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Lorsque le document est trop grand pour être reproduit en un seul cliché, il est filmé à partir de l'angle supérieur gauche, de gauche à droite, et de haut en bas, an prenant le nombre d'images nécessaire. Les diagrammes suivants illustrent la méthode. 1 2 3 1 2 3 4 5 6 u wtm STT ■ <- L t. •> ■»: / -^^ /-^ ESQUISSE SUR LE •'>i* NORD-OUEST DE L'AMERIQUE PAR Mgr. TACHÉ, Évêque de St. Bonifaoe, 1868. **v. MONTREAL: CHAKLK8 FAYETTE, Eibiaire-Editeur RcE St. Paul, No. ÎÔO. 1860 \S^- \ aNADA NATIONAL LIBRARY BIBLlOTHÈaUE NATIONALE N mmmmmmmifi ESQUISSE SUR LE \ NORD-OUEST DE L'AMERIQUE PAR Mgr. TACHE, Évêcue de St. Boniface, 1868. MONTREAL TYPOGRAPHTE DU NOUVEAU MONDE , 23, RUE ST. VINCENT. ■'""." 18G9 77 ~~" "": ^1 ^ ESQUISSE SUR LE \ NORD-OUEST DE L'AMERiaUE En écrivant Vingt années de missions nous avions compris combien ce tra- rail était incomplet, et que, pour être intéressant, il lui manquait, entre au- tres choses, des explications sur la na- ture et l'histoire du pays qui a été le théâtre des travaux apostoliques que nous avons décrits. Nous avions même promis des notes explicatives ù ce su- jet. Plusieurs longs voyages et autres occupations nous ont empêché de réa- liser ce projet auquel nous voulons pourtant travailler aujourd'hui. La division ecclésiastique du pays que nous allons décrire ne nous permet tant plus de le désigner par un seul nom, sa division politique offrant la mômedifTi culte, nousadoptons son nom commercial, c'est-à-dire le nom sous lequel cette partie de l'Amérique bri- tannique est connue dans la vaste or- ganisation commerciale de l'honorable compagnie de la Baie d'Hudson. Le départementdu ^orà{Northern départ- mcnl] comprend tout ce qui va faire l'objet de cette étude. Cette immense étendue de pays est bornée au sud par les Etats-Unis, ou 49e parallèle ; à l'ouest par la chaîne des montagnes Rocheuses, au nord )ar la mer Glaciale ; à l'est : lo par es détroits et golfes qui joignent la )aie de Bafïïn à la baie d'Hudson ; 2o par la baie d'Hudson elle-même .(mais non la baie James) ; 3o par une ligne qui relie le cap Henriette au 49o degré de latitude, en suivant la hau- teur des terres qui sépare les eaux ^ui coulent vers la baie d'Hudson pro- prement dite, de celles qui se déchar- gent dans la baie James et le lac Supérieur; ou, pour plus de clarté, disons que la limite orientale est le 90e degré de longitude occidentale, méridien de Greenvvich. La partie con- tinentale de ce vaste département ren- ferme donc les terres comprises entre le 49e et le 70e degré de latitude. Au sud elles s'étendent du 90e au 115e degré de longitude, et au nord du 90e au 140e degré. La largeur de ce pays, de l'ouest à l'est, est, en chiffres ronds, de 1,200 milles anglais, et sa longueur,du sud au nord, est de 1,500 miles donnant l'immense superficie del 800 OCO mil- les carrés, sa.is compter les îles arcti- ques anciennement et nouvellement découvertes. Si l'on compare cette immensité de terrain à l'exiguité de celui qu'occu- pent quelques-unes des plus puissan tes nations du monde, on est frappé du contraste, et l'on se demande tout naturellement si ces vastes solitudes doivent toujours rescer dans l'état où la Providence les a tenues jusqu'à ce jour. Isolé dans ces déîerts sans bornes, on se prend souvent à écou- ter si le bruit et l'agitation du monde d'où Ire-mer, si l'agitation plus fébri- le, si l'ambition plus hardie de la grande république voisine, si la cré- ation de la Puissance du Canada ne produiront pas ici un écho puissant. Nos belles et grandes rivières, nos lacs immenses ne porteront-ils ja- mais que le léger canot d'écorce du ^•m 4 sauvage ou la berge aux lourdes ra- mes du commerrant de fourrures ? Les ressources agricoles de ce pays, ses richesses minérales, les trésors que renferment ses forêts ou ses eaux quels qu'ils soient, sont-ils destinés à n'être jamais connus ou appréciés à leur juste valeur ? N'y a t-il rien ici qui puisse attirer l'attention des hom- mes ? Y a-t-il assez pour encoumger ceux qui rôvenl en sa faveur un ave- nir prospère et brillant? Les rigueurs du climat sont-elles capaules de décon- certer toute entreprise ? La naturj du sol dédommagerait-elle des effo^-ts faits pour la culture, ou boirait elle inutilement les sueurs de ceux qui viendraient la sillonner? Enfer- mé dans les limites que nous venons de tracer, le département du Nord est-il tout à fait inaccessible ? Faut-il, pour y arriver, la hardiesse des aven- turiers qui veulent s'enrichir à tout prix, toute l'abnégation de ceux qui ont soif du salut des âmes, ou l'insa tiable curiosité des touristes ? Les montagnes de glace qui le bordent au nord forment, sans doute, une barrière comme infranchissable ; les montagnes Rocheuses, à l'ouest, of frent d'immenses difficultés pour y pénétrer ; d'un autre côté, les hau- teurs des terres, à l'est, ne sont pas un obstacle sérieux, et le 49e paral- lèle ne fait pas même ondul; v les vastes plaines du sud ; de sorte que, en définitive, il n'est point impossible de parvenir jusqu'ici; la chose est môme comparativement facile, et j'iii vite mes amis à une excursion qui ne manquera certainement pas d'un cer- tain charme. Je voudrais pouvoir satisfaire la légitime curiosité des hommes sé- rieux qui pensent à ce pays ; je vou- drais surtout fournir quelques infor- mations à ceux qui s'intéressent à nous. Pour tout dire il faudrait des volumes, et je ne puis offrir que quel- ques renseignements, donner quel ques vues d'ensemble sur un pays dont on a dit des choses si contradic- toires. Ceux qui, naguère encore, ne voyaient en Canada que « quelques ar- pents de neige, » n'ont dû voir ici que quelques lieues de glace où ne pou- vent vivre que des êtres à sang froid ou des hibernants. Les optimistes, au contraire, ont l'air de croire que tout se passe ici comme dans le meil- leur des mondes; que si nous avons beaucoup de glace, c'est d'autant mieux que, chez eux, la glace est un article de luxe, et autres consolations de ce genre. Je ne puis sans doute me flatter de donner toutes les infor- mations désirables ; puisse au moins cette petite esquisse aider à faire con- naître ma patrie adoptive ! Quelque fai- bles que soient ces lumières, elles me laisseront la satisfaction d'avoir sacri- fié au bon plaisir de quelques amis et au désir de leur être utile, la répu- gnance que j'éprouve à écrire sur un sujet si en dehors de mes occupations et de mes devoirs ordinaires. Nous diviserons ce travail en deux parties. Dans la première, nous don- nerons un aperçu de la condition du département du Nord ; et, dans la se- conde, nous jetterons un coup d'œil rapide sur son histoire. PREMIÈRE PARTIE. Pour atteindre le but que nous nous proposons dans cette première partie,c'est-à-dire pour indiquer lacon- dition que la nature et la société ont faite à ce pays, nous la diviserons en sepL chapitres. — Dans le premier cha- pitre, nous examinerons le pays au point de vue économique, en disant ce que le sol et le climat promettent d'utilité, et nous rattacherons à ce chapitre les produits de la terre ré- servant pour le chapitre second les études hydrographiques qui décrivent les voies naturelles de communica- tion avec leurplus ou moins de^facilité. Le chapitre troisième examinera la condition politique. Le quatrième aura trait à son organisation commerciale. Dans le cinquième nous mentionne- rons la division ecclésiastique du ter- ritoire. Le chapitre sixième énumé- rera les différentes nations qui l'ha- bitent. Enfin le chapitre septième donnera la nomenclature de ce que le règne animal offre de plus remai'- quable. Des cartes de géographie sur une petite échelle seront jointes aux quatre premiers chapitres pour en fa- ciliter l'intelligence. CHAPITRE I. LTn,ITÉ DU DÉPARTEMENT DU NOnO. Au point de vue de l'utilité et, piir conséquent, de son avenir, le départe- ment du Nord se divise en deux par- ties bien distinctes que nous nomme- rons partie septentrionale et partie mé- ridionale. Cette division peut s'indiquer par une ligne diagonale tirée de l'ex- trémité sud-est du pays jusqu'au mont TrafTic, sitoé à peu près à l'intersec- tion du 64« degré de latitude nord par le 128'^ degré de longitude occidentale. On comprend assez que la nature n'a pas tracé à travers ce pays une ligne géométriquement droite pour le divi- ser ainsi ; cependant il est étonnant de voir la presque complète exactitude avec laquelle cette ligne partage en deux cette contrée, au point de vue qui nous occupe. § 1. — Partie septentrionale. Trois rangées de montagnes scm Lient avoir déterminé la conformation géométrique du vaste continent que nous habitons. La grande chaîne des montagnes Rocheuses, qui, malgré ses ondulations, ne s'affaisse jamais, suit la plus longue ligne que l'on puisse tracer sur l'Amérique septentrionale et s'étend depuis la mer arctique, où elle baigne ses premiers anneaux, jusqu'à l'Amérique méridionale, po- sant dans ses ramifications la borne qui établit le parallélisme de la côte occidentale de notre continent. Une seconde chaîne, celle des AUeg- hanys, sur une moins grande étendue, établit de son côté la direction de la côte orientale. Cette chaîne commence au golfe Saint-Laurent et se prolonge à travers les Etats-Unis jusque dans l'Etat de l'Alabama, laissant à la fu- reur des Ilots de l'Atlantique la possi- bilité de creuser à son extrémité le golfe du Mexique, au fond duquel les montagnes Rocheuses lui mettront un frein et dai s lequel le Mississipi ap- portera le tr butdes eaux, qui arrosent une grande partie de la vaste plauie, située entre ces deux puissants rem- parts. Une troisième chaîne de montagnes déteimine la forme singulière que le continent revêt à son extrémité sep- tentrionale. Cette chaîne doitcomplé- terl'encaissement de l'embouchure des fleuves géants du nord et de l'est, et de plus borner aussi au nord et à l'est plusieurs des plus grands lacs de l'A- mérique. Cette chaîne de montagnes est celle des Laurentides, qui forme la rive septentrionale du grand fleuve canadien depuis son embouchure jus- qu'au cap Tourmente, près de Québec, qui, sûre d'avoir contenu le grand fleuve, s'en éloigne à ce point pour faire place aux magnifiques terres qui le bordent au delà. Plus loin, après avoir traversé la ri'çière des Outaouais, elle se dirige vers le sud comme pour contempler de nouveau le fleuve, près du lac Ontario. De là, les Laurenti- des vont au lac Huron qu'elles bor- dent à l'est ; après elles gagnent le lac Supérieur, d'où elles se dirigent vers l'océan glacial arctique par la route nord-ouest, décrivant dans cette der- nière portion de leur course une par- tie du contour des grands lacs Win- nipig, Athabaskaw, des Esclaves, d'Ours, qu'elles laissent à leur occi- dent. Comme on le voit, la courbe que décrit celte chaîne de montagnes a une grande analogie avec le parallé- lisme de la côte nord du continent, y compris môme le grand et singuher empiétement de la baie d'Hudson. D'après ce que nous venons de dire, il appert que la chaîne des Laurenti- des traverse tout le département du Nord. Elle n'y conserve pas néanmoins l'élévation qui la distingue sur les bords du Saint-Laurent ; c'est pourtant la môme rangée et la môme confor- mation. Ce réseau de collines (ici ce -**-T*-*'^* ,-;.«-p^ %'::^, r4-f*ity<-. -•<••»->!■•«>««».», j"^..^'- fi en sont que des collines) a une di- rection générale du sud-est au nord- ouest, et c'est cequi explique comment la nature a presque tracé elle môme la ligne droite dont nous avons parlé, comme marque de séparation entre la partie septentrionale et la partie méri- dionale. J-es Laurentides ne suivent pourtant pas exactement cette ligne droite. Voici, au reste, leur course : de l'extrémité sud-est du département elles se dirigent vers l'est, envahissant le lac des Bois et les deux rives de la rivière Winnipig jusqu'au lac du môme nom qu'elles longent ensuite à l'est et au nord. De là, elles courent à l'ouesl-nord-ouest, passant au lac Cas- tor, s'y saisissent de la rivière à la Pente et, plus loin, de toute la rivière Churchill ; laissant cette dernière au lac Prinleau, elles l'ont là une courbe par une inclinaison un pbU plus mar- quée au nord. Ces collines atteignent ensuite le grand lacAthabaska qu'elles environnent presque complètement, et auquel elles donnent son nom an- glais lake oftlie Hills (lac des Collines). Les Laurentides continuent ensuite dans la môme direction pour tracer à l'est et au noid le contour du grand lac des Esclaves, et plus loin celui du grand lac d'Ours. La diagonale que nous avons indi- quée suit cette direction générale ex- cepté à ses deux extrémités, puisque, en laissant le grand lac des Esclaves, elle va en droite ligne jusqu'au mont Ti'affic, et qu'au sud notre ligne droite empiète sur les rochers Laurentins, qu'elle assigne à la partie méridionale. Nous dégageons ainsi de la partie sep- tentrionale l'angle formé par les lignes que nous venons de tracer, et cela t)arce que les avantages qu'il possède e lient naturellement à la partie mé- ridionale. D'un autre côté , nous enlevons à cette dernière une section que les Laurentides lui laisseraient, mais que la rigueur du climat rejette naturellement au point de vue écono- mique. En définitive, nous mainte- nons comme borne de la nartie sep- tentrionale une ligne imaginaire tra- cée, comme nous l'avons dit, depuis l'extrémité sud-est du département jusqu'au mont TrafTic. Cette portion du pays est toute inculte, couverte en grande partie de roches primitives du système laurentiu. Elle comprend, de )lus, les terres arides [barren countnj^ es terrains siluriens des environs de a baie d'Hudson et des bords de la rivière Mackenzie, ainsi que les cou ches de lignite de cette dernière ; elle ne pourra jamais ôtre qu'une terre de chasse et de poche. Le climat y est partout extrômement rigoureux, lu culture impossible, les pâturages nuls, les bois de qualités inférieures et d'une crue misérable. Il y a sans doute des exceptions sur quelque» pomts,mais elles sont rares, et je crois qu'il n'y a point de témérité à aiffirmer que ce pays restera ce qu'il est, et ne sera jamais habité que par les sauva- ges ou par les hardis et aventureux chercheurs de pelleteries. Il est sans doute possible que de grandes riches- ses minérales gisent au mil'eu de cette nature désolée; mais que faire, surtout dans les endroits où des glaces de huit mois et plus donnent à cette terre une densité presque aussi grande que celle des lourdes masses graniti- ques qui l<"i recouvrent en grande par- tie? Certains lacs abondent en pois- sons. Des animaux aux plus riches fourrures s'y promènent en grand nombre, étalant au milieu de la déso- lation qui les environne le luxe soyeux de leurs vôtements. Les deux ports de- mer connus dans le pays (un seul est fréquenté)se trouvent dans cette partie septentrionale ; on dira plus tard que ce dernier avantage est bien limité par la difficulté de la navigation. Si la partie méridionale se peuplait, si les communications devenaient plus faciles, si maintes choses qui n'exis- tent pas allaient surgir avec le temps, peut-être qu'alors la désolation qui règne sur ces terres perdrait de ses ri- jgueurs. Pour mon comijte, avec les I données que je possède, les change- I ments que, comme tout a itre, je rôve quelquefois pour ce pays me semblent impossibles dans la partie septentrio- nale. Je ne puis y voir autre chose que- W ->-»> nWii'iiliJIW'niiWlli^i^lMWIHlipi.JMM '"*" -•W'^TO^''' 1 r ce qui y existe : le sauvage chassaut, pôcl int, scuffranl de la faim ; le trai- teur de pelleteries ramassant les riches fourrures ; le pauvre missionnaire tra- vaillant au salut dos Amea abandon- nées ; et, si l'on veut, pour la facilité du commerce, quelques factoreries approvisionnées à grands frais par des importations. Cette première division enlève donc de suite à un avenir bril- lant, ou môme à un changement pro- bable, environ les deux tiers du dépar- tement du Nord. Il faut reporter vers la partie méridionale toute l'attention de ceux qui ne veulent pas s'occuper de la poursuite ou de la traite des lourrures en pays sauvages. § 2. — Partie méridionale. En comprenant dans cette division toute la partie du pays qui n'est pas renfermée dans la précédente, je n'ai pu oublier qu'il y a ici aussi plusieurs points et n?6me des espaces considé- rables peu favorables aux habiles combinaisons des économistes. J'ai pourtant tout réuni dans une môme division, parce qu'une portion offre des avantages réels pour l'agricul- ture; on y connaît des richesses minérales, de grandes voies de com- munications sont là ; ce qui fait défaut sur un point peut quelquefois se retrouver ailleurs : il faut traverser les endroits les moins avantageux pour atteindre ceux qui le sont davantage : en sorte que letoutforme un ensemble, du moins sous certains rapports. Cependant, pour plus d'm- teliigence, nous subdiviserons la partie méridionale du département du Nord en trois sections différentes, que nous désignerons sous les noms de le désert., la prairie, la forêt. \o Le désert . Ce mot n'étonnera pas ceux qui ont fait quelques études sur la partie occidentale de l'Amérique du Nord ; tout le monde connait le grand désert américain ; tous ne savent peut ôtre pas qu'il se pro- longe jusque sur les possessions britanniques, qu'il y pénètre au point d'intersection du 100e degré de longi- tude avec le 4l)e degré de latitude, suivant ensuite une ligne plus ou moins sinueuse dans la direction gé- nérale du nord-ouest, et qui ayant pé- nétré un pou plus au nord, se replie vers le Nord-Ouest au point d'inter- section du 1 3e degré de longitude avec le 52e de latitude, formant ainsi une superficie d'au moins ()0,()(iO mil- les carrés II y a là un désert, un désert immense. Ce désert n'est sans doute pas partout une plaine de sable mouvant et tout à fait desséchée; il est néanmoins par''aitement impossi- ble de songer à y former des é'ablis- sements considérables. Presque par- tout un sol aride ne voit croître qu3 le foin de prairie {systeria dyctaloides.) Une petite lisière de sol d'alluvioa marque les cours d'eau, qui sont dessé- chés presque toute l'année. Le foin de prairie offre le meilleur ptlturage. Non-seulement le bison en fait ses délices, mais les chevau.i et autres Lôtes de trait en sont très- friands. Cette herbe, haute ù peine de G pouces, dont les plants sont espacée de façon à laisser voir partout le sol sablonneux ou le gravier où elle croît, conserve sa saveur et sa force nutriti- ve môme au milieu des rigueurs de l'hiver, au point que quelques jours en ces singuliers pâturages sullisent pour remettre en bon état des chevaux épuisés par le travail. En dehors de cet avantage et du g'^.er qui s'y ti"~ ve je ne coniiais rien dans cette imuiense plaine qui puisse attirer l'attenlion des économistes. L'œil fatigué cherche en vain un rivage à cet océan de petit foin. Le voyageur altéré soupire en vain après un ruisseau ou une . irce, où il puisse étancher sa soif. L -> ciel, aussi sec que la terre, refuse presque constamment ses rosées et ses pluies bienfaisantes. Cette séche- resse d'atmosphère aide l'aridiu' du sol ; certains endroits, dont la forma- tion géologique semblerait favorable à la végétation, ne produisent pas plus que les points naturellement stériles. A travers ce désert, on voyage des jours, des semaines, sans apercevoir le moindre arbuste. Le ■'%.: ,-*.-■ 8f seul combustible au service du "oyageur et du chasseur est le fumier du bison, que nos métis appellent bois de prairie. Puis ce désert a ses hivers, ses hivers rigoureux, aux vents violents, à une température souvent au-des. ous de 30 degrés cen- tigrade?. Des hommes bien distingués des Etats-Unis n'ont pas craint de froisser le sentiment national en établissant le peu d'avantages réels d'une grande partie de louest. Voici ce qu'en dit e professeur Tosepli Henry: «Toute 'étendue jusqu'à l'ouest, entre le 98e méridien et les montagnes Ro- cheuses, désignée sous le nom de grandes plaines américaine^, est un désert aride sous Jequel l'œil peut errer jusqu'à l'horizon sans rien voir qui en épuise la monotonie... Et peut- être étonnerons-nous le lecteur si nous dirigeons son attention sur le fr.it que cette ligne qui r;agne vers le sud, depuis lo lac Win- ipig jusqu'au golfe du Mexique, di/isera toute la surface des Etats-Unis en deux par- ties à peu près égales. Quaul elle sera bien appréciée, cette assertion servira à dissiper quelques-uns des rêves qui sont regardés comme des réalités, relativement à la destinée de la partie ouest du continent de l'Amé- rique septentrionale, mais la vérité flnit par avoir le pas sur les louables sentiments du pr*riotisme. n Cette opinion si franchemen*, expri- mée est corroborée par celle du major Emory, de la commission des fron- tières des Etats-Unis: « La {géographie hypothétique est poussée assez loin dans les Etats-Unis* Nulle part, dans les autres pays, elle n'a été portée à MU tel point ou n'a été suivie de con- séquences plus désastreuses. Ce systè- me pernicieux a été commencé sous les auspices éminents du b^von Hum- boldt qui, parce qu'il avait fait quel- ques excursions au Mexique, essaya de décrire tout le continent de l'Ame- i rique du Nord. Il a été suivi par des | individus qui voulaient atteindr-^ des j buts personnels. De cette manière, il | est arrivé que, sans autres preuves i que celles fournies par des hommes voyageant à dos de mulet au grand galop à travers le continent, l'opinion du pays a été tenue en suspens au sujet de la route qui convenait pour un chemin de fer et que mnme il a été créé une préi'érence dans l'esprit public, en faveu:- d'une route que les explorations ont démontré être la plus impraticable de toutes les routes entre les 49e et le 32e parallèles de latitude. Sur la même espèce d'informations mal fondées, des cartes de tout le continent ont été gravées et produites dans le plus beau style de l'art, et envoyées pour recevoir l'approbation du congrès et_ les applaudissements des sociétés géographiques ici et à l'é- tranger ; tandis que ceux qui ont ré- ellement contribué à la saine géo- graphie,ont vu leurs ouvrages pillés et défigurés, et se sont vu eux-mêmes négligés et oubliés... Quoi qu'en en dise, ces plaines à l'ouest du 100e méridien sont tout à fait incapables de supporter une population agricole tant que vous ns gagnez pas suffisam- ment le sud pour rencontrer les pluies des tropiques. » Voilà pour le désert américain dans les Etats-Unis. C'est le même désert qui ne craint pas de franchir le 49c parallèle pour s'étendre sur les posses- sions britanniques jusqu'au delà du 52e parallèle, en suivant toutefois la diagonale que nous avons indiquée en en traçant les limites. Le grand coteau du Missouri, qui se prolonge dans notre désert, y conserve son ca- ractère géologique. Outre son éléva- tion, il se fait remarquer par les cou- ches tertiair':o, tandis qr« le reste du désert appartient plutôt ru groupe crélacique. Des dunes très-élevéer et des roches appartenant à dilférents âges sont partout pour attester les commotions violentes qu'ont subies ces terrains. Ce désert enlève donc à l'agriculture au moins un dixième de la partie méridionale, c'est déjà une ombre dans le brillant tableau qui se déroule souvent à l'imagina- tion de ceux qui tournent leurs re- gards vers l'extrême ouest (far West) ■*^:**««wmrw»»^!~-y- i # et qui, voyant coucher le soleil der- rière les Montagnes Rocheuses, croient facilement que les terres qu'il dore des leux de sou crépuscule de- vront toutes un jour se couvrir de moissons abûndanteo. ■2(j Les prairies (plains). Sortons du désert pour entrer dans une région plus agréable, celle c^es prairies. Ces prairies, dont nous allons nous occu par, ont sans doute en quelques par- ties, un peu le caractère de leur aride voitjin, sans eu avoir la stérilité ; ail- leurs, elles ressemblent à la forêt sans en avoir la profondeur ; leur ensem- ble forme un pays à part, digne du plus grand in'.érôt, sans néanmoins peut-être avoir tous les avantages qu'on leur suppose. Nos prairies s'appuient au midi sur le 49e degré .de latitude et le désert dont nous ve nous de parler ; au nord, elles ont pour limites les régions des forêts ; dans les autres directions, elles sont bornées aussi par la forêt, sur la- quelle elles empiètent chaque année et dont pour le moment elles se distin- guent par une ligne courbe qui, on- dulant capricieusement au nord de la Siskatchewan, vient la traverser près de l'embouchure du bras sud, pour de là aller en droite ligne se perdre au pied de la montagne Dauphin iRiding îuountain), traverser l'extrémité des lacs Maniloba et Winnipig, et s'arrê- ter sur la hauteur des terres qui for- mait autrefois les rives du lac qui a été remplacé par la vallée de îa rivière Rouge. Il est bien difficile de donner même approximativement la superficie ex- acte de ces prairies. Je les estimerai d'une étendue à peu près égale à celle du désert, c'est a-diie GO, 000 milles carrés. Celte immense étendue des prairies dit assez que leur caractère géologique doit varier. I^a prairie qui touche au désert renferme comme son voisin des terrains secondaires, tandis qu'à ses extrémités elle possède des roches de transition, par exemple, les stratifications calcaires de la Ri- vière Rouge et les terrains houilliers des différentes branches de la Siskat- chewan. L'âge silurien Tavoisine et se confond quelquefois avec le système dévonien. D'immenses dépôtsde sul- fate de soude se trouvent près des couches calcaires et ailleurs. Les val- lées des rivières, les dessèchements dans la forêt multiplient partout les terrains modernes. D'épaisses couches alluviales sont là, et, quand elles ont un certain âge, elles se couvrent de couches végétales quelquefois aussi très profondes. Le pauvre colon qui a travaillé au défrichement de no-^ épaisses forêts du Ganada,qui .l'apu ensemencersa terre qu'après avoir fait une guerre terrible aux géants qui la couvrent, qu'après l'avoir creusée profondément pour en extraire les innombrables et énormes racines,celuilà conçoit tout naturelle- ment une certaine répulsion pour les terrains bien boisés ; il a dépensé trop d'eiîorts et trop épuisé ses ressources pour croire à la supériorité de ces sortes de terrains. Il lui semble que le pays ouvert, où il n'y a pour ainsi dire qu'à mettre la charrue dans le sol, est un pays fortuné. A ce point de vue, les prairies ont uq avantage incontestable, mais comme rien n'est parfait ici-bas, cet avantage a sa déso- lante compensation dans l'excessive rareté du bois de service et du bois de chauffage. Le temps loin d'apporter remède à ce malheur ne fait que l'aug- menter: le feu qui détruit les forêts elles-mêmes dépouille les prairies du peu d'avantages qu'elles possèdent à cet égard, souvent la prairie ne fait que remplacer la forêt. J'ai traversé des parties bien boisées où quelques années après j'ai souffert du froid, ne trou van*, pas de quoi alimenter le plus petit foyer. Ces incendies sont d'autant plus fréquents que le nombre des voyageurs est plus grand ; il devient d'autant plus difficile de les prévenir, qu'ils trouvent dans leurs désastres précédents un aliment plus considé- rable et plu? facile. An chasseur de bison, la prairie est un pays à nul autre pareil, c'est là qu'estson empire d'hiver comme d'été ; c'est là i^u'il éprouve un bonheur ' ^WPïfj- <"•'«!*-• m véritable à lancer son rapide coursier à la poursuite d'une proie naçtuère encore si abondante et si facile. C'est là que sans obstacle pour ainsi dire et sans travail, il trace des routes, franchit des espaces et jouit d'un spec- tacle souvent grandiose, quoique un peu monotone. Vue à la saison des ileurs, elle est vraiment belle, la prairie, puisque, sur son fond de verdure, elle est toute émaillée de couleurs diverses. Ces» un riche tapis dont les nuances variées semblent disposées par des mains d'ar- tistes; c'est une mer qui, au moindre souffle, ondule zes flots odoriférants. Gstte prairie, quelquefois si unie qu'elle semble un horizon artificiel, s'accidente tout à coup pour former la prairie ondulée {rollinq prairies). Sa beauté alors augmente ; mille petits tertres s'élèvent d'ici, de là, et don- nent, dans leur variété presque régu- lière, l'idée des ondulations de l'Océan au milieu d'une grande tempête. Il semble que la main puissante du Dominateur des mers, pour se rire de la fureur des flots, les a saisis dans leur soulèvement et par un ordre ab- solu, les a transformés en une terre solide. Sur plusieurs points des blocs erratiques, vus dans le lointain au sommet des dunes ou des tertres, semblent l'écume pétrifiée de ces on- des moutonnantes. Ailleurs la prai- rie est plantée de massifs, parsemée de lacs aux contours aussi agréables que variés ; là' sont des bassin;} que l'on dirait être des réservoirs destinés à faire jouer les grandes eaux, et dent les fahises portent l'empreinte visible des différents niveaux que l'Artiste suprême a assignés à ces étangs desséchés. A part la beauté âpre et sauvage des grandes monta- gnes, à part la vue d'une grande nappe d'eau, baignant une belle rade le tout eu dehors de ce que l'art à ajouté à la beauté naturelle, il est difliicile d'imaginer quelque chose de plus beau, du moins de plus joli, de plus gracieux que certains points des prairies accidentées On se croirait facilement dans un parc immense dont le riche propriétaire aurait mi» à contribution le talent le plus expé- rimenté. Au milieu de ces touffes, de ces bosquets, de la riche verdu- re, de fleurs variées, de lacs sans nombre, on se demande où est le maître à qui appartiennent ces trou- peaux nombreux qui paissent tran- quilles uans le lointain ! Qui a ap- privoisé cette gazelle si légère, si gra- cieuse, qui semble venir saluer nos voyageurs, que lu crainte écarte, que la curiosité ramène ? Ces bandes de loups qui se jouent autour de vous, qui aboient, hurlentet sifflent tour a tour, sont elles la meute impatiente qui attend le signal pour s'élancer à la poursuite du gibier ? Puis, à l'au- tomne, quelle variété, quelle quantité d'oiseaux aquatiques couvrent tous ces lacs ! Des canards s'y jouent par milliers ; le cygne, cet" habitué de toutes les belles pièces d'eau artifi- cielles, est là, flottant avec une ma- jestueuse négligence et roucoulant son chant mystérieux. Ofi ! oui, elle est beil . la prairie ! et puisqu'il ne nous manque ici que des habitants et des habitations, il est certains points que j'indiquerais volontiers aux ama- teurs. Je ne m'étonne pas de l'impression produite sur les touristes pendant les délices véritables d'une excursion au milieu de ces plaines, à la belle sai- son. Des hommes, dont le témoigna- ge doit faire autorité, ont peut-être quelquefois subi cette délicieuse in- fluence, et accordé aux prairies une préférence à laquelle elles n'ont pas droit sous tous les rapports. Voici venir la fin d'août. Déjà le froid nous menace ; de fortes gelées pré- viennent la maturité des céréales et les exposent à une ruine complète. D'autres fois cet inconvénient aura été le résultat d'une trop grande sé- cheresse. Nous sommes sur les li- mites du désert ; ses vents brûlants se ruent sur la prairie, qu'aucun point élevé ne protège ; le vent glacial, ve- lîu des terres arctiques sans beau- coup plus d'obstacles, combat son vio- lent rival, et la prairie, théâtre de cette €- ^r V'f' ':i^f^,,.a!'f'^»hi^.:^:' 0''*''^-'- "^^'■*'^* ■'- im il li lutte, voit de nombreux ouragans, des chûtes de grêle bien pernicieuses aux moissons ; des grêlons énormes sont tombés dans ces prairies ; sur des espaces considérables, non-seule- ment le foin est détruit, mais le sol est comme hersé. Puis souvent^ trop souvent, le désert lance contre la prairie ses myriades de sauterelles, dont les escadrons serrés sont des phalanges dévorantes,qui ne craignent pas d'affamer le pauvre colon. Nous sommes en hiver, qui commence avec le mois de novembre et se prolonge plus ou moins en avril, et, grand Dieu! quel hiver !... Il faut avoir voyagé au milieu de ces vastes plai- nes, il faut avoir bivouaqué pendant des semaines entières au milieu de ces océans de neige pour comprendre combien le bois y est rare, combien pourtant il est nécessaire. Ces mas- sifs, ces bosquets, cette lisière aux bords des rivières et de quelques cou- lées bornent sans doute l'espace, di- versifient la scène, brisent l'horison, réjouissent la vue du touriste qui n'a besoin que d'agréments et qui se con- tente d'une touffe de verdure, parce qu'elle plait à ses regards et le protè- ge, pendant sa sieste, contre les .ar- deurs d'un soleil brûlant, mais com- me toute cette beauté se ilétrit, com- me elle meurt avec les feuilles qui l'entretiennent ! J'ai voyagé dans les prairies du de- parlement du Nord ; je les ai traver- sées à plusieurs x-eprises, et j'en suis encore à me poser la question : Que ferait une population nombreuse au milieu de ces plaines ? J'excepte les prairies du haut de la branche nord de la' Siskatchewan, où le voisinage des montagnes Rocheuses assure une partie du bois nécessaire aux ét?bhs- semenls qu'on y formerait. J'excepte encore la vallée de la Rivière Rouge et le bas de l'Assiniboine, parce que \h les prairies touchent encore à la forêt. Je ne vois pas, dans le reste des plaines, les éléments nécessaires à des établissements prospères. J'ai lu des rapports magnifiques su" ces pays ; on en faisait ressortir tous les avantages; ou indiquait particulière- ment la quantité de i3ois. Le livre en main j'ai vu le pays décrit, et je me suis demandé : Qui donc rêve, ou de l'auteur ou du lecteur ? Les seuls bttis de quelque impor- tance dans les ^iraries, comme bois de service, sont .le'i différentes espèces de peuplier, mais surtout le tremble et quelques bouleaux ; dans le haut de la Siskatchewan, à quelques points bien rares sur son parcours, on trouve de plus des épinettes blanches et quelques- mélèzes. En dehors de la vallée de la rivière Rouge et du bas de l'Assini- boine, il n'y a point de bois dur; il n'en existe point à l'ouest du lOle- degré de long'itude occidentale, on le» quelques individus de ces espèces que l'on rencontre encore, isolés et chétifs auprès de cette limite,ne peuvent point offrir une ressource. Je dis donc que depuis le 101e degré jusqu'aux monta- gnes Rocheuses, distance d'environ 900 milles, il n'y a pas de quoi faire une route solide. Le bouleau est sans doute un joli bois d'ébénisterie ; mais il résiste très-pL:a aux intempé- ries des saisons et ne peut être em- ployé dans les ouvrages qui exigent ; de la soUdité; d'ailleurs,cette espèce est bien peu commune dans les prairies. Un exploration s'est faite à travers ces plaines dans le but d'y établir un té- légraphe électri que. On a beaucoup accusé ceux qui avaient eu cette pen- sée et qui ne lui ont pas donné cours. On aurajt été plus indulgent si on avait connu le rapport de l'ingénieur consciencieux qui avait fait ces explo- rations. La difficulté, ou plutôt l'im- , possibilité morale de se procurer des • poteaux de télégraphe a fait renoncer ' au projet. En présence de ces faits, je serais tenté de regarder comme trop étroites les limites que j'ai assignées au désert puisqu'en définitive, au point de vue économique, il absorbe près de la moi- ' tié de la superficie des prairies, c'est-à- ^ dire tout le centre, n'en laissant à l'oc- cupation possible que les extrémités. Il est vrai oe dire, en général, que le sol des prairies est très fertile, quoique # :v#. le centre n'ait certainement pas le degré ; de fertilité qu'on a reconnu aux extré- mités. Nous l'avons déjà dit, le climat S- est partout rigoureux. Cependant les ri- gueurs de nos hivers n'empêchent pas les chaleurs excessives de nos étés; nous avons l'extrême froid et l'extrême chaud. N'ayant jamais eu l'avantage de posséder des instruments sur l'exac- titude desquels je puisse compter, je n'ose point donner ici les tableaux mé- ;^. léorologiques,que j'ai en ma possession. ' Le thermoraèire commun à esprit de vin, que je possède, a été consulté tons les jours depuis dix ans ; son échelle , centigrade a, pendant ce laps de temps, ,. _ marqué trois fois 40 degrés au-dessous de zéro, comme aussi il s'est élevé trois fois jusqu'à 40 degrés de chaleur, voire même, un jour jusqu'à 43 de- grés. Pendant des mois entiers d'hiver nous avons nue moyenns de 30 degrés au-dessous de zéro, le matin ; comme Jes mois d'été nous ont donné aussi, en moyenne, 30 degrés à l'ombre, en plein midi. Je me contenterai de ces quelques chiffres ; il en faudrait trop pour donner une idée exacte de notre température ou de son adaptabilité à la culture. Des idées exactes à cet égard ne peuvent se baser que sur une série d'observations de plusieurs années, à tous les jours et à différen- tes heures du jour et de la nuit. Au point de vue de la culture, on ne peut avoir que de fausses idées de notre climat si on se contente d'étudier la température moyenne de chaque mois, puisque cette température moyenne n'exclut pas les abaisse- ments soudains et très-violents, qui, pour être passagers, n'en ont pas moins une très-pernicieuse influence sur les produits du sol, quoique cette influenco ne se trouve pas exprimée par les chiffres indiquant la tempéra- ture moyenne. Toute la région des -~ prairies est sujette à ces variations subites, qui souvent causent dos désas- tres immenses. Nous avons vu toutes nos récoltes souffrir beaucoup d'une ,; forte gelée, dans la nuit du 9 au 10 août, et cela quoiqu'il fît, pendant ces deux jours, une chaleur intense. La fonte des neiges est très prompte dans les prairies, parce qu'il y en a . peu et que le pays est ouvert ; en sorte que l'on peut très-souvent ense- mencer les terres dans la dernière qumzaine d'avril. Cet avantage est malheureusement souvent déti -itpar les gelées du mois de mai. Notre thermomètre nous a déjà indiqué 15 degrés de froid dans une nuit du 14 au 15 mai, tandis que le môme ther momètre, dans le môme mois de la môme année, avait déjà marqué jus- qu'à 25 degrés de chaleur. Ces chan- gements violents et subits enlèvent en réalité au climat des prairies la supériorité aue semblerait lui promet- tre la moyenne de sa température. Ces chiffres de la température moyenne des différents mois, pendant une année où ces observations très- limitées ont déterminé le tracé de lignes isothernes auxquelles une plus grande expérience prouve que l'on ne peut pas se fier. Ces lignes pèchent par la base puisque, je le répète, une seule nuitsuitit pour détruire toute analogie avec les pays indiqués par ces mômes lignes. Aujourd'hui, 8 avril, notre thermo- mètre marque encore 22 degrés au- dessous de "zéro, tandis que les der- niers jours de mars semblaient nous promettre un printemps très-prompt. Voici la distribution ordinaire des saisons et leur caractère le plus sail- lant : Printemps. — Du 15 avril au 31 mai. Ventfroid et d isagréable, fortes gelées pendant la nuit. Eté. — Juin, juillet, août. Chaud,peu de pluie, vent violent, nuits froides . dans la dernière partie d'août. Automne. — Septembre, octonre. Cal- me, serein, saison très-agréable, nuits généralement très-froides, chaleur souvent intense pendant le jour, excep- té la dernière semaine d'octobre. Notre ; automne n'a pas de pluie ou n'en a que très-peu, ce aui explique les dé- sastreux incendies de cette époque de l'année dans les prairies. Hiver. — Novembre, décembre, jan ,^-»^-p» ^^Igmim^^eJ'z 'J.H|l»lt.'!,'m vgfW M Ml II "M ,,!}.* K< 13 vier, février, moitié d'avril. mars et Peu de la première neige, froid piquant, vif, constant et très-sec jus- qu'au mois de mars. Atmosphère généralement très-pure, comme dans le reste de l'année. J'ai lu quelque part que le climat sous lequel nous vivons n'est pas très- rigoureux, môme ea hiver, et cette assertion faite par quelqu'un qui avait vu le pays en été s'appuyait sur ce que les sauvages et métis couchent en plein air, sans autre abri qu'une cou- verture et une peau de Bufîalo. Tout en comprenant fort bien la valeur de cette assertion pour ceux qui n'ont pas l'expérience de la chose, tout le monde ici sait qu'elle n'a aucun poids. Je ne suis point sau vage, pourtant que de nuits d'hiver j'ai passées à la belle étoile, sans môme une peau quelconque ! S'en- suit-il que la température était douce? Non, puisque le mercure restait sou- vent gelé pendant des semaines en- tières. On ne sait pas ce que l'on peut endurer, à moins d'ôtre à l'épreuve. Si l'on nous dit que les chevaux passent l'hiver dehors, je répondrai tout simplement qu'ils font, la môme chose à Athabaskaw et jusqu'à la rivière Mackenzie, où pour- tant l'intensité du froid est très-grande. Ce fait, si singulier pour ceux qui n'ont pas habité C3 pays, au lieu de prouver la douceur du climat, prouve au contraire la continuité du froid. Non-seulement la neige ne fond point en hiver, mais elle ne s'amolUt môme pas, en sorte qu'elle ne gèle pas et ne forme pas ce que l'on connaît si bien en Canada sous ie nom de croil te ; elle tombe aussi en moins grande quantité qu'en Canada. Le chevcii peut en piochant dégager facile- ment le foin qu'elle recouvre et s'en nourrir, ce qui serai* impossible si la neige se durcissait. La preuve de cette assertion nous est fournie par certains hivers moins rigoureux que les autres. Si, par exception, il pleut pendant l'hiver, s'il y a du dégel, si, en un mot, l'hiver est plus doux, il devient funeste aux chevaux qui hi- vernent dehors. Cet hiver-ci nous en offre un exemple frappant. Nos che- vaux ici, à la rivière Rouge, où l'hiver est très rigoureux, hivernent de- hors ; dans le teiritoire de Dacota, où il a plu en décen bre, les chevaux qui sont dehors meurent en grand nom- bre. Le cheval, pour ôtre un animal, des climats plus tempérés, n'en résote pas moins aux rigueurs de la plus basse température. L'étonne- ment de voir hiverner des chevaux en plein air n'est pas autre que celui qu'éprouvent les Européens lorsqu'ils voient nos chevaux du Canada rester dehors des heures en- tières après de longues courses, et n'en pas ress'^ntir le moindre incon- vénient. Le fait que les chevaux peuvent demeurer sans étable ne prouve donc pas la douceur du climat, mais tout simplement l'abondance et la supériorité' des immenses pâtu- rages, laissés à leur disposition. Là, en effet, se trouve le mérite incontes- table des régions des prairies. S'il l>3ur manque beaucoup de choses pour abriter les hommes et fournir . plusieurs industries, elles ont de quoi nourrir un nombre infini de bestiaux, non-seulement à cause de leur éten- due, mais aussi par la nature même et la richesse dô leurs produits, qui valent les meilleurs prés de trèfle. On sait que dans les pays froids l'herbe acquiert une force nutritive, que ses sucs n'ont point le temps de dévelop- per sous des climats plus doux. C'est à tel point que nos animaux de boucherie s'engraissent dans les prairies naturelles sans aucun se- cours, et quand l'animal est dans les conditions de santé, il atteint assez rapidement un état qui le rend digne des meilleurs marchés. Le souvenir de ce qui s'est passé ici l'été dernier devrait me faire ajouter ici que les pâturages ont et auront peut-ôtre tou- jours l'inconvénient d'être exposés aux insectes qui, réunis en nuages épais, tourmentent les bestiaux. Som- me toute, pourtant, ces prairies tant qu'elles ne seront point labourées se- 14 ront d'une ressource immense et in- comparable pour l'éducation du bétail. Je regrette beaucoup de ne pouvoir leur assigner une prépondérance égale pour l'ensemble des autres conditions nécessaires, ce me semble, à des éta- blissements considérables et prospères. Au risque de paraître rétrogade au delà des limites du possible, j'ose dire, en définitive, que les prairies, telles que je les ai circonscrites, ou ce que l'on estconvenu d'appeler la région fer- tile {fertile belt] du département du Nord, n'ont pas plus de la moitié de leur superficie propre à la colonisa- tion, et que cette moitié n'a pas tous les avantages qu'on lui a assignés. Qu'on ne m'en veuille pas de dé- ranger la symétrie de celte ceinture fertile que l'on a aussi nommée l'Arc- en-ciei de l'Ouest. Nous retrouverons dans la forêt plus de terres arables que nous n'en avons perdues dans la prairie. 2o La forêt. — Nous désignons ainsi toute la portion du département du Nord dont nous n'avons pas encore pavlé et qui offre une superficie d'en- viron 480,000 milles carrés. Située entre la partie septentrionale et la ré- gion des prairies, la forêt revêt quel- quefois un peu du cai-aclère de l'une ou de l'autre. Comme nous l'avons dit plus haut, les prairies l'envahis- sent ; servies par l'élément destruc- teur, elles se sont rendues tout près des bords des lacs la Biche et Froid, au nord de la rivière au Castor. Plus à l'ouest, il leur a plu d'aller saluer le haut du fleuve Arthabaskaw. La ri- vière à la Paix, voire môme celle du Liard, a ses prairies. Cependant, comme toutes ces petites divisions et distinctions nécessaires dans le détail ne le sont pas autant dans une étude d'ensemble, nous maintiendrons le titre que nous avons adopté en nommant la foret tout ce qui est con- tenu entre les limites que nous avons tracées pour distinguer la partie sep- tentrionale de la partie méridionale, et la ligne que nous avons indiquée comme borne des prairies. Dans la forêt, telle que nous la bor- nons, on trouve à peu près tous les caractères géologiques des autres di- visions. Les roches cristallines qui la bordent presque dans toute son éten- due y pénètrent à re::trémité sud-est. A l'ouest du lac Winnipig commence le système silurien, qui avoisine les roches primitives presque sans inter- ruption", jusqu'aux Montagnes Rocheu- ses. Puis viennent les autres formations qui se partagent ce vaste domaine. Si le mot forêt entraîne avec lui, pour le colon qui la défriche pénible- ment, l'idée de travail, de souffrance, souvent de misère, ce mot sonne tout autrement à l'oreille du bûcheron intrépide qui va demander à ces énor- mes produits du sol leur contingent de richesses, leurs indispensables res- sources pour faciliter la colonisation, la navigation, les arts, les métiers ; pour donner au riche le luxe de ses ameublements, de ses équipages; au pauvre les ustensiles nécessaires à son travail ; à tous une partie plus ou moins considérable de leur habita- tion. Le Canadien qui a visité les chantiers ou les ports de son pays, qui examine les richesses si utiles, amon- celées sur ces différents marchés de bois, ne peut se dispenser d'éprouver un sentiment de complaisance à la pensée que ce sont ses immenses forêts qui ont donné ces produits si riches,si variés, si volumineux. La collection des bois du Canada, à l'exposition universelle de 1857, a ex- cité l'étonnement et l'admiration de tous ceux qui lui ont donné quelque attention. Pourquoi faut-il que ce sentiment de complaisance et d'admi- ration ne soit pas aussi vif chez ceux qui étudient les forêts du département du Nord ? Voici, au reste, la liste des ligneux les plus importants qui sont les produits des forêts du département du Nord. J'ai emprunté au Catalogue des végétaux ligneux du Canada^ par l'abbé Ovide Brunet, ainsi qu'à celui de sir John Richardson, :a classifica- tion de ces plante': telle qu'elle est in- diquée ci-dessous. Nos forêts peuvent renfermer quelques autres bois, mais nous ne connaissons que ceux dont nous parlons ici : Pin Pin Gyi Sap Epi p:pi Epi Epi Cèd KMHM «MIH 15 CONIFERifi:. Pin rouge Red pine Pin blanc Wliile pme.. Cyprès Grei/ pine Sapin Balsam fir Epinetle blanche Wàile spruce Epinellenoire Black sprtiee Epinette grise Greij spnice Epinelte rouge Tamarack Cèdre blanc W lefiedar Cèdre rouge Re.d cedar Genévrier commun Common Juniper.. Pinus resinosa. , Pinus slrobus. Pinus banksiana. , Abies balsame^ Abies vel picea aiba. . , Abies vel pinus nigra. Abies vel pinus grisea. Larix Americana vel micro- ■ carpa. Tl uja occidentalis. ,....? Juniperus Virginiana. Juniperus communis. Quercus rubl-a. Quercus ol/tusiloba. Goryius Americana.) Corylus rostrata. Oslrya Virginica. SALICACE/E. Parmi les nombreuses espèces de saules on remarque surtout : la salix ro$^ trata et la salix longifolia. CUPlUFERiE. Chêne rouge Bedoak Chêne de brin Post oak Noisetier Wliilehazel nul Noisetier coudrier Beaked hazel nul Bois dur Ironwood Tremble Aspen Liard Balsam poplar.. Liard Cotlonwood BETULACEjE. Bouleau blanc Canoë birch Bouleau nain Alpine birch Bouleau de s vane Low birch Aune vert Green aider Aune commun Common aldg, ULMACEiE.. Orme blanc Whitc ebn Orme gras Slippery ebn OLÉACEiE. Frêne blanc While ash Frêne gras Black ash ACERINE/E. Erable Siigar maple Plaine Bed maple Plaine bâtarde Dwarf maple Bois noir Slripedmaple Erable à gignière Ash leaved maple .... TILIACE^. Tilleul Bas tvood Populus tremuloides. Populus balsamifera. Poiîulus grandidentata. Betuld papyracea. Betula nana. Betula pemila vel glandulosa. Alnus viridis. Airus incana. LMmus Americana. Ulmus fulva. Fra^inus Americana. , Fraxinus sambucifolia. Acer saccharinum . , Acerrubrum. Acer spicatum vel montanum Acer Pensylvanicum. Negundo Fraxinirolium. , Tilea americana, GORNEiE. Osier Red osier Cornus stolonifera vel alba. VlTACSiE. Vigne sauvage Winler grape Vitis cordifolia. Vigne vierge Wood bine Ampélopsis quinquefolia. nOSACEîE. Rosier. Il y a plusieurs rosiers sauvages : rosa Woodsii, rosa Carolina, rosa blanday rosa majalis. Prunier sauvage Wildplum Prunus Americana. Petit merisier Wild redctierry Prunus Pensylvanica. Cerisier à grappes Choke cheny Prunus Virginiana. 16 Cerises des sables Cerisier noir Bois ù sept écorccs Thé canadien Framboisier Framboisier noir Catherineltes Framboisier à Heurs blanches. Chicoulé Ronce du Nord Pommetier rouge Dwarf cher- y lllack clierrij Niie bark..'. Coinmon meadow sweel WiUl red raspbernj Jilacli raspburry Dicarf raspbernj WliUe flowering raspberry. Bake appte !.. Brainbte Scarki fruilcd lliorn Pommetier jaune.. Seneillier Gueule noire Pear lliorn.. Cockspur .... Clioke berry Prunus puniila. Prunus serotina. Spira-a opulifolia. Spirfea salicifolia. • _' . , . Rubus slrigosus. '. r Rubus occidentalis. -,'. Rubus trillorus. ~ ' Rubus nulkanus. Rubus chamœmorus. Rubus arclicus et rubus acau- lis. Cratœgus coccinea Bourgeau. Cratœgus tomenlosa (Bour.) Craticgus crus galli. Pyrus arbulifolia. :; Cormier, masquabina Canadian mmmlain ash F^yrus Americana. Petites poires Sliad-bush Amelanchier Ganadensis. Cette famille nous fournit de plus la délicieuse fraise des champs. GROSSULACE*. Grofediier sauvage... Wild goosebemj Ribes cynosbala. ' — — Sharp Ihorned gooseberry Ribes oxyacathoides. — — Smoolk gooseberry Ribes hirtoUum. ■ - — — Sivamp gooseberry Ribes lacustre. . i ■■ f Gadellier sauvage lied carrant Ribes rubrum. , ,, f — — Fclid currant Ribes prostralum. Gaiiellier noir Wild bluck currant Ribes tloridum. Gadellier sauvage Common gooseberry Ribes Iludsonianum. •' tc CAPRIFOLIACEiE, Graine il'jiiver Snow berry Symphoricarpus racemosus. Graine de loup Wolf'e berry Symphoricarpus occidentalis. Chèvre-feuille Small koncy-suckle Lonicera pariflora. — Fly honey-suckle Lonicera ciliata. r,*;.- — Mountain honey-siittkle Lonicera cerulea. ' — Bush honey-suckle Diervilla Irilida. Sureau blanc Black fruiied elder Sambucus Canadensis. Sureau rouge Bed fruiied elder Sambucus racemosa vel pu- bens. Bourdaine Ship berry ,..., Vibernum lentaga. Maple leaved arrow wood Vibernum accrit'olium. Bois d'original Iligh cramberry Vibernum opulus. • Pembina Cramberry Vibernum edulo. 5 ■ ERICACE^. Thé deGauthier Tea berry Gaulteria procumbens. ,,,, Sac à commis, Bear berry Arctoslaphylos uva ursi. ' Herbe à caribou Alpine bear beiry Arctoslaphylos Alpina. Thé du Labrador Labrador tea Ledum palustre. .., Thé velouté — _ Ledum latifolium. Petit thé sauvage Snoiv beiry Chiogenes hispidula. Bluet nain Dwarf blueberry Vaccinium Pensylvanicum. Bluet du Canada Canada blueberry Vaccinium Canadense. Mûre Boy bilberry Vaccinium uhginosum. — ' — — Vaccinium myrtilloides. — Dwarf bilberry Vaccinium cacspitosum. Pomme de terre Cow bciTy Vaccinium viiisidea. Atoca deMaskeg Suiall cramberry Vaccinium oxycocus. Atoca Common American cramberry Vaccinium macrocarpon. ^17 lis. ■-■(• rus. rubusacau- aBourgeau. losa (Bour.) illi. ladensis. des. um. ■■ V 't racemosus. Dccidenlalis. 1. ensis. losa vel pu- a. iliiim. bens. va ursi. Ipina. lia. Ivanicum. ense. losum. lloides. losuin. Jea. eus. jcarpon. Au premier coup cl'œil,la nomencla- ture qui précède semble assigner à nos forêts une richesse qu'elles sont lom posséder dans toute leur étendue, et cela parceque plusieurs espèces de bois n'ont dans ce pays qu'une aire très-limitée. Des familles entières par- tagent cette exclusion, comme nous allons l'indiquer dans les remarques suivantes. L'érable proprement dite et le bois dur touchent à peine l'extré- mité sud-est du département du Nord. Trois espèces de plaines y pénètrent un peu; mais surprises de l'isolement où les laisse l'éiable, elles ne vont pas plus loin que le lac des Bois. Le pin rouge et le pin blanc s'arrôf'^nt au 'ac Winnipig. Les deux espèces de cèi. js, de chênes, d'ormes, de frênes, de vi- gnes, de tilleul, le prunier, tout en étant partout dans le pays d'une qua- lité bien inférieure aux mômes espè- ces qui se trouvent en Canada, sont de plus limitées à un espace très-peu étendu, puisqu'ils n'existent pas au delà du lOOo méridien et que les quel- ques indivi'^'us qu'on y rencontre en- core isolés n'ont absolument aucune valeur, ^'érable du pays inegundo fra- xinisolium) dont le sucre ressemble assez à celui de l'érable proprement dite, a sa limite occidentale au I07o méridien et sa limite septentrir,nale AU 55o parallèle. Ces restrictions faites, il ne reste plus parmi les arbres de haute futaie, du moins à l'ouest du 100e degré de loiigitude, que des peupliers, dilFéren- tes espèces d'épinettes, le cyprès, le sapin et le bouleau L'epinette blan- che est notre plus beau et plus utile bois, l'epinette rouge, le seul bois de durée, et le bouleau le seul d'ébénis- lerie. Le seul cyprès n'atteint que ra- rement des proportions qui en per- mettent l'usage dans les constructions considérables. Le sapin est encore plus petit. Les arbustes se trou- vent partout suivant la nature des ter- rants. Ce qui précède prouve assez que nos forêts non-seulement sont privées de l'importance de celles du Canada, mais qu'elles n'ont pas dans leur plus grande partie les espèces de bois né- cessaires aux choses les plus utiles de la vie, et que, sous ce rapport, elles laissent beaucoup à désirer, môme aux moins exigeants. La rivière la Pluie, le lac des Bois, la rivière Winnipig, les îles du lac de ce nom, les terres entre le lac des Bois et la rivière Rouge sont les seule.< parties bien boi- sées quant aux espèces, et seront d'une ressource immense pour la colonie d'Assiniboia, oii on sent déjà le be- soin de ce secours éloigné ; la belle lisière qui bordait autrefois la rivière Rouge et l'Assiniboine a déjà subi une atteinte désastreuse. Sur plusieurs points de ce que nous appelons la forêt et à des distances quelquefois très-coosidérables, les es- pèces les plus utiles qui occupaient autrefois le sol ont été complètement détruites. Au centre de ces forêts, le feu a fait un dommage incalculable et irréparable. C'est un spectacle hideux que l'aspect de ces bois victimes d'un premier incendie. Les grands troncs à demi calcinés sont là debout sans branches, sans sève, sans vie, atten- dant tristement qu'un second incendie ou un vent violent les étende sur le sol dépouillé. Ils y gisent ensuite en- tassés dans une horrible confusion, jusqu'à ce que l'élément destructeur les attaquant une troisième fois les détruise complètement. Leurs cendres quoi qu'ils aient été, servent ordinaire- ment à nourrir une pépinière de trem- bles qui presque invariablement suc- cède à la forêt primitive, excepté pour- tant sur les coteaux de sable où le pin cyprès repousse sa racine pivotante. Après avoir donné la liste de nos bois les plus importants, nous vou- drions compléter ce genre d'informa- tion en donnant toutelailoredunord- oeust. Comme il nous est impossible d'accomplir ce désir, nous y suppléons en donnant l'analyse de la collection des plantes faite par M. Bourgeau, bo- taniste, attaché à l'expédition du capi- taine Palliser, pendant les années 1857, 1858, 1859. 2 18 ANALYSE DE LA COLLECTION DES PLANTES, FAITE PAR M. BOURGEAU, (EXPÉDITION DE PALLISER). ... Cette analyse est l'ônnmC'nitlon don (ioiiora et Hpeclps et l'étendue des AimlHes. ' ' ! i 1 a. cl. c, b. d. a, b. (U d. d. b. b. b. b. a, d. c. d. d. c. c. e. b. d. d. a, a, b. a. b. b. b. b. c. b. d. a. b. b. c, b. c. b. a. b. a. b. FAMILLES. . ♦ ' Ranuncnlacea^. ... Minispci'nianfow. , Herberiiiete Bamiceuea- , Nymphaeeœ Piipaveraceœ Fuinariaceftî Cruciien» Onpparidete ristinero , Violacé» , l^olygalaceie Drosceraceee Liueœ' Caryophyllea; Paronycnle» Malvacx'ee FUiaceœ Hyperlclne» Acerlneee, Oxalifieaî Geraniaceœ Balsfimineœ. ...... Rhainnete Anacardiacese . . . . LeguminoBO! Rosaceœ Halorageas . , Onagrariœ GroBSularleœ Urasbulaceec Arallacetc Corneœ Kubiacero Valerianiicefc Lcbeliaceœ Erlcacero Piimulaceœ (ientlanacete Aselepladeœ Hydrophylleœ .... Solaneee Labiîitffi HrroiJliulaineœ. .. Plaiitjisîiuete Polygoiiaceaj Chonopodeœ • < g M y. H m b. ■'3 x n 32 1 1 ji 1 1 1 1 1 1 1 1 2 u 31 2 2 1 1 l 8 1 .S 1 I 1 2 U 17 1 1 1 1 1 1 1 1 2 .S 1 1 1 4 1 2 2 2 1 2 13 50 16 3 48 4 S 13 1 7 1 2 1 3 1 4 2 5 1 1 1 1 7 » 7 10 2 fl a 5 1 1 2 5 9 7 24 1 2 4 14 8 17 UniiH l'Amérlciue Britanni- que septentrio- nale. S V^^ rw •i K a w H ï" § H » M « • 18 72 b. 1 1 c. H 5 a. 1 1 d. 3 4 b. 3 3 b. 4 » b. 25 KW d. 2 2 h. 1 li b. d. 1 7 a. 2 1) a. 1 S d. 12 m d. 2 2 c. 3 5 a. 2 2 b. 1 8 d. 2 8 b. 1 5 a. 2 6 (i. 1 2 b. 2 6 b. 1 6 d. 26 98 c. 24 121 a. 4 10 c. 6 28 b. 1 Itf b. 2 3 b. 3 7 d. 1 7 c. h 15 b. €t 6 d. 1 6 e. 10 40 b. « 23 b. 8 34 b. 1 11 h. 2 5 c. 5 S b. 'M 40 b. 20 74 (i. 1 5 a. 5 .■!4 b. 8 20 FAMILLEB. Ela^nnro Eiiphorblacre Malicacete Cannabinacem Retulaceœ .'. Typlmccfp Naïades Hydrocharldeœ ... . Irldere Melanthaceœ Commelynaceœ . . . Graminece Zyeuixxliaceœ LoaseiB Cactacew Cucurblt/iceai Saxifragerc Umbelllfurea> Loranthaceœ Caprlfollaci>» Composltea! CarapanuJueeœ . . . . vaccineie Pyronaceœ oleaceœ Apocynew Polemonlaceœ . — Convolvuiaceœ . . , . Boraglnaceaj Verbenaceœ Lentibularieœ Nyctaglnere Amarrinthacc», . . . Hantalacere Arl.stolochla; CupulllereiB HaflclneiB Urtieaceœ Conifereaî Aroldeœ Ali.smaceœ Ordildete Llliaceœ JuiicaceH! Cyperacea? Fillces 2 1 1 1 2 2 2 1 2 4 1 83 1 1 1 1 4 10 1 6 40 1 2 2 1 1 3 1 8 1 2 2 1 1 1 3 1 3 5 3 3 8 11 2 5 13 3 1 28 1 4 3 4 1 2 a 1 62 4 1 4 1 15 14 1 'IS 112 2 0 5 1 2 5 1 17 1 2 2 1 2 1 4 3 3 13 3 5 13 20 13 as 17 Dans lAuKirlque Britanni- que septentrio- nale. 1 2 2 2 4 2 2 5 0 49 2 1 1 2 8 28 1 7 70 1 1 5 1 1 8 3 5 2 2 2 1 1 1 5 1 4 7 6 2 16 16 2 8 17 ta 3 H 44 2 11 4 14 2 8 6 0 153 12 3 2 2 5fi 30 1 24 321 8 16 16 8 4 13 6 27 7 8 3 6 2 1 15 4 8 ÏO 9 3 51 45 23 21S 47 NOTA. — Les plantes marqués (it) s'étendent jusque dans la province arctique, (/>) dans la zone circum-arctique, (f) dans le district central ou zone boisée, (ti) les familles qui appartiennent au district du Canada ou de la côte Pacifi- que, ou au district aride du Centre. Les colonnes iriarquées d'un astérisque sont empruntées aux tables données dans " Arctic searching expédition, " by Sir John Richardson, 1S51, vol. Il, p. 322. mmm 19 Dons 1 Aiufi'lque Jlrltanni- flUC septentiio- nnlc. V.^^ /^J i Î 'A H 0 l » • 2 3 £ S 1 44 2 2 2 11 2 4 4 14 2 '} 2 H 5 6 0 0 49 133 2 12 1 3 1 2 2 2 8 SA 28 30 1 1 7 24 70 321 1 8 1 10 5 16 1 8 1 4 8 13 3 6 5 2T 2 7 2 8 2 3 1 6 1 2 1 1 5 15 1 4 4 8 7 ÎO 6 0 2 3 IC 5» 16 45 2 23 8 21S 17 47 cum-arctique, a côte Pacifl- cxpedition, " sommaire de la coUedion préccdfinle par M Ponrgeau. 819 spocies. ; :,*>,.!:,■'• . 3VJ gênera. \ !)2 familles. De ces familles : ' a. 19 setendont dans la province arc- tique ; /;. 40 s'élondenl ilans la zono subarc- tiquo ; c. 14 s'éiendont dans lo district contrai do la zono boisée ; d. 29 sont restreintes dans leur étendue au district central aride, ou aux districts boisés, oriental et occiden- Des mômes familles, ont été énu- mérées par Richardson dans l'Amé- rique septentrionale britannique et russe : . . ,. 471 gênera. '"' ' ' (■ . : V^."4*v fvi. 2155 specios. ■';;;■'-'•'"■' '■ " '' ' "">'* ' î^' 118 familles. ■■';';/' ■>■-•■■ {<:■.• 1 '.;i 509 gênera. ' ■. , "^r ■ I 7"25 dicotylédones. 554 monocolylédones. ïn; ''• 2 279 species. '"''■^ La région que nous désignons so.us le nom de la foret renferme une foule de lacs. Les uns sont immenses, comme le lac Winnipig, d'autres en grand nombre, ont une étendue de douze à vingt lieues, puis une foule incalculable d'autres lacs de toutes les dimensions. C'est à tel point dans certains districts, que les sauvages qui sillonnent leurs terres, le font presque toujours en petits canots qu'ils portent n'un lac à l'autre. J'en ai traversé jusqu'à vingt en un môme jour en hiver, et pendant six jours de marche, je ne crois pas avoir franchi IC milles sur la terre ferme ; pourtant je ne suivais pas la route des canots. Cette observation nous conduit à dire qu'une très-grande partie de la forôt est de l'eau, ce qui entraîne une dé- duction énorme à faire sur la partie habitable. Joignant aux lacs propre- ment dits, les marécages et les ter- rains annuellement exposés aux inon- dations, on double presque cette sur- face impropre à l'Iabitation. Il est vrai que le défrichement produira un assainispement naturel ; on en voit la preuve par la partie des prairies conquises sur la forêt ; là il y a des ailaissements, d'anciennes fondrières qui n'ont aucune humidité. Dans les parties mômes tout à fait desséchées de ces nouvelles prairies, on voit un grand nombre de chaussées de cas- tors, preuve certaine de l'existence de lac9 ou d'étangs à l'époque où ces terrains étaient boisés. Les grands et les moyens lacs sont généralement poissonneux, les petits sont privés de cette ressource. Leur multiplicité a, en outre, un immense inconvénient, celui d'influencer défavorablement sur la température. Tous ces lacs se gèlent profondément en hiver ; le so- leil de mai et une partie de celui de juin dépensent à les dépouiller de leur épais manteau de glace, une chaleur que le sol voisin utiliserait, abondamment, et cela sans compensa- tion contre les gelées précoces qui, môme au milieu de l'été, sont plus fréquentes et plus intenses auprès de ces petits lacs et surtout des maréca- ges. Le voisinage des grands lacs a un effet tout contraire, les récoltes y sont bien plus sûres, môme aux lati- tudes élevées. Ils gardent les pw)- duits de la terre contre la destruction du froid. Cela, au reste, se comprend facilement. Quand la masse de leurs eaux est réchauffée elle ne subit pas dans une nuit les changements aux- quels l'air atmosphérique est exposé ; les vapeurs chaudes qui s'exhalent de ces lacs neutralisent les courants d'air froid qui viennent d'ailleurs. A l'île à la Crosse, à Arthabaskaw môme en défrichant les bords des lacs on est certain de la récolte du froment et des légumes, tandis que l'éloigne- meut du rivage rend ces récoltes très précaires. Dans les endroits bas et marécageux, il gôle tous les mois de l'année, par conséquent, la culture est impossible. Ceci établi, je considère qae les bords des moyens lacs, là où le sol est naturellement productif et élevé, sont beaucoup plus avantageux à la colonisation que les prairies elles- mêmes. 20 Aussi si j'avais à circonscrire une ceinture fertile, au lieu de faire un arcen ciel ou à terre, je prolongerais les extrémités de la prairie et je re- tendrais dans la forêt le long des grands cours d'eau, car cette région de la foriM est traversée par quelques belles rivières (jui verront probable- ment plus tard des établissements se disputer leurs rives. La rivière la Pluie est une de celles-là, malgré les marécages qui rétrécissent la surface de sa première grève. Presque toutes les rivières qui descendent de^ mon- tagnes Rocheuses offrent de grands avantages. Protégées, d'un côté, par ce puissant rempart, elles n'ont point, de l'autre, à craindre les influences délétères que les vents du nord tirent du fait que la baie d'Hudson s'avance si avant dans les terres plm à l'est. Elles ne redoutent point non plus les inconvénients que nous avons signa- lés comme conséquence des vents du Midi, se précipitant avec une violence indomptée à travers le désert, qui va pour ainsi dire à leur rencontre, jus- qu'au golfe du Mexique. Si ce n'était l'éloignement du reste du monde, la difiQculté des com.munications, les pla- teaux qui bordent, ces belles rivières seraient déjà occupés, mais comment jeter une population à des pareilles distances? La petite colonie de la ri- vière Rouge a souffert assez longtemps et souffre encore assez de son ôloi- gnement pour qu'il nous soit possible d'apprécier les difficultés de ces sortes d'établissements et la responsabilité encourue par ceux qui en précipitent trop la fondation. CHAPITRE IL RENSEIGNEMENTS HYDROGRAPHIQUES. On comprend facilement la nécessi- té d'étudier les différents cours d'eau qui sillonnent ce pays, afin déjuger de la plus ou moins grande facilité des communications et, par suite, de l'ex floitalion des richesses qu'il renferme, 'our plus de clarté, nous indiquerons séparément les trois grands bassins que renferme le déparlement du Nord, qui sont : le bassin arctique, le bassin Winnipig el le bassin intermédiaire. § t.— Dassin arctique. Ce bassin renferme plusieurs fleu- ves importants les uns comme voies de communication, les autres par les souvenirs historiques qu- s'y ratta- chent. Le fleuve MacKenzie est la grande artère qui traverse le bassin arctique ou le territoire du nord-ouest, dans toute sa longueur, depuis le mont Ilooker jusqu'à l'océan Glacial. Ce fleuve géant reçoit le tribut de toutes les eaux du territoire qui sont à gau- che. Il ne perd à sa droite que celles qui se déchargent directement dans la mer. Nous plaçons la source de ce fleuve au pied des monts Hooker et Brown, tôte de la rivière Alhabaskaw, tout près des sources de la rivière Co- lombie, parce que, en ligne droite du moins, c'est le point le plus éloigné de l'embouchure. Ce fleuve magnifi- que, outre une multitude de petits tributaires, reçoit les eaux du petit lac des Esclaves, du lac la Biche, de la rivière de l'Eau claire, du grand lac Athabaskaw, de la rivière à la Paix, traverse la partie sud-ouest du grand lac des Esclaves, accepte plus loin le tribu t de la rivière au Liard, de la riviè- re du grand lac d'Ours. Ce fleuve porte plusieurs noms dans ses différentes sections. Il se nomme rivière Athasbaskaw depuis sa source jusqu'à la petite rivière qui vient du lac la Dicne. Il emprunte ensuite le nom de cette dernière jus- qu'au confluent de la rivière de l'Eau claire, plus connue sous le nom de petite rivière Rabaska. Il devient en- suite rivière Athabaskaw jusqu'au lac du môme nom ou des Collines ; puis, c'est la rivière de Roche, dont le pro- longement s'appelle rivière aux Escla- ves, jusqu'à ce qu'elle se soit perdue dans ce grand lac, à la sortie duquel son nom de rivière Mackenzie lui est donné jusqu'à son embouchure. Ce 21 fleuve est déji navigable, sinon de- puis sa source, du moins depuis le fort JasiJer jusqu'il son embouchure, dis- tance d'environ 2,000 milles. Dans tout cet immense parcours la naviga- tion, avec les embarcations en usage dans le pays, n'est interrompue que dans deux endroits par le groupe des rapides de la rivière à la Biche et par celui de la rivière aux Esclaves. Ces derniers rapides, situés à plus de 1,200 milles de la mer Glaciale, sont le pre- mier obstacle que des vaisseaux ren- contreraient en remontant le lleuve. Des vaisseaux d'un moindre tirant navigueraient assez facilement depuis le haut de ces rapides jusqu'au pied de ceux de la rivière à la Biche, mais las à toutes les saisons de l'année, les jattures de sables formant, h l'eau 3asse, des obstacles nombreux. Depuis es derniers rapides jusqu'au fort Jasper, le courant est extrêmement fort, l'eau ordinairement peu profonde; en sorte que la navigation est très- difficile et n'est môme possible que pour des bateaux de très-faible tirant et d'une grande force motrice. La largeur de ce lleuve, qui n'est d'abord que d'environ un quart de mille, aug- mente graduellement, quoique irré- gulièrement. En certains endroits il a jusqu'à 2 milles de largeur, et, som- me toute, est un des plus beaux lleuves du inonde, tant pour sa longueur que pour le volume de ses eaux. Depuis sa source jusqu'au lac Atha- baskaw, ses eaux sont troubles, forte- ment chargées d'argile et de sable, ce qui forme des battures mouvantes bien difficiles à connaître et à éviter. Le peu de limpidité de l'eau augmente la difficulté de cet inconvénient. Dans le cours du mois de juillet ce fleuve, comme tous ceux qui descendent des montagnes Rocheuses, voit une crue subite de ses eaux due à la fonte des neiges sur les grandes montagnes. Dans le haut surtout, il devient un torrent impétueux, et alors la naviga- tion est bien difficile, souvent môme dangereuse. Cela arrive souvent quand des chaleurs intenses se succè- dent pendant plusieurs jours dans la région des neiges. La durée de ce phénomène est ordinairement en rai- son inverse do son intensité. Le delta de l'Athabaskaw, en arri- vant au lac du môme nom, est d'au- tant plus singulier qu'il est aussi sou- mis îi l'action d'un grand cours d'eau, la rivière à la Paix, qui a son embou- chure tout près de là. Ces deux puis- santes rivières, outre des sables et des argiles, traînent encore des arrachés considérables. Ces débris se sont amoncelés dans la partie sud-ouest du lac pour former la langue de terre qui sépare les deux grandes sources de la Mackenzie. Ce travail n'est pas encore complété. Les rivières d'Embarras, d'Epinettes, le lac Mamavvi, les Qua- tre-Fourches et une multitude de ca- naux sillonnent cette langue de terre et sont encore à attendre la fin de ce travail. Les courants de plusieurs des branches de ce delta changent c'e di- rection suivant la hauteur des eaux de l'Athabaskaw et de la rivière à la Paix. Quelques-uns coupent la langue de terre sur un plan rectangle avec celui des fleuves. A l'eau haute, une partie des terres de ce delta est inon- dée; les points élevés, recouverts de foin, forment des ilôts ordinairement oblongs qui apparaissent comme les filets d'un rets immense, dont les pe- tits lacs qui les séparent seraient les mailles énormes. De là le nom à'Athabaskaw ou Aya- baskaw (Filet de foin), que nos voya- geurs ont souvent rendu par le mot Rabaska. Le grand lac des Esclaves, par un concours de circonstances sem- blable à celui que nous venons d'in- diquer, voit graduellement sa rive méridionale s'agrandir par des dépôts qu'il reçoit des rivières qui s'y dé- chargent, et que les vents du nord, qui sont les plus violents et les plus fréquents, refoulent vers la rive sud qui est la plus basse et à laquelle ils adhèrent plus facilement. Le haut du fleuve Arthabiskavv traverse des pays fertiles el bien boisés. Après une descente violente du pied des grands monts, il reçoit le tribut du petit lac des Esclaves, ma- 22 gnifique bassin, espèce de vivier immense qui a vingt-cinq lieues de long ef une dizaine de largeur, dont les rives s'élèvent en amphithéâtre et sont d'une grande beauté. Ce tribu- tt ire de la gauche a, un peu pins loin, à droite, son pendant dans le beaii lat 'a Biche, moine grand que le pré- cédeht, mais tout aussi recomman- dable et environné d'un pays d'une grande fer^iliié et très-propre à la colonisation. Du lac la Biche, il y a une route,par terre, jusqu'à la Rivière Rouge, par conséquent jusqu'aux Etats-Unis. Déjà des transports s'ef- fectuent par cette voie, et le lac la Biche pourrait devenir l'entrepôt du commerce qui se fera sur tout le fleuve Athabaskaw-Mackenzie. Le tributaire le plus important que l'on rencontre ensuite est la rivière de l'Eau claire, ou petite rivière d'Athabaskaw. Ce délicieux petit cours d'eau, qui a sa source à l'est du portage à la Loche, a jusqu'à ce jour, malfei-é la difficulté de sa navigation, joui du privilège d'être à peu près la "seule voie de communication vers Athabaskaw-Mackenzie. En descen- dant des hauteurs du portage à la Loche, on s'embarque sur cette petite rivière qui, pour retenir 1^ voyageur au milieu des beau 'es saisissantes qu'elle oiTie à ses regards, jette sur son chemin des obstacles à la naviga- tion qui nécessitent les portages delà Terre blanche, des Pins, de la Grosse- Roche, de la Bonne et des Cascades. Cette rivière n'est pas navigable pour d'autres embarcations que celles en usage dans le pays, et encore ce genre de navigation n'est pas facile. En descendant le grand fleuve, on entre dans rexlrémitô sud-ouest du lac des Collines qui s'étend à l'est. Le lac Alhabaskaw est une belle nappe d'eau profonde, claire, mesurant pluà de 200 milles de longueur, à une élévation d'environ 600 pieds au-des- sus de la mer. Il ne paye le tribut de ses eaux au fleuve vj;é' nt du nord qu'après avoir reçu lui-même celui d'une partie des eaux du lac Wal- leston. Ce dernier, comme le lac des Iles, d'où sort la rivière de l'Eau claire, ne se détermine à prendre la route du nord qu'après avoir fourni son contingent au fleuve Churchill dont il alimente les tributaires. Nous l'avons dit déjà, un peu plus bas que le lac Atiiabaskaw, la rivière à la Paix joint ses eaux à celles du grand fleuve. Plusieurs regardent cetto dernière rivière comme la source du neuve Mackenzie. Il importe moins de discuter cette opinion que défaire connaître la rivière elle-même. La rivièid à la Paix est, sans contredit, une des plus belles du pays, peut-être môme du monde. .Sa navigation, du moins pour les embarcations actuel- lement en usage, ne rencontre de difùculté que dans une chute assez pe'-lte et quelques rapides. Ces obsta- cles ne résisteraient pas à des travaux d'un ordre secondaire, et alors la rivière serait navigable dans tout son cours, môme pour des embarcations considérables, et cela à peu près tout l'été. Cette rivière, qui arrose une belle que riche, a ses les montagnes Rocheu- vallée aussi sources dans ,^^ ...^...^g, ses, tout près de celles de la célèbre rivière Fraser, et <"orme avec cette dernière, comme lAthabaskavv avec la rivière Colombie, une ceinture hydraulique qui relie, presque sans interruption, la mer Glaciale à l'o- céan Pacifique, et forme une voie de communication qui, sans doute, n'est pas sans difficultés, quoique ces JiTi- cnltés soient bien moindres qu'on ne le supposerait naturellement i- l'idée de passer les montagnes Rocheuses par eau. Cette route découverte parle cheva- lier Mackenzie en 1793, a été suivie par les traiteurs de pelleteries. Elle trouve des avocats qui prétendant que c'est la voie naturelle pour pénétrer sur le territoire du nord-ouest. La vallée qu'arrose ta rivière à la Paix ne peut manquer de se peupler, et alors bien des curieux et des intéressés ad- mireront ce beau cours d'eau que la pauvre nation des castors, qui habite ses rives, voit peut-être aujourd'hui, avec assez d'indifférence. t M' ± V -- -£• -*■ M w Entrons de la rivière à la Paix dans la rivière des Esclaves; nous la des- cendrons avec rapidité jusqu'à sa première cascade, qub nous éviterons en faisant le portagu de la Gassclte. C'est le commencement du second groupe des grands rapides du fleuve Mackenzie. Le premier, dans la ri- vière à la Biche, était formé par les couches calcaires qui la traversen, ; celui-ci doit son existence aux promoi - toires non fossilifères qui viennent ici saluer le grand fleuve ou essayer sa puissance en jetant sur son passage des obstacles qui ne sauraient résister à la violence de son cours, et le fleu- ve furieux bondit à travers ces obsta- cles, se dédommageant des efforts qu'ils iui coûtent par le magnifique coup d'œil qu'offrent ses chutes et ses rapides. Le voyageur a le loisir de contempler ce spectacle, puisque, ou- tre le portage de la Cassette, il lui faut encore faire ceux des Embarras, du Brûlé, de la Montagne, enfin le porta- ge Noyé. En jetant un dernier regard sur celte âpre nature, encourageons- nous à continuer notre route, tout en regrettant de ne pas trouver ici quel- que beau vaisseau qui sans obstacle nous conduirait à la chasse à la baleine sur la mer Glaciale. A défaut de ce secours, montons sur la berge qui nous attend; à 15 milles nous salue- rons en passant la petite rivière au Sel, et, si nous n'avons pas encore contracté l'habitude de manger tout doux, nous nous approvisionnerons sur ces bancs cristallisés qui apparais sent comme des bancs du neige. Plus loin, après avoir passé un autre delta, nos regards se perdront sur une autre mer d'eau douce, c'est le grand lac des Esclaves. L'Ile de Pierre, masse de granit, ^nous dira qu'à l'est et au nord ce grand lac, comme tous ses frères géants, est solidement entouré ar 109o 30' jrands cours it une puis- ■iOO mètres, roits, et par- 3 la plaine )nneuse jus- ice de son t naturelle- celle de la versent les ras sud est r des tribus nomades. 11 n'y a pas raôme un seul ôtublissomeutde traite danscetlo immense étendue déterre. La crainte des sauvages d'abord, l'habitude en- suite, l'espoir d'avoir autrement le peu de lourrures qui s'y trouvent ont empêché qu'on ne s'y établit. En 1H22, l'honorable compagnie de la baie d'Iludson, unie l'année précé- dente à celle du Nord-Ouest, cons- truisit un fort à la jonction de la rivière à la Biche avec la brancho .sud. Ce poste fut nommé ('hrstcrfield- Uousc. Des officiers dos doux com- pagnies, (jui au courage joignaient l'habitude des relations avec les sau- vages de cette partie du pays, avec lesquels ils avaient traité dans leurs étaDlisse^Tients de la branche nord, furent envoyés à ce poste dangereux avec une centaine d'hommes. On ne s'y maintint que quelques années, pendant lesquelles plusieurs hommes furent tués, ce qui détermina à renoncer à une tentative dont les périls ne trouvaient pas une grande compensation dans les avants ges de la traite, la position nécessitant des frais qui absorbaient tous les prolits. Les sauvages se sont bien adoucis depuis. Qielquea uns sont devenus <:hrétiens ; les mômes dangers n'exis- tent plui,, et l'un de nos généreux missionnaires a déjà choisi, près le lac du Bœuf, un endroit où il donne ren- dez-vous aux terribles Pieds-Noirs qu'il y instruit et où il lui tarde de i-commencer un établissement stable, pour travailler plus efficacement à la .conversion de ces redoutables enfants s de la prairie. Je regrette de ne pouvoir indiquer quelle facilité le bras sud peut offrir à la navigation. Il me manque à cet égard des données que je puisse con- sidérer moi-même comme certaines. Les expéditions diverses qui ont tra- versé ce pays, fournissent sans doute des renseignements nombreux et pré- ■ cieux ; cependant je ne sache pas que l'on ait fait sur ces rivières, des ob- servation s réi térées à plusie urs époques de l'année et à des années différentes, sans lesauelles il est impossible de juger, d'une manière certaine, des conditions nécessaires à une naviga- tion régulière. On a bien parlé d'une navigation à vapeur, non ii.terrom- puo, sur tous les bras sud do laS'skat- chevvan et sur la rivière de l'Arcjus- qu'aux montagnes Rocheuses ; mais, comme je sais que l'on traverse ces rivières à gué facilement en plusieurs endroits, j'en conclus que la naviga- tion devrait, au moins quelquefois, rencontrer des obstacles. d^n^'S nt, quand on a navigué sur le Rfississipi, surtout depuis le lac Pépin jusqu'à Saint-Paul, on comprend qu'il ne faut pas une grande quantité d'eau pour obtenir un résultat considérable. Les travaux d'amélioration, dans ces sor- tes de rivières, sont rendus comme impossibles par les sables mouvants dont nous parlons, qui descendent des montagnes et traversent une plaine presque complètement déboisée, voient le phénomène delà crue et de la chu- te de leurs eaux, se précipiter avec une rapidité beaucoup plus considéra- bles que celles des rivières qui ont leurs sources dans des pays plats, ou qui coulent dans des terres couvertes de bois. Cette dernière circonstance en créant une difficulté par la violen- ce des eaux à l'époque de leur crue, limite la navigation, , puisqu'on quel- ques jours ces eaux débordées ren- trent dans leur lit le plus bas. Au nord, la rivière Sickatchewau reçoit par le lac Cumberland un tri- butaire qui jusqu'à ce jour a joué un grand rôle dans le pays. C'est la ri- vière à la Pente. Nous désignons sous ce nom la série des lacs et rivières qui reçoivent les eaux au sud du portage du fort de Traite Ce por- tage, que les Anglais nomment Frog Portage (portage à la Grenouille), a 365 mètres de longueur et passe des eaux dont nous parlons à celles de la rivière Churchill ou rivière aux An- glais. Le portage du fort de Traite est bas, et quand l'eau est haute dans la rivière Churchill, elle donne de son trop-plein à la place du portage un ra- pide que l'on peut quelquefois des- cendre en canot. C'est en sautant ce 36 f rapide que s'est noyé un officier de la compagnie du Nord-Ouest. L'eau que laisse le portage du fort de Traite, entre bientôt dans le lac des Bois, puis dans le lac Chétek oi Péli- can et le lac Mi-Rouù. La rivière à la Pente proprement dite la conduit au lac Castor, limite méridionale du sys- tème Laurentin à cette longitude, tet'e eau se traîne ensuite, quelque- fois assez difficilement, sur les inter- minables couches calcaires de la ri- vière Maligne dans les fosses de la- quelle se jouent les esturgeons et qui lui ont valu le nom de Stun/eon-river. Le lac Gumberland conduit ensuite cette eau à la Siskatrhewan Cette série de lacs et de rivières-pst très difficile à traverser ; môme à l'eaa haute on y rencontre treize portages et un grand nombre de rapides. A l'eau basse, c'est bien la rivière Maligne que nos voyageurs redoutent avec raison, et où j'ai souF^rt bien des fois, en les vovant s'y échiner d'une façon néni- ble. 11 est donc inutile de sunger cà utiK ser la rivière à la Pente pour un autre genre de navigation, que cette navigation primitive, à laquelle elle sert actuellement. La rivière à la Carotte et la pe'ite rivière du Pas, qui a l'honr.eur de donner son nom au géant de l'Ouest et à l'étabhssement situé à son em- bouchure, sont aussi des affluents de la Siskatchewan qu'elles longent sur sa rive méridionale. Un peu plus bas que le Pas, la rive septentrionale «'ouvre pour recevoir les eaux du lac d'Orignal. Le haut de la rivière sur- tout, a un grand nombre d'autres affluents que nous n'avons point "om mes pour éviter des longueurs. Quel- ques-uns de ces petits tributaires ont pourtant l'avantage, les uns, de sor- tir de lacs très poissonneux, et d'autres de pouvoir être utilisés facilement comme pouvoirs d'eau. Les terrains houilliers que traver- sent les différentes branches de la Siskatchewan sont une grande source de richesses et favoriseront la coloni sation de cette vallée, où la nature a multlphé des sites d'une beauté qui défie ce qu'il y a de plus remarquable au monde en ce genre. Je comprends la prédilection exclusive que les enfants de la Siskatchewan nouiiissent pour leur pays natal. Après avoir traversé le désert, après s'être éloigné à une si grande distance des pays civilisés, que l'on croit parfois avoir le monopole du beau, on s'étonne de trouver à l'extrê- me ouest tant et de si m?gniflques terres. A côté des grandes et sauvages beautés qu'offre l'aspect âes monta- gnes Rocheuses, l'Auteur de la créa- tion s'est plu à étaler le luxe si at- trayant des plaines de la Siskatche- wan. 4o Nord du lac Winnipiij. — Le lac Winnipig n'a pas d'affluent au nord ; c'est vers ce point, au contraire, et vers ce point seulemeat, qu'il porte l'immense quantité d'eau qu'il reçoit des tiib'itaires grands et petits qui se pressent sur tout son contours. Le lac Winnipig se décharge par un dé- troit ou rivière large,profonde, rapide, mais très-courte, qui conduit ses eaux dans le petit lac Pelé (Play-grecn Lake). Ce dernier, comme épouvanté de la position que lui fait cette agression, divise les eaux qu'il reçoit en deux branches et les rue contre les rochers arides qui le bordent au nord,sùr que, par cette double attaque, il réussira i\ donner le change et à se frayer un passage à travers cette épaisse mu- raille. Le premier effort est couronné de succès, ces liquides bataillons ont l'habitude de pareilles luttes ; car, ii ne faut pas l'oublier, la rivière aux Tourtes, la rivière Winnipig, la ri- vière Rouge, la petite et grande riviè re Siskatchewan et mille autres vas- seaux qui ont envoyé leur contigent, luttent les uns au milieu des rochers depuis leur formation, les autres ont essayé leur force au moins ù travers les calcaires. En s'unissant dans le Winnipig, ils n'ont pu que gagner en intrépidité. Aussi il ne faut pas s'étonner de la vigueur qu'ils dé- ploient en se séparant à l'extrémité du Play-grecn Lakc. Après la ^ûctoire remportée :ur ce premier obstacle cd cJ a] cl ni e» vi C(^ 37 beauté qui remarquable :omprendd la 3 les enfants rissent pour 'oir traversé né à une si ivilisés, que nonopoledu vev à l'extrè- mé'gnifiques et sauvages âes monta- de la créa- î luxe si at- Siskatche- i'j.~Le lac t au nord ; »n traire, et qu'il porte lu'il reçoit jtits qui se itours. Le par un dé- ide, rapide, lit ses eaux agréai Lake). an té de la agression, t en deux les rochers rd,sûr que, réussira à "rayer un aisse mu- couronné liions ont is ; car, ii aère aux ig, la ri- nde ri vie itres vas- :ontigent, s rochers utres ont à travers dans le ;agner en faut pas n'ils dé- ixtrémitô nctoire obstacle comman, ils se rallient en un seul corps dans le lac Travers, comme pour attendre l'effet produit par le premier choc. Il leur semble entendre le mu- gissement d'un monde de lacs tenus en captivité dans Ijs hauteurs qu'ils viennent d'ébranler. Ce bruit les en- courage, ils sonnent de nouveau la charge en se précipitant avec fracas à travers les rapides qu'ils creusent sur leur passsage, 5;e reposent quelques instants dans un autre lac où les ren- forts apportés par la rivière aUx Foins et envoyés par le lac aux Rose»ux et autres, les déterminent à laisser le 55e parallèle pour, par la route du nord ouest, arriver au point d'inter- section du 56e degré avec le 90e mé- ridien, décrivant dans ce parcours d'un côté la Katchevan, de l'autre la la première section du fleuve Nelson. Ces deux branches se confondent de nouveau en arrivant au lac Fendu. C'est là que la rivière du Bois-Brûlé leur prête son concouis, rendu plus puissant par la multitude des lacs qu'elle décharge. Cette masse d'eau repose^ 3 dans le lac Fendu qui la dirige vers l'est, forme delà à la baie d'Hud- son le magnifique et impétueux lleuve Nelson, qui s'enrichit de la jolie ri- vière de la Pierre-à-Chaux, qui a reçu elle aussi les eaux de plusieurs lacs. Le fleuve Nelson est un des plus puissants que je connaisse, puisque lui seul égoute tout le bassin du Winnipig, celte plaine immense que l'on ne borne qu'en courant des hau- teurs du Sahit Laurent à celles du Mississipi et du Missouri, pour reve- nir par les Montagnes Rocheuses, d'abord aux hauteurs du bassin arc- tique, puis à celles tlu bassin inter- médiaire. Le lleuve Nelson offre des spectacles magnifiques par la variété et le nombre de ses chutes et rapides. On le comprend facilement, puisque son volume d'eau traverse la chaîne des Laurentides qui, à la vérité, ont perdu de leur élévation, mais qui né- anmoins en conservent assez pour diversifier à l'infini l'aspect d'un des plus grands fleuves du monde, les tra- versant audacieusement. La navigation du fleuve Nelson est comme impossible, il a pourtant sou- vent été monté et descendu. On a tenté bien des établissements sur les lacs qui s'y déchargent et qui forment nécessairement un très-bon pays de chasse et de pêche. Mais, en somme, les difficultés de la navigation sont telles,qu'aujourd'hui l'honorable com- pagnie de là baie d'Hudson n'a sur tout le pa "cours de ce fleuve et des afiluenth qu'un seul poste de traite, qui se trouve dans le district de Nor- way-House,et où l'on descend les mar chandises que l'on a montées d'York avec tant de difficultés par la rivière Hayes, imposant à ces infortunés co- lis et aux voyageurs plus malheureux qui les portent une roule qui triple la dislance qu'ils auraient à parcou- rir, si la rivière Nt-îscn pouvait être remontée avec moins de difficultés. Au point de vue économique, le ma- jestueux fleuve est donc sans utilité actuelle, c'est pourquoi nous n'en di- rons pas davantage et le laisserons mugir dans sa course impétueuse. Tout effrayé des dangers au.xquels sont exposés ceux qui descendent le fleuve Nelson, revenons par une au- tre voie au petit Play-green Lake d'où il sort- Nous dirons d'abord un mot de l'étroite langue de terre qui sépare ce petit lac du Winnipig, dont naturellement il ne semble que le prolongement. Cette langue de terre est ce que l'on appelle la Pointc-aux- Mousscs^ et, en effet, d'épaisses cou- ches de mousse et de débris végétaux couvrent une grande partie de cette pointe. Ces dépôts ont en certains endroits plusieuis mètres de profon- deur, ils ont été probablement amon- celés par les courants qui régnent à l'extrémité du lac Winnipig et les vents de nord qui combattent ces n^.èmes courants. Outre les eaux du Winnipig. le lac Pelé reçoit encore un tributaire, c'est la rivière aux Brochets, qui donne son nom au dé- pôt à peu de distance de son embou- chure et que les Anglais nomment toujours Nonoay-House. Ces deux noms, donnés au môme établissement 38 fout croire quelquefois que la route vers le nord, ou la baie d'Hudson, est pr- la rivière aux Brochets, tan- dis qu'au contraire cette rivière vient plutôt du sud-est où elle a sa source daiiS le lac du môme nom. Ne trou- vant point ici le chemin qu'avec tout le monde nous voulons suivre pour aller à la factorerie d'York, entrons dans la rivière de la Mer qui n'est autre que le commencement du fleuve Nelson. Allons-y avec précaution pour n'être pas entraînés dans la dan gereuse voie que nous voulons éviter, voyons s'il n'y a point quelque autre issue. Voici la rivière Noire. Cette rivière Noire n'est qu'un filet d'eau dans lequel les voyageursglissent leurs embarcations, les traînant par-dessus les trois chaussées de castors, sans lesquelles il serait impossible au ba- teau de tenir cette route. Une loi reconnaissante a protégé pendant plusieurs années les ingé- nieux architectes de ces éclr.ses qui, sûrs à la fin de cette protection, ve- naient sans crainte saluer les voya- geurs. La noire ingratitude et l'insou- ciante imprévoyance de ces nômes voyageurs ont violé la loi protectrice et détruit les paisibles familles de ces travailleurs ; mais depuis, les hommes doivent faire le métier de castors dont ils s'acquittent assez mal, dans les ré- parations de ces chaussées. La sour- ce de la rivière Noire est précisément au pied de la hauteur des terres for- mée par la chaîne des Laurentides. que le grand flerve Nelson n'a pas craint d'attaquer tout près de là et qu'il a vaincues glorieusement. De la hau teur des terres (Portage de la Hoche peinturée) on descend à York en sui vant d'abord une petite rivière sans nom, puis le lac du Milieu, la rivière au Go*!teau, le lac du Genou, la riviè- re aux Brochets, le lac Logan, la ri- vière du Roc {Ilill-river), la rivière d'Acier, et enfin la rivière d'York [Eoyes-river). Cette série de lacs et de ''ivièi-es est un cours d'eau non in- terrompu, mais la navigation en est excessivement dilficile, puisqu'on y compte jusqu'à trente-quatre portages, sur une distance qui r'excède pas beaucoup 300 milles. Que Ion juge de la position de la colonie de la ri- vière Rouge et de tout le département du Nord, lorsque cette voie était la seule Guivie et que tout ce qui péné- trait dans le pays ou en sortait de- vait subir l'épreuve d'être transbordé trente-quatre fois dans ce court espa- ce, tandis que les épaules des voya- geurs étaient les seuls véhicules en usage dans ces portages, dont quel- ques-uns sont assez longs. Pour re- monter ' ce cours d'eau en barge, il faut de vingt à trente jours, et cela pour des voyageurs dont la force et î'agihté acceptent un travail à nul autre comparable. On va encore à la factorerie d'York et on en revient par la môme voie, quoique la plus grande partie du commerce du pays se fasse actuellement par Saint Paul Minnesota. C'est à l'embouchure de la rivière Hayes que se trouve le port d'York, dit aussi port Nelson. C po- n-î peut offrir de protection « "< s. navires et n'a que cinq biassoa de profondeur ; ce n'est, en réalité, qu';.^ùe cavité abritée au sud par la terre ferme, au nord par la balture de sable ou pointe aiguë qui sépare l'em- bouchure de la rivière Hayes du fleu- ve Nelson et que ces deux grands coui-s d'eau y ont déposée en la pressant de droite et de gauche. Le petit port est parfaitement abrité à la mer basse, car alors la batture est toute décou- -' verte et donne aisément l'idée d'une jetée artificielle. La mer haute la ; recouvre sans lui ôter toute sa force ^ protectrice. L'accès de ce port n'est possible que pendant les mois d'août et de septembre, et n'est fréquenté que par les vaisseaux de l'honorable, compagnie de la baie d'Hudson, qui annuellement y en envoie un ou deux. Le mouillage se faità plui^ieurs milles ; de la factorerie, d'où l'on va chercher ■ les marchandises des vaisseaux en rade, au moven d'une petite goélette" qui est une habituée du port, et qui ; fait de plus le service entre la facto- rerie et le fort de Churchill. La rivière Severn, qui sert de voie tel Toi hal qu| lac ,y 39 de communication pour arriver aux lieux postes qui sont sur ses bords, est une assez belle rivière. Sa naviga- tion est difBcile; elle se décharge dans la baie d'Hudson à l'est du port Nelson. Par cette rivière et les lacs qui s'y déchargent, on arrive à la hau- teur des terres d'où sort la rivière aux Tourtes, dont nous avons parlé plus haut. Les canots d'écorce suivent quelquefois cette route pour passer du lac Winnipig à la baie d'Hudson. § 3. — lUSSIN INTERMÉDIAIRE. Nous désignons sous ce nom les terres comprises entre les hauteurs qui envoient leurs eaux vers l'océan Arctique et celles qui les repoussent vers le bassin du Winnipig. Ce bas- sin intermédiaire, comme celui du Winnipig, se décharge tout entier dans la baie d'HuûJon. Ce bassin n'a qu'une large artère ù laquelle se relient toutes les veines, dans les- quelles circule la vie hydraulique de ce pays ; à l'exception pourtant de quelques rivières sans importance qui se déchargent directement dans la baie d'Hudson. La grande artère dont nous parlons est la rivière aux Anglais, dite aussi rivière Churchill, appelé par les Gris Missinipi (grande Eau) et par les Ghippewa Janes-Dez nedhè (rivière Grande). Comme nous l'avons fait observer en parlant de la rivière McKenzie, la rivière Chur- chill a deux de ses sources com- munes avec deux de celles qui alimentent autant de tributaires du fleuve du nord. Ces sources sont : le lac des îles qui, tout en alimentant la petite rivière de l'Eau claire, ne re- fuse pas sou concours à la rivière Churchill, dans laquelle il se rend par le lac de Roches et le lac des Œufs. La seconde source commune est le lac Wallaston. Ce dernier coule en partie vers le lac d'Athabas- kaw, tandis qu'une autre partie de ses eaux se rend dans le lac Caribou, qui va fidèlement les verser à la ri- vière aux Anglais. Ce phénomène, après s'être produit deux fois pour unir le fleuve Mackenzie avec le fleu- ve Churchill, se réitère pour assigner - une origine commune au fleuve Churchill et à la rivière Siskat chewan, puisque le petit lac Long donne un partie de son eau à la ri- vière aux Castors et une autre partie à la rivière Blanche, affluent de la Siskatchewan. En définitive ce bas- sin intermédiaire a des sources com- munes avec les deux grands bassins que nous avons déjà décrits. L'embouchure de la rivière Churc- hill forme le port du même nom sui les bords de la baie d'Hudson. Ce port, au- trefois célèbre, est vaste, sûr et com- mode. Il reçoit encore aujourd'hui la petite goélette qui fait le service en- tre le fort de Churchill et la factore- rie d'York. C'est aussi ce port qui abrite les vaisseaux de la compagnie venus d'Angleterre, que quelque ac cident force à hiverner dans ces pa- rages. Les sinuosités de la rivière Churchill lui assurent un cours aussi long qu'à la Siskatchewan. Son vo- lume d'eau est au moins aussi consi- dérable, mais les conditions de la navigation y sont bien différentes. Depuis le lac Primeau jusqu'à son embouchure, la rivière coule pr-isque constamment au milieu de rochers, à travers lesquels elle semble s'être creusé un lit, où elle se trouve bien mal à l'aise, ce qui la fait bondir en soubresauts violents et irréguliflrs. Les rochers, irrités de son audace, se reculent et lui ouvrent des gouffres béants où elle se précipite avec vio- lence. Entre ces cascades nombreu- ses, la rivière est calme et forme un enchaînement de lacs souvent fort beaux. Après cette vue d'ensemble énumérons plutôt les difiërentes par- ties du fleuve, celles du moins qui sont utilisées comme moyens do com- munication. Remontons à la source la plus éloignée, c'est-àdire à la tête de la rivière aux Castors, que nous avons nommée tout à l'heure. Ce coui«s d'eau, que les canots do la compagnie du nord-ouest remontaient autrefois pour se rendre au petit lac des Esclaves par le lac Labiche, n'est sô- ■..,,.. , ,-•■••■ ♦ . -^ >..•■•■.■■.,.>.''■ ••> »,:.'».■ «-... " r ' ^ ;tr<-~m,m^'»fm 40 paré de ce dernier que par un portage d'une couple de milles. De celte pre- mière source au lac de l'île à la Grosse, ;\ l'eau haute du moins, la ri- vière aux Castors est navigable pour des canots d'écorce. Je l'ai descendue ainsi sans rencontrer la moindre difTi- culté, voguant à plein aviron pen- dant toute une semaine. Si l'eau pouvait se maintenir à cette hauteur, cette rivière serait d'autant plus avan- tageuse qu'elle traverse un pays en grande partie propre à la colonisation. Malheureusement l'eau qui obéit à l'ordre du Tout-Puissant ne tient pas compte des désirs des faibles mortels, et la ]'ivière aux Castors, plus haut du moins que le lac Vert, c'est-à-dire pen- dant plus des deux tiers de son cours est souvent h'^^v peu propre à la navi- gation, mêmt • '■ -^rnots d'écorce. Si je me souviens x ' descendue avec facilité, je ne pui^ Jlier la difficulté et la fatigue que j'ai éprouvées en la remontant. La plaine au milieu de laquelle coule la rivière aux Castors est toute couverte de lacs magnifiques où le poisson abonde. Les ramifications qu'elle forme à ses sources relient un grand nombre de ces petits lacs. Par- mi ses affluents, on remarque ensuite la rivière du Nord, par où l'on passe quelquefois pour atteindre le lac des Brochets, et par lui Pembina qui con- duit à l'Athabaska. Le magnifique lac Froid, qui reçoit les eaux du lac des Outardes, commence la série des lacs de la Truite, du Détroit et de la Poule d'eau, qui avec la rivière qui porte ce dernier nom, forment une roule pa- rallèle à la rivière aux Castors et qui est souvent suivie pour passer de l'île à la Crosse au lac la J^iclie. La rive sud qui, après le coude qui lui fait changer de direction, devient la rive Est, est aussi enrichie de lacs fort remarquables, parmi lesquels on distingue le lac d'Original, le lac Vert, le lac Assiniboine, de plus, ceux dits des Traines, du Dore, de la Plonge et un grand .lOmbre d'autres de moin dre importance, dont nous épargnons la nomenclature aux lecteurs. La rivière aux Castors sô décharge dans le lac de l'île à la Crosse, un des principaux anneaux de la chaîne de lacs, connue sous le nom de Rivière Churchill. Remontons à d'autres sour- ces de ce»e dernière ; nous l'avons dit plus haut, une des sources de cette rivière lui est commune avec la petite rivière d'Athabaskaw ou de l'Eau claire, c'est le lac des Iles, alimenté par des rivières qui viennent des ter- res des Montagnais. Ce lac, après avoir donné une partie de ses eaux à la rivière Athabaskaw, confie le reste au lac des Roches, qui les remet au lac des tEufs,où elles attendent celles au-devànt desquelles nous voulons aller. Le lac de la 'Lioche est ordinaire- ment considéré comme la tôle de la rivière Churchill. Ce lac se décharge dans la rivière du même nom, où les voyageurs doivent faire au moins trois portages En laissant le lac de la Loche,on entre dans celui du Bœuf, long de 40 milles et qu'enrichit la rivière du môme nom. Le détroit aussi du Bœuf relie ce lac à celui des OEufs aussi nommé iap Clair^ que nous avons déjà indiqué deux fois, qu'il faut laisser au nord pour, par la ri- vière Creuse, descendre au sud est, vers le lac de l'île à la Crosse, où nous retrouverons les eaux de la ri- vière aux Castors. Le lac de l'île à la Crosse, long d'en- viron 60 milles, réunit les eaux de toutes les sources de la rivière aux Anglais et les confie ensuite à la ri- vière la Puise, qui, après leur avoir fait sauter cinq grands rapides et leur avoir adjoint la rivière Caribou, qui vient du lac des Cris, remet le tout au lac Primeau. Le rapide Croche, ceux du Milieu et du Genou ballottent violemment cette onde, qui a besoin de se reposer dans le lac du Genou, d'où elle sort pour former la rivière aux Foins et y recevoir le tribut de la rivière d'Epi- nettes. Ces deux courants cheminent ainsi ensemble tranquillement,comme pour relier connaissance puisque leurs eaux viennent en partie du même point. Un nouvel élargissement du ^•^ A ./> 41 l'esclavage lleuve disperse cette réunion parle lac des Sables. Bon gré, mal gré, il faut ensuite sauter le rapide du Serpent, traverser le lac du môme nom et celui de la Souris. Les gros et difficiles rapides des Epingles, du Bouleau et du Canot- tourné, lancent l'eau qu'ils reçoivent dans le lac de l'Huile d'Ours, d'où elles passent dans celui de la Truite par la cascade du Harrier. La rivière à la Truite, qui vient du nord, se jette dans le lac auquel elle donne son nom. Les beau.\ rapides de la Truite, des Equors et de la Grosse-Roche sont le trait d'union avec le lac du Diable, à la suite duquel quatre rapides, au.\ difficultés exceptionnelles, ont reçu cette triste appellation qui, malheu- reusement dans la bouche de nos anciens voyageurs, s'attachai' trop souvent à tout ce qui l&s contrariait, tant il est vrai que l'oubli de Dieu entraîne nécessairement du démon. Echappé à l'empire de Satan, la rivière Churchill se repose un instant dans un tout petit lac; puis entre dans celui de la Loutre, en descendant majestueusement le si beau rapide du môme nom. Les deux montagnes et les cascades qui les suivent, conduisentà l'embou- chure de la rivière Rapide, affluent du sud qui, par le lac du Lièvre, décharge le grand lac Laronge et quelques autres qui s'y rattachent. La vue des deux montagnes nous a préparés au spectacle grandiose qu'of fre à nos regards la cataracte formée par la rivière Rapide et qui se préci- pite d'une élévation d'une centaine de pieds. Ces eaux bouillonnantes se calment un peu en tombant dans la rivière Churchill ; après ce repos ins tantané,elles reprennent leur agitation avec la série des rapides et des casca- des qu. les conduisent au fort de Traite, à l'extrémité duquel se trouve le portage du môme nom, dont nous avons déjà fait connaissance. La partie de la rivière Churchill que nous venons de décrire, distance de 300 à 400 milles n'est navigable que pour nos embarcations actuelles. Il ne peut être question de l'utiliser autrement. Ces rapides que nous avons énumérés offrent des difficultés série u- ses ; plusieurs sont très-dangereux et nécessitent une vingtaine de poi'- tages. De l'extrémité sud du lac de l'île à la Crosse jusqu'à l'embouchure de la rivière à la Loche, distance d'environ 120 milles, il n'y a pas d'obstacle à la navigation ; seulement il faudra long- temps encore avant que le pays change au point d'y faire remplacer les canots et les berges par d'autres vaisseaux. Un peu plus bas que le portage du fort de Traite, on aperçoit l'embou- chure d'une autre rivière Caribou ; c'est celle du grand lac du môme nom Dejf's-Lakc. Cette nappe d'eau est une des plus vastes de l'Amérique ; elle ne mesure pas moins de 150 à 200 milles. Tout entouré de roche cris- talline, ce lac a une grande profon- deur et ses eaux sont d'une limpidité remarquable. Le lac Caribou reçoit les eaux du lac des Brochets qui lui- môme en est redevable au lac Wal- laston, celui-là môme qui, comme nous l'avons dit plus haut, alimente aussi le tributaire oriental du grand lac Athabaskaw. Depuis le confluent de la rivière Caribou, je n'entreprendrai pas de décrire la rivière jusqu'à la baie d'Hud- son, où elle se décharge. Je n'ai jamais vu cette partie du fleuve, je n'ai jamais rencontré qui que ce soit qui l'ait visitée. Cette partie était pour- tant fréquentée autrefois, car c'est par là, comme par le fleuve Nelson, que l'honorable compagnie de la baie d'Hudson pénétrait dans l'intérieur de ses domaines. L'excessive difficulté de monter ces deux fleuves et môme de les descendre, a fait renoncer à l'un et à l'autre, et le bas de la rivière Churchill ne voit plus les bateaux de la compagnie. La violence des rapides de tout ce grand cours d'eau s'explique par le fait que, lui aussi, traverse la chaîne des Laurentides. Le haut de la rivière aux Anglais, qui est en dehors de 'M. 42 cette chaîne, n'a pas l'impétuosité qu'on lui trouve ensuite. Outre le grand fleuve, le bassin intermédiaire a encore d'autres riviè- res, qui se déchargent aussi dans la baie d'Hudson, telles que la rivière aux Phoques {Scalriver) et quelques autres, dont nous ne connaissons que les noms, et sur lesquelles il nous est impossible de fournir le moindre ren- seignement. Tout le bassin intermédiaire est, par excellence, la région des lacs ; ils y sont multipliés avec profusion. . CHAPITRE m. . ,>: ' CONDITION POLITIQUE. ^ '_■ . . ^ . ■ v- ■ ■■ La division politique du départe- ment du Nord en forme trois portions bien distinctes connues sous les noms de t( re du Nord-Ouest, terre de Rupert et colonie de ta Rivière-Rouge. Etudions la condition de chacune de ces par- ties. _ . , . , § 1. — Territoire du Nord-Ouest. Cette première division politique renferme toutes les terres arrosées par les eaux qui se jettent dans la mer Glaciale, ce que nous avons déjà nommé bassin arctique, et comprend l'espace enclavé dans l'angle formé par les montagnes Rocheuses et la hauteur des terres qui serpentent de- puis le mont Hooker jusqu'à l'extré- mité septentrionale de la péninsule de Melville. La première reconnaissance qu& je sache avoir été faite du territoire du Nord - Ouest est celle de Samuel Hearne,qui, en 1769, partit de Churc- hill et explora l'intérieur jusqu'à la rivière du Cuivre. Le reste- a presque tout été découvert par des employés de la compagnie du Nord-Ouest. Cette compagnie se forma, en Canada, en 1783, dans le but de monopoliser ou de consolider les intérêts de ceux qui, depuis la conquête de la N.-Frauce par l'Angleterre, continuaient le trafic des pelleteries dans les pays sauvages. Le nom qu'a pris cette compagnie n'in- dique pas, ce me semble, un droit de possession du territoire que je désigne sous le môme vocable. Cette associa- tion ne s'est ainsi nommée que parce qu'en partant du Canada elle se diri- geait vers le nord-ouest du continent, ou pour donner cours à la pensée qui dès le début avait animé les voyageurs prenant la même direction : cette pen- sée était celle de trouver un passage au nord ou à l'ouest pour pénétrer jus- qu'à l'Océan Pacifique. La position géographique", dans l'Amérique an- glaise, de la partie dont je parle, lui a Valu tout naturellement le nom qu'elle porte. Quoi qu'il en soit du nom, la com- pagnie du Nord-Ouest n'existe plus ; en s'unissant à celle de la baie d'Hud- son, il n'a pas été question de titre spécial à la propriété de ce territoire, non plus qu'à quelque droit ou privi- lège à cet égard. En 1821, époque à laquelle les deux compagnies rivales, et ruinées par la rivalité, consolidèrent leurs intérêts, le gouvernement anglais leur donna, sous le titre de compagnie de la baie d'Hudson, une licence ou privilège exclusif, à l'effet de faire seules la traite des pelleteries parmi les sau- vages à l'ouest de la terre de Rupert. Cette hcence était accordée pour 21 ans. Avant l'expiration de ce terme, 1838, elle fut renouvelée pour vingt et une autres années,c'est-à-dire pour jusqu'en 1859. Ce monopole n'a pas été continué de droit depuis cette époque, en sorte qu'aujourd'hui l'ho- norable compagnie de la baie d'Hud- son, qui occupe encore le territoire du Nord-Ouest,n'y a aucun privilège, elle ne prétend à aucun. Les oppo- sitions sont libres; les unes y pénè- trent par le lac la Biche au Sud Ouest; d'autres viennent de l'ouest par la rivière à la Paix, après avoir franchi les montagnes Rocheuses. Ces oppositions n'ont pas encore été bien préjudiciables au commerce de la compagnie. L'éloignement de ces pays, la difficulté d'y pénétrer, celle • ff, . * :* ^*--*i»!t'* t .••# A • iSs^è de s'y maintenir, les frais énormes du transport, tout cela ne peut que déconcerter des ambitions ordinaires et ruiner des entreprises privées. D'ailleurs la prépondérance que l'ho- norable compagnie de la baie d'Hud- son a acquise sur le. sauvages de ce territoire, la facilité que lui offrent ses différenta établissements qui se relient et se soutiennent mutuelle- ment, tout cela rend la concurrence difficile, si difficile que, l'année der- nière, tous les concurrents s'étaient retirés et qu'en définitive la compa- gnie est seule. L'existence politique de cette portion du domaine de l'An- gleterre eu Amérique est fort singu- lière ; le gouvernement de la métro- pole ne s'en occupe nullement; aucune colonie n'y a ou ne peut y avoir d'ac- tion ; personne n'y possède de droits ou de privilèges, et ce pays est là sans loi, sans gouvernement, sans adminis- tration, sans juridiction civile ou ju- diciaire. Qui va changer la position politique de ce pays ? Sera-ce l'Angle- terre? sera-ce le Canada? Les Etats- Unis vont-ils se mettre en tête de l'ac- quérir, par la raison toute simple que c'est la route la plus difficile pour attein- dre leur Amérique russe ? Voilà autant de questions que l'on se fait naturel- lement et dont la réponse est enfermée dans les replis mystérieux de l'avenir. Pour ma part, comme il y a des difR- cultés énormes à coloniser les quel- ques points arables de ce vaste terri- toire, j'avouerai tout naïvement que j'aimerais autant, et peut-être mieux, le \oir rester ce qu'il est que de le voir changer, si les changements doivent être ce qu'il me semble impossible qu'ils ne soient pas. § 2. La terre de Rupert. — Ce nom est celui que porte le territoire de l'ho- norable compagnie de la baie d'Hud- son,c'est-à-dire toutes les terres arrosées par les eaux qui se jettent dans la baie d'IIudson,ycompris son prolongement, la baie James. En parlant du départe- ment du Nord, nous employons le mot terre de Rupert pour désigner seu- lement une partie du grand tout au quel il appartient, pour indiquer tou- tes nos terres portant le tribut ds leurs cours d'eau dans la grande baie. La condition politique de cette por- tion du département du Nord est bien difl'érente de la précédente. Ce pays est soumis à une compagnie qui a des titres incontestables, au moins à une partie de ce vaste domaine et, selon l'opinion de savants jurisconsultes, des titres certains à la possession du tout. Nous n'entreprendrons pas de discuter les raisons pour ou contre cette possession, nous nous contente- rons, après avoir indiqué l'objection qui nous paraît la plus plausible, d'in- diquer aussi les titres et privilèges de cette compagnie. L'objection la plus forte contre les droits de l'honorable compagnie de la baie d'Hudson est la possession anté- rieure de son territoire par la France. La charte octroyée par Louis XIII en 1626 donne à la compagnie de la Nou- velle-France le territoire de la Baie s d'Hudson, quarante-quatre ans avant ! que celle octroyée par Charles II d'An- gleterre ne le cède à son cousin le prince Rupert et à ses compagnons < d'aventures. On affirme que par le traité de Ryswick, eu 1696, toute la baie d'Hudson a été reconnue comme appartenant à la France Le traité • d'Utrecht, en 1713, cède à l'Angleterre les côtes de la baie d'Hudson, et ce n'est qu'alors que l'Angleterre acquit un titre certain dans ces parages ; de plus, dans ce traité, on ne négligea pas de stipuler les clauses qui assu- rent la protection de la compagnie de la Nouvelle-France, déjà mise en pos- session de|ce payR,en vertu de la charte de Louis XIIL Quoique les limites - des possessions françaises et anglaises _ ne soient pas bien définies depu is l'é- '■ poque du traité d'Utrecht jusqu'en 1763, néanmoins les Anglais, même les moins favorables aux préten tions des Français, reconnaissent que la ri- vière Rouge et la Sis'iatchevvan fai- saient partie de la Nouvelle-France, ^ et que c'est cette partie qui, avec le { reste des possessions françaises du Ca- j nada, a été cédée à l'Angleterre parç" le traité de Paris. Or par ce traité d e r 44 Paris les Canadiens français reçurent la garantie de leurs droits et privilè- ges et la promesse « de n'ôtre pas sou- rais à d'autres impôts que ceux établis sous la domination française.» Donc la compagnie de la baie d'Hudson n'a aucun droit ni privilège sur la vallée de la rivière Rouge, non plus que sur celle de Siskatchewan, et ses titres restent douteux pour une partie des pays situés au nord de ces deux val- lées. Voilà l'objection, je n'en discuterai ni le mérite ni la portée ; je ne fais que la constater et, à l'exemple de tant d'autres qui la connaissaient aussi bien et mieux que moi, qui de plus étaient juges compétents dans ce con- tlit d'opinions et de prétentions, et qui pourtant n'ont pas fait la moindre tentative pour priver l'honorable com- pagnie de la baie d'Hudson de ses droits et privilèges, je me '.airai sur ce doute. Ce puissant transml, si tant est qu'on ait cru en avoir besoin, lais- se de fait la compagnie de la baie d'Hudson maîti'esse du pays, dans les limites assignées par sa charte. Cette charte, nous l'avons dit plus haut, fut donnée, en 1670 par Charles II d'Angleterre, à son cousin le prince Rupert, sous le patronage duquel s'é- tait formée une association de mar- chands et d'aventuriers qui, eux aussi, ■espéraient trouver un passage au nord- ouest pour les mers occidentales. Cette association aux termes de la charte, est désigée sous le titre de : « Le gouverneur et la compagnie des aventuriers d'Angleterre traitant dans la baie d'Hudson, » est celle connue sous le nom de « l'honorable compa- gnie de la baie d'Hudson. » En vertu de cette charte, la possession entière et complète du territoire qu'elle dési- gne est cédée à cette compagnie. La chasse, la pêche,la traite des fourrures sont aussi son privilège exclusif ; elle a de plus sur ceux qui habitent ce pays une juridiction absolue ; en un mot, celte compagnie est déclarée maîtresse de tout le pays et de tout ce qui s'y rattache. Telle est la posi tion politique de la de Rupert. Telle est, du moins, celle que lui fait sa charte à laquelle dans la pratique le gouvernement impérial a accordé jusqu'à ce jour lavalear d'un titre réel. Je ne sache pas que la compagnie ait jamais fait valoir ses droits'exclu- sifs de poche ou de chasse ; mais elle a insisté jusqu'en 1848 pour conserver son monopole commercial. Cette prétention a été abandonnée depuis, et en définitive, depuis cette époque, il y a ici une liberté absolue de commerce ; la prépondérance de la compagnie dans la terre de Rupert, comme dans le territoire du Nord- Ouest, n'est attribuable qu'aux res- sources de son organisation et non pas à ses droits et privilèges. Tout le monde est libre d'aller, de venir, de chasser, de traiter. A part les difficul- tés matérielles que l'on rencontre en voyageant, il n'y a pas sous le soleil un pays où l'on jouisse de plus de li- berté, et cela malgré l'impression ré- pandue au loin que la compagnie tient le pays dans un demi-état d'es- clavage. La compagnie conserve pour- tant encore ses titres et exerce sa ju- ridiction civile. Cette position doit être prise en considération quand on examine la condition politique à faire à ce pays, quand on parle des chan- gements à y intvoduirvj. Ces change- ments s'élaborent, quels seront-ils ? Les Etats-Unis, qui croient avoir droit à tout ce qui leur convient, regardent comme naturel de venir prendre pos- session de ce pays. La nouvelle con- fédération des possessions britanniques ne nous perd pas de vue. Que va faire l'Angleterre ? Quel parti va prendre la compagnie ? Quelques années de plus auront rèsolu,je suppose, ce problème que je ne me charge pas d'examiner. § 3. — COLONIE DE LA RIVIÈBE ROUGE.. aoK Nous venons de parler des deux grandes divisions politiques du dépar- tement du Nord. 11 nous reste à en mentionner une troisième, celle au milieu de laquelle nous traçons ces lignes. Un noble Ecossais auquel sa position dans l'honorable comnagnie ^' 45 ait ue dé el. .. lie •' ■ lu- Ue - ii de la baie d'H'adson assurait une grande inlluence conçut le projet de fonder une petite colonie au milieu de la terre de Rupert. Il obtint à cet elfet la cession d'une certaine éten- due de terres sur les bords de la ri- vière Rouge et de l'Assiniboine, et commença là l'établissement qui porte encore son nom : Selkirk Seulement. Cet oasis du désert, où devaient ve- nir se reposer le voyageur el le traiteur au déclin de leur vie, est plus connu sous le nom de Rivière Rouge (Red- River Settlement) ou à'Assiniboia. Cet établissement, commencé en 1812, rencontra bien des difficultés qui plusieurs fois l'exposèrent à une ruine complète. Il résista néanmoins à toutes ces atteintes de destruction, mais son fondateur ne devait pas en voir le développement. La compagnie de la baie d'Hudson racheta des héri- tiers de lord Selkirk les terres qu'elle avait vendues à Sa Seigneurie, et au- jourd'hui c'est la compagnie qui gou- verne cette petite colonie. Les limites de l'Assiniboia sont bien circonscrites, puisqu'elle n'embrasse qu'un rayon d'une soixantaine de milles, autour d'un point situéau confluent des deux rivières Rouge et Assiniboine. Celte colonie a donc l'avantage d'être tra- cée à rond de compas. Nous sommes enfermés dans un cercle ; ce serait une erreur injuste de nous croire dans un cercle vicieux. Quoique sous l'autorité de l'honorable compagnie de la baie d'Hudson, la colonie de la Rivière-Rouge a son caractère politi- que à part. Le temps lui a élaboré une constitution qui, pour n'être en théorie que ce qu'elle était au jour du monopole de la compagnie, est néan- moins aujourd'hui bien différente dans la pratique. L'établissement est admi- niçtré par un gouverneur qui n'est pas toujours le gouverneur de la terre de Rupert, qui n'a pas môme toujours été un membre de la compagnie. L'hono- rable j uge F. Johnson a été gouverneur ici ; le colonel Goldwell, gouverneur avant ce dernier, non-seulement n'était pas membre de la compagnie, mais avait été choisi par la couronne. Le gouverneur d'Assiniboia a, pour l'assister dans son administration, un conseil composé d'un nombre indéfi- ni de membres. Ces membres sont aussi à la nomination de l'honorable compagnie de la baie d'Hudson ; mais la justice veut que nous disions que la compagnie, sans introduire dans le pays le principe électif, a depuis dou- ze ans, au moins à ma connaissance personnelle, basé le choix des con- seillers sur le sentiment pul/hc bien plus que sur ses propres intérêts, ses intérêts commerciaux du moins, elle a nommé comme conseillers plusieurs de ceux qui font à son com- merce la plus chaude opposition. I! est vrai que, dans deux circonstances, elle a refusé de nommer des citoyens qui avaient présenté à cet effet, en leur faveur, des pétitions revêtues d'un bon nombre de signatures; mais il faut se souvenir, et fen ai la preu- ve officielle, que ces messieurs, anti- cipant un refus qu'ils n'auraient pas éprouvé sans cela, ont publiquement accablé la compagnie et le conseil de la colonie de tant d'iUj ares si gratuites que leur nomination devenait une im- possibilité, tant pour l'honneur de la compagnie elle-même que pour l'hon- neur du conseil, dont plusieurs mem- bres auraient donné leur démission si on leur avait imposé des collègues ainsi disposés. Au demeurant, le conseil administratif, qui est en même temps législatif, n'est pas choisi par la voie des suffrages. 11 se compose d'élé- ments divers, pris dans les différents ordres de la société, dans différentes parties de la colonie, et parmi ceux dont on a le droit d'espérer une som- me raisonnable d'intelligence. Si le choix de ces conseillers n'est pas le meilleur possible aux yeux de toui le monde, il est, je crois, aussi bon qu'on pourrait l'espérer, quand môme son élection serait remise entre d'au- tres mains que celles de la compagnie. Membre de ce conseil nous-môme, une conviction consciencieuse nous force à dire que les affaires publi- ■ ques y sont traitées avec toute la loyauté possible. Le gouverneur n'y 46 . s- exerce pas d'autre influence que celle du droit et do la raison contrebalan- cée nécessairement par les intérêts des membres, dont un seul appartient à l'honorable compagnie. La justice est administrée par un juge en chef, avec le titre de recorder, aidé de ju- ges de paix. Les conseillers le sont de droit ; ce tribunal forme notre cour suprême et a ses sessions trimes- trielles. Il y a de plus une fois par mois, dans le district central, et une fois tous les deux mois, dans tous les autres districts, des cours dites petites cours, pour s'enquérir des causes ci- viles d'une importance secondaire. Ces cours sont présidées par un juge de pai.x aidé de plusieurs magistrats ; ces derniers sont à la nomination du conseil colonial. Le gouverneur et le recorder, les deux seuls employés dont le salaire ait quelque importance, sont payés par la compagnie. Le traitement des autres fonctionnaires est assez modi- que pour qu'on puisse le puiser dans le trésor de la colonie. Ce trésor n'est pas le coffre-fort de la compagnie, tant s'en faut. Notre revenu public a ses sources dans les droits d'entrée en percevant 4 pour tOO sur les prix d'achat ; plusieurs articles, entre au- tres les instruments d'agriculture, ne sont pas soumis à ce droit. Les li- cences et amendes sont les autres sources de ces revenus. La compagnie •est soumise à ces lois comme les au- tres. Les comptes publics de la co- lonie d'Assiniboia ont un avantage que bien des gouvernements, môme 'électifs, pourraient leur envier, ils se ferment toujours par un excédant de recettes. Les conseillers, n'étant pas élus par le peuple, n'ont pas le coura- ge de le taxer et encore moins de s'en faire payer largement. Une population d'à peu prè.. 10.000 âmes, parlant le français, l'anglais, le celtique, le saulteux, le cris, etc., compose ce petit peuple. Séquestré du reste du monde depuis si longtemps, il voit les communica- tions devenir plus faciles et le ilôt de la civilisation avec ses avantages, et peut-être, hélas 1 son écume, menacer de repousser le Ilot de son extrême liberté, cette liberté, trop indolente peut-être souvent, mais bien sûr plus honnête et plus loyale que ses détrac- teurs ne le soupçonnentet no le disent. Telle est, en peu de mots, et pour ne pas trop fatiguer par de longs dé- tails, la position politique de la colonie de la Riviôre-Rouge. Enfant do la terre de Rupert, elle suivra sans doute le sort de sa mère, et sera entraînée par les combinaisons qui régleront le sort de cette dernière. Cependant cette enfant, sans être tout à fait émanci- pée, a acquis certains droits ; elle pos- sède ou occupe ses terres (qu'elle n'a pas toujours payées), elle les a arro- sées de ses sueurs. 11 est vrai que ses sueurs n'ont pas toujours été abon- dantes, mais c'est l'enfant du désert. Elle a donc des droits à l'indulgence. Elle ose se flatter que l'étranger ne recevra pas ici une préférence injuste ; que dans les grandes et savantes combi naisons qui sont préparées par la mère patrie et son frère aîné, le Ganada,on ne perdra pas tout à fait de vue l'his- toire de son passé. Dans la colonie elle-même il règne une certaine agitation et inquiétude au sujet de son avenir. Les uns, en très-petit nombre, qui espèreut gagner par un changement quelconque, le demandent à grands cris ; d'autres, considérant plus les systèmes que leur application, voudraient pouvoir tenter un changement, ne se doutant pas qu'on ne revient plus à l'état primitif d'où ils veulent s'écarter ; le plus grand nombre, la majorité redoute ce changement. Plusieurs ont bien raison, le pays pourra gagner à ces modifications, il acquerra sans doute bien des avantages qui lui manquent, mais la population actuelle perdra cer- tainement. Gomme nous aimons plus le peuple que la terre qu'il occupe, que nous préférons le bonheur du premier à la splendeur de l'autre, nous en sommes à répéter ce que nous avons déjà dit : que nous redoutons beaucoup pour notre population quel- ques-uns des changements qu'on lui 47 i>r'>rn'3t. On croira d'autant plus faci- lement à la jincôritô de cette convic- tion, nue personnellement nous au- rions tien des raisons do désirer ces changements. V r CHAPITRE IV. , ; :, OllGANISATlONET DIVISION COMMEnCIALES. Le pays que nous habitons étant soumis à une compagnie marchande, tout ce qui tient à son organisation mercantile acquiert de l'importance ; c'est pourquoi nous voulons parler un peu de ce qui se rattache à celte cons- titution et indiquer les divisions qu'elle a formées pour son fonction- nement. § t. — ORGANISATION COMMEHCIALE. Le gouverneur et la compagnie des aventuriers d'Angleterre traitant à la baie d'Hudson se constituèrent en société dès le moment de l'obtention de la charte qui leur fut octroyée par Charles II en 1670. Des droits et des privilèges ne suffisent pas pour orga- niser des opérations commerciales ; aussi cette compagnie dut fournir des fonds, dont la mise en action constitua le capital de la compagnie. Ce capital d'abord peu considérable, fut ensuite augmenté au point qu'en 1863 il s'éle- vait à la somme de 500,000 livres ster- ling (12,500,000 francs) et les actions étaient réparties irrégulièrement entre près de trois cents membres. Tous ces actionnaires Gonflaient leurs intérêts à un comité de régie, ayant à sa tôte un gouverneur et un député gouver- neur. Le comité formé à Londres y dirigeait les opérations de la compa- gnie, eff'ectuant la vente des pelleteries et tout ce qui avait trait à la prospé- rité de l'association. , Eu 1863, la compagnie de la baie d'Hudson, ainsi constituée et dirigée, entra dans une phase nouvelle. La société dite internationale financière acheta toutes les parts, propriétés, droits et privilèges de l'honorable compagnie de la baie d'Hudson, ainsi que les fonds de réserve que le comi- té avait habilement ménagés pour faire face à àes éventualités impré- vues. Le capital de la compagnie, comme nous l'avons dit plus haut, s'élevait à un demi-million de livres sterling divisé en parts de 100 livres chacune. On estima les reste des propriétés, les droits et les privilèges a 1 million, soit en tout un capital nominal de 1,500,000 livres sterling (27,500,000) francs. Les actionnaires furent invités et consentirent à vendre leurs parts à 300 pour 100 au prorata de leur mise en action,et la société in- ternationale paya 1 million et demi aux actionnaires de l'honorable com- pagnie de la baie d'Hudson. Cette transaction flt passer tout l'avoir de l'honorable compagnie de la baie d'Hudson entre les mains de la dite société internationale financière, qui ne r. ".ta pas longtemps en possession du vaste domaine qu'elle venait d'ac- quérir; elle le remit bientôt sur le marché en en élevant la valeur à un capital nominal qu'elle évalua à 2 millions de livres sterling (50,000,000 de francs) et qu'elle offrit en vente par parts de 20 livres. Ces parts f u rent achetées par un grand nombre d'actionnaires, puisqu'au mois de novembre 1865 on comptaiè déjà qua- torze cent vingt acquéreurs. Ces nou- veaux associés reconstituèrent l'hono- rable compagnie de la baie d'Hudson, élurent un gouverneur,un député gou- verneur, un comité qui devaient con- tinuer de diriger les opérations com- merciales de l'ancienne compagnie ainsi modifiée. La nouvelle compagnie ajoutait à son programme le projet d'établir une hgne télégraphique à travers toutes.'ses possessions,et autres grandes améliorations, à l'exécution desquelles elles ne voyait pas tout d'a- bord toutes les diflicuïtés qui existent véritablement. Ces difTérentes transactions nous mettent en face de trois opérations commerciales diverses : 1" la vente faite par les premiers actionnaires de la compagnie de la baie d'Hudson, 48 , „i vente qui leurdonno,poiu' leurs droits et privilèges, un profit net de 2liU pour 100, a raison de la première mi- se en action ; 2" la spéculation onérée par la société internationale lînan- cière, qui gagne un demi-million do livres sterling, si toutefois, ce que nous ignorons, elle a pu vendre tou tes les parts représentant le capital de 2 niillions ; '.)" l'acquisition faite par les nouveaux actionnaires de la com- pagnie de la baie d'Hudson qui, héri- tiers des propriétés, droits et privilèges des anciens, sont pourtant dans une Dosition financière bien différente, )uisqu'il leur a fallu débourser 2 mil- ions de livres sterling, tandis que eurs prédécesseurs, les premiers ac- tionnaires du moins, ayant les inô- mes droits aux mêmes profits, n'a- vaient jamais déboursé que 500 000 livres, "il faudrait donc aux action- naires actuels des profits nets quatre fois plus considérables qu'autrefois pour payer des dividendes égaux. Quoi qu'il en soit des changements opérés au sein de l'honorable compa- gnie de la baie d'Hudsou en Angle- terre, son organisation reste la même dans la terre de Rupert. Son gouver- nement général et son comité, tout en conservant la haute main et la di- rection, ne prennent pas plus part aujourd'hui qu'autrefois à la partie la plus difficile de ses opéraf.ons, c'est-à-dire à la traite des peilete ries dans les pays sauvages. Cette dernière charge a toujours été et est encore confiée à des employés formant non une association distincte, mais une organisation différente, tou- te une hiérarchie commerciale et ac- tive, soumise au comité de régie, n'a- yant aucune part au capital ni aux propriétés, aucun droit aux privilé- ' ges ; recevant seulement la récompen- se de ses travaux, les uns par un sa- laire ou une somme fixe, prise sur les .profits bruts, les autres par une quo- te-part aux profits nets. Voici les ti- tres des membres de cette hiérarchie : lo Le gouverneur de Ruperts' land appointements fixes et variés ; 2o Les fadeurs en chef (chief tors), bourgeois, de deux parts; 3o Les traiteurs en chef (chief ders), bourgeois, d'une part ; •io Les commis iclerks fac- tra- '.vec un sa- entice i- s de poste (post 40 ;\ /5 livres; mas laire variant de 75 à 100 livres 5o Les apprentis commis (apnren clerks), salaire variant de 25 a 27 vrea ;' Go Les maîtres ters), salaires de 7o Les interprètes, salaire de 30 à 45 livres sterling , 8o Tout un monde de voyageurs; guides, gouvernails, pilotes, devant de berges ou de canots, milieux ou rameurs, avec des gages qui varient de 16 à 40 livres sterling. Les salaires fixes, depuis celui du gouverneur do Ruperts' land jusqu'à celui du dernier des employés, comp- tent comme dépenses de la compagnie et sont pris sur les profits bruts. L'intérêt des sommes en circulation est aussi prélevé sur les profits bruts et se paye aux actionnaires. Ges in- térêts sont calculés à 5 pour 100. Les dividendes payés aux actionnai- Tue la quote-part des l'ac- f et celle des traiteurs en .. xcî résultat des profits nets, nécessairement comme ces res, anv teurs f, chef, é... varient derniers. Ces profils après toutes les dépen- ses payées, sont divisés en dix por- tions égales ; sir sont pour les action- naires au prorata de leur mise en action, les quatre autres dixièmes sont subdivisés en quatre-vingt-cinq parts. Ces parts sont en moyenne d'environ 30C livres sterling '7,500 francs.) Un facteur en chef reçoit deux de ces parts tant qu'il est en activité de servi- ce et pendant l'année qui suit son con- gé. Un traiteur en chef n'a qu'une de ces parts pendant le môme laps de temps. Pendant les six années qui suivent cette première année de retraite, les chefs facteurs, comme les chef traiteurs, reçoivent annuelle- ment, respectivement, la moitié de ce à quoi ont droit les mêmes ofSciers en activité de service. Le gouverneur de Ruperts'land diri- 49 un sa- ge les affaires des départements qui lui dont confiés. Pour l'aider dans son administration, il réunit annuellement un conseil qui se compose des chefs facteurs et des chefs traiteurs. C'est là que s'élaborent les règlements que l'on croit utiles au succès de la traite des pelleteries. C'est au nom de ce conseil que l'on assigne à chaque ofQ- cier subalterne le poste qu'il doit oc- cuper, comme le salaire qu'il doit recevoir; c'est aussi ce conseil qui recommande au gouverneur et au comité de régie les commis qui doi- vent être promus au grade de trai- teurs en chef, et les traiteurs en chef que l'on veut classer parmi les facteurs on chef. Les différents départements se divi- sent en districts ; chaque district a à sa tête un facteur ou traiteur en chef, sous les ordres duquel se trouvent tous les autres employés. IjCS dis- tricts renferment plusieurs postes ou forts, confiés à des officiers de diffé- rents ordres. Chaque poste a ses comptes à part qui indiquent les pr its ou pertes de ce poste vis-à-vis lu district, tout comme si ses atiaires se traitaient entre des étrangers. Les districts ont aussi leurs comptes qu'ils règlent avec la factorerie, le dépôt ou les districts aui leur fournissent hommes, mar- ci*i*ndises, provisions, etc., etc., et au-xquelsen retour ils remettent leurs pelleteries. Tous ces comptes sont tenus avec une minutie de détails étonnante. En les examinant, on dirait plutôt des compagnies rivales que les membres d'une môme asso- ciation travaillant dans un intérêt commun. Cette sage organisation, cette adroite comptabilité ont l'heu- reux eflet de créer une vive émula- tion et un grand esprit d'économie. Chaque officier doit présenter les comptes du poste qui lui est confié; ces comptes sont examinés, scrutés, contrôlés, changés, modifiés par ceux auxquels est dévolue cette charge. Le chiffre des dépenses de l'année, mis en regard du chiffre de la valeur des pelleteries ou autres objets four- nis, donne une idée exacte, sinon du travail, du moins du succès de celui qui a la charge de ce poste ; et comme l'avancement de ce dernier dépend beaucoup Je ce succès, tous les em- ployés sont intéressés à augmenter le profit général, auquel pourtant en réalité le plus grand nombre n'a aucune part. Ce sont ces adroites combinaisons et la stricte parcimonie qui règne partout, qui ont assuré le succès de cette compagnie, dont le commerce s'étend depuis l'Océan Atlantique jusqu'au Pacifique. Ses ramifications embrassent toute l'Amérique britan nique, à l'exception des provinces maritimes et de la partie du Canada située au sud du Baint-Laurent. Cette compagnie, par la sagesse de son organisation, l'habileté et l'énergie d'un grand nombre de ses membres, s'est maintenue, s'est développée, a soutenu des luttes quelquefois redou- tables, et donne en général à ses membres des dividendes bien capables de les rémunérer. On doit dire à sa louange que sa conduite a été telle que sur toute l'étendue de son im- mense organisation les sauvages, même les plus cruels, ont appris d'elle à aimer et à respecter l'homme civi- lisé, et que ce dernier peut partout voyager avec la plus grande sécurité. Il n'est pas besoin de dire que des abus particuliers se sont produits sur plusieurs points. Le monopole les a multipliés, les rivahtés ont fourni des prétextes. Le commerce de l'eau de fcu^ qui se trouve aujourd'hui hmité à quelque district seulement, est peut-être le seul reproche que l'on puisse actuellement faire raisonnable- ment à la compagnie comme corps, puisque c'est le seul que je sache être approuvé par ceux qui la dirigent. § 2. -—Division commerciale. — La com- pagnie, au point de vue de ses opéra- tions commerciales, a divisé en qua- tre départements le pays où elle se trouve; lo le département de Mont- réal, qui comprend les établissements que la compagnie possède en Canada- est ; 2o le département du Sud, qui m renferme les autres établissements du Canada et ceux de la terre de Rupert, à l'est du 90'' degré (quatre-vingt dix- ième degré de longitude occidentale); 3o le département occidental, à l'ouest des montagnes Rocheuse;"- ; 4o enfin le département du Nord qui nous occupe, et dont nous avons déjà tracé les limites. Le département du Nord renferme dix districts, qui sont : les districts de Mackenzie, d'Athabatkaw, de la rivière aux Anglais, de la rivière Siskatchewan, de Gumberland, de la rivière du Cygne, de la rivière Rouge, du lac la Pluie, de la rivière aux Brochets [Norway house], et enfin le district d'York. 1 0 District de la rivière Mackotzic. — Ce district, le plus important par le nombre et la qualité des fourrures, comprend,outre : "3 environs du grand lac des Esclaves, toutes les terres ar- rosées par le Ueuve Mackenzie pro prement dit et ses affluents, ainsi que par les autres fleuves qui se déchar- gent dans la mer Arctique. Presque tout ce district est et doit rester pays de chasse. A l'exception de quelques points isolés sur le fleuve Mackenzie et sur la rivière du Liard, la culture est impossible. Le froid est partout d'une intensité extrCme, malgré les contrôlantes assurance» données par l'inspection des lignes isothermes que la science multiplie sur certaines car- tes de géographie, et qui sûrement n'ont pas été tracées par ceux qui ont habité longtemps le pays. Le district de la rivière Mackenzie possède des gisements carbonifères, des puits de poix minérale et bitumineuse. D'im- menses stratifications calcaires avoi- sinent les roches primitives. Le chef- lieu de ce district est le fort Simpson, situé à Clo' 51', 25, de latitude par 12io 51, 15, de longitude, au confluent de la rivière au Liard avec le fleuve Mackenzie. C'est dans ce fort que réside le bourgeois en chaige du dis- trict ; c'est auo&i là que se réunissent les commis des dilïe/ents postes vers la fin d'aoûi pour recevoir les ordres 4e leur chef et les marchandises né- cessaires à la traite des pelleteries. On pénètre dans le district de la rivière Mackenzie en descendant le fleuve du même nom. L'embouchure de ce fleuve, qui donne le tribut de ses ondes à la mer Glaciale, forme un immense port de mer. On connaît les difficultés de la navigation par le détroit de Behring, difficultés qui jusqu'à ce jour n'ont pas même per- mis de tenter la voie de mer pour ar- river au district Mackenzie. La route par dessus les montagnes Rocheuses, quoique praticable, offre les plus sé- rieuses difficultés, qui constituent une impossibilité ruelle, quoique non ab- solue. Par delà ces montagnes Ro- cheuses, le district de la rivière Mac- kenzie possède un poste que nous en avons comme exclu, en assignant la chaîne des grands monts pour la li- mite occidentale du département du Nord. Ce poste est celui ".itué sur les bords du fleuve Youcan. En traçjant les limites du départe ment du Nord, nous n'avons pas fait attention à ce poste, parce que nous le croyons sur '3 ci-devant territoire russe, aujourd'hui propriété des Etals- Unis. 2o Dlstnct d'Aihabaskaw. — Ce district, qui avoisine le précédent etle borne au sud-est, renferme le reste du terri- toire du Nord-Ouest, à l'exception pourtant des terres arrosées par le haut du fleuve Athabasi^'^w et ses affluents, depuis sa source jusqu'aux rapides de la rivière à la Biche. Ce district est aussi en plus grande partie un pays inculte. La vallée de la rivière à la Paix fait une bolle excep- tion à cette triste aridité. Sur les deux rives de cette rivière il y a des terres magnifiques; des prairies d'une graude fertilité y sont parsemées d'é- paisses touffes de beau bois de con- struction. Quelques points sur la ri- vière Athabaskaw offrent aussi des avantages réeis pour la colonisation. La nature est magnifique dans ce dis- trict, la vallée delà petite rivière de l'Enu claire a des beautés saisissantes 3t exceptionnelles. Les rives du grand fleuve reportent, par leur aspect, vos ^ 51 pensées sur les plus beaux fleuves du monde, et l'on se surprend facilement à regretter les rigueurs du climat, qui seront toujours un très grand ob- stacle : l'habitation môme des [larties arables de ce vaste territoire, qui ren- ferme d'abondantes richesses minéra- les : le souffre, le sel, le fer, le bitume, la plombagine abondent dans tout ce district. Je crois qu'il y existe aussi des puits de pétrole. La grande rivière Athabaskaw coi:]e à travers d'immenses carrières de calcaire, interrompues ça et là par des falaises d'argile schisteuse qui s'entr'ouvrent à tout moment pour laisser entrevoir les richesses miné raies qu'elles renferment. La rivière à la Paix possède des carrières de plâtre, des dépôts carbonifères suppo- sés être d'une grande valeur. Ses flots rapides descendent des montagnes Ro- cheusesdes masses de sablequi recèlent delà poudre d'or. Toutes ces richesses, jointes à celles dbo fourrures, donnent au district d'Athabaskaw une bien grande importance. Jusqu'à ce jour les importations nécessaires au commerce du district, ainsi que l'exportation de ses fourru- res, se sont faites en bateaux, et par la rivière qui lui a donné son nom, et la rivière de l'Eau claire, qui coule au pied des hauteurs du portage à la Loche. Depuis deux années, on est allé par terre jusqu'au lac la Biche, pour descendre ensuite la rivière qui en sort. Celte route nous semble bien préférable à la précédente. On pénè- tre aussi dans le distric d'Athabaslcaw par l'ouest, puisque la rivière à la Paix se rapproche beaucoup de la rivière Fraser ; et quoiqu'il faille, par cette voie, passer les montagnes Ro- cheuses, la uavigrtion est moins sou- vent interrompue que par les rivières qui viennent de l'est. Le chef-lieu du district d'Athabas- kaw est le fort Ghippeweyan situé à peu près à 58" 40' nord, par lOio 35' 15' ouest. Ce fort, bâti sur les hau- teurs qui bordent au nord le lac d'Athabaskaw ou des Collines, com- maiid - une vue magnifique. A l'est. c'est l'immensité de la mer, au sud, Tagréable variété d'ilôts nombreux^ qui se dessinent sur le fond toujours verdoyant d'une épaisse forêt d'épi- nettes. Le nord déroule les plis sinueux de sa sohde ceinture de granit, et le soleil couchant éclaire les petits lacs, les différents cours d'eau, les baltures de sable, les prairies qui terminent ce grand lac. La scène est aussi variée qu'imposante pendant la belle saison. Pourquoi faut-il qu'un hi\'er de plus de sept mois en confonde tous les points dans une glaçante monotonie ? 3o District de la rivière aux Anglais. — Ce troisième district comprend pres- que toutes les terres arrosé'îs par le fleuve de ce nom, qui se nonime aussi l'ivière Churchill. Il îaut pourtant excepter le bas du fleuve, qi:i appar- tient au district d'York, et le haut de la rivière aux Castors, qui en est la branche la plus occidentale qui, en cette partie, arrose des terres qui ap- partiennent au district delà Siskat- chewan. Ce district ne r ... Terme au- cune des richesses minérales que nous avons indiquées dans le précé- dent. Une portion de sa surface est complètement aride ou composée de roches primitives. Je n'y conuiis rien se rattachant à l'âge de transition. Les terrains houilliers ei siluriens du district voisin ne se remarquent pas dans celui-ci. Le haut de la ri\ iore aux Castors ou les bords des lacs qui s'y déchargent offrent des points arables. Le reste semble le fonJ d'un lac im- mense où le travail d'assainissement n'est pas encore complété. Sur d'au- tres points, des dunes élevées repor- tent à un autre âge. Nulle part les lacs ne sont aussi nombreux. De bel- les forêts couvraient autrefois une partie de ce district ; les incendies les ont presque toutes détruites. Les bords de quelques rivières et lacs en conservent encore quelques débris. Les eaux de presque tous les lacs abondent en poisson, ce qui rend la vie sinon plus agréable, du moins plus facile qu'ailleurs et permet aux indigènes de se livrer constamment à la chasse des pelleteries, qui y sont :JS^idiiiiiËÏ& 52 riches et abondantes. Les terres ari- des (barren ground) ou landes stériles qui forment la partie septentrionale de ce district, comme des deux précé- dents, sont la patrie des petits cari- bous, qui y rivent en troupes innom- brables. Le chef lieu du district de la rivière aux Anglais est le fort de File à la Crosse, situé sur les bords du lac de môme nom, par 55» 25' nord, et 107" 55' ouest. La rivière aux Anglais, qui traverse tout ce district, se déchar- geant dans la baie d'Hudson, au port môme de Churchill, autrefois si im- portant, il semble que la voie la plus naturelle pour y pénétrer serait de remonter ce grand fleuve. Néar moins, nous l'avons dit dans le cha- pitre précédent, les difficultés et les dangers de cette navigation empo- chent de suivre cette route, et on pé- nètre dans le district par laSiskatche- wan et son tributaire dit rivière à la Fente. Un chemin de charrntte ouvert il y a deux ans, entre la rivière Sis- katchewan et le lac Vert, semble oflVir un accès plus facile à la partie supérieure du district dont nous nous occupons, et dont l'importance est res- treinte pxclusivement à la traite des pelleteries. 4'J District de la rivière Siskutchewan. — Cette vaste et importante division comprend l'immense étendue de terre arrosée par les deux branches de la Siskatchewan jusqu'à leur confluent, ainsi que par les tributaires de ces deux grands cours d'eau : de plus, le pays baigné par le haut de l'Athabas- kaw et de ses affluents. Cettr^ 'ornière partie, empruntée au territoire du nord-ouest, est très-balle et très-avan- tageuse, quoique d'ordinaire on ne la renferme pas dans ce qu'on est con- venu d'appeler « la ceinture fertile » (fertile belt). Le district de la rivière Siskatchewan possède une partie du désert, une partie de la prairie et ce qu'il y a . de plus fertile en ce que nous avons appelé « la forêt h. Ce dis- trict peut avoir une valeur considéra- ble au point de vue de la colonisation, non pas sans doute dans toute son étendue et sous tous les rapports, comme nous l'avons déjà dit, quoiqu'il renferme des terres magnifiques. Déjà, et de tout temps, depuis la dé- couverte du pays; cette partie du dé- partement du Nord offre de nombreux avantages. Ce district, du moins dans ce qui n'est point la forêt, ne possède pas les riches fourrures de ses voisins du nord. Il leur est pourtant toujours venu en aide en leur fournissant les provisions néceesaires pour les trans- ports. Les plaines de la Siskatchewan ont, jusqu'à ces années dernières, tou- jours été la patrie des bisons, qui s'y pressaient en bandes innombrables à toutes les époques de l'année. La viande de ces animaux a toujours fourni les provisions nécessaires pen- dant les voyages. Les parties les plus délicates de l'animal sont desséchées au feu ou au soleil, après avoir été réduites en tranches très-minces, et portent le nom de viande sèche, tandis que le reste, plus fortement desséché et pulvérisé, se nomme viande piice. Cette viande piiée, mêlée avec le suif fondu de l'animal, dans les propor tions de 2 à 4, forme une espèce de pâte, dont la croûte est remplacée par la peau crue de l'animal. On roule ainsi la viande dans cette peau pour la préserver et la conserver souvent pendant plusieurs années. On livre ainsi cette singulière nourriture au commerce ou au bon vouloir des affa- més, sous le nom de pemikan, mot sauvage qui signifie mélange dans lequel la graisse entre pour une large part. Cette ressource, sans être tout à fait épuisée, est néanmoins singuliè- rement diminuée ; et tout porte à croire que bientôt elle va disparaître complètement. La Siskatchewan, comme presque toutes les rivières qui. descendent des montagnes Rocheuses, roule sur son lit d'argile des sables mêlés de poudre d'or. Jusqu'à présent, ces mines n'ont pas eu un rendement bien encoura- geant. On ne les trouve que dans le lit de la rivière, qui est glacée pendant six mois de l'année, débordée souvent pendant trois autres mois, en sorte 53 que, en définitive, la saison de la lé- colte d'or est bien limitée. Les pro- duits de cette recherche ont été jus- qu'à présent si peu abondants, que les mineurs venus successivement pen- dant plusieurs années se sont décou- ragés. Cette richesse est pourtant une ressource incontestable. En ne faisant de la recherche de l'or qu'une occu- pation secondaire, l'habitant de la Siskatchewan ajouterait par là au.x autres avantages de sa patri-» adoptive. Les mines.de charbon que renferme le district de la Siskatchewan lui as- surent une importance incontestable. L'immense dépôt houiller se montre à découvert aux falaises du grand fleuve. Ce charbon, sans être de première qualité, est néanmoins mis en usage par les forgerons du district, et si les couches qui sont à la surface peuvent ainsi être utilisées, il n'est pas douteux que celles de l'intérieur leur soient préférables. Les gelées précoces qui détruisent souvent les moissons, l'absence des espèces de bois nécessaires à la fabri- cation des ustensiles sont les seules rai- sons qui nous empêchent de partagei l'enthousiasme qu'a fait naître, dans plusieurs, la vue de ces magnifiques terres. Je n'y connais pas non plus des carrières assez importantes pour fournir aux exigences d'établissements considérables. On aperçoit pourtant sur les rives des couches de nrès. Dans différents endroits des bî 'er- ratiques se trouvent en grand no jre et sont peut-être l'indice d'accumui.i- tions des roches auxquelles ils appar- tiennent, et dans ce cas pourraient fournir les matériaux nécessaires à des constructions môme importantes. La Siskatchewan, comme toutes les rivières qui traversent les terrains si légers et si peu consistants des prai- ries, coule dans un lit très profond. Ses côtes, élevées à plusieurs centai- nes de pieds, sont partout sillonnées par des coulées ou ravins souvent étroits et très-profonds, où l'on peut ménager des pouvoirs d'eau du moins à certaines saisons de l'année. Le chef-lieu du district de la Siskatche- wan est le fort Edmonton, situé par 53o 30 nord et 113 degrés de longitu- de. On pénètre dans tout ce district par les grands cours d'eau qui le tra- versent. On peut, de plus, voyager partout à cheval et presque partout en voiture, à la seule exception de la par- tie la plu3 boisée du territoire du Nord-Cuest. ùo District du Cumboiand. -Le bas de la Siskatchewan, depuis le conflu- ent de ses deux branches principales jusqu'à son embouchure, ainsi que ses tributaires dans cette partie, arrose les terres qui forment le district de Gumberland. C'est le poste principal de c^ ùistrict qui lui donne son nom; il est situé sur la rive sud du lac Gumberland, appelé aussi lac de l'Ile aux Pins, par la latitude de 53o 57, longitude '102o 20. La partie ouest du district sur la Siskatchewan, depuis ses limites jusqu'au fort Gumberland, distance d'environ 200 milles, est très- propre à la colonisation ; le reste est couvert de roches ou sujet aux inon- dations. On trouve en cette dernière partie une forte ceinture de roches primitives, qui en occupe toute la par- tie sejjcentrionale. Des stratifications calcaires de formation silurienne avoisinént ces roches primitives, con- tinuant le phénomène géologique qui, yant pris naissance au sud, disparait ■lans tout ledistrictde la rivière aux Anglais pour se reproduire dans ceux d'Athabaskaw et de la rivière Mac- kenaie. La rivière Sisk-^tchewan forme nu delta considti-i *ic avant de tomb dans le lac Bourbon (Cedar lake,. .l'isqu'à ce 1 ic, ses eaux sont forteme! s chargées l'argile ou de sa- ble. En traversante la* Bourbon, le fleuve se débarrasse de c- ^agage désa- gréable ; ses t IX devenues par là limpides se pré pitent en flots impé- tueux à travers lus roches calcaires qui bordent ses rives et arrivent ainsi toutes bouillonnante lans le Winni- pig, où s'arrête .rse. Ce grand fleuve n'entraîn» ac pas seulement de la poussière d or, mais bien aussi une grande quantité d'argile et de sa- ble qu'il dépose dans son cours. !-■• . ■■■;■ ^'^^ ' y^f-i^''-- 'iaBMte.^jafa. .'.. 54 m Ce sont ces dépôts qui, avant son embouchure, ont successivement for- mé les terres qui avoisinent les lacs Cumberland, Bourbon, l'Orignal, qui, avec les lacs Winnipig, Winnipigous, Manitoba, Dauphin, Sf.-Martin et une multitude qui les environnent com posaient à une époque, peut être assez lécente, la vaste mer intérieure dont tous ces lacs n'étaient que les points les plus piofonds. Les dépôts calcai- res, étant les points les plus élevés, formèrent d'abord des îles au milieu de cette immense nappe d'eau. Une couche de terre d'alluvion les recou vrit ensuite, puis les tira de leur iso- lement, en les reliant à la terre ferme par les dépôts dont nous venons de parler et dont l'assainissement n'est pas encore complété, au point qu'il y a là de vastes étendues de terre inha- bitables. 11 nous est arrivé de remon- ter la Siskatchewau depuis le lac Bourbon jusqu'au fort Cumberland et de ne pouvoir, pour ainsi dire, pas mettre pied à terre dans tout cet es- pace, parce que tout était inondé, à l'e-xception de quelques points culmi- nants assis sur desstrades de calcaire, et qui servent à montrer très-distinc- tement la formation dont nous venons de parler. Le district de Cumberland u'a pas l'importance decouxque nous avons déjà mentionnés. Il fournit quelques belles fourrures. Les in nombrables étangs qu'il renferme for- ment un pays de choix pour les rats musqué'^ qui y abondent. Une partie seulement du district est bien boisée, le reste n'a que des avantages bien se- condaires à cet égard. Go District de la rivière du Cygne. — Au sud du district de Cumberland est situé celui de la rivière du Cygne, qui s'étend jusqu'aux frontières des États-Unis, comprenant ainsi les lacs Winnipigcus, Manitoba, les terres ar- rosées par les rivières qui se déchar- gent dans ces deux grands lacs ou qui en sortent, ainsi que celles sillonnées par la rivière Assiniboine, jusqu'à environ 20 lieues de son embouchure. Comme son voisin de l'ouest, le dis- trict de la rivière du Cygne a une partie du désert, de la prairie et de la forêt. Il est pourtant bien loin d'avoir l'importance de celui de la rivière Siskatchewan. Ici non-seulement le désert est aride, mais la prairie elle- même participe à cette aridité. C'est le centre de la prairie dont nous avons parlé plus haut et qui ne vaut pas ce que valent les extrémités. La forêt a son importance, et sur la limite ori- entale on commence à trouver les ligneux d'une utilité plus grande que ceux à l'ouest. Les montagnes Dau- phin, Canard, Tonnerre, Porc-Epic, du Pas, sont bien boisées. Ces diffé- rents monticules, qui se relient à la montagne Pembina, formaient évi- demment autrefois la rive occidentale du lac immense que nous avons men- tionné en parlant d u district précédent, et demeure aujourd'hui la démar- cation bien distincte entre les terrains de transition qui sont à leur orient et les terrains secondaires qui forment leur piateau occidental. Le district de la rivière du Cygne perd énormé- ment de terre utile au milieu de ces dépôts d'alluvion, qui n'ont point acquis assez d'élévation pour n'être point submergés. Aussi, entre les monticules inaiqués plus haut et les lacs Winnipigous et Manitoba, ainsi qu'entre ces derniers bassins et le grand Winnipig, on peut presque dire: la terre c'est de l'eau. Il ne fait pas bon y voyager, surtout à l'automne, qjand cette' eau se refroidit. U me souvien- dra longtemps d'un certain voyage que j'ai fait à la fin d'octobre ; pen- dant plusieurs jours il m'a fallu mar- cher dans l'eau glacée jusqu'à mi- jambe ; plus d'une fois j'ai môme trempé ma ceinture. Sur les points les plus élevés cette terre d'alluvion est naturellement très fertile. Entre la rivière Assiniboine et la montagne Dauphin et autres, il y a de belles terres, des terres d'autant plus avanta- geuses que les rivières qui coulent de ces hauteurs peuvent au printemps descendre des bois en abondance. A l'ouest et au sud de la rivière Assini- boine je ne connais, dans le district de la rivière du Cygne, aucun point pro- mi 55 pre à des établissements de quelque importance. Les formations dévoniennes du cô- té occidental des lacs Manitoba et Winnipigous renferment une grande quantité de sources fortement satu- rées de sel. Les gens du pays en ti- rent parti, en isolant ce sel par le procédé dispendieux de l'ébuUition de la saumure ; par l'évaporation on obtiendrait le môme résultat à meil- leur marché. Ce sel est celui dont on fait généralement usage dans la rivière Rouge. Il s'y vend de 4 à G sous la livre ; il ne vaut pas le sel marin, non plus que celui d'Attiabas- kaw. A l'exception d'^s montagnes et de la partie du district tout à fait au norc =)n y voyage partout achevai et en voiture sur bien des points ; on le ferait également en carosse, tant les prairies offrent de facilités pour les routes. Le chef lieu du district de la riviè- re du Cygne est le fort Pelly, bâti sur le bord de la rivière Assiniboine, à un endroit appelé le Coude par 51" 43'^ nord et 10-2" 15 ouest. 7" District de la rivière Iloiige. — A l'est du district de la rivière du Cygne et au sud des lacs Monitoba et Winnipig se trouve le district de la rivière Rouge, qui est le nom com- mercial de la colonie d'Assiniboia, et qui s'étend une vingtaine de lieues sur les bords de la rivière Assiniboi- ne, depuis son embouchure et sur les bords ' de la rivière Rouge, depuis Pembina jusqu'au lac Winnipig. Au point de vue de la traite des fourrures, ce district a son importan- ce, non pas sans doute dans ce qu'il produit lui-môme, mais bien dans le fait qu'il est le seul centre important d'affaires dans le pays. Outre le com- merce de l'honorable compagnie de la baie d'Hudson, il y a ici celui fait par tous ses opposants, et, nous l'a- vons déjà dit, ce commerce est par- faitement libre. Toutes ces opposi- tions parlent de la colonie pour se ré- pandre dans les différentes parties des districts avoisinants, en sorte qu'une grande partie des fourrures du dé- partement du Nord est importée dans le district de la rivière Rouge, pour y être vendue au plus haut enché- risseur et d.e là être expédiée à l'é- tranger. En dehors de la traite des pelleteries, qui est plus considérable dans ce district que dans les autres, le commerce de marchandises a aussi une grande importance et est une source de profits considérables, car tout est à un prix exorbitant. Mal- heur a ceux qui n'ont pas le moyen ou la volonté d'importer directement de l'étranger. Tout se vend de lÛO à 300 pour 100 sur le prix d'achat en Angleterre. Ce calcul si exagéré a jusqu'à un certain point sa raison d'être dans les frais énormes de trans- port, surtout pour les objets lourds ; néanmoins, on ne peut que regretter un pareil état de choses, qui affecte surtout la portion pauvre de la popu- lation, puisque tous ceux qui ont des moyens pécuniaires peuvent importer directement. Le fort Garry, situé au continent de la rivière Assiniboine et de la ri vière Rouge par 49'^ 52' nord et 96'^ 53' ouest, a une élévation de 700 pieds au-dessus du niveau de la mer ; c'est le poste principal de ce district en môme temps qu'il est le siège du gou- vernement de la colonie d'Assiniboia. Le district de la rivière Rouge, qui n'est pas encore tout colonisé, est in- contestablement la portion du dépar- tement du Nord la plus propre à cet objet. Le terrain y est partout un riche sol d'alluvion et une plaine de la plus complète uniformité. En par- lant des deux districts précédents, nous avons mentionné le lac immen- se qui occupait toute la partie orien- tale et qui s'est depuis desséché en certains points. Avant ce travail de dessèchement, tout le district de la rivière Rouge n'était qu'une partie de ce lac, et des inondations assez fréquentes viennent au secours de notre imaginaiion pour nous reporter vers cette époque, et nous démontrer la certitude du fait que nous avançons. ;: ï 56 La vallée de l'Assiniboine, qui est sur la côte occidentale de cette mer intérieure, est maintenant à peu près à l'abri de ces inondations. Cet im- mense inconvénient reste le partage des bords de la rivière Rouge, qui, étant au centre môme de la plaine et la partie la plus profonde, reçoit toutes les eaux d'un immense plateau. La rivière Rouge, comme la Siskat- chewan, n'a que des eaux bourbeuses. Elle dépose à son embouchure les masses d'argile qu'elle tient pn disso- lution, formant ainsi son délia. Ces dépôts, qui annuellement empiètent sur le lac Winnipig, augmentent la vallée et font au sud du grand lac le travail opéré à l'ouest par la rivière de Siskatchewan. Ici aussi la terre n'est pas encore desséchée, il y a des marécages de plusieurs milles d'éten- due qui s'assainissent graduellement, se couvrent d'abord de roseaux, puis de foin, forment enfin de belles prai- ries, et nous font assister, pour ainsi dire, à la formation de la plaine que nous habitons. 80 District du lac la Pluie — Le huit- ième district comprend les terres ar rosées par la rivière "V^innipig, ses sources et ses aflluents. Ce pays est en général peu propre à la colonisa- tion, si Cd n'est les bords de la rivière la Pluie, quelques îles du lac des Bois c-t des points isolés sur la rivière Winnipig. De belles forêts, où se trouvent plusieurs des espèces do bois les plus utiles, comme nous l'avons dit ailleurs, donnent à cette section du pays un grand avantage. C'est de fait dans tout le département du Nord à peu près le seul endroit où il y ait du beau bois. Comme partout, le poisson abonde dans tous les lacs et les rivières. Le gibier est plus rare qu'ailleurs ; les fourrures s'y trouvent comma dans tout le pays de forêt. Il y a dans ce district un produit que je ne sache pas exister ailleurs dans le reste du pays, c'est le riz sauvage [zizania aquatica] connu par nos voyageurs sous le nom de folle avoine. Cette précieuse graminée croît dans les lacs et rivières qui n'ont ni courant ni profondeur et offre une ressource précieuse. Les sauvages cueillent le grain en passant en canot au milieu des plants qu'ils frappent à coups de bâton pour le faire tomber dans leurs embarcations. Ils la chauf- fent ensuite pour en dégager la pel- licule qui le recouvre et le préparent en soupe. Ce riz fait un excellent potage, et plusieurs personnes le pré- fèrent au riz ordinaire. Le district du lac la Pluie, qui lie la colonie de la rivière Rouge à l'extrémité occi- dentale du Canada, se trouve être comme la porte par laquelle les sujets britanniques doivent naturellement pénétrer dans cette partie des do- maines de notre gracieuse souve- raine. Des voies de communication y ont été l'objet d'études spéciales faites par les ordres du gouverne- ment canadien. Les rapports officiels faits à la suite de ces explorations peuvent contribuer puissamment à éclairer l'opinion publique ; nous nous permettrons de dire que les difficultés nous semblent plus grandes et les avantages moindres que ne les ont jugées les auteurs de ces rapports. La rivière Winnipig, comme celle de Churchill, comme toutes celles qui courent à travers des rochers, offre des beautés toutes particulières; nous l'avons dit, des cascades, des chutes, des rapides en interrompent partout la navigation. Comme compensation, ces difficultés multiplient les scènes grandioses et pittoresques qu'elles déroulent aux regards étonnés du voyageur. Comme volontiers on s'ar- rête sur les bords de ces cascades pour voir l'eau mugissante s'y précipiter en flots écumants et courir vers une chute nouvelle pour échelonner ainsi les nappes superposées les unes aux autres I Puis ces eaux tourbillonnent, se replient sur elles-mêmes, comme pour venir examiner l'obstacle qu'elles n'ont pu franchir qu'avec tant de dif- ficulté. Au pied de toutes ces chutes, l'eau, dans sa violente agitation, forme des remous dans les courants, qui se croisent dans toutes les direc tioiis. A la suite de ces grandes agi- -■<«..._-»-— *^. r* _. ««'' 1 ..- -Kxii^ -raj^p: '^^■"'-■^'Jj' 57 bordent vien- com plaisance la variété de tations, l'onde redevenue calme se repose pour former un lac tranquille où les rochers qui le nent se mirer avec pour étaler le luxe et leurs formes. Le fort Francis, situé à l'extrémité du lac la Pluie, a été longtemps le chef-lieu du district. Il a depuis cédé ce privilège au fort Alexandre, situé à l'embouchure de la rivière Winni pig, à quelques lieues seulement de l'embouchure de la rivière Rouge. 9o. District de Nonoay-house (rivière aux Brochets). — Ce distri(;t s'étend à re?t et au nord du lac Winnipig jus- qu'aux crêtes des rochers qui en sont la solide ceinture. Les rudes et âpres beautés de la rivière Winnipig nous ont préparé à la sauvage nature oii nous entrons. Assis exclusivement sur un lit de roche primitive, ce district ne voit guère autre chose que des lacs et des rochers arides. On y trouve pourtant quelques beaux bois, mais seulement sur des points isolés et de peu d'importance. Le climat est par- tout d'une rigueur extrême ; le voisi- nage de la baie d'Rudson y cause un grand abaissement de température. Aussi toute cette partie du pays est d'une pauvreté remarquable. Le pois- son et les animaux à fourrures y sont pourtant en grand nombre ; mais, à part cela, il n'y a rien qui puisse y attirer. Le touriste qui y arrive en été y trouve son compte pendant quelques jours. Assis sur ces masses arides, il contemple avec une certaine admira- tion cette extension du grand système laurentin, cette forte ceinture dont Dieu a environné tous les grands lacs de l'Amérique du Nord. Il voit aussi avec plaisir cette multitude de petits lacs enrichis de milliers d'ilôts dont la couleur est aussi variée que la forme, et sur lesquels voltigent et se reposent des bandes innombrables d'oiseaux aquatiques. Voilà qui est agréable sans doute ; mais quand on en vient au po- sitif de la vie calme et monotone du résident, que ce pays est désolé ! — L'espace entre les rochers ne forme pas toujours un beau lac; le plus sou- vent, au contraire, ce n'est qu'un ma- rais fangeux qu'il est comme impossi- ble de franchir. Bien des endroits du district sont gelés neuf mois de l'an- néo. J'ai trouvé de la glace en terre^ à un pied de profondeur, au mois de juillet. Que l'on juge par là de l'avan- tage que l'on peut retirer de cette terre de désolation. •' ^ ■■; Norway-house, situé près de l'em bouchure de la petite rivière aux Brochets, est le chef-lieu du district. Ce fort est bâti vers le 54o parallèle par 98o 10' longitude occidentale. Jusqu'à ces dernières années, c'est-à- dire avant qu'une partie du commer- ce du pays se fît par les Etats-Unis, tout passait par Norway-house. Toutes les brigades des différents districts s'y rendaient. C'était de plus le dépôt ou hivernaient les marchandises pour les districts les plus éloignej. Ce poste a maintenant perdu un peu de son im portance ; il en conserve cependant assez pour continuer d'être un des plus grands entrepôts de commerce de la compagnie de la ba'8 d'Hudsou. 1 Oo District cV York. — La hauteur des terres d'où les eaux coulent directe- ment par la baie d'Hndson forme les limites du district d'York. Les grands fleuves Nelson et Churchill n'ont point leurs sources dans ces dernières hauteurs des terres qu'ils franchissent pourtant pour entrer, eux aussi, dans ce district C'est un pays de désola- tion. Une grande partie de la surface, ici aussi, est couverte d'arides masses granitiques. Des couches de formation silurienne recouvrent le flanc de cet immense ossuaire. Les dépôts alluViens qui bordent la baie d'Hudson n'en font pas un jar din de délices, le climat y est affreux, il y gèle tons les mois de l'année ; le voisinage des glaces arctiques y fait descendre la température beaucoup plus bas que ne semblerait l'indiquer la latitude, puisque ce district s'étend jusqu'au 53e parallèle. La factorerie d'York, le chef-lieu, est située à l'embouchure non du fleuve Nelson, >-.-,. ^, . , . v„ffaw ?rSi.>! w."0??ïli*âSS ■ à ^^ il! mais bien de la rivière Hayes, quoi- que la baie dans laquelle se déchar- gent ces deux rivières scit connue sous le nom de port Nelson. La posi- tion géographique de ce fort est au point d'intersection du 57e parallèL et de 92o 25' de longitude. Le fort de Ghurchil, autrefois le point le plus renommé de la baie d'Hudson, où on avait exécuté des travaux stratégiques d'une grai:de force pour l'époque, et d'autant plus dispendieux que les matériaux avaient tous été importés d'Angleterre, n'est plus maintenant qu'un poste bien se- condaire. L'immense difficulté de s'y procurer du bois de chaullage rend ce poste comme inhabitable. Une ligne presque droite de Chur- chill à l'embouchure du fleuve Mac- kenzie traverse les terres stériles (barren ground), le pays le plus infor- tuné du monde, patrie des Esqui- maux, qui ne se tiennent guère que sur le littoral. Cette ligne diagonale, d'environ 1 200 milles de longueur, laisse au nord-est de son tracé une immense étendue de pays où il n'y a aucun établissement de traite, où il n'y a guère de végétation possible, et qui n'est connue que par les rap- ports des hardis explorateurs qui ont tant souffert en la parcourant. Le département d'York doit son importance aux ports de mer qui s'y trouvent, car jusqu'à il y a vingt ans toutes les exportation? et importa- tions se faisaient par cette voie. Le commerce de la compagnie du Nord- Ouest et autres venus du Canada pas- saient par le lac Supérieur, tandis que la naie d'Hudson a toujours été la voie suivie par la compagnie rivale jusqu'au moment où la route des Etat-Unis est venue nous offrir ses fa- cilités. Après ce coup d'œil sur l'organisa- tion et la division commerciales du département du Nord, nous désire- rions pouvoir fournir des chiftYes qui en montreraient l'importance à ce point de vue.. Malheuresement ces données nous font défaut. Les exportations, on le comprend assez, consistent presque exclusive- ment en fourrures. Nous pouvons donner ici le nombre de celles ache- tées par l'honorable compagnie de la haie d'Hudson pendant l'exercice de 1865. Ce tableau ne présente sans doute pas le grand total de toutes les four- rures du département; en doublant les cniffres pour le district de la ri- vière Rouge, on n'en serait peut-être pas très éloigné, car ce n'est guère que dans ce district que des fourrures passent définitivement dans d'autres mains que celle de la compagnie ; et sans pourtant être certain du fait, nous croyons que môme dans ce district elle acquiert à peu près la moitié de celles qui y sont impor- tées. . . , , I .. nf *« 1 s'.'^ f. ^ '*■ i > '." ••*"• 'i i'" f"'ft',n .''I »'"i,! *-'li' ";iO»> j i -* i ' I t.. '* -'Il >^ >.' -u ?' ' - * tî v*fi-.r I Kt^^ n -tt '■ $9 £ S S y S S ii o s <î g O S- t- 55 W œ o s > 9> a < < ^ t ? ^ ^ i- ■^ oq O 3 3 2- 5. o ^ 3 'S. » S' "i (5 O d 3 S 8 S g Blaireaux (Blndgers). S: 8 3 ë Cl Si =3 ë ê œ (x ts Noirs (Black). >.o3îSlS:l«tî Bruns (Browu). C 8 fe Gris (Grey). Blancs (Wiiito). o d ! 9 H •■I œ oc tS g-^ £• ^ i 1 •i s s Castors (Beavers). r r ?> S £ S Robes (le Buffles (Buttalo Robos). Hermines (Ermlnes.) 8 I =3 -I I Bleus (Bluo. £ y S Argentés (Sllver.) H- >-* &> M oc Ï5 « tS S? Croisés (Cross). y ^ g Roupes (Red). ' 1 Blancs (Whlte). S ii Chiens de Prai- rie (Kltt). H >■ a o o ^ œ ce îo ^ Ci œ Fishers (Pôkans). £ -^J Qr ^^ (U H- »**» ce ÇC -^ )-* Ç3 I-* in 55 o OD IL. îO ►- »-• oc en Cas iT »- >-- Lioups-cerviers (Lynxes), g i i î3 îi e: ito bs p-> ce o t- h; Mk M 00 es ►-• qp t- fcS ^ S Oi Ol K o Loutres (Otters). Chata Bauvajïes (Rafoiifi). 8 CO Q3 OS S H' «n5 en c Putois (Shunks). »-* 00 Weenusks. (Marmottes). (S en ^ S S ^ Loups (Wolves). Carcajous (Wolverlnes). Ecureuils (Squlrrels.) 9 t x ■5 9 1 M" c 0 ►1 P C 0 S' ^ P- 0 r. ^ w t^ > — 1 :^ P S. !X H ce p /H » ft '« M ï fi ^ d GC X 0 p p. ■ ' 9 * X S !2! 0 ►s a 00 m CHAPITRE V. DIVISION IlELir.IEUSE. Nous voulons sous ce titre indiquer les différentes circonscriptions assi- gnées à ceux qui sont chargés d'ôvan- géliser le département du Nord, et de plus les différentes dénominations re- ligieuses qui se trouvent dans ce pays,celles du moins qui ont leurs mi- nistres et leurs réunions. L'Eglise catholique a, ici aussi, pris l'initiative des missions. Depuis sa découverte tout le pays a été soumis à la juridiction de l'Evôque de Qué- bec jusqu'en 1844. Cette juridiction s'y est exercée par l'entremise d'un auxiliaire depuis I822jusqu'i\ l'époque que nous venons d'indiquer. C'est alors que le saint siège l'érigea en vi- cariat apostolique pour en 1.847, en faire un siège régulier. Le diocèse de Saint Boniface comprit toui le dépar- tement du Nord jusqu'en 1862, épo- que à laquelle le titulaire de ce siège en obtint la division par l'érection du vicariat apostolique de la ilvière Mac- kenzie. Les choses en restèrent là jus- ?[u'en 1867. L'Evôque de Saint Boni- âce, se trouvant alors à Rome, de- manda une nouvelle division de son diocèse, en proposant la création du vicariat apostolique de la Siskatche- wan ou diocèse de Saint Albert. Cette demande fut accueillie favorablement et le saint siège promit de l'exaucer ; en sorte que nous pouvons de suite dire que l'EgUse catholique a confié le département du Nord à la juridic- tion de trois prélats : lo l'Evôque de Saint Boniface ; 2o le Vicaire aposto- lique de la rivière Mackenzie ; 3o le Vicaire apostolique de la rivière Sis- katchewan ou l'Evôque de Saint Albert. L'EgUse d'Angleterre a envoyé des ministres dès l'année 1820. En 1844, le lord évoque anglican de Qué- bec visita la colonie d'Assiniboia ; ses instances obtinrent la création d'un siège dans ces vastes contrées. En 1841), le premier évoque angli- can titulaire arrivait à la rivière Rouge, muni de lettres patentes roya- les lui conférant le titre de lord bishop of Runert's land. La juridiction de ce prélat, telle que l'Eglise d'Angle- terre peut la conférer a ses évoques coloniaux, s'étend non-seulement sur le département du Nord, mais bien encore sur le reste de la terre de Ru- pert, comme l'indique son titre. Sa Seigneurie a choisi pour établir son siège au centre de la colonie d'Assini- boia l'église de Saint-John, qui lut sert de cathédrale et n'est éloignée de celle de Saint- Boniface que d'une couple de milles. Après les anglicans vinrent les mé- thodistes wesleyens, qui arrivèrent du Canada en 1840 et choisirent de suite plusieurs stations où ils se trouvent encore et auxquelles ils en ont ajouté d'autres depuis. Enfin, en 1851, un ministre de l'E flise presbytérienne du Canada arriva la Rivière Rouge pour présider les réunions de trois cents coreligionnai- res qui à son arrivée laissèrent l'E- glise d'Angleterre pour venir se ranger sous sa houlette pastorale. Depuis le commencement de la colonie, les Ecossais réclamaient cette faveur qui ne leur fut accordée qu'alors ; et quoiqu'ils fussent les premiers colons à habiter le sol et les fermiers les plus riches et les plus indépendants, ils ont été les derniers à avofr un ministre et une église de leur dénomination. Les trois sectes protestantes que nous venons d'indiquer ont des éta- blissements dans l'intérieur du pays. Dans le tableau synoptique qui suit, nous énumérons tous les postes ou centres de réunions dans le pays, ^es lettres M. C. indiqueront ceux où il y a des missions catholiques, la lettre A. les missions anglicanes, M. les métho- distes, et P. les presbytériens. § 1. — DIOCÈSE DE SAINT-nONIFACE, L'Evôque de ce diocèse, qui a son siège à Saint-Boniface même où se trouve sa cathédrale, conserve sa ju- rid Ro bol riv du riv Uo les riv lo m: I DE I As 3o Di'; 1 m 4o ^^.■•' ■■ 61 ridiclion : 1" sur la vallée de la rivière Rouge : 2" sur la vallée de l'Assini- boine (le bas) ; 3" sur le district de la rivière du Cygne ; 4" sur le district du lac la Pluie ; 5° sur le district de la rivière aux Brochets (Norwayhouse) ; ()0 sur la partie du district d'York dont les eaux ne se déchargent pas dans la rivière Churchill. lo Vallée DE LA lUVIÈIlE ROLGK. 2oBas ue la rivièhe asslmuoine 3o District DK LA RIVIÈRE DU Cygne. 4o District DU LAC LA Pluie. " L'Assomption.... Sainte-Agathe .. Saint-Norbert ... M. C. . M. C. . M. C. Saint-Vital . M. C. Saint-Bonifaco .. M. Ci V.M.P Sainte-Anno (sur la rivière à la Seine) vSaint-John M. C. . M. C. A. Kildonan . P. Saint-Paul M. C. A. Saint-Andrew.... . A. P.- Saint-Glùmont .. A. Saint-Peter M. C. A. 'Saint-Mary A. Saint-Margaret... Saint-Ann A. A. M. P. Saint- Paul . M. C. Saint-François Xavier M. C. Trinity-Church... Saint-Charles .... . A. iM. .M. C. P. Saint-James . M. C. A. M Fort Pellye A. MonlagnedeTon- dre A. Lacs des ClEufs... Lac Qu'Appelle .. M. C. FortEllice.; A. Rivière Platle...... M. C. A. Baie des Canards. M. C. Rivière de la Pou- lo-d'eau M. C. Fairforl A. Poste Manitoba _ M. C. A. Rivière Blanche .. M. C. A. Pointe de Ghône.. M. C. Saint-Laurent M. C. Fort Ale.xandre .. M. C. A. Eagle's Nest Islington A. Portage du Rdt... Fort Francis M. C. Lae Seul M. C. 5o District DE LA RIVIÈRE AUX Brochets. f)0 District d'York. Partie ort'lo. Norway-houso ... M. Lac Fendu, Nol- son-river Barren's-river Great Rapid York-factory A. Severn Trout-lake O.\ford-houso M. .lackson-Bay God's-lake Iron-lake § 2. — Vicariat de la rivière Mackenzie. — Ce vicariat comprend : lo le district de la rivière Mackenzie ; 2o le dis- trict d'Athabaskaw. La mission de la Providence, sur les bords de la rivière Mackenzie, à la sortie du grand lac des Esclaves, est le chef-lieu de ce vicariat. Fort Résolution .. M. C. Fort Rea M. C. Grosse Ile M. C. Providence M. C. Fort Simpson M. C. A. Port du Liard M. C. Fort Norman M. G. A. Grand Lac d'Ours M. C. A. Fort Good Ilope.. M. C. Peel's river M. G- A. Maison de la Pierre M. C. A. Fort Youcan A. lo District de la rivière Mackenzie. lo District d'Athaiuska. 'Fort Ghippcw(*- yan M. G. Fond du Lac M. C. Fort Vermillon... M. G. Dunvagan M. C. Fort Saint-Jean .. M. C. ^ '^. — Vicariat de la Siskatchewan. — L'Evoque auquel est confié le soin de cette portion de la vigne du Seigneur a à exercer son zèle et sa juridiction : lo dans le district de la rivière Siskat- chewan ; 2o dans le district de la rivière aux Anglais ; 3o dans le dis-- trict de Cumberland ; 4o dans la partie occidentale du district d'York, arrosée par les eaux qui se jettent dans la rivière Churchill. î- lo District DE LA SlSKATCHE- 10 DlàTRICT DE LA niviÈnB AUX Anglais. 30 DlSTlUCT UE CCMUEnLANU. 4ù DlSTIlICT Fort Jasper M. C. Petit Lac «les Es- claves M. C. Lac Saiiilc-Anno. M. C. Lac la Biclio M. C. Fort do la Monta- gne M. C. Lac aux Toiirles.. M. Lac (lu Bœuf M. C. Fort Edmonton... M. (1. M. Saint-Albert M. C. Victoria M. Lac du Poisson Blanc M. Saint-Paul M. C. Fort-Pitt M.C. Fort-Carlton M. C. Prince Albert P. fllnà la Grosse M.^C. Portage la Loche M. C. Lac Vert M. C. Lac Froid M. C. Standloy A. Lac Caribou M. G. Fond du Lac M. C. f Nepowewiu A. I Guinberland A. ' -j Le Pas A. I Lac d'Orignal [ Grand Rain» et presque tous les Postes de l'Intérieur, môme jusqu'aux extrémités les plus reculées du pays, comptent un certain nombre d'employés orcadiens. A côté de ce premier élément de population étrangère, se groupe l'élé- ment canadien-français, qui se trouve, lui, dans des conditions bien différen- tes du précédent, f-e pays découvert et possédé par les canadiens, avant la conquête de la Nouvelle France par l'Angleterre, a perdu ses premiers pro- priétaires. Ruinés par le sort des armes, nos pèies se sont vus dépouil- lés ici, comme au centre de leur pa- trie, de tout ce qu'ils possédaient. Vaincus, malgré leur héroïsme, il leur a fallu subir toutes les consé- quences de la défaite, et accepter de servir leurs nouveaux maîtres. Des compagnies réputées k Anglaises », quoique composées, en général d'E- cossais, se sont formées, au Canada, pour continuer d'exploiter les riches fourrures des forêts da Nord. La né- cessité fit accepter, d'abord, le con- cours des canadiens-français, qui y gardèrent leur part d'infiuence, par les actions prises en ces compagnies. Insensiblement ils se retirèrent, ou furent exclus des postes et emplois lucratifs. On dût, pourtant, conserver l'élément canadien-français pour les services de cette phalange de hardis et vigoureux voyageurs qui était sans égale à cette époque. La connaissance de la langue française était même exigée de tous ceux qui entraient dans la compagnie du Nord-Ouest. Cette langue était nécessaire à tous les offi- ciers pour donner des ordres à leurs 63 subalternes qui n'en parlaient, pas d'autre; elle semblait aussi indispen- sable pour conserver sur les nations sauvages, le prestige affectueux que les découvreurs avaient sfl pro- duire. Cette circonstance explique comment les Canadiens-Français se trouvent ôiro ici en assez grand nom- bre pour ôtre considérés comme l'élé ment étranger le plus important, après celui que nous avons mentionné plus haut. Les autres contrées qui ont fourni leur quote part ù notre popula- tion sont, l'Angleterre, l'Irlande, l'Al- lemagne, la Suisse, la France, laNor- vège,rltalie, les Etats-Unis, le Mexi- que, l'Amérique Méridionale. Il est inutile d'étudier le caractère particu- lier de chacune de ces nations. Ce caractère est assez connu, quoique les circonstances exceptionnelles dans les- quelles nous vivons le modifient sin- gulièrement. Jusqu'à présent l'élé- ment Américain n'a pas eu d'action saillante dans le pays, quelques indi- vidus de la Grande République voisi ne sont ici. S'ils forment un parti, ce ii'estque pour faire quelques réjouis- sances au 4 juillet ; sourire à la peu sée, plus ou moins sérieuse qu'un jour, nous serons des leurs, faire for- tune, s'il y a moyen, sans trop se gêner pourtant ; et, dans quelques cas exceptionnels, se joindre à quelques mécontents de la Province d'Ontario, pour se plaindre ensemble, de la posi- tion du pays, tout en laissant voir clairement que, même dans les con- victions de ces messieurs, le choses iraient à merveille si seulement elles favorisaient davantage leurs intérêts. Quoiqu'il en soit du grand nombre des nations étrangères qui fournissent, ici leur contingent, notre peuple se divise en deux sections : l'Anglaise et la Française. Ces appellations sont données, non pas uniquement à ceux qui ont l'origine qu'elles indiquent, mais bien à ceux qui en parlent les langues ou que des circonstances par- ticulières ont groupés auprès de ces derniers. La population dite anglaise occupe au milieu de nous une position supé Heure à celle dans laquelle s'agite l'élément français. La raison de cette différence n'est pas difficile h saisir. La fortune est naturellement le par- tage de l'élément anglais, puisque c'est dans ses rangs que se recrutent les officiers supérieurs Ue la compa- gnie de la Baie d'Hudson et que c'est dans son sein que rentrent ces mômes officiers lorsque, sur le déclin de la vie, ils choisissent de demeurer dans leur patrie adoptive, plutôt que do re- tourner vers la terre natale. Une autre source de prospérité pour l'élé- ment ai'.glais, c'est que cette partie de la population compte un bien plus grand nombre de femmes venues de pays étrangers. La génération fran- çaise qui s'éteint et qui a fondé la colonie de la Rivière Rouge, ne pos- sédait que quatre canadiennes. Qui f^ vu dans nos heureuses et bonnes cam- pagnes du Canada, la douce, aimable et pieuse- intluence des mères, com- prendra facilement, quel vide a du laisser au milieu de la population fran çaise de ce déparlement, l'absence de la somme d'infiuencc exercée par la femme au sein de la famille. Aussi, en parlant de cette population il fau- drait plutôt parler des mdividus , car la famille, la famille française ou ca- nadienne française, n'existait pas ou existait en si petit nombre, qu'elle ne pouvait pas former société. La population anglaise a eu aussi tout d'abord, l'avantage de plus d'in- struction, et ce, comme conséquence nécessaire des raisons de supériorité que nous venons d'indiquer. Placés dans ce degré d'infériorité,Ia population française du «département du Nord, » s'est consolée dans la pen- sée que tout ici bas a sa compensa- tion. Si cette population a joué un rôle secondaire, elle a gardé ce second rang dans maintes circonstances, où il fait bon de ne pas briller en pre mière instance. Recrutée dans les rangs inférieurs du pays dont il est originaire, ce petit peuple a bien des fautes à se repro- cher, il se raison, d'avoir félicite, pou liant avec conservé assez d'édu- C4 ; cation première, pour n'être pas capable, du moins par jalcul et avec délibération, de bien des choses que le sang froid d autres n'empêche pas de regarder comme faciles et natu- relles. Pauvre et longtemps méprisée, cette population a ses chroniques tra- ditionnelles qui l'aident à se consoler d'un mépris dont elle se croit honorée sous certains rappoits. Au reste, il faut avoir bien peu vu, pour croire que tous les avantages sont concen- trés sur un point et que toutes les misères sont renfermées dans tel petit cercle. Le froid mépris que la fierté nationale inspire, est souvent le thème le plus abondant des gaies et spirituelles plaisanteries des peuples méprisés. Aussi, il ne faut pas s'é- «inner de ce que les difl'érei/oes sec- ons de notre population pensent et disent les unes des autres. Au demeu- rant, toutefois, nulle i^art peut-être au monde, il règne une plus grande harmonie entre peuples de différentes origines. Non-seulement il n'y a point d'antagonisme, mais comme règle presque invariable, on peut dire que tous sentent qu'ils sont frères et semblent s'étudier à rivaliser de bons procédés. La lemaine dernière en- core, un respectable vieillard en me parlant de cette facilité de relations •entre les diverses sections de notre population : « I hâve been very. often among Ihe French, 1 havo but one thuig against them, they hâve cons- tantly endeavoured to kill me with poUteness and kindness. » Et nos gens, en parlant de leurs bons voi- sins, les Ecossais, ont toujours soin d'ajouter : « Mais c'est du monde poli, et on est toujours bien reçu quand on va les voir ou qu'on les rencontre en voyage. « Je tenais à constater ces bonnes re- lations, parceque ce qui se passait, il y a un demi siè.'-le, dans le pays de- vait, naturelieaib 't, donner une im- pression bien difTérente. A cette épo- que, deu.; grandes compagnies rivales, se disputaient les fourrures. La compagnie du Nord-ouest composée ou du moins dirigée principalement par les Ev^ossais. 'imposait à ses mem- bres l'obligation de parler la langue française, et tous ses employés subal- ternes étaient canadiens d'origine française, en sorte que cette compa- gnie semblait la continuation de celle formée dans la Nouvelle-France Les sauvages la désignaient toujours sous le nom « les Français ». La compa- gnie de la baie d'Iludson, au contrai- re, avec ses officiers aussi écossais, po'ir la plupart, et ses employés orca- diens, était universellement connue sous le titre « les Anglais. » Les inté- rêts commerciaux amenèrent de déplo- rables rivalités, au point que le mot « Anglais «, appliqué à un Ecossais, de la compagnie de la baie d'Hudson devenait un terme de mépris dans la bouche d'un autre Ecossais de la compagnie du Nord ouest. Les infé- rieurt!, sans être plus zélés que leurs supérieurs, ce qui arrive quelquefois mais qui n'était pas facile alors, par- tageaient l'animosité de leurs chefs, aussi on se détestait cordialement et on se méprisait largement. Néanmoins qu'on veuille bien le remarquer, ce n'était pas une rivalité nationale, quoique les noms pussent le faire soupçonner ; mais, tout simplement une rivalité commerciale. Cette ri- valité a fmi par l'union des deux so- ciétés qui la fomentaient et depuis. Français, Anglais, Ecossais et autres ne forment plus qu'un peuple vivant dans une parfaite « entente cordiale. » Ceci n'empêche pas les petites jalousies ni les petites accusations, mais ce sont de ces accusations et de ces jalousies comme entre frères. Un journal existe au milieu de notre colonie et quoiqu'il soit p^^'é en langue anfjlaise et supporté, pres- qu'exclusivement, par la population anglaise, quelsquo soient, d'ailleurs, les torts de cette publication, i;ous devons à la justice de dire que tous ceux qui se sont succédés au fauteuil de sa rédaction ont eu le bon esprit d'éviter tout ce qui aurait pu provo- quer ces malheureuses dissensions nationales qui ne servent qu'à affai- blir les populations et à nuire à leur C5 prospérité. Je proposerais volontiers cet exemple à un grand nombre de journaux d'autres pays, qui semblent avoir besoin de ruiner la réputation d'une partie de leurs compatriotes, pour asseoir sur ces ruines, l'honneur de leurs nationaux. La population étrangère du « Dépar- tement du Nord, )i ne dépasse pas le chiffre de 4,000 âmes. § 2. LES MÉTIS. Ce nom est douué, dans le paya, à tous ceux qui ont une origine mixte et, spécialement, à ceux dont les pa- rents ou ancêtres, appartenaient aux nations civilisées et aux tribus sau vages. Nous l'avons dit, dans le para graphe précédent, le pays compte parmi ses habitantK,des représentants de quatorze nations civilisées et de vingt-deux tribus de sauvages. Il y a eu des alliances contractées entre des hommcîsde ces différentes nations et les femmes de ces diverses tribus. Les enfants, nés de ces alliances, ou leurs descendauis, quellequesoit leur origine, sont désignés sous le nom de « Métis, )) que les Anglais appellent ;i Half-Breeds. d Ce mot anglais est traduit par quelques auteurs par le mot: u demi-sang, 1) inusité ici. Ce dernier i>.om, n'aurait au reste, d'ap- plication littérale qu'à un certain nombre de Métis ; qu'à ceux qui ont une égale proportion de sang blanc et de sang sauvage. On comprend facilement que cette proportion u'est pas toujours la mô- me. En certains endroits, on donne le nom de «quarterons» à ceux qui n'ont qu'un quart de sang sauvagQ, dont, par exemple, une des aïeules était sau- vagesse. Nous nous servons du mot et des « Grey », parmi les métis canadiens, tout comme il y a des « Lambert » et des « Parisien » parmi les métis an- glais. Les circonstances rangent par- mi les uns ou les autres de res m.étis ceux d'autres extractions: Une petite colonie d'Iroquois est venue du Cana- da dans les montagnesRocheuses,là,ils se sont alliés à des femmes de tribus indigènes et, chose assez étrange, les enfants nés de ces alliances son clas- sés parmi nos métis. Pas une goutte de sang blanc ne coule dans leurs veines, et les descendants de ces fa- rouches guerriers , qui faisaient trembler nos ancêtres, lors des pre- miers établissements du Canada, sont aujourd'hui, considérés comme des métis-Canadiens. Ces pauvres Iro- quois ont apporté du Canada la foi catholique, qui les avrit arrachés à la barbarie. Isolés dans les monta- gnes Rocheuses, au milieu de tribus alors toutes infidèles, ils n'ont point oublié le don précieux qu'ils avaient reçu, ; ils l'ont transmis aux enfants qu'ils ont eus, par suite d'alliances avec CCS tribus, et quelques centaines de ces métis Iroquois n'attendaient que l'arrivée des prêtres, pour com- pléter l'éducation religieuse commen- cée par leurs frères.sur les genoux de leurs mères inlidèles.C'estcette circons- tance qui les a ralliés à nos métis-Ca- nadiens, avec lesquels ils se confon- dent et s'unissent comme un seul peuple. Avant de nous occuper des diffé- rences qui peuvent exister entre les métis d'une origine et ceux d'extrac- tions diverses, nous voulons d'abord f;,ft. 'IL Tnr 66 parler des métis eu général. Le «Dé- partement du Nord » compte environ quinze mille métis. Loin du pays que nous habitons, ce mot de métis ou descendants de sauvages, emporte avec lui, je le sais, une certaine idée que bien des gens ne regardent pas comme flatteuse. Ici c'est bien autre chose ; nos métis ne sont pas une race inférieure. Loin de rougir de leur origine, ils en sont fiers, et ont tout simplement, à l'égard des nations, mômes les plus civilisées, le senti- ment de supériorité que ces dernières revendiquent, les unes sur les autres. Un français est toujours heureux de son origine, parcequ'il appartient à la « Grande Nation, u Un anglais se gon- fle de bonheur à la pensée que son berceau a été éclairé par les rayons du soleil de la « Puissante Albion. » Et qui dira tout ce qu'éprouve de noble satisfaction l'Espagnol qui raconte à ses enfants les gloires de la « Vieille Gastille ?» Ce sentiment de fierté nationale. Dieu nous l'a donné pour notre satisfaction. Ce que l'on aime le plus, et que l'on a aimé tout d'abord, n'est-il pas dans la famille, dans la patrie ? L'amour légitime de soi-même, l'amour de tout ce que Dieu a rendu cher à nos cœurs, voilà ce qui fait que tout homme peut chanter, sans faire injure à personne : « A tout je préfère le toit de ma mère, « ou encore : a Rien n'est si beau que son pays. » Ce sentiment de satisfaction de son origine, je le code volontiers à tous les autres, comme je le revendi- que pour moi même ; aussi, je suis loin, et bien loin, de faire un repro- che à nos métis de ce qu'ils en sont animés. Chaque peuple a son lot de bonnes qualités, comme aussi, tous les pauvres enfants d'Adam ont leur part de misères ; soit qu'on les étudie col- lectivement ou qu'on les isole de la multitude. Les métis sont une race de beaux hommes, grands, forts, bien faits ; quoique en général, ils aient le teint basané, cependant, un très grand nombre sont bien blancs et ne portent aucune trace de provenance sauvage. Les métis sont intrépides et infatiga- bles voyageurs j ils étonnent par leur force et leur agilité. Dans les voyages d'hiver, ils courent habituellement, et paraissent rarement en éprouver mê- me de la fatigue. Les voyages d'été en barges surtout, exigent un redou- blement de vigueur qui ne leur fait pas défaut. Les métis semblent possé- der naturellement une faculté propre aux sauvages, et que les autres peu- ples n'acquièrent presque jamais; c'^^st la facilité de se guider à travers les forêts et les prairies, sans autre donnée qu'une connaissance d'ensem- ble, qui est insufïisuiiie à tout autre, et dont ils ne savent pas toujours se rendre compte à eux-mêmes. Presque tous sont doués d'une grande puis- sance dlobservation, rien n'échappe à leur vue, et l'on peut dire que tout ce qu'ils ont vu reste gravé dans leur mé- moire, en caractères ineffaçables. Que de fois, en voyageant, j'ai été étonné d'entendre mes compagnons s'écrier au milieu d'une forêt épaisse par exemple : « Je suis passé ici il y a trois ou quatre ans, et sur cet arbre, il y avait une branche de telle forme qui est disparue. » Ou bien arrivés sur les bords d'un rapide, qu'ils n'ont vu qu'une fois ou deux : « Prenons garde, il y avait ici une pierre aiguë, comme l'eau est basse pierre pourrait embarcation. » cette aiînée, cette endommager notre Dans les immenses prairies, ils semblent reconnaître jus- qu'au moindre accident de terrain, et si on leur demande des informations ils vous donnent des explications qu'un propriétaire peut, à peine, four- nir sur son petit domaine, et, après être entré dans une grande minutie de détails, ils complètent votre étor- nement en ajoutant : « Je ue connais pas beaucoup cet endroit là, je n'y suis passé qu'une fois, il y a bien longtemps.» Un coup d'œil leur suffit, pour connaître tous les chevaux d'une bande nombreuse, qui ne leur appar- tient point, et, après un laps cousidé> rable de tejnps, ils se souviendront de ce qu'il peut y avoir de différence entre un animal de cette bande et un wmmm 67 autre qu'ils auraient vu ou non. Ceci prouve assez, combien ils sont obser- vateurs ; aussi, sans paraître y faire attention, ils toisent souvent un hom- me, et le jugent avec une facilité et une justesse surprenantes. L'automne dernier, j'arrivais à St. Gloud, avec sept nouveaux mission- naires. Les métis qui venaient à notre rencontre étaient au débarcadère du chemin de fer, ils vinrent oflrir leurs respects à mes compagnons, restèrent quelques instants sur la plateforme, au milieu de la fouie et du tumulte de l'arrivée du train. Je partis ensuite, avec eux, pour me rendre à leur camp ; quelle ne fut pas ma surprise lorsque, cheminant avec mon guide, il me fit part de ses appréciations, partagées par ceux de ses camarades, qui avaient été témoins de notre arri- vée ! Dans ces courts instants, ils avaient si bien examinés mes compa- gnons de voyage, que, tous ensemble, nous fûmes extrêmement étonnés de reconnaître la justesse de ce premier coup d'œil. Cette facilité d'observation est, pour nos métis, une sou "ce de jouissances véritables, lorsque, surtout, il leur arrive un étranger qui a l'air d'avoir besoin de se contenir, pour ne pas lais- ser éclater le mépris, que le sentiment de sa propre dignité lui inspire, à l'article de tout ce qu'il croit tenir du sauvage. La curiosité de nos hom- mes, se saisit de sa personne, avec des dehors calmes et insouciants, ils étu- dient cet étranger, qui ne se défie de rien, puis, ensuite, le dépouillant de son vernis de civilisation, ils l'habil- lent à leur guise. J'avoue que, bien des fois, il m'a fallu éclater de rire, en entendant les plaisanteries, pleines de sel et d'agrément que le pédantis- me inspirait à cet esprit d'observation. Ce que l'on appelle de l'esprit ne fait pas défaut à nos bons enfanta du Nord : on peut ajouter qu'ils sont intelligents. Ceux des métis qui ont eu l'occasion de s'instruire, ont mon- tré, en général, des talents distingués; tt, dans les différents rangs de la société, on en a vu remplir avec hon- neur les emplois qui leur étaient con- fiés. Ils apprennent 1^3 langues avec une facilité étonnante. Gomme règle générale, ils ont plus de dextérité et d'aptitudes diverses que le grand nombre d'hommes, de mômes condi- tion, avec lesquels ils se trouvent en contact. C'est en voyage qu'on a lieu d'admirer cette "disposition, sans laquelle on ne pourrait pas se tirer des mauvais pas que nous rencon- trons, en franchissant les vastes soli- tudes que nous avons h parcourir. Bien des officiers du génie, ou môme de génie, pourraient prendre ici des leçons utiles. L'adresse des métis, comme chasseurs à cheval, ne connaît peut-être pas de rivale. Ces divers avantages, qui ressor- tent avec éclat dans les nombreux voyages qu'ils font avec des étrangers dédommagent nos métis des petites humiliations qu'il leur faut quelque- fois endurer, et les aident amplement à ne pas regretter le lot qui leur est échu en partage. A ces qualités de l'esprit, se joignent plusieurs indices naturels d'un bon cœur. Les métis ne sont pas méchants, ils sont au contraire, en général doués d'une grande sensibilité.Généreux jus- qu'à la prodigalité, il ne leur en coûte point de se priver souvent du néces- saire pour soulager, non-seulement ceux qu'ils aiment mais bien encore, des étrangers, qui ne leur sont rien et qu'ils ne reverront plus. La vertu d'hospitalité, si agréable au par vre voyageur, est, par excellen- ce, une vertu des métis. Ils disent, eux-mêmes, et ils prouvent : « Qu'il est impossii3le de manger auprès de quelqu'un, sans lui offrir de partager, n'eût-on qu'une bouchée. » Habitués aux voyages et aux longues absences dès leur enfance, ils aiment pourtant leurs familles et éprouvent un bon- h§ur ^oujouis nouveau à rentrer dans leurs foyerfi. Les familles métisses sont nombreuses, en général, et c'est assez dire combien on a été faux au- tant qu'absurde, en affirmant que les sauvages étaient d'espèce différente des peuples civilisés, et en en donnant G8 pour preuve, l'exlinclion de la famille métisse livrée à elle-même. Je ne signalerais pas cette sottise, si elle n'avait pas été écrite sérieusement et par des gens dont, naturellement, on devait attendre autre chose. Les métis aiment beaucoup leurs enfants. Je regrette de ne pouvoir pas dire qu'ils les aiment bien. Les femmes, surtout, sacrifient ti'op souvent le bonheur véritable de ces enfants, à la jouissan- ce de les voir, à la crainte de les reprendre ou de les élever comme il faut. Quoiqu'il en soit de la nature de cette affection, elle est certainement très vive et très sincère, et d'autant plus désintéressée que bien des exem- ples sont loin de garantir le retour d'un pareil sentiment. Une heureuse disposition encore de nos chers métis, c'est leur patience dans les épreuves. Là où d'autres s'emportent,' 'jurent et blasphèment, eux rient, s'amusent et prennent le contretemps de la meilleure grâce du monde. Des pertes comparativement considérables sont aussi subies avec beaucoup de grandeur d'âme. Le vol est un vice, peu ou point connu des meus. Lo fait est que c'est l'arrivée des étrangers qui nous a forcés à nous mettre sous la protection des serrures et des verroux. Même au sein de la Rivière Rouge,san3 aucune espèce de police, le vol est extréDa»3- ment rare. Mille choses faciles à dérober et à receler sont laissées par- tout sans précaution et leur perte est un fait tout exceptionnel. Le blas- phème, malheureusement aussi commun qu'alfreux sur les lèvres d'un grand nombre de chrétiens, ne reten- tit, presque jamais, dans nos assem- blées de métis. Aussi, il est bien diffi- cile d'exprimer l'impression doulou- reuse qui nous domine, à cet égard, lorsqu'il nous faut traverser ce que l'on est convenu d'appeler les pays civilisés et, en particulier, les Etats Unis. J'aime à constater ces diverses qua- tilés parceque leur seule énumération est la meilleure réfutation possible des mensongères accusations prodi- guées souvent à ceux dont nous parlons. Ce tableau n'est pas sombre,du tout, dira qu'elqu'un, il y a même profusion de lumière dans cette peinture des noirs. Le tableau n'est pas fini : pour lo compléter il y faut mettre les om- bres, et l'affection que je porte aux métis, qui savent eux-mêmes que je les aime me permet de toucher, sans crainte, à la délicate question d'énu- mérer leurs défauts. Le défaut le plus saillant des mé- tis est, ce me semble, la facilité de se laisser aller à l'entraînement du plai- sir. D'une nature vive, ardente, enjouée, il leur faut des satisfactions et, si une jouissance se présente, tout est sacrifié pour se la procurer. De là, une perte considérable de temps, vm oubli, trop facile quelquefois, de devoirs importants, de là une légèreté et inconstance de caractère qui sem- bleraient l'indice naturel de vices plus grands que ceux qui existent vérita- blement. Cet amour du plaisir les conduit trop souvent à l'ivrognerie, ils boivent pour s'amuser et,pourtant,presque in- variablement, l'ivresse leur fait perdre leur douceur ordinaire de caractère, et les pousse à des excès déplorables. L'ivresse, chez le plus grand nombre de ceux qui s'y livrent, c'est la furie. On crie, on vocifère, on se bat, on se déchire, puis on pleure de regret. L'amour du plaisir exclut nécessaire- ment la disposition de se gêner. Le travail est une grande gêne, aussi, trop souvent, il y a paresse. On llâne pour jouir, quand il y a des satisfac- tions à recueillir, et on flâne encore pour ne pas se priver de la jouissance de ne rien faire. L'hospitalité, exercée avec généro- sité, provoque l'indiscrétion, et les llânenrs vont de porte en porte, cer- tains qu'on les invitera, et il ne leur en conte pas toujours assez d'aller s'installer, pour des semaines en tîères, la. où, bien souvent, on ne les désire pas. Le grand air qu'on respire, l'im- mense liberté dont on jouit ^m% ce M Û 69 nous pays, la facilité d'y vivi'e, d'une ma- nière ou d'une autre, tout cela souille à l'esprit et au cœur de la jeunesse, une ardeur d'émancipation incontrô- lable. A quinze ans on se croit homme et l'on pi'ond bravement son parti. Si le toit paternel déplait on s'en va, si on a des engagements dont on ne se soucie plus, on les viole sans façon ; si on a le malheur d'être à l'école, vite on se sauve, enfin on est libre et on veut avoir ses coudées franches. Ajou- tons que la mauvaise éducation do- mestique, que la trop grande faiblesse des mè^-es, surtout, est loin de contre- balancer une aussi regrettable dispo sition. Cette espèce d'instabilité de caractère se nourrit et se développe par les voyages qui sont une nécessité particulière de notre position. C'est cette mémo disposition qui explique pourquoi les arts mécaniques sont si peu cultivés parmi nos métis. Nous l'avons dit plus haut, ils ont beaucoup de dextérité et d'aptitudes diverses, ils font, plus ou moins, tout ce qu'il leur prend fantaisie d'entreprendre, ils sont ingénieux et adroits, formés ils deviendraient des artisans distingues ; mais pour cela il faudrait de la con- trainte, de la gône, il faudrait frarnir régulièrement son temps d'ap^ on tis- sage et c'est trop demander à notre jeunesse. Aussi presque tous nos arti sans sont des étrangers. Cette facilité à suivre l'entraîne- ment du moment, cedéfaut de contrô- le, ne fait pas de nos métis un peuple vicieux, mauvais, nuisible aux autres; mais bien un peuple souvent trop léger, imprévoyant et lés prive d'une partie des nombreux avantages que l'état actuel du pays leur permettrait de recueillir. Trop souvent j'ai entendu des na- rents se plaindre, avec raison, de l'ui- gratitude de ^eurs fils ; d'ordinaire ce reproche n'est pas adressé aux filles. Ces dernières rendent à leurs mères l'alTection qui leur a été prodiguée, quelque aveugle qu'elle ail souvent été. Cette longue énumération de qua- lités et de défauts, est le résultat des observations que j'ai faites, depuis vingt-trois ans, que je suis en rela- lations journalières avec des métis de différentes extractions. Les traits de ce tableau ne sont pas empruntés exclusivement, au caractère de nos métis canadiens ; mais bien aussi, aux autres, comme à ceux là. En écrivant ces lignes, je n'ignore pas quelle impression elles feraient sur l'esprit de certaines gens si elles en étaient lues. Je sais que, méconnais- sant ce qu'il y a de bon dans nos métis canadiens surtout, on se prévaudrait facilement de mon témoignage, pour constater et môme exagérer leurs dé- fauts. A ceux ainsi disposés je dirai, et répéterai au besoin, que ce serait méconnaître mes véritables sentiments J'estime les métis anglais, mais ils me pardonneront d'affirmer que, par caractère, ils ne sont nullement supé- rieurs à leurs compatriotes d'origine canadienne. Ces derniers ont été mé- prisés, vilipendés, accusés, et ce, très souvent d'une manière injuste et déloyale. Ces accusations quand on sait d'où elles viennent, perdent de leurs poids, ou plutôt, retombent de toute leur lourdeur, sur ceux qui les formulent. Je n'en citerai que deux exemples. A mon arrivée dans le pays, je lisais des lettres écrites par un homme qui a jeté sur son nom, une certaine célébrité. Dans ces let- . très, l'auteur, après avoir bien mépri- sé les métis canadiens exprimait une de ces pensées à peu près dans les termes suivantes: «Les (ses nationaux) se respectent plus que les canadiens; ceux-ci ne craignent pas de s'allier aux femmes du pays, tandis que les autres ont horreur de pareilles alliances. » Si j'avais été ca- pable de me réjouir du mal, j'aurais trouvé une ample compensation à mon amour propre national froissé, par cette phrase insultante, en appre- nant que celui qui avait écrit ces mots, si pleins de dignité apparente, et au moment même où il les écrivait se faisait le corrupteur de l'une des femmes les plus dégoûtantes du pays, de la stupidité de laquelle il abusait, .i^'^^l^r.r*^ .-*— ^_„, ^. , * . wjiy.- miJUMii-j mr*- H) fs et qui lui a laissé deux héritiers de son noble nom. J'ai là un ouvrage in- titulé : « Voyage de l'Atlantique au Pacifique, » cet cuvrage intéressant, sous plus d'un rapport, a eu une cer- taine vogue, il a môme été traduit. Je connaissais le voyage avant qu'il eût été mis sur le papier, car, déjà, il écrit ici, dans le pays, en blanc et en noir. Bien des choses m'ont surpris, dans ce récit publié en Europe. La phrase suivante a excité en moi un profond niépris : « Les métis-français Profondément superstitieux, croyant fermement aux songes, aux présages, aux pressentiments, ils sont tout naturellement les fervents disci pies de l'EgUse romaine. Soumis complètement à l'iniluence clérLoale et observateurs scrupuleux des foraies extérieures de leur culte, ils n'en sont pas moins grossièrement immoraux,, souvent déshonnêtes et généralement peu dignes de confiance.» Sans rappe- ler aux auteurs, plusieurs circonstan- ces qu'ils n'ignorent pas et qui au- raient dû les faire souvenir que la grossière immoralité n'est pas toujours le fait des métis français ou canadiens, je ne crains pas d'afiirmer qu'il est difficile de dire plus de faussetés et plus d'absurdités en si peu de lignes. Bien des fois, en prenant connais- sance des injustes appréciations écri- tes sur ce sujet, je me suis convaincu que les Pharisiens d'aujourd'hui sont comme les Pharisiens d'autrefois ; et qu'on peut appliquer aux premiers les paroles que le Divin Maître adressait aux seconds : « Hypocrites, ôtez pre- mièrement la poutre de votre œil et alors vous ôterez la paille de l'œil de votre frère. » Sans entrer dans plus da détails, je suis heureux d'afiirmer que l'ensemble, des qualités morales de nos métis canadiens (en général et quand ils ont embrassé le christianis- me) les range au niveau des peuples honnêtes. Quant à la superstition, si ce que l'on dit de la classe ouvrière en Angleterre est vrai, nos métis sont bien moins superstitieux. Laissant de côté la question morale, si on examine la position sociale des enfants des canadiens, on trouvera là le côté faible. A ce point de vue, ils sont dans un état d'infériori'é et ce da- bord, pour les raisons que nous avons indiquées, en parlant de la population étrangère, puis, par suite do circons- tances particulières. Le plus grand tort social de nos métis est celui d'être chasseurp. Tous n'ont pas ce défaut, si tant est qu'il faut ainsi quahfler ce goût na- turel, puisqu'il y a un certain nom bre parmi eux, qui n'ont jamais fa ' d'autre chose que cultiver leurs terres. Quoiqu'il en soit, il est bien certain que cette vie d'aventures nuit consi- dérablement à notre population. Tout en sentant vivement la crise terrible qu'il nous faut subir au moment où la chasse du buffle fait défaut, je ne puis me défendre de désirer la cessa- tion de ces excursions de chasse qui, par leur entraic naturel, facile et jusqu'à uu certain point lucratif, arra- chaient à ses foyers, une grande par- tie de notre peuple. Nés, très souvent, dans les prairies, élevés au milieu de ces excursions lointaines et aventu- reuses, cavaliers, prompts tirailleurs dès leur plus tendre enfance, il n'est pas bien surprenant que les métis se passionnent pour la chasse, et qu'ils la préfèrent à la vie calme, régulière, monotone des champs. En les jugeant on a trop souvent fait abstraction des circonstances exceptionnelles dans laquelles ils vivent et attribué à des dispositions particulières de leur carac- tère ce qui n'était que la conséquence d'un concours d'évènements,de nature à produire le même résultat chez des hommes de tous les peuples. Il est fa- cile de se convaincre de la vérité de cette assertion, en voyant la diffé- rence immense qui existe entre des métis d'une môme origine, voire môme d'une môme famille, par suite delà diversité des circonstances dans lesquelles ils se sont trouvés. Je con- nais, à la Rivière Rouge, des métis excellents cultivateurs et très honnê- tes gens, dont les frères, élevés dans l'intérieur du pays, ne sont que des 71 chasseurs, peu différents des sauvages de la pire espèce. La position sociale d'un certain nombre de métis anglais qui 86 sont trouvés dans les mômes circonstances qne nos métis-cana- diens n'est nullement supérieure à celle de ces derniers; c'est la diffé- rence des circonstances dans lesquelles se sont trouvés d'autres métis anglais qui explique la différence de leur po- sition sociale, sans que pourtant, ils soient supérieurs à leurs frères par nature où par caractère. Plusieurs d'entre eux étant fils de parents riches ont naturellement reçu plus d'éducation et quelques capitaux qui, naturellement aussi, leur ont aidé à ne pas chercher leur vie unique- ment au bout de leur fusil de chasse. Je répéterai que la population anglai- se, ayant reçu plus tôt une large part de l'influence de la femme civilisée, les métis anglais ont naturellement participé à cette influence et pris plus vite aussi les habitudes de la vie agrico- le. Répétons-le ; pour ceux qui veulent réfléchir, la population canadienne elle-même et à plus forte raison, la )opulation métisse canadienne a été jrivée, presque complètement de la arge part de l'influence de la femme civilisée, jusqu'à l'arrivée des sœurs de la charité dans le pays, puisque, comme nous l'avons déjà dit, avant cette époque il n'y avait eu que qua- tre canadiennes dans le pays, tandis que les anglaises et surtout les écos- saises, y étaient en assez grand nom- bre. Ce seul fait suffit pour expliquer bien des choses, sans avoir besoin de recourir aux grossières et mensongè- res accusations prodiguées par un étroit esprit de nationalité ou par un déplorable fanatisme reUgieux. La mort du gouverneur Semple et de ses gens tués en 1816, a été le thè- me de bien des accusations contre les métis canadiens ou «Bois-Brûlés.» Nous dirons plus tard, en parlant de l'histoire du pays, ce que nous pen- sons de cet événement déplorable, et à qui en revient de droit la responsa- bilité. Qu'il nous sufTise, pour le mo- ment, de constater que ce fait ne prouve rien contre le caractère de notre population et, encore moins, contre la religion catholique professée aujourd'hui par le plus grand nombre des Bjis-Brûlés. A cette époque, pas un d'entre eux n'était baptisé, pas un n'avait eu la moindre occasion de subir l'influence religieuse et, d'ail leurs, un fait isolé n'est jamais une preuve du caractère de tel ou tel autre peuple. En supposant môme que le fait que nous mentionnons mérite tout l'odieux que lui ont prêté les plus vio- lents ennemis des « Bois Brûlés », on ne pourrait encore rien en conclure. Qu'elle est la;nation ou race d'hom- mes, dont l'histoire entière soit sans tache ? Peut-on raisonnablement re- procher aux Français d'aujourd'hui tout ce qui a été fait dans l'ancienne Gaule ? L3s fiers Anglo-Saxons trou- vent-ils leur titres de gloire dans tout ce qui a été entrepris par les conqué- rants de la Grande Bretagne ? Ne faut-il pas même jeter le voile sur une multitude, ou plutôt une série de faits bien autrement odieux que le combat du 14 juin 1816. Il est donc très injuste d'aller chercher dans les annales du pays, un fait pas- sé à une époque reculée, lorsque les métis quels qu'ils fussent, n'avaient aucune notion du christianisme, pour en déduire un jugement contre ceux qui en ont depuis subi la douce et sa- lutaire influence, et qui, nous le ré- pétons, forment aujourd'hui, un peu- ple honnête. Je redirai pour la cri- tiquer de nouveau, l'appréciation de Sir John Richai'dson dans son « Ar- tic searching expédition u II y dit, page 273 et 284 : « lu character the « half breeds vary according to their «paternity; the descendants of the « Orkney laborers being generally « steady,'provideut agriculturists of the a protestant faith ; while the children (I of the roman Cathoiic Ganadian vo- « yagers bave much of the levity and « thoughtlessness of th<3ir fathers,com- ''. binod with that inabilify to resist H temptation, which is common to « the two races from which they are '■''••-^-vy*?. .^ ^^^ •iiési^'i: 72 (I sprung. » Je regrette que cette phi-ase soit tombée d'une plume aussi distinguée. D'aussi injustes appré- ciations ne s'expliquent que par des préventions traditionnelles, qui se perpétuent au milieu d'une certaine classe, et qui se stéréotypent dans tous les écrits de cette classe. Non, non, les métis ne varient pas ainsi de ca- ractère à raison de la paternité, et, si cette cause devait avoir un résultat aussi grand, il ne serait pas le résul- tat indiqué ici. Que les » Orkney la- borers » méritent tous les éloges qui leur sont adressés, je le veux bien, je suis loin de m'y opposer ; mais ce que je ne puis souffrir c'est l'injure et la calomnie prodiguées à un autre peuple, pour le moins, aussi recom- mandable. il y a trop de noblesse dans le sang français pour permettre qu'il soit ainsi méprisé; et. au risque do me trouver en contradiction avec tous nos détracteurs, je sais et je dis que les canadiens ne soiit pas une race dégénérée. Le milieu dans le- quel je suis né et où j'ai vécu, la di rection donnée à mes pensées, les aspirations de mon cœur et de ma vo- lonté, tout ce que je sais de mes compatriotes et de leurs enfants, ne me permet pas d'accepter, sans récla- me, ce que des étrangers à notre race, qui ne nous connaissent pas, se permettent de dire, pour attirer sur nous un mépris que souvent il ne partagent pas eux-mêmes. Les vues de la Providence, que nous adorons toujoars sans les comprendre, ont for- mé autour de nous, sur ce continent, un réseau de difficultés que les gens sensés et réfléchis savent n'être pas une preuve contre nous. Le « Dé- partement du nord » découvert par l'énergie des Canadiens-Français, voit maintenant les descendants de ces dé- couvreurs dans une infériorité socia- le, je le reconnais. Mais ce qu'il se- rait impossible de prouver, c'est leur infériorité morale. Que les métis-anglais aient plus de terre cultivée, c'est vrai ; qu'ils aient plus d'instruction ou plus de richesse, c'est vrai encore, mais, qu'ils soient plus honnêtes, plus francs, plus lo- yaux, plus moraux, ce n'est pas vrai. J'aime ce mot de nos anciens voya- geurs, et je l'aime d'autant plus que je le sais vrai, sur les lèvres d'un grand nombre : « Je suis pauvre mais Dieu «merci j'ai de l'honneur!» Et cet autre, d'un grand nombre de leurs enfants, on parlant de certaines gens qui ne sont pas métis-canadiens <( Wah ! wah ? c'est pas gêné ce mon < de là, c'est hen. terrible cor-me c'est Il coquin, quand même je devrais en « mourir je ne suis pas capable d'en « faire autant ! » Nous avons des tribunaux; les pe- tites causes, les dettes de dix ou quinze chelins, les petits différents, y appellent souvent nos métis-cana- diens, mais les félonies, hs calculs et les préméditations dans le mal, tout le monde sait bien, dans la colonie, que nos pauvres gens n'en ont pas le privilège exclusif; pas même tant s'en faut, leur quote part proportion- nelle au chiffre de leur population. Nous avons des registres, il ne faut pas les feuilleter d'un bout à l'autre pour se convaincre que les deux tiers au moins, des crimes qu'ils constatent ne sont pas le fait de cette portion méprisée de notre peuple. Nous Avons des ivrognes, et en trop grand nom- bre, pourtant le commerce actif et passif des liqueurs n"est pas limité on le sait, à ceux que l'on vilipende le plus. Que ces expressions ne parais- sent ni trop vives, ni trop acerbes; car je puis affirmer hautement que je n'ai de fiel contre personne, si ce n'est, peut-être contre les calomnia- teurs. Je n'accuse point, je défends des accusés. Assez longtemps on a abusé de la liberté de verser la calom- nie à pleine plume. Le bon Lafontaine qui a fait parler les bêtes beaucoup mieux que ne par- lent ou n'écrivent un grand nombre de gens d'esprit, nous a instruits, au tribunal des animaux malades, de la facilité avec laquelle on reproche la moindre peccadille au pauvre et au faible, et de la facilité, non moins grande, avec laquelle on excuse et isA.i^.'çUV 73 pallie les vices et les crimes des puis- sants. Le lion croque à belles dents et se fait applaudir, il fait môme crier, haro ! sur le baudet, qui n'a fait que tondre « dans un pré la largeur de sa langue, » et ce, encore, « dans un pré de moine, n Nous avons vu ici les exploits de bien des lionceaux qui, après avoir satisfait dans le pays, plusieurs des appétits d'un cœur qui n'était pas la pureté ni la justice mô- mes, ont été sur d'autres terres, s'effor- cer de faire croire à leur mérite, en accusant, avec une déplorable injus- tice, ceux que très-souvent, ils avaient des raisons toutes particulières de mieu.v apprécier. Je regretterais tout ce que je dis ici, si cela devait être regardé comme un manque de considération ou de respec pour les autres parties do notre population, 'i'els ne sont pas mes sen- timents : par goût, comme par habi- tude j'aime beaucoup mieux voir ce qu'il y a de bon dans mes semblables, que d'essayer à grossir le bilan des faiblesses ei, misères, toujours trop nombreuses dont tous les hommes sont susceptibles. Je reconnais, volon- tiers, les excellentes qualités des métis-anglais, seulement je voudrais que leurs panégyristes reconnusseni aussi les quahtés de nos métis-cana- diens ; qualités qui peuvent diflFérer de celles de leurs compatriotes mais qui ne sont ni moins nombreuses, ni moins recommandables. § 3. LES SAUVAGES. Sous le nom de sauvages, on dé- signe, en Canada, toutes les tribus aborigènes de l'Amérique. Les An- glais les appellent a ludians « et par- tout on les reconnaît sous l'appella- tion des « Peaux-Rouge». » Sans en- trer dans l'examen du plus ou moins de justesse de ces différents noms, nous désignerons, sous le nom de sauvages, tous les naturels du « Dépar- tement du Nord, » non pas que tous soient d'un caractère barbare, féroce ou sauvage, mais bien, parce qu'il y a quelque chose de sauvage dans leur genre de vie ou, par opposition, au titre de civilisées, donné aux nations qui pratiquent une religion, vivent sous une forme de gouveruement, obéissent à des lois et se livrent aux arts ou à l'industrie. 11 n'y a encore qu'un demi siècle, les sauvages du « Département du Nord 1) n'avaient aucune notion du christianisme, pas même de culte défini ou régulier: encore aujourd'hui, à peu près tous, chrétiens ou infi- dèles, ont conservé leurs habitudes sociales. La chasse et la poche, à de très-rares exceptions près, constituent leur unique ressource, comme leur occupation exclusive. Le sauvage est non seulement nomade, mais môme errant et aventurier. Point de mai- son, en général, pas môme de de- meure fi.xe,des tentes de peaux (loges), des cabanes d'écorces ou de branches d'arbres, voire môme, de neige et do glace, souvent, la grande cabane du Bon Dieu qui n'a de dôme que la voûte ôtoilée ou nébuleuse. Voilà l'habita- tion du sauvage, qu'il déplace quand bon lui semble. Quelques familles vivent isolées, d'autres se réunissent par camps, plus ou moins considéra- bles, suivant les chances de la poche ou de la chasse. Quoique, en géuéml, les sauvages m'aient aucune espèce de gouverne- ment, aucun code de lois, cependant, chez quelques tribus, chez celles sur- tout qui font encore la guerre, i>l y a un certain ascendant exercé par des chefs, dont l'autorité est bien limitée, à moins que ces chefs, à force de pay- er d'audace, ne finissent par inspirer la crainte à leurs frères. Une supé- riorité véritable, une plus grande ha- bileté et parfois, une plus grande bon té aussi, ont groupé autour de quel- ques individus, une famille nombreu- se, accrue d'un certain nombre d'amis et là, l'autorité patriarcale de l'homme mur ou du vieillard s'exerce avec une certaine assurance. Les sauvages du «Département du Nord )) voyagent beaucoup, mieux vaudrait dire qu'il voyagent constam- ■f^lgW.WBUl JUJUmniIMM» 74 II! menl. Avant l'établissement des nombreux comptoirs qui couvrent au- jourd'hui le p.iys, ils entreprenaient souvent des voyages de plus de mille lieues pour aller échanger quelques fourrures, avec les traiteurs euro- péens et canadiens. Ces longs voya- ges se faisaient, d'ordinaire, en canots d'écorce de bouleau. Les comptoirs sont partout tellement multipliés maintenant, qu'il n'est plus nécessaire d'aller si loin pour faire ces échanges, et, pourtant, les sauva res continuent à voyager. Le léger canot d'écorce facilite ces pérégrinations dans la par- tie du pays couv'^rte de forêts et que sillonnent des cours d'eau et des lac» nombreux. Dans les prairies, les sauvages possèdent des chevaux et s'en servent pour traverser leurs plai- nes immenses. En hiver, les chiens remplacent le canot et, en tout temps, ils aident le cheval pour le transport des bagages et provisions. Les sauvages, des prairies surtout, ont un singulier mode d'utiliser leurs chevaux et chiens pour ' msports. Deux longues perches sOi ixées par une de leurs extrémités sur le dos de l'animal, oîi elles se croisent et où elles sont retenues par des courroies, qui remplacent le "harnais, les deux autres extrémités des perches traînent sur le sol, glacé ou non, en s'écartant, plus ou moins, suivant leur longueur, c'est sur cette dernière partie que sont déposés les bagages qui s'y sou- tiennent sur les courroies ou les peaux de buffles, fixées aux deux per- ches. Quand il y a des infirmes ou des malades dans la famille, on recourt à ce moyen de transport, et des gens qui en ont fait l'expérience, m'ont assuré que les secousses sont aussi douces que dans les voitures les mieux su-.pendues. Les sauvages ne sont pas riches ; assez souvent la femme, sans être le moins du monde aidée de son mari, peut porter sur son dos tout l'avoir de la famille. Les trésors en espèces sont inconnus, puisque dans toute l'étendue du « Dé'^artement du Nord. » à l'exception de .a colonie de la Ri- vière-Rougo, l'argent n'a poiirt cours , la valeur et l'usage on sont ignorés des sauvages. Des fourrures, des pro visions, fruits de la chasse et de la pêche, voilà ce qui peut lus enrichir. En échange, ils reçoivent quelques vêtements et quelques ustensiles de fabrique Anglaise ou Américaine, qui constituent tout leur avoir, en ajoutant, pour les sauvag'^s des prai- ries, quelques chevaux, et pour tous quelques chiens. Chez les sauvages, l'absence des richesses est accompa- gnée de la plus grande pauvreté. Des tribus entières sont habituelle ment dans un état de demi jeûne et de souffrances journahères ; et toute; les tribus manquent, dans un temps ou un autre,dea choses les plus essen- tielles à la vie ; aussi, il est étonnant de voir jusqu'à quel point ces infor- tunés portent l'exercice de la priva tion. Etre trois ou quatre jours sans le moindre aliment, leur paraît chose toute simple et naturelle; très-souvent ces privations extrêmes se prolongent jusqu'à sept ou huit jours. Ajoutons à cela, une demi nudité, au milieu des rigueurs de notre af- freux climat, et on aura une faible idée des épreuves physiques de ces pauvr. s peuplades. J'ai dit que la femme porte, quelquefois, sur son dos, tout l'avoir de la famille. Ces mots résument la position de la femme chez les sauvages. Je parle des sauva- ges infidèles, car la position de la sau- vagesse chrétienne est bien améliorée. La première recueille dans toute leur amertume les fruits de la malédiction lancée contre la mère des humains, la seconde trouve à ses maux une com- pensation dans les fruits de bénédic- tion qui lui viennent par l'entremise de la mère des chrétiens I On dit que les Esquimaux et les Loncheux trai- tent leurs femmes avec un peu plus d'humanité que les autres sauvages. Je n'ai jamais vu ces tribus, mais tou- tes celles qui j'ai vues, à l'état d'infi- délité, m'ont forcé à considérer la femme sauvage comme l'être le plus malheureux que l'on puisse imaginer. Cette infortunée est, non-seulement. , 4 mni i»fj^i.nt.^ ^-f" ^*,»*'ai»-».=..^ I 75 le porte-faix de la famille, elle en est littéralement la bête de somme. Toutes les corvées sont pour elle et, presque invariablement, les plus petits adoucissements lui sont refusés. La position est rendue plus pénible enco- re par les mauvais traitements, le mépris le plus profond et l'état d'a- baissement dans lequel elle est tenue. Que de fois mon cœur a été navré d'amertume, en voyant la misère pro- fonde dont, j'éirtis le témoin ! Gomme j'ai béni et remercié le Bon Dieu qui, entre autres bienfaits, a donné à nos mères li position qu'elles occupent au milieu des nations chrétiennes ! Gom- me ils étaient ignorants et insensés, ceux qui, pour blasphémer contre la religion régénératrice, rêvaient pour les forêts d'Amérique un peuple pri- mitif, jouissant d'un bonheur imagi- naire I Comme ces eutopies, ces rêves d'i- maginations en délire ou de cœurs dépravés, sont loin do la triste réalité. J'ai passé plus de la moitié de ma vie dans ces pays, et, malgré le spectacle habituel de la misère, et d'une misère quelquefois partagée avec ceux qui l'endurent, j'en suis encore à me faire la question : comment les sauvages peuvent-ils vivre ? En Europe, surtout, où l'on n'a ja- mais vu de sauvages, on se fait sur leur compte des idées fort singulières. Pour détruire, en deux mots, toutes ces fausses impressions, il suffit de dire que les sauvages sont des hom- mes. Gette assertion, si simple en apparence, dit pourtant ce que sont ces races infortunées, beaucoup mieux que toutes les rêveries de ceux qui en ont parlé sans les connaître. Le sau- vage est un homme, d'abord dans son physique ; très souvent, il est môme un beau type, à l'exception, pourtant, d'une saillie un peu exagérée des pommettes des joues, d'un teint trop foncé ou cuivré et de la rareté de la barbe. Plusieurs des sauvages sont des hommes magnifiques ; leur taille est beaucoup au-dessus de la moyenne, surtout si on la ( ^pare avec celle des habitants de irope méridio- nale. J'ai vu une foule d'Européens lit de canadiens, lout aussi noirs que les sauvages qui ne sont pas trop ex posés aux intempéries de l'air. Tous les sauvages que j'ai vus ont les yeux noirs, et cet organe, comme celui de l'ouïe, acquiert, chez eux, une capa- cité très grande, par suite de l'exercice. Je n'ai jamais vu de preuve de ce que j'ai lu, sur la finesse de leur odorat. L'œil noir du sauvage est souvent plein de vivacité, d'intelligence et de malice; chez d'autres, il aie calme de la bonté ou l'expression nette de l'indifférence. Le sauvage est bien proportionné. Si le manque d'habi- tude n'a pas développé, chez lui, une grande force musculaire, l'exercice en retour lui fait acquérir une grande agilité et une puissance étonnante de résister aux fatigues auxquelles il est exposé. Le sauvage est un homme qui mange, boit, dort et marche. Qui mange énormément quand il a de quoi satisfaire son appétit, tout comme il se passe de nourriture au besoin, ijui boit, trop souvent avec excès, surtout : « l'eau de feu. » Beau- coup de personnes civiHsées, des pays froids surtout saventtrès bien que cette diposition est un trait caractéristique de l'humanité. Il dort, cet homme sauva- ge, il dort comme les autres paresseux le jour, la nuit, quand il n'a rien qui l'occupe, puis aussi, il veille plus que quiquo ce soit que je connaisse. Il marche ce bipède aux jambes un peu croches, aux pieds fermés en dedans par l'habitude, et il marche comme un véritable chien de chasse. Il court môme, et ce, au point d'atteindre les cerfs dans les déserts et au milieu des forêts. Le sauvage est un homme, il nait dans les pleurs, grandit au milieu des larmes ou des rêves: il vieillit quel- quefois quand l'excès de la privation n'a pas ruiné, avant le temps, un tempérament doué par nature, de tout ce qui peut assurer la longévité ! Soumettez ce sauvage aux nombreuses influences auxquelles sont soumis les hommes des pays civilisés, qu'il accep- te les raffinements des tailleurs,parfu- meurs, et eoiffeurs ; et vous aurez un 76 élégant, souvanl beaucoup plus ôlé- gunt que la plupart du coux qui sb prévalent lu plus de ce titre. Voilà pour riiommo pJiysique. J'ajoute, le sauvage est un hoiumo; homme intelligent, et en le disant, je pense au sourire dôdaigueu.» ([ue cette assertion peut faire courir sur certai nés lèvres, et pourtant, je crois avoir des raisons de lafornuilei'. Le sauvage est un homme intelligent, et j'en donne pour preuve la langue qu'il parle, les penséns qui l'occupent, les sentmients qui l'animent. Chaque na- tion parle une langue dilTorente de toutes les langues européennes, diffé- rente, peut-être, (ù l'oxceplion de celle des Esquimaux) des idiomes asiatiques ou Africains, différente même de celles parlées par les autres tribus américaines. Tontes les familles ou nations sauvages même du « Départe- ment du Nord, ij ont des dialectes dis- tincts, aussi distincts entre eux que le français l'est du chinois ou l'anglais de i'indou. Ces dialectes ne sont pas des sons inarticulés, comme ou n'a pas craint de l'afRrmer; ce ne sont pas des débris tronqués, inintelligibles ou insignifiants ; non, ce sont, au con- traire, des langues véritables, expri- mant toutes les idées qui se trouvent dans la tête, tous les sentiments qui sont au cœur du ceux qui les parlent. Ces idiomes versent dans votre âme à vous, étrangers qui les comprenez, tout ce qu'il y a dans l'âme de ce pauvre enfaut des bois, auquel vous refusez peut être l'honneur d'être votre semblable, tout comme elles sont l'interprète fidèle de eu que vous voulez lui communiquer. Et ces lan- gues diverses,qui les a faites ? qui les conserve, qui fait que toute une na- tion les parle avec une perfection que l'on ne trouve pas dans la manière dont les peuples civilisés parlent les leurs. Sans grammaire, sans diction- naire, sans monument écrit, de quel- que nature que ce soit, le père redit à son fîls, les accents qu'il a recueillis sur les lèvres de l'auteur de ses jours, et le petit enfant qui ne sait que pleu- rer, commence, peu à peu, à balbutier quelques mots, à dire, mon père, ma mère. 1*1 us lard une phrase mal arti- culée, provoque le rire affectueux de toute la famille, enfin la connaissance de cette phrase se complète, puis c'est une autre; jusqu'à ce que l'âge mur perfectionne cet art par excellence de a parole, pour que celui qui l'a acquis, 0 transmette à ses descendants. Le sauvage est un homme intelli- gent, l'esprit de l'honv le, quelle que soit sa portée, ne s'exerce pas d'ordi naire, en dehors do ce qui le préoc- cupe, de ce qui nourrit ou e.xcite son activité. Que de belles et nobles 'utel- ligences sont restées enveloppées dans les ombres d'une condition obscure, taudis que des médiocrités ont, au contraire, pris leur essor, grâce aux circonstances! Cette diflérence que l'on remarque si souvent entre les hommes d'une môme nation, entre les membres d'une même famille, est- il étonnant de la rencontrer entre cer- taines nations ut certaines autres ? Bien sfir, le cadre des connaissan ces du pauvre sauvage, est bien limité, aussi, il ne faut pas s'attendre à voir son intelligence s'exercer sur un grand nombre d'objets; pourtant, il suffit de la voir se débattre dans ce cadre étroit, pour se convaincre que, lui aussi, est un être intelligent. Le sauvage voit, examine, compare, juge, modifie, il se souvient, il prévoit, il apprend, il oublie. L'idiotisme est rare chez les sauvages, l'esprit y est commun. Ils se moquent, se rient, s'amusent à vos dépens, non pas comme les singes quadrumanes qui le font par un cer- tain instinct mécanique, mais bien comme les plus futés des singes bipè- des. Les occupations ordinaires du sauvage quelque restreintes qu'elles soint, prouvent son intelligence. Un certain prédicant se trouvait un jour au milieu d'une tribu peu dis- posée à l'écouter. L'orateur s'aperce- vant que ses exhortations faisaient peu d'impression eut recours à un coup de théâ're. Il saisit sa montre et la montran!, -vux sauvages^il les exhorta à en admirer le mécanisme, et à en conclure la supériorité des hommes j*. ,, A»-.v^.J^»^%4 *.*# »*~*^M- ll»»-****^-»* *■ -• r.iàfciw*Ti ri» ^^-*fc-'**^^.***^'*.^***.-*'>.-..*.'.»-^^-.-«^*.-.V^f]-t.*^f- 77 civilisés, sur ceux quil'écoutaient : le tout assez maladroitement pour frois- ser la susceptibilil»'; et l'orgueil, tout aussi grands chez les sauvages que riiez les autres enfants d'Adam. Après un instant do silence, et pendant que l'or, leur promenait un regard de mé- pris sur ceux qu'il croyait avoir com- plètement convaincus de sasupériori té le chof prit la parole ; » C'est vrai, c'est vrai, dit-il. vous avez de l'esprit, vous autres civilisés ; nous, nous sommes bûtes ; tu nous montres ton soleil artificiel, est-ce loi qui l'a fait? Non, dit l'interlocuteur. Ho! Ho ! ce n'est pas toi qui l'as fait et tu nous lu montres pour nous prouver que tu as de l'esprit ! Il Je suis bêle; cependantjécoute moi. Il je ne parlerai pas longtemps, parce Il que tu parais nous mépriser trop, Il voici mou arc et mes flèches, c'est Il moi qui les ai faits, voici mon fusil, Il qui, comme ton soleil artificiel, a été 'I fait par des hommes de ton pays. Il Vous autres, vous avez de l'esprit, Il vous savez tout faire, et vous devez, M au moins, savoir vous en servir, « prends ce fusil et cette poudre, moi « je garderai mon arc et mes flèches Il partons tous deux pour la forôt ; « nous reviendrons, tous deux, à la Il prochaine lune, et r,M nous diras •I alors si tu as beaucoup plus d'esprit Il que les sauvages. » Cet argument pour n'être pas de la plus stricte lo- gique, suffit on le comprend assez, pour arracher un violent éclat de rire à toute la bande, et jeter dans la con- fusion, le maladroit orateur, qui sa- vait bien que, si les sauvages ont tant ;\ apprendre des civilisés, ils ont bien des choses à leur montrer dans leur genre de vie. L'homme du désert si ignorant quand il n'a pas de maître, apprend avec une grande facilité du premier maître qui se présente. Nous avons des livres écrits en caractère syllabi- ques, je connais un sauvage qui a appris "à Ure dans un jour,et plusieurs l'ont fait en trois jours. Depuis près d'un quart de siècle je suis au milieu des sauvages, et j'en suis toujours à la conviction qti'ils ont autant d'intel ligouce que la ^ ortion non cultivée des peuples les plus distingués sous le rapport intellectuel. Mais dira-t-ou peut-ètro, si vraiment les n Peau.x- rougesi) sont intelligents, comment expliquer leur position ? Comment se fait-il qu'à notre époque surtout, au milieu des lumières qui, par leur éclat, semblent vouloir aveugler les autres peuples, comment se fait-il qu'ils con- naissent si peu ? Nous avons des che- mins de fer et eux vont à la raquette, nous avons des télégraphes sousma- rins et eux n'ont pasmAmo l'idée d'un bureau do poste, nous avons des canons rayés, dc3 fusils à aiguille ou chassepot, nous pouvons tuer à des distances énormes, eux sont encore au système primitif de destruction de leurs sem- blables. Ils n'ont que des lances, des carquois, des arcs, des flèches; ils ne peuvent tuer que de près ; nous avons des vaisseaux blindés, et ils n'ont que des canots d'écorces. Nous lisons tous les secrets du ciel visible, et eux ne connaissent que quelques constel- lations ; nous calculons tous les dges et toutes les couches de la teire, et eux ne connaissent que les animaux qui l'habitent. En un mot, nous som- mes les grandes, les puissantes na- tions de l'époque, et eux ne sont que les pauvres et ignorants sauvages de de la forêt et de la prairie. Comment cela ? La réponse à cette importante et grave question est, sans doute, dans les secrets dé Dieu. Mais ce Dieu infi- niment bon, ne semble-t-il pas avoir voulu nous donner une leçon utile, en nous montrant la non-omnipotence de la raison humaine livrée à elle- même ? Les races sauvages sont, comme les autres races, qui ont été animées par ce souffle de vie qui a placé les enfants d'Adam parmi les êtres intelligents. Cette intelligence, si on le veut, est comme à l'état latent et laisse passer des siècles sans éclai- rer ceux qui la possèdent, des rayons qu'elle fait briller ailleurs, sans sortir ces infortunés de l'ornière profonde où ils sont tombés, sans les ramener au point d'où ils sont partis. Donc 78 ■ ; ' ' cette raiscn humaine, livrée à elle- même, est impuissante et stérile, donc elle ne te suffit ijas, ô insensé ! qui voudrais rejeter la raison suprême. Le sauvage est un homme ; et j'en ai la preuve dans son caractère moral. L'intelligence de l'homme, servie par des organes, se soumet, trop souvent, à leur empire tyrannique, comme aussi, elle sait, parfois, s'en affran- chir. Le sauvage, comme l'homme civilisé, s'élève an-dessus des sens quand, en se faisait chrétien, il ac- cepte cette morale liublime qui gêne tant les partisans de la morale libre. Comme il est doux, comme il est con- solant, de voir cette soumission du sauvage, courbant son front indompté sous le joug de l'Evangile 1 Oui, le sauvage est un homme, qui trouve dans la doctrine divine de quoi éclai- rer son intelligence, jusque-là si obs- cure ; et dans les célester enseigne- ments de quoi remplir le "ide de son cœur! Que de fois j'ai été profondé- ment touché, que de douces larmes j'ai répandues, en voyant l'action de la grâce sur ces infortunés orphelins du bonh eur, ru'elle façonne pour la félicité ' Oui, le sauvage est un homme, un homme capable de faire domi: <3r ^^n lui l'homme spirituel ; capable de sentir et de goûtei leij cho-ies d«3 Dieu. Si le caractère moral du s.\uvage qui se convertilau Chris- tianisme, si ce caractère ne vous prouve 1-':- issez qu'il e^l homme, ô vous! qui ne craignez pas de rejeter l'enseignejLùe^t divin, contemplez le sauvage infidèk, et sa dégraaation vous prouvera qu'il est de la même espèce que ceu.x qui le repoussent, llomme, comme tous ceux qui igno- rent Dieu ou le méconnaissent ; comme tous ceux qui ne veulent pas de l'Evangile, ni de sa morale ; hom- me, comme tous leb esclaves des sens et de la natui-e, homme, comme tous les orgueilleux, les homicides, les voleurs ! Oh ' oui, le « Peau -Rouge » infidèle 'lOuve qu'il eot ^homme comme la* race blanche infidèle ' Les sauvages du « Départesaent du Nord )) avant m'jme l'arrivée ies mis sionnaires parmi eux, avaient tous quelques notions religieuses, voire môme quelques traditions bibliques, faciles à distinguer, au milieu du grossier encadrement de folies et de superstitions qui les enveloppe. Tous les sauvages reconnaissent un être quelconque, supérieur aux autres, auquel ils donnent différents noms. Le culte de cet être était souvent nul et toujours bien mal défini ; quelques- uns rendent le culte le plus éclatant au soleil ; d'autres, tout en reconnais- sant « l'Esprit Bon, » servent et hono rent de préférence, le méchant. Pres- que tous croient à une espèce de poly- théisme grossier, ils adressent leurs supplications à tous les êtres de la na- ture, à tous ceux surtout qui revêtent une forme singulière ou extraordinai- re. D'infâmes et absurdes superstitions captivent les pauvres ;jeuples, et sont souvent un obstacle u leur conver- sion. Les jongleurs ou sorciers qui sont d'ordinaire les médecins, s'attri buent une puissance et une force sur- naturelle, qui leur permet d'exercer un grand ascendsut sur leurs compa- triotes, et comme ces personnages trouvent ain*. un moyen sûr de servir leurs sordi r.^s passions, ils sont inté- ressés à Ufc ^int abandonner leur art, et à combat re tow. ce qui, en dimi- nuant leur influence, nuirait à leurs intérêts. Quant à la valeur réelle do ces jon- gleries, il m'est bien dilB ile, non- seulement de formuler, mais, môme, de me former à moi-même, une opi- nion certaine Nul doute que, le plus souvent, ce n'est qu'une supercherie adroite, d'autres fois, jt; serais tenté de croire à un a intervention diabo- lique. D'orr'inaire,, ces sorciers ou euple bon, doux, mais excessivement pauvre, et portent, sur lourschéllves personnes, le carhol dvi la misère profonde et ha- biluulle daua laquelle ils vivent. Les .Xssiniboinesdes prairies, au contraire L'Ont de grands et vigoureux gaillardSj et de francs coquins, c'est pourquoi on dit proverbialement, voleur comme un Assiniboine. Ils s'unissent avec les Saulteux, pour combattre les Sioux, et avec les Cris des prairies, pour donner la chasse aux Pieds- Noirs. Les cruautés des guerres des sauvages sont assez connues, pour qu'il ne soit pas nécessaire d'en par- ler. Un peu de réflexion prouve que ces cruautés se retrouvent, malheu- sement, aussi sur certaines pages de l'histoire des peuples même les plus civilisés. Tant il est vrai qu'il n'y a rien qui ressemble tant à un homme qu'un autre homme. Sans être aussi pauvres que leurs frères des bois, les Assiniboines des prairies ont le talent, malgré leur rapine, d'être toujours les plus dénués d'^ tous les sauvages qui vivent de la chasse du bison, aussi; il est difficile de croire et même d'i- maginer jusqu'à quel point il s'habi- tuent à la souffrance. 11 n'est pas rare, pendant les plus grands froids de l'hiver, et au milieu des plus vio- lentes tempêtes, de voir un Assiniboi- ne à cheval, n'ayant pour£e protéger le buste nu, qu'une peau de buflle, jetée sur les épaules, sans la moindre attache pour l'y fixer, tandis que le reste de la toilette est en parfaite har- '^lonie avec cette première pièce. près avoir vécu hien des années en pays sauvage, et avoir été exposé, par conséquent, bien des fois aux épreuves notre climat, j'en suis encore à me taire la question : comment-ost-il pos- ble que ces sauvages ne périssent pas tous ? Les Assiniboines, indubitablement, unis autrefois avec les Sioux, t ont été repoussés depuis, ce qui les a forcés a chercher un refuge sur les terres des Algonquins de l'ouest, et ils sont là, mêlés avec les différentes tribus de cette famille, occupant sur ces terres, une étroite diago'nalo qui s'étend depuis la Rivière à la Souris, jusqu'au haut de la rivière Athabas- kaw. Les As^^^ibojnes des bois fn;- quentent la mission du ( Lac Ste. Anne.)) Plus au -^ud, les Méthodistes ont aussi un établissemeii' sur le Lac des Tourtes (« Pigeon Lake.))) L'esprit JJ 84 de superstition et la passion du vol sont tels, chez les Assiniboines de la prairie, que quelques-uns vont jus- qu'à se couper les phalanges "des doigts pour obionir du succès dans leurs brigandages. Comme, en parlant de la Rivière Rouge, il a souvent été question des redoutables Sioux , un s'étonnera peut être, qu'en énumérant les sau- vages du « Département J.u Nord,» je ne fasse guèr'% mention de œtte farouche et crueDe bande. La raison, toute simple, c'est, que les Sioux n'ha- bitent pas les Possessions Britanni- ques. Autrefois, une tribu de cette nation connue sous le nom de «Sioux en canots, » venait faire des expédi lions sur nos terres; c'est une de ces bandes qui massacra le Père Arnaud, le jeune de LaVérandrye et ses hom mes. Depuis longtemps, nous n'avons pas de Sioux, si ce n'est comme visi- teurs. Les horribles boucheries com mises par ces malheureux, dans le Minnesota en 1862,les firent fuir devant le juste châtiment que leur réser- vaient les Américains. C'est alors que des bandes de ces sauvages, con- naissant les lois internationales vin- rent, de temps en temps, jusqu'à la colonie d'Assiniboia, où l'on dût môme leur procurer quelques ali- ments par les empôc'ner de mourir de faim. Au demeurant, ces cruels assassins ne sont point des nôtres. No'js avons assez de misères et de responsabilités, sans nous occuper de celle-là. Leur propre histoire et les hauts faits de leurs frères, les Assini- boines, ne nous inspirent pas un vif désir de les posséder; nous avons assez des derniers qui, d'après ce que nr s avons dit plus haut, habitent da^c :es Districts de la Rivière du Cygne et de la Rivière Siskatchewan, et qui sont au nombre de trois à f^atre mille. 30 F.\MTLLE DES PIEDS-NOIRS. A l'ouest des Gris des prairies, at au. sud de la Siskatchewan dans le Dis- trict du môme nom, se trouve la troi- sième famille sauvage du « Départe- ment du Nord,)) ce sont les Pieds- Noirs. Comme tous les sauvages de prai- ries, ils vivent en gros camps, et n'ont de ressources que la chasse du bufLle et autres gibiers de ces prairies. La chasse est-elle productive,ils regorgent d'abondance, fait-elle défaut, ils lan- guissent et souvent périssent de misè- re. Je n'ai jamais eu de relations par ticulières avec les Pieds Noirs, mais, d'après ce que l'on en dit, ce peuple semble doué d'un noble caractère. Noblesse sauvage, sans doute, mais enfin quelque chose de mieux que ce que l'on trouve chez leurs voisine. Un gentilhomme Anglais, qui avait passé plusieurs années parmi les Pieds-Noirs, parut s'étonner beau- coup, un jour, de ce que je ne m'en- thousiasmais pas à leur article, tandis que lui résumait son estime pour ce peuple, par l'exagération suivante. « Les Pieds-Noirs sont aux autres sauvages, ce que les Anglais sont aux autres peuples. )> Je baissai la bête, en signe d'admiration, et laisse à cha- cun à faire le commentaire qui sera le plus de son goût. Comme guerriers les Pieds-Noirs ont une réputation, et sont redoutés jusqu'au delà des MontagnesRocheuses.Dans leurs guer- res, presque continuelles avec les Cris, on ne les accuse pas, généralement, d'être les premiers à violer les traités de paix conclus de temps à autre. Ils sont plus riches que leurs voisins : possèdent, surtout, plus de chevaux, ce qui excite ces derniers à des expé- ditions guerrières dont le but, au moins secondaire, est de se procurer des coursiers qu'ils enlèvent quelque- fois par bandes nombreuses. Les Pieds-Noirs habitent aussi des loges ou tentes de cuir, ces loges sont plus spacieuses et mieux entretenues que celles de nos autres sauvages. Aux jouis de l'abondance, il y règne un certain luxe : luxe de poil et de cuir! Les Pieds-Noirs sont moins malpropres que les autres tribus nomades. Leurb vêtements, quoique faits de cuir, sont quelque- I : •)5 .s M a 85 I fois riches et élégants; ils déploient même un goût exquis dans l'orne- mentation de ces vêtements. Le poil de poiT-épic et d'orignal, le crin de leurs chevaux et, surtout, la chevelu- re de leurs ennemis, leur fournissent des moyens d'ornementation qui dé- passent beaucoup ce que d'habiles fa- bricants pourraient croire possible, avec de pareilles ressources. Les Pieds-Noirs attaqués par les Cris, à cause de leurs chevaux, vont jusque sur le territoire Américain, comme au- de là des Montagnes Rocheuses, dans un môme but de vol et de pillage. Aussi, sont ils redoutés de tous leurs voisins. Espérons que les efforts com- mencés, il y a quelques années, pour leur conversion, et qui sont déjà cou- ronnés de quelques succès, finiront par obtenir la rcgônôration de ce peuple : l'extinction, par conséquent, de ces guerres qui, autrement, amè- neraient l'extinction de la nation elle- même. Les Pieàs-Noirs, 'rès-peu délicats sur ce qu'un homme de cœur ferait passer avant toutes les autres délica- tesses, sont, pourtant, excessivement jaloux : aussi, un très-grand nombre de leurs ff^mmes portent la marque sensible des excès de la colère et, Sai tout, de la colère jalouse de leurs maîtres impitoyables. C'est le nez de la femme qui est le point de mire ; aussi bien des figures sont privées de cet important organe. Un coup de couteau ou de dent a suffi à l'opéra- tion. Comme elle est digne, la noblesse sauvage ! Les Pieds-Noirs sont au nombre d'environ six mille, nombre qui diminue par suite de la guerre et des maladies contagieuses auxquelles ces sauvages sont plus exposés que les auti'es, vu leurs relations avec des tribus qui habitent un climat moins sain que le nôtre. Les Gris désignent les diverses tribus de Pieds Noirs, sous le nom générique de : Ayatsiiynivvok, (iHian- gers, ennemis.) I^es Montagnais les appellent : Ennasslini, (mauvais Cris ou mauvais étrangers.) La famille des Pieds-Noirs, se com- pose de trois nations ou tribus, ce sont d'abord, les Pieds-Noirs propre- ments dits ou Sixika, puis les Pié- ganes, (Piéganew) et, enfin les gens du sang, Kena. Ces trois tribus par- lent une môme langue, se réunissent pour la guerre, ont des mœurs et des coutumes identiques et, pourtant, maintiennent, entre elles, une distinc- tion marquée. Tout ce groupe de sauvages est extrêmem.ent avide de vengeance : il peut la retarder long- temps, mais rarement en perdre le souvenir. Sans avoir de gouverne- ment régulier, les Pieds-Noirs possè- dent une organisation militaire mieux définie que celle que possèdent les autres enfants de la prairie. Ils recon- naissent eux-mêmes sept classes de soldats, pourvue chacune d'un chef, et auxquelles sont dévolus, dans une certaine proportion, l'organisation du camp et le maintien de l'ordre. Un trait caractéristique de la nation qui nous occupe, c'est le culte du soleil, culte public et solennel qui se traduit, surtout, par une fête qui -a lieu au commencement du mois d'août et à laquelle toute la nation prend part.Cette fête semble assigner à ces sauvages un rapprochement plus marqué avec des peuples connus. Ce culte de l'astre du jour, assez naturel à f homme privé de la révélation, a ses grands Prêtres, ses vestales, ses tem pies improvisés, son feu sacré, ses joies burlesques et profanes. Le céré- monial de cette fête est très compli- qué, les sacrifices en sont une partie essentielle, quelques enthousiastes immolent aussi une partie d'eux-mê- mes, en se coupant les doigts. La mu- sique vocale et instrumentale aide l'entrain sinon la ferveur. Et quels virtuoses que ces farouches hurleurs do la prairie ! Les plus grossières et les plus ridicules des superstitions, le tout enrichi des orgueilleuses fanfa- ronnades des chefs, captivent ce peu- ple, subissant l'empire d'une coutume O'i d'une croyance dont il ignore et le but et l'origine. Cette fête du sohil naturel, Natous, _,.* — ^ »... . ••.**> .W4V4#i«#L..K»H - — t r ,1' . ^jLm.aAi)^ij!.c».tiâ/. .y^iÂ,ù-.^ 8C ^ I 1:1 et le culte rendu à cette brillante manifestation de la puissance du so- leil de justice, ont induit en erreur quelques uns do ceux qui ont parlé des Pieds-Noirs, en faisant croire que cette nation ne reconnaît point un être Suprême. Pourtant ces sauvages comme les autres, ont une idée indé finie de la Divinité, de l'excellence d'un Etre en principe invisible. Le mot Dieu ne se traduit pas littérale- ment dans leur idiome qui, cepen- dant, permet de pai'ler si bien de la Divinité et d'en exprimer les attri- buts. Par exemple, ils disent : Ispou- nitapi (celui qui est en haut|, et encore Kimnon, (\otre Dieu). Cet excellent être invisible que, naturellement, ils supposent en haut, au ciel, c'est bien Dieu, dont ils affirment la bonté infi- nie en le désignant aussi par le mot même que le Fils de l'Etel-nel a mis sur nos lèvres en nous enseignant à prier. Aux trois tribus de Pieds-Noirs, s'en est jointe une quatrième qui n'est pas de la môme famille, la tribu des Sarcis. ' Ces derniers se sont identifiés avec leurs alliés avec lesquels ils se confondent, pour les mœurs et les habitudes, mais dont ils restent sépa- rés par le langage. Celte dernière dis- tinction caractéristique rattache les Sarcis à la nation des Castors qui ha- bitent les bords de la rivière à la Paix, et qui est une branche de la famille Monlagnaise ou Tchippeweyanes,dont nous parlerons bientôt. Les Sarcis ont perdu la douceur, l'esprit de paix et d'honnêteté qui caractérisent toutes les tribus de leur race, pour s'inspirer de l'esprit de vengeance et de vol qui caractérise aussi la nation avec la- quelle ils se confondent maintenant. Ce déplacement d'une tribu que les guerres menacent d'éteindre bientôt complètement, a quelque chose de semblable à ce qui s'est fait pour les Assiniboiues, qui, non seulement, ont abandonné les Sioux leurs frères ou aillés naturels ; mais qui, mûme, leur font aujourd'hui une guerre achar née, et leur ont juré une haine impla- cable. L'une de ces deux scissions. celle des Sarcis, s'est opérée par une émigration vers le sud; tandis que celle des Assiniboine les a repoussés vers le nord ou le nord-ouest. Avant de nous séparer des Pieds- Noirs, disons que, contrairement aux autres sauvages du « Département du Nord, » ils n'enterrent point leurs morts : ils les habillent avec soin, les déposent dans leurs loges à la porte de laquelle ils immolent des chevaux, surtout si c'est un chef, afin que le défunt puisse chasser à loisir, dans les prairies de l'autre monde. Ces cada vres laissés sans protection sont bientôt la pâture des bêtes fauves. 4o. l'AMILLE DES TCHIPPEVVEYANS MONTAGNAIS. ou Eu quittant les prairies et les na- tions qui les habitent, on perd de vue les scènes de sang, de vol et de bri- gandage, et ce, pour entrer dans une région plus calme, au milieu d'un peuple différent de ceux qui viennent de fixer notre attention. La famille Tchippavveyane ou Montagnaise, for- me un contra-ite bien frappant avec ceux qu'elle appelle les Grandes Oreil- les (Saulteux), les mauvais étrangers, (Pieds-Noirs) etc., etc. Les noms, mêmes, donnés à la famille indienne dont nous voulons parler, la font con- fondre avec d'autres auxquelles elle n'appartient certainement pas. Ainsi, le nom montagnais a fait croire que nos Montagnais du Nord, sont frères des Montagnais qui habitent le bas du St. Laurent et les bords du Saguenay. Ces derniers se rattachent à la famille Algonquine, dont ils parlent la langue; tandis que nos Montagnais sont une race tout à fait distincte. La douceur de caractère étabhL, sans doute, un grand rapprochement entre ces deux bandes de Montagnais, et je ^rois que que c'est ce rapprochement qui a valu à ceux du nord-ouest, le nom qu'ils portent. Des voyageurs qui avaient d'abord vu les Montagnais du Canada, ■I dont ils Ignoraient la langue, étant arrivés parmi ceux du Nord qu'ils ne 87 •comprenaient pas davantage, ont pu facilement croire que c'était un môme peuple. Le nom de Tchippeweyan se confond aussi quelquefois aveccelui de Tchippewey, que les Anglais don- nent toujours aux Saulteux. Le mot Tchippeweyan , pluriel Tchippeweyanak, emprunté à la lan- que Crise a son étymologie dans les deux racines Tchipwaw (Pointu) et Weyan, (Peau, couverture, vêtement) et ce nom a été donné par les Gris aux Montagnais, leurs voisins, parce que, primitivement, ces dernieis por- taient des vêtements terminés en pointe, comme font encore les Lou- cheux et les Esquimaux. La forme élancée des canots montagnais, aurait pu aussi déterminer cette appellation qui, en lui supposant une élision, ex- primei'ait aussi celte forme des em- Larcatioub. Quoiqu'il en soit de ces deux noms, j.ie tout le monde con- fond, la fanîille de Denè (Hommes) qui les porte, diffère considérablement des autres peuples dont nous avons déjà parlé Le dialecte d'abord, n'a pas la moindre analogie, puis leurs mœurs diffèrent autant que le langage. Le Montagnais est doux, timide, lâche encore plus que les autres sauvages. Quoique perdus à de grandes distan- ces, dans les forêts épaisses qui les protègent, ils se croient toujours pour- suivis par des ennemis, par les « Mau- vais étrangers » (Ennaslini.) Jusqu'à l'arrivée des missionnaires parmi eux, ils étaient souvent saisis de terreurs paniqu";: et insensées, qui les faisaient courir à perte d'haleine ou à franc et bel aviron, et cela., lors même qu'ils étaient réunis en grand nombre. Une femme, un enfant avait cru entendre le bruit de la détente d'un fusil, il venait, tout épouvanté, en avertir la famille ou le camp ; et, de suite, sans autre donnée, toute la bande de ces preux, prenait la fuite. Ces craintes chimériques avaient sans doute, une raison d'être dans le souvenir des guerres que ces sauvages on t eu autre- fois à soutenir contre les nations voi- sines. S'ils ont été vaillants soldats, ils sont bien changés, pou rie quart d'heu- re du moins,l'e9prit guerrier ne domi- ne p\s les montagnais. Les Cris, leurs ennemis d'autrefois et alliés d'aujour- d'hui, disent cependant, qu'ils étaient braves, une fois l'action engagée. Ce qui, en définitive, met leur courage à peu de chose près, au niveau de celui de bien d'autres qui passent pour braves. Les Montagnais n'avaient pas peur seulementdes vivants, mais bien aussi des morts. Au décès de quelqu'un, ils tiraient force coups de fusils pour apaiser les mânes irrités, se hâtaient d'enfouir les cadavres dans la terre, partaient de suite et évitaient autant que possible, de revoir cet endroit qu'ils regardaient comme fatal. Je voyageais avec deux Montagnais infi- dèles, le mauvais temps nous força de demeurer un jour entier auprès d'un lieu de s jtulture. A midi, u.: de mes compagnons est saisi d'une fièvre brûlante, sa figure s'enflamme, son pouls bat violemment, sa respiration est gênée. Il soupire, souftle, s'agite. Je le crois bien malade et il l'était de fait. Le lendemain nous partons. Je change de rôle avec mon homme, je l'installe chaudement dans une cou- verte au milieu de mon canot, et pre- nant mon aviron, je rame de toutes mes forces pour hâter notre arrivée au prochain établissement sur notre route. A peine éloigné du rivage, je m'aperçois que la respiration de mon malade est plus facile, son agitation se calme, bientôt il demande à manger. Quelques heures après, il était parfai- tement rétabli, m'avouantque la peur des morts avait seule causé son mal. Au décès de leurs proches, les Mon- tagnais infidèles se livraient à une tlouleu; extravagante, ils pleuraient, ils huilaient môme, brûlaient, détrui- saient tout ce qu'ils possédaient. Cou- verts d'un misérable haillon qu'ils de- vaient à la charité d'autrui, ils demeu- raient une année entière sans chasser, rttendant leur subsistance du senti- ment de compassion que leur état pi- toyable pouvait inspirer aux autres. Une frayeur exagérée de la mort, se remarquait aussi parmi cette nation. m ^r 88 m Va sans dire que cette crainte exces- sive, ainsi que les nshges précités, ont disparu par l'enseignement chrétien, qui, sous ce rapport, comme sous bien d'autres, a de beaucoup amélioré les dispositions de ros infortunés. Les Montagnais ont une horreur très pro- noncée pour le sang, et ne compren- nent pas qu'on se batte autrement qu'eu se saisissant à la chevelure, et eu luttant ainsi corps à corps, lï y a cependant loin de cette dispositior; a la sensibilité de caractère. Les Monta- gnais ne se livrent pas à des % oies de faits sanglants. Néanmoins, avant d'ôtre chrétiens, ils étaient d'une in- sensibilité telle qu'ils abandonnaient leurs parents sans ressources, au mi- lieu des foièts, lorsque l'âge ou les in- finités ne permettaient pas à ces der- niers de suivre la famille. D'antres nations tuent leurs vieillards et infir- mes, eux Uîs laissaient mourir. Les orphelins, nii^me adoptés, étaient trai- tés avec une rigueur que l'on serait facilement tenté de qualifier de cru- auté. Puis la femme! Oh! comme elle était malheureuse la Montagnaise infidèle ! Ces hommes si doux, si bons avec les étrangers, si lâches avec des ennemis imaginaires, devenaient sou- vent les bourreaux de la compagne de leur vie. Aucune nation, peut-être, n'avait un pareil mépris pour la fem- me. Ce mépris égoïste qui disposait tout de façon que l'homme recueillît toutes les satisfactions possibles, lais- sant à sa mère, à son épouse, à sa fille, tout ce qui leur était physiquement possible d'endurer de souffrances, de privations, de travail. Oh! religion sainte, que tes maximes font de bien, aux nations, comme aux individus ! Un trait bien consolant du carac- tère des Montagnais, c'est leur éloi- gnement pour le vol: il n'y a cer- tainement pas un peuple plus hon note. Tous les voyageurs ont lieu do reconnaître et d'admirer cette dispo- sition qu'ils possédaiont, môme avant l'introduction du Christianisme parmi eux. Cet éloign<:^ment du vol ressort avec d'autant plus d'éclat, que les Montagnais sont, je crois, les plus intéressés des sauvages. Ils n'ont point l'imprévoyance des antres, et gardent, autant que possible, quoique chose pour le moment du la détresse. Ils ne partagent pas le dôsir effréné qu'ont les Cris, de manger en festins, tout ro qu'ils possèdent; ils convo- quent quelquefois leurs parents et amis à un régal, mais en temps cl lieux, et jamais à la condition d'être le lendemain, dans la disette ou la souffrance. Tous les sauvages sont demandeurs, les Montagnais plus que les autres, sans pourtant s'offenser des refus qu'ils subissent souvent. Leur curiosité est insatiable : il leur faut tout voir, tout toucher, et, chose vraiment extraordinaire, invariable- ment, ils remettent en place, les objets qui, naturellement, excitent davan- tage leur convoitise, lors môme qu'ils pourraient les dérober sans danger de provoquer le moindre soupçon contre eux. L'esprit de superstition, naturel à l'homme ignorant et suite du besoin de croire, se trouve sans doute, parmi les Tchippeweyans, res- treint, néanmoins, dans les limites plus étroites que chez certains autres sauvages. Ils ont leurs jongleurs (Jkanzè), qui. n'osent pas reven 'iquer alogue à ce que les Cris et les Suuiteux. La polygamie, commune parmi toutes les nations infidèles, se retrouve aussi chez ceux dont nous parlons : l'union conjugale ne leur semble pas un lien obligatoire ; de là, sans doute, de grands déso"dres ; il est néanmoins consolant de dire que ce peuple avait conservé la loi naturelle, au point de ne pas commettre de crimes contre nature,malgré les exemples nombreux de ces monstruosités, fournis d'une manière notoire par les Cris, avec les- quels ils sont en relations journalières. On comprend facilement que cet ensemble de qualités, avait prédisposé favorablement les Tchippeweyans à embrasser le ch,-istianisne. Aussi, presque toute cet.e famille a accepté notre sainte religion, et la grande majorité en pratique fidèlement les importantes obligations. Parmi nos une puissance s'arrogent ij> ■ 89 Montagnais sont quelques-unes de nos plus belles missions. Leurs heu- reuses inclinations nous les ont fait lochercher tout d'abord. Dans l'im- possibilité d'évangéliser tous los sau- vages du « Départoinent du Nord, » Mgr. Provenrhor et son successeur, ont fait travaillfir do préférence, à la conversion das Montagnais. Le succès a prouvé l'àpropos de cette dôlonnination. Un Vicariat Apos- tolique a été créé, presque exclusive- ment, en faveur de ce groupe de tri- bus. De plus, les Montagnais du Dis- trict de l'Ile à la Crosse, viennent aussi de passer sous la houlette d'un nouveau Pasteur, par suite du succès des missions établies chez eu.x, ainsi que dans le haut de la Rivière Saskat- chewan. La famille Montagnaibe habite les Districts do la Rivière aux Anglais, d'Athabaskaw et de la Rivière McKenzie, à l'exception pourtant du littoral de la Mer Glaciale, envahi par les Esquimaux. Quelques familles Crisses s'étendent aussi jusqu'à Atha- baskaw. La race desTchippeweyanscomprend un grand nombre de tribus que nous classerons e". quatre na^')ns. Les Tchippeweyans, les Castors, les Escla- ves et les Loucheux. lo Les Tchippe\ ''eyaus renferment trois tribus. Les Montagnais propre- ment dits, les Mangeurs de Caribou et les Couteaux jaunes, qui se ressem- blent sans traits saillants de différence, si ce n'est ceux que le plus ou moins de ressources locales leur permet d'ad- mettre dans leurs vêtements. 2o La nation des Castors, comprend les Castors proprements dits, qui ha- bitent les bords de la Rivière à la Paix et les magnilîques terres qu'elle arrose. Les « mauvais mondes » qui avoisinent les premiers et se trouvent sur les bords de la branche orientale de la Rivière du Liard, '' ifln les Sarcis dont nous avons déjà parlé, qui se sont détachés de la famille Montagnai- se. pour s'unir à la famille des Pieds- Noirs. La langue des Castors, diffère de celle des Tchippewayans propre- ment dits, elle en est pourtant une branche et c'est l'analogie de ces idiomes qui permet de r.illier à une môme souche, les deux nations qui les parlent. Les Castors se séparent de leurs frères dont ils n'ont pas absolu- mou t toute la bonté ; plus de légèreté, de générosité, d'imprévoyance et une passion elfrénée pour le jeu, indi- quent aussi une dillérence de caractère. 3o Les Esclaves tirent leur nom du mépris profond que les nations autre- fois ennemies, leur avaient voué au temps des guerres et à l'époque où ils fuyaient devant leurs adversaires. Les tribus qui composent cette nation sont; les Esclaves, les Peaux do Lièvres, les Plats côtés de Chiens, les Tekenè, les Nahanè et autres petites tribus composées, seulement, de quelques familles. Des ditl'ôrences dans les langues de ces tribus, tout comme certaines analogies, semblent les rattacher au groupe que nous leur assignons dans la famille. Il est dif- ficile de se faire une idée de la pau- vreté dans laquelle vivent ces der- niers sauvages. Le climat qu'ils habi tent est des plus rigoureux ; l'éléva- tion de la latitude tient dans certains endroits, le soleil sous l'horizon pen- dant des semaines entières, et ils sont là. dehors, souvent sans loges ou tentes, n'ayant qu'une cabane de branches. Quand les lièvres ou lapins leur manquent, la disette est affreuse. C'est au milieu d'une de ces terribles épreuves, qu'on en a vu se livrer à toutes les horreurs du plus révoltant cannibalisme. Dans cette circons- tance, quatre- vingt Peaux de Lièvres ont été mangés par leurs frères, à la porte d'un fort de l'Honorable Com- pagnie de la Baie d'Hudson. Lajustice et la vérité veulent que l'on dise que, comme règle invariable, les sauvages en détresse, trouvent du secours dans les postes de traite ; quand on le peut, on va même au devant de ceux qu'on sait être réduits à l'extrémité. Cette fois, pendant l'hiver de 1840 à 1841, M. Fisher, en charge au Fort Good-Hope, au lieu do pouvoir porter secours aux sauvages « Peaux de 1 7/ IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) Jo /». <^- €/ i/j (/, 1.0 '- I™ 1122 l.l l£ 2.0 1.8 11.25 1.4 lil.ô 6" V] -%/ >• ^c? w /. ^ m o\' '/ Photographie Sciences Coiporation I ^^ :\ € l'ancien et le nouveau monde; ils sont la seule nation non-civilisée que l'on retrouve dans les deux hémis- phères comme pour attester que les peuples de tous les continents ont une seule et môme provenance. Le nom Esquimaux a une origine Crise ou Algonquine, Ayaskimew plu- riel Ayaskémewok, étant le nom don- né par les Cris au peuple dont nous voulons parler. L'étymologie et la si- gnification de ce mot se trouvent dans les deux racines Aski (chair eu poisson cru)et Mowéw. (Il mange), et signi- fie, celui qui mange du poisson ou de la chair crue. On comprend facilëmeit que les di- verses tribus d'un peuple qui habite une si immense étendue de terre, doi- vent nécessairement différer. Il y a trop loin du Labrador aa Détroit de Behring, du Groëland à l'extrémité nord de l'Asie pour que la nation qui habite ces plages,se trouve partout sem- blable à elle-même. Une partie a subi des influences qui ont modifié ses mœ'irs et manqué à d'autres, tous pourtant parlent encore la même lan- gue, d'où il faut conclure qu'ils ont une môme origine. Nous ne voulons ici parler que des Esquimaux du n Département du Nord, » ceux par conséquent que l'on trouve entre Churchill et l'am- bouchuredu fleuve McKenzie, ceux qui naguère encore étaient sous la juridiction de l'Evoque de St. Boni- face et qui maintenant se voient les uns dans le Vicariat Apostolique d'A- thabaskawMcKenzie,et les autres dans la dernière subdivision ecclésiastique du pays. Ces Esquimaux se nomment eux-mêmes Innoït, je ne ci ois pas que leur nombre s'élève à plus de quatre ou cinq mille. Les Innoïts ont une réputa ion de bravoure bien grande ; ils sentent qu'ils sont forcés de défen- di'e leur terrain, car où iraient-ils s'ils étaient repoussés de l'étroit littoral qu'ils habitent? Au reste, il n'y a absolument qu'un point dû les Esqui- maux soient ici exposés à la guerre, à l'embouchure môme de la Rivière McKenzie, dont les Loucheux vou- laient leur défendre l'entrée. Ailleurs ils ne voient personne, si ce n'est les mangeurs de Caribou, qui fréquentent avec eux le Fort de Churchill, qu'ils rencontrent aussi quelquefois à la lisière des landes stériles et avec les- quels ils vivent en parfaite harmonie. Les mangeurs de Caribou ne sont pas certes, hommes à fournir aux au- tres l'occasion de cultiver l'art de la destruction ou de la défense. Avec leur naturel si piein de douceur, ils affir- ment que leurs chers voisins ont encore une douceur plus grande et une docilité parfaite. Gela n'empôche pas de les range* quelquefois au nom- bre des ennemis imaginaires. Cet efforc d'imagination ne prouve qu'une chose : la pusillanimité de ceux qui en sont capables. Nos Esquimaux ne sont pas des géants, cependant, ils ne sont pas d'aussi petite taille qu'on le croit généralement. Les femmes, pourtant sont au-dessous de la moyenne, ce qui n'étonne point ceux qui connais- sent les tribus Montagnaises. Je ne puis point partager l'opinion qui rat tache les Esquimaux à la race blan- che ; je crois que sans leur faire injure, on peut leur reconnaître une petite « teinte jaune ; » si toutefois, il en coûte trop de les rattacher aux « Peau.x-Rouges. n Que les Esqui maux soient plus blancs ou moins cuivrés que les autres sauvages, cela se comprend facilement, tout en leur assignant une communauté d'origine : Il y a certainement moins de diffé- rence entre eux et leurs voisins qu'entre les peuples des différentes parties de l'Europe. Le genre de vie que mènent les Innoïts doit considé rablement influer sur la couleur de leur peau. Enfermés une grande partie de l'année dans leurs cabanes de glace, sans soleil, sans fatigue ; il n'est pas difficile de comprendre qu'ils soient plus blancs que ceux de môme race qui sont constamment exposés aux intempéries do l'air et chez les- quels la misère produit des effets surprenants. J'ai vu des sauvages, de la teinte ordinaire de leurs compa- .\ :\, 93 Ailleurs n'est les jquentent ill, qu'ils ois à la ivec les- armonie. sont pas aux au- irt de la \.vecleur ils affir- lisins ont rande et empêche au nom- res. Cet ^^e qu'une ux qui en pas des sont pas le croit pourtant enne, ce connais- 5. Je ne qui rat ace blan- lur faire îître une itefois, il :her aux !S Esqui- u moins ges, cela t en leur 'origine : de diffé- voisins ffé rentes re de vie considé uleur de grande cabanes tigue ; il Ire qu'ils ie môme exposés 3hez les- !s effets 'âges, de compa- triotes, devenir presque aussi noirs que les nègres, pendant des jeûnes rigoureux, au milieu de l'hiver ; c'est à tel point que, quand je i en- contre des sauvages, que je sais, ou présume, avoir souffert de la faim rendant longtemps, je cherche dans a couleur de leur peau, à m'assurer de leur position véritable. La barbe des Esquimaux ne doit pas étonner plus que celle des Montagnais, en définitive, je les crois de même race que nos autres sauvages, se ratta- chant, plus immédiatement, pourtant, aux Kamtschatkaas ou Mongoles Hyperboréens. Les Esquimaux habitent des huttes, construites en bois, quand ils trou- vent, à la côte, des arrachis rh-^rnés à la mer par le courant des ; f ,cs ; car on sait qu'il ne croit pas de bois sur leurs plages désertes. A défaut de bois, la pierre sert aussi de matériel de construction ; dans l'un et l'autre cas, la neige et l'eau glacée servent de ciment. Quand tout le reste manque, la glace, et il n'en manque jamais, est au service de ces malheu- reuses peuplades qui, comme les au- tres hommes, ont reçu de la nature la puissance de dominer les obstacles qu'elle sème sur leur chemin. Un peu de mousse, quelques phoques et de la glace, voilà souvent ce qui seul est au service des Esquimaux, et avec ces faibles ressources au milieu des horreurs et du chaos des plages gla- cées qu'ils habitent, ils maintiennent leur existence, prolongent leur vie et ne souffrent pas toujours autant qu'on le croirait naturellement. La glace se transforme en une habitation ou rég- nent, sans doute, la malpropreté et la gêne, mais qui, par sa nature donne accès à la lumière qui luit en dehors, et qui, en même temps, protège ceux qui l'habitent, contre les vents, les tempêtes, les rigueurs d'un climat à nul autre semblable. La chair du phoque nourrit la famille qui se revêt de sa peau, son huile alimente la lampe en faisant brûler tristement un peu de mousse placée sur une pierre, ou le sol glacé. C'est le seul luminaire, le seul combustible. Là vivent des êtres, bien bas, sans doute, dans l'échelle de la vie, dignes de toute notre compassion et de notre intérêt ; des êtres dans lesquels bril- lent les rayons de l'intelligence, et dans les poitrines desquels battent des cœurs qui savent sentir et aimer. La mère baise amoureusement l'enfant qu'elle chérit et, à défaut de tout le reste, l'enveloppe de son affection, de ses soins et d'un peu de mousse. Là, l'œil de l'homme qui ne peut contempler les splendeurs du soleil qui, pendant plusieurs mois de l'an- née se dérobe à sa vue, au milieu d'une nature qui n'a ni fleurs, ni verdure, ni végétation, mais toujours couverte sous son linceuil de mort, là, l'œil de l'homme s'arrête, avec une douce complaisance sur ceux qu'il aime et que, dans son langage comme dans le nôtre, il appelle : mon père, ma mère, mon époux, mon épouse, mon enfant, mon frère, ma sœur, mon ami ! Ces liens de famille enchaînent des existences qui ne sem- blent pas avoir d'autres sources de satisfaction. Comme ils ont besoin, en effet, de ce sentiment pour goûter quelque douceur ici-bas ! car, avouons- le, il est bien ridicule, l'enthousiasme de certaine, poètes qui, en prose, plus qu'en vers, ont peint le bonheur des Esquimaux et autres sauvages,d'après les rêves de leur imagination, et non pas d'après la connaissance certaine de leur position véritable. J'ai dit que les Esquimaux qui visitent Churchill sont très-doux ; j'ajouterai que, depuis assez long- temps, ils ont des relations commer- ciales avec ce Poste, où ils se rendent. Les autres Esquimaux du « Départe ment du Nord » n'ont commencé à nouer des relations de ce genre qu'en 1849. Jusqu'alors, leurs ennemis, les Loucheux, ne leur permettaient pas de monter le fleuve McKenzie et leur genre de vie sur le littoral de la mer n'est pas assez séduisant pour attirer à eux. Dans cetie partie surtout, les EsfTuimaux sont excessivement vo- lei 3 , ils croient avoir droit à tout ce ■:-: r-' 94 If-, L yi :i » I que possèdent les étrangers. Ils dé- ploient autant d'adresso que d'effron- terie à dérober et à receler ce qui est à leur portée Pourquoi les glaciers du nord n'auraient ils pas leurs filous, tout comme les centres les plus brillants de la civilisation? Les Innoits construisent leurs caba- nes par groupes ou villages, dans les endroits où la poche à la baleine leur assure une subsistance abondante ; dans d'autres circonstances ils s'iso- lent davantage, vivant de la pèche du phoque ou de la chasse du Caribou. Tout naturellement, les interminables et si rigoureux liivers qu'ils ont à subir, les forcent à plus de prévoyan- ce que nos autres indigènes. Au temps de l'émigration des Caribous, lorsque ceux-ci, à la fin de lété abandonnent les climats où il leur serait impossible de passer l'hiver, les Esquimaux lés tuent en grand nombre tout comme ils saisissent avec beaucoup d'habileté, de courage et de persévérance, toutes les chances de la pèche, pourtant, si difficile sur la mer glaciale. Leur adresse à préparer le cuir est étonnante, ils réussissent parfaite- ment à lui donner une grande sou- plesse et à le rendre imperméable, au point qu'ils en font des canots, leurs Kayiak et ITniak. Les Kayiak, surtout, sont extrêmement légers et servcnit aux chasseurs, qui s'y instal- lent, s'y enferment môme au moyen d'un appareil extrêmement Uexible et et imperméable, fait avec les intestins de la baleine. Cet appareil est fixé à l'ouverture laissée au-dessus du canot, recouvert d'ailleurs. A peine installé le chasseur ou pécheur lace autour de son corps, la partie supérieure de cette espèce de vêtement: il est là, sur la mer glaciale, dans une embar- cation si légère qu'il la porte sur son épaule à la côte, et dans laquelle il se lie si étroitement que les vagues re- couvtfeat l'embarcation et celui qui la monte, sa::^ danger de noyer l'un ni de submerger l'autre. L'aviron de l'Esquiraaux a deux palettes, ce qui donne plus de facilité et de prompti- tude pour diriger sa frêie embarca- tion, dans laquelle on s'étonne de le voir affronter les dangers de la mer à dos distances considérables des côtes. Ils déploient aussi beaucoup de dex- térité dans le confectionnement de leurs traîneaux de glace, et leur adresse à conduire leurs infatigables chiens a quelque chose de surpre- nant. Tous les voyageurs assurent que les Esquimaux sont plus susceptibles de culture, et plus dociles que leurs voisins. Leur si grand isolement n'a pas encore permis de mettre à projet cette heureuse disposition. L'insuffi- sance des ressources surtout du per- sonnel, nous a privé du bonheur de leur porter plustôt le flambeau de la foi. Cette douce lumière commence, néanmoins à luire à leurs yeux. Les missionnaires de GoodHope, ont déjà fait, avec succès, plusieurs voyages parmi le? Esquimaux de la partie occidentale du Département ; tandis que l'un des apôtres du Lac Caribous s'est mis en route, à la fin de l'hiver dernier pour aller passer l'été avec ceux de la partie orientale. Prions pour le succès d'une entreprise si pleine do périls, de généreuse abné- gation et si féconde en sacrifices de tous genres. Que Dieu convertisse les Esquimaux et donne ainsi, à leurs dévoués missionnaires la seule ré- compense que leur zèle ambitionne ici-bas ! ,i3.i fô CHAPITRE VIL REGNE ANIMAL. ii^dh^" Pour remplir le cadre que nous nous sommes tracé, nous voulons, dans ce chapitre, donner un aperçu de ce qu'une partie du règne animal offre de plus remarquable dans le pays qui fait l'objet do cette étude. Au milieu môme des rigueurs de son climat, la nature a aussi ici ses prodi- galités. Si le règne animal, comme le règne végétal, n'offre pas toutes les richesses qu'il déploie dans des régions plus fortunées, il n'est pas pjur ceK tout-à-fait stérile ; il a 95 même ses spécialités réservées à nos glaciers éternels, et ses richesses qui naissent pour ain dire de notre état de délaissement et des rigueurs que nous subissons. Des traités assez complets de la zoologie du Nord, se trouvent ailleurs, et ont été faits par des hommes adonnés spécialement à ces études si in téressanteset si variées. Gomme ces ouvrages sont volumi- neux et dispendieux, j'ai cru être agréable à ceux qui nous portent quelque intérêt, en résumant en quelques pages, ce que je connais de plus frappant à cet égard. Dans ce chapitre nous consacrons un article à chacune des quatre classes do la pre- mière grande division du règne ani- mal. Ce n'est pas à dire qu'il n'y ait ici rien dans les autres embranche- ments qui soit digne d'intérêt. Non, la grande division des animaux arti- culés surtout, peut offrir le sujet d'études profondes, mais il nous est impossible pour le moment même de songer à esquisser ce travail. C'est à la « Fauna Boreali Americana i> de Sir John Richardson, que nous em- pruntons les noms génériques et spé- cifiques de la plupart des êtres dont nous parlerons. ARTICLE PREMIER. Des Mammifères. On sait que cette .classe comprend neuf ordres distincts. Dans le ( hapitre précédent nous avons narlé de la population et môme des races d'hommes originaires du dé- partement du nord. Pour que l'ignorance, la grossièreté et la couleur de nos sauvages, ne per- mettent pas à certains savants de les croire à leur première période de transformation. Dieu n'a pas mis ici le second ordre des Mammifères, celui des quadrumanes. Nous n'avons point de singes ; pour en trouver, il faudrait aller à de grandes distances ; et si nos sauvages n'étaient que des singes per- fectionnés, il leur aurait fallu émigrer de bien plus loin qu'ils ne l'ont fait, étant des hommes, fils d'Adam. Nous nous contenterons de cette courte réflexion sur les deux premiers ordres, et, après avoir donné le tableau général des Mammifères, nous e.xami- nerons dans les paragraphes qui sui- vent, les autres ordres de cette classe si importante Q ,'t ,• 4., I ^î ■■itPWgt'JllMi '!'"."?/ !• ..'■ 1 n I ! •" u 96 1er Ordre. L'HOMME. 2e Ordre. Les Ciuailrumanes ou Singes n'existent point dans le Département du Nord. 3e Ordre. Carnassiers s o m l-H I. Fam. Chéiroptères. Obmus . . . VespertlUo 2 espèces. II. Fam. Insectivores. Gencp . . .Sorex 2 espèces. " ....Scalops 1 " III. Fam. Carnivores. Ire Tribu : Plantigrades. Qbnus. . . .Ursus 4 espèces. " ....Mêles 1 " " ....Procyon i " " ....GiUo I " 2e Tribu : Digitigrades. Gbnus. . . .Mustela 5 espèces. " ....Lutra 1 " " ....Mephltls 1 " " ....Canls 5 " " .... " (Lupus) « " " .... " (Vulpes) « " " ....Felis 3 " 3e Tribu : Amphibies. Genus Phoca 1 espèce. " — Trlchecus rosma- rus 1 " 4e Ordre. Les Marsupiaux n'existent pas dans le Département du Nord. ôe Ordre. Rongeurs. I. Fam. Rongeurs & fortes clavicules. Gkncs. . . .Fiber 2 espèces. " ....Arvlcoia 5 " " ....Mus 1 « .. " — Meriones 1 " " ....ArctomvB 6 " " ....Sciunis 8 " " ....Pteromls 2 " " Jeomys ? Talpoldes. . . 1 " II. Fara. Rongeurs à Clavicules impiu-faites. Gbnus Hystrix 1 espèce. " Lepus 4 " 6e Ordre. Les Edentés n'existent point dans le Département du Nord. I. Fam. l'roboscidiens. Point d'Eléphants. 7e Ordre. Pachyder- mes. II. Fam. Pachydermes ordinaires. Genus. ...Sus .1 espèce. III, Fam. Solipedes. Genus .... Equus .3 espèces I. Fam. Ruminants sans cornes. Point de Chameaux, etc. 8e Ordre. Ruminants II. Fam. Ruminants ft cornes. Ire Tribu : Ruminants a corn, pleines. Genus. . . .Cervus .5 espèces 2e Tribu : Hum. à corn, veluen Point de Giraffe. - '-" - :■ :' 3e. Tribu : Ruminants à cornes creuses. Genus — Antilope " ....Capra " ....Ovls " ...Ovlbos .1 espèce. .1 " .2 " .1 " " ....Bos .2 " 9e Ordre. Cétacés. Gbnus — Fh^'seter 1 espèce. " ....Balaena 1 " ▼ miniiiiiimniM'iw 3R «T WKmmmmmrnmmtxm y^'V^'-^i*" ...2 " ...1 " ...1 espèce. ...4 " jrd. ...1 espèce. . . .3 espèces. . . .5 espèces. fe. ...1 espèce. ...1 " ...2 " ...1 " ...2 " ...1 espèce. ...1 " 07 §1, — THOlSlÈMliORDRE. Les Carnassiers. Le troisième Ordre des Mammifères fournit ici ses trois familles tribus et divisions d'icelles. Voici le tableau synoptique des sujets que nous savons appartenir à cet ordre : I. Fain. Chéiroptères. Chauve-souris 2 espèces. II. Fam. Insectivores Musaraigne ;i espèces. " Taupe 1 " Ire Tribu : l'IautiçraUes. Ours 4 espèces. Blaireau ) " Carcajou 1 " 2e Tribu : Digitigrades. X S Belette 1 espèce. Hermine I " Vison 1 " Martre 1 " Pékan 1 " Loutre 1 " Putois 1 " III. Fam, Carnivore». X a .2 ^ 3 Chiens 4 espèces Loups a " Renards « " Chien de Prairie 1 " Chat J espèce. Lynx 1 Pimliière 1 " 1 3e Tribu : Amphibies. Phoque 1 ef-pèce. Morse 1 " I. — On voit d'après ce tableau que la famille des Ghéiropteras n'a ici qu'une tribu, que cette tribu n'a que deux sujets, la chauve souris : Ves- pertilio Pruinosus (Heary Bat), et celle Vesperlilio Subulatus, (Say's Bat). La chauve-souris aimable ici com- me ailleurs, dort pendant tout l'hiver, elle en fait autant en été durant le jour, enveloppée dans ses ailes, sus- pendue par les pieds, la tête en bas, bien certaine qu'elle ne prendra pas unp inflammation de cerveau, com- mence à la nuit son vol agité sans courir, ici du moins, le risque de donifer la chair de poule aux coura geux enfants du Nord, ni d'exciter la dissipation que mes souvenirs d'éco- lier me jettent à la mémoire lorsque au nom de chauve-souris se joint la pensée de ce que produisait leur er - trée dans le dortoir du collège. n. — La famille des Insectivores fournil trois espèces de Musaraignes celles dites Sorex Palustris. (Ameri- can Marsh Shrew), Sorex Forsteri, et Sorex Parvus. Ces musaraignes sont les plus petits de nos quadrupèdes, et leurs existences si frôles et si délica- (■ :<' 98 ■ ; Il i tes résistent à l'intensité du froid qui ne les empêche pas de multiplier leurs évolutions. Je ne connais ici qu'une espèce de taupe, celle dite Musaraigne Taupe, ou Scalope du Canada, Scalops Cana- densis ^Shew Moles). Nous ne leur faisons point la guerre, elles ne nous nuisent pas dans l'état de notre socié- té. m. — La famille des Carnivores offre tout naturellement, plus d'intérêt et le sujet d'une étude plus spéciale. Elle a ici trois tribus, celles des Plan- tigrades, des Digitigrades et des Am- phibies. 1o La tribu des Plantigrades com- prend les sujets suivants : Ours Blanc Ursus MariUraus The Po- [lar or Sea Bear. Ours Gris Ursus Ferox ThcGris- [by Sea Bear. 0. Noir et canolle.... Ursus Amtricanus The [American Black Bear. Ours Pli" Arclos... Americanus Tho [Barren Giound Bear. Blaireau... Moles Labradoria The American [Badger. Raccoon....rrocyon Lolor The Baccon. Carcajou...Gulo Luscus The Wolve- [rine. L'Ours Blanc semble la sentinelle avancée des régions polaires, préposée à la garde des glaciers immenses sur lesquels il promène son existence quand il sort de sa léthargie. Cette espèce d'ours est plus allongée que les autres, son cou est plus long, d'un blanc jaunâtre, l'extrémité de son mu- seau et la langue sont noires, les lè- vres et l'intérieur de la gueule,- pres- que de la môme couleur. 11 mesure quelquefois neuf pieds de long, auatre pieds et demi de hau- teur. Sa force est prodigieuse, sa fé- rocité non moins grande, aussi, il est redouté et avec raison. Il s'aventure quelquefois sur les banquises jusqu'à de grandes distances en mer, se nour- rit surtout de poisson, ce qui expli- que la saveur désagréable de sa chair. Si l'ours blanc semble la sentinelle du Nord, la borne méridionale de no- tre Département a aussi trouvé un puissant gardien dans la famille des Plantigrades, c'est l'ours gris. Celte espèce est la plus grande du genre, quelques individus atteignent môme des proportions énormes. J'ai vu des griffes d'ours gris qui mesuraient sept 30uces de longueur : que l'on juge par à de l'agrément qu'il y a à tomber en- tres les bras d'un pareil ôtre, qui vous labourre les lianes ou vous étreint à proportion. L'ours gris est redouté môme des chasseurs, qui ne l'atta- quent qu'avec un redoublement de précautions, et s'unissent pour cette chasse à moins d'ôtre armés d'une façon toute particulière. Cette espèce se trouve surtout dans les prairies, ou à la lisière des bois qui les bordent. Son pelage est très varié, des poils nlancs se dessinent sur un fond roux ou noir. On ferait un livre des tours de for- ce déployés par ces terribles hiber- nants, on pourrait y joindre plusieurs pages comme preuves du sang-froid et du courage des chasseurs, voire môme de quelques femmes qui, saisies par des ours de cette espèce, ne se sont point déconeertées et sont parve- nues à s'en dégager sans môme donner ensuite le moindre signe d'émotion. J'ai vu plusieurs sauvages privés de l'usage de quelque membre ou mar- qués par de profondes cicatrices,suites des luttes de ce genre. L'ours noir se trouve partout dans le pays, je le crois différent de l'ours d'Europe, mais il n'est point ici une méchante bête. Les enfants môme lui font la chasse, et ce que le chas- seur redoute le plus dans son excur- sion, c'est de manquer l'occasion de voir de près,ces animaux qui invaria- blement, s'enfuient au moindre bruit et qui n'attaquent jamais môme bles- sés à moins que la fuite ne leur soit impossible. Les ours chocolat ou mieux couleur canelle ne sont qu'une variété de l'espèce des noirs dont ils sont souvent les petits. La fourrure des uns et des autres mais surtout celle des chocolats est magnifique, le poil en est long, fourni et soyeux, tout l< •M uve un lillo des Celte u genre, t môme li vu des iont sept juge par mber en- qni vous élreint à redouté e l'atta- nent de )ur cette s d'une e espèce lairies, ou bordent. des poils nd roux rs de for- îs hiber- plu sieurs g-froidet voire ui, saisies e, ne se int parve- le donner .'émotion, privés de ou mar- ceSjSuites out dans de l'ours t ici une its même le chas- jn excur- ;casion de li invaria- idre bruit ôme bles- leur soit 3colat ou )nt qu'une s dont ils L fourrure is surtout lifique, le iveux, tout 99 le monde sait que la chair dos ours est excellente surtout quand ils se nourrissent do fruits. La quatrième espèce d'ours est celle qui habite les landes stériles et se rend jusque sur les rivages do l'océan Arc- tique, vivant pendant son temps d'ac tivité de substances animales et végé- tales. Cet animal moins grand et moins féroce que l'ours gris qui hubite les i< plaines du sud, esi pourtant aussi re- ? douté des sauvages, de ceux môme qui ne craignent pas le moins du 4. monde l'ours noir. Je voyagais avec î deux sauvages, «Mangeurs do Caribou» I ces deux jeunes gens étaient constam- ment dominés par la crainte puérile ., que leur inspire la pensée d'ennemis él imaginaires comme nous Pavons dit I au chapitre précédent. Aussi tous les '1 soirs il fallait,coûte que coûte, camper sur une lie et ne camper que là. L'obs- curité, le vent, la pluie ne pouvaient pas les décider à passer la nuit sur la terre ferme. Tous les soirs il fallait pousser notre embarcation jusqu'à ce , qu'on atteignit une île quelque petite ou incommode qu'elle fût. A bout d'arguments inutiles je ne pus l'éussir à dissiper leurs appréhensions. Je riais beaucoup de leur lâcheté ajou- tant que, pour mon compte, au milieu de ces épaisses forôts, je ne voyais pas d'autres ennemis que les ours. Grande fut ma surprise lorsque mes deux hommes partirent d'un violent éclat de rire assurant qu'eux ne désiraient rien tant que de voir un ours, afin de le tuer et de faire diversion à la mo- notonie et à la maigreur de notre pi- tance journalière ; puis, ajoutaient mes sauvages, ce serait autre chose si nous étions sur nos terres, (landes stériles), là les ours sont terribles. » Nos prairies possèdent un autre Plantigrade qui comme l'ours, passe l'hiver dans un antre, sans même perdre beaucoup de son embonpoint. Le Blaireau est un petit animal de deux à deux pieds et demi de long. Timide il fuit au premier bruit ou à l'aspect de l'homme, tout comme il as- souvit sa cruauté sur les petits animaux dont il se nourrit avec une grande voracité. Des substances végétales entrent aussi pour quelque ciioso dans son alimentation. La fourrure du blaireau trop blafarde pour être élé- gante, est cependant bien solide. Ce petit quadrupède a une force prodi- gieuse dans les pattes de devant, puis que une fois qu'il a la partie antérieure du corps dans un trou, il devient im- possible de l'en arracher, quoique tout l'arrière-train offre à l'opération des facilités exceptionnelles dont les chasse'irs savent tirer parti. A l'extrémité méridionale du Dé- partement on trouve quelques Rac- coons qui ne semblent pas pouvoir y pénétrer quoiqu'ils se trouvent en grand nombre plus au sud. Cet animal a l'air du renard joint aux allures de l'ours. Il se nourrit de racines, de plantes, de grains verts, de fruits, d'insectes et d'oiseaux. Il aime surtout le sang et la cervelle de sa victime. A l'oau basse il se fait pêcheur. Sa four- rure, plus élégante que celle du blai- reau , n'est pas non plus très- recherchée. La famille des Plantigrades se ter- mine ici dans la personne du carcajou, le fléau de nos forôts et la désolation des chasseurs de pelleteries. Cette bête comme pour faire l'équi- Ubre à l'engourdissement de ceux de sa famille, est douée d'une activité fébrile et tout à fait extraordinaire surtout en hiver. Il n'est pourtant point prompt à la c( urse, sa marche n'est môme facile q le sur un sentier bien battu. De la grosseur d'un chien de moyenne taille, il accomplit des œuvres de destruction qui exigent une force et une habileté qui souvent semblent fabuleuses. Il dérobe et cache dans la neige ou ailleurs, des objets de différentes espèces, non-seulement des aliments mais môme des ustensir les, et jusqu'aux lourdes scies de long en usage dans le pays. J'ai vu un jour un de ces tours d'adresse d'un carca- jou qui m'a bien surpris : Mes compa- gnons de voyage venant à ma rencon- tre, avaient laissé en dépôt un fusil à deux coups et un sac de provisions qui devait servir à notre retour. Connais- 100 i: i^' y| !n;^ saut le danger que couraient ces objets, ils les avaient ce semble mis en sûreté. le fusil avait été encaissé avec efforts entre deux tronc d'arbres très rapprochés ; une longue perche placée en travers sur deux arbres éloignés, reçut une corde à laquelle était suspendue le sac de provisions. A notre retour notre surprise fut excitée par la manière dont le carca- jou s'était joué de nous : non-seule- ment il avait grimpé dans l'arbre, mais il avait môme marché sur cette perche faible et flexible qui semblait incapable de le porter et avait été couper la corde qui tenait à cette per- che le sac de nos provisions qu'il avait dévorées, gaspillées ou enfouies, puis_ le fusil avait disparu. Après de longues recherches, nous trouvâmes d'abord le fourreau du fusil fait en cuir,qui avait été enlevé de sur l'arme qu'il protégait et caché soigneu- sement, puis, dans une autre direction, à une plus grande distance, le fusil lui-môme placé sous un tronc d'arbre ; des feuilles avaient été jetées pardes- sus le fusil et remuées jusqu'à une certaine distance comme pour cacher les traces de l'habile voleur. Néces- sairement nous aurions cru à l'œuvre d'un homme si la solitude profonde de la forêt ne nous avait pas forcés à reconnaître le fait du carcajou dont la piste était partout visible dans le voi- sinage. Si l'habileté du carcajou lui assure q'.elquefois le succès, voici un fait qui prouve que sa malice est sou- veiît punie. Un sauvage avait laissé sa loge sans personne pour garder les objets qui s'y trouvaient. Un carcajou pénètre bientôt dans l'habitation dé- serte, sort tous les objets un à un, et va les cacher à droite et à gauche, môme à une grande distance. Il ne restait plus qu'un sac de poudre. Le carcajou s'en saisit, le cache dans les cendres du foyer, quelques charbons non éteints brûlent bientô' le sac et provoquent une explosion dont le coquin est le premier victime, puis qu'elle l'étend mort sur la place, je tant de droite et de gauche la cervelle du receleur. ■*'o La tribu des Digitigrades se par- tage ici en trois divisions distinctes qui sont: les Martres, les chiens et les chats. La division des Martres comp- te sept sujets qui excitent la convoitise des amateurs do fourrures, et four- nissent à cette branche de commerce une de ses plus précieuses ressourças. Ce sont d'après notre tableau : La GeleUe Muslale (Pulorius.) Vulgaris [Tho common \V2asel0. L'Ilermino Muatola (Futorius) Ermina [The Erinino or Sloat. Lo Vison Musi"la (Pulorius) Vison [Tho Vison Measel. La Marlrc.Muslela Maries...The Pine Marton. Lo Pékan... " Canadensis..Tho Pékan or [Eislier, Lîi Loutre " ...The Canada [Otter. Le Putois ...Mephilis Americana Iludsonica [Iludson's Bay Skunk. La Belette et l'Hermine ne se dis- tinguent guère parmi nos chasseuis, toutes deux d'un pélag-e roux en été, deviennent parfaitement blanches en hiver. Le privilège antique accordé à cette fine fourrure d'entrer dans les costumes des hauts dignitaires de l'E- glise et de l'Etat, excite tout natiu-elle ment un sentiment de surprise à la pensée qu'ici on n'en fait pas assez de cas pour lui faire la chasse. « Ces menues pelleteries I) sont si menues qu'elles n'attirent pas l'attention de ceux qui s'occupent de fourrures plus considérables et par lu môme plus productives. A la suite de ces deux nains de la division qui nous occupe, vient se ranger le Vison ou Foutreau, si recherché, si à la mode, si cher aujourd'hui, malgré l'odeur infecte qu'il prodigue à ceux qui le, chassent. Le foutreau vit au bord des rivières où il se p'onge couvent môme en hiver, et o\x on le tue facilement soit avec des fusils soit avec des pièges à ressort. i'"' Vient ensuite la martre qui se plaît, elle, dans les terrains secs et arides, dont la fourrure toujours riche et précieuse résiste à l'antagonisme que la mode 9i donné à la dépouille du so par- lotes qui et les 101 vison. Puis le p(5'.an, la grosse mar- tre du nord, plus riche môme que la précédente mais moins nombreuse; qui, comme elle, se nourrit do sang et de carnage. Le pékan habite des lieu.x: humides où pendant l'été i! fait la chasse aux grenouilles. Quoique la martre fasse ses délices de la chair des perdrix, sa propre chair n'a pas pour cela une saveur agréable. Les sauvages qui, certes, ne sont pas d'ha- biles gastronomes, ne mangent ia chair de la martre que quand ils souf- frent de la faim. Les trois animaux dont nous venons de parler, volent se grouper auprès d'eux la loutre dont la dépouille, pour être moins soyeuse que les pré- cédentes, n'en est ni moins riche ni moins précieuse et l'emporte de beau- coup en solidité et en durée. Quelques lout'-es sont toutes noires et d'une grande beauté. Même en hiver la loutre recherche l'eau des rapides qui résiste à l'intensité du froid; c'est un spectacle curieux de l'y voir prendre ses ébats, par la température la plus rigoureuse, s'y plonger et replonger pour saisir une proie, puis voyager à de grandes distances pour chercher un autre endroit où la glace n'a pas fermé toute issue à la rivière. Dans ces pérégrinations les loutres font de grandes traînées dans la neige sans laisser à ce sillon aucune em- preinte particulière. J^a première fois que l'on voit de ces tranchées, il est ditricile de se figurer qu'elles sont dues à la marche d'un quadrupède de trois ou quatre pieds de longueur qui ram- pe pour ainsi dire sur de grands espaces puis fait un bond pour ramper encore avec une vitesse étonnante. Le dernier individu de la division des Martres est le Putois, le Ghicak des sauvages Gris, (de la Ghicakok ou Ghicago, Terre des Putois.) Get animal fort joli quant à la couleur est d'ailleurs fort peu agréable. Excessi- vement lent à la course, on le tue facilement à coups de bâton. Sa seule défense est l'éjection d'un fluide dé- goûtant qu'il tient en réserve pour le moment de l'attaque et qu'il répand plus ou moins sur son passage, trahis- sant ainsi sa présence. L'odeur infecte qu'exhale ce fluide n'est pont être pas tout ce qu'on en a dit. J'ai souvent vu tuer des putois et je n'ai jamais été témoin des désastreuses consé- quences que l'on énumère à ce sujet. La peau qui généralement conserve cette odeur, est considérée quelque part dans le pays, comme un spécifi- que très puissant ; j'en ai vu garder à cet effet dans les maisons. Pour dire le vrai, je trouva's le remède pire que le mal. La chair du putois, quand l'animal est écorché avec soin, est loin d'être désagréable, j'en ai mangé avec plaisir, et en man- gerai encore, chaque fois que l'occa- sion s'en présentera. En hiver le putois se retire dans des demeures souteraines dont il ne sortqu'à de rares intervalles. Comme la martre il se nourrit de tous les petits habitants de la forêt. La deuxième division de la tribu des Digitigrades renferme les sujets sui- vants: Chien Domesli([uo Canis Faniilians....The [Domeslic Dog. Chien Esquimaux Var. Boroalis...The Es- [quimaux Dog. Ghion Monlagnais Lagopus The Haro [Indian Dog. Chien Loup ou Sauvage.. ..Canader.sis Tho [North American Dog. Loup à moule Carus Latrans...The PrMrio [■•", olf. Loup Blanc Canis Lupus, occidenlalis [albus The American White Wolf. Loup Gris Var. Lupus occidenialis Gri- ^seus The Amer. Groy Wolf. Loup Bigarré Var. Lupus occidenlalis stic- [teus The Amer. Pied Wolf. LoupBrun... Var. occidenlalis Nubulus... [The [American Dusky Wolf. Loup Noir Vl ■•. Lupus Alcr Tho Ame- [rican Black Wolf. Renard Blanc. ..Canis (Vulpes) Lagopus. ..The [Arclic Fox. Renard Bleu. ..Canis (Vulpes) Lagopus fulgi- [nosa The sooty Fox. Renard Rouge Canis (Vulpes) fulvus...The [American Fox. Renard Croisé Canis (Vulpes)Decussala... [The American Cross Fox. Renard Argenté et noir Canis (Vulpes) fArgenlala..The Amer. Black orSilver Fox. Chion do Prairie Canis (Vulpes) Cinereo [Argenlalus The Kit Fox. ••■•(«ikM*)! . (ip'«ft'-.*iiPM«i^.j^-i ■ 1 1 r I i iî 102 Le chien, ce fidèle compagnon de l'homme, ne fait pas défaut dars le département du nord. Il y partage les travaux, les souffrances et parfois les prospérités de son maître. Le chipn, non content de chasser avec le sau- vage) traîne ou porte ses fardeaux, •"it de ses misères profondes au milieu de ses jeûnes rigoureux et prolongés ; quelquefois il assouvit sa gloutonnerie sur les nom')reuses carcassesdes ani maux tués sans discernement ni pré- voyance, îl y a dans le département du nord une grande vai'iété de l'espèce caniiiC. Presque tors les chiens con- nus en Europe, ont été importés ici, de plus, chaque tribu sauvage a ses chiens qui varient de forme, de cou- leur, et de taille, qui ont néanmoins tous un trait commun : les oreUlcs à pic. Tous lf»s chiens domestiques, croisés avec nos chiens sauvages, et tous les chiens sauvages roisés entre eux, voire même avec les loups, for- ment une diversité qu'il est impcisi hle de classer ou même de distinguer. Le chien Esquimaux conserve mieux son caractère dislinctif, par la raison toute simple, que son maître forme ime bande tout à fait à part, n'ayant point ou très peu de relations avec les blancs, ou même avec les autres trxbus sauvages. Le chien Esquimaux est d'une grande for ,e et d'une grande puissance de travail. On en connaît qui ont parcouru, sans autre repos que celui pris pendant la nuit sur la neige, des milliers de milles, et cjla attelés ^ des traîneaux char^js d'une centaine de livres pour chm^ae chien, et sans presque donner aucune marque de fatigue. Un avantage que presque tous les chiens sauvages et surtout les chiens Esquimaux ont sur les chiens ordinaires, c'est qu'il leur Tant moins de nourriture et que dans leurs courses d'hiver i''' n>j sont pas si exposés à prendre mal aux pieds, circonstance qui, plus que tout le reste, épuise les chiens de trait, sans parler du t:\juble donné au conducteur qui, tous les matins, doit mettre un soulier ou chaussette à toutes les pattes de son équipage, et qui, le soir dans son cam- pement, doit orner le foyer bienfaisant auprès duquel il réchauffe ses mem- bres engourdis, du curieux étalage de cette multitude de petits souliers à chiens, qu'il doit d.tgelcr et sécher pour le lendemain. Les chiens des Sauvages des prairies sont ordinairement de grande taille, parce qu'ils participent à l'abondance de leurs maîtres, chasseurs de bison, tandis que les pauvres petits chiens montagnais,. peaux de lièvres et autres prouvent, d'une manière bien sensible, la misère habituelle dans dans laquelle ils vivent. Il faut presque avoir vu les privations de ces pauvres bêles pour croire à ce qu'elles peuvent endurer et combien il leur faut peu de nourriture pour prolonger leur chétive existence. Les chiens vivant en bandes: et menés à coups de fouet, perdent presque toute la sagacité de cette race. Le plus grand nombre des chiens de trait sont d'une stupidité et d'un entêtement à exercer la patience la plus solide ; aussi, à moins d'avoir été réduit à conduire des chiens pendant de longs voyages, il est impossible de se faire une id^o de ce que cette besogne pré- sente de difficultés et occasionne de fatigues, comme il est difîicile aussi, à moins d'avoir ainsi voyagé, de com- prendre combien cet animal est utile, nécessaire même, comme bête de somme dans le pays, et jusqu'où va sa capacité en ce genre. Sur un beau chemin, de bons chiens peuvent voyager vingt heures sur vingt-quatre en ne prenant de nourriture qu'une fois le jour ; et cela pendant des semaines entières. Des chiens, habi- tués à la course et en bonne coiidi- tion, voyagent ainsi trois et quatre jours sans prendre aucune espèce de nourriture, et sans paraître trop s'af faiblir. Des chiens sauvages aux loups, la transition n'est pas grande, elle est surtout très faible entre le petit chien et le petit loup de prairie, appelé aus- si Loup à moule. Cette appellation doit son origine à ce que les chasseurs qui tuent cet animal, font sécher la I: : A 103 jraines taille, ndance bison, chiens es et rc bien dans faut ions de i peau sur unjmoule ou forme comme ils font pour toutes les fourrures de petites dimensions. Ce petit loup a, à peu près, trois pieds do long, la queue belle et bien fournie, il est a' une ra- pidité étonnante à la course, vit en grandes bandes dans nos immenses prairies, est très inofTensii, se joue à petites distanf.os des c.\asseurs, hurle, siffle et aboie tour à tour, sans causer aucune espèce d'inquiétude aux vo- yageurs mais non sans les importuner beaucoup par ce bruit prolongé quel- quefois pendant des nuits entières. Le loup ordiiiaire d'Amérique est excessivement commun dans nos pa- rages ; il dittere peut-être de forme avec celui d'Europe dont il n'a certai- nement pas i'audace, car malgré sa férocité notre loup se laisse généra- lement intimider, non-seulement à l'aspect de l'homme, mais bien à la vue de ce qui lui est étranger. Les loups attaquent, outre les animaux domestiques, presque tous ceux de la forêt, de'ix ou trois dévorent les plus forts chiens et la présence d'un en- fant sufiit pour les mettre en fuite. Seul un loup ne se défend pas tou- jours contre un gros chien. On dit que la faim extrême les porte à atta- quer l'homme, je n'ai jamais connu d'exemple. Un pêcheur avait l'habi tude de renvoyer un de ses chiens auquel il confiait quelques poissonr pour son maître, et pour le préserver contre les attaques des loups il lui mettait quelques grelots à son har- nais. Le chien accompUt f.s service presque journcUemert pendant plu- sieurs hivers consécutifs, mais un jour les grelots ayant élô oubliés le pau- vre animal fut dévoré et les magni- fiques poissons que l'attention déli- cate d'un pauvre serviteur réservait au chef du poste, devinrent avec le chien, le mets du festin des loups. — Pendant mon séjour L l'Ile à la Crosse trois énormes loups, l'un noir et les autres gris, vinrent porter la désola- tion parmi nos chiens de trait dont ils dévorèrent plusieurs. Leur adresse à éviter les pièges les faisant échap- per à la mort qu'on leur destinait. leurs têLes furent mises à prix. Un vieux canadien, du noni de Morin, se fit fort d'obtenir la récompense et la dépouille des loups ; habi>.e chasseur il mit à contribution tout son savoir- faire pour tendre ses meilleurs pièges à ressort qui, comme toujours, étaient fixés par une ch?me et un énorme morceau de bois. On enferma soigneusement tous les chiens et ou prit toutes les autres pré- cautions possibles pour afiamer les trois visiteurs importuns. Tous les jours Morin visitait s-^s attrapes et tout le monde se portait à sa rencontre pour savoir le résultat de sou expédi- tion, c'était le thème du jour. Survint une furieuse tempête pendant laquelle le chasseur resta chez lui. Le calme rétabli dans la nature, notre vieux canadien retourne à ses attrapes : il aperçoit de loin la neige qui recouvrait un des trois brigands pris au piège ; un second piège était détendu et le troisième avait disparu, le désarroi était dans la bande des loups, les au- tres ne reparurent plus. Morin, après de longues et inutiles recherches, en était à regretter la perte de son piège lorsque, un mois plus tard,lesgensdu Lac Vert, à plus de trente lieues de l'Ile à la Crosse, aperçurent sur leur lac un loup qui semblait marcher dif- ficilement. Plusieurs chiens lurent lancés à sa poursuite, bientôt ils l'at- teignirent et le tuèrent. Ce loup n'é- tait pas autre que l'un des fripons de l'Ile .à la Crosse, puisqu'il traînait encore ;\ sa patte le piège, la chaîne et le morceau de bois disparus lors delà mort de son compagnon, et pendant tout un mois, il avait sillonné la forêt en tous sens avec cette cruelle et lourde entrave, au milieu du froid le plus rigoureux. Ce loup n'était qu'un ;quelette am- bulant et ce fait prouve dans cet ani- mal uns force et une ténacité de vie diflicile à comprendre. Parmi les Renard.s on remarque le Renard des terres arctiques, et il y en a de deux variétés. L'iuie devient toute blai.che pendant l'hiver surtout, l'autre .. une teinte bleuâtre. Ce re- |[>*'i'H" "tt^.'- lit m ■I- nard est beaucoup plus court que le renard ordinaire, il a aussi mauvai- se tête mais ylvs vilaine queue que son frère en finesse. Son poil est in- férieur et très peu estimé quoique la blancheur éclatante de la première variété lui donne, tout d'abord, l'as- pect d'une fourrure distinguée. Le renard ordinaire d'Amérique est partout ici très commun ; il offre trois variétés: le Renard Rouge croisé et le Renard argenté quelquefois noir. Ces variétés comme celles du loup, ne pi'ouvent pas des espèces différentes, puisqu'on les trouve quelquefois dans une même partie. La fourrure du Renard rouge est la moins précieuse. La valeur des Renards croisés est beaucoup plus grande tandis que les paux de Renards argentés s'élèvent à a un prix exorbitant. On a vu quel- que-unes de ces peaux se vendre jus- qu'à soixante guinées et plus, c'est-à- dire de seize à dix sept cents franc. Il n'y a jamais de renard tout à fait noir, aussi cette variété porte toujours le nom de Renard a.-genté. Outre la beauté du poil, la force et l'élégance de la queue, la valeur de cette fourrure la plus pi'écieuse de toutes s'estime à raison de sa teinte plus ou mois noire. Les chats sont ici de trois espèces : Le vhal domestique Folir clomeslica....The [domcstic cat.. Le Lyn.\... Canadensis....The Canadian Lynx La PanlhLTC...Pardalis...The Tierer Cat or [Panthur. Le chat domestique a été importé et n'est pas encore très nombreux. Plu- sieurs Postes de l'intérieur en man- quent. Dans quelques-unes de nos missions nous avons souvent été in- commodés par les souris, sans pouvoir se procurer' de chats ; mais comme les facilités entons genresideviennentplus grandes de jour en jour, nous tou- chons au moment où les miaulements de cet hypocrite ami de la famille, vont se faire entendre jusqu'aux extré- mités du «Département du Nord.» Lo chat sauvage ou Lynx du Ca- nada, est aussi originaire de ces con- trées. 11 y abonde certaines années, offrant dans sa chair une ressource précieuse à ceux qui le poursuivent pour sa dépouille. Le lynx est un animal d'environ trois pieds ; quoique du genre chat, auquel il appartient, il a pourtant la démarche du lapin ; sautant comme iui,et comme lui, pour- vu de pattes de derrière d'une lon- gueur démesurée. La chair du lapin fait aussi sa nourriture principale. D'anciens auteurs et nos voyageurs canadiens donnent encore au Lynx le nom de Loup cervier parcequ'on pré- tend que placé on embuscade sur les arbres, il s'élance sur les cerfs pour les égorger. Le mot Pichon bien connu en Ca- nada est le nom que les Cris donnent au chat sauvage. La fourrure de cet animal, sans être des plus précieuses, est pourtant assez recherchée. La chasse en est facile, le moindre coup sur les reins suffit pour les tuer, mais on les prend surtout comme les liè- vres 011 lapin-, aux lacs et collets. Le meilleur moyen pourtant de les at- teindre est avec l'aide d'un chien de chasse. Le lynx extrêmement timide grimpe dans les arbres au premier aboiement du chien qui continue de l'effrayer jusqu'à ce que le chasseur arrive et un coup de feu suffit pour causer une chute plus rapide qu'au- cun des mouvements de toute l'exis- tence de ce chat dont la démar- che est très lente sur terre. Le lynx est excellent nageur, il ne lui en coû- te pas de traverser non-seulement des rivières mais encore des lacs assez considérables. Le Panthère ou chat tigre que nous possédons est un petit quadrupède qui se trouve surtout sur les Mon- tagnes Rocheuses, et qui descend quelquefois dans les plaines du ver- sant oriental. Cette panthère est de la taille d'un chien ordinaire, son poil fauve et tacheté de noir, sa queue est longue et fine, sa nature assez sauva- ge ne la rend pourtant pas redoutable, elle n'est point non plus en grand nombre. 3o Pour terminer ce que nous îi . M. nous avons à dire sur l'ordre des carnas- siers, noub ajouterons quelques mots sur la troisième tribu de la troisième famille : Je connais deux amphibies qui fré- quentent la mer glaciale et ses rivages, ce sont : Le Phoque ou chien il'3 mer hoca...Tho [Seal or Sea Dog. Le Vorso, vache ou cheval marin Tri- fchecus rosmarus The Wairus. La tète du Phoque ressemble à celle du chien dont il paraît avoir le carac- tère par la facilité avec laquelle il reçoit une "certaine éducation, et par l'afTection témoignée au maître qui l'instruit. Les Esquimaux trouvent dans cet amphibie une précieuse res- source. La chair leur sert d'aliment ainsi que l'huile qu'ils en extraient, et qui est le seul foyer usité dans les huttes de ces pauvres habitants des zones glaciales arctiques. Les nerfs, comme ceux des quadrupèdes, for- ment un fil extrêmement so.Mde et employé pour coudre les cuirs. lies intestins tiennent lieu de glaces trans- parentes, d'habits imperméables ; la peau complète le costume, fournit rhabitation d'été et les canots ; les os servent aussi à confectionner plusi'^urs ustensiles. Le Phoque se chasse par surprise pendf.nt qu'il do"t sur le rivage ou est poursuivi en canot et percé au moyen d'un harpon. Le Morse, plus gros que le Phoque, aune longueur ordinaire de huit à dix pieds, quoiqu'il atteigne quelque- fois vingt. Son poids ordinaire est de quinze cent à deux mille livres. Son corps est de la grosseur de celui du cheval, sa gueule large comme celle du bœuf; circonstances qui lui ont valu le nom de vache ou cheval marin; d'autres lui donnent le nom d'éléphant de mer à cause de ses deux énormes défenses qui descendent de la mâchoire supérieure. Ces défenses donnent un ivoire plus précieux qui celui de l'éléphant et d'une blancheur remarquable. Dans les régions polaires les morses si couchent par bandes sur les glaces. pressés les uns contre les autres à la façon des porcs. Quelqu'un de la bande fait sentinelle pendant qne les autres ronflent à qui mieux mieux. Au moindre danger un long rugissement éveille les voisins de la sentinelle qui communique l'alarme jusqu'au der- nier de la bande, tous se lèvent frappant la glace avec leurs fortes défenses et font un bruit qui retentit jusqu'à plu- sieurs milles. La peau de cet animal fournit un cuir d'une souplesse parti- culière. La chair en est dure et mau- vaise tandis que le gras a une saveur très agréable lorsqu'il est frais ; un morse donne jusqu'à trois barils d'huile. Leur défense les rend re- doutables aux chasseurs dont ils bri- sent l'embarcation. Le Quatrième Ordre des Mammi- fères, celui des Marsupiaux, ne se trouve pas en ce pays, nous ne nous en occuperons donc pas ici. . , § 2. — CINQUIÈME'OUDRE. ' Les Rongeurs. — L'ordre des Ron- geurs si commun partout, ne peut pas manquer d'abonder jusque dans les régions glaciales. Il se divise ici en deux sections, renfermant dix genres différents, qui comptent collective- ment vingt-sept espèces diverses que nous indiquons toutes dans le tableau suivant, avant de donner les détails que nous nous proposons de fournir sur les plus intéressants et les plus utiles de ces quadrupèdes : ,,.,;,;' f 1 te I -3 a Ire Section llongeurs à fortes cla- vicules. 2e Seclicn. Rongeurs à clavicules imparfaites. Castor. Rai musqué. 5 espèces do mulots. Souris d'Améri- que. Gerboise du La- brador. 6 espèces do marmottes. 3 espèces d'écu- reuils. 2 espèces d'écu- reuils volants Rat de sable. Porc épie. 4 espèces de Lièvres ou Lapins. I If fti k ;:i > ! Le genre castor nous fournit deux sujets, ce sont : Le Castor Castor Fiber Ampricanns [ïhe American Beaver. Le Rtt musqué... " Zibethicus [The Musquash. Tout le monde connaît,au moins de nornj'infatigable et intelligent travail- leur appelé Castor. Le département du Nori possède en lui une véritable ressource. Sa chair fournit un aliment abondant et sa peau fournit une riche et solide fourrure. Une guerre à ou- trance avait dans un temps rendu très sensible ici la diminution des Castors. Cet animal est pourtant bien loin d'avoir disparu puisque en 18G5, l'Ho- norable Compagnie de la Baie d'Hud- son s'en est procuré soixante-huit mil- le trois cent soixante-quatorze peaux. Pendant qu'en Allemagne et sur les bords du Rhône, les populations nom- breuses, lebruitetl'agitatioudu mon- de civilisé, forcent le pauvre Castor solitaire à gémir au fond d'un terrier creusé au bord des eaux, sur la perte de l'empire que la nature lui a comme donné sur l'élément liquide ; ici dans le calme majestueux, le silence absolu, l'étendue de nos forêts, le cas- tor donne à son ingénieux instinct tout le développement dont il est sus- ceptible. Ce n'est plus l'individu seulement qui existe, en bien des endroits,ce n'est pas simplement non plus la vie de fa- mille qui se remarque, c'est la société. Des peuplades entières se réunissent pour construire de petits villages. Des maisons invariablement à deux étages attestent le génie uniforme des architectes. Le garde-manger occupe le rez-de-chaussée, tandis que les loi- sirs, les agréments, le repos de la fa- mille se prennent au premier. Ce n'est pas à dire que Monsieur soit au bureau. Madame au salon, ni que les gentils petits Castorins ou Castorines soient à la salle d'étude ou de récréa- tion. Non, le Castor est une bête, et bien des auteurs sont tombés dans l'erreur en lui supposant plus d'esprit que la nature ne lui en a donné. Quoiqu'il en soit, il y a certainement une grande habileté déployée par ce rongeur dans la manière dont ii cons- truit son habitation. Les murs et la partie supérieure en sont d'une épais- seur remarquable et mesurent quel- quefois jusqu'à plusieurs pieds. Puis, au commencement des grands froid, l'extérieur de cette habitation est en- duit d'une épaisse couche de boue qui se congèle immédiatement, et qui a le double avantage de fermer toute issue au froid extérieur et de garantirl'habi- tation elle-même, contre les attaques des Carcajous. La sagacité du Castor se remarque encore dans le soin qu'il a non-seulement de faire ses provi- sions à l'avance, mais aussi de ména- ger à son habitation des galeries qui assurent sa retraite en casdesurpiùse, et sa subsistance au jour de la dé- tresse. L'œuvre le plus extraordinaire des Castors est celles des digues, qu'ils jettent à travers les rivières et au bord "des étangs. A cet égard on ne peut pas hésiter à lui conférer un diplôme d'ingénieur en chaussées. Deux cho- ses fixent l'attention dans ce travail : l'adresse et la solidité avec lesquelles il s'accomplit, c'est si l'on veut la per- fection du genre, et l'homme môme de génie avec les mêmes matériaux, des branches et de la boue n'est pas encore parvenu à faire des chaussées qui vailUent celles des castors. Cette dextérité dans le ge'u^ est celle que possède l'hirondelle qui va accoler à un mur lisse, un nid d'une grande solidité, et dans lequel ses petits trou- vent le comfort ; c'est le talent de l'aigle qui jette avec une négligence apparente quelques branches sèches à la cime des plus hauts arbres de Jla forêt pour en faire son aire, que les vents et les tempêtes agiteront avec la base flexible sur laquelle elle repose niais qu'ils ne renverseront qu'avec elle, et qui abandonnée de son maître restera là pour attester combien le simple instinct de l'être sans raison, se développe et se perfectionne sou? le soufQe puissant du Créateur, Que se- raient les œuvres de l'homme si Tins \ ! « ^i t 107 s. lement par ce il cons- rs et la e épais- it quei- Puis, froidi. est en- oiie qui quia le te issue Irl'habi- ttaques Castor )in qu'il provi- e ména- ries qui iurprise, e la dé- aire des 5, qu'ils au i>ord . ne peut diplôme • )eux cho- travail : esquelles ut ia per- ne même .atériaux, n'est pas chaussées )rs. Cette celle que accoler à le grande itits trou- talent de égligence sèches à •es de Jla 3, que les it avec la lie repose , qu'avec m maître nbien le 13 raison, nne sou? r.Que se- le si Tins piration divine était le seul mobile et le seul guide de ce que son génie peut exécuter ! Celui qui voit une chaussée de castors, qui surtout travaille à la défaire, reste étonné du mode si sim- ple et si remarquable avec lequel est construit ce mur inébralable contre lequel viennent se briser la fureur des vagues et le tourbillonnement des flots agités et violents d'un courant rapide. On se demande comment cette boue pétrie et appliquée avec les pattes du Castor (sans môme faire jouer la queue comme truelle), est devenue un ciment hydraulique que les années durcissent au lieu de le dissoudre? Que de secrets la nature cache à la science ! La grandeur du travail étonne autant que sa perfection, quel- ques-unes de ces chaussées sont vrai- ment des œuvres colossales de plu- sieurs arpents de longueur. D'assez grands lacs artificiels n'ont dû leur existence qu'à ce seul travail. L'é- tendue de ces constructions prouve plus que tout le reste l'esprit d'asso- ciation qui anime le Castor, puisque plusieurs familles ont dû se réunir pour l'accomplir, et si l'instinct indi- viduel a pu prendre la place de la hiérarchie parmi les travailleurs, évi- demment il fallait le sentiment d'une œuvre commune. La destruction du Castor en certains endroits a été suivie de la disparition de la forêt où de sa transformation en prairies. Les Castors à une époque ont été prodigieusement nombreux, puisque partout on trouve leurs digues ou chaussées. L'eau contenue par ces obstacles ne suivait pas sa pente naturelle, de là une infinité de lacs de toutes dimensions, qui conservaient l'humidité dans le sol et l'atmosphère et par là môme, aidaient à la croissan- ce des bois, tout comme ils les proté- geaient contre les incendies dévasta- teurs. Par la mort des Castors les travaux d'entretien ont été négligés sur les chaussées, les canaux de dé- cnarge que ces aimables quadrupèdes ouvraient ou fermaient suivant l'exi- geance des circonstances ont laissé échapper l'eau que renfermaient les étangs, et les étangs eux-mêmes sont desséchés. Les bois qui n'avaient plus autant d'humidité ont langui, puis le feu a passé, et cet élémjnt dévastateur ne trouvant plus autant d'obstacles à ac- complir son œuvre de destruction' ne laissa aucun vestige de la forêt que les nombreuses digues construites au- trefois par les castors et qui, dans ces endroits, frappent partout les regards du voyageur, pour lui rappeler le nombre et l'activité des premiers ha- bitants des régions du nord et de l'ouest. Va sans dire que le castor naît ar chitecte comme le carcajou naît bri- gand : car ni l'un ni l'autre n'a be- soin d'apprentissage. Ce n'est ni la férule, ni les pensums, pas plus que les récompenses, le point d'honnour ou le sentiment du devoir qui les poussent au perfectionnement de leur travail. Les vieux ne sont pas plus contre-maîtres qne les jeunes ne sont apprentis. Je suis convaincu aussi qu'aucun ne porte la croix d'honneur. Le castor vit de foin, de racines et d'écorces d'arbres. Je n'ai jamais vu d'énormes arbres coupés pUr des cas- tors, et les exclamations des sauvages en me montrant un tremble de huit poucas de diamètre à l'extrémité du- quel apparaissait la marque des inci- sives des castors, me fait croire qu'il est assez rare qu'ils en abattent de cette grandeur. De très gros arbres renversés par le vent sur le bord des rivières où il y a des castors, sont or- dinairement dépouillés par eux de toutes leurs branches, ce qui a pu faire croire qu'ils étaient aussi abattus par eux. Le castor s'apprivoise facilement à l'état de domesticité, il se nourrit de tout ce qu'on lui donne. Hearne dit : « qu'i l est très friand de plum-pudding» et de roast-beef je suppose. Le castor privé se montre affectueux et cares- sant; il exécute mille gentillesses pour témoigner sa joie et son plaisir. Ses longues incisives étaient autrefois em- ployées par les sauvages comme us tensiles, 'surtout pour creuser le bois. J^-m-^É0m0tAmm ■tf '♦1 \i '. On comprend qu'elles lont remplacées avantageusement par r:.cier. La fourrure du castor a deux parties : le long poil, généralement d'un brun roux, est bien loin de répondre, mal- gré son lustre, à l'idée qu'inspire ordinairement le prix si élevé auquel se vendait autrefois la peau de cet animal. Le sous-poil au contraire est nn duvet d'une grande douceur et c'est ce second poil qui donnait tant de valeur à la peau du castor, lors- qu'il était la matière unique du feu- trage. Depuis que la soie a été intro- duite dans cette branche d'industrie, elle remplace le castor, dont elle tue le prix sans en emprunter la solidité. Néanmoins, comme la mode exige que l'on change souvent de chapeaux, ceux en soie à bon ruarché conservent leur lustre assez longtemps pour at- tendre le caprice d'une forme nouvelle et l'ancien et solide « castor» n'a plus de sens littéral. La queue du castor a plus la forme d'une langue que d'une queue, elle est placée horizontalement et couverte d'écaillés ovales ; la queue a à peu près le tiers de longueur de l'animal, c'est à dire douze à treize pouces pour un gros castor, et six pouces de largeur ; ce n'est pas autre chose qu'un mor- ceau de gras, mais d'un gras moins huileux que celui du corps. Ce der- nier caractère ne laisse pas à la chair du castor une saveur aussi agréable que le disent ceux qui n'en ont jamais mangée sans lui avoir fait subir les prôparations qui en modifient singu- lièrtiuent le goût. Quoiqu'il n'y ait dans le pays qu'une espèce de castor, néanmoins tous les sujets n'ont pas une couleur uniforme: on en voit de tout à fait noirs et ce sont de beaucoup les plus beaux;par de très rares exceptions, il s'en trouve de blancs et de tachetés. Ceci au reste n'a rien de particulier au castor, car quoique la plupart des animaux sau- vages aient une couleur particulière à leur espèce, cependant il y a des ex- ceptions pour presque tous; et les variétés dans les couleurs du castor ne sont que des accidents de cette nature. Le second Fiber que nous possédons est le Rat musqué qui ressemble assez au Casior pour être classé au môme genre , et qui pourtant en dif- fère considérablement. Le Rat mus- qué a, à peu près, le tiers de la lon- gueur du Castor, tandis que sa petite queue plate, affilée par les deux extré- mités a, à peu près, les deux tiers de celle du môme animal. La couleur du rat est assez semblable à celle du castor, sa fourrure est loin d'en avoir le lustre ni le soyeux, elle est d'une qualité bien inférieure, c'est môme la moins précieuse de toutes les four- rures. Le nombre en fait pourtant un article important de commerce, puisqu'on en exporte .inuellement plus de cent cinquame mille peaux. La chair du Rat musqué, à l'automne surtout, n'est point désagréable, 'mais c'est un mets dont on se fatigue vite quand il est seul, et si quelqu'un ne veut pas me croire je l'invite à venir en faire l'expérience. Le Rat se construit une habitation en quelque chose semblable à celle du Castor, plus faible, il doit éviter le transport de lourds matériaux : il saisit la base et les parois de sa de- meure sur place môme. C'est dans les longs foins ou les joncs des petits lacs ou des marécages que le rat bâtit son domicile qu'il termine en forme sphérique ; le foin n'est pas arraché, mais seulement raôlé de terre mal pétrie. Tandis que le robuste Castor se contente d'un parquet grossier fait de branches d'arbres, son petit frère, le rat, prépare un lit de paille pour ses membres déhcats ; il le place tou- jours au-dessus du niveau de l'eau quoique son habitation n'ait ni sous- sol, ni galeries. L'étang est le lieu de promenade, de récréation, et le grenier du rat qui, pour y respirer, entretient des ouvertures dans la glace ; et pour que ces ouvertures ne se gèlent pas, il les ferme d'une moUe de terre ou de mousse, et c'e^t là qu'il vient de temps en temps, flairer l'air pur du dehors ou respirer à loisir. En été, il fait au bord des rivières, des e.:cavations dans lesquelles il met bas lui) ses petits jusqu'à trois fois dans la môme saison. Cette prodigieuse fécondité préserve la nation de la destruction. Les pertes nombreuses que lui fait subir le sort des armes, ne sont pas les seules qui l'affaiblis- sent puisque les inondations, la rigueur exceptionnelle de l'hiver et des accidents inconnus dans leurs causes viennent souvent porter la désolation dans l'armée des rats-mus- qués, les seuls heureusement que nous ayons. A nos rats d'eau il faut de l'eau ; aussi, quand l'eau manque, ce qui arrive quand les petits lacs où ils ont choisi à l'automne de fixer leur demeure se gèlent de part en part, ils meurent de faim, ou poussés par le môme besoin, ils se dévorent entre eux. Si d'un côté il faut de l'eau à ces rats, d'un autre côté il ne leur en faut pas trop, puisque de temps en \emps, il leur faut mettre pied àterre, ce qui leur estjimpossible au temps des inondations, ils meurent aussi quand l'intensité du froid a mis à défaut toute leur habile'^' et vigilance à entretenir les soupiraux pratiqués dans la glace. A côté du genre Fiber dont les deux sujets sont si utiles, nous place- rons ici le genre Arvicola qui, lui, en possède cinq, ce sont : ^ Le mulot de Pensylvanie Arvicola Pensyl- [vanniîus...Wilson"s Meadow-Mouse. Le mulot du nord Arvicola Borealic...Tlio [Northern Meadcw-Mouse. Le Lemmus de Back Arvicola (Iroorychus) [Trimucronatus ....Buck's Lemming. Le Lemmus de la Baie d' Muson Arvicola [(Geory.) IIudsonius...Iludson's Bay Lem. La souris du Groenland [Arvicola (Geory- chus) Groenlandicus..Tho Groenland Lem. Ces cinq petits quadrupèdes ont plus d'un trait de ressemblance : le premier, qui est le plus petit de tous, ne mesure guère plus de trois pouces et demi, tandis que le dernier, qui est aussi le plus grand, n'a pas beau- coup plus de six. Tous les cinq se trouvent jusque sur nos terres arcti- ques. Là, du moins, ces petits labou- reurs qui sont aussi moissonneurs, ne font tort à personne, tandis que le petit mulot porte souvent la désola tion dans nos champs cultivés. Ces dommages ne sont compensés par aucune espèce d'utilité; personne ne songe à tirer parti de leur fourrure extrêmement fine pourtant, si ce n'est certains jongleurs sauvages qui en mettent la peau dans leurs sacs de médecine. La souris du Groenland devient assez blanche en hiver,jamais néanmoins d'une blancheur éclatante comme l'Hermine. La Souris d'Amérique(Mus Leucopus American Field mouse), différente de la souris domestique d'Europe, mais semblable à celle des champs du vieux continent, se trouve ici en très gran- de abondance. Elle s'introduit par- tout dans nos maisons où, entre autres inconvénients, elle fait un ta- page fort désagréable. Cette espèce de souris a de plus la manie de receler une foule de petits objets, surtout des grains et autres nourritures, puis ce qui est plus singulier c'est que le Hangarage ne se fait pas dans la de- meure môme du receleur ni au près. Un matin, entre-autres, après une froide nuit d'hiver, prenant undem es mocassins il me sen^ble y reconnaître un poids inusité; le froid ne me lais- sant pas beaucoup de temps à mes reilexions je tiens à me chausser. Mais voilà que mon pied rencontre au fond du soulier, maintes choses qui naturellement ne devaient pas s'y trouver. Je ;~vocède à l'examen, il y avait dans ce soulier, des grains d'or- ge, des peluies et de petits morceaux de patates, des débris voire môme jus- qu'à des arôtes de poisson. Pour expliquer ce singulier assem- blage,^ faut dire qu'au poisson et pom- mes de terre qui faisaient notre nour riture habituelle,nous avions la veille joint le luxe d'une soupe à l'orge. Notre talent comme valet de chambre n'allant pas jusqu'à J'aire disparaître de notre boudoir tous les vestiges de nos fonctions de cuisinier qui s'exer- çaient dans le môme appartement puisque nous n'en avions qu'un, on comprend comment poisson, orge et pommes de terre avaient fourni leur 110 ^1 l I contingent et le tout avait été trans- porté par les souris pendant la nuit dans le mocassin. Dans une seule nuit, ces petits quadrupèdes charrient un volume plus gros qu'eux-mêmes, et comme ils ne sont point fournis de sacs de voyage et qu'il n'y a pas toujours abondamment de quoi fourrager, on neut en conclure que plusieurs unis- sent leurs efforts pour travailler au môme dépôt. Ces souris sont un véritable lléau. Ici à la Rivière Rouge, elles se trouvent en nombre si considérable qu'elles endommagent les récoltes sur pied, comme aussi elles dévorent et recèlent les grains après la moisson. Cette disposition au larcin nous est cette année du moins, d'un secours inattendu. Les sauterelles ont fini par nous faire perdre une espèce de pois que nous cultivions avec succès, au printemps nous en avions confié les derniers grains ;\ la terre ; les sauterelles les mangèreut, il n'en restait plus dans le pays et voilà qu'à St. Norbert, où on'n'avait pu cultiver cette espèce de pois depuis plusieurs années, on en trouve une cache considérable dans les gradins d'un vieil autel, laissé au- dessus de '. voûte de l'Eglise. La Gerloise du Labrador (Meriones Labradorius, the Labrador jumping Mouse,) visite aussi notre départe- ment, jusqu'au nord du Grand Lac des Esclaves. Ici, comme ailleurs, ce petit rongeur se remai'q ne parla lon- gueur exagérée de ses jambes de der- rière,la longueur encore plus dispro- portionné de sa queue qui a plus d'étendue que tout son corps en y comprenant la tôte. Ce rat de quatre ou cinq pouces, saute avec une agili- té et une rapidité étonnantes. Sa longue queue d'ordinaire si flexible se raidit dans toute sa longueur pendant que l'animal bondit ainsi, et les poils qui en ornent l'extrémité lui donnent une apparence assez singulière. Le R Département du Nord » pos- sède aussi cinq espèces de Marmottes que nous indiquons ici Marmotte de Québac Arctomys Empêtra.... [Tho Woenusk. Le SifTlour des Montagnes. ..Arctomys Priu- [nosus....The Whistlor. L'Ecureil de torro Arctomys (Spermo- [pliilus) Parryi...Parry's Marmot. Marmotte d'Amérique Arctomy? (Spermo- [philus) Richardsonii.....Tlio Tawnee La Marmotte do Franklin Arctomys (Sper- [mopliilus) Franklin.. Franklin's marmot. Spormophile rayé...Arctomy's (Spermopnilus) , ,■ [Floodiû Tho Leopart. Le Marmotte de Québec mesure de dix à vingt pouces, et se trouve sur- tout dans la partie orientale du Dépar- tement, puis dans les montagnes Ro- cheuses, nos districts de l'ouest n'en possèdent peut-être pas. La fourrure sans être remarquable est pourtant un objet de commerce. Le nombre expédié ne s'élève qu'à quelques cen- taines, ce qui prouve qu'elle n'est ni précieuse ni recherchée. La Marmotte des Montagnes, le Sitlleur du Canada, ne se trouve ici que dans les Montagnes Rocheuses ; elle habite le versant des collines sa- blonneuses dans lesquelles elle creuse sa demeure ; elle fourrage dans l'au- tomne, tant pour se procurer sa nour- riture quepour tapisser son habitation. La fourrure du Siffleur, sans être un grand objet de commerce, est pourtant très-recherciiée dans le pays où elle se trouve et ce', à cause de sa solidité et de sa chaleur. Plusieurs peaux cou- sues ensemble forment une couver- ture avec laquelle on affronte le froid et qui dure pendant des années. Les quatres autres espèces de mar- mottes ou spermophiles que nous pos- sédons, n'offrent rien de particulier si ce n'est de faire diversion à la mono- tonie du spectacle uniforme de nos grandes solitudes. Ces quadrupèdes ont assez l'appa- rance de l'écureil sans en avoir l'agi- lité; tous se creusent des trous d'où ils sortent par nécessité ou par goût et où ils se réfugient à la moindre crain- te de danger. La chair de la mar- motte d'Amérique est bien agréable. Les sauvages et les voyageurs s'en nourrissent très volontiers, surtout quand le grand gibier fait défaut. iti Le genre Sciurus ne nous fournit ici que trois espèces : Le Suisse. ..Sciurus (Tamias) Lysteri The [Haciieo. Le Suisse à 4 barres. ...Sciurus (Tamias) Qua- tdrivitlalus.The Courbanded Pouclied squirrel. j'écureil de la Baio d'IIudson... Sciurus Hyd- [sonius The Ghiciiareo. Les suisses sont des quadrupèdes qui n'excèdent pas cinq ou six pouces. Ils grimpent dans les arbres avec une grande facilité, sont pleins de vivacité et de gaieté pendant l'été, mais ne s'a- venturent pas en dehors de leur re- traite pendant l'hiver. L'écureuil de la Baie d'IIudson est plus grand que les deu.x espèces précédentes. Il mesure de huit à neuf pouces. Sa couleur est d'un gris brun, il choisit de faire son nid au pied des plus gros arbres, ménage à son réduit plusieurs ouvertures, d'où il s'échappe pour prendre ses joyeux ébats sur les branches. Nous avons de plus deux variétés d'écureils volants, l'une plus petite, Pteromys Sabrinus, se 'rouve dans la {)artie Sud est du Département, et 'autre plus grande, Pteromys Sabri- nus Alpin us, est une habituée des Montagnes-Rocheuses. Ni l'un ni l'autre de ces écureils n'a, à propre- ment parler, la Taculté de voler ; mais les grandes membranes qui unissent leurs pattes de devant à celles de der rière leur servent d'ailes ou de para- chutes, et leur permettent de s'élancer d'un arbre à un autre à distance assez grande, pourvu que le mouvement, soit descendant. Pour compléter la série iez Ron- geurs à fortes clavicules, il nous reste à mentionner une espèce de rat de sable (Geomys Talpoides.Moleshaped sand-rat), qui vit sous terre dans des excavation? considérables qu'il pra- tique en forme de galeries. Quoique assimilé aux taupes, ce quadrupède ne peut pas comme les taupes d'Euro- pe, se nourrir de vers de terre : il n'en existe pas dans nos latitudes. Ses poches aux joues lui servent à transporter la terre qu'il enlève de ses galeries, qu'il commence à net- toyer aussitôt que la neige fond, et en attendant que le dégel de la terre lui permette d'ajouter de nouvelles rues a celles déjà creusées. Aucun de ces animaux n'a de valeur dans le pays ; tous sont mangés en cas de disette surtout, mais aucun n'est recherché par nos gourmets sauvages. La section des Rongeurs à clavicu- les imparfaites nous présente d'abord le Porc-épic du Canada, rUrsûii de BufTon (Hystrix Pilosus Porcupine) animal d'une trentaine de pouces de longueur. Trois espèces de poil forment la fou rnre de ce quadrupède; celui qui touche sa peau est d'un brun s'-le, pu's des poils plui, longs, blancs, noirs o^ a^s deux couleurs à 1? fois s'implantent au milieu de cette premiè- re couche pour recevoir ensuite les poils ou piquant qui sont" le trait caractéristique de l'animal et qui couvrent tout son corps depuis la nu- que où ils sont plus courtsplus serrés et plus raides jusque sur les hanches ou ils sont plus longs et plus souples. La chair du Porc-épic est excellente et très recherché non-seulement des sauvages mais bien aussi des autres qui la connaissent. Cet animal est ex- cessivement lent, pas du tout voya- geur puisqu'il passe des semaines entières au même endroit, ou si près que les sauvages renvoient à plusieurs jours de le chasser, bien sûrs qu'il ne leur échappera pas quand ils l'ont aperçu. Les traînées de sa queue sur la neige trahissent sa présence ainsi que les dégâts que ses incisives font sur les branches et sur l'écorce des arbres dont ils se nourrit. Il estime surtout le Pin gris (Pinus Banksiana), et choisit de préférence les endroits où cette espèce d'arbres abonde. Le pusillanime Porc épie n'a pas d'autre défense que ses piquants ; non pas qu'il ait la faculté de les lan- cer à distance contre ses agresseurs comme des javelots, mais bien par le danger qu'il y a de le saisir ; car ces piquants ttès aigus sont, de plus, garnis comme de petites dents dirigées en arrière, et s'enfonçant naturelle- ment dans les chairs aussitôt qu'ils 11-2 I peuvent y pénétrer. Quand un chien attaque un Porc-épi«-, il faut de suite, avoir le soin d'arracher, de sa gueule les piquants qui y adhèrent, autre- ment ces petits dards pourraient cau- ser la mort, ce qui arrive souvent aux loups qui attaqiient les Porc-épics. Ces piquants teints et à leur couleur naturel, servent à des broderies d'une grande richesse et d'une solidité toute exceptionnelle. Les femmes de cer- taines tribus sauvages et quelques- unes de nos métisses excellent dans ce genre de travail. Il nous reste h parler de quatre espèces de l'Ordre des Rongeurs, qui appartiennent au genre Lepus, ce sont : Le' Lièvre ou Lapin (l'Aint'rir]ue....Lei)Us Aine- [ricanus....'riie American llarc. Le Li6vro des ferres Arcliiiues.... Lepus (Jla- [cialis...Tlie l'olur Uare. Le Lièvre des Prairies... Lepus Virginianus... [The Pr.iirie llare. Le Petil Lièvre Chef.... Lepus (Lagomys) Prin- [ceps...Tlie LiUle Cliief Ilare. Le lièvre d'Amérique abonde pério- diquement dans toute l'étendue du « Département du Nord, » il s'y trouve quelquefois en quantités prodigieuses; mais un fait assez singulier c'est qu'il disparaît presque complètement de t^mps en temps, et après ces dispari- lions presque cou?plètes il se multi- plie de nouveau, augmentant en nom- bre pendant une période de trois à quatre années, puis c'est l'abondance pendant un même laps de temps, puis de nouveau la disparition. Cette pé- riode est si régulière que l'on sait assez positivement à l'avance quand ils seront nombreux et quand Us ne le seront pas. Le nombre, aux années d'abondance, a quelque chose de fabu- leux, il ne faut pas, un bon chasseur pour en abattre une centaine en un jour au fusil — et une bonne vieille femme qui a l'habitude de tendre le lacet, dépasse habituellement ce chif- fre. J'ai entendu parler de vingt cinq mille tués pendant un hiver à un seul poste de la compagnie. Le lièvre d'A- mérique n'est guère supérieur au lapin d'Europe pour la taille ou la saveur. Que les amateurs de civet n'envient pas le sort de ceux qui vi- vent ici aux lièvres, ils éprouveraient bien du mécompte, môme au juge- ment de leur palais, s'ils avaient à passer des hivers entiers sans autre mets qu'un pauvre lièvre rôti dans sa graisse ou maigreur au bout d'un bois ou bouilli dans la marmite. Nos lièvres pèsent de quatre à six livres et peuvent mesurer de seize A dix-sept pouces. D'une couleur uniforme en été, ils en changent la teinte grise pour la longue fourrure blanche qu'ils re- vêtent en hiver. Notre lapin ne se creuse pas d'habitation, il se gite tout simplement au milieu des massifs de saules ou de jeunes arbres dont ils mange l'écorce. La fourrure de cet animal n'a en réalité aucune valeur, parce qu'elle n'a aucune solidité. Pour s'en servir les sauvages la divisent en petites lanières qu'Us enlacent ou tissent ensuite à la manière des étof- fes. Cette sorte de tissu forme des vê- tements d'une chaleur extraordinaire. A côté de ce petit lièvre qui habite toute la partie boisée du Département s'en trouve deux autres espèces beau- coup plus grandes. Le lièvre des Ter- res Arctiques bt ceiui des Prairies. L'un et l'autre atteignent une gran- deur de vingt à vingt-quatre pouces, et pèsent de sept à dix livres, quelque fois même davantage. Le lièvre des Terres Arctiques ne se trouve pas en dessous du soixanto-quatri" me paral- lèle, tout comme le lièvre des Prairies ne monte guère plus haut que le cin- quante-cinquième. Tous deux sem- blent avoir besoin des vastes plaines dans lesquelles ils sautent à loisir, tout comme le lièvre ordinaire d'A- mérique bondit en tous sens dans la diagonale boisée qui court du sud-est au nord-ouest, entre ces deux plaines si différentes dans leur aspect, ayant pourtant chacune sou espèce de lièvres comme son espèce d'ours et son espè- ce de bœufs. Si les Tchippeweyans ont sur leurs terres ou landes stériles les plus gros lièvres, ils ont aussi le plus petit dans le Lepus Princeps, Petit Lièvre Chef. Ce petit animal habite les Montagnes Rocheuses et se trouve sur notre ver- I V il . i '4 113 prouveraient ne au juge- Is avaient à i sans autre i rôti dans sa 1 bout d'un armite. Nos i six livres et te rt dix-sept uniforme en te grise poux- he qu'ils re- lapin ne se se gîte tout is massifs de bres dont ils ure de cet 3une valeur, alidité. Pour i divisent en iulacent ou re des étof- rme des vô- ;raordinaire. e qui habite )éparte aient ipèces beau- Te des Ter- es Prairies. t une gran- itre pouces, ■es, quelque i lièvre des ouve pas en i' me paral- ies Prairies ' que le cin- deux sém- ites plaines lU à loisir, :inaire d'A- ius dans la '. du sud-est eux plaines ipect, ayant e de lièvres t son espè- it sur leurs s plus gros s petit dans ièvre Chef. Montagnes [" notre ver- sant entra les latitudes correspondan- tes à celles où le lièvre commun abonde davantage. Il gîte au milieu des pierres de la montagne où il fait son nid, sans le creuser dans la terre, d'où il ne sort que pendant la belle saison, amassant ses provisions pour la saison rigoureuse. Ce lièvre, si tant est que lièvre il faut l'appeler, n'a que six ou sept pouces de longueur. Le genre, on le sait, n'est pas bote à grande queue, et le petit lièvre en a si peu qu'il n'en a pas du tout. Après ce rapide coup d'œil jeté sur l'ordre ''es Rongeurs, il nous faudra passer plus promptement encore sur le sixième ordre puisque le Départe ment du Nord ne possède point d'E- dentés. Tous nos» quadrupèdes ont ici au contraire bonne dent, et nos sau- vages seraient aussi surpris de yoir un Edenté qu'ils le sont lorsqu'ils voient un jeune homme de la civilisa- tion avec un râtelier incomplet. § 3. — SEPTIÈME ORDRE. Les Pachydermes. Le Septième Ordre n'est pas non plus originaire de nos contrées. Des trois familles qui le composent celle des Proboscidiens fait encore complè- tement défaut. Comme personne ne nous a encore fourni le lu.xe d'une mé- nagerie,pursonne n'a vu ici d'éléphants, l^es deux autres familles de l'ordre ne sont pas non plus enrichies d'une grande variété. Les Pachydermes ordi- naires ae sont représentés ici que par le cochon domestique (Sus Scropha), tandis que les Solipedes ne nous ont procuré que le cheval, (Equus Cabal- lus) l'Ane, (Equus Asinus) et le mulet. Que dire du cochon, si ce n'est qu'il n'est aimable qu'au pot et au plat ? Près de six mille ans se sont écoulés avant l'introduction de cet animal dans le pays, mais la bête est ve- nue quand le signal de la civilisation à été donné, il y a un demi-siècle, et à mesure que ce flot bienfaisant on dule vers le nord, le cochon gagne du terrain. Sans être précisément un type de bonnes manières ni de délica- tesse, il semble un compagnon néces- saire de l'homme civilisé, et bientôt la race porcine aura atteint les extrémités lesplusôloignôesdupays. Il n'ya point ici de Sangliers ou cochons sauvages. C'est en 181B que le Déparlement re- çut ses premiers cochons. Ils venaient d'Angleterre par la Baie d'Hudson. Tout le monde sait que le cheval n'est point originaire d'Amérique, le» bandes de chevaux sauvages des prai- ries au midi et à l'ouest des nôtres n'étaient que des chevaux échappés aux espagnols et multipliés ensuite dans les plaines du Mexique. Il n'y a jamais eu, que je sache, dans le i Dé- partement du Nord)! , aucune bande de chevaux sans maître, et il m'est impossible de préciser à quelle épo- que nos sauvages se les sont procurés d'abord. Quelques uns en possèdent des bandes nombreuses que non-seu- lement leurs maîtres connaissent mais qui, eux, connaissent leurs maîtres, puisque les sauvages domptent leurs chevaux beaucoup plus jeunes que ne le font les peuples civilisés. Assez ordinairement le petit poulin de l'an- née, porte un petit cavalier et s'ha- bitue ainsi dès son enfance, sinon au harnais, du moins à la selle. Les races de chevaux s'abàtardisent bien- tôt entre les mains des sauvages, qui n'en possèdent que peu. Dompté pres- que eu naissant, accablé d'un travail excessif mal nourri, complètement privé de tout autre soin il n'est pas surprenant que ce noble animal per- de de l'élégance de ses formes, de la grâce de ses mouvements, de la sou- plesse et rapidité de sa course. D'un autre coté, le cheval sauvage, ou mieux, le cheval des sauvages ac- quiert une vigueur extraordinaire. Sans l'ardeur apparente, sans le bon vouloir qui caractérise sa race, il ac- complit son travail avec une ténacité et 'ine constance qui étonnent tous ceux qui s'en servent. Il est presque impos- sible sinon de les fatiguer du moins de les épuiser, et comme disent nos métis : «Un p'tit cheval sauvage ça n'a pas de bout » parce que de fait il faut beau- coup pour les mettre à bout de forces. Les Sauvages n'ont point d'écuries, 8 'U I il 114 et leurs chevaux n'en connaissent Ëoint d'autres que celle que le lion lieu a mises partout, et on sait que cette écurie n'est pas chaude ici on hiver. L'avoine, ou un grain quel- conque est aussi inconnu au cheval sauvage que l'établo. Dans la colonie de la Rivière Rouge nous possédons plusieurs belles races de chevaux, le goût de les posséder est assez développé pour que notre population n'ait pas besoin d'encou- ragement ù cet égard. Ici aussi pour- tant la plupart des chevaux passent l'hiver comme l'été dehors ; et, cliose assez étrange, les années ordinaires ils se portent mieux que ceux qui à l'étable n'ont que du foin pour nour- riture. Ces dernières années les voyageurs venus dos Etats-Unis nous ont amenés des mulets qui font par- faitement ici, même en passant l'hiver dehors. Le seul âne que possédait le pays était tellementcher à son maître que les deux individusparlirentensem- ble, il y a dix-sept ans, et ce n'est que l'année dernière que deux de l'espèce sont revenus faire retentir nos prairies de leurs voix puissantes. Eux aussi pas- sent l'hiver à la belle étoile. C'est an printemps de 18G8que le Département du Nord a vu naître son premier ânou. § 4. — HUITIÈME OROnE. . i " Les Rumhiants. Nos vastes terres ont l'avantage de posséder des Ruminants de différentes espèces. Tous les bisulces ne se trou- vent point ici, toutefois on en ren- contre assez pour exciter le plus vif intérêt, puisqu'ici comme ailleurs ils jouent un rôle important et sont d'une utilité première, voire môme d'une nécessité comme absolue. Que feraient nos pauvres sauvages, ceux des prairies surtout, s'il leur fallait se contenter des richesses que leur fournissent l'ordre des Carnassiers et celui des Rongeurs. Trop souvent sans doute, ces deux ordres sont les seules ressources alimentaires d'un grand nombre de nos infortunés Indiens, mais tous soupirent après le succès de la chasse aux Ruminants» Puis, la population blanche du Déparlement, comme tous les autres enfants de civi- lisation, trouve dans le huitième ordre des mamifères, à satisfaire aux exigen- ces les plus indispensables do sa condi- tion sociale. Aussi on recevant le bien- fait delà civilisation,notre département a reçu deux espèces de Ruminants qui n'y sont pas indigènes. Nous donnons ici le tableau synoptique de cet ordre. f}uvutuirtu M-T-'fraavo awgixinH 1 ce a s- s 8 s» ? X 3 a' I S B •12 a 3 » ÇB tu § B» SB * M -. H lianladœ. Genus.. (t , .Lanlus ..Tyrannus ..Tyrannula . . 2 espèces .. 2 " .. 3 " 2e Tribu : Merles. Qenus. il ..Clnclus . .Merula ..Orpheus . 1 espèce. .. 4 " . 3 " ■.., ■ ' '':- - 3e. Tribu : Pylvladœ. QENUa. il it tt . .Crythaca . .Sylvlcola . .Setopliaga ..Parus ..Selurus . .Anthus . .''espèces. .7 " . .. 2 " .. 1 " . 2 . I " 2c Ordre. 4e Tribu : Amphilidœ. Genus.. ..Vlreo ..Bombacllla . 1 espèce. . 2 " lucessores. :il. Famille. Canlrostres. Ire Tribu : Moineaux. Genus. ■ tt i( tt tt tt tt tt tt . .Alauda . 1 psnj^r^p ..Kmberiza ..TrlnglUa ..Pyrglta . . Pyrrhula . 5 " . 6 " . 1 " . 1 " ..Loxla ..Llnarea ..Carduells ..Coccotliraustes. . 1 . 2 " . 1 " . 2 " 2e Tribu : Etourneaux. Genus.. tt tt il tt tt tt ..Molthrns ..Dollchonyx . ... . .Agelaus . 1 espèce. . 1 " . 2 " , .Sturnella ..Ictorus . .Qulscalus . .Scolecophagus .. . 1 " . 1 . 1 . 1 •' 3e Tribu : Corbeaux. Genus. . . .Corvus . .Ganulus . .8 esp-Sces. . 3 " ■■••tvmmtmmm*'- m' «s s a a o y T S e I 3-! I 64 o a Q izi o o » oc I. Famille. Grlmiwurs. Ire Tribu : Pies. GBKUS PlCUS " Colaptes '< Melanerpes . . . 6 espèces ... I " ... 1 " 3e Ordre. 2e Tribu: Gknus. . . .Froglodytes . . ... 2 espèces Curtlpedes. II. FamUle. Tenulrostres. OENUS — Frochllus . . . 1 espèce. III. Famille. Flsslrostres. 'kl': ■'' "' Genus Hlrundo. . " Caprlmulga .. . " Alcedo . . . 5 espèces ... 1 " 4e Ordre. Gallinacés. 5o Ordre. Ecbasslers. 6e Ordre Palmipèdes I. Famille. Curti pennes. II. Famille. Pressirostres. III. FamiUe. Cultlrostres. IV. Famille. Longlrostres. V. Famille. Macrodactyles, I. FamUle. Ploi^errs. II. Famille. Lougipennes. III. Famille. Totipalmes. IV. Famille. LamoUirostres. GENES. . . .Tetrao 7 espèces. " ....Columba '^ " ' . " ....Phiisianus 1 " " ....Meleagrls 1 " Point d' (Lutruche. Genus. . . .Calidris l'espèce. " ....Cliai-adrius 3 " " ....Vanellus 1 " " ....Btrepsilas l " Gencs. ...Grus 2 espèces, " ....Ardea 2 " Genus Recurvlrostra — 1 espèce. " Numenius 3 " " ....Trlnga 9 " " ....Totanus 5 " " ....Llmosa 2 '■ " ....Scolopax 2 " Genus. . . . Ralus 2 espèces. " Tulica 1 " " Phalasoopus 3 " Genus Policeps 4 espèces. " ...Colymbus 3 " " ....Uria 4 " Genus Str.rna 3 espèces. " ....Larus 13 " .... Lestrls 3 GENUS. . . . Pellcanus 2 esi^êces. Genus. . . . Anas 6 esi)èces, " Mareca 1 " " . , . . Dendronessa 1 " " . ...Someteria 2 " " ....Oldemla 3 " ....Fuligula 5 " " Clangula 3 " " ....Harelda 1 " . ...Mergus 3 " " ....Cygnus 2 " " Anser 5 ■ 122 ( »■luâ>^■ ' ■*:,.^^..-.«*;-»t'^''^ •*■■*■*■ ' 123 é insensi- ivres aux sa route, que nous de beau- e surtout ocheuses. nent pas- t oiseau, ; et l'on nis tués, tachées à blanche âges et y ■e. C'est seau) des ■iands de re de ce placée à igligence de ce nid utôt qu'à •tant pas us ta faire gles sont l'un des omplète exe de la s consé- !me veu- lu'il soit, 3 que des constaté viduqui :e bibli- 3n toute eunesee de l'ai- ï de bon s exclu- ?le ordi- 1 genre Iule no- lauteurs e le dé- ngue la l s'abat nnante. te d'un — tant un ■ 3t, il le force à lâcher prise et s'élançant en- suite à la recherche de cette nouvelle proie il la saisit avant qu'elle n'at- teigne le sol. Les ongles de l'Aigle Pêcheur sont très recourbés, très forts et très aigus. Il les faut ainsi pour les plonger faci- lement dans les chairs des poissons vivants qu'il peuf. enlever des eaux. Je ne sais pas s'il faut croire à l'as- sertion que cet aigle se cramponne si fortement au corps de sa victime qu'on en a vus emportés à la profon- deur des lacs par d'énormes poissons qu'ils ne pouvaient enlever et qui, pour les punir de la témérité de leur attaque, les entraînaient dans l'abime et les noyaient sur leur dos. Outre ces trois espèces d'Aigles, la tribu des Faucons compte encore trois genres, celui des Faucons proprement dits, celui des Vautours et celui des Busards. Les onze espèces d'oiseaux de proie qui naissent de ces trois gen- res ont des traits et caractères distiuc- tifs qu'ils serait trop long d'énumérer ici. Tous sont oiseaux de passage et viennent jusqu'à nous, pour s'y re- paître comme ailleurs, de sang et de carnage. Les uns aimen Pies charognes, d'au- tres le poisson, ^^juis il y en est dont le goût délicat s'assouvit surtout sur des victimes fraîches et à sang chaud. La famille des Rapaces nocturnes présente neuf espèces du genre Strix, Hibou ou Chouette ; ce sont : Hibou à grandes oreilles Strix Otus....Long (eared Owl) " " courtes " Bracliyota Short careu-owl " Cendré... " Ginerea...Great Cinerus [Owl] Hulotte Nebulosa Barred " Ghat-huant..Virginiana..Virginia Horned " Hibou du Nord " Arctica Arcticor [White horned Owl] " Blanc •' Nyctea Great Sno- [wy Owl] '• I !'*■"■<¥- ,iiMilHi»i«Ér »ii'"P«ili«|il|»llWi Kl »f»i fcM*»»l**«»^ 125 déchirer sa presque tou- deuxième me deux fa- et les Gom- irostres pos- renferment trois espèces , Greater nern Shrike. E.xcubitorides roat Shrike. repidus..King _ Bird. Tyrannus Bo- lern Tyrant. rannula Saya Ply catcher. nnula Pusilla '''y catcher, ••■•Tyrannula rged Peroit. 3lus America- can Dipper. a Migratoria Led Thrush. Minor..Littlo ay Thrush. Wilson's Thrush. ria Hennit Thrush. is Meruloïdes 3king bird. ufus Fo.v coloured. is Felivox Cat bird. Arclica blue bird. Wilsonii... blue bird. ^stiva Warbler. Maculosa... Warbler. ^etechia Warbler- nata VVarbler. .Black-poll VVarbler. i Rubrica- "m-eater. egrina m-eater. 'haga Ru- iatcher. Mangeurs do moucherons du Canada. ..Selo- pagn Bonapartii . . .Bonaparte's Gnat catcher. Mésange à tête noire Parus Atricapillus... Black cap Titmouse. Fauvette couronnée Seïrus Aurocapilius... Golden crowned Accentor. Fauvette tachetée do la Louisiane Seïrus Aduaticus Aquatic Accentor. Alouette des Prés Anthus Aquaticus Reddish Crown Titlark. Verdier Vireo Olivaceus hedeyed greenlel. Grand Jaseur Bombycilla Garrula European chatterer. Récollet Bombycilla Americana Ccdar Bird. Nous ne nous arrêterons pas à donner une description de ces diverses espèces d'oiseaux, qui n'ont d'intérêt qu'au point de vue de la science et de l'agrément qu'ils nous procurent. Plusieurs sont d'une rare beauté, tous ne sont que des visiteurs à l'ex- ception de la petite mélange du Cana- da qui atlronte les rigueurs de notre hiver arctique. Pendant la belle sai- son ils viennent ici, étaler le luxe de leur plumage, souvent très-riche et très-varié, et réjouir nos forôts par leur gazouillement ou leurs chants harmonieux. Quant le sombre hiver semble vouloir engourdir les derniers feux du soleil "d'automne, tous ces aimables voyageurs nous tournent le dos, et vont passer cette saison sous des climats plus doux ; puis, ils re- viennent au printemps, pour s'assurer si vraiment tout ne meurt point en hiver dans un pays où le froid leur serait si fatal. II — La famille des Comrostres se divise ici en trois tribus composées de dix genres qui renferment trente-qua- tre espèces que voici : Cochovij Blanda Cornuta Horned or Shore Lark. Bruant Emberiza Nivalis Snow Bun- tling. I de Laponie Emberiza Laponica Lapland Buntling. « Colorié Emberiza Picta Pain- ted Buniling. « Gris Emberiza Pallida Clayco- loured Buntling. Moineau à ailes baies Fringilla Grami- nea Bay winged Finch. Moineau à Couronne blanche Fringilla Leucophrys White crowned Finch. Moineau de la Pennsylvanie Fringilla Ponnsylvanica WhiteThroated Pinch Moineau Roux Fringilla liiaca Fox coloured Finch. Moineau Noir Fringilla Uyemalis Black Finch. Moineau i léte violette Fringilla Purpe- rea Crested Purple Finch. Moineau Arctique Pyrgita Arctica Arctic ground l'inch. Bouvreuil Pyrrhula Enucleator Pine Bullflnch. Bec croisé Loxia Leucoptera Whito winged Crossbill. Lmolte il tète grise Linaria Tephrocotis... Grey crowneci Linnet. Pinson Linaria Minor Lesser Red- PoU. Chardonneret Garduelis Americanti American Goldlinch. Gros-bec Boccothraustes Vespertina Evening Grosbeak. Rouge-gorge Coccothraustes Ludovi- ciana Rose breasted Grosbeak. Ortolan Coucou Molthrus Pecoris Cucooo Bunt. Mangeur de riz DolychonyxOrizivoros Sharp tailed Rice bird Etourneau à ailes rouges Agelaius Phœ- niceus Red winged Maizo bird. Etourneau à tête jaune Agelaius Xantho- cephflus Sairron headed Maize bird. Etourneau à croissant Sturnclla Ludovici- [aaa Cresteel Starelet. Lariol à croissant Icterus Baltimore [Baltimore Hangnest. Etourneau commun Quiscalus Versicolor [Common purple Boal-tail. Corbeau Corvus Corax Baven Corneille " Corome Crou Pie " Pica Magpie... Geai Garrulus Oristatus ....Blue Jay " du Canada.. " Ganadensis...Whiskey [Jack. Geai à bec court.. Garrulus Brachyrynchus... ;.:.,-> ^ii■, [Short billed Jay. Celte nouvelle série de l'ordre des Passereaux ne nous offre à peu près que l'intérêt fourni par la tribu pré cédente. Quelques sujets pourtant fixent notre attention d'une autre manière, par les dégâts et ravages qu'ils fout dans nos champs. Ce sont les étourneaux et les corneilles. Dans cette série encore, la plupart ne sont que des visiteurs durant la belle saison, plusieurs néanmoins font 126 i i 1 ;?"! exception: Le Bruant ne s'éloigne que pendant quelques semaines, au milieu de l'hiver. Les Becs-croisés à ailes blanches, sont encore plus cou- rageux, puisque, ainsi que le Pinson, ils ne nous abandonnent jamais,môme pendant la saison la plus rigoureuse. C'est quelque chose de digne du plus haut intérêt que de voir ces petits oiseaux, voltiger en bandes nom- breuses et aller, comme au-devant de la neige, dont ils sont un signe avant- coureur. Gomment expliquer que ces frôles existences supportent gaiement l'intensité d'un froid sous la pression duquel on entend le craquement des arbres de la forôt? A côté de ces petits habitués de nos glaces, vient se ranger le noir corbeau, gros deux fois, au moins, comme une corneille. Monsieur du corbeau, lui, ne se con- tente pas de supporter l'abaissement de la température, il semble le braver. Au milieu des plus violents déchire- ments de la tourmente, lorsque les efforts gigantesques d'un vent glacial soulèvent les tourbillons de neige, que tout dans la nature semble menacé de la destruction ; quand l'homme, pour bivouaquer a besoin d'un foyer brûlant, de couvertures très-chaudes et que malgré cela, il tremble et grelotte de tous ses mem- bres ; le corbeau, perché à la cîme des plus hauts arbres desséchés, la .face au vent, étreint de ses serres d'acier la branche sur laquelle il se berce, et lance à l'oreille du specta- teur transi, qui le regarde son sin- gulier « Qua II voulant pour ainsi dire le narguer et lui dire : Qua ! oh ! homme, tu as froid ? Les Pies li'ont point non plus hor- reur de nos climats, et quoique l'in- tensité du froid paralyse la mâchoire et engourdisse la langue du voyageur elle ne semble point un obstacle à la loquacité de cet oiseau, le plus joli de ceux qui passent l'hiver avec nous. Nos voyageurs la nomment « Pie de France; », gardant le simple nom de Pie pour le geai du Canada. Ce dernier est, pour ainsi dire, le con- cierge de la forêt et vient au devant de tous les visiteurs, comme pour leur demander des nouvelles et leur faire part de ce qu'il sait, ou, du moins, pour égayer la solitude. En hiver et en été il est assidu auprès du bivouac, saute, voltige de branche en branche, s'associe aux festins des chiens, s'approche insensiblement de l'homme, semble demander une petite portion du repas du voyageur,comme récompense de l'agrément qu'il cause, de la confiance qu'il manifeste. Dans la solitude et l'isolement, on sent le besoin et aussi l'avantage de la société. Que de fois, la vue de ces geais m'a causé un sensible plaisirs facilement je me serais figuré qu'il comprenaient combien il m'eut été doux de rencontrer là ceux qui me sont chers. Si les cris du Chat-huant portent l'effroi dans l'âme, quand il trouble votre repos, le chart si doux et si mélodieux du Rouge-gorge, produit un sentiment bien différent. Les accents de et gentil chanteur, qui vibrent et plus forts et plus harmo- nieux pendant le silence de la nuit, jettent à l'âme du voyageur couché au pied d'un arbre, une délicieuse impression; ils l'aident, tout natu- rellement, à bénir Dieu et à le remer- cier des merveilles de la création. § 3. — TROISIÈME ORDRE, -l~i'-. CurUpcdes [courtes pattes). •" ''- Cet ordre, dans la classification de Sir John Richardson, comprendrait la famille des Grimpeurs, ainsi que les Passereaux non encore mentionnés ; on les distingue par l'un des carac- tères suivants: Pattes courtes ou bec plus ou moins entier. Cet ordre compte trois familles qui sont : les Scansores, les Tenuirostres et les Fis- sirostres. ,. L — La famille des Grimpeurs, compte ici deux tribus, quatre genres et dix espèces que voici : i%l le pour et loul- ou, du ude. En i auprès branche tins des ment de ne petite , comme cause, \~i''.. . u Pic noir Picus pileatus Piloated Wood pecker. Pic velu Picus villosus Ilairy Wood pccicer. Pic duvel<^ Picus pubescnn? Downy Wood pucicor. Pic varié de la Caroline Picus varius Yellow bellied pecker. Pic du Canada i trois doigts Picus tri- dactylus Gomraon Ihroaled pecker. Pic Arctique Picus «Articus Arclic threaled pecker. Pic doré Colaptes Auralus Golden shafted i)ecker. Pic ii tôte rouge Melanerpos erytlirocepha- lus Red-hoaded pecker. Roitelet Troglodytes ifldon Housc Wren. Roitelet d'hiver Troglodylfs liyemnlis Winicr Wren. L'arrivée des perroquets, importés en 18G7, a enrichi notre Département d'un genre nouveau de cette famille, à laquelle je ne connais ici, aucune utilité économique. Trois espèces de pics passent avec nous l'hiver, ils se cachent dans les trous qu'ils se creu sent dans les troncs d'arbies. Si nous avons dss passereaux dans le pays, ce n'est pas la faute de ces oiseaux, doués d'une activité extraordinaire ; et qui au temps des travaux, sont tellement préoccupés de leur besogne, qu'ils perdent môme le sentiment du danger auquel les exposent les pour- suites de leurs ennemis. Le Roitelet d'hiver qui cependant, nous quitte à cette saison, est le plus petit de nos oiseaux, à l'exception du cohbri. Ce dernier constitue, à lui seul, la deuxième famille de cet ordre. IL — La famille des Fissirostres ne compte que le : i , ;; Colibri Trochilus Colubris Northern ; [Iliimming bird. La Faune de Sir .T. Richardson, donne la description suivante d'un colibri tué dans les plaines de la Sis- katchewan : Couleur. — Tout le plumage de dessus d'un brillant vert doré. Les ailes noi- râtres lustrées de violet ; les plumes latérales de la queue de la môme cou- leur, mais beaucoup plus foncées et d'un lustre plus pourpré surtout en dessous. Les deux plumes du milieu sont entièrement vertes, les deux sui- vantos bordées de vert. — Plumage de dessous : une bande noire passe d'une oreille à l'autre sous le menton, le haut de la gorge est couvert de plumes d'un rouge rubis brillant et chan- geant; les plumes voisines vers le ja- volet et les côtés du cou sont blanches, mais elles deviennent plus foncées sur le corps ; le ventre et le dessous de la queue ; les cotés sont sombres mais lustrés de vert. Forme. — Le bec parfaitement droit dans toute sa longueur, ailes courtes, les grandes plumes étroUes et n'attei- gnant pas le bout de la queue, la cin- quième, sixième, sepLieme et huitième profondément et obliquement enco- chées h l'extrémité de leurs barbes extérieures, et ce, d'une manière telle- ment distincte et particulière qu'on croirait à une coche artificielle. La queue est un peu courte mais visible- ment fourchue, les deux plumes ex- ternessont presque égales ; les autres diminuent graduellement, plus étroi- tes vers leurs extrémités elles ont une forme obtuse et pourtant se terminent en pointe, celles du milieu sont plus larges. , ■■- K' Dimensions^ ^ Longueur lolale, 3 pouces, (i lignes Lon- gueur de dessu.*; du bec, 0 p. 7 1^6 Lon- gueur doigt du milieu, 0 p. 2 lignes. Long, do la queue, 1 p. I lig Longueur de dessus du bec jusqu'au rictus, 0 p. 9 1/4 lig. Long, de l'ongle du milieu. Op. 1 1/2 lig. Long, des ailes, t p. 7 lig- Longueur de dessus de la tors, 0 p. 1 ;î/4 lig Profon- deur de la 'ourche de la queue, 0 p. 4 lig. Cette description prouve assez quelle est la délicatesse et l'élégance des formes de ce nain aérien ; quelle est en môme temps la richesse et la variété de son piumage. La nature semble s'être plû à enrichir de grâces et de beauté, le plus petit des oiseaux 128 i i i i ■* ■ } auquel elle a confié l'agréable mes- sage de venir charmer nos solitudes. HT. — La famille des Fissirostres ren- ferme trois genres qui comptent huit espèces : Hirondelle à vontrol)lftnc...HirutiiJo Bicoior... [Whilo hellied Swallow. Hirondelle do granges... Hirundo Americana.. [Amorican or Barn. Hirondelle dos rochers... Hlrundo Lunifrons.... [Whi'.o fronted or clitr Swallow. ilirondello ou Mnrlin do rivages. ..HiruiKio ntiparia...Tho Sand Martin. Hirondelle ou Martin pourpré ....Hirundo l'ur- [peroa... Purple. Bois-pourri Ciipimulgus docilerus Tho [Whip-poor-Will. Mangeurs do Maringouins Capimulgus [Virginianus....Tho T*isk. Martin pécheur. ..Alcedo Alcyon. ..Boltodking [flsher. Nous avons donc des hirondelles, nous en avons même cinq espèces, au printemps, elles nous arrivent en foule, gaies, causeuses et empressées. Per- sonne n'ignore l'activité et la rapidité de ce joli oiseau. Que de vie, dans ce gazouillement, dont l'impatience salue les premiers feux de l'aurore ; que d'agilité dans ce vol si saccadé et si élégant. L'espèce dite Hirondelle des rochers, se niche surtout dans les petites exca- vations des strates calcaires où leurs leurs nids nombreu.x se trouvent pro- tégés par autant de petits toits. Deux sauvages avec lesquels je voyageais sur la rivière Alhabaskaw, m'offrirent un jour de me régaler d'un mets que je n'avais jamais goûté ; j'acceptai leur offre. A une petite dis- tance de là, mes hommes dirigèrent l'embarcation vers le rivage, je me i . - criai prétendant que nous n'avioas pas de temps à perdre. Mes guide; in- sistèrent, assurant que dans quelque? instants ils me procureraient un e.x- cellent dîner. Débarqués du canot, ils se sair-rent des perches qui servaient à le diriger, et coururent vers une stratification de calcaire, qui était à quelque distance de la côte, et audes- sus de laquelle voltigeaient des mil- liers d'hirondelles. Quelques minutes après, mes deux hommes revenaient portant leiirs chapeaux remplis d'hi- rondelles pai? plus grosses que le pou- ce, dont la chair délicate et rosacée n'était pas encore couverte du moin- dre duvet, et semblaient autant de petites boules de graisse. Nousconti- nuîlme? notre route et, à l'heure du diner, mes deux chasseurs emplirent la poêle à faire frire d'une partie de leurs petites victimes, se gardant bien de leur faire subir la moindre altéra- tion. Notre position dispense d'ajouter qu'ils n'y mirent aucune épice : néan- moins, j'ai trouvé ce mets délicieux et j'ai compris que mes hommes ne m'a- vaient pas trompé en me promettant un excellent dîner. Ce n'est pas à dire que j'avais vu sans regret la désolation portée dans tant de familles de cette petite bour- gade ailée. Les accents déchirants de la douleur de ces mères, auxquel- les on enlevait l'objet de leur tendre solicitude avaient jeté dans mon cœur des pensées et des sentiments que mes rudes compagnons de voyage ne soup- çonnaient certainement pas, en sa- vourant avec gloutonnerie le mets si délicat et si succulent qu'ilsavaient préparé. Le Boi Pourri est un oiseau in- commode au possible, par le vacarme qu'il fait en accentuant, pendant des nuits entières, ses deux notes mono- tones, dans lesquelles nos voyageurs ont cru reconnaître les deux mots Bois-Pourri, tandis que les Anglais y lisent, eux Whip-poor-Will. J'aime mieux les maiigours de ma- ringouins qui voltigent à la tombée de la nuit et gobent au vol, au moins quelques uns de ces cousins, ennemis des pauvres voyageurs dont ils trou- blent le repos, lors môme qu'ils en auraient besoin après de longues journées de fatigue. Outre les deux espèces précédentes, la famille des Syndactylesnous donne le Martin-Pècheur, qui se nourrit de poissons qu'il saisit en volant à la surface de l'eau. I 1 129 ^ revenaient mplis d'hi- qiie le pou- el rosacée a (lu moiu- autant de Nousconti- l'hpure du s emplirent e partie de ardant bien idre altéra- ise d'ajouter pice : néan- délicieuxet nés ne m'a- promettant î j avais vu portée dans petite bour- déchirants s, auxquel- leur tendre s mon cœur nts que mes igeuesoup- pas, en sa- ie le mets u'ils avaient oiseau in- le vacarme endant des otes mono- ) voyageurs deux mots 3 Anglais y .urs de ma- la tombée 1, au moins is, ennemis »nt ils trou- le qu'ils en le longues précédentes, nous donne nourrit de rolant à la 'U. g 4. — QUATRIÈME 0UDHK. Hasores ou Gallinacés. ,:;: Le spectacle do la soulTrance et de la privation, et la part prise à ce rôle de l'homme tomté, dispose tout natu- rellement l'esprit à attacher plus d'importance et d'intérôt à ce qui est utile qu'i ce qui est varié et agréable. Aussi, on ne s'étonnera pas si, dans ces études si imparfaites de l'ornitho- logie du département que nous habi- tons, nous estimons plus les ordres qui nous restent à examiner que ceux sur lesquels nous venons de jeter un ■coup d'œil si rapide. Le premier ordre qui se présente à notre observation est celui des Galli- nacés. Dieu dans sa bonté, nous a fourni, tout d'abord deux genres et huit espèces de cet ordre. L'homme a ajouté l'introduction de trois autres espèces, se rattachant l'un à un genre indigène, et les deux autres à des genres étrangers. Nous donnons d'a- bord les noms de ces onze sujets de l'ordre. • , ., La perarix Tétras umbellus Tho Rufled [Grouse. La Perdrix de savane. ..Tétras Gartadensis [Tho Spolled Grjuse La Pordrix des montagnes. ..Tétras Tranklinii [...Tho Uocky monta. Spolted Grouse. Lagopède. ..(Lagopus) MulU3...The Ptarmi- [gan. La Perdrix blanche....( Lagopus) SaUceti....The [Willow Grouse. La Perdrix des rochers... (Lagopus) Rupestris [...The Rock Grouse. Faisan....Tetras Phasianeilus.... The Prairie [Chicken. Tourte ou Pigeon Ramier....Goiumba Migrato- [ria...The Passenger Pigeon. Pigeon domestique Golumba domestica [The domestic Pigeon. Poule domestique Phasianus Gallus The [domestic Hon. Dindon. ..Meleagris Galloparo...The Turkey. Cette faible énumération peut faire regarder comme étrange la réflexion qui l'a précédée, surtout si l'on consi- dère que les trois dernières espèces <;i-dessus mentionnées ne sont point in- digènes. J'ose pourtant afflrmerque l'histoire du pays justifie mon assertion. Ce que je sais de cette histoire ne me permet pas do prononcer le mot per- drix sans me rappeler quelques cir- constances navrantes. Ce timide oi- seau qui abonde dans le Département n'en fuit jamais les rigueurs, il ne fuit guère davantage à l'aspect de l'homme et a sauvé la vie à bien des malheureux alTamés. Quand l'hiver se rovôt de toutes ses horreurs, que la disette a épuisé les forces, que la chasse impossible ou stérile a réduit à l'extrémité l'infortuné que toutes les dilllcultés éprouvent souvent, très sou- vent, une pauvre perdrix se trouve surson chemin et fournità son épuise- ment de quoi attendre un secours plus puissant. On n'en a point attendu ra- conter d'histoires de jeûnes rigoureux et prolongés sans apprendre en môme temps, qu'à telle ou telle période de la souffrance, une perdrix a servi de pitance à tel ou tel nombre d'affamés. Un soir j'étais assis pensif au pied d'un arbre. Deux jeunes cris, mes compagnons travaillaient à confec- tionner chacun une flèche. Déjà les grandes ombres de la forêt cessaient presque de se dessiner sur la surface du lac voisin. Sans munitions, le fusil était resté silencieux tout le jour. Nous n'avions point soupe, notre dîner avait presque ressemblé au repas que nous aurions eu besoin de lui faire succéder. On n'entendait f le le bruit des couteaux, coutaganant les flèches. Quelque chose s'agite auprès de nous l'oreille e.xercée de l'un de mes sauva- ges reconnaît la présence d'un Fétras. <( Sois tranquille, lui crie-t-il,si je puis finir ma flèche avant qu'il ne fasse trop noir tu ne m'échapperas pas. » Le jeune Indien précipite son travail, à peine la flèche est elle ébauchée, que le travailleur se lève et va la décocher sur une perdrix,perchée à quelques pas de nous? Nous avions notre souper. La genre Tétras compte ici sept es- )èces ; deux se trouvent dans tous nos )ois : ce sont : la Perdrix ordinaire et a Perdrix de la Savane. Une espèce I aime les montagnes, tandis que les 9 M|i' v terrains rocailleux sont recherchés par l'autre du ces Lagapèdes. Les deux autres du môme sous-genre recher- chent surtout les terres arctiques. La dernièi-e, le Faisan de nos voya- geurs, le « Prairies chicken » des An- glais, aime surtout nos plaines. On en trouve pourtant quelques-uns dans nos forêts. Celte dernière espèce est peut-être la meilleure à manger, sa chair est moins insipide que celles des autres membres de la famille. Dût cette assertion surprendre les gouiaiets. je dois à la vérité d'alïir- mer qu'il y a bien peu de saveur dans la viande de -los perdrix et ce n'est certainement pas une délicatesse gas- tronomique qui m'a fait parler avec plaisir de nos humbles et modestes tétras. Incontestablement la perdrix blanche est la plus joUe du genre, et peut être la plus nombreuse car on la trouve par grosses bandes. La cou- leur de son habit et L.e ses chausset- tes ne contraste nullement avec la blancheur éclatante de ses draps de lit. G est dans la neige que ce Lago- pède prend son repos do la nuit, c'est aussi là qu'il se réfugie et se ca- che pour éviter les poursuites. Le genre Columba n'a qu'une espèce qui nous soit fournie par la nature, et cette espèce ne nous visite qu'en été. A cette saison les tourtes abondent ici comme eu Canada, et leur abondance fournit une véritable ressource élé- mentaire. Déjà bien des gens de no- se colonie calculent l'époque proba- ble à laquelle le pigeon Ramier nous apportera sa part de secours contre la disette à laquelle le pays est en proie. Des pigeons domestiques ont été importés, et j'ai admiré bien des fois avec quel courage et quelle force ces aimables étrangers supportent les rigueurs de nos hivers sans môme qu'ils soit nécessaire de prendre la moindre précaution pour les garantir contre le froid. Le plus simple colombier ou une méchante masure leur suffit. Le coq et la poule ordinaires nous ont été ap- portés du Sault St. Marie ; c'est de 1822 que date leor ère d'acclimation. Nous avons maintenant jusqu'au géant de l'espèce, le Shanhai. La disette de grain pour les nourrir, les a beaucoup réduits celte année dans la colonie, nous pouvons pourtant encore mettre de temps en temps, la poule au pot^el faire une omelette aux œufs. Pour être originaire de l'Amérique le dindon n'est point des nôtres. Le pays n'en est cependant pas tout-à-fait dépourvu. C'est d'Angleterre, par Ir, Baie d'Hudson que nous est venu le premier dindon. Nous n'avons point de Paons. $ 5. — CINQUIEME ORDRE. Grallalores ou Echassîers. •'• ' Les Echassîers ne nous offrent pas ici les plus gros sujets de leur ordre, puisque LLa famille des Brévipennes fait complètement défaut, nous n'avons aucune espèce d'Autruche pas plus celle d'Amérique que celle de l'an- cien monde. Les quatres autres familles du cin- quième ordre, sont représentées, dans notre Département, du moins pen- dant la belle saison. II. — La famille des Pressiroslres compte ici quatre genres et six espèces que voici : Pluviijr rouge Gaiidris Areiiaria Tho ;San(lerling) " d'Amériquf\.Gharadrius Semipalma.. (lus Tiiri American Ring Dlever) " Criard Charalrius Vociféras (Keldeer Dlever.) " Doré " Pluvialis The (The Golden Dlover.) " Vanneau VanellusMelanogasterg) (Thogrey Lapivine) Tourne pierre à collier Trepsilas Inler- (pres The Tourstone.) Ces diverses espèces de Pluviers ou Vanneaux, parcourent tout le Dépar- tement, et se rendent jusque sur les bords de l'océan Arctique, où ils passent la saison de la ponte pour sé- journer quelque temps, à leur retour dans la partie méridionale qu'ils laissent définitivement à l'approche de l'hiver. IIL — La famille des Cultirostres compte deux espèces, ce sont : V /\ 131 îu'au géant i disette de a beaucoup olonie.nous mettre de '> pot^cX faire l'Amérique nôtres. Le 3 tout- à-fait îrre, par Ir, îst venu le ^aons. RDR£. , " Le pays possède, comme on le voit, quatre espèces de Grèbes appelées ici, poules d'eau ; ces oiseaux n'ont point de queue ; leurs pattes étant placées à l'extrémité du corps, ils ne peuvent marcher que très difficilement ; il leur faut un effort qui leur donne l'air d'avoir le croupion rompu, conforma- tion, disent nos sauvages Algonquins, qui est le résultat d'un coup de pied donné à la grèbe par Wesakedjan, nom douné par ces sauvages à la Foulque, et en môme temps à un être fabuleux qui joue un rôle suprême dans toutes les légendes indiennes. Les grèbes ne sortent pour ainsi dire pas de l'eau ; elles construisent leurs nids sur les roseaux et les joncs qui sont au bord des lacs et des riviè- res où ils ondulent avec les tlots qui les portent. Si la marche de cet oiseau est difficile, en retour, il excelle dans l'art de la natation. Nous avons trois espèces de Plon- geons ou Huards. Le plus grand est un magnifique oiseau de trente à trente-six pouces. Son plumage riche et varié résiste à l'action de l'eau, en sorte qu'on l'écorche nour faire de sa m vices abon- Deux fois ue de ces it met un au jeûne ivages. Burs comp- ze espèces. Policeps ited GieLe) ...Rubricollis sdPoilceps) Poule d'eau aed Grebe) le Policeps.... bill Grebe) is Great ern Diver) ymbus arcli- :ted Diver] s..Red Diver )le Poolish juillemot] runich's " ...Black '• ,..Liti> " on le voiL, )peléesici, l'ont point ut placées e peuvent ment ; il lonne l'air ionforma- gonquins, ip de pied sakedjan, iges à la à un être suprême ennes. )ur ainsi struisent les joncs des riviè- i Ilots qui ;fat oiseau elle dans de Plon- »rand est trente à ige riche l'eau, en re de sa 13S peau des sacs aussi beaux qu'utiles. Le cri plaintif et mélancolique du liuard ressemble quelquefois à la voix de l'homme en détresse. Au coucher du soleil surtout, à ce moment de su- prême beauté dans la nature, les échos de la forêt donnent à ce cri une force et une expression auxquelles il est impossible d'être insensible. De tous nos oiseaux le Huard est le plus difficile à tuer; non seulement il plon- ge avec une grande facilité, mais il pousse sa course sous l'onde avec une rapidité extrême et en quelques instants il reparaît à une distance con- sidérable de l'endroit où le chasseur croyait d'abord le frapper. Le huard abonde dans tous les lacs du pays. Les Guillemots sont essentiellement oiseaux de mer. Notre océan glacial ne leur paraît ni trop éloigné ni trop froid. II — La deuxième famille de ne:? nageurs, celle des Longipennes, ou grands voiliers, se divise en trois gen- res, qui renferment, dix-neuf espèces que voici : 4«*- Hirondelle de mer Sujrna Hirundo [Greater Tern] " Arctique A.rtica.... :: , - • .[Tern] <• . . •« . Epouvantai! Nigru.... ;,, [Black Tern] Goiland Laurus Glocus ]Bourgamaster Gull] " Argenté. ..Argenlatoïdes....Artic silvery [Gull] ♦' " à ailes blanches... Leucopsteros [White winged Gull] Mouette blanche ou sénateur Eburneus [Ivory Gull] •" ■ à pieds bleus Canus New [or common] Mauve Lestris Zonorlynchus Ring bil- [led New Gull. Mauve à bec court Lestris Brachyrhyn ]chus Short bilied New Gull. Mouette Frydactyle Lestris Piydactilus [ Kittiwake Gull. Mouette de Franklin Lestris Franklin! [ Franklin's Rosy Gull. Mouette do Bonaparte Lestris Bonaparti. [ Bonapartian Gull. Mouette de Pygméo Lestris Mimilus [Littio Gull. Mouette de rosacée LesU'is Rossii Gu- fneale tailod Gull. Mouette d queue forchue Lestris Sabini [ Fork tailed Gull, Stercaraire pomarine LestrisPomarina [Pomarine Jager Stercoraire parasite Lestris Parasitica -^ [Artic Jager. Stercoraire de Richardson Lestris Richard . [sonii Richardson's Jager. Rien de plus agréable en voyage que la vue de ces goélands mauves ou mouettes qui voltigent en tous sens, comme pour amuser le voyageur. En général, leur chair est excellente; leurs œufs aussi très-bons sont en assez grande abondance pour offrir une res source véritable et c'est quelque cho- se de prodigieux qu'un festin aux œufs dans un camp sauvage. Quelques-uns des Longipennes énumérés ci-dessus ne fréquentent guère que la grande mei\ La plupart sont pourtant aussi des habitués de nos lacs intérieurs, sur les îles desquels ils déposent leurs œufs avec une grande négligence ap- parente ; ce qui permet de les trouver facilement. III. — La troisième famille, celle des Totipalmes n'a aussi qu'un' genre et deux espèces qui sont : , Le Pélican PeUcanus onocronalus [White Pélican] Le Cormoran.... Pelicanus Garpo Delophus... (Double erested comoran^) Le Pélican est un magnifique oi- seau à l'exception de son bec dont la disproportion est rendue encore plus saillante, par l'énorme poche submaxil- laire qui le complète. La chair de cet oiseau est détestable, ses œufs ne valent pas mieux, personne ne les chasse, ce qui rend ',omme inutile la précaution qu'ils prennent d'aller les pondre sur des Iles de difficile accès auprès des cascades et des rapides. Le Pélican se gorge de poissons qu'il empoche tout simplement pour les transporter à l'endroit de sa demeure et les donner en pâture à ses petits. J'ai souvent vu des Pélicans surpris dans leur brigandage, rejeter jusqu'à trois énormes poissons blancs ou car- pes, qu'ils V >aient de saisir et de pla- cer dans i\.ppendice de leur énorme 134 if' lui: m II,' bec qui constitue comme leur garde manger. On sait avec quelle facilité le pois- son se corrompt, aussi il n'est pas be- soin de tenter une description de tout ce qui se trouve dans ce sac de voya- ge ; les lieux qu'il habite répandent une véritable infection dans le voisi- nage : et si tous les pélicans ressem- blent aux nôtres, ils ne sont certaine- ment pas un bel emblème à l'excep- tion de leur blancheur éclatante. Le Cormoran, espèce de Pélican noir a, l'u, le bec comprimé. Il est de la taille de l'oie et uniformément noir. IV. — La famille dt-,s Lamellirostres est la plus considérable de toute la classe des oiseaux, sinon absolument par le nombre det '^,"».^ces, du moins par le nombre de si ^i i elle renfer- me. Cette famille pofc onze gen- res et trente deux espèCbo ; Canards suchel......Anas Ghypeala The [Shoveller. Canard Cliipeau ou rid(3t Anas Strepera r TheGadwall. Canard à longue queue ou pilel Gaudacu- [la The Pintail Duck. Canard de France (Domestique.) Don.esli- [ca The Mallard. Sarcelle Anas Crecca The Teal. Sarcelle à ailes bleues Anas Discors [The Bleue winged Teal. Canard d'Amérique Mareca Americana [ The American Widgeon. Canard d'été DendronessaSponsa The [Summc Duck, Canard a lèle grise Homaleria spectabilis.. [The King Duck] " eider Somaleria Mollissima The [Eider] " marchand Oidcmia perspiclUata... [The surf Duck " noir Oidemia fusca The velvel [Duck Macreuse Oidemia Americana. ..The Ame- [rican Scoter Canard à queue rouge. ..FuligulaValisneria... [The canvas lack Duck ■' milouin FuligulaTerina Pochard " d'automne " Marila....[Thf" scaup [Duck Rujitorques The [Ringoucked Duck Rubida The Rud- Vulgaris Com- [mon-Goldon-Eye Duck blanchâtre caille Clangula Albeola [Spirit Duck huppé rouge garot Clangula Canard à collier ou histrion. ..Clangula Ilistri- [onica Harlequin Duck " do miclon Hareldas Glacialis.... Long [tailcd Duck Grande Harle Mergus Merganser JThe [Goosander Harle à fale rouge Mergus Serrator The [Red brasled Merganser " huppée Mergus Gucullalus The [Hooded Cygne Cygnus Buccinator Trumpeter [Swan " do Bewick Cygnus Bewicku [Bewcik's Swan On voit assez par cette énumération la richesse de la famille des Lamelli- rostres, néanmoins pour en compren- dre toute l'importance, il faudrait sa voir le nombre d'indiv'dus qui se rat- tachent à certaines espèces surtout. Il n'y a que dans nos déserts et nos soli- tudes, que les oiseaux sauvages puis- so"t se trouver en si grande abondan- ce Ce n'est pas à dire, toutefois qu'on les trouve toujours et partout; mais il y a des lieux, des temps, où ils sont en quantités innombrables. Un bon chasseur, avec des armes de précision et des munitions à discrétion, en abat- trait assez pour provoquer l'incréduli- té des meilleurs chasseurs des pays civilisés. Un de mes amis, M. James McKay, a tué sept cents canards dans un seul tour de chasse. Des établisse- ments considérables de l'intérieur subsistent des mois entiers, exclusive- ment de la gente ailée. Les nations sauvages, à certaines époques de l'an- née n'ont pas d'autre ressource ; et il en faut du gibier pour nourrir tous ces vigoureux habitants de la forêt! Pour en donner une idée, voici ce qui est fourni dans les établissements de la compagnie, où l'on vit de gibier, pour la ration journalière d'un seul homme : 1 cygne ou 2 canards ; ou 3 oies, ou encore 4 des plus gros ca- nards. Il est facile par là de juger du nom- bre qu'il faut pour un établissement important ; mais ce ^u'il est plus dif- ficile de concevoir c'est, qu'aux années d'abondance cette battue se fait sans affaiblir sensiblement les phalanges serrées qu'elle attaque. Là où les oies se reposent dans leurs migrations du 135 gula Ilistri- equia Duck alis.... Long tailcd Duck ser ;The [Goosander ralor Tho 1 Merganser tus The [Hooded Trumpeter [Swan ewicku vcik's Swan iméraliou 1 Lamelli- comprep- udrait sa- illi se rat- iurtout. Il t nos soli- iges puis- abondan- fois qu'on )ut; mais )ù ils sont Un bon précision 1, en abat- incréduli- des pays M. James ards dans établisse- intérieur îxclusive- îs nations îs de l'an- l'ce ; et il irrir tous la forêt! ici ce qui nents de le gibier, l'un seul ards; ou gros ca- du nom- issement plus dif- X années fait sans fialanges 1 les oies tiens du printemps et surtout de l'automne, eurs voliers sont tellement considéra- îles que j'ai vu plusieurs fois l'appli- cation littérale d'une singulière ex- pression de nos anciens voyageurs (I Au Rabaska. les oies, c'est comme les bancs de neige, w De tous les canards, la sarcelle est l'espèce la plus délicate. Le canard de France, ainsi nommé par les premiers habitants du Canada, à cause de sa ressemblance avec le canard domesti- que est à peu près, le plus gros. Il abonde partout. L'espèce dite, canard d'automne, nous reste très longtemps à Ir. saison dont elle porte le nom et acquiert un tel état d'embonpoint qu'il ne peut prendre son vol qu'avec beaucoup de difficulté. Dans cette con- dition sa chaire est très délicate et tï-ès nourrissante. Les canards cailles pondent et couvent dans les troncs d'arbres, quand les petits sont assez gros pour nager, la mère les charge sur son dos et va les porter un à un au bord do la rivière ou du lac voisin. Nos cygnes sont beaux ; c'est l'espè- ce la plus grosse et la moins nombreu- se de la famille. Les accents harmo- nieux de sa voix expirante, n'ont ja- mais retenti qu'à l'imagination des poètes. Sans être fort en musique, il est facile de s'apercevoir que ce chant du cygne n'est pas une mélodie. J)es cinq espèces d'oies que nous possédons, celle dite bâtarde est de beaucoup, la plus grosse ; et passe son temps d'incubation, comme le reste de l'été, dans les différentes parties du pays. Ses prédilections ne sont pas pour telle ou telle latitude, mais bien pour tel ou tel pâturage. Les autres oies vont pondre sur les terres arcti- ques ; elles ne nous reviennent que pour se reposer de leurs longs voya- ges, nous permettre de jouir de l'aug- mentation de leurs familles et repartir pour aller passer l'hiver sous des cli- mats plus doux. ARTICLE TROISIÈME. Des Reptiles. C'est sans regret que nous procla- mons la pauvreté de notre pays, à l'article de la troisième classe des Vertébrés. Nous voyons avec peine l'absecce de plusieurs animaux nobles, utile!' et agréables. Lpj rugissements du l.on ne retentissent pas dans nos forêts, le sobre et infatigable chameau ainsi que le puissant éléphant, nous refusent leur services. Parmi les oi- seaux, les plus riches en plumage et les meilleurs chanteurs se tiennent à distance de nous. La privation de ces êtres nous est sensible, nous n'en pouvons pas dire autant de l'absence des reptiles. Que le vorace crocodile n'aime pas nos étangs glacés, que l'é norme boa n'enlace pas nos arbres pour ensuite étreindre sa victime, que le serpent à sonnettes ne secoue pas ici ses écailles sonores, voilà ce dont je ne puis m'afliger. Je ne tiens pas non plus à fouler au pied l'aspic ni le basilic, et ne me soucie guère de vi- vre au milieu des dragons, pas môme de contempler les couleurs changean- tes du caméléon. Je donne, au reste le tableau de cette troisième classe telle au moins, que je la connais ici : ■ -\IH ^^ 136 I il Il I 1—* i 1er Ordre. Chélonlens. I. Fam. Tortue de terre. Gknus. . ..Testudo 2 espèces. II. Fam, Tortue d'eau douce. Geaus. . .Emys Trlonlx 1 espèce. 1 " III Fam. Tortue de mer 2o Ordre. Baurlens. > I Fam. .Crocodillens. II Fam. Laoertlens. Gknus. . ..Lacerta 2 espèces. III. Fam. Iguanlens. !" ■ ■■. * ' IV.Fam. Geckotiens. V. Fam. Caméléons. ... ■ ... .,-.■,. . . ,■ .,...,..., . i '' . VI. Fam. Sclncoïdlens, 8e Ordre. Ophldienfi. il- •.':■ , I. Fam. Anguls. h'ij'- r. ■ •;;- •■ 'x ■ ,,. ', ) :;,■■.: II. Fam. Serpenta non venimeux. Gents.. , . Coluber .. ., 5 espèces. III. Fam. Serpents ve- nimeux. .n:-L-:riA^V' , -•■ . .■-; ,.:,.. ■ ; 'H\ :-■' !••'■■■ -r . -.'■. V' 4e Ordre. Batraciens, I, Fam, Grenouilles. GENTJ8. . it ..Rana ..Hyla 3 espèces. 1 " II. Fam. Crapauds. Genus. . ..Bufo 1 fîspèce. III. Fam. Salamandres Genus. . ..Salamandra J espèce. w- h' ! On voit d'après ce tableau, que la classe de Reptiles fournit des espèces des quatre ordres qui la composent. § 1. — PREMIER ORDRE. Les Chéloniens. Les tortues, en promenant ici leurs boucliers osseux, nous donnent le spec- tacle de leur lenteur. Nous en comp- tons quatre espèces, deux de forme ovale sont petites et se rattachent à la famille des tortues de terre. L'une de ces espèces a la carapace bombée marquée de jaune et de noir, tandis que l'autre plus aplatie est toute bru- ne. Nos marais et nos lacs, dans les parties méridionales surtout, nourrip sent un grand nombre de Tortues. La plus grande, que je crois du genre emys,'atteint jusqu'à dix-huit pouces de diamètre. Nous avons une espèce de Trionix, à carapace molle et à plas- tron aussi peu ossifié. Je ne crois pas qu'il y ait de tortues dans nos mers du nord. Celles que nous possédons dépo- sent leurs œufs dans les sables du rivage des lacs; choisissant, à cet effet, la plage septentrionale, la plus exposée aux rayons du soleil, afin que sa chaleur développe le principe de vie enfermé en ces œufs, dont le goût 'Il V 137 est désagréable, quoique la chair du reptile qui les pond, soit estimée. Quand les petites tortues ont vie et mouvement, elles n'ont que quelques pas à faire pour aller se plonger dans îes lacs, et c'est là, ou sur le.: grèves qui "dS bordent que délaissées, dès leur entrée dans la vie, ces petits êtres doivent fournir à leur subsis- tance et se soutenir seuls, au milieu des difficultés et des périls qu'ils ren- contrent. § 2. SECOND ORDRE.. Les Sauriens. Cet ordre qui a la propriété de renouveler sa peau tous les prm temps, ne trouve pas ici beaucoup de facilité pour le changement de toilette que la nature lui prescrit annuellement. Ces reptiles pourvus d'ongles, de dents, de paupières, de mâchoires à branches réunies ne sont représentés ici, que par la seconde famille de l'ordre. La première fa- mille n'existe point, car, comme nous l'avons dit, nous n'avons point de cro- codiles. Nos lézards sont de deux espèces ; l'une, un peu plus grande, est marquée de vert, tandis que la plus petite est surtout grise. Ces animaux, très-inoffensifs d'ailleurs, se trouvent surtout au centre de notre région des prairies. C'est dans les petits lacs et les environs de la montagne de Foudre. (Fouch-wood Hills) que leur nombre est plus con- sidérable. Ils n'ont de désagréable que leur aspect et le désir de s'appro- cher des voyageurs. A certaines époques de l'année quand on campe dans la patrie des lézards, il faut environner son cam- pement ou sa tente, d'un retranche- ment ou petit fossé, coupé verticale- ment à la partie interne, car ces lézards ne grimpent que sur des i»en- tes douces. Sans cette précaution ils s'introduisent partout, et pour plus d'une personne, ce n'est pas agréable de s'éveiller ou de se reposer sur une couche couverte de lézards. Que la sympathie de ce reptile pour l'homme le porte à éveiller « son ami, » au mo- ment du danger, c'est fort bien, néan- moins, en cela, comme en bien d'au- tres choses, l'espèce humaine fait preuve de l'ingratitude qui la carac- ténse. Je n'ai encore vu personne se plaire dans l'intimité des Lacertiens. Cette famille ne connaît point ici de monitors. Ce protecteur ne sifBLe pas le cri d'alarme au moment du danger. Nous n'avons pas plus de monitors écaillés que de monitors blindés. § 3. — TROISIÈME ORDRE. Orphydiens. L'ordre des orphydiens n'est guère plus riche ici que le précédent. La famille des orvets n'existe point, non plus que c lie des serpents venimeux. Tout l'ordre se réduit ici à la famille des serpents non venimeux et au gen- re coluber. Cinq espèces de couleuvres, qui se ressemblent beaucoup, à part la taille et les nuances de leur peau, sont tout ce que nous possédons des reptiles du troisième ordre. Des étu- des plus soignées, indiqueraient peut- être, que ces variétés dans la couleur et la taille, ne constituent pas des es- pèces différentes,surtout pour nos trois sortes de couleuvres jarretières (garter snakes), qui ne sont peut-être qu'une seule et môme espèce. Nos couleu- vres sont tout-à-fait inofTensives, elles abondent dans la région des prairies, où elles sont un sujet d'amusement pour les enfants, qui les torturent à loisir et s'en font môme des jarretières. Ils sont d'autant plus contents qu'ils les trouvent en plus grand nombre. Ces reptiles n'existent pas à l'extrémi- té nord-ouest du Département. § 4. — QUATRIÈME ORDRE. Les Batraciens. Non seulement nous avons un cra- paud, mais, au style de nos voyageurs, lout est crapaud dans la nature, puis- que la mauvaise humeur ou souvent une simple habitude, leur fait joind.'-e liî ^WTMIW 138 le mot « crapaud » îi tout ce qu'ils nomment. Nous avons trois familles de Batraciens. La gente peu coura- geuse et criarde des grenouilles, compte trois espèces ; les unes sont toutes vertes, d'autres brunes ou tout tachetées de différentes nuances. Nous n'avons point le fameux Waioa- roti (Rana mugiens. Bull Frog.) Les accents sonores de cette grenouille géante, sont inconnus aux oreilles de notre population, et causent une singu- lière impression sur ceux qui l'enten- dent, pour la première fois en voya- geant sur des terres au sud et à l'est des nôtres. La petite rainette saute ici ses bonds inofienoifs. La deuxième famille nous fournit le crapaud, qui n'a pas la taille plus dégagée ici que sous des climats brû- lants, et n'offre aux regards rien de plus agréable ni déplus sympathique. Nous avons une espèce de reptile qui n'est ni serpent, ni lézard, c'est, je crois, la salamandre terrestre. Je n'en ai jamais vue, mais ce qu'on m'a dit de ce reptile, me fait croire qu'il doit être classé au genre que nous ve- nons d'indiquer. ARTICLE QUATBIEMÈ. \ i-,i\ Des Poissons. La quatrième classe des animaux vertébrés est comparativement de beaucoup la plus pauvre ici. Des huit ordres qui la composent, quatre font absolument défaut. Quelques autres n'ont qu'une des familles qui les re- crutent, plusieurs des familles n'ont qu'un genre, et le plus grand nombre des genres n'ont qu'une espèce. Ce peu de varié.té n'empêche pourtant pas les études Tchtlyologiques d'avoir ici aussi leur importance. La fécon- dité des espèces supplée jusqu'à un certain point à la stérilité de la clas- se. Nos lacs et quelques-unes de nos rivières sont comme des véritables vi- viers naturels, ou suivant l'expression de nos métis : «c'est le hangar du bon Dieu.» Nous donnons tout d'abord le ta- bleau général de la classe : i :i ■ i il 1 ■ \ f , • , ; ' , . ; .."v ^ ■ i^-v fî-'v' il •■,■*%.<.■,. u • ! ■.■»-,-, i i 139 nous ve- ^■-i lia; animaux ment de Des huit uatre font lies autres ni les re- lies n'ont d nombre pèc9. Ce pourtant les d'avoir La fécon- isqu'à un de la clas- les de nos itables vi- îxpression ar du bon ord le ta- '.-.. •' ^^i'! il . ''i £tr:t'' - ,» < 'i.l'^'ié j«.. ;y: ■l' ■.-■;,- i-'-:: :51-: .ï^. 'A •'^ ''C .J^fCrÇ'"': ■f r; .'- .î:;'v;:. "I ■ "/;.)4ii!ft,j «.i' StifïJ'^j fei.jCiii,îî.i .A,i 1^ 05 El C? v! Fi- I. Fam. TœnïoidcH II. Fam. Gaboïdes. III. FamLabroïdes. IV. Fam. Percoïdcs, UENna.. *t u u «1 II ..Perça . .liucloiîerca , ler Ordre. Acantlirop- terygloiis. ..Pomolis ..CottUH . .Gasterosteiis . . Sclœna . 1 . 3 " . 1 " . 1 " V. Fam. Scomberoïdes VI. Fam. Squumml- penues. ' ' ■ \ '- .' • • . - .,•';; '.a VII. Fam. Bouches en Uûte. -'.--■'-' t ' , , -^ I. Fara. Cyprins. GENU3.. . . Cyprlnus . 5 espèces. II. .^ani. Esocea. CiENUS. . . .£.sox . 2 espèces. 2e Ordre. Malacopte- ryglons Abdomi- naux. III. Fam. Siluroïdes. GENTja.. ..Silurus 1 espèce. IV. Fam. Saumons. Gentjs.. Il II II 11 ..Salmo .. " Namegons .. " Mnckenzli " (Thymallus) " Coregonus . 7 espèces. . 1 " . 1 " . 2 " . 4 ■' V. Fam. Harengs. Genus. Il . .Clupea . 1 espèces. Hlodoii . 1 " 3e Ordre. I. Fam. Oades. Genus. Il . .Gadus (Lotft) ... " (Phycis) .. 1 espèce. . 1 " Malacoptê- ryglens. Subbra- chleus. II. Fara. Pleuronectes. Genus. Il . . .Pleuronectes (Platessa) . " (Glacialls) . . 1 espèces. . 1 " III. Fam. Discoboles. 4e Ordre. Mulacopterj*- gieni Apoolm. Se Ordre. Lophobranches. 6e Ordre. Plecto^athefl. le Ordre. Sturionleas. Gi!iNUS....Aclpencer 2 espèces. Se Ordre. Sélaclena. 'M .,jj;.^i^i».»»j^*»i fi uo Gomme on le voit d'après ce tableau les poissons osseux on ostéoptérygiens nous fournissent ici trois ordres, tan- dis que la série des Chondroptôry- giens ou cartilagineux se limite à un seul genre d'un seul ordre. § 1. PREMIER ORDRE. Acanthoptérygiens. Le premier ordre de la série des poissons osseux, composé de ceux qui ont la dorsale épineuse, ne compte ici qu'une famille, les six autres faisant complètement défaut. Nous n'avons ni Rubans, ni Goprés, ni Labiés non plus que les Scombres, Tons et Ma- quereaux. Les deux familles aux quelles se rattachent les Bandoulières et les Bouches en-flûte, ne fréquen- tent point, non plus, les eaux de notre Département. La seule famille de l'ordre, que nous possédions et que nous avons à examiner est celle des Percoïdes, qui compte ici six genres renfermant huit espèces. Perche ou Perchaude... Perça flavescons....The [American Berch] Doré Lucioperca Americicana The [Horn Fish] Crapet Pomotis vulgaris...The Northern [Pomolis] Jone cuirassée Coltus Cognaïus The [Bear Lake Bull head] Du pôle polaris The [North georgian Bull head] " " Crapaud de mer..heyacornis [The six horned Bull head] Epinoche Gaslerosleus co.icinnus....The [Finy Burnslickle] Malachigan Sciœna Richardsonii....The (Sheep's head] De ces huit espèces quatre sont sans importance pour nous ; ce sont les Jones cuirassées et l'Epinoche. Les quatre autres au contraire nous sont d'un grand secours. Il est vrai que la Perche et le crapet ne sont point généralement répandus ; en retour le Doré se trouve dans presque tous nos lacs et rivières, et ajoute puissam- ment aux ressources alimentaires du pays. Le Malachigan ne se rend pas sous les latitudes les plus élevées, il préfè- re la partie méridionale. Ce poisson comme les Maigres a la propriété de faire au fond de l'eau un bruit assez semblable au roulement du tambour entendu à distance. Sa chair est bonne et ressemble assez à celle du Turbot dont elle a la fermeté. Les eaux de la Rivière Rouge en nourrisentun grand nombre et nous sommes bien aise de les avoir. • § 2. SECOND ORDRE. Malacoptérygiens A bdominaux. Cet ordre est le plus nombreux de la classe ; nous avons des sujets des cinq familles qui les composent. L — La famille des Cyprins nous donne ici cinq espèces différentes : Brème Gyprinus Smilhii...La Quesche Carpe Blanche CyprinusCalastomus Hud- [8onius...Grey Sueker. Carpe rouge CyprinusCalastomus Fors- [terianus...Red Sueker. Piconou Cyprinus Catastomus Sueurii.... [Picconou. Cyprin Cyprinus (Lcuciscus) gracilis [Siskatchewan Dace. On ne nomme point la carpe, sans donner aux habitants des autres pays l'idée d'un bon et beau poisson. Ici, ce nom produit une impression toute différente. A mon arrivée dans le pays, je parlais avec éloge de la soupe à la carpe ; un respectable vieillard qui n'avait jamais mangé de soupe à la carpe, mais qui croyait avoir trop mangé de la chair de carpe, ne vou- kU pas se ranger de mon opinion, ajoutant : « Vous avez beau dire, la carpe, ce n'est que de la carpe. » Je ne compris pas tout d'abord la raison de ce mépris ; plus tard, j'eus la facilité et le loisir d'en appréci.ir la cause. Quand on est réduit à un aliment unique ; quand, par exemple, il faut pendant longtemps se contenter de carpe, de carpe bouillie dans l'eau qui l'a vu naître, sans sauce, ni sel, sans apprêt quelconque, vile on se -■•?.--»■■ .>>«BiaB>S.irr^a 141 nd pas sous ^es, il préfè- Ca poisson ropriété de bruit assez du tambour il* est bonne I du Turbot s eaux de la nt un grand bien aise de E. niiiaux, mbreux de sujets des )sent. trins nous rentes : Qufische. stomusHud- îy Sucker. stomus Fors- 3d Sucker. i^s Sueurii.... |Picconou. ) gracilis vaa Dace. arpe, sans utres pays 5son. Ici, 3ion toute dans le e la soupe vieillard e soupe à ivoir trop , ne vou- opinioa, u dire, la e. » Je ne raison de a facilité la causé. aliment , il faut 3nter de ns l'eau e, ni sel, te on se dégoûte de ce poisson, et ce dégoût souvent répété, flnu par inspirer comme une répulsion qui se réveille, tout naturellement, en entendant simplement le nom de l'animal. La tôte de la carpe est, sans comparaison, meilleure que le corps, mais il en faut des têtes pour rassasier un appétit surrexcité par le travail ou la fatigue, et on se lasse assez vite de sucer tous ces osselets. Toutes les espèce., de ce genre abondent dans le pays, surtout la carpe blanche et la carpe rouge. Ce poisson fraie au mois de juin, et plusieurs semaines avant cette épo- que, on I33 voit et on les tue en nom- bres très-considérables. A la fui de cette période, surtout là où l'eau des rivières est basse sur un lit de pierre, ils se réunissent en si grandes quan- tités, qu'en apercevant leur dorsale, au niveau de l'eau, on les croirait accolés artificiellement les uns aux autres, on en tue à coups de bâton. On comprend assez que dans ces circonstances le jeûne absolu est im- possible pour les sauvages qui, sans exception, considèrent comme un jeûne la nécessité de se nourrir exclu- sivement de carpes. Les Montagnais aiment beaucoup les yeux crûs de ce poisson, ils les arrachent et les dé voren ta mesure qu'ils se saibissent du poisson lui-môme. La vitalité de la carpe est prodigieuse au point que certains traits à l'appui de cette asser- tion, paraîtraient autant de fables. Une carpe se gôle et se dégèle, puis est décapitée sans perdre pour cela de suite la vie : et on en voit frapper de la queue et bondir bien longtemps après avoir subi les mutilations les plus capables, ce semble, de leur infliger l'immobilité et la mort. n. — La deuxième famille de l'ordre qui nous occupe est celle des Esoces, nous avons : Le Brochet Esox lucius Tho coramon Pike Le Maslwnongû Esox estt-r The !f ' s- kinonge Ces deux sortes de brochetâ se res- semblent assez. La dernière est gé- néralement plus grande, sa couleur plus pâle, ses écailles moins ovales, sa saveur moins forte et, par suite, plus agréable. Le Brochet est le ty- ran des eaux douces, il gobe les au- tres poissons, comme ces derniers font des insectes. La voracité du brochet tourne au profit des hommes affamés, de tous les poissons c'est celui qui saisit le plus facilement l'appât qui lui est tendu sous la glace. Au jour de la détresse l'infortuné que la faim presse trouve souvent à assouvir cette impé- rieuse nécessité sur un brochet qui, poussé probablement par le môme besoin, se saisit de l'appât trompeur qui cachait l'hameçon perfide. La Providence qui nous a éprouvés si cruellement cette année a fourni une preuve de sa miséricorde dans le nom bre inaccoutumé de brochets tirés aux Lacs Winnipig et Manitoba. Les gros du genre font un plat excellent, quand il y a quelque ass. 'sonnement pour en rehausser la saveur, et en atténuer un certain goût et môme une certaine odeur, qu'on ignore probable- ment ailleurs, mais que les gens du pays ne sauraient méconnaître. Les Brochets, comme les carpes, ne sont recherchés qu'à défaut de toute autre chose. Tous nos lacs renferment des bro- chets et quelques uns en possèdent de superbes. J'en ai pesé de trente livres et je crois en avoir vu de plus gros. Les brochets avalent d'énormes pois- sons sans môme leur faire subir la moindre lésion. J'ai souvent vu dans l'estomac de quelques brochets, jus- qu'à deux poissons blancs, qui ne pe- saient pas moins de cinq à six livres les deux. Les dents nombreues et aigus du brochet infligent une bles- sure cruelle,nonseulement lors qu'elles mordent mais bien aussi lorsque détachées du corps, on s'y pique par accident. III. — La famille des Siluroïdes ne nous fournit ici qu'une seule espèce, La Barbue Silirus Pimelodus Corealis The Gat-fish 142 ii tftj w * Pi Sn r Notre Barbue ou chat est un pois- son dont l'aspect est peu propre à pré- venir en sa faveur; aussi, corlains sau- vages l'appellent « Poisson laid. » Sa cliair est pourtant riche, grasse et agréable au goAt. Une Barbue commune pèse de cinq j\ douze livres. Ce poisson est recherché par tous ceux qui le connaissent. Gomme tous ceux de sa famille, il n'a point d'écaillés. Sa tôle large, plaie et presque cariée, lui a valu le nom de cnat, comme ses huit barbes en font une barbue. Le chat ne se trouve pas je crois, au nord de la Rivière Sislîatchewan, il existe dans les lacs qui sont près de la Riviè- re Rouge et de ses allluents, puis dans quelques autres tributaires du Lac Winnipig. La Barbue se pèche à l'hameçon par la ligne dormante. lY.— *La lamille des Saumons est de beaucoup la plus importante de toutes celles que nous possédons. Elle se compose des espèces suivantes : Saumon Salmosalar Tlie jommon Sal- moii " (lo Hoss Salmo Rossii....Tho Ross's Arclic Salmon " do Uèarno Mearnii Tho coppcr mino Hiver Salmon Truileà longues nageoires Salmo alipcs The long ilnneiJ oliar Angmalook des Esquimaux Salmo nilirlus The Angmulook Truite Saumonée Salmo lloodii Tlie masamacusli " ordinaire Salmo fonlinalis Tlie New-York (Iliar Grosso Iruile Salmo namegous The Na- maycush L'Inconnu Salmo MacKenzie The In- connu, Poisson bleu... " Thymalus signifcr The Black's Grayling Petit poisson bleu" " Thymalloides.. The Lesser " Corcgonus albus... The Allikawmog Poisson blanc. Toulibi Poisson rond.... Saumon Hareng luUibee.. The Tullibee " f[uadrilaleralis The Round-lish " lucidus Bear fLake Herring Salmon. Cette énumération des différentes espèces de saumons, montre assez que le pays n'est point dépourvu de ce genre important et quand on sonçe que sur trente neuf espèces de pois- sons qui existent ici, la famille des salmonoides on compte quinze à elle seule, il n'est pas diflicile de se con- vaincre que son importance relative est eucoie plus grande que sa valeur absolue. Toutes ces espèces de sau mous sont riches en sujets et plusieurs nous offrent les meilleures espèces de poissons do table. Nos rivières arcti- ques reçoivent trois espèces de sau- mons proprement dits. Le saumon ordinalro remonte les tributaires de la Baie d'iliidson; ce n'est pas si l'on veut, l'incalculable abondance des rivières de la Nouvelle Calédonie; ce poisson ofl're pourtant une ressource véi'ilable. Le Saumon qui porte lo nom du célèbre navigateur James Ross est tellement abondant dans les rivières arctiques que d'un seul coup de scène on en a pris trois mille trois cent soixante dix huit. Ce chiffre est d'autant plus 'extraordinaire que ce poisson est de belle taille, mesurant jusqu'à trente trois pouces, et que son poids est souvent de dix livres Le Saumon de llearne la Rivière de Cuivre est aussi n ^ux puisqu'au pied de la '(Chute Sanglan- te » il était péché par une pauvre femme, à peu près aveugle. Cotte vieille Esquimaux fut massacrée par les cruels compagnons de llearne, comme l'avaient été quelques ins- tants auparavant ses parents infortu- nés, et ses misérables assassins se sai- sissant du dard ou harpon dont elle faisait usage, continuèrent cette pêche au saumon. C'est dans celte circons- tance exceptionnelle qu'il est fait mention de ce poisson pour la p''emiè- re fois. Il faut que sa saveur ait une vertu toute spéciale puisque l'intel- ligent et sensible M. Hearne termine le récit de l'horrible boucherie faite par ses compagnons sous ses yeux en disant : Après que les sauvages eurent complété cet acte de brigandage, nous nous assîmes et fîmes un bon repas au saumon frais.» Il faut l'a- vouer, cette phrase est d'un goût 143 on songe c«î3 de pois- famille des ninze à elle do se coii- ice relative e sa valeur ces de sau- et plusieurs s espèces de vières arcti- ces de sau- e saumon maires delà r>as si l'on lance des alédonie; ce ressource le nom du s Ross est les rivières up de scène ) trois cent chiffre est aire que ce , mesurant , et (fue son vres ne la lin _ux ite Sanglan- te pauvre igle. Cette ssacrée par e llearne, îlques ins- its infortu- sins se sai- dont elle cette pêche te circons- il est fait ■ la p'-emiè- lur ait une ue l'intel- e termine herie faite s yeux en ges eurent rigandage, ss un bon I faut l'a- l'un goût exquis et sent, pour le moins, le sau- mon. Outre ces trois espèces de saumons, le genre nous fournit cinq espèces de truites. Deux sont particulières aux eaux des terres arctiques, tandis que les autres se trouvent plus ou moins dans tous les lacs aux eaux limpides, dans ceux surtout qui sont encaissés par des rochers. Ce poisson comme tous les autres, change do goût, d'à près les lieux où il se trouve et la saison à laquelle on le pôcho. Telle espèce est excellente dans un lac et détestable dans un;autre, recherchée en hiver et rejetée enété. La giûsse truite, salmo name- gons, est un magnifique poisson. Au Grand Lac des Esclaves son poids ordinaire varie de vingt à quarante livres. Je n'en ai jamais vu de taille à garantir ce poids, mais je ne vois pas pourquoi on refuserait le témoignage des personnes respectables qui font cette assertion. A côté de ces différentes espèces vient se ranger l'Inconnu. Ce nom fut donné au saumon de la Rivière McKenzie par nos anciens voyageurs canadiens qui voyant et savourant ce poisson qu'ils n'avaient ni vu ni goû- té, rappelleront Iliiconnu. Nom qui qui lui est resté et même est passé dans la langue anglaise. Ce saumon qui semble avoir un carat 'to mitoyen entre la Truite et le poisson Blanc est tout à fait particulier au Bassin du fleuve McKenzie. On n'en trouve point ailleurs. Il abonde au Grand Lac des Esclaves et remonte la rivière de ce nom jusqu'aux chûtes qui en interrompent la nav'j. ation. L'incon nu pèse de cinq à ip.iinze livres, il n'est pas aussi estimai que les autres espèces de saumon, et ceux qui en mangent souvent disent aussi « ce n'est que de l'Inconnu », dans ce sens ce n'est que de la carpe. Deux espèces de Poissons Bleus, les plus jolis que nous ayons, se jouent dans les petites cascades des rivières qui descendent des mon- tagnes. On les trouve aussi au Lac Caribou et en quelques autres endroits. Ces poissons n'ont pas l'importance des autres de la famille. L'espèce la plus remarquable du genre Salmo est pour nous, la Coré- gone ou Poisson Blanc. Celui-ci, ce n'est prcs(iue pas du poisson, dans le sens indiqué plus haut; de toutes les espèces que possède le pays, c'est in- contestablement la plus agréable au goût, la seule qui soit tolérable com- me nourriture habituelle et unique. L'Attikawmeg se trouve dans toute l'étendue du pays. Nos lacs grands et petits en possèdent à peu près tous, et certains petits lacs les voient pulluler d'une farou toute providentielle, puisque bien des parties du pays se- raient inhabitables sans cette ressour- ce. J'en puis dire quelque chose, ayant vécu des années entières avec du Poisson blanc pour nourriture principale et souvent exclusive. Ce n'est pas à dire que la monotonie d'un met unique ne soit pas fatiguante, mais celui-ci n'inspire pas le dégoût, ni 11 répugnance éprouvés par pres- qui ous ceux qui mangent toute au- tre spèce de poisson. Généralement notre Poisson blanc ne pèse que trois ou quatre livres, on trouve pourtant des sujets qui vont jusqu'à quatorze, et dans ce cas, sa chair flatterait les gastronomes les plus exercés à juger ce genre d'ali- ment. Sans apprêt, sans sauce aucune, ces beaux poissons sont bien supé- rieurs à tous ceux que j'ai mangés ailleurs, voire môme les mieux apprêtés. C'est à l'automne que le Poisson blanc fraie, et c'est, dans le pays, l'époque des grandes pêches quoique ce soit la saison où il est le moins bon. Le Poisson blanc pris à l'automne, se conserve par un procédé assez singulier et fort simple. On dresse un échaufaudage sur lequel on :?isposo de fortes perches à trois pieds de distance, on coupe des baguettes un peu plus longues que l'écartement de ces perches ; les poissons jetés au rivage, ont la queue percée d'un coup de couteau, cette incision reçoit la baguette et dix pièces ainsi percées et Il ^^ i -: i il' 144 enfilées, forment ce que l'on appelle une broche, dont les extrémités repo- sent sur les perches de l'échafaudage. Les poissons se trouvent ainsi suspen dus, la tête en bas, un autre coup de couteau coupe la gorge, ce qui facilite l'éô'outage du sang et de l'eau. Les nuits fraîches de la fm d'octobre aident à affermir les chairs et à les préserver de la corruption ; quand la saison n'est pas exceptionnellement chaude, le poisson à la pente est excellent. On comprend facilement que le goût s'altère quand la chaleur se prolonge. Tout naturellement, ce n'est qu'à l'automne qu'on peut recourir à ce mode de conservatio'i. L'espèce de Gorégone connue sous le nom de Tolibi, ressemble beaucoup au Poisson blanc, oUe lui est pourtant inférieure et se trou "» en bien moins grande abondance, on en peut dire autant du poisson rond, autre corégo- ne qui tire son nom de sa forme moins aplatie que dans les espèces précédentes. Le Grand Lac des Es- claves possède l'espèce qui semble le trait d'union entre le hareng et le saumon. V. — La famille des harengs se divise en deux genres. Le Harenf; ...Glupea harengus...The common [lierring. La Laquèche....Hiodon clirysopsis.... The Gold [eye. Le Hareng ordinaire se trouve dans nos mers glaciales ; sa pêche n'a pas pour nous, l'importance qu'elle assu- me aille (irs. Dans la partie méridionale du dé- partement, la môme famille nous fournit un joli petit poisson : c'est la Laquèche du Canada qui vient aussi nous oETrir sa chair blanche et déli- cate. Ce petit gourmand se preni à l'hameçon ; on le pèche aussi avec de petits rôts préparés pour lui. Bien des pauvres de la Rivière Rouge, n'ont point d'autre ressource pendant une partie de l'été. La Laquèche mesure une douzaine de pouces, elle est très- mince, sa bouche est grande, et ses écailles larges et brillantes lui donnent une teinte argentée, son œil démesuré, à l'iris jaune lui a valu le nom an- glais de a Gold Eye. » Quelques-unes de nos rivières pos- sèdent une autre espèce de poisson qui ressemble au hareng et qui est peut-ôtre le hareng d'eau douce ; comme quelques autres petits pois- sons que l'on trouve dans des eaux peu profondes sont, peut-être, le « Poisson des marais. » Je serais bien en peine de les classer ou d'enjindiquer le genre et l'espèce. § 3. TROISIÈME ORDRE. Malacoptérygiens Subbrachiens. Des trois familles qui composent cet ordre nous en avons deux : L — La famille des Gades nous four- nit deux espèces du môme genre qui sont: La Loche Gadus Lola maculosus [The MeUiy. La Barbotte (Burbol) Gadui. Phycis punctaUis [Spolted Phycis. Notre Loche n'est point un poisson à la mode, puisque l'on dit vulgaire- ment dans le pays: Comment voulez- vous que nous en mangions, let chiens même n'en veulent pas. n C'est un fait certain q «î les chiens, quelque habitués qu'ils soient à se nourrir de poisson, refusent cette espèce de Loche. Pour mon compte, j'ai plusieurs fois mangé de sa chair et je n'ai rien trouvé dans sa saveur qui justifie la répulsion qu'elle ins- pire. Ce n'est pas un poisson délicat, mais apprêté par un cuisinier assez ordinaire, il est aussi bon que la plu- part des poissons de rivières. Je crois que c'est l'espèce connue en Canada sous le nom de « ^ueue de poilon. ■ A dire vrai, ce poisson n'est pas joli à voir. Gorgé de nourriture ou i-empli d'un nombre incalculable d'œufs, son corps naturellement court, se déve- loppe démesurément, et sa queue assez semblable à celle d'une anguil'e, na s'ajuste que très-mai à ce corps W- i 145 iteslui donnent n œil démesuré, ilu le nom an- os rivières pos- èce de poisson •eng et qui est d'eau douce ; es petits pois- ns des eaux peu re, le «Poisson bien en peine idiquer le genre ORDRE. ibbrachiens. qui composent îs deux : ades nous four- lême genre qui s Lota maculosus [The Melhy. i- Phycis punctatus [Spotted Phycis. oint un poisson n dit vulgaire- imment voulez- mangions, les veulent pas. » l'tain q ■" les lés qu'ils soient I, refusent cette ir mon compte, gé de sa chair dans sa saveur on qu'elle ins- poisson délicat, cuisinier assez )on que la plu- nevPà. Je crois lue en Canada le de poilon. * n'est pas joli à ture ou rempli ble iroeufs, son ourt, se déve- et sa queue funeanguil'e, ai à ce corps obtus. La loche a des écailles, mais elles sont si petites et tellement en- fouies dans un épiderme gélatineux, qu'on peut à peine les distinguer danji vin grand nombre de sujets. Ce poisson fait beaucoup souffrir les pêcheurs pendant l'hiver; il s'embar- rasse, d'une manière étrange, dans les filets qu'il môle en tous sens. Quand il est sorti de l'eau, il con- tinue à se tortiller, puis à se raidir, de façon qu :1 devient très difficile de le dégager. Sa oeau lisse et gluante est beaucoup plus froide que celle des autres habitants des ondes, en sorte que le tueur de poisson qui gre lotte dej heures entières sur un lac par les froids les plus intenses, n'est pas trop aise de trouver des loches dans le filet qu'il tire de dessous la glace. D'ordinaire, on les abandonne en pâture aux Corbeaux, on n'en prend que les œufs et les foies. Dans les postes de l'intérieur, on pile les œufs pour en faire une sorte de gâteau auquel on donne le nom qui plaît davantage. Le foie qui est riche et délicat est préparé comme aliment, à moins que le défaut de luminaire ne force à en extraire l'huile, pour en- tretenir une lampe,auprès de laq'.ielle on ne voit qu'à demi, et qui exhale un parfum fort peu agréable. Notre barbotle ressemble à celle du Canada, mais elle est très rare, tandis que la loche abonde partout. II. La deuxième famille du trois- ième ordre renferme deux espèces : Le Poisson Plat Pleuronecles — (Plalessa [slcllaUis Tht) Slellated Floundfir Le Tuibol du Nord (Pleuroii'^cles glacia- lis ..Tho Arclic Turbol Les embouchures de la Rivière de cuivre et de quelques aut.°s sont vi- sitées par deux espèces de Poissons Plats, dont l'une a reçu le nom de Turbot arctique, à cause de sa ressem blance avec le TurlDot d'Europe. La famille qui fournit ces espèces ne se trouve pas que je sache dans les lacs de l'Intérieur, non plus que la famille des Discoboles. Le quatrième ordre, celui des ma- lacoptérygiens Apodes, fait ici défaut complètement. Nous n'avons poiot d'anguilles, ni aucune espèce de pois- sons anguilliformes. Le cinquième ordre, celui des Lu- phobranches, n'existe pas davantage, nous n'avons ni Pégases, ni aucune espèce de poissons cuirassés. Le sixième et dernier ordre des poissons osseux, les Plectognathes, qui se rapprochent des poissons cartilagi- neux par le dui'cissemenl tardif du squelette, n'est pas non plus connu dans nos parages. Les Hérissons de mer, les Boursoulllns et les Môles ne se trouvent point, naturellement, dans nos bassins intérieurset j'ignore s'ils fréquentent notre océan glacé. La deuxième série des poifjons, celle des Cartilagineux ou Chondrop- térigiens, moins abondante partout que les précédents, subit ici une dé- pression encore plus considérable. Des deux ordres qui composent cette série, celui à branchies fixes ne se trouve nulle pari, ici. Nousn'avc.' point de requins, ni marteaux, ni scies. Ces tyrans des ondes amères ne troublent pas nos eaux douces; je suppose môme qu'ils n'aiment pas notre océan glacial. Je ne puis qu'é- mettre le môme doute pour les Raies et les Lamproies. § 4. SEPTIÈME ORDRE. Sturioniens. ê Le septième ordre qui est le premier de la seconde série, ou celui à bran- chies libres, recrute ici deux espèces du môme genre qui sont : L'Eturgeon Acipencer Rupertiainus (The Uuperi. Land Sturgeon) L'Escargot Hubiuundus The Ruddey Slurgeon) Le Nord de l'Amérique comme celui de l'Asie, possède Téturgeon. Non seulement l'Océan pacifique le lance en escadrons serrés dans les rivières qui rf'limentent mais quelques uns de nos lacs de l'Intérieur n'en sont point dépourvus. Ce gros poisson se 10 i;- '■* f I *! t plaît dans une partie de notre Dépar- lement. Il fréquente volontiers notre grand Winnipig et presque toutes les rivières importantes qui s'y jettent ou s'y déchargent. >,,■,.■; . . La partie inférieure de la Rivière aux anglais en compte aussi quelques- uns. Dans cette dernière rivière, l'Eturgeon ne monte pas plus haut qu'à la chute située près du Fort de Traite.tout comme elle tente en vain d'escalader la cascade dite « la carpe » dans la rivière La Pente, tributaire de ]aSiskatchewan,en sorte qu'en défini- tive, les environs du Portage du Fort de Traite sont Ih limite septentrionale qu'atteint l'Eturgeon à l'Intérieur du pays. On ne le trouve pas non plus à l'ouest de ce point, à la môme latitu- de, tandis qu'au sud et à l'est il existe plus ou moins partout. Notre grand ■.'■^■,>fi: bassin central le possède en abondan- ce. 11 y a de très beaux Eturgeons dans le Lac Winnipig : j'en ai vu de sept pieds de long, et pesant cent cinquante livres. La chair de ce pois- son est excellente ; il fournit beau- coup d'huile et sa vessie natatoire simplement desséchée, donne la colle de poisson, si utile dans le commerce. L'espèce d'Eturgeon connue ici sous le nom d'Escargot, est beaucoup plus petite que l'Eturgeon ordinaire. Sa tête est plus allongée et les cartilages plus saillants. Les salaisons sont encore assez peu en usage dans le pays, et le sel y est si cher que l'on ne songe guère à con- server ainsi la chair de l'Eturgeon, dont on retirerait par là un plus grand profit que par le mode de conserva- tion employé parmi les sauvages, qui se contentent d'en sécher quelques fragments. -''■.: I . ' * ■ .(■■. FBS%; >.;.>", u •ivn ■ j; »(('■ ^:;^;«vi J|ix•:)i■/-,v.?'<<'- uêy^i- '971 ^ . n abondan- ,,, Eturgeons .vjHs 311 ai vil de ■H'' esant cent ^Kê de ce pois- WÊm. rnit beaii- ^W natatoire ne la colle commerce. ^^^ lue ici sous i^M- ucoup plus ^Ri naire. Sa ;^^Kï. > cartilages m* î assez peu w^ e sel y est Jère àcon- Eturgeon, plus grand • î ' conserva- ; vages. qui r quelques /". ., ', f . .1 ^ i