V'^ t> ^^^. ^f^''^**. ^..'^.^ IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) z ,",'1 , ■' ^ 1.0 l.l |50 ""^^ llflaH îf lia "'"^ «« -.n mil 2.0 1.8 1.25 1.4 1'* ■ « 6" - ► I m ê m %!} ^>. W J^ ^ Photographie Sciences Corporation 4^^^ ti WlSr MAIN STRIiT (716) > •2-4S03 J I CIHM/ICMH Microfiche Séries. CIHIVI/ICMH Collection de microfiches. Canadian Instituts for Historical Microreproductions / Institut canadien de microreproductions historiques Technical and Bibliographie Notes/Notes techniques et bibliographiques The Institute has attempted to obtain the best original copy available for filming. Foatures of this copy which may be bibliographically unique, which may alter any of the images in the reproduction, or which may significantly change the usual method of filming, are checked below. D D D 0 D D Coloured covers/ Couverture de couleur I I Covers damaged/ Couverture endommagée Covers restored and/or laminated/ Couverture restaurée et/ou pelliculée I I Cover title missing/ Le titre de couverture manque I I Coloured maps/ Cartes géographiques en couleur Coloured ink (i.e. other than blue or black)/ Encre de couleur (i.e. autre que bleue ou noire) I I Coloured plates and/or illustrations/ Planches et/ou illustrations en couleur Bound with other matarial/ Relié avec d'autres documents Tight binding may cause shadows or distorticn along interior margin/ La reliure serrée peut causer de l'ombre ou de la distortion le long de la marge intérieure Blank leaves added during restoration may appear within the text. Whenever possible, thèse hâve been omitted from filming/ Il se peut que certaines pages blanches ajoutées lors d'une restauration apparaissent dans le texte, mais, lorsque cela était possible, ces pages n'ont pas été filmées. Additiortal comments:/ Commentaires supplémentaires; L'Institut a microfilmé le meilleur exemplaire qu'il lui a été possible de se procurer. Les détails de cet exemplaire qui sont peut-être uniques du point de vue bibliographique, qui peuvent modifier une image reproduite, ou qui peuvent exiger une modification dans la méthode normale de filmage sont indiqués ci-dessous. □ Coloured pages/ Pages de couleur n Pages damaged/ Pages endommagées □ Pages restored and/or laminated/ Pages restaurées et/ou pelliculées ■j D Pages discoloured, stained or foxed/ Pages décolorées, tachetées ou piquées I I Pages detached/ Pages détachées Showthrough/ Transparence Quality of prir Qualité inégale de l'impression Includes supplementary matorii Comprend du matériel supplémentaire Only édition available/ Seule édition disponible r~~| Showthrough/ I I Quality of print varies/ |~~1 Includes supplementary matériel/ I I Only édition available/ Pages wholly or partially obscured by errata slips, tissues, etc., hâve been refilmed to ensure the best possible image/ Les pages totalement ou partiellement obscurcies par un feuillet d'errata, uno pelure, etc., ont été filmées à nouveau de façon à obtenir la meilleure image possible. T t< T P o fi G b tl si o fi si o Tl si Ti w ly^ di : ri ti This item is filmed at the réduction ratio checked below/ Ce document est filmé au taux de réduction indiqué ci-dessous. 10X 14X 18X 22X 26X 30X y 12X 16X 20X 24X 28X ;J2X ils lu iifier ne âge Th« copy filmad h«r« has baan raproducad thanka to tha ganaroaity of : Library Division Provincial Archives of British Columbia Tha imagaa appaaring hara ara tha baat quaUty possibla contidaring tha condition and lagibility of tha original copy and in kaaping with tha filming contract apacifications. Original copiaa in printad papar covars ata filmad baginning with tha front covar and anding on tha last paga with a printad or illustratad impres- sion, or tha back covar whan pppropriata. Ail othar original copias ara filmad baqinning on tha first paga with a printad or illustratad impres- sion, and anding on the last page with a printed or illustratad impression. The last racorded frame on each microfiche shall contain the symbol ^^ (meaning "CON- TINUED"), or the symbol y (meaning "END"), whichever applies. Maps, plates, charts, etc., may be filmed at différent réduction ratios. Those too large to be entirely included in one exposure are filmed beginning in the upper left hand corner, left to right and top to bottom, as many frames as required. The following diagrams illustrate the method: L'axamplaira filmé fut reproduit grâce à la générosité da: Library Division Provincial Archives of British Columbia Les imagaa suivantes ont été reproduites avec le plus grand aoin, compte tenu de la condition at da la netteté de l'exemplaire filmé, et en conformité avec les conditions du contrat de filmaga. Les exemplaires originaux dont la couverture en papier est imprimée sont filmés en commençant par le premier plat at en terminant soit par la dernière page qui comporta une empreinte d'impression ou d'illustration, soit par i» second plat, salon le cas. Tous les autres eitemplaires originaux sont filmés an commançtint par la première paga qui comporte une empreinte d'impression ou d'illustration et en terminant par la dernière page qui comporte une telle empreintp Un des symboles suivants apparaîtra sur la dernière image de chaque microfiche, selon le cas: le symbole — ^ sig'iifie "A SUIVRE", le symbole V signifie "FIN". Les cartes, planches, tableaux, etc., peuvent être filmés à des taux de réduction différents. Lorsque le document est trop grand pour être reproduit en un seul cliché, il est filmé à partir de l'angle supérieur gauche, de gauche è droite, et de haut en bas, en prenant le nombre d'images nécessaire. Les diagrammes suivants illustrent la méthode. rata o lelure, ) à D 1 2 ■ 3 1 2 3 4 5 6 WWBJf^W ^fummmm w^m mm. mmitm VOYAGE AUTOUR DU lUOJ^DE, EXECUTE PAR OBDRE ' 9 DE SA MAJESTE L EMPEREUR NICOLAS T', DANS LES ANNÉES 1826 , 1827 , 1828 ET 1829 PAR FRÉDÉRIC LUTKÉ, CAPITAINE DE VAISSEAU, AIDE-DE-CAMP DE S. M. l'eMPEREUR , COMMANDANT DE l'expédition. TOME TROISIÈME CONTEIVAIVT LES TRAVAUX DE MM. LES NATURALISTES, RÉDIGÉ PAR ALEXANDRE POSTELS. PARIS, 1 YPOGRAPHIE DE FIUMIN DIDOï FRÈRES. imprimeurs de l'iN.STITUT, rue JACOB, N°. 24. 18 3 6. :"$»».^ a lj^:r^ 'à t ' \ i \ f m ff\ > i-f ij •i. -n-ih '^,/.j* /.'•' '{^ ; ! . t C^-î fMj !/l iA nh:V\ ' 1 1 i t 1 1 1 uni. i I > . 1 1 • I I ■ ' ! 1 ;■ . i M / .' ?-i I r •/ i ■• i •^J.'."«'*!0'i .-ii-aî vy * . / f H /' i ! I ! , I ;■ '..Il #. i VOYAGE AUTOUR DU MONDE. i\, - ' 1 i;i#.f07 }''''n!/ 10 > y ... « : • ♦ 1 ■ > ' < ' , ; ! < .<) i> ' .1 AVANT-PROPOS. !. .") :; :: !■ '■,,., -. De tous ceux , qui dans des voyages maritimes ont k s'occuper d'une branche quelconque de l'histoire naturelle , il n'en est aucun sans doute, qui, a son retour, soit pleinement satisfait des productionH et des connaissances qu'il a recueil- lies. Cela tient ordinairement a la courte durée du séjour que fait une expédition dans les lieux où elle aborde, et h ce que les recherches relatives aux sciences naturelles sont en grande partie sub- ordonnées aux travaux géographiques et hydro- graphiques , que les expéditions de ce genre ont principalement pour objet. Dès l'arrivée sur une plage inconnue , les pre- miers jours sont consacrés à reconnaître les plus VI < ..' I> 1> 1 ' ^ i AVANT-PROPOS. proches environs et à se mettre en rapport avec les gens qui peuvent communiquer des renseigne- mens préalables sur les endroits les plus intéres- sans pour un naturaliste. L'esprit humain voudrait tout embrasser d'un premier coup-d'œil; mais il s'arrête à la vue d'une foule d'objets tout-à-fait étrangers pour lui , qui impriment a chaque pays un caractère de différence fortement prononcé. Ainsi en présence d'objets inconnus , qu'il s'agit d'examiner , il n'est pas possible de former d'a- vance un plan systématique pour cet examen ; et pénétrer à la hâte dans l'intérieur d'un pays, sans avoir une juste idée de tout ce qu'on rencon- trera sur sa route, c'est s'exposer à passer , dans le livre de la nature, des pages, dans lesquelles se trouve , peut-être , la clé qui nous révélerait ses Les observations géognostiques sont en pareil cas plus limitées que les autres : des rochers nus et escarpés , qui p ourraient offrir des indices sur la structure intérieure du sol, sont souvent inac- cessibles du coté de la mer; et les montagnes d'une côte ne se montrent pas toujours k décou- vert. Elles sont couvertes d'une riche végétation. ■ ■ ;' vil AVANT-PROPOS. ou présentent une surface totalenuent décomposée par l'effet continuel des forces destructives de l'atmosphère, mettant ainsi l'observateur hors d'état de suivre les traces du passage d'une roche h l'autre, de déterminer leur âge relatif, l'étendue et l'inclinaison des couches , la direction des vei- nes, et toutes les circonstances qui constituent les conditions indispensables des recherches géognos- tiques. Il est souvent obligé de se contenter des galets et des fragmens dispersés sur la plage, dans les vallées, les ravins et les pentes des montagnes, sans avoir aucune possibilité de découvrir le lieu de leur gisement primitif. En un mot, l'observa- teur trouve trop peu de données certaines d'où il puisse tirer des conclusions sur la structure inté- rieure d'un pays, et c'est pourquoi il n'a pas tou- jours les moyens de montrer et d'expliquer les changemens qui ont fait prendre au sol sa forme actuelle. Mes recherches peuvent sous quelques rapports paraître incomplètes et insuffisantes au géologue, accoutumé h voyager dans l'intérieur des terres, où il lui est loisible , à sa volonté et selon le be- soin, de diriger ses excursions vers les lieux où les 1* ( VII! AVANT-PROPOS. entrailles de la terre ont été déjîi ouvertes par des travaux de mines., et où il est moins empêché de se livrer îi tous les détails capables de Tinitier à ses secrets. Cependant, comme ces recherches ont été faites dans des lieux peu connus ou même entièrement inconnus , j'ose me flatter de l'espoir qu'elles seront en quelque sorte intéressantes et utiles h lu science. ■•.;,<. J'ai suivi partout le même ordre dans mes ob- servations : le tableau de la physionomie extérieure du pays précède la description de la structure in- térieure de la terre. Relativement h ce dernier objet, la principale attention a été d'abord portée sur les roches dominantes des montagnes, sur leurs di'iFéivnces et sur leur passage de l'une à Tautre, et ensuite sur les roches secondaires qu'elles ren- ferment et sur les circonstances particulières, plus ou moins dépendantes des localités. ' .T'ai cru superflu de répéter tous les détails re- latifs a la position géographique des lieux déjà décrits , les supposant connus du lecteur ; quant aux rapports de localité des pays nouvellement découverts , ils sont contenus dans les précédens volumes de cet ouvrage et dans la partie nautique \ AVANT-PROPOS. ix de notre voyage ; c'est la que se trouvent égale- ment des vues de la plus grande partie des lieux visi'f^s par nous , que j'ai moi-même dessinées et lithographiées. Nous devons regretter de ne pouvoir livrer au public toutes les remarques du Docteur Mertens, qui, dans le cours de l'expédition, s'était particu- lièrement occupé de zoologie et de botanique. Dans les journaux qu'il a laissés après sa mort, plusieurs passages étaient écrits de manière à ne pouvoir être compris que par lui seul ; d'autres objets demandent encore à être revus pour plus de précision et de détails. Nous avons inséré dans cette partie quelques-uns de ses articles sur les îles Carolines et sur les habitans de cet archipel ; quant aux objets proprement relatifs à la bo- tanique et a la zoologie, une partie en a déjà été imprimée dans les Mémoires de l'Académie Impériale des sciences de St.-Pétersbourg, et le reste y trouvera place aussi, h mesure que sera terminée la révision, k laquelle travaillent les académiciens Brandt , Trinius et Bongard. Le compte succinct des travaux zoologiques de lexpédition , par le baron Kittlitz, et la bio- il i X AVANT-PROPOS. graphie de notre inoubliable ami, le Docteur Mertens, terminent cette partie, i •> • / ' <» Les naturalistes destinés à faire partie de sem- blables expéditions, ne verront point sans intérêt, ni , peut-être , sans utilité , cet aperçu général de tous nos travaux en zoologie , ainsi que le som- maire des objets rencontrés dans cette partie. Lorsque l'on connaît d'avance , en arrivant dans un endroit peu connu, quelles sont ses productions et ce qu'on doit y chercher , on a bien moins de peine , on emploie bien moins de temps dans les recherches, ce qui donne le moyen de trouver quelque chose de nouveau, que les précédons voyageurs n'ont , peut-être , pas eu occasion de voir. Certains pays paraissent plus riches en pro- ductions , dans d'autres la pauvreté n'est souvent qu'apparente , car le mauvais temps , la saison défavorable, un court séjour dans les irc.aes lieux et d'autres circonstances, privent le naturaliste des moyens de recueillir la faune complète du pays qu'il visite , et c'est pourquoi un nouveau venu trouvera quelquetbis, contrairement à ses prédécesseurs, soit un pays soit un autre, tantôt plus riche cl tantôt plus pauvre. XI AVANT-PROPOS. Le baron Kittlitz , qui s'est principalement oc- cupé de lornitologie, a déjà inséré dans les Mé- moires de Tacadémie I m p É r i a l e des sciences une grande partie des descriptions d'oiseaux collectés et dessinés par lui. Voyez : Mémoires présentés à l'académie Impf'riale des sciences de St.-Péters- bourg par divers savans: 1) Tome I. 1830. p. 174 - 195. Ueber einige Vogcl von Chili , beoh- achtet im Miirz und Anfang April 1827 (avec 12 planches gravées et enluminées). 2) Tome II. 1835. p. 465 - 473. Ueber einige Vogel von Chili, beobachtet im Miirz und Anfang April 1827 (Fort- setzung) (avec 5 planches gravées et enluminées). 3) Tome I. 1830. p. 231-249. Ueber die Vôgel der Inselgruppe von Bonin-Sima , beobachtet zu Anfang May 1828 (avec 5 planches gravées et en- luminées). 4) Tome II. 1833. p. 1 - 11. Ueber einige noch unbeschriebcne Viigel von der Insel Luzon, den Carolinen und den Mariancn (avec 10 planches gravées et coloriées). Nos ellbrts ont été dirigés avec un soin égal sur toutes les branches d'histoire naturelle ; mais si les résultats de nos travaux , que nous tâcherons de publier eu raison de nos moyens , paraissent 1^ m XII ;1 ;P' tM 0. ' AVANT-PROPOS, disproportionnés, il ne faut l'attribuer qu'à dos circonstances étrangères et non à notre négligence; et nous pouvons nous vanter , qu'il n'est , peut- être , pas d'expédition où l'entente et l'activité communes se soient soutenues à un tel point parmi tous ceux qui en faisaient partie. L'amitié la plus étroite a toujours régné entre les savans; MM. les officiers ont mis le plus vif empressement ;* procurer les matériaux , et nous avons reçu de la part du commandant de l'expédition , qui sait dignement et également apprécier toutes les sciences , tous les secours et tous les encourage- mens possibles, pour lesquels nous devons ici hautement et à la face du monde , lui témoigner notre sincère reconnaissance en notre propre nom et au nom de la science. • ' ^é. Poslcls. TABLE DES MATIERES COISTENIIES DANS LK TROISIEME VOLUME. Piges. AvANT-PROl'OS I Notices gco;:;nostiques , par A. Postels. 1. Chili. liaic clc l'. r; XIV TABLE DES MATIERES. 6. Iles Ciirolines , Mariannes et Philippines. Pag". [le Ualaii 91 Archipel de Sciiiaviuc 102 Ile Ilogoleu ou Rougli 103 (îriiahnn ou Guam 104 I^uçon 109 7. Iles Bonin-Siina 113 8. Sainte-Hélène 118 9. Notices sur les îles Carolines, par le D',. Mertens.. 132 10. Observations sur les habitans des îles Carol -nés 144 11. Des mœurs et usages des habitans ies îles Carolines basses 151 12. Observations zoologiques, par T. H. de Kittlitz.... 937 Observations de l'Académicien Docteur Brandt sur les Polypes , Acalêphes et Astéries recueillies par le D'. Mertens -.331 Biographie du Docteur Mertens 337 -1 } — -inr-Q9iiwB^ ,■; ' -f 'agpi. 94 102 103 104 109 113 118 132 144 151 237 331 337 1 NOTICES GEOGNOSTIQUES PAR (Traduit do l'allemand par J. M. de Genève.) i. CHILI. BAIE DE LA CONCEPTION. Le premier pays que nous vînmes sur le côté occidental de TAmérique , fut la presqu'île qui borne îi l'O. la Kaie de la Conception. Elle s'étend du S. O. au N. E. et ne s'élève qu'à une hauteur médiocre : la croupe s'en prolonge uniformément et n'est interrompue que par deux élévations nom- mées mamelons de Biobio. Des masses de rochers entrecoupées de fissures , tombent à pic dans la mer ; sans être très-élevées, elles forment des sail- lies et des récifs ; la marge du rivage consiste en sable grisâtre entremêlé de galets et de gros frag- mens. La plus considérable des anses formées Tome in. 1 m i;. I h ri' :4, 2 1 CHILI. par les saillies , est celle de St.-Vincent. La végé- tation est très-pauvre du côté de la mer. Dans l'in- térieur, la presqu'île est coupée par beaucoup de vallées , et , du côté de la Baie , elle tombe assez abruptement; la végétation est plus riche dans cette partie, et ce sont particulièrement les myr- ibes et les lauriers qui la caractérisent. L'entrée dans la l»aie de la Conception est for- mée par deux promontoires ; celui qui est à l'E. et qui se nomme Laiîkria, appartient h la terre ferme ; il tombe a pic dans la mer et se trouve en- touré de quelques écueils. Le promontoire dcFO. est la pointe septentrionale de Tîle Qttiriguina qui, située le long du rivage occld(Mital de la Baie, ne présente aux vagues qu'un étroit passage. Cette île est plaU^ du côté du Nord ; elle s'élève îi 400 pieds vers le milieu , tombe de la abruptemcnt vers le Sud et se couvre d'une belle foret. Le ri- vage occidental est plus escarpé que l'oriental. AuS. de la Baie, le pays se perd en enfoncemens, au travers desquels le Rio-Andallco , qui prend sa source à TE., se déverse dans la Baie. Dans le lointain on ne voit que quelques collines devant lesquelles se trouvent deux îles basses, d'une cir- conférence peu considérable. La limite orientale de la Baie est montagneuse au S. , vers le N. la côte, quoique escarpée et comme tranchée, paraît V: {•'Il 1. CHILI. 3 j cependant plutôt disposcjc en collines ; mais vers rintérieur du continent et vers la pointe septen- trionale , elle s'élève de nouveau et offre aussi une végétation plus riche. Sur ce côté, immédia- tement au bord de la mer , se trouve, vis-a-vis d(; rîle QuiRiGuiNA, le village de Tome. La dis- tance entre les deux promontoires est de 3 milles italiens; la longueur de la Baie, dans la direction du N. au S., est de 9 milles italiens; le brassiage est de 8 k 27 pieds. Le promontoire Labéria consiste en Phyllade grise avec des tablettes de Mica ; au sommet elle se trouve décomposée en Argile molle et rouge. Au S. du village de Tome, le rivage est plus plat et couvert de sable gris , dans lequel se trouvent pareillement des tablettes de Mica ; sous ce sable passe la Phyllade. Derrière Tome , s'élèvent plu- sieurs collines nues et basses , composées égale- ment de Phyllade ; il s'y attache, vers le Nord, du Grès d'une couleur grise, qui renferme des masses arrondies et épaisses d'environ 3 pieds, de la même nature , mais seulement plus compactes. Ces mas- ses sont riches en pétrifications appartenantes aux espèces Ostracca^ Mytilus^ Chamn et Concholepo:, pcniviana. On trouve aussi ça et là dans la roche principale , des morceaux considérables de troncs d'arbres qui sont presque réduits a l'état de lignite. u 1 I ri i i u rf Wi^ S? «.I i-E il "fi; 4 1. CHILI. De Tome jusqu'à rexlrdmité septentrionale de la Baie , dn côte de Penco, le Grès se montre par- tout. La marge du rivage , de même que les ré- cifs qui y louchent, consiste cnPhylladc, qui sort a travers le (1res. Près de Penco , se montre le Gneiss, et, a TE. de cet endroit, le Granit h gros grain. La memcPhyllade forme le rivage oriental do la presqu'île. En se dirigeant vers le N. O., les couches qui tomhent vers le N. E. sous 40" a 50", traversent la presqu'île et s'avancent dans la mer en (îcueils tranchans. Des veines de Quartz, fortes de quelques pouces jusqu'à 1 pied et demi, la tra- versent dans toutes les directions possibles. Sur la Phyllade reposent des couches de Feldspath compact, entremeld de Quartz ; cette roche a une structure granulaire ; elle est diversement com- pacte, d'un vert clair grisâtre, et se brise en ta- blettes minces. L'épaisseur des couches ne dépasse pas 9 pieds; c'est au N. de la ville de Talka- iiouANA qu'on en voit le plus distinctement la stratification. A partir de ce port jusqu'à l'extré- mité méridionale do la lîaie , la Phyllade se perd peu a peu dans la profondeur ; elle est remplacée par un Gros composé de Quartz grenu , de petits fragmens de Pierre cornécnne et de Pétrosilex contenant des tablettes de Mica. Ça et là se mon- trent aussi des nids d'Argile bituminifèrc et de .) 1. CHILI. 5 ,' ^ ^ petites taches» de Spath calcaire; toute la roche est aussi plus ou moins imprégnée de Chaux carbo- natée. L'île Q ii i n i o u i n a offre , a son extrémité septentrionale , de la Phyllade qui dans quelques endroits paraît être imprégnée de Carbone. Vers le Sud , paraît de nouveau le Grès , entièrement semblable h celui qui se trouve près de Tome , avec les mêmes boules de Grès compact , mais de moindre volume , des morceaux de bois bitumini- fère , différentes pétrifications et de petits galets de diverses productions silicieuscs. Le bord du ri- vage est couvert , par places , de sable de fer ma- gnétique. Les couches de ce Grès se dirigent vers le N.O. , mais souvent elles sont découpées et Tin- clinaison n'en reste pas toujours la même. An- ciennement on doit avoir exploité dans cette île une mine de charbon. On obtient de la chaux propre aux bâtisses , en brillant divers coquillages qui couvrent le rivage de la mer. i VALPARAISO. Lorsqu'on s'approche de ce port , on voit une côte de hauteur médiocre et coupée par de nom- breux ravins et sillons , au-dessus de laquelle s'é- \m 6 1. CHILI. r i= lii, ;.. 11. ^} 'V lèvent, plus loin dans i'intériuur, des sommets isoI(îs appartenans aux ramitications des chaînes des Andes, qui, vu l'éloignement, ne laissent aper- cevoir leurs couronnes majestueuses et couvertes d(î neiges , que par un ciel serein. Des parois de rochers escarpées et hérissées de récifs et d'écucils sur lesquels la pleine mer se précipite en écumant avec fureur, s'avancent souvent au loin dans les eaux et forment une multitude d'anses, qui consti- tuent le principal caractère de ce rivage. Deux promontoires de cette espèce, Tun à TE., l'autre a rO., enferment le port Valparaiso, sur le hord duquel est hâtie la ville de même nom. D'ici le terrain s'élève a pic h une hauteur de 500 pieds au plus , et il est pareillement déchiré par de nom- hreux enfonc(!mens et des ravins que les hahitans nomment Q heur ad as, et qui se dirigent pour la plupart vers le N. E. A l'extrémité septentrio- nale de l'anse , le rivage s'étend davantage vers TE. <;n formant la plaine nommée Alihkndral, d'où, en montant, le grand chemin mène a St.-J a g o capitale du Chili. La roche fraîche ne se montre que rarement ; la surface du terrain consistant principalement en terre aride et en sable , est presque dépouillée de toute végétation , sauf quel- ques buissons isolés et qui n'offrent que peu de verdure. Les terribles pluies qui régnent ici en ♦ : 1. CHILI. . Iiivcr, lavent les surfaces extiîrieuros de la roche dé'y.i décomposOe , et péndlranl ensuite plus pro- fondément dans les fissures, en décomposent, avec le tems , les parties constituantes ; les chaleurs (ixtremes de Tété qui surviennent, hâtent plus rapidement encore le progrès destructif, et, l'an- née suivante , de nouveaux torrens de pluie , joints aux vents en furie et aux tremblemens de terre , entraînent des hauteurs dans les enfoncemens les plus voisins, les couches de terre et de sal)le , bou- leversent toute la contrée et ne donnent qu'à peu de plantes le tems de prendre racine et de pros- pérer. Ce n'est que vers le milieu de Tété que l'herbe croît sur quelques pentes de montagnes. Les alentours de Val[)araiso sont presqu'exclu- sivement composés de Granit en variétés nombreu- ses. Il est, pour la plupart du temps , à gros grain, le Feldspath et le Quart/- y sont prédominans ; le premier, rouge de chair et gris, et formé en pris- mes qui atteignent quelquefois une longueur de deux pieds ; une paroi de rochers située non loin d'Almendral , sur le chemin de St.-Jago, est par- ticulièrement riche en gros cristaux de cette es- pèce. Néanmoins il est difficile d'obtenir de ces cristaux parce qu'à la suite de violentes révolu- tions , le Feldspath est le plus souvent changé eu Caoline. Le Mica noir et brun , en cristaux à six ^1 '■"'1 ï\ m ^ :4. r 8 I. CHU I. faces , de grosseur médiocre et entassés en nids , passe h l'état d'Argile et donne aux couches supé- rieures d'argile et de sable , d'une profondeur de 8 à 10 pieds , une couleur rouge et brune. Le Quartz est blanc et gris ; il est friable et par con- séquent il se réduit en sable au moindre coup. Le Granit h grains fins est plus compact et résiste mieux 'a l'influence des agens extérieurs ; on le trouve surtout dans les rochers qui sont plus rap- prochés de la côte. Cette variété prend souvent l'apparence de la Pierre graphique ; il s'y montre aussi , mais très-rarement , des cristaux d'Amphi- bole. Les deux variétés de Granit dont je viens de parler , sont , l'une et l'autre , coupées par des filons de Feldspath compact, et de Quartz ; la di- rection en est principalement N.O. , avec un angle d'inclinaison de 35 i' 40". Le Feldspath est d'un gris blanchâtre et atteint rarement une épaisseur de plus d'un pied et demi ; le Quartz , de couleur blanche, cristallisé ça et la dans les cavités inté- rieures , atteint au plus une épaisseur de 7 pouces. Sur les sommets des élévations , on voit la roche constituante des filons s'élever quelquefois de la couche d'argile en petites crêtes tranchantes ; comme masses homogènes et compactes, ces crêtes résistent mieux a la destruction ; elles sont cepen- dant traversées de fissures , de telle sorte que la 1* if w 1. CFIILl. 0 ■' I i ; roche se brise à un fuibh; coup de marteau. Les liions de Quartz contiennent ça et la de l'Epidote cristallisé et compact , mais il est tout aussi diffi- cile d'en obtenir un morceau bien conservé. La vue extérieure des environs de Valparaiso , tant en longeant les côtes que plus avant dans l'in- térieur a une distance assez considérable, indicpient une pareille structure intérieure. Quelques excur- sions me donnèrent l'occasion de m'en convaincre entièrement. Dans ces excursions je visitai nom- mément le terrain qui se trouve vers la vallée d(; QuiLLOTA, a une distance d'environ 9 milles al- lemands de Valparaiso, et où la ville de même nom est située. Le chemin €pii y conduit, se di- rige d'abord droit au N. , le long de la côte, en traversant les sept hauteurs nommées : Montes de siete Herrnanas (monts des sept sœurs) ; ces hau- teurs tombent abruptement du côté de la mer et forment autant d'anses. Après avoir franchi quel- ques élévations moins considérables, on arrive dans la plaine Vin a de la m ar; et en suivant la même direction le long de la côte , on se trouve , après une route de î) léguas , dans le voisinage de rembouchure delà rivière Concon. On tourne a'ors bientôt vers le IN. E. , et l'on parvient a un vaste plateau où, sur la droite, la vue de Tinté- rieur est cachée par une série de montagnes avan- 'iiL A W^ \n I. Çî m II' m '"k ! .'* 10 1. CHILI. cées. A partir du Nord ce plateau est borné par une ceinture de montap;^nes dans laquelle celle nommée Campana (la cloche), située au N.E. au- delà de la plaine ot haute d'enA'iron 2.500 pieds, se distingue par sa cime conique. Des autres côtés les montagnes sont moins élevées , mais elles com- muniquent plus ou moins avec la première ; les ramifications de ces montagnes s'étendent vers le N. E. du côté des Cordillères. A l'O. et au N.O., la rivière Concon se prolonge en plusieurs bras et se perd «lu S. O. dans les montagnes. En été cette rivière dessèche souvent presque tout-;i-fait, mais elle n'en devient que plus rapide dans la saison des pluies. Par tout le chemin , aussi loin que porte l'œil , on voit régner un caractère extérieur tout pareil a celui que présente Valparaiso ; même sécheresse, même infertilité ; on ne voit que ça et la des buis- sons bavS et quelques arbres h maigre feuillage. Près de Quillola la nature change déjà d'asjiect ; tout y verdit et y prospère au mieux; aussi cet endroit fournit-il à tous les environs toute espèce de nourriture et de rafraîchissemens, tant du règne animal, que végétal La structure intérieure est également la même; partout le Granit domine. Dans h; Nord de la vallée, il est traversé par un lilon de Griinslein compact (jui, épais de 3 pieds, i I " 1. CHILI. 11 ) prend sa direction vers le N.E. AuN.E. de la vallée, h une distance d'environ 30 legiias., se trouve la source de la rivière Concon. C'est aussi la qu'est le mont Aconcagua^ qui présente une masse conique, isolée et toujours couverte de neige. On dit que cette montagne se compose de Porphyre et que des productions volcaniques sont renfer- mées dans les galets qui la couvrent. Les tremblemens de terre sont à Falpamiso des phénomènes fort communs et (jui deviennent plus fréquens h l'approche de la saison des pluies. L'endroit le plus rapproché d(; Faliuuxdso ^ où l'on trouve du sable aurifère, est la capitale du Chili ^ St.-Jdgo. Après des pluies continues, ce sable se montre partout où la surface du terrain est bouleversée par les torrens. I 1,4 i> |t- f il r' r ■r*i 4 i •a^ 2. ILE BARANOFF OU SITRIIA. (Cote N. O. de l'Amérique.) L'île de Sitkiia s'étend du N. N.O. au S.S.O. sur un espace de 78 milles italiens ; elle a environ 190 milles de tour. Les côtes en sont découpées par im grand nombre de promontoires et de baies ; la plus grande de ces dernières porte le nom de Tile. Cette baie s'enfonce dans l'intérieur, sur le côté S.O. , h 14 milles ; la moyenne profondeur y est de 70 brasses. A l'ouverture de la baie se trouve une plus petite île qui renferme l'ancien volcan Edgecuinbc ; au S. O. elle est séparée de Sitkba par un étroit passage. Lorsqu'on entre dans la baie , ayant VEdgccunihe a sa gaucbe , on dé- couvre un tableau fort imposant. De tous côtés s'élèvent de liantes montagnes a pentes escarpées et ardues; ces montagnes ont, pour la plupart , (tu cimes coniques, de profonds ravins, et sont couvertes d'arbres. La vaste étendue de l'eau est parsemée d'une; multitude de petites îles parcnllc- ment boisées, en partie plates, en parli(; monta- gneuses et bordées d'écueils. Dans le fond, vers \v N. on voit Novo-ArkbangeIsU, boulevard des ilus- ses contre les Kaloclies, babitans de cette contrée, 'A ' \( ± ILEBARANOFFOUSITKÏIA. l.î «!l, sur la pointe du rocher nu, la riante habitation du Couunandant pour hi compagnie Russo-Amé- ricaine. Au S.E. du golfe de Sitkha, se trouve une autre anse , dans laquelle se déverse un lac très- poissonneux, qui a sa source au Nord et qu'on appelle le lac profond (Gloubokoc Osero) ; a son embouchure se trouve le fort Oserskoï - Rcdout (Redoute du Lac). Ce lac est à environ 8 pieds au-dessus de la surface de la baie ; il a environ un mille d'Italie de largeur sur 8 de longueur, et reçoit au N.E. la Robrovaïa Retchka (Rivière des castors). Des deux côtés s'élèvent de hautes parois de rochers escarpés ; celles qui se trouvent au S.E. sont nues, mais celles du N. sont couver- tes de bois épais. L'extrémité vS. O. de ce lac est séparée de l'anse par une étroite bande de terre oïl , non loin du rivage , jaillissent quelques sour- ces chaudes. Au S. O. de la forteresse Novo-JrMiangelsk se trouve le Mont du port (Gavanskaïa Gora) , haut d'environ 800 pieds et h la base duquel est un autre petit lac d'eau douce. A TE. est la montagne ri'rsfovnïa^ la plus élevée de l'île ; elle a deux ci- mes coniques séparées [)ar un petit ravin ; la plus élevée de ces cimes est en pointe et atteint une hauteur d'environ 3.000 pieds ; Tautre est arron- die. Au ])icd de cette montagne coule la rivière ■m t\ 1^' r, ;. ( 14 ± ILE BARANOFF OU SITKIIA. U 4 des Kalochcs, qui a sa source h l'O. et qui se jotle dans la J)aie. Les roches prédominantes a la haie de Sitkha , et qui en constituent les alentours , sont : leTrau- niate et la Phyllade. Le premier est , le plus sou- vent , à fin grain et se présente comme masse ho- mogène de couleur grise ; d'autres fois néanmoins, les parties constituantes augmentent en volume , et la roche prend Tapparence d'un conglomérat ; on reconnaît distinctement le Quartz , le Pétrosi- lex noir, la Pierre cornéenne et le Syénite , qui sont liés par une pâte silicieuse, de sorte qu'il est difficile de détacher un des morceaux par l'action du marteau. Cette roche forme des couches ou de grosses masses et se sépare en tahles parallélipi- pèdes, et en morceaux prismatiques : elle ren- ferme surtout heaucoup de fissures dont les parois intérieures sont couvertes de fer oxidulé ; par la décomposition de cet oxide les surfaces extérieu- res paraissent assez souvent jaunes, brimes et rou- geâtres. La Phyllade est enfoncée en bandes et en nids dans le Traumate , ou bien elle alterne avec celui-ci ; dans ce dernier cas la direction commune est N. E. , et l'inclinaison de ces roches est sous un angle de GO a 70 degrés vers le S.O. Auprès du lac profond , non loin du Fort, le Syénite gra- nitique parait dominant; il forme Tcntourage des ; i .*..» i ± ILE BARANOFF OU SITKIIA. If) '■ ' deux rivages ; à rextrémitc'; N.O. , le Traumalc se trouve en couclies épaisses sur le Sit';nite ; ce Traumate devient , vers les cimes des montagnes, toujours d'un grain plus fin , et prend ça et là une structure porphyriquc. Sur l'étroite bande de terre qui sépare le lac de la baie , on voit se rencontrer du Siénite et du Traumate qui contient en cet endroit de petites feuilles de Mica ; la première de ces roches s'approche du lac , la seconde du ri- vage de la baie, et c'est de celle-ci que jaillissent, à environ 200 pieds au-dessus de l'horizon de la baie, trois des sources chaudes dont j'ai parlé. On a pratiqué des rigoles et des bassins pour recueil- lir l'eau de ces sources, qui est employée avec beaucoup de succès , par les indigènes , aussi bien que par les colons russes , contre la goutte et les maladies cutanées. La température moyenne de ces sources est de 53" R. Elles sont tellement abon- dantes en soufre , que , non seulement une forte odeiu' se répand h une distance considérable, mais que les rigoles se couvrent en peu de tems d'une épaisse écorce de soufre , qui se laisse facilement détacher. VEdgccunihe ou Mont St. -Lazare^ est à 12 mil- les italiens vers le N.O. do Novo-ArkhangCàsk , et atteint une hauteur de 2.800 pieds. Jusqu'aux deux tiers de sa hauteur il est coupé par de profonds m m II ??i v:.tl II, n i 16 ± ILE BARANOFF OU SITKHA. m ■'X\ l ■■.il '•avins ot couvert des forêts les plus (';paisses. Le sommet, (jiii <^st aplati , montre un grand bord de cratère qui , présentement , enferme im lac dont le tour doit avoir G milles italiens. En 1790, il je- tait encore des flammes et de la fumée ; mais, huit ans après , le capitaine Lisiansky monta sur son sommet et le trouva déjà en repos. Le pied de cet ancien volcan est, a TE., au S. et au N. , immé- diatement baigné par les vagues de la mer qui ont creusé dans la roche , dessillons, des trous, des grottes et des crevasses très-profondes, ce qui donne au rivage un aspect horriblement ravagé et déchiré. En quelques places isolées, on voit une marge étroite de sable gris mêlé d(! grains d'Oli- vine ; elle est couverte de gros amas d'algues épais- ses , production qui abonde d'une manière toute particulière dans la mer des environs de Sitkha. Cette roche consiste principalement en Basalte porphyrique compact et poreux; le premier est riche en beaux grains d'Olivine et se divise , en quelques endroits , en petites plaques régulières et prismatiques; le dernier présente souvent une masse plus ou moins scoriliée , remplie de cristaux de Feldspath vitreux. Des galets de scories, d(^ Pierre ponce , de Pechstein et de masses argileu- ses , se trouvent partout dispersés et deviennent plus nombreux h mesure qu'on s'approche du som- " i M n. V 2. ILE BARANOFF OU SITKHA. 17 met. Dans les enfoncemens des ravins, on trouve, en outre, des blocs de Traumate et plus rarement de Syénite granitique. Je ne pus réussir h attein- dre le cratère ; des pluies continuelles et le man- que d'une escorte suffisante m'en empochèrent. A rO. de l'Edgecumbe s'étendent encore deux montagnes remarquables ; elles sont arrondies et tout-a-fait boisées. De ces montagnes part , dans la direction du N. O. , une chaîne dont la haut(;ur diminue vers la mer. [V.l âV 5. ILES DE LA MER DE BETIRf]N(; ILES ALEOUTIENNES. La partie nord-est de l'île (VOnnalachka est cou- pée dans tous les sens par les chaînes de Vcssc- lovskj^ de Bohwv et de Kochigicinc dont les cimes se distinguent par leur forme tantôt arrondie tan- tôt dentelée , et dont les flancs sont sillonnés de ravins. Ceux de leurs côtés qui regardent le nord et le nord-est sont partout plus escarpés ; les som- mets sont tout-;i-fait nus, tandis que la côte et le pied des montagnes sont revêtus d'une végétation touffue, dont la verdure contraste singulièrement Tome III. 2 I'.' ; ê: . !?■■;: i-î'^- 18 3. ILES DE LA MER DE BEHRING. m .ivec quelques hauteurs arides , couvertes d'énor- mes masses de neige qui souvent ne fondent même pas en été. Dans la partie septentrionole de l'île , qui sépare le golfe du Capitaine de celui de Ma- kouchinc^ on voit s'élever au-dessus des monts de Vessélovsky le volcan appelé Makouchinskaïa- Sopka. Son sommet est uni, mais sa côte occiden- tale est très-rapide et hérissée de pics aigus, par- mi lesquels le plus oriental forme en même temps le point le plus élevé de Tiie. Il a 856 toises (5474 p. angl.) de hauteur, et se trouve a 10 lieues au IVord de la rade du Capitaine. Par mer la distance est de 34 lieues, ainsi l'on peut y arriver en canot dans l'espace d'une journée. Il y a encore un intervalle de quatre lieues du bord de la mer à la montagne, \ l'anse du Capitaine , la roche dominante con- siste en Argile endurcie , d'un gris cendré , avec de petits cristaux de Feldspath vitreux, ce qui rend la roche porphyrique et, par la structure schisteuse, la fait ressembler au Porphyre schisteux. Cette roche est disposée en couches et offre des séparations en tables minces. En général elle est fortement décomposée , ce qui fait que la couleur passe jusqu'au blanc. Parmi les galets qui sont répandus sur le bord étroit du rivage, des deux cotés de l'anse, on trouve fréquemment les roches suivantes : une Argile en- i l i !r ' 3. ILES DE LA MER DE BEHRING. H) durcie et jaunâtre avec beaucoup de petits cristaux de Pyrite de fer ; du Jaspe rouge , brun et vert ; de l'Argile ferrugineuse rouge et bleue , compacte et poreuse , dans le dernier cas avec beaucoup de nids de terre verte ; du Pétrosilex noir ; du Man- delstein avec des nids de Spatb calcaire et de terre verte ; du Porphyre argileux avec des cristaux de Feldspath commun ; un Porphyre semblable plus silicieux , avec des cristaux verts de Feldspath et des veines de Quartz et de Jaspe ; du Porphyre de Jaspe vert ; du Porphyre argileux vert , avec des cristaux de Feldspath et de Pyroxène ; du Grès a fin grain , contenant quelquefois des grains de Quartz transparens. Sur le côté N. E. de l'anse Lévachoff , sont des masses considérables de Syénite granitique passant h l'état de Gneiss; sur le côté S.O. d'Ounalachka, ce Syénite s'étendant en grosses roches, doit, d Câ- pres l'assertion des habitans , former le rivage de la mer et être recouvert par ime autre roche schis- teuse. Sur le rivage oriental de l'île Amakhnak se trouvent , outre ces roches , encore beaucoup de galets de Basalte avec du Pyroxène , ça et la avec de rOliv?ne ; je ne trouvai cependant nulle part ce Basalte dans les montagnes mêmes. A l'extré- mité S. O. de cette île se présente à nu une paroi de rochers où , sur un espace de quelques centai- f il m M .1'} t S/' I 20 ;i. ILES DE LA MER DE BEHRING J\ I i A: m ' '■■ïV' nos de pas, les roches elianj^ent eontiniuîHemenl, ou en passant de l'uni; U l'autre , ou en se trouvant séparées les unes des autres par des veines étroi- tes. De l'Argile ferrugineuse , de la Pierre cor- néenne , du Jaspe, du Porphyre argileux, du lîa- sallo poreux plus senihlahle îi une lave hasalticpie, avec des nids de Zéolitc et de Spath calcaire, tous plus ou moins fortement conglutinés par une pâte d'Argile ferrugineuse , telles sont les roches que l'on voit principalement. Les veines qui traversent ces différentes roches sont plutôt d'une composi- tion silicieuse ; ce qui fait qu'on trouve assez sou- vent dans les cavités, de petites druses de cristaux de Quartz. A ces roches s'attache de la cote de l'E. du Schiste porphyrique; la ligne de séparation est presque perpendiculaire; plus vers le S., se mon- tre de l'Argile ferrugineuse endurcie. A rO. du volcan Makouchinski , doit être une montagne qui renferme une roche stratifiée molle, mais qui exposée à l'air devient très -compacte. Quelques morceaux isolés que j'en pus voir, me parurent être un Tuf composé de Rapillis; ils contenaient tous de petits grains d'une substajice verte , transparente et vitreuse, parfaitement sem- blable h l'Olivine, et des cristaux de Pyroxène ; les Aléoutes s'en servent pour construire des fours. Non loin de ce volcan , sur le côté oriental d'un lac , les rSfi ;i. ILES DE LA MER DE BEHRING. 21 i ] /Vléoiitfis lirciitdit Succin trunc paroi de montagne. Los treniblemens de Kirre et les détonations sou- terraines semblables au bruit canon, sont ù'6- (|uens a Ounalaelika , et trou j,. 1 souvent les ha- bitans qui , les prenant pour des signaux, vont en mer, s'imaginant y rencontrer un bâtiment. Ces phénomènes ont ordinairement lieu depuis le mois d'Octobre jusqu'en Avril; ils sont plus rares en été. En 1820, au mois de Juin, eurent lieu deux violens treniblemens de terre pendant lesquels le Makoucbinski jeta des flammes. Ce volcan fournit aux Aléoutes beaucoup de soufre dont ils se servent pour allnmer du feu. Dans les environs se trouvent de nombreuses sour- ces chandes. L'île Akoutnn est montagneuse et elle a un volcan qui de temps en temps jette de la fumée. Le cratère en est situé sm* le côté : les Aléout(!S y prennent du soufre. A un promontoire escarpé , on voit des couches parallèles, coupées par des veines per- pendiculaires. 11 se trouve dans celte île quelques sources chaudes. Vile Akoiin [)ossède des montagnes parmi lescpiel- les il y en a une, située sur la ( ote N.O., qui jette périodiquement de la fumée. Dans le voisinage sont phisieiu's sources chandes. On dit qu'il y a dans celte île des combes de Charbon de terre. ï l 1'' : ■ *\j .f%- â2 3. ILES DE LA MER DE BEHRING. L'ik Ounimnk^ la plus septentrionale de cet ar- chipel est, dans sa direction principale du S.O. au N.E. , coupée par deux séries de montagnes qui cou- rent parallèlement , et dont Tune se distingue par les trois montagnes Chichaldinnskàùi, Nosqfskaïa et Pogrwnnaîa. La première est située presqu'au mi- lieu de l'île ; elle a la forme d'un cône parfaitement régulier et s'élève k 1.263 toises; au milieu du som- met on voit un cratère qui est en activité conti- nuelle. La situation des autres volcans d'Ounimak ne nous est point jusqu'ici exactement connue. Vers le milieu du mois de Mars , en 1825 , la crête d'une chaîne de montagnes dans la partie N.E. d'Ounimak, sur le détroit d'Issanakli, s'ou- vrit et vomit une longue rivière qui se dessécha l'année suivante , et en outre , une énorme quan- tité de cendres sous lesquelles faillirent périr les Aléoutes qui allaient du village de Chichaldinsk au détroit. On entendit k Ounalachka , pendant des journées entières, des détonations semblables k des coups de tonnerre. Jusqu'alors il n'y avait sur l'île Ounimak que le seul volcan Chichaldinski, qui jetât des flammes ; depuis cette éruption , il n'en sort plus que de la fumée ; et le nouveau cra- tère lance continuellement des cendres blan- châtres, qui tombent sur les canots qui passent auprès , s'insinuent dans le nez , la bouche , les 3. ILES DK LA MER DE BEIIRINC;. 1>3 par ïa et • 3'eux , les oreilles des gens , et leur oecasîoniienl un violent mal de tête. En 182G, le 11 Octobre a 10 heures du soir, eut lieu une terrible éruption de cendres, au milieu de Tile Ouniniak , dans une plaine entre les montagnes. Au milieu de trem- blemcns de terre continus , il y eut ime telle pluie de cendres que , pendant plusieurs jours entiers , les habitans du village Cbicbaldinski furent privi^s de la lumière du jour, et passèrent ce temps U la lueur des torches , dans leurs maisons dont ils avaient bouché les portes et les fenêtres. Toutes les îles environnantes fiu'ent couvertes de ces cen- dres et souffrirent ime perte irréparable. Un vio- lent vent d'O. qui survint , poussa la cendre vers la presqu'île Aliaska où Ton se trouva également en beaucoup d'endroits , plus de deux jours dans Tobscurité. Cette pluie de cendres dura, avec des interruptions, jusqu'au 28 Décembre ; elle recom- mença avec toute sa violence en Janvier 1827: en Mai , sur le volcan Cbichaldinskoï , s'ouvrit un nouveau cratère , un peu plus a TE. de l'ancien ; et ce dernier continua a vomir des flammes. En Novembre et enDécend)re 1830 (*), celte mon- tagne fit entendre de nouveau de violentes déto- nations , et lorsque les épais brouillards dont elle 'V\ t. (*) I,es notices postérieures à r.ninéo 1828 sont tirées du ma nuscrit du Père Jean VénianiinofT à Ounalaclika. ■ li: ;/ ■ -M îfi m\ w '. .vu ■* ;l 24 3. ILES DE LA MEB DE BEHRING. ('tait environnée, se turent clif^sipés, on s'aperçut qu(^ toute la neige (jui depuis long-temps se trou- vait dans les profondeurs des ravins, avait disparu. Dans le même temps, sur les côtés IV., S. et O. du volcan, du sommet jusqu'au pied, il s'était formé (les crevasses dans lesquelles du feu se montrait de temps en temps. Les crevasses du côté septen- trional jetaient des étincelles et des Ibmmes. En 1831 les crevasses se sont refermées. On trouve îi Ounimak une foule de sources chaudes. Maintenant les tremblemens de terre sont plus rares qu'autre- fois. Par places on trouve de la Pierre Ponce , des Scories , et pres(|uc partout des masses de pierres »{ui portent l'empreinte d'un(; a( tion volcanique. A Textrémité septentrionale de file Ounmak ^ eut lieu, le 1"^' Mars 1820, une éruption durant laquelle la c(!ndre fut portée jusqu'à Ounalaschka (^t à Ounimak. Un fort tremblement de terre ac- < ompagné d'une terriiile tempête du S. O. , jeta l'épouvante parmi les hahitans dX)iuialas( lika. Au point du jour on trouva la terre couverte de cen- dres , a la hauteur d'un pied et plus dans certains endroits. Le ruisseau qui couh; au bas de f'Etablis- sement à Ounalaschka, en était rempli, (ît la mer m(*me paraissait trouble. Aprîîs (ela, il n'y eut point de poisson durant presque toute ime année et l'on rencontra même des baleines plus rarement >« i "t^ Ki;i ' ' s 3. ILES DE LA MER DE BEHRlN(i. 25 qu'il 1 ordinaire. Non loin de la place où cette éruption eut lieu, les Aléoutes recueillent du Suc- cin qui est renfermé dans inie terre friable , la- (pielle couvre une pente escarpée. Le pied de cette pente est baigné par un hiv. Les Aléoutes étendent des peaux sur des canots liés les uns aux autres , ils font ébouler la terre des hauteurs , et en tirent ensuite le Succin. On voit encore présentement s'élever d'épais- ses colonnes de fumée, d'une chaîne de montagnes, le long du côté N.O. , où, en 1821, eut lieu une explosion. En 1830 , h l'extrémité S.O. , une petite mon- tagne conique fut en éruption , et jeta encore de la fumée ([uelque temps après. 11 y a h Oumnak beaucoup de sources chaudes ; il quelques-unes d'entr'elles î ^ température est si élevée que les poissons peuvent y être cuits. Dans un ravni, sur le coté N. , une de ces sovuxes est remarcpiiible en ce que, dans l'espiice d'une heure, elle perd quatre fois son eau et se remplit de nou- vciui , l'eau jaillissant en jets de deux pieds de hiuiteur. Avant chaque nouvelle afïluence de l'eau, on entend un iuniit souterrain. On dit que, depuis 1828, le nombre des sources chiuides s'est augmen- té. De l'Obsidienne et du Porphyre (?) doivent se trouver, sur le côté N. O. , dans les ravins des '7.: V-.i'l If- h. '■'m i^Ê ,1' :) l^\: iM'- h\ ■'Vf', •■f-n 26 3. ILES DE LA MER DE BEHRING. montagnes et sur le rivage ; la première en gros- ses masses. Au pied du mont Vscvidovski^ tout le rivage se compose de Granit ; ce n'est que ça et là qu'on voit des masses de pierres attaquées par le feu; mais tout le rivage N. E. de Tîle est couve. l de productions volcaniques. En Novembre 1823 (selon d'autres en 1824) un volcan qui éclata sur Vile de Younaska , en chan- gea entièrement la face. Une épaisse fumée sort toujours du cratère. On dit qu'anciennement dans Vile Ounga^ ? 'T. de la presqu'île Aliaska , ont eu lieu des phéno- mènes volcaniques. Cette île est montagneuse , mais les élévations n'y sont p.is considérables. On me montra un morceau de bois pétrifié , des cris- taux de Quartz isolés , et qjielqucs morceaux de Charbon de terre provenant de cette île: on dit que la dernière de ces productions s'y présente en couches étendues , dans l'anse ZakharofF. La presqiCîle Aliaska est traversée par trois sé- ries de montagnes qui portent les noms de Mor~ jovski^ d' Ivanqf et de Pavlof. Dans la dernière se trouve un volcan de même nom qui, en 1825, s'est ouvert de nouveau et annonce, dit -on, jus- qu'à présent sou activité intérieure , par les co- lonnes de fumée qui en sortent. Un autre volcan se trouve dans la partie N. E. de la presqu'île; il \ ' .1 ii ■> 3. ILES DE LA MER DE BEHRING. 27 a la forme d'un cône régulier, et l'on dit qu'il surpasse en hauteur le plus élevé des volcans d'Ou- nimak. Le côté occidental de la presqu'île tombe h pic du côté de la mer, et montre , h une hauteur de 300 pieds , des couches parallèles dans lesquelles doivent se rencontrer en multitude des coquilles fossiles bivalves ; je n'ai pu apprendre quelle est la composition de ces couches. A l'un des promon- toires , se présente un Grès fin et compact dont les indigènes se servent comme de pierres à ai- guiser. M. Kastalsky, naturaliste sur la corvette le Moller, a apporté de différens endroits des ri- vages de la presqu'île Aliaska, les productions suivantes : des Scories volcaniques , de la Pierre Ponce , du Sable ferrugineux , des galets de Chal- cédoine , du Quartz hyalin blanc , du Jaspe , du Siénite, du Granit, de la Serpentine, du Porphyre de différentes variétés , et du Grès. L'Archipel des îles Aléoutiennes ne peut être considéré autrement que comme une série d'îles , restes d'un pays qui autrefois se serait étendu de TAmérique vers TO. , et qui en aurait été violem- ment séparé ; des forces volcaniques et des courans ont pu avoir une parî égale a cette catastrophe. m m r- )^''' fi? / \ ili'.' 28 3. ILES DE LA MER DE BEHRING. il Jt La presqu'île Aliaska est une bande de terrain étroite et longue qui a la même direction que les plus grandes îles de cet archipel ; la plupart de ces îles s'étendent vers le S.O. et en pointe. Cette dernière circonstance ne doit pas être passée sous silence lorsqu'on s'occupe de l'origine de la forme de ces îles ; elle conduit évidemment à supposer ]"''me force destructive a fait sentir son action tu * 0. au N. E. , action par laquelle les masses déjîi séparées ont été , pour ainsi dire , aiguisées. Les forces volcaniques annoncent présentement encore leur activité dans l'iniiérieur d'un foyer qui , probablement , a la même direction que les îles ; car plusieurs de celles-ci possèdent des vol- cans. Quelques îles plus petites, telles que celles du groupe Tchetiresopotchnrâ'n , sont de véritables cônes d'éruption , postérieurs à la scission de la terre ferme. La petite île Jgachngokh ou Jean le Tlicologue^ décrite par MM. Krusenstcrn, Langs- dorf et le D'. Stein, et qui, en 179(5- parut à la surface de la mer, accomp.ignée de fumée et de vap(;urs sulfureuses et aqueiises , offre en petit un semblable phénomène. D'autres îles pareilles peu- vent bien s'être enfoncées plus tard sous les eaux. Du côté de l'Asie, au-delà du 180" de long. CireenAV., les îles de cet archipel sont moins nom- breuses el moins rapprochées les unes des autres. > 4 1 ■; i ] 3. ILES DE LA MER DE BEHRIÎ^G. 2î) Il paraîtrait de lli que le centre de l'activité vol- canique est plutôt dirigé vers la côte de l'Améri- que et dans la direction si souvent répétée a la surface du globe , S.O. etN.E. On peut reconnaître qu'au contraire l'action des Ilots a toujours été plus violente vers la côte d'Asie. Les lies Behring et Mcdnoï forment , pour ainsi dire, le nœud entre les îles Aléoutiennes et le point le plus septentrional où , sur la côte N. E. de l'A- sie , a lieu l'action volcanique ; car la ligne droite qu'on tire en idée h travers la partie occidentale de cet archipel, coupe les îles que nous venons de nommer, et rencontre le volcan Klutchefskoï dans le Kamtchatka. Néanmoins la nature de tou- tes ces îles demande encore a être approfondie pour la confirmation de cette hypothèse. Il n'est pas encore prouvé que des productions volcani- ques se trouvent dans les îles Behring et Mcdnoï , et , en général , tout l'archipel des îles Aléoutien- nes est a peu près inconnu sous le rapport géo- logique. ILE SAINT-GEORGES. m !* .! ■ ' l'ii r«i !'■■'';■ ' il?. m ¥'■■'1 I: Si/"' *^M 4' . tj..... . 1 . , Cette île s'étend de l'E. a TO. sur un espace de Ki milles italiens. La plus grande élévation -■J .K) 3. ILES DE LA MER DE BEHRING. %m i^i-iffl est à peu près de 1014 pieds anglais. Les riva- ges sont fort déchirés , en partie plats , en par- lie escarpés, et d'une hauteur qui va jusqu'à 150 pieds. Les anses s'enfoncent peu dans l'inté- rieur, ce qui fait que les vaisseaux ne peuvent trouver nulle part un ancrage sans danger. Sur les parois de rochers nues , on voit distincte- ment la disposition en couches parallèles de la roche qui est traversée par beaucoup de fissures perpendiculaires et obliques. Les cimes des mon- tagnes , les profondeurs des ravins et les rivages sont couverts de galets; mais l'herbe croît sur quelques pentes et sur les collines ; on trouve par places duSalix rampant. Un Aléoute qui, bravant la fureur des vagues, s'était hasardé h approcher de notre vaisseau, me donna, sur la prière que je lui er fis , une pierre qu'il avait prise sur le rivage oriental , et qui lui servait de lest. A la surface , ce galet était décomposé et ne pouvait par consé- quent être reconnu de suite ; la cassure me mon- tra un Basalte compact à fin grain avec de beaux grains d'Olivine. M. KhlébnikofF dit que cette île est composée de Granit et de Gneiss. i '. -.*' m^ A . COTES DE LA TERRE DESTCHOUR TCHIS. IL' m" w %ï i Le 15 Juillet 1828 nous nous trouvâmes en vue tics deux continens , celui d'Asie et celui d'Amé- rique , a une distance de 20 milles italiens du pre- mier et de 50 du second. Les côtes situées a PO. offrent l'aspect de collines élevées et arrondies , et , h distance derrière ces collines , s'élèvent de hautes chaînes de montagnes couronnées de cimes pointues, tranchantes et neigeuses, et se dirigeant vers le N.E. Vers TE. les côtes étaient environ- nées de brouillards , mais on pouvait y reconnaître beaucoup d'élévations. Le même soir nous vîmes les îles de St.-Diomède^ qui, se dirigeant du S. E. vers le N. O. , se trouvent presqu'à égale distance des deux continens et sont de même élevées. Les deux continens n'auraient-ils pas été joints autrefois , et les îles de St.-Diomède ne seraient- elles point les restes d'une puissante jetée déchi- rée par la violence des eaux , et qui conduisait des côtes de l'Amérique à celles de l'Asie? Ce doute sera levé après un examen approfondi de la construction intérieure des côtes situées en re- %■;:■ ■fei' ^:\r- M 32 4. COTES DE LA TERRE j!;ai'(l. Le professeur Ks( liscliol/ a l'apporté (h; la haie de Kolzcîbiie , de la IMerre calcaire îi gros grains avec du Mica hlanc ; cette roche corres- pond parfaitement a celle (pi'il a trouvée et ([iie j'ai moi-même recueillie dans la haie St.-Laurenl. Peut-être découvrira -t-on par la suite un plus grand nombre de rapports encore. •*i ■ * ■ t,l m ui :'1^ I Baie St. • Laurent. Au fond de la baie de St.- Laurcnt s'approche ime série de montagnes éle- vées et pointues, qui porte tous les caractères des montagnes qui traversent la terre desTchouU- tchis de TE. a l'O. et qui s'attachent a la chaîne, de Slanovoï. Cette série ne s'étend qu(! j'usqji'îi la moitié de la haie où elle se perd en collines h pente douce , dont la plus grande hauteur n'ex- cède pas 400 pi(;ds. Le manque de temps fut cause que je ne pus m'éloigner beaucoup du vaisseau ; il fallut me contenter des galets épars sur le sa- ble des rivages les plus rapprochés , parce que , nulle part dans le voisinage , le rocher n'était à découvert. Les galets consistent en Syénitc , en Syénitc granitique, en Gneiss, en Schiste micacé, en Quartz et en Pierre calcaire. Cette dernière , qui varie de structure et de couleur , contient souvent du Graphite et du Mica blanc : la variété •' l a- "lé DKS ICHOlIKTCmS. .'W à fins grains de ccttt: roche est un lieaii mai'hre. Du Pyrite de fer en cristaux <:ubi(jues, est sou- vent reufernié dans les premières de ces roches. La superficie d«;s collines est tout-ii-1'ait dépouil- lée , et p 'ésenti; des r-^J: :.tl M' I; (il, 'M' ■ < V ; 't I j 1 ,1 «:U .-.II- ■ . +.. ■( I i.^' : **■ I 1 rf ^"i»'. . « fil»: 34 4. COTKS DE T. A TERRE petits lacs et de marais, on voit au loin de liants sommets neigeux et des crêtes allongées qui se rattachent aux chaînes principales lesquelles se dirigent vers le iV. O. La grève saillante et le rivage septentrional op- pose de rîle Arakamtchetchen , procm'ent a la mer le passage ci-dessus mentionné, où se verso le llenvc j\Iarit< h, après avoir serpenté , en ve- nant du N. , dans une vallée. Du côté de TO. et du S. , la cote environnante est garnie de mon- tagnes escarpées qui sont coupées irrégulièrement par des vallées. Les montagnes situées vers TO. paraissent plus arrondies ; celles qui sont vers le S. O. et le S. sont, au contraire, conicpies, ai- giies et en crêtes tranchantes et déchirées. Les pentes de ces montagnes se précipitent a pic vers le N. E. et le N. , et, pour la plupart du temps, la roche y est a découvert. La plus grande hau- teur des montagnes qui environnent le détroit, dépasse h peine 1500 pieds. Souvent elles sont jointes aux hauteurs les pli'S voisines par des crê- tes étendues et découpées qù , se courbant en di- verses directions , forment des bassins ouverts et remplis de neige , qui donnent au paysage un ca- ractère tout-a-fait particulier. Sauf quelques ex- ceptions , on peut regarder comme règle générale que les ouvertures des bassins sont tournées vers .' ! ■; •v ai- crc- DES TCHOUKTCHIS. .35 le N. E. et le N. La superficie des montagnes est privée de toute végétation ; celle-ci ne paraît , comme végétation alpine , que sur des pentes l)as- 868 et sur quelrpies langues de terre couvertes de tourbe , qui doivent leur naissance au gravier ap- porté par les flots agités par les torrens. -' Les séparations prismatiques et parallélipipè- des , plus ou moins régulières , des roches consti- tuantes , forment des excavations et des intersti- ces qui sont remplis par Thumidité continuelle de ces lieux, laquelle aux changemens de saisons, opère sur ces roches plutôt une scission qu'une décomposition. Il arrive de la que des colonnes ou des plaques semblables , souvent d'une dimen- sion énorme , sont arrachées ou par leur propre poids, ou par la force des eaux de neige, ou en- fin par les tempêtes qui sévissent toujours en ces parages , et couvrent les montagnes de leurs sommets jusque dans les enfonccmens les ])lus bas. Ces masses entassées à côté les unes des autres et les unes sur les autres, s'offrent aux yeux de Tob- servateur comme d'antiques ruines et comme des fortifications , et cela sous des formes si bizarres , que l'on serait presque tenté de douter si elles n'ont pas été assemblées par la main des hommes. Les rivages consistent en fragmens et en gravier ; le Sable et l'Argile sont de rares apparitions , quoi- m i pi II t Ai S U'i-'' m. m. m ■:':l '■'■m^ m. il : ». '-:•?>■ ■I ^ii m 4 COTKS l)l<: LA J KURI<: .jl. que les roch(!S que Ton trouve; ici soieut Irès-pro- prcs à les produire. Ou u'en reucoutre que daus les profoudciu's de la mer. Daus les endroits où les Ilots se brisent contre les rivaj>es, les petits içalcts forment du («ravier, et celui-ci couvriî aussi loutes les places basses où la mer doit arriver dans le temps des liants llux ou dans les saisons ora- geuses. ... ,;• ;. ;.; . .;. ,;,! , . ;; ; . ; , . . 1 . En suivant le rivage occidental de l'île Arakam- chetclien , je rencontrai partout des galets et de grosses masses de Syénite-grauitique arracbées des parois enviroimantes : ce Syénite porte, jusqu'à la moitié de la bauteur totale de l'île, l'emprt " d'une structure semblable. Le Feldsj)atb blai.^ „„ le Feldspath rouge sont dominans; suit du Mica brun -foncé et noir en tablettes à six faces; puis de l'Amphibole eu cristaux longs quelquefois d'environ huit lignes. Plus près de la { ime , le Feldspath et le Quartz sont gris ; le Mica aug- mente , chasse enfin l'Amphibole et passe ainsi au Granit pur. Sur la pente de la partie septentrio- nale , je trouvai , en certaines places , du Granit à grain fin et rougeàtre , où le Feldspath et le Quartz étaient plus intimement unis; il prend des cristaux d'Amphibole en forme d'aiguilles et devient porphyrique par quelques cristaux de Feldspath. A en juger par la position des frag- DES i'CHOUKTCJilS. 37 i mens Impars à la siirtace , cette variétc; me parut observer une direction dt'îcidcîe , mais (juon pou- vait aussi pen suivre cpie le passage de la roche principale , parce que de grosses masses entassées les unes sur les autres , dérobaient tout aux re- gards. Vers Textrémité S.O. du rivage, s'offrent des galets d'une rocbc schisteuse qui , coupant vers le N.O. le Syénite - granitique , se montre bientôt siu* les rochers. C'est un Gneiss gris qui se détache en petites plaques et qui est d'une structure schisteuse et fine •, des veines de Quartz le sillonnent dans toutes les directions. Se dirigeant vers le IN.E. il tombe sous un angle (! 15** et occupe un espace de 65 pieds de largeur. A cette roche se réunit de nouveau le Syénite granitique dont nous avons parlé •, mais a une distance de 10(J pieds, il est de nouveau interrompu par im Gneiss de même structure , qui , s'étendant parallèlement au premier , a une largeur de 90 pieds. Le Syé- nite granitique occupe de nouveau sa place et se précipite alors par escarpemcns dans la mer, ce qui me força d'escalader la paroi pour atteindre à l'extrémité méridionale de l'île , où je présu- mais trouver un changement dans la roche , par- ce que l'extérieur ne s'accordait pas tout-a-fait avec celui que j'avais vu jusqu'alors. .l'atteignis d'abord une < rète de rochers dépouil- i'v '; - 'm ■■:.t| *■■■ f;l ■,.»■•■ t'' |r 11 I 38 4. COTES DE LA TERRE '4: ;•* lée , haute de 40 pieds. Là se montra de nouveau le Gneiss contenant plus de Mica. Les laines de Mica se prosentent alternativement avec le Feld- spath et le Quartz. Ces minces couches se dirigent vers I, N. O., se courbant par places vers l'O. , et tombant auN. E. sous un :.ngle de 60". En cet en- droit la côte se précipite dans la mer poussant vers le S. O. une langue consistant en Gravier et nommée Pagueliane^ qui, avec la pointe méridio- nale de l'île Verguine ^ forme ime petite anse. En suivant la direction des couches de la crête de rochers vers le S.E., le Gneiss qui la forme devait atteindre la pointe méridionale , ce qu'en effet je trouvai bientck. Je me fis transporter à l'autre bord et je vis la crête s'étendant a 400 toises du rivage , entièrement composée de Gneiss, visible- ment coupé par le Syénite-granitique. Cette der- nière roche se prolonge vers l'E. et le N.E. , et montre en quelques endroits un penchant à se mettre en couches , d'où elle passe au Syénite- Granit-Gneiss. La partie orientale de l'île est plus basse , surtout vers le N., où un fond marécageux est couvert par un grand nombre de flaques d'eau stagnante. Une langue de terre plate et couverte de galets , forme la pointe orientale , nommée Ki- guinine. La partie septentrionale est de nouveau élevée et se termine en une paroi escarpée de 4 Ë'A DES TCHOUKTCHIS. 39 Granit qui se précipite immëdiatemenl dans la mer. L'île Ittigrann est pareillement haute , coupée en diverses directions par des vallées dont l'une , qui se courbe du N. au S., la traverse tout entière. De tous côtés le rocher se montre en parois escar- pées. Le Syénite- granitique est ici , dans toute la masse , d'un grain plus fin , et prend une appa- rence porphyrique , en même temps que les cris- taux de Feldspath deviennent plus distincts. Du Schiste argileux , du Schiste micacé , du Quartz et de la Pierre calcaire blanche et a gros grains , sont répandus en galets sur les rivages. Le man- que de temps pour me livrer a des observations plus profondes, me laissa dans l'indécision relati- vement a leur gisement. En passant devant le côté oriental de cette île , je remarquai une structure en couches , où des couches différentes , placées a côté les unes des autres ou les unes sur les autres, traversent la roche principale , et couvrant une pente dirigée vers le S. , paraissent s'incliner dans la vallée qui se perd vers l'O. A la pointe S. E. , s'offre le Granit pur a gros grains et de couleur grise. Le côté occidental consiste en .laspe-por- phyrique d'un bleu de lavande , avec des cristaux blancs de Feldspath et des cristaux gris de Quartz. A partir du promontoire du Continent opposé , j'.:'- ,* ..';t. ■j w ^ M m. 1;: ■!"C'' 1! I I, ii'i 'il, ' i n n^ .W'"..' 40 4. COTES DE LA TERRE (|ui l'onne rextrémîté de Tentrée méridionale dans la baie , le rivage se dirige vers leN.O. et partout se montre le Syénite granitique. Près de la mon- tagne Elpinguine^ vis-à-vis Textrémité S. O. de Tile lltigrann, Textéricur indique un changement de roches ; car ce ne sont plus des fragmens en grosses niasses parallélépipèdes , mais du gravier et de petits galets qui couvrent les pentes. Au S. de cette montaane s'étend une vaste tourbière au- delà de laquelle on découvre , d'une certaine hau- teur, la mer qui baigne le cap des Tchouktchis. Cette montagne forme le point extrême de la chaîne qui longe le rivage du golfe de Séniavine. Vers TE. de cette montagne, je trouvai la roche a découvert. A une faible distance se montraient trois roclies ditt'érentes : la plus dominante est un uiélange de Ciilorite, de Talk , de Quartz et de Feldspath avec du Pyrite de fer, passant par pla- ces au Pétrosilex pur et verdàtre; fendu ])ar un grand nombre de crevasses qui vont en diverses directions, il forme de petites séparations et con- tient du Quartz en veines innombrables. Il est traversé , en partant du S. K. . par un Porphyre pétrosillcieux gris, avec des cristaux blancs de Feldspath et des taches rouges de Jaspe, qui com- prend une hirgeur de 7 pieds. Ici se joint un Jaspe rouge-foncé ave«; des lâches vertes, très-conipa( t ) DES TCHOUKTCHIS. 41 el donnant de fortes étincelles au choc de l'acier. A partir de cette montagne vers TO. paraît de nouveau le Syénite granitique , et il forme aussi tout l'entourage de l'anse accessoire qui s'avance dans le pays dans la direction du S. A l'extrémité N.O. de cette anse, commence de nouveau une roche schisteuse qui s'étend vers le N. E. et tombe sous un angle de GO". C'est une formation inter- médiaire entre le Gneiss et le Schiste argileux. Comme elle passe peu a peu , en bandes étroites et distinctes , du gris-clair au noir , elle offre à l'extérieur tout-a-fait l'aspect de rubans ; elle con- tient beaucoup d^ veines et de nids de Quartz. A l'extrémité méridionale de l'entrée de l'anse d'A- boléchcf, qui s'enfonce de l'E. h l'O., le Schiste est interrompu par un Porphyre , où un mélange intime de Feldspath et de Quartz renferme des grains de Quartz blancs et isolés ^ des <;ristaux de Feldspatii et du Pyrite de fer; couleur jaune et de structure compacte , il est coupé par des veines de Quartz. Il occupe un espace de () pieds en largeur. Cette roche est couverte , a une é[)ais- seur de 4 pieds , d'une couche de Pierre calcaire (compacte , blanche et grenue , qui , comme le SchisK^ sous le même angle, s'incline vers l'hori- zon. Vers h' N.O. , le Schiste dont nous avons parlé , est encore plus fréquemment coupé par m m m m fyv m mm itki,:] >i:é " il; ■ V .■•■( ; •' f. U0 48 4. COTES DE LA TERRE ' ' il ,^ ■•■■■'■ des veines de Quartz ; on y voit aussi des nids de Quartz contenant du Mica de couleur de cuivre. Dans cet endroit le rivage s'étend vers l'O. et con- siste , sur un certain espace , en un Schist » où les parties de Quartz et de Mica augmentent et for- ment ainsi un Schiste micacé qui tombe, sous 75**, dans la même direction que celui que nous avons observe plus haut. Deux filons de Granit, d'une épaisseur de 7 pieds, sous des angles de 65" et 40", tendant se réunir par le haut, partagent ce Schiste et le même Granit a quelques centaines de pieds plus loin , gagne la prépondérance ; car toutes les au- tres montagnes qui forment la limite au S. , îi TO. et au N. , en sont composées. Le Feldspath de couleur de chair et de couleur blanche domine ici ; vient ensuite le Quartz gris et blanc , puis du Mica gris. Des veines de Quartz d'une dimension assez considérable traversent en diverses direc- tions. Du coté du Nord , la structure du Gra- nit prend un grain fin. A l'issue de cette anse , sur le côtéN. , se présente comme coupé , du Syé- nite- granitique uont la structure offre un gros grain et qui est d'un gris-verdatre. Le Feldspath est quelquelois toii(-i>-fait blanc, et, se présentant en cristaux isolés, il donne \\ toute la roche une apparence de Porphyre. Dans quelques fragmens dispersés , la structure est aussi dun grain lin \ " ^ ; DES TCHOUKTCHIS. 43 en d'autres l'Amphibole et le Mica noir parais- saient davantage. Parmi les galets qui couvrent , immédiatement a la sortie de la baie , une langue de terre qui s'étend du N.O. vers le S. E. , se trouve aussi du Schiste argileux avec des cristaux de Pyrite de fer , et une Pierre calcaire compacte avec du Mica blanc et du Trémolite. La formation intérieure de tout le reste du dé- troit de Séniavine est analogue à celle des parties que nous avons décrites jusqu'à présent ; car les échantillons de roches qui me furent apport*^:: par ceux de mes compagnons de voyage qui avaient été envoyés en différons endroits pour des explo- rations géographiques , étaient semblables aux ro- ches que nous avons observées. La pointe de pays située au Nord et qui fixe la traversée de Tciiiarlioun , appartient îi une petite croupe de montagne venant du N.O. En suivant cette pointe et le rivage qui la borde , je trouvai la montagne vers l'E. formée d'une roche Doleri- tique avec des cristaux de fer magnétique, de dif- férentes structures et d'un vert grisâtre foncé , avec une disposition décidée à se détacher en longs prismes. Conséquences. Dans les roches principales du détroit de Séniavine, le Feldspath, le Quartz, le Mica et l'Amphibole forment les parties consli- Jf.'.;.| iii 'H ■■■■". « m m tel î 44 4. COTES DE LA TERRE 1;i»:l" •; ■:'1 i-h-'i tt. tuantes et prédominantes ; ces parties 4'éunies dans de certaines proportions, n'existent que sur de courts espaces; de la l'apparition fréquente des roches d'une structure intermédiaire. La direction principale des roches schisteuses est du S. E. au N.O. ; l'inclinaison en est N. E. Remarque. Aux variétés de roches que j'ai trou- vées en galets dans differens endroits du golfe , et dont je n'ai pu approfondir le gisement , appar- tiennent les suivantes : Porphyre. Masse rouge d'Argile ferrugineuse, avec des cristaux de Feldspath vitreux et du Py- rite de fer. Porphyre dioritique. S(histe amphibolique. Schiste silicieux. Traumate gris-clair, contenant de la chaux car- bonatée ; il est traversé en forme de filet par des veines blanches de Spath calcaire. Porphyre argileux, gris-brun-verdatre, cassure terreuse avec des cristaux de Feldspath vitreux et de Pvroxène. Porphyre. Masse rouge d'Argile ferrugineuse ; poreux, contenant du Pyroxène et du Feldspath vitreux. Baie de Sainle-Crmx. A ])artir de la pointe de terre qui borne au S. le détroit de Sénlavine ^ la s \ *, r-^- \ .< -t Hi lans de des Ition uu j [•oii- , cl )ar- Pv- DES 1 CHOUKTGHIS. 4ô côte se dirige au loin a 7 milles italiens , directe- ment vers le S., conservant le caractère que nous avons indiqué ; elle tourne peu a peu vers l'E. , formant inie longue langue de terre. De cette lan- gue, le pays se retire de nouveau considérablement vers rO. , puis vers le S. et le S. O. En doublant le promontoire Tchoukotski-Noss, et en conti- nuant notre route vers le N. O. , nous vîmes les chaînes de montagnes s'ouvrir et courir dans la direction de la côte. Elles ne sont plus garnies d'une manière si remarquable de cônes élevés, mais elles sont plus arrondies et même aplaties. Les pentes dirigées vers la mer, paraissent coupées abruptcment , <;t souvent les parois de rochers se précipitent en escarpemens dans les eaux. Quel- ques habitans de ce désert nous firent visite, et, dans leurs barcpies de peaux , ils apportèrent des galets qu'ils avaient ramassés sur hîs côtes avoisi- nantes pour lein* servir de lest. Après avoir pris des informations sur (es échantillons et les avoir comparés, je les trouvai tout-'a-fait de l'espèce des roches qui se rencontrent dans le Détroit de Sé^ niavine; d'oîi l'on peut conjecturer aussi une ana- logie dans la formation. Après avoir passé les pro- montoires de Behring et de Tchirikolï, nous arri- vâmes a la hauteur de la pointe qui borne le golfe d'Anadyr au N. E. , et bientôt après U une langue m W ' 1 te r.\^.' m 'V . .. I 46 4 COTES DE LA TERRE ,1.;. -r' ^ '-"■i li.f ^l; de terre que nous côtoyâmes pendant une journée. Cette langue de terre est au 65" 27' de lat. , dans la direction de TE. à l'O. ; elle a 45 milles italiens d'étendue et n'a pas plus d'un demi-mille de lar- geur. La surface couverte de galets , est, ça et là, coupée par des monticules de 10 à 12 pieds de hauteur, et qui sont tapissés d'herbe. Le rivage opposé à îa pointe occidentale de cette langue de terre vers l'O. , et qui se dirige du S. au N. , est éloigné de 14 milles italiens , et , à travers cet es- pace, la mer s'avance toujours plus vers le N. , jusqu'à ce qu'elle ait atteint la latitude de 66" 22'. C'est ainsi que nous nous trouvâmes dans la baie de Sainte-Croix. De deux côtés la baie est garnie de collines a pentes douces , et , au loin derrière elles , s'élèvent , sillonnées de neiges , des chaînes de montagnes qui se réunissent à l'extrémité sep- tentrionale de la baie, et, de là, vont se perdre en droite ligne vers le N. et le N. O. D'après l'as- sertion des indigènes, une vallée traverse tout le pays dans cette même direction , et ils atteignent la cote septentrionale de l'Asie , près de la baie Kolioutchinski , après un voyage de six jours. Les montagnes de la baie de Sainte-Croix se distinguent de celles du détroit de Séniainne , en ce que les sommets de celles-là se présentent plus souvent en formes arrondies ou en crêtes tranchantes et \--:y^ \\m ',.1 1 DES TCHOUKTCHIS. 47 lëe. ins illS lar- [là, de igc i : i 'j dentelées ; les enfoncemens en forme de chaudiè- res , qui donnent au paysage du détroit de Sénia- vine un caractère out particulier, n'existent point ici, ou du moins r^o se rencontrent que rarement. Les pentes sont roides, surtout vers le S. et l'E., où elles sont souvent perpendiculaires. Au lieu de ces amas de fragmens réguliers qui couvrent tout, on ne voit que de plus petits fragmens au milieu desquels s'élèvent des pics et des crêtes déchirées qui, réunies par places, semblent obser- ver quelque régularité dans leur direction. La vé- gétation est encore fort pauvre ici; d'où il arri.e que l'extérieur des montagnes offre l'aspect de la plus profonde solitude. Les vallées et les ravins sont étroits ; car, là où se trouve la pente d'une chaîne ou d'une montagne isolée , là s'élève im- médiatement la montagne voisine. Les langues de terre étroites et basses qui partent des promon- toires , et qui , la aussi , sont très-fréquentes , pa- raissent être tout-à-fait particulières à tout le Nord de ces contrées. Les bords de ces langues tombent communément dans la mer plus abruptement d'un côté que de l'autre , ce qui provient sans doute du différent degré de force des brisans ; ils sont entièrement nus ou revêtus d'une mince couche de tourbe couverte d'herbe. Ainsi que l'extérieur, l'intérieur des terrains *i.',-|.;'J II' m •. ':>£ I I ;'■ ri'!' 'i if f'f: ■ . 1^, II*, ■'I i:i-.1 hlii . i 4 , i:". 48 . 1. COTKS DE LA TERRI-: (le cette contrt'c diffère de celui du IVjlroit de SéuiaviiHî. Comme les riva}i,es plats qui hordeut la baie de l'E. à VO. , sont couvei'ts de galets de nature diverse, et que la roche nue ne se uiontn; nulle part, je ne pus faire aucune observation sur leur gisement. Je ne pouvais espérer des éclair- rissemens que de Texamen des montagnes (pii se réunissent vers le N.O. , le N. et le iN. E. ; et comme , dans une exciu'sion qui fut entreprise par les ordres du Capitaine et sous la direction du Lieutenant Ratmanof( pour la description de trois anses adjacentes qui se dirigent vers le N.) je trouvai h découvert toutes les roches dont ja- vais recueilli des fragniens; la description de tous leurs rapports, observés il esl vrai en peu de temps, pourrait suffire ici. La où le rivage occi- dental de la baie tourne vers le N.O. , la contrée s'élève aussi davantage, et, à Textrémité occiden- tale de rentrée de l'anse l-lngauguïn , la roche se montre îi découvert. D'abord parait un Porphyre pétrosilicieux d\m gris-vert foncé, avec des cris- taux de Feldspath-vitreux, avec de la Terre verte »*t des taches de Jaspe rouge-foncé : il montre du penchant pour la structure schisteus(! , et se di- rige vers rO. -ImmédiatcT^ent auprès, se trouve une roche fragmentaire composée de parties bi- garrées d'une manière frappante, auxquelles ap- 1 ^ • •' ■«',, '•''! ■-♦-.,'■-! DES TCHOUKTCHIS. 49 particnt le Porphyre dont je viens de parler , du Pétrosilex de couleurs variées et du Jaspe rouge et jaune. Tous ces fragmens sont ou arrondis ou aigus, de toutes grosseurs, jusqu'à 5 et 6 pieds de diamètre. Les variétés d(! Jaspe domi- nent et contiennent du Pyrite de fer en petits cristaux cubiques. Les parties plus éloignées de cette anse, vers le N. et le N. E. , ne purent être explorées. Lorsqu'on suit la cote vers TE. , on voit des rochers formés du memiî Porphyre pétro- silicioux; on trouve dans la masse dominante, d'un gris-vert clair , des cristaux et des grains de Quartz blanc et gris, ainsi que des cristaux de Feldspath blanc et de la Terre verte qui remplit des pores isolés , ou qui passe en petites couches étroites et étiré(!s. Il varie dans la couleur et dans la quantité proportionnelle des parties constituan- tes. Le même Porphyre, de couleur foncée, est ré- pandu , par places , en morceaux arrondis de deux h trois pouces de diamètre , dans la masse prin- cipale. Les parois de rochers présentent beaucoup de fissures, sans offrir cependant des séparations régulières. Jusqu'au promontoire occidental de l'anse Etelkouïoum le rivage est couvert de galets du même Porphyre. Le long du rivage gauche de cette anse , s'élève une montagne; qui présente un profil de rochers dirigés vers le S. (). , et dont la Tome ni. 4 m £. ■y '■'.. . I^:tv] ;.»ïi'. 50 4. COTES DE LA TERRE W ■ hauteur peut avoir 180 pieds. D'un côt«î , ce pro- fil , par SCS ombres foncées et claires, tir<5es en li- gnes droites, indique une stratification. Les cou- ches s'(5tcndcnt au N.E. sous un angle de 30", et sont coupiîes , sous un angle de 70" , par une ro- che qui n'est point disposée par couches ; de sorte que cette dernière sert en nicine temps de base. Elle prend tout le reste de l'espace de la mon- tagne et semble être la roche dominante. Les cou- ches courant parallèlement ont une épaisseur d'un pied ou d'un pied et demi , et sont compo- sées d'une roche argileuse - schisteuse. La roche dominante étant fragmentaire renferme les par- ties suivantes : 1) le Porphyre pétrosilicieux dont nous avons déjà parlé ; 2) un Porphyre semblable gris-rouge , avec des cristaux de Quartz gris de cendre et du Feldspath couleur de chair ; 3) une roche argileuse gris-verdàtre , grenue et porous(; , avec une cassure terreuse ; 4) une pareille roclu; argileuse d'un blanc - rougeatre et poreuse , avec de petits fragmens de Porphyre gris , dv. petites feuilles de Mica et des <;ristaux de Quart/, gris d(^ cendre. 'J'outes ces roches s(mt irrégtilièr(!s , <>n masses arrondies ou aigiicîs; elles ont souvent 7 pieds de diamèlrc et sont liées ontrelhis par un ciment argileux. Ces masses se délaelieul ra et là des parois et laissent des excavalions dont les for- I M-' \ : 'a i i ■ •!■ ■i DES TCHOUKTCHIS. 51 mes correspondent h celles dcîs fragmens. Lors- qu'on examine plus attentivement ces conglomé- rats , on trouve les variétés des masses de roclu^s sans aucune espèce d'ordre entr'elles , et Ton voit rpie ce sont des débris de montagnes , qui , par suite d'ébranlemens ou par l'effet de forces exté- rieures destructives , ont été arrachés de leur lit primitif, arrondis et dispersés , et plus tard , îi d(î nouvelles inondations, liés par une masse pâ- teuse. La roche voisine est une roche fragmen- taire semblable , avec la différence que les par- ties des masses constituantes sont plus intime- ment unies , et que les cristaux de Quartz y sont plus abondans. Chacune de ces deux roches est coupée par des filons perpendiculaires ou incli- nés , semblables h la roche argileuse gris-verdâtrc; qui appartient aux parties constituantes de la ro- che fragmentaire principale. Ces liions atteignent la largeur de onze pieds et plus. Plusieurs parties du rivage dans la même direction , et où la roche se montre à découvert , me restèrent interdites vu que je ne pouvais a mon gré m'éloiguer de la cha- loupe. Le lieu de débarquement le plus voisin se trouve sur le côté tourné h TO. vers la seconde anse , oii s'offre également une paroi de rochers nus , (|ui , haute de 50 pieds , avance dans la di- m ■4' III m' m ■■',VÏ,' '^i •■' ï^^ . I ^l^• ?!:,■ '■■C! "\é) 52 4. COTES DE LA TERRE rcction du S. O. En cet endroit se trouve de même une roche fragmentaire , composée des parties sui- vantes: l)un Porphyre argileux vert terreux, avec des fragmens de Pétrosilex , de Feldspath blanc , et des nids de Terre verte; cette roche est la do- minante ; 2) du Porphyre argileux d'un vert gris- clair , avec des cristaux et des nids de Feldspath blanc , et des cristaux de Pyrite de fer ; 3) un Por- phyre semblable, plus compact et rouge -grisâtre foncé ; 4) du Porphyre de Jaspe rouge-foncé , avec des cristaux de Feldspath et de Quartz et des ta- ches de Terre verte -, 5) un Porphyre - pétrosili- cieux vert-grisâtre , avec du Feldspath blanc , des cristaux de Quartz gris de cendre et du Pyrite de fer , coloré de Terre verte ; 6) un Porphyre sem- blable vert -grisâtre, avec du Feldspath blanc et des cristaux de Quartz rougeâtres. Des filons , de 9 à 12 pieds de large , traversent de même cette roche perpendiculairement et obliquement. Ils consistent en Dolérite d'un brun-verdâtre très- compacte, avec des cristaux de Feldspath vitreux, et, ça et Ih , avec quelques pores remplis de Spath calcaire. Le rivage oriental de Panse Etelkouïoum consiste en une Diorite compacte et grenue, avec des cristaux blancs de Feldspath et des fragmens anguleux d(; Jaspe brun-rouge , traviirsé fréqiiem- n ;nt par d'étroites veines de Quartz. i m DES TCHOUKTCHIS. 5;j L'entrée de l'anse Egvekinot est marquée par plusieurs parois de rochers , hautes d'environ 60 h 80 pieds , perpendiculaires ou suspendues , et paraissant à chaque instant menacer de leur chute. Au bas de l'une de ces parois, que la mer baigne vers le S. , on voit une roche d'un vert gris-clair , de cassure terreuse ; c'est un mélange de Feldspath et de Terre verte avec de petits cris- taux c'.e Feldspath à peine perceptibles ; au-des- sous se trouve une couche horizontale de Schiste argileux de trois pieds d'épaisseur , rayée en ru- bans par des transitions du noir au gris et au blanc. Dans les fissures longitudinales, la roche se laisse facilement diviser en feuilles. Cette cou- che repose par places sur une roche pétrosili- cieuse ; h mesure que cette roche s'élève , les cris- taux de Feldspath deviennent plus gros , la cou- leur devient plus foncée , et il se forme un Por- phyre qui , jusqu'à la partie supérieure de la pa- roi , occupe un espace de 50 pieds. Vers le S. O. , ce Porphyre est presqu'entièrement chassé par l'Argile schisteuse , mais sciiloment sur une courte étendue, après quoi il reprend de nouveau la pré- pondérance jusqu'à la partie S. E. du promon- toire. Ici s'élève imc montagne qui s'étend en im rescif ; elle se compose de la même roche pétro- silicieuse , différant seulcmenl nn peu de couleur, p! ■^ ■ ■ ■>' m^ 1^ m^ 54 4, COTES DE TA TERRE ,'*• ^ :î^- .\'' et coupée , par places , par une roche fragmen- taire porphyrique qui paraît être enfermée dans la première sous forme de filons. La masse prin- cipale est du Pétrosilex gris-verdâtre foncé , avec des cristaux de Feldspath , et renferme des mor- ceaux arrondis ou anguleux de Porphyre pétrosi- licieux gris-clair et jaune-sale, dont le diamètre atteint quelques pieds. Sur le côté oriental de cette anse , se présente de nouveau le Porphyre ci-dessus indiqué , et il paraît aussi former les au- tres limites. Les échantillons de roches qui m'ont été ap- portés de différens endroits de la côte orientale de la baie de Sainte -Croix , ressemblent absolu- ment a ceux qui ont été décrits. Il est vraisemblable que le Granit du Détroit de Scniavinc se trouve a une certaine profondeur sous les roches qui forment Tentourage de la baie de Sainte-Croix. J'en ai vu, rarement il est vrai, des traces dans de petits galets épars sur le gra- vier , et qui peuvent bien avoir été peu a peu éle- vés par les vagues de la mer dans les gros temps ; mais il se présente en très-grosses masses que Ton aperçoit, lorsque le ciel est clair , dans les pro- fondeurs des eaux qui baignent les rivages. 11 n'y a pas de doute que les montagnes qui louchent a rexlrémité de la baie de Sainte-Croix, ■: 1 V F- •n DES TCHOUKTCHIS. 55 ne se rattachent à la chaîne principale de ce con- tinent. Tout en elles porte à le croire : leur hau- teur , leur escarjpement et leur structure conique. La plus remarquable d'entr'elles est le Mata- tchinghaï a l'extrémité de Tanse d'Etelkouïoum. Elle se distingue tant par sa hauteur que par SCS précipices. Vue de l'entrée du golfe , a une distance de 60 lieues ^ elle paraît se trouver sur le bord de la mer , a 20 ou 30 lieues tout au plus du point de vue. Cette montagne a 8.615 pieds d'élévation , et l'on n'en voit pas d'aussi haute de- puis la baie de Saint-Laurent. Remarque. Je n'ai trouvé aucune trace de pé- trifications et de produits volcaniques de temps récens. Les phénomènes volcaniques et les trcm- blemens de terre paraissent être tout-a-fait incon- nus aux habitans de cette contrée , ainsi qu'à ceux du Détroit de Séniavine. m' ■.',,î;>)i»J ;•'■.'.'. If" "•'■••■.. '-.Vi te il,!' ' i -.i'.:'f 'V, ^ ■,' 'r'^i^l fy M '.«y- -ù i.1 >'f H 5. PRESQU'ILE DU RAMTCHATRA. m ■ % BAIE D'AVATCHA. AiiiV. E. de la Viljoutchinskaïa Sopka , se trouve la baie de même nom; plus loin , vers le N. , sui- vent par ordre les anses : Yagodnaïa , Kouïmof et ïiabouchkine ; cette dernière forme la limite de la baie d'Avatcba au S. O. La baie Tarïinskaïa se trouve à l'O. de celle d'Avatcba , dont elle est sé- parée par une presqu'île qui s'étend dans la di- rection du N. 0. Cette presqu'île et le Cap Kosak situé vis-à-vis vers le S. , forment l'entrée de la baie. Du Cap Kosak, vers le N.O. , le long du côté occidental de la baie d'Avatcba , se trouvent les anses Bourounistaïa et Medvégia , et , à l'ex- trémité N.O. de la baie , se déverse le ruisseau Paratounka. De la , le rivage s'incline vers le N. E. ; il est plat et reçoit, a l'extrémité N. de la baie , le fleuve Avatcba. De Tembouchure de ce fleuve, dans la direction du S. E. , sur la limite orientale de la baie d'Avatcba , jusqu'au port de Saint-Pierre et Saint-Paul et sur une étendue de 12 versles, règne presque partout un rivage ro- cailleux dont les inégalités sont les suivantes : le Cap Mokhovoï , le Cap Gélésnaïa-Gora (la mon- \:m^^.. 1 1 ■i i :i i 5. PRESQU'ILE DU KAMTCHATKA. 57 tagne de fer , ainsi nommée à cause d'une pa- roi de rochers escarpée , inaccessible , qui , par la décomposition du Jaspe brun , est sillonnée de taches semblables à la rouille du fer.) L'anse Tcha- vitcha et le Cap Séroglaska où un petit ruisseau de même nom découle dans la baie. Plus près du port , ce rivage élevé est interrompu , sur une pe- tite étendue , par un plateau qui renferme un lac, lequel , pendant la marée , communique souvent avec les eaux de la baie. Le rivage s'élève de nou- veau et continue , sous forme d'une petite pres- qu'île haute d'environ 200 pieds , la limite occi- dentale du port de Saint-Pierre et Saint-Paul. Entre cette presqu'île et le rivage oriental de la baie , s'étend une anse absolument dans la di- rection du S. au N. , et une langue étroite partant de cette anse , dans la direction du N. O. , ferme le portSt.-PierreetSt-PaulauS. Du port, le long de la limite N. E. de la baie d'Avatclia, vers le S. E. jus- qu'à la Pointe du phare, se trouvent encore plusieurs inégalités parmi lesquelles les anses Rakovaïa et Signalnaïa sont les plus considérables. Dans l'anse Yagodnaïa se présentent surtout trois espèces de roches : 1°. un Conglomérat gris-blan- châtre, d'une cassure terreuse, friable, où Ton ne peut reconnaître que des galets de Schiste por- phyrique , entremêlés de cristaux de Feldspath ' r , t ■'•t-Jf-'-'l ■.'■isv.'cri 'mm '/ i. ''■ ■ïï'^^.-. ■i'V:;. :^:.v! Wi m >*.i:. l" '■- (m 58 5. PRESQU'ILE DU KAMTCHATKA. décomposés, et les deux roches suivantes, liées par une masse argileuse ; celle-ci est la dominante. 2". Un Porphyre a hase de Jaspe, avec des cristaux de Feldspath , et 3". une Dolérite. Ces roches s'at- tachent alternativement les unes aux autres , sans offrir toutefois la moindre régularité : le plus sou- vent les deux dernières paraissent sous la forme de fragmens arrondis et enfermés dans la masse cimentaire ; ils ont jusqu'à la grosseur d'une toise de diamètre. Dans les endroits où le Porphyre se trouve en grandes masses, les fissures sont souvent remplies par une Chalcédoine d'un hlanc bleuâtre et ver- dùtre , en forme de stalactites et de stalagmites. La Dolérite offre fréquemment des séparations ré- gulières de forme prismatique et de forme plate ; elle prend aussi l'apparence du Porphyre dans les lieux où la décomposition est plus fréquente. Cette circonstance est aussi une condition de l'état po- reux dans cette roche comme dans la précédente. A la pointe orientale de cette anse se montrait distinctement, dans le lointain , le gisement des roches en couches horizontales ; mais l'impossibi- lité daborder, causée par les récifs et les escar- pemens, m'a laissé dans l'incertitude relativement à la formation intérieure j peut-être le Jaspe se irouve-t-il ici avec la Pierre cornéenne ^ car ces 1 1.' •fil''' ^ ■ ■à .i 5. PRESQU'ILE DU KAMTCHATKA. 59 deux roches se rencontrent ainsi immédiatement au port de St. -Pierre et St. -Paul. Le Conglomérat dont j'ai parlé , se montre aussi dans l'anse Kouï- mof ; cependant il est, par places et sans aucune régularité, chassé par laDolérite grenue, qui con- tient du Feldspath vitreux et une immense quan- tité de cristaux de Pyroxène. Les hauts rocs escar- pés de cette roche sont caractérisés par des fis- sures perpendiculaires , mais plus souvent encore horizontales, d'où vient que le bord étroit des côtes est couvert de fragmens plats. Ce Conglomérat est traversé perpendiculairement par deux filons de Dolérite d'une texture plus compacte et larges de trois toises. Les alentours de la baie de Babouciikine consis- tent en une roche , où des fragmens de diverses roches sont conglutinés par un ciment argileux gris- jaunâtre. A ces fragmens appartiennent des Porphyres parmi lesquels on ne peut reconnaître que des Porphyres poreux à base de Basalte et de Jaspe, avec des cristaux de Feldspath vitreux. Ça et la , sur le bord , se trouvent dispersés des glo- bules de Chalcédoine. Sur le côté méridional de la baie de Tariinsk , se trouve un Porphyre argileux d'un bleu-gris, avec des cristaux de Feldspath, qui, comme masse loul-a-fait décomposée et mêlée avec le sable , est 4'- - ■ Ja' " ■■> n,' I ':' .«-^ ■•■■|i| (■•■'«>.■ ■ '.y f..''i*'l 'r, . ,«»4; 60 5. PRESQU'ILE DU KAMTCHATKA. employé par les habitans dans les briqueteries. Sur la côte occidentale de cette baie , s'élève une petite île , haute d'environ 20 pieds , et qui est formée de lave rouge poreuse , avec des cristaux de Pyroxène ; h quelques endroits on reconnaît complètement l'état antérieur de fluidité. A l'ex- trémité N.O., s'offre une roche fragmentaire d'un brun-rouge, le plus souvent trachy tique, avec des cristaux de Feldspath vitreux et de Pyroxène et, par suite de décomposition, d'un toucher terreux. Cette roche est coupée par deux filons , de 12 pieds en largeur, d'un Trachyte gris , con- tenant une plus grande quantité de Pyroxène : la direction de ces filons est N. E. , et leur inclinai- son entre le 70" et le 80°. Une formation sembla- ble se trouve dans le reste des alentours de cette baie , de même qu'à l'extrémité N. O. de la baie d'Avatrha , jusque dans le voisinage de l'embou- chure de la rivière Paratounka, où la roche frag- mentaire dont j'ai parlé , est coupée par du Por- phyre poreux basaltique , avec des cristaux de Feldspath vitreux, et du Trachyte gris-poreux qui devient porphyrique par des cristaux de Pyroxène. L'extrémité septentrionale de la baie d'Avatcha, jusqu'à l'embouchure de la rivière Avatcha , est plate ; le rivage est formé de sable coloré de noir par de petits grains de Pyroxène et par du fer H "■/■' '■^fi 5. PRESQU'ILE DU KAMTCHATKA. Gl magnétique. Au S.E. de rcmbouchurc se trouve encore une petite étendue de terrain plat , mais ensuite commence une côte élevée , où les parois de rochers escarpés présentent d'abord une Diorilc grenue qui domine jusqu'à la pointe de rocher de Séroglaska. La , cette Diorite est mêlée de frag- mens de Jaspe , de Schiste porphyrique et d'Epi- dote, et forme ainsi une roche fragmentaire d'une structure très-compacte. Dans la même direction, paraissent plus loin du Schiste argileux et du Jaspe de couleurs dilFérentes, alternant par couches; puis , de nouveau , de la Diorite inclinant vers la structure schisteuse. A l'extrémité septentrionale du lac situé au N. du port, se présentent de nouveau le Schiste argi- leux , le Schiste novaculairc et le Jaspe avec le Pétrosilex ; ces roches forment aussi le côté orien- tal du lac et la presqu'île qui borne le port à l'O., où ces couches, souvent de V/„ pied d'épaisseur, sont le plus visibles, traversant la presqu'île dans la direction du N. O. Leur inclinaison varie ; elle est cependant, en général , S. O. , sous un angle de 45" a G0°. A la pointe méridionale de cotte presqu'île se montre un Porphyre dioritique, comme base fon- damentale aux couches supérieures qui , considé- rées de bas en haut, se composent des roches sui- !-il1 ,j'--^. ■<■■■ * '■.' ■•' i(. ■•■•i':-jf.l ■'••-■y- i •r" ;*■•'• .lv-"'^ .a, J.J. V. '■'M ' 1' ■■:.;;> A:^: 02 5. PRESQU'ILE DU KAMTCHATKA. vantes : do la Diorilc scliistousr; du Schiste nova- culairo et du Jaspo vert foiicj'* ; ces derniers avec de petits «ristaux cid>iqiics de Pyrite de fer; puis du PiHrosilex qui passe au Quartz ; du Jaspe vert- clair; du Jaspe brun-rouge, et enfin, de nouveau, du P(5trosilex : souvent ces dernières espèces pas- sent imperceptiblement l'une dans l'autre. Du village d'Avatcha jusqu'au port de St.-Pierre et St. -Paul , se trouvent , le long du rivage , des fragmens isolés des rochers situés sur la côte op- posée , vers l'O. , c'est-a-dire, de la Dolérite po- reuse et du Trachy te avec s cristaux de Py roxène. Du port de St.-Pierre et St. -Paul , le long du ri- vage S. E. de la baie d'Avatcha , se trouvent d'a- bord un Jaspe brun-rouge, vert-foncé et vert-clair, et du Pétrosilcx dans les rapports indiqués. Plus près de l'anse Rakovaïa, paraît une Diorite schis- teuse, et au-dessus, du Trachy te avec des cristaux de Feldspath vitreux ; plus loin la Diorite ren- ferme de gros morceaux arrondis de Schiste por- phyrique. Innnédiatement au bord du rivage es- carpé et haut d'environ 500 pieds , sur lequel s'é- lève le phare, et \\ la pointe S. E. près de l'embou- chure de la haie d'Avatcha, c(!lte roche est coupée perpendiculairement par la Dolérite : elle a des séparations colonnair«;s et devient poreuse en quelques places. Le long de tout ce rivage se il' Vf' m-r 5. PRESQU'ILE DU KAMTCHATKA. (13 Iroiivciit (les galets d'une masse rouge qui res- semble h la lave, avec du Pyroxène, et du Basalte .ivec de TOlivine. '.t "'■''•Vol VOLCANS DU KAMTCHATKA. Le port de St. -Pierre et St. -Paul est presque chaque année visité par nos vaisseaux, mais le séjour qu'ils y font est malheureusement toujours de si courte durée, que les personnes qui font par- tie des cx[)éditions réussissent rarement h donner h leurs compatriotes des renseigncmens sur les phénomènes naturels qu'offrent , dans cette con- trée éloignée de nous de presque 13.()(M) verstes, les vues imposantes et vraiment gigantesques des montagnes volcaniques nonmu'îes Sop/a. Nous nous trouvions encore a une distance de 100 milles italiens au S. de la presqu'île de Kamt- chatka, lorsque, le 10 Septembre 1 827 , immé- diatennuit après le coucher du soleil , nous aper- cunnîs (piehincs pics élevés. La cote qui règne du promontoire Lopatka (51" ',V N.) juscpi'a la baie d'Avalcha ( ôîV N. ) est hérissée de montagnes d'uJie élévation moyenne, qui licnncmt les unes aux autres, et dont les sommets arrondis ou en ;i\ 'l 4 '•-.■' '»'.;■■".♦ mA ^i'^'i m- mi' tel -5' 64 5. PRESQU'lLli: DU KAMTCHATKA. forme; do crAt(;s, sont déjà dans colto saison ca et lîi couverts do ncig«;s. Des parois do rochers tonil)(Mi( aluMiptomont dans la mer, et de ces pa- rois s'élèvent souvent au-d(!ssus de la surface d<îs eaux, des rose ifs et des rochers isolés. A partir «les montagnes les plus avancé»!s , s'étendent , dans la dinîction du N. H. , d'autres chaînes plus éle- vées (pii se rattachent a la chaimr principale la- quelle traverse la presqu'île du S. (). au IN. K. Au- dessus de ces inégalités, s'élèvent fièrement cinq cimes isolées et coniques; quelques-unes d'enire elles exhrdent encore présentement des colonnes de fumée. De la baie d'Avatcha en suivant la cote vers le N. E. , un pareil tableau s'offre au navi- gateur; il voit des volcans qui surpassent en hau- teur les précédons; le nombre en est de huit. L'extérieur de ces montagnes conserve le carac- tère commun ; car il présente des formes coniques dont les sommets sont pointus ou s'étendent en crêtes étroites et aigiïes. Les flancs sont sillonnés de nombreux ravins et enfoncemens qui , partant du sommet et descendant vers le pied , sont rem- plis de neige et donnent a ces montagnes un as- pect particulier , et d'autant plus frappant durant les mois d'été , que les places découvertes se dé- pouillent de neige plus tôt que les enfonc(!mens où elle ne disparaît que rarement tout-îi-fait. t ■\ i 5. PRESQUn.K DU KAMTCHATKA. (î.) A parlir du promontoire Lopalka , ces volcans, «lans Tordre que j'indique, sont désign«:'s par les liabitans du Kanitcliatka , ainsi qu'il suil: 1. Première Sopka. 2. Seconde Sopka. 3. Troisième Sopka ou Ilodoutka. 4. Assalchinskaïa Sopka. 5. Vilulchinskaïa Sopka. 6. Avatcliinskaïa ou Gorélaïa Sopka. 7. Korialskaïa ou Strélotchnaïa Sopka. 8. Joupanolskaïa Sopka. 9. Kronotskaïa Sopka. 10. Kliitchefskaïa ou Kamtchatskaïa Sopka. 11. Tolbatchinskaïa Sopka. 12. Clitchapina Sopka. 13. Chdvélutch Sopka. Dans la partie S. O. de la pr(;squ'il(; se; trouve le Volcan : 14. Apalskaïa Sopka. 1. 2. 3. Les trois premiers rolcans paraissent s'être présentement éteints ; car les lia- bitans ne se rappèlcnt pas d'y avoir vu aucun phénomène remarquable. 4. Àssatcliinsl^àia Sopka. Latitude 52" 2' N. Tome JII. 5 P ■■■'*•' , î.'i. If ; If :''.'■ .#v.^:;:: ''^' •"'•'■ 'ïl^ m '■• l •,,:> ,1.' G6 5. PRESQU'ILE EU KAMTCHATKA. Ce volcan jeta eii Juin 1828 de la cendre qui fut poussée par un vent de S. O. h une distance de 120 vorstes, jusqu'au port de St.-Pierre et St.- Paul où nous en recueillîmes encore à notre arri- vée , sur les toits et les feuilles. ô. Vilutchhiskaïa Sopka. Latitude r)2'My 30'' N. Point le plus rapproché de la mer , 7 milles italiens (12'/^ verstes.) Point ic plus rapproché du port de St.-Pierre et St. -Paul, 21 milles italiens (3(j'y^ verstes) à vol d'oiseau, par-dessus la baie Tariinskaïa. Hautcn* d'après le calcul du Capitaine Lutke - 1055 toiscS. Sur le coté occidental du sommet , se montre de temps en temps quelque fumée. Cette mon- tagne sert de baromètre aux habitans ; car ils font les observations suivantes : si le sommet est envc- lopj)é do nuages le soir, il en résultera du brouil- lard ou de la pluie ; dans le cas opposé le temps sera beau ; et si , par un ciel serein , ce sommet se montrr entouré do nuages frisés, il faut s'at- londro au vont dO. Au N. de ce volcan se trou- vent, à uiK' dislaïKO de 20 vorsles, les sources chaudes de Paratouiika. Elles sont situées sur le ( ôté occidental d'un marécage d'environ 4 verstes .1 5. PRESQU'ILE DU KAMTCHATKA. 67 (le longueur sur 2 de largeur, qui est borné al'O. par des collines peu élevées consistant en sable et en gravier , où se trouvent des débris et des fragmens de Diorite , de Dolérite et de Schiste porphyrique. Dans cet espace, on compte environ 5 sources pareilles, dont une seide est visitée jus- qu'à présent. On y a fait les .u rangemens néces- saires pour procurer aux malades toutes les com- modités possibles. La température moyenne de ces sources , au mois d'Octobre , est de 33" à 34" Uéaum.,àune lempératiu'e atmosphérique de 2'/," Kéaum., au-dessus du point de congélation. 6. A^'atchinskaïa ou Gorélaïa Sopka. Latitude 53" 17' N. Point le plus rapproché de la mer , 8"/^ milles italiens (15 verstes). Point le plus rapproché du port de St.-Pierre et St. -Paul, 1() milles italiens (28 verstes). Hauleur d'après le calcul du Capitaine Lutke, 1369 toises. Hauteur d'après le calcul barométrique de M' de Lenz, 1250, 8 toises. En jetant un premier regard sur la côte du Kamtchatka , nous conçûmes aussitôt un désir ir- résistil)l;■• /'!■ U. (••'•■'tiv. !' l'U t }. 'M:i J ..,;-.j. "V u 68 5. PRESQU'ILE DU KAMTCHATKA. port de St.-Pierre et St. -Paul, a parvenir qu'à la moitié de la hauteur de l'Avatcha. La raison qui nous fit préférer cette montagne aux autres, ne fut pas tant le peu d'éloigncment où elle se trouve, que le désir d'être témoins oculaires des ravages causés par une éruption qui y avait eu lieu six semaines avant notre arrivée. Les habitans du port et du village d'Avatcha nous communiquèrent ce qui suit touchant les phénomènes de l'éruption. Dans la nuit du 26 au 27 Juillet, on remarqua, par un ciel nuageux , au sommet du volcan , une faible flamme , et , vers dix heures du matin , on observa, parmi la pluie qui tombait, une quantité considérable de cendres. Cela dura trois jours, pendant lesquels l'atmosphère fut obscurcie, et se firent entendre continuellement des détonations souterraines, accompagnées de secousses fortes et périodiques. Le 29 au matin, on ressentit un vio- lent tremblement de terre. Au village d'Avatcha, les vitres furent brisées et le bois de quelques chaumières se disjoignit. Immédiatemenl après, retentit une explosion a la suite de laquelle la cendre et la fumée augmentèrent. Vers la nuit, les épais nuages se dispersèrent et l'on vit dis- tinctement les contours de la montagne éclairés par des feux de couleurs variées qui s'étendaient du cratère jusqu'au pied. Du cratère s'élançaient la ïes ce 5. PRESQU'ILE DU KAMTCHATKA. 09 des pierres incandescentes semblables h de grands globes de feu , ainsi que des étincelles. La pluie de cendre et la fumée diminuèrent de nouveau, les détonations devinrent plus faibles , et au bout de deux jours il ne se passa plus de phénomène particulier , si ce n'est que , pendant huit jours environ , le long de la pente S. O. , on vit un sil- lon de feu, et que la montagne fuma comme avant l'explosion. Le 25 Septembre , nous entreprîmes notre ex- cursion au Volcan. Après avoir quitté le port, nous passâmes par le rivage occidental d'iui petit Ific, qui situé vers le N., se réunit, au temps du llux , k la baie d'Avatcha dont il est séparé par une étroite langue de terre. Le lac est, au S., u l'E. et au N., entouré de montagnes, au penchant desquelles se présentent des couches parallèle- qui consistent en Schiste argileux, en Diorite schis- teux , avec de petits cristaux de fer sulfuré , en plusieurs variétés de.Taspe et de Pierre cornécnnc. De l'extrémité septentrionale du lac, nous nous di- rigeâmes vers le N.E. par une foret de bouleaux et, au bout (le deux heures, nous passâmes h gué la ri- vière Khalnchtirka qui , naissant dans le !Nord, ser- pente a travers cette foret et se jette dans la mer, non-loin de la baie d'Avatcha. Les bords de cette rivière sont couverts de blocs arrondis de Diorite mm- M- ,•- SX .,r ' -i.r!'. ;«A:'i ',i'.;.'';',-'L //'V.'J.v, .1 v'^-i ''i «■:i-:! t. : -k II h-,.' t'i m.'^ï: <';.;;"'J:1 r^AlKi. 7v. 70 5. PRESQU'ILE DU KAMTCHATKA. compact et de Dolérite. Nous laissâmes U quelque distance sur la droite , un lac d'eau douce , situé dans une plaine dépouillée d'arbres et maréca- geuse, et nous pénétrâmes dans une forêt basse de sapins rampans , foret qui était d'une telle épais- seur, que nos guides expérimentés se virent obli- gés de nous frayer un chemin avec la hache. Cette difficulté fut encore augmentée par la circonstance que , en partie par rébranlement qu'occasionnait notre marche, en partie par l'action du vent, une cendre sèche et mordante s'élevait dans l'air et nous causait une sécheresse de gosier fort désa- gréable. Après une route pénible , nous débou- châmes de nouveau sur un marais borné vers le Nord par une immense foret danlnes rampans, et que nous eûmes la même difficulté a traverser. Au coucher du soleil, nous atteignîmes la rivière Kroutobrejnaïa , où nous trouvâmes , parmi les blocs arrondis ci-dessus nommés, du Porphyre trachytique; nous déployâmes nos tentes en cet (îudroit pour y passer la nuit. Au point du jour nous continuâmes notre route h travers le fourré qui cependant devint peu à peu moins épais ; l'herbe paraissait desséchée et disparaissait insen- siblement sous nos pieds. IMus loin nous chemi- nâmes ])armi d, ■ ■'.< ^ .'■Ml f yir . ; ' ■'■>». ■ '''/". 74 5. PRESQU'ILE DU KAMTCHATKA. les corniches voisines , des ddpôcs do soufre et de sels. Le vent qui soufflait des hauteurs arracha, encore en notre présence , les parties de roches moins solides ; celles-ci brisèrent dans leur chiite d'autres inégalités saillantes, et les débris tom- bèrent avec une force très-considérable et cau- sèrent un bruit semblable à de la poterie qu'on briserait. N'ayant rencontré nulle part de la lave proprement dite , nous fûmes bientôt convaincus de l'erreur de notre supposition. Cette masse est sans doute une roche calcinée dans le foyer du Volcan , et lorsque ce dernier a une fois éclaté, cette masse s'est élevée sur la surface de la mon- tagne par la force des fluides élastiques intérieurs. Le torrent de lave supposé , ou le sillon noir qui se montrait a nous de loin , et que même nous avions déjà aperçu de la mer , ne s'est pas formé a la dernière catastrophe , mais auparavant ; car les habitans du pays le connaissent de mémoire d'homme. Comme cette masse a été , peut-être pendant de longues années , exposée au feu sou- terrain et continu , il est assez naturel qu'au mo- ment de l'éruption elle ait paru brûlante aux ha- bitans du village d'Avatcha. - L'impossibilité de gravir plus haut en cet endroit, et un vent vio- lent qui soulevait la cendre, nous forcèrent de re- gagner à la hâte le lieu de notre bivouac. Durant .^.: ?%r \-i-j .'«-Il '■'*' ^ • 5. PRESQU'ILE DU KAMTCHATKA. 75 la nuit que nous passâmes au pied de la montagne, nous remarcpiames de petits feux h plusieurs places du sillon noir ; ces feux nous parurent être précisément au-dessus des crevasses d'où nous avions vu sortir , le soir précédent , une épaisse vapeur. Il est donc clair , que pendant Tactivité intérieure qui règne très-grande encore peu après une éruption, les gaz montant en quantité au con- tact de l'air atmosphérique , s'allumaient comme matières inflammables et devaient offrir le spec- tacle de feux de diverses couleurs. La masse avait sans doute été en état d'incandescence, car, quoi- que six semaines se fussent déjli écoulées , nous ressentîmes encore , en nous en approchant , une chaleur telle que celle qui proviendrait d'un four chauffé. Eu outre, nous ne vîmes alentour aucune trace de neige ; celle même qui serait tombée plus lard aurait dû se fondre et se mêler a la cendre, et nous remarquâmes, en effet, le long des parois, des places où s'était formée une croûte de cendre si forte qu'elle était en état de supporter le poids de notre corps. La chute du bord S. O. du cratère h la dernière éruption, et la formation d'une crevasse en cet endroit, nous furent attestées par nos guides qui, dans les fréquentes courses de chasse qu'ils avaient précédemment faites dans cet endroit , n'avaient '■■.-<•■ - , K'-^i', ■ ■■ , ■■''■'''ft'".' Mm ■M- .■::/';♦>■:•. *:■'{■* ■■■ . ... .'î;.--\,vii| •■:■■• c^v^- * ■-■..H.'*/ ». V. , :C>'i *'•■"- f' I ' , ■'• » m ■'î-.*.- 76 5. PRESQU'ILE DU KAMTCHATKA. jamais vu le cratère dans un tel •/•/1t.< . 5. PRESQU'ILE DU KAMTCHATKA. 77 pieds de diamètre. La différence de couleur de celle terre, indique en même temps, et par places, une sorte de supiirposition horizontale et succes- sive. Pourrait-on d'après cela fixer le nombre des différentes éruptions? Mais combien grande doit être aussi la force qui oblige les gaz a se percer une issue a travers un couvercle de 80 h 90 pieds d'épaisseur. Ces fumaroles et ces fissures rappel- lent le Volcan JoruUo décrit par M'' de llumboldt et la Solfatara de Pouzzoli. Les grosses masses de pierres que nous avons trouvées sur le chemin d'Avatcha, déjà a une distance de G Ncrstes du vil- lage , et qui portent l'empreinte évidente d'une action volcanique, ont été probablement aussi re- jeté^ a la dernière éruption , pour la plus grande partie, si ce n'est pas en totalité. Les preuves sui- vantes pourront servir a corroborer cette suppo- sition. Sur plusieurs de ces pierres nous vîmes des couches de souL ■ , en forme de poudre qui s'attachait aux doigts loi *iqu'on la touchait. Des va- peurs sulfureuses auraient-elles j>u être portées, a travers les airs , li une distance de six verstes, sans se mêler h l'air ou h la cendre qui s'y trou- vait, et se poser en monceaux isolés sur les pierres, si l'on veut admettre que ces dernières sont le» restes d'une révolution antérieure? En outre, les pierres ne se trouvent enfoncées dans le terrain .'/i/i \ ■%■■ M' ■ ■ f '*. ■.''T<'>v .^ '<À^- t-t 'ri ■♦i.'.W j- "' •^. #, IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) Jf<5 1.0 l.l 1.25 ■u Ki |2.2 s lit fc" •UUu |||||m Hiotographic Sdenœs Corporation .■' ; 33 H\:i1 MAIK STREIT WMSÎf' N.Y Uf*0 ^J' ■:! 1° .. ^^ i/.x s# [^"M 78 5. PRESQU'ILE DU KAMTCHATKA. qu'à un degrd moindre qu'elles ne devraient l'être, si elles s'étaient trouvées la précédemment; car la pluie de cendre qui par sa masse obscurcit, du- rant trois journées entières, la lumière du soleil au port de St.-Pierre et St.-Paul, aurait du moins couvert les parties inférieures de ces pierres, tan- dis qu'au contraire , nous trouvâmes les pierres presque entièrement k la surface. Toutes ces masses n'ont pu être roulées jusqu'en cet endroit, car elles sont anguleuses et non arrondies. Enfin tous ceux qui avaient été témoins de l'éruption, attestaient avoir vu des globes de feu s'élever con- sidérablement au-dessus du cratère, et décrire dans leur chute une ligne parabolique. En Juin 1828 , après notre retour des contrées tropicales , nous entreprîmes une seconde excur- sion au volcan d'Avatcha, en passant par le vil- lage d'Avatcha qui est îi 12 verstes du port vers le N. O. Le chemin conduit le long du rivage de la baie d'Avatcha lequel est ça et là coupé d'élé- vations couvertes de bouleaux et de pins rampans. Les parois déchirées du rivage offrent du Jaspe, du Schiste at'gileux et du Diorite. Outre les galets de ces roches, l'étroit rivage est encore rouvert de masses considérables de Trachyte gris avec des cristaux de Pyroxène, de Dolérite et de lave rouge parsemée de Pyroxène. Du village d'Avatcha, ayant 5. PRESQU'ILE DU KAMTCHATKA. 79 tourné vers le N.B., nous traversâmes plusieurs vallées où se trouvent de petits ruisseaux, et qui sont formées par des montagnes de hauteur moyenne , se dirigeant de l'O. a l'E. Nous nous approchâmes du volcan du côté duS.O., et nous atteignîmes plus vite encore qu'à notre première visite , le théâtre des ravages volcaniques les plus terribles, et dont j'ai déjà parlé. Pour arriver au cratère , nous montâmes cette fois du côté du S. E., en suiviint une crête de la pente méridionale , crête qui s'élève graduelle- ment, et qui, à une hauteur de 7.000 pieds est sé- parée du sommet de la montagne par un enfonce- ment en forme de selle. Passant tantôt a travers la neige, tantôt a travers la cendre, nous gravîmes le bord le plus élevé de la crête, lequel devait servir en même temps de borne extrême à notre excursion ; car la fumée et la vapeur , poussées contre nous par le vent qui venait de tourner su- bitement, nous rendaient la respiration diflicile, et nous opposaient un obstacle insurmontable. De ce point s'ouvrait devant nous , et sur une vaste étendue , une scène h la fois effrayante et magni- fique. A nos pieds étaient les traces des ravages exercés par le feu et par l'eau; cette dernière s'était précipitée de la montagne à différentes époques peut-être ; car , à partir du sommet , s e- i'îîrTjJi:''"'!''' ■ iil^i^'K'îiJi mu l mm. mm:: ,[«, -,4.., ;%.' *•■■■': i^/^;=. ; •. fy.j,-; ■ ♦* ■ ' i' ,( * r\-f •a ■ f - .'. ■ ■ • ■'■•■ '■ .*] m 5. PRESQU'ILE DU KAMTCHATKA. tendaient dans toutes les directions^, et sur un es- pace incommensurable h l'œil, environ six torrens desséchés, sur les lits desquels des pierres noires et calcinées étaient dispersées a la suite les unes des autres , dans le sens du courant : dans les en> foncemens on voyait des bois déracinés et' empor- tés loin du lieu où ils s'élevaient primitivement ; ils étaient amoncelés et mêlés de pierres. i:«'i ; C'est un tableau bien imposant que celui qu'of- frent enfin à l'œil fatigué de cette triste unifor- mité, la verdure lointaine , les collines, les crêtes et les pics couverts de neige , de la chaîne cen- trale , et des montagnes secondaires qui en sor- tent. D'un seul coup-d'œil on embrasse presque tous les volcans ; au levant , l'Océan pacifique ; au couchant, une partie de la mer d'Okhotsk. Qui pourrait ne pas admirer ici les forces productives et destructives de la nature ? C'est avec eflfroi que le voyageur s'efforce de pénétrer dans ses secrets, de fixer les causes des phénomènes; mais son corps et son esprit se lassent , et il retourne h son bivouac , accompagné sans interruption par des frémisscmcns et des détonations sourdes et sou- terraines; ce n'est que bien long-temps après, lorsque la fougue de l'imagination s'est calmée, que l'esprit peut comprendre ces phénomènes et en rechercher la cause. « » ''i.r 5. PRESQU'ILE DU KAMTCHATKA. 81 Le lit du torrent que nous quittâmes , provient vraisemblablement des eaux qui ont coulé du cra- tère à la dernière éruption, car les traces en étaient fraîches. Nos guides eux-mêmes, qui, l'an- née précédente, avaient été en cet endroit, furent bien étonnés de ne pouvoir plus reconnaître la place. On pourrait ici faire une objection, et dire : que la grande chaleur r-^-^indue par les matières que le Volcan rejette et par la masse de pierres sortie de la crevasse ci-dessus mentionnée , avait fondu la neige , et que l'eau de neige se précipi- tant des hauteurs , avait causé ces ravages ; mais on demanderait alors, si la quantité de neige qui, dans la saison où l'éruption eut lieu (fin Juillet), ne couvrait que le sommet et quelques gorges, était suffisante pour produire une masse d'eau ca- pable de déraciner des forêts, d'entraîner de grosses masses de pierre , d'entasser les unes et les autres en énormes monceaux , et de bouleverser la terre jusqu'à une profondeur de 80 pieds. Les ravages des eaux s'étendaient à une distance de 6 verstes et , par places , là où elles pouvaient se répandre dans les lieux bas, à 2 verstes en lar- geur. M'' de Humboldt nous a indiqué en Amé- rique des montagnes qui surpassent l'Avatcha en hauteur et il nous a parlé des ravages exercés évi- demment par l'eau qui sort de l'intérieur des vol- Tome ///. 6 'l'i ■*■ a' ■■* ' •' ^- ■■'ï*-4- ■■-■'.■ f;'./.i ... ■■•f^.; '!' ■ V "<'",'*-.^,- •■!,';- ?-•>■'';'*.'?•.'. ■*'J*'«' !*■ ■' ■ \ i:., '*"'!•■ A' «; ' -iiti ^. ' ni' I, .', ï-y^: ■:L ■, ^ 1. "rv 82 5. PRESQU'ILE DU KAMTCHATKA. cans ; tel est par exemple le Karkouairazo , haut de 18.000 pieds, au Nord du Ghimborasso, et qui a couvert d'eau et dévasté la contrée environnante a quelques milles de distance. Dans les environs de cette montagne on ne rencontre aucun torrenl de lavf ; les produits montagneux qu'on y trouve sont des fraginens de masses pierreuses calcinées et des tufs volcaniques. Pourquoi de pareils phé- nomènes ne pourraient-ils pas avoir aussi lieu au Kamtchatka ? Le climat et la latitude n'ont aucune influence sur les phénomènes volcaniques, on les rencontre partout. La situation de l'Avatcha dans le voisinage de la mer , est une circonstance qui soutient aussi mon hypothèse. Ces éjections d'eau ne sont point des phénomènes étranges pour les Naturalistes ; on les a aussi observées sur l'Etna (en 1755), et sur le Vésuve, quoiqu'a un moindre degré. M' Hofmann qui, pendant son voyage sur le Sloop Predpnatié (l'Entreprise), voyage dirigé par le Capitaine Kotzebue (1823 — 26), a gravi le Volcan Avatcha , dit : « Au sommet de la mon- <( tagne s'ouvre un cratère qui est fermé au fond. «La circonférence de ce cratère est de quelques «centaines de pas. Une paroi de rochers haute de «30 pieds, l'entoure de trois côtés. Les roches si- « tuées a l'E. so'.it du Porphyre trachy tique qui lj*!| '?!*■' 'm 5. PRESQU'ILE DU KAMTCHATKA. 83 «renferme des cristaux de Feldspath terreux, et «au bord du cratère , (endroit où la chaleur avait «eu un effet moins violent), des pores rougis. Au « fond du cratère , le Trachy te est fisse et recou- «vert de soufre». Le volcan Avatcha fume depuis un temps im- mémorial , et ne jette que rarement du feu ; l'a- vant dernière éruption parait, d'après l'assertion d'un habitant âgé et digne de foi , avoir eu lieu il y a 55 ans. Une des éruptions les plus terribles arriva en 1737, en été; elle dura plus de 24 heures et se termina par une pluie de cendre. Cette érup- tion fut suivie de violens tremblemens de terre qui se firent sentir au promontoire Lopatka et qui furent accompagnés d'inondations. (Voyage de Krachéninnikof au Kamtchatka.) Ce volcan sert aussi de baromètre aux habitans; car ils observent, qu'iiprès un calme dans l'air, la direction que prend la colonne de fumée est, chaque fois , celle du vent qui survient , et que , lorsqu'en automne le sommet est dégagé de nua- ges, et que la fumée se tourne vers l'E., le froid commence aussitôt. Les Kamtchadales désignent sous le nom de Kosclshiïa Sopka, une large croupe de montagne, qui s'étend de TE. a l'O., se rattache au côté 1 ;^i;''' 3'M..,.ç.«..-. r." ■.y.ri(-.i--"::'t\'.'. m t^ /.'. ^■■•''.•■V- -If ■à •A i ■'.T.* . 84 5. PRESQU'ILE DU KAMTCHATKA. oriental de l'Avatcha et qui est haute d'environ 5.000 pieds. Vraisemblablement cette montagne est un ancien cratère de l'Avatcba, pareil a la Somma du Vésuve, et que le temps a comblé. 7. Koriatskaïa ou Strélotchnaïa Sopka. Latitude 53" 19' N. Point le plus rapproché de la mer 14*/, milles italiens (^l'/j verstes). Point le plus rapproché du port de St.-Pierre et St.-Paul 18 milles italiens (31 verstes). Hauteur d'après le calcul du Capitaine Lutke 1753 toises ; cette montagne est donc un peu plus haute que l'Etna. Dans notre trajet au Détroit de Behring, nous vîmes ce volcan h une distance de 120 milles ita- liens (210 verstes), h la fin de Juin 1828. Le som- met se termine en une crête tranchante -^t déchi- rée. Ça et la on voit , vers le côté du Nord, un peu de fumée. Les habitans ne se rappellent aucune éruption. Les productions éparses aux alentours de la montagne , sont : du Trachyte, du Tuf et de l'Obsidienne ; autrefois les Kamtchadales se ser- vaient de cette dernière matière pour en faire des pointes à leurs flèches. Au N. de ce volcan , se trouvent plusieurs sources chaudes. 5. PRESQU'ILE DU KAMTCHATKA. 85 8. Joupanovskaia Sopka. Latitude 53" 35' 30'' N. Point le plus rapproché de la mer 22 milles italiens (38 verstes). r Point le plus rapproché du port de St. -Pierre et St.-Paul 36 milles italiens (63 verstes). Hauteur 1416 toises. Les habitans du Kamtchatka ne connaissent au- cune éruption de ce volcan ; on n'y voit aussi nulle part de la fumée. Le sommet est plus aplati que ceux de toutes les autres montagnes. 9. Kronotskaïa Sopka. Latitude 5-i'' 8' N. ; a l'O. du promontoire Krônoki. Point le plus rapproché de la mer 17 milles italiens (30 verstes). Point le plus rapproché du port de St. -Pierre et St.-Paul 126 milles italiens (220 verstes). Hauteur 1659 toises. Le cratère, situé a ia partie supérieure du som- met pointu , fume de temps en temps, mais par- fois si faiblement qu'on ne peut presque pas aper- cevoir la fumée. ■/O. Klutchefskaïa ou Kamtchatskaïa Sopka. Latitude 56" 8' N. m îj '■'■-■:,*'. . :i'-9.-v^ H ,V i%-:\ •:'••: -■>,♦• ' *■*■■■*<,.-. ' . i-iW"* i^' . •■■■-,* ■ . ■»■>':'>•■ ■■•:-'v; ' •'■'. f-"'r' ■'■■•■' '^'. *J ' r. .. ■!! •■•' '>rf.t' 86 5. PRESQU'ILE DU KAMTCHATKA. Point le plus rapproché de la mer 40 milles italiens (70 verstes). ^ ., ,•, . ,. { Point le plus rapproché du port de St.-Pierre et St. -Paul 200 milles italiens (350 verstes). Hauteur 2580 toises ; elle égale celle de l'El- borous. ,, . .. ; '. . _ , A notre retour du Détroit de Behring , en Sep- tembre 1828 , le matin a 8 heures , nous vîmes ce volcan sous un ciel qui n'était pas entièrement serein et à une distance de 130 milles italiens (230 verstes). Il indique encore maintenant , par des colonnes de fumée, une activité intérieure cons- tante; cependant aucun phénomène particulier ne s'y est passé dans les temps récens. 11 est dit dans le vopgc de Krachéninnikoff: «il arrive ordi- «naircment une éruption It la Kamtchatskaïa Sop- «ka, dans Tintervalle de huit à dix années; la «cendre en est rejetée chaque année deux à trois «fois, et souvent emportée a 300 verstes. De 1727 «a 1731 le volcan brûla sans interruption, car «on vit toujours au sommet des flammes-^ et «Ton éprouva souvent de violons trcniblcmcns do «terre». Une des plus grandes éruptions eut lieu en 1737, le 25 Septembre ; elle dura tout une se- maine ; la montagne parut tout en feu et l'érup- tion finit par une pluie de cendre ; le volcan lança aussi des niasses de roches poreuses et vitrifiées. 5, PRESQU'ILE DU KAMTCHATKA. 87 En Octobre, la même année, eurent lieu, k Nige- nckamtcliutsk , des tremblemens de terre qui du- rèrent jusqu'au printemps suivant. Stciler parle d'une éruption qui doit avoir eu lieu aussitôt après son arrivée au Kamtchatka, en 114.0. Took écrit, dans son ouvrage intitulé : View of the Russian Empire during the reign of Gatharina II. 1799, p. 186 : <(La Kamtchatskaïa Sopka fut en éruption «en 1762, et la neige fondue, mulée a la cendre, ((inonda les environs. En 1767, eut de nouveau «lieu une éruption, mais beaucoup moindre que «la précédente. Les productions de ce volcan sont : «du Trachyte, de la lave et de l'Obsidienne. Dans "le voisinage se trouvent beaucoup de sources «chaudes». /■^ <',•{,. H. Tolbatchinskaïa Sopka. Cette montagne est située au S. 0. de la Kamt- chatskr.ia Sopka. Autrefois c'était du sommet que sortait la fimiée, mais au commencement du XVIir siècle, il se forma un nouveau cratère sur une crête qui lie le volcan a une montagne voi- sine. Ce fut de ce dernier cratère que sortit en 1739 une éruption , durant laquelle les globes en- flammés que lançait le volcan causèrent les plus terribles ravages dans les forets d'alentour. Cet événement avait été précédé, en Décembre 1738, I •.,<*v!>. vV," i ■*■■■?!■*>. . 'A- S' M \ .* ' >.'■■ f rt,"- ■ ••'.■» ,.M/--'- ■.« fëm 88 5. PRESQU'ILE DU KAMTCHATKA. d'un épouvantable tremblement de terre. (Voyage de KrachéninnikofF au Kamtchatka). . ■ . i 12. Chtchapina Sopka. Ce volcan est situé au S.O. de la Kamtchatskaïa Sopka ; il paraît éteint pour le moment. 43. Chévélutch Sopka. Il est situé k peu près dans le N. K. de la Kam- tchatskaïa Sopka et jette présentement encore de la fumée. Les habitans du port de St. -Pierre et St.-Paul parlent encore de deux Sopki qu'ils disent être dans le voisinage des derniers, « l'Ouchkovskaïa et la Krestovskaïa,» mais personne ne put me donner de renseignemens satisfaisans k cet égard. On désigne probablement par ces noms les cimes coniques de dfux montagnes qui ne jettent pas de feu. 14. Apalskaïa Sopka. Sur le côté occidental de la presqu'île de Kam- tchatka, au S. E. du village de Bolchéretski. De la mer d'Okhotsk on voit au loin ce volcan, et c'est pourquoi il sert de point de direction as- suré aux navigateurs qui viennent d'Okhotsk. On dit qu'il jette encore périodiquement de la fumée. ■mi' 5. PRESQU'ILE DU KAMTCHATKA. 89 Des volcans actifs , ce sont la Klutchefskaïa et le Ghévélutch qui paraissent être situées le plus au Nord, car, à une latitude plus élevée nous n'en vîmes plus et les habitans ne purent nous donner aucun renseignement sur l'existence d'au- tres volcans. Le volcan situé le plus au Sud est la Première Sopka (51" 25'). Il résulte de ce que j'ai dit , que la plupart des Volcans sont si- tués sur le côté oriental et occupent un espace de 5 degrés. Tous , à l'exception du volcan Chtcha- pina , se trouvent presque en ligne droite , du S. O. au N. E. ; celui-ci s'éloigne de cette ligne vers l'O. A partir du promontoire Lopatka, s'étend, vers le S., la chaîne des îles Kouriles. Dans cette chaîne , Tîle Alaïd est un haut volcan isolé qui fume encore actuellement. Dans l'île Paramou- chir , à 30 verstes de Lopatka , est une Sopka fu- mante qui fut en éruption en 1793. Dnns les autres îles de cet Archipel se trouvent encore des volcans qui sont, d'après Took : Tlcarma, le Tchi- rikoutan, le Racak, l'Aetopof, le Montov et le Tchiripovoï ; les sources chaudes sont en grande quantité dans ces îles. Si nous jetons un coup- d'œil sur la carte , nous voyons que cette chaîne suit la direction de la presqu'île , et conséquem- ment les Sopki devraient toutes , d'après M' de ■ ■ < - 1 I .' '. ,' ■■'" *'. ■ ■■'■ l''. I :. ."".uHI ■.'■•".-'•••.iv 'tir !■* -■ '■•*■ I j.V. i .t. •;»-■. '/■^\ -i*;,- '■'•♦ i j- %'\ 'm^?^ 90 5. PRESQU'ILE DU KAMTCHATKA. Buch, être comptées dans le système des volcans dis- posés en série. Tous ces volcans n'auraient-ils pas un laboratoire commun , qui s'étendrait de la Klou- tchefskaïa Sopka vers le S., sur environ 10 degrés de latitude? Ce laboratoire serait en même temps le magasin des matières inflammables dont les pro- ductions trouvent leur issue non seulement par les cratères des montagnes situées en droite ligne, mais encore dans la direction de l'O., où nous voyons l'Apalskaïa Sopka, et de l'E., où se mon- trèrent, en 1814, îi la surface de la mer, d'abord des flammes et de la fumée, et dans la suite, par l'agglomération de matières calcinées , une île et des pointes de rochers saillantes. Pourquoi ce foyer souterrain n'atteindrait-il pas même jusqu'aux îles du J?» pon , où nous savons qu'il existe aussi plu- sieurs montagnes vomissant du feu. Note. Les hauteurs des volcans que l'on trouve ici dHrtrcnt un peu de celles qui sont marquées dans l'article inséré dans les mémoires de l'Académie Impériale des sciences de St.-Pé- tersbotirg , de l'an 1832 , parce qu" elles ont été depuis calculées de nouveau plus rigoureusement et sur des données j)lus exactes. -r^OCSa- 6. PRESQU'ILE DU KAMTCHATKA. 91 ILE KARAGHINSKL Une chaîne ininterrompue de montagnes part du N.E. pour traverser l'île , et s'incline vers le S. O. en rangées de collines peu élevées , qui , a l'extrémité méridionale , s'élèvent de nouveau et forment une crête de montagne haute d'environ 700 pieds et qui se dirige du S.S.O. vers le N. N.E. Toute la partie occidentale tournée vers le conti- nent du Kamtchatka n'a qu'une hauteur insigni- fiante. Le bord sablonneux des côtes, large d'en- viron 100 et 200 pieds , s'élève peu a peu , et il s'y trouve une végétation consistaiit en saules bas, en bouquets d'aulnes et de pins , ou bien les pen- tes sont dépouillées et couvertes seulement de sable et de gravier. Sur ce côté ne se présentent que rarement des rochers nus. Tout le rivage sep- tentrional et oriental de l'île est plus élevé et plus escarpé ; le bord est étroit ; souvent des pentes ardues descendent immédiatement dans la mer et des rochers isolés qui en sortent forment la conti- nuation des saillies. De lîi provient une différence frappante par rapport au caractère extérieur des côtes opposées. Des pentes escarpées , des vallées inclinées , des sommets arrondis et dentelés qui s'élèvent U plus de 205 toises au-dessus de la sur- fmm m\ 'fit. «y ni ^.:. •V•-^''^■r• Jt-,'.. 1 _ ■ • '1. ■"•■ ■.':',•■'■ i r^. •fl J. ,:.:>...»♦. •.; ■-;^ -?.:■; ■••■ '''f^'X ■■• ». V.'f 'M^: v\ 94 ILES CAROLINES, l'intérieur, le sol est un marais d'où sortent beau- coup de petits ruisseaux qui se jettent dans la mer. Des formations semblables se présentèrent par places lorsque le Séniavine fit le tour de l'île. Je ne trouvai aucune trace décisive de l'action volcanique récente. • " • 6. ILES CAROLINES, MARIAOTE ET PHILIPPINES. L'archipel des Carolincs ne renferme que trois îles hautes qui sont : Ualan , Pouïnipet et Hogo- leu ou I\ough ; toutes les autres îles sont basses et doivent leur naissance li des Zoophytes. Vile Ualan peut être considérée comme con- sistant en deux chaînes de montagnes séparées , dans la direction de l'O. a l'E. , par une grande vallée transversale. L'une de ces chaînes, formant la partie méridionale de l'île , s'abaisse insensible- ment vers l'extrémité méridionale , et se trouve caractérisée par de nombreuses cimes coniques, parmi lesquelles la plus élevée , nommée Crozer par le Capitaine Duperrey, a 296 toises de hau- MARIANNES ET PHILIPPINES. 95 tcur ; elle s'élève en pointe et se prolonge en une petite crête qui, vers le N. , tombe presque per- pendiculairement. Une seconde montagne conique, située dans la direction du port La Coquille, a reçu de nous le nom de Monument de Mer- tens 220T. L'autre chaîne, formant la partie sep- tentrionale, surpasse celle de la première. La cime la plus considérable se nomme le mont Buaclie ; il s'élève à 316 toises , paraît arrondi et borne la pente S. E. de la chaîne. Les chaînes de montagnes étendent irrégulièrement , dans toutes les direc- tions , des bras qui forment des enfoncemens et des vallées profondes, a travers lesquelles serpen- tent les eaux provenantes des hauteurs. Dans les endroits où les eaux se réunissent, il se forme des ruisseaux et des rivières; les plus considérables sont alimentées par le Crozer et le Buache , dont les cimes sont souvent voilées par d'épais nuages. Le rivage de l'île a peu d'inégalités importantes ; sur le côté oriental, le rivage reculant un peu, forme l'anse Ninnmolchone, dans laquelle se trouve la petite île haute L e l l a , 'a laquelle ^ lorsque les eaux sont basses , on peut parvenir a. pied sec , en passant sur un fond solide de corail. Au .^. se trouve l'anse Lottin. Le rivage est plat , excepté dans les endroits où des bras de montagnes vont se perdre jusque dans la mer. Ce I \ i^->. ■,:.r.,;;^-5N .;. - '■■'f •>-,']'■ .1 t'A ■'. vvii- '■.♦'■ii'l •^.:V ■.■'■y m 96 ILES CAROLINES , m bord se compose d'un sable fin de corail , ou de débris de rochers de corail, amoncelés, comme on le voit dans le voisinage des récifs , ou bien d'Ar- gile molle ; dans ce dernier cas, on trouve de suite la végétation. Pendant la marée haute , !'eau s'a- vance souvent jusqu'à 1500 pieds et plus dans l'intérieur du pays ; alors les troncs des arbres pa- raissent sortir de l'eau. La moitié septentrionale de l'île est entourée d'un récif de corail continu. Sur le côté de l'O. et sur celui de l'E., en corres- pondance avec les issues de la grande vallée trans- versale , le récif livre deux passages et forme en même temps deux ports. La moitié de l'île située au S., est entourée d'une série d'îles de corail basses , qui communiquent toutes entr'elles par des récifs , et forment avec le rivage une lagune dans laquelle on peut commodément faire par eau tout le tour de cette partie de l'île. La plus riche végétation couvre l'île, à partir du bord de la mer jusqu'aux sommets les plus éle- vés ; le Crozer seul montre quelques places dé- pouillées, a la plus élevée de ses cimes. L'œil se repose avec plaisir sur la verdure variée de l'é- pais feuillage des Sonératias, des Rhizophores, des Barringtonias, des Terminalias, des Figuiers, des Arbres à pain et d'autres , au-dessus desquels s'é- lèvent fièrement les couronnes du palmier. MARIANNES ET PHILIPPINES. 97 A proprement parler, l'île Ualan n'offre qu'une seule espèce de roche , qui consiste en différentes variétés de Basalte. Mais la roche se montre rare- ment a découvert. Les observations se bornent donc à quelques promontoires peu nombreux , et h quelques places isolées , dans l'intérieur des ra- vins, cil l'action destructive n'a pu agir avec toute sa force. Du reste , partout presqu'oîi se trouve le Basalte dégagé de végétation, il est changé, à plu- sieurs pieds de profondeur, en Argile rouge ; ce qui fait disparaître toute trace de la structure in- térieure. Le Basalte se présente en masses com- pactes et poreuses, en divisions colonnaires, et en sphères disposées en couches concentriques. En général, il règne une alternative continuelle entre ces différentes roches , et il est difficile d'établir des règles décidées pour leur gisement. Le Basalte compact paraît dominer ; il forme partout la masse principale des montagnes la où celles-ci sont en communication ; divisé par des fissures et des fen- tes dans toutes les directions possibles , il paraît composé de masses puissantes et isolées que l'on voit aussi dispersées dans les enfoncemens des vallées et des ravins. On trouve plutôt les mêmes masses, de plus petite dimension et en formes ar- rondies , dans les parois des montagnes isolées , sortant de dessous le Basalte compact ; mais cela Tome m. 7 i:-r- 1. -j.if .-' J!?v». ; •,.■»,;« ■•♦ ■' ■. *■'/>. I ■■■S/,»- i»^ i' • :• ''' ?-hJi!- ■'. '.^ *' i^' ■ - '♦ '1* ■ ." m. t. * rf*. > 1 P' 98 6. ILES CAROLINES , n^arrive qu'à des distances peu considérables ; car, chaque vallée transversale paraît mettre à une telle formation une borne fixe. II en résulte qu'on cherche en vain, dans une semblable direction, ou à un semblable niveau, la continuation de ces ro- ches sur les parois voisines. Ce n'est que dans les ravins, qu'on doit considérer comme de véritables fentes, qu'on voit, aux pentes escarpées, une cor- respondance dans le gisement. Ce Basalte est vert- noir et gris et d'une cassure granulaire ; il ren- ferme des cristaux de Pyroxènc , d'Olivine et de fer oxidulé .nagnétlque. Quelques morceaux pa- raissent exercer une grande influence sur l'aiguille aimantée. Je vis les cristaux de Pyroxène les plus gros et les mieux conservés , sur le rivage S. O. , dans une roche plate, de 150 pieds de largeur, qui se trouve près du village dcNéna-Kakké, auN.E. du port Lella. Plus près des hauteurs , on rencontre le Basalte poreux, pour la plupart tout-h-fait à la surface du terrain , ou bien recouvert de la roche compacte ; dans ce cas il paraît également former des couches, auxquelles cependant on pourrait assigner une disposition inclinée , comme le font présumer les profils de quelques rochers dénués. Mes tentatives pour trouver dans les cavités de ces masses , des objets orycktognostiques , comme des Zéolites, Ti MARIANNES ET PHILIPPINES. 99 Ghabasites et autres semblables , furent sans suc- cès ; toute trace en était anéantie sur les surfaces intérieures, et s'il m'arrivait de rencontrer quel- ques blocs de roches plus fermes et en apparence encore bien conservés, l'intérieur n'en offrait ce- pendant toujours que les résultats de la plus vio- lente décomposition. Je vis, sur la pente occiden- tale d'une montagne , ce Basalte en plus petits morceaux , mais toujours liés entre eux , et sem- blables au Tuf; mais , pour la plupart du temps , transformé en une Argile rouge , très-homogène et glissante , il reposait sur du Basalte compact. Le Basalte colonnaire se compose d'une masse tout-à-fait compacte , ou bien il renferme dans l'intérieur de petits pores longitudinaux. Les co- lonnes sont rarement très-près les unes des autres ; elles sont séparées par des fissures plus ou moins considérables, qui se présentent vides ou remplies d'Argile. Cette Argile se forme perpétuellement h la surface des colonnes , par décomposition , et se dissout plus tard en pâte. Ces colonnes offrent souvent un intéressant phénomène, savoir : que des colonnes entières, tout-a-fait décomposées en Argile , conservent cependant leur forme régu- lière, et par la représentent également des colon- nes d'Argile pure et compacte : mais alors aussi , il suffit d'un léger ébranlement pour les faire ^T >«.. ■ I .1»"*.' ' ■"• "'j. 1"^^' *■" ' ./■•-:'r/J.!:;-„,.| •- t- , -1 * *< ,,, .Il ... -""/..i'^iH ■ •■■' ,' '',■,>■' •■ • "-'' "■ V'. '•.■;»i:.Vi^iv' ■ * ''t '.v;\ ■ '■!■•• .•5-^r ^'îj 'H. <'', 100 'G. TLES C AROLl NES , . / ! ('îcroulcr. Cependant on ne pcnt observer cela que dans les endroils où le vent ne parvient jamais et ne pont par conséqnent renverser ces masses faiblement soutenues : c'est ordinairement le cas dans les ravins profonds et étroits. Le gi'sement de ce Basalte n'est pas fixe ; tantôt on le voit sur les hauteurs , tantôt dans les cnfoncemens , alter- nant avec le Basalte commun et compact. Les co- lonnes sont pour la plupart h 5 et a G faces , et ont jusqu'à 10 pieds de longueur, avec une épais- seur qui va de quelques pouces jusqu'à 2 pieds. U renferme beaucoup de cristcUix octaédriques de fer oxidulé magnétique, mais qui ne peuvent etn; aperçus qu'au moyen d'une loupe. .m Je trouvai le Basalte globulaire , pour la plu- part du temps dans la partie occidentale de l'île , dispersé dans de petits ruisseaux qui traversent les ravins , et sous forme de masses rondes et ova- les , n'ayant guère au-dclîi de 12 pouces de dia- mètre, couvertes a la surface d'une écorce terreuse rouge et brune. Ces masses se brisèrent sous mes coups, en couches concentriques, qui entouraient un noyau plus solide , consistant en Basalte pur avec de petits pores longitudinaux. Il ne m'arriva qu'une seule fois de trouver cette variété dans son lit primitif; c'était à une hauteur d'environ 300 pieds au-dessus du niveau de la mer, sur l'es- MARIANNES ET PHILIPPINES. 101 carpement S. O. d'une montagne dont le côté op- posé était couvert de Basalte compact, en forme de terrasse , et qui par la semblait pareillement former, au-dessus du premier, une couche in- clinée. "(1 • •>■>■>>"> . r.cifi'ii ; I Dans le sable de corail , le long des rivages , comme aussi a quelque distance dans Teau de la mer, je trouvai souver des galets qui avaient jus- qu'à 1 pied de diamètre , et qui étaient de Siiitrc calcaire compacte et blanche ; mais je n'en vis aucune trace dans l'intérieur de l'île. .. '•nul'" Les habitans désignent sous le nom commun de Oet, toutes les variétés de Basalte, comme aussi les masses madréporiques disséminées sur les écueils et sur les rivages ; mais ils distinguent le Basalte compact par le surnom de mogul (l'homme), et toute masse poreuse , soit Basalte soit Madré- pore, pai' le surnom de matein (la femme). Ils se servent du Basalte pour élever les hauts murs dont toutes leurs demeures sont entourées. Dans cha- que maison on trouve une pierre de Basalte plate, d'un pied et demi carré, et sur laquelle, au moyen d'une petite pierre , ils écrasent et râpent la ra- cine du Piper methysticum , pour en préparer la liqueur enivrante en usage chez eux et qu'ils ap- pellent Céca. Ils se servent encore de l'Argile rou- geatre qui naît de la décomposition du Basalte , ■•■ v'r U1C . .^^1 ■■'■'.''. 4"--| ■.'■m .1 ■; •.:•*■>:■' >.-■' y -m 102 6. ILES CAROLINES , pour peindre leurs canots cl leurs maisons , en lu broyant avec l'huile de coco. • i, ,, L'impossibilité de pénétrer plus avant dans l'in- térieur des montagnes, m'empêcha de recueillir des données suffisantes pour rétablissement d'une ihéorie sur l'origine de l'île. Je ne vis rien qui put ressembler h de véritables cratères ni à des courans de lave. L'archipel de Séniavine se compose d'une île haute et de quelques îles basses , qui toutes en- semble sont entourées de récifs de corail. La pre- mière est nommée Pouïnipet par les habitans ; sa plus grande hauteur est de 447 toises. Lorsque le ciel est serein , on aperçoit l'île d'une distance de 60 h 70 milles italiens. Le pays s'élève insensi- blement du S. E. vers le N. O. et forme enfin une hauteur dont le sommet ressemble h une coupole aplatie , et qui est le point le plus élevé de l'île. Le versant opposé de cette montagne s'alonge en promontoire étroit. Le côté oriental de l'île est escarpé et couvert de collines dont les cimes sont arrondies et les flancs sillonnés par de profonds ravins. Le terrain va toujours en s'inclinant vers le S. O. et ses hauteurs se perdent peu à peu en sinuosités irrégulières. Sur le côté méridional de l'île, le rivage se distingue par un énorme rocher solitaire et nu qui , semblable k une tour, s'élève MARIANNES ET PHILIPPINES. 103 du milieu de là verdure. Le côté N. O. présente un plateau continu qui diminue de nouveau vers Textrémité , où le rivage se distingue pur des pa- rois escarpées et qui s'élèvent jusqu'à 1000 pieds. Ces parois , par leurs séparations régulières , au- torisent a. leur supposer une structure basaltique. Plusieurs masses de rochers, isolées, en partie dé- pouillées de verdure , en partie boisées , vont se perdre de lîi dans la mer. De tous les autres côtés, rîle s'abaisse du milieu vers les rivages. Jusqu'aux sommets les plus élevés , l'île est couverte d'une riche végétation ; ce n'est que dans quelques en- droits , sur les pentes des rivages , que ï'on voit de la roche décomposée , ça et là stratifiée et de couleur rouge-brune. Une grève de sable de corail l'entoure de tous côtés , à l'exception de quelques promontoires, où le rocher est immédiatement baigné par les vagues de la mer. Les bancs de co< rail n'offrirent au Séniavine aucun mouillage ; cet obstacle joint k l'inhospitalité des insulaires , ne nous permit pas de faire de plus exactes obser- vations. Vile Jlogolcu ou Rough se présente comme une seule montagne qui , du côté du N. O. ^ prend la forme d'un pain de sucre; c'est la aussi que la montagne atteint sa plus grande hauteur. Cette île est toute couverte de végétation , excepté en * ••■'ij'- V^i "i^.;- •• ^ F' . . 'V. •<•:■• ■•'..+ '"''■ ■»' ■ ; ■ ■ - . ..7 '■}■* .. 1-1 •■h |: *)!> ai- 104 G. ILES CAROLINES, !- u quelques endroits, où paraît une roche noirâtre et d'un brun -rouge , qui est probablement aussi du Basalte. • • " ;■:.•• < Le Séniavine fut obligé de passer devant cette île sans s'y arrêter. 1/ I . -..(•irij ■■ 'i[\ l'ii : -if • 1 1- |ii<. 'li'î ■t, '.1 -•••1 M - t ■ '1' GUAHAN OU GUAM. ; 1 i I ; 1 : M Guaban , la plus grande île de l'Archipel des Mariannes, a sa direction principale duN.E. au S.O. La hauteur la plus considérable de cette île se trouve dans le milieu, d'où un système de mon- tagnes se prolonge vers le S.; au Nord Tîle s'apla- tit. Partout où les élévations vont s'étcndant vers les rivages de la mer , on en voit les pentes tom- ber abruptement , tandis que celles qui se diri- gent vers l'intérieur de Tîlo din^ louent impercep- tiblement. Des roches d'espèces différentes, en partie d'origine volcanique, en partie débris de puissans récifs de coraux , plus ou moins changés par des influences tant extérieures (qu'intérieures, forment le noyau de Tîle ; on ne peut méconnaître que ces récifs ont été violemment élevés de leur lit primitif par faction d'une cause intérieure. MARIANNES ET PHILIPPINES. 105 On trouve des preuves décisives de ce fait dans plusieurs places où l'on reconnaît évidemment que des productions volcaniques se sont frayé un chemin, du fond de la mer, a travers la masse des récifs de coraux, jusqu'à une hauteur considérable^ et en ont entraîné des fragmens qui sont restés épars sur les sommets des montagnes. Tandis que, par l'influence continue de la chaleur, ces pro- ductions se montrent changées, les masses de ré- cifs qui se trouvent également élevées sur les bords de l'île , sont plus rapprochées de leur état primitif, mais elles sont complètement privées de toute partie animale. En ces lieux, la terre végé- tale n'est jamais d'une profondeur considérable. Souvent la végétation s'élève immédiatement d'une mince couche de terre rouge provenue de la masse des coraux décomposée et de Tuf volca- nique. De gros arbres, comme le Figuier, l'arbre a pain, î'Hernandia, la Tournefortia, et plusieurs autres , poussent profondément leurs racines ra- meuses dans les fentes des masses de rochers et de récifs où elles trouvent leur nourriture. Les environs du port La Caldera de Apra, con- • sistcnt , généralement , en calcaire madréporique qui se présente, par places, décomj>osé h tel point qu'il peut être facilement pulvérisé entre les doigts ; en d'autres endroits il a été pénétré d'une *,<•:'■;:.■■■.■'. <; ' ■»1>" ■ " >' ' t' ■ >t ' "■'• ■•■ ■■ ■■ -* V . . ...•■.'■>(•■,•'■. •ji" "V^»^ "l •■", yx,.. ■'.,■*■■■"' "«IfM, . ' ,-!iV;t< ^ml ^Ê i^' mm^' ^m ^WÊf, 106 6. ILES CAROLINES, solution de ses propres parties , h un tel degré qu'il paraît presque une masse compacte et homo- gène, dans laquelle les pores disparaissent com- plètement et dont la cassure représente tout-a-fait le marbre. Dans les excavations où la solution s'est infiltrée , elle forme des stalactites qui, par la réunion de parties ferrugineuses , sont souvent colorées de rouge et de jaune. L»e la pointe occidentale de la baie , le rivage s'élève considérablement et se termine par le pro- montoire escarpé d'Oroté où l'on remarque une roche argileuse et schisteuse , altérée par l'action du feu qui parait avoir percé les masses madré- poriques situées au-dessus. Sur les hauteurs du rivage se trouvent de gros fragmens de ces masses et des blocs de lave décomposée. Le côté oriental du port , jusqu'au village Pité, est plat ; le rivage est bordé en partie de sable de corail, en par^îfi de rizophores. A l'Est du port, à une demi-journée de chemin vers l'intérieur de l'île , le terrain s'élève et se compose principale- ment de masses de Tuf et de galets basaltiques ; par places, de couches de Marne et d'Argile assez régulières , altérées par la chaleur souterraine et entre lesquelles paraissent de minces couches , d'un quart de pouce environ, d'un lignite lamel- leux. La continuation de cette structure était dif- .-îi*--,.': Kft ••.>'.■ MARIANNES ET PHILIPPINES. 107 ticile à suivre, parce que les pentes où elle se pré- sentait , étaient d'ordinaire couvertes et encom- brées par des débris. L'extérieur de cette contrée est nu ; on n'y voit au plus que des buissons épars, quelques herbes , quelques fougères et des Arau- karias fort petites et isolées. Dans les ravins pro- fonds, au contraire, et dans les enfoncemens , croissent de beaux arbres, parmi lesquels se dis- tinguent surtout les fougères arborescentes et les palmiers. L'île Apapa ne s'élève que de quelques pieds au-desssus du niveau des eaux; elle est plate, riche en végétation, surtout en palmiers de Sago, et se compose , en général , de calcaire madré- porique. Le fort de Ste .-Croix se trouve au milieu du port, établi sur une base solide du même cal- caire. Le chemin d'Agagna , résidence du gouverneur des Mariannes , passe du port La Caldera , vers l'Est, le long du rivage, tantôt immédiatement au bord, tantôt a quelque distance. Ce n'est que dans fort peu d'endroits que la roche se montre. La marge plate du rivage est formée de sable de corail , avec de petits galets de Calcédoine , d'A- gathe, de Jaspe, de Quartz ferrugineux et de Pé- trosilex. A une petite heure d'Agagna, un mur de .W3 W-^ *%.,. s»^' '^■••;«.>;-.>,:!s,«. ! -..•iV . ** jmH. 108 ' 6. ILES CAROLINES , ! rochf rs escarpés et presque nus , s'étend vers la mer dans la direction N.O.; il consiste en Basalte compact, en Basalte poreux avec de petits cris- taux de Pyroxène , et en Mandelstein basaltique avec de la chaux carbonatée , de la Calcédoine et autres productions silicieuscs. Agagna est située à une petite distance du rivage de la mer , sur un plateau découvert, tourné vers la mer. Immédiate- ment derrière cette petite ville, s'élève une mon- tagne haute d'environ 250 pieds : cette montagne, comme tout le sol d'Agagna , se compose de cal- caire madréporiquc qui , a l'extérieur , devenu masse terreuse, est fortement imprégné d'Argile rouge. A Oumata, sur la côte S.O. de Tilc, le bord du rivage consiste en Mandelstein basaltique ; il forme des rochers escarpés sur les pentes desquels on peut facilement détacher dos boules et des géodes, remplies de cristaux de Mésotype , de Zéolite fa- rineux , de Chabasite et d'Analcimc ; par places, on voit dans les cavités, de la Calcédoine , des boules d'Agathe et de la terre verte. Cette roche alterne avec de la lave basaltique qui contient des cristaux d'Olivine. Plus loin dans Tintérieur , les montagnes se composent de Tuf rouge qui ren- ferme des blocs de lave. ' Quelques espèces d'Argile propre U la poterie, et MARÏANNES ET PHILIPPINES. 109 tlii Salpêtre , sont les seules productions que pré- sente le règne minéral aux habitans de Gualian. Parmi les îles situées au N. de Guahan, et d'a- près l'assertion du Vice -Gouverneur des Marian- nes , Don Luis de Torrcs , celles de Rota , d' A- guiyan, de Tinian et de Farallon de Medinilla, se composent de calcaire madréporique ; Saypan , Sariguan, Farallon de Torrcs et Guguan, consistent principalement en productions volcaniques. Tou- tes les autres îles ne sont que très - peu connues jusqu'à -présent. < • -fi, ^ , ., « , ** „■.• î.*. *'■■:'■ .-a"'^^' ■■.;"' -.■"■■.itil'K*, -y - . \, ■«'■■■ 't,:'y~- • L U C O N. '•■'■■■*';. La haie de Manila est entourée de montagnes qui s'aplanissent vers l'extrémité et forment une plaine sur le bord de lacpiclle est construite la ville principale do cette île. C'est ici que se dé- verse la rivière Passig , sortant de la lagune de lîabia , située a TEst. l^es bords de cette rivière sont, a son emboucliure, également plats, mais du côté de la lagune ils s'élèvent et ont quelques pentes escarpées. , , . '■"y ■ ^ifx ^<--'\ A, i ^^i : .*. ;. .);>"-. ■/■é'. \i fo»- [mi 110 ' 6. ILES CAROLINES, Tout le terrain sur lequel Manila est bâtie, au loin dans la plaine et le long des rivages, se com- pose de Tuf volcanique semblable au Trass. Ce Tuf contient des fragmens de Pierre ponce, de lave poreuse , de Basalte et d'autres productions pa- reilles qui sont agglutinées par un ciment argi- leux. La roche est fortement décomposée a la sur- face, et d'un gris de cendre ; à l'intérieur elle est dure et devient foncée. Sur les pentes , le long de la l'ivière , où l'on s'occupe en plusieurs en- droits à la briser , on en voit le gisement qui , du reste, est très-uniforme, car il présente de grosses masses continues et n'est ni stratifié, ni interrom- pu par aucune autre roche. C'est avec cette roche que sont construits tous les bâtimens et toutes les fortifications de la ville. La Lagune de Bahia dont la forme est oblongue, se partage encore en deux parties îi peu près égales par une langue de terre qui s'avance du Nord , et par l'île de Talim qui se trouve à son extrémité. Des collines verdoyantes ceignent cette lagune presque de tous côtés. Ces collines s'élè- vent graduellement vers l'Orient, et derrière elles on découvre des montagnes au sommet arrondi, dont quelques-unes , vues a cette distance, parais- sent avoir jusqu'à 5000 pieds d'élévation. Sur la rive orientale de la lagune se trouve le oourg de MARIANNES ET PHILIPPINES. 111 Hala-Hala, à une lieue et demie duquel coule la rivière de Tabacuano en tombant avec rapidité des rocbcrs basaltiques qui prédominent dans la contrée. Les sommets des montagnes et une par- tie de leurs côtes se composent de Porphyre argi- leux où l'on trouve en quantité des nids et des cristaux de fer sulfuré. Ce minéral est en grande partie décomposé , et c'est h cause de cela que le fer sulfuré s'est transformé dans plusieurs en- droits en Vitriol qui , emporté par les ruisseaux, donne un goût aigre aux flots du Tabacuano. L'île de Talim est composée de Dolorite porphyreux devenu poreux dans bien des endroits. Ailleurs on le trouve en galets niclé aux menus cristaux de fer sulfureux et de Pyroxcne. Une autre île, située sur ce même lac et haute d'environ 300 pieds , est composée de plusieurs espèces de lîa- salte , parmi lesquelles on distingue le Basalte compact et le Basalte porphyreux , avec des cris- taux de Feldspath vitreux. On trouve quelquefois le Basalte compact en masses sphériques et ovales formées de couches concentriques. Du reste nous n'avons trouvé cette variété que sur le rivage et non dans le lit primitif. Notre séjour dans ce port fut de trop courte durée pour qu'il me fût possible de me livrer à des investigations dans l'intérieur de l'île. , ■■■■■, ■ir,.>j';--!p ^^.i ■•^^,lù\_ ■ .s f.' ■■-'■M- >i s- I 112 G. ILES CAROLINES , J'aKcn l'occasion de voir, dans la collection d'un particulier, les minéraux suivans qui se trou- vent dans Tilc Luçon : , .,i:;' ..1,1 .,. .)! .:]. De lor natif en petits grains irréguliers , des environs de différentes rivières. i.i • ,> i. ■:, De l'argent natif en formes dentritiques , dans du Quartz blanc , tiré de la province de Kama- rines. ; ; De l'argent arséniaté. De l'argent antimonié. Du fer sulfuré. Du fei oxidé rouge, en morceaux arrondis, pris dans le voisinage de quelques volcans. Du fer magnétique. Du fer oxidé rouge terreux; (h Manila les Chi- nois en font une couleur rouge). , , Du Cobalt arséniaté. Du plomb sulfuré. De la chaux carbonalée grenue , en différentes variétés. Des stalactites de chaux carbonalée. Du Quartz commun et cristallisé. Dt la Calcédoine. Du Stéatite. Du Talc. De l Asbesle. K^>. MARIANNES ET PHILIPPINES. ll.'i Du Granit. (Feldspath couleur de chair, Mica noir a petites tablettes , Quartz transparent gri- sâtre.) Des fragmens de Granit , de Gneiss , de Schiste micacé et de Porphyre, qui se trouvent en mon- ceaux dans le voisinage du phare, le long du ri- vage , ne sont pas de Luçon , mais bien du Japon et de la Chine , d'où ils sont apportés comme lest par les vaisseaux. 7. ILES BONIN-SOIA. L'î](! Peel est coupée par quelques séries de montagnes dont la direction est irrégulière et dont la hauteur ne dépasse pas 1)00 pieds anglais. Elles sont jusqu'aux sommets couvertes de la plus riche végétation et olïrent a la fois les plantes de la Zone torride et celles de la Zone tempérée. Le rivage est garni presque partout de parois de ro- chers nus qui tombent immédiatement h pic dans la mer. Ce n'est que dans peu d'endroits que l'on voit un bord étroit, qui est couvert de sable de corail et de blocs de rochers, dispersés isolément ça et là. Plusieurs pointes de rocbers saillantes Tome III. 8 W •'"t'W 'il.' ^'V :S M- : ^."îv^ ''■i' ' ;'■'''■• v''. - '. ■ M ■ ■ ■■■' ' m .•*{<■■■- .:>^:v^ ■r- ;■ -in''. r-:"^*^ ■■.•\ ■h.^.* ■ •^ '..r..>,/ ".< y-M; ■/\ V- l.'t. -■ ' ■, , • • 'l, '.' : . "■■•■ -;,j< ?A ■'■.>■.,■■' " > Il ' j> > I HM .. . • Il ■ .' V. J 1 /■■■ ,1» .*■<■,.■ Àï 114 7. ILES BONIN-SIMA. i forment des anses dont la plus conriddrable, nom- mée Lloyd, se trouve sur le côté occidental et est enfermée par des montagnes. Entre les séries de montagnes se trouvent de profonds ravins et des vallées qui offrent un écoulement aux eaux que produit Tatmosphève, lesquelles, en se réunissant, forment des ruisseaux, et, par des ravins latéraux, se déversent dans la mer dans toutes les directions. Le fond de la mer, îi l'entour de file, est couvert de coraux, qui forment des écueils d'une étendue assez considérable. L'origine de cette île est volcanique : le RasaUe en variétés nombreuses en forme le noyau. Le port Lloyd, où le Séniavinc mouilla, est le seul point sur lequel j'ai pu faire des recherclies plus spéciales. Le Tîasaltc , tant compact que poreux, y domine, en formant des courbes irrégulières et alternantes. Le premier se trouve cependant plu- tôt dans les enfoncemens, et s'olfre souvent en sé- parations prismatiques , dont le diamètre ne dé- passe pas l'/g pied. Ces prismes gisent tantôt bo- rizontalemcnt , tantôt perpendiculairement ; dans le dernier cas, ils forment un beati pavé, qui laisse apercevoir distinctement, a cbaque prisme isolé, cinq ou six pans. Lorsque le Basalte compact forme a lui seul de grosses masses , il est gris , h gros grain et renferme de petits cristaux de Pyro- ,*i ■■ • -j..i'; - 'i*i^ 7. ILES BONIN-SIMA. 115 xène : lorsqu'il alterne avec le Basalte poreux , il se présente noir et a petit grain, et renfermant ça et la des octaèdres de fer magnétique. Les couches sont pour la plupart inclinées, sans indiquer d'angles déterminés; on ne les trouve que rare- ment perpendiculaires. A quelques parois, se montre le Basalte compact en groses masses ar- rondies, de7 h8 pieds de diamètre, et renfermées dans de l'Argile rouge et grise. La partie méridionale de l'anse se distingue par une colline haute de 150 pieds, qui tombe abrup- tement vers l'O., et dont le pied est fortement baigné par les vagues de la mer. Ici le Basalie se présente en boules de la grosseur d'une noisette, jusqu'à 7 pouces en diamètre ; elles sont inti- mement liée« a une masse argileuse de couleur foncée; quelques-unes sont traversées de pores plus ou moins gros; d'autres sont parfaitement compactes. Dans* les unes comme dans les autres, on observe, en les brisant, des enveloppes concen- triques qui renferment un noyau compact. Tan- dis que ces boules endurcies ont résisté aux influen- ces extérieures , la masse cimentaire qui les en- toure, est lâche , friable , et se réduit entre les doigts en une terre grasse. On y voit des nids de Calcédoine et des filons de Quartz, qui coupent la roche en diverses directions; le Quartz se distin- .1* ■A '^'i',-' '•'..■» ' ■■ ^*■ ■ L*i ■*.>•■• IIG 7. ILES BONIN-SIMA. h I ,. '■ ■ - - ' ■■y-%:- giic par sa couleur vcrdutrc. Au Nord de ce ro- cher , le Basalte ])risiuati({iie se montre de nou- veau. Sur le penchant de la montagne il est dé- compose en Argile grasse et couverte de végéta- tion , tandis que vers le rivage de la mer , il est tout nu et divisé par des fissures; c'est ainsi rpril s'étend bien avant dans la mer où, par un temps serein , on peut encore l'apercevoir a des profon- deurs, entre des buissons de corail isolés. Traver- sant une petite anse dirigée vers TE., il se pré- sente de nouveau sur le rivage opposé de l'anse, où il forme des séparations colonuaires. A rexlrémlté Sud de Tansc est un rocher isolé, d'environ 80 pieds de hauteur, qui évidenuneut a été séparé de la masse principale de l'île, par la violence des Ilots et par des Iremhlemens de terre. Le Basalte amygdaloïde en forme la masse principale; il s'y trouve des sphéroïdes de Calcé- doine , de l'Agathe , du Zéolite , du Slilbite et do la terre verte qui remplit les cavités. A la marée basse on parvient îi pied sec, par dessus des dé- bris de structure pareille a < vîlle de ce rocher, jusqu'à la terre ferme où se trouve la même roche, qui cependant, ayant plus souffert des influences extérieures, ne montre plus que des traces de ces parties constituantes, renfermées dans une Argile ^7^ '-'■i ^mm 7. TLES BONIN-SIMA. 117 '•■(^'^ vcrt-jannc. îjVspacc entre ce roclicr et l'?lo, .ainsi que les rivages (|ui y tonclicnt , jnsqu'îi (|iielqncs centaines de pieds vers rîntérienr, sont les seuls points où j'ai rencontré principalenient de la vé- ritahlc lave poreuse, de TObsidicnne et du Pccli- stein , en masses assez considérables. Ces masses, cependant, ne se trouvent toujours que dissémi- nées isolément , de sorte qu'on ne peut découvrir aucune trace de torrent de lave. La lave contient souvent de beaux cristaux d'Olivine et de Pyro- xène. La Pierre ponce se montre non seulement ici , mais encore îi beaucoup d'endroits dans l'in- térieur de la foret; elle; est en morceaux isolés et arrondis dont la circonférence ne dépasse jamais un pied. Les autres parties de Tile étaient, o'.? imprati- cables ou trop éloigné(!s ; de sorte que la roclie qui les constitue ne pouvait être examinée. INlais, à en juger par le caractère extérieur des mon- tagnes et des parois de rocbers, elles sont formées d'une roclie parfaitement analogue a celle de l'anse Lloyd. Cette île , en automne et en hiver surtout , est sujette a de violens tremblemcns de terre ; c'est alors aussi que régnent de furieuses tempêtes qui poussent au loin dans le pays les vagues de la '■^lï^îV: !. ••; .-. V». ■Agfgn vU: f ' «W .!*•«■, 118 7. ILES BONIN-SIMA. mer , et causent la destruction des rochers et des forêts. Les îles situées au Nord de Peel et devant les- quelles nous cinglâmes , ne présentent que d'im- menses rochers h flancs perpendiculaires et à sommets irréguliers. Ils sont composés selon toute apparence de Basalte compact et de Basalte amyg- daloïdc. 8. SATOTE- HÉLÈNE, Venant du S. E. , nous distinguâmes cette île , encore a la distance de 50 milles italiens,, a quatre élévations séparées q li se montraient au-dessus do la surface des eaux, mais que nous vîmes se réunir a mesure que nous en approchâmes. Deux de ces élévations appartiennent au coté N. ; ce sont les monts Barn et FlagstafF; le premier offre un som- me', arrondi ; le second s'élève en cône. Les pentes de ces monts tomhent a pic dans la mer \ elles sont tout-a-fait nues, déchirées, et d'un aspect sombre. mn. ?-v:. 8. SAINTE -HÉLÈNE. 119 :é^^^- La pointe septentrionale de l'île est formée par le Siigar-loaf ; entre cette montagne et le Barn , s'étend la baie de Flagstaff, la plus considérable de l'île. Sur le côté du N. s'ouvrent les vallées de Bank's , de Rupert et de St. -James , k l'issue des- quelles se trouvent les anses de même nom. Plus loin vers le S. O. , se trouve la baie des limons et la petite île Egg. Vers l'O., l'île se termine en un promontoire aigu. Le côté S.O. se prolonge en ligne droite ; il ne présente que quelques petites écbancrures. Tout le rivage méridional s'étend de l'O. a 1 E. , et se retire en plusieurs endroits, formant des anses dont la plus grande est la baie de Sable (Sandy-Bay). La pointe de selle (sadle-polnt), sur le côté oriental , s'avance au loin dans la mer, et forme, avec la pointe S.E. et le Barn , deux gran- des anses. Tous les rivages, dans les endroits où ne se trouvent point d'issues de vallées, tombent h pic dans la mer. Les parois de rocbers sont entière- ment dépouillées , et présentent pour la plupart une stratification onduleuse sans régularité dans l'inclinaison. Sainte-Hélène est coupée par plusieurs cbaînes de montagnes. La cbaîne principale, pour l'éten- due comme pour la hauteur, est le Big-Bone (le gros-os). Il se dirige du S. Q. au N. E. et. 'v'^t'i, ■ ' ri ^'," ■r ••.;•.•-;•* V''. ■ •■<■■- A .-•. AW M'.,. : j.'.T.' ':'',■ il ■ »■ ' ,K ■-» ^. J, ■„ , TV.. 120 H. SAINTE -HÉLÈNE. sans atteindre le milieu de Tile, il s'incline vers le S. E., étendant de tous côtés des bras dont j)Ia- sieurs courent indiscontinûment jusqu'au rivage de la mer. Les plus considérables de ces bras sont : le riantation-IIouse-IIill et le IJrown's-IIill, qui s'étendent vers le N. Au N. E. du lîig-lîone, se trouve le profond ravin nonnné DeviTs Puncli- bowl ; et dans cette même direction confine U ce ravin le plateau Dead-Avood , qui est couvert , par places , de buissons bas appartenant pour la j)lu- part au genre Solaiumi. Au N.O. de Dead-Avood s'élève le '!agstaft-IIill .^ baut de 2*272 pieds an- glais. La continuation de ce plateau vers le S.O., forme Long-Avood (ainsi nommé à cause du long bois d'arbres ;i gomme qui y existe encore) ; c'est sur cette plaine que se trouve la maison qu babi- lait Napoléon. Les sommets les plus élevés du Big- Houe sont : Diana's Pic (2700 pieds anglais), Cuckold's- Point (2072 pieds anglais), et llalley's-Mount (2i;)7 pieds anglais) (*j. Sur le côlé N. de l'île, s'éten- dent, dans la direction du N.O., les croupes peu élevées: Jîank's-llidge , llupert's-IIill cl J^adder- Ilill; les deux dernières enferment la vallée Sl.- (') Ces Imuteiu's soiif iricli(|uw's (Caprô.s les calculs du Mitjor Rcuiicl. iVi!:'-!V 8. SAINTE -HELENE. 121 James, func du côté de l'E., Tautre de celui de rO., et celle-ci se rattache au ment Iligli-Kiioll (1900 pieds anglais). Les montagnes tombent, pour la plupart, à pic ; les vallées qui se trouvent entr'elles sont souvcjit coupées par des montagnes plus petites et par des collines , et couvertes de masses de rochers (pii s'élèvent isolément. 11 n'y a proprement point de rivières a St. -Hé- lène ; il n'en existe que dans la saison des pluies, temps auquel toute vallée qui débouche sin* la mer, peut être considérée conmic un lit distinct, rrésentement la végétation est pauvre a Ste. -Hé- lène. Elle ne règne que dans quelques places vers le milieu de l'île , et principalement à Plantation- Ilouse, où néanmoins la réussite des végétaux est due a des plantations artificielles de diflercn- les espèces provenant d'autres contrées du Sud, connue du Cap de Lonne-Espérance et de la INou- v«'S<' Hollande. r V est besoin que d'un coup -d'oeil jeté sur l>'^ ;>! hres rochers de cette île , pour y rccon- naîtii î 10 formation violente, produite par le feu souterrain. Je ne puis domicr un tableau gé- néral de la structure intérieure , car le manqui; de temps m'empêcha de visiter tous les points dont l'exploration eût peut-être levé maint doute à^ ->'• .1 .';,•(■'■."■■' ;..;-:v^ ,.;!:> ■■■•;,; /■^•(N: «.:/'' .■^"'V' ■■■>■. là-, -i'.S'-'î ■:i:m'^ f" , .j^^^vr ïî,;;;->ii 1 ,. : »«>- ' , rfV •;> l.-> -'^J '■ ,*.'V.' ■',« :■ •'■ „'i^ ■. ■ =. '.' _.f ' m m *■■ V WtwM 1% m m ■ '"l^^-T h. .^f^m i^ 122 8. SAINTE - HÉLÈNE. dans lequel je restai après plusieurs excursions que j'avais jugées nécessaires ; il faut donc que je me borne aux objets qui se présentèrent a moi dans ces courses. A l'issue de la vallée de St. -James , en suivant la pente occidentale du Rupert's-Hill , je rencon- trai du liasaU" compact et poreux ; le premier domine et forr. ' '; grosses masses disposées en coucbes horizontajiL 3t inclinées, dont l'épaisseur va quelquefois jusqu'à 70 pieds. Ce Basalte prend par places une structure moins compacte et se décompose tout- a -fait, vers la partie extérieure de la pente, en Argile rouge; il contient des cris- taux dePyroxène.Vers la surface de la montagne, il est couvert de masses de Basalte poreuses , ou arrondies , agglutinées par un ciment argileux. L'Argile couvre aussi la hauteur jusqu'au Flags- taff-llill, et toute la contrée jusqu'à Long-wood, Dead-wood et aux pentes du Grand Ravin du diable; ce n'est qu'en peu de places que parait, sur les pentes, la véritable roche compacte. La pente qui se dirige vers le N.O., deDead-wood h la vallée de Bank's , est , dans sa hauteur de 1200 pieds , couverte d'une Argile noirâtre ; dans cette Argile sont renfermés des coquillages pétrifiés qui appartiennent à l'espèce Bulimus ; je ne vis de ces pétrifications que vers la surface , et aux 8. SAINTE -HELENE. 123 parois d'escarpemens isolés je n'en trouvai plus de traces. La surface du FlagstafF est également couverte d'Argile *, sur le côté oriental de cette montagne . côté tourné vers la mer , des parois escarpées de Basalte se montrent a découvert. L'enfoncement en forme de selle qui sépare le FlagstafF du Pain de sucre , est, sur un espace de plusieurs centaines de pieds, couvert de cou- ches parallèles de 6 pieds d'épaisseur, qui con- sistent en une Argile d'un brun sale et une sorte de pierre calcaire semblable au Grès , lesquelles alternent en tr 'elles. Les couches contiennent les mêmes coquillages pétrifiés. Elles tombent de l'E. àl'O. sous un angle de 2îV', s'inclinent principale- ment vers la pente de la vallée qui se dirige du S.O. au N.N. E., et reposent sur du liasaltc prismatique dont les séparations ont une position horizontale et se montrent à découvert a TE., du côté de la mer. De ce point , en se rapprochant du Pain de sucre , la surface se compose égale- ment d'Argile sur laquelle sont disséminés des fragmcns de Basalte ; il ne s'y rencontre plus de coquillages, mais elle se distingue par des taches blanches sous lesquelles , en creusant a une pro- fondeur de quelques pouces, on trouve une sid)s- tance farineuse , molle , et contenant du Sulfate de chaux. Sous cette Argile, le Basalte alterne de ' ■' ' *.*.■ il I " 'PS '.!■ "":■'•]'. : .; -i.-t.V ',''■;■ ■ «■« t» • , '.',' ■ -< '»;*,--^, "■!'■'-■ ' ***/!.. «i > il'' î " ..,■,. I- ■■■■t.AisiK' *■ • ;.■;; 1 ■•■<■• ».■- "; ^',-4 .i-:-: 124 8. SAINTE -HELENE. I nouveau avec des couches d'une roche roui^c et argileuse. Ici se présente encore une couche, épaisse de 30 pieds, de Pierre calcaire jaune, très friable et remplie de fragmcns de coquillages; laquelle , formant h l'E. une paroi escarpée, s'a- baisse vers l'O. dans la vallée ci -dessus nommée. La pente de cette couche de Pierre calcaire est caractérisée par des excavations irrégulières et rondes, produites par la pluie et par le vent; il s'y trouve : 1", une multitude de petites coquilles de limaçons non pétrifiées , de l'espèce Limnaius ; 2", de petits rameaux de plantes mécomiaissables, lesquels , après avoir complètement perdu leurs parties organiques, ont été remplis par des par- celles de Pierre calcaire, et, dans la cassure trans- versale, laissent apercevoir de petites ouvertures d'une ligne de diamètre ; 3", de la Chaux sulfatée dont les cristaux aplatis sont entassés en petits morceaux irréguliers; 4", des morceaux arrondis de Basalte et de la même Pierre calcaire , de la grosseur d'un œuf de poule, déstructure compacte, et contenant dans leur intérieur de petits cristaux de Chaux sulfatée, étroitement groupés. Vers le iN. E., s'élève le sommet proprement dit du Pain de sucre. La masse principale est du Basalte prismatique compact. Vers la partie supérieure du sommet, ce Basalte prend une structure aniyg- 'im 8. SAINTE -HELENE. 125 daloïde et renferme des géodes de Calcddoiiic, d'Agathe, d'Opale et d'autres productions silicicu- ses rpii passent les unes dans les autres. Tout le chemin de Dead-wood a Long-wood passe sur des couches de Tuf de couleur rouge , sem- blable à la Pouzolane , et qui , passées a l'état d'Argile, renferment par places de grosses boules de Basalte, dont les plus petites se montrent sou- vent composées de couches concentriques. l'ous les sommets du Big-Bone consistent en lîasalte compact qui, par places, se transforme en Argile rouge; il repose sur du Tuf qu'il pa- raît avoir percé, et qui renferme des sphères de lîasalte. lîrown's-lllll et Ilans-Uidge, deux croupes de montagnes peu étendues et qui se dirigent du Big-Bone vers le N., sont de formation sem- blable. La dernière se rattache immédiatejncnt, au S., au Ilallcy's-jMount. Au midi de ces mon- tagnes, s'ouvre la vallée de Sand\ - Bay. Au S.O. de cette vallée , on voit quelques collines couver- tes de sapins, derrière lesquelles s'élèvent en am- phithéâtre plusieurs sommets en forme de crêtes et tout-a-fait nus; ils s'étendent jusqu'au Lott's- Bidge (fui s'avance jusqu'au rivage de la mer, dans la direction du S. (). Sur cette montagne s'é- lève le Lott, rocher de lîasalte, perpendiculaire, nu et haut d'environ 300 pieds, dont les sépara- fi ■ .rM-\ ,», ... !■ ■■.■«yi*:', •m -,• :■■'/ ■ '• 1- ■i- "Sa < , • ■•'-.•' ; ■••. 4."*.i.l ■ t1 4.A-f, 12G 8. SAINTE -HELENE. pu ["il t^M¥^ lions prismatiques s'étendent comme des rayons, de la partie centrale dans toutes les directions. De puissans fragmens de cette roche, ainsi que du gravier, couvrent la pente de la montagne dont la masse principale , composée de Tuf com- pact, est traversée par deux filons de Basalte pris- matique, lesquels, partant du pied dudit rocher, atteignent en divergeant le pied de la montagne, et servent comme de soutiens au rocher. En suivant le fond de la vallée de sahle qui , dans la saison des pluies , devient le lit d'un tor- rent rapide , j'eus , principalement en trois en- droits, occasion d'ohserver la formation de cette partie de Tile. Le Basalte, le Basalte amygdaloïde et le Tuf sont les roches dominantes. A Tune de ces places, le Basalte amygdaloïde occupe en lon- gueur un espace de plusieurs centaines de pieds , sur une profondeur de cent pieds , et il est , sur les côtés, horné par des filons de Basalte prismati- que de 10 il 20 pieds d'épaisseur ; les séparations de ce Basalte, courant parallèlement les unes aux autres , ont une inclinaison de 30". Cette dernière circonstance me parut être dominante en cette contrée , partout où le Basalte prismati((ue se pré- sente en filons. La, où ces filons se montrent a dé- couvert sur Tune des pentes de la vallée, on les voit, sur la pente opposée, continuer dans la %>■ 8. SAINTE -HELENE. 127 même direction ; cette dernière peut être prise en général du N. E. au S. O. Toute la vallée de Sandyliay doit donc avoir été autrefois violemment scindée , ce (pie témoigne du reste évidemment la multitude de fragmens et de galets de ces mê- mes masses de Basalte. Les couches de Basalte qui se trouvent en haut , sont horizontales ; les pris- mes tombent sous 40" vers le N. 0. A une autre place , le Basalte compact est coupé par un filon de Basalte prismatique , qui se distingue encore d'une manière frajipantc par sa couleur. La direc- tion de ce lilon est N. O. , mais les prismes sont horizontaux. Plus près de Tissue de la vallée , le 1\if et la roche amygdaloïde dominent , et sont , par places, interrompus par du Basalte prismati- que. Le Basalte amygdaloïde renferme des cre- vasses dont les parois sont couvertes de cristaux de Chahasite ou de Spath calcaire; ce dernier est assez souvent recouvert d'une couche de fer oxidé brun. Dans le fond de la baie de Sable , qui s'a- vance vers le j\.(). entre des roches escarpées, règne dans les roches une alternative continuelle, quoi.;«.; '> -1 '•■ :>Xf': i iM.T :i . , ■::.w'>^1c'' ". ■& ■•"■■■' I - 1*^ ■■'A: 128 8. SAINTE- HELENE. que j)cii de sdpurjitions prisniallqucs ; l'autre, au contraire, large de 10 pieds, ne se compose que de prismes , qui , dans leur direction horizontale , ont, au plus, un pied de diamètre. De l'autre côté, le Tuf, le Basalte et le Basalte amyj^daloïde alter- nent entr'eux, et sont, comme les roches dont j'ai parlé plus haut, enfermés par deu\ liions de Ba- salte semhlahles, dans la même direction. Ce Ba- salte contient heaucouj) de cristaux de Pyroxène ; les crevasses de la roche amygdaloïde sont rem- plies de Spath calcaire. D'autres liions de Basalte traversent la roche horizontalement, de sorte que, sur la paroi de rocher, par le croisement des li- ions, se dessinent des parallélogrammes parfaits. Le rivage plat et large d'environ 300 pieds, est couvert d'un sahie qui contient heaucoup de grains de Pyroxènc, ce qui le rend tout- a -fait noir. Il s'y trouve aussi des galets de Basalte disséminés (;t des morceaux arrondis de Pierre ponce , dont la grosseur ne dépasse pas un pouce. Les mon- tagnes situées au N. 0. de la vallée , sont princi- palement couvertes d'Argile rouge. Dans plusieurs endroits de l'île, on trou> j do la Pierre calcaire friahle , semhlahle au Grès , de couleur hlanche et grise ; elle domine dans les en- droits suivans : Dans la partie N. O. de l'île , elle couvre la pente septentrionale de la vallée de 8. SAINTE -HELENE. 129 Gr«';gor. A l'O. du promontoire Sadie-Point, elle repose sur du lîasalte et de l'Argile, a une hauteur de 1200 pieds, et h l'E. de la baie de Sable, à une hauteur de 000 pieds (cette Pierre calcaire est, sous le rapport économique , préférée a toutes les autres espèces). Plus loin, a l'O. de la baie de Sable , elle couvre piusicnrs collines. Sur la croupe du Lott's -Wife - Ilidge , qui , a partir du lîig-Bone, s'incline vers la baie de Sable dans la direction du S.E., se trouve une ou- verture , large de 11 pieds , qui conduit dans un abîme dont la profondeur n'a pas encore été m-^- surée. Les pierres qu'on y jette tombent durant un assez long espace de temps , ce dont on peut juger par les nombreuses répercussions souterrai- nes qui se font entendre. On ne voit h Sainte -Hélène aucunes traces de torrens de lave proprement dits , ni de cratères voniissans ; car on ne peut rien conclure de déci- sif de quelques petits morceaux de lave isolés et vitrifiés, qui se rencontrent très-rarement et en très-petite quantité au pied du P)arn et du Flag- staiTs-lIill. On pourrait peut-être chercher un cratère d'élévation dans le Devil's Punch -Bowl; car les parois de ce profond ravin tombent a pic , et toutes les élévations environnantes se dirigent, en remontant encore , vers son bord extérieur. Tome III. 9 « I ■ri'i' 4. ' ■<•,-■ .■.•V ..-e: <.'if-. i-,'-:- ^ ""S'il ■ ■■:■■ >-H-fM ;;v -'il' M : ■^; 1,3() 8. SAINTE -HÉLÈNE. m \^^: Les orages sont extremenent rares à Stc. -Hé- lène , ainsi qne les trcmblemcns de terre qui soni faihlcs. Le dernier se fit sentir en 1817, dans la direction du S. au N. Dans les mois de Juillet , d'Août et de Septem- bre , régnent avec violence des vents et des tem- pêtes. La température moyenne de Tannée ne passe pas 18" Iléaum. Le maximum du flux monte à 5 pieds. Des sources minérales se trouvent dans difiiî- rentcs parties de Tile. Celle qu'on voit près de Long-wood , sort d'une Argile ronge et renferme principalement de la Magnésie sulfatée. La terre végétale proprement dite s'offre sur- tout dans les endroits où se montre présentement i'ucorc la véaétation. On voit par les annales historiques de Ste.-Hé- lène , que , lors du premier établissement formé dans cette île, il y régnait une riche végétation; on en trouve encore maintenant des preuves en plusieurs endroits, dans de puissantes racines d'ar- bres, qu'on voit dans les crevasses et les enfoncc- mens des masses de rochers; parmi ces racines il s'en trouve aussi d'Ebénier. On se sert principalement pour bâtir, du Tuf volcanique, semblable à la Pouzolanc , qui est coupé en formes parallélipipèdes. Pour cimenter t- r.'i ■ V 8. SAINTE -HELENE. 131 CCS pierres, on emploie l'Argile mulde à la chaux, et ce ciment devient très-dur et très-fort lorsqu'il est sec. Pour blanchir les maisons, on se sert de la chaux que Ton tire de la Pierre calcaire qui se trouve a Ste. -Hélène; et, pour cette opération, des fours à brûler sont établis dans la baie de Sable. Les obj-îts apportés de pays étrangers, et qui appartiennent au règne minéral , sont : de la Phyllade pour la couverture des maisons ; du Grès blanc (dit: Portland-Stone) pour les bâtisses, dt; la Houille pour le chauffage, et du Sel. (*) ^V€^ 1» . ' . (*) Je dois rcs observations , coinine aussi plusieurs outres ci -dessus énoncées, à la roniplaisance de M' Sealc Escj., homme Irès-iiistiuit et qui Iiubite Ste. -Hélène depuis un grand nombre d'auuccâ. 'r;. ■'.'■'■ ,ft.'- ; :"■.tk*.^.■ * su * ' ■*■■ ■' '^4 1- " t V •/•j*..- , i*î ,.►■''<. '-^■i Û' B,t' 9. NOTICES SUR LES ILES CAROLINES par le D^ Mertens. mm m 0 Le voyageur dont le regard a plané depuis bien des jours sur la vaste plaine de la mer, où il cher- chait en vain un point propre a reposer sa vue, éprouve h l'aspect des îles élevées des Carolines une sensation de plaisir et de surprise impossible h décrire. Elles lui offrent l'image de hauteurs pittoresques , tapissées de la plus belle verdure, depuis le niveau de la mer , qui baigne des fa- milles onticies de plantes , jusqu'au sommet des montagnes presque toujours enveloppées d'éjiais nuages, qui entretiennent cette vigueur de végé- tation, signe caractéristique de ces îles. On pour- rait les comparer, vu leur fertilité et leur con- traste frappant avec la mer qui les environne, aux oasis des déserts de l'Afrique , que l'homiue découvre, comme celles-ci, au moyen de la bous- sole ou par l'oliservallon des astres. En s'appro- chant davantage de ces forets , qui , au premier abord, pai'aissent couvrir ces îles dans toute leur étendue , on disting.;? des taches d'un vert clair NOTICES SUR LES ILES GAROLINES. 133 et vif; ce sont des plantations de la Canne à sucre, de Bananiers et d'Aroïdécs dont les racines four- nissent une nourriture raine et abondante ; des bouquets de Cocotiers majestueux, placés générale- ment V jrs le rivage, annoncent les babitations des ip<.ulaires. Des sources d'une eau fraîche et lim- pide jaillissent de toutes les hauteurs, et se pré- cipitant de la cime des montagnes, de rochers en rochers , forment une suite de cascades qui ren- dent parfois le site on ne peut plus pittoresque ; plusieurs de ces sources se réunissent ensuite en un seul ruisseau , qui ne présente sur ses bords qu'une suite de jardins , où partout le terrain dans lequel il serpente, est favorable u la culture. L'observateur de la nature ne revient pas de la beauté que lui offre ici la variété des formes du règne végétal. L'aspect des îles Carolines diffère totalement, sous ce rapport , des régions tropi- cales des grands continens; tandis que celles-ci contiennent une immense variété de familles de plantes les plus hétérogènes , qui enchaînent les regards du naturaliste, et ne lui permettent guère d'embrasser, sous un seul point de vue, le grand ta- bleau de la nature , il ne trouve dans les îles dont nous parlons, que peu d'espèces d'arbres; mais l'effet de leur distribution et de leur assemblage est tout-a-fait pittoresque, ainsi que l'élégance de leur ':^''^Ë'^' ■ - ■.-■ ^M'». * ' •';■;-: . ■'■ '*■ ■y '-^ '■ '-/A''; ^ yii ■}•' 134 9. NOTICES feuillage, la beauté de leurs couronnes , la forme souvent singulière de leurs troncs et de leurs raci- nes, couchées tantôt en partie hors de la terre, tan- tôt retombant des plus îiautes branches pour péné- trer dans son sein et s'y reproduire. Le voyageur éprouve un charme indéfinissable a la vue des fo- rêts des îles de la mer du Sud , dont l'entrée lui est cependant souvent interdite par des Lianes qui, pour ainsi dire, les entrelacent, et des Graminées épineuses qui couvrent un sol marécageux. Nulle part, je le répète, le pays n'offre le caractère sau- vage et inculte qui distingue le Brésil et les Indes orientales. Les plantes qui embellissent particu- lièrement les îles de la mer du Sud dont nous traitons, et qui leur communiquent ce caractère particulier , se laissent facilement entrevoir dans des groupes qui se présentent spontanément a l'œil de celui qui s'intéresse aux beautés de la na- ture. Sur nulle autre partie du globe, l'élégante famille des Fougères ne se moiilre sous un aspect plus riant qu'ici ; ces plantes tapissent d'un(; infi- nité d'espèces différentes, tantôt les rochers, tantôt les troncs et les branches des arbres , d'où elles retombent quelquefois en formant les guirlandes les plus gracieuses; mais dans les forets de ces îles, elles ne se contentent pas du rôle inférieur que nous leur voyons remplir presque partout SUR LES ILES CAROLINES. 135 ailleurs , elles y forment des masses ; et des por- tions considérables de bois ne sont composées que de ces Fougères , qui tantôt paraissent sous l'as- pect de simples berbes, tantôt sous celui de grands buissons, d'autres fois enfin s'élèvent h la hauteur d'arbres de 20 h 25 pieds, qui par leur forme imi- tent les Palmiers, dont i'extreme beauté a été dé- crite par ceux qui ont joui du bonheur de les con- templer. Le bel effet que les Palmiers produisent dans un paysage, est actuellement conn i de tout le monde , et la dénomination de rois et princes du règne végétal, qu'on leur a donnée, serait très heureusement choisie, si on leur assignait de pré- férence le genre féminin, car par l'élégance et la grâce de leurs formes ils mériteraient plutôt le nom de reines des bois. Ces îles ne possèdent rien moins qu'un grand nombre de difl'érentes espèces de cette famille, mais les trois ou quatre fo ics que j'y ai trouvées, sont un de leurs plus boa ix ornemens. Le Cocotier , une de ces espèces , aime plus le rivage, où les jolis bosquets qu'il compose se montrent inséparables des cabanes. Mais au- dessus des forets des montagnes de l'intérieur, on reconnaît les couronnes de quelques Arcca ou choux-palmistes , qui paraissent comme suspen- dues en l'air , a cause du coloris clair de leurs troncs qui se confond avec celui de la voûte cé- ;,''1;i' .Mu. •ft^' *":< V ■■:-^\ ^■^ i,t' Y, 136 9. NOTICES 'jif: l'i'4 M J-%'', leste. Le Nipa^ autre espèce de Palmier qui n'a pas de tronc , et dont les feuilles gigantesques naissent inuiiédiatement de la racine , occupe les lieux marécageux des bords des rivières ainsi que de la mer, et rend les endroits dont il a pris pos- session, impénétrables par la longueur de ses feuilles qui surpassent fréquemment celle de deux brasses, et qui se croisent continuellement. La fa- mille des Pdndaruts (Baqiiois), dont la forme est une des plus gracieuses du règne végétal , appar- tient presque exclusivement aux îles de la mer Pacifique, auxquelles elle prête un caractère tout particulier d'élégance (jui enchante le voyagetu', et lui indique la partie de notre globe où il se trouve; cette famille qui a une grande alïinité avec les Palmiers, sembK; vouloir aussi se rap- procher par son port et la forme de ses feuilles, de plusieurs genres de Liliacées et de Sarmenla- cées (p. ex. Aloi', Juccn, Dracœna) desquels elle est cependant éloignée par d antres caractères beaucoup plus essentiels. La mai ^ue la plus dis- l.inctive duPandanus consiste dans ses feuilles qui se développent en spirale, «aracii;re qui se re- trouve dans toutes les espèces. On dirait de la plus grande partie de ces espèces, que les racines ne se réunissent qu'a une certaine distance au- dessus du sol pour composer le tronc, dont la cir- ■um SUR LES ILES CAROLINES , 137 conférence n'est jamais considérable (rarement plus de six pouces de diamètre) et qui s'élève cjuel- (picfois k 40 et même a 50 pieds a^ant de pous- ser des branches dont le nombre est indéfini ; celles-ci se subdivisent, et chacune de ces bran- ches est couronnée a sa pointe , dont l'épaisseur est presque la même qu'à sa base , d'une belle touffe de feuilles longues et étroites , pliécs dans toute leur longueur U plusieurs reprises et élé- gamment recourbées, ce qui porterait ceux qui n'examineraient pas de près les Pandanus, à les j)rendre pour des Palmiers ramifiés. Quelques es- pèces , cependant , restent toujours petites en forme de buisson , tandis que d'autres s'entrela- cent dans les arbres les plus élevés pour garnir leurs branches , d'où elles retombent en belles guirlandes pour gagner des troncs voisins aux- quels elles se rattachent. Les Heurs mâles, parti- t ullèrement de l'une de ces espèces, répandent dans les environs le parfum le plus exquis de va- nille et d'ananas, et le fruit du Pandaïuis paraît avoir en effet emprunté la forme de cette der- nière production de nos serres. Rien cependant ne peut donner une idée plus juste de la fertilité du soi de ces régions , que ces grandes masses de terrain couvertes d'Aroïdccs et de Bananiers. Le parenchyme de ces plantes, composé de larges cel- i .1 ■- ■ •*■ ■ - <•■/>' ■.>-!«• 138 9. NOTICES Iules qui contiennent une grande humidité , per- met «ne complète pénétration de la lumière ; rien n'égale l'oflet que produisent les rayons du soleil sur ces immenses feuilles d'un vert luisant et bril- lant , effet aussi agréable que favorable à la vue, qui attire et fixe nos regards sur cette famille du règne végétal. Outre la Canne a sucre dont le vert est d'une nuance tout -h- fait différente , on re- trouve aussi ces plantes auprès des babitations comme dans les plantations au milieu des forêts. Les insulaires donnent un soin tout particulier à la culture des Aroïdées et des Bananiers , a cause de la grande quantité de fécule nourrissante qui se trouve, chez les premières, dans les racines, et chez les derniers , dans les fruits. Il n'y a pas de doute que le sort des habitans de la plupart des îles de la mer du Sud dépend eu quelque sorte de l'arbre h pain ou le Jaquier; l'arbre étant en lui-même d'une belle apparence, figure avantageusement dans les domaines de Flore; il est aussi vigoureux que le chêne, et porte sur un tronc colossal une couronne qui peut rivaliser avec celle de nos tilleuls. Les feuilles grandes et profondément incisées , sont disposées par bouquets , et ne sont jamais très-nombreuses, ce qui donne a l'arbre beaucoup de légèreté et de grâce, et laisse apercevoir entre les feuilles l'azur mm V"" "' ■''':■, \. .-„. .■•S" r*! iH.*ri SUR LES ILES GARÔLINES. 139 de la voûte céleste. Cet arbre précieux se trouve dans les iles^élevées des Caroline», tantôt cultivé, tantôt dans son état primitif. Les Figuiers , par leur aspect extérieur , se rapprochent du' Jaquier sous plus d'un rap- port; nos îles en contiennent plusieurs espèces, de l'une desquelles en particulier on ne peut se dispenser de faire mention : un immense toit de feuilles, qu^on dirait tendu au-dessus de la cime des arbres d'une forêt , se trouve soute- nu par une grande quantité de piliers formés en partie de racines aériennes, entrelacées de la manière la plus bizarre avant d'êti'e parve- nues jusqu'à la terre pour y pénétrer. Ce n'est qu'au milieu de ces colonnes qu'on parvient a dé- couvrir le véritable tronc appartenant a ce balda- quin d'un FiguiiU" rendu tout-U-fait colossal par le nombre infini d'autres racines qui retombent des branches, de manière que l'ensemble présente un de ces dômes gigantesques que le siècle des Goths a vu naître. Il est souvent impossible de dé- couvrir dans les forêts quel est le feuillage qui appartient a ces troncs; il nous est dérobé par une quantité d'arbres qui naissent et disparaissent sous son ombre. Cette espèce de Figuier rappelle dans ces îles ce que tant de voyageurs racontent du Ficus rdigiosa des Indes orientales ; il paraît ■'^^■^■' 'Al 1» fr'^ ;^v ^If \ > ' *■;<* ^^^ . V ■ *^ ^ . *.' '^r.- /s.' ''A f "f;t, V i'r>.. ,« . ♦i. -, t :^ ■■ 140 1). NOTICES ■'1 '1 1 m P &: •■•£* même jotiii* d'une sorte de véïK'iration chez ces peuples, qui ne semblent prononcer qu'avec res- pect le mot de Konéah, nom indien du Figuier dont nous traitons. Le liarrin^tonid aux Heurs grandes et superbes, le Sonneratia dont le tronc, ainsi que ceux des lihizophorcs , se trouve baigmî par la mer; le Terniinalta dont les branches croissent comme par étages , le Cdlophylhun dont le nom signifie belle feuille et qui est très-remarquable par l'élégance de son feuillage , et quantité d'autres arbres en- core, se distinguent dans ces forets, tant par la beauté de leurs Heurs que par celle de leurs cimes ; leur aspect est encore embelli par de magnifiques Liserons, ainsi que par d'autres plantes rampantes dont les couleurs varient a l'infini, et qui s'entre- lacent dans les branches de ces arbres. Ces forets qui ne sont jamais infestées de betes féroces ou de scrpens venimeux , jouissent de la plus grande fraîcheur; on pourrait mcm*^ la citer comme le trait le plus caractéristique des îles élevées de rOcéanic', on l'y retrouve partout et elle en fait les délices \ c'est elle encore qui produit ce déve- loppement considérable des formes végétales. Plu- sieurs des arbres qui nous ont frappés ici par leur dimension et leur beauté, nous ont paru mesquins et pauvres dans d'autres régions, comme, dans les SUR LES ILES CAROLINES. 141 Philippines et les Mariannes que nous avons visi- tées ensuite, quoique ces dernières îles jouissent de tous les autres avantages dont se vantent celles qui sont situées entre les tropiques. ■> L'image que nous offrent les îles basses des Ca- rolincs est bien différente de celle que je viens de tracer; loin de les trouver favorisées par la na- ture, comme leur position entre les tropiques le ferait présumer, nous les trouvons plutôt négli- gées a cause du manque presque total de terreau. Elles ont d'ailleurs si peu d'étendue, que les par- ties salines de la mer qui les entoure , ennemies de la plupart des végétaux , sont portées par les vents a travers toute l'île. On est étonné , malgré cela , de trouver sur ces îles , qui ne sont presque que des bancs de sable de corail , des Cocotiers , des Jaquiers, quelquefois même des Rarringtonia et autres arbres, parvenus a d énormes dimensions. Leurs racines s'enfoncent avec force dans les fen- tes du corail, dont elles soulèvent des parties con- sidérables. Les creux qui sont produits par cette opération , se remplissent de feuilles mortes et d'autres débris organiques qui forment peu h peu un petit terreau , dans lequel peut avoir lieu la germination de nouvelles plantes, dont les semen- ces sont jetées par les courans ou apportées par les oiseaux. Le commerce entretenu par les peu- T • ■'('' . ' ' ■ ' ' " 'f .; ■ '.■ fi. 1 ■■." ■ V." •-. ■»:•>.,■ ■'.'•%, \>.^4^r'. ■'V ■■■■*: T ■*:\/'-: ri, M ■* *■■•'■ '.■'''■> I > ■'(...•■jl.U.i •■*» 142 9. NOTICES 4 ri?; ples qui habitent les îles basses, les a enrichies encore de plusieurs végétaux, de sorte qu'on ren- contre sur ces îlots arides près de la moitié des espèces qui embellissent les îles élevées de ce même archipel. Mais on ne doit pas s'attendre à les trouver ici dans le même degré de perfection ; plusieurs d'entr 'elles y changent même tellement de nature , qu'on les croirait d'une espèce diffé- rente. Celles dont nous avons fait mention plus haut , qui se contentent d'un terrain pierreux et aride , imbibé par l'eau de la mer, s'y montrent avec assez de vigueur. On ne rencontre nulle part le Cocotier et môme le Jaquier dans un tel degré de perfection j il paraît d'après cela que c'est jus- tement le sol qui leur est propre. Les arbres à pain se plaisent davantage dans le centre de ces îles , où ils forment de très-jolis bocages que nous voyons entourés d'une haie de Cocotiers ; on pour- rait observer que ces deiniers préfèrent le voisi- nage immédiat de la mer. Le Tournefortia , petit arbre à couronne touffue d'un gris argenté , le Scœvola^ arbrisseau d'un vert très-vif, le Panda- nus, ca et la un majestueux Barringtonin ou un Calophjlhun h feuillage sombre et luisant , com- plètent le tableau de ces îles , embelli d'espace en espace par quelques Liserons, qui avec leurs ri- ches lleurs entourent les troncs d'arbres, ou en i- s-' m^ SUR LES ILES CAROLINES. 143 d'autres endroits couvrent le sol pierreux sur le- quel ils s'étendent. On rencontre encore plusieurs espèces de fougères ; mais celles qui prennent la forme d'arbres, et qui sont si connuunes sin* les îles liantes, manquent totalement dans les basses. L'Ile de Feys diffère considérablement des au- tres îles basses, quant a l'aspect du pays et a sa végétation. Elle se trouve tout-a-fait isolée , n'est entourée d'aucun récif et ne renferme point de lagune ; elle forme une seule masse de roches ma- dréporiqucs qui s'élèvent, dans quelques endroits, à plus de douze toises au-dessus de la surface de la mer. Ce n'est nullement, connue on pourrait le croire, l'intérieur de l'île qui en constitue la partie la plus élevée, ce sont les côtes. On s'aper- çoit visiblement qu'on descend a mesure qu'on s'éloigne du rivage, ce qui fait qu'on est tenté d(; croire que l'île contenait autrefois une lagune ou espèce de j)ort qui a disparu par la retraite des eaux. Cette partie est maintenant la plus fertile ; les naturels y cultivent une quantité de racines nourrissantes qu'on chercherait en vain dans les îles voisines; aussi paraissent -ils donner le plus grand soin a leurs plantations. Lorsqu'ils goûtè- rent chez nous pour la première fois des pommes de terre , ils nous en demandèrent sur le champ, .■,-u.-.t\'.''X:'' •«• . •• '-."4; 't 144 9. NOTICES SUR LES ILES CAROLINES. et se lii\lèrcnt le jour même de les planter. Les arbres à pain y sont rares, mais les Bananiers s'y trouvent en assez grande abondance. 10. OBSERVATIONS SUR LES HABIT ANS DES ILES CAROLINES. ,t«^ Il rbgne parmi les babit.ans des différentes es- pèces d'îles qui composent l'archipel desCarolines, luie assez grande diflVn ^nce par rapport aux mœurs et aux coutumes. Tandis que ceux des îles élevées, uniquement a l'exception d'Ualan , sont engagés dans des guerres éternelles avec leurs voisins , nous voyons ceux des îles basses jouir de la paix la plus parfaite ; ils ne s'occupent que de la cul- turc du sol , du commerce , ainsi que de travaux industriels. On dirait qu'ils ont un dégoût natu- rel pour la guerre , qui ne leur est cependant nul- lement inconnue \ ils tirent même parti des dis- sensions de leurs voisins en leur fournissant les armes dont ils manquent. Les plus belles lances et les meilleures massues sont fabriquées dans les îles basses ; elles sont faites de la partie la plus dure du tronc des Cocotiers, et comme le travail ^.'•tl DES iLES GAROLINES. 145 en est très-soigné , elles sont très-recherchées et coûtent fort cher. Les habitans sont beaux , bien proportionnés, plutôt maigres que gras, do taille moyenne, mais plutôt grands que petits, ce qu'on ne supposerait pas d'après les récits de plusieurs voyageurs modernes (*). Ils sont très-actifs , et d'une physionomie très-agréable qui prévient ex- trêaioment en leur faveur ; la bonhomie est peinte .4 {*) Pour donner une idée plus juste de la taille de ces in- sulaires, je joins ici les dimensions du corps prises sur un in- dividu rp^ii surpassait de fort peu la taille moyenne. Hauteur de sa taille , 5' 10" CircoulVucnce de la tête i' 1 1" TiOngJieur de la tt^tc depuis le sonunet jusqu'au III mon 0 11" Circonférence du cou 1 ' 4" Largeur d'une épaule à l'autre; 1 ' g" Largeur de la poitrine 1' 4'/ " De l'extrémité supérieure du .sternum jusf|u'au nombril V 3" Circonférence de la taille à la bailleur des hanches 3' 3" Longueur du bras depuis l'acromion jusqu'à l'ex- trémité des doigts 2' 10" Longueur de l'humérus «lepuis l'acromion jusqu'à l'olécranon 1 ' 3" De l'olécranon jusqu'à l'extrémité des doigts 1' 7" Longueur des jambes depuis le trochantcr major jusqu'au talon 3' 4'/ " La plus grande circonférence de la cuisse 2' 0 Longueur depuis le Irochanter major jusqu'au genou 1' 10" Tome ni. 10 ■•.::,' h !«'• «^ • ■*,' ■;•':' 1 'i'' ■\-f - * ' V" f ■ ; ■' . 1.'- J ' >;, ' ' V'"^;; •"i-*' :;/'fV - ■'. ;•• ■^. ■■■ ' ^. '-'■iifi-^.i' %,, «>• ; ■.>*v;'<. •t . 1- '.* (>- ■" >•'■*«%»• ■ ■ it. ^••«'•:vv '%' :^'::'-m-l*^ • - M * ■. •' '-. ' \ ■„■•/"*! ■■ '.■■■•■ '"^y '■'''*: •<• ' I ' .'►»ï iJf^ r^,: •■^*..^->'' . . 4* : ': ;*v. ■v.'^. t%.: 146 10. OBSERVATION SUR LES HABIT ANS dans tous leurs traits. Leur chevelure est épaisse et d'un beau chatain-noir (très-rarement rousse) ; leurs cheveux sont généralement attachés en un grand nœud ; ils ont le front très-élevé , mais fuyant cependant en arrière ; le nez prononcé , mais plat et large ; la bouche assez grande ; les lèvres épaisses , les dents blanchos comme de l'i- voire ; les yeux bien fendus et garnis de superbes cils ; les tempes comprimées ; les pommettes très- peu saillantes , le menton proéminent, avec une barbe assez souvent très-épaisse , cependant plus généralement peu fournie. On a le plus souvent compris ces peuples sous le nom général de race malaise, mais il ne faut qu'un coup-d'œil pour les i^lstinguer des véritables malais qui habitent les iles des Indes et les Philippines. Sur toutes les îles basses des Carolines que nous visitâmes , nous avons retrouvé le même peuple , la même hospitalité, la même bonhomie et jusqu'à la même gaîté, qui le caractérisent. Mais dans aucun de ces groupes nous n'avons rencontré ces Du genou au talon 1' lO'/j" Longueur du pied 1' 0 Sa plus grande largi ■ 0 G" Circonférence du mollet 1' 5" Longueur de l.i main 0 8" T." (|. DES ILES CAROLINES. 147 mœurs lascives qu'on supposerait régner sur tou- tes les îles de l'immense Océan pacifique. Les voyages lointains que ces naturels entreprennent, leurs visites fréquentes chez leurs voisins, ainsi que leurs excursions jusques dans les colonies eu- ropéennes, n'ont ^n rien altéré l'innocence remar- quable de leurs mœurs , ni fait naître en eux le désir de s'approprier le bien d'autrui d'une ma- nière illégitime. On serait porté h croire que l'es- prit de commerce qui les anime, leur a appris de bonne heure à respecter chez les autres ce qu'ils n'ont eux-mêmes acquis qu'avec peine , et dont ils sont en état d'apprécier la valeur. Les habitans du groupe d'Ouléaï , ainsi que ceux de l'île isolée de Feiss^ furent moins sévères à notre égard, quant à ce qui concernait leurs femmes , que les habitans du groupe de Lougounor ; ils leur per- mettaient de se trouver dans notre société, et il ne fallait que peu de temps pour qu'une liaison intime s'établit entre nous ; malgré cette sorte d'intimité et la confiance sans bornes qu'on nous accordait, il n'y a pas un seul individu sur le Sé- niavine qui puisse se vanter d'avoir obtenu quel- ques faveurs d'une belle des îles basses des Caro- lines. On ne peut pas citer les femmes pour leur beauté , elles sont même plutôt laides ; leurs traits distinctifs sont une fort petite taille, une figure - ■ "m U^> ■ il:-':';/ •3.».il ;V-* •^ ■' '■ "?■ ■■■»-•. ,■ *t:: Mi.^ 148 10. OBSERVATION SUR LES HABITANS large et la gorge pendante lorsqu'à peine la pre- mière fraîcheur est passée ; elles sont nues de même que les hommes , a l'exception d'une large bande attachée autour des reins , et faite d'un tis- su rayé. Dans l'île de Feiss nous remarquâmes que les jeunes filles portaient en outre une frange qui tombait depuis la ceinture jusqu'aux genoux; elle était faite des fibres de VHibisciis. Parmi plu- sieurs de ces femmes nous avons remarqué un au- tre ornement des phis bizarres ; il consistait en une ou phisieurs lignes sur U;s bras et sur les ép.iu- les, formées par de petits boutons qui viennent par suite de petites incisions faites dans la pre- mière enfance , et frottées ensuite avec le suc qui découle des branches coupées du Cerbera, ou bien au moyen d'une espèce cleMoxa qu'on fait brûler sur la partie où l'on désire tracer des lignes ; ces marques vsont ineffaçables, on les conserve durant tout le cours de la vie. On prétend que cet orne- ment plait extrêmement aux hommes. Dans le temps où ces boutons supurent, ils ne ressemblent pas mal aux pustules de" la vaccine, de sorte qu'en les voyiuit pour '>> Vk:: X ' '.■'f.ui] 160 10. OBSERVATION SUR LES HABIT ANS mm m trêmemcnt posséder une de ces ceintures , je leur offris un prix considérable , à leurs yeux, pour ce seul article; mais ces femmes multipliaient telle- ment leurs demandes à chaque fois que je cédais à leurs réclamations , qu'il me fut impossible de réussir a m'en procurer une. Il paraît , au reste, que les femmes y attachent un grand prix; j'ai vu quelquefois des hommes s'en parer, mais ils n'é- taient pas plus portés à s'en dessaisir, et nous al- léguaient , pour raison de leur refus , que cet or- nement appartenait à leurs femmes. On ne peut se défendre de rendre justice à ces insulaires pour le soin extrême qu'ils prennent de leurs femmes ; il est impossible de se faire une idée des égards qu'ils leur prodiguent , et leurs moindres désirs sont autant de lois qu^ils exécutent avec le plus grand empressement. Lorsque les présens que nous leur faisions plaisaient h leurs femmes , ils n'hésitaient pas h les leur offrir ; celles-ci à leur tour paraient leurs enfans des dons qu'elles ve- naient de recevoir. J'eus le désir d'acheter h l'île de Feiss quelques-unes de leurs bandes d'un beau tissu orné de superbes dessins qu'on pourrait com- parer U ceux de nos schals : les hommes étaient yt toujours disj)osés U me les céder, mais les femmes leur adressaient dans ces occasions des discours où la douceur était loin de régner , et d'après les- fi*- DES ILES CAROLINES. l'51 quels je n'obtenais qu'un refus formel ; ces scènes ne paraissaient nullement troubler l'union ; la gaîté revenait , et au bout de quelques instans on ne se serait pas douté qu'il y eût eu la moindre altercation. ... 11. DES MOEURS ET USAGES DES HABIT ANS DES ILES CAROLINES BASSES. Lorsque le Séniavine arriva pour la seconde fois aux îles Carolines, vers la fin du mois de Novem- bre 1828 , il fit la découverte du groupe de Moio- rilleu. Nous fumes fort étonnés de distinguer dans une des premières pirogues qui s'avançaient ù notre rencontre, un homme que nous reconnûmes pour être un européen, d'après le contraste frap- pant de son teint avec la couleur d'un brun foncé des insulaires qui l'environnaient ; il nous fit tous les signes imaginables pour nous engager à mettre notre bâtiment en panne. Le Capitaine ne tarda pas a remplir le vœu qu'il exprimait avec tant d'ar- deur. Lorsque nous fûmes k portée de l'entendre, nous vîmes que c'était un Anglais qui nous adres- sait la parole : il supplia le Capitaine de le rcce- ■•■'\\ M '■■if it* ■y'* ■*■■. ■ " -"-*■ "h. ■ ■■-m ■ ■^i'^ • ■*■?•> I ••■'*""■ 1;:. .-.-'.)■ W' f.4 .-. •*.-v;.:- 152 11. MOEURS DES H ABIT ANS % '■•Ivîl ri voir. Notre chef se rendit à sa prière , et nous eûmes la satisfaction peu d'instans après de voir paraître sur le tillac William Flojd, jeune An- glais des environs de Glocester , faisant partie de l'équipage du baleinier the Prudent ^ Cap. Gallower qui l'avait abandonné sur ces îles, depuis environ dix -huit mois; il y avait été accueilli de la ma- nière la plus hospitalière par ces insulaires qui ne cherchaient qu'à adoucir son sort par leurs soins et leurs attentions; ils ne lui donnèrent jamais lieu de regretter sa patrie, mais en revoyant pour la première fois, depuis son séjour parmi eux, des voiles européennes , l'amour de son pays se ré- veilla en lui ; il leur fit part aussitôt du désir qu'il éprouvait de rejoindre ses compatriotes. Ces bra- ves insulaires employèrent toute leur éloquence pour l'engager à ne pas quitter ceux qui l'aimaient si sincèrement, et qui étaient toujours prêts à remplir jusqu'à ses moindres désirs. Dès qu'ils virent que sa résolution était inébranlable, ils l'accompagnèrent jusqu'à notre vaisseau, le com- blèrent de nouveaux présens et prirent enfin con- gé de lui , en le suivant des yeux aussi loin qu'il leur fut possible de l'apercevoir , et répétant à chaque instant son nom. William Floyd ne nous quitta qu'à Manila , où nous trouvâmes moyen de le transférer à bord d'un bâtiment américain. '1-;.' ■y m DES ILES CAROLINES BASSES. 153 •) I Son long séjour chez ce peuple hospitalier, dont il avait appris passablement la langue , le mit a même de nous communiquer quantité de détails intéressans a leur sujet. Je m'empressai de mettre à profit cette circonstance heureuse pour recueillir de nouveaux renseignemens , qui , je n'en doute point , ne manqueront pas d'intéresser le lecteur en faveur de ce peuple éminemment bon, dont la simplicité et la pureté de mœurs le distinguent de presque toutes les peuplades dispersées dans l'étendue immense de la Mer Pacifique. Un seul et même chef règne sur les groupes de Fananou et de Mourilleu , et les vingt îles qui les composent , paient un tribut annuel a ce chef su- prême, nommé dans leur langue Tamol; ce tribut consiste en fruits de l'arbre a pain , en cocos , en nattes, etc. On apprendra avec surprise qu'une seule des îles du groupe de Fananou est exempte de ce tribut ; que les habitans de cette île , quoi- que sur le même récif, dédaignent toute commu- nication avec leurs voisins , éloignés d'eux seule- ment de quelques pas; qu'ils ne font aucun cas du chef, et vont jusqu'à refuser de le reconnaître. Quoique le Tamol aille lui - môme h la pêche , on ne manque jamais de lui réserver ce qui se trouve de plus beau, de plus grand de la pêche générale. Ses sujets le nourrissent parfaitement bien ; tout :'.■>• ■ j y. • i. '^ f 1 m m |M m m p IM Mé' -t'a 1 fjE ^*v m 1^1 W^ 154 11. MŒURS DES H ABIT ANS ce qu'il commande est considéré comme lois ex- presses, quoique du reste elles ne soient pas main- tenues dans toute leur vigueur. Le chef est, comme ses sujets , soumis aux lois. Floyd m'a cité plu- sieurs faits qui viennent k l'appui de ses discours. Si , par exemple , le Tamol désire se marier une seconde fois , il est obligé de satisfaire au tribut qu'on exige de tout individu qui veut contracter de nouveaux liens. Il n'a aucun droit sur les fem- mes de ses sujets , et tout roi qu'il est , il ne peut s'unir à aucune d'elles sans avoir préalablement obtenu son consentement. Les vieillards de l'île sont en général choisis com- me juges ; une réprimande de leur part est envisa- gée comme la peine la plus grave qu'on puisse en- courir. Lorsque les affaires sont d'une nature plus compliquée , on a recours au Tamol qui retire de grands avantages de cl > appels, car ses sujets sont obligés, pour lui rendre hommage, de lui offrir des présens a la suite de l'arrêt rendu. Il faut ajouter pour l'honneur du Tamol, qu'il s'efforce de prévenir les querelles , les dissentions qui pourraient s'éle- ver parmi le peuple, mettant de côté , en pareille circonstance, tout intérêt personnel. Jamais les parties intéressées ne le quittent sans s'être ré- conciliées. La succession a la dignité de Tamol n'est pas héréditaire , et le fils ne saurait en aucun WgJ t. "V. ■ > •Wflp s* DES ILES CAROLINES BASSES. 155 cas succéder à son père. Lorsqu'il vient h mourir, on s'adresse au frère du défunt , et s'il n'en avait pas, cette dignité est conférée à l'un de ceux qui avaient été de ses meilleurs amis ; celui qu'on choisit n'a pas le droit de refuser la place qu'on lui offre ; le plus sage , le plus juste est toujours élu de préférence au plus riche ou au plus puis- sant. Ils n'ont en général qu'une seule femme , cependant nous avons connu quelques individus qui en avaient plusieurs. Celui qui désire s'unir à une femme , commence sa déclaration par lui offrir des présens , qui sont s^ur le champ acceptés si la proposition est favorablement accueillie. Dès que la jeune fille porte à son père les présens qu'elle vient de recevoir, le futur acquiert le droit de passer la nuit avec elle , quoique le mariage n'ait lieu que le lendemain. Qu'on ne se figure pas que les noces chez ces peuples causent beau- coup d'embarras ; au contraire , tout se passe sans apprêts, sans fêtes quelconques ; toute la cérémo- nie consiste dans le consentement que la jeune fille donne de vivre avec celui qui l'a choisie pour compagne , et dans ses adieux a ses parens. Lorsqu'on ne se convient pas, ou qu'on est ennuyé l'un de l'autre , on se sépare avec la même faci- lité avec laquelle l'union a été contractée. Quand on se marie pour la première fois , on n'est pas 'il ■.-■ i'-- ■ ■.c/A-^^'f- •■' ■'•'■.■•V ' ■'■■'*■:■. ■•-,. 'Ji'l' ■ ' ■■ ■"*■ ..'•:♦■■ ;-'♦ -. .i ' 'S- /y ■ l ; "n •■■■.'..■'■ > • ,,•«■'•-" #r I ■ • .*■• ■'«L''-| . ..■ \> ■■ ' ■ 'V i'.' »■ II, ' ■ ■ , "4 :^x'!^ 156 11. MOEURS DES II ABIT ANS tenu a payer de tribut, mais dès que l'on contracte de nouveaux liens, on est obligé d'y satisfaire en donnant une certaine quantité de nalles ou de fruits aux insulaires. Lorsqu'une séparation a lieu entre deux époux , les enfans appartiennent au père, et la inère ne conserve aucun droit sur eux. Le mari , qui en tout temps est rempli d'égards pour sa femme , redouble de soins et d'attentions durant sa grossesse ; dès que cet état se manifeste, elle interrompt ses travaux , reste presque tou- jours à la maison enveloppée de nattes ; pendant ce temps son mari se charge de la servir. " n est plus permis aux hommes de manger avci elle ; les jeunes garçons qui ne portent pas même en- core de ceinture , le peuvent cependant; ceux-ci sont seuls chargés de lui apporter les cocos qui lui sont nécessaires et dont il lui faut une grande quantité , parce que toute boisson lui est défendue à l'exception du lait de ce fruit ; plusieurs indivi- dus de Cocotiers et de Jaquiers lui sont néanmoins strictement interdits. Quand l'époque de l'accou- chement approche , elle est entourée de femmes rassemblées pour la soigner ; dès que les douleurs commencent à se faire sentir, ces femmes se met- tent à crier et a chanter pour qu(; le mari n'en- tende pas les cris de son épouse du'ant le travail de l'enfantement. Ces femmes sont assez habiles .•■•11 DES ILES CAROLINES BASSES. 157 dans l'art de raccouchement ; elles cunnaisscnt plusieurs maiiœuvn^s , possèdent plusieurs secrets pour faciliter la naissance de l'enfant. Chez ces peuples on n'entend jamais parler de fausses-cou- ches , non plus que de la naissance d'aucun mons- tre ; ils paraissent presque ignorer ces sortes d'ac- cidens. Deux jours après l'accoachcmcnt , la mère, se baigne dans de l'eau douce , et ce n'est qu'au bout de cinq ou six mois qu'elle recommence ses travaux accoutumés. Les mères ne sèvrent pas leurs enfans a la même époque que nous avons coutume de le faire , mais beaucoup plus tard ; il y en a qui les nourrissent jusqu'à Page d(î dix ans ; nous avons rcitrouvé ce même usage chez les peuples qui habitent le détroit de Behring. Les mêmes précautions qui sont observées durant le temps de la grossesse , le sont également à l'épo- que de l'indisposition périodique des femmes; il ne leur est pas permis alors de se peindre la li- gure de jaune ou d'orange, couleurs extrêmement de leur goût et par lesquelles elles croient rele- ver l'éclat de leiu's charmes. Il leur est aussi dé- fendu de se servir d'huile pour leurs «heveux. Les bains d'eau douce leur sont ordonnés et il v a même des pièces d'eau douce désignées pour cet objet. Dans la plupart des îles il est non seule- ment défendu aux hommes de s'y désaltérer, mais ■ I « T ' • . i ; -■i^ iî..3.| -, "-^ iU) Wi 158 11. MOEURS DES HABIT ANS même do s'en approcher. Lorsqu'un mari injurie ou insulte sa femme, les amis de celle-ci l'emmè- nent de chez lui h l'instant même. Ces égards, cette indulgence qu'on témoigne aux femmes, sont portés au plus haut degré ; car dans le cas où un mari surprendrait la sienne en adultère , la seule punition qu'on lui infligerait serait de lui refuser l'entrée de la maison pendant quelques jours. L'homme ne s'en tire pas aussi facilement ; le mari se jette sur lui en poussant des cris épou- vantables qui attirent toute la population de l'île ; il l'attaque alors avec un petit instrument muni de dents de requin assez aiguës pour produire des écorchures qu'il conserve long-temps en punition de son crime. La fureur du mari dans les pre- miers instans est à son comble, il ne respire que la vengeance •, la vie de l'adultère est même en danger, s'il se trouve être plus faible que le ma- ri ; mais généralement la foule qui survient l'em- pêche d'assouvir sa vengeance dans le sang de celui qui l'a outragé, elle cherche à les calmer, et par- vient même à les réconcilier ; le mari se contente ordinairement en pareille occasion de quelques nattes, après quoi celui auquel il voulait arracher la vie il n'y avait qu'un instant, obtient son par- don , et tout est oublié. Ces sortes de scènes une fois calmées, n'altèrent en rien les relations ami- DES ILES CAROLINES BASSES. 159 cales qui subsistaient avant de semblables évène- mcns. L'usage bizarre qui règne au groupe d'Ou- leaï , et qui consiste en ce que le mari permette k son ami, s'il se trouve sous son toit, de le rem- placer pour une nuit auprès de sa femme , est tout-a-fait inconnu dans les îles que W. Floyd a habitées; il n'en a même jamais entendu parler. Quoique les maris n'aiment pas que leurs femmes reçoivent des visites d'hommes, il est permis aux deux sexes, tant qu'ils ne sont pas maries, de pas- ser ensemble des nuits entières à causer et à dan- ser au clair de la lune. Floyd m'a assuré que ces parties nocturnes se passent presque toujours dans la plus parfaite innocence. Malgré ce manque to- tal aux bienséances, la réputation d'une jeune fille n«, souffre en rien d'une semblable liberté. On n'exige la fidélité que des femmes qui ont h remplir les fonctions et les devoirs de mères de famille. Quels que soient les égards que ces insu- laires observent envers les femmes, ils ont cepen- dant établi certaines lois auxquelles elles doivent se conformer ; par exemple , il leur est défendu de jamais ouvrir la bouche lorsqu'elles se trou- vent dans la maison où les assemblées ont lieu, et qui servent de logement aux étrangers; ces maisons sont situées au bord de la mer ; quoique tous les habitans de l'île s'y réunissent pour Iciu's 1^:.: r . •'• ' , !;H '' 'i', •• T. . I '::-flÇ.:^-;' 160 11. MOEURS DES HABITANS l'A assemblées, elles n'appartiennent ni au gouverne- ment ni au roi , et sont la propriété de quelque insulaire qui croit prouver par la son patriotisme. Outre ces maisons , il y en a d'autres qui servent de domicile a tous les hommes non mariés ; elles appartiennent également à des particuliers qui en font volontairement le sacrifice pour concourir au bien public. Les hommes se lèvent de grand ma- tin ; leur premier soin est di* se rendre au rivage pour se laver, se baigner et se rincer la bouche. Il leur est défendu d'empîover de Teau douce à ces dififérens usages, et ils sont persuadés que qui- conque le ferait , tenterait en vain de prendre du poisson s'il allait èi la pèche. Ces mêmes défenses s'étendent aux femmes , excv.ptc dans les cas par- ticuliers ci-dessus mentionnés qui exigent l'emploi de l'eau douce. Les femmes doivent se baigner du côté opposé a celui où les hommes se rendent pour le m*nic objet , ou h l'heure où ils ne s'y trouvent pas. Ce ne sont , selon William Floyd , que les enfans que la curiosité attire , et qui , n'allant pas encore a la pêche , ne sont pas retenus par la crainte de revenir sans provisions , qui osent se glisser dans le bois pour parvenir au bord de la mer, afin de contempler les femmes lorsqu'elles se baignent, se mettant peu en peine des préju- gés et des conventions établies. La décence va i'fe.Pf ff DES ILES GAROLINES BASSES. 101 même jusqu'à défendre aux femmes de se montrer sur le rivage aux heures où les hommes revien- nent de la pèche , parce que , pour être plus k l'aise , ils se dépouillent du peu de vetemens qui les couvrent. Après le bain , lorsque les hommes ne sont pas occupés a quelques t^^.ivaux, ils b ; » en- dent tous dans la maison s omnmne pour s'y amu- se • ; ils n'y manquent jamais de sujets qui exci- tent leur gai té, mais malgré cela, ils ne tardent pas a se fatiguer de leurs plaisanteries mutuelles, de soiLc que peu de temps après toute la société se livre au repos. Rien ne contrarie davantage ces insulaires que lorsqu'on interrompt leur som- meil matinal, qui est leur plus grande jouissance. Ils n'ont pas d'heures fixes pour les repas, chacun mange quand il en sent le besoin ou (juand il est forcé de profiter d'une occasion qui se présente, et qu'il ne retrouverait ] r\-'- 'i;i ->■■■) y- .■■;■ »•)••;■..' K ' V ':>v»i ,, ^ «11., ' " "• v]: ;'-;-^^fc':- .i' ' ■ .,.■ ,:!»■■ :".■■(.■ .1 . ■"-■■;■■•';{''.■:;. .... :%'j<.\: •"''"1 ■' ■f.f " ' ", ■ -'i i. .-'if' ".' '-'it, -•'•■ I.' . "îv! iiq ''1 Ssfl^ ^^Ê il ^^ m IM ^?1^' 164 11. MOEURS DES H ABIT ANS mait autour de lui un cercle nombreux d'hommes et de femmes qui prêtaient l'oreille la plus atten- tive a ces discours ; mais a chaque instant les hommes Tinterrompaient en criant : pennant ! pen- iiantl (ce qui signifie défendu). Ce mot exprime également toute chose contraire h la loi , par exemple : il y f^ des arbres qui sont pennant, c'est- :i-dire aux({uc!s il n'est pas permis de toucher : un terrain duquel on ne doit pas s'approcher , etc. Cette expression de pennant a absolument la même signification que le mot Tabou, employé par d'autres habitans de TOcéanie. Les femmes cependant, en présence des insulaires, ne sou- riaient ni ne changeaient nullement de physiono- mie en entendant prononcer ce mot pennant , et afïectaient même de ne pas le comprendre. Le rire entre pour beaucoup dans la conversation de ces insulaires quand ils sont entr'eux ; W. Floyd allait jusqu'à prétendre que des phrases entières se comprenaient par le seul rire. Ces ha])itans en général aimaient extrêmement a parler ; leurs soirées se passent ordinairement a raconter des histoires ou les aventures de ceux qui ont fait des voyages lointains • ils s'entretiennent aussi avec plaisir des îles nouvelles ou inconnues qu'ils ont visitées ou aperçues, de leurs habitans, de leurs productions, de la manière dont ils ont été ac- '^^'m DES ILES CAROLINES BASSES. 1G5 cueillis par les naturels, de ce qu'ils ont remar- qué dans les colonies espagnoles , particulière- ment des vaisseaux qu'ils ont vus et de l'endroit où ils ont été observés. Leurs entretiens sur ces différens sujets se prolongent jusque fort avant dans la nuit. C'est par ces conversations que se maintient la connaissance de la situation des dif- férentes îles qui composent l'Archipel des Caro- lines. C'est une chose vraiment surprenante que l'exactitude avec laquelle ils savent indiquer la direction dans laquelle elles se trouvent , le nom- bre de journées nécessaires pour y arriver , les chefs auxquels elles appartiennent, le nombre de pièces d'eau doùre que ces îles contiennent , ainsi que celui des habilans , des pirogues , etc. Il est à regretter que W. Floyd ne se soit pas occupe avec plus de détails de ces différons points, et que le Séniavine n'ait pu s'arrêter dans les mêmes îles qu'il a habitées, car nous aurions sûrement réussi avec son aide îi obtenir des renseigncmcns pré- cieux sur la statistique des îles Carolines. Les ha- bitans des îles où nous passâmes tandis que Floyd se trouvait avec nous, parlaient ime langue dont il ne comprenait que peu de mots ^ la langue dans laquelle ï'ioyd s'entretenait ptMulant son séjour chez ses hons amis, les Caroliniens , était sans doute un mélange d'anglais et de la langue de '(■■, ;'t' ",, .* ■"■ '■■■'' »*■-■" ■■■'■ ' ',.,■■■ t^-l ' l'y- : ■■■^.' ' ■"■' 'n «!' ■ ♦''. 166 11. MOEURS DES H ABIT ANS W I'' 'jîr w ■ i •» ■ ::i^':-}i_ £,■■ t , ces îles. II avait appris autant de leur langue , qu'eux de la sienne; de manière qu'ils parve- naient à s'entendre mutuellement , comme ils s'é- taient accoutumés les uns aux autres. Mais les ha- bitans des îles que nous avons vues plus tard con- jointement avec Floyd , parlaient ou un autre idiome ou une langue tout -a-fait différente. Une des premières branches de l'économie de ces naturels consiste dans la pêche ; ils sont fort à plaindre dans la saison où cette ressource vient à leur manquer. La nature bienfaisante a abon- damment fourni ces parages d'une quantité im- mense de poissons, dont la variété des couleurs et la singularité des formes surpassent tout ce que l'imagination peut se figurer de plus beau, de plus éclatant ; la chair en est délicate et très- nourrissante. On en trouve en abondance pendant toute l'année , excepté dans les mois qui répon- draient chez nous h ceux d'Octobre et de Novem- bre, époque où il devient très-rare, et a laquelle on ne peut s'en procurer que difiicilemcnt. Cette saison est des plus pénibles pour ces pauvres in- sulaires; car ils éprouvent, en outre, en même temps un man(pi(; presque total de fruits, de sorte (pie ceux qui n'ont pas les nioy«!ns d»; se procurer d(!s vivres conservés, souffrent la plus aflVcuse di- sette diu'anl près de trois mois de l'aimée. Qiu)i- i I ^T'™ DES îles CAROLINES BASSES. 1G7 que je doive nombre de détails intéressans h W. Floyd concernant la méthode employée pour pren- dre les différentes espèces de poissons, il n'a pu me satisfaire aussi complètement que je l'aurais désiré , n'ayant pris part qu'une seule fols à une pêche de quelque importance. Dans les premiers temps de son séjour dans ces îles il avait partagé ses vêtemens entre les naturels , et n'en possédait plus aucun lorsqu'ils l'engagèrent h les accom- pagner à la pêche. Il accepta avec plaisir cette proposition , j ensant que , toujours a l'ombre du majestueux Jaquier , il ne pourrait être sensible au manque d'habits dans un climat des plus agréa- bles. Mais lorsque dans la pirogue il se trouva exposé h l'ardeur des rayons du soleil le plus brû- lant , il fut saisi d'une telle inflanmiation de peau que sa vie fut quelque temps en danger. Ces bons insulaires qui avaient été loin de prévoir que leur proposition serait suivie d'un si triste résultat, redoublèrent dès ce moment de soins et d'atten- tions pour lui , et ne voulurent plus qu'il les sui- vit dans de semblables excursions. Lorsque ces naturels se disposent h une partie de pêche , ils quittent ordinairement l'île a l'aube du jour et n'y reviennent que vers deux ou trois heures de l'a- près-midi. A leur retour ils se rassemblent dans la grande maison comnmne, où ils se régaient du ; I ,'f * ■•■,' .,;■ •.' ■) -■',• ■■'■ '■iw' ..'■lit' ■<;•• rir.- ■m' ;. -iw.*: 168 11. MOEURS DES HABITANS m. fruit de leur pêche , ayant soin de garder pour eux le poisson le plus grand, et d'envoyer a leurs femmes et à leurs enfims le plus petit , puis(pie rentrée des «Imsn est interdite à pareille heure de la journée aux femmes et aux enfans, même aux garçons de dix a douze ans. Tout individu fpii se prépare a aller a la pêche, doit, d'après les conventions établies, n'avoir eu aucun commerce avec sa femme pendant les huit ou nr. if jours (pii la précèdent, et est obligé de passer ce même nombre de nuits dans la maison comminie as- signée aux hommes non mariés. Cette loi est main- tenue avec la plus stricte rigueur, celui qui au- rait reçu la moindre faveur d'î'.nc fennne ([uel- conrpie , serait forcé de s'y soumettre , et de re- noncer à (ette partie de pêche, s'il ne voulait , d'après la croyance générale , risrpier de gagner h;s maladies les plus dangereuses , particulière- tncnt des enflures aux jambes. Les femmes, dont la discrétion ne s'étend rju'îi garder \v, secret de leur liaison avec (pichpie étranger, feraient con- naître de suite celui ([ui voudrait manquer a c(;tte loi invai'iablo, le tourn(!raient en ridicule , et le poursuivraient (M) rap|>elanl Ahi/uihonr^ nom dont V^lovd n'a p«i me donner la signiH(ati<»n. Ci^ttc; loi va même jusqu'il dércndre aux homm(;s xposés hors du réc^if, ordinairement dans des endroits peu profonds, et d'autres fois j)our- tant a de grandes profondeurs. On lance ces der- y;. ■if'. ■.:,•'■■■ .J •,l£<,; ■ .ri-f^^li i ■: :''• «;.■'■■»»•• •ir .. f. ■■■ •:■' ' , ,. '*'-fr. :% ri^- ^r 170 11. MOEURS DES HABITANS 'h^ niers , du bord de la pirogue , après y avoir mis , ainsi que dans les premiers, des pierres pour qu'ils aillent de suite au fond; on a soin de re- marquer la place où ils tombent dans la mer. La plus belle saison pour la pêche une fois passée, les bannetons restent plus ou moins de temps à l'endroit où ils ont été jetés , quelquefois même plusieurs semaines entières. Pour découvrir plus facilement la véritable place où ils ont été dépo- sés , les pêcheurs, avant de chercher a les retirer, commencent par mâcher de la noix de coco qu'ils crachent dans la mer, pour en rendre Teau, pai* le moyen de l'huile qui s'en détache, plus calme et plus transparente , après quoi ils réussissent promptement dans leurs recherches. Ils portent dans leurs pirogues un filet fait des fibres du Co- cotier, dans lequel ils mettent une certaine quan- tité de corail madréporique , et qui est traversé d'un bout à l'autre par un morceau de bois très dur , dont les deux bouts sont pourvus d'un cro- chet ; k l'un d'eux on fixe une corde dont l'autre bout s'attache à la pirogue. Dès qu'on a retrouvé Tendroit où on avait laissé le hanneton, on en- fonce soigneusement le filet avec le corail jusqu'à ce qu'il atteigne presque le hanneton ; alors ils le laissent tomber tout d'un coup pour que la pointe du crochet d'en bas puisse le percer, ayant soin m M S 1 .1-1 DES ILES CAROLINES BASSES. 171 que 1g poids du corail ne l'écrase pas; on tire alors la corde qui soutient le tilct, et de cette ma- nière on parvient a faire remonter le hanneton. Les mannequins de murée sont faits a^ec le plus grand soin, même avec élégance ; on emploie pour ce genre de travai I des branches très-souples qui viennent d'un certain arbrisseau CFo/Artmerm^. Ces hannetons ne ressemblent pas mal a ceux dont ou se sert en Angleterre et en Allemagne pour le même usage. Il y a sur ces îles de ces mannequins de marée qui ont deux toises de longueur , et qui sont généralement la propriété de tout un groupe d'îles , dont on estime la richesse et Timportance, à raison df la quantité qu'ils en possèdent. Celui de MourriU'U n'en peut compter que quarante, tandis que d'autres en ont jusqu'à doux cents. On choisit , pour jeter dans les profondeurs considé- rables , les hannetons déjà ieux et iisés, parce qu'ils ne peuvent plus suppu/ ter le mouvement des vagues, cpii agirait trop f(»rtement sur eux dans des enfonccmens moins profonds. Outre ces deux espèces de hannetons , il y en a encore de très-petits , de formes différentes , qui sont tou- jours amorcés et placés indislincteniont dans la lagune, mais pour quelques heures seulement, on ne se sert de ceux-ci que pour les poissons les plus petits; ils fout destinés a Tusage des femmes ■■ ;w«. •:■'« %'r- •i V;r,l,A -i ,- ■ . ' -ti. %, ^ v>, A?# IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) // 1.0 M 1.25 ■- !■■ IIIII22 lï lia i^ Ir lié |||||20 1.8 U i 1.6 7J <^ ^ /2 v: ^ >>* 7 >^ Photographie Sciences Corporation 23 WES1 N Al«4 STRIsET WIBSTIR.N.V '*.'i''T (716) 872-4503 &p '»> 4i?, «S^ .; 172 11. MOEURS DES HABITANS et des enfans, parce que tout ce qu'ils contiennent doit leur appartenir, et ^ue, vu leur petitesse, ils n'éprouvent ni fatigue ni difiiculté dans leur ma- niement. La pêche qui a lieu pendant la nuit s'appelle EddoU^ et se fait de la manière suivante : on com- mence par prendre des feuilles de Cocotiers bien sèches, que malgré cela on expose encore toute la journée au soleil , ensuite on place ces feuilles trois à trois , Tune sur l'autre et on les attache ainsi. Quelques heures après le coucher du soleil, les pêcheurs viennent prendre ces feuilles prépa- rées et s'en servent en guise de torches , qu'ils al- lument lorsque toute la population mâle de l'île entre dans la lagune ; ils les tiennent de la main gauche , la droite étant employée par un filet à manche dont ils font usage dès qu'ils voient un poisson. Chaque pêcheur est suivi d'un autre qui n'a autre chose a faire que de retirer le poisson pris dans les filets , de le tuer en le mordant a la tête, et de le mettre dans le mannequin de marée. On suit la même méthode pour la pêche des écre- visses , des crahds , des homards et des langoustes. On appelle Hattaii la manière de prendre le pois- son au moyen d'une perche pointue ; les Caroli- niens sont très-experts dans cette sorte de pêche , mais elle n'est guère employée que pour les es- llf' DES ILES CAROLINES BASSES. 17.3 pèces vertes du genre Scariis , qu'on mange crues avec le fruit conservé du Jaquier (Mar.) Un autre procédé fort en usage pour la pêche , consiste a fendre des feuilles de Cocotier dans toute la longueur du pétiole commun , a les tour- ner ensuite autour d'une corde , de manière que les folioles ressortent de tous côtés. Deux hommes tiennent un bout de cette corde tendue , ils avan- cent ainsi en demi-cercle , suivis d'une quantité de gens qui chassent le poisson devant eux vers les hannetons placés d'avance pour les recevoir. Comme ce genre de pêche ne se fait que sur des fonds où Teau n'a pas plus de deux pieds de pro- fondeur, les folioles fixées à la corde , empêchent le poisson de reculer. Cette méthode a particuliè- rement lieu pour les Anne ans , espèce de brochet h long museau. Ils finissent enfin par resserrer de plus en plus le cercle qu'ils ont formé, et parvien- nent ainsi h forcer le poisson d'entrer dans les hannetons. Les femmes ne s'occupent d'aucune de ces différentes sortes de pêche que je viens de dé- crire ; il y en a cependant une à laquelle elles prennent une part active (on Tappe lie ^ocAeZ^ocA). Les femmes avancent dans la lagune pendant la nuit , sans lumière , avec des filets assez grands dont l'ouverture est en forme de parallélogramme ; elles se rangent en demi-cercle à une très-petite ' ' .il""':''-:';' ' ■•■4-> "■ ■•■ '■ 9!'' i^y* ■ _ i - *i * I ii- - •i.iSi;.;il ; I il". .- X.K- ^'■m^ • .1 •.'■»■?•.■ ■• 'U.«." v\ 174 11. MOEURS DES HABITANS fil distance l'une de l'autre. Les hommes armés de perches restent avec les garçons près du rivage jusqu'à ce que les femmes soient établies ; ensuite ils courent vers elles en traversant avec grand bruit la lagune, pour rendre l'eau trouble et bour- beuse ', le poisson mis ainsi en mouvement par cette manœuvre , se trouve pris facilement dans les filets que les femmes ont tendus. Ces divers procédés assurent aux naturels une grande abon- dance de poissons , et ne leur prennent que fort peu de temps ; malheureusement on ne peut les mettre en usage que dans les mois où le poisson abonde. Alors on ne se sert pas d'hameçons, on les conserve pour la saison où il est rare et où on ne peut plus suivre les autres procédés qui sont infiniment plus prompts. Ces insulaires ont trois différentes espèces d'hameçons pour la pêche. L'une de ces espèces a plus ou moins la forme d'un arc, elle est généralement très-petite, et n'a presque jamais plus d'un pouce de longueur; elle est faite tantôt de bois , tantôt d'écaillé , quelque- fois tout simplement des compartimens osseux de la cuirasse des poissons cofires (Ostracion). A la plus grande hauteur de cet hameçon on attache une ligne, sur laquelle on enfile l'appât qu'on étend ensuite sur l'hameçon , de manière à chan- ger sa direction horizontale en une longitudinale. DES ILES CAROLINES BASSES. 175 Sitôt que le poisson a mordu à l'hameçon et a avalé l'appât , on retire la ligne -, par ce mouve- ment , en dégageant la position forcée de l'hame- çon, le poisson se trouve pris à travers la bouche. C'est particulièrement pour les espèces du genre Gerres (Tinga) qu'on emploie cette méthode. La seconde espèce d'hameçons t presque semblable aux nôtres ; ils sont faits en nacre de perle ou en écaille ; mais l'on se sert toujours de préférence de ceux de fabrique européenne. Les Garoliniens en sont extrêmement avides. Pour nous faire com- prendre leur désir d'en obtenir de nous, ils se mettaient le doigt dans la bouche et la tiraient de côté de manière a imiter un poisson pris à l'hame- çon. C'est a la pêche au clair de la lune qu'on fait usage de ces hameçons , surtout pour les espèces de Seriamis , Bodianus , Labrus et Batistes. La troisième espèce est h peu près semblable a cette dernière , si ce n'est seulement que les hameçons en sont beaucoup plus grands ; on les emploie pour les poissons d'une dimension plus considé- rable , tels que les Bonites et autres. La manière de se servir de cet hameçon est d'en fixer la ligne derrière les pirogues et de la laisser traîner h leur suite, amorcée de poisson ou de jeunes feuilles non développées du Cocotier. Ces insulaires mangent le poisson tantôt cru , .■■ -• 'fj '-.1 , ■ '. ... ' •■»' i'-"- .- I ■ ■ ■ ;%,- V; *>•:•■ ;r';3i;:-. ' '- . V. . ■ !» «r. ^7; ;vl % 1 178 11. MOEURS DES HABITANS mes, en observant la méthode suivante : elles pla- cent sur elle» une poulpe qui entoure de ses longs bras leurs épaules et leur gorge, afin que par l'ac- tion des ventouses , dont les bras de ces animaux sont pourvus, il se forme sur ces parties des taches rouges , ce qu'elles considèrent comme un grand embellissement. On rencontre quelquefois des poulpes d'une très-grande dimension , il y en a même que les babitans craignent de toucher, tant elles sont énormes ; on n'en mange pas en général le corps, qui sert d'amorce a des poissons qui en sont extrêmement friands. Le noir qui en provient est employé a teindre des couronnes et des colliers faits de fleurs. Les parages de ces îles abondent en écrevisses et en crabes. Les insu- laires prennent les Pnguriis on écrevisses hernards, qui vivent sur terre pendant le jour, sur le Tour- ncfortia, arbre d'un feuillage très-toulfu qui croît près du rivage, et sur lequel ces animaux se reti- rent pour y dormir. Il y a d'autres espècej de Crustacées pour lesquels on emploie les hanne- tons, mais pour les crabes, les homards et les lan- goustes on suit la méthode indiquée pour la pèche de nuit a la lueur des torches. Quant aux coquil- lages, dont ces insulaires font une grande con- sommation, W. Floyd n'a pu m'en donner des détails satisfaisans , n'étant pas en état de me '"'IP DES ILES CAROLINES BASSES. 179 désigner assez clairement les espèces difFérentes ; il y en a qui sont toujours venimeuses, tandis que d'autres ne le sont que pendant certaines t^poques de l'année, et d'autres enfin qu'on peu .nanger en tout temps sans en éprouver d'inconvénient. Quoique le poisson, les dilFércntes espèces de Mol- lusques et de Crustacées constituent en partie la nourriture de ces insulaires, ils ne dédaignent pas les oiseaux , dont cependant une partie leur est défendue. Les hommes et les garçons , par exem- ple , ne doivent pas manger du Turdus coliinihi- nus , car s'ils s'en avisaient , ils tomberaient in- failliblement des Cocotiers en y grimpant; c'est pourquoi ces oiseaux sont réservés aux femmes seulement. Une espèce d'hirondelle noire de mer , qui est peut-être le Sterna tenuirostris , est absolument défendue sur plusieurs îles; cet oiseau ne doit y être apporté ni mort . ni en vie , car la perte totale des arbres a pain en serait la suite inévi- table. Cependant il y a d'autres îles, telles que celles qui forment le groupe de Faminou, où, malgré la proximité de Mourilleu et de Roud^ il n'existe aucune loi touchant cet oiseau. Le Sterna stolida est cependant recherché partout et on le mange grillé. Ce Sterna est un vrai don du ciel pour nombre de ces îles, parce que cet oiseau r''^":;!'.*?? B'!^|^T^^ ^1^^ ri" ^':-'tf » -1 ■■•1 -.k?-l;. • ■';■ 'Â:% ■■1" ", V 1. '■ ',.»:. •■■>■:':■■'*'■■ ts x il 180 Jl. MOEURS DES HABITANS m pond dans les mois où il n'y a ni poisson, ni fruit. A Roua, dans une scnlc rcclicrchc de ces œufs, on en ramasse jusqu'à mille, et on peut, pendant la saison, enlever jusqu'à trois fois la ponte. Une espère de fous (Pclecanus piscator) est très-estim(5e a cause de la quantité de rhair qui la couvre. Les poules, (\\\c. ces insulaires savent leur être venues des îles de l'occident, sont aussi très- estimées par rapport h leurs reufs , qui sont ce- pendant fort difliciles h trouver, car ces poules sauvages, par un instinct naturel , les dérobent autant que possible aux attaques des rats dont ces îles sont infestées, ainsi qu'aux reclierclies de rbomnie. Ces insulaires prennent beaucoup de plaisir aux combats de coqs, goût qui leur vient vraisemblablement des Espagnols. Les longues pltunes de la queue du coq sont considérées com- me le plus grand ornement pour la coiffure des bommes. Un des traits les plus caractéristiques dos peu- ples qui babitent l'Océanie, est une gaîté babi- tuelb; qui leur inspire un |.,oût excessif pour le plaisir; la musique et la danse sont leurs anmse- mens favoris , leur passe-temps le plus agréable. Les babitans des îles Carolines, ceux des îles de la Société, des Amis, de Sandwicb , etc., se li- vrent avec une égale ardeur aux mêmes plaisirs. I a: :':J DES ILES CAÏ^OLINES BASSES. IHl Chez les premiers il y a moins de recherche et plus de simplicité dans les réunions. On ne trouve dans les fêtes qu'on célèbre dans ces îles, qu'iuic faible esquisse de celles que Cook a décrites ; Tart chez cco leuples est encore dans son enfance; ils n'ont recours a aucun instrument quelconipie ; la naïveté , le naturel , font tout le charme de leurs fêtes; leurs concerts répandent une joie , une al- légresse inconcevable sur toutes les îles où l'usage les a introduits. La profession du chant et de la danse n'est pas bornée dans ces îles, comme dans celles que ce fameux navigateur a visitées, îi une certaine classe de la société ; toute la jeunesse d'une île, ou d'un groupe d'îles, prend indistinc- tement une part active dans les concerts publics. Ces insulaires renouvellent tous les ans, ou tous les deux ans, leurs chansons ; ils mettent tout le soin . toute l'application possible a les étudier et à les bien chanter ; elles sont le produit de quel- que' génie distingué de leur groupe d'îles, ou même de quelque autre. A cet égard un échange continuel d'idées a lieu par le moyen de la naviga- tion. Si, par 'exemple, il vient à la jeunesse d'une le le désir de faire briller son talcn, lusicaldans une autre , plus ou moins élcigiiée , elle n'hésite pas h se mettre en route, sure d'avaMce d'être ac- cueillie avec les démonstrations les plus sincères v"* ! ' .... '•*.'• . •*. "i , . 'V , ■ ' '-■ *■ ■ li 1 •■«''■ ;;.t; ■^t * *'t l- '■"■ t" »:.%k . .:';„;. iL>-î,' s 1 ■ . -' .ii< •".V s„-, P- ■^■yë H" '^f f .:*> fii ". «-.. ''- 'X: .« t; . ■•t .'. si"" -, -sv ïk i' i * ^ 182 11. MOEURS DES HABITANS de satisfaction et de plaisir, que ces sortes de vi- sites ne manquent jamais de produire. Il est des cas où CCS réunions sont fixées h une date très- éloignée. Dans l'année où nous découvrîmes les îles Mourilleu , une partie des habitans des îles Sotonl, Sooiik et Tanictam avaient pris l'engage- ment de se rendre au mois de Juin de l'année présente dans Tîle de Fnnunou^ résidence du chef de ce groupe, quoiqu'ils en fussent éloignés d'en- viron deux cents milles maritimes , uniquement dans l'intention de faire partie d'une fête dans le genre de celle qu'on va décrire. On s'occupait déjà des différens préparatifs ; on commençait h s'exercer pour le chant et la danse. Il était stipulé que soixante-diy canots seraient employés pour le voyage, ol que chacun de ces canots contien- drait cinq chanteuses. Il n'y a nul rapport entre les ciiansons des deux sexes , et l'on s'efforce avec une scrupuleuse attention h ce que le sens de celles qui sont chantées par les hommes, ne puisse être saisi par les femmes ; on s'exerce même h prononcer de manière a ce qu'aucun de ceux qui ne sont pas au nombre des initiés ne puisse com- prendre vm seul mot , parce qu'elles sont souvent licencieuses ou qu'il s'y trouve des mots iipennant»; les répétitions se font séparément par la même raison j celles des hommes , dans la maison com- -4 DES ILES CAROLINES BASSES. 183 •4 I mune ; celles des femmes, lantot chez elles, tanlôl dans le plus épais du bois. Lurscpi'il arrive une société de ce genre dans une des îles, elle est tou- jours accueillie de la manière la pi us hospitalière. On établit les hommes dans la maison commune ; les chanteuses sont introduites dans le logement des femmes. Dès le soir , les hommes s'exercent pour la fête qui a toujours lieu le lendemain de leur arrivée ; les femmes au contraire passent la nuit a causer ou a dormir. Le lendemain, de grand matin, tout habitant de l'île, qui n'est pas retenu par des ciiconstanccs particulières, commence par aller à la pèche , tandis que ceux qui se disposent à figurer, s'occupent de leur parure qui leur prend beaucoup de temps , et que nous allons détailler j elle ne se termine que vers le milieu du jour. Ils commencent par se verser de l'huile de coco sur la tête , s'en frottent les cheveux et la pp^u , vont ensuite se baigner dans de l'eau douce , ce qui est chez eux d'un grand luxe, parce qu'il est très difiicile de s'en procurer, cette eau étant fort rare et d'un prix exorbitant. Ces bains pris après s'être huilés , donnent a leurs cheveux et à leur corps ce lustre et cette souplesse qu'ils mettent au- dessus de tout, et qui remplacent chez eux la beauté d'un teint européen. L'usage , la décence, et surtout la superstition exigent absolument que f. ^l, '■■■ '''-•■•!''[ . ■' K' ! .'I .■m ;■' • ■ . r t- '^^ -^' 'C i"' ■( ^ , if" '■j"* ,' , V ' , *< ^^ u- '^''■' ,- ■* ■ *■ '.'■ 'l' •■ .""-^.i' -:,;'' ". ti e.v 1-, *' ' • '.'( • ' 4/ -^ •'15 . ■ 184 11. MOEURS DES HABITANS les deux sexes se baignent dans des endroits diffé- rens ; car , d'après la croyance de ces peuples, ja- mais poisson ne se laisserait prendre dans les fi- lets d'un homme qui se serait baigné dans une pièce d'eau qui aurait d'abord servi au même usage a l'autre sexe. Après le bain, les femmes procèdent a leur toilette ; elles se parent de pcn- dans d'oreilles, faits d'un bois très-léger, élégam- ment peints et ornés de fleurs du Pandanus; elles considèrent cet ornement comme un talisman au- quel les hommes ne peuvent résister ; elles met- tent ensuite des bracelets en écaille et eii nacre de perle. Leur chevelure est ornée de guirlandes de fleurs odoriférantes, artisteinent formées, et posées avec le plus grand goût. Leur cou est char- gé de '^olliers, qui h leurs yeux sont des plus riches, des j)lus précieux, quoique en efl'ei, ils ne se composent que de feuilles, de coquilles , de bois peint, etc. Leur vêtement consiste en un tissu a larges raies jaunes et noires, fait des libres du Hananicr, qu'elles s'attachent autour du corps au-dessus des hanches. Elles portent , en outre, une ceinture au haut de ce tissu, dont les bouts retombent jusqu'aux genoux; elle est faite des feuilles du Cocotier. Les jeunes femmes sont comme a l'ordinaire ruies jns(|u'ii la ceinture; celles d'un certain lige portent dans cette occasion .M 1 ^^«pl DES ILES CAROLINES BASSES. 185 une mantille. Les hommes ne le cèdent en rien aux femmes pour la parure , ils s'ornent le cou, les bras et les jambes de jeunes feuilles de Coco- tier, s'attachent autour de la taille une belle cein- ture orange, portent une couronne faite des libres du Bananier , qu'ils teignent du jaune le plus vif, ce qui contraste singulièrement avec le noir d'é- bène de leurs cheveux arrangés avec soin, et re- tenus par un grand peigne auquel on fixe une touffe de duvet , de laquelle s'élance ime longue plume de coq ou d'un paille-en-fjueue (Phaëton), d'iuie rare beauté, et qu'ils regardent comme leur plus bel ornement. Lorsque la saison le permet, leur collier est composé des feuilles d'une Scita- mincc (Mnrantn) , plante très-cstiméc , et qui ne se trouve que dans peu de ces îles. La toilette achevée , deux ou trois hommes se rendent en cé- rémonie a la maison commune , où , dès l'entrée , ils commencent a chanter ; à cet appel les autres chanteurs se rendent a l'instant au même en- droit, et se placent tous îi l'un des côtés de l'édi- fice. Ce n'est qu'alors que les chanteuses parais- sent , et en arrivant se placent du côté opposé qui leur est assigné; toute l'île accoiu't aussitôt; honunes, fonniies, vieillards, eiifans, tous se; pres- sent en foiiîe pour assister à la fête. Les honnnes ouvriînt le concert , mais peu après la voix des . ' ' ."'''''1,1. ■'■1' ---t ■«*■*! • 'is. , ■ «II»' .'.■,. ^jji! . . ..* ' i ■ :t.i ;;■*■' m' •■'•■" ■ •V] 'r . ■at, ... •'•>i,' ■• ;. ^ ■il '"U-f \r- w 186 11. MŒURS DES HABITANS femmes s'unit h la leur. Au commencement du concert ils sont tous assis, mais ils ne tardent pas à se lever pour joindre la danse à leurs chants; ils amusent ainsi le public pendant trois ou quatre heures de suite. Les femmes se retirent les pre- mières et toutes a la fois , tandis que les hommes prolongent la fête , et ne quittent la maison qu'a- près avoir été régalés de tout ce que l'île produit de plus recherché. Les habitans , dans de sem- blables occasions , rassemblent a l'envi ies vivres, les délicatesses en usage parmi eux , et fournis- sent ainsi abondamment la fête. LeTamol,ou chef, en i'ait les honneurs, et lorsque ses convives paraissent vouloir se retirer , il fait des instances pour les retenir , et les invite h une fête que les habitans de son île doivent donner en leur hon- neur, à quelques jours de distance, et qui est ab- solument dans le même genre. Outre ces grandes fêtes, qui demandent tant d'apprêts, les insulaires se rassemblent souvent entr'eux pour danser et chanter, particulièrement pendant les trois mois d'été , lorsqu'il y a une plus grande abondance de poisson. Ils se réunissent ordinairement après le coucher du soleil , et la fête continue jusqu'à fort avant dans la nnit. La danse de ces peuples a un caractère qui lui est tout particulier ; dès que cet exercice doit I 1 fmum DES ILES CAROLÏNES BASSES, 187 commencer dans les grandes fêtes qu'on a décri- tes , toute la jeunesse se lève , et va se placer de manière a former autant de lignes paralèlles que le nombre de convives et le lieu choisi le per- mettent. Tous dansent à la fois, et les figures, qui ne manquent pas de variété, sont exécutées avec le plus grand ensemble. La mesure est observée avec une exactitude surprenante. Du reste leur genre de danse consiste dans des mouvcmens brusques et vifs du corps, des bras et des jambes; elle est en outre fort bruyante , parce qu'ils se frappent les mains l'une contre l'autre ou sur dif- férentes parties de leur corps. Ils poussent avec cela , par intervalles , des cris inarticulés qu'ils décorent du nom de chant. Ils ne dansent pas, comme chez nous , toujours debout ; parmi eux cet exercice a également lieu assis. Un esprit qu'on nomme Ilatino ou Hannoulape règne sur chaque groupe d'îlots des Carolines ; c'est lui qui pourvoit ces îles de tout ce qui leur est nécessaire. Il paraît, d'après certaines données, qu'il est lui-même subordonné u un être qui lui est infiniment supérieur. Peu d'individus jouissent de la prérogative de voir cet esprit, de Tentcndrc et de faire connaître ses ordonnances , et ne la doivent qu'a l'intercession de leurs cnfans morts en bas âge ; du reste ils ne jouissent d'aucune con- ■ -vt»- iMfiâ 11-'- <'. 1?" •• ■ }.>■■ ' ■ ■ÎT ij-* (4: if',- •H '■'■: â 188 11. MOEURS DES H ABIT ANS siddration particulière , ni d'aucun privilège. Ces élus sont parfois sujets aux attaques d'un esprit malveillant qui demeure dans les coraux sur les- quels ces îles reposent ; celui-ci leur envie la fa- veur de contempler le front serein d'Hanno, qui est a jamais invisible pour lui. Lorsque cet esprit s'établit dans le corps d'un élu, on en consulte de suite im autre, après avoir préalablement conduit le possédé dans la maison commune destinée aux hommes non mariés; l'infortuné pousse des Imr- lemens affreux, fait mille contorsions épouvanta- bles en se roulant par terre. Dès que le conjura- teur arrive, il examine pendant quelque temps le m.'^.lade .ivec la plus sérieuse attention, et finit par déclarer que le malin esprit s'est emparé de lui, qu'il doit sur-le-champ se préparer h combattre un enn(!mi aussi formidable, après quoi il le quitte en donnant ordre de faire chercher des cocos. Au bout de quelques heures il revient peint, huilé, paré , et armé de deux lances , en criant , se tor- dant les mains , et faisant tout le bruit imagina- ble h mesure qu'il approche de la maison du ma- lade. En entrant il attaque directement le possédé, qui a l'instant se lève , se précipite sur son agres- seur pour se mettre à l'ahri de ses coups. Après un vigoureux combat, ils jettent 'eurs lances, et conjuratcar et possédé, se saisissent de leurs Gonr- , I- DES ILES CAROLINES BASSES. 189 gours ou bâtons dont ils se servent en dansant ; c'est alors que la scène la plus ridicule succède h ce combat , qui paraissait devoir être à toute ou- trance ; ils se mettent tous deux à danser de la manière la plus burlesque, en jetant autour d'eux des cocos jusqu'à ce qu'ils soient complètement épuisés et hors d'état de pouvoir continuer. Ce combat se répète et se prolonge a différens inter- valles, souvent pendant plusieurs semaines de suite, jusqu'à ce que le conjurateur demeure vain- queur. En temps de calamité on consulte les ins- pirés qui cherchent, dans de pareilles circonstan- ces , h pénétrer les intentions à^ Hdnnoidapa par l'intermédiaire de leurs enfans morts en bas âge ; il arrive que les oracles rendus sont ambigus , et souvent diamétralement opposés. Ces insulaires célèbrent annuellement, en l'hon- neur (VHtmnoidapc , dos réjouissances qui durent un mois entier, et qui exigent les plus grands préparatifs ; pendant l'espace de deux mois le mari est banni du lit nuptial; tant que dure hi fête il n'est pas permis d'attacher de voiles aux canots; aucune barque même ne peut s'éloigner du k. âge durant les huit premiers jours , et il est défendu aux étrangers daborder îi la côte. Les quatre jours qui précèdent la grande solen- nité sont employés h recueillir autant de cocos ; "::■■■ •-.il • h- ^•■■•■d^çi:;; ; 'i'^ ■^V;|^^ ■à; r<» ■ ■ ,*'(■"' ■. 'k. ^M^ . 1 m.. >ï^. ..m è \A' 190 11. MOEURS DES H ABIT ANS li ^Pk , ^r^' m kI^ ■' l^^'i ffiJ° 'i |3|g Wt&*' ijl^l W^i' Kjl'iw^"'*' MpB't-.'' HJK;!.:;' 1^^ ' ^i; verts que possible , et h en préparer les noix avec le fruit de Tarbre à pain dont on compose difFé- rens plats. Une grande pêche a lieu la ve lie de la fête; on transporte toutes les provisions au Ledy maison ordinaire qui sert de temple h Han- noulape , et qui pour cette seule nuit de l'année reste fermée. Le lendemain, entre le lever du so- leil et sa plus grande hauteur sur l'horizon , tous les habitans maies , a l'exception des enfans , se rassemblent pour voir entrer dans le temple , par la porte du nord , le Tamol , paré de tout ce qu'il y a de plus beau en habits , en colliers, bracelets, etc. ; son regard est sombre et fixé vers la terre; il tient îi la main un bâton avec lequel il a l'air de se frayer un chemin , paraît concentré en lui- même , et uniquement occupé d'un monologue auquel personne ne peut rien comprendre. Son frère aussi richement paré, le devance, et fait son entrée dans le temple par la porte opposée a la tête des habitans les plus distingués; ils s'asseyent, et dès que le Tamol parait , l'assemblée se lève , et il se place sur trois belles nattes qui lui ont été préparées , et ce n'est que lorsqu'il s'est assis que les habitans se permettent de s'asseoir par terre ; le chef une fois entré , le temple est fermé pour tout autre. Le frère du Tamol s'approche alors des provisions , et prend quelque chose de 1 DES ILES CAROLINES BASSES. 191 tous les plats dont le nombre s'élève au moins à cinquante , il y joint le plus grand poisson et le plus grand coco , met le tout dans im panier fait de feuilles de Cocotier, et le présente a son au- guste frère, pour lequel il ouvre en outre 50 U 60 cocos ; il distribue ensuite le reste des provisions à l'assemblée réunie, se place auprès de son frère, pour partager avec lui le repas qu'il vient de lui préparer, et reçoit en récompense les enveloppes fibreuses de tous les cocos qui ont été ouverts, oft'randc de grand prix par le rapport des corda- ges qu'on en retire. Au bout d'une demi -heure cette fcte, qui a exigé de si grands apprêts , se trouve terminée ; le temple se transforme en mai- son ordinaire commune h tous ceux qui veulent s'y rendre, s'y établir, s'y coucher, y faire du feu, etc. , ayant soin seulement de ne pas toucher aux cendres, crainte que l'île ne devienne enchantée. Cette maison , ou temple dCIIannoidape est le sé- jour ordinaire des malades , mais personne ne se hasarderait à y demeurer seul , parce que l'esprit d'IIanno y réside. Pour construire les canots dans lesquels ils font leurs longs et périlleux voyages , ils s'y prennent de la manière suivante : sitôt que quelqu'un dé- sire en faire construire un, il commence par cher- cher dans l'étendue de l'île où il se trouve , un '::■■ ■'^:l^': 't't ■'v;-'.i- ::.■ - '•■'■'<*'■■■■'■'■ 'i.^;";■■«! il- :i;4:i:.' " '. ■^' .;: r. fj^' - ''• ""il'!' '■'!,' hit-.' 'Vf^ ,■>; 'il' Wj - ' 4 192 11. MOEURS DES HABIT ANS arbre, qu'il sait se procurer de quelque proprié- taire en échange de nattes, cordes, ou autres ob- jets d'industrie. Il est d'avance sûr de l'assistance de ses compatriotes , qui ne tardent pas a l'aider à abattre le tronc aussi près d(' la base que pos- sible ; pour y parvenir, ils l'attaquent de tous cô- tés en le coupant circidairement jusqu'au cœur, prc^caution qu'ils regardent comme indispensable^ pour que l'arbre en tombant ne se fende pas ii la base , ce qui le rendrait inutile pour le but pro- posé. N'ayai que des bacbes peu propres îi un tel travail, ils ne peuvent , malgré leurs efforts, avancer que très -lentement, et sont forcés de mettr ' des intervalles à leurs travaux pour se sou- lager de la fatigue qu'ils leur causent ; ils travail- lent un jour et se reposent les deux suivans. Ils veillent avec soin à ce que l'arbre en tombant n'endommage pas ceux qui l'entourent, car ils se- raient tenus de les payer au propriétaire. L'arbre ime fois abattu , est traîné par le moyen de cor- des , au rivage , près de la maison commune , où on le laisse exposé aux rayons du soleil, couvert seulement de quelques branches pendant l'espace de plusieurs mois, afin que le liois soit parfaite- ment sec avant d'en faire usage ; c'est alors que les travaux commencent. Il n'y a sur le grand groupe de Mourillcu que 1: 5»' • DES ILES CAROLINES BASSES. 193 trois constructeurs de canots ; celui que l'on choi- sit , commence par prononcer en public un dis- cours qui est en général très-long, ensuite il me- sure au moyen du pétiole d'un Cocotier les di- mensions du tronc , fixe la longueur de la quille et en indique les limites, etc.; c'est lui qui dirige les ouvriers, et veille h ce que tous soient assidus à leur devoir. L'extérieur du tronc grossièrement achevé , on commence h le creuser , ce qui se fait assez promptement , parce qu'il y a quelquefois jusqu'à trente hommes et plus , chargés de cet emploi. Une barque a rames est en général l'ou- vrage d'un jour. La proue et la poupe des piro- gues, ou canots, exigent une attention toute par- ticulière , doivent être faites séparément, et de- mandent le plus grand soin. On abat quelquefois inutilement plusieurs arbres , avant de réussir à trouver ce qui convient a cet effet. Pour les côtés du canot, dont on s'occupe ensuite, il faut une autre espèce de bois. D'après ces détails, on pour- ra se former une idée de la difficulté et de la du- rée de ce genre de travail , surtout si on examine les misérables outils dont ils se servent , et qui doivent suffire à tout ce qu'ils entreprennent. Aussi la joie est-elle a son comble lorsqu'on en est venu a ce point, et de grandes fêtes ont lieu h cette occasion ; hommes, femmes, enfans, tout ce onii' riï. 13 ,>i't;;?ilï^.,;.'/ ; ■'-K'->.,. ■w. ^ ■•■Il • ■ ' ' .■..-tic^;' M. ■r..i f . «• -\, ^ , ■1*' 1 ■ti': ,»!• â 'it> ,1 V^tiii;,.' . 194 II. MOEURS DES HABITANS qui est en état de travailler, court à la pêche, et s'occupe h préparer les mets en usage parmi eux, composés de cocos, de fruits de l'arbre h pain, d'arrow-root, etc. Dès ce moment on s'arrange de façon a ne plus travailler que jusqu'au milieu du jour; alors on sert h manger , et ensuite on pl.ice déjeunes fruits du Cocotier sous le canot, comme une offrande à JInnno. Cette cérémonie se répète tous les jours , jusqu'à ce que la barque soit en- tièrement achevée. Ce n'est qu'alors qu'il est per- mis de se régaler du poisson qu'on a fait cuire entre des pierres chauffées et qu'on a conservé en le déposant dans des trous bien fermés. La proue et la poupe sont ensuite ornées de guirlandes de fleurs , et on n'attend qu'une occasion favorable pour lancer ce nouveau canot qu'on vient de ter- miner , et qui hérite du nom dn quelque autre hors d'usage, duquel on conserve toujours une partie quelconque, pour la faire entrer dans le nouveau. Le constructeur du canot est dédommagé généralement de ses peines par un riche présent de nattes, de fruits, etc. Je regrette infiniment de n'avoir que des notices vagues sur la manière dont les navigateurs de ces îles font leurs prépa- ratifs lorsqu'il s'agit d'entreprendre un grand voyage. William Flovd n'a pu m'en instruire, et ne m'a communiqué des détails que pour ceux de DES ILES CAROUNES BASSES. \m Rond h la haute île de Rough on Olla , qui est à peine a une distance de quatre-vingt milles mari- times. Pour ce voyage, qui est ordinairement l'af- faire d une journée, ils portent avec eux une dou- zaine de fruits de l'arbre k pain, qui sont grillés; on compose en outre un mets du fruit du Jaquier, qu'on sert dans des cor lilles. Le poisson n'est pas oublié, quand on peut s'en procurer, non plus que les cocos. Les principaux objets de leurs recherches dans les différens voyages qu'ils entreprennent , sont : le mnr, espèce do pâte fermentée et préparée .avec le fruit à pain, qui sert presque uniquement de nourriture pendant l'hiver ; tout ce qui fait partie de l'habillement, ainsi que différens usten- siles propres au ménage. Arrivés à Olla , ils se rendent chez quelque hôte hospitalier, par lequel ils sont surs d'être cordialement reçus; celui-ci, dès qu'ils arrivent, fait immédiatement son rap- port au Tamol , qui leur envoie dire de venir dé- poser chez lui leurs voiles jusqu'à leur départ de l'île ; cette cérémonie leur assure la protection des lois. L'échange de leurs productions respec- tives a lieu le soir même. Les objets de commerce des habitans des îles basses sont des canots, des voiles, des rames, des cordages, des lances, des massues, des paniers, des nattes faites des feuilles ['m: 'S? '■,■*■;• 1^ 31: 190 11. MOEURS DES IIABITANS !|ina||^4 ;«aS^^ RilWnNS'l' ^iflHi^' •flMBjwBlt^'^i f^ffip«l ?flBHpKk> 1^^ m^. du Pnndanus, des ustensiles, etc., qu'ils écliaii- gcnt pour des manteaux, des ceintures, et autres articles de rajustement , faits pour la plupart des fibre» du lîananier et de l'hibiscus, vtîgétaux dont ces habitans sont presque entièrement privés; du mar, du tek, produit tiré d'une scitaminée qui donne une couleur orange des plus magnifiques; de la terre rouge; des pierres ji chaux, dont ils font usage ])Our apprêter leur arrow-rool (mogmo^). Les marchés conclus, ils laissent leurs habille- >jfcns usés pour être teints en noir, ce qui se fait gratis. Les jours suivans se passent en divertisse- mens, pendant lesquels ils se contentent de mets composés du fruit îi pain , de cocos, ainsi que des racines des aroïdées. Plusieurs productions des hautes îles, telles que le Gain, espèce de racine qui ressemble à la pom- me de terre, les oranges, les bananes, le fruit dé- licat du Cratœva , et la Canne a sucre , ainsi que le poisson qui y est très-abondant, sont défendues aux habitans des îles basses, ce qu^ils observent très-religieusement, persuadés que le démon qui fait sa résidence dans l'arc-en-cicl, les submerge- rait à leur retour, s'ils se rendaient coupables d'une semblable désobéissance. A leur départ de rîlç, on charge leurs canots de Koie, mets pré- IJ; S n DES ILES CAROLIiNES BASSES. 197 paré avec des noix de Jarjiiier d'une qualit»? infé- rieure ; ce Koieesl très-nourrissanl etd'uiu; {grande ressource pendant les diselles qui sont assez fré- quentes en hiver dans les îles basses ; on n'exige jamais rien pour ce mets. Le voyage de retour de- mande au moins cinq jours, parce qu'ils doivent naviguer contre le vent ; c'est alors que le talent du pilote doit se déployer pour ne pas perdre, en louvoyant, la direction de l'île de llouâ. Dès qu'ils reviennent d'un de ces voyages , on prépare au pilote un dîner h part qu'on appelle Ocdderé^ au- quel il est strictement défendu qu'aucun iUitre prenne part. Avant que le pilote , qu'on nomme dans leur langue Apalla, commence son repas, il prononce quelques paroles, apparemment des ac- tions de grâces à Ilanno. Presque toute la popu- lation qui a concouru a préparer ce festin , est présente quand il goûte aux provisions qu'on lui offre, et qui sont toujours en grande abondance. Tout ce qu'il ne mange pas lui est réservé, on le porte aussitôt cliejt lui ; c'est la seule récompense qu'il obtient de ses voyages , mais aussi il ne faut pas oublier que la plupart de ces expéditions sont entreprises par l'île en commun, et non par des particuliers. Le rang de pilote est des plus distin- gués. On pourra facilement se figurer de quelle considération ces pilotes jouissent, lorsqu'on ap- ;i»!":;fti* i8 .^,^1^^. < 'f ' {..» , 'V, .f' ' t ■ ^.. ^ ^: ' ■ \ o. ^'■ • 1' '^r ■"*!-' ; ' 'i «■ . :.r: -, \ ,'-'-\t',,- .-Jnf' ) *■' i " i ;«, ■ ■ 'i :'■ , ■■.. J ;•. . ,!^' '••M ■■;,, ■" '. i' ' '* i- ' "^i'": il'-' ■nèi' ■^*?-«,>f ■i^v.'v: ,*y ?■■» "■ : vv- •'»vV; 1* ' .^^:. .»(' Tk ■ ■-. "' . ''m- (li \f __ , ; il"'". "■,*■'■''.•»; !' > "V"'- ^B-^ , ,t-, . " » ■. ^ . *■» ■■ . 1 ■r 1 i' 1 ,,§;■ :%{ H ■ .tr i ' «V :k ■■ ' y i'.: .*v 198 11. MOEURS DES II ABIT ANS prendra qu'il n'y en a que deux alloua ; l'un âtait le \icux Tamol lui-même, et i autre le fils de sa sœur. Nous avons vu plus haut qu'il y avait une es- pèce de chaux ou de mastic dont on faisait usage pour la construction des pirogues, afin de lier étroitement ensemble les planches qui les compo- sent. Je vais donner quelques détails sur la ma- nière dont ces insulaires la préparent , et qui prouveront que les tribus des divers peuples ré- pandus sur le globe ont recours aux mêmes moyens pour tirer avantage des diflférens produits que la nature leur a fournis. Ces insulaires , pour prépa- rer cette chaux , commencent par chercher de grandes masses d'un corail madréporique qu'ils transportent à un endroit désigné près du rivage ; ils y font un trou assez profond qui communique avec un canal étroit creusé à côté , et y font un feu de bois pour le bien chauffer ; ensuite ils y mettent le corail qu'ils recor ,rent d'un treillage des feuilles pennées du Cocotier, par dessus les- quelles ils en placent d'autres, puis de vieilles nattes ou ce qui se trouve sous la main. Après ces opérations, ils comblent entièrement ce trou avec de la terre, du sable, etc. Au moyen du canal qui se trouve auprès d'i trou , ils y font entrer une aussi grande quantité d'eau que possible , et bou- t * i DES ILES CAROLINES BASSES. 199 chent ensuite l'ouverture , afin que les vapeurs qui s'en exhalent y soient retenues. Ce corail reste ainsi déposé pendant quelques mois de suite, après quoi ils ouvrent ce trou très-soigneusement , et trouvent le corail transformé en une masse blanche très-caustique, de laquelle ils prennent une petite quantité h l'aide de grandes coquilles ; ils portent chez eux la portion qu'ils viennent de retirer, la frottent sur une planche pour en faire sortir les petites pierres qui s'y trouvent, mêlent ensuite ce mastic avec du charbon tiré de la spathe ou de l'enveloppe fibreuse des vieux fruits du Cocotier, et il se trouve alors prêt à être employé ; il ne faut pas tarder îi le mettre en usage , autrement il se durcirait, et on ne pourrait plus s'en servir. On se sert des feuilles coriaces du Calophyllum pour transporter cette chaux dans les différens endroits où on veut l'employer. Après s'en être servi, on a soin de la couvrir avec des feuilles pour qu'elle ne se sècho pas trop au soleil. Ces naturels lorsqu'ils veulent faire du feu, prennent généralement un morceau de bois d'une dimension quelconque qu'ils tirent de l'Hibiscus populneus ; ce bois est extrêmement léger, ils y font tout du long une espèce d'entaille et le po- sent U terre , tandis qu'un autre prépare une ba- guette du même bois, taillée en pointe, qu'il place ;■ ■ fi •. :v;-4> ! '■■'■'■■■ ' "I*' , , - . iV > .' ' : :.|.«i.«.*%f. ■ > "^'^ . ' . ■>■*■■•.. »■■ ■flfi; I".,- ('■ •■ .1 <"'. iS. •i'-i; ' 1*1 ti'' ■ ' ■ ^ î*-f ?,■*> î>-,gl % fe^ 200 11. MOEURS DES HABITANS et soutient perpendiculairement dans cette entaille en la tenant des deux mains., pendant qu'il la fait rouler d'iui bout à l'autre , avec toute la force et la vitesse imajçinables. Tout le succès dépend de l'habileté du rouleur et de la sécheresse du bois ; quelquefois un seul roulement suffit pour produire du feu qu'on entretient avec la partie fibreuse du fruit du Barringtonia speciosa , qu'on a eu soin de î*aire bien sécher d'avance. D'autrefois on em- ploie cette manœuvre des heures entières a^ant d'obtenir le résultat désiré. Le Kava , boisson si généralement adoptée sur toutes les îles du grand océan, n'est pas introduite dans celles-ci ; il est vrai que ces îles ne produi- sent pas ce qui la compose. W. Floyd m'a dit qu'on ne la connaissait pas non plus à 011a ou Rough , ce qui est très-extraordinaire , car à Ua- lan, la plante avec laquelle on prépare cette bois- son (le Piper pT^thysticum ) est si commune et si recherchée que ce piper forme l'unique revenu des chefs de l'île. Ces insulaires jouissent en général d'une très- bonne santé , néanmoins ils ne sont pas exempts de maladies. Une espèce de petite vérole nommée Roup règne chez eux , elle est même quelquefois très-dangereuse. Ils donnent aussi ce nom h une toute autre maladie qui cause de grands ravages ; 1 01 DES ILES CAROLINES BASSES. 201 elle attaque d'abord la paume de la main et la plante des pieds. Dans le principe les malades sont atteints d'un genre d'excoriation sèche , une quantité de chairs mortes se détachent et doivent être cautérisées au plus vite pour prévenir les suites qui en résulteraient, si on négligeait de prendre cette précaution. (*) On parvient sûre- ment a guérir cette aflfreuse maladie , si Ton a re- cours h temps h ce remède violent. Une troisième maladie enfin , qui porte aussi le nom de Roup , est tout-a-fait incurable ; c'est une espèce de lèpre (Herpès exedens) qui détruit promptenient l'organisation et rend hideux le malheureux qui en est atteint. L'Eléphantiasis y règne aussi, et nous avons vu plusieurs chefs en souffrir extrêmement. Le Sar- come médullaire (Fungus haBmatodes) perce à tra- vers l'orbite de l'œil des enl'ans de la même ma- nière que chez nous. La cécité n'y est pas rare et se déclare a tout âge indistinctement. Ces insulaires donnent le nom de Mnck à une espèce de goutte ; quelquefois les jointures en sont tout enflées ; d'autres fois, aucontraire, on éprouve (*) W. Floyd qui souillait de celte maladie lorsqu'il vint sur le Scniavine, on fut ( omplèteinent guéri par de petites doses de mercure sui)liuu;. ' < 4 -tT, ' -X HM iv ... ,! ,1 . . !«• • '■ - ', -1 ?" * ■>.. "•"''V 'I 202 11. MOEURS DES HABIïANS m h: Mi de grandes douleurs , mais sans aucune enilure ; ces douleurs sont presque toujours périodiques. Lorsqu'il s'agit de traiter un malade qui en est atteint , on a recours h l'acupuncture , opération qui se fait de la manière suivante : on fixe au bout d'une petite baguette une des dents qui se trouvent a la base de la queue du geiu'e de pois- son nommé Aspisurus; cette dent attacliée à la baguette de manière a former avec elle un angle droit, est appliquée sur la partie malade, et enfon- cée au moyen de petits coups qu'on donne sur cette baguette. h'Ichtjosis y est très -commune, on l'appelle Episa, et celui qui en est atteint Meidoiuc. Les commencemens de cette maladie ne sont d'aucune conséquence ; l'individu qui en souffre ne se plaint d'aucune douleur ou incommodité, a l'exception d'une démangeaison presque continuelle. Dès que ce symptôme se déclare, on interdit au malade la pêche et l'usage du bain, parce que l'effet de l'eau de mer redoublerait ses souffrances. A mesure que la maladie fait des progrès , Texhalaison devient très-désagréable. La peau du malade devient iné- gale, pèle continucllemeiil , de manière h ressem- bler même 1». des écailles de poisson et a former des figures qui rappellent extrêmement celles des madrépores méandriques. DES ILES CAROLINES BASSES. 203 Les enfans sont très -sujets aux aphthes; cette maladie en enlève un grand nombre quelques se- maines après leur naissance. Il y a des individus sur ces îles qui possèdent le secret de guérir différentes maladies ; on les consulte toujours ; ils font le plus grand mystère du traitement qu'ils font suivre. On les dédom- mage de leurs soins avec libéralité en leur don- nant différons produits de l'île. On ignore absolu- ment ce qui entre dans la composition des remèdes. W. Floyd qui aurait bien désiré remplir les fonc- tions de médecin , comme il prétendait avoir des connaissances dans cette partie , ne put jamais parvenir h apprendre la moindre chose sur les moyens dont ils se servaient pour guérir quantité de maladies; ils tiraient une grande vanité de leurs cures. Plusieurs de ces insulaires sont assez adroits pour quelques légères opérations de chi- rurgie ; ils savent saigner , faire l'acupuncture, employer le moxa , cautériser, donner des lave- mens, remettre les parties démises, soigner même assez bien les fractures. On prescrit la saignée avec succès , entr 'autres , pour guérir les piqûres du Scolopendre, dont le nombre est très-grand dans ces îles. On ouvre la veine a l'endroit même de la piqûre. L'usage des enterremens n'existe pas chez eux. ..': si'* 'if.'! ' . ' ■. •!•»•'■ > - i m'-. I '• .. .■ ■*■■' ■*>, il' '■'"■■'-" s.*. A." t- ■vA : «> I 204 11. MOEURS DES HABITANS E* "■ m m. Lorsqu'une personne de la classe ordinaire vient de mourir, on attache le cadavre a une planche U laquelle on fixe des pierres pour la rendre pe- sante , après cela on le jette a la mer a quelque distance du récif. Quand il s'agit des chefs ou autres grands per- sonnages ^ on dépose leurs corps dans une petite maison qui se trouve derrière leur habitation or- dinaire, et qui est généralement ornée de branches vertes et de fleurs. Le climat de ces îles est ordinairement des plus agréables, des plus délicieux. Les chaleurs du tro- pique sont tempérées par la fraîcheur des vents et le voisinage de la mer. Durant Tété on éprouve de grands calmes , mais alors la rosée et le serein rafraîchissent l'air. La quantité prodigieuse de pluie qui tombe dans cette saison la rend souvent désagréiible ; ces fortes pluies durent quelquefois vingt -quatre heures et souvent même plusieurs jours de suite. Les averses au reste n'y sont jamais rares dans aucune saison; il ne se passe pas cinq, six jours sans qu'il n'en tombe ,• quoiqu'elles soient si fréquentes , les habitans y sont très-sensibles , surtout les femmes et les enfans qui les craigïient d'une manière étonnante. Ce n'est que lorsqu'il y a de jeunes fruits de l'arbre à pain, qu'aucune ondée ne pourrait les retenir; dès lors il n'y a "Tirr ■ ' , ,11 DES ILES CAROUNES BASSES. 205 rAl plus d'obstacle puisqu'il s'agit de chercher ces fruits ; uue telle jouissance mérite bien qu'on se donne quelque peine. Le temps qui chez eux correspond a nos mois de Janvier et de Février, est le plus désagréable de l'année : de grands coups de vent se font sentir, et très-fréquemment. A cette époque les insulai- res ne quittent jamais l'île. Vers ce temps le ton- nerre (bat) et les éclairs (Jiji) leur causent de vives inquiétudes. Ces phénomènes leur inspirent la plus grande terreur, et en même temps une liante vénération. Lorsqu'ils veulent se venger d'un en- nemi, ils se rendent pendant Torage chez les vieux élus , leur portent des offrandes qui consistent en fruits, en nattes, etc., et les prient de conjurer la foudre pour l'écraser. Je ferais pourtant tort h ce bon peuple , si je n'ajoutais qu'ils retournent quelques heures plus tard avec de nouvelles of- frandes, encore plus précieuses, pour les supplier d'apaiser l'orage, et d'épargner leur ennemi. W. Floyd ne m'a rien appris au sujet des trem- blemens de terre , cependant de grandes fentes qu'on découvre dans le récif sur lequel repose le groupe d'Ouléaï, prouvent clairement que ces îles n'en sont pas exemptes. -, Les pluies fréquentes , et plus encore un petit scarabée noir, causent un grand dégât aux toits .1' y ,,- .':.'ic ^ il- : '■ 'J^'i"* *'■ ,■ # t ■'*"».' -t 1, . i*.. s*- 20fi 11. MOEURS DES H ABIT ANS II m des cabanes , de sorte que ces Insulaires sont for- cés de les renouveler régulièrement deux fois par an, ce qu'ils feraient même mieux de faire quatre fois. Ces toits sont faits des feuilles du Cocotier. Chaque fois qu'on les renouvelle les femmes des ouvriers , du nombre desquels le propriétaire est toujours le premier, préparent un joli petit repas. Les rats sont un bien plus grand fléau encore pour ces îles ; ces animaux dont la quantité est énorme, détruisent toutes leurs provisions. On ra- conte qr'îi Olla, les rats avaient enlevé de diffé- rens magasins une quantité considérable de mar et l'avaient porté dans une grotte souterraine , ce qu'on vint a découvrir par quelques enfans , au grand contentement de tous les habitans. Les moustiques abondent dans ces îles pendant la saison pluvieuse. Pour s'en garantir pendant la nuit, les insulaires font de très-grands sacs ouverts d'un côté seulement, et s'en couvrent entièrement. Les productions du règne végétal sont d'une telle importance pour les habitans de ces îles, que je manquerais au but que je me suis proposé , si, avant de terminer ce mémoire, je ne donnais des détails sur la manière dont ils les emploient. Le nombre des espèces de plantes propres aux îles basses des Carolines est extrêmement limité ; mais la nécessité a forcé les insulaires a en étudier les WT „:;:;. j DES ILES CAROLINES BASSES. 2()7 propriétés pour on tirer tout le parti possible ; aussi n'c\iste-t-il presque aucune plante dans ces îles, qui n'entre pour quelque chose dans l'écono- mie. On s'attend naturellement à ne pas voir tou- tes ces productions jouir de la même renommée, mais on s'étonnera de voir le profit que ces pau- vres insulaires ont su tirer des produits de leur sol ingrat. De même que nos jardiniers distin- guent plusieurs variétés parmi leurs arbres frui- tiers , auxquels ils donnent des noms distinctifs, de même aussi nous vovons les habitans de ces îles, tenir scrupuleusement îi ne pas confondre les différentes formes sous lesquelles se montre l'arbre auquel la destinée a, pour ainsi dire , lié leur sort. Toutes les espèces de l'arbre h pain sont comprises sous le nom de Mai et leurs fruits sous celui de Mnifti (*). Ces espèces forment d a- bord deux grandes divisions. Celle qui est restée complètement dans l'état sauvage ou naturel se nomme Onpss : ses fruits portent des semences en forme de petits noyaux ou espèces de châtaignes. (*) Les fniits de cet .-irbre précieux (Artocarpus incisa) sont assez grands, et surpassent en grosseur nos plus grandes pommes ; leur couleur est verte ; leur forme oblongue et leur surlace hérissée de tubercules courts, taillés, pour ainsi dire, en pointe de diamant ; leur chair est d'un blanc jaunâtre , et renlerme un grand nombre de noyaux. ■■'y.' .,.^':'*,<\ f . 1er' ■ ■ '* ■ ■■■' ";,;■♦-• "■*■ : ■■■» '■ .. ' - ■ " '. ■ 1 v-«' "■ .. t.j "^::H* .'■'■' 1 208 11. MOEURS DES HABIT ANS W^ î*. ^'^■l R/>- L'autre division, qu'on appelle do préférence il/ai- fuj comprend l'espëce où le fruit entier est changé par suite d'une culture soignée, en une masse ho- mogène qui forme cette nourriture que nous au- tres Européens, comparons avec raison h celle que nos céréales nous procurent. De cette dernière espèce on distingue, 1" le iVrti'grtr, dont le fruit est presque lisse et U-peu-près rond ; 2" le Scoar, dont le fruit est plus long et moins lisse; 3" le Méal, espèce inférieure a feuilles aussi profondé- ment incisées que l'Oness ; 4" VOunibal dont la surface du fruit est très-inégale et d'une couleur jaunâtre ; 5" VOunibnla qui ne diffère de l'Ouni- bal que parce que son fruit est plus grand. Les deux dernières variétés sont les plus estimées par rapport à la supériorité de lem's fruits. L'Ounibal, rOunibala, et le Scoar sont les espèces qu'on em- ploie pour l'usage immédiat, le jour même que les fruits ont été cueillis ; tandis que le Naïgar et le Méal entrent dans la composition de leurs mets, narce qu'ils se conservent plus long-temps. Pour apprêter un de leurs mets, appelle Mar, on laisse d'abord un peu aigrir le fruit qui est d'un genre farineux, ensuite on, le pèle et le pétrit pour en faire une sorte de pâte dans laquelle on exprime le jus de la chair des cocos ; ce plat ainsi préparé est placé dans deux vases de bois de grandeur DKS TI.KS CAROfJNKS By\SSI':S. 2()î) '•■* ! iii('>(^:il<; , et coiiviul ilc t'cuillcs du Itai'i'ingloiiia spticiosa. On posi; ces doiiv vases (îiiLrc (l(!s pierres cliaiill'éeK ^ ou les y laisse environ quatre lieures, après quoi on les rcitire pour les servir aux hommes dans la maison couunuue où les femmes n'ont point entrée diu'ant les heures consacrées aux re- pas. Le Tamol ([ui en fait les honneurs^ distribue le contenu du plus j:;rand vase au puhlie rassem- hlé, et prend le plus petit pour lui. Le Boiiro (hmrOy IloUro), mets semhlahle a ce dernier, est pré|)aré avec le fruit de TOness, du(piel on a re- tiré les amandes; il n'entre ni lait, ni jus de co- cos dans sa préparation ; on ne le met pas non plus dans un vase pour lui donner une forme, cette pâte est tout simplement pétrie avec les mains en forme tlo balles, et ensuite rôtie entre des pierres bien chaulfées. L'Ouriman, autre mets de ce genre , s(! compose des fruits récemment cueillis de toutes les espèces, qu'on met, après les avoir pelés , dans un filet qu'on plonge pour mie nuit dans la lagune, où il est retenu par des pierres dont on le charge. Le lendemain on les retire de Ta , pour les apprêter de la même ma- nière ([ue le iVIar, excepté que le lait de cocos entre dans sa composition. Il est strictement dé- fendu d(î régaler aucun individu de ce mets; c'est nni(piement un plat de famille. Le Moël, mets Tome III. li . ... • ' 1 *-?*" ,■1* . . W ^.. . e £■ . /,:. 210 II. MOEURS DRS HARITANS <|iii se compose- d(!s fruits de l'Oiinihiil et de l'Oii- nihala ^ so. prépare dt; la iiienu; manière que le Mar avec h; jus exprimé de la chair du coco ; on met ensuite cette; espèce de pâte molle dans d(' {grandes coqnill(;s préparées à cet eft'et, pour te- nir lieu de vases; on les recouvre d'herlie fraùiic, après (pioi on les porte auprès du feu. Ce mets est le plus cher et le plu» friand de tous ceux des îles hasse^ des Carolines. On appelle nmoiui la manière de thriller simplement au feu les fruits de toutes les espèces de Jaquiers. Pour faire le Koie, on prend le fruit des diffi'rentes variétés in- distinctement, qu'on coupe en petits morceaux et que l'on couvre ou enveloppe d'ime quantité de feuilles et d'hcrhe fraîche ; on place ensuite le tout ainsi préparé entre des pierres chaullees pen- dant environ une heure ; après l'avoir retiré, on le bat avec une pierre particulière, tirée de Rougli et qui, d'après W. Floyd, doit ressembler au mar- bre (*). Après cette opération ce mets est servi aux hommes. On appelle Kohoid les noyaux ou amandes du fruit du Jaquier ; pour les apprêter on commence par en ôter la pelure , on les enfile ensuite sur une bnguetto, et de cette manière on (*) \^raiseml)lal)lcm(!nt lo iiirinc Siiitre calcaire roiupacle et blanc que je trouvai à l'île haute d'Ualan. Poslch. iif.- --■-f DES ILKS CAROIJiNES BASSES. 211 les f:iit griller au (eu. Ces amandes ainsi pr(^pa- n^es ont le gotit de châtaignes, lin autre mets composé des semences du fruit a pain se nomme Po'^oid Kobunl. On les fait bouillir dans lui peu d'eau , dans des coques de cocos , ou dans des co- quilles. Kniin on donne la d(!nominalion de Cuni^ kobomi a une autre manière d'apprêter ces aman- des ; celle-ci est toul-a-fait simple : on les grille seulement sur des pierres cliauflées. La prépara- tion la plus ordinaire de ce fruit inappréciable., consiste a le couper en deux, et à le faire rôtir, pendant deux heures (*) îi-pcu-près , entre des pierres bien chauft'ées qu'on recouvre de feuilles sèches, afin d'en conserver plus long-temps la cha- leur. On sert ce mets tout chaud , sur des espèces de plateaux faits en treillage des feu "Iles du Co- cotie '. Le tronc du Jaquier est employé principale- ment pour les pirogues. Le bois de TOness , qui est très-lourd , n'est en usage que pour les petites barques a rames ; on préfère cependant toujours celui du Mai", qui néanmoins coûte beaucoup plus cher; ce même bois est aussi très - recherché pour c^;' ''>.'' f;- •■■;' S-' •'■■.•■•'"!.::,■ :►:•*■' (*) Il doit y .ivoir un mésentendu dans cet endroit: nous Rvons toujours vu que le fruit était prêt en moins d'une demi- lieure. * t' 212 11. MOEURS DES IIABITANS ¥1 les boîtes cl les coffres, et dans le cas où il n'y a pas de Gnef tarda , il doit servir pour les manches de leurs haches , particulièrement pour les plus longs. ' ' Le suc laiteux qui coule de Técorce du Jaquier, lorsqu'à une certaine époque de Tannée on y fait des incisions, est employé au lie a de poix pour calfeutrer les fentes des pirogues. En le mêl.int avec la noix mâchée du coco, il tieiit lieu de glue pour prendre les oiseaux, et empêcher les rats de grinq)cr au haut des Cocotiers. JjC mude, ou écorcc intérieure du même ar- bre (*) , est employé, comme on sait, dans plu- sietu's lies de l'Océan pacifique , poi'r faire ime c(îrtaine étolfe, ([ue nous avons également trouvée en usage parmi les habitans de l'île haute de Pou- niDcte; mais dans îes i !< lies b isses on ne fait aucun !) serve l'huile de la bonne qualité dans des co- Cji c ■ de cocos creusées a cet effet, qu'on a soin de i r.r :mssi hermétiquement fermées que possible. On fait une espèce d'orgeat de la chair des novaux qui ne sont plus jeunes , et qu'on appelle hareng; cette émulsion est très -recherchée par les habitans de ces îles ; elle entre particulière- ment dans la composition de leurs divers mets. I,- ■■'. • . "1 * ■•■■ ""i'il i,>r:-' ■»»-. "Il ■ ■ ,:î.«|_,-ï!^iji'.t^,i| *'."*" -■'■ • »■ ■:>':,; * \.:. ~H;: ''^■: '■ . * 1 *' '*'■'. ' ) 1' V' ■' ,. '. lé • 1». ■ K M ,".->;; -fi' .,'* 0m- s- -1 .» ■i-.h" I' mh^' 216 11. MOEURS DES HABIT ANS Cependant ce que les habitans tirent de plus piYu ieux du Cocotier , est sans contredit le suc cprils obtiennent des racemes fructifères, et qui leur sert de boisson. C'est la matière nourrissante contenue dans ce suc, qui soutient ces pauvres in- sulaires dans la saison où il n y a presque plus de fruits; snns cette ressource ils se trouveraient con- traints po j ;»iser leur faim , de sucer les enve- loppes fibreiu; du fruit du Pandanus , et de se contenter du peu de Mar , de Koie ou autres pro- ductions qu'ils tirent des îles élevées, et qui mal- beureusement sont loin de leur sullire. Cette bois- son nourrissante ajoutée a certaines bcrbcs, cbange celles-ci en aliment salutaire, tandis que seules elles seraient nuisibb's a la santé. A cette même époque de rannée, la Providence, dont les desseins sont impénétrables, a presque privé ces îles de poisson. Combien de fois je me suis r.in[)elé ce temps de notre voyaiJie où nous nous trouvions près des îles Lamourrek , Farroi- lap, Oulimaraï, au mois ■ < ■'*^'; '■^•a^' ■'-:;.4'^' '^ •»■■■' '•ï' I '••. 218 11, MŒURS DES HABITANS un conleau bien tranchant la pointe de la spathe , et si l'arbre est réellement bon, il s'y montrera le joiu' même quelques gouttes. Il est très-essentiel d'v suspendre de suite une coque de coco , pour qu'aucune goutte ne puisse tomber a terre, crainte que les rats qui sont extrêmement friands de Tod- dy, ne soient attirés par l'odeur de cette boisson précieuse (*). Dès le lendemain le suc coule avec abondance, au point de rendre nécessaire de chan- ger trois fois par jour la coque suspendue qui se trouve autant de fois remplie. Chaque fois qu^ils grimpent a cet eflFct sur l'arbre , ils renouvellent l:i coupure a la pointe de la spathe , car sans cette précaution l'ouverture en se séchant se referme- rait promp+ement. Ils ont soin de couper aussi peu que possible de la spathe , puisque l'unique but , en le faisant , est d'entretenir l'écoulement. Quand cependant ils sont parvenus jusqu'à l'en- droit où la ligature cesse , ils s'abstiennent de ti- rer plus de Toddy de ce racême ; ils détachent la (*) Une tradition qui se trouve dans la bouche de tous les linbifans de ces îles, nous apprend, que ce sont les rats qui leur ont enseigne l'art de se procurer le Toddy. Ils rcniar- ((uèrent que les rats grimpaient souvent au tronc du Cocotier et aiTachaient la pointe du racême , et qu'une quantité de rats se rassemblaient n la base du tronc , pour Icclier le suc qui découlait de l'ouverture faite pur le rat. ■■■■' --S '& -Wl i:l DES ILES CAROLINES BASSES. 219 ligature pour que la floraison ait son cours ordi- naire, car ce même raceme produira encore de très-bons fruits. Dès que d'autres spathes se dé- veloppent , ces insulaires répètent la même opé- ration. Le Toddy qu'on s'est ainsi procuré ne pos- sède aucune qualité enivrante, on l'emploie même pour la boisson des enfans ; on ne s'en sert que pendant qu'elle est fraîche, et celle du matin n'est bonne que jusqu'à midi. Quand il arrive que le mari est h la pêche, comme il n'en revient que deux ou trois heures après que le soleil est parvenu au zénith, sa femme trouve moyen de lui en conserver en mettant de temps en temps dans le vase où elle l'a versé des pierres chauffées ; de cette manière il se conserve même pendant deux jours , mais non sans perdre de sa qualité. Le Toddy de la veille qui est tou- jours un peu aigre , est très-recherché par les en- fans, qui en font par la seule évaporation une es- pèce de syrop très-doux. Lin bon Palmier peut fournir du Toddy \\ trois, et même h quatre générations successivement. Vendant les mois d'été , un bon père de famille ne recueille le Toddy que d'un seul arbre pour la lK)isson de ses enfans ; mais durant l'hiver il met autant d'arbres a contribution que sa fortune le lui permet. ,;;;:,' s jv- •■»«:«»•, ' ;:/: ■ '-ik ■■■••>!' 220 11. MOEUBS DES IJABITANS On ne doit cependant pas s'imaginer que cha- que Cocotier soit propre a fournir le Tuddy ; au contraire , ceux dont on le tire sont assez rares. On reconnaît si la qualité en est bonne, lorsqu'on faisant les premières entailles au tronc pour y grimper avec plus de facilité , le suc en découle. Jusqu'à présent les liabitans des îles Carolines n'ont aucune idée de faire de cette boisson salu- taire, au moyen de la distillation ou de la fermen- tation , une espèce d'cau-de-vie eni^^rante , telle qu'aux îles Mariannes et Philippines. Il serait bien h désirer que les matelots anglais se tinssent long-temps éloignés de ces îles , de crainte qu'ils ne leur communi([uassent cette connaissance dan- gereuse. Les deux espèces de Baquois (Pandanus) qui se trouvent dans ces îles , sont connues sous le nom général de Far; mais on nomme celle qui est a larges feuilles F«nm, et celle qui lésa étroites Fnrnoual. Les deux espèces jouent ini grand rôle dans leur économie , la dernière particulièrement (Pandanus odoratissimus) qui y croît partout en grande abondance, tandis que le Farira est extrê- mement rare sur toutes les îles basses , au point que les pieds qui s'en trouvent sur un groupe d'îles sont parfaitement bien coiuius do chaque habitant. IjCs feuilles larges de cette espèce sont Ni* DES ILKS CAROLÏNES BASSES. '221 omplov't'os h fiiiro des chapeaux (.//iO/?j, dont la i'orinc ne resseinhlc pas mal a im entonnoir. Les amandes qnl se trouvent dans les grands fruits qui ont la forme d'ananas , sont ti'ès-eslimées, et ont elfectivement un goût excellent ; mais on n(î doit choisir (jue les fruits qui tond)ent des arhres. ConuTie le novan est extrêmement dnv et ({u'il est entoiu'é d'une masse fibreuse très-tenace, les dcMits en souflrent beaucoup, parce qu'elle s'y glisse et s'en détache didicilement. C(; fruit est interdit îi ceux qui font des préparatifs de voyage. Celui qui enfreindrait cette loi , serait cause qu'une grande averse s'en suivrait aussitôt (Ond). Le trompette et sa famille en doivent faire le sacri- fice complet , car l'usage leur en est îi jamais in- l(;rdit, pane que c'est au moyen des fanfares, ou pour mieux dire, an son du lîuccin, que les pluies doivent être ( onjnrées. On emploie les feuilles de l'autre espèce d(î lîaquois, le Farnoual, pour faire de belles nattes et des voiles qu'on exporte aux îles élevées, pour les échanger contre d'autres articles faits des fi- hres du iîananicr et du nnide de l'Hibiscus popul- neus (lûitniui a feuilles de pcu[)lierji. Ces nattes sont d'iuie grande valeur, de sorte <{u'on doime pour en obtenir inie de belle qualité, mais pas Irop grande , un grand morceau de Tek (espèce n/ri,fc}i, 'li^'t: H.-"! 4t"*- *i«.» ^ i*^ 222 11. MOEURS DES HABITANS do Costiis) couleur (Piin orange vif, tvhn en vogue purnii ces Indiens ; tandis que cinquante toises de cordes éjjaisses du Cocotier (Loid ou Noul)^ ne sont (échangées que pour une très-petite quantité de cette couleur précieuse. Les fruits de cette es- pèce de Baquois ne sont recherchés que par les enfans sur les îles que W. Floyd a habitées ; ils en sucent la matière sucrée qui se trouve dans les fibres des jeunes ovaires. Dans les grandes disettes pourtant , ils deviennent presque Tunique nourri- turc de ces insulaires , qui se trouvent forcés d'y recourir. Lorsque Tarbre ne produit plus de fruits, son bois est extrêmement dur et fort : on s'en sert pour faire des ]>erches et des lances pour la pèche. Les racines aériennes qui acquièrent aussi une très-grande solidité , sont employées pour faire les arcs qui soutiennent les hannetons ; on exprime le suc de l'extrémité de ces mêmes racines quand elles sont encore jeunes , pour servir de médica- ment en le mêlant aux comestibles. Le bois de cet arbre est considéré comme celui qui contient le plus de calorique, de tous les végétaux de ces îles. Les feuilles sèches servent aussi à couvrir les toits. Ce n'est pas encore tout le fruit qu'on retire de cet arbre essentiel : les fleurs mâles qui répan- dent dans l'atmosphère un parfum d'ananas , sont l'ornement le plus recherché des femmes , qui ne TTT DKS ILES CAROLINES BASSES. '2-2:i \ i s'en parnnt qcK! le soir al'm de paraître avec; (5clal dans la société des hommes pour lesquels ces Heurs ont un attrait irrésistible. Ce trésor de la eoquel- teric carolinicnne est communiqué aux plus jeu- nes filles, pour leur enseigner de bonne lieure l'art de faire des conquêtes. La pauvre famille du trompette est encore privée pour toujours de cette parure d'un diarme inexprimable. Le Guetta rda ('J/«o«^(3rj est un arbre très -re- cherché par l'élégance de sa cime touffue, et par- ticulièrement pour les flctu's odoriférantes dont il est orné , et qui servent h faire des couron- nes, des colliers et des boucles d'oreille; on le voit en général auprès des habitations. Du bois de cet arbre on fait plusieurs ustensiles de cui- sine, surtout ceux dans lesquels on prépare l'ar- row-root. On estime aussi beaucoup les rames faites de ce bois. L'écorce est employée connue remède. Le Franchipanier (Plimiieria) Saonr des Caroli- niens , est de même considéré comme plante d'a- grément; on le trouve ordinairement près des habitations îi cause des belles fleurs dont le par- fum surpasse encore la beauté ; elles servent aussi comme objets de parure. Le bois en est très-re- cherché pour faire des métiers , mais plus encore v,^. .^v" <;.■:. v>T.. .:.:' .^%V .;" • -Ci*.' *■•■.'• A ■ 224 11. MoraiR 1 DES iiAnrrANS ê w |)(mr des navcîHos (.thoiui'f^ithd)^ ainsi (|ii(; pour dos niaiK lies (h; coiitcMiix et de; lia(-li(;s. L(! Cal(>|)liill(! (iiog'^cr) espèce de vSapolillier (Aehras dissecta, Lin. S.savi^li/i des Cai'oliniens) eh l'Ih'vlln'yne des Indes (fn'^d), sont trois arbres (pii jouissent de la plus grande v(';néralion. Ils sont assez rares, et il no s'en trouve sur elia((uo i*lt,! '>4: ■'>■■■ -'jK; • M '• 1 226 11. MOEURS DRS HABITANS IN; ?JSi le f ï*''; haches , qui sont toujours cVune seule pièce ; tau- dis (juc ceux qui sont faits du I)ois précieux des arbr'.îs que nous avons mentionnés , sont toujours composés de deux morceaux *, dans c jlui des deux qui est le plus large quoique court, on fixe la hache, faite d'une cotpiille tranchante; a ce pre- mier morceau on en ajoute un autre beaucoup plus long tiré du Scœvola. Les petits fruits de ce Figuier, d'ini rouge écarlate, sont mangés tantôt crus, tantôt cuits, enveloppés dans l(!s feuilles fi-aîches, et placés entre des ]>u;rres chauU'ées ; après les avoir ré- duits en une (!spè( e de marmelade , on y mcle du lait de cocos el du 'l'oddy. L(! nnid(' est en usage pour amorcer les poissons, on Tattache pour cela aux hameçons. Kn râpant Textérieur de Técorce, et en y mclant le tait qui coide du Jaquier (|uand on y fait des entailles, on fait une espèce de mor- tier , qui se trouve toujoiu's prêt dans toutes les pirogues en cas de voie d'eau. Le superbe lîarringtonia (Koiil) , arbre d'un très-bel aspect, est d'un usage très-limiié: on n'en emploie guère h:s feuilles qiu' pour enveloj)- per les fruits p> j: Kt' 1"^ '■■-'-;■-' ""'^- ^ï' :. .r •a'' '" . ,. ■■ ■ , l'i-j,. '-•W. ' .•«!■ . ■'■f::K' ■,. '■' . i'il '" ..I.i ■ ■? $ 1 '\ ■'■■ %.* ' •tiA'- .,• V';.' .4 ' ï;' •■«: .-,.,. **.•%,' ; , •■;'••( r-M «,'. ■ ,:^*. ■ ■ ■■* .'; •^ Iv» * ,,;>r.,,->^i' ;i»' „•:'?^^4.:^ .^>^■ Sî:;: ,.»' ?■ . r--^^;^ ■,l ■■«■■. l' •. :>. ■ ' ( 'I'-' 1 ^ . ■ ■ ■ i;,-. _ 228 11. MOEURS DES HABITANS M-:, ♦ ■ L'écorce entre dans la composition du noir qu'ils emploient pour peindre les pirogues ; on prend, en outre, ie charbon tiré du brou des fruits très-avancés du Cocotier , qu'on mêle avec le suc qui coule des incisions faites au Jaquier; on y ajoute Técorce du Scœvola ; ensuite on verse des- sus un peu d'eau pour rendre ce noir liquide , il est alors propre a la teinture. Le bois léger et tout-U-fait blanc de l'Hernandier (Ilernandia ovi- gera), Agran, n'est employé que comme combus- tible et n'est pas estimé, même comme tel. On ne fait pas grand cas du Morinda citrifolia (Nen) , si ce n'est pour se procurer l'agrément de le voir croître auprès des habitations qu'il embel- lit de son feuillage touffu. Son fruit n'est nulle- ment aussi recherché que dans d'autres îles de ce môme Océan ; cependant on en fait, lorsqu'il est bien mûr , une espèce de marmelade avec du Toddy, remède efficace pour les coliques. Cette même marmelade délayée dans de l'eau sert quel- quefois de boisson. Le fruit du Cratœva religiosa (Ahoour), est au contraire très-gouté. On en rapc complètement l'écorce , qui conlicnt une substance acre ; on ex- pose ensuite ces fruits aux rayons du soleil pour les sécher ; au bout de deux ou trois jours , on les met dans des corbeilles tapissées d'herbes et de \l DES ILES CAROLINES BASSES. 229 feuilles pour les amollir, ensuite on les écrase et on les môle avec du lait de cocos. Il parait que dans ces îles la superstition ne s'étend pas à cet a:'bre. De l'intérieur de l'ccorce d'une espèce de Pro- cris (Aroma) , on fait un fil très-fort qu'on em- ploie pour faire des lignes pour la pêche. Cette substance se conserva parfaitement dans de Teau de mer , tandis qu'elle se dissout a l'instant, si on la met dans de l'eau douce , c'est pourquoi ces insulaires la tiennent i^\uis de l'eau salée en cas de pluie. Le Volkameria (Aber) est un très-joli arbrisseau dont les branches atteignent à une hauteur consi- dérable ; légèrement courbées , elles forment des berceaux naturels des plus élégans. rcttc pro- priété , et la grande élasticité des braucias, font qu'on emploie de préférence cet arbrisseau pour les hannetons , et pour des espèces de cerceaux, dont les insulaires se servent pour donner une forme convenable a leurs chapeaux. Les fleurs en sont très-estimées pour former des couronnes , et quand elles n'auraient servi qu'une seule soirée, le blanc éblouissant qui les distingue serait chan- gé le lendemain en un noir d'ébène. Les branches d'une très-jolie Myrtacée , nom- mée Engué, «ont employées le plus généralement • *■ f '•■•il *■'■ „ ;î \*4-' ' S t '■,■■••:? ,ï y ,i). '. ,'ji" ; ' i ^'^'^■: : iû.i; vr •■■ S) >■' ! * i:. ,!• ih ' B^ ; v,v:' ur 1 »v>'' f • ■ 'il ' ,^'irt' ' ■ ■ i .-; i», ' î ■;'■■■ X, " /■■Tir'' >M 1 -^^,fp •ir' JS^ '>■ ■ * ■■V ;' •:-'•[ -M • r*-^ - '•% ;'•' 'f ,t ;r;-:-*^ . ^ . ■U^^:: ^ ^t- • ■ , ,r^ ';>^>! iî*' ^■■m <• ."^ ' ' ^i, )^'. ■/s,",:- . Sk^^r^ tj, >£ '^ ■ '■%■'- ** - ' ■ -w ,► ■ J?. ,ii' ■■ - ■•■. 23() 11. MOEURS DES HABITAIS pour les hannetons. Le bois du tronc de cette même plante sert a faire des maillets , avec les • '', ■- ^ -• %■? ^*,"i;'' *• v' ■■ Ç ' >■ ■ ■■'■,■ in.' ! '.Tv-i • ^ •^ ■:''( Ji n^'!^:: is- ■■H^ ■ . ''-■*'- • ,v *-. ■ ■■ *■ ' ? ■ ♦;vV.i'>^! d' ■-■^^4' ■f- î'_ '•'■'■ i: t- ■ ■' ■ * . m: ^> ^i?.*' «;■'' ■ p-Ah 3,H»I M'* :*■' 234 11. MOEURS DES HABIT ANS nos seringues. Les lavemens se composent d'eau liède et d'huile de cocos dont on remplit ia hampe ; la manière de l'administrer est d'y souf- fler avec force jusqu'à ce que ie malade ait reçu ce lavement en entier. La belle couleur orange îi laquelle on est par- venu îi donner plusieurs nuances tirant sur le jaune , vient des racines d'une espèce de Costus qui ne se trouve que sur les îles hautes, et dont nous nous sommes procuré des échantillons à Ualan. Le procédé suivi pour se procurer cette couleur , est absolument le même qu'on emploie pour obtenir la fécule de l'arrow-root. On donne à la masse une certaine forme qui varie dans les différentes îles hautes. Les échantillons de cette vcoulcur que nous avons apportés de Ilough ou 011a, ressemblent, pour la forme, a de petits pains de sucre , lorsqu'ils sortent tout ficelés des mains du fabricant. Ceux d'Eap , au contraire, oot la forme de grandes balles rondes. Le sol des îles basses ne permet pas d'intro- duire la culture des différentes Aroïdées, telle qu'elle est établie dans le sol fertile des îles hautes. Cepertdant plusieurs de ces îles contien- nent de petits marais d'une eau saumatre où l'on pourrait établli dos plauLitions de ces végétaux r: DES n.ES CAROLINES BASSES. 235 utiles. C'est principalement l'Arum macrorliizon qui y est cultivé , et qu'on nomme Ka. Chaque pied 4ait atteindre ie terme de deux ou trois ans avant qn'on en fasse usage. Pour l'employer , on râpe arec une écaille «l'huitre l'écorcc de la ra- cine ainsi que de la partie qui se trouve immé- diatement dessous , jusqu'à ce qu'on parvienne a «ne cm enlève toutes les parties acres , et ce qui reste produit une nourriture saine pour le commence- ment de la saison stérile. On mange la racine ain- si préparée, après l'avoir cuit entre des pierres chauffées. La seconde espèce d'Arum est le sagittifolium ; elle n'est presque jamais cultivée quoiqu'elle ne soit pas rare sur ces îles. On ne mange la racine que d'une variété, qui a la hampe garnie de petites épines ; la préparation s'en fait îi-peu-près d'une manière semblable a la précédente , mais on la laisse une nuit entière entre les pierres qui sont couvertes, en outre, d'un tas de feuilles, de terre, etc., pour en conserver plus long-temps la chaleur. Les feuilles de ces deux Arum sont em- ployées au lieu de vases pour conserver l'eau fraîche ; en outre, tout propriétaire les place a hi base de ses Cocotiers , pour indiquer par la qu'il est défendu d'y toucher ; quiconque le tenterait :i -,v' '^^ il" i'*^' ■1 ë ti(>. ^^£•"1 *^i;'i«^»i-i' .):; t ,'.■■!>■■' '■ », ■*•• ,' n* '...^.j'} ' ' .1. '■ '■• 1 ,"' ■ *t : ., . '■■■' ' » ' ■r tr •'•',,• ■"'. .■ ► •^■' •»•..■-' ■ •■■•* *-. '.V^<. '- ..t' l: •A( \ ..-%^. i- ■ ; ■'^ .'"î 'i> ■ ■ fr . ;* . . :'' . t *ï" ;' :«»« . , ','•''■ t.. fi-. : '■-' '■: ' if'V - ''il . ', 1** K' i «■ , 3 f. P-'A' z ,•"* >i , cl*' tî: W'i "r a- II. .. 23G 11. MOEURS DES HABITANS, etc. serait infalliblement attaqué de la lèpre en puni- tion de sa témérité. - ' • Les plus petits hannetons, dont nous avons fait mention h l'occasion de la pèche , sont faits d'une graminée de la famille des Panicées; ils ne sont cependant pas durables, on ne peut jamais les employer plus de quelques jours. Fendant les temps de disette, on mange avec le Toddy les différentes espèces de liserons qui embellissent cei îles , ainsi que le Cassjta , le Triumjctta pro- cumbcns et autres herbes du même genre. 1 -1 '•• r.il i2. OBSERVATIONS ZOOLOCxlQUES ! FAITES PENDANT L'EXPÉDITION DE LA CORVETTE U'4- LE SÉNIAVINE5 par F . FI. de Kittlitz. La perte de notre estimable ami et compagnon de voyage , le D'" Mertens, ainsi que d'autres cir- constances , nous ont empêché jusqu'à présent (c'est la 5" année depuis le retour du Séniavine ,) de terminer un travail dont les détails exigeaient la plus grande exactitude. Restreints, en partie , à ce qu'a conservé notre mémoire , je ne puis ex- poser ici qu'un simple aperçu des principales im- pressions que j'ai éprouvées. Dans ce récit on trouvera ca et la des observations sur Ihistoire naturelle. Comme un semblable aperçu ne saurait être sans intérêt , et que , d'ailleurs , il ne saurait être considéré que comme un simple compte rendu que nous désirons donner d'une partie de nos oc- cupations , nous le joignons ici sans entrer dans de longs détails. il;"- i ' ,«: ■.''-■-4: î ■■■»■ H?*^* M 238 12. ORSERVATIONS ZOOLOGIQUES. Il est reconnu qu'aucun homme., quels que fus- sent d'ailleurs son zèle et ses connaissances , ne peut s'occuper seul de l'étude de tous les corps organisés, et obtenir des résultats satisfaisans ; c'est pourquoi il serait îi désirer que dans les ex- péditions semblables à la notre, où les points les plus remarquables sont souvent ceux où l'on peut s'arrêter le moins., il y eût toujours plusieurs na- turalistes qui se partageassent entr'eux les diflfé- renles classes ; la science ne pourrait que gagner a cette manière de procéder. Mais un tel arrange- ment est souvent difficile a établir, car il faut avoir égard ai i dispositions et aux connaissances de chacun; dans le cas contraire, ce serait un far- deau insupportable pour l'un ou pour l'autre et le but principal serait manqué. Il est heureux que le hasard rassemble des personnes qui harmoni- sent entr 'elles, ainsi qu'il arriva entre le D"" Mer- tens et moi ; nous sûmes assez nous entendre pour que nos choix ne se heurtassent point ; le sien tomba sur la Botanique et sur l'Anatomie compa- rée des animaux, principalement des mollusques ; tandis que moi , qui jusqu'alors m'étais occupé d'Ornithologie , je me chargeai de cette branche en y joignant le reste des animaux vertébrés. Comme il était souvent inévitable que notre zèle ne nous fit diriger nos recherches sur les mêmes 12. OBSERVATIONS ZOOLOC.IQUKS. '2'.\0 uhjctH., ail moins pom* lo. qui ronctu'nnil les rol- lectidDS, il s^iii Kiiivit (fiie les limites ({iic nous nous (Hions imposées en rvstèn;nt moins Iran- chées ; et du reste , désigné pour former seul une collection d'oiseaux et d'autres animaux , j'étais lelleinent oecMipé (pi'il ne me restait que fort peu de t(!mps pour me livrer à d'autres travaux. Ce qui était a regretter , c'est cpie les j)ays où nous pouvions slati(»nner le plus long-tcnqis ., tels que le Kanitscltalka et les îles de la mer Pacifique, fussent l(!s plus pauvres en produits organiques^ tandis (pu; [v. Chili et les IMiilippines, pays si éini- nemmeiit inlé:essans pour Pliistoire naturelle, ne pouvaient être; visités qu'(»n passant, le plan de notre voyage ne p(;rinettant de considérer les re- cherclies sin* l'histoire naturelle , que conmie ai - c«!ssoires; peut-être n'existe-il aucune expédition de ce genre (" ' 'r ' A' ''A-, 1 ' V- '' ,,>'%: ^- ■..*.."< !* •* •*'"'■' 'H\ ■c ■f . 11.-' l ■\, ^ 1*. '^ ^h i •• .■.>rl, I-" ••)■ ,>.f •'i'-' '••« À XL'- ■■'••> .; , . 242 12. OBSERVATIONS ZOOLOGIQUES. sur la Baltique et la mer du Nord, avait déjà col- lecté et mis dans l'esprit de vin les deux espèces de Méduses que l'on rencontre dans ces mers (Médusa aurita et capillata) , qui contre notre at- tente s'étaient jusqu'alors très-bien conservées. 1 ■ ( ■ •'- ■ 1 ( !: i':-;r M.' DE PORTSMOUTH A TÉNÉRIFFE. - •'■ "r " ' ■ ■ ■ i , r ,. Du 3 au 14 Novembre. , A la hauteur de Lisbonne nous apparut le pre- mier oiseau de tempête (Proccllaria pelagica), el ensuite près de Madère et de Porto-Santo , nous en remarquâmes plusieurs. k :'il ILEDE TENERIFFE. Du 14 au 15 Novembre. Nous profitâmes autant que possible du couri séjour que nous fîmes dans l l'ie de Téncrillc; la , j'obtins quatre espèces doisoaux qui se ren- contrent tous en Europe : Anlhiis catiipcstrls (Becbst.) (?) , V ringilhi pctronia (Linn.) (celui-ci J; ti e.*- ta se tii 12. OBSERVATIONS ZOOLOGIQUES. 243 vit ici en troupes dans les champs , a la manière de nos moineaux) , Fringilla cnnnabina et Tur- dus iliacus , qui est ici regardé comme rareté. Quelques autres que je ne pus apercevoir que de loin, comme le Fringilla carduelis et plusieurs es- pèces de Mésanges, sont aussi communs en Europe ; on remarquait également un grand nombre de Faucons qui paraissaient ressembler au Falco tin- nuncidus , et sur les rochers des Columba livia. Le D' Mertens dans ses herborisations, prit quel- ques insectes et trois petits lézards ; en général l'île nous parut peu animée, probablement h cause de la saison qui n'était pas favorable. ♦•■ ■j»«j^ 'è. ;i'-i,!,'v": / .;.,.<;••-' j."'„*l''1.,"' ■ i.,vk'»' - ?'■ .•:>;ç>^ S '■■■ * 2 ■ ■ ; .•"'»i •■ ■ *■ '.. ' ■ . .■■■■(:;! ' V h-: . '.Tv ■ DE TENERIFFE A RIO-JANEIRO. *■ S\ Du 15 Novembre 1896 au 8 Janvier 1897. CM,. !n- itris li-ci Pendant la longue traversée jusqu'à Rio-de- Janéiro , nous aperçûmes , de temps a autres, des troupes de poissons-volans, appartenant aux deux espèces Exocetus exiliens et evolans (Linn.) ; c'é- tait surtout le soir qu'ils se jetaient sur le vais- seau ; plusieurs furent dessinés et préparés ; quan- tité de Bonites (Sconiber thjnnus et pelamys) il.;^„ •I :;:, •P .^: mf 244 12. OBSERVATIONS ZOOLOGIQUES. (Linn.), suivaient le navire ; nous en prîmes plu- sieurs au harpon ou à Thameçon , a 1 aide d'un appât de la forme d'un poisson-volant ; nous réus- sissions surtout lorsque la vitesse de notre marche augmentait , car alors notre piège trompait com- plètement les poissons. Nous fumes fort étonnés du changement de couleur qu'éprouve le Scomber pelaniys, hors de Teau , où il nous avait toujours paru rouge ; cette nuance avait fait place au plus heau bleu ; il faut peut-être en chercher la cause dans la réfraction des rayons lumineux, dans l'eau, sur son corps lisse. Ce qui nous surprit également, ce fut la promptitude avec laquelle ces ennemis acharnés des poissons-volans exécutaient des sauts de deux a trois pieds de hauteur, et, malgré l'ap- parence peu redoutable de leur râtelier, attra- paient leur proie encore en l'air; l'instant le plus critique pour les poissons-volans , et que les Bo- nites mettaient aussitôt h profit, était celui où fatigués de leur vol , ils allaient retomber dans l'eau. Plusieurs fois parurent , près du gouvernail, des Requins , tous de la même espèce (Squalw; carcharias, Linn.), qui avalaient avec avidité tout ce qu'on jetait de bord ; plusieurs cependant ne voulaient pas mordre h l'hameçon, peut-être qu'une certaine expérience les avertissait du r>i m tre du 12. OBSERVATIONS ZOOLOGIQUES. 245 piège ; un de ceux qui l'avait pris s'échappa , et ce ne fut pas sans peine que nous pûmes hisser jusque sur le pont, deux autres exemplaires, d'au moins 6 pieds de long chacun. (On n'a pu retrou- ver dans les papiers de M. le D*" Mertens , l'ana- tomie de cet animal.) Sur ces mêmes requins se trouvaient attachés plusieurs Echeneis rémora; il nous fut impossible de nous saisir des Gasterosteiis ductor , qui accompagnaient toujours les requins. Il est difficile d'expliquer, pourquoi ce petit pois- son se constitue le compagnon intime du requin, et Ton est étonné surtout de l'ordre qui règne parmi la troupe de ces pilotes (Gasterosteiis duc- tor), qui s'associent à ce monstre marin. D'où vient , par exemple , que le plus grand de la so- ciété, qui est composée de 5 h 7 individus, se tient ordinairement au-dessus de la nageoire dorsale du requin, d'où il suit avec la plus grande atten- tion tous ses mouvemens ? on dirait que ce petit poisson est fixé sur lui par un fil de fer, tandis que les 4 ou 5 autres de la société nagent toujours si près de la gueule du monstre , que de loin on les prendrait pour ses barbillons ; comme j'ai cru toujours remarquer que ces petits poissons diffé- raient de taille , j'ai pensé qu'ils pourraient for- mer une famille , et alors les petits seraient les jeunes ; un tel fait serait des plus remarquables \'4 - ■ 1 •■ '1' y *■■ ■■ '■; ■'' ■r » ! •.; ■ v:.^h-•.•.|■ ."?., ..; : ■ r < *'■■ > ."','■, ■ ■■ "■ À >.' : - ' ':A>^ .; .; , i.-i»»' ■ '■ '■ ^"- ■ \ , ". '■'■'îf-',. * .• f-/*.^ : ^fcr. '■■'s -'7*^ kV ■il*'.' ><*t ■^ 't P4 m mWM f'-'^ ji;.J ,f^ .^maerj a* ïm k % iï'fi. ■,m u 246 12. OBSERVATIONS ZOOLOGIQUES. chez les poissons ; ce ne fut que lorsque le requin fut retiré de l'eau que ses petits compagnons l'a- bandonnèrent, alors ils disparurent aussitôt. Une seule fois nous aperçûmes le poisson Es- padon (je crois le Xiphias gladius , Linn.); il pouvait avoir de 10 a 12 pieds de long et était presque partout de couleur bleue. Deux ou trois fois nous fûmes entourés de troupes de Dauphins , qui se croisaient dans tous les sens avec la plus grande vitesse ; autant que je pus voir , ils nageaient plus volontiers deux à deux et exécutaient des cabrioles pendant les- quelles une partie de leur dos sortait de l'eau, puis en replongeant ils laissaient paraître leur longue nageoire dorsale-, tout ce qu'on pouvait voir de leur corps était d'un gris foncé. Nous aperçûmes une fois , à une assez grande distance, une bande de gros cétacées ; ils appartenaient, je crois , au Pkyseter macrocephalus ; leur couleur, autant que l'éloignement permettait d'en juger, nous parut d'un brun noirâtre. La mer nous oflfrit peu d'oiseaux ; de temps a auL e on apercevait le Procellnria pcdagica , (ou au moins luie espèce analogue) , mais rarement en grandes troupes ; une autre espèce (le Procel- laria pii^niis , je crois), se fesait aussi remarquer de temps à autre. Près des îles du Cap-vert, on ^.: 12. OBSERVATIONS ZOOLOGIQUES. 247 tua une jolie Frégatte , remarquable par sa tête blanche et son bec d'un beau rouge , mais l'oiseau tomba malheureusement dans la mer. Plus tard, près des côtes d'Amérique , je remarquai le Sula alba, (Pelecaniis bassanus , Linn.) , ou au moins une espèce analogue. .; i . ■■•..*< Pendant les calmes, le D' Mertens put se pro- curer une assez grande quantité d'animaux rayon- nés (Astéries, etc.) et d'Acalephes ; il joignit a ses recherches de magnifiques dessins qui font partie des intéressans résultats du voyage ; ce fut d'abord une espèce du genre Porpita qu'il prit, une Cal- If unira et une Beroë , puis , un animal également transparent d'une assez grande longueiu* , de la forme d'un ruban, de deux a trois pouces de large, bordé de couleur rose ; nous pensâmes que ce de- vait être une très-grande espèce de Cestum ; nous regrettâmes d'autant plus la perte de cet animal, que plus tard nous ne pûmes le retrouver ; malgré la lenteur de ses mouvemens il nous fut impos- sible de le prendre. La pêche d'un pareil animal gélatineux exige beaucoup de précautions; on ne peut , par exemple , se servir de filets îi cet effet, vu son extrême fragilité ; mais on pourrait se ser- vir plus heureusement d'un sac de toile, dont l'ouverture serait tenue ouverte au moyen d'un cercle de fer ; alors on pourrait , en péchant l'ani- ' 11. .' „ "'Ut!.' ' : ■ ■' . ■ '■•■A* .;l ■%*. Ji;>-1, Xi P, 248 12. OBSERVATIONS ZOOLOGIQUES. mal , retenir assez d'eau pour qu'il pût y nager, au moins jusqu'à ce qu'il fut possible de le placer dans un vase. Il faut une grande attention pour apercevoir la plupart de ces animaux marins; mais alors la variété de leurs formes et de leurs mouvemens produit un curieux eflfet, si l'on ajoute, qu'ainsi que dans la nombreuse famille des Beroë, il est embelli par toutes les nuances de l'arc - en- ciel, que présentent les organes de la respiration. En observant ces animaux, on est involontaire- ment tenté de les diviser en deux groupes princi- paux : ceux à corps transparent qui , a l'aide de leur appareil musculaire , peuvent se mouvoir, à volonté , dans les profondeurs des mers ou a la surface de l'eau, et ceux qui retenus a un carti- lage peu flexible , se tiennent seulement a la sur- face et sont constamment le jouet des vents et des vagues ; a ce dernier groupe appartiennent les genres Phjsalia, Vclella et Pottita; ils sont natu- rellement plus exposés h la vue que les autres, puisqu'ils ne peuvent disparaître dans le fond de la mer. Pendant cette traversée , ce qui nous frappa le plus fut une espèce de Physalia^ (pro- bablement celle que l'ilesius a observée) ; elle était ornée d'une crête d'un beau rouge ; nous la vîmes souvent, mais seule, et ne fûmes pas assez iieureux pour en prendre un seul exemplaire. S" 12. OBSERVATIONS ZOOLOGIQUES. 249 Souvent nous rencontrâmes à une grande distance des côtes nombre d'individus d'une petite espèce de Velella , morts et flottant au liazard ; nous en vîmes fort peu de vivans; le D"" Mertens prit aussi quelques très-petits crustacés qu'il dessina de suite. La plupart de ces animaux répandent pendant la nuit une forte phosphorescence , mais seulement durant leur vie , tandis que beaucoup de poissons qui ont cette propriété, ne la possèdent que morts, et peuvent même la communiquer à l'eau ; peut- être est-ce même la transparence du corps des premiers qui permet ce phénomène pendant leur vie. Ce sont surtout les Méduses qui projettent ces masses de lumière, qui, des plus grandes pro- fondeurs, lancent jusqu'à la surface ces globes de feu qui forment un si beau spectacle ; par un calme parfait , si l'on jette quelque corps dans la mer , elle éclaire d'une manière régulière , mais cette lumière ne dure qu'autant que l'eau est agi- tée. Les bonites qui nous accompagnaient, nous paraissaient souvent , pendant la nuit , toutes lu- mineuses, mais on pouvait se convaincre que celte lumière n'était due qu'à l'impulsion donnée a l'eau par les mouvemens des poissons. :« ^■«■- , ■■-"'i' !■:*»■• : ■ 1; W S 250 12. OBSERVATIONS ZOOLOGIQUES. '!•»■<. ii R lO-J A N El RO. Du 8 au 25 Janvier, !• . i Nous ne restiimes que fort peu de temps h Rio- Janéiro, et d'ailleurs les circonstances ne favori- sèrent pas nos efforts. J'avais besoin d'obtenir du Gouvernement un port d'armes pour aller îi la chasse, et je perdis cinq jours en vaines démarches ; jusqu'à notre départ, je ne pus r«îunir que 40 es- pèces d'oiseaux, la plupart pet et peu intéres- sans, si ce n'est un seul, Muscicnpa imberhis^ m., que je crois nouveau ; h peu près autant de pois- Sons que je mis dans l'esprit de vin; mais, vu le mauvais confectionnement des boites de fer blanc dont nous nous servîmes, je perdis plus tard une partie de cette collection. Pendant le reste du voyage , nous ne nous précautionnâmes pas da- vantage contre les reproches que plusieurs zélés Entomologistes nous ont faits a notre retour, d'a- voir négligé la classe des insectes ; cependant nous avons rapporté des environs de Rio-Janéiro, si riches en animaux de cette classe, d'assez belles collections de Coléoptères et de papillons. La chasse aux papillons compte au Brésil un grand nombre d'amateurs , non seulement parcequ'il 12. OBSERVATIONS ZOOLOGIQUES. 251 n'est pas possible de revenir les boîtes vides de sen)blal)lc.s excursions , mais encore parce que la variété et la richesse des couleurs de ces êtres ailés, présentent au collecteur une {grande diver- sité d'agrémens; l'on choisit plus particulière- ment les lizières des forets, près des rivières, où les papillons n'ayant qu'une étroite roule h par- courir, sont plus faciles à attraper ; du reste, cette chasse exige du temps et une certaine habitude, d'autant plus que beaucoup d'espèces doivent être cherchées et poursuivies de différentes manières ; l'expérience nous a fait connaître les précautions nécessaires pour garantir les boîtes où l'on ren- ferme les collections , des fourmis qui sont ici ré- pandues dans toutes les maisons avec abondance, si l'on ne veut voir en un instant toute sa récolte détruite; il s'agit donc d'enduire intérieurement ces boîtes de savon arsenical ; l'effet de ce poison est si efficace , que j'ai vu des fourmis qui es- sayaient de braver cet obstacle, mourir à l'instant ; la plupart s'éloignaient d'elles-mêmes d'une si dangereuse atmosphère; en général, l'utilité du savon arsenical pour les collections est inappré- ciable , et l'on peut dire que cette invention est une des plus utiles dans la Taxidermie. A Rio-Janéiro nous considérâmes presque tous nos travaux comme des préparatifs nécessaires, '^^ •> tt ■:ff^i. Jï :-♦.■ 252 12. OBSERVATIONS ZOOLOGIQUES. car le court espace de temps pusse dans un pays ddjii si souvent visité par les naturalistes., ne pou- vait nous faire espérer d'obtenir des résultats de quelqu'importancc pour la science. DE RIO-JANEIRO A LA BAIE DE LA CONCEPTION. Du Sa Janvier au 16 Mars, Pendant la suite de notre traversée, nous éprou- vâmes la vérité des observations faites par les voyageurs sur le changement subit des scènes, que la mer oflfre, quand on passe de la zone tor- ride a la zone tempérée. Les poissons- volans ainsi que leurs ennemis, les Bonites, disparurent, mais le nombre des oiseaux augmentait, au contraire, chaque jour. C'était principalement les grandes espèces du genre Procellaria (surtout le Pr. puffi- mis,, Linn.), que l'on voyait en petites bandes, soit sur l'eau , soit en l'air ; ils furent bientôt ac- compagnés de quelques Albatros , dont le nombre devint fort grand dans le voisinage des îles Ma- louincs ; on apercevait souvent aussi des baleines 12. 0BST:RVATT0NS zoologiques. 25.3 de moyenne taille., et, de temps en temps , des troupes de Dauphins. La diversité des oiseaux de tempête et des Al- batros augmente d'autant plus que Pon marche vers le midi ; nous remarquâmes au Sud du Cap- Horn plusieurs jolies espèces de ces premiers ; un fait assez remarrpiable, c'est que ces oiseaux, ain- si que le Lcstris catarrJiactcs qui est leur com- pagnon , se rencontrent également en grande quantité vers la mer glaciale du Nord, et qu'ehtre ces deux points opposés on ne les retrouve pas. Deux fois seulement pendant la traversée, le calme nous permit de mettre un bateau en mer, pour aller a la chasse de ces oiseaux ; par cette occasion je me procurai les Procellaria pitffiniis, Pr. œcjuinoxialis , Pr. desolutUf Lestris catiirrhac- tcs et le Diomeclca mclanophrjs. Nous ne pûmes nous procurer que peu d'Aca- lephes, a cause de la rapidité de la marche du na- vire ; cependant nous primes plusieurs Salpa, Beroë et Mediisa, et le D"" Mertens put enrichir son portefeuille de quelques études. Sur \eFiiciis pjrijeriis^ que 1 on rencontre nageant près des côtes, se trouvait en grand nombre une petite es- pèce de Lepas. A notre arrivée dans l'Océan pacifique , nous '«•C. I *•* ... "«!•'; "■-*■■'. ,;. i'^"1-*î::| 254 12. OBSERVATIONS ZOOLOGIQUES. n'aperçûmes , près des côtes d'Amérique , aucun changement dans les produits du règne animal. BAIE DE LA CONCEPTION. Du 16 au 20 Mars. ^.?>v ntt, 1 1'' Notre séjour dans la baie de la Conception fut de trop courte durét- pour pouvoir donner une idée, même imparfaite , de la riche Faune de ces con- trées; on est étonné îi la vue de cette quantité et de cette variété d'oiseaux de mer qui abondent sur les côtes ; ce sont probablement plusieurs grandes espèces de Pétrels , qui couvrent les rocs h l'entrée de la baie ; ces rochers paraissent sou- vent tout blancs de leurs excrémens. Plus loin, dans la baie même, nous remarquâmes deux es- pèces de Cnrbo, et , je crois , une nouvelle espèce do Lestris^ ainsi qu'un grand nombre de jolies Moïiettes; mais surtout une énorme quantité de Rhjnchops ni^rt, ; une très -grande espèce de Phoque se montrait ça et Ta, mais jamais hors de l'eau , si ce n'est quand ils plongeaient ; alors on distinguait le long prolongement de leur lèvre supéri«'ure en forme de trompe , ce qui nous fil 12. OBSERVATIONS ZOOLOGIQUÎiLS. 255 penser que ce pouvait être le Phoca prohoscidea de Pérou. . ; , .. . ' ,, , Los 16 et 17 Mars nous visitâmes le village de Tome ; le pa)\s, couvert d'ai'brisseaux, était animé par une grande quantité d'oiseaux ; W en était de même du rivage où je comptai cinq espèces de Mouettes i parmi les quatre espèces que je me procurai, je citerai le Lariis Franklinii (Kiciiavds.) (du moins h ce que j'ai tout lieu de croire), qui jusqu'à présent n'avait encore été vu que dans l'Amérique du Nord Près des maisons nous vîmes le moineau du Chili, Fringilla diuca (Molina), puis de jolis étourneaux k poitrine rouge , Sturmis niilitaris (Linn.), qui , de tous les oiseaux de ces contrées, est celui qui saute le plutôt a la vue ; enfin le joli Colibri , Trocliilus scphnnioïdes (Lesson), avec le dessus de la tête d'une belle couleur dorée, qui se troKve en grande quantité ; c'est la seule es- pèce de ce genre que je pus apercevoir ici. On dit qiHî le VsiU((cara pntagonica (Lesson) est ici très- commun a l'état sauvage ; je ne puis assurer l'a- voir rencontré , mais on en voit en cage dans prcsqui' chaque maison ; ce perroquet se tient toujours par terre, a la manière du Piizoponis forinusiLs; nous gardâmes à bord pendant un cer- tain temps deux oiseaux de cette espèce , et nous *.•:■ - >■• m .> 1,^ 256 12. OBSERVATIONS ZOOLOGIQUES. pûmes alors nous assurer de la diflFérence qui se trouve dans leur manière de vivre, d'avec celle des autres perroquets. Dans le court espace d'un jour et demi que nous passâmes a terre , je tuai et préparai 20 es- pèces d'oiseaux ; j'en aurais certainement obtenu davantage , si j'avais été a même de visiter les bords d'une rivière ou d'un lac ; plus tard , je trouvai la plupart de ces oiseaux à Valparaiso, excepté , cependant , les suivans qui paraissent appartenir essentiellement au Sud : le Muscicapa pyrope m. (nova species) , le Synnalaxis Tupi- nieri (Lesson), qui vit a la manière de nos mé- sanges, le Troglodytes pnradoxus m. (plus tard, Malacorhynchus chilensis , Kittl., Menetr.), le Pteroptochiwi rubccula m. (nov. gen. et nov. spec), Alccdo torquata (Linn.), (var. Chilen- sis}, Ardca nycticorax (Linn.), Lanis Franklinii (Rich.) et Lariis dominicaniis ( Lichtenstein). De ces 20 espèces, j'en avais seulement rencontré deux au Brésil : un Troglodytes et le Fringilla matutinn (Liclit.), (Bruant du Mexique) (BufF.), oiseau qui paraît fort répandu. En si peu de temps je ne pus rencontrer de mammifïu'cs ; mais en revanche , je vis quelques petits serpens et des lézards; je rapportai de ces derniers, dans de l'esprit de vin. C'est probable- 12. OBSERVATIONS ZOOLOGIQUES. 257 ment à l'approche de l'automne qu'il faut attri- buer le manque absolu d'insectes, car nous n'en remarquâmes aucun. Le rivage de la baie nous offrit une assez grande quantité de Mollusques. Je vis surtout pendant les marées basses beaucoup de jolies Astéries , mais nous allions avec tant de hâte , que nous ne pûmes diriger notre attention sur tant d'objets différens. ■ •"'''■, -il i-F^', DE LA BAIE DE LA GONCEPTIOIN ' A VALPARAISO. . ; Du 20 au 36 Mars. ••■V Dans cette traversée nous eûmes quelques calmes, qui nous permirent de collecter plusieurs de ce& petits animaux marins , dont quelques es- pèces nous apparurent en grand nombre d'indivi- dus ; c'est ainsi , par exemple , que nous vîmes une espèce du genre de Cuvier , Dipliia, Ici le D"^ Mertens put se convaincre que la Stephano- mia de Pérou , n'est autre chose qu'un fragment d'une JDiphia; il est difficile de préciser la véri- table destination des nombreux appendices de cet animal. Nous prîmes aussi une espèce de Firola Tome ///. 17 m- 258 12. OBSERVATIONS ZOOLOGIQUES. et Une forme de Idja de la famille des Béroïdes, ainsi que plusieurs Salpa et Méduses ; lé D*" Mer- tens dessina et décrivit avec le plus grand soin tous ces animaux. (' VALPARAISO. r Du 26 Mars au 15 Avril. m On a eu tort de réputer les environs de Valpa- raiso comme jolis , comparativement a la belle nature du Chili en général , surtout pendant un automne sec , où le pays ne présente que peu d'atuaits, soit pour l'amateur de beaux sites, soit pour le naturaliste. Au lieu de forêts , les hauteurs escarpées ne sont recouvertes que de buissons d'épines , et ce n'bst que dans les nombreux ravins , qui entre- tionhent un peu d'humidité, qu'on voit quelque verdure. Le tcrrein qui , de la cote , s'élève en forme de terrasse h pente rapide, est presqu'entière- ment nu et sans herbe ; on remarque seulement, ça et Ih, quelques groupes d'arbrisseaux ou buissons, qui sont quelquefois remplacés, de distance en dis- tance, par de bénux liamhma (Lintté). Pendant les 19 jours que nous passâmes ici, nous eûmes bien- w L .I»" . i : 5f ■ 1 s 12. OBSERVATIONS ZOOLOGIQUES. 259 tôt collecté de tous les animaux qui habitent ce terrein a Taspect sauvage ; bientôt , malgré nos opiniâtres recherches, nous ne piinies plus rien rencontrer de i. juveau. La contrée est trop mo- notonne pour laisser espérer quelque diversité dans les productions animales^ elle n'est pourtant pas sans intérêt. Nous ne remarquâmes ici qu'un seul mammifère dont l'espèce est assez commune ; il sut, néanmoins, toujours nous échapper, mal- gré toutes nos peines : c'est une sorte de Didel- phis , de la taille d'un rat, d'un gris cendré, avec une longue queue roulée sur elle-même à son e:{- ti'émité ; il vit dans des terriers , et me parut ap- partenir a l'espèce que je vis dans une collection d'animaux du Brésil , que M. de Langsdorff avait envoyée ; la vitesse avec laquelle cet animal re- gagnait «Oii igite , alors même qu'il était blessé, était telle que ce fut envain que plusieurs fois nous tirâmes sur lui. ' Parmi les 36 oiseaux que je collectai , deux vi- vent égaleuicnt au Brésil , et 9 près de la baie de la Conception; ainsi la plupart sont indigènes des côtes occidentales de l'Amérique. Plus de la moi- tié des oiseaux que j'obtins au Chiii , n'étaienl point encore connus. Plus lard, j'ai décrit et Hgu l'é dans les Mémoires de l'Académie Impériale des sciences, 17 de ces oiseaux, y compris le 4. i,_ ►. m. Il 260 12. OBSERVATIONS ZOOLOGIQUES. Fringilln Diuca (Molina) , de l'existence duquel on avait douté jusqu'alors ; mais plusieurs ont été depuis décrits ailleurs , tels que le Xanthornus chrjsocarpus et le Turdiis magellanicus (Vigors). Seulement mon Phytotoma silens avait été décrit en Angleterre, peu de temps avant moi, sous le nom de Ph. Bloxhami. Mais le plus intéressant est mon nouveau genre de Pteroptochos^ dont je trouvai deux autres espèces h Valparaiso. Le plus grand , le Pt. megapodiiis . a tout-a-fait Vhabitus et les mœurs des deux autres, et l'on aurait tort do les séparer, ainsi qu'il me paraît qu'on a voulu le faire dans ces derniers temps ; car probable- ment le genre Hjlactes de Vigors est établi sur le même oiseau , que Lesson , dans sa Centurie Zoologique, avait déjà nommé Megalonjx ^ nom qui paraîtrait devoir comprendre les autres de ses connénères. Les autres classes d'animaux ne nous présen- tèrent presque rien d'intéressant, tant a cause de notre court séjour , que du temps peu propice. Nous vîmes deux espèces de Sauriens du genre Lnct'rta de Mcrrem (je n'ai pas eu depuis l'occa- sion d'examiner les exemplaires que j'avais rap- portés dans l'esprit de vin); ils couraient en assez grand nombre dans les endroits secs; nous en tuâmes plusieurs au fusil , et d'autres avec les 12. OBSERVATIONS ZOOLOGIQUES. 261 mains. Nous négligeâmes les poissons de mer, qui dans cette saison offrent peu d'espèces; nous crûmes que le peu de temps que nous avions, se- rait mieux employé a collecter des plantes et des oiseaux. Il faut également attribuer a la séche- resse de la saison la cause du manque total d'in- sectes. Le D'' Mertens augmenta ses collections de plantes marines et de quelques Actinies, Chi- tons, etc., que l'on trouvait sur les rochers baignés par la mer. ; . . - 1." DE VALPARAISO A SITKIIA. Du 15 Avril au 24 Juin. -.li' "- Notre traversée de Valparaiso a Sitkha dura 70 jours sur la partie la moins fréquentée de celte mer; la grande pauvreté d'an'maux que l'on y re- marque , est une suite naturelle de l'immense étendue de ce bassin. Nous étions réellement fa- tigiiés d'une aussi longue solitude ; très-rarement on apercevait quelque oiseau de tempête ou quel- que Albatros égarés, i Cependant les vents alises du S. E. nous ame- nèrent une assez grande quantité de poissons-vo- "»■•:■. - ••4' .;1 "M i.. 262 12. OBSERVATIONS ZOOLOGIQUES. iaris ; ils n'étaient pas poursuivis par les Bonites, comme nous l'avions remarqué dans l'Océan At- lantique , mais bien par des troupes de Paillc-en- qucue (Phaëton phœnicuriis). Ces élégans oiseaux à plumage d'un blanc éclatant, sont bien faits pour réjouir la vue du navigateur , d'autant plus qu'ils lui annoncent la mousson et le climat des tropiques, et qu'ils sont pour lui , avec les pois- sons-volans , les seuls êtres t^nimés qui partagent sa solitude. Sans posséder les énormes ailes de l'Albatros , le Phaëton est toujours h planer dans les airs, sans qu'on le voie jamais se reposer sur les mats des navires. On dirait que c'est le seul oiseau dont le vol soit infatigable , car les régions où on le rencontre sont si éloignées de tous ro- chers , de toute terre où il pourrait se reposer, qu'il faut qu'il passe la nuit, ou sur l'eau, ou dans les aii^s. Ce ne fut que plus tard que nous obtînmes deux exemplaires de cet oiseau qui, à différentes re- prises, apparaissait en grande quantité; grâce U un calme , Ton put mettre une embarcation a la mer pour aller chercher ceux que nous tuâmes, ce qui jusqu'alors n'avait pu avoir lieu a cause de la rapidité de la marche du navire; tous les deux appartienneni sans aucun doute ii la même espèce, mais l'un avait les longues plumes intermédiaires 12. OBSERVATIONS ZOOJ.OGIQUES. 2(«i de la queue plus larges et plus blanches que celles de l'autre, et si Ton n'avait pu encore remarquer une teinte rosée qui les recouvrait, on l'aurait rapportée au Phaëton œthereiis ; mais les lois, d'après lesquelles ont lieu, selon l'Age, les diffé- rences de plumage , n'étant pqs encore assez ap- profondies , tout porte à croire que ces deux esj- pèces doivent être réunies. Cette fois THémisplière boréal nous parut plus animé ; l'on voyait plus souvent des Dauphins et plus d'Oiseaux de tempête , que Ton n'en remar- quait peu de temps auparavant; l'on apercevait au loin de grandes bandes d'oiseaux , à ce que je crois, des Pétrels. Les troupes assez nombreuses d'Albatros que nous apercevions de temps a autre , nous rappe- laient la manière toute particulière dont ces oi- seaux sont répandus ; dans la mer pacifique on les rencontre partout a-peu-près en égale quantité, tandis que dans l'Océan Atlantique on ne les voit que dans la partie méridionale , mais en troupes nombreuses. Vers le 5" degré de Latitude Nord parurent les premiers requins ; nous en prîmes un a l'ha- meçon , et fûmes étonnés de retrouver la même espèce que nous avions vue dans l'Océan Atlan- tique (Sqiialiis carcharias). - " r I. ::' t 1 «;.„ / ftf I ■■■il*--f ;5i.':- $■:■< ■ <*' ^^. 264 13. OBSERVATIONS ZOOLOGIQUES. Nous fumes long- temps sans rencontrer de ces animaiiÀ marins a consistance gélatineuse dont j'ai déjà parlé ; ce ne fut que vers le 20^ degré de Latitude Sud, que nous prîmes quelques exemplaires de la Physalia megalistn. Seulement vers l'Equateur nous vîmes la mer en certains endroits peuplée de Salpa , de Méduses (surtout de la Medusn pnnopfrn^ en grande quan- tité) , de quelques bandes de Physophores et de plusieurs Béroïdes. Parmi ces derniers se fesait remarquer une espèce très-élégante de Cesturn (peut-être le Cesturn veneris de Péron), qui a plu- sieurs reprises se montrait en quantité ; les mouve- mens onduleux de cet animal allongé en large ru- ban, joints aux nuances de l'arc-en-ciel , dont toutes les espèces de cette famille sont revêtues, lui donnent dans l'eau une belle apparence ; ce jeu de couleurs lui donne une sorte d'analogie avec les Béroés en forme de sacs, bien qu'il s'en éloigne par sa forme extérieure ; mais en considérant son organisation on ne peut pas le différencier de ceux-ci. Le D'" Mertens, ayant égard a sa texture extérieure qui ressemble à celle d'un Cabocbon {Capidus Montf.) dont l'extrémité inférieure se- rait fermée , le compare h VIdya , et trouve alors que le genre Callyanira forme le passage successif d'une forme a l'autre. En fait de mollusques non W' ? -H 12. OBSERVATIONS ZOOLOGIQUES. 2(>5 transparcns, nous ne prîmes dans cette mer qu'nne petite espèce de Glaucus. Tout ce que nous pûmes observer sur cet animal fut dessiné par le D*^ Mertens. > i Depuis le 37" jusqu'au 40" degré de Latitude Nord , nous vîmes la mer de fous côtés couverte d'une Velelle du plus beau bleu; elle était diffé- rente de cette petite espèce que nous avions re- marquée précédemment dans l'Océan Atlantique. Après avoir navigué a-peu-près deux jours à tra- vers ces myriades d'animaux , la scène cliangca tout-a-coup d'aspect, et au lieu de ces petits mol- lusques , se montrèrent immédiatement , en aussi irrande quantité , leurs ennemis qui les recher- chaient pour en faire leur nourriture : c'était le Lepas fasciculata; ce Cirrhopode s'attache à la partie cartilagineiisi! du dos d'une Velelle, ce qu'il fait probablement ins un âg*- très-tendre, comme le prouvent plusieui s très-petits exemplaires; dès le moment où cet animal sr trouve ainsi fixé à un centre commun, il se développe et forme bientôt un faisceau. Ce fut pour nous un aspect curieux de voir pendant plusieurs jours l'énorme quantité de ces petits faisceaux qui se suivaient à peu de distance par bandes horizontales ; probable- ment cet arrangement élait dû aux mouvemcns des vigiits. Aussitôt après suivaient des troupes V;:''l •if-*;' '-I -'.il. ' r 'lin. ' .11'' t ;^ ■»■■ m\ ^. IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) 1.0 M ^ lis lllllio 2.5 2.2 u •^ ^ 18 1-25 1.4 II 1,6 ■• 6" ► Photographie Sciences Corporation S' -i3 V< ^î < MAIN STRHT WnSfIR.N.Y. 14580 (716) 873-4503 ^^^^' e '. ■> ' 266 12. OBSERVATIONS ZOOLOGIQUES. de Dauphins et beaucoup d'autres grands Cétacés, qui allaient trouver k leur tour une excellente proie, car ils dévoraient les Lepas comme ceuxfci détruisaient les Velelles. . n .ri-i/ ,«, 'U iMj- ':,■,■'(. 1 ■ , ; 1 1 < ! .; ■.■.■! ;-.iij vX ■.'■\\\\ ■■ f-rrn NOVO-ARKHANGELSK. Du 24 Juin au 31 Juillet. .;ti 'Wp 1.' / ». . i ..njU» )ii MiJi.;' ; /ri • ::\n.xi mo/i, -u-i'^} En entrant dans le golfe de Sitkba, nous aper- çûmes des Macareux en assez grande quantité, mais l'éloignement ne permettait pas de distin- guer de quelle espèce ils étaient. Des rochers es- carpés, formés de Traumate, s'élèvent immédiate- ment de la mer dont la profondeur est assez con- sidérable , même dans les nombreuses baies et dé- troits qui caractérisent cette côte. Le pays , jus- qu'aux régions des neiges, éternelles , est couvert de belles forêts de conifères, dont l'entrée est presqu'inaccessible ; dans les endroits bas Ton trouve des marais d'une vaste étendue. L'été était trop avancé pour que la chasse pût être fructueuse, la plupart des oiseaux s'étant retirés dans Lurs re- traites. La mer était surtout déserte, tandis que dans ces parages, au printemps et en automne, le nombre des oiseaux aquatiques est très-grand. Main- 12. OBSERVATIONS ZOOLOGIQUES. 267 tenant Ton voyait ça et la, deux a deux, autour des nombreuses îles boisées, VAnas histrionica^ et en- core plus rarement, VAnas fiisca^ ainsi qu'une es- pèce particulière de Bécassine , (Totanus brevipes nov. sp.) , le Strepsilas collaris et trois espèces de Mouettes , (dont deux espèces Européennes , La- rus tridactjrlus et X. canits) ; plus loin vers la mer Ton remarquait quelquefois le Mormon cornicu^ lata et le Pelecanus Urile (Linn.), ainsi que l'hui- trier noir qui me parut à peine différer de celui de la Nouvelle Hollande , enfin le Diomedea bra- cJvyura (Temm.) et quelques volées de VUriamar- niorata. -i >i ' ■'■ m ■■.'■..■. < .;;*.;, .,_■■,;:. La saison nous promettait davantage dans les bois, au moins en petits oiseaux ; mais l'épaisseur des forêts rendait la chasse pénible, et d'autant plus encore que la plus grande partie des oiseaux tués restait perdue dans les taillis. Voici les su- jets que je me procurai pendant un séjour de cinq semaines : "'rochilus rufus (Linné) , Turdus mi-' gratorius, i'. nœviiis et T. minor, Sjlvicola elata, S. résidus m. (nov. sp.), Muscicapa cuculla- ta (Swainson), et un petit Roitelet, que je per- dis plus tard. Enfin les oiseaux que l'on trouve aussi communément en Europe : Résidus i^nica- pdlus, Troglodytes parvidus, Certhia fanùUaris et Loxia cwvirostra. Ici l'on rencontre également de :!!- M^ ■h r ., j 1-, ■ ' 'if. ■:,- ■*< . , ■■«■■ 268 12. OBSERVATIONS ZOOLOGIQUES. ces formes américaines du genre Eniberiza, que l'on a eu tort, tantôt de réunir auxFringilla, ou bien de les diviser en plusieurs genres, tels que Passerina, Zonotrichia, etc. J'en trouvai 4 espèces : Emberiza mitritn (an varietas Fringillce hyemalis hinnél) y Emberiza melodia (Wilson) , Emberiza rufîna m. (an var. F ring, rufœ Wih.l) ., Emberiza gracilis, m. (nov. sp.); le premier est Toiseau le plus com- mun ici , et , avec le second qui préfère les en- droits couverts d'arbrisseaux , il anime ces lieux ; seulement la 4" espèce parait rare. Du reste, ces oiseaux ne chantent pas agréablement. On re- marque dans les forêts , sur les sommets des plus grands arbres, une espèce de petite Mésange que j'ai nommée Parus Sitchensis, et qui a beaucoup de ressemblance avec le Parus Sibiricus (Linn.). Le Corvus Stelleri est commun sur la lisière des bois, et le Corvus corax, (au moins je ne lui ai pas trouvé de différence), se trouve en quantité sur les bords de la mer et près des habitations. Sur le rivage l'on voit aussi en nombre le Corvus ossifragus (Wils.) et quelques Ardea Herodias (Wils.). Deux hirondelles, h ce qu'il paraît répan- dues dans tout le Nord de l'Amérique , (Hirundo bicolor et H. rufa^ Vieillot), sont ici assez com- munes , et VAlcc'do alcyon se montre , de temps à autre, seul ou par couples. \ " ^ ; - »; . ■■*■ 12. OBSERVATIONS ZOOLOGIQUES. 269 En fait d'oiseaux de rivage, je ne trouvai d'a- bord que le Tringti Temminckii, par couples, quelques Totnnus vociferiis^Wih. (maintenant en plumage d'été), et sur le bord des rivières le To- tnnus flnvipas^Wïh.; non loin du rivage, ce Bécas- seau gris dont j'ai parlé plus haut. Mais vers la fin de Juii/et, le rivage était couvert de ces lichas- siers qui , pour la plus grande partie, se trouvent aussi en Europe , tels que : Tringa minuta et T. Callidris , Charadriiis hinticula (an Ch. nielodiiis^ Wils.?) Ch. squatarola , etc., en cdmpagn'e avec ceux déjà cités plus haut. Pîirmi les oiseaux de proie, l'Aigle a tête blanche se voyait fréquemment , surtout vers les parties boisées des bords de la mer ; puis, on remarquait encore deux autres petits Pygargues qui me pa- rurent être le Falco fulvits et le Fnlco ossifragus de Wils.; des Grimperaux je ne vis que le Picus viUosiis.^ Vieill., et en fait de Gallinacés, on nous apporta seulement une femelle du Tetrao obscii- rm (Bonaparte). La saison était encore plus défavorable pour la chasse aux mammifères , et ce fut avec peine que nous pûmes réellement en apercevoir un seul ; ce- pendant dans cette saison même une petite espèce de Dauphin se fesait remarquer assez fréquem- ment par troupes dans le Golfe ; nous ne trou- ' r.„-' "■■''■ H) f# ., ''%■'»■'■ . 'v^. ■. :•■■• ■■ i;?:. ,.■'* 270 12. OBSERVATIONS ZOOLOGIQUES. vâmes aucun moyen de nous les approprier. Mais en revanche nous recueillîmes une assez bonne quantité de poissons intéressans, dont une grande partie fut dessinée ; tous ceux que nous mîmes dans l'esprit de vin, se trouvèrent malheureuse- ment gâtés avant notre retour, et celle perte m'empêche maintenant de donner un rapport cir- constancié sur ces animaux- Il y avait plusieurs espèces de Labrax, deux ou trois espèces de Blep- sias , 1 Cottus et 4 espèces de Centronotus, qui tous paraissaîfent nouveaux ; la plupart de ces pois- sons avaient été pêches a la ligne, au milieu des plantes marines. Parmi les grandes espèces de Saumons , nous trouvâmes le Salmo salar , et quelques espèces nouvelles qui au Kamtscliatka se nomment : Krasiuija Byba , Gorhuscha et Kjjutsch. ...... , C'est surtout en Mollusques nus et zoophytes que les hauts fonds abondent ; une étonnante va- riété de jolis Oursins et d'Etoiles de mer , re- couvre le fond des endroits abrités , et beaucoup de ces dernières sont remarquables par leur grande taille et le nombre de leurs rayons. Parmi les Ho- lothuries que le l)*" Merlens récolta et étudia avec le plus grand soin , il y a jusqu'à 9 espèces qui sont tout-a-fait nouvelles ; il en fut de même et proportionnellement, des Actinies, des Planaires, 12. OBSERVATIONS ZOOLOGIQUES. 271 des Oscabrions, etc., que l'on voyait, a la marée basse, suspendus aux proéminences des rochers. , titr|> ..». t-;!,b DE SITKHA A OUNALACilKA. Du ,3/ Juillcl an 2Q Août. Pendant la traversée de Sitkha îi Ounalachka, nous vîmes presque chaque jour quelques All)a- tros et plusieurs espèces de Pétrels, mais nous n'eûmes pas l'occasion de leur faire la chasse. De temps a autre , on remarquait des Baleines et des troupes de Dauphins. Le 19 Août nous vîmes la mer couverte , dans une certaine étendue, d'une i^uahiitë de Méduses ; l'espèce la plus commune paraissait très-Voisine de la Mediisa capUlnta que l'on trouve dans la mer du Nord et dans la Baltique. Près des îles Aléoutiennes nous aperçûmes de loin d'énormes bandes d'oiseaux de la taille de nos pigeons domestiques ; la plupart volaient a fleur d'éaui, et bi^axicoup paraissaient voler et nager al- térnalivement. On ne les voyait qu'a plusieurs milles de distance de la terre , et nous ne pilmes les approcher assez pour distinguer l'espèce a la- n '''i' Vt Kl)'-- ^ ■1. > ■* , " ■ -. ■•>■•. 1 ,. • 't* '■«■ ,.'•♦ .;. 272 12. OBSERVATIONS ZOOLOGIQUE£. quelle ils appartiennent ; je suis tenté de croire que c'étaient des GuUkmots (Uria)^ et des Pin- gouins (Alcn) , dont il y a une si énorme quantité dans ces parages, et qui alors venaient de quitter leurs nids placés sur les rochers environnans. OUNALACIIKA. Du 22 an 31 Août. Le rivage d'Ounalachka ne nous offrit pas au- tant d'oiseaux que nous l'avions espéré; ce qui, peut-être, en fut cause, c'est que la saison de l'in- cubation était passée en partie. Nous ne vîmes que fort peu de Mouettes (Larus tridactyliis et Larus glaucopterus^ nov. sp.), mais, au contraire, fréquemment de nombreuses troupes de Uria gryllii , qui alors avaient terminé leur ponte. Je me procurai avec beaucoup de peine une très-pe- tite espèce d'Uria, (Uria cann m.), qui se ren- contre très-rarement et seule dans la baie d'Illu- luk. Il est reconnu qu'Ounalachka est très-pauvre en passeraux, parce qu'il n'y a point d'arbres; un tapis de verdure , entremêlé de monceaux de neige éternelle, couvre tout le pays. ; - -: ,. \ 12. OBSERVATIONS ZOOLOGIQUES. 273 - : Cependant Ton trouve assez eominunémeht dans cette herbe un petit oiseau , qui se perche sur ses plus fortes tiges ; c'est le Fringilla savannah (Wils.), ou bien VEmberiza chrysops (Pall \ Dans les endroits où se trouvent des rochers isolés, et en général sur toutes les pentes rapides, Ton ren- contre assez fréquemment une variété de VEmbe- riza melodia, remarquable par sa forte taille, et qui, sans cela , ne différerait aucunement de l'es- pèce que l'on voit à Sitkha. Sur les montagnes, dans les endroits peu couverts d'herbe , vit en quantité V Anthus Ludovicianus ou Anth. spinoletta ( Bonap.) , qui est très-bien figuré dans l'ouvrage de Richardson, F aima boreali-americana, cous le nom à'Anthus aquaticiis ( Bechstein) ; mais le plus beau et le plus intéressant des passeraux des îles Aléoutiennes est peut-être un Fringilla d'un brun marron , marqué decouleur rosée , de gris cendré et de noir, que Pallas cite comme variété de son Passer arctous ; il ne paraît pas être rare sur les sommets rocailleux et sur les promon- toires, pour peu qu'ils soient couverts d'herbe; ce n'est pas le Linaria tephracotis de Richardson, mais il en est très- voisin. Un oiseau qui s'il n'appartient pas a notre Fringilla nivalis, lui res- semble au moins beaucoup, habite seul les pointes nues des rochers. Une seule fois je vis quelques Tome Iir. 18 •;!».■:»>•» :^-f?:! -:U-. , ,U|l^?>i ■ f' : lUr! ; 'I f* ,1: H'? .1. 274 12. OBSERVATIONS ZOOLOGIQUES. hirondelles, mais si éloignées que je ne pus m^as- Hurer si elles appartenaient a l'espèce qui est com- mune au Kamtchatka et a Sitklia ( Hirimdo rufa, Vieill.). Le même corbeau que l'on remarque k Sitkha, se tient également ici sur le rivage, et l'on voit l'aigle a tête blanche , a défaut de grands arbres sur la côte Nord-oaest de l'Amérique, airer sur le sommet des rçchers à pic Ainsi que je Tai déjà dit, je ne trouvai que fort peu d'oiseaux échassiers ; je n'en vis que trois espèces : le Tota" rms brevipes (voyez Sitkha), Tringa mnritima et le Stn'psilas collaris. Sur les montagnes se voyaient quelques compagnies de Gélinotes blan- ches, mais n'ayant pu m'en procurer, je ne puis décider a quelle espèce elles appartiennent. • En fait de mammifères je n'aperçus qu'une espèce de renard , qui , à cause de la saison peu favorable aux fourrures, était épargnée par les chasseurs. C'est peut-être une espèce toute par- ticulière et encore non décrite. Nonobstant notre court séjour à Ounalachka , j'eus l'occasion de voir une Baleine qui venait d'échouer sur la cote après avoir essuyé le feu d'un habitant d lUuluk ; elle fut ensuite transportée en triomphe dans cet endroit. Elle était couchée sur le dos, baignée par les flots , de sorte qu'on ne pouvait que diffi- cilement étudier son organisation; cependant le 12. OBSERVATIONS ZOOLOGIQUES. 275 D*". Mertens le Ht , autant que le permettaient les circonstances ; mais les notes accompagnées de dessins , ainsi que beaucoup d'autres notices ^ n'ont pas été retrouvées après sa mort. A en ju- ger par son habitas cette Baleine semblait appar- tenir au genre Boops de Cuvier ; sa longueur était à peu près de 20 pieds; l'abdomen était très- enflé et les nageoires pectorales me parurent avoir des proportions fort grandes. Les seuls pois- sons que nous vîmes furent ces espèces de Sau- mons mentionnés plus haut, dont la pêche fdisait alors la principale occupation des habitans ; h cause du peu de temps et de l'incertitude de la durée de notre séjour , nous ne pûmes nous pro- curer de ces gros poissons que Ton pêche à la ligne, fort avant dans la mer. , ■ • D'OUNALACHKA AU KAMTCHATKA. Du .9/ JoCtt au 25 Septembre. * , ■;'•■•,•- ' " -■',■!' " .■ Nous étions a peine a quelques milles d'Ouna- lachka , que nous fûmes entourés de ces énormes bandes d'oiseaux qui nous avaient tant étonnés h notre arrivée. Ces oiseaux me parurent être des ■a 4 ■■■:' f ■■ ' ; ti : .4 ■ ■'■\h ••• ;»!; 270 12. OnSKRVATIONS ZOOLOGIQUES. Pétrels ù plumage d'un gris uniforme , muis leur vol nViiit quelque chose do plus lourd que celui de In plujmrt de leurs congénères. Gomme la marche du navire permettait de mettre un bateau en mer , on alla chercher un de ces oiseaux que j'avais tiré de bord ; c'était justement ce même Pétrel que le D' Merk (voyez Pallas Zoogra- phia) avait remarqué également en grande quan- tité dans ces parages : le Procellnria curilica (Pen- nant), et non le Pr. œqiUnoctiaUs^ ainsi que Pallas le pensait. ' ■ , î ^.^ vt ,.'. .,.. .!■•.• ,,k ...■,. ■ Avant de perdre de vue les îles Aléoutiennes, nous eûmes de nouveau l'occasion d'admirer cette grande quantité de baleines que l'on voyait de tous côtés , sans que cependant ces cétacés for- massent une troupe. Plusieurs nous parurent ap- partenir il l'espèce Bnlœnaphysnlus (\Àx\x\.). Ainsi que nous avions eu déjh plusieurs fois l'occasion de le remarquer ici , nous fûmes confirmés dans l'opinion que c'est à tort qu'on a cru qtic ces gros cétacés lançaient de temps en temps des colonnes d'eau , comme on le voit souvent écrit et figuré ; ce n'est réellement autre chose qu'une colonne de vapeur, une espèce de brouillard lancé avec force , qui prend ensuite la forme d'un léger nuage, et flotte quelque temps après dans les airs. Scoresby avait déjà émis cette opinion , mais elle 12. OBSERVATIONS ZOOLOGIQUES. 277 a été depuis , et 1res h tort , combattue par d'autres voyageurs. Près de l'île St. -George , que nous ne pûmes aborder ii cause du gros temps, nous reçûmes en présent 3 jeunes Ours marins (Phoca ursina, Linn.). Le D"". Mertens les conserva de différentes manières; Tun fut préparé en peau, un autre comme squelette , le troisième fut mis dans Tc'^prit de vin. Non loin de cette île, un ven" très-violent jeta à bord un Guillemot qui vécut encore 24 heures, et enrichit ensuite notre collection ; la description de VUria dubia (Pallas) lui convient assez, et c'est sous ce nom qu'on le voit dans le Musée de St.-Pétersbourg. On rencontre toujours dans ces parages beau- coup de Baleines , mais séparément , et quelque- fois des Lions marins. Ce fut envain que nous tachâmes d'aborder l'île St.-Matthieu ; lorsqu'il nous fallut aban(^on- ner notre projet, nous étions si près de terre, que nous pouvions facilement reconnai*.re les oiseaux qui en énorme quantité recouvraient les inégalités des rochers ; VUria troïle s'y remarquait en plus grand nombre , et il ne manquait pas d'espèces des genres Uria et Alca, parmi lesquelles il devait s'en trouver beaucoup de nouvelles. Combien d'ob- jets intéressans n'eussions-nous pas trouvés , s'il ••!"■■ -■ i'i; :!^,>.; ■V V, ; •4. .-Il ■ ,^ ■■ ■m .;«*-- 4 -.f.J • 'V.-, 278 12. OBSERVATIONS ZOOLOGIQUES. eût été possible alors de s'arrêter ici seulement une heure. A Toccasion de deux calmes pendant lesquels on pût mettre une embarcation k la mer, je me procurai plusieurs oiseaux , mais rien de nouveau ; je remarquerai seulement : Mormon cor- nicidata, Uria troïle et surtout le Procellaria gla- cialis j qui apparaissait souvent en quantité a quelque distance de terre. A l'aide d'une lunette d'approche , nous observâmes pendant quelque temps plusieurs Ours blancs (Ursus maritiinus, Linn.) qui se promenaient sur Tile. Ils sont ame- nés par les glaces , et il s'en trouve toujours ainsi quelques-uns d'emprisonnés. , ,. ' . D'ici jusqu'au Kamtchatka il ne se présenta rien, relativement à la zoologie, qui mérite d'être cité ; seulement l'approche des cotes nous fut an- noncé par deux oiseaux qui se disposaient sans doute à émigrer ; l'un était VAnthus spinoletta, Bonap. (?) et l'autre im petit oiseau de proie qui fut tué , mais qui tomba dans la mer. > PORT DE PETROPAVLOVSKY. Du 25 Septembre au I" Novembre. Nous arrivâmes en automne au port de Pétro- pavlovsky ; cette saison avait déjà chassé la plupart •am '*%- ,.«,, 12. OBSERVATIONS ZOOLOGIQUES. 279 des oiseaux de passage, ce qui jetait sur la con- trée un calme morne. Dès notre arrivée, je visi- tai pendant tout un après-midi les environs du port , et n'aperçus aucun être vivant , si ce n'est une Bergeronnette Lavandière , et , à une très- grande hauteur , un Balbusard (Falco haliœtus), et quelques corbeaux sur le rivage , ce qui fit sur moi une impression décourageante. Le lende- main, je parcourus les vallées environnantes, gar- nies d'aunes et de saules ; elles étaient un peu plus animées. Je remarquai même en assez grande quantité un oiseau que je ne pensais pas ren- contrer dans cette saison ; il était , il est vrai , au moment de partir ; c'est cette jolie fauvette si rare dans les collections , Mo//i!Cf7/« Calliope (Pall.), qui paraît propre au Kamtchatka ; elle y rem- place notre gorge-bleue^ avec laquelle elle a beau- coup de rapports. Je tuai aussi VEinheriza rustica (Pall.), qui se disposait également à émigrer; quant aux autres oiseaux, ils se trouvent aussi en Europe , tels que : les Nucifraga carjocatactes, Fringilln linaria , Fr. montifringilla , Pyrrhula vulgaris et P. enucleator (celui-ci est ici assez rare), Emheriza calcarata, Anthiis arboreus , Mo- tacilla bonrulnf Bombycilla garrula, puis une va- riété blanchâtre des Sitta Europœa , et les Parus palustris , Piciis tridactjlus j major et minor. If! ' ■■• m f. , ■r-v ■ i:. ...■»0. . . cj 280 12. OBSERVATIONS ZOOLOGIQUES. ■iPe«i de tcnips après notre arrivée, la gelée était quelquefois si forte pendant la nuit, que l'on voyait le matin de la glace de deux h trois lignes d'é- paisseur; ce qui cependant n'empêchait pas une lùrondelle de mer, qui est ici très-commune , de chercher sa nourriture ; c'est pourquoi j'ai nom- mé Sterna glncialis , cette espèce;, que san^' cel:» j'aurais prise pour l'hirondelle de mer ordinaire, (Sterna hirundo); il est vrai que bientôt après elle émigra. Dans celte saison, les environs du port de Pétropavlovsky étaient très-riches en grandes es-, pèces de Mouettes ; mais il est très-difficile de di»^ tinguer ces espèces ; la plus commune ne paraît pas différer de notre Lnriis argi'ntatus ; le Larus ridibundits se voit éga'ement en qUfintité. Le La- riis glaiicopterus de Sitkha et d'Ounalachka est ici en très-grand nombre , et présente une telle différence par la taille des individus, que sans aucun doute j'en aurais fait deux espèces , si par hasard je n'eusse vu que les deux extrêmes. Peut- être même ne diflfère-t-il pas des Larus glaucuSf (Brunn.), et Larus leucopfcrus (Faber); car mori Larus Anierico-Kamtchaticus ne se distingue des autres que par la couleur foncée des plumes de SCS ailes. ï^es Colynihus arcticus et septentriona- lis se montrèrent dans la haie ; le premier était *iiors on plumage parfait \ le Pelecanus urile (ou m< 12. OBSERVATIONS ZOOLOGIQUES. 281 le Phalacrocorax graculits (Pall.), est très-com- mun sur les rochers qui bordent le rivage , et , vers îc milieu d'Octobre, l'on rencontre également en grandes troupes VAnas Stelleri. Dans les ruis- seaux et les rivières je remarquai plusieurs espèces de canards , et pendant les derniers jours de Sep- tembre le Phalaropus hjperboreus se montra en assez grand nombre. En fait d'oiseaux de rivage je ne vis qu'une seule espèce étrangère a l'Europe, c'est le Tringa limbata (Lichtenstein) (n. sp.), qui est connu de la Nouvelle Hollande. Cet oi- seau vient en très-petites troupes , avec le Frin- gilla arctoa (Passer arctous. Pall), qui arrive alors du Nord. Voici les autres Echassiers que je vis cette année : Strepsilas coUaris , Charadrius plu- vialis et squatarola , Tringa variabilis et minuta. La baie d'Avatcha nous offrit beaucoup de pois- sons ; nous eûmes de nouveau plusieurs espèces de Labrax , Cottus et Blepsias ; mais ils eurent mal*- heureusement le même sort que notre collection de Sitkha , tandis que ceux qui ont été collectés dans les climats chauds, se sont presque tous bien conservés. Ce qui est singulier, c'est que ce sont justement les poissons du Nord qui se sont gâtés , quoiqu'ils aient été récoltés a trois époques diffé- rentes mais non successives, ce qui empêche d'at- tribuer cet accident au mode de conservation. En ■■•fs.:: •; 'If ,1 ^ t ■;'.■ t..^' 282 12. OBSERVATIONS ZOOLOGIQUES. Septembre , l'on prend communément une espèce de Hareng qui diflfère peu du Clupea harengus, ainsi que le Gadus Vachna qui , lorsqu'on ne pêcbe pas d'autres poissons, est ici la nour- riture principale. Pendant notre séjour on ne prenait pas d'autres Saumons que le Kyjutch que l'on pêche dans les rivières en énorme quantité. ■-.•ir. Vers la fin de Septembre on voit sur les bords de la baie d'Avatcha un nombre infini de Méduses. La plus grande et la plus belle espècie de cette fa* mille est peut-être celle que l'on rencontre là ; et c'est un aspect singulier que de voir en au- tomne , a chaque vent de mer , le rivage couvert de ces animaux , qui apparaissent comme des masses de gélatine, que les eaux décomposent bientôt après. L'on ne voit point ici d'étoiles de mer aussi grandes et aussi variées qu'a Sitkha ; mais les trois ou quatre espèces que nous y avons rencontrées , couvrent presque tout le fond de la mer , en société d'une espèce d'Oursin (Echinus) qui n'est guères plus rare. Un très-bel exemplaire du Phoca equestris (Pall.), fut le seul mammifère que nous obtînmes ici cette fois , et ce fut le D'' Mertens qui, en herborisant, le rencontra sur les bords de la mer et s'en empara. Cette jolie espèce est peu 12. OBSERVATIONS ZOOLOGIQUES. 283 connue , et regardée comme une rareté par les habitans. . , , . . . ! DU KAMTCHATKA A L'ILE D'UALAN. Du P' Novembre au 8 Décembre. #'■ ■■ f • ■'■"'.■' «1 Le 30 Octobre nous quittâmes le Kamtchatka et prîmes la direction du Sud. Déjîi vers le 36"" degré de Latitude Nord , l'élégant Phaëton vint nous annoncer les régions de Tété perpétuel ; des Pétrels et des Albatros se montraient de temps en temps ; parmi ces derniers l'on remarquait fréquemment le petit Diomedeafuligitiosa. A par- tir du tropique du Cancer, c'étaient des poissons volans et autres qui avaient l'apparence de bo- nites 5 le nombre des premiers augmentait a me- sure que nous nous avancions vers le Sud ; ils se distinguaient de VExocetus exiliens de l'Océan Atlantique par les nageoires inférieures, colorées de rouge. Pendant les 6 jours que nous eûmes en vue rîle d'Ualan , nous fûmes entourés presque sans cesse d'épaisses troupes d'une hirondelle de mer, d'un brun noirâtre et à calotte blanche ; parmi '■ 'I .M Wî '*' ' ' 1.1! i'.i m 288 12. OBSERVATIONS ZOOLOGIQUES. ment sur les troncs d'arbres., mais sur les feuilles mêmes; l'un d'un jaune verdâtre, l'autre d'un noir bleuâtre , étaient de la même grosseur et du même aspect, à un tel point qu'au premier coup- d'œil on les eût pris pour des variétés de la même espèce ; j'en vis un troisième beaucoup plus petit, de couleur noire , avec des raies d'un beau jaune et la queue d'un bleu clair ; peut-être le plus com- mun ; un quatrième et c'était le plus rare , était de couleur-bronze ; celui-ci ne vit qu'a terre ; et plus tard nous le trouvâmes en grande quantité sur les îles Carolines basses , sans rencontrer les premiers. Deux petites espèces de Stcnodactjlus étaient aussi communes dans les maisons que sur les arbres, sur les feuilles desquels ils aimaient à se tenir . ainsi que leurs congénères. Les poissons nous offrirent la récolte la plus abondante. Nous fûmes souvent étonnés de la va- riété des formes et de la magnificence des cou- leurs de ces animaux , dont les plus beaux habi- tent par préférence les récifs de corail, ainsi que des observations réitérées l'ont déjà démontré. Une chose digne de remarque , c'est que presque tous appartiennent au 2" ordre des poissons de Linné 5 la plupart sont d'une petite taille , et ne se trouvent pas en société exclusive avec ceux de leur espèce , mais au contraire , ainsi que les a I 12. OBSERVATIONS ZOOLOGIQUES. 281) arbres des forêts tropicales., ils se rencontrent mélangés en nombre d'espèces ensemble. Ceux qui vivent en grandes bandes, habitent ordinaire- ment le fond de la mer et n'approchent les bancs de madrépores que pour frayer , et, de plus, sont privés des belles couleurs qui ornent les pre- miers. C'est principalement aux genres Julis, Clieilinus, etc. ^ H olocentrusj Scarus^ Acanthurus, Serranus , Poinacentriis , Chœtodon (Linn.), etc., qu'appartiennent ces espèces a brillantes cou- leurs \ celles-ci habitent les eaux peu profondes et cristallines , tant qu'elles recouvrent des zoo- phytes vivans. Ces grandes lagunes fermées par les récifs qui de toute part entourent ces îles, sont souvent si peu profondes que , par les ma- rées basses , une partie considérable en est à dé- couvert. Ici , où ces madrépores ont déjà cessé de vivre depuis long-temps , et où il ne peut en exis- ter vu la masse d'eau douce qui provient des hau- teurs de l'île , ici , dis-je , vivent en innombrable quantité d'autres zoophytes et de petits mollusques nus ; les poissons qui en font leur nourriture , sont les Balistes, les Tetrodons, etc., et sur- tout deux ou trois espèces de GjrmnotJiorax qui sont ici fort communs ; ces derniers sont remar- quables par les mouvemens onduleux de leur corps, et par leur grande hardiesse. Les parties Tome m. 19 r, ll'* • 1ÎM % H i i:i M ;'-v ■^■i 4 290 12. OBSERVATIONS ZOOI.OGIQUES. des lafÇuiioH mises ii doisson8 , que nous ne rencontrâmes point ailleurs, arrivés très-jeunes dans cBvS parages , sont refoulés au-delà des récifs par les hautes marées. L'on rencontre surtout .^ci communément le Chœtodon Aur/ga, mais toujours en très-petits exemplaires ; il serait difficile de donner une idée de la beauté de ce poisson pen- dant qu'il est vivant ; on serait tenté de prendre tout ranimai pour une aile de papillon animée; comme un agréable contraste je citerai, tant sous le rapport de la forme que des couleurs , les plus petits exemplaires de VHolocentrits sammara et de YJcanthnrus zébra , ainsi qu'un petit Rouget (Mullwi) ^ etc. Nous voyions presque chaque jour les femmes de lîle aller sur les récifs mêmes à la pêche de ces poissons ; elles se servent k cet effet de petits lanets. Nous aurions obtenu une grande partie du • ! :i 12 OBSERVATIONS ZOOUMIIQUKS. 2î)I produit de cette pêche . si les Imbitniis avaient pu en disposer sans une permission formelle des pro- priétaires exclusifs de ces parages ; il ne nous res- tait qu'a arranger nos excursions de façon a ren- contrer ces pêcheurs lors de leur retour h la ma- rée montante, et alors, h l'aide de petits présens, il ne nous était pas dilïicile de leur faire en- freindre Tordre établi. Nous ne pouvions nous- mêmes prendre ces petits poissons au-delà des récifs , faute d'instrumens convenables et de l'ha- bitude nécessaire. Cepcndaiit, de temps à autre, nous jetâmes nos filets dans les endroits les plus profonds des lagunes , et nous ne retirâmes que quelques espèces de Murènes un Baliste quelque- fois en grande quantité, 2 espèces de SmnrLs, par un seul il la fois , et plus ou moins d'exemplaires d'un Mugil , venu de la mer, et qui dans cette saison paraît être le poisson le plus commun. On trouvait également des individus isolés de Tetro- don , im Belonc et un Hemiramphus qui différait très-peu de VEsox belone et braxiliensis (Lmn.)\ en- fin une Scorpœna, couverte irrégulièrement de pe- tites taches d'un rouge de brique, blanches, brunes et vertes, un Pleuronectes joliment tacheté, etc. Aux poissons des récifs de coraux que nous avons déjà mentionnés , on peut joindre les es- pèces remarquables qui suivent : deux magni- I C M M- iB.- % . r ■' y - f'},. . ul ■ .si , I' . •■ tl'i'^f. s 292 12. OBSERVATIONS Zv^OLOGIQUES, tiques espèces de Scnnui d'un bleu verdâtre, mar- qué de rose ; 3 espèces de Julis , très-joliment colorées, et plusieurs Clieilines; parmi les Acan- thurits se distinguent surtout le charmant A. //- jientns (Shaw.), que plus tard nous ne revîmes plus •, le Scrramis Merra qui paraît répandu dans toute la Zone torridc ; il était très-commun ici et variait beaucoup par la taille ; une autre espèce de Serranns était remarquable par sa couleur d'un brun foncé , tachetée de points d'un bleu magni- fique \ ajoutons encore plusieurs Gbœtodons de Linné, tels que Platax vespertilio, Hcniochus cor- niitiis (commun) , Ckœtodon auriga et cphippiutn, ainsi qu'une nouvelle espèce qui , peut-être , ne serait qu'un exemplaire comjilet du Ckœtodon niiliaris de l'Atlas de Freycinet ; un seul Gompho- siis q«ii nous parut le Gomphose de Lacépède, mais sa couleur était d'un beau vert foncé , mar- qué de bleu. Pendant que la pêche de ces petits poissons est abandonnée aux femmes, les hommes, a l'aide de deux embarcations , se servent de longs filets (nappes). Dans les lieux peu profonds et non loin des récifs, on disjmse ces filets en forme de courbe et Ton y refoule les plus grands poissons, princi- palement ceux qui vivent en troupes ; puis, on les harponne , ou on les prend en reserrant les 12. OBSERVATIONS ZOOLÔGIQUES. 293 filets petit a petit. Aux poissons cités plus haut j'ajouterai une espèce de Lethrinus d'un jaune doré, à nageoires rouges. ' • '- -m > i ' /n il Les rivières de cette île donnent asile à une assez grande Anguille qui se trouve en quantité ; mais c'est surtout un petit Periophthalmiis, tout gris , qui se fait remarquer par ses mœurs ; on le rencontre toujours à l'embouchure des rivières et dans les marais ( la plupart saumâtres) des bords de la mer ; il est aussi prompt que les lézards k courir sur les pierres et les troncs d'arbres sur lesquels il grimpe assez loin, a l'aide des sauts les plus adroits. ; ' ; :'. Ainsi que la plupart des îles de l'Océan paci- fique, Ualan est très-pauvre en insectes. Deux ou trois espèces de papillons de grandeur moyenne ne furent pas rares pendant notre séjour , et le D"". Mertens les rassembla tout en herborisant ; une espèce de Cigale fort répandue , nous parut être le seul représentant de cette nombreuse classe d'animaux. Il eût été surprenant qiie dans un cli- mat caractérisé par la chaleur et l'humidité, la nature n'eût pas remplacé le manque d'insectes par d'autres animaux analogues ; aussi voit-on près des eaux une éuornie variété de Crustacés, dont beaucoup grimpent sur les arbres, et parais- sent y tenir lieu des insectes qui les couvrent dans y.,, Vf . f*x ■ m ''c '■■-'_ I.' ■ i;" . ... t*f .■ X ■■,*: ,*!■ 296 12. OBSERVATIONS ZOOLOGIQUES. ne voyait que des poissons-volaiis , qui étaient quelquefois poursuivis par des Bonites ou par des Phaëtons; rarement apparaissait un requin, et, de temps a autre , des Pétrels qui n'offraient rien de particulier ; une fois pendant la nuit on prit h la main un oiseau que nous n'avions pas remar- qué précédemment, (Pelecanus piscator , Linn.); il était venu se reposer sur le mât ; ce fait qui se répéta deux ou trois fois, eut toujours lieu pen- dant la nuit; le jour on ne voyait aucun de ces oiseaux. ILES SENIAVINE. Malheureusement nous ne pûmes aborder aux îles Séniavine ; d'après toutes les apparences , notre nouvelle découverte nous eût fourni la meilleure occasion d'étudier les produits orga- niques des Carolines en général. Nous crûmes remarquer une grande ressemblance avec Ualan ; la végétation cependant était ici plus riche et plus élevée , ce qui est naturel , l'île Pouïnipète étant plus gr.inde. Nous n'apprîmes rien concer- nant les animaux, si ce n'est qu'il y vit en domes- licité une race de chien dont il n'existe aucune 12. OBSERVATIONS ZOOLOGIQUES. 297 trace d^ns les autres Garolines. Nous y vîmes des hirondelles qui sont les mêmes qu'à Ualan. ILES GAROLINES BASSES. A peine étions-nous en vue du groupe des îles de Lougounor, que les naturels , qui paraissaient revenir de la pêche , vinrent a notre bord et nous offrirent une étonnante quantité des plus jolis pe- tits poissons. Nous reconnûmes , il est vrai , avoir déjà vu h Ualan plusieurs de ces poissons ; mais nous pûmes nous convaincre en peu d'instans que, pour avoir une idée exacte de la beauté et de la variété des animaux de cette classe , habitant les eaux qui baignent ces petites îles , il faut s'y arrêter quelque temps. En approchant de ce pays couvert de magnifiques arbres à pain et de Coco- tiers a taille élancée , nous fûmes charmés par le chant harmonieux du Sjhna sjrinx m. (décrit et figuré dans les Mémoires de l'Académie deSt.-Pé- tersbourg 1832). Bientôt après se faisait entendre le cri d'une multitude d'oiseaux noirs , dont Vha- bitns et la voix étaient nouveaux pour nous ; plus tard nous dûmes les considérer comme le Lnm- prothornis opaca , qui est aussi commun h Ualan , m' m- ■ft-'- 'ci»-.''. ^i^ ■'.'%: . If t: te U', I 298 12. OBSERVATIONS ZOOLOGIQUES. où ils difFéraicnt des individus que nous ren- contrâmes aux Carolines basses ainsi qu'à Gua- han , par une taille un peu plus petite , une cou- leur noire plus terne, (ce qui est presque com- mun aux deux sexes) et par une manière d'être plus tranquille. Ces deux oiseaux pourraient peut- être bien former deux espèces distinctes, mais alors les mâles de chacune seraient facilement confondus , surtout dans les musées. Au reste , il arrive souvent que la même espèce , appelée h vivre sur des îles séparées, vient a dévier du type générique , tant dans les mœurs que dans Taspect extérieur. . On ne pouvait s'attendre , vu le peu d'étendue de ces îles , à y trouver beaucoup d'animaux ; ce- pendant on y remarquait parmi les êtres animés une plus grande diversité que dans les îles situées plus a rOuest ; ce qui doit paraître particulier, puisque celles-ci se rapprochent davantage du continent. Nous prîmes , comme à Ualan , deux mammifères dont l'un est un Pteropiis (Pteropus pelagicus m.j, qui sans aucun doute diffère de ce- lui de cette île, tant par sa taille qui est beaucoup moindre, que par une tache blanche de forme cir- culaire qu'il a sur l'abdomen. Comme le premier, celui-ci vole en plein jour ; mais ce qui nous sur- prit, c'est sa force musculaire et sa ténacité h la vie. II 12. OBSERVATIONS ZOOLOGIQUES. 299 qui dans un si petit animal surpasse de beaucoup ce que l'on remarque k ce sujet dans d'autres espèces d'une plus grande taille. Le Miis setifer (Horsf.) (?) était assez commun , mais moins qu'à Ualan,oii probablement la nature du terrain ne s'op- pose pas comme ici it sa propagation. La Colujnha oceanica (Less.) est aussi commune ici qu'aLalan. On la rencontre fréquemment, mais non en ban- des comme dans cette dernière île ; les poules pa^ raissent être les mêmes qui sont sauvages àUalan ; seulement elles se rapprochent davantage de l'état de domesticité , et même leur conformation exté- rieure et leur crête beaucoup plus développée leur donnent de la ressemblance avec nos poules de basse-cour. Les deux oiseaux chanteu s , cités plus haut, sont les seuls que nous vîmes. Nous trouvâmes le même Ardea de l'île Ualan, ainsi que les échassiers : Totanus brevipes , Strepsilas coUaris et Chnradrius pluvialis. On voyait assez souvent, mais jamais plus d'un ensemble, les Stcrna stolida et alba. Une fois seulement je remarquai de loin un assez gros oiseau d'eau , qui pourrait bien être le Pelecanus piscator (L\nn.) En fait de reptiles nous n'aperçûmes que ce beau lézard , couleur de bronze , dont nous avons déjà parle ; mais il est plus commun ici qu'il Ua- lan. Parmi les poissons qui vinrent augmenter nos - 4'' .•*. /^/■?:.. -35 ...K ':,*■ ■-.*■■ ■rK- 300 12. OBSERVATIONS ZOOLOGIQUES. collections , on remarque surtout deux jolies es- pèces de Julis et deux espèces de Gheiline (Ch. re- ticulatiis et aspersus^ n. sp.^ singulièrement dessi- nés ; on pouvait s'en procurer en grande quantité. Avec ceux-ci l'on péchait ordinairement ime ma- gnifique espèce nouvelle d'IIolocentriis^ d'un beau rouge , deux petites espèces A' Acnnthurus et un Xirychtis. On prenait la plupart de ces poissons h l'aide de paniers artistement travaillés, dont l'ouverture est en forme d'entonnoir, dans le genre de notre nasse , et que l'on plaçait sur le fond sa- blonneux des lagunes. Je ne manquai pas de m'en procurer un semblable à Lougounor dans l'espoir de pouvoir moi-même en faire usage ; cependant mes tentatives faites plus tard , n'eurent pas de succès, quoique nous vissions faire une abondante pêche par ce procédé. Au reste , les habitons de cette île possèdent différentes manières de pren- dre les poissons; on distingue surtout la forme ingénieuse d'un hameçon qui a l'avantage de ne pas endommager les poissons ; c'est un bouton de forme ovale que le poisson avale de long , et qui , tiré alors avec force , se trouve placé en travers et ne peut ainsi sortir de la bouche ; ce bouton est probablement enduit de quelque substance qui at- tire le poisson. Plus tard nous apprîmes que l'on prenait aussi beaucoup de poissons , soit en jetant ) ■ 12. OBSERVATIONS ZOOLOGIQUES. .'JOI dans l'eau des feuilles qui empoisonnaient ce li- quide, soit a l'aide de lanets ou de harpons dont on se servait la nuit , a la lueur des flambeaux. On nous apporta aussi plusieurs Langoustes et d'autres grands Crustacés, que le D' . Mertens con- serva, soit dans l'esprit de vin , soit en les faisant dess^^cher, toutefois après les avoir dessinés. Nous reçûmes également des animaux de classes infé- rieures, surtout de très-grandes Holothuries. Le D"*. Mertens a fait sur ces animaux des travaux intéressans, dont la publication aura bientôt lieu. L'examen anatomique de ces êtres nous offrit un fait qui nous surprit beaucoup : c'est leur irri- tabilité toute particulière ; à la moindre pression tous les viscères s'échappaient par l'anus , et l'a- nimal ainsi vidé , vivait encore long-temps. Parmi les intéressans sujets de Zoologie qui s'of- frirent a nous pendant la durée du voyage, le plus remarquable est peut-être un poisson , apparte- nant a la famille des Blennies, qui, d'après des observations réitérées et faites avec le plus grand soin , ne paraît vivre que dans le corps d'une des plus grandes espèces d'Holothuries ; c'est un vé- ritable poisson intestinal, difierantde tout ce qu'on avait vu jusqu'àprésent ; c'est un animal vertébré comme parasite d'une Holothurie ! La supposition assez naturelle que ce singulier poisson ait été in- ■ i. j ILE GU AH AN (Mariam.es). Du 1"' au 80 Mars. L'île Guahan nous promettait peu d'objets nou- veaux , car nous avions avec nous la relation de MM. Quoy et Gaymard sur cette contrée, (voyage du capitaine Freycinet) , où la plus grande partie •If- '-%■ .■^^i! .KM 12. OBSKRVA'I'IONS ZOOLOOIQIU-LS. lie ce que iiuiiH truuvAmes élail efrectivt>inent coi si}i;n(!. JM A M M I F K u K s : LcCi'ruus niarianiis (Desmaresl) parait avoir été apporté ici des IMiiîippines ; nous lie punies obtenir lui exemplaire di^ne dV^tre con- servé. Le Vtcropus KcraudrenUi^^noy iiiijSiymiivà) diil'ère de celui d'Ualan par le dos qui est toujours d'une couleur claire^, et par une grande diil'érence dans la taille, co qui tient probablement à l'âge. Quelques individus étaient beaucoup plus grands (pie ceux d'Ualan. Ce rat que nous avions vu h Lougounoret'allalaii, n'était pas très-commun ici. OisKAUx. Les mêmes espèces de /////w/>ro . =3' "i, ■ >.K. Cl *■' \ -ira. K '!« 4 V in a^;" if 306 12. OBSERVATIONS ZOOLOGIQUES. une espèce de canard , qui n'est autre chose que notre Anas hoscluis. La Stcrnn melnnnucfien (Tenim.), apparaissait quelquefois par couple dans la baie Caldera dt* Apra ; nous n'obtînmes qu'un seul cxemplai^^-e de cette espèce. Un oiseau tellement caché d'ans les joncs que Ton ne put jamais l'apercevoir , faisait entendre un ramage qui nous était trop coium , pour que nous nous y méprissions; ce ne pouvait elrc que celui du Syl- via sfrinx. MM. Quoy et Gaymard, lors de leur second séjour dans l île , entendirent le même chant sans pouvoir jamais voir l'oiseau. Parmi les lleplilcs on remanpiait surtout une assez grande espèce de Jlonitor^ qui se rencontrait communément dans les forets et que Ton pouvait tuer facilement. Nous eûmes ici fort peu d'occasions de voir des poissons; parmi ceux que Ion nous apporta de Lcaps à autre , nous en trouvâmes peu de nou- veaux ; c'étai(!nt presque toujours les mêmes que nous avions vus précédemment aux Carolines; je ne puis donc mentionner que quelques espèces, de la famille des Labroïdes , ainsi qu'un très-élé- gant Poniacentrus j remarquable par sa belle cou- leur vert-pomme ; il nous fut ap|)0''té une fois en grande quantité (P. viridis ^ n.). Quant k la disette d'insectes , elle était encore 12. OBSERVATIONS ZOOLOGIQUES. 307 plus sensible ici qu'a Ualan ; il faut probablement en attribuer la cause k la sécheresse de la saison. Mais en revanche les forêts, ainsi que les bords de la mer , contenaient im grand nombre de Crusta- cés , dont quelques-uns étaient d'une belle taille. Les notes posthumes du D' . Mertens donnent plus de détails a cet égard. Parmi les animaux marins le plus intéressant fut une seconde espèce de ces longues Holothuries transparentes dont il a été fait mention à l'article d'Ualan. ; -1 ' GROUPE OULEAÏ. Du 4 an 9 Ai^tH. Trois jours passés dans les lagunes d'Ouleaï nous offrirent une grand quantité de nouveaux poissons et des plus intéressans. V>\\ nouveau genre de la famille des Labroïdes (Axodon. Cuv.) fut établi d'après un seul exemplaire que je me procurai ; ce poisson nous parut rare partout où nous fumes. Il est remarquable surtout par la lar- geur de ses dents de devant; par la forme géné- rale de son corps et par ses couleurs il se rap- proche un peu du genre JulL • Ce groupe de corail nous apparut plus pauvre que celui de Lougounor en animaux des clcsses plus élevées. Aucun Pteropiis ne s'offrit u -ov . ; et même ce rat qui, à ce qu'il paraît, se trouve répandu sur toutes ces îles, est rare ici. On non* fit voir deux chats domestiques très-soigneuse- ment renfermés , d'une race a longues jambes et do couleur jaune rougeatre ; on nous dit qu'ils avaient été apportés de Manilla. Nous remarquâmes ici les mêmes oiseaux qu'à Lougounor, excepté les poules et les pigeons; par contre , je vis ce même Coucou à longue queue que j'avais aperçu deux fois a Ualan, et que je ne pus voir a Loiigonnor. La Sterna (dba est ici très- commune et se pose plus volontiers sur les arbres ; les Stcrna stolidu et tmiuirosfris^ au contraire, ain- si qu'a Ualan , se voient plutôt sur l'eau ; la Stcr- na niclanaiichen ^ dont il a été fait mention a l'ar- ticle (iualian , se remarque séparément et paraît nicher sur les bancs de sable ; la , nous prîmes quelques jeunes individus que nous crûmes appar- 7 H'-:. 12. OBSERVATIONS ZOOLOGIQUES. 309 tenir k cette espèce ; les autres hirondelles de mer , nommées plus haut , nichent en société sur les arbres. Nous pûmes nous procurer des nids et des œufs de h S terna stolida. DES ILES CAROLINES AUX ILES BONIN-SIMA. Du 9 Avril au 2 3li ai. m-: Pendant cette longue traversée, uous prîmes deux ou trois fois le Pelecanus sida (Linn.), de la même manière que précédemment nous avions pris le Pdccanus piscator (Linn.); ces oiseaux ve- naient la nuit se reposer sur nos mâts, et le jour on n'en voyait aucun. ■V- ' • ILE PEEL. Du 9 au 15 Mai. Le r' Mai 1828 nous abordâmes à cette île qui appartient au groupe de Bonin-Sima et que le Capitaine lîeechey a nommée île Peel. Je me ■Ui-, 310 12. OBSERVATIONS ZOOLOGIQUES. bornerai ici h énumérer les animaux que j'y ai rencontrés , en renvoyant le lecteur pour de plus amples détails, k mes articles insérés dans les mémoires de TAcadémie des Sciences de St.*Pé- tersbourg. De la classe des Mammifères nous ne prîmes • 'muc nouvelle espèce de Pteropus (Pt. ursiivLs^ M-. ) en assez grand nombre ; par ses mœurs, cet animal se rapproclic beaucoup de l'espèce que nous vîmes a Ualan ; puis , nous aperçûmes sou- vent pendant le crépuscule une petite chauve- souris, mais nous ne pûmes jamais la prendre. Lu fauvette la plus commune était alors llxos familiarisa m. (décrite et figurée ainsi qu'il a été dit plus haut)^ viennent ensuite le Sylvia di- plione m. , Tiirdiis terrcstris m. ; VOriokcs sqiia- miccps m. , nommé plus tard, Galgulus ainauro- tis (novum genus. ) , était assez commun. En moins grand nombre se voyaient : le Fringilla pa- pa m., qui a sans contredit le bec le plus gros par- mi les espèces de cette famille \ le Fringi/la citio- ns, (var. parva) (tous décrits et Kgurés), et le Tiirdns inanillcusis^ Linn. Nous n'aperçûmes que rarement ce dernier; il était toujours par couple. Nous vîmes , au contraire , plus communément la Columha janthiiHi. (Temm.), qui a été depuis peu découverte au Japon; un autre pigeon qui a qucl- »>i "'' 12. OBSERVATIONS ZOOLOGIQUES. 311 que ressemblance avec le précédent , mais d'une taille plus forte, (Coluntbu çersicolor ^ m. nov. sp.), était plus rare. On remarrpiait sur le rivage en grande quantité le corbeau d'Europe (Corvus corone^ Linn.); VArdea caledonica (Forster), as- sez commun ; un oiseau nocturne qui se tient dans les crevasses de rochers basaltiques qui bor- dent le rivage. En fait d'Echassiers l'on remar- quait quelques Totamis glottis , Totanus brevipes, CJiaradrim pluvialis et le SUrpsilas collaris. Vers le promontoire de l'île se montrait le Pelecanus sala en assez grand nombre. Tous ces oiseaux vinrent peu à peu augmenter ma collection; ceux que nous ne vîmes que de loin sont : deux oiseaux de proie , un grand et un petit, une hirondelle nm ressemble à VHirundo rustica^ une espèce de petite linotte qui se tient dans les forêts sur la cime des^ arbres, et une Spa- tule (IHaUdea) blanche avec la tête et le haut du cou d'un jaune roussatre. Malgré la quantité de poissons qui habitent les eaux de cette île , nous ne pouvions nous flatter d'en avoir fait une ample récolte pour nos collec- tions ; nous eûmes à regretter l'adresse de ces in- dustrieux habitans des îles Carolines basses qui nous avaient si abondamment approvisionnés. Res- treints a nus propres moyens nous éprouvâmes 'A\ w s:, - i, i .?'. >il m ;M2 12. OBSERVATIONS ZOOLOGIQUES. bientôt leur insuffisance; nous n'avions, d'ail- leurs, que peu de temps h donner U cette occupa- tion , les gens de l'équipage étant retenus à bord par des travaux indispensables. Nos deux Alé- outes , il est vrai , faisaient avec fruit un usage continuel de leur Javelot ; mais cette poche ne nous procurait que quelques espèces de moyenne taille ; les plus communs étaient un Trigone K corps très-large, un joli Spnrnx de couleur argen- tée ; ce dernier était surtout recherché pour notre table. Dans l'intérieur du port de Lloyd, sur un espace assez vaste et de peu de profondetir, se voyait, outre ces poissons, un Mugil qui vit en grandes troupes; afin de m'assurer si c'était la mêmie espèce que j'avais vue h Ualan , je tirai au plomb sUr ces poissons et en tuai un , mais avant que je fusse parveim a l'endroit où flottait mon butin , je remarquai une grande confusion dans la troupe ; tous se précipitèrent dessus, et lorsque je fus arrivé , il avait été déjà dévoré on partie par ses compagnons. J'ai cru ne pas devoir passer ce fait sous silence parce que , confirmé par d'autres faits analogues, il indique une organisation toute particulière de la nature. Il est très-probable que cette espèce manque souvent ici de nourriture, et que ceux qui dans une pareille bande viennent a cire ma- K %•' I 12. OBSERVATIONS ZOOLOGIQUES. 313 ladcs, servent peut-être de proie a leurs ca- marades. Parmi les autres poissons qui habi- tent cette vaste baie , se distingue une petite es- pèce de Requin , qui en quelques endroits se montre en grande quantité, li ressemble tellement au Sqiialus cnrchnrins par son aspect extérieur, que l'on serait tenté de le prendre pour l'alevin de celui-ci. .; En quelques endroits de la baie l'on remar- quait des bancs de coraux , et au-dessus une va- riété innombrable de ces magnifiques petits pois- sons qui habitent ordinairement ces contrées. Dans le voisinage de notre ancrage nous eûmes l'occa- sion d'admirer, a quelques brasses de profondeur, et par un temps clair et calme , des madrépores ; il est impossible de décrire ce spectacle enchan- teur. Quoique la profondeur de Teau empêchât de distinguer le mouvement vital de ces polypes, nous les apercevions clairement sur le fond sa- blonneux et d'un blanc jaunâtre , et la richesse des formes et des couleurs de ces objets ne pou- vaient manquer leur effet. Ce tableau était singu- lièrement rehaussé par l'agitation continuelle de ces nombreux poissons à couleurs si brillantes, qui allaient constamment ça et la. Nous vîmes une quantité de poissons qui nous étaient encore in- connus , sauf quelques-uns que nous avions vus -:Ti: <* j ' ■ Al Y. s ," w:. ta- se" fô: »M 12. OBSERVATIONS ZOOLOGIQUES. aux Carolines. Le vif d<îsir que nous avions de nous procurer nous-mêmes ces charmans ani- maux, ne put être satisfait; nous fîmes bien l'es- sai des paniers que nous avions apportés de Lou- gounor, mais tout ce que nous prîmes fut un seul Labre (Ldbrus), qui par hazard vint se jeter dans notre piège, et encore était-ce une espèce que nous avions vue aux Carolines. L'embouchure des petites rivières qui se jettent dans la baie, était, dans cette saison, souvent en- combrée de petits poissons qui paraissaient venir frayer ; l'espèce qui se remarquait en une éton- nante quantité, appartient a la famille des Perches; (mais nous ne pûmes en déterminer le genre); puis se montrait en moisis grand nombre un petit Caranx ^ et enfin une espèce de Salarias; nous prîmes en quantité de ces derniers. L'animal le plus remar([uable de l'île est une très-grande tortue de mer, qui se trouvait ordi- nairement en telle quantité sur les bords de la baie , que de grands espaces de sable en étaient entièrement couverts. On les voyait empressées d'enfouir leurs œufs dans le sable, car c'était alors la saison de la ponte. La chair ainsi que les œufs de cette tortue nous procurèrent à tous une nour- riture aussi agréable qu'abondante ; mais nous nous aperçûmes trop tard qu'aucun de nous n'a- 12. OBSERVATIONS ZOOLOGIQIES. ?r> v > •!. '3*1 j.>; i'»!:' 320 12. OBSERVATIONS ZOOLOGIQUES. temps eût pu être mieux employé ailleurs pour l'histoire naturelle. Il est vrai que la saison enri- chit mes collections d'un assez grand nombre d'oi- seaux ; mais, ce qui est extraordinaire , c'est que, dès ce moment , je ne trouvai guères que des oi- seaux communs en Europe. La liste suivante de ceux que je me procurai dans mes courses , outre ceux que j'ai déjà nommés plus haut, pourra justi- fier mon mécontentement. . j,. a) Oiseaux étrangers à l'Europe : Vi'Aqiiila pelagica (Pall.), le Turdus pallens (Pall.), qui est probablement le même que le Turdus Seyjffcrtitzii ( Brehm ) , et qui alors est à retrancher de cette rubrique ; VAnthus spinolctta (Bonap.), le Totanus brevipcs et VAnas falcata ( Pall.) , et encore un mauvais exemplaire. b) Oiseaux d'Europe : Les Strix nisoria, Falco palumharius , Falco (dhicilla , Connis pica, Corvus conix, Anthiis prn- tensis, Tetrao saliceti, Tetrao tctrix et Tctrao uro- gallus (ce dernier est douteux, au moins est-ce une singulière variété, tache ée de blanc), les Nwiieniui phœopiis , Totanus glareola, Toftinus glottis , Totanus liypolcucus , Liinosa nudanura , Vanetlus squatarola, Charadrius cuntianus, Tringa minuta^ Lcstris parasiticiLS, Ltirus canus, Podiceps suhscristatus, Mergus nierganser, Mergus albdlus, r wjn^ m 12. OBSERVATIONS ZOOLOGIQUEb. ;}21 Anas boschas^ A. ncuta, A. cljpeata, A. crecca, A. penelope, A. clangulci, A. marila, A. fidigida, (ainsi parmi 9 espèces de canards, une seule ne se trouve pas en Europe), VAmer albifrons et le cygne sauvage, {Anas Cfgnus, Linn.) ; pour épar- gner la place et le temps je ne préparai pas ce dernier , d'autant plus que je n'avais aucun doute sur l'identité de cette espèce. Certains oiseaux manquent tout-à-fait h cette presqu'île ; par exemple , les hérons et les ci- gognes, probablement a cause de Tabsence de reptiles. Les piegrièches (Laniiis)^ nombreuses en espèces , répandues dans tout Pancien monde , manquent en général ici, bien que, contrairement à l'opinion de Steller , on en trouve un représen- tant, toutefois fort rare : c'est k Laiiius phœnicu- rus (Pall.). Deux fois j'allai a la chasse de cet oiseau et mon espoir fut déçu deux fois, car étant parvenu après beaucoup de peine h en tuer un, je ne pus jamais le retrouver parmi les grandes herbes où il tomba. En fait de mammifères , ma collection s'enri- chît encore moins, quoiqu'en proportion, cette classe d'animaux fut plus riche en nouveautés- je citerai, le Fespertilio Kamtchaticus, m. (n. sp.), le Sorex setifer (Brandt, n. sp.), deux espèces à'Ar- vicola qui ne sont pas encore nommées ; le Spcrmo- ■A i'I ri ''■'< ^1. il • ^- "il -.- n fil Tome IIl, 21 É vê :.? w 322 12. OBSERVATIONS ZOOLOGIQUES. philus brnnniceps, (Braiult), n. sp. , la Aliistela zibel- lina^ le Phoca albigenu et Phoca canina (Pall.). Le.-, grands animaux ne pouvaient être conser- vés vu le manque de moyens de transport, et leur chasse présentait même beaucoup de difficultés. Du reste , c'est l'hiver qui est ici la véritable sai- son de la chasse ; ce n'est que par hazard qu'on se procure en été des animaux carnassiers , les- quels alors restent cachés dans les hautes herbes touffues qui couvrent la plus grande partie de ce pays. Tout ce que je pus rassembler de faits sur le genre de vie de ces animaux, est compris dans un mémoire destiné îi être inséré dans les Mémoires de l'Académie des sciences de St.-Péterbourg, ayant pour titre : Ueber die Wirbelthiem von Kamtschatka und den Riissisch-Americanischen Inseln^ etc. (Sur les animaux vertébrés du Kam- tchatka et des îles de l'Amérique russe.) Pour les poissons des rivières du Kamtchatka, qui pour la plupart appartiennent h la famille des Saimions, je me suis attaché, autant que possible, h les dessiner tivec le plus grand soin , et je me propose de les faire connaître par la môme voie ; la plupart de ces poissons sont décrits dans la zoographie de Pallas, mais incomplètement. L'on ne connaît au Kamtchatka qu'un seul rep- tile ; c'est une espèce de Triton ('ou Scdaimmdra aquatique) , de couleur noire. J'en pris un exem- 12. OBSERVATIONS ZOOLOGIQUES. 32,3 plaire que je mis dans l'esprit de vin avec les poissons de mer que je collectai , mais la Sala- mandre et les poissons se gâtèrent. Pour cet été, je me suis moins que jamais précau- tionné contre le reproche d'avoir négligé la classe des insectes ; habitué à ne trouver que fort peu de ces animaux dans les lieux où nous nous étions arrêtés , je n'avais pas pensé k me munir des ob- jets nécessaires h leur chasse, et j'entrepris cette excursion dans l'intérieur, sans même prendre ni boîtes , ni épingles ; il est vrai que j'étais obligé de réduire considérablement mon bagage. Cepen- dant je dirai pour m'excuser , qu'outre le peu de variété d'espèces qu'ofFre ici cette classe d'ani- maux, et mes faibles connaissances dans cette partie , M. Eschscholtz, naturaliste aussi zélé que savant , avait , peu de nps avant nous , visité le Kamtchatka, ce qui me donnait peu trespoir de re- cueillir vraiment du nouveau, tin reste, il n'existe peut-être pas de pays au monde , ou il y ait au- tant d'insectes incommodes qu'au Kamtchatka, quoique l'on n'en compte de ceux-ci qiK i es- pèces : 2 mouches et 2 cousins ; mais en si énorme quantité que , pendant les deux mois les plus chauds de l'été , ils font du séjour de cette pres- qu'île un véritable enfer , surtout pour ceu v qui ne sont pas habitués depuis leur enfance à un pa- reil fléau. -t "■ fci-. «i f 324 12. OBSERVATIONS ZOOLOGIQUES. En Octobre , je me retrouvai au port de Pétro- pavlovsky avec l'expédition qui revenait du Nord. En examinant ce cpie mes compagnons avaient rapporté , je n'eus pas lieu de regretter de ne les avoir pas accompagnés. Ils n'avaient aucun gros mammifère, seulement une ou deux espèces de Lemnus, qui du reste paraissaient nouvelles, et se trouvent en grand nombre d'individus. Ils avaient également fort peu d'oiseaux -, parmi ceux qu'ils rapportèrent, je citerai une nouvelle espèce d'Uria^ voisine de VUria inannorata^ mais ayant le bec beaucoup plus court 5 un assez grand nombre d'exemplaires du Vlidlaropus lohntiis et un Co- lyinhus sci>tcntrionaUs. Parmi les mollusques que le D*. Mertens eut occasion d'étudier pendant cette tournée , se distingue surtout son nouveau genre Oikoph'ura. Son Oikopleiwa Cliamissonis (ainsi nommé parce que c'est a ce savant que l'on doit les premières données sur cet animal), rem- place en quelq 3 sorte dans le détroit de lîébring, le Clio borealis du Nord de l'Europe; ainsi que celui-ci il parait servir de nourriture principale aux Tîaleines. La description et la ligure très- exactes de cet animal font partie du peu de tra- vaux que le D*. Mertens a eu le temps de publier de son vivant. 12. OBSERVATIONS ZOOLOGIQUES. 325 DU KAMTCHATKA A MANILA. Du II Novembre au 13 Janvier 18.99. Notre retour en Europe nous fournit peu de matériaux pour l'iiistoire naturel!.. L'île isolée de Fais (dans l'archipel des îles Ca- rolines) que nous visitâmes le 20 Décembre , ne nous ofFrit aucun nouvel oiseau; l'on y voyait en quantité les espèces de Lamprothoriiis , déjà ci- tées ; je tuai seulement le Numcnius phœopus et le Trin^a minuta. On nous apporta quelques pois- sons, qui pour la plupart nous étaient déjîi con- nus ; parmi les nouveaux pour nos collections , il y en avait un qui se distinguait par la beauté de ses couleurs ; c'est le Ainpliiprion hicinctiis (lUip- pel), ou au moins une espèce très-voisine. u MANILA. Du 13 au 30 Janvier. Nous ne pouvons assez regretter qu'un plus long séjour a Manila ne nous ait pas été accordé. Pendant les 13 jours, c'est-à-dire du 15 jusqu'au 28, que nous fûmes a terre, nous ne passâmes que 4 jours dans les contrées boisées de l'intérieur; nous employâmes le reste du temps à visiter les 326 12. OBSERVATIONS ZOOLOGIQUES. environs monotones de la capitale , et néanmoins il ne nons fut point difiicile de rassembler 59 es- pèces d'oiseaux , en assez grand nombre d'indivi- dus , ce qui forme une des plus belles collections que j'aie jamais eu occasion de faire. Les plus in- téressans sont: le Buceros hjdrocorax (Gm.), Buceros manilensis (Linn.), un très-petit faucon, voisin du Falco cœrulescens (Temm.), mais d'un beau noir brillant sur le dos et blanc sous le ventre, que je nommai Falco sericeus (voyez les Mé- moires de l'Académie des sciences de St.-Péters- bourg, 1832), un nouveau Pic, voisin du Piciis pidveridentus (Temm.), mais beaucoup plus petit, la Gracida calva (Linn.) , VOcjpteriis leucorhjn- chos , qui a le port et les mœurs de nos hiron- delles, le Turdiis mindanctisis et le Connus papuen- sis ; le Turdiis canton ( Lath. ) , véritable Lam- prothornis, ayant l'iris d'un rouge de sang, mais on ne peut , à ce qu'il me paraît, le rapporter au Lamprothornis cantor (de Temm.), le TurdiLS Lu- zoniensis, m., espèce voisine du Turdiis macrou- riis (Linn.), le Malurus marginalis (Temm.), il court a terre et marche , sans sauter , sur les branches des buissons ; le Muscicapa cœrulea (Linn.); le Miiscicapa bambiisœ , m. est très-voi- sin du M. fl(d)eUifera (Lath.), et n'est peut-être qu'une variété locale de cette espèce ; la Nectari- 12. OBSERVATIONS ZOOLOGIQUES. 327 niapfgmœa, m. (voyez les Mémoires de l'Acadé- mie des sciences do St.-Péterhoiirg 1832) ; 17//- rundo alpestris (Pall.), coiiiiiie jusqu'à présent de la Uahourie ; la Sterna brachyura, m. (n. sp.),etc. Je retrouvai ici un oiseau que j'avais précédem- ment vu au Kamtcliatka , le Mmcicapafuscedula (Pall.), puis quelques oiseaux d'Europe, tels que la Motacilla Jlava ( la M. hoarnla que je vis de loin) , la Sflvia turdoïdes , le Charadrius plimalis et le Totanus glareola; peut-être doit-on aussi comprendre le Castngmux des Philippines, (BufF.), qui me paraît être une variété de notre Podiccps minorj enfin une hirondelle qui ressemble telle- ment h notre Jlinmdo rustica^ que Ton serait tenté de la prendre pour une variété due au cli- mat, et deux oiseaux connus de l'Amérique méri- dionale, Ardea candidissima et A. virescem. En général , les oiseaux de Luçon sont remar- quables par la vivacité de leurs couleurs, et on en compte très -peu qui ne les aient pas brillantes. Par exemple , un véritable ornement de cette île est le beau Martin-chasseur , Alcedo rufirostris (Lichtenst.), que l'on voit sur les bambous, l'OWo- lus cochinchitiemis qui est très-commun ; ce beau Guêpier (Mcrops Savignyi.)^ qui se trouve aussi an Afrique, se rencontre ici très-communément daiis cette saison, avec les hirondelles ; et le joli Valco f t ; lu r;:î1 tii? fi. il 1,:' m\\ 328 12. OBSERVATIONS ZOOLOGIQUES. ponticerianiis (Gm.) (l'aijçle de Pondichéry , Biif- fon) , est .Jiissi Irès-commnn près de la rivière Passig et. autour de Manila. La Nectarinin exiniin (Tcmm.) se montre isolémenl sur les arhres en fleurs ; mais l'oiseau qui paraît le moins craindre riiomme et qui, a l'exemple des moineaux, se rapproche des Iiabitations , est le Ixos psidii ou Miiscicapa psidii (Gm. Lmn.). Pendant que rOrnitholog,ie absorbait tout mon temps, le 1)'". Mertens visitait chaque jour le mar- ché a. . poissons de Manila; il fit de cette ma- nière de riches acquisitions en poissons , serpens aquatiques (nous prîmes 5 espèces du genre Hy- f/r^^J et surtout en crustacés. M. Poste Is était la plu- part du temps occupé h dessiner les poissons et les reptiles avant qu'ils n'eussent perdu leur cou- leur par r'esprit de vin. L'on acheta une grande espèce de Python vivant ; il mourut pendant la route et on le mit dans l'esprit de vin. On apporta également a bord une Fouine vivante (Zibeth), (qu'on dit être le seul mammifère carnassier de l'île), mais qui bientôt disparut sans qu'on put la retrouver. Cette île , qui est du reste assez vaste, paraît très-pauvre en mammifères ; je tuai dans les forets de l'intérieur un singe qui y est assez commun ; c'est le Preshytis mitrata (Eschscholtz). 12 OBSERVATIONS ZOOLOGIQUES. 329 DE MANILA PAR L'ILE St.-HÉLÈNE ET LES ILES AZORES JUSQU'AU HAVRE-DE-GRAGE. Du 30 Janvier an 12 Juillet 1839. Le reste du voyage ne nous offrit que fort peu digne d'être rapporté. Près du Cap de Bonne-Espérance l'on prit beau- coup de petits mollusques et d'Acalèphes ; parmi les premiers se distingue surtout VHjalea aiistra- lis , déjà connu par Péron; je citerai parmi les antres un très -grand exemplaire d'une espèce de Firola. Je n'eus qu'une seule fois l'occasion de faire la chasse aux hirondelles de mer qui alors couvaient sur les pentes de rochers qui bordent l'île St.- Hélène. Je ne fus pas peu étonné de reconnaître les Sterna tenuirostris et alba des îles Carolines, avec la seule différence que je ne retrouvai pas dans la seconde la belle couleur bleue du bec , et que les pieds me parurent d'un gris bleuâtre. Arrivés dans ces parages de l'Océan Atlantique où la mer est recouverte de Varech (Fucus natans, Linn.), nous ne retirions pas une poignée de cette herbe sans y trouver quelques petits animaux : 4 ■''! s* f 'S Ht %i 't 3.30 12. OBSERVATIONS ZOOLOGIQUES. une petite espèce de Lophiiis, un Syngnathiis , une Scyllœa fort commune et une très-petite Pla- naria. Ces animaux de classes différentes , qui vi- vaient ainsi en société , paraissaient colorés d'un jaune olive brunâtre , teinte de la plante , cl étaient , en outre , parés de nombre de petites taches d'un blanc de lait et d'autres taches noires. Près des îles Azores l'on pécha beaucoup de grandes Salpes et Béroïdes ; parmi ces derniers se trouvait une espèce qui était malheureusement en mauvais état de conservation ; par sa grande trans- parence, il est difficile de l'apercevoir j le D*'. Mer- tens parvint a force de travail a obtenir un dessin complet de cet animal. Il le nomma Leucotfiea ; il est très-voisin du genre Calljanira. Ce ne fut qu'ici que le D'. Mertens se procura de ces Salpes à grande taille , et qu'il eut l'avantage inappré- ciable d'étudier leur singulier mode de reproduc- tion. Le désir de compléter ce travail par un plus grand nombre d'observations le détermina à sus- pendre la publication de ses découvertes pour entreprendre un autre voyage dans les mers du Nord , où malheureusement il puisa le germe d'une maladie qui éclata U son retour et l'enleva aux sciences et à ses amis. m ;n DE L'ACADÉMICIEN DOCTEUR BRANDT SUn LES POLYPES, ACALÉPHES et ASTÉRIES RECUEILLIES PAR LS D". 1£3H7SXÎ3. Ces notes trouveront h -propos ici leur place, comme faisant suite aux observations du Baron Kittlitz ; déjà le D^ Brandt, d'après les matériaux récoltés pendant l'expédition par feu M. le D*^. Mertens , avait donné un aperçu de ces objets , sous le titre suivant : Prodromus descriptionis ani- malium ab H. Mertensio in orbis terrarum cir- cumnavigationeobservatorum. Fasc. I. La classe des Polypes présente des dessins et des observations concernant 15 espèces, savoir: une Lobularia (Lobul. rubiformis, Ehrenb.), une nouvelle espèce de Corticifcra (i^ort. variabilis, Br.), une Mamillifera (Mamil. olivascens, Br.), un nouveau Zoanthus (Zoanth. Mertensii , Br.), sept nouvelles Actinies (Actinia chlorodactyla , Br., Act. farcimen, Br., Act. xanthogrammica , \i (^ ■ i. ; ■«.■ :■! 1 .. p. 332 OBSERVATIONS DU D'. BRANDT Br., Act. clegantissinia, Bi*., Act. erythrospilota , Br.), ainsi qu'une autre espèce ddja connue, Ac- tinia St.-llelcnœ, Lcsson ; enfin une nouvelle Cri- brina (Cril). chlorospilota) et deux singulières formes d'Actinies (Sticliodactyla Mertensii , Br. et Stichophora cyanea, Br.), que l'on peut re- garder comme types de nouveaux genres. On parvint a prendre des espèces de toutes les différentes grandes divisions des Acalëphes. Le J)'. Mertens, comme on sait, a fait connaître les Béroïdes dans h; II Tome des Mémoires de l'Acad. Imp. des sciences de St.-Pétershourg , VI série. Se. math. , pliys. et nat. 1833, pag. 479. Les fi- gures et descriptions de ces animaux sont enrichies d'un grand nombre d'observations anatomiques et physiologiques ; on y trouve 12 différentes formes, dont une seule (Calymma Trevirani , Eschs.) déjî» bbservée par le Professeur Eschscholtz, mais dans un état incomplet. Parmi les onze nouvelles espèces on remarque un Cestum (Cest. Amphitrites,Mert.), quatre Beroës (Ber. cucumis, Ber. compressa, Ber. octoptera et Ber. glandiformis),etdeuxIdyes(Idya penicillata, Mert. et Id. Mertensii, Br.), enfin trois espèces, dont deux (Bolina elegans et Bol. scpten- trionalis), lui ont servi de types pour le nouveau genre Bolina, et la troisième (Leucolhoa formosa) pour le type du nouveau genr»; Leucolhoa. «i ,%l SUR LliS POLYPKS, ACALKPHKS tU . :m Les /Vcaicplics ■ Cependant la passion des voyages n'attendait qu'une circonstance tout-a-fait propice pour se développer en lui avec une force qu'on était loin de soupçonner jusque -la. Ayant été informé au printemps de 1823 , qu'une expédition maritime devait avoir lieu sous les ordres du Capitaine russe Kotzebwe, il vole a Hambourg et de la à St.-Pétersbourg , muni de lettres par lesquelles F»* ^*' DU DOCTEUR MERTENS. 345 M. de Striive, Ministre- iVîsident de Russie dans cette première ville, le recommandait dans les termes les plus flatteurs à plusieurs personnages de distinction. Quelle fut sa douleur lorscpi'en ar- rivant a St.-Pétersbourg , il apprit que toutes les places sur la corvette l'Entreprise étaient déjà occupées. Mais son parti était irrévocablement pris : comptant sur ces lettres qui lui étaient si favorables, encouragé d'ailleurs par Tintéret qu'on lui avait témoigné dans cette ville, et par la promesse que lui fit M. l'Amiral Krusenstern de lui procurer un emploi dans la première expé- dition qui aurait lieu , Mertens ne songea plus à retourner dans son pays , et en attendant l'occa- sion tant désirée , il entra en qualité de médecin dans la maison de M. de Pérofisky et sut bientôt mériter sa confiance et son amitié. C'est dans sa terre de Pagoreltzy en Ukraine qu'il passa dix- huit mois h soigner les malades et à étudier la langue russe. Au bout de très-peu de temps il parvint îi s'énoncer aisément en cette langue. Pro- filant de la douceur du climat et des facilités qu'offre le séjour de la campagne , il fit dans ses momens de loisir une suite d'expériences cu- rieuses sur la formation et le développement du germe dans un œuf de poule jusqu'au moment où le poussin brise sa coque. Ces expériences ayant 346 BIOGKAPHIE été conduites avec le soin et la patience qui le caractérisaient, donnèrent les résulluta les plus satisfaisans (*). C'est a la même époque qu^il subît «on examen aux Universités de Moscou et de Kharkow, dont il reçut les attestats les plus flatteurs. Enfin , au printemps de Tannée 1826 on com- mença k équiper la corvette Séniavine pour une expédition autour du monde , et grâce à la pro- tection de M. r Amiral Krusenstern , le Docteur Mertcns , appelé à St.-Pétersbourg , prit part h cette expédition en qualité de médecin de Téquî- page ; en même temps TAcadémie des sciences le nomma en cette occasion son naturaliste. Ainsi le plus ardent ou plutôt le seul de ses vœux était rempli : tous ses rêves allaient se réaliser. A peine fut-il a bord du navire , qu'il sut ga- gner Tafiection de tout l'équipage, moins encore par l'agrément de son esprit que par la noblesse, Taménité de son caractère et cette sérénité d'hu- meur qu'il conserva toujours dans les périls comme au milieu des obstacles les plus opiniâtres. L'ar- (*) Ces observations ont été cont>ignécs cLius un petit ouvrage que Mertens envoya en 1830 à un de ses confrères en Alle- magne avec plusieurs dessins qui y avaient rapport, pour être soumis, à ce qu'il semble, à la société des naturalistes d'Alle- magne , qui devait alors se réunir ù Hambourg. ■:iî: DU DOCTEUR MERTENS. 347 deur avec laquelle il se livra aux soins de son nou- vel état, ne peut être comparée qu'a lu persr érance qui l'y soutint depuis constamment. Souvent il ou- bliait pour eux la nourriture et le rejws. Ni les in- tempéries de Tair , ni des symptômes de maladie, ne pouvaient le détourner de ses recherches. Cepen- dant son organisation nerveuse avait, dès le com- mencement du voyage, alarmé ses nombreux amis. Mais c'était envain qu'on l'exhortait k se ména- ger, que le chef de l'expédition voulut même lui ôter les moyens de descendre à terre : autant va- lait chercher k arrêter un torrent. Toute la dou- ceur , la complaisance habituelle de Mertens fai- saient piace h une opiniâtreté sans exemple, quand il s'agissait de renoncer à ses occupations chéries. Souvent , après un long entretien à ce sujet , il quittait son lit de douleur pour entrer jusqu'à la ceinture dans l'eau de la mer ou dans un marais, ou bien encore il se tenait toute une journée sous une pluie d'averse, jusqu'à ce que l'épuisement de ses forces l'dbligeât de se remettre au lit. Combien de fois ne tomba -t- il pas en défaillance au moment même où il tendait la main pour cueil- lir une plante rare , tant la préoccupation de son esprit lui dérobait le sentiment de sa faiblesse. Encore revenait-il souvent mécontent du peu d'ob- jets qu'il avait pu recueillir dans ses excursions. 348 BIOGRAPHIE î'i Pendant la dernière moitié du voyage il s'oc- cupa principalement à disséquer et à décrire les mollu.sques. Cette circonstance développa en lui un talent qu'il n'avait jamais cultivé jusque là, c'était celui du dessin. Le besoin d'éclaircir par deî^ ligures la conformation des êtres microsco- piques dont il donnait la descriplion , l'obligea à recourir au crayon , et il le mania bientôt avec une habileté surprenante. C'est ainsi qu'il passa les derniers mois du voy •ge, quittant tour-a-tour le microscope pour l'herbier, et la plume pour le pinceau. Il sut communiquer aux autres l'enthou- siasme dont il était enflammé lui-même pour l'ob- jet de i e:- recherches ; il devint le point central de l'activité générale ; les compagnons de ses tra- vaux faisaient , pour ainsi dire , assaut d'émula- tion t et sans ce zèle ardent , dans 1< quel , néan- moins , ne se manifesta jamais une ombre de ri- valité , leurs porte-feuilles n'auraient sans doute pas acquis la richesse qui les distingue. Mertcns ne déploya pas moins de zèle dans l'exercice de sa charge de méde( in , quoiqu'il eût moins d'occupation dans < ette partie , grâce a sa prévoyance et aux mesures sanitaires que lui- même avait prescrites dès h; commencement du voyage. Si ses travaux scientifujucs peuvent faire apprécier son esprit et ses connaissances, c'est au ï'V, \i DU DOCTEUR !\ÎÉRTENS 3^49 milieu des occupations modestes et sublimes du médecin, qu'on voyait son âme dans toute sa beau- té. Il était l'ami, le consolateur, le garde-malade de ses patiens \ i) mettait ses devoirs de médecin au-dessus de tous les aul;es et oubliait pour eux jusqu'à '■^es goûts f i .oris : ni la mer , ui ces forêts antiques qu'il aimait tant à explorer , ne pou- vaient un instant distraire son esprit quand un de ses malades était en danger. Aussi eut -il la con- solati')n de voir tout l'équipage confié h ses soins, revenir de rcxpédition encore plus sain qu'il n'é- tait parti. On n'eut a regretter qu'un matelot tombé du liaut du mât, et que tous les secours de l'art ne purent sauver. Les notes , les dessins , les collections de toute espèce que Mertens rapporta du voyage , surpas- sèrent l attente de l'Académie qui vonhit lui té- moigner sa satisfaction en 1 admettant diuis son sein ; il fut d.' plus décoré de l'ordre de St. -Vla- dimir. L'Académie lui laissa eu même temps la latitude de mettre en ordre ses riclies matériaux, et il se livra à ce travail avec assiduité , en com- mençant par ses observations sur les animaux in- vertébrés. Dès riiiver suivant il présenta k l'Aca- démie plusieurs mémoires su»' ce sujet , accom- pagnés de figures qu'il avait gravées lui-même, comme pour prouver encore que rien ne lui était 350 BIOGRAPHIE impossible du moment qu'il s'agissait de Tintérôt des sciences. Il craignait , d'ailleurs , qu'un gra- veur ignorant ne rendit pas avec assez de pré- cision les formes capricieuses de ces êtres inté- ressans (*). Ses travaux ne furent interrompus qu'en 1830. Le capitaine Liitke reçut l'ordre d'aller à la tête d'une escadre croiser sur les côtes de la France et de l'Islande pour exeiHier h la manœuvre les aspirans du Corps de la Marine. L'amitié qu'avaient établie trois ans d'intimité entre Le capitaine et le savant , et l'espoir que conçut ce dernier de faire de nouvelles découvertes sur la nature des êtres qui abondent dans les mers du Nord , lui firent désirer de faire également partie de cette nou- velle expédition. Quoiqu'il fût récemment marié, (') Voici les titres des mémoires qu'il lut successivement à l'Académie I m p ft r i a l f. des Sciences et rpii déjà sont imprimés : 1) Beschreibuag der Oicopleura , einer n«iien Mollusken- gattung V. Mertens , mit 2 Tafeln. (vid. Mémoires de l'Académie Impérial k des Sciences de St.-Pétersbourg. Tome I , série 6 , sciences mathémathiqiies , physiques et naturelles. 1830, p. 205.) 2) Untersurluingen iiber den innern Bau verschiedcner in der See lebenden Planarien v. Mertens. (avec 2 planches gravées) vid. ibid. Tome II , 1833, série 0 , p. 3. 3) Rcobachtungen und Untersuchungcn iiber die Berœar- tigeii Acalc[)hcn v. Mertens. (avec 13 planches gravées) vid. ibid. Tome 11. 1833, p. 479, DU DOCTEUR MERTENS 351 il se décida à se séparer d'une épouse adorée , k akuidonner les travaux du cabinet, espérant bien- tôt revenir dans ses foyers pour ne plus les quit- ter. Mais la Providence en avait décidé autrement. Peu de jours avant la rentrée de l'escadre U Cron- stadt , la fièvre nerveuse se déclara sur un de ses navires. En sa qualité de médecin de l'escadre , il se consacra tout entier au soin de ses malades qu'il traita même avec beaucoup de succès. Il ne revint à Pétersbourg que quand le vaisseau fut entré dans le port et qu'ils furent tous déposés dans les hôpitaux. Mais il couvait déjà cette ma- ladie !i laquelle son organisation névralgique ne l'exposait que trop. Les transports de joie aux- quels il se livra en l'e voyant son éponse et son frère aîné , arrivé k S t. -Pétersbourg pendant son absence , ébranlèrent tellement tout son système nerveux , que le jour même de son arrivée il fut obligé de se mettre au lit, et ne le quitta plus que pour la tombe. Il expira le 17 Septembre 1830, après treize jours de souflFrances, pleuré par sa famille inconsolable, par ses noml)reux amis et par tous ceux qui voyaient en lui un homme capable de reculer bien loin les limites des con- naissances humaines. Ce qui rend sa perte encore ])lus sensible pour les sciences, c'est qu'il emporta avec lui le secret d'une foule d'observations éparses I I? If m. ;^K' ;}52 BIOGRAPHIE DU DOCTEUR MERTENS. dans des notes qui par leurs abréviations n'étaient intelligibles qu'à lui seul. Une infinité de décou- vertes qu'il n'avait confiées qu'à sa mémoire pro- digieuse , sont également perdues pour la posté- rité. Toujours avide de connaissances nouvelles, il n'avait pu mettre en ordre celles qu'il avait ac- quises, ni pendant ses voyages ni dans l'intervalle de temps qu'il passa h St.-Pétersbourg. Peut-être comptait-il sur sa bonne mémoire pour exécuter un grand ouvrage qu'il méditait, et pour lequel il avait accumulé tant de précieux matériaux. En- fin, plusieurs ouvrages manuscrits qui étaient con- nus de ses amis , ne se retrouvèrent pas dans ses papiers, et il est permis de supposer qu'il en exis- tait encore beaucoup d'autres. Quoiqu'il en soit, les débris seuls de ce triste naufrage , soigneuse- ment recueillis , suffiraient pour élever a la mé- moire de Mertens un monument digne de lui. Es- pérons que l'illustre société qui sut de son vivant si bien apprécier son mérite , voudra bien conser- ver a la postérité quelques fruits de ses travaux et de ses périlleuses recherches. h / / n L l'I.A.V , \r>'li;|Ml.lrs(.,r..l,'M>, /'-■ '■ ..,■■:,„.„. /.,,...;,^,„ / I Mil \l'l'. M>l M '11.11 M l I I I M , \ m k 1 1. 1 \M I n 1 M. Ml y Mil I II' \l !!■ 1 l M t l l I Mvllll 11 1 Miz vr. \ j 1 ri \i.i r.././î /' t,„,.,//, -l-S.m. ;/.<-, w: / A\ \i,n mim: l...,i|-:< k . (,l \„lilr,Ull.k (,r>.,n.,.h.,„u, lli.ri.l I . Loin M'^S " '- ' •* /, /t.,„. ».,«„.„,,, / /'/i/ttn/r/À / >:■.;',,/•, ■ A,;,/:,, /■ , » Ml 1 1. (,i.m;iiai,i. /.„„,,/„./. l'..„/,„/.„',„: l,„, „„;./. ./ /-. ,/. /■/„., „/ ■■ ;. ///„,/,„„„„,/,,„/, -.V. //,,„.,. .1 >.- /;- '■'• 1,1, ""'•/y, \ (AKI'I', , __ .l.s Ile s lAl .lll|.. I,l.s( .II..I11M M _ - /Jr./,„.i,..,.„ ,„.,„^.y,.y„. -y/. '■-" — ■■ 1'"^ M' /. W AM ( lit M /t ■!,/., (!■ '■.» -^j- ^'Jy^.. - A ..y ^ ['."La r~'?.-- ^•J.mr'iiiiA >*■ .■rl...»^"':...:!' ''rf^<'''""\ 11'-'^ ^1 ,*■ -» r /.o/nji/ftt^. (Kt fi/^'' i/i- tt^it-ff/nt A • ''"* . .— 'i'-, .'(■-',. .- /t'.// "N I' it Mt7tAn / U...,„ llHMUtW ,t> !., I,.,. "'"-'.V, (•rVitiiiiihiii.il-iiir ^ ,—/.;,l / A„„„./,,À 1^- ■ A, ,./:.„ A mi"i-- /• /!>' ,/;■,.. lu Hiiini (.. I. .„,.,..,, M"- /»<.>.- .1/ / 4 />- r., 1/ T-- .1 '>,.lo,.ii. (.1 l.,.i.r..uM..i <.| K«{ ir.H' A./,' 1 :,|,,., /. \l/f /.'. - (.1 \|.u \skl . (.rlW.nn l.l Vi; ll\l< 1:1 ,1,;,. . ll,W.r:,i.Vf l.l .,l,n Il 1 1. (,i.m;iiai,i. (il^NlMUi'miOIT. /,r./.-'ln .y ///,//-.r- ( A,/,,. ■! / / ,,,/. II.. ../.„/.,/, .''. l„>.n„',.A (.1 l'\ y un uni-- ---.- i