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WEBSTER, N.Y. M580
(716) 872-4503
CIHM/ICMH
Microfiche
Séries.
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CIHM/ICMH Collection de microfiches.
Canadian Institute for Historical Microreproductions / Institut canadien de microreproductions historiques
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Technical and Bibliographie Notes/Notes techniques et bibliographiques
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HISTOIRE
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I
DES
CANADIENS
DU MICHIGAN
ET
DU COMTE D'ESSEX, Ontario
PAR
T. ST-PIERRE
MONTREAL : TYPOGRAPHIE DE LA "GAZETTE"
1895
18279%
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Enregistré conformément à l'acte du Parlement, en 1895, par
T. St-Pierre.
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PREFACE.
JE public ce livre pour remplir une promesse que je fis il y a quelques ainiëes devant plusieurs sociétés cana- diennes du Michigan. Cette promesse, donnée téméraire- ment, je l'exécute aussi bien que les circonstances me le permettent.
Ma tâche était de réunir en un seul ouvrage le récit des exploits et des travaux de nos compatriotes dans une région où ils ont continuellement exercé leur influence depuis plus de deux cent cinquante ans. Cette partie de notre histoire n'avait pas encore été l'objet d'aucune étude spéciale. Je me suis donc surtout efliorcé de faire con- naître les faits. De là une abondance de matière par suite de laquelle j'ai été obligé de couper court aux dissertations sur les mérites de nos compatriotes. Les faits parleront par eux-mêmes ; et la hardiesse, la grandeur et l'utilité de l'œuvre accomplie par les Canadiens apparaîtront évidentes à tous les yeux.
Je n'ai pas surchargé le tableau de belles couleurs ; on pourra peut-être même m'accuser d'avoir trop insister sur les défauts de nos ancêtres et sur les échecs qu'ils ont subis. J'ai voulu indiquer combien nous devons avoir confiance dans l'avenir, en faisant voir que ceux qui nous ont conquis un si beau patrimoine, nétaient pas des demi-dieux, mais des hommes exposés à toutes ces misères, dont nous sommes portés à exagérer l'importance aujourd'hui. La force de nos pères, c'est qu'ils furent des hommes de foi et de courage ; ils ne doutèrent jamais de la patrie ni de ses droits. Imitons-les en cela.
T. Saint-Pierre.
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TABLE DES MATIÈRES
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LES CANADIENS DU MICHIGAN.
CHAPITRE I.
LâS PREMIERS EXPLORATEURS.
C'est à Jean Nicolet que revient l'honneur d'avoir été le premier européen qui ait mis le pied sur le sol du Michigan. Originaire des environs de Cherbourg, Normandie, où les Nicolet sont encore fort nombreux, Jean Nicolet était venu au Canada en 1618, étant encore jeune. Il fut d'abord em- ployé par Champlain comme interprète ; puis, en 1620, il se rendit chez les Algonquins de l'Ottawa et du lac Nipis- sing, où il resta treize ans.
Ce long séjour parmi les Sauvages l'avait bien préparé pour les voyages d'exploration ; et en 1634 il fut désigné pour aller ouvrir des négociations avec les tribus de l'Ouest, qu'il rencontra à Green Bay. Dans ce voyage il dut explo- rer toute la côte sud de la péninsule supérieure du Michigan.
De retour au Canada, Nicolet s'établit à Trois-Rivières, où il vécut paisiblement pendant une dizaine d'années en- core. Il y rencontrait souvent des missionnaires de la Com- pagnie de Jésus, et il se pljiisait à leur raconter ses lointains voyages. '
Il n'en fallait pas davantage pour attirer sur l'Ouest l'at- tention de ces zélés apôtres. Le père Vimont, un de ceux qui avaient connu Nicolet à Trois-Rivières, devenu supé- rieur des missions du Canada, écrivait en France en 1640 :
' M. Benjamin Suite est l'historien qui s'est le plus occupé de Jean Nicolet ; ponr tout ce :im concerne cet explorateur voir ses ouvrages.
waaammmtÊtmm
2 LES CANADIENS DU MICHIOAN
" Mais je dirai on pasHant que non» avons de grandes pro- babilités qu'on peut descendre par le second grand lac des Hurons (le lac Michigan) et par les peuples que nous avons nommés dans cette mer (<lu Sud). Le sieur Nicolet qui a le plus avant pénétré dans ces ^ays si éloignés, m'a assuré que s'il eût vogué trois jours plus avant sur un grand fleuve qui sort de ce lac, qu'il aurait trouvé la mer ; or j'ai de fortes conjectures que c'est la mer qui répond au Nord de la nouvelle Mexique, et que de cette mer on aurait entrée vers le Japon et vers la Chine ; néanmoins, comme on ne sait pas où tire ce grand lac, ou cette mer douce, ce serait une entreprise d'aller découvrir ces contrées. Nos pères qui sont aux Hurons, invités par quelques Algonquins, sont sur le point de donner jusqu'à ces gens de l'autre mer dont j'ai parlé ci-dessus ; peut-être que ce voyage se réservera pour l'un de nous qui avons quelque petite connaissance de la langue algonquine." '
En réponse à l'invitation mentionnée par le P. Vimont, les PP. Raymbault et Jogues se rendirent au saut Sainte- Marie durant le mois d'août 1641. Ils y rencontrèrent plus de deux mille Sauvages. Les Sauteurs, tribu vivant dans les environs, les supplièrent de rester avec eux. " Nous vous embrasserons comme des frères," leur dirent-ils, " nous pr.^fiterons de vos paroles." Mais les missionnaires ne pou- vaient se rendre à cette demande ; il leur fallait passer continuellement de tribu en tribu, afin d'entretenir dans le cœur de ces catéchumènes inconstants les bonnes dispositions qu'ils y avaient fait naître. Cependant, avant de partir, ils firent ériger une grande croix en commémoration de leur visite.
Les Jésuites espéraient alors qu'ils seraient capables avant longtemps d'établir une mission sur le lac Supérieur. De terribles désastres vinrent déjouer leur espérance. Le père
> Vimont, Relation 1640.
LES PREMIERS EXPLORATEURS
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ire
Riiyinbuult mourut cjuelque temps après sa visite au saut Sainte-Marie, le père Jo^ues commenc/a cette série de péni- bles aventures qui se termiim par son martyre, ontin les missions huronnes, base de leurs opérations dans l'Ouest, furent eomi>lètement ruinées par les Iroquois.
Néanmoins, les bons Pères n'oublièrent pas l'Ouest et ses liabitants. L'auteur de la Relation de 1654 dit:
" Ils y sont en grand nombre et plus peuplés que n'ont été tous ces pays, dont plusieurs ont diverses langues qui nous sont inconinies ; taut-ils qu'ils connaissent Dieu et que nous leur annoncions quelque jour ses grandeurs.
" Un autre (père) dit que dans les îles du lac des gens de mer, (pie queî({ues-uns appellent mal-à-propos les Puants (la baie Verte), il y a cpiantité de peuples dont la langue a grand rapport avec l'algonquine ; qu'il n'y a que neuf jours de cbemin depuis ce grand lac jusqu'à la mer qui sépare l'Amérique de la Chine, et ciues'ilse trouvait une personne ({\n voulût envoyer trente Français dans ce pays-là, non- seulement on gagnerait beaucou}» d'âmes à Dieu, mais on retirerait encore un profit ([ui surpasserait les dépenses qu'on ferait pour l'entretien des Français qu'on y enverrait ; pource ([ue les meilleures pelleteries viennent plus abon- damment de ces <[uartierf là."
On voit que les missionnaires comptaient sur le commerce pour avancer les aifaires de la religion. En effet, c'est à l'esprit commercial que l'on doit la reprise des voyages dans l'Ouest.
Dans l'été de 1654 une nombreuse flotte de canots d'é- corce, portant plusieurs centaines d'Outaouas des bords du lac Michigan, parut devant les Trois-Rivières. Ces peuples entretenaient un commerce avec les tribus plus éloignées et ils apportaient aux Français les fruits de ce commerce et de leur propre chasse. L'arriv^ée des Outaouas, suivant M. Suite, prend l'importance d'un événement dans l'histoire
R^v^iiPPfiva
LES CANADIENS DU MICHIGAN
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(lu Canada. Ils (étaient en quelque sorte «les embannadours l'HVoyéH vers les Français pour lew inviter h t5tendro leurs opérations commerciales dans les lointaines région» au lac Michigan. C'est dire que cet événement devait [«réparer la colonisation des pays dont nous écrivons l'histoire.
Pour le moment, il ne se trouva «pie deux Français qui voulurent accepter l'invitation des Outaouas.
" Le 6ème jour d'août de l'aimée 1654," nous dit la Rela- tion de 1656, " deux jeunes Français pleins <le courage, ayant eu permission de Mons. le Gouverneur du pays de s'embarquer avec quelques-uns de ces peuples qui étaient descendus jusqu'à nos habitations françaises, firent un voyage de plus de cinq cents lieues sous la conduite de ces Argonautes
" Ces deux pèlerins pensaient bien revenir au printemps de l'an 1655 ; mais ces peuples ne les ont ramenés (jue sur la fin du mois d'août de cette année 1656. Leur arrivée a causé une joie universelle à tout le pays ; car ils étaient ac- compagnés de cinquante canots chargés de marchandises, que les Français vont chercher en ce bout du monde
" Ayant mis pied à terre au bruit étonnant des canons, et ayant bâti en un moment leurs maisons volantes, les Capitaines montèrent au fort St-Louis pour aller saluer Mons. notre Gouverneur, portant leur parole en la main ; c'étaient deux présents qui passent pour des paroles parmi ces peuples. L'un de ces deux présent ■ demandait des Français pour aller passer l'hiver en leur pays ; et l'autre demandait des Pères de notre Compagnie pour enseigner le chemin du Ciel à toutes les nations de ces grandes contrées. On leur répondit à leur mode, par des présents, leur accor- dant très volontiers tout ce qu'ils demandaient."
L'entente était parfaite ; tout le monde se réjouissait dans Québec ; les marchands songeaient à l'augmentation du commerce, les dévots au nombre d'âmes sauvées des ténè- bres éternellei, le gouverneur et l'intendant, un peu à tout
LES PREMIERS EXPLORATEURS
i;ela, oar tout celu signifiait l'extonsion de lu domination tranvai«e. La Joie fut de courte durée.
Une trentaine de Français, parmi leH(iuels les PP. Druil- lettes et Gareau, étaient partis avec les Outaouas. Mais, dégoûtés par la brutalité de ees barbares, la [ibipart aban- <lo!inî)rent l'expédition dès les premiers jours. Les mis- sionnaires cependant voulaient persévérer jusqu'à la fin. Ils comjttaient sans les terribles Iroquois (pii se présentëvent tout h coup sur le lac Saint-Pierre. Les Outaouas ne se virent pas plus tôt attacpiés qu'ils s'enfuirent pêle-mêle, laissant les Français h la merci des assaillants. Le përe Gareau fut blessé à mort, et ses compagnons durent renon- cer à toutes leurs espérances.
Trois ans plus tard, dans l'auti'.nne de 16ot^, derx Fran- çais à \r " • herclie d'aventures se rendirent su. le lac Supérieur. Durant l'hiver ils parc >ururent tous les pays environnants pour engager les Sauvages à descendra .\ Qué- bec le printemps suivant. Chemin faisant ils baptisaient les enfanta en danger de mort et expli(piuient les vérité.^ élémentaires du christianisme. Sur le bord d'une rivière du nord du Wisconsin ils retrouvèrent quelques débris de la nation huronne. Ces pauvres vaincus erraient depuis la dévastation de leur patrie par les Iroquois dans la crainte continuelle de trouver sur leur route leurs implacables en- nemis. Au printemps, soixante canots, portant près de trois cents Algonquins, prirent la route du Canada.
A Québec, les Sauvages demandèrent de nouveau des missionnaires. Les Jésuites n'hésitèrent pas à se rendre à leur demande. " Il est vrai," écrivaient les Pères, " que lo ehemin que nous sommes obligés de tenir est encore teint de notre sang, mais c'est ce sang qui nous augmente le
courage et la gloire qu'ont ceux qui sont morts pour
Jésus-Chriet en cette expédition nous rend jaloux plutôt que timides." '
Le père Ménard, un vieillard blanchi sous le joug, fut
6
LES CANADIENS DU MICHIGAN
choisi pour cette dure et périlleuse mission. ' René Ménard était né en 1604 ; et depuis 1640 il était employé dans les missions du Canada. Chez les Hurons il avait été le com- pagnon de Brébœuf, de Jogues et de Daniel, qui avaient depuis trouvé la couronne du martyre. Plus tard il avait travaillé à la conversion des farouches Iroquois. Il était h Trois-Rivières quand il apprit qu'il devait partir pour l'Ouest. Il eut un terrible pressentiment, et dans une lettre qu'il écrivit alors à un ami il disait :
" Je vous écris probablement le dernier mot, que je sou- haite être le sceau de notre amitié jusqu'à l'éternité
Nous avons été un peu sui'pris pour ne pouvoir pas nous pourvoir d'habits et d'autres choses ; mais Celui qui nourrit les petits oiseaux et habille les lys des champs, aura soin de ses serviteurs, et quand il nous arriverait de mourrir de mi- sëre, ce me serait un grand bonheur."
Il faut se rappeler que ces paroles touchantes ne venaient pas d'un jeune enthousiaste, mais d'un vieillard qui avait appris par une dure et longue expérience tout ce qu'il y avait de souffrances et de dangers dans un pareil voyage. Ménard savait qu'il aurait à vivre pendant des mois et des années dans un dénûment presque complet de toutes choses, exposé aux intempéries des saisons sous un climat rigou- reux, aux mauvais traitements et aux injures des peuples qu'il voulait convertir. Mais son sacrifice ét.ait fait depuis longtemps.
Le père Ménard, accompagné de huit autres Français, partit de Trois-Riviëres le 28 août 1660. Le Sauvage qui l'avait pris dans sou canot ne souffrit pas qu'il restât long- temps inactif. Durant tout ce voyage de trois cent lieues, le vieux missionnaire dut porter sa part des fardeaux ou manier l'aviron. Pour comble de malkeur, quand il fut ar- rivé au lac Supérieur un arbre en tombant brisa le canot
Relation de 1()60.
LES PREMIERS EXPLORATEURS
dans lequel il voyageait ; lui et troi» Sauvages, ses compa- gnons, se virent ainsi obligés d'attendre qu'un des rares passants eût pitié d'eux. Pendant six jours ils n'eurent pour touie nourriture que ce qu'ils purent tirer de la végé- tation chétive de ces parages. Le septième jour on vint les chercher pour les amener au rendez-vous de la tribu, sur une baie, du côté sud du lac Supérieur — probablement la baie Keweenaw.
Ici le père Ménard eut la consolation de célébrer la messe. Quelques âmes bien disposées à recevoir l'Evangile lui cau- sèrent de grandes jouissances. Il ne jugea pas à propos de baptiser plus d'une cinquantaine d'adultes, qu'il choisit parmi les plus pieux. " Je n'en ai pas voulu admettre un plus grand nombre," écrit-il, " me contentant de ceux que j'ai jugés devoir persévérer constamment dans la foi pendant mon absence."
Ménard, dans ses lettres, parle surtout de ses chers néo- phytes ; il ne dit que quelques mots des misères qu'il eut à endurer pendant l'hiver. En arrivant au campement des Sauvages, il s'était rendu chez un chef, " homme 8uperl)e et très vicieux," qui avait quatre ou cinq femmes. Ce potentat traita fort mal le pauvre missionnaire et enfin le chassa de sa cabane, l'obligeant à se construire une chaumière de branches de sapin. C'est dans ce réduit sylvain qu'il passa les longues et froides nuits de l'hiver. La nourriture four- nie par les Sauvages, indigents et peu charitables, n'était guère supérieure au logement.
Durant l'été suivant les Français firent meilleure chère. La chasse et la pêche leur fournissaient une nourriture pas- sable. Le deuxième hiver ils résolurent aussi de suivre les Sauvages à la pêche ; et bien que la tâche ne fût pas douce ni le produit abonuant, ils purent vivre un peu mieux (jue l'année précédente.
Cependant les Outaouas se montraient toujours, pour la plupart, très mal disposés à accepter îa religion dans la-
«
LES CANADIENS DU MICHIGAN
•quelle ils avaient eux-mêmes demandé d'être instruits. Ceci décida le p^re Ménard à se rendre chez une tribu huronne, établie à une centaine de lieues de l'endroit où il se trou- vait. Il savait qu'il trouverait dans cette tribu plusieurs anciens catéchumènes qui seraient heureux d'entendre la parole de Dieu. Cependant avant d'entreprendre le voyage, il envoya trois des Français qui l'accompagnaient pour ex- plorer le chemin et préparer les Hurons pour sa visite. Ces délégués rapportèrent qu'ils avaient bien trouvé les Hurons, mais que la famine était dans leur village et que c'était s'ex- poser à mourir de faim que d'y aller. Le père Ménard leur répondit : " Je ne saurais souffrir que des âmes périssent sous prétexte de conserver la vie du corps à un chétif homme que je suis." Il se mit en route le 11 juin 1662, accompa- gné d'un Français nommé Jean Guérin et de quelques Hurons. Ces derniers l'abandonnèrent à mi-chemin en di- sant qu'ils couraient avertir leurs gens pour revenir ensuite à sa rencontre. Le Père attendit une quinzaine de jours ; puis, voyant que les Hurons ne paraissaient pas et que ses vivres s'épuisaient, il résolut de pousser en avant. Un jour que Guérin était occupé à tramer leur canot d'une rivière à une autre, le père Ménard disparut subitement, et on ne le revit plus.
Il est probable que le vénérable apôtre fut rencontré par quelque Sauvage aff*amé qui l'assassina pour le dépouiller. On retrouva plus tard son sac entre les mains d'un Sauvage qui refusa d'en expliquer la provenance. ' Quoiqu'il en soit, le père Ménard mourut victime de son zèle pour le salut des âmes et on doit le classer parmi les martyrs du Canada.
Des Français qui vinrent au lac Supérieur avec le père Ménard, sept retournèrent au Canada en 1663. Le hui- tième, Jean Guérin, était mort vers la fin de l'année précé- dente. Il avait été pendant vingt ans un des serviteurs les plus dévoués des Jésuites.
' Relation de 1664 ; Perrot, Mémoires.
LES PREMIERS EXPLORATEURS
En face du résultat négatif de tous les sacrifices qu'ils avaient faits pour évangéliser les peuplades de l'Ouest, il était bien permis aux Jésuites de renoncer à leur entre- prise ; mais aucun obstacle ne pouvait les décourager, ni aucun péril les faire reculer. C'était l'œuvre de Dieu ; et ils s'estimaient heureux de pouvoir se sacrifier pour cette cause divine. On a dit que leur énergie aurait pu être em- ployée dans des champs plus fertiles ; on a regretté tant de sang, de h jeur dépensés sans résultats apparents. Mais le sang des martyrs n'a-t-il pas été de tous temps la semence de la foi ?
Mais n'esice pas la destinée humaine,
N'est-ce pas là toujours l'éternel phénomène Qui veut que tout s'enfunt^ et vienne dans les pleurs ? Le froment nait du sol que l'on déchire; le» fleurs 1*8 plus douces peut-être éclosent sur les tombas; L'Eglise a pris racine au fond des catacombes : Pas une œuvre où le doitrt divin s'est fait sentir, Qui n'ait un peu germé dans iesang d'un martyr 1
Des l'année 1664 la Compagnie de Jésus désigna le père Claude Allouez pour aller remplacer le père Ménard. Ce missionnaire était venu en Canada en 1658, étant alors âgé de 38. Il étudiait depuis six ans les langues sauvages quand il fut choisi pour les missions de l'Ouest.
Allouez partit sans retard pour Montréal où il devait re- joindre les Outaouas descendus pour la traite, mais quand il y arriva les Sauvages étaient déjà retournés dans leur pays. Il hiverna à Montréal, et vers la fin de juillet il eut le plai- sir de voir arriver, nous disent les fidèles Relations des Jésuites, " une centaine de canots des Outaouaks et de quelques autres Sauvages nos alliés, qui venaient des quar- tiers du Lac Supérieur, à quatre et cinq cents lieues d'ici, pour faire leur ^commerce ordinaire, et se fournir de leurs besoins, en nous donnant pour échange leurs peaux de Castor, qu'ils ont chez eux en très grande abondance."
Les Outaouas se hâtèrent de terminer leur traite ; et le 8
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LES CANADIENS DU MICHIGAN
août ils étaient prêts à retourner dans leur pays. Le père Allouez et six marchands déclarèrent alors leur intention de les accompagner. Les Sauvages consentirent aussitôt à amener les commerçants, mais ils ne voulaient pas d'Allouez ni d'aucun autre missionnaire ; ils les considéraient comme des gens inutiles et même comme des sorciers qui faisaient mourir leurs enfants par le baptême. Ce n'est qu'en les menaçant de la colère du gouverneur que le R. Père pût les faire consentir à l'amener. Aussi le traitèrent-ils comme un compagnon dont on veut se débarrasser.
Allouez nous dit, dans le récit qu'il a laissé de son voyage, que le diable n'ayant pas réussi à l'empêcher de monter, s'attaqua à une petite boîte contenant quelques médicaments qui devaient lui être d'une grand utilité. " Il plut à Dieu," ajoute-t-il, " de se servir du plus grand jongleur de ces quar- tiers, homme de six femmes, et d'une vie débordée, pour me la conserver. Il me la mit entre les mains lorsque je n'y pensais plus, me disant que le thériaque et quelques autres médicaments, avec les images qui étaient dedans, étaient autant de Manitous, ou de démons, qui le feraient périr s'il osait y toucher."
Le premier jour de septembre, la flottille arriva au saut Sainte-Marie. Ici le R. Père se sépara des Sauvages, et pendant un mois il explora la rive sud du lac Supérieur. Sur la baie Sainte-Thérèse, scène des travaux de Ménard, il trouva deux Sauvageeses qui " avaient toujours conservé la foi, et brillaient comme deux astres au milieu de la nuit universelle de cette infidélité."
Le premier octobre. Allouez arriva au rendez-vous des tribus, sur la baie Chegouamegon, où il établit la mission du Saint-Esprit. En cet endroit, il vint en contact avec presque tous les peuples de l'Ouest. Tout son temps était consacré à deux objets : recueillir des renseignements sur les régions encore inexplorées et inculquer quelques notions du chris- tianisme à ces peuples. Il obtint sur la géographie du pays
LES PREMIERS EXPLORATEURS
11
(le précieuses indications qui amenèrent plus tard la décou- verte du Mississipi ; mais ses travaux d'évangélisation n'eurent qu'un succès relatif. La polygamie, le libertinage et l'inconstance des Sauvages étaient des obstacles difficiles à vaincre.
Au mois d'août 1667 Allouez descendit à Montréal pour obtenir des secours. Son expérience lui avait démontré qu'il était nécessaire d'avoir sur les lieux plusieurs servi- teurs Français pour pourvoir aux besoins des missionnaires. Après un séjour de quarante-huit heures seulement, il reprit le chemin de ses missions, amenant avec lui le R. Père Nicolas et six engagés. A Montréal toutefois les Sauvages ne voulurent pas prendre plus d'un des engagés, de sorte que les autres durent attendre jusqu'à l'année suivante.
C'était là un fâcheux contretemps ; mais le momeni ap- prochait où Allouez aurait de nombreux compagnons. La lièvre de l'Ouest allait s'emparer de toute la Nouvelle- France. Jusqu'ici les missionnaires ' ont occupé presque tout le tableau, mais désormais nous allons voir les trai- teurs, l'intendant, le gouverneur et même le roi travailler, à leur manière, à développer les resources de ces contrées pour la plus grande gloire de la France et du christianisme.
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CHAriTRE II
LA FRANCE PREND POSSESSION DU MICHIGAN
Eu 1665 la Nouvelle-France, jusqu'alors négligée par les compagnies de traite qui s'étaient engagées à la coloniser, et troublée par les divisions qui existaient entre les auto- rités civiles et religieuses, reçut des renforts considérables tant de colons que de soldats, et, ce qui valait mieux encore, des administrateurs capables et désireux de remettre l'ordre dans les affaires et d'assurer la paix aux habitants. Le nou- vel intendant, Jean Talon, comprit que la colonie qui lui était confiée était susceptible de devenir l'un des plus beaux joyaux de la couronne de France. Prévoyant l'im- portance future des immenses régions de l'Ouest, il voulut en assurer la possession à sa patrie.
Le grand Colbert comprenait la valeur des colonies mieux que la plupart de ses contemporains ; pourtant il ne vit pa-j sans inquiétude les projets grandioses de son dis- ciple au Canada. Le 5 avril 1666 il écrivait à Talon :
" Le Roi a approuvé que vous ayez fait poser ses armes aux extrémités de l'étendue du Canada, et que vous vous prépariez en même temps à dresser aussi des procès-ver- baux de prise de possepsiion, parce que c'est toujours étendre sa souveraineté, ne doutant pas que vous n'ayez en cette occasion fait réflexion, avec M. de Tracy et les autres officiers, qu'il vaudrait mieux se restreindre à un espace de terre que la colonie sera elle-même en état de maintenir, que d'en embrasser une trop grande quantité, dont peut- être on serait un jour obligé d'abandonner une partie avec
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quelque diminution de la réputation de Sa Majesté et de cette couronne." '
Chaque génération depuis le dix-septiëme siëcle a produit des sages qui ont mis le peuple canadien en garde contre les dangers d'une trop grande extension, mais l'expérience n'a pas encore justifié leurs alarmes. La vieille France, dans un moment de faiblesse honteuse, nous a retiré la protection de son drapeau, mais nous sommes restés sur les territoires dont nous avions pris possession, poursuivant toujours notre mission. Talon était devenu Canadien en touchant le sol de la Nouvelle-France. Loin de se laisser détourner de ses projets par les conseils du ministre, il lui répondit quelque temps après qu'il allait continuer de faire apposer les armes du roi partout où cela serait possible, car il était convaincu que si la chose n'était pas utile pour le présent elle le serait pour l'avenir. Il ajoute que si ce n'est pas rendre les médailles du roi trop communes d'en donner à ceux qui s'illustrent par de grandes découvertes, il désire- rait en distribuer une douzaine à dea personnes pour les- quelles ces sortes de récompenses sont plus précieuses que l'argent.
Voici du reste comment Talon s'expliquait sur ses plans : " Ce pays," écrit-il dans un mémoire de 1670, " est disposé de manière que par le fleuve on peut remonter partout à la faveur des lacs. Ouvrant le chemin du Nord et du Sud, c'est par ce même fleuve qu'on peut espérer de trouver quelque jour l'ouverture au Mexique, et c'est aux premières de ces découvertes que nous avons envoyé M. de Courcelles et moi, M. de la Salle, qui a bien de la chaleur pour ces entreprises, tandis que, par Un autre endroit, j'ai fait partir le sieur de Saint-Lusson, pour pousser vers l'Ouest tant qu'il trouvera de quoi subsister, avec ordre de rechercher soigneusement, s'il y a par lacs ou par rivières quelque
' Margry, vol. I, pp. 77-78.
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communication avec la mer du Sud qui sépare ce continent de la Chine ; après cependant qu'il aura donné sa première application à la découverte des mines de cuivre qui tait le principal sujet de sa mission et qu'il aura vérifié les mémoires qui lui ont été remis à cet effet."
La recherche de mines de cuivre et d'argent était en effet le principal but des Français qui allaient vers les lacs Huron et Supérieur à cette époque, et celui qui se recommandait le mieux ;\ Colbert. Ce ministre écrivait à Talon en 1071 :
" La principale chose à laquelle vous devriez vous appli- (juer dans ces sortes de découvertes est de faire rechercher les mines de cuivre, ce qui serait un moyen assuré pour attirer plusieurs Français de l'ancienne dans la Nouvelle- France, si une tbis cette mine avait été trouvée et que l'utilité en fût sensible."
L'existence de ces mines de cuivre était connue depuis longtemps, par des morceaux du métal qui étaient tombés entre les mains des voyageurs qui avaient visité cette région. Le frère Gabriel Sagard, dans un livre publié à Paris en 1636, dit qu'il avait vu un lingot de cuivre dans les mains de l'interprète Etienne Brûlé et qu'il existait des mines susceptibles d'être exploitées avec profit. Pierre Boucher, dans son ouvrage sur la Nouvelle-France, parle aussi des mines du lac Supérieur et les Relations des Jésuites en font souvent mention après 1659.
Les missionnaires interrogeaient les Sauvages à chaque occasion pour savoir où se trouvaient les mines, mais ceux- ci évitaient soigneusement de répondre. Ils avaient une vénération superstitieuse pour le cuivre et craignaient d'of- fenser les dieux en le livrant aux Français. Cependant les Jésuites réussirent à mettre la main sur quelques gros mor- ceaux qui ne laissèrent pas de doute sur la pureté et l'abon- dance du métal. En 1670 les missionnaires du saut Sainte- Marie se servaient d'une enclume de cuivre qui pesait au delà de cent livres. Plus tard, un des Pères, qui avait été
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orfèvre, recueillit assez de ce métal pour en faire des» chan- deliers et autres ornements d'église.
En 1669 'es sieurs Joliet et Péré furent envoyé» par Talon pour reconnaître ces mines. Le roi n'en eut pas pour son argent, car les explorateurs se heurtèrent aux mêmes obstacles qu'avaient déjà rencontrés les mission- naires : ils ne purent engager les Sauvages à les aider dans leurs recherches. Dans sa lettre du 10 novembre 1670 Talon s'étonne de ne pas avoir reçu les " éclaircissements qu'il attendait du sieur Péré." Cet homme ne lui écrit, dit-il, " que fort obscurément, ce qui donne lieu de douter qu'on n'ait retardé la connaissance qu'il devait prendre de cette mine et empêché quil ne communiquât ses lumières dans leur pureté." Les paroles de Talon indiquent qu'il soupçonnait les Jésuites de contrecarrer ses plans de décou- verte. Ces soupçons étaient injustes, puisque les Jésuites publiaient les premiers tout ce qu'ils pouvaient apprendre touchant ces paye.
Bientôt après l'intendant renonça à l'idée de payer des explorateurs pour faire découvrir les mines. " Il faut," écrit-il dans l'automne de 1671, " espérer des fréquents voyages des Sauvages et des Français, qui commencent à prendre ces routes la découverte du lieu qui fait des pro- ductions si pures sans qu'il en coûte au Roi." Peut-être Talon commençait-il à comprendre que la découverte des mines ne serait après tout qu'un maigre avantage pour la colonie en raison de la difficulté qu'on éprouverait à en transporter le produit en France. Toujours est-il qu'il n'en est plus question dans sa correspondance.
Lee superstitions des Sauvages au sujet des mines résis- tèrent pendant longtemps à l'influence de la civilisation. Un demi-siècle après la fondation du premier établissement français sur le lac Supérieur, Antoine Raudot écrivait à ce sujet :
" Tous les Sauvages croient que s'ils montraient une mine
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il nue autre pewouuo, ils niotirniieut dauH l'unuéi' ; ils en sont si perHua<l<'^H qu'il est (|uasi impossible de U'ur en taire découvrir, et c'est ce qui t'ait qu'on ne eonnaît (pie celles dont ils ne peuvent absolument cacher la connaissance." Charlevoix, dix ans plus tard, dit que les Sauvaiges consi- dèrent les morceaux de cuivre qu'ils trouvent sous l'eau comme des présents des dieux qui habitent sous le lac et (pi'ils les conservent sans en taire aucun usage.
Il paraîtrait qu'à une époque très reculée, bien longtemps avant (pie les blancs eussent fait leur apparition sur les bords du grand lac, <[uatre guerriers, «'étant égarés sur l'eau par une journée brumeuse, allèrent atterrir sur l'île Michi- picoton, sans avoir reconnu le lieu. Dans ces temjts là, l'île était habitt^e par des lièvres, des lynx et autres bêtes de proportions gigantesques ; et on assurait qu'elle flottait à la dérive au gré des vents, tant('it s'approchant de bi terre ferme et tantôt s'en éloignant à perte de vue. Les quatre guerriers ayant faim, prirent quelques pierres sur la grève et, les ayant fait rougir au feu, ils les jetèrent dans un grand vase fait d'écorce afin de faire bouillir l'eau qu'il contenait : c'était leur manière de faire cuire la viande. Ils remar(j[uèrent bien que les pierres (pi'ils faisaient rougir se composaient en grande partie de cuivre, mais ils ne s'en [U'éoecupèrent pas davantage. Ayant achevé leur repas et ayant reconnu où ils étaient, les (piatre braves se hâtèrent de se rembaniuer. Toutefois ils ne purent résister au désir de prendre sur la grève quelques cailloux et quelques feuilles de cuivre qu'ils admiraient beaucoup. Comme ils s éloignaient de l'île mystérieuse, une voix terrible de colère se lit entendre, disant : " Quels sont ces voleurs qui em- portent les jouets de mes enfants." Les quatre guerriers furent grandement consternés. Un d'eux dit : " Cest le tonnerre ; " mais les autres reprirent : " Non, c'est Missibizi, le dieu des eaux, qui est courroucé parce que nous avons violé sa retraite." Les pauvres voyageurs, poursuivis par
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la colère dti dieu indigné, moururent tous en peu de temps ; un seul réurtsit à su rendre jusqu'au camp de la tril»u pour raconter leur aventure et pour expirer «lauH les brus des HÏens. Le «ouvenir du sort de ces malheureux se perpétua de père en tils ; et depuis aucun Sauvage n'osait f<'ap- prccher de l'île Michipicoton. Telles étaient les légendes qui empêchaient les indigènes d'aider les Français dans la recherche des mines.
Nous avons vu que l'intendant avait envoyé le sieur de La Salle, en 1669, pour explorer les lacs et les rivières con- duisant vers le Sud. Le futur explorateur du Mississipi partit de Montréal en compagnie des abbés François Dol- lier de Casson et de Gallinée, deux prêtres de Saint-Sulpice, qui devaient le suivre jusqu'au terme de son voyage. Néan- moins, à mi-chemin les deux prêtres décidèrent de se séparer de l'expédition et de poursuivre leur voyage par le lac Erié, tandis que de La Salle marchait vers la rivière Ohio.
A la tête du lac Ontario, DoUier et de Gallinée rencon- trèrent Louis Joliet, qui revenait du lac Supérieur. Il leur fit voir une carte ' du pays qu'il avait visité et leur parla des Poutéouatamis et autres Sauvages qui désiraient vive- ment la visite d'un missionnaire. Le zèle des deux prêtres redoubla et ils poursuivirent leur voyage avec vigueur. Cependant, lorsqu'ils furent rendus à l'embouchure de la Grande rivière, sur le lac Erié, ils s'aperçurent qu'ils ne pourraient pas aller beaucoup plus loin avant les froids et ils décidèrent d'hiverner en cet endroit. Leur premier soin fut de prendre possession du pays au nom du roi de France.
Le texte de ces actes de prise de possession mérite d'être connu : ce sont nos titres de noblesse. Voici celui que ré- digèrent les abbés DoUier et Gallinée :
" Nous icy soubsignez, certifions avoir veu afficher sur les
' Cette carte a été publiée ; voir Revue de la géographie, Paris, février 1880.
LA FRANCE l'KEXU l'OSSBSSION DU MICIimAN
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terres du lac lunnnu' Erié les uniies du Roy do Franco au pied d'uMo croix, avoc l'otto iiis('rii>tion : " L'an do salut " 1()(}9, Clémout IX estant assis dans la chaire «le saint " Pierre, Louis XIV rognant en Franco, Monsieur do Cour- " celles estant gouverneur de la Nouvelle-France et Mon- " sieur Talon y estant intendant pour le Roy, sont arrivez " en ce lieu deux missionnaires du Séminaire de Montréal, " accompagnez de sejit autres Franc/ois, qui les premiers de " tous les peuples Européens ont hyvorné en ce lac, dont ils " ont pris possession au nom do leur R03', conimo terre noii " occupée, par apposition de ses armes, qu'ils ont attachées " au [»iod (le cet ' croix. En foy de <[Uoy nous avons signé " le présent certiïicat."
Signé, François Dollier,
Prostré du diocèse de Nantes on Bretagne,
De Gallinée, Diacre du diocèse de Reunes en Bretagne."
Aussitôt le printemps revenu les deux missionnaires lan- cèrent de nouv?au leur canot, et, poursuivant leur route vers l'Ouest, ils furent bientôt dans la rivière Détroit. Leur description de cette rivière est la plus ancienne que nous connaissions.
"Au bout de six lieues," disent ces voyageurs, " nous trou- vâmes un endroit fort remarquable et fort en vénération k tous les Sauvages de ces contrées à cause d'une idole do pierre que la nature y a formée, à qui ils disent devoir le bonheur de leur navigation sur le lac d'Erié lorsqu'ils l'ont passé sans accident, et qu'ils apaisent par des sacrifices, des présents de peaux, des vivres, etc., lorsqu'ils veulent s'y em- barquer. Ce lieu était plein de oabanages do' ceux qui étaient venus rendre leur hommage i\ cette pierre qui n'avait autre rapport avec la figure d'un homme que celui (j[ue l'imagination lui voulait bien donner. Cependant elle était toute peinte et on lui avait formé une espèce de visage avec
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(lu vermillion. Je vous laisse à penser «i nous vengeâmes sur cette idole, que les Iroquois nous avaient fort recom- mandé d'honorer, la perte de notre chapelle. Nous lui attribuâmes même la disette où nous avions été de vivres jusqu'ici. Enfin il n'y avait personne dont elle n'eut attiré la haine. Je consacrai une de mes haches pour casser ce dieu de pierre, et puis ayant accosté nos canots ensemble, nous portâmes les plus gros morceaux aux milieu de la ri- vière et jetâmes aussi tout le reste à l'eau, afin qu'on n'en entendit jamais parler. Dieu nous récompensa aussitôt de cette bonne action, car nous tuâmes dans cette même jour- née un chevreuil et un ours."
Les deux Sulpiciens se rendirent à la mission des Jésuites, au saut Sainte-Marie. Ils y arrivèrent le 25 mai, jour de la Pentecôte, et en repartirent trois jours plus tard pour re- tourner k Montréal par la route de l'Ottawa,
Au mois de mai 1671 arriva au saut Sainte-Marie " Simon- François Daumont, sieur de Saint-Lusson, commissaire sub- délégué de Mgr. l'intendant de la Nouvelle-France pour la recherche de la mine de cuivre au pays des Outaouacs, Xez-Percez, Illinois et autres nations sauvages descouvertes et à descouvrir en l'Amérique septentrionale, du costé'du lac Supérieur ou Mer Douce." Il avait alors terminé ses explorations, et voulait couronné sa mission en prenant officiellement possession du pays au nom de sa Majesté très- chrétienne, le roi de France et de Navarre, et en présence de tous les peuples environnants.
Le 14 juin, jour fixé pour la cérémonie, étant arrivé, qua. tor/e tribus, les unes fort éloignées, se trouvèrent représen- tées. Saint-Lusson commença par lire la commission qu'il tenait de l'intendant, la faisant traduire dans toutes les langues par le célèbre interprète Nicolas Perrot afin que personne n'en pût ignorer; et ensuite il fit élevei une croix et un poteau de cèdre auquel étaient attachées les armes de France. Alors il proclama à haute voix et par
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trois foin qu'il prenait possession du dit lieu, ainsi que des lacs Huron et Supérieur et de toutes les contrées adjacentes jusqu'aux mers du Nord, de l'Ouest et du Sud, à chaque fois preuîint un morceau de terre dans sa main et criant : '•Vive le roi," ce que toute l'assemblée répétait. De.plus il déclara " aux dites nations ci-dessus que dorénavant, comme des à présent, elles étaient relevantes de sa Majesté, sujettes à subir ses lois et suivre ses coutumes, leur promettant toute [trotection et secours de sa part contre l'incurse ou invasion de leurs ennemis, déclarant à tous autres potentats, princes, souverains, tant Etats que Républiques, eux ou leurs sujets, qu'ils ne peuvent ni ne doivent s'habituer en aucun lieu de ce dit pays, que sons le bon plaisir de Sa dite Majesté trés-Clirétienne et de celui qui gouvernera le pays de sa part, à peine d'en encourir sa haine et les efforts de ses armes."
Saint-Lusson ayant mainte na!it rempli sa mission, le E. P. Allouez fut prié de faire connaître aux Sauvages celui qui étendait désormais jusqu'à eux sa bienveillante protection ; et, nous dit l'auteur de la Relation de 1671, " comme il est bien versé en leur langue et en leurs façons de faire, il sut si bien s'accomoder h leur portée, qu'il leur donna une idée de la grandeur de notre incomparable Monarque, telle qu'ils avouent qu'ils n'ont point de parole pour énoncer ce qu'ils on pensent." Voic^_ du reste cet extraordinaire panégyrique de Louis XIV :
"Il demeure au delà de la mer, et es* le Capitaine des plus grands Capitaines, et u"a point son pareil au monde : tous les Capitaines que v^ous avez jamais vus et dont vous avez entendu parler ne sont que des enfants auprès de lui : il est comme un grand arbre, et eux ne sont que comme de petites i»lantee qu'on foule aux pieds en marchant. Vous connaissez Onontio,' ce célëi)re Capitaine de Québec, vous
• Nom .ionné par les Sauvages à tous les youvetneurs de la Nouvelle- France et qui signifiait " grande montagnp." C Hait la traduction du nom de M. de Montniajjny.
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savez et vous expérimentez qu'il est la terreur des Iroquois, et son nom seul les fait trembler depuis qu'il a désolé leur pays et qu'il a porté le feu dans leurs bourgades ; il y a au delà de la mer dix mille Onontios comme celui-là, qui ne sont que des soldats de ce Grand Capitaine, notre grand roi dont je vous parle. Quand il dit le mot : Je vas en guerre, tout le monde obéit, ses dix mille Capitaines levant des Compagnies de cent soldats chacun et par mer et par terre : les uns s'embarquent en des navires au nomljre de cent et de deux cents, tels que vous en avez vu à Québec ; vos canots ne portent que quatre à cinq hommes, et dix ou douze au plus : nos navires de France en portent quatre ou cniq cents, et même jusqu'à mille. Les autres vont en guerre par terre, mais en si grand nombre qu'étant en file deux à deux, ils tiendraient plus de place qu'il n'j- a d'ici à Mississaquenk, quoique nous y comptions plus de vingt lieues. Quand il attaque il est plus redoutable que le ton- nerre, la terre tremble, l'air et la mer sont en feu par la décharge de ses canons, on l'a vu au milieu des escadrons tout couvert du sang de ses ennemis, dont il a passé si grand nombre par le fil de l'épée, qu'il ne compte pas les chevelures, mais les ruisseaux de sang qu'il fait couler ; il emmène si grand nombre de prisonniers de guerre, qu'il n'en fait aucun cas, mais les laisse aller là où ils veulent, pour montrer qu'il ne les craint pas : personne n'ose pré- sentement lui faire la guerre, tous ceux d'au delà de la mer lui ont demandé la paix avec toutes les parties de la terre pour l'écouter et pour l'admire»'. C'est lui seul qui décide toutes les affaires du monde. Que dirai-jede ses richesses ? Vous vous estimez riches quand vous avez dix ou douze sacs de blé, quehpies haches, rassades, chaudières, ou autres choses semblables. Il a des villes à lui plus que vous n'ête« d'hommes dans tous ces pays, àcinc^ cents lieues à la ronde ; dans chaque ville il a des magasins, où l'on trouverait dos haches assez pour couper tous vos bois, des chaudières pour
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cuire tous vos orignaux, et de la rassade pour remplir toutes vos cabanes ; sa maison est plus longue qu'il n'y a d'ici au haut du Saut, c'est-à-dire plus d'une demi-lieue, plus haute que le plus grand de vos arbres, et elle contient plus de tamilles que la plus grande de vos Bourgades n'en peut comprendre."
Le R, P. Allouez ayant terminé sa harangue, toute l'as- semblée entonna le " Te Deum" ; puis les guerriers et les sachems des tribus s'enfoncèrent dans les bois, pour aller répandre au loin la renommé du Roi-Soleil et rêver aux avantages qu'ils attendtivent de la protection qu'il venait de leur promettre.
En quelques heures Saint-Lusson venait de doter sa patrie d'un territoire si vaste que les gouvernants de la France n'en ont jamais connu l'étendue. L'intendant Talon seul eut une faible idée de l'importance de cet événement. Les lignes suivantes, écrites après le retour de son sub-délégué, démontrent la grande prévoyance de cet homme d'état :
" Je ne suis pas homme de cour et je ne dis pas, par la seule passion de plaire au roi et sans un juste fondement, que cette partie de la monarchie française deviendra quel- (jue chose de grand. Ce que j'en découvre de près me le tait préjuger, et ces parties des nations étrangères qui bor- dent la mer, si bien établies, tremblent déjà d'effroi à la vue de ce que Sa Majesté a fait ici dans les terres depuis sept ans. Les mesures qu'on a prises pour les reserrer dans de très étroites limites par les prises de possession que j'ai fait faire ne souft'rent pas (pi'elles s'étendent, qu'en même temps elles ne donnent droit de les traiteren usurpateurs et leur faire la guerre. Et c'est en vérité ce que par toutes leurs actions elles témoignent beaucoup craindre. Elles connaissent déjà (pie le nom du Roi est si ré[»andu dans toutes ces contrées parmi les Sauvages que seul il est regardé comme l'arbitre de la paix et de la guerre. Toutes se détachent insensible- ment des autres Européens, et, à l'exception des Iroquois,
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dont je ne suis pas encore assuré, on peut presque se pro- mettre de faire prendre les armes aux autres quand on le désirera."
Si le programme tracé dans ces lignes n'est pas aujour- d'hui une réalité, c'est à la cour de Versailles seule qu'il 'faut en demander compte.
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CIIAriTRE III
LES MISSIONS DES JESUITES.
En 1668 le pî^re Jaci^ues Marquette et le frère le lîoême avaient été envoyés au pays des Outaouas. Les Sauvages s'étant montrés mieux disposés envers la religion durant cette année, il fut aussi décidé de mettre ces missions sous le contrôle d'un supérieur résidant sur les lieux. Le père Claude Dablon fut désigné pour ce poste, et au printemps de 1669 il alla se fixer au pied des rapides, sur le côté sud de la rivière par laquelle le lac Supérieur se décharge dans le lac Huron. Il nomma cette mission Sainte-Marie du Saut. Les Sulpiciens Dollier et Gallinée, qui la visitèrent au mois de ma' ""ôTO, en parlent en ces termes :
" Sainte-Marie du Saut est le lieu où les RR. PP.
Jésuites ont fait leur principal établissement pour les iriis- sions des Outaouacs et des peuples voisins. Ils ont depuis l'an passé deux hommes à leur service, qui leur ont hâti un fort joli fort, c'est-à-dire un carré de pieux de cèdres «le douze pieds de haut avec une chapelle et une mîiison au de- dans de ce fort, en sorte (pi'ils se voient à présent en état de ne dépendre des Sauvages en aucune manière. Ils ont un tort grand désert bien semé où ils doivent recueillir une bonne partie de leur nourriture ; ils espèrent même y man- ger du pain avant qu'il soit deux ans d'ici
'' Le fruit que font ici ces Pères est plus pour les Fran- çais, qui y sont souvent au nombre de 20 ou 25, que pour les Sauvages ; car quoiqu'il y en ait quelques-uns <le baj»- tieés, il n'y en a pourtant pas d'assez bon Catholique pour
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LES CANADIENS DU MICHIGAN
pouvoir assister à l'office divin qui s'y fait pour les Français qui chantent la grande messe et vêpres les fêtes et di- manche."
Ce fut aussi en 1669 que le père Allouez laissa la mission du Saint-Esprit au père Marquette, pour aller fonder celle de Saint-François-Xavier à la baie Verte. L'année suivante la mission du Saint-Esprit fut abandonnée parce que les Hu- rons, ayant été assqz téméraires pour provoquer les Sioux, durent chercher leur salut dans la fuite. Ces Sauvages re- tournèrent alors à l'île Michilimackinac, qu'ils avaient déjà habitée après la défaite de leur nation par les Iroquois. Le père Marquette les suivit et donna à cette nouvelle mission le nom de Saint-Ignace.
En 1672 ou 1673 la mission de Saint-Ignace fut transpor- tée sur la rive nord du détroit de Mackinaw, à l'endroit où s'élève aujourd'hui le village qui porte le nom de Pointe Saint-Ignace. Le site était des mieux choisis. Située au confluent des eaux qui conduisaient, d'un côté, les Sauvages h Montréal, et de Vautre, les Français vers les paj^s des Illinois, des Renards et des Sioux, la nouvelle mission devait devenir le rendez-vous des trafiquants de four- rures. Aussi les Sauvages attirés par le commerce, vinrent-ils s'y établir en nombre considérable. A côté du village des Hurons se formèrent deux nouveaux villages l'un d'Outaouas et l'autre d'Algonquins ; et il fallut ériger' des chapelles pour chacun de ces peuples.
En 1672 le père Dablon retourna à Québec et devint su- périeur de toutes les missions du Canada. Il envoya aussitôt le père Henri î^ouvel pour le remplacer aux Outaouas. Le nouveau supérieur ne se fixa pas au saut Sainte-Marie, mais alla de mission en mission, passant une forte partie de son temps à Saint-Ignace.
C'est de Saint-Ignace que, le 16 mai 1673, le père Mar- quette et Louis Joliet partirent pour aller à la découverte -lu Mississipi. Marquette ne devait jamais revoir la mis-
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sion qu'il avait fondée. Après avoir fait le grand voyage qui a immortalisé son nom, il entreprit de fonder une nou- velle église parmi les Illinois, mais la maladie le minait déjà. Au printemps de 1675 il revenait k Saint-Ignace en longeant la côte ouest du Michigan, quand il sentit sa der- nière heure approcher.
Le 18 mai, se trouvant à l'embouchure de la rivière qui porte son nom, près du site de la ville de Ludington, le saint missionnaire dit à ses compagnons qu'il voulait être enterré là. Quelques heures plus tard il rendait le dernier soupir.
Deux ans après sa mort les Hurons de Saint-Ignace, qui avaient gardé sa mémoire en grande vénération, allèrent, chercher ses os et les déposèrent avec beaucoup de pompe dans un caveau qui avait été préparé au milieu de la petite chapelle. Ce caveau a été retrouvé le 4 mai 1877, et les cendres de Marquette sont maintenant au collège des Jé- suites, à Milvvaukee. Les citoyens de Saint-Ignace ont élevé un monument à la mémoire de celui qu'ils considèrent comme le fondateur de leur ville.
Les contemporains de Marquette parlent avec admiration de sa douceur, qui le rendait aimable à tout le monde, de sa candeur d'enfant, de sa chasteté angélique, de son union continuelle avec Dieu, de sa dévotion particulière à Marie. Pour l'historien il constituera toujours, avec Ménard et Allouez, le type de l'apôtre-explorateur, l'un des plus beaux que l'on puisse rêver. Ces hommes réunissaient dans leur firae deux éléments : ils avaient la soif des vastes horizons de l'inconnu, et, répudiant toutes les jouissances de ce monde, ils brûlaient de se sacrifier pour la gloire de Dieu. Arrivés ici quand l'Ouest n'était encore qu'un immense dé- sert dont nul ne connaissait le secret, ils cherchèrent à gagner de plus en plus dans l'intérieur, à la recherche d'îtmes à sauver, de pays à conquérir à la Foi. Ils s'adap- taient autant que possible aux idées, aux usages, à la nour-
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riture des indigènes, et ne revenaient (^ue passagèrement h, la civilisation, quand c'était nécessaire. Ils n'avaient qu'une seule préoccupation pour le temporel, celle d'étendre la domination de la France, et encore était-ce parce que le nom de leur patrie était synonyme de catholicisme, parce que son agrandissement offrait le moyen le plus efficace de combattre l'influeiiee anglo-protestante. Seuls et sans appui ils ont traversé les premiers une région aussi large que l'Europe, ne semant partout chez les indigènes que des paroles de paix et d'amour. \ Comment peut-on trouver des mots pour faire dignement leur éloge quand des hommes qui s'enfoncent dans l'Afrique avec des bataillons pour escorte et qui soulèvent la haine et la guerre sur leur pas- sage nous sont aujourd'hui désignés comme des prodiges de hardiesse, comme les plus nobles soldats de la civilisation !
Le père Philippe Pierson succéda à Marquette à Saint- Ignace. Cette mission reçut aussi le père Pierre Bailloquet en 1675.
Le père Nouvel profita de ce secours pour aller hiverner vers le Sud, région qui avait été négligée jusque là. Il partit le 8 novembre 1675, accompagné de deux serviteurs français. En suivant la côte de la péninsule inférieure du Michigan, il arriva à l'embouchure de la rivière Saginaw. l'ar cette rivière et un de ses affluents, la Chippewa, il péné- tra jusqu'à centre de l'état. Il érigea sa chapelle quelque part dans les limites de ce qui est aujourd'hui le comté d'Isabella ; et dans cette hutte — le premier temple élevé par des chrétiens sur le sol du Bas-Michigan — il célébra la fête de Noël avec tout l'éclat possible.
" Ayant fait une petite crèche à côté de notre autel," dit- il, " nos chrétiens y vinrent à minuit et pendant le jour y faire retentir ces forêts de leurs cantiques à l'honneur de Jésus nouveau-né. Quelle joie pour nous, et pendant la messe de minuit et pendant celle du jour, de voir l'enfant Jésus reconnu par les Sauvages en ce pays où le démon avait si longtemps régné."
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La péninsule inférieure du Miohigan n'étuit habitée aU)rs (jue par un nombre très restreint de Sauvages, qui y me- naient une vie errante. Au mois de mars le përe Nouvel revint à Saint-Ignaee. Il s'y trouvait encore en 1680, mais nous voyons que quatre ans plus tard il était à la baie Verte. En 1677 le père Bonneault vint assister le père Druillettes qui se trouvait seul à Sainte-Marie du Saut. Le [>ère Jean Enjalran vint aussi à Saint-Ignace en 1678.
Le nombre des Sauvages à Saint-Ignace était générale- ment de quinze à seize cents. La mission des Hurons était la mieux organisée de l'Ouest.
" Je suis d'abord obligé de dire," écrit l'auteur de la dernière Relation, " que j'ai trouvé dans cette mission quelque chose qui m'a surpris, y voj^ant une copie si appro- chante de ces belles missions huronnes et iroquoises, qui sont au voisinage des habitations françaises à Notre-Dame de Lorette et au Saut St-François-Xavier, ce qui est d'au- tant plus admirable qu'on n'a ici aucune aide de celles (ju'on a du côté de Québec et de Montréal, et qu'on y trouve de grands obstacles pour l'établissement du chris- tianisme.
" Ils ont grand respect pour les jours destinés à la prière comme sont les dimanches et les fêtes qu'ils observent ponctuellement. En ces jours les chrétiens et les catéchu- mènes s'assemblent fort exactement et en grand nombre dans l'église. Il y a un fervent chrétien qui est officier per- pétuel destiné pour avertir des jours qu'on doit s'assembler. C'est lui qui prend aussi la parole après que le père leur a expliqué quelque point de notre créance, et qui fait mer- veilleusement bien l'office de prédicateur. Il est appelé communément l'officier de la foi. Outre cet officier, il y a deux chrétiennes qui sont officiers trimestres, et (pii ont soin de tout ce qui regarde les assemblées de la prière, et ([ui sont distinctes de deux autres qui doivent faire la prière tout haut dans l'église. Il n'est pas possible de voir rien
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(le pluH exact que ces officiers qui viennent trois o\i quatre fois à la maison pour savoir l'heure où ils doivent faire leurs fonctions. Ils courent par toutes les cabannes pour porter les ordres, e*^, on leur obéit fort ponctuellement. Dans ces assemblées le Père après avoir invoqué le Saint-Esprit, en chantant le " Veni creator" en leur langue, et après quél- (pies autres prières leur fait une instruction après laquelle les Catéchumènes sortent et les Chrétiens demeurent pour entendre la messe, où les officiers de la prière et deux autres qui sont nommés pour avoir soin du chant font passer le temps dans l'exercice continuel de la dévotion.
" Les Chrétiens présentent par tour, tous lop dimanches, le pain bénit à la messe avec 33 grains de porcelaine pour joindre leur oifrandre à celle que J.-C. a faite, et celle qui a présenté le pain bénit va ensuite présenter à tous les assis- tants un de leurs plats d'écorce où l'on donne quelques grains de porcelaine ou de rassade, chacun selon ses moyens et sa dévotion. " On admet pas dans ces assemblées les scandaleux, ce qui en fait corriger plusieurs. Les Chrétiens s'assemblent deux autres fois durant le jour. En une de ces heures là on fait chanter une espèce de vêpres où le chant est interrompu par de petites instructions. Les non- Chrétiens assistent à ces vêpres ; il y a aussi un temps par- ticulier pour assembler les enfants. Tous les Chrétiens s'as- semblent tous les jeudis au soir pour recevoir la bénédiction du St-Sacrement. Dans cette cérémonie il se fait une alter- native de chant entre les Français et les Sauvages hurons qui a quelque chose de bien dévot.
" Ils viennent pareillement tous les samedis pour le salut qui se fait régulièrement à l'honneur de la Ste- Vierge, où ils chantent aussi alternativement avec les Français, les litanies, et dans toutes ces dévotions, on n'omet jamais la prière pour notre très grand monarque. Voilà l'ordre de toutes les semaines pendant tout le cours de l'année.
" De plus ils redoublent leur dévotion selon les différentes
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oceusious qui se présentent. Il y a toujours un noniltre de chrétiens elioisis <iui se eonfesseut aux têtes de tous les saints, de î^oël, de Pâques, et quel((ue8 uns y eoninumient avec grande dévotion.
'' Dans le St-tenips du C'arôme, outre les exercices ordi- naires, les chrétiens et les non-chrétiens s'assemblent les vendredis au matin pour entendre des discours et des ré- Hexions morales sur la i)assion de Jésus-Christ que le Père accompagne de (quelque représentation propre du mystère sur lequel il discourt, et à la iin les chrétiens entendent la Messe. Pour la semaine sainte, c'est véritablement la se- maine sainte pour eux ; et les divertissements et les jeux publics que quelques Algonquins infidèles firent pour lors nonobstant nos oppositions, ne diminuèrent rien de la dévo- tion de nos chrétiens hurons
" Tous nos sauvages, mais particulièrement les Ilurons, font paraître qu'ils ont une estime fort particulière pour le mystère tout aimable de la naissance de Notre Seigneur J.-C. J'en ai vu donner de bonnes preuves à ceci. Ils exhortaient eux-mêmes le Père, longtemps avant la fête, de disposer toutes choses pour la faire célébrer le plus solen- nellement qu'on pourrait. Ils envoyèrent leurs enfants pour chercher ce qui pourrait servir à faire une grotte, où l'on devait faire une représentation du mystère, et je pris plaisir d'entendre une petite fille qui ayant apporté avec grand soin un beau gazon, dit qu'elle l'avait fait dans la pensée et l'espérance que l'on coucherait sur ce gazon le petit enfant Jésus.
" La grotte, qui était fort dévote, fut incessamment visitée, et ce serait une chose fort longue mais très belle, d'expri- mer leurs sentiments comme ils les expriment eux-mêmes parlant au divin enfant. Pour le comble de leur dévotion, ils souhaitaient que l'enfant Jésus leur fit la grâce de leur rendre visite, étant porté par leur village ; mais comme ils croyaient s'en être rendus indignes par quelque chose qui
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s'était i)asHé, ils tinrent «lo grands eonsoils, ot prirent de grandes précantions pour obtenir cette faveur de leur mis- sionnaire. La ehose fut aeeordée, et on l'evéeuta le jour de l Epiphanie d'une manière qui me paraît digne d'être écrite ; pour moi j'en fus fort touché. Ils voulurent donc, jtour l'exécution de leur «lessein, imiter ce (pi'avaient fait autre- fois les trois grands capitaines étrangers (pii vinrent recon- naître et adorer Jésus Christ dans hi crèche et Tallèrent ensuite ]»rècher dans leur pays. Tons les Ilurons, et les chrétiens et les non-chrétiens, se divisèrent en trois bandes selon les dittérvntes nations qui forment leur village, et ayant choisi leurs chefs chacun de sa nation, ils leur four- nirent la porcelaine dont ilsd'^vaient faire un présent à l'en- fant flésus. Tout le monde s'ajusta le mieux qu'il pût. Ces trois cai)itaines avaient chacun un sceptre en main où était attaché le présent, et un beau tour de tête qui lui servait de l'ouronne. Chaque bande prit un poste différent. Le signal de la marche leur ayant donné au son de la trompette, ils écoutèrent ce son comme une voix qui les invitait (l'alkv voir et adorer un enfant Dieu nouvellement né. Et d'abord la première bande se mit en marche, conduite par une étoile attachée sur im grand étendard de couleur de bleu céleste, et ayant en tête leur capitaine devant qui on por- tait la bannière. La deuxième troupe voyant marcher la première leur demandèrent tout haut quel était le dessein de leur voyage, et l'ayant appris, il 5 se joignirent à eux, ayant aussi pareillement letir chef eîi t jte avec sa bannière. La troisième troupe, plus avancé»» xir. le chemin, fit comme la deuxième, et l'une à la file de l'autre s'en vinrent et en- trèrent dans notre église, l'étoile s'étant arrêtée à la porte, et les trois chefs s'étant d'abord prosternés et ayant mis leurs couronnes et leurs sceptres au pied de la crèche de l'enfant Jésus, ils firent leurs compliments et leurs présents à leur Sauveur, faisant une protestation [»ublique de la sou- mission et de l'obéissance qu'ils voulaient lui rendre, deman-
LE.S MIS.SKiN.S DEiS JESUITES
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«Imit lu toi i>our ceux ([ui lu' ravuit'iit pas, lu [irotoctioii pour toiitv la nation, et i)our toute cette terre, et enfin le priant «l'agréer (pi'on le port/ît dans leur village, dont ils voulaient «ju'il tut le nuiître.
" Xos Hurons sortirent de l'église dans le mcme ordre «ju'ils y étaient venun, je venain a[)rès eux, portant la petite statue, précédé de deux Fran<;ais [lortant un grand étendard,
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on était represe les Algonquins, et particulièrement les chr(''tien8(pii avaient été invités pour assister à cette action de piété, venaient après et accotn{>agnaient l'entant Jésus. On marcha donc <lans cet ordre vers le village, chantant les litanies de la Vierge, et on alla dans une cabane de nos Ilurons, où 1 on avait préparé un logement à Jésus avec le plus de décence (^u'on pût. Là, on lit «les actions de grâces et des prières conformément à leur dévotion, et le «livin enfant fut recon- duit à l'Eglise et mis «lans la grotte." '
Ces scènes primitives se déroulant sur le paysage gran- «liose qui entoure Saint-Igiuice, «levaient bien surpasser en dévotion et pittoresque toutes les scmiptueuses cérémonies de nos temples modernes.
En 1680 le père Druillettes retourna à Québec. Ce saint vieillanl durant sa longue carrière avait parcouru le conti- nent depuis la Nouvelle-Angleterre jusqu'à la baie d'ïïud- son. Il mourut à Québec en 1681, étant âgé de 87 ans. Le père Bailloquet fut son successeur au Saut.
Le 1er octobre 1686 le gouverneur Denonville concédaau père Dablon, supérieur des Jésuites à Québec, vingt arpents de terre sur la rivière Saint-Josei»h, près du lac Michig^in, sur vingt arpents de profondeur, pour y ériger une chapelle et une demeure pour les missionnaires. Cette concession fut conttrmée par le roi le 19 mai 1689. Le père Claude Allouez est mejitionné dans l'acte de concession comme
' Relation de re qiv s'est passé de pins remanv-iable, etc., les années 4 «173 à 1679, New York . 1860.
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tant fixé dans cette région, c'est-à-dire dans ce qui est au- jourd'hui le comté de Berrien. Charlevoix dit que ce célèbre missionnaire mourut sur la rivière Saint-Joseph ; et M. J. 6. Shea fixe la date de sa mort au mois d'août 1690.
En 1687 le père Jean Enjalran était supérieur des mis- sions des pays d'en haut. Cette même année il accom- pagna les volontaires de l'Ouest dans l'expédition contre les Iroquois. Il y fut grièvement blessé. Il se rétablit ce- pendant ; nous le retrouvons à Saint-Ignace en 1688. M. de Denon ville avait beaucoup d'estime pour ce missionnaire. En 1690 l'évêque de Québec lui accorda les pouvoirs de grand-vi- caire. Il fut même question d'ériger les missions de l'Ouest en vicariat apostolique, mais le roi s'opposa à ce projet ({ui fut abandonné.'
Vers cette époque les pères Albanel, Marest, Bailloquet, Claude Aveneau, Etienne de Carheil et Xicolas Potier sont mentionnés comme étant à Saint-Ignace ou dans les missions qui en dépendaient.
Mais une ère de décadence allait s'ouvrir pour ces mis- sions. Les Sauvages en devenant plus familiers avec les Français avaient perdu beaucoup de la vénération supersti- tieuse qu'ils entretenaient pour eux et pour tout ce qui venait d'eux. La religion, comme le reste, baissa considérable- ment dans leur estime. La mission du saut Sainte-Marie fut abandonnée par les missionnaires ; et Antoine Raudot pouvait dire en l'TlO : " La première mission qu'on a faite aux Outaouais a été ce Saut : c'est même celle qui a donné lieu à toutes les autres ; mais elle a été la première à se moquer de nos mystères, si bien qu'elle est à présent abandonnée."
Cependant il n'entrait pas dans l'habitude des Sauvages de se moquer ouvertement de la religion. Attendant toujours quelque chose de la protection des missionnaires
' Mandements des évéques de Québec.
LES MISSIONS DES JESUITES
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résent
ils s'efforçaient de leur plaire en demandant le baptême. Le plur* souvent les Përes refusaient les postulants, telle- ment leur duplicité était évidente. Souvent aussi le désir de pariieiper aux cérémonies du culte poussait les Sauvages à embrasser la foi quand ils n'étaient nullement disposés à en observer les règles. Une sorte de politesse, qui n'était pas de l'hypocrisie, poussait encore les Sauvages h tromper les missionnaires. '• La dissimulation qui est naturelle à ces Sauvages, et une certaine condescendance dans laquelle on élève en ce pays-là les enfants," dit la Relation de 1669, "leur fait approuver tout ce que l'on dit, et les empêche d" témoigner jamais rien de contraire aux sentiments d'autrui, quand même ils sauraient que ce qu'on leur dit n'est pas véritable." Un jour qu'un Père venait de racon- ter devant une tribu l'histoire de la création du monde et de la rédemptio.. de l'homme, un des ch-^fs s'approcha de lui et se mit à lui réciter à soi: tour les traditions de sa nation. Et comme le Père l'intenompait pour lui démon- trer l'absurdité de ses croyances, le vieux sage s'écria d'un air fort surpris : " Je t'ai cru ; pourquoi ne me crois-tu pas égalen.ent."
Ainsi, la grande difficulté n'était pas de faire accepter la foi aux Sauvages, mais de les taire renoncer à leur vie désordonnée et à leurs superstitions, qui étaient d'autant mieux enracinées qu'elles leur étaient inculquées dès leur bas âge. En effet, l'enfant avait à peine dix ou douze ans que ses parents lui faisaient se choisir un dieu ou ma* <i\nx (pril devait révérer durant le reste de ses jours comnie -'auteur de tout le bien (pii lui arrivait. Pour se préparer pour cet acte important de la vie, l'enfant devait jeûner plusieurs jours, jusqu'à ce (pie son esprit affaibli et sur- excité par les exhortations des parents eût entrevu en songe un objet ou un être quelconque. La chose vue devenait son \nanitou ; il commençait dès lors à invoquer son secours en toutes circonstances et en portait l'image
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tatouée sur sa personne. Une foule de coïncidences ne manquaient jamais de le confirmer dans sa foi : devenu vieux le Sauvage n'aurait voulu pour rien au monde mettre en doute la puissance de son fétiche.
En outre de leur culte pour ces fétiches particuliers, les Sauvages adoraient très généralement le soleil. Souvent les Pères apprenaient que tel de leurs chrétiens avait sacrifié un chien à l'astre du jour.
En un mot il y avait, h quelques exceptions près, un défaut d u,ccord éclatant entre la foi et la pratique des Sau- vages convertis. Nous constatons im fait, nous ne voulons en aucune manière déprécier les efforts des Jésuites dont le zèle et l'habileté sont incontestables. Leur insuccès est dû en partie à une barbarie native des mœurs dont le christianisme exigeait trop de perfection, et en partie à un affaissement de Vintelligence qui empêchait les Sauvages de comprendre des dogmes trop profonds et trop spirituels. Ce sont, du reste, des obstacles que le christianisme ren- contre chez tous les peuples et qu'il ne réussit à vaincre complètement que par une action i constante de plusieurs siècles. Les circonstances n'ont pas permis aux Jésuites d'exercer cette action continue sur les indigènes de l'Ouest américain, c'est pourquoi leurs missions n'ont pas donné les résultats qu'ils étaient en droit d'en attendre. Les catho- liques ne mesureront jamais le mérite de ces missionnaires par les résultats qu'ils ont obtenus.
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CHAPITRE IV
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LES COUREURS-DE-BOIS.
Les personnes suivantes étaient au Saut Sainte-Marie en mars 1671 et signèrent an procès-verbal de la prise de pos- session par de Saint-Lusson : les révérends pères Claude AUouz, Gabrielle Druillettes, Claude Dablon et André, Jésuites ; I^icolas Perrot, interprète pour sa Majesté en cette partie ; le sieur Joliet et Jacques Magras, de Trois- Rivières ; Pierre Moreau, sieur de la Toupine, soldat de la garnison de Québec ; Denis Masse ; François de Cbavigny, sieur de la Chevrotière ; Jacques Bagillier, Jean Mayseré, Nicolas Bupuis, François Bibaud, Jacques Joviel, Pierre Porteret, Robert Duprat, Vital Driol et Guillaume Bon- homme. Le nombre des Français qui tréquentaient les région-^ du lac Supérieur était donc des lors relativement t.'onsivIérpb^.e.
Tonrra\it les autorités de la colonie s'opposaient vivement {\ ! ''iiiï;: fttion de la jeunesse du Canada vers l'Ouest. Col- bert et Louis XIV, nous l'avons déjà vu, voulaient que la colonie se fortifiât avant de s'étendre d'avantage. Comme tous les habitants du p.iys, ils attachaient une grande im- portance à la traite qui se faisait avfe'.î les tribus éloignées, mais ils voulaient que cette traite se fit sur le Saint-Laurent. Afin d'obliger les Sauvages d'apporter leurs pelleteries à M -ntréal, ils commencèrent par faire défendre tout établis- se-;. *ei4t ail-dessus de cette ville. En 1674 la Compagnie à s rûiif^b. qui avait eu jusque là le contrôle exclusif de la truite, renonça à son privilège • et cette même {innée le gou-
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LES CANADIENS DU MICHIUAN
verneur fit défense à toute personne de s'absenter de son habitation, sous prétexte d'aller à la chasse, pour plus de vingt-quatre heures sous peine de mort, d'amendes ou d'autres châtiments. En 1678 ht traite dans les bois fut de nouveau défendue.'
Néanmoins les Relations des Jésuites nous apprennent que plusieurs Français étaient à Michilimakinac de 1674 à 1678. Le fait es^ que les plus hardis parmi la jeunesse canadienne», attirés y'ir l'appât de profits énormes et d'une vie indépendante, i ^'^+'>"ent en masse dans les bois en dépit de tous les édi^j^ w :i)i et df ses représentants. Sou- vent même ils étaient as&uios de la protection d'hommes influents qui ne dédaignaient pas une part des bénéfices de leur commerce illicite.
Cette sorte de brigands fut bientôt si nombreuse qu'elle forma une classe à part dans la colonie, avec laquelle il fallut compter. On donna aux déserteurs le nom de cou- reurs-de-bois. L'intendant Duchesueau estimait leur nom- bre à huit cents eu 1677, dans une lettre au ministre.
La vie des coureurs-de-bois avait de grands charmes mais aussi de grands risques. Perdus au sein des bois, hors de la protection des lois de toute société civilisée comme hors de leur atteinte, ils allaient de tribu en tribu, tantôt ras- semblés en bandes d'une vingtaine et vivant dans quelque petit fort érigé par leurs maine et tantôt divisés par couple et se dispersant en tous sens, un jour en grande amitié avec leurs hôtes sauvages et l'autre se faisant respecter d'eux par leur hardiesse o ^ laissant leur chevelure, sinon leur vie, dans quelque bagarre. Le populaire historien américain, M. Parkman, qui s'est [du à reconstituer la physionomie de ces hardis commerçants, dit :
" Il n'est pas étonnant qu'une année ou deux de cette vie n'enlevassent tous les traits de la civilisation à ceux qui la
' Jugements et délibi'rations du Conseil, vol. 1 et II.
LES COUREURS-I)E-BOIS
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pratiquaient. Sans etro un personnage considérable de la société, ce coureur-de-bois, qui était comme une épine au flanc des chefs et des autorités, avait sa valeur, au moins au point de vue pittoresque. Sa physionomie étrange, sauvage, empreinte d'une intrépidité vraiment diaboliipie, était en même temps d'une gaieté pleine d'entrain et d'insouciance. Cette image sera toujours unie au souvenir de ce vaste monde de la forêt que le dix-neuvième siècle, avec sa civili- sation, a presque entièrement anéanti."
Le coureur-de-bois valait mieux et plus que n'a l'air de croire cet historien. Il avait peu <le respect pour les édita arbitraires du roi, mais il n'en était pas moins dévoué à sa patrie ; quand on a eu besoin de soldats pour chasser les Iroquois ou combattre l'invasion anglaise il a toujours noblement répondu. ( ''est lui aussi qui, en dé[)it de l'op})»)- sition des gouvernants, avait si bien consolidé l'influence française dans l'Ouest que l'on ne songeait plus à disputer ce précieux domaine à la France quand la politique des courtisans de Versailles remit tout en jeu. Durant son séjour dans le bois il menait sans doute la vie qu'on jtouvait attendre d'un jeune homme plein de fougue au milieu de peuplades sans moralité et sans lois ; mais, arrivé h l'âge mûr, il se retirait généralement dans uji des établissements de l'Ouest ou retournait dans sa paroisse natale et devenait un des plus paisil)les habitants, tandis que son expérience le rendait des plus utiles.
Même durant son séjour dans la forêt le coureur-de-bois rencontrait souvent le missionnaire ; et il se faisait généra- lement un bonlRMir d'acoonqdir ses devoirs religieux. La sollicitude de l'Eglise s'étendait du reste justprà lui. Dès 1H67, Mgr. de Laval écrivait au père Allouez: — "Sur l'avis que nous avons eu du désordre dans vos missions au regard des Français qui y vont trafiquer, qui ne font point de difliculté d'assister à tous les festins profanes (pii s'y font par les payens, nous vous enjoignons de tenir la main à ce
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LES ("ANADIENS DU MICHIGAX
fli'iîs n'y assistent point lorsque ces festins seront manifes- tement idolâtres." Et Monseigneur prononçait la censure contre ceux qui <lésol)éiraient aussi bien (pie contre " ceux qui seraient extraordinairement .atteints d'impureté scanda- leuse." ' Ces défenses avaient toujours leur influence sur le grand nombre.
Daniel Grezsolon du Lbut était à cette époque l'homme le plus remarquable parmi les coureurs-de-bois. Il passa en Canada étant jeune encore. Ayant entendu parler de la nation puissante connue sous le nom des Nadouesioux ou Sioux, qui était réputée entretenir des rapports avec les habitants des côtes du Pacifique, il forma le projet de la visiter. Avant de pouvoir mettre ce projet à exécution cependant, il lui fallut repasser en France, où il fit la cam- pagne de 1674. Ti se trouvait à la bataille de Sénef en qualité de gendarme de la garde du roi et d'écuyer du mar- quis de Lassay. Aussitôt ses affaires réglées, du Lhut revint à Québec et se prépara à reprendre ses projets d'ex- ploration. Le l septembre 1678 il partait de Montréal avec sept compagnons français et trois sauvages, dans le l)ut avoué de visiter les Sioux et de faire la paix entre eux et les nations alliées aux Français. Ceci, dit-il, n'était pas contraire aux édits qui défendaient seulement la traite, qu'il ne fit jamais, poussant même le scrupule jusqu'à refuser les présents qui lui étaient jetés par les Sauvages. - La tâche entreprise par du Lhut ne promettait pas d'être facile. En 1674 les Sioux avaient envoyé des embassadeurs h Saint- Ignace pour traiter de la paix avec les Outaouas. Au milieu ' d'une bagarre ces envoyés avaient été massacrés dans la maison des Jésuites, et de[mis une haine inplacable existait entre ko deux tribus.
Notre explorateur se rendit au Saut Saint-Marie et établit
' Mandpme'iiM «les Kvêques <'e Qnébt c.
'^ Mémoiie (hi. sieur Grezolon du Lhut adressé à inonrtieur le marquis de Seignelay, dans Mur^'ry.
LES COURËURS-DE-BOIS
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Saint- milieu ans la xistait
établit knarquis
son camp pour l'hiver dans un bois voisin. De là il écrivit au comte de Frontenac une lettre oii on reconnrut facile- ment sa nature chevaleresque et un peu excentrique. Après avoir expliqué ses plans, du Lhut demande des ordres du gouverneur, afin que la paix qu'il va conclure soit plus autorisée et [dus forte. Il démontre qu'il va taire de grandes dépenses, " [)lus pour le public que pour moi- même," puis il ajoute : " nonobstant tout cela, j'aurai
travaillé pour l'hydre, car, s'il y en a un de content, quatre- vingt-dix-neuf se plaindront. Mais les plaintes ou la recon- naissance des uns et des autres me sont peu sensibles, pourvu que je sois assez heureux. Monseigneur, de ne vous
pas déplaire " Pour toute conclusion. Monseigneur,
ni les dangers ni la fatigue ne m'empêcheront point d'exé- cuter ce que je vous mande, ou tout au moin de périr pour me transporter sur les lieux, car je suis du sentiment de ceux qui croient que la mort n'est pas si à craindre que l'on nous le veut persuader, puisque le courage la préfère au moiinlre des affronts, que la douleur l'appelle à son aide, que le désespoir la cherche et que l'honneur y aspire."
Animé par ces nobles sentiments, du Lhut se rendit chez les Sioux, se gagna leur amitié, et, le 2 juillet 1679, fit élever les armes de la France dans leur principal village. Dans l'automne de la même année il assembla les tribus du Nord- Ouest en un grand conseil à l'endroit oii sélève aujourd'hui l'ambitieuse c'té qui porte son nom, et la paix fut solen- nellement conclue entre elles. Pour mieux assurer la durée de cette paix, du Lhut arrangea plusieurs mariages entre membres de différentes tribus, et suivit les guerriers à la chasse durant tout l'hiver. Au printemps il leur fit même des présents, assure-t-il, pour les engager à porter leurs pelleteries h Montréal.
En juin 1680 du Lhut partit pour faire de nouvelles dé- couvertes. Ayant remonté la petite rivière qui se décharge à la tête du lac Supérieur, il arriva, après un court portage,
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LES CANADIENS DU MICHIGAN
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aux emix qui eouduisent au Mississippi. Peu après, eoniiue il (lescendait le grand fleuve, il rejoignit une bande deSioux qui tenaient prisonnier le récollet Hennepin. Ce Pore ayant voulu explorer le Mississipi pour de La Salle, avait été pris et réduit en esclavage par ces Sauvages. Du Lhut exigea î\ l'instant la libération du missionnaire, et laissa avec lui les Sioux, après leur avoir vivement reproché leur manque de foi, croyant, dit-il, " que ce serait porter un coup à la nation française, dans une nouvelle découverte, <le soutïrir une insulte de cette nature, sans en témoigner du ressenti- ment." Cet acte de mille courage prouve à quel point il était soucieux de l'honneur de la France en face de l'é- tranger.
Du Lhut et Hennepin vinrent hiverner à la mission des Jésuites, à Michilimackinac. Hennepin était un bon vivant et il fut bientôt en grande amitié avec le père Pier- son. Durant le long hiver il se délassèrent souvent en allant patiner sur le lac " ainsi qu'on le fait en Hollande." Mais le bon Récollet se souvenait aussi qu'il était prêtre, et comme il y avait une cinquantaine de Français qui hivernaient à Saint-Ignace, il put former une confrérie assez forte.
Du Lhut ayant appris que, loin de lui avoir de la recon- naissance d'exposer sa vie et de dépenser son bien pour le service du roi, on l'accusait d'être en révolte contre les au- torités, il partit de Michilimackinac le 29 mars 1681. taisant traîner son canot sur les glaces, afin d'arriver plus tôt à Québec. Ce n'était réellement pas la peine, car l'intendant Duchesneau le reçut fort mal, puis le fit mettre en prison, où il resta jusqu'à l'arrivée par les navires de France de l'amnistie accordée par le roi aux coureurs-de-l)ois, trois mois plus tard.
Aussitôt rendu à la liberté, du Lhut repassa en France pour plaider sa cause auprès de la cour, et pour demander, comme récompense de ses décou vertes, le privilège d'éta- blir un poste chez les Sioux avec droits seigneurijiux. sous la restriction de ne faire aucun commerce.
LES COUREURS-DE-BOIS
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Cette version des uveiitures de du Lliut est celle qu'il nous a laissée ; et elle est en i^uelque sorte confirmée par sa conduite subséquente. Cependant de La Salle pré- tend qu'il quitta la colonie " en publiant partout qu'à la tête de ses braves il ne craignait point le Grand Prévost et qu'il se ferait donner anuiistie de force," et que tandis qu'il négociait la paix avec les Sioux, " ses camarades négociaient bien mieux le castor." Nous voulons bien croire que du Lhut n'a pas toujours, (pioicpi'il en dise, résisté h la tenta- tion de faire un commerce avantageux, mais aussi, il nous parait évidi-nt (pie son accusateur exagérait tout de parti- pris afin de le ruiner dans l'estime des autorités. La î^ou- velle-Franc^ était alors déchirée par les luttes que se faisaient les partis pour obtenir le monopole du commerce. Les plus hauts dignitaires s'accusaient réciproquement de faire un commerce secret, et les missionnaires mêmes ont été enve- loj»pé8 dans ces accusations, (pii du reste ne sont pas graves, puisqu'il y avait bien assez de place dans l'Amérique du Nord pour permettre à une poignée de Français de traiter librement. Néanmoins, La Salle devait voir dans l'explo- rateur du pays des Sioux un rival redoutable, car il se pré- parait de son côté à cette époque pour aller s'étal)lir sur le Mississipi. Dans ce dessein, il avait fait construire à Niagara le premier bateau (pii ait flotté sur les Grands Lacs. . Le Griflbn — c'était le nom de la barque de La Salle — fut lancé sur le lac Erié le 7 août 1679, et partit aussitôt [tour Michilimackinac, ayant h bord son propriétaire et le père Hennepin, qui fut le chroni([ueur de l'expédition. Favorisé par le vent, le Griitbn entra le 10 août dans la rivière Dé- troit. Hennepin fut enchanté du paysage, et il conseilla même à La Salle d'y étabhr un poste.
Le Griflon n'était pas destiné à une longue carrière. Le 2 septembre il repartait de >richilimackinac pour la baie Verte, où l'attendait une cargaison de pelleteries. Là, de La Salle le laissa aux soins de son pilot, auquel il or-
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LES CANADIENS DU MICHKÎAN
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donna do ne rendre à Kiagara. Quelques heures après le Griftbn, penché sous ses voiles, disparaissait sous l'horizon. Jamais Européen ne le revit, ni aucun de ceux qui compo- saient son équipage. Quelques Sauvages affirmèrent l'avoir vu sombrer sur le lac Michigan.
La Salle cependant poursuivait sa route vers le pays des Illinois, en longeant la rive ouest du lac Michigan. Il con- tourna l'extrémité sud de ce lac, et le 1 novembre il se trouva à l'embouchure de la rivière Saint- Joseph ou des Miamis, à l'endroit appelé Benton Harbor. Il s'attendait à y trouver une vingtaine de ses hommes, qui devaient monter de Michilimackinac par la rive est du lac, mais ils n'étaient pas arrivés. Il résolut alors de les attendre sur les lieux ; et pour donner du travail à ses compagnons, il fit ériger une redoute de quarante pieds de longueur sur trente de largeur. Ce fort — le premier érigé par des euro- péens sur le sol de la péninsule inférieure du Michigan — se trouvait sur une éminence, près de l'embouchure de la rivière Saint-Joseph. La Salle y passa le mois de novem- bre. Les pères liennepin et Gabriel, qui l'accompagnaient, s'étaient fait construire une chapelle en écorce, dans laquelle ils dirent la messe pendant ce temps et prêchèrent les di- manches. Le 3 décembre, les hommes qu'il attendait étant arrivés, avec le chevalier de Tonti, La Salle reprit son voyage.' •
Le grand explorateur arriva enfin au pays des Illinois, mais les obstacles se multipliaient sous ses pas, et au com- mencement de 1680 il prit le parti de retourner en Canada pour régler ses aôiaires. Le 24 mars il se retrouvait à l'em- bouchure de la rivière Saint-Joseph. Les fortifications qu'il avait fait élever l'automne précédent étaient encoreen bon état. Il y rencontra deux de ses hommes, qui étaient partis de Michilimackinac le 28 décembre. L'intention de
' Heiiiiepiii, Description de la Louisiune.
LES COU KEL'K.S-I>E- BOIS
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La Salle était de traverser la péninsule du Micliigan pour atteindre la tète du lac Erié. Cette région était alors le t'hamp de bataille de plusieurs tribus qui se la disputaient. La Salle et ses compagnons turent suivis pendant plusieurs jours par des Sauvages qui, lorsqu'ils les eurent atteints et reconnus, leur dirent qu'ils les avaient pris p(mr des Iroquois et s'en allèrent sans les molester. Néanmoins, pour empê- cher toute surprise, les Français étaient souvent obligés de se coucher sans avoir allumé de feu ; le matin ils trouvaient leurs hardes, trempées la veille, raides de glace. C'était là, du reste, les inconvénients ordiifaires du voyage dans ces temps reculés.
Enfin les voyageurs arrivèrent à la rivière Détroit. La Salle chargea deux de ses hommes d'aller à Michilimacki- nac prendre des nouvelles «lu Griffon, qu'il ne croyait pas encore perdu ; lui-même continua son voyage.
La Salle réussit en peu de temps à trouver de nouvelles ressources. Le 10 août il repartait de Montréal avec le sieur de Laforest et une vingtaine d'hommes pour aller au secours du chevalier de Tonti. En passant à Michilimacki- nac il laissa la moitié de son monde sous les ordres de Laforest. Le 4 novembre il arriva au fort de la rivière Saint- Joseph. Il y laissa encore quelques hommes, et marcha en toute hâte du côté du Mississipi. Ce n était (pie pour apprendre qu'un nouveau malheur l'avait frappé : les terribles Iroquois avaient envahi le pays, et le chevalier de Tonti était disparu. Il ne lui restait plus qu'à revenir sur ses pas. Il trouva sur la rivière Saint-Joseph le sieur de Laforest et ses hommes, qui avaient commencé à défri- cher la terre et à couper du bois pour construire une nou- velle barque. Toute la compagnie hiverna en cet endroit.
Au printemps La Salle voulut visiter de .iouveau le pays des Illinois. En route il apprit que le chevalier de Tonti avait fui par la rivière des Illinois et qu'il s'était rendu à Michilimackinac. Il dépêcha aussitôt le sieur de Laforest
4f;
liEH CANADIENS DU MICHKJAN
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h va poste puiu lui (lire de l'uttendre, et lui-iiir'ine se mit en route pour le rejoindre. L'indompta])le explorateur se trouva doue réuni si tout son monde k Miehilimackinae. Après deux ans de travail constant, de périls, de misères et de sacritii-es, il se trouvait moins avancé (pi'au début. Ce- pendant il ne songeait pas à abandonner la partie. Il se rendit immédiatement en Canada, équii>a une nouvelle expédition, et dans l'automne de cette mCMue année 1681, retourna au fort de la rivière Saint-Joseph. A[>rès s'être reposé pendant (pielque temps des fatigues de ee voyage de ([uinze cents milles, La Salle re[)artit à la tin de décembre et, cette fois, réussit à se rendre aux bouches du Missis- sipi.
11 était de retour à Michilimacki )ac au mois de juillet 1682 et se préparait à [Kisser en France pour aviser aux moyens de tirer profit de sa découverte, <[uan<l la guerre des Iroquois le rappela dans sa colonie des Illinois. L'année suivante il repassa à Miehilimackinae, en route pour la France.
Ce grand voyageur ne devait plus revoir le Michigan. La Salle avait de grands défauts, mais sa constance, son activité incomparable, et ses explorations, qui ont détiniti- vemeut attiré l'attention de l'ï^urope sur la vallée du Mis- sissipi, lui assurent une place éminente parmi les grands hommes du Nouveau-Monde. '
Ije fort de la rivièro Saint-Joseph ne fut pas abandonné après le départ de La Salle [tour l'Europe. Le chevalier de Tonti y laissa une garnison de dix hommes, - et cette gar- nison fut probablement maintenue jusqu'à l'arrivée des Jésuites sur les lieux, vers 1687.
Cependant la question des coureurs-de-bois préoccupait
' lettre <'e La ShIIa à nii uhHOfiô, 2S sfiit»-!))) th 1()80, ft Relation tles (VéfOUverlA's el «les voyiiwe'» ihi .«ii'nr <ie l.a ShIIb djitis Margry ; Lecitrcq, Etabli88«'ment «le la foi.
^ Tomi. Nouvellet* Découvertes dans rAinérique septentrionale.
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avec les reueiies, et il écrivait au niinistlire (pi'il n'avait pu s'empêcher de lui déclarer que c'était une véritable honte de voir les t)rdres d'un monaniue qui avait l'Europe à st's [tic<ls méprisés aussi ouvertement dans une colonie ([ui avait re(;u tant de preuves de sa bonté et de sa tendresse paternelle. Néanmoins, l'amiée suivante Duchesneau se voyait dans l'obligation de recomman<ler au roi d'accorder l'anniistie aux coureurs-de-bois, sous la con<lition de revenir dans la colonie. '
( )n apprenait en efl'et à Québec (jue l*éré et autres célè- bres tra[>peurs étaient rendus chez les Hollandais de la Nouvelle- York et que les autorités de cette colonie se pro- l»osaient de les employer pour s'établir chez les Outaouas. '^ D'autre part les coureurs-de-bois répandirent le bruit durant l'hiver de 1680-81 que les marchandises étaient empoison- nées à Québec, h Montréal et aux Trois-Rivières et que la peste était dans ces lieux, empêchant ainsi les Sauvaues d'y descendre pour faire leur trafic. '
Voyant qu'il était impossible d'empêcher le commerce dans les bois, le roi entreprit de le contrôler. A cette fin il accorda une amnistie à tous les coureurs-de-bois et décida qu'à l'avenir on accorderait chaque année vingt-cinq congés on licences pour la traite des Outaouas. *
Ces congés furent souvent supprimés et les privilèges qui s'y rattachaient aussi souvent modifiés. Cependant ils au- torisaient généralement le départ d'un ou deux canots char- gés <le marchandises et des hommes nécessaires pour les conduire. Ils étaient destinés à être vendus pour le bénéfice <lu gouvernement, mais le plus souvent on les distribuait
^ Duchesneau au ministre, G novembre 11)79, ibi«l., 13 n-'Vembîe KiSO.
'' FroteuMi; au roi, 6 uovembfti 107U.
'' .Tugemeiitti et délibérations du conseil. 18 u«.ûi 1081.
* Ordres du roi au sujet de la traite du Canadii, 1681.
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LES CANADIENS DU MICUIGAN
aux seigneurs pauvres ou à leurs fils, à des veuves (V offi- ciers, aux hôpitaux et parfois aussi aux favoris du gouver- neur ou de l'intendant. Par une clause spéciale il était défendu de porter de l'eau-de-v^e aux Sauvages.
Afin de surveiller les porteurs de ces congés et de tenir les Sauvages en respect une garnison fut envoyée vers ce temps k Michilimackinac. Dans l'été de 1683 il y avait une quantité conidérable de marchandises à ce poste et un officier y fut envoyé avec des hommes pour agnnidir et renforcer les fortifications. ' Cette môme année 168-3 un convoi de plus de cent canots monta au lac Supérieur, — ce qui permet d'évaluer à trois ou quatre cents le nombre des Français qui hivernèrent dans les pays d'en haut.
Les Sauvages, toujours jaloux de leur liberté, virent l'ar- rivée de ces renforts d'un mauvais œil, 'Ne se sentant pas capables de soutenir une guerre ouverte, ils se vengeaient sur les traiteurs qu'ils rencontraient isolés. C'est ainsi que deux Français furent assassinés dans l'été de 1683. Du Lhut, revenu de France, et chargé d'aller établir un poste au lac des Bois, était à Michilimackinac quand la nouvelle de ce crime y fut apportée. Il a[>prit en même temps (pie les auteurs vivaient tranquilles au Saut Sainte-Marie, les Français n'étant pas assez nombreux en cet endroit pour les châtier. Le découvreur des Sioux comprit que pour prévenir de tiouveaux et peut-être de plus graves attentats il fallait immédiatement tirer vengeance de celui-ci : sa résolution fut bientôt prise. Accompagné d'une poignée de Français, il se rendit au Saut, fit arrêter les coupables et leur fit leur procès devant tous les Sauvages. La culpabilité de" prisonniers étant admise de tous, il en ( ondamnu deux à mort et pardontui à un troisième en lui ordonnant d'aller .annoncer partout la faveur dont il avait été l'objet. Les sentences furent exécutées sur l'heure. les
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LES COLREIRS-DE-BOIS
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quatre cents Sauvages qui furent témoins de tout necrurfiit qu'au dernier instant que les menaces de du Lhut devaient se réaliser, et à cet instant, domptés par tant de hardiesse, ils laissèrent les choses s'accomplir sans mot dire. Le sieur Péré, ce conreur-de-bois qui avait été iiccusé de couspirer pour les Anglais, se distingua en cette occasion par son courage et son sang-froid. '
Sur ces ei refaites Olivier Morel, sieur de Ladurantaye, fut nommé commandant de Michilimackinac et des pays d'en haut. Cet officier, originaire de la Bretagne, où il était né en 1644, était venu jeune en Canada. Après sept ans de service à Michilimackinac il retourna à Québec où nous le retrouvons propriétaire d'une ferme à Grandpré et capitaine du régiment de Cariguan. Ayant pris parti pour M.de Vaudreuil dans certaines difficultés que celui-ci eût avec M. de Callières, Ladurantaye passa en France lorsque ce dernier fut nommé gouverneur. Il fut alors appelé k faire partie du conseil souverain de Québec. Un de ses fils, Louis-Joseph, habitait Détroit durant les dernières années de la domination française. ^
Au printemps de 1684, Ladurantaye reçut ordre du gou- verneur-général de rassembler, de concert avec du Luth, autant de Français et de Sauvages qu'il pourrait pour une expédition contre les Iroquois. Les Sauvages étaient peu disposés à lever la hache pour les Français, mais es end)au- cheurs et particulièrement l'interprète Nicolas Perrot, (pii vivait au milieu des tribus de l'Ouest depuis vingt ans, déployèrent tant d'artifices qu'ils engagèrent 500 guerriers à se joindre à 150 coureurs-de-bois que Ladurantaye avait rassemblés. •* Arrivée au rendez-vous, cette petite armée était remplie d'ardeur : ce fut un coup d'indignation quand
' lettre de du Lhut, l:î avril 16S4.
^ Gédéon de Catalugae, Recueil; Jugements et délibérations du conseil ; Tanguay, Dictionnairo. ^ Mémoire de M. de la Barre.
iii
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LES CANADIENS DU MÏCHIGAN
elle apprit que le gouverneur de la Barre avait déjà conclu une paix honteuse.
Les Outaouas croyant le pouvoir des Français à jamais brisé tendirent la main aux Iroquois. Par contre-coup la guerre éclata au sein même des tribus alliées à la France. Le printemps suivant Nicolas Perrot fut envoyé avec une quantité considérable de présents pour ramer - les rebelles. L'année 1685 se passa en négociations. Un certain rtarti représentait toujours les coureurs-de-bois comme la ^use des difficultés. La vérité est que, d'un côté, les coureurs- de-bois par leur présence imposaient le respect aux Sau- vages qui, libres, se seraient vendus aux Anglais, et de l'autre, que ces hommes par leur conduite déréglée et par le commerce de l'eau-de-vie faisaient naître toutes sortes de désordres. Le marquis de Denonville, le nouveau gou- verneur-général, entra dans une grande indignation sur les rapports qu'on lui fit de la situation.
" Je ne puis me taire encore," écrivait-il, " sur l'avarice de ceux qui ont entraîné la meilleure partie de nos Cana- diens dans les bois, sans nulle précaution de la part de ceux qui avaient l'autorité du roi en main pour retenir les liber- tins, qui par la license qu'ils ont prise contre la défense du roi de porter en une année seule cent barriques d'eau-de- vie à Michilimackinac, se sont plongés dans les désordres et libertinages qui ont été à une telle extrémité que c'est merveille que les Sauvages ne les aient pas assoramén pour se garantir des violences qu'ils ont reçues des Français, et jusqu'à leur ôter leurs filles et leurs femmes." '
La "merveille" s'explique facilement: les Outaouas, d'ailleurs peu sévëres sur l'article de l'honneur, étaient trop lâches pour assommer les Français. Les Anglais travail- laient cependant pour leur donner du courage. Quelques traiteurs de cette nation, encouragés par le gouverneur
Denonville au miniatret 12 juin 168U.
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Dongan, de la No.,\elle York, se rendirent à Michilimac- kinac dans l'été ai 1686, y firent un bon trafic, et furent invités par les Sauvages à recommencer.'
Dongan se hâta de conclure de ce bon commencement que la partie était gagnée. Quaïid M. de Denon ville ^'oulut protester contre cet empiétement sur le territoire français, il répondit hardiment : " Je crois qu'il est aussi légal pour la nation anglaise que pour la nation française de trafiquer là, vu que nous sommes plus proches de plusieurs lieues que vous." Et de nouveau, quelques mois plus tard : " Quant à ces nations éloignées, je suppose que le commerce avec elles est libre et commun à nous tous, jusqu'à ce que les lignes et limites soient déterminées, quoique, en vérité, la position de ces régions indique que le roi d'Angleterre y a un plus grand droit que le roi de France." ^
Au mois de novembre 1686, le père Lambreville, qui était chez les Iroquois, écrivit à Québec que le colonel Donga'.i avait réuni les Cinq Nations à New York, pour leur faire part de son intention d'envoyer un détachement prendre possession de Michilimackinac et qu'il leur avait demandé leur concours. *
Le marquis de Denonville, ainsi averti des desseins des Anglais, ordonna à du Lhut de prendre trente hommes et de se fortifier sur le Détroit, entre le lac Erié et le lac Huron.
' L'abbé de Belmont, qui a écrit son "Histoire du Canada" vers œ temps rapporte cette visite ainsi :
"Sept An^lois allèreni. le printemps en traitt') à Missilitnackinac, et firent 200 robe->; ils furent pris par des Miamis à leur retour; lesquels Miatnis furent re|ris par 1«b [roqnoisqiii ensuite attaquèrent le villas des MinmiM »'n r.kbseiicH <les linniint-s et y prirent '2uO femmes et enfans. Imh Iroquois firent Ifurs cruautés ordinaires, rôtirent les enfans, les firent manger à leurs mères; hrusièrent une fille à la broche, — sa mère la d^'^fendit en déseHpérée. T^s guerriers des Miamis, réunis et averti", poursuivirent les Iroquois. en tuèrent 127 et reprirent partie des captifs."
■' Dongan to Denonville, Oot. 1, lOHfi; Ibid., June 20, 1687.
* Broad^ead, Doc. Hisf. of N. Y., vol. I.
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LES CANADIENS DU MICHIGAN
liili
L'on espérait que le nouvel établissement aurait le double avantage de couper le chemin aux Anglais et de faciliter nos rapports avec Ifs Illinois.' Conformément à l't»r(lre qu'il en avait reçu, du Lhut alla s'établir, dans l'automne de 1686, sur l'emplacement où s'élève aujourd'hui Fort Gra- tiot, sur la riviëre Sainte-Claire ; il donna à son poste le nom de fort Saint- Joseph.
Dans le même temps que M. de Denonville se préparait ainsi à barrer le passage aux Anglais, Nicolas Perrot s'em- ployait chez les Sauvages de l'Ouest à raviver leur haine <le l'Iroquois pour les engager à se joindre de nouveau aux Français dans une expédition contre les cinq cantons. Il parla tant et si bien que le printemps suivant plusieurs cen- taines de guerriers le suivirent à Michilimackinac. Quand ils arrivèrent à ce rendez-vous, Ladurantaye en était déjà parti.
Voici ce qui s'était passé. Le colonel Dongan et les mar- chands d'Albany, poursuivant leur projet de s'établir dans le Nord-Ouest, avaient équipé une expédition considérable, se composant de deux flottilles, l'une sous les ordres d'un nommé Rooseboom, et l'autre commandée par le colonel McOregory. Soudainement on vint dire à Ladurantaye que les Anglais approchaient. La situation était critique. .Les Outaouas, qui comptaient plusieurs centaines de guer- riers, avaient constamment refusé de se joindre aux Fran- çais ; il était évident qu'ils n'attendaient que l'occasion de tourner leurs armes contre eux. Ladurantaye donna Tordre d'aller à la rencontre des envahisseurs. Les Sauvfges sui- virent à distance. Quand ils virent que les Anglr.is se ren- daient sans coup férir, ils se précipitèrent en avant pour participer aux dépouilles. La flotille ainsi capturée étfat celle de Rooseboom. Ladurantaye était parti aussitôt après cette victoire.
' Denouville à du Lfiut, 6 juin IHSU.
LES COUREURS-DE-BOIS
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Après avoir vainement essayé d'entraîner les Outaouas, Nicolas Perrot se remit en route et rejoignit Ladnrantaye et du Lhut à l'entrée du lac Erié, sur la rive canadienne. Le 7 juin le commandant des pays d'en haut réitéra la prise de possession des pays environnants et donna l'ordre d'éri- ger en ce lieu plusieurs logements pour l'établissement des Français et des Sauvages. '
Les forces de l'Ouest étant toutes réunies, Ladurantaye partit pour Xiagara. Comme il s'avançait sur le lac Erié il tomba sur le deuxième corps de l'expédition anglaise. Le colonel McGregory se laissa prendre aussi facilement que Rooseboom, et tous deux, avec leur suite furent conduits prisonniers à Niagara.
Le colonel Dongan ne prit pas sa défaite en bonne part. " C'est une chose bien dure," écrivait-il, " que tout le pays que traverse un Français en Amérique appartiennent au Canada." - Mais si dure que fut la chose il fallut se sou- mettre. Les coureurs-de-bois avaient conservé à la France la meilleure partie du cc^ntinent.
L'expédition de Denonville contre les Iroquois obtint un succès relatif Les (puitre cents Français et les six cents Sauvages que Ladurantaye conduisit s'acquittèrent conve- nablement de leur tâche. La campagne terminée, ils repri- rent la route de l'Ouest, accompagnés cette fois d'un déta- chement de soldats sous les ordres du baron de Lahontan, lequel venait prendre possession du fort Saint- Joseph sur la rivière Ste-Claire. Le 14 septembre il était rendu à ce poste, où du Lhut et Tonti voulurent se reposer quelques jours avant de passer outre.
Les courours-de-bois (pii avaient tenu garnison dans ce fort depuis son érection étaient h la solde de du Lhut.
' Prise de possession, dans Margry ; Tonti, Nouvelles découverte? ; Louisiana Histoiicai CoHertion». -N. Y. Col. Dùc, V. III et IX.
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LES CANADIENS DU MICHIGAN
ijfci&.'V';
Ayant remis le fort à Lahontaii, ils se dispersèrent pour la traite. Leur chef, du Lhut, fut peu de temps après com- mandant du fort Frontenac ; il mourut durant l'hiver de 1709-10.
Lahontan envoya aussi une partie de ses soldats pour faire la traite. Ils revinrent au mois de novembre, ame- nant avec eux le père Aveneau, jésuite, qui se trouvait dans ces parages. Les vivres étaient rares dans le fort Saint- Joseph. En décembre, une bande de Hurons, revenant de la guerre contre les Iroquois, s'y arr6tèrent, et il fallut les régaler pendant une quinzaine de jours. Comme consé- quence, Lahontan fut obligé de partir le 1er avril pour aller chercher des provisions à Michilimackinac. Mais là aussi il y avait disette. Ladurantaye était absent ; M. de Juche- reau commandait par intérim ; les coureurs-de-bois étaient en petit nombre, les congés ayant été supprimés.
Voyant qu'il ne pouvait s'approvisionner en cet endroit, Lahontan se rendit au Saut Sainte-Marie, d'où il repartit le 13 juin, ayant obtenu une certaine quantité de maïs. Il était escorté par une bande de Sauteurs ou Outaouas qui allaient en guerre contre les Iroquois. Chemin faisant, il se décida à les accompagner dans leur expédition. La cam- pagne fut heureuse ; et le 24 août, Français et Sauvages rentraient au fort Saint-Joseph, ramenant triomphalement un Miamis qu'ils avaient repris aux Iroquois. Il y avait justement à ce moment au fort Saint-Joseph près d'une cen- taine de Sauvages Miamis, qui célébrèrent longuement et bruyamment l'heureux retour de leur frère.
Cette scène fut l'une des dernières de l'existence du fort Saint-Joseph. Ayant appris que le fort Niagara avait été abandonné et que la paix serait bientôt conclue, Lahontan mit le feu aux fortications le 27 novembre 1688 et se rendit à Michilimackinac, où il trouva des lettres de Denonville lui enjoignant de revenir en Canada. '
Lahontan, Voyages.
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Ladurantiiye avait repris le commandement h Miehilimac- kinac. Ce poste avait perdu beaucoup de son importance par suite de la suppression des congés. Les congés turent cependant rétablis en 1688, et le 14 juillet 1690, le roi écri- vit à Frontenac que les dépenses faites pour le poste de Mi- chilimackinac seraient remboursées par la vente des congés, suivant l'ordre de Sa Majesté ; mais la guerre avec les Iro- quois paralysait le commerce.
Les Français de Michilimackinac apprirent en 1689 que toutes les tribus qui les entouraient s'étaient entendues avec les Cinq dations sur les conditions d'un traité qui devait être solennellement ratifié le printemps suivant. Cette paix, c'était la ruine de la Nouvelle-France. Si elle était main- tenue, les Français allaient être obligés d'abandonner l'Ouest ; les belles pelleteries prendraient lu route d'Albany et la colonie se trouverait privée de l'article qui constituait presque la totalité de ses exportations. Comprenant toute la gravité de la situation, de Ladurantaye dépêcha Zacharie Joliet au gouverneur pour le renseigner et rapporter ses or- dres. Ce messager n'arriva à Québec qu'à la fin de décem- bre ; quand il entreprit de revenir, avec les ordres <lu gou- verneur, les Iroquois lui barrèrent le passage.
C'est alors que de Frontenac décida d'envoyer de Louvi- gny pour commander à Michilimackinac. Louis de la Porte, sieur de Louvigny, était un jeune otHcier venu de France en 1687. Après avoir servi pendant plus de vingt-cinq ans dans l'Ouest, il passa en Acudie ; et en 1728 il fut envoyé en France pour renseigner lu cour sur les afl^aires de ce pays. Pendant qu'il était en France il fut nommé gouver- neur des Trois-Rivières. Il revenait au Canada sur le "Chameau" (^uand il périt duns le naufrage de ce navire le 25 août 1725. C'était un homme actif et intelligent. Il fit le premier des eftbrts pour engager le gouvernement à re- prendre les explorations de La Salle.
Louvigny partit de Montréal le 22 mai 1690, ayant sous
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ses ordres 143 hommes, sans compter 30 soldats qui l'escor- tèrent au-delà derf passages les plus menacés. Il était aussi accompagné de Nicolas Perrot qui était chargé des négocia- tions et des présents pour les Sauvages. En route l'expé- dition rencontra un parti d'iroquois. Un comhat s'enga- gea, et les Français, victorieux, levèrent plusieurs chevelu- res et firent un prisonnier. Quand ils parurent devant Mi- chilimackinac, étalant leurs sanglants trophées, les Outaouas et les Hurons, déjà fort ébranlés par les discours de Ladu- ranta^'e et les përes Jésuites, oublit^rent leurs résolutions de réconciliation Ct acceptèrent avec une joie farouche le pri- sonnier iroquois, qu'ils soumirent à toutes les tortures que leur imagination cruelle pût inventer. Perrot les convoqua ensuite à un grand conseil et, réveillant dans leur cœn" la haine et l'ambition, leur rappelant les trahisons des Iro([Uoi8 dans îc passé, faisant appel aux vieilles amitiés, assaisonnant ses arguments de cadeaux, de promesses et de menaces, il les décida tous à descendre à Montréal.
Le 18 août les Outaouas paraissaient sur le Saint-Laurent. Les habitants de cette ville, pour lesquels leur arrivée était un bonheur inespéré, leur tirent une réception enthousiaste. Le premier soin des Outaouas fut de demander une réduc- tion dans le prix des marchandises. Le Barron, un chef huron, montra qu'il avait des idées plus nobles : il demanda qu'on ût la guerre aux Iroquois aussi bien qu'aux Anglais. Ce fut M. de Frontenac qui leur répondit. Sa harangue terminée, il prit la hache et la mit dans la main de ses alliés, entraînant les principaux Français avec lui dans la danse de guerre. Un vieux coureur-de-bois n'eut pas fait mieux. " L'on eut dit. Monsieur, que ces acteurs étaient des possédés par les jestes et les contorsions qu'ils faisaient. Les Sassakouez, ou les cris et les hurlements que M. de Frontenac était obligé de faire pour se conformer à leur manière, augmentait encore la fureur bachique." ^ Les Ou-
^ La Potherie, III, p. 97.
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tuouas et les Ilnrons furent gagnés d'enthousiasme. On scella la réconciliation par un grand festin. Deux bœufs, six gros chiens, deux haricpies de vin et une quantité fabu- leuse de prunes et de tabac y furent consommés. " Ce fut plutôt un pillage qu'un repas," nous assure un des témoins.'
Ilurons et Outaouas étaient satisfaits pour le moment. Durant l'hiv^er suivant ils organisèrent plusieurs bandes de guerriers qui harcelèrent les Iroouois continuellement.
Afin d'encourager ses alliés et ^ jur donner h leurs efforts une direction plus intelligente, Frontenac envoya en 1691 le sieur de Courtemanche établir un poste sur la rivière Saint-Joseph des Miamis. Le gouverneur estime que les tribus, " se sentant appuyées par les Français et excitées par les présents qu'elles recevront, se porteront plus volon- tiers à faire la guerre, quand elles verront qu'elles n'auront pas besoin de songer à aller à la chasse pour avoir de quoi acheter des munitions pour le faire et des bardes pour se couvrir." ^
Le plan des Français était d'engager par des présents les Sauvages qui leur étaient alliés à faire aux L'oquoig une guerre incessante d'ambuscade et de surprises afin de rete- nir dans leur pays ces barbares qu'ils n'étaient pas capables de détruire. Ce plan était certainement excellent pour assurer la tranquillité des paroisses sur le Saint-Laurent, mais il ne donnait pas satisfaction aux alliés, qui craignaient que les Français ne finissent par les abandonner à la ven- geance des Iroquois. Ce ne fut qu'à force de hardiesse et de vigilance que de Louvigny, Perrot et Courtemanche purent les maintenir dans l'alliance.
De 1691 à 1693 les rapports furent peu fréquents entre le Canada et Michilimackinac. Les Iroquois étaient sur
' Relation île ce qui s'est passé, 1689- 0 ; Mémoire de ce qui s'est passé en Canada au sujet de la guerre, 1690; Frontenac au ministre, 9 et 12 nov. 1690.
'^ Frontenac au ministre, 20 octobre 1691.
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tous les chemins, et les gardiens de cet avant-poste de la civilisation se trouvaient comme exilés sur un îlot au milieu d'un océan de barbarie. Cependant les pelleteries s'accu- mulaient dans les magasins. En 1693 les coureurs-de-bois se rassemblèrent et conduisirent ces richesses à Montréal. L'année suivante Louvigny abandonnait son commande- ment. Il eut pour successeur Antoine de Lamothe-Cadillac, l'homme le plus remarquable que la France ait envoyé au Michigan, tant par les événements auxquels il a pris part que par ses ambitions, ses qualités et ses défauts.
CHAPITP.E V
DE LAMOTHE-CADILLAC.
Antoine Laumet de Lamothe-Cadilluc naquit le 5 mars 1658, à Saint-Nicolas-de-la-Grave, gros bourg sis au bord de la Garonne, prës de Castelsarrasin. ' Les Laumet appar- tenaient à la noblesse de robe. Le nom de Cadillac, orto- graphié successivement Cardalliac, Cardaillac et Cardillac, était avantageusement connu dha le temps des croisades. Jean Laumet, le père d'Antoine, était avocat, et son rêve était sans doute de voir son fils marcher sur ses traces, car il lui fit donner une bonne éducation.
Mais de grAce. adrairt^z l'étrange ingratitude, Au lieu de se donner tout à fait à l'étude, < Pour plaire à ce bon père et plaider doctement, Il ne fut au palais qu'une fois seulement.
Plein de fougue, avide de gloire, le jeune Laumet ne voulait pas de la vie prosaïque d'un magistrat de province, au milieu de cultures plates, des terres basses et unies de sa patrie. Il fallait à son ardeur des horizons plus vastes et plus accidentés. Laissant là l'étude des coutumes et des
' On ignoiait jusqu'à ces dernières années la date et le lieu do la nais- sance de Cadillac, ant-si bien que ceux de sa mort. Le curé de Saint- Pie, province de QuébeO) ayant trouvé dans les arctn\es de sa paroisse un acte de la vente faite par la veuve de Cadillac en 1738 de certaiiies pro- priétés situées à Détroit, l'envoya à M. Levi Bishop de cette ville. Par ce document on apprit que Cadillac, mort avant 1738, avait été conseiller du roi et gouverneur de Castelsarrasin. Ces in<lices mirent les chercheurs sur la piste; et en 1885 M. rfillas l-'aimer publiait daus son livre "The History of Détroit " des détails assez complets sur l'origine de Cadillac et sur sa vie en France.
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édita, il entra nu service du roi, et (|uel<{ue temps u[)rès il passait au Canada. Nous ne connaissons pas la date exacte de son arrivée à Québec. Tl est possible qu'il ait été attiré en Amérique par rabl)é Fénélon, i'rbve de l'auteur de Télé- maque, (pii devait être son parent. '
Quoiqu'il en soit, le 25 juin 1687 Cadillac épousait Marie- Thérèse Guyon h Québec. ^ Il paraîtrait qu'il alla s'établir en Acadie iîiunédiatemont ai)rès. Le 28 juillet 1688 le gouverneur et l'intendant lui concédèrent " deux lieues de front sur le bord de la mer, sur deux lieues de i>rofondeur dans les terres, la rivière Douaquo. [aujourd'hui nommée Union, dans le Maine] séparant par moitié les dits deux lieues de profondeur, savoir, une lieue du côté de l'Ouest et une lieue de l'autre côté de la dite rivière, avec l'île de Mont Désert et autres qui sont dans la devanture des dites deux lieues, pour la tenir en fief et seigneurie, haute, moyenne et basse justice, désirant faire faire un établisse- ment et défricher la dite terre pour la mettre en valeur." En effet, Cadillac commença aussitôt un établissement sur sa seigneurie.
Mais l'ambition du digne Gascon n'était pas satisfaite. Il fit proposer à la cour un plan pour s'emparer de la Nou- velle-Angleterre et passa en France pour en démontrer tous les avantages. L'idée était excellente si le gouvernement français avait été disposé à faire les frais nécessaires pour la réaliser, mais les affaires européennes demandaient alors toute son attention. Ce furent les Anglais qui, durant son absence, ruinèrent l'établissement de Cadillac.'^
Le 11 juillet 1689, Cadillac était de retour à Québor f
^ On sait qu'en effet les Fénélon portaient aussi le nom de Larao, "t qU'3 leur famille était alliée aux Cardillac.
'' Tan^uay, Dictionnaire généalogique.
•'' Projet «IVntreprise sur Boston et Manhatte, par M. de Lagny ; le roi à Frontenac, 7 avril KîflO.
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DE LAMOTIIK-CADILLAC
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intentait un i»roeî'8 à un parent an sujet de la riucee«f<ion de son l)eau-pyre. '
En 1692 il passa de nouveau en Franee, pour renseigner la eour sur l'état de la guerre en Ainéri(pie. Il était forte- ment recommandé par Frontenae. Il proposa au roi d'avoir «les bateaux légers et bien armés j»our croiser sur les laes et les rivières par les(|uels les Anglais et les Iro<[Uois étaient obligés de passer. L'idée tut approuvée, et le rei écrivit à Frontenae que les plans de ees bateaux seraient envoyés de Roehefort, ainsi que toutes les choses nécessaires à leur construction, excepté le bois. Sa Majesté ajoutait (pie le coiimiandement de cette flotte pourrait être donné à Cadil- lac. Le projet paraît en être resté là. '
En 1693 Cadillac fut nommé commandant d'une comitOr gnie par Frontenac: et le 5 avril 1694 le ministre lui adressa un brevet d'enseigne de vaisseau. Ce fut le 16 sep- tembre de cette même année qu'il ol)tint sa commission de commandant de Michilimackinae et de tous les pays d'en haut.
Cadillac avait dès lors montré ce qu'il devait être toute sa vie : une victime des grandes ambitions. Jusqu'à la iin son rêve est de se fautiler chez les grands, de leur donner <les conseils, de leur soumettre des réformes où Cadillac trouve son compte. Pour se faire écouter il sait tour à tour déployer l'effronterie, l'humilité, la souplesse. Il sait don- ner à ses projets d'agrandissement les plus belles couleurs ; il mêle sans cesse à ses spéculations les intérêts de l'Etat et du genre humain, le patriotisme et la philanthropie. Au fond, il est peut-être sincère, car il est tat et visionnaire ; il -i'imagine volontiers que la raison même est la base de ses [►lans. Il s'estime un esprit très rassis, lui le chimérique,
' Jugeno' Mte et délibérations ''n conseil.
^ Mémoire à M. le comte de Frontenac, avril 1692 ; le roi à Frontenac et ( hampigny, 28 juin 1093.
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î'iiventnreux par excellence. Toujours en lutte, il peut dire avec autant de vérité que le roi : Il me semble qu'il n'y a que moi qui ait toujours raison. Il a de Tintelligence, mais il manque de jugement. Il voit tout à travers le prisme de ses illusions ; il ne sait pas compter avec les circonstan- ces ; le sans du possible lui fait défaut. Il a parfois des vues justes, mais il se laisse emporter par ses facultés d'ima- gination, qu'il a trop vives et qui lui cachent la réalité ; il veut faire trop grand; C'est un esprit absolu, entêté, fana- tique. Il est d'une méfiance Inouie quand il s'agit de ses projets et de ses entreprises. Porté par nature à rechercher une arriëre-pensée chez les autres, toute opposition qu'il rencontre lui semble être inspirée par une secrète inimitié. Il ne voudrait user d'aucun ménagement envers l'imprudent qui les déclare dangereux ou mal conçus. Celui-là, il ne le regards pas seulement comme un adversaire personnel, mais comme un ennemi de la patrie même, comme un traître qu'il faut poursuivre avec acharnement. La vengeance qu'il goûte le phifs toutefois, c'est de faire enlever à ses ennemis leurs titres et leurs bénéfices pour les réunir sur sa personne. Il aime aussi à leur faire de petites misères. Une guerre d'invectives est ce qui lui convient le mieux ; en cela il reste avocat et gascon comme ses ancêtres.
Dans ses moments d'exaltation Cadillac se proclamait vo- lontiers un homme providentiel, le seul capable de rétablir la paix, la tranquillité et la prospérité dans toute la Nou- velle-France. Pourtant il n'eut jamais l'esprit politique dans la grande acception du mot ; il ne fut rien moins t^ue diplomate. S'il courbe la tête devant les grands, s'il se tait de bonne grâce courtisan, il néglige ses supérieurs immé- diats, ses égaux et ses inférieurs. Pour eux c'est un carac- tère tout de fougue et de passion ; il ne sait ni séduire ni caresser. Un ton impérieux, un esprit sarcastique, un or- gueil iiicomparable, une morgue et une hauteur à se faire détester de l'univers, voilà ce que trouvent en lui ceux qui vivent avec lui ou qui dépendent de lui.
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Cadillac eut à souffrir de son intraitable caractère dès sa nomination au commandement de Michilimackinac. Tes hommes qui devaient l'escorter à ce poste se révoltèrent en chemin et l'abandonnèrent. Il n'arriva à destination qu'au commencement de l'hiver.
Sa première impression de son gouvernement paraît avoir été favorable. " Ce village, écrit-il, "est l'un des plus grands du Canada. Il y a un joli fort de piev^x et soixante maisons, qui sont bâties sur une seule rue, en ligne droite. Il y a une garnison de soldats l>ien disciplinés et bien choi- sis, comprenant environ deux cents homme?, les mieux for- més et les plus forts qui soient dans le Nouveau-Monde ; et en outre plusieurs autres [tersonnes qui passent ici deux ou
trois mois de l'année Les villages des Sauvages, dans
lesquels se trouvent six ou sept mille âmes, sont à une por- tée de fusil du nôtre. Toutes les terres sont défrichées jus- qu'à trois lieues de leurs villages, et très bien cultivées. Elles produisent une quantité de blé d'Inde suffisante pour les besoins de \a population indigène et des Français.'"
La description est en rose et pour cause : Cadillac \ oulait convaincre le gouvernement que vu l'importance de Michi- limackinac l'on devait y tolérer le trafic de l'eau-de-vie — qui était sa principale source de revenu. Vers le même temps il proposait de diviser le Canada en deux provinces, Haut et Bas, et de laisser au Haut-Canada le contrôle du com- r'.i;rce des fourrures. ^ Si ce plan était adopté Cadillac de- venait régal du gouveineiir-général et Michilimackinac sa métropole.
Cependant Cadillac s'était brouillé avec tous ceux qui l'entouraient. Il se plaignit à son protecteur, M. de Fron- tenac, et celui-ci écrivit au ministre :
" Le pauvre M. de Lamothe Cadillac aurait eu besoin de vous envoyer cette année un journal pour vous instruire de
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' SheMon, Early History of Michisran.
^ Narrative of occurrances in Canada, 1694, N. Y. Co). Doc, vol. IX.
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toutes les i>ersécution8 qu'on lui a faites <lans le poste où je l'ai mis et où il fiait merveilles, s'étant acquis beaucoup de crédit sur l'esprit des Sauvages qui l'aiment et le craignent Enfin on a trouvé moyen par une cabale toute visi- ble de soulever trois ou quatre officiers, qui étaient dans les postes dépendants du sien et qui lui ont fait des algarades si extraordinaires et si inouies que j'ai été obligé de les faire mettre en prison quand ils ont été descendus et dont je ne les ai fait sortir que depuis quelques jours, par-je que assu- rément ils méritaient davantage. — Un certain Përe C4ireilh,' jésuite, qui m'avait écrit, il y a quelques années, des lettres si insolentes, a joué dans tout cela des rôles étonnants."
Tandis que ces malheureuses dissensions se déclaraient parmi les Français, leurs alliés sauvages étaient toujours me- nacés par les Iroquois. Au printemps de 1695 trois cents guerriei ^ de cette nation vinrent camper près du fort Saint- Joseph des Miamis. Ayant enlevé quelques femmes et quelques enfants miamis qui travaillaient dans les champs, les Iroquois s'approchèrent du fort des Français. Ils met- taient déjà les canons de leurs fusils dans les crevasses de la palissade quand on les aperçut. Néanmoins Courteman- che fit diriger sur eux un feu si bien nourri qu'en peu de temps ils battirent en retraite, laissant plusieurs hommes sous le fort. Retirés dans leur camp, ils invitèrent Courte- manche à venir réclamer les prisonniers qu'ils tenaient, lui assurant qu'ils ne faisaient pas la guerre aux Français, mais seulement aux Miamis. Ces conférences, faitvss à tue-tête, se terminèrent par des injures.
Cet été <le 1695 Courtemanche descendit à Montréal. Ni- colas Perrot, qui commandait chez les Miamis de Malamek,^
' Le K. P. Etienne de Careilh, dont Charlevoix a dit : — " Les Françain et les Sauvages s'accordaient à le regarder comme un saint et un génie de premier ordre." Sa vie a été écrite par le P. Orchaud, 8. J., Paris, 1891.
■^ Ou Marameck ou Marameg ; c'était le nom que l'on douait à la rivière Kalamazoo.
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oste où je Aicoup de craignent toute visi- it dans les algarades lo les taire lont je ne que assu- me Car eilh/ des lettres lants." iéelaraient )UJour8 me- trois cents fort Saint- femmes et es champs, Ils met- revasses de lourteman- 'en peu de •8 hommes ■nt Courte- n aient, lui nçais, mais tue-tête, se
lutréal. Ni- Malamek,'^
I Les Français
^t un génie de
Paris, 1891.
Lit à la rivière
fut aussi mandé h Montréal pour aviser aux moyens de ré- unir cette tribu à celle de la rivière Saint-Joseph, afin d'être plus en état de résister aux Iroquois.
Le sieur le Sueur, plus tard employé en Louisiane, avait été envoyé en 1693 pour établir un fort h Chegouamigon et pour renouveler l'alliance avec les Sioux. Il descendit aussi à Montréal avec un grand nombre de Sauvages du liant du lac Supérieur, qui demandèrent la protection du gouverneur^général.
Malgré l'assurance souvent répétée que les Français ne conclueraient jamais ;a paix avec les Iroquois sans la ]>arti- cipation de leurs alliés, les Outaouas et les autres nations, voyant que tous les efforts des Cinq Nations étaient dirigés contre eux, décidèrent encore une fois de négocier pour leur propre comptes. Les autorités de Québec ap[»rirent bientôt que le chef huron Le Baron était allé négocier chez les Iroquois et (luelesOutagamis, les Mascoutins et les Kis- kakons se préparaient pour émigrer à la rivière Ouabache, près des cantons Iroquois.
Tel était l'état déjà peu brillant des affaires quan<l une décision du roi concernant le trafic de l'eau-de-vie vint les embrour.ler davantage.
La questioîi de la traite de l'eau-de-vie avec les Sauvages agitait depuis longtemps le Cana<la ; elle avait fait tous les trais de retentissantes querelles entre Mgr. de Laval et les Jésuites d'une part et les gouverneurs-généraux depuis M. d'Avaugour jusqu'à M. de Frontenac de l'autre.
C'était en effet une grave (piestion.
Les Sauvages, suivant l'expression d'un vieux clironi- (pieur, ne buvaient (pie pour s'enivrer, et ne s'enivraient que pour faire du mal. Quan<l le Sauvage était saisi de l'envie de s'enivrer, il prenait sous son bras un petit baril, que les traficpmnts avaient généralement soin de mettre à sa disposition. Il ne portait jamais la liqueur à ses lèvres <|u'il n'en eût assez dans son baril pour s'enivrer complète-
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ment. Une tradition, reçue chez toutes les tribus de l'Amérique du Nord, permettait à ceux qui paraissaient possédés d'un esprit quelconque, aux fous aussi bien qu'aux ivrognes, de se livrer à tous les excès sans qu'on pût les en tenir responsables. Conséquemment le Sauvage ivre, déli- vré de toute timidité naturelle et de toute crainte des lois, assouvissait avec hardiesse ses passions de vengeance ou d'impureté.
Quand l'eau-de-vie arrivait dans un village et aussi long- temps qu'elle durait c'était une bacchanale effrénée ; on devait s'attendre à voir toutes lès infamies imaginables. Puis venaient le repentir et la misère. Les trafiquants se payaient toujours si bien qu'après sa débauche le pauvre ivrogne se trouvait sans bardes et sans aucune des choses nécessaires à la vie.
Les garnisons qui avaient été mises pour surveiller le commerce, ne faisaient qu'ajouter au désordre. Soldats et commandants, entraînés par l'appât des profits énormes se livraient au trafic avec autant d'ardeur que les coureurs-de- bois.
Les missionnaires écrivaient à tous leurs amis, au minis- tre et an roi que les fruits de leurs travaux étaient détruits par l'infâme trafic et qu'ils seraient obligés d'abandonner leurs missions si on ne l'arrêtait. L'une de ces lettres du P. Careilh, expliquera parfaitement la position que pre- naient les Jésuites :
"Si Sa Majesté veut sauver nos missions .... il n'y a point d'autre moyen de le pouvoir faire que d'abolir les
deux infâmes commerces
Le premier est le com-
merce de l'eau-de-vie ; le second est le commerce des fem- mes sauvages avec les Français, qui sont tous deux aussi publics l'un que l'autre, sans que nous puissions y remédier, pour n'être pas appuyés des commandants qui, bien loin de les vouloir empêcher par les remontrances que nous leur faisons, les exercent eux-mêmes avec plus de liberté que
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leurs inférieurs et les autorisent tellement par leur exemple qu'en le regardant ou s'en fait une permission générale et une assurance d'imiiunité (pii les rend communs à tout ce qui vient ici de Français en traite, de sorte que tous les villages de nos Sauvages ne sont plus que des cabarets pour l'ivrognerie et des Sodomes pour l'impureté, d'où il faut que nous nous retirions, les al>andonnant à la juste colère de Dieu et h ses vengeances,
" Vous voyez par là que de (|uel<iue manière qu'on éta- blisse le commerce Français avec les Sauvages, si l'on veut nous retenir parmi eux, nous y conserver et nous y soutenir en qualité de missionnaires dans le libre exercise de nos fonctions avec espérance d'y faire du fruit, il faut nous déli- vrer des commandants et de leurs garnisons qui, bien loin d'être nécessaires, sont au contraire si pernicieuses que nous pouvons dire avec vérité qu'elles sont le plus grand mal de nos missions, ne servant (pi'à nuire à la traite ordinaire des voyageurs et à l'avancement de la Foi. Depuis qu'elles sont venues ici haut, nous n'y avons plus vu que corruption universelle qu'elles ont répandue par leur vie scandaleuse dans tous les esprits de ces nations qui en sont présente- ment infectées. Tout le service prétendu qu'on veut faire croire au Roi qu'elles rendent se réduit à quatre principales occultations dont nous vous prions instamment de vouloir bien informer le Roi.
'' La première est de tenir cabaret public d'eau-de-vie où ils la traitent continuellement aux Sauvages qui ne cevssent de s'enivrer, quelques oppositions que nous puissions faire
" La seconde occupation des soldats est d'être envoyés <Vun [loste à l'autre par les Commandants pour y porter leurs marchandises et leur eau-de-v:e, après s'être accomo- dés ensemble, sans qvtc les uns et les autres aient d'autre soin que celui de s'ontr'aider mutuellement dans leur com- merce.
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" Leur troisième occupation est de faire de leur tort un lieu que j'ai honte d'appeler par son nom."
Après avoir cité plusieurs incidents, le Père continue :
" La quatrième occupation des soldats est celle du jeu qui a lieu dans les temps où les traiteurs se rasseml^lent ; . . . . presque jamais sans une ivrognerie commune à tous les joueurs .....
" C'est là l'unique cause qui a mis le dérèglement dans nos Missions, et qui les a tellement désolées par rascen<lant que les Commandants ont pris sur les Missionaires en s'at- tirant toute l'autorité soit à l'égard des Français, soit à l'égard des Sauvages, cpie nous n'avons pas d'autre pouvoir que celui d'y travailler inutilement sous leur domination qui s'est élevée jusqu'à nous pour nous faire des crimes civils et des accusations prétendues juridiques des propres fonctions de notre état et de notre devoir, comme l'a tou- jours fait Monsieui de la Mothe qui ne voulait pas même que nous nous servissions du mot de désordre et qui intente en effet un procès au père Pinet pour s'en être servi."
Frontenac, Cadillac et autres de leur parti ont accusé les Jésuites d'exagérer le mal pour des motifs intéressés et de demander le rappel des garnisons à la seule fin de pouvoir jouir du monopole du commerce de ces régions. Cepen- dant il paraît difficile de douter de l'étendue du mid, et encore plus difficile de disculper les commandants et les soldats des garnisons. Quant à Cadillac, l'on assure qu'il réalisa une petite fortune durant les trois ans qu'il fût à Michilimackinac. ' Ladurantaye était associé à un nommé René Fezeret et il faisait un commerce qui s'étendait jusqu'à la baie Verte et Chicagou. '
Si le mal causé par le trafic de l'eau-de-vie était grand,
' Ménioire sur le Canada adiessé au comte Ponchartrain par le Roy de la Potherie, dans Margry. ^ Jugements «t dé'ibérations du conseil, vol. III.
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son abolition oft'rait aussi des inconvénients. " Il n'- '- ■')a8 juste, (lisait Colbert, et la police générale d'un état , jiste en cela aux sentiments d'un évêque qui pour enipCol^jr les abus que qiiel(|ue petit nombre de particuliers peuvent taire d'une chose qui «^st bonne en soi, veut abolir le commerce
d'une denrée (pii s'M't beaucoup à attirer le commerce
d'autant plus que l'on courrait risque d'être privé de ce commerce et de contraindre ces Sauvages à le porter aux Anglais de Boston et Hollandais d'Orange qui sont héréti- ques ; et par conséquent se priver des facilités que ce com- merce a[>porte pour les rendre capables d'une société civile, les convertir et les maintenir dans les sentiments de la bonne et véritable Religion."
Après avoir pendant longtemps refusé d'écouter le clergé, le roi se rendit enfin aux clameurs et, en 1695, détendit for- mellement de porter de l'eau-de-vie dans les postes de l'Ou- est, et ordonna en même temps de rappeler les coureurs-de- bois et les garnisons qui s'y trouvaient.
Aussitôt ([u'ils connurent cette décision les Sauvages de Michilimackinac vinrent trouver Cadillac. " Si nous som- mes tes amis," dirent-ils, laisse-nous la liberté de nous en- ivrer ; notre castor vaut ton eau-de-vie, et le Maître de la vie nous a donné les deux pour faire notre bonheur. Si tu veux nous traiter comme tes ennemis ou tes esclaves ne soit pas taché si nous portons notre castor à Orange ou à Cor- land, où ils nous donnent de l'oau-de-vie autant que ndus en voulons." '
Cadillac pour les pacitier, et aussi sans doute pour faire quelque bénéfice, fit ouvrir les magasins et leur assura (pie le commerce se ferait ccmime par le passé. Cela fait, il les rassembla en conseil et leur démontra la nécessité de conti- nuer la guerre contre les Iro(piois. Un des chefs les plus
' Cailillac à Ponchariraiii, 3 amn ](?*.»"), clins Slieldon, Early History of Michigan.
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considérables consentit à conduire une expédition. Il re- vint quelque temps après avec; une trentaine de chevelures et autant de prisonniers qu'il avait pris à un parti de chas- seurs.
Tandis que les choses s'arrangeaient ainsi àMichiliniacki- nac, de graves difficultés éclataient sur un autre i)oint. Lors de son arrivée, Cadillac avait fait conclure une trêve de deux ans entre les Sioux et les Miamis. Au bout de ce temps les Sioux vinrent en grand nombre dans les villages des Miamis pour ratifier la paix. Ils furent bien reçus, passèrent plusieurs jours en fêtes et en conférences, et partirent en prodiguant les protestations d'amitié. Les Miamis de Maramek, à l'instance de 2^icolas Perrot. avaient décidé de se rendre sur la rivière Saint-Joseph. Croyant que les Sioux étaient déjà lo'n, ils se mirent en marche et à la nuit s'endormirent tranquillement au grand air. Les Sioux attendaient ce moment ; ils tombèrent sur les dor- meurs et en massacrèrent un grand nombre.
Les Miamis survivant crurent de prime abord qu'ils étaient trahis par les Français. Ces soupçons furent encore confir- més, quand, poursuivant les Sioux, ils se trouvèrent en pré- sence de coureurs-de-bois armés contre eux. Ils vinrent alors exposer leurs griefs à Cadillac et exigèrent qu'il se joignit à eux pour exterminer les Sioux. Cadillac ne pou- vait ni ne voulait se rendre à leur demande, mais il crut pouvoir suppléer aux actions par des paroles. Il leu ' fit une longue harangue pour les engager à pleurer tranciuille- ment les morts et attendre une occasion plus favorable pour les venger. Les Miamis le quittèrent satisfaits en appa- rence, mais, au fond, de plus en plus convaincus que les Français étaient en ligue avec leurs ennemis.
I^icolas Perrot, malgré toute son influence sur cette na- tion, faillit être brûlé vif. L'intervention des Renards lui sauva la vie, mais toutes ses marchandises furent livrées au
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pillage. ' Ce t^'pe des ancienn voyageurs ne reparaîtra plus dans ces parages. Après avoir passé quarante ans à faire la traite et à servir son pays dans l'Ouest il retourna à Montréal aussi pauvre qu'au premier jour. Né en 1644, il avait étudié chez les Jésuites ; et c'est comme serviteur des missions qu'il s'était d'abord rendu dans l'Ouest. Il mourut après 1718. Il a laissé un ouvrage curieux sur les Mcmrs et Coutumes (Us Sauvages.
Ce qui excitait surtout la jalousie des tribus du Michi- gan, c'était de voir les voyageurs ayant des congés passer " sur le ventre à tous les Outaouais et Sauvages de Missi- limackinak " pour aller taire le commerce avec les na- tions plus éloignées et moins au courant du prix des mar- chandises. Cadillac fit parvenir aux autorités les vigou- reuses protestations des Outaouas et des Miamis à ce sujet ; et l'intendant Champigny fit publier un édit défendant aux trafiquants d'aller au pays des Sioux sous peiné de mille francs d'amende.
De son côté, Frontenac, afin de frapper l'esprit de;^ Sau- i'ages, entreprit et conduisit avec succès une expédition contre les cantons Iroquois, sans demander aucune aide à ces tribus. Il n'attendit pas même le sieur d'Argenteuil qui descendait de Micbilimackinac avec 50 Français pour prendre part à l'expédition et qui n'arriva que pour voir la rentrée triom[>bale de l'armée dans Montréal. Ce coup produisit en effet une vive impression chez les peuples de l'Ouest, qui avaient cru que les Français ne pouvaient com- battre les Iroquois sans leur secours. Le comte de Fron- tenac écrivit même au ministre qu'il serait désormais facile d'engager ces [>eiiples à faire la guerre de leur côté si les garnisons étaient maintenues à Micbilimackinac et dans les postes qui en dépeiulaient. Mais, ajoutait-il, si ces garnisons sont retirées, il sera impossible de contrôler les tribus.
1 Cadillac à Poacliarirain, 31 juilet 1795, (hms S'ieldon, Charlevoix, Histoiie de la N. F.
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Eu utteiuliint la réponse du ministre, Frontenac chargea les sieurs «l'Argenteuil et de Yincennes de retourner avec quelques soldats, le premier à Michilimackinac et l'autre chez les Miamis. Tonti était déjà parti pour prendre le commandement du premier de ces postes. Les coureurs- de-bois (pli étaient descendus avec d'Argenteuil l'année précédente reçurent aussi la permission de retourner cher- cher leurs pelleteries.
Au mois d'août de cette année 1697 Cadillac, voyant l'importance de sa charge tort diminuée, avait donné sa démission et était descendu ;\ Québec avei* les chefs outa- ouas. Ces Sauvages venaient dire à Frontenac qu'ils ne reviendraient phis à Montréal si les Français se retiraient de l'Ouest et ne leur apportaient plus de marchandises. Le mémoire qui rapporte ces discours ajoute (pie si les Sau- vages mettent leur menace à exécution la colonie perdra tout le commerce des pelleteries et qu'on verra les tribus qui ont si puissamment contribué k la détendre, tourner leurs armes contre elle. On pourra même s'attendre à voir les coureurs-de-bois passer aux Anglais. '
Malgré toutes les représentations qui lui turent faites dans ce sens le roi ne songea pas un instant à revenir sur sa décision. Déjà en 1696 il faisait répondre à Frontenac : " . . . . P]n tout cas vous ne devez pas man(pier de donner ordre pour ruiner les forts et tous les édifices (pii pourront y avoir été faits." ^
En 1698, répondant à de nouvelles objections, le ministre parlait avec la même fermeté.
Oubliant leur déclaration de l'année précédente plusieurs Outaouas vinrent, en 1698, dire à Frontenac que leur inten-
' An accouiit ol' tLe luost reniaïkable occurrence in Cana(ia, lGi)(>-97, N. Y. Col. Doc, vol. IX ; BroadlieJ, Docuinentary Hist. of N. Y. ; Cliaile- voix, Histoire cle la N.-F.
■^ Le ministre à Frontenac. 26 mai 1«)90.
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tion t'tiiit (le iVi*tt'r ;\ Michirnn.ukiiiiU', et qu'ils c'S|h' raient que k'rt autres tribus suivruitMit leur exemple. Le ii'ouver- neur les telieita et leur expli(|Ma (pie les coureurs-de-bois ne seraient rappelés (|ue teniporaireinent, et à la seule tin do leur taire payer leurs dettes.
Il (.'tait plus facile de donner l'ordre de faire revenir les eoureurs-de-bois que do l'oxi'euter. Tonti, (pli avait (''t('^ chargé de cette tache, n'en ramena que six en ItîOS. Il re- tourna en 1700 et en eiiiijaii'ea encore une vini^taine h le sui- vre : (piatre-vingt-quatre lui dirent (pi'ils se proposaient de passer sur le Mississipi ; et plusieurs, encouragés par les Sauvages, no lui cacheront pas leur intention de rester à Michilimackinac comme par le passé.
Les voyages aux Outaouas n'étaient pas supprimés, et cette même année l'évCMpio de Québec voulut prott'ger les voyageurs en publiant une lettre pastorale dans laquelle il condamnait " comme illicite et iisurairo le commerce dos marchands qui équii>aient les voyageurs qui vont aux Ou- taouas ou ailleurs, à la charge que ceux-ci [)aieront au re- tour en castor les marchandises qu'ils auront pris sur le pied de 83 par cent, sans (][ue les marchands veuillent ris- quer leurs effets qu'ils obligent les voyageurs à leur rem- bourser en castor, quoi(iu'il arrive."
Peut-('''tre aussi les autorités mancpiaient-elles de zèle dans rexécution d'ordres (pi'ellos n'approuvaient pas. Car, si Frontenac était mort, son successeur, de Callières, avait les mêmes idées sur cette question. L'nn de ses premiers soins fut d'écrire au roi pour recommander le rétablisse- ment des congés, on disant que les porteurs de ces permis remplaceraient les garnisons.
En 1700 le père Eiijalran et le sieur de Courtemanche furent délégués vers les Sauvages de l'Ouest pour les enga- ger à venir conclure une paix générale à Montréal. Le Pore resta à Michilimackinac, mais de Courtemanche fit un voy- age de douze cents milles pour rencontrer toutes les tribus.
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LES CANADIENS DU MIC11I(4AN
Lii [iiiix, tut «oleiiiielleint'nt ratiiiée tlaiii^ rautomne de 1701. '
Co[>on(laiit les Anglain, invités par «pK'lcjUert coureurs-ilt- bois, songeaient à tirer protit de la faute (pie le gouverne- ment Français avait commise en abandonnant l'Ouest. Dans une pétition adressée à Hellemont, go»iverneur de la Nouvelle-York, deux individus nommés de Noyon et Gros- selin demandaient à être reçus i)ar les Anglais, assurant (pi'ils seraient suivis au mois de février 1701 [»ar vingt- deux camarades et k l'automne suivant par trente autres. Les pétitionnaires s'engageaient aussi h faire établir les Ou- taouas près des Iroquois. Bellemont avait déjà obtenu de ces derniers qu'ils laisseraient passer librement leseoureurs- de-bois qui voudraient se rendre à Albany. - .
Robert Livingstone, secrétaire des affaires des Sauvages à Albany, proposait aussi un plan pour former sur ia rivière Détroit un établissement qui serait une école d'où sorti- raient des hommes de la trempe des coureurs-do-bois. Liv- ingstone pensait que c'était le seul moyen (pi'il fût possible aux Anglais de prendre pour arriver à rivaliser avec les Français dans l'Ouest. ^
Ces projets ne se réalisèrent pas. La France, non l'An- gleterre, devait fonder la future métropole du ^ficliigan.
' Cnilièrefl à Cliartrain. Ki ootobie 1700, N. Y. Col. Doc, vol. IX ; Char- levoix, Histoire <ie ia N.-K.
'^ Bellemont to tlie Lords of Trade, October :4, 1700, N. Y. Col. Doc, vol. IX.
" N. Y. Col. Doc, vol. IV.
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CHAPITRE V.
LA FONDATION DE DETROIT.
Los fourrures furent pendant longtemi>s le prineiptil arti- cle (lu coninieree canadien. Le privilège d'en faire la traite fut aussi pendant longtemps monopolisé [)ar diverses asso- ciations qui s'engageaient en retour à contribuer au déve- loppement et aux frais d'administration de la colonie. Les conditions des contrats entre le roi et ces compagnies allant toujours à rencontre de la loi inéluctable de l'offre et de la demande, tous ces monopoles se terminaient au bout de quelques années par une crise et une liqiiidution.
A la fin du dix-septiëme siècle, la compagnie qui avait pour le moment le monopole du commerce s'était engagée à re- cevoir tout le castor qui lui serait apporté, à un prix déter- miné. L'on devine facilement le résultat d'un arrange- ment qui tendait à donner au castor une valeur moins va- riable que celle de l'or. Tous les habitants se mirent à faire la chasse ; et en peu de temps les magasins de la compagnie furent emcombrés de fourrures qu'elle ne pouvait écouler. La banqueroute arriva, et cette fois le roi confia aux prin- cipaux habitants du Canada, constitués en compagnie, le monopole de l'exportation des pelleteries.
Ce changement n'améliora en rien la condition du mar- ché. La nouvelle compagnie héritait de l'ancienne de six cent mille livres de castor qu'elle ne savait où placer. Il fallait cependant trouver un remède ; toute la colonie sou- frait ; le roi et les ministres ne savaient que faire.
Cadillac accourut au secours des autorités et déclara sans
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LES CANADIENS DU MICHIGAN
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îiésitutioii qu'il avait trouve la solution du problème ; c'é- tait d'établir un poste ou plutôt de fonder une ville à Dé- troit. Il se pourrait fort bien que Cadillac eût emprunté cette idée à d'autres. Il existe encore aujourd'hui un mé- moire d'un certain sieur <le Charron, dans lequel l'é'tablisse- ment d'une colonie sur la rivière Détroit est préconisé comme un moyen de détourner les habitants de la chasse du castor et de faire naître des manufactures d'étofïes, de toile, de chaussures et d'autres objets. ' Mais Cadillac était passé en France ; il avait embelli un si simple projet de tous les rêves de sa fertile imagina<"ion et mettait tout en œuvre pour attirer l'attention de la cour. Il réussit.
Le 27 mai ]d99 le roi écrivit au gouverneur et à l'inten- dant pour leur communiquer les projets do Cadillac, ajou- tant qu'il avait trouvé ses raisons plausibles et dignes d'être examinées sur les lieux. " En cas que cette proposition soit trouvée bonne et praticable. Sa Majesté désire qu'il,:! prennent dès lors les mesures nécessaires pov-r l'exécuter, aussitôt qu'ils en auront reçu l'agrément de Sa ^Majesté."
Dans le mémoire dont il est ici question, Cadillac s'expri- mait ainsi :
" Il n'a pas paru jusqu'à présent que Lamothe ait entre- l)ris quelque chose sans succès ; c'es< ce qui lui donne lieu de s'engager aux propositions suivantes, et d'en venir h bout pourvu que la Cour lui accorde l'honneur de sa protection. V sait bien qu'il a des ennemis, mais il fait à leur égard comme un bon voyageur, (|ui poursuit sa rente sans se dé- tourner et sans s'arrêter au bruit des jappereaux qui crient après lui. Il n'a pas entrepris de contenter tout le monde ; pourvu que ses su[>érieura soient satisfaits de sa conduite, cela lui suffit.
" Premièrement. Il s'agit d'empêcher qu'il ne descende du castor (U\< Outaouas, à commencer depuis 1700 jusqu'à la tin de 1702, qui sont trois aimées.
' Margry, vol. V,
LA FONDATION DE DETEOIT
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" Douxièmemont, ({uo les trois quarts du castor qui des- cendra seront gras ou domi-ifras, pourvu ([ue l'on fasse va- loir l'un et l'autre (i francs la livre.
" Troisièmement, (|ue les habitants du Canada trouveront du profit dans ce commerce et seront ou devront être con- tents.
" Quatrièmement, qu'il donnera les moyens à ^fessieurs les Fermiers de faire des profits considér.ii'.es par la voie de ce commerce.
" Cinquièmement, il ramassera en un seul poste toutes les nations ojii sont dispersées ; ce qui formera u]ie ville considérab'equi mettra à l'avenir l'Anglais et l'Iroquois à la raison et qui se trouvera assez puissante pour détruire l'un et l'autre avec le secours de ^Eontréal.
" Sixièmement, il fera civiliser et humaniser les Sauva- ges, en sorte que la plupart ne parleront que la langue française en dix ans, par ce mA»ven, de payens ils devien- dront enfants de l'Eglise et par conséquent bons sujets du Roi." '
Pour établir tout cela Cadillac demande que les 25 con- grès soient rétablis et (pi'ils soient accordés à des pert-oinies responsables et pour deux ans. Ainsi les voyageurs ne re- viendront qu'en 1702, -c ([ui ])ermettra à la Compagnie d'écouler son fonds atîtsicl. Il demande aussi qu'une forte garnison soitétab'u à Détroit afin de maintenir Tordre dans cotte région.
Le gouverneur de Callières et rintendajit (■hampigjiy n'approuvèrent pas tous les plans de Cadillac, bien <[u'ils comprissent la nécessité de reprendre l'Ouest. Ils crai- gnaient cpie l'établisse" lient du Détroit, si [)rès des Iroquois et des Anglais, ne devint un prétexte pour rennemi de contiiuier la gU'Tre ou (|u'il ne ccMiduisii; leurs alliés sauva- ges à porter leurs pelleteries à Albuny. îls se déclaraient
' Marjiry, vol. V.
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LFS CANADIENS DU MICIIIGAN
plutôt en faveur de rétablir les congrès et de remettre les garnisons dans les anciens postes. L'intendant ayant même insinué que Cadillac voulait prendre soin du castor pour son avantage personnel celui-ci riposta fièrement : " De tout temps on a empoisonné les intentions les plus pures, et la vérité même est sujette à recevoir des atteintes par l'er- reur et le mensonge ; mais sa force est indomptable,"
" Il résulte de tout ceci," continue Cadillac, s'adressant au ministre, " que ce plan est bon ou mauvais. S'il est bon, il n'y a point à balancer de b faire exécuter. Cboisisez en- suite un homme de tête et de main pour l'exécution sur les lieux ; et vous pouvez vous assurer qu'il réussira comme vous le souhaitez, malgré les secrètes difficultés qu'on y pourrait faire. Vous ne devez jamais espérer que cette affaire réussisse si elle est mise en délibération sur les lieux. C'est un pays de cabale et d'intrigue ; il est impossible de réunir tant d'intérêts différents. On est bien aise de con- trecarrer, c'est le caractère de ceux qui y habitent. N'ac- cusez pas sur cela Lamothe d'indolence ; il s'est assez remué
sur cette affaire Si Votre Grandeur avait le loisir de
l'entendre une demi-heure, vous seriez éclairé sur le tout. Il est fort désolé de l'impression que vous avez de lui ; il espère que vous continuerez de lui accorder l'honneur de votre protection et de votre souvenir." '
L'aplomb et la persévérance de Cadillac triomphé: eut de toutes les hésitations. Dès l'automne de 1700 son plan fut accepté ; et il fut lui-même désigné comme étant " l'homme de tête et de main " qu'il fallait pour le mettre à exécution. Il tenait sa commission de commandant du futur poste di- rectement du roi, qui lui avait aussi concédé quinze arpents de terre à l'endroit où il s'établirait ; mais il devait agir sous les ordres du gouverneur de la Nouvelle-France.
Cadillac se persuadait modestement que si son poste n'é-
' Margry, vol. V.
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LA FONDATION DE DETROIT
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trtit puîs établi "on serait (ontvairit de tout uhandonnor, puis- que c'est lui seul qui fera l'entière sûreté de la colonie, celle de son commerce et la ruine certaine des colonies an- u:laises." Tel n'était pourtant pas l'avis des marchands de Montréal qui étaient au désespoir. Une requête tut rédigée, exposant que le sieur Lamothe-Oadillac n'avait pas d'autre but que de faire un commerce préjudiciable aux membres de la " Compagnie du Canada " qui étaient obligés de sup- porter de lourdes charges, et priant de différer son départ. Mais soudain les plus actifs meneurs de l'agitation s'apaisè- rent, et il ne se trouva plus ]»ersonne pour présenter la re- quête. Ceux qui avaient tant parlé contre Cadillac lui fournirent d'énormes quantités de marchandises, et on le lit partir au plus tôt. '
Callières avait aussi ses raisons pour presser le départ de i .idillac. Les Iroquois avaient envoyé des délégués pour protester contre rétablissement de Détroit et il désirait voir la chose accomplie avant l'arrivée de ces délégués afin de leur mieux répondre. '' Ce qui arriva, leur ayant fait trou- ver les raisons de cet établissement bonnes." -
Cadillac partit de Montréal le 5 juin 1701. Il avait sous, ses ordres cinquante soldats et autant de colons ; les otfi- ciers étaient les sieurs Dugué et Chacornacle, lieutenants, et M. de Tonti, capitaine. Cadillac avait reçu ce dernier un peu malgré lui, car il le savait tout dévoué aux intérêts de la Compagnie. L'expédition avait nécessité plus de quatre-vingt mille livres de frais. Les përes jésuites avaient obtenu la permission d'envoyer un des leurs à Détroit, et ils avaient désigné le père Vaillant, ancien missionnaire chez les Iroquois. Mais Cadillac de son côté avait fait dé- cider que les Jésuites s'occuperaient uniquement des Sau-
' Mémoires sur le Canada par le K(»y de la Potherie ", Callières au mi- nistre, li) octobre et 9 novembre 1700 ; Cadillac à un (ireiuier commis, 18 octobre 1700, She' 'on, Early History of Micliivcan.
'' Cullièrea au ministre, 4 octobre 17IH, Margry, vol. V.
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LES CANADIENS DU MICIIIGAN
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vaifos ; ot il omuionait mi réeollet pour flesi^ervir K's liul>i- tants et la içarnison.
L'expédition t-ainpa slir le site actuel de Détroit le 2-1 juillet 1701. Aussitôt que les premiers travaux furent ter- minés, le lieutenant Cliareonacle retourua à (^uébee pour y porter les nouvelles. Calliores écrivant au roi dit (pie "' Ca- dillac a tait un fort à quatre bastions de bons pieux de chêne de 15 pieds de louifueur, dont il y en a trois en terre." '
Tels furent les commencements d'une ville (pii a été un siècle durant la métropole l'Ouest et (pli est encore celle d'un des plus grands états de la Républi(pu' américaine. La petite colonie française (pii venait de naître devait végéter [tendant soixante ans, en danger continuel de périr par l'in- différence de ses gouvernants ou par la nniin des tribus féroces et inconstantes (pii l'entouraient de toutes parts, pour être enfin livrée à une domination étrangère et hostile ; et cependant elle devait traverser tous les dangers, sortir de eluKpie lutte plus nombreuse et mieux constituée.
Cadillac n'avait rien entrevu de cette histoire bien glo- rieuse mais bien humaine, — histoire faite de travail et de souffrances. Il croyait sincèrement (jue dans l'espace de quelques mois tous les peuples de TAmérique du Xord prendraient la route de son étal»lissement et (pie le fort de pieux, devenu une grande cité, dominerait tout le conti- nent. L'endroit lui paraissait choisi de Dieu pour ces gran- des choses. " Il n'y a cpie les ennemis de la vérité, s'écrie-t- il, (pli soient les ennemis de cet établissement si nécessaire H l'augmentation de la gloire du roi, au progrès de la reli- gion et à la destruction du trône de Baal."
' Sheldon, Early Hist. ; Margry, vol. V,
^ Callières et Cliampigny au mmistre, 1701. M. Rameau est donc mu- nifestement dans l'erreur quand il dit dans 'La France aux Colonies" qu'à partir de 16H8 " le fort de Détroit fut constamment occupé, sons le nom de fort Ponchartrain, jusqu'à ]i\ fondation de la colonie même de
LA FONDATION l»E DKTKOIT
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Li' tort (|iu' vouait do toiulor Cadillac fut noinmé \\m- cliartraiii, on rhoiinour du luinistro dos colonios, surTordro d\i irouvoniour ot do Pintoudant.-
Eu partant do Montréal, Cadillac ot tous los autres Fran- çais avaient ro(;u la détbnse forinollo do t'airo iuu'un coin- merco. " Doux lionimos do prohitô" otaiont onvovos avec l'oxpôdition pour t'airo la traite i)our le profit (U' sa Arajesté.
Cependant la Compagnie do la colonie avait demandé le monopolo de la traite aux torts Frontenac et Ponchartrain. Cette denuinde fut accordée ; et le poste do Détroit fut cédé
a la compaguu' sous la condition pour elle de rembourser le roi de toutes les dépenses faites pour rétablissement de cette colonie, d"entretonir le fort en bon état, de payer les engagés ot de donner H, 000 livres annuellement pour les pauvres du Canada. Cet arrangement fut conclu au mois d"octol)ro 1701.
C^adillac ayant ap}>ris (jue la <(»mpagnie était devenue [»ropriétaire du Détroit descendit à Québec en 1702 pour
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sions, il signa un contrat par lotiuol il s'engtigoait, on con- sidération de la somme de 2,000 fraïu-os par an et dv Vv]\- tretion dv sa famille, ainsi (pie de la somme dv l,3îvi franos payée annuollement à M. de Toiiti, de ne faire aucun com-
Dctroit en 17(10." Nous n'avons paa trouvé non plus aucun document conârmant cette autre assertion du même auteur qu'A l'arrivce de Cadil- lac 'plusieurs l'rançais ctaient déjà établis sur le Hétroit, entre autres Pierre Koy et François Pelletier." (La Colonie Canadienne de L'étroit). Lo silence des nombreux rapports sur lafondati"ii de Détroit que nous avons vus semble prouver le contraire. Dans la collection dite "New York ("oloniai Document»*,' volume IX, et dans les ardiives de Québec, on trouve sons la date de ! 700 le rapport d'une conférence entre les- Sau- vages et le clievalier de Lontjueuil, commandant pour le roi à Déiroit. C'est, sans aucun doute une erreur. I.c texte de ce document prouve qu'il est de l'éi^que où le chevalier de .AMi^iueuil commandait réellement à Détroit, c'est-à-dire entre 174:i et Î747. La fondation de la ville do Détroit date bien du •_'4 juillet 1701
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LES CANADIENS DU MICHKÎAN
merce, direct ou indiiH'ct, et de veiller aux iutéréts do la compagnie. '
Ce contriit était conforme aux désirs exprimés de Cadillac, Il y avait d.)nc lieu de croire <pie tout le monde était satis- fait. Mais dans l'automne de la même année le ministre reçut des ])laintes de tous les côtés. C'était d'abord la com- pagnie qui se plaignait que ses charges étaient de beaucoup trop lourdes et (|ui demandait pour se dédommager qu'on lui permit d'établir des postes en différents endroits. C'étaient Callières et Beauharnois qui répondaient à la compagnie que si ses dépenses étaient fortes, elle avait présentement de quoi se dédt)mmager, et que si le roi étendait ses privi- lèges, il causerait la ruine des marchands et des habitants de Montréal, qui déjà ne subsistaient qu'avec peine. C'était encore Cadillac, qui demandait de nouvelles faveurs, van- tait les avantages de son poste, et accusait amèrement les désuites de toujours lui susciter des embarras. Enfin, c'étaient les Jésuites eux-mêmes qui venaient se plaindre avec non moins d'amertume de ce que leurs missions étaient ruinées par le tait de Cadillac et des traitants, et qui deman- <laicnt que le roi abolit les postes de l'Ouest et mit la traite sous le contrôle de personnes vertueuses, discrètes et en parfaite sympathie avec les missionnaires.
Le roi ne savait qui écouter. Il écrivit en termes pé- remptoires au gouverneur et à l'intendant, leur ordonnant de convoquer une assemblée des principaux liabitants, d'y inviter le sieur Cadillac, et d'exiger de chaque personne une expression d'opinion par écrit afin (pi'il pût juger défi- nitivement ce qu'il fallait faire de Détroit. '"
Cadillac s'était mis à l'œuvre dès l'automne de 1701 pour attirer les Sauvages à Détroit. Le 4 décembre une bande
* Callières an minist-e, 4 octobre 1701, et traité fait avec la compagnie, dans Margry, vol. V. - Le roi ù Callières et Beauharnois, liO mai 1703, N.-Y. Col, Doc , vol. IX.
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LA FONDATION DE DETROIT
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de Ilnrous do AriehiliniackiniU' vint prendre des terres. Elle fat suivie l'année suivante et en 1703 par les Sauteurs, les Missagués et autres bandes d'Outaouas. Assez habile à traiter avec les Sauvages, le fondateur de Détroit exploitait toutes lenrs superstitions [)Our les amener à faire sa volonté. Ainsi, Ton vit vers ce temps une comète ayant la tête vers l'est. Elle parut pendant sept jours. Les Sauvages dirent que c'était un signe do gnerre, mais il leur assura que c'é- tait un collier que l'Esprit avait jeté dans le ciel pour mon- trer aux nations du Couchant l'entrée du Détroit et pour les inviter à venir s'}' établir.
Toutefois Cadillac ne réussissait pas au gré de ses désirs. Les Ontaouas persistaient pour la plupart à rester à Michi- limaekinac, les Miamis ne voulaient pas abandonner leur vil- luge de la rivière Saint-Joseph, et une partie des Hurons jjarlaient d'aller s'établir à une trentaine de lieues de Dé- troit, sur la rivière Maumee. Ces derniers avaient déjà commencé à voir les Anglais, et leur but en allant s'établir au sud était d'ouvrir un commerce avec Albany. Les pré- visions de ceux qui avaient combattu l'établissement de Détrciit commençaient donc à se réaliser.
Cadillac attribuait ces échecs aux Jésuites et criait très fort que les Pères ne voulaient pas envoyer de missionnaire à Détroit, quoiqu'ils en eussent demandé le privilège. Il (;itait l'exemple du P. Vaillant qui, en effet, ne s'était pas rendu à Détroit. Les Pères Careilh et Marest, de Michili- mackinac, Mermet et Aveneau, de la rivière Saint-Joseph, répondaient qu'ils attendaient que leurs troupeaux se déci- dassent à se rendre à Détroit pour y aller.
En 1702 le supérieur des Jésuites à Québec et Callières avaient rédigé des règlements destinés à permettre aux Pères et à Cadillac de vivre ensemble sans trop se heurter et ordre fut envoyé au Père Marest de se rendre à Détroit. Au prinicemps de 1703 Cadillac envoya un canot pour cher- cher ce missionnaire, mais celui-ci refusa de s'y embarquer
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TiKS CANAKIENS DU MR'HIGAN
en (loiinunt pour raison qno dos affairoH importjintes l'apjio- laient à Montréal.
Quelques Outaouas deseendirent h Montréal avec le përo Marest. Ils déclarèrent qu'ils étaient résolus à mourir dans leur village de Michiliniackinac et demandèrent un com- nuindant français. Le chevalier de Callières, sans être un ami de Cadillac, avait engagé les Sauvages à se rendre à Détroit. Il venait d'être remplacé par M. de Vaudreuil, (pii était ouvertement hostile à la nouvelle colonie. Le père Marest fut autorisé à retourner h sa mission de Micliilimac- kÎTJac et le sieur de Mantet y fut envoyé pour agir comme commandant.
Tandis que le nouveau gouverneur se rendait ainsi aux désirs des Jésuites, il laissait la garnison de Détroit s'aftai- blir par les désertions et fermait l'oreille à toutes les plaintes de son commandant.
Ces faits prouvent assez que M. de Vaudreuil et les Jé- suites ont travaillé contre l'établissement de Détroit, maison serait très injuste si l'on disait avec Cadillac qu'ils n'agis- saient ([ue par jalousie ou pour d'autres motifs peu honora- bles. Une grande partie des hommes les plus sages du Canada étaient convaincus à cette époque — et nous pouvons encore facilement le comprendre aujourd'hui — que Michili- niackinac occupait une position plus avantageuse pour la traite des pelleteries que Détroit ; ils craignaient aussi qu'en amenant nos alliés trop près des colonies anglaises nous ne leur facilitions tout simplement la tîiche de porter le pro- duit de leur chasse à Albany où les attiraient des marchan- dises à bas prix et le rhum à discrétion. Ensuite il faut considérer que si le roi décidait en faveur des grands pro- jets de Cadillac, il laissait toujours la tâche de les réaliser aux autorités de Québec. Or, au commencement du dix- huitième siècle, la Nouvelle-France comptait quinze mille liabitants, dispersés sur un territoire de plus de deux cents milles de longueur. Elle était continuellement exposée
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LA FONDATION' DE DKTROIT
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uux attaques des Anglais ; sou tivsor était vide, toutes si's ressourccH escomptées d'avance. Tl tant bien admettre (juc, dans les circonstances, M. de \'audreuil eût agi avec l»icn peu de sagesse s'il eut envoyé les meilleurs colons à Détroit, ainsi que Cadillac avait l'audace de le di'numder.
Quant aux Jésuites, s'il est indubitable <|u"ils ressentaient de l'antipathie pour Cadillac, il faut dire aussi qu'en essayant d'éviter le contact des coureurs-de-bois à leurs néophytes ils obéissaient aussi h de nobles sentiments. Tous les mis- sionnaires catholiques reconnaissent qu'il est nécessaire pour leurs tins de faire entrer le païen dans le giron <le l'Eglise avant de l'initier à notre civilisation ; ils considèrent le contact avec les blancs comme un danger au(juel ils ne comptent exposer les nouveaux chrétiens <[u"aprcs les avoir munis des armes de défenses nécessaires : la foi entrée dans leurs convictions et la pratique de la religion entrée <lans leurs habitudes. Le missionnaire catholique ne pense pas que le raffinement graduel des mœurs, la culture progres- sive de l'esprit, le travail et les jouissances légitimes qui peuvent en résulter, que le commerce continue avec l'homme policé doivent nécessairement amener la néophyte à la foi chrétienne. Bien au contraire, il est convaincu (pie pour arracher le sauvage à la barbarie, il faut d'abord remplacer ses superstitions par des croyances [tositives, fortement en- racinées dans son ame. Pour v arriver, il cherche à isoler ses ouailles, à les former en communautés sé[)arée8, des ohrétientés comme on dit aujourd'hui en Chine, des vedn- ciones, si l'on veut adopter l'expression espagnole qu'on employait à l'époque dont nous parlons. [1 estime qu'il est indispensable que ces communautés soient fermées h tout intrus, afin que la conduite de ses co-religiounaires civilisés ne vienne pas jeter le trouble dans l'esprit naïf du néophyte. "Pour que la morale ehrétieinie pénètre dans le sang," disent les Pères, " il faut des générations. Le grain qui commence à germer, les jeunes plantes, doivent être proté-
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gÔ8 contre l'ivraie et les inteni])érics des Huisoiits." Les mil- lions d'Indiens chrétiens de l'Aniéric^ne esjtsignole et de l'Inde méridionale, qni tout en restant Indiens, hont deve- nus, et sont restés depuis trois siècles, de vrais chrétiens, et au point de vue moral, de vrais civilisés, sont redevaMes à ce système de leur l)onheur.
L'on «lira peut-être que les jésuites ne se sont jamais pro- noncés en faveur de ce système en Clanada. La raison en est facile à voir: ils avaient tout à perdre tni heurtant de front les préjugés du roi et de ses ministres. En effet, Louis XIV, Colbert, Talon, Fnmtenac avaient tous fortcnu'ut recommandé aux Jésuites d'élever les Sauvages " à la façon française." Cadillac qui ne cherchait qu'à plaire au pou- voir, avait adoi)té leurs idées et voulait les suivre jus<|u'à leurs dernières conséquences. En fondant Détroit, il vou- lait que les missionnaires qui y seraient envoyés reçussent l'ordre " d'enseigner aux petits Sauvages la langue fran- çaise comme étant le seul moyen ]>our les civiliser, humani- ser et insinuer dans leur cœur et dans leur esprit la loi de la Religion et du Monarque," et pour mieux réussir, il de- mandait l'établissement à Détroit d'un couvent d'urselines pour instruire les filles, d'une succursale du séminaire de Québec pour les garçons, d'un hôpital pour les Sauvages malades et infirmes, et la permission pour les soldats d'é- pouser les filles sauvages.
Il écrivait aussi au roi que le chef des Ilurons et celui des Outaouas s'offraient pour former une compagnie de 50 hommes, pourvu qu on les fit capitaines, qu'on leur donnât un lieutenant et un enseigne et qu'on les mît sur le même pied que les officiers des troupes de la marine. " Si Sa Majesté veut faire cette dépense," eontinue-t-il, " ce serait le vrai moyen d'assujettir peu à peu et entièrement ces doux nations. J'estime qu'il faudrait les ménager un peu dans le commencement en leur faisant prendre les armes seule- ment une fois par mois, lorsqu'on en ferait les revues, et
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mejue los en (linpoiisor pciidiiiit trois mois (riiivcr. piin-L'. ((lie pour lors ils sont occiipt's ù tiiii'c leur chasse : mais il faut être tort exaet à payer tous les mois les eompauMiies. Ilb (lemamleut d'avoir des dra|>eaux. et (pi'ou leur peruu'tte de fiiire leurs habits à leur UK.de vt <pi"oii leur doum- des étoffes rouges.
" Le chef Huron est di'jà si entlt' de cette ]»ro[tositiou ([u'il a prié M. de C;ullières de le faire loy-er à la frant-aise, et j'en ai reçu l'ordre étant à (Québec, à (pu»i j'ai satisfait, lui ayant fait faire une maison de charpente de ehC'Ue de 40 pieds de face sur 24 de largeur. Elle est située sur le bord de la rivière, sur une ('minence (pii domine le village de cette nation.'
Ce n'était là encore ipi'un des moindres projets ([ui mus- saient dans la tête de Cadillac. Il annonce au uiinistn^ qu'il a trouvé une mine de cuivre et il olfre (l'en faire l'ex- ploration si le roi veut lui permettre de se dédommager par le commerce des dépenses (ju'il faudra faire. Queb^ues lignes [dus bas il dit (pie la Gramle Rivièri' (Ontario) coule à travers une région très fertile ; ses l)ords sont couverts de mûriers. Si le roi lui fait la faveur de lui concéder six lieues de front sur chaque côté de cette rivière en titre de marquisat, avec haute, moyenne et ba.^se justice, et droits de chasse, de pêche et de traite, il fera venir des gens de France avec quantité de vers à soie, avant l'hiver, et il établira une manufacture de soie. Puis il revient sans tran- sition à son poste de Détroit qu'il ne paraît pas vouloir abandonner. Pour que ce poste réussisse il ne faut point souffrir d'autres établissements.
' Pour tout ce qui précède voyez la correspondance échangée entre les Jésuites et Cadillac, la lettre de Cadillac à Pontchartrain, 31 août ITOo, et le rapport des conférences avec les Sauvages à Détroit, (Margry, vol. V) ; la lettre de Vaudreuil à Pontchartrain, 14 novembre 1703, et le rapport des conférences avec les Sauvages qui y est joint (N. Y. Col. Doc, vol. IX) et la défense que Cadillac présenta à Pontcbartrain (Sheldon, Early History of Micliigan).
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LES CANADIENS DU MICHIGAN
'' Au surplus, dit-il, qui peut-on choisir pour envoyer régler les querelles des Sauvages qui connaisse mieux que moi leurs manières, leurs mœurs et leurs inclinations, et en qui ils aient plus de confiance."
Puisque la Compagnie se plaint, qu'on donne Détroit à ■Cadillac ; en deux ans il sera établi et les Sauvages seront satisfaits. Il remboursera la Compagnie de toutes ses dépense et fera en outre remettre 10,000 livres au trésorier (le la marine, si le roi la fait se démettre en sa faveur.
" Vous voyez-bien qu'il est bon, Monseigneur, dit-il, d'avoir un homme comme moi."
Cette longue et vaniteuse tirade se termine bien humble- ment. Cadillac a pppris qu'on va faire des promotions ; il ne connait pas de vacances, mais il espère une lieutenance du Roi en ce pays, aussi une commission d'enseigne, pour son fils aine qui sert sous ses ordres.'
Cadillac à Pontchartrain, 31 aoû' 1703.
CHAPITRE VII.
CADILLAC DEVIENT SEUJNEUR.
Priés d'iuio [>art par Cadillac de venir s'établir à Détroit, «'t solicités d'antre part par les Jésnites «le demeurer dans leurs anciens villages, les Sauvages avaient pris le parti de se disperser d'un bout k l'autre du pays, et profitaient de» «pierelles dos Français pour faire à leur guise. Et comme il arrivait toujours chaque fois qu'elles échappaient au con- tr«Me des Français, les diverses tribus menaçaient de s'entr'- égorger.
Les tribus se plaigiuiient aussi <le la manière dont ils étaient traités à Détroit. Les commissaires de la Compa- gnie ne savaient pas se les attacher, et leur vendaient à des prix exorbitants. Ca<lillac prétend que les profits étaient sur la poudre, de quatre cents pour cent, sur les balles, de six cents pour cent, sur le tabac, de trois cents pour cent, et sur les autres marchandises, de pas moins de cent pour cent. En outre, les magasins étaient souvents dégarnis, l'uis l'eau-de-vie nuinquait complëtement.
Dans un grand conseil, les nations exposèrent qu'on leur avait dit que Détroit serait bientôt aussi grand que Québec, que les Jésuites y viendraient, et «[ue les marchandises seraient à bon marché. On avait tenu aucune de ces pro- messes. Ils demandèrent l'établissement de plusieurs magasins comme à Montréal, et l'envoi d'une plus grande (quantité de marchandises. Et pour terminer ils déclarèrent (ju'iis connaissaient le chemin des Anglais et qu'ils ne
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LES CANADIENS DU MICHIQAN
voyaient pas (qu'ils scraieiit fort à blâmer s'ils allaient y chercher ce qu'ils désiraient.
En effet les sauvages allaient souvent à Albany, et les Anglais ne perdaient pas roecasion de leur persuader que les Français en établissant Détroit avaient voulu les asser- vir.
Il n'en fallait pas <lavantage pour les soulever. Plusieurs Français furent tués dans les bois. Une grange où Cadillac avait mis du maïs pour les semailles de l'année suivante fut incendiée. Le feu s'étendit en peu de temps à l'église et à la maison des réccdlets et aux maisons de Cadillac et de Tonti qui furent presqu'entièrement consumées. Les for- tifications furent aussi sérieusement endommagées.
D'.autres malheurs vinrent s'abattre sur la colonie et sur- tout sur Cadillac. Ayant dénoncé deux commissaires de la Compagnie pour vol, le fondateur de Détroit «fut à son tour accusé d'avoir fait un commerce illicite h Détroit et de s'être rendu coupable de «létournements, d'avoir conspiré avec les sauvages et d'avoir abusé de son autorité envers les employés de la Compagnie. Dans l'automne de 1704, il fut mandé h Québec pour répondre à ces accusations. Disons-le h son honneur, il fut acquitté le 15 janvier 1705, par l'intendant ; mais le gouverneur-général, qui lui était hostile, lui refusa la permission de retourner à Détroit.'
Cependant le sieur de Mautet, qui était à Michilimackinac promulgua en 1704, une nouvelle amnistie pour les coureurs- de-bois et engagea plusieurs de ces voyageurs à rentrer en Canada. Les Jésuites, se voyant abandonnés, brûlèrent leur église de St-Igiuice et retournèrent aussi à Québec.
Néanmoins, cette même année 1704, le sieur Bissot de Vincennes fut envoyé par le gouverneur Vaudreuil chez les Miamis de la rivière Saint- Joseph. En 1705 il y fit un second voyage, et de Louvigny fut envoyé à Détroit et à
1 BbeldoD, Early Hiat. of Mich.
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CADILLAC DEVIENT SEIGNEUR
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^Eichilimackiiisic. Ces officiers avaient ostensiblement inuir mission de rétablir ou de maintenir la bonne entente entre les tribus sauvages ; mais il est évident qu'ils profitaient de ces voyages pour faire un commerce trës profitable. C'est ce dont Cadillac se plaint amèrement. Il ajoute que Vin- cennes ap[)ortait avec lui 400 pintes d'eau-de-vie, dont une bonne partie tut employée par ses ennemis pour corrompre les Sauvages, et que Tonti, qui le remplaçait h Détroit, tai- sait un commerce considérable.
Pour se venger il poussa un de ses colons, Michel Cam- peau, à accuser Pierre Rocquant, soldat de la Compagnie de Tonti, d'être l'auteur de l'incendie qui avait failli dé- truire la ville naissante. Madame de Tonti était accusée d'avoir été l'instigatrice du crime.
Presqu'aussitôt après avoir ét»'^ mis en accusation, Roc- (juant fit emprisonner son accusateur, afin de pouvoir le faire répondre de ses assertions. La cause vint devant le Conseil Supérieur le 2 décembre 1706. Comme Campeau avait diyà. à l'époque de l'incendie, déclaré qu'il avait vu un Sauvage Loup mettre le feu à la grange et qu'il l'avait blessé d'un coup de mousipiet, Rocquant fut acquitté et son accusateur condamné à lui faire réparation honorable, ainsi qu'à lui payer trois cents livres de dommages-intérêts.'
Mais Cadillac allait enfin obtenir une victoire sérieuse. Après avoir pris en considération ses oftVes et les plaintes de la Compagnie, le roi avait décidé de lui donner le poste de Détroit à la condition de payer à la Compagnie les mar- chandises qu'elle y avait et de l'indemniser pour les éta- blissements utiles qu'elle avait faits.
Cadillac aurait les mêmes droits pour le commerce que la Compagnie. Sa Majesté défendait d'envoyer des canots à Michilimackinac, la traite devant se faire h Détroit ; elle ordonnait aussi à Vaudreuil et k Beauharnois de fournir et de
' Jugements et délibérations du conseil supérieur, Vol. V, p. 457.
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LES CANADIENS DU MICHIflAN
payer les soldats dont Cadillac aurait besoin ; elle exprimait encore le désir que tous ceux qui voudraient aller s'établir h Détroit en eussent la permission, et que les Sauvages fus- sent encouragés ù y aller. " Avec tous ces secours," écrivait Ponchartrain h Cadillac, " et tous les autres justes et raison- nables que vous demanderez et que Sa Majesté vous donne- ra, elle espère que vous [>arviendrez h remplir l'idée que vous avez donnée de ce poste. Vous devez attendre de ce succès des grâces de Sa Majesté, proportionnées au service que vous rendrez.
" Les choses étant ainsi ordomiées, vous n'aurez plus de démêlées avec les Jésuites ni avec per80i;;»e. Si les Pères, qui sont pourtant gens de secours, ne conviennent pas, vous prierez de vous donner d'autres ecclésiastiques. Mais qui ({ue ce soit que vous demanderez, je vous recommande d'a- voir soin que le service de Dieu se tasse avec décence, que les débauches, les blasphèmes et les mauvaises mœurs soient bannis de ce poste et que tout s'y passe dans l'ordre.
" Sa Majesté vous permet de concéder des terres au Dé- troit, comme vous trouverez bon et convenable au bien de la nouvelle colonie, et que vous laissiez la liberté aux sol- dats et Canadiens, qui voudront s'y marier de le taire, lors- ({ue les ecclésiastiques, qui feront les fonctions fies curés, n'y trouveront pas d'empêchement légitime." '
Cadillac partit de Montréal avec un fort convoi vers la fin de juin 1706, Quelques jours après l'on y apprit que la guerre était déclarée entre les Sauvageé de Détroit.
Le poste était alors sous les ordres du sieur de Bourg- mont qui avait remplacé de Tonti en janvier 170H. Cet officier, qui avait peu d'expérience, n'avait pas su calmer les craintes et les jalousies qui. existaient entre les Miamis et les Outaouas vivant à Détroit. Il était soupçonné de pac- tiser avec les premiers contre les derniers. Un jour, se lais-
' Ponchartran à Lamothe>Cadillac, 14 juin 1704, Margry, vol. V.
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sant emporter par lu colère, il t'njppu si lourdeinent un Oii- taouas, (\m avait causé (juel«|ue8 désordres, que le pauvre sauvage eu mourut. Les guerriers de la tribu se retirèrent dans leur fort pour tenir conseil. Un vieux clief. Le Pesant, démontra que les Français n'étaient pas en état de repous- ser une atta(pie et <[ue le moment était propice pour se ven-
gei'-
Le lendemain, 16 juin 1706, les guerriers outaouas sorti- rent de leur fort en grand costume de guerre. Ils rencon- trèrent d'abord six Miamis, sur les(iuels ils tombèrent à l'ins- tant. Tandis qu'ils en tuaient cinq, le sixième se réfugiait dans le fort PontMiartrain en criant : " Les Outaouas nous tuent." Dans la confusion ([ui s'ensuivit, de Bourgmont donna l'ordre de tirer sur les Outaouas. Cependant ces derniers avaient pris le père Constantin de l'Halle, qui se promeiuut dans son jardin en dehors <les fortifications ; mais un chef le pria d'aller dire (ju'ils n'en voulaient pas) aux Français. La fusillade continuait toujours entre les gens du fort et les Outaouas. t^omme le père allait entrer dans le fort il reçut une oalle (jui l'étendit mort. Un soldat nommé La Rivière fut aussi tué par les Outaouas.'
De Bourgmont fit alors fermer les portes du fort, et con- tinua le feu contre les'Outouais. Après qnelqu;^ lemps chacune des tribus se retira dans son fort. Il y eut des conféren(!es, puis des reprises d'hostilité. Le fort Ponchar- train resta en état de siège pendant une quarantaine de
' Nioolas-Bernardin-Constantin de l'Halle, récollet, vint au Canada en 1696, desservit Longueuil en Ki^S, puis la paroisse de Saint-François de Salles. (Tanguay, Répertoire du clereé Canadien). II vint à Détroit avec Cadillac comme chapelain du fort Nous voyons par les registres de l'église Sainte- Anne de Détroit qu'au mois de mai 1723, son corpe fut exhumé et transporté dans la nouvelle église. Nonobstant l'on voit dans l'Histoire de Longueuil, par M. Alex. Jodoin et J. L. Vincent, qu'un prêtr^ du nom de Constantin de l'Halle fut curé de cette paroisse de 1713 à 1723, et même que sa signature parait sur le registre jusqu'à la date du 23 mai 1729.
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jours. Enfin les Outaoïias partirent pour Michilimackinac. Ilrt avaient perdue une trentaine de guerriers. '
A Michilimackinac il restait encore quelques Français, pour la plupart des coureurs-de-hois, et une partie des Outa- ouas. Q\u\nd la nouvelle arriva que la guerre était dé- clarée entre les Français et les Outaouas de Détroit, cha- cun se fortifia de sou côté. Mais il n'y eut pas de sang versé.-
Quand Cadillac arriva à Détroit au mois d'août il trouva les Miamis et les Hurons qui demandaient à marcher immé- diatement contre les Outaouas. Cadillac réussit à leur faire remettre cette entreprise au printemps suivant en leur promettant d'aller avec eux et d'exterminer jusqu'au der- nier de leurs ennemis ; mais durant l'hiver les Miamie, voyant que l'on cherchait à faire la paix avec les Outaouas, se tournërent contre les Français, tuèrent trois hommes du poste de Détroit et se rendirent coupables d'autres dé- prédations. '
Cadillac réussit à se faire livrer par les Outaouas le chef qui avait été l'instigateur de la guerre, et la paix fut ainsi rétablie nominalement, mais les Sauvages restèrent hostiles et méfiants, et les colons qui vinrent alors s'établir dans la nouvelle colonie ne purent cultivei* leurs terres qu'au risque continuel de leur vie.
Jusqu'à cette époque Détroit n'avait été en réalité qu'un comptoir pour la traite. Le nombre des soldats en 1703 était descendu à vingt et la compagnie entretenait en outre une trentaine d'hommes pour ses affaires. Dans sa lettre du 31 août de cette année, Cadillac dit que la récolte est très belle et suflisante pour nourrir une garnison de cent cin-
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^ Charlevoix, vo). II, ]iv. XIX ; lettre de Cadillac à Vaudreuil, 27 août 1706, et rapport des conférences de Jean Leblanc avec Vaudreuil à Mont- réal dans Sbeldon, Early. Hist. of Mich.
' Lettre du Père Marest à Vaudreuil, 14 août 1706,Sheldon, Early Hist. ofMicb.
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quante hommos*. Les Holdats qu'il a se plaiiçnent qu'on ne leur donne ni terre ni congé et qu'il» sont accablés de tra- vail. Il avait demandé à M. de Callières de lui envoyer six familles pour cultiver, aussi des bestiaux ; mais cela lui it été refusé par M. de Vaudreuil. On peut conclure de cela qu'il n'y avait pas de colons établis h Détroit à cette époque.
Mesdames Cadillac et de Tonti avaient suivis leurs maris de près à Détroit, sans se préoccuper des privations qu'elles auraient à endurer dans ce poste lointain et isolé. Nous voyons aux registres de Sainte-Anne que Marie-Thérèse Cadillac fut baptisée le 2 février 1704. C'est le premier baptême enregistré.
Quand il revint à Détroit en qualité de seigneur, Cadil- lac fit un grand eiFort pour établir solidement la colonie. Il fit venir des bêtes à cornes, des chevaux et autres ani- maux domestiques et porta en trois ans la population de Détroit à près de deux cents îtmes. Il fit venir h grands frais de Montréal, les matériaux pour un moulin, une brasserie et une forge, enfin il déboursa pas moins de 150,000 livres. En 1708 il y avait trois cent cinquante- trois perches de terre sous culture ; dont cent cinquante- sept perches appartenaient à Cadillac'
Vingt-neuf Français avaient pris des lots dans l'intérieur du fort. Les colons vivaient dans des maisons ou plutôt des cabanes en pieux plantés dans le sol et dont les inters- tices étaient remplis avec de la terre ; le toit était fait d'é- corce et de gazon. Sur un nombre total de soixante-trois colons, il y en avait trente-quatre qui vivaient de la traite des fourrures, de l'eau-de-vie et de la poudre. Ces articles étaient les seuls sur lesquels les Français de ce poste pou- vaient spéculer avec avantage. Pour tous les autres les Sauvages avaient définitivement pris l'habitude d'aller chez
' Lettre da fils uiné u<* (Jitdillau au uomte de Msarepas, 1730, Margry vol. V.
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les Anglais. Il y avait aussi dans le tort qucltpies honinios de métier, des forgerons, dew armuriers, «les taillandiers qui vivaient en partie de la traite.'
La pèche et la chasse occupaient encore autant les habi- tants que la culture. Pas p^ns d'une quinzaine de colons prirent des terres du temps de Cadillac. Les Ilurons étaient les meilleurs* cultivateurs de la (îolonie : chaque année ils récoltaient plusieurs milliers de niinots de maïs. Quant aux Français, quand les marchandises arrivaient d'en bas, ils payaient en pelleteries où se mettaient au ser- vice des traiteurs, et gagnaient les vêtements qu'il leur fallait pour l'année.
Comme le fort était devenu trop petit il fut agraiidi et la palissade fut rendue plus forte et plus siibstantielle.
Le përe de l'Halle avait été remplacée par le père Domi- nique de la Marche ; et au bout de quelques mois celui-ci fut à son tour remplacé par un autre récollet, le père Ché- rubin Deneau, qui fut pasteur jusqu'en 1714. Une nou- velle église avait été construite en 1708 en dehors du fort.
Le premier mariage entre deux Français tut célébré le 5 mai 1710, les parties étant Jean-Baptiste Turpin et Mar- guerite Fafard.
Pour se rembourser des frais qu'il avait dû faire, Cadillae usa en toute occasion de ses droits de seigneur et de com- mandant, se montrant âpre et cupide et ne comprenant pas, dit M. Rameau, qu'il allait par là même contre le sentiment dominant de sa création qui était tout d'avenir.
Le 10 mai 1707, il fit la première concession de terre en vertu de ses droits seigneuriaux, à François Fafard de Lorme. Le lopin de terre concédé était d'environ 400 pieds de large, sur 4000 de long. De Lorme devait payer annuellement, le 20 mars, cinq livres de rente, commencer le défrichement de sa terre dans un délai de trois mois et
Bill
' Bapport d'Aigremont, Sheldon, Early Hist. of Mich.
CADirj.Ar DEVIENT SKIONEl'Il
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faire inoluli'o hoii ij!;ruiii an nioulhi haiial. Il lu' pouvait vendre au terre, ni l'engager «ann la [lermirtsicMi du seigneur ; et en cas «le vente, Ca<lillai' avail le premier «Iroit <1'ae)iat. II n'engageait eneore à fournir «lu bois p«)ur «les vaisjseaux ou les fortifieations «juan<l il en serait re«iuis ; à ne pas tra- vailler coninie torger«m, armurier, toillan«lier on brasseur sans avoir une lieen«re s[K'eiale. En [«ayant un «lr«)it a«l«litionel «le dix livres par an, il avait le «Iroit (rimp«>rter des nu>r- ehandises, nuiis il ne pouvait pas employer «Vautres eommis que e«'ux résidant à Détroit ; et il ne [>ouvait pas veiulre d'eau-de-vie aux Sauvages. 11 avait le privilège «le traiter, de chasser et «le pèelier, mais il ne pouvait tuer le lièvre, le lapin, la penlrix ou le faisan.
Cadillac e«)ncédait aussi «U's terres «Vune pendie de fr«»nt sur la rivière sur vingt perches «le profondeur. lia rente était «le deux francs «lix s«)us. Les habitants dans le fort payaient deux sous «le rente annuellement [lar pie«l «le fr«)Mt pour leurs l«>ts ; et le «l«>uble «le cette s«)mme «piand le l»tt faisait face sur «lenx rues. T«)us les habitants étsiient obli- gés de payer la taxe de dix livres par an [nniv le privilège «le commercer avec les Sauvages. Vi\ forgeron n«>mmé Parent était obligé de payer pour le [trivilège d'exercer s«>n métier la somme «le six cents francs par an et «leux bari- ques de bière, outre l'obligation «le ferrer tous les chevaux de Cadillac. Il est vrai «[u'à cette épcM^ue celui-ci n'avait (ju'un cheval. Un armurier nommé l'inet était retiuis de payer trois cents francs et «le réparer «louze fusils par mois pour le même privilège. Tour moudre le grain, Cadillac exigeait le huitième minot, tandis que dans les autres parties du Canada le quatorzième seulement était requis.
Cadillac faisait encore un florissant commerce d'eau-de- vie, qu'il achetait k quatre frantts la pinte et qu'il reven- dait vingt francs. Afin de prévenir les désordres, Cadillac gardait cette eau-de-vie au magasin. Tous ceux (jui en voulaient «levaient l'aller boire h\. Ils n'en pouvaient obte-
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ilir nue k» vingt-quatriëme d'une pinte h la fois. De plus un seul pouvait s'approcher de la boisson à la fois, de sorte que les jours de fête beaucoup des aspirants-buveurs étaient obligés de s'en retourner sans avoir goûté le breuvage tant désiré, et les chroniques du temps nous assurent qu'ils en étaient si mortifiés, qu'ils semblaient prêts à se donner la mort.
Enfin Cadillac faisait travailler les Sauvages et les sol- dats sur ses terres sans rémunération.'
Les plaintes s'élevaient de toutes parts. La querelles avec les Jésuites menaçaient d'un autre côté de se ranimer avec plus de violence que jamais.
Le roi n'avait pas approuvé que les missionnaires eussent abandonné Michilimackinac et il leur avait donné l'ordre dès 1706 d'y retourner, en expliquant qu'il ne prétendait pas (j[ue ce rétablissement se fit à ses dépens ni qu'il lui en coûtât rien sous (pielque prétexte que ce fût.*
L'ordre était assez étrange vu que depuis plusieurs années la Cour avait favorisé la transmigration des Sauvages de Michilimackinac à Détroit. Néanmoins, il valait mieux obéir, et le p^re Joseph T. Marest partit avec le père Char- don. Marest resta à Michilimackinac comme supérieur des missions des pays d'en haut, le père Chardon fonda une mission chez les Pouteoutamis.
Les Outaouas, après les difficultés qu'ils avaient eues à Détroit, étaient revenus à leur ancien v'iY, ^e.
Michilimackinac, au reste, n'avait jamais été complète- ment abandonné. Les coureurs-de-bois avaient une si grande prédilection pour cet endroit, qu'ils s'y attachaient en dépit de tout. De 1700 à 1704, nous y constatons la présence de Laurent Benaud, Plumarais Bena'ud, Paul Tes- sier, Jean Brunet dit l'Estang, Toussaint Potier, La Ver-
> Rapport d'Aigremont, Sheldon, Ëarly Higt of Michigan. =* Le roi à Vaudreail et Raadot, 9 juin 1706.
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CADILLAC DEVIENT SEIGNEUR
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duro, François Lamonrcux dit St-Germain, Joseph Cuillo- rier et un nommi^ Momn, ([iii a donne sou nom à deux baies près de la Pointe Saint-Ignace.
En 1706, le sieur Boudor ot huit autres trafiquants eurent permission du gouverneur de monter à Michilimackinac pour y reconduire des ambassadeur sauvages et aller chercher leurs marchandises. La moitié seulement revinrent. Bien qu'il y eût défense aux habitants d'entretenir aucun com- merce avec les coureurs-de-bois, il se trouvait toujours quelques marchands complaisants qui leur fourni.^saiont les articles nécessaires à leur trafic. Durant 1707 ti(>l!=! ou quatre marchands de Montréal furent condamnés à de iortes amendes pour s'être prêtés à ce commerce illicU .
En 1706, quand la guerre éclata entre les bt»uvagos d" Détroit, les ^"fi' çais qui se trouvaient à MichilimaoUnac construisirent un nouveau fort pour so protéger. D'Ai- gremoiic en 1708 porte leur nombre à une quinzaine et dit qu'ils seraient morts de faim si de temps à autre un canot n'était venu du Canada, sous un prétexte ou sous un autre, pour faire la traite, en dépit des défenses du roi.
Cadillac avait profité de la coïncidence du retour des Jésuites et celui des Outaouas à Michilimackinac pour insi- nuer que les Pères étaient au fond de tous les troubles de Détroit ; et il prétend que c'était encore eux qui empê- chaient les Sauvages de venir à Détroit.
Le roi voulut enfin savoir le fin mot de l'affaire. Il dé- puta le sieur Clérambault d'Aigremont pour se rendre à Détroit et à Michilimackinac et s'assurec sur les lieux du véritable état des choses. Son rapport fut défavorable à Cadillac, et le roi décida de retirer la garnison qu'il entre- tenait à Détroit et de laisser le fondateur de ce poste à ses propres ressources, sans aucuns privilèges sur les autres ha- bitants du Canada et sujet aux lois et aux règlements du pays."
> Pontchartrain à d'Aigremont, 6 juillet 1709, N.Y. Col. Doc., vol. IV.
1«0
LES CAÎ* \DIENS DU MIOHIGAN
II!
Dang l'automne de 1709, la garnison de Détroit fut doue retirée. Toutefois une bonne partie des soldats avaient déjà décidé de s'y établir, et ils obtinrent facilement leur décharge.
La suppression des secours du roi fut un dur coup pour Cadillac, qui, du reste, commençait à perdre les illusions qui l'avaient soutenu dans ses luttes. Tous ses rêves de gloire et de grandeur s'étaient envolés et il voyait sa posi- tion telle qu'elle était, pleine de privations et sans espoir d'amélioration avant de longues années. Tl demanda un autre emploi, et le 6 mai 1710, il fut nommé gouverneur de la Louisiane. Cadillac passa toute l'année 1710 à Détroit, et il ne partit qu'à la fin de l'année suivante, après avoir soulevé des difficultés à son successeur, le sieur de Lafo- rest. Cadillac ne fut pas plus heureux en Lousiane qu'il ne l'avait été dans le Michigan. Il se brouilla avec tout le monde, et administra si mal les affaires, qu'il fut rappelé en 1716, en pleine disgrâce. Au printemps de 17 17, il retourna en France, et eut l'honneur d'être mis à la Bastille, d'où il ne sortit que le 6 février 1718.'
Il eut pourtant assez d'influence pour se relever, et il obtint en 1722 d'être nommé gouverneur de Castelsarrasin. Sa commission fut enregistrée à Castelsarrasin le 9 septembre 1723. C'est dans cette ville, près de son village natal que Cadillac mourut le 15 octobre 1730. Il fut inhumé dans l'église des Carmélites, qui fut saccagée en 1793, et l'on ignore aujourd'hui l'endroit où se trouvent ses cendres.''
Pendant longtemps, Cadillac et sa famille eurent l'idée de rentrer en possession de Détroit et du privilège exclusif d'y faire le commerce. En 1732, son fils aîné obtint un dé- cret du roi reconnaissant ses droits aux terres du fort Pon- chartrain, mais cet ordre ne fut pas suivi d'exécution. En
' MargiTi vol. V., page 679. " Farmer, Hiitory oi Détroit.
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j 767, ce fils, Antoine, était à Détroit, espérant peut-être obtenir quelque chose du gouvernement anglais. Plus tard, en 1790, Madame Grégoire, petite-fille de Cadillac, était à Boston. Elle nous a laissé une lettre dans laquelle elle exprime ses regrets d'être venue en Amérique où elle n'a trouvé que la misère.'
' Historical Magazine, vol. 4, p. IMO.
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CHAPITRE VIII.
LA GUERRE DES RENARDS.
Avant (l'ai d-ndonner Détroit, Cadillac paraît avoir fait tout en son pouvoir pour défaire son propre ouvrage. La plus grande partie des familles qui étaient venues s'y établir à son appel se retirèrent du poste en même temps que lui ; il n'en resta guère qu'une dizaine qui firent sou- che et dont les descendants se retrouvent encore dans les environs. Il fut sérieusement question d'abandonner com- plètement le Détroit. Un sieur de Rémonville fit un mé- moire pour montrer l'avantage qu'il y aurait défaire passer les colons de ce poste en Louisiane. D'un autre côté les gouvernants de la Nouvelle-France travaillaient active- ment pour obtenir la permission de rétablir Michilimaekinac. L'intendant Raudot qui dut passer en France en 1710 avait pour mission spéciale d'expliquer l'importance de ce fait au ministre. D'Aigremont, l'envoyé spécial du roi écrivait aussi en faveur du rétablissement des congés pour la traite. La cour était lasse de cette question, et peut-être avec raison. Pour le moment elle ne rendit aucune décision. Sans attendre ses ordres, toutefois, Vaudrenil avait envoyé durant l'été de 1710, Pierre D'Ailleboust d'Argenteuil en mission spéciale au Saut Ste-Marie et à Michilimaekinac. Cet officier qui avait servi pendant près de vingt ans dans l'Ouest, mourut l'année suivante. De Louvigny lui suc- céda d'abord, puis en 1712 le sieur de Liguery fut envoyé pour prendre le commandement à Michilimakinac. En même temps, Bissot de Vincennes retournait chez les Miamis de la rivière Saint-Joseph.
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LES CANADIENS DU MTCHIOAN
La F(>re«t, qui avait été nommé pour succéder à Cadillac, <Hant retenu à Québec, le sieur Dubuisson avait élé envoyé p«>ur ccmimander h Détroit. ,
Vers ce temps les Outagamis ou Renards, " un ennemi aussi franc que les Troquois, moins politique et beaucoup plus féroce," formaient un complot avec les Cinq Nations et les Anglais pour chasser les Français de Détroit. Les Mas- coutins et les Kikapous entrèrent aussi dans la confédéra- tion.
Afin d'accomplir leur projet les Renards envoyèrent deux de leurs chefs cani[ter près du fort Ponchartrain dans le but ostensible de faire la traite, mais en réalité pour sur- veiller les Français et préparer l'attaque. Dubuisson ayant deviné leur intention, leur refusa la permission de s'établir à Détroit ; mais ils campèrent en dépit de son o[)position, ne perdant jamais une occasion de se montrer insolents à son égard. Dubuisson n'avait avec lui qu'une trentaine de Français ; il était en outre nécessaire de faire les semailles et de paître les bestiaux ; les Outaouas et les Hurons n'étaient pas revenus de leur chasse : il fallait bien subir avec patience les insultes de ces barbares. Plus ils se voyaient redoutés, plus les Renards devenaient hardis. Une de leurs bandes poursuivit les Français jusque dans le fort. Il n'y avait plus à hésiter; Dubuisson mit son monde sous les armes et força les assiégants de s'éloigner immédiatement du fort.
Les Français étaient instruits de tout ce qui se passait dans le camp des ennemis par un Sauvage qui les avait laissés pour venir demeurer avec les Français. Cet espion leur assura que ses compatriotes n'attendaient que l'arrivée de leurs alliés, le Mascoutins et les Kikapous, pour livrer l'assaut. Dubuisson prit ses mesures en conséquence, fit démolir l'église et employa les matériaux à renforcer les for- tifications. Il envoya aussi des messagers dans toutes les directions poui; hâter le retour de ses alliés.
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Le 13 mai le sieur Viiicenne» arriva des Mianiis sans nouvelles de nos Sauvages. La situation devenait critique. La consternation était parmi les habitants qui se voyaient déjà la proie des plus cruels ennemis qui les cernaient Le Renard chrétien qui agissait comme espion vint mettre le comble à leur terreur en leur annonçant que les Outaouas ayant attaqués et massacrés une bande de Mascoutins à Saginaw, ceux de cette dernière «ation qui entouraient Détroit avaient décidés de se venger immédiatement sur les Français.
A ce moment Vincennes fut appelé au fort des Hurons où il apprit que six cents guerriers arriveraient bientôt pour secourir le fort Ponchartrain.
Dubuisson fit fermer les portes du tort, divisa sa petite garnison en quatre brigades, assigna à chacune son poste, plaça deux petits canons qu'il avait, passa en revue les hom- mes et puis attendit avec anxiété.
Peu de temps après on vint lui dire qu'une multitude de guerriers apparaissait sur la lisière du bois. Les vieux eoureurs-de-bois purent en quelques instants reconnaître les différentes nations ; c'était d'abord le fidèle chef outaoua Saguina, qui a donné son nom à une des plus grandes rivières et à l'une des plus belles villes du Michigan ; c'était ensuite les Pouteouatamis, les Sacs et les Menomeuies, venus du nord ; les Missouris et les Osages des vastes plai- nes de l'intérieur et après eux des guerriers d'autres nations encore plus éloignées. Et chacun de ces six cents guer- riers avait rivalisé avec tous les autres pour se donner l'ap- parence la plus terrible, la plus hideuse. Presque nus, graissés de la tête aux pieds d'huiles et de suif, couverts de suie et de vermillon, ils s'avançaient tous, criant, chantant, vociférant pour se mettre du courage au ventre, gesticulant d'une manière fantastique pour exprimer leur zèle et leur haine. Et pourtant cette bande qu'à demi-hnnuûne, hideuse, bruyante, puante, repoussante, c'était la vie, le salut pour les pauvres colons de Déti-oit.
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L'immense cohue se rendit directement au fort des Huronspour camper ; mais ceux-ci, instruits par les Français, voulurent profiter de la première ardeur. " Les affaires sont trop pressantes," dirent-ils, "il faut immédiatemeut nous rendre au fort de notre frère, et combattre pour lui. Il a toujours eu pitié de nous, il nous aime, il faut vaincre ou mourir pour lui. Et ne voyez-vous pas ce feu. Ce sont les flammes de ton village, Saguina, qui brûlent en ce moment, et ta femme est parmi elles."
A l'instant même six cents poitrines poussèrent le ter- rible cri de guerre et les six cents guerriers s'ébranlèrent dans la direction du fort Ponchartrain.
Les Renards, qui étaient à portée de fusil, répondirent par leur cri de défi et la fusillade commença.
Les Renards et leurs alliés étaient complètement bloqués dans leur village et ne pouvaient se procurer ni vivres ni eau. Bubuisson avait fait faire deux plates-formes de vingt pieds de hauteur ; et pour se protéger contre les décharges meurtrières que les soldats faisaient sur eux de cette hau- teur, les assiégés avaient été obligés de creuser des fossés de quatre ou cinq pieds de profondeur, dans lesquelles ils se réfugiaient. Nos alliés sauvages allaient se poster à la lisière du bois où ils faiisaient chaque jour prisonniers un bon nombre de Mascoutins au de Kikapous qui étaient venus pour rejoindre leurs gens, ignorant leur position. Ces pri- sonniers étaient conduits au fort Ponchartrain, où les alliés s'amusaient à les percer de flèches ou de balles et ensuite à les faire brûler.
Au bout de quelques jours, les assiégés engagèrent des pourparlers avec nos alliés ; niais Dubuison s'étant aperçu qu'ils profitaient de la suspension des hostilités pour se ra- vitailler fit promptement rouvrir le feu avec plus de vigueur que jamais.
J^éanmoins les assiégés réussirent à prendre possession d'une maison qui était restée debout, et, à l'abri du feu
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(les Français, ils érigèrent eux aussi une plateforme tle laquelle ils pouvaient décharger leurs flèches dans le fort Dubuisson amena ses canons à porter sur cette plate- forme ; et quelque temps après elle s'écroulait, enterrant dans ses débris plusieurs guerriers qui y étaient montés.
Ce nouvel échec amena les Renards à demander une autre conférence, qui leur fut aiccordée par Dubuisson, mais cette fois ce furent les Sauvages alliés des Français qui re- fusèrent de les écouter. Les assiégés parurent exaspérés au plus haut point par ce refus. Le combat recommença avec une fureur nouvelle. Les Renards imaginèrent alors d'attacher des matières enflammées au bout de leurs flèches, et ils firent des décharges si rapides qu'un grand nombre de ces projectiles brûlants tombaient continuelle- ment dans le fort Ponchartrain. Comme les toits étaient d'écorce ou de tourl>e sèches, plusieurs incendies se déclarèrent. C'était quelque chose d'imprévu et de dangereux. Il y avait peu do moyens de combattre le feu à cette époque, surtout dans les postes éloignés. Néanmoins Dubuisson ne perdit pas la tête. En peu de temps il fit couvrir les maisons de peaux d'ours. Pour plus de sûreté deux grands canots furent remplis d'eau, et aussitôt qu'on apercevait un commencement d'incendie on l'étoufifait promptement avec des torchons mouillés, v
Néanmoins, ces diflicultés et la résistance désespérée des Renards, avaient découragé les alliés des Français qui n'étaient pas habitués k faire la guerre avec tant de persistance. Les Français eux-mêmes commençaient à se décourager et, voulaient se retirer à Michilimakinac. Pendant quatre jours et quatre nuits Dubuisson ne prit ni nourriture ni repos, s'employant continuellement à ranimer les courages et à mieux diriger les efforts. Le succès vint enfin récompenser sa persévérance. Les Renards et leurs alliés, réduits à la dernière extrémité et ne pouvant obtenir des conditions de capitulation, profitèrent d'une nuit orageuse, la dix-neuvièmi du siège, pour décamper.
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Leur départ ne fut découvert que le lendemain. La fuite de l'ennemi avait remis l'ardeur au cœur de nos alliés sauvages et ils se lancèrent joyeusement à sa poursuite, con- duits par Vincennes et quelques Français.
Les Renards s'étaient retranchés à environ cinq milles au nord du fort Ponchartrain, à l'endroit aujourd'hui ap- pelé Grosse Pointe. Vincennes donna l'assaut avec ses sauvages ; mais il fut si chaudement reçu qu'il dût se re- tirer aprës avoir eu une vingtaine de guerriers tués. Un deuxième siège fut commencé. Pendant quatre jours encore les Renards et les Mascoutins se défendirent avec l'énergie du désespoir. Mais enfin, minés par la faim, rom- pus par la fatigue, ils succombèrent. Pas un seul ne fut épargné. Les femmes et les enfants furent ramenés au fort Ponchartrain par nos alliés triomphants qui s'amusèrent pendant plusieurs jours à les torturer.
" C'est de rette manière que périrent," écrit Dubuisson lui-même, " deux méchantes nations qui avaient tant affligé et troublé tout ce pays. Notre révérend Père chanta une grand'messe pour rendre grâce à Dieu de nous avoir pré- servés de l'ennemi.
"Nos sauvages," dit-il plus loin, "ont perdu soixante hommes tués ou blessés, <U>nt trente furent tués dans le fort ; et un Français nommé Germain et cinq ou six autres furent blessés par des flèches. L'ennemi perdit un mille âmes, hommes femmes et enfants." '
Quelques jours après le massacre des Renards, François Daupin, sieur de la Forest, arriva pour prendre le comman- dement de Détroit. Le nouveau co mmandant avait plus
' Vnirlt) rapport de Dubuisson «iaté 15 juiu 171*2, «lans Siniili, lliritory (•f Wi<4coiiRin. vol. III. Dans un mémoire attribué t\ M iIh Léry, publié rliiis le premier volume de la " Collei-tion de docii>neiits Hur la Nnuvellt^* France," la reepou8abilité de cette guerre e^t rojetéa sur les Hurona et les OutaouiS, que l'on repréoeote comme uyunt cuuapiré pour détruire leti KenarJs.
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de trente année» d'expérience dans l'Ouest, ayant com- mencé la vie en Amérique «ous les ordren de Cavelier de La Salle, qu'il servit à travers la mauvaise comme la bonne fortune avec une rare fidélité. En 1690 il était devenu propriétaire avec Tonti du fort fondé par le grand explora- teur aux Illinois. Quand l'édit contre les cour«Mirs-de-bois fut publié en 1697, une clause spéciale fut insérée pour per- mettre à Tonti et la Forest d'envover deux canots et douze hommes chaque année à leur fort. En 1702 la Forest reçut ordre de revenir au Canada. Il mourut h Détroit en 1714, et on connaît tr^s-peu de chose de son administration. Il fut remplacé par Jacques-Charles Sabrevois. Ce gentil- homme descendait d'une des meilleures familles de la Beauce, où il était né en 1667. Il était venu en Canada comme lieutenant dans la compagnie de M. de Muy et il s'était marié à Boucherville en 1695. Il servit avec distinction contre les Anglais et les Sauvages. Il garda le commande- ment de Détroit jusqu'en 1717. En 1718 il fut fait che- valier de Saint-Louis. Il mourut major «le Montréal en 1727.
En 1714, Michilimackinac fut rétabli par de Vaudreuil et Louvigny y fut envoyé avec une garnison d'une vingtaine d'hpmmes. En envoyant cette garnison l'on se proposait de rassembler les Sauvages à Michilimackinac et de les con- trôler, et aussi de réduire à l'obéissance une quarantaine de coureurs-de-bois qui avaient déclaré leur indépendance des lois.
Le poste de Kamistigoya, à l'extrémité ouest du lac Supé- rieur, existait encore, et jusqu'à 1721 il fiit sous les ordres de Zacharie Lanoue.
En 1715 une partie des Miamis de la riviëre Saint-Joseph allèrent s'établir sur la rivière Maumee près du site actuel de fort "Wayne, dans Tlndiana. Vincennes, qui comman- dait chez eux, les suvit. Il avait aussi un village de Mia-
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mis Ouyatanons sur la rivière Wabash qui fut placé sous les ordres de Dubuisson en 1716.
Dubuisscn et Vineennes n'avaient extermine qu'une partie des Renards et des Mascoutins h Détroit. Ces nations et leurs alliées comptaient encore environ cinq cents guerriers établis danw le Wisconsin, sur la rivière qui porte aujourd'hui le nom de Fox ; et aussitôt qu'elles apprirent ce qui s'était passé à Détroit, elles se mirent en campagne pour venger les morts. Michilimackinac était menacé ; les voyageurs et nos alliés sauvages risquaient leur vie dans le moindre voyage.
Le gouverneur-général, de Vaudreuil, considéra d'abord cet état de chose à un point de vue philosophique. "Je ne sais même par rapport à nos véritables intérêts," écrivait- il, " s'il n'est pas à souhaiter que la. guerre avec les nations d'en haut dure encore quelques années plutôt que de faci- liter aux Anglais les moyens de se les attirer, comme ils en prennent le chemin. C'est une réflexion du Père Marest, missiotmaire à Michilimackinac, qu'il y a longtemps que j'ai faite moi-même." '
Mais la situation devint bientôt intolérable et Vaudreuil chargea de Louvigny d'organiser une expédition contre les Renards. Louvigny partit de Montréal au printemps de 1714 à la tête de huit cents hommes. Afin de contenter nos alliés sauvages, il avait ostensiblement l'ordre d'exter- miner les Renards et leurs alliés jusqu'au dernier ; mais secrètement il avait reçu instruction de ne pas pousser la campagne plus loin qu'il n'était nécessaire pour obtenir des conditions de paix avantageuses. Louvigny trouva l'ennemi retranché sur une éminence appelée Butte-aux- Morts. Comme il avait emmené du canon, il commença un siège en règle. La lutte dura plusieurs jours. Finalement les Renards acceptèrent les conditions de Louvigny, qui
' Vaadreail au ministjre 16 septembre 1774.
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étaient de doniier les nix fils aiiiéH de leurs six principaux chefs comme garantie, qu'ils descendraient tous à Québec l'année suivante pour ratifier la paix. Les six otages furent conduits à Québec. Malheureusement quatre d'entre eux moururent de la petite vérole durant l'hiver. Louvigny partit au mois de mai suivant pour aller expliquer cette ca- tastrophe aux Renards, amenant avec lui un des survivants, pour témoigner que les soins n'avaient pas manqué à ses compagnons. Les Renards parurent accepter les explica- tions ; mais ils ne descendirent jamais pour ratifier la paix. Au contraire ils s'allièrent aux Sioux et continuèrent la guerre avec vigueur. D'un autre côté, Louvigny avait for- tement mécontenté nos alliés sauvages en n'exterminant pas les Renards. '
La situation restait donc la même, et pendant vingt ans les Renards furent la cause d'innombrables massacres. TJn autre traité conclu en 1726 à la baie Verte resta aussi sans eflfet. En 1728 de Lignery, et en 1730 Coulon de Villiers, conduisirent des expéditions contre les Renards, et leur tuèrent beaucoup de monde. Enfin en 1733 cette tribu fut presque exterminée.
' Voir la lettre de Louvitçny, 14 octobre 1716 ; Vaudreuil au ininistrei 30 octobre 1716.
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ALPHONSE DE TONTI.
Le A juillet 1717, Alphonne de Tonti, (jni avait com- inuixlt^ en second hou» Cadillac, arriva à Détroit pour pren- dre le commandement en chef. Cet officier, italien d'ori- gine, frère du co'^pagnon de La Salle, était né en IHâO. 11 avait conquis scb rades en Canada <lans les expéditions de l'Ouest.
Tonti avait obtenu le monopole du commerce de Détroit à la condition de ne pas étendre ses opérations au-delà «lu poste. En chemin, sur le lac Ontario, il rencontni neuf canots de Sauvages de Michiliraackinac, de Saginaw et de Détroit qui s'en allaient porter leurs fourrures à Albany, et sur le lac Erié il en rencontra dix-neuf autres (pii allaient dans la même direction.
En prodiguant les belles promesses il réussit h se faire suivre à Détroit par ces sauvages. Là, afin de les contenter, il força les marchands à réduire le prix de leurs nnii'chan- dises et en outre fit distribuer trois pintes d'eau-dc-vie à chaque sauvage. '
Les commandants de l'Ouest persistaient toujours à <lire que l'eau-de-vie était le seul moyen de retenir les Sauvages, mais le gouvernement français resta ferme dans sa décision de ne plus permettre le commerce de cette boisson. Le gouverneur-général Vaudreuil adopta alors le plan d'établir autant de postes que possible chez les Sauvages afin de maintenii- ces peuples sous contrôle. Le sieur de Monti-
' Rappoit de Tonty, Slieldon, Early Hist. of Michigan.
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gny tut placé à la baie Verte. Le Gardeur de Saint-Pierre fut envoyé pour établir un autre poste à Chegouamigon et Guyon-Dubuisson, qui avait commandé à Détroit, fut envoyé pour remplacer Bissot de Vincennes, qui venait de mourir chez les Miamis de Ouyatanons. Un grand nombre de ces Sîmvages consentirent à retourner avec lui à leur ancien village de la riviëre St-Joseph, qui devint des lors un poste important, où les missionnaires tinrent registre. Le village de Ouyatanons ne fut pas abandonné toutefois ; le sieur Dumont y fut envoyé pour commander en 1720.
L'année suivante St-Ours d'Eschaillons fut envoyé pour remplacer Lanoue dans le poste de Kamistigoya. Liénard de Beaujeu commandait alors à Michilimackinac. En même temps de Lignery, Louvigny, Sabrevois, Linctot, et plu- sieurs autres étaient employés à des expéditions spéciales qui avaient pour but ostensible de ramener la paix parmi les Sauvages, mais qui, en réalité, servaient de prétexte à des voyages pour la traite des pelleteries, qui rapportait encore de jolis bénéfices. Un grani nombre de voyageurs étaient employés dans ce commerce, et ils érigeaient des forts dans presque tous les villages des Sauvages.
De Tonti paraît avoir été l'agent du gouverneur-général pour ce commerce ; et c'est à Détroit que tous les comman- dants avaient instruction de s'approvisionner. Dans les instructions de d'Eschaillons, il est dit :
" Le sieur d'Eschaillons partira de Montréal le plus tôt qu'il pourra, afin de se rendre au lieu de sa destination. Il passera par le Détroit, pour y acheter des vivres du sieur de Tonti qui y commande. Tous les canots qui partiront avec lui, pour aller au Détroit ou aux Miamis, après avoir été visités à la Chine, seront sous ses ordres, et il ne souf- frira pas qu'aucun s'écarte, ou qu'on fasse la traite avec les Sauvages sur le lac Ontario ou sur le lac Erié. Arrivé à son poste, il fera un présent aux Sauvages qui ne manque- ront pas de se rendre au fort, pour le saluer, afin de leur
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témoigner notre satisfaction de leur bonne conduite, leur rappelant qu'en l'envoyant commander à la place du sieur de la ^oue, nous avons voulu leur montrer qu'on ne les laissait pas orphelins. Il fera tout ce qu'il pourra pour attirer h Gamametigouya tous les sauvages dispersés le long du lac Supérieur. Il ne souffrira pas qu'il soit vendu d'eau-de-vie aux Sauvages dans son poste pour quelque raison que ce soit."
De son côté de Tonti avait obtenu pour la traite à Détroit des privilèges qui sont ainsi définis 'dans une lettre du ministre à Begon et Vaudreuil, du 19 juin 1722 : —
"lîî'otre intention est que le commerce appartienne au commandant du poste, et qu'en retour il doit être chargé <le toutes les dépenses du dit poste, tant en ce qui regarde les affaires que les soldats qui y seront en garnison. A l'cux-ci Sa Majesté ne payera que leur équipement et leur solde.
" Qu'il soit chargé des présents qu'il sera nécessaire de faire aux sauvages.
" Sa Majesté comprend dans les dépenses des officiers et des soldats h charge du commandant, celles de l'aumonier, du chirurgien et des médicaments nécessaires pour les ma- lades ; aussi le transport dos provisions et du linge pour les officiers et pour les liomnies ; et dans les présents pour les Sauvages, les déjenses d'un missionnaire, d'un forgeron et d'un armurier, lequel pourra aussi réparer les armes des troupes. Enfin Sa Majesté n'entend pas que ce poste lui cause aucune dé;^)en8C.
" Le commandant ne jouira du privilège de la traite que le temps qu'il commandera, au poste, et n'aura aucun droit aux terres du dit poste. Il ne fera aucune concession de terre.
" C 3st au gouverneur-général et à l'iiitendant du Canada de les accorder au nom de Sa Majesté ; mais Sa Majesté n'entend pas que par le moyen de ces cor cessions les habi-
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tants aient le droit de traiter pour d'autre chose que le pro- duit de leurs terres. Les concesions ne devront pas excé- der quatre arpents de front sur quarante de profondeur.
" Si le commandant désire s'ériger une habitation, il devra obtenir une concession du gouverneur-général et dt- l'intendant, comme les autres habitants.
"Il sera sujet, d'après la dite concession, aux mêmes con- ditions, ne pouvant prétendre, en raison d'icelle, à aucun droit de commercer après qu'il aura cessé d'être le com- mandant du dit poste. Il a paru juste à Sa Majesté qu'il soit accordé à ceux qui commanderont le poste un lopin de terre pour y cultiver des légumes et pour y ériger des écuries. '
Jouissant de la faveur du gouverneur-général, Tonti trouvait dans les pouvoirs qui lui étaient ainsi accordés tous les moyens d'oppression que pouvait lui suggérer son ca- rectère cupide et brutal. Il ne chargea pas moins de cinq cents livres en pelleteries ou trois cents livres en espèce pour la permission d'aller- chercher des marchandises à Montréal avec un canot. Vers 1725 il céda ses droits à deux individus, Gatineau et Gouin, cpii prirent à leur tour trois autres associés : Lamarque, Chiéry et Nolan. Cette compagnie renchérit encore sur les prétentions de Tonti. Poussés à bout les habitants adressèrent le 21 oc- tobre 1726, une requête à l'intendant, dan» laquelle ils ex- posaient que les marchandises étaient vendues à un prix tel qu'il leur était impossible de subsister avec leurs familles ; et de plus, que les Sauvages, ayant à souifrir égale- ment du monopole, menaçaient d'aller s'établir ailleurs. Les associés ayant eu connaissance de cette requête, écrivi- rent le même jour à l'intendant. Ils expliquaient que les habitants voulaient avoir les marchandises au prix <ie Montréal sans tenir compte des frais de transport, qu'ils
^ WiBcoDSin Historical Collections, vol. lil.
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avaient le privilège de traiter pour les produits de leurs terres, mais qu'ils étaient trop paresseux pour cultiver, et qu'il n'y avait de mécontentement parmi les Sauvages qu'en autant que les habitants qui se plaignaient étaient capables d'en créer. Tonti écrivit aussi une lettre dans laquelle il dénonçait les requérants comme des gens sans aveu.'
Les habitants souffraient aussi de l'état d'incertitude où ils étaient au sujet du titre de leurs propriétés. Après le départ de Cadillac, ils s'étaient plaint que les droits de re- devances exigés par ce seigneur étaient exorbitants. Con- séquemment, en 1716, le roi avait annulé les conditions de Cadillac et confirmé les colons dans la possession de leurs terres. Mais à son retour en France le fondateur de Dé- troit mit ses influences en œuvre et il obtint un décret du roi en 1719 ou 1720, ordonnant de le réintégrer dans tous ses droits de seigneur de Détroit. Le gouverneur-général et l'intendant protestèrent contre cette décision daîis un mémoire du 4 novembre 1721. Dans ce mémoire ils affir- ment qu'il n'y a que quatre colons établis sur des terres en dehors du fort Ponchartrain et pas plus de trente ont des lots en dedans des murs. Le roi réitéra son ordre de réin- tégrer Cadillac en 1722, mais nous ne voyons pas qu'il ait été obéi. Les colons n'en restaient pas moins dans une pénible incertitude, l^a Forest, Sal>revois et Tonti accor- dèrent des permis de s'établir, mais ils n'avaient aucun droit de le faire.
Cet état de chose n'était pas de !iature à attirer les co- lons. Néanmoins la Nouvelle-France traversait alors une période «le prospérité, et la future métropole du Michigan ressentit un peu Feftet de ce courant favorable. Le nom- bre annuel des naissances, qui était tombé à deux ou trois après le déjiart de Cadillac s'éleva de nouveau à six ou huit vers 1720, puis à dix et douze durant les dernières années
(Voir les documeniH Wia Uist. <'ol., vol. 111).
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de raministratioii de Toiiti. Do 1718 à 1727 il ne fit 14 mariages devant le curé de Détroit entre parties canadien- nes-françaises. Les décès furent nombreux, plus de trente sont enregistrés. Tout cela indique que la population per- manente atteignait de nouveau le tOiiffro de trente ou qua- rante familles.
Les défrichements avançaient aussi rapidement. Détroit approvisionnait de viandes et de grains presque tous les petits postes environnants. Dès I7l4 cette coloriie expor- tait huit cent minots de maïs.
Quelques familles canadiennes s'étaient aussi fixées au- tour de Michilimackinac.
C'était le commencement de véritat^les colonies agricoles, dont les éléments, bien différents des coureurs-de-bois, ont 'toujours fait honneur à notre nationalité.
L'autorité ecclésiastique exerçait sur ces colons une vigi- lance que la distance ne diminuait pas. ï]n 1720, Mgr. l'évêque de Québec écrivait aux habitants de Détroit :
" Il est juste que nous vou8 exhortions à entreteiiir le temple matériel que nous apprenons être dans un état dé- plorable, aussi bien que le cimetière que vous laissez en- tr'ouvert, exposé à toute sorte d'indécence par rapport aux bestiaux qui y entrent. Mais par-dessus tout nous vous recommandons d'avoir une véritable obéissance pour votre pasteur, que vous avez si grand intérêt de conserver et de ménager, ne voyjint ici personne pour lui succéder."
Cependant les colons de Détroit n'avaient pas à souifrir de la rareté des prêtres, car ils avaient constamment leur curé, auquel un vicaire était même adjoint. Leur église, qui avait été démolie, comme nous l'avons vu, lors de l'attaque des Outagamis, t\tt reconstruite en 1724 par le Père Bonaventure Léonard, qui demeura pendant plus de trente ans dans la colonie.
Les missions sauvages, au contraire, souffraient de la ra- reté des missionnaires. Le P. Charlevoix qui traversa le
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ixoes au-
Michigan eu 1721, nous «lit quà Michilimackinac il trouva le Père Marest, qui était encore supérieur des missions des Outaouas, et qu'il y avait un missionnaire au Saut Sainte- Marie.
Mais le P. Marest retourna peu de temps après à Québec, et ce n'est ([u'à de rares intervalles, de 1620 à 1640 «|ue les Pères jésuites purent envoyer un des leurs visiter leurs anciennes missions de Michilimackinac, St-Joseph des Mia- mi», '3t la mission des Hurons à Détroit. Nous trouvons les noms suivants sur les registres de cette époque : RR. PP. Michel Guignas, Jean St-Pé, C. C Guymonneau, C. M. Messayer, C. de la Richardie, J. B. Chardon, I. de la Pierre, Marin et Louis Let'ranc, tous de la compagnie de Jésus.
Dans l'automne de 1727, le gouverneur-général écrivait au ministre qu'il avait promis de rappeler Tonti de Détroit, mais ce dernier ne connut pas sa disgrâce, car à ce moment même il expirait à son poste,
Alphonse de Tonti s'était marié deux t'ois. Son iils aine Charles-Henri- Joseph, né en 1697, fut employé dans les expéditons de l'Ouest dès 1711. Il devint enseigne, et en 1719 fut proposé pour la croix de St-Louis. Il mourut h Montréal en 1748.
Alphonse de Tonti avait dû amasser une graiule fortune. Parmi ceux qui partagèrent avec lui le commandement de l'Ouest, presque tous arrivèrent à des positions élevées <lan8 la colonie.
François Marchand, sieur de Lignery, qui figure dans les expéditions à Michilimackinac et contre les Renards de 1710 à 1731, avait servi dans le régiment d'Auvergne en France et était venu en Canada en 1686. Il fut fait chevalier de St-Louis et mourut major des Trois-Rivières en 1732. Il laissa deux fils, dont un, connu sous le nom de chevalier de Lignery, se distingua dans les dernières guerres avec les Anglais. Il releva Dumas au fort Duquesne en 1757, et se
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retira dans le fort Machault, où il fut fait prisonnier par les Anglais, qui le traitèrent avec brutalité.
Louis Ménard de Beaujeu, devint chevalier de St-Louis, lieutenant du roi et major de la ville de Trois-Rvières.
.T.-B. de St-Ours, sieur d'Eschaillons, qui était né en 1668, h son retour du lac Supérieur fut fait chevalier de St-Louis et major de Québec.
Guyon-Dubuisson, l'énergique défenseur de Détroit, mou- rut major des Trois-Rivières. Il laissa un fils, qui servit dans lo Michigan, avec le grade d'enseigne, de 1749 à 1750.
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CHAPITRE X.
FORMATION DE COLONIES AGRICOLES.
Madame de Vaudreuil ayant appris que Alphonse de Tonti était sur le point de perdre le commandement du poste de Détroit, elle reeommada un de ses amis, le sieur Adhémar de Lantagnac pour cette succession. Beaucoup d'influences turent mises en œuvre et la cour hésita. Ce- pendant le chevalier de Lapernouche devint commandant par intérim, puis durant l'été suivant les sieurs Deschaillons de St-Ours et de Noyelles exercèrent successivement l'autorité. Finalement dans l'automne de 1728 M. de Boishébert fut nommé commandant.
Louis-Henri de Boishébert, seigneur de la Bouteillerie, officier de marine était né en 1679. Il était fils de Jean- Baptiste-François Deschamps du diocèse de Rouen, établi à la rivière Quelle. Il avait accompagné d'Iber- ville dans ses expéditions à la baie d'Hudson. Il aban- donna le commandement de Détroit en juin 1734, et mou- rut deux ans plus tard à Québec. Son fils Charles, né à Québec en 1727 se distingua durant les dernières années de la domination française en Acadie, et fut plus tard impliqué dans les péculats de Bigot. Il a été confondu avec son père. M. de Boishébert signala son administration par son inté- grité et par un grand service qu'il rendit aux colons en faisant régulariser les titres des terres concédées.'
' L'acte de concession qui suit en date de IIM, est encore conservé au grefié du comté de Wayne. Charles, Marquis de Beauhainois, commandant do l'ordre militaire
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LES CANADIENS DU MICHIGAN
Le« autres commandante de Détroit, concédërent des terres à de semblables conditions, en vertu des pouvoirs à eux conférés par le gouverneur et l'intendant.
Ceci était d'autant plus important que la propriété foncière avait dès lors une grande valeur. Nous voyons par une pièce conservée au greffe du comté de Wayne, que le 8 septembre 1725, une "maison avec son emplacement, appartenances et dépendances, contenant quarante - cinq
de 8t> Louis, gouverneur et lieutenaat-général pour le roy en la Nouvelle* France et la Louisiane. Gilles Hocquark, chevalier, conseiller du roy en ses conseils, intendant de justice, police et finance en la Nouvelle-France et la Louisiane. Sur les représentations qui ont été faites par les habi- tants du fort Poncbartrain du Détroit du lac Erié à M. de Boishéberti capitaine d'une compagnie du détachement de la mariue, cy-devant com- mandant au fort Poncbartrain, et Péan, chevalier de l'ordre militaire de St-Louis, major des villes et gouvernement de Québec, à présent com- mandant au dit fort, et dont ils nous ont rendu compte ; contenant que jusqu'à présent ils n'avaient osé entreprendre des défrichements et établir des terres au dit lieu parce qu'ils n'avaient aucun titre qui put leur en assurer la propriété ; que s'il nous plaisait leur en accorder ils seraient non-seulement en état de travailler sans courir risque d'être inquiétés, mais qu'il résulterait de leurs travaux des avantages considérables en procurant par là dans le dit lieu des vivres en abondance, qui serviraient à faire trouver une subsistance commode tant à la garnison qu'aux habi- tants et aux voyageurs, à quoi ayant égard, veu les lettres patentes de Sa Majesté, données à Pans au mois d'avril 171(i, registrées au conseil su- périeur le 1er décembre, suivant l'arrêt du conseil d'état au roy, du 19 mai 1722 ;
Nous avons au nom de Sa Majesté donné, accordé et concédé, donnons . accordons et concédons à titre de cens et rentes, dès maintenant et tou- jours, au sr- Jacques Campau, père, habitant du dit fort Poncbartrain au Détroit, y demeurant, pour lui, ses hoirs et ayant cause à l'avenir une concession de terre située sur le détroit du lac Erié, de la contenance de quatre arpents de front sur quarante de profondeur, tenant d'un côté vers l'ouest, sud on est, à la terre cy-devant concédée à Jean Gilbert dit sans peur, bornée par une ligne nord nord-ouest et sud sud-ouest, et d'autre côté vers l'est nord-est aux terres non concédées pardevant sur le détroit du lac Erié et dans la profondeur par une ligne nord nord-e»t, et ouest sud-ouest, joignant pareillement les terres non concédées, pour «yn jouir, faire et disposer par le dit Jacq. Campau, père, ses dits hoirs et ay ant- causes aux charges, clauses et conditions cy-après, savoir, que le dit Cam-
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FORMATION DE COLONIES AHRIC0LE8
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pieds de front sur le niveau de lu grande rue Saint-Louis et vingt-etun de profondeur" fut vendue pour la somme de deux cent (piatre- vingt livres, (ce qui équivalait à près de ^200 de notre argent) que les acquéreurs promettaient et s'obligeaient de payer '-en pelleteries bonnes et valables au prix de Détroit dans le cours du mois de mai prochain." Une autre maison fut vendue en même temps avec son em- placement de 27 sur 28 pieds pour la somme de cent livres."
pan, père, ses dits hoirs et ayani-canses, seront t«*i)U8 de porter leurs grains îl moiulre au moulin Kénéral lorsqu'il y en aura (rétal>ii i\ peine de con- fiscation des dits grains et d'amende arbitraire, «l'y tenir on faire tenir feu et l'en dans un an d'huy an plus tard, d»'(!onvrir les déserts des voi- sins à mesure qu'ils en auront besoin, cultiver ladiM terre, y souffrir les chemins qui y seront jugés nécessaires pour l'utilité publique, faire des clôtures mitoyennes ainsi qu'il sera réglé, et d»* payer an receveur de Sa Majesté ou an commis du Mt receveur qtii lésidera au Détroit, un sol de cens pour chaque urpeut de fioitt ut vingt sol de rente p air chaque vingt Hrpents en superficie, et en outre un minot de blé froment pour les dits quatre arpents de front, le tout payable par chaque an an jour et fort de St-Martin, dont la Ire année é<;héera au onzième novembre mil sept cens trente-cinq et continuera d'année en année, les dits en portantes |)rofit8 des lods et ventes, deffant et amende avec tous autres droits royaux et seigneuriaux quand le cas y écbéra, suivant la coutume de la prévAté et vicomte de Paris. Sera cependant loisible au ditCarapan, père, de payer les diti* huit livres de rente et de sol de cens en pelleterie au prix du Détroit jusqu'à ce qu'il y ait une monnaye courante d'établie, réservant au nom du roy pour la dite habitation tons les bois dont Sa ISIajesté aura besoin pour ch>ir|>ente et construction de bâtiment et forts qu'elle pourra étublir par la suite, ainsi que la propriété des mines, mi- nières ou minéraux s'il s'en trouve dans l'étendue de la dite concession, et faire le dit Campan. pi're, ses dits hoirs et ayant c.iuses, tenu de faire incessamment alligner, mesurer et borner la dite concession dans toute sa largeur et profondeur j\ ses dépens et d'exécuter les clauses portées par le présent litre, et de prendre un brevet do Sa Majesté de confirmation dans deux ans, le tout à peine de nullité des présentes. Fait et donné à Montréal le dixième juillet mil sept cens trente-quatre.
Pour copie, siuné.
BbACHARNOIS, HoOfiUAKT.
Par Monseigneur De Valmibk. P.tr Monseigneur De Chkuvbmont.
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LES CANADIENS DU MICIITOAN
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M. de Boishébert conduisit en 1782 les sauvages de Dé- troit, avec quelques Français, dans une expédition contre les Chicachas.
Apres le départ de M. de Boishébert les (commandants dont les noms suivent se succédërent à Détroit :
1734. — Hughes Jacques Pèan, sieur de Livandièro. Cet officier devenu plus tard major de Québec, fut jeté à la Bas- tille après la cession du Canada pour avoir participé aux vols de l'intendant Bigot.
1734-1738. — Jacques-Charles de Sabrevois de Bleury, fils de l'officier du même nom qui commanda Détroit de 1714 à 1717, était né à Boucherville en 1702. Quelques années plus tard il fut de nouveau commandant à Détroit. Dans l'intervalle il avait commandé au fort Saint-Frédériô. Il mourut en 1781.
1738-1741. — Charles Joseph, sieur do Noyelles, qui avait déjà commandé temporairement le poste par deux fois en 1720 et 1728. Né en 1694, cet officier était fils du colonel Joseph de Noyelles, de Crécy, diocèse de Meaux, Brie. En 1735 il avait conduit une troisième expédition contre les Renards, mais il n'eut pas plus de succès que ses prédéces- seurs. En 1746 il fit un voyage à la " mer de l'Ouest." II mourut major et chevalier de Saint-Louis. Son fils fut commandant à Miehilimackinac en 1746 et 1747.
1741-1742. — Pierre- Jacques Payen de Noyan, sieur de Chavois, né en 1695, était fils de Pierre, sieur de Noyan d'Avranches et de (Catherine Lemoyne. Il avait d'abord servi en Louisiane sous son oncle de Bienville. Il était major de la place h la Nouvelle-Orléans. En 1724 il fut enveloppé dans la disgrâce de son parent et renvoyé au Canada. Marié à Louise-Catherine d'Ailleboust en 1731 il emmena sa femme avec lui à Détroit. En 1743 il obtint la concession d'une seigneurie sur la rivière Richelieu. A l'époque de la conquête il était en Louisiane.
Durant cette même période, plusieurs commandants pas-
FORMATION UE COLONIES AllRICOLES
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8<^rt'nt dans les posten environnants. Ils avaient h y s^oute- nir le fardeau de la guerre contre les Renards, les Sioux et leurs alliés, et la plupart se sont distingués par leur bra- voure et leur diplomatie.
Le sieur <le Montigny avait été transféré en 1730 de la haie Verte à Michilimackinac. Il mourut en 1737 laissant un nom honoré. Il appartenait du reste à une famille qui a toujours déployé beaucoup d'ardeur dans les bons com- bats.
De Montigny parait avoir été remplacé par Jacques Le Gardeur «le St-Pierre, fils de Jean Paul, «pie nous avons vu à Chegouamigon en 1717. Le Gardeur revenait à ce mo- ment «lu fort Beauharnois, situé sur le lac Pépin, au pays des Sioux, où il avait commandé pendant deux ans. M. de Beauharnois avait la plus haute opinion de cet officier qui vivait parmi les Sauvages du lac Supérieur depuis vingt ans. Nous le verrons reparaître souvent jusqu'au moment de sa mort glorieuse à la tête des milices canadiennes sur le champ de bataille du lac St-Sacrement.
Saint-Pierre fut à son tour remplacé à Michilimakinac en 1740 par Pierre-Joseph Céloron, sieur de Blainville, fils d'un oflicier du même nom. Né à Montréal en 1693, Blain- ville avait gagné ses grades par son courage, son énergie et son habileté. De Michilimackinac il fut envoyé à Détroit, où il commanda durant 1742-43. Nous aurons aussi occa- sion de reparler de lui.
Nous voyons aussi figurer sur les registres de cette pé- riode les noms du sieur Darnaud, commandant chez les Miamis en 1732, capitaine d'une compagnie à Québec en 1744, du sieur de Linctot, succesivement commandant à la baie Verte et chez les Miamis, de Pierre-Paul Marin, che- valier de Louis et plus tard capitaine-général, de Damours de Lamorandiëre, de Louis de La Corne et des sieurs de Villiers et de Jumonville qui commandèrent à la baie Verte tour à tour, et de Louis Denis de La Ronde, enseigne de
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LES CANADIENS DU MICIIIGAN
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vairtrioau vt capitaine d'une compagnie «le marine, chevalier (le St-Louis, officier d'utie grande expérience, ^[\ù commanda à Cliegouamigon de 1780 t\ 1789.
Ces officiers étaient continuellement employés dans les expéditions qu'il fallait entreprendre pour réduire les quel- (^ues tribus re!)elle8. Les deux principales de ces expédi- tions turent organisées contre les Chicaehas en 1787 et en 1739. A cette occasion M. de Beauharnois se plaint de l'inconvénient qui résulte du tait que le commandant de Détroit cet sédentaire.
C'est durant cette période que Gauthier de la Vérandrye, parti de Michilimackinac en l732, fit la découverte des Montagnes Rocheuses, et que les frères Mallet, établis à Détroit, poussèrent leurs courses par la rivière Platte, jus- (ju'au Nouveau-Mexique.
Denis de La Ronde commença aussi vers 1730 l'exploita- tion des mines de cuivre du lac Supérieur, dans le district d'Ontonagon, où ce métal se trouve en lingots. Cette en- treprise fut continuée après sa mort, arrivée en 1741, par ses serviteurs, entre autres, par son fils, François-Paul de la Ronde, sieur de la Thibaudière, officier qui succéda à son père, et que nous retrouvons à Détroit en 1757 et en 1760.
La traite ds fourrures, beaucoup moins ccmsidérable que par le passé, se foisait soit par des porteurs de congés, ou par les concessionnaires du privilège de la traite dans les postes.
Ce n'est qu'en 1741 que le roi fit pnblii'r une nouvelle amnistie pour les coureurs-de-bois, dai'?* l'espoir de les in- duire à revenir dans la colonie. Pur le même édit Sa Majesté rétablissait les vingt-cinq congés pour la traite des pays d'en haut. Néanmoins un mémoire de 1786 nous dit que dès cette époque les marchands de Montréal obtenaient des congés visés par le gouverneur-général et l'intendant pour envoyer des canots dans les postes éloignés. ' Ces
^ (Collection de la Soc. Hist et Lit de Québec, 1840).
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, pai- lle la à son 1760. ; que ^é«, ou ans les
congés se vendaient cinq cents francs ; le revenu était employé à soulager U^s t'aniillcs pauvres et h entretenir l'enceinte de Montréal. '
Tjes congés portaient d(''tcii-*c de vendre de l'eau-de-vie aux Sauvages, mais cette dépense paraît encore avoir été violée, car en 1738 de Noyau, commandant à Détroit, deman- dait la permission de punir ceux cpii vendaient de l'eau-de- vie.
D'après l'édit de 1741, chaque congé était bon pour un (îanot et trois hommes seidement. Personne ne devait obtenir de ces congés deux années consécutives, l'intention du roi étant qu'ils devaient servir h venir en aide aux familles pauvres.
Ces congés n'autorisaient à aller qu'à Détroit où à Michi- limackinac où le commerce était libre ; sauf certains impôts destinés à former le traitement du commandant.
Les postes d'importance secondaire, tel que celui de la riviëre Saint- Joseph se donnaient, se vendaient ou s'affer- maient. Dans chacun de ces cas, celui qui les obtenait avait un monopole. Ceux qui obtenaient un poste, soit à
^ Voici un de ces confiés dont j'ai retrouvé l'original entre les main» de M. Riopel, avocat de Détroit :
" Charles M. de Beauhamois, commandant de l'ordre Royal et militaire de St-Louis, gouverneur et lieutenant-général pour le Roy en toute la Nouvelle-France et province de Louisiane.
Nous avons permis aux Srs. Beaubien et Germain de partir de cette ville avec un canot équipé de quatre hommes dont ils nous ont donné les noms et demeures pour le rendre au poste du Détroit et d'embarquer dans le dit canot les effets et marchandises propres pour la traite au dit poste. Et en outre les vivres et provisions dont ils auront besoin pour leur subsistance et celle de leurs engagés pendant le voyage-
Deffendons ans dits Srs- Beaubien et Germain de prendre d'autre ronte que celle du nord du lac Ontario ny de faire aucune traite ou com- merce avec les sauvages ny autres ailleurs qu'au dit poste et ses dépen- dances sous les peines portées par les ordonnances du Roy.
Enjoignons aux dits engagés d'avoir chacun leur fusil tant en montant qu'en descendant, sans qu'ils puissent s'en défaire en les traittant aux sauvages ny autrement $ous peine de trois mob 'île prison.
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LES CANADIENS DU MICHIQAN
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ferme ou en payant, ne jouissaient généralement du mono- pole que pendant trois ans. Très-naturellement, ils vou- laient dans ce court espace de temps faire une fortune con- sidérable ; ils n'avaient aucune raison de se préoccuper des conséquences de leur conduite. Aussi, toute leur ambition était de vendre le plus cher possible les marchandises qu'ils y portaient et d'acheter au plus bas prix possible les pelle- teries des Sauvages, " dussent-ils les tromper après les avoir enivrés." En 1754, dans le poste de la Mer d'Ouest, une peau de castor s'achetait pour quatre grains de poivre ; on y retirait jusqu'à huit cents francs d'une livre de ver- million. Dans ce temps les marchandises ne valaient pas plus à Détroit qu'à Montréal.
Les conséquences d'un pareil système, ne pouvaient qu'ê- tre désastreuses pour le prestige de la France chez les Sauvages.
" On connaît aujourd'hui, mieux que jamais," dit à ce sujet un mémoire du temps, dans lequel nous trouvons ces détails, " combien l'affection des Sauvages est nécessaire à la conservation de la Colonie. Peut-on se flatter que cette
Seront tenus les Srs. Beaabien et Gtormain de faire viser ces présentes par Monsieur l'Intendant s'il est en cette ville et de les faire enregistrer au greffe de la juridiction Boyalle de Montréal avant leu; départ
Permettons aux engagés d'embarquer dans led canot la quantité de quatre pots d'eau-de-vie par homme laquelle servira pour leur usage seu- lement sans qu'ils en puissent traiter aux Sauvages sous quelque prétexte que ce soit et leur ordonnons d'e°tre de retour en cette ville dans le tems stipulé par leu: engagement dont le Rôle sera cy après sous les peines portées par les ordonnances de Sa Majesté contre les coureurs-de- lK>i8 sans congé ny permission, et leur enjoignons de faire leur déclaration aux Commandans des Postes ou ils passeront de ceux qui auront déserté.
Rôle des hommes du de canot pour estre libre aud Poste.
Pierre Chicot, de Boucherville. Louis Clairemout, du Détroit. Bouron, de Montréal. Pierre, Pani de Nation, de Boucherville.
Faits à Montréal le dix-septième août 1 737.
Beacharmois.
FORMATION DE COLONIES AGRICOLES
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affection durera toujours, et qu'eufin elle ne passera pas à un voisin avec lequel ils ne trouvent que des avantages ? Déjà ils murmurent hautement de ce monopole exercé contre eux ; ils méprisent et haïssent les négociants avides qui ne cherchent qu'à leur en imposer. Je vais plus loin : ces mêmes marchands qui traitent avec eux d'une façon si basse, sont des officiers dépositaires de l'autorité du Roy, dont ils abusent pour faire dos gains illicites et honteux ; ils sont les ministres de ce grand Ononthio, que les Sauva- ges appellent leur përe, et qu'ils ne devraient connaître que par ses bienfaits. Que peuvent-ils penser en voyant l'usage qu'on fait de son autorité et de son nom ? Cependant il serait essentiel qu'à l'idée qu'ils se forment de lui, dans l'éloignement où ils sont, il ne se joignit que des idées de grandeur et de majesté.'" Tandis que la cupidité des mar- chands causait de si graves embarras, la y»opulation de la Nouvelle France, à lafaveur de la paix intérieure, augmentait rapidement, et déjà dans les anciennes paroisses, les enfants ne trouvaient plus de terre pour s'établir. De là une émi- gration naissante, dont Détroit profita largement.
Dur'.nt les vingt ans qui s'écoulèrent de 1730 à 1750, la popul ition se doubla. Le nombre des baptêmes, qui n'avait été que de 106, de 1721 à 1730, monta à 156 durant la décade suivante, et fut de 2-"5 pour les dix années de 1741 à 1750.
D'année en année quoique soldat congédié et quelque voyageur venu du Canada y prenaient des terres et ;- es- taient. Parmi les familles primitivement fixées, commou- çaient à se trouver des jeunes filles qu'ils épousaient. Les environs du fort Ponchartrain ne suffisaient plus aux colons, qui traversèrent la rivière et s'établirent à côté des Hurons, sur le site de Sandwich, où depuis 1728 le père de la E,i- chardie était établi comme missionnaire. Quelques uns
> Collée, de la Soc. Litt. et HÎBt de Québec, 1840.
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LES CANADIENS DU MICHIGAN
plus aventureux, laissërent même la colonie pour aller for- mer de nouveaux noyaux sur la Ouabasli, à VhKennes ei à Fort Wayne, Ind. D'autres encore se rendaient k Michi- limackinac, au fort Saint- Josepli, où sur la rivière S?.inte- Claire, près du site de Port Huron, où lesOutaouas avaient un village.
L'église de Michilimackinac fut reconstruite en 1743 par Joseph Hins, qui y fit enterrer sa fille le 10 août de cette même année. Autour de cette église se groupèrent une vingtaine de familles. Elles étaient desservies par les mis- sionnaires Jésuites, les përes Dujaunay et Lamorinerie, qui apparaissent aux registres en 1738 et 1740 respectivement. Ces missionnaires visitaient également les postes de Saint- Joseph et Vincennes, et souvent même ils suivaient les Sauvages dans les bois. Souvent il s'écoulait plus d'une année entre leurs visites. Ce n'était là qu'une des nom- breuses privations auxquelles s'exposaient les courageux colons de cette époque.
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CHAPITRE XI.
LA FIN D UN REGIME.
Les Sauvages avaient vécu assez longtemps en contact avec les blancs pour comprendre les motifs qui animaient les Anglais comme les Français. Les chefs les plus influents éprouvaient pour les Européens un sentiment de mépris, mêlé d'une crainte instinctive, que leur inspirait le nombre grandissant de ces étrangers et leurs empiétements sur leur domaine.
En 1747 il se fit une entente entre toutes les tribus contre les blancs. Elles s'engagèrent mutuellement à ne plus se faire la guerre et à laisser les Anglais et les Français régler leurs diflerends entre eux.
Elles en vinrent bientôt à une hostilité plus prononcée. A Détroit, où le chevalier de Longueuil ' avait remplacé Célorofi e2\ 1743, les Hnrons formèrent une conspiration po'} ' ma.^!=acrer tous les Français. M. de Longueuil appnt le (liUig' ( oui menaçait le poste par une fille sauvage qui avait enter dix let; conspirateurs. Tous les guerriers devaient aller demander l'hospitalité pour la nuit dans le tort Pon- chartrain selon une hal^itude ancienne, et chacun devait
' Paul-Joseph Lemoynei connu sous le nom de chevalier de Longueuil, fut bbptisé à Longueuil le 19 septembre 1701. Il était fils du premier baron de Longueuil, et après la mort de son frère, il porta pendant quel- q> temps le titre de baron. 11 porta les armes de bonne heure et fut în^n .^jei::t8nant dans le régiment de Normandie en 1718. Il avait été em- plie v- ..9 i Ouest en 1729. Il fut fait chevalier de Saint-Louis en 1746. 11 fn. xon /erueur de Trois-Rivières puis commandant de la citadelle de Québec. Il mourut à Tours, France, en 1778.
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LES CANADIENS DU MICHIQAN
mettre à mort son hôte et sa famille. M. de Longueuil fit venir les conspirateurs, leur apprit que leur projet criminel était découvert, et les renvoya. Les Sauvages firent alors le siège du fort et tuèrç'^ifc plusieurs colons.
A Mî'^ljilimackinac où la garnison était réduite à une trentaine d'hommes, sous les ordres de sieur de Noyelles, fils, les Sauvages avaient aussi formé le projet de détruire les Français. La nussi le complot fut découvert à temps et les conspirateur y irent obligés de sortir du fort au son du tocsin et du tan >
Peu de temps après i ^aiteurs revinrent en force à Mi- chilimackinac, et Détroit fut secouru par un convoi de 150 hommes, veims de Montréal sous les ordres du sieur Du- buisson. Ces renforts obligèrent les Sauvages à respecter les forts ; mais ils continuèrent leurs déprédations dans la campagne et les bois, tuant les chevaux et les bestiaux, assassinant les voyageurs isolés ou volant leurs marchandises.
Ils réussirent mênie à surprendre le poste de Dou ville, aux Miamis, et le mirent au pillage.
Dans l'automne de 1747 Legardeur de Saint-Pierre fut envoyé à Michilimackinac pour prendre le commandement de ce poste et remettre la paix dans les pays d'en haut. Quand il arriva à destination les Sauvages étaient presque tous partis pour leur hivernement ; et il ne put pousser les négociations avant le printemps suivant.
Saint-Pierre à Michilimackinac, et Longueuil à Détroit, se donnèrent beaucoup de peine pour ramener les Sauvages. Ceux-ci finirent comme d'ordinaire par se rendre aux pro- messes et aux menaces, parce qu'ils se voyaient dans l'impos- sibilité de se débarrasser des Français. Au mois de juillet les chefs descendirent à Montréal et demandèrent d'être envoyés en guerre pour marquer leur fidélité et réparer le mal qu'ils avaient fait par le passé.' Cette proposition des
' Mémoires sur les affaires du Canadai 1747 et 1748; Do& rel. à l'hist- de la N. F., vol. III.
LA FIN d'un régime
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Sauvages était trës agréable aux autorités de la colonie, dont toute la politique à l'égard de Sauvages était de les engager, par des présents, à aller attaquer les Anglais et leurs alliés. La nature de ces présents variait à l'infini. L'on ne cherchait qu'à satisfaire le caprice des Sauvages. Ainsi nous voyons par une lettre de Longueuil, au gou- verneur-général ! " Mikinac demande un habit d'écarlate garni d'un ruban d'argent, une chemise fine, et une épée k poignée d'argent. D'un refus pourrait résulcer un grand revirement." Plus tard pour flatter la vanité des chefs Sauvages, l'on inventa de leur donner des commissions, comme aux ofiiciers Français. I/original d'une de ces commissions est conservé à la bibliothèque de Détroit et se lit ainsi :
" Pierre Rigaud de Vaudreuil, Gouverneur, Lieutenant- Général pour le Roi en toute la ITouvelle France, terres et pays de la Louisiane :
" Nous, sur les bons témoignages qui nous ont été ren- dus de la religion, du zèle, et de l'attachement pour les Français et de l'affection au service du Roi, du nommé Mougouagan, du village des Poute-ouatamis, l'avons nom- mé et établi, le dit Mougouagan, en autorité et conmande- ment sur les guerriers du dit Village ; En foi de quoi lui avons accordé cette commission que nous avons fait sceller du cachet de nos armes et contresigner par notre secrétaire.
Fait à Montréal, le 1 sept. 1775.
Vaudreuil.
Par Monseigneur, N. L. M.
Mais la récompense la plus généralement estimée par les Sauvages était l'eau-de-vie ; et on en distribuait libérale- ment à ceux qui rapportaient des chevelures d'Anglais.
A ce sujet les autorités de la Nouvelle- Angleterre ont souvent dénoncé la conduite des Français. C'est pourquoi
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LES CANADIENS DU MICHIGAN
M. de Beauharnais écrivait à SLirley, gouverneur du iN'ew-York.
"Je voudrais pouvoir déraciner entièrement du cœur des Sauvages la barbarie qui semble née chez la plupart d'entre eux, et c'est pour y parvenir que lorsqu'ils sont venus me demander pour aller en guerre, je leur ai donné autant que j'ai pu quelques oflSciers canadiens, à qui j'ai donné ordre de protéger les prisonniers contre toutes sortes d'insultes. J'ai fait plus, touché du malheureux sort de ceux qui sont tombés entre les mains des Sauvages, j'en ai racheté au dé- pens du Roy, autant que j'ai pu leur en arracher, mais je n'ai pu vaincre ^'obstination que quelques uns ont eu de garder les prisonniers." *
Chose certaine, "es .\nglais n'étaient pas plus humains que les Français, et parf plus qu'eux ils ne s'embarrassaient du droit des gens dans ces guerres de répressailles, remplies d'actes de vengeance et de cruauté.
Les autorités de la Nouvelle-France reprirent vers ce temps le projet de Talon de resserrer les colonies anglaises sur le bord de la mer par une série de postes militaires le long des grands fleuves de l'intérieur. Le comte de la Galis- sonnière qui fut gouverneur du Canada en 1748, s'attacha particulièrement à démontrer au gouvernement français l'importance des colonies de l'Ouest pour la préservation de la domination française dans l'Amérique du Nord ; et dans son plan Détroit devait jour un premier rôle.
" L'établissement de quelques postes sur l'Ohio," écrivait- il, " est donc l'une des dépenses les plus urgentes, mais l'on croit en même temps que ces postes n'acquèreront aucune solidité '^a'en autant que les forces de Niagara et de Détroit seront augmentées. Cette dernière place demande actu- ellement la plus grande attention. Si une fois elle venait à avoir une population d'un mille, elle nourrirait et défen-
» Doa rel. à l'hist. de la N. F., Vol. III.
LA FIN D UN REGIME
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drait toutes les autres. De tout l'intérieur du Canada c'est l'endroit le plus propice pour une ville où tout h, cmmerce des lacs se concentrerait. Si elle possédait une bonne gar- nison et était entourée d'un bon nombre d'habitations elle serait en état d'en imposer à presque tous les Sauvages du continent. Il suffit ^e voir sa position sur la carte pour en comprendre l'utilité. Elle se trouverait sur le fleuve Saint- Laurent, à portée de l'Ohio, des Illinois, du fleuve Missis- sipi, et en position de protéger toutes ces différentes places et même la région au nord des lacs." '
Le comte de la Galisonnifere, durant son court séjour dans le pays, prit des mesures très utiles pour encourager l'émi- gration des cultivateurs canadiens vers l'Ouest. Les faibles ressources de la colonie ne lui permettaient pas de pousser avec beaucoup de vigueur ses projets d'exp» ision. Néan- moins au printemps de 1749, il fit publier à son de tam- bour dans toutes les paroisses du Canada la proclamation suivante :
" Chaque homme qui s'établira au Détroit recevra gra- tuitement une pioche, une vache, un soc de charrue, une grosse et une petite tarriëre. On leur fera l'avance des autres outils pour être payés dans deux ans seulement ; il leur sera délivré une vache qu'ils rendront sur le çroîj;. De même une truie ; on leur avancera la semence de la première année, à rendre à la troisième récolte. Seront privés des libéralités du roi ceux qui, au lieu de cultiver, se livreront à la traite."
" Cette proclamation," continue M. Rameau, auquel nous devons ces renseignements, " fut renouvelée par M. de la Jonquière, le 2 janvier 1750, avec ces variantes : l'on n'ad- mettait que des habitants terriens et de bonnes mœurs, les fournitures gratuites étaient accrues d'un fusil, d'une faux et d'une faucille, d'une truie, de six poules, un coq, six livres
' Memoir on the French Colonies, 1758, N.Y. Col. Doc, vol. x.
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LES CANADIENS DU MICHIGAN
de poudre et douze de plomb. L'émigrant devait être nourri avec sa famille pendant dix-huit mois ; on lui avan- çait une vache et un bœuf. Enfin on promettait d'entrete- nir à Détroit, aux frais du roi, un charpentier qui aidât et dirigeât les habitants dans la construction de leurs maisons, et on ne devait payer le cens des terres que trois ans après la prise de possession.
" On y envoya ainsi, en 1749, 46 personnes, tant hommes que femmes et enfants ; puis, en 1760, 12 familles, compo- sées de 57 personnes, y passèrent avec M. de Céloron ; en 1751 nous savons qu'il fut accordé 17 concessions de terre et 23 autres en 1752. Il y avait à la même époque 25 sol- dats congédiés établis dans le pays ; mais un rapport de cette dernière année nous apprend qu'il ne sera pas possible d'y envoyer de nouvelles familles l'année suivante, à cause de l'état fâcheux des approvisionnements." '
Dans les districts de Québec et des Trois-Rivières la pro- clamation de La Galisonnière eut peu d'eiFet, mais dans le district de Montréal elle attira l'attention sur Détroit et fit naître un courant naturel d'émigration vers ce poste, qui commençait décidément à prendre des allures de colonie.
Un recensement pris en 1751 établit que la population fixe de Détroit et des environs se montait à 483 âmes. Si l'on ajoute à cela la population flottante, que la traite et le service du roi entretenaient dans le poste, l'on concluera qu'il de- vait compter pas loin de 600 habitants.
Le recensement de 1751 constate qu'il y avait dans la colonie 33 filles âgées de plus de 15 ans, c'est-à-dire suivant l'expression ofiicielle " bonnes à marier," et 95 autres au- dessous de 15 ans.
Les naissances s'élevaient alors à 22 ou 25 annuellement ; en 1754 elles s'élevèrent à 30. Un nombre relativement considérable de garçons, jeunes ou vieux, anciens coureurs-
' Rameau, La Fiaoce aux Coluuies.
LA FIN D UN REGIME
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de-bois ou fils de cultivateurs des anciennes paroisses du Canada, venaient chaque années grossir le nombre de la population stable de Détroit. Les mariages étaient fré- quents et, en 1752, Céloron écrivait au gouverneur que les filles à marier étaient rares dans la colonie.
Le recensement nous montre encore que les habitants de Détroit possédaient collectivement 160 chevaux, 682 bêtes à corne et plus de 2,000 volailles. Les terres défrichées formaient une superficie de 1,070 arpents ; et M. de Bou- gainville dans son mémoire de 1757 dit que les habitants récoltaient annuellement 2,500 minots de blé et quantité d'avoine et de maïs. Ce même mémoire porte à deux cents le nombre les cultivateurs du poste. L'augmentation des habitants du fort nécessita soi' agrandissement en 1755, et de nouveau en 1758
Par tout ceci il est évident que la Nouvelle-France, si mal administrée et si négligée qu'elle fût, avait réussi à jeter au cœur de ce continent encore livré à la barbarie, à cinq cents milles de Montréal, une colonie possédant tous les éléments de vie, de force et de grandeur future. Pendant ce temps les Anglais de la Xouvelle-Angleterre dont l'on a tant vanté le tempérament et les institutions, osaient à peine s'aventurer au-delà des monts Alleghany.
A part ces postes, maintenus par ordre du gouvernement, les trafiquants s'établissaient en outre dans presque tous les villages sauvages. L'on peut porter, croyons-nous, à 2,500 la population française du Michigan en 1755.
De 1749 à 1751, Détroit fut commandé par le lieutenant Jacques Sabrevois, auquel succéda Pierre de Céloron. Le nouveau commandant avait reçu ordre du gouverneur- général d'organiser à son arrivée une expédition pour dé truire le poste anglais de Pickawillany ; mais rendu à Dé- troit, Celeron s'aperçut qu'il ne pouvait compter sur les Sauvages, et il renonça à l'entreprise pour le moment.
Le gouverneur-général, M. de Jonquiëre, se plaignait de
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LES CANADIENS DU MICHIGAN
rinaction de Celeron, et celui-ci ne savait que faire lorsqu'un secours inattendu lui arriva. Charles-Michel de Lang- lade, alors dans sa vingt-troisiëme année, était le fils d'un officier établi à Michilimackinac vers 1727 pour y comman- der aux coureurs-de-bois. Il avait grandi au milieu de ces hardis voyageurs, et par son courage, sa force et son intel- ligence il avait acquis sur eux une grande influence. Ap- prenant les difficultés dans lesquelles se trouvait Céloron, il rassembla quelques centaines de Sauvages et de voya- geurs et les conduisit à Détroit. De Céloron l'envoya aussitôt pour détruire le poste de Pickawillany. L'expédition fut couronnée d'un succès complet, et de Jonquière enchan- té écrivit au ministre pour demander une pension pour le jeune de Langlade.
Cette expédition fut un des premiers actes d'hostilité qui conduisirent à la guerre qui devait r,e terminer par la ruine de la domination française en Amérique. Ce résul- tat n'était pas difficile à prévoir. Kon-seulement les Cana- diens allaient se trouver en face d'un ennemi dix fois plus nombreux qu'eux, mais le Canada était encore ruiné à l'in- térieur par une clique d'administrateurs corrompus qui ne songeaient qu'à édifier leur fortune aux dépens du pays.
Jacques Daneau, sieur de Muy, ' qui gouverna à Détroit de 1754 à 1758, et son successeur, de Bellestre, portèrent à des taux exorbitants les charges sur le commerce et l'agri- culture. Plusieurs colons furent réduits à abandonner leurs terres ; encore n'en donna-t-on la permission qu'à ceux qui voulurent céder leurs droits au percepteur des taxes, un cer- tain sieur Landrive. Et afin que les justes plaintes n'arri-
' Jacques Pierre Daneaii, sieur de Muy, né en 1695, était le fils de Nico- las Daneau de Muy, chevalier de St-Louis, employé au Canada et en Louisiane de 1680 à 1707. Nous le voyons apparaître dans l'Ouest en 1730, à l'occasion d'un voyage au cours duquel il collectionna des plantes. Il devint capitaine, chevalier de St-Louis, et mourut à Détroit le 17 mai 1758.
LA FIN d'un régime
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vassent pas aux autorités les lettres étaient interceptées par le commandant qui exerçait une censure intolérable.'
Du reste, loin de protéger les colons de Détroit, le marquis de Duquesne fit exiler l'un d'eux, qui était accusé d'avoir traité avec les Sauvages sans la permission du commandant.
Mais c'est surtout dans les petits postes (jue les comman- dant abusaient de leur autorité.
Le poste des Miamis de Kiskakons, fut d'abord de 1747 à 1750, commandé par le sieur Josepli Raymond. Les Français de cette région faisaient un commerce considérable avec les Anglais. Les Sauvages ayant surpris la garnison, en 1749, mirent les marchandises de Raymond au pillage. Lorsqu'il reclama des dommages on lui répondit qu'il avait fait beaucoup d'argent durant ces trois ans. Un des fils de Raymond, après avoir vécu longtemps chez les Sauvages s'établit à Détroit vers 1772.
Raymond eut pour successeur Louis Coulon de Villiers, frère de Jumon ville, puis, en 1756, J.-B. Testard de Monti- gny, qui mourut à Blois, en France, en 1 786, après avoir amassé plus de deux cents milles francs dans le commerce de l'Ouest.
Le poste de la baie Verte qui était aussi d'une grande importance, fut donné en 1752 à Rigaud de Vaudreuil, frère du gouverneur-général, qui le garda jusqu'à la con- quête, et y fit aussi une grande fortune. Pierre Paul Marin avait la direction des affaires militaires dans cette région, de sorte que Vaudreuil pouvait donner toute son attention au commerce. Aussi lorsque celui-ci voulut paraître à la tête des troupes de l'Ouest, un poète du temps s'écria en
riant : —
" Célébrons tous du grand Vaudreuil,
La sagesse et la gloire, Tonte l'Angleterre est en deuil
An bruit de sa victoire."
• Observations on certain peculations in New France, N.Y. Col. Doc, Vol. IX.
Ni' I
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LES CANADIENS DU MICHIGAN
«il
En 1750 le capitaine de Bonne et Louis Leganleur, che- valier de Repentigny, obtinrent la concession d'une étendue de terre de six lieues de front sur la rivière Ste-Marie, entre les lacs Supérieur et llurons, par six lieues de profondeur. Ce domaine leur était donné avec l'intention qu'ils y éta- bliraient une seigneurie, où les voyageurs pourraient se reti- rer sur des* terres et former un village considérable, qui serait une barrière pour empêcher les Sauvages de porter leurs marchandises aux Anglais. Les conditions contenues dans l'acte de concession sont les mêmes qui étaient impo- sées à tous les seigneurs du Canada. La plus importante pour les concessionnaires, c'est qu'ils obtenaient le monopole de la traite au saut Ste-Marie.
Le capitaine Louis de Bonne de Miselle, du régiment de Condé, était un neveu du gouverneur-général. Après la conquête il devint partisan déterminé du nouveau régime. Louis LeGardeur de Repentigny, était enseigne. Né en 1721, il vivait aux environs du Saut depuis plusieurs années. Il commença son établissement par une invitation aux Sioux de venir planter leur tente au Saut. Plusieurs de ces Sau- vages acceptèrent l'invitation.
De Repentigny retourna au Canada en 1758, laissant le soin de ses intérêts à Jean-Baptiste Cadotte, voyageur, marié à une sauvagesse.
Le juge de Bonne vendit ses droits aux terres du Saut en 1796, à James Caldwell, pour la somme de $1,500. Les héritiers de Repentigny, représentés par Louise-Pauline Le Gardeur de Repentigny, réclamèrent la possession des terres du Saut devant les tribunaux américains en 1855, mais après un procès qui dura douze ans, ils furent finale- ment déboutés de leurs prétentions par le juge Nelson, de la cour suprême des Etats-Unis.
Michilimackinac fut commandé par le sieur Duplessis- Fabert de 1760 à 1753. Cet officier, né à Montréal en 1689, conquit les grades de capitaine et de chevalier de Saint-
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Louis. Il parait sT'tre otubli à Mieliilimackiiuic vers 1732. Un (le 808 flirt servait sous ses ordres en 1751.
Louis Ilerbin, oapitaine, né en 1711, petit tils d'un valet (le chambre du roi, figure comme commandant de Michili- mackinac en 1754 et 1755.
Il est probable (pi'il commandait par intérim en l'absence de Charles Villemonde de Beaujeu, (pii avait été nommé à ce poste en 1753. De Beaujeu, qui était capitaine et che- valier de Saint-Louis, avait été employé en Acadie en 1747 et 1748, puis il avait été commandant chez les Sioux. En 1753, il venait d'épouser Marie-Geneviève Lemoine. Il était encore à Michilimackiiuic en 1760.
Détroit a eu pour denier commandant français, François- Marie Picoté de Bellestre. Né en 1717, cet officier servit avec le grade d'enseigne en Acadie en 1746 et 1 747, puis il fut envoyé pour commander le poste des Miumis sur la rivière Saint-Joseph du lac Michigan. Fait chevalier de Saint-Louis avant la conquête, il s'établit à Montréal après (j[ue les Anglais eurent pris possession du pays, et devint un des chefs sous le nouveau régime. Grand voyer de Montréal, membre du conseil exécutif sous Ilaldimand, puis conseiller législatif en 1775, il se mit à la tête des mi- lices canadiennes lors de l'invasion des Américains, défendit Chambly pendant 45 jours contre Montgomery, et en 1776 reprit Saint-Jean sur les Américains avec 80 volontaires. Il mourut en 1785.
Malgré la tyrannie dont ils avaient à souffrir et les abus qu'ils voyaient partout, les Canadiens de l'Ouest firent preuve durant la dernière lutte contre l'Angleterre, de la plus grande loyauté et prouvèrent leur valeur sur plus d'un champ de bataille. Les habitants de Détroit et les traiteurs de Michilimackinac se retrouvent partout durant cette guerre, entraînant à leur suite les nations ounvages au mi- lieu desquelles ils vivaient.
Ces hardis miliciens et leurs alliées combattaient à la
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LES CANADIENS DU MICHIGAN
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bataille du lac Saint-Sacrement sous les ordres de Saint- Pierre et étaient à côté de de Beaujeu à la Mouongahéla.
En 1757, dans les glorieuses expéditions contre les forts Oswégo et William-Henry, il n'y avait pas moins de 1200 sauvages des postes du Michigan. divisés en bandes con- duites par les officiers et les habitants de ces postes.
Le sieur de Bellestre, qui commandait les Sauvages de Détroit dans cette expédition, se porta dans l'automne de la même année sur un petit fort appelé Qerraan Flats, sur la rivière Mohawk, rasa ce poste et fit au-delà de cent pri- sonniers.
Eu 1758, Bellestre se porta au secours de M. de Lignery, qui commandait au fort Duquesne ; mais tous deux durent se retirer de-vant les forces supérieures des Anglais. Ces derniers se préparèrent à venir les attaquer à Détroit. A cette nouvelle Bellestre rassembla les Sauvages et marcha à leur rencontre. Il se trouva bientôt en présence de l'avant-garde, à laquelle il infligea des pertes considérables. Cet échec découragea les Anglais, qui abandonnèrent leur projet.
Au commencement ce la campagne de 1759, Augustin de Langlade descendit à, Québec avec deux cents Sauvages de Michilimackinac et se tint aux ordres de Montcalm durant tout le siège.
De son côté Bellestre, avec les forces de Détroit, se porta au secours du fort Kiagara, assiégé par une armée considé- rable, mais il ne réussit pas à sauver cette place importante. Après cette défaite, les Français brûlèrent les forts Pres- qu'île, Le Bœuf et Yenango, et se retirèrent tous à Détroit, qui se trouva complètement isolé. Il s'ensuivit une disette et les habitants furent obligés de vivre de viande et de maïs, le blé manquant absolument.
Au mo's de juin 1760, Vandreuil fit envoyer des secours considérable s àD.'troit ; mais la fin était pioche. Le 8 sep- tembre tout le Canada, y compris Détroit, Michilimackinac
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et les autres postes du Michigan, était cédé aux Anglais par la capitulation de Montréal. M. de Vaudreuil écrivit au commandant de Détroit en ces termes pour lui apprendre cette capitulation :
" A Montréal, le 9 septembre 1760.
" Je vous apprends, Monsieur, que j'ai été dans la né- cessité de capituler hier à l'armée du général Amherst
à des conditions très avantageuses pour le colons et particu-
liëreroent pour les habitants de Détroit . En effet, ils
conservent le libre exercice de leur religion et sont main- tenus en la possession de leurs biens-meubles et de leurs
pelleteries ils conservent leuro Nègres et Panis, mais
ils sont obligés de rendre ceux pris aux Anglais.'
Le 13 septembre le major Robert Rogers partit de Mon- tréal t vec cette lettre, escorté de 200 hommes, pour aller prendre possession de Détroit, où il arriva le 19 novembre. Il y trouva trois officiers et 35 soldats français qui furent dirigés sur Philadelphie pour de là être embarqués pour la France.
Dans l'automne de l'année suivante les Anglais prirent également possession de Michilimackinac et du Saut-Ste- Marie.
Le drapeau de la France ne flottait plus sur le sol du Michigan ; mais la race française n'y avait pas dit son der- nier mot.
' Mémoires et Doc. de la Soc. Hist. de Montréal, 1859.
CHAPITRE XII
LES ANCÊTRES.
Campau — Le fondateur de cette famille en Amérique, Etienne Campau, était maçon. Il vint se fixer à Montréal vers 1660, et nous le voyons s'enrôler trois ans plus tard dans la milice que l'on organisait pour résister aux Iro- quois. Etienne laissa six garçons, parmi lesquels se trou- vaient Michel et Jacques Campau, qui furent les compa- gnons de Cadillac.
Michel Campau était né à Montréal en 1667 et avait épousé Jeanne Macé le 7 janvier 1696. Ce ne fut qu'en 170 1 qu'il amena sa famille à Détroit, et elle fut de celles qui retournèrent au Canada en 1710. Cependant Michel avait conservé des intérêts à Détroit, et quand il mourut en 1737 sa veuve et ses enfants revinrent se fixer dans l'Ouest. Michel avait quatre fils : Michel qui s'établit sur la rive canadienne de la rivière Détroit et devint lieutenant de la milice ; Paul-Alexandre, Charles et Antoine. Leur descen- dance n'est pas nombreuse.
Presque tous les Campau (pii habitent aujourd'hui Détroit et les environs descendent de l'autre branche de la famille fondée par Jacques, fils d'Etienne.
Jacques Campau était né en 1677, et avait épousé Jeanne- Cécile Catin à Montréal en 1699. Sa famille était à Détroit en 1708, d'où elle retourna à Montréal en 1710. Durant ce voya^, près des chutes Niagara, madame Campau donna le jour à un garçon, qui vécut jusqu'à un âge avancé. En 1714 l^ ^Umille de Jacques était de nouveau à Détroit où
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elle finit par rester, après un autre voyage à Montréal, vers 1720. Jacques Campau était taillandier et faisait aussi la traite. Il mourut à Détroit en 1751 laissant plusieurs enfants.
Son fils aine, Jean-Louis Campau, né en 1702, épousa Marie-Louise Robert en 1725, et devint l'un des plus riches cultivateurs du pays. Avant de mourir il donna une terre valant 6,000 livres à chaqu'un de ses fils : Jacques, dont nous reparlerons ; Simon, qui éy>ou8a Véronique Bourdeau en 1761 ; et Jean-Baptiste, qui épousa Geneviève Godet en 1 767, et devint riche marchand.
Nicolas Campau, troisième fils de Jacques, qui était né près des chutes Kiagara, porta toute sa vie le soubriquet de " Niagara." Il épousa Agathe Casse dit St-Aubin en 1737, et mourut en 1756, ne laissant que des filles.
Jean-Baptiste Campau, le quatrième fils de Jacques, né en l7ll, fit des études à Montréal, et revint s'établir à Dé- troit comme notaire. Il épousa Catherine Perthuis en 1737 et mourut en 1783, laissant Jean-Baptiste, marié à Cathe- rine Boyer en 1764 ; Hypolite, qui épousa Marie-Anne Pépin en 1768 et devint traiteur à Mackinac ; François- Basile marié à Suzanne Moran en 1785, et Julien, qui vivait encore à la Grosse Pointe en 1 808.
Jacques Campau, fils de Jean-Louis et de Marie-Louise Robert, déjà mentionné, fut le fondateur d'une des branches les plus distinguées de la famille. Né en 1735, il étudia à Montréal, puis s'établit sur une terre à la Grosse Pointe. En 1761 il alla se marier à Montréal à Catherine Ménard, et revint se fixer sur sa terre dont il tira si bien parti qu'il jeta les bases d'une fortune considérable. Il fut fait ensei gne dans la milice par le gouvernement anglais et s'acquit l'estime de tous. Sa première femme étant morte il se remaria en 1784 à Françoise Navarre, veuve du lieutenant George McDougall. De son premier mariage il avait eu douze enfants, dont Jacques né en 1766, Joseph, en 1769,
Il
LES ANCÊTRES
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Nicolas, en 1770, Toussaint, en 177], Barnabe, en 1775 et Denis, en 1781. Tous ces enfants occupaient une position éminente dans la société de Détroit au commencement du siècle. Joseph, surtout, passa pour l'un des plus riches citoyens de la ville jusqu'à sa mort arrivée en 1848. Son fils Daniel a occupé des postes de confiance dans le parti démo- crate, et son petit fils, Daniel, est actuellement un des chefs de ce parti dans le Michigan.
Plusieurs autres membres de la famille Campau ont du reste occupé des charges publiques ainsi que des positions éminentes au barreau et dans la médecine. Ce nom a été écrit autrefois Champo, Campo, Campot et Campeau.
De Marsac dit Durocher — .Jacob De Marsac, sieur de Lombtrou, dit Durocher, était sergent dans la première gar- nison de Détroit. Dans le printemps de 1707 il obtint la concession d'une terre et fit venir Sa famille à Détroit. Il mourut vers 1746, laissant deux fils, François et Jacques.
François, né en 1706, maria Thérèse-Cécile Campau. Il portait le titre de sieur de Lombtrou. Il mourut en 1777, laissant plusieurs enfants et petits-enfants. Une de ses filles, Marie-Louise, épousa le célèbre Robert ISTavarre. Ses descendants se sont distingués comme traiteurs et comme pionniers. Ils ont été parmi les fondateurs de Monroe. Dans le comté d'Essex les Durocher sont encore bien connus.
Bigras-Fauvel — Jacques Bigras dit Fauvel fut un autre des compagnons de (Cadillac. Il épousa Angélique Clément et laissa plusieurs enfants qui ont fait souche, soit sous le nom de Fauvel ou sous celui de Bigras.
EsTÈVE dit Lajeunesse — Pierre Estève ou Stebe dit Lajeunesse, vint à Détroit en 1707. Il avait épousé Made- leine Frappier à Québec. Ses filles s'allièrent aux Chai)oton, aux Belleperche et aux St-Aubin, tandis que ses descen- dants mâles sont bien connus dans le comté d'Essex sous le nom de Lajeunesse.
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Bienvenu dit Delisle — François Bienvenu dit Delisle était h Détroit avec sa famille des 1704. Il était originaire de Larochelle et avait épousé Geneviève Laferrière en l70l à Montréal, où il mourut en 1751. Son fils Alexis, né en 1704, épousa Elizabeth Bouron à Détroit en 1740, et dix ans plus tard obtint une terre sur la rive canadienne. Il mourut en 1763, laissant six fils. La famille est encore nombreuse et bien connue sous le nom de Delisle.
Fafart dit Delorme ou Macouce — Jean Fafart dit de Lorme, né en 1657, mort à Détroit en 1756, avait été avec son frëre François, l'un des premiers colons. Le premier mariage sur les registres de l'église Ste-Anne est celui de sa fille Marguerite à J.-Bte Turpin. Son fils Jean-Baptiste épousa Marguerite Quérat en 1715 et a laissé des desceïi- dants dont une partie a pris le nom de Macouce.
Mallet ou Maillet — Pierre Maillet, né à Montréal, était fils de Pierre et de Marie- Anne Hardy, de St-Coulon en Bretagne. Il était traiteur et fut l'un des premiers à visi- ter Détroit, ou il possédait un emplacement en 1706. Son fils Antoine, né cette année-là épousa Thérèse Maihot en 1730 à Montréal et se fixa à Détroit. Il eut quatre fils, dont Jean-Baptiste, né en 1738, qui devint le fondateur de Peoria, Illinois, après s'être rendu célèbre pas ses voyages.
Joseph Maillet, fils de Gabriel, de Lachine, vint s'établir à Détroit vers 1780, où il épousa Marie-Anne Catin. Il mourut en 1793 laissant un fils, Joseph, né en 1785.
Le major Edmond Mallet, de Washington, D.C., descend des pionniers de Détroit.
■ Ce nom à quelquefois été écrit Mullett, mais tous les Mul- lett de Détroit n'ont pa? cette origine. Les Mallet sont en- core connus dans le comté d'Essex.
Barthe dit Bellefeuille — Jean Barthe dit Bellefeuille venait d'épouser Charlotte Chamillon à Varennes, quand il s'établit à Détroit en 1707. Il a fondé une famille qui à longtemps occupé une place éminente dans la société de Détroit.
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Casse dit St-Aubix — Jean Cusse, né en 1659, à St- Aubin dans le diocèse de Bordeaux, était fils de Guillaume Casse de cette paroisse. D'abord marin, il était ensuite entré dans l'armée et avait fait partie de la première garnison de Détroit. En 1707 il alla à Québec où il épousa Marie-Louise Gautier. Il revint s'établir sur une terre que lui concéda Cadillac. Il mourut en 1759, lasssant six garçons tous éta- blis à Détroit. Cette famille a longtemps joué un rôle éminent dans les affaires de Détroit, et compte encore de nombreux représentants dans les environs.
Barrois. — François Barrois, marié à Marie-Anne Sau- vage, à Montréal en 1717, vint bientôt s'établir à Détroit. Il eut plusieurs filles et deux fils, Antoine et François, les- quels ont fait souche.
Jean-Baptiste Barrois, notaire, vint s'établir à Détroit vers le même temps, mais il passa aux Illinois vers 1730.
BuTEAU — Pierre Buteau, de Québec, vint à Détroit vers 1716. Il eut des filles qui s'allièrent aux Campau et aux Dagneau.
Chesne dit St-Onge — Cette famille descend de Pierre St-Onge, tailleur, originaire de Pignac, ville Barbeyeux, évêché de Xaintes, et établi à Montréal avant 1676. Char- les Chesne, fils de Pierre, né en 1694, vint s'établir à Détroit vers 1706 et y épousa en 1722 Catherine Sauvage. Il mourut en 1755, laissant quatre fils, tous interprètes remar- quables. Charles, marié en 1755 à Marie- Joseph Labadie, habitait la partie ouest de la ville. Léopold, né en 1734, avait marié une Outaouas, et portait le titre de " capitaine des interprètes." Isidore, né en 1738, épousa Thérèse Becquet en 1758 et mourut en 1793.
Pierre Chesne, frère de Charles, vint aussi a Détroit vers le même temps, et épousa Madeleine Roy en 1728. Il mourut en 1774, à l'âge de 76 ans. Il fut interprète, mar- chand et marguiller. Son seul fils, Pierre Chesne, dit Labutte, né en 1729, épousa Marie-Anne Cuillerier, et eut plusieurs enfants qui portèrent parfois le nom de Labutte.
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Les Chesne ont rendu de grands services aux gouverne- ments anglais et américains dans les négociations avec les Sauvages. Quelques uns de leurs descendants sont encore des citoyens influents dans la ville de Détroit.
DuFOURNEL — Jean-Baptiste Dufournel dit Desloriers ori- ginaire du diocèse d'Angoulême, épousa Madeleine Cau- terel à Détroit, en 1721. Il eut un fils, Jean-Baptiste Amable, né en 1724, qui a fait souche.
Cardinal — Jacques Cardinal, né en 1652, vint à Détroit en 1718 avec son fils aine Jacques, qui était marié à Jeanne Duguay, et qui a laissé des descendants.
Chapoton — Jean-Baptiste Chapoton, né en 1687, était fils d'André et d'Anne Cassaiques, de Bagnoles en Lan- guedoc. Venu à Détroit comme chirurgien-major, il y épousa Madeleine Estève en 1720. De ce mariage naqui- rent 22 enfants, dont sept filles et un garçon se marièrent.
Ce garçon, Jeun-Baptiste, né en 1721, se maria en 1749 à Geneviève Godfroy, morte l'année suivante, et en 1755 à Félicité Cesire, de laquelle il eut onze enfants, entre autres Charles- Jean-Baptiste, marié à Thérèse Pelletier en 1760 et mort en 1795 ; Louis- Alexis, marié à Catherine Meloche, et Benoit, marié à Thérèse Meloche.
Les Chapotons ont occupé de tout temps une des pre- mières positions à Détroit, où ils sont encore nombreux.
Godfroy — Il existe trois familles distinctes de ce nom à Détroit. La plus ancienne s'y fixa en 1719 et eu pour fon- dateur Jacques Godefroy, sieur de Maubœuf, né en 1684, aux Trois-Rivières, où son père, Jacques Godefroy, de l'é- vêché de Rouen, s'était établi quelque temps auparavant. Il est probable que Jacques Godfroy vint au Détroit dès les premières années de la fondation de cette ville. En 1715 nous le trouvons à Montréal, marié à Marie- Anne Chesne. Sa famille resta Montréal jusqu'en 1719. A Détroit il s'établit comme marchand. Il mourut en novem- bre 1730, ne laissant qu'un garçon, aussi nommé Jacques,
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et qui était né eu 1722. Ce fils s'établit à la Grosse Poiute et épousa Clotllde Chapoton eu 1758. Il mourut eu 1795. Son fils Jacques-Gabriel, marié eu l781 à Catherine Couture, devint le père <le plusieurs garçons, dont quelques-uns se rendirent célèbres comme trap[»eurs et traiteurs. D'autres furent parmis les fijudateurs de Monroe et autres villes du Michigan.
Vers 1720, Pierre Godfroy, sieur de Yieux-Font et de Rocquetaille, vint aussi se fix à Détroit où il épousa Catherine Vien en 1724. Il était petit fils d'un des plus remarquable compagnons de Champlain, et appartenait à la célèbre famille des Godfroy de Trois-Rivières. Il mourut eu 1744. Un de ses fils eut l'honneur de battre le général Washington au mois de juin 1756, dans la vallée de l'Ohio. Un autre, Pierre, fut l'un des fondateurs de Vincennes Indiana.
Le nombre des Godfroy à Détroit, fut encore augmenté vers 1 748 par l'arrivée de Pierre Godfroy de St. George, ci-devant soldat de la colonie, et né en 1717 à Villeneuve de St. George, diocèse de Paris. Il fut tué en 1764 parles Sauvages. Il avait épousé Suzanne Pépin et laissa deux fils, Charles-François, né en 1753 et François-Xavier, né en 1758.
Les Godfroy sont de noble origine. Dans ces dernières années le marquis de Godfroy vivait à Paris.
GoYAU DIT Lagarde — Jeau-Baptistc-Goyau, fils de Guil- laume, naquit à Montréal, le 13 octobre 1688. Il vint à Détroit vers 1715 et s'y maria cinq ans plus tard. Jean- Baptiste était traiteur, et s'établit sur la rive canadienne. Il eut une nombreuse famille, mais tous ses enfants allèrent s'établir en Canada, à l'exception de Jean-Baptiste qui épousa Louise Delières à la mission des Hurons, près de Sandwich en 1747. Ce dernier mourut en 1764, laissant quatre fils, Jean-Baptiste, Antoine, Louis et Nicolas qui sont devenus les fondateurs d'une des premières familles
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LES CANADIENS DU MICHIGAN
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du comté d'EsHcx. Une des rue principales de la ville de Windsor porte le nom de Goyau.
lÏAMELiN — La famille Ilamelin, encore avantageusement connue dans la ville de Détroit, eut pour fondateur Louis Hamelin, né en 1680, et fils du seigneur des Grondines. Louis épousa Ctitherine Keveu à Détroit en 1718. Ma- dame Hamelin, auteur de " Legends of Détroit," appar- tient à cette fomille.
Peltier — Cette famille qui, d'après une tradition assez répandue, aurait déjà été établie sur le site de Détroit avant l'arrivée de Cadillac, est mentionnée pour la première fois aux registres de Ste-Anne en 1718. Le 26 mars de cette année, Jean -François Peltier épousa Marie-Louise Robert. Ce Jean-François était né en 1691, à Sorel. Son bisaïeul, Nicolas Peltier, maître charpentier, de St-Pierre de Galardon, en Beauce, était venu au Canada en 1634, et s'était fixé à Québec. Jean-François qui est désigné comme bourgeois, mourut vers 1723, laissant un fib, Jean-Baptiste, né en I7l9, et qui alla se marier à Boucherville en 1748, à Marie-Joseph Carmet. Il revint aussitôt à Détroit où il mourut après 1769, laissant six filles qui épousèrent à Détroit, et les trois garçons qui i 'vent :
lo. Jean-Baptiste, né en 1744, marié en 1770, à Cathe- rine Vallée, mort en 1778, laissant trois fils : Jean-Baptiste, Isidore et Louis-Théophile.
2o. Jacques ou François- Amable, né en 1752 et marié à Madeleine Levasseur, fut le père de Jacques- Amable, né en 1772, qui agissait comme interprète en 1795, et qui, en 1802 était messager des syndics, de Charles, né en 1784, confirmé dans la possession de la section 14, ferme St. Aubin, en 1805. Charles, fils de ce dernier, a occupé de 1835 à 1860 des charges très importantes dans l'adminis- tration municipale.
3o. Félix, né en 1769, et marié en 1792, à Catherine St- Aubin.
LES AXCÊTIIES
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D'autres Peltior vinrent n'ôtablir à Détroit durant les dernières années de la «loniiiuition française.
Robert — Prudent Robert dit Lafontaine vint h Détroit vers 17 lO. Prudent étant petit-lils de Philippe Robert, de St-Jacques, diocfese d'Amiens, Picardie. Il était né à Bou- cherville en 1686. En 1711, il épousa Madeleine Fafard. De ce mariage naquirent 18 entants qui retournèrent tous en Canada, à l'exception d'Antoine Robert dit Boucher, qui épousa Marie-Louise Becquemont en 1748, et devint le père de Joseph-Marie, Antoine, François et Pierre, maître- charpentier.
Cette famille a donné plusieurs hommes distingués à la ville de Détroit.
Drouet — Drouet, sieur de la Richardville, désigné comme lieutenant à Détroit en 1711, alla plus tard s'établir sur la Wabash, où il épousa la fille d'un chef sauvage et vécut jusqu'à un âge avancé. En 1773, le grand-vicaire Gibault baptisa quatre de ses enfants. Un de ses fils fut adopté par les Miamis comme leur chef. Cette famille retrace son ori- gine jusqu'à Robert Philippe Drouet, seigneur de Brazy, Musoy, St-Paul et autres lieux, qui vivait de 1130 à 1180. En 1888, M. Faucher de St-Maurice rencontra en France, un des descendants de ces seigneurs, M. Marcel de Curzon de Vivonne, qui était venu en Canada.
Beaubien — CuiLLERiER — DesRuisseaux — Trottier — Ces quatre familles, encore fort bien connues à Détroit et dans les environs, descendent toutes quatre de Jules Trottier, de Saint-Martin-d'Ilgé, au Perche, venu au Canada avant 1646. Un des fils de ce Jules Trottier, Antoine Trottier dit Beau- bien, se maria aux Trois-Rivières en 1663, et devint le père de douze enfants, dont l'un, Michel Trottier, sieur de Beaubien, devint seigneur de la Rivière-du-Loup, et deux autres, Alexis et Marie-Catherine, s'établirent à Détroit.
Alexis Trottier dit DesRuisseaux, premier capitaine des milices, puis colonel, était négociant. Né en 1688 il épousa
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LES CANADIENS DU MICHIOAN
Marie-Louise Roy à Détroit en 1735, et Catherine Godefroy en seconde noce, en 1789. Ses fils ont perpétué les noms de DesRuisseaux et Trottier.
Marie-Catherine Trottier dit Beaubien, fille d'Antoine, épousa en 109G Jean Cuillerier, venu au Canada avant 1665, de Clermont, près de Flèche. Jean Cuillerier était établit à Lachine comme marchand. Il était aussi commis du grand voyer. Une maison de pierre dans laquelle il a résidé existe encore t\ Lachine. Il mourut en 1713, laissant sa femme avec plusieurs enfants, dont deux fils, Antoine et Jean- Baptiste. Marie-Catherine Trottier se remaria l'année sui- vante avec François Picoté de Bellestre, qui l'amena à Dé- troit. Les enfants de Jean Cuillerier suivirent leur mère à Détroit, où ils portèrent indifféremment les noms de Cuille- rier et de Beaubien. De là il est résulté une confusion qui a trompé Mgr Tanguay, qui, dans son dictionnaire généalo- gique, à l'article Beaubien, fait descendre Jean-Baptiste Beaubien de Jean Trottier, mort sept ans avant sa nais- sance.
Ce Jean-Baptiste Beaubien dit Cuillerier était né en 1709. Il épousa Marie-Anne Barrois en 1742, et devint le père de douze enfants, qui portèrent presqu'exclusivement le nom de Beaubien. L'un de ses fils, Jean-Baptiste, épousa Gene- viève Parent en 1768, et alla ensuite vivre sur la rivière Wabash, où il se signala durant les dernières années de la révolution américaine par ses exploits à la tête des Sau- vages. Nous sommes portés à croire que ce dernier fut le père de Jean -Baptiste, de Marc et de Médard Beaubien, les pionniers de Chicago. Antoine Beaubien dit Trottier- Cuillerier, autre fils de Jean-Baptiste, épousa Catherin- Bari'ois.
Antoine Cuillerier dit Beaubien, fils aine de Jean Cuili rier, avait épousé Marie-Angélique Girard à Lachine, et il occupait une position importante comme négociant dans cette localité quand il décida de se fixer à Détroit vers 1730.
LES ANCÊTRES
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Son fils Alexis épouHa Loiuho Rlu'auino on 1770 et tut lo përe d'Alexis, d'Antoine et de plusieurs filles.
La fiimille Cuillerier-Boauhien a longtemps été l'une des plus importante du Détroit. Elle possJ'de encore de grandes propriétés dans la ville ainsi que dans le comté d'Essex. Charles Beaubien, qui a. joué l'un des [»remiers rôles comme homme d'état au Nouveau-Mexique, descendait de cette famille.
Picoté de Bellestre — François-Marie Picoté de Bellestre dont il a déjà été fait mention dans l'article précédent était officier, capitaine, et chevalier de Saint-Louis. Il vint se fixer à Détroit vers 1722 et y mourut en 1729. Son fils, François, fut le dernier commandant français de Détroit.
Belleperche — Pierre Belleperche, né en 1699, était à Dé- troit avant 1727. Il y exerçait le métier d'armurier. Il se maria deux fois, la première avec Angélique Estfeve, et eu seconde noce avec Marie-Anne Campeau. De ces deux ma- riages il eut seize enfants.
Jean-Baptiste Belleperche, frère du précédent, vint aussi se fixer à Détroit vers le même temps.
Cette famille est encore honorablement connue dans le comté d'Essex.
BouRON — Antoine- Joseph Bouron, vint à Détroit avant 1740 avec son fils Charles qui se fixa sur la rive canadienne et épousa Marguerite Rhéaume en 1756.
Chauvin — Charles Chauvin, lieutenant de milices, né à Québec en 1702, vint s'établir à Détroit vers 1725 et y épou- sa Marie- Anne Casse. Il mourut en 1772, laissant trois fils.
1. Charles, maître forgeron, épousa Marie-Louise Bayer en 1761.
2. Jean-Baptiste, habitant du Grand Marais, épousa Thé- rèse Séguin en 1 767. • .
3. Noël, épousa Jeanne Meloche en 1756.
Leurs ' escendants se retrouvent encore aux environs de Détroit et de Mackinaw.
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LES CANADIENS DU MICHiGAN
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BiNE\u — Jean Bineau, né dans le diocèse de Poitiers, était établi à Détroit comme traiteur dès 1737. Il s'enrôla ensuite dans la milice de Céloron et mourut à Détroit en 1757. Sa famille resta toutefois à Montréal, à l'exception de son fils Louis, qui vint s'établir à Détroit vers l750, et qui y a laissé des descendants qui ont quelques fois pris le nom de Lajeunesse,
CicoTTE — Ce nom s'écrivïiit aiitrefris Chiquot. La famille est originaire de Larochelle. Zacharie Chiquot, fils de Jenn Cliiquct et de Madeleine Lamoureux, de Boucherville, na- quit en l708. Il vint à Détroit vers 1730 et y mourut t i 1775. Il est désigné sur les registres en difliereuts temps comme marchand, marguillier, lieutenant et major de la milice et bourgeois. Il habitait la côte sud-ouest oi^i il avait une terre de 3 x 40 arpents. Il avait épousé en 1736 Marie- Angélique Godefroy. Il ne laissa qu'un fils, , Jean-Baptiste Cicotte, lieutenant, né en 1749 et marié en 1770 à Angé- lique Poupart. Ce dernier eut une nombreuse famille.
Cette famille a donné un shérif au comté de AVayne, et plusieurs autres citoyens éminents à la ville de Détroit.
JoNCAiRE DE CiiABERT — Louis-Thomas de Joncaire, sieur de Chabert, noble homme, interprète du roy, lieutenant, était originaire de St-Rémi, diocèse d'Arles, Proverice. 'Né en 1670, il vint au Canada très jeune et fréquenta les Iro" qiiois avec lesquels il conduisit des négociations pour le roi en 1700 et de nouveau en 1705 et 1706. Durant cette der- nière année il épousa Madeleine LeQuay d. Beaujeu. En 1726 nous le trouvons établi à Détroit comme trafiquant II laissa deux fils qui se distinguèrent dans la carrière suivie par leur père. L'ainé, Philippe-Thomas, sieur de Joncaire, dit Hardy, capitaine, né en 1707, était che/ les Iroquois, quand ceux-ci se déclarèrent pour les Anglais. Ils le forcèrent à se retirer à Niagara, et brûlèrent ensuite sa maison et ses marchandises.
Daniel, sieur de Chabert et de Clausonne, né en 1714, à
LES ANCÊTRES
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Repentignj, fut aussi employé chez les cinq nations comme interprète avec le grade d'officier. En 1759 il commandait un petit fort à deux lieues de Niagara. Après la guerre il se retira à Détroit où il mourut en 1771. En 1751 il avait épousé Marguerite Robert k Montréal. Soi fils, François Joncaire, eut l'honneur de représenter le comté de Wayne, dans la législature du territoire de l'Ohio en 1801. Les Loranger de Détroit et de Monroe sont aujourd'hui les re- présentants de cette famille qui est éteinte du côté des hommes.
Beaudry-DesButtes — Jean-Baptiste Beaudry-DesButtes dit St-Martin, armurier, se fixa à Détroit vers l735, et ob- tint la concession d'une terre sur la côte sud-ouest. Il laissa deux fils : 1. Jacques, né 1733, marié 1760 t\ Marie- Anne Navarre; 2. Joseph, né IV 25, interprète de la langue hu- ronne, mort en 1778. Cette famille est encore connue à Détruit et dans le comté d'Essex sous le nom de DesButtes.
Labadie — Pierre Decomps dit Labadie, originaire de La- rochelle, était né en 1702. Il épousa en 1727, Angélique de Lacelle, fille d'un riche marchand de Montréal, et vint se fixer h Détroit une dizaine d'années plus tard. Sa des- cendance est aujourd'hui fort nombreuse et répandue dans tout l'Ouest. Son fils, Antoine-Louis dit Badichon, vécut ai mileu des Outaouas et obtint d'eux de grandes conces- sions de trre. Le capitaine Charles Labadie, bien connu 'lurant la première partie de ce siècle, était petit fils de ce dernier.
Deshêtres — Antoine Deshêtres, maître armurier, marié h Marie-Charlotte Chesne vers 1734, habitait la Grosse Pointe. Il laissa trois fils, Louis, interprète à la rivière Saint-Joseph, Hyacinthe et Louis de Gonzague. Tous trois ont laissé des descendants.
Derosiers — Joseph Derosiers dit Lutremble, épousa Marguerite Thuringe à Détroit en 1732, et y obtint la con- cession d'une terre.
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Douaire de Bondy — Joseph Douaire de Bondy, né à Montréal en 1700, est le fondateur de cette famille encore nombreuse dans les comtés d'Essex et de Wayne. Il épousa Anne-Cécile Campeau en 1732 et resta à Détroit jusqu'à 1747. T)eux ans plus tard sa famille est à Verehères. Le 9 janvier 1758 il est à Détroit, et en 1760 il meurt à Ver- chëres. Son fils aine, Joseph, se fixa à Détroit, épousa Marie Gamelin en ] 758 et devint capitaine de milice. Il laissa plusieurs enfants, entre autres Jacques, qui épousa Josephte Beaubien en 1777, et Joseph qui se maria à Marie Mélodie en 1781.
DuFOUR — Pierre Dufour dit Bonvivant, de St-Malo, marié à Marie Gloria, s'établit à Détroit avant 1739. Son petit fils, Jean-Baptiste Dufour épousait Marie Lebeau en 1795.
Gamelin-Lafonïaine — Cette famille descend de Michel Gamelin dit Lafontaine, maître chirurgien, de St-Aubin, évêclié de Biais et de Marguerite Crevier. Leur petit fils, Laurent Eustache Gamelin, né à St-François du Lac, épousa Marie Dudevoir à Détroit en 1740. Il devint lieutenant de milice et mourut en 1774, laissant trois fils : 1. François, marié en 1772 à Thérèse, fut le përe de François Lafontaine qui s'établit à Fort Wayne, Ind., et d'Antoine, qui continua la lignée à Détroit. 2. Pierre Gamelin, qui alla vivre àVin- cennes et joua un rôle important durant les premières années de la domination américaine. 3. Paul Lafontaine, né en 1757, vécut pur la Wabash et rendit de si grards services aux Américains qu'il fut nommé major de la milice. Il fut tué dans un combat contre les Miamis en 1790, ce qui n'em- pêcha pas son fils de devenir chef dans cette tribu.
Gastiqnon-Duchesne — François Gastîgnon dit Duchesne,, né à Montréal en 1700, épousa Marie David à Détroit en 1739, et s'établit à la Grosse Pointe. Il a laissé une nom- breuse postérité.
GouiN — Joseph Gouin, capitaine, mort à Ste-Anne de la Pérade, faisait la traite à Détroit dès 1726. Son fils Claude,
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né en 1710 vint s'y établir et épousa Marie Cuillerier en 1742. Claude Gouin était arpenteur pour le roi. Il mou- rut en 1776, laissant plusieurs fils. Une des rues de Détroit porte le nom de Gouin.
Lauzon — Nicolas Lauzon, né à Montréal en 1693, se fixa i\ Détroit vers 1730. Il avait épousé Madeleine Moran à Montréal en 1726. En 1736 il convola en seconde noce avec Catherine Casse. De ces deux mariages il eut plusieurs enfants qui ont tait souche.
Leduc — Jean Leduc, marié à Catherine Décary, vint à Détroit entre 1730 et 1734. Il laissa deux fils. François Leduc, né à Montréal en 1727, premier bedeau de l'église Ste-Anne, épousa Marguerite Fauvel en 1754, et a aussi laissé des descendants.
Leqros — Jean-Baptiste Legros, marchand, marié à Gène- viëve Gamelin, à St-François du Lac, vint se fixer à Détroit en 1734. Un de ses fils, Jean-Marie Philippe, épousa Marie Gamelin en 1767 et lui succéda comme marchand. Un autre alla s'établ'.r à Vincennes, Indiana, où il était considéré comme le chef des Canadiens lors de k. révolution améri- caine.
Marcheteau — Joseph Marcheteau, menuisier, né en 1699 à Montréal, épousa Madeleine Robert à Détroit en 1728.
Meloche — Cette fiimille, l'une des pluh nombreuses et des plus respectées du comté d'Essex et du Michigan, des- cend do François Meloche, né en 1674 à Notre-Dame de Cagnes, évêché de Larochelle, et marié en 1700 à AContréal, h Marie Monflet dit Oham[)agne. C'est de ce mariage que naquit Pierre Meloche, qui s'établit à Détroit en 1730, et est désigné sur les registres comme bourgeois. Pierre était né en 1701. et avait épousé Jeanne Caron, à Lachine, en 1729. Il obtint la concession d'une terre et mourut en 1760, Il laiw^sait six filles et cinq fils, tous mariés. Un de ses petit-fils, Pierre Meloche, fut au nombre des fondateurs do Cleveland, Ohio.
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Navarre — On dit que cette famille descend de Pierre de Navarre, grand capitaine du seizième siècle, qui avait com- mencé par être matelot. Quoiqu'il en soit, Robert de Navarre, notaire royal, qui épousa Marie Barrois à Détroit en 1734, était tils de François Navarre et de Jeanne Plu- zette, de Villeroj^ diocèse de Meaux, en Brie. Né en 1709, il mourut à Détroit en 1794. Son fils Robert, né en 1739, épousa Marie-Louise de Marsac en l762, il devint père de François, colonel, tTacques, Isidore et Robert, qui ont tous pris une part éminente dans les événements du commence- ment du siècle.
Parent — Cette famille aujourd'hui fort nombreuse, tant dans le comté d'Essex que dans le Michigan, descend de Michel Parant, de St-Jacques de la Boucherie, Paris, mort à Montréal en 1708, et dont les deux fils Pierre et Laurent vinrent s'établir à Détroit vers 1730. Pierre, né en 1700, épousa Catherine Jacques Sançoucy. Il était maître me- nuisier, et mourut en 1773. Laurent, né en 1703, épousa Marie Josette Dauzet, à Détroit, en 1731, et Jeanne Cardi- nal en 1734.
Picard — François Picard était établi à Détroit comme trafiquant dès 1726. On retrouve encore de ses descendants dans lu ville.
Pilet — Cette famille qui existe encore dans le comté d'Essex, descend de Jacques Pilet et d'Hélène Valiquet, de Boucherville, dont les fils, Jacques et Jean-Baptiste, vinrent à Détroit vers 1730.
Pour art — Jean Poupart dit Lafleur, né en 1688, vint se fixer à Détroit en 1737. Charles Poupart dit Lafleur, né en 1698, le suivit peu après. Jean et Charles étaient fils de René Poupart qui alla demeurer chez les Anglais, à Hill Water, N. Y., en 1684. Tous deux ont laissé des des- cendants.
RÉAUME — Cette nombreuse famille descend de Renc Réaume, de Notre-Dame de Cagne, évêehé de Laro;;helle,
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(1643-1722)., venu au Canada vers 1660, et dont les petits fils, Hyacinthe et Pierre, s'établirent à Détroit.
Hyacinthe Réaume, cordonnier, né en 1684, épousa Agathe Lacelle à Montréal. En 1734 il était à Détroit, et il y mourut en 1774, laissant deux fils et plusieurs petits fils.
Pierre Réaume, né en 1709, marié à Marie Lajeunesse une première fois en 1736, convola en seconde noce avec Suzanne Hubert en 1738. Il était commerçant, et laissa quatre garçons.
BossBRON — Charles Ridé dit Bosseron, fils de Jean, du diocèse de Chartres en Beauce, épousa Marie-Anne Viva- rcnne, à Détroit, en 1734. Un des petits ruisseaux qui traversaient Détroit fut longtemps connu sous le nom de rivière à Bosseron.
Roy — Joseph Roy dit Chatellerau, fils d'Edmond, do Ste- Anne de la Pérade, né en 1709, épousa Madeleine Perthuis k Détroit en 1736, et laissa un fils. *Pierre-Joseph R07, neveu du précédent, épousa Archange Dussault à Détroit, on 1794.
Roussel — Jacques Roussel dit Sansçoucy, fils de Guil- laume, soldat, de Dieppe, né à Lachine en 1700 épousa Marie Bienvenue en 1725 à Détroit.
Séouin-Ladéroute — Joseph Séguin dit Ladéroute, fils de François, de Donibré en Picardie, né à Boucherville en 1694, épousa une sauvagesse à Détroit en 1723. Il était traiteur, et mourut en 1753, laissant deux fils.
Joseph Séguin dit Ladéroute, neveu du précédent, né en I7l7, épousa Marie Tremblay à Détroit en 1751, et mourut en 1795, laissant quatre fils.
Forvillk-Testard — Pierre Testard dit Forville, fonda- teur de cette famille à Détroit, était petit fils do Charles Testard de Folleville, de Rouen en Normandie, et [»aront du chevalier Testard de Montigny, qui servit pendant vingt ans dans la Nouvelle France, et mourut " couvert de qua- rante blessures." Né en 1707 à St-François de l'île Jésus, il
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épousa Catherine Chesne, à Détroit, en 1737. En 1762, il demeurait sur sa terre à îa côte sud-ouest, et était désigné comme bourgeois et lieutenant des milices. Il mourut en 1766.
Jean-Baptiste Pierre de Montigny dit Louvigny, neveu du précédent, né en 1750, fut employé avant la révolution américaine comme capitaine du département des Sauvages, à Détroit, où il épousa mademoiselle Hay, fille du gouver- neur de ce poste. Ayant suivi son régiment en Angle- terre, il mourut des blessrres reçues sur les champs de bataille.
BouTiN — Jacques-Charles Boutin, de Ste-Anne, vint à Détroit en 1733, et y épousa Marie Chesne. En 1743 il était à Michilimackinac.
Caron — Vital Caron, né en 1702, fils d'un bourgeois de Château Richer, épousa Madeleine Pruneau à Détroit en 1735.
CÉsiRE — Jean Césire, né à Lachine en 1698, où il épousa Marguerite Girard, vint s'établir à Détroit en 1728. Son fils, Joseph, épousa Marie Irène Trottier en 1728.
Barthe — Charles Barthe, né à Montréal en 1718, vint à Détroit en 1747, et y épousa peu après, Thérèse Campeau. Une de ses petites filles épousa le colonel Brush.
Pierre Barthe, frère du précédent, vint à Détroit vers le même temps, et y épousa Charlotte Chapoton, fille du Dr. Chapoton.
Bonneau — Charles Bonneau, ci-devant de Québec, épouse Geneviève Dudevoir, à Détrpit, le 13 juillet 1751.
Borde — Jean Borde, du diocèse de Bordeaux, épouse Marie Colet à Détroit, le 3 janvier 1753.
Boucher — Pierre Louis Boucher, chevalier de Niverville, lieutenant, épouse Elizabeth Caroline Hâte à Détroit en 1751.
BoYBB — Pierre Boyer, né à Montréal en 1707, épouse Marie- Anne-Louise Pépin à Détroit en 1744.
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Ignace Boyer, frère du précédent, né en 1704, épouse Angélique Pépin en 1749.
Tous deux ont laissé de nombreux enfants.
Cabassikp — Joseph Cabassier, né en 1722, à Montréal, épouse Angélique Bienvenue à Détroit en janvier 1752.
Cadaret — François Cadaret, né à St-Joseph de la Beauce, épouse Ursule Fauvel à Détroit en 1745.
CosME — Pierre Lr*arent Cosrae ou St-Cosme, né en 1721, Montréal, et 1iî& de Pierre, de Bordeaux, épouse Catherine Barrois à Détroit le 25 janvier 1747. Il laissa cinq garçons et cinq iilles qui ont fait souche.
Dequindre — Louis Césaire Dagneau dit Fontenay, sieur DeQuindre, fondateur de cette famille bien connue, était iils de Michel Dagneau, sieur D' Au ville, enseigne et cadet dans la compagnie de M. Mine, et de Marie Lamy. Il naquit à Sorel en 1707, épousa Marie-Anne Picoté de Bellestre, à Montréal en 1741, et vint s'établir à Détroit vers 1750, où il mourut en 1767. Il était relativement trës riche. Il avait obtenu une concession de 8 x 40 arpents, ce qui était le double de ce qui était accordé aux autreB habitants les jdIus favorisés, et, de plus, l'île aux Cochons, aujourd'hui la propriété de la ville de Détroit. Il laissa dtux fils, Antoine et Guillaume-François. Antoine, né en 1743, épousa Catherine Desrivières dit Lamorandiëre en 1782. Guillaume-François, né en 1747, porta les titres de sieur Dequindre et de la Picanier. Il épousa Thérèse Boyer en 1779, et fut le père de plusieurs enfants, dont Antoine, né le 10 août 1784, qui fut major dans l'armée américaine et se disthigua en 1812.
Drouillarij — Simon Drouillard dit Argentcour, de Mo- renne, évêché de Xaintes, né en 1662, épousa Marguerite Ferret à Québec en 1698, et vers 1750 il vhit s'établir avec son fils Jean à Détroit, où il mourut en 1753. Jean Drouil- lard était né en 1707 k St-François de l'Île d'Orléans, et avait épousé Elizabeth Rapin à Lachine en 1731. Il eut
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plusieurs enfants, entre autres Pierre, marié à Angélique Labadie, en 1776, interprète célëbre.
Cette famille est nombreuse dans le comté d'Essex, et y occupe une position enviable.
DuBORD — Louis Dubord dit Clermont, fils de Charles, des Grondines, épousa Louise Bouron à Détroit en 1744. Il habitait la rive canadienne et est qualifié d'aide-major. Il laissa plusieurs enfants.
DuPDis — Charles Dupuis dit Moïse né à Laprairie en 1728, vint vers 1750 se fixer à Détroit, où il épousa en 1762 Catherine Casse. Il mourut en 1767, laissant deux fils, Jean-Baptiste et Charles, lesquels ont fait souche.
Gervaise — Louis-Gervaise, né en 1708, épousa Marie Madeleine Langlais à Montréal 1737, et vint s'établir en 1745 à Détroit, où il fut négociant et " capitaine de la côte sud." Il mourut en 1763, laissant un fils, Jean-Louis.
Godet-Marantette — Jacques Godet, marchand, né à Montréal en 1799, épousa Marie-Louise Desbuttes, à Détroit en 1743. Il ne laissa pas de descendants mâles.
François Godet, dit Marantette, frëre du précédent, né à Montréal en 1720, et marié à Détroit à Jeaime Parant en 1755, est le fondateur de la famille Marantette, encore bien connue dans le Michigan et le comté d'Essex. Il mourut oflicier de la milice.
On écrivait autrefois Marantay.
Labrosse-Jourdain — Dominique Jourdain, né en 1730 à Montréal, d'une famille de menuisiers et de sculpteurs, devint maître-sculpteur lui-même. Il vint se fixer à Détroit et y épousa Jeanne Cardinal, sous le nom de Labrosse, qu'ont conservé ses descendants.
Mesny — Antoine Mesny, né à Laprairie en 1712, épousa Jeanne Seguin à Détroit en 1742. Il mourut en 1794, lais- sant une nombreuse postérité.
Met a Y — Jacques Metay dit Ladouceur, de St-Jean-Du- poiré, diocèse de Luçon, Poitou, soldat, épousa Françoise
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Ban à Boucherville en 1780, et vint s'établir à Détroit vers
1749. Ses descendants habitent encore Détroit, Monroe et le comté d'Essex.
MoRAN — Cette famille, l'une de celles qui ont le mieux conservé leur influence, retrace son origine jusqu'à Antoine Moran, de St-Martin d'Angoulême, France, dont un des fils, Jacques Moran, vint en Canada avant 1687. Il fut le père de Jean Moran, marié en 1705, à Québec, à Marie- Elizabeth Dasylva, fille d'un Portugais. Jean devint père de Claude-Charles, établi à Détroit en 1749.
Claude-Charles Moran, né en 1722, épousa Marie-Anne Belleperche en 1751, et devint le père d'une nombreuse famille. Il fut assassiné en décembre 1775, par un nommé Becker, avec des circonstances qui, de la part de l'assassin, font horreur à la nature. De ses fils Charles, né en 1755, épousa Catherine Vessière dit Laferté, en 1794, et Louis, né en 1757, épousa Catherine Campau en 1794.
Cette famille a fourni à la ville de Détroit plusieurs de ses citoyens les plus distingués. M. Wm. B. Moran, après a\'oir occupé les plus hautes places do confiance dans l'ad- ministration municipale, fut choisi par le parti démocrate comme candidat au poste de lieutenant-gouverneur du Michigan en 1888, et M. Henri Moran a été trésorir du comté d'Essex.
C'est par erreur qu'un historien américain a fait descendre cette famille de Charles Moran dit Grimard, originaire de Ste-Anne de la Pérade, qui vint à Détroit à l'époque de la conquête, et qui fut excommunié en 1774. Ce mauvais sujet mourut en 1785 sans laisser de descendants.
Prud'homme — François-Xavier Prud'homme était arrière petit-fils de Louis Prud'homme, premier caftitaine de la milice et maître brasseur à Montréal. Né en 1711, et marié à Judith Cuillerier en 1742, il vint s'établir à Détroit vers
1750, et ses descendants y ont fait souche.
Renaud — Jean-Louis Renaud, de St-Jean, diocèse de Gre-
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noble, épousa Marie-Joseph Giiignard h Détroit en 1750. Il laissa trois lils qui ont fait souche.
Tremblay — Pierre, Augustin et Ambroise Tremblay, tous trois fils de Michel Tremblay, de la Baie Saint-Paul, vinrent s'établir à Détroit vers 1750. Pierre s'était marié à Made- leine Simard en 1733, Augustin à Marie-Judith Laforest en 1741, et Ambroise à Marguerite Simard en 1744, et tous trois ont laissé de nombreux enfants. Les Tremblay sont les fondateurs de Bay City, avec les Trudel.
Laselle — Nicolas Laselle, né à Montréal en 1715, épousa Marie Cardinal à Détroit en 1755. Ses fils s'allièrent aux familles Meloche et Rivard.
Jacques Laselle, neveu du précédent, né en 1736 à Mont- réal, épousa Thérèse Berthelet à Lachine en 1765. Depuis plus de dix ans avant cette date il faisait la traite à Détroit, tout en exerçant le métier de menuisier. Après la con- quête il alla se fixer dans un village de Miamis près de Logansport, et fut nommé agent par le gouvernement an- glais. Il est le père du général Hyacinthe Laselle, dont nous reparlerons.
Legrand — Gabriel Christophe Legrand, établi à Détroit comme chirurgien major durant les dernières années de la domination française, était le fils de Gabriel Legrand, vi- comte de Mortain, du diocèse d'Avranches en Normandie. En 1758 il épousa Marie Chapoton, puis, en seconde noce, Véronique Réaume. Il s'intitulait sieur de Soutre, et après la conquête il exerça les fonctions de juge de paix. Il eut plusieurs fils. En 1777 nous voj'^ons aussi sur les re- gistres le nom d'Alexandre Legrand, commandant des vaisseaux de Sa Majesté sur les lacs. Celui-ci était marié à Thérèse Barthe.
Mbnard-Montour — Pierre Ménard dit Mon tour, venu à Détroit avant la conquête, eut plusieurs fils qui acquérirent une grande influence sur les Sauvages.
Rivard — Jean-Baptiste Rivard dit Lavigne, de Ste-Anne
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venu à érirent
(le la Pérade, établit à la Grosse Pointe vers l7r)4, épousa Catherine Yax. Ses descendants habitent eneore sur sa terre.
KocHELEAU — François Rocheleau dit Lespéranee et .Joseph son frère, vinrent de Beauport à Détroit vers 1752. Le pre- mier épousa Marie Meloeho et le deuxième Catherine Pilet. Leurs descendants portent le nom de Rocheleau.
PoRLiER — Charles l'orlier dit Vincennes, tils de Claude, notaire et greffier à Montréal, épousa Françoise Lambert h Montréal, et en 1754 il se trouve à Détroit comme garde ma- gasin du roi. Ses tils ont été des premiers colons de Green Bay.
PouGET — Joseph Gabriel Pouget, tailleur de Montréal, s'établit à Détroit avant 1759.
Rocoux — Jean-Baptiste Rocoux, directeur des écoles chrétiennes et premier chantre, dès 1755, était né i\ St- Sévérin, Paris. Il épousa Marie Deshêtres et eut plusieurs enfants.
Laferté — Louis Vessière dit Laferté, fondateur de la famille Laferté à Détroit, vint s'y établir avant 1755. Il était tailleur de métier. Son père, aussi tailleur, était venu du diocèse de Toulouse au Car.ada. Louis, de son mariage avec Catherine Champagne, eut deux fils, Louis et Alexis qui ont continué la lignée.
Jadot — Louis Jadot, fils d'un ancien maire de Rocroy, en Champagne, avait été soldat avant de prendre une terre près d'Ecorce. Il épousa Marguerite Desbuttes en 1758.
Langlois — Nicolas Langlois, né au Cap Santé en 1729, était établi à Détroit avant la conquête. En 1761 il épousa Madeleine Pilet. Ses descendants sont avantageusement connus à Détroit et dans le comté d'Essex.
DucHARME — Joseph Ducharme venu à Détroit vers 1755, y a fondé une famille qui compte plusieurs citoyens distin- gués.
Nantais — Julien Freton dit Nantais, de Nantes, en
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lu ;
Bretagne, (établi k Détroit vers 1753, si fotulo une famille (lui liubite encore la Grosse l*ointe.
IIiKHiET — Pierre Iluyet ou Huguet, fil« d'un major de milice de L'Ange Gardien, s'établit à la Grosse Pointe vers 1754. Plus tard il alla demeurer sur la riviëre Ste-Claire.
Lesperance — Jean- Baptiste Billiau dit Lesperance, soldat de la compagnie de de Beaujet, était originaire de Grenoble, France. Etabli à Détroit vers 1755, il a laissé des descen- dants qui portent le nom de Lesperance.
Pierre Desnoyers, dont la famille était originaire de St- Germain de Navarine, épousa Marie-Louise Leduc à Détroit en 1754. Il eut plusieurs enfants.
Boucher-Niverville — Pierre-Louis Boucher, chevalier de Niverville, lieutenant dans les troupes, né en 1722, s'établit à Détroit avant 1751 et y épousa Elizabeth Hâte. Ses descendants sont encore avantageusement connus.
Bourdeau — Pierre Bourdeau, de Laprairie, s'établit à la côte Xord-Est. Son fils Joseph a continué la lignée.
CoMPARET — François Comparet était le fils d'un notaire qui était venu de la Lorraine en Canada. Etabli à Détroit vers 1755, il y épousa Marie Tremblay en 1756. Ses descen- dants sont nombreux.
Davignon — Louis Davignon dit Lafeuillade, fils d'un an- cien soldat du régiment de Carignan, épousa Marie Gamelin à Détroit en 1754. Ses descendants sont nombreux.
BouRASSA — René Bourassa, né à Laprairie en 1718, marié le 3 août 1744, à Charlotte Chevalier, à Mackinac, fut pen- dant longtemps un des principaux habitants de ce poste. Apres la conquête il vint demeurer à Détroit où il mourut dans l'automne de 1792 Son fils, du même nom, continua à faire la traite à Mackinac.
BRiLLANT^Jean-Baptiste Brillant, du diocèse de Rennes, Bretagne, épouse une Sauteuse à Mackinac en 1752. En 1759 il fit baptiser cinq filles et un garçon à Détroit. En 1776 Brillant hiverna sur la rivière Saginaw, et lors du bap-
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tênie (l'une autre fille eu nuii de cette année il est qualifié (le " uîédeciu à Suginaw." 11 parait s'être tixé à Détroit en 17 «58.
CouvRET — Joseph Victor Couvret épouse une Sauteuse à Mackinac en 1749, Il a laissé des descendants. • Chalut — Charles Chalut ou Chanteloup, né à Montréal en 1715, tils d'un soldat qui avait accompagné Cadillac à Détroit, épouse AgnJ's- Agathe Amiotà Mackinac en 17ôl.
Amiot — Jean-Baptiste Amhroise Amiot, né à Qnéhec en 1()94, épousa une sauvagesse à Michilimackinacen 1720. 11 était armurier. Son fils Nicolas, né en 17'^0, épousa Suzanne Sauvage. .
Amy(Jt-Vincelot — Joseph Jean-Baptiste Vincelot, né à Québec en 1697 et fils du seigneur du cap Saint-Ignace, épousa Françoise Sauvage en 1719, et s'établit à Michili- mackinac.
Chevalier — Jean-Baptiste Chevalier, né à Montréal en 1677, et marié en 1709 à Françoise Alavoine, se fixa à Michiliraackinac vers 1718, dont il devint un dos princi- paux habitants. Il eut une nombreuse famille. Ses fils, Louis, Barthélemi et Amable se marièrent aussi parmi les Sauvages et élevèrent leur famille aux environs de Michili- mackinac.
DuLiGNON — Jean du Lignon dit Lamirande, des Trois- Rivières, épousa une sauvagesse à Michilimackinac en 1737. Il eut plusieurs enfants, dont une partie se sont établis en Canada.
Chaboiller — Charles Chaboiller, fils de Charles, de Mont- réal, voyageur, né en 1706, épousa Marie-Anne Chevalier en 1735 à Michilimackinac, où il mourut en 1757, laissant plusieurs enfants, dont Augustin qui épousa Marie-Joseph Chapoton à Détroit en 1765.
Grignon — Cette famille qui a une place dans l'histoire de l'Ouest, descend de Jacques Grignon, né en 1663 à St-Phili- bert, évêché de Luçon, marié en 1692 à Batiscan à Marie-
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il
Thérèse Richer, et fixé plus tard aux Cirrcndines. C'est la que naquirent, entre 1708 et 1709, ses tilsfroseph et Pierre, et Antoine, tous trois voyageurs. Joseph finit par s'étahlir au Canada. Antoine épousa Anne Villeneuve à Michili- maekiiuic en 1725. Pierre épousa Marguerite Chevalier à Michilinuiekinac en 1788, mais éleva sa famille aux Groii- diiies. Son fils l'ierre, né à Desehanihault, épousa Louise- Domitilde Langlade à Mackinac en 17H7, c'est-à-dire ([u'il fit alors bénir son mariage, ear son premier né avait alors dix ans, et II avait en tout six enfants.
La vwLADE — Augustin Mouet, sieur de Langlade, né aux Trois-Rivières en 1708, descendait de Pierre Mouet, ensei- gne au régiment de Carignan, sieur de Moras. Son père? Pierre Mouet de Moras, marié à Elizabeth dutras en 1608, était aussi ofiieier dans les troupes de la marine. Augustin parait avoir été envoyé à Mackinac pour y commander aux coureurs-de-bois. Il épousa Domitilde, veuve de Jean-Bap- tiste Villeneuve, et devint père de Charles-Michel Langlade, né en 1729, et marié en 1754 à Catherine- Ambroisine Bou- rassa. C'est la fille de ce dernier qu'épousa Pierre Grignon. Nous aurons bientôt à reparler de Charles Langlade, qui après avoir brillamment combattu pour la France dans le Michigan, devint le pionnier du Wisconsin.
Hains — Joseph Hains, né à Québec en 1717, épousa Con- stance Chevalier à Mackinac en 174L II mourut en 1740 à Cahokia. Son fils, Joseph-Louis Hains, épousa Thérèse Bondy, de Détroit, à Mackinac en 1775, et ses descendants habitent encore les environs,
L'Archevêque — Augustin L'Archevêque, marchand, né à Québec en 1702, épousa Marie-Madeleine Réaume à Mac- kinac en 1731, et mourut eu 1747, laissant plusieurs enfants.
Tellieu — Jean-Ba[»ti8te Letellier né à Varennes en 1696, voyageur, vivait avec une 8auvage8sc}\ Michilimackinac dès 1727. Il fit bénir son mariage et baptiser ses six enfants en 1747. Son fils aine, Antoine Tellier dit Latbrtune,
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une Oiitaoïias en 1758. 11 menait allant du Mississipi
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seonsin, mais tous ses entnnts
turent baptisés à Maekinae.
Parant — Pierre Tarant épousa Marie-Anne Clial)oiller à Maekinae en 1725. Quatre de ses tilles se sont mariées dans ce poste.
Cardin — François-Louis Cardin, soldai, épousa Marie- Louise Hains en 1751, à Michilimaekinae, En 1771 il exer- çait les fonctions de juge et de notaire dans ce poste.
Cadotte — Jean-lîaptiste Cadotte, chargé d 'affaires deg seigneurs du Saut 8te-Marie, avait éjiousé en 1750 unesau- vagesse du nom d'Aïuistasie Xipissing. Il parait avoir eu deux filles et deux fils, Jean-Baptiste, îié en 1759, et Michel, né en 1764.
DuiMoucHEL — Louis Dumoucliel, né à Québec en 1727, vint se fixer dans les paye d'en haut durant les dernières années qui précédèrent la con([uete. En 1769 il épouea une sauvagesse. Il eut plusieurs enfants.
Mbtivier — Jean-Baptiste Métivier, commerçant, établi h Maekinae dès 1755, épousa Marie-Josepli I*arant. C^n de ses descendants, habitant de la l'ointe Ste-Iguace, était élu shérif du comté de Mr.cki. ac en 1888.
Xous pourrions aj<»ute' k cette liste près d'une centaine d'autres familles q c nous voyons apparaître sur les regis- tres de Michilimaekinae et de Détroit. Les unes venues du temps de Cadillac, retournèrent au Canada ; les autres éta- blies à Détroit durant les aimées 1751, 1752 et 1753, passèrent sur le Mississipi après la conquête, d'autres s'en- foncèrent dans les boio avec les Sauvages et ont fini par faire fortune commune avec les tril)U8.
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CHAPITRE XIII.
LE RÉGIME ANGLAIS.
Malgré rindiiféreiice du gouvernement français et l'in- eonduite d'une trop grande partie de ses agents, les Cana- diens avaient déjà, comme on a pu le voir au chapitre précédent, réussi à établir, à deux cents lieues de la pro- vince de Québec, une colonie solide, composée des éléments i^'^ plus respectables et possédant toutes les choses essen- tielles à une société viable et bien organisée.
Cette œuvre de colonisation et de civilisation, que les colonies anglaises, beaucoup plus populeuses et plus riches, n'avaient osé entreprendre, les Canadiens l'avaient réalisée dans la mesure du possible, sans secours de la mère-patrie. C'était bien une colonie canadienne que cet établissement de Détroit, créé avec les modiques capitaux de la Nouvelle- France, peuplé et défendu jusqu'au jour de la cession par les enfants des familles établies sur les bords du St-Laurent.
Et cette colonie à son tour commençait à servir de point d'appui pour la création de nouveaux établissements que les traiteurs canadiens, avec leur perspicacité ordinaire, voulaient établir sur tous les points stratégiques sur lesquels s'élèvent aujourd'hui les principales villes du Michigan.
C'est de ces hardis et sages pionniers et de leurs tra- vaux que M. Rameau de St-i*ère a dit : —
" Voilà quelle a été la tache accomplie par nos compa- triotes de l'Amérique, œuvre pleine de hardiesse et de grandeur, où '^s ont tracé en large traits l'esquisse du par- cours <{ue devait suivre derrière eux le dévelop])ement amé-
J'Ill
174
LES CANADIENS DU MICHIGAN
ricaiii, dont ils ont été partout les précurseurfi et les vérita- bles pionniers explorateurs. Le nombre seul a manqué aux Canadiens pour accomplir bien avant les Américains le peuplement et la civilisation de ces contrées, dont ils avaient préparé et tracé la colonisation un siècle avant que ceux-ci n'y eussent hasardé même un essai d'établissement ; s'ils eussent été soutenus par une immigration suffisante et par un gouvernement plus intelligent et plus actif, on peut tenir pour certain qu'après en avoir pris possession avec tant d'audace et d'énergie, ils se u'^-isent répandus en grand nombre dans les riches contrées de l'Ouest, dès le lyiilieu du siècle dernier."
Nous n'avons pas de renseignements conclusifs sur le nombre des habitants du Détroit en 1760. Le major Rogers qui vint prendre possession du fort compte une centaine de maisons et un mille habitants. Dans cette évaluation les habitants de la rive canadienne et ceux qui avaient pris des terres sur le lac Ste-Claire au nord et sur la rivière Rouge au sud ne doivent pas être compris. D'autres ont évalué la population de la colonie à cette époque jusqu'à 2,500, elle n'était certainement pas moindre de 1,500 âmes.
Après la cessation des hostilités, un grand nombre de jeunes gens qui avaient servi avec distinction durant la guerre, dans l'Ouest, vinrent se fixer à Détroit et y prirent femme, ce qui est indiqué par une augmentation dans le nombre des mariages.
D'un autre côté un nombre assez considérable de familles allèrent s'établir dans les nouvelles colonies du Missouri, lorsqu'elles apprirent que le traité de Paris était signé. Cette émigration emporta surtout les nouvelles familles qui étaient venues à Détroit durant les dernières années de la domination française et qui n'étaient pas encore retenues par de fortes attaches.
En somme, la population du Détroit se trouva réduite par cette émigration de près d'un quart, o'est-à-dire à douze
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5 vérita- maiiqué icains le } avaient ; ceux-ci nt ; s'ils e et par on peut on avec sn grand lilieu du
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on quatorze cents âmes. Un recensement officiel tait en 1768, ne donne qu'une population de 578 ; mais on doit entendre qu'il >?'agit seulement des maisons groupées autour de la palissade.
Le poste de Micliilimackinac qui était alors situé sur le site de Mackinaw City, comprenait, d'après le voyageur anglais Alexander Henry, une trentaine de maisons, d'ap- parence propre, quoique modeste. Le nombre des habitants pouvait s'élever à deux cents. Sur la même rive à une vingtaine de milles à l'Ouest, les Jésuites avaient établi leur mission de St-Ignace, pour les Outaouas. Il y avait sans doute quelques Français dans cet endroit, connu géné- ralement sous le nom de l'Arbre Croche.
En suivant la rive du lac Michigan on arrivait à l'ancien poste de la rivière St-Joseph, où les Jésuites avaient encore une mission. Plusieurs Français y étaient établis, entre autres, Jacques Daunais, originaire de Laprairie, qui agis- sait comme fermier du sieur Cabassier, de Micliilimackinac, et un nommé Leclerc, qui faisait la traite sur l'emplacement du village de Bertrand, comté de lierrien.
Au Saut Ste-Marie, sur la seigneurie de le Gardeur de Repentigny et du chevalier de Bonne ; à Chegouamigon ou La l'ointe, où de La Ronde avait commencé l'exploitation des mines de cuivre ; h Saginaw, et dans les ditlérents vil- lages des Miamis, le long de la frontière de l'Indiana, on retrouvait quebpies familles canadiennes ; sans compter Vincennes, qui était déjà un t'>ta1)lissement i'<insidérul)lc et dont la population s'était recrutée pre->i«jircntièrenient à Détroit.
Tour les fins religieiï!*es, la colonie de Détroit avait été érigée en paroiss-e dè> 1744, et en I7ô(l une église spa- cieuse avait été consacrée par Mgr. iJubreuil de Pontbriand, qui nonmui conmie curé, avec le *itre de vicaire-général, le Rev. F. Simple lîos(piet, réc(->13«M. Ce pasteur conserva la direction de la paroisse jnscj[u' à sa mort, arrivée en 1781.
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Le R. P. Pierre Potier, jésuite, desservait la mission des Hurons depuis 1742. En 1748, une chapelle fut érigée prës de Sandwich, et les colons établis sur la rive canadienne prirent l'hahitude d'aller à cette église, qui devint paroisse vers 1775. Jusqu'à 1761, le P. Potier eut l'aide d'un com- pagnon, d'abord le Rév. P. Richardie, puis le Rev. P. Salle- neuve ; mais après cette époque il resta seul, et bien pauvre.
En 1767 nous voyons qu'il fut obligé de vendre la terre qui avait été concédée aux missionnaires, à François Gaudet- Marentette, pour obtenir les moyens de subsistance. Il mourut le î 6 juillet l78l, laissant une grande réputation de sainteté.
Les R.R. P.P. Lamorinerie, Coquarz, Lefranc et Du Jaunay, étaient chargé des missions dépendant de Michi- limackinac. Les trois premiers se retirèrent en 1761, et le père Du Jaunay resta seul. Ce missionnaire, qui était dans le Michigan depuis 1738, disparait à son tour en 1765, et après cette date les missions de St. Joseph et de Michili- mackinac ne furent visitées qu'à de rares intervalles par le grand-vicaire Gibault, des Illinois, et par les curés de Détroit.
L'empressement que mettaient les familles éparpillées dans ces régions à saisir l'occasion de ces visites pour faire bénir leurs mariages et faire baptiser leurs enfants, témoigne d'un caractère profondément religieux.
Ces^ colons, libres des restrictions de la loi civile, qui ne pouvait guère les atteindre, s'en rapportait à leur pasteur pour le règlement de toutes espèces d'affaires.
Ainsi en date du 7 mars 1766, nous trouvons sur les registres de Sainte- Anne, le document que voici :
" Nous avons de concert avec le sieur Legrand, juge de paix en cette ville, donné Marie, née et baptisée la veille, enfant de parents incormus, au sieur et dame Bouron, pour être par eux élevée, nourrie et entretenue comme leur enfant, à condition que la susdite Marie sera, de son côté, obligée
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sur les
veille, II, pour entant, obligée
de les servir jusqu'à ITigo de vingt ans, en tout oe qui n'est pas contraire à la religion er à sa conscience."
Dans des circonstances plus ditîiciles, le pasteur avait aussi assez d'influence pour taire respecter les lois de la morale. Une femme ayant été trouvée coupable d'adultère, elle fut excommuniée ainsi que son amant, et ils ne ren- trèrent en grâce qu'après avoir }»ubli(piL'ment fait amende honorable.
Les colons de Détroit donnèrent si bonne opinion d'eux- mêmes par leur conduite que les meilleurs honmies parmi les premiers colons anglais, tels <[ue le gouverneur Hay, le lieutenant George McDougall, les Macomb, les Meldrum, les Brush, ne dédaignèrent pas de s'allier aux Campeau, auît î^avarre et à d'autres familles canadiennes. Ces pre- miers colons anglais adoptèrent si bien les idées et les habi- tudes de la population canadienne (pi'encore aujourd'hui il y a de leurs descendants dans la ville de Détroit qui parlent mieux le Français que l'Anglais.
Sous le rapport du bien-être matériel, les colons avaient beaucoup à souftVir par suite de leur isolement. Mais il est faux de dire qu'ils négligeaient l'agriculture et se conten- taient de vivre au jour le jour, du fruit de la pêche, de la chasse ou de la traite. Les renseignements les plus précis nous font voir que l'élevage des bestiaux se faisait sur la plus grande échelle possible. Un recensement de 1778 démontre qu'il y avait 1425 têtes de bétail dans la colonie. D'autre part, du fait qu'un seul cultivateur avait près de mille minots de blé en grenier en 1763, on peut conclure que la culture des céréales n'était pas négligée.
Louis Campeau donne à chacun de ses trois tils, .1 eau- Baptiste, Jacquee et Simori, une terre de 8 x 40 arjtents, dont la valeur est portée à 6,000 livres. La terre et la maison de Césaire Dequindre, à la même époque, est évaluée à 4,200 livres, soit 3,000 livres pour la maison et 1,200 livres pour la terre. La terre du R. 1*. lV)tier sur la rive cana-
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dienne, de 4 x 40 arpents, fut vendue 1,600 livres. Les lots dans l'enceinte du fort, généralement de 30 x 25 pieds se vendaient, avec maison, de 3,000 à 5,000 livres. Tout ceci fait voir que si la terre avait déjà une valeur considérable, les maisons, représentant surtout du travail, valaient rela- tivement beaucoup plus.
L'inventaire des biens de Césaire Dequindre, tait lors de sa mort en 1768, nous fait voir à la fois ce que pouvait être l'intérieur d'une des plus riches familles, ainsi que la valeur relative des marchandises. D'abord pour les meubles, nous voyons sur la liste : — une couchette, 10 livres, un tour de lit, 100 1. ; douze petites assiettes de grès, 16 livres ; quatre salières, 6 1. ; une poêle à frire, 3 1. ; un gril, ? 1. ; une cuiller à part, 30 sols ; un " canard," 4 1. 10 s. ; une cafe- tière, 3 1. ; un plat à barbe, 3 1. ; deux chandeliers, 30' s. ; un martinet, 10 s. ; un entonnoir, 10 s. ; cinq targettes, 8 1. ; gros lit de plume et oreillers, 60 1. ; moyen lit de plume, 15 1. ; six bouteilles et tasses d'argent, 24 1. ; une caraffe, 30 s. ; quatre nappes, 60 1. ; cinq paires de draps, 84 livres. Maintenant pour le garde-robe : — Deux vestes, velour de coton, 6 1. ; une veste, cotonnade noire, 30 s. ; une veste brochée en or, 15 1. ; cinq paires de culottes, 6 francs, un gilet, 3 1. ; un habit de mouton, 6 1. ; un habit de cainchot double de soie, 20 1. ; une paire de bas, 3 1. ; dix-huit ser- viettes, 20 1. ; 12 chemises, 72 l. ; une épée, 48 1. ; une seringue, 3 livres. La fortune personnelle de Dequindre à sa mort était d'environ cinq mille livres.
Jean-Baptiste Beaubien en épousant Geneviève Parent donne à sa future épouse 300 livres tournois de douaire prélix.
En 1769 Alexis Gauthier vend à Jacques Sterling une maison sise au poste St-Joseph, avec boissons, tabac, char- rette, cheval, et les marchandises qui s'y trouvent pour la somme de 1,049 livres argent courant, égal est-il dit, à 69 pounds 18 shillings et 8 pence, monnaie de N^ew York.
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Les lots
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la valeur jles, nous 3ur de lit, 3 ; quatre ? 1. : une une cate- rs, 30*8. ; ettes, 8 1. ; le plume, e caraffe,
84 livres, velour de une veste
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-huit ser- 1. ; une
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-^e Parent douaire
ling une )ac, cliar- pour la dit, à 69 ork.
Tous ces faits, enregistrés dans les archives du comté de Wayne, prouvent que les grandes fortunes étaient rares parmi les colons. Beaucoup d'entre eux avaient souffert des pertes considérables sur le papier-monnaie de l'ancien régime, que le gouvernement français refusa de racheter. Ceux qui étaient dans le commerce subirent des inconvé- nients plus graves encore par suite de la rupture de toute relation avec leurs correspondants en France. C'est surtout pour cette dernière raison que le commerce d'importation et d'exportation passa aux mains des Anglais.
Sous le rapport des coutumes et des mœurs, les colonies du Michigan ne difléraient guère des paroisses du Canada. Il ne reste qu'à noter que l'esclavage, dont on ne cite que quel- ques rares exemples dans la province de Québec, était fo) te- ment établi dans les postes de l'Ouest. La légalité de l'es- clavage avait été admise par le gouvernement français en 1731. Les premiers esclaves furent des Panis, sauvages d'une tribu lointaine de l'Ouest. Des traiteurs de Micliili- mackinac avaient jusqu'à trois et quatre de ces esclaves. A Détroit leur nombre était relativement moins grand, cependant le recensement de 1773 constate la présence de 83 esclaves. Dans l'inventaire des biens de Dequindre, 1768, la valeur d'un Panis de douze ans est portée à 300 livres. En 1793 un jeune nègre se vendit £213.
Ces esclaves paraissent avoir été bien traité. L'Eglise exigeait qu'ils fussent baptisés et mariés régulièrement. Claude Landry vendit Marguerite Siouse à Firmin Landry, à condition qu'il l'épouserait, ce que celui-ci fit le 11 juillet 1771, devant le curé de l'église Ste-Anne. Cet esclavage ne ressemblait donc guère à celui qui a existé dans d'autres pays.
La capitaine Campbell, premier commandant anglais de Détroit, écrivait le 2 déceml)re 1760 que " les habitants paraissaient heureux du changement de régime, mais qu'ils étaient dans un grand dénuement de toutes choses." La
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LES CANADIENS DU MICIIIOAN
dernière partie de la phrase explique la première. Les CanadieuH, réduits à la famine par les contributions pour le soutien des armées, étaient heureux d'avoir un moment de trêve pour ce ravitailler, mais leur co'ur restait fidèU; à la France.
Lorsque la révolte des Sauvages sous Pontiac éclata en 1763, les colons se trouvèrent dans une position difli(àle. Le traité de paix entre la France et l'Angleterre n'était pas encore connu ; les Canadiens n'étaient pas tenus de com- battre pour l'Angleterre ; d'autre part les Sauvages leur inspiraient plus de crainte que de sympathie. Autant que possible, ils restèrent neutres.
Le major Gladvvin, écrit cependant, le 8 juillet 1763 :
" On verra bientôt que la moitié des habitants méritent un gibet, et que les autres devraient être décimés." '
On ne pouvait être plus injuste. Le colons habitant hors du fort étaient obligés d'approvisionner les Sauvages pour pro- téger leur propre vie; mais tous ceux qui purent rendre ser- vice aux Anglais paraissent l'avoir fait avec plaisir. Gladwyn lui-même exprime la reconnaissance qu'il doit à Robert Navarre, aux frères Baby, et à ses interprètes, St-Martin et La Bute. Il aurait pu ajouter à ces noms celui du R,. P. Pothier, de Jean-Baptiste Chapoton,d'Eu8tache et de Médard Gamelin, qui d'après le récit d'un contemporain, s'em- ployèrent activement à dissuader les Sauvages de leurs idées belliqueuses et qui, plusieurs fois, donnèrent d'excellents conseils aux Anglais. Jacques Lasalle guida les bateaux portant les troupes anglaises de Niagara à Détroit ; enfin une quarantaine de voyageurs restèrent dans le fort pour le défendre.
A Michilimackinac l'attitude des Canadiens fut la même. Après le premier massacre, ils s'employèrent à protéger les Anglais, qui, en effet, échappèrent aux tortures que les San-.
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Archives d'Ottawa.
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LE REQIME ANGLAIS
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vages font goiioruleiiiont siihir h Ictiiv [)ris<)nniors, cx (jui furent détinitivement rclafliés. Le ji('re du .luuiiay fit, seul, le voyage de hétroit, diuis l'espoir d\'ii nimener du secours. Le général (TUge lui adressa une lottre de remer- ciement, ainsi qu'à Charles de Jianglaile, h eetto oeeasion. Au Saut Ste-Marie, où il n'y avait pas de garinson anglaise, .lean-Baptiste Cadotte eut assez d'influence pour engager les Sauvages à rester tran([uille.
C'est ainsi que les Canadiens montrèrent ([u'ils étaient pardessus tout des amis de la civilisation.
Après le rétablissement de la paix, les colons de Détroit ne furent pas inquiétés dans leurs biens. Le général Clage se borna à écrire une lettre dans laquelle il dénon(;ait comme frauduleuse les dernières concessions de terres faites par de Bélestre en 1760, et les choses en restèrent là.
A la faveur de la paix la poi)ulation augmentait rapide- ment. En 1778 on trouve 47 personnes au poste de la rivière St-Joseph, autant au fort des Miamis, près de South Bend ; cinq ou six familles étaient établies au fort Ste-Claire, près de l'endroit oii s'élève aujourd'hui Port Huron ; Joseph Bti-trand et quelques autres familles avaient défini- tivement fondé ce qui est aujourd'hui Bertrand village, comté de Berrien;tout le long du lac Erié, jusqu'à Sandusky se trouvaient des commencements d'établissements ; surtout celui de Monroe, où François Navarre s'était fixé avec quel- ques compagnons et qui devait rapidement s'accroître ; enfin un autre village près de Logansport, où Jacques Laselle agissait comme agent du gouvernement anglais. Le Saut Ste-Marie n'avait d'autre ; opulation que la famille Cadot et' quelques traiteurs qui menaient une vie no- made.
Michilimackinac, que l'on nomme maintenant Mackinavv, avait au contraire repris beaucoup d'importance comme entrepôt pour le commerce des fourrures. On y voyait dans les magasins jusqu'à 100,000 livres de farine, 50,000
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LES CANADIENS DU MICHIGAI^
livres de porc, 1000 gallons d'eau-de-vie et des quantités d'autres naarchandises en proportion. Tout cela se trouvait dans un magasin général, qui était la propriété d'une tren- taine d'associés, parmi lesquels se trouvaient Michel Ange, Augustin Dubuc, Frs. Cardinal, de La Pointe, Pierre Gri- gnon, Laurent Ducharme, Pierre Hurtubise, de St-Joseph, J. M. Ducharme, Dom. Lacroix, Charles l'Arche, Joseph Bfron, B. Tabeau, Benjamin Lyon, J. B. Guyon, Etienne Campion, Jos. Sanguinet, Auguste Chaboillier, Hyacinthe Hamelin, Pierre Chaboillier, A. Campion, André Roy, Catin, J. B. Barthe, Lefebvre, J. B. Bourassa, Jos. Caron, T. L. Gauthier.
Ces associés possédaient un fonds de commerce évalué à $500,000 ; et ils employaient un grand nombre d'hommes pour faire la traite sur tous les points, jusqu'aux Illinois.
Le recensement de Détroit fait en 1778, porte la popula- tion totale à 2,144 âmes, dont 736 hommes, 313 femmes, 530 jeunes garçons et 438 jeunes filles. On comptait 2,013 tête de bétail, 470 moutons et 1312 cochons. Les officiers du poste vers cette époque sont énumérés ainsi : Dupéron Baby, Charles Réaume et Isidore Chêne, capitaines et interprètes, Antoine Fontenay et François Dequindre, lieu- tenants ; Médard Gamelin, garde-magasin, Frs. Chabert de Joncaire, Claude Labute, Pierre Drouillard et Jos. Bondy, interprètes.
La guerre de l'indépendance américaine commençait. Le lieutenant-gouverneur Hamilton crut qu'il pourrait organi- ser 7 compagnies de volontaires canadiens de 60 hommes chacune, ce qui aurait pris plus de la moitié des hommes de la colonie. Il ne put réussir.
Cependant les Canadiens du Michigan étaient du côté de l'Angleterre dans cette lutte, parce que toutes leurs rela- tions politiques et commerciales étaient avec la province de Québec. Il n'en était pas ainsi des colonies de l'Illinois et de rindiana qui furent gagnés à la cause de la révolution par le grand-vicaire Gibault.
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Vhs 1*77 *7 un Américain nommé Thos. Brady, parti à la tête d'une poignée de Canadiens de Cahokia et de Péoria, vint surprendre le poste de St-Joseph, qu'il mit au pillage. Louis Dagneau Dequindre et Louis Chevalier, qui se trou- vaient dans les environs, soulevèrent les Sauvages en faveur des Anglais, surprirent Brady dans sa retraite et massa- crèrent plusieurs de ses hommes. L'année suivante Jean- Baptiste Mallet se mit à la tête d'une autre expédition des Illinois, surprit de nouveau la garnison de St-Joseph et enleva des marchandises pour la valeur de $50,000 dit-on.
Cependant le lieutenant-gouverneur Hamilton avait réussi à organiser une expédition contre Vincennes. Il avait dans les rangs de sa petite troupe 70 volontaires canadiens, qui presque tous avaient des parents à Vincennes. Ils partirent cependant, sous les ordres du sieur de La Mothe et encouragés par le P. Pothier. Vincennes se rendit ; mais l'année suivante le général américain Clarke venait y mettre le siège et forçait Hamilton à se rendre prisonnier de guerre.
Les Canadiens de Détroit revinrent tranquillement dans leurs foyers. Le colonel De Peyster, qui commandait à Michilimackinac invita Charles Langlade, alors établi à Green Bay, ainsi que Louis Chevalier, à rassembler les Sau- vages pour se porter au secours d'Hamilton, mais cette idée n'eut pas de suite. L'année précédente, Langlade et Gauthier avaient conduit une bande de Sauvages sur le lac Champlain, pour appuyer le général Burgoyne. Des dis- sentiments avaient éclatés, et presque tous les Sauvages étaient revenus mécontents.
Par le traité de paix, le Michigan, avec Détroit, était cédé aux Etats-Unis, mais en attendant l'accompliftsement de certaines conditions par ces derniers, l'Angleterre resta tranquillement en possession de ce territoire jusqu'en 1796. Le gouvernement anglais employa ces années de délais à ériger un palais de justice à Sandwich et des fortifications à Malden, ainsi qu'à s'attirer la sympathie de la population canadienne.
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LES CANADIENS DU MICHIGAN
Le clergé catholique le seconda dans cette entreprise. Bien que la paroisse de Ste-Anne fut comprise dans le diocèse de Baltimore, érigé en 1789, Mgr Hubert qui avait été mis- sionnaire à Sandwich de 1781 à 1784, avait donné ordre en 1789 de lire dans l'église, tous les ans, une lettre pastorale dans laquelle il disait : —
" Rappelez-vous la gloire que s'est acquise un respecta- ble citoyen que vous venez de perdre (Dupéron Baby) lorsque, secondé de votre courage, il rendit inutile les efforts dangereux d'une multitude de sauvages, et préserva le Détroit d'une ruine totale. Le zële que vous témoignâtes alors pour les intérêts du gouvernement, qui ne sont autres que les vôtres, est le même que vous 'devez montrer en toutes circonstances." /
Une lettre semblable était addressée aux Hurons, et devait être traduite par les interprètes Maison ville et Charles Réaume.
Cette propagandes avait- eu son effet, et lorsqu'ils furent appelés à le faire, en 1795, une cinquantaine d'habitants de la rive américaine' déclarèrent vouloir rester sujets anglais. Voici leurs noms : — Augustin Hamel, Laurent Maure, Frs. Bertrand, J. B. Péré, J. B. Montreuil, Frs. Primeau, Chas. Petré, Prisque Lanoux, Louis Barthe, B. Boete, J. Porlier, Frs. Rosette, Simon Brouillard, Basile Durocher, Joseph et Alexis Barrette, Noël Delisle, Chas. Chanoin, P. Delorme, Pierre Vallée, Chas. Poupard, Nicolas Boyer, Benoit Cha- poton, Antoine Chauvin, Jean Langlois, J. B. Barthe, J. B. Barthe, fils, Alex. Maisonville, fils, J. B. Bernard, Jos. Barrette, père, Robert Gouin, Louis Couture, Amable Latour, Jean Lagarde, Isaac Gagnier, Frs. Lenoir, Domini- que Brouillard, Baptiste Brouillard, père, Baptiste Brouil- lard, fils, et Philippe Bélanger.
Dautres transportèrent leur domicile sur la rive cana- dienne pour rester sous la domination anglaise.
Parmi les familles qui vinrent grossir la population du
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LE REGIME ANGLAIS
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Détroit durant cette période, la plun remarquable est cer- tainement celle des Baby.
Les quatre frères Baby, fils de Raymond, de Montiéal, avaient servi avec distinction dans l'Ouest sous les ordres du commandant du fort Duquesno, et après la conquête, <leux d'entre eux s'établirent h Détroit, Louis et Jacques. Ce dernier fit le commerce avec succès, s'acquit une grande fortune et beaucoup d'influence sur les habitants du pays. Le gouvernement le nomma même surintendant des Sau- vages. Il mourut en 1789. En 1796, madame Baby re- tourna à Québec. Trois de ses fils s'enrôlèrent dans l'armée anglaise et moururent à l'étranger.
Deux autres, François et l'ainé, Jacques Dupéron, res- tèrent à Sandwich. Ce dernier était né en 1762, avait fait ses études à Québec et avait visité l'Europe en 1783. Re- venu à Sandwich, il fut nommé membre du Conseil Exé- cutif du Haut Canada, lors de l'organisation de la province. En 1793, il s'exprimait ainsi sur sa position dans une lettre datée de la capitale : —
"Je suis retenu encore ici pour quelques jours par le Conseil Exécutif; je pars ensuite pour le Détroit. Le gou- verneur Simcoe a fait pour moi plus qu'il n'avait promis et plus que je n'avais lieu d'attendre. Il m'u donné une com- mission de lieutenant pour le comté de Kent, ce qui, comme vous le voyez, me met à la tête de notre petit pays. Son amitié et ses faveurs vont en augmentant. Hier, dans une longue conversation que j'ai eu avec lui, il m'a annoncé qu'il allait me nommer juge de la Cour des Plaidoyers Com- muns, et aussi de la Surrogate Court. La pensée que je puis être utile, particulièrement à nos pauvres Canadiens qui n'ont ici d'autre appui que moi, me porte h tout ac- cepter, quelque soient mes répugnances. J'ai déjà rendu plus d'un service à ces compatriotes, nonobstant bien des difficultés ; je suis à la veille de leur en rendre de nouveaux et de plus grands ; cela suflit pour m 'encourager."
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Parmi les autres familles dont nous voyons apparaître les noms aux registres, nous citerons les suivantes : —
Bèaufait — Louis Beaufait, né en France, vint à Détroit en 1761, et y épousa Thérèse de Marsac-Duroclier. Il devint juge de la Cour des plaidoyers commun du comté de Wayne en 1796, et occupa d'autres positions publiques par la suite. Son fils, Louis, né en 1773, 'onquit le grade de colonel dans la guerre de 1812.
OuELLETTE — Jean -Baptiste Ouellette, maître meunier, né en 1737, à Kamouraska, et fils d'un meunier de l'endroit, épousa Jeanne Potel, à Détroit, en 1765, et s'établit sur la rive canadienne.
Alexandre Ouellette, neveu du précédent, aussi né à Kamouraska, en 1754, épousa Angélique Bourassa, à Dé- troit, en 1781.
Cette famille descend de René Ouellet ou Hœlet, de St- Jacques-du-Haut-Pas de Paris, qui vint au Canada avant 1666. Dans le comté d'Essex, elle a joué un rôle très hono- rable, et elle est enc(»re une des plus riches de la la ville de Windsor. M. l'abbé Ouellette, du collège de St-Hyacinthe, appartient à cette famille.
Berthelet — Pierre Berthelet, médecin et citoyen éminent de Détroit, à cette époque, était né à St-Laurent de Mont- réal, en 1746. Il vint s'établir à Détroit vers 1770, et y épousa Françoise Meloche, puis en seconde noce, Marguerite Viger. Il retourna à Montréal vers 1795,lais8ant un de ses fils, Henri, établi à Détroit. Un autre de ses fils, Antoine, fut un des citoyens les plus éminents de Montréal, et son petit-fils, le Kev. P. F. A. Berthelet, jésuite, né à Détroit, en 1830, dirigea la construction de l'église du Jésu à Montréal, puis revint mourir à Détroit, en 1878.
Maras — Nicholas-Antoine Moras ou Morasse, dit Toini- chinx, fils de Claude Moras, originaire de St-Eustache, Paris, mais établi à Québec, épousa Marie-Anne Boyer, à
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Détroit, en 1773. Ses descendants possèdent encore de grandes propriétés aux environs de Détroit.
Paqeot — Joseph Thomas Pageot, de Charlesbonrg, épousa Marie-Louise Villers, à Détroit, en 1767.
Pratte — François Pratte, né à Trois-Riviëres, en 1744, épousa Elizabeth Parent, à Sandwich, en 1776. Ses des- cendants sont nombreux. Le nom de cette famille à l'ori- gine était Duprat.
QuESNEL — Jacques Quesnel, soldat, fils d'un fabricant de coton, de Dieppe, épousa Marguerite Morel après la con- quête. Il a fait souche.
RioPELLE — Ambroise Pierre Riopelle, de l' Ange-Gardien, épousa Thérèse Campeau, à Détroit, en 1766. Parmi ses descendants on compte Hyacinthe F. Riopelle, d'Ecorce, membre de la législature et juge, et M. Claude N. Riopelle, avocat de Détroit, qui a aussi été membre de la législature. Cette famille, originaire de St-Denis, île d'Oléron, France, vint en Canada, en 1670.
Trud EL-— François Trudel, marié à Marie Fauvel, en 1783, à Détroit. Ses descendants ont été du nombre des fonda- teurs de Bay City.
Vermet — Joseph Vermet, habitf^nt de la rive canadienne, forgeron, épousa Marie Campeau en 1780.
Antoine et Nicolas Vermet, neveux du précédent, se ma- rient aussi à Détroit en 1795.
Cette famille descend d'Antoine Vermet, venu à Québec en 1668, de St-!N"iquerre en Artois.
ViGER — Joseph Paschal Viger, qui épousa Angélique Morand à Varennes, en 1770, vint s'établir à Détroit vers ce temps ; et il y a fondé une famille qui compte encore des premiers négociants de Détroit.
Ne pas confondre avec les Viager ou Visgar, qui descen- dent d'un négociant hollandais, venu d'Albany à Détroit.
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Paré — Jean-Baptiste Paré, maître-charron, de Ste-Anne de Beaupré, épousa Marie-Françoise Pelletier, à Détroiv,, en 1765. Ses descendants habitent surtout le comté d'Essex,
Pitre — J. B. Pitre, acadien, épousa Marie St-Cosmo, à Détroit, en 1773.
Lemay — Théophile Lemay, armurier, venu de Montréal, épousa Desonges Peltier en 1764. Il a fait souche. Un de ses cousins, Pierre Lemay, vint le rejoindre vers 1770, et il a aussi laissé des descendants.
Mailloux— Joseph Mailloux et Amable Mailloux, orfeb- vres, cousins, s'établirent à Détroit peu après la conquête. Leur grand père Jacques Mailloux, marié à Claire Armand, était de Baure, en Brie, France, et vint s'établir à Québec vers 1669. Joseph épousa Thérèse Leduc en 1765, et Amable se maria à Isabelle Casse-St-Aubin. Leurs des- cendants sont nombreux et avantageusement connus.
Latour — Amable Latour, charpentier, et François, son frère, cordonnier, s'établirent à Détroit vers 1770, et ils y ont fait souche.
Leclerc — J. B, Leclerc, de St-Michel d' Yamaska, épousa Thérèse Catin, à Détroit, en 1791.
Michel — Nicolas Michel, marchand, de Nanc}', France, fils de Sébastien Michel, architecte des duc de Lorraine, épousa Marie-Césire, à Détroit, en 1769.
CoucHois — La famille Couchois, qui s'établit à Détroit vers 1776, descendait de Jean-Baptiste Couchois, voyageur, établi à Mackinac depuis 1725. Alexis et Louis Couchois ont continué la lignée. Jean- Baptiste Couchois, leur grand père, venait de Québec.
CofJRTOis — Charles Denis Courtois, né à Montréal,en 1744, vint s'établir à Détroit, étant encore jeune. Il se fit méde- cin à Ecorce. Il a laissé plusieurs descendants.
DuMoucHEL — Louis Vital Dumouchel, né à Montréal, en
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jorraiiie.
1745, vint à Sandwich vers 1772, et on 1773 y épousa Marie Madeleine Goyon. Il mourut à Windsor, Ont., en 1826. Un de ses petits fils fut le sénateur Léandre Dumouchel . Ses descendants dans le comté d'Essex occupent aussi des positions très honorables.
Jacques Allard, originaire de Charlesbourg.
Jacques André, né à Pavie, en Italie.
Jean-Marie Arsenau, dit Durant, marchand.
Alexis Arcouet qui épouse Marguerite Latbrest le 12 novembre 1770.
Paul Armand, épouse Marie-Joseph Parmier, le 8 jan~ vier 1791.
Joseph François Auclair, originaire de Charlesbourg, épousaGeneviëve Comporet, le 13 décembre 1794.
Philippe Bélanger, originaire de Québec.
Joseph Berthiaume, né à Montréal, ancien voyageur.
Joseph Bertrand, qui épousa Angélique Bernard, à Dé- troit, en 1794.
Jean-Baptiste Bertrand venu à Détroit vers 1770.
Jean Biguet, né à Longueuil, établi à Détroit avant 1778.
Jean-Marie Dubé, établi au Grand Marais, était né à St- Roch.
François Dubois, arpenteur, et Etienne Dubois, deux frëres, établis à Détroit avant 1790, ont laissé des descen- dants qui sont encore très riches.
Julien Duhamel, fils d'un capitaine de vaisseau, épouse en 1780, Marie Crête, fille de J. B. Crête, menuisier, venu lui aussi à Détroit vers 1775.
Pierre Dumay, originaire de St-Antoine de Tilly.
Isaac Gagné, de St-Thomas de Montmagny, épousa Marie-Louise Vallée, à Détroit, 1775. Il était maître ton- nellier.
Jean François Gobeil, maîtite menuisier, s'établit à Dé- troit vers 1782. Ses descendants portent le nom de Goby.
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LES CANADIENS DU MICHIOAN
Pierre GosBelin, maître charpentier, de Québec, épouse Marguerite Caron en 1771.
Louis et Laurent Griffard, de St-François du Sud, étaient à Détroit des 1765, où ils se sont mariés.
Antoine Guérin dit Dauphin, de St-Quentin, île de France, vint à Détroit vers 1770, après avoir vécu à Montréal 20 ans.
Toussaint et Joseph Hunault, vinrent à Détroit du Mis- souri, vers 1766. Quelques-uns de leurs descendants portent le nom de Deschamps.
Charles Janson dit Lapalme, forgeron, venant de Québec, s'établit à Détroit en 1765.
Joseph Jobin, de Verchères, établi à Détroit en 1784.
Etienne Langeron dit Lafontaine, de Bourgogne, épouse Catherine Casse en 1768.
Pierre Laplante, établi à la coulée des Renards, avant 1770.
J. B. Larue, de Basse-Guyenne, épouse Elizabeth Bureau à Détroit en 1770.
Louis Courtin, boulanger, de Québec, vint à Détroit avec sa famille en 1767.
François Contant, épouse Angélique Brillant à Détroit en 1781.
François Ignace De Couagne, venu à Détroit avec sa famille en 1766.
Pierre Doucet, originaire de Québec. '
Jean-Baptiste Binet, né à Beauport, épouse Marie Lacoste en 1770.
Jean-Baptiste Bissonnet, originaire de Soulanges.
Pierre Borgia, maître forgeron, originaire de la Provence.
Jean Bourgoin, de Bosse, en Guyenne.
Louis Buffet, de rile-de-Rhé,> marchand.
Antoine Cadéron, de la Franche Comté.
Joseph Cadet, né à Montréal.
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CHAPITRE XIV.
LE REaiME AMERICAIN.
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En 17t6, les Américains prirent formellement possession fie la ville de Détroit, et l'année suivante ils allèrent hisser leur drapeau sur les forts de Michilimackinac et du Saut Ste-Marie.
Les autorités militaires furent suivies de prës par les autorités ecclésiastiques, représentées par M. l'abbé Rava- doux, vicaire général de l'évêque de Baltimore. Après s'être rendu compte de la condition du pays, l'abbé Rava- doux retourna à Baltimore, et en 1*798, les abbés Jean Dilhet et Gabriel Richard, furent envoyés au Michigan. Le premier se fixa à Monroe, appelé alors Frenchtown, où une chapelle existait depuis 1788, et où on comptait plus de cent familles. Il retourna en France en 1805.
L'abbé Gabriel Richard, nommé vicaire-général, devait être pendant quarante ans l'un des premiers citoyens de ce pays. Ce prêtre, remarquable sous plus d'un rapport, était né à Saintes, France, le 15 octobre 1764. Il descendait^ dit-on, d'une famille alliée à Bossuet. Après avoir fait ses études théologiques au séminaire d'Angers, il entra au séminaire de St-Sulpice et fut ordonné en 1791. On était à la veille de la Terreur, et dès l'année suivante il dut cher- cher un refuge aux Etats-Unis. Il fut d'abord destiné à l'enseignement des mathématiques dans le collège naissant de Baltimore, mais Mgr. CarroU décida bientôt de l'envoyer comme curé à Kaskaskia. Il était encore à ce poste, lors-
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qu'il fut nommt'^ h la cure de Ste-Anue. On évaluait alors la population de cette paroisse à 1800 seulement.
La population de la paroisse de G<*ndwich qui restait sous la jurisdiction de l'éveque de Québe<î, ne devait pas être moins de mille /Imes à cette époque. Les évêciues de Québec y entretinrent continuellement un missionnaire, et en 1801, Algr. Denaut vint même y faire une visite pastorale.
En passant sous la domination américaine, les colons canadiens devenaient citoyens et électeurs du territoire du Nord-Ouest. La première élection eu lieu en 1799, pour choisir trois députés à la législature. François Chabert de Joncaire, Jacob Visgar, hollandais, et Salomon Sibley furent choisis. Parmi les candidats défaits se trouvait Louis Beaufait, fils. Une bonne partie des Canadiens, avec leur générosité ordinaire, votèrent pour les candidats Anglais. ' Il n'y avait que 37 électeurs de langue anglaise.
Sur une liste des habitants dans l'enceinte du fort en 1805, nous trouvons 57 noms français et 123 noms étran- gers. Il n'y avait encore que cinq ou six cultivateurs anglais demeurant en dehors du fort.
Cette année 1805 toutes les maisons dans l'enceinte, à l'ex- ception de deux, furent détruites par un incendie. Parmi ceux qui subirent des pertes, on cite Joseph Thibault, mar-
' Les Canadiens qui flgarent sur la liste des électeurs en cette occasion sont :— Joseph Thibault, Frs. Bellecourt, .T. B. Cicot, T. Peltier, Baptiste et Joseph Delislci Toussaint i ' T)e!, Robert Navarre, Alexis Peltier, Joseph Thibault, Louis Beaufort» José Voyer, Simon Campeau, Jacques Pelletier, C. F. Girardin, Louis Desaulniers, Pierre Navarre, Frs. Grobeil, Jacques Laselle, Charles Rouleau, André Berthiaume» Louis Bourassa, D. Bondy, Joseph Bondy, Antoine Barron, Chas. Peltier, Louis Bourdignon, Louis Gamelin, Antoine Moras, G. et Robert Marsac, Jos. Bernard, Jacques (rirardin, Charles Gouin, Alexis Labady, Frs. Durocher, Pierre Dumais, Louis Beaufort, fils, Baptiste Tremblé, Gabriel St-Aubin, Louis Chapoton, Jacques Chauvin, Charles Rivard, Louis Bernard, Louis Pérault, Baptiste Peltier, Micbel Rivard,. François Marsac, Noël Chauvin, J. B. Rivard, Louis V. Laferté, Gabriel 8t-Aubin, J. B. Çampeau, Pierre Rivard, René Mété, Jos. Lorain. Louis Laferté, J. B. Deplene, Ant Vermet
LE RKdlME AMKRICAIN
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chaud, £7,711 ; F. Godefroy, tilrt, £850 ; Josopli Voyer, £800 : Aug. Laf'oy, £800; .îacqnos Girardin, £400 ; riorro J. Doenoyers, £392; IMcrre Audniin, £650; l'abbé (}al»nc'I Richard,"£250.
L'église Ste-Anne, qui avait été restaurée en 1709 au coût de ^3,000, était au nombre des édifices détruits. M. le curé Richard célébra la messe sous une tente d'abord, puis dans un magasin appartenant à M. Meldrum, et ([ui se trouvait au pied de l'avenue Woodward.
Lorsqu'il s'agit de reconstruire, dos difficultés s'élevèrent entre le curé, les autorités civiles *.< les paroissiens au sujet du choix de l'emplacement et du tr:uis[>ort de l'ancien cime- tière qui se trouvait au cœur m'orne de la ville. Lu division alla jusqu'au schiime. Une ^-artie de? paroissiens décla- rèrent l'indépendance et construisirc it une chapelle sur la ferme d'un Américain nommé Mt-b^iers.
Ces difficultés durèrent une douzaine d'années. M. Richard n'en était pas moins actif. Nous le vjyons figurer comme chapelain du premier régiment de milice, et du con- seil exécutif du territoire. En cette dernière qualité il prêcha souvent devant les anglais et les protestants.
Il se dévouait aussi à l'œuvre de l'instruction. Il .^vait établi deux écoles, l'une pour les garçons et l'autre pour le» filles. L'incendie ayant ruiné ces institutions, il s'adressa en 1808 au gouvernement pour obtenir la permission d'éta- blir une loterie pour le support des écoles. Il représente qu'on donne dans ces écoles une instruction commerciale aussi bien que classique. Cette permission ne fut pas accordée.
Il tourna alors son attention d'un autre côté, et en 1809 il fit venir une presse à irrprimer de Boston, la première qui ait été établie dans l'Ouest. Le premier numéro d'un recueil périodique, Michigan Essay or Impartial Observer, sortit de cette presse le 31 août 1809. C'était un journal de quatre pages, de quatre colonnes chacune. Il n'y avait
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qu'une colonne de français. Il ne parut que deux ou trois numéros de ce journal, mais M. Richard fit imprimer plu- sieurs livres de prières, dant le besoin se faisait sentir parmi ses paroissiens.
Cette imprimerie se trouvait dans la maison de Jacques Laselle, qui vivait sur la ferme qui a porté depuis le nom de Stanton, à Springwells.
Par un acte du Congres en date du 11 janvier 1805, le Michigan avait été érigé en territoire séparé, et l'adminis- tration en avait été confiée à un conseil exécutif dont Wil- liam Hull, gouverneur, était le chef. Détroit en était la capitale.
Ce fut le commencement du rëgne de la loi. Les titres des colons aux terres qu'ils habitaient furent confirmés après enquête et un code de loi fut édicté.
Comme les Canadiens ne parlaient pas encore l'anglais, les législateurs firent publier leurs ordonnances en français. Deux Français qui étaient venus en Amérique pour parti- ciper à la fondation de la république modèle de Galliopolis, sur rOhio, rendirent d'importants services aux habitants. Le premier, Pierre Audrain, occupait la position de secré- taire du Conseil exécutif. L'autre, Pierre-Joseph Desnoyers, juge-de-paix, fut l'homme d'aifaires des Canadiens. Il épousa Marie-Rose Gobeille en 1799.
Le recensement fédéral des Etats-Unis, fait en 1810 ne donne pour tout le Michigan qu'une population de 4,762, dont 3,206 pour le comté de Wayne. Cependant les regis- tres des naissances et des décès de l'église Ste-Anne indi- quent que la population de la paroisse se doubla de 1790 à 1810, et le chiffre annuel des naissances qui atteint 185 et 190, porte à croire que la population catholique de cette paroisse seule dépassait 3,000.
A cette époque la région du lac Supérieur était encore en la possession des traiteurs de pelleteries, et n'était guère parcourue que par les Canadiens, qui continuaient à surpasser
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tous leurs concurrents, grâce à leur expérience, à leurs apti- tudes pour cette vie et surtout aux sympathies que le nom Français inspirait encore aux indigènes.
Alexander Henry, le premier Anglais qui tenta de faire la traite sur les grands lac du ISTord après la conquête, avait fini par s'associer à Jean-Baptiste Cadotte. PIuf tard Peter Pond et les Frobisher, de Montréal, furent admis dans cette société, qui en 1784, prit le nom de Compagnie du Nord- Ouest.
Ainsi appuyés par les capitaux des marchands anglais de Montréal, les trappeurs canadiens rétablirent les relations qui unissaient le Nord-Ouest au Canada du temps de la domination française.
La Compagnie du Nord-Ouest dont les opérations s'éten- dirent jusqu'au Pacifique, n'eut jamais le monopole de la traite. Les monopoles avaient cessé avec le régime fran- çais, et une foule de traiteurs libres faisaient la concurrence dans la mesure de leurs forces à la puissante compagnie. C'étaient en grande partie des Canadiens de Détroit où de la colonie de St-Ignace. Souvent ces traiteurs trouvaient plus avantageux de se mettre à l'emploi de leur puissante rivale. Dans tous le3 cas ils pouvaient s'approvisionner de marchandises à meilleur marché à Montréal, en passant par l'Ottawa qu'ils n'auraient pu le faire à Détroit.
La Compagnie du Nord-Ouest a\ ait établi ses magasins au Saut Ste-Marie, où elle avait fait construire une scierie. La compagnie avait même commencé un canal pour faire passer ses bateaux du lac Huron sur le lac Supérieur.
A côté de la Compagnie du Nord-Ouest un jeune Irlan- dais de bonne famille, John Johnson, était venu s'établir et avait mis sa fortune dans le commerce des fourrures. Avant épousé la fille d'un chef sauvage, Johnson eut bientôt acquis un(j grande réputation parmi les tribus. Son commerce prospéra rapidement, et il eut jusqu'à deux cents voyageurs canadiens à son service.
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Une autre société dont nous avons déjà parlé s'était formée à Michilimackinac, et avait pris le nom de Compagnie de Mackinaw. Ses magasins sur l'île Mackinac, étaient devenus le centre d'un village important et prospère.
Le major Caleb Swan, qui le visita en 1797, dit : " Le vil- lage se compose de deux rues d'environ un quart de mille de longueur. H y a une chapelle catholique, quatre-vingt- neuf habitations et des magasins. Plusieurs de ces con- structions sont grandes et de belle apparence : toutes sont blanchies à la chaux, ce qui donne un magnifique coup d'œil quand on arrive par le lac. A une des extrémités du vil- lage il y a la demeure du commandant, érigée par les An- glais. Elle est très spacieuse et bien finie.
" Ce détroit est le seul passage pour atteindre le com- merce lucratif des fourrures, qui se fait exclusivement par des sujets anglais de Montréal. Les canots approvisionnés par les commerçants partent de Michilimackinac générale- ment vers le mois de juillet, et il reviennent durant l'été suivant. Ils y rencontrent les canots venus de Montréal avec les marchandises. Il y a échange de cargaison entre les deux flottes et chacune retourne d'où elle est venue."
Ce n'est qu'en 1809 que M. John Jacob Astor organisa r American Fur Company, qui en 1811 absorba la Compa- gnie de Mackinaw.
Parmi les traiteurs de cette époque quelques-uns méritent une mention particulière.
Jean-Baptiste Perreault, né à Québec, vint dans l'Ouest dès 1783. Il possédait une bonne instruction et dès le début de sa carrière il se fit remarquer. Employé d'abord dans le "Wisconsin et l'Illinois, il se mit au bout de quelques an- nées à faire la traite pour son propre compte sur le lac Supérieur, aux environs d'Ontonagon. Il amassa une petite fortune et se retira au saut Ste-Marie ou l'historien américain Schoolcraft le rencontra vers 1828. Perreault enseigna le français à cet écrivain et lui fournit la matière
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d'un chapitre sur ses aventures de 1783. En 1834, Jean- Baptiste Perreault fait bénir son mariage avec Marianne Gendron à Mackinaw. Il mourut en 1844, laissant des bien considérables qui n'ont pas été reclamés par aucun héritier.
Alexis Laframboise, fils de Jean-Baptiste Laframboise, de Trois-Rivières, le véritable fondateur de la ville de Milwau- kee, était établi à Michilimackinac avant 1785. En cette année il établit un poste de traite sur le site de la ville de Milwaukec. Il confia ce comptoir à un de ses frères, qui le maintint jusqu'à 1803. Alexis revint à Mackinaw où il épousa en 1792, Marie-Josephte Adhémar, originaire de Détroit. De ce mariage il eut trois fils, Claude, Alexis et Lafortune, qui ont fini par s'établir à Chicago.
Stanislas Chapeau, commis de Laframboise, s'enrôla dans les troupes anglaises en 1812. Après la guerre il alla se fixer sur la rivière Menomenee, à quelques milles de son embouchure. Il fit la traite en cet endroit jusqu'à l'épo- que de sa mort, en 1854.
Jean-Baptiste Mirandeau, originaire de Montréal, vint au Michigan vers 1780. Il visita l'endroit où s'élève au- jourd'hui Milwaukee, fit la traite sur le lac Supérieur, puis se fixa pendant quelque temps à Mackinaw, où il épousa une Sauvagesse, en 1789. Il se mit forgeron par la suite, et fut employé par les troupes américaines du fort Dear- born, aujourd'hui Chicago. Durant la guerre de 1812, il prit néanmoins fait et cause pour l'Angleterre, et il fut arrêté par les Américains à Mackinaw, sous l'accusation d'avoir fourni des armes aux Sauvages hostiles à la Répu- blique. Les Sauvages, qui l'aimaient beaucoup, obligèrent le commandant américain à le remettre en liberté. Miran- deau alla enfin fixer sa tente à Milwaukee, trois ans avant l'arrivée de Solomon Juneau, et en 1819, il fut inhumé sur l'emplacement ou s'élève aujourd'hui l'hôtel doj postes.
Charles Gauthier de Vierville, qui portait les titres d'in-
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terprëte du roi et de lieutenant, à Mackinaw, dès 1777, garda cette position jusqu'à 1793. Il laissa Michilimacki- nac en 1798, pour aller s'établir à la Praire-du-Chien, où il mourut en 1803. De son mariage avec Madeleine Cheva- lier, il eut plusieurs fils. L'un d'eux, Charles, devint un des premiers commis de la Compagnie du Nord-Ouesti II épousa une Sauvagesse. En 1803 et 1805, il avait charge d'un poste au Lac du Flambleau, près des sources de la Menomenee, et il recevait un traitement de £2^000 par an .
Laurent Ducharme, établi à Michilimackinac avant 1760, avertit les Anglais en 1763 de la conspiration qui se tra- mait parmi les Sauvages. On ne voulait pas le croire, mais pour le récompenser, plus tard, on le nomma agent des Sauvages à Milwaukee. Il était à ce poste en 1777 et contribua à soulever les Sauvages en faveur de l'Angleterre. Il fut l'un des Associés de la Compagnie de Mackinaw.
Jean-Marie Ducharme, frère du précédent, le suivit dans l'Ouest, et fut aussi un des associés dans la Compagnie de Mackinaw. Eu 1779, il entreprit d'aller faire la traite dans le Missouri, mais les autorités espagnols le firent mettre en prison, et il faillit même être pendu, sous accusation d'avoir soulevé les Sauvages. Ayant réussi à prouver son inno- cence il revint à Michilimackinac, résolu de se venger. Avec le concours des autorités anglaises, il organisa une ex- pédition contre St-Louis, qu'il emporta d'assaut et livra au pillage. Jean-Marie Ducharne revint à Lachine en 1800, et y mourut trois ans plus tard.
Joseph Ducharme, de la même famille, après avoir par- tager les courses de ses frères, s'établit à Détroit où ses en- fants ont fait souche.
Dominique et Paul Ducharme, fils de Jean-Marie, se fixèrent dans le nord du Wisconsin. En 1821, ils récla- maient une étendue de 640 acres de terre sur le portage du Grand Kakalin, sous prétexte qu'en 1793, ils l'avaient achetée des chefs Sauvages pour deux barils de rhum.
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Pierre Grignon, bien connu comme pionnier de Green Bay, ëtait associé dans la Compagnie de Mackinaw.
Jean-Baptiste Cadot, s'occupa de la traite jusqu'à 1796. Il avait un poste à La Pointe, sur la baie Chegouamigon, et voyageait entre ce fort et le Saut Ste-Marie. En cette dernière année il " se donna à rente," suivant la coutume du Bas-tanada, et ses deux fils, Jean Baptiste et Michel, le supportèrent jusqu'à l'époque de sa mort, survenue vers 1803.
Jean-Baptiste Cadot, fils, mourut en 1818. Kous n'avons pas de renseignements sur son compte,
Michel Cadot devint associé de la Compagnie du Kord- Ouest, et en 1804 il possédait encore le poste de La Pointe.
Dans le journal de François Malhiot, qui hiverna auLac- au-Flambeau en 1804, il est question d'un " petit Cadot " qui conduisit rondement la lutte avec les agents des compa- gnies rivales. Malhiot dit :
"Le petit Cadot est d'une grande capacité avec les na- tions. Il s'est 'donné un tourment extraordinaire. Il leur disait devant Lalancette même : 'Ne traitez pas avec lui ; il savait que vous jeûniez et il n'a pas daigné vous apporter un seul grain de blé ; c'est un cochon! il fait un dieu de son ventre. Il verra crever les Sauvages avant que de leur donner un verre d'eau.' Cet enfant promet beaucoup ; il a de très bons sentiments, il est poli, posé, ménager. Il lit aussi bien qu'un enfant de quatre ans d'école. Il sait ses prières, son catéchisme ; enfin, encore un pas, et il est un prodige."
Les descendants des Cadot se retrouvent sur le Missouri et sur la Saskatchewan. Les voyageurs américains ont édifié plus d'un roman sur leur compte.
François- Victoire Malhiot, frère de feu l'honorable F.-X. Malhiot, de Boucherville, vint au Michigan en 1791 à l'âge de quinze ans. Il fut envoyé cinq ans plus tard sur la rivière Rouge. En 1804 nous le retrouvons sur le lac Supérieur.
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En 1807 il retourna au Canada. Il mourut à Contrecœur en 1840. Son journal de 1804, publié dans " Les Bourgeois du Nord-Ouest," nous donne une idée graphique de la vie des traiteurs de cette époque.
Le fort du lac au Flambeau était occupé depuis plusieurs années par la Compagnie du Nord-Ouest. C'était un fort de pieu avec bastion. Malhiot le fit reconstruire en bois scié, et fit ériger une maison de vingt pieds en pièce sur pièce. Il dût faire bûcher 70 cordes de bois pour son hiver, et le printemps venu il fit semer huit barils de patates et du maïs, la récolte devant servir pour la nourriture des voya- geurs, l'hiver suivant. Tous ces travaux étaient fait par les voyageurs, entre deux courses dans les bois. La concur- rence était si vive entre les diverses compagnies, qu'il fallait pour ainsi dire saisir les peaux entre les mains des Sauvages aussitôt après le coup de fusil.
Malhiot dit qu'on le fait passer pour MacGillivray, le bourgeois, et il ajoute : " Si je me trouve honoré de passer pour le frère du premier agent du Nord, en revanche qu'ils ne se croient pas rétrogrades en rien, ni avilis, car je suis fils d'un respectable gentilhomme et suis riche de sentiment et d'honneur."
Cette supercherie servait du reste à en imposer aux Sau- vages. Mais c'est surtout par les présents et par l'eau-de- vie,qu'on distribuait à profusion, que les traiteurs comptaient pour se faire bien voir. Un costume de chef ou un drapeau donné à un Sauvage influent était aussi d'un excellent effet. Mais de l'abus du rhum naissait un danger. Non seule- ment les uauvages négligeaient la chasse et devenaient ainsi incapables de payer les marchandises qui leur avaient été vendues à crédit, mais encore ils devenaient querelleurs, et ne reculaient devant aucune violence. Durant les courses de ses hommes dans les bois, Malhiot restait avec un seul compagnon dans le fort, et souvent il avait à répondre à quarante ou 'cinquante Sauvages pris de boisson. A un
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moment donné il lui fallut se barricader et les Sauvages, au nombre d'une centaine, firent le siège du fort pendant quatre jours, durant lesquels Malhiot et son commis ne purent prendre un seul instant de repos. S'être endormi aurait été se livrer à une mort certaine. Durant ce temps-là il était impossible de faire la pêche et la seule nourriture de nos deux Canadiens était une espèce de riz des lacs qu'ils appelaient " folle avoine." Malhiot résume exactement la vie des trai- teurs dans ces quelques mots :
" Manger peu, travailler beaucoup, quelques fois malades, incertains de faire des retours, reproches à craindre, inquié- tudes pour les efiets au deho'^s, des Sauvages à contenter et des adversaires à surveiller."
Et cependant cette vie avait des attraits puisque chaque année quelques centaines de Canadiens partaient de la pro- vince de Québec pour s'y engager.
Lorsque la guerre de 1812 éclata tous ces voyageurs n'ayant jamais eu de relations avec les autorités américaines, prirent naturellement fait et cause pour l'Angleterre.
Le premier coup fut organisé au Saut Ste-Marie, où les Américains n'avaient même pas nommé un commandant. Le capitaine Roberts, de l'armée anglaise, commandait le poste de l'île St-Joseph, à l'entrée du lac Supérieur. Il se consulta aussitôt avec les représentants de la Compagnie du Nord-Ouest et avec Johnson. Ce dernier mit une centaine de ses voyageurs à la disposition du capitaine Roberts et la Compagnie du Nord-Ouest en fit autant. Les Canadiens furent divisés en trois compagnies. Parmi les chefs se trouvait Toussaint Pothier, " le beau Pothier, alors l'un des associés de la Compagnie du Nord-Ouest, plus tard membre du Conseil Législatif du Bas-Canada et seigneur du fief Lagauchetière. Il avait le grade de major dans cette expé- dition. Jean-Baptiste Nolin, un des premiers compagnons de Cadotte au Saut Ste-Marie, avait le grade de capitaine, et Joseph Rolette, le pionnier de Prairie-du-Chien, Joseph
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Porlier, de Green Bay, Paul Lacroix et Xavier Biron agis- saient comme lieutenants. Les Sauvages, au nombre de quatre cents, étaient sous les ordres de Charles Langlade, fils du pionnier de Green Bay, de Michel Cadot, d'Augus- tin Nolin, fils de Jean-Baptiste, et de John Askin. Ces chefs maintinrent une discipline si sévère que la propriété et la vie des habitants de Michilimackinac forent absolu- ment respectées, après que la garnison se fut rendue sans coup férir.
Cette garnison se composait d'une seule compagnie. On y trouvait plusieurs Canadiens, entre autres Joseph Vail- lancourt, sergent, î^oel Bondy, caporal, Joseph Facier, Jean Vaillancourt et Henri Vaillancourt, âgé de neuf ans, musi- ciens, Pierre Bourdon, Pierre Lebourdeux, Joseph LeVas- seur, Jean-Baptiste Perreault, Antoine Robillard, François Vaillancourt et Antoine Sanspitié. Tous ces Canadiens avaient été enrôlés à Michilimackinac même.
A Détroit les Canadiens se trouvèrent aussi divisés par la guerre. M. l'abbé Richard donna l'exemple de la loyauté aux Etats-Unis ; et il prit une part si active au mouvement pour l'enrôlement des volontaires, que les Anglais le firent emprisonner pendant quelque temps à Sandwich, après la prise de Détroit.
Le colonel Salomon Sibley, dans une lettre qui a été con- servée, disait à un ami que les Sauvages de Tecumseh avaient l'intention d'attaquer Détroit avant même que l'An- gleterre eut déclaré la guerre aux Etats-Unis, et que les habitants canadiens avaient été avertis de rester passifs.
Quoiqu'il en soit, dès le mois de juillet 1812, nous voyons que Denis Campeau, J. B. Piquette, Pierre Desnoyers, Joseph Campeau, Henri Berthelet, Barnabe Campeau, Antoine Dequindre et Pierre Audrain, étaient au nombre de ceux qui souscrivirent pour acheter de la poudre aux habitants de Détroit, dans l'intérêt des Etats-Unis.
Le lieutenant-colonel François Navarre, son fils, Robert
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Navarre, et son neveu, Pierre Navarre, s'enrôlèrent sons les ordres du général Hall, qui venait prendre le commande- ment de Détroit.
Hyacinthe Laselle, nevev des marchands de Détroit, alors établi à Détroit, forma une compagnie d'éclaircurs montés, et servit durant toute la guerre avec distinction. Il se retira en 1815 avec le grade de major-général des milices. Il est mort à Logansport, Indiana, en 1848.
A Détroit même, des compagnies de volontaires cana- diens furent organisées par les capitaines François Sicotte, Antoine Beaubien et Antoine Dequindre, dès le commence- ment de la guerre. La compagnie du capitaine Dequindre se composait de Louis Peltier et Isidore Peltier, sergents — François Gabrielle, Pierre Barnard et Louis C. Bonet, capo- raux ; Pierre Bourgoin, Joseph Chevalier, Joseph Cadoret, Charles Cadoret, Paul Dufaux, Charles Dupuis, François Deslauriers, Louis Dupré, Antoine Desmarchais, François Dupré, Joseph Gadois, Jean Godfroy, Pierre St-George, Louis Lièvre, Charles Lièvre, Chas. Lièvre , fils, Jean Louis, Jean Mercier, François Métivier, Thédore Métay, François Peltier, Antoine Plante, J. B. Thibeaudeau, Elle et Isaac Ouellette, et Antoine Vermette, tué près de Browston, le 9 août 1812.
Le capitaine Antoine Dequindre conquit le grade de ma- jor durant cette guerre. Né en 1784, il est mort à Détroit vers 1850, laissant de grandes propriétés. Une des rues de la ville porte son nom.
Le capitaine Antoine Beaubien, devint lieutenant-colonel. Il ayait une terre près du centre de la ville, qui est aujour- d'hui traversé par la rue Beaubien. C'est lui qui a donné l'emplacement ou s'élève aujourd'hui le couvent des Révé- rendes dames du Sacré-Cœur.
Le capitaine François Cicotte, fils de Jean-Baptiste Ci- cotte, lieutenant, né en 1779, épousa Félicite Pelletier. Il fut le père de M. Edouard Cicotte, bien connu des anciens.
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Sur la rive canadienne, les colons se montraient aussi actifs pour la cause de l'Angleterre. Jacques Dupéron Baby, avait été nommé commandant en chef des milices canadiennes. Secondé par le lieutenant-colonel François Baby, son frère, ils réussirent à mettre en campagne, dit-on, quatre cents volontaires Canadiens-français, qui contri- buërent beaucoup à la prise de la ville de Détroit par le général Brock, le 16 août 1812.
Jacques Baby, en récompense de ses services, fut nommé inspecteur-général du Haut-Canada en 1816; il alla alors demeurer à Toronto, où il mourut en 1833. Ses enfants revinrent se fixer dans le comté d'Essex. L'un de ses fils, Raymond, a été shérif du comté de Kent.
Après la capitulation de Hull, la seule armée américaine dans l'Ouest était celle du général Harrison, qui prit ses quartiers d'hiver à Franklinton, Ohio. Les habitants de French-town, sur la rivière Raisin, se trouvèrent expo- sés, sans défenses, aux incursions des troupes anglaises et de leurs alliés sauvages. Ils firent appel au général Harrison, qui envoya le général Winchester à leur secours. Celui-ci dispersa les bandes ennemies et établit son camp à French- town. Pierre Navarre et les autres habitants qui s'étaient faits éclaireurs pour les Américains, avertirent Winchester que les Anglais se préparaient à reprendre ce poste. Win- chester, et ses ofliciers, qui accusaient les Canadiens de pac- tiser avec l'Angleterre, ne voulurent pas écouter les con- seils de ces hommes d'expérience. Le 21 juin, le général Proctor surprit les troupes de Winchester et les mit com- plètement en déroute. Les habitants avaient combattu avec courage du côté des Américains. Leurs maisons furent incendiés par les Sauvages, et ils n'échappèrent à un massacre général que par la fuite.
La colonie canadienne de Frenchtown ne se releva de cette catastrophe que dix ans plus tard.
Pierre Navarre, qui avait joué un rôle si important dans
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ces événements, se retira à East Toledo, où il mourut le 21 mars 1874. Il fut inhumé dans l'église canadienne dont il avait été un des principaux bienfaiteurs.
Les Canadiens se signalèrent encore à plusieurs reprines durant cette guerre, soit au service de l'Angleterre ou des Etats-Unis. En 1814, le lieutenant-colonel McDonald, qui commandait pour les Anglais, à Alichilimackinac, enrôla encore près de deux cents Canadiens, qui allèrent s'emparer du fort américain à la Prairie-du-Chien. Les capitaines Joseph Rolette et Augustin Grignon, les lieutenants Porlier et Brisebois, et Joseph Rainville, interprète des Sioux, furent les principaux chefs de cette expédition, dont le com- mandement général avait été confié à colonel McKay.
Cette même année, trois compagnies de volontaires cana- diens, sous les ordres des capitaines Joseph Marsac, Bondy et Campau, prirent part à une expédition organisée par les Américains pour reprendre le Saut Ste-Marie et Mackinaw. Le premier de ces établissements fut réduit en cendres, mais les Américains furent repoussés à Mackinaw.
Pour ce venger des pertes qu'il avait subies durant la guerre, John Jacob Astor ût passer une loi défendant aux étrangers de faire la traite des fourrures sur le territoire des Etats. Bien souvent violée, cette loi n'en fut pas moins d'un grand avantage pour la Compagnie Américaine des Pelleteries, qui fit de grandes afïair'es à Michilimacki- nac jusque vers 1840. En 1 820 la compagnie fit ériger sur l'île de magnifiques bureaux, qui ont depuis été transfor- més en hôtel pour les touristes. On y voit encore les livres de la Compagnie des Pelleteries. Mackinaw se développa beaucoup grâce à l'influence de cette compagnie. En 1820, Schoolcraft y compta 150 maisons, et une population per- manente de 450 âmes. L'élément canadiens-métis y domi- nait de beaucoup.
L'établissement du Saut Ste-Marie au contraire n'avait pas fait beaucoup de progrès. On y comptait pas plus d'une quinzaine de maisons.
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La population <lu Michigan, d'après l'énumération offi- cielle faite en 1820, ne comptait que 8,896 habitants. Sur ce nombre il y avait tout au plus un mille ou quinze cents personnes d'origine britannique.
Les Canadiens de Détroit commençaient à s'établir sur tous les points de la péninsule inférieure du territoire, sur- tout pour faire la traite et la pêche.
En 1814 les Américains érigèrent le fort Gratiot, près de l'emplacement où s'élève aujourd'hui Port-Huron. Plu- sieurs familles canadiennes étaient déjà fixées en cet en- droit, surtout celles d'Anselme Petit, Jacques et Louis Campeau, Louis Moran, François Boyer, François Lari- vière et Baptiste Gervais. Le premier plan du village de Port-Huron fut fait par Edouard Petit, fils d'Anselme, plus haut nommé. Edouard était né à la Grosse-Pointe, près de Détroit en 1813. Il devint juge de paix, puis greffier du village. Il vivait encore il y a quelques années. Toute une chaîne de postes de traite avaient aussi été établis depuis Dé- troit jusqu'à l'embouchure de la rivière St-Joseph, aux en- droits ou s'élèvent aujourd'hui Ypsilante, Ann Arbor, Jackson, Battle Creek, Gull Prairie, Kalamazoo, South Bend, Niles et St-Joseph, ainsi qu'à Muskegon et sur la rivière Saginaw.
Louis Campeau était l'un des plus riches traiteurs de cette région. On dit qu'il eut jusqu'à 1,000 chevaux sur ses terres, près de Détroit. En 1819 il faisait son commerce sur la rivière Saginaw avec Henri Campau et Benoit Brunel. Lorsque le général Cass acheta ce territoire des Sauvages, il devait recevoir 11^15,000. Un traiteur américain du nom de Smith intrigua pour lui faire perdre cette somme. Pour se venger, Campau enivra les Sauvages et les envoya atta- quer le fort de Smith, qui dut prendre la fuite. En 1826, Louis Campau acheta une terre ou s'élève aujourd'hui la ville de Grand Rapids et y érigea la première maison. Il finit par se ruiner par sa prodigalité, et en 1883 les citoyens
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de Grand Rni>id8, qui le consid^^raient comme le fondateur de leur ville, lui firent cadeau d'une bourse de ^1,000. Il mourut peu de temps aprë«.
Joseph et Mëdard Tremblay vinrent ensuite s'établir sur la rivi^re Saginaw, à l'endroit ou s'élève Bay City, «lont ils construisirent les premières maisons. Ils y furent rejoints par leur oncle et Léon Tremblay, et par Jacob Graverat en 1830, par Jean-B. Trudel, leur beau-frère, en 183 I, et par Joseph Marsac en 1838.
Joseph Tremblay, né h la Grosse-Pointe en 1809, avait d'abord fait la traite pour le compte delà compag^nie Astor. [i fut employé ensuite pour enseigner l'agriculture aux Sau- vages de la vallée du Saginaw. En 1832 il prit part à l'ex- pédition du gouverneur Cass contre la tribu de Black Hawk. En 1843 il acheta du gouvernement une étendue considé- rable de terre à l'embouchure de la Saginaw et fonda le village de Bangor, que ses descendants habitent encore. Il avait épousé Sophie Chapoton à Détroit en 1837. Il est mort à Bay City Ouest le 21 mai 1883.
Joseph-François Marsac était né à Détroit eti 1790. En- rôlé dans l'armée américaine en 1812, il commandait une compagnie à la bataille de la rivière Thames. Il fut ensuite employé pour porter les dépèches officielles, et en 1819 il servit d'interprète pour la négociation du traité avec les Sauvages de la rivière Saginaw. Le général Cass avait beau- coup d'estime pour lui. En 1832 il recruta une compagnie de Canadiens à la Grosse-Pointe pour la guerre contre Black Hawk. Il est mort à Bay City en 1880.
L'endroit ou s'élève aujourd'hui Muskegon était occupé en 1812 par un nommé Jean-Baptiste Racotelle, qui alla ensuite faire la traite à Kalamazoo, puis à St- Joseph. Après lui François Constant, originaire de Détroit, et Louis Badeau vinrent faire la traite sur le lac Muskegon. En 1833, Georges Campau avait un magasin en cet endroit.
En cette année 1833 nous voyons aussi que Antoine Pel-
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tier était établi sur le site du village de Midland et que Alexandre Saudriette vivait sur la rivière Cass. Pierre C. Duvernay, né à Maekinaw, érigea la première maison de la ville de Grand Haven en 1834. Pierre Dubois, né à Dé- troit en 1800, alla d'abord s'établir à Greeniield, dans le comté de Saratoga, et en 1836 il transportait ses pénates à l'endroit ou s'élève aujourd'hui Battle Creek. C'est là qu'il est mort en 1876.
En 1817 le comté de Monroe a^-ant été organisé, Joseph Loranger fit choisir le village de Monroe comme chef-lieu en donnant l'emplacement pour l'érection des bureaux de l'administration. L'ancien village de Frenchtown, qui se trouvait sur l'autre côté de la rivière Raisin, fut dès lors con- damné à languir, et en 1835 une nouvelle église fut érigée à Monroe.
Joseph Loranger était venu de Montréal à Monroe, et avait épousé une fille de Robert Navarre. Il fut le premier trésorier du comté de Monroe. Aux mêmes élections Hubert Lacroix, fut élu shérif, François Lascelle, juge-de- paix, et Laurent Durocher, greffier de la Cour de Circuit.
Dans l'organisation municipale du comté de Wayne les Canadiens n'eurent pas une si large part.
L'indifférence des Canadiens pour les choses de la poli- tique est suffisamment indiquée par le fait qu'en 1818 les électeurs ayant été appelés à déclarer s'ils désiraient un cour seil législatif électif, ils répondirent à une grande majorité qu'ils préféraient l'ancien système d'un conseil nommé par le gouvernement fédéral.
Néanmoins, le gouvernement américain autorisa la popu- lation à se choisir un représentant au Congrès, et en 1824 un conseil législatif fut créé. Il devait se composer de neuf membres choisis par le Président des Etats-Unis parmi dix- huit aspirants désignés par le vote populaire.
Les- Canadiens qui ont fait partie de ce conseil ont été : Hubert Lacroix, de Monroe, en 1824-26 et 1828 ; Laurent
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Durochor, comme roprésentaiit du comté de Mon roc en 1826-27 et 1829-31, puis comme représentant du comté de Lenawee en 1832-33 et 1835 ; Charles Moran, représentant du comté de Wayne en 1832-33 et 1835.
Si les Canadiens n obtiin-ent pas une représentation plus considérable ce fut par leur propre faute. Les autorités américaines semblent avoir eu tous les égards possibles pour nos compatriotes. En 1817, lors de l'organisation de l'uni- versité du Michigan, l'abbé Gabriel Richard en fut nommé vice-président, et en 1821 lors de- la réorganisation de cette institution, il en devint un des svndics. En 1824 le curé de Sainte- Anne fut aussi nommé chapelain du conseil du territoire.
L'année précédente M. ral)bé Richard avait consenti à briguer les suffrages des électeurs, pour la représentation au Congrès. Il avait été poussé à faire cette démarche, qui fut considérée quelque peu extraordinaire de la part d'un prêtre, par les circonstances.
Mgr Flaget, qui visita Détroit en 1818 avait réglé les ditficultés qui existaient entre M. Richard et une partie de ses paroissiens depuis 1805, et il avait été décidé d'un com- mun accord de commencer la construction d'une grande église en pierre sur la rue L^ned.
Pour payer ses entrepreneurs et ses ouvriers, M. Richard imagina d'émettre du pppier-monnaie sous la garantie de sa propre signature. Cette eepëce de billets à ordre furent contrefaits en grande quantité par un nommé Cooper. M. Richard ayant refusé de recevoir ces billets contrefaits il s'en- suivit des froissements et des querelles avec les victimes de la duperie, qui empirèrent une position déjà difficile. Pour comble de malheur, M. Richard ayant publiquement ex- ct)mmunié un de ses pui'oissiens qui s'était rendu coupable de polygamie, il fut pitursuivi et condamné à $1,116 de dommages-intérêts. Ne pou .vmt pas satisfaire à ce juge-
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ment, il fut condamné à la prison où il passa trois ou quatre semaines.
Dans cette extrémité, ses amis lui conseillèrent de se faire nommer député au Congrès. " D'abord," lui disaient-ils, " vous serez libre ; car aux termes de la constitution, la personne des représentants est inviolable ; puis, avec l'in- demnité qui vous seraaccordée vous acquitterez vos dettes."
M. Richard se rendit à ce raisonnement, et il eut la satis- faction d'être élu par une assez forte majorité sur son con- current, M. John Biddle. Il fut entouré de beaucoup de respect par les membres du Congrès, surtout par l'illustre Henry, Clay qui mit souvent son éloquence au service du pauvre prêtre, qui ne parlait l'anglais qu'avec difficulté. Réélu de nouveau en 1824, M. Richard se trouva obligé l'année suivante de faire la lutte à deux adversaires. La votation donna le résultat suivant : Austin E. Wing, 728 ; John Biddle, 722 ; Gabriel Richard, 722. Il est clair que beaucoup d'électeurs canadiens votèrent pour les candi- dats de langue anglaise. M. Richard contesta l'élection et prétendit que ses adversaires avaient intimidé une partie des électeurs, mais le comité du Congrès renvoya sa plainte. Parlant de ce résultat, M. l'abbé Dejean, missionnaire, écri- vait à un ami : " C'est vraiment une perte pour la religion, parce que M. Richard, en allant au Congrès, aurait pu satis- faire plusieurs dettes qui l'accablent, et terminer ainsi sa cathédrale du Détroit."
L'église Sainte- Anne fut néanmoins terminée et elle resta pendant plus de cinquante ans la principale église cana- dienne de l'Ouest.
M. Richard y fut enseveli en 1832. Il était mort du cho- léra asiatique, qu'il avait contracté en donnant ses soins aux malades, durant l'épidémie qui passa alors sur l'Amérique. Il eut pour successeur M. l'abbé François Vincent.
D'importants changements eurent lieu à cette époque dans l'organisation religieuse du territoire. Détroit fut
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érigé en siège épiseopal en 1833, et Mgr Frederick Résé fut nommé évêque du Michigan.
Le nouvel évêque établit sa demeure dans le presbytère de Ste-Anne et commença à négocier avec les marguilliers de cette paroisse pour obtenir le contrôle des propriétés de la fabrique. La corporation des raarguilliers de Ste-Anne avait été reconnue par la loi en 1807. Elle possédait de vastes terrains dans le centre de la ville de Détroit, mais elle devait $16,723, somme considérable à cette époque. Par un acte en date du 1er mai 1836, la corporation des marguilliers louait à Mgr Résé ou à ses successeurs pour 999 ans, les propriétés comprises entre les rues Larned, Bâtes, Randolph et Cadillac square, et un lopin de terre à l'est de la rue Randolph, entre les rues Larned et Congrès. Comme loyer, l'évêque s'engageait à payer la dette de l'église Ste-Anne dans le délai de deux ans, d'entretenir cette église et de plus de fonder une école ou l'enseigne- ment serait gratuit, d'abolir la dime et de donner à la pa- roisse au moins un prêtre parlant le français. Les marguil- liers continuaient h percevoir le loyer deè bancs, mais ils devaient verser ce revenu entre les mains de l'évêque. Le 20 mars 1836 les marguilliers transportaient encore à l'évê- que douze lots sis sur l'avenue Madison pour le prix nomi- nal d'un dollar, et sans aucune autre obligation.
L'action des marguilliers fut sévèrement critiquée, et par la suite cet arrangement a été la source de beaucoup de difficultés.
Dès 1834, Mgr. Résé employa une partie, des propriétés qui étaient passées sous son contrôle, à l'érection d'une église pour les catholiques ue langue anglaise.
Les colonies canadiennes du comté d'Essex se dévelop- paient aussi avec une rapidité assez satisfaisante. En 1^31 on pouvait compter environ 3,000 Canadiens-français dans Essex sur une population totale de 5,785 âmes. Le princi- pal groupe se trouvait encore à Sandwich et dans les envi-
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roiis, mais les Canadiens formaient aussi la majorité à Amherstburg et dans les environs, où se trouvait une popu- lation d'au delà de 1,200 âmes. Un groupe Canadien de cinq ou six cents âmes s'était aussi formé dans le comté de Kent, dans le township de Dover. Ces colons vivaient autant dé la pêche que de l'agriculture.
En 1834 et 1835 un "boom" passa sur cette région Dans l'espace de deux et trois ans la valeur des terres sur la rivière Détroit augmenta de deux et trois cents pour cent. Des cultivateurs qui auraient vendu leur terre pour $1 ,200 avant cette fièvre de spéculation en refusaient $20,000. Les plans de la ville de Windsor, qui s'appela d'abord Richmond, furent homologués en 1834, et bientôt cette nouvelle ville dépassa Sandwich et Amherstburg. Cette fièvre était causée par la construction du premier chemin de fer du pays. Une immigration anglaise considérable afilua vers cette région, et en 1837 la population du comté d'Essez était de 8,554. L'augmentation dans le comté de Kent avait été encore plus rapide, et la population de ce district était de 10,741. La population canadienne-fran- çaise des deux comtés pouvait être de 4,500 âmes.
Dans le comté d'Essex comme dans le Michigan, les colons prenaient peu d'intérêt aux affaires politiques, et ils paraissent n'avoir pris qu'une part insignifiante durant la rébellion de 1837-38.
Pour le comté d'Essex, la chose est constatée dans l'a- dresse du juge Jones aux grands jurés, lors des assises tenues à Sandwich, en 1838. Ce magistrat disait : " Malgré l'a- gitation révolutionnaire qui a eu lieu sur divers points de cette province, la loyauté des habitants de ce district, et leur attachement au gouvernement qui les protège ont empêché un semblable mouvement ici. Je ne sache pas qu'il y ait une seule accusation de trahison portée contre un habitant de ce district."
Le centre de l'agitation révolutionnaire sur cette fron-
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tière était la ville de Détroit, et nous voyons par les rap- ports des assemblées de patriotes, publiés dans les journaux du temps, que les Américains constituaient la grande ma- jorité des agitateurs. M. Charles Peltier était le seul Canadien dans un comité de six, nommé pour venir en aide aux patriotes réfugiés à Détroit. Il agissait comme tréso- rier de co comité. Pierre Desnoyer prit aussi part à ces assemblées. Enfin parmi ceux qui furent arrêtés pour avoir violé les lois de neutralité aux cours de cette agitation, se trouvait un nommé T. Dufort.
Les autorités américaines ne favorisèrent passes rebelles et par suite le mouvement s'appaisa rapidement.
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CHAPITRE XV.
PERIODE CRITIQUE.
L'indifférence affichée par les Canadiens pour les choses de la politique, laquelle devait être fatale à leur influence dans les affaires publiques, correspondait malheureusement à une décadence quasi générale des vieilles familles cana- diennes. Les enfants des anciens colons avaient été éloi- gnés de l'agriculture par les profits que le commerce des fourrures offrait durant le commencement du siècle. Ga- gnant gros, ayant beaucoup de loisir, ils contractèrent dans la ville des habitudes incompatibles avec la vie agricole. Lorsque le commerce des fourrures disparut, les uns sui- virent le castor et les Sauvages dans l'extrême Ouest, d'au- tres, possédant des terres près de la ville naissante, les ven- dirent à des prix qu'ils croyaient fabuleux ; et ils man- gèrent leur capital avec la rente^ en b'amusant.
Les premiers Américains qui vinrent s'établir à Détroit ont conservé le meilleur souvenir de la large hospitalité des anciens Canadiens, de leurs bals et de leurs fêtes, où la gaieté débordait, des courses, où la jeunesse venait faire pa- rade d'atelage.
Malheureusement ces pauvres gens se ruinaient en se faisant aimer et admirer. Il ne faut pas les juger trop sévèrement. Ils ont surtout souffert d'un défaut d'éduca- tion, et parmi eux il se trouva des hommes pour prévoir le mal sans pouvoir l'enrayer.
Le Détroit Gazette^ fondé le 25 juin 1817, publia pendant quelques temps une colonne en français. Un des collabo- .
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rateurs de cette feuille qui signe " Vieux Phillippe" adres- sait h SCS compatriotes l'appel suivant :
" Français du territoire du Michigan, vous devriez com- mencer immédiatement à donner une éducation à vos en- fants. Dans peu de temps il y aura dans ce territoire autant de Yankees que de Français, et si vous ne faîtes pas instruire vos enfants, tous les emplois seront donnés aux Yankees."
Un autre jour les cultivateurs sont invités à changer d'ha- bitudes s'ils veulent échapper à la ruine.
" C'est un fait bien connu," dit le journaliste, " que plu- sieurs familles dans le voisinage de Détroit, qui ont de bonnes fermes, sont dans l'habitude d'acheter tout le pain et le beurre dont ils ont besoin."
Et l'éditeur prêche pour sa paroisse : " Un habitant qui ne sait pas lire ne peut pas tenir que c'est une bonne excuse pour ne pas prendre les pnpiers nouvelles," dit-il. " Il de- vrait prendre une gazette et faire apprendre ses enfants à la lire ; il devrait exciter leur curiosité ; comme il en a éprou- vé le besoin, leur montrer l'importance de l'éducation."
Mais on ne fait pas l'éducation d'un peuple par quelques articles de journaux, La Gazette nous apprend que mal- gré tout son zèle, elle n'avait que 25 abonnés canadiens sur une liste de 120. Au bout de quatre mois, elle discontinua la colonne française.
En 1825, M. E. Reed, un américain, entreprit la publica- tion de La Gazf^te Française. Il n'a paru que quatre numéros de ce journal.
L'idée d'établir un journal français fut reprise en 1843 par M. E. N. Lacroix, jeune Canadien de talent, qui arrivait de la province de Québec. M. A. Gérardin avança les fonds pour cette entreprise, et le nouveau journal prit le nom de L'Ami de la Jeunesse. La publication en fut suspendue au bout de quelques mois. En 1850, M. Lacroix fonda en- core un autre journal, Le Citoyen, qui vécut six mois. M. L. J. Poulin en était l'éditeur-propriétaire.
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Peiiduiit quelques anuéos on espéra qu'un moyen pltis efficace que ces publications f>pliémères serait donné aux Canadiens pour faire enseigner leur langue à leurs entants. Mgr Résé, conformément aux engagements qu'il avait pris envers la fabrique de Ste-Anne, avait fait venir des frères des Ecoles Clirétiennes à Détroit pour y établir une école anglo-française. En même temps il commençait une agita- tion pour faire reconnaître un système d'écoles séparées, soutenues par l'Etat. Le Michigan s'était organisé en état en 1835, et Tannée suivante il avait été admis dans l'Union. La législature avait juridiction exclusive sur les questions d'instruction publique. L'idée des écoles séparées fut «l'a- bord favorablement reçue par les législateurs. A la session de 1840 un comité spécial du sénat recommanda, en prin- cipe, la création d'un système d'écoles confessionnelles. Malheureusement les choses en restèrent-là.- Xe pouvant obtenir de secours de l'Etat, l'école de Ste-Anne fut bientôt réduite à n'avoir plus qu'un seul instituteur, et les entants canadiens durent s'adresser aux écoles communes, où ils n'apprirent que l'anglais et l'histoire américaine.
Le revirement soudain dans les dispositions de la législa- ture à l'égard des écoles séparées, était dû à l'immigration américaine qui changea complètement les conditions. De 1834 à 1841, la population de l'état se tripla par l'immigra- tion ; et en cette dernière année c'est au plus si on pouvait compter 15,000 personnes d'origine française sur une popu- lation de 220,000 âmes.
Suivant la règle des gouvernements électifs, la législature diminuait ses témoignages de respect à l'élément français au fur et à mesure qu'il devenait une minorité plus insigni- fiante. En 1836, 1837, 1838 et 1839, le discours du gou- verneur aux représentants fut traduit et imprimé en fran- çais par ordre de la Législature, M. J. B. Vallée en étant le traducteur. Après 1840, cet acte de politesse aux Cana- diens ne se répéta plus.
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En 1886 on comptait trois Canadiens dans la Législature, Jacques J. Godfroy, de Détroit, Henri A. Levesque, du Saut Ste-Marie, et Laurent Durocher, du comté de Monroe. Les deux premiers ne furent pas réélus, mais M. hurocher contiima à représenter son comté jusqu'à 1840. En 1838- 39, il eut pour collègue canadien M. Louis Beaufait, du comté de Wayne, et en 1840, M. Joël Dusseau lui succéda comme représentant du comté de Monroe. En 1340, M. Pierre Desnoyers, de Détroit, fut élu trésorier de l'état pour un an. L'armée suivante, Jacques B. Larue, représentant du comté de Berrien, était le seul Canadien dans la Législature. Il eut l'honneur de présider la Chambre des représentants. En 1843, Pierre Godfroy représentait les Canadiens de Wayne dans la Chambre des représentants, et en 1845, Pierre B. Barbeau, du Saut Ste-Marie, fut élu à cette Chambre. De cette date jusqu'à 1859, on ne retrouve plus le nom d'un seul Canadien parmi les officiers publics et les représentants de l'état. C'est à peine si on permettait aux Canadiens dans les comtés de Waynç et de Monroe de pren- dre part aux affaires municipales.
Cette période est la plus sombre dans l'histoire des colo- nies canadiennes du Michigan. Abandonnées à elles-mêmes, battues en brèche par l'intolérance des Knownothings, sans chefs et sans organisation, elles semblaient devoir inévita- blement disparaître comme élément distinct et influent.
Dans la ville de Détroit même, les Canadiens s' étant dé- possédés de leurs terres avec une rapidité merveilleuse, ne jouaient plus qu'un rôle très effacé. Les relations avec la province de Québec avaient presque cessé. L'esprit natio- nal disparaissait rapidement du cœur de la jeunesse, qui préférait penser et parler en anglais.
Les colonies plus éloignées de la ville, celles du comté de Monroe et de la rivière Sainte-Claire, conservaient mieux leur caractère français, parce qu'elles se composaient d'une population agricole qui avait peu de relations avec les
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sans
étrangers. Dans le comté de Monroe il pouvait y avoir de sept à huit mille Canadiens ; sur la riviëre Sainte-Claire, dans les comtés de Sainte-Claire et de Macomb, on en comptait encore quatre ou cinq mille ; à Ecorse, à la Grosse Pointe et dans les autres établissements du comté de Wayne, il y avait bien encore sept ou huit mille Ca- nadiens parlant la langue française. Il fallait ajouter à ces chiffres environ deux mille Canadiens répandus dans le Nord et l'Ouest de l'Etat. La population cana- dienne du Michigan était donc en 1850, de vingt mille âmes, mais la population totale de l'état était montée à 397,654, de sorte que les nôtres ne formaient plus qu'une fraction de cinq pour cent.
Dans le comté d'Essex, les Canadiens-français ne for- maient plus en 1850, qu'un tiers de la population totale, par suite de l'immigration étrangère. La population cana- dienne-française était distribuée dans les diverses localités du comté comme suit :
Amherstburg 462
Anderdon 354
Colchester 188
Gosfield 44
Maidstone 326
Malden 463
Mersea 38
Sandwich 2,766
Rochester 357
Tilbury Ouest 92
Total 5,42.
Dans le comté de Kent on comptait à cette époque 1,268 Canadiens-français, dont 1,022 étaient groupés dans le township de Dover, tandis que 118 se trouvaient dans Tilbury Est, et 118 dans la ville de Chatham. .
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liES CANADIENS DU MICIIIUAN
Le» Caïuulicurt n'tivaient plus la majorité que duns les townsliip (le Sandwich et de Dover. Cependant on remar- quera que l)ien qu'ils ne pussent s'accroître aussi rapide- ment que la population anglaise, dont les rangs étaient ren- forcés par une immigration toujours croissante, les Cana- diens n'avaient abandonné aucune de leurs posicions, et même ils continuaient à s'étendre sur tous les points du comté.
Une immigration considérable de la province de Québec, qui commença vers cette date, vint rétablir les chances entre les deux éléments de la population. Grfice h ces secours, la population canadienne se doubla en vingt ans. Lors du recensement de 1871, on compta quatorze mille Canadiens-français dans les deux comtés d'Essex et de Kent, distribués comme suit : —
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Population.
Amherstburg 551.
Anderdon 815,
Colchester 379,
Gosfield •.... 157,
Maidstone 493,
Malden 729
Mersea 247.
Sandwich, Ouest 1,606
Sandwich, ville .. ..... 435
Sandwich, Est 1,970
Windsor, ville 441
Rochester 1,115.
Tilbury, Ouest 1,596,
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Total pour Essex 10,539
Konmey 13,
Tilbury, Est 347.
Raleigh 190.
Harwich 127.
Aui;mentation depuis 1S50.
.... 89
.... 461
.... 191
.... 113
.... 167
.... 266
.... 209
1,986
758 1,504
5,115
13
229 190 108
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Ix)caliti''.
PopulHtion.
Dover 1,7(50.
Cluitham r)0(].
Cliatham, ville ô31,
Au(;nientation «lepnis IS5().
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.... ôo»;
.... 41:5
Total pour Kei)t 3,480 2,212
Il est facile de constater par ce tableau que la nouvelle immigration de la province de Québec se porta surtout vers les townships de Eochester, Sandwich Est, Tilbury, et Dover, où se trouvaient de bonnes terres pour la colonisa- tion. C'est alors que se tbrmërent les belles paroisses agri- coles de Tecumseh, de 1" Belle Rivière, de la Pointe-aux- Roches et de Paincourt.
L'immigration canadienne dans le Micliigan, fut même plus considérable. Tandis qu'en 1850 on ne comptait que 14,008 habitants nés en Canada, en 1860 il y en avait 36,446, et en 1870, pas moins de 88,275. 8ur ce dernier nombre il faut compter que les Canadiens-français ne for- maient pas moins de la moitié. Si on ajoute maintenant 3,180 personnes originaires de France, et vingt mille des- cendants des anciens immigrants canadiens qui conservaient encore la langue de leurs pères, on arrive a un chiffre de 70,000 âmes qui formaient la population franco-canadienne de l'état à cette époque. Au lieu de diminuer, la propor- tion de l'élément français dans la population totale de l'état avait légèrement augmenté depuis 1850 ; elle était mair.te- jiant de six pour cent.
La plupart des nouveaux immigiants canadiens-français étaient attirés par le commerce du bois et par l'exploitation des mines du lac Supérieur, deux industries qui avaient remplacé la traite des fourrures depuis 1840, et qui main- tenant, donnaient du travail à une population beaucoup plus considérable. Dès 1854, l'honorable William L.Webber, d'East Saginaw, constatait l'existence de 61 scieries mécani-
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LES CANADIENS DU MICHIGAN
1
ques dans le Michigan, dont la plus grande partie se trou- vaient sur la rivière Saginaw. En 1872, on en comptait près de quinze cents, qui employaient environ vingt mille personnes.
La plus ancienne des villes qui doivent leur existence aux scieries, est celle de Bay City. En 1851, on y comptait quatorze familles catholiques, et la plupart canadiennes. C'est alors que fut commencée l'érection de l'église Saint- Joseph. M. l'abbé J. H. Schutjes fut nommé l'année sui- vante pour desservir les missions de la vallée du Saginaw. En 1863, la ville de Saginaw, ayant pris de l'importance, un autre prêtre fut nommé à cette cure, et M. Schutjes se consacra entièrement à Bay City. Ce prêtre, d'origine hol- landaise, parlait bien le français. En 1867, il fut nommé curé de West Bay City, où il resta jusqu'à 1889. L'égHse Saint- Joseph devint en 1867, la propriété exclusive des Canadiens-français, qui formaient alors dans Bay City, une population d'environ quatre cents familles. Il y avait presque autant de nos compatriotes dans la ville de Sagi- naw. En comptant les Canadiens réunis dans les petits hameaux autour de ces deux grands centres, on pouvait trouver une population franco-canadienne d'au moins six ou sept mille âmes dans les deux comtés de Bay City et de Paginaw. Les neuf-dixièmes de ces compatriotes ga- gnaient leur vie dans les chantiers en hiver, et dans les scie- ries en été.
En remontant la rivière Saginaw, on trouvait encore dans les comtéj de Genessee et de Shiawasse, aux environs d'Owosso et de Corunna, des petits groupes de Canadiens, qui pouvaient former en tout une population de deux mille âmes. La,ns la péninsule formée par les comtés de Tuscola, Huron et Sanilac, se trouvait une population canadienne d'environ cinq mille âmes, dispersée dans les bois pour la plupart, en petits hameaux. Les colonies canadiennes d'Aus^ble, d'Alpena et de Tawas, sur le lac Huron, com-
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mençaient aussi à se former. On pouvait trouver quinze cents Canadiens sur cette côte. Cheboygan pouvait compter deux ou trois cents Canadiens.
Les anciens établissements de Mackinaw et du Saut Ste- Marie, n'avaient reçu qu'une immigration insignifiante du- rant cette période.
Un bon nombre d'immigrants canadiens avaient traversé l'état et s'étaient fixés sur le bord du lac Miehigan, à Niles, à St-Joseph, à Grand Haven, à Muskegon, à Ludington, à "Wainstee, et même plus au nord, dès 1855 et 1860. Mais la colonie de Grand Rapids, avec ses villages tributaires était la plus considérable. Le comté de Kent où se trouve cette ville devait compter en 1870, une population cana- dienne-français d'au-delà de deux mille âmes. Muskegon et ses environs possédaient aux moins deux cents familles canadiennes.
Le commerce de bois, qui faisait vivre toutes les colonies que nous venons d'énumérer, avait aussi attiré un bon nombre de Canadiens sur la rive nord-ouest du lac Miclii- gan.
Le plus ancien et le plus considérable de ces groupes, qui se reliaient à ceux du nord du Wisconain, était celui de Meuouienee. Il pouvait s'y trouver en 1870 environ trois cents Canadiens-français, dont une forte partie étaient nés dans le Wisconsin. Escanaba, q nque établi plus tard, possédai aussi alors ime population anadienne de deux ou trois cents âmes.
L'exploitation des mines de fer dans le comté de Mar- quette, et celle des mines de cuivre dans les comtés de Houghton et d'Ontonagou, qui se faisait de concert avec l'exploitation des forêts, attira les Canadiens-français en grand nombre sur le lac Supérieur dès avant 1860. Les premiers établissements ne firent dans le comté d'Ontona- gon, dont le-^ mines et lient connues du temps du régime français ; mais dec veints plus avantageuses ayant été décou-
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LES CANADIENS DU MÏCHIGAN
vertes aux environs de Houghtc;.*, l'exploitatic/n des pres- mières mines fut abandonnée.
C'est ce qui explique qu'en 1870 ou trouvait un millier de Canadiens-français dans le comté Houghton, tandis qu'il y en avait à peine deux cen{g dans celui dOntonagon.
Les mines de fer du comté de Marquette furent décou- vertes en 1844, et en 1870, elles exportaient 830,000 ton- neaux de minerai. Ceci explique la formation rapide de groupes canadiens à Marquette, à Negaunee et à Islipem- ing. Ces groupes pouvaient compter en 1870 pa^ mrÙHft de trois mille âmes.
Une immigration canadienne-française considérable â'é- tait aussi portée durant cette période vers les villes de Détroit et de Port Huron, et vers la région agricole tribu taire de ces villes. Nous estimons à douze ou quinze mille Ames le nombre de canadiens originaires de la province de Québec qui étaient établis dans les comtés de Ste-Claire, de Wayne, de Lapeer, de Macomb et d'Oakland. Trois mille de ces ipimigrants s'établirent dans la ville de Détroit.
Cette infusion généreuse d'un sang nouveau dans les anciennes colonies eut le plus heureux effet. Les lelations avec la province de Québec, se trouvèrent rétablies, et grâce à ces relations, on vit revivre dans bien des cœurs l'espoir et le désir de perpétuer l'usage de la langue et le culte des traditions françaises.
Ces sentiments se manifestèrent de prime abord à Détroit par la fondation d'une société ayant pour but d'unir toutes les personnes d'origine française, afin de leur assurer leur juste part d'influence. L'initiateur de ce mouvement fut M. E. N. Lacroix, qui avait déjà travaillé à la fonda^^'.on d'un journal français à Détroit. La fondation de la sociét/ fut d'abord décidée le 7 février 1852, à une réunion où s*; trouvaient MM. Lacroix, Louis Clairon x, Frs. Lespérance «t Robert Réaume. A la fin de 1862, la nouvelle société comptait dix-neuf membres. Peu satip^urts de ce résultat,
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les organisateurs résolurent de s'assurer l'appui de M. Daniel .T. Campeau, mort il y a une quinzaine d'années, qui était alors le plus riche et le plus actif parmi les descendants des fondateurs de Détroit. M. Campeau était resté Français de cœur et il parlait très bien notre langue. Il accepta avec plaisir la présidence de la nouvelle société, qui prit alors le nom de Société Lafayette. M. E. N. Lacroix en fut élu le secrétaire. L'assemblée où cette organisation s'était faite avait été tenue dans la caserne des pompiers du 7ème ward.
Grâce à l'influence et à l'énergie de ses oiRciers, la société lit de rapides progrës. En 1857, elle se crut assez forte pour prendre l'initiative de la célébration du centenaire de la naissance du marquis de Lafayette. On pu alors constater qu'en eiFet l'élément français commandait le respect et la sympathie de la population américaine. Sur la recomman- dation du recorder Morrow, le conseil-de-ville adopta une ré- solution invitant tous les citoyens de la ville à seconder les eflbrts de la société française pour célébrer dignement le centenaire de l'ami de Washington. M. R, T. Elliott, pré- sident des pompiers, mit la salle de réunion de ce corps à la disposition de la Société Lafayette, M. R. Î^T. Rice offrit gratuitement, au nom du chemin de fer Michigan Central, l'usage du steamer " Mississipi " pour une excursion sur le il?uve, les sociétés civiles et militaires de la ville s'unirent aux Canadiens pour faire une grande procession ; enfin, l'hono- rable W.Tî. A. Howard et M. Chas. Walker, voulurent bien prononcer un panégyrique du héros des deux mondes. Grâce k ce généreux concours, la démonstration eut un immense retentitaernent, dont profitèrent la société et la population française en général,
La Société Lafayette profita d'abo 'd de l'essor que lui avait donné le succès de cette fête pour acquérir un immeuble sur la rue Gratiot, au prix de $1,000. La société avait été légalement incorporée par un acte du 10 avril 18G7. Les
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membres qui signèrent cet acte furent MM. Daniel J. Cam- peau, Angel Paldi, Charles Dominé, Janvier Gagnier, E. N. Lf< croix, Israël J. Beniteau, Joseph BrabUnt, Jules Mingo, Simon Gignac et Samuel Vésina. L'acte d'incor- poration déclarait que le but de la société était de " stimuler, et de conserver les sentiments de bienveillance existant pré- ' ontement parmi les citoyens français de Détroit et autres j .Tsonnes parlant la langue française, et d'unir ces person- I. .- des actes et des devoirs de charité mutuelle." En i-tê ^mps Une nouvelle constitution, rédigée par MM. T. Campeau, E. N. Lacroix, L. Montreuil et Simon Gignac, était inaugurée. Elle établissait que la société devrait payer au moins deux dollars par semaine à ses malades, et qu'elle pourrait, quand elle le jugerait à propos, former un fonds d'assurance.
La Société Lafayette continue à célébrer sa fête le 6 sep- tembre de chaque année par des bals, des banquets ou des pique-niques. Nous voyons par \eê archives que les officiers entretenaient une correspondance patriotique avec les socié- tés sœurs, et que les Américains continuaient à témoigner de leur sympathique intérêt par des cadeaux de reliques se rapportant à l'histoire de Lafayette, etc.
L'influence de la société s'étendait jusqu'à Saginaw, où en 1866, elle possédait assez de membres pour rendre né- cessaire la nomination d'officiers spéciaux. Ces officiers étaient M. Louis Guérin, secrétaire-correspondant, à East Saginaw, et M. Charles Rivet, de Bay City, visiteur des maladec pour cette légion. La société comptait alors une centaine de membres en rëgle. '
' La Société Lafayeito, après la Société St>Jean*Bapti8te de New York, fondée en 1850, est la société franco-canadienne la plus ancienne da Etats-Unis. Voici la liste des présidents de cette société durant les pre- miers 26 ans de son existence :
Daniel J* Campeau.... V janvier 1863 au 10 lanvier i85G. Chas. Dominé 10 janvier 1856 au 17 juillet 1856.
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L'heureux exemple donné par les Canadiens de Détroit, en se formant en société, fut suivi en 1861 par ceux de Sandwich, qui formèrent alors la Société St- Jean-Baptiste de Sandwich et de Windsor, qui est devenue la mëre de plusieurs autres sociétés dans le comté d'Essex. Cette so- ciété, pour ses débuts, eut l'honneur d'avoir la visite de l'éminent écrivain français, M. Rameau de Saint-Père, qui prononça à Windsor même, une conférence sur la colonie canadienne du Détroit.
A l'autre extrémité du pays, dans le comté de Marquette, les Canadiens organisèrent la première société St-Jean- Baptiste tlji comté de Marquette. Les premiers officiers de cette société furent MM. Théophile Roy, président ; Au- gustin Delaurier, vice-président ; Magloire Cantin, secré- taire ; Médard Gauthier, trésorier.
Vers le même temps l'Union Française du comté'de Bay, se formait à Bay City, gntce à l'initiative de M. J. L. Hébert.
A Détroit même s'organisait la Société de Bienfaisance
K. X. Cicuite 17 juillet ]Jf)6 au 8 janvier 1857.
E. N. Lacroix 8 janvier 1857 au « juillet, 1857.
Israël . T. Ben ittau H juillet 1857 au 5 juillet 1858.
Pierre DepnoyerH 5 juillet, 1858 au 7 juillet 1859.
Thos Campeau 7 juillet 1859 au i: juillet 18(i0.
Israël 4- iJeniteau 2 juillet 18(iO au 5 juillet 18(jl.
E. N, Ciootte 5 juillet IhCl à juillet lx()::.
E. N. Lacroix juillet 18(52 à juillet 11^65.
F. X. Demay juillet 18ti5 à juillet 18()7.
Charles Dessin juillet 1807 il juillet 1868.
J-B. P. Gravier juillet 1868 à juillet 1809.
Chas. Longtin juillet 1869 à juillet 1870.
.T. B. P. Gravier jui let 1870 A juillet 1871.
A. Goudron juillet 1871 à juillet 1873.
Jos. Goffiaet juillet 1873 à juillet 1875.
A. Vaudyke juillet 1875 à juillet 1877.
M. JoB. Bélanger juillet 1877 i\ juillet 1879.
Cette liste ett empruntée à une conrérence faite devant la Société Lafa- yette, par M. J-B. P. Gravier.
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LES CANADIENS DU MICHIGAN
Frunco-Canadieinie, dont les chefs étaient MM. Frédéric Barbier, Chas. Dossin et Georges Beaulieu.
Ces trois derniëres sociétés n'eurent pas une longue exis- tence. Un événement plus important fut la formation de l'Association S t- Jean-Baptiste de l'Etat du Michigan.
La première assemblée pour l'organisation de cette société, eut lieu à l'hotel-de-ville de Détroit, le 9 septembre 1868. La constitution qui fut alors adoptée, déclare que le l>ut de l'Association, en écartant les questions politiques qui divi- sent les parties, est de fournir aux Canadiens-français l'oc- casion de fraterniser entre eux et de se concerter ><ur les moyens d'élever le niveau religieux intellectuel, social et moral de la race française dans l'Etat du Michigan. Pour 0' "e .iicmbre il fallait être d'origine française et catholique. Le Bureau Central pour l'Etat devait se composer de cinq officiers élus à une assemblée générale chaque année, et dont la mission serait de propager l'Association et d'y con- server l'unité de vue. Le premier bureau de direction élu se composait de M. l'abbé Soffers, chapelain, B. Whiteford, M.D., président, E. N. Lacroix, vice-président, Chas. M. Rousseau, secrétaire.
Des sections en correspondance avec ce Bureau devaient être établies, dans chaque comté de l'état, et l'Association générale devait se composer de tous les membres admis dans les sections. En 1871, la législature du Michigan passa une loi spéciale pour favoriser l'incorporation des sections de l'Association St-Jean-Baptiste.
Cependant le comté de Wayne est le seul où les Cana- diens se soient organisés sous l'égide de l'Association de l'Etat, dont la constitution était insuffisante. La section du comté de Wayne fut organisée dans le sous-bassement de la vieille église Sainte- Anne, le 20 septembre 1868. On procéda immédiatement à l'élection du bureau de direction qui fut constitué comme suit : chapelain, M. l'abbé B. G. Soffers ; président, H. W. Deare ; vice-présidents, Charles
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Longtin et F. G. Mailloux ; secrétaire-archiviste, Charles F. Charrier; assistant, Josepii j Mélanger ; secrétaire-corres- pondant, Georges Bon rqiie; assistant, A. Gagnon ; tréso- rier, F. X. De May ; assistant, Georges Beanheu ; commis- saire, Pierre Jonvit ; assistant, .T. J. Cicotte.
A cette première assemblée il fut aussi résolu d'envoyer deux délégués à la convention générale des sociétés cana- diennes des Etats-Unis, qui devait avoir lieu à Springfield en octobre. Ces deux délégués, MM. H. W. Deare et Charles Longtin, à leur retour, firent un rapport recom- mandant h la Société d'entrer dans l'Union d'Assurance et de Secours Mutuel qui était alors à se former entre les diverses sociétés. La Société Saint- Jean- Baptiste du comté de Wayne entra en effet dans cette Union, qui se chargea de l'assurance des membr 3S.
Comme secours, la Société du comté de Wayne devait payer à ses membres malades, par semaine, un pour cent du montant qu'elle avait en caisse. Le fonds constitué par les dons faits à la Société ou par les recettes provenant des fêtes, devait servir à la fondation d'une bibliothèque et à d'autres fins littéraires.
Le principal but de l'Association Saint- Jean-Baptiste, dans l'esprit de ses fondateurs, était toutefois de célébrer digne- ment, la fête du patron des Canadiens-français. La pre- mière démonstration sous les aupices de cette société, eut lieu le 24 juin 1869. La Société Saint-Jean-Baptiste du comté d'Essex, la Société Lafayette, et plusieurs associations américaines voulurent prendre part à la fête . Il y eut d'abord grand'messe à Sainte- Anne, où M. l'abbé Ouellette prononça le sermon de circonstance, pvis les mem- bres se rendirent en procession au Weber's Garden, où de- vait avoir lieu le pique-nique. M. F. Brouillard représen- tait un chef Sauvage, M. T. P. Ouellette, Jacques-Cartier, et M. Joseph Janisse, Cadillac. Durant ce pique-nique des discours patriotiques furent prononcés par MM. E. K. La-
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LES CANADIENS DU MICHIQAN
CFoix, Jos. Bélanger et le Dr. R. Whiteford. Favorisée par le clergé à cause de son caractère religieux, la Société 8t-Jean-Baptiste fit de rapides progrès, et après une année d'existence elle comptait au delà de cent membres. ^
Une autre célébration organisée par les sociétés cana- diennes-françaises de Détroit, en 1869, fut celle du cente- naire de Napoléon. Cette fête commença le 15 août par un banquet a l'Hôtel Biddle, et se termina par une fête champêtre au Miller's Garden. Des discours furent pro- noncées par MM. E. G. Bagard, Alph. Carnevin, J. Giraud et l'honorable Jacob M. Howard. Douze vétérans de la Grande Armée se trouvaient présents. ,
' Liate des membres de la *' Section du comté de Wayne de l'Association St-Jean-Baptiste de VEtat du Michigan," jusqu'au 1er octobre 1869 :
H. W. Deare, Chas. F. Charrier, Jos. Bélanger, Geo. Beaulieu, Hypolite Bélanger, George Bourque, Laurent Archambeault, Joseph ('onchois, David Cayouette, Louis Dumontier,George Dupuis, J. J. Ciootte, Alexan- dre Dumontier, Louis Hubert, Séraphin Jarrait, Octave Jarrait, François Martin, Prosper Plouse, Eusëbe Quiné, Chas- M. Rousseau. Emile Sauver, Joseph Turcotte, Julien Roy, Louis Vézina, J-B^ptiste Demers, Pierre Jarrait, Charles Longtin, Richard Whiteford, J. B. Lucier, F. X. De May, Fabien B. Delisle, Délima Beaudry, Pierre Benoit, Alexis Bonvouloir, Antoine Renaud, Adolphus Rhéaume, Guillaume Rousselle, Pierre Payette, Charles Hosannah, Jean-B. Haler, Auguste J- Dupuis, J. F. X. Mailloux, Alphonse Sénécal, E. N. Lacroix, Michel Sage, Prosper Martel, Théphile Godbout, Rév. B. G. Soffers, Hubert Longtin, Francis Rascico, Henry Bélanger, Michel Mainville, Firmin Brousseau, Nazaire Hamel, O. Pomainville, Denis Bogue, Joseph Belfell, Hypolite Tremblay, Jacques St-Onge, Pierre Gauthier, F. H. Morency, Joseph Page, Joseph Lortie, Elie Bélanger, Edouard Patry, Jean Patry, Joseph Picard, Fabien Déry, • John Filion, Louis Pellerîn, James Bassette, John Pizau, Alex. Tétreau, Moïse Charbonneaa, Louis Cbarbonneau, Fré>1éric Charbonneau, Hypolite Broesard, Prosper Dumontier, Chas. Gauvin, F. G. Mailloux, Joseph Bobitaille, Jules Maingot, Richard Jarrait, Josnph St-Pierre, Fabien Dumont, N. J. Boissonneau, Chas. Jarrait, John Jarrait, Chas. Peltier, Ferdinand Giguère, Etienne Racine, Chas. Lucier, Jean J. Plamondon, Joseph Mayez, Joseph Déguise, Joseph Larose, Clément Malo, Pierre Lafferty, John B. Bergeron, Honoré Defer, Joseph Defer, Joseph Chapoton, Chas. DeRchènes, Eugène Frs- Aug. Robert, Joseph Martin, Magloire Biais, F. X. Monnier, A. Ricci. Membres Honoraires : Antoine Beaulieu, Chas. Peltier, Fra. Joseph Moritz.
PERIODE CRITIQUE
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Mais l'événement le plus important de l'année 1869, fut la réunion à Détroit de la cinquième convention des Cana- diens-français des Etats-Unis, qui fut le centre d'un mouve- ment politique qui mérite une étude spéciale.
1 -1
chapitrî: XVI.
UN MOUVEMENT ANNEXIONISTE.
Depuis la grande démonstration de 1857, les Caïuuliens- français avaient graduellement repris uîi peu de leur an- cienne influence dans les affaires politiques. En 1859, ils réussirent à faire élire M. Théo. J. Campau, pour repré- senter un des district de Détroit dans la législature. En 1861 et 1862, M. Wm. Chapoton fut élu au même poste, puis en 1863-64, son parent, M. Alex. Chapoton lui succéda. En 1867, M. Charles B. Chauvin, fut élu à son tour pour représenter l'élé'ment canadien dans la législature «lu Michigan.
Quand arrivèrent les élections présidentielles de 1868, les deux partis politiques recherchèrent l'appui de l'élément canadien, qui s'aflirmait de plus en plus énergiquement. Les Républicains s'assurèrent les services de M. Louis- Honoré Fréchette, qui publiait alors V Amérique, à Chicago.
Mais la grande majorité des Canadiens sympathisaient avec le parti démocratique, et pour contrecarrer les efforts des républicains ils organisèrent Le Cbib Démocratique Français. Les officiers de ce club étaler M Charles Peltier, président ; E. 'N. Lacroix, Charles Gauvin, Théo. J. Cam- pau, J. L. R. Steckel, John F. Meldrum et Israël J. Beni- teau, vice-préside»^ is ; E. G. Bagard, secrétaire-archiviste, Jacques A. Gi'-ardin, secrétaire-correspondant ; Auguste Paulus, trésorier ; Chas. Rosanna, commissaire. Les ora- teurs ordinaires des séances étaient MM. Lacroix, Peltier, le Dr. Whiteford, Bagard et Cicotte.
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LES CANADIENS DU MICIIIGAN
Eu dehors de sa purticipatiou aux luttes de la politique américaine, ce club présenta à Détroit M. Médéric Lanctot, l'adversaire de Sir George Etienne Cartier, daup Montréal Est en 1867.
M. Lanctot lit sa premiëre apparition le 10 «cptenibre 1868, dans une assemblée tenue à l'hotel-de- ville, où il exposa deux heures durant ses projets pour conquérir paci- fiquement l'indépendance du Canada. Il projxtsait de s'adresser directement à l'Angleterre pour obtenir la sépa- ration.
A cette assemblée on posa les bases de l'Association de l'indépendance pacifique du Canada. Le 22 septeml)re, après un nouveau dijcours de Lanctot, cette Association, procéda à l'élection de ses officiers, qui furent choisis comme suit : — Président, Yj. N. Lacroix ; vîce-présidentf H. W. Deare et Adolphe Gendron ; trésorier, F. Audei dstant, Geo. Beaulieu ; secrétaire, Geo. Bourque ; assihi-c. ., Félix Charrier ; secrétaire-correspondant, C. M*. Girardin ; direc- teurs, Charles Gauvin, Charles Longtin, Pierre Jarrait, F. X. Dumais, Jacques Mailloux, C. M. Rousseau et Gustave Vandame.
M. Lanctot se rendit ensuite dans la Nouvelle- Angleterre, où il fit des conférences sur l'indépendance, en compagnie du Dr. J. N. Lanctot, alors d'Utica, î^. Y. Il était présent à la convention des Canadiens à Springfield, en octobre 1868. Malgré ses efforts, cette convention décida de ne pas s'occuper de politique. Il fut même décrété que la convention suivante, qui devait se réunir à Détroit en 1869, ne devrait s'occuper que des afifaires de l'Union d'Assurance Mutuelle.
Apres avoir essayé d'établir un journal, Vidée Nouvelle, à Burlington, puis. à Worcester, sans succës, M. Lanctot revint à Détroit dans l'automne de 1869.
Il fut accueilli avec beaucoup de faveur par les Canadiens et les Américains. On traversait alors une période d'agi-
UN MOUVEMENT AXNEXIONISTE
285
tation. Les ATétis du Mîiiiitohii étaient l'ii révolto, et les Cuiuidieiis émigrés sympathisaient naturellement avee eux. D'un autre côté lesFéniens menjiçaient d'envahir le Caïuida, pour en chasser les Anglais. Les discours de M. Lanctot en faveur de l'indépendance et de rannexion étaient donc d'actualité et conforme au courant populaire des opinions.
La Minerve et les autres Journaux conservateurs du Canada dénoncèrent sévèrement M. Lanctot et ses projets, mais il n'en réussit pas moins à faire souscrire un capital considérable pour la fondation d'un journal français et k mettre toutes les sociétés canadiennes-françaises de Détroit de son côté.
A l'assemblée annuelle de l'Association St- Jean-Baptiste de l'Etat du Michigan, qui ' ut lieu le 15 septembre 1869, M. Lanctot fut nommé pour représenter la société à la pro- chaine convention avec le Dr R. Whiteford et M. N. G. Boissonneau.
Les officiers de la société élus h la même occasion furent : M. l'abbé SofFers, chapelain ; E. N. Lacroix, président ; C. M. Rousseau, vice-président ; C. F. Charrier, secrétaire ; Geo. Beaulieu, J. J. Cicotte, Geo. Bourque, Pierre Jarrait et F. Dumont, directeurs.
La convention se réunit à Détroit le 13 octobre. Elle se composait des délégués dont les noms suivent : —
Société St-Jean-Bapti->te de VEtat du Michigan : Richard Whiteford, N. J. Boissonneau, Médéric Lanctot.
Société de Bienfaisance Lafai/ette, de Détroit: E. N". Lacroix, J. B. R. Gravier, Charles Longtin.
Société St- Jean- Baptiste du Comté de Wayne : H . W. Deare, Georges Bourque, Chs M. Rousseau.
Association de V Indèmndance Pacifique du Canada : .Tes. Bélanger, Chs F. Charrier, Pierre Blanchet.
Société de Bienfaisance Franco- Américaine de Détroit : Fré- déric Barbier, Chs J. Dossin, Georges Beaulieu.
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LES CANADIENS DU MICHIGAN
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Société St-Jean- Baptiste de Chicago: A. Gagné, A. Beug- ley, A. Leduc. Chs Huot, L. H. Fréchette.
Cercle Littéraire Français de Chicago : Chs Andrieux, W. B. Laparle, Ed Douaire.
Société St-Jean-Baptiste et Congrégation St-Joseph de Cohoes: Joseph Lebœuf.
Société Si-Jean- Baptiste de New- York: Chs Moussette et E. Pnid'hornme.
Institut Canadien-Français de Biddeford, Maine : H. F. Lord.
Société St-Jean- Baptiste de Biddeford, Maine : Alphonse Paré.
Union Française de Bay Comté : J. L. Hébert.
Société St-Jean-Baptiste de St. Alhans: A. Moussette.
L'élection des officiers donna le résultat suivant : — Pré- sident, H. W. Deare; vice-présidents, Charles Moussette, et J. L. Hébert ; secrétaire, Alph. Paré ; asHistant-secrétaire, Jo;:eph Bélanger ; trésorier, Joseph Lebœuf ; commissaire- ordonnateur, James J. Cicotte, avec pouvoir de nommer un assistant.
Le comité de résolutions se composait de MM. Lanctot, Fréchette, Lebœuf, Lacroix et "Whiteford.
Dès l'ouverture des délibérations M. Fréchette demande, comme membre du comité des résohitions, si cette conven- tion doit être limitée par les procédés de la convention de Springiield. Il croit que h» convention de Bpringfield est sortie des voies tracées par les conventions précédentes et par le bon sens et la logique, en excluant la politique ; et qu'elle a outrepassé les p')uvoirs d'une convention en ten- tant de déterminer les devoirs et les attributionc des con- ventions ultérieures et particulièrement de cette convention. Il s'enquiert aussi si cette convention est une convention des sociétés de secours mutuels seulement, ou si elle n'est pas plutôt une convention de tous le:^ Canadiens-français des Etats-Uni<^. Pour sa part, il croit que c'est une convention
UN MOUVEMENT ANNEXIONISTE
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générale,. et il insistera pour que la eonventiou ne soit pas bâillonnée, restreinte et contrôlée par un élément exclusif, qu'il respecte, mais auquel il ne veut pas sacrifier ses opi- nions politiques et ses aspirations nationales. (Vifs applau- dissements.)
Une discussion s'ensuit, mais finalement les idées de M. Fréchette et de M. Lanctot prévalent.
]M. Lord s'étant objecté à la présence de M. Blanchet, le célèbre "citoyen" Blan(;het, comme délégué d'une société de Détroit, parce qu'il n'était pas citoyen des Etats-Unis, il lui fut répondu que les états de service de M. Blanchet le mettaient au-dessus de toutes ces considérations.
Le soir, le gouverneur, M. Baldwin, et le maire de Détroit, M. Wheaton, visitent la convention, sur invitation parti- culiëre. Le gouverneur prend la parole en ces termes :
Mesdames et messieurs, — Je ne suis pas venu dans le des- sein de vous faire un discours. Mais en me rappelant les jours sombres de notre histoire, lorsque notre peuple luttait presqu'épuisé et que la France, votre première patrie, vint si noblement à notre secours, je ne puism'empecherde vous dire combien je suis heureux de vous rencontrer. Pour tout Américain il est un noble nom (pii restera toujours cher et vénéré, c'est celui de Lafayet.e, cet héroïque jeune homme qui fut le premier ami de notre republique. Il me semble l'entendre répondre à notre ambassadeur, qui lui disait que les insurgés étaient tro[) pauvres pour payer même son pas- sage en Amérique : " J'achèterai un transport moi-même pour moi et mes soldats, et je ferai, s'il le faut, le sacrifice de ma vie pour votre cause." Il s'acheta un vaisseau ; il s'appelait la Victoire, un nom de bon augure. Et qu'écri- vait-il à sa femme ? " Au nom de l'amour que tu me portes, deviens une bonne Américaine ; car la cause de l'Amérique, c'est la cause du n.onde entier." Et que disait-il à Wash- ington ? "Tout ce que je demande c'est qu'on me permette de risquer ma vie ; je ne veux ni pension ni récompense."
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LES CANADIENS DU MICHIGAN
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Oui, Français, je suis heureux de saluer des compatriotes de Lafayette. Il y a quelque temps, on a célébré une fête à laquelle j'ai regretté de ne pas m'être trouvé présent ; j'étais absent de la ville. Je veux parler de la célébration du centenaire de N^apoléon, le ^dIus grand général que le monde ait produit. Quand on a une patrie qui s'appelle la France, et des compatriotes qui s'appel' , Lafayette, Napo- léon et Lesseps, cette illustre ingénieur qui vient d'accom- plir la plus grande merveille du monde, on peut lever la tête avec orgueil. Français du Canada, je vous salue ; le Canada c'est la France d'Amérique, et j'espère que bientôt il n'y aura plus de frontière entre nos deux pays, que bien- tôt nous jouirons tous de la même liberté, sous le drapeau de notre généreuse république."
En présence du gouverneur, le comité des résolutions fit son rapport, dans lequel il formulait comme suit ses idées sur l'indépendance du Canada et des autres colonies du î^ouveau-Monde :
Considérant que les Canadiens-Français émigrés aux Etats- Unis ont été forcés de s'expatrier par l'administration hon- teusement corrompue et cruellement arbitraire qui n'a cessé de peser sur le Canada depuis sa conquête par l'Angleterre ;
Considérant que tant que le régime colonial existera au Canada, les Canadiens expatriés ne pourront jamais retour- ner dans leur pays, parce que ce régime leur refuse, par sa propre nature, le pain et la liberté qu'ils trouvent abondam- ment aux Etats-Unis ;
Considérant que l'indépendance du Canada et son an- nexion aux Etats-Unis pour -aient seuls donner aux Cana- diens-Français expatriés aux Etats-Unis les avantages dont ils jouissent ici, et que par conséquent ils ne sauraien- re- tourner dans leur patrie sans qu'elle soit libre et annexée à l'union américaine ;
Résolu que nous Canadiens-Français, nous n'adriettons d'autre solution raisonnable et possible pour le honneur de
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UN MOUVEMENT ANNEXIONISTE
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notre patrie et pour la cessation de notre expatriation, que dans l'indépendance du Canada de la métropole britannique et l'annexion de notre patrie à l'union américaine.
Considérant que les déclarations les plus solennelles et les plus formelles ne sauraient être jugées ni pratiques ni sincères, si elles ue sont pas soutenues par l'adoption des moyens les plus vigoureux et les plus expéditifs de mettre ces déclara- tions à exécution.
Besoin 1. Que les patriotes, membres de cette Conven- tion, se forment en Commission générale d'indépendance et d'annexion du Canada aux Etats-Unis, avec pouvoir d'a- jouter à leur nombre tous membres actifs et lionoraires con- sentant à en faire partie.
2. Que cette convention soit gouvernée par des règle- ments et administrée par une commission executive com- posée d'au moins deux membres par état.
3. Que la commission executive reçoive instruction de nommer trois comités, <lont les membres seront clioisis parmi la commission générale : un comité de correspon- dances et d'organisation pour étendre l'œuvre inaugurée pratiquement aujourd'liui ; un comité de linances, pour trouver par souscriptions et par l'émission de bons d'éman- cipation et d'annexion canadienne, les moyens de défrayer toutes les dépenses de cette entreprise ; enfin, un comité
îhargé d'organiser des centres efficaces pour mener l'œuvre ;\ bonne fin.
4. Que la commission générale ait le centre de ses opéra- tions à Détroit et (pie son organe officiel soit V Impartial.
Attendu que cette conventioii fait les vœux les plus ardents pour le prompt acconiplissement des événements qui doivent réunir la nationalité canadienne-française sous le drapeau glorieux de la république américaine, et qu'il importe aux Canadiens-Français des Etats-Unis de donner une preuve de leur attachement à la patrie canadienne et de leur amour fratei'uel pour leurs compatriotes que le régime colonial n'a pas encore roussi à chasser du sol natal ;
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II
LES CANADIENS DU MICHIGAN
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Résolu que la prochaine convention soit la convention généiiJc des Canadiens-Français de l'Amérique du îford, et qu'elle ait lieu à Montréal, et que la commission execu- tive reçoive instruction de se mettre en communication avec les populations françaises de la prétendue Puissance du Canada et de faire toutes démarches pour que la prochaine convention ait le succës le plus éclatant.
Attendu que les victimes du régime colonial britannique ont naturellement les plus vives sympathies pour les victimes du régime colonial espagnol à Cuba ;-
Résolu que cette convention forme les vœux les plus sincères et les plus ardents pour le succës de l'indépendance de Cuba et professe la plus grande admiration pour leur courage héroïque et leur persévérance à toute épreuve ; et que cette convention verra avec la plus profonde et la plus vive satisfaction, la reconnaissance des droits de belligé- rants aux patriotes cubains et l'intervention active même du gouvernement de Washington, pour mettre un terme aux actes inhumains de la soldatesque espagnole.
Les résolutions furent adoptées au milieu des plus chaleu- reuses acclamations.
Votèrent pour : MM. Lacroix, Fréchette Whiteford, Longtin, Lebœuf, Gravier, Barbier, Bourque, Bélanger, Charrier, Blanchet et Lanctot : 12.
Votèrent contre : MM. Ant. et Chsi. Moussette, Lord, Paré, Hébert, Prud'homme et Rousseau : 7.
La minorité refusa de se 8oumetl,re. Après une longue discussion, elle se retirade la convention, en protestant que l'introduction de la politique dans les délibérations rendait les procédés inconstitutionels. Les délégués dissidents se retirèrent au Biddle House, où ils posèrent définitivement les bases de l'Union Canadienne de Secours Mutuels.
Laissés seuls, les partisans de l'indépendance organisèrent la commission générale de l'indépendance et de l'annexion
UN MOUVEMENT ANNEXIONISTE
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(lu Canada qui se composait des messieurs suivants : E. 'N. Lacroix, H. "W. Deare, P. Blanchet, L. H. Fréchette, Geo. Beaulieu, J. J. Cicotte, Frédéric J. Barbier, J-B. R. Gravier, Richard Whiteford, M. D., Jos. Lebœuf, Joseph Bélanger, Geo. Bourque, C. F. Charrier, Charles Longtin, N. J. Bois- sonneau et Médéric Lanctot. Les messieurs suivants turent nommés officiers de cette commission : Président, E. K Lacroix ; vice-présidents, R. Whiteford, M. D., L. H, Fréchette et Jos. Lebœuf; secrétaire-archiviste, George Bourque ; secrétaire-correspondant, Jos. Bélanger ; secré- taire-trésorier, H. W. Deare.
Les messieurs suivants furent ensuite unanimement dé- clarés membres honoraires de cette commission générale de l'indépendance et de l'annexion du Canada, savoir :
Son excellence H. P Baldwin, gouverneur de l'état du Michigan ; son honneur W. W. Wheaton, maire de la cité de Détroit ; Edouard Kanter, écr. ; l'hon. sénateur de l'état du Michigan, J. M. Howard ; D. B. Duffield, écr., G. V. N. Lothrop, écr., W. E. Moore, écr.; Sylvestre Larned, écr. et Levi Bishop, écr.
Combien de ces hommes se rappellent aujourd'hui qu'il y a vingt-cinq ans ils ambitionnaient de transformer les des- tinées du Canada. La plupart sont des hommes d'affaires qui n'ont aucune aspiration politique ; tous sont de paisi- bles citoyens que l'on ne prendrait jamais pour des fauteurs de révolutions.
Avant de se disperser la convention no?Tima MM. Lacroix, Fréchette, Jos. Lebœuf, Hébert, Pierre Blanchet et Mé- déric Lanctot "pour rédiger une adresse aux Canadiens- Français du Canada, pour leur expliquer que le but de cette convention en proposant que Montréal soit l'endroit de la- prochaine convention, est de réunir toutes les sociétés de bienfaisance des Etats-Unis à celles du Canada, et de concerter ensemble avec nos compatriotes du Canada,
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LES CANADIENS DU MICHIGAN
les moyens pratiques de contribuer à leur délivrance de la tutelle britannique et à leur annexion aux Etats-Unis."
Enfin les délégués participèrent à un grand banquet au Biddle House. La liste des toasts nous fait penser aux agapes et au langage des contemporains de Mirabeau. La voici : —
1. Aux Etats-Unis. —
Reconnaissance à la patrie d'adoption qui nous a donné la liberté civile, et nous conserve nos droits religieux. — Le Président.
2. Au Canada. —
. Nous conservons dans nos cœurs le souvenir de la patrie absente. — M. E. K. Lacroix.
3. Aux différentes Sociétés Canadiennes des Etats-Unis. — Puisse leur influence s'étendre de jour en jour et couvrir
bientôt tout le sol libre de l'Amérique. — M. Lebœuf.
4. A l'annexion du Canada aux Etats-Unis. —
N"ous l'appelons de tous nos vœux comme une ère de bonheur pour nous et notre patrie. — M. L. H. Fréchette.
5. Aux patriotes du Canada. —
Puissent-ils vivre assez longtemps pour voir le jour de la délivrance. — M. Lanctot.
6. A Cespedes et aux Patriotes cubains. —
Nous admirons leur héroïsme, et faisons des vœux pour le succès de leur cause, qui est celle de tous les américains. — Dr. Whiteford.
7. A la Presse. — \ C'est le flambeau qui éclaire les peuples sur la voie de la
civilisation. — P. Blanchette.
8. Aux dames Canadiennes du Canada et des Etats-Unis. — Le souvenir des dames nous fait penser à la patrie, et la
présence des autres nous aide à supporter l'exil. — Joseph Bélanger.
UN MOUVEMENT ANNEXIONISTE
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couvrir
Le 20 novembre 1869, Médéric Lanctot faisait paraître à Détroit, le premier numéro de l'Impartial, l'organe de la ligue pour l'indépendance du Canada. Dans son article sur l'œuvre de la convention, il déversait tout le feu dont son âme était dévorée.
" C'est donc la liberté," s'écriait-il, "qui est le but suprême de l'homme sur la terre, comme c'est le désir de voir le Créateur en face qui est la grande aspiration de son âme immortelle.
" Otez ce but : la liberté ; vous n'avez plus l'homme, vous n'avez qu'un cadavre ! Otez le grand avenir à l'âme, et vous brisez le grand ressort de la vie : la charité,, la fraternité, l'amour en un mot ; et il ne reste plus qu'un clavier froid, touché par les doigts crochus de l'égoïsme.
" Dieu merci ! le peuple canadien n'est pas assez dégé- néré pour désobéir à cette loi suprême de la nature, à ce précepte infaillible de Dieu ; la liberté et la fraternité ; la liberté qui commande l'égalité des droits, et la fraternité qui commandé l'amour mutuel, le dévouement de tous pour chacun, de chacun pour tous.
" Le peuple canadien n'ayant pas la liberté chez lui, l'a cherchée aux Etats-Unis ; la preuve qu'il l'y a trouvée, c'est qu'il y reste. Et la preuve qu'elle n'existe qu'aux Etats- Unis, c'est que le peuple canadien continue d'émigrer. Il émigré de plus en plus. Ce n'est plus un ruisseau, c'est un torrent, grossi de toutes les nobles ambitions brisées par la servitude coloniale, de toutes les misères engendrées par la succion impitoyable de l'empire sous la forme de tarifs odieux, vexatoires, iniques ; de tous les abrutissements même que là servitude laisse sur son passage par ses procé- dés pernicieux et dégoûtants de dégradation physique, so- ciale, politique et morale.
" Et tant que le Canada ne sera pas libre, et tant que les Etats-Unis le seront, l'émigration canadienne continuera, la terre natale sera dépeuplée, les cendres froides de nos foyers
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LES CANADIENS DU MICHIGAN
seront jetées aux quatre vents du ciel et le brasier de l'étran- ger ne réchauffera plus même les souveirirs du passé sous le toit chéri des défricheurs du sol, des pionniers de la civili- sation française sur le continent nouveau.
" Vous l'avez bien compris, ô vous, hommes patriotiques, sentinelles avancées de l'émigration canadienne, quand, cé- dant à l'attendrissement de votre patriotisme, vous avez levé, il y a cinq ans, dans votre première et mémorable convention, l'étendard de l'annexion. Vous avez bien senti dans vos nobles et généreux cœurs qu'il n'y avait qu'un moyen de conserver à la France, sa fille, la nationalité cana- dienne ; à la famille canadienne son bien chéri, ses chers foyers, son clocher, ses champs, ses intéressantes cités, ses souvenirs. Oui, vous avez compris, vous, nobles, fidèles et courageux initiateurs, que le moyen d'arrêter cet annéan- tissementjd'une nationalité, cette émigration désastreuse, cet épuisement d'un peuple, cet assèchement de la source du patriotisme français en Amérique, c'était d'en frapper la cause à la racine avec la cognée de la logique et de dire au peuple canadien : Puisque tu as la force de t' expatrier pour secouer la servitude et te jeter dans les bras de la liberté, fais mieux ! pousse avec nous le cri de l'annexion et tu auras la liberté sans quitter tes foyers ! tu conserveras tout ce que les mots sublimes, patrie et famille, renferment de délices, de sentiments infiniment exquis, de douceurs et d'émotions inefiables, et, de plus, tu auras la liberté, avec tous ses avan- tages, avec toutes ses lumières, avec tous ses grands résultats.
" Honneur à vous, nobles et sincères fondateurs de cette entreprise. L'initiative aux Etats-Unis vous appartient. Deux fois, vous êtes revenus à l'assaut ; deux fois vous avez élevé sur le pinacle de vos conventions le drapeau de l'an- nexion, et les cœurs ont tressailli au Canada ; on à com- mencé à voir le nouveau phare, destiné à guider les grandes aspirations du peuple Canadien. Puis faut-il le dire
UN MOUVEMENT ANNEXIONISTE
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ici ? le nuage sombre de l'égoïsme, qui a présidé à votre
quatrième convention, a caché un instant aux Canadiens de l'Amérique du Nord ce phare lumineux. Encore une fois, U patrie a gémi d'un retard ; encore une fois cette noble et tendre mère a essuyé les larmes que l'aveuglement, l'égo- ïsme et la trahison de quelques-uns de ses enfants lui ont arrachées ; encore une fois elle a senti qu'il y avait des âmes assez mal ini irées, des cœurs assez mal placés pour oublier qu'ils lui devaient la vie et augmenter son supplice, à elle qui ne peut mourir, à elle qui doit souiFrir et boire la coupe jusqu'à la lie. Ça été le coup de poignard de la trahison. Mais, ô nobles amis, vous avez été vengés ! O noble patrie, tu as tressailli d'aise ! Votre œuvre, messieurs, a été accla- mée ; la convention des Canadiens-français de 1869, l'a adoptée, restaurée, augmentée, agrandie peut-être ! Et toi, patrie, tu as vu les meilleurs de tes fils fustiger les égoistes, les bannir de tes côtés, et les déclarer sur preuves toutes récentes, indignes de marcher sous ta noble bainiière !
" Saluons donc l'œuvre de la convention de Détroit, comme l'aplanissement des difficultés, le retour au mouve- ment, l'étape heureusement franchie, l'épuration de l'armée de délivrance, l'union de tous les patriotes dans un seul et unique but : l'émancipation du Canada et son aimexion aux Etats-Unis." .
Dans une autre colonne, répondant aux attaques person- nelles de ses adversaires, il disait :
" Publier un journal et libérer son pays tout à la fois, n'est pas une entreprise d'un jour, ni même d'une année. C'est l'œuvre d'une existence complète. L'énergie, la por- sévérance, une soumission chrétienne à toutes les épreuves, et une confiance illimitée dans la bonté et la justice de la Providence, voilà ce qui devra nous soutenir jusqu'au suc- cès définitif de notre entreprise nationale."
Malheureusement Lanctot n'agissait pas comme il par- lait. ÏTe pouvant réussir avec V Impartial, il abandonna la
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LES CANADIENS DU MICHIOAN
publication de ce journal au bout de cinq semaines. Puis il apostasiait publiquement la foi catholique et faisait pa- raître The Anti-Roman Advocate. Ce journal adoptait les idées de Chiniquy. Heureusement son influence parmi les Canadiens de Détroit fut peu considérable. Il ne parut que cinq mois. Lanctot retourna ensuite au Canada et il eut le bonheur de revenir à la foi de ses pères.
Le mouvement annexionniste se trouva complètement discrédité. La convention de Montréal ne fut jamais con- voouée, et tous les amis véritables des Canadiens émigrés regrettèrent que la politique se fut jamais introduite dans leurs conventions.
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CHAPITRE XVII.
SOCIETES NATIONALES.
La fin désastreuse du mouvement annexiouiste qui avait été lancé avec tant d'éclat, eut naturellement un effet trës fâcheux pour le prestige des Canadiens et pour la prospé- rité de leurs sociétés.
L'Association St-Jean-Baptiste de l'Etat du Michigan eut encore deux assemblées annuelles, en 1870 et 1871, puis elle tomba dans l'oubli. La Société Lafayette décida en 1871 de ne plus envoyer de délégués aux conventions.
La Société St-Jean-Baptiste du comté de Wayne seule se rallia fermement à l'Union des sociétés, dans laquelle elle resta jusqu'à 1879, époque à laquelle elle entreprit d'assurer ses membres elle-même.
Le délégué de cette société, à la convention de Worcester, qui eut lieu en 1871, M. E. N". Lacroix, fut l'objet d'une belle démonstration. Au milieu de la convention, M. Ferd. Gagnon, fondateur du Travailleur, accompagné de MM. Chs. Moussette et Jos. Lebœuf, s'avança vers M. Lacroix, et au nom des Canadiens émigrés il lui présenta une canne montée en or, en reconnaissance de ses nombreux services à la cause nationale et en témoignage d'estime. Le lendemain, M. Lacroix était élu président du bureau de direction. M. Gagnon, dans son rapport de la convention dit : " M. La- croix est pour moi la personnification du patriote émigré."
!N"é en 1812, à Montréal, M. Lacroix avait émigré à Détroit après les événements politiques de 1838. Toute sa vie fut consacrée au service de la cause nationale. Il est
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LES CANADIENS DU MICHIQAN
mort, il y u quelques années, entouré du respect que méri- taient ses vertus.
En 1874, au moment de la grande démonstration natio- nale de Montréal, les Sociétés St- Jean -Baptiste des comtés do Wayne et d'Essex s'unirent pour faire un grand pique-nique à Chatham. L'année suivante les Sociétés St-Jean-Baptiste du comté d'Essex, et St-Patrice, de Chatham, s'unirent à celle de Détroit pour célébrer la fête nationale en cette ville. La Société Lafayette et l'Institut Cosmopolitain Français, qui venait d'être fondé par M. Willerain, avocat français, prirent aussi part à la procession. Le sermon dans l'église Ste-Annt fut prononcé par M. l'abbé Caisse, de Montréal . La démonstration se termina par un pique-nique au Weber's Garden, ou des discours furent prononcés par MM. Joseph Bélanger, de Détroit, J. A. Foisy et H. R. Stephenson, de Chatham, E. N". Lacroix et R. F. Xager, de Toledo.
Ces manifestations malheureusement, ne se répétèrent pas assez souvent. Apres la faillite de l'Union des Sociétés en 1879, les sociétés de Détroit restèrent isolées, et pendant plusieurs années elle n'essayèrent plus de renouer les rela- tions avec les sociétés sœurs.
Cependant l'idée de l'organisation en sociétés de secours se répandait sur tous les points de l'état. En 1869 une société Lafayette s'organisa à Bay City, puis une Union St- Joseph dans la même ville, et une Association St-Jean-Bap- tiste à West Bay City. La Société St-Jean-Baptiste de Marquette est réorganisée d'une manière permanente en 1875, et vers le même temps on pose les baso de bla- bles sociétés à Muskegon et à Mani^^ année 1879
vit naître la Société St-Jean-Baptiste u,ke Lindc et
l'Union Canadienne-française d'IshpeUi 'F.'n 1888, se
fondent l'Union Canadienne-française de ivopii lie, et l'Ins- titut Jacques-Cartier d'Escanaba; en 1884, la Société des Chevaliers de Lafayette, et la Société St-Jean-Baptiste de !N"egaunee, les Chevaliers de St-Jean d'Oscoda et la Société
SOCIÉTÉS NATION ALiîS
249
St- Jean-Baptiste d'Alpeim ; en 1885, la Société St-.Teaii- Baptiste de Menomenee et celle de Calumet ; eu 1880, la Société St-Jeau-BaptiHte de Cheboygon, celle de Houghtoii et Haucok, et celle de Champion. Le nombre des sociétés nationales dans le Michigan, se trouvait ainsi porté à vingt- deux, ce qui pouvait donner environ 3,500 sociétaires. Toutes ces sociétés sont des associations de secours mutuels, et plusieurs d'entre elles ont accumulé plui^ieurs milliers de dollars dans leur caisse, tout en secourant les malades et les orphelins, et en célébrant avec le plus d'éclat possible la fête nationale chaque année.
Bans le comté d'Essex, des sociétés St- Jean-Baptiste s'é- taient aussi formées dans les nouvelles paroisses du comté, mais c'étaient des associations purement patriotiques, dont les efforts se bornaient à diriger la célébration de la tête nationale.
La plus mémorable de ceo démonstrations est celle de Windsor en 1883. Sir Hector Lange vin. Sir Adolphe Caron, M. Benj. Suite, M. l'abbé Casgrain et plusieurs autres Canadiens de la province de Québec rehaussèrent l'éclat de cette fête par leur présence.
A l'occasion de la célébration de la fête nationale St- Jeau-Baptiste qui eut lieu à Amhersburg le 24 juin 1885 avec beaucoup d'éclat et avec le concours de toutes les so- ciétés du comté, M. Joseph P. Jubain ville, président de la société de la paroisse de St-Joseph de la Rivière aux Ca- nards, exprima dans un discours patriotique l'idée de grou- per toutes les sociétés du comté d'Essex en un seul corps, ayant à sa tête un comité central. Cette idée fut accueillie avec faveur, et M. Jubainville, poursuivant son œuvre, par- courut après la fête les différentes paroisses, assista aux assemblées des diverses sociétés et obtint d'elles la nomina- tion de trois délégués au comité central des sociétés de St- Jean-Baptiste d'Essex.
Ces délégués, au nombre de 21, se réunirent à Windsor
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LES CANADIENS DU MICHIGAN
le 6 octobre 1885, à savoir : MM. Luc Montreuil, Daniel B. Odette ot Edouard Boisraier, pour la société de Windsor et Bandwich ; MM. N. A. Coste, Patrice Ouellette et Damase Bellanger, pour la société d'Amherstburg ; MM. J. Dus- sault, Ludger St-Jcan et Boniface Dupuis, pour la société St-François de Tilbury West ; MM. Alexandre Chauvin, Israël Desjardins «t D. Lévesquo, pour la société de la Pointe aux Hocbes ; MM. Henry Morand, J. B. Cada et François Belleperche, pour la société de Ste-Anne de Teeum- seh ; MM, Joseph P. Jubain ville, H. J aframboise et C. L. Paré, pou*" la société de St-Joseph de la Riviëre aux Ca- nards ; MM. Napoléon Langlois, Xavier Prieur et Charles Lévesque, pour la société de St-Clément de MacGregor.
A cette réunion il fut procédé à l'élection d'officiers pour diriger le comité et les sociétés du comté, et les per- sonnes suivantes furent élues par acclamation : M. N. A. Coste, président ; MM. Luc Montreuil et Israël Desjardins, vice-présidents ; M. Daniel B. Odette, secrétaire-général ; M. Henry Morand, trésorier ; M. C. L. Paré, secrétaire- adjoint.
Une constitution commune pour toutes les sociétés fut adoptée à cette réunion, et depuis elles ont toujours fêté le 24 juin ensemble.
Le besoin de l'union, toutes les sociétés canadiennes des Etats-Unis, et surtout des sociétés de bienfaisance, l'éprouvent constamment. Plusieurs efforts ont été tentés pour opérer un rapprochement.
En octobre 1885 eut lieu la première convention des Canadiens du Haut Michigan. Les sociétés St- Jean-Bap- tiste de Marquette. Negaunee, Beacon, Lake Linden et Calu- met, et les Unions Canadiennes-françaises d'Ishperaing et de Republic se firent représenter à cette convention. Il y fut résolu : " Que cette convention approuve non seulement l'union de toutes les sociétés canadiennes-françaises du Haut Michigan, mais qu'elle désire qu'il y ait une union centrale
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SOCIETES NATIONALES
251
(laiiB chacun des Etats où il y a des sociétés nationales, et qu'il y ait de plus une association fédérale de toutes les so- ciétés nationales des Etats-Unis et du Canada, priant la société-raëre, la société St-Jean-Baptiste de Montréal, d'en prendre l'initiative."
Conformément à cette résolution un projet de constitu- tion fut adopté par la convention pour former une associa- tion centrale de secours mutuels ; et il fut aussi résolu que " toutes les sociétés représentées à cette convention soient dé- clarées faire partie de l'association."
Une deuxième convention des mêmes sociétés eut lieu à Lake Linden en 1886, et une troisième à Ishpemingen 1887. L'union avait déjà eu un excellent effet. Malheureusement lajalousiv existant entre les officiers de deux ou trois des sociétés, fut la ruine de l'association de secours, et fit aban- donner l'idée des conventions.
Ce fut aussi en 1885 que les officiers de l'association St- Jean-Baptiste de l'état du Michigan reprirent l'idée de se pré- valoir de l'acte d'incorporation do 1871, pour unir toutes les sociétés nationales de l'état sous une administration cen- trale. Un projet de constitution ayant été adopté, l'auteur de ces lignes entreprit de visiter les principaux (^entres canadiens de l'Etat. Il contribua à la fondation de sociétés St-Jean-Baptiste à Ludington et à Manistee dans le but de de les affilier à l'association centrale. Pjirtout l'idée d'une fédération fut favorablement accueillie, mais lorsqu'il fallut en venir à l'application, il se trouva encore une fois qu'il était impossible de satisfaire toutes les susceptibilités de ceux qui posent comme chefs des sociétés.
Il résulte de nos observations que le besoin d'une organi- sation plus forte se fait universellement sentir parmi les Canadiens émigrés, mais qu'aucune de leurs sociétés exis- tantes n'a le prestige voulu pour prendre l'initiative d'éta- blir une union nationale et de bienfaisance.
Il y a là une question de la plus haute importance pour
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LES CANADIENS DU MICHIGAN
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l'avenir des Canadiens-français et qui mérite une étude ap- profondie de la part de nos compatriotes du Canada.
Il suffit de jeter un regard en arrière pour se convaincre du bien accompli par les conventions.
Lorsque la première convention des sociétés canadiennes- françaises des Etats-Unis eut lieu à New- York en 1865, l'on ne comptait guère qu'une douzaine de ces associations parmi les 300,000 Canadiens-français r^ii, dès lors, habitaient les Etats-Unis. Il n'y avait que quelques missions canadiennes. JSTos compatriotes étaient ignorés des étrangers au milieu desquels ils vivaient ; ils ignoraient eux-mêmes leur propre importance. Vivant dans un certain sentiment de leur propre infériorité, ils étaient sans espoir poi;r l'avenir. Leur horizon ne s'étendait pas au-delà de leur localité ; ils igno- raient ce que le reste de la nation faisait. Leur suprême ambition consistait à amasser quelques dollars pour retour- ner au pays natal le plus tôt possible.
Les premières conventions ouvrirent les yeux de ces pau- vres émigrés sur leur force. Elles ranimèrent leur courage en leur donnant la confiance, en leur apprenant que d'un bout à l'autre du continent il y avait des frères au cœur généreux qui travaillaient à assurer un avenir brillant à la race canadienne-française.
Il n'est pas un centre important dans les régions qui ont participé aux conventions qui ne possède son église, son école et ses sociétés nationales. Ils se considèrent eux-mêmes non plus comme de malheureux exilés, mais comme des pionniers de l'idée française sur le territoire qu'ils sont en train de reconquérir ; ils sont fiers du présent et confiants dans l'avenir.
Et dans cette transformation, l'influence des conventions est palpable. Ainsi que le disait le bureau central de la convention de 1874 dans sa proclamation :
" C'est l'Union qui, eu transportant les assemblées an- nuelles de place en place, a développé le goût de l'associa-
SOCIETES CANADIENNES
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3tude ap-
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lacliennes- 1865, l'on 0118 pai mi taient len ladiennes. au milieu ur propre t de leur nir. Leur ; ils iguo- V suprême ur retour-
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tion parmi les populations qui n'y étaient point habituées ; c'est elle qui a marié en un faisceau fraternel les sociétés qui naissent sous ses pas. C'est l'Union qui, à force de dé- montrer la nécessité du journal, a fini par produire une impression qui a créé la presse canadienne-américaine. C'est encore l'Union qui a mis en branle toutes les idées géné- reuses que depuis dix ans nos compatriotes tîichent de met- tre en pratique."
A ceux qui persistent à ne voir qu'une simple coincidence da; s le développement simultané de l'influence canadienne et des conventions, nous ajouterons : jetez un regard sur les cen- tres canadiens qui se distinguent par leur activité patrioti- que : ce sont ceux qui ont pris part aux conventions. Parcourez le pays, et partout ou vous trouverez nos com- patriotes disciplines, agissant en corps et exerçant quelque influence dans la politique, vous pourrez vous dire avec vérité : les conventions ont passé ici
Les conventions sont aujourd'hui reconnues comme le grand et unique moyen d'organisation et d'entente partons les peuples et par toutes les associations. Allemands. Irlan- dais et Suédois, sociétés ouvrières ou scientifiques, tous ont recours aux conventions pour atteindre l'unité d'action, pour relever l'enthousiasme et multiplier les corps locaux, et pour faire de la propagande. Xotre nationalité est sou- mise aux mêmes règles que toutes ces associations et tous ces peuples ; ce qui est avant.agenx pour tax l'est également pour elle.
Les adversaires des conventions ont dit qu'elles ne ser- vaient qu'à faire connaître quelques orateurs qui viennent là pour faire de grands discours. Mais n'est-ce pas pour un peuple un grand avantage que de connaître les hommes qui s'intéressent' à ses destinées, les chefs qui sauront le défen- <lre quand la nécessité s'en fera sentir et autour desquels il pourra se ranger à l'heure du danger ? Pour notre part nous considérons que c'est là un avantage précieux. Il
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LES CANADIENS DU MICHIGAN
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importe de connaître son général quand on marche au combat.
Et ces discours ne sont pas non plus un mal. Les salu- taires enseignements patriotiques qu'ils renferment restent dans le cœur de nos compatriotes comme un germe fécond quise développera de lui-même et rapportera au centuple. Si les idées de quelques philosophes ont pu prendre racine dans le cerveau des peuples et causer les révolutions qui ont balayé les hommes d'état et leur pouvoir, si aujourd'hui le livre d'un Henry George a pu porter des milliers d'Amé- ricains vers le socialisme, pourquoi les idées exprimées par nos hommes les plus capables, réunis en convention, ne ger- meraient-elles pas dans le cœur de nos compatriotes et ne les pousseraient-elles pas à de plus grands et de plus prati- ques eiforts pour l'agrandissement de notre influence ? 'Ne méprisons pas le pouvoir moral, il est souvent plus puissant que les décrets des législateurs reconnus.
Un vent de matérialisme souffle depuis quelque temps sur nos sociétés nationales. S'il fallait en croire les esprits pratiques qui aspirent à les diriger, nos sociétés n'auraient d'autre mission que celle de s'enrichir, comme de simples compagnies d'assurances ; elles devraient se mêler au mou- vement national que juste assez pour se faire la réclame voulue.
Si ces adorateurs du veau d'or doivent triompher, il vaut aussi bien prononcer l'arrêt de mort de toutes les associa- tions que les Canadiens-français soutiennent au prix de sacrifices considérables. Nos sociétés doivent être nationa- les avant tout, ou elles n'existeront pas. Des compagnies d'assurances, des associations de secours nnituels, il en existe des centaines qui offrent plus d'avantages, soua Ir, rapport matériel, que nos sociétés. C'est par le<^ services qu'elles rendent à la nationalité que nos sociétés peuvent se donner une raison d'être. Si l'on veut rabaisser leur rôle, leur enlever le glorieux cachet de patriotisme et de dévouement
SGCIÉTÉS CA*,AD1ENNES
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qui les ont rendues chères à tous nos compatriotes, on les rui- nera.
L'on n'étudie peut-être pas assez l'origine de ces sociétés nationales. Si l'on connaissLit mieux les circonstances qui les ont fait naître, les sentiments qui ont présidé à leur fondation et à leur développement, l'on aurait sans doute des notions plus élevées sur le sujet.
Durant l'époque qui s'écoula de 1763 à 1837, les Cana- diens-français ne sentirent pas le besoin de sociétés natio- nales. Ils étaient encore tous dans les limites de la pro- vince de Québec, leurs intérêts étaient peu compliqués et ils les comprenaient si bien qu'ils se retrouvaient toujours unis pour les défendre. D'ailleurs, ils pouvaient parfaite- ment les discuter dans l'Assemblée législative qui leur fut accordée en 1791, la minorité anglaise qui siégeait dans ce corps étant si peu nombreuse qu'elle ne pouvait guëre les distraire dans leurs discussions ni les influencer dans leurs décisions.
Il n'en fut pas de même aprës l'union de 1840. L'appa- rition d'une majorité de députés anglais dans l'enceinte par- lementaire, les questions industrielles et financières qu'ils y apportèrent avec la diversité des intérêts, les tendances con- servatrices des uns et les idées libérales des autres com- pliquèrent tellement la politique qu'il devint impossible de faire en chambre une étude sérieuse des intérêts particuliers des Canadiens-français.
C'est alors que Duvernay fonda la première société St- Jean-Baptiste, dans l'espoir qu'elle deviendrait le germe d'une de ces grandes associations au moyen desquelles les chefs des peuples opprimés ou dispersés répandent leurs idées et font prévaloir leur volonté.
L'honorable juge Loranger a parfaitement raconté l'ori- gine de l'association St-Jean-Baptiste lors du congrès de J^ioatréal, en 1884. Après avoir fait l'historique de nos luttes depuis la conquête, le savant orateur disait :
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LES CANADIENS DU MICHIGAN
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" Les quatre-vingt-douze résolutions furent le testament politique des hommes de 1791 et de 1813 en faveur des générations futures
" C'était quatre années seulement avant la surpension de la constitution, à une époque où les dissolutions fréquentes et continuellement répétées du parlement rendaient l'autorité illusoire et en paralysaient l'action, et où il était facile d'en prévoir la fin prochaine, l'expressson de ses dernières volontés adressées au peuple de la province, auquel elle représentait leur accomplissement comme essentiel au maintien de ses institutions et de ses droits politiques et sociaux, de sa langue, de sa religion et de ses lois, et comme indispensable à la conservation de la nationalité. Encore une fois, le manifeste était le testament politique de la Chambre d'Assemblée.
"L'exécution de ce testament incombait sans doute à la nation; mais elle n'était représentée par aucun corps public, et sans semblable représentation, un peuple ne peut être consi- déré qu'individuellement et il est incapable de tout acte poli- tique. Dans l'intervalle, la société St-Jean-Baptiste de Montréal fut fondée, et ce fut elle qui devint l'exécutrice testamentaire de rassemblée. Ce tut une puissance morale substituée à la puissance politique qui la remplaça pendant l'interrègne parlementaire de 1839 à 1340, et qui a marché de pair avec elle depuis l'acte d'Union de 1840.
" Ludger Buvcrnay m'a souvent et beaucoup parlé de
la St-Jean-Baptiste, et «les projets ambitieux qu'il faisait pour son agrandissement. C'est de lui que je tiens l'idée de faire une société générale de toutes les sociétés particu- lières établies en Amérique sans briser leur autonomie et nuire à leur existence particulière, et je suis heureux de lui en attribuer ici la paternité. De son temps, où l'immigra- tion aux Etats-Unis ne faisait que commencer, il n'y avait pas de sociétés nationales établies en dehors de la province où se bornait son ambition. " Avec un levier semblable, je soulèverais le pays,' m'a-t-il souvent dit."
vSOClKTKS N ATION A I.ES
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Et Duvornay avuit raison.
Que no pourrions-nous pas attendre si l'on taisait suceéder un ordre durable de choses aux tentatives intermittentes que l'on a faites jusqu'ici pour réunir nos sociétés, si nous pouvions constituer d'une manière permanente cegouvi-rne- meut moral dont nous sentons tous la nécessité?
Et la chose est possible, facile même. Un peu de foi, de c'.niiance suffit pour transporter les montagnes, un peu de l)onne volonté pour t^iciliter l'entente.
Traitant cette question il y a quelques années dans un journal des Etats-Unis nous disions :
" Par le passé, quand une grande célébration était orga- nisée (piehpie part, nos sociétés les plus prospères s'im[io- saient des sacrifices très durs pour y envoyer des délégués ; et elles se plaignent ([u'elles n'ont obtenu aucun rc'sultat palpable en récompense de leur dt'vouement.
" En effet, l'on ne pouvait en attendre aucun. Ces délé- gations envoyées à Montréal, à Québec ou à Xashua servent, il est vrai, à affirmer l'unité de sentiments de notre nationa- lité, sa grandeur ; mais là s'arrête leur rôle.
" Les groujtes t-anadiens de ciuique état, de cha(]Ue pro- vince, ont des besoins, des intérêts particuliers, inconnus au dehors. Ce ([ui peut être très bon pour les habitants de la province de (Juébec ne peut pas, le plus sou vent, s'aiq»liquer k nous. Tl est impossible à une grande convention générak' de s'intéi'esser aux affiiires particulières de chaque centre. Les renseignements généraux ne suffisejit point pour régler ces choses ; et chaipu' localité semble exiger des exceptions particulières. Tout échappe, tout fuit [lar les détails, (pnmd on n'est pas à distance nécessaire pour les atteindre.
"Imaginez-vous des représentants élus par un certain nombre de comtés ou de vilhiges allant à Washington \)onv faire des règlements pour l'entretien des rues et la construc- tion des égoûts. Vous voyez d'ici la confusion, les injus- tices, les dépenses folles.
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LES CANADIENS DU MICHIQAN
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" Et c'est pourtant là l'image de nos conventions géné- rales jusqu'à ce jour. Il faut que le principe fondamental de ces i^istitutions ait été bien bon pour qu'elles aient pro- duit les résultats que nous avons déjà démontrés en dépit d'une aussi mauvaise organisation.
" Les conventions générales doivent être le corps suprême dans une organisation complète. Mais il faut entre elles et les sociétés locales un corps intermédiaire, que nous nous contenterons de comparer aux législatures d'état pour faire bien comprendre notre idée. On réunirait ensemble les centres d'une région déterminée ayant à peu près les mêmes intérêts, et on laisserait à ces conventions régionales — nous employons le mot régionale de préférence au terme conven- tion d'état, parce que les divisions politiques ne correspon- dent pas toujours à celles qu'il convient d'adopter pour nos fins d'organisation — la partie du bien à faire qui n'est pas soumise à des principes uniformes, puisque des changements dans cette sphère peuvent être exécutés dans un lieu et re- jetés dans un autre sans qu'il en résulte aucun inconvéniei .
" Une pareille organisation devrait infailliblement être beaucoup plus .efficace que celle qui a prédominé jusqu'au- jourd'hui. Elle serait aussi beaucoup moins onéreuse. Les frais de voyage des délégués à une convention régionale seraient peu élevés ; toutes les sociétés, mêmes les plus pau- vres, seraient en état de se faire représenter. La convention, ses délibérations terminées, choisirait à son tour, dans son sein, deux ou trois délégués à la convention générale. Les dépenses de ces délégués étant reparties directement sur toutes les sociétés de la région, ne seraient pas non plus très obérantes.
'' Ces délégués aux conventions générales seraient les véritables représentants de toutes les sociétés de leur région, <le8 hommes choisis, capables. Ils parleraient avec autorité, et s'éclaireraient des renseignements détaillés soumis aux réunions locales, ils jetteraient sur notre situation un jour
SOCIETES NATIONALES
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nouveau, fixeraient les doutes et indiqueraient la route à suivre.
" En laissant à chaque société sa liberté pleine et entière, de même qu'à chaque convention, l'on profiterait des expé- riences diverses qu'elles tenteraient ; l'on créerait entre elles une émulation (pii les aiguillonnerait sans cesse à trouver le meilleur régime."
Cette esquisse d une constitution est celle qui vient d'être 'adoptée par les Forestiers Catholiques, et qui avait déjà été mise en pratique par toutes les grandes sociétés d'assurance mutuelle.
Son adoption par les sociétés St-Jean-Baptiste, permet- trait d'étendre dans toutes les localités où il y a une ving- taine de canadiens, les bienfaits de l'organisation et de l'as- surance, et on formerait ainsi un lien moral et matériel entre tous les groupes dispersés sur le continent.
Les avantages mêmes de l'assurance ne sont plus à dis- cuter. En partageant les risques, en multipliant le nombre des assurés, on facilite le paiement de l'assurance, et par conséquent, une association comprenant un ou deux mille membres est toujours plus avantageuse que- celle qui n'en comprend que deux ou trois cents.
Les sociétés locales ne sont pas des associations d'assurance avantageuses,pour cette raison additionelle qu'elles ne garan- tissent jamais à l'assuré un montant déterminé. Durant des années une société peut compter, disons, trois cents membres. Durant toutes ces années les membres auront payé f 300 d'as- surance à ceux qui seront morts. Mais un beau jour arrive une chicane dans la société, ou toute autre cause, qui réduit le nombre des membres de moitié. Cela se voit assez sou- vent. Eh bien, la conséquence sera que les membres dévoués qui resteront ne retireront à leur mort que $150 après avoir souscrit assez toute leur vie pour une assurance de $300.
Autre exemple. Une épidémie passe sur une localité, ou
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LES CANADIENS DU MICHIGAN
bien par accident, par le simple effet du hasard, plusieurs membres meurent presqu'en même temps. Les deux pre- miers auront leur assurance en temps convenable ; mais les autres devront attendre deux, trois, plusieurs mois peut- être. Or, l'on sait que les temps qui suivent immédiate- ment la mort du chef sont les plus durs pour la famille. Une assurance qui ne garantit pas avei- certitude le paie- ment du montant stipulé aussitôt après la mort n'est pas digne du nom d'assurance.
Pour rendre les sociétés nationales populaires, pour y attirer tous les Canadiens il faut faire disparaître ces objec- tions en établissant la solidarité de tous les groupes.
Ce serait le moyen le plus efficace d'empêcher nos com- p.atriotes d'entrer dans des sociétés étrangères, où leur foi et leur langue sont également menacées.
Entre toutes les sociétés canadiennes-françaises, l'Asso- ciation St-Jean-Baptiste de Montréal est celle qui pourrait le mieux prendre l'initiative d'établir cette grande organi- sation patriotique et de bienfaisance. Elle a les capitaux, elle a le prestige, elle a les hommes. Qu'elle marche de l'avant, qu'elle établisse un système d'assurance et nous sommes certains que la grande majorité des Canadiens des Etats-Unis seront fiers de s'enrôler sous sa bannière pour maintenir l'unité de la race et faire le bien-être des indi- vidus.
CIIAriTRE X\ III.
ORGANISATION' I»A110ISSIALK.
Les sociétés nationales ont un jj^rand rôle h jourr aux Ktats-Unis pour la conservation do notre raec ; mais leur propre existence dé}>end dans une large mesure de l'orga- nisation paroissiale. Là où elle n'est pas soutenue par un curé sympathique, la société nationale, après avoir lutté pendant (quelques années, tinit par faiblir et tomlx^r <lans un état de léthargie qui atteste la dégénérescence du [latrio- tisme chez nos compatriotes.
Le prêtre canadien est appelé à Jouer aux Etats- L^^nis le rncme rôle (pli incomba à neutre clergé jiatiomd au lende- main de la conquête. Au sein de ces colonies [>auvres, désorientés, où les hommes instruits sont rares et sans moyens d'action sérieux, le curé est le seul chef accejité ([ui puisse avoir une influence assez considérable sur \v peuple pour lui faire faire les sacrifices nécessaires pour perpétuer l'idée nationale. C'est le curé qui pourra parler avec le [dus d'autorité à ces émigrés des gloires du passé, des glorieuses destinées qui nous attendent, des bienfaits qui peuvent i-é- sulter d'une bonne éducation dans les deux langues; comme c'est lui seul qui pourra recueillir l'argent nécessaire pour maintenir une église et une école canadiennes, les seuls ram- parts efllicaces de notre nationalité.
Le curé canadien eu général comprend son devoir, et il le remplit avec honneur et succès. Mais la première et la plus grande difficulté pour nos compatriotes, c'est d'obtenir ce prêtre canadien.
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LES CANADIENS DU MIOHIGAN
Lu difficulté provient de causes multiple» et variables. Il 86 peut que l'évêque soit pénétré d'une loyauté exagérée envers les institutions américaines, ce qui lui tait amlntion- ner de faire disparaître le plus tôt possible les langues étrangères et tous les liens qui unissent l'immigrant à son pays natal.
Il se peut aussi que les catholiques dans une certaine lo- calité, ne soient pas assez nombreux pour se diviser en plu- sieurs paroisses, et alors le desservant, qui est le plus sou- vent un irlandais, trouve plus simple pour la pratique du ministère de n'avoir qu'une langue ; il cherche donc à faire désapprendre le français à ses ouailles.
Presque toutes les paroisses catholiques du Michigan ont été à l'origine des congrégations mixtes, composées de Ca- nadiens, d'Irlandais et d'Alleman s. Lorsque la popula- tion est devenue assez nombreuse pour permettre à aucune de ces nationalités d'avoir son église propre, une autre dif- ficulté bien naturelle a surgi, celle de la division de la pro- priété paroissiale amassée en commun.
De toutes ces causes il est résulté de nombreuses luttes, dans lesquelles nos compatriotes se plaignent d'avoir été victimes de grandes injustices.
C'est surtout dans le diocèse de Détroit, qui comprend la partie sud-est de l'état, que nous avons le plus à souffrir. Les plaintes des Canadiens contre l'évêque du diocèse re- montent au contrat fait en 1836 avec Mgr. Rézé,par lequel il entrait en possession des biens de la fabrique de Sainte- Anne sous des conditions qui ne furent jamais observées par les évêques. Au lieu de donner aux Canadiens l'asile et les écoles qu'on leur avait promis, les évêques employè- rent les biens de la vieille paroisse canadienne, péniblement amassés par les premiers colons, à établir de nouvelles ins- titutions et de nouveaux temples, d'où le français est au- jourd'hui exclu. C'est ainsi que Mgr. Lefebvre, Belg<^ d'origine et peu en sympathie avec les Canadiens, vendit
OR«i,\.VISATIOX l' A U( 1 1 SS ( A i,K
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trois " HectioriB '" do torrr appurtoiiant à la tiil)ri((iu' de Sto- Anne, dans le comté du MoDroc, l't s"ei) aijpropria U- pro- duit qu'il employa à la eonstructioii d'uiu' ikhivcIU' <'«<-lirio. celle de Saint-Pierre et Saiiit-l'aul. dont il fit sa cathédrale Vers le même temps les itaroissicns de Saiiitc-Annc étaient obligés de se cotiser pour la réparation de leur éy-lise. En 1845, M. Pristpie Coté, un des nnirt^MiiHiers de Saintt'-Anne, légua à la paroisse de 8ainte-Anne un terrain situé sur Ta- venue Woodwanl. L'évè([ue exigea cpie le titre de la pro- priété fut passé h son nom ; et l'évêché retirait de eette pro- priété un revenu annuel de $4,000 il y a quelciut's années. Sainte- Anne n'a jamais retiré un sou de cet argent.
En 1868, Mgr Letehvre mourut, et l'année suivante Mgr Borgess lui succéda. Le nouvel évêque était un i)artisan avancé de l'idée américaini'. AUemaixl d'oi'igine. il ne voulut jamais encourager l'ii au(;une manière ses [>ropres compatriotes à conserver leur langue maternelle. Toute sa politique tendit à rendre plus ditHcile l'entretien ou l'or- ganisation des paroisses divisées d'après la initionalité dus paroissiens. Voyant ce qui se préi)arait, les marguilliers de Sainte-Anne, en tête desquels se trouvait M. E. V. Cieotte, cotnmencèrent une agitation énergique pour taire résilier le bail de 999 ans, par lequel l'évèque avait obtenu possession des biens de la tabri<|ue. Mgr Borgess leur rt'pondit (ju'un examen des livres de la paroisse depuis 18:54 démontrait que les dépenses avaient excédé les recottes d'environ !|ôO,- 000 ; et qu'il consentirait à résilier le bail sur [)aiement de cette somme. Après de longues négociations on eu vint à un compromis. Par acte du 28 décembre 1875, Mgr Bor- gess rétrocédait à la tabricpie de Sainte-Anne les terrains bornés par les rues Larned, Bâtes, Congross et Ran(lol[>h, sur lesquels se trouvait l'église, et il gardait le reste pour s'indemniser des pertes que l'évoché prétendait avoir subies durant sa gestion des affaires de la paroisse. La vente des propriétés retenues par Mgr Borgess a depuis rapporté à
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LES CANADIENS DU MIOlîIGAX
l\''Voc'lié !$l(jr>,000. Si OU ajoute ù cette somme la valeur den terraius dans le comté de Mouroe et la propriété de l'ri8([ue Cote, ou verra que la paroisse de Sainte-Aune se trouve avoir donne à révcclié plus de trois cent mille dol- lars en biens tonds.
Cependant, sur les biens ({u'ou lui laissait, on imposa à la t'abri(|ue de Sainte-Anne l'obligation de pourvoir aux be- soins des C'anadiens dans les parties éloignées de la ville.
L'église Sainte-Anne, construite par l'abbé Kicbard, se trouvait juste au centre de la ville, dans le quartier com- mercial, tan<lis que la population cana<lienne s'était groupée aux deux extrémités, Est et Ouest. Après le règlement avec Mgr Borgess, il fut proposé de veiidre la propriété qui restait à la fabrique et de construire une nouvelle église à clui([tu' bout de la ville. Mais ce projet rencontra de l'op- position de la part des anciens Canadiens qui désiraient con- server Sainte-Anne cumme relique, et de la part des mar- guilliers, qui voyaient dans la nouvelle proposition une tac- ti(|ue pour mettre fin à leur existence légale.
En eftet, pour des raisons de discipline, la prati<pie géné- rale aux Etats-Unis est que le titre de toutes les propriétés ecclésiastiques doit être au nom de Tévêque.
La cor[>oration des marguilliers de Sainte- Anne, consti- tuée civilement en 1808 par la législature territoriale, était la seule du genre, et il ne plaisait pas à l'éveque de lui voir garder le contrôle des biens de la paroisse. Ces biCiis ven- dus et rancicnne église démolie, Tévêque forcerait les mar- guilliers ;\ se démettre en refusant son consentement à l'é- rection <rtine nouvelle église jus(|u'à ce qu'on lui eut donné 11' titre des biens nouvellement acquis. Les marguilliers auraient à se soumettre ou à apostasier. On ne se trompait pas sur les intentions de Mgr Borgess.
Tandis que l'on discutait, l'éveque et M. l'abbé Théophile Anciaux, ([ui était curé de Sainte-Anne depuis 1875, enga" gèrent la majorité <les marguilliers à consentir à la vente
ORGANISATION i'AKolSSI ALK
2Hr,
<rniK' partie tlos biens lU' la tiiliriqiu- l'our la somme de ^100,000. Ck't argent fut [)vhé aux paroisses étrangères pour vingt ans, h trois pour cent, tandis que le taux cou- i-ant de l'intérêt était de six et se|»t pour eent.
Cependant M. l'abhé Maxime Laporte, prêtre du diowse de Montréal, (pli avait et'* ajipelé à Détroit en 1874, pou- vait à peine obtenir ciiuj \;iille dollars pour «'riger une cha- pelle, une ée(de"et un presbytcM-e dans la partie Est de la ville. îTéanmoiiiH, c'est autour de cette [tetite chapelle, <lesservie par un eompatrioti , <pie se groupèrent le plus grand nombre des Canadiens (^ui arrivaient do la province 4le Québec, de sorte qu'en 188"), lorscpie la division de la paroisse fut décidée, la grande majoritt' de la jtopulatioii française se trouvait dans l'Est de la ville.
La vente des biens de rancieune paroisse rapporta cm tout ^198,000. Comptant (^ue cet argent serait divisé à parts égales entre les deux nouvelles paroisses. M. l'abbé Laporte entreprit la construction d"une nouvelle église dans sa paroisse, (pli venait de recevoir le nom de St-Joachini. Il reçut alors défense de rév(^!([ue de dépenser plus de ^-40,000 jiour •"♦■te nouvelle église, tandis (|Ue le nouveau tem- ple evige dans la partie Ouest, dans un (piartier où il y aAfiit peu de Canadiens, gardait le nom de Sainte-Anne et (levait coûter au-delà de iSlOO.OOO. iJc là une vive agita- tion de la part de M. l'abbé La[>orte et de sc^s [)aroissiens. Mgr Borgess crut trancher la dilHcuîté en oi'donnant à M. Laporte de retourner (hins son dioc^'X' de Monti-éal ; mais celui-ci résista et en appela à Rome.
Cependant Mgr Borgess avait contié la desserte de l'é- glise 8aii)t-Joachim à la Congrégation des l'ères du Saint- Esprit, (]ui envoyèrent comme curé le R. P. Dangelzer. Ce l>retre, alsacien d'origine, i)arlait le français avec un foi't accent allemand, et n'était rien moins (pie di^ilomate. Les Canadiens le reçurent comme un adversaire de leur (jause, et l'agitation alla en augmentant. Un soir ([iiatre
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LES CANADIENS DU MICHIGAN
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liommt'K masqués entrèrent \lans le presbytère, revolver au poing, et ordonnèrent au R. P. Dangelzer de déména- ger, ce qu'il fut obligé de faire séance tenante. Cet acte de violence iit sensation ; et il fut énergiquement désavoué par la grande majorité des Canadiens, qui gardèrent tou- jours le plus grand respect p(^ur le clergé et pour l'Eglise.
Rome s'étant prononcé contre M. l'abbé Laporte en 1886, il retourna à Montréal, et l'agitation populaire se calma. Les RR. Père^ du Saint-Esprit eux-mêmes cependant n'ont cessé de protester contre l'injustice dont leurs paroissiens ont été victimes, et ils ont fini par obtenir quelques com- pengati(Mis, après la retraite de Mgr Borgess, en 1888.
Aujourd'hui cependant on a commencé à introduire In pratique de parler l'anglais dans les deux églises de Saint - Anne et de Saint-Joacbira, sous le prétexte que les jeunes canadiens ne comprennen.t pas le français. Durant les dif- ficultés, beaucoup de Canadiens ont pris l'habitude d'aller aux autres églises, où on ne parle pas le français. De leur côté les Protestants ont profité du mécontentement pour faire des prosélytes, et les Baptistes ont formé une congré- gation canadienne qui peut compter une centaine de famil- les.
La même chose s'est répétée à Monroe, où on a taillé deux paroisses irlandaises dans le domaine des Canadiens. Dans tout le diocèse de Détroit, il n'y a pas une seule pa- roisse distinctement canadienne.
Les résultats de cette politi(pie sont suftisamment indi- qués par le fait que dans la ville de Grand Ra])ids seule- ment M. l'abbé Samson a relevé l'existence de prè>< .ie trois cents familles canadiennes devenues })rotestante8. Aussi, lorsque le diocèse de Grand Rapids fut érigé en 1882, Mgr Richter, qui fut nommé, s'attacha-t-il à attirer des''prêtres canadiens pour rallier et organiser nos compatriotes. Grâce à sa bonne direction des paroisses canadiennes o>it été éta- blies depuis une dizaine d'années à Muskegon, à Alpena, à
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(iRiiAXrS VTIoX PARO.rSSrALE
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Mauisteo, ù East Sagiiiaw et à West Bay City, i-e ((ui avec Bay City, donne six paivjisses pnrement canadiennes. Des prêtres canadiens autant que possible desservent aussi Clie- boygan, Ausable, Ludington et autres localités où les Cana- diens forment la majorité de la i)()pulation catliolique.
Dans le diocèse de Marquette un UKjuvement senil)lablc se produit aussi. Les Canadiens forment maintenant des paroisses distinctes à Marquette, à Islipeming, à Lake Lin- den, à Calumet, à Meuomenee et à P]scanaba. Dans la plu- l»art des autres localités du diocèse les Canadiens ont (\e!^ prêtres (pii parlent leur langue ; souvent ils forment la majorité dans la congrégation mixte, et ils conduisent les affaires.
Une fois l'église canadiemie construite, il faut songer à l'école, car la (piestion de rinstruction est une de celles ([ui oi^t la plus lumte importance pour K's canadiens émigrés. Dans le comté d'Essex, nos compatriotes se [»révalent «le la loi des écoles séparées. Dans le Micliigan, le maintien d'une école paroissiale di'mande de grands sacriiices, car l'état n'accorde aucune aide [)our les institutions confes- sionnelles. Néanmoins, de bonut's ('coles paroissiales «uit été établies depuis (piebpies années à Détroit, à Bay City, à Muskegon, à Manistee, à Alpena et dans les autres centres (jui possèdent des églises cniuulieniu's. Il se < rouve parmi les Canadiens les plus ignorants, des parents qui voudraient s'opposer à l'enseignement du Français à leurs enfants, sous prétexte que cela les retarde dans leurs cours anglais ; mais «•es préjugés ni' tiennent pas si le [irêtre les combat "t in- siste sur l'enseignement du Frnn(;ais.
C'est lîi (pTon ^'oit t-ombien l'avenir des émigrés déi>eiid du clergé. A cause <le cela même, la (pu^stion de l'assimi- lation des catliolicpies d'origine étrangère a fait le sujet de rolentissantes discussion entre les membres du clergé aux Ktatfl-Unis.
Xous l'avons dit, les [irêtres irlandais s'oi»posent en gé-
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lierai à la perpétuation des langues étrangères, mais ils ont trouvé clo zélés adversaires eliez tous les autres membres du clergé qui voient dans l'assimilation un danger pour l'église même.
M. l'abbé Walburg, dans sa brochure : " La question natioinde aux Etats-Unis, dans ses rapports avec l'église catholique," nous t'ait connaître ce que c'est que la natio- nalité américain;' proprement dite. Voici :
" Les descendants des " Pèlerins " constituent la nationa- lité anglo-saxone ou anglo-américaine. Ce sont eux qui ont fondé le gouvernement des Etats-Unis, rédigé la constitu- tion fédérale, et ont toujours eu le pouvoir de direction et de contrôle en ce pays. Ils ont, par conséquent, droit à l'honneur d'être appelés les éléments constitutifs de la na- tionalité américaine.
" Malgré sa prééminence, la nationalité américaine a plus d'un défaut. Elle est souvent la serre-chaude du fana- tisme, de l'intolérance et des doctrines radicales et outrées dans les questions politiques et religieuses. Toutes les rêveries du spiritisme, du mormonisme, de l'amour libre, de la prohibition, de l'impiété, du matérialisme, ont générale- ment leur origine dans la nationalité américaine. Là aussi, nous trouvons la dissimulation et l'hypocrisie. Qui sont les employés, les fonctionnaires publics auxquels le peuple accordait une coniiance sans bornes et qui se sont montrés ensuite des h3q:)oerites, des imposteurs, des concussion- naires? Qui composent ces syndicats, ces corporations, ces " combijies," ces immenses monopoles qui écrasent les pau- vres et qui engraissent les riches ? Qui sont les adorateurs de Mammon, les spéculateurs etïrénés, les faussaires, les joueurs, les em]»loyés malhonnêtes? Ce ne sont pas des Allemands ou des Irlandais, mais des Américains. Parmi ceux-ci, nous rencontrons le railinement du mal sous toutes les formes : le scélérat instruit, le voleur habile, le criminel <[ui «)|>ère avec sang-froid vt avec calcul. La religion ne
()R(ÎANISATI(».\ l'AHOlSSIALK
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produit tiucmie impre8sion sur cette Uiitionulité. Les Aiué- ricaius sont aussi hostiles à l'église aujourd'liui <iue jadis.
" Et maintenant, on noua demande de nous fusionner avec cet élément-là ! d'adopter ses us et coutumes, ses sen- timents, ses mœurs, sa manière (Tao-ir 1 Une telle assimila- tion ne saurait se taire qu'au détriment de l'Eglise. Allons- nous conduire dans le tourbillon de la vie américaine, dans ce milieu mondain, corrompu, nos Allenuinds, nos Irlandais, simples, droits et honnêtes, pour <pie la voix de leur cons- eience soit étoufl'ée, pour fpie leurs meilleurs sentiments y soients foulés aux pieds 'i Jamais 1 Dénatioiudiser, c'est démoraliser."
Voyons maintenant tout le mal (jue l'assimilation a fait dans le passé. M. l'ahbé VValburg dit :
" L'église a fait des progrès merveilleux en t-e pays. Ces progrès, cependant, n'ont ])as ét<' réalisés en américanisant les éléments hétérogènes (|ui nous arrivent, mais en main- tenant vivaces les langui's et les nationalité-s de ces éléments étrangers. Bien (|ue cela ne fiatte pas autant notre vanité, ce serait peut-être plus protitabre pour nous de considérer les pertes que nous avons subies, au lieu de nous n'jouir des gains que nous avons faits en a[>paren('e. Le général Von Steinvvehr, un excellent statisticien, donne les chitlres sui- vants pour l'année 1870: Anglo-saxons. 8. H40,00<> : Irlan- dais, 10,bô5,000 ; Allemands. 8,!m0,000 ; Eran(;ais, 1,016,- 000 ; Hollandais et Scandinaves, 728,000 : autres origines, 4,236,000. ropulati<m --.raie en 1870, 88,.")HÔ,000. La po- |)ulation actuelle des Etats-rnis est estimée à 60 millions. La mt^me proportion entri' les diverses origines nous don- nerai^ent maintenai r t'uviron 20.000,000 d'cn-igine irlandaise et 16,000,000 d'origine allemande. Or, il devrait y avoir 18 millions d'IrTan<lais cath(di(|;ues. environ 5 millions d'Al- lemands (catholiques, et 2 millions parmi les Américains, les Polonaic les Italiens, etc., soit un total de 20,000.000. Mais selon le '' directorv " de Hoffmann, le nombre des
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hi^V^
catholi([nos pour 1889 est de S,lô7.67{). Ce qui accuse pour l'Eglise uue perte des deux tiers de la populatiou catho- lique. Cette perte immense peut, dans une très grande mesure, s'attribuer à l'assimilation ; en s'américanisant, les catholiques ont perdu la foi."
Ce tableau n'est pas fait pour surprendre. M. l'abbé Walter Elliott dans un sermon célèbre faisait toucher du doigt les causes qui ont amené ce résultat en disant que les Américains, avec leur passion innée pour Tindépendance, leur esprit sceptique et inquisiteur, leur nature froide, sont peu disposés à accepter une domination absolue — même spi- rituelle— et à se laisser influencer par un rite somptueux et imposant.
Les vues de M. l'abbé Elliott sont justitiées par l'histoire de l'Eglise depuis sa fondation. Cette histoire nous montre que l'Eglise n'a jamais exercé qu'un enq)ire précaire sur les races saxonnes, et que la Papauté n"a jamais eu d'influence cfticaee sur elles.
Luther et les autres réformateurs, en réformant le culte comme ils l'ont fait, ne faisaient qu'obéir à leurs instincts de saxon, et leurs compatriotes les ont immédiatement com- [)ris. Au contraire, ce n'est que par un eontre-coup que le ])rotestantisme a pénétré en France, chez les races latines : et malgré les influences politiques qui l'ont favorisé au début, il n'a pas ♦^ardé d'en être expulsé. L'alliance latine avec la Papauté était dès lors inébraidable ; la France jouissait de- puis des siècles du titre de fille ainée de l'église.
De nos jours, la situation n'est pas matériellement chan- gée. Les [(cuples anglo-saxons, fidèles à leur [)assé, fidèles à leur luiture, gardent leur attitude d'hostilité permanente pour Rome, leur répugnance instinctive i»our tout ce qui vient de hi ville éternelle Les conversions ([ui s'opèrent chez eux, se font presque toutes parmi la classe d'élite ; car il faut que ces peuples fasvsent un efl'ort pour accepter les sublimes enseignements de notre religion.
ORGANISATION' l'Alt()If*SIALE
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Cependant l'Eglise trouve encore en France, comme dans les siècles passés, ses plus vaillants soldats. En dépit des philosopbes et des politiciens (pii s'agitent à la surface, le Pape jouit toujours de la vénération et de l'attacbement du peuple français au point qu'aucun bomme politique sérieux ne voudrait avoir à combattre son influence.
Au debors, l'on peut encore dire, comme par le passé, de la nation française : " Gesta Dei per Erancos." En Asie, on Afrique, en Amérique, partout ou trouve le Français missionnaire, travaillant avec un zèle, un dévouement, un succès que les missionnaires des autres nationalités n'ont jamais su égaler. Le Français a tellement conti'ibué à ré- pandre le catholicisme, (pie [tarmi les nègres des déserts africains, les indolentes peuplades de l'Orient ou les sau- vages de l'Ouest, son nom est également synonyme de catholique.
Devons-nous parler plus particulièrement de notre branche de la famille française ? Partout sur ce continent, le Cana- dien a été le premier et pendant Unigtemps le seul à ensei- gner les vérités saintes du catholicisme. Xous avons été, nous sommes encore un [>eu[>le de missionnaires.
C'est que le Français, canadien ou européen, a le don inné de l'apostolat ; et il a si longtemps vécu dans l'atmosphère du catholicisme, son esprit a été pen<lant si longtemps [»étri dans le moule romain, que même dans le cas où il la ré- prouve, sa langue, les idées qu'elle exprime, fait t'iicore hi besogne de l'Eglise ; ainsi qu'un vase où l'on peut mettre tous les poisons, mais qui répand partout l'ancien parfum dont il est imprégné. En un mot l'Eglise a profité par le passé de son alliance avec la race française, elle en profite encore dans le présent, elle pourra en profiter dans l'avenir.
Loin de favoriser l'anglicisation des peuples catholiques qui vivent aux Etats-Unis, c'est notre humble opinion que l'église devrait les encourager ;\ conserver leur langue et leurs traditions, tout imprégnées qu'elles sont de l'esprit
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cHtholiquo. Nous croyons qno l'Eglise devrait envisager avec crainte l'avenir d'un peuple comme les Canadiens-tran- çais, s'ils venaient à se tondre dans la grande aggloméra- tion où s'agitent tant d'éhîments qui lui sont hostiles. C'est l'occasion de dire avec un illustre prélat canadien : " Le jour où le peuple canadien regretterait d'avoir remis ses destinées entre les mains du clergé serait un jour funeste pour la religion et pour la jtatrie."'
QUELQUES CONTEMl'ORAINS.
l'hON. sénateur CASGRAI.V.
L'IiononibK' Cluirlcs Eugèm- Casgraiii, (Î.M., AT.])., up- partient à l'une dos plus ivnnircpuiblos fiiinillfs du Canada, originaire du Poitou. Jcan-Baptistt.' Casgrain, (pii vint en Canada en 1756, en compagnie' de monsieur LctcllliT de Saint-Just, était un vétéran ([ui avait eomhattu contre les Turques et à Fontenoy, et cpii, sans protection et sans ins- truction, mais par sa 1)rîivoure avait conquis le grade de sergent-major. Le tils de ce ltrii\'e soldat devint seigneur de Rivière-Ouelle et de l'islet. Du côté maternel. M, Cas- grain descend des Baby,
Le père de M. Casgrain, l'bonorable Cliarles-EusM^e,. était lieutenant-colonel, et représenta l'ancien comté de Cornwallis dans l'assend)lée du Bas-Caïuula de 1«H0 à IS-U,. puis fut ap[»elé au conseil spécial formé durant la suspension de la constitution en 1838. A l'époipu' de sa nuu't il occu- pait la position d'assistant-commissaire des Travaux Pul)licf^ pour le Canada. La mère de ^L Casgrain, Elizabetli-Aime Baby, était fille de l'honorable Jacques Dupéron-naby, (pii fut président du conseil du Haut-Canada. Elle était douée* d'un u'oiit littéraire très distino'ué : elle a écrit une l)ioo-ra.- phie de son mari, dont il a t'té imprimé une édition privée, qui est d'un style très correct et très agréable. .Ses incli- nations littéraires ne remix^chaient [»as d'être une excellente- mère de famille ; elle eut (puitorze enfants, parmi lesipiels M. l'abbé Henri-Kaymond Casgrain, le brillant prosateur canadien, et Philippe-Bal^y Casgrain, membre du parlement fédéral.
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LES CANADIENS DU MICHIGAN
L'honorai )k' (nuirlos-EuiHt'be, (|ui t'ait le «iijet de eetto biou'niphie, est l'uîné de ces oiifantH ; il est né h Qnél>ec le •) août 1825. Après avoir fait un cours d'études classiques au collège Sto-AnncdeQué))e(', il alla étudier la médecine à l'université McGill de Montréal. En 1851 il épousa Melle C^harlotte Chase h Détroit, et commença à pratiquer dans cette ville. Cinq ans plus tard il vint se fixer à Sandwich, où il se fit rapidement une clientelle considérable. Il devint capitaine de la milii-e, chirurgien des troupes envoyées à Windsor et à Sarnia durant les difficultés de 1861 à 1864, puis corouer et médecin des prisons pour Essex. Il a fait partie du conseil municipal de Windsor, et depuis 18 ans il est membre du comité de l'instruction. M. Casgrain a tou- jours pris une part active à tous les mouvements pour orga- niser nos compatriotes et raviver leur ardeur patriotique. Il a été le premier i»résident de la société St- Jean-Baptiste dans le comté d'Essex, et président général de toutes les sociétés canadiennes du comté en 1883. Eu cette dernière (puilité il présida à la grande démonstration de 1883 à Windsor. En 1884, M. Casgrain a été décoré de l'ordre du Saint-Sépulcre par le Saint-Père ; enfin en 1887 il a été appelé au Sénat du Canada. C'était la première fois qu'un Canadien-fraufais était nommé à ce poste élevé dans la province la plus anglaise de la Puissance. Cette nomina- tion fut donc à la fois une preuve éclatante de la haute estime du gouvernement pour le Dr Casgrain et du progrès incessant de nos compatriotes dans cette région.
M. Casgrain est le père de T. Chase Casgrain, procureur- général de Québec, de M. Charles W. Casgrain, avocat de la ville de Détroit, et du Dr Raymond Casgrain, qui suc- cède à son père comme médecin à Windsor.
JOSEPH GREGOIRE.
M. Joseph Grégoire auquel l'on a décerné par aisclama- tion le titre de "père des Canadiens du lac Supérieur," est
QrELUUES (oNTKMl'ORAIN.S
27.-)
a été qu'un
eclama-
." est
filn (lo cultivateur et petit-tils d'un des hmvos quî vain- quirent ponr la France à Carillon. Il avait vin^'t-et-un ans quand il vint au lae Hupérieui" en 1854. Sa première étante fut à la mine Xorwich, dans le eonité d'Ontonagon, où il passa l'hiver de 1854-55. Le printein[>s suivant, il partit pour Superior City, dont la renommée naissante parcourait la région. Le bateau (pii le porta fut le premier à aceostei- sur l'unique ([uai de la précurseresse de Dulutli. Il ne resta pas longtemps inactif. Maniant la hache comme tout bon Canadien, il fut d'abord simple bûcheron, puis équariseur, puis menuisier, et lit preuve d'assez de talent pour arriver au grade de " foreman." C'est lui qui fournit le bois pour la première scierie ([ui fiit érigée à Superior Citv.
Au bout d'un an, M. Grégoire était entrepreneur, et ob- tenait le contrat pour construire le premier quai et le pre- mier entrepôt de Duluth. Il entreprit ensuite, avec plusieurs associés, de fonder le village de Portland ; mais la fortune lui fut infidèle et il perdit presque tout ce qu'il avait amassé.
C'est alors, en 1859, que M. Grégoire vint à Houghton, où il se fit encore entrepreneur. L'année suivante, en escomptant sa bonne réputation, il acheta une étendue de terre à bois et fournit des billots pour la première scierie à Ripley, sur le lac Portage. Cette entreprise le remit à flot. Il avait déjà fourni du bois aux mines, quand en 1865, il fit l'acquisition d'un bateau-remorqueur et fit un contrat pour couper 7,000 cordes de bois de chauffage pour elles.
Les affaires allèrent ainsi toujours en prospérant et en 1867, s'étant associé avec MM. Louis Deschamps et Nor- mandin, il érigea une scierie sur le lac Torch, à l'endroit actuellement occupé par Grégoireville. En 1872, M. Gré- goire acheta les parts de ses associés, et prit seul la conduite de la scierie, qui fut rebâtie sur une plus grande échelle.
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LES CANADIENS DU MICUIGAN
Il y ajouta aussi une grande fabrique de portes et fenêtres. Il achevait la construction de cet édifice, quand sa scierie fiit rasée par le feu, lui causant un perte de f 20,000 au-delà du montant de l'assurance. Sans perdre un instant, M. Grégoire fit dispot^er les scies sous un toit temporaire, et employant le pouvoir moteur de la fabrique, il put en une seule saison, remplir tous ses contrats et scierie bois pour la reconstruction d'une nouvelle scierie, qui fut érigée plus grande et plus belle encore que les précédentes.
Aujourd'hui, M. Grégoire se trouve à la tête d'un des plus beaux établissements pour travailler le bois, autour du- quel ses employés ont groupé leurs demeures, formant ainsi un petit village auquel l'on a donné le nom de Grégoire- ville. Il possède aussi une grande étendue de terres à bois, sur lesquelles il fait couper en hiver les billots qui allimcn- tent ses scieries.
M. Grégoire u a pas bravé impunément pendant trente ans les misères et les privations inévitables dans les mon- tagnes et les forêts, qu'aucune route ne traversait quand il est arrivé, qu'il lui fallait parcourir en canot ou sur des raquettes, en toutes saisons ; sa santé est fortement ébranlée. Mais il n'est pas de ceux qui se laissent mourir par apathie, et il a pris le parti de voyager pour sa santé. En 1884-85, il a fait le voyage d'Europe, et depuis, il va passer l'hiver en Californie.
Dans ses voyages, il trouve, outre le repos, l'occasion pré- cieuse pour lui d'acquérir des connaissances nouvelles, de suppléer à l'éducation qui lui a été refusée dans sa jeunesse.
Cependant, si M. Grégoire n'a pas cette politesse intellec- tuelle que l'on puise dans les collèges, il a, ce qu'on y trouve pas, un esprit logique et perspicace, que l'on retrouve dans sa conversation et dans ses actes. A ces qualités de la tête, il joint celles encore plus précieuses du cœur. Jamais une entreprise méritoire, un homme digne, une cause juste ne
QUELQUES CONTEMPORAIN!?
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lui ont fait appel ei» vain ; l'on ne compte plus les individus et les institutions qui ont profité de sa générosité.
Pendanl quinze ou seize ans, M. Grégoire a été éln siq)er- risor du township de Schoolcraft. Il est aussi président honoraire de la Société St-.I eau-Baptiste de Lake Linden. Avec plus d'ambition il aurait i»u facilement arriver à des positions éminentes dans la politique. Il est un des hommes influents dans le parti démocrate.
P.S. — Au moment où ces lignes allaient sous presse, une dépêche annonçait la mort de M. Grégoire arrivée k Lake Linden.
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M. Prospert Robert est un type du Canadien de l'Ouest digne de prendre place à côté des Langlade, des Aubry et des Panibrun dans le beau livre de M. Tassé, sur ces pion- niers de la civilisation. Il a l'activité fébrile, la hardiesse et le courage, le goût de la vie des bois avec ses privations, mais aussi avec ses [tlaisirs imprévus ; en un mot, c'est un explorateur de naissance. S'il eut vécu au temps de la domination française au Canada, il aurait porte \v nom français Jusque dans les retraites les plus reculées de la bar- barie. Telle (pi'elle est, sa vie est suffisamment remjdie «l'aventures pour faire le sujet d'un intéressant volume.
Né près de Montréal, le 2 janvier 1887, M. Robert vint au lac Supérieur en 1804. Il visita d'abord Copper llarbor ; mais il n'y resta (pie quelques mois, et revint à Manpiette où il conduisit une scierie pendant environ trois ans. II fut ensuite employé pendant trois ans pour la Jackson Mining Oo., de Kegaunee. En 1865, il vint se fixer k Iloughton, et l'année suivante, il entra à l'emploi de la '• lloda Mining Co." Ce fut lui qui érigea le premier bâtiment sur l'em- placement de cette compagnie. Durant les trois années qu'il resta au service de cette compagnie, M. Robert rési- dait à Lake Linden, où il fit ériger un grand hôtel.
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LES CANADIENS DU MICHIGAN
M. Robert fut élu premier trésorier du township de Sclioolcraft le 4 septembre 1866.
Vers 1870, M. Robert fit transporter hou hôtel sur des barges à l'Anse où il alla demeurer pendant un an. Il revint alors au Lake Linden où il a depuis demeuré.
Depuis 20 ans, M. Robert a surtout donné son attention à la coupe du bois pour difiérentes compagnies par contrat, et à la spéculation sur les propriétés forestières et minières. Il a exploré pour son propre compte ou pour celui de ses patrons toute la haute-péninsule du Michigan, et il coimait la région avec toutes ses ressources aussi bien que s'il s'a- gissait d'un jardin. Ses connaissances lui ont valu d'être choisi par la maison Charles Ilebbard & Sons, grands mar- chands de bois, pour diriger leurs chantiers, choisir leurs terres à bois, etc. M. Robert reçoit pour ses services un salaire qu'un sénateur ou un juge envierait. En 188:^, il a visité et exploré dans l'intérêt de ses patrons toute la région au nord du lac Supérieur jusqu'à la hauteur des terres. Son ambition serait de reprendre son voyage et de pénétrer jusqu'à la baie d'Hudson, puis de revenir par le nord de la provhice de Québec.
M. Robert a été servi par un esprit persincace et un juge- ment sûr dans ses spéculations, et il se trouve aujourd'hui possesseur d'une fortune considérable.
En 1862, M. Robert épousa, à Marquette, Mlle. Sophie Longtin, et il est le përe de plusieurs enfants.
Bien que petit de stature, M. Robert est doué d'une robuste santé qui a résisté à toutes les privations et les fatigues de sa carrière longue et ardue. Ses traits indiquent une énergie indomptable, et sa figure est toujours empreinte d'une expression de bonhommie et de gaieté qui laisse deviner les qualités du cœur et de l'esprit qui en font l'un des hommes le plus populaires parmi ceux qui viennent en contact avec lui.
QUELQUES CONTEMPORAINS
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RAYMOND «iOULET.
M. Raymond A. Goulet est né à Bertliier le 25 mars? 1851. Il est fils de M. Côme Iréiié Goulet, qui était eu 1851 instituteur à Berthier, mais ([ui devint quelques an- nées après surintendant du t-hemin de ter Lanoraie et Jo- liette. Raymond fit ses études au collège de Joliette, où il eut pour directeurs le^" pères Lajoie, Beaudry et Rivet. Au sortir du collège il entra dans une maison de commerce de Joliette et après s'être familiarisé avec les affaires, il partit en 1869 pour Warren, R. I., où d'abord, il enseigna l'école. De là il passa, quel(pies mois plus tard, àFall River où il fît affaire sous son nom [»endant une couple d'années.
En 1872 M. Goulet prit le parti de venir dans l'Ouest ; il alla d'abord se fixer à Calumet. Dans l'automne de l'année suivante il descen<lit à Lake Linden et prit une po- sition chez North & Briggs, marchands généraux, comme commis du département des nouveautés. M. Goulet resta attaché à cette maison pendant [tlusieurs années et devint premier commis. Son intégrité, sa stabilité, la connaissance qu'il avait des affaires et sa popularité auprès du public le faisaient hautement estimer.
En 1889, après avoir passé plus de 15 ans daiis ce maga- sin, M. Goulet dut donner sa démission, les positions publi- ques qu'il occupait alors lui rendant trop fatiguantes les charges de premier commis. Il est néanmcjins resté dans le commerce.
M. Goulet fut élu greffier du township de Schoolcraft en 1887 et de nouveau en 1888 et en 1889, et en 1888 il fut aussi membre du conseil municipal. Durant ce même temps, c'est-à-dire de 1881 à 1889 il était syndic et trésorier de la paroisse Saint- Joseph de Lake Linden.
Lors du grand feu de 1887, M. Goulet avait en sa posses- sion toutes les archives du township et ceux de la paroisse, aingi que plusieurs centaines de dollars appartenant à cette
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LES CANADIENS DU MICHIQAN
(leniièro. Quand les flamme.^ erlv^loppèrent le village, le premier 8oin de M. Goulet tut de nauver les propriétés pu- bliques confiées à ses soins, laissant ses propres meubles pour être dévorés par les Hammes, et avant même que la confu- sion tut appaisée il remettait à qui de droit l'argent et les comptes du townsbip et de l'église. Cet acte d'honnêteté est d'autant plus remarquable que l'on n'avait pas exigé de caution de M. Goulet comme trésorier de la paroisse et qu'il était par conséquent parfairement libre.
M. Raymond A. Goulet a été le deuxième président de la Société St-Jean-Baptiste de Lake Linden. Il tut élu à cette position en 1887 et de nouveau en 1888, mais il donna sa démission quelque temps après. I: est un des membres fondateurs de la Société et fut pendant einq ans son secré- taire.
Depuis 1894, M. Goulet occupe une place de confiance dans un des plus beaux magasins de Calumet,
En 1875 M. Goulet épousa Melle Joséphine Perreault, qui mourut quelques mois plus tard. En 1881 il se remariait avec Melle Elizabeth Suttoii, née à Houghton, Midi., mais qui a reçu son instruction à Québec au couvent de St-Roch, et à Ottawa au couvent du Bon Pasteur.
M. l'abbé ménard.
M. l'abbé Pierre C. Ménard, curé à Escanaba, est né à Verchères, P. Q., le 28 septembre 1845. Il fit ses études classiques au séminaire de Joliette et se fit dès lors une réputation. Après avoir étudié la théologie au grand séminaire de Montréal, M. Ménard vint à Marquette où il fut ordonné prêtre le 23 avril 1875. Il fut presqu'aussitôt nommé curé à Menominee. Cette paroisse comprenait alors une région d'environ cent milles carrés, recouverte de forêts au milieu desquelles étaient dispersés des scieries et les camps de bûcherons. La population tou- jours flottante était le plus souvent très pauvre, et peu reli-
QUELCilKS CuNTKMl'OUAIXS
2H1
gieuse ; trouver les moyens dv sul»venir aux dépenses de la paroisse et faire observer h-s conimaiulements étaient deux tâches également difficiles. M. Ménard les aborda avec toute l'ardeur de la jeunesse et tout Tenthousiasmedu saint missionnaire son homonyme et son prédécesseur dans cette région, et quand il fut appelé à Calumet eu 1M80, il avait j?té, partant d'Escanaba à la baie Verte du Wisconsin, une féconde semeuce dont les fruits sont déjà beaux et nom- breux. M. Ménard ne fut (|u'un au à Calumet ; il fut eu 1881, nommé curé de St-Joseph de Lindeii.
Sous sa direction ou a pres([ue refait en neuf rancienne église en l'agrandissant de moitié, et Ton a bâti une magni- fique école et un presbytère. A la suite de toutes ces amé- liorations, les Canadiens de Lake Linden ont pu encore trouver l'argent pour payer plusieurs milliers de dollars aux Allemands et aux Irlandais (pii voulaient bâtir une autre église pour eux, et aujour<rhui, ils se trouvent en iiossession d'une des plus belles propriétés paroissiales du diocèse. M. Ménard a remplacé M. ^[artcl. «lécédé à Escanaba en 1891.
J. A. VANXIKR.
M. J. A, Vannier était Tun des fils de Basile Vannier, ex-instituteur d'école modèle et depuis iu»mbre d'années se- crétaire trésorier du comté de Cliateauguay, P. (J.
Il naquit le 8 juillet 1850, à Sainte Martine, comté de Chateauguay. Il fit ses éléments et un cours commercial (anglais et français) sous la direction de sou vieux père. Il passa aux Etats-Unis à l'âge de dix-neuf ans en 1870. Il a fondé une maison de bijouterie et de bric-à-brac à Marcpiette dont il fit un succès complet.
Il a occupé plusieurs charges honorifiques, entre autres, celle de membre du bureau d'éducation (Schocd Hoanl).
M. Vannier était très poimlaire parmi la population amé- ricaine, et s'il n'avait pas eu le nudheur d'être dénu>crate
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LES CANADIENS DU MICHIGAN
dans un comté républicain il n'y a pas de doute qu'il eût été élu à d'importantes charges publiques. Il a été choisi à diverses reprises par le parti démocrate pour porter son drapeau, surtout pour la position d'auditeur-général du Mi- chigan, en 1892, mais son armée n'étant pas en nombre il n'a pu arriver à la victoire.
M. Vannier est l'un des fondateurs de la société Saint- Jean-Baptiste de Marquette, qu'il a représentée aux conven- ventions de Rutland et de Nashua.
M. Vannier était gentilhomme dans l'acception la plus étendue du mot. Affable et doué d'un tacte exquis il se faisait des amis de tous ceux qui venaient en contact avec lui.
Il est décédé à Marquette en 1893, laissant une fortune d'environ |20,000.
PIERRE PRIMEAU.
M. Pierre Primeau est né à Chateauguay, province de Québec, le 30 avril 1846. Il reçut son instruction au col- lège de Beauharnois puis à l'école Normal Jacques-Cartier de Montréal, d'où il sortit pour devenir principal de l'Aca- démie de Mascouche. Il y resta deux ans, puis il enseigna encore deux ans à/Ste-Philomène. Lassé alors de l'enseigne- ment, qui ne répondait pas à ses goûts pour une vie plus active, il vint se fixer à Marquette, Mich. C'était en 1h70. Il prit une part active au mouvement national, et tut l'un des fondateurs de la société St- Jean -Baptiste de Marquette en 1875.
En lb77, M. Pierre Primeau alla s'établira Lake Linden. Deux ans plus tard il fondait, avec quelques amis, la société St-Jean-Baptiste de Lake Linden, dont il fut élu le premier président. Cette charge de président, il l'a occupée tant qu'il a demeuré à Lake Linden.
Il fonda aussi, le 16 marr 1881, la société St-Jean-Bap- tiste de Calumet, Mich., dont il fut élu président honoraire.
QUEL<èUKf5 CO.VÏKMPORAINS
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En I880, il était président <le la convention «le Lake Lin- den, et il fut choisi par la convention de Rutland comme commandant de l'Alliance St-Jean-Baptiste des Sociétés Nationales pour les Etats-Unis.
En même temps qu'il s'occupait d'organisation nationale M. P. Primeau prenait une part active h la politique dans les intérêts du parti démocrate. Pour récom[>en8er ses ser- vices, le président Cleveland le nomma maître <le poste de I^ake Linden, dans le mois de février 18b6. L'autonnie suivant, il fut élu greffier et régistrateur du comté de Houghton sur le ticket démocrate, et il a été réélu à la même position en 1888 et en lb90.
Battu en 1882, il fut nommé au bureau des terres à Mar- quette, où il demeure aujourd'hui.
M. L ABBE ROUSSEAU.
M. l'abbé Rousseau est un des doyens du diocëse de Mar- quette. Né le 9 novembre 1833, à St-Valier, province de Québec, il consacra plusieurs années à l'enseignement ; et, aprës un cours d'étude, fut ordonné prêtre en 1875 par monseigneur Mrak, h Marquette, Mich.
Après avoir passé un an à la cathédrale, il fut chargé de la mission de Fayette où il demeura 18 mois et bâtit l'église et le presbytère. De là il fut envoyé à Xorway où il bâtit également l'église et le presbytère au coût de $7,000, il y demeura un an et demi. Il fut ensuite chargé de la congré- gation d'Ishpeming où il tit réparer l'église, construire le presbytère et ériger un couvent qui coûta $16,000.
En 1889 il se démit de sa cure pour visiter la Terre- Sainte. A son retour il fut nommé à la cure de St-Ignace, puis à celle de Menomenee où il est mort en 1892.
BRUNO NADEAU.
A 36 milles de Menomenee se trouve un joli village de 45 familles Canadiennes-françaises et belges ou de langue fran-
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LES CANADIENS DU MICIIIOAN
çaisf . On y voit aussi ((uokiuos autres taniilles de diverses nationalités.
Cette place a été établie en 1878, par M. Bruno Nadeau, compatriote né dar. l'Etat du Maine, mais resté toujours Canadien dans l'âme.
En arrivant dans cette UKjalité, M. Nadeau s'acheta une terre de cent vingt acres sur laquelle est situé le village qui porte. son nom. C'est lui, en effet, qui est le véritable fon- dateur de ce petit centre progressant à vue d'œil.
Il y a 14 ans il fit construire 10 fourneaux à charbon de bois, qu'il lit bientôt suivre d'une scierie et d'un magasin général.
Les campagnes environnantes de Nadeau sont peuplées de fermiers Canadiens français et Belges.
Cette congrégation n'était qu'une mission, de 1874 à 1880, dépendante de Spalding. Durant les six premières années, la maison de M. B. Nadeau servait d'église, le dimanche, et donnait en même temps l'hospitalité aux missionnaires.
Il n'est pas rare de rencontrer dans tout l'Ouest des mai- sons de compatriotes qui ont vu naitre des congrégations catholiques composées non seulement de Canadiens, mais de toutes nationalités.
Il y a lO ans, on a commencé à construire à Nadeau une église. Elle a été achevée il y a quatre ans, moins le clocher qui a été terminé dernièrement.
Depuis 1890 la paroisse de Nadeau a son pasteur.
Presque toutes les affaires de la localité sont sous le con- trôle de la famille Nadeau. Comme on peut en juger, M. Nadeau et ses fils jouissent d'une fortune enviable, légitime- ment acquise.
M. Bruno Nadeau a rempli jusqu'aujourd'hui plusieurs fonctions publiques, comme l'office de maire, de shérif, de juge de paix, etc. Il est actuellement maître de poste. On peut dire qu'il a figuré avec honneur dans toutes les charges publiques.
QL'ELtiUES CONTEMPORAINS
2H-)
DK. ElCÎKNE (ilUGNoN. .
Ta' Dr Eugône Grigiion, do Meiiomeneo, doscend i\v lu même souche que les pionniers de Michilimackinac et de Green Bay. Sou graud'përe, Jean-Baptiste Grignou, fut l'un des fondateurs de la paroisse de St-Eustaehe. Quand le mouvement en faveur de la colonisation " du Nord" corn- men(;a la famille Grignou, poussée par cet instinct de décou- verte dont l'influence a été si puissante sur ses destinées, se rendit dans la ville naissante deSt-Jérôme. C'était en 1834.
Parmi les fils de Jean-Baptiste Grignou se trouvait alors Médard, qui épousait quelques années plus tard mademoi- selle Henriette Lalaude. C'est de ce mariage que naquit Engine, le 1 janvier 1857.
Madame Grignou était une femme d'une forte éducation, foncièrement chrétienne, et grâce à ses soins intelligents et attentifs, sa famille grandit dans les meilleures dispositions. Elle compte parmi ses enfants une fille mariée au registra- teur Lachaine, un avocat et trois médecins.
Eugëne fit de fortes études classiques et commerciales ; puis, désirant connaître le monde il prit le chemin de l'Ouest. Il parcourut la Californie, cette terre qui se prête tant aux illusions de la jeunesse, en lutte avec les caprices de la fortune. Après une couple d'années de cette exis- tence aventureuse il retourna au pays, plus sage et décidé à embrasser la noble profession de médecin, qui avait tou- jours eu des attraits pour lui. Il passa quatre ans à l'Ecole <le Médecine et de Chirurgie de Montréal. Ce temps fut employé consciencieusement à l'étude et au travail. En mars 1885 il passait un brillant examen et était admis à la pratique de la médecine et de la chirurgie.
Il se rendit peu de temps après à Menomenee, Mich., où il exerça sa profession avec un succès remarquable. Son dévouement aux œuvres nationales et religieuses, ses hautes qualités du cœur et de l'esprit, ne tardèrent pas à lui créer une popularité qui s'est continuée jusqu'à ce jour.
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LES CANADIENS DU MICUIOAN
Lors do Hoii arrivée lo8 Cttiiadieiis-françaiHde^lwiiomenee «ouifraient d'un défaut presque «'omplet d'organisation. Il se mit aussitôt à l'œuvre pour remédiera cet état de chose dé- plorable et peu de temps après le résultat de son influence se faisait sentir dans la création d'une société 8t-Jean-Bap- tiste. Il prit aussi une pari importante dans la fondation de la paroisse canadienne-française de Menomenee, tant par son influence que par ses dons généreux. Il fut l'un des ofliciers choisis pour mettre en pratique le projet d'Alliance Nationale des sociétés (yanadiennes-française. En 1886 il était élu coroîier du comté de Menomenee par une grande majorité et presque malgré lui.
En 1887, désirant tenter la fortune dans une grande ville, il vint à Détroit pour exercer sa profession, mais sur les instances réitérées de ses amis de Menomenee, il se décida à y retourner. L'absence n'avait rien eflacé des bons senti- ments que lui avaient conquis sa générosité, son zèle et son esprit. Il reprit sa carrière de succès, et il est devenu l'un des citoyens les plus influents de la ville de Menomenee. En 1892 il, était élu greffier du comté, position lucrative et qui lui permettait de continuer l'exercice de sa profession. Jeune encore, il a devant lui un brillant avenir.
LÉON MATHIAS COTÉ.
M. Léon Mathias Côté, un des pionniers de Menomenee, est né à Montréal, le 24 février 1823. Il descend de Jean Côté, un des premiers Français venus au Canada, et qui épousa à Québec, en 1635, Anne Martin, fille d'Abraham, lequel a donné son nom aux célèbres plaines d'Abraham. En 1878, M. Côté, voulut comme tant d'autres Canadiens, venir tenter fortune dans l'Ouest. Il se fixa d'abord à Green Bay, puis en 1860, il se rendit à Menomenee, où il a demeuré depuis. Durant sa longue carrière, M. Côté a été tour à tour, et souvent aussi à la fois, fermier, boucher et commerçant. Pendant plus de vingt ans il a été le proprié-
QUELQUES (JOXTEMPOKAIX»
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tiiiiv (lu " Montréal House," une uuberge très-populaire. Mais dans toutes lew branches du commerce ou de l'indus- trie où il s'est essayé, il a toujours déployé un jugement sûr et une grande habileté, par lesquels il a suppléé à l'instruc- tion qui lui taisait défaut. En maintes circonstances, M. Côté a été honoré de marques non équivoques de l'estime et de l'amitié de ses concitoyens, et il a occupé pendant plusieurs années les positions de trésorier du bureau des écoles publiques, de grand voyer, de membre du conseil municipal et de marguillier du l'église iiadienne. En 1874, M. Côté épousa Thasile Lacombe, fil lu d'Alexis, cul- tivateur de Rigaud, et il a eu quinze < fantf. dont pïx sont encore vivants, mariés et i-tablis t\ Mcnomenee m dans les envinns. Eu somme, M. Côté a été sous t^ns le rapports un digne Canadien ; et il transmet A ses onfants un nom dont ils peuvent être fiers.
JOSEPH QARON.
M. Joseph Qaron est né à la Baie du Febvre, comté de Yamaska, le 7 janvier 1838. En 1857, à l'âge de 19 ans, il prit la route de l'Ouest et vint se fixer à Menomenee, alors un village de moins de trois cents âmes. Sur ce nom- bre on ne comptait qu'un petit nombre de Canadiens, parmi lesquels les familles Gauthier, Brouillet, Fréchette, et Eméry. Les Etats-Unis étaient alors en proie à une grande crise commerciale, par suite de certaines manipula- tions de la monnaie. Quoique M. Garon eût appris le métier de cordonnier, il préféra travailler dans les scieries. En 1868, il entra au service de la compagnie Kirby & Car- penter, et il y est encore aujourd'hui, possédant au plus haut degré la confiance de ses patrons.
Lorsque M. Garon arriva dans cette partie du Michigan il n'y avait pas d'église ; les Canadiens ne recevaient qu'à de rares intervalles la visite des prêtres résidant à Oconta où Peshtigo, Wisconsin. En 1866, les catholiques
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Ll-S CANADIENS DU MICHIGAN
de Marinette et de Menomenee, commencërent l'érection d'une chapelle dans cette première localité, et en 1872, M. l'abbé Fox fut envoyé pour organiser une paroisse à Meno- menee même. M. Garon travailla activement pour faciliter la tâche du clergé dans ces temps difficiles. Ses services turent reconnus dans le temps, et on le nomma marguillier à Marinette, puis à Menomenee. Depuis ce temps, M. Garon a toujours été un chef dans tous les mouvements pour améliorer la condition spirituelle et sociale de nos com- patriotes, et il a aidé grandement de ses conseils et de sa bourse. Il est un des membres-fondateurs de la Société Saint-Jean-Baptiste, de la société de tempérance, et des " Catholic Knights," et pendant plusieurs années il a été trésoriers de ces associations.
M. Garon à épousé en 1863, Mademoiselle Marie Leclerc, fille de M. Charles Leclerc, de Green Bay, dans le temps l'homme le plus en vue parmi les Canadiens de cette localité, pour sa générosité et son zèle pour notre nationalité. Il est aujourd'hui père de quatre filles et cinq garçons qui grandissent avec l'exemple des vertus de leur père à imiter.
SAMUEL RIOUX.
M. Samuel Ricux, lieutenant dans la marine américaine, et demeurant à Détroit, est né à Trois-Pistoles, le 18 juillet 1845. A l'âge de 12 ans il s'embarqua sur une goélette, et depuis cette époque il a presque toujours vécu à bord. Pendant huit ans il parcourut le Saint-Laurent inférieur, s'initiant par une dure expérience à tous les secrets de la navigation. Il passa même un hiver entier sur la côte d'Anticosti, où il avait été envoyé par les frères Julien, de Québec, pour garder un navire naufragé. Dans l'automne de 1867, il prit la route de l'Ouest et il s'employa durant l'hiver suivant dans les chantiers de la vallée du Saginaw. Au printemps, il s'embarqua sur un des gardes-côtes du gouvernement américain. Pendant cinq ou six ans il vécut
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ainsi l'été sur les lacs, et l'hiver dans les chantiers. Knlin il entra d'une manière permanente au service du départe- ment des phares, comme timonier. Par son habileté et une stricte attention à ses devoirs, il ne tarda pas à s'acquérir la confiance de ses supérieurs, et bien qu'il n'eut pas l'a- vantage d'avoir reçu la moindre instruction, il fut élevé en 1875, au grade de deuxième lieutenant. Il s'aquitta d'3 ses nouveaux devoirs avec autant de bonheur que par le passé, et comme résultat, il devenait cinq uns plus tard premier lieutenant. Depuis quinze ans, M. Rioux remplit les devoirs de cette charge à son honneur et à la grande satisfaction de ses inférieurs aussi bien que <lo ses supérieurs. Sa grande expérience dans son métier, son zèle au travail, sa bonne humeur, en font un favori de ceux qui viennent en contact avec lui.
SAMUEL PELTIER.
M. Samuel Peltier de Menomenee, est né à 1" Epiphanie, comté de l'Assomption, en 18-47. Il est le frère de M. A. C. Peltier qui fut député du comté de l'Assomption. Ayant laissé son village natal à l'âge de 17 ans, M. Peltier vint directement à Menomenee, oii il entra à l'emploi de M. Samuel Stephenson, marchand de bois. Le jeune Peltier à rencontre de beaucoup d'autres de ces compatriotes, était économe. En 1876, ayant acquis un [>etit capital, il fonda l'hôtel "Traveller's Home," dont il est encore le proprié- taire. Les aifaires de M. Peltier ont marché heureusement depuis cette époque, grâce à son intelligente direction, et il se trouve aujourd'hui le possesseur d'une j<die fortune. Il est propriétaire d'un grande étendue de terrain à Meno- menee, et il est actionnaire dans plusieurs banques et autres entreprises industrielles. M. Peltier a été h plusieurs re- prises honoré de la confiance de ses concitoyens, qui l'ont élu successivement assistant-shérif, grand-voyer et meml)re du conseil municipal. M. Peltier à épousé en 1878 Melle Parent, originaire de Rimouski.
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UBALD-R. LORANGER.
M. Ubaltl R. Loranger, avocat, de Bay Citj-, est né à L'Avenir, Québec, en 1863. Son përe, M. Josué F. Loran- ger, était cousin des honorables juges Loranger de Mont- réal. En 1877, M. Loranger vint avec ses parents dans le Michigan, et il termina ses études à l'université du Michi- gan. S'étant livré à l'étude du droit, il fut admis à la pra- tique de cette profession en 1887. Il eut alors l'honneur d'être appelé comme associé dans un des premiers bureau de Bay City, et le succès lui sourit dès le début. Ayant pris part aux luttes politiques, en faveur des républicains, M. Loranger a été élu avocat de la ville de Bay City en 1892.
HENRI ROUTHIER.
M. Henri Routliier, d'Ishpeming, est réellement un Cana- dien des Etats-Unis, puisqu'il est né à Montpelier, Vermont, en 1850. Lorsqu'il eut atteint l'âge de cinq ans ses parents retournèrent au Canada. Mais à l'âge de 16 ans le jeune Routhier reprenait la route des Etats-Unis. Il travailla d'abord dans les états de l'Est comme commis, puis en 1878 il vint s'établir à Ishpeming, où il est actuellement surveil- lant des trains sur le chemin de fer Duluth and South Shore. M. Routhier s'est toujours occupé des intérêts de nos compatriotes et des affaires publiques, et la preuve de son mérite se trouve dans sa popularité. Membre fonda- teur de l'Union Canadienne-française d'Ishpeming il en a été le premier président, et depuis il a été réélu sept ou huit fois à cette charge d'honneur. Il était trésorier de l'ancienne congrégation mixte, et lors de la formation de la paroisse canadienne il fut unanimement continué dans cette charge. Il s'imposa alors un travail considérable pour protéger les intérêts (les Canadiens dans la division des biens de l'an- cienne fabrique. Membre du conseil municipal d'Ishpeming depuis plusieurs années, M. Routhier a eu l'honneur d'en
liiiH
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•ge. les an-
être élu le président. Il est aussi le chef de la brigade des pompiers, qu'il représentait à la grande convention de Mont- réal en 1894. Enfin, M. Routhier a eu l'honneur d'être élu en 1886 pour représenter le comté de Marquette dans la législature du Michigan.
JOSEPH-C. MAYNARD.
M. Joseph Maynard, de Negaiinee, est né à Laprairie en 1857. Jeune encore il laissa le Canada pour aller tenter la fortune à Suncook, N.H. Il y passa six ans, puis il s'en vint à Oconto, Wis., où il se lança dans le commerce pour son propre compte. Il obtint assez de succès, mais pour des raisons de santé, il dut en 1887 laisser Oconto. C'est alors qu'il vint à Negaunee, où il ouvrit une épicerie. Mais la maladie l'a encore forcé à se retirer des affaires. Néanmoins, M. Maynard a trouvé le moyen de faire des économies con- sidérables et aussi de s'intéresser aux affaires publiques. Il a été élu membre du conseil mimicipal à Oconto et recorder à Xegaunee. Dans la société des Chevaliers de Lafayette il a eu l'honneur d'occuper les charges de secrétaire-archi- viste, de secrétaire-financier et de président.
JOSEPII-niLAIRE PRIMEAU.
M. Joseph-IIilaire Primeau, de Negaunee, est né à Ste- Martine, comté de Chateauguay, le 30 avril 1848. Il suivit les cours du collège de Montréal et du collège Masson, et après avoir terminé ses études classiques, il passa par l'école militaire de Québec, d'où il sortit en 1864 avec ses certifi- cats de premières et de deuxième classe. Il commença en- suite l'étude du droit, mais trouvant les codes trop arides, il vint en 1868 à Negaunee, où il trouva de l'emploi dans le commerce. En 1871 il se transporta à Marquette, où il fut encore commis, En 1873 il était élu recorder de Mar- quette, position qu'il garda pendant sept ans. Durant cette période M. Primeau donna beaucoup de temps à l'enseigne-
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ment du français. Il contribua aussi en 1874 à l'organisa- tion (le la société St-Jean-Baptiste du comté de Marquetfo. En 1881 nous le retrouvons à Negaunee, où il ouvrit un bureau de courtier d'assurance. Le printemps suivant il fut élu juge de paix. En 1886 il fut élu recorder, et depuis il a occupé cette position à plusieurs reprises. Orateur puissant, M. Primeau à soi/ivent été appelé pour adresser la parole dans les divers centres canadiens du Michigan. Il a fondé la société St-Jean-Baptiste de Negaunee et il a été un des chefs dans les conventions des Canadiens du Haut Michigan.
CYRILLE HOULE.
M. Cyrille Houle, de Negaunee, est né à Gentilh', en 1849. Parti de sa paroisse natale à l'âge de dix ans pour Montréal, il passa à l'âge de 16 ans à Petroleum, Penn. Il resta trois ans en cet endroit, puis il vint en 1868, se fixer à Negaunee. Il est actuellement à l'emploi des chemins de fer comme télégraphiste et directeur de gare. M. Houle est un membre zélé des sociétés nationales. Il a été mem- bre du bureau des écoles publiques, et en 188:5, il fut l'ad- versaire heureux de M. Hilaire Primeau pour la position de recorder de Negaunee.
ZACHARIE JACQUES.
M. Zacharie Jacques, l'un des Canadiens les plus respec- tés du lac Supérieur, est né dans la paroisse de St-Barthé- lemi, comté de Berthier, en 1833. Fils de cultivateur, il apprit le métier de charpentier-menuisier, et h l'âge de vingt-deux ans, il alla tenter la fortune à Goodrich. Il ne demeura pas longtemps à cet endroit toutefois. Le 7 juin 1857, il arrivait ou Portage, nom que l'on donnait alors aux villes de Houghton et Hancock. Après avoir exercé son métier, comme employé des MM. Sheldon, puis pour son propre compte, M. Jacques entra eu 1869, au service
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(le la " Lake Superior Copper Co," comme contre-maître des charpentiers, position qu'il remplit avec honneur depuis plus d'un quart de siècle. Lorsque M. Jacques vint dans le comté de Houghton, il n'y avait qu'une seule mine en exploitation, et il fallait aller débarquer à Eagle Harbor. Il a vu naître la ville de Hancock, et il a co-opéré avec zMe à toutes les œuvres religieuses et patriotiques. Il a été le président de la Société St- Jean-Baptiste de Houghton et Hancock durant les «[uatre premières années de son exis- tence. En même temps qu'il donnait généreusement h toutes les entrt^prises méritoires, il a su, par son esprit d'ordre et son jugement, s'acquérir plusieurs propriétés dans Hancock, Lake Linden et Dollar Bay. M. Jacques épousa Mademoiselle Clara O'N'eil, institutrice à St-Barthélemi, en 18ô9, et sa famille vint le rejoindre au lac Supérieur, en 1870. Il est aujourd'hui le père d'une famille qui lui fait honneur. Deux de ses tilles sont religieuses dans l'ordre de St-Joseph, et les plus îigés de ses fils occupent d'excellentes positions dans Hancock.
CHAULES 0. OLIVIER.
M. Charles Onésime Olivier, de Hancock, est né en l86ô, à Berthier. Il est le iils de Louis Olivier, cultivateur, cousin germain de riionorable juge Olivier. Après avoir fait d'excellentes études, M. Olivier entra à dix-huit ans dans le commerce, et en 1884, il vint "h. Hancock, où il trouva facilement de l'emploi. Il était premier commis dans le magasin Ryan, le plus important de Tendroit, lors- qu'il se décida, en 1890, à ouvrir une épicerie pour son pro- pre compte. La fortune Uii a souri, et il occupe aujour- il'hui une position influente parmi les citoyens de Hancock. En 1894, il a été greffier de cette municipalité, et il peut compter sur l'avenir. M. Olivier a épousé en 1886, Made- moiselle Octavie Jacques, flUe de M. Zacharie Jacques.
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JOSEPH CROZE.
M. Joseph Croze, de Houghton, l'un des plus riches Canadiens des Etats-Unis, est né à Saint-Henri de Maseou- che, le 8 février en 1841. Après avoir reçu une éducation élémentaire, il prit la route du lac Supérieur, et en 1859, il débarqua à Eagle River, dans le comté de Keweenaw. Il travailla à la mine Cliff pendant quelques temps, puis il devint contre-maître à la mine Garden City. Il fut ensuite quatre ans commis dans un hôtel, et en 1869, il vint à Iloughton. 11 entra au service de MM. Smith & Ilarris, marchands, et garda cette position pondant huit ans. A cette époque, M. Croze avait déjà réalisé des économies, et en 1 876, il acheta un remorqueur de M. Joseph Grégoire, de Lake Linden, et depuis 1879, il s'est surtout consacré à dévelop- per cette entreprise. Il est aujourd'hui propriétaire de plusieurs navires, il possède un bassin <le radoub à Hough- ton, et il fait un commerce considérable de charbon. Il exploite aussi les pêcheries, et il est réputé être un des plus grands propriétaires de terrains inexploités dans la région du lac Supérieur. M. Croze est un républicain convaincu, et il exerce une grande influence dans son parti. Il s'in- téresse beaucoup au sort de ses compatriotes, et il a fait des sacrifices considérables pour établir un journal français dans le comté de Houghton.
LAURENT JACQUES.
Les Canadiens-français de Lake Linden ont l'hotuieur de voir l'un des leurs occuper la position importante de tré- sorier du township de Schoolcraft. M. Laurent Jacques, qui a rempli cette charge durant plusieurs années, est né à 8t-Barthélemi, comté de Berthier, le 1er septembre 1847. Il vint aux Etats-Unis à l'âge de 22 ans, et après quelques temps passés dans l'Est, il vint, en 1874, se fixer à Lake Linden où il ouvrit une for^v. et une manufacture de vol-
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tiires. Ses affaires ont toujours grandi et prospéré, et il se voit aujourd'hui î\ la tête d'un des meilleurs établissements du genre de la région.
M. Jacques, avant d'être trésorier du township deSehool- craft, fut évaluateur du village de Lake Linden ; et depuis trois ans il est aussi trésorier de la société St-Jean-Baptiste dont il est un des membres-fondateurs.
M. Jacrpies épousa Eugénie Bussière en 1871 à "Wooji- socket, R.I. Devenu veuf en 1874 il a marié en seconde noce, en 1882, mademoiselle Victorino Trépanier.
EUCHARTSTE BRULE,
;
Les positions de greffier du village de Lake Linden et du township de Schoolcraft ont aussi été occupées par un Cana- dien-français, M. Euchariste Brûlé.
M. Brûlé est né le 25 février 1837 dans la paroisse de 8t- Barthélemi, comté de Berthier, province de Québec Après avoir terminé son éducation au collège de Joliette, il s'en- gagea comme commis-marchand à St-Ambroise de Kildare, d'où en 1852, il passa à Montréal où il obtint encore une position dans un magasin de gros de nouveautés.
C'est dans l'été de 1855 que M. Brûlé vint dans la région du cuivre du lac Supérieur. Le 16 juin il prenait le vapeur " Illinois" à Détroit, et deux jours plus tard il était au Saut Ste-Marie et assistait à l'ouverture du canal à cet endroit.
Arrivé à Houghton M Brûlé s'engagea à la compagnie Mine Royal et garda cet emploi pendant environ un an. Depuis cette époque jusqu'en 1887, M. Brûlé fut toujours employé dans des magasins généraux ou de nouveautés. Kn 1873 il alla à Lake Linden et s'associa à la maison .1 -B. Ormsby & Cie. Vers 1876 il céda ses intérêts, et alla passer quelques mois dans le comté de Kalamazoo. Il revint à Lake Linden et fut employé pendant quelques années cliez Harris.
Durant son séjour à Houghton, M. Brûlé occupa pendant
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dix au8 la position de grefTier de township, et fut pendant sept ans juge-de-paix. Il a été le premier notaire à Lake Lii! len, l'un des premiers syndics de l'école de cette localité, et le premier inspecteur d'école du township de Schoolcraft. Il a été plusieurs fois réélu à ces diverses positions. En 1887 il fut nommé par le président Cleveland à la position de maître de poste, qu'il dut naturellement abandonner lors de l'arrivée des républicains au pouvoir.
FÉLIX ROULEAU.
M. Félix Rouleau, l'un des plus beaux types du cultiva- teur canadien dans le Michigan, est originaire de St-Cuth- bert, comté de Bertliier. Né en 1827, il partit à l'âge de vingt-ans pour le Saut Ste-Marie. Un an plus tard il se ren- dait à Grand Rapids. Dans ce voyage il fit 300 milles à pied par des routes quasi inexplorées. Durant son séjour à Grand Rapids, il descendit le Mississipi plusieurs fois jusqu'à St- Louis sur des radeaux. Au bout de deux ans il alla se fixer à Wausali, Wis., où il resta sept ans. Durant tout ce temps M. Rouleau prenait des contrats pour la coupe du bois. En 1859 il arriva dans, le comté de Houghton, et îil)rès avoir travaillé pendant onze ans à fournir du bois aux mines, il décida de se faire cultivateur. En 1871 il fit l'ac- quisition de 800 acres de terre, et depuis il a considérable- ment agrandi son patrimoine. Sa terre se trouve à quelques milles de la ville de Hancock. Malgré des incendies qui lui ont souvent fait subir des pertes, M. Rouleau se trouve k la tête d'une petite fortune. A travers sa longue et aventureuse carrière, M. .Rouleau est resté fervent chré- tien, et il est un des pilliers de l'église canadienne et de la société St- Jean -Baptiste de Houghton et Hancock.
ANTOINE GRIGNON.
M. Antoine Grignon, de Houghton, né à Montréal en 1836, est devenu un des citoyens les plus respectés de sa'
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ville d'adoption. Après avoir reçu une bonne éducation com- merciale et avoir appris le métier de menuisier, M. Grignon quitta Montréal en 1870 pour la Nouvelle-Orléans. Il ne resta pas longtemps en Lousiane, et après un court séjour à Chicago, il vint en 1878 se tixer à Houghton, où il se fit entrepreneur. Intègre en tout, charitable i\t tisane, M. Gri- gnon a conquis l'estime de tous ceux qui le connaissent. Il a été président de la société St-Jean-Baptiste.
AUGUSTE JOYAL.
M. Auguste Joyal, président de la société St-Jean-Bap- tiste de Lake Linden, est né àSt-David, Yamaska, en 1855. D'abord télégraphiste, il se fit ensuite comptable, et en 1881 nous le voyons à Lake Linden occupant cette position dans un des premiers magasins de Lake Linden. Aujourd'hui il fait affixire pour son compte. Dans la société St- Jean- Baptiste, M. Joyal a occupé toutes les charges d'honneur et de confiance, preuve de sa popularité.
CHARLES ANGERS.
M. Charles Angers, un des pionniers du lac Supérieur, vint dans cette région en 1846, à l'âge de treize ans. Il était originaire de Québec. Après avoir couru des aven- tures dans les bois avec les Sauvages il vint à Ontonagon en 1848, où il vécut 22 ans. Soit comme contremaître où comme entrepreneur il eut du succès et s'acquit un joli ca- pital. En 1870 il se transporta à Hancock et deux ans plus tard il obtenait le contrat pour la construction du chemin de fer Minerai Range. Il est depuis toujours resté à l'em- ploi de cette compagnie, comme surveillant des travaux . Excellent catholique, M. Angers a construit deux églises et a toujours pris un intérêt actif aux entreprises religieuses et nationales.
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JOSEPH PARENT.
M. Joseph Parent, de Menomenee, est né à St-Germaiii- fle-Riraouski le 81 mai 1860. Il vint à Lake Lindeu on 1879, et de là à Menomenee en 1»83. Après avoir travaillé comme commis pendant quelques années il s'est lancé dans le commerce pour son propre compte en 1887, et il réussit grâce à la contiance qu'il su inspirer à tous ses compatriotes. Dans la société St-Jean-Baptiste il a été honoré de la charge de président.
EMMANUEL ST-JACQUES.
M. Emmanuel St- Jacques, d'Escanaba, est né le 2ô dé- cembre 1855 à St-Benoit, comté des Deux-Montagnes. Etabli à Escanaba depuis 1872, il travailla d'abord comme forgeron, et en 1885 il se lança dans le commerce d'épice- ries, dans lequel il a réussi. Un des premiers membres de l'Institut Jacques-Cartier d'Escanaba, M. St-Jacques a été pendant trois ans trésorier de cette société et il en a été pré- sident en 1890 et 1891. M. St-Jacques a été élu évaluateur de son quartier, membre du conseil municipal et à d'autres charges qui attestent sa popularité. Cette popularité, il l'a dignement conquise par son intégrité et son intelligent dé- vouement à toutes les œuvres patriotiques et d'intérêt publique. .
FRANÇOIS BRACKETT.
François Brackett, né à Waterville, Maine, de parents qui étaient eux-mêmes nés aux Etats-Unis, M. Brackett parle cependant encore le Français. Il naquit en 1859, et aprës avoir séjourné quelques temps à Oldtown, Maine, ses parents l'amenèrent dans le Wisconsin. Il retourna ensuite à Providence, R.I., puis en 1883 nous le trouvons établi près de Muskegon, Mich. Enfin en 1«86 il vint à Cheboygan, où il ouvrit une pharmacie. M. Brackett se mêla aux Canadiens qui l'estimèrent beaucoup et l'élurent président de leur société St-Jean-Baptiste.
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PIERRE IJISSONXETTE.
M. Pierre Bissonnette, né dans le comté de Nupiervillo en 1844, laissa sa paroisse natale à l'âge de treize ans pour aller travailler dans le nord de New- York. En 1862 il s'en vint dans l'Ouest, visita Grand Traverse City, Toledo, St- LouÎh et Chicago, et finalement en 1805 il vint fixer sa tente dans le comté de Hongliton. Doué d'une force herculéenne, M. Bissonnette s'était déjà fait remarquer dans les eluiii- tiers. Il se fit entrepreneur et fut assez heureux pour amasser une petite fortune. A])ros avoir été quelques an- nées dans le commerce des viandes, M. Bissonnette s'est retiré en 1891. Il est le père de huit enfants dont l'ainése destine à la pratique du droit, après avoir fait des études classiques à Bourbonnais.
ADOLPHE MAGNAN
M. Adolphe Magnan, originaire du comté de l'Assomp- tion, arriva à Manistee en 1855, époque à laquelle commen- çait la colonisation de cette localité. Obligé d'abord d'aller travailler dans les chantiers, M. Magnan se fit remar({uer bientôt par son intelligence, et de grade en grade, il est ar- rivé à être l'homme de confiance d'un des plus grands mar- chands de bois du Michigan et le chef reconnu des Cana- diens de Manistee, qui l'ont maintenu à la tête de leur société St- Jean-Baptiste. Républicain dévoué, M. Magnan a aussi été élu successivement juge au bureau des tutelles et maire de la ville de Manistee.
L ABBE ROCH MAGNAN.
M. l'abbé J. Roch Magnan, frère du précédent, curé de la paroisse canadienne de Muskegon depuis 1885, est né à l'Assomption le 18 janvier 1857. Ordonné prêtre en 1881, il resta professeur de belles-lettres au collège de l'Assomp- tion jusqu'à l'époque où il fut appelé à la cure de Mus-
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ki'i^ou par ^Igr Rielitor. Dans cette poHÎtioii il a fait un bien iniineiise. Il est un (U'h plus énergiques organisateurs du mouvement j>atriotique, et e'est lui (jui fut chargé do présenter le rapport sur l'organisation de l'union des so- ciétés à la Cctnvention Générale <le Chicago en 1892.
ANTOINB-E. <'ARTIEH.
M, Ant()ine-K. Cartier, de Ludington, l'un des plus riches Oaïuidiens du Michigan, vint dans cette région en 1857. D'abord simple bûcheron, puis entrepreneur, il est aujour- d'hui pro[triétaire de scieries d'une grande valeur. M. Cartier a deux fois été élu maire de la ville de Ludington, et il est considéré comme un des citoyens les plus utiles de l'endroit. '
GASPARD PACAUD.
M. Gas^iard Pacaud, frère cadet de M. Ernest Pacaud de Quél)ec, vint à Détroit en sortant du collège en 1879. Peu de temps après il contribuait h la fondation du Progrès de Windsor, Ontario Ce journal devint bientôt un instru- ment utile pour le parti libéral, et M. Pacaud qui avait aussi prêté le concours de sa parole, était choisi en 1886 comme candidat libéral aux élections provinciales. Après une lutte acharnée il avait l'honneur d'être élu pour repré- senter le comté d'Essex Xord dans la législature d'Ontario, C'était la première fois qu'un Canadien-français arrivait à ce poste. Battu aux élections de 18i'*9, par suite de divisions entre les libéraux anglais et français, M. Pacaud s'est fait admettre à la pratique du notariat et il co.itinue à rédiger Le Progrès.
.lACQUES-A. VISGER.
La famille Yisger est d'origine flamande et n'a rien de commun avec les Vigers du Canada. Nous sommes portés à croire qu'elle vint à Détroit d'Albanj' ou de New- York immédiatement après la conquête, en 1768. Quoiqu'il en
(iUKUiUES «'ONTKMIMUlAliNS
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8oît cette tiiiuillo s'ont c'(>in|>lètoiiu'iit identitit'oiUix pivuiiiTs piotniitTri «If Détroit. Nous voyons [)ar Ich ri'i:;istres du tenipH, ([ue dèn 1 774, Windert Visgor et .facobus Visgcr étaient engagé dans le cotnnieree. Ce dernier, c^ni fut le gran«r]>ère de M. .Iae«iues A. Yisger, eut une carrière des plus lionorables et des plus utiles j\ ses eoneitoyens.
En 1781 et de nouveau en 178-5. Jaeob Visger est men- tionné eonime taisant un conniieree eonsidéruble en soeiété de M. Graverat. En 1795 il reçut une étendue considérable de terrain des Sauvages, Cependant la législature du ter- ritoire du Nord-Ouest ayant été organisée, il tut élu [»our y représente, t comté de AVayne en 1799. L'année sui- vante il ilevenait " eounty commissioner" et juge de la cour des " Common Pleus." Il retint cette dernière [>osition jus(pi'en 1805 alors <[ue la cour cessa d'exister. Deux ans l)lu8 tard, en 1807, une cour ayant Jurisdiction en matière civile et commerciale ayant été établie, il devint aussitôt juge assistant, et en 1809, juge-en-chef de cette cour. En 1821 il était juge-de-paix. Il fut pendant plusieurs années capi- taine de la iiiliee et en cette (qualité prit part à la guerre de 1812.
Joseph Yisger, lils du précédent, naquit en 1794. I^ors de la guerre de 1812 il figure comme volontaire dans une compagnie de "scouts" organisée pour mettre un terme aux ravages des Sauvages. Il fut tour h tour trésorier, "town clerk" et "supervisor" d'Ecorce. Il mourut du choléra en 1849. Il avait épousé Nancy Godfroy. De cette union naquit M. Jacques A. Visger, à Springvvells, le 30 juillet 1824. Dix ans plus tard sa famille alla demeurer à Ecorce. Jacques travailla sur la ferme jusqu'à l'âge de 21 ans. A cet âge il fut élu trésorier du "town" d'Ecorce. Il occupa cette position pendant sept ans, et par son intégrité et son soin donna une satisfaction générale. Il occupa par la suite la position de " town clerk." En 1862 il était élu " super- visor" d'Ecorce. En 1868 il abandonna cet emjdoi pour
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LES CANADIENS DU MICHIQAN
accepter le poste d'auditeur du comté de Wayiie. Il devint ensuite, en 1874, "supervisor" d'Hamtramck. Il retint ou- coro cette position pendant sept ans. De 1885 à 1891 il a ét(v député-registrateur du comté de Wayne.
JOSEPH CUSSON.
M. Joseph Ousson, de Bay City, né dans la province de Québec en 1834, passa dans l'Etat de New-York à l'âge de douze ant*. Ayant appris le métier de menuisier il vint à Bay City en 1851, où il a réussi à se faire une position lionorable. Il a été trésorier de la ville en 1881-^2 puis inspecteur des salines. Il fut l'organisateur de la société Lafayette et il reste l'un des plus dévoués amis de toutes les entreprises patriotiques. i
ALBERT-J. PAULI.
Albert J. Pauli, marchand, de Menomenee, est né à Paris, France, le 24 juin 1858. Il est fils de Jacques-Marie Pauli, Alsacien, qui émigra à Paris en 1855. M. Pauli reçut une bonne instruction dans les écoles communes et au collège Colbert de Paris. Dès cette époque il montrait un goût prononcé pour les affaires. Dans l'automne de 1872 il vint à Menomenee et obtint une position dans le magasin de Harter & Harvath. Il resta au service de cette maison jus- qu'en 1875, alors qu'il entra dans celle de George Harvath. En 1880 il fonda un magasin à son nom; et par son tact et son attention aux affaires il en a fait la principale maison de Menomenee dans le genre. Cédant aux instances de ses nombreux amis, Af. Pauli se laissa mettre en nomination par le [tarti républicain en 1888 pour la position de trésorier du comté de Menomenee. Il a été élu deux fois à cette posi- tion de haute responsabilité, la dernière dans l'automne de 1892, par une majorité de plus de mille voix. ^Ce fait suffit à lui seul pour établir la grande considération dont jouit
QUELQUES CONTEiMPORAINS
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M. Pauli tlaus toutes les classes de la société — considération qu'il s'est gagné du reste par ses talents, l'intégrité et l'af- fabilité qu'il déploie en toutes circonstances. Le nom de M. Pauli est particulièrement populaire parmi les Cana- diens (|ui sont toujours assurés de trouver en lui un ami capable de comprendre leurs sentiments et leur langue.
l'abbé MICHEL LETELLIER.
M. L'abbé Michel Letellier de St-Just, frère de l'ancien lieutenant-gouverneur de la province de Québec, vint d'a- bord exercer son ministère apostolique dans l' Illinois, où il releva les ruines du sanctuaire de Ste-Anne de Kankakee renversé par l'apostat Chiniqu3\ Il signala son arrivée dans le Michigan en organisant la paroisse canadienne de Mus- kegon en 1883. De là il passa à Alpena en 1884, où il or- ganisa encore nos compatriotes en paroisse distincte, et fit ériger une école et un couvent.
Passant dans le diocèse de Marquette il fut, en 1887, chargé d'organiser la paroisse canadienne de Menomenee. Cet infatigable missionnaire qui, quelques mois auparavant, était venu à la porte du tombeau par suite de tous ses la- beurs apostoliques, mit le pied dans Menomenee pour la première fois, la seconde semaine d'octobre. Dans le mois de novembre suivant, il sépara nos compatriotes de la con- grégation mixte de St- Jean-Baptiste et il organisa la nou- velle congre :,ation. Les propriétés actuelles de l'ancienne paroisse fuvent évaluée^' d'un commun accord à |13,000. Le Père Letellier, gr/lce à d habiles négociations, put obtenir pour les Canadiens une part de |4,800.
Sans perdre de temps, le Père Letellier fit jeter les fonda- tions de la nouvelle église, et, pendant tout l'hiver, il par- courut les camps pour ramasser des fonds. C'est ainsi que, pour les intérêts de ses nationaux, ce prêtre dévoué a payé de sa personne, et, au priuremps il avait réalisé la somme de près de ^1,500.
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LES CANADIENS DU MICHIGAN
Enfin il fit si bien qu'il réussit eu un an à ériger un ma- gnifique temple valant $20,000.
Voulant encore utiliser son zële et son énergie, Mgr Vertin le chargea en 1890 de jeter les bases de la paroisse canadienne d'Ishpeming. Cette tâche heureusement accom- plie, M. Letellier fut nommé à la cure de Lake Linden. Il reste toujours prêt à servir la cause nationale avec une éner- gie indomptable.
M. l'abbé dassylva.
M. l'abbé T. V. Dassylva est né k Québec le 27 mai 1859. Après un bon cours d'études au séminaire de Québec, il étudia la philosophie et la théologie à l'université Laval. Il embrassa l'état ecclésiastique en 1884 et reçut la tonsure la même année. Il se consacra deux ans à l'enseignement au collège St-Laurent, près de Montréal.
Il se rendit ensuite à Marquette, Micli., où Mgr Vertin lui donna le diaconat, le 19 juillet 1888, et l'ordonna prêtre le jour suivant.
Après avoir exercé le ministère à Houghton et à Ish- peming il fut nommé à la cure de l'Anse, puis à celle de Spalding.
CONCLUSIONS.
Le dernier recensement des Etats-Unis, fait en 1800, constate qu'il y avait alors dans le Michigan 183,000 personnes nées en Canada. Sur ce nombre l'expérience nous apprend qu'on peut compter au moins 90,000 Canadiens-français. Si nous ajoutons à ce nombre, les entants de ces Canadiens-français qui sojit nés aux Etats- Unis, soit au moins 50,000, nous arrivons à la conclusion que la population canadienne-française de l'état est aujour- d'hui de 140,000 îimes. C'est-à-dire qu'elle s'est plus que doublée dans l'espace de vingt ans. Cette augmentation rapide est évidemment due à l'émigration de la province de Québec, qui a été contiruielle depuis 1870. Cette émi- gration s'est surtout dirigée vers le nord de l'état, le long dos lacs Huron, Michigan et Supérieur, où elle a formé ces paroisses canadiennes dont nous avons parlé dans un cha- pitre précédent. La ville de Détroit a reçu une immigration canadienne considérable, tant de la province de (Juébec que du comté d'Essex. On y comptait, en 1890 pas moins de 18,791 personnes nées en Canada. Mais dans les comtés environnants de Lenawee, de ^[onroe, de Washtonaw, d'Oakland, de Macomb et de St-Clair, les groupes caniuliens qui s'étaient formés avant 1870 ont reçu peu de recrues du Canada. Il en a été de même pour le romté de Bay. où le nombre des personnes nées en Canada a considérablement dmiinué depuis 1880. En 1890 on ne comptait plus que 3,615 personnes nées en Canada dans la ville de Bay City.
T
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LES CANADIENS DU MICHIGAN
En revanche une immigration récente et considérable s'est déversée dans les comtés circonvoisins de Huron, Tuscola, Saginaw, et Midland. Il y avait, en 1890, 6,821 Canadiens de naissance dans la ville de Saginaw. La ville de Grand Rapids et la région adjacente n'a pas reçu beaucoup d'immi- grants canadiens depuis 1870. On y comptait en 1890, 2,968 personnes nées en Canada. D'un autre côté l'immi- gration canadienne s'est portée en grand nombre dans les comtés du centre de la péninsule inférieure, en partant de ceux de Clare et d'Osceola, vers le sud, jusqu'î- la frontière de rindiana. Les groupes les plus considérables se trouvent dans les comtés de Kalamazoo, Calhoun, Jackson, lonia, Clinton, Isabella, et Mecosta.
Dans le comté d'Essex, le nombre des Canadiens-français en 1881, d'après le recensement canadien, était de 14,658, et dans le comté de Kent, de 4,529. Le recensement de 1891 ne donne que 14,001 pour Essex, et .^,183 pour Kent. Il est certain que l'immigration de la province de Québec dans ces deux comtés a diminué depuis quelques années. Cependant depuis 1881 à 1891 le recensement constate une augmentation de la population catholique d'environ cinq pour cent, et cela indique sûrement une augmentation des Canadiens-français, qui forment les quatre-cinquièmes de cette population. Nous nous permettrons donc de porter la population canadienne-française de Kent et d'Essex à 20,000 en chiffres ronds.
Ajoutons encore.au moins 25,000 descendants des ancien- nes familles établies dans le Michigan avant la conquête, et qui conservent encore leur langue maternelle, et 15,000 Français d'origine européenne, que nous n'avons pas encore lait entrer en ligne de compte. Nous arrivons ainsi à un grand total de 200,000 personnes parlant le français dans le Michigan et la péninsule d'Essex.
Se plaçant au point de vue catholique et Canadien-fran- çais, on se demandera : Faut-il se réjouir ou s'affliger de ces
CONCLUSIONS
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cliifires qui attestent la force de reproduction de notre race, mais aussi l'énorme et continuelle émigration de la province de Québec ? Pour répondre à cette grave question, il faut se demander quelle est la condition sociale et maté- rielle des immigrés, quelles sont leurs chances d'avenir.
Dans un autre ouvrage, nous avons combattu énergi- quement l'idée que les Canadiens-français aient en général amélioré leur position de fortune eu se rendant aux Etats- TJnis. Sans nous attarder de nouveau sur ce f)oint, nous devons répéter ici même les conclusions auxquelles nous sommes arrivés aprî?s une enquête très longue et très com- plète, savoir : que si ceux qui vont chercher fortune aux Etats-Unis voulaient seulement mettre de côté l'orgueil et les préjugés qui ruinent la province de Québec, pour vivre et travailler comme ils le font à l'étranger, la majorité d'entre eux réussiraient mieux au milieu de leurs amis et de leurs parents que dans la république américaine. Dans un chapitre précédent nous avons cité à l'honneur de notre race l'exemple de quehpies Canadiens qui ont réussi dans le Michigan deiiuis quarante ans. Mais ces hommes étaient doués des qualités qui donnent le succès partout.
Les Etats-Unis n'offrent plus, en dépit des idées qui ont cours, des chances quotidiennes de faire de ces fortunes merveilleuses dont le mirage attire et éblouit tant nos gens. En général les émigrés végètent pendant de longues années avant de se faire aux mœurs de leur patrie d'adoption, de pouvoir apprendre la langue, et de se mettre sur un pied d'égalité pour la lutte de l'existence avec ceux qui sont arrivés avant eux.
Les efforts de tous les hommes qui ont à cœur le bien de nos compatriotes doivent avoir pour but de les dissuader de ces voyages continuels, dans lesquels ils gaspillent leur capital et leur vie, sans profit pour eux-mêmes et sans avan- tages pour leur patrie.
C'est pour cotte raison que, si d'un côté, nous sommes
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LES CANADIENS DU MICHIQAN
fortement opposé à l'éniignition de la province de Québec vers d'autres régions, nous voyons aussi quelque danger dans les mouvements de rapatriement. Il y a quelques mois seulement on lançait avec éclat une entreprise pour ramener les Canadiens de Lake Linden en Canada, et déjà on constate que la tentative n'a pas eu le succës qu'on en attendait, voire même qu'elle a été une cause de pertes désastreuses pour un grand nombre de familles. Si humble qu'elle soit, la position que les Canadiens ont réussi à se faire aux Etats-Unis représente le fruit de plusieurs années de sacrifices et de travail. Tout déplacement exige la vente à sacrifice des propriétés, la rupture de relations profitables ; et puis la désorganisation se met dans la paroisse cana- dienne ou la société nationale formée au prix de temps de peine. Arrivé au Canada le rapatrié ne se retrouve plus chez lui ; il ne veut pas recommencer la tiiche de se créer une position, et il reprend la route des Etats-Unis.
Tous les mouvements de repatriement ont échoué. Ce serait un rêve de croire (pie l'on pourra jamais ramener au Canada le plus grand nombre des Canadiens qui habitent maintenant les Etats-Unis.
Quelles sont donc leurs chances d'avenir, comme race distincte, i^ous ne songeons pas à le cacher, notre natio- nalité a déjà souftert d'une dé[)erdition considérable de force dans cette région, et tous les groupes dont nous écrivons l'histoire n'ont pas d'égales chances de résister à TassimiJation.
Les descendants des Canadiens-français venus dans le Michigan avant 1840, doivent former une population de cent mille Jimes aujourd'hui : nous comptons qu'il n'y a qu'un quart d'entre eux qui puissent encore être classés comme Canadien s- français. Les trois autres quarts des descendants des premiers colons comprennent pres(pie tous le français, mais ils refusent de le parler. C'est qu'ils n'ont reçu qu'une instruction anglaise. Ne pouvant parler le français cor-
CONCLUSIONS
309
race
rectemeiit, et n'ayant ni le besoin, ni le loisir de l'apprendre, ils se contentent de l'anglais. S'ils sont tiers du rôle que leurs pères ont joué dans l'histoire du pays, ils sont aussi fiers d'être des citoyens américains, et ils ont puisé dans leur instruction, la conviction que la langue anglaise finira inévitablement par prédominer sur toutsle continent. Ceux- là, sont perdus pour la nationalité.
Les vingt-cinq mille descendants des anciens colons que nous avons fait entrer en ligne de compte sont pour la plupart établis comme cultivateurs aux environs de Monroe et de Détroit. Peu instruits, ne s'occupant .guère de l'a- venir, ils sont restés Français parce qu'ils ont eu peu de rapports avec les étrangers. La langue française et le culte des traditions se transmettent naturellement chez eux de père en fils. Mais leur patriotisme ne les ferait pas lutter pour la conservation de leur langue, et l'instruction qu'ils reçoivent n'est pas de nature à faire monter dans leur estime la langue de leurs pères. Ceux-là aussi seraient perdus [)Our nous si leur mode d'existence changeait.
Les groupes canadiens dispersés dans l'intérieur de l'état, et ils peuvent comprendre en tout 25,000 ou 30,000, sont aussi en grand danger d'assimilation par le fait qu'ils sont disséminés en groupes si petits (pi'il leur est difficile de s'organiser et de faire bande à part.
Il faut espérer que le zèle des prêtres canadiens, l'influ- ence des sociétés nationales et les bonnes dispositions de l'épiscopat, qui ont produit de si excellents effets depuis dix ans, s'étendront avec le temps à tous ces groupes dont l'existence est menacée.
Il est indiscutable qu'aujourd'hui, en dépit des pertes et même des trahisons du passé, les Canadiens forment dans les régions dont nous écrivons l'histoire, un groupe plus fort, plus riche et mieux organisé qu'à aucune autre époque de notre histoire. Depuis trente ans ils ont suivi une marche ascendante ininterrompue. A mesure
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LES CANADIENS DU MICHIGAN
que les moyens de communication deviennent plus rapides et moins dispendieux, que leur nombre augmente, que les journaux se multiplient, leur force de cohésion grandit.
Notre pt)8ition est excellente au point de vue stratégique. Les groupes dont noue nous occupons touchent à d'autres colonies qui sont dans la même position et qui leur donnent au besoin un précieux concours. Au sud, il y a, sur le la*^ Erié, les colonies canadiennes du nord de l'Ohio, (pii comptent bien 20,000 franco-canadiens, et sur le lac Mi- chigan, celles de l'Illinois, qui forment une population de pas moins de 50,000 âmes. A l'Ouest, les groupes du lac Supérieur s'appuient sur ceux du nord du Wisconsin et du Miiuiesota, qui peuvent avoir une population canadienne- française de 60,000 à 70,000 âmes. Eniin, par le comté d'Essex et par le Saut Sainte-Marie à l'Est, les Canadiens du Michigan tendent la main à leurs frëres de la vallée de l'Ottawa et de la baie Géorgienne, qui s'avancent en rangs serrés, pour former une chaîne ininterrompue de postes français, qui s'appuieront sur la province de Québec même.
En présence d'un tel passé et de tels résultats nous sommes naturellement portés à recherclier dans quels des- seins le Maître du monde a ainsi préservé l'élément fiançais en Amérique des dangers multiples dont il l'entourait.
Ces dangers devaient inévitablement, d'après toutes les prévisions humaines, amener sa ruine complète. Encore aujourd'hui nous attacherions moins d'importance à nos triomjthes passés, nous envisagerions l'avenir avec mohis de coniiance si nous n'avions pas dans chaque page de l'histoire contemporaine d'éclatants exemples de la vitalité prodigieuse de nationalités que nous avions appris à consi- dérer comme n'existant plus que dans la mémoire des étudiants de l'antiquité.
En effet nous vivons dans un temps où il est plus que jamais évident que le sentiment de la nationalité est la principale force qui dirige les événements politiques et qui fait l'histoire.
CONCLUSIONS
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Le (lix-lmitiènie siècle avait à poiiie pris sa place au rang (les âges révolus que l'empire des Osmanlis, qui jadis menaçait d'écraser l'Europe entière, était secoué ps)r le réveil des peuples qu'il avait subjugués aux jours de sa grandeur. A côté de lui l'Autriche voyait s'opérer chez elle le même travail inattendu.
Ces nationalités qui sortaient vivantes du tomhcau qu'on avait creusé pour elles avaient pourtant souffert tout ce que des conquérants peuvent infliger d'humiliations et de tortures. Vivant sur le théâtre où depuis des siècles l'Eu- rope et l'Asie venaient se livrer bataille, elles étaient les premières victimes de la lutte. Les armées des deux partis ne les voj^aient que pour piller leurs maisons, violer leurs femmes et brûler leurs villages. Elles n'échap^iaient à aucune des misères que traînent après elles P'ixtreme bar- barie et l'extrême civilisation. Rien n'avait surnagé dans le terrible naufrage ; les archives de ces peuples étaient dispersées dans toutes les capitales de l'Europe, leurs mœurs corrompues, leurs monuments détruits ; c'est à peine si l'on retrouvait encore dans les vieilles chansons suspendues aux lèvres des chasseurs et des montagnards quelques échos du langage antique. Réduits par une si grande et un si per- sistante adversité aux métiers serviles et infâmes, ils semblaient y être attachés comme par une seconde nature. Certes, nul n'aurait soupçonné que ces êtres dégénérés fussent encore capables de se passionner pour une grande cause.
Mais voici (pie des patriotes inspirés ont réuni tous les souvenirs du passé et tV)nt entendre un nouveau lan- gage, leur montrant ce qu'ils ont été autrefois, ce (pi 'ils pourraient être encore. Aussitôt ces l>rigands, ces mar- chands avides, ces pâtres ignorants, ces vagabonds serviles, — Grecs, Roumains, Bulgares, Tchèques, — renaissent à la vie politique ; ils se passionnent pour ce passé qu'ils igjioraient hier, comme des êtres qui auraient vécu dans une caverne
mmmm
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LES CANADIENS DU MICHIQAN
ohHcure so pasHÎonnemient pour le soleil quaiKl un de ses rayons parviendrait enfin jusqu'à eux ; soutenus par l'idée •de la patrie, ils redeviennent des hommes de cœur, ayant lo i'ourage de vaincre.
Aujourd'hui il n'est pas un homme d'état qui voudrait engager sa parole que dans vingt-oinq ans oes nationalités ressuscitées n'auront pas complètement renversé les empires turque et autrichien.
Tandis que ces événements se déroulent dans l'Europe orientale, l'Angleterre trouve aussi chez elle des i")reuve8 que le sentiment national ne se détruit pas facilement. L'Irlande vingt fois vaincue sur le champ de bataille, gou- vernée par des étrangers depuis des siècles, l'Irlande qui a oublié sa langue, qui a vu ses industries ruinées et ses enfants, chassés par la faim, combattant sur d'autres rives pour d'autres causes, l'Irlande déchirée par les divisions intestines, est plus (jue jamais une nationalité distincte qu'il faut reconnaître. D'autre part l'Ecosse, qui a longtemps parue satisfaite d'être confondue avec sa puissante voisine, commence à s'agiter pour obtenir un gouvernement séparé. Il n'est pas jusqu'au petit pays de Galles qui ne demande un gouvernement autonome.
C'est encore l'esprit national qui, opérant dans une autre direction, a fait passer l'Italie du rang de "simple expres- sion géographique," que lui assignait naguère Metternich, à celui d'une des nations respectées de l'Europe, et qui a faci- lité la reconstitution de l'empire germanique, qui parait si naturelle quand on songe au travail pénible des conqué- rants ordinaires pour garder unis leurs peuples hétérogènes et ennemis.
Mais si tous ces peuples sont des preuves vivantes de la force et de la durée du sentiment de la nationalité, aucun d'eux ne peut montrer dans aon passé autant ni de plus frappants exemples de l'intervention manifeste en sa faveur d'une puissance supérieure à la volonté des hommes que le peuple canadien-français.
CONCLUSIONS
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Dt's rorigine *lo notre nationalité cvtte intervention frappe l'i'Hprit de l'observateur. Tous les premiers navi- gateurs qui ont traversé l'Atlanticpie désiraient pardessus tout trouver un passage pour arriver aux tahuleux royaumes des Indes. Le golfe et le fleuve Saint-Laurent, s'étendant vers l'Occident à perte de vue, send)laient plus que toute autre nappe «l'eau offrir le passage désiré. Cependant les Cal>ots, Cortéréal, Iludson — Anglais protestants ou Espa- gnols et Hollandais avides — s'attanlent dans les glaces impénétrables du Labrador et ne voient pas la route royale qui s'ouvre devant eux au Sud. Au contraire le premier explorateur envoyé par la France vient directement planter sur les bords du grand fleuve l'étendard de sa patrie et la croix de son Dieu.
La France cependant n'est pas encore prête pour présidei* à la naissance d'un peuple catholique, car elle sera bientôt elle-même bouleversée par l'hérésie : mais une autre nation ne songera pas ii s'établir où doit naître un nouveau peuple très chrétien, (^uand la France sera redevenue forte et calme elle retrouvera son drapeau encore debout sur le bord du Saint-Laurent ; elle sera libre de reprendre son œuvre de colonisation.
Alors encore une main invisible dirige les événements pour donner au peuple canadien son caractère particulier. Ce sont des marchands qui entreprennent de fondt'r une nouvelle France, mais pour mettre leur idée à exécution ils enverront un homme qui estime que la conversion d'une îtme vaut mieux que la conquête d'uu empire ; et durant plus d'un siècle la politique colonisatrice de la France sera conforme h cette maxime. En même temps que le gou- vernement français travaillait activement à envoyer des colons en Canada et n'en pouvait trouver assez, il désirait vivement se débarrasser des huguenots. Sa ligne de con- duite en pareil cas lui était toute tracée par la coutume du temps ; c'était d'envoyer les sujets embarrassants aux colo-
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LES CANADIENS DU MICIIIOAN
nies. LeH huguenots ciix-môinos Holicitiriont la permission d'aller s'établir dans la Nouvelle-France. î^éaumoins Louin XIV décide que ce pays ne sera colonisé que par des catholiques et des hommes d'élite.
Voici la période des guerres qui commence. Les Iroquois, alliés aux colonies protestantes, semident chaque année devoir écraser le peuple naissant ; celui-ci plie comme le roseau et chaque fois se relève plus robuste.
Un jour l'Angleterre veut tenter un suiirême effort pour chasser du Nouveau Monde les quelques Français qui y soutieinient le drapeau de leur patrie : elle envoie une flotte de huit mille hommes contre Québec, tandis qu'une armée de quatre mille hommes <ioit marcher par terre sur Montréal. La Xouvelle-France ne peut ranger contre ces forces imposantes que quelques centaines de volontaires et •une poignée de soldats réguliers. La ruine est certaine ; depuis le gouverneur jusqu'au dernier des soldats, tous attendent l'heure sans le moindre espoir. Seule, au fond d'un cloître, une sainte fille ne veut pas désespérer do son pays et répète sans cesse : Dieu ne le permettra pas. Et en eftet, on apprend bientôt (jue la terrible flotte est allée se briser sur les écueils du Saint-Laurent, et l'armée de quatre mille hommes, consternée à cette nouvelle, bat une retraite précipitée.
Des années de paix succèdent à cc.-> années de tourmente. La Nouvelle-France se développa, mn ommerce prospère, ses missionnaires et ses explorateur ; 'ont porter la civili- sation jusqu'au pied des Moutagues Rocheuses ; elle ac- complit sa mission et se prépare pour de nouvelles épreuves.
La France n'est plus la nation très chrétienne, ses repré- sentants sur les bords du St-Laurent songent plus à s'enrichir qu'à diriger le peuple canadien dans sa mission civilisatrice. Dès lors les Canadiens seront soustraits à cette domination, qui pourrait corrompre leur foi et leurs mœurs, pour être placés sous une puissance étrangère : ils
CONCLUSIOXS
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pourraient se lai«aer influencer par les idées pernicieuses de leurs compatriotes, mais ils sont trop bien organisés et trop fiers pour ne pas rési>nT aux tentîitives d'assimilation de conquérants. Du reste, en les divisant contre eux-mêmes, Dieu va bientôt forcer ces concpiérants à respecter les vaincus.
Le spectacle auquel nous assistons prouve assez la sagesse des combinaisons providentielles. Loin d'avoir perdu du terrain, après i;'ns d'un siècle de domination étrangère, les Cana<liens réalisent par <les moyens pacifiques les plus ambitieux projets de conquête qu'aient jamais formulés les anciens gouverneurs français. Où la France ne pouvait envoyé naguère que des explorateurs pour ériger ses armes, ils ont planté de fortes colonies ; sur l'emplacement dos misérables cabanes où le missionnaire se traiimit au risque continuel de sa vie, poiir donner ces sublimes leçons d'amour et de charité aux barbares indigènes, ils ont élevé des temples dont la splendeur atteste leur foi et leur zèle. Ils sont en voie de franciser la Nouvelle-Angleterre qui fut pendant si longtemps l'ennemie acharnée de leurs pères. Enfin dans la province Oe Québec ils ont si bien résisté à toutes les tentatives des eiivahisseurs, que ceux-ci pour- raient mettre en tête de leurs lamentations quotidiennes ce vers de Sully-Prudbomme :
Oui, plains moi, j étais conquérant.
Cette histoire de plus de trois siècles no signifierait-elle rien? Le peuple canadien n'a-t-il donc été doué do cette invincible force de cohésion commune à toutes los nationa- lités que pour périr misérablement à l'heure où les autres triomphent ? Celui qui du haut des cieux dispose des hommes et des empires ne l'a-t-il donc soutenu que pour l'abandonner au moment où ses hommes d'état, ses ora- teurs, ses poètes et ses artistes commencent à faire entendre leur voix dans le concert universel ? La race anglo-saxonno
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LES CANADIENS DU MICHIQAN
divisée au moment où elle semblait n'avoir plus de rivale dans l'Amérique du Nord, serait-elle destinée à se réunir P'.ur engloutir les fiutres éléments ([ui y ont pris pied depuis ?
C'est avec eonilanoe que nous répondons négativement à toutes ces (questions.
Mais d'al)ord, pour bien juger de ce que l'avenir promet aux nationalités en Amérique, il faut dépouiller tous les préjugés que peut avoir fait naître dans l'esprit le pompeux étalage de liberté politique et de grandeur mercantile que les Américains savent si bien faire miroiter aux yeux des étrangers. Ces préjugés ne tarderont pasj à se dissiper devant un examen critique de l'histoire des Etats-Unis.
Dans l'ordre politique, leur constitution, loin d'être ce • monument de sagesse toute prévoyante que l'on chante si haut les jours de fêtes patriotiques, n'était en réalité qu'une mesure de compromis, imposée par les circonstances. Il fallait, lorsque la convention constitionnelle de 1787 s'as- sembla à Philadelphie, cimenter tant bien que mal les liens qui tenaient l'Union, parce qu'aucun des treize états qui la composaient n'était assez fort pour vivre indépendemment. C'était une question de v^e ou de mort : la constitution fut donc adoptée, mais seulement comme expédient, aucun de ses auteurs n'en était satisfait. Si elle a duré jusqu'à ce jour, contre toute auente, c'est que les administrateurs qu'elle devait guider ne se sont jamais fait scrupule d'en violer l'esprit et la lettre et d'appuyer ces violations par la force quand il l'a fallu.
Dans l'ordre social et industriel les Etats-Unis ont, en effet, pris un développement prodigieux. Mais pour arriver à ce résultat ils ont eu recours au génie plus brillant que sage des agioteurs et des aventuriers de toute l'Europe. Leurs grandes fortunes, dont le chiffre colossal éblouit à première vue, sont le fruit de la spéculation plutôt que du travail. Ils ont adapté à leur sol vierge et fécond en res-
CONCLUSIONS
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sources naturelles les procédés d'une civilisation vieille et corrompue. Pour réaliser à l'heure courante on a tout sacrifié, la terre, le peuple surexcité, l'avenir. On a oublié que dans certaines sphères l'on ne saurait gagner sur le temps (pi'en se condamnant h une décréi)itude préma- turée.
" Les Etats-Unis ont à peine cent ans," s'écrient leurs admirateurs. Oui ; et il n'est que trop évident qu'ils sont déjîi vieux Certains états voient leur population diminuer, leurs industries en ruine, le paupérisme augmentant avec une rapidité alarmante. Avec des millions d'acres de terres inhabitées, sur lesquelles peut encore -se déverser le trop plein des vieux centres de population, avec des forets et des mines d'une richesse incalculable qui attendent des bras et des capitaux pour les exploiter, les Etats-Unis sont déjà affligés des mêmes maladies sociales que les vieux pays de l'Europe, où les hommes sont entassés sur quelques pieds de terres ; ces barbares que lord Macaulay voyait sortir des grandes villes de la E.é[>ublique t'ont déjà entendre leurs cris, et les Américains les reconnaissent.
La misère, cette grande ennemie dos constitutions et des législateurs, menace donc dès aujourd'hui les institutions américaines. D'autres causes qui contribueront aussi à amener leur ruine se dessinent déjà : ce sont la centrali- sation dans l'admini.stration des aftaires politiques et l'ex- tension du territoire, qui demanderait la décentralisation.
La centralisation est à l'ordre du jour dans la 'publique américaine. Chaque fois que le parti an pouvoi. . me idée à imposer, un intérêt à servir, l'administration fédérale est mise en œuvre et les législatu^'es d\'tat doivent plier. Les choses en sont rendues au point que ces dernières paraissent avoir renoncé à se prévaloir (U^s garanties qu'elles se sont réservées par la constitution. Ciuiconcjue ose élever la voix en faveur de l'autonomie des états e.^t dénoncé comme un rebelle, un traite à la nation.
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LES CANADIENS DU MICHIGAN
De tels résultats sont toujours à prévoir dans une confé- dération.
Des individus ou des sociétés forment une association dans l'intention évidente d'y mettre le moins pjssible et d'en retirer le plus possible. Mais dans toute association il faut qu'il y ait un chef, un parti qui gouverne. Ce parti souverain conduit l'association pour son plus grand avan- tage ; et afin d'augmenter ses bénéfices, de mieux contrôler les autres membres, il cherche naturellement à les fondre dans l'organisation qu'il commande. Tant que les éléments de l'association ne sont pas trop disparates, même les membres qui ne sont pas particulièrement favorisés trouvent un certain avantage dans la protection qui leur est inciden- tellement accordée, surtout s'ils sont faibles. Mais si l'as- sociation vient à prendre trop d'extension, il s'y trouve bientôt plusieurs factions qui se sentent assez fortes pour se suffire à elles-mêmes et qui, conséquemment, ne veulent rien sacrifier de leurs intérêts pour le bien général. Dès lors, l'équilibre est rompu, tout gouvernement devient im- possible, et l'association se brise.
C'est là précisémeni le cas des Etats-Unis.
Lors de la fondation de la république, son territoire était relativement restreint, sa population homogène ; et aucune de ses parties !) 'était assez puissante pour s'ériger en gou- vernement séparé. Mais dans un pays neuf comme l'Amé- rique, où les peuples ne commencent qu'à s'établir, le centre de la population et des intérêts change contniuellement. Quand, par suite de la colonisation d'un territoire nouveau, l'équilibre établi se trouve rompu, il doit nécessairement y avoir lutte entre la section habituée à gouverner et celle qui aspire à prendre le pouvoir.
La guerre de sécession de 1861 était le résultat d'une de ces luttes. Les Etats du Sud, durant les premières années de l'existence nationale, avaient conduit le gouvernement à leur guise. Maie bientôt la Nouvelle-Angleterre, appuyée
CONCLUSIONS
319
par de nouveaux états de l'ouest, voulut leur arracher le sceptre. Après avoir lutté longtemps dans l'arène parle- mentaire, l'on dut avoii recours aux armes.
Pour une fois le pou\oir a triomphé au prix d'un sacri- fice monstrueux d'hommes et d'argent. Mais vaincre ce n'est pas résoudre une question. ï our résoudre la question du Sud, il fallait le faire disparaître ou rendre ses intérêts et ses aspirations identiques à ceux du Xord. Les débats animés qui se font entendre chaque année au Capitol entre les représentants des deux sections prouvent assez qu'on a fait ni l'un ni l'autre.
De nouv^eaux intérêts surgiront ava..t longtemps et rendront encore plus difficile la tâche du gouvernement de Washington. Depuis quarante ans la Répul)linue n'a pas fait de conquêtes, mais l'étendue de ses territoires habités s'esi plus que doublée. A l'heure qu'il est de nouveaux états sont en formation ; et ils viendront demander à être admis dans l'Union.
Par le passé tout contribuait pour attacher ces nouveaux états de l'Ouest à la République. Leur plus grand et plus pressant besoin était d'avoir des routes pour faciliter la colonisation et des édifices publiques pour orner leurs villes naissantes. Pourvu qu'ils fussent bien représentés au budget, ils abandonnaient volontiers les autres sphères de la politique à leurs aines. Ils étaient, en outre, habités par um-. population venue entièrement de l'Est et qui s'était pénétrée îi^ des principes qui guidaient le gouvernement.
Mais aujourd'hui i)lusieurs de ces états sont arrivés à l'âge viril, les autres y atteindront avant longtemps. Ils ne peuvent tarder à comprendre qu'ils ont des intérêts plus sérieux que ceux qu'on satisfait avec quelques dollars ; et ces intérêts seront différents suivant les lieux. L'étendue du territoire américain est telle, la diver- ité des climats et des produits si grande, qu'aucune loi générale ne pourra satisfaire une section sans être injuste pour dix autres, et
320
LES CANADIENS DU MICHIGAN
par conséquent deviendra impossible. Chose plus grave encore : quand les transmigrations périodiques qui ont lieu d'un territoire h un paître auront cessé et que la population sera devenue stable, l'impossibilité d'entretenir des rapports suivis entre touttsles parties de l'Union fera que la langue, lé» idées et les mœurs se modifieront dans des directions différentes dans chaque partie, et la diversité d'origine de la population actuelle aidant, l'on verra avec le temps autant de U! tionalités en Amérique qu'en Europe.
Certes, ce ^sf pas sans un regret que les admirateurs des institutio c ricaines en arriveront à ces conclusions;
mais s'ils veulent . consoler ils n'ont qu'à jeter un regard dans l'histoire. Ils verront tous les grands empires qui ont ébloui le monde s'écroulant avec d'autant plus de rapi- dité qu'ils avaient été plus rapidement édifiés, semblables à CCS montagnes de sable mouvant, soulevées par le vent dan» les déserts brûlants de l'Afrique et aussitôt par la même cause dissippées,
Les puissances politiques sont d'immenses édifices érigé» sur des bases plus ou moins solides, par des architectes plus ou moins prudents, mais qui ne sont jamais terminés. A mesure qu'il grandit, le monument perd en solidité : un orage survient et il est renversé, ensevelissant les ouvrier» dans ses décombres. . Alors les voisins accourent et choisissent dans cet arias de ruines ce qui peut leur être utile.
Ce sont \k des obstacles naturels que l'on ne saurait sur- monter. Bien que cela rende impossible la réalisation de» rôves des grands conquérants et des grands poètes qui vou- draient voir l'humanité réunie en un seul peuple, noua aurions tort de nous plaindre. Ce que Dieu a fait est bien fait.
Pour me servir du magnifique language de Lacordaire — " les nationalités restent distinctes pour s'évertuer par le travail de la civilisation, auquel doit concourir la diversité
CONCLUSIONS
821
et tro
le ûté
«les génies, pour se secourir «lans leurs hosoins, pour se défendre contre leurs défaillances, poui* rompre, par la diversité des mœurs et des intérêts, ces courants de mort que l'erreur et le despotisme font jtarfois passer sur le genre humain."
Le jour où une race «quelconque réussirait à impost-r sa domination à tout un continent, on verrait, la pensée se former dans un moule uniforme, le génie s'étioler, le pro- grès s'arrêter. Kn toute chose, l'" monopole engendre la stagnation, la mort.
Chaque nationalité a donc une missi(Ui à remi»lir, elle n'a pas le droit de renoncer à l'existence, Ton a pas le droit de la faire disparaître.
Les Canadiens-irançais ne désirent pas la destruction des institutions qui régissent aujourd'hui l'Ainériiiue du Xord. Ils ne se trouvent pas parmi les agitateurs et les utopistes (|ui les attaquent en aveugles. Mais (puind les causes <]ae nous venons d'indi(pier auront produit leurs effets ordi- naires, ils prendront leur place au rang des nations auto- nomes.
Est-ce à dire que nous serons encore dans ces temps loin- tains, trait pour trait, le vivant portrait <les premiers «olons venus sur les bonis du Saint-Laurent? î^on, certes' Puis- qu'un écrivain a pu dire avec vérité que "jamais, sur la terre, il n'est arrivé qu'un peuple sul)jugué disparut tom- plëtement sans laisser une goutte de son sang dans les veines du vainqueur ni un mot dans sa langue,'' il est à plus forte rai^n évident que nous n'arriverons p<;,s à reprendre notre ascendant perdu avant d'avoir adopté quelque chose de la langue et des manières de vivre de nos vainqueurs. La langue et les mœurs sont du reste des choses essentiellement variables.
Ce qui ne changera pas, c'est le tond de notre nature ; ce que nous garderons de français, c'est ce dévouement che* valeresque pour les nobles causes, ce saint enthousiasme
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LES CANADIENS DU MICHIGAN
pour les graiules idées, cet amour inné du beau, en un mot, toutes ces belles et généreuses qualités qui ont fait de la France la nation la plus aimée du monde entier. ÎJ^Totre mission est suffisamment indiquée par notre passé; elle sera de continuer l'œuvre d'apostolat que nous avons commencée dans le Nouveau-Monde et dont le catbolicisme le premier parmi les religions et la France la première parmi les nations ont compris le devoir.
ArrENDicE.
LES CONVENTIONS DES CANADIENS DES ETATS-UNIS.
Le 6 février 1861, une convention des Canadiens de New York et des environs se réunissait au Central Hall, dans la rue Grand, berceau de la société St-Jean-Baptiste delà ville de New York.
Cette réunion était due à l'initiative de M. Geo. Batchelor. de New York, qui fut le véritabL fondateur de cette insti- tution.
Le résultat immédiat de cette convention fut de ranimer l'intérêt des Canadiens de New York dans la société St- Jean-Baptiste et de donner un nouvel élan à cette asso- ciation.
Cela ôtait bien calculé pour fortifier la foi de M. Batche- lor dans le bien que pouvait produire de semblables réunions. Lorsqu'en 1865 il fut élu président de la société St-Jean- Baptiste, il envoya, sous le nom de cette société, une invita- tion aux associations sœurs de se faire représenter à une convention qui devait so réunir à New York le 6 septem- bre de cette année. Cette réunion est reconnue comme la première convention des Canadiens-français des Etats-Unis.
Les sociétés canadiennes t\ cette époque n'étaient pas nombreuses. On en comptait à peine cinq ou six. Auasi les deux conventions de New York, en 1865 et 1866, sous la présidence de M. Batchelor ; et celle de Troy en 1 867. sous la présidence de M. Joseph LeBœuf, avaient plutôt le caractère d'une réunion d'amis que d'un congrès. Cepen- dant ceux qui s'y rendirent revinrent fortement convaincus
324
LES CANADIENS DU MICHIQAN
de la nécessité d'une union plus intime entre les fociétos. dont le nombre commençait à s'accroitre rapidement.
La 4ième convention, qui se réunit à Springfield, le 7 et 8 octobre 1868, prouva l'intérêt croissant de nos compatriotes au mouvement. Les délégués se rendirent en procession, escortés par plus de mille personnes, à leur salle de réunion où le maire de Springfield vint leur souhaiter la bienvenue dans un discours des plus sympathiques. Les délégués, qui étaient au nombre de trente-deux, représentaient les centres suivants: St-Albans, Vt., Détroit, Mioh., Cohoes, Bidde- tbrd, New York, Concord, Chicopee Falls, "VVoreester, Manchester, Albany, Springfield, Troy, Lowell, Holyoke.
La presse de Montréal était représentée par A. Roy, avo- cat, et Médéric Lanctot. M. Jos. LeBo'uf fut appelé à présider la convention. Les autres officiers étaient : vice- présidents, A. I>. Lapierre, H. G. Deare, E. Prudhomme, H. J. Lord, J. Marchessault et Siméon Desjardins ; secré- taires, J. B. Paradis, Charles Longtin, L. H. Biron et F. Frédette, M.D.
La convention de Springfield passa des résolutions en faveur de la tempérance et de la fondation de sociétés St- Jean-Baptiste, recommandant d'appointer un organisateur pour chaque état. Elle reconnut aussi, par une résolution spéciale, le bien que faisaient les quelques rares mission- naires canadiens déjà à l'œuvre.
Mais son ouvrage le plus important fut l'adoption, à l'unanimité, d'une constitution pour l'Union Canadienne de Secours Mutuel. Cette constitution, rédigée par un comité composé de H. J. Deare, J. B, Paradis, A. Paré, Ferdinand Gagnon et Ant. Moussette, créait une assemblée des délé- gués, investie du pouvoir suprême, laquelle devait se réunir annuellement. L'assemblée devait se choisir un président, un vice-président, un trésorier et un secrétaire ; et ces offi- ciers, avec trois membres adjoints, formaient le comité exé- cutif de r Union.
APPENDICE
82
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Tl ent à reman^uer quo quoique l'Union fut essentiellement une confédération des sociétés de bienfaisance, chaque cen ;re canadien avait droit d'envoyer des délégués à son assemblée. T"n antre point faible de cette constitution c'est qu'elle n'établisi'ait aucun système régulier d'impôts, les sociétés s'engageant simplement " à faire tout en leur pouvoir pour satisfaire aux demandes d'argent qui peuvent leur être faites par le comité ou l'assemblée."
C'est à la suite de cette convention qu'eut lieu celle di' L'étroit. l*our compléter le rapport que nous en avons déjà fait au Chapitre X^''I, nous reproduirons ici le rapport officiel publié par les délégués dissidents qui s'opposèrent au mouvement annexioniste.
Voici ce ra[»port :
" Nous avons cru devoir publier dans l'intérêt général, le rapport de la cinquième convention tenue à Détroit, Mich., le 14 octobre 1869. Comme cette convention avait été convoquée dans le but d'achever la grande œuvre de l'Union des différentes sociétés, et que beaucoup de ces der- nières n'ont pu s'y faire représenter, nous nous faisons un devoir de transmettre à tous le rappori suivant, qui con- tient la constitution et les règlements de l'Union projetée de toutes les sociétés, afin qu'il en soit pris connaissance avant la réunion de la prochaine convention des Canadiens- français des Etats-Unis, qui doit s'assembler dans quelques sem.aines à St-Albans, Vt.
" La cinquième convention annuelle des Canadiens-fran- çais aux Etats-Unis eut lieu à la Biddle Honee, Détroit, Mich., le 14 octobre ]8H9.
"M. C. Moussette, délégué de Xew York, ouvrit la con- vention. Il rappela en termes éloquents ce qu'avaient fait les conventions précédentes, et surtout celle de Springfield, démontra les fruits précieux que cette dernière avait porté, et ceux plus précieux encore que la convention de Dé- troit devait produire. M. Moussette termina eu disant
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82(5
LES CANADIENS DU MICIIIGAN
combien il regrettait que la division eût été jetée parmi les» délégués de l'P^st et de l'Ouest par des personnes qui n'a- vaient seulement pas le droit de s'introduire dans la con- vention. Que pour lui, il avait reçu ordre exprès de la part de la société qu'il représentait, de w'opi)Oserà l'introduction de la politique dans la convention. Tous les autres délé- gués avaient aussi reçu des instructions semblables.
Un comité de cinq fut ensuite nommé pour dresser des résolutions.
Membres du comité. — MM. C. Moussette, A. Paré, 0, M. Rousseau, H. J. Lord et A. Moussette.
Après quoi la séance ajourna h 7h p.m.
SÉANCE DU SOIR.
M. C. Moussette est nommé président pour le temps de la convention ; C. M. Rousseau, vice-président ; A. Paré, sec. -archiviste.
Bôle des Délgégués. — C. Moussette, société St-Jean-Bap- tiste, New York, X.Y. ; E. Prudhomme, soc. St-Jean-Bap- tiste, New York, N.Y. ; A. Moussette, soc. St-Jean-Bap- tiste, St-Albans, Vt. ; A. Paré soc. St- Jean-Baptiste, Bidde- tbrd, Me. ; H. J. Lord, Institut Canadien-Français, Bidde- tbrd. Me. ; C. M. Rousseau, soc. St-Jean-Baptiste de Wayne, Détroit, Mich. Motion par M. A. Moussette, se- condée par C. M. Rousseau, que lecture soit faite du Frot t publié dans les journaux de ce jours. — Adopté.
PROTÊT.
Nous, soussignés délégués à la cinquième convention an- nuelle des Canadiens-français des Etats-Unis à Détroit, Micli., ayant suivi les procédés de cette convention depuis louverture, hier, jusqu'à aujourd'hui, déclarons tels procé- dés inconstitutionnels et annonçons que la cinquième con- vention aura lieu à la Biddle House ce soir à 7^ p.m.
Signé, A. Moussette, E. Prudhomme, C. Moussette, Alphonse Paré, H. J. Lord et C. M. Rousseau.
APPENDICE
n-21
Jap- iap- Ide- Ide- de sc-
rot t
ail-
ette,
UAl'POKT DU COMITE,
Motion par A. Mous8otte, secondée par E. l'rii<lhoiiniie, «pie les résolutions soient prises en considération et adoptée, l'une après l'autre.
RÉSOLUTIONS.
Attendu, que le but principal de cette convention est «l'achever l'œuvre commencée à la quatrième convention nationale tenue à Springtield, Mass., à savoir ri'nion des Sociétés Canadiennes-françaises de Secours Mutuel aux Etats-Unis, et l'adoption d'une constitution générale pour la règle de cette organisation.
Il est résolu, que nonobstant le petit nombre de délégués présents, nous procédions à accomplir l'objet (^ui nous a réunis.
Résolu, que nous recommandons à nos compatriotes on général, l'encouragement et autant que possible l'introduc- tion de l'étude de la langue française dans les écoles publiques.
Résolu, que nos remerciments soient donnés au clergés catholique, principalement à Sa Grandeur Mgr. de Uurling- ton, Vt., pour le dévouement et le zèle quils ont déployé dans la fondation d'une maison de missionnaires canadiens, dont le besoin se faisait depuis si longtemps sentir.
Résolu, que nous considérons très avantageux ainsi que très utiles à tous les Canadiens, la publication de pamphlets contenant un rapport complet des procédés de la convention, une liste des délégués, officiers et membres de chao -i- ■société dans l'Union.
Résolu, que nous devons travailler, autant cpi'il est pos- sible, à l'éducation morale et religieuse de la Jeunesse canadienne.
Résolu, que nous félicitons le Rév M. Druon, éditeur- propriétaire du Protecteur Canadien i^onv ses eftorts à obtenir le recensement des Canadiens aux Etats-Unis.
828
LES CANA1HEN8 PU MICHIGAN
C(JNSTITUÏI0N DE L ITNION CANADIENNE DE SECOURS MUTUEL.
Los sociéti'H cuiiadieiiueB de Secours Mutuel aux Etats- Unis ayant été t'ondéen daîiB le double but de servir la cause (le la nationalité française en Amérique et d'établir des relu tions fraternelles entre tous les membres de cette nationalité, eonsidèrent qu'elles ne pourraient que très imparfaitement remplir leur mission si elles restaient séparées dans leur action, étrangères les unes aux autres comme elles ont été jusqu'à présent. C'est pourquoi elles s'unissent aujourd'hui, et se forment on une organisation commune, ordonnant l)our lu règle de cette association, la constitution suivante:
Art. L Nom de V Associathyv . — Cette organisation se nomme: L'Union Canadiemieae Secours Mutuel.
Art. II. Coin position de V Associ<dion. — Clause 1ère. L'U- nion Canadienne do Secours Mutuel se compose d'un nom- bre indéterminé de sociétés de langue française, fondée dans le but énoncé dans le préambule de cette constitution.
Clause 2ème. Pour être admise dans cette association, une société doit remplir les conditions et formalités sui- vantes : Faire application au comité exécutif, lui fournir des renseignements précis sur la date de la fondation et le nombre de ses membres, lui faire tenir, en même temps, une copie de sa constitution ou lui donner une idée de celle qu'elle se propose d'adopter, et faire signer celle de l'Union par un ou plusieurs délégués, à la prochaine réunion de l'as- semblée si celle-ci agrée son application.
'•'■ Arl. IIL Assemblée des Délégués. — Clause 1ère. La régie de cette organisation est assignée à une assemblée compo- sée de délégués.
"Clause 2ème. L'assemblée des délégués se réunit au moins une fois l'an. Elle est l'interprète de la constitution et est investie de toiis les pouvoirs non réservés à d'autre autorité instituée par cet acte.
" Clause 4ènie. Elle ne peut en aucune manière taxer les sociétés.
AI'PKNDKE
820
îr les
" Clause ôèiiio. Km séance, k Iniis-clos, clic pcttt exiger des rapports sans réserve de tous les t'onetionnaires de l'asso- ciation.
"Clause Génie. Tous s^es procédés se tout en langue française.
" Clause Tènjc. Les délégués dont les lettres de créance ont été vérifiées sont seuls admis à voter.
'" Clause 8ème. Sur demande des deux tiers des sociétés de l'Union le président convoque l'assemblée en session extraordinaire.
" Clause 9ème. Aucun délégué ne sera admis dans la convention qui n'aura pas été membre régulier d'une société au moins trois mois.
''Art. IV. Comité E.i-écatif.—Chm>ni lëre. (Juand l'as- semblée n'est pas en session, tous se^ pouvoirs, excepté ceux spécifiés dans d'autres parties de cette constitution, comme lui étant réservés en propre, sont exercés par un comité de sept membres et dit : Le comité exécutif.
"' Claus,e 2ème. Le comité doit se procurer des renseigne- ments complets au sujet de toute société faisant application pour être admise dans l'Union et faire son rapjîort en con- séquence à l'assemblée.
" Clause 3ëme. Le président du comité doit le convo- quer sur demande de trois de ses collègues, et donner avis de toute convocation au moins quinze jours d'avance. Le quorum est de quatre, mais le consentement, tacite ou ex- primé, de cinq membres est nécessaire pour autoriser une séance.
''Art. V. De.s Officiers. — Clause 1ère. Les oflSciers de l'Union Canadienne de Secours Mutuels sont : Un prési- dent, un vice-président, un secrétaire et un trésorier. Ces oflftciers plus trois membres adjoints, composent le comité exécutif.
" Clause 2ème. Le président préside les séances du comité
[ le juge nécessaire,
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'assemblée quau
330
LES CANADIENS DU MICHIGAN
OU sur demande de deux sociétés ou de trois membrer* du comité, il convoque toutes spciétée, chacune dans son lieu accoutumé en séance extraordinaire. Il pourvoit an rem- placement de tout officier démis usant, pour ce, de pouvoirs discrétionnels excepté lorsque la plupart des membres du comité sont d'accord sur un choix quelconque. Il est tenu de taire un rapport général de l'état de l'organisation une fois par année, — rapport qu'il fait publier en entier ou en partie, ce que la discrétion lui commande, dans les journaux désignés par l'assemblée pour le service de l'organisation .
" Clause 3ème. Le vice-président aide le président dans ses fonctions, et le remplace en cas d'absence ou de démis- sion.
" Clause 4ème. Le secrétaire tient un journal séparé des travaux de l'assemblée et de ceux du comité. Il doit aussi tenir une liste de toutes les sociétés, avec la date de leur fondation, ^elle de leur admission dans l'L^nion, le nom de leurs présidents, de leurs secrétaires, le nombre de leurs membres à la date de chaque rapport du président du co- mité, et le montant fixé par chacune comme contribution régulière de ses sociétaires. Il exécute les documents vou- lus tant pour ce qui concerne la charge du président, (si cet officier le lui demande) que pour ce qui dépend de la sienne propre.
'• Clause ôènie. Le trésorier est le dépositaire des l'onds de l'association et ne peut rien débourser que sur l'ordre de l'assemblée ou du comité. Il tient un registre de tout don faii h l'organisation, et du nom du donateur. Il rend ^ses comptes à toutes les assemblées du comité exécutif, et fait un rappoit complet de l'exercice de ses fonctione à toutes les réunions de l'assemblée des délégués.
" Clause 6ème. Les officiers et les autres membres du comité exécutif sont élus [)ar l'assemblée, au scrutin secret, pour le terma d'ur. an et sont investis de leur charge aussi- tôt apriis leur élection.
APPENDICE
331
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" Clause 7ème. Lorsque les deux tiers des sociétés [»ro- tostent contre la conduite d'un fonctionnaire, quel qu'il soit, il se trouve, par là même, démis de sa charge.
" Art. VI. Membres Surnuméraires. — Clause 1ère. Un membre peut passer d'une société h une autre et devient alors membre surnuméraire.
" Clause 2ème. Pour être reçu dans une autre société, un ."cmbre surnumér.aire doit produire son extrait d'admission.
"Clause 8èmfc Un membre surnuméraire, dans la société ou il figure comme tel, doit payer la contribution régulière pendant un an avant que son nombre soit porté sur la liste des membres réguliers. En cas de maladie, pendant ce laps de temps, il est à la charge de la société dont il tient sou extrait d'admission, mais il reçoit immédiatement de celle où il se trouve tous les secours, et jouit, en s'y présentant, de tous les privilèges auxquels il a droit, aux termes de l'ex- trait susmentionné.
" Clause 4ème. L'extrait d'admission est une carte don- née par une société à un membre qui la quitte sans cesser de faire partie de l'Union. Cette carte en certifiant la qua- lité de membre du porteur, fait con}iaitre l'éteridue des pri- vilèges dont il jouit, le montant auquel il a droit en cas de maladie, et la date où il cessera d'être à la charge de la so- ciété qui la lui donne. Elle doit être revêtue de la signa- ture du président et du secrétaire ain,,i (pie du sceau de cette société.
'' Clause Sème. Si un membre surnuméraire n'est pas de- meuré assez longtemps dans une société pour y faire porter son nom sur la liste régulière, l'argent qu'il a payé doit être envoyé, pas plus de trois mois après sou départ, à toute autr(_> société de l'Union à laquelle il se serait aggregé ; s'il ne s'est joint à aucune, cet argent est payable à la sociiHé dont il tient son dernier extrait d'admission ; si celie-ci est dissoute, l'argent doit être env(3yé au président du comité exécutif.
332
LES CANADIENS DU MICHIGAN
" Clause 6ème. Un membre quittant une société ne reste à sa charge qu'autant qu'il continue de lui payer sa contri- bution ou se joint à une autre taisant partie de l'Union et se conforme aux règles et règlements de la dite société.
" Clause 7ème. Le paiement des contributions doit se faire à la même date dans toutes les so'^îétés.
" Clause Sème. La caisse du comité exécutif est respon- sabU; envers chaque société pour secours donit - un mem- bre d'une société-sœur, si celle-ci fait défaut ^ ses obliga- tions.
'■^ An. VIL Des Soniètés. — Clause 1ère. Les sociétés ont le droit de réglementer sur leurs aftaires [)articulières. Toute questioî) affectant deux ou plusieurs sociétés est du ressort de l'assemblée des délégués.
" Clause 2ème, Chaque société, chaque centre de popula- tion canadienne aux Etats-Unis a le droit d'envoyer jusqu'à trois délégués à l'assemblée.
" Clause Sème. Lorsqu'une société ne peut envoyer un délégué à l'assemblée, il lui est loisible de s'y faire repré- senter par n'importe quel membre de l'Union à même d'y assister, lui envoyant des instructions, si le cas l'exige, et des lettres de créances.
" Clause 4ème. Chaque société tient un journal de ses opérations et en fait un rapport à la convention annuelle.
" Clause 5ème. Les sociétés s'engagent en signant cette constitution, à faire tout en leur pouvoir pour satisfaire aux demandes d'argent qui peuvent leur être faites par le comité ou l'assemblée.
" Clause 6ème. Cette Union ne peut se dissoudre tant que trois sociétés s'y opposent.
" Clause 7ème. Une société ne peut se retirer de l'Union qu'après avoir obtenu la sanction de la majorité absolue des sociétés.
'■'■Art VIII. Amendements.— Tonia proposition aux' fins d'amender cette constitution doit être envoyée au secré-
ÉMHIIÉ
APPENDICE
sas
taire, au iïioins six semaines avant la réuion de l'assemblée des délégués et publiée sous le soin de cet officier, trois fois dans les journaux de l'organisation. Si, ensuite, elle est recommandée par un vote des deux tiers dans l'assem- blée des délégués, et, approuvée par les trois quarts dew sociétés, elle devient partie intégrante de sa constitution.
" Sur demande de E. Prudhomme, de New York, secon- dée par C. M. Rousseau de Détroit, cette constitution est adoptée à l'unanimité et signé :
" Charles Moussette, New York, N.Y.
" E. Prudhomme, New York, N. Y.
" Ai.toine Moussette, St-Albans, Vt.
" Alphonse Paré, Biddeford, Me.
" H. J. Lord, Biddeford, Me.
"Le président proclame alors l'Union Canadienne de Secours Mutuel aux Etats-Unis duement fondée et orga- nisée."
C'était le 4 octobre 1869.
Les sociétés St-Jean-Baptiste de St-Albans, New York, Biddeford et du comté de Wayne, et l'Institut Canadien de Biddeford ratifièrent l'ouvrage de leurs délégués et entrè- rent dans l'association.
La convention suivante fut convoquée à St-Albans pour le 30 et 31 août 1870.
L'on y reçut l'adhésion de six nouvelles sociétés à la con- stitution de l'Union ; mais rien de bien important n'y fut agité.
La septième convention, qui se rassembla î\ Worcester, du 16 au 18 septembre, l'année suivante, eut plus d'éclat, grâce en grande partie aux soins du Rev. J.-B. Primeau, alors curé de Notre-Dame-des-Canadiens. Quarante-quatre <lélégués, venant de neuf états différents, s'y trouvèrent réunis.
Les partisans des conventions générales s'étaient de nou- veau ralliés aux conventions de l'Union, et cette fois encore
334
LES CANADIENS DU MICHIGAN
ils tinrent le haut du pavé. Tout le premier jour, et la meil- leure partie du deuxième furent consacrés à leurs délibéra- tions. Mais il fut entendu qu'à l'avenir les affaires dos sociétés auraient la préséance.
Lorsque la convention générale, qui avait été présidée par Ferd. Gagnon, fut terminée, M. C, Moussette ouvrit celle de l'Union de Secours Mutuel. Sept nouvelles sociétés so joignirent à l'association, ce qui porta à dix-huit le nom- bre des sociétés-membres.
Le comité pour organiser la convention suivante fut en- suite choisi. M. E. N. Lacroix, de Détroit, en était le président.
M. Lacroix convoqua la 8ième convention à Chicago, l)our le mois d'août 1872. C'est à Chicago que l'on forma le plan d'une assurance mutuellesur la vie entre les diverses sociétés ; mais l'on s'aperçut avant la tin de Tanné que le projet adopté était impraticable.
La convention de Biddeford, la neuvième, se réunit le 13 août 1873. Trente délégués, représentant autant de sociétés, étaient présents. M. Alphonse Paré était président.
Les membres de la convention de Biddeford se mirent sérieusement à l'ouvrage pour remédier aux défauts existant dans la constitution. Ils en firent une révision complète.
La nouvelle constitution maintenait l'existence de la con- vention annuelle, lui donnant le pouvoir de taxer les bo- i'iétés jusqu'au montant de dix centins par menibre, annii- ollement.
L'une des grandes difficultés de l'administration jusque là avait été le manque d'entente entre les divers officiers, qui se trouvaient dispersés dans tous les états. Pour remé- dier à cet inconvénient, la nouvelle constitution prescrivait ([Ue désormais la convention nomnjerait chaque année une société qui serait chargée de choisir dans son sein le burean central auquel était laissé la direction des affaires. Le fonds fédéral était confié à la société dont le bureau central fai-
APPENDICE
335
13
fai-
sait partie. Le bureau était intermédiaire entre les sociétés ot jugeait sur les différends entre elles. Toute société pou- vait en appeler de ses jugements à la convention suivante. Si, sur plainte, le bureau était trouvé indigne de ses fonc- tions, la société qui l'avait nommé devait en cboisir un nouveau.
Les membres en voyage d'une société appartenant à'I'as- sociation pouvaient se faire admettre à une autre société en présentant un certificat d'admission. En cas de maladie, ils pouvaient s'adresser au trésorier d'aucune société membre et exiger après avoir fait les preuves, le montant auquel ils auraient eu droit dans leur propre société. Cette dernière devait régler l'avance ainsi faite dans le délai de trente jours.
L'n nouveau plan d'assurance sur la vie fut aussi accepte par la convention. L'inscription sur les rôles de l'assurance étant facultative pour les membres des sociétés unies, les assurés formaient une association distincte dite Société d'as- surance sur la vie, laquelle avait pour officiers un président et un secrétaire. Ces officiers formaient la commission exe- cutive ebargée de gérer les affaires de l'assurance.
En entrant dans la société d'assurance chaque membre devait payer deux versements de 25 cents qui restaient dans le trésor de la société locale, et 10 centins pour frais d'ad- ministration, qui étaient expédiés au comité. Lors d'un décès les membres devaient faire un nouveau versement de 25 cents, el. le montant en était payé aux héritiers du dé- funt. Les sociétés locales étaient chargées de la perception de ces impôts.
La société de Chicago, comptant le plus grand nombre d'assurés, fut chargée de former la commission executive pour 1873-74 ; et le premier jour de novembre 1873 la So- ciété d'Assurance Mutuelle fut proclamée fondée. Cette société languit pendant une couple d'années, et finit par succomber sous l'apathie générale.
Elle méritait un meilleur sor».
I
m
336
LES CANADIENS DU MICHIGAN
La convention de Bkldeford H'occnpa aussi de déterminer les rapports entre les partisans des conventions générales et rUnion. Il fut résolu qu'il ne devait y avoir qu'une seule convention, où les sociétés auraient la préséance ; mais il devait y avoir deux bureaux, dont chacun publierait sa pro- clamation et pourvoierait à ses dépenses.
Un résumé publié à la lin du rapport de cette convention montre que les 40 sociétés qui faisaient alors partie de l'Union comprenaient en chiffre ronds, 3,000 membres et qu'elles possédaient pour f 50,000 en valeurs.
On avait décidé, à Biddeford, que la convention suivante aurait lieu à New York ; mais, M. Fred. Houde, accédant au désir des organisateurs de la fête de Montréal, convoqua la convention générale des Canadiens des Etats-Unis, dont il était président, à Montréal, pour le 24 juin 1874. Cette réunion n'eut pas le caractère d'une convention des Cana- diens émigrés.
Les sociétés aussi avaient été invitées à changer le lieu de leur réunion. Xon seulement les organisateurs s'y refu- sèrent, mais ils accusèrent M. Houde d'avoir outrepassé ses droits en cassant les arrêts de la convention précédente.
Quarante-quatre délégués, représentant vingt-quatre so- ciétés, se trouvère» t présents à la convention de New York ; vingt-trois autres sociétés y étaient représentées par lettre ou par procuration. -
L'Union était alors à l'apogée de sa prospérité ; mais l'on pouvait déjà prévoir sa décadence prochaine. Sur quarante- sept sociétés membres, seize seulement avaient satisfait à leurs obligations. La stérilité qui engendre l'apathie carac- térisait toutes les délibérations des conventions. L'on tâton- nait continuellement ; l'on amendait chaque année la constitution et l'on se trouvait toujours encore loin de tout résultat pratique.
Ces hésitations et ces changements sont toujours fatals ; quand l'on veut réussir, il faut avoir une idée claire et dé-
APPENDICE
337
finie de ce que l'on veut faire, de ce que sera ce qui n'est encore qu'un embryon.
La démonstration de New York en 1874 fut belle, mais les travaux de la convention ne produisirent que quelques changements à la constitution.
Il en fut de même à la convention de Glenn's Falls, tenue les 16j 17 et 18 août 1875. Le principal amendement que l'on adopta avait trait à l'assurance, et prescrivait que les deux versements des membres seraient transmis à la com- mission executive au lieu de rester dans le trésor des so- ciétés locales.
C'était une grande amélioration, mais elle était faite trop tard. Le désordre était déjà dans les finances ; bientôt après la discorde vint s'ajouter à l'apathie et donna le coup fatal à l'Union.
C'est dans la douzième convention, tenue à Holyoke, Mass., en 1876, que la division éclata pour la première fois parmi les sociétés unies. M. Geo. Batchelor s' étant retiré de la société de New York à la suite de certaines difiicul- tés, il avait fondé l'Union Papineau, qu'il représentait à Holyoke. Cette société ayant été admise malgré l'opposi- tion de la société St-Jean-Baptiste de New York, cette der- nière se retira de l'Union.
Il fut décidé à Holyoke que par la suite, les conventions ne se réuniraient que tous les deux ans ; que le bureau d'assurance et celui de l'Union seraient consolidés ; et que chaque société nouvelle devrait faire partie de l'assu- rance.
Tous ces changements ne purent arrêter la ruine de l'as- sociation.
La 13ième convention s'assembla à Troy, en 1878. L'on n'y vit que treize délégués, représentant huit sociétés.
Il fut décidé de rendre de nouveau les conventions annu- elles; et en conséquence la quatorzième convention se réu- nit à Boston, les 19 et 20 août 1879. Cette convention
-— "t*
338
LES CANADIENS DU MICHIGAN
n'eut guëre plus de succès que la précédente, et fut le dernier effort de l'Union.
Jusqu'à 1878, les conventions nationales avaient toujours été tenues en même temps que les conventions de l'Fnion ; mais elles ne furent pas affectées par la résolution adoptée alors rendant les conventions de l'Union annuelles ; et ce ne fut qu'en 1 880, à Sprinfield, et sous la présidence de M. Benj. Lanthier, que la quatorzième convention nationale se réunit.
L'année 1880 coïncidait avec l'élection présidentielle ; et l'on cru devoir renvoyer les futures conventions générales à l'époque de chaque nouvelle campagne, c'est-à-dire tous les quatre ans.
En 1884 eut lieu la convention générale d'Albany, sous la présidence de M. F. Martineau, conformément à la résolu- tion de la convention de Springfield. Mais à cette époque, on revint, ppT une nouvelle décision, au système des con- ventions tous les deux ans, et la seizième convention géné- rale eut lieu à Rutland en 1886, et la dix-septième à Nashua en 1888. Le succès de ces deux réunions, comme démons- trations patriotiques, est encore présent à toutes les mémoires.
La dix-huitième convention a eu lieu à Chicago en 1892. C'est la plus récente. On se rappelle que l'on refusa la permission à feu l'honorable Honoré Mercier d'y parler d'indépendance. Les résolutions adoptées à cette conven- tion expriment bien l'opinion générale des Canadiens des Etats-Unis.
Nous les reproduisons :
M. le Président et les Délégués,
Avant de terminer les travaux de cette convention, il est du devoir du comité des résolutions de faire le rapport suivant :
Messieurs,
Les membres de votre comité ont l'honneur d'offrir à votre considération les résolutions suivantes comme l'ex- pression fidèle et unanime émise au cours de la discussion,
APPENDICE
339
à l'exception de l'article II, sur notre position sociale aux Etats-Unis, qui a déjà reçu votre entière approbation.
lo. Résolu : — Qu'afin de promouvoir nos intérêts reli- gieux, si intimement liés à tout ce qui nous est cher, nos compatriotes aident dans la mesure de leurs forces à toute organisation paroissiale partout ou la chose est possible et désirable.
2o. Résolu : — Qu^. est du plus grand intérêt et avantage pour tout Canadiens-français venant demeurer aux Etats- Unis, de se faire naturaliser afin d'avoir sa légitime part dans l'administration des aflfaires publiques. Que les mem- bres de cette convention de la presse, de tout club, même du clergé favorisent cette grande question " La Naturalisa- tion " par tous les moyens à leur disposition.
3o. Résolu : — Que nous reconnaissons l'utilité, même la nécessité de la langue française et que le moyen le plus efiectif pour la conserver est qu'elle soit la langue du foyer, de l'église et la langue officielle de toutes associations et démonstrations nationales.
4o. Résolu : — Que la presse canadienne-français, celle des Etats-Unis de préférence, est indispensable pour la conser- vation de tout ce qui est cher à notre race et l'avancement des nôtres dans l'accomplissement de leurs devoirs de citoyens américains.
Que pour maintenir cette presse il faut l'appui moral et pécuniaire de tous les Canadiens-français, et nous recom- mandons que chaque compatriote se fasse un devoir non seulement de s'abonner à un journal mais d'en payer la souscription.
5o. Résolu : — Que nous recommandons l'érection de l'é- cole paroissiale, partout où la chose est possible, et que l'on y enseigne le français sur un même pied d'égalité que la langue officielle du pays, et que le sou des écoles soit établi pour aider à son maintien.
6. Résolu : — Que l'établissement des bibliothèques parois-
840
LES CANADIENS DU MICHIGAN
siales serait un des moyens les plus puissants pour conserver la langue française ; que toute association ayant un but littéraire, suivant sa constitution, ait sa bibliothèque.
7o. Résolu : — Que pour procurer des amusements hon- nêtes à la jeunesse et l'éloigner de tout danger, nous con- seillons la fondation de clubs littéraires, dramatiques, musi- caux, etc., etc.
80. Résolu:— Que l'éducation supérieure est nécessaire pour former parmi nous des hommes qui soient aptes à remplir toutes les positions sociales et qu'en conséquence nous devons favoriser nos propres institutions classiques aux Etats-Unis, telles que le collège St-Viateur, à Bourbon- nais, Illinois, le collège du Saint-Nom de Marie, Portland, Me., le collège Apostolique, Ogdensburg, le seul établisse- ment de ce genre existant aujourd'hui dans ce pays et où nos enfants puiseront mieux qu'à l'étranger les connaissan- ces qu'ils leur conviennent comme Canadiens-français des Etats-Unis.
9o. Résolu : — Que pour assurer le respect des autres races aux nôtres et travailler à leur bien moral et physique, nous recommandons les sociétés de tempérance et toutes autres organisations tendant à obtenir le meilleur but."
A part ces conventions générales, des conventions d'état ont eu lieu dans le New York, le Massachusetts et le Con- necticut. Elles se sont toutes pronoi.cées à peu près dans le même sens.
INDEX DES NOMS.
Page
Albanel, Rév. Père 34
AUard, Jacques 140
Allouez, Rév, Père Claude . .9, 11, 21, 26
Amiot, notice généalogique 100
Amyot, " " 160
André, Rév. Père 37
André, Jacques 189
Angers, Charles, notice biograph. 297
Ange, Michel, 182
Archambault, Laurent 230
Arcouet, Alexis 189
Argenteuil, le sieui d'Ailleboust
71,72,103
Armand, Paul 189
Arseneau, Jean-Marie 189
Askin, John 202
Auclair, Joseph-François 189
Audet, F 234
Audrnin, Pierre 193, 194
Aveueau, Rév. Père 34
Baby, les frères, 180, notice généa. 184 " Jacques Oupéron, 182, 184, 185, 204
" François 185, 204
" Raymond 204
Badeau, Louis 207
Bagard, E. G 230, 233
Bagillier, Jacques , 37
Barbaîiu, Pierre 218
Barbier, Frédéric. ..... 228, 235, 240. 241
Barette, Joseph 1 84
" Al xis 184
Barron, Antoine 192
Barrois, famille 149
Barthe dit Bellefeuille, famille . .
148, 162
Bassette, Jacques 2JW
Batchelor, Georges 323, Xil
Beaubien, famille 153
Jean-Baptiste 12S, 178
Antoine 202
Page
Beaudry, famille 157
Beaufait, famille 186
Louis, fils 192, 218
Beaufort, Louis ; 192
Beaujeu, Louis Liénard de 114, 120
" Charles Villemonde de.. 141
Beaulieu, Antoine 230
Beaulieu, Georges 228, 229, 234, 241
Bélanger, Philippe 184, 189
Joseph 227, 229, 230
236, 240, 248
Hypolite 2:«)
Henry 230
Elie 230
" Damase 250
Belfell, Joseph 2!»
Bellefeuille (voir Barthe)
Belleperche, famille 155
" François 250
Bellestre, Picoté de 138, 142
Bellecourt, François 192
Bengley, A 236
Beniteau, Israël J 226, 227, 233
Benoit, Pierre 330
Bernard, J.-B 184
" Joseph 192
Louis 192
Pierre 203
Bergeron, Jean-Baptiste 230
Bertrand, Joseph.. 181, 189
François 184
" Jean-Baptiste 189
Berthelet, famille 186
Henri '.02
Berthiaume, Joseph 189
André 192
Bibaud, François 37
Bienvenue (voir Delisle)
Bigras (voir Fauvel)
Biguet, Jean 189
Billiau (voir Lespérance)
Bineau, famille 156
Bimt, J.-B 190
Biron, Joseph 182
•' Xavier 202
" L. H. 324
Bissonnet, J.-B ..,.., 190
Bissonnette, Pierre, notice biogr. 299
w
342
LES CANADIENS DU MICHIQAN.
Page
Biais, Magloire 230
Blanchet, Pierre 236, 2^7, 240, 242
Boishébert, Louis Henri, de. . . .121, 124
Boete, Baptiste 184
Bogue, Denis 230
Bolssonneau, N. J 230, 236, 241
Bondy, famille 168
" Joseph 182,192
" Denis 102
" Noël 202, 206
Bonet, -Louis 203
Bonneau, famille 162
Bonhomme, Guillaume 37
Bonvouloir, Alexis 280
Borde, famille 162
Borgia, Pierre 190
Bosseron, famille 161
Boucher, famille 161, 168
Bouder, le sieur 99
Bourdon, Pierre 202
Bourdignon, Louis 192
Bonrgoin, Jean 190
Bourgmont, le nieur de 92, 93
Bourque, Georges 229, 230, 234
236. 240, 241
Bouron, famille 155, 176
Bourrassa, famille 168
" Jean- Baptiste 182
Louis 192
Boutin, familli-, 162
Boyer, famille 162
" Nicolas 184
Brabant, Joseph 226
Brackett, François, notice * 298
Brilliant, famille 168
Brisebois, le lieutenant 205
Brossard, Hypolite 230
Brousseau, Firmin 230
Brûlé, Ëuchariste, notice 295
Brunet, Benoit- 206
Branet, Jean 98
Buffet, Louis 190
Buteau, famille 149
C
Cabassier, ifamille 163
Cada, J. B 260
Caderon, Antoine 180
Cadet, Joseph 190
" Georges 207
Cadillac, Antoine Laumet de La-
mothe 58-64, 68, 75-98, 100
101, 102, 116
Caduret, famille 163
Joseph 203
Charl. s 203
Cadotte, famille 171
Jean-Baptiste 181, 196, 199
" Michel 199.202
Paob
Caisse, M. l'abbé 248
Campau nu Campeau, famille. . . 146, 146
'^ Michel 91,145,146
Louis 177
Simon 192
" Jean-Baptiste 102
Henri 206
Barnabe 202
Denis 202
Joseph 202
" Louis, capitaine 205, 206
Daniel 226,226
Thomas 227
Théo. J 233
Campion, Etienne 182
Cantiii, Magloire 227
Cardinal, famille 160
" François lœ
Cartier, Antoine, notice 300
Cardin, famille 171
Carheil, Rév. P. Etienne. . .34, 64, 66, 83
Carnevin, Alphonse 230
Caron, famille 182
Casgrain, hon. Charles Eugène,
notice biographique 273
Casgrain, l'abbé 249, 273
Cayoutte, David 230
Céloron, Pierre- Joseph, sieur de
Blainvllle 125, 130, 132
Cesire, famille 162
Chabert (voir Joncaire)
Chacornacle, lieutenant 79
Chaboiller, famille 160
Chalut, famille 168
Chapoton, famille 160
Jean-Baptiste 180
Benoit 184
Louis 192
Joseph 230
Chapeau, Stanislaus 197
Carbonneau, Moïse 230
" Louis 230
Frédéric 230
Charron, le sieur 76
Chardon, le Rév. Père 98, 119
Charlevoix, Rév. Père 119
Charrier, Charles 229, 238, 240, ?41
Ciiauvin, famille
" Charles i«4
Antoine.. .. 184
" Jacques. 192
" Noël 192
Alexandr. 250
Cicoite ou Sicotte, f ai . . . M •' 1S6
" Jean-Baptiste iy2, 208
" François 202
" E ouard 203
" J. J 229, 230, 238, 2;«-241
" F. X 227-30,233
Chavigny, François de la Chevro-
tiere. sieur de 37
Chesne, famille 140
INDEX DES NOMS
343
Paok
... 248
.146,146
l, 146, 146
... 177
... 192
.. 192
... 206
.... 202
. . . . 202
. .. 202
.206,206
..226,226
. . . . 227
.... 233
. . . . 182
.... 227
. . . . 160
.... 182
.... 300
.... 171
, 64, 66, 83
.... 230
.... 162
ène,
.... 273 . . .249, 273 .... 230 r de 25, 130, 132
162
Joncaire)
79
.... 169
168
. . 160
... 180
.... 184
.... 192
.... 230
• • • 197
230
230
230
76
.98, 119
119
38, 240. 'Ml
184
.. IW
.. 182
260
156
192, 208
202
203
m, 238-241
227-30,238
ivro-
37 149
Page
Chesne, Isidore 182
Chevalier, famille 163
Louis ■ 183
Joseph 202
Chléry, le sieur 116
Clairoux, Luuis 224
ClaireiTiont, Louise 128
Contant ou Constant, François, 190, 207
Cosme, famille 163
Co8te,N. A 250
Coté, Léon Mathias, notice 286
" Prisque 263
Couchois, famille 188
Joseph 230
Courtemanche, le sieur de 57, 64, 73
Courbin, Louis 190
Couture Louis 184
Croze, Joseph, notice biograph. . . 295
Cuillerier, famille 163
Jo.>.eph 99
Cusson, Joseph, notice 302
Couvret, famille 168
Dahlon, R, P. Claude. . .25, 26, :«, m
Darnaud, le sieur 125
D'Aiitremont, le sieur Cléram-
bault 99,103
Dangelzer, Rév. P 265
Dassylva, l'ubbé T, V., notice 394
Dauiiais, Jacques. 175
Davignoti, famille 168
Deare, H. G. . . .228, 230, 235, 236, 241,324
Decomps (voir Labadie)
DeRuise, Joseph 230
Delisle, famille 148
Fabien 200
Noël 184
Joseph 192
Jpan-Baptlste 192
DeBonne, Louis 140
Defer, Honoré 239
" Joseph 230
Delorme (voir Fafard)
Delorme, P 184
DeGalllnée, l'abbé 18, 20
Denaut, Mgr 192
Delaurier, Augustin 227
Demay ou Dumais, F. X 227, 229
230,234
DeMarsac (voir Durocher) 147
Demers, Jean-Baptiste 230
Deneau, Rév. P 96
DeNoyelles, Charles Fleurlmont
121, 124
Deplené, J. B 192
Dequindre, famille 163
Césalre 177,178,179
" François
Paok
Dequindre, Louis . ... 183
Antoine 202,203
Dery, Fabien 280
Desaulnlers, Louis 192
Deslaurlers, François 203
Deschènes, Pierre-Charles 230
DesButtes, famille 157
Deshêtres, famille 157
Desjardins, Slméon 324
Israël 260
Desmarchais, Antoine 203
Desnoyers, famille 168
Pierre, 193, 194, 202, 213, 218
Pierre 227
Desrosiers, famille 157
DesRuisseaux, famille 153
Dllhet, l'abbé Jean 190, 191
Dominé, Charles 226
Dolller de CasHon, l'abbé François 18, 20
Dossln, Charles 227, 228
Douaire, Ed (voir Bondy) 236
Drlol, Vital 37
Drouet, famille 163
Drouillard, famille 163
" Pierre 182
" Dominique 184
Simon 184
Baptiste 184
^' flls 184
" François 229
Drulllettes, Rév. Père 5, 33, 37
Dubé, Jean-Marie 189
Dubois, François 189
Etifnne 189
Pierre 20P
Dubord, famille 16-
Dubuc, Augustin 182
Dubuisson, le sieur Guyon, 104-108, 110
114, 120, 132
Ducharme, Laurent 182, 198
Joseph 198
Dominique 198
Paul 198
Jean-Marie 182,198
famille 167
Duchesne (voir Gastignon)
Dufaux, Paul 203
Dufort, T 213
Dufour, famille 158
Dugué, le sieur. 79
Dufournel, famille 150
Duhamel, Julien 180
Du Jaunay, Rev. Père 130, 176
DuLignon, famille 169
DuLhut, Daniel Grezolon
40-4;B, 51, 53, 64
Dumay ou (Dumais), Pierre 189, 192
Duniont, le sieur 114
" Fabien 230
Dumontier, Louis 230
Prosper 230
Alexandre 230
S44
LES CANADlJZyS DH MICHIGAN
PAGE
Suraouchel, famille 171
Dupleasis-Fiibert. 140
Duprat, Robert 37
Dupré, Louis 203
" Ftançois 203
Dupuia, Famille 164
^ Nicolas 37
Cha.-les 203
" Georges- Auguste 230
Boniface 250
Durochci", famille 147
Basile 184
" Lanrtnt 208, 209, 2 1«
" François ^..2
Dusseault, Joël 218, .m)
Duvernay, Pierre C 208
E
En ja Iran, Rév. Père Jean 20, M, 73
Est^Vve (voir Lajeunesse)
F
Facier, Joseph 202
Fafart, famille 161
Fauvel, famille 147
Fezeret, René 68
Flaget, Mgr 209
Filion, John 230
Foisy, J. A 248
Forville, famille 161
Frechette, Louis H 236, 237, 240-242
Fredette, docteur F 324
Freton (voir Nantais)
G
Gabrielle, François 203
Gadois, Joseph 203
Gagne, A 2:i6
Gagnier, Isaac 184, 189
Janvier 266
Gagnon, A 220
Ferdinand 247, 324, 334
Gareau, Rév. Père 5
Garon, Joseph, notice biograpli. . 287
Gastignon, tamille 158
Gauthier de la Verandrye 127
Alexis 178
" T.1 182
Charles de Vierville . . . 183, 197
Médard 227
Pierre 2a0
Gamelin, Ëustache 186
Louis. 192
PAOE
Gamelin, Médard 180, 182
Gauvin, Charles 230, 233, 234
Gervaise, famille 164
Gervais Baptiste 206
Gerardin, A 216
Girardin, C. F 192
Jacques 192, 193
Jacques A 233
CM 234
Gignac, Simon 226
Giraud, J 230
Godbout, Théophile 230
Godefroy, famille 150
" François, flls 193
Jean 203
" Jacques 218
Pierre 218
Gobeil, Jean-François 189, 192
Gad»t «roir Marentette)
Goflfinet, Joseph 227
Gouin, famille 158
" Joseph 116
" Robert 184
" Charles J92
Gosrfeiin, traiteur 74
Pierre .... 190
Goudron, A 227
Goulet, Raymond, notice 279
Goudron, A 227
Goyau, famille . 151
Gravier, J. P. B 227, 2:^5, 240
Griffard, Louîs... 190
Laurent 190
Grégoire, Joseph, notice >. . . 274
Grignon, famille 169
Pierre 182, 199
" Augustin 205
" Antoine, notice 296
" docteur FJugène. 285
Guérin, Jean 8
Antoine 190
Louis 226
Guignas, Rév. Père Michel 119
Guymonneau, Rév. Père 119
Guyon, .J. B 182
Haler, JeanB 230
Hamel, Augustin 184
Ni'zaire 230
Hamelin, famille 152
Hyacinthe 182
Hébert, J, L 227, 240
Hennepin, Rév. Père 42, 45
Herbin, Louis 141
Hius, famille 170
" Joseph 160
Houde, Frédéric 336
Cyrille 282
PAGE
... 206
... 216
192
.192, 193
... 2;«
... 234
... 226
... 230
... 230
. . . . 150
. . . . 193
. . . . 203
. . . . 218
. . . . 218
. . 189, 192
irentette)
. . . . 227
. . . 158
. . . . 116
... 184
. . . . 192
74
190
. . . . 227
. . . . 279
. . . . 227
. . . . 151
7, 235, 240
. . . . 190
. . . . 190
^. . . 274
169
.182,199
205
296
285
8
190
226
119
119
182
230 184 230 162 182 .227,240 42, 45 141 170 160 336 292
INDEX DES NOMS
345
PAGE
Hossannah, Charles 230
Huguet, famille 168
Hubert, Louis 230
Hunault, Toussaint 190
Joseph 190
JacQues, Zacharie, notice 292
* Laurent, notice 292
Jadot, famille 167
Janisse, Joseph 229
Janson, Charles 190
Jarrait, Séraphin 230
" Octave 230
Pierre 230
Richard 2.«
• " Charles 2;W
John 280
Jobin, Joseph 190
Jogues, Rév. Père 2. 3, 6
Joliet, Louis 16, 26, 37
" Zacharie ... 55
Joncaire, famille 156
FrHîîÇois Chabert de, 182, 192
Jourdain, famille 164
Joviel, Jacques. '. 37
Jouvit, Pierre 229, 234
Joyal, Auguste 297
Jubainville, Joseph 249, 250
Juchereau, le sieur, 54
Jumonville, le sieur de. 125
Labady, famille 157
Alexandre 192
Labutte, Claude 180, 182
Labrosse, famille 164
LaCorne, Louis de 125
Lacroix, Dominique 182
Paul 202
Edouard N ...217, 224-2:«),
2;«, 2:M, 235, 240, 242, 217, 334
" Hubert 208
Ladéroute, famille.; 101
Ladurantaye, Olivier Morel de. . .
49, 52-56, 68
Laferté, famille 167
Louis V 192
liafontaine, (voir Robert, Gamelin et Langeron).
Lftfoy, Auguste 19!^
Laframlwise, Alexis 197
H 250
Laforest, François Daupin, sieur
de 45, 104, 108, 109, 117
Lagarde (voir Goyau)
PAGE
liagarde, Jean 184
Laliontan, le baron de 53, 54
Lajeunesse. famille 147
Lamarcl'.e, Rév. Père 96
Lamarque, le sieur de 116
Lamoureux, François 08
Lamorandière, Damours de la.. . 125
LaMorinerie, Rév. Père 130, 176
Lanctot, Mederic, 234, 2m, 240-246, 324 Landry, Claude 179
" Firmin 179
Langeron, Etienne 190
r anglade, famille 170
" Augustin 142
Charles 138, 181, 183, 202
Lanplois, famille 167
Jean 184
" Napoléon 250
Lanoux, Prisque 184
La Noue, Zacharie 109, 104
Lantagnac, Adhémar de 121
Lanthier, Benjamin 338
Lapahiie (voir Janson)
Laparle, \V. B 236
Lapernouche, le chevalier de 121
Laporte, l'abbé Maxime 285
Lapierre, A. D 324
Laplrnte, Pierre 190
L'Arc.'ie, Charles. 182
L'archevêque, famille 170
Larue, J. B 190, 218
LaRoude, Louis Denis de 125, 136
Larose, Joseph 230
Larivière, F'^rançois 206
LxSalle, t uvelier de 14, 18, 43-46
Laselle, famille 166
Jacques 180. 181, 192, 194
Hyacinthe 202
" François 208
Latour, Aniable 184, 188
François 188
La Verdure, le sieur 09
Lauzon, famille 159
LeBoême, Rév. F 25
Lebourdeux, Pierre 202
Lebd'uf, Joseph 236, 240, 242, 247
Leclerc, Jean-Baptiste 188
famille 175
Leduc, famille 15i)
A 2^1
Lefranc, Rév. Père Louis 119, 176
Lefebvre, Joseph 182
Mgr 262
Legrand, famille. 166
" le .juge 176
Legros, famille 159
Lemny, Théophile 188
Pierre 188
Lenoir, François 184
L'^onard, Rév. Père Bonaventure 118
L'Ëstang (voirBrunet)
Lespérance, famille 168
846
LES CANADIENS DU MICHIGAN
PAKE
Lespérance, François 224
Letelller (voir Tellier)
" 1 abbé Michel, notice .... 303 Lévesque, Henri A 218
" D. 250
Cliarles 250
LeVasaeur, Josepli 202
Lièvre, Louin, Cliarles père, et
Charles fils 203
Lienery, François Marchand de
111, 114, 110, 142
Linctot, le sieur 114, 125
L'Halle, Rév. Père Constantin de 93 Longtin, Hubert 230
^ Charles 229, 230, 234, 235
240, 241, 324
Longueuil, le chevalier de 181, 131
Loranger, Joseph 208
LbaldR 290
Lorain, Joseph 192
Lord, H. J 236. 237, 240, 324, 326, 333
Louis, Jean 203
Louvigny, Louis de la Porte, sieur
de 55-58, 90, 103, 100, 114
Lyon, Bî>njamin 182
Lucier,J. B. et Charles 230
M
Magnan, l'abbé Roch 299
Adolphe 299
Magras, Jacques 37
Mailloux, famille 188
" Jacques 234
F. G 227,230
F. X 230
Maisonville, Alexandre, fils 184
Maingot, Joseph 230
Mainville, Micnel 230
Malhiot, François Victoire W)
Mallet, famille I'i8
" Jean-Baptiste 183
Malo, Clément 230
Mantet, le sieur de 84, 00
Marentet' e, famille 165
Marcheteau, famille 159
Marin, Pierre Paul.. 125, 139
Marin, Rév. Père 119
Marest, Rév, Père Joseph. .. .83, 84, 98
IIG, 119 Marquette, Rév. Père Jacques ... 25, 27
Mai-sac, Robert 192
" François 192
" G 192
" Joseph 205,297
Massé, Denis 37
Martel, Prosper 230
Martin, Joseph 230
" François 230
Martineau, F 338
Mayséré, Jean 37
Maynard, Joseph C, notice 291
PAGE
Maure, Laurent 184
Meloche, famille 160
Menard (voir Montour)
" Rév. Père René 5,8,27
" l'abbé Pierre C, notice. . 280
Mercier, Jean 203
l'honorable Honoré 338
Mermet, Rév. Père 84
Messayer, Rév. Père CM 119
Mesny, famille 164
Metay ou Mété, famille 192
" Théodore 203
Métivier, famill«> 171
François 208
Métot, famille 165
Michel, Nicolas 188
Mingo, Jules 220
Mirandeau, Jean-Eaptiste, 197
Monnier, F. X 230
Montour, tamille 166
Montreuil, J.-B 184
Luc 226,250
Montigny, le sieur Testard de
114, 125, 139
" Jean-Baptisi e 162
Moran, famille 165
Louis 206
Charles 209
" Henri 250
Moras, famille 187
'* Antoine 182
Moreau, Pierre, sieur de la Taupine 37
Mousette, Antoine 236, 240, 247
324, 326, 333
C. . . 236, 240, 325, 326, 333, 334
Muy, Jacques Daneau, sieur de . . 138
N
Nadeau, Bruno, notice 283
Nantais, famille 167
Navarre, famil.e 160
Rohort 180,192
Robert 203
François 181,202
Pierre 192,202,204
Nicolet. Jean 1
Nivcrville (voir Boucher)
Nolin, Jeun -Baptiste 201
" Auguste 202
Noyan, Pierre Jacques Payen de. 124
Nouvel, Rév. Père Henri 26, 28, 29
Noyon, de 74
O
Odette, D.B 850
Olivier, Charles, notice 806
PAGE
184
160
[ontour)
.5, 8, 27
!.. 280
203
338
84
119
.. 164
va
.. 203 . . 171
203 .. 165 ... 188 .. 226 ... 197 ... 230 ... 166 ... 184 .226,250 de
, 125, 139 . . . 162
165 ... 206 ... 209 ... 250 ... 187 ... 182 ^ine 37 , 240, 247 , 328, 333 ,333,334
138
283
167
160
.180, 192
TABLE DES NOMS
347
\
850
m
PAGE
Ouellette, (rénéalogie 186
" Elie 203
'^ Isaac 203
T. P 229
P 250
Page, Joseph 230
Pageut, Joseph Thomas 187
Pafdi, Angel 226
Paradis, j; B 324
Paré, Jean-Baptiste 188
" CL 250
" Alpho- se, 236, 240, 324, 326, 333, 334
Parent, famille 160, 171
Joseph 298
Pauli, Albert J, notice . 302
Pauluâ, Auguste. 233
Payette. Pierre 230
Patry, Edouard 230
•' Jean 230
Péan, Hughes Jacques 127
Pellerin, Louis 230
Pelletier, famille 81, 152
" Baptiste, T., Alexis,
Jacques et Charles. . . 182 " Louis, Isidore, François 203
Antoine.. . 208
Charles 213
Samuel 280
Charles 2?0,233
Perreault, Louis 19^
Jean-Baptiste 196, 202
Petit, Anselme 206
" Edouard 206
Perrot, Nicolas, . .20, 37, 49, 56, 64, 70, 71
Picard, famille 160
" . Joseph 230
Picoté .' (voir Bellestre)
Pierson, Rév. Père Philippe 28
Pilet, famille 160
Pinet, Rév. Père 1C8
Pitre, Jean-Baptiste 188
(harles 188
Pizftu, John 230
Plamondon, Jean 120
Fiante, Franvois 187
Poniainville, Michel 2oO
Porlier, famille 167
" Joseph 184,202,205
Ph teret, Pierre 37
Potier, Rév. Père Nicolrs 34
" Rév. Père Pierre .... 176, 177, 1^3
" Toussaint 98,201
Pot:lln, L. J 210
Potiget, famille 167
Pou part, famille 190
Poupart, Charles 184
Pratte, François 187
PAGE
Prieur, Xavier 2.î0
Primeau, François 184
Pierre 282
^' Henri 291
l'abbé J.B 333
Prud'homme, famille 1C6
" E 324,326,333
Q
Quesnel, Jacques. Quiné, Eusëbe. . . .
187 230
Racine, Etienne 230
Racottelle, Jean-Baptiste 207
Raln ville, Joseph 205
Rasclo, François 230
Ravadoux, l'abbé 191
Raymbault, Rév. Père 2, 3
Raymond, Joseph 139
Réaume, famille 109
Charles 184
" Robert 224
Adolphe 330
Remonvllle, le sieur de 103
Renaud, Laurent 98
" Piumarals 98
famille 185
Adolphe 230
Repentlgny. Louis Legardeur de . 140
Resé, Mgr . rédéric 211, 217, 262
Richard, l'abbé Gabriel, 191, 193, 202, 209 Ricliardie, Rév. Charles de la
119, 129, 176
Richardville (voir Drouet)
Riopelle, famille 187
Toussaint 102
Riou.x, Samuel, notice 288
Rivar.i, famille 166
" CharU s, Michel, Jean-
Bapti.ste et Pierre 192
Rivf t, Chiir es 2:i6
Rolieit, Prosper, notice 277
Kochelea'i, tamille 167
Kocoux. faniillc 161
Roi(i liant , Pierre. ... 92
Kobiliarii, Antoine 202
Robitaille, Jo^eph 230
Rolette, J. seph 201, 205
liosi'tte, François 184
Rouleau, Charles 192
" Félix, notice 290
Rousseau, Charles M 228, 230, 234
235, 240, 326, 333
l'abbé, notice 283
Roussel, famille 101
348
LES CANADIENS DU MICHIGAN
PAGE
Roussel, Auguste 230
Roy, famille 161
'^ Pierre 81
" André 182
S
Saint- Aubin, Gabriel 192
" Georges, Pierre 203
" Germain (voir Lamoureux)
" Jacques Emmanuel 298
" Jean, Ludger 250
" Lusson, Simon-Daumont de
14, 20, 21, m
" Onge (voir Chesne)
" Jacques 230
" Ours, Deschaillons. . . .114, 120, 121
" Pé, Rév. Pèie Jean 119
" Pierre, LeGardeur de, 114, 125, 132
" Joseph 230
Sabrevois, Jacques Charles, 109, 114, IP
124, lar,
Sage, Michel 240
Salleneuve, Rév. Père 176
Samson, l'abbé 267
Sanguinet, Joseph 182
Sandriette, Alexandre 208
Sanspitié, Antoine 208
Sauver, Emile 230
Schutzes, l'abbé J. H 222
Seguin (voir Laderouta)
Seneeal, Alphonse 2.)0
Sicolte (Voir Cicotte)
Soffers, M. l'abbé 228, 230
Tibeau, Baptiste 182
Tellier, famille 190
Tessier, Paul 98
Testard (voir Forville et Montigny)
Tétreau, Alexandre 2:W
Thibeault, Joseph 192
Tonti, le chevalier de, 44, 45, 46, 53, 109
VAGE
Tonti, Alphonse de, 72, 73, 79, 81, 91, 92
113. 119
Tremblay, famille 165
Baptiste 192
" Léon, Joseph, Médard 2«i7
Hypolite 230
Trottier, famille 153
Trudel, François 187
" Jean-B^ptisto.. .... 207
Turpin, Jean-Baptiste 96
Turcotte, Joseph 230
V
Vailaiit, Rév. Père 79, 83
Vaillancourt, Joseph 202
Franvois 202
Jean 202
Henri 202
Vallée, Pierre 184
Jean-Baptiste 217
Vandame, Gustave 234
Vr.ndyke, A 227
Vanier, J. A., notice 281
Vaudreuil, Rigaud de 139
Vermet, famille 187
Antoine 192,203
Vesina, Samuel 226
Louis 230
Vessière (voir Laferté)
Viger, Joseph Pascal 187
Villiers, Coulon de 111, 126, 139
Vincelette (voir Amyot)
Vincennes, Bissot de 72, 90, 103, 105
108, 114
Visger, Jacob 192
" Jacques 300
Voyer, Josué 192, 193
W
Whiteford, docteur E. D
228, 230, 236, 240, 241 Willemin, Désiré 248
193 1335 4
/.
PAGE
r2, 73, 79, 81, 91, 92 113, 119
165
192
ph, Médard 2(»7
230
153
187
.... 207
s 96
230
...79,83
202
< 202
202
202
184
217
234
227
281
139
187 .
192,203
226
230
. . . (voir Laferté)
187
111,126,139
— (voir Amyot)
...72,90, 103, 105 108, 114
192
300
192, 193
D
230, 236, 240, 241 248