparcelte de rocailles et épis de Secale nionlnmun. Ch. de Belleyme, mem- Graines de Sa/p/^/o.s.s/.s funuata. bre du Conseil de la So- ciélé. à Paris. CiiARREL, d'Orange. David, membre de la Société, à Paris. 304 06/ 357 ht ra ^79 Bidhilles d'I";name. Pommes de terre d'Australie. 93 93 Delissl;, membre de la! Graines et plantes d'A'Kctt/y/r/u.s SociAlé, à Bordeaux. •(ihbnlus, et graines d'Australie ; Blé idur d'AI'rique, Lo-za, Millet de Pé-|o21 , 565 ikin. Denis, membre de la Feuilles de Chêne pour nourrir les Société, à Hyères (Var). ivers Yama-maï. Décaisse, professeur,; Pois, Harirots et Lentilles de adinini>trateur du .AIu-l l'Inde, séum d'histoire naturelle Le directeur des Do- maines. Feuilles de Mûrier pour nourrir les Vers à soie. 619 217 30i 239 DO>'.S FAITS A LA SOCIETE, 6/i5 NOMS DES DOiNATELHS. MM. DoREL, inembrt) de la Société, à Anuonav. Drouyn de Lhuvs, vice- président de la Société. DUCHESNE DE BeLLE- couRT, à Yeddo (Japon). A. Dupuis, membre de la Société, à Paris. DurieudeMaisonneuve, membre de la Société, à Bordeaux. EuAN , consul de France, délégué de la Société, à Cbang-haï (Chine). Flury, consul général de France, membre de la Société, à Palerme, Galland , membre de la Société, à Ruffec (Cha- rente). Gauldrée-Boilleau, con- sul général de France, membre de la Société, à Portland (Canada). GRANDmiER, membre de la Société, à Paris. Hardy ,* directeur du jardin d'acclimatation d'Alger, membre de la Société. M"»*^ Herrera, à Paris, OBJETS DONNES. Feuilles de Mûrier pour nourrN^ les Vers à soie. Graines de Coccozelli. Plantes vivantes et graines devé gétaux du Japon. Graines d'igname de Chine et graines de Radis do Madras. Graines de Rhammis uliiis. draines de (leurs du nord de la Chine. Graines, fils et tissus de colon du royaume de Naples. Échantillons de Haricots rouges à rames. Graines et plants d'arbres fores- tiers du Canada. Graines de Quinoa {Clienopodium quinoa). ou Mil de Quito. Graines d'Igname de Chine [Dioscorea balalas). Clutmœrops excelsa. Pommes de terre du Pérou RENVOI « ilU BULLETIN, :39 615 47 1 1 0 153 o64 102 218 614,620 160,304 114 240 283, 30i 6/i6 SOCIÉTÉ IMPÉKfALE ZOULUIjKJUE d'agCLIMATATIOA, NOMS DES DONATEURS. OBJETS DONNES. J. Hayes, commissaire delà marine, memb.de la et de Pou ou Potme Société, à Chandernagor. W. HooKER, direct. da jardin de Kew, Londres. Le baron Lahrey, mem- bre de la Société, à Paris. Legras, membre de la Société, à la Réunion. J. Lelong, membre de la Société, à Paris. Lejeune. capitaine de frégate. LiENÀRD, membre de la Société, à Paris. Macé, à Beblenheim. MAiLLARD.à la Réunion. Malézieu. Margollé, membre de la Société, à Toulon. MAROCHETTt. Michely. De Morgan, membre de la Société. De MuRGA, membre de la Société. Graines de Bael (^Egle inarmelos) de Poil ou Patine. Graines diverses des Indes, Plants de Fagara piperita. RENVOI au BULLETIN. AI- Dora du Maroc. Graines do la Réunion Graines de végétaux de la Plata. Graines de Madagascar et de la Réunion. Graines de Marpose de l'île de France. Échantillons de Maïs poulet. Citrons galets. Graines de Rubus chamœmorus et de Papaver nudicaule. Feuilles de Chêne pour nourrir les Vers Yama-maï. Pois et Melons de Smyrne. Concombre - calebasse de la Guvane. Graines de Haricots de Vénétie, Graines de Chu fa. 217 565 218 304 613 564 613 347 566 620 154 217 303 304 153, 566 620 UO.NS FAITS A J>A SOCIÉTÉ. W NOMS DES DONATEURS. OBJETS DONNES. RENVOI au BULLETIN. MM à Melbourne JOIGNANT, Le D"" Ferd. Mueller, Graines de diverses espèces de ,f„ii végétaux d'Australie. Poucel. membre hono- raire de la Sociélé, à Mar- seille. P. Ramel , à Paris. D"" Regel, clirecleur du jardin botaniquedeSaint- Pétersbourg. ROEHN naturaliste voyageur, à Paris. A. DE Roosmalen. Le maréchal Santa- Cruz, membre de la So- ciété, à Versailles. SicRE, à Carcassonne. Le majorTAUNAY, mem- bre de la Société, à Rio- de-Janeiro. Le D' TuRREL, délégué de la Société, à Toulon. Vernouillet. S. M. IImpératrice. Vingt variétés de Maïs. Plantes de Quinoa. Graines é' Exocarpus cuprefisi for- mi s et spartki. Goodnia Mac-MUlani. Graines des rives de FAmour et de rUrsuri. Sept variétés de Pomme de terre et Oxalis crenala des Andes. Plantes et graines du Brésil Pommes de terre et Maïs du Pé- rou. Chardon à foulon. Graines de Quinquina rouge. Fruits de Sapoucaya et de Châ- taignier du Brésil. Feuilles de Chêne pour nourrir les Vers Yama-maï. Graines de Pe-tsaïetdePak-tsaï. 3° OBJETS DIVERS. PRODUITS industriels ET OBJETS DART. Échantillons de soie grége de di- verses espèces. 431 304 6-15 4 53 4^4 160 303 424 289,304 218 102 565 217 304 299,745 (548 SOClÉrÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'ACCLLMATATION. NOMS DES DONATEURS, MM. S. Exe. leducdeMALA- KOFF, gouverneur général de l'Algérie, membre de la Société. Bourgeois, membre de la Société, à Rambouillet. Chagot aîné, membre de la Société, à Paris. Le D"" Cloquet. mem- bre de la Société. OBJETS DONNES. Un échantillon d'épongés d'Al- gérie, RENVOI au BULLETIN. 56 Drouyn deLhuys, vice- président de la Société. DUCHESNE DE BeLLE- couRT, àYeddo (Japon). Graells, délégué de h Société à Madrid. Heyraud. membre de la Société, à Villeneuve- de-Berg (Ardèche). Nakwaski, à Genève (Suisse). Renard, membre de la Société, à Paris. SicARD, membre de la Société, à Marseille. Tacnay, membre de la Société, à Rio-Janeiro. Cygne blanc sauvage. Collection de trente-cinq oiseaux et d'un poisson préparés, du Sénégal. Plumes de jeunes Autruches. Échantillons de thé de la baie d'Âmeïva, île de Ségalien. Échantillon d'Yerba maté, et ap- pareils qui servent à prendre le maté. Échantillon d'Yerba maté. Échantillons de soie du Ver Yama- mai, du Japon. Echantillons de plumes déjeunes Autruches et de jeunes Casoars. Porte-bruyère pour la montée des Vers à soie. Deux échantillons de sucre cris- tallisé d'Érable à sucre du Canada. Deux grandes coquilles de Béni- tier. Deux pots de moutarde de Ca-tse, de Chine. Un échantillon de Thé noir du Brésil. 423 101 161 219 249, 3o8 424 103 5o9.o60 347 283, 3o8 619 3« 4/ 10: INDEX VLPIi\P>fir[QUE DES ANlM.UiX MENTIONNES DA>S CE YOr.UHE. Abeille, in, 123, 423, 477-478. — italienne, xlix, 50, 123, 160, 283, 477-478. Acouchi, 527, 557. 574. Agami, M 8, 175, 215, 473, 527, o o y , o / o . Agouti, Lvi, 62, 63, 175, 366, 419, 431, 479, 527, 557, 575. Aigle d'Australie, 424. — destructeur, 222. Alose, 168, 571. Alouette, 57, 197, 199,262, 264. 267, 273, 275. Aipaca, V, xvii, lvii, lviit, lxiv, lxv, LXVI-LXVn, LXIX^ LXXXII, LXXXIII, LXXXV, LXXXVI, LXXXVII, XCII, 1-5, 33-37, 50, 57, 96, 4 00, 106, 107, 111,113, 131-141, 151, 155, 186-191, 221,235, 243- 253, 282, 346, 353,354, 355, 420, 471, 49 4-498, 51 7^ 550, 559, 564, 629. Alpa-vigogne, 187-188, 355. Ane, 57,119, 121, 128, 171, 365. Anguille, li, lxxih, 168, 217, 240, 283, 543. Antilopes, 161, 298, 528, 556. — canna, 161, 298. — nilgaut, 1 50. — du Sénégal, lviii, — de Sœmmering, 303. Apis fasciata, 1 23. — ligustica, 123, 283. — mellifica^ 123. Aquadelie, 519. Armadilles, 406. AUacus Banningii^ xliv. Allelabe, 200, 263. Aurochs, 91, 409, 438, 441, 442. 443, 445, 446. 447. Autruche d'Afrique, m, xvn, xviii, XIX, LUI, LXIX.LXX, LXXI, 6-1 9, 56, 65-71, 95, 96, 100, 113, 142- 145, 151, I61.2|Xi, 222, 238, 285,299,346, 355.367, 382- 391, 419,421, 431,471,528, 559, 611, 619, 630. — d"An:iérique, ii. Babouins, 112. Barge, 239. Bartavelle, 151. Bénitiers, 619. Bergeronnette, 20 I . Bernache armée. Voy. Oie d'Egypte. Bernard l'ermite, 598. Bison, 441-447, 454. — barbu, 438, Bœuf, xxxiii,LXxxviM,53,119, 163, 170, 291,364, 409, 410, 441- 447, 458, 471, 610. — blanc de Siam, 112. — malais, 282. — sans cornesSarlabot, LVIII, 107. 158, 354, 471, 556, — sauvage d'Ecosse, 87-91, 107. Bombycillu garrulus. Voy. Jaseur, Bombyx Arrindia, 240, 431, 432. — AtlacHS^ £62. — Cecropia, xlviii, 94, 104,240, 285, 303,358, 431, 432, 562. — Cynthia. Voy. Vers à soie de l'Ailante. — dispar, 261. — Hesperus, xlviii, 563. — Lima, 562. — Mylilla, 152. — Paphia. xmv, — Pernyi. Voy. Vers à soie sau - vages du Chêne. — PoJyphcinus, 562. — Prometlieiis, 562. Bondrée, 201, 273, 275. Bostryches, 200. Bos urus. Voy. Aurochs. Bothrops lancéolé. Voy. Vi()ère fer- de-Iance. 650 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D ACGLLMATATION. Bouquelin, 438, 487. Brochet, 217, 601. Bronze-ivings Pigeons. Y oy.Co\omhe d'Australie. Bruant commandeur, 528. — de neige, 453. Bubale, xxx, 443. Buffle, 284, 363, 406, 444, 445. Buse, 201, 273, 275. Caille, 199, 264, 266, 275. — d'Australie, 517, 550, 574. — du Canada, 297, 298. Canard, 119, 126, 127, 150, 176, 238,291,303, 406,430,453, 479, 480, 576. — Aylesbury, 126, 176. — autumnalis, 63, 480, 576. — de Bahama, 480, 576. — deBarbarie,126,176,473,479 — de la Caroline, lv, lvi, 118, 238, 239, 480,528, 559,576. — casarca, 1 10, 576. — de Hollande, 128. — huppé, 126, 176, 480. ^ du Labrador, LY, 95,118.126, 176, 480. — malgache, 98. — mandarin, lv, lvi, 238, 480, 528, 574, 576. — marngnan, 480. — mignon, 118, 126, 176, 480. — millouin, 480, 576. — morillon, 480, 576. — noir d'Australie, 622. — pilet, 576. — polonais, 126, 176, 480. — de Rouen, 126, 176, 480. — sauvage, 450. ~ siffleur, 480, 576. — tadorne, 528, 576. Capraibex. Voy, Bouquetin. — pyrenaka. Voy. Bouquetin. Caprimulgus humeralis., 558. Carpe, 240, 623. Casoar de la Nouvelle-Hollande, u, xviii,Liv, 24, 25,64,105, 112, 126,127, 299, 406, 424,559. — a casque. 406 Castor, 438, 484-487. Cécydomie, 199, 262. Céréopse, 126, 128. Cerf, Lxiv, Lxix, 112, 132, 136, 234, 406, 431,440, 445,480, 487, 488, 528, 575, 635. — d'Aliiérie, 431, 480. — d'Arkote, 162, 175, 238. — axis, 127, 174, 302, 471. — de Barbarie, 289, 479. — de Bornéo, 174, 479. — de Buenos- Ayres, 128. — du Canada, 406. — cochon,64, 127, 175, 238,303. — du Paraguay, 288, 303. — rusa, 174. — de Virginie, 64,128,174,479 Cervus alces. Voy. Elan. Chameau. lxiv,lxv,lxxxiv, 84, 119, 132,137, 141, 244, 440, 471, Chamois, 221, 239. Chardonneret, 57. Chat, 119, 136, 290, 291. Cheval. 70, 119, 121, 127, 128, 134, 150, 163-166, 170-171, 183, 213,229, 254-260, 284, 290, 291, 305-317, 360-362, 364, 369-381, 408, 409, 421, 438, 439, 440,453, 455,456, 457. 458, 462, 471,475, 566. — ghellandais, 162. Chevalier, 239. Chevêche, 201. Chèvres, lxix, lxxxiv, 119, 134, 163, 171,186,287,291, 365, 421, 496, 634. — d'Angora, iv,xix, xx, xxxr, lvi, LVII, LXV , LXX, LXXXVII , LXXXIX, XCII, 53, 64, 150, 216, 221, 287, 346,353, 354,392, 418,471, 480, 559, 574. — mé'iissesd'Angora,Lxxxvin,221 — de Cachemire, 97, 112, — d'Egypte, LV, 97, 418, 479. — de Mascate, 574. — naine du Cap, 174. — — du Sénégal, 238, 480. — duThibet, 574. Chevrette, 543. Chevreuil, 175, 440, 445. Chien, 163, 175, 186, 290, 291, 365, 412, 460, 526. INDEX ALPHABETIQUE DES ANIMAUX. 651 Chiite, 543. Choucas, 408. Chouette, 201 , 265, 266, 273, 275. Cigogne, lv, 222, 480, 634. Coachi, 118. Coali, '118, 222. Coccinelle, 263. Cochenille, 70. Cochon, il 9, 171, 291, 4!0, 459. — d'Inde, 292. Coccus laccjua, 225. — manniparus, 83. Colimaçon, 95. Colin, Lxxi, 20-23, 48, 118, 153. 154, 158, 176,238, 301, 392^ 480, 560, 573, 576. — houi, 480, 576. — métis, I 28. — de Virginie, 118, 154. Colombe d'Australie, 517, 528. — longup, 576. — lophote, 301, 479. — lumachelle, 301 . — poignardée, 6 4. Colombi-galline, 62, 64, 301. Columba capensis, 528. — cruentata, 64. Coq des bois, 452, 4Ca. — de bruyère, 460, 462. Corail, 290, 334. 422, 433, 434, 437, 560. Corbeau, 272, 273, 275, 411. — mantelé, 408. Cossus, 200. Co«»rni,rai/srra/is.Voy. Caille d'Aus- tralie. Couagga, 121 . • Coucou, 199, 262. Crabe, 466. Cygne, 56, 301, 459, 528, 576. — à cou noir,Lv, 1 13, 222, 229, 301. — noir, LV, 24, 113, 176, 292, 406, 528, 576. — tubercule, 113. Cyprin de Chine, 543, 593. Cyprinus binnij^ 473. Daim,Lx:v, 63, 89, 136, 158,174, 367, 419. Daman, 239, 282, 479. Daselo (jigantea. Voy. Laughing jd- cass. Dasypus geba. Voy. Tatou. — hybridus. Voy. Tatou. Dauw, II, 121, 128, 153, 239. Demoiselle de Numidie, 238. Dindon, 63, 126, 121, 238, 292, 367, 391, 473, 576. Dromadaire, 119. Drornée. Voy. Casoardela Nouvelle- Hollande. Dronte, xvii. Duc, 273. Dules rupestris. Voy. Poisson plat de la Réunion, Dur-bec, 407. Écrevisses, lu, lxxiii. Écureuil gris, 408. Effraie, 201, 273. Élan, 406, 439, 440, 454. Élalérides, 199. Éléphant, xvm, 112, 443, 522. Emberiza nivalis. Voy. Bruant. Émeu. Voy. Casoar. Émouchet, 466. Encornets, 465. Engoulevent, 454. Épervier, 265, 266, 426. Éponges, 285,290, 327-334, 348, 422, 433-437, 469, 520, 560, 561, 572. Equus Burcheliii. Voy. Dauw. — Honionus. Voy. Hémione. — montcmus. Voy. Zèbre. Erinaceus europœus. Voy. Héris- son. Escargot, 201 . Étourneau, 201, 272. Eumolpe, 200. Faisan, Lxiv, 27, 56, 57,117, 119, 126, 176,192,234. 282. 301, 302,392. 430,453, 479, 480. 575. — argenté, 126. 176, 406, 480, 575. — de Cuvier, 126, 176, 238, 528, 575. — doré, Lxx, 48, 56, 57, i 17, 1 18, 176, 192-193, 238, i06. i80, 573, 575. (352 SOCIÉTÉ iMPÉlUALi: ZUULOGIQUE 1) ACCLIMATATION Faisandel'Inde. 15 1,1 76,480,570. — mélanote, 126,176,238,480, 528, 575, 862. — versicolore, 64. — de Wallich, 176, 238. Falco perecjrinus, Voy. Faucon. Fasianella baUmoides, 27. Faucon. 62. Fauvette, 197, 200,201, 264,269. Felis lynx. Vov. Lvnx. Flamant, 175, 224, 299, 345, 355. Fourmi, 199, 530. Francol'in, 239, 282. Frégate. 466. Freux, 408. Furet, 119. Galère à crèle, 465. Ganga-cata, 528. Gardon, 240. Gazelle, 5, 62, 136, 238, 299, 367, 419, 431, 635. — d'Algérie, 575. — barrée d'Afrique, 558. — dorcas, 302, 574. — edmi, 574. — tétai, 558. Geai, 273, 275. Gelinotte, 408, 452. Genette, 492, 493, 6M. Gont-suckers, 517, 558. Gobe-mouches. 201 . Goéland, 576. Gourami. un, 25, 26, 290, 298, 355, 367, 392-403,422, 473, 509-514, 541-546, 555. Grenouille, 71 , 513, Grive, 57, 201, 204, 271, 272, 275. Grue, 431. — d'Australie, 475, 517, 558. — couronnée. 574. Guanaco, 121-131, 186-191,243- 253, 346, 406, 480. 494-498. 573. Guazubina. Vov. Orfdu Para^uav. Harengs, 125, 463. Harmout du Nil, 473. Harpie huppée, 118, 222. Hémione, ii, xxx, lxix, 121, 128, 392, 528. Hémione métis, 1 75. Hémippe, 1 21 . Hérisson, 483. Hermine, 459. Héron, 20 1 , 480, 576. — pourpré. 480, 528. Hirondelle. 201, 267, 269, 426. Hocco, 175. 301, 355, 430, 473, 527, 557, 576. Homard de la Murray, 622. Huîtres, ui, lxxiv, 72-77. 94, 105, 334, 350-351, 561. Huîtrier, 576. Hyrax, 282. Ibis rose, 301, 480. Insectes, m, lxxiv, lxxyii, 527. Jaseur, 4 07. Kabou, 95. '9 4 302, Kangurou, ii, i.vi, lxx, 406, 480, 575. Kinkajou, 527, 557. Ko-in, 519. Labre, 601. Lagopède, 407, 452, 453. Lama, lvii, lxiv, lxv, lxvi-lxvh, LXIX , LXXXII , LXXXIII , LXXXV, Lxxxvi, 33-37. 106. 107, 131- 140, 151, 186-191, 221, 243- 253, 282,346,353,354, 406, 420, 480. 494-498. 517, 528, 550, 552,559, 573,575. Lapin, 1 19. 291, 303, 412, 431, 459, 493, 528, 574, 575. — anglais, 480, 575. — angora. 480, 575. — bélier, 480, 575. — béfleralbinosd'Amérique, 346. — noir d'Amérique, 346. — de roche. Vov. Daman. — de Sibérie, 480, 575. Lasiocampe, 200, 262. Laughing jacass, 288, 482, 483, 516, 558. Lièvre, 62, 412, 528. — blanc, 407. — des pampas, 517. Li-in, 519. Linotte, 57, 197. Lion, 136, 106, 522. Lo-in, 519. INDKX ALPIIA!;ÉTIQUE DES ANIMAUX. ^04 I.O[)hopl)0:'e, i.v, 302, 3i9. Lotte, 217. Loup, 408. iSO, 490, o26. 238, 28o, 'l'7 l.onp-cervier. Vov. Lynx. Lucioperca, 298. Lynx, 438, 489, 490. 491. 492. Lyre. 216, 424. i\Jacropus (îliginosmi. Y. Kanguron. — (jignnleus. Yoy. Kangurou. Maquereau, 125, 463. Mara. V. Lièvre des pampas. MaraiL 27.3, 479, fi -v <^ .j2 / ■>.37, .373. Martin, 272. Méduse, 465. Merle, 57, 201. — rose, 272. Mésange,' 197, 260, 269. Milan, 466. Moineau, Mo, 198. 260, 262. 265. 408, 426. Mouette, 576. Mouflon à manchettes, xxx, 127. 406, 574. — de Corse, 127, 175, 215,479. Moutons, Lxix, 53,92, 119, 141, 163,171, 185. 186, 188,299, 365, 367, 4M, 418, 475,496, 526, 528. — d'Abyssinie, 354. — algérien, 63. — de Crimée, 57 5. — de Hongrie, 63, 174. — mérinos, Lvii, 4, 59, 92, 115, 155, 156, 161, 166, 183, 282, 345, 41 1, 582-589. Mauchamp, iir, iv, xix, xx, i.vii, Lxv, Lxxxvir. 1-5, 64^ 96, 161, 238,353. 179, 559, 634. — Morvan, 574. — nain Purick, 298, 421. — de Naz, i.viii, 6i, 250, 352. — noir, 4.3 I . — romain, 238. — russes Romanowsky, Lviii, 97. — àgrosse queue Karamanlis, 57, 64, 107. 419, 431, 480, 575. — de rVémen, 57 i. Mordette, 201. Morne. 125, 463. 367, 614. 480, Morue du Murrar, 298. Mouette, 239. Moules séricifères, 334. Mulet gris, 601. Murène, 466. Nandou, 11, xviir, liv, 299. Native Compaiiiûii55 Saumon, lui, lxxiii, 57, 104, lOo, 113, 168, 216, 217, 517,519, 570, 571. Sauterelles, 199, 201. Scarabées, 262, Scolyte, 200. Scops, 273, Sèche, 465. Serpenr, 71, 210, 273, 516, 519. Serpentaire du Cap, 481 , 482. Serpule, 599, 600. Silure, 298. Silurus glanis. Y. Silure. Singe, 46 0. Spalule, 299, 345, 355, 480,576. Sphinx, 200. — rose, 366, il 9. Spongia officinalis, 329. — usitatissima, 329. Squale, 463, 466. Slruthio camelus. Vov. Autruche. Sus aquai'ium, 51 3. Tanches. 105, 623. Tapir, 64. 1 12. Talou,1 15,354, 431, 529-533,574. Te Ira 0 Cupido. Voy. Tétras. — tetrix, 452, 453, 4 o4, 460. — urogallus, 452. Tétras, 56, 106, 113, 238, 407. — ■ auerhahn, 452. — huppecol, 63, 285,297,298, 302, 349. Tortue terrestre, 239, 282, 283, 431, 468. — de mer, 283, 463-468, 520, 560. 577-581, 616. Toucan, 527. Tourtelette, 528. Tourterelle, 128, 479, 528. — de la Guadeloupe, 431. — du Sénégal, 175. Traquet, 200. Troglodyte, 200. Truites, lxxii, lxxih, 38, 30, 43, 113, 151, 207, 519, 574, 601. Vanneau, 201, 222. Vers à soie, m, xlv, xlvi, xlvii, XLVIII, XLIX, LXIII, LXXVI, LXXVII, Lxxxiv, Lxxxjx, 49, 56, 79-82, 94, 100, 104, 119, 152, 155, 156, I59.20i-2I1, 218,303, 347,357,412, 423,43 1,432, 474, 520, 562, 6^9. — du Mûrier du Japon, Î03, M 7, 219. 223, 230-232, 276-279, 299,347, 356, 547-549, 562. — de l'Ailante, lxii, lxxv, lxxvi, LXXVII, 49, 94, 104, 152, 162, 223,232, 240,283, 288,290, 303,347, 351. 357,423,431, 432, 474, 499-500,520, 562, 563, 612, 621, 622. — sauvages du Chêne de Chine, xLiv, Lxxxix, 152, 232, 326, 52T. — — du Japon, 103,1 17,217, 219, 224, 285, 286, 321-322, 323-326, 432, 520. — du Ricin, lx, lxxv, lxxvi, lxxvii, 104, 152, 218,219. 232, 288, 290, 303, 345,356, 366,423, 474, 499-500, 566, 612. Vignot, 595. Vigogne , lvii , lxvi-lxvii, lxxxv, 131-14!, 186-191, 243-253, 346, 354, 355, 494-498 Vipère, 50, 35, 105, 152, 222, 283, 288, 346, 422,474,561. Vipère fer-de-iance, in, 351, 356, 481-483 Yacou, 527, 557. Yak, XXV, XXX, xxxi, xxxiii, lvi, lvii, lxix, lxxx, lxxxviii, lxxxix, xci, xcii,50, 51, 57, 63, 107, 113, 282,287, 302,353, 392,517, 528, 573, 575,610. — métis, 349. Zèbre, 121, 282, 556. Zébu du Soudan, xxxiii, 51, 64, 1 19,237,299,345, 354. 419, 420, 528, 558, 575, 610,611. Zonécolin, 128. liNDEX ALPHARÉTIOrE DES VÉGÉTAUX MEISTIONÎSÉS DANS CE VOLUME. Abaca, 294. Abies cephalonica, 103, 480, 567 o7o. — reginœ Ai7\(tliœ^'667 , 575, 602- 604, 621. Abricotier, xliy, 240, 471. Abutilon, 294. Acacia, 26, 27. — dealbata, 27. Acajou, 169. Acersnccharimim.Y. Érable à sucre. Aciiras dissecta, 226. — sapola, 226. Agave, 294, 623. Ailanle, xlv, 423, 499, 527, o63. Aira cœspilosa. Yoy. Candie. Al dora, 304. 350". Alfa, 294. Algue, 295. Alhagi, 83 à 8i, M 5. Alpiste, 319. Amandier de Sibérie, xl. Ananas, 505. Anoua cherimoiia, xl, 504. Ansérine, -1 69. Auiiaris toxicuria, 225. Apios tuberosa, 124. Apocyn à la ouate, 294. Araucaria, 175, 363, 424. Arbor vils, 1 53, 424. Arbre à pain. 29 4. Arbres résineux, 362-363. A reca sapida , 294. Aricoma, xxxix. Aroïdécs, 406. Anacacha esculenla, xxxix, 124, 566. Arrow-rool, 512. Arlocarpus iyicisa, 225, 226. — inlegrifolia, 225, 226. Arum campanulaliim, 542.^ — cordifolium^ 542. — macrorhizoïi, 542. Anindo Hiccharifera, 295. Asclepias, xxxv. — synaca, 225, 227. Asperge, xxxvi. Atte, 83. Avoine, 213. Bael, 217, 420: Balibago^ 294. Bambou, 542. — du nord de la Chine, xxxiv, xxxv, 350, Bambusa arundinucea .Yoy .hdiwhou . Bananier, 504. Banksia, 26, 27. Bayota, 505. Bertholletia exceJsa. Voy. Châtai- gnier du Brésil. Betterave, 70, 295. Bia, 47. Blé, 36, 70, 130, 190, 213, 425. 426, 428, 471, 565, 566. — de (.hine, 359. Bluet, 169. Bœlimei-ia, 294. Bonduc, 169. Borassus flabeWformis, 295. — [jomulus^ 295. Bouleau, 168, 200, 295, 405. Brahea dulce, 503. Bromelia, 29 4. Bumelia uigra, 226, 227. — salicifulia, 226, 227. Cacanigo, 505. Cacarrali, 504. Cados, 504. Café, xxxii, 123, 340, 502, 503, 506. — diable, 474, 563. Caladium esculentam, 512, 542. — piclum, 542. — violaceum, 542. Camotis, 505. Candie, 193. Canne à sucre, 123, 149, 295, 471, 502, 503, 506. i-NDEX ALPllAL;EJlOLt JiKS VEfJKTAUX >, 124. Ulva latissinia, 594. Urccolaria elastica^ 226. Val.lisneria spiralis^ 593. Végétaux. Lxxvu-Lxxx. Vernis du Japon. Voy. Allante. Victoria regina, xxxv. Vignes, 95, 98, 129, 130, 178, 200, 471, 527, 612. Wrightia tinctoria, xl. Xanlliorrhea, 26. V'c/io, 191. Yerbamate, 3 49, 351, 359, 424. ZizypIlUS lotus, XLIH. If rABJ.E ALPHABETIQUE DES AUTEURS ME>JTIO»ÉS DA>S CE VOLl >1E. greges S. M. l" Impératrice. Soies et graines, 343. S. M. LE Roi de Siam. Animaux di- vers, 112. Ministre des Affaires étrangères. So- ciété dacclimatation fondée à Melbourne, 287. Ministre de la Guerre. Culture des Éponges, 560. Ministre de la Marine. Envoi d'ani- maux de la Guyane, 419. — iinvoidegraines d'Australie, 47 5. — Transport d'animaux, 372, — d'Autruches pour l'Australie . 622,630. — Quinquina, 168. Ambassadeur d'Angleterre. Ver à soie du Ricin, 320. — Vers à soie sauvages de l'Amé- rique du Nord, 562. Althammer (L.). Domesti(;ation de la grande Outarde, 216, 318, 320. Anca (le baron). Moutons sou thdown, Chèvre d'Angora, Chèvre d'É- gyple, 418. — Vers à soie du Ricin, 566. — Sorgho, en Sicile, 54, 566. Aubry-Lecomte. Oiseaux de la Nou- velle-Calédonie, 222. AvzEtiDE. Eucalyptus cjlobulus, Loza, 357. — Culture de végétaux, 521 , 567. Auzoux (le docteur). Nutrition dans les animaux, 227-229. — Art de dévelop[)er et de perfec- tionner le Cheval, 360, 362. AzAM. Moulons Karamanlis, 107. Baltet (Ch.). Loza, 321. Baraquin. Végétaux du Para, 160, 162, 565. Darha. Melons d'l:;sclavonie, 521 . Barthélémy- Lapommerave. Guérison de la rage, 113. — Gouramis, 473. Bahuffi. Peste des troupeaux, 159. — Vers à soie du Japon, 520. Bataille. Animaux de la Guvane, M 8, 366, 419, 527,^37." Bacmgartner. Ver à soie de l'Al- lante, 520. Beaude (baron). Conditions climalé- riques de la Bretagne, 317. Beaussier. CEufs de Perdrix Gambra, 159, 222, 346. Becquerel. Sur l'utilité des observa- tions météorologiques au point de vue de l'acclimatation, 1 29, 130. Beliiomme. Malva crispa, 237. — Sur 1 Onobrychis ou E^parcette des rocailles, "l 60,212-2 1 3, 475. Benard. Opium à pavot, 218. Berchon ( D'^) , Rapport sur un mémoire du docteur Cornav, sur l'ablation desglandesnidoriennes. 216. Bernard des Essarts. Mouflon de Corse, 213. Bernard (madame). Éducation de Vers à soie, 357. Béthisy (marquis de). Perdrix Gam- bra, 473. Blain (F.j. Culture de végétaux de Chine, 48. Blatin (le D'). Poules-Pigeons, 36. Boppe-Hermite. Éducation d'oiseaux , 619. Bouchard- IIuzard. Acclimatation des Mérinos en France, 134. Bourgeois. Cygne sauvage, 56. — Introduction du Mérinos en France, 1 15. Bouteille. Alpacas à Grenoble, 50, 107. — Yak, 107, 517. Bréon-Guérard. Introduction du Mérinos en France, 282, 345. Bretagne. Prère, 356. Brierre. Culture de végétaux exoti- ques, 54, 153, 2-i3. 284, 289, 317, 357, 424, 476, 321, 567, 613. Brossklard (comte de). Cerfs du Pa- raguay, 288. 662 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLO Brot (Ch). Moutons et Chèvres d'Angora. 53. — Éducation de Vers à soie en Italie, 562. Caillas. Vers à soie du Mûrier, 424. r.ASTELLANi (comto) . Vers à soie de Chine, 218. Centlivres. Vers à soie du Mijrier , du Japon, 474. Chagot. Autruche, 100, 161, 355. — Oiseaux du Sénégal, 101. — Culture du Colon au Sénégal, 521, 568. Charner (l'amiral). Transport des Animaux de Siam, 117, Charrel. Culture d'Igname de Chine, à Orange, 93, 114. Chasteignier (comte de). Destruction du Bothrops fer-de-lance, 351. Chatel(V) .Oiseaux insectivores, 1 1 5. — Concours des instituteurs, 156, 161. — Sarrasin, 347, 425, 568. Chatin (docteur). Acchmatation des végétaux, 1^0. — Fibres textiles, 294-295. Chavannes (le docteur A.). Éduca- tion d u Bo mbyx M y lil ta ,78, I 0 i . — Bombyx Cecropia, 104. — Saumon du Rhin, 104. — Anguilles dans le lac de Genève, 283. Chevrier (de). Panthères dressée.? pour la chasse, 96. Cheveigné (de). Culture de végétaux de Chine, 48. Cloquet (docteur .Iules). Pinne hé- rissée, 50. — Du repeuplement des Huîtres s.;r le littoral de l'Océan et de la Mé- diterranée. 72-77, 94, 350-351. — Emploi industriel du byssus de Pinne, 202, 203. — Thé de la baied'Ameiva, 219. — Maté des Indiens, 349, 359. — Palmier-dattier, 350. — Bambou de Chine, 350. Clos (le docteur). Métis de Chèvres d'Angora, communes etd'Égagre, 474. GIQUE D ACCLIMATATION. CoLPAERT (C,). Sur la Coca, le Qui- noa et le Pilo, 550, 553-564. Comice dAlais. Vers à soie du Mû- rier, 56, Corneillan (comtesse de). Ver à soie, 1 04. CossoN (E.). De la naturalisation du Faisan doré, 192-193. — - Introduction de Poissons en Algérie, 623. Coulomb (Honoré). Maladie des Vers à soie. 94. David, Pommes de terre d Aus- tralie, 93. — Orchidées, 155. — Riz de montagne, 1 55. Davi>- (Fréd.). Race ovine Graux de Mauchamp et Alpacas, 1-5. 96, 1 55. Debeauyois. Abeilles, 160. Decaisne. Graines û\4bies cephalo- nicu, 1 03. — Graines potagères de rinde, 347, Decroiï. Viande de Cheval, 61 1 . Degreaux. Hoccos, 355. Del.aporte. Oiseaux de la haute Egypte, 6i 4. Delbet. Chameaux d'Asie, Chèvres d'Angora, 472. Deusse. Loza, 1 51 . 521 , 565, 61 9. — Eucalyptus globulus, 521, 565. — Crolon sebiferum, 521 . — MilletdePéking, 565, 590, 619. Delpech (D-"). Oies du Danube, 288. Demidoff (prince A. de). Apiculture en Allemagne, par A. Lorenz, 50, Denis (Ferd.), Rossignols, Cygnes. Canards, Sarcelles, à la Réunion, 95 Desmoulins (Ch.). Genettes, 211. DociLLAT. Versa soie, 104. Drodïn de Lhuys. Rapport sur un projet d'élever une statue à Dau- benton, 177-185. — Domestication et croisement des Vigognes, des Lamas et des Al- pacas, 494-498, 534. — Oies du Danube, 288. — Cerfs du Paraguay, 288. — Pomme de terre et Maïs du Pérou, 289. TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS. 6(^^ Drouyn de Lhuys. Yerbamaté, 424. — Acclimalion d'animaux domes- tiques , darbres à fruits aux Sandwich, 470, 471. — Coccozelli, 615. — Mort de M. Geoffroy Saint- Hilaire, 60o. DucHESNE DE Bellecourt. Ver à soie sauvage Fawa-?/!oïdu Japon, 1 03. — Plantes et Oiseaux du Japon, 47, 4 17, 614, 630 DuFFOUR (madame:. Gazelle barrée d'Afrique, 558. DuMAsT (baron de). Tortue de mer, 520. DuMÉRiL (Auguste). Rapport sur les travaux de la Société pendant 1860, îxviii-Lxi — Sur la pisciculture, 125. — Éducation d'un Ver à soie sau- vage du Japon, 285, 321-322. — Dévidage descocons de l'Allante. 621. Dupuis. Migration des végétaux. Igname de Chine, Radis de Ma- dras, 115, 168-170. — Arbres résineux, 362, 363. DuRiED DE Maisonneuve. Tatou, 354. DcTRONE. Bœuf Sarlabot, 158, 354, 556. Édan, Graines de fleurs du nord de la Chine, 564. Éliede Beaumont (M™^). Lapins, 346. Éprémesnil (le comte d'). Rapport au nom de la Commission des récompenses, lxii, lxxx. EspÉRAN (Louis). Cardage des cocons du V'er à soie de l'Allante, 94. EsTERNO (le comte d'). Sur le l'ic vert, 421, 518, 611, 621. FAunoN.Yaks du Thibet, 113, — Yaks métis, 113. Flurï. Coton de Castellamare, 102. FociLLON (Ad.). Du genre Cheval et des espèces dont on pourrait enrichir notre pays, 121 . FoNs de Mélicocq (le baron de) Pisciculture, 561 . FoNTAN (le docteur). Introduction du Mérinos en France, 92. Forgemol. Dévidage des cocons de l'Ailante, 612. 622. Forth-Rouen (baron). Éducation de Vers à soie en Chine, 204-21 1 . Galbert (comte de). Don de Canards de Barbarie, 473. Galland. Haricot rougè- ramé, 218. — Appareil conservateur des cé- réales, 566, Garibaldi . Culture des Éponges , 561 . Gauldrée-Boilleau. Arbres forestiers du Canada, 476, 614, 620. — Versa soie sauvages du Canada, 562. Geoffroy Saint-Hilmre(Is.). Sur les prix spéciaux et primes, xvi-xïvii. — Yaks du Thibet, 50. — Médaille de Montigny, 51, 58. — Emploi alimentaire de la viande de Cheval, 170-171. — Acclimatation et domestication 'des animaux utiles, 59. — Progrès de lacclimalation des animaux chez les différents peu- ples, 119-120. — De quelques objections contre l'acclimatation, 291-292. GiMET. Yak du Thibet, 50. GiNOT.Transportdesœufs,159,i162. GiRODON. Sériciculture en Orient, 150, 563. GoHiN. Perdrix Gambra, 473. Gosse (Le D-'L.-A). Autruche, 95. — Sur l'acclimatation de VEry- throxylon coca, 114, 289, 335- 341, 358, 629. Graells, Reproduction de diverses espèces en Espagne, 559. — Dromées, 61 5. Grandidier père. Sur leQuinoa et le Maïs des Incas, 146-147, 160. Gramé. Poules de Gascogne, 619. Grèce (le chargéd'atTaires de). Climat et nature du sol de la Grèce, 5 1 . Grey (G.). Animaux du Cap, 282. Gris. Des plantes féculentes, 124. — Sur la germination, les procédés de transport et de conservation des graines, 293-294. Grozei.lier. Vers à soie du Mûrier. 06ii SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE d' ACCLIMATATION Grozellier, Chênede Californie. 358. Gdépin. Canard de Labrador, 95. GuÉRiN-MiiNEviLLE. PoDime de terre dAustraiie, 85-86. — Sur le Ver à soie sauvage Yama- maï, 224, 323-326. — Vers à soie de TAilante, 156, 162, 290, 351, 612, 622. — du Ricm. 290. — Des Vers à soie domestiques et sauvages, 230 232, 285. Hamet. Manière de transformer une colonie d" Abeilles indigènes en colonie italienne, 477. Hamon. Sériciculture, 155. Hardy. Autruche, 6, 4 9, 56, 65- 7i, 151, 222. — Graines d'IgnanuKleChine, 1 14. — Zébu. /il iT Hausman. Animaux du Cap, 556. Hautpûul (marquis d). Vignes et Rosiers, 612. Hâves. Végétaux des Indes, 217, 565. — Bombyx MijUtta, 223. Hébert (L.-S.) Pomme de terre de Sainte-Marthe, 29-32. Société d'acclimatation de Lon- dres, 349. Heldreicu. Abies reghuc Ama'iir. 567. 602. Henri (Maria). Guérison des Vers à soie, 56. Hérault (préfet de 1') . Pisciculture, 105. Herrera (général). PommfMle terre du Pérou, 283, 304. H ESSE. Reproduction des Autruciies à Marseillle, 421. Heyraud. Vers à soie du Mûrier, du Japon, 347. Hollard. De la domesticité ani- male, ses caractères et ses con- ditions, son avenir, 229-230. Honoré. Don d'un Axis femelle, 47 i . Hooker(W ). Fagara p/p9r//fl, 2 I 8. Husson Bœuf sans cornes à la Mar- tinique, 158. Jacqcemart(F.). Rapport de la Com- mission decomptabilité,Lxxxi-xcu. Jacquemart (F.). Lamas et Alpacas, ow . Jagerschmidt. Mérinos en Russie méridionale, 582, 616. Jardin d'acclimatation. Cheval shet- land ais, 16 2. — Cerfd'Ariâtote, 162. — Lophophore, 224, 285, 349. — Tétras huppecol, 285, 349, — Autruche, 285, — Lait d"Yak métis, 349. JoLv DE LoTBiNiÈRE. Aumiaux du Ca- nada, 93. JoMARD. Harmoul et Cuprinus binny du Nil, 473. Kaufmann(E.). Primes pour la séri- ciculture, 49. Kemmerer. Huîtreset ruches luilées, 561. Kerkado (comte de,. Vers de T Al- lante, 520. Khérédine (général). Divers ani- maux d'Afrique, 367, 419. Kleisert le D*^). Pisciculture, 38- 4 4, 55, 151. Koenigbey (S. A.). Zébus du Sou- dan, 237, 354. — Pélicans, Flammants, Spatules, 3 45. — • Gazelles tétais, 558. — Graines et fruits du Soudan, 613. Krelter. Melons d'Esclavonie, 93. Labille. Pisciculture, 217,283,561. Laborde, Vin de Sorgho, 359, 475. La GiRONiÈRE (de) Heureux effets do livressealcoolique contre la mor- sure des serj)ents,219. Lamare-Picquot. Bombyx Mylittn, 152. Lamiral (E.). Sur l'acclimatation des Éponges dans les eaux de France etd'Algérie. 327-334, 285, 290, 348, 422, 520, 560, 611. — Culture, pêche et commerce du Corail, 290, 422, 560. Lamote-Baracé (comte de). Vers à soie de l'Ailante, 152. Larrey baron). El Dora du Maroc, 160. ^ Las?erre, Oi-seaux insectivores. 346, TATÎLE ALPHAhKTrOl'E DES AUTEURS. 6 65 Morgan (de). HaricoLde Vénétie, I :j3, "66. Laurenck (Aimé). Colins, 20-23. — • Note sur la reproduclion des Oiseaux et les Perdrix Gambra, 534-540. I^AVALLÉE. Bombyx cecropia, 94. l.ECOQ. Chèvres d'Angora, 346. Lr.DGER. Sur les Alpacas en Austra- lie, 33-37. Legros. Animaux introduits à la Réunion. lOo. Tf, Long. Daims de Buenos-Avres, 158. — Graines de 'Buéno^-Ayres, 564. Lk I'restrk. Reproduction de Cygnes à cou noir, 113. Le.sseps (E. de). Sur la Coca, le Quinoaetle Pito. 5o0-5o3, 564. Lesseps (F. de). Flamants, 224. Lkwis. Bœuf malais, 282. Lherbette. De l'amélioration doTes- pèce chevaline en France, 254- 260, 284, 305-317, 369-381. LiÉNARD. Gourami, 367, 422. LiRO.N n'AiROLLEs (.1. (]e\ Arbres fruitiers. 48. Lorenz. Abeille ligurienne, 283. f.ucA. Pisciculture. 355. Macé. Maï-i poulet, 566. Maillard Citrons galets, 620. Malakoff (duc de). Zébus du Soudan à Alger,' 419, 472. — Culture des Eponges, 560, 572, Malezieux. Graines du nord. 152. Maumenet. Vers à soie de rAilanle. du Ricin, 4 23. 523. Maurice (Léon) Éducation des Vers à soie (le l'Ailanle sur le Sumac, 499-500, 474. .Maximilien n'AuTRiCHE (S. A. I. et R. l'archiduc Ferdinand). Outar- des et Oies de Turquie, 116. MiCHELY. Éducation du Bombyx Hes- pcru.s avec lAilante, 562. Michon(.J.). Ra[)portsde l'acclimata- tion avec l'agriculture, 122-123. Millet. Pisciculture, 168, 216, 217, 569-571. 623, 624. — Pic vert, 63. MoNTESQuiou (vicomte de). Travaux de pisciculture de M. Luca, 355. — Ver à soie de l'Allante, 563. MoRiN. Pisciculture, 619. Mortemart (duc de). Ver à soie de lAilanle. 520. MoucHEL. Pisciculture, \61 9. Mueller. Phascolome wombat et Phascolome Saint-Hilaire, 150, 236. — Animaux d'Australie, 516, 517, 558, 559. Murga idel. Chufa. 620. MuTEAii. Reproduction de Cigognes, 222. Nakwaski (H.). Note sur lÉrable à sucre, 283, 358, 415, 416. NoiRMONT (baron de). Sur quelques espèces de Mammifères, 349, 438-447, 484-493. NouHEs DE LA Cacaudière (des). Pis- ciculture, 94, 519. NouRRiGAT. Morus japonka^ 103. — Education de Vers à soie du Mû- rier, 152, 276-279, 347. — Régénération des Vers à soie, 423. OuNous (Léo d'). Culture de végé- taux exotiques, 568. OuRADA. Régénération des races de Vers à soie, 347. Pancié. Sorgho, 21 8. PARAVEY(de).Gommeadragante,284. — Cheval, Chèvre. Mouton du Ladak, 421. Passy (A.). Discours d'ouverture de la séance publique annuelle du 14 février 1861, 7-15. Pépin. Sur les naturalistes Péron et Guichenot, 24-28. — Sur TAlhagi des Maures, 83-84, 115. Philippe. Eucalyptus, 567. — Schinus mollt', 567. PoEY (A.). Coton de la Havane, 55. Pichot(H. -P.). Progrès de l'acclima- lation en Russie, 359, 404-412, 452-462. PiGEAux (le D'). Utilité des Oiseaux insectivores, 426-427. iî(^6 SOCIÉTÉ IJJPÉRIALE ZOOLOGIQUE d'aCCL1:\]ATAT10N. Revenaz. Autruches. 113. — Des parasites. 522-524. PoiGNAND. Maïs, 224. PoucEL. Ruminants des Andes, 346. 420. — Introduction des Mérinos à la Plata, 352. - — Quinoa, 625. PouJADE. Œufs d'Outarde, 348. 355, 421, 474. — VersàsoiedeValachie, 422,474. PoYET (le D'"). Sur racclimatalioR de divers végétaux du Mexique, 476, 0OI-0O8. Prévost ( FI . ). Des Gallinacés au point de vue de i'acclimalation. 1 '22. QuATREFAGEs (de). Amélioration de l'espèce chevalineen France, 251- 260, 284, 305-317, 369-381. Quieou. Plantes cultivées au Jardin d'acclimatation, 522. Radiguet. Pomme de terre d'Austra- lie, 48. Ramel (P.). Oiseaux chanteurs et ani- maux divers en Australie, 56. — Alpacas en Australie, 57, 106, 472, 559. — Tissu dAlpaca, 113. — Su r le i'a brida ,342-343,349. — Sur les Eucalyptus oleosa et glo- bulus, 413-414, 475,618. — Oiseau-lyre, 216. — Pomme de terred Australie, 2 18. — Laughing Jacass, 288. — Végétaux et animaux d'Austra- lie, 424. — Goodnia Mac Millani, 424. — Phascolarclos. 610. — Ornithorhynque, 61 1 , Regel. Végétaux de l'Amour et de rUrsuri, 160. Reimond. Yersàsoiedel'Ailante, 562. Remi-Schmidt. Vers à soie du Mû- rier de Chine, 21 8. Renard. Coquilles de Rénitier. 619. Réveil. Plantes médicinales. Pavot à opium, 1 66-1 68. ■ — Sèves laiteuses ( caoutchouc, gutta-percha}, 225-227. — Différentes espèces de laits, 363- 365. Richard (du Cantal). Introduction du Mérinos par Daubenton, 59. — Cheval, 163-166. — Sur le troupeau de Souliard ,221, 353, 420. — Yaks, 107, 282. 287. RoBERTi (Victor). Sur les Vers à soie du Japon (Bombyx Mori^. 547- 549, 562. " RoEHN. Alpacas, \ 00. — Moutons mérinos Graux de Mauchamp, 353. RoGET. Cygne sauvage, 113. RoosMALEN (De). Végétaux dii Rrésil, 424. RosEN. Culture du Sorgho en Alle- magne, 94. Roujoux (dej. Gourami, 355, 392. RozAY, Ver à soie de l'Ailante. 520. RuFz DE LAvisoN(le D""). Acclimata- tion du Gourami, 290, 392-403. — Oologie des Oiseaux du Jardin d'acclimatation, 427-428. Sacc. Cucurbitacées, 49. — Tétras en Russie. 56. — Graines de la Guyane, 1 1 4. — Garance, 1 60. — Chèvres d'Angora, 216, 287. — Chèvres de Cachemire, Antilope Nilgaut, 97. — Chèvres d'Egypte, 97. — Mouton Romanowsky, 97. — Autruches, 346, 559. — Animaux de la Guyane, 473. — Mara ou Lièvre des pampas, 51 7. — Arracacha, 566. — Travaux de MM. Rataille et Mi- chely de Cayenne, 557. — Outardes, 559. — Travaux de S. M. le roi de Wur- temberg, 609. Salles (C). De la multiplication des Tortues de mer dans la Méditerra- née, 463-468, 560. Sama-Cruz (maréchal). Pomme de terre, et Maïs du Pérou, 289. M°"' Santy. Education deVersàsoie, 3(.7. Saurier. Tortues d'Europe, 283. TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS. Savin DE Larclause. Poule Dorking 106. ScHUTz Sur les noms du Chat, du Chien, du Cheval à oreilles pen- dantes, 290. SÉGuiER(bar.). Mouton Mérinos, 136. Ségdin (P.) Yak mélis, 619. Servant. Tétras huppecol, 106, 113. SiCARD. Moutarde de Ca-tse de Mon- tigny, 347. SiHERT. Ver à soie de l'Allante. 520. Simon. Animaux et végétaux de Chine, 220, 290. — Poissons de Chine, 519, 527. SiNÉTYfcomtede). Abeille ligurienne, 260. Société d'agriculture de Falaise. Pomme déterre. Juniper us sabina^ OEcidium cancellntum, 103. SouBEiRAN 'D'" L.). Des Abeilles et • du miel, 123. — Thé du Brésil, 241-242, 349. — Plantes à sucre, 295. — Rapport sur le mémoire de M. Lamiral relatif à l'acclimata- tion des Eponges, 433-437, 469. — Rapport sur la destruction du Bothrops fer-de-Iance à la Mar- tinique, 481-483, 519. — Oiseaux d'eau, 477. — Tortues dans la Méditerranée. 377. — Incubation artificielle, 614. SuQUETfN.). Alpacas, 107. — Autruches élevées au Jardin zoolo- giquede Marseille, 142-1 45,611. — Incubation de lAutruche, 319, 382-391, 472. Taunav (lemajor). Quinquina rouge, Thé noir du Brésil, 1 02. — Sapoucaya et Châtaignier dn Brésil, 563. Taverna (1'> comte J,). Education de Versa soie du Mûrier, 79-82. 667 TcHiHATCHEi^ (Pierre de). Chèvres d'Angora. 3 46. Theillier- Desjardins. Faisan de l'Inde, 151. — Colins, 153, 158. Thownsend Harris. Végétaux ivers 153. \ Torelli. Lamas et Alpacas, 282 TocRREiL (de). Orchidées, 153. — Riz de montagne, 155. Troy (P.). Alpacas, Ctièvres d'An- gora, 222. Tlîretti (a.). Chamois, 221 . TuRREL (le D' L.}. Protection aux Oiseaux, 155,' 19i-201, 216, 261-275. — Sur le Câprier sans épines, 424, 448-451. — Surle Vanneau, 222, — Sur le Pic vert. 518, 61 I, 621. Tydgadt. Reproduction de Mammi- fères et d'Oiseaux au jardin zoo- logique de Gand, en 1860, 421. VALîiER(Vtede). Mort de M. Geoffrov Saint-Hilaire, 608, 628. Vavasseur (P.). Bètes à laine de la Cordillère des Andes, 131-141, 162, 186-191, 219, 243-253. — Note sur une espèce de Tatou, M 5, 529-533. Vattemare. Fibrilia, 357. Vega Grande (comte de). Ver à soie du Ricin, 256, 366. Vekemans. Oiseaux, 6! 9. Vibrave(M's de). Ortie blanche, 155. Viennot (H. ). Sur les Bœufs sauvages des parcs d'Ecosse, 87-91, 107. — Curiosités de l'Aquarium, 592, 616. Vinson (D"" Aug.). De l'acclimatation duGourami, 509-314, 341-546. VViLsoN. Animaux d'Australie, 51 6, 517. — Zébus, 610. TÂ1U.E DES MATIERES. A!orl et. funérailles de M. Isidore Geoffroy Saint- Hilaire i SÉANCE PUBLIQUE ANNUELLE DU 17 FÉVRIER. Procès-verbal de la cinquième séance publique annuelle, tenue le U février 1861, à l'Hôtel de ville i Prix proposés par la Société " Prix fondé par iM. Chagot aîné » "• Prix fondé par M. Frédéric Davin iv Prix fondé par M. le docteur Sacc iv Prix fondé par madame Guérineau, née Delalande iv Prix fondés par un membre anonyn.e de la Société iv MM A. Passv. — Discours d'ouverture vu Is. Geoffroy Saint-Hilaire. — Sur les prix spéciaux et primes provenant de fondations particulières xvi Aug. DuMÉRiL. — Rapporisur les travaux de la Société pen- dant Tannée 1860 xxviii Le comte d'ÉpRÉMESNit. — Rapport au nom de la Commission des récompenses lxii Fréd. Jacquemart. — Rapport au nom de la Commission de comptabilité de la Société lxxxi DOCUMENTS RELATIFS A LA SOCIÉTÉ. Organisation des bureaux de la Société pour l'année 1 861 * j Liste des Sociétés affiliées et agrégées et des Comités régionaux. . v Sixième liste supplémentaire des membres de la Société vij GÉNÉRALITÉS. Pép:n. — Note sur les services rendus par les naturalistes Péron et Guichenot 2 4 Becquerel. — Sur l'utilité des observations météorologiques au point de vue de l'acclimatation 129 Drouyn de Lhuys. — Rapport sur un projet d'élever une statue à Daubenlon '77 ll.-P. PiciiOT. — Sur les progrès de lacclimatation en Russie. . . 404 Le même. — Suite et (in 452 D" L. Soubeiran. — Rapport sur une proposition de M. le comte Alexis de Chasteigner, relative à la destruction du Bolhrops fer-de-lance à la Martinique iSl MAMMIFÈRES. F. Davin. • — Rapport au nom du Comité de souscription pour l'in- troduction de la race ovine Graux de Mauchamp à Buenos- Ayres, et l'acquisiiion , en retour, d'un troupeau d'Alpacas. ^ Ledger* — Sur les Alpacas et sur les avantages que présente leur introduction en Australie 33 y TAlîLE DES .MATIÈRES. (5(51) ViENxoT. — Sur les Bœufs sauvages d" Ecosse 87 D'' Vavasseur. — Noie historique sur les Bêtes à laine des Cordil- 1ères des Andes 131 Le niême. — Suite 187 Le même. — Suite et fin 243 Le même. — Note sur une espèce de Talou très recherché comme aliment dans les provinces de la Plata \ . . . o29 Lherbktte et de Quatrefages. — De lamélioralion de l'espèce che- valine en France, et notamment des chevaux de troupe. . . 254 Les mêmes. — Suite 305 Les mêmes. — Suite et fin 369 Baron de Noirmont. — Sur quelques espèces de Mammifères qui ont existé en France et qui ont disparu ou sont devenus très rares 438 Le même. — Suite et fin 484 Drouyn de Lhuys. — Note sur la domestication et le croisement des Vigognes, des Lamas et des Alpacas 494 Jagerschmidt. — Sur l'industrie de la laine dans la Russie mé- ridionale • 581 OISEAUX. Hardy. — État de la domestication de l'Autruche à Alger 6 Le même. — Suite et fin 65 A. Laurence. — Note sur l'acclimatation des Colins en liberté. . . 20 Le même. — Note sur la reproduction des Oiseaux et des Perdrix Gambra '• • • ^34 N. Suquet. — Sur les Autruches du Jardin zoologique de Marseille. 1 42 Le même. — Incubation de l'Autruche et éclosion de onze jeunes, à Marseille 382 E. Cossox. — De la naturalisation du Faisan doré comme gibier, sous le climat de Paris 192 D"- TuRREL. — Protection aux Oiseaux 194 Lemême. — Suite et fin 261 Althammer. — Note sur des essais de domestication de la grande Outarde, au Tyrol 318 POISSONS, CllUSTAGÉS, ANNÉLIDES ET ZOOPHVTES. Dr Kleinert. — Sur les essais de pisciculture faits à Herrenalb. 38 Dr Cloquet. — Du repeuplement des Huîtres sur le littoral de l'Océan et de la Méditerranée, par M. Coste 72 Lemême.— Emploi industriel du byssus de Pinne 202 E. Lamiral. — Sur lacclimatation des Éponges dans les eaux de la France et de lAlgérie 327 Dr RoFz de Lavison. — Sur quelques tentatives d'acclimatation du (iourami dans divers pays 39 2 b' L. SouBEiRAN. — Rapport sur le Mémoire de M. Lamiral, "relatif à l'acclimatation des Éponges 433 Le même. Rapport sur une proposition de M. Salles relative à lamultiplication de la Tortue dans la Méditerranée. ..... 570 C Salles. Multiplication des Tortues dans la M-îdilerranée . . 463 670 SUCIÉÏÉ IMPÉniALE ZUOLOGIQUE i)\\CCLlMATÂT10.N. D'' ViNsoN. — Deracclimalation du Gourami à la Réunion, et des moyensderacclimateren Algérie et dansle midi de la France . 509 Le même. — Suite et fin 341 ViENNOT. — Curiosités de l'Aquarium o92 INSECTES. D' Chavannes. — Sur un essai d'acclimatation du Bombvx Mylitta. 78 Comte Taverna. — Sur une éducation du Vers à soie du iJûrier, faite en plein air à Milan 79 Baron FoRTH-RouEN. — Éducation des Vers à soie en Chine. . . . 204 E, NouRRiGAT. — Noie sur une éducation de Vers à soie du Japon. 276 A. DuMÉRiL. — Sur l'éducation d'un Vers à soie sauvage du Japon élevé avec des feuilles de Chêne, par M. Vallée 321 Gdérin-Méneville. — Ver à soiesauvage r.'//Ha-maï du Japon • • . 323 L. Maurice. - Sur une éducation de Vers à soie de l'Allante, faite avec des feuilles de Coriaria 499 V. RoBi'RTi. — Sur les Vers à soie du Mûrier du Japon 547 VÉGÉTAUX. Hébert. — Note sur la Pomme de terre dite de Sainte-Marthe. 29 Pépin. - Sur l'Alhagi des Maures , . . 83 Guérin-Méneville. — Note sur la Pomme de terre d'Australie. . 85 Grandidier. — Sur le Quinoa et le Maïs des Incas 146 Belhomme. — Note sur l'Onobrychis ou Esparcette 212 D"" L. SouBEiRAN. — Rapport sur l'examen d'un échantillon de Thé du Brésil 241 D'^ Gosse. — Notice sur les avantages quotlYirait laccliinatation de Y Erythro.iylon coca dans plusieurs colonies européennes . . 335 P. Ramel. — Sur le Fabhcia 342 Le même. — Sur les Eitcabjptus oleosa el globulus il 3 H. Nakwaski. — Note ^ur r Érable à sucre 415 D*" TuRREL. — Sur le Câprier sans épines 448 C Poyet. — Sur divers végétaux du Mexique, dont l'acclimatation pourrait être utilement tentée dans le midi de la France, en Algérie et aux colonies 301 E. de Lesseps et Colpaert. — Sur la Coca , la Quinoa et le Pito des Indiens 350 Delisle. — Sur un Millet de Chine 390 Heldreich (de). — ^ur V Abies veginœ Amaliœ 602 EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX. Procès-verbaux des séances générales de la Société. Séance du 1 1 janvier, p. 45. — Séance du 23 janvier, p. 32. — Séance du 8 février, p. 92. — Séance du 22 février, p. 99. — Séance du 8 mars, p. 109, — Séance du 22 mars, p. 148. — Séi^ncedu 5 avril, p. 157. — Séance du 19 avril, p. 213. — Séancedu 3 mai, p. 219. — Séance du 17 mai, p. 281 . — Séance du 31 mai, p. 2SS. — Séance du 14 juin, p. 344. — Séance du 28 juin, p. 352. — Séance du 6 décembre, p. 605. — Séance du 20 décembre, p. 617. TABLE DES MATIÈRES. (5/ i Procès-verbaux des séances du Conseil. Séance du 20 juillet, p. 417. — Séance du 1 4 août, p. 469. — Séance du 26 septembre, p. 515. — SéanceduS novembre, p. 554. CONFÉRENCES ET LECTURES. Règlement des conférences et lectures 60 Is. Geoffroy Saint-Hilaire. — Des progrès de l'acclimatation des animaux chez les différents peuples 119 Le même. — Sur l'emploi alimentaire de la viande des Solipèdes, et particulièrement du Cheval 170 Le même. — De quelques objections contre l'acclimatation. . . . 290 D"" Chatin. — Des données dont il y a lieu de tenir compte dans l'acclimataiion des \égétaux 120 Le même. — Sur les fibres textiles 294 Ad. FociLLON, • — Du genre Cheval et des espèces dont on pourrait enrichir notre pays 121 Florent Prévost. — Des Gallinacés au point de vue de l'acclimata- tion 122 Joseph MicHON — Des rapports de l'acclimatation avec l'agri- culture 122 D"" L. SouBEiRAN. — Des Abeilles et du miel 1 23 Le même. — Des plantes à sucre 295 Le même. — Sur les Oiseaux d'eau 476 Le même. — Des incubations artificielles 624 A. Gris. — Des plantes féculentes 124 Le même. — Sur la germination , les procédés de transport et de conservation des graines 293 A. Ddméril. — Sur la pisciculture 125 Richard (du Cantal) . —Sur le Cheval de l'agriculture et sur le Cheval de guerre 163 0. Réveil. — Sur l'acclimatation de quelques plantes médicinales, et particulièrement du Pavot à opium 166 Le même. — 'Sur les sèves laiteuses (caoutchouc, gutta-percha, etc.) 225 Le même, — Sur les différentes espèces de laits 363 C. Millet. — Sur la pisciculture • 168 Le même, — Sur la pisciculture 569 Le même. — Sur la pisciculture 625 A. Dupuis. — Sur les migrations des végétaux 168 Le même. — Sur les arbres résineux 362 D' AuzoDx, — De la nutrition dans les animaux 227 Le même. — Sur l'art de développer et de perfectionner le Cheval. 360 D"" HoLLARD. — De la domesticité animale, ses caractères et ses conditions, son avenir 229 Guérin-Méneville. — Des Vers à soie sauvages et domestiques. . 230 D' PiGEAux. — Considérations générales sur 1 utilité des Oiseaux insectivores '^26 Le même. — Sur les parasites 522 i57'2 SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZuOLUGigUE u'ACGLLMATATIo.X. D'" RuFz DE Lavison. — Sur l'oologie des Oiseaux du Jardin d'accli- malciliun. . , 4 27 H. Hamkt. — Sur la nmnièrede transformer une colonie d'Abeilles indigènes en colonie italienne 477 QuiHou. — Sur les plantes cultivées au Jardin d'arclimalalion du bois de Boulogne 52 2 FAITS DIVERS ET EXTRAITS DE CORRESPONDANCE. Lettres de S. A. I. et R. l'archiduc Ferdinand-Maximilien d'Autri- che;— de M. Duchesne de Bellecourt, consul général de France à Yedo (Japon); — de M. l'amiral Charner; — de S. Exe. M. le Ministre de la marine et des colonies 116 Projet d'jérection d'une statue à Daubenton 172 Commission pour l'érection d'une statue à Daubenton. — Organisa- tion de nouvelles Sociétés d'acclimatation en Angleterre, en i . Australie et en Sicile. — Dons d'animaux vivants d'Australie et du Soudan 233 Médaille offerte à M. de Montigny par la Société impériale d'accli- matation. — Première séance annuelle de la Société d'accli- matation de Londres, et création de Sociétés analogues à Glascow et à Melbourne. — Dons de graines et de soies par S. M. l'Impératrice. — Dons d'animaux vivants de l'Afrique septentrionale 297 Envoi de cocons vivants de Vers à soie du Ricin élevés aux Canaries, par M. le comte de Vega Grande. — Envoi d'animaux vivants de la Guyane, par M. V. Bataille. — Don d'animaux vivants * par S. Exe. le général Khérédine. — Arrivée de Gouramis vivants en France 366 Décoration de la Légion d'honneur accordée à F. Jacquemart. — Souscription pour la statue de Daubenton. — Envoi de sept espèces de Poissons vivants de la Chine par M. Simon. - — Envoi d'animaux vivants de la Guyaiie par M. Bataille . . . 525 Lettre de S. Exe. M. le Ministre de la marine et des colonies. — Lettre de S. Exe. M. le Maréchal Pélissier, duc de Malakoff, gouverneur général de l'Algérie 572 Lettre de la Société d'acclimatation de Londres et discours de M. de Valmer sur la mort de M. Geoffrov Saint- Ililaire. — Inaugura- tion d'une Société d'acclimatation à Sydney (Australie). — Let- tres de M. le Ministre de la marine et de M. Duchesne de Bellecourt 628 Bulletin des échanges proposés par les membres de la Société. . . 118 Bulletins bibliographiques 173, 300, 368, 429, 632 Bulletins mensuels du Jardin zoologique d'acclimatation. 62, 126,174. 238, 301, 430, 479, 528, ,573, 634 Paris. - Inijiiiiiiciic de L. SlAiiiiNtr, rue Mignon, ij. \ Illlllllllllllllllllllllllllllll 3 5185 0021 ■Vv v> .- ^^â "'■ /v. \ ^«C^-r-,^^ .-V ?-«h^Sr; ,a:---s. i:^\ 'Sx ■fT'^^v 'vô-^-vi^' >«*'