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23 WiST fMIN STREET

WfUTE*,N.Y. 149E0

(716) •72-4503

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CIHM/ICMH Microfiche

CIHIVI/iCIVlH Collection de microfiches.

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Canadian Institute for Historical Microreproductions / institut canadien de microreproductions historiques

©1984

Technical and Bibliographie Notes/Notab techniques et bibliographiques

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Library of tha Public Archives of Ca;iadB

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Les exemplaires originaux dont la couverture en papier est imprimée sont filmés en commençant par la premier plat et en terminant soit par la dernière page qui comporte une empreinte d'impression ou d'illustration, soit par la second plat, selon le ces. Tous les autres exemplaires originaux sont filmés an commençant par la première page qui comporte une empreinte d'impression ou d'illustrstion et en terminant par la dernière pege qui comporte une telle empreinte.

The lest recorded frame on each microfiche shell contain tha symbol ^- (meaning "CON- TINUED"), or the symbol y (meaning "END"), whichever applies.

Un des symboles suivants apparaîtra sur la dernière image de chaque microfiche, selon le cas: le aymbole signifie "A SUIVRE", le symbole V signifia "FIN".

Maps, pistas, charts, etc., may ba filmed et différent réduction ratios. Those too large to be entireiy included in one exposure are filmed beginning in the upper left hend corner, left to right and top to bottom, as many framas as required. The foilowing diagrams illustrate the method:

Les cartes, planches, tableaux, etc., peuvent être fiiméa è des taux de réduction différents. Lorsque le document est trop grand pour être reproduit en un seul cliché, il est filmé à partir de l'angle supérieur gauche, de gauche à droite, et de haut en bas, en prenant la nombre d'images nécessaire. Les diagrammes suivants illustrant la méthode.

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DOCUMENTS INÉDITS

SUR L'HISTOIRE

DE LA MARINE ET DES COLONIES.

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MÉMOIRE DE BOUGAÏNVILLE ^7

SUR L'ÉTAT DE LA NOUVELLE FRANCE

A l'Époque de la guerre de sept ans. ^

(1757.)

Il n'est personne qui ne connaisse Louis-Antoine de Bou- gainville, chef d'escadre en 1780, puis vice-amiral en 1790.

Son voyage autour du monde, qui passe pour être la pre- mière entreprise de circumnavigation des Français, a fait de lui un de nos marins les plus populaires. Mais, comme il ar- rive souvent dans les réputations, l'acte le plus éclatant de pon existence paraît seul aux yeux des masses. Aux nôtres, d'autres faits recommandent cette vie bien remplie, et si c'est un spectacle en effet très-remarquable que celui de ce jeune colonel, improvisé capitaine de vaisseau par assimilation de rang et commençant sa nouvelle carrière par la colonisation des îles Malouines, puis presque aussitôt par d'heureuses dé- couvertes sur le grand Océan, nous no croyons pas surtout qu'on doive oublier les débuts si brillants et si divers dans lesquels Bougainville a semblé chercher la voie il devait s'illustrer.

Parmi ses premiers titres à l'attention, il faut rappeler sa conduite au Canada où, de vingt-sept à trente-deux ans, sous

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les ordres du marquis de Montcalrp, il se montra, suivant les occasions, tour à tour infatigable dains le travail, intrépide dans le danger et toujours plein de feu.

La part qu'il prit au combat de Carillon, dans lequel il fut gravement blessé et mérita la croix de Saint-Louis, sans avoir les dix ai^i^ées de ^^rvice prescrite^ ; Ips pomba^s k \<\ Pointe-aux-Trembles, avec 350 hommes, il parvint par deux fois dans la même journée à repousser 1500 Anglais; ses efforts heureux pendant deux mois pour défendre, contre une escadre et des forces bien supérieures, la communica- tion de Québec avec Montréal, ainsi qu'avec les vaisseaux d'où l'on tirait les vivres ; la manière dont il év^pHî l'île aux Noix en traversant l'armée ennemie ; ces différentes circonstances justifièrent ce que le marquis de Montcalm écrivait en 1759 au marquis de Paultny, sur le jpupe fils de i'apcjen échevin de Paris : « Il ne vous aura pas échappé qu'il a de l'esprit « et du talent, je puis vous assurer que sa tête est bien mili- « taire, et qu'enjoignant à de la théorie de l'fxpérience qu'il « a déjà, cela sera un sujet de djstinction. »

Bougainville ne se distingua pas seulement par pa valeur et ses faits d'armes dans cette guerre d'un genre 'out nou- veau pour des Européens. On retrouve en lui, à côté de l'an- cien aide de camp de Chevert, l'ancien secrétaire d'ambas- sade du duc de Mirepoix, l'avocat, le savant auteur du Traité de calcul intégral ; enfin le frère d'un académiciieu, érudit et écrivain lui-même.

Il se repose de ses travaux et de la guerre en lisant Mpn- taigne, Montesquieu, Virgile, Horace, Tacite ; puis lorsqu'il le peut, le jeune homme qui mûrit et qui, pour me servjr de ses expressions, « se donne les airs de réfléchir, » observe, approfondit ce qui se passe autour de lui. Il pren4 des notes et rassemble tout ce qu'il croit propre à composer un journal, ne négligeant aucune occasion de s'instruire et d'être utile, pour revenir en France , dit-il, plus agréable à cep^ji: qu'il aime. C'est sans doute pour connaître plus h fond le? mœurs des sauvages et leur langue qu'il se t\\. adopter par les Iroquois du sault Saint-Louis dans l^ b^ndc de la Tqrtms, il se nommait Garoniatsigoa, le Grand Ciel en courrou?.

Dans les mémoires qu'a laissés Bougainvillp, ^u ipilieu de projets tels que celui qu'exécuta Lapérouse, d'aljer Cflie- ver les établissements apglaig de Iq. baie d'Hudson, il ^'en trouve plusieurs d'un intérêt tout politique.— Un sur la qpes-

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tfon des liipiteg, un 9Utre sur I9 possibilité de faire passer les Canadiens dans la Louisiane, dans le cas Le Canada ser^ perdu; d'autres encore montrent son zèle, son intelligence et son activité. Mnis le mémoire que j'ai lu avec le plus d'in- térêt, comme nous présentant le tableau du Canada et nous indiquant ce que nous en avions fait au moment il allait être |)erdu pour nous, c'est celui que Bouf^ain.ille annonce en ces termes dans une lettre du 30 juin 1757 k Mme tiérauU de Séchelles, sa protectrice et celle ()e sa famille :

« Je me suis instruit depuis que je suis dans celte colonie, de sa situation» de ce qui concerne son comuierce, son gou- vernement. Je vous envoie différentes réflexions relatives à ces objets.... Si vous les jugez m propos, ce mémoire pasr sera, par votre moyen, au minisire, sinon vous le suppri- merez. »

Les idées nJe ce mémoire ayant paru au marquis de Monl- calm bien conçues, et les faits étant garantis cNacIs par ce général, il convient de classer cette pièce parmi les éléments utiles à l'histoire. iMalheureusement on regrette d'y trou- ver parfois des fautes de copie, que Bongainyillc se |)iaignait de n'avoir pas le temps de corriger.

P.. Ma^lgry ; . .

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Lp Canada est un pays extrêmement froid, Ip^ npifics y sont abondantes ; dans certains hivers il y en a jusqu'^ neuf pieds, dans un hiver ordinaire six; le froid nionte jusqu'à trente degrés, année commune vingt-quatre pt yingt-si?. L'hiver dure ordinairement six mois; la neige cpmmencp à rester swï* 'a terre depuis la my-novcmbre jfjsqifes aux pre- miers jours de may. Celte longueur de mauvais ternp3 fait que les habitans ne peuvent élever d'animau^i^ qu'anl^nt qu'ils aqront du fourrage pour les nourrir pendant toi^t pe temps qu'ils sont obligés de les tenir dans les fHa)3le§, De vient que ce pays ne sçauroil jamais être î^bondant en yiandp dp boucherie, surtout quand il y a consommation eî^'.rfiordi- naire. Cependant si le roy voulait, ï\ y auroil pii renjpde à cet inconvénjpnl, et le peuple seroil plus htiurpux. If ffiut re- raarquef qu'il n'y a ppint d'habjlans qui n'ayeft^ plu!?ieurs chevaux, chaque garçpn qui ^ !a force ,dp pi^nipr m^ foijet a

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le sien, c'est ce qui empêche l'habitant d'élever autant de bœufs qu'il le feroit. Au lieu de trois ou quatre chevaux, il auroit dix à douze bêtes à cornes, et outre cela il pourroit élever plus de cochons, parce qu'il n'est point de garçon d'habituns qui ne vole son père pour donner de l'avoine ou d'autres grains à son cheval, afin qu'il soil gras et vif. Ouire cela, les habitans ne labourent presque plus qu'avec des chevaux, préférant le fouet àl'éguillon, ce qui est un mal- heur pour cette colonie, auquel il n'y a point de remède, à moins que le roy ne rende une ordonnance qui défende à chaque habitant d'avoir plus d'un cheval , à moins que ce ne soit un habitant riche et qui ait beaucoup de terre : lors- que les chevaux au ont dix ans, ils pourront avoir un poulin pour reno.iveler leurs chevaux; Ijs habitans qui auront des juments pourront avoir leur poui'.i, et à même qu'ils trou- veront à le vendre ils le feront, atin d'en élever un autre pour fournir aux besoins des villes et des campagnes. Les sei- gneurs pourront avoir des juments pour faire des petits liarats, afin d'avoir des beaux poulins au moyen d'étalons choisis. Il ne faudroit cependant pas dès à présent faire tuer les chevaux pour en venir au point dont j'ay parlé , car la colonie est diminuée de bœufs, et les habitants, s'ils man- quoient de chevaux, ne pourroient plus labourer leurs teries, mais dans quatre ou six années on pourroit les amener au point dont il s'aj^ist, en chargeant des hommes sages et sans partialité de tenir la main à l'exécution d'un arrangement qui seroit le bien de cette colonie, contre lequel on pourroit d'abord crier, mais dont on remercieroit dans la suite.

Il paroît combien le roy a cette colonie à cœur par les grandes dépenses qu'il fait pour sa défense. Il est donc ques- tion de trouver le moyen propre pour que le Canada se sou- tienne de lui-même. Le véritable est de permettre à tous les soldats de se marier, et de donner à chacun une terre sur laquelle il y auroit quatre arpents de déserts faits aux dépens du roy, et une petite maison de quinze pieds en carré; le prix de ces travaux seroit estimé par les seigneurs et capi- taines des côtes, et payé par Sa Majesté aux habitans qui les auroient faits. Cette dépense pourroit être pour chaque terre d'environ quatre cents francs. Si le roy ne veut pas donner cette somme, la terre sera l'hypothèque de l'argent avancé, et l'habitant le remboursera sitost qu'il sera en état. Il faut aussi donner aux nouveaux mariés une vache, une brebis,

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une hache, une pioche, son prêt et solde pendant deux ans, et de quoy semer la première année'.

Si on ne fait pas d'avance à ce soldat, comment veut-on qu'il s'établisse et qu'il fasse des déserts; à peine son travail suffiroit-il pour les nourrir, car le défrichement des terres est icy très-difficile à cause des gros tirbres dont les forêts sont remplies; il convi(;ndroit aussi de ne point laisser des trou- pes dans les villes, ou du moins seulement ce qu'il faut pour monter une garde, et d'envoyer le reste par compagnie avec leurs officiers dans les différentes paroisses il y a des bonnes terres à défricher, pour y faire travailler en payant les soldats, comme le roy fait pour les travaux. Ils forme- roient des inclinations avec des filles d'habitans, se marie- roient, s'accoutumeroient à travailler à la terre, et dans peu de temps dcviendroient de bons laboureurs, au lieu que ceux qui se marient dans les villes épousent des filles de moyennes vertus, et qui n'aiment point la campagne. Ces mêmes terres que les soldats féroient aux dépens du roy seroient estimées comme je l'ay déjà dit, et données aux mêmes conditions.

Il seroit aussi bien nécessaire que le roy prist dans les diffé- rentes grandes villes les gens sans aveu pour les envoyer icy, en obligeant par proportion les bâtimens venant de France, de les amener à raison de quatre hommes par cent tonneaux, en donnant les vivres pour la traversée; aussitôt leur arrivée on les établiroit dans les terres, de la môme façon que les soldats.

Si le roy adopte ce projet, il faudra toujours avoir quarante à cinquante terres prêles à recevoir ceux qui arriveroient, afin que d'abord après leur débarquement ils fussent placés et en état de travailleâ* avec deffense de dessus leurs terres; il faut pour cela placer cet établissement dans l'intérieur de la colonie, corame la rivière de Sainte-Anne et celle de Batis- can, Machiche, du Loup et Masquinonge dans le gouverne- ment des Trois Rivières. Dans toutes ces rivières, il y a de quoy placer trois mille habitans; les terres y sont bonnes, fertiles et point difficiles à défricher ; les rivières montent du côté du nord, ce qui est à préférer au côlé du sud, surtout dans le lac Champlain, il convient de laisser autant de bois que l'on pourra entre nos voisins et nous. Il ne faudroit

1. Bougainville rappelle ici , comme plus loin, des usages tombés en dé- suétude et qui avaient contribué à l'ace loissemenl du pays.

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seulement perinotlre qu'à un cf rtain nombre d'habittms de s'établir à Saint-Frédéric , pour fournir à ce fort quelques rafraichissenjens et non davantage, ainsi (^ju'aux forts de Froptenac et de Niagara.

Détroit. Le Détroit* est un poste digne d'attention, c'est l'entrepôt des forts du sud qui communique ai^x Illinois; les lerrps y sont fertiles et aisées à déCriclior, le ciel beau et serein, un efimat magnifique, prescjue point d'biver, très-peu de neige; les animaux bivernent dans les cbamps et s'y nour- rissent; il y a desjà (jeux cents babitations, ou environ, qui sont pleines de vivres et de bestiaux, qui fournissent des fa- rines à ,d|ff«'rens postes des pays d'en baut. Ce fort est sur le borfl du fleuve qui sépare le lac Érié du lac Huron, il n'y a d'une pente douce qui forme un petit courant. A vingt lieues du lac Huron et à six lieues du lac Érié, la rivière du d.étii'oit a douze à quinze arpens <le large, touU.'S les eaux des lacs supérieurs, Miebigan et du lac Huron, y passent et vopt se décharger (|a'is le lac Érié.

l| est donc question de favoriser cet établissement, qui est un lieu irpportJ^nt à cause de toutes le^ nations qui l'environ- nent et dw chemjij pour la communication aux Illinois. Pour y parvenir, il faut le mettre en gouvernement, avec un état- major, cinq ou six coippagnies complètes d'oftlciers et sol- dats, et donner à chaque capitaine, et môme aux officiers subalternes, une seigneurie de quatre-vingt-dix arpens de profondeur sur une lieue de front, et obliger cbaque soldat de prendre une terre sur la seigneurje de son capitaine ou officier qui auront chacun un domaine ou tuf, et atin d'éta- blir et de défricher ces terres plus promptement, il faudroit diviser les compagnies par douze soldats, et un sergent qui les condiiiroit et les feroit travailler ensemble une seniaine sur chaque terre d'un arpent et demy sur trente de profon- deur, afin qu'ils fussent près les uns des ai^ties. Par ce moyen les paresseux sendent obligés de s'occuper commj; les autres, puisqu'ils travail)eroient en commun, et telle estoit autrefois la uiél^iode de la fameuse République de Sparte. Les olïiciers des compî^gnie^ sprojent iptéresses à suivre de près leurs soldats, aflp qu'ils ne perdissent pas de lemps (je même que pour leur faire faire de petits logefneps, et lorsque cbaqife

1. Détroit PolUchartrain des Deux-Lacs, établi pîir Antoine de Lapiotte- Cadillac, de Toulouse.

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sol^i)^ $e innriera, |ui donner une vnche et m)e l^rebjs, ^fle paire c|e bœufs à deux avec la charrue et autres outils néces- saires pour les travaux, et des marmites. Les bœufs ne |eur sero}ent que prêtés ; ils les ren^lroient au roy dès qu'ils au- roient pu en élever d'autres, et ils ne seroient que plus pro- pres h la boucherie?. Pour cetefTet, il faut que ces compagnies soient stables; car si elles chanj,^ent, le."* soldats ne s'attache- ront à rien. Il faut aussi remplacer les soldats qui se marie- roient, afin que les compagnies soient oomplôles, t!t autant que faire se peut, avoir d(îs gens de bonne volonté, en les choisissant dans les autres compagnies.

II faut remarquer que les habitans, danti cet endroit, peu- vent élever autant d'animaux qu'ils veulent, par l'abondance des pâturages et la beauté du climat. Ainsi, on suivant l'éta- blissement du Détroit avec attention, l'on peut tirer des grands avantages. Ce gouvernement seroit dans peu en »Maf de fournir les postes de Niiigara, Frontenac, la Présentation et autres du pOté de Ijj Belle Rivière, de viî^pde et famine, ce q^i soula- geroit beauppup la capitale, tf7^t par la consommation des vivres que i)oiif les hommes qui sont occupés à les trans- porter de Mont-Réal au fort Frontenac, cp qui est un trajet de soixante-^jx lieues, avec des rapides affreux à rnonter, et qui détruisent les meilleurs honimps, qu'ils détournent de 1 agriculture ainsi que les transports, pour fournir les dilTé- rens postes du sud. Le poste du Détroit étant établi, rien ne seroit si aisé que de faire descendre tous les secours néces- saires en vjvres et en besljaux pour fournir les postes dont nous avons parlé, et cela par le moyen des gabarres à fond plat, ou barques que l'on feroit de soixante à soixante-dix tonneaux, et qui porteroiiînt, en traversant le lac Érié, le prpdpit du gouveiiiement du Détroit à la pointe à Binot, l'on feroit un petit fort qui serviroit d'entrepôt, tant pour les effets venant de Mont-Réal i)Our les postes du sud, que pour ceux venant du Détroit pour les postes que ce gonvcrnement fourniroit des vivres, et pour les effets du commerce ; ce qui dimimieroil beaucoup le nombie des engagés pour les voya- geurs. Et les gabares allant et venant à la pointe à Binot, seroient cl^argécs de différents effets. Il y auroil un va et vient de bateaux dji petit fort de Niagara à la polpte à Binot, il y a neuf lieues ; les gabarres ne pouvant y aller, elles iroient au fort de la presqu'île, qui est l'eulrepost de^ effets que l'pn envoyé aux différeij^ postes de la Celle rivièrp.

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Frontenac , Niagara. Les voyageurs feroicnl seulement monter leurs marchandises au fort Frontenac, elles em- barqueroiont sur les barques qui y sont pour venir à Niugarn, en traversant le lue Ontario; trajet de soixante-dix lieues, et le portage se feroit avec des chevaux , comme des autres effets, et on rùgleroit combien les voyageurs pnyeroient par cent pesant d'effets et marchandises, du fort Frontenac au Détroit, ce qui scroil nu-dessous de ce qui leur en coùteroit avec des canots d'écorce et des engagés comme je vais le démontrer.

Un canot de matlre coule 500 fr.

6 engagés à 250 fr 1 500

100 livres do bidcuil» par homme à 20 fr 120

25 Uvreâ do lard par homme à 60 c 90

Pour ustensiles du canot 50

Total 2 260 fr.

Il faut remarquer qu'un canot d'écorce porte environ quatre mille pesant. Ainsi, tous les effets que les voyageurs montent dans les Pays d'en Haut pour le commerce coûtent plus de dix sols la livre de transport. Il est vray qu'ils des- ccndenl une parlie de leur retour avec ces mêmes hommes et canot. Ainsi que le roy pourroit prendre vinjL^t francs par cent pesant pour rendre les marchandises du fort de Fron- tenac au Détroit, et douze francs par paquet pour descendre du détroit au forl Frontenac, les voyageurs qui suivroient leurs paquets se chargeroient de les faire descendre à Mont- Rt^al ; le roy leur prôleroit seulciricnt des canots ou bateaux.

Cos mômes gabarres poui nient dans la suite communi- quer dans le lac Huron, et aller à Michilimakinnc, qui est l'onfrepost des postes du nord, et même aller dans le lac Michigan jusqu'à la Baye qui est (-loignée de Michilimakinac de cent lieu(.'s, et plus de môme qj'à Suint-Jose[ih.

Michilimakinac- Michilimakinac est éloigné de Mont- Réal, en passant par la grande rivière, de trois cents lieues, du Détroit de cent lieues et plus. Ce poste est situé entre lo lac Michigan et le lac Huron : quand les navigateurs auront acquis de l'expérience sur ces lacs, en connoissant les diffé- rons abris et mouillages et les relâches en cas de mauvais temps, on pourroit se servir de ces voitures pour transporter tous les effets qu'il faudroit pour tous les postes du nord. Le Détroit, devenant considérable, seroit en état de fournir des

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marchandises à tous ces dilTérens endroits. Pur c«; moyen, on cmpôcheruit ioâ voyageurs de monter des cnnots d'écorce par In grande rivière, qui est très-pénible par lu quantité de rapides ut de portages que les engagés (ont. Il monte ordinai- rement chaque année quatrovingts canots d'écorce, ou en- viron d(> »ix à sept hommes pour la partie dont je viens de parler, et par ce moyen il n'en faudroit point; ce (pii ccn- servcroit les hommes en Canada et augmenteroit le nombre des laboureurs, ce qui est la base de l'htat.

Dans lu suite du temps, lus particuliers du Détroit feront des bAlimens propres pour ces transports, et le commerce se fera ivec beaucoup plus de tacilité dans les Pays d'en Haut, car les barques du lac Érié iront dans les lacs Huron et Mi- chigan, et un bâtiment de (piarunte toimeaux portera vingt canotées, et il faudra pour cette voiture cinq à six hommes, au lieu que dans vingt canots il faut cent vingt à cent qua- rante hommes.

Le gouverneur général fait ordinairement payer aux voyageurs cinq cens francs pour chaque canotée, tant pour les gratifications aux ofliciers que pour les pauvres familles; pour lors, il feroit payer cinq cens francs par quatre mille pesant que les voyageurs monteroient dans les Pays d'en Haut, et l'un reviendroit à l'autre.

En suivant exactement ce qui est stipulé en peu de mots, on remédiera à une partie des abus qui sont contraires à l'avantage du Canada, et dans peu l'on verra les terres se défricher, les habitans augmenter, le commerce fleurir, et le peuple devenir plus heureux, ce que je souhaite, ne pou- vant faire davantage ut ayant dit la vérité.

Détroit enlrepost des postes du sud. Le Détroit entrepost des postes du sud, Grosbourg, situé entic le lac Ërié et le lac Sainte-Claire, de l'entrée du lac Érié au Détroit il y a six lieues; du Détroit au lac Sainte-Claire il y en a deux, de la sortie de ce lac, qui en a sept, au lac Huron on compte onze lieues.

La situation de cet établissement est des plus belles, le climat en est charmant, l'air très-sain, la terre excellente et propre à toutes sortes de productions, la chasse y est abon- dante. Un homme en quinze jours peut rapporter trois cens pièces de gibier différens excellens à manger. Le gibier passe depuis février jusqu'en mai et depuis septembre jusqu'à Noël.

Au nord il y a trois lieues de terre habitées par des firan-

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çais à irois arpens par habitant, du sud il y en a deux Ueiies et demye ; la rivière partant du tac Ërié pour aller ail Détroit court est nord-est ; à une lieue et dëmye au-dessus du bourg, est une isle qui sert de commune, elle a ciilquante arpeiis de long et vingt c-e large; on l'appelle Ylsle au Cochon; â un quart de lieue au-dessus à l'énlrée dit lac Sainte-Claire est Itnë isle nommée Ylsh du large de virlgl arpens de long sur sept à huit de large.

Les habitants recueillent année comntiirle deux mille cinq cens liiiuots de bled froment, beaucoup d'avoine et de bled d'Inde; ils semoient autrefois duftled d'autotnne, rïiais sou- vent il ne pi'oduisôit que du seigle. Un habitant du lied m'a assuré àvoii" semé douze minots de très-beau frometlt et ri'âvbir recueiih que du très-beau seigle. Ori sèlilë en février et mars et l'on recueille en juillet, le tlrbduit t)our le ft-oment est ordinairement de vingt pour uti.

A une journée en deçà de la grande pointe du lac HUron il y a de pierre propre à faire des nioulahges, ce qui man- que ah détroit ; il seroit nécessaire d'encouraget- les habitante du bétroit à la culture en leur assurant le débouché de leiirs denrées, chose facile en leé faisaiit consommer par les gàl^- nisdins des foHs de la Presqu'isle-Marchant, de la Rivière au Bœuf et Duquesne. Ces vivres coûleroient nloins bbet aU roy (|ile ceb qU'dh envoyé de Mont-réal ; les frais de transport feri sdht immenses et la dittibullé de ces transports rend incertaine la Subsistance des garnisons.

Il fhucli-oll aussi que les commerçans du Détroit ou àlitrëte ■qhl vbùdroient aller s'y établir, en la ditte qualité, eussent la liberté de reporter ail Détroit, sans payer cortgés, les retours partiels, lettres de change, bu certiBcatS Ijli'ils apportent à Mont-réal ; tant que cette franchisé séta pas accbtdéc l'élubllssleiiibhl dU Détrblt languira.

Il y a dans ce tJbste un cbmlhandànt, un major et SOtis

leuH ordres...... officlérfe subalternes, la garnison est

de honnhes fbuhiis bar les cortipagnies détachées de

marine. Le poste est bxplbité par congés dont le prix éSt ordinairerneni de cinq cens francs payables botnptànt et dont nombre n'est pâS fixé ; les chur^s supportée^ par les bOttgéssont: au comnlartdaht, trbis îtiille fVanes; au cbtti- niàttdànt en dbiixièttie, mille fraiibs ; aux sûbalterhléte, cinq cens francs; au subdelégué, six cens francs; à l'interprlèté, cirt(j[ cëhs ftiahcà; à l'aUrtiônier, cihîj cens tïahcs; au bhi-

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rûrgien, (rois cens fra'n'cs; éha[i|ue caftoi de vôyàgèùr est obligé de iVortcr qiuitfe cens livrés pézari( de marchandises ptfiir l'es offïéiers et autres employés aiudit poste, jiar consé- quent ces officiers font la traite, elle n'est donc plus libre, abus à cOri^iger.

Les sauvaaes qui viennent ordinairement faire ïa traite àîù Détroit sont les Hurons de la même fîilmille que èenx de Lo- rel!te, nation perfide, fourbe, contre laquelle il faut sans cesse ôti^e sur ses gardes. Les Outawas, les Saultétfx et fès Poù- feouatamis, ces derniers sont de tous les saûvagéè les plus attachés a nos intérêts, jamais ils h'ont trempé leurs mains dai^s le sang (faucun français, ils nous ont même avertis des éômplots formés contre nous par ïés autres riatïôhs. Il sort d'é ce poste entre huit cens à mille paquets de pelleteries.

Poste des Miamis. Les Mianiis (Bellestre lieutenant) poste situé sur la rive droite de la rivière de ce nom avec lin tort de pieux de bout, c'est à' ce fort que commence le portage pour aller gagner les eaui tombant àù sud-oùest. Ce poslo est affermé au commandant pour trois ans e^ le prix de la ferme est de douze cens francs par année. Il fait la Iraitè exclusivement, le roy ne donne ny certificats ny préséfi's aux sauvages; le fermier est chargé de ces dépensés ainsi que celles des gages de l'inlerprète; il n'a point gratifïcaifioh. La solde de la garnison se donne eh poudre et en ptornb' que îé fermier prend au Dét'roi'^ ; lès sauvages qui y viennèrit traiter le plus coinmunémeul sont les Miamis et les Tépïcom'éâiix *.

Ils peuvent fournir cent cinquante guerriers.

Année cominUhé il sort de ce posté deux cent Cinquante à trois ceiis paquets, voilà donc ûri poste enlevé au Com- merce.

Ouyatanons. Les On^ataïions (Cathèf Bayoùî, eh'seigne), poste situé sur la rive di^oite de la rivière Ouabaché où' Saint- Jérôme, fort de pieux de bout. Ce poste est sur le tùéttié ^ied qUë celui dés Miamis, le comuiaridaiit eh est le fefmiei'', et prix la ferhic est de douze cens francs par an.

Les sauvât» es qui viennent y faire la traîïté sont les Ouytt- tandns, les Kikapous, les Maskoutins, les PeànguicHiùs, îU peu- vent fournir trois cent soixante guerriers.

11 sort année coihmùhe, de Ce poste él ceuii ^ùi en ^è- pehdent, quatre cens à quatre cent cinquante ^atpièts.

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1 . Je ne connais pas ce nom.

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Yincennes. Poste de Vinccnnes, joli bourg dépendant de la Nouvelle-Orléans qui y envoyé un commandant, trois moulins à chevaux. Il y . soixante-quinze habitans qui labourent et recueillen: aU bled.

Les Peanguichias y traitent; ils peuvent s'y faire quatre- vingts paquets.

Poste des Illinois. Les Illinois, poste dont le principal en- trepost est le fort de Chartres, situé sur le Mississipi; il y a pour tous ces postes six compagnies de garnison fournies par la Nouvelle-Q^^léans ainsi que le commandant. Ce poste est exploité par congés dont le prix est de six cens francs par canot, 1er voyageurs trois cens francs pesant dans leurs canots pour les gratifications ordinaires ; et comme on n'est tenu qu'au port des provisions des missionnaires des Tamarous, le surplus du port est pour Michiliiriakinac si l'on passe par le nord, ou pour le détroit si l'on passe [lur le sud; la gratifi- cation du commandant est payée par la Louisianne sur ses fonds ; ce commandant est envoyé de la Nouvelle-Orléans.

Voicy les divisions des Illinois: les Cahos* sur le bord du Mississipi, à la gauche les Metchi, à six lieues des Kas, petite ville habitée par les Français ; les Cahos et les Metchi ne sont plus qu'un village d'environ quatre cens guerriers. Il y a environ quatre cens guerriers au Kas. Ces trois nations sont comprises sous iC nom d'Illinois et fournissent année com- mune cent paquets en castors, chevreuils, chats, pichoux, renards, loutres, cerfs et daims.

Il y a un autre poste sur la rivière des Illinois réside un commandant dans un fort nommé Pimiteoui; les nations qui y traitent sont les Peorias; sept cens hommes fournissent deux cent cinquante paquets , môme qualité de pelleteries, mc'ns de castors et plus de chats qu'au poste précédent.

Missouri. Dans le Missouri à quatre-vingts lieues de son embouchure dans le Mississipi, sont les Osages et les Missouri j nations voisines l'une de l'autre ; la traite que nous y avons peut, année commune, monter à quatre-vingts paquets de chevreuils et ours, peu d'autres pelleteries.

Kansés Pi.niteoui. En remontant ce fleuve encore qua- tre-vingts lieues on trouve le village des Kansés; nous y avons une garnison avec un commandant fourny, ainsy que ceux de Pimiteoui et du fort de Chartres, par la Nouvelle-Orléans. Il

1. Noms abrégés pour Caokias et Kaskaskias.

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sort de ce poste cent paquets, beaucoup de castors, mais mai irnvnillés, les autres pelleteries sont les mêmes qu'au poste précédent; à cinquante lieues au-rlessuson trouve les Otoks et les Ayoués^\ deux cents hommes fournissant quatre-vingts paquets, les mêmes pelleteries que chez !es Knnses.

Fort Duquesne. IJe fort Duquesne situé surîa rive gauche de la Belle Rivière au confluent de Malancjueulé*. Ce fort est en bois, petit, mal entendu et dominé par deux endroits, à la portée du fusil, insoulenable en un mot s'il était attaqué dans l'état présent; il peut contenir an plus cent cinquante hommes de garnison qu'il est fort difficild de faire subsister; les Illinois ont été cette année leur ressource.

Le commandant a trois mille francs de gratification. Cet établissement est nécessaire pour empêcher que les Anglais ne s'emparent de cette partie; mais il faudrait un fort plus respectable et qui pût, en temps de guerre, contenir cinq ou six cents hommes de garnison; le pays y est bon, la terre fer- tile, l'air sain, des habitants y seroient bien.

Ce poste s'exploite par congés qu'on donne gratis pour encourager les négociants à y envoyer; on ne sçauroit donner trop de soin à ce que les marchandises soient à bas prix, afin que les sauvages trouvant à y faire la traite à bon compte, n'aillent pas chez les Anglois, objet important pour le com- merce et plus encore pour la politique.

Les sauvages qui viennent au fort Duquesne sont les Loups, les Chaouanons elles Iroquois, renégats de toutes les nations des Cinq-Nations.

Il en sort, année commune, de deux cents à deux cent cinquante paquets.

Fort de la rivière au Bœuf. Le îort de la rivière au Bœuf, fort quarre de pieux debout, situé à trente lieues du fort Machault, sur la rivière dont il porte le nom. Cette rivière est très-navigable le printemps, l'automne et souvent même l'hiver ; l'été, l'eau y est très-basse, il faut y traîner dans beau- coup d'endroits.

Ce poste est un entrepost nécessaire pour le fort Duquesne, mais il faudroit le refaire et le mettre à l'abry d'un coup de main. Le commandant y a mille francs, la garnison plus ou

1 . Ceux dont les Américains écrivent le nom lowas.

2. Nom canadien de la Moaongahela.

REV. HAR. MAI 1861.

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/^"N

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moins fbrte ; ce posté n'est pas utl ehdt-oit de commerce, d'atitànt pltis que rétablissement est nouveau.

Fan MachauU. Le fort Machault, situé à la d<"charge de la rivière au Bœuf, dans l'Ohyo; c'est le dernier entrepost pour le fort DuqUesne; il faudroil le mettre à l'abvy d'un coup de main ; ce poste n'est pas un endroit de commerce. Le commandant y a mille fratics de gralification.

Fort de la Presqu'Isle. La Presqu'Isle, fort quarré de pièces équarries* à sept lieues du fort de la rivière au Bœuf et du Niagara, situé sur le lac Erié, à l'entrée presque d'une gratlde baye d'environ une lieue etdemye de profondeur sur une demi-lieue de large; il y a un commandant qui a mille francs de gratification et cinquante ou soixante hommes de gartiison.

Ce poste est pour la traite comme les deux précédents; son litililé est d'être ut» entrepost nécessaire, et le premier de Niagara à lit Belle-Bivière. Le portage de ce fort à celui de la rivière au Bœuf est de sept lieues. Pendant les hivers qui sont doux, pluVièux, peu Sujets à la neige, les transports y sont presqu'impt-aticables; le printemps et l'autoUine sont dans le même cas, l'été est donc la seule saison sur laquelle on puisse compter pour faire passer les vivres et autres elTels néces- saires à la Belle-Rivière , je parle pour les charrettes ; les chevaux de selle vont en tous tems ; les sauvages en ont beaucoup, et leur secours est presque toujours nécessaire par la précipitation avec laquelle on est forcé de faire le por- tage atin de protiter des eaux de la rivière an Bœuf; à la véHté, si les chemins étoieiU accommodés, il seroit facile de se passer des sauvages.

Mais la politique exigé qU'oii s'en èerve, surtout éh tértips de guerre. Quand ils sont charités du portage, ils empêchent les nations qui pOUtToient être mal intentionnées de troubler nos transports, d'ailleurs ce qu'ils j+agncùit par cela et les présens qil'on leur fait les met en état de s'habiller et de se fournir des choses qui leur sont nécessaires ; sans cette ressource ils s'adresseroient aux Anglois qUi les traitent beaucoup mieux que nous, et il est essentiel qu'ils ne s'aper- çoivent pas de cette différence.

Il seroit facile d'attirer auprès de ce fort des sauvages pour s'y établir et y former des villages; le terrein y est bon, la chasse et la pêche y sont abondantes.

Les Mississagués qui aeai errants dans le lac Ërié s'y fixe-

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roient d'atitaiit ^lils volontiers, qu'ils sferoiént assurés de trouver auprès du fort des ressources qui leur maiiqtient quand ils en sont éloignés.

Les Iroquois qui ont un village à Kanouagon, distance de la Presqu'Isle de trente lieues, s'en rapprocheroient aussi; sou- vent, ils ont élé obligés d'avoir recours à nous pour vivre. Mais pour réussir à former cet établissement il faudroit :

Un magasin à la Presqu'Isle abondant en vivres et en marchandises de traite à l'usage des sauvages;

Leur abandonner lo portage. Ou paye six francs le por- tage d'un sac aux sauviiges, trois francs aux François; mais cette différencie disparoîtroil bientôt par le tai if des marchan- dises et des vivres et par l'avantage d'un commerce qui bientôt devicndroit considérable.

Lo chef des Mississagués se noujme Maccouainité et celui des Iroquois Cocité; l'un et l'autre sont fort affectionnés aux Pi"ançois, et ils en ont donné des preuves.

Niagara. Niagara peut être regardé maintenant comme une place forte, elle est située à la tète du lac Ontario au sud, au confluent de la rivière de Niagara. Ce poste est la clef dès pays d'en haut. Comme le terrein y est excellent, le cli- mat ten-Déré, la chasse et la pèche abondantes, il taudrûit tâcher à'] établir une ville ou au moins des habitations en village. Cet établissement et celui du Détroit dirigés, l'Un et l'autre, par de bonnes loix, seroient le grenier des Pays d'en Haut. On épargneroit par Ifi des sommes et des difficultés considérables pour les transports, et le Canada seroit en état de faire une exportation plus forte.

Le roy fait le commerce de ce poste et conséquemment paye les gratiMcalions aux comuiandans et autres employés; mais le commerce y est mal régi, la traite s'y fait d'une façon onéreuse pour les sauvages et peu lucrative pour le roy.

Il seroit bon de l'y rendre libre, la concurrence entre les nêgocinnts y rendroit lés iiarchandises moins chères; si le taHf n'eh baisse tôt ou tard, les sauvages, qui n'ont plus Choué- guen, iront à Orange porter leurs pelleteries, et l'on ne doit jartiltls perdi-e de Vue celte réflexion, qu'en Cela l'intérêt du commerce est encore le moins essentiel, la conservation de la toionie h\ dépend, nous ne nous soutenons que par la faveur des sauvages ; c'est le contre-poids qui fait pencher la balance de notre côté, et les sauvages accepteront la hache de ceux avec lesquels ils feront uU commeif-ce avantageux.

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Les nations qui viennent en traite à Niagara sont les Cinq- Nations et l(>s Mississagués.

Il en sort, année commune, deux cent cinquante à trois cents paquets.

Le portage à Niagara à est de lieues; mêmes ré- flexions pour ce portage que pour celui de la Presqu'Isle, il est essentiel de se servir de ces 'siuvages pour le faire.

Toronto, situé au nord du lac Ontario, vis-à-vis de Niagara, établi pour empêcher les sauvages du noi d d'aller commercer à Chouéguen ; Chouéguen n'existant plus, ce poste devient inutile.

Le roy en fait le commerce , les effets y montent des ba- teaux conduits par des miliciens couimandés pour cela; les sauvages qui y traitent, sont les Mississagués et les Saulteux. Il en peut sortir cent cinquante paquets de pelleteries.

Frontenac ou Katarakoui, mauvais fort à l'entrée du lac Ontario ; si Chouéguen n'eût pas été détruit , il eût fallu le rendre respectable ; il y a un commandant, plusieurs officiers sous ses ordres et hommes du garnison.

Ce poste est exploité par le roy qui conséquemment en supporte les charges; il faudroit que le commerce y fût libre.

Les sauvages qui y viennent en traite sont les Cinq-Nations et les Mississagués.

Il en peut sortir année commune vingt à trente paquets.

La Présentation, mission pour les sauvages des Cinq-Nations établie par M. l'abbé Piquet, sur la rive droite du fleuve

Siiint- Laurent, à lieue de Mont-Réal. Il peut y avoir

maintenant cent sauvages des Cinq-Nations rassemblés par ses soins. Ils y ont des teries qu'ils cultivent, des volailles et bestiaux en propriété.

Il y a un mauvais fort de pieux debout, un commandant et une petite garnison.

Ce poste s'exploite par le roy ; on n'y donne point d'eau- de-vie. Il en peut sortir année commune trente ou quarante paquets.

Le sault Saint-Louis, mission des jésuites pour les Iroquois. Il peut y avoir trois cent cinquante sauvages qui ont terres, bestiaux, volailles. Le commerce s'y fait par les jésuites qui afferment à Monsieur de Muceaux huit cents francs.

Lac des deux montagnes, mission établie sur le lac de ce nom qui est formé par la rivière des Outawais, à douze lieues

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de Mont-Réal, et desservie par les Sulpiciens. II peut y avoir deux cent cinquante sauvages Nepissings, Algonkins et Iro- quois ; il n'y a ni commandant français ni garnison ; le com- merce est afTermé par les prêtres pour neuf ans, deux mille francs; il en sort année commune cent cinquante paquets.

Mkhilimakinac , fort do pieux dobout situé dans le détroit de communication du lac Michigan avec le lac Huron ; c'est l'entrepost des postes du nord; il est sur le même pied que le Détroit, entrepost doj postes du sud ; J s'exploite par congés qui sont de six cents francs par canot; chaque canot est obligé de porter cinq cents livres pesant pour les officiers ou le nécessaire de la garnison; on la réduit à mille francs de présents par an pour les sauvages sans certificats ; le com- mandant y a trois mille francs, le commandant en second mille francs, l'interprète six cens francs.

Les sauvages qui viennent en traite à ce poste sont les Saulteux et les Outawais; il en peut sortir, année commune, six à sept cents paquets....

Baye des Puants (Monsieur de Rigaud), poste établi. Il est affermé neuf mille francs ; on en a supprimé toute dépense pour le compte du roy ; il n'y a ni présens, ni certificats, ni gages d'interprètes, tous ces frais sont aux dén&ns du fermier.

Le commandant (Coutrol, lieutenant), est un officier inter- ressé dans la ferme et qui fait valoir pour son compte et celui de ses associés; il a deux mille francs de gratification. Ce poste comprend aussi les Sioux.

Les sauvages qui y viennent en traite sont les Folles-Avoines Sakis, Outagamis ou Renards, Puants, Maskoutens, Kikapous, Sioux-des-Prairies,Sioux-des-Lacs. lien sort, année commune, cinq à six cents paquets.

La Rivière Saint-Joseph (Monsieur le Verrier), fort situé sur la droite de la rivière de ce nom, à vingt lieues de son embou- chure, dans le lac Michigan. Ce po.ste est sur le môme pied que la Baye; le commandant en est le fermier en tout ou en partie, h la volonté du gouverneur général, il en supporte les frais, il a deux mille francs de gratification et l'interprète cinq cents francs; le prix de la ferme est de

Les sauvages qui y vont en traite sont les Poutéwatamis, quatre cents hommes environ et quelques Myamis. Il en peut sortir quatre cents paquets en peaux de chats, ours, pichoux, loutres, chevreuils, cerfs.

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La Mer d'Ouest, poste qui comprend les forts 3aint<-Pierre, Saint-Charles, Bourbon, de la Reine, Dau4)hin, Poskoiij et des Prairies, tous, forts de pieux debout, respectables seule- ment pour les sauvages.

Le fort Saint-Pierrv est situé sur la rive gauche du lac de Tekamamiouen ou lac de la Pluie, à cinq cents lieues de Micliili- makinak et trois cents de Kamanistigoyia ou les Trois Rivières au nord-ouest du lac Supérieur.

Le fort Saint-Charles est à soixante lieues de celui de Saint- Pier i., situé sur une presqu'isic fort avancée dans le lac des Bois.

Le fort Bourbon est à cent cinquante lieues ilu précédent, situé à l'entrée du lac Ouimpeg.

Le fort la Reine est sur la rive droite de lu rivière des Assini- hoels, à soixanle-dix lieues du fort Bourbon. Ces contrées offrent partout dp vastes prairies; c'osl la ronte pour aller dans le haut du Missouri.

Le fort Dauphin, à quatre-vingts lieues du précédent, est situé sur la rivière Minanghenachequeké ou de VEau trouble.

Le fort Poskoia est sur la rivière de ce nom à cent quatre- vii|gts lieues du précédent; de ce fort on va en dix joijrs à la rivière de Nelson. Le fort des Prairies est à quatre-vingts )ieues du fort Poskoia dans le haut de la rivière de ce nom. Ce poste a été atfermé huit mille francs; le coiiunandaut en est le fei- mier et i| a le quart dans h; posle. Les sau^'iges qui y vien- nent traiter sont les Crislinaux et les Ass^'niboels; ces de^x nations forment chacune douze villages de deux cent cin- quante hommes l'un ponant l'autre; année commune il se fait dans ce poste de trois à quatre cpnts |)aquets en caslois, pékans, martres, loutres, loups-ceryiers, curcJ^joux, fouines, renards; il faut cÔtûpler de plus cinquante à soixante esclaves rouges ou panis de Jatihilinine, nation située s^r le]Vlissoi»ri, et qui joue, dans l'Amérique, le rôle des nègres en Europe. Il n'y a que dans ce poste que l'on fasse ce commerce.

Le poste de la mer d'Ouest méiile une altenlion particulière pour deux raisons, la première en ce qu'il est de tous le plqs voisin des établissemeiis des Aiiglois à la baye d'Hudson, et que c'est de qu'il faut veiller fi leurs démarches; lu seconde, c'est que c'est de ce posle qu'on puurra découvrir la mer de l'Oi^est; mais ppur faire cette découverte il faudruil qqe les voyageqrs quitlassent les vues d'intérêt.

Voyage de la Véranderie. Celui qui a le plus avancé cette

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découverte ast. le sieur do la Vdranderie' ; il alla du fort de la Reine gagner le Missouri, il rencontra d'abord sur cette ri- vière les Mandannes ou Blancs Barbus au nombre de sept vil- liiges entourés de forts de pieux terrassés avec un fossé, ensuite les Kinongew iniris ou les Brochets au nombre de trois villages; dans le haut de la rivière, il trouva les Mahantas faisant aussi trois villages, et le long du Missouri, en le descendant juf^qu'à la décharge de la rivière Wabiek ou à la Coquille, vingt trois villages de Panis.

Au sud-ouest de cette rivière et '■ur les deux rives Ouona- radeba ou à la Graisse sont les Hactunnes ou gens du serpent. Ils s'étendent jusqu'au pied d'une chaîne de montagnes fort élevées', qui courent nord, est, sud, et au sud de laquelle est la rivière Karoskiou ou Cerise pelée, que l'on suppose se pendre à la Californie.

Il continuii sa roule et trouva dans ces pays immenses, qu'arrose le Missouri, vjs-à-vis et à environ quarante lieues des Mahantas, les Owilinioek ou beaux hommes, quatre vil- lages, vis-à-vis des ^roc/ie/s, \es Macateoualasites ou Pieds-Noirs, trois villages de cent cabanes environ chacun vis-à-vis des Mandannes sont les Ospekakoerenausques ou gens du plat côté, quatre villages; vis-à-vis des Panis sont les gens de l'arc Atchapcivinioques en Cristinaux et Utasibaoutchactas en Assinir boels, trois villages; on trouve ensuite les Makesch ou Petits- Renards, deux villages; \esPiwassa ou Grands-Parleurs, trois villages; les Kakakoschena ou gens de la Pie, cinq villages , les Kiskipisounouinini ou gens de la Jarretière, sept villages.

Il ne put aller plus loin à cause de la guerre qui étoit alors entre les gens de la Jarretière et la nation suivante. Au reste c'est improprement que je me suis servi du nom de village pour toutes ces nations qui habitent les prairies, elles forment, comme des Tariares, des bordes errantes, elles suivent les bêles dont la chasse les t'ait vivre, leurs demeures sont des cabanes de peaux.

Les Nèpigons, poste établi au nord du lac Supérieur; le commandant en est le ferniier et le prix de la ferme est d'environ quatre mille francs ; il comprend le lac à la Carpe situé

1 . Gautier de Varennes , sieur de la Véranderie , second fils du gouver- neur des Trois-Rivières . J'ai raconté son entreprise.

2. Les Montagpes Rocheuses.

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Les sauvage» qui y traitent sont les Sauitcux; cette na* lion, une des plus nombreuses de ces contrées, est errante, ne sème rien, ne vit que de chasse et de pùclie. Il en sort com- munément chaque année quatre-vingts à cent paquets en

Pointe de Chagoamigon (Monsieur de Beaubassin) située

Ce poste est atTermé huit mille cent francs au sieur de Saint- Luc ; jusqu'en 1758 il n'y a eu ny présents, ny cerlificnts, seu- lement l'interprète à payer. Le commandant y a trois mille Trancs de gratilication.

Les sauvages qui y viennent traiter sont lesSaulteux. Il en sort annuellement environ deux cent cinquante paquets.

Kamanistigoya (Monsieur de Repentigny) ou les Trois-Ri-

vières, situé Ce poste a été atlermé, à feu Monsieur Gu-

gnet, quatre mille francs; comme il l'a sous-aifcrmé au sieur Toussaint Portier, la cour lui en a accordé l'excédant pour le dédommager de l'exploitation des congés de Saint-Maurice.

Le roy n'a plus rien à payer que deux mille livres de gra- tification au commandant, il n'y a ny présents ny certiticals; la ferme de ce poste tinira en 1758. Les sauvages qui y viennent en traite sont les Saulteux. Il en sort annuellement soixante à soixante-dix paquets en

Michipicoton , poste situé au nord-est du lac Supérieur, comme celuy de Kamanistigwia l'est au nord-ouest. Les Saulteux y viennent en traite. Il en sort de cinquante à soixante paquets.

Sault de Sainte-Marie^ fort de pieux, situé dans le détroit de communication du lac Supérieur avec le lac Huron établi en 1750.

La traite en fût accordée gratis au commandant pour faci- liter l'établissement. Le roy donne cinq cents francs de grati- fication pris sur Michilimakinac, dont ce poste dépend. Les sauvages qui y font la traite sont les Saulteux. Il en sort annuellement cent paquets. Le sieur Dcbonne, le sieur de Repentigny l'ont par concession, comme seigneurie hérédi- taire.

Temiscanimgiie, poste situé sur le bord d'un lac de ce nom, affermé sept mille francs; les sauvages appellent l'endroit est le poste Aubatswenanek. Les nations qui y traitent sont les Têtes de Boules ou gens des terres et les Namcosakio qui viennent du côté de la baye d'Hudson.

Tabitibi est un poste dépendant de Temiscaming , à cent vingt lieues de l'établissement précédent, du côté de la baye

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d'Hudson ; il peut y avoir cent hommes dans les deux postes; ils vivent de pèche et de chasse; ne sèment rien et n'ont aucun village; tout ce pays est montagneux et peu fertile. Il en sort environ cent vingt paquets en castors, loups-corviers, martres, loutres, pékans, carcajoux, cariboux.

Le long Sault, poste situé sur la rive du sud de la grande rivière ou des Oulaouns, comme Carillon l'est sur la rive nord, au pied du môme sault, à six lieues du lac des deu'^ montagnes.

Ces deux petits postes ont été établis pour traiter au pas- sage des sauvages , qui sont les Népisings , Algonkins e.^ Iroquois. Il s'y fait environ cent cinquante paquets, les mê- mes pelleteries qu'à Themiscamingue, quelques ours et quel- ques chats de plus.

M. le marquis de Vaudreuil, commandant du Long Sault, en retire 800 fr. de rente, et en temps de paix 4000.

Carillon à M. d'Aillebout de Cuisy.

Les pelleteries qui sortent du lac des deux montagnes sont de la même espèce que celles de Themiscamingue.

Chambly, Sainte'Thérèze, Saint- Jean.

Les sauvages Abenakis établis à Missiskouy, Saint-Frédé- ric, Carillon.

Villages des sauvages domiciliés.

Lorette, Hurons ;

fiekancourt, Abenakis, 5 ou 600 hommes ;

Missiskouy, Abenakis, 100 à 150 hommes;

Saint-François, Abenakis;

Sault Saint-Louis, Iroquois ;

Lac des deux montagnes ;

La Présentation, 5 nations ;

Hurons du Détroit ;

Miratmitchi (Micmaks).

Récapitulation des forts et des postes. Cap Charles, Baye- des-Châleaux, Saint-Modet, la Baye-Houge, l'Anse-au-Loup, la Forteau, Baye Phelipeaux, Chichateka, rivière Saint- Augustin, Méchatina, Nontagnauiou, Maingan, les Sept-Isles, les Islels de Jérémie, Tadoussac, Chueretimi, Québec, Lo- rette, les Trois-Rivières, Bekancourt, Saiit-François, Cham- bly, Saint-Jean, Saint-Frédéric, Carillon, Mont-Réal, lac des deux Montagnes, Carillon, le long Sault, Themiscamingue,

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Abiiibis, MicliipicoUon, Nepigon, Kamani.;igouia , la Mer- d'Ouest, Ghagouamigon, la Baye-deH-Illinois, les Ouyatannns, les Miamis, la rivière Saint-Joseph, le Détruit, )a Prusqu'Isle, la rivière au liœul, le l'ort Machault, le tort Duquesne, Nia- gara, Toronto, Catarrakoui, la Présentation, Saint-Hegis, le Sault-Saint-Louis.

OBSERVATIONS.

Villes. Québec, grande ville, mal fortillée ;

ïi'oiS'RmèreSf ville entourée de quelques mauvaises palis- sades ;

Mont- Real, mal t'ortitlée avec un mur crénelé.

Forts. !• Route de Mont-Réal à Carillon:

La Prairie, tort de pieux abandonné ; Saint-Jean, fort de pieux, avec quatre bastions, des entrepôts et hangars; fort Saint-Frédéric, en pierres; fort de Carillon, de pièce sur pièce ;

2" Route de Mont-Réal par Chambly :

Sorel,fortde pieux, abandonné; Chambly, l'url en pierres; Sainle-Thèrèze, ancien fort de pieux, abandotmé, des maga- sins et des hangards ;

Route de Mont-Réal au fort Duquesne :

La Chine, hangnrds et magasins du loy l'on conduit les effets du roy destinés aux Pays d'en Haut; SuuJt Saint-Louis, fort en pieux, contre les Agniers; les Cèdres, fort en pieux; Saint-Régis, fort en pieux, nouvelle mission des Jésui|es pour les Iroquois; la Présentation ou la Galetle, fort en |)it'ux, nouvelle mission des Sulpiciens pour atlircr ks Ciuq-Nations; Frontenac ou Katarakoui, mauvais fort sur le lac Onlario, avec une rade; on y avoit commencé en 1755 ^t 1756 ijne espèce de camp retranché, abandonné après la pfise ^e Chouèguen ; Toronto ou Saint-Victor, petit fort de pieux sur le lac Ontario, pour vendre de l'eau-de-vie aux sauvages atin de contrc-balancer le commerce qui se faisoit à Choue- gpen; Niagara, fprt en terre qu'il faut revêljr de pierre, coijstiuit en 1755 et 1756 par les troupes françoises, sous la direction de Monsieur Pouchot, capitaine au régiment de Béarn; peli^ fort de Ni^gjtra pour entrepôt; fort de h Presqu'IsIe pour entrepôt; fort de la rivifire au Boeuf ou fort Rpjjil ppur entrepôt ; fort Machault pour er»trepôl, ep pieux ;

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fort Duquegnc à portée de l'Oyo. Il y n encore un fort au Détr(.ît.

Traite et congés. Uiiiis presque tous les postes, la maison oh loge roflicier qui couniiande, étant entourée de pirux, est honorée du nom de fort. On appelle fort, en (lauada, des espèces de eomptoirs Ton l'ait le eouunerec des pelleteries avec les sauvages, qui les donnent en retour des manhaii- dises dont ils ont besoin, autrefois on les melloit tous aux enchères, les coiiuneryanls pouvoient y (irélcndre ; on donnoit un produit au roy et l'on payoit l'ofOcier qui y commandoit. Aujourd'huy le gouverneur général en dispose pour ses créa- turcs, avec l'approbation de la cour. Les plus considérables sont : In mer d'Ouest, le poste de la Baye, Saint-Joseph, les Nepigons tt Michiliniakinnc, si l'on n'y donnoit pas beaucoup de congés. Le poste du Détroit n'est jamais donné; on donne des congés.

Il y a des postes la traite se fait pour le compte du roy; tels que, Toronto, Frontenac, Niagara, le petit Portage, la Presqu'Isle, la rivière au Bœuf, le fort Machault, le fort Du- quesne. Le commerce qui s'y fait est toujours très-onéreux au roy, qui y perd, et ne le l'ail que pour conserver l'aflec- lion des sauvages; mais bîs gardes magasins et les comman- dans ont grand soin de s'y enrichir.

Le poste de la Baye a valu en trois ans à Messieurs Rigaud cl Marin, trois cent douze mille livres, et du temps de Monsieur Marin père, qui l'avoil de société avec Messieurs de la Jonquière cl Bigot, il produisoit plus de cent cinquante mille livres par an quille. Il y a du sçavoir faire, du bonheur et la paix vaut mieux que la guerre.

Le poste de la niei' d'Ouest est aussi considérable.

On appelle congé, les permissions que le gouverneur géné- ral accorde pour un canot chargé de six mdie livres de mar- chandises que l'on va vctuire dans un des postes indiqués; on paye celte permission cinquante pistoles et le gouverneur général, maître d'en donner plus ou moins, affecte ces fonds pour entretenir les pauvres familles d'uliicicrs. On ne rend compte au roy que de vingt-deux congés; le gouverneur en donne souvent jusqu'à quarante, la moitié des cinquante pistoles fait fonds à la recelte du roy et l'autre moitié est à 1^ disposition du gouverneur pour gratifications.

Michilimakinac est l'entrepôt de tous les postes de la côte du nord et le Détroit de ceux de la côte du sud.

Il

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Le Détroit, beau pays à portée de toutes les Nations d'en Haut, climat tempéré la vigne produiroit.

Le casior commerce exclusif fait par la compagnie des Indes; il lui coûte quatre francs, dont trois francs seize sous pour celui qui le vend, et quatre sous partagés au gouverneur général, au gouverneur de Mont-Réal, à l'inten- dant général, au co'.iimissaire ordonnateur et à l'agent de la compagnie, cçavoir : deux pour cent au gouverneur général, un et dcmy à l'intendant, un demy au gouverneur de Mont- Réal, un quart au commissaire ordonnateur, les trois quarts pour 6ent pour les frais de régie ; le gouverneur et l'intendant ayant aussi en présents une balle de café et quatre livres de thé; la compagnie achetle aussi les rats musqués dont elle n'a pas le commerce exclusif, elle les payoit autrefois quinze sous pièce, elle les achette actuellement cinq sous; le rat musqué a un poil court et propre à entrer dans la composition des chapeaux; ses rognons se vendent pour en tirer le musc.

Les appointemens du gouverneur général consistent en cinq mille deux cents francs, mille écus pour la moitié de la f.uitine, environ deux mille francs pour son droit sur le castor et avec quelques autres petits émolumens, cela va à près de onze mille francs.

Le gouverneur des Trois Rivières a un fort joly logement; celui de Mont-Réal n'en a point; ses appointemens sont de cinq mille d(nix cents francs, mais il n'a d'autres émolumens que sa cantine, objet de cinq à six cents francs.

Toutes les lieutouances du roy n'ont que mille huit cents francs d'appointemens ; la lieulenance de roy de Québec est la meilleure à cause de la cantine.

Los majorités sont aux appointemens de mille deux cents francs.

Milice. Tous lis habilans en état de porter les armes, depuis quinze ans jusqu'à soixante , sont inscrits et obligés de servir toutes les lois que le gouverneur général les com- mande. Ils ont des olliciers dans chaque paroisse ; les capi- taines y ont des grandes considérations ; un banc à l'église avant celui des co-seigneurs; c'est à eux que tous les ordres s'adressent, quand ils servent; ainsi que leurs miliciens, ils ne reçoivent aucune solde, mais la subsistance et un équi- pement; ils n'ont aucun rang avec les troupes réglées et seroient même commandés par les sergens et les cadets à

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l'aiguillette, cependant on a envie de fuire un règlement à cette occasion, pour que les officiers de ces milices puissent commander les sergens des troupes réglées. Monsieur le marquis de Vaudrcuil pense proposer pour capitaines ûe milices ceux qui se distingueront et de leur faire venir des commissions du roy ; et alors ils auront rang avec les officiers des troupes réglées, comme lieutenans du jour de cette nou- velle commission; lorsqu'ils sont blessés ou estropiés au service, le gouvern»!ur général leur procure une petite gra- tification annuelle.

Les distinctions que le gouverneur général accorde aux sauvages qui se distinguent à la guerre ou qui ont de la con- sidération dans leur cabane, sont le bausse col , qu'ils se l'ont grand honneur de porter , et la grande distinction ce sont des médailles oîi il y a l'elfigie du roy.

On appelle cadets à l'éguillette, les cadets des troupes de la marine ainsi nommés , parce qu'ils portent une éguillette à leur uniforme ; ils n'ont de lait rang qu'après les sergens et caporaux, et o- les détache à la guerre comme officiers et on leur fait faire le service d'officiers majors.

Vhiver en Canada. L'hivtT est toujours très-rude en Ca- nada, le froid y est cependant toujours beau et fort sec, pourvu qu'il n'y ait pas du vent nord-est, qui produit toujours de la neige l'biver et de la pluye le printems. Il est aisé de juger de la rigueur de la saison qu.md on songe que le fleuve Saint-Laurent prend tous les hivers, à pouvoir le traverser en voiture, et lu navigation qui cesse d'être libre à la fin de novembre, ne recommence, pour l'ordinaire, que vers le 20 avril; une année même la rivière étoit encore prise, vis-à-vis de Québec, au 3 mai. Cet hiver a été un des plus rudes. Le thermomètre a été jusqu'à 26 degrés et demy, et pendant le mois de décembre, janvier et février presque toujours de 12 à 20; on ne peut ensemencer les terres qu'à la fonte des neiges, dans le mois de may; ce pendant la récolte, qui pour l'ordinaire est abondante, se fait à la fin d'aoust.

Fertilité du Canada. Le Canada est très-abondant ou toutes sortes de bestiaux, de bœufs, cochons, veaux, comme en France, le mouton, en général, moins bon, les perdrix admirables et en quantité, les lapins, on n'en voit point, les lièvres mauvais, le poil leur blanchit en hiver et devient roux Tété, la volaille admirable, beaucoup de canards, de bécas-

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sinéS, d'outardes, fort au-dessus de celles de Ffance, les bécasses médiocres, petites, l'ours bon à manger, la patte d'ours fait un morceau délicieux et recherclié, l'orignal, espèce d'élan, et le caribou, espèce de cerf, fort boiis surtout en pâté, le mufle est au-dessus de toutce(|u'on peut manger; on a aussi des pigeons et une quantité élotinante de toute espèce de manne pour le pays et dans l'arrière saison' des petits oiseaux appelés culs blancs, aussi bons et aussi délicats que les rouges-gorges de Verdun. Presque tous les légumes et herbages, counne en France y viennent bien, les pois verts pour faire de la purée y sont d'une qualité admirable, on n'y connoît pas les petits pois de Paris, on fait datis l'art-ière salsoli ses provisions d'heibages et de légumes pour tout l'hiver et ses provisions de viandes qui, étaht gelées, se gar- dent trois ou quatre mois, elles perdeht à la vérité un peu de saveur, et lorsqu'il arrive des dégels inattendus on est exposé de perdre ses provisions pour beaucoup d'argeht.

Le Canada ne produit presque aucun frUit, que des pommes admirables de toute espèce, principalement renettes, cp.l- villes et api ; le plus beau fruit est à MoUt-Réal dans les ver- gers de Messieurs de Saint-Sulpice ; des poifes, beaucoup de fraizeè, framboises et cerises, des melons, très-mauvaises noix qui viennent du côlé du Niagara, des châtaignes mé- diocres, et un petit fruit siuvagc appelé otoka don! on fait des confitures qui seroient trouvées délicieuses en France.

Le fleuve Saint-Laurent, les rivières et les lacs produisent abondamment du poisson dont beaucoup sont d'une grosseur éhorme ; le saumon y abonde; les truites fort rares; presque point d'écrevisses ; beaucoup d'anguilles très-bonnes; beau- coup de carpes et de brochets, inférieurs à ceux qu'on mange en France; beaucoup de poissons très-vanlés en Canada, mais qui n'approchent pas, silivant moy, de notre marée, quoitju'on vatite beaucoup les achégans, les poissons dorés et les rtlaskinorjgés ; On n'y trouve aUcun coquillage : vers Gaspé, de hiduvaises huitres, et vel-s les Trois-RivièreS on prend un petit poisson qui est très-bon en friture, qUe l'ori appelle petite morue; on le dit de même espèce que les grandes morues; je ne le crois pas. J'ay de môme ol; dis- puter que les saurnonneaux, que l'on mange à Basle et à Strasbout-g, sont d'une espèce difl'érente que les saumOhs. Le castor, animal amphibie, ayant été décidé maigre est d'ttne grabde Utilité, les Canadiens l'aiment beaucoup; il

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ressemble assez à du moutbn gras de BeauvMs; un gotit un peu fade ; * faut le relever avec une sauce piquante ; la queue est un def trois morceaux qui font les délices des Canadiens, et qu'on donne comme tout ce qu'il y a de plus rare arec le mufle d'orifïual et la patte d'ours.

Bois. On trouve beaucoup de bois propre à la construc- tion et à la charpente et à faire du merrain ; cependant les bâtiments conslruils à Québec ne sont pas en général de durée ; l'arbre le plus particulier du Canada est l'érable ; on lui fait des incisions dans le mois de mars, on en lire une eau dont on fait Une espèce de sirop très-rafraîchissant et fort sain ; on en fait un sucre ou cassonnade dont se servent quasi tous les habitans après l'avoir rafliné; on en fait des tablettes qu'on envoyé en France ; elles sont bonnes pour la poitrine.

Plantes. Il y a beaucoup de plantes rares dont les sau- vages connoissentfort bien les propriétés, il seroit à souhaiter qu'on eût quelques habiles botanistes qui les étudiassent aVec eux ; le capillaire est fort au-dessus de celui qu'on recueille en Europe: on atiribue beaucoup do propriété au cassis; \e Gin-Seng est Une plante dont on fait grand cas aux Indes ; la Compagnie des Indes en fait le commerce exclusif et n'en lait pas venir depuis (juclques années, en ayant trop envoyé; on prend une infusion des feuilles comme du thé; c'est un sto- machique.On croit que cette plante pourroit aider les faibles in actu veneris.

Animaux. On est fort incommodé en Canada d'une espèce de mouche plus grosse et plus venimeuse que Celles du Rhin ; on les appelle Maringouins.

On y trouve aussi le fameux serpent sonnette dont la qlieue est divisée par nœuds qui marquent les années et qui font du bruit en marchant; il paroît plutôt craindre l'homme que le chercher ; mais si on marche dessus sans s'en apercevoir, il mord, et sa blessure seroit mortelle si on n'y appOrloit le remède, qui est de déchirer la playe jusqu'à ce qu'elle saigne et y mettre du sel, dont les sauvages portent toujours un petit paquet au col par celte raison.

On ne trouve en Canada aucuns oiseaux rares; ce n'est qu'à la Louisiane et dans les Pays d'en Haut oui l'on Voit le pape, les cardinaux et les évoques , oiseaux ainsi nommés à cause de leur plumage rouge et violet, et d'une espèce de thiare qu'ont ceux appelés papes.

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Com:Mrce. Le commerce en Canada consiste en l'exploi- tation des denrées du pays et à faire venir de France celles qui sont nécessaires.

Importation de France. Ou tire de France toutes les bois- sons (et il se consonuno exlrêuiement de l'eau-de-vie), les huiles, les épiceries, une partie des lards et des jambons, toutes les étoffes, les toiles, la bougie, une grande partie de la chandelle; on en lire aussi le sel qui y est marchandise et les cartes à jouer qui ne payent aucun impôt en France; on tire aussy les ouvrages d'orfèvrerie et de bijouterie, n'ayant point de matière d'argent dans le pays; il s'y trouve cepen- dant trois ou quatre orfèvres qui ont de la peine à vivre; ils travaillent les parfitures et quelque^ piastres que le commerce illicite avec les Anglois introduit.

Depuis l'arrivée des troupes de France, comme elles sont payées en espèces, cela en a introduit dans la colonie il n'y en avoit presque point auparavant.

Les habitans se sont munis en couverts, écuelles et go- belets d'argent en faisant fondre des écus ; on tire aussi de France le papier.

Exportation pour la France. Pelleteries, Les marchan- dises que l'on porte du Canada en France consistent dans les forrrures et pelleteries.

Le castor est la plus abondante et celle dont on fait le plus grand commerce; la Compagnie des Indes l'a exclusivement.

Les martres sont fort inférieures à celles du nord ; et en Canada on fait une différence entre celles qui sont prises du côté du nord et celles qui le sont du côté du sud.

Les pecans, espèce de renard d'une pelleterie inférieure et que les fourreurs mettent souvent avec les martres.

Les renards, surtout les noirs, fourrure très-estimée et fort rare.

Les loups-cerviers en assez grande quantité.

Les chats sauvages.

Les ours, on en envoit beaucoup en France malgré la quantité de peaux qui se consomme dans le pays.

Il en est de même des peaux de chevreuil qui s'y con- somment toutes en temps de guerre; les sauvages et les Canadiens ne se servent quasi pas d'autres chaussures.

Rats musqués.

Productions. Le Canada fournit du tabac médiocre; assez pour la consommation du pays ; il en est de même du fer.

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Le roy a fait ét'iblir depuis quelques années des foyers qui sont administrés pour son compte; on lésa placés auprès des Trois-Rlvières; le pays ne produit presque aucun chanvre, article sur lequel on pourroit encourager l'industrie de l'ha- bitant.

Constructions navales. Il faudroit renoncer à construire des jjâlimcnls de guerre en Canada, mais y construire des bâtiments marchands qui dureroient moins et qui se donne- roient à meilleur marché.

Pêcheries. Un des commerces du Canada qui seroit le plus utile seroit celui des pêches que l'on pourroit établir au-dessous de Québec.

On fait la pêche de la morue vers Gaspé ; les Bayonnais ont quelquefois fait la pêcht de la baleine vers Kamouraska.

La pêche des loups-marins et des marsouins produit beau- coup d'huile, et il se fait un grand commerce de peaux de loups-marins.

Farines et boissons. Le Canada est obligé, dans les mau- vaises années et en temps de guerre, de tirer des farines de France ; dans les années abondantes il en fournit quelquefois aux îles de Saint-Domingue et de la Martinique, avec laquelle le Canada a un commerce, et lire de ces îles de la cassonnade, de la mélasse, des contilures sèches et des liqueurs; car le sucre royal se tire de France : la mélasse dont il se fait une grande consommation en Canada est la casse du sucre, elle est nécessaire pour faire la boisson du pays, que l'on appelle sapinette; elle se fait avec les feuilles d'un arbre appelé l'épinette ; on y met par barrique de cent dix pots, deux pots de mélasse ; la mélasse qui a une douceur fade est fort estimée des sauvages qui retendent sur leur pain, et c'est une espèce de confiture chez eux; le houblon viendroit en Canada; les Récolects de Québec sont les seuls qui ont une houblonnière, dont ils font de la bonne bière ; celle du pays appelée sapi- nette est très-rafraîchissante et très-saine, mais a un goût douceâtre mêlé d'amertume auquel on s'accoutume diffici- lement. On pourroit élever en Canada plus de bestiaux qu'on n'y fait, et en ce cas on pourroit y faire un commerce de bœuf salé; mais il faudroit pour cela faire un règlement pour diminuer le trop grand nombre de chevaux.

Chevaux et voitures. Tous les habilans, c'est ainsi qu'on nomme les paysans en France, ont beaucoup de chevauxet vont toujours en voiture. L'été on se sert toujours de voitures appe-

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lées calèches, ressemblant au^cambiatières d'Italie, et Thiver des voitures appellées carioles, espèces de traineaux pour aller sur la glace et sur la neige ; un seul cheval mène aisé- nient deux personnes dans ces sortes de voitures; ie trans- port des marchandises se fait l'été en barques ou canot et l'hiver en traineaux.

Mœurs et caractères des Canadiens. Les simples habitans seroient scandalisés d'être appelés paysans. En et't'et, ih' sont d'une meilleure éloiïe, ont plus d'esprit, plus d'éducation que ceux de France. Cela vient de ce qu'ils ne payent aucun impôt, de ce qu'ils ont droit d'aller à la chasse, à la poche, et de ce qu'ils vivent dans une espèce d'indépendance. Ils sont braves, leur genre de courage, ainsi que les sauvages, est de s'exposer peu, de faire des embuscades ; ils sont fort bons dans le bois« adroits à tirer; ils se battent en s'éparpillint et se couvrant de gros arbres; c'est ainsi qu'à la Belle-Kivière ils ont défait le général Bradock. Il faut convenir que les sauvages leur sont supérieurs dans ce genre de combattre, cl c'est l'affection qu'ils nous portent qui jusqu'à présent a conservé le Canada. Le Canadien est haut, glorieux, menteur, obligeant, affable, honnête, infatigable pour la chasse, les courses, les voyages qu'ils font dans les pays d'en haut, paresseux pour la culture des terres. Parmi ces mêmes Canadiens, on met une grande différence pour la guerre et les voyages d'en Haut entre ceux du gouvernement de Québec et ceux du gouvernement des Trois Rivières et de Mont-Réal, qui l'empor'.ent sur les pre- miers, et ceux de Québec valent mieux pour la navigation; parmy ces habilans , ceux qui voyagent dans les Pays d'en Haut sont réputés les plus braves.

Les manufactures de Carcassonne devroicnt travailler à faire des draps rouges et bleus pour s'attirer cette branche de commerce que l'on fait en Canada, en fournissant des couvertes aux sauvages.

GOUVERNEMENT DU CANADA.

Administration militaire. Un gouverneur général qui a l'autorité sur la Louisiane et l'Isle royale, il n'y a que des gouverneurs particuliers, qui cependant rendent compte à la cour et en reçoivent des ordres.

Deux gouverneurs particuliers à Mont-Réal et aux Trois-

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Rivières; le plus ancien commande dans le pays à défaut du gouverneur général. C'est pour l'ordinaire celui de Mont-R^al par l'ordonnance qui a réglé le service à l'arrivée des troupes de France; on leur a donné rang de colonel. Il n'y a point de gouverneur particulier à Québec, les appointemens en sont réunis à ceux du gouverneur général.

Trois lieulenans de roy, sçavoir à Mont-Réal, Québec H les Trois-RIvières. Ils ont rang de lieutenans colonels par la même ordonnance.

Quatre majors à Québec, Mont-Réal et lesTrois-Rivières, et un major commandant au Détroit; trois aides majors à Qué- bec, Mont-Réal et les Trois-Rivières; un capitaine de port à Mont-Réal.

Trente compagnies de soixante-cinq hommes , chacune composée d'un capitaine, d'un lieutenant, d'un enseigne en premier, d'un enseigne en second, un cadet à l'aiguillette, et trois sergens.

Une compagnie de soixante canonniers ou bombardiers, composée d'un capitaine, d'un lieutenant et d'un cadet.

Deux ingénieurs de la marine.

Les milices du pays.

Le gouverneur général a aussi une compagnie de gardes qui lui est payée; sa résidence et celle de l'intendant sont à Québec, leur séjour ordinaire. Us sont cependant logés l'un et l'autre à Mont-Réal.

Le gouverneur général s'y tient quasi toujours en temps de guerre, et il y monte toujours en temps de paix, ainsi que l'intendant, pour y recevoir les députations des sauvages, et régler leurs atTaires.

Administraiion civile. L'intendant , chargé de la grande police, de l'administration des finances et de tout ce qui con- cerne la marine; ses appointemens sont....

Un commissaire ordonnateur, résidant à Mont-Réal ; ses appointemens sont

Un contrôleur; ses appointemens sont

Administration de la justice. Il y a un conseil souverain qui juge en dernier ressort les appels des juges inférieurs. Ce conseil est composé du gouverneur général et de l'évêque qui ont les premières places, de l'intendant qui fait les fonc- tions de premier président, et qui a la troisième place, treize conseillers, dont un clerc, un procureur général, un greffier et quelques huissiers ; la place de greffier est bonne ; c'est

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le seul qui ait, outre six cents francs d'appointemens, des émoluments.

Les nppointemens de chaque conseiller sont de quatre cent cinquante francs, les trois premiers ont six cents francs, le doyen cnze cents francs.

Ceux du procureur général mille cinq cents francs , six cents francs pour montrer le droit; celui-ci a neuf cents francs de pension.

Les séances se tiennent dans la maison de l'intendant ap- pelée le Palais, tous les lundis. Les juges inférieurs ressortis- sant à ce tribunal sont le lieutenant général de Québec, celui de Mont-Réal et des ois-Rivières; le juge de l'amirauté de Québec, et le grand voyer. Le commissaire ordonnateur de la marine, résidant à Mont-Réal, a aussi une séance hono- raire à ce conseil, lorsqu'il se trouve à Québec.

La coutume de Paris est admise dans le Canada. Les loys du royaume y sont suivies, excepté sur le fait des mariages, les enfants des simples habifans sont autorisés" à se marier sans le consentement de leur père, les garçons à l'âge de seize ans.

Toutes les causes se jugent à l'audience ou sur rapport. Il n'y a ni avocats, ni procureurs, les notaires en servent ; les parties sont admises à plaider elles-mêmes leurs affaires; les audiences se tiennent à huis clos. Il y a des justices dans toutes les paroisses ; il y a un grand voyer, un grand prévôt, mais qu'on peut dire sans maréchaussée, n'ayant que quel- ques archers mal entretenus.

Gouvernement ecclésiastique. L'évèque, suffragant immé- diat du saint-siége, gouverne le Canada, la Louisiane et l'Isle royale; ses revenus sont

Le chapitre est composé de ; ses revenus sont de neuf

mille francs sur les avènements, cent pistoles sur l'hôtel de ville de Paris. Souvent le clergé de France lui accorde une pension. M. de Pontbriand a deux mille francs de pen- sion.

Les cures sont au nombre d'environ cent, depuis Kamou- raska, qui est la première en montant à Québec, jusqu'à Château-Gay, qui est au-dessus de Mont-Réal ; leur revenu consiste en casuel et en dîkne, sur le pied ordinaire de vingt- six pour un. On ne la prend que sur les grains et les légumes, que les habitans sont obligés de rendre net, réglé par un arrêt du conseil. Le revenu des moindres cures est d'environ mille

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à douze cents francs, et le revenu des plus considérables est de quatre mille francs; mais comme il y en a qui ne valent rien, dans les nouveaux établissemens, par le peu de défri- chement, Tévêque a la disposition d'un fonds de vingt mille francs, que le roy fait pour supplément de ses cures et bâtisses des église^.

Les ordres religieux qui sont en Canada sont les Jésuites, qui ont une belle maison à Québec et un hospice à Mont- Réaj; leur revenu est de

Ils ont les missions de

Ils sont actuellement et jésuites, censés de la province

de Paris.

Los prêtres du séminaire de Sainl-Sulpice sont seigneurs temporels de Mont-Réal et de son Isic ; ils jouissent en revenu d'environ quarante mille francs de rente, non compris les revenus des cures, qui servent à nourrir les prêtres qui les desservent. Ils desservent onze cures; ils gouvernent les mis- sions des Iroquois, des Nepissings et des Algonkins du lac, ainsi que celle de la Présentation. Ils sont acluelleincnt trenle- six prêtres, et dépendent du supérieur de Paris. Le roy don- noit six mille livres par an pour lever leurs missions; il les leur a ôtées en 1755, pour les donner à l'évêque jusqu'à ce qu'il eût une abbaye.

Les prêtres des Missions étrangères ont le séminaire de

Québec; ils desservent cures ; ils gouvernent les missions,

leur revenu est de ; ils sonL actuellement prêtres

Les religieuses Ursulines ont deux couvents, l'un à Québec et l'autre aux Trois-Rivières ; leur église est très-belle à Québec, riche en ornemens ; on y élève des demoiselles ; on y tient des écoles externes, et on y travaille beaucoup en broderie, ainsi que quantité des ouvrages faits dans le goût des sauvages, et que l'on envoyé comme s'ils les avoient faits. Celles des Trois-Rivières ont encore plus de réputation pour ce genre d'ouvrages. Les Ursulines sont au nombre de... et ont de revenu

Hôpitaux. Les hôpitaux sont au nombre de cinq en Canada, tous bien administrés par des dames religieuses; le plus ancien est l'Hôtel-Dieu de Québec, fondé par une du- chesse d'Aiguillon; le plus considérable est l'hôpital général de Québec; on n'y a guère que des filles de condition qui se consacrent à servir les malades. Ces religieuses suivent la règle de saint Augustin.

I.

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L'hôpital des Trois-Rivières est composé de et servi

par les Ursulines, qui en môme temps tiennent les écoles.

L'hôpital pour les malades à Monl-Réal est servi par des dames qui suivent la règle de saint Augustin, mais qui sont du môme ordre que les dames qui sont en France.

Il y a aussi un cinquième liô|)ilal gouverné pf»»* des sécu- liers, à qui l'évoque a permis de vivre en communauté sous la direction de MM. do Saint-Sulpice; c'est dans cette maison que l'on enl'orme les lllles de mauvaise vie, et que l'on a établi l'hôpitiil dos vénériens, ot pour les pauvres hors d'état de travailler. Toutes ces maisons sont mal rentées et auroieiit de la peine à vivre, si le roy ne les soutenoit, ainsi que le«» charités des tldèles.

Il y a aussi à Québec et à Mont-Réal deux congrégations appelées, dans quelques provinces de France, Sœu rs Noires ; elles tiennent des écoles pour apprendre à lire, écrire et travailler. Il y en a de répandues dans presque toutes les paroisses. Mgr l'évoque, par un zèle louable, voudroit qu'el- les apprissent aussi la pharmacie, pour ôtre utiles aux habi- lans qui sont assez dénués de secours.

Le roy entretient pour l'ordinaire un médecin à Québec, avec deux chirurgiens, un à Mont-Réal et un autre aux Trois- Rivières.

Instruction publique. On est peu occupé de l'éducation de la jcunessse, qui ne songe qu'à s'adonner de bonne heure à la chasse et h la guerre; cependant outre des écoles parti- culières, les jeunes gens vont apprendre un peu de latin aux Jésuites de Québec. Messieurs du séminaire de Québec, tenu par des prêtres des missions étrangères, ont un pensionnat avec des répétiteurs, et les jeunes gens vont au collège des Jésuites.

Messieurs du séminaire de Saint-Sulpice, qui sent à Mont- Réal, ont aussi un prêtre occupé à montrer le latin à quel- ques jeunes gens.

Il faut convenir que, malgré ce défaut d'éducation, les Ca- nadiens ont de l'esprit naturellement ; ils parlent avec aisance, ils ne sçavent pas écrire, leur accent est aussi bon qu'à Paris, leur diction est remplie de phrases vicieuses empruntées de la langue des sauvages oU des termes de marine, appliquées dans le style ordinaire; quoiqu'il n'y ait point de maîtres à danser dans le Canada, les femmes qui ont bonne grâce et de l'oreille dansent assez bien.

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Le roy entretient un professeur d'hydrographie à Québec;

c'est le père Jésuite, qui remplit cette pince aux nppoin-

temens de et le sieur Pellc^rin, capitaine en second

du port est chargé de former des pilotes pratiques du fleuve Saint-Laurent en les exerçant pendant l'été.

En il se forma une société littéraire par les soins de

Messieurs de

DOMAINE DU ROT.

Impôts et revenus. Le rOy ne lève d'autre impAt en Ca- nada que quelques droits d'entrén éfablis seulement depuis M. Hocqunrt, intendant, et une taxe sur les habitansde Qué- bec pour l'entretien des cazernes.

Le revenu du roy en Canada peut être d'environ cent mille écus. Le revenu du roy varie, dépendant du droit d'entrée et, par conséquent, du plus ou moins de marchandises que l'en fait venir de France, ce qui varie; beaucoup en temps de guerre. En 1755, les droits d'entrée ont été à quatre cent mille francs; en 1756, à cent vingt mille francs.

Le roy a dépensé, année commune, depuis l'établissement de la Belle-Rivière jusqu'en 1755 : en 1755 , en 1756....

Outre que le roy est toujours volé, et qu'on ne s'occupe pour l'ordinaire qu'à enrichir des particuliers, rien ne se fait en Canada par corvée, et l'habitant est payé de ses tra- vaux, soit pour voitures, voyages, transports, charrois, exprès envoyés pour porter des ordres ; on iiaye les frais de voyage à un homme qui a l'air de voyager pour le service du roy.

Le roy , outre la consommation de la poudre pour son service, est obligé d'en faire vendre aux sauvages et aux ha- bitans; la compagnie des Indes en vend aussi, les particuliers peuvent aussi en vendre. En général, le commerce en gros et en détail est exercé par tout le monde ; c'est ce qui est cause qu'il y a moins de distinction d'état, et on y regarde comme nobles toutes les familles d'officiers.

Principales familles. Celles qui ont le plus de relief dans le pays, sont les plus anciennes, ou celles qui viennent du

régiment de Carignan qui passa dans la colonie en 1665

La plus distinguée, quoiqu'elle ne soit pas la plus ancienne, est les Longueil, même famille que M. de Bienville, gouver- neur de la Louisiane, et M. d'Iberville, capitaine de taisseau;

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leur nom est le môme, et ils viennent d'un marchand de Bouen*.

Les Herlel, Beaubassin, Rouville, familles du môme nom, braves gens sans être nobles.

Les Rcpentigny,iV/on/e55on, Courte-Manche, etc.*,dontlc nom est Legardeur, sont originaires de Nunnundie; les Noyau*, dont le nom cstCharvoix ; les Yillers, dont le nom est Goulon; les fiois-Heberl\ sont tous originaires de Normandie; les Lacornc, dont le nom est Chapt, originaires d'Auvergne; les Sabrevoix sont originaires du Maine; les Contrecœur vien- nent d'un officier du régiment de Carignan, ainsi que les Lanaudière, les Deschaillons , Saint-Ours; ces derniers sont des bons gentilshommes du Dauphiné, ce sont les meilleures familles du pays. Celle de Péan est la plus riche famille bour- geoise de Paris*.

Presque toutes ces familles sont liées de parenté ; les ma- riages se font quasi toujours entre parents, et l'évêque rend dispenses volontiers , et cela sans avoir recours à Rome, à moins que ce ne soit entre germains et de l'oncle à la nièce.

Monnaye de cartes. La raonnoye du pays est de deux es- pèces. Avant que les dépenses augmentassent, on se servoit de monnoye de cartes; la forme dont elles sont coupées in- dique la valeur numéraire de cette monnoye; il y a des pièces de sept sols six deniers, de quinze sols, de trente sols, de trois francs, de six francs, de- douze francs, de vingt- quatre francs.

Elles ont une marque, et elles sont signées par le gouver-

1. Erreur de Dieppe : « Registre des mariages de Villemarie 28 mai 16&4. Charles Le Moyne de la paroisse de Saint-Jacques de Dieppe, diocèse de Rouen, épouse Catherine Preniot de la paroisse de Gonnerville, diocèse de Rouen. » (Communiqué par M. l'abbé Faillon. Charles Le Moyne fut anobli en 1668.

2. Pierre Legardeur, écuyer, sieur de Repentigny, venu en 1636 dans la colonie , descendait de Jean Legardeur , sieur de Croisilles , anobli en 1510.

3. 1694. Pierre Payen de Noyan, de la ville d'Avraiiches, épouse Jeanne Le Moyne de Lonpueil.

4. Nobles de 1534. Élection de Montivilliers. Généralité de Rooen.

5. Il y avait en efTet un René Péan de Mesnac à Paris il était notaire comme le père de Bougainville. Mais les Péans sont de l'Orléanais et de la Touraine. En 1725, ils prétendaient à la noblesse par actes faits depuis plus de cent ans , dans lesquels la qualification de noble-homme était donnée à

eurs ancêtres, soit à Orléans, soit & Tours il y avait eu des échevins de leur famille.

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neur général, l'inlendanl et le contrôleur. Il y en a dans le pays pour un million.

Monnaye de papier. Les dépenses du roy ayant augmenté, on a imaginé de faire la monnoyc de papier, qui est imprimé à l'imprimerie royale à Paris, et signé par l'intendant. Il y a des billets de vingt sols, de trente sols, de trois francs, de six francs, de douze francs, de vingt-quatre francs, de quarante- huit francs, de cinquante francs, de cent francs, et l'on a fait cette année-cy des billets de quatre-vingt-seize francs.

Utlres de change. Tous ceux qui ont de l'argent à faire passer en France ou des payemens, rapportent h;ur papier au Trésor, dans tes pn!micrs jours d'octobre, et l'on leur donne des lettres de change sur le Trésor royal, payables en trois termes, de sorte que dans quinze jours presque tout le papier se rnppoite. Celle monnoye a la commodité d'ôlre portative et le désagrément d'être périssable par beaucoup d'nccidens. Il y en a toujours une partie qui n'est pas rap- portée, qui est celle que les particuliers gardent pour leurs dépenses courantes, et celle qu'ils ne sçauroient rapporter, les ayant perdues par accident. Ce dernier objet fait un profit au roy qu'on croit pouvoir évaluer, année commune, à

Depuis l'établissement de te papier, on compte qu'il en a

été fait , et on compte qu'au mois d'octobre dernier il en

restoit dans le pays qui n'a pas été rapporté la somme de

Toutes les dépenses du roy sont payées avec cette monnoye de papier; il n'y a que les seules troupes de terre qui le soient en espèces d'or ou d'argent, que l'on fait passer en cette occasion en Canada.

Il en a été employé jusqu'au 1" janvier 1757... ; on estime que ce qui en est resté dans le pays peut être environ

Il sera fort aisé au gouvernement de faire rentrer ces es- pèces au Trésor en donnant des lettres de change au premier terme à ceux qui en rapporteront.

Poudrerie. On appelle poudrerie en Canada des terres il fait un vent considérable, pour élever des nuages de neiges, qui, quelquefois, obligent les voyageurs de s'arrêter. Cela n'approche pas dos temps qu'il fait dans les montagnes du Dauphiné et de Savoye, il y a des avalanches qui enter- rent les voyageurs et quelquefois des hameaux.

Industrie. Nous n'avons encore établi en Canada aucune espèce de manufactures , et il y a bien loin de notre indus-

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trie à celles des colonies anglaises, et leur attention pour la population de ces mêmes colonies.

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ÉTAT DES POSTES OU l'ON FAIT LA TRAITE.

Postes du Nord. 1. Thémiskaming (on n'y met point commandant); 2. Michilimakinac, 3. à la Baye, 4. la Mer- d'Ouest, 5. le Sault-Sainte-Marie accorde la seigneurie et le commerce exclusif au sieur Debonne à perpétuité, à lui et aux siens, 6. Ghaouamigon, 7. Kamanisligouya, 8. Nepigon, 9. Michipicoton (on n'y met point de commandant), lO.Saint- .foseph, 11. la rivière des Illinois (on n'y a point mis jusqu'à présent de commandant). Le général vend des congés aux commerçans pour y aller commercer avec les sauvages.

Postes du Sud. La Présentation, Frontenac, Toronto, Niagara, le petit fort de Niagara; la traite s'y fait pour le compte du roy; le Détroit. On y vend des congés aux com- merçans. Les Miamis, à soixante lieues au-dessus du Détroit; les Ouyatanons, à soixante lieues au-dessus des Miamis, sur la rivière de Ouabache; la Presqu'Isle, la rivière au Bœuf, le fort Duquesne, le fort Machaul; le loy y fait la traite. Au- dessous de Québec il y a les postes de Tadoussac et de Sague- nay qui sont au compte du roy; le Mingan engagé au sieur Volant sa vie rluranl; Labrador au sieur Brouague; Anti- costy, M. Hocquart y a une concession depuis l'année der- nière; on tire aussy du castor, de l'Acadie, et M. de Bois- Hebert en a envoyé quelques paquets (on appelle paquet de pelleterie quatre-vingt-cinq francs), et le commerce se fait par paquet de castors, chevreuils, peaux d'ours, en payant à tant la livre et en prenant bonne, mauvaise» médiocre ; les autres pelleteries s'achètent à la pièce.

Commerce avec les sauvages. La compagnie des Ind^îs donne aux sauvages des couvertes pour eux, pour leurs fem- mos, et des machicottés en draps rouges et bleus avec des bandes noires; elle est obligée de les prendre dans les manu- factures d'Angleterre ; elle a voulu essayer de les prendre dans celios de Carcassonne, mais les sauvages n'en ont pas voulu. Ce n'est pas que les draps n'en fussent meilleurs et n'en fussent aussi beaux pour les couleurs, mais on n'a pu encore y faire les bandes d'un beau noir; en général nos marchandises valent mieux pour la qualité que celles des

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Anglois, mais les sauvages préfèrent les leurs : ils attrapent mieux leurs goûts. Ils aiment mieux nos fusils appelés Tulle*.

Les postes valent moins en temps de guerre qu'en temps de paix ; les marchandises de France sont à un prix trop excessif, et les sauvages qui sont employés à la guerre et qui sont équipés par le gouverneur général chassent moins.

Moyens de communication. Il y a des postes établis de Québec à Mont-Réal ; on paye les voitures à une seule place sur le pied d'un cheval, à deux sur le pied de deux chevaux, et on les paye à raison de vingt sols par lieue pour un cheval, et on porte les bardes avec des petites charrettes, on traîne pendant les glaces, qui vont avec un cheval en relais. Ces voitures portent de trois à quatre cents, presque tout le monde voyage en poste, et personne ne la court à franc-étrier.

Un canot de voyageur porte pesant; il faut pour le

conduire homme. Un bateau porte pesant; il

faut pour le conduire hommes, et il peut avoir

passagers.

Toutes les seigneuries, ayant été concédées également, sont de deux lieues de long, et toutes les habitations concé- dées dans ces seigneuries, de trois arpens de large sur trente de profondeur.

Mesures de lieues, habitations èparses. La mesure des lieues en Canada est, comme la lieue commune de France, de deux mille quatre cents toises. Toutes les habitations sont éparses ; il n'y a que deux ou trois villages elles soient rassemblées. L'habitant a plus songé à sa commoùilé qu'à se défendre contre l'ennemi en se rassemblant. Il y a eu sou- vent des ordres et des projets de la cour pour rassembler des villages; cela a toujours souffert des contradictions. M. de la Galissonnière est un des gouverneurs généraux qui a eu le plus à cœur ce projet, sur lequel il y auroit, je crois, un party mitoyen à prendre fort sage, qui seroit de ne l'exiger que dans de nouvelles concessions, ou dans les villages abso- lument sur la frontière.

Abus sur les bois. Quoique les bois soient bien comujuns en Canada, il faudroit faire des règlemens pour l'exploita- tion çt consommation de ceux qui sont à portée des villes, autrement le bois y sera bientôt rare, et on aura de la peine à le tirer; il faudra le faire venir de loin.

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1. De la fabrique d'armes k feu de Tûllft (Qorrèie).

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Hospitalité. Il n'y a nul cabaret sur la route de Monl- Réal à Québec, la seule qui soit beaucoup pratiquée en Ca- nada; mais Ton trouve des maisons de bons habitans qui exercent noblement rhospilaiité, et on les paye encore, plus noblement et arbitrairement. Quand on va dans les Pays d'en Haut ou du c<Mé du fort Saint-Frédéric, on campe avec des petites tentes de toiles ou des prélats , et souvent les voya- geurs ne se servent que de leurs canots.

Justice. Le procureur .général est pour l'ordinaire un avocat du parlement de Paris à qui on donne cette place. Outre ses appoinlemens ordinaires, il a 600 fr. pour mon- trer aux conseillers le droit par forme de conférence.

Maisons de fous. Il y a un établissement à Québec pour enfermer les fols; il n'y a des hôpitaux en Canada que pour les malades. Il n'y en a point pour les pauvres. Il en pour- roitêtre de môme partout; les hôpitaux des pauvres ne ser- vent qu'à autoriser la fainéantise ; et il n'y a en effet presque point de pauvres et on ne demande ni dans les rues ni dans les églises, mais ceux qui sont dans le vrai besoin demandent avec des permissions du curé.

Agents de la compagnie de^ Indes. —La compagnie d(3S Indes entretient deux agents, un à Québec et Tautre à Mont-Réal; un contrôleur et un visiteur, ce dernier a 1000 fr. d'appointe- mens. On envoyé en France les peaux de castors par ballots, chaque ballot du poids de 120 livres. Chaque année on envoyé 1200 ballots qui, à 4 fr. la livre font de 5 à 6 mille francs, à la vérité il faut être en temps de paix, cette année cy il n'y a pas eu plus de cent mille livres en poids pesant de casior et encore la prise de Choueguen y a contribué.

Montant du commerce du Canada. Le commerce du Ca- nada en marchandises d'exportation peut aller en temps de paix à environ deux millions. Celui d'iu)portation à environ trois millions. Il est aisé de le déterminer par les droits d'en- trée établis à Québec; droits qui valent 100 mille écus par an au roy.

Richesse de la colonie. La guerre enrichit le Canada, avant la guerre de 1741 le Canada devoit trois ou quatre cent mille francs à la France et à la fin de la guerre la France lui de- voit plus d'un million. Cette guerre cy peut affaiblir le Canada par la destruction des hommes, les soldats qu'on y laissera mariés les remplaceront et il y aura dans la colonie une richesse immense et elle ^eroit encore plus grande si les

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grandes fortunes n'étoient pas exclusivement entre les mains de trois ou quatre particuliers qui se trouvant trop riches pour le Canada, les emporteront en France.

Impositions. Il n'y a d'autres impositions en Canada qae les droits d'entrée et une très-modique taxe que l'on paye à, Québec pour l'entretien des casernes, aussi le roy paye dans cette ville le logement de ses officiers. Monsieur l'intendant l'a réglée à dix écus par mois par officier cette taxe-là.

Fortifications. A Mont-Réal il y a 6500 fr. affectés pour l'entretien des fortifications, de cette taxe messieurs du sémi- naire en payent 2000 francs ; quoique messieurs du séminaire soient seigneurs de Mont-Réal ils n'ont que les droits utiles. Ils ont même les droits d'échange pour les lois, mais la jus- tice s'y rend au nom du roy.

Bailliages. Dans les trois baillages il n'y a qu'un lieute- nant général, et un procureur du roy et on prend les notaires pour assesseurs.

Concessions. Toutes les terres que le roy possède sont réunies à son domaine et peuvent être concédées à d'autre, si dans l'an et jour on n'y a placé des habitans faisant feu. Le roy se réserve toujours d'y prendre les bois de chêne, qu'il juge à propos. Il paye les autres sur un pied réglé, mes- sieurs du séminaire de Saint-Sulpice prétendent avoir une exemption pour les leurs.

Les gouverneurs généraux ont paru jusqu'à présent plus occupés d'asservir cette colonie que de la rendre florissante.

Pavé. Québec et Montréal devroient avoir déjà des hôtels de ville, aussi il y a peu de police et nulle occupation pour leur agrandissement et embellissement. M. Bigot a fait com- mencer à Québec à paver quelques endroits.

Incendies fréquents. Les incendies sont fréquens dans ces deux villes et on n'y a fait encore aucun règlement pour y remédier, que celui de défendre de bâtir et de réparer dans les villes les maisons en bois. Il est encore nécessaire de per- mettre qu'on en construise des mêmes à la campagne, la colonie n'étant pas assez riche ny assez bien fondée et la pierre n'y étant pas également commune, on pourroil y éta- bUr des pompes.

Postes de la mer de l'Ouest. Le poste de la Mer d'Ouest est le plus avancé du côté du nord, nous y sommes au milieu avec beaucoup de nations sauvages avec lesquellc nous com- merçons, ils ne laissent pas que de commercer aussi avec les

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Anglois du côté de la baye d'Hudson, nous y avons sept forts de pieux, établissemens confiés pour l'ordinaire à la garde d'un ou deux officiers, sept à huit soldats et quatre-vingts Ca- nadiens engagés. On peut pousser encore plus loin les décou- vertes que nous y avons faites et se communiquer jusqu'à la Californie.

Le pays est très-abondant en toutes sortes d'animaux et de gibiers. On y trouve des cerfs, beaucoup de cignes dont on assure que la chair est bonne à manger. Le gros commerce du pays est en peaux de castors et martres, en peaux d'ori- gnal dont on fait des buffles et le poil sert aux différens ou- vrages des sauvages en espèce de broderie. L'orignal passe communément pour être le même animal que l'élan. On y trouve aussi des peaux de caribous, animal qui passe pour être leméme que le renne de Moscovie; on en fait des souliers, il en vient beaucoup plus du côté de Nepigon que partout ailleurs ; on en rapporte aussi quelques peaux de bœufs illinois, animal de même espèce et de même goût que nos bœufs, mais qui a une bosse sur le dos et une laine frisée comme les cheveu:: des nègres. Ces peaux valent encore mieux que celles d'ours . ' >r faire des sacs ; les sauvages d'en Haut se servent de ces peaux dont ils font des robes, c'est ce qu'on appelle le cas- tor gras, plus estimé que l'autre parce qu'il est plus facile à travailler et employer pour les manufactures de chapeaux. Un des commerces de ce poste est en Pauls ; c'est une nation sauvage que l'on estime au nombre de 12000 hommes; les autres nations lui font la guerre et nous vendent leurs escla- ves, c'est la seule nation sauvage que nous croyons pouvoir traiter de même.

Sauvages. Aouapou, terme sauvage employé par l'usage en Canada dans la langue françoise pour exprimer l'habille- ment complet que l'on est obligé de donner à un sauvage, il consiste dans la couverte, la chemise, les mitaines, les souliers et le brayet; quand on y joint le capot, c'est présent.

L'équipement est coiume pour les femmes à l'exception qu'au lieu d'un brayet on leur donne un jupon court appelé machiootté, et si un jeune homme manquoit de courage on lui défendroit d'aller à la guerre, et on lui imposeroit par ignominie de porter le machiootté ; les Cinq-Nations ayant jadis vaincu les Loups, les adoptèrent, leur défendirent d'al- ler à la guerre et leur ordonnèrent de porter le machicolté. Ces mêmes Loups attaqués par les Anglois il y a quelques an-

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nées et s'étant bien battus on leur a ôté le machicotté et on leur a rendu le brayet.

Apichimon, tonne sauvage usité dans la langue françolse l>ui'mi les Canadiens pour exprimer l'équipement d'hiver, il y a de plus une peau d'ours; une peau de loup marin, des raquettes, une traine, un collier de portage, des mitaines, etc.

Courses à pied. Il se fait au Détroit des courses à pied de sauvages et de Canadiens, aussi célèbres que celles des che- vaux en Angleterre, elles se font dans le printemps, commu- nément il y a cinq cents sauvages, quelquefois jusqu'à quinze cents ; la course est d'une demi-lieue aller et revenir du Dé- troit au village des Poutéoiiatamis, le chemin est beau et large. Il y a des poteaux plantés aux deux extrémités, les paris sont très-considérables et consistent en des paquetâ de pelleteries contre des marchandises de France et à l'usage des sauvages.

Le plus célèbre Canadien qui ait couru et qui gagnoit les sauvages est le nommé Campo ; sa supériorité est si reconnue qu'il n'est plus admis aux courses.

On trouve dans les mœurs des sauvages des traces des an- ciens usages des Grecs, principalement je crois toujours voir dans leurs mœurs et coutumes guerrières celles des héros de l'Illiade et de l'Odyssée, quelques-uns d'eux ont la coutume comme les Hébreux de séparer les femmes dans dos caban- nes distinctes des leurs et de ne pas habiter avec elles lors- qu'elles ont leurs règles. La séparation de maison est peut- être trop forte, mais de ne pas habiter est dans les principes de la saine physique et de l'amour de l'humanité pour ne pas procréer une malheureuse postérité destinée à v^vre avec des infirmités.

Le roy donne beaucoup de présens aux sauvages des Pays d'en Haut, cela coûte année commune 150 000 francs; ou leur fournil leurs besoins en échange de pelleteries, ce qui s'appelle faire la traite, coutume qui enrichit les particuliers à qui il est donné de la faire dans les postes ; dans quelques-uns le roy s'est réservé lui-même le commerce, et comme il la faitdésa- vantageusement par la seule raison qu'il est roy, le com- merce lui revient par an à 100 000 écus de perte. Ces dé- penses sont encore fort au-dessous de celles que l'on fait en temps de guerre pour équiper, armer, nourrir, gratitier, donner des colliers tant à nos sauvages domiciliés, qu'à ceux du Pays d'en haut quand nous voulons les faire descendre.

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!• Route de Montréal à Frontenac. Cet itinéraire est fait la marche de M. le marquis de Montcalm.

Le ^i, à la Chine gros bourg à trois lieues de Mont- Real sont les hangards, magasins du roy pour y embarquer tout ce qui va dans les pays d'en haut, la rivière n'est pas naviga- ble depuis Mont-Réal ; on propose depuis longtemps de faire un canal qui épargncroit beaucoup d'argent au roy obligé de tout faire transporter par terre, de Montréal à la Chine et ôteroit aux plumistes écrivains et commis, le moyen d'avoir des équipages aux dépens du roy.

Le 22, Journée de huit lieues pour venir à la pointe Cou- longe après avoir passé :

Vis-à-vis l'isle d'Orval à deux lieues de la Chine;

La traverse de Château-Gay;

L'isle Perot qui a une lieue de long;

La traverse des Cascades ;

Les Buissons, rapides ; forte course ; l'on porte par-dessus le coteau les canots et les bagages.

Dans toute cette route, la navigation est fort difficile, mais on trouve les plus beaux points de vue du monde. La rivière est remplie d'isles bien boisées, mais le lit en est embarrassé par des roches presque à fleur d'eau, retrécy d'ailleurs par ces isles. Il y a pendant près de quarante lieues des cascades et rapides presque continuels ; aux cascades, la rivière se par- tage en deux branches, celle du sud se nomme la grande Ri- vière ou rivière des Outaouas, on va à Michilimakinak en la suivant; l'autre branche conduit à Frontenac et aux Ilinois par des lacs, la terre qui sépare ces deux rivières est une presqu'isle quia trois cents lieues de long et va jusqu'au Dé- troit; cette terre dans sa plus grande largeur peut avoir vingt-cinq lieues.

A commencer aux Cascades, il y a une paroisse nommée Saint-Joseph, dont messieurs de Longueil sont seigneurs. Elle a douze lieues de long et s'étend jusqu'à la Pointe au Bau- det. Les terres en tont excellenlesà la côte du sud, à prendre aussi aux Cascades est une seigneurie appartenant à M. de Vaudreuil, sans paroisse; les habitans vont àcelledu lac des Deux Montagnes, la traversée est d'une lieue.

Le 23, parti de la pointe Coulonge.

Le coteau des Cèdres, rapide long de demy-lieue; on y traîne les voitures avec beaucoup de dangers et de peine. Il . a portage au-dessus d'un petit fort de pieux presque aban-

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donné et qu'il faudroit réparer contre les courses des Agniers; le Coteau du Lac a trois lieues, rapide moins long que celui des Cèdres, portage, on entre dans le lac Saint-François qui est à sept lieues des Cascades et il y a sept lieues de long au fond du lac, sur la gauche il y a une rivière qui conduit après quinze lieues à une mine qu'on croit d'argent. Passé aux ar- bres Matachés, à l'anse aux Bateaux.

La pointe aux Foins les habitans des Cèdres viennent les faire et les vont c' iirher l'hiver sur les glaces.

La rivière au Baudet, l'anse au Baudet, journée de huit lieues depuis le lac Saint-François jusques à la Chine ; la ri- vière ne prend pas, tout au plus les bords, le lac prend tou- jours, et la rivière jusqu'au pied du Long Sault.

Le 24, passé à la pointe à Laniorandière; l'isleaux Raisins; entré dans les chenaux à trois lieues de l'extrémité du lac. On aperçoit le fort Saint-Régis, qui est sur la rivière à la Mine; le fort est de pieux, établi en 1751. Les jésuites y ont une mission pour y établir quelques Iroquois; beau canton de chasse ; on trouve dans les chenaux le rapide, appelé le Chenail écarté, le moulinet très-dangereux. La pointe Maline;

la pointe au May ; la rivièr-i de ; l'isle à la Savate;

les Mille Roches, au-dessus desquelles on campe : journée de dix lieues.

Le 25, le rapide du Moulinet ; l'isle aux Têtes, ainsi nom- mée d'une exécution que M. de Frontenac y a fait faire ; le petit chenail du Long Sault ; le Rigolet ; le rapide du Long Sault portage de demi-lieue; le Grand Campement; la pointe au Fer à Cheval ; le Grand Remou ; le Gourant ; la pointe Sainte-Marie ; l'isle au Chat ; la Grosse Roche ; le Rapide plat, au-dessus duquel on campe ; marche de neuf lieues.

Le 26, la pointe à Colas ; la pointe au Borgne ; le courant de Sainte-Marie; la pointe aux Iroquois; la Presqu'isle ; la pointe à Cardinal ; les Calots un rapide facile ; l'anse aux Perches, ainsi nommée à cause que, n'y ayant plus de rapide, les Canadiens jettent les perches pour se servir des rames; la pointe à l'Ivrogne, l'isle aux Galots ; la pointe à la Galette ; le fort de la Présentation.

La cour avoit défendu tout établissement françois au delà du Long Sault. L'abbé Piquet a obtenu une concession de 12 arpens; il y a fait construire un fort de pieux carrés flan- qué de quatre petits bastions, palissade en dehors et M. l'abbé Piquet avait commencé un retraiLchement extérieur

HEV. UAR. MAI 1861.

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avçc un fossé pleii) d'ei^y ; ^ côté (]u tort ^st un village sau- vage habile par cent feux ou cabanes iroquoises et des Cinq- dations que Tony a attirées el baptisées. Le marquis deMont- calrn y trouva des prétendus ambassadeurs des Cinq-Nations avec qui il tint un conseil et qu'il envoya à Monl-Réal en écri- vant à M. le niarquis de Vaudreuil de les considérer plus comme des espions que comme des ambassadeurs de l'Anglois.

Le 27 les sauvages de la PréseJitation chantèrent la guerre; pn leur accorda iiiie vache et un baril de vin pour faire le festin de guerre. Au dépari du marquis de Montcalm, ceslro- quois se mirent en baye, sous les armes; un d'eux ballant aux champs, les chefs saluant {\c l'esponion, et ils (ircnl trois décharges de mousquelerie après avoir passé la pointe au Baril, â trois lieues du fort. On vint camper cinq lieues plus loin.

Le 28, après avoir passé la Presqu'isle, h Tonuiata, le Petit Détroit; la pointe au Baptême, ainsi nommée parce qu'on y baptise ceux qui n'y ont janiais passr, comiiie sur le Grand Banc ; les Mille Iijles; à l'anse aux Corbeaux; à i'isle avi?^ Ci-' Irons; campés à I'isle au Cauchois.

Le 29, après avoir passé le Petit Rocher, I'isle au Cerf; I'isle aux Cèdres; la pointe de Mont-Réal, nous sommes eritrép dans la baye de Kalarakoui, et arrivés sur les dix ht-'Ures du matin au fort de Frontenac.

Depuis le lac Saint-François jusques à Frontenac le pays abonde en poissons acl]igans,poi' sons dorés, carpes et bar- bues, l'ours el le chevrtuil y sont liés comnu'ns. On trouve beaucoup de marais l'on lue outardes, cignes, grues, ca- nards noirs, canards dils de France, canards gris, branchus,la sarcelle à ailes bleues el vertes. Aux environs de i'isle de To- niata, les sauvages tout une pêche abondante d'apguilles.

Le lac Ontario, a cinquante lieues de traverse, trente dans sa plus grande largeur, et deux cents de lour.

DeFrontenac à Cliouegucn. De Frontenac à I'isle de la Foresl, pn traverse de I'isle de laPoresl à I'isle au Chevreuil; del'isieau Chevreuil à I'isle aux Galops; de I'isle aux Galops h laTerredu Sud, ou à la baye de Niouré; de la baye de Niouré on côtoie le sud pendant dix-sept lieues jusqu'au Choue^uen et l'on trouve plusieurs rivières qui se jettent dans le lac, dont la première s'appelle la rivière à Monsieur le Comte, ensuite la rivière au Sable, qui est si abondante ei^ saumons qu'au mois

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de juin et de septeml^re on les tue à coups de bâtons. La troisième rivière qu'on trouve s'appelle la rivière à la Plan- che. On trouve ensuite la rivière à la Grosse Écorce à cinq lieues de Choucguen, et à trois lieues de Choueguen, l'anse aux Cabanes, l'année a campé, allant au siège de Choue- guen, et à une pelile demi-lieue la petite anse l'armée a campé pour investir celte place.

La rivière de Choueguen est appelée aussi la rivière des On- nonfagués.

On voit plusieurs qiseaux de proie sur le lac Ontario, beau- coup d'aifiles, et, suivant M. de Noyan, un oiseau qui a le plumage du corhr'iu, la grosseur et la ligure du dinde. C'est l'oiseau qui vole le plus haut et le [ilus vite; il se fait sentir d'un quart do liene et il l'appelle l'oiseau picquant.

Communication entre r Europe et l'Ainérique par terre. La cour do Suède envoya, du temps que M. de La Galissonnière était gouverneur général, le sieur Kalm, de l'académie des curleu)^ d'Upsid, faire des observations astronomiques et physiques. Co savant était persuadé qu'il devait y avoir une compmiiication entre l'Europe et l'Amérique et que les sau- vages avaient une origine commune avec les Tartarcs. Il se fondait sur ce qu'il assurait que beaucopp de mots d'un usage con^piun, tels qpe ceux de couteau, fpu, etc, étaient les mêmes on langue abenaquise qu'en langue tartare.

LOUISIANE.

Cette colonie est encore plus dans l'enfance, pour ainsi dire, que le Ganadf^, daps un beau climat, riche par ses pro- ductions. Il y ^ deux villes sans fortifications, la Nouvelle- Orléaijs,, belle, des rues bien alignées, une grande, belle place, avec deux corps de caserne. On devrait y faire une en- ceinte, pe ser|iil-ce qu'un fossé palissade. La Mobile, petite ville co!i:me les Trois-Rivières ûv Canada, quatre bourgs: jos Illinois, les Alibamons, Natcliiloclies, la Pointe Coupée. L'indigo, )es mourie^'?, |ficire,les bois, sont les richesses pays, qui produit de tout en aboudanco ; le tabac meilleur que la Virginie. Vn compierce avec le Mexique, le pays difficile à conquérir par l'Anglois; les bâtimens ont peine à y aborder; pays aquatique. Des digues, comme en Hollande, en submer- gent une parti(? en cas de besoin. Il peut y avoir trois à

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quatre mille blancs, quatre mille nègres, quarante compa- gnies détachées de la marine, faisant deux mille hommes, trois cents Suisses du régiment Dalville. On Irouve aux Illi- nois d'abondantes mines de plomb, la place de gouverneur vaut treize mille livres, celle de commissaire ordonnateur, moins. Mais le talent supplée et quelquefois va trop loin. Il n'y a d'autres ecclésiastiques que descupucins et des jésuites. Le roi y entretient deux cents nègres ouvriers pour les divers ouvrages ; l'ordonnateur les emploie communément à son utilité, et il en coûte encore cher au roi pour les nourrir. M. Le Normant, aujourd'hui adjoint au ministère de la ma- rine, est le seul qui les ait véritablement employés au ser- vice du roi.

CONVERSATION AVEC LE SIEUR BLONDEAU.

Médecine. Les sauvages ont une médecine naturelle et des médecins. Ils vivent aussi longtemps que nous. Ils ont moins de maladies. Ils les guérissent quasi toutes hors la petite vérole, qui fait toujours de funestes ravages chez eux, maladie qui leur était inconnue avant notre commerce.

La vérole et toutes les maladies vénériennes leur sont con- nues. Ils les traitent avec des tisannes composées de quel- ques simples qu'il n'y a qu'eux ou quelques voyageurs des pays d'en haut qui les connaissent. Je croirais cependant leurs remèdes plus palliatifs que curatifs.

Leurs grands principes pour la guérison de toutes les ma- ladies sont: la diète rigoureuse, faire suer le malade, employer les vomitifs, des purgatifs et des lavemens. Ils ne connaissent ny la casse, ny la manne, ny le séné, ny la rhubarbe ny les quinquinas, mais ils produisent les mêmes effets que ces drogues avec des plantes qu'ils connoissent, dont ils font des infusions. Ils ont des remèdes particuliers pour guérir les tumeurs scrofuleuses ou écrouelles. Ils font peu d'usage de la saignée. Ils ne connoissent point celle du pied. Ils font cette opération à l'aide d'un couteau bien pointu ou d'une pierre à fusil. Ils font observer à leurs malades une diète plus rigoureuse que nousi Ils leur font un bouillon fort clair indistinctement de toutes viandes, mais de préfé- rence de poisson, sentiment que M. Héquet auroit bien adopté. Us n'excluent, pour faire du bouillon à leurs ma-

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lades, parmi les aliments maigres, que l'angnille, la truite et l'esturgeon, et parmi les alimens gras, le dinde, la biche, l'ours, le cochon et le castor ; à juger pur leurs succès, ils sont aussi bons médecins, que les nôtres. Ils ne connois- sent point les remèdes chimiques, ils ne sont que grands botanistes et connoissent parfaitement les simples. Je ne crois pas que les médecins des sauvages soient aussi ha- biles sur le fait de la chirurgie. Ils remettent les os disloqués. Ils rétablissent les fractures, ilsse servent de bandages, mais, moins adroits que nous, on reste quelquefois estropié. Ils ne connoissent point l'art terrible et malheureusement néces- saire des amputations. Ils guérissent les blessures qui ne sont pas considérables, en suant. Ils donnent aussi des lisannes à leurs blessés. Ils ont des tisanues adoucissantes pour les maux de poitrine; aucun usage du lait; leur sagamité, qui est une préparation du blé d'Inde, fait une nourriture légère et rafraîchissante. Ils ont aussi une tisanne qu'ils regardent comme un très-bon dissolvant de la pierre et des matières graveleuses.

De Bougainville.