v^ 601 B ^e des j£]T% BIBLIOTHÈQUE CANADIENNE. COLLECTION : LAVAL. 601 B. CENT FLEURS DE MON HERBIER. OUVRAGES DU MÊME AUTEUR. Sainte-cunéqonde de Montréal. Notes et Souvenirs. Montréal, 1893. 1 vol. illustré. Le Droit Civil Canadien, résumé en tableaux synoptiques, d'après la méthode de A. Wilhem. Montréal, 1896. 1 vol. Les Cousins du Député. Comédie de moeurs canadiennes en quatre actes. Montréal, 1897. 1 vol. Le Grand Almanach Canadien Illustré pour 1899. Montréal, 1898. 1 vol. Monographies de Plantes canadiennes, suivies de Croquis champêtres. Mont- réal, 1899. 1 vol. illustré. Conteurs Canadiens-Français du XIX» Siècle, avec préface, notices et voca- bulaires. Montréal, 1902. 1 vol. La Famille Massicotte. Histoire, généalogie, portraits. Montréal, 1904. 1 vol. CENT FLEURS DE MON HERBIER. ÉTUDES SUR LE MONDE VEGETAL A LA PORTÉE DE TOUS, SUIVIES d'un Calendrier de la Flore de la Province de Québec PAR E.-Z. MASSICOTTE. NOMBREUSES ILLUSTRATIONS. ««tlOTHèoUFS * MONTREAL. LIBRAIRIE BEAUCHEMIN, Limitée. 79, rue S^^-Jacques. 1912. Enregistré conformément à l'acte du Parlement du Canada, en l'année mil neuf cent six, par E.-Z. Massicotte, au ministère de l'Agriculture. Xb ù A MA FEMME. AUX LECTEURS. L'accueil bienveillant que le public et la presse ont fait à nos Mo- nographies de Plantes Canadiennes, nous engage à en publier une nouvelle édition considérablement augmentée et modifiée suivant les conseils venus de personnes de haute compétence. Nous avons remplacé l'ancien titre — jugé trop scientifique — par le titre actuel plus convenable à notre œuvre modeste ; nous avons, de plus, éliminé les Croquis champêtres et divisé notre ouvrage autre- ment ; enfin, nous avons ajouté un index analytique qui rend la consultation de ce livre très facile. Divers témoignages spontanés nous permettent de croire que nos petites études ont contribué à éveiller, chez plusieurs, le désir de connaître davantage notre monde végétal. C'était là tout notre but. Ce désir ne manquera pas de se généraUser aussitôt que notre édu- cation cessera d'être théorique seulement. En ce qui concerne spé- cialement la botanique, il faut faire de l'herborisation. C'est la seule manière d'acquérir cette science comme il convient ; c'est aussi ce qui se pratique ailleurs où l'on consacre des après-midis chaque semaine pour étudier les végétaux dans leur habitat. Pourquoi nos instituteurs ou les parents ne se décident-ils pas à amener leurs élèves ou leurs enfants rendre visite aux plantes chez elles ? Ce n'est qu'en mettant la jeunesse en contact avec la nature ; ce n'est qu'en obser- vant sur place les phénomènes qui se produisent à chaque instant ; ce n'est qu'en lui donnant, surtout, de ces leçons de choses qui ne s'oublient pas et qui valent mieux que les plus savantes dissertations en chambre, que les éducateurs arriveront à inculquer aux jeunes des connaissances qu'ils se rappelleront toujours et qui pourront 14 AUX LECTEURS. leur être de quelque utilité. Sans oublier que l'herborisation est tout à fait hygiénique, car elle se fait à pied, et les marches en plein air, sous bois ou dans le grand soleil, pendant la belle saison, activent la respiration, fatiguent les muscles et les développent. On s'aperçoit alors que le plaisir que procurent les recherches scientifiques s'aUie très bien à la satisfaction qu'on éprouve d'améliorer sa vigueur phy- sique. Avec son nouveau titre et sa nouvelle division, avec ses copieuses additions et ses gravures nombreuses, le présent ouvrage devrait mé- riter au moins la faveur qu'a obtenue son aîné. Certes, nous savons bien que notre livre n'est pas parfait, et qu'il est loin d'avoir l'é- tendue nécessaire pour satisfaire la curiosité légitime d'un bon nombre, mais un ouvrage de ce genre coûterait cher et ne serait pas à la portée des petites bourses. D'ailleurs notre ambition se borne à faire naître le goût de l'étude des plantes indigènes ; dès que ce goût aura germé en vous, procurez-vous une flore de Provancher ou de Moyen, et vous vous passerez aisément de nous. EXTRAITS DE LA PRÉFACE DES MONOGRAPHIES DE PLANTES CANADIENNES, L'étude desjplantes est pourjtous ceux qui s'y livrent une source inépui- sable de joies innocentes et douces, qui portent dans leurs mœurs, je ne sais quoi de délicat, de pur, de religieux. L.-F. JEHAN. l'ÉTUDE de la botanique est fort négligée par notre popu- lation française, en ce pays, et sous ce rapport, avouons- le, nous sommes bien inférieurs aux Anglais, qui ne croient pas avoir reçu une instruction complète, s'ils n'ont appris, et de manière à les retenir, au moins les éléments de cette agréable science. » Nous sommes d'une indifférence coupable, non seulement au sujet des plantes sauvages, mais même au sujet des plantes d'ornement et d'utilité. » Tenez 1 nous lisions l'automne dernier, dans un journal anglais, un rapport qui nous a donné à songer. Il était question de l'expo- sition annuelle de la société d'horticulture de St-L... Cette société ne compte que 48 membres, hommes et femmes. C'est peu, mais c'est encore beaucoup si l'on considère le chiffre de la population de la petite ville de St-L... Ce qui est plus étonnant, par exemple, c'est que tous les membres de cette société sont de nationalité an- glaise. Pourtant la race française est assez bien représentée dans cet endroit. » Nous avons plusieurs villes françaises'^beaucoup plus populeuses que St-..., qui ne comptent pas de sociétés d'horticulture, que nous 16 CENT FLEURS DE MON HERBIER. sachions, et pourtant il y a dans ces milieux nombre de personnes assez intelligentes pour réussir dans cette agréable culture. Vous ne nous direz pas que nos gens sont plus affairés, qu'ils ont moins de loisirs. Non, ce n'est pas cela. Ils n'ont pas acquis le goût de la nature joUe. Les bois les embêtent, les fleurs les agacent et les rossignols les ennuient. Et à ce propos nous nous rappelons toujours cette boutade d'Al- phonse Karr : « Je crois vous avoir raconté un jour qu'un jardinier » demandait à son maître, qui est de mes amis, la permission de cou- » cher à l'avenir dans l'écurie. Il n'y a pas moyen de dormir dans » la chambre qui est derrière la serre, monsieur, disait-il, il y a par » là des rossignols qui ne font que « gueuler » toute la nuit ». » Nous ne croyons pas que nos gens ressemblent à ce jardinier, mais il n'en reste pas moins acquis que nous faisons peu d'efforts pour connaître les trésors que la nature a semés à pleines mains autour de nous. » Il est bien vrai que la botanique est enseignée dans tous nos col- lèges et nos pensionnats, mais on n'y attache peut-être pas assez d'importance dans nombre de cas. Il s'ensuit qu'on apprend les éléments à la hâte, qu'on ne fait jamais ou presque jamais d'herbo- risation et qu'il n'en résulte rien de pratique. » Il importe que notre race ne demeure pas dans cet état d'ignorance, et nous devons tous faire des efforts pour rendre populaire une science qui est utile à nombre de personnes et dans une foule de cas. » Pour notre part, plusieurs fois, en décrivant un paysage, nous nous sommes trouvé arrêté par l'ignorance du nom des plantes que nous voyions et qu'il nous aurait fallu énumérer, au moins succincte- ment, pour être précis. Nous avions alors une vague idée d'étudié? la botanique et les plantes de notre pays, mais le seul ouvrage que nous avions sous la main était la Flore du Canada de Provancher, et elle nous paraissait trop scientifique pour un débutant. » C'est alors que nous lûmes un admirable article de Mgr Laflamme, intitulé : La poésie chez les planles. Le passage suivant nous frappa : « Le côté le plus merveilleux de la nature végétale semble, jus- » qu'ici, avoir échappé à l'observation, un peu superficielle, des artistes » du vers. C'est là un véritable malheur. Il serait à souhaiter que » tous les fabricants d'idylles ou de bucohques, à un titre quelconque, » fussent un tant soit peu botanistes. Leurs métaphores y gagneraient » en naturel et en exactitude, et l'inspiration qu'ils tirent du spectacle » de la nature ne serait ni moins vive ni moins puissante ». » Nous résolûmes de nous y mettre. Nous nous procurâmes quel- ques petits traités élémentaires pour étudier les grandes lignes de cette science, puis, suivant en cela le conseil de J.-J. Rousseau, nous essayâmes de l'herborisation, tâchant d'abord de reconnaître les plantes qui poussent, autour des habitations. A force de tâtonne- EXTRAITS DE LA PRÉFACE. 17 ments et de patience nous réussîmes à composer un modeste herbier et la joie que nous goûtâmes à ce travail, nous récompensa amplement de nos petites peines. Avec le temps nous sommes parvenu à nous tirer à peu près d'afTaire et, bien que notre science soit très restreinte, nous croyons pouvoir être utile à nos compatriotes en leur faisant part de nos humbles travaux.^^-* » Nous avons recueiUi pour chaque plante tous les renseignements que nous avons pu obtenir, de manière et d'autre ; nous les avons groupés et nous avons essayé de les consigner dans une langue sans prétention, de façon à être compris par tous. Chaque monographie comprend la description, l'histoire, l'utihté, les propriétés, l'anthologie et les emblèmes de la plante prise pour sujet. » Nous ne nous adressons pas aux savants ; nous offrons ces pages à ceux qui n'ont ni les moyens, ni le loisir de consulter les ouvrages scientifiques qui leur permettraient de reconnaître, lorsqu'ils les foulent au pied, les mignonnes créatures qui peuplent nos prés et nos bois ; nous offrons notre livre à tous les gens de bonne volonté qui ont besoin d'acquérir quelques connaissances sur la flore de leur pays. Et quels sont ceux qui n'en ont pas besoin ? » Le cultivateur, l'homme de profession, l'artiste, le marchand, l'écrivain, la femme économe, pour ne nommer que ceux-là, ont tous besoin de se renseigner sur les plantes qui croissent dans leur contrée. » Est-ce que cela sera admis ? nous ne le croyons pas. Il répugne, dirait-on, aux Canadiens-Français d'accorder quelques minutes de leur temps précieux pour une étude qui ne saurait les payer tout de suite, en argent ! Il leur répugne encore de troubler leur doux far niente pour courir les champs et cueillir des fleurettes. Nos hommes ont bien d'autres choses à penser. » Ils sont de leur siècle, le siècle d'argent I » D'ailleurs il en est de même pour la peinture, la littérature, la musique, l'astronomie, la chimie et les diverses branches de l'his- toire naturelle. » On ne doit rien faire sans l'espoir d'une rémunération immédiate et palpable. C'est parce que l'on est parvenu à ancrer cette idée dans le cerveau de la plupart desgens, qu'ils en sont arrivés à dédaigner les arts et les sciences. Nous aurons donc du bonheur si nous ren- controns une centaine de lecteurs désireux d'augmenter leur bagage de connaissances. » Par le moyen de ce petit livre, avec l'aide des illustrations, le premier venu peut reconnaître les plantes dont nous parlons et, si le cœur lui en dit, s'il prend goût à cette étude, il n'aura qu'à se familiariser avec les éléments de la botanique et à herboriser. » L'herborisation est nécessaire pour retirer quelques bénéfices 2 601 B 18 CENT FLEURS DE MON HERBIER. de cette étude et, comme elle est très agréable, on n'a pas de mal à s'y habituer. » Pour aider les débutants et les empêcher de s'égarer dans les clefs analytiques qui sont d'un abord assez difficile, nous avons dressé un calendrier de la flore canadienne, basé sur les œuvres des abbés Provancher, Moyen et Orban, et sur nos propres observations. Le botaniste amateur trouvera peut-être, comme nous, qu'en diminuant le champ des recherches, ce calendrier permet d'arriver au but plus promptement. » Pour terminer, nous prévenons le lecteur que la plupart de nos monographies ont paru, au complet ou par fragments, dans divers journaux et revues de cette province et de l'étranger, quelquefois sous notre signature, d'autres fois sous un pseudonyme ou même sans nom d'auteur. Nous en réclamons la paternité et nous désirons la conserver pour l'avenir. Tant pis pour nous si leur valeur n'est pas considérable. Nous les avons revus et corrigés dans la mesure de nos faibles connaissances et maintenant nous les laissons prendre leur vol définitif. » Nous leur souhaitons, amis lecteurs, d'éveiller votre sympathie... CENT FLEURS DE MON HERBIER, NOTIONS PRÉLIMINAIRES (1). oici quelques notes compilées, d'après les meilleurs auteurs, sur les divisions de la botanique et les organes des plantes. Nous croyons qu'elles peuvent être de quelque utilité pour les botanistes amateurs. La botanique est la science qui traite des végétaux. On peut envisager l'étude des végétaux sous plusieurs points de vue, dont chacun constitue une branche spéciale dans cette partie de l'his- toire naturelle. Ces divisions principales sont : 1° « l'Histologie » ou anatomie végétale, qui nous fait connaître les tissus qui composent les organes des plantes ; 2° « l'Organographie », qui comprend la description des différents organes des végétaux ; 3° la « Physiologie », qui s'occupe des phénomènes et des lois de la vie végétale ; 4P la Taxonomie » ou « Méthodologie », qui a pour objet la classification et la nomenclature des végétaux. On peut considérer comme branches accessoires de la botanique : la « glossologie » ou « terminologie », c'est-à-dire l'étude des termes divers employés dans la science pour exprimer les organes des plantes, leurs innombrables modifications, etc ; — la « géographie botanique », qui s'occupe des lois, suivant lesquelles les végétaux sont distribués dans les différentes parties du globe, de leur situation, ou de la hauteur à laquelle ils croissent ; — la « botanique apphquée », qui étudie les rapports existant entre l'homme et les végétaux. Les plantes, sous le rapport de leur organisation, de leur mode, de leur habitat, de leur durée, de leurs usages, sont dites : « ligneuses », lorsque la tige forme un bois solide ; « sous-ligneuses », lorsque le bas de la tige seul prend la consistance du bois ; « herbacées », lorsque la tige persévère tendre, molle, et de couleur verte ; « terrestres », (1) Pour la liste des ouvrages où nous avons puisé, voir à la fin du volume. 20 CENT FLEURS DE MON HERBIER. lorsqu'elles poussent de la terre ; « aquatiques », lorsqu'elles vivent dans l'eau ; « marines », si elles vivent dans l'eau salée ; « annuelles », lorsqu'elles ne vivent qu'une année ; « bisannuelles », si elles vivent deux ans ; « vivaces », si elles vivent plus de deux ans. Elles sont encore : alimentaires, aromatiques, médicinales, tinctoriales, etc. Suivant leur mode de génération elles se divisent en : « phanéro- games », munies d'étamines et de pistils, séparés ou réunis sur le même individu ; et « cryptogames », se reproduisant par des corpuscules visibles, mais encore peu connus. Suivant l'iîbsence ou la quantité de cotylédons, c'est-à-dire des organes qui élaborent les premiers sucs nourriciers, elles se divisent en : P « acotylédones », qui n'ont point de fleurs apparentes, ne pro- duisent pas de graines, mais se reproduisent au moyen de spores ; 2° « monocotylédones », plantes dont la partie propagatrice ou la graine ne se compose que d'un seul lobe ou cotylédon et qui par con- séquent, lors de la germination, n'offrent qu'une seule famille à leur sortie de terre ; 3° « dicotylédones », celles dont l'embryon se compose de deux lobes ; 4° « polycotylédones », qui en ont plus de deux. Leur nombre est très petit. La classification. — Le règne végétal est donc divisé en trois grandes classes. Une classe est un groupe de familles ayant certaines ressemblances. Une famille est un groupe de plusieurs genres ayant des analogies. Le genre est un groupe d'espèces qui possèdent des caractères semblables en plus grand nombre entre elles qu'avec d'autres espèces. 'L'espèce est la base de toute classification. Les plantes de la même espèce reproduisent des plantes semblables. L'espèce est V unité. Elle se subdivise en variétés. Le nom scientifique des fleurs est ainsi composé : le premier est le nom du genre et il est commun à toutes les espèces qu'il renferme. Ce nom général est appelé générique, et à chaque espèce s'en adapte un autre particulier, qui se nomme spécifique. La plante. — Dans les végétaux les plus parfaits on distingue : 1° « l'axe » ou la « tige », qui est la partie ascendante et dont la tête est ordinairement formée d'un faisceau de ramifications ; 2° la « ra- cine », qui s'enfonce dans le sol pour y fixer la plante et en tirer la nourriture qui lui convient ; 3° le « collet », qui est un petit bourrelet ou cordon, et quelquefois un point purement idéal dans la tige, près du sol, et qui sépare le système ascendant de la tige du système des- cendant de la racine. Il y a cependant des plantes anormales dans lesquelles quelques-unes de ces parties manquent totalement ou sont conformées de telle manière qu'il est très diflicile de les dis- tinguer. La FLEUR ET LE FRUIT. — J.-H. Fabrc dit : Il n'y a pas une seule NOTIONS PRÉLIMINAIRES. 21 exception : toute plante, tout arbre a ses fleurs ; mais comme elles ne sont pas toutes complètes, que leurs couleurs ne sont pas toutes brillantes, elles échappent aux regards des novices. Dans une fleur complète on remarque : le calice formé de sépales ; la corolle formée de pétales ; les étamines ou organes mâles composées d'un filet et d'un sac nommé anthère qui contient le pollen ; le pistil composé du stigmate, du style et de Yovaire. Il y a des fleurs sans corolles, il y en a sans calice, mais il n'y en a pas sans étamine et sans pistil. L'o- vaire est la partie de la fleur où se forme les semences. A un certain moment, la corolle se flétrit, les pétales se fanent et tombent ; le calice en fait autant, ou quelquefois persiste pour protéger le fruit naissant ; les étamines desséchées se détachent ; seul l'ovaire reste, grossissant, mûrissant et devenant enfin le fruit. Herborisation. — Pour herboriser il faut se procurer les articles suivants ; une boîte en fer-blanc de 4 x 15 pouces, pour contenir les plantes ; une truelle de jardinier et une loupe. Après l'examen et la classification, les plantes sont pressées. Lorsqu'elles sont sèches on les reporte sur des feuilles de carton et on y inscrit leurs noms scientifiques et vulgaires, la date et le lieu où on les a cueilUes. Nous avons adopté une presse commode et peu coûteuse. Elle se compose de deux morceaux de planche de 6 pouces de largeur sur 18 pouces de longueur. Après avoir étendu nos plantes entre des feuilles de papier non collé, ou buvard, de même grandeur, nous les plaçons entre les deux planches et nous les serrons à volonté, à chaque bout, au moyen d'une courroie. PLANTES AQUATIQUES ET DES LIEUX HUMIDES, LA CLAYTONIE. Famille des portulacées. Bois et collines pierreuses. — Claytonie de la Virginie, Clayionia Virginica. - Avril-mai. (Provancher.) VANÇONS respectueusement à l'orée des bois baignés de clarté pour jouir du spectacle qui recommence chaque année et qui chaque année semble nouveau. Au sourire vainqueur du soleil de mai, s'éveille dans les forêts humides et peu touffues le chœur fleuri des plantes printanières. Les patients végétaux ont pressenti la palpitation de la terre et c'est pour eux le signal de couvrir la nudité de celle qui les nourrit. Ils déplient leurs feuilles hâtivement, ils peignent et parfument dans leurs mystérieux calices, les corolles qui vont bientôt s'épa- nouir. Oh ! les johes taches des fleurs premières sur le vert encore pâle des herbes à peine nées ! Si nous pouvions nous décider à faire un choix entre celles qui entr'ouvrent leurs pétales, nous croyons bien que nous adopterions la claytonie pour notre fleur de prédilection. Quelle joliesse I quelle délicatesse ! quelle simplicité ! Et pourtant, nous avons les violettes, la violette du Canada surtout, nous avons l'hédyotis, et puis tant d'autres. Mais même au miUeu de ses sœurs plus grandes et plus éclatantes, eUe attire forcément le regard. Ses corolles à cinq pétales légèrement roses et délicate- ment veinés de rouge vif, disposés en grappe au-dessus de deux uni- ques feuilles, lui ont mérité des Américains, le nom de Spring beauty. Un de leurs auteurs dit qu'en les voyant on est porté à croire qu'elles sont tombées des espaces célestes et ce n'est pas trop dire. Cette plante est dédiée à John Clayton, médecin-botaniste anglais PLANTES AQUATIQUES. 23 (1739), dont les herbiers ont été mis à profit par J.-F. Grovinius qui ^^tSè^^^ La claytonie de la Virginie. a publié une flore de la Virginie à Leyde, 1739-43. La claytonie fleurit à la fin d'avril ou en mai, selon que la température est propice. OIGNON SAUVAGE. Famille des aroïdécs. — Gouet triphylle. Arum Iriphyllum. — Plante acaule. Deux feuilles trifoliées. Spathe réfléchie supérieurement. Rhizome à saveur pi- quante. Bois. Mai-juin. (Provancher.) Voici une plante bizarre que l'on rencontre assez rarement, mais qui ne peut manquer d'attirer votre regard, si elle se place sur votre route. Ce qui paraît être sa fleur n'en est en réalité que l'enveloppe. Elle est relativement considérable, roulée en cornet, avec la pointe 24 CENT FLEURS DE MON HERBIER. recourbée comme pour faire un toit. Le spadice qui s'élève au centre de l'ouverture, droit et grave comme un moine dans sa chaire, fait que les Anglais lui ont donné le nom de preacher in the pulpit, ou plus irrévérencieusement : jack in the pulpit. Les Canadiens le nomment : oignon sauvage. L'oignon sauvage. — Gouet triphylle. Un auteur américain commence ainsi la monographie de cette plante dont la spathe, verte en dehors, est marquée en dedans de bandes pourpres : « Le printemps a déjà franchi le seuil quand nous rencontrons le prêcheur, dans nos excursions sous bois. Comme il paraît gentil dans sa haute chaire recouverte d'un dais. Les cloches des fleurs nous appellent à l'église. Le sermon commence, nous voudrions comprendre ce qui en est. Bien sûr, le texte doit être l'amour et la beauté, car, sur quel autre sujet ce pasteur des forêts pourrait-il discourir, durant ce joyeux temps de mai « ? Provancher nous apprend que « les Indiens font usage de ses tu- bercules à saveur très piquante, pour combattre les coUques ; écrasés et appliqués à l'extérieur, ils peuvent servir de vésicatoire. L'eau dans laquelle on fait macérer ces tubercules, est employée pour guérir les dartres ». PLANTES AQUATIQUES. LES TRILLES. 25 Famille des trilliacées. Trille dressée. Trillium erectiim, Trille penchée, Trillium cernuum, Trille à fruit rouge, Trillium eriihrocarpum. Bois humides. Mai. (Provancher.) Trille penchée. Nous faisons parfois ce rêve, d'un jardin où nous aurions planté toutes nos plus belles espèces de plantes canadiennes. En conservant, autant que possible, les conditions de lieu, chaque mois notre jardin prendrait une physionomie nouvelle. Les floraisons se succéderaient comme dans les paysages que nous admirons. Tour à tour, certaines fleurs apparaîtraient, d'autres disparaîtraient et le spectacle en serait tant joli que l'exemple ne manquerait pas d'être suivi et l'amour de nos plantes se répandrait rapidement. Et parmi les fleurs qui réjouiraient la vue, nous n'aurions garde d'oubUer les trilles. Mais nous n'avons pas de jardin et n'en aurons probablement jamais, parce que nous aimons trop les fleurs. En ce monde il ne nous arrive que ce que nous désirons peu. Il nous reste alors le jardin de tout le monde : le bord des routes, les champs et les bois. 26 CENT FLEURS DE MON HERBIER. Nous en profitons. C'est au cours d'une de nos excursions que nous avons trouvé, côte à côte, les trilles penchée et à fruit rouge. La pre- mière aux trois pétales blancs, la seconde aux pétales rosés, striés de rouge foncé. Elles étaient agréables à voir et nous paraissaient toutes mélan- coliques d'être condamnées à vivre et mourir parmi les géants de la forêt : ormes, mélèzes, érables et bouleaux, loin des regards admi- rateurs des êtres qui leur sont supérieurs... en quelque sorte. Oh ! disions-nous, comme elles seraient bien à leur place dans un jardin ! Mais voilà, il aurait fallu les surveiller, attendre patiem- ment la fructification, recueillir la graine, toutes choses qui demandent La trille dressée. du temps, de l'action, de la volonté, et l'on est si paresseux 1 Alphonse Karr s'écriait un jour : « Beaucoup de gens aiment les fleurs, mais ne pensent à elles que lorsqu'ils admirent la splendeur de leurs corolles, ou respirent leurs suaves odeurs. Le parfum s'évapore, les pétales se flétrissent et tombent, et il n'en est plus question jusqu'à la même époque de l'année suivante ». Comme il a raison I Les trilles tirent leur nom d'un mot latin, Irilix, qui veut dire triple, parce que le nombre trois semble les avoir prises sous sa haute et bénigne protection. En voulez-vous la preuve ? Une tige haute d'un pied environ, ne portant que trois feuilles verticillées ; un peu plus haut, un caUce à trois sépales d'un vert sombre et une corolle pourpre foncé à trois pétales, voilà la trille dressée. PLANTES AQUATIQUES. 27 Elle ne manque pas de grâce quoique moins chatoyante que ses sœurs. Mais bien qu'elle naisse dans le mois parfumé des poètes, ne la sentez pas, car si vous vous imaginez qu'une fleur aussi coquette doit répandre un délicieux parfum, vous vous trompez complètement. Son odeur est tout à fait insupportable. Contentez-vous de l'admirer sans l'approcher. HEDYOTIS BLEUE. Famille des rubiacées. — Hedyotis bleue, Hedyotis cœrulea. Corolle d'un bleu pâle, à gorge jaunâtre. Bords des rivières. Terrains humides. Mai-septembre. (Provangher.) Voici venir les temps où vibrant sur sa tige Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir. Charles Beaudelaire. Après le ciel d'avril, tantôt limpide et radieux. Tantôt brouillé de pluie et d'azur tout ensemble, nous viennent, à la file, les tièdes soleils du mois de mai. L'heure du réveil est sonnée et le printemps va se hâter de fleurir les prés et les bois. C'est l'époque attendue par les herboriseurs pour commencer leurs excursions champêtres. Jour par jour, ils suivent le lent et mystérieux travail de la germination et de la croissance des végétaux. Ils se mettent en communion intime avec la nature reverdie pour surprendre ses secrets et découvrir ses merveilles. Et la nature qui reconnaît ses amants, leur fait un bon accueil et leur hvre ses trésors. Et quels trésors ! Nous ne saurions en exprimer les beautés. Examinez, par exemple, ces hedyotis. Comment décrire ces « pe- tites étoiles d'azur, au cœur d'or, qui tremblent et scintillent » au bout de leur pédoncule filiforme ? Le mieux est de les voir. C'est d'ailleurs un spectacle qui en vaut la peine. L'hédyotis est une toute petite herbe de 2, 3 et 5 pouces de hauteur, qui se répand rapidement où elle s'implante et qui couvre de grandes étendues de terrains humides. A l'époque de la floraison, ses milliers de petites corolles bleues pâles gamopétales, à quatre lobes et à gorge dorée, sont d'un efl'et magnifique. Les savants ne semblent pas d'accord sur le nom qu'il faut lui donner. Les botanistes américains la nomment « Houstonia Cœrulea », l'abbé Moyen, acceptant l'opinion de Asa Gray, lui donne le nom de 28 CENT FLEURS DE MON HERBIER, « Oldenlandia cœrulea », l'abbé Provancher a préféré celui de « Hé- dyotis cœrulea » ou hédyotis bleue, et, modestement, nous nous rangeons de son avis, car c'est le moins barbare des trois. Il est même doux, sans jouer sur les mots, puisque « Hédyotis » vient de « Hédys », doux, et « otis » oreille, c'est-à-dire doux pour les oreilles. Il rime aussi avec myosotis, et les fleurs des deux plantes se ressemblent, tout est donc pour le mieux. i L'hédyotis bleue. Cependant, nous différons d'avec Provancher lorsqu'il dit que l'hédyotis bleue fleurit en août et septembre. Celles que nous avons ont été cueillies à Drummondville, en plein mois de mai, et, à moins que nous nous trompions, ce n'est pas l'hédyotis ciliée, la seule es- pèce qu'il dit fleurir en mai. Les noms populaires anglais de cette plante sont bien trouvés : « Innocence » et « Bluets ». PLANTES AQUATIQUES. LES IRIS. 29 Famille des iridées. — Iris faux acore. Iris pseiidoaconis. — Iris versicolore. Iris versicolor. — Fossés, étangs, lieux humides. Juin-juillet. Des savants affirment que c'est Louis VII, dit le Jeune, qui choi- sit l'iris des marais, ou faux acore, pour le blason royal, au moment où il partait pour la deuxième croisade, en 1147. La figure, il est vrai, porte le nom de fleur de lis, mais on admet aujourd'hui que cette plante portait le nom de lis au moyen âge. , L'Iris versicolore. Nous nous imaginons que le choix du souverain des Gaules a dû rendre cette fleur orgueilleuse, car ce n'est pas un mince honneur que d'avoir le privilège de faire partie des armes de la vieille mère patrie et d'orner la bannière des rois de France, durant plus de six siècles. 30 CENT FLEURS DE MON HERBIER. L'iris des marais est une superbe fleur d'un jaune vif, veinée de noir, avec une teinte fauve au centre. L'iris versicolore, que les Canadiens appellent clajeux et les Anglais Mue flag, est d'un bleu foncé, nuancé de vert, de jaune et de blanc. Ces deux espèces croissent au Canada, à l'état sauvage, tandis que l'iris germanique et l'iris nain ne fleurissent que dans nos jardins, dont ils sont du reste les plus magnifiques ornements. Ce nom d'iris est une allusion aux brillantes couleurs des fleurs de ce genre type de la famille des iridées. Dans la mythologie, Iris était la déesse messagère des dieux. Pour une raison qui nous échappe, Junon la changea en arc-en-ciel, et depuis lors, ce phénomène a pris le nom de la déesse. Les iris ont été chantés par les poètes et leurs formes majestueuses ont été souvent reproduites par les architectes et les sculpteurs. Dans le langage des fleurs, l'iris, en général, veut dire message, et particulièrement, ardeur, confiance ou flamme, selon la couleur do- minante. Les graines torréfiées de quelques iridées remplacent le café ; leur racine est dite excitante, pectorale et diurétique. Le docteur J.-P. des Vaulx prétend que c'est à tort que les habitants des cam- pagnes emploient sans ménagement le suc de la racine d'iris pour guérir de l'hydropisie. Ce suc, ajoute-t-il, est un violent purgatif dont il faut laisser le maniement aux médecins. LA BERMUDIENNE. Famille des tridées. — Bermudienne ancipitée, Sisyrinchium anceps. — Tige simple, ailée, glabre. Feuilles linéaires engaînantes. Fleurs bleues ; pédicelles filiformes. Prés humides. Juin-juillet. (Provancher.) Plus humble que la classique violette est la bermudienne. Bien qu'elle ait ordinairement de dix à douze pouces de hauteur, elle trouve moyen de se cacher parmi les autres plantes, de façon à ne pas être vue par l'œil inattentif. Autre coquetterie, sa corolle se referme vers le haut du jour, comme si elle craignait les caresses d'un soleil trop ardent. Et pourtant cette fleur, d'un bleu violacé, supportée par un frêle et long pédicelle, est fort gracieuse. Les Anglais l'ont baptisée bine eijed grass (l'herbe aux yeux bleus). N'est-ce pas que c'est une johe trouvaille ? On dirait d'une herbe, en effet, que la bermudienne avec ses feuilles linéaires, engaînantes et sa tige aplatie, surtout lorsque sa corolle PLANTES AQUATIQUES. 31 n'est pas épanouie ; mais, vive Dieu ! étale-t-elle ses six pétales mu- cronés que tout de suite on la reconnaît pour une proche parente de l'iris le superbe. La bermudienne. Nous étions loin de songer à elle lorsque nous la trouvâmes sur la montagne de Montréal, près de Villa-Maria. Elle s'en est bien vengée, car depuis nous y pensons souvent. LE GAILLET. Famille des rubiacées. — Gaillet trifide, Galium Irifidum. — Feuilles verticillées obtuses ; fruit glabre. Marais. Juin-septembre. (Moyen.) Disons tout de suite que gaillet ou caille-lail vient du grec gala, lait ; allusion à la prétendue propriété de cette plante de cailler le lait. 32 CENT FLEURS DE MON HERBIER. Le genre gaillet produit de si petites fleurs, que la stellaire est presque une géante auprès d'elles. La plante qui nous occupe a une fleur à quatre pétales blancs et se rencontre dans les marais et les lieux humides. Par contre, sa sœur, le gaillet boréal, choisit les lieux pierreux et ombragés. Les tiges de ces plantes sont très grêles quoique assez longues, aussi sont- elles munies d'aiguillons qui leur permettent de s'accrocher aux herbes plus fortes et de prendre ainsi, avec l'appui des autres, leur place au soleil. Le gaillet. Les gaillets font partie d'une famille nombreuse et de grande re- nommée : les rubiacées. Elle ne compte pas moins de deux cent vingt-huit genres et deux mille neuf cent quatre-vingt-deux espèces, au nombre desquelles se trouve la garance (rubia tindonim), qui fournit une belle teinte rouge ; le cinchona et l'exostemma du Pérou, qui fournissent le quinquina, tonique et fébrifuge sans égal ; l'ipé- cacuanha, vomitif d'un emploi journaUer en médecine ; enfin, le célèbre caféier (cofjea arabica), dont le fruit sert à préparer cette bois- son qui est aujourd'hui d'un usage universel et qui seul suffirait à illustrer la famille la plus pauvre et la plus modeste. PLANTES AQUATIQUES. LE LISERON. 33 ■:f Famille des convolvulacées. — Liseron des haies, Calystegia sepium. — Tige vo- lubile de 5 à 8 pieds. Feuilles sagittées. Corolle grande, blanche. Lieux humides, prés, etc. Juillet-août. (Provancher.) La calystégie, que l'on nomme encore gentiment, dans le langage du peuple : clochette, chemise de Notre-Dame, ou liseron des haies, est une plante qui ne saurait manquer de conquérir votre amitié, tant elle est simple, belle et gracieuse. Le liseron. Entre Sainte-Geneviève de Batiscan et Sainte-Anne de la Pé- rade, dans la commune, le long d'une futaie, nous en avons vu, qui s'étaient enroulées autour de nombreuses tiges d'herbes Saint-Jean, hautes de cinq à six pieds, et qui avaient réussi à les dominer et à offrir à nos regards reconnaissants leur blanche corolle monopétale, d'une beauté simple de pauvresse qui olïre tout ce qu'elle a, sans apprêts, sans colifichets, sans atours extraordinaires. Nous les ai- mâmes ainsi. Il était six heures du soir, et de voir ces fleurs blanches légèrement rosées, d'une splendeur de chair, épanouies au-dessus des armoises à tiges rougeâtres, aux panicules grises, au pied des arbres aux rameaux touffus et déjà assombris par le décUn du jour, nous 3 60lB 34 CENT FLEURS DE MON HERBIER. ne pûmes nous empêcher de les contempler tendrement. Notre imagination nous entraînait vers les domaines de la poésie. « Une large paix baignait les champs et le parfum qui s'élevait dans l'atmosphère nous suggérait que les herbes font ainsi leur prière dans le soir tranquille ». ¥^v^ LA QUENOUILLE. Famille des typhacées. — Massette à larges feuilles, Typha latifolia. — Tige ro- buste de 3 à 6 pieds ; feuilles presque planes. Juillet-septembre. (Moyen.) La quenouille. La massette, que les Canadiens nomment quenouille, les Français, PLANTES AQUATIQUES. .)5 herbe au bedeau, massue d'eau, canne de jonc, et les Anglais, cat tail flag, est une plante fort connue de tous nos lecteurs. Cependant nous supposons que la plupart ne savent pas que l'épi cylindrique de couleur brune qui ressemble vaguement à la quenouille dont nos grand'mères se servaient pour filer, est composé de fleurs. Et il faut le croire, puisque les botanistes l'affirment. Ils nous disent même que ces fleurs sont, les unes mâles, les autres femelles. Les premières, moins nombreuses, sont placées à la partie supérieure et disparaissent après la floraison, tandis que les pis- tillées persistent et donnent naissance aux fruits munis de soies. On prétend que sa tige souterraine est d'un goût assez agréable et que dans certaines contrées on mange les jeunes racines après les avoir fait confire. Ici, nous employons ses feuilles longues et rubanaises pour faire des paillassons, des nattes, et dans certaines contrées de l'Europe, les pauvres en couvrent les toits de leurs chaumières. Le duvet laineux des fleurs sert à remplir les matelas et les oreillers, parfois à calfater les vaisseaux. Alphonse Karr, qui sait tout, ajoute qu'en « le mêlant à du poil de lapin, on en a fait des chapeaux de castor ». Les enfants, ces ingénieux bonshommes, utihsent les quenouilles d'une toute autre manière : après avoir trempé les épis dans le pé- trole, ils s'en font des torches ! Terminons en rappelant un pénible et grand souvenir. Bernar- din de Saint-Pierre et Alphonse Karr nous disent que le « typha, roseau à musseth, est celui que les Juifs mirent aux mains du Christ pour figurer un sceptre dérisoire ». Il faut la plaindre, cette pauvre plante, d'avoir servi d'ignoble instrument pour le plaisir d'une foule déicide. LE NENUPHAR D'AMERIQUE. Famille des nymphéacées. — Nénuphar d'Amérique, Nuphar Americana. — Feuil- les cordées. Fleurs jaunes. Juin-août. (Provancher.) ... Sur l'étang le nénuphar étale Et son large feuillage et l'orgueil de ses lis. Alphonse Karr. Le nénuphar d'Amérique a une fleur globuleuse et dorée de la grosseur d'une pomme. Les feuilles sont épaisses, spongieuses, en forme de cœur et longues d'une dizaine de pouces. C'est une de nos jolies plantes aquatiques. 36 CENT FLEURS DE MON HERBIER. Il porte vulgairement en français le nom de « lis jaune des étangs » et en anglais : « yellow pond lily », Des botanistes ont donné à cette plante les noms de « nuphar ad- vena » ou « nymphéa advena », mais ce mot « advena », qui veut dire étranger, ne nous convenait pas et Provancher a pris sur lui de changer son nom spécifique en celui d'« americana » et il a bien fait, car autrement nous disions étrangère une plante qui est indigène. Dans son « Voyage autour de mon jardin » Alphonse Karr écrit : « On a beaucoup parlé des qualités du nénufar ; les aphoticaires » ont longtemps fait avec ses racines un « électuaire de chasteté » » fort en réputation. Cependant cette vertu est plus que douteuse ». La famille des nymphéacées n'est représentée, au Canada, que par deux genres : le nymphéa et le nénuphar, et de ces genres nous n'avons que trois espèces, le nymphéa odorant, le nénuphar d'A- mérique et le nénuphar de Kalm. Toutes ces plantes portent de Le nénuphar d'Amérique. jolies fleurs, d'un effet superbe, dans les jardins où existe un étang ou qui sont traversés par ur cours^^d'eau et leur culture devrait être répandue. Provancher nous enseigne qu'elle est facile : « Il suffit, dit-il, de jeter dans l'eau des bassins, des graines parfaitement mûres ou d'en- foncer dans la vase de leur fon'^ des portions de rhizomes fraîche- ment arrachées, mais il faut que l'eau ait assez de profondeur pour mettre ces rhizomes à l'abri de la gelée pendant l'hiver ». C'est à cette famille qu'appartiennent le lotus blanc et le lotus rose, tous deux consacrés au soleil par les Égyptiens, ainsi que la plus grande fleur connue, la « Victoria regia » découverte en 1801, par le célèbre botaniste Hœnke, dans le fleuve des Amazones, Amé- rique méridionale. Le nénuphar, dans le langage des fleurs, est le symbole de la « froi- deur », parce qu'il passe pour calmer les ardeurs du sang. PLANTES AQUATIQUES. 37 \ Le nom de Nénuphar « lui fut donné d'une nymphe qu'un amour passionné pour Hercule conduisit au tombeau. Le héros qui l'avait repoussée et qui était resté insensible à ses charmes, voulut néanmoins éterniser sa mémoire, et la changea en nymphœa ou nénuphar ». LA SAGITTAIRE. Famille des alismacécs. — Sagittaire, flèche d'eau. — Sagitlaria, sagitttefolia. — Feuilles toutes radicales. Fleurs blanches, par 3. Pétales 3. Fossés, marais. Juillet-août. (Provancher.) La Sagittaire. Écoutons le docte et charmant Fulbert Dumonteil : La sagittaire « est une des plantes les plus communes des régions aquatiques, 38 CENT FLEURS DE MON HERBIER. une de celles qui rentrent dans la catégorie des inconnues, des indif- férentes. Elle n'est cependant pas sans valeur, soit à cause de ses feuilles élégantes, en forme de lance, d'un vert très luisant ; soit à cause de ses fleurs en épis s'élevant en forme de pyramides sur une tige cannelée qui sort de l'eau... Cette plante, chez nous, n'est d'au- cune utilité ; mais les Chinois la cultivent en grand, non pour sa beauté, mais à cause de ses bulbes qui s'enfoncent d'elles-mêmes au-dessous de la vase et constituent une variété alimentaire ». Tous les auteurs répètent que sa racine renferme une fécule nou- rissante et qu'elle est cultivée dans l'Inde et en Chine. Notre na- turaliste Provancher ajoute encore que les sauvages du nord-ouest du Canada mangent les rhizomes de plusieurs espèces de sagittaires. Leurs noms vulgaires de Fléchières ou Flèches d'eau leur vient de la forme de leurs feuilles, remarquables par leur aspect singulier qui rappelle le fer d'une lance ou la pointe d'une flèche. C'est durant les mois de juillet et d'août qu'elles nous montrent les trois délicats pétales blancs et arrondis de leur corolle, sur le bord des fossés, dans les marais ou le long des grèves de nos cours d'eau. A ceux qui cultivent ou veulent cultiver des plantes aquatiques nous recommandons la sagittaire, car elle ne déparera pas un jardin. LE PLANTAIN D'EAU. Famille des alismacées. — Alisma plantain. Alisma planiago. — Fleurs nom- breuses. Marais, fossés. Juillet. (Provancher.) L'alisma plantain porte vulgairement le nom de plantain d'eau ou pain de grenouille. Son premier nom populaire lui vient de la ressemblance de ses feuilles avec celles du plantain terrestre. Quant à son nom scientifique générique ahsma, il vient d'un mot celtique « ahs » qui signifie eau. La plante est agréable et on la rencontre fréquemment dans les fossés, sur les bords des eaux et dans les marais. Les feuilles sont radicales, rassemblées à la base de la tige. En juillet et août elle se décore de fleurs qui ressemblent à celles de la sagittaire, mais qui sont beaucoup plus petites. Il arrive parfois que « toute la plante est sous l'eau, alors les feuilles sont avortées et la plante ne fleurit pas ». Il existe une variété d'alisma à feuilles étroites qui est plus commune que celle-ci en Europe. On a vanté, dit Provancher, la poudre de sa racine comme un PLANTES AQUATIQUES. 39 excellent remède contre la rage. Cependant, le docteur Saffray dit que les expériences n'ont rien prouvé. Cette question était dé- Le Plantain d'eau. battue avant la découverte de Pasteur, et aujourd'hui on n'en parle plus et pour cause : le remède certain étant trouvé, il est inutile de s'attarder à en expérimenter un autre dont les effets sont problé- matiques. ¥^9^T^ LA GALANE. Famille des scrofularinées. — Galane glabre, Cbelone glabra. Août-septembre. Si vous aimez, comme nous, faire de longues marches par les che- mins de campagne, respirant l'air pur à pleins poumons, laissant 40 CENT FLEURS DE MON HERBIER. errer vos regards sur cette nature dont les secrets exercent une si grande fascination sur ceux qui l'aiment, vous apercevrez à la fin de l'été, le long de votre route, l'épis dense des fleurs de la galane cambrées dans leur corset vert. Leurs corolles blanches, légère- ment lavées de rouge, ont une forme si singulière que l'œil du novice est forcé de les remarquer. On dirait une tête de serpent ou de tor- tue. C'est pourquoi les Anglais lui ont donné les noms populaires La galane. de « Snake Head » et de « Turtle Head », tout comme les savants l'ont nommée « Chelone » de cheloné qui signifie tortue. Quant au reste la plante n'a rien d'extraordinaire. Sa tige est dressée, glabre, et s'élève de deux pieds environ au-dessus du sol. Ses feuilles ont la forme d'une lance et semblent n'avoir pas de pé- tioles tant elles sont rapprochées de la tige. Comme la galane pousse sur les bords des fossés et dans les lieux humides, elle est très facile à trouver pendant la floraison. Cueillez-la, examinez-la et mettez-la dans votre herbier. PLANTES AQUATIQUES. LES IMPATIENTES. 41 Famille des balsaminées. — Impatiente n'y touchez pas. Impatiens noli langere. — Impatiente jaune. Impatiens fulva. Annuelles. Tige de 1 à 4 pieds. Lieux hu- mides et ombragés. Août. , (Provancher.) Les impatientes. C'est à Sainte-Geneviève de Batiscan et à Trois-Rivières que nous avons remarqué les jolies et curieuses fleurs de ces plantes. Dans les deux espèces, les corolles sont jaune orange tachetées de rouge. Deux des sépales sont aussi colorés. Sépales et pétales réunis s'entendent pour former une fleur mignonne, que l'on prendrait de loin pour un papillon en promenade amou- reuse et qui présente, de plus près, le bizarre aspect d'une corne d'abondance à éperon recourbé. Ces balsaminées méritent à plusieurs points de vue de fixer notre attention. Le Créateur les a douées de diverses qualités bien propres à faire naître notre admiration, et à nous apprendre que rien ne lui est impossible. Ainsi cette fleur, raconte un auteur anonyme anglais, a besoin d'un secours extérieur pour êtro fertilisée, vu que le pollen tombe des étamines avant que le stigmate du pistil soit prêt à le recevoir. Ce secours prend la forme d'un oiseau-mouche ou d'un insecte qui, en visitant l'intérieur de la fleur, s'enfarinent de la poussière jaune fécondante et, sans le savoir, en déposent des grains sur l'organe 42 CENT FLEURS DE MON HERBIER. femelle. Selon les vues du suprême Maître, ces petites bêtes servent d'intermédiaire dans la grande œuvre de la fécondation. Mais la plus grande merveille dans ces plantes, c'est le moyen qui leur a été donné de répandre leurs semences. Dès que la fécondation a eu lieu et que le fruit est prêt pour la reproduction, c'est-à-dire qu'il est mûr, le moindre attouchement fait éclater la capsule qui contient les graines et celles-ci sont projetées au loin, avec force. Cette ori- ginale particularité a fait que le peuple, dans tous les pays, y a fait allusion dans la plupart des noms qu'il leur a octroyés. Exemple : Impatiente n'y touchez pas ; touch me not ; noli tangere. Les tissus de ces plantes renferment un suc jaunâtre dont les sau- vages se servent pour teindre et aussi pour guérir de l'érésipèle et autres affections cutanées. En France, une espèce porte le nom de balsamine des bois. On en cultive d'autres qui sont simples et doubles et de couleur blanche, carnée, rose, rouge, violette ou panachée. « Darwin a comparé l'impatiente à Médée qui se délivre de ses enfants, et Fourrier en a fait l'emblème de la coquetterie » ; le lan- gage des fleurs lui a laissé sa signification de l'impatience. PLANTES DES PRES ET DES BOIS. LES CYPRIPEDES. Famille des orchidées. — 1° Cypripède acaule, Cijpripedium acaule ; 2" Cypripède pubescent, Cypripedium pubescens ; 3° Cypripède remarquable, Cypripedium spec- labile ; 4° Cypripède blanc, Cypripedium candidiim. Bois humides. Mai-juillet. (Provancher.) ES cypripèdes fleurissent d'ordinaire aux mois de mai ou juin, sauf le cypripède remarquable qui attend le mois de juillet. Et c'est « sous les bois remplis d'ombre et de mélan- colie », au-dessous de l'épaisse feuillée, que l'on rencontre ces fleurs singulières, mais si jolies que vraiment je ne sais trop quels termes choisir pour en parler. Il me faudrait un voca- bulaire de mots délicats et charmeurs, de mots colorés et très doux, de mots chatoyants et évocateurs, puis la maîtrise d'un Parnassien pour les sertir comme des diamants en des bagues, ou pour en ciseler des phrases qui seraient comme la vision de la fleur, des phrases qui vous donneraient l'illusion du paysage qui l'entoure, et vous feraient entendre les harmonies qui flottent dans l'air, pendant qu'elle présente son urne aux caresses des brises. Mais quel est le parfait ouvrier qui se chargera de parler ainsi ? En attendant qu'il se trouve, faisons plus ample connaissance avec les cypripèdes. Les savants vous diront que ce sont des plantes aux fleurs irré- gulières ; car elles n'ont pas de corolles ; que ce qui ressemble à cet organe n'est qu'un calice à six divisions, et ils leur donneront le nom de périanthe ou enveloppe florale. Ce ne sont que des grands mots pour dérouter les pauvres profanes comme nous, qui ne voyons dans les fleurs qu'une fête pour la vue. Cela heureusement ne change rien à la beauté des créatures végétales. Les savants sont des êtres étranges qui ne voient dans les plantes que ce que nous n'y voyons pas. Parfois ils nous apprennent des choses surprenantes, merveil- leuses même, mais parfois, ils dépoétisent les plus mignonnes filles des bois. 44 CENT FLEURS DE MON HERBIER. Renvoyez-les pour le moment à leur floroscope. Regardez les fleurs avec les yeux d'un amant, subissez-en le char- me attirant, laissez-vous gagner par l'admiration qu'elles feront naître en vos sens et moquez-vous du bagage scientifique d'autrui. Le cypripède acaule. La tige des cypripèdes n'est pas très haute ; les feuilles sont ellip- tiques et peu remarquables. En revanche, la fleur est grande et de couleur blanche ou jaune, ou rose, ou d'un blanc strié de rouge. Leur partie inférieure a la forme d'un sac ou d'une bourse. Le tissu en est luisant et ressemble à du satin. PLANTES DES PRÉS ET DES BOIS. 45 A première vue, on dirait une sorte de soulier fabriqué par des anges pour des êtres surnaturels. Le peuple n'a pas manqué de saisir ce rapport et il lui a donné, selon les pays, les noms de souliers de Vénus, Ladies slippcrs, ou sabots de la Vierge. C'est ici le mo- ment de remarquer que lorsqu'il existe une ressemblance quelconque entre certains organes d'une plante et un article d'usage journalier, le peuple leur applique toujours le nom de l'article en lui ajoutant celui de la Vierge, d'un saint ou même du diable. C'est ainsi que nous avons relativement à Marie, les noms popu- laires suivants : Sabots de la Vierge, Gants de Notre-Dame, Jarretières de la Vierge, Cierge de Notre-Dame, Chemise de Notre-Dame, Her- be à la Vierge, Herbe au lait de Notre-Dame, Violette de Marie, etc. Le peuple témoigne ainsi de la grande vénération en laquelle il tient la mère de Jésus. Il lui dédie ces végétaux et semble croire qu'ils ont été créés pour l'usage de la première Dame du paradis. Naïve et touchante idée qui nous démontre combien le sentiment poétique est développée chez les êtres simples. Les cypripèdes feraient dé jolies fleurs de jardin si leur culture n'était pas si difïïcile. Toutes les plantes de la famille des orchidées, d'ailleurs, exigent une terre de bruyère presque pure, de l'humidité et peu de soleil. Ces plantes sont très rares en France, et on ne rencontre pas toutes les espèces. Ici même, en cette province, il commence à en être de même, et si nous n'y prenons garde, avant longtemps, les adorables fleurs des cypripèdes n'étaleront plus leur opulente bourse. Il serait donc opportun que les horticulteurs et les amateurs songeassent à en conserver dans leur jardin. LE MUGUET. Famille des liliacées. — Muguet de mai, Convallaria majallis. Jardins et bois riches. J'embaume les lieux où je crois Et le muguet à mon front blême Met des perles — comme les rois N'en ont pas à leur diadème. A. Spinelli. Un jour du mois de juin 1899, en compagnie de trois botanistes amateurs, nous avons parcouru tous les sites intéressants du coteau qui s'étend au nord des Trois-Rivières. Après avoir admiré le parc Vanasse, le cap à la Corneille, le mi- nuscule lac Cressé et bien d'autres endroits chers aux Trifluviens, 46 CENT FLEURS DE MON HERBIER. nous revenions tout joyeux, avec chacun notre moisson de fleurs sauvages, lorsque nous fûmes arrêtés par un souffle de parfum qui nous enveloppa. Et ce parfum ne nous semblait pas inconnu, mais quel pouvait-il être ? Aucune des plantes qui croissaient à nos pieds ne pouvait le produire. Cependant, chaque vague de la brise, en se succédant, nous apportait Le muguet. une part de cette délicieuse odeur et nous en inondait. Les fleurs dont elle provenait ne pouvaient être loin. Nous nous avançâmes dans la direction du vent. A quelques pas devant nous, sur le bord d'un sentier, nous aperçûmes une surface d'une dizaine de pieds entiè- rement couverte d'une nappe épaisse de jolies feuilles vertes, ova- les lancéolées, au-dessus desquelles on voyait « poindre silencieuses et parfumées les cloches de satin du muguet ». Ce fut une fête. Oh ! les « blancs muguets couleur de lait », comme nous en avons t>LANTES DES PRES ET DES BOIS. 47 cueillis. Ils nous semblaient plus odorants que ceux que l'on cultive, ces pauvres égarés. Nous étions fiers de notre trouvaille. Il y avait de quoi 1 Nos botanistes : Provancher, Moyen et Orban ne les ont jamais rencontrés ailleurs que dans les jardins, et ici, ils nous ofTraient leur âme odorante, en pleine forêt, loin des habitations, dans le silence et le recueillement d'une tombée de jour ! Des souvenirs nous venaient. D'abord Théophile Gauthier pei- gnant le Printemps : Sur le cresson de la fontaine Où le cerf boit, l'oreille au guet. De sa main cachée il égrène Les grelots d'argent du muguet. Puis Alphonse Karr disant que cette « fleur a la forme et l'éclat d'une perle, mais d'une perle parfumée ». Chacun citait une phrase, des bribes de vers, au hasard de sa fantaisie. Nous exultions. Nous comprîmes ce jour-là la profonde amitié d'André Theuriet pour cette plante dont il est certainement le poète attitré. Il est peu de fleurs qui puissent conquérir un admirateur aussi rapidement que le muguet, et nous lui en savons gré. Jadis le muguet jouissait d'une haute réputation en Allemagne. Son eau distillée appelée : eau d'or passait pour réparer l'épuisement des forces. Il signifie retour du bonheur. LA TRIENT ALE. Famille des Primulacées. Mai-juillet. Trientale d'Amérique, Trienialis americana. — JoUe, jolie plante que la trientale. De fait, nous ne croyons pas que l'on puisse imaginer rien de plus agréable à l'œil dans une plus grande simphcité, et, comme le disait Mme Traill dans ses Studies of plant life in Canada, la trientale, si elle eût été connue des anciens herboriseurs, qui donnaient de gracieux noms aux fleurs, eût mérité d'être appelée l'herbe de l'innocence. Elle en a la candeur et le charme. Elle ne recherche pas les endroits découverts, débordant de lumière, elle aime les heux ombragés et on la rencontre ordinairement autour des grands arbres. C'est là qu'elle étale pudiquement sa beauté de fleur blanche étoilée, au bout d'un long pédoncule axillaire, au- 48 CENT FLEURS DE MON HERBIER. dessus d'une unique couronne de feuilles transparentes, d'un vert pâle. D'ordinaire, les nombres que l'on rencontre le plus fréquemment, dans les organes d'une plante, sont 4, 5, 6, 8. Ici, c'est le chiffre 7 qui se trouve répété presque partout : sept feuilles, sept sépales, sept pétales, sept étamines. Aussi était-elle considérée comme la La trientale. plante type de la classe Heptandrie, alors que le système de Linnée pour la nomenclature botanique, était généralement adopté. La trientale nous a été envoyée par une charmante botaniste des Trois-Rivières, que nous ne nommerons pas, de peur de blesser sa modestie. Pourtant, nous ne pouvons passer sous silence que nous lui sommes redevable de plusieurs plantes que nous n'aurions pu placer dans notre herbier sans sa générosité. PLANTES DES PRES ET DES BOIS. 40 FLEUR DE MAL Famille des éricacées. — Eplgéc rampante, Epigœa repens. — Feuilles entières ; corolles hispides à l'intérieur, très odorantes. Bois sablonneux. Mai-juin. (Moyen.) A l'époque du renouveau, au nombre des fleurs qui étalent leurs mignonnes corolles, en notre pays et dans la Nouvelle-Angleterre, est celle que l'on a baptisée du poétique et doux nom de fleur de mai. En effet, le printemps se couvre à peine de sa parure d'émeraude que la fleur-de-mai apparaît à nos yeux, comme un premier sourire de la nature qui s'éveille sous les caresses du soleil. Mais elle est humble, cette charmante plante, puisque sa tige rampe sur le sol à travers le gazon et qu'elle cache sa jolie fleur rosée sous La fleur de mai. des feuilles épaisses, toujours vertes et garnies de poils roussât.es qu'on distingue à peine. Aux États-Unis, on la nomme may flower : voici à quel propos, raconte un auteur américain : « Les Puritains, après leur débarquement sur les mornes côtes de la Nouvelle-Angleterre, eurent à subir un hiver long et rigoureux. Le premier signe du retour de la vie et de l'espérance fut l'apparition, dans les bois de Plymouth, de cette douce fleur qu'ils baptisèrent du nom de « May-flower-», en souvenir du vaisseau qui les avait trans- portés dans le nouveau monde, et de la fleur qui réjouit les haies de la vieille Angleterre, durant le plus beau des mois. Depuis, elle n'a pas cessé de représenter dans l'idée des « pèlerins » et de leurs descendants l'emblème de leurs luttes et de leurs espérances ». 4 60lB 5Ô CENT FLEURS DE MON HERBIER. Les plus grands poètes de la république voisine l'ont souvent chan- tée dans leurs vers, mais nous ne citerons que ceux-ci : Puritan flowers are thc type of Puritan maidens, Modest, and simple and sweet. (LONGFELLOW). (Les fleurs puritaines sont le modèle des vierges puritaines — modestes, simples et douces.) O sacred flowers of faith and hope. As sweetly now as then, Ye bloom on inany a beechen slope. In many a pine-dark glen. (0 fleurs bénies de la foi et de l'espérance, — aussi agréables main- tenant qu'alors, — vous vous épanouissez sur les talus où dominent les bouleaux — et dans bien des ravins où croissent les pins sombres.) En Angleterre, elle occupe une place d'honneur dans toutes les serres, à cause de sa beauté et de son délicieux parfum. Elle s'ap- pelle là-bas trailing arbutiis (arbousier rampant) ou ground laurel (laurier de terre). La fleur de mai ne se prodigue pas. On la rencontre rarement. Pour notre part, nous n'avons pu l'admirer qu'à Trois-Rivières, sur le « Coteau », endroit aride et sablonneux. C'est peut-être à cause de sa joliesse et surtout de sa rareté que les lieux où on la trouve nous semblent bénis du ciel. Nous vous conseillons de la voir, car nous sommes persuadé que vous en deviendrez amoureux ; mais hâtez-vous, les fleurs de mai ne fleurissent pas longtemps. L'ANCOLIE DU CANADA. Famille des renonculacées. — Ancolie du Canada, Aquilegia canadensis. — Tiges de 12 à 15 pouces. Fleurs terminales, pendantes. Bois pierreux et sablonneux, près des rivières et des ruisseaux. Mai. (Provancher.) ... J'aime à revoir l'Ancolie Dans l'éclaircie du bois épais. Florent richomme. Parmi les fleurs éclatantes, aucune peut-être ne surpasse notre ancolie ! Cinq pétales roulés en cornets et cinq sépales, artistement réunis, forment une fleur, rouge à rextéricur, jaune-safran à l'inté- rieur, fixée au bout d'un long et faible pédoncule qui se courbe sous PLANTES DES PRES ET DES BOIS. 51 le poids de son fardeau précieux. Pour compléter, un feuillage bien découpé d'un vert brillant. Elle ferait un bel elTct dans les jardins, mais on ne la voit nulle part, hélas ! Les poètes américains l'ont chantée sur tous les tons, mais les nôtres sont muets sur son compte. Pourtant, elle est certainement plus jolie que sa sœur d'Europe, qui est d'un bleu terne et qui, ce- pendant, a trouvé des admirateurs pour vanter sa grâce. L'aucolie du Canada. Elle croît da s les terrains pierreux et sablonneux. Nous l'avons rencontrée au mois de juin, sur la montagne de Montréal, étalant sa parure vainqueur à la base d'un rocher grisâtre. Dans ce cadre terne elle se détachait à ravir. Les Anglais la nomment Colombine, les Français Coloiubine ou Aiglantine. On fait venir son nom de Aquila : aigle, sous prétexte que ses pétales ont la forme des serres d'oiseaux de proie, ou encore de aqui- legium : réservoir, parce que sa corolle reccuillc les gouttelettes d'eau. Le peuple lui a donné le nom gracieux de Ganls de Notre-Dame 52 CENT FLEURS DE MON HERBIER. parce qu'il lui a semblé voir de petits gants délicats dans les cor- nets des pétales. Enfin, on en a fait l'emblème de la folie, parce que l'ensemble de sa fleur a une certaine ressemblance avec le hochet ou la marotte de la Folie. Toute la plante possède des propriétés diaphorétiques. L'infu- sion de ses fleurs est employée dans l'irritation des bronches. SANG-DE-DRAGON OU SANGUINAIRE. Famille des papavéracées. — Sanguinaire du Canada, Sanguinaria canadensis. — Plante acaule vivace, à suc rouge, acre ; rhizome couché, émettant une hampe. Une fleur et une seule feuille palmatilobée. Bois riches. Mai-juin. (Moyen.) La première fois que nous vîmes la sanguinaire, nous étions en compagnie de notre confrère et ami, Germain Beaulieu, un entomo- logiste distingué. C'était un bel après-midi d'avril, et nous allions assister à une chasse aux insectes, par désœuvrement, pour voir comment cela se faisait. Nous étions sur la lisière d'une forêt en miniature qui longe le coteau, sur la limite sud de Notre-Dame de Grâce, près de Montréal. Pendant que notre ami retournait les roches isolées et poussait, à chaque capture qu'il faisait, des exclamations de ce genre « Tiens, la Platynus anchemnoides, la Notiophiliis Hardyi », etc., nous errions à l'aventure, laissant notre âme s'imprégner de poésie, notant les délicieuses sensations que nous donne le printemps renaissant. Tout à coup, nous aperçûmes à nos pieds une dizaine de belles fleurs blanches perçant la couche de feuilles sèches et sales qui re- couvrait le sol, étalant leur beauté virginale sur toute cette pourri- ture humide : débris des splendeurs d'un été disparu. Nous appelâmes notre ami, qui continuait à faire sa moisson de coléoptères, pour lui demander s'il connaissait cette jolie fleur et il nous apprit que c'était le sang-de-dragon, plante indigène dont nous avions beaucoup entendu parler. Nous l'examinâmes plus atten- tivement et nous nous aperçûmes que d'une racine rampante et rouge, de distance en distance s'élevait une unique feuille entourant une unique fleur, comme pour la protéger contre les giboulées et les ge- lées tardives. La feuille était grande, artistement lobée d'un vert bleuâtre. La fleur, dont la corolle était composée de huit à douze pétales, était d'un blanc absolument pur, tandis que les étamines, réunies en grand PLANTES DES PRES ET DES BOIS. 53 nombre autour du pistil, formaient un joli petit bouton d'un jaune orange. Nous sûmes, par la suite, que cette plante au suc rouge et à la fleur blanche était bien connue des sauvages, qui s'en servent dans leur petites industries, soit pour teindre les piquants de porc-épic en couleurs rouge ou orange, soit pour peinturer des petits paniers de ^ O. M. .1. "^ ' Le sang-de-dragon. — Sanguinaire. fantaisie. Ils l'emploient encore comme purgatif et émétique et aussi contre les éruptions cutanées. Comme sa sœur, la fleur de mai, le sang-de-dragon préfère les lieux ombragés, mais par contre il choisit les terrains riches et se prête parfaitement bien à la culture dans les jardins. Détail cu- rieux, le sanguinaire est proche parente du pavot, dont le suc est blanc, et de la chélidoine, dont le suc est jaune. I 54 CENT FLEURS DE MON HERBIER. LE FRAISIER. Famille des rosacées, prés. Avril-mai. Fraisier du Canada, Fragaria canadensis. — Champs et Dès que le printemps est venu, lecteur, Sous l'herbe, pour que tu la cueilles, II met la fraise au teint vermeil. Théophile Gauthier. Oh ! les délicieux et odorants fruits du fraisier des champs 1 II fleurit en avril et mai, du nord au sud et de l'est à l'ouest, et c'est une joie d'apercevoir les pétales blancs de sa corolle, puisqu'ils sont la promesse des|fruits que nous cueillerons en juin et juillet. T Le fraisier. — Son fruit. Il faut au fraisier laisser ces fleurs si l'on veut plus tard recueillir des fruits. C'est le sujet d'une chanson extraite des Poésies ru- rales de Florent Richomme et dont nous détachons la strophe sui- vante : Cueille à foison les violettes. Blanc muguet et soucis dorés ; PLANTES DES PRÉS ET DES BOIS. 55 Fleurs du printemps, Dieu les a faites Pour mourir dans l'herbe des prés. Mais cette fleur blanche, petite. Qui n'est pas moins jolie à voir. N'y touche pas : c'est un espoir Que sa feuille légère abrite. Vous connaissez cette plante sans doute mieux que moi, en tous cas, suffisamment pour me dispenser d'en parler longuement. Je n'ajouterai d ne qu'une anecdote aux lignes qui piécèdent. Je transcris du 3^ volume de la Bibliothèque Canadienne, éditée en 1826 par M. Bibaud. « Un de nos illustres écrivains (Bernardin de Saint- Pierre) conçut le projet d'écrire une histoire générale de la nature, à l'imitation des anciens et de plusieurs modernes. Un fraisier qui par hasard avait crû sur sa fenêtre, le détourna de ce vaste dessein ; il observa ce fraisier et y découvrit tant de merveilles, qu'il vit bien que l'étude d'une seule plante et de ses habitants suffirait pour rem- pUr la vie de plusieurs savants ». Dans le même article, l'auteur avance que le « savant Linnée fut guéri de fréquentes attaques de goutte par l'usage des fraises ». Voilà un remède agréable et à la portée de toutes les bourses ; cependant, personne n'y songe. Une de nos croyances populaires est qu'un remède doit être rare, nauséabond et très cher pour opérer des guérisons. Le monde est ainsi fait ! Les botanistes prétendent encore que les propriétés de la fraise « conviennent aux personnes pléthoriques et bilieuses ». Pour dernier mot, laissez-nous vous apprendre que le fraisier est l'emblème de la bonté. LA MARGUERITE. Famille des composées. — Chrysanthème leucanthème, Chrysanthemum leucan- Uscmum. — Racine noire rampante. Tige de 2 à 3 pieds, anguleuse. Feuilles crénelées, dentées. Juillet-août. (Provancher.) Marguerite des champs, votre corolle blanche Est faite de beauté, de grâce et de candeur. En groupes gais, joyeux, chantant sous la splendeur D'un firmament d'azur où le soleil se penche. Les jeunes filles vont se mêler parmi vous. Elles ont des yeux clairs, des fronts purs, des cœurs doux ; Vous les reconnaissez, ce sont vos sœurs aimées... Léon Lorrain. Alors qu'est étalée l'immense nappe verte des plantes qui grandis- 56 CENT FLEURS DE MON HERBIER. sent sur toute cette terre septentrionale, que la phléole, les blés, les avoines et les seigles préparent en secret la moisson blonde de la fin d'été, les jolies marguerites répandent leurs troupes de vierges folles farandolant aux moindres brises et chantant de douces choses aux amoureux. Ainsi que le dit le poète : Souvent la pastourelle Loin de son jeune amant Se dit : m'est-il fidèle ? Tremblante elle te cueille ; Sous son doigtuncertain L'oracle qui s'effeuille Révèle son destin. La marguerite. L'heureux temps que celui où notre cœur, neuf encore, attend avec anxiété le résultat des interrogations : « un peu, beaucoup, pas- sionnément » ! Aussi loin, en arrière, que peut se reporter notre souvenir, nous voyons la marguerite. C'est la première fleur dont nous avons connu le nom, c'est la première que nous avons aimée, c'est la première que nous avons cueilUe de nos frêles mains d'enfant pour en faire des bouquets que nous portions à notre mère, afin de mériter un tendre sourire^'et une longue caresse. PLANTES DES PRÉS ET DES BOIS. 57 Et nous lui en sommes bien reconnaissant, et nous ne la voyons pas reparaître, au mois de juin de chaque année, sans la saluer presque humblement. Durant notre jeune âge, nous ignorions que la nécessité avait dé- crété que certaines plantes étaient utiles, d'autres nuisibles ; nous ne considérions que l'ornement, et nos faveurs étaient plutôt pour les pimpantes corolles que pour les modestes épis des graminées. Oh ! combien de fois nous sommes-nous mis en colère contre ces « méchants habitants « qui maugréaient contre notre pauvre mar- guerite, et épuisaient leur vocabulaire à l'invectiver. Ils avaient cependant raison comme nous, puisque tout dépend du point de vue en ce bas monde ! Aussi, maintenant, nous écoutons leurs doléances et nous admirons la fleur. Comme son nom scientifique l'indique, la marguerite fait partie de l'aristocratique genre des chrysanthèmes, mais, selon qu'il arrive parfois dans les meilleures familles, le sujet de cette monographie a préféré la vie de bohêmo e.i plein i«.ir, exposé à toutes les misères et les intempéries, plutôt qu'une captivité choyée dans nos serres et dans les jardins. Et nous ne l'en aimons que mieux. Son nom vulgaire, que l'on donne aussi à la pâquerette, lui vient du latin margarita, qui signifie perle. Par les anciens elles étaient consi- dérées comme les perles des champs î Ils étaient galants nos aïeux. LES VIOLETTES. Famille des violarlées. — Violette à feuilles cucuUées, Viola cucullaia. — Violette du Canada, Viola canadcnsis. — Violette jaune. Viola pubescens. — Bois et prés. Mai. Tandis qu'à leurs œuvres perverses Les hommes courent haletants. Mars qui rit, malgré les averses. Prépare en secret le printemps... Tout en composant des solfèges Qu'aux merles il sifilc à mi-voix. Il sème aux prés les perce-neiges Et les violettes aux bois. Théophile Gauthier. Que n'a-t-on dit en prose sur les violettes et quel poêle ne les a pas chantées ? On pourrait faire des volumes de ces pages éparses. Larousse nous dit que « les anciens attribuaient à la violette une 58 CENT FLEURS DE MON HERBIER. origine merveilleuse » et il en est question dans la mythologie à pro- pos de la fameuse lo. « Les Grecs et les Celtes, dit-il encore, en décoraient la couche de la beauté et le cercueil des jeunes filles, usage qui s'est conservé en Allemagne jusqu'à nos jours. Les Athéniens s'en couronnaient la tête dans les festins, croyant qu'elle empêchait l'ivresse. Virgile, quand il pleure la mort de Daphnis, nous peint, dans le deuil de la La violette jaune. nature, la violette remplacée dans les campagnes par le chardon. Au moyen âge nous voyons la violette figurer parmi les fleurs destinées par Clémence Isaure à couronner les vainqueurs du gai savoir, et l'historien Froissart faire trêve à des travaux plus sérieux pour mettre en vers le plaidoyer de la violette et de l'œillet ». Bien que cette famille de plantes compte plusieurs génies et quel- ques centaines d'espèces, poussant pour la plupart dans la zone tem- pérée, on ne rencontre au Canada qu'une douzaine d'espèces du genre type. Pour ma part, je n'ai trouvé dans mes herborisations que celles que j'ai mentionnées ci-dessus. La violette odorante, la plus célèbre entre toutes, et les pensées (vio- lettes tricolores) ont valu à cette famille son éclatante renommée. Mais ce sont des aristocrates qui ne veulent fleurir que dans nos jardins et je pense, comme Alphonse Karr, que c'est bien à tort qu'on leur a décerné un brevet de modestie. Il appartiendrait plutôt à PLANTES DES PRES ET DES BOIS. 59 nos violettes sauvages, moins favorisées sous certains rapports, mais aussi jolies, aussi mignonnes, vraiment humbles et ne dédaignant pas le sol de l'Amérique du Nord. La violette à feuilles cucullées. La violette à feuilles cucullées et aux fleurs d'un bleu clair est très commune ici. Elle égay ;• nos prés. Les deux autres (la jaune et la canadienne) s'épanouissent de préférence dans la forêt. La fleur de notre violette canadienne est presque toujours formée de pétales d'un blanc de lait, délicatement veinés de bleu. On ne saurait imaginer corolle plus tentative. Toutes les trois elles apparaissent en mai, ce mois par excellence des plus belles productions du règne végétal. En médecine on se sert des violettes comme émollient ; on en fait aussi un sirop contre la coqueluche. Provancher assure que « l'in- fusion des feuilles de la pensée est un remède presque toujours certain pour les « croûtes de lait » des jeunes enfants ». Ayant commencé cette monographie en citant des vers, nous nous imaginons que nous devons finir de même. Ceux-ci sont de Des- marets de Saint-Sorlin, poète du 17^ siècle, et ont eu bien souvent l'honneur d'être reproduits. Ils ne sont pas à dédaigner pour cela, car ils peignent bien la fleur chérie des poètes : Franche d'ambition, je nie cache sous l'herbe. Modeste en ma valeur, modeste en mon séjour ; Mais si sur votre front je puis me voir un jour, La plus humble des fleurs sera la plus superbe. 60 CENT FLEURS DE MON HERBIER. LE PISSENLIT. Famille des composées. — Pissenlit dent-de-lion, Taraxacum dens leonis. — Chemins et prés. Avril-novembre. Qui ne connaît la splendide fleur orangée de la dent-de-lion, qui plane fièrement sur une hampe élevée, dans les prés, le long des routes, un peu partout ? Plante vivace s'il en est, elle se répand avec une facilité incroyable. Cependant, on ne la considère pas comme nui- sible, attendu que les vaches, les brebis et les chèvres la broutent bien ; les chevaux font exception. Aussitôt que les fleurs sont flétries, Le pissenlit. apparaissent les graines, munies de parachutes qui, par leur réunion, forment une boule blanche que les vents s'amusent à transporter et disperser au loin, quand ce ne sont pas les humains ou les bêtes qui s'en chargent. Semeurs sans le savoir, les uns et les autres font l'œuvre de la divine Providence. Comme le dit le poète américain Lowell, dès que la verdure a paru : The dan de lions^and butter cup Giid ail the lawns. PLANTES DES PRES ET DES BOIS. 61 car du mois d'avril au mois de novembre, le pissenlit et la renoncule ne se font pas faute de jeter à profusion le ton d'or de leurs corolles sur le vert des gazons. C'est une plante alimentaire recherchée, surtout au printemps, alors que ses feuilles tendres se mangent en salade. On emploie aussi ses racines pour en faire une sorte de café assez estimé. En médecine, on la dit diurétique et dépurative. Un pissenlit N'est pas une fleur ordinaire ; Le langage des fleurs nous assure qu'il est l'oracle des champs, parce que « ses fleurs qui se ferment et qui s'ouvrent à certaines heures, servent d'horloge au berger; de plus, elles lui prédisent le calme ou l'orage ». Dans certaine partie de la vieille mère patrie on lui a donné un nom joli : Florion d'or. LA CHICOREE SAUVAGE. Famille des composées. — Chicorée sauvage, Cichorium intibus. — Vivace. Tige de 2 à 3 pieds, rude. Feuilles par paires sessiles. Corolles bleues, plantes, 5 den- tées. Bord des chemins. Juillet-septembre. Un jour, le long du canal de l'aqueduc de Montréal, nous avons vu ses bords, sur une grande étendue, couverts de méUlots blancs, de méUlots jaunes et de trèfles roses entremêlés de chicorées bleues. C'était d'un elTet superbe. Et c'est alors que nous revinrent à la mémoire ces paroles d'Alphonse Karr : « Il y a très peu de fleurs bleues. Le bleu pur est un privilège que, à quelques exceptions près, elle n'a accordé qu'aux fleurs des champs et des prairies. La nature est avare de bleu : le bleu est la couleur du ciel, elle ne la donne qu'aux pauvres, qu'elle aime avant tous les autres ». Combien de fois avez -vous passé près de cette jolie fleur, aux pé- tales gentiment et uniformément dentés, comme si quelque fée avait voulu ajouter à leur grâce 1 Elles sont partout qui bordent les chemins. Pourtant, nous en sommes sûr, vous les avez à peine regardées parce qu'elles sont trop communes. Est-ce qu'on s'occupe de ce qu'on a en abondance ? Nullement 1 La satiété produit l'indiflerence et l'on s'attache plutôt à des choses de moindre valeur, mais qui sont rares. Outre la réelle beauté de ses fleurs, cette plante peut être rangée 62 CENT FLEURS DE MON HERBIER. parmi celles que l'on considère comme utiles. C'est sa racine tor- réfiée qui produit le succédané du café le mieux connu et le plus employé. La médecine usuelle l'emploie comme apéritif, laxatif et fébrifuge. Enfin, par sa culture, on a obtenu les espèces de chicorée que l'on mange en salade ou cuites comme des épinards. Vous le voyez, elle a bien des titres à notre respect. A son sujet, un botaniste américain a dit : « La chicorée est une des nombreuses plantes qui nous sont venues d'Europe. Le nombre de ces épaves qui ont d'abord trouvé un pied-à-terre, ensuite un chez soi et souvent un domaine sur notre La chicorée sauvage. sol, va toujours en augmentant. Quelques-uns de ces hôtes ne sont pas mal accueillis, mais la plupart deviennent nos herbes les plus nuisibles et les plus vivaces ». La rapidité avec laquelle certaines plantes européennes, comme le chardon lancéolé, l'herbe-à-cochon et le pourpier chassent nos plantes indigènes et prennent possession des champs et des routes, semble indiquer qu'elles ont quelques avantages sur les nôtres dans la lutte pour la vie. « Les plantes de l'ancien monde sont plus favorisées que celles qui sont indigènes, parce qu'elles laissent là-bas leurs insectes et Plantes des prés et des bois. 63 leurs autres ennemis, quand elles traversent l'Océan. Les nôtres sont toujours forcées de lutter avec ces désavantages habituels pen- dant qu'elles sont engagées, quand même, dans un combat inégal avec les envahisseurs ». Dans le langage des fleurs, la chicorée est l'emblème de la frugalité. « Horace a chanté la frugalité de ses repas, qui ne se composaient que de mauves et de chicorée », mais un poète, même latin, n'est pas obhgé de dire la vérité. M. E. Lefebvre écrit que cette espèce jouit d'une grande réputa- tion comme dépurative et anti-scorbutique. Ses feuilles naissantes, ajoute-t-il encore, constituent une salade un peu amère très estimée à Paris, surtout quand on l'a fait blanchir. Pour cela, il suffit de recouvrir la plante, soit d'une motte de terre, soit d'un morceau de bois ou de planche. LE MOURON DES OISEAUX. Famille des caryophyllées. — Stellaire intermédiaire, Slellara média. — Tige molle marquée sur sa longueur d'une ligne de poils qui alterne d'un nœud à l'autre ; feuilles ovales. Lieux cultivés. Mai-octobre. (Moyen.) Le mouron ou la stellaire est une petite plante qui a été introduite au Canada et qui s'est multiphée d'une manière alarmante dans certains endroits. Ses tiges nombreuses, ses racines rampantes la rendent très nuisible. Cependant les oiseaux, qui sont très friands de sa graine, intercèdent pour elle et réussissent à lui conserver quel- ques coins de terre, à l'abri du soleil où elle pousse et se multiplie librement jusqu'au jour où la charrue la déracine et l'oblige à céder la place aux graminées. C'est à cause de la forme et de la disposition de sa toute petite corolle blanche qu'elle a reçu le nom de « stellaire », qui lui vient du mot latin slella, étoile. Son nom vulgaire, mouron, lui vient de deux mots grecs qui si- gnifient rat et oreille, parce qu'on prétendait que sa feuille ressemble à l'oreille d'un rat, dit Bescherelle. Dans le langage des fleurs le mouron veut dire « rendez -vous ». Explique qui voudra la raison. Voici un joli passage sur cette fleur, extrait du journal d'Eugénie de Guérin : «J'ai des fleurs dans un gobelet; j'en ai longtemps regardé deux dont l'une se penchait sur l'autre qui lui ouvrait son cahce. C'était doux à considérer et à se représenter l'épanchement de l'amitié dans 64 CENT FLEURS DE MON HERBIER. ces deux petites fleurettes. Ce sont des stellaires, petites fleurs blan- ches à longue tige des plus gracieuses dans nos champs. On les trouve le long des haies, parmi le gazon. Il y en a dans le chemin du moulin, à l'abri d'un tertre tout parsemé de leurs petites têtes blanches. Cest ma fleur de prédilection. J'en ai mis devant notre image de la Vierge. Je voudrais qu'elles y fussent quand tu vien- dras, et te faire voir les deux fleurs amies ». Le mouron des oiseaux. M. Firmin Picard nous a communiqué ceci : « Il serait utile de dire que les récentes études, en France, ont amené la conviction que le mouron est une excellente nourriture pour les animaux de retable, et qu'en France toujours on conseille fortement de le semer avec les graines des herbes de la prairie et même avec le trèfle ». BOUTON-D'OR OU RENONCULE ACRE. Familles des renonculacées. — Renoncule acre, Ranunculus acris. — Prés, champs, bords des chemins. Mai-octobre. Le joli bouton-d'or, qui fleurit tout l'été, fait le désespoir du cul- tivateur et la joie de l'artiste. PLANTES DES PRES ET DES BOIS. 65 Du mois de mai au mois d'octobre, il élève fièrement sa corolle dorée et vernissée dans les champs ou le long des routes. Aucun endroit ne lui fait peur et il nargue presque la froidure. Provancher, notre illustre botaniste, nous assure que cette renoncule est d'une rusticité, qu'il l'a vue épanouir ses fleurs après des froids de 6 et 7 degrés, en automne. C'est à tort que nos paysans la nomment marguerite jaune, car il y a une grande différence entre la marguerite, qui appartient à la famille des composées, et le bouton-d'or, qui fait partie de la famille des renonculacées. Le bouton-d'or. — Renoncule acre. Les Anglais l'appellent butter cap ou yellow weed, et les Français bouton-d'or, patte-de-loup, renoncule des prés, et d'autres noms moins doux. C'est ce qui faisait dire à ce bon Fulbert Dumonteil : « Le rustique bouton-d'or, qu'on a flétri de sobriquets injurieux, est tout bonnement un petit cousin de la poétique anémone, de la blonde clématite et de l'éblouissante pivoine ». Cette plante a été introduite en Amérique, mais elle s'est mul- tipliée avec une telle rapidité, qu'elle est devenue extrêmement nui- sible à l'agriculture. La renoncule acre habite aujourd'hui l'Europe, le nord de l'Asie et de l'Amérique, et croît même sur les hautes montagnes. 5 GOlB 66 CENT FLEURS DE MON HERBIER. Cultivée dans les jardins, elle produit le bouton-d'or à fleurs doubles. On l'emploie en médecine pour son « action rubéfiante, vésicante et même caustique ». En général, toute renoncule renferme un principe vénéneux et est dangereuse tant pour les hommes que pour les animaux. C'est à cela que Constant Dubos faisait allusion en lui consacrant cette strophe : Vois, mon fils, ce bouton charmant Que Zéphir berce de sonfaile ; Comme il étale, en s'inclinant. L'or que sa corolle recèle 1... Ce joli bouton satiné. Qui sourit comme l'innocence. Recèle un suc empoisonné Et souvent blesse l'imprudence. Dans le langage des fleurs la renoncule signifie : danger des richesses. LA SAPONAIRE. Famille des caryophyllées. — Saponaire officinale, Saponaria officinalis. — Tiges glabres, succulentes. Juillet. (Provancher.) La Saponaire, nommée vulgairement savonnière, est une plante européenne qui s'est naturalisée en ce pays, quoiqu'en disent cer- tains botanistes. Nous l'avons vue couvrant la voie du chemin de fer du Grand Tronc, entre Lachine et Saint-Henri, et en quanti- té le long des routes dans la paroisse de Sainte-Geneviève de Ba- tiscan. La plante a belle apparence, avec sa tige roide qui atteint deux à trois pieds. La fleur est jolie, grande, blanche ou rosée, disposée en grappe ou corymbe. Son odeur est fort agréable. Bref, elle fait une belle plante de jardin. Fait curieux, les racines et les feuilles contiennent un suc appelé saponine qui mousse avec l'eau comme du savon. M. Acloque nous apprend qu'on l'utihse en France pour nettoyer les étoffes délicates. Sous le rapport médicinal M. Lambert écrit : « Elle a été employée contre l'engorgement du foie et du mésentère et dans les affections du poumon qui exigent des stimulants. C'est un sudorifique et un tonique léger qui n'est employé actuellement que dans le trai- tement des maladies de la peau et des afl"ections rhumatismales ». Un agronome écrit : « La plante est amère, tonique et mucilagi- neuse ; les bestiaux la refusent ». PLANTES DES PRÉS ET DES BOIS. 67 Dans le langage des fleurs elle signifie : adoucissement aux peines. Le Saponaire. 68 CENT FLEURS DE MON HERBIER. LE PLANTAIN. Famille des plantaginées. — Plantain à grandes feuilles, Planfago major. — Cours et chemins. Juillet-octobre. (Provancher.) Le plantain. Le plantain est du petit nombre des plantes privilégiées dont le nom est également accepté par les savants et par le peuple. Il est PLANTES DES PRÉS ET DES BOIS. 69 même adopté par les Anglais. Le fait est si rare qu'il n'est pas in- utile de le signaler. Cette plante est si répandue, son aspect est à tous si familier que nous pouvons nous dispenser de vous en donner la description. Nous allons nous attacher simplement aux quelques menus détails qui nous paraissent peu connus. Il y a quatre espèces principales de plantain : le plantain à grand épi ou à grandes feuilles (plantago major) ; le plantain moyen ou intermédiaire (plantago medice) ; le plantain à feuilles lancéolées (plantago lanceolata) ; et, le plantain à feuilles cordées (plantago cordata). Les différences caractéristiques entre ces espèces sont peu appa- rentes pour ceux qui n'étudient pas les plantes spécialement. Elles se remarquent dans la forme et la dimension des feuilles, dans la hauteur de la hampe ou pédoncule et dans la couleur des fleurs mi- nuscules qui échappent presque toujours aux yeux inattentifs. Les plantains sont recherchés seulement par les moutons dont ils améhorent la chair, dit-on. Les médecins de France, disait Grimard, s'en servent contre les fièvres intermittentes, et son eau distillée est employée pour les maux d'yeux. Le peuple, ici, en fait un vulnéraire en qui il place beau- coup de confiance. L'abbé N. Nevens, un disciple de Mgr Kneipp, a employé cette plante avec succès contre la phtisie, la diarrhée, les coliques, et l'in- fluenza. Selon Linné, le plantain à grandes feuilles atteint jusqu'à trois pieds de hauteur en Laponie. C'est un géant à côté de nos plus grandes espèces. ANEMONE DU CANADA. Famille des renonculacées. — Anémone du Canada ou de Pennsylvanie, Anémone canadensis (Pennsylvanica). Feuilles amplexicaulcs. Fleurs blanches peu nom- breuses. Cinq sépales. Pas de corolle. Anémone de Virginie, Anémone Virginia- na. — Fleurs solitaires sur de longs pédoncules. Juin-Juillet. (Provancher.) Fleurs de couleur pure, fleurs pacifiques et virginales : violette du Canada, trille penchée, sanguinaire, trientale, cypripède, anémone, nous vous aimons dans votre toilette immaculée ; pour nous vous brillez d'un éclat sans pareil sur la nappe verte des coteaux et des plaines. Nous avons vu à Longueuil et à Sainte-Angèle do Laval, plus 70 CENT FLEURS DE MON HERBIER. spécialement, scintiller la jolie fleur de l'anémone parmi la feuillée des plantes qui bordent les routes peu fréquentées, et la brève vision de leur splendeur nacrée reste devant nos yeux. Pourquoi n'es-tu pas dans nos jardins à la place de tant d'autres plantes exotiques qui ne te valent pas ? C'est qu'hélas tu n'es qu'une fleur sauvage et que l'on dédaigne ici les végétaux robustes, pourtant agréables, qui veulent croître seuls. Mais les anémones ont ailleurs des amies. Dans son intéressant « Voyage autour de mon jardin », ce grand amant des fleurs, Al- L'anémone du Canada. phonse Karr, raconte que les anémones furent « apportées en France des Indes-Orientales, il y a plus de deux cents ans, par M. Bachelier. Cet amateur fut dix ans sans en vouloir donner une à personne. Un magistrat alla le voir en robe, et faisant traîner les plis de sa robe sur les anémones en graine, trouva moyen d'en emporter quelques- unes qui restèrent attachées après la laine )>. Cet auteur nous apprend de plus qu'il y a des anémones oranges, écarlates, bleues, violettes ou blanches ou panachées de ces diverses couleurs. C'est, dit-il, l'aspect le plus riche et le plus magnifique qu'il soit possible d'imaginer. PLANTES DES PRES ET DES BOIS. 71 L'EUPHORBE REVEILLE-MATIN. Famille des Euphorbiacées. — Euphorbe ré\eille-matiii, Euphorbia hclioscopia. — Graines rugueuses d'un brun rouge. Lieux cultivés. Juin-juillet. (Provancher.) L'Euphorbe réveille-matin, ou simplement le Réveille-matin, tire son nom générique d'Euphorb"us (médecin d'un prétendu Juba, roi de Mauritanie) qui le premier aurait mis cette plante en usage L'euphorbe réveille-matin. pour la guérison de ses célèbres patients, et son nom spécifique et vulgaire, du fait qu'en Europe, les bergers parvenaient à abréger leur sommeil en se frottant les yeux avec la tige et les feuilles de ce végétal. Cette plante est d'un beau vert légèrement foncé. La symétrie de sa végétation est remarquable et peu de plantes de sa taille ont une apparence aussi robuste. 72 CENT FLEURS DE MON HERBIER. Il paraîtrait que quelques personnes l'emploient encore pour dé- truire les verrues. Ce qui est certain c'est qu'il faut se défier du réveille-matin, car il renferme, comme presque toutes les euphorbiacées, un suc laiteux qui est un poison. Cependant, quelques plantes de cette famille méritent notre at- tention. Le Ricin, par exemple, aussi appelé Palma-christi, fournit une graine dont on extrait cette huile que nous nommons à tort : huile de castor et dont les propriétés purgatives sont bien connues. C'est encore d'une euphorbiacée que provient le caoutchou. Enfin, le tapioca ou sagou n'est ni plus ni moins que la fécule des rhizomes du manioc, une euphorbiacée du Brésil, dont on enlève préalablement le principe vénéneux. Les fleurs, petites et jaunâtres, ont ceci de singulier : elles sont ou mâles ou femelles, c'est-à-dire que les unes n'ont que des éta- mines, les autres que des pistils. Les ravants appellent ces fleurs : monoïques. On prétend que l'euphorbe a été introduite ici; en ce cas le pays lui a plu car elle s'est bien acclimatée. Elle se rencontre un peu partout le long des routes et des champs cultivés. Dans le langage des fleurs, l'euphorbe signifie : J'ai perdu le repos. ONAGRE. Famille des onagrariées. — Onagre commune, Œnothera biennis. — Tige de 3 à 4 pieds, dressée. Fleurs jaunes, sessiles. Bords des champs, chemins. Juin-août. (Provancher.) Nous traduisons librement d'un auteur américain, les lignes sui- vantes : « A l'ouest, le firmament est empourpré par le soleil couchant. Les oiseaux s'envolent vers leurs nids. Le bourdonnement de l'a- beille est remplacé par les notes aiguës de l'engoulevent. Une à une les fleurs referment leurs délicats pétales. Mais voyez ! cette fleur commune sur le bord de nos routes, qui ne montre au soleil brillant qu'une corolle non épanouie, elle est sur le point de se trans- former. Les pétales s'épandent en larges fleurs jaunes pâles ! Mer- veilleux instinct que celui de ces fleurs, qui respirent lorsque la cha- leur du jour est tombée. Pourquoi certaines fleurs s'ouvrent-elles le soir, alors que leurs voisines préfèrent la pleine lumière du jour ? Nous ne pouvons le dire, pas plus que nous pouvons donner la raison pour laquelle certains oiseaux aiment mieux prendre leurs ébats pendant la nuit ». PLANTES DES PRES ET DES BOIS. 73 De son côté, Alphonse Karr dit : « Jamais l'énothère ne développe sa corolle avant que le nénuphar ait replié ses pétales ». C'est la raison pour laquelle les Anglais l'ont appelé evening primrose. L'onagre commune. On lui donne aussi le nom d'énothère ou herbe aux ânes, de deux mots grecs : onos, âne, et ihera, pâture, parce que les ânes se montrent friands de cette plante. Dans le langage des fleurs, l'onagre exprime ceci : Ma reconnaissance surpasse vos soins. LE COQUELICOT. Famille des papavéracées. — Pavot coquelicot. Papaver rhœas. — Annuelle. Tige de 1 à 2 pieds. Feuilles velues. Pétales d'un rouge vif. Suc laiteux. Juin- juillet. Le coquelicot est une des principales espèces du genre type de la famille des papavéracées : le pavot. Vous nous objecterez peut-être que cette plante ne s'est pas acch- 74 CENT FLEURS DE MON HERBIER. matée ici, et qu'elle ne vient que dans nos jardins. Détrompez -vous. Nous l'avons rencontrée à Sainte-Geneviève de Batiscan, assez loin des habitations, montrant en plein chemin public ses grandes fleurs à quatre pétales d'un rouge écarlate. Hélas 1 nous les avons coupées pour les mettre à notre boutonnière, mais en un rien de temps il ne restait plus que l'ovaire, les pétales étaient disparus. Nous ne savions pas alors qu'elle était une Tendre fleur, qu'en fuyant chaque minute effeuille. Qui brille pour mourir dans la main qui la cueille. Le coquelicot. En France, le coquelicot est l'ornement des champs. Parfois il se multiplie au point de devenir aussi nuisible aux graminées que la marguerite, la renoncule et la chicorée en ce pays. L'infusion des pétales du coquelicot agit comme calmant dans les cas de catarrhe pulmonaire et de coqueluche. La décoction de ses capsules produit à peu près les mêmes eflets que l'opium. C'est pourquoi le dieu du sommeil, Morphée, est toujours représenté avec une couronne de coquelicots. Un végétal dont la floraison est si belle et qui possède tant d'autres PLANTES DES PRÉS ET DES BOIS. 75 qualités ne saurait se passer d'une légende, surtout lorsqu'il est en plus l'emblème de la reconnaissance et de la consolation. Écoutez : « Orphelin, dénué de toute instruction, et n'ayant d'autre moyen de gagner sa misérable vie qu'en contrefaisant le chant du coq, vivait autrefois à Athènes un pauvre garçon appelé Mycos. » Un jour qu'on célébrait les fêtes de Pallas, le pauvre diable se rendit au Parthénon. et, pendant Loute la durée, se livra à son exer- cice habituel. Or, comme il était d'une figure très agréable, il fut remarqué par une nymphe du fleuve, Céphise, qui en devint éprise et l'épousa quelques jours après. )) Voilà donc le pauvre Mycos à l'abri du besoin. Aussi son bon- heur eût-il été parfait, si la Parque cruelle n'avait tranché le fil de ses jours au moment où il commençait à en goûter les douceurs. Sa compagne, au désespoir de sa mort prématurée, pria les dieux de le métamorphoser ; et Jupiter le changea en une fleur rouge, sem- blable au pavot, qui, par onomatopée, reçut le nom de coquelicot en souvenir du cri de l'animal qu'il avait si souvent imité ». Enfin, comme dernier mot, je ne sais rien de plus joli à la gloire du coquelicot que cette phrase d'André Theuriet : « Les coqueli- cots écarlates ont des rougeurs qui font penser à des lèvres meurtries de baisers ». L'HERBE SAINT-JEAN OU ARMOISE. Famille des composées. — Armoise commune, Artemisia vulgaris. — Vivace. Tige rougeâtrc de 2 à 4 pieds. Odorante. Feuilles inférieures pétiolées, supé- rieures sessiles. Capitules en panicules. Bords des chemins. Juillet-octobre. Nous ne saurions vous dire pourquoi, mais nous avons toujours éprouvé une certaine sympathie pour Iherbe de la Saint-Jean, comme on dit en France, car ici, nous retranchons les articles, ce qui est moins gracieux (1). Peut-être est-ce parce qu'elle fait partie de nos souvenirs d'en- fance, alors qu'en compagnie de bambins de notre âge nous jouions à cache-cache, dans les groupes d'armoises où nous disparaissions complètement, tant nous étions petits et tant elles étaient hautes. Pour nous, alors, ce n'était pas des herbes, mais des arbres. Nos grand'mères ne manquaient pas, chaque année, d'en faire (1) Nos cousins d'outre-mer la nomment encore fleur ou ceinture de Saint-Jean et herbe aux^cents goûts. 76 CENT FLEURS DE MON HERBIER. une provision, car elle savaient que c'est un tonique, un vermifuge, un stimulant et surtout une plante emménagogue, comme l'indique d'ailleurs son nom scientifique français, qui est une corruption du mot latin artemisia. C'est la raison pour laquelle elle était dédiée à Diane Artemisia, patronne des vierges. D'aucuns prétendent (en s'appuyant sur quoi ?) que son nom lui vient de Arthémise, reine d'Halicarnasse, qui éleva à son mari, L'armoise. Mausole, roi de Carie, le fameux tombeau qui fut placé au nombre des sept merveilles du monde. L'armoise est facilement reconnaissable à sa haute tige rougeâtre, à ses feuilles d'un vert sombre en dessus, blanches en dessous, à ses fleurs verdâtres en longs panicules, à son aromc caractéristique. Elle se plaît dans les lieux incultes. Un botaniste français écrit que « le docteur Burdach de Triebel a reconnu l'efficacité de la racine de cette plante dans le traitement de l'épilepsie ». PLANTES DES PRÉS ET DES BOIS. 77 Le genre armoise renferme aussi l'absinthe, dont les propriétés sont les mêmes à un degré plus élevé. L'armoise symbolise le bonheur. En avoir sur soi porte chance. C'était du moins une croyance fort répandue dans les campagnes de France, comme le prouvent les lignes suivantes : « Autrefois, les devins et les sorciers jouaient un grand rôle dans les campagnes. Perdait-on des bestiaux, arrivait-il plusieurs mal- heurs dans la même famille, nul doute, c'était un sort. Aussi la mère, pour préserver ses enfants du maléfice, pour leur porter bonheur, avait-elle grand soin de leur tresser des couronnes d'armoises, et d'en introduire quelques branches dans leurs vêtements ». LE MILLE-FEUILLE OU HERBE A DINDE. Famille des composées. — Achillée mille-feuille, Achillea mille-folium. — Feuille 2 pinnati-partites ; rayons ovales, 4-5. Près des habitations. Juin-octobre. (Moyen.) L'achillée mille-feuille présente ce fait rare que son nom scientifique est plus doux et beaucoup plus poétique que son nom populaire en ce pays du moins. C'est peut-être pour cette raison qu'elle est une de nos plantes sauvages les plus dédaignées. Cependant, lors- qu'on la considère attentivement, on est forcé d'admettre qu'elle est tout aussi jolie que ses sœurs. Très commune dans nos campagnes, elle pousse ordinairement dans les terrains secs, sur les bords des che- mins et près des habitations. Sa fleur liliputienne, plus souvent blanche, quelquefois rosée, est disposée en capitules et les capitules en un joli corymbe de deux à trois pouces de diamètre. Les feuilles, qui sont alternes et peu nombreuses, sont subdivisées à l'infini ; ce qui a valu le nom de mille-feuille à cette plante. La variété rose est d'un effet charmant dans les jardins où on lui permet de pousser en touffe ou en bordure. On prétend que Chiron le Centaure enseigna les propriétés médi- cinales de cette plante à son élève, Achille. Ce dernier les révéla ensuite aux hommes, qui lui donnèrent son nom en souvenir. Mme de Neuville raconte qu'au siège de Troie, Achille ayant tué, sans savoir qui elle était, Penthésilée, la reine des Amazones, il en fut saisi de regret et supplia le maître des dieux de la métamorphoser en fleur. Jupiter exauça ce vœu et changea la vaillante guerrière en une fleur qu'on nomme achillée. En France, on l'appelle vulgairement sourcil de Vénus, herbe aux 78 CENT FLEURS DE MON HERBIER. coupures et herbe aux militaires, sans doute parce qu'elle est l'em- blème de la guerre. Comme question de fait, elle ne vaut rien, malgré sa grande réputa- tion pour la cicatrisation des blessures, mais c'est un tonique amer que l'on emploie avec succès, paraît-il, pour calmer le système nerveux. L'herbe à dinde. — Achillée mille-feuille. Au Canada, on nomme le mille-feuille herbe à dinde, parce que les cultivateurs l'emploient mêlé à du lait caillé pour nourrir les dindonneaux durant l'été. Que ce détail, cependant, ne vous empêche pas d'examiner la petite achillée, car ce n'est pas sa faute si nos compatriotes l'ont affublée d'un nom ridicule. PLANTES DES PRES ET DES BOIS. 79 LA BARDANE. Famille des composées. — Bardane commune, Lappa communis ou lappa major. — "Vivace. Tige robuste de 1 à 2 pieds. Feuilles cotonneuses en dessous, grandes, ovales cordées, ovales lancéolées. — Bords des chemins. Près des habitations. Août. (Provancher.) Oh 1 pour sûr, vous connaissez la bardane. A moins d'être aveugle, il vous est impossible de n'avoir point remarqué cette plante aux feuilles énormes qui croît le long des routes et dans les lieux incultes, et dont l'odeur est si désagréable. J'ai vu des feuilles de bardane La bardane. qui mesuraient dix pouces de largeur sur vingt-deux pouces de lon- gueur ; et, ce ne sont peut-être pas les plus grandes. La tige est grasse et féculente, mais sa hauteur n'est pas proportionnée à l'am- pleur des feuilles, puisqu'elle atteint deux pieds à peine. Ses petites fleurs rouges violacées sont réunies en capitules presque rondes. L'enveloppe florale est composée d'écaillés appliquées les unes sur les autres et terminées par un crochet. Aussi, gare aux bêtes et aux humains qui l'approchent après sa floraison ; les passants seront certains d'en avoir à leurs habits et les animaux à leur toison. 80 CENT FLEURS DE MON HERBIER. Ce doit être la raison pour laquelle le langage des fleurs dit que la bardane est le symbole de l'inconvenance et de l'importunité. Il ne faudrait pas trop lui en vouloir, cependant, puisque c'est le divin Semeur qui a mis ce moyen à sa disposition pour répandre ses graines. Elle ne fait que remplir son rôle. Au point de vue médical, la bardane est ignorée dans notre province. Pourtant on la recommande comme dépuratif, sudorifique et diu- rétique. « Elle est utile dans le catarrhe pulmonaire chronique, le rhumatisme, la goutte, les maladies de la peau et les éruptions de mauvaise nature. C'est cette dernière propriété qui lui a valu, en France, le nom d'herbe aux teigneux. Les Anglais la nomment burdock. Dioscoride et GaUen disent que la bardane était appelée personata par les Romains, parce qu'avant l'invention du masque scénique, les comédiens se servaient des larges feuilles de cette plante pour se couvrir le visage. Les moissonneurs s'en faisaient même des chapeaux. « L'Écriture mentionne, rapporte Mélanie Van Biervhet, comme un châtiment et un véritable fléau, la Bardane, Lappa. Écoutons le prophète Osée : « Je les vois déjà qui fuient à cause de la désolation » de leur pays. Ils iront en Egypte, mais Memphis sera leur sé- » pulcre. Leur argent, qu'ils aimaient avec tant de passion, sera » caché sous les orties, et l'on verra se multipUer la Bardane dans » leurs habitations », c'est-à-dire dans leurs champs et leurs jar- dins. «Les sommets consacrés à l'idole qui fait le péché d'Israël, » seront désolés ; il croîtra des Bardanes et des ronces sur leurs autels ; » et ils diront aux montagnes : Couvrez-nous ! et aux colUnes : Tom- » bez sur nous » ! Par contre, Mgr Kneipp, le génial propagateur de la cure d'eau, professait le plus grand respect envers cette plante. Il lui avait donné une place d'honneur dans son jardin et il considérait que sa valeur était inestimable pour la guérison de plusieurs maux. LA CHELIDOINE. Famille des papavéracées. — Chélidoine commune, Chelidonium majus. — Vivace. Tige 1 à 2 pieds. Feuilles dentées, glauques en dessous. Fleurs jaunes. Suc jaune et acre. Près des habitations. Bords des chemins. Juillet-octobre. Chélidoine vient d'un mot grec qui veut dire hirondelle. Ce nom lui a été donné parce qu'en Europe, d'où elle est originaire, elle fleurit PLANTES DES PRES ET DES BOIS. 81 à l'époque du retour des Au Canada, c'est en juillet formée de quatre pétales, trop la froidure, car nous qu'à la fin d'octobre. La chélidoine, comme la véracées, contient dans ses orangée, comme celui de hirondelles, c'est-à-dire au mois de mai. qu'elle commence à étaler sa corolle jaune C'est une herbe vivace qui ne craint pas l'avons vue en fleur, à Trois-Rivières, jus- plupart des plantes de la famille des papa- tissus un suc abondant. Il est de couleur la sanguinaire, sa proche parente. C'est La^chélidoine. un poison irritant dont on fait usage dans les campagnes de France pour détruire les dartres et les verrues. De là un de ses noms popu- laires : herbe aux verrues. On l'appelle encore : éclaire, parce qu'anciennement on l'employait dans les maladies des yeux, contre les taies par exemple. Les Anglais la nomment celandine, qui est une corruption de che- lidonia. Wordsworth, un des plus célèbres poètes lakistes que l'Angleterre ait fournis, semble avoir affectionné particuhèrement la fleur de la chéhdoine, car il lui a consacré une poésie qui commence ainsi : There's a flower, that shall be mine, 'T is the little celandine. 60lB 82 CENT FLEURS DE MON HËRBIeR. LA RUDBECKIE. Famille des composées. — Rudbeckie hérissée, Rudbeckia hirla. — Tige de 1 à 3 pieds, hispide, rude. Rayons d'un jaune brillant. Disque conique à fleurs pour- pres. Terrains secs. Juillet-septembre. (Provancher.) Un de nos amis a cueilli cette rudbeckie dans les champs, à l'est de Montréal. C'est une trouvaille, parce que Provancher, d'illustre La rudbeckie. mémoire, prétend que cette espèce ne se trouve qu'aux États-Unis et dans le Haut-Canada. Ses rayons d'un jaune orange brillant sont en nombre variable et mesurent un pouce de longueur environ. Au centre s'élève le disque conique qui de loin paraît noir, mais qui, vu à la loupe, est en réalité composé de minuscules fleurs violacées, sombres. Dans le sud de la répubUquc américaine, où elle abonde, son aspect bizarre, quoique coquet, lui a fait donner le nom de nigger head, tête de nègre. Les Anglais l'appellent cône flower. Toutes les rudbe; kies — elles sont au nombre d'une vingtaine, PLANTES DES PRES ET DES BOIS. 83 croyons-nous — ont l'Amérique du Nord pour contrée d'origine. C'est l'immortel savant sué 'ois Linné qui les a baptisées ainsi, en souvenir de son prédécesseur dans la chaire de botanique de l'univer- sité d'Upsal : Olaûs Rudbeck. Dans le langage des fleurs, la rudbeckie veut dire : Vous êtes in- constant. LA BRUNELLE. Famille des labiées. — Brunelle commune, Brunella vulgaris. — Vivace. Tige simple de 6 à 12 pouces. Bords des chemins. Juillet-août. (Provancher.) La bruaeilc. La brunelle aux petites fleurs violettes disposées en un gros épi, est une plante qui afl'ectionne les champs et les routes. Elle a ceci 84 CENT FLEURS DE MON HERBIER. de remarquable, que toutes ses feuilles sont pétiolées, sauf les deux supérieures, placées immédiatement au-dessous de l'épi. On la rencontre dans toute l'Amérique du Nord et généralement dans toutes les contrées de la zone tempérée. Elle fleurit de juillet à août. On l'emploie fréquemment pour la guérison des ulcères de la bouche et les inflammations des amygdales (esquinancie). Son nom est une allusion à cette dernière propriété, puisqu'il dérive du mot alle- mand brœune, qui veut dire esquinancie. En Europe, quelques variétés de brunelles ont des fleurs blanches ou roses, d'autres de grandes fleurs d'un bleu violet, mais elles sont rares en ce pays, si elles existent. Dernier détail : la brunelle est le symbole des plaisirs sylvestres. LES RENOUEES. Famille des polygonées. — Renouée persicaire, Polygonum persicaria. — Annuelle. Tige 1 à 2 pieds. Feuilles lancéolées presque sessiles, marquées d'une tache au milieu. Fleurs en épi. Bords des chemins. Près des habitations. Juillet-août. Renouée aviculaire. Polygonum aviculare. Tiges nombreuses de 10 à 12 pieds. Renouée sagittée, Polygonum sagittatum. — Fleurs blanches petites. (Provancher.) La renouée persicaire est connue de tous, au moins d'aspect. Elle pousse le long des routes, près des maisons, à la ville, à la campagne. Son long épi de fleurs rosées, quelquefois verdâtres, nous est familier. Peu de personnes savent ici, cependant, qu'elle est considérée, en médecine, comme « astringente et vulnéraire ; propre à nettoyer les plaies et à arrêter la gangrène ». Fulbert Dumonteil a écrit quelque part : « La pauvre renouée est la sœur ignorée du sarrasin, ce blé des contrées stériles ». Ce qu'il y a de plus remarquable dans cette plante, c'est que toutes ses feuilles sont marquées d'une tache de rouge sombre au centre, ce que vous pouvez vérifier à la prochaine occasion. A ce sujet, on raconte la légende suivante, autant que nous nous souvenons. Une renouée avait poussé par hasard sur le Golgotha, au pied de la croix, le jour du crucifiement du Sauveur, et lorsqu'un soldat lui perça le côté avec une lance, le sang divin qui s'échappa de la blessure tomba sur les petites feuilles de la plante, qui depuis en ont toujours gardé l'empreinte. Vrai ou non, cette légende, dans son charme naïf, nous a toujours fait respecter la renouée. PLANTES DES PRES ET DES BOIS. i.J La renouée aviculaire, que tout le monde appelle Vlicrbe à cochon, est cette plante menue qui pousse autour des habitations et (jui s'obs- tine à couvrir le sol là où le chiendent a lâché pied. Sa devise pour- rait être celle des Anglais : « What we hâve we hold », car une fois qu'elle s'est établie quelque part elle y reste. Ses petites fleurs blanches ou roses sont peu apparentes, et c'est pour cela sans doute, qu'elle est dédaignée, mais son plus grand tort c'est d'être trop com- mune. « Quelle est la vertu de cette plante vulgaire et pour quelles ma- ladies peut-on l'employer » ? Telle est la question que posa un La renouée persicaire. jour, au cours d'une conférence, Mgr Kneipp, le célèbre de Wœris- hofen, et voici comment il répondit : « C'est le meilleur remède contre les calculs de la vessie et les maladies des reins. Pendant des années j'ai étudié et j'en ai fait des essais ; je puis affirmer que c'est une plante excellente et qu'elle agit à coup sûr même dans les cas les plus anciens et les pi s enracinés. Aussi, je l'ai toujours recommandée à tous les malades quand l'occasion s'en est présentée. Les louanges que j'en ai faites n'ont jamais été trop fortes : les résultats que j'ai obtenus par sa vertu curative ont toujours justifié ce que j'en avais dit ». Beaucoup plus rare, heureusement, est sa sœur, la renouée sagittée, dont les feuilles ont une certaine analogie avec les feuilles de la sa- 86 CENT FLEURS DE MON HERBIER. gittaire. A l'encontre des deux renouées plus haut mentionnées, « cette espèce se montre dans les lieux cultivés et humides, principale- ment dans les moissons qui ont eu à soulTrir d'un égouttage incom- plet. Outre qu'elle envahit le terrain en faisant périr les grains, elle est encore très nuisible aux moissonneurs par ses tiges dentées en scie qui leur écorchent les mains ». MONOTROPE. Famille des monotropées. — Monotrope uniflore, Monotropa uniflira. — Tige de 3 à 5 pouces, blanche. Écailles remplaçant les feuilles, sessiles, lancéolées. Fleur blanche, solitaire, un peu courbée. Bois épais. Juin-août. (Provancher.) La monotrope. La plus étrange des plantes indigènes que vous puissiez voir. Les Anglais lui donnent les noms suivants : indian pipe ou corpse plant. La monotrope les mérite tous deux. L-rsqu'clle est détachée de sa racine et que vous la tenez tête en bas, vous avez une image exacte de l'ancien calumet des sauvages. Et, comme cette plante est entièrement blanche dans toutes ses parties : tige, feuilles en écailles, fleur, elle nous donne réellement l'impression d'un végétal PLANTES DES PRES ET DES BOIS. 87 maladif ou cadavérique. C'est un phénomène en son genre que vous ne devez manquer de placer dans votre herbier, mais il faut la presser avec soin, car elle noircit très vite. Des botanistes prétendent que l'étymologie de monotrope est inconnue ; Provancher donne cependant celle-ci : « de monos, un et tropos, fig 're ; allusion à la fleur solitaire sur une même tige ». LE COTONNIER OU ASCLEPIADE, Famille des asclépiadécs. — Asclépiade de Cornut, Asdepias Cormiti. — Tige de 3 à 4 pieds, simple.''" Feuilles opposées. Ombrelles de fleurs rosées, odorantes. Graines munies d'aigrettes soyeuses. Bords des chemins, champs, etc. Juillet- août. (Provancher.) ^^^^i^ENTS' y^^ Le cotonnier. — Asclépiade de Cornut. U asclépiade, que nous nommons cotonnier et herbe à ouate, est bien connue dans nos campagnes, car elle pullule dans certains en- droits. Nous l'avons vue, à Sainte-Geneviève de Batiscan, couvranL entièrement de longs versants de collines exposés au soleil levant. C'est une plante de belle apparence, aux grandes feuilles ovales, opposées, vertes en dessus et blanchâtres en dessous. Les fleurs, très nombreuses, rosées et odorantes, sont disposées en ombrelles penchées et sont de véritables merveilles. On leur accorde, mal- heureusement, peu ou point d'attention. Les aigrettes soyeuses et longues de sa graine, qui forment une boule de ouate, lui ont fait donner le nom de cotonnier et l'on a essayé maintes fois d'en fabriquer 88 CENT FLEURS DE MON HERBIER. des tissus qui, au dire de Provancher, sont assez beaux, mais de peu de durée. Ce savant naturaliste disait, en 1862, que c'était surtout par sa fibre que cette plante pouvait devenir précieuse comme plante textile. Et il ajoutait : « Depuis plusieurs années déjà, on l'exploite pour cette fin en Russie. Le gouvernement des États-Unis vient d'acheter, à un prix considé- rable, le secret d'une compagnie russe exploitant cette plante, par lequel on peut débarrasser la fibre de l'épiderme qui la recouvre et qui répond aux procédés du rouissage dans le lin et le chanvre, seul obstacle qui a arrêté jusqu'à présent la mise en œuvre de cette fibre. Si le résultat est tel que le proclament les journaux des États- Unis, cette plante peut opérer une révolution complète dans l'agri- culture de notre pays. Car, quels profits ne retirerait-on pas d'une plante textile vivace, qui croît partout, même dans les plus mauvais terrains » ? Il faut croire que les expériences n'ont pas réussi, parce qu'on ne parle plus aujourd'hui, du moins ici, de cette industrie qui, vraiment, eût été une richesse pour notre province. Le mot asclépiade, d'où l'on a fait asclépiadée, vient de Asclepias ou Esculape, dieu de la médecine chez les Grecs. Dans le langage des fleurs, l'asclépiade signifie : coquetterie. Dernier détail : nous lisons dans la Grande encyclopédie, que le suc laiteux qui est contenu dans cette plante renferme du caoutchouc. AIRELLES OU «BLEUETS)). Famille de vacciniées. — Airelle du Canada, Vaccinium canadense. — Airelle de Pennsylvanie, Vaccinium Pennsylvanicum. — La fleur se montre en mai et le fruit en juillet. (Provancher.) Nous nommons les airelles bleuets, parce que leurs baies sont bleues. Dans certaines parties de la France, une sorte d'airelle porte le nom de myrtille, à cause de la ressemblance de ses feuilles avec celles du myrte. Les fruits des deux espèces d'airelles citées en tête de cette mono- graphie sont semblables, mais leurs rameaux, leurs feuilles et leurs fleurs diffèrent beaucoup. Les fleurs de l'airelle du Canada sont d'un vert pâle, ses feuilles sont pubescentes, ses rameaux rougeâtres, tandis que les fleurs de l'airelle de Pennsylvanie sont blanches ou roses, les feuilles luisantes et les rameaux verts. PLANTES DES PRES ET DES BOIS. 89 Les baies de ces plantes, qui poussent en abondance sur les mon- tagnes et dans les savanes, font l'objet d'un grand commerce en ce pays. Tous ceux qui habitent les villes sont familiers avec le cri des marchands ambulants : Bons bleuets du Saguenay ! Pourquoi Saguenay ? Dame ! il paraît que les baies qui mûris- L'airelle. Son fruit. sent dans cette partie de la province sont plus grosses et plus succu- lentes que les autres. On les emploie au naturel ou confites. Les jeunes filles se privent ordinairement d'en manger, parce qu'elles tachent leurs dents de « nacre » et leurs lèvres de « corail ». 0 co- quetterie ! La plante que l'on appelle bluet en France, ordinairement est dif- férente de celles-ci : c'est une centaurée de la famille des composées. LE SARRASIN. Famille des polygonées. — Sarrasin commun, Fagopyrum vulgarc. — Akènes à 3 angles saillants, noirs, renfermant une graine de même forme. (Provancher.) Le sarrasin est proche parent de la renouée, de l'oseille, et de la rhubarbe, puisqu'il fait partie de la même famille. Dans les flores 90 CENT FLEURS DE MON HERBIER. d'autrefois il était classé dans le genre renouée ; plus tard on lui a créé un genre spécial. Il est originaire de l'Asie. Introduit en Afrique, il fut, par la suite, transporté en Espagne par les Maures, et c'est ce qui lui a valu le nom de Sarrasin. Le sarrasin. Ce blé noir a le mérite de pouvoir être cultivé dans les terrains médiocres et de fournir une farine dont on fait du pain, des galettes et des crêpes. Au naturel, il sert encore pour la nourriture des vo- lailles. Provancher écrit : « Le sarrazin demande une terre meuble. Très sensible aux influences météoriques, il redoute surtout les vents secs et les gelées. De là vient qu'il réussit mieux dans le voisinage des eaux où les vents sont plus humides. Le sarrazin comparé au PLANTES DES PRÉS ET DES BOIS. 91 froment comme aliment est dans la proportion de 100 à 112 ; il cons- titue un excellent engrais pour enfouir vert ». Une autre espèce de sarrasin, celui de Tartarie, dont les fleurs sont blanches et les angles des fruits sinués-dentés, est rustique au point qu'il se ressème de lui-même, ne craint ni les gelées ni les sables et peut devenir nuisible ». L'étymologie du nom latin de cette plante : fagopyrum, est comme suit : de « fagus », hêtre, et « pyros », blé c'est-à-dire : fruit semblable à celui du hêtre et usité comme le blé. Les fleurs du sarrasin ne sont pas à dédaigner. Réunies en grappe, purpurines ou blanches, elles fleurent bon et sont jolies. Est-il aussi spectacle plus pittoresque qu'un monceau de gerbes brunes de sarrasin près des gerbes dorées des blés, des seigles ou des orges ? LES TREFLES, LES MELILOTS ET LA VESCE. Famille des légumineuses. — Trèfle rampant, Trifolium repens. — Trèfle couché, Trifolium procumbens. — Trèfle des champs, Trifolium. agiarium. — Trèfle des prés, Trifolium praiense. — Trèfle incarnat, Trifolium incarnaium. — Mélilot officinal, Melilolus officinalis. — Mélilot blanc, Melilotus albus. — Yesce multiflore. Vicia cracca. — Mai et juin à juillet et octobre. Combien de fois, loin des villes, dans le fond d'un vallon, solitaire couronné d'une forêt, assis sur le bord d'une prairie agitée des vents, je me suis plu à voir les mélilots dorés, les trèfles empourprés et les vertes graminées former des ondulations sem- blables à des flots et présenter à mes j'eux une mer agitée de fleurs et de verdure. Bernardin de Saint-Pierre. Les fleurs des trèfles sont blanches, jaunes, rouges ou roses, selon qu'elles proviennent des espèces trèfle rampant, trèfle couché, trèfle des champs, trèfle incarnat ou trèfle des prés. La plupart de ces espèces sont très estimées comme fourrage et leur culture est main- tenant commune en ce pays. On les rencontre aussi à l'état sau- vage, mais rarement dans les jardins, hors le trèfle incarnat, dont les capitules rouge sang sont tout à fait johes. Il ne faut pas confondre les trèfles plus haut mentionnés avec les mélilots, que nous appelons ici vulgairement trèfle (rôdeur blanc ou jaune. Ils sont bien de la même famille, mais ils appartiennent à des genres dift'érents. L'odeur agréable de ces derniers les font rechercher pour en par- fumer les appartements ou le linge dans les armoires. Cet usage 92 CENT FLEURS DE MON HERBIER, est fort répandu à la campagne et chez le peuple dans les villes. Les mélilots nous viennent d'Europe et, après s'être acclimatés dans la partie est de l'Amérique du Nord, ils cherchent à gagner l'ouest. Comme le disait quelqu'un, ils sont sûrs d'y arriver, car ils suivent les chemins de fer ! En effet, on les voit en grand nombre, de chaque côté des voies ferrées. Les mélilots, qui ne sont pas bêtes, ont probablement compris que par ce moyen ils arriveraient plus rapidement à la conquête des terres situées à l'intérieur du continent. Les abeilles, les guêpes et les papillons sont friands de ces fleurs, car leurs corolles contiennent en quantité le nectar suave qui em- Trèfle des prés. baume et grise les industrieux hyménoptères et les mignons lépidop- tères. Il est acquis que les ruches placées près d'un champ de trèfles et de méhlots ne manqueront pas de miel et qu'il sera plus agréable au goût que celui provenant d'autres fleurs. La vesce multiflore, que nos cultivateurs appellent pois sauvage, est cette plante rameuse, à vrilles, aux feuilles formées de plusieurs paires de folioles et dont les fleurs en grappe serrée sont d'un bleu ou violet lavé de blanc. Elle habite le bord des champs humides. Vesce vient de vincire qui veut dire lier, attacher, car cette plante, au moyen de ces vrilles qui sont comme le prolongement de son pétiole, s'accroche et grimpe autour des fortes tiges de ses compagnes dans les prés. PLANTES DES PRES ET DES BOIS. 93 Et maintenant, un mot sur les légumineuses. Cette famille est une des plus importantes qui existent dans le monde végétal, à raison des nombreuses espèces utiles qu'elle renferme. Quelques-unes sont alimentaires : les pois, les lentilles, les fèves, les haricots ; d'autres sont médicinales : fève du Tonka, séné, copahu, acacia (gomme arabique) réglisse ; d'autres sont fourragères : la luzerne, les trèfles, la vesce ; d'autres sont cultivées pour leur beauté ou à cause des phénomènes remarquables qu'elles ofTrent : la gesse odorante (pois de senteur) et la sensitive ; enfin, il s'en rencontre qui fournissent les fameux bois de campêche, de sapan, de santal. Bref, Le inéiilot. La vesce. les légumineuses sont presque aussi importantes que les graminées, surtout au point de vue agricole. Le nom de légumineuses leur vient de la forme de leurs fruits en gousse : legumen ; elles portent encore celui de papiUonacées, parce que leurs fleurs ailées ressemblent au papillon. Dans une de ses plus jolies pages sur la botanique, Jean-Jacques Rousseau a décrit d'une manière très claire et partant définitive, le calice et la corolle de cette curieuse fleur. Il a pris celle du pois pour type. 94 CENT FLEURS DE MON HERBIER. LE SISYMBRE. Famille des crucifères. - Tige de 1 à 3 pieds, raide. Juin-septembre. - Sisymbre officinal, Sisymbrium officinalis. — Annuelle. Fleurs petites, jaunes. Bords des chemins, décombres. (Provancher.) Les Anglais le nomment hedge mustard, parce que sa fleur ressemble à celle de la moutarde. Nos cultivateurs le prennent pour une va- riété de la renoncule acre. Les Français le nomment d'herbe au chantre. Le sisymbre. « Ce dernier nom provient, s'il faut en croire une lettre écrite à Boileau par Racine de ce qu'un chantre de Notre-Dame de Paris vendait, au XVI I^ siècle, un sirop excellent contre la toux et les ma- ladies de poitrine, où cette plante entrait comme ingrédient principal ». Les fleurs s'épanouissent au début de l'été. Elles sont jaunes, à quatre pétales très petites et en grappes. Le sisymbre pousse dans les chemins, sur les décombres ou près des murs. La tige est dure et velue. Ses feuilles laides et découpées irrégu- lièrement en font une plante d'une apparence peu agréable. Il est recommandé dans les cas de catarrhe pulmonaire. « Sisymbrium vient de sisymbrion, nom grec d'une espèce de cresson ». PLANTES DES PRES ET DES BOIS. 95 LA GAULTHERIE OU LE PETIT THE. Famille des cricacées. — Gaulthérle couchée, Gaultheria procumbens. — Tige rampante. Fleurs penchées, purpurines. Montagne, terres légères. Juin-sep- tembre. (Provancher.) Dans les bois recueillis et comme déjà songeurs à l'approche de La Gaulthérle. l'automne, à la fin d'août, au mois de septembre, alors que les forêts se dépeuplent avec lenteur, après avoir vu passer et s'évanouir toute la théorie des plus superbes évocations florales, apparaissent furti- vement, çà et là, les modestes et mignonnes clochettes de la Gaul- thérle. Odorantes, peu nombreuses, penchées comme pour verser leurs urnes de parfums sur la terre, elles marient le rose de leurs corolles 96 CENT FLEURS DE MON HERBIER. délicates au vert foncé des feuilles épaisses et un peu lourdes. Après la chute de la fleur se montre le fruit. Il est blanc d'abord, mais lorsqu'il est mûr — ce qui n'a lieu qu'au printemps suivant — il est rouge écarlate. Les feuilles, elles aussi, restent attachées, tout l'hiver, à leur rameau. Feuilles et fruits ont une odeur et une saveur qui rappellent celles du merisier. De là un des noms populaires de cette plante : thé de mériskr. Ceux de petit thé et thé des bois sont des allusions à sa forme et à la localité où on la rencontre d'ordinaire ; enfin, son nom scientifique : Gaulthérie, lui a été donné en souvenir de Gauthier, médecin du roi à Québec et botaniste français qui demeura en ce pays, vers 1743, et découvrit ses propriétés. Pour terminer, nous ajouterons que la Gaulthérie fait partie de la famille des Éricacées, qui fournit plusieurs plantes, les uns aux très joUes petites fleurs, la plupart odoriférantes, ou des fruits co- mestibles très recherchés, notamment la fleur de mai, la pyroUe, l'airelle, la rhodora, le raisin d'ours, l'azalée et la kalmie. ARBRES ET ARBUSTES. LE ROSIER ET L'EGLANTIER. Famille des rosacées. — Rose brillante, Rosa lucida. — Arbrisseau de 1 à 3 pieds. Fleurs assez grandes, d'un rouge pâle. Rosier rouillé, Rosa rubiginosa. — Fleurs solitaires, rosées, odorantes. (Provancher.) Gai Ion la, gai le rosier. Du joli n\ois de mai. (Chanson canadienne.) lEN que ce refrain soit très populaire parmi nous, il n'en reste pas moins vrai qu'en ce pays, la plupart des rosiers ne fleurissent qu'au mois de juin. [Mais le refrain n'a pas tout à fait tort, car lorsque le printemps est hâtif, il arrive qu'on voit la rose épanouie à la fin de mai. Il en est de même en France, s'il faut en croire Alphonse Karr, puisqu'il écrit dans son volume, « Les Fleurs » : « Chez presque tous nos anciens poètes, on voit donner au mois de mai le nom de mois des roses. Cette erreur provient de ce que très longtemps on a pris chez les Grecs et les Latins des images toutes faites, et que nos pre- miers trouvères étaient du midi de la France. En réalité, pour presque toute la France, le mois des roses est le mois de juin ». Nos espèces indigènes ne sont pas très nombreuses, ni bien va- riées en couleurs. La flore canadienne nomme la rose brillante, la rose de la Caroline, la rose agréable, et l'on peut ajouter le rosier rouiUé ou églantier (rosa rubiginosa). La couleur des corolles varie du rose pâle au rouge foncé. Elles n'en sont pas moins belles. Peut- il en être autrement ? quand on dit rose on dit beauté, et la plus humble comme la plus coquette a droit à notre admiration, car elle reste la fleur par excellence en tous pays. Elle a sa place prépondé- rante dans toutes les littératures, à toutes les époques. Une des plus déUcieuses poésies de l'aurore de la langue française est celle de Ronsard qui commence ainsi : Mignonne, allons voir si la Rose Qui ce matin avait desclose 6U1B 98 CENT FLEURS DE MON HERBIER. Sa robe de pourpre au soleil. N'a point perdu cotte vesprée Les plis de sa robe pourprée Et son teint au votre pareil... Malherbe lui doit peut-être sa popularité, de lui dire que ces deux vers : Bien des genr^ ne savent Et, rose, elle a vécu ce que vivent les roses. L'espace d'un matin. La rose agréable. Mais passons, il faudrait une vie entière pour faire une antho- logie complète de la rose. Contentons-nous de glaner ici. Nos chan- sons populaires lui font très souvent allusion. Vous savez tous ces couplets : J'ai perdu ma maîtresse Sans l'avoir mérité. ARBRES ET ARBUSTES. 99 Pour un bouquet de roses Que je lui refusai. (A /« claire fontaine). J'ai cueilli la belle rose Qui pendait au rosier blanc, La belle rose... Entrez, en danse, joli rosier... C'était une frégate. Mon joli coeur de losc. Dans la mer a touché, Joli cœur de rosier... etc. Les peintres l'ont placée dans tous les lieux enchanteurs, les saints l'ont mise dans les plus belles litanies, des partis politiques l'ont choisie pour emblème, et les horticulteurs l'ont torturée de toutes façons pour en obtenir de toutes les nuances et de toutes les formes. C'est au point qu'Alphonse Karr, qu'il faut toujours citer en parlant des fleurs, prétend qu'un petit jardin doit avoir au moins cent belles sortes de roses. Vous voyez qu'il est modeste. Nous ne nous attarderons pas à vous répéter son histoire, ni à vous en faire la description. Nous allons nous borner à reproduire une sorte de poème en prose de notre illustre botaniste Provancher parce qu'il n'est pas coutumier du fait, et que ce morceau est trop peu connu, lisez bien : « Aucune fleur, de l'aveu de tous, n'a été plus anciennement re- marquée et n'a plus généralement excité l'admiration que la Rose. Ne peut-on pas dire qu'elle réunit à elle seule tous les genres d'agré- ment ? Grâce dans la forme, richesse et variété dans la couleur, symétrie dans l'arrangement des diverses pièces qui la composent, parfum des plus suaves ; elle conserve encore, même dans ses nuan- ces les plus prononcées, une fraîcheur de coloris qui dénote toute la déUcatesse de sa texture. Un tel joyau ne devrait certainement pas être à la portée de la main la plus légère et la plus inconsidérée, aussi l'auteur de la nature a-t-il pourvu sagement à sa protection en l'entourant d'aiguillons redoutables. Eh ! certes, il ne manque pas de Vénus dont la blanche main a plus d'une fois maculé d'une tache plus foncée la brillante corolle de la Rose qu'elle voulait cueillir. » Emblème de la vertu et de la fragilité, nous la voyons d'un côté, non encore épanouie sur la tête des vierges ; de l'autre, efl'euillée, sur la sombre pierre tumulaire de la jeunesse. Reine des fleurs, la Rose est le symbole du plaisir et du bonheur, la récompense de la vertu, le signe de ralUement des partis ; la fleur de nos cérémonies religieuses, qui, autrefois, servait aussi à tresser lQ&<;«€:ttronjies de» grands sacrificateurs ». ' yr(individu qui fait le sucre), bordée des sucres (tempête de neige qui vient à la fin de l'hiver), sucre d'érable, sirop d'érable, tire, toque, plarine, réduit, trempette, œuf au sucre, goudille, goudrelle, chalumeau, mouvette, palette, cassots, une brassée, un brassin, auges, cabane à sucre, pain de sucre, etc. Au Canada, les sucres se font d'ordinaire durant les mois de mars ARBRES ET ARBUSTES. 101 et avril. La terre n'étant pas encore prête pour la culture, les habi- tants, pou occupés, se livrent alors avec entrain à la fabrication du sirop et du sucre, et c'est un temps d'amusements pour eux et leurs familles. On ne sait pas au juste à quelle époque nos ancêtres ont com- mencé à faire du sucre avec le jus de l'érable. Pierre Boucher, dans son Histoire véritable et naturelle des mœurs et productions de la Nou- velle-France, parue en 1664, ne dit que ceci : « Quand on entaille ces Hérables au Printemps, il en découle quan- Érable en clairière. > tité d'eau, qui est plus douce que l'eau détrempée dans du sucre ; du moins plus agréable à boire ». Benjamin Suite, dans l'édition qu'il a publiée du livre de Boucher, ajoute à ce passage la note suivante : « Les sauvages étaient trop ignorants pour s'aviser de faire bouillir de l'eau d'érable afin de recueillir la substance sucrée qu'elle renferme. Les Français eux-mêmes ne commencèrent à faire de la trempette et du sucre solide que vers 1695, probablement sous la direction du docteur Michel Sarrasin ». Nous avons été longtemps sous l'impression que l'on ne faisait du sucre d'érable qu'au Canada et au nord de la Nouvelle-Angleterre. C'était une opinion que nous avions recueillie à la campagne. Aussi, 102 CENT FLEURS DE MON HERBIER. grande fut notre surprise lorsque nous lûmes les Scènes de la nature, du célèbre naturaliste américain Audubon. Dans un chapitre qu'il intitule : Un camp à sucre, il décrit au long la méthode qu'on em- ployait autrefois, dans le Kentucky, pour faire le sucre d'érable. Cette méthode ne diffère pas de la nôtre. Elle lui ressemble même tellement, qu'il est probable qu'elle a été enseignée aux Yankees par nos coureurs de bois et nos sauvages. Depuis cette époque, la fabrication du sucre et du sirop d'érable s'est de beaucoup améliorée. La falsification s'est même mise de la partie et elle fait une rude concurrence au produit véritable. L'érable est originaire de l'Amérique du Nord et de l'Asie. En France, les espèces cultivées sont l'érable plane, le faux sycomore et l'érable de Montpellier. Ce sont des arbres d'ornement. Ici, nous en avons cinq ou six espèces, mais les mieux connues et les plus estimées sont l'érable à sucre proprement dit, et la plaine, érable rouge. Le nom latin de l'érable, acer (dur), est une allusion à la densité de son bois, disent la plupart des botanistes ; cependant, l'abbé Moyen diffère d'opinion et prétend qn'acer vient de acus, pointe, « parce qu'il servait chez les anciens à confectionner des lances et des piques ». Dans le langage des fleurs, en France, l'érable signifie : réserve, précaution, économie, parce que, dit-on, ses fleurs tardent à s'ouvrir et tombent avec une excessive lenteur. Pour nous, c'est autre chose, c'est L'arbre sacré, l'arbre de la patrie 1 (Vieille chanson.) Parler de l'érable à un Canadien, c'est éveiller chez lui les idées de force, de beauté, de bonté, de plaisir et de nationalité. L'arbre le plus puissant et le plus joli de la forêt, c'est l'érable ; le bois qui donne le plus de chaleur durant les froids rigoureux de l'hiver, c'est l'érable ; les premiers plaisirs du renouveau nous viennent par l'é- rable ; enfin, il faut avoir contemplé l'étonnante beauté de la forêt au mois d'octobre, pour savoir combien notre érable sait revêtir, en dehors de l'hiver, les opulentes parures qui nous le font chérir davantage. C'est en songeant au magnifique spectacle que présente une futaie d'érable à l'automne, que nous avons écrit autrefois une humble poésie commençant par ces deux distiques, que l'on nous pardonnera de citer : — O nature I pourquoi ces splendeurs automnales ? Te préparerais-tu pour quelques saturnales ? Pourquoi ces habits lins, ce solennel décor D'énieraude tout pâle, et de pourpre, et puis d'or ? ARBRES ET ARBUSTES. 103 LES POMMIERS. Famille des pomacées. — Pomme commune. Malus communis. — Variétés prin- cipales. Fameuse, fruit moyen rouge foncé, chair blanc de neige, sucrée. Saint- Laurent, fruit gros, strié de rouge. Grise, fruit petit, grisâtre rouge, parfumé. Par derrière chez mon père. Vole, mon cœur vole. Par derrière chez mon père. Lui y a-t-un pommier doux. Chanson canadienne.) Fleurs de pommiers. Pierre Boucher, dans son «Histoire Naturelle de la Nouvelle- France, » termine le chapitre relatif aux « arbres qui croissent au Canada » par cette remarque : « On n'a point encore planté ici d'arbres de France, sinon quelques pommiers qui rapportent de fort bonnes pommes et en quantité, mais il y a bien peu de ces arbres ». A ce paragraphe, Benjamin Suite ajoute la petite note suivante : « En 1608, le sieur de Monts avait envoyé à Québec des plants d'arbres fruitiers de la Normandie. Louis Hébert, arrivant en 1617, apporta quelques tiges de pommiers ». Boucher écrivait en 1664, vingt ans après la fondation de Montréal, 104 CENT FLEURS DE MON HERBIER. et bien qu'il donne une description de !'« île de Mont-Royal » et de ses produits, il ne parle pas de ses pommiers. Au cours d'un article sur « Le sucre d'érable », Benjamin Suite écrit encore : « Talon établit parmi nous des filatures, des brasseries, planta des arbres fruitiers, des pommiers surtout et sut diriger ces travaux scien- tifiquement. C'est ainsi peut-être que nous avons aujourd'hui la « pomme fameuse » de Montréal, prisée au-dessus de toutes les pommes de France ». Il nous semble alors évident que nos variétés de pommes les meil- La cueillette des pommes. leures : la St-Laurent, la grise et surtout celle surnommée « la fa- meuse » sont le résultat d'une culture savante dans un excellent milieu. Eh bien ! c'est bizarre. Terre des plus propices pour la culture des pommes, l'île de Montréal attendait patiemment, depuis des siècles, le jour où l'on déposerait dans son sein le petit pépin qu'elle nourrirait, ferait croître et produire au-delà des espérances les plus optimistes. Oh ! la « Fameuse » la bien nommée ! On l'a promenée de marché en marché, d'exposition en exposition, et partout elle a conquis le premier rang, partout sa « chair d'un blanc de neige, sucrée, tendre et déUcieuse » a obtenu la faveur des gourmets. Nos horticulteurs l'ont envoyé, un jour, dans son pays d'origine, la terre classique de la pomme, Dour la comparer avec ses sœurs ARBRES ET ARBUSTES. 105 d'outre-mer et leur faire voir ce qu'était devenue, au Canada, cette descendante d'une même famille. Elle fut conviée aux fêtes agro- nomiques de la pomme, en France, et la petite canadienne remporta le grand prix d'honneur du concours de 1884. Les Français n'en revenaient pas ! La Normandie était battue. Les poètes le chantèrent et l'un d'eux, Célestin-Aimé Prêt, commen- çait une longue poésie par ces strophes dithyrambiques : Beau fruit qui, vers l'automne et par le flot amer. Nous vient des verts paj's que caressent la mer Et des grands lacs l'onde écumeuse. Douce pomme, toi qui — chacun sait ton renom — Portes dans tout le nord d'Amérique le nom Si bien mérité de « fameuse » ! Là-bas, dans les vergers qui ceignent Montréal De couronnes de fleurs, aux jours de Floréal, — Fleurs de pommiers roses et blanches, — Au cœur de la corolle où tu dormais encor As-tu parfois oui le chant aux notes d'or Dans la sombre épaisseur des branches ?... Le verger est une chose admirable. Pour s'en rendre compte il faut y avoir fait une promenade au printemps et à l'automne ; il faut avoir vu ... le pommier que l'aube arrose S'épanouh- dans sa candeur, devenir un immense bouquet de fleurs ; il faut avoir assisté à la chute lente et molle des pétales fanés, à l'époque de la floraison ; il faut avoir contemplé l'arbre après la fructification, alors que les branches ploient sous la charge des fruits joHs et savoureux qui rougeoient au sein de la feuillée verte ; il faut avoir écouté le bruit mât de leur chute lorsqu'ils se détachent du rameau pour choir dans la corbeille des herbes épaisses qui couvrent le sol. Il fut un temps où Montréal fut le paradis de la pomme. S. E. Dawson écrit quelque part, dans une page que je résume ainsi : « En faisant halte, avec sa nombreuse armée, près du fort de la montagne, située sur le coteau nord de notre ville, le général Am- herst vit toute la surface qui s'étendait devant lui jusqu'aux forti- fications de Montréal, couverte de champs de maïs, de « vergers » et d'arbustes. » Hélas 1 nos beaux vergers ! ils s'efl'acent rapidement devant la marée montante des habitations. Le « plus grand Montréal » va les faire disparaître et bientôt la « fameuse » ne sera plus qu'un sou- venir du passé, si l'on ne fait pas un ellort pour la conserver, ce qui 106 CENT FLEURS DE MON HERBIER. serait facile, car il est admis, aujourd'hui, qu'elle peut venir partout, dans notre province, du moins au sud des Laurentides. Ne perdons pas la fameuse ! Ajoutons qu'elle est bien vue à la table royale. On raconte même, que le roi Edouard VII, alors qu'il était « prince de Galles fit planter dans son verger de Sandringham une cinquantaine de jeunes pom- miers de fameuse. Ces pommiers ont réussi là-bas, mais il manque à leurs fruits, cette belle couleur et ce goût spécial que leur communique notre terroir ». Aussi notre souverain s'en fait-il venir tous les ans de Montréal. Quand aux propriétés médicinales de la pomme en général, voici ce que nous lisons dans un journal d'outre-mer : « Chacun sait qu'il n'est rien de meilleur que de manger une pomme bien mûre avant de se coucher, et cela ne peut faire aucun mal, même à un estomac délicat. La pomme est un excellent aliment pour le cerveau, parce qu'elle contient plus d'acide phosphorique en élé- ments assimilables que n'importe quel autre fruit. Elle stimule les sécrétions du foie, elle provoque un sommeil profond et salutaire et est un excellent désinfectant de la bouche. Mais ce n'est pas tout : elle prévient aussi les indigestions et les diverses maladies de la gorge ; enfin, on en fait un thé déUcieux ». Dans le langage des fleurs, le pommier signifie : préférence. N'est-ce pas bien trouvé ? LES LILAS. Famille des oléinées. — Lilas commun, Syringa vulgaris. — Lilas de Perse, Sy- ringa Persica. — Juin. Aspirons à loisir le vent qui nous apporte Comme un vague parfum de lilas embaumés ! Louis Fréchette. Une fois, dans un journal de Paris, Jean Richepin célébrait les splendeurs d'avril, par cette phrase harmonieusement ciselée : « C'est le mois des Ulas, des lilas jolis, des lilas fleuris, des lilas fleurant le miel, des lilas couleur de ciel, couleur du ciel à l'heure où les nuages sont encore azurés par la nuit qui s'en va et sont déjà rosés par l'aube qui vient, en sorte que cet azur et ce rose se fondent en une délicate et tendre nuance de liquide améthyste ; c'est le mois des hlas fleuris fleurant le miel ». En notre pays le lilas ne fleurit qu'au mois de juin, mais il n'en est pas moins joli et ne fleure pas moins bon. ARBRES ET ARBUSTES. 107 Ce n'est pas un arbrisseau indigène. Il est exotique pour nous, comme pour la France, comme pour tous les pays de l'Europe et de l'Amérique, du reste, puisqu'il est originaire de la Perse et de l'Asie. Il aurait été introduit d'abord en Allemagne par Busbecq, ambassadeur de Ferdinand l^^ auprès de Soliman II, en 1562. Il était si gracieux et son odeur si agréable, qu'il se répandit bientôt dans tous les pays civilisés. De fait, cet Le lilas de Perse. arbrisseau est très débonnaire et il s'acclimate partout, ce qui n'est pas un mince mérite pour une plante de sa valeur. Son nom latin sijringa lui vient de syrix, qui veut dire chalumeau, parce que, autrefois, l'on se servait de ses branches vidées de leur moelle pour fabriquer cet instrument. Le lilas fait partie des oléinées, qui renferment le frêne et surtout l'olivier (olea), genre type de cette tamille. Les espèces les plus connues et les plus aimées en notre pays sont le lilas commun et le Hlas de Perse. Les feuilles de lilas sont remar- quables pour leur amertume et l'on dit que ses fruits font un excellent fébrifuge. Dans le langage des fleurs, chaque variété a sa signification. Ainsi, 108 CENT FLEURS DE MON HERBIER. le lilas commun veut dire : émotion d'amour ; le lilas blanc : jeunesse ou innocents désirs ; le lilas jaune; inquiétude, et le lilas rose : vanité. Le lilas ne compte certes que des amis ; son aspect est si beau et son parfum si suave, qu'il faudrait vraiment être dénué de bon sens pour le détester. Aussi bien, le voit-on partout dans les jardins des campagnes et des villes. Pour nous, nous faisons souvent le rêve d'une maisonnette entourée de lilas, ce qui nous permettrait de dire après François Coppée : Je vois fleurir, assis à ma fenêtre. L'humble lilas de mon petit jardin, Et son subtil arôme qui pénètre Vient jusqu'à moi dans le vent du matin... Au jardin vert, couleur de l'espérance. Fleuris longtemps, frêle et charmant lilas !... Ce mot « lilas » ne peut no s venir à l'esprit sans é oquer tout un cortège de jours ensoleillés, alors que s'est accompli le réveil de la terre et qu'un soufïle aromal passe dans l'atmosphère... Le lilas, c'est pour nous le printemps, la jeunesse Avec tout son arôme et toute son ivresse Qui semblent éternels sous le ciel ra5'onnant... W. Chapman. Nous nous rappelons encore certain songe que nous avons fait au temps où une afïection sérieuse força l'entrée de notre cœur. Oh 1 combien poétique était ce songe, et comme il est bien resté là, gravé dans notre souvenance. Nous nous promenions avec elle, l'aimée, dans un immense jardin planté de lilas de toutes les variétés : bleus, blancs, violets, jaunes et roses. Le soleil couchant s'affaissait peu à peu dans les nuages aux couleurs rutilantes, et ses rayons d'or pâli frappaient la tête des charmants arbrisseaux dont les rameaux étaient chargés de panicules fleuris. Un vent léger secouait les branches et faisait pleuvoir des fleurettes. Le gazon en était tapissé, l'air était embaumé de leur haleine. Et nous marchions silencieusement dans cet idéal jardin, foulant des corolles sous une avalanche de corolles, pendant qu'en nos cœurs s'épanouissait la fleur d'amour. ARBRES ET ARBUSTES. 109 AUBEPINES OU SENELLIERS. Famille des pomacées. — Aubépine à ergot de coq, Cratœgus crusgalli. — Aubé- pine tomenteuse, Crutagus iomenlosa. — Arbrisseaux de 10 à 20 pieds. Fruits rou- ges. Taillis, bords des fossés. Mai-juin. (Provancher.) Aubépine. L'aubépine fraîche éclose Pare les bords du chemin. Parfume l'air qu on respire, Et son éclat semble dire : Dieu sur nous étend la main I (Anonyme.) Aubépine est un nom gracieux et le nom nous faisait aimer la fleur avant de la connaître. Quand nous étions petit bonhomme, nous prenions un « plaisir extrême » à la lecture des contes en image d'Épinal et nous enviions le sort des fées, des enchanteurs, des princes et des princesses qui se paraient de roses et d'aubépines, à propos de tout et à propos de rien. Nous regrettions que l'on n)en eût pas, en ce pays. Plus tard, nous lisions que l'aubépine est la fleur du mois de Marie 110 CENT FLEURS DE MON HERBIER. et de Jeanne d'Arc, et que, dans les campagnes de France, on en coupait des bouquets chaque jour du mois de mai pour décorer les autels de la madone, et cela augmentait notre peine de ne voir rien de tel ici. Pour sûr, nous disions-nous, si nous avions cette plante nous aurions conservé cette charmante coutume, et nos autels auraient été couverts du « blanc frimas de ses fleurs ». Cela nous attristait pour notre pays. Et quelle ne fut pas notre surprise, lorsque le hasard nous apprit que nous avions des aubépines, mais q .'elles se cachaient sous un nom populaire des moins poétiques : Senelliers ou Cenelliers. Ce terme était d'un usage courant en France, autrefois, et nos pères ne pouvaient autrement que de l'adopter. Les Anglais la nomment : Thorn, Hawthorn, Cock spur, et les Fran- çais : Pommettier rouge, pommettier blanc, aubépine, épine blanche, bois de mai. Noël et Chapsal écrivent que le peuple dit aussi « noble épine » par corruption. L'aubépine est une proche parente du pommier. Son fruit charnu est agréable dans certaines espèces, mais il est petit. C'est un tort. Ses fleurs en corymbe, blanches et odorantes, sont d'autant plus gen- tilles, du moins à Montréal, qu'elles sont au nombre des premières à nous annoncer le retour des beaux jours. L'aubépine est en fleurs au joli mois de mai ; Partout sur les buissons s'étend sa neige blanche. Comme un voile léger, doucement parfumé. Cachant les nids craintifs blottis sous chaque branche. Marie-andrée. Nous en avons cinq ou six espèces, ici, mais les plus communes sont celles que nous avons nommées en tête de cette monographie. Au point de vue pratique, Provancher nous donne les renseigne- ments suivants : « Leur bois dur, rougâtre et compacte, sert dans la menuiserie, la gravure, les petites pièces de mécanisme, etc., mais c'est surtout pour la plantation des haies vives que les aubépines sont recherchées ». Autrefois, l'on a cru que l'odeur de l'aubépine faisait gâter le pois- son. Les Romains, moins prosaïques, « pensaient que l'aubépine avait le pouvoir de combattre les maléfices. Au jour de l'hyménée, ils en décoraient leurs maisons, et les jeunes filles offraient à la fiancée une corbeille remplie de cette charmante fleur. Dans quelques pro- vinces de France, on avait coutume, au moyen âge, d'attacher un bouquet d'aubépine au berceau du nouveau-né ». Toutes ces croyances sont oubliées aujourd'hui. Seul, le langage des fleurs, lui a conservé l'emblème de l'espérance et du courage. ARBRES ET ARBUSTES. 111 LE CHÊNE. Famille des cupulifères. — Chêne blanc, Quercus alba. — Chêne étoile, Quercus stellata. — Chêne rouge, Quercus rubra. — Mai. (Provancher.) Par la magnifique hyperbole qui termine la fable le Chêne et le Roseau, (Celui de qui la tête au ciel était voisine. Et dont les pieds touchaient à l'empire des morts). l'immortel La Fontaine nous a vivement fait sentir la puissance et la majesté de cet arbre qui, depuis des centaines d'années, a mérité d'être appelé le roi des forêts européennes. Tellement nombreux sont les écrits de toutes sortes qui lui ont été consacrés par les poètes, les prosateurs et les savants, qu'il ne nous reste qu'à compiler et à coordonner les extraits de leurs études pour faire cette monographie. Les anciens, dit Mme de Neuville, croyaient que le chêne, né avec la terre, avait offert aux premiers hommes la nourriture et l'abri : aussi fut-il de tout temps en vénération parmi les peuples. Les païens, le regardant comme le plus noble des arbres, l'avaient con- sacré au plus puissant des dieux, Jupiter CapitoUn, dont il avait ombragé le berceau, en Arcadie, sur le mont Lycée. Suivant les traditions de la mythologie grecque, les chênes étaient le séjour des Hamadryades et des Dryades, nymphes qui protégeaient les forêts. En Épire, la forêt de Dodone jouissait alors d'une grande célébrité par ses chênes sacrés et les oracle? qu'ils rendaient. Des prêtresses interprétaient ces oracles, soit par le moyen du chant des colombes cachées dans le feuillage, ou par le bruissement de leurs branches. Les vainqueurs des jeux olympiques recevaient pour prix de leur adresse, de leur courage et de leur force, une couronne de feuilles de cet arbre. A Rome, on en tressait des couronnes civiques pour servir de témoignage à la bravoure des soldats. On couronnait aussi de chêne ceux qui avaient conservé la vie à des citoyens. Chez les Goths, le chêne était l'arbre de la force et de la victoire. Il est évident que c'est dans les Gaules que le chêne fut surtout un objet d'admiration, de respect et de crainte. Nous en avons la preuve dans l'étymologie de ses noms français et latin, qui sont tous deux d'origine celtique. Chêne vient de cen ou chen, beau, en sous-entendant wen, arbre, et quercus, de kaïr et quez : bel arbre. Les Celtes rendaient le culte divin au chêne et en faisaient l'embl me de l'hospitalité. Il couvrait les mystères des adorateurs d'Odin et de Teutatès, et leurs prêtres, les Druides, armés de la serpe d'or, y allaient détacher une fois l'an, au sixième jour de la lune de décembre, 112 CENT FLEURS DE MON HERBIER. le gui de chêne, plante parasite qui s'attache à cet arbre ; ensuite, ils plongeaient la branche dans l'eau lustrale, en criant : Au gui l'an neuf I Dans. son recueil des chansons populaires du Canada, M. Ernest GagnonTnous a raconté au long l'histoire de cette cérémonie, dont un de nos chants, la Guignolée, qui nous vient de France, est un sou- venir direct. Le fruit du chêne, le gland, a une saveur tantôt amère, tantôt if*. *'"'■'."» agréable, selon l'espèce qui le produit. Dans certaines contrées, on le donne en nourriture aux pourceaux. Avant que la culture des céréales fût aussi développée qu'elle l'est de nos jours, les glands doux servaient à l'alimentation des pauvres. On dit même que les Espagnols les mangent grillés comme des châtaignes. Mgr Kneipp a fréquemment recommandé le café de gland ; il lui reconnaissait de grandes « qualités hygiéniques et alimenteuses ». Bien que le chêne soit un arbre des chmats tempérés et qu'on ne le trouve sous les tropiques que sur les montagnes élevées, nous n'en avons ici que quelques espèces ; elles atteignent rarement plus de 80 pieds de hauteur et trois à quatre pieds de diamètre, tandis ARBRES ET ARBUSTES. 113 qu'aux États-Unis, et en Europe surtout, ces arbres prennent des proportions phénoménales. Des auteurs, notamment Pline, parlent de chênes mesurant plus de trente pieds de tour ; d'autres vont plus loin et nous citent de ces colosses dont le tronc avait trente pieds de diamètre et cent trente pieds d'élévation. Étant donné que le chêne croît avec une extrême lenteur, on peut se faire une idée de l'âge prodigieux de ces énormes végétaux. De fait, il est prouvé que des chênes ont vécu pendant des siècles. Dans son numéro de septembre 1898, le Strand Magazine, de Londres, reproduit une série de photographies de chênes historiques plusieurs fois centenaires, et qui paraissent encore en assez « bonne santé » pour supposer qu'ils verront naître et disparaître nombre de géné- rations humaines. Leur longévité extraordinaire leur a permis de rappeler pendant longtemps de touchants souvenirs. Qui n'a entendu parler du célèbre chêne de Vincennes, qui ombrageait saint Louis rendant la justice ? En Angleterre on montre encore le Par- liarnent Oak, sous lequel Edouard I, en 1282, assembla ses barons pour leur demander de l'aider à soumettre les Gallois, et à Shrews- bury, le chêne sous lequel Charles II se réfugia après sa défaite à Worchester, en 1651, etc. Son bois est solide et durable. Il est excellent pour le chauffage et recherché surtout pour la charpente et les constructions navales, l'ébénisterie, le charronnage et la menuiserie. Son écorce fournit le tan, employé pour la préparation des cuirs ; elle possède de plus des propriétés médicales qui en font un des succédanés du quinquina. Ses principes astringents font encore qu'à l'extérieur elle peut rendre de nombreux services. C'est sur les bourgeons du chêne ou sur ses jeunes branches qu'on recueille aussi ces excroissances nommées noix de galle et utilisées dans le commerce pour faire des encres et des teintures noires. Enfin, c'est d'une espèce de chêne, le quercus suber, que nous vient le liège dont les nombreux usages sont connus de tous. Et lorsqu'on songe que ces colosses si puissants durant leur vie, si utiles après leur mort, naissent d'un petit gland, on reste confondu. C'est ce qu'exprime Lamartine, dans sa superbe poésie « le Chêne », qui commence ainsi : Voilà ce chêne solitaire Dont le rocher est couronné : Parlez à ce tronc séculaire. Demandez comment il est né. Un gland tombe de l'arbre et roule sur la terre ; L'aigle à la serre avide, en quittant les vallons, COlB 114 CENT FLEURS DE MON HERBIER. S'en saisit en jouant et l'emporte à son aire. Pour aiguiser le bec à ses jeunes aiglons ; Bientôt du nid désert qu'emporte la tempête Il roule confondu dans les débris mouvants. Et sur la roche nue un grain de sable arrête Celui qui doit un jour rompre l'aile des vents. SUMAC VENENEUX, HERBE A LA PUCE. Famille des térébinthacées. — Sumac vénéneux, Rlms toxicodendron. — Lieux sablonneux, ombragés et humides. Juin. (Provancher.) « L'herbe à la puce » est un petit arbrisseau de un à trois pieds, de bonne apparence, et ses petites fleurs rosées en grappes paniculées sont même gracieuses. Elle n'est cependant pas aussi commune que l'on pense, parce que l'apocyn et la symphorine qui lui ressemblent beaucoup, font pen- ser qu'on la rencontre à chaque instant tandis qu'il n'en est rien. Le sumac vénéneux (rhus toxicodendron) est originaire de l'Amé- rique du Nord et il a la réputation d'être un des végétaux les plus délétères que l'on connaisse. C'est bien le cas de dire que les espèces dans les genres des plantes sont comme les enfants de certaines fa- milles : les uns sont bons, les autres méchants. Ainsi, dans le genre sumac, nous avons le sumac amarante et le sumac glabre, dont les fruits servent à faire des liqueurs agréables, tandis que le sumac vernis et le sumac vénéneux renferment tous deux un poison qui peut causer de graves désordres. Écoutons le savant Provancher : « Le sumac vénéneux, de même que le sumac vernis, contient dans toute/, ses parties un suc blanchâtre résineux, très acre, renfermant un principe vénéneux d'une extrême subtilité. Les émanations qui s'échappent de ces plantes occasion- nent souvent des accidents assez graves. Il suffît parfois de s'ex- poser seulement un instant à ces émanations, même sans toucher la plante pour se voir, au bout de 48 heures, la figure, les mains et souvent tout le corps, couverts de petites ampoules ou pustules, accompagnées d'une inflammation de la peau considérable et très douloureuse. On dit que c'est au soleil et au miheu de l'été que ces émanations sont le plus à craindre. Grand nombre de personnes, toutefois, traitent de chimériques les craintes qu'elles voient témoigner à la rencontre de « l'herbe à puce » et n'ajoutent aucune foi à sa ma- lignité. Nous savons que pour nous-mêmes, nous en avons mainte et mainte fois foulé aux pieds, froissé dans nos mains et mis dans notre bouche, sans jamais en ressentir le moindre effet. Mais les ARBRES ET ARBUSTES. 115 médecins peuvent sans doute nous dire sur cela, comme à l'égard des maladies épidémiques, que le virus de la maladie qu'occasionnent les émanations de cette plante peut prendre sur une personne et non sur une autre, la chose dépendant des dispositions particulières de la personne, qui peuvent la rendre plus ou moins capable de ré- sister à l'influence pernicieuse à laquelle elle se trouve exposée ». Sumac vénéneux. Mme Traill, dans ses études sur les plantes du Canada, nous ra- conte aussi qu'elle en a cueilli plusieurs fois et qu'elle n'en a ressenti aucun mal. Les botanistes sont peut-être réfractaires à cette ma- ladie ! N'importe, pour la satisfaction de tous, nous signalons, en ter- 116 CENT FLEURS DE MON HERBIER. minant, un remède in/iqué par l'abbé Moyen, pour guérir ce mal bizarre. « On arrête le progrès du mal si l'on a soin, dés le principe, de laver les organes atteints avec de l'eau contenant de l'acétate de plomb ou sucre de plomb ». AMPELOPSIDE, VIGNE VIERGE. Famille des ampelidées. — Ampélopside, vigne vierge, Vitis quinquefoUa. — Fleurs peu apparentes, verdâtres. Terrains frais. Juillet. La vigne vierge tapisse de verdure les anciennes tours, et, dans l'automne, son feuillage d'or et de pourpre semble fixer sur leurs flancs rembrunis les riches couleurs du soleil couchant. Bernardin de Saint-Pierre. Ampélopside, vigne vierge. Vous avez vu dans les plus beaux quartiers de Montréal, et dans les environs de la grande métropole, des maisons couvertes d'un manteau de feuillage sombre, ou bien des vérandas abritées sous un rideau de verdure d'un effet joli. Dans la plupart des cas, c'est l'ampélopside vigne vierge, ou plus simplement, la vierge qui le fournit. Cette plante grimpante, proche parente de nos autres vignes et dont la tige peut atteindre 40 à 50 pieds de longueur, a la faculté de s'accrocher partout. Ses vrilles qu'elle lance de tout côté se transforment à volonté selon qu'elles doivent s'enrouler autour d'un objet ou s'appliquer sur un mur. Dans ce dernier cas, leur extré- mité s'aplatit et forme une rondelle qui se colle sur les surfaces et y adhère fortement. Les feuilles de l'ampélopside sont réunies par cinq autour d'un même pétiole et prennent une teinte cramoisie à l'automne. Les fleurs, qui apparaissent en juin et juillet, sont verdâtres, peu appa- ARBRES ET ARBUSTES. 117 rentes, ce qui fait croire aux profanes que cette vigne ne fleurit ja- mais. Les fruits sont acides, d'un bleu foncé et encore plus petits que des pois. Comme la vigne vierge est d'une culture facile, ceux qui ont à couvrir des tonnelles ou des murs n'ont qu'à le vouloir pour satis- faire leur désir. En entremêlant des liserons, des belles de jours ou certaines variétés de roses grimpantes on corrige la « sombreiur » de son apparence. Les feuilles de ces espèces étant d'une tent e plus claire, leurs fleurs étant plus considérables et de couleurs plus voyantes, ressortent admirablement sur ce fond et jettent sur l'en- semble une note gaie que l'on apprécie davantage. Ampélopside vient d'« ampelos » : vigne, et « opsis » apparence : c'est-à-dire plante ressemblant à la vigne. Cette plante est une de celles que Philippe Cornut (1606-1651) décrit dans son ouvrage : Canadensium, Planiarum, aliarumque nondum editariurn, Hisloria. Paris, 1635, in-4to. Cornut ne semble pas être vu au Canada, et il a décrit nos plantes d'après les espèces qu'il a observé dans les jardins de Pierre Morin et de Jean etVespasien Robin, lesquels cultivaient en France des végétaux qui leur avaient été apportés d'ici. LA VIGNE SAUVAGE. Famille des ampelidées. —Vigne à feuilles cordifonnes, Vitis cordifolia. — Vigne des rivages, Vitis riparia. « A la découverte du Canada, lorsque Jacques-Cartier monta le fleuve Saint-Laurent, en 1535, avec son équipage, à bord de la petite et de la grande Hermine, il aborda une île solitaire, sur laquelle on remarqua une si grande quantité de vignes sauvages qu'on lui donna le nom de r« Isle Bacchus », aujourd'hui appelée « Ile d'Orléans ». « C'était au mois de septembre, l'un des plus beaux mois clima- tériques de l'année, au Canada, que cette île devait recevoir la visite inattendue d'Européens enchantés à la vue de ce vignoble de la na- ture, dont les vignes courbées sous le poids de leurs fruits déjà mûris par les premières gelées de l'automne, allaient être saisies par des mains étrangères pour la première fois. » Entre autres choses, nous voyons là un fait qui afTirme pour toujours que cette vigne n'a pas été importée et qu'elle est vraiment indigène ». Les lignes qui précèdent sont extraites d'une petite brochure qui porte pour titre : Traité sur la culture du raisin sauvage, par Arthur 118 CENT FLEURS DE MON HERBIER. Desfossés et qui a été publiée, en 1889. Dans ce traité, l'auteur a voulu démontrer que notre vigne canadienne est « susceptible de » devenir l'une des grandes ressources du pays ». L'ouvrage nous paraît bien fait au point de vue pratique et si nos compatriotes n'é- taient pas si routiniers et si apathiques, il est certain qu'il aurait dû contribuer au développement de cette culture. M. le docteur Eugène Dick, le romancier connu, a, de son côté, publié une série d'articles sur ce sujet, dans V Électeur, de l'année Vigr.e sauvage. 1889, sans réussir à réveiller nos paysans de leur torpeur. Il fau- drait semer cette idée dans les écoles et la faire germer parmi les jeunes générations. Ce serait peut-être le seul moyen d'arriver à un résultat quelconque, mais il n'entre pas dans notre but de déve- lopper cette question, et nous nous bornons à la signaler. Les abbés Provanclier et Moyen, dans leurs flores, nomment et décrivent la vigne à feuilles cordiformes ou la vigne des rivages et la vigne à feuilles cotonneuses comme les deux seules espèces indi- gènes. Ce qui nous intrigue, c'est que ni l'un ni l'autre ne se don- ARBRES ET ARBUSTES. 119 nent la peine de nous dire qu'on peut en faire du vin. Pourtant, il est bien certain que ces deux espèces ont une valeur marchande comme fruits de table et pour la fabrication du vin. Longtemps après la découverte de Jacques-Cartier, Pierre Bou- cher écrivait (1664) : « Il y a aussi abondance de vignes sauvages qui portent des raisins : le grain n'en est pas si gros que celuy de nos vignes de France, ny les grapes si fournies ; mais je croy que si elles estoient cultivées, elles ne différeraient en rien : le raisin en est un peu acre, et fait de gros vin, qui tache beaucoup, et qui d'ordinaire est meilleur un an après que l'année qu'il est fait ». Il avait prévu juste en partie. C'est de la vigne à feuilles cotonneuses qu'on est arrivé, par la culture, à produire les variétés Catawba, Isabella, etc., qui sont d'un grand rapport, au sud d'Ontario, Pour- quoi, n'arriverait-on pas, avec le temps, à améhorer la vigne à feuil- les cordiformes ? Jusqu'ici, on a négligé la culture de la vigne, dans la province de Québec, parce qu'elle n'avait pas le temps de mûrir ses fruits avant les froids, mais voici qui est consolant : « Notre vigne sauvage a l'avantage sur les autres vignes de ne pas redouter les gelées précoces de nos automnes ; au contraire, sa supériorité sur l'autre vigne consiste en ce que la maturité de son fruit n'est complétée que par ces pre- mières gelées que l'on craint tant pour les vignes étrangères dans les autres pays ». (Desfossés). Les Anglais ont bien saisi cette particularité, puisqu'ils lui ont donné le nom populaire de h Frost grape », Si Bernardin de St-Pierre avait connu ce fait, il n'eut pas man- qué de le consigner dans ses « Études de la nature » où il a voulu faire voir les harmonies qui existent entre les plantes et les éléments. Notre devoir est d'être reconnaissant envers la divine Providence qui nous a fait un si beau cadeau, et nous devrions le témoigner en cultivant la vigne qu'elle nous a destinée. D'ailleurs, elle est si peu exigeante ! Donnez-lui vos terrains pierreux, vos ravins et vos coteaux, elle s'en contentera. Et bientôt, vous respirerez en juin, l'odeur suave de sa fleur verdâtre qui rappelle le parfum du réséda, vous cueillerez en octobre ses petites baies bleu foncé, rendues agréa- l)les par la rude caresse du froid, et vous aurez un fruit de vente facile, à bon prix, que nos ménagères convertiront en d'excellentes confitures ou en un bon petit vin. Que de terrains d'une culture diflicile pourraient ainsi devenir aisément utiles ? Quelle richesse ne serait-ce pas pour notre pro- vince ? Mais nous nous apercevons que nous allons plus loin que nous le voulons. Libre à vous, si votre curiosité est piquée, de faire un pas de plus et d'en essayer la culture. 120 CENT FLEURS DE MON HERBIER. LES CONIFÈRES. Les arbres résineux sont par excellence les grands végétaux des régions froides, car c'est durant l'hiver qu'ils nous apparaissent su- perbes et victorieux au milieu des plaines enlinceuillées ou des forêts dénudées par la froidure. Parfois, ils nous représentent les sentinelles d'un camp endormi ; nous nous imaginons qu'ils annoncent que tout n'est pas mort dans le sein de la nature et qu'ils sont les signes d'espérance d'un prochain retour à la vie. Cependant, ils n'en sont pas moins beaux l'été, car ils savent choi- sir les lieux qui leur permettront de déployer tous leurs moyens. Dédaigneux des rases plaines, ils ont une prédilection pour s'éche- lonner sur le bord des ravins et des précipices, pour garnir les pentes abruptes et les caps hautains, pour franger la crête des montagnes. La forme élancée et pyramidale de la plupart des conifères, leur feuillage persistant et d'un vert sombre les rend propre à remplir ces rôles avec avantage. Leur bois est généralement léger, résineux et flexible. Il est fort employé dans les constructions civiles et navales. Ces arbres pro- duisent aussi le brai, la poix, le goudron, et la térébenthine. Leurs bourgeons ont des propriétés médicinales très appréciées. De plus, ils sont une source de richesse nouvelle pour le pays, car ce sont eux qui fournissent la pulpe à papier dont la fabrication fait surgir dans notre province des villes importantes dans l'espace de quelques mois. La famille des conifères tire son nom de la forme conique de ses fruits. Elle fait partie ou plutôt forme la classe des gymnospermes, c'est-à-dire des végétaux dont les organes reproducteurs n'ont pas d'enveloppes florales, et dont les ovules sont en communication di- recte avec le pollen. Cette famille renferme un grand nombre de genres et d'espèces que l'on rencontre presque exclusivement dans la zone tempérée de l'hémisphère boréale. Toutefois, nous ne parlerons, dans les pages suivantes, que des espèces les plus remarquables de la province de Québec. ARBRES ET ARBUSTES. 121 LES PINS. ... Le pin, dont la tête se mêle Aux blancheurs de la nue, arbre aimé de Cybèle, Depuis que son écorce emprisonna la chair Du bel Atis, et pris l'enfant qui lui fut cher. T. DE Banville. Les espèces principales de ce genre, ici, sont le pin blanc du Ca- nada (pinus alba canadens's), et le pin rouge (pinus rupestris). Pin blanc. Le pin blanc est l'espèce la plus commune en cette province. Il est très employé dans la mâture des bâtiments et dans la menui- serie. Le pin rouge produit la résine. C'est aussi un bon bois de cons- truction. Nous avons encore le pin des rochers, ou pin gris, dont les cônes sont recherchés pour la fabrication d'une tisane contre les mauvais rhumes. « Le pollen des Pins, dit Grimard, est extrêmement abondant, et, quand le vent soufTle avec violence, il enlève et emporte au loin de véritables nuages de poussière jaune qui couvrent de grandes 122 CENT FLEURS DE MON HERBIER. étendues de terrain, phénomène que l'on a souvent décrit sous le nom de pluie de soufjre ». L'un de nos plus talentueux poètes, M. Gonzalve Desaulniers, a consacré aux pins une poésie vraiment inspirée, dont nous citerons quelques quatrains : O pins ! énormes fûts, titans des forêts vierges. Vous qui dressez vos fronts dans l'air superbement, La terre est votre autel et vous êtes les cierges Qui la nimbez sans fin de votre verdoiement... Que novembre se voile ou qu'avril étincelle. L'air s'imprègne de vos arômes infinis ; Vous jetez les senteurs que votre ombre recèle L'automne, dans la brise, et l'été, dans les nids. Quand la pâle clarté du jour qui se dérobe. Estompe à l'horizon vos troncs audacieux. On croirait que du pied vous écrasez le globe. Et, que de votre front vous étayez les cieux... LES SAPINS. Les sapins élevaient, de distance en distance Leurs cônes ondoyants d'où tombaient les parfums. Pamphile Lemay. Le sapin bauinier ou sapin blanc (abies balsamea) est souvent utilisé dans la culture ornementale. La térébenthine qu'il produit porte en Europe le nom de Baume du Canada ou Baume de Giléad. Provancher dit que le bois du sapin est employé dans la confec- tion des instruments de musique, violons, guitares, etc., parce qu'il favorise la sonorité. On assure encore que ce bois se conserve très bien dans l'eau. « C'est avec du sapin que les Hollandais ont construit leurs fameuses digues qui les préservent de l'invasion de l'océan ». C'est à ce genre de plantes qu'appartient le cèdre du Liban, dont nos lecteurs ont sans doute rencontré le nom bien des fois dans la Bible ou l'Histoire Sainte. Le sapin d'Amérique ou sapin rouge (abies americana) est de taille plus élevée que le précédent. C'est de lui probablement que Ber- nardin de Saint-Pierre a dit : « Le sapin s'élève dans les forêts du nord, comme une haute pyra- mide d'un vert sombre et immobile ». Enfin, au jour de Pâques fleuries, le dimanche des Rameaux, il ARBRES ET ARBUSTES. 123 fournit, en ce pays, ses branches odorantes aux fidèles qui les font bénir et les conservent précieusement. Sapin bauniicr. La gomme de sapin a la réputation de hâter la guérison des plaies à l'extérieur et de guérir les rhumes à l'intérieur, lorsqu'on la prend en sirop. 124 CENT FLEURS DE MON HERBIER. LA PRUCHE. La Pruche du Canada (Tsuga canadensis) appelée Hemlock par les Anglais, a un bois mou et pesant de peu de valeur. Cependant, Pruche. il a la « propriété de ne pas se détériorer lorsqu'il est sous le sol ». On en fabrique des traverses de chemin de fer, des lattes, etc., etc. Son écorce est d'un usage général dans le tannage des cuirs. ARBRES ET ARBUSTES. 125 LES EPINETTES. Quel sylphe peint De ce charmant vert véronèse Les jeunes bourgeons du mélèzel... Nérée Beauchemin. Mélèze d'Amérique. Le mélèze d'Amérique (larix americana), bien connu sous le nom d'épinette rouge, est le seul arbre conifère, dit-on, dont les feuilles tombent l'hiver et se renouvellent chaque année. Les Anglais le nomment Tamarack. Cet arbre a la réputation de vivre longtemps. La Revue Horticole, de 1854, parle d'un mélèze de 576 ans. L'épinette rouge est un bel arbre d'ornement. Son « bois pesant et fort durable est très estimé dans les constructions navales, surtout pour les courbes ». L'Épinette noire (picea nigrd) que l'on nomme encore vulgairement 126 CENT FLEURS DE MON HERBIER. épinette jaune et grosse épinette, a un « bois léger, fort et élastique, très employé dans les constructions ». C'est avec les jeunes pous- ses de cette espèce que l'on fabriquait autrefois la fameuse bière d'épinette ou petite bière. L'épinette blanche (picea albd) ou petite épinette, est employée dans la menuiserie. D'où vient ce mot : épinette ? Les Français disent : sapinette, qui est un diminutif de sapin, et nous croyons que c'est là l'origine de notre mot. De sapinette à épinette, le chemin n'est pas long. LE THUYA OU CEDRE. Cèdre Blanc. Le Thuya d'occident (Thuia occidcntalis), appelé vulgairement ARBRES ET ARBUSTES. 127 arbre de vie en France où on ne le connaît que depuis François I®^, porte au Canada, les noms de Cèdre, Balais, ou Cèdre blanc. Son bois léger, durable, a une odeur aromatique pénétrante, très agréable. Il est employé dans la construction, mais surtout pour Lîalais. les clôtures et les bardeaux. Les extr'.' mités des branches de cèdre, servaient autrefois à faire les balais des ménagères du pays et c'est de cet usage que lui vient un de ses noms populaires. « Les feuilles broyées avec du saindoux, écrit Provancher, forment un excellent onguent contre les rhumatismes ». Il croît au fond des ruisseaux et au bord des rivières. =\ Calendrier de la Flore de la Province de Québec. Clématite verticillée (mai). MARS. j Gainier du Canada (avril). AVRIL. Arabette lyrée (mai). Andromède caliculée (mai). Aulne rouge. Bouleau à papier. Bouleau à feuilles de peuplier. Claytonie de la Virginie (mai). Clavalier à feuilles de frêne (mai). Diclytrie en cornet (mai). Dentaire à deux feuilles (mai). Dentaire lacinié (mai). Drave printanière (mai). Dorine d'Amérique (mai). Dirca des marais (mai). Érable à fruits laineux (mai). Érable rouge (mai). Fraisier du Canada (mai). " de table (mai). Grassette commune (mai). Hépatite à trois lobes (mal). Laiche épaisse (mai). " pédonculée (mai). " de Pennsylvanie (mai). " plantain (mai). Lespédézie violette (sept). Anémone des bois. Ancolie du Canada. Actée rouge. " blanche. Arabette lisse. Amélanchier du Canada. Aubépine à ergot de coq (juin). Aubépine ponctuée (juin). " tomenteuse (juin). Marronnier Pavier (mai). Négondo (mai). Orme d'Amérique. " roux (mai). Ostryer de Virginie (mai). Podophylle pelté. Pissenlit dent-de-lion (nov.) Peuplier faux tremble (mai). Paturin annuel (mai). Prunier d'Amérique (mai). Renoncule fasciculée (mai). Rhodora du Canada (mai). Sanguinaire du Can. (mai). Saule blanchâtre. " humble. " discolor (mai). " à feuilles d'apalanche (mai). " gris (mai). Symplocarpe fétide. Vesce de la Caroline (mai). " multiflore (juin). Violette pédalée (mai). " à feuilles sagittées (mai). MAI. Archangélique noire pourprée (juin). Aralie à tige nue. Antennaire à feuilles de plantain. Airelle du Canada. " de Pennsylvanie. " gazonneusc. Arctostaphylos raisin d'ours (juin). Aulne vert. Azalée visqueuse (juin). CALENDRIER DE LA FLORE DE LA PROVINCE DE QUÉBEC. 129 MAI. — Suite. Asaret du Canada (juin). Aplectrum d'hiver. Ail du Canada (juin). Bouleau merisier. " noir. " nain. " bas. Coplide à 3 feuilles. Corj'dalis fîlauque (août). dorée (août). Cordaminc des prés. Céraiste à feuilles oblongues (août). Céraiste des champs (août). " commun (sept). Chicot du Canada (juin). Cerisier de Virginie. " tardif (juin). " du Canada. " nain. Cornouillier du Canada (juin). blanc (juin). Chèvrefeuille à petites fleurs (juin). Chèvrefeuille du Canada (juin). Chèvrefeuille à fruits bleus (juin). Chiogène hispide (juin). Chataire lierre-terrestre. Caryer amer. " blanc. " tomenteux. Chêne blanc. " étoile. " rouge. Comptonia à feuilles d'aspiénie. Cypripède arictaire. " acaule. " blanc. Diclytrie du Canada. Dravc des murailles (juin). Dierville du Canada (juin). Érable à sucre. " rouge. " jaspé ou de Pennsj'lvanie (juin). " à épi (juin). Épigée rampante (juin). Euphorbe des bois (juin). Euphrasie oflicinale (juin). Épinette noire. " blanche. Erylhronc d'Amérique. Frêne d'Amérique. " pubescent. " à feuilles de sureau. 9 Flouve odorante. Géranium robertin (sept.). Gesse maritime (juillet). Groseillier à 3 fleurs (juin). Gadelier de la Floride (juin). Gaillet gratteron (juin). Grémil des champs (juin). Genévrier commun. " de Virginie. Gouet triphylle (juin). Hippuride commune (juin). Hydrastc du Canada (juin). Hudsonia tomentcuse. Hédyotis ciliée (juillet). Houque boréale. If du Canada. Kalmia glauque. Léontice pigamoïde. ] Lamier amplexicaule (nov). Listère faux muguet (juin). Luzule champêtre (juin). " poilue. Linaigrette alpine (juin). Laiche polytrique. " pauciflore. " de Wildenovius. " faux Vulpin. Laiche porte-têtes, " rosée. " à rhizome traçant. " très grêle. " blanchâtre. " étoilée (juin). " jaune paille. " hirsute. " verdâtre. " de Bux baum. " gentille. " faux millet. " faible. " commune (juin). " dressée (juin). " crépue (juin). " à fruits globuleux. " à fruits en bouteille. " cylindrique (juin). " à fruits vésiculeux (juin). " subulée. " gonflée. " éprouvée. " laineuse (juin). " niiforme. 601 B 130 CENT FLEURS DE MON HERBIER. MAI. — Suite. Laiche en ombelle. " variée. " pubescente. " scabre (juin). " arrosée (juin). " jaune. " d'Œder. " conique. " à fleurs lâches. " granuleuse. " des bois. " d'ivoire. " capillaire. " à tige aplatie. Magnolia acuminée. Mitrelle à deux feuilles. Ménianthe trèfle d'eau (juin). Myosotis des marais (août). " des champs (juillet). Micocoulier occidental. Mouron des oiseaux. Myrique gale. Mélèze d'Amérique. Némophante du Canada (juin). Nerprun à feuilles d'aulne (juin). Nardosmi des frimas. " palmée. Noyer cendré. Oxalide cornue (oct.). Osmorhize à longs styles. " à styles courts (juin). Orchis brillant (juin). Oryzopsis du Canada. " à feuilles rudes. Pigamon dioïque. Populage des marais. Polygala à fleurs pourpres. PotenUUe du Canada (août). " délicate (juin). Poirier à feuilles d'arbousier (juin). Pommier commun. Primevère du lac Mistassini (juil.). Phlox du Canada. Plantain à feuilles lancéolées (oct.). Peuplier à grandes dents. " du Canada. " baumier. Pin blanc du Canada. " rouge. " des rochers. Pruche du Canada. Paturin des prés (juin). Paturin flexueux. Renoncule avortée (juin). " couchée (juil.). Rose brillante (juin). " agréable. Ronce triflore. " d'Amérique (juin). " du Canada. " hispidc. Ronce velue. Renouée aviculaire (oct.). Rumex aigu. Sagine couchée (juil.). Spargoute des champs (août). Spargulaire rouge (nov.). Stellaire intermédiaire. Sabline droite (juin). Staphylier à feuilles ternées. Sorbier d'Amérique (juin). Saxifrage de Virginie (juin). " de Pennsylvanie (juin). Sureau de montagne. Séneçon commun (sept.). doré (août). Shépherdie du Canada. Saule brillant (juin). " noir (juin). " jaune (juin). " à éperon (juin). " à feuilles cordées. " à feuilles étroites. " à longues feuilles. " à fruits stipités. " rampant. " raisin d'ours. Sapin baumier. " d'Amérique. Smilacine à grappes (juin). " en étoile (juin). " à 3 feuilles. " à 2 feuilles. Tulipier de Virginie. Thapsie cordée. Trèfle rampant (oct.). " couché (sept.). Tiarclle à feuilles en cœur. Tussilage pas d'âne. Trientale d'Amérique (juin). Trille à fruit rouge (juin). " dressée. " penchée. Uvulaire à feuilles sessiles. CALENDRIER DE LA FLORE DE LA PROVINCE DE QUÉBEC. 131 MAI. — Suite. Uvulaire perfoliée. " à grandes fleurs. Violette à feuilles cucullées. " de Selkirk. " à feuilles palmées. " blanche. " du Canada (juil.). " jaune (juin). " rostrée. " striée (juin). " de Muhlenberg (juin). Viorne obier (juin). " à feuilles de Lantana. " à feuilles de prunier. Vergerolle à feuilles de pâquerette (juin). Véronique ofTicinale (juil.) " k feuilles de serpolet (août). " voyageuse (juin). " rustique (sept). " des champs (sept). Waldsteinie faux fraisier (juin). JUIN. Anémone de Pennsylvanie (juil.). Anémone à petites fleurs. Arabette du Canada. " hérissée. " des rochers. Apalanche verticlllé (juil.). Astragale du Canada (août). du Labrador (jull.V Archangélique officinale. Achillée mille-feuille (oct.). Airelle corymbifère. " ponctuée. Andromède à feuilles de polium. Apocyn à feuilles d'antrosème (juil.). Aralie hispide. Aréthuse bulbeuse. Asclépiade à feuilles de phytolaque. Asclépiade quaternée. Acorus aromatique (juil.). Agrostis blanche (juil.). à fleurs lâches. Baptisie blanche (juil.). Benoite du Canada (juil.). à grandes feuilles (juil.). jaune (août). " des ruisseaux (juil.). " à 3 fleurs. Bardane commune. Blite en tête (juil.). Bermudienne ancipitée (juil.). Bermudienne mucronéc Brome des champs (juil.). Cresson des marais (août). Cardamine velue. Célastre grimpant. Céanothe d'Amérique. Comaret des marais (juil.) Circée des Parisiens (juil.). Cryptoténie du Canada (juil.). Cornouiller à fruits bleus. " à feuilles arrondies. Coriîouill r à feuilles alternes. " paniculé. Chèvrefeuille velu. Chardon lancéolé (sept.). Canneberge à gros fruits. des marais. Chimaphile maculée (juil.). Cuscute densiflore. Castilléja écarlate. Comandra à ombelle. Calypso boréale. Cypripède pubescent. Canche flexueuse. " gazonnante (juil.). Céraiste visqueux (août). Dryade à 8 pétales. Dantonie en épi. Dactyle pelotonné. Dalibarde rampante (juil.). Euphorbe réveille-matin (juil.). Euphorbe à feuilles obtuses (juil.). Fusain d'Amérique (juil.). Fétuque des prés. Gesse des chasseurs (juil.). " à fleurs jaune pâle (juil). Gillénic trifoliée (juil.). Groseillier des lacs. " ronce de chien. " fausse épine. Gadelier rouge. Gadelier couché. Ginseng à 3 feuilles. Gaillet à 3 fleurs. " triflde (juil.). " fausse-aspérulc. 132 CENT FLEURS DE MON HERBIER. JUIN. - Suite. Gaulthéria couchée (sept.)- Grémil blanchâtre. " velu. Glycérie nervée. (juil.). nottante (août). " à fleurs aiguës. Hédyotis à longues feuilles (juil.). Hydrocotyle d'Amérique (août). Hydrophylle du Canada (juil.). Hydrophylle de Virginie. Hélonias dioïque. Houque laineuse. Iris versicolore. Iris de Virginie. Igname velue (juil.). Isnardie des marais (nov.). Julienne des dames. Jonc épais (juil.). Jonc de la mer Baltique. " grêle (juil.). " des crapauds. Kalmia à feuilles étroites. Keulérie tronquée. Lis d'eau (sept.). Lis jaune des étangs (août). Lis de Philadelphie. Lépidie de Virginie (oct.). " à feuilles étroites (juillet). Ligustique d'Ecosse. " à feuilles d'actée. Linnée boréale. Lédon des marais. Lysimaque à 4 feuilles. Lilas de Perse. Liseron droit. Lycopside des champs. Linaire élatine (sept.). " du Canada (sept.) Liparide à feuilles de lis. " de Lœsel. Laiche dioïque. " grêle. " à panicule grêle. " décomposée. " de Dewey. " à balai (juil.). " à crête (juil.). " de Liddon. " très agréable. " dorée. " des rochers. " aquatique (juil.). " à fruits à long bec. Laiche lupuline. " folliculée. " rostrée. " des porcs-épics. " faux-souchet. " plumeuse. " à fruits barbus. " des vases. " livide. " des lacs. Listère cordé (juil.). Luzule à fruits noirs. Lenticule prolifère. " mineure (sept.). " à plusieurs racines (sept.). Linaigrette engainée (juil.). Ménisperme du Canada. Mauve à feuilles rondes (oct.). Millepertuis perforé (juil.). " corymbifère (juil.). Marronnier d'Inde. Mélilot officinal. Mitrelle nue. Monotrope uniflore (août). Molène commune (août). Menthe du Canada (juil.). Monarde didyme (juil.). Microstyle langue de serpent. Millet étalé. Muguet boréal. Nénuphar de Kalm (sept.). Naumburgia à fleurs de thyrse (juil.). Oxalide oseille. " droite (octobre). Onagre commune (août). " à fleurs d'or (juil.). " naine. Orobanche uniflore. Orchis à feuilles obtuses (juil.). Orchis de Hooper (juil.). " hyperboréal (juil.). " dilaté (jufl.). " jaune. " à feuilles rondes. " à grandes fleurs. Pigamon du Canada (juil.). Polanisie odorante (août). Polygala verticillé (août), polygame (juil.). " tridentée (jufl.). " argentée (sept.). Poten tille frutescente (août). " ansérine (sept.). CALENDRIER DE LA FLORE DE LA PROVINCE DE QUÉBEC. 133 JUIN. Proscrpine des marais (août). Panais commun. Perdisquc rampante. Pyrole à feuilles rondes. " elliptique (juil.). " unilatérale (juil.). " à style court. " uniflore (juil.). Primevère farineuse (juil.). Pédiculaire du Canada (juil.). Plantain à feuilles cordées (juil.). Pogonie langue de serpent. Potamot brillant. Panic à larges feuilles (août). " jaune. " brillant. Paturin commun (juil.). " des marais (juil.). " des bois (juil.). " lâche (juil.). Pourpier potager (août). Quérie du Canada (août). Renoncule flammette (août). " cymbalaire (août). " rampante (août). " scélérate (août). " à tige courte (juil.). " à feuilles rhombées. " acre (oct.). " de Pennsyl. (août). " à calice recourbé (juil.). Rossolis à longues feuilles (août). Renouée hastée (juil.). Rumex crépu (juil.). Rupestrine pubescente (juil.). Ronce odorante (août). " mûrier (juil.). " élancée (juil-). " du nord. Sénevé des champs (août). Sysimbre officinal (sept.). Silénée acaule. .Stellaire à longs nédicelles (août). Stellaire à longues feuilles (juil.). Stellaire boréale (juil.). Sabline latériflore (juil.). Sumac amarante, glabre, vernis, vénéneux. Sainfoin du Nord (juil.). Spirée à feuilles d'obier. — Suite. Saxifrage à feuilles opposées. " faux aizoon (juil.). Sanicle du Canada. Sureau du Canada (juil.). Spéculaire perfolié (juil.). Saule herbacé. Spiranthe gracieuse. " à grandes feuilles (juil.). Smilace à feuilles rondes. " herbacé (juil.). Sceau de Salomon multiflore. Streptope rose. " à feuilles embrassantes. Trolle d'Amérique. Tourette glabre. " à fruit court. Thlaspi des champs (juil.). " alpestre. " bourse à pasteur (sept). Tilleul d'Amérique. Trèfle des champs (août). " des prés (sept.) " incarnat (juil.). Téphrosic de Virginie (juil.). Thapsie barbinode. Trioste perfolié. Trille à grande fleur. Trichochloa capillaire. Trisète purpurine. " des marais. Utriculairc commune. " subulée. " cornue. Vigne des rivages. " à feuilles cotonneuses. Vesce d'Amérique. " à 4 graines (juil.) Viorne nue. " à manchettes. " dentée. " pubtscenle. " à feuilles d'érable. " pauciflore. Valériane ciliée. Vergcrolle de Philadelphie (août), annuelle (août). " rugueuse (oct.). Véronique mouron (juil.). " à écusson (août). Vulpin aristé (août). Zizia dorée. 134 CENT FLEURS DE MON HERBIER. JUILLET. Anémone de Virginie. " multifide. Ampélopside vigne vierge. Amphicarpée monoïque (sept.). Apios tubéreux (août). Aigremoine eupatoire. Aralie à feuilles en grappe. Astère blanche. Ambrosie à feuilles d'armoise (août). Armoise commune (oct.). Apocyn clianvrin (août). Ansérine des villes. " rouge. " blanche (sept.). Asclépiade de Cornut (août). " incarnate. " verticillée. Agripaume cardiaque (août). Acérate à fleurs vertes. Amarante blanche (août). Agrostis commune. " scabre. Alisma plantain. Brasénie peltée. Baptisie des teinturiers (sept.) Barbarée commune (sept.). " précoce (sept.). Berle à feuilles étroites (août). " à larges feuilles (août). Brunelle commune (août). Berce laineuse (août). Boltonie à feuilles de gaude (sept.). Bardanette hérissée. Brome du Canada. " des seigles. Clématite de Virginie (août). Chélidoine (oct.). Cresson flottant. " des lacs. Caméline sativa (août). Caquillier maritime (août). Circée des Alpes. Cicutaire maculée (août). Ciguë tachetée. Céphalanthe occidentale (août). Camomille des champs. " puante (oct.). Chrysanthème leucanthème (sept.). Chardon discolore (sept.). " mutique (sept.). " des champs (août). Chicorée sauvage (sept.). Campanule du Canada (août). " épineuse (août). Chiraaphille en ombelle (août). Coqueret visqueux. Chataire commune. Callitriche printanière. Gladier marisque (août). Cynoglosse officinale (août). " de Morrisson. Calla des marais. Calapogon élégant. Corallorhize printanière (août). Corallorhize multiflore (sept.). Cypripède remarquable. Choin blanc (août). " aggloméré (août). " brun. Calamagrostis du Canada. " à panicule contractée (août). Chiendent commun (août). Drave blanchâtre. Desmodie paniculée. " acuminée. " à fleurs nues. Dicliptère d'Amérique (août). Élode de Virginie (sept.). Epilobe en épi (août). " coloré (sept.). Eupatoire maculé (sept.). " fistuleux (sept.) Epervière veinée (août). Épiphège de Virginie (sept.). Épiaire des bois (août). " âpre (août). Euphorbe pétaloïde (août). " à feuilles de millepertuis. Éléocharide des marais (août). Eléocharide obtuse. " aciculaire (août). Élyme du Canada (août). Fétuque grêle. Froment des chiens. " à épis laineux. Géranium de la Caroline. Gesse à feuilles de myrte (août). Gesse des marais (août). Gaura bisannuelle. Ginseng à 5 feuilles. Gaillet fausse-Circée. " boréal. Gnaphale des vases (sept). CALENDRIER DE LA FLORE DE LA PROVINCE DE QUÉBEC. 135 JUILLET. — Su (7e. Grémil officinal. Grcniil à feuilles étroites. Gratiole de Virginie (août). Gérardie pourpre. Galéopside tétrahit. Gerniandrée du Canada (août). Glycérie du Canada. " allongée. " pâle. " aquatique. Gymnostique hérisson. Haricot vivace (août). Hélianthe à grandes feuilles, (sept). Hélianthe divariquée (sept.). Isnardie à feuilles alternes (sept.). Ivraie vivace. Jusquiame noire. Jonc filiforme. " bulbeux (août). Keulérie à crêtes. Léchéa majeure, (août). Lychnide apétale. " alpine. " nielle. Lin de Virginie. " vivace. Lespédézie à fleurs en têtes (sept.). Lampsane commune (août). Lobélie gonflée (août). Lysimaque effilée. " ciliée. " hybride. Liseron des haies (août). Linaire commune (sept.). Lycope de Virginie (août). Lis du Canada. " superbe. Leptanthe à feuilles graminées. Laiche saline. " oligospherne. Linaigrette à plusieurs épis. " de Virginie (août). " gracieuse (août). Mollugine verticillée (sept.). Millepertuis du Canada (août). .Millepertuis petit (août). en balai (août). " elliptique. Mertensia maritime. Mimule riiigent (août). Mélampyre des prés. Menthe verte (août). " poivrée (août). Mélisse clinopode (août). Mélilot blanc. Monarde fistuleuse (août). Marrube commune (août). Médéole de Virginie. Massette à larges feuilles. Muhlenbergia dressée (août). Myriophylle verticillée (août). " hétérophylle (sept.). Nymphéa odorante (sept.). Orobante d'Amérique. Ortie du Canada. " grêle (août). Orchis à feuilles orbiculaires. " vert (août). " à labelle cilié (août). " à labelle lacéré. " fimbrié. Oxyrie digyne. Orge agréable. Pigamon des montagnes. Parnassie de la Caroline (août). Phaque astragaline (oct.). Potentille de Norvège. Penthorum fauxorpin (sept.). Polymnie du Canada (août). Pyrole jaunâtre. Pycnanthème blanchâtre. Pontédérie à feuilles cordées. Plantain à grandes feuilles (oct.) Plantain moyen (sept.). " maritime. Potamot perfolié (août). " comprimé. " pauciflore. " nageant. " à feuilles variées (août). " flottant (août). " à longs pédoncules (août). Phléole des prés. " alpine. Phalaris roseau. Panic clandestin (sept.) " fausse agrostis. Phragmite commun (août). Paturin comprimé (août). Renoncule alliée (août). " flottante. " aquatique (août). Rossolis à feuilles rondes (août). Rossolis à feuilles linéaires (août). Rose de la Caroline. Rhinanthe mineure. 136 CENT FLEURS DE MON HERBIER. JUILLET. - Suite. Renouée douce. " de Virginie (août). " vivipare. " sagittée (sept.). Rumex orseille (août). " sanguin. " britannique. " à feuilles obtuses (août). Sarracénie pourpre (août). Sisymbre parviflore. " blanchâtre. Silenée stellée. " gonflée. Sagine noueuse. Sabline artique (sept.). Sumac à feuilles de lentisque. Sanguisorbe du Canada (sept.). Spirée cotonneuse. " à feuilles de saule (août). Salicaire commune (août). " ailée (août). Saxifrage aizoon. Samole de Valérandi. Scrofulaire noueuse. Scutellaire en casque (août). " lateriflore (août). Sagittaire flèche d'eau. Souchet élancé (sept.). Souchet recourbé (sept.). " spathacé (août). Scirpe gazonnant. " triquêtre (août). " des étangs. " des bois (août). " laineux (sept.). Spartine jonc (août). Sétaire verte (août). " glauque (août). " verticillée (août). Tourette touffue. Tipulaire discolore. Troscart des marais. Vélar giroflée (août). " lancéolé (août). Verge d'or bicolore (août). " odorante. Véronique de Virginie. " d'Amérique. Verveine paniculée. Verveine à feuilles d'ortie (août). Vipérine commune (août). Varâire vert. Vallisnérie d'Amérique (août). Vulpin genouillé. Zigadène glauque. Zannichelle des marais (août). AOUT. Astère corymbiforme. " lisse (oct.). " ponceau (sept.). " ericoïde (oct.) " tourmentée (oct.). " à feuilles humides. " à feuilles lâches (sept.). " acuminées. " des bois (oct.). " à ombelles (sept.). Ambrosie trifide (sept.). Armoise du Canada. Antennaire des jardins (oct.) Ammophile des sables. Bardane commune. Hident à feuilles tripartites. penché (oct.). faux clwysanthéme (oct.). Barbon à épis digités. Casse du Maryland. Cicutaire bulbifôre. Crève-yeux à feuilles d'épervière (sept.). Cuscute d'Amérique. Castilléja du Nord. Chanvre cultivé. Cinna roseau. Desmodie du Canada. " cultivée. Dasistome pédiculaire. Épilobe des marais. " des Alpes. " tétragone. Eupatoire pourpre (sept.). " perfolié. " agérate (sept.). Épervière du Canada. " rude (sept.). " de Gronovi (sept.). " paniculée (sept.). Eragrostis rampante. Elyme de Virginie. " à grosse tige. Gnaphale à feuilles décurrentes (sept.). Gnaphale polycéphale (sept.). CALENDRIER DE LA FLORE DE LA PROVINCE DE QUÉBEC. 137 AOUT. — Suite. Gentiane ocracée (sept.). " à crinière. Galanc glabre (sept.). Gratiolc dorée. Goudyera pubescent. " couché. Haricot à feuilles variables (oct.). Hcdyotis bleue (sept.). Hélianthe gigantesque (oct.). Hélianthe à 10 rayons. Hélcnie automnale (oct.). Hypopitys multiflore. Houblon commun. Hydrocharide spongieuse. Impatiente n'y touchez pas. " jaune. Jonc faux-scirpe (sept.). Ketmie des marais. Lespédézie poilue (sept.). Laitron lisse (sept.). " des champs (sept.). Lobélie en épi. " de Kalm. " de Dortmann. Liseron des champs. Léersie à fleurs de riz. " de Virginie (sept.). Millepertuis de Kalm. Mulgédie en épi (sept.). Muhlenbcrgia agglomérée, du Mexique. " d s bois. " de Willdenow. Morelle noire. Naïade du Canada. Ortie naine (sept.). Oplismène pied de coq (sept.). Orpin commun. Pavot à tige nue. Parnassie des marais. Prénanthc blanche. " très élevée. " à fleurs en grappes. Pédiculaire lancéolée (sept.). Pagonio pendante. Panic capillaire (sept.). " filiforme. " pourpré (oct.). Piptathère noir. Rudbeckie hérissée (sept.). " laciniée (sept.). Renouée dressée. " poivre d'eau. " persicaire. grimpante. Ricinelle de Virginie. Rubanier dressé. " nageant. Salicorne herbacée. Saurure penchée. Spirenthe penchée (oct.). Souchet jaunâtre (sept.). " diandre (sept.). " traçant. Scirpe maritime. Spartine cynosure (sept.). Sorgho changeant. Udore du Canada. Verge d'or lancéolée (oct.). " raboteuse (sept.). " à larges feuilles (sept.). " bleuâtre (oct.). " thyrsoïde (oct.). " étalée (sept.). " gigantesque (oct.). VergeroUe du Canada (nov.). Zizanie aquatique. SEPTEMBRE. Astère à grandes feuilles. " à feuilles cordées. " à feuilles sagittées. " simple. CoUinsonic du Canada (oct.). Euphorbe épurge. Gentiane saponaire (oct.). Hélianthe du Canada. Hélianthe tubéreuse. Hédéoma faux pouillot. Renouée amphibie (oct.). Verge d'or superbe. " toujours verte (oct. " des bois. OCTOBRE. Hamamelis de Virginie. :1 y W: % i y :W: i i i i i i i i i i i LISTE DES AUTEURS CITES ou PARTICULIÈREMENT CONSULTÉS. Nouveau manuel complet de botanique. M. Boitard, Paris, 1852, 1. vol. Principes de botanique élémentaire, par Flore Canadienne, par l'abbé L. Provancher, Québec, 1862, 2 vols. Traité élémentaire de botanique, par l'abbé L. Provancher, Québec, 1884, 2« édit., 1 vol. Botanique et physiologie végétale, par L.-F. Jehan, Tours, 1867, 1 vol. Précis d'histoire naturelle, par A. Milne-Edwards, Paris, G. Masson, 1889, 1 vol. Traité pratique de botanique, par Ed. Lambert, Paris, 1885, 1 vol. Cours élémentaire de botanique et flore du Canada, à l'usage des maisons d'éduca- tion, par l'abbé J. Moyen, S. S., 2« édit., revue par l'abbé A. Orban, S. S., Montréal 1885, 1 vol. Wild flowers of Canada, Montréal, 1 vol. Studies of plant life in Canada by Mrs. G. P. Traill, Ottawa, 1885, 1 vol. Manuel de l'herboriseur, par Ed. Grimard, Paris, 1 vol. Les Plantes vénéneuses, par Louis Duclos, Paris, br. Les Plantes suspectes de la France, par le Dr J.-P. des Vaulx, Paris, 1 vol. Les Remèdes des champs, herborisations pratiques, par le docteur SafTray, Paris, 1888, 2 vols. Études de la nature, par Bernardin de St-Pierre, 1 vol. Les Plantes de la Bible, par Mélanie Van Biervliet, Tournai, 1 vol. Voyage autour de mon jardin, par Alphonse Karr, Paris, 1 vol. Les Fleurs, par Alphonse Karr, Paris, 1 vol. Scènes de la nature dans les États-Unis et le nord de l'Amérique. Ouvrage traduit d'Audubon, par Eugène Bazin, Paris, 2 vois. Dict onnaire national de Bescherelle. Grand Dictionnaire Larousse. Grande Encyclopédie. Le Véritable langage des fleurs, par Mme Anaïs de Neuville, Paris, 1 vol. Nouveau langage des fleurs et des fruits, par Mlle C. Vatteau, Paris, 1 vol. L'Ancien et le nouveau langage des fleurs, Paris, 1 vol. La Voix des fleurs, par Mlle Clarisse Juranville, Paris, 1 vol. Le langage des fleurs, par Mlle E. Faucon, Paris, 1 vol. Cours élémentaire de botanique, par L. Mangin, Paris, 1895, 1 vol. Premiers éléments de sciences naturelles, J.-H. Fabre, Paris, 1891, 1 vol. Lectures scientifiques sur la botanique, J.-H. Fabre, Paris, 1881, 1 vol. Le Nouveau jardinier fleuriste, par Hippolj'te Langlois, Paris, 1883, 1 vol. TABLE DES MATIERES. Pages. Aux LECTEURS 13 Extraits de la préface des Monographies 15 Notions préliminaires 19 PLANTES AQUATIQUES ET DES LIEUX HUMIDES. La claytonie 22 L'Oignon sauvage 23 Les trilles 25 Hédyotis bleue 27 Les iris 29 La bermudienne 30 Le gaillet 31 Le liseron 33 La quenouille 34 Le nénuphar d'Amérique 35 La sagittaire 37 Le plantain d'eau 38 La galane 39 Les impatientes 41 PLANTES DES PRÉS ET DES BOIS. Les cypripèdes 43 Le muguet 45 La trientale 47 La fleur de mai 49 L'ancolie du Canada 50 La sanguinaire 52 Le fraisier 54 La marguerite 5.5 Les violettes 57 Le pissenlit 60 La chicorée sauvage 61 Le mouron des oiseaux 63 Le bouton d'or 64 La saponaire 66 Le plantain 68 L'anémone du Canada 69 L'euphorbe réveille-malin "71 L'onagre 72 Le coquelicot "73 L'herbe Saint-Jean ou armoise "75 Le mille-feuille ou herbe à dinde 11 La bardane "79 140 TABLE DES MATIÈRES. Page La chélidoine 80 La rudbeckie 82 La brunelle 83 Les renouées 84 Le monotrope 86 Le cotonnier ou asclépiade 87 L'airelle ou bleuet 88 Le sarrazin 89 Les trèfles, les mélilots et la vesce 91 Le sisymbre 94 La gaulthcrie ou le petit thé 95 ARBRES ET ARBUSTES. Le rosier et l'églantier 97 L'érable 100 Les pommiers 103 Les nias 106 L'aubépine ou senellier 109 Le chêne 111 Sumac vénéneux 114 Ampélopside vigne vierge 116 La vigne sauvage 117 Les conifères 120 Les pins 121 Les sapins 122 La pruche 124 Les épinettes 125 Le thuya ou cèdre 126 Calendrier de la flore de la province de Québec 128 Liste des auteurs cités 138 4 i g