IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-S) // w. ^^% 1.0 l.l 1.25 12.8 2.2 ^ mil 2.0 ■^ !■ i.8 U 111 1.6 6" V] <^ /] 'c>l ■c^ ^ J ^;. '^ ,<• y /!^ Photographie Sdences Corporation 23 WEST MAIN STREET WEBSTER, N.Y. 14580 (716) 872-4503 CIHM/ICMH Microfiche Séries. CIHM/ICMH Collection de microfiches. Canadian Institute for Historical Microreproductions / Institut canadien de microreprodu':tions historiques Technical and Bibliographie Notes/Notes techniques et bibliographiques The Institute has attempted to obtain the best original copy available for filming. Features of this copy which may be bibliographicaily unique, which may aiter any of the images in the reproduction, or which may significantly change the usual method of filming, are checked below. L'Institut a microfilmé le meilleur exemplaire qu'il lui a été possible de se procurer. Les détails de cet exemplaire qui sont peut-ôtre uniques du point de vue bibliographique, qui peuvent modifier une image reproduite, ou qui peuvent exiger une modification dans la méthode normale de filmage sont indiqués ci-dessous. D Coloured covers/ Couverture de couleur D Coloured pages/ Pages de couleur I I Covers damaged/ Couverture endommagée D Pages damaged/ Pages endommagées n Covers restored and/or laminated/ Couverture restaurée et/ou pelliculée n Pages restored and/or laminated/ Pages restaurées et/ou pelliculées I I Cover title missing/ Le titre de couverture manque H Pages discoloured, stained or foxed/ Pages décolorées, tachetées ou piquées I I Coloured maps/ Cartes géographiques en couleur D Pages detached/ Pages détachées D Coloured ink (i.e. other than blue or black)/ Encre de couleur (i.e. autre que bleue ou noire) v/ Showthrough/ Transparence □ Coloured plates and/or illustrations/ Planches et/ou illustrations en couleur □ Quality of print varies/ Qualité inégale de l'impression n Bound with other matériel/ Relié avec d'autres documents D Includes supplementary matériel/ Comprend du matériel supplémentaire D D Tight binding may cause shadows or distortion along interior margin/ La reliure serrée peut causer de l'ombre ou de la distortion le long de la marge intérieure Blank leaves added during restoration may appear vvithin the text. Whenever possible, thèse hâve been omitted from filming/ Il se peut que certaines pages blanches ajoutées lors d'une restauration apparaissent dans le texte, mais, lorsque cela était possible, ces pages n'ont pas été filmées. D D Only édition availoble/ Seule édition disponible Pages wholly or partially obscured by errata slips, tissues, etc., hâve been refiimed to ensure the best possible image/ Les pages totalement ou partiellement obscurcies par un feuillet d errata, une pelure, etc., ont été filmées à nouveau de façon à obtenir la meilleure image possible. D Additional comments:/ Commentaires supplémentaires; This item is filmed at the réduction ratio checked below/ Ce document est filmé au taux de réduction indiqué ci-dessous. 10X 14X 18X 22X 26X 30X y 12X 16X 20X 24X 28X 32X )laire is détails ques du nt modifier (iger une le filmage The copy fiimed hère has been reproduced thanks to the generosity of : National Library of Canada The images appearing hère are the best quality possible considering the condition and legibility of the original copy and in keeping with the filming contract spécifications. L'exemplaire filmé fut reproduit grâce à la générosité de: Bibliothèque nationale du Canada Les images suivantes ont été reproduites avec le plus grand soin, compte tenu de la condition et de la netteté de l'exemplaire filnsé, et en conformité avec les conditions du contrat de filmage. luées Original copies in printed paper covers are fiimed beginning with the front cover and ending on the last pr ^^e with a printed or illustrated impres- sion, or the back cover when appropriate. AH other original copies are fiimed beginning on the first page with a printed or illustrated impres- sion, and ending on the last page with a printed or illustrated impression. The last recorded frame on each microfiche shall contain the symbol — ^(meaning "CON- TINJED"), or the symbol V (meaning "END"), whichever applies. Les exemplaires originaux dont la couverture en papier est imprimée sont filmés en commençant par le premier plat et en terminant soit par la dernière page qui comporte une empreinte d'impression ou d'illustration, soit par le second plat, selon le cas. Tous les autres exemplaires originaux sont filmés en commençant par la première page qui comporte une empreinte d'impression ou d'illustration et en terminant par la dernière page qui comporte une telle empreinte. Un des symboles suivants apparaîtra sur la dernière image de chaque microfiche, selon le cas: le symbole — »> signifie "A SUIVRE", le symbole Y signifie "FIN". aire Maps, plates, charts, etc., may be fiimed at différent réduction ratios. Those too large to be entirely included in one exposure are fiimed beginning in the upper left hand corner, left to right and top to bottom, as many frames as required. The following diagrams illustrate the method: Les cartes, planches, tableaux, etc., peuvent être filmés à des taux de réduction différents. Lorsque le document est trop grand pour être reproduit en un seul cliché, il est filmé à partir de l'angle supérieur gauche, de gauche à droite, et de haut en bas, en prenant le nombre d'images nécessaire. Les diagrammes suivants illustrent la méthode. by errata led to ent une pelure, façon à 1 2 3 32X 1 2 3 4 5 6 I .,,Vjj HISTO GENERALE, D E S I S L E S . DE S CHRISTOPHE DE LA G V A D E L O V P E, DELAMARTINIQVE, ETAVTRES DANS L'AMERI Q_V E. Où Ton verra TeftabliiTement des Colonies Fran- çoifes y dans ces lilcs i leurs guerres Ciuiles &c Eftrangercs y & tout ce qui fe pafle dans les voyages & retours des Indes. Comme aufli pluHeurs belles parti cularicez des Antifles de fAmeriquec Vne defcription générale de l'Ifle de la Guadeleupe .* de tous fcs Minéraux* de fcs Pierreries , de fes Riuieres , Fontaines 6c Eftangs :8e de toutes Tes Plantes. Di fluSt U dijfcfiiption detnu les AnimMux de UMer, de F Air, dr delà Terre: & VH'V'^itiffrt émpU des ManrsdesSMiMéges dnfAys» de CE fiât de U Celenie r rdnfoife, fè" àes EfsUues, tant Mores, tjue Sétêusges, pat leR.P.Ican BaPtiftc dv T i a t k B.Rclig^eUxde l'Ordre des FF.Pref- chcorSydu Nouiciatdu Faux-bourg Sainâ Germain de Pari$, MiffionaiccApoftolique dans l'Amérique. A PARIS, Chez lAcOycs Langloxs, Imprimeur Ordinaire du Roy^ Au Mont de (âinte Geneuiefve, vis à ris la Fontaine. Et £mmakvelLangi.ois ,dansia grand* S aile du Palais, à la Reyne de Paix. ^Â. M. D C. L I y. 'jfMS Trmhi* dt^Tey^f^ AffrêhdthndttSnftrim^ à i "?jfif > ^â. a»X?i; \^: i- L f .ï;î*-|È''; -•*' i c- •< . 1 ,. ■^Jm-, I i A MESSIRE ACHILLES D E H A R L A Y, CHEVALIER, SEIGNEVR , ET COMTE de Bcaumonc , &c. Confciller du Roy en Ces Con- feils d*£ftat & Priuc, & Maiftre des Requeftes or- dinaires de fonHoftel. \ - ^ 'O NSIEFR, Si ie prends la hardieffe de mettre vofire nom il^ lufire au commencement de ce Liure > cefi pour luy feruirde ProteBeur: car il ajujet de craindre % tout François quil eji\ deftretraitti comme Efiranger\^ parce qu il tientjl peu de la Politejfe H) du langage de ce temps ^ que fans doute on aurait peint à lejot^rir, . u EP I s TRE ftnstscUt & U recommandation que le fameux nom de Harlaj Iny doit indubitablement donner. Qui fera re flexion , Monfienr , fur le choix que tayfatten vous dédiant mon cuurage, qui nef (ou* uienne aufsi -toji de la gloire de voflre Maifon^ & ne vous regarde comme le digne fuccejfeur de ce grand homme qui fut le véritable Achille de ÏEfiat , ior-* ' nement defonfiecle , l'Ame & la Qolomne de tcAu" gu[ie Parlement de Paris y ^ le plus ferme appuy à la Couronne df nos Roys Henry lll. ^ Henry le Grand d'immortelle mémoire ? cefi pour cejuietf Monfteury & pour m acquitter en partie des obli' gâtions que te vous aj^ que te vous pre fente ce Liure^ puifque tout ce qui peut partir de mon peu d'elprit ne vous doit pas efire moins acquis que mojmefme. ly ailleurs fi les (urieux reçoiuent quelque fatisfa* Bion de mon trauail (^ cefi a vous , Âîorîfieur , quiU feront particulièrement oblige zS)"* carie ne l'eus pas plutofl apporté en France , que vous luy feruifles dA^ile ^ dePere , puifque le defir quetauoUde vous fatis faire , m obligea démettre en ordre les me^ moires & différentes re^narquts que tamis fait dans nks voyages : & pendant ma demeure dam les ifles de i^imeriquejlenfis vn %^cueilque ie vous préfentay ily a quelques années : Il receutde vous vn accueil toutàfaitfauorables & luy ayant ouuert [ entrée ^de vofire Ibibliotheque , vous lujdonnafles EPISTR E rangp^riny ces doffes manufcrits qm la compo- Cent, le me ferais fans doute contenté de le voir dans vneji honorable Compagnie , & naurots iamais pensé a le donner au public^ fie ri amis été auerty quil étoit plus mal-heureux fur la terre que fur ïa mer , & qu après auoir éuitéUs Pirates de dix-huit cens lieiies de mer ^ il étoit tombé entre les mains de certains autres T^irates , qui font prof efsion de s\nri- chir des pertes dautruy ^ & qu ils vouloient mettre au iour fous leurnon? , encore quils nen euffent quvne copie fort imparfaite. Cette conjideration ^ Monfieury efl la dernier jui ma fait refoudre de le faire imprimer ^^ de luj faire porter vn nom qui imprima^ du refpeéi &delacrainteàfesenuieux: Levoicjy Monfieur y qui auant que de 'voir le iour 'vient demander vofireproteôtion y vous tauez, tous- ' \ours accordé afin Autheur : ceflpourquoy il efpere la me/me grâce , & qu'il fi fintira des bonte^ que vous aucKj toufours eues pour vnpauure Religieux ^ quifiroit tout a fait indigne de l'habit & ducara- ^ere quil porte y s Un eftoit y par vn véritable princi-^ pe de charité y monsievr; Voftre fres-bumbic &; ttcs- obligé fcruitcarj F. I. B. DVTlRTRBjdclOidTcdcS Fr«cs Pxercheurt. il ^V LECTEFR. IL y a plus de quatre ans , que robcyflance que ie dois à mes Supérieurs, iointe aux trcs-inftanccs , ôc prcfque impoicunes prières de mes amis, me con- traignit d'écrire ce Liure auec autant de répugnan- ce, que i'auois dciuftefiijet de m'en diucrtir jdau-r tant qu'à mon retourdes Indes, ie trouuayla langue Françoifodans vn fi haut degrédepolitellcj que ia- uois raifond'^ipprehendcrqaela rudeflc de mon fty- Ic ne rcbutafl mefme les plus grofficrs , & ne leur fit. eftimermon difcours aufli fauuage que le pays que ic leur décris. Dans cette penfée ie I'auois comme abandonné , Ôc me contentant de l'auoir donné à vne perfonne de haute condition , qui me faifoic l'honneur d^ m'aymcr , ie ne pcnfois plus à le faire imprimer. Certainement . il n'auroit pas fi< toft veu le iour , fi ie n auois cfté bien informé quelon aupic furpris ma copie, pour la faire imprimerfousvn au- tre nom que le mien } l'on enauoit défia parlé à quel- ques Imprimeurs, Icfquels m en donnèrent aduis j fi^ bien qu'ayant efté contraint d'cnhafter vn peu trop l'impreflion , ie ne doute pas c^uc tu n'y rencontre beaucoup de fautes, qui font rnfeparables d'vne im- prelilon précipitée. le te le prefente tclqu'il eft, fort peu orné de belles paroles*, mais autant finccrc &c vé- ritable, comme le difcours en cfïnaïf &:fuccint. Je mepromersau moins, que fi tu n'es fatisfait du dif- cours, que le grand nombre de belles Ôc curieufes remarques, qui font comme autam de belles fleurs que ic ucs,«5«: e con- Lignan- r i daii-: langue que ia- lon fty- leur fie. laysquc comme ionné à i faiioic le faire oft veu naupic s vn au- àqucl- .duis i fi^ eu trop contre ne im- ft, forr &ve- int. le dudif- Irieufcs fleurs AV LECTEVR. pro ie me fuis cftudié de propos délibéré à retrancher de ce Liure tout ce que i'ay creu qui n'eftoit pas neceflaire à mon deffein, qui eft de décrire tout amplement les cho- ies que i*ay remarquées durant mon fejour dans l'A- mérique, ôc de donner vne entière connoiffance de tout le bien quii/ rencontre fans aucune exagcra- tion>& de tout le mal fans aucun déguifemem,€é qui eft vne chofe affez rare dans la plufpart des Auceursi qui ont iuG^ues icy écrit de TAmerique. Que fî m trouuedu fuperfludans quelques-vnes de fes parties^, qui peut-eftre ne te plairont pas également , fçache que ienay pas écrit pourtoy feul i car lorsque i'ay conccu le deffeinde ce Liure y iVy eu en veuënon feulement la fàtisfadiondes curieux ;^mais rvtilité deshabitans dupays^aufS bien que d'informer ceux qui veulent faire le voyage, de plufieurs chofes qui leur font abfolumeàt ncccflàires : û bien qu'il fc pourra faire que les chofes qui choqueront ton ef« prit,feroht l'vtilité ôc les délices des autres. le t aucrtis auffi,mon cherLedeur^qu encore bien> il !! AV LÊCtÉVïC '<|iieîe traite fculementicy de quelques ifles pirtictf- liercs die l'Amérique ,y tu dois iuger fur le mefmt pied , tant de la terre ferme , que des autres iflos qui font entre les deuxTropics \ car ccftja mefme tem- pérature Je mefmeterrokjles mefmes plantes, & les mefnies aaimaux,cxceptcZ' quelques (inges>& quel-, ques beftes féroces qui nefe rencontrent pas dans les ifles ; & tant s'en faut que ces illcs vallcnt moins dans l'cftat où elles font que la terre ferme, qu'au contraire , ie fuis certain que dans deux ou trois an- nées^l'experiencc fera changer d'opinion à plufieurs Qui ne m ont pas voulu croire. Si tu dis qu'il y a encore plufieurs belles remarques à faire dans ie pays, dcfquellesie ne fais aucune men- tion , i'en demeure d'accord, S^ croy afTeurément que £ i'auois écrit fur les lieux , i'aurois die quelque<:ho(è dauantage s mais ie t'affeure que fçauroit efté peu de chofc i contentc-toy de ma bonne volonté , & reçois le peu que ie te donne d'auiG bonne parc , que ie te l'oflFrcdé bon cœur, f eti '\;. A^-^ Il ' ^ es qui îtcm- i,&lcs :qucl-^ isdans' moins j qu au oisaii- uficurs larqucs [C mèn- ent que Le<:ha(e peu ie reçois ue ic ce ) • ADVIS AV LECTEVR. AMy LeSteurydfin^ue rien m munquâ a ton enùert fnùsfaCiion] tâyprié infiament le R.P. Raymond Breton , Supérieur ^ Commtjfâtreie U Mijîton àenoihe S. Ordre dans les jintijles de tA* menque^Huilme donna t^uelques parcelles des trâduSii ans qutl a fait de not myfleres en U langue de nos Sanuafes. je te Us pre fente de bon cœur.Tu verrat dans ce peu de lignes combien cette langue efl ingrate t9* indig;ente , &* les grands trauaux que ce bon Père a pris pour s y tendre parfait.le taurois donnéijçyfon Catechifmeentier,lit* nauok tu peur tabuler de ta pâtsenct, Lctiboiiic yoûmaan ,. , ^ . . ,, « ak Iraheu aka lamtt A- du fninft Efprit. camboéhé. L*Orâifon Vomitsicale. 1. KiouraoUC ticany em Noftrc Père qui es au ciel em- caoiic, tamaineuala cy. pyré.honorcfoicconnom.,àcau- CCI ouaroman. l.t Nemboiiilla boubc- Ton ciel nous aduicnne: coùni oûaone. 3. MaingatkaCOUthoat- Obey(rance foit rendue l ta tica ayc oula : Huibonâ P^î^^^ : f «^ nous fur U terre ainfi cibouicuonam cachi el- fe oiiicbali oiibécou. 4.Hu ercbali cboe-nm bimalcokoigné. j:.Chcullé-katou-banun huénocacini bibonam ca chi chcullc-ouabali nhc- ,, r ti ui , -1 ' 1 1 / cellçs que nos icmblablcs nous nocaten-iDc huibonam. font. é.Menépetonoiiaatrica ^^^^^^ nefoyons furmonc« torôman tachaouance- pacicnution. oni. :. ^ Donne-nous auio.urd^huy n^^ trc pain ordinaice. Pardonnez-nous les mefchan-* cecez que nous auons faites. Ain^ que nous pardonnons I r ' 7; Irhcu chibaiqâiketa- . e- r^ ^ . -' . ... / ..11 • Maisfais-nouscfchaper dumaL baottatiouinctouUbani: Ainfifoit-ii, «, ^n-anKâtoUi « La Sulutâtion ^ngtlique^ Maboiiic Màriftoiicc chioUa* .•-ii~' ti • -: ••'- ^. ^ A* -«- heureux ton fils lefus. likiaKiaaucrcgoycnatagna' • numlefu. Sanftc Marie Ichcirichanû De Dieu la Mère, prie pouj: nous KMémcichcrâtiba ouâoicbcc mefchans^aintcnant&ànoftic ichcumetioua iKÔigné huita* ^^^b couliàbou Kia. Symbole des ^peftresj MoingnattTtcna lihonam Ichciri ioûmaam ©iiboutoii- le crois &meconficcnDieule goumcméti chicabouitinum ^"5 ^ui p^ut tout , fadteur du bubccou,iionumamicm,éké. ^'"^ ^ ^« ^ ^^""^ » /^«'^ »^r nctoupaoKa. încglé lilponamlamomtcrcc Et puis à fonFils vnique lefus- If fiis-Çhrift oiiayouboUtou- Ghriftnoftre Capitaine, '- licou. Ebcchouoiiti ouckcli-mccm Conccu homme par le faindt ftrômam fainCt Acamboéé, Efpru , né de Marie cftant Vier- n'hciimainti tao Maria Vicr- ^^' ce oka. ApagoûtilioiiboatoUmali ^^^^.[ouslcgouucrncmcn^ abouehccra Ponce Pilatc. A ttarouti touâgon tabii- ^^^^j,^ ç^ 1^ q^^^^ ^^^^ ^ .'^'tgpnejaoceti^ acnonainoin- cnfcueïy', rououti kia. ^ ' Nantit! tourallio-ni, IcIq- befcendu aux Enfers le troificf- Uan oUago huy cou nouba- me icttr,re(rufffité des morts*, càitiniouinénhcketalium. , .. ■ ^ > j Aoualirouti oubicoû-àgonii - Monté au Gîcl, Vffis à la droite? ' anioUroiiïi liaon-agouchcem dcfoaPcrcquipcuttdOfc; lioUmaan machauyanugon;^ âo, De là il vicndra^jtle croi»}pbûr fe ranger fut Iji ipàiiçc & bi>nto des hommes^' .-r.- t ! .> . le crois &: me confie vi fainÛ Efpric. Nyaincheëh) nëmbodibaii (n^onicoua) coubara lihuebc* mali nhiéumaIi,nhir6pomali- boUic Kiaya oiicklicm. Moingaccctèna libonam faia£k Acâmbocé. Ton nhat£ncnaboOî'' émé- ^ l'affemblée vniuctfcUe des rigoutou moingattt.mm r croyans, à la rautucUc communi- nhiropôni alloucoiiragon carton du bien des bons, nàunicoiia callinémcchium. Nhfcnacfttilîi cuHcùli. Alaremiffiondespechez. Nhâcobou-koo oiibkali. ^ la refurreûioo des propres corps:&: à la vie (^ui ne finie point. Wanchonchonti-kia youani. Ainfifoitril. An-ûti^aZOU. L^httudUlknétHântUrepéis. Bcni homan. Refp. Icheiri. BenilTez. R ce ... ,; •ir/fT'T Tu nanermeras rien pourtour X MinalcrcnniKwkabauba ^^^^ ^^^ ^^ ^ j^^^ ^ ,^^ ;^^^ tao icti akanum huclccngay inutil. haman-méem. . ^ Aban lâoy agon oiiâcaboa- Six iours pour ton trauail , eu Cft poUrcôni hu ëyôôBâô toUBâ- r^bioû àtakilBàli ,:emcruâl>à^ bibou taochéê timàmcli^b^o. 4.Ch2m2ingnay baùbanâo- tic bicignonum haie tanib^ra bakebouli. 5. Eouepabatibou. 6. Mchiierebatiboti. 7. MonémcpabatibôU. 8.0uchounnc;pabacibou âka* ho ariàngua Kia n'hinri bibc. 5. MaignoumouraKoatiba- iibovL ciboule liani ayoumou- repoferat le iout d'apreS "y lO.EKénncpabatiboii tibo- uic lihucnappovié-bonalè liU liguini Kia. iBiamaKcirou mamboulc' toncouAchoUboUcouiroiiou- toii AchoiiboUcoiiiroUoiicoii- lie toromaKoUa. i.Pànirouba méem nfaibo. nambiKibé rnKa cachÎKani- raKoa|clce coubali bibonam. j.. ManiKoatibacibou-méê n*hibonam caçhi inaniKoua* kouléc^n'h^bali bib onam. Tu feras grand eftime dctes pto* ecnitcurs , afin fjuc tu ayc voe longue vitilkffc. Tu ne tueras point. Tu ne feras point luxurieux.' Tu ne defro-bcras pas. Tu ne mentiras point principa- lement qùatid tu acculeras ton prochain. Tu ne conuoiteras la femme de ton prochain. Tu n*enuiras fes biens ny fef animaux. lly en a encore deux non efciit^' mais connus de foy*mcfmc. LTuferaslantruy^cçcy ainflqûo tu veux t'cftrc fait. - 1. Tu ne leur.feras ce mal , ainfi que tu ne veux pas qu'on te If wflè. TABLE DES TRAITEZ DES CHAPITRES ET PARAGRAPHES comenus en ce Liure. PREMIERE PARTIE, C H A P IT R E I. E la naiffance de la Co- lonie Fran^oifè dans l'ifle de faina Chrifto- phe, i CHAPITRE II. De l'cftabliflcrccnt de la Colo- nie Françoife dans l'ifle de la Guadeloupe. ly CHAP. III. .Dcl^ftablifl*ement de la Colo- nie Françoife dans Tiflc de la Martinique. & autres. <>8 CHAP. IV. De tout ce qui fcpaflèdc plus confidcrable dans les voyages de i'rance en rAmeriquc, 75 S. I. De mes voyages enrtyfmeri- ^ite y& de ceqni s*y remarquet de fUstttJ^cux, j6 5. 2. De mes retours dtFt/imerique enFrAme^ %-j IL PAÏITIE. /. TtAirt\ CHAP. I. De la température dé Vaic. 99 CHAP. II. De la diuerlité des faifons l 104 CHAP. III. Des différentes agitations de l'air, 107 §.i.DesO'Mr4g4fts, fi $.i.D»Tuchot. - "O S. 3. DesrRjtfAlles^ w/ CHAP. IV. pu flux & du reflux de la mer* //. TRAITE'. CHAP. I. Defcripcion générale de l'ifle de la Guadeloupe» X14 §. ï. Définition de la terre têutc me, ik» $. M. Des denx ents defacs, 119 f-S. Des Efieuilsides Banes^des Ra^^ des & des Mouillages» lià CHAP. IL Des Minéraux, àif ê.uDe la Mine d'or, ibid. $. 1 . Dr U Mine eCargent^ ii^ ^. /. *Des Mines de fer, 117, f 4. Des min» definlfhrt &devi- tritti " " ibid; TA i , 5. J>e U MirtêdefkMn » ni CHAP. lîl. Des pierreties. $. I. Dts vmUlics 9Û f terres sux -ytHXt *^*^' $, 2. Dès f terres vertes, . 150 ê.^.Ducnfial, 'i' ^.4.D»fel» 'Si $. ^. Des Matériaux t comme f ter- res de taille , des Briques , des thuilles, dttplaftret des pierres à faire la chaux , & des pierres de Poncesi '33 CHAP. IV. Des riuicrcs, das torrcns, des fontaines , & des cftangs, 155 §.i. D« nuieresy ihid. S . 1 . D w fontaines bokillantesyisS %. 3. D« ejlangs, 141 m. PARTIE. /. TRAITE'. Des Fiantes. GHAP. I. Des plantes qui ne portent point de fruids, 145 %. z. "Des plantes communes, tîrfans graines, 14.6 §. z. Des capillaires i '49 S ^.De lafcoUpandre» 150 $. ^.D'vne plante dont les femmes Sauuagesfeferaentpourefire fc eondes^ iM. S, j. D'vn/onc odoriférant qui fa- cilite tonfantement, 151 §.ê.De therbe aux flèches , ibid, 5. 7. De deux fortes d'herbes qui guerijfent le mal ds dents» IJ2 ^$.%. Du piment, i$j "^^.f. De la Chine, t$4 $. {0, J)e deux fortes de choux B L E qu'on appelle Kareibesl isf $. II. Dùpetunj /// S. u. Del'herbeviut&fenfible,iâi §. ij. De FAloës & autres femper- uiues, 16 X i.i4,DesCouJtns, 16$ S. 1/, Du Ricinus ou figuier d'enfer, §, 16, De deux fortes de Lys qui croijfent dans CAmeriqu ?, ibid. §.17. JDf l> herbe au Mufc,ou mauue mufquéCy 1V5 ê.iS.D'vneeJpecedeviolier, i6S §.19. D'vn petit Pauot blanc, ibid, §. 10. De r herbe fafcheufe, poil de chatyoumal nommée , 167 ê.ii.Du Patagon, ibid, §.ii.De l'herbe laiSleufe, 168 §. 23. Des Cannes de fucreté" de la manière quon le fait, 169 ;. i\. Des autres Cannes qui croif- feni dans le pays, 174 § . 2f. Des 'Balifters, 175 §. ig. DufolamaniOu herbe aux he- becheis, ^ 176 ît.i-j.Delindigo, ^ 177 §,iS,DuManvoc, 198 De la façon de faire le pain & la boiflbn ordinaire auec le ma- hyoc, .181 §,!?. Des Patates, 185 S.^o.DuIuca, 187. §.31. D* laplanteappeUéefargafo, 189 $. 3^. Dh Gingembre , ipo CHAP. II. Des plantes qui portent des fruiâs, -151 §.i.DePAnanéif, ibî4» S. -?. DesKaratas, xps S. 3. Du chardon» 194. f, 4. Dit ^rofiillerdé f Amérique^ 'Si ttres femfer- [uitr à'tnfert s de Lys ^ui riefu \ ihii, (fc,«itmaHHe nolier, i6S ^ ^ hUnc, ibid. eufi , foilde 167 ibid, vfe, 1^8 \cre/î]r de la ity 169 nesqtticmf' ^erbe aux he- 19S Icpaio&U lec le ma- . 1S2 185 187. lUefurgMÇQ, ipo orcent des ■■" in ibid. '9S 'AmiriefHC^ DES CHAPITRES. \ 15^ %. y De Ufieur de U féfsion ,&de fonfriêifls ibid. j. f. D»frm^ d'vne pUntersM' p4nte que tjtteltjuvns appellent pomme de liane j&-^ autres eha- fi^igne, 199 §, y. De la Vigne, " 209 S. 8. De tontes firtes de sitrêïùlles» tallebaffeSimelom & eoncobres,3âi i.p. Des bann4nes& figues de l'A- mtnque, â02 II. TRAITE'. Des Arbres fauuages & fans fruiâs, 6c des Arbres fruitiers. CHAP. I. Des Arbres fauuagcs & fans fruiâs, 206 De quelques arbrifleaux médi- cinaux. S . I. D/# Tignon d'Inde , ibid. 5. 2. D'vnarbriffeau (jfte quelques habitans appellent arbre de baû' me , (^ deU/auge arborefiente, lOçf S. 3. DupoyureUn^y 210 i. 4. De la CaneUe qui fe trouue dans la grande terre delaGuAde- loupe, in §. $.pu bois de SandaUe & de Gayacy xii ^.à. Dubois de chandelle* xi4 $. 7. Du%^ucou, 21^ f.f.7)u coton, "^ p. 9. DeParbrtà tnyurer lespoif^ fittf, ^ S.io.D^mahot, f. II. Des crocs de chien » S. u. De l'arbre l'AiSleuSr p.i$.DuIaJmin^ Desboisàbaftir. $. 14. Di qudtre fortts de bois épi- ibid. 218 ai9 ibid. neux, i2o $. 15. Du bois d'Inde, ou Vaurier Aromatique, 222 §. \6. De trois fortes d'acomas^ 22 j i.iy.De deux fortes dAcojoufvi ne portent point de fruiEls , $. ^^.Dedeux fortes de Gommiers, 226 S. i^.Du bois de Rofe ouCypre^ 227 S. zo, Duboùvert , zi8 §. II. Des bofs rouges j qui/ont bons à baflir, ibid. §. 11. Du boude fer, xt^ §. 13. Des boit à petites feuilles , ajo. §.24. D'vns forte de bois noirqu*on appelle courroujfa, ibid, §. ij. De l'arbre qui porte les fa- mnnettes , zji §, x6. De toutes les fortes de pal- miftes quefayveu dans laùua- deloupe, 232 %.27.'Duhataniar3 2$7 CHAP. I I. De tous ks arbres qui percent des fruiâs , tant de ceux qu'on mange , que de ceux qui font vn peuconfîderablcs, 138 §. I. De tout ce quily a d arbres fruitiers dans ces Ifles que nous voyons en France, ibid. $. 2. De deux fortes de caffiers ou eanificiers, 240 5.3. Du Corojfol ^ des Mominsy §. ^.Dedeux fortes deCaehimat, S. 5. Des prunes de Momins » 244 %. 6. 7)0 l'acajou, ibid. §,7. Des Gouyaues, x 45 ^ . • R■,^ T A B §. 8. D'vri 4rhrijfeAi*qHif9rtt dt ' petites cerifes, ^A^ 5. ç.T:>it Coudrier» *47 §. 10. DttRai/inerj ^4^ i. II. De deux fortes de "Papayetv. S.u.DesCallehafsiers, 2^ S.il.DtéCoitrhariL i^i S. 14. Du Gentpa, ^5^ $i 75. 7)es Pommes de MAnce- nilley -2^4 LE CHAP. II. Des poidbns de riuiere. J. 1. 7)» petit Titiry.. içi S. z. De quelques piijfons ejHt ont diérspport mhcc Ctitxde laFrart' Cfn i^L //. traite'- Des animaux de l'air. CHAP. I, Des oyfeaux, %^i,Del't/irraî, i*l,Des Perroefuets^. §. ^. Des'Pi^qttes, %.éf..DuFUmaHdy. S.f.DtéColihiirj ^.6.De UFregatte^ S. 7. Dugrand'Gofier, %.%.DuCrdkier, S. ç. Des MautteSydes Feux^fè' des ftflu-en'CuK. ^11 2^9 S. 10 éDetofti les oyfeaux de riuiere 261 ' &Uem4vejlsy 3x2^ 263 §. II. De iroyfean appelle dialfle* 315 . 5. [2. De trou fortes d oyfeaux dt Z94 198 300 505 308 310 IV. PARTIE. /. TRAITE'. Des PoilTons. CHAP. I. Des poiffons de la mer, $.1. Des Baleines, ^s2. Lies Soufleurs, S. ). ^» Lamantin* m M^nai^* \^64 S.^.DuReifuiemj i€i proye iffattoir du Manfefenil, $. 5. Dela'Becune& âittrtsfoiffons dû Pefcheur yé' des SmeriUons» dangereux» 271 ibid. S.é. DupoiJ[on armé, 273 ê:,!^. Des Perdrix» 31/- §. 7. Des poijfons volants : (jrdela §. 14, Des Ramiers» 316 Dorade» ' 27^ ^.xSsDesGriues&desatttrespetitt S, i. De la Réméré, 27% oyfeaux dupays» 3x7- S. f. Du petit poiJfoH appelle Pilote, S,i6,DestA rondelles, jiZ- 180 %,17'Des oyfeaux domeIli air. 158 joo 301 505 308 310 'auXi& des SU vderiuiere illc diitUe» . y féaux d&- ^anfefenih ■ :meriUans» 316' ttrcspetiti 317' ii8'- hjueSiCe/»^ vtllci corn* 3" ibid, 311 ts, 31J DES CHAPITRES. %.<,DesM4ri!tgoms&desMâU' rom, 5^8 .jj'^i^^j^ 318 §. 10. Des Soldats 9tt Cancellef^ 5. 6. De (juelejues autres efpecesde 378 fUMches qm ne fe voyent point §. 11. Des feorf ions de Np de là daris l'Europe : & des mouches Gitadeloufe, , 381 communes, ' 35° %.\^X>ei aratgnies^&plncifale' I. TRAITE*. Des animaux de la terre, CHAP. 1. Pes animaux à quatre pieds. S.,\,Desbeflesdelabourt 331 ment dvne monîinteufe efpeie tfue l^on voit à la Martinifue, 3 8i §. ij. Des Fourmis, 384 ^,i^.Des Poux de bois, 386 ^if.DesChenilles, 388 ^.lé.DesRauets, 38^ 5i 1, Des Pores ^uife rencontrent g , j^^ . D« verminesyCommefoux (ff dam toutes ces ifles -, & vne agréa- puces, 3 90 bledefcriptiondelachajfe^ 33} §. 18. D«C%««, ibid, ^.^.DetAcoutyy 340 ■ Si, j^.DesLéfffinSi 341 $. f. DesPihrii ou Ratsmttpl»cXj %.,6.DesratscommHnSy. 343 Si.7. Des Souris, 3^»! 34^ y. PARTIE. GHAP. L S. 8.D«f^w, S.p.DeschienSs CHAP. 11. Des habitant naturels des Antif- les dcrAmeriquc, appeliez^ Ka- xaïbcs ou Sauuages, ^9/ Pe tt^utes lc4 reptileSjamphybics §. i. Des Sauuagts en gênerai^ . & vermines, 347 39^ S.1.P es lézards, ibid. ê.i. De leur origine, 401 De cinq autres efpcccs dcpetits §. 3. Dela%eligion desSauuages, lézards, 3JI 403 S. z . D« Anolis, 35 1 §^ 4 . Dita naiJfance,edu€ationi& è^.Des Gobe-mouches, ikid. mariage de leurs enfans, 412 S, 4. D« Rocejuets^. 3Î3 ^« 5- Dt Nxercice, négoce, f^ trafic ■ §.$.Des M aboyât, 3/4 desSauuages, 411 S.é . D« Coulttuvres & des Serpens S. 6, De leurs reftouyjfances , tant ^uife rencontrent dans Us dçux particulières que générales. 416. terres de la Guadeloupe, 3/5 S'.7.Deleurnourriture0rdinaire,(^ ^,7. Des Couleuvres de la nJUarti- du bon traitement qu'Hi font i- nique & de fainteAloufie, ^S7 ceux qui les vont vijtter, 4;^ %,%.Des échanges grenoàilles de ^,%. De leurs omemens, j^^t la Martinique, ^66^'yfarag. g. De leurs carkets, cafes^ 5. 9. De toutes fwtes de Crables ou i'li£ls,pi*vgues,é' canots, 475 ^ Cancres,qtti fe trouuent dans îifle ffir. 10. Dr tout ce quife pajfe dans de la GnttdtUupo y.& ttnx cmi" leurs guems : & des armes dont ils /-v-- tu TABLE DES MATIERE ilsfirtritent. 44» UctnHerftondesSMHtêMges] '460 paru De leurs mdUdies, mort & Second êhltacte, 461 ^f^nerAilles. , f^^ y^ ^ CHAP. II. -^par^it. ConcUfion de ce Chapitre, Des François de noftrc colonie. ^tUUejltraitUe^Hel duConuentde l 'Annonciaoe de TOidrc des FF .Prefcheurs de U Congregatioa cle S.Lpuis,cercifions auoir veu le Liure intitulé; H ifloire Générale des JJles de S. ChriStephe , de la Guadeloupe , ^e laMartinicjue , ^ autres dsns^j1men(jiueyCompo(évAï\c R.P.IeanBapcifte du Tcrtre,Mi(fio- naire Apoftolique'dans rÂmcrique , dans lequel nous n'auonsiien troûtté contraire llaFoy, ny mx bonnes mœurs. Fait à Paris ce 8. Aurili654. ^ F. Philippe BoRDEREAVf F. AmDRE VVIDEHEM. 1 \- r ! MxtraiSdt'PnHihieditXey. LO V I S V&U Glace de Dieu , Roy de France 8c de Nanant ; A ncM Attiez k Fraux Coord}l«r«,IeagaM lenaaa aot Cours de Parlement,Baillifs.Sene6ba«v Prcuofti adeutitlcvtenaM, #et«Mautrei nos lufHciers qu'il appartiendra. Salutj ^oftre cher 6e bien aymé le rere lean Baptifte du Tertre, Preftre , Religieux de FOc- dre des Frères PrcfclieCin^Piofés du Nouitiat General des lacobios Refermes du Faui^bourg S. Germain i Paris, noui a (ait remonft:cr (|4a|c«mpo(li vn Uote iti' rAmtriqnt,^e.un Uflufiton Cartt$,Figttrt$ ^ Imé^it : Lequel Liure il defirerett mettre en lumière,. jy faire imprimer pour le bien 8c viilité da pobUc, s'ilfioua plaifbit Iny tccordek à... » Lettres fur ce aeceïïaires :A cas CAVsasi N!«us luy, auoDS permis 8c c&ioyé » Ir par ces.preCentes permettons 8c 4>^oyons audit t^e >IeanBajKiftsduTfrtre,dciRureimpriiner,irendreiett de noftre bonne VtUe de Paris , S l'autre tiers au Libraire que rExpqCintauràchoifl.dc confifcation des exemplaires contre-, faits,8c de tous dë|^ens/dommafi;ef leinterefts, i lackarge qu'il fera mis trois cxem- plaîtesduditX^ure, deux en noftre Bibliothèque publique, ftvnen ccUede noftre ire»^her 8e ftàl le S/àirMolé , Cheualier , G«r»'il|)Oiw AViaii MTAUilay flroyoas audit ki;e tLiaicaueclefditca it,coAuiieil miTeiA eut. GràoeucleU* rao«lear%margct ou I entkrt dcaccom-, lUC la otcmiatfoin lualitéoiicondttkm ledit Liiuedurirle» » cation, corteâion, teâcJBanicrequece ront(badr(Hc,ipei« [reuenaaSfappli^Bt- idePam.ftl'autEe :xemplaire« cootce* fêta nii trois exem- nen ccUédc noftre France, auant que do bdelaCommanaa* 'eftrcdcfdieusdcla rnons, que de nôtre , tzSe feuffriez ioiiir oit de luyGtai qu'il ant au comm|nçe-, t tenues pouAcUe- nées par vn dit nos tnman(dons aupre- Mion dcspretêatet jlaftjwftrc^laiiir^ : Lettres â ce co»; OBxiéfiae. aContcil» IS. V. V.. n v<,\, V m; ï.:.t?suî Vi^. i.i: grandSÔcean Jlo T / . .' 7n<:eJui.'^<:tJ^J^;^\ Za Fanfainc • y^ .^«••4 ~ '*~~ l^ini' Jr Sùtiiplirv Pointe dcj- Palmi/tcj EfchcUe de. Jcuoc Lictuu 1 „Aucc pvùul. dti Rcy •/ii'Vj J*^^^*^ "'*^" • » • • » ov Mer de, Nort 4HTIER) J)KS hiNCfT.Oiy • • • f 'lJVl>««f4' CliurL'S Pointe des Palmi/tcj . AS? ♦i M T ï'Vv k^ ■ yV^..// Ûi,p.fh .r«,7 y /^ ^5 iP ?» ^ n HISTOIRE DE L'ESTABLISSEMENT DES COLONIES F R A N C O I s E s. Dans les Ifles de faindt Chriftophc, Guadeloupe, Martinique , & autres; &C de ce quife pafle dans les voyages de TAmerique. PREMIERE PARTIE. DeU naijjknce delà Colonie dans t*ljle defuinSi Chrifiofhe première des Ijles habitée far les François^ CHAPITRE PREMIER *Ayv fouucnt admire dans l'Antiquité pro- phanc rauanture de deux petits jumeaux nouucUcment nez, qui après auoir cfté jct- tcz diins leTybrc , recueillis parvne louve, qui le^- fit ofHce de naeie, 6c èlcucz dans vne cabane de Bcr- A x: ESTABLISSEMENT, g^rjônt efté comme la femcticc féconde qqîaprqi^ dqic ce grand arbre dç l'Empire Romain , dont les lw?anchçs fe font étendues & multipliées par TVni^ utdw. ïe ^9Pf pattrouué moins ctrango eç ^uc le» Lfiltrç? faindlesnous apprennent de £ merucilleu^^ fçfortunô du petif lofcpb, tiré de fa ciftcrnç, & défi, charge defcs ch^ifnes , pour ^ftre fait Viçcroy d^ toute l'Egypte. L'^leuation de Moy fe eft encocc vu- grand mir^içU d4 U Prouidencc, cjui fauue cet enfant çxpqfé d'vn naufrage inçuitable , pour çn faire le Dieu de Pharaon , U le Libérateur de fon peuple:: Mais ie puis dire , fans rien donner à la flatterie , que l'eflabliflement de noftre Colonie Françoifc dans les Iflcs Cannibales, n'eft pas moins éraerueillablç, ny moins étonnant. Car fi nous confidcrons auec attention fon commancement &fon progrez,nous la verrons naiftrcçommevnc petite fource , quifc dégorgeant infenfiblcment par des voyes connues feulement de Dieu, malgré les obflacles des mont- tagnes, &lc$ contradicSfcions deshommes,va innon- dcr les plus belles terres de l'Amérique. Elle vous fèmblera d'abord ruinée tout à fait dans fa naiifaricc, & vous remarquerez en mefme temps , que recueil- lant les pièces de fon débris , elle, fè reflablic fur ks propres ruynes contre toute forte d'efperance , & auec tant d*auantagc& tant de fuccez , que toute abandonnée U toute perfecutée , mefme qu elle cftoit de ceux qui la deuoient maintenir, elle rem- plit défia d'habitans François plufieurs belles ierres^ capables de compofer autant de Prouinces, DANS nSLE DE s. CHRISTOPHE j Les hchedes prodigieufes que les Efpagnols ti- roient de ce nouueau monde ^ firent naiftre le defir d'en auoir leur part , à toutes les Nations de l'Euro- pe. A cet efFèà force âiianturicrs équipèrent des Nauires pour aller trafiquer auec les Sauuagesrmais l'Efpagnol, qui croit eftrê feul de légitime poflefTeur de ce grand pays^fe preualant de la donation qu Ale« xandre Vl.efiauoit fait aux Roy s Catholiques Fer- dinand de ifâbelle, l'an 145^3. pour y eflablir leChri- ftianifme, s'y oppofa fortement, & traidta de Pirates & de Corfaircs, tous ceux qu'il trouuaentre les deux Tropiques. Voila le fiijet de la guerre dans les Indes Occidentales. Or foit que les autres Nations efti- malient cette donation friuolc , ou que ce fut par fôrfiie de teprefaillcjeUàs feroidifent contre les ef- forts desEfpagncils,& y firent fouuent de trei-riches prifes.-eilts ont côfitihué cette petite guerfe,iufqu'à te que Dieu leur eut ihfpiré le deflcin d'habiter vne fi riche patrie du monde, de laquelle il fcmble qu'il eh veuille ptiuér cette nation ambitieufeiqui s cii cft reloue indigâe par lés^ hotriblés cruaUtez qu'elle a exercée {ur lés Indiens : crttatitezfi eftfaneei & fi iti' ouyes, que le ReUereridifiittie Père Barthélémy de Las Gafas, Éuéque de Chiapâ , Religieux de l'Ordé dés FF. Prêcheurs , alTéiirc coinmé témoin oculaire, que les Efpagiiols en quarante aiis,oht maflacré cin- quarite millions^ d'hommes dans les Ifles dHi/pa- iiiola, de Cuba & àéS, Itàn de Pdrtric. le (çay bien qu oh poutrditm'âlleguerqaei*ay *""«* mauiiaifê grâce d'écrire que Dieu veut priuer lesiiA A ij 4 . £ S T A B L 1 S S E M E N T, pagnols des terres 4c l'Amcri que, afin d'en gratifier les François , qui pour auoir moins fait mourir de Sauuagcs , n'ont pas efté moins barbares qu eux -, eu égard qu'ils les ontchafTezdc Tifie defainâChrifto- pne, aufS bien que de celle, de la Guadeloupe. Mais ie puis repondre, que fi vouslifez attentiuement cette Hiftoire , vous trouuercz quel>ieu s'cft comi- porte enuers les François , comme il a fait auec les Ifraëlites dans les deferts , ne laifTant pas impuny vn feul de leurs crimes ; car il eil certain que tous ceux qui ont trempe leurs mains danslcfangde cespau^ urcs innocens,ont expié leur malTacre par la perte de leur vie ou de leurs biens. Entre plufîeurs Capitaines qui tafchoicrit de fairo fortune dans TAmeriquc, vn Gentil-homme nom- mé Defnambuc, cadet de la maifon de Vauderop en Normandie,fc voyant priué des biens deus à fa qua- lité & à fa naifl>,nce,à caufe de la rigueur.des> loix du pays , rcfolut ou de mourir genereufement , ou de fuiure les traces de quantité de braucs hommes, qui auoient fait vne fortune tres-auantageufe dans (xt- te nouuclle & opulente partie du monde. Il part de Dieppe Tan kJij. dans vn brigantin ar- mé de quatre pieccsde canon & de quelques pier- riers,auecenairon trente- cinq hommes, tous bons, foldats bien difcipline2& bien agueris. Arriuéaux Kaymans, il fe trouue auflî-toft découuert par vn, Gallion d'Efpagne d'enuiron quatre cens ronneaux,: & monte de trente pièces d'artillerie , lequel le prend à fon auantage dans vne baye , ^lattaquant. DANSL'ISLEDES. CHRISTOPHE. 5 roudainement à coups de canon , luy donne a peine le temps de fe rcconnoiftrc.La furprife neansmoins ne fit point perdre courage à noftre Capitaine géné- reux j au contraire, redoublant fes forces par la refî- flancc, il fouftint le choc Tefpace de trois heures, aucc tantd'opiniaftretc , que rEfpagnoI fut con- traint de l'abandonner, après la perte de la moitié de fes gens. Mais que la vîâoirc fembla funcftc à nortrc ca- det/ il voit apparamentfa fortune renuerfée ; fon vaifTcau ne peut plus tenir la mer, fes voiles font dé- chirées, fes cordagesfont rompus, huicSt ou dix de fes hommes ont cftétuez, & la plus grande partie des autres fontbleffez dangcrcufcment. A quoy fè rcfoudra-il en vn eftat fi déplorable ? infpiré de Dieu,qui l'auoit choifî comme le Père des habitans, & comme le Fondateur des Colonies Françoifes dans les iflcs Cannibales : Il aborde Tiflc de fain(5t. Chriftophe , fituée au dix- feptiéme degré de latitu- de Septentrionale, pour y racommoder fon brigan- tin , ôcy faire panfer tous fes bicflez par le Chirur- gien qu'il auoit embarqué auec luy. : Il rencontre dans cette ifle vingt- cinq ou trente François, réfugiez endiuers temps & par différen- tes occafions, s'cntretenans en grande paix auec les Sauuagcs , & fe nourriflins des viures qu'ils leurs fourniflbient fort libéralement. L'arriuée deMon- fieur Defnambuc auec fes gens leur donna beau- coup de confolation : Ils vécurent auocluy l'efpace defeptouhuid mois, l'aynlans comme leur père, &r . A iij . € ESTABLISSEMENT, l'hbnorans comme leur Chef : il faifoit du pètun aucc eux , lequel valojc en ce temps -là dans nos Havres douze ou quinze francs la liure j pendant que l'on rcparoit fon vaiflèau , ou qu'il atcendoit la commodité de quelqu'autrc nauire pour repafl'er en Europe. Il faut icy obfcrucr qu vn Capitaine Angloi" J nomme Vvacrnard , aum mal trai<5tc par les Efpa- gnols, que MonfieurDefiiambuclauDit eftc,fe jet- ta prcfqu en mefrac temps que luy dans faindtChri- fl-ophc. Cet Anglois viuoit en mefrtic intellige^icé ex auec les Sauuages que Mdnfieur Dcfnambuc. Ce - pendant ces Barbare^ encrent en défiancé des vns Se f des autres ; parce que dans vn vin gênerai qu'ils fî^ '"»* rent, le Diable leur perfuadapat la bouche de leurs lie / A: ils euffent infailliblement exé- cuté vne fî fanglante deliberation^fl la ditiinè Prdui-^ dcnce n'eut détourné cet orage, permettait que les François & les Anglois en furent auertis pa^ vn Sau- uage , qui pour quelque intercft particulier déeou- urit le fecret de fcs compatriotes , & ktir attira le malheur , qu'ils promeditoient de décharger fur les autres ; car nos Fcançois Se les Anglois de^eflans vne Noui pliqite rons cette nie d' le § DANSnSLEDE S. CHRISTOPHE. 7 fi horrible conrpiradon,U»prcuindrcnc chacun dans fon quartier > èc en vne merme nuid les poignar^ derent cousdormans dans.leurs li£l:s , fans encxce- Îicer vn feul > flnon quelqucs-vnes des plus belles cmmes pour afTouuir leurs brutales paffions , & en faire leurs efclaues : Il y en eut cent ou fix vingt de tuezj celafait, cesdeuz Capitaines DernambucÂ: y vaernard concertèrent enfemble fur le defl> in qu'ils auoient d'habiter cette Ifle ; U après auoir pro|eité le partage dos terres , tel que nous dirons cy-apres , ils partent de l'Ifle de faind^ Chriftophe prefqu'en mefmc temps pour trauailler à rcftablif* fement de quelque Compagnie, qui puft fubuenir aux frais neceflaires. Monfieur Defnambuc charge fa barque de pc- tun,& de tout ce qu'il peut trouuer de plus curieux, s'en vient en France , ou ayant beaucoup gaigné fur fa marchandife , il arriua à Paris en fort bon équi« page. Pour venir about de fes pretenfions , il fit en lorte par le moyen de quelqucs-vns de fes amis , d'expofer à Monfeigneur le Cardinal de Richelieu la fertihté de toutes ces iiles, U les grandes richeiles quon enpouuoit tirer : en quoy il reii/Et auec tant de bon- heur, que fonEminence approuuant fapro- pofition , permit l'eftabUfTement de la Compagnie de rifle de S. Chriftophe , le dernier iour du mois d'0£tobre Tan i6ié. Cette Compagnie fut compoféc de pcrfonncs de liau te qualité; &quoy que le premier fond de cha- que particulier ne fut que de deux mille liure;>Mon.. f ESTABLISSEMENT, fcigîicur le Cardinal y prenant pluficurs parts,com- me firent quelques autres à fon imitation,il fc trou- ua vne fomme capable de fournir à l'équipage de plufîeurs nauires. Ces Seigneurs de la Compagnie donnèrent Monfieur de RofTey pour collègue à Monfieur Defnambuc , ôc après que tous deux eu- rent reccu leur congé en pareille forme, datte du 14. Nouembre 1(^2.^. & fait vntraidé, qui portoit entre plufiours condifions oncreufes , que les habitans donncroient la moitié de leur trauail au fdits Sei- gneurs delà Compagnie j ils leuent enuiron trois cens hommes qu'ils embarquent dans trois nauires , équipez aux frais de la Compagnie, pour les mener à l'ifle de fain6l Chriftophe. Cent mille liures auancécs pour cet embarq'ie- ment > furent fi mal ménagez , que nos gens n'eu- rent pas fait deux cens lieues en mer, qivSles viures leur manquèrent, & trauerferent atiec plus de mal- heur qu'on ait iamaisfait , depuis que les ifles font fréquentées. Arriuez dans l'ifle à la pointe de fable au commencement de May 1617. ils débarquèrent leur monde tout en delordrc , & dans vn fi pitoya- ble cftat , que le plus fort d'entr eux auoit bien de la peine à fc foufteniri laplufpart efloicnt àdemy- morts, couchez fur le fable fans aucun fecours 5 ny y»yis u fpirituel ny temporel : & ce qui efl horrible à en- âe tendre, les CrMes décenduës en grande abondance ■,^ au bord de la mer ,• & amoncelées les vnes fur les 4. partie auttcs aufÏÏ haut que les maifons , en maneerenc plus de trente* Nos deux Capitaines rafiemble- rent defiri- ftion cet ant mal en traitt z. DANS UrSLJ: DE s. CHRISTOPHE. « rent ks plusGtiiis , i&ks ayant diiùfê f^th moiùip Moiilleur Dcfnambuc &ic pcendlre fi>fi ^^rcicr ii h Capilcrre , &Mon{ieur de KoSéy i U BafTe-terrc^ laiâaQC couckixllle à lannifcrkoriîe de Dieu. IW* bliois dei Le Capitaine Vvaëmard ayant çcouué pluside dii^ poficion en Ang'lecerr e au fuccez de Ton deâieia><]tte M ônfieur DefnanaJKic n^en ^uoit cencantré en Fr^aA? ce 9 QU€bien-C0(ïilM!incivtiieCompagiade,jdc iaquclf le le Mi^Iord Kiarbycftoitcbef sdsiocce iqnf il jiÛboit defia arriué à fain6): Chriftophe ^ jScauoit pris ipn pofbe àiagrandeJlade, auec qioapic cens hommes, îaiins, gaïUacd^^ JD^icn morunis detouteiorcede pror uii(ioitiSr M 'Vtocu effort 'Ciuilojiienc nos.deux Ct^tait nesrpu^^ dVn commun accoirdpactftgeccnt!la:tief ne tie t'^ CainâXDhriftophe ,'ietiFeiadéme.derMay l'an i^i^.poHf^S^ aux n(>iin&idos Jlo^nsdeFcaaae Â: £'An^ glot^epre , folon les ComnnèffioiK q^uiilsion auuûent -apporté , ain&quilxfft fort pondre Uement ismar*- que fur -la carte : neancmoins Ja diaÛe , laipefche >Jqi {aline« yilesriuieres^lamer ,'los^R.Ades, les mines^dos bois de teintures dcdepriix dem«ucei;ent communs^à toutes les deux ^Nations. ^ Q»e fi nos deus:>CoIpme>s (font^fidifireniïblabies dans leur eftabliâè ment , elles^ne le^fonc pas moins dans leurs 'prqgrez. 51 «ft ytay quc^toutos deux ^rouuQront flAe égalon^nt dépouiueuë'de vi^i?es B h u) H^i EiTABLI SSEMENT, a rtoUr TviM & pour Taucrc : mais fî les Aiiglois^ rcITcn*»^ tirenc quelque cbo(e de kfamine , ce fuc pluftoil â caulc du grand nombre d'hommes, que la compa- gnie Angloifoy enuoya y qu à.caufc de l'indigence commune , dautanc que le pâl:iiîaienc tellement faute de fecours y qucdeq^a?- fce cens hommes qu'ils deuoient eftre dixn^ l'ifle , ils dircnrreduits à cent cinquante; fi bien que les Aor glois prirent de là occafion de tirerauantage de leuc malheur , & de baftir fur leurs ruines. Us murmu- rent^ crient tout haut, qiu'il n'cft pas raifonnablc quVne fi chetiue colonie les empefche de s'eftcnr dre aude là des limites qui leur font prefcriptes. Monfieur Dcfnambuc fait tout ce qu'il peut pour adoucir les choses, leur remontrant q^ie les ordres du Hoy luy auoient lié les mains, & que ce luy fcroir Iff DANSriSLEDE S. CHRISTOPHE vne cache trop grande de leslaifTcr enfraindre fans fon confentemcnc : mais les Anglois faifans inftan* ce fur le pecic nombre d*hommcs qui leur reftoir» lerquelsfans vn prompt fccoursperiroienc auflî bien que les autres ; il les prie deluy donner le temps dé faire vn voyage en France , pourpropofer l'eftat de cette Colonie au Roy , & pour apprendre fa volonté là defTus. Cequi luy ayant efté accordé^il part prom- ptementy laiflant le gouuecnement & la conduite à Monfienrde RoHey. Iln'eflpas pIuftofl:enmer,quVn(ecours inefpe- ré arriue à nos François : ce fut vn nauirede Zclande chargé de viures, d'eftofFes, ôc de toute forte de den- rées neccflaires dans les ifles ; le Capitaine de ce vaif' feau ayant trouué duperun bien conditionné chez les François , les encourage & les prie de trauailler pour luy , leur promettant de les fecourir dans fîx mois , ôc de leur apporter des viures Ôc tout ce qu'ils auroienc befbin. Cependant Monfîeur DeCnambuc arriue en Fran« ce , Fait auilî-toft le narré fincere à Meffieurs de la Compagnie de tout ce qui frpaflbic > les affeuranc que s'il n eftoit efficacement a/Hilé , tout ce qu'ils auoient auancé iulqucs alors , eftoit infalliblement 1>erdu : onexpofe lamefme chofe à Monfeigneur e Cardinal de Richelieu , qui refolut de luy donner du fecours.Pour cet efFcdi, il fit promptcm'înt équi- per quatre grands nauires de Roy , & deux autres moyens > les Seigneurs de la Compagnie de leur part, leuèrent crois cens hommes à leurs frais pour I ••; *r m : E J T A B L I S S E M B N T, lubicer dins i'iâaTouccéeembarauemont partit dht Havre de Grâce au mois de luiti lan i6z% fous la. conduite do Mon ficur de CahuGic y &i arciuaà (ainéb Chtifbeipheaainoisd'Aoïift ruinant. '*{ Auffi-tail quelaflotte fut arhuéc, Mon/ieur do Caliufac fit foromor te Cipitaine Vvaernard , pouc ntviBer les cantradts de U partition des terres y àc pour lailTer aux François la paifible poflcflion des quartiers qui leurs oftaienc echeus en partag^.L'An^ glois demanda trois iours pour en délibérer. Moiv« Jieur deCahuiâc répond , qu'il n'a pas vn momenc do temps adonner , ôc qiic û cela ne fe fait toute à Fheuro y il va liurer le combat à dix nauires Anglois^ qui eftoicntle long de la coite , &qui s'eftimoicnc bcaucop plus forts que les aoftres. Les Anglois dif-^ ferans vn peu trop y il leue l'ancre pour aller atta-* quer les nauires: ce qu'ay ans reconnu^ls fe difpiare-« rent au combat, &c îattcndiront auec bonne refcH lution. La bataille fut grande , &iis fureiu long^ tevnps aux pnies, Oinsl^auoir qui auroic le dcillis; mais trois de leurs nauires eftans demeurez ^ Mon-» fiieardeCahuiàc,'quelque$çurfufçmçop remis Ici François dft99 U ÏQuyirAnçQ, 4ç Iqunp biens , &l débarque lc9 tçoi^ c^Hft JiQmçatç 1^ ucz pArlc5 Seigneurs de la Compagnie , pCfrjnit jl fcs Capitaines d'aller courirje bpn bard; Iç/pog de^ ifles habitées pgF los Efpagi^oU. Le C^tpuftip^ Ci- ron, quiatoufioursfuuiyfouiçapïicç X quiw lafioç- te contre les ordres de fowAniiral, leiqu^Uyi^m dfff- fcind'babiteràfcsfraisriflcdQlfiçti^tEMftaçHe ( qui cft vnc petite Ifle à deux Hçuesde &ii3^<9tÇbiiftorpbc la pluî forte d'artietCQ qtjQiVy^ v:çvijdft|is. ?Q»>pç^ k$ Ifles de VAraerique ) y fie tmualllfîr c^, & prcfeflçf pour y baftir vnfon > ^ y cQmmatiçw vfte tabifi^ tion. ,' -t :> ■< .' -^a .i . »/î H. ^j ^ ■. ai*., -y if> Nos François' iouy flàn^ dfvn^ pcofpiîsfijwja: «jwc les Anglds , croyoics^t Hr'iiiftii: pltts d'fèwaçmis à eomb^tre i poiur cefojec ilifl^ Congj^tjnj; plus qujl planter du pétUinJ54jiiM viur^s f«t fc ? iiabif*riion% lors- que vcrslafin^tfOcaobm de kitîftfiîMl A»fli6« Voicy arriuer DomPicderic de TokdQitGjenjçrald'y»- ne armée, fcompofce de tcent£•'^dnq^g|:9sGa^'^ooy> aucc ordiEc cxprcffe du Roy d'iBfpagnc lonAïajftre, de ckaiTçr ks François 3flâ Ici /Ang'bis, de, Tifle d^ B iij 1 a- 14 E S T A B L I S S E M E N T, fain^bChriftophc. Arriucàux Niéucs , il cnleued' bord trois ou quatre rauircs Angloîs, ôc dcftache vn Gallion , de là flotte pour cnpourfuiurc vn autre qui vint échoiicr (bus la fortcrcflc des François à la Ba/Te-terre. Eftant toutprochc de terre , il faliia la fortcreflc de trois coups de canon fans twllcs : Mon- fieur de RofTey qui y commandoit , luy répond de trois autres coups chargez de balles au trauers de fon nauire : fe Capitaine du Callion diflîmulc, ÔC ic cohccrite d'chleucr fàprife. Le (bir venu toute la flotte mouillé lalicreà deux portées de canon de la fortcreflc. MxMificur de Rôfley demande du Cc" cours' aùiîAnglois ôc à Monfieur Defnambuc qui commandoit 1 la Gapftcrre : ceux là cnuoyercnc hmù ccijs hottimes , & celuy-cy deux cens : Il fe re- tranche toiîcc la nuidl: le long de lacofl:e. A hui6l: heures dû matin', trois grandes chaloupes chargées de foldàt^ y partent de l'Amiral pour mettre pied à tetre, fous là conduite d Vn Capitaine Italien fort -eftimé , & tenu pour le plus expérimenté à faire des décentes, qui fut dans toute Tarmée Efpagnole. Il décendauecfes foldàts, à deux portées dcmoufquet du retranchement des habitans , ou il fe retranche^ f>uis faitaUatKçr du monde pour vn fécond retran< chement , & gaign^r ainlî pièd/ipicd iuiqu au re- trattchômcnt des hoftrcs; L'Amiral fit aufli-toft partir de tous lesnauircs , des chaloupes chargées defoldatsi pourdéc'endre à la faueur de cette ter- rafle. Alors vn icane Gentil- homme nommé du Parquet ^ncpueu de Monfieur Defnambuc, voyant DANS riSLE DE s. CHRISTOPHE. 15 IcproGcdc clcsE{pagnols>.&que MonficurdcRof- fey les laill'oit dclcendrc fans s'yoppofcr , luydit; Quoy Monficur , çndurcrons-nous que ces enne- mis triomphent de nous fans les combatre ? SoufFri- rons-nous qu'ils nous égorgent , fans montrer de la rcfiftance l Sera-il dit que les Efpagnols attaquent les François , fans cprouucr leur valeur ? la gloire de Doftrç m^Qtinous dùit eftre plus cotlfiderable. Al- lons Mf ,JiJ faut mourir âuec hooncur > ou cmpeC- cher leur ilcfcen te. Monficur de Roffey. Je voyant fi refalu , luy donna ordre de s*oppofer à leurs ef- forts,, )uy promettant de le fcqonder : Il ne luy de- ccrniine perfonnepour vnefipenlleufeentrepriie; ueantmoins dix ou douze volontaires, rauis dVne fi extraordinaire gencrofité , raccompagnèrent. Il part auffi- toft. du retranchement , met le pied fur la tranchée des ennemis , fcs deux piflolecs tuy ayant manqué , il les jette à la tefte de ceux qui fe prefcn- tent à luy. Son moufqueton luy en fait autant , il met lefpée àta main , êc prend refolution de mour firpluflofl; en homme de cœur, que de receler. Les volontaires qui rauoientfuiuy, lefouftenoient vi- eoureufement, faifàns desmerueillesde leurs peti- fonnes. Le Capitaine Italien , qui conduifoit les Efpagnols 3 vint aux mains aucc luy , & aptes q^I- que reiiflance de part & d'autre , noftrp iqune Hçr ros luy paffc (on cfpéc au trauers du corps 5c Ictucv En nn,apres auoirfait ce quele plus généreux hom«> me auroit pu faire en rn^ pareille rcniQoncre , il tomba bleue d'onze coups , ôc fut tiré 4^sla. tranf te E S T A B L I S s E M E N T; i Ait enaemie par des Sexgens , auec ks ctoditts dt leurs haltbardes^puiK poroé dans le4>iauirc de Demi F^dettc de T'ôlcdc, qui fo tout ce quHl pût pour luy ùvs^Èt^ k ^k^ ïnaisil mouiutdix i>ours après Jaiflant i la çôftemé vïi monumei^t dVnc glotke immor- ceiie,^ vnfenflble regrctàfesetmeimsquiauoient conçeuvtte haute eftimcd» fovakiir. Môftfieat deR.(ïfrejr ^<îyafttMè*ifici4fvikieme'nt faç^ime^ wewd 4e premier l'époutiantc ^ ^CMinc f6$ >{'à»ld^s de fà&uk 'C>ôt)t6«>aliûe, dk tout 4%aut<^ivA fefaut fatiatr , ^ pî^Ad^k cGiorfe vers la CapJftëitvb, ^tûu^ ktuonde s'efercedele Cmmt à >peTteâ'kft- kift^. Ik trient à kur^wiiwc ,'quc tjout dft pérda, qute i*E%agnol ks pdurfiwt, qu*tl Ce ¥atftembarquer ^ansle^àcux fiauires 4|oie^ftoi«nt àla r^éc , & aban- donner Wfle. M'onficur Defnambuc tafche de ks jr'afleiUT^r j^kur'remorttraîHtraEiarntagc de fon poftc, que ks ennemis^ entreprcndroiem iamaisde foiire iiuidblieuës -de chemin au crauers des bois , où ôA ■fourtpcttirrok drcffcrdes 'embufcades dangereufcs, &'que pour concbfionqu'il kurôftoit plus auawta- gcu« êc pks çlorioux , d'cxpokr igcnepcufement fetitt vie -pour le fetuice du Roy , 'que de'faire vncfi h^ntfcufe fdcraitte. Monfîcur de RoSey demande ^ti^ #ienne confeil pourer. délibérer ,od fà brigue •cftttÉIt •k^lus'fofte , ilfut oonclu'quWiàbatfïdonnc. %oit rîfledtt ftinftOhriftophe , qùWiroit ^habituel ccHef 4e k B^bade , '&qu-on pèignarderoit 'Mon- iieur %,': DANSriSLElDE S. CHRISTOPHE. 17 £cur Defnatnbuc, au cas q*i'il n'y voulut confcntir: fi bien qa*eftant contraint de ccder à la violence» ils s'embarquèrent enuiron quatre cens hoixunes dans les nauircs du (jlapitainc dts Roches, ôc du Ca- pitaine Liot j «qui cfloientpour lors à la rade ^ek Capfterrc. ":^^' "î-^-^î ' • r-^rv' . Jt-'f • -' Les Anglois voyons que les Eipagnolss eftoiem iaiiisde la forcereflê des François , s'accommode^ cent auec eux , à condition de quiter lifle dansia première commodité. DomFederic do Tolède eli fitauffîtoft embarquçc leplus qu'il pufty dans les quatre nauires qu'il leur auoit pris enartiualit « de les fit partir en la prcfenceliour l'Angleterre « le relie promettant d en faireautant au préniier iour: £n fuite y les Efpagnols.ayans vifité tous les quar^ tiers de l'ifle , & reconnu que les François s'en efioientfuïs , ils prirent les fîx pièces de canon qui kurappartenQient^& continuèrent leur route, mev naçant les Anglois de ne leur point donner de quac" tier, s'ils les retrôuuoient iamais dans Tifle. Retournons à. no ftrepauure Colonie , qui flotte furies eauësde lamer, conmie les deux petits Iu«> meauxfur leTybre , comme vn lofeph dansfa ci* fterne , 6c comme Moyfe dans Ton berceau fur le Nil j elle eft conduite par la toute-puiiTante main de la Prouidence diuine > qui la tirera fans doute do tous ces mal'heurs^dcpar des cuenemens inefperez^ laferafurgiràbonport. '> Comme cet embarquement auoit eftéimpreueu 6c précipite , de quatre cens hommes daiu deuai^na^ t i8 ^ ^ E S T A B L I S SE M E NT,^ '■" uites y quin auoient des viuresquepour leurs équi> pages , ilsfurenc en peu de temps leduics àrextre- init c, d c n auoir plus quVn ver d'eau, & du bifcuit la pefanceur d'vne ballede moi^fquetpar chaque iour; .Cependant ils font batus de vdntsicontraires, ^va- guent plus de trois femaincs dans ce mifcrablc eftat», lans pouuoir atteindre Tifle des Barbades , qu'ils auoient projette d'aller habituer : mais au contraire; Dieu, eii ayant autrement difpofé:, lors qu'ils pen^ foient auoir fait plus de cent heuës^ils £e trouuerent proche de l'ille de S. Martin, diftante de celle de S. Chriftophe de fept licuës. ' . ; Jls n'eurent paspluftoft reconnu cette ifle,eftans peficz de la neceflité, .qu'ils mirent tout le monde a tef re , pour aller chercher à boire & à manger; maisdans l'endroit le plus fec &leplus flerile de toute Tiflej fis ny trouuerent, nyriuieres, ny fontai* nés, ny mares d'eau douce pour fe rafraifchir i de forte quils furent contrains de faire des puits dans le fable , d'où ils tirèrent de ieauàdemy fàlce ;telic qu'elle eftoit vn chacun en but , & fept ou hui6t qui en prirent vn peu dauantage que les autres y crcue- rent oii' il, a demeure fort* Idng-temps. ' -^* o li.^^qiO q»i îr'^j/idki lain Nos François voyans le Capitaine des Rochcs> barty, creurcnt qu'ils eftaient tout à fait abandon** nezdè^^ur:^ Chefs , qui efloient tous deux dans ce A'auirfec^ls ont recours aux larmes ôc aux regrets, ÔC pafïcrtt' toute la nui6t dans vne trifteffe qui n* efV pas- imaginable : le iour venu ils vont furie bord de la mer continuer leurs plaintes , ou ils découurentla barque du Capitaine Liot, qui eftoitallé chercher des viures } le Pilote de cette barque les confole , les affeurant que Mo^d'eur de Roffey eftoit party feuV &que Monficur Dcfiiambuc eftoit refolude viure & de mourir auec eux : la ioye qu'ils eurent de cet- te nouuclle fut fi grande , qu'iti fe mirent tous à ti- rer leurs piftolets & fofils en l'ait , pour témoigner leur fatisfadion -, car ils aymoient tendrement ce Gentil-homme , qui mit auflî-toft pied a terre , Se après auoir par fa prefence &par fes paroles releuc le courage abatu de ces pauures defcfperex , il af- (cmbla fon confcil , où il fut encore vnc fois rcfolu d'aller à l'ifle des Barbades. Il s'embarque auec en- uiron cent cinquante hommes dans le nauire du» Capitaine Liot , laiffantle reftedans fainâ: Martin, auec promeffe de les enuoyer quérir fi- toft qu'il au- roit pris terre. Apres trois ou quatre iours de naui- gation aflcz fafchcufe , ils abordent heureufement Cii ^ ^ ESTABLlSSIMiENTd/lAG à l'ifle dîAw^oa , oi ils i cnçoitt,w «r le n*uîrc d^ Capiwlae Giron, qitii y prcjikpiir.dçs.c^qç : ils yi/lcci i:«ttt.e4itfrjû« do cous CQftcîs , l>5 ' ,ans tEcnmcc mal £idittc^,jBwwrc(cag«uf9 , ,ô( diffiaiU i habiter , iU f«içri rcnt iaftamcnt ce Capitaine de les conduiïçi i'ifei do Mi#rfàïrêi>hl^bico^ d^i S*«Mag«;s ^ auaienc qttantit^tt do v mes, v cç q^'ij & çrcs-vol ^jçjççs , jsik^ aifedc tiouucï l'occ^fiQndfireodrç qiictlq^^'ftiRi*- ce figftalçattxFxa3ÇQii>qttipomcff»c^f fe i^f q*i'iA ^UQÙ: commis , ab^ndwtwii; hj^A^mfsA^^mf^ U» io Captc-aÀiiQ GirQ»; 4)i!a^i dcife^ ïmiiMt^. «c bout office aux Fançois à(9 h. Qoitm'k^ » cx^xix ^né n'm (éloit p»s doOTïWWï là > mai» qu'il detierit ^icfekffitti^r l^ ehorr© , d'aïufïi bonne gpace cooamc: il 1 awPHi comm^iacé^ : Ui p*çf îôiiffi^ioft p^ut aUcc rocoanoirftir^ ïiile d« foin^CluiftQphje , ic eroiuttc à fo» actiow^uiÇilçs Aipglois^jL rirfolijjp de feraioicqtter de la pjjQime/feq^il* awoi«iMi fok àV51paçnQU ca oftoÂçaj^' fewrlfi d:p«a^iwei5 le» ir^fti-es. Au mo?m^îiftit: qo'iUrQKH^m ijeconiuA» ik byiCiiîVjQjH^rent vnCaipv-» t^im^é^n^^^ ^h^loupc » fj^^tj^luiydctfexidjre Ka?*^ hçifdÂ^hta^M^ : Cmmiipçmi^am puisqWife lej tjsgiftoKOt dei>nemy >9^il Iftuj zlhkUivet wfliwe tirç©^'iip»c^ytiaKW(Cf*if la mer; ^ûanmefeictçiDpf. %Btaqv».«dôiu i>aiUirq^ Anglais , qMi eftpiQnE. à k in- 4fi % (km burdonjoiçc teltc^ifif; dteiforcçonîWJiiifl^ «2fe^ apiçp4 l«f* attâif fonimlî erMâc i çQupstdst c;aoofv ,. ik ^^ik qmpai-tp. ;, pw5 vio^î HfloiwUc^ l'^*iic;w proehçr DA^rS yiSlE PE î. CHRISTOWiE. u iun^tM pïoKdsint , qucsilciroit vnfetilcoup cio farK)n^il le coalcrbic ifond. Cela faiic^ili CDuoyo promp|:f m^l vne cic ics cicux prilTcsà Mont{àrr»Ci ^ l^Mtrcj î^ ÙLÏvtât Marrin y jiotuj ramener tous le» FiWiÇPis «bas yiûacio&inrtaChriitophc : cette no a- uclUliirpifift.c»tfC£oémci|tiiei9 habitans , qui nef p€S{)(]ktH fM^ntt)tàQi0qdVj»fihcti£ fuccez >.d vne aftiiûrc^e» VA fî imuuaéseftac j ils en pleurent àe i/>yc^ é< après mille bcnediâtoos ^ acSkions de gré- ées à( pieu ^ ils psurccnt de Mont&rrat & de fain^ Martin, pour retourner à faindb Chriftoplie> aufii conttfm que les lfta daiQsIef> qjuels il y autut btca* encoc trois eeas cinquante hjQjapmicSîtoqs boji» (oiklais éc bien armez p parle lushoiUtqu'ai^rAitant, ^mcna^ele^ Angjois de euir paOèf fur bt vécre, s'ils Eomc lar moindre Eefîâan> ce.Mais quoy quieles Angloisfuflèn^ en beaucoup pWgjcand ibombfe que les mi^Qs y n eAans pats agucrii^^ la plus grande partie fans acmes) acquief* ccrentamiablementàtouc ce que le^Erasnçoifvou- kiremc i fi biicnque MonGeur O^fnan^buc fc fai(ic de {ôs anciens poÂes > ^ tous les particuliers- & de touteioACC d'outiU pouc culùviea: la terre > trouue^ C lij E XI E s T AB L I s s Ê M EN Vi Ad xtnt que l'Etpagnol auoit tout rcnucrfc , arraché ite : viurcs , & cnlcué iufquau moindre ferrement : telaî fut caufe qu'ils con[imciiccrcnt l Ç^yuStir th\it dc[ Bouucau , & la famine les prcfTafi fort j qu'ils fuflertt^ tous péris de faim y fi deux moii après leur àirriaée,' ils n'cuflcnt cftc lecourus parle Capitaine dcZclan- de y qui auoic traiâc auec Monfieur Defnambuq auanr fon départ. Ce Capitaine fut fi fenfiblemeric touche de leurs miferes , qu'il leur vendit, paiây vin, viande,& tout ce qui leur eftoit neceâ~air«,a fix mois de payement. a- ^^ Nos habitans à lafaucufàcedfecôurf^; plantent des viures , font tant de petun, que ce charitable Ze'-î landois , qui les auoit aflîfté fi à propos, reccut à Ton retour le payement comptant de toutes fes mar- chandifes , fans que nos habitans fe mettent en pei^ ne de rien enuoyer aux Seigneurs de la Compa- gnie , pour les droits qui leur eftoient deus par leurs traid^ez : ils continuent de trafiquer auec les Holan- dois , qui ne les laiflcnt manquer dequoy que ce foit, horfmis des hommes, qu'ils ne pouuoient tirer que de la France. Cependant , la Compagnie fe plaint qu'ayant auancé plus de cinquante mille efcus, pour l'cfta- bliffement de cette Colonie, il n'eft pas raifonnablc que les Eftrangers en ayent le frui6t. Nos habitans répondent qu'il y ade l'imufticc dans le traidté qu'ils ont fait auec ces Seigneurs , & que s'il le vouloient garder, il ne leur refteroit pasdcqtioy suoir vnc chemifc , après les auoir payé. La Compagnie suoir vnc DANSL^ISLEDES. CHRISTOPHE, ij croyant qu'ils ne fc pourroicnt pafTcr d'cllc/c pro- met de les connaindre, en leur déniant tour le fc- cours quelle leur pouuoit donner : elle les laiflfc deux ans entiers fans les vouloir aflifterdVri Prê- tre, qui leur adminiftra les Sacremens : c»n faifît leurs rnarchandifes dans tous les Havres de France; on craprifonnc leur perfonnes*,& on va (i auant,que de dcffendre aux Capitaines des nauiresdans leur congé, depàlTeràriflcdcfaindChriftophe. Mais nos habitans le voyans fccourus des Hollandois, fc mocqucnt des efforts de la Compagnie , & fe re- fluent de ne iamais enuoyer vne livre de pecun en France , fî on ne modifioit le premier traiété : fî bien que les Seigneurs d: la Compagnie iugeans aflez que toutes ce< violences ne fe pourroicnt ter- miner qu a la ruyne de la Colonie , &â la perte de tout ce qu'ils auoient auancé ; ils choifîrentvn ex- pédient plus doux ) à fçauoir , de leur enuoyer fur la fin de l'année 16 iu vne barque , appellce la Cardi- nale, qui leur portoit pour fecours, vn Preftrc, deux Capitaines, deux Lieutenans, deux Enfeignes,doux Sergens ydcuxGorporaux, deux Anfpfades, deux femmes, deuxenfans, & deux Commis pour con- noiftre de ce différent , &: modifier les droicfis , fé- lon qu'ils le iugeoient à propos. Apres que ces Commis eurent entendu les raifons des habitans , il fut arreflé dVn confcntement commun , que les droits delà Compagnie feroicnt décent livres de pctun par telle pour chacun an. Ce qui a toufiours cfté gardé depuis^ufqu'à ce que les Seigneurs de la •' i U EST ABLISSEMENT^rAn Compagnie fcroienc deffakile ces iilcs^nlosyet^ d^nt a des particuliers. ; -^ ' , n . Nos François voyans que la Colonie AngIoi{è s augmencoit à proportion que la noArediminuoit, êc qu'il y auoic deùa cinq ou fîx mille Anglois, au lieu que les noftrcs n'cftoicnt plus qu'enuiron deux censjils fe maintiennent engens defefperezen at« tendant du fecours ^ ne forcent tamais de leurs ha- bitacions^ qu'ils n ayenc cinq ou fixpiflolets pendus à vne ceinture de cuir, ôc vn fufil (lir i'efpaule ; H bien qu'ils imprimèrent vne fi> grande terreur de leurs perfbnnes dans l'efpric des Anglois y que le^ plus hardis d'entr eux eftoient forcez d'auoiicr in*- genucment qu'ils aymoiènt mieux auoir afiaire 1 deux Diables, qu'à vn François. Durant tout ce grand abandonnement , nos François viuentfous la fage conduite deMonfîeur Defnambuc, auec tant d'vnion, que tcnteftoit corn* iny parmy eux; êc quoy qu il n y eut ny Notaire, ny Procureur , ny Sergent, il y auoit plusde foy & de feuret é dans la feule parole d'vn homme 9 que dans toutes les écritures des Tabellions : s'il arriuoit ruelque différent, MonfieurDefnambucen eftoic eul le luge, d^ les terminoit auec tam d'adreffe,que tous vnanimement fe (bûmeccoient à fes ordon- nances auecioye. Sa prudence parue dans vne oc* cafion fort épineufe , en ce qu'il appaifa £rpacifia vnequcrelle> qui eut jettcnos habitans da^ns^leuilg f>remieres miferes, ôc eut entièrement ruyn^ buCa* onie. En yoicy le fujec^ Enuiroj;! la fin de l'année ?, ^1 DANS VISIE S. CHRISTOPHE, i; i6jy il fc Icuavn murmure des feruiceurs François contre leurs maiftrcs. Tous les feruiceurs deman- dercnclcur liberté à MonfieurDcfnaiûbuc, luyrc- montrans qu'ils auoient pai leur trauail rembourfc au double leurs maiftres , des frais qu'ils auoient fait pour eux , foit dans la trauerfce , foit dans l'iflc: D'autre- part les maiftres fep"eualans delà couftu- mcdes Anglois, qui engageoient leurs hommes a fcpt ans de feruitude, prétendent n* auoir pas moius defpenfc que les Anglois , pour le partage de leuu feruiteurs , &parconfeqvient qu*ils en dcuoicht ti- rer le mefmc fcruice. Ce Père commun trouua d'a- bord de l'aigreur &c de l'opiniaftreté dans Tefprit àcs vns ôc des autres; neantmoins fe fcruant de cet- te affabilité qui luygaignoit les cœurs d'vn chacun, il les contenta tous , faifant vn règlement, autant iudicieux qu'vtilc &neceffaire à la Colonie , qui portoit que les feruiteurs paflez dans l'iile auxdef- pens de leurs maiftrcs , les feruiroicnt trois ans en- tiers, à gages proportionnez à leurs forces, après lequel temps, ils auroicnt pleine liberté de retour- ner en France, où de s'habiter dans l'ifle. L'autho- rité de ce Gentil-homme a eu tant de poids , que cette loy a eftc 6c cft encor inuiolablement gar- dée dans toutes les ifles que les François habi- tent. Ce différent appaifé, il ne manquoit plus rien à ce petit fiecle d'or que des hommes , lefquels les Seigneurs de la Compagnie ne vouloient plus rif- qucr , dans l'apprchenfion de tout perdre aueclcs xd ÊSTABLISSEMENT, • deniers qu'ils auoicnt auancé dans les premier» cmbarqucmcns. Ce que les habitans ayant con- nu, ilcommancerent àvcnireuxmefmes en Fran- ce en l'an lô j3. & 16} 4. & Icuer des hommes à leurs frais, pour peupler l'ifle: d ou vient que depuis ce temps, on n'a iâmais paye les droits de la Compa- gnie qu a regret. ' Noftre Colonie s'eftant vn peu r*afFermic par les efforts de nos habitans, commença bien-toit àse- pandre dans les plus belles ifles voifîncs , ainfi que nous dirons dans la fuite de l'hiftoire : Il faut pour- tant auoiier que n'eftant pas fccouruë de la Com- pagnie , elle n'a fait que languir dans fain^t Chrifto- phe,iufqu a l'arriuce de Monfieur de Poincy, Lieu- tenant General pour le Roy : ce braue Chcualicr voulant s'acquitcr de cétilluftre employ dans TA- mcrique, auec autant de gloire v]u*il en auoit em- porte en Europe , dans les plus importantes char» ges de larmée nauale , oii il auoit commande plu- fleurs fois en qualité de Vice Admirai de France*, employa fes foins ô:le reuenu de fesCommanderies à peupler, pohcer, Ôc orner cette ifle : il y a fait bâ- tir des Eglifes, vn fuperbe chafteau, ou il loge ; vnc citadelle à la pointe de fable , vnc bourgade à la Baffe -terre , &plu/ieurs autres beaux edjhces : il a fait agrandir les chemins, quil a ornez en plufîeurs endroits , d orangers ôc de ciftroniers.Son bon gou- uernement a attiré les François de toutes parts,pour y habiter , &r les marchands , pour y vendre des efckuesj qui font comme les dèu3^ bafes d vneCo* • > f'L. ' 'C" premier» pnt con- i en Fran- les à leurs depuis ce aCompa- tiic par les -tort àsé- , ainfi que faut pour- e la Corn- (StChrifto- incy, Lieu- Chcualier y dans TA- auoit em- ntes char* riandé plu* de France*, manderics yafaitbâ- llogejvnc rgade à la ices : il a Elufieurs ongou- parts,pour endre des dvncCo- .'.''^ Il \ DANS L'ISLE DE S. CHRISTOPHE. £7 lonie. Eniîn,ilcn afait nonfcuk ncnt la Capitale, mais la plus floriflanre de toutes les iflcs. Il s cft ren- du redoutable auxAnglois, aymableaux François, ôc gouuerne cncor aujourd'huy cette ifle auec la charge de Lieutenant Général du Roy fur toutes les autres. le ne veux pas meftendreicy à décrire ks éloges de cet iUuftre Gouuerncur, cette matière exige vne plume mieux taillée que la mienne , & la quantité de fês beaux faits eft G prodigicufe, qu elle cmplirbit plufieurs volumes. De tefiablijfement de U Colanie Franfoi/iy dans ïlfte de U Guadeloupe, CHAPITRE SE'COND. IL y auoit dans l'Iflc de faind: Chriftophe vn Capi- taine, nommé de Loliue, dfcs plus riches, des pms anciens , Ôc des plus courageux habitans de cette Colonie Françoi(c. Ce Gentil-homme auoit vne parfaidbe connoidànce de la qualité de toutes les Iflcs voifines , pour les auoit fort fr^equcnté : Eftant venu en France Tan 1^34. auec quantité de mar- chandifè , il rencontra dans la ville de Dieppe peu de iours après fon arriuée > vn Gentil-homme ap- pelle Dupleffis, lequel auoit defîa eft^ à faini^Çhri- llophe auec Monlieut de Cahufac , Ar eftok fur le point d'y retourner : Ces deux Gcntik^hommes s'entrctenans tous les iours de la fertilité ,:& de la beamédecoucesccsiâcs, iiiaispamcuHeretiAcfil de celle de la Gui»d«lT!)upe t qui a des àuantiigcs orei^ D ij I ;l fi it ESTABLISSEMENT, confidcrablc? fur toutes les autres ) conccurent vn généreux dcffcin d'y ictter vnc nouucUc Colo- nie. Ilsvienncncà Paris, communiquent leur refolu- tion aux Seigneurs de la Compagnie, leur font vne declarationforcfincerc de la grandeur, beauté ,& fertilité de cette ifle , les aflcurent de leur fidélité & engagement à leurs intercfts , pourueu qu'ils veuil- lent interiner leur requefte. Les Seigneurs de la Compagnie en parlent àMonfeigneurle Cardinal de Richclieuiil les écouta vci inticrs,lesreceutauec joye, approuua, &loua leur entreprife,& ordonna que leurs commiflions fuflent expédiées. le ne fçay ce que conceut ce grand Génie de cette propofition , luy qui ne projettoit rien de pe- tit dans fes deflcins : mais il éft certain qu'il tint vn dilcours au Reuerend Perc Carré, Supérieur du Nô- uitiat des FF. Prefcheurs à Paris , qui faifoit aflez connoiftre qu'il efpcroit vn tresngnalc progrez de l'eftabliflement de la Colonie dans cette ifle; car iliuyditquil vouloit eftablirvn Séminaire dans la Guadeloupe, qu'il rempliroit: de Religieux de no- treOrdre, pour s'en fcruirnon feulement dans les tfles, mais dans les terres fcrmcs,ouil vouloit jetter des Colonies Françoifes. Il le pria de luy deftiner promptemcnt cfuclques Religieux pour fecourir fpirituellement , & les François de cette future co- lonie, & les Sauuages naturels du paysi^- '^"! r*^ Le Reuerend Pcre Carré inclinant volontiers à de il fainâs deiirs,^ voulant fccander vnc fî Chcé* 4t; ccurent vti icUc Colo- cur rcfolu- Lirfontvne beauté, & rfidclitc&: [u'ils vciiil- Leurs de la c Cardinal eceucaucc 5c ordonna )• Génie de rien de pc- [u'il tint vn îurduNo- lifoit aflcz c progrei te ifle; car re dans la lux de nô- t dans les |loitjetter deftiner fecoiirir uturc co- lontiers à cfiChrc- i i I *■ m DANS riSLEDELA GVADELOVPE. t^ 'tienne entrcprifc , luy nomma quatre de fcs Reli- gieux, véritablement dignes de cet employ : àfça- uoir, le Reuerend Père Pélican, Dodeurde la Fa- culté de Paris, le Reuerend Père GrifFon, le Reue- rend Père Nicolas de faind Dominique , & le Reue- rend Père Raymond Breton y Dieu voulant par vn cffetde Ton adorable Prouidence, que la conduite (pirituellc de cette ifle fut donnée aux Religieux de (aincSt Dominique , comme ayant efté teinte du fang des généreux enfans de cet ordre Apoftoli- que. No.^ Hiftoricns font mention de douze Reli- gieux , qui ont arroufé la terre de la Guadeloupe du *âng qu'ils y ont répandu , en publiant l'Euangi- le aux Barbares qui l'habitoient. Le Reuerend Père Malpeusdans fonliurc intitulé ^ patma fidei FF. Pr^- dkdtorumy en parle en ces termes. Anno Domini M. DC» ÎIL mtnfiDecemhri, inînJtiUGuadalupe Z^Lno- flris ad Philipftn^sfroficifcentes ypro Chriflifide martyrium confianterflihiere. Interquos à P. Petro Caluo Ith, i, delà- CYjmis Kdigionum rccdnfmtur^Y, loANNEs DE Mo- R A T A L L A , ConuentmVaUntini ^ 'vti ^ catcn fubfc" quentes , alumnus, F. ViNCENTivs Palav,F. lOANNEs Martinez, natus in villa Alcani'zjnlt^ Kegni JragonU. F.Hyacinthvs Ci s terne s, horum agones defcrippt Admod, R, T, F. loannes '^^ay.a^ nationeAragonenfis ex optdo de Alque'j^avy teftts ocuiatHS^ ex in ficietxte Ad^injmm duabus fagittis vnlneratus . Ex- uteius defcriptio in Àrchiuo Conuemus S. Petit martyrts C4/4r^«i/f»/îi,Lc Reuerend P. AlphonfcFernandes D iij Il 30 E s T A B L ï s s E M E N T, dans fis Cowcf rMf/o»5, appuyé fur l'authoritc du Cha- pitre General de tout l'Ordre des Frères Prcfclieurs, tenu à Paris l'an i^ir. qui en parle dans Ces Ades, nous produit encore fix autres martyrs, que les Sau- uagcs de la Guadeloupe tuèrent à coups de flef- ches l'année fuiuantcmil fîx cens quatre , voicy ce qu'il en a écrit. F. Petrvs Morenvs ^nattone HtJpunuSj ex opido VilUlua delRey^Conuentus Segohienfis alumnuSy ad viueam Domini lafonenfim cjr Chmenfem ex" colendam nautgans j m itinere ad infulam GuÀdalnfenfem vm mm qtiinque fidalihus Ordinis , "Barharorumfagittis anno Domini M. DC, IV, occuhuit, Chriftianis vero cor- fora eorum colligentthtiSycateriJqueyqm in ea dajjèveheban- tuTy illuflriapgna apparuerunt ,qua martyrumfan^ttatGm confpicue demonflrarent, Monfeigneur le Cardinal extrêmement fatisfait de l'ofFre du Reuerend Père Carré, en fit écrire auf- C-toftàRomc , pour obtenir vneMiflîon du Pape Vrbain VIII. où il eut tant de crédit , que fa Sainte- té accorda fa demande , fit expédier vn Bref, dans iequcl,outre les priuilcgcs,5«: les faneurs dont il gra- tifia lesnouueaux Mimonnaires, il fcmble déroger aflcz ouuertement à la donation d'Alexandre VI. en permettant à des Religieux Frïinçois d'aller à ces ifles de rAmerique , defquelles perfonnc ne pouuoit approcher fous peine d'excommunica- tion, portée dans la Bulle adrcffée auxRoys de Ca- ftille , qui dcfFc nd ; ê^bufcumque perfonis , cuiufcumqut dignitatis ,etiamImpemUs ^ Regalis flattes ygradut y ordi- ntSyvdcondimniSyfié e>c'communic4tio ( fans préjudiciel: aux droits de U Compagnie ) & déplus > que pendant dix au:inée$y personne ne pourrait trafiquer dans cette ifle , ft- non les Capitaines des nauires onuoyez par les. Marchands^ Cela fait,nos Capitaines amafTcrenten diligence cinq cens hommes» qui prefquetous fui ent obli- gez à ferait trois ans poitr leurs pafTages i leivmà nos Capitaines ? les autres aux Marchand?» & à quel*^ ques particuliers , 'aux frais defqucls ils auoient paâTc, Monfieur de TOUnc & Monfieur Dupleflî^ s'embarquèrent auec quajtre censhommes dans le nauire du Capitaine Fel>& enuiron cent dans la bar- que de DauidMichel^fous la conduite d'y a nommé laRamce. Ils partirent de la rade de Dieppe le yingtiefinc May Fan i6^f. Nos deux chefs , dont lesCommif- fionseiloient égales» auoient deiia eu quelqiiiûdi& fercDJt couchant la primauté -, ce qui fut laiadn;Q> & ! , t H 34 ESTABLISSEMENT, le commanccmcnc funcftc de tous les dcfordrcsj car fi deux Monarques font incompatibles dans vn Royaume, deux Gouuerncurs ne le font pas moins dans vneiflej principalementlors qu'ils font d'vnc humeur difFcrenu comme eftoient ces deux Mef- fîeurs, dont le prc -;ier eftoit vn foldattrcs- cou- rageux, doiié de quelque bonté naturelle; mais fi facile à perfuadtr , que fans beaucoup de Rhétori- que, onlefaifoitcondefcendreà tout ce qu'on fou* Haitoit. Le fécond eftoit d'vn efpritplus doux,trc$- capable, &dVnbon iugementiilauroit fans dou- te garde vne parfaite intelligence auec Monfieur de roliue , fi celuycy nauoit cfté perpétuelle- ment comme obfedé par vne troupe deplufieurs gens perdus & (ans ame, qui luyferuans dfîconfeil pcruertilToienc tout ce qu'on luyfaifoit conccuoit de bon. La trauerfée de toute cette Colonie fut tres-fa- uorable : Ilsarriuerentlevingt-cinquicmc iour de luin à l'ifle de la Martinique , qui n'cftoit alors ha- bitée que des Sauuagcs. Le mefme iour nos Reli-* gieux y plantèrent la Croix , au pie d de laquelle nos Capitaines appliquèrent les fleurs de lys. Les Sauua- ges y eftoient prefens , & comme dcs^ fînges firent toutes les cérémonies qu'ils virent pratiquer dans cette action, s'agenoiiillans &baifans la terre com- me nos François. Le vingt -huitième de luin 1635. veille defaintîî Pierre & faindPâul, cette nouuelle peuplade arri- uaàla Guadeloupe :1e lendemain nos Pères drcife: DANS riSLE DE LA GVADELOVPE. 3; rcnt vn Au tcl,erigcrcnt la croix, baftircnt vne C ha- pcllcdtns laquelle ils célébrèrent le faint Sacrifi- ce de la Mcfle, &t le mois de Septembre fuiuant, ayant receu le Bref de leur MilIion,en dattcdu dou- zième luillçt i63)'. ils en firent la ledure publique- ment auec vnc iatisfadion incroyable de tous les habitans,lcfquels depuis ce temps là,leur ont rendu tous les deuoirs d ouailles , comme à leurs fculs ôc légitimes Paftcurs. :> '" .. • Nos deux Chefs n'eurent pas pluftoft mis pied a terre , qu'ils chercherét vn lieu commode pour ha- biter : à cet effet, ils parcoururent toute la cofte, & après s'eftre beaucoup trauaillez , ils choifirent par mal-heur l'endroit le plus ingrat de toute l'ifle , tant à caufe que la terre y eiloitrougc ( &c par con- fequent plus propre à faire de la brique , qu'à recc- uoir du plan ) qu'à caufe des montagnes. En ce mauuais lieu , ils déchargèrent tout ce qui cftoit dans les deux nauires , ôc partagèrent tant les liom- mes,que les viures & munitions de gucrrc,non fans beaucoup de bruit & querelle entre ces deux Capi- taines. . .■ iiéiiirjj .,'< ;ji.Gl]iJ •. î Monfieur de l'Oliue fe plaça à la droite , & fit baftir vn petit fort qu'il nomma, le Fort fainâ Pier- re , parce qu'en ce iour confacrc à la memoi re de ce Prince des Apoftres , ils auoient pris poffe ffion de l'ifle ôc arbore les armes de France. Monfieur. Duplcflîs tint la gauche, & s'habitua enuirondcux portées de moufquet de fon compagnon , leurs ha- bitatiôs ôc la plus grandi occupation de nos Religieux n*eftoJt pas feulement de con(oler ceux qui en efboieî:^t capables j mais d'empefbhcrlesvnsdcfcprecipiterdanilamcr, 6c d'arracher Icseordesdcs mains des autres , aueclcl* quelles ils fc vouloi^f^nt pendre : Ceux qui farent aiTez hardis pour defrober quelque morceau de pain,eftoientchaftiez comime crinduels, quclques- vns forint attachez«uCarcan,d'a«tres f\irent fouet- tez , &'d*autrts furent marquez furrcfpaule de la fleur de ly«. Nos François dans rextr^mité de leur* maux,au* roicnt fans doute rccea beaucoup de foulagemcnt des Sauuagcs de l'ifle , fi leur humeur impatience ne les eut rebute ; car ces barbares ne fe doutant point du deffein qu'on auoit de leur faire lagaerrc , vc- ^Kïient fouuem les vifitcr , êc iamais les maires nii- des^ ayant mcfiiK remarque que nos gens auoient E ii} ■•¥«*■■ l ! il S% ;^0 EST ABLISSE MENT, ^'^^ ncccflitc de viincsAcur s Pirogues cftoicnt toufîours vntfjfi 1111 ttd-bA- remplies de Tortues, de Lézards, de cochons, de ^td '*' poiflbns, de caflàne, de patates, & de toute forte de UroJZ frL:i<-ts du pays. Mais nos gens ennemis de leur u^.fau propre bon-heur , fc plaignent de leur trop frc- quentes vîntes , dilans qu ils ne venoient a au cre defTein que pour reconnoiftre leur foible, & en ti- rer auantagc. Dans cette pcnfcc on en mal-traida quel- <|ues-vns , & mefmc an fut fur le point d'en dé- faire deux ou trois Pirogues qui (c prefentoient. Les Sauuages , à qui peu de chofe donne répouuantc, s cnfuyrent & ne retournèrent plus : on commen- ça bicn-toft à reffcntir leur ablence par la priua- tion des commoditez qu'ils aUoir*"_r couftume d ap- porter aux habitans. Pour lois on les combloit d'iniures & de maledi(Slions i un crioit qu'ils vou- loient faire périr de faim vne partie des François, pour auoir meilleur marché durefte : Envn mot, on concluoit qu il falloit aller tuer tous les Sauua- ges, prendre leurs femmes & leurs enfans,& f" fai- «r de leurs biens. Le Reuerend Père Raymond fit tous fes efforts pour deftourner cet orage de def- fus la telle de ces innocens mal-heureux. A fes re- monftrances Monfieur de l'Oliue quitta ce detefta- bledeflein, &luy promit folemnellement qu'il ne feioit- aucun tort aux Sauuages , fi auparauant il n'en efloit attaqué : mais en perdant de veue ce bon Religieux , la première conférence qu'il auoit aucc certains boutefeux, qui luy fcruoient de con- lit DANS VISJ^E DE LA GVADELOVPE. 55 fcil , luy faifoit oublier fcs promcfTcs ôc changer de rcfalution. Le fcizicmc Septembre, lorsque tous nos habi- tans efloient réduits à la dernière extrémité , on ap- perceut le nauire du Capitaine TAbbc, frettc par les marchands de Dieppe : àfonarriucetous ccstriftcs affamez creurcnt qu'il eftoii charge de viurcs pour lesfccourir; dans cette croyance ils firent quelque dcmonftration d allegreflc ; mais cllcfixt bien cour- te, car ce nauire ayant amené prés de cent hommes, il n'auoit apporté de quoy les nourrir que pour trois mois i fi bien que ce fccours fi ardamment attendu, ne leruit qu'à les rendre plus miicrablcs. Tout ce peuple affligé efloit dans vnc confterna- tion fi eftrange , qu'il ne fçauoii à quoy fc refi^udre. Monfieur de l'Oliue comment tout de boni trai- ter auecfon confeil , de faire la guerre auxSauua- gcs; mais trouuant Monfieur Dup xclfis fort peu fle- xible àfes volontez, il s'embarqua dans le nauire du Capitaine l'Abbé pour aller à lainéb Chriflophc y fonder Monfieur Dcfnam bue , qui enelloitGou* uerneur, & tafcher de luy faire agréer qu'on decla- raftla guerre aux Sauuages. Ce brauc Gentil-hom- me n y voulut iamais confcntir j au contraire, il taf- cha de le deftourner de cette mal-heureufe cntre- prife, & luy fit promettre de s'en defiiler. Durant fon abfencé , Monfieur Dupleffis voyant la miferc de fonpeuple , & les affaires dans vn train de très -mal reiifiir , en conceut vn tel regret , qu'il en mourut le quatrième de Décembre 1635. Lqs. ïï \i 40 irBS TABXISSEM|Nn Sauuagcs qui cftoient à Fiflc de UDominiquc , fu- rent aucrtis de fon trcpas le mefme iour, & a la mcf- me heure par vn BoyéxUs le pleurèrent & en firent autant de deuil>que s'il eut eflé vn dos plus confide- fables d'cntr eux. Monfieur de TOliue auerty de la mort de fon compagnon , retourna prompcemcnt à la Guade- loupe^s'empara de tout lepcuple,& crcut/e voyant feul maiftre abfolu . que tout le monde fcroit joug i fcs volontei. En cfFet,il fit conclure la guerre aux Sauuages le vingtième lanuier milfix cens trente-* (tx. Pour preuuedc cela^ayant apperceu le mefme iour à vnelieiië durfort, vn Canot de Sauuage , il commanda des hommes pour les aller malTacrer; mais à leur arriuée ibtrouuerent qu'ils s eftoient re* tirez. * Pendant cette conjonûure de temps, arriua que quelques Sauuages prirent vn liétde coton dans le cul -de fac à des Vareurs y au lieu duquel ils mirent vn porc& dcsfruiâ:s ; c'cftoit plus que le liân» valloit ; & mefme ceux quiT eftoient intereffcz m'ont aircurc,qu on le leur faifoit à croire. Or quand cela auroit eftc , c'cftoit vne fimplicité de Sauua- ge qu'il falloir diilimuler ; neantmoins on p rit pre • texte là-defTuspour conclure la guerre. Vn iour que nollre Rcucrend Père Raymond cftoit occupe auprès des malades , qui cftoient en grand nombre ; Monfieur de l'Oliue s embarqua auec tous les Autheurs de cette confpiration , Ôc s'en allèrent , fous-pretcxte de diercnei vne place plus ■| DANS LISLE DE LA GVADELCVPE. 41 plus faine , vers les habitations des Sauuagcs , qui eftoient , ou eft àprefent fîtué le fort Royal : les Sauuages s'cftoient prudammcntdifpofcz àlafuit- te, & auoient mis le feu à leurs Cafés, amafle Rem- porté tous leurs viures j en forte qu'il ne reftoit plus quVn bon vieiJlard,nommé le Capitaine Yan- ce, aagé de plus de fix vingt ans , auec trois de fes fils , & deux autres ieunes Sauuages : il eftoit furie point de s embarquer, & comme il vit les François venir à luy , il leur cria pluficurs fois , France non point fafche, ne fe pouuant mieux expliquer : On luy protefta qu'il ne luy feroit fait aucun tort, qu'il n'a- uoit qu'à vcnircnafleuranceauec fes enfans^ce qu'il fit auffi-toft. Quand on fe fut faifî de fapcrfonnc & de fes fîls, Monfieur de l'Oliuc changea de face & de dif- cours , Tappella traiflrc , & luy dit ; qu'il cfloit bien inlliuit delà conjuration qu'il auoit faite auec fes compatriotes , pour venir tuer les François : mais voyant que ce vieil Sauuage le nioit opiniaftre- ment, il tira vnc monflre de fa poche , &luy ditj Tiensjvoila IcM^hoyA de France (c'cfl: a dire le Dia- ble) qui mel'aaffeuré : Ce barbare tout furpris de voir les mouuemens & les reflbrts de cette mon- flrsjcreut que Monfieur deTOhue luy difoit vray: il commença auffi-tofl àiniurier ce diable fuppofé, luy difant qu'il efloit , vn mcfchant & vn impoC- teur,& que ny luy,ny lesAUtr .auçA*n defplaifir aux Fran- çois. F 4t E S T A B L I S S E M E N T, Monficur de roliuc luy commanda d'cnuoycc vil dcfesenfans pc»iir arreilcrles femmes , qui ne- toient qu'à cent pas de là i ce bon vieillard donna cet ordre ; mais celuy qui fut enuoyc, au lieu de re- tourner, donna répouuante aux femmes , & leur fie auancer chemin vers la Café du Borgne , quieft le fort de fainte Marie : De quoy Monfieur de i'Oliuc fut tellement irrité , qu il fit lier le vieillard , & le fie mettre dans fa chaloupe auec vn de fex fils , lequel on poignarda au(Iî-toft en faprefcncc. Cela fait, ils vinrent au père , qui eftoit demeure tout faifi dWiiQ fi horrible cruauté, ôc après luyauoir don- cinq ou fix coups de coufteau , ôc cinq coups d'ef- pcé au trauers du corps , ils le jetterent tout lié dans la mer , lateftc en bas; mais comme ce bon homme eftoit dVne'naturefort robufte pour fon âge, il faifoitencor quelques foibles efforts pour fc fauuer , fe dcflia vne main , ôc nageoit vers la cha- loupe, implorant la miCcricorde de ces inhumains, auec des cris capables d'amolir des cœurs detygrc-, eux au lieu de ljfecourir^»^ar vne cruauté inouye,& par vne rage épouuentable , l'affommerentàcoups d'auirons. Us herent les deux autres , &c leur firent com- mandement de les conduire ou eftoient les fem- jaies : Vn d'iceux jugeant bien qu'il ne feroit pas plus fauorable ment traidé que les autres , prit l'oc- cafiond'vnefalai{c,dVne hauteur prodigicufe, de laquelle il fe précipita en bas dans deshaners & des ronces, fans fe rompre au.cun membre : Quoy qu'il DANSL'ISLEDELAGVADELOVPE. 43 fc fut dcfchiri tout le corps , il ne laifla pas de Ce rcndrclcmcfmc iour à cinq lieues de là,oixeftoient les autres Saunages auec les femmes , pour les aucr- tir de tout ce qui s'eftoit pafTé. Remarquez icy vn trait fîgnalc de debonnairetc en ce Sauuage , qui contrecarre la cruauté ôc barbarie des noihes. Ceft qu ayant rencontré au milieu de tous ces Sauuages vn garçon François, fans luy tefmoigner aucun ref- fcntiment , fe contenta de luy dire dans fon bara- goin , 0 lâcqueSyFrance fvoucLefafche i ly mdtté Karaïkesi ceft à dire y lacques les François font eztremémeiK fafchez , ils ont tué les Saunages. - Cependant, nos Meffieurs dans rcfperance qu'ils auoient de rencontrer les (auuagefTes , marchoicnc à pas ai-flez vers le lieu ou ils les croyoient trouuer: Mais Dieu , qui auoit vn foin tout particulier de ces innocentes, en difpofa autrement ; car eftanspris de la nui(St » Ôc abatus du trauail du chemin qu'ils auoient fait , ils furent contrains de fe coucher fur le bord d'vne riuiere,faifans repofer au milieu d eux, lefauuage qui leur feruoit de guide : Ils s'y endor* mirent li profondement, que ce mal-heureux eut le temps de fc dcflier, & fe fauuer à la faueur d es bois & de la nuid:: à leur réueil ils fe trouuerent fr uftrez de leur attente , & furent obligez dcs*enreto urner fans condu6^eur , au trauersdes bois,apres auo irvi- ficé toutes les habitations des fauuages. ^ Les Sauuages qui furent auertis parle premier qui s'en eftoit fuy,s*auifercnt d'vne rufc qui coufta bien chcc aux habitans j car voyans qu'ils auoicnc Fij t ! hi! !li 44 ESTABLISSEMENT, beaucoup dç manyoc nicur dans leurs jardins d\i petit Carbet, ils le coupèrent au raz de terres de for- te que nos Fr.-^nçois cnrageoient de faim , fur les viures qu'ils fouloicnt aux pieds fans les con- noiftre. Nos gens cftans retournez , s*cmparcrcnt des ha- bitations des Sauuajrcs , dcfchargerent tout ce qu'ils au oient , &i y laiflérent quelques hommes pour les garder , en attendant qu'on y ameneroit tous les autres. Ils reuiennent au fort faind Pierre, les mains toutes rouges du fangdc ces innocens , ôc leurs âmes noircies de ce maflacre. Le bruit de cette guerre &dece qui s'y eftoitpaffé , vint aux aureilles duReuercndPcreRaymond;co bon Pcre futauflitofttrouucrle Gouuerneur, &luy remon- tra auec vn grand zèle , qu'il ne luy eftoit pas per- mis de faircTa guerre fans fujet , à vne nation hbrc,. non plus que de luy rauir iniuftement fes biens; que fintcntion du Roy & des Seigneurs de la Com- pagnie eftoit, qu'on ne fit aucun tort aux Sauna- ges i au contraire qu'on maintint la paix auec eux, & qu'on trauailla à leur conucrfion. Au/Tî- toft cet- te cabale qui auoit porté Monficur de l'Oliue à vne adlion fi iniufte , de laquelle il a eu tout le temps de fc repentir, confpira contre ce vertueux Religieux, & perfuada à ce Gouuerneur, qu'il eftoit Efpagnol dans l'ame, qu'il s'en falloit dcrairc en le reléguant dans quelque ifle au milieu de la mer : ce qu'ils euf- fent executc,fans la crainte qu'ils eurent que le peu- pic ne les en cmpefcha. Dl 1 Pei ferl rel car uerj ce cet retil éloil moi dép foib 1 que fes uoic quo ris y moi; Moi hon ilsat een Pire Noî tcn: fer dci de ^>ï DANSUISLEDELAGVADELOVPE. 45 Il n'cft pas croyable combien ils firent pâtir nos pères pendant ces dcfordres : mais Dieu,qui ne laif- ferien d'impuny , commença bicn-to(l à leur faire reflentir le chaftiment deu à de (èmblablcs crimes; earlesSauuages ierefolurentafairevne guerreou- uertc à nos habitan$,&à vangcr par le venin de leurs flèches les outrages qu'ils auoient rcccu d'eux.Pour cet effet , ils quitcrent l'ifle de la Guadeloupe , &fe retirèrent dans celle de la Dominique , qui n'en eft éloignée que de fept lieues i ils y laiflercnt neant- moins les plusindu(lrieuxd*entr'eux> pour épier les déportemens des François y ôc reconnoiftre leur foible. Ils firent plufieurs incurfions fur eux , dans lef- quelles ils tuèrent foixante ou 80. hommes à diuer- fes fois, & prirent quelques prifbnnicrs : ils fça- uoicnt fi bien fe feruir de Ibccafion , qu'ils les atta- quoient fouuentau dépourueu& à leur auancage. Ils y manquèrent vne fois bien lourdement; car vn mois après la guerre déclarée, ayansdécouuertquc Monfieur de l'Oliue faifoit trauailler quelques hommes dans vn dcfcrt affez éloigne de (on Fortj ils armèrent promptement cent cinquante ou deux cens hommes au plus , les embarquèrent dans trois Pirogues , & vinrent auec deffein de les furprendrc: Nos François les ayans apperceus de loin, curent le temps de (c difpofer aies rcceuoir, & à Icprdrcf- fer des embufches : Monfieur de l'Oliue leur fut au dcuant , accompagné feulement de dix ou douze: de fes meilleurs hommes , mais bien armez. Les. F iij i I 4(j E S T A B L I S S E M E N T, Sauuagçs mirent pied à terre, & ne fcdcfians nulle- ment de Tcmbufcadc , ilscursnt auffi-toft les Fran- çois à !cur rcncontre,fur lefquels ils firent pleuuoir vnc grcfle de flefches l'cfpace d vn demy quart- d'heure y fans en blefTervn feul : mais après auoir cfté contrains de lafcher pied, ils caururent vers leurs Pirogues pour fe rembarquer j & quoy qu'ils fuflent fortprclTei, ils fcfeparerent endeux ban- des , dont l'vnc ramaflbit les morts & les bleflcz, pendant que l'autre fouftenoit le choc , & febat- îMt suec beaucoup de gcnerofitc : la violence des n' ilit^nelespuftiîmpefcher, qu'ils ne remportât fent toui leurs morts , & ne reconduififlcnt leurs bleflcz , excepte vn qu'ils laifTerent fans amc fur la place du combat. On tient qu'ils y perdirent vingt- quatre ou zj. hommes,outre vn grand nombre de bleflcz. Ils y laiflcrent auilî deux de leurs Pirogues pleines de leurs lids^&autre petit butin de fauuage. Sur la fin d*Oâ:obrede l'année fuiuantemil fix cens trcnte-fix , les Sauuagcs ayans remarque que vingt-cinq ou trente François faifoicnt vne habita- tion a laCapflerre, firent vn gros de fcpt cens ou huidtcens Sommes, tirez de toutes les ifles qu'ils kabitoient, & vinrent à la Guadeloupe , efperans de les furprcndre au trauail & fans defFenfc : mais il fe rencontra heurcufement qucceftoit vn iour de Feftc, qui n'eftoit pas marqué dans le Kalendrier des Sauuagcs : Nos François tftoicnt difpercz ça &lài les vns à la promenade, les autres à lapefchej fi bien qu'ils appcrceucent de loin les fauuages. m '1 iQ îans nulle- ftlcsFran- t plcuuoir my quart- pres auoir urcnt vers ][uoy qu'ils deux ban- es bleffcz^ , & fc bat- Dlcnce des emportât (Tent leurs amc fur la :entvingt- lombrc de s Pirogues e fauu^ge. ite mil fîx irquc que le habita- t cens ou ifles qu ils I, efperans e : mais il n iour de alendrier rpercz çà lia pefchci tauuagesy 4 i DANS L'ISLE DELA GVADELOVPE. 47 alors vn chacun fc prit à courir vers vn petit Fort de palliffadcs qu'ils auoient fait : mais les Karaïbes courans plus viftc qu eux, en blcflcrent fîx ou fept à coups de flefches , & en tuèrent quatre ; tout le relie fe deffendit fort couragcufement, mirent i mort plufieurs fauuages , entre Icfquels il y en eut vn, que l'on a creu tftrc vn François renégat: Ce mal-heureux après auoir pille les ornemcns de nô- tre Eglifc , foulé aux pieds vn Reliquaire , ôc mis en pièces vn Crucifix j prit vn tifon pour brufler la Chapelle; mais laluftice de Dieu le talonnant de près , il fut tue le tifon à la main : Les fauuages voyans lagenereufcrefolutionde' noftres,fe reti- rèrent auccperte de quinze ouvuig hommes, & grand nombre de blelFer. Cette guerre par la permiflîon d<; Dieu, auoit jet- te dans le coeur de nos h3bitan«"vnc telle terreur pa- nyque , que toute chofè leurfaifoit peur, comme autrefois a l'infortuné Caïn. Les feuilles rouges du bois, leur fembloient eftrc des fauuages, 3c leur f ai- foient donner lallarme à toute Tifle -, vn arbre flottant fur la mer ,eftoit pris par eux pour vne Piro- gue chargée de leurs ennemis i de forte qu'ils n a- uoient aucun repos , Ôc ne fçauoîent en quel lieu ils cftoient enaflcurance. La famine y eftoit fi gran- de, qu'on en a veu quelques-vns manger les cxcrc- mens de leurs camarades ; les autres broutoient l'herbe comme les beftes : Ils s'ccartoient quelque- fois dans les bois pour trouuer àmanger , ou bien £buueat ils lendoient lame , faute de nourriture : on 43 ESTABLISSEME NT, en a trouué plufïcurs mangez des chiens , qui cdoienc autant ou plusaiFamez que leurs maiitres: les maladies en faifoicnt mourir beaucoup faute de fecours ôc de viures : Nos Pères en eaterroicnt affcz fouuent trois ou quatre dans vneraefmefofle. Il eft aifc à iugcr que Dieu tenoit manifeftc- ment la main à cette horrible punition, veu l'abon • dance dans laquelle cftoit l'iflc pour lors, comme nous verrons dans la troifîcmc & quatrième partie de cette hiftoirc. Ce qui me confirme dans ce fenti- ment , eft Terreur que firent les Pilotes qui condui- foicnt le nauire du Capitaine Barbeau, charge de viures &: de prouifionspour la Guadeloupcjlelqucls cftans arriuez à la hauteur de quinze degrez , ôc n ayâs plus qu afuiure la route de i'Eft à rOuëH:,c eft à dire, de l'Orient à l'Occident, ils fefouruoycrent en forte qu'ils allèrent aborder latenre delà Flori- de , diftante pour le moins de cinq cens lieues de la Guadeloupe. Erreur tel que depuis qu'on nauige furracr,oneîi a fort pcuvcudelemblablesJ^eude temps après le GouueDneurfuttramaiUcdefi eftran- ges conuulfions, qu'à tous moimcms , on le tenoit f)our mort ; Enfin ., il perd k vcuë & vnpcuapres e gouuerncment de Tiâe de la Guadeloupe , éc la- quelle il fut contraint de fe retirer : Mais cette boute de Dieu , qui mcfletaufiouis Ci raifericoxde auec fxiufticc , luy fermamt les yeux du. corps , luy fit oUarJr ce uxxle l'arae i en fortie qucTeconnoiflànt £cs fautes ^ il en fit ipenircncc , vcfou jdepuis fort Ciirc/fciBnEwment , &c £z vne fin affcz hcuucufè. Quant NT, :hicns , qui Lirs mailtrcs: )up faute de irroicnt aflcz cfoflc. : manifeftc- (Veul'abon- )rs, comme icme partie ms ce fenti- qui condui- , charge de ipcjlciqucls degrez , ôc 'Ouëlt,ccft uruoyerenc dclaFlori- lieuésdcla on nauige 3lcsJ^cude icficftran- n le tenoit ipcnaprcs ipc , d-c la- Mais cette aifcricoxdc corps , luy ©nnoidànc Icpuis fort hcxivcufè. Quant DANS riSLEDELA GVADELOVPE. 4^ Quant aux autres , fi ie ne craignois de me rendre importun , ie ferois voir par leur fin dcfâftreufc, qu'il ne fait pas bon fe joiicr à Dieu , puis qu'il n'en a paslaiflc vn feul impuny , & qui n'ait feruy dVn cpouuantablc exemple àlapoftcritc. Tant de maux eftoicnt plus que fuffifans , pour faire releuerles cœurs &les yeux de îios François versceluy , quincchailic que pour faire implorer fa clémence. En effet , !c peu de gens de bien qui refloient dans la Guadeloupe vnis au Reuerend Père Raymond , auquel les miferes de ce peuple cftoient aufH fenfibles que les ficnnes propres j fai- foient d'inftantcs prières àDieu,poureflrcfecourus dans cette neceflitc extrême , ôc à ce qu'il plufti cette ineffable bonté de retirer tant foit peu (i main vangereffe de delTus eux , Ôc leur faire refpircc vnfieclc plus doux. Leurs prières furent exaucées dans vn temps oix félon les apparences humaines , ils ne pouuoient cftre fecourus ; car l'ifle de la Guadeloupe cftoic tellement décriée en Europe , que pas vn nauire ny vouloir aller, ny mefme moiiillcr l'ancre cftant aux iilesj les Marchands de Dieppe, qui s'eftoicnt ruy- nez à faire des embarquemens pour la peupler, voyans que leur bien profîtoit fi mal , perdirent courage , l'abandonnèrent tout à fait , &c quelques^ vns en furent fi fafchez , qu'ils en moururent de dé- ijlaifir : D'ailleurs , les Seigneurs de la Compagnie oulagcoient fi peu les habitans, qu'ils furent con- trains,aprcs auoir tenu conleil cnl'abfencc de Mon- G ■ ^o ESTABLI5SEMENT, {tcur ic FOliae, d'implorer le fecoursde Monfieur le General de Poincy. Ce généreux Lieutenant du Roy afflige de leur difgraccy leur enuoya deux cens cinquante hom* mes, fous la conduite de Monsieur de laVernadc, Se de Monfieur de Sabouilly , Gentil-homme fort condderi} pout auoir rendu de trcs-grands fcrui- ces au Roy, dans fcs aimées eaFrance &c en Allema^ gne. ! Lefecours fptrittiel arriuale lendemain^compo-^ fé de fix Religieux : à fçauoir, du Reuerend PerO Nicolas de la Mare, tres-facneux Do(5):eur deSor* bonne , perfonnage autant recommandablc pour la faintete de fa ¥i€ , que pour fa grande dodrine^ du Reuerend Fcre Jean defàinâ Paul , de trois Fie* resConuers^⣠deMoy. A noftre arriuce nous trouuafmes > que IcReue" fend Père Raymond fupportoit depuis trois ans tout le faix de cette Miilion , trauaillanc tnfatiga^ blement luy feul au foulagement fpirituel de nos François , dans lequel trois ou quatre autres au-* roient trouué affi:z dcmploy pour s'occuper. Il eftoit temps de l'ailifter, car il efloit réduit dans vne il grande mifere > qu'il n eftoit plus couuert que dVn méchant habit de toile; outre fes trauaux ( qui ne font conceuab les qua ceux qui en ontefté les fpcdkarcurs ) il eftoit dans vne neceflGtc fi grande de toutes chofes, & fbuffroit des peines fi affligean-^ tes , que ie me fuis mille fois eftonné, de ce quVa homme mortel ait tant enduré tms mourir. Il nou$ .«' DANS riSLEDELAGVADELOVPE. 51 l'cccut comme des Anges déccndus du Ciel ; Ec SLpvcs nousauoir mcncdans la Chapelle de noAre<- Dame du faine Rofaire , & là chance le Te Deuruy ea action de grâce , il enuoya chercher du pain pour nous donner à manger , ny en ayant pas vn fcul morceau dans fa café :iiousfuimes cous plus confo*- lez de ceccc grande|pauurecé » que fi nous eunions renconcré coures les mines d'or des Indes , chacun de nous rcpucanc i vn bon-heur extrême d'eflre fait digne de patir pour la gloire de lefus-Chrift. Le Reuerend Père de la Mare , après s eftre deue*- jnenc informé de la dirpo/itioa des habicans , nous diftribua à chacun yh quartier de cette vigne de noflre Seigneur pour y crauailler» &y faire tout ce eue nous croifioasnecefTaire, a ce quelle porta des fruits dignes de la vie éternelle. Nous mifn>es tous la main à l'œuure , auec vne grande ferueur,&€ommençafmes chacun dans fon canton à prefcher> cacechifer, admioiflrer les Sacre- tnens, & a foUicicer les malades qui eâoieni en tres^ :grand nombre par toute Tiâe. Plus des trois quarts de ce £:cours nouttellemenc ;arriuc, moururent, quelqtïcs-vns en attribuent la caufe aux Chefs , qui les retenoient par force pouc trauailler dans leurs habitations, quoy qu'ils n'y fuf- fent nullement obhgez : les autres au mauuais aie de l'ifle , qui pour iors neftoit pas encore décou- verte des bois '.enfin > les autres à ladiferte des vi- urcs. Pourmoy ie crois qu'il y auoit vnpeu de IVn ^ de l'autre > (ur tout , que la triftefTc qu'ils auoienr G ij i; c 5r ES T ABLl SS E MENT, de fc voir détenus , & empefchcz de faire leur pro- fit 5 comme ils cfpcroicnt , en a plus fait mourir que le reftc. Cependant, c'eftojt la chofc la plus pitoya- ble du monde à voir. Il y auoic prcfque deux cens hommes, malades au logis dcMonfieurdela Ver- Hade , tous couchez fur la terre , ou au plus , fur des rofeaux, dont la plufpart eftcient réduits aux abois, vcautrez dans leurs ordures , & fans aucun fecours de p«rforne : le n'auois pas pluftoil fait à IVn , qull fiUoit courir à l'autre y quelquefois pendant que i'encnfeueliffois va dans des feuilles ( il ne falloit pas p:irler de toile en ce temps là ) ie n cntendois que des voix mourantes, quidifoient^ Mon pcrc, attendez vn moment ^ il ne vouscouftera pas plus de peine pour deux ou pour trc I. ,que pour vn leuH &le plusîbuuent il arriuoit ainfî , cari'cn entcrrois aflez communément deux ou trois dans vne'mef- me forte s de forte , que nonobftant la diligence & les foins de nos Chefs , nos François cftoientfans doute à la veille de retomber dans le précipice de leur première infortune : car quoy que Monfîcur de Saboiiillyne fe donnafl aucun repos,6^ qu'il fut perpétuellement en courfe à faire le tour de Tiflc dansvne chaloupe, dans laquelle il auoit toufionrs dix ou douze hommes armez auec foymeantmoins les Saunages enflez U encouragez , tant par les auantages iournaiiers qu'ils auoient fur nous , que par les victoires remportées depuis peu fur les Ar.- glois,faifoicnt plus apiniaftrcment la guerre q.u'au^ p.^rauaiit. . . ...^ . > il I b I al ^m II DANS riSLE DE LA GVADELOVPE. 53 Monficurdc Saboiiilly les eut deux ou trois fois en fa rencontre. A laprenviere , après auoir long- temps fouftenule choc de fepc à huiO: cens Sauua- fes , il fut contraint de fc batre en retraite , & d*a- andonner fon canot , que ces Barbares mirent tufli-toftci^ pièces. A lafeconde rencontre, il fut plus mal traite qu'à la précédente , à cette fois Mon - lîeur de Saboiiilly auoit donné le mot à Monfieur de la y ernadcjà ce qu A le vint trouuer auee toutes Ces forces^ celuy-cy îè mit en chemin auec plus de qua- rante hommes armez : mais les pluyes furent fi abondantes , qu'il fut contraint de relafcher. Il y auoit dcfia quelque refroidiffemcnt entre ces deux Meflîeurs, ce qui donna occafion à quelques-vns de c -^ire , que c'cftoit vnc pièce faite a la main , & que .vîonfîeur de laVernadc ne prit loccafion de cette pluyc pour fe retirer , que pour laifTer fon compagnon dans le péril de la mort , qu vn autre moins généreux , ^ moins adroit queluy n'eut ia- niais cuite i car après s'cftre long-temps batu en pleine mer , auoir tué quinze ou feize Saunages , ôc bleiïe plufieurs des autres; ces Barbares affoibhs par lamort de leurs compagnons, ne fe rebutèrent nul- lement y au contraire le (errèrent de fî prés, que luy ayant bleffé cinq hommes , defquels trois mouru- rent vn peu après, ils donnerentvn coup de flèche dans le bras droit de fon pilote j ce qui le contrai- gnit de quiter la mer, & de fc retirer dans vn petit iflct, oiî ils le tinrent afliegé Tefpace de trente -/îx heures, ôc luy dccochcrcûcvne fi grande quantité G iij II! j4 ÎSTABLISSEMENT, de flcchcs, qu'il en auoic de quoy charger fa chalou- loapc , s'il les eue voulu ramalTcr. En fin, voyans qu'il cftoit rcfolu 'de leur vendre fa vie bien chère, ils perdirent coEur,& leucrent le fîcge,luy difans vnc infinité d'iniures. D'ailleurs , toute l'ifle eftoit dans vn murmure gênerai , 5: à la veille de faire vne ligue , ou pluftott vne guerre ciuile , plus dangcreufc que celle des Sauuages j ÔiceàcaufcquclesChefs opprimoient les anciens habitans, iufqu'à prendre à viue farce leurs viures , fans mefmc épargner les Ecclefiafli- ques. Alors, les anciens habitans commencèrent à maudire le fècours \ chacun retiroit (on épingle du jeu, difant qu'il n auoit nullement approuué lecoru feil de demander du (ècouf s , quoy qu'en vérité ik reuflcnt tous trcs-ardamment|dcfîré. En ce temps , Mondeur Aubert Capitaine de rifle de faind Chriftophe , cftant à Paris pour quel- ques affaires de Monneur le General d« Poincy ,fuit f)0urueu du gouuernement de la Guadeloupe , pac es Seigneurs de la Compagnie : Ce Capitaine à fon arriuce rendit defignalez feruices à ces Seigneurs & aux habitans de la Guadeloupe,defqueis lia efté autant mal recomp€nfc,qu'il en deuoitcflare regar- dé de bon œihcar paflaiat par l'ifle de la Dominique, il fe comporta auec tant de pru Jence &: d'adreffc, qu'il fit venir les Sauuages a fon bord , aufquels ayant fait entendre qu'il vcnoit pour gouuerner la Guadeloupe , qu'il vouloir eftre leur Compère , & leur bon amy , mefmc qu'il voulojt les deffea- ■'^ DANS L'ISLE DE LA GVADELOVPE. 5; df c contre ceux qui leurs faifoient Li guerre; à for- ce de car c (Tes & de prefens , il leur fit promettre de retourner à la Guadeloupe , & fit vnc forme de paix telle quelle , & autant folidc quelle fepouuoit fai- re aucc les Sauuages. A fon arriuce , qui fiit à la fin de Septembrc-mil fix ccm quarante, il publia cette paix, laquelle nous receufmes auec laplufpart deshabitans , comme la plus agréable nouuellc qu'on nous pouuoit an* nonce t : mais ceux quiauoicnt eflc du confeil de la guerre, & plufieurs autrer. de cette mefme farine,. ne la pcurent aucunement gouftcr , difans qu il cftoit impo/fible de faire vne bonne rcconcilia- tionauec les Sauuages, & que pour leur regard,ils ne les admettroicnt iamais dedans l'iflc qu'à coups de moufquets : mais helas , qu* eft-ce de douter ôc fe méfier de la bonté & mifcricordc de Dieu ! car il leur arriua , au moins àpluficurs , tout de mcfmc qu'à ce mal-heureux Prince , qui doutant durenui- taillcment de la ville de Samaric , fut écrafé fous les chariots qui portoient le mcfmc fccours : car Mon- fieur Aubctt ayant fait monter vne barque qu'il auoit apportée de France , s'cftant mis dedans luy yingticme pour aller à fainp^■încnt cacher toutes les armes y liiy- mcfme leur fut au deuant fans fon cpee , les careffa, Ôi Icsconduifit dans facafc , on i's fjrcntdci.îi éc erpctucUcsinquiccudcj, iufqu'i cec^ii ik euffenc euvn coup ou deux d'eau de vie: ce qui les ayant vn peu remis de leurs apprehenfions, ils furent au/fi - coft inuitcr leurs compagnons a dccendrc , pour f>articiper au bon traitement qu'on leur faifoit : ils e firenr, en forte neantmoins qu'il en demcuroin jtoufiours plus de la moitié dans la Pirogue , en eftat de pouuoir faire retraite , en cas de defordre. En fin , après beaucoup d'entretien tel qu'on le peut auoir auec des gens qui parlent plus par fignes que par paroles , & qui n'ont pas beaucoup plus de rai- fon que des brutes ; promcffes furent réciproque- ment faiies de part & d'autre , de ne fe faire iamais aucun tort , & de fe traiter dorefiiauant comme amisiaprcs quoy ils s'en retournèrent les mains plei- nes de prefensjle ventre remply d'eau de vie, & Tef- prit tres-fatisfait. Ce bon acueil fait aux premiers, fut plus que fuf- fifant pour attirer les autres; ( les Sauuages aya/'- cela qu'ils ferot cent lieuës,&s'cxpoferontà tou .;s hazards , pour fe trouuer à la defbauchc de quclqi - bouteille de vin ) outre que les neccffitez qu'il? auoicnt des denrées des Europeans , comme ha- ches, couftcaux , ferpes, Vautres cho fes fc m b la- biés, les preffoient de fort prés. Ils recommancerent donc leurs anciennes vifitcs, non tins grand profit des habitans : car outre qu'ils H 5« EST AB LISSE ME NT, nourriffoicnr prefquc toute l'i(le4c tortues, dcco- chonsjdc: lezards^dc poilTons boucânez,& des fruits du pays \ ils apportoient quantité de beaux carets, des lias de coton , & tout plain de petit Lutin qu'ils auoicnt rapporte deladeffaitc des Anglois,lefqucl- les chofes ils donnoicnt pour des bagatelles. le me rencontray à la defccnte de la féconde Pi- rogue, qui vint dans Tifle pourafFerniirlapaix. Le premier dcsSauuagcs qui mit pied à terre , vint Jroità moy , comme s'il meut connu de longue main , & me prenant par le poing,il fit vn fîgne de Croix fur ma manche , & labaifa plufieursfois : il me demanda en langue Efpagnole vn Chapelet, & l'ayant interrogé de ce qu'il en vouloir faire , il fit réponfe que c'cftoit pour prier Dieu ; quoy qu en effet , il n'eut autre defleinquede le pendre àfon col, comme les autres, & en faire parade j car i'ay fceu depuis que ce malheureux auoit efté dix ans cfclaue en Efpagnc, qu'il auoit efté inftruit & bapti- fé , &: qu'ayant tiouué moyen de fe fauuer, en les quitant il auoit renoncé au Chriftianifme. Il ne faut cfperer autres chofes des Sauuages , qui font tant foit peu fur l'âge , & qui fe font défia froté aupillier ce lafeneantiCe, &trop grande liberté. Le bruit de cette paix s'eftendit par toutes les ifles circonuoifines, voir mefme iufqu'en France; de forte que pluficurs perfonnes tant des ifles voi- sines que de la Fiance, vcnoient prendre des places dans la Guadeloupe. L'ifle fcpeuploit, fe décou- luoji.s'cmbcUiiToit&deuenoit meilleure deiour en t cl C( eues, de co- rdes fruits îaux carets, Lutin qu'ils ois,lcfqucl- Ues. econdc Pi- r la paix. Le terre , vint i dclongue vnfignedc :ursfois : il chapelet , & faire , il fit quoy qu en endre a fon idcj car i'ay cdé dix ans uit ôc bapti- luer, en les e. Il ne faut li font tant tcaupillier toutes les en France; ;s ifles voi- des places fe décou- de iour en DANS VISLE DE LA GVADELOVPE. 59 iour. Les habitans commencèrent de/lors à tra- uaillcr en toute feuretc , & à faire grande quantité dcpetun , qui pafl'cfans contredit pour tres-excel- lent. Lcsnauircsquinc font attirez que parlamar- chandife , & par le bon gouucrnement , commen- cèrent à la fréquenter, ôc mefme la plufpart des Ca- pitaines de nauirc reconnoiflans là bonté , & la Deautc de l'ifle , y prenoient des places & des habi- tations, ou ils amenoient quantité de monde. En fin, la Guadeloupe eftoitdans vn très- bon chemin, & fi cela eut continué long-temps, elle feroit la plus Î)euplce de toutes les ifles,comme cftant la plus bel- e, la plus grande, & la meilleure. Le peuple s*augmentant , nos trauaux redou- bloient, &c*eftmerueille que nous n'yayonstous fuccombé i car outre les peines que nous prenions auprès du peuple , nous eftions contrains de baftir nos cafés , & d'aller nous -mefmes quérir le bois de nos petits baftimcnsfur nos épaules , à plus dVnc grande demy-lieuë dans la montagne. Nous cou- pions auffi fans 1 afïîilance de perfonne , le bois de nos habitations, qui n'eflpas vn petit trauail. En outre,il nous falloir cultiuer la terre , & planter nos viures , fi nous en voulions auoir. le me fuis mille foiseftonné que 'depuis dix-neuf ans, de onze Re- ligieux qui y ont fait tantfoit peu de refidence , il n'en foit mort que fept , veu les fatigues qu'il nous a fallu effuy er. Quant à noftre façon de viure , ou- tre l'abilincnce de viande que nous y auons touf- jours garde , auifi bien que nos jeufnes de fept mois H ij m 40 ESTABLISSEMENT, l'anncc ; C cft affcz de dire que la plufparc du tcmp^ nous elUons réduits à ne manger que des patates, lefquelles manquoienc bienfouuenc , & du pour* pict fauuage cuit au fel & à. l'eau. Le rcftc de l'aii' née nous ne faifions guère meilleure chère , nous auons mené cette vie auftere, iufqu a Tannée 1^47. que le Reuercndiflîme Père Turco , General de noihe Ordre > modéra beaucoup de nos rigueurs. Noflrc pain cil de la cafTaue , fait de racine en la façon que nousdirons cy-apres. Noftre boi/Ibn or* dinairc cft de reau> ou au plus du oiiycou, qui cft comme de la bierre. Nous couchons fur des clayes faites de cordes demahot Voila ce qui regarde no* tre for»rxc de vie, Lan milfix cens quarante & vn , le cinquième i'Odobre, deux bons Religieux cnuoyezde Paris pour nous fecourii , arriuerent heureufemcnt en cette iflc. A fçauoir, le ReuercndPcre Vincent Mi- chel , ôc le Rcuerend Perc Dominique de fainâ: Gilles. Le premier cftoit confîderé parmy nous comme vn vray Saint, mais nous neufmes pas le bon-heur de le poiïeder long-ternps : car à peine fut-il arriuc, qu il fut atteint d'vnc courte haleine & mald'eftomachdu pays, qui luy fit faire le voyage des Indes en Paradis. Ce bon perc nous ayantprC'* dit Iç iour, & l'heure déterminée de fon trépas j les yeux fichez au Ciel, le vifage riant, & le Crucifix colle fur fa bouche, rendit fa tres-pure & tres-faintc a©ie à fon Créateur , le dix-huitiefme Nouembre en fuiuant. Lo fécond , voyant fon cher compa^ ^«.i fti fai bri le ICI DANSL'ISLEDELAGVADELOVPE. s'employa de toutes fcs forces i nous ioulagcri ^quoy qu'il fut le plus foiblc de toute la troupe , il faifoit autant que pas vn de nous , en ce qui regarde le falutdcsaraes,&: ce aucc tant de conr ftance , qu'après auoir crauaillé prcfque cinq ans fans relaichc, il mourut dans le champ comme vn braue foldat de lefus-Chrift. Sa vie exemplaire, de le zcle qu'il auoit pour conucrtir les amcsjlont fait regretcr de tous les habitans après fa mort. lufqu'alors , quoy que nous cftimafKons nos tra- uaux , ôc mefme nos vies pour bien employées au feruiccdctanrde pauuresChrefticns, & pour main- tenir dans cette illciafoy Orthodoxe , laquelle fc feroit tout à fait abolie fans nos veilles &nos dili- gences : Cependant vn feul regret nousrcftoit, de ce que nous nepouuioniî mettre en exécution nô- tre premicrdeffein, à ftyauoirdcprcfchcrrEuangi- le aux Sauuagcs. Nous ne demandions rien auec plus d'infiance à Dieu , auffi iie fbuhaitions-nous autre chofcauec plusd'ardcur, puifque c'eftoitou vifoitdireiQicmcntnoftre Miflîon. Le Rcuerend Pcre de la Mare , voyant la paix s affermer deiour eniour, la grande familiarité des Sauuagcs auec les François , ôc que mefme ils fai- foient inftance pour emmener vn de nos Religieux auec eux , creut quiln auroit ianiais vne plus fauo- rable occafîon, Ôc partant qu'il ne la deuoit laiflcr cchaper j il fit donc deffeind'y aller luy- mefme , en communiqua auec Monfieur le Gouuerneiir,lequcl pour luy complaire témoigna de l'approuacr, aucc H il) ( 6% ESTABLISSEMENT, promcflc de le fauorifcr dans foncncrcprife, quoy qu'il n'eut rien moins dans l'efpritj car le Reucrend Perc de la Marc , après auoir fait promettre au Ca- pitaine d Vnc Pirogue de Sauuages , de le porter a la Dominique ; il méprit vne nui(5l pour fon compa- gnon , auec vn de nos Frères Conuers , & nous ayant fait embarquer dans vn petit Canot, ilfe fit conduire chez Monfieur le Gouuerneur pour le fe- mondre defapromeffe. Son arriuée éclata^ eftant vne chofe extrêmement rare de le voir en campa- gne , & mcfme le Gouuerneur prit dclàoccafion pour s'excufcr , difant; que s'il s'elloit embarqué en cachette, il auro»jit fécondé fon deflcin de tout fon pouuoir i mais que le peuple eftant témoin comme il approuuoit (a fortie , s'il arriuoit que les Sauua- ges luy fiiTcnt du tort , on ne chercheroit point d'autre garand que fatefte : C'eftpourquoy , il le fupplia de Texcufer , fi pour cette fois il ne luy pouuoit accorder (a demande , l'afleurant neant- moins qu'il luy pcrmettroit de fortir quand il luy plairoit,pourueu qu il s'y comportât fi dcxtrement, que le peuple ne s'.ipperceut point qu'il luy eut per- mis : toutes ces belles affcurances n'eftoient que des cchapatoires j car tout aufli-toft ilendonnaaduis à Monfieur le General dePoincy, & luy faifant en* tendre qu'il en pourroit arriuer quelque accident, qui pourroient renouueler la guerre j&qa'ainfi il cnuoya au pluftoft vn ordre au Père pour defifter de fon entreprifc. Cet ordre arriuavn peu trop tardj car le Reucrend Perc de la Mare fe voyant ainfirc- DANSL'ISLEDELAGVADELOVPE. 6$ mis de iour à autre, (èferiiic dcroccafioiidVac au- tre Pirogue , & fie partir (ecrctemciit le Rcuerend Pcrc Raymond, aucc le Frerc Charles , deux Reli- gieux véritablement dignes de cette commiifion :il leur donna ordre dereconnoiftre &c de rechercher curieufcment ce au* il y auroit àfaire parmy les San- uagcs , de quelle raçon il fe faudroit comporter en kur endroit, ô: qu'ils luy en vinflent rendre com- pte dans trois fcmaincs , ou dans vn mois pour le plus tard. A la venue de ces dCux Religieux dans l'ifle de la Dominique , le Diable fembla joiicr dcfonreftc; pour les faire maflacrer, ou au moins les en chaflei': Il parla auxSauuages par la bouche de leurs Riochcs ( qui font certains marmoufcts de coton ) leur don- nant fauflement à entendre , que les François n'a- uoicnt autre deffein que de leur faire le mefmc trai- tement, qu'on leur anoitfai»-dan<: ! -leftedcsiflcs, dans lefquelles ces nations eftrangcrcs scftoienc toufiours infinuées par de petits commcncemcns, par après s'ctans acruës petit à pctit,elles les auoient dcpoiiillées de leurs biens, chaflTées de l'héritage de leurs anceftres , priuées de leurs terres , ôc cruelle- ment maffacrcz. Le Capitaine Baron(c eft le nom du Saunage quiauoit emmené nos Religieux) enten- dant les murmures de fcs compatriotes , en donna aduis au Reuercnd Père Raymond, lafTcurant qu'il Icprotegeroit autant .]u il luy feroit poifible , quoy qu'il fembla quafi conuaincu par les appâtantes rai- fons des autres Sauuages. Mais le Reuerend Perc IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) 1.0 l.l 1.25 m |2.2 m " 1^ IIIIIM 1.8 1.4 Va ^ /}. /: ■m J'i > W /À wV.'w '/ Hiotogr^hic Sdences Corporation 23 WEST MAIN STREET WEBSTER, N.Y. 14580 (716) 872-4503 \ iV '^ ■\^ \ <^, ^'X WriS «5 U ?=L^ l/. /. 6^ ESTABLISSEMENT, Raymond l'ayant dcfabufé ; il conuoqua tous les autres Sauuages à vn vin gcncral ( qui cftvnc'dcf- bauchc de laquelle nous parlerons en fon lieu. ) La plufparceftant affemblez, il prit la parole en faueur de Tes hoftes , dcfquels il tiroit dcfîa plufieurs pe- tits prefens y &c afin d'haranguer auec plus d'authori- te , & fc rendre le peuple plus attentif, il prit vne cotte ou juppc d'vnc Dame Angloife qu il auoit bu- tiné à la guerre , & s'en veftit ; en forte que , ce qui deuoit eflre attaché fur les reins, eflioit lié autour de fon col. En cette pofture il monta fur vne petite cmincnce de tcrre,commençaà crier àplaineteftc, & à haranguer auec tant de prolixité, que plus de la moitié de fon auditoire s'çn alla tout murmurant; mais les plus amateurs de la paix, gouttèrent fe«rai* fons & témoignèrent à nos Religieux , qu'ils fe rcf- jouyflbierjt cxtrement de leur venue. Le Diable ayant manque fon coup en cette occa- fion > (è fcruit d'vne autre inuention d'autant plus dangereufe , qu'elle eftoit dans vnemauuaife tefte, c cft à dire, dans la tefte dVne femme. Ceftoit vne des femmes du Capitaine le Baron , ou pour mieux dire , vne vieille Mcgere , à laquelle le Démon per- fuada de tuer nos Religieux -, elle leur dit fon def« (èin A fv; raie en deuoir de l'exécuter : mais vn de £cs propres enfans,qui auoit conceu quelque bontae vo- lonté pour le Reuercnd Père Raymond , voyant (a mère poufféeti'vn fi mauuais génie , prit vne felle à trois pieds , & luy enfrotafibicn la tefte &le corps, qu'il r&guarit d'vnc fi mauuaifc maladie. Pendant DANSnSLEDELAGVADELOVPE. ^f Pendant trois mois que le ReuerendPere Ray^ mond demeura dans la Dominique , il tafcha de fe perfedtionner dans la langue des Sauuagcs : il en af- fembloit tous les ioursle plus grand nombre qu'il pouuoit y leur apprenoit l'oraifon Dominicale , le Symbole desApoftres , & leur prefchoit qu'il y auoitvnDieu ^Créateur de tout ce grand Ynluers, & qu après cette vie, ilenfalloit attendre vne au- tre , dans laquelle ce mefme Dieu puniroit les mcf* chans par les flammes ôc par les tourmens éternels; ôc recompenferoit les bons par des biens infini- ment plus grands , que tous ceux que nous pou- uons conceuoir. Tous entendoicnt Tes Catechif^ mes aucc beaucoup d'attention. Laplurparcde ces pauuresgens oyantces chofes, entroient dans de profonds eftonnemcns , & s'cnqueroient fouuent deluy , s'il ne mentoit point, ôc fi ce qu'il leur en- fcignoit i eftoit véritable : mcfinc quelques -vns dentr'éux fremiflbient à ce fcul mot ôc tecit des tourmens &des peines de l'Enfer. Voyant que le Père Icui difoit plufieurs chofes qui paiToient la portée de leurs efprics , ils s enqueftoient de quan- tité de chofes curicufes , ôc nommcmentde h rou- te du Soleil : car ils auoient toufiours crû que ce bel Aftre en fon couchant ne fit que fe lauer dans la mer , comme ils font à la fin de tous leurs voyages, &que lanuid, lès ténèbres le cachant à nos yeux, il s en retourne au matin au heu d'oiî il eftoit party, pour puis après recommancer fa route ordinaire. Le Perelesvoyantatcirez farces chofes curicufes, I ce ISTABLI SSEMENT, Ici eh etittetcnok fort fouuetit>y faifant for t adfoi- tÊmenc gliifoc couca& l8& cbofes xicceflàirc& lu £k* lut* En fiti) fait quo lapoire ne fut pat encore mett^ re j ou que \t Diable pteueut les bieni qui pou «• uoitni a\ riuet de fa refidence dans ctcce ille , ht fes dômie» effons pour Ten faire fortir. Quoy qu'il en fôit^ il eft certain quotiminutoit dele chaflèf àviue foret au casquilnt quelque rc/iftaoc^ 3 &mermo on dô^nna ordre à vn Capitaitie de naàire de la Rcli>« p^^ prétendue Reformée y de l'attirer dans (on yaijffeàu^ deienleuer, & le ramoner à la Guadc^ bttpe* ■ ■ ■ ■ ■ ' ■ . Pendant quefon rratynsit ct,% beaux deileins , la ReuertndPeredélaMârenoftre Supérieur ^ toiu-^ bâdansfkmaladieniortelle y ou pour mieux dire» fa maladie coatradt£e dés I0 pren^iev ïour qu il arri- Uâ aux ïndcs y i^oubla poûf le fâiî* mourir. Ce bon ]^e£itredu4€ en ^neftar capable de donner de là éontpâ^n ^xt aities les plui barb^re$>|es ex^ trcmei»âuAeritiés>qullauôitikint^nienrpratiqt^éesy. r^û^^en^ teHementàtcemé ) qu'il n^uoit plus que là peau fut te» 0$ /voire fnefîtieilis la p^rçoiencen plufidur^ endroits de fôn corp^* H t^mt couché lurvniêp4UUrejp^M(aâiy fàn&h^nynii^lMy veftu de (ki hâbifô 5 uns pouvoir lemuër ny brâ» ny jam- bes, à moins qui£ôyabie eftâc-,&n$ toun^ois defiftet de ia prédication : câtiîfe Mbk porter fiiîc It m^ràc^kd d& l[AUJt;êlyi8ir U pï^f^hôic iepeu^. ïicur ,10111* DANSfISLEDELAGVADELOVPE. Cy pic «ucc unt ((fcfcrMur,qii^ s'il çi*« cûc en vnc fan- te parfaite , rauifliiit vu cha<:wn. U (hiqîc vn Reli- gieux quiluy rcci:coit tJQi^ licisioi^w autour de fon gcabac/es (^m Pi4S4umfl$P^mcieaâ^u¥, p^arf^nUef^ quels iiverioic rAC «(U^qu^ntitç 4çlarinf^cs ^ qqe celaeftpicprQdîgicttaciUuoir pi^pccaçiliçfpent Içs yeuxiichcz auCicl^ &ibo i?Q>f il: ceUempnt.ocqup^ dans loraifon mentale y qu'il fembIoitauoir^9.iju;i fait abandonné le foin de fbn corps. Enfin, après auQir bien lapé fcs fautes dans cette mer de larmes, cette fàintc ame s'enuola au Ciel , pour receuoir Ja Couronne de lufticc que Dieu prcparoit au méri- te d Vnc il Aincç yiie^ Je i. iour de M^ l^é^' H s*é- toit fait donner vn peu auant (a moriThabit de Fla- ire CoAtif ris > 6;i\i:g^i>ç in4ignp de Aïo^urfr^^s cç- JiiydeClpfc. Il coîam»od$<49 pJus , qqç^rpis hç:U;:çs ap^r/cs fon trépas iQtï Je 0i/it leniiefce ibus lefe^ilde Uporce d^ rJEgliife , ûnss v^%m^ poimpe fi^$br^„^ ftns^nad- ttciîtir le peuple ,iïi©c il çraign^itqu oHW % re^çr dit qsidqiie Jorf^ d^<3^n^ur. Ce boû Pprç ^JÎ^^Cj^iort , ^pm? ne cefti^ins pjy$ qwie «roûi^ffiftftf fis ^ ttf P4:S Frçfip^ , A^^ tojw Mç- Nous xw)i:»5 #gftf»bUf«nes t^qs jcjap^ J^ in^iftm 4p «isribçtDAmc^s /âiw^t jRofakp 4ç J* Rî^^ ilîeiioit içQA^, pswr f^ijri;fÇi^|i4iiGr;i]^l|9i|,^ ^«1 W VI» àp i3io>V!sSFilpvi5»wp)ÇriÇMrr,. Le dpjwiiffin* 4f M^^, kiR.çmere^4 Pî^/ç ^^y lij >*»» I 6S - ÉSTABLi SSEMËNT, ♦ aux Sauuagcs. Nous conclufmes tous , voyant les ncccffitcz prcfcnccs & prenantes , qu'il falloitar- rcftcr le Rcucrcnd Perc Raymond,difFcrcr le voya- ijc des Sauuagcs à vne autrefois , & cnuoyec.vnR.c- igieuxenFcance y tant poucobtenir laiicnouation dcnosptiuilegesqui alloientcxpirery (][ue pour ra- mener des Keligioux j defquelsnous auions grand belbin.. ' '■-■' ^-^ -^ •• r ■•-",' . « .-..., • f :i Efiahitjjem & ou il fe Tait vhe (i eftrange reuolution d'humeurs par ce grand changement de climat » que tout le monde ojitit les falloitar- îiicvoya- rcr.vnR.c- ;nGruacion ,c pourra- }ns grand \^ * tlpde U 4fE. j Colonies )lirlcslfles ifles défia autre pro- is l'ifledc , fait affez difficul- & fix cens rous écha-* uez ) leur uës y pour erre toute 1 n'yany &oùil(e Lts p2Lr ce Le monde ■«■.^f*'" ihùîàj^-' ■ n 5oi f <' jr LISLE DE LA MARTINIOVE ^ Scitacn a i^Vcjr-i'^ 30 Mutâtes ' de Latitude Septentrionale - ^ ;pct»t<'' f^f>' ..>-'"■" / .3 £sche{lc de auatre Lieues . ,/iucc ptruul. au. Roy\ 'uit jp Oy du 'Dû QiIJiv ci,iT>i'an S' DANS L'ISLE DE LA MARTINIQVE. 69 tombe malade dés la defccnte, &plufieursy meu- rent faute dcfecours, foitpar rablcncc des Méde- cins , foit pou^ le peu d'expérience des Chirur- giens. !.. Il eft d'ailleurs afTez aifé à conceuoir combien il faut fouffrir, lors qu'on efl: réduit à attendre d'eftre fecourus par dés perfonnesfi éloignées, lefqucUes ayans.auancé cinq fols, enerpcrent vingt de profit ^ la fin de l'année y &c qui fe rebutent U abandon- nent tout , lors que les affaires n ont pas vn fi prompt & fi heureux fuccez, comme ceiix qui les ont portez à ces entre prifes, leur ont fait elperer: De la vient qu'il ne Ce faut pas èmeruéiller , fi l' efla- bliffement de la Colonie Françoife dans Tille de la Martinique ( fituée au quatorzième degré trente minutes de latitude Septentrionale ) afiheureufe- mentreiiffi, qu'elle puiHe mamtenant enfanter de nouuelles peuplades qu'elle a défia déchargée dans les ifles de laGrenadc , &de fainte Aloufie > puifque l'Autheur de cette entreprife a cftéMonfieurDef- nambuc, Gouuerneur de l'ifle de fainâ: Chriftophc, homme puiflant , riche, aymé de tout le peuple, fort expérimenté à former des Colonies, & qui's'eft comporté auec tant de prudence dans cet eflabliffe- ment, qu'il a fagcment cuite les écueils contre lef- quels plufieurs autres auroient fait naufrage. Ce braue Gouuerneur auoit depuis long- temps fait deffein d'habituer l'ifle de la Guade- loupe, comme plus prochaine de celle ou il com» mandoity ôc plus à fa bien-feancç , de laquelle il I UJ 70 ESTABLISSEMENT, connoifToic tres-bien les auancages ou elle auoit pardcflTus les autres : mais fe voyant (upplantcpar Mondcur de i'Oliue > auquel il auoic communiqué fon dcfTciti , ôc appréhendant que quelqu'autrc ne luy en fie autant de l'iflc dclaMarànique,il fe refo- lut deneplu«diâcrer. Pour venir about d*vïie entreprifc fi hardie &c fi difficile dans foncxecution, il prend enuiron cent des vieux habitans de Tifle de iainOc ChriAophe, tous gens d'élite , accouftumez à i'air^u trauaii , êc à la fatigue du pays , ^qui en vn mot n'ignoroient rien de tout ce qu'il faut fair^,pour de^fïricher la ter- re>la bien cultiuer,y planter des viarcs âc y encretC'- flir^es habitations. Chacun de ces habitans fit pcouifion de bonnes armes , ^ poudre , de bâties y de ixKite lorte d'où- ri9s, comme ferpes, hoûies, hutchesy&c autres viften** filles, lis remunivent dupUn de>mainyoe^dc pa- tates pour y planter , de pois ôc -de fcbues pour y fcmer : toirtes lesquelles chofes manqucm pour ioréinaire à ce>uix qui paroent dei'fiucope^pour éta- blir d^ Colonies dans les Indes. Moii£fieiu''Dcfnara)buc part del'iUe de :&ifnit'Chri« ftophe s «tt commenccraeiQt de Xuilkt l'an >mil fix ccn s^nieme -ci nq , &c aprioie à :la M'actini que xinq ;ou fix jours aiprcs ; ilyfit pronuptcmentibaftir ynlott furie 'bord de la mer, ^ju'il munit de .canons, & de tout ce qui eftoit necdffaire powr Ile fcien dcfen-- dre, ïl fiit iiom'mé lcffopt4e:fai«6b!Pi«rrc, petM>efl»c âca»^e'qu'>l aoiYua ddn^ ceote iHeic ioc]>r4e (l'Oâ^ar ,,,»^vf-^" Ai,. DANS LTSLE DE LA MARTINIQVE. yi lie dcsfainds Apodres falnâ Pierre 6< faind^Pauli audi bien qucMonncurdc l'Oliue efloicdcfcendu àla Guadeloupe le lourde leur Fclle : Apres auoir vcu commencer vnc habitation, il s'en retourna i (ai a6l Chriilophe , laillam Mon/ieur du Pont pour commander en qualité de Ton Lieutenant, auec or- dre exprcz de eonferuerlapaixaucc les Sauuagcs, autant qu il luy feroirpoiTible* Cependant , les Sauuages quinefbuiFrcntiamafs IcvoiiinagedesEuropeans que contre leur volon- té, commencèrent bien-tof^ à murmurer , Ce mei'-* mes quelques- vns d'entr eux ; ( car ils n'eftoicnt pas cous d'vn mefme fentimenc ) curent difFcrcnt auec les François , où il y en cfuc de tuez de part ôc d autre. Cecy fut caufe que nos nouucaux habirans de- meureront plus ferrez proche du Fort qu'aupqra^ uant , & (ôufFrirent beaucoup,n*ofans aller fculs à la chalTe, de peur d'citre rencontrés ôc mal- traixez pax ces Barbares. Ces Sauuages qui auatent aflèz mal à prcrpca commencé la guerre contre les François , cr curent qu'il les falloitcntiere ment dcilruire, auant qu'ils priffent le temps de s acroiftrc 6c de fe multiplier: Pour cet effet, ils appcllcrcnt alearsfccours tous les Sauuages des mefmcs ifles voifines. Le iour aligne cntr'eux, ils fcprcfentent fous Jefortfai&ntmine d y vouldîc defcendrc : mais Monfîeur du Pont a§rantefl:é auefty de cette emreprile parvn^tiuage iQidfiipLC , auoit deiia £uc xeiiccr tous ics (oldsxs au i m il 71 "ES TABLI SS E ment; Fort , & charger fon Canon de mitraille iufqu J rcmboucheure;iUcs laiffa approcher contre later- re i ôc les y voyant prefc|ue les vns fur les autres, il fit mettre le feu à fon Canon, qui fit vn fi eftrangc car- nage de ces Sauuages, que ces pauuresgens croyans que tous les Maboyas de la France efloient fortis de la gueuUc de ce Canon pour les deftruire, s enfuy- rent fans ofer depuis ce temps rien entreprendrs .contre les François. Monfieur Defnambuc ayant eu aduis de la guer- rc contre les Sauuages, fit aufïi-toftleuer quarante ou cinquante hommes , qu'ilenuoyaà la Martini- que , lous la conduite de Monfieur de la Vallée, pour fouflenir cette naiilànte Colonie : A l'arriuée de ce nouueau renfort , les Sauuages commencè- rent à lafcher le pied, & àquiterleurs habitations les plus voifines des François, mettant le feu a tou- tes les cafcs, & arrachant tous les viures qui cftoient defliis j mais nos habitans bien aifcs de trouuer de la terre dccouucrte, s en faifirent auffi-toft, & ain- fi peuà peu gagnèrent plufieurs belles habitations, qui auroicnt couftc bien de lafueur, & peut-eftre la vie de quantité de perfonnes , s'il les eut fallu met- tre en l'état qu'ils les trouuerent. Quelques m'ois s ecoulent,pendantlefquels nos L^^bitans s'afFermifTent de plus en plus : les Capitai- nés des nauires y conduifent leurs vaiflcaux pour y trafiquer , & les habitans de fainâiChriftophc les fecourent fi à propos , que ces Barbares perdans l'cfpcrance de pouuoir cmpéchsr leurs conqueftes, parlèrent c c DANS riSLE DE LA MARTîNIQVE. j^ arlercnt d'accommodcmcm. MonficurduPont es reçoit aucc toute la douceur &afFabilitc ima- ginable , leur faifant entendre, que s'il leur auoit fait expérimenter la rigueur des armes Françoifcs, ce n auoit eftc qu'à regret , & pour les porter à vnc bonne paix , qu'il fouhair jit aucc autant de paf- fion comme eux , qucdorefhauantilviuroit auec eux comme le urfrcre, &portcroit en tout & par toutkuTsinterefts : lesSauuages en font autant de leur cofté \ & ainii la paix fut conclue fur la fin de l'année, auec vne ioye réciproque des deux na- tions. .ua, ■rn Monfieur duPont extrement fatisfaicdc cet ac- cord , part auilî-toft de la Martinique pour en por- ter luy'mefmelcs heureufesnouuelles àMonueur Defnambuc y & le faire participant de fa ioje : maishelas»quc leslugemens dçDieu^nt inconce- uables i ce généreux Capitaine ne fe défiant nulle-, ment de la Fortune qiii luy auoit communiqué tant de faueurs, s'expole fuç le plus infidèle de tous les clcmcns , ou iceiçc volage luy fit cruellement reflentir les effets ordifi^rçs dcfoti incofillance; car le jriauire qui 1- porte; n'eft pas pluflôft appa- reillé, qu'il efî furpris dVn^ ft violante tempefte, qu'il eft emporté par 1% f^ireur des vents, à la cofte dcTifle d'HifpanioIa ,^aufli-tqfl: pris parles Ef-. pagnols, couuert dechaifnes , & ictic dans l'ob- fcurité d'vne prifon j où il demeura trois, ans entiers, fans qu'on CILpuû fçauoir aucu;ie|ioH< uellc. •^ Cl. wtW vr 74 ESTABLISSEMENT, Tous les hiibitcitis (bttârir«nc bcftocoup pendant Ton abience > cat il leur auoic fait elpcrer qu'il leur apporccroit des vkixQi ^ «ceux qu'ils auoienx planccz Xk^ywas pas eiicor àtceific ieut entière matuiitc. Yn an {è paie fans qu<^» en apprenne aucMiieiiK>u- uellcj cequiîfit croire à vncîhacunquc laimerl*a- uoit efiglouty dans Ces flots : fi bien qiïe hAonûcm Dofnambac fe (èmàtu (CftfTé de^ndadie &c proche defftftft, refolut d'y owu.O'yer Moïifiçur duiPatquet fcn aeveu , ftôtrede ce ieuneGencil^honame , qai fatiuéfi^loiûôufemèiîtdaas Tifle dcS»Chriftophe, lors quelesEfpagnoIs y dcfcendirent. Ce )bfaue Gentîl-hoftime hericier du courage, dc-kifâtettf, dcàch^tûûtaCitk dcfon frerci auffi bien quûd'c foninom > a pôUïfuiuy céteftabliffe- mcfiî'cmittficit^:â«êG tniït de dcrxteficé&de pru- dente 5qu'eiftOtt^e>bftwic« le décry de cetce iièe, à cau- fe de* fefpens q^*dUt>»îioiitrdflb«r en très -grand flôffïbte y aUjpàrauâftt qu elle foc découuertc , il la fcttduifi celebte quelle dft'ipr^iènc la» plus peu- plée i&la'jplui renommée d^s îfles ; faifancaflcz connoiftrë pat fa fage conduite , que le bon gou- uernement efl: tapable de rendre heureux le plus iAfolcuttépftysiiu monde» & aucontraii-e, qu vn mauuais 03UUént»ÈUïdafts tniâ bonne terre , eft pi- re que fi tîle èftoït coùU^rte do monftres & de ler- pens. '^ ' Côïnméietfay maintenant autre dertcin,quedc donnct vne parfkitt conni'aycrcuauoir entièrement fatisfait à la curiofi- cé du Leâeur 9 en luy propofant ces trois eftablif. femens de noftre Coloniç Françoiie , dans les iâes de ùdnO: ChhftopKe > de k GuadeloM^e Se de la Martinique , dan$; lefquels il pourra faciliement voir tout le bien & le mal qui s y rencontre; les fau- tes des vns , & la dextérité des autres ^ envn mot^ tout ce que ie pourrois dire,fî ie traitois en particu- lier de toutes les autres ides habitées depuis celles- là par les François. le me contcnteray de vous di- re, qu ils ont jette depuis quelque temps des Colo- nies dans les ifles de k Tortue , de faind^ Martin, de iàince Cr^ix, de la Grenade^ de iàinte AlouiSe, Se de Marigalanee : n en ayant paspour le preiènt des mémoires biens certains , ie me reforue à v^ie fé- conde Édition xkûeliurç , ou ic fcray peut-çftre rhiftoire entière & générale de>K>u;teslesifles. I . t'i . I ^ Ditout çe^feféjfe dèfksfcotifiier^âlfU Aum tes ^voy^ges CHAPITRE QVATRIESME. I. l^^Lufieurs Autbeors qui^nc efté en l'Ameri- ST que y ont 6ûi des^icriptions ^Stz amples ^ àflezprolfxesde leurs voyages : mais papce qu'ils fe fonrpiuftoft arrcftezà décrire beaucoup de pe- dtes^itôntu{osjpatcicuUeres^tousa'âiitinuciles,4Bs K i] 7^ VOYAGE ET RETOVR rechercher ny approfondir les chofes les plus cu^ rieu(es;iay, iugé qu'il eOioic à propos d'inférer dans cette preiifUere partie de mon Hiftoiie vn Chapi* Itrç diuifé éadeux paragraphes , dans lefquets ie traiteray Iç plus fuccitt(5tcincnt qu il me fera poiE- .ble> des chofes afTez curieuiès > donclcLeâreurne doitpaseftrerebutc^iiipi aaïc ^■i^'^HVWS^^ entAmerkiut , i0 ie ce qn» syrmarqHe -ESl'r^O q^lî zi . 4^:f^f*s curieux* o-y \'-Ji. ^■y'i 'Ou$ fifiîàes vodes le di3c:-%ticmclatturermil ( /ix cens qiïaràncé,dans vn vaifTeau de cent ou iîx vingt tonneaux; y fi rem ply de marchandife , au - g^i(g.4Wat que f^tir dui PJavreide Dieppe y qu'àpei' |i^; pou-uroic-prl trpuuer place pour ie coucher de fon long. Nous eftions deux cens perfonnes & plus , tant hommes que femmes , de tous aagcs, de diùcrfcs nations, & de Religion différente. Le Ca- pitaine e'floitheretiqaie des plus abitinez , & qui nous fit beaucoup' iouifrir pendant le voyage , à loccafion de quelques Huguenots ,aufquels nous fifmcs abjurer leur hcrefiç. le ne m'arreftc pas icy à vous décrire les yomif- Icmens & autres maux de la mer ^ Imfcdbioninfup' I>ortable des nauires remplis de malades couchez esyns fur les autres , parmy la fange 5c l'ordure; fur tout lôjfafçheux cijîDarras des femme$:Ics matfc- mk, ft$^^i^imim9d. la corrupiipn àz%^^\^9 D B Ol' a m E R I QV E. ^7 ^efqaelte» afifez roua«nc,'quoy qu infusâtes & puan- tes, on n apasTuffifamment pour écancher rimpor- tune ardeur d'vnc^ plâicnfions des Pira'ces , & acdxfenB qui peuuent arriuer, fi on ne s*en donne foigneufienienit de gar- de : comme par exemple celuy qui atrtuaià crois ou quacr& jeunes hommes y lefquelss'eâians mouillez les pié^i eh s'^ernbarquanc , < n'eUrenc pas le foin de fe defchauiFer , auanc que de dormir vils trouuerent à leur réueil qu'ils auoiehc les pieds cous engour* dis^ &ËUIS fcnciment vfi bien que quelque remède q^on ypcuc apporter , les ^ doigts des pieds leurs tombèrent par pièces. le rais plufîeûrs autres pau- uretçz , qu'on le peut affez imaginer ^ & me con- centéray; fculeraenc de dccririé trois chofes qulic rencontrent dans les cràuerfes^lcrqîieUcis le jfùpplie leLcdeur curieux de bien remarquer. ■'"' ' - // La première eft, quarriuant vers le Tropique du cancer, & quelquefois mefme des les Canaries, vous faites rencontre des vents que les Marinfers appellent, Al/Je:^} Ces vems> ( eritrcles deux Tropir quesj/uiueni: perpetuellcment/lç, cours, du pxfij micr mobile ( qui eft de TOfienc àtOlgcidenj) fouiSalnt toufioursicn poupe j ^ coln^eiwKWEde douceur , acvn fi grand cempexaiftcf{c4éii^ii»0i^ ^ K iij 7S VOVAGE ET RETOVR de l'air » quec eft yn cqnnntifil ôc agréable pafle- temp$ i <]ae de Togiier farcetii:emèr> qu'on pour* ■ roit à.bon droit ^pelter padfiqaiî; Quaiir v^moy ie me pàrfltadê tjueiicdutrOccaa Iwf jzdtmhloiti les pW délicates Dames de Paris détux la* des i QDiBcixastlliéqaede^ zoCc&^àohthf^ifmts k font cicuèlicmcttt iTcntir au retour. .^a^ i. ;j. . >« ; le moittts donné beaucoup de peûie 4 nheoém dans les Autboirs , la railon pourquoy czis:.ts2i^ Alifèis Toufflent tou/îbur? de i £ft à i Oiieft ^ fans y auoir tien trouué qui m'ait pcû&tisfaire* le içay biencae les Afirologuésdifeoit, pourraiibn de cet» te mcrneïUe^qu'ilyajquatre vents capitauxKàfça* ooir 9léMort9le&id,]'£ft^rOiieft, do«i;iinez par quatre differentes Planètes. Lcy^mdn Nott «fiant excreioément froid îa£*£eci9>eflidoniiiie parlapiser^ Gcluy duSudquicft chaud khûmi^, paicrMaK; celuyd'Oteiftqai^ft' froid ^htimidoparkLime( ôc celuy d'£Aqui eft modercinef^ chaud Bcibc^ par le Soleil, ôc cftappeHéè pour cette râiifon^J/ii- fttitnus^mtm *, d'au vient que toutesces r^ons^/i* litées'iibàslaZ(»neTôrride^ eflan» govuteimbsipar cebel^l^uiïîGmde^/nerefpireiit ordinairement (pie[ k'vetiv quiry^âboiif&'aiieccUes^parfosvqttali- ui t*s DE L' A M P R 1 aV p. 79 preftiicr mobile atciraoc ipus les auftic^ Cittsx après iby , leur fait cenir vue roui;^ fcmblabk ï 1a ficniKt ; de meiinrc les vcncs tiûi»c[fOiicni par tout Vil meiine chooûn sils'xi;eii oAoieac .4iripo(bhiez par les fréquentes ^ tcop grofficccs v&peucs , qui s'éleuenc dans les «xcrcmes parties du monde *> ce qui nei^ troimant pas fous la Zone Torride , au contrairei'airy eftantplus pur, plus fubxil A moins refuply de vapeurs ; cette agitation del air ne trou-* liant point césx»bftacles> (mSAXïs diflttrpUcle'cours àc le branile du premierMoteur de toutes cho- La (êconde chofe remarqiiiableJe£kV4^Au dciçà des Cauaries iufquaux Inàss .»; onybit^d^troupes de petits poiffons voler aux cnuirons. des nauires, sn bande comme des alojtiectes. Je. vous renuoye au-traiâ:é dcspQJflbns.pour en ymr:làidcfcdption*i>'« "»« &.eft vne jutant ancienne que ridici&le &: plarfante couâuimte, pratiquée à Fen^ droit :de ceux qui font de loiigs voyages fur mer* C'^ft qu*arriuant fous la ligne du Tropique du can4;er ( oudeuxfbfs ratinoè on ^ le Soleil verticu-» lement oppofé^ fansjqmamidy iLpuiâe Ëiire.onv' bre à vne cboredroite.)'Onfàic dcgrands prepa*- ratifs, comme pour celebretjquelquefefte, ou plu^ toil quelque Bachadale. .Tous les officiers du na^ uke s'habillent le plus groceiquement ^ boufon- nttniM»uqu ils peuupnt. J«aupl»ipar{; font armez 4e «o VOYAGE ET RETOVR tridents , de harpons , &c autres inftrumcns de nKL« rine : les autres courent aux poiles, broches, chau- drons, refcLefrkes, & (èmblables yftenfliles de cuifine ; ils Ce barbouillent le vifage auec le noir qu'ils prennent au^iefTous des marmittes, & fe ren- dent il hideux àc û laids , qu on les eftimeroit de véritables démons. Le Pilote les met tous en rang, ôc marcheii l ôc auec phrfide^duiUtc que npus n'en atten- dions DE L'A ME RI QJ/ E. ti dions des gens de mer , jls nous veiferenc feule- ment vn verre d'eau fur la tefte:mais tous les autres paflàgcrs, hommes &femmCi fans exception, fu- rent tant laucz , qu en vérité ils me faifoient pitié. On les pLngeoit trois ou quatre fois dans vnc grande cuue pleine d eau de mer , où on les laiflbit aflcz long- temps boire tout leur ÙLOulyf^^àUJanté de leur plus chères amis -, au fortir de là , on leur jéttoit vne telle quantité d eau fur latefte , qu vne demy-lieure après ils ne fe pouuoient pas recon- noiftre, tant ils en cfi nent étourdis. £n fin, toute cette cérémonie fe termine par des refiouyifances ^ defbauches excefliues. le me fuis fort curieufement enquis à plufieurs gens de marine, pour apprendre quelque chofe de l'infliturion de cette couftumc , fans en auoiria- mais peu tirer vne bonne raifon. Les Holandois tiennent que c eft pour fe guarantir de plufieurs maladies qu'on pourroit contrââ:er par ce grand changement decUm^.t \ c'eft pourquoy ils le bai- gnent tous dans la mer , aufli bien ceux qui y ont défia pafle que les autres. Cette raifon n'eu pas conuainquante ; car il ne paroift pas que ceux qui ne fe baignent point, foient plus tourmentez, & affligez que les autres : Pour moy , ic crois que ce- la vient de ce que crux qui furent les premiers (i hardis, que de pouAer leurs voiles iufquesdans les Zones torrides, lefquciles iufqu alors auoient eftc tenues par {kinOi Augufibin & beaucoup d'autres, pour des lieux ^ (ècs 3 fteriles & inhabitables i Ces ■ "^ ' L il VOYAGE ET RETOVR gen»> év5^')c y fc voyant comme entrer dans vnait- iremonie) fkenc rm forte d'aUafionau bxpcnie que Ion donne âut ChrefticAs après leur naiilàn- ce ; A: en cScty on (t (ère encore dumoc; de bapci* ici foos k tropi a ^ poâr exprimer cetce cere* mcnic* le ne puis pa^Ter (oiM /ilence ce qui nous arciua dans le fécond voyage ouei'ayfaic aux iflcs : Ceft que prenant te»e i I i(Ie d^ Madère ( vue des Can^ie^ y où nous fejournarmcs crois iours^ du- saac leiquels t&vitnd^ paflagers firent defbauche des yitimcî pli^dehcisrut da monde , que cette iile produit y ôc fortans de cette terre nous experi- ffxenèarmes ce qvL& plafieurs grande Nauigareurs m'auoient afTeuré^ à fçauoir^ que la cofte d'Afrique <ïft tres'dangereu(è aux Europeans : car nous n*euf- mes pas fait cent lieues y que les mieux fenfc^ d en- |re Ltouscommaftccrent a perdre lefprit, & àdc- uenir Hypocondriaque y fans qu'il parut aucune Ûéwt t Tout noftte pauure équipage eftoit pour ïôtls vn oibjct digne de rifée ôc de compaflîon tout e^femblev caries vnss'imaginoicntauoirla mort fur Ids e^uites^& s efForçoientles iôurs & les nuids entiers à fe décharger de cet importun fardeau: tfautreis s'occte paient à rouler des barils fur letil- lac : d'âiiti'es fc péffùadoicnt qu ils eftoient Roys, trâitanstbut.le rtibnded'Ambaflàdeuri en fin, cha- cun faifoit viîi ftieftier différent. Cette eftrange maladie dura tttoiéfemaincs entières, pendant Icf- qu^Ues il rfyt^tit iaitiiiisqiic dèiix ou ttoispcrfon* DE L'AMERtC^VE. 83 nés raifonnables dans le nauire , (jueDieu y con- ferua pour empêcher les plus furieux de Te préci- piter dans l'Océan ; /i bien que le moindre coup de vent nous auroit infailUblemenc fait périr. On- ze perfonnes en moururent , ôc tous ceux qui auoient eftc frappez de cette cpouuentablc piuc- nefie, furent plus de trois mois fans fe pouuoir re- mettre. Si quelque nauire nous eut rencontré dans ce trille eftat^ on auroit crûque fçauroitefté vne tranfmigration de l'Hofpital des Petites Mai- fons de Paris^ aux Indes. Apres auoirafTez fauorablement vogué l'eipace de deux mois entiers^ fans aucune connoiflàncede terre, fînondel'ifle delà Palme, que nousn'appro^ chafmes que de cinq ou fîx lieues, nous apperceuf- mes la terre de la Martinique. le ne vous fçaurois exprimer la ioye qui nous faifi t alors , (inon par la comparaifon de celle que receurent ces bons Pa- triarches , lors que lefus-Chrift décend' • dans les Lymbes pour les deliurer de ces horribUs cachots, '^ les rendre parcicipans de la félicité éternelle, 3u ils attendoient depuis tatitxle milliers d aanéesi n'y a que ceux qui fè font trouuez dans de pa* teilles occafions , qui en puiffent pertinament dif- courir; Ace feulmot déterre , tous les malades forffrent du fotid du vâiiTeau , <:omme des morts qaireflfufciteroientdc leur; tombeaux ; ceux qui vne heure auparauanc n eurent pas leué la tefte pour prendre vn bouillon,montoient allègrement i la Hune , afin dévoie la terre ^-qu ils defiroient Lij «4 VOYAGE ET RETOVR comme vn fouucrainbien, ^conflderoienecom}- me le terme où redeuoietic finir cous les maux dg U traucrfée. Le Capitaine abandonna les eaux, defquelles onauoit eu à grande peine dequoy fe lafFraifcliir la bouche pendant tout le .voyage : Dieu fçait , toutes puantes qu'elles eftoient , quel- le débauche on en fit. Ennn, après querkoas euf- mes chante le TeDeum, en adbionde grâce , tous les pafTagcrs fe mirent à faire voler toutes les vieil- les guenilles delà trauerfée, plus drues que mou- ches à la mer, puis à fe lauer, peigner, polir, ajufter, & faire parade de tout ce qu'ils auoient de plus beau , pour aller à terre , comme s'ils euflcntefté aux nopces. En vérité on vit , & cela fe voit en •tous les voyages, vn Hofpital eftre change en Aca- sdemie, & vne troupe de gueux, au moins en appa- rence, annoblie en vn moment. Apres auoir moiiiUé l'ancre , nous mifmcs pied i terre vis à vis du logis de Moniîeur du Parquer, Gouuerneur de la Martinique , &fufmes rendre grâces à Dieu dans fa petite Chapelle , baflie à la mode du pays i c'eft à dire , de fourches &de ro- feaux y neantmoins très proprement entretenue par vn ban vieil Preftre, qui pour lors y faifoit les fondions de Cure. Gela fait , nous luy fufmes ren- dre nos dcuoits. Ceft vn Gentil-homme rres^ge- nereux &c doué dé toutes les boimes qualitez , qui rendent vn homme rccommandable : Il nous rc- ceut fort cQurtoifement, & nous regala auecbeau- çpup de magnificence^ le» mets eAoient des tor- DE L'AMERIQVE. «5 cu'és, des lézards de des crables : mais tout cela ccoic fi agréablement diucrfiHé , qu'il v auoit de quoy traiter vn Prince ; Le dcflcrt eftoit compolc de fruids les plus exquis du pays , autant délicieux au gouftqualavcuc. Apres trois iours de repos 6c de rafFraifchifTc- ment , que les miferes pafl'ces nous auoicnt fait goufter comme vn Paradis , il ftllut. faire voile Fiour laCuadeloupe j mais en pafTant par deuant ifle de la Dominique , qui n'eil: diftante de la Mar- tinique que de fcpc lieues , nous fufmcs pris d Vn calme > alTez ordinaire vis à vis de cette ifle , à eau* fe des hautes montagnes qui empêchent ôi ar- reftent le vent. Ce calme nous fit faire' vn fejour afl'cz ennuyeux de trois iours entiers, d'autant plus infupportable que nous eftions à la veue de la Gua- deloupe , laquelle quoy que tant defirée , nous ne pouuionsaborder.Pendancque nous fommes ainfi dctenus,icm*arrefteray à remarquer ce qui nous y arriua. Quelques -vns des noftres icttans les yeux fur la mer, apperceurcnt pluficursgros &monftrueux poiflonsdVne grandeur prodigicufc : les matelots dirent en mefmc temps , que c'eftoient des Re- quiemsyôc coururent au fil- toft aux tridents, harpons, & autres femblables inftrumcns deftinez à la pef- che de tekanimaux : ils leurs ietterent des hame- çons proportionnez à leur grandeur & à leur force, couuerts d Vne grande pièce de lard : Cette inuen- ûonleur reiii&t mieux que tous les autres>car après L nj îH YOYAGE ET RETOVR en auoitpris(cpt^ on attrapa le huitième, qui nous mit tous au repencir de luy auoir ietté l'hameçon* vcu que dix hommes aptes s'eftre long- temps ef- forcez fur vn palan de nauirc, pour le tirer hors de l'eau y ne l'en peurent iamais faire fortir , de forte que les plus forts furent contrains de leur preiler la main. Il ne fut pas pluftofthors del'e^u qu'il fe mit à frap péril rudement de fa queue , qu'on auoit iuftefuiet de craindre qu'il ne nous fit quelque de- fordre « & n enfohdraletillac ; ce que fans doute il eut fait , (ans TadreUe d'vnieune matelot , qui le frappa fi adroitement & fi à propos d'vne hache de Charpentier proche la queue , qu'il luy coupa les vertebres^Se fentant frappé, il fe mita fouffler 2c:à écumer comme vn taureau enragé , ouurant rne gucuJle capable '^'engloutir vn homme. Il auoit quatre rangs d^horriblcs dents.l'en feray vne plus longue, & plus exaâe defcription au traité des poiC fons. Pendant que nous eftions occupez! cette pef- che, il s'éleua vn petit vent , lequel enfix oufept heures nous porta heureufcment à la Guadelou- pe,que nous trouuafraes comme ie l'ay dccrit,pref- que fiiccombânte fous la pefanteur des iuftes châ- timens de Dieu. La guerre, la famine, les maladies mortelles du pays , ôclaucuglcment de leur Gou- uerncur , les auoicnt réduits àvne telle extrémité, qu'ils furent contrains de demander fecours à Monficur le General de Poincy , fans lequel ie crois qu'ils cuflênt abandonné Me , ou qu'ils y fùf- DE L'AMERÏQryE. H^ km tousimfctablemeiit péris. Ils poreerènt très- iiiflement cette peine, pour auoir contre la volon-r té duRoy & des Seigneurs de la Compagnie , de - claré aux Saunages vnc guerre autant iniufte quhonteufc , & empêche la promulgation del'E- uangile, & linflrudlioft de ce pauure peuple. De mes retùurs de tAmeriqut en France, $, I I. LE Reucrend Perc Nicolas de la Mare, noffrc Supérieur cftant mort, nousfufmes tous d'à- uis qu'il fallôitenuoyer vndc nous cnFrancc,pour amener de nouueauxMiflîonnaireSy&pour obte- nir la continuation de nos priuilegcs : le fus dépu- te pour faire le voyagc,i cet efFet,ie paflay à i'ifk de fain6fcChriftophe,ou après auoireftérbrt benigne- ment receu de Monfieur le General de Poincy , il me fie la faueur de me donner pafTage dans vne pe- tite frégate quilenuoyoit en France, fous la con- duite du Capitaine des Parquets, homme de mer & de grand coeur. Nous appareillafmes le quatorzième d*Autil, fur les trois heures après midy. On fit de grandes ma- gnificences au départ de cette Frégate : Tous les Capitaines des nauires qui eftoient à la grande ra- de , firent à qui mieux mieux pour complaire à Monfîcur de Poincy , qui eftoit fur la riue v II fut tiré plus de deux cens coups de canon. Sur les huit heu - \ S8 REMARQVESDES RETOVRS res , il fe fitvncEclipfcdcLuncqui donna de Tcf- froy à plufieurs des noftrcs , & mcfme noftre Pilo- te en tiroit de tres-finiftres confequences. Cette Frégate eftoit vn petit nauire de cinquante ou foi- xante tonneaux , des meilleurs voliers de lamen mais fi vieil qu il eftoit «ftimcde plufieurs incapa- ble de faire le voyage , &pcut -eftre que c'eftoit là, où le mal tenoicà ceuxquitiroientces confequen- ces. Nous dcbouquafmes affez heureufement , &c après auoir vogue iufqu'au vingt -huitième du mois', toufiours a vent contraire , nous nous trou- ,uafmesfouslaliauteurd« laVermude , quieft par les trente- quatre ou trente- cinq degrez duNort, vn endroit extrcmcmét redouté de tous les Naui- gateurs , à raifon des exorbitantes tcmpcftesqui y font ordinaires. Le iour de faindl Pierre vingt- neufiéme du mois , après trois ou quatre heures de calme , vn ventd'Oëft commença tout à coup à nous foufflerenpoupe , ce qui nousfaifoit défia, mais trop toft,chanter le r 6c déterminez» ynetrpupe de pènicens qui n'^autyletic plus que le fecca^, 6t le Mifintecn TOUjche ^ chai cun lêdQucantbiÉnqu|5'ce puciiot po^toit & la chaloupe dans la mer : maislatempefte aMgmcntoit de moment eh monlcnt , dé'émt iuf- quà tel point , que le n* crois pas que dé^tiifr^dix M 90 REMARQVES DES RETOVRS ans , il s'ctt foit veu vne fi horrible, Vn de ces Por- tugais fe tint dix& en donna la charge à vnaucre;âc au mefme inftant vn fortunal ^ ou coup de mer , don-^ namcohtre l'arriére du nauire , enfondre la Cham- bre > romp le gouuernail en deux pièces, & pafTant par dcfTus le nauire , l'emplit A: le combla tout d'eau ; de forte que lapefanteur des eaux l'arrefta tout court encre deux ondes de mer , hautes com* me des montagnes y dont celle qui la fuiuoit en queue te deuoiun£ïilliblement engloutir. le ncmeflate point , ie fçay vn peu ce que ceft quç ;dç la mer : mais il eft conftant qu'humaine- nient parlant ,. nous ne dcurons pas demeurer vn moment fur Ï^zm : Tay imputé noUre (àlut aux voeux, que nous auionstousvnanimementfaicà la faiûtç Vierge le mcimc iour au matin. Cependant; lesinatelots qui eftoient àdemy morts (carc'éroit le troifiéme iour que nous paÏÏions fans boire,fans jnanger & fans dôrmir)vQyàns qu'il falloir perir^fc prirent tous à faire leurs derniers efforts, comme des perfennes qui agonifent contre la mort. la- mais iene vis de plus p'rompts & feruenrs ouuriers: en. va moment ^lous les hauts-bans & cordages du grand mail , furent mis en pièces , & vn Charpen^- xicr adroit & vaillant garçon , en trois ou quatre coupi de haches jetta le grand maft dans ia mer, lequel en tombait rompit & emporca.aueclby , le xnaQ: d'^irtimoa, L^ nauire çftant déchargé d vn fi i. '.t CK 1 comme irs ouuriers: DE L'AMERIQYE EN FRANCE. 91 grand fardeau, commença à fe refToudrcà voguer, ôc à eftre le jouet des flots , comme il auoit efté au- parauant, en forte que nous eufines le temps de ietter toute l'eau auec des féaux î de bonne rortu- ne pournous^le tillaceftoit eftanché/fi: il entra fort p eu d eau dans le fond de cale. On racommo- da en fuite , quoy qu auec beaucoup de peine » le gouuernail le mieux qu il fut pofTible. Cclafait cha- <;unprit courage, J& le reCblut de reculer iufqù'àla muraille,& fc roidir contre la mort les périls ôeles defaftces , dans lefquels nous cftions comme cn(è- uelisi Ôc dés là 9 plus de parcffeux dans le vaiffeau^ les plus malades qui lembloieut auoir la mort fur les lèvres, eftoient des premiers autrauail^vn coup de fiflet faifoit courir trente hommes ou il n'enfalloit qu vni ccxte diligence nous ferait beau- coup y carquoyque la tempefte continua auec la nieune violence iufqu au lendemain matin , nous ne receuijnesaucun coup demer qui paifa parxicf- fuslenauire. ; <':..- Lamefrae nui^blairdeumtferain, dâFonvitdes Eftoiies , ce qui nous apporta vne très-grande con- fblation^ carc'eft vne maxime infaillible des Pilo*- tes y que lors qu'on voit des eiloiles la miiâ: , on voit infalliblement le Soleil leiour (uiuatit. Le ma- tin le vent s appaifa tout à coup,& fe mit à rOiieft, qui eflait le vent propire pour faire noftre route; mais comme les ondes q^ii aucient eftc excefllue- ment cmeuës par le Vjent de Nortjtoulbiént enco- re groifes ^hautes €ommedesimontagnes,auec M ij 92, REMARQVES DES RETOVRS impccuoilcc contrôle venc , Icnauire fe prie à tan* guer fi rudement à la rencontre des ondes , qu'à tous; monkns nous eftions dans rapprehennon qu'il fofepaiiaft en deux pièces , & que nous trou^ uaf&ons dans le beau-temps le naufrage, que nous auions heureufement échapc au plus fon de la tem- pefte.Cela dura enuiron fix heures>apreslefqueUcs tout s*appai(à vfnsrjuc %', Or commeie ne diray rien de mon fécond re- tour cil France, il faut que ie couche icy deux cho- fes très -remarquables qui nous arriuercnt au met me endroit , ou noui auions efté G mal menez de la tcmpcfte. Laprcmtere>ctîfl qia' vn iour que la cha* leur auoitcxtraordinairemcntexGedcj nous vifmcs fut les trois heurcs^ après midy y comme aux qua- tre coings de rhorizoïi, quacœgroflcsnucSjefpoif- fcs & fort obfcurcg, lefqucUes jettoient feu & flam- mes de tous coftcz , & dans chacune d'icelles gron- doit yn tonnerre différent. Toutes quatre mon- toient vers le Zenit , comme poudces par quatre Ycnts* contcaircs ,: & en rùontant entreprenoicnc toute la hauteur del'horizon. Dieu {çàit de quelle apprehenfionicftois alors faifi j quoy que ie n en fiflc àucunfcmblantjic matténdois de nenauoir pas meilleur marché que la première fois , nous n- eufmcs ipourtaat que la peur. La nuit venue les quatre niies & les quatre tonnerres s'entreioigni- icnt,& des quatre «en firenrquvni qui faiîoic autant dcbrmtcttïut Teûl , que foujs les quatre en- fe|mblc< ' (Su t ks^disi: h^Uf es^ ,4c tonnerre le pirit à ef^ h DE TAMERI QVE EN FRANCE. - 5^5 ciftcer c£Ff oy ablemenc dix ou douze coups de fui- te > à la fin dcfquels il tomba dans noftre nauire, coupa la grande voile en deux pièces par le cra- uers, brifi quelques cojrdages , & pafla fans faire tort à perfonne , laiffant pourtant après foy vne odeurdefoufFrefi infec, quelle failoit bondir le cœur. Cela pafTé nous concinuafmes nodre route auec quelqu autre:» tempeftes , defquelles ie ne di- rayrien , puifquec eft vnechofe ordinairje dans le retour des Indes. "ï-î-iv" La féconde / c eft qu'au mefme endroit , après cette rude tempefte , la mer eftant deuenuë calcne, elle nous parut plus terrible que durant l'orage; car nous la vifmes couucrte d'herbe comme vn pré à dcmy noyé : de forte, que lenauire auoit de la peine à auancer, à caufede la grande quancitéde ces herbes qui s'amaffoienc au deuant du Beau-- pré. Cela nous dura plus de cinquante licuës.Ie ne diray rien dauantage de cette herbe, iercnuoye Iç Ledleur enma j^.Partie, chapitrei. §. 51. auquellieu l'en traitcray aflezamplemonii ; p y. rc v jn / d j ';o5 le ne veux pas aufli obmettre vne remarque, qui me femble a/Ièz curieufè , qui cil que durant toute cette grande trauerfécrdei dix-huit ccni lieues , il ne le pafl&i pasivriifeuliourquc ieh'ayd veu des oy féaux : car depuiirles ifles Canibales^ iuf- ques au trcntc-fix ou trente fcpt terne degré. Ion vojt toufiours certains oyfeaiir appeliez ;i?rffjÇ4/«^^ & Fowis&;vne efpdcc de îtlaaué,qure t'oaiioirïmc Fefinren-aii'. & depluis là , iufqucj à ccvîtUeuei M iij M REMARQVES DÉS RETOVRS ci^s terres clcI'Europe>ilyades Arondellcsmarines qui fevoyenc cous les iours,& qui font viiprefage de rempcfte^lofs qu elles paroifTenc engrand nom- bre : fi'toik que Ion approche des terres de rEuro- pe^l'ori commence a voir des oyfeaux de proïe^cs AloiiectesydesChardonnerets&autresfemblables, qui cflans emportez parles vents perdent la veuë de la terre, & font contrains defe venir percher fur les mafts 6c fur les cordages des nauir^s. Retournons chercher noftrc pauure Frégate, qui n a encore fait que cinq cens lieues , & eA à treize cens lieues du port où elle doit arriuer. Cependant defmaftée de deux mafts, toute brifée de coups de mer , vngouucrnail rompu, qui ne tient qu a deux mcdiantcs planches cheuillees : Nous voila tous dans vnc grande perplexité ; de relâcher aux Iiles,il y a cinq cens heuës , & le vent cil contraire; d'aller à Madere,on fedetoairne.de deux cens lieuës.Neant' moins tous les pad'agers , qui après vne fi rude fe- couffe denier,ne demandoient que laterre,crioiéc tous d'vnc voix qu'il falloic aller à Madère, parce 3u il y auoictrop peu d.e Viures dans le nauire,pour lerjiufqu'en France aucc vnmaft. Mais le Capitai- ne qui ccàignoit' que tomfon monde ne le quitaft, fc rcfolut de pluftoft périr en mer, que dcprcndre terre en aucun lieu. Nous auions fauué denoftre débris, la grande vergue dugrandmaft,de laquelle on fît rn màft ^ fur Iciquiel on ajufbi au mieux que l'otnpuftivne grande voile ^ qui'fâns doute nousf au- rait beaucoup feruy> n'tu&eilé qui trois ioursdc i'-' H'^k rcgatc,qui cft à treize Cependant le coups de it qu à deux [S voila tous rauxlfle$,il lircî d'aller à îuiés.Neant- e fi rude fc- crre,crioiêt erc, parce auire,pour le Capiui- lequixaft, dcprendic c denoftre 4e laquelle ieuxque tenou^au- is ioursde DE L'AMERIQVE EN FRANCE- 5>i là, vn tourbillon de vent prit le maft^la voile & les cordages,& les emporta dans la mer. Ce tourbillon fut fuiuy d'vne autre tempefle non fi violante que lapremiere^ny defilongue duréevmais qui ne laifla pas de nous donner bien de la peine. Enfin y. pour couper court , i^ous acheuadnes n6* tre voyage , qui dura en tout quarante deux iours^ pendant lefquels nous experimentafmes tant de maux y & firnies des icûnes fi rigides, qu'à noftrc arriuceles habitans delà Rochelle virent dans nos perfonnes deviues images de leur ancienne mifc- re^car nous n auions que la peau fiir les os,& le plus fort d'emre nous auoit de la peine à fe fouftenir. Fin de la première Partie,. A i /il J -^ ^1' l^ vriViii.mrrtSU ! -y • .7-:^ r [ ) Ul. '^ A [i,n,.iui^riis. ,rfl «/^J J 'yfi lire •.:);fîb.3non tioiùpi xiiiion il s'-r. :j\.\l i - -» ; seb F ir::>fi.^*Si2ei) «^çiJin^o ifl eoft ifU b'ji » • . i . < .ii( îiU' îî f-t5^''-fti::l^ "^'>dt ?3l rinorjiii. iw; 2yii ;:j ;i \/y,lO RC^hiA-iilil^C} >^: ^Wj )V.lî '..Tu'i' fk'ol'j) i; 'A: J»\.^ c^^* ^^ #) I •f».. W'^ '*! >f ,- .V,- -f. A- ê W ■ii V!^ ^. 'Ht. A t-5,-' f *i m V -■-^.t; % 'i^ «m. ^^ a P DIV] Efclaij Delà Delà i Des dq Duflu. JSdin Desl desi SECONDE PARTIE DIVISEIE EN DEVX* TRAITEZ. I. TRAITE'. Efclairciflcmcnt de quelques particularitcz des Antifles de rAmerique. De U Température de [air. De la âiuerfiti desfaifins. Des différentes agitations de [air. Du flux & du reflux de la mer. IL TR AI TE'. 'Dejcription (générale de la Guadeloupe : Des Minéraux : Des Pierreries et des Materiauxi DesRiuiereSy desTorrens y des Fontaines ^ ^ des Etangs. r /^ T Y. K^ ^ "r- w^.fj.^ 1 -tti' «• q .X 11 X S'y .1 A 1/ Vf '" rt-» •^v^ «riV «^ '317 ijou. j '^'i^iU-^'.'jr K Efclair V '-«,' ]. T ^■\ . \ M 'i^'-iX i > i \v:^ x: i j*-» *-^i \ ^VK De Del Des Du) Defcrift Des cercles J» SECONDE PARTIE» Diuifîe en deux Traitez. I. T R. A I T E'. EfclaircifTcment de qMclques particulamet d«< Amiflcs de r Amérique. De la Température Je tair. De la diuerjite des faifins. Des différentes agitations de tair. Du flux (st du reflux de la mer. II. TRAITE*. Dejcripti on générale de la Guadeloupe : DesMmerauxi Des Tîerreries (jf des A^ateriaux : Des rinieres, des torrens , des fontaines (jt des eftanfs. .*"^*"^^ ■ p 1 1 » I 1 1 » I Il—Il» — T"y— — ■■' .1 *— .-il *. I ■ ■— ■ ■ I II 1 f i ■ '■ ■ D0 UTmpe^taturede i*4Ùr* CHAPIÏRE MEMIER. E n'eft pas faas raifon , que ics andcns Geo^ graphes faifiins cetcsbollf diuifion du Ciel if ide la Tehe encinq iSbii^ par les <:inq cercL^y defquelsilscompofi^ilclaSpiicrc^ pnccri^ N ij <[oo PARTICVLARITEZ DES non feulement que les régions fituécs fous les Zon* nés extrêmes , c cft à dire , fous les pôles Arârique ôc Antartiqae eftoient tout à fait inhabitablesi mais encore toutes celles qui font fous la Zone moyenne , communément appelle Torridc , qui cfl depuis IcTropique du Cancer, iurqu'au Tropi- que du Capricorne. Les premières , a raifon des grandes, & cantitiuelles froidures, caufces par le perpétuel efloignement du SoleibLes fecondcs,au contraire , par la prefence continuelle de ce bel Afl:rc,qui par les deuoraiitcs ardeurs de fcs rayons, feufle & deflciche , à ce qu ils difent, tellement la terre , qu'elle cfl non feulement incapa- ble d'y entretenir des habitans, non plus que des animaux : mais mefme ne peut porter ny arbre ny plante. Les raifons qu'ils ont eu de faire ce iugement font Cl apparantes , quilny a point de bonefprit qui nesenlaifla^perfuader , puifque Icxperience nous apprend , que d'autant plus que le Soleil s e- loigne de nous , d'autant plus fommes-nous tour- mentez du froid, &que lors qu'il eil au Tropique du Capricorne , les neiges , les glaces , & les fii- mats nous dcuorent : auTieu qu*au contraire, plus;il s'approche^de npus, plus nous teffentQns de fa cha- leur ; 6c loirsmcfiilès qu'il atriue au Tropique du Cancer ( duquel nous fbmmes diftans de plus de huit cens' lieues ) nous pafmons ôc eftoufons de chaleur , & quelquefois ces chaleurs arriuent à te! point, qu'on n'en fçauroitfbufFrird'auantagefans li / A ■ 'ii!fWiJW"yF'* ANTISLES DE L'AMERIQVE. loi mourir. Quelle conjcâ:ure donc peut-on faire des lieux fur leîquels il pafle deux fois Tannée , & dar- de fes rayons à ligne perpendiculaire , puifquen France en eftant efloigne de huit cens lieues , il caufe de il eftranges effets. Cette opinion a eu vne infinité de Partifans rres-fameux , entr autres, Ariftote au fécond Liuredes Météores , Ciceron , Phi- Ion luif, Pline, le Vénérable Bede,& l'Ange de TE- cole noftre S.Thomas,dans lai. Partie de la Somme, queft.iot.art. 2. - Neantmoinsils eft trouué des cfprits très -géné- reux, qui malgré Tauthorité de ces grands Génies, & le fentiment commun de tous lesDo(5tcurs n* ont pu trahir la vérité qu'ils ont connu par la lumière de la raifon j ils fe font déclarez pour elle , ont em- braffc fes interefts contre le torrent, publians que la Zone Torrideeftoit habitable , que la chaleur y cftoit agréablement tempérée, & qu'on y refpiroit vn air fain & délicieux. Entre ceux qui ont foufte- nu cette opinion, Polibe, Ptolomée , Auicenne , Auerroës, & Albert le Grand, font les plus confi- derables. La fuite des temps a fait connoiflre la vérité de leurdo6brinc, & a obligé leurs plus grands enne- mis à fè déclarer les Se<îiateurs d vne opinion , qu'ils auoient combatuë auec de fî appâtantes rai- fons : car )*experience,qui efl la maiflrcffe des Arts, a fait voir par les effets ce qu'on croyoit inipofG- ble , puifquedans la découuerte de ce nouueau mondc^on a reconnu que toutes les régions fîtuées N iij ïoj, PARTICVLARITEZ DES (bus la ZoncTorride, tant au deçà qu audc lide la ligne Equino(î)lialc, font les plus bénignes , les pluslainc$ , & les plus tempérées de toutes les ré- gions du monde : d od vient que plufieurs Théolo- giens ont tenu que la terre d'Edem, ou IcParadis tcrreftr e, étoit fituc fous l'Equinoxe, comme au lieu le plus agréable déroute la terre. le trouue trois bonnes raifons de cecy. La pre- mière Cq peut tirée à mon iugement> de la route or* dinaire du Soleil^ qui fous l'Equinoxene paroiftia* .nais plus de douze heures > de forte qu'égalant les ioursauecles nuits, le peu de temps qu'il a eu pour échauffer l'air par fa preCènce pendant le iour , efi fuffifamment tempéré durant autant de temps de fon abfcncCjpar les fraifchcurs de la nuit. l'ay au (li obferué que le Soleil ne fe leuant qu'en- uiron fur lesfix heures , il eftpour "ordinaire plus de dix. heures auant qu'on reffente l'importunité de fa chaleur : depuis dix iufquU trois la chaleur eft grande, auquel temps elle décline peu a peu. Les Portugais &c les Espagnols en ces régions ne for^ tent iamais pendant cette chaleur ; ils difncntde bonne heure , puis fe mettent au lia , iufqua ce qu'elle foit vn peupaffée. Mais quelque chaleur qu'il faffepour lors , elle n'cft iamais fi exceffiuc que celle qu'on expérimente en France au fore de l'Eftc. La (èconderaifbn fe peut prendre , de ce que toutes ces regions,font enuironnécs, & s'il faut ^in- fi dire , lauées ôc rafFraifchies des eaux de l'Ooeaii.' DES Li*au de la dé înignes , les outes les re- ;urs Theolo- DU le Paradis mmeauUeu ccy. Lapre- c la route ot- neparoiftia» ju'cgalant les [u il a eu pour itleiour , eft de temps de luit, leuatit qu en- rdinairc plus .'importunitc la chaleur eft u a peu. Les rions ne for* Is difncnt de , iufqu a ce ^que cnaleur I fi exccffiue £e au fort de l, de ce que s'il faut ^in- de l^Ooean-' ANTISLES DE L'AMERIQVE. 103 Or eftant véritable y que les eaux de la mer rafFraif- chiflcnt les régions qu elles enuironnent , comme il appert dans lÉuropc, ou les coftes de la mer font tounours plus froides que les terres qui en font éloignées ; il en faut tirer cette confequcnce, que lés SâifcheUts de la mer contribuent oeaucoup à cette tettlperature. Tay pris garde particulicre- iticnt dans la Guadeloupe , qu'il fe leue durant la nuiârtiôln feulement de la mer, màisencor des ri- liletés ( defquelles elle eft àuantagcufemcnt four- nie ) certains froids picquants , capables de tcmperet lardeur du iour , 6z qui mcfme bien fouaent éonttâignetit ceux qui font proches des ritileres,de$*âpprôeher dufeu,comme s'ils étoient en France. La troifîéme faifon fc prend des threforsde la diuineProuidencc, qui outre les vents Alifez,4ef- quelsiaycy-dcuant parlé, ne manquent iamaisde faire leucr vn petit Vent le plus agréable du mon- de , qui trois fois le iour , au matin , à midy ô^ fur le foir , fe gliffant & comme folaftrant le long <&: à fleur de terre , rafFraifchit toutes ces contrées. Les habitansdu pays appellent ce vent ,1a Brifc , & eft attendu d'eux tous les iours , comme vne benedi- àion toute particulière de Dieu , qui eft non feule- ment vtilc aux hommes & aux animaux ; mais en- core qui rend fertile la terre , & luy ferc beaucoup à la produâion de fes biens. 104 PARTICVLARITEZ DES De la dimrfti desfiffons. ..^.!j ÏIO CHAPITRE SECOND. ENcor que les glaces n endurciffenc iamais les eaux y que les neiges ne blanchifTenc iamais les montagnes , &c que lagrefle ne tombe iamais dans nos iûes y neantmoins leSoleil venant às'ab* tenter tirant vers le tropique du Capricorne,on re- marque tant en Ton ablence y quenfon retour quelque diuerfitc de faifons ; mais quelque dili- gence qu ayent pu faire les habitans du pays , ils ne les ont pu diuifer qu'en deux 3 fçauoirjenEilé 6c en Hyuer, fans pouuoir trouuer vn temps en toute l'année , pour donner vn lieu arreftc au Printemps ny à l'Automne , puifque ce qui fe fait pendant ces deux (àiibns dans l'Europe , le fait dans cçs lieux prefdu'en toutes les parties de l'année. Il faut remarquer que l'Hyuer & l'Efté de ce pays là, font très- différends de ceux de l'Europe, foit dans leurs caufes, foit dans leurs eifets ; c^tl%(ic\ qui efticy caufépar laprcfence du Soleil , cftH caufé par fon éloigncment ; & au contraire, laprc- fence du Soleil fait l'Hyuer en ces pays là. De for- te que cet œil du monde venant à s'éloigner de la ligne , & tirer vers le tropique du Capricorne, iuf- qu à fon retour au deçà de la ligne { ce qui dure pour l'ordinaire depuis le moisdeNouembrc, iuf- qu'au mois d'Auril ) pendant ce temps il ne paroift qua/i ANTISLES D E L* AMERiqVE. h)5 qaafi po'mtdc nujigcs dans lair , ^ felcueutforc peu de vapeurs ôc d'eztialai/bns. L'air demeure pur, fecy ôc fccain, & il ne pleut prefque point dans toutes les baâîb -terres dcsifles. Ce bcautemps faic qu'on nomme cette faifon Eftc, quoy qu'il coufe beaucoup d'effets quafi femblables à ceux , que çaufe rHyuer dans rEuropc ^ car cette grande lèî- chercâe Ëiit que la plu^rtdcs arbres qui ont Icn fimillcs tant foit peu tendres ^ k dépouillent de leur verdure : coûtes les herbes feicnent , ^ font comme grillées fiar la terre , les fleurs baifleilc la tefte & feflétriilènt : En vn mot , jG la plufpart des arbres o'auoiem les (ciiillcs d\nç nature forte , comme le laurier» l'oranger, le buys , ou le hou^ &: qui par coofèquent di^meurent toujours ver- doyantes maigre les iniures des Hyuers/ans doute le pays deuiendroit auffi tride que la France dans le cœurderHyucr. Dauantage les animaux^particulierement les ia* îcÔlCs ôc amphibies» comme les lézards » crables» ibldatsy qui (ont les viures les plus communs du pays, abhorrent & fuyenc cette aridité , gaignent le haut des montagnes , k cachent dans le creux des arbres , (bus des rochers ôc dans les précipices» reconnoi(ra]is ces lieux plus humides ôc plus con- formes à la conferuation de leur vie. D'od vient ue les Iial;)itani appellent ce temps » l'arriére fai- on , dautatit que s'ils ne font (ècourus desraffraif- chiiTemens qu'on leur apporte derEurope > ils ont biende la peine à chercner leur vie » ô£ mangent O la lOi^ PARTICVLARITEZ DES bien fouucnt leur pain fec. La Brizc , dont i ay par- lé cy-dcuant , cft plus réglée & fe fait plus agréa- blement reffentir dans cette faifc . que dans l'hyuer , d'où vient qu elle cft beaucoup plus faine. Mais quand le Soleil arcpaflc la ligne , & qu'il commence à s'approcher du Tropique du Cancer, dardant fes rayons plus à plomb , il fait leuer vne ?;rande quantité de vapeurs , tant de la mer que des ieux marcfcageux : dans ces vapeurs ilfeforme de grands & horribles éclats de tonnerre , qui font pourtant plus de bruit & de peur que de mal -, car en fept années que i'ay demeuré dans la Guadelou- pe , ie n'ay iamais ouy dire qu'il ait fait aucun dom- mage, ny aux hommes ny aux animaux. Le ton- nerre venant à cefler , le temps fe ntet tout à fait à la ptuye,laquelle diire quelquefois, hùi<5t, dix,dou- ze , quinze iours fans aucune interruption. Ces pluyes refroidiflent tout le pays, & c cft ce qui fait appeller cette fàifon', hyuer ; carpendant 7. mois, à peine fe paOè-il vne femaine fans auoirde la pluyèr'^:?- ^"^ ' m'jvirt . , m:;;' ' ,-/'"' Ce pluuieux hyuer excite dans fon commence- ment grai^d nombre de maladies , principalement des fièvres, des catarey,des douleurs de dents, des apoftumes , des vlceres , ôc autres femblables in- commoditez : C'eft dans ce temps là que nous auons plus de peine auprès des malades , d'autant qu'ils font en grand nombre pai tous les endroits dcllfle. ANTISLES DE rAMERIQVE. 107 Les effets de cet hyuer font bien différents de ceux que caufe l'hyuetdans l'Europe 5 car des les premières pluy cs,qui font tant (bit peu abodantes, tous les arbres fe reueftent de leiirpien^iere ver- dure 6c beauté 9 & pouffent toutes leurs fleurs dc:- hors : toutes les forcfts font remplies d odeurs & fuaues &/irauiffantes, qu'elles pouçroient égaler les meilleurs parfums de l'Europe : Les prcz reuer- diffent, les fleurs eiiibelliffent la terre 9 enfin, cet Hyuer a le mcfme effet que le Printemps dans la France. Tous les animaux defcendent de la mon- tagne j les Homars , les Efcreuiffes , lesCrablcs 6c d'autres efpe ces de Cancres changent de coquille. Les Lézards , les Serpens , les Couleuvres & les au- tres reptiles quitcnt la vieille peau , pour fe reuétir d'vne nouuelle. Les poiffons, qui pendant la Cci- chereffe gaigncnt le plain de la mer , Ce raprochent des coftes Centrent dedans les riuiercs j de forte qu'il n'y a que les pareffeux & les mal-adroits à la pefche qui en peuuent auoir difette. La tortue , le caret, & la caoiianne, tcrriffent en fi grande abon- dance qu après en auoir fait bonne chère pendant l'Hyuer , on en peut faire bonne prouifion pour l'arriére faifon. Q] Des différentes agitations de l'air» CHAPITRE TROISIESME. V Voy que i'ayc aflez amplement difcouru de la teniperature de l'air ati chapitre premier de Oij •i.- rt- 1 \ io8 PARTICVLARITEZ DES cccce fcconde Partie , i*ay crû qu'il eflx>ic neceflAire pour ne rien obmectre > ôc pour l'entière fatisfa- Aion du Leâreur curieux , de traiter icy de quel- ques agicationt de l'air aflez> eftranges , dont les premières font les Oiiraçans ^ les fécondes , lesPu- chots ; & les tf oi/iér.ies ylès Rafàlles > qui font aflièz communes en France. G Des OMragam, $. I. Es Ouragans font de treshorribles ôc cres^ f violentes tçmpeftes^ quon pourroic nommer de vrayes images de l'incendie finale,& deftrudtion générale du monde. Ils arriuent pour rordinairc de cinq ans en cinq ans^ou de fept ans en (èpc ans>3c prefque toufiours lur la fin de l'Hyuer > c*e(l à dire, depuis le commencement d'Aoud iufqu a l'amy- Sepcembre, & fe forment de cette forte. On voit pour l'ordinaire la mer deuenir tout à coup calme> & vnie con^me yneglace^Gins faire pa- roiftre le moindre petit fouflement de fes Ondes furfàfurfàce ; puis tout incontinent lairs'obfcur* cit> fe remplit de nuages épais^&s entreprend de toutes parts} après quoy il s enflamme & sentr'ou- ure de tous coftez par d'effroyables efclairs,qui du- rent affcz long- temps} il fe fait en fuite de û eftran- ges coups de tonnerre y qu'il femble que le Ciel tombe par pièces , & que le monde veuille prendre fin. La terre tremble en pluficurs endroits ^ficie ANTISLES DEUAMEMQVE. k>^ fentfouffleauecuntd'impetuoficié, qu'il déraicmc les plus beaux & les plus grands arbics des foicft^ abat prefqac toutes Icsmaifons^ acraobo tous les viures» niine tout ccquiparoift fiic la terce^&coa- traint bien foQuent les nommes de fc tçntr y pca*- daatceneépouuctitaUetempcfte ,* à des fouches d'arbres , asn de fe guarantir d eftie emportez par IcsTeats : Mais ce qu'il y a de plus dangereux , èc qui caufe déplus grand dommage^eftqu en vingtr Juatre heurcsyâf quelquefois en moins detemps^ fait tout le tour du Compas, nelaifl*ant Rade , ny aucun Havre à labry de fes outrage ufes impetuo- fiiez -y de forte que tous les nauires qui font pour lors à la cofte, petifTent mal-heureufement» fans qu aucun de ceux qui font dedans puifie fe fku- ucr. Cette bourafquepafTée, on peut contempler le plus trifte fpeâacle qu'on fe puifle imaginer. On voit les pans ôc les pièces des montagnes croiillées ôc fondues par les tremblemens de terréjes forefis renuef fces > & les maifom abatués par la violence àc& vents > quantité de pauurcsfamif les tuynées par la perte des biens de la terre» &des marchandifes qu'ils auoient dans leurs cafes^dcfquelles ils fauuent très peu de chofe. On voit grand nombre de beaux vaifleaux brifez & iracaffes coiaotre les e£- ciicils, tous les pauures matelots noyez, les vns ton- lans dans les ondes^ les autres à moitié enfouis dam le iàbledelariue; envnmot, ceft vne chofe tel- lement thfle ôctellcmcttt dcpleirable^^ucfilcdc)- O iij îio ^ PARTICVLARITEZ DES A fordrc àrriuoit fouucnt , ic ne fçay qui auroit le cœur &: le courage d aller aux Indes. î>i ^ Que^fucs habitans du pays croycnt que le$'Sauaag©5 Ven appcrçoiucnc long-temps au- parsiuartc;^&^ ciu^iU en font aducrtis par leur Rio- ches ouMaboyasi dautatit que depuis que les ifles font habitées , il n'cft point arriué de Ouragan, que les Sauuages n'ayent prcdic Pour moy , ie crois que ce font pures fables , car les Sauuages ne man- quent iamais de nous les prédire tous les ans , quoy que pourtant leur Almanachfctrouucfauxj mais il cft impoffible que les predifant toutes les années, ils ne difent quelquefois la vérité quand ils arri- ucnt. Lapluyedeau faléecn cftvn infallible pro- noftique. ^ D» Tuchoi. :"'TOi;.7î!'^t; ) • §. I I. LE Puchot cft vn certain tourbillon de vent ] qui fe forme dans vne nue opaque troparda- mcnt^chaufféc parles rayons du SoleiL On voit fortir dececte nue comme vne corne d'abondan* ce 9 compofée de la matière de la mefmè nue , dans làquelfe cetoùrbilloneft enfermé. Or cette corne -defcehd eti tournôyant,fahs toutefoisquitcr la nue, iufqu^à tr^Jmper fon extrémité dans la mer ^ & elle afpire & cnlcuc , ie ne £çay par quelle vertu , plus gros qu^rnc maifon d'eau , & la porte iî haut dans 'l'^rv que^à (ârc^heuiie dlei^rexlcontroit vn nauite ANTISLES PE UAMERIQVe. ni: fous elle, quelque puiffant qu'il puftcftrc, il fcroir en danger de périr. Ce tourbillon cil tellcm/,:nc appréhende des Nauigaccurs,quc fi te ft qu'ils l'cfnt dccouuctir , s'il prend fa rQUtc vers eux , ils broùil. lent toutes les voiles , s'arrcftent tout court , ôc at- tendent qu'il foi tpaffè : ileft pour lordii^airc vn Ci- gnc de grande pluyc. » > ^ ♦^■^ 4#h .-i-i*- V iic' Des Kafalteill ^M) aiai^ VoibijJi'i r.Jiit'iUt.::' :'b ^ I I I. ^^ï'<"«'- '-^^^'n i'l*'-i-^ RAfalle cft vnc certaine boufFéc de vent , qui, s*engendre dans les lieux les plus matefcageux» U comme le crois , des froides vapeurs qui s'éleuent h du creux des valées,Iefqiaelles eitant repouflces par la chaleur de l'air, fe roulent deçà & de Isb, auec au-^: tant d'impctuofité que d'inconftancc ; & en fin , fé précipitent du haut des montagnes dans la mer , &r appuyent fi rudement fur les voiles des vaiflcaux, que il on n'cft bien diligent abaiflcr les huniers^ • larguer les écoutes, on. cft au rifquc de perdre, des^ mafts, ou de fombrcr fous les voiles. Ces Rafillcsi font fort fréquentes aux auenucs des terres, qui font montagneufcs le long de la mer. LcsNauigar. teurs experts les fçauent: bienreconnostAUf^ &c s^eu. donnent de gaffdc foit di%emmeat. zh m f ARTICVLARITEZ DES ■^x^**" DhJIinc (iîtés de la terre , lefquelles caufenc autant de diâercces routes de marce^qu elles font difieretnent cftablies y èc meûnc au bouc de là » il y auroit encore uifte fuia de craindre > ie ne dis pas de fe précipiter dans lamerpourcftre compris par elle , ne pot^uant comprendre iibn flux ^ fou re- flux , comm^ ondit qu'il arriua à Arifl ote ; mais au moins d^e ne pouuoir plainementiàtisfaire les ef* prits curieux fur ce l\iiet : outre que ce nedpas teyqti JeiTein de traiter toutes ces matières àfoiid« m^is feulement decoadisr ie^ ce que iay recon* nu de plus remarquable. Iay 4ooc obtèrué que def^uis le Tropique du Cancer, le flux ordinaire de la marée tire droit de l'Orient à l'Occident , aufli bien que les vqnts defquels nous auons parlé, & ce- la auec d'autant plus de rapidité, que la mer s'appro- che ANTISLES DE L'AMERIQVE. 115 che la marée vous em« porte ôc vous fait dériuer quatre ou cinq Ileuci auant le ventjde forte qu'vn nauire eft contraint de louueier quelquefois cinqoufix iours de temps pour aborder la terrcjlaquelle on eut ayfément at- teint en deux ou troi heures au plus , H on s'eftoit doiiné^de garde de cette marée. . Les flux & le reflux font aufli bien réglez tout le long de ces coftes, comme dans l'Europe : mais ce- la paroift fort peu àraifon que les mers font creu- fes & profondes ; mais dans les lieux où les terres font plates, & où il y a des hauts fôds, o"! voit la mer fc retirer deux Ébis le iour , aufïibien que dans la France. Ma penfée eft qu'il en eft de mefmc de la mer Méditerranée, dans laquelle pour eftrc extrê- mement profonde, on ne remarque prefquc point de flux & de reflux y & que c'eft vne pure réucrië de croire & de vouloir perfuader aux autres qu'il ;f ait des mers I qui ont tant foit peu de communication f4 PARTIC.DESANTîStES DE L'AMER. aaoc rOceam^ dans kfijuekk aux 3^ le reflux ne fo rtiûGcmcrc point. Ilfautauffiircmarquerquc tatrt dans iarapidké&IaYÎftdlcidiesmariccs, <^c dans Ym^mcxtcaitian ouia dimtntsiboa >^s Jkmcs » il & tiroiuNie daplus-^tm damoinsi,relmi i'àccroifièmoot ou >la ^effaiHflnicc ^ciaLmtc > taïkC die iDaie>&nct|iie da^iË nos astfèts. ;^"^^^^lt%R Aï te; i ".» • • j Dl^;ej^ïFtI^^^^efeNlRÂLE DE ^ Xim ëé fa 'Guadcîaùpc : DôsMineraQx : Des ■'•'Pferèiès^Ô^'dcs Matériaux: Des ftiuitrcs ; Des -♦ ,.•,. »^' *- 1 orfcns, dés'Fontàihes &: des Eftangs. . *Am .il-mL. |i' I ' ■ < ■ I I f ; |ll I f, ■ ,..! -30 '•ri;- Defcri^tion générale de îljle de U Gunèklou^e. CHÀPlTkB rHEMIER Dèfiriftion de U terre toute nue, '!flc,'quclcs Saimages apptlloient AT^rw- kf mi&rque les Europeans nommcntG»^- deloupey a caufe de k beauté, & de la bon- té de fes eanxjprend fan écy mologic d'vn commun Pmtierbe des fifpagndls, qui-pourcxpri- hittr vnc Ghbfe^ôrcelJcnte , kiydonrtcnc le nom <ï/. ' li " DESCRIPTION DE WSLE DE LA GVAD. n; d'vn McimêchmfiiQxiAïtthmx,ip]^lli£dfpt:('y dé ÇontqixcLaffM deLope:(^^ Yautautani: à dirc^elçs mciUeurs eaux qui fe puUTeûtcrcmuer : d£ciie£Rsc» toutes les dote» di pf êdsci des cslox dJ3^^i cetcc ifle^âr loat co&» jours faic iufqo a ce qu ette aie efté habitée par les François. Q^<{uies Autheurs difcnt, 6c pâuc-«ftre plus YcritaUement ^ que les Efpagnols 1 ontaiilfi nommé à ratfiin dd Ùl reifemblance ^ auec les mon^ tagneï dcMoâse^Dame delà Guadeloupe eftEf» pagpe^ Cet iflcreft fituéeà fdzcdegiésdclaii^ae EquiQQxialc^tirantYersile Noi tj 7 a t b - :?^ r >:/ qrn* «» Depuis la poiacc dis fort Royal qui regarde te Sud , iufqu a la pointe da petit fort qui regarde le Nord, elle peut auàicvingt ou viftgc 'deux lieties au plus. Et depuis ctctepoiairciurqu'aa fort de f^inâç Marie^quiregarde rOisieiiCyquinre ou feireJieuës: Et dix cm douze do foOt de (àinifle Marie , iufquau fort RxDyai > leiquelle» toiuxes fontenufion quaran* tc-cinq* ou dnquznÉe hcuës dd ckootliferencei: Elle^ ^ ciipeutfauoicfaûiâ:de;dtanietre. < Pour décriiTe cette ifle anecordrc^aueêmethc^ de ) il fcfiut (cruir dei cette diuifîon ordinaire de toutes \cxiÛzsi.fçxx6m,it Cabfterre^^ de Baâcter^ i;e*,Ob{^crr€ y c eft cdtnivie qui diroit , cii^ large de trois à diuers endroits , & habitable par tout. Cela tient depuis lefond du petit #ul-de taCjiufqu au trou au chat. Depuis là iufqu a la riuiere du petit Cachet, ceflvne terre tout à fait inhabita^ ble , à çaufc d^vn certain piton en forme de pain de fîicre^qui fe leue iufqu au delfiis des nuës,& du- quel, entre ces deux riurcres,cjiiin*ontquvne bon- ne lieue de diilance^ coulent treize rauines «ac- compagnccs de prcf que autant de mornes & pe- tites montagnes , dont quelques-vnes fbnraflez hautes d:diSiciles à monter. Depuis la riuiere du petit Carbet y iufqu'àla riuiere du trou aux chierHy il y a yhe lieue de pays habitable aflcz vny , & ou on peut prendre pluiîcurseftagcs d'habitations : il s'y irduue pourtant quelques bancs de roches. De-> puis cette riuiere iufqu à Ix: gfande Ance , on peut prendre de coftc ôc d'autre plufteurs belles habita- tions y mais ienejcroispas quily aitplus de deux eftagç5v& mefmedansla^*:4»^-^wce,il y a plufieurs habitations qui n'ont pas leur chaffe entière de mille pal<>;dautant qu elles font bernées des rochers ou des montagnes. Tout Icrefte iufqu au fo^rroyal^ çft vn pays fort couuert de mornes , ôc où il faut toufiours monter & dcfcendre : C'eft: pourquoy, nos babitans,quift)nt afliz délicats en fait d'habi- tations >.Font néglige iufquaprcfent. Il y a dans Je u ÎSLE ontagncufe noiftrc dans lontrcdVnc fcpt à huid & habitable petit nul-dé lualariuicre ait itthàbita- irmc de pain ;s nuës,& da- :qu*vnebon- rauincs ,ae- lorncs & pc- ics font, aflez 5 la riuiere da ! aux chiens y il tations : il s'y roches. De- ce , on peut elles habita- lus de deux yaplufieuM entière de s des rochers tufo'troyal,^ ôc oii il faut pourquoy, fait d'habi- [1 y a dans le DE LA GVADELOVPE Ï17 térrîtoiie du fort quelques habitations fur les crou- pes des montagnes : mais depuis le fort iufqu à la liuierc falce , il ny a'pas vn poulce de terre habita- ble. Ce font toutes montagnes hautes à perte de veuc en forme de crefte de coq,& efcarpcc dé tou- tes parts. Depuis cette riuiere falce , iufqu à la ri- uiere des Gallions , il y a mille ou douze cens p;ts habité,au defTus defquels eft la montagnecde JT^i/r- fous y ou l'onpeut prendre trois ou quaweeftages dansvn paysfortvny. Depuis là iufqu à la féconde riuiere des Pères, c*eft vn trcs-bcau pays, nori tout à fait vny ; mais entrbraeftc de qaelquéi petites^ çolines qui le rendent plu& agréable. Au deâfus des preixiiers &: féconds cftagcstont les montagnes de belle veuë,& de beau Soleil, uû il y a deux ou trois eftages de belles habitations^ De là iuÉqui la ri- uiere;du PlefEsjilnyaqu vn feulcftagc d'habita-- tions à prendre , dont quelques -vues forït fur la Ipcnte de quelques montagnes extrêmement roi- \dcs. 'Depuis là pointe Duplefïîs, iufqu ài celle des- vieux habitans, toutes les habitations des premiers cftages font incommodes & coupées de diuerfes Imontagnes. Mais au dcflus de ces premiers cfta- igcs^il y a vnc licuë de trcs'bicau ôcdp tres-bonpays. jTout te fond des vieux habdtans, cft vn payi pliât, [fort agrcable ,& ôiî il y a endiuçrs endroits, deux Ion trois eftages d'habitations à prendre. Depuis irAnce à la barques,iufqué vers les fontaines boiiil- mtcs, ce ne font que montagnes, rochers, &prc- Icipiccs alTcz dangereux : il y a pourtant quelques P iij j — ■ ii8 DESCRIPTION DE flSLE habitations cnvtiïonhmoittédn chtta%tk,lc(5c toât à £iitmhabi- tablc« : ^- T.|ff,r}/-. Tout kcœurdcriftc,c{uefcçFayfpaKdccrit,ncfft| camfiofé n- tagncs^rodxcrs affreux, luftoft' comhit deuxTmg^n5,ouiïout ceiqa'iïy'awbeau, V no DESCRIPTION DE L'ISLE de bon &c de riche dans la Guadeloupe , efl: en- fermé. Le plus grand fe prend depuis la pointe dufon fainâ: Pierre, iufqu'à la pointe iAnti^A ; de façon qu ily peut auoic huit oudix liçuës de large » & cinq ou fix de long. Le petit n en a que quatre délai- geur , ôd autant de longueur. LVn & l'autre font tres-riçhement ornez.d vn grand ^qmbre de petits idées de grandeur & foririe différente > diftant les vns des autres de cent>de deux cens, de cinq ccs,ou de 600. pas.plus ou moins :ils font toutes couuerces, iufquesdans la mer^e très-beaux arbres vcrdoy ans à feuilles de laurier ; en forte qu it femble que ce foient autant de cantons de foreAsflotants fur la mer. Ce qu'il y a de plus remarquable dans ces iflcts, & que i'ay trcs-curieufement obferuc , eft qu'il n'y I en a pas vn feul qui n'ait quelque chofe de particu- lier , qui n'cft pas commun aux autres. L'iflet aux Frégates ^c de repaire aux Frégates : Vn autre aux 1 ^(Xndsgofiers , vn autre aux Marnes j dans vn autre fc ^ trouuc des IcT^ards ^d2nswn autre des anolis , dans vn ' 2utïc des feldats , vn autre portera des cr^Ww blan- chesjVn autre des crables violctes;&ainfi des autres. Mais ce qui eft plus à remarquer eft vn iflet,que i'ay nomme Cancale. ( ie ne fçay fi le nom luy aura demeure ) à raifon de ce qu'il eft tout enu^pnné d'arbres chargez iulqu'à rompre , de très-bonnes huiftres. , Iç ne veux pas faire croire que les arbres lesproduifent, quoy qu^elles croiifem&renour- ' ^ • riffcnt ,a?E LA CVAÏ>lEt.Oyi>fi' ut riflcnt fiircux : maisic crois que cela vient de ce que tesondesdela Tncrrcnanrà frapper les feran- cnes de ces arbres , lafcmençe des huiîtres s'y atta- che & s'y forme en huiftres , lefqucJles venant à fc ^içffiîyifont !hai£cf ic^ j>fand>eisitt(j<^uc97^ la (njr; 4c (orta^ que deux fois .le iour , elles ifenc ir^ikàif* dîicsjparîôn flvx ôciîarfQnccflLïx. J[cjiii!fcray pas Âncp^us longue deCcriptiom da;ireiie dies^i^eci. iûeuix.^ui ifom (ur Jes liepx .^iqui feront jaiïeziGi^ deux , y pourront «rouuer dcquayiclfatisfaicc tgttabdtixkenx- 'Comme ila mer -eâ lexcropicniom i^fiblfiidiQ&cfis deux culs (deùbC>,Sc iquale^s^ndcfi nîy ifoat pas i^ooiïinddsiy oa nefi^ucoit cspLtQ.CQoàr biiiti\cs.Lame/tàài^]iQs Tortues y^ iLoinsics aumes poi(r foas iê plaifent aqi^auii;jiecesii{léts^ ilj&fnbk; que la grande mcr^s'en épai{epourijQs.eniiemp)ir ; tir ic biis^crestcertainque^Bpiiis dix ans ^oÀAticé cha- que aimée plus jde tFois inille ou quatre .mille Tor^ tuts.y & vn trcs-grand nombre de Lamentins , & ojac« tnAjestcoxe tous les^ursqùamits ,,Âr on en cii'cra iufqaàkfin diu monde* fans les épui&r. CeâauiS aux enuicons ide ces culs-de fac que fe retirejit* ;les Cires fauuagcs , à cau(ê du pays marefcagcuxqui s enuiroaiie. En fin > qui veut trouuer q uelquc cbofe de beau , comme àe belles porcelaines:^ de beaux cocquiUages , &debcaux i;ochers,il les doiic chorcliier dans fes culs -dcfac. Voila la plus exa(^ écla]plusibriéue.defcti{mon queiçipaifie fairexLe la terre nue de la Gaadcloupe,parlons maintenant de fa banq^do fe Jadci^&d>cfes oifttiillagcs. : ;> ^\ U4 DESCRlPXrOMDB iTiSLE (lû^ndltts ôndieiï vleniiencàbrifer ddIuf;coucesrlQt •iicrei ne fô dcG^uurénc point da tonit. Les èsnots pcancntpaffer entre dem^ poinccs > imis il a y fait pÀS'b'ôn pduf ks baf^iMS& poarlcî chaloupe au < Lx Bàyt des forttai ourii y a vn certain coniif e*t^pi do niarée^ ôc vncccrcaine cetii dôncrt de deux venftdiiFerencs , qiu excicont vn ckb^^ttémen^ d'^^^ difiicile^ incommode êc dan** gérfetf3èpcuflestfâ4low,ô«qor donne bien de lapd^ f!eà<^èux^(Tir{(m^nt t C'èft ce c|ui a faic nommer è€f p.4fï{igc , le Cap enragé. Quand il fait .cjtielc|uc ^eu^:v¥nt , ôn^dcônccâintdTacteiidcff^ léicalruff pmirpa(fer'(>urrt/'i*i''f[ fio.!3:.l -A^f^z r./';ori s-hL r? Tôuslcfsendcôics^ii VOUS voyez des ancres mar< é|\kéés fut la Carte 5 <|â6vftc de très-bonnes rades; ^kk treà-peti ftcquôtitéci^ parce qucleytiys n?cft pilbabké. Entre Tiflit à- la RLofei^i^-liflet à la Poreiiner, ily a vn mouton afica périlleux, comme flûffian dtffùi deViftctaut Frégates: mais fur tout tepàfrà|6de llibnani^eft le plus difficile &feplus bat^deuxjè^r lia V«)lt qm Cbuâi^t^uriouss dacofté ()^;l*Éftou iEftnbi:deft,s cngoufratît dans ce détroir, pouflTele* ondes dieuaftt foy , iéiîjuellcs cftant rc-^ fèrtérts & comme cëiwratnte« entre ccsdeû«'bancï deitechc, tjutlbft voit itMir^iWfc fur k C^ce, i« te- licjo >VvUXir! . fv «eftt Q^Stoyablemcm dai>sfaif , & (c brident aucc tant - tci car ilcourrcEoit hajsatd d*e!ftr«. c;9^le d'eau Ôc de fc perdre, il y a en ce liew vji oreahbeau Havce, dVne belle & facile encréc^iMais d'vrm^J^iîs -difficile fortie. Au rcftc depuis ie fort d« fj^iffift?! MajrJe, iuftjaà la Baffeterrciil n'y a a^çun d^gîf ifice a e ft vamouton a la poij»t;e:4k^jpeiriiCairfcieF„,3^> vne ror chc proche du pcenxicr moi;nQ dç U gl^ftdj^ Ance» quinefedccouurepoiift.] .^]ori:>.aJ:,-fii i.i v/.uijo -• -U. 1**^ .i. iU'-J.' tp^ *T" CHAPITRE SECOND.' ï. t ny aura;perfii]»iii« qm )ICt£c>i| de aiQii i^hti^i^nii quand il verxades conieâufos^ \ti appargn^et qui^ i'en ay décQuueiic^ GaruyjfiritHiué dam UgfjiHidfi riaicted^fcres dt^ Ift iQipftcfse^rQ^ch^ de I^uel^ y 114 DESCRIPTION DE LTSLE quand Us ôncie^ vienrtenc à brifor ddlufl; toutes, le» Aiicr^i ne fê (icthuurânc point dtitoiic. Les tanocs peuiTCntpaffereture deax pointes > iiuis il ay fait p^bôn pour les bxtC^MC^'^ pour Ic^clialoupci* i L\ B^ye des fontairies • uillantes fcroit vnc des bonnes rades def:fle , Ixah vue roche qui eftdaos leniiUeUyâu fond de bmer, laquelle coupe les Cftbl^^ des nduireR; Depuic le» fontaine & boiiiU kntés iufqvi'àu peth cul-de fac^il tt!y arienàcram* dttfi ce n ed en pa(&m le gros morne >oilil y a vu éôrtain contife-tép$ de niarée^& vacccriaine ten^ éontredc deux venu différents , qud excitent vn ckbotcément é'^aai dificile^ incommode ôc dzTv* gértHîè pour le» CMXOts^&c tfai donne bien de la pei^ ficàccuxqoi ritm^nt î C'êft ce qui a fait nommer èc pifïiigc , loCapeoragé. Quand il fait quelque ftu d^;vdnt , ôn^dc^nccâinta actoodne lé cainte pt>«ï'prtfe(>ùrrk"î*i'^'[îio.!::,lril>-jf/-: u<-z>'' s:\^l r-: TôiîS lôs endDoici oii vous voyez des ancres mar- quées fut la Carte ^ dit £>]?kc de tres-boanœs rades; ftîàis ^es-p^eti ffcquentéei^ parce qucleipSiys n'cft pki habké. Entre TiCfet A fa Rafci&.iiflet à la FottiiùCy ily a vn mouton alïcapcrilfeux, comme aufli au deiïus de Viftet aut Frégates ? mais fur tout te f^fù^t de riibmnMôft le plus> difficile de ie plus bat^àVdeuxjtarlti VtUt qui feuffl^t^aCoun datofté de rÉft ou Eftftordtft,s cngoufrant dans ce détroir, pduflTe le« ùtidèa dieuaft* foy , iéCjuclIes eftant re^ Ièri4rts &ct>mm^ d!»i«raimè« entre ccsdôiïx»bancs cteifc>chc,qutlbftVdititMirqiWfcfurla Câtc«,i«ic- ■ i' - :i';0o.v:;ii£frf !î !DE t A GVACrlLÔVFl. : 'ns iieftC effiroirablemcnr dzr\s¥iiii , & fe briCpnc aucc tant if impccuofi ce, qu'il faut eftrc fort sidïoiî' pour l'en dcffendrc : de forte oue pour palTcr ce trajet, il cftaeccffairc en quieant la pointe dcsro*chcr$ , de prcfcûccr Icbout ducanqta,u ycnt ^ iufqucs dans le milieu, &delàarr)i.zcrtoutftcoup toutnanc adroi- tement entre dense lames,fe donnant bien de garde qu vue de ces yague^ nic prenne UrC^çxc par lo co»- téi car itcourréroit baz»td d'e;ftr,e qqnpble d'eau 9c de fe perdre. Il y a en ce lieu vu KçsNboau Havcc, dVnc Délie ôc facile encréc»niais d'vr^p t^^s-difficilç fortic. Au refte depuis le fort d« (?m&^. Maxie, iufqu'à la BafTecerre^il n'f 9 ïi^çun dai^gj^rj Ace a eft vnmoutonà la poiiaçe;qu,peitiiCarbef)>,4<^ vne ro^ che proche du preniiçr morrkO de Ja g|î^rtdiB Ance, quinc Ce dccouure point;,] .Jorju.iiihfiix.i v^ulio -■ «#• -U. 4-U-4J .1-UL \•^^f■ » .* ..4^ * Afa*' iX.^ I . -» ■- p ■ CHAPITRE SÇCpND. De/. /«ff .If §. I. \c.irpi»,qu*^^^ n'y aura; perfdi»»^ qfti nc^foit de.nwix ^litmfint» quand il verra^les coni.ed:uro5^ les apparar-veiqu^i l'en ay dccouueisc^ Car i ay < (r^ooué aan9 U gjr^indfi iiaicied.ar£cres di) kiQapâ«sl«>pi:9cii!4 4c laqufil^ / tu DESCFLIPTÏON DE L'rSLE le a cfté autrefois lioftrc Conucnt de iàinSl Hya» cinthc, qui depuis a efté ttansfcrc ailleurs rTy trou- uay,dis-ie,dcs petits bâffins d'eau dormante ptouc» 'liante delà grande'riuicre ,dont la ruperficio elloit toute dorée :I« recueil lis ^ue^^vn couftcau le pim qu'il me flu J^dffible de cette fuperficiiimjisau rc. mucmcnt de l'eau , la plufpartcouloient à fond, comme ûtfcîiti filets d'or prefquo mvpertfcpri- iles , &: fe^^¥dowf»t entièrement dans le iable ( mj quoii Wf û'ft^tfconrtolftte. Ge qwei*enauois ra. tnaflcjgros cdhtme le bout du doigt, fe ternit &c de- uintfcnifblàfeic àdelalifMged'or ; & comme cela cftôïeforty^âirtt, iecrûi flu'cn effet cen'èftoitau- tire ch6Cé,t^^\ti\}^tigiPtttt\\c^ it la ncgligay.fy rc- tourhay nfcài)tftiniét. îàuffi ffcf^ éôrnM^tdpoitig rc é- toit vnc ter regrafle y pefànte, & de ccmleur d e gris cendré; ^irïfl^A)eELOVPfc*î u^ roft comme dé l'eftain de glace. le la mis au feù, & tout cela fe reduiHc en chaux , ce qui m*a fdic croire que ce ncitoic que ducale* Mais celle qui fctrouue à deux lieues delamer, fuiuant lariuierc delà plaine des Hofeaux , quoy qu'elle foie prcfque femblable à la première, les fi- lets & Les pailles qui fis trouuent dedans , end urenc le f queMonfieur leGoumerneucyayancfâic trauailler ^ en a ci4:ç plufiiQU4:s lingots rtk trcs-boa argent. Mines defiW- $.111. IL y a en pluficuris endroits de cette ifle, &c princi- palement dans Icpetit cul-dc fac , pluficurs ^w- ces dVnfable de coule urd'^rdoifc, ti;csifin,lui(ànc, & pefanc comme du pl6mb,duquel ort afaic çpreu- ilCi & tire de t tes -beau & bon fer. Sans doute que fi otiy vouloit trauailler , on en retireroit beaucoup de profit, eu égard à la commodité de^forefts;» nu i :' pisMimieSoulphre W iey^ioll ^ ''f -^ IL.eft certàinrqiie ceue grQndQt>«9a!oma^nQ i^ jette l%fumcc:4::lciçu:i . açftaroaJfào qi*^ de • . V \ h» DISCMPTIOK>D£ VîSLE comYnedVnepecicemiicpcdelbxriphce , ouis'^ écoulée le long de kujnoacatgnc £)eplas .Joscxuic fdphûrées^^^vimolîées^ deiquelleî ie parlorây au •cha[picif, qiiacriéni^ , psr.}griip. i.xKdusdéicDiKircnt C[u 'il j a pluficurs mrncs'de -ibulpbce âfole vicriol i^9>ns ï'iûc^ ^Bomwaof v 'i^y cioutie i douKoseos pas ;dcs 'fontaiiics boailI«i.rcij*î vtt tP^'qui^i^^fcrti- i>loit oflreiiti fv^kticsi bl^s^iyiqui'vaiuKXtiei^damU mer. iPooi-iCC D|ui Tcgardtiî« mirws dcio m Iphre^ )nxflrp:i.s(grande idotofe^ &nieni^euctxrer4h6nKite aux 4oigt^ ainli que du fuif. Cette terre faic brpuerreaujdegraiffe le linge , Se vaut mieux iqiic plùfieurs mcchans fa- uons defqucls on fç^crt en France j & mefmc quand elle cft coupée en brique , il n y a pcrfonnc ri 1 1 DE LA GVALELOVPE. u, grande cotnmoditc.ray auffi rencontre en creufant dans la terre des fontaines bouillantes , des veines de terre figclée, & quantité de bol aflcz fin. DES PIERRERIES. CHAPITRE TP.OISÏESME. Des ymhilies ou f terres aux yeux. : $. I. IL ne faut pas aller dans toutes ces iflespour fe faire riche en pierreries : le n'en ay pu remarquer que deux ou trois qui méritent d'eftre eftimces, ôc encore neft-cepas grandcchofe.il y en a deux qui font aïfez rares^ fçauoir, les pierres vertes, ôc celles dont nous parlons à'prcfent , tout le refte cft aflcz commun, mefme dans l'Europe. Ces pierres aux yeux, font ce que quelques Autheurs ont appelle VmhslrcHs Marmus y elles ont toute la forme & la grandeur avn petit grain de lentille : mais celles qui fè trouucnt dins la Guadeloupe furlesAnces du fort faind Pierre feulement ( car ie n'en ay ia- mais pu trouuer ailleurs ) font bien différentes de celles que f ay veu en France , lefquclles auoicnt cftc apportées du Lcuant -, car elles eftoient ronfles, aulieuquelesnoftres tiennent de la perle, ^font dVnc couleur argentée viue &cclatante, quiexpo- fccs z diuers iours , changent de couleur comme lopalc. On s'enfert pour tirer les bubcs qui en* R \ 130 DESCRIPTION DE TISLE trcnt dans les yeux , pofant la pierre dans le coing de l oci', dans lequel elle faitinfenfiblcment tant de tours,qu en fin elle attrape rordure,& fort inconti- nent aucc elle. On tient pour affeuré que les hc- rondelles s'en feruent auflfî bien que de la chcli- doine. pour redonner laveuc à leurs petits. Il s en trouue de largeo comme le petit doigt d; plus grof. fie res , defquclles on fc fert pour les cheuaux &c les mulets. , Des f terres vertesl §. II. POur ce qui regarde Les pierres vertcs,quoy que nous en ayons beaucoup dans cette ifle, ceneft pas pourtant ou elles ie trouuent -, Ce font les Sau- nages qui nous les apportent delà terre ferme, 2: quelques perfbnncs tres-curieufes m'ont aflcurc, que ces pierres ne Ibnt autre chofe qu vn certain lymon, que les Saunages vont pefcher en fe ploo- gcant au fond d Vne riuierc de la terre ferme, que ie crois eftre encre le cap de Nord, & la riuiere des Amazones.Ils forment de ce lymon telle figure que bon leur femble, & lexpotèntàraircu iideuient fi dur, qu vne des bonnes preuues de cette pierre cft, qu'il faut qu'elle endurcies coups de marteaux fur vne enclume ûnsiJc rompre. Ce qui me fait ad- joufter foy aces pcrfonnes, eft quei'ay veu vne de ces pierres qui auoit la forme d'vne grenouille : Or il cft très certain que les Sauuagcs no;it ny l'indu* ftcic^ û^-les outils pour taillçr vJic telle %uredaa5 ^ DE EA GVADELO VPE7 ,3, vnc pierre fi dure. Ces pierres portées pendues au col empêchent de tomber du haut mal, icn ay fait l'expérience fur plufieurs perfonnes tourmentez de ce mal,auec vn afTez heureux fuccez. Les Efpa- gnols & les Portugais ont fi bien appris à les con- rrefaire auecdu verre, quec'cft vne chofc aflcz ra- re d'en trouuerdc bonnes : Et quoy que ic me fois fort cuiicufe ment eftudié à rcconnoillre ce qui di- flingue les véritables d'auec ies^faudr^s^ies contre* faites, ie ne fçaurois bien exprimer en quoy confi* fie cette différence , qu'en di(ànt qu'elles font vn [»eu plus polies que le verre , & qu'elles ne s'écail- ent point comme le verre , lors que l'on les frap- pe dcfKis auec le dosd'vn coufteau : elles ont auffi vnfoh plus fort, qui approche de ccluy du bronze: elles ont encore vne autre propriété remarquable, de feruir au foûlagement des femmes qui font en trauail d'enfant. Dh Crifial. $.111. • ONtrouuc en plufieurs endroits delaCapfter- rc , ôc principalement au territoire de la gran- de Ance, des habitations dont la terre eft toute mê- lée dc'petit^ pict»cs de cryftal , groffcs comme des tcftcs d'efpitîgles, quelquefois plus , quelquefois moins.; de force qu'aptes fcs grands rauages d'eau, le Solei^WaniantftsTâyolïs fur laterre, elle brille èc ichvc ictmt^sfms i <5ommc fi «Ik cttoit femcc R jj ,. DESCRIPTION DE L*IStE rfc diamans. Etquoyquc cette petite pierre coupe le verre ainfiqueledian;.inc , il faut pourtant que nos habiiansledctrompent^quicroycnt que s'en foit de véritables : car en ayant trouué vn iour vnc pièce groiïe comme vn poix dans vnc fontaine, qui brilloit &c éclatoitauec tant de viuacité quelle m'cblouiflbit la veuc , i*en fis prefentà vn Gentil- homme de mes amis , qui lenuoya auffi-toft cii France à vn lapidaire de Paris , pourfçauoir ce que c'eftoit : Son rapport fut.que ce n cftoit que dacri- ftal déroche & dî peu de valeur,fi ce n'elîoit qu on en puft trouucr de plus grandes pièces. La plus prochaine riuiere de la grande riuiers falcc dans le petit cul-de-fac , jette fur la riue vnc quantité de gros fable blanc,. clair , lucide , &dia- phane,& qui fe fond en vn feu lent comme du mc- tail , mais fc bîuflc & calcine à vn feu violent. Ce ncft autre chofe que ducryfta', duquel fans doute o^n pourroit faire de très beaux ouurages. ^ ♦ Du Sel. S. IV. IL y a dans la grande t^rre de la Guadeloupe dé très belles falines , oùfeformele felfans aucua artifice : mais comme elles font négligées, fi ilsy forme du fel vne année , il Ce paflcra quelquefois trois bu quatre ans {ans qu'il s y en forme vn grain. Gela vient dcccauily a quancitc derauines d'eau 4pu€c qui s ccoi^Unt dedans , toutes taillées des deux coftez : ce qui auance beaucoup les ouuriers. Il y a aufli prefque dans tous les quartiers de Tifle^ de la rcrre non feulement propre x faire des bri- R ii; J ■\ 154 DESCRIPTION DE riSLE ques Se des tuilics,niais encore de la potericj de (or* te que fî les pauures habitans mangent dans dcj calcDafTeS) & dans des couys neft que faute de po- tiers de terre. Où apporta à la Guadeloupe l'an mil fix cens quaratitc-lîx , de très bon plàftrc quonauoit pris aux Xaintes ; ie le vis mettre en œuure, ôc, il ne dif- feroii en rien de celuy duquel on fe (crt en France, A (on deâàut on fait de la cnaux dVne pierre mari- ne blanclie,& naturellement toute grauée de quel- que petites ruftiques aflèz agréables. Cette chaux ne cède en rien à celle de lïurope. On voit auffi quantité de pierres de ponce enpluficurs endroits de cette iflc j niais principalement dans la grande riuicre aux (jouyaues , on la voit flotter fur l'eau comme du bois;maisil n'y en apas la centième par- tie de ce qui c'en rencontre dans la Martinique ^ laquelle n eft aparamment compoiec d'autre cho- fe que de ces pierres. On ne trouue point dans toutes ces ifles vn feul caillou ou pierre a feu y fi el« les n'y ont efté apportées ^e Téuropc : mats la diuine Prôuidence y à fuffifamment pourueu^com- me ie feniy voir tsA traité des végétaux^ oà ie mon- trcïay que c comme liflede la Guadelou- pe : car dans le peu qu'elle a de circonferance 3 il y a plus de cinquante riuieres qui (e dégQrgentdant la mer^ defquelles plufieurs^ principalement celles qui font dans les culs-dc-fac , peuuent porterbat- teau vne lieuë^ Jeux lieues^ i&iufqu;* trois lieues dans les terres. La grande liuier^ rux G ouyaues Y cm- porte par deiTus toutes les autres > en largeur & ej^ frofondeur , de laquelle quoy que les auenucs ÔC emboucheure foit vn peu diâjic^le , on y peu( pourtant monter iufqu'à trois lieu es daas les. ter- res auec vne chaloupe. le ne mets pas icy en ligne de compte mille belles fontaijtxe/i qui coulent des rochprs,fourdent de U teirei 6c après lauoiragr^a- blemcnt fèrpen;çp en mille endroits , fe vpn^ pei:- dre^ans les plus grandes riuieres. Or comme rifle cft extrêmement haute dans fonmilie^, toutes les riui;eres ne font àpfoprçnjicnt f nrjpx q^uc des tor- ,yc DESCRIPTION DF L'ISLE mer i & c'cft vnc chofc èpouucntablc de les voir dans leurs dcbordemcns , fors qu'il fc fait degran^ des aualaflès d'eaux : on les entend dcfcendrc d'v- neboniiclieuë , grondant comme des tonnerrcsi c)lcs s'enflent en vn moment de plus dVnc picquc de hauteur , fument, broiient, ôicGumcnt de tou- tes parts;elles entrai fnent les plus gros arbres des fo- refis, & roulent vne fi grande quantité de roches, qu'elles en font de petites montagnes , qui paroif- (ent dans la mer à leur cmboucheure. lay mefurc vne ' " :es roches qu'elles roulent , laquelle auoit Cxpit . eu arrc. Au ref te,ce roulement & ce cho- qucment deioche, font vn tintamarre &c vn bruit ueftrange, quencor bien qu'il toilne à toutrom* prc, on n entend pointles coups de tonnerre. le confcffe que ic n* ay point gouftc de délices plus agréables dans la Guadeloupe > que celle de fa repofer àla fraifcheur fous les arbres le long de ces belles riuieres : car comme elles laifTent après ces dcbordemcns , des millions de roches en confii- fion^ vou* entendez outre le niurmure agréable du grand ca:nal, mille petits gazouillemcnsdifFerem, qui en vérité charment plus agréablement louye que les plus excellentes mufiques. Il n cft rien auffi qui contente plus laveuc , comme de confiderer CCS petits ruiflcaux d'vne eau plus claire que le cry- ftal, s'cntrclafler autrauers déroutes ces roches. Déplus , on ne fçauroit faire centpasdans vne de CCS duicrcs, fans trouuct quantité de beaux baflîns âii naturel , oii l'on fe peut baigner -a lîonibrç dans de 5 DE LA GVADELOVPé;V_ fjf t beavn (eau , en vtie iieuë de chemin tdut it vuide parles vrines. Il y a vne petite riiH<:pe dans vn plat |)ays » prerqueVisà vis du petit ifletitix Gouyauesî^ aquelîede temps en temps deuienèblanc.ie com- me du laid. le crois, fans neantmoin^ le vouloir af- feurer , qu elle pâHê au traùers d vne mine d'ar- gent, ou tout au moins dotale. Quant à ce qui regarde la grande riuiere falée, qui fepare les deux terres , ce h'eft autre choie quVn bras de mer , ou vne communication de la mer de TEft , auec celle de TOtiéft. Il a quinze ou fcize pas de large , ^ deux bonnes lieues de Ion- gueur.Son flux Ôc (bn reflux efl; réglé comme celuy des mers de nos cofles. Il ne peut porter que des barques de vingt à vingt-cinq tonneaux au plus; ^ meime fes entrées &{es forcicsfont tres'-difEcilc^. S \ V kl}^fi .: Çîs^î .Ys^i) tr^- mmk camiwnbir pin» ri faut que icdifc icy vninèt'«iifa/&]rHr/il'ind tlîp^I^ç.ap;l.eî^U ifWi^fetqU Wjtiijaiic vcis le Pud", ^};. ( FI. »i -i *> I 1 i I jj I .proçjn^sjp W<^pWi^r© qu «Uits m bfi>nt,io c;çow^is.q^ieftf(|ii5q(Lîi Q^^ occtomofln ^^^^> ftrW l^çarf^ 4q Q^MC Aîikur. Mais «« étaus élo,ig4a4^s,d« fi« i k^tkmià^foidiliimoïm, il .ftML tçnic ppi^f affccc|us vouckont les Philoiôpbcs^ isnc ntc^s, peofuaderiquole feul moaciftmeiicjdbsxaiix qiti ^^a/fent autiaabns des mines , quiik^^Ëbiit pts idflfldnuitiées^ lespaâTont cdiiaâcr vufqu a conuiui tiquer loua: chadioufr lauc tcrjxcvc>3jft9tcs;9^ks.fSa(i)rcnierme boîiidlliT marlgvc les ondes djd la mèr i^ui ics'couutmnt : car dapilui. gEindexie coûtes cc^ &tncaibes «^ cpiiatKi la moc fefti (tLui£ iToiipkin ytiï rosiueine oteplus idc deux pieds d'eau dcmcT, &:oonobflaLnlc laâraKchour de frctco eau f «cm ToicnifoaiiDcr les ssos boilillonsitAfqua.k; âupcr&cijc de Team : quandla nacneft retirée^ elle fw wn 6 fan y quoncn voit la firmée d*vnc bonne ktuc y Se €àjxyn certain f3iarmureeoûfiis<|4ib Ion enodixi de plu? de crenoe pa»» âifanit rejàllir Tes' bottiilQiiis^ ne faut que xionncr vnocmp ou deux de befche pou r voir funi8r,entendrebrauïr,& faillir vne fou- , taine d'eau toute boiiillafue. Cette mareeâ: extrêmement commode > &: OA peut en fc baignant prendre l eau en tel dezré de chaleur qu'on le foiaiiiaite^ixlon que l'bn s'éloigne - S ij 140 D ES Ctt I P Ti 6 N DE V I SL E eu que l'on s'approche dauantage des fources. Et quoy que cecceeau foie vn peu yilaine , puante , êc bciieufê, elle ne laiflfe pas d cflre très- falutaire. l'en ayfait les épreuucs, lois queMonfieur de Bonnes foy Gentil nomme de Monfieur dePoincy, s'y fie porter pour trouuer de l'allégement à vn mal de racte,duquel en En il eft mort. le l'y accompagnay, Se incontinent quantité de malades fcbricitans, hydropiques , & perclus de. leurs membres , vin- rent à moy de cous les quartiers denflê ; lefquels au trois ou quatrième bain , y receurent de grands (bulagemcns. Maisconuneien*auoisnylinge>ny care,ny lias pour les faire fuër, ie m'adui(ày de faire vn grand trou , comme vne barique, fur vne petite [»late-forme , vis a vis de la grande fontaine boiiil- ance. Nous^neufmos pas creufc trois pieds , que It terre funioic ôc étoit chaude comme du fcu« Nous fifmcsvn pecit^/oM/^^^en forme declocFspardefrus ce trou, dans lequel on faifoit fuer les malades tous les ioursau matin, autant qu'ils le pouuoienc endu- rer^ & lé foir on les fai(bit baigner dans la mare. La plufparrs'en rcrournerent au bout de huit iour^ chez eux fains Ôc gaillards, & tous les autres extrê- mement foulagez. Plufieùrs pctfonncs tfauaillccs de diiierfes raaTadies,y ont efïe guartes. l'ay vn iôur pris plaifiri faire éuapbrer de cette eau dans vn ' platd*ctain,aucc vnfeulcnt, laquelle étant toute exhalée, il me demeura au fond du plat, refpoif- feùr d'vnc fciiillede papier^de foulphre vif, auquel ayam; mis le feu, il bruûa tout auâi«tofl;« (lAVDE LA GVADELOVPE ^ I t4» I Des Sflangs, $. III. EN plufieurs endroits de la Guadeloupe y plu- /leurs beaux cftangs fe rencontrent , entre lef- quels ccluy de la pointe des vieux habitans aie fem- bleexcelletiil aenuiron5o.ou 40. pas de large , & plus de 500. de long, fore creux & bien peuple de poifTons , aufquels il ne faut point faire defaufTe auant que de les tenir^car il cil très -difficile à pren- 4re. Les deux riues de cet r rang font bordées de certaitis grands arbres verdoyans , qui y font vnc per/pcâiue obfcure , laquelle cil vnc chofe tres- plaifante & trcs-agreable > & qui fait alTcz paroidre les auantages que la nature a par dcfliis l'art^quand elle fc veut jouer dans fesouurages. On voit vn autre étang , non moins admirable, au rapport de quelques Nègres , qui ont grimpe fur vn certain rocher tQUt j:pftd,4* vpebauteur pro- digieure,& «^ftarpc 4c Jf^iiï^ pft/ri?, «j^^^ le toi|t s*il a 80. ou ioo!*p:t?tdeciF^nftràncç:iÉinsTona(nette: mais iln en ipasaaqù^ntc pàf Miili. Ces mernics Neercs ont rattpiitrt ■«U.*il ¥^ ^, Vntrcs-beau baflîn lur ce rocher,' qui ^^liM^^^ taille a plaiiir dans le roch,& que oallM^jjlIlrn fe trouuent quan- tité de poifTons. Pour rfi^, ie le crois , parce que ic l'ay vcu pluficurs fois dégorger de toutes parts^ quand il pieu loit excefliuement. le ne fçay ce que feront ceux qui ne le voudront pas croire i car ils S- • ■ a . • i *42^ DE5CRI1>TîON DE LA GVAD. auront bien de la peine à y grimper pour l'aller voir. Ce Rocher djtlfituë cfiere les montagnes du fort RoyaI,& la maifoii de N'ÎDnliciir Auberr. Voila tout ce que iepuis dire des eaux douces, <]uiifc rencDutmnJ^dâmia. terre dwibitéc. Quant aui ^impes'qaiXt^poarrcicïittrôiJUcrca odk c ifonc ^ac i;cs ci^aoags ou •dos'maFcHs é^'^itfiQtpnp^ts/iaiopucihas'ic Q'ay tawiatsl>cu qui cOa£tcHcr(xiiL.&n«H]pBnfê&eifc, biktnjctuc ie ncn aye Jamais.VDUrflciraamiai!? citbts , jqiu'olles fcnc tws- daiigebeuâs^ Kii'ai;^ntt]tt)ii jà tu la gr^nd «i^mbrc dcMwàaenilip autaorr^^^s'oftangs , ^ite les eaux romit> tdntes £vp\3dbrtes xl$ œs miautuàtiiTos ^oinimiïs qjLii toœtïbrfflte dcs-ar brcs. Fm.deiiMfrconde p4rtJe.o{^:iyr' -i ■- f •nsijpïiiiîUfjiOi: 6\ f ■ JO i' ' i'Ji tïU3ihjlq:î0v y.. . -'■ *■ I •> J A - .A GVAD. er pour l'aller montagnes du r Auberr. s eaux douces, té«. Quant aut sxjui CoKt fufla oUKios'inaFells vmaishca qui tiu«ieftC«ay8 'dllcs fcnt t«s- grand 4>oinl>w 5 , ap£ les càux i> (.:y ?rov rr. ■ w 9^.nr.i nv F ^■Z.-Aw^r. g Xj ''''^'' f j j , 1 -.*.■. . ^^flOOiol/i-' i. •kl -JO'' V.. '. ,"u'.>i4lii-'n.^ <.'"x\r^^ W!.'r:' TROIS lESME PARTIR DIVISEE EN DEVX TRAITEZ. I. TRAITE'.- DES PLANTES. Des plantes r'*i ne portent point defruiâts'. 'Des plantes qt*i portent des fruits. II. TRAITE'. DES ARBRES. Des arbres fatmages & fans fruiSts, Des arbres jruiSiers. _JL I / ) j^X J. tf-^f' if: J..-....V'' i * h •« A"^r A r ^ ,^ «Wi* .>:'■ ■^•fu:. • •-' -/- TIAJl J s. \ Cl 'ï' 'iriWî ^'!i'.^ i^ a -k. ^ ■1 e priDifeûc .aufli bien en cette matière qu'en taujtes celles dont ietc^tite , non de faire tout ce ^t>a poiuTQit difficQi: d■ kÂÉs.^' ^4C DESCRIPTION DES PLANTES ce que ic fçay & quei*ay remarque en chaque cho- fc que ic décris. Des plantes communes i ^ainet^ fmr grah" s. IE ne dois rien dire, de toutes les plantes qui croiffcnt dans l'Europe, finon ce que i'ay rf mar- qué de particulier, &que pluficurs ignorent, (ans quelque dcfcriprionjdautant que tout le monde les connoift afTeZjVeu que quantité d*Autheurs les ont fi amplement décrites, que ce fcroit perdre le temps que de s'y arrellcr. Il faut donc dire pour conimancer par les plus communes,que toutes les herbes potagvi'cs viennent par toutes lesiflcs aucc alTcz de facilité ; mais biend'viTC autre façon que dans l'E'Uope ,carqaelque$-vnes porccni des grai- nes qui profitent dans le pays y d'aurrcs cri porrcnt qui ne profitent point du tout , ôc les autres n'en portent aucune. Entre celles qui portent de bonnes graines , lc(q'aellc> étant femées prodai(ént leur lemblables, (ont le po.^rpier, qui graine &fc rcfc- me defoy-mermedins les habitations : mais en fi grande abon Jacc, n^ > paffepour l'herbela plusfat cheufe & la plus importune de tout le païs : Toute forte de chicorée iS: de la'6tuës , le crefso alenois,la cornede ccrf,les épinards,caFotes,panets,betcraues, fallifies, cheruis, afperges,Iamoutarde en grande abondance v & fur tout les pois & les febucs y croif- fcnt en abondance^ de (ortequ'ctaat vne fois garny l'o'f A FIlvrCTS ETSANS PRVICTS. m de toutes CCS graines l'on n'a plus de recours à la '•incc. , . i'cuay vcu d'autres qui portent des gnincs, n^ais elles ne viennent iamais à p^ifcdioni entr^ cellcs- lâ font les raucsi carcjuoyquelesrauesqiiiontcièc produites par des fenicnces apportées de l'Europe, viennent parfaitement belles , &: pKjrtent de trcs- bellcs iemenccs,neantmoins fî onleme cette grai- ne , elle ne produira que des filets. Les oignons viennent aucc peine, fleuri ""'en t &grainent -, mais tout ce qu'on peutauoir de la graine , c eft au plus, de ircchantes petites ciboules. On s'eft aduilc d V- ne inuention qui fupplce à ce deiFaut , qui eft de plier la tige , & de couurir déterre cette touffe de graine qui croît au bout de la tige , &c cela produit plufieuts oignons , qui pourtant ne viennnet ia- mais bien gros. Il yenpeutauoird'autres,maisces deux cxeniplcs fuffifent. Entre celles qui negrainent point du tout, font toutes fortes de chou. AudefFautdelagraine, on fc fcrt des rejette ns ou des cimcttesde choux , lef- quelles on plante dans la terre par vn temps de pluye , &cela produit vn chou de la mefme efpece, que celuy dont ila efté tire , fi d'vn chou cabus , vn cnou cabus, fi d Vn chou fleur, vn chou fleur. C eft bien la meilleure inuention du monde jl n'en man- que pas vn , &c viennent plus beaux & en moins de temps que s'ils ctoienc produits de graines. lufqu'à prefcnt, nous n'auons pas veu graincr ro:&cille,mîiis on marcotc la racine^ou pluftofl on U I I4S DESCRIPTION DE L'ISLE multiplie en L diaifanc y âc force qu'il nen faut qu vnc plaïuc pour en peupler vn jardin. Si on me demande pourquoy quelques-vnes de ces plances grainenc , ôc que la graine n er^ vaut lien ) & au contraire > pourquoy les autres ne grai* nent aucunement : ie diray icy amplement ma penfee^queie ne veux pas pourtant faire paiferpar authoritc -y mais ie crois que cela vient de ce que la terre eil trop chaude , Ôc qu ainfi elle hade la racine auant qu'elle fott affermie , ôc qu elle ait pris pied dans la terre^fî bien qu elle s epuife entièrement de fa ftue, de fa force, & de (a vigueur quelle enuoye aux feiitlles , qui par après luy manque., lors qu elle eii a befoin pour produire fon fruit , ou pour It conduire à maturité. L'on ne sei\ pas encore mis en peine de femcr du bled dans ces ifles ; dautam que le m^nyoc dont on fait le pain jVient aucc beaucoup de facilité , & eG: rne adez Slpipe nourt riture comme ie diray cy- aptes : Mais toute forte de milet y croiftcoirmedans fon lieu naturel , & durant rotueslc5(ài(bns de l'année: comme aulli le risque l'on commence a Cultiuer depuis peu de temps, ceux qui en voudront fçauoir dauantagc de ces p!;^ntC5,n'ont qu'àlifc Difooride,d'Alechamp$, &r lesaut«5S qui en ont dit tout ce qu'on en peut (buhaitcr, ^ '«""'î' Lexeftedes plantes naturelles de FEurope que j'y ay veuiJs, ne portant point de frui€ès, font la mc:m.t. lai^ulge, i1iyfope,)sràrie«é,le rinjlama- Zoiei *c fe'COi:jq,lat«inefie,ravrongne,l'»bfyntlic,lc DE LA GVADELOyPE. 449 feniclc , la prunelle , U primcuerc à fleur rouge, la bctoine aquatique J'hcpatique , le plantin, lortie; quoy qu elle ne me fcmblc pas commune &qu clic ait lacofte des fciiillcs ôc la tige rouge comme da (ing. Lïliotrope', ou fleur du Soleil, Tamaranthc tricolor, & fur tout les Capillaires, dcfquels il faut ère vn mot de ce que i en ay remarque. Des Cafill4/res. • '^ $. IL IL faut auoiier ingenucmcnt qu'il n y a point de terre au monde , conr> me Me de la Guadeloupe, qui abonde en Capillaires de toutes fortes , def- qucls les Autheurs ont écrit, voire mcfme de plu- ficurs defquels ils n'ont fait aucune mention. En- tre pluficurs i'ay fait rencontre dVnPoIytric , & d vne Sc^J^andrcquime femblent bien extraor- dinaires. Les plantes du Poly tri c qu^ i'ay trouuc le long dVne riuicre pouflbient hors de terre , dix ou douze petites verges noires , polies , pas plus groC- ftsque des cguillcs , & hautes d'vne palme fans au- cunes feiiilles : mais à la pointe de chacune de ces verges , il y auoitfept belles branches deP«ly* tric,qui s'ccartant en rond, faifoient comjnc vne fa- çon d étoile. i-iéii^.oJnA f K JS^ DESCRIPTION DiS^LANTES il .c-^uoi iij-h ij;^,. u ScohpanJrt. ' ' ^^ ^^ <^^«"^i jjf|,/,;p.F, -jriiJfr'moj f. ' 1 1 l»l otn r,n oii'*'nt. vr.-ti , •" ,^,. .- ":;:;» -.^ ^•« - POur ce qui regarde laScolopandrc dpnt il çft qucftion,fans taire mcçitiop de plu fieur^ autres qui ne font pas communes y elle croift dans les ma. refis fur le bord des eflangs,& mefme iufqucs dans l'eau. On voit Icuer de chaque grofTc touiFc,quiii. zc ou vingt tiges , hautes d'vne deray picquc & plus i ôc auxdeuxcoflezdc chaque tige trente ou quarante belles feuilles de Scojiopan4rer j,-^ '• D*vnefUme dont les femmes Saunages fe feruent four eflre fécondes. 'f.K $. NOus auons appris que les femnntss Sauuages fe crouuantfteriles , & à cette occafion très- mal traitées de leurs maris , fe fcruent d'vne plante pour fe rendre fécondes. Cefl proprement vn pe- tit champigno renucrfc,qui efl fait comme vne pe- tite couppe, capable de contenir feulement vnpc- titgrain de lentille. Au milieu de cect« coupe, il y a trois pcfits grains femblables à ceux qui croit- fent dans le fond de la rofe , mais extrêmement durs. Toute la plante cflgrize cendrée, ôc croift fur des baflons de bois pourry , dans les bois & dans les lieux humides. Les femmes mettent fei- cher cette plante,puis elles la rcduifent en poudre, i A F RV ÏCT SET S A N S F RV I CTS. 151 $ccii prennent i chaque fois vne petite pincée, Îiui peut faire cnuir m le poids dVn cfcu, & elles af- curent que cela reiiflîtinfalliblement. .:si'oc{ D^yn ijÊHc eJ^rifirant qui facilite t enfantement. 1! t «. V. • Jl .^lll*'- LEs Sauuâges nous ont apporté vne'e^ccc de jonc, femblablc à ceux de nos riuieres^&afTcz rare dans la Guadeloupe. Sa racine eâ compo fée de certaines bulbes en forme de boutons , groffes comme le bout des doigts , lefquelles eflànt dcf- feichces &mifes en poudre , exhalent vne odeut fort aromatique , & qui témoigne allez lescxxrel- lentes vertus de cette plante. Ccft vu threfor in- cflimablcpour les femmes mariées; car comme il n'yapoint de Sage- fem aie dans cesiflcs, quelque rudcttauail qu'elles puiflent auoir, le poids dvn ef- cu , ou quelque peudauantagc de cette racine pul- uerifée Ârprife dans du vin blanc , les fait dcliurer fur le champ auec beaucoup de facihté. -. '. » ' . %# i^' De Cherhe auxjlefches, V I. A V commencement delà paix , que Mon/îeur Aubertfitauecles Saunages , ils luy apportè- rent vac plante qu'ils appelloient en leur langue, rhcrbe aux flèches (ie n'ay pu retenir le mot Sauua- nt DESCRIPTION DÇ L'ISLi ,^ ge ) les feuilles de çtttc pUtttc font langues JVoc |)altïl'c>largc àc trois pouiccs, ci Vti vert gay, liccci, polies , & douces coimmc dufatia:elk porte de pe- tites fleurs longuettes , comme celles du lizct, mais ifeïîillfcs feparéeJ :eWcs fottt'Violûttcs par de- hors &blanclîcs par dedans, fermées de iour , & ouucrtes de nuict. Les Sauuagcs font gr.indc cftl- tïie de cette planto^^ non fans beamxiup de raifoiii car nous ^iccowuTon^tous les ionrs p^r cxperi^tosc let rarci & admirables iqualitcadont elle cil dciiè^: Sa racine pilée6^ appli^jucc (ùrle* playcs desfleclws eitipoifolnrKKs dçMlanceiiiUc,ainorcit'enticrcmcm le vemn, Armcfino arrcftelagangrcineconMncn- céc > oftetotiice forte d*inflatniiaation, comme aulTi les eiiâeares<]uecau(e l'ai^uilloti des Guc(pe$ delà Guadeloupe) lequel efl aûez dangereux. De dtuxfirtes dtherhes qui gwùjjint iemM de dfnts, $. V II. QVc laneccflîtc eftvnebonncmaiftrdflc ! les rinflipportablestourmens^quc les dents m'ont fait endurer pendant quelques années y dans l'iUe de la Guadcloupe,m*ont donné occafîon d'appren- dre, tant des Sauuagcs que des Nègres, quantité de très-bons remèdes pour ce mal importun, &pour IcqadotiJi fi pcudecompaflîon. Vn icmrvnSau- aagc TOC voyant trauaillc , iufqua l'extrcmité Je 4%i}te douleur enragée , m'appoxta deux plantes couses eiKicTefi , c wàdke, la raciac &:}^foii3ttes: La A F RV I CT s;ET jSAN S FRV I CT S. i;, La première cftoit vnc cfpece de Solanum fort pc* tic, ayanr les feiiillcs alTcz lemblablcs à la Morcl- le,mais plus petites & velues : Au haut de la tige il yauoit de petites fleurs blanches , &: quelques pe- tits grains rouges aflcz (emblables à des Gardes. L'autre eftoit vnc plante plus forte , & dont le tige cftoit ligneufe : Ses fcuilleçeftoicnt fcmblabics à la Mercuriale, mais plus fortes, auec vne queue ait dcflus delà tigecomme l'agremoinc , mais enui- ronncc de petites fleurs blanches. Il m'ordonna de prendre de l'vnc ou de l'autre racine , de la preflcr, & de la tenir long- temps fur la dent qui mefaifoic fi mal i i'cxperimenjtay que toutes deux auoientlc mefme effet ; car à 1 inftant cela me fît perdre ma douleur : maîsaufli il engourdit non feulement la geniîut , mais encor la moitié de la tcfte, du coftc ou il cftoit applique, le crois qucc'eft vn poifoa qui pourroit cauicr quelque paralyfie , ou quel- qu autre accideac à ceuxquicnvic^ jieui foubcnc. Du Timent. $. VIII. TOutes ces ifles sot le pays naturel de toute for- te de piment,dcpoïured'inde,oudepoïurcde brefil,quc les a rboriftes appellent, Cap/icum,ôc du* quel ils ont fi amplement écrit que ic n'en fçaurois rien dire dauantagc, finon qu" I eft fouuerain pour les fluxions qui tombent du cerueau , en vfant en madhicatoire, mais cous ne le fçauroienc endurer. IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) Y ^ / o î ■6r C 1.0 l.l lÂâ mil 2.2 ui Mi 2.0 im L25 iu IIIIII.6 ^ V] 7 ^ ^^ ' eife:^.'>'' ^ o- y /^ Photographie Sciences Corporation 23 WEST MAIN STREET WEBSTER, N.Y. 14580 (716) 872-4503 "^^ %y:^ u 'AT ^ 154 DESCRIPTION DES PLANTES Les Sauuagcs s en fcrucnt auffipour feguarir des fié vres,Ôc cela dVne terrible façon : car ils prennent du petit piment rond, qui eftle plus fort ôc le plus bruflant de tous , & après en auoir frotte vn filet, ils ouurenc par force auec les doigts les yeux du ma- lade , &luypaflcntpluficur$ fois ce filet fur la pru- nelle des yeux. Or fi vn grand mal fait oublier le pctit,il ne faut pas s'étonner que Ion perde alors la fièvre : carie ne crois pas qu onpuiflc rien endurer de plus fenfiblc. De U Chine, $. IX. TOus les Au theurs qui ont fait la dcfcripticm de la plante de la Chine, en ont parlé fi diuerfe- mcnt , qu'ils font aflcz paroiftrc qu'ils n'ont vcu que la feule racine & non la plante. Gircie dit, que cette plante a trois ou quatre coudées de haut,lesti- gcsminces,que fes feuilles font fcmblables aux ieu- nés cicroniers, &c que fa racine à la longueur d'vne palme. Monard dit, qucllecroift aux lieux mari- tins en forme de Canne ou Rofeaux. Acoftadit, qu elle a pluffeurs branches menues en façon de ferment épineux, & femblablcs à celles du lifet. Se que fcs feuiilles font graruies comme dùplan'ûnà larges feiiillcs. Pour moy,ic croirois que cette àcfr cription feroit la véritable, iitous les Autheursn'é- toicnt d'accord en ce poinr,qun fcùt Pauot Umc, i. XIX. ||. j I'Ay troaué dans vnfcul endroit dôIaOmdelou'IJ^wch pe , vne forte ic ponot qui aeft pas c&mmttâ PLANTES ;ftverc&rem- nc fentent en- curit,fedcffci- Et pour lors, fi haie vue odeur rtcplarttelcucc u elle ne fleurit delaGuadclou- Tiblableauxnô" )laiite porte vnc icvnferdcguil- 'ent trois belles i e, qui ont châ- le. A la cheutcl ■ruids ronds, i{| & rouges corn- iâ:s trois petites 1 idan^s les monta* A FRVICTS ET SANS FRVrCTS. K7 (bus l'Europe, li eftlefeul(JuetayevcudansrA- iQcriquc *, laplamte eft fore petitcVeUc aies feiiilles femblablcs au TauotRheas ^ mais la fleur eft toutc^ pareille à ces "petites Anémones blanches y que l'on crouue danis nos forefts. De rherhfafcheufe,foflJe chat ou mal nommée, IL croift dans toutes les habitations deux fortes d'herbes fafcheufe&& importunes, qui dtDiinent beaucoup de peine aux habitans , & dcfqu elles ils [ne fe dcfferont iamais. La première eft vnc petite. ! plante fcmblablic à la parktmre y vnpeu plu» friféc & plus rude : elle fleurit & graine en fortant de ter- Irc, &fc charge tellement degraincs, quelle (èm- bleneftre compofée d'autres chofes : elle fe femc de foy-mefine , & perd entièrement les jardins , fi onn'eftbien foigneux delà iàrcler. Elle a commu- nément vn vilain nom , mais les plus difcrets rap- pellent poil de chat , & les Dames, la mal nommée. Au rcftefbn fuc , & mcfme le marc, applique fur la morfure des ferpens, eft vn fouuerain remède. c. Du Patagon. §. XXI. LEPatagon eft vnc autre plante, quafiauflî fa f- cheufe que la précédente , pour la grande Ift pasc0|nmttfl|Ti^t*tc de graine qu'elle porte : elle rampé par .C-,*W. lûî DESCRIPTION DES PLANTES terre , & a les feuilles rondes ôc larges comme des piaftres ; Ceft ce qui Ta fait nommer Pata- gon : feî. riges font fort minces : elle fleurit de cou- leur de pourpre , & porte vnc infinité de petites graines qui s'attachent aux habits des paflans. Ses racines font mourir les porcs qui ea mangent. De rherhe laiéîcufi, $. XXII. EN plufieurs endroits delà Guadeloupe, princi- palement dans les lietixfecs , & parmylcs ro- ches , l'ay vcu cette mcfme plante que Rauuolf dé- crit j mais comme il nel'aveueque dépouillée de fes feuilles & de fes fleurs, ce qui luyarriue tous les ans vers le mois deNoucmbrc, il faut qucie difecc que l'en ay reconnu dauantage que luy.Ses feuilles font femblables à la Peruenche , vn peu plus gran- des , & époifes comme vnquartd'clcu : elles (ont fort claires , & à peine en trouue-on douze fur vne plante:ilcroîtà la pointe de chacun de fes rameaux trois ou quatre fleurs rouges, femblables à celle de l'fApcrge , mais vn peu plus grandes. Cette plante eft fi plaine de lai^ , que de la rupture d Vnde fes fimples rameaux , il en fort quatre ou cinq cueille- rccde laid, qui eft extrêmement caufl:ic,&: comme ie crois, dangereux. l'en ay gouftc, mais il fait plus de peine que la Laureole. Des A FRVICTS ET SANS FRVICTS 169 Dei Ctmnes ie Sucre xCl^dtU mmien^m le fuit. $. XXI IL LEs Cannes de Sucre qui croiilènr tant dans le Bi'cfîl, qu'on toutes oesifles, defquellesonfaic le fucre en abondance, font toutes femblablcs aux grands rofeaux d'Efpagne, horfmis qu ellçs ont les nœuds plus courts^les feuilles plus druës^& qu elles font plus ba0es de moitié , elles portent vn pana-* che comme les autres rofeaux , dans lequel eften- clofè la graine : Il y a encore cette différence que la Canne n eft pas creufç comme le rofeau , mais el- le eft remplie d Vne certaine moële fpongieufè, I toute imbibée dyne eau blanche^quieftlla liqueur dont on fait le fucre. Ces Cannes croiflent dans toute TAmcrique , . auffi^roffes que les plus gros rofeaux > & mefme il s'en crouue de plus groflès que le bras. Il eft toute- fois vray , que la plus groffe de toutes celles que i ay vcu dans Tifle de Madère , n eft pas plus groffc deux fois que le poulce. le ne fçay , fi c eft à caufe du terroir oududcffaut des pluyes , quoy quil e|i to\t , le fucre ne laiffe pas d'eneftre beaucoup plus foirt. On plante les Cannes , tant dans l'Amérique que dans les Canaries.^ non des yeux , ou des rejet* tons, comme dit d'Alcchampsimais bien des tron- çons de la Canne, fichez dans la terre bien labou- rée. Il y en a qui font des rigoles d Vn demy-pied de ptofondcur^ dans lefquelles ils mettent vne Canne Y i^o 1>BSCRIPT10N 0ES NANTES de trofe pieds oucnuiron , & la font chcuauchcr dVn pkd par <^aue botst par deux au» e^Cannes, & continuent ainu tout le long du champ; Elles font pour l ordinaire (ix ou feptmoisà at- teindre leur parfaite maturité , c eft àrdire , auanr qu'elles fieurifTent , ou quelles pouflènt lavergts qui porte le panaqhe , ou la graine & la fleur font enfei^mées^ %ncfi temps U., eUe» font iaunescom-^ me del!or > alorfr onaoupe les Cannes, & après les auoirémondées^P leurs feiiilles , oii les applique ajil,mquiia, lequel eflcQmpofé, en forte que l'arbre ou^ros rQvdnaudamiliisu., eftenuironné de deux aucreis^ qui s*emboitent dans des hoches: oa troux faitsàcefu^ec^daas^ Wdeux^autres rouleaux» & les faifant tourne]? ils ferrent} écrafent& font paifér la Canne de Fautre coflé , laquelle demseure tCKUtefci- che & dpuifée de fon fucre^qui tonibedans vn ton* heau qui efldefTouft le moulin. Ce fue eflant tire, on 1 e tcanfporte dans la première chaudière , ou on le fait^bo'iiÙir ^feu lent>y jcctant toufîours quelque cueilleréedeleiTiue quilefaitécunïer , àc poufler eii^bautt<»ut fon ordure. On feit cette Icfliuc aucc leis meilleures Se les^ plus foictesoendiies! , & ilfaut qu ellefoit fî forte, qu ellecuiifc & cauterife lalangue. Cefl cette leffi- uaqjuipurifîc & qui^clarifie le fùcre, & fans^ ellt on neviendioic iamais, i bout d'en faite de bon ^ d'exçeltcntjors qulliaefcumeplus dans cette pre- mière chaudiere^on le tranfpoïte^lans Ia/econdc> ©«ril rcçok Jeiiw gIus.violei«^ô^ boiiiUe iplusgros trois gr- desBraf ou quâtr creries f( bronze i mydepi font ép<ç biendili atteirtt 1 jansto te lai trôifj àiûû i \ fâudât vutde d A tRViGTS Et S AN S FilViCTS. 171 bôUiIIôns.GepctKiàfit^iitjèctétoB£tau^^d4e temps 611 temps dt$ cueillettes dé lieflitie , ^uiluf doit fâif é jecjcer tout le tèAn^ de fèn efcaiHé. Q^oy faic^ on cient de Thaile d'^littt coutb ^6ftâ dàài vii plat » d? lots ^ç le bouillon Yuttit l Qrâtôâlèr lii Ai\idïctc , àti tàrepdmc de: àtttfle tbuc coUttêii jecîânt èc tipttùiht tn peu de cette hUilë ba^ dMjts^ Quelques-yhs y iettcht de petites bouilét^tls dt beurré ffai$.Lor^ii^il iiV à que deat grandes chàU^ diètes oii le tient ^lus loUg^tèmps danii cette Co^ conde, iuf^ui ce c^lfoit entièrement fvLtiàèyÔC qu'il dt âttein^t i« confiftance dé firop!. Ùms 1er boiineâ fùcretie^ohlefait pa(rerpàr trois ehaudie^* res de cuivre battu, auant qucdéle iHéttté dans lés chaudières de bronzé. Car il faut fçaUoir que ces rrois grandes chaudières font femblablés à celles des Braficurs 9 Ôc quelles tiennent deux , trois, ou quatre muids> plus ou moins félon que les fu- creries font abondantes. Les trois petites font do bronze icttée eh fonte , . 6i n'ont qu vn pied &.de- my de pirofondcur,& cnuiron trois dediamettre, 6c font épôiffés â\xi bon. doigt. En fin, , après auoir biendihgemment écume lefucre , Ô£ après qu'il a atteint la bô^ne confiftaiti^e dé (trop , on le met dans Ui trois petites chaudières de bronze , en for- te péWftaiït qu'il paffé par toutes lés ttois , & dans la troifîcirie il y denietfjfe iuf^U'i fa parfaite co-^ diôn, laquelle oitcoilnoiffi, IWs qu'en iettant vn peu daiis4 air , ilfe glaté 6u fefige y àc alots on le vuidc dans les formes toUt bouillant. ^ Y ij X7t DESCRIPTION DES PLANTES Ces formes font faites 'decerre» &petcées parle bautd*cn-bas : elles font ajuftécs furvne ^rand iu(qu a ce que le fucre foit entièrement purgé,& quil neietteplusauaine goufte de firop. Voila tout ce quil y a à faire du lucr«. Il eft pourtant vray gu il y a vn certain fcçrct pour le faire be&u,tres-fin,&ne le manquer iamais,, nous ne Tenons pas encore peu apprendre dans la Guadeloupe. Monfieur de Poincy la eu par bar zard^ carvn fucrier Portugais homme fort expert quiJijBferuoit , ayantcommis quelque crime pour lequel ildeuoit cftrepeaduv MoûSçur dcPoincy i FRVICTS ET SANS FRVICT3. 17^ luy doîinaiàgracd 5 ^ condition qu'ilcnfeigneroic (on fecrct à vn de Tes domeftiqucs ; ce^u'ilfic » ôc depuis on fait «juancicé de très- beau & tres-fin fu^ crc à iàinâ Çliriftophje. A faute dt ce fecret^Mon» {leur Houël a eflé contraint de quiter la fucrerie au grand dommage des Seigneurs des iûts. On tire encore vne autre très-grande ytilité du fucre de cc$ Cannes ; car on en fait des eaux de vie tres^xcelkintQ^i} lefquelles fe vendent fort cher on le lailTc DouïUir dans des tonneaux. Quand iedi$ qu'on le laifTe bouillir , ie n entend pas qupnle feâêboiiiliir fur le feu» mais ceft que defoy-mefincils'cchauffç , dcuientticdc&fere- I mue comme s'ilboiiilloit. Dans ce mouuempntil fcpurifie& s affine fi bien qu'ildeuient vneboif- fon meilleure, que le^IusiBx;celIentcydre de Nor- mandie.*^ On appelle cette boilTon, vin de Canne; il Icnyurc comme le vin d*Efpagne , & eft fort pe6bo- pi quand onçn vfe auec modération* Au refte^pCeA la meilleure commodité du mon* Ije, que ces Cannes de fucr^ pour lespaflàns i car )A en prend toufiours deux ou trois , qui vou» ^eruent de bâtpa parle chemin , ôc lors que vous ^ftes faiiigue du voyage ^ &^ altéré par les chaleurs, m VQjuS rcpofant vous mangez vne partie de vôtre tâtpn, qui vous rafraifchitd* vne eau de fucre fort Certaine chofe iettée dans les chaudières , peui Faire pçrdre vne coftion > U mcfme il y a vne dro - r rf4 tiES(5!l!îtIÔ>ï DES PLAt^TES guc, de laqucHb ayant froccé Itsrchftudictcs, on tCy Fera iamaisdc fuctCj fi on ne les paflepar le feu. le fçay IVri ôf tmùe , que ie ne veux pas écrire , on fçaic aflcz dé mal/ans que i en apprenne encore. Des 4Hfm Csnhes qui çroijjittfdémslefays. K XXIV. LEs grands rofeaux d'ôd vient] que rarement on fait des fcneftres aux Cafés j, par- ce quele iour pénètre ayfcment àtrauersdcs tm-l railles. Les Sauuages fe feruent de !a cendre de cas ro- 1 toile ouPuif- [ous deu, des feuSf J^L^''^'''"'"- îi* P°«<=«f Mrdc P«ri«,ch;3S<Ï^:Sf " '^'"- fort beaux Vnii...T-. "^^^^'^gï^awc:, qm font hr,.& cnl. faconde lcu«fc"^r°r"" ■ ettçvnetieeer<^/.r.« I . ^*"c plante pe conxiae Je bras g, -+-, u? ^^ «ewloii- ij€ DlSCKrtW0H DES Pt AWTES dciaunbOi kaffittiliter^t^cde IVne que delautro çfpecV'crucEicauxSatiiiiigesAon feuleRientà cm- I^aqùécec leur farine , . leur pain » àc tout le refte de ear$ vldû^les ^ M ine&nc tout leur petit bagage, quand ils yoAt aux diamp:^ ^ais encore. à couurir leur Aioufés , ou petits Auuv^* h ou ils fc mettent i couuert^ quand ils font arriuez quelque parti ou il «yapointdclogemen^ 5* « $ ' XXV L I£ Soiaman eft la pldiite la pli» vtile qu*ayem i4ès Saïuages dans toutes ces iAt^ , pour ce qui ell du ménage : elle pouiTe plufieurs tiges, rondei, grofles comme lepoutce^aute de dix ou de douze pieds, droites cpmn^edes flèches : rcfc0r<{eôu fu- pcrfieiedcçés ligcsfeftvcrtç i polie , 4r extrême- méntdurc. An^aut de chacune de (es tiges^ il vient | cinq ou fîx feuilles t^butes (emblables à celles du' B^lifier^ mms plus c(iaftes de moitié. Les Sauuâges | leuent cctjte^eftorce' par fpetites efquiHettes iprt] étroites , minces comme du papier, ^ toutdela. longueur de la tige > cçla leur fert comme dozier poiîicfa^ce leurs ^petits paniers i Matoutotf^Çatolj, H«r'^jqui.e^ fetreÏÏee, dans laqueilë ils preiTent /e;^4»^or , & beaucoup d'aujtrcs petits^ ouuragès* Cette plante crjpiiftdanslesmacefl^si & neftpias commune pat toi^* rii^y êfliiix ans^daiisla Gio^ làffi' en auoir A FRVICTS ET SANS FRVICTS. 177 auoir pu rencontrer vne planco ; & en fin i en trou* uxy beaucoup dans des mares de la Baûfecerre. D€ Flndigo. *. XXVII. L Indigo eft la plus precieufe marchandife qui Icfaffc dans le pays :&quoy qu'il ne s'en Toit pas encore fait dans la Guadeloupe , la. plante auec laquelle on le fait^ y croift en abondance , de- puis qu'elle y a efté vne fois femée. Cette planée eA i moniugement, vne efpece defaintfoinj ou de luferne , qui croift Jbauc de trois pieds ôc fleurit rougxî. Pour faire l'Indigo,on la coupe , quand fa fleur commence à paroiftre : l'ayant coupée onl'ajuftc par petits faifeaux dans de grandes cuues , remplies d'eau claire , comme qui voudroit mettre roiiir du lifl. Ces cuues font quelquefois de pierre, quel- quefois de bois } elles ont nuit, dix,ou douze pieds en quarré,plus ou moins. Quand il eft dans la cuue, on y vçrfcenuiroh vn pot d'huile de rabettc , la- quelle s'épend fur reau,cn forte qu'elle entreprend toute la largeur de la cuue. En deux ou trois iou rs tout çelas'echaufFe , & vient à bouillir comme le raifin dans la cuue. Les feuilles fe cuifent , ou plu- toft fepourriffent de fc diflToluent enticrîment i fi bien qu'il ne demeure plus que les verges ou tiges de la plante , Icfquelles on tire de l'eau, qu'on cpui- fe toute ;iu/:cdci$ robinets qui font au bas de la eu- i7« DESCRIPTION DES PLANTES ue » au fond de laquelle il demeure » vne façon de lie de couleurdepourpre^ que l'on fait foigneufe. roenc fcicher dans des cftuues, ou au Soleil^prenam bien garde qu'il ne tombe de l'eau dediis , & c'cft celaqu on appelle, Wi^<9 s qui fetc aux Teinturiers à ceindre en couleur de pourpre. Cette marchan- di(e a valu autrefois quarante ou cinquante franco la liure. Mais elle n a pas pluftoft efté entre les inains des François > qu'elle a efté de vil prix \ U fe donne communément à huit ou dix francs la In nous enfaifbns de mefmede toutes chofcs, ure Auant que nous nous meflaflionsde faire le petun, il valoit quinze ou feize francs, ôc quelquefois deux piftolles 'y & à prefent le meilleur ne vaut pas vingt fols , & fî les troubles des ides s'appaifent bien toii, ie tire vne con(equence auancagcufe pour les friands \ car il en (era tout de mefme du fucre. Au refte , le bon Indigo doit flotter fur l'eau comme du bois : celuy qui nage entre deux eaux neft pas fi bon, il nelaille pas neantmoins d'eftre audî bien vendu comme le meilleur ; mais celuy qui va au fond ne vaut rien , ou bien il y a de la ter- re meflée dedans. Du Manyoc* $. XXVIII. TOut le monde s étonne dans la France, de ce que dans toutes ces ifles , il ne croift point de bled , & admirent eninefme temps comme les AFRVICTSETSANSFRVICTS* 17^ hommes peuucfic viure dVn pain de racine , donc le iac eft vn poifon qui eue vn homme dVne feu- le cudllcrée. £c IcsSauuageseftimenc les François tnal-heureuxipar ce qu'en leur pays il ny a point de maayoc : Et cependanc,eux 6c noms nous cromponi lourdement , puifque la mefme Prouidence qui a donné pour nourriture aux habitans de l'Europe le ficomenC) le rempliflaat desqualiceznecefTaires i cit efFet^a donné aux habitas de cesifles la Caflaue faite de manyoc> qu'elle n'a pas priué de ces mef' mes qualités. Pour mov, ie ne fus iamais de ces de • iicats qui augmentent leur foiblcflepar la force de leur imagination. le me fuis fi bien accouftumi à la CaiTaue , que ie lay toufiours préférée au pain qu'on nous apporte de l'Europe. Etplufieursfont démon fentiment en ce poim. La plante de laquelle on fait le pain,que les ha« bitans appellent Cajjkue , & la boiffon ordinaire» qu ils nomment Oi^coi^, eft vn arbriffeau fort tor- tu , tout remply de noeuds ou petites cxcroi/Tancesy grofles comme des febues de brefil : ce font les lieux ou ont efté attachées les feuilles qui font tom- bées i car il fe dépoiiille de Tes feuilles, non toutes a la fois eftant perpétuellement vert , mais à mefure qu'il croift, &que lesfciiillcs d'en-bas vieilliffcnt: elles tombent^êren mefme temps il en croift d'au- tres en haut.Il iette plufîcurs branches éparpillées, qui sot toutes chargées de feûilles,non femolables à celles qui font defignées dans d'Alechant,&dans les autres Autheurs, mais à celles à^ïAgMsCufius* y. ,Bo DESCRIPTION DES PLANTES Il croift communément de trois ou quatre coudccs de haut,plus ou moins, félon la diuerficc du terroir, ou de> faifcns,& du temps auquel on le plante. Le bois de cet arbrifl'eaueftforc tendre , & d'vn fcul coupdebafton onbrife ôc on caflc toutes Tes bran- ches. . Il y en a de fix ou fept fortes , que les habitans di. ftinguent par la couleur des queues & descoftes des feuilles , ou de l'efcorce delà racine. Le ma- nyoc violet a vne cfcorcc fur fa racine . , efpoifc comme vn qijart-d'efcu,d'vn violet fort brummais le dedans cft blanc comme neige. Celuy-cyfaitle pain de meilleur gouft, &duredauantageen terre que les autres. Lemanyoc gris à l'efcorce du bois ôc de la racine grife, & eft fort incgalj car quelque- fois il rapporte beaucoup , quelquefois peu , le [>ain n*encftpas mauuais. Le njianyoc vert,appel- éainfi à çaufc de la verdure de tes feiiilles,qui fonc plus drues & plus vertes que les autres , rapporte beaucoupjitn'ell iamais dix mois à eftre bon,&faic d excellent pain -, mais il ne fe çonfcrue pas long- temps en terre,' Le ma nyoc blanc à l'efcorce du bois blanchaftre , celle de fa racine auec le dedans c& iaune. Il vient enfix ou fept mois , il rapporce beaucoup en racines, mais elles (erefoluent toutes en eau ; de forte qu'encore que le pain en foit iaune comme de l'or , & de tres-bongouft , on n'y trouue pas fon compte, ôc peu de personnes enfont,finon celles qui font prelTcesj&qui nont point dema- liyoc planté : elles plantent de celuy cy pour en : A^dBRVICTS ET SAfrS FRVICTS. lU auoir bicn-toft. Il y a vnc autre forte de manyoc aflcz rarc,que Ton appelle KamaniorÂl eft fi fembla- blc au manyoc blanc ,qu on ne les fçauroit diftin- gucrqu aucc peine. On le fait cuyre tout entier comme des patates, & onleniafige fans exprimer fon fuc , & fans qnil fafle aucun mal , comme fe- roicnt; indubitablement tous des autres manyocs^ qui donncroient b mcM: c Hmftantmefme quôn enauroitmangç. !r:>'r??Dh: ; t'r'' ; Pour planter le manyoe,on obferue fort exade* incnt dé k planter au dccoursdelaLune : leshabi- tans tiennent qu'eftant plante en ce temps , il p'ouf^ fc dauantage en racines. On remue premièrement la terre auec des houes > &onencompofcdes mot-r tes larges de deux pieds & dcmy , pu trois pieds , 6c longues enuiron de cinq. Les habitans appellent cela, des foffes de manyoc, dautaritqu elles- rçflèm- blent aux foffes dans lefquelles on enterre les morts. On fait vne raye tout du long de cette foflc Ipar lemilicu> &on fiche dans cette raye à droit; & àgauche, trois ou quatre tronçons du bois dp manyoc , longs dVn pied au plus : &ainfi on rem- plit les Campagnesde cesfoÂes > fur lefquelles on plante du manyoc qui croiften arbrifleau , &pouf: fe merucilleufement en racines, defquellesla pluf- part,quand il eft beau, font grolî'es coinmçjacuif- lejdc forte qu'vnfeul arpent de terre planté de ma- nyoc , nourrit plus de monde que Ux arpens des I meilleures terres deFrance femees de bled. ■ ; Ziij fSi DESCUlPTiôN DES PLANTES 1 À FR La fdçùH dtfun le fâin tst ^ ioijfùn êfiinâires , 4«ft li ManyoCé POur faire k C^BÀut ^ qui é& k pain af din^ire du piysfSiftcs auoir arraché le manyoc ^ on gr^ te fes racines ^ comme un faie lesnaùeaux , lori quotilesveuemetcreau pût^ pui^onergrugetou- cesfes racines fur des râpes de Cuivre percé, com^ mêles tapet fur lefquelles on efgruge le fucre* Ces râpes onc vn pied éc demy de haut , Ôc huit ou dix poulces de largc,& (ont attachées fur des planches. Quandcoucefteigrugé, oniemecà laprefle dam des (âa de toile , & on en exprime tout le fuc , en forte qu'il ne demeure que la farine toute fei- the. Le fue qui en(brteft eftimé poifon de tous les habitans y 6t mefme de tous les Autheurs qui en ont écritjdautantque le quart d Vn verre fait mou- rir vtt homme en moins d Vne heure , fî on n'y ap porte vn prompt remède. Pour moy, i'ay vne opi- nion toute particulière^ que ie ne met pas icy pour la faire pafTercome infaillible &tres-*a(reurée, mait afin queroneniugc. Car ie crois que tout ce qu il y a de malin dans ce (uc, & mefmc dans cette raci« ne, n*eft qu vne trop grande abondance de nouni- ture, de laquelle l'eftomach humain n'eft pas capa- ble; car quoy que fon effet foit à la vérité mortcl,il opère neântmoins tout d*vne autre façon que tous les autres poifons, qui caufent des ardeurs eftran- y A FRVÏCTS ET SANS FRVICTS. ÏS5 ges ) s'ik font chauds s oa des afG>apiflçoients , s'ils font froids : ce qu on ne remarque point du tout en céluy qui a pris de ce fuc,ou mangé de cette racine; mais feulement vne repletion d eftomach qui le fuffoque^&qui le fait mourir. De plus^on netrou- ue aucun dommage dans pas vne des parties no- bles des animaux qui en ibat morts >ils n'ont rien que leilomach enflé. On peut adioufter que les Sauuagesne font prefque nencuire>où ils ne mèt- rent de Teau de manyoc en abondance , tàns qu'il leur falTe aucun mal , lors qu'elle eft cuitte. En iuge qui voudra autrement : quant àmoy ie ne fçaurois ofter cette penfce de mon efprit. Pour rcuenir à la manière de faire la CafTaiie. Cette farine eftant bien fciche, on la paffe à trauers d Vn Htkechet , qui eft vne façon de crible à petits trous quarrez.& fort drus y que les Sauuages font auec l'efcorce du SoUman y ou de queues de Lata- niers. Apres cela,on fait du feu fous vne platine de ferfbndu^ronde^&efpoifè d*vndemy doigt. Les Sauuages fe fcruent de platines de terre cuitte: Quand la platine efl bien chaude , on eftend l'ef- poifTeur d'vn doigt de farine, tout de la largeur de la platine : Cette fiirine venant à s'efchaufFer , fc lie & fe cuit comme vn de fes crepaux y qu'on fait dans lapoclle auMardy gras. Lors quelle eft cuitte d'vn cofté, on la retourne de l'autre; Ôc eflant tout à fait cuitte,on la fait fcicher au Soleil> ôc lors qu'on la re- tire de delTus la platine , elle donne de l'appetit aux plus defgouftcz. IÎ4 DESCRIPTION DES PLANTES ?'i ''Le$Efpagnols& lesPortugais font fcichcr c:t- te farine dans le four, & la gardent deux ou trois ans.-ils en font des prouifions dans leurs fortereflcs, Ôc en 'auiiSbuaillent leurs nauires. Voila de quoy manger , il faut mainteniint dpnnier de qucy boire. - nv r;. i La boiflbn ordinaire que Ton appelle Oiijrcou, ie fait dans de grand vaifTeaux de terre , faits en fa-^ çon de cloches , qui tiennent cnuiron vn demy poinçon. LesSauuages les font eux-mefmes , &les appellent à l'imitation des Efpagnols, Cannàry. A' près auoir remply ces vaifleaux d'eau , on met de- dans dix ou douze bonnes Caflaues toutes chaudes, & on gruge cinq ou fix patattes, que l'on mefle de* dans l'eau, puis on les couure bien eflànches,&: en vnc nui6bcela s'efchauffe , & bout comme le vin dans la cuue : & pour marque qu'il a bouilly,tout k marc de la Caflaue monte audefliis, ôc il s'y fait vnç croufte efpoifc de quatre doigts. Alors on le coule à traucrs d'vn tiebechet , ôc on le met raflcoir ôc ef claircir dans vn baril. Cette boiflbn. eftant bien faite, cft préférable à la meilleure b^rre deFlan* drc : il y en a qui font pourrir la Caflaue pojur faire le Oiiycou plus fort . les Sauuagcs le pratiquent, mais ié crois que cela nefl; pas faip. Aï Dti marque c qui en vi point,&i Pourc la terre à & prés à chaque t pantcs , < puis on c pouflcnt ( le ils couu y vient ci !ongucs,( fcur : Il A FRVICTS ET S'ANS FRVICTS. Hf i. il ;,'».; j.'U ( i . Des Patatesl «. XXIX. SI dans l'Europe le bled vient à manquer , oneft afTeuré de ieufner : mais quand il n'y auroit pas vne racine demanycc dans toute l'Amérique , les Patates peuuent fcruir de pain Ôc de nourriture aux hommes , & à tous les animaux > fans en exce- pter aucun;& mefme dés à prefent i'ofe bien afleu- rerqu'ily a la moitié des haDitans desifles^ princi^ paiement parmy les Angtois^qui fte yiuent d'autres chofes. le crois fincercment qu'il n'y a perfonnc qui ait efté dans l'Amérique, quin'aduouc que la Patate eft la meilleure nourriture du pays. Pour marque de cela, on a toufiours remarqué que ceux qui en vfent ordinairement , font gras , en bon- point,& fe portent merueilleufement bien. Pour cultiuer cette racine,onfait des trous dans la terre de demy-picd de profondeur, le plusdru> & prés à prés qu'il eft poffible. Puis on rnet dans chaque trou deux ou trois brins de ces tiges ram- pantes , que les habitans appellent , bois4tPAtates\ puis on couure cela de terre.Cestigcs reprennent, pouffent des radnes,i& rampent_{iir la terre,laquel- le ils couurent entièrement. Dans chaque trou , il y vient cinq ou fîx racines de toute forme , rondes, iongucs,en poyre,& autres façons,^ de toute grof- feur : Il yen a quelquefois de groflcs comme ht Aa ^6 DESCRIFTION DES PLANTES teftcc Toutes ces racines en trois ou quatre mois, atteignent leur pcrfcdlion. Il y en a de huit ou dix fortes différentes , en goaft,en couleur,& en fciiilles. Pour ce qui regar- de les feiiiUes, la différence en eft pctitç. Ce feroit vne chofe ennuyeufe de les diftinguer toutes y W fuffit d en nommer les plus communes^ qui font les Tarâtes vertes 2n , que le Roy des Roys luy a mis vnc couronne fur la tcftc , qui eft comme ^n germe éternel auquel eft attachée la fucceffion de fa Royauté, puis qu a la cheute du pcre, il pro- duit vn ieune Roy qui luy fuccede en toutes fes ad- mirables qualitez. Ce fruid croift fur vnc tige ronde , groflc de deux poulces^, & haute dVn pied ^demy, laquelle Ifortdu milieu de fa plante, comme larcichaux du milieu de fes feuilles. Ses feiiillcs (ont longues cn-^ u'iTon de trois pieds > larges de quatre doigts , cane- Ices à guife de petits canaux , ,& toutes heriflees fur |lc bord de petites pointes picquantes. ,, q,^; , Dans fon commencemeiit ccfruiân'eftfiigplùs Igros que le poing , & le bouquet de fleurs,ou 1^ pe- tite couronne quil porte fur la telle, j eft, rouge comme du feu ; & de chacune deSteffcaiUes 4fl J'çf- |corcç dufruiâ: ( dontIa:%u^>^npnlafùh3aAcç» ^t DESCRIPTION DES PLANTES cA toute femblableaax pommes deoin) fort vnc λctitc fleur pucpurinc^qui combe & le fatine à me- ure que le rruià groflic. Nos habitans en difliinguent de trois fortes, aufquclles fe peuu^nc rapporter coûtés les autres : i fçauoir le gros Ananas blanc ^ le pain de fucre ,^\i pomme de rainette. Le premier a'quelqaefois huit ou dix poulccs de diamcttre, & quinze ou feize poulces de haut, oa chair efl blanche é: fibreufe^ -, mais Ton efcorce deuient iaune comme delor^ quand il eftmeur. Il exhale vne odeur rauiflante ^ qui tire fort à celle de nos coings, mais beaucoup plus (uaUc j Quoy qu'il ^oit plus gros & plus beau que les autres , Ton gouit r'eilpasfi excellent, auflî n\îft-ilpastanceftimc;il agace pluftoft les dents, &faitpluftoft faignerlcj genciucsque les autres. ' Le fécond porte le nom de (à forme , parce qui «fttout fcmblableàvnpaindefucre : il a les feuil- les vn peu plus longues éc plus cftroites que le prê- ter ,'^ ne iaîuttit pas tarir. Songouft eft meilleur^ ,'maià-il fiit faigncr les génciues de ceux qui en maii- géiit bcâlïcoup.raycr'ouuc dans celuy cy de la grai ne féiiiblablc'l là graine duCreJJon jélenoisi Qupy que pourtant cefoii; vne opinion générale, que l'A- na9àsîiè'g/à?ncJ'iamaisi ' ' l'Létroifictt^.e eft le plus petit , maisc'eft le plus -excellonejêc-eft aphélie pomme d.ç rainette ,à eau- -foqâfefeh^ëcJuft ïPcekde pdtti^^^^ qu'il tirei fH3dôk«C'a^agoafl?4eccftuiia : Un agace prefquc point A FRVICTS ET SANS FRVICTS. 19$ les dents , ôc ne fait point faigner la bouche , fî ce n cft quand on en mange excefliuemcnc. Voila ce qu'ils ont de particuliçr , mais cous conuiennent en ce qu'ili croifTent d'vne me(me façoa» portent tous le bouquet de fleurf otik coU'- ronnc fur la tcilc , & ont Icfcorce en forme de pommes d^ pin , la<]uelle fc Uuc pourtant , &c fe coupe cop3i0ie celle d'va melon > & bien que la chair, tant dicsvn^ que des autres foitfibreufe, elle fefond toute en eau dansla boucIie»& cAû fauou- reufe que ie ne le Cçatuiois mieux icxprimer , ûnoti cndifant qu elle al«|ouft.delaPtciciic^cla Pom- mc, du Coing & duMulcadectOMttcnlômble. Onfaitvn yénde fort Âic,quiyautjde la Maluoi- ficA^ui enyure auffi bi^nqaele plus fort vin que nous ayon« en France. Si on con&cue ce vin plus décrois femaines 3 il fe tourne, écfembleeftreen^- tierement gafté i mais (1 on fe donne patience au^ tant de temps , il reuientdans fon entier, 6c mefme efl plus fort ôc plus fumeux qu auparauant. « Des KarMus. $. II. IL fctrouujB vnc plante dans tous les bois de ces i(le6,que les habiuns auiC bien que les fauuages appellent Karatas. Elle a fes feuilles affezfcmbla- blcs a celles de l'Ananas jmaistrois ou quatre fois plus longues , ,plus niinces , plus feichcs , ôc armées d€is4e)»ccQ&C2^iil«pfi€iaa0cs€rpiaeux. Sonfiuic Bb •i5^4 DESCRIPTION DES PLANTES cft gcos & long comme le doigt , fait en pyramide àtrianglc, en forme dVn gros cloud j l'efcorcc cft blanche & velue , mais vcneneufej car elle bruflc ^ fait cleucrk bouche. La chair du fruidcft blan- ehe comme celle dVne pomme , maisvn paupluj tendre. Il y a dans le milieu du fruixSt cinq oufix petites graines , comme de petites lentilles, blan- ches dans leur commencement ; mais rougej quand elles font meures, ou pluftoft quand le fruit eft meur. So^n gouft eft fcmblable à celuy d Vnc pomme de rainette ; releuc pourtant par vne peti- te aigreur, qui le rend fort agréable. Il en croit quelquesfois trois ou quatre ccm dans le coeur d Vne {eule plante , tout contre-terre, ferrez & preffez iVneontre Tautrcjla pointe en bas. Ils fleuriffent violet : Onenfait des confitures ex- cellentes , après toutefois Tauoir dépoiiillé de fon cfcorcc : il dcs-altere & raffraiCchit beaucoup* • Du Chardon, . §. IIL IL y a dans l'iflc de la Guadeloupe vn certain chardon rampant, qui pend des arbres, fur Icf- quels il erciift quafi comme la Chine,& rampe bien ioing fur les rochers & fur les arbrifleaux. Il n a au- cunes feiiilles que fes tiges ou branches , qui naif- fentrvnc de l'autre confufément. Elles font à trois quarres,& chaque quarrc eft large dVn poulce. De fubftance (tJmcardeyQudQStmf^emue^ôcxoutcs par- i k ., .-r4îi«»».*s. ■* ■ ■ A FRVICTS ET SANS FRVICTS. 155 femccs de petites cftoilcs picquantes, comme le figuier d'indc. De Textremitc de fes branches , & quelquefois du milieu , naift vne fleur blanche plusgrofle que celle du W/»péf^, ou Memfar^ qui croift datïs4es eaux.Par deffus cccceflcur il y a qtiah-> titc d'autres petites feuilles blanches ^/ijiW"-f';i Entre vne infinité de plantes tanipantes qui jfe ttouuent fur les arbres, & pendent de leur fommet comme des cordes de toute forte de grofleur , 5c (jui cfle^iuement feruenr de cordes auxhabitans, & lefquelles toutes portent de çres-belles fleurs dans les temps , ie m'arrefte particulièrement à trois qui portent de très-bons & beaux fruits ; car qui entreprendroit de les décrire toutes ,il trouue- loit de quoy faire vn volume plus, gros qûjel^iç kurc. Bb 1) 1^^ DESCRIPTION DES PLANTES Du ff-oJJèilUr de tJmerique. «.IV. CEttc plante a fes tiges iauncs,rondcs,dcux fois grofles comme le poulcc,& heriffécs de peti- tes eftoiles picquantesy comme le chardon queie lYtons de décrire : mais fî prés à prés, qoail efl: quafî bmpoifîble de les prendre fans s'offenler les mains. ik ft en quelques endroits des feuilles afTez peti- tes^ &larjes comme celles duPilireas; mais vn peu plui iong4icS) & dcut fois plus erpoifles. Au haut de res figes croiilibnt des bouquets de fleurs blan- chtis comme neige , toutes femblablesauxrofesde Guddre , à leur chcate fuccedônt des frui(f^s gros comme des œufi de pigeons, de couleur de grofles grofeillcs, quand ellesfoiïi bien meures. I! Co^t de lefcorce da fiiri(ftcinq ou fit petites feîiillcs poin- tues & fort eftroites. Le dedans du fruité eft corn- mie Iqs grofeillcs bien meures , &legouftnc s'en éloigne pas bciuw:oup. Plufieurs en mangent , le ne l'ay iatnais tfoaue bon , auffi n'en fait-on pas grand ca5. ^, .^.,, De lajenr de la Pafion (^ de [onfrui^, ■^ $. V. CEîte plante «ft la mefiiïô qui porte le fruid, queTEfclufe appelle ÇranadtlUy mais comme ilenaditpeudechofes , &que (ans doute ilacfté AFRVICTSETSANSFRVICTS' 1^7 mal informé de ceux qui luy en ont fait le rapport, & n a vcu que le fruid: fcc qui luy a eflé apporté de rAincriquc j & que de plus les deux cfpcces de fleurs de la Paflion que i'ay vcu en France, ne font pas celles qui portent le frui(5t, i'cn fcray icy la def- cription la plus exa haut de feize à dix^huit palmes, droit comme vne flèche, gros comme la cuifTe , &(àns aucune feuille,iufqu afaracine. Ce tronc eft com- pofc,non de pluficurs efcor ces (comme dit Acoftaïi couchées lés vnes for les autres jmais dVne feule ef- çorce poreufe , fibreufe, ôc quafi de la futftance de roignon,roulée iufqu a fa parfaite groifeur : ce qui fe voit clairement à la figure du Limaçon , quipa* roift à la coupure de ce tronc. A la cime de ce mef- me tronc viennent quinze ou vingt fciiillcs , de fcptà huit pied de long, & d vn pied &dcmy dc large , & il y a vne grofle cofte ou nerucure tout au milieu delà feuille, qui va depuis vn bout iufqu'à l'autreiccs fciiilles font rayées par le trauers, comc celles des BalifierSy mais fi tendres & fi frefles,que le vent les découpe toutes de trauers par éguillette, iufqu a la cofte du milieu. l'ay plufîeurs rois enfe- ucly des morts auecdeux de fes fciiilles : elles fer» uent aufli de napes à la plufpart des habitant , faute fie linge. De la cime de ce tronc , au milieu de toutes Ces Ce ij 104 DEf-^RIPTION DES PLANTES feuilles, croiftvne faconde tigc,plus dure &plu5 forte que tout !e refte de la plante , groflc comme le bras , & longue de cinq ou fîx pieds, toute com- partie par diuers endroits. Or fur les huit ou dix des plus gros & plus prochains nœuds de la plante , i\j a dix , quinze, feize figues ( plus ou moins ) &c quct quefois iufqu au nombre de deux cens fur cette ti. gc , iufqu* a la fin , où il y a vne groflc maflc de peti- tes fleurs blanches , arangcesfort prés à prés , &i double rang y & chaque rangée de fleurs , eft cou- uerted Vne grande feuille violcte,faite comme vnc coquille vn peu pointue. Ces fleurs ne viennent iamais en fruiâ: , & ne feruent à rien,finon à confi- re en vinaigre, comme des Cappes. Les habirans appellent cette tige chargée de fon fruiâ: , vn Re^i- me de figues. Ces ngues font groflcs comme vn œuf , à fîx quartes , Ôc longues de quatre ou cinq poul ces au plus. Elles font vertes auant que d'cftre meures, & iaunes comme de 1 or , quand elles ont atteint leur f)arfaite maturité. La chair de ce fruid efl: fort de- icate , ôc plus molle que celle des Abricots bien meiirs. Son gouft eft excellent , mais le fruid eft vn peu venteux. Quand on le coupe , on voit vnc belle Croix imprimée fur chaque tronçon rc'eft ce qui a fait croire à pluficurs,que ce fruià eft lemef- me qu*Adam mangea dans le Paradis tcrreftrc , ôc qu'au mefme inftant il vit dans la caufe de fon mal- heur ôc du noftre , le figne de noftre redem^ ption. AFRVICTSET SANSFRVICTS. loj Cette mefine dcfcription peut fcruirc pour les ^ândnesy aucc cette difterence que celles cy font plus longues , & pour i ordinaire plus gtoflcs. I? y en a de groflcs comme le bras , Ôc longues dVn grand pied , vn peu courbées comme les cornes de vaches. La chair en efl: plus ferme , de meilleur gouft, & eftimée plus faine de quantité de peribn- ncs. Les Bananes rofties ont le fnefmc gouft que lapoyre de bon Chreftien cuitte (bus la braize On en fait des confitures fans fucrc,les fendant en qua- tre , & les faifant feicher au four , ou fur vne claye au Soleil : cela porte fon fucre , & ne cède en rien aux Abricots confits. Le tronc ne porte qu vn rmaisàtriangle,dansIaquclJ le if n y a que trois pignons,qu oncftime beaucoup plus que les autres j d'autant qu'ils purgent auec| plus de douceur. On fe fert aufli de fes fleurs fei- chces, mifes en poudtc, &prifes dans vn bouillonl au poid de demy cfcu , cela purge & fait cua* cuer les eaux aux hydropiques. Quelques habitansl appellent cet arbrinTeauÇoraline., à caufe dejrcs| fleurs. D*'VH RBRES I A FRVICTS ET SANS FRVICTS. lif anchcquifc.T :ft comme 1c|D*v» driri/Jèau que quelques' hatitans appellent arire de le très-grands I Baulme^f^deUSau^eariore/cente. $. I I. AVant que de faire la defcription de cet arbrif. feau^ i'auertis par précaution qu'en plufleurs endroits de cette ifle , il croifl des arbriflèaax de fauge,qui font quelquefois aufÇ gros que le bras, k hauts de fept a huit pieds^defquels les fleurs font comme de petites rofes , ou Ombeles , compofces de plusieurs petites fleurs violettes de très-bonne oùeur. Uarbriflcau de Baulme a les feuilles fort fcm- blables à celles de la fauge^ ôc ne différent qu'en ce Qu'elles font vn peu plus iaunes,plus efpoificsjplus iirineufes,& qu elles n ont point d'odeur. Il porte vnc petite queue recourbée, fur laquelle il y a dix, ou douze petites graines rudesj& de la couleur des feiiillcs. A chaque feuille qu'on arrache de Marbre, il fort de l'arbre & de la queûë de la feuille , vnc goûte d'vne liqueur vifqueufe , toutefois tranfpa- rcnte , iaune comme de l'ambre , & fans aucune odcur,yn pcuamere,& abftringente au gouft.Cet- te liqueur en vingt-quatre heures , & quelquefois cnmoins de temps, guérit toutes playes récentes, fans qu'elles viennent à fupuration ; de plus elle nettoyé & guérit en peu de temps les vieilles vlce- rcs. Voila ce que i en ay rem4rqué, & ie crois que ito DESCRIPTION DES ARBRES cet arbrifleau cftdoUé de quantité d'autres belles qualitez qu'on pourra connoiftre aucc le temps. i^ $. lîl. Du Poyure long. ON néglige vnc infinité de chofes tres-vcilès,^ & de grand prix , faute de I es connoiftre. Il y avne fî grande quantité de poyure long , dans tou- tes ces iflcs , que quiconque voudroit prendre la peine de le cueillir , en cnargeroit vn nauire tous les ans. Cependant , perfonne ne s'en eft iamais aduifé } C'eft vn arbriflcau qui croift haut de fcpt à huit pieds au plus , fes feuilles font larges comme les grandes feuilles du Plantin, en forme de cœur: elles font minces jfeiches, & d'vnc odeur forte & aromatique. Ses branches font menues &noiices dedcmy pied en demypicd , ou quelque peuda- uantage. Le bois en eft fort tendre & moelleux, d'oii vient que les habitans l'appellent fureau. Quand on le coupe de trauers, il marque de petites rafettes ou rayons comme leguy de chcfne. - C'eft ce bois qui fupplée au defFaut des cailloux & pierres à feu ; earles Saunages en font dctrcs- bons fufîls,auec lefqucls ils allument du feu quand bon leurfcmblo , en cette façon. Us prennent vn morceau de ce bois bien fcc , long d'vn pied ou en- uiron,& font vn petit trou au traucrs,comme pour fourrer vn petit poix , vn peu plus cftroit en bas qu'en haut ? puis ils font vne petite verge groffc A FRVICTS ETSANS FRVICTS. m comme le petit cloigt,vn peu pointue parle basj en forte quelle s'ajuftc à la forme du trou, dmepalTc de guère par deflbus. Il n'importe de quel bois foit cette verge, pourueu qu'il foit bien dur. Cela fait, ils vous Icrrent ce tronçon de bois par les deux bouts entre les deux genoux, puis en frottant auec les deux mains la petite verge , la font tourner fi vifte,que laviQlenccdelafriâ:ion,fait tomber au deflbus de ce trou, de petites bluettes de feu , qui cftant receuës dans le coton, l'allument à l'inftant^ De U Candie qui fi trouue dans U grande terre de , U Çuadeloufe^ §. I V. EN Tannée mil fix cens quarante- cinq, ic fis vn voyage dans la grandç^ terre de la Guadelou- pe pour afGfter , & adminiftrcr lesSacremensàvn grand nombre de François , qui depuis peu s'y eftoient ictirez. Mais comme la rcfidencc que ic fis dans cette terrc,fut plus longue que ie ne Tefpe- rois ( car i y paflay prcique le Carême entier) i'em- ployay le temps que i'cus de refte à rechercher foit curieufemcnt tout ce que i y pourrois rencon- trer de plus remarquable. Entre ptufieurs chofes,ic trouuay P.U quartier des grandes falines ( qui cil vn lieu fec, pierreux , & o û il pleut rarement ) vn très- grand nombre de beaux arbres de Canellc, 6^ en fi grande quantité, que daiis vnc feule habitation on en auoit coupé & mis au feu plus décent. i Dd ij lu DESCRIPTION DES ARBRES Cet arbre croit quelquefois gros comme la cuit fe, dVne moyenne hauteur , comme nos poyricrs ou pruniiirs dcFran^» Il a les branches menues, hautes , droites , & fort garnies defeiiillej fembla- bles 1 celle de Laureola y mais plus délicates , plus fouples , de couleur de vert de mer, & d vnc très- bonne odeur. Son èfcorcceft deux fois plus cfpoif- fcs que toutes les Candies qu'on apporte en Fran- ce j la fuperficie cneft rude & d^ couleur de gris cendre , ôc mefme toute la fubftancedr Icfcorcc eft grize & méfiée comme la Rubarbe ijai fetcr- nit.Mais ce qui l'a fait méprifer de tous les habitans ( quoy quelle ait vnc odeur fort aromatique ) cft qu'elle a pluftoftle gouftde Gingembre que deCa- nellc , & qu elle eft vn peu amere. Pour moy , ie crois fermement que c cft le véritable Cianam- momc:dautant que tout ce quelcsAuthcurs ont dit du Cinnamomesluy conuient entierement.Ie n'ay point veu le fruiâ de cet arbre, il n'eftoit pas mel- meenfleur,lors que ie fus dans€etteterie:mais les habitans m'ont aflcurc qu'il cftoit rouge , &gros €omme le bout du doigt. Dti hoh de Sandale & de Gayacl. i. V. IL croift tout le long de la Baflcterrc de cette iflc,' dans les lieux les plus arides , vne grande quanti- té de bois de fandal , que ic crois eftre le fandal ci- trin ; car confrontant Ivu aucc l'autre, ie n'y ff au- r AFRVICTSETSANSFRVICTS- u^ rois rcconnoiftre aucune diiFerencc. Cet arbre croift gros & haur, comme celuy de la Candie que ie viens dedéciire : Te parle des plus grands , car pour l'ordinaire il n eft pas plus gros que la jambe, & haut comme vn petit abricotierrrelcorce de l*ar- bréeft rude^ grizc,& comme tachée de blanc eti plufieurs endroits : il a quantité de branches me- nuës,efparfes en rond, & toutes chargées de petites fciiilles, deux fois larges comme l'ongle , licées &: dVn vert gay fort agréable : elles font trois à trois fur chaque petite queue. Il porte de petites fleurs blanches, & par après de petites graines noires, & groflcs comme des grains de po j urc. Il y a appa- rence que cet arbre ne dure pas long temps \ car par tout ou il croift , on ne voit autre chofe que de CCS arbres fecs , rcnuerfez & couchez par terre. Eftant tombé tout laubcl fe pourrit , en forte qu'il ne demeure plus que le cœur de l'arbre ; qui eft blanc & tire vn peu fur le iaune , quafi comme le. buys,& pour lors l'odeur en eft beaucoup meilleu- re que quand il eft vert. Il brufle comme des allu- mettes , & en bruflant il exhale vne très -bonne odeur. Les habitans s'en feruent pour faire cuy re leurCa(raue,parcc quil brufle fort clair. On en fait auffi des flambeaux pour fe conduire la nui6l. Il y a plufieurs ifles toutes pleines de bois de Gayac:mais dans la terre habitée de la Guadeloupe, il ncscntrouue point du tout , mais bien dans la; grande terre vers la pointe d'Antigoa. Dd iij iU DESCRIPTION DES ARBRES Vu hais de Chandelle, §. VI. IL fc trouuc dans cette ifle vn arbriffeau ( que ic n'ayveuqu'à la Cabfterre, & dans quelques pc^ titsiflets du petit cul-de-fac. ) U croiftgros &haut comme vn coignaffier :fon cfcorcc eft noire &ru- de,& fcs brancnes tortucs,noiieufes &fort mal dif. pofces : fes feiiilles font deux fois aufli larges que celles du laurier, plus efpoiffes, plus graflfes ô<:aron- difis par le haut. Il fleurit, & graine tout de mefmc que le bois de fandal. Il a toufiours quelques-vncs de fes branches, & quelquefois la moitié de Tarbrc toutpourry , le reftc demeurant verdoyant , &le cœur incorruptible,^ de tr es-bonnc odeur. Tout cet arbriffeau eft remply dVnc gomme graffe, qui ic fait brufler comme vnc chandelle , d'où vient /i u ; r 5, X. L f 1 " E inahot efl vn arbre rempant,qui croifl dans les mateils parmy dcsrofcaux , 6c pouffe vnc Ec ii8 DESCRIPTION DES ARBRESa infinité de branchcsqui (c traifnetitdcçidc la, ea confufîon , ^ s'embarafTcnt tellement, qu'il eft im* poflibfe d'y faire vnpas , fans fe faire vn chemin i coups de ierpes. Il a quantité defèiiHtçs rondes, larges comme le fondd'vne afllettv licées, df dou- ces au maniement. Ses fleurs font iu.unes , & prcf- que femblables à celles des Mauues mufquées. On tire teicorcc de cet arbre, laquelle fe leue fore fa^ cilcnient : on la coupe par longues éguillectes , & celaferc de cordes à tous les habirans, & fonc beau- coup plus fortes que Tefcorce du fouleau , que nous auons en France.M eft fi vtile & neccflaire aux babitans pour monter le petun > & attachât les cofeauxfiir les chevrons poui «ouurir les cafés > & pour vne infinité d'autres chofes ; que la ikire vaut à prefenc dans l'Ule de fain<^Chriilopbe>. vnc liurc de. pcti ti- . . . f Dis Crocs de chien. 3: Xfc , Uiov i^'i-îb rticriwi^i :Ju otîv.ô 'Ou5 auôns encore vn auciie arbre aflez vcilc auxhabitans, qu'ils appellent. Crocs de éien^ à caufe qu'il acrocheies chiens quand ils vont àla chafle , & les arrefte tourcourt. Celuy-cy ne croift pas lamoitié fi gros que le mdiotjmaisfcs branches fe traifnent iufques defTusIes plus hauts arbres de l'ifle : il eft tout arme de petites épines faites en forme de crochets , èc a peu de petites feuilles aflez femblables à celles du prunier : il porte des fnii^b ,^w A FRVICTS ET SANS F BLVICTS. i.t» iiunes, gros^ooune depccûesprunellcf , ilny ft que ce feui bois dans fille qui puiilc feruir .2 Itixc its cercles » au moins oa ne s ea «ft poiiu icnif d'aixcieioA^uàprefeoc. , De tarhre UiÛffHX. §. XIL IL cfoift en pluficuf ^ «ladirpti^ « jpnucipfthpiiiifiii fur les roches âcmais elles font beau- coup plus grandes$ii\o>M intiment eA qu il ne pop- te »y frifiiâ: oy graine A la cJub^cc de lès fleurs, fc aumefme endroit croiflent quinw ou viagt feiiil'- les longues , &c laiges con^fB^ i^ la^otes de foiir gnards. Quiyouçdroitin.ciîfercét uhx^anplufipws endroits , il rur ce qui le bras , & ibbbles à ;s, il y a de c de petits le quatre deuxinu- itre<»,miis icmoire, ic leurs et- ;s de Gcr- plus ou Ife termi- ic des ef- |ft appelle que foa AFkVICTSfiTSANSFRViCTS. xn bois eftle plus tendre de tous les bois qui foient dans les ifles. le crois qu'il nV a point d'arbre au monde qui croiiTe ^grofliflc n promptemcnt , ny qui vienne auec plus de facilité -, car que Ton fiche auiourd'huy vn bafton gros comme le bras dans vnc bonne terre , dans trois ou quatre ans il dc- uicndra plus haut, que le |>lusbaut chtft^c qui foie en France^ & figfosquc deût boniines ne le fçau- roientémbraflTer ^ fon efcorcceft verte & cfpoife, &a les épinesplusdturs que tous les autres : il cft fort branchu &fait grand ombre y a raifônde la quantité de fes feiiilles,lefquelles font fbrt fembla- bles i celles du manyoc : il fe dépouille tous les ans de fes feiiilles , & auant qu'il en ait poude aucune^ ilportefonfrui(5t,qui cftvne petite forte de petite calebaffe,groffeconime vnœuf,& longue comme lie doigt, quied toute remplie de coton,gris brun, & doux comme de la foye. Quoy qu'on le néglige, ie crois qu'on s'en pou rroit féru ir, au moins à faire Ides matelats. Le fécond croift fort haut , droit , &: ne deuicnt liimais plus gros que le corps d'vn homme : ilales feiiilles comme le pefcher , vn peu plus larges &c [plus courtesâl n'eft pas fi épineux que le précèdent: Ifon efcorce cft grife , feiche, & mince, & le bofs en cft blanc comme ccluy du pin:on en fait des rames jpour les clialoupes & pour les canots. Quelques- Ivnss'ea (èruentiaufli^baftfr!, mais il ne dure pas llong;- temps fans cflre toutrcrriply^^vcili;.i.oqDb Des deux forces de boisépincui^uui^iesi} il y en E. • • « vn qui croift gros & haiit cotnmc y ci «çhefne : il i Its feuilles comme le fécond que iç vieas4c dccri. se y auec cetKC di&tfince qu'il y^ aicius UfeiuUi^ mais iàuiie r : ic. -daAs cotnrtijiede ipr,d£i:einc en iaune comice du£it p^liraii^ ovi'delambarbe j elIceftameiief^Qsanit £eL Les Sauuages s ai feruenc pour guedr les vieille* viceresde laycrolk, &^*cil: vûibuucfaio remède; car il les foulage beaucoup. , . , . ■ .. . , Du hûisilruk ou laumr aromAtique» % X v;. {Et airiiïe ctt«rne c^eccdeiaurkr /^qiuicroHt| [pouftiCaiTT exccrffiuemerrt gros y quand âeA csl bonixcteirie de des lieux humiàcs : il a Icelcocce iïoi» awft ' e & fi-polic , qu'il fcmblc Ufac ce foit ie ioiil d épouiUDdcfiDn ofcoire;cUe 0fbmimce,>iiartaArin| gffadc auigoiiib^&foèc^c : Se8femIie5fontp]:dfi]uc L'Àco ark me celles |parlcmil VHfrtiia'i dcl'orjdai luy des oli ^uc pourt ^cétarb «ndroics,^ A FRVICTSET SANS FRVICTS. t*f fcniblablesà ceUcs du l^uiicr , mais vnpeu pins r0upl«& plus rondes^ cllc$ f(|^n):ç|K Iccipuddcgi- ropnle , &: ont vn gouft de caneUp piqu s^nc » aftrin- gonc £tquilaiflcdansUb.ouchp vnapcciEC amercii- joe qui at;ftpas dcfagr^iib^. Jy^^haWatiSy^mç/^ me les fauuag^s ttnayknt fhm routç^ IjQy^irS &ulces^ Ce bois eft le plus dur » Ic.plus plaia ^kplusmaf&f & le plus pefanc de tous ies hoi$4^f99h d'p^ viçnt I qu'il co^lei fond comme du plQmb; l.($#be)çft dç couleur de cixMr,Â: le cocurde rafbweftitput vio- I let , & fc polit commcdu marbre e;:ile tr^atiaillant^il ne fe pourrit iamaisXa d$Coâ:ion de. ^^eiiilles cft fore tierualle y foulag/e beaucoup] 1^ ^ialyciquc^ I c|uifont dans le pays i>ôc faicdcfeisâ^ ^f iijdropi*- Df mis finies iAçom^u T •,î.\\Ji4 comme le bujrs nouucl- 1 lemcnMrai^Hé. Mais il fe ternit & dcuienc b! an- 1 chaftFeaUccj^|:timps : il eftplain^ dur «pefant^ ôc\ coule a-fettdtî On rcmarqueqae fort long- temps après efttè èôùpé, le cœur en eft auffi (âin,humidc, &rplein de fèiie» <]ue G on le venoit de mettre bas. l'ay veu des poutres d'Acomas de dix-huit poulces en <}uàrréj^ de fixante pieds de longueur.Celuy. ià ne croifli g^^^'qua la BafFeterre delà Guade- loupe. Il en croifl Yne autreibrte à la Cabfterre, qu'où i appelle , yi comas baftard. Il ne vient iamais fi beau ny fî haut que le précèdent , ^ n'eft pas fi bon ai baftir. Le troi/iéme qui croift aux cnuirons de la gran- de Ance 5 oacrece qu^il conuient en tout aueclel premier > il acela depirticulier,que Iccœur en eft| rouge comme du bois de bicfil. ... * \ " "y ' ■ ■ Dedcuxfims iAcmu\qtài(t(forùntfoimi4fruiSi ;i-2w:q $. XVIL LE premier ef);i*^r4/i9ii rouge ^ que les Hollail' dois àc les Anglois appellent très mal à prœl pos Cedrc \ il a Icfcorce comme celle du cheihe^ & les AfJ ksibuill ttcJlpar aamiiici doftYnoi fc nourri ne, leur i fans aub( pas moin ny donr dans Icai de l'effeia tlmilJeùl frâs. il e; comme '\ IC!ftCf,tlc tiîccmm titesbajic pieds |dc gufiur. fil vnc telle: efcorceei quandjDéj cuiflc^ p] fvne ^aiiÉ iilçs. Le fec ilafesfcii: m rouge ^\ le coupe3 AfRVlCTS'^ET SANS FRVICTS. us icsfeiiillfis qiu/îtoutcs iimblablcs ^cfltfi^ ctsAfr^f- ae.Ilpane de grands bouquccs de fleurs ligne^fip^, aa milieu dcfqucllcs ilya vnboutoQgm , oupliii^ iloft Ync faconde glaadcanclc doutksPçjrrQqi^içcs fc nourriffiant^ & quand iJa majfiigcJiJ: de i^çcftçgr^' ne, leur chair a Iç gouû djc l'ail : foi;» bojs cft rouge, fans aubel, plus tendre que dufapin ; mais il ncft pas moins vcile&dç mopfi longue durée : Le ver ny donne iamais , il refiltc mefme long-tiîmps dans reaufansfepxMiccirs d'ouyi^fie <][a o^ji ei^ fa^ de ïçSeme pour cauuttir 1^ niaifpns à gMifç d^ ttiuilleûl a vme CMLeurapprocl^m^dç celle àcS49Çéir fr4s. Il oft léger & ne coule pas au fo^44e rcau, comme la plufpacc des bois de rAmeriqu^ : Au reftef^ tlcroiftii iprodigi/eufcment gfa^d, que Ton clrejûQitmmiificmeAC deibn^roncdps canots pu pct titesibaiiqufis toote^ dVne pièce , qui oru fi^ à fcpt pieds idciaj^g^ , ëd quarante^icds^ plus it lon^ gueur. Jugez. quellé;ir&re c^doit .^ftxç ppuf'^iigG^ vnetelle}>k£eidcfoacœur.; QuAnd oiii^ilç Ço^ e(corcéentemps£ec , il iectesis la g^mme toute feixfblableàla^mn^ Ad:ali)iqaé»mais m G gcasjf quandjDe, qu&i fin ay x^tfi i*>yjsi arbre g rps çomn^ l(i cuifTe^ plus de 6x tiuMspour rsit année» Il y ^a vne grande quonticé de ces arbres par coûtes ctf Le fécond cft celuy qu'on appelle î^w<^i/4«f» ilafesfeiiillestoutes femblables à celles de t^éca- iou rouge ^ le bois en eft blanc, fort tendre quand on le coupe>mais il deuient fidur quand il cft f 'c,qu a tiC DESCRIPTION Il?ErAKB-K.lS " grande peine y pcuc-on faire entrer va clouid à for- ce de coups de marteaux, il cft pourtant fujet aur vcrs,ôi ne dure pas tPtu: que le rouge. le nenay ia- mais veu dé plus gros que le cor^s d'vn homme : il ne croift guère que dans les licui humides. DedeuxJortcsde^tjommUrs. 'iTi^T*.! : Z'Ii'uAj of' / f' fn ■^ t . -" rfr. f '~) " I ' * - "f. X.VIIL LE Gommier blanc eft encore vn des plus hauts & plus gros arbres de la Guadeloupe : il a fes feuilles fort Semblables au laurier, mais deux fois plus groflcsrfon bois eft blanc,gommeux, dur, fort , trauerfc , & par confequent tres.-difficilc a iticttreen oBuurc.Onenfaitdes Canots auffi beaux 6t aufli grands que ceux iAmou, Deccc arbre di* ftille & coule la. gomme, Elemy^ en fi:grand:e abon- dance que i*ay veu des arbres aux pieds^defquels il y^n auoii plus de vingt liuicssblanche comme nei- ge. Ccpenféant on n en tient aucun conte; î'^^ '? Le Gommier rbage eft vn arbre touiàfait inut'I: il 8 leisfeUilles afiêz femblabies à celles de l'Aca^ fou : fondfcorccdftitongei&ïhftillcvnegbmîTie fe tiblable à k Tcrebentine. lufqii aprefent oh r. a p 3int remarqué qu'elle ferùeiJiucune rhofc : fon t>ois eft extrêmement tendre , 5c fe pourrit enpcu mg:> f » '('j J< u ,':\iii. • •"i :\lJf\VQ-: -i A TRVICTS er SANS FRVICTS._U7 .o 'iï î^.?-' xr'î'x ""■ ^'^^^'^ ''^^^'^' ,î1 CE que nous appelions bois de rofe dans la Guadcloupe,eft proprement cequc leshabitans delà Martinique appcllet bois de Çypre. Il cft trcs- ccrcainquilyade deux fortes de bois de rofe , que nous confdftddns (bus ce nom , fans nous feriiir de ccluy de Cyprc , dautiant que les deux arbres fc ref- fcmblenc fi fort , en leur hauteur , en leur groffeur, cnleur efcofcc, en leurs feuilles, en leurs fleurs , 6c en leur odcur,que la plufpart des habit- tis n'y met- tent aucune diftindtion. l'ay pourtant veu dans la Guadeloupe quelques curieux , qui appelloient ce bois que les habitans de la Martinique appellent bois de roCe^toismétriréi àcauCsque le coeur de lar- bre eft comme jafpc de blanc, de noir, & de iaunc. Etceft la feule diftind:ion quoi y ay pu remarquer. Cétâirbrd £roiftforthaut& droit : les plus gtos ne fçauroiettt guère donner plus dVn pied en quar- I ré:il a fes feiiilles longues comme celles du chaftai- gttcr.,niais plus foupTes, velues, &blanchaftrcs : il porte de gros bouquets d« petites fleurs blanches, & par après de petites graines noires & îicccs.L'cf- corce duboiseftblancnaftre, &c prcfqucfcmblable à celle des ieunes chcfnesiLe bois a tant de rapport au noyer , quand il eft mis en œuure , qu'on auroit delà peine a le dHlinguer. En le trauaillant il exhi" le yne odeur fi fuau^ , que cçlle des rofes n eft rien Ffij it8 D8SCRIPTION DES^tANTÎSI à régal i il cftvrayqucUcfe diffipc aucc le temps, mais elle fe fctioùÉiêlic ijiïiiml ôft éoupe oiiquc Ton frotte bien foa^ le bois. Il eft très bon pour baftir. #* X x: LE bois vertcfoift pourl'oirdiAaiiEeeci ImifTon conmite les greffes épines bknf bes , il eft fon chargé de petites feiiiUes vertes &UGéeS|aâèzrem» blabiesàcellesdabuis y mais ynpeti plus grandes: Ton efcorce eft gro{re& polie. On n'en Voit gaére déplus grosquelacuifTe : il atoufioursvn poulce ou deuxdauDelblanc I &toutle coeur du bois eft verr/of t br un, &i m^fine plus noir que vef t * il y a quelques reinesiaun«s méfiées parntyv Ilfe pollic comme de 1 ebeine^^ noircit û bipn auec le tempsi que lesEbeniftes le fbnt{<»uuent panerpourdelâ vraye élbreine. Les Teinturiers s en teimem pouc teindre en vert na^aiu:c e£^ vtKt afS» bonne mar^ chandifei que les Hollandois rechcfchfint. S'y ena vne graftdc<}uantité dam la Quad6loupe,4^oçpei^ dantonnoar&itaudune^ftime^ r ci ?,cit? .Ir^n^ "^m-. Des îê'is Rflfi^s qui ^ntbons i haftin ' ^''-v f." XXL. • -■^^•^ •î«q "m, IE naurois iamais-faiCi fiievoubis décrire toutes les fortes deboisi rou^* ^i k renoontc^idans A BRVI CT S E T S AU S FRV IC T S. »*f cette iùt. U (uffit poot mon ioSiin ^ 4e dire que) ebcû^ue qicnncar/c'cft àdiMJctonidmx^ltoai^ ^k>4jâM|« bctti^'^ 'produit cci^arbrcs^xtetaok rotigo differcQCSi icf^kla plufparc ne cedetitpoint à cdtuy di4 brefil en bcaucé. Tomcesboftiougestbiic pleit}$^ m^iii? fftfsàitsôi caulcàt iu foTiây âc def(|utl$ ici/r ^i>rrt rjnjHv i Ji $1 XXI t ^ ^ IE ncfçay fi larbrc que ic^çux décrire^ & que nos habitans appellent , hVtsde Jtry à caiife de £ grande dureté , neft point celùy qùèSi^aligôrdk crpiftreeri la grande l4»4^ iS: que hon àflèure ailoi^ laino<âled)ej^r : mais ic crois;, q^eVitenàuoii /il peu.plus amplenifmdifçouru / nous t'rouucrjofi^^ qpeccûlamcfoeçlnoïè » Ccfaïbreci'ôîft iiifdua yûÇTDicqwe &dcmy dehaut-çur ^ & gros cdfhtùe le corgsdvnhonwïîiC : Spiiicicotceellpfciquclerii- fclaole a celle dW j^fe^sÉ^f ii? i ina» plus api^c & Vii peu Îl^^S W?* îî eft jfprt pl^^^ cfe ^étltéi suillqs , .if;pof te vn grahanorBor^^ qucts de fleurs Temblables a celtes du Lllas, é^met^ meplusbçU^s > ^ en figrande abondance vf)^*^^ femble qulln y aytque des fleurs fur TarBre: ïout Taubel en eft iaune &^rt &r , iitfques vers le cœur Qu il a fort petit,& decouleur de fer roiiiIl|c,maisfi iur j^que les hachesde la mciîleùre^tttinpé rebtou|- .^..^.. ..;.■:.:.. :-:,r:no;.._.;;o,;:.j^-,..jj, ..,.:: ifo DESCRIPTIOH DES ARBU ES f«nt dcivxs quatul da'lc frappe. (Zét artûrc tout dni qa il 4ft ne Vaut finira baftir. Gommènom ha&iC^ fions nbiis mefmesnoipetkie^cafes^coupay auec beaucoup detraqailvÀCiloazaino'cicrs plus beaux decesatofCsquaiepcteceiacQrirjrcjj ; JEt comme fidusfu(itiescliudrtiaidu dcfremdcl>bd(U^ de plus ferieufes occupations , dû bouc 4c deux mois ;ic fus vifitcrmes arbres , Icifijucls ie crouuay iiiimgez de vers iufques dans ie cœur. Des lois i f eûtes feuilles, § XXIII. 1"^ L lé t^ouùc vers 1 lie i aux GouyaucsV autour de lagran4ç.Ancc , & etï quelques autres endroits de l'iflc ççrj^ains arbres 4c tourte groflcur , qu*on ap» çXlo'l^ois afeihesfeum^^ à càùfc qu'ils focit chargez e petites feiiillesaffezfeniblàbles à celles du buis; ic attachées à de petites queu<5s fi déliées \ qu'au i;no|n4rçyent toutes ces feî^iltcs tremblent:re(cor* cç de CCS arbres; cft xaîpcè /coîtlhié tcjlci 4uL boi$ 4^indie » mais 4c teihps eh temps là petite efcôrce fe IçueJJ^leroulecpçnmc de l^^Çanélic , li neluy en marjqiîc qyiclic gpuft'& î^odiià^/te bois de tbtt^ ces aitrcscft trcii-bonaKaftii",; iï p:ft pefaiit Çc it^ vn fruiâ: prcfquc \îond9p6sc6mms)fP/^h4hi^m rouge. &s moitié noit^ - I^çs A w ^ Us Pçi;tpç[uçt% font fort ferandi de çç fruiç^l)s^ftif»i5^ pi>.en.peu5fair |rc de belle menuy fer ie.- . i^ iil ol ^i u là De iWfef , qui^fprï^nt ksfiuànettes^^^ .,iy^\ .1 7 -■ ^' L'Arbre qui porte les (auoiictes croiftdans tou- tc&cesdfc eh abondante ^ellpng de feïïïCf, danslfeiJieùkks pUisfçc«,<5i JesplusâridesJl pout fc vn gros tronc, qUipour l'ordinaire a deux oti trois pieds. Des fa çaaioe il fç fourche,il fe fep4re,ou fc dii- &en plufieurs braoclK» groi&s ciQnmije laxuifle^. k'4 iit fffiSCWPTîOK OES ARtfRES éha€tihe4é(qiiol)ies;fîiic vn affisa bel arbcchaut dV^ ttcpicque,ftance de ce-ftirid dt elaîre^glUdfité iJOrtîfifi^de la g^tomc Arabique, qt^ 'ri'eft pi^ ^«dôFc^figéd^L^iwy attidexse fi!4wâ:iÉ noir, rond , S^îgros cortl^^ vfiemôychncjballexie mouiquct ;^n en fkitde« éhiàpeleis cfûldlempir Àin'eir,^iaé'jbàs^VH^yfcàu^*«n'hî«uige^^^ au lieu. ' pe , ou pluftoft Tue façon d'épy oii panache , char- gée dVn nombre innombrable de petites fleurs eftoilces 6c iaunes , comme vn épy de bled pieur. Cela venant à groiflir l'eftuy^fe féal , «Wure de bout en bout y ôc donne heade (brtir àcette pana- che. Par fuccefllon de temps toutes ces petites fleurs tombent , & ne refte plus que les petites queues quiles ont part^es,att3ichécti a la tige de cet» ce panache,qai eft groflc comme le bras , ôc au def- fôus de ces queues naiflTentdes fruiéls gros comme desballcç y dëfquelles onioiie àlalbngae paulmQ. Ce fruid^ eft enuironnédVnc petite elcor ce grifa- trc,mincç>^ tendre , quifefenneAr tombe auec le ump£:mais tout k dediân^ da>6uiâ;eft dur comme .i^ A FRVICTS ET SANS FRVICTS. «jy dclacornc, blanccommc neige', & fort agréable^ ment duicrfific par des petites veines rouges. Il y a daa«; le milieu vn petit noyau rond , vnpcu plus tendre que le fruidè , que 1 on mangej mais iJ faut auoir de Donnes dents,&irc(prcuuc,pour le cafTer. Immédiatement au deflbus de ces feuilles dans le gros de Tarbre , on trouuc la moelle ou ceruellc, que les habitans appellent chou falmifle , qm n cft autre chofequc le germe des fcùiHes , ou pluftoft b feuilles nouuellementformées dans le tronc. Te ne vis iamais rien de plus blanc ny de plus tendre, &ccla al« merme gouftque les Auelines',mais i en manger quantité^ie troaue qu'il charge leftomach, d^conftipe beaucoup. Quelques habitans en tirent du vin, qui ne méri- te véritablement pas d en porter le nom , car il ne vaut pas la picquctte des vignerons. On fc (èrt des feuilles de Palmifte franc ,. après les auoirtreflces, poijH: eoiiurir les Ca(ès^& cela fait vne belle U bon- ne couuer turc. On fend auflî l'arbre de bout en bout par la moi- tié, & après en auoirtirélccœur,qui eft fort ten- dre & filafleusjon en fait des goutieres; Les Sauua- gcs font des Arcs & des 'toutous de ce bois , ils ea terrent auffi leurs flcchesi &cela eftfidur, auVnc flèche bien décochée perceroit vn corcelet, dé fer. Le fécond eft celuy qui porte la graine dont on fait ces beaux chapelets marbrez. Il ne diffère d a- ucc l'autre , qu'en ce qu'il n'eft pas fi gros, & que le %y6 DESGRIÇTION.DES ARBRES frui^k ciieft pluspctû. Les deux autres fontcfpi- neux , dont le prejmiercft gros & haut comme le Palmiflc franc : il croift tout de la me fme façon, mais il diffère d'aucc luy, en ce que le troncde l'ar- bre efttout armé diépities très dangerci^fes, Ion- gués comme le doigt , grofles comme des fers de- guillcttes, mais plates, aiguës comme des cg'iillcs, noircs,&: polies comme dugayct Sesfciiiilesibnt auffi vn peu plus eftroxtes Se plus éloignées les vncs des autres'.C'eftpourquoy on nés enfett pas à cou- urir y les branches où elles fontattachées font aufll cpineufes. De plus,la gouffe ou l'ettuy dans lequel eftendofe lafleur,eft comme velue, erpinculc^. de couleur ranncc. Lefruidl a l'efcorce (èm;^lablc à celuy de lautrcmMi: le dedans cft noir.On en fait dès chapelets qui font de prix , & (ont plus beaux que ceux du gayet. Le fécond Palmifte épineux croifl: tout de mcf- mc que les autres , mais il n eft iamais plus gros que la jambe : Ses épines ne font pas plus grofles que des éguillcsà coudre , mais deux fois plus longues: elles font fi drues fur le tronc qu'on ne fçauroit mettris le doigt entre deux. Le fruidt n'eft pas plus gros <[ue le bout du doigt , rond & rouge comme vne ccrife. Le dedans eft vn beau Coco de couleur d o liuc fort brune , qui fans doute feroit bien yen- durç comme du fer , & tout lereftc eft filaflcux cpmme le cœur des Pàl- miftes. Il y a enuiron d^ux pijçds de l'extrémité de > l'aibre enuelopezd es. " j 4. doubles dVn certain caneuas naturel, qulfemble auoir efté filé ô^tiffu de mains d'hommes. Du haut de larbre fortent quinze ouvingt queues longues decmq à fix pieds,vertcsr ^ dures, comme les branches des Palmiftes & tou- tes fcmblabies à des lames d'cftocades. Chacune Ide CCS queues porte vne feuille, qui dans fon com- mencement cft toute plicée , comme îeséuentails des Dàmoitcllcsde l'Europe , &a pour lors deux pieds ou deux pieds &:demy de long. Auec le tem ps ccrte feuille s*OLiunf,i&rsVtl:cnd'en rond:& a vn de- my pied près de l'extrémité j tous îesplissentrcfe- parcnt^d: font autant de pointes oU'de rayonsjqu'il y a de plis dans lafciiillei de force que la fciiille ît la figure dVn Soleil .rayonnant. On couure les Ca- jfesde cesfeiiiUes. LcsfemmcsfAUuageffesen font G g iij. / M» DESCRIPTION DES. ARBRIS desparapluyes¶fols , & nos Dames Françoi- fcs s'en feruent auffi Biètitjtfèfles a faute d'autres. LesSauuagesleueni lapeauoure£x)rce des queues desfeiiilles dcLatanier,pburcn faire des Hehetchets^ dds petits pamcis>^ des Âdatautous, & autres fembla^ bdosTpents oauragcs. Au rcft£i> le bois djc.cét arbre eft le plus commode ôc le meilleur bois de toutes les ifles pour bafliir des Ca(cs ciOn s'ofi fert auiTi (aprc$ Ickauolrv^dez ) ilkLre des canaux pour oondiùicJûs eaux des fontaiioes. DE TOVS LES ARBRES C^î PORTENT des fruiâiSyCanc de ecâi^.^uoti mange, que de «, ceux qui font vn peu confiderablcs. CHAPITRE SECOND. De tout ce qtlily 4 iArbrfis,frusMien d'ans C€yiJks(jHt noui'uoyons dans JEMrof^, C>lEs ifles font k véritable pays 4es Grcnadie», I Jdes Citroiaicfs^ 4e5 Limonier» * & des Oran- gers. Les Grenadiers ncsy d^ouillent iamaisdc leurs feuilles,corame ils É^iic dans l'EuropcûIis por- tent en abondance » quand toutefois on a foin de les ém<>nder j car autrement ils pouflcnt tant en bois&e» vert, qu'ils s cpuifent de leurféue, &ne portent guère de frui.d.ll n'y a que dix ou douze ans que nous cnatjons dans la Guadeloupe. Il APRVICTSETSANS FRVICTS. n^ Les Ckrofticrs portent au bout de dix-huit mois qu'ils fontplantcz', & fout en toute l'année chargez defEU46ts,"de feiiilleSj&dcfleiirs. Toutes les forres de Citroniers & Limoniers , qui fe trouucnt dans l'Europç y y croiffeat en fi gr^iitdé quantttéj,qu ou enfaicauflîpcud'eftimc, quede^ moindres pom- mes (aiiu âgés. Il y a auflî vncfoitcidcpctits Gitroniers , que le n'ay point veu dans l'Europe, qui portent de petits citron» gueie plus gros que à(t$ œufs de pigeons, qui ont l'efcorce fore mince, & font très- abondans en fuc : ils font fort feuillus & épineux. La fciiille cneûpititecommc celle du filireas.On en fait des I kyes hc àt^ berceaux , que l'on tôrtd de trois mois en trois nVôisî&rcelaeft trës^ agi dabfe; ' '-'''-' • -* Touticf fof te d'Oràttgèrs y foni^cn auffi grande labondance qucles Citroniers V ils y croiflènt gros & hauts comme des A tocotiefs,& portent en tout bctnps. On remarque quc;lcs graines d'Oratfgéfk Ifont aura«t danîf k-odttè au'pàrauant que* de paroî- p, que iespouiSns fottt foiis lapouîe auant qiïc tcfcjore ; defotec^^qiki intettant auk>urd*bliy vné poule for fej «éfttfir, !& fchia nt ; dr I a • graiiie d*0 ran;i kcrs dans la' terre •,' lé ving:-troificme iourenfui* jwantles pouflîusibrtent'dclacocque, & les Oran- Igcrs delà terre: '^^'^^'^^ < -»?' ^-^-' ^^^ v^^- • "^^ Ceux qui font fiialrds do ranges douces,feront lauertis que c*efl: vtie chofc dangcreufe d'en faire or* iinairç , dautaiu que cela fait des vlcercs* àms lé îndemènt , ou par après les vers s'engendrent, &r 140 DESCRIPTION DES- ARBRESj quand ils y font yne foisjil faut mpuririî qm jjc fcait le fccretquc fay appris dVn Brciîjien , c^m Cildç donner de petits la uemcns au malade aucc de! Cc^^ de mcr,&: du,fuc de petun vert. iio JLes figuiW;Sdc4a France y viennent audit aiuLi Dieu que dans laProuence , & portent tout au long de l'année. l'yay veu quelques Daciers, mais qui lù- i\Qicn,t pas çnçorej) orté de fr uidt. , 23hr - ' ^' •■ ■ ' Pe deux fortes de CàpiersoH CaniÇders, ANoftre arriuée dans la Guadeloupe , nous auons trou,uç, yn gt^ni. nombre de Canifi- 4:iers,oUiÇaflîcrçr, qui i^ns isiVS-P eftoient naturels au pays. Ce font de bc^yx & puiflans arbres (ju! ont lesfeiiilles toutes fei^ib labiés à celles de I^Aca" fia y que nous auons enFrancej mais deux fois plus i grandes» Quand ileft dépoiiillcde fes feuilles (ccl qui luy arriuc tous les ans vn^ fois ) il fe couure cn-l fièrement dç grands bouquets dcj fleuis,longs àn\ bon pied, a guife de pani^çk:- ^ JfJçQuJçUr de fleurs dépêcher, (ur chaque bouq^ii il croift vnbafton dé caffe , oudeqx tout au plus. Cqs baftons ont la forme de ceux du Leuant , mais ils font longs (lc| deux grands piedsj& gros comme le bras: Tefcor- cc eftbazanée , rude, & fort difficiles rompre. [Lcsl petites feparations qui font dedans , font aufsi ex- trêmement dures ; de force qu il y a bien dejapei- nci audi bicu 1 au long de aisquin'a- aers. p^itcfcait I ^pili4nfiprr,icjDÔ$;^qw tirer Ij^ j^ijpç.: i^ai^cfta, vi^ '' "" ' . du ic,uftOpqu^.delJ€,çft récente #ca!ei^^^^^^ qu'clie.cftqup^aQtiCMnp^à i;^rm^y^ fcgaftç^ Onapia tiQOÇ pQyrta^^uçuftçppatiq^ctenij l^pays:. f çifc aiy, '!«u çoupei; ftii;i|oftigeplaçç de U jijàfecQiïiie., plu/ide cleg4:^ çen^ pipdj eavne ai^nee^ Depuis ({Uiciques. a,nnée5 les haibiuns fe fQ^t^Cr nais àptancor des grainjçs de ça0e du:teuaac , qui^ fonç parf4Û:jQiïiçni£bÀML venues , ^ apportcA^ v», gr^od pcpâo à lou^ maigre > c^i: i^ÎQat; des rç^te% qui vieoAcnt cous lei nos dos, 9uçu|i t^a^aiL ÇçS( arbres n^çrioiilenc pas f^ hauts, q.uA les autres , ils 9At liesjfeuïUefi^lus lorïgufis, ^ pluspojies. : ils s'en (JcpouillftnjE ô< fteuriSeixt cointne les autres y ra^is; çQtce flcfU/ eft iOiUne. A,ureiJ^,UçaflçeaeftauiIl t^QUej.aRflBiboiine, & auiS pleine qM^g<^lfttti<é(tfc (Sfcte^bttnne^âeeËr. ^ie^bciiis île ÂafmfiM;. Ces^ri9$iiDsVktih«nt^ngrâF^fc comme £tai[réux^8rt6Ut^{)(el<çi4idàt',^'èti^lt^ '4bhi Sa ^tiiêxfe ^ti^àtt cafiAi^tob , -^ "àh 's^tn fet i]f)iâWrfairt;' à guifedVne petite poyre. , A'F«VlCT^ETSftNSïR.YrCTS. a^y iijti'cfcorcclcftfôrt dclicace , iaUnc tk rouge carti • itacvtKctnk'ypàtloscnàtùits oiîle Soleil abonné. Taut le dedans dufrui(SI: tt'cft qu vrlc filaflc fpotx- igieufe^, toaceren)(|3iie4vh fuc fi acrc& fiaftrin- jènc tqaandileft Y(^C6) qu'il' ^rondâiagorge; mais il'eftitcos-agredbte'^ t0e^eltdieur, quand il efl meur. CetfrdtA na aticane gtv^unedfedansi'mdis au Ibouc dufmtâil y avne'noiicde laiigure £r grôf- liirar dWtidignoArdelie^»^dbilaii$ ebc'cè aorx (srn^noyàa^os^camime vtie (im^ndo^iBcmefme fneilleiin:'4que>t^ameiide^ui fortifie beaucoup Icftomach , quand on le jiwngc À;|eua. KBeukrquiointabmidadoc'dib^cefmiâ) en foat'dis Mihrqaieft cre!rj9outie i^jij-.): ^■J 4.'/ "isi. .--i-. .1 » liC)/.. f!' / rJr ! L'Arbre qui porte les Gouyaues .> fcmbteh'btt^r point defcorce. Si on n a le foin d'émondcr & coupttfcs tydtt$»i& tèjcàolîs quM pôUlfë de fon Eicd,il croift plus «nibviiffbn qu en arbre. Il a les ranches fore efparfcs , fait grand ombre & occupe ^btaocot^ote place. Ses^tiilteKde douces, & daiJ grcs,commc les pommes. G'eft va excçUcm fruift lequel on trouue d'autant plus excellent > queplusj onennàange. , Quand ce fruid^eft vere, il fert au flux de fang,&| referre le ventre ; ôc au contraire quand il eft mcur, illafche,fans exccz coutefoisjcaron n'en peut maaj ger fbn faoiil fans en eftre incommode. Les foJ mentations de fes feuilles boiiillies , font defenilci les jambes aux hydropiques. On fait aufli vnjfirop des ieunes rejettons , qui efl merucilieux pour les diflenterie$. .... i\ Wlfn ÂfhriJpAu qui forte de fetites cerifisl I * * I L Ce erouue dans toutes lesBafleterres des illes vnacbriflçau coucfcmbUble au buys , excepté [it util BRES I a'FrVICTS et SANS FRV.ICTS. 147 petites vci-i qu'il n'a pas les fciiillcs fidruifs , qu'il cfoift vn peu ►lanchcsqui| pl^j^^autAque le bois delarbreneftpas fîiaunc, vnc grande! nyfimadifiAux premiers pluyesqui arriucntdans ^'^f'-i^r"'! '*ï^"^^ > *' pouflc quantité de petites fleurs blan- ches , qui remblent.cftrc de petites houpes de foyo faites à plaiflr, ôc qui exhalent vne odeur plus fouc- ue &c plus douce que celle du jafmin. A la chcute de ces fleurs,il y vient de petites ccrifes noires aflcz femtl'^bles aux merifes de l'Europe.Dans le milieu kfruï€t, il y a trois petits noyaux aflcz tendres. Si elles ne font bien meures , elles font ameres,& laf- chcnt le ventre. mt qu'il foie l'ilcftmcur, rde rofcpar re plus mol- : toute rcni- ,mais cxtrc* chair blan- ir gouft que jces^&dai- client fruift it> que plus Du Coudrier^ §. IX. 'J X de fang,& lileftmcur, ipeutmaQ' le. Les fo- L£s habitans de Fifle de la Guadeloupe , ont nomme cet arbre Coudrier , a caufe qu'il iettc des fa racine plufieurs branches , qui s'eftendcnt tout de mefme que celles dtt GoWr/>r. Ses feuilles it delenficmfQj^j. fembla blés à celles du laurier pin , rudes par ifli vnriropljçfl-ouj ^ ^ limées pardeffus. A l'extrémité de fes lieux powB|,jjnchcs,il porte des petites queuës,longues com- me les doigts/ort menues & toutes enuironnées de petits fiuiâs blancs &: rouges,gros comme des gar* dcs/ort delicats,ô^ qui mcfmc en ont le gouft. Ses fciiilles ont vne admirable vertu pour la gue- _ Jrifon des vieilles vlceres, & ce qui eftremaïquable ;s des jflci cil que le deflusde la fciiillc mange les chairs ba- , excepte jçyj^j ^ nettoyé les vlceres , les rend vermeilles , & ifcsl IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) 4 ,^ ^ ,*^ 4K ^ - >' ■«* 1.0 l.l lUUt. mil 1.8 1-25 1.4 ||.6 ■« 6" ► I ^ V) /: y /À Photographie Sciences Corporation 23 WEST MAIN STREET WEBSTER, N.Y. 14580 (716) 872-4503 «î iV ^^ >A. ^ ^ -rcs, crochu& iioueiix,coftfts^& mcflsc^enfitmble* Le bxûsdecei arbres eft couucrtdVnecfcorccgrizo, liram finie iaunc, feichc & d Vngqudfalc,, Le bois eft rouge, plein, ôc maflif. Les fèuitlfesfônt entièrement ron- des , larges comme ynoca^ettjc , e{poifes & fortes comme de la Carte i licées & vertes dans le cœur do l^Ëfté>^mais-Fougcs d^lnslo decliis. Qupy <|u c| UsfidicfUiàdcfi^y piedirv^nedcïlautrs , AUieAn^kii fént pourtant pas4&£ii«og4»iidomb4;e.Bo deifous lapluipar&de^&uilies, it&ncdje pçtitesx^ueujssjcin ^uetU^ dàns'fes pijomieœ plàiycs &> gasniffismn^ s eiiUii?o»f>6àt' de bout en bouu ^ depetitp&flemi ^mmie Galles d^ la^v^ig fle^â^ '^.a fùice de raifiasLgcos.1 corrmc desnoifecDcs-, ârdc' cooleordei^fé. il y fort; peu"^ Ranger d;an& chaque raiiui , à^raUbjOb d xiojau qui, çâ gros comme vnc balkde piftole^X frui^ a vngouft de prune , mais il oA wsï peu làlé. La rbrc^ne porce^guçf e deux années de fuite. I>'A- leckampti di& qi^lque:: cho&^de^cét arbiofou^ ki qut A FRVICTS ET SANSFRVICTS. i4î> gne. Il donne la figj^rc de la branche ôc des fcuïllc.s qiùmcfemblentbiendeflinécs. *" De deux fines de Papayers* XI. LA plufparcdcs habitations nouucUemcnt de- frichées , produifent fans aucune culture, des arbres très-particuliers en leur forme : car ils font gros comme la jambe, haui^vnc picquc ouenui- i;on,droits comme des flcches,& fans aucunes bran- ches ; ils font tous creux ,& n'ont qu vn poulce ou cnuiron,dVn bois fi cendre, que Ton coupe aifé- ment tout larbre dVn coup de (èrpe. Toutes fes feuilles (qui font femblables à celles du figuier de France, mais deux fois plus gri^ndes) font attachées depuis le haut de l'arbre, iufqu a vn pied au deflbus,, p^r des Queues longues comme le ûus , groffes comme le poulce,&creufss comme des flûtes. Au d^flbus de toutes ces feuilles , il y^ enuiron vnc trcnt;aine de fruidts attachez immédiatement à l'ar- bre,tout autour d'icéluy. Ces fruids font ronds, gros comme lepoing^ & de couleur d'orange. Il â enuiron vn bon doigt d'efpois , d'vne chair fem- blable à cellf du melon, mais d'vn gouft doucereux & f^de. Quoy que plufieurs en mangent, ie ne Tay iamais trouuc bon. Tout le dedans du fruid ell creux & rcmply d'vne graine ferablablc au poyarc, & qui en a le mefme gouft. Il y a le mafle & la femelle decesarbres. Le maf- U ^ 0 ■I 4 150 DESCRIPTION DES ARE^RE^ le ncportcpoiaç dcfrui(Sb; mais»-parmy ces fcmllos il pouffe de petites branches menuiés , longues comme le bras , qui fc diuifent en rameaux tous charf^ezde fleurs iauncs à guifedeprimcuers , & qui exhalent vne odeur fi fuauc, qu'elle fc fait fen- tir de plus de cinquante pas. Les François qui furent chaflez parles Anglois de hfle de faindte Croix,ran mil fix cens quarante- cinq, nous ont apporté dans la Guadeloupe de la graine d Vne forte doippayer , q li porte vn fruidi: gros comme le plus gros melon que nous ayons ea Francejil cft beaucoup meilleur que Us autres. Des CallehaJ^iers, 5. XII. LAProuidencc de Dieu qui ne manque iamais de pou/» jir abondamment des chofcs ne- ceflaires , aeufoindedonncràces panures Sauua- gès (qui n'ont i||^ orfe vre,ny eftaingmier,ny Hudu- lîrie, ny lemétailpourfaircdelavaiffelle ) vn ar- bre qui les fournit tous les ans de fceaux,debouteiI' les , de ciieillercs, de taffes,&ea vnbefoin de mar- mites , ôc de quantité d'autres petites vftencilles, C eft le Callehaper qui eftvn arbre , qui croift gros comme vn pommier ; maia plus trape, plus bran- chu , & plus abondant en feuilles , lefquellcs ont la forme de langue de chien , 6c fortent immédiate- ment des branches fans aucune queue , &; font ex- ttcmémcnt dxucs. Les fleurs font d Vn gris vexdat AFRVICTSETSANSFRVICTS. iji rrcs & picotées de noir. Outre que toutes ces fleurs viennent fur toutes les branches , il en croiA aufli autour du tronc de l'^bre. A ces fleurs fuccedent des frui6t^ defqucb on ne fçauroit déterminer la forme ny la grandeur : C eft aflcz de dire qu'ils vont depuis la grofTeur dVne poyre , iufqu a celle JVnc groflc citrouille. Il y en a de rondes , de lon- gues , de quarrécs *en poyres , Se en oualle j en vn mot, de toutes les façons. Ce fruiâ: eft vert &c pely quand il eft fur Tarbrc, &gris quand il eft fec;fonefcorcc eft de l'elpoiffeur d'vn quart -d'efcu , mais dVnbois fort & difficile à rompre.Tout le dedans eft vne pulpe blanche^qui eft vn tres-bon remède pour la bruflure. Il y a dans cette pulpe de petites graines plattes, en forme de cœur,qui produifent le mcfme arbre. On vuide ai- fément cette pulpe enfaifant vn petit trou par le haut, grand comme pour fourrer le doigt , ôc rc- miiant dedans aucc vnbafton. Si on en veut faire de la vaiflelle,onlcfend & on le coupe en telle for- me &grandeur qu'v^« le defire,&le mot gênerai de cette vaiflcUe c&yCouy, Les Sauuages les pindent de roug#& de noir , comnr*e on peint la vaifrellc Je bois en Flandre. Du CourhdrtL L Ç. Xlli. È Courhml eft vn des plus gros, des plus hauts^ 63 des {Éw beaux arbres dupays. Sonefcorcç 252. DESCRIPTION DES ARBRES' eftgrize, fonboismaflif &roagc. Ses feuilles fonp moyennes , fort drues , & deux fur chaque petite queue ; de forte quelles font comme vn pied do clievrc diuifc. Il porte vn grand nombre de frui(5bs larges de quarre doigts, longs comme la main , & cfboisd'vn poulce. Ces fruids font couuerts d'vne efcorce tannée, rude, efpoife d'vntcfton, & dure? comme dubois. Toutlededafl^dufruiâ:eftrem- ply dVnc certaine farine fibreufe , de couleur de pain d'efpice , ôc de mefmegouft. Il y a aulïî dans cette farine deux ou trois noyauxjprefquaufïî gro? que des amendes , qui font extrêmement durs& de couleur de pourpre. Dans la famine delà Gua- deloupe , on faifoit du pain de cette farine , ôc cela làuua la vie a beaucoup de perfonnes. l'ay rrouuay à quelquesvns de ces arbres, des morceaux gros comme le poing de gomme , dure, claire, & tranf- parentc comme de l'ambre , quinefediiToutnyà Tcaunyà riiuille. rayGreuforrlongrtempsquec'c- toit delà gomme de (Carabe ^ ou ambre iaune; mais i*ay depuis changé d'opinion , & crois que c'eft ia^om- me anime : car elle eft de bonne odeur, & exhale vne fènteur auflifuaue , que celle de l'ambre ^flpuan- te ôc defagreable. . » Du (jenîfà: $. xiy.; E Gcnipa eft l'arbre qui porte le fard deicham* brieies nouuellement. venues y far à moins M. AFRVÏCTSETSAMS FRVIcrs. 153 que des*tn eftrc bienlauécs le nez & les mains, on kur^erfuade quelles ne feront iamais belles. Une fe faut pas eftonner , fi après cela elles y mettent l'enchère ; il femblc qu'il n'y en aura iamais aficz pour elles dains les ifles , & quand mefme elles de- uroient eftrd^ unies pour enauoir defrobc , il faut qu'elles enayent. lenay veu plufieurs dans ces env preffemens , & enay marié quelques'vnes qui eu auoient encore dci)9nne$ taches. Cet arbre croilt fort haut & droit , il y en a de toute groffeur.-fon efcorce eftgrize, maffiue,&i et îoifed'vnpoulcQ"; il a quantité de grandes fcuïl- es longues prcfque d'vn pied, & plus larges que lamain. Il porte des fruiéîs gros comme des œufs de poulie d'inde , & ils en ont auflî la forme. Il cil gris cendre & fi mépriic des habitans , que perfon- nc n en mange. On en fait tirer le fue à ces bon- nef fillcs,duqucl elles fe laucnt fort foigneufement' les mains &:la face : Et quoy que ce fuc foit clair* comme^^yne eau de roche , quand il vient à fe fei- clicr,toutéla peau ou il ^É^é applique deuient noi- re comme de l'anccej &?pour quelque diligence" (juon y piiiffe faire , il eftimpofïiblc de TefFacer. Cette noirceur dure neuf iours^au bout defquels ce- la s'efface entièrement. l'aurois affez de charité' pour en fouhaiter à toutes les Dames , qui ne lont (juetrop foigneufes de fe farder , neftoit l'incon- Ubnient d'vn tas de voleurs , qui fe méfient de fai- re de. faux O0ntra<£^s & milles autres fauffete-:?:" par écrit , lefquelles fans doute trouueroient icy* Il iij. -««^ ^54 DESCRIPTION DES ARBRES leur compte; car après auoirfait des obligations,au bout de neuf iours Icuti^ debces feroieat p%cc^ fans débourfer vn denier. Des pommes de Mancemllèl I. XV. "^ IL fetrouue dans toutes ces ifles vne feule forte de pomme , qui a du rapport^uec celle? de l'Eu- rope. Ces pommes font toutes lemblablesauï pe- tites pommes deParadisiquoy qu en effet ce foient de vraycs pommes d enfer dr de mort, autant dan- gercufcsau corps de ceux qui en mangent , que la pomme d'Adam le fat à fon ame. Son odeur cftaflez femblable.à celle des pommes derainettcî , &fi fuaue , qu elle inuite les paflans à la ciieillir , & à en manger : mais fonfcul attouchement fait cleuer les puftules & les cloches aux mains;& en mangcr^ctsft infailliblement aualer la mort. L'arbre qui porte ce funefte fruiâ:,eft tçjfit à fait femblable à vn poyrier , Jp)rfmis que l'efcorce cft | cft plus efpoiflc & fi lai<5fccfnc, qi^ala moindre inci* ^ Jfîon , il en fort vne gt ande quantité de laif^ , lequel ,^ vn venin fubtil , cauftic, & fi dangereux ; que touchant fur la chair nue , il la bruile & y fait éleuer des cloches , qui font incontinent fuiuicsdVnc in- flammation tre^-dangereufc. S'il arriuc qu'il en! tombe la moindre goûte dans vne playc, &quôt ^ n'y remédie promptcment , elle y metinfaillible: mentlagangrcinc. '■^w^ A FRV I CT S ET SANS FRV I CTS. zsf Non feulement ce fruiâcfl: vcncncur,&le lai(î)t qui fore de foncfcorçc; maismcfme les gouttes de jluyes qui en tombant touchent les feuilles de l'ar-» )re , contradcnt les mefmes qualitcz vencneulcs: Je façon qu'il fait tres-mauuais paflerfous cet ar- bre quand il pleut, principalement quand la pluyc commence a tomber : car quand il a beaucoup pieu, & que les feuilles font bien lauces, il n*y fait pas fi dangereux. La viande curtte au feu du bois de cet arbre , contra^be ie ne fçky quoy de malin, qui brufle la bouche & le goficr. Tous les animaux qui mangent de ce fruicSt , excepte / ^rrasy dcuicn- nent malades & leur chair noire, & comme brûlée,/ & ic crois qu'en fin ils en meurent : il fait auffi tres- mauuais de manger de ces animaux , i'en ayfait rexpcrienec à mes dépens , comme ic diray ail- leurs. Les pommes de Mancenille à la cheute de deffus faibrc, nepourriflènt point comme les pommes de l'Europe, quand melme elles tomberoient dans l'eaujmais elles d4euiennentligncufes,dures,& fiot- tentdeflusrcau. l'ay donne quelques remèdes au mal extérieur,, que caufe leèaiâ: de ia Mancenilje , ou iV.y parle de . rhcrbe aux fléchcsi & ca domneiray lors que ie trai- t^nydQs Soldats oiiCattcéks.V OUÏ le remède du mal intérieur de ceux qui en mangent , il n'y a qu'à aua* 1er promptemeni vn verre d'nuille d'oliue , auec de « Icau tiède pour faire rout vomir, & encore il*fauc que cela ce fafle promptemcnt j car vnc heure aprcs> n %y(; DESCRIPTION DES ARBRES en auoirmangCjiln'yaplusdcrcmcdci & mcfmc quelque prompt remède qu'on y pi.iflc apporter, ceux qui en gueriflent ne font plus que languir, ôc traifner vne vie mallieurcufc ^fort courte. Et par- tant , que les friands prennent gardent, à eux cnr mettant pied à terre : car pour l'ordinaire ces arbres croiflcnt le long de la mer. On a trouuc démon temps dans l'eftomach de quelques pcrfonnes qui en eftoient mortes^ vne place ronde, large comme la main,noire,^ brûlée.Lcs Sauuages font des inci- fions ài'cfcorce de cet arbrc,& recueillent fpigncu. femcnt le lai^i: qui, pn découle , pouremppifonncr leurs flèches , lefquclles ils oignent d'vne certaine gomme yifqueule , comme de la terebentine, puis les trempent dans ce lai6l,& les font feicher au So- Jfii), pour s'en feruir lors qu'il vont à la guerre. . Fm de la troijtefme Punie, m T>es Des C I>es c Des De te QVA- QVATRIESME PARTIR DIVISEE EN TROIS TRAITEZ. I. TRAITE". DES POISSONS. Des poijfons de la Q^lfCer. Des potjons des Riuieres. II. TR AI TE'. Des animaux de îatr. Des Oy féaux. ^ I>e$ ^L^jouches. II L TRAITE'. "Des Animaux a quatre peàsl De toutes les Repdles ^ Amfhybies & Ver* mines. ï A 'l iL \^, ^"'3 "1 h • » •• >ti*%f. iK. •'' ,%>' J A »»"•/ f':'^ s V.- i i. .il VIO . \:, i o 'i c a Ci .J- 4 *. •^^' «M i<: \\\ V' < >- < 1 n:' T 7; r i~.-« ï » . V. :t ^: rr t- te-ji ,/ Ci» V*. Vï«.^'^.'j'.'fV> V I ■> • .^i J T -^-K iii'A^^ A'- r;>N •<> ^t \y, ï. V.>'.k;^;v^/A. Va ,Hsj^„s^.,Vi!.-. , V. ;\\\U-574 iv\ ^sr QVATRIESME PARTIE. Diuifcc en trois Traitez. X traite; D E ? I> p I S S O & S. iDes PoiJJins de Ik Ain. 'CHAPITRE PREMIER. V s Qv^ S icy,ic me fuis efforcé de fiiiurc; autant qu'il m'a cftc pdffiblc, l'ordre que ce gtandiLcgiflateur Moyfc,tious affeuie ^' que Dieir a tenu eiïla Création du mon- de;car toute ma premiercPartic,cJui eft vnchîlloi- re des eftabliflèmens dVne Colonie dans vhe terre, qui neft pas connu'ë; nelaifle dans refprît duLc* deur , que des dcfirs de voir cette terre à décou- ucrt , lefqucls font comme des tettcbrcs qui la couurent : ie les ay fufiîfamment débroiiillé dans lUa^fecoodie Partie « traitant delà Température de i^o DESCRIPTION^ paifCMÎftrc taptk foîi^SdLe die hzcttz. , qac tout ce quelle enferme dans fej entrailles. Vousaucz vcu dans ma troi/ïénie Partie , cette mcftn€ tcirre çïq^ & des fruidsfçlpn leur genre; U refte maintenant, pour fuiure les mefmes 'veftiges,de traiter dans cet- te quatrième Partie,dcs Poiflbns de laMer,dfs Oy- fcaux de rair, & des Animaux de la terre. Quoy que lacoftedeBacbariepaffc pour la plus poidbnneufe de toutes les cofles de l' Vniuers j fi cft-ce que les coftcs de ces ifles ne luy cèdent en quantité , ôç bonté de toute forte de poiflbns. le me pEomeu que le* d^fcripcions que l'en feray dans ce petit traite , vous en feront d'autant plus agréables quelles font remplies de plufîeurs Dél- ies remarques & particularitez, que i*ayauec beau- coup de foitiî& jfort.carieufetncnt r^cli^r<;hé. le ne fçay de qui le Reuerend Père Bouton (qui décrit vne petite relation de la Martinique) a apris que non, feul^rnftlljc/tiouf > les .poiflb^^.dç cette ç^o(fcefppft diiF^rems^ mcfoic , «jiifejnçgjffté ims iiçatjoi-»- kiLaED antin ] le Ma tçoi çi: , ôt] la I>Qra io.^ le refte n a poim: de aom: car Qutre que i en pourrois bien noxmncr plus de trois ceii>s , ii^ft c0rtai)Ufqu« to^ii» les poifcns de la ^ Erancç fe rt^mop^^tcnitj auflî fftequcmmont. dans - toute l' Ameriq-ue , qa« ceux du pay^mcfinje. , Vca fuis témoin oculaircjcomeaïant vcu vn grand ttom^ bi^ de Balainea 3 de. Souflcurs, Marçainsjde Rayes>. DES POISSONS. ^ii d'A^ê^s, de Mulets , dcMacreaux, d'Haraiis , de I Viucs , de Turbots y de Congres , de Murcnncs, de iRougets ,de Saulmons, & vne infinité d'autres^ [ dcfquels le dénombrement feroit importun & en- nuyeux au Leéteur ; ce qui me fait croire que fi la pcfchc eftoit auffi bien pratiquée le long de ces cô- tes, comme elle l'cft dans celles de rEufope,tout le Kfte des autres poiffo ns s y pourroit rencontrer» Des Baleines. i. t l i i. •,' J* ■ PLuCcurs bons Autheursont fair^dc fî ample si defcriptions des Baleines , Soufleurs, & Mar- çoins , & d autres poifTons de nos coftes , que ce fe- roit abuferdu temps d en écrire autres chofcs , fi- non ce iqui eft precifcment conuen^ble à mpn fuicc- , , iv^, ' . ■■ • •■•■•? ^ ^ ....j.^.t: .^ : Les Baleines donc paroiffcntle longdecesiflc^ )lus fréquemment y depuis le moi^ de Mars iufqu à 1 fin de May, qu en tout le refte de l'année. * En co maps elles font en chaleur ôc s acouplent : pouc lors onles voit rouler, principalement au matin, tout le long de la cofte, deux, trois, quâti^c, plus ou moins,tx)us d Vne bande fouflant; Se cbnimc ferin- gant par les nafeaux deux petits fleuùcs' d eau , (jucllei pouffent dans l'air haut de deux picques, &: dans cet effort elles font vn certain meugle rp en t, MIW IIP» I ^IW^f ^ ktt DESCRIPT ION .ils fc ioigncnt & fc liurcnt vu dangereux combat, frappant fi rudement des aifle&& de fsi queue con- xre la mer , qu'il fcmble que ce foicnt deux na- uires qui font aux pcifes à grands coups de Ca. aons. ■ ■■ •■^' ■ - ii:f^ *b •■ ■ On écrit des chofes de cet animal , prinâpalc- mcm touchant fa grandeur , que ien'ay iamaispû remarquer : René François dans feseffais^écrit qu'il y a telle baleine qui couure quatre arpens de terre de fan corps,ie veux croire quec eft à la petice me- fure : car en plus de doujee milles lieues de mer que i ay fait ,ie n'ay iaraais veu de baleine, qui en appa- fencepojjtaft plus de cinquanteou {dixamc pieds de longueur ' . ^^L'hiftoire:qua écrit Garcie, touchant lapcfclic ^capture des baleines par les Saunages de T Amè- riquic, me femble encore fort fufpeâe. il dit que rAmericain , qui nage comme vn poiflbn, voyant venir ce.colofle animé vers la cofte , prépare deux tampons de boisyfe fournit d vne maUuc , & luy va çQUfagQuIèmènt au deuant; & s'eftant dextremenc ÎjBtcé furXon col,&luiaïât lâiffé pouffcrfon premier jet d'eau,d preuicnt le fecond,luy fourant vn de ce» tampons dans vn de Ces nafcaux a grands coups de jiiailu»ë } ^ que cet animal fentanc qu'on luy cha- touille fi rudement les narines , fe plonge au plus profond de la mer ., entraifnant auec foy TAmeri- cain quila tient cmbrafféc. Alors,la baleine eftant contrainte & prefféc de rçCpircr, remonte fur Teau, ^cainfi dooneduîemps àrAmciiieain , dciuycn-j IX combat, queue con- nt deux na- ups de Ca« ant U pcfcKc Cl dcrAmè- :c. Il dit que "on, voyant reparc deux [uc, ôdluyva dexcrfîment fon premier ntvndeccsl ds coups de' t'onluycha- Dngeauplus Ifoy TAmeri- leineeftant Ecfurrcau, DES PO ISS ON S.. ih foncer fonfecond tampottdans l'être nafeau, ce qui lobligc pourvnc féconde fois à s enfoncer, ou pluftofl: à fe perdre au fond de rOcean,Qu ne pou- uant plus refpircr ny faire éuacuation de fes eaux» elle s eftouile & fe noyctouc enfemhle.Voila à peu prés le fdns de fon hiftoire \ mais ie vous afTeure que ie ne lay iamais vcm faire à aucun Sauuage de l'Amérique, Jiy oiiy dire qu'ils^ l*ay ent iamsiis pra^ tiqué. le tncn rapporte à ce qui en eft^ ; » c On voit plus grand nombre de baleines aux en* ulrons de la Martinique , qu'à la Guadeloupe , dau^ tant que la mer y eft plus crcufc & plus profonde, d'où vient qu elles peuucnt fréquenter ces coftes auec moins de dàngcF,. que celles delaGuadelou^ pe , lefquelles font moins profondes, & où il y a- plusdeKayes& hauts fonds où elles fepourroient I plus aifément échouera fe perdre.^ Des SMfleim,- *. in E Soufleur eft yn grand poifTon , qu'on pour- roit auec beaucoup de raifon faire paffcr pouc vne efpece de baleine , fuppofc qu on peut mettre du genre dans le mot de baleine : car il a tant de leiTemblance aueccét animal , qu'il ne diflere da» uec luy qu'en grandeur -, il fouflé Se feringe l'caii dans l'air par les nafèaux, comme la baleine , quoy Wu'cn plus petite quantité ; De forte que pluiGcurs m prciuiçilt pour de petits baleinçaux> quoy que i64r , DE SCRÎPITI OM ce fort Vttc toutd diffdrcmçcfpeccjde poiHbû. Ilj vont en bande cbmnie les Maryçoins > &(Cie faut <:|ue /lâer pour Ittsfaite arreftsr taur <^ourt ; :j& les faic&appirclcliertles nauires^ mais/il me fe^faut pas iowcrà Icsvpîeidre : car ils font doiiai; dVrio force il cxtKioniinaîrc,qa vn Capitaine de nauirç m*a af- ieuré cju'cii ayant fait vn iour harponner yn , il fit -vn /îifudsiKc rffàrcfuria^ corde qui tenait le harr pon, qu'il fie éclater, la grande vergue de foiimaft, où cette jcordc eftoit attachée. Ils font en' grand Jiorabrç par toutes CCS çoftes. r • ' ."'» '^t , L^/Lttnfiatitin cft vn poiflbn tout à fait incon- Inudans p'Europc: il porte quelquefois iufqu a quinze ôc feize pieds de longueur , & feptoa huic de rondeur de corps. Il a le mufle dVn bœuf, Icj yeux d'vn chien, &la veuëfortfoible : il n a point d or cilles , mais en leur place , il a deux petits pçr* tuys, odà peine pourroit- on fourrer ledoïgt, il en- tend fi clair par ces pertuys , que la foiblcfle dcl fa veuc eft fuffifammcnt fupplec par la fubtilitc de fôn ouy e. Au dcfFaut de la tefté ; fous le ventre paroiflent deux petites pâtes en' forme de mains,] ayant chacune quatre doigts fort courts & ongles, &c c*eft ce qui la fait ^ippcllcï Manaty parles Efpa* gnols , comme qui diroit , poiffon pourueu dcl ^iiii^ns : depuis fenoTribrilil appetiflc tout â coup/ ^ iftiirnMMrr J»-».^!!», >oiîroû. lis yàcoat faut lurt ; :j& les sfc'fout pas dVrio force luirçm'aaf- icryn, il fit uioit lehar?- de foh mai]:, nt en' grand IKi Slip • à faitincon- icfoisiufqui : feptoahuit vn bœuf, b : il n'a point 5C petits pçr*l doigt, il en- foiblcffe de la fubtiliic 3US le ventre iç de mains, rts Jongles, par les Èfpa' pourueu de tout â coup, r DES EO I S SONS. n;^ dr ce qui reftc de fbn corps depuis cecrc partie, eft ce qui compofe fa queue, laquelle a la forme dvnc pelle à four -, elle eft large d'vn pied & demy , cf- poifTedc einq à fix poulces , reucftuc de la mefine pcaude fon corps , & toute compofcc de graifle & de nerfs. :Cc poiffonn eft nullement efcaillé com- me les autres poi{Ibns,maisil eft reueftu dVn cuyr plus efpois que ccluy 4Vn Bœuf. Sa peau eft de couleur d'ardoife, fort brune &parfemée fort clai- rement dVnpoil , femWable àceluy du loup ma- rin. Sa chair a le gouft de celle de veau , mais elle eft beaucoup plus terme , & couuerte en pjufieurs endroits de trois ou quatre doigts defpaisde lard, duquel oh fefert à larder, à barder, Ôc à faire tout ^ qu'on fait du lard de porc. Plufieurs le fondent & entirent la graifle , laquelle ils mangent fur le pain enguifedcbeurc , & elle eft excellente. La viande de cet animal eftantfalée perd beaucoup de fon gouft, & deuient feichc comme du bois. le crois que cclafc doitattribuer au feldu pays , qui eft extremcjmcnr corrofif, Ontrouuedans la tcfte de cet animal quatre pierres î deux grofles&deux petites , auxquelles on attribue la force de faire diffoudre lapierre dans lavefic, & de faire jetter le grauier des reins: mais ienenfçaurois approuuerrvfage, dautantquece remède eft fort vomitif, & faitdegrandes extor- (lonsàreftomach. La nourriture de ce poiflbn eft vnc petite herbe qui croift dans la mer, laquelle il paift tout de met ' • ~ Ll #• •T> ■m. t6^ DES C RIl? T I O I« me que le bœuf fait celle des prés. Et après s*cftre faoiilé do cette pafture,il cherche lesriuieres d'caui douce , ou il boit fldsabreuue deux Fois le iour. Apres auoir bien beu & bieninangc, ilsciîdortlc mufle à demy hors de l'eaujce qui le fait connoiftrc de bien loin par les pefcheurs , qui ne manquent point de courir fus & l'attraper en cette façon. Ils fe mettent deu3^ trois, ou plus>dans vn petit Ganot ( qui eft vne petite naflelle toute dVne pie- ce , faite a vn arbre crcufé dh forme de chaloupe ) le Cabareur cft fur larriere du Canot , qui remue i droit ôc à gauche la pelle de fon auiron dedans^ Icau i de forte que non feulement il gduuerne le. canot 3 mais encor lefait auancer auflî viftc que s'il cftoit poufie dVn petit vent Ôc à demy voiles. U Vareur ( c eft celûy qui darde la beftc)eft tout droit fur vne petite planche au deuant du canot , tenant la varre en main ( qui eft vne façon de picque , le bout de laquelle eft enboitédans vn harpon ou jx- aelot de fer. ) Le troificme eft dans le milieu du c.v not, qui difpofe la Iignc,qui eft attachée au harpon pour la filer, lors quelaocfte fera frappée. Tous gardent vn profond filence; car cet animal a louya fiXubtile, qu vne feule parole ou le moindre cla- bottctnent deau contre le canot ,. eft capable de luy faire prendre la fuite, & fruftrer les pcfchaurî de leur efperance. Il y a du plaifîr à les voir, carie Varreur palpite de peur que labeft:c ne luyéchaT pe , & s'imagine toufiours que fon Cabareur n'em* ployé que la moitié de fcs forces, quoy qu'il faflfe DES POISSONS. 2,(^7 tout ce qu'il p^utdc fcs bras^ & ne dcftournc ia- mair Ces yeux de delTus la Varre> du bout de laquel- le le Varrcur luy monftre la pifte qu il doit tenir pourarriuerà labefte, qui les attend toute endor- mie, hfjrs que le canot eneft proche de trois ou quatre pas , le Varrcur darde foncoup de toute fa force ^ & luy enfonce le harpon pour le moins de- my pied dans la chair .La Varre tombe dans ïesLUy&c le harpon demeure attaché i la belle , laquelle cft i demy prife. Alors cet animal fc fentant fi rude- ment outragé , ramaflc toutes fes forces &: les cm- ployeàfcfauucr : il bondit comme vn cheual ef- lokappé, fend les ondes comme l'Aigle fend l'air, ôc hit écumer & blanchir la mer par tous les lieux od i! paflc. Il croift s'éloigner de fon ennemy , mais il le porte par tout après foyjde forte qu'on prcndroit le Varrcur p"»ur vn Neptune conduit en triomphe par ce monftre marin. JEn fin , après auoir bien traifnc fon malheur en queue, & perdu vne bonne partie de {bnfang,lcs forces luy manquentiriialei- ne luydciFaut, & comme réduit auxaboys, il.eft contraint de sarr^fter tout coure pour prendre vn eu de repos : maisilneft paspluftoftarrefté que e Varreur , tirant fa ligne fe rapproche de luy , & luy darde vn fécond coup de harpon mieux aflenc & plus violent que le premier. A ce fécond coup, la befte fait encore quelques foibles eiforts^mais en peu de tempselle eft réduite à l'extrémité , & les pefcheurs Tentraifnent aifément à la riue du pre- mier iflet , ou l'embarquent dzns leurcanot, s'il cft Il ij r, *1 i68 DESCRIPTION aflcz grand pour le contenir. La femelle fait deux pctks qui la fuiuent partout : elle a fous le ventre deux tetins , defquels elle les allaide dans la mer, comme vne vache allaidièefon veau fur la terre. Si on prend la nierç , on eft aflciaré d'auoir les petits; car ils fentent leur mère, & ne font que tournoyer autour du Canot , iufqu à ce qu'on les ait fait com- pagnons de Ton malheur. La chair de cet animal fait vnc bonne partie de la nourriture des habitans de ce pays. On en appor- te tous les ans de h terre ferme,&des ifles circoii- uoifincs plufieurs nauircs chargez-, & tant à la Gua- deloupe , à faindî: Chriftophc , à la Martiniqjît, €[u'aux autres iflcs prochaines , la liurc y eft ven- due vne liurc ou liurc & demy de pctun, Dh Requiem; IV. t# CE Poifloncft appelle par IcsEfpagnols Th/hu' roriy parlesHollandois Haye, &par les Fran- çois, Requiem, parce qu'il dcuorc les hommes, & fait chanter /{(r^«/>w pour eux. Il eft en tout &par tout femblable au chien de mer , que Ton pefche le long de nos coftes : mais il eft d Vne fi prodi- gieufe grandeur , qu il s*cn trouuc communément de dix-huit à vingt pieds de longueur , & gros à proportion. C'cft vnechofe cpouucntable que de voir la gueulle de cet animal ; car il a la feule maf- choire d'en bas , trois , quatre , & iufqu à cinq^ rangs jette que fcc,pour c fois more dépit de dans les C baigne d; !c garder qu'il fera rcftc , ou Ivnccuifle perde foi toutcntic vn bailleur petUofîré beaucoup diredcmi mordre ài uerféfurl aflezhard battre à o foyr. Pluj DES POISSONS. i^p Je dents j félon ce qu'il eftpuiflant &r aagc. Ces dents ne font pas feniblablcs ny égales en tousî i'ci^ ay vcu quicftoiem hautes de de ax pouiccs , Ô^ lar- ges d'vn,^outesfaucilIces, tranchantes comme des rafoirs , èc itères comme du fer. Ccfl bien le plus glouton animal du monde ^ toutes chofes luy font bonnes y ne fuffent que des morceaux de bois, pourueu qu'ils foient vn peu graiffcz d'huiUe. ïl aualle tout fans mâcher : il eft furieux, hardy, & (c jette quelquefois fur !a riue , iufqu'i demeurer à fcc,pour engloutir lesf iTans. l'en ay vcu quelque- fois mordre les rames à belles dents , de rage ôc de dépit de ne pouuoir auoir les hommes , qui font dans les Canots; S'il peut ioindrc vn homme qui fe baigne dans la mer , il luy fera bonne compagnie, !e gardera de prés , Se ne luy fera aucun tort, tandis Cju'il fera dans laârion : mais fi-toft qu'il fera.ar- refté , ou qu'il penfera fortir de Tcau^il luy coupera vné cui(fe , vn bras,bula partie qu ilpourra attra- per de fon corps j s'il pft bien grand , il l'emportera tout entier. Mais laProuidencc deDieu a donné vn bâillon, ou pluftoft vnfrein à lagourinandcim- petUofîté Je cet animal, qui luy cmpefchc défaire beaucoup de defordrc : car il luy a mii la guciillc dircdement fousic mufle , deiorte qu'il ne peut mordre aucune dhofe/quiliaBiaiç tourne &rcn- I uerfé fur le dos 5 ôi de là vient oia'ii y al'des habit an-s afTez hardis f)our fe iettcr «iJa nage après lui ,ie com- I battre à coups de coufteaux , & le contraindre de Ifoyr. Plufieurs tiennent que fon eftomach na . Ll iij %fô DESCRIPTION point d orifice inférieur j & au après auoir tiré la fubftancc de ce qu'il mange , il eft contraint, ( pcr- mcttcz-moy dappellcr leschofès parleurs noms) de faire de fa f^- cullc vn fondement , retournant fon oftomach omme qui cctournctoit vn fac, I>our ietter fes excremens dehors. le ne içay fi cc- aefl: véritable; maisiay veu faire Ictour.à vu qui fut pris dansTti nauirc ou i eftois ; car comme oa luy eut donné vn coup de hache fur latefte « il re< tourna fon eftomach > comme qui retourneroit vne poche , ©n forte qu'il parut iufques hors de fa gueulle,&vuidaplusd'vn boifTcaude villenie qu'il auoic mangé. On trouue dans fa tefte deux ou trois eueilleréesdeceruellc blanche comme neige, la- quelle cftant defleichéc , mifc en poudre , & ptifc dans du vin blanc , eft vn excellent remède pour la graucHe.On fait de Thuille à brufler de fon foyc : Il en fut pris vn, peu de temps auant queie m'enre- tournaSfe en France , donc Icfeulfoyc donna qua"| rantc pots d'huille. Sa ch^ir n'eftquafi que de la filafTe, &c fent fort Ici bouquain>iie forte que peu de perfonnes en vcuJ lent manger : on tient auffi pour certain qu'elle lionne le flux de fang. La necefCté m'a contraint d'en manger plufîcurs fois fùrmer, fans autre faul- ce que rapetityfansaeantmoins, que l'en aye refTcû-l ty aucun mal. le crois qu'il ne fait tort, ôc ne caufl ce flux de fang , qu'à ceux qui en mangent par ex] cez. De :A li- DES poissons: 171 « De UBecune f^ autres poijfons dangereux. ï. V. LA Beeune à proprement parler » n*eft autre chofc que le vray brochet de la mer î car ileft entièrement femblable à ceux de nos riuieres de l'Europe, excepté qu'il eft beaucoup plus grand:cac il fe rencontre des becunes qui ont plus de huit pieds de longueur. Ce poifTon eft gourmand^ car- aaflier, ôc hardy , & aucanr j ou pliis dangereux que \ç Requiem y qncic viens de décrire : car outre qu'il mord plus facilement que luy , il ne s'eftonne nul- lement du bruit , non plus que des mouuemens qu'on peut faire dans l'eau^voirc mefme^ c éft pour lors qu'il fe lance fur les perfonnes pour les deuo- rcr. '-' ■ -^^h::-'" Sa chair a le niefmc gouft que celle du brochet; mais on nela mange pas bien aifeurémeiit, .autant que fi on n'y prend garde de bien prés, elle eft capable d'empoifoinncr tous ceux qui en autoient mangé. Ceft pourquoy, celuy qui en voudra mana- ger en toute afleurancé , doit luy regarder aux dents, & goufterde fonfbye : S*il a les dencsbier^ blanches,&le fbyç doux,ilen peut manger en tou~ te fcureté : mais s'il les a tant foit peu noiraies,& le foyc amer ou acrej on n'en d Dit non plusgoufter hue fi c eftoit de Tarfenic : en effet , c*eft vn poifon hui n'eft pas moins dangereux. On dit dans lesifles hue cela vient de c": que ce poiflbn mange de la 171 DEÇCRIPT.ION Manccnillcqui tombe des arbres danslamcr,^ [q le crois ainfi^carmoy-mcfmc en aypenfc mourir, pour auoir mange quelques SoW4« qui l'eu elloicnc rcpcus. Il fc trouuft encore deux autres' fortes de polf. fons dans l'Amérique, qui ne font pas moins dom- mageables que celuy-cy : dont IVn citant mangé, enyure Comme fi on auoit beu du vin parexcez, 6c caufe tous les mefmes effets que le vin fait dans vn yurognc. Si on en mange beaucoup, il fait dormir le long fomme, c'eft à dire, mourir. Mais fi on en mange peu , après auoir dormy cinq ou fix heures, oriefttoutàfaitgaaranty. *i.-:/;i'-G:><î.i Le fécond caufe d'eftranges choliques &c dcf- gorgemcns de bïle dans les inteftins ; fi on ref- chappe apre^ en auoir mangé , il fait peler la plan- te des pieds, & lapauime des mains. Tay veu vn icune Gen/tftl-homtnp J qu-t après en auoir mangé, ôc pcnfé llioupir , me monftra les paulmcs de les mains qui dftoient toutes pelées ôi contrefaites. le 1 tïc puis faii^ auicunc defcniption , ny^del vn> ny de Tàuti^c , daurant qijicic ne les ayrpointveu , ny peu appreiidre de ceux qui mènent parlé , de quelle forrhe ils eftoicnt. ^ On fc peut fcruir de la mefme {►pecaution quci'ay rapporté dç la Becune, contrç è vcnittdcceux-çy^^ i^-' ' ■■ '^'' iT~?)fm;x^.:: ê Dm morceau tout incc lameçon caracollc DES BOISSONS. J.7, Du Poijftn Armé- $. VI. IL fc rencontre le long de toutes les codes des Indes Occidentales , vnc forte de poiflbn arme, duquel la dcfcription fera fans doute pluscurieu- fc& plus agréable, qu il n'eftvtilc dans le pays. Il sft gros comme vn balon, prefquc tout rond, & n'a quVn petit moignon de queue quilcfafle di£Ferer dVne boullc. Et c'cfl pour cette raifon que tous les Autheurs l'appellent Orbis, Il n'a point de teftc, mais il a les yeux & la queue attachée au ventre: La nature qui la priue de dents, luy a donné en leur lace deux petites pierres blanches , fort dures &: arges dVnpoulce > qui font comme deux perites meules de moulin > deiquelles il moud,ca{fe, brize, &efcrafe les Cancres de mer, & les petits cocquil- Iages,defqucls il fait fà nourriture. Il eft tout armé de petites pointes grofl'cs & longues commedc» fers d'efguillettes,pointucs comme des aiguilles. Il les drefTc , be(re,biaife,& traucrfe comme bon luy femble,& félon ce qu'il en a befoin. Lapefchedc cepoiffoneft vntres-agreablcpaC fctemps. On luy jette la ligne, au bout de laquel- le cft attaché vn petit ameçon d'acier, couuert d'vn morceau de cancre de mer, duquel il s'approche tout incontinent : mais voyant la ligne qui tient lameçon , il entre en def{iance>& fait milles petites caracolles autour de luy : il le gouftc quelquefois Mm i ^74 DESCRIPTION fans le ferrer, pui;s le lafçhc tout à coup ; il fc frotte à rencontre & ie firappcde fa queue , comme s'il n'en auoit aucune enijiç : Et s'il voit que pendant cette cet cmonie , ou pluftoft pendant cette fingc- rie,la ligne ne bran fie p:oinc,il fe jette brufquemcnt dclFus, aualle l'ameçon & l'^ppas, & fc nvcc en eftat de fuyr. Mais fe fentant arrcftc par le pcfchcur qui j||^ tii c la ligne à foy,il entre en vne celle rage & furie, qu'il drede âc heriilie tautos £es armes , s'enile de vent comme va balon , & bouffe comme vn pou- let dinde qui fait la roue : il fe darde eaauant, i droit , & à gauche , pour offenfer fes ennemis de fcs poiJ3«tes, mais en vain y car pendant , s'il ^ut ainfî di- re , s'ilenrage de boacœur , & creué de dcpic, les fpeârateurs s'éuentrenc de rire. En fin, voyant que toutes fes violences ne luy feruent derien, il em- ployé les rufes , il beiîc tout à fait fes pointes , fouflc tout (on vent dehors , & deuient flalque commevn gand niotiillé : en forte qu'il fembie qu'au lieu du poiflbn arme quimenaçoit tout le monde do fes pointes , on ayt pris vn méchant chiffon moiiillc. . èependanc, on le tire à terre, &Àlors cpnnoiflant que toute fon artifice ne luy a de rien (eruy , que tout de bon,on a enuic d'auoir fa peau , Ôc que défia il touche le roch ou le grauier de la riue, il entre en danouuelles boutades,faitle petit enrage, & fe dé- mené eftrangemcnt. Se voyantà terre, ilheriffe tellement fes pointes , qu'il eftimpoffible de le prendre par aucune partie de fon corp5,fi bien qu'on - cil coAcrai^t die le porter auec le bout de la ligne DES POISSONS. 175 yn peu loin du riuagc,ou il expire vn peu de temps après. Dans tout le corps de cet animal , qui eft quel - qucfoisaufligrosqu vnbmfleau, il n'y a pas plus à manger qu'à vn petit Macfeau.On luy «ouuc dans le ventre vne certaine boutfe remplie de vent , de laquelle on fait vne colle la plus tenace & la plus forte qui fè puiffe faire. D espoiffins voUms y^deUD orade. ^ i. VII. . * I'Ay ci-deuântpâtlé des petits pbif&ns vôlans^qui fe rencontrent vers les Canaries , 6c par toutes les Indes , il en faut icy faire la dcfcription. l'en ay remarqué principalement de deux fortes, qui tou- tes deux ont làfôrtnc des Goujons de France, maii différentes en grandcur,én la forme di leurs aifle?, &en ieur^ol. Les plus grands n excédent de guè- re la grandeur dVnharafti leurs aifles( quint fqnt à ptopremenc parler q«e leurs nàgcoires)leurpren^ ment dcpm le defFàut d^ leurte(le,iurqu ati Bout de la qaeiie^ de fofte qu'elles ont bien vne pfeulriie dé long,&deu* ou trois poulcesyau plus,dè largesleui* vol eft auflî plus fort, plds dfleué&ptefoide* h&j plU4 pdtitâ' fte fofit pâ« pl(ià gros que des petits gou ^ jôrts^ , ôi ont les afjflds plut courtes , &c beaucoup plus larges à propôirtlôtt que les autres , elles font a(irôn4jc*p*if le bdiic j & , fi ie ne ftie trdttipe, ilà en ont d^Ux d« chaque cofté ^ i^ MÏg^iitc pdij car ie M m i j 1 1 x7<î DESCRIP^Tl O N- n'en ay iamais tenu dans ma main, comme i'ay fait des plus grands. le ne penfe iamais à ces petits poiflTons , qu il ne me fouuiennedumiferable eftat de l'homme de- puis ie pèche, contre lequel il femble que tous les cléments confpirent pourvanger Tiniurepar luy faite à leur commun Créateur , & luy procurer la mort qu'il a mérité par fon crime. Car la Mer , Ij Terre & le Ciel nourriflcnt tant d'ennemis à ces pe- tits poi(fcns,qu ils n ont aucun lieu de refuge affeu- rc , ou on ne leurdrefredesembufchcs mortelles. Ils ont dans la mer pour premier enncmy la Dora- de, qui cftlc plus beau poiflbn que i aye iamais vcu en ma vie. il cft quafi de là fa^on d'vjiie aloze , ôc porte enuiron quaitre pieds & demy de longues: Toute la peau du dos cft dVn vert dore, tout par- femé de petites- eftoilles d'azur,^: de petites eft ail- les d'or , fi johment agencées, qu'autre que cette fapierice qui Te ioiie dans la rondeur de la terre, ny ppurroit auoif fi bien reiiflî j tout le ventre cft ^ris ,[ enrichy des mefmes petites cfcaillcs dorées» & fcmble^éflre vn trcs-beau drapd'ôr.^ Tout le mu- fle cft vert,mais tout (urdoréj & aux deux coftez de la tçfte s'efl^uenuc deux beaux gros yeux ronds & dorez,qui br illentçomme deux Soleils jmais ce qui couronne tout cela j cft qu il pafle pour vn das plus cxcellens poiffons de la mer, i'en parle çommefça- uant pour en-auoir plufieurs fois mangé. - . Cet ennemy iurc de ces petits poiflons , autant cruel qu'il: cft beau, jespoUrfuit inccflanuiient , ôc DES POISSONS. 177 cela aucc tant de viftcflc , que fe voyant prcffcz des morcelles atteintes de (es cruels ennemis , ils pren - Qcnc Icvol , abandonnent leur élément ordinaire, pour aller chercher dans Tair quelque azile plpsar- feuré &plus fauorable qui les giiarantilTe de la mort mais en vain jcar ils. n ont pas pluftoft pris rcflbrr, quVn grand nombre d'oyfcaux ( lefquels ne fc nourriffent que de ces petits poiflbns ) fondent fur euxcommeiafoudre,&endeuorent,engri{rcnt,& en trient autant qu'ils en peuuent att râper. Que s*il arriue qu'ils prennent le vol en vnliea où ces oy- fcaux ne fe rencontrent pas , le Soleil qui fait du bien à tout ce qui eftfublunaire y defïcichant impi^- toyablement les aifles de ces petits fugitifs , les contraint de Ce retirer dans leurs maifons , ou ils ne manquent pasde rencontrer fous le fciiil delà por-- re le fepulchre qui les engloutit tout viuans, ic veux diire lagueulle de la Dorade , qui les ayant veu partir fecQuchedextrcment fur le coftc, & les conduit deroeil iansles quitter aucunement, iuG qu'aux lieux oli ils doiuent tomber , &làlcsrece- uant au vol:, eh; fait cruelle ment fa curée. Leurvol eft ordinairement plus grand de nuiétque de iourj mais quoy qu'en ce temps làilsfoient à i'abry,tant des ardeurs du Soleil V que de la cruauté des oy- feaux, ncantmoms ils ne font pas fans péril 5 car rencontrant fouuent les voiles cfbs nauires,ils tom- bent dedans , & n'ont pas meilleure compofîtion dçs hommes que de lems plus grand ennemis. Si yousmedemandezdou vient qu'ik ont tantd'en+ Mm iij 47S DESCRIPTION ncmis , ie n*cn fçay jpoint d'autre f aifon , que la de- licateflcdclcur chair, 6c la bonté de leur gouft qui les fait rechercher par la {ènfualitc des hommes, dcsoyfeaux, &dés poifsons. Il' De la Kemore, $. VIII. SVr ccKeqkiemfi prodigieux , duquel i*ay parle au commencement de ce Liure , il y auoit qua- tre ou cinq Rcmores fi opiniafïrement attachées, quelles ne la(chcrenriamais prifc,qu après la mort, cncor eufmes-nous bien de la peine à 1er en retirer. Elles auoient enuiron vn pied de long, de la forme & de la gi'ofscrrf ( quand au corps) dVnc petite rou- fecte, &lapcauaûizfemblablc,mais vnpeti plus brune par deffusledos y qui va toufiourscablan- chiflam iufques fous le ventre. Elles ontvne cm- pennùre fur le dos, qui va iufques vetsla quciic, & vne autre depuis le nombril , mais plus courte que celle de deflus ; la queue cft compofée dfes «xefmcs empcnnuies : elles ont auflt deuxaiflerons oa na- geoires aflcz proches de la tefte : elles portent moi- tié fur la tefte , moitié fur le dos vne forïflede fc^ melle plattc comme la femelle^ dVnrfouliCEj mais 1 toute découpée d*vn double rang de rides qui tra- wer fent la laFg<.ur. Ces deux rangs de.rid«i& font fc- parées ou diiiifécs par vnc rayd, qui tire depuis vnl bout iufqua rautrcde- c^wefejiïclkparlc? flttili^ I UC la dc« jouft qui hommes, ;li*ay parle auoit qua- attachées, rcsla moit, î.en retirer, de là forme 5 petite rou- m peu plus arscnblan* ititviie cm- laqucuc,&l j courte que ifes«ïcfmcs| rons oa na- ortcnt moi- orme^e fc^ ^uUcti mais] idesauitra- idc»(ontfc-| ô depuis vn DES POISSONS- 2>ii c'cft par là, quelles ;s*attacbent aux Rochers , aux Nauircs & aux Poiflbns, Pour moy , ie ne fçaurois foûmcttrc mon iugc- inentà ce que quelques Autheurs afferment de la Remorc , difanç qu elle arrcftc tout court vn naui- requi cingle à toutes voiles en plaime mer : car il y a vne & grande quantité de Remores dans toutes Icslndcs Occidentales , qu'à peine fe trouuc-il vn nauire qui n'en ait pluiîeurs attachées fous fby : ôc cependant depuis tant de /iecles que ces ifles {ont fréquentes, il ne (e remarque point qu'il y ait eu vn fculnauirc arrel^é. Cela méfait croire que ces Jeux ou trois nauiresque l'on dit auoir eftc arref- ïées par les Remores, ont efté dctcnus par miracles ou par charme , ôc que dans ce temps -là on trouua quelques Remores attachées à leur ordinaire,à ces nauires , aufquelles on attribuafauficuient lacaufe de cette détention. Il s'en trouue de beaucoup plus grandcs,que cel- les que i'ay décrites j car i en ay vcu plufieurs qui auoient plus d Vn pied ôc demy de longueur. El- les font fort amies des nauires, ôc les quittent rare- ment quand elles les ont vnc fois rencontré. Elles font gourmandes , cngloutiflcnt l'ameçon fi toft qu'il eft dans l'eau , & ne fe rebuttent point pour auoir eitc manquez trois ou quatre fois. C'eft vn oiflTon vn peu molia(re,mais d'aflcz bon gouftd en y mangé plufieurs fois. i»o DESCRIPTION Du fetit foijjon àff elle Piloté. $. IX. LE Pilote cft vn petit poiffon , qui approche fort de la grandeur & de la forme du Macreau, Il eft appelle Pilote , parce qu'ayant fait rencontre dVn nauire,ilnc quitte iamais la proue qu il ne foie arriué au port.On le voit toufiours nager à vn pied d'eau dcuant Icnauire , à vne thoife ou deux d'icc- luy , fans iamais s'écarter ny à droit ny à gauche. Ten ay vcu vn daqs mon premier voyage aux In- des , qui nous conduifit plus de cinq cens lieues, après lefquelles le Pilote dunauire tua dVn coup de \rident, le Pilote poiflbn. Il femblc que ce petit animal ait efté particuHe- rement créé , pour donner de l'exercice &c dé l'in' quiétude 2.\xKcqHiem \ car il ne s'en voit point qui n ait fon Pilote deuant foy , qui femble luy feruir de guide fans labandonner aucunement ; 6c véri- tablement ilyadu plaifir à voir le petit Pilote , fe goberger & fe donner carrière deuant cette beftc carnaflierc ,qui fe vôyant,s'il faut ainfidire, mor- guéedcce petit poiflbn,ledeuorc atout moment des yeux, &cnragedenelepouuoir manger de la gueullc. Sitoft que Icpetit Pilote fe trouuefurla tefte du Kfcfùiem , le Kequicm fe retourne prompte- ment pour Tengloutinmais le petit gaillard &al- laigre Pilote , eft pluftoft à la queue du Kequiem, qui n'a fait la moitié du tour j de forte qu ouurant la h gaculle ^ itcftcofltraint dtèoire vn céwap tfeau,' au lieu de manger vn mordçàu : ^i-tôft ^'ù'îl ëiktt^ fourrtéy^lo P^otèJpafRht gàillardt-ihcht^àÇ éttus Ibn^Cdï^s , gàligtli k dfctr^t, &:c6Wiw mcf ô* fe-niéècjfiiëti kgéz fi^e1afeff;èa'pâb^lt ffihijètètcr , oii pliA<î* feirccfir^r^viTc beftccàc haut à|)petk , ^édmiite :^.:;:wjx.ni :;î];:ijjjrrn c]jiq;,l^b •);D"ifai:?ib oiilrOo; . ^no<|u II .;':.'[.) i)^ U ^alerit ?Àuiikïiih nrp t:ïih IE V(S>ùyâatt6Sà i qi^c.ic ttfeT^y 'fô<^iïétk béèké-' gôriek dtytsfangtr la|ïi&(lxîeitâîïi^qir èFië traiH de l^fcifeumt d'vtt p«^L4kïaçôi^yë'hîtir;qm-^ âùjt rà^yotlii éa>S*)teî'l le fortg de la riue , poiiUfe cette efcftmd defeôïs '^ ide laquelle fe forme comme vne petite pais? plus groflfé (jtfvtrpcttttduftîc pigcom, faforth^ èft itàf^foit^ ft^ ^Iti^fcnguc xjuc ccllc>dc î'Oualle, ée^ I: Au^tàs%éutÎRcilfe irèn «ttôlaiittéii», gluants tt»mr^ dtl'éïtipèfat : clfctft , , Lch raarccsvcnani; à 4 emporter cm mer j clic croift pariÎKrccffioiide tenips , iufcjuà la groffeur dlya cr^$ œuf d'oyc , ou^q^c^^eJ'peu dauai>tagçt cU)s flocce pecpecupUçrnentiiu: ileau ai^ gré des vents & des ondes fatis iamaiss enfoncer : elle efl: aïK^t^ agréable àiaveuc, qu'elle eftdapeereufc au corpsicar ie puis bien aflcurer auecycricc,^ue cet- te Galère cil chargé de la plus mauuaifc marchan- di(è qui fuciamais (ûrla mer , Se quelJeportcen foy le venin le plus prompt ôc le plus fubtil , qui foit dans tout le reftedes créatures. l'en parle com* mç; fçauanc ^&^çomme. en ayant fait l'expérience i mes dépens. Car vniouxque icgpuuernoisvnpc- titÇanotsay^mt apcrçèu entier vnc de ces Galçres^ je fuscurie^x de yx)ixiaformç,de cctanimal ,. 8< de rechercher attentiuemem, fi l'y pourrois rencon- trer quelque chofe de remarquable. le ne l'eus pas pluftQft prife»qu-c; touSi .(es fibres inf'engliierçiiç toute là main ^ Se ipçine^u^-je ièfity lafcaifcheuri { car il eftfroida'i toucher) qu'il me fembla auoir plongé mon brasiufqu'à refpaulè , ^dbjis: ynç çh^u-j diere ;d'huillf:bouiIIanta.> ^^,c^}^|aueç.df^/î bi^^p;* ges,douleurs^y que quelque «yidlen^cp qae;ieni6>pu tairç! pour me contenir , de peur qu'oi\ ne fe moc-; qua demoy, ie nemejpâjpjpi^pefchcF^d^ ÇtWpac jvjqficur^ .fois 4 .pjpijijç ^^rftçv 4y^^4cpi(i^ mf)^ Dieu-, ie bruflcj ic biruïle : Dcbonnc fprt^ae pour moftçehjc^uûvui 4euxbeiires apresmidy : cac DBS rpTOI-SSONS. itj la douleur jcpojftcoiifiaurs iufqu à micly.^ ?« dimi-1 iiuei mcfurc que le.Sptçil d^lipe ;^^li Soleil fe perdant dans rhorizop^^oDcft tout àfaitgiii^rarnqrv UnyjaipoiAçrfawtcc rça^^de icettc di9*iteuf;que A fçumede la :Toànnc^fl;ant fi commtine i» ^qu'elle nepeu^quaâ cftisi^rDOfée de perfo^i- ne y le me contenteray de décrire feulemenil ce que celles de cesiflçs ont de particulier^ 6c qui les fait diftingubr de celles de rèuropc; iCesiTo. ^ucs; doncibnt des animaux ftupides^loûrds & fans cer- uclle C^ar dans toute la tefte qu'elles ont grofle comme dolle dVaveau » îlxiesï'eii trouucpaï plus; gros quVne petite febue. ) Elles oncla veue ekcel^ lente j leur grandeur eft fi prodigieufe^'que la (eule efcaille de de/Tu s^porte quelquefois cinq pieds de loHgueur,&quatre de ljirgc,lcur chair eft « fembla- blc à celle du bœuf , qu vnc pièce de Tortue mife auprès vnc dîcbccuf^nepourroitfiftrc.diftingucc qu auecbeaucoup de peine. Il y a des Tortues nran- ches , qvàd&tmcût plus d'vn demy baril de Viande^ cdute'4es^QflK'»>finsycoilnprsrtTdrelatcfte/kcol;^^ 1 espittes>j4i^aeui:>iesjtrippe$j& les œufs^efquels Yingtiioma^s^&roient vn boax)epas:i&: outrexeU "'^ " * Nn i$ f«4 D^E'SCRjr^PT l©« ces quartiers auoienc trois cœurs : car atf -dJ^W dd cœur ( qu* elles ont gros comme ccluy d'vn hom- mfcTfôrt Vii^ros troôcd'àtècits', jaiiit'déux coftcz duquel font attachei^' àeux ï^uttés fSçons de cœur gros comme des œufs de pouUe , & de là mefrac forme & fubftance que le premier: mais i*ay depuis changé dbpihion ,1 & itrois fernioinenti»de ce ne fimf' cpielès JOTCidfes dihlocc^T.; Qûoyr) qo'ib en foit, itefl: certain qùo oelàbieÀafiiÂéii3T.Ync table, bom* pofcTîtifrflcur dcLys'y Jaàoni^éMtmbtrii'ccon^ iei6birt«'ï&zliuaqtagc&re da''jllcag^rbz.'de rïosCob^ nicsTpran^fOifè!? d^ahs TAiwci^quei; pntfqike la-P^roiii- déhcç de Diei!i,qm né fait rient en vaiil , a' planté la fk'èç doipyiiaiï cœur'^ei' animai y qiki ciftlc Hkco* graphe, du: pays; iio ?.r;il^ ( .cud:.! c,îi-:;a :;nv'[.în ?.o • r^î A Kiïmfemte diffère i^ewb^ fratïchc , en rècquclîle;alatoftb.bôttR:oup: pkisgroffe à Té- qihtpolcïit iiit doiipr,quc/lb afte tfesiatttf esi tprtiiwi. Ëlic cft ofèatiiéctiaiire ; (60 fe é»l^di& lai^edlr Aîdajij3axïb«u^ btfe^ti'^i ft. Mit onndéucnt d« la picndnj- ^^« h townbr v : Et qttéy gstaTôito ïbit la t^ il H i^Ul J o WES POIS SOI* S. t$s jikRigi'sindoilo'tcois ëfpcccs yiolles eflr neanttnèiiis istt poiik:ftftin»ea ^.ooiiitnc ayant ia ohait noire, fenrahc la marmé ^ ^ d'vn a^cz. mauuaib gouft L'huilloqn-otlen tire eft acre , 6d gaîb lesfaulcsi» dans lefquelles elle eft mixtionnéc» ^^n n eainiange qoafauce^Faucces'. ^i «.-• D« Caret. ■'\,i 'VO'i diollouty LE Caret cft la plus petite de tontes les troîs'cP pecesy la chair n'en a pas fï bonnid cpie celle dd la tortue franiclte; mai?: elkefl beaucoup meilldu^re que celle de la Kaotiannc. L'huille qu'on en tire eftcxcelldntepour les débilitez de nerfs, gouttes fyatiqiTCS > 5« pour toutes les fluxions froides, le connbis des perfonnes qui s'en ibnt fcruies fort nilemenc ^ pour des maux de reins caufe^par àeû iSorts» MaïÈ (ut tout,.ce qui le fait cftimet, cft l'é- lâilihs qu'il pot te far k dos,qutvaQt iufqu a fix francs: la lia wv Toute la dépoiiillcd'vn Caret confîfte S quinze fetiilles , dixplattes , Se cinq en dos d'afne: Des dix plattcsjil y en a quatre grandes qui doiacnc porter iufqii'àvn pied de haut^ & fept pouloés de khgG. Le beaïit Caret doit eftre cfpais , clair ^ tranC* ^reiiti dcxoiileur d'antimoiiie , Ôc jafpé de noir ôc de blanc.' < Il y: a d%9 Çiiktà qui portent ils iidre? de ft tiilles for leidoilOn s'ne'h fdrt à faire dés peignes ÔC dautrespetiti ouiiragcs^qui sot d'vnc cxqaiiebcau*^ t^ de deptix»' VcjLcy la façon deieuçc ces ieiiilles c*eft à dire , qu'elle fe cou- pie , depuis le commencement de Mars iufqu'à l'a- my-May. le laiflc toutes les circonftances de ccc- C9 atStion^c'eftaflez de dire que cela fe fait fur l'eau, en ^orte qu'elles peuuent eftrefacilement décou- uertes : alors deux ou trois perfonnes fe jettent promptcracnt dans vn Canot, courrentfufi , &lcs abordent facilement , ils leurs paffe vn laciioulanc dans le col , ou dans vne patte , ou bien n'ayant point de corde , il les faut prendre aucc la main par deflus le col au deiFaucdt l'efcaiile. On les prend quelquefois toutes deux , mais pour l'ordinaire la femelle échappe. Pour lors les mafles font fott maigres 6i durs , ôc les femelles en très -bon- point. ; ' ■ '- ; rLa Varrc delaToctuëfe fait prcfquc de la mefmc façon qiie celle duLamantin^ezcepcé qu'au lieu de harpon au bout de la Varrc, on y.enclauc vnrlouJ catr^Uongdc la moitié du doigt &foiC|^ointu, au- quel eft attachcla hgneXaVarre cftam jettcc fur le dos delà tortue, le cloud s'enfonce iufqu'à la moi- tic.dans l'écaillé, qui eft toute compofee doi, ôc J DES POIS SONS. if7 crent comme fielle eftoic fîchce dans ducherne. La cortiic fcfcntanc frappcc/aic les mcfmcs efforts que le Lamantin , & les Varreurs les mefmes dili- gences. Le TerriflTaffc des tortues fe fait depuis la Lune (TAuril y .iufqu a la Luned'Aouft ; alors latortiie Ce fcntant incommodée par l'accroiffemcntjla pefan- teur,& le erand nombre de Tes ceufs^qui font quel- quefois iulqu au nombre de plus de deux milliers^ contrainte qu'elle cft par vnc neccffitc naturelle, qui ne fe peut différer -, de nuié^ elle quitte la mer, & vient reconnoiftce le long de lariue vn lieupra* pre pour, fe dcfcharger de fon fardeau,ou au moins dVne partie. En ayant reconnu vn propre pour ccceffeti qui doit cftre vne Anfe de fable ( ccft la bordure du riuage ) elle ne pond pas cette Inuidl;, mais fè retire tout doucement dans la mer remettant la partie à la nuiâ: fuiuante, ou à vne au- tre bien prochaine. Tout le. long du iour elle- fé promené paifânt l'herbe fur des rochers dans la meit, Xàns toutefois s!efloigner dulicu où elle doit. I pondre. Le Soleil venant fur fôn de clin, onla voit paroî- cre tout proche delà lame, regardant deçà & de |là,commen elle {èdeffioit des embufches. Si elle: voit quelqu'vn fur le bord du riuage , elle va cher* cher aillcilrs vnlieuplus aflcurc; que fî elle a^ppeiîT gpit perfQtoe , ' elle vient à terre à la faueur de lai nuiâ, & après auoirbien regarde de tous coftcz,. kllc fç mpt; à ci:auailler,6(: à creufer dans le ùhlc auec Ul' ^n O E 5 C R I f T I O N i Jbs patte&dedcuanc ,rfaitjmxmiut3dutmiid^ ktrg^e d'vnipied :&/pxofiDndi4£'c]oiax ; :ce4|uiLeftaht(fa]t, elle s'ajufte:lcâleâus » i& {omet àtvous conter do derrière deux ou trois cens œufs, gros&ronds Goni)me<^âe$iialli3sd>e jeu de patilmç. ili'jofcaiUe^de oe&cieux. c(^ miré âe 'Rekjmms , & âat ces gr»n as poiflbns ieurfont-Ttie eruiclte guerre , 6c en^auallçnt .qu; iufqu a ce qu'ils foicnt en cftac de fuyr ou de fe def- fendre. Elles ne terriffenc iamaisquc de nuid, ôc mefmes elles attendent que la Lune fôit couchée. Quand il pleut , qu il efclaire , & qu il tonne à tout rompre, ceft alors quelle territ en plus grande abondance. Si toft que la Tortue commence a terrir, nos François le mettent en campagne fix ou fept en- femble, & efquippcnt vn Canot qui porte dix,dou- ze , ou quinze barils ; ou quelque fois trois ou qua- tre tonneaux. Chacun contribue également en vi- duaille &en Tel pour faler la viande > «S^vont cher- cher au loin les Anfcs les plus fréquentées des Tor- tuës,& là, diuifant la nuidî en quatre,chacun garde, &: fait fcntinelle vn quart de la nuid, &c fair des r^- ueuifs de temps en temps tout le long de l'Anfe. Ayant rencontré quelque tortue , ils la tournent fîw: ledosAlalaiffentlà iuiqu'aulendemain,fàns crain- dre quellefe puiffe retourner. S'il arriue quelle foit fi grande, qu vn homme n'en puifle venir à- bout, il la met aifément à la raifonjuy cinglant qua- tre ou cinq coups de maiTuë (ur le bec. Ceux qui fe veulent donner du plaifir fe mettent fur fon dos,luy bouchent les yeux de leurs doigts , & la conduifent ou bon leur femble i mais fut- elle à dix lieues dans la terre , fi on la laiffe en liberté , elle prend fa rou- te droit à la mer, quand mefme on luy auroitfait faire cent tours. Le Caret vient reconnoiftre la terre dix - fept iours auparauant , que dépendre fès oeufs ; de forte G o I 15)0 DESCRIPTION que rencontrant vn train de Caret, fi on nctrouuc point fes œufs , il y faut venir le dix-feptielme iour en fuiuant, & indubitablement onTattrapera. De flufeurs Poijjons aCo^mlles. §. XIV. L fe trouue encore tout le long de cette code _L grand nombre de Homais, qui eft vne façon d'elcreuiffe de mer; &:ie crois que c'eft ce que les ^efcheurs de nos coftcs appellent Paon de mer. l'en îiy veu vn que trois hommes ii'auroient pu manger : ia chair en eft fort indigefte, comme aufli celle des Cancre s de mer qui s y trouuent en grand nombre, &: de toutes les fiçons. Il y a vne grande quantité de Burgaux^ defquels on tire la Burgadinc, plus eftimée des ouuriers en nacre que le nacre de perle. On y trouue aiiffi grand nombre de pourcelaines de couleur d'Aga- the, & vne infinité d'autres petits coquillages aflèz beaux : Des Moules en plufieurs endroits : & des huiftres pas plus grofles que les petites d'Angleterre. Il y en a vne forte qui a vn barbillon dans le milieu, &ic crois quelleeftdangereufe,carellea vn gouft acre qui ne témoigne rien de bon. DES POISSONS. ipi DES POISSONS DE RIVIERE. CHAPITRE SECOND. Du fetit Titiry. §. I. IL fe tronue dans la plufpart des riuieres de toutes ces Ifles, de petits poiiTons que les Sauuagcs ap- pellent Titiry. Ils ne font pas plus gros que de pe- tits fers d*cguillett es : leur corps eft tout marqueté de noir & de gris , & ont vnc petite empennure fur le dos, & vne fous le ventre : deux petites nageoires proche de la teftej&vne queue delà mefmeeftof- fe: mais tout cela eft meflé de trois ou quatre cou- leurs , de rouge, de vert, &de bleu. Ces couleurs font fî viues , qu'il fsmble que ce foit de l'émail ap- pliqué fur luy. Celaneparoit pourtant guère, fî ce n'eft dans Teau , lors qu'ils fe ioiient & font de pe- tites caracoles les vns après les autres. le crois que ce font les m aflcs qui ont ces auantages de couleur^ car ia plufpart n en ont point. Plufieurs fois pendant Tannée, on les voit re- monter dans la mer vers la montagne en fî grande quantité , que les riuieres en font toutes noires. Or comme nos riuieres font torrens, qui fe précipitent auec impctuofîté à trauers des rochers, ces petits O o ji i9t DESCRIPTION poiflbns gagnent t ant qu'ils pcuucnc le long des ri- ues où les eaux font moins rapides y & quand ils ren- contrent vnfault-d'eau, dont la rapidité les empor- te, ilsfeiettenthorsde l'eau, & s attachent contre broche, &fe glifTentà force de remiier, iufquau dellus du courant de l'eau. Vous en voyez plus de deux pieds de large , & plus de quatre doigts d'ef- pois , attachez fur vne roche qui tous les vns fur les autres s'efforcent à qui aura pluftoft gagné ledef- fus , c eft là où on les prend ; car il ne faut que met- tre vn vaiffeau deflbus , &les pouffer dedans aucc la main. Vn chacun en fait de bons repas lors qu'ils remontent , fans qu'on s'apperçoiue aucunement qu'ils diminuent, l'ay creu fort long-temps qu'ils defccndoient à la mer pour y ietter leur rocgue, & qu'eftant forrriez ils remontoicnt à la montagne : mais i'ay châgé d'opinion depuis quei'ay remarqué que cela n'artiue que deux ou trois iours après de grandes aualaffes d'eau qui les entraifnent à la mer, & que mefme la plufpart font tous pleins de rocgue en remontant. De quelques foijfonsqm ont du rapport àuec ceux d^ U France, - • $. IL DE tous les poiffons qui fe trouucnt dans la Guîidcloupe , il ne s'en rcn'^ontre point de femblables à ceux de la France , fi ce n eft quelques anguilles, de petites loches , des teftarts aufligros DES POISSONS. *î>5. que la iambe , & des Mulets en grande quantité Tout le reftc font àcs poirtbns plats aufli grands que des carpes, mais tout différents : ces poiflbns ellant pris aucc la ligne , &: éleuez hors de l'eau , grondent comme des petits cochons,leur ^uuft çft excellent. l'ay vne fois pris vnpoiflbn dans la riuiere de la grande terre, qui auoit plus de deux pieds entre queue ic tefte, ileftoit femblable à vne carpe,& en auoic mcfme le gouft ; niais toutes ks efcailles eftoient rouges comme du fang. l'aurois encore à ce traité à faire la defcription de plufieurs autres poi(rons,comme de la Bonite^àzs, Carangues, des Capitaines, des Sardes , des Grandes cfcaillesjdes Lunes, des Bourfes,des Grondeurs, des Laquais , des Perroquets marins, &: de tous les poif- fons de roches , qui font en très-grand nombre, & d'vne infinité d autrcs,defquels ne fçachant rien de bien particulier , &: quifoit digne d'eltre remarque ic me contcnteray de dire qu'ils font trcs excel- lents , & en fi grande quantité tout le long de cette cofte , que d'vn feul coup de filet, on en charge quelquefois vne cî^loupe. O o ïï] 194 DESCRIPTI ON I I. TRAIE'. DES ANIMAVX DE L'AIR. DES OYSEAVX CHAPITRE PREMIER. Ourle regard des oyfcaux, TAmeriquc fans contredit l'cmpoite pardefllis toutes 1rs parties du monde : car s'il ell queftion de la beauté , v a-il rien de plus beau que les Cam- uetSy les j^rasy ôc les Perroquets, defquels toutes ces terres font remplies , & qui font autant diflcmbla- bles en beauté de plumage, qu'ils habitent des ter- tesd'Ifles &:de colles différentes ? il eft indubitable quelaplufpartd'iceuxiroient de pair auec le Phé- nix, ( s'il eft vray toutcsfois que le Phénix ayt vn au- tre cftre que ccluy qu'il s'eft acquis dans lopinion des trop crédules. ) Ceux qui ont veu le Flamand en vie ) auouëront ingenué'ment qu'il doit tenir rang entre les plus beaux oy féaux du monde. le nedi? riendesTof^w^, desOccolsy &d'autres qu'onnous apporte de la terre ferme, qui nous rauiflfent de la beauté' de leurs plumages. Tay veu quelques veftc- mcs qui eftoicnt faits des dépouilles de ces oyfeaux par quelques femmes fauuageflès, qui auroient fait DES OYSEAVX. 195 honte aux tabics &r aux draps d or de l'Europe Mais combien Dieu a il renfermé des gentillefles dans le petit ColihriSy qui femble eftre vn racourcy de^tout ce qu'il y a de plus beau dans le plumage de tous les autres oy feaux,&: n'auoir efté fait que pour conten- ter la veuë des hommes ? Ceux qui fréquentent les codes des lues Occidentales, font témoins de cette vérité : mais comme dans céc ceuure tout mon but neft autre que la fatisfadion des cuiicux, i'ay crû à propos de le faire voir dans le deftail. De fjras. S. I. NOus auons dans la Guadeloupe trois fortes de Perroquets, à fçauoir TAras , le Perroquet , &c laPerrique, tous difFcrens de ceux qui fe rencon- trent dans les Ides circonuoifincs ; car chacune d'i- cellesafes Perroquets tous diffemblables en gran- deur de corps , en ton de voix , ôc en diuerfité de Plumage. L'Aras eft vne forte de Perroquet plus grand que tous les autres; car quoy que les Perroquets de la Guadeloupe foient plus grands que tous les autres Perroquets, tant des îfles que de la terre ferme ; ce- luy-cy les furpaffe dVn tiers en grandeur. Il a la tefte, le col,le ventre, & le dcflus du doiSjde couleur de feu : Ses aifles font meflées de plumes iaunes , de couleur d'azur , & de rouge cramoify. Sa queue eft toute rouge, $c longue d'vn pied & demydes Sauua- %p6 DESCRIPTION ges fe panadcnc des plumesdefci queue, & en font grande eftimc: ils s'en fichent dans les clieucux,s eu partent dans le gras des oreilles , & dans l'entre- deux des narines pour leur feruir comme de mou- ftaches,&: ils s'imaginent tout de bout qu ils en font beaucoup plus gentils &: dignes d'eftre admirez des Europeans, Cet oifeau vit de graines &dequelqu:sfi'uiâ:s qui croiflent flir lest arbres .-mais piincipalemenc des pommes de Alancenilley qui elt vn tres-fjbrii &caufticpoifonaux autres animaux. CelHa chofe la plus beue du monde, que de voit dix ou douze A- ras iliY vne arbre bien vert , iamais on ne vit vn plus bel émail. Il a le ton de la voix fort & perçant, il criaille toufiours en volant ; ceux qui les fçauent contrefaire, les font arrefter tout court, lia le port graue & affeuréjÂ: tant s'en faut qu'il s'eftonne pour plufîeurs coups de fufils rire/ fur Tarbre où il eft branché; qu'au contraire il regarde &: conduit de l'œil f;s compagnons, qui tombent morts à terre, fins s'en efbranler aucunemcnt;fi bien qu'on en tire quelquefois cinq oufix furvn mefme arbre, fans qu'ils faflent mine de s'enuoler; Les Sauuages fe feruentd'vn plaifînt (Iratagef- me pour les prendre vifsiils cfpicnt roccafion de les. trouuer àrerre, mangeans desfruiâ:s qu'ils ont fait tomber des arbres ; ils s'en approchent doucement à la faneur des arbres, puis tout à coup ils fe pren- nent à courir , frappans des mains & rempliffant 'air de cris &c de hurlement , capables non feule- ment ment d'c de iatcrr CCS pauu s'ils auoi( «jcfottdrc fans doat nccicflît^i quclanai dcs-oihgk maindefï niPBOUt^ baftaniUj que lès Ge La cbaix aypourtar nûf^habica • t» . ♦ •i./h;.:cd D«S O YSEAVX. 197 ment dcfpouucntcrdcs oyfcaux , mais de jeccer de U terreur dans les* coèuri? les pîtis hardis. Alors CCS pauurcs oyfcaux fiLiirpris-& éperdus , comme s'ils auoicnt efté inopinément frappez dVn coup de hïidtCy pt rdj^nt ïtf (ëBùtnfi û^ Icùts ai^e^ > qui fans d(M3te lc^ôi$ridiéiitcgdà#àiuit y &rfaifâns de ncc^fficc^vertu,ikifcc(!JiuéIietttfurIed6$Jcmcttôn^ Ëir ladeffc'iiiiue V^ fc'font t6us blancs des armes queiansvcurfelear^dônné^^-c'eft a^lire ,'du bec ôc des ongl^sv^dcfqdels ils (t dèffendcnt fi Vàillàm-^ mtnty (|)iepa&vn^esSauuages n ôferoic^âéttre U main defTus : fi bien qu'ils font conttainfë^deiè ce- niDGOut^tourd'iceut ^ criant &heutlanc comme de^èârtfgeZjiufqaice quVn d'eifx appoft&vn gros baftonylcquelit applique fur le ventre de loyfcau, qui hemanque pasâunî-toft de le faifir dubec ôc des griffes: qi^is pendant qu'il s'amufe à.mordre, les Sauuages' jcliwït&'le garottcntfi eftroitcmcnt fut lcbàft0n',qu%cn font par après tout ce qu'il leur plaift>&jbien (buuenc les rendent priuez^& leur ap- prennepc^pfrler'rmiaisals ne parlent iamaisniieux quelesCorocau'xdeirEirrope. ' ;'b ?ff:oq i^in^n/ L^ chair ds icct pyfêau eft fort dure, 4^èftimce de pluiieurs> milfàînev&mefine veneneufè> le n'en a^ pourtant iamais veu de mauùais effetk^quoy que noi habiunî^ en mangent fore fouoent. ;^ -- i'n;ij. »J» DESCMPTIO NV $.11, LE Fcnoqacicck hGmi^hvkpù eft quaiigros e^mn^yxifi potjlle ,iUlcli>«c pÂgcoo ; Tout le demis du dos eftdYc veid: fort bf un » uois^ ou^ quatre dos maiftreâes plu^ niQs4etlc$:. bet kàmenwHtc., dans la^u^llc llfemirer^ c(?iintnie k Paon&iBd:ansfa.qufiut?;Ila 1^ vcdxftcmcnt,pourt uw. qui on leprenmticune. Il ;Yit: de.'fiuidsiauuaf' g^pt qm cmifllmt da»9 W. £»^fltrvcxxrep|ffi^ mange point de. Mancenille,. hàa grainh^teCèfion l'enyuw^ôc opfiwen luy toutûe quédl ekciœc: de vin faiir:^ ïhitmmcy & pour b^ i du c^Ynpctf >ScftdVfi itresioflfi icgCQ&des 5 fbftcal cfle,.hei citnn:ie.k Sbsiaiuia.'' ^Gôfan a: de vin mdauàc nsoham il prend} lair a vn )oi$d'in« Jc^iidcs DES O YSEAVX i^^ grrInesâmeres,ii(|0iienc amer comme fieI:Qt!i»nd li mange delà pomme de I^ff#/ip4, fa chair devient toute noire , mais oliene laiHepas d'dh^tletres- bon gouft. Quand il (e nourrit de prunes de Mi^ mins y de C^himdSy &de Gouydue^ , il eft dans (on embonpoint , Se alors nos François en font vn^ •ûrangc dôtgaft. . i Dts Perriquis. i IIL C£ que nous apptUon^Perriqtses^ fodtde pi- tits Perroquets tout^ects^ groi commç des Pics , &quii, vray dire.;, ne font que de petits cajo^ leurs., qui ne peuutnt non plus garderie iilence que le cliquet d vu moulin, ils volent eabaiidc» ôc ic branchent toufiours fur lés arbres les plus fucil- lus de les plus verts ; de (brtequ onnelespeut que bien difficilement apperceuoir£t là vous^Ies cnteii* dez cajoler de dégoiicrpeïle^neflc vnccïrtain pe^ tit iargoUiii éclatant & fi importun » qu'ils éftour- didënt les oreilles des paCans : Et s'ils entenâenc qu^on parle bsen haut , ils h^iTent le ton de la voiis, :<8dvcQientcoui£oi2rsauoirffidd£iis. Ilsfe nofurril^ ièm comme lés^utresPerroquets, mais la chaircn «fl: beaucoup plus délicate. Ils appreninent fort fa- cilement a chanter^à parleT,l:(^er,dr 1 contrefûrc toutes iortesd'animdUit. îb fiuispiusgaîllards j de donnetitplut; dediuei^emencque tous le^ttucr«i Perroquets, ..*i|^tiî.vi. Toutes CCS trois cfpccci^dfeÇj^rroqqcts nichent dans Ici creux des arl^rcs : leurs nids fonc/aits de branches* de mouffc, de [cçt^oii iAC de. plu mes. Les œufs ont- la cocquc 4c coMlcjUr die verdi de mer. Eftant ccl6s ils no font que piailler ôc cancanher yiuf-^ Îuàlagc d«iaQufcptmoi$. l'en ay vcu parler di^ inAen^ent auant que d'auoir qui^é l^Çftncana^té Du FlàmantLl il I IV,^ Tff E Plattiand cil ivudyfcau gros comme vnc oy c Ju^i&uuâge; il 4 l^sjplumes dexouleur de Nacara, &,eft te plus haut monté de tous les oyfeaux que iaye iamaisveu enima vie:car la jambe, qail n a pas {)iuf igoofle qaV$ grandes plumes des ailles & telles de laqueuc, noires : Tout le refte du corps & Je deffusdfcs aifleseft d'vn vert brun, rchaufféd* vu certain vermeil, ou iuilre, qui feroithonteàccluy du V îlôurs $c du fàtinîil porte vne petite huppe (ur la telle , de vert iiaiflànt, enrichy d'vn furdoré, qui biille 5iécktecomme s'il atioitvne petite cftoillc au milieu du front:il a le bec toucnoir^ droit,fon mcnu>& de la longueur dVne petite épinglc. Le plus gros eftenuirôn la moitié gros comme ,1e petit Roy telet de laFranceiil a les aifles& la queue .de mefraé qucle premier : Toutes les |>lumts de deffusîe dos font de couleur d'azur , il ne porte point de huppe fur la tefte s mais en recompenfe el- le eft couucnc , & toute la gorge iufqu'à la moitié du ventre , d'vn certain velouté cramoify chan- geant, &qui expofé à diuers iours, fait comme 11- risjparadc de mille belles cou leurs,fkns en détermi- ner aucune. Ceux -cy ont le bec fort long, ^ fiiitcn becdeCorbin. l^sfemelks despremicri nontf oint la petite liuppe fur la tcftiB, non plusque celles deife«;<»«i44 DES OYSEArx. |o| lornemcnr dc^la teiWd^ du vcntuc. Le Soleil nctk pa$ piuftoftlctté , que vous les voyez voltiger au« tour desâeurs ^ comme de petites fleurs celeftes ^ui viennem courtifer celles de la cerre , & dns ta^ mgUpofer Ie$pieds , vouslc^rs voyez domiermil« le bauèrs^Êmrrant leur pecite langue ( qui eft corn* Bofée de deujQ petits filets,^ toute fem blable à cei- leiVac vipère. > lufqu aucentre de la fléur,d oii ils âici»: en. mtdme temps leplaifir ^IVcilité^lemiel &leur nourriture. le IV iiy iamais r »cn vcu en m a vie de plus gentil^' 0y de plus arciftement trauaillé , que le nid de ces pecics oyfeâuxâls* Iç font ordinairenïcnt fur les pe- ntes bravaches d Vn Oranger ou dVnCitronier , ou fur les foiblcs oyons des Grenadiers , & bien fou^ uent dans les Cafés fur le moindre fcftu replia ^ qi;i ^ pend de la couaectare.La femelle baftit le nid pen** daac <|uete^ hiaflie: va chercher les maceriauxi, qui ustm du cocon ^qui n aiamaisefté^mis en oeiiure, Se qu ilcùeillc luy-mcfmc fur les arbresj de laplus filac WOuflRi 4«s fprcfts,^ de petites efcorees Je ^m- miers; Il'if a vcritabicnientdii^É^r avoir cetr« pçtjt^mcfnagciïe enbcfognerelllroueft prcmierc- menc la branche y i>d le fcftu fur lequel elle doit fwrc fonnid,dç coton», à la largeur d'vn poulce , ôc fiilèjrrement que: coui .le petit édifice ne peut) éftte dbtanlé ; puis(elleclèu&lade£usvn petit rondde pocon % de la hauteiur dVn doigt ^ qui eft comme le (bndemeno. Cclafait dlexarde» sil fautainfi dir^ tmiiiicoti2Upi}ujeiuyappo£^^ ^leremuë 304 DESCRIPTIOÎ^^ -quafî poil à poilaucc fon bec & fespfetit«''f)fcds,' puis elle en forint (on nîd , qai rfcfèpd&^plii»g: Tout cela acheuéellc pond dedans dçùx' œufs, guère plus gros que de petits poix , blancs Ci;)mme •delà heige. Le mafle ^ la femelle k^couuent ^i- ternatiuementdefpacedediocôu douze ioiûfs , au •bout defquels les deux petits paroifTet^t pas plus gros que des moucherons .le nay iamais pu remar- quer en quoy confifte la bfechée que la merd leur apporte y Gnon qn elle leur donne (à langue àfuc- .jcer^quc ieerois çftrc toute emrpieiléedurac qu'el- le tire dcs^fleurs. - . ; ;:;i::: ' - u' Quelques -fvns de nos Françôide^ tif ic6uf« jdefufilsy chaiHii dVnc petite pincée de fable au lieu de plomb Jmiis cela les dépoiiiHe d^ leur plu- mage, & fait beaucoup perdre delcurluftre : mais nous auons appris des Saunages vne méthode pour les prendre vifs , faiCint -vncipetitavqrge de tofcau fort defliée de la longueur de deux pi A ^ laquelle on attache à y ne baeuettc de dix ou id il y a quelquefois fcpt a huit pieds : & non fans beaucoup de fujpt , car ces aiflcs luy font feieivnecefets pour faire ce qu'il fait , Vctartant ip ;>• DE. S C R:I P T LO N quelquefois des terres dcplujf de crois ecnf lieilcs^i lU beaucoup de peine àfe leuer dedeiTu^ ies bran- ches } mais quand il a vne fois pris fon vol, vous luy. voyez fendre l'air dVn^vol paifible > tenatu les aides. eftenduës fans prefque les remiier,nyrefacigucr aucuhçnxent;. Si quelquefois la pefanceur de la I)luye,ou rimpetuofitc des vents rimportuncpour ors ilbraue lesniies , fe guindé dans la moyenne. rc^joiiLde l'air , Sife dérobe de la veiie des hom- mes. Mais quelque haut qu'il p^uifle eftrc , il ne iaiffepas dereconnoiftre fort clairement les lieux où les Dorades donnent la chaffc aux poiflbns vo- lansj ôc alors il fe précipite du haut de l'air comme vp foudre, non toutefois iufquau razde l'eau; car ilJeroit bien en peine pour s'en relcuer,mais quand il cft. idîx ou douze thoifcs de reau,il fait vn grand caracoUe, & fe baiHc comme infenfîblementjiuf^ qu'à venir rafcr la mer , au lieu où la chaflc fe don- ne , &.en paflant il prend le petit poifon au vol dc- dansPcau , dujjec & des griffes, &fouucn£ dç tpus, les deux enCbmble. . Le mailé porte vne grande crefte rouge comme; celle du coq, nonfuriatefte; mais, fous k gorge* Cette creQie ne parpift pourtancquiceux qui fonc bienvieils. Or tout ainfî que dans l'Europe, les, Hérons ont des heronieres , qui font certains petits ranconsdc bois qui leur fcrt comme de lieu de refuge ou ils s'affemblent , fe rcpofent,{c conferucnt , ôc multi^ plient leur cfpcce ; de meimc ces oy féaux ont çvt DES OYSEAVX. 307 fort long temps vnc petite iflç dans le petit cul-de- fac de la Guadeloupe > qui leur feruoit comme de domicile, oupluftçft d Vne'fregatiere , od toute* les frégates des enuirons venoient fe repofer la f^m(ky ôc y faire Icuriiid dans la &ifon. XDçttc pcti^- tcffle a elle nom m ce '/*//?(? ri^^ aUxFre^ates j&erï poree encore le nom,quoy qu'elles ay ent change de lieuî car aux années mil fix cens quarante 'trois âr mil fix cens quaTantc-^ quatre , plufîeursperfonncs'leuf firent vnc fi rude cha{re,qu*elles furent contraintes d abandonner cetttfifle ; &moy-mcfme pouffé par les auarirageux récits qu'on me faifoit de T'buiUc qu on tire .'5 ces ey féaux, ie Icur-fus donner tâ'der- nierc chaflc , & en pris moy trois ou quatrième^ plus décent enmoins de deux heures. Nous fur- prcnions les grandes fur les branches y bu ftir leur nid , & comme ils ont beaucoup de peine à prcn- drclcur vol, nous auions le temps de leur fangler des coups de biftons, (que nous auions longs com- me des picqucs)au trâucrs desaifles,&clks dcmca- {oient tout court à demy eftourdies. Il n y en eut pas vne déroutes celles qui prirent le vol,quin eut màlaù ceéur en partant, & qui ne nousvoniit deux ou troisproiffôns grands cornme des haraiis àdcmy ciîits. ^le crois que ccftoit pour fe dcfchargcr, afin de voler auec plus de facilite. ■ L'teiîWc ôttlagraiflc dcccsanimatir cftvn fou- ucraiii-îeiïitdo jpôiitl» géiittc fcyâtiqùo V ^ pour* toutes autres pr6\icnàntcs de caùfeftoid^i Ont» fait ca» dans^Doutdslcslndcs cemmo yntrcfoï. ^^1 DESeRÏPTlO N f. VIL ■ rrt^ \ ■:- IVfij^icy vousttauw ricayciiqucde beau , do gçn,^il, t Pelicaad*cau ) eft vnoyfrau, qui quant aui; p^^cs, au corps , à k queue, U aux aides > eft toi4C feuabUbleà^vn oye -, la couleur de fes plumes c^ d'vn gi;is cendre : il a la tefte deux foi^ grofle c^wiï^^îC^UC'd'vjicqyc , maisvoutçc&couucrtç d'vc» pluaugc^blanc ôi raz , qui jeiàic paroiftf c de loin comme pelc & ctiauue. lUles deux coflez de la celle pla^e^da^slefquelis rofuentoncex doux pe- tits y^u^^^qi^ au Uçudeluy(a;uird'ornemenc , le font paroiflire plusr laid. Son bec eft long dVn bon {^ç^delilQy ) & p^Iusif large de deux. poulce&^,couç gri^jj^rajc cfepirif \ulibc^^^^i^6^ Le d^P ibus.du bec eâ^^compcfé d^ deux; pe^cics^ oSelers, ployables 9 lerqpelseftanc bien^ioincspatlebouE, lôz. d^Jaq^rilf t %\^. .s'««afe)wçew^ ço|:ftfn?e(i^^?ftti* bul^s» La pçau^ du denTous» de'fon çol( qutreijbipr; eipoifTe, fans plume, toute gyizç, {bkigle.& plus c^r ijorea quc.lQcb|^lTous;4^Gi$b6i;À^ 0E S O T S E A V X. 305^ f» gipcicrjc , oui die fon grand gofier. Qj4o;i le stomme coînlné cm yoùdta ^ le puis afleUrer fans hyperbole 9^ qu'il tiendrai plus de poilTohs, que fix hommei bien affamez n'en fçautoient manger en mbparcpasà , . . .ia Apcittcléiourleuta-il fait ouurirles ycur,qu*il$ fe niotcemen campagiie^volams à raz de leau tout Iclong delà cofte , iufqua ce qu'ils ayenc trQuué vn lieu ou il y ayt quantité de poifTons, L'ayant rencontré, ib fe Icucnt vnepicqueou deux dedans lair, & chacun d'eux choinfTant fa pxoye, tout à coup ils ferrent les aides , roidiflent le col, drelTent Icbec, &fclai(rcnt tomber la teftcdeuant,côrrrftic s'ils eftoient morts>d&cela£ à propos>que rarement ils manquent leur proye , laquelle ils engloutifTent toute viuc dara ce gouffre de Goficr. Cela faitl y ils fetdeuent yi(|ixoy qu'auec beaticoup d6 peine , ôc coutincontiaent fe laiffent retomber pouren faire (lcmefrae,contmiiatit cepctit jçujriufqu'àce qu'ils lyenit gagné de quxxy emplir Icuciac > tant qu'il oji icgor^c. Quand ils font bien (àouls,ils fe retirent a récarii , IteCi i^ncpofqcfurquclquc pointe de rocher^ qui piïroift au dcSàsûc l'èau,,& fe tiennent là idfques aipfoi^, cmnmC'tofustriftcs , les yeux fichez dans la mer, fans branler , non plus que s'ils cftoientde marbre. Le foir venu , ils retournent à la Chaffe [comme le matin , & ayant bienfouppé, ils fe reti- Ircnt dans certains petits iflets qui leur feruent de praice , comme nous auons dit cy-deuant des fre^ Qq iij ■s ^lo DESCRIP T ION gattcV? Qu5>y qu ils aycnc les pieds pUts ôc marins comme les oyes^itsne laiflcnt pas de fe brancher âf nicher fur" les arbres. La chair de céc ûyfeaucft ba^ ueufè y le (èncfi fore le marcfcage, qu'il fe h\xt £iire violence pour en manger. le crois que leur graifTc cft au/n bonne que ceiledcs^Fregates,/! on envou- loic Yfer; Onic fert de leur peau pour faire de&four- turcs,^comme de celle du Flamand. ' Dit CrÀhier. îi iJ.:> mu II' ^ « r:^ V. $. vii:i. .Vtrc les HcroHs communs que nous auons en France , 6c qui fe voyent aflez commune, ment auxindes y il y en a vnc féconde efpece que les hâbicans appellent Crahkrs ^ parce qu'ilsnc vjr uenc que dcCrables. Céc oyfeau cfl: de la^rofTeûc -dVn chappon, &neluy cedenullement en bonté il a les pieds iaunes , le col vn peu plus court quece* luy du Héron commun , la telle timbrée d vn ;beati | ppanache dcgrcttc très-fine & de couleur dardoi- iè. lien a auffi quelques-vnes furie dos;Cét oyfeau 1 a quatre taches iaunes , larges dvnpoulce, & lon- gues de deur^ fousie vencrcy & deux aux deuxicuif-' i^.Sy qu il faut couper foigneufement, dautantqu el- les font amer escommêfieL . 4i- nn'cil Icripti fammen ce. Icm aquantii tous les , rogucs , bonne d de Icsvo Icsjctteni plumer ji croutceto cuit. Qua croutte fo ^^'gp.ui teUfarjce ^uïlyadc wauupisg L'oyfcai vnc eipecc beau : iJa blîiiiCjjle efcartcdes piasdefe.v uentfion ^cpofcrde DE a oyseavx. i. IX. j" ^ ILneftpasûecefTaire/cIe faire icyvtie longue de£> cripcion jdes Mauues , daucant qu elles font fuffi- fainmcnt;connuës tout le long des colles deFran« ce. le me contcntcray feulement de dire , qu'il y aquantité de petits iflets quienfontfiremplis^que tous les Sauuagesen paffantcn chargent leurs Pi- rogues , qui tiennent bien fouuent autant qu'vnc bonne chaloupe. Mais c*eft vné chofé plaifantc de les voir accommoder par ces Sauuages ; carils les jettent tout entiers dans le feu fans les vuider ny plumer ; & Ja plume venant à fe-bruflér, il fc fait vne croutte tout autour de l'oyfeau , .dans laquelle il fc cuit. Quand ils le veulent manger , ils leuent cett© croutte fous laquelle l'oyfeau eft blanc , comme ncigç>puis louurant par la moitié^ ils en tirent tou- te la farpe , ç*c(i à dire, tripes ôc boudins, ôî tour ce qu'il y a dedans.Cepcndant,royfeau n en a pas pluy. mauupis goufti ^ L'oy feau que les habitans appellent Fo« , eft auffi. vnccipece dcMaiiue, ilêftgiios comme vn Cor- beau : il a le deffas du dos tout noir , & le ventre blaie j il eft appelle fou,pîirce qu cftant vn peu trop, efcartc des terres, s-il voitvn nauireiil ne manquera pias de fe. venir percher furies mafts , &bien. fou* uent fi on alonge le bras hors du vaiffeautil fe vient repofcr deffus ïc fc laiifc prendre. su BESCRIPTI ON Le Teflu-en-cultcA vnc autre efpece dç Mauue, & gros comme vn pigeon y Cet oyfcaueft tout blanc comme la neige , il a le bec rouge , & deux plumes blanches longues de ^ ^ux pieds , & eftroites , qui luyfcruej^tdcqueiic , c'cft cecjuiluy a fait don- ner ce vilain nom. Il s écarte extrêmement des terres, i en ay vcu moy-rnefme éloignez de plus de trois cens lieues déterre , dç quelque coftc que ce fiiC Les Saunages fè ferucnt des plumes de fft'qtteiie pourfe parer, & les eftimencbe^iucoup. De t9m Us oyjcaux de riuiere t^de mÀrefis, '':rir'.: s. X. jmr.. 'Lfetrouucdaos tontes lesriuicrcs des dcuxculs- J ' facde la Guadeloupe, dans les eftangs& pays marefcagcux,grand nombre de Canarts, Scrceillcs ^ Z/tgf0ns{c[ui efi: vne autre forte deCanard,quon ne voit pas en France,lefqucls de nui<^ quittent k§ riuiercs & eftangs, & vienent foiiir les patates dans les jardins, d'où eft venu le motde Vigeoner,tanc vfitc dans les Indes, pour diredsfraciner les pata- tes auec les doigts. Les poulies d'eau y font aufïî fort communes, comme auffi les aigrettes & pies de mer 5 mais fur tçut lés becafl&ncs, p!uuier$,Ghcualiers,aloiiettes de mer,& autres pciitsoyfe à ux4ômarineifc thniuenc en telle quantité dans toutes lesfaUnes , que ccft vncchofc pr odigteufe , j- DES OYSEaVX. De ti^feÂU appelle DiMe, iii $. XI. LE Diable cft vn ayfcau nodurnc,ainfi nomme parles habitans des Indes , à caufe de fa lai- deur. Ileft G. rare, que icn en ay iamais pu voir va fcul, finon denuiiSt, & envolant. Tout ce que l'en aypûapprehdre des Chaflcurs^eft que fa forme ap- proche fore de celle du Canarc , quil a la veuëaf- rrcufe.> le^plamagemeflc de blanc & de noir; qu'il repère dans les plus hautes montagnes , quil fecer- rie comme le lapin dans des trous qail tstit dans la terre^où ilpond fes^œufs, lesy couue &c y efleue (es petits y ienay pu apprendre de quelle viande il les appatelle. QuandiLparoift de iour , il fort fi bruf- (juement quilépouuenteceux qui le regardent. Il ne décend iamais de la montagne que de nui(Sl ôc cA,volant> il ftit/vn certain cry fort lugub»^c & ef- froyable; Sachair eft fi delicate^quil ne retourne point de Chafleurs de la montagne^qui ne ibuhaite dfii.bQn.cpeur auoir me douzaine de ces Diables pendus à foncoh Dctroisjortes JlojfeMtxie froye : fçiuoify du Manfifinii, duPficfyeu^y0iicvil ' debcer* mcniâKx nt à fleur cauccfcr it oyfcau Griuc : il DES O Y S E A V X. jif moachetéd'lièrmiae. Il cft armé ie bec & de grif- fes i proportion de fit grandeur. Celay-cy ne fait la cmde qu'aux peda LsEardi , & aux SaatcarcUet qui fonr fiar les arbres , ôc quelquefois aiuc petiti poulets quand ils font aouuellement cfcio^. ix$ nabiuiU'Cn qiang«m ^ mais s'il n cil bien gras ^ il ne vanc pas vn coup de poudre , qui cA aUez càeie dans coatcs ,:zs iàes. . li .. S. XIII. IL y a dans la Guadeloupe , félon la c ommune opinion deshabitans, de trois fortes de perdrix, rou(es,noircs,& grizesi Icfquellcs n'ontiamais paffc dans mon efprit que pour des Tourterelles : Voicy mcsraifons. En premier lieu, elles n ont pas la chair courte comme celle des perdrix de France : elfes ont le bec droit, branchent &, nichent fiir les arbres, elles hcponder>tquc deux œufs , elles ne couuent ny ne mènent leurs petits qnand ils font cclos , mais elles lesappatellent dans le nid,commcfoni: les Tourte- relles : Ortft ilquetouteslesPerdïixde FEuropc ont le bec crochujîie fe"branchcnt iamais,font leur nid à terre , pondent grand nombre dœufs , elles couuent leurs petits, après qu'ils font éclos, elles les mènent clouflant,cherchcr leur vici&que les petits perdreaux fuiuentleurmerc , & la connoifTent au fon de lapeau : Or tout cecy ne fepouuant vérifier Rr ij Ii6 D ES^CRIÏP'T laH^ des perdrix des Indes , i ay raifbn d'inférer que ce font plaftoft dcstourtercllcs iquc de« perdrix, 11 en faut dire autant des Ortolans de la Mat tinique,qui font de petites tourterelles ^qui ne font pas plus grandes que des alouettes. Il y a vn &rt grand noml^e de ces perdrix(apres ce que i en viens d*ccnre,vqu*on lesiiommc com* me on voudra ) dans toutes les !ndes>& c'cft vn trc$ délicat manger : elles font fujcttes au changement dcgouft,fclonles graines quelles mangent. Des Kamiers, .xnhîîn ?b^"-:ît:' '•m3:5h .^îijc.xn-'K •:»?;[) nrinir l Es oy (eaux que les habitans aj.j)ellent Ra. fmiers, fontles vrays bifets de Tf uro.pe:ccs oy- feaux font paffagers , ôc ne s'arrcftc:?it iamais Ipng-, :tem ps en vu lieu:ils fuiuent les gçaines qui- ne meu- xiflent iamais en mcfme temps ea tous les endroits des iflçs. Ils branchent & nicKent fui Ip^ plus hauts arbres, deux ou trois fbirf année. Lor5.qu'ik.ren^ contrent des graines ou des fruidts ^lu Icurfoiu Irropresy il s y en amafle vne fi grande quantité,quc , es.arbtcs en font tous couucrxsiya çfoçm en tait grandecherc laplufpart de l'atjnce ; ils cl^agcjcu aufli de gouft., fclon lesgfalnes dtefqucllciils ifc nourruicnt., ^ ^. ^/ix.Kjxuc'îînOL'rjr'.j f:?a:?T/ f-'Ào];p'^;oivvi:)l 'i:>r^itd:i{Jnf^uJob -inonda M :yt • m ^ D'SS Ô'YSÉ VX H7 D^^ G/v«« («r des autres fetits eyjeàuM ^fi^^^., i Il y a dâti^ coucctces iflës::vno. (r>^ra?)do quantité detSnae^'cjU oik iDie-fçaiu!0)i KmBJvn^vàètmcnu qui n*en«^^foircndbmmagt ; f 1 cnofl: dé mefme d* vit oyfeau^ -queles'habitans appeltent^CD&bei:» cjuiia touter iopforinse d'vn:moyjieau ; mats ïh arlesipdanies vcrdaftrcs. Ccluy-cy ayant le bécfort dut ^'fait vn fign?ifc fecuiecaax aatrcy; car il eocamc/refcorcc (ksBaimarses qui c& £ort dure^auamtlu^çllesibicàf meui»s,ptj js cous lesautr es YaQcom pagnëlnc à rrisLhî gcrlc dedans dtrfrui6t;.:>vu.ii^iw' il;- . ,. c.;. ^ Il y a auflidansla Guadcloupr , St nôncnpiu» fieiirs auercsifliBs , yn ti:es:graddnomb,EC de petits oyfeàux hôics foiJtfembkbics iauxiMcrles, les nabi- tans les appellent yhout de fmn , d'autant quils eroycnt ( coniaae IssfokJtot dir». aux cIoch»e£wfia ïoyem .dansJes nuc$. tbjat ce qac bon leur fembie) que cet Byfcàudicd^nibniiamageî vn pcciebout de petun. Il a la voirfortécUtante >• quand il chance il cftcndi Icsaifles ^cfparpillcia qujeuçjô^ndanfc à La cadence de fandwnt.: lWonup)a]i3l3ta{réii4ux petits lézards &les mange : Il vie auflide Caflaue.quil vient dérober iufqiï.çs dans les cçafes. Il y aaufïi quantité de p^its oyfcauxpas plus eros que des Serins , ôî qui ont le ramage aflez ipbbbleilnais il« n^ f<;>i>t guère plus de birtai;t:qu \fi- mp cygallc, Dans^iY^e graA4ç4^^ast^!;ç,<^i^4 Rr iij .-.âMani îd J)JE«çjlï^Tï©N ccspetitspylcaux^ ic ny ay iamais trouué plus de Il y a aviflîpluficuipi beaux petits oyfcaux , qui ont la tcfte, le dos, & le ventre noir,& les aiflcs mc- IccsidOjTODgc^^isinc Jfdc bJae^es oyieaux {bipt la âaifcÉeur lé lon^ des riulcf es ik des &midjiei, ibii2(^46C adbtcf ^ ^ iÀ 4ls fom mille>^ mitit tomt p0nr^tra{CFvamouckerctfiouvn^inati^ quôbïls fc nouxti&tiX* ^ ..^. (.: v-j- ynu J . .':^ . ^b-bi/j/ )i.'oyfeaa que les babttans appellent:. Rbffignol, Ê&(otttàvç'^ntih Guad/cloupc II eft ai&E Cem* faUbie au Hoycçlcc de fEurop;&; mais ilefl: vn pîu plus gros. Ceftle feuldetous les oyfciiix que i*ayc vea dans les Indes^quiak vn beau ramage. Il fe nomuLdC'WUKsachtsêc de pecite« ^Eaignocs Jlettau* tant cothmun idaais ia Kiarifaique^ qu'il eft race danÀ la Guadeloupe^ il niche mefme fort priué« tticmém.û lesCafes. Chee vtnLiciaceaaiicde ni«s 9.tm& yitni^ veû vti[ qm £ii&ic fao. nid 4aiis Tn< callebaâe pendue au deilùis de ià^ tabie: Ily auoit defiairoîs ou quatre ans que ce petit oyièauiouyf- ibit db cecté^ueui^y^ payiidic 6:»rC'fideiiement fcs encré^ii&' foirties -^ât 4e' ptrticcs ^diasvTons fort ..agrpaMci»-^ î»^- ^S-'-'{' - ■ " ; -2^ffri^. }.J-'J:. ^Wi^s:), Des tyfiionitlks, Jo'i^l Lfô Afv^3V fiiiéjicn les a y pai qa an les cbeûcscf] qmmea cantrairre ^ondeHiCi ce qui eft qaedartsl mcfmere lencre vaiCne^di ffoid kjT p chofede c les- de la Pf mionaiox. i cbâipiifre£i propres pa mmcomflu omnèsadtoci efénfVf/iJni Aldroii; cond, liurc ^p.lufiet «.-vîSiùBêawth.-aii''. LUC plus de fcaux , auoit| ricauiouyf- Icment fcsl isffons fort] "i M .tûfi V U dans'toutei lanslîEuî®' DES G Y SEAVX. ji^ p« V casrpdiidamfcipt o« htiiârans que f y ajp ic- (iiié j ic n en ay iamais veu plus «4 vnô douzaine: EU les a y pxsoifTcm quependanc les ctnqo>u ûx moi» qa on Icf Toit en France , & fe retirent & fc ca- cheiïtieiic&af ou;)ptnda]at le sefte de l'année) ce qm m&cotshcmedan^vneoptftionparcrctsliere^ é^ canttairre a^la commttne, qui ailèurc qiiiecàates les jrofadetks cbatigenc decliniac,âcvotit paffirr Icsùx niôis àc froidure? dam des régions pla&cliaudef^i ccquicft vnepurcrcfùerie y car ï\câtïC9<€tt^iîh qac dans Ics^rcgions U^plusctiaadei , ellesfonK la^' lacfme retraite. .-lî^--:: le: ne reu*: poutftant pas nier , .qûccelle s ^di fanti v^ifincs des piys chaudsf ne s'y retaerit, lors quelr ffoid hs preife tmiu û ne fsacpas oksirela mefnte ciiofede diUc*-(jàicn fôiït éIrGttgflfcr> côname cel^* l«s.dc la Pf âttce, &detDûcle r«g«ô des payd Sopten^' tfianaox. Ariftmcau liure haitiém»* des; Anintaax^ propres paroles de ce Philo fophc naturalise :i jrf^^- %\umcomfluresc6nèfmtkr^njmtM9fftY^^ nec mnèsad locs teftûaméàmffityfèâ qmhpfslffsa'eJufn&ikfunt mim:fslirmfèdiyffïe»pcUw4lib(tfftj^t^^^^ kakfiaiâmàimidêflmêfi* i ^iH:^^^^ --v ji^:; ; ■ ii Aldroiiandus dans (on Ornitologic , Tome' fô^ cond, liurc dix fcpticme,chapitrefixiéme,aireurc; ^plufieurs arôndclles fc cachent mefme iufques HO DESCRIPTION dans la glacCj&sy conrcrucnt idfqu'au Priiïtemps; auquel' temps elles reprennent force, vigueur, ^ valent cammeauparauant. Confarmementàcela vn homme digne de foy , ma afleuré qu'en vn cer- tain village dc-Mofcouie v >• illuyifuç apporte dans vii |)Oclleync grande pièce de glace, dansiaqucl- leil y auoitpluueurs arondcllcs gellccs, ^ mortes, auifenciment do tout le.monde; ôc que laglace ve- nant àife fondre ^ les acondelles Tentant le chaud (è ranimèrent, di prirent le- vol comme fi elles n'eut* fcnt eftc qu'endormies. Olaiis Eucqae de YpfaL en Allemagne, Albert le Grand, ôrplufieurs autres ; fontide ccttèopinion: Etfi nous adiouftonsà cela qiîe les. régions chaudes ont beaucoup moins d'a- rondcUcs queles froides,il ne fe faut pas «Ruiner, fiicfouftiens^cùepropofidpnviik iî iafliure^que les ^rondelles n& changent point Me pays ., ainfî que' le vulgaire cjroit '; mais quelles fe f étirent dansdcscr^x d'arbres,,, comroe^ ditlftP^ëce Clau- ,dian; 'ifUfs?înijf!!?fîr;fQr^f?rl^!f:': :.,K- '^-vr/i c.: ' ■ . - yAquûU5\plidis flumalahuitepruink' V .Arhmisimmom QudatH.de vkiUes,mafureïL,.otîdans des^ofcauxj & que la vie ,& la chaleur nttuicdlerefl: conferuce au. cœur , fans que , les autres parties s'eniCcfiTen^ tent# Pour fçauoir: maintenant Çjommc ccU fe fait \ c*eft vne chofe qui furpaflEb lapQXtçc^de bo^ clpriC5. ^i h^ i^ Kf ^t àm* Gll a&îipiiii :^m\:mi m^[bR:> il i^t^hhaou n^iiùvi'' Dits .-iDiSIKum,.'-ammi»m^ 'ritttemps; gucur, ^ lencàcela iti vn ccr- jortc xlans itislaquci' S: mortes, iglacc vc- s chaud fe îUcs n'eut* .deypfal :urs autres ; onsà cela aoins d'a- «^uner, feure.que iy$., ainfi 'c fçtircnt ?(;cc.Clau- îs^ofcauxj :onfeFué6 îniïcfien- e ccU fc DES OYSEAVX. ^u Des qyfeauxdomeftijues ^ i:ommefoulles iinde (^fouUes communes. $. XVII. L£s PôuUci d'Inde ibnc dans toutes ces iil^ comme dans leurs lieux hacurelsxUescouueni: trois ûu quatre fois Tannée , &: multiplient à mer- ueille y pourueu qu on en ait vn peu de (bin. Ceux qui ont des femmes vn peu mefnagerés ( qiûcft Tn oy(eau aflfez rare dansles Indcsjy font de grands profits le fçay des meilleures familles deS.Chrifto- phc,qui fe font enrichies à ce petitmefnage.Ilfaut dire la méfme chofe des poull^ss communes. o e s m o v c h e s. Chapitré second. A Près auoir fuflSfammenr traité des oyfèaux; i*ay creu eftrc à propos de traiter icy des mou- ches , comme en fojt propre lieu i ôc quoy quç layepcu déchofes adiré aeces volatilles , ie fe- rois tcrupi^le de fruftrer lattentc du Leâeur cu- rieux en le taifànt ^ dautaat que ce que i'çn diray neft pas commun. r se $1.% :i)vEs£ll.I PT I-XWi if ' • * j L Es Abeilles doiuentceair le premier rang en* trc les lautros mouches / comme Ie& trouppes royales. â|^ celles qui font les plus vciles aux hom- mes. Mais comme fcTeroic faxis doute mcfloigncr démon deHein , iîie décduois des Abeilles des In- des , tout ce que Iqs Autheurs ont laifle par écrit de celles de r£uropevIcme contentexay de dire preci* féfhent ce en quoy elles font diflemblables. Enipremieriieu, il ny ena p^oint dutouji; dçpri- uées : elles foQt toutes làuuages ^ ;& ie n*o crois- pas quonles puifl'eiamais appriuoifcr. Ty ay fait tout ce que i ay pu , ayant fcié le tronc d Vn arbre , dans lequel il y auoir me ruchciie lapo&yfiirvne fou- chc,laquelte i cnuirormay dj? cendres pour la gua- rantir des fourmis, & y apportay tous les artifices que ic creus ncçeflaire&Rour fa-confexuauont> niais cûvairi: car quoy que les Abeilles y demeurci^cm fortlong-temps,cc ne fut que pourbutincr icen- leuer tout ce qu il y auoit dedans /& en eiFei;,quand cUesi eurent vi;iidée;,çllcs rabandonncréncçttripie.* ment. , .'/. . Ces Abeilles fohrla moitié plus petites que cel- les de France , Se n ont point du tout d*aigirill6n. Elles font leur petit mefnage dans des arbres creux, Se leur miel eftdans de petites bouteilles de cire, qui foûtgroffcs comme des œufs de pigeon, dont Tcs creux. DES OYSEAVX. 515 chacune tiencrne bonne demy-oncedemiel fort clair , bien efpurcr, de couleur d ambre^d Vu gouft» fort aromatique , & meilleur que celuy de France* Dans les ruches les plus abondantes > il n'y a pas pius^ de citiq ouiix liures de miel , & deux ou. troii^ Uure^ dcîcire noire , laquelle ne peur cftre blanchie pour quelque diligence qu'on y puifTe apporter. Elle. ed: beaucouprplus molle que celle de l'Europemoiis nous en (èruons neantmoins pourfaire des cierges» mais c^eftià; faute d autre. '^^. i P.cs Mouches luifàntes. IEn'ay rien vcu dans toute TAmerique digne i mon iugement d'eftre admiré comme les mou- ches luiiàntes. Ce^font comme de pcrits Aftrcsani- laQt y qui dans les nuiâis les plus obfcures remplif-' fent l'air d'vneinfinitéde belles lumières, quief» clairent & brillent auec plus d'efclat^que les Aftres qui (ont attachez au Firmament. De iour elles rendent hômagc à ce bel Aftre, duquel toutes chor fes lumineufes empruntent tout ce qu'elles ont de fplendeur &:d*écfat ; car elles fçaucnt iî bien cacher leurlumiere, que'ceuxqui ne lesconnoifTent pas les p rendroient pour de vils efcargots : elles lè teti^ rent dans les boispourris , iufqua ce que le Soleil foit couché : & alors elles prennent le vol qui deçà 2[ui de la,' &ilfemble que cefoicnt autant dcrchan- icUicsallumiées', portées par des mains inuîfiblçs Sfij •% t. 3^,4 DHSCIIIPT I ON le long dfes forcfts & des habitation». le ne fçay ff c cft l'amoui' ou rcnoic qui les fait courir aucc tant d'ardeur, après les chofes qui brillent ou efclattcnt tant foit peu : mais il ne faut que pofer vne chan- delle, vn rifon de feu,ou vne mèche allumée, pour les faire approcher & faire tant détours aux enui- rons de ces lumières cftrangeres,quc bien fouucnt elles y eftcignentia leur, en s y bruflant comme les papillons à la chandelle. S^ /?'■ Ces 'jetitcs chandelles viciantes fuppléent fou- uci-. \ h> pauurcté denos Pères , aufquels la ehaii- dcll ^ ihuille man([uent la plufparc de lanncc: 2uand ils iont dans ci:tte neceffitc , chacun fe fai- t d'vne de ces mouches , &ne laifle pas de dire Mannes aufli. facilement que s'Us auqient de U chandelle. Si ces mouches eftoient incorruptibles comme lès pierreries , & que leur lumière les furuéquit ; Il eft certain que les diamans ^ lesKfcarbouçIes per- droient leur prix : mais cette lumière eft teUemenc attachée à la difpofitionde ranimal,que lors qu el- les fom en pleine fanté ,, elles font feu de toutes parts; &quandjellcs £bACinalades>, cette lumière s'atfoibht,& fe perd entièrement Joris qu'elles meu- rent. Cela fe remarqua aifcment par ceux qui ea veulent confcruer envie -, car elles^ne viucm que quinze iours ou £lx ièmaines au plus , eftant ainfi pri(esé l'en ay veu vne autre efpccc toute différente dans la Martinique î^kfijuclle^ ne font pas plus t DES O tSEA VX. J15 oflcs que les mouches communes* CcUcs-rcy font briller co mmomenc dans i'aic 4ix ou dou?c petits cfclairs dVn feu doré , le plus agréable du monde, puis elles s *arroftent& cachent leur feu couç à côupj&àvn moment de là elles recomm^n* cent, 5c vont ainfi voltigeant toute Ja nuiélifajftae paroiilrc à chique démarche vn petit cchaptilloa de leur gloire. Cette clarté eft attachée à vnc cer- taine miitierc blanche y de laquelle elle^fpnt tou- tes remplies , & eUcs la font paroiftre par rincifioA de leur peau quand il leur plaift. .. ^a Des Mouches cornues. H A- t ' f r m ^ ^.m^, ii::' i. iiïi LA mouche cornue eft vnc cftrangfe espèce de mouche y laquellequant àla fôri :du corps, efl toute fembiable au cerf-volant , ou à ces gros hanetonsgris quontrouuefur la fin del'Efté dans les cheminées telles ont latcftcnoirc,fort petite, & couuerte d'vn poil orangé , doux comme de la foye : Dans cette teftc font enchaffez deux yeux ronds ^gros comme des petits pois tannc3^^1airs,6i diaphanes fcomme^ du verre. U fçnc ârteftc:^ daiis leurs petits chatons par deux petites pointés qui les ccuur^nti demy. Ces yç^,if,Q^^4*ynp;îxmictù fiduie , .qiie;i!ay 'fait pkfieufsfpis môa poÛjfc^c p^ourlcs-cieuer i fans en potti^if YW^ à bp^t > a moinsque dei»çctre la tefle par itioiiceauK. /Cet- te.i9ocitc:;ceAeiii€ icvmiriççoJQXï»ftd^^^^^.^9r 3ii DESCRIPTION ■ trmffféc & armco de quatre dciiK , commela. pîncc dVnecfacuiflc. Cette Corne eftînotrc , durc^ polie comme du g^y et] , ^ longue d'enuirondeuz poulccf^ - '-'m Mais cequele crouuede plus remarquable ^ êc qui ne (e rencontre dans pas vn de tous les animaux du motfde,efl:qu elle a vne ioin<^urei&vnmouue- ment audeflusdesyeux : car cetce petite tcflceil; couuerted'vn certain cafque depuis les aifles iuf- que^ furies yeux,où il fc termine en vne autre cor- ne longue de trois ou quatre poulces ^ & qui fe courbant en bas,attcint la iointure de lautrc, & fait comme la pince dVn efcreuiflfe. Cette corne cft de mefmc cftofFc que Ja pren>ierc , excepte que le deflbus eft bordé dVn poil raz & doux comme du velours relies hâuffent &:bâi(rcrjrt<:e^ fomente, ^'ilfaut ainfi dire , leurs petits, pendant q^ue les autres trauaiilent à agrandir la ruche.- ij^ inti^'u-^^ A\'i.i} isifthm j;. . , Gcs ruches font attachées par de petits filets, compofezde la mefme matière que la ruche , a des hranches d'arbres ^courtines des couuertures dos maifons , lefquelles font fore baffes dans.coutes ces lùcsiôc cela en fi grande quantité, qu*à peine peut- on voir deux pieds de courtines , où il ne pende vndeces dangereux bouquets ; en plufieurs en- droits de Tifle ,&nommémentf le long des riuiercs, çout en eft fi remply qu'il faudrait auoir autant d'yeux quVn Ar^us pour les éuiccr toutes. : Ces pe ti tes furies ( s'il faut que ie les appj&llcnc ainfi ) femblent neftre conippfécs que de feu , de lîcrc té, &rd^ colère, elles font touiîours prcftçs à mal faire ) ilnofautque paflçr yn peu trop prés d'elles pourUs! voir toutes fondre fur Vous , conif me de- petites enragées, chacune vous enfonçant dans la chair fon aiguillon, iufqu'au gros bout :à cra- uçrs- de pet .^iguilîp^ il fe gUflfe vn certain 'venin, qui caufç Y^iie fiexccflîue douleur , que i*aymcroi$ mieuxeftre picqué d'vn fcorpion du pays, quedV- ncde ces Guefpcs. Q^s picqiipuresfont cnjiîefme temps faiuie» <1^ ^lef^ure , qui duretrpis ou q^airi^ ioars , & il neîiiï» fami quVne feule pourrendre le vi- fage dyn homme tout contrefait. Le remède le f4us groinpÇ'fS^ le plus à main, tS^ 4*«^ppUqviei^ l'^Uu*: 1 r> J>i '.( 3£l DESCRIPTION melle d vacoufteau toute froide fur li picqueurè.^ Mais i'herbc aux flèches cft le plus exccltcnr reme- c,donç l^ p^ptijiçre^ font larges dVii bQjjpoul. cc,&: longues dvûpoi^lce&dciny : ellij^ront plat- tcs^aflczfembl^blesauxefcarbos : çellcs-cy ont l«$4cmj.^ «l^fcsj quelles rongent & percent iuf- qtt ^ çcçut Lçs bois U? plu^ durs , pour ;: faire leur nid- Le^auii'viJ fonjt cerçains mouchcrom , cjai ne font<5ttçbour)dpmierle longdçfa tcrre.lors qu'im- HJcdiacfiijiptK après la plule^lcSoJeil vieti Téchauf- fpï vn pçu ardamwfint. Ce qu'il y a de pkis re- marquable en celles-cy , cft la façon de faire leur nid >: P<>wr péîtpfe, elles. voAjt couper d^ petites fçiiiljcfj d'arbres qû elle* arondifleiK auec leurs d£ts, de dci^x-ftftilles elles en fornj.ent vn petit pannier ^mP hfii^ffï ft lies ea aiii|ften t y n a«*tra d Vfl«i ég^le giandwrj^^>fo,rf:ç toutef ^isq^'if n«c vap^ iufquki f^nd:& dans c^qu il y demeure lemcnt plus tourhieûcé^ que dans la France H\X cœur de l'Eftc. •'^^;-^ - • ^ ■ — • !'*•■;: V.' JH- jji .XiXE'S € R I P t I OcN • ! ; V ' * I . ^_. . î. . , . ». » l «îi>xii;ffJ(n(IIJb; :T R. A: I T E*. ? »- r r 1 ,vty. -.,;feÇ?.AM:I.J^Nû(S Chaflcurs , c] ui au comim^îu;^ Ti^i» t fàrw s^^^ locg>nci: d es lubd cations^ n^timaiar. se, quinze s armes, d: i^^nts com- lupain du ics arbres, &: qui pis 5u;fbqùés, & ne leuf brtc qu'ils iftFtie de ta leurs defo à la bou- tée que la :litarmc & resdeces 5vik GO fri* e feuilles julement tiyes , fii «ur^lMs. it la huée otn. auec liuilùinciic de courir. Vn d'eux tiendra vn erand coufteau dans (a main,vii anue vn coutelas, vr. aa- trc vne lance qui eft comme vne dcmy-picque^ mais qui a le fer large comme la main : Vn autre aura vn mroufquccon ouvn piilolet. En cet équi- page , ils fuiuent les chiens qui vont queftant & eC* aencfint lavenaifon , broifaat à crauers des haUiers, grimpant des montagne:^ "^ des rochers , qui font peur à les voir , franchisant mille précipices , ou il y aaumoiftdre de quoy fc rompre le col : Pouc IbrdiHaire , ils font contraints de cheminer par des pays perdus , ou ils enfoncent dans la bouc & dans la fange , bien fouueat iufqu a la cein- rarc. Apres toutes ces peines, s'ils rcneontirenc vne. bande de porcs , il ne faut pas dire que ccfoit vne chafle -, mais bien vne guerre confufe d'hommes,. Je chiens, & de porcs:les hommes crientjlcs chiens sboyentj les porcs grongnent, comme fi toutes les- furies d'enfer les tenoient auxfeflesiLeschies mor- dent comme loups enragez , les porcs fideffcn- dent , 5r quelquefois d'vn coup de hure, font bon-f dir les chiens de la hauteur d'vn homme , Se leur mettent les trippes au Soleil. Les Chaffeurs iè^ou.-» rent leurs chiens , &c'eftà qiîi lancera pltsrs hardi- ment eiurelî col â<:refpaule, celuy qui fait plus de rciifteace. Les autres égorgent ceux que les chiens oivtdcfiac^iaircz : mais pendant cetçe confufion, '??•;' iit« ■^ :iSî:\^fllù... 55tf DESCRIPTION garde ladciiC .- car ces animaux ont de {ifaricufcs dcfFenfcs , que quelquefois d'vn coup de dent , ils vous découfênt plus de peau, que le meilleur Chi- rurgien du pays n'en fçauroit guérir en trois mois. V |V w-^ En fin , ce maflacre acheué fahs ^ué nos Chaf- feurs ayent pardonne aux truyes pleines , non plus qu'aux marcaffins ( & c'eft ce qui fait le dégaft &c dcftruit entièrement la cllafle ) ilsfont prompte- mcnt ledeuoir aux chiens , leurs donnant toutes les freffures , lefquelles au commencement on laif- fbit perdre, auflî bien que la reflet les pieds, & ondonnoit de la meilleure viande aux chiens., ôc mefme i en ay veu qui faifoient fcrupule de leur en donner de crue. Mais ce temps la cft bien pafTciie fçay certainement que ceux qui en ont fait plus de dégaftj, fontà prefent contraints d'aller .chercher pour eux auec beaucoup de trauail , ce dont autre- fois ils n'ont pas voulu repaiftre leurs chiens. La Chafle acheuée chacun fe charge de fa beftc; que, fi le nombre des porcs tiiez excède celuy des hommes ,ils en efcorchentdeux ou trois , & font des Tacs de leurs peaux i puis feparantla chair d'a- ucc les os 3 comppfent autant de fardeaux qu'ils {bntdepcrfonnes ; &ainfichargcz comme des af- ncsqui vont au moulin, ils prennent le chemin du rendez-vous, duquel alTez fouuent ils fpiit éloignez fk deux , trois & quatre grandes lieues. De vous 'iitc icy la peine qu'ils endurent en ce retour, chacun cftalle fcs proiiefl'es , raconte fes auaniùrcs, Vivante l'adreffequ'il a eu à efquiuer vn Vu m 338^ DESCRIPTION coup de dent, balancer le cochon: En fin,, ib s'é- chauffent fi bien par ces difcours > que comme fi leurs maux pafTcz/nauoienteftc quedes fonges & de pures imaginations , à les entendre , il fembl© quil ny ait point de mal-heureux que ceux qui (ont priuczde leur mal -heureux bon-heur : ils fona de nouucaux projets dy retourner dés le lende- main j mcfine dans des lieux plus éloignez & plus difficiles : ils ny manquent nullement, &• conti- nuent ce pénible exercice ,pluftoft quVne chaflc agréable ôd;diuertiirante, iuuju'à ce qu'ils ayent la charge de leurs Canots , ce qui leur peut valoir, quand lachafTe eft bonne , à chacun vn barildc viande, ou deux pour le plu s/ Ayant leur charge complette , ils s en rcuienncnr vent derrière , chantant , & auflî ioyeux que s'ils a- uoient.fait vne hcureufe fortune : mais comme fouuent le naufrage fc rencontre dans le port, il no faut qu vne lame à l'embouchure d'vne riuiere, lef- quelles toutes fonr de très difficile & dangereufe entrée ; ou vn mouton en paflant vne pointe , pour renuerfcr toute la boutique , & ainfi conuertir b ioye de nos panures ChafTeursen dcUil,&Jes priucr d'vnbien acquis a^uec de fi pénibles trauauxi le reuiclis à mon fuict:, duquel ic me fuis vn peu trop écarté en fuiuant nosChafleurst le dis donc que les fefpagnols ayans reconnu que la Guadelou- pe; leur cftôit la plus commode déroutes les iflss GânibîtlcsjpQurle rafraifcbiffemcnt de leur armée, cam à raifon dcsi^clies eaux^ des torcens , &• des ri^ DES uieres , ucuc, q qui fe t autres i brc de f fe mule quatre blanchi chafTer vnfilon le ne rdans'toi ceux qu d'vn bo de deux nés de t & ontlî poifle d que ce 11 À On r bac, A: avnec vncerta on pou! pcnetrc droit., durent auxCb t r? DES ANIMAVX DE LA TERRE. S59 uicrcs , dcfquollescilceftauantagcufcmcntpour- ucuc, qu à caufe de la grande abondance de fruids qui fe crouuentplusàfoifoa, que dans toutes les autres iflcs j ils y ietterent en paffant grand nom- bre de porcs, afinqneparfucceflion de temps Ils fe mukiplialTcnt , en forte que pendant trois ou quatre iours que les femmes eftoicnt occupées à blanchir le linge de l'armée , les foldats pufTenc chafler pour xaSraifchit toute laflotte fatiguée par vnfilong trajet de mer. le ne fçay oiî ils ont pris les porcs , qu ils ont mis dans toutes ces ifles j car ils fonttout différents de ceux que nous auons en Fr:,nce. Ils font plus courts d Vn bon tiers,ont la hure plus grofre,& font acmez de deux horribles dents, boudées comme des cor- nes de belliers. Ils font noirs comme les fanglicrs, & ontrlapeau , principalement les vieux mafles,cf- poiffe dVn bon poulce. La chair a meilleur gouft que celle des porcs de noftre Frattcc. On nous en apporte quelquefois de l'ifle de Ta- bac,^ des autres iflesvoifincs, vne autre forte qui a vne chofe bien remarquable , c eft vn cfuent, ou vn certain trou qu'ils ont fur les reins , dans lequel on pourroitaifément fourrer le petit doigt, & qui pcnctre iufqu'au acux : Ils refpireiit par cet en- droit, d'où vient qu ils ont l'haleine plus forte , & durent dauatKage a lacourfè, ôc fontplus de peine aux ChafTcurs. . , Vu if 34P DESCRIPTION D^ TAcouty, $. II I. L'Acouty , qac quclquc$-vns ont voulu affcz mal à propos faire paflèr pour le Lappin des Indes, eft vn petit animal , grand comme vn co« chon delaiâ: dVn mois oufixremainesulalaceftc fi femblable à celle dVn rat ,qu*cHe n en pcucrftre diftingucc , finon par fa grandeur. Il a le corps & les pattes dVn cocnon , & la peau toute couuertc .V *^ .îv'^ ^P: ^ ,^ y -(^ Photographie Sciences Corporation 23 WEST MAIN STREET WEBSTER, N.Y. 14580 (716) 872-4503 \ "Ol V "^h V ^\ ». ^ '-0 ^ 1^ o t/i ^, '^ I 341 ; .1 DESCRIPTION ï on n a vngrand foin , toutes ces garamies xléperif- ient petit à petit o . j _ ,j - i. ,. kiwv- ». J J»i •«> V» ^ - r . ... . ' - "■ '1. V; Il- fe trouuc dans quelques -vnes de ces iflcs grand nombre de P//om ou Rats mufquez , de mefmc forme que les rats de l'Europe -, mais d'vnc fi prodi- gieufe grandeur., que quatre de nos rats ne pcfcnt ?pas vn Piloris. Ils ontle poil du ventre blanc , & le -;âQsnôir,,^fententfifort Icttïufc , qu'ils embau- ment tout l'airvoifin des lieux: où ils repère ut* lis nichent mefmeiufques dans les cafesjmais ne peu* plentpas tant que les autres rats communs.Lesha- bitans de 4a Martinique les mangent , mais ils font contraints après les auoir ccorchés , de les laiffer cxpofez à l'air yne nui6tentici:e , & mefme en jet- tent aufli le premier bouillon, pour en oftcr la trop grande fenteur du 'mufc- -■■y^.Cùs Rats font naturels dansl'iflc delaMartini- cJUCi&non les autres rats commuiis,qui n'y ont pi- ,rurque.depuis quelques annces,qu*elleeftfrequea- -tée dcsnauires. Onacreufortlongtemps èuelcs Ooulc vrcs & les Serpens la guarantiffoient d js ratsil mats dçputisfix Qufept anslesxoulevi:cs nont pasl rbeaucoup diminujé ,4ciles rats y ^otitrCtiaUiB grand iiombre c[Uc dans coûtes les autres iâes. ■ f » DES ANIMAVXDELAtE;RR.E. i4i . JD« î^4ts communs $: VI. ' 'f IE puis iauec beaucoup de raifan appellcr les Ratt ' communs que nous auons dans nos ifles , Tafflu d:ion' commune de tous les habitans du pays : Car cette vermine peuple au delà do ce qu'on fc peut imaginer i &a^cllem€ntpreualu depuis deuxcens^ ans , qu'il rîy a à-prcfcnt dans toute l'Amérique vn» petit coing de terre, voir mefme vn petit iflet dans» la-merj ou vr^petit rocher ftcrile, danslequclil s'en» rcncontrevn grand nombre. Ils tcrriflent partout^ comme deylapins, àt- principalement dans les ha* bitations,lefqacllesdcnuiâ: femblenteftredcs ga- rannes, où les rats fourmillent au lieu de lapins. Le tort qu'ils font dans le pays cft gênerai -, car il n'y a. rien que l'oupuifle gtiatantir de ladcntdece mal- heureux beftail, puifque mefme ie les ay vcu fou- uent ronger le cuivre & le fer, pour entrer dans les- coffres oii on auoit enfermé du pain : il femble qu'ils fe plaifent plusaudégaft &: à mal faire,qu à fe rcpaiftr^ . ;;jâU Usentament les Ananasifés Melons, les figues^ les Bananes & les autres ftui6ts de la terre , auant qu'ils foient meurs. S'ils attaquent vne pièce de gzosiMil y du foirau lendemain il n'y aurai pas vnf épy qui n'en foit endommagé, l'ay veu de grandes pièces dé ris tellement bouleuerféesparle&rat&ett vnciculciiyiâ:, qu'on eut dit qu vn Régiment dp 344 ' DES CRIfT ION gens de pied eut paATé pardeflus. Ils entament les Cannes de fuerc les vnes aprei les autres , fi bien qu* vnc demy douzaine de rats en gaftent plus qu'il n cnfaudroit, pour rcpaiftre tous les rats dVne vil- le. Jh tn fomdcmcfme despoi5,dcsfçbuçSjduma- n)l0c > des patatej^&r do tous les autres biços de la tcrtc. Il n'enfaut quvrifetti, qui en s'aiguiiàut les dents ronge la fouchedVnç plante de pecun, iuf- qqa goufter de la niocUe , pour y faire venir tous Ics/sttitres» &tuyttercntroisou quatre nuids^ tou- tes lesjbcllcs efperances,^ le trauail decinqoufix mois dVnpauure miferable. rayveudes habita- tions entières plantées du petun , toutes ruynces & acrcftées fi bas pas les rats , quil n'y auoitque deux ou trois fiieilles i chaque plante. Us font fi infolens qails viennent ronger le cal de la plante des çieds à ceux qui dorment trop fort. l'en ay çftépluficu» fois mordu au bout des doigts en dormant^ Et bien dauantagc , i'ay affifté vn pauute garçon à la mort dans la' Guadeloupe, auquel ils auoient mangé les pieds plus de deux heures auant fon trépas. Leplus grand n^ial qu'il y a en cela, eft que de vingt chacs,il ne s*qn rencontre pas vn qui Icurfaffe la guerte. Ils font fi^ccouftumez de les voir , qu'ils fe ioîient quelquefois aueceux , & permettent que les rats leur palfent fous le ventre , fans faire mine de les vouloir prendre; Si bicin qU on eft jaoi;itrain« de Ipur faire la guerre àucc de jpetits chiens qu'on dreife à cet exercice. I'ay apris dé nos Religieux quiXômrcuenu&dcpuis pax^nftmcGi qu'elesJiiL- bitans DESANIMAVXDE LA TERRE. 34; bitans ont maintenant des chats , qui font vncaf- fez bonne guêtre âiix rats i&eii.4rmiimcht fort le nombre. . ,,. , Des Souris, . ' ' I'Ay pafféçin^ oufîx ans dans cette iflc , ftns que i'ayè veu/ny^ouy dire qu'il y y vcu a qfidcj]açs,Ç^^çsii^a,upieni;l?^tçft^^ Iq&fori; lojig.u^,,^^ppi;Q<;hoiçni;cfe Ufe^^ dc« rçi^r^ds, Us ^oycnç. bçaucQup p^us cjftir qup les aiwrc^ c^icf)^^ T^oiic autantqjii'ilycn ^ d'^ijtr^s,, ils yjom^ftp^,a,pportjÇ?^ gjiplçs ÇbfijJCfUrs. Ils!çn cftcf- carcf pluficurs dans J^s tK>is ^ qui par (pL^ççilioA de temps ontii bien multiplie, quon en rencontre quelquefois desbandjçsdcdixou douze enfemble, &qui font beaucoup dçdégaft pourlachaffe ; on les appelle ctewj w4ro»^ Vae chofe bien r(?tr^apqu;iblç; , eft yne maladif à. laquelle t^p us les chiens qui fpatcjans les Indes font fuiets j.exceptc cçux qui foqç ergotez des quatre pieds, Çettç maladie leur vient dVn certain ver oi^'ils ont fous la langue : Q^uand elle, commence, ils quittent te boire 5^, je maqgçj; , foat tjûftçs , * cômrxié iflpupis Icfp^çe 4q quaW ipuirs ; pui? toytàcoup^ilscomiïienceutàheutleiô^à df5j^ ipi^93;éic^^^^ fpjoXçpnpigafl^Qn a ai\^ qui^lcf entendent; Qyaiii4 leJ^aJ les preffc, ilsXe Icuçrittrurqùement , ^ ïc "mettent à courir fa^s DES ANIMAVX DE LA TERRE. 347 tttïtls^ihtts ôccohtrths Tdchcrs, hfeiirlàhtîc {c«- manc par k gUeullc, comme s'ils cftofeht eiiràgtK, iu^u a te qiite perdant fealçine , ils rôidiïïbrtt lés jambcsjrôiitlteht les ytttX dans lacéfteyé^ tiJinbtsnt colrtïfiit ttko^ésfur kf là*ée j éd ils 4dmèùi*éîït. 4)oic' Des LtX^ r t 'A • ■' -. I \ ,■ •- -V 1 '.';, I^V^ qùfc te rdcit que ie fois àela h«iutrituitî Vj^juti âCïUè ^^ëns éès L^târd^ , dans ttnités lesifl^i dàôfSbàlés^ éèô^tiè Ifes c%ié^lcs^iàs dé- li<:àts i i' ôfe Aeaâtiridiàs bien aflèurèr <^u^il h y a frôfÉfc ^ m^ft^teiiéKt'icùic <^tfé irduy^à tfen^tôti- té l'Aittdi'kîWe-iJét^s^iiftblilclii^^ G*^- k ift$^Ha*lto fait k^tfiit^/ Bë^côU^ db ëhèfôs, que lexpericnce met ^^ÏTi^'èfiki^^iT^i^ TôMl<^ Moft*^ àètottè la* ftï Wtîà aaÉs^PBâ^bpc, Xx ij ^5^4^',a£çmtJÉ au^iJi -boi^nojq'iç celle da pou[kt. yQiiant àmoy ^ ic^ crois qufc.la foi bjefle clç.c0$ dçli- ■i^if' ,;qj^i fe laiflciic mouçii; dcftij-n paj:;;purc ;phaii- çai|jp3^?ii^^ ^'YA Jîcjiv jnpjxjç^^ , pareç qu'itcfl: hy,- i4^)ùfTt ou.à raifon-dôfôn Jtiomi n'eft pas moin$ blaf- jnabjcque lextrauaga^ce çlcs fenimes groflcs , qui 4e4rent,4efor,dQnncfîiciK .Içs.5;lj9fts quii Içm f v)nt •jr ^ .Çe$ ]e5aj;4i^,4o4ipays/gui rempliront les plies des Gouucrncurs & des plus riches liabitans de leurs hydcufes tcfbcs 3 de leurs griffes cpouaencablcs , ôc i^ ïinis[Vi\micsjc^uQxi'è's.i en vii Âiot,. de toutes Jes parties du plus hfiu:rible;ferpcntr|ii*oîi fe puiflc ima- gincr, font pour l'ordinaire longs dequatrcacinq pieds , en ^xobîprcriaiit là«qti3uè.^fc'fefe-queuë aufli bien que les pattes, font fort charnues , &tour le refte du corpseftaflczniiig're"; Ilsontvne grande capacité de ventre , oiîv(è trouue vn fcul boyau, qui s'eflargit, &s'e(poi/îît parle milieu pour luyfèruir ^'eftom^^iî;: ynçOÈurfort5-pecit,Y4igrand:foye, qii l^'^(îdan^,d^ ^f ^tfû, f^u^Y ri xX c<î;$ dçli- rc.phaa- in$blaf- (Tcsyqu'i »arcie de >Iàcsdcs de leurs blcs , ôi Dûtes Jes liffe ima- :e à cinq eue aufli :tour le randc au, qui y feruir ye, au nttouc nés de |ifefc|uc DES ANIMAVX DE LA TERRE. 349 que les femelles :ils ont vnepofburc hardic,vn re- gard affreux & épouucncable. La couleur de leur peau eft grizejtirant fur le noir, & la tefte eft mar,- quecée comme la gorge dVn poulet d'indc. Les femelics font toutes vertes , dVn regard plus doux & craintifs. Us fc couplent au mois de Mars, & en ce temps là il ne fait pas bon s'approcher dVne fe- melle , lorsqu'elle a vn malle proclicde foy j car Iç mafle pourdeffchdrc fafemcUe,» faute hardiment far celuy qui l'attaque ; &:quoy que fa morfurc ne foie pasda;igereufe,ilnedémordiamaisis'ilna le coufteau dans lagorgc ou q uc l'on ne luy frappe bien rudement fur le ncz. ; ..(nn} C'eft en cette faifcn qu'on leur donne la chafïb le long des riuicrcs : car après qu'ils fc font repcus^ (vn peu^uant leiour) de feuilles de A/4/?o« , & de Jcurs doMahot , qui croilfent le long des riuieresi ils fe vont repofer fur des branches d'arbres , qui auancf.nt vn peu, fur l'eau , pour gouflrer en mefmc temps l'a^rcable chaleur du Soleil du matin , & la fraifcheur des eaux. Ufàut que i'aduoiie icy inge- iiuëment y que. cet animal paffe dans mon cfpHc 'lour le plusdilupMe dectous les animaux du nvon- de; cai^il voit approcher le Canot , entend le bruit^ |fe laiffe mcfme mettre la verge fur le dos , & le las louLinefacbteftc^fans s'efbranler aucunenicrit r&î ien daùàdtage j s'il a lartefté trop ferrée centre la ranche , il ne fatfirquc luy frapper trois ou quatre «tits coups fur la tefte , il leue incontinent le ne?, k s'àljujûtUiyrmefmc le las.dansilccol. Mais lôr-s Xx iij ,350 DESCRIPTION Qu'il fent que tout de bon on le tire à bas , ôc que la corde luyltrrcvn peu trop le goficr , il embrafle promptement la branche, les femelles delcen-l dent delà montagne. Se s approchent du bord de la mer pour y pondre leurs œufs , où la plufpart des mafles lex accompagnent : d'où vient que depuis ce temps iidfqU'mimois d'Aoiii):,il s'en prend beau* coup plus que dans tout It reftede i'annce. Leursl oeufs (oint tûuiiours non pairs , depuis treize iufquij vingts cinq , & les pondent toute k vne fois^ils font de lia groffeur des orufs de pigeon ,.mais vn peu plui longs i Tefcaille en eft blandhe <& fouple tommi du parcheimin nioizillé. Tout le dedâ^ns de fcei cft lïnisic&nsauicun bla^G ny gloire ^ Se pour qudj qaes boiuMlons qu'on IcuipuiiTe doinDvar, ils tie durj dB0ktitÏ0mimy principalementiî çmy mctdubeu re% Ilslont kreaucoup meilleurs que ocuat despoulj ItSy dcdoaneifitYn gou^troij-e^^dlletn!dati»cduit( fbrtos de faulcds. lis fotfxyti tton dans ikftfble poi y pondre IçiutscBofe, & s y fourrci«rendercffltnt , zftcs. auoir'ponda leun <îi(ufs , ils boucbem le tr( ^ks^aibanddcandm j Âcct&^osafs feico^ojÉlic^d'oi DES i mcfmcs d re,quefi rir onat( vcu frapp ifsA > tQU f4ns lo po fpurnervn tfçeftfaçi pl^ç bç%ui garder viui eatifires. Vn boi quatre hop Les fèmelh fe&d^m qi*ç que c( zajrds,nçp traire, ils ( Betiques. ^i ont eu. mal , quo] ment guer^ >, Dr Il faut et gCfit points ac ycilicé* DES ANIMAVX DE LA TERRE, ^st mcfmes dans la terre. Ces Iczar ds ont la vie fi du- re, que fi on nefçait lïnuenuonde les faire mou- rir onatouteslespeinQs dunK>ndeàlestuër. l'ay I veu frapper plus de cent coups de la tefte dVn Ic- z^ïd , tQUiqdQ UfowJfl dVn homme fur vn rocher, tos le pouy^ii: faire mourir. Le fecrcteft de leur I foujrii^r vn petit bafton, où vn poinçon dans les n*-. fcîmxi Ç3^x hs expirent furie champ fans fedcfbat- tfp eft' feçQiî quelconque. Au rc.ftft , f« (ont les, pips bç^x ieqfneurs du monde : car on les peut, garder viuîjnts fans boire ny manger trois femaine$> efltifires. Vn bon lezrard peut abondamment rcpaiftre. quatre hommes , pour affamez qu'ils puiflcnt eftrc : Les femelles font toufiours plus tendres , plus graf- fe & de meilleur goufl que lesmafles.On aremar- muîÇ que ceux qui font nourriture ordinaire, de lé- zards, me profitent Si n engraiflènt iamais y au con- rraire, ils dcperiflentperit àpctit, & deuiennent- li,etiquç^. Ils font aum fort dangereux pour ceux kiiom: eulagroffe verolle : cariisfont reucnir ca mal , quoy qu autrefois on en ait eftc parfiùiâe'' Imcnt guery. >, De cinq autres ejpeces de petits Lel^rds, Il faut encore pour nericnobmcttrc , faire icy kç^jçion d^; cinq efpe ces de Icaards^quinefè man- gent pQint,&.defqucls icoay pu remarquer auoi^ Iftcytilitéé 55^ r? D E S C R T P T I O N ..rifîm s-iiùl?..! 3r> '^^ Anoliî. 4 1 T tvq:'.wi?.o;L'ClJ5/lo L£s Anolis ne fe rencontrent pas par tous les qàarti<îf:$^ dcTifle de la Guadeloupe , mais en certains cantons de pays qu'ils afFcdcnt , qui cft vers le grand cul-de-{acice que ic n'ay point remar- qué dans toutes les autres iflcs , dans lefquellesils font par tout vniuerfcllemcnt. Ils portent vn pied ou pied &: dcmy de longueur , les plus gros n'excc- dent iamais lagrofTcur du bras. Ils ont Te ventre de couleur de gris cendré, & le dos tanné tirant fur le roux, &: le tout rayé de bleu , & la tefte toute mar- quetée comme les autres lézards j mais leur bec cft vn peu plus affile. Ils font toufiours dans la terre,ôc n'en (ortcnt qu'à la plus grande chaleur duiour, au-» quel temps ils viennent ronger les os &: les arreftcs de poiflbns qu on jette deuant la porte. Ils paiflenr quelquefois îherbe, princij>alemcnt les potagères. Si on en tue quelques-vns y les autres les mettent en pieces,& les mangent. < Des Çohes-mouches. .1 ,1 ■,' î ..."■; .. -...l §. IIL :iiUo LEsOoI^es' mouches font petits lézarda, guère plus grosquc le doigt,&tat foit peu plus longs. Les mafles font verts,&les femelles toutes grifes,& vn Li4our,au- DES ANIMAVX DE LA TERRE. 353 tiers plus petites que les martes. Ils ne viuent que de mouches & de raucts , qu'ils pourfiiiuent aucc tant d'auiditc , qu'ils fcprecipitent duhautdes ar- bres pour les attraper. Ccft l'animal \c plus p*^ tient que ic vis iamais; car il fc tiendra vnc demy iourncc entière en cmbufcadc,fans fe reniiicr.pour dccouurirvne mouche, laquelle il n'a pasplulloft -Ay vcu dans toutes les ifles deux autres fortes de lezards^que les Sauuages appellent Mahouyasy . quieil.vn nom qu'ils donnent communément â tout ce qui fait horreur. le ne puis dire autre cliofe du premiec,iinonquiLefl: toutàfaitfemblable aux Squinx intima qu'il vit comme les autres lézards de inouches.&de rauets,& qu'il parpift plus rarement q«e les autres.. Les féconds n'arriuent iamais a la longueur d'vn.^ pied ; ik font gris, vilains, bouffis, & hideux à voir. Il fcmble, quand on leur a coupé laquelle, que ce foient de veriçables crapaux. Ils fe retirent pour l'ordinaire fur des branches d'àtbres , fur le faifte & fur tes chevrons des çafcs , & defcendent fort rare-^ mentenbas. Ils.fc t redoutez desSauuagçs&des François, ie ne fçautois dire pourquoy , u ce n'eft àraifon de Itur laideur : Car encore bien que lors qu'on les agaffejils fejettent hardiment fur vous;,5i s y attachent fî opiniafl;remcnr,qu*on a de la peine aies en retirer , ie n'ay iamais oiiy dire qu'ils ayent naordu ou fait mourir quelqu'vnu -^SendaujC' Ia vY" " '' DESl * nuid il froyabl( gement Tous mieux t quand mensco lecoaxe Des Qou 1 TA. JL^itou qui n'ayi couleur deloupe re, enc contren a pas vr fait mal Les j tes coul de deux elles ne trouuer raremei &les h nuds pi '^JxJSteti^ .. ZS^'i^ jtex.>^ les mains. Ury pon- às , mais 5c des tor- des fortes dakouyasy , icmcnr â trecliofe lable aux :zards de :arcmenc îcur d Vja.^ IX à voir. !,quc ce :nt pour ! faifte Ôc Dirtrarc-i içs&dcsi, ccncft que lors VOUS;,^ lapeine Isayent dame h DES AMIMAVX DE L^ TERRE. 3;; nuiâ: ils jettent de temps en cehipsvncris'aflèz ef- froyable,qui eft vri pronoftiquc infaillible du chan- gement de temps. Tous les autres petits lézards (îflent à gui mieujc mieux tout le long de la nuidl ; pr«incipalemeac quand il pie , vous entendez des millions de fiflc- mens confus, qui ne font pas moins ftnportuns que le coaxement des grcnoiiilles de l'Europe. Des Couleuvres (^ autres Serpents , qui fi rencontrent déins les deux terres de UGuadeloufe^ % y h L I A diuerfitc des Serpents eft fi grande dant toutes les Indes , qu'il n'y a pas vne feule iflç qui n'ayt fes Serpents diffemblables en forme , en couleur, &: en venin. Mais Dieu a regarde la Gua- deloupe dVn œil de bien vcillance très- particuliè- re , en ce que de trois fortes de fsrpents qui s*y rtn- contrent,^ qui s y voycnt aflcz rarement , il ny en a 'pas vnfeulquifoit vénéneux , &qui aytiamais fait mal à perfbnne par fes morfures. Les premiers & les plus communs font de peti- tes couleuvres griz es , qui ne portent iamais plus de deux pieds,ou deux pieds &: demy de longueur: elles ne font guère plusgroffes que lepoulce, &fc trouuent par tous les endroits de l'ifle , mais aflez rarement. Elles fuyent toufiours deuantle monde, &les habitansdu pays marchent fouuentfur elles nuds pieds , ikns qu elles faflent aucun tort. On le« Yyij 35^ DESCRIf TIO'Isl^ prctid fDCr&ie àia main fans aucun danger. Les Ha* ç^iuns les footbaiitllir pour xircj: les vertèbres , ôc s*en font de très -beaux cordons. Lqs féconds font certaines couleuvres , dont la peau dedeâus le doseft toute marquetée 4e noir & deiauae, Asie ventre. eftgrifàftre méfié de iau- ne : celles •^cy.ft>nc plus grandes que les premières, , ôc ont quelquefois cinq ou fix pieds de longueur; & quoy que 1 agréable variété de leur peau recrée la veue , elles ont vn regard affreux , qui fait quel- quefois rebrouHer chemin aux plus hardis. Elles repairent pour l'ordinaire es lieux montagneux, fccs , pierreux , & arides ; d*oiî vient qu'il y en a beaucoup moins à la Cabâerre dé l'iûe , qui eft la plus pIate,moins pierteufe & plus fujete à lapluye, quaîaBafle-terrc. On fe fert de leur peau pour mre des baudriers , léfquels font parfaitement beaux». Les troifïcfmes font toutes noires ^ beaucoup plus gfofres'& plus longues que les deux précé- dentes, fenayveu de plus dé fept piedsrelles font hardies, & tant s'en faut, qu'elles fuyent comme les autres ^ au contraire, elles pourftimentopiiiia- flrement ceux qui leur font tord , ôc fans doiicc leurs feroientdumal^ s'ils ne fe deiFcndoient. fay elle deux ou trois fois dans cette peine , non fans 4ç; grandes apprehen/ions. Toutes ces trois efpcces de couleuvres fe trou* uentauffi bien dans la grande terre de la Guade- loupe, que dans la terre habitée j mais elles y font : comme DES A^ÏMAVX DE LA TERRE, m beaucoup plus grandes. Tant les vues & non (ans ^fuiet, de ce que l'ide de la Martinique^qui n'eft - diftante de la Guadeloupe que de trente lieues, produift des ferpens dangereux^derquels les vene- neufes morfaresontdena fait perdre la vie à plu- ficurs François. Quclques-vns croyent que cela procède de l'intempérie du climat : mais auec peu de fondement , car il fc trouue des terres vôifincs, & prefque fousvn mcfmc degré ¶lelle , ou neantmoins on ne voit point de femblables fcr- pcnts. D autres croyent, auec plus de probabilité que cela vient du terroir qui éft extrêmement pier- reux , &:toutfemblable à ccluy danslequelies vi* pères de l'Europe fc plaifent dauantage. Il n'efl: pas hors de propos de rapporter icy lo- pinion des Sauuages fur cette matière. Quelques- vnsd entr eux nous ont aflcuré, qu'ils tenoicnt par tradition tres-cerraincs de leurs Percs, que cela vc- iioit des ArroUagHes , nation de la terre ferme , auf- quels les Krfmfe de nosifles font vne tres-cruellc guerre. Ceux-li fe voyans tourmentez & vexez par les continuelles incurfions desnoftres,s auifc- Yy iij 35i8 DESCRIPT ION rcnt d'vnc rufc de guerre non commune; maiscx- * tremémencoulle,aualla neuf poulets qui auoiêftt plus de ttois cmaincs. ■ -.•>mJ|, '.■..,,. ..m ./j ^ :;;.: . ^ u..-,.Kn Ceft vwfignc infaillible qu'elles 'fôfttdàfts vue maifon , lorsqu'on entend piper les rats : elles Its fçaucnt auflî fort bien contrefaircpour tes attraper: cWts les auallcnt tous entiers aum bien que les Pi* loris , qui lont quatre fois auffi gros queîcs rats de l'Europe. , .. ..„ .. C'eft encore vnc marque aflcurcc , quil^'avriê mauuaife couleuvre en quelque lieu, io^rsqûbny voit les petits oyfêauj^ attroupez, criants comme ils font en France^aprçs les oy féaux de ptoye. <'■ "V' Il y a âuffi quelques^ hâbitani; , principalement les Nègres , qui les cdiïnôiiifcM aii mirer , &rles et uentcnt comme leschiensfont là venaifbn : car el- les exhalent dans l'air vne haleine qui fent la marée, ^commelepoiflbn à moitié gaftéin-^ ,i^ttîfOf| Les habitant pour fe guarantif die cesc'ouibuvres, font dufeu lanuiâ: au milieu de la café mIs difent pour raifbn qu elles appréhendent le feu. Mais ^clkktkàe peu, car elles fefbutrent fous Içs corSbes idaïisles t<5Coins de laCàfe , dans des pannièrs, datis des barils , & dans ai;tres chofesfcmblàbks , dani lacouueçcure y' & mefme iufques dedans 1er Ji(flsi Vnpicmil4o|nme digne de fpyiiUaflèuté , que difnant auec vn PiGftredel'iflc , il en tomba vne du haut de ta café, aumilieu^iu plat qui eftoitfiiria 'tab{e,mat$ tou^cek acrioe trqs-rarcptnt; ^ ùib K. 1 1; bticuxquiTOJit^à ib c^fc:p^lm0ïlc^d^ Zz 5tft 1 >l ; D E S C i I r "^ I ON. ?1 c, hottes tCQ qui fert de peinjcar cllos ne guarantiATeist que I^s jambes i de ne dcffendem qac de celles qui lonc à terre , & non de celles qui font louuéesluc ^s branches 4es atbr-e6 >ouTur uixbiaéncc 4cquel- qUCfbchcr i lefqueUes fcdardeiit indilferemmene fur toutes les parties du corps. Les deux derniers qcà fuirent mordus pendam: mon^eipur daftsTiflei le furent à Tcfpaule ^ au bras- uf i.ioi jf ^d , ; Il eft vray que fi on ne les touche point, quelles n<3i&t>fentiarnais p^rfonn^ , ^mefnaccllçs|xa(re- font fijir vom^ m doi;ii(U{^ ^as vous;fa4i q^^on ks fe^t^ ^i^adiso , oi^itmef , pouffer, &traiç^.4^$fciiudeiïwdafc6^^ ueiUcfOt^&c*!;» iHni >qu:dq;aofciis jdotiiis .&sî*Qttifcs. 4u.5'il ajrriuéquvïn ho^ameca ÊHCmiclrduifoaitiloda dans Içef bok , ctontiouji, i| dangçc de là* vies c3tI^tf^^i^.%§î:uflsgtfttiipttiï&^f^ disflbidàia plajfîe.^ «Uni wift>kw«îdiD4iï d3îùi»d4*tîcnipjh^: teironrila Inygaigrie'Ifebmir^lestSyn^opcs^lcpisû^ i^jsQilbc;(>0Ui:t))^>fei^iviai f cl^a<^r,jïLi^fi:)pronip£fi^ mcn|:f«c6Ucit.'iiaptcmi0riÇ:rfiofeiqaïoh:fi^ fwWfaiKjperfoi^nîàt âttfeiiïtÊ^ ces ymasimùfts thoiàSntéi^ cftdie fatifc pt»ttnptem«ït vnfe ligarutc AU deffus doki|f44}re-,|^efiair£Cf (Ktm:fab:ga^ "% W)>Oi DES ANIMAYX DEIATÏRRE. ^ tt. Pdisop. appliqtaieyiievontouièiurlaptayo » fie l'ayaiu; oftéon fait trois ou quatre (carificacions Toit la fhjt y aprcs cpioy on applique dorockcf J« Vcn^^ cdufcyiofqui trois ou qaacrelbis) ^celftattiraiCOuc le rcnttr. Cela fak on mec vq emploftre de cfaeria" leftir laplayc. CeponUgG pour la confoiaxion des habitant de cette Ifle^ &: pour m'acquiter en partie des obligations eittr^-* tries que ie Idur ay, d'en coucher itty quelqii autres par^crit plus faciles j&cdefquels vn chacun fe pout- raferuir uns aùôii • , Le premier eâ découper la tefte de la éè^en--^ vre,la broyer dd^appliqiier fur la pkyc, fur laquél*- le il faut faire quclcfuesleger^ssiiidfi^iî*. Ccluy-éy eft Yom(^\ML qm font mordus dan^ leibèi^ > & eft & t^mtè que Mathiolt le tient pouif te plus eertam. Yft autf ô tres^affeurc çll de fJumêr le derrière tfvngtospOiriei;, (&apttsaiiôir fait IWifiôri fi'on^ veut ) l'appliquer immédiatement fur la plàyu autre potion confortaciue au malade , de peur que le venin ne gaigne le cœur auparauanc que le remède opère. Outre ces remèdes , ien aytrouuéplufîeurs au- tres Vque la commodité rendra plus confiderables-, car ils font toufiours prefcnts dans toutes les In- des ; comme les feuilles de petun vert pillées & ap- pliquées fur la playe : deux ou trois gonfles d*ail pour manger, ôc quelqu'autres broyées ôjmifes en forme d'emplaftre fur la morfure. Là cendre de farment de vigne diffoutc auec de l'huile rofat &ap- pliqucc fur le mahie poids d'vn efcu de fuc de mou- ron pris dans du vin blâc, ou dans de l*eau,fi le mala- de a la fièvre ,empefchc que ce venin ne gaigne le cceur : lefucdela Bctoineprisen mefmc quantité &enlaçiefnicfaçon,alcmefmc effet : leboiiillon de^outcfortcdePoIliotou de tin, eft encore vn aflcz bon remede:les feiiilles de m outarde, broyées & apliquéc fur la blcffure y feruent aufli beaucQup. D'AIediàmps dpiifte^ encppc plus de ce nt £br te de^ Mais le principal & le plus excellent de tous , çft. voc plante q.ueiaypublié.dc.4ccçifé'dao$.mî>troin fdt^^PMpi^i^HpM90fiO^^^^^ ^dftn&tpat^^ n0^ i(lçs^ ''&fo^feuIn9m cçnïoigneaffçzies pr, d^lt y tit^chofe ii dangercufe^ciue ktic conkillc k perfonne^dè^'cfl feruir, qu'au def« faut de tout autre fcnryede ; ear Ci le fucceur a la moindre égratigcnure autour des géd\sa ,oudans la bouche, ou qu'il aualle la moi narc parcelle de fa faliuectiuemmée, il aft certain qu'il en moura fur Icchamp , comme il arriua àrrt Nègre de Mon- fieur leGouuerneurde la Martinique, qui voulant fecourir vn Sauuage mofdu d'vne couleuvre , en luy fucçant le venih de Fcfpaule , s'emienima le cœur , & tomba mort à fcs^ pieds enluy (iuuaûc la vie. De! eflrànffs fftnàuilUs de tijle de la Martini fie. $. VUI. SI ee que Mâthiole tffeure ùe^ grenôuiIles^ au chapitre quarante- huitième de fe Comentai- f es fur Diofcoride cft vray , il f^ut auoiier (quand il n'y àurôit aucun remède, pour lesinôrfutci dts couleuvrôi delà Mârtinique)quclaProiiidettcédi- uiney â fuffifammcnt pourucu , par des grenoiiil- les d'vne fi prodigicufe gf andeur,qu vne leule peu fiifïifamtrtcnt &c abondamment repaiftre n\ hom- me à fondifner. Cet Autheur aflcure , que c eft vii fouucraiii rc- mtde Contre les mt^rfutes de toutes fonîesdefet- pcns ( horfmis rafpic ) que d'vfcr de gïcnaxent pas coni- i23« ceiUes de l'Europe , mais pendant la nuiâieUes »Uoye des grains de Coriandre , êc de couleur d'orange : tilts £(^nt «imfi^plilfiencs liâ^ y iu^ua ce qu^ cieUfoit gros od tinme la^coftfi, & les couitemid^^^li^ iiriqtt'àce qu'ils foieint efelos. r ; / ' Qnelqpes>v)ns les ont voulu faire ipafTer f>o]ns 4$sicva]pauK^mai& fâos 6M!kdâment>câf eiie« ont t^ni^ fietkibume dQs^r«n!ûtiiUeî>& fautent iqucilquiefois (k la iiaiiiteur d' wi homme y ^tons ks habitains eA mangent,&ie lesay trouuctres-excelkntiea.; ri-:. iCfis gteatoihllcb rie fis ïcnccmtr^ ipas^dîtiis la Gùadi^loiq^p^ats fimletnicsit de petites^qui ne «font paspltts g^roffes iq«ie le pouhie.iry plus laiîgcsi &en- cotte^iracemcnciq^e iôrncy cnBjymxms cttiqfou ùx^gQ^éàmià tieinpsaqiloi yay d:êni£Ufi3.>o juci jxio:^ .êii j«S ~Ui DES C R I PT I O N\ ?3a • l'*'','V' ■i'^: -'JT .f-,. .,.>.! I Di€ imes fortes deCrMes ou Cancres y qui Je trouuem dans Lifiede la (juadelou^e, ^ aux enuirons» LA tticfme Prouidcncc qui repeut l'èfpacc de q[uarantc ans , le peuple dîfracl de laMannc duOiel , dans cette vaiïe.foikudcdcsdefcrts ca l'Arabic^tire auec la mefme bonté àcs entrailles de la terre de la Guadeloupe , & de plufieurs autres ifles vne Manne viuante& perpétuelle , Tans lefe- cours de laquelle plufieurs habitans de cette ifle roujfFriroient beaucoup : car pour ne point déguifer la variée , tout ce quç^ i'ay dit cy-dcuant du gibier, de la ciiâffe, dcsanimaux,& de la pefche des poiflbhs , ne fe rencontra que chez les plus ai- fèz^ &/Î encore la plufpart du temps ils font con- traints de dcu^ ctefes lyne , ou de manger leur pain féCjOil ji'âuoir recours^ûx Crables, aufli bien que les plus indigents. Tous les Indiens , tant de ccttfc ifle que des autres,nc viuent prefque que de cck.^En vn mbtjquandtoutis chofcsmanquent,cc qui afriue aiïbz fouuent , les Grables ne manqueiic iamais à ceux qui veulent prendre la peine de cher- cher leur vie^-^^^^rs-;!: uvîrjt^ .3 v^2^t il, ;o,ia:j;îj^rrr r ■ : C'eflr-vnechôfe tout à fait digne d'admiration, de les Voir defcendre delà montagne , çnuironlc mois d'Auril ou de May , lors que les premières pluies commencent i tomber ; :caf alors^elles ibr- cent toutesdcs creux 4c^ arbr&s^^ des^ foûiîhcs pour^ ries, rfgSfîWÉ,«**. 1 tuent i(!(,m 1 s. 1 ' ■ , -. 1 DES AN^MAVX DE LA TERRE 5^5. tiesV ^^ deâfous des rochers , & d'yac infinité de troBS qu elles fontellcs-mefracs d.ias la terre. On en voit la terre couuertc , en force quïi fe faut faire place i Ôc les chafTer deuant £ay poar pouuôir mettre le pied à terre , fans en efcrafer quel* quVne. Il (êmble qu'elles ayentde iapreiioyance à (c dcfficrdu peudedurécdelapluye; caria plufpart fe range le long des riuieres , ôc des rauines les plus humides, pour, au cas que la pluyeleur manque, fepouuoir retirer dans les lieux plus frais, & eftre à labry des chaleurs qui leur font tout à fait cou* traircs. Toute cette defcente fe fait auectant d ordre, qu'encor bicnqne Icfeul inftind: naturel y agiffe, il Cnnble toutefois que la conduite dvti expéri- menté Marefchal de Camp y foit employée. Elles ièdiuifènt pour! ordii taire en trois bandes v dont la première n'eft compo£^ que de màfles,qui font plus gros, plus forts, Se plus robuftes que les fe- melles, & cenfequemment obligez à s*expofer non feulement aux iitiures du temps, dt à frayer le che- min; mais encore à eâîiyer toutes les diÉcultez ôc les eftranges ma&cres , que leshabitans en font dans ce premier rencontre. Ceux-cy qui font comme laaantgatde de l'armée , font (buuent ar- xeftcz par ledeSkut delapbye , âc contraints de faire halte & autant de dations &: de nouuc«Jx lo- femens,qu il y ade noiiueaux ch^ngemens dédains AAa ■'HSSf^Skif., po DE SC>I PT TON ' Cependant, tout le gros de l*armcc, qui ncft. prcfque compofc que de femelles ,.fe tient clos ôc couuert dans les montagnes,iufqu'àce que le temps fôit entièrement difpofc à la pluye : Alors elles fc mettent en campagne, & font comme des batail- lons , longs dVne lieue ou lieue & demie , & larges de quarante ou cinquante pas, j(î ferrez qu'à peine peut-on découurir la terre. Trois ou quatre iours après fuit l'arriere-j^ardc, qui eft compoféde maflcs ôc de femelles , en mcf- me ordre & en auffi grand nombre que les autres. Or comme dans les armées tout le monde ne mar- che pas en ordre, & ne tient pas vnemefme route: de mefme , outre le grand nombre de ces batail- lons qui fuiucnt le cours des riuieres & des rauines, tous les bois en font remplis , mais vn peu plus clai- rement , qued^ns les lieux ou paffent les trouppes. Elles marchent fort lentement toute la nuiéb , èc le iour quand il pleut , & s expofènt fort rarement au Soleil . Que s*il arriue qu elles faflcnt rencontre de quelque pays dccouuert & fans abry , & qu'il fafTe tant (oit peu de Soleil ; elles s*arreftent toutes à la li- zieredubois , ôc attendent que Unuidfoit venue f>our le paflcr. Si quelqu vn s'approche du gros & eur donne rcpouuente,clles font yne retraite con- fufe & en reculon , prefentanf toufiours les armes en auant,qui font deux certaines tenaillfes, ou m<>r- dans dâgereux, qui ferrent iufqu a emporter la pic- ce,^ faire jetçr leshauts-cris èeeuxqui en font atra- pez A ippent de temps en temps tcrre,c foncer qui ne reftez ( Icslogi defpeij n'en fa lors on amasdi elles o l'eftoir bon g] lefquel deux o fautqu kuria ^rem Tou -■wRR3ft*<»-) qui n cft: întcloïs 5c :1e temps )rs elles Te lesbatail- , & larges peine jua ;:re-jjardc, ; , en mcf- es autres. iene mar- me route: :es batail- :s rauines, iplusclai- trouppes. uiéb, &lc ement au LGontrcdc qu'il fafTe itesàlali- foit venue du gros & :raite cou- les armes ;y ou nior- rterlapie- tfontatra- ; mor.diinjS DES ANrMAVX DE LA TBRRE. 371 IVitrontrc l'autre , comme pour menacer , & font tant de biruit i & vn fi eftrange trie trac en s entre- heurtant de leurs e£caillcs,qu on croyroit eritçndjrc le cliquetis des corfeletsôc des taflettesd Vn Regt- mentîdeSuiiles qui marchent. "- :Sil airriue pendant cette defcente que la pluyc ccfre,;& quele temps fe mette tout à fait au beau, ( ce qui cftalTez ordinaire ) elles font vne halte ge- lieuajc , &: chacun prend logis où il peut , qui fous des racines,qiii fous des arbres creux ; celles qui ne trouuent point de logis tout fait.prennent la peine d'en faire cUes-mefmes , & remuent tellement la tcrrc,quc par tout ou le gros fe rencontrc,on y en- fonce iufqu'à my-jumbe. Cependant., les habitani qui ne fouhaitent autre chofe que de les voir ar- rciftezcnchemin,leurs font biencherementpayer les logisjçar tout le monde fait bonne cherç à leurs defpens, & à peine fe trouue-il vne café, ou oa n'en faffe mourir plus de cent par iour -, car pour lors on jettetous les corps , & on fçcontcnte dVn amas de petits œ,ufs quaii imperceptibles , defquels elles ontgroscommelepoulceà chaque cofté de leftomacn ^ qui font fort nourriflants & de très- bon gouft. Il fe rencontre quelques années dans lefqucUesparrinterrupcion despluyes , elles font deux ou troii mois à faire le voyage : mais il ne faut que huit oudixiour&detemps pluuieux, pour leur iaire;vuidcr jeurs œufs, fe baigner dans la mer, ^remonter proinptement à la montagiî^ Tout le corps de cet aninial femble n eftre com- AAaij 37* DÈSCRÏPT r ON Uû pûfe que de deuxmain&troncquéespar le milieu, &rejoinces enfemble ; cardes deux coftezvoùsy voyo3^ les quatre doigts , & les deux mordants qui feruent comme de poulcc* Tout ic rcfte du corps eil couuert d Vne efcaille large comme la main » re- leuée en boflc/ur la déuanture de laquelle font en. chaflcz deux petits yeux, longs^, & gros comme des grains d'orge,tranfparants comme du criftaly & fo^ lides comme delà corne. Vnpeu au ddibuscll la gueulle , couuerte de quelques barbiljons^ibus Ie(* quels (ont deux dents larges comme la moitié de Tongle , tranchantes & blanches comme de la nei^ ge : elles ne (bntpas£tuées comme les mâchoires des autres animaux, en haut ^ enbasjmais aux deux coftez & s'entrcioignent comme des fers de d- fcaux,, & auec ces dents qu elles coupent & fifcUent les feuilles, iesfrui6b^âcles boispouixii, quilbot leur nourriture ordinaire, ^ Toute cette efcaille cft remplie dVnc cettaine liqueur efpoiHè , gra^ , ôc fibreufe y ■!.*:'!■ r* rt ""> > "t ^! ' f ••"''» l'T "11"' / "' T ' ■ "I iiv J j i.an» i J v< c f J. 1 ». itiw nU vi »l u<.iw i Celles éonticparlc à preftnt , font pour Torc^- naire toutesviolettes ; mais il s'entrouue quanti. ^ quifoniragreal^iementdiuçf^BéeE &pènaehée!? 'àé bleu; de blan^;, tcÀt violet; Vo^^la plîis eiéaéte' defcription queien puiflèfaire» Retournons i ce qui fe pafle.Iors qu <:lles ibnt deCcenduësde ia inon* Ob pourroit iicy aiSturet, quefii thefinéneceffi* I t(ê q[ui fak Tortir les tortues de la mer, pour (e deP charger de leurs ceufs fur iai^iuie ^ fait d^fc^^nidre fâs jGrablej de la niontagn» pÉMâr fe idéjcbaïgcï dés; leurs dans k mer,tomme dans Ij: lieu.oà elles pren^ nent naiflance , auffi bien que les tortuës&rla ter- re^ mais qui voudra eplutheï k thoff de plus pris, knÂtt plus-de GUriofitij trôûuera q^e les feules f*5-' Imellcs des tortuifs viennent à terie , & que le* mafles, hy les petits n'y abordent '.amais î mais tou^ lite^ksCyàblés dè^lifltV grands 18^ pétiisjigiàflc* W' AAa \\\ ?J74 Ia;! IXESCKIIIP T r OW 2 'n . fcoielfei), rîriortiKiitsiàldifâereiîimetttfltxwjs le» ans vnc fois fc baîgàer cnUîtncr -, &i cela faas doatc pour rendre quelque forte cFhomage.à celle qui télir adonne livie:. Se pûifcr dans le fein de leur mc^ desforces i^iles>qualitez occultQ&,<3uiiesdif- pofentà vnc nouuelle renaifl'ancc, laquelle leur ar- rive ynjcfpisrousI«s ans , ainfi que nous verrons datlslafuiiiç de cette ëqfcnption.i : ) : ::c;,. z;;' Si-toftquclltfsfôttf arriuees au borddc tamcr^ cllcsrfe làîflfcût couurir par deux ou trois fois de» premi0r^svaguesqMi battent fur la t iuc, ^fe reti- rent incontinent , s'en allant chercher logis pour fe rcpofrn Cependant , les œiifis des fcmtllcs groidifTent, fortent du corps, & s attachent aux bar- pillons qui f^nt {qu$ iç plàftron y que nous auons décrit. Il y en a pour FordinaifC refpoiflÈur dyjtt gros jœuf de poulie, & font femblables à larocguc des)harént$. Pour lors ont n en fait plus de cas, com- me ayant beaucoup perdu de leur gouft. Quelques îours , après elles (é vont toutes baigner pour k}{è> condefoisdans la nier , & y fecoiiént leurs œufs, dafqaris plvisd^ deux tier« font à l'inflant deuorcz par certain^ j^ttkî ppiilôns , que Iqs SauJ^i^ges ap- pellent Tj/^i , defquels pour lors la mer eft toute noire Je long de la riue. r Iç ne fpy ce que la jn^ropéfc fur ces animauxj mais là pju(î)arc forcent, de, ce feepnd bainfi fpi- bleS & fiatrenucçs,y qvi'^ peine peuuent-elles mar- cher : ellçç deuiennent maigres, 9c leur chair mef- ixvç çlfa(ng9 ^^^)«^Ç-a 4i>^Miçnifqu-vôçgj:a|idq h. t. •»f *. 4 <■ .•l'flBRlfcS'» {iinKMmr DUS les ans iaas €k)ntc à celle qui ein de leur Îuiiesdif. lelcurar- us verrons :;rir.l nm* de lamer^ as fois des , ôc fc reti- logis poui s remtlles Ht aux bar- lous auons )i{reurd'yii : larocguc e cas, corn- Qu;clqiies poi^rk^fe- eurs œufs, udeuorcz iilipges ap- reft toucc ,^[\u:i: ■ animaux; ainû fai- lles màr- :hair méf- ie grande DES ANIMAVXDELA'TERRE. 57; partie ne remontent pas fi-toft aux mont^^gncs,. mais, elles fe rengraiffcnt dans le plat-pays. EUer fc couplent toutes au for tir de la mer, & après s'eftrc remifès dans leur enbompoint, elles, fpnt des frous dans laterrcqu'eJiles bouchent fibicn de la mefme terre & de feuilles, qu'il hypei^tentirer^auciiniiic. Là, elles fe dépoiiillent de leurs ancienne^ èfcaill^si; & enfrmble de la car cafTe de leurs os, qui font tou- tefois infèpacabjes des efcailles , (ans en faire>i|çu-( ae rupture. Cependant , elles la laiffent fi entiçî^acb,lç;&f«rc/>rf, ( c'cftaiiifi qii'on-ilc^^q^lfey lôrsqu-çlfesLionten eçteftat) qu on fc puilfc imaginer. Ellçs ne font pour lors re- Meftucs quçixi'yAç pcaui Qxtrçnip^iTifiK deliçaçe , ja- ^aSimm, j~*- J7f .•LR.ïï'C^^tUTPTlON:/ 2^c\ quelle pur fucceffion dé cemp» s'endurcit Ôi fe &c« m:t eii efctill^^ Elles onc ea ce tenmrJi qùacre>piei> res groilèfi^^omme dè^febues de orefilS blanches oomme neige ^ attachées au dcflbus de Teftomacli, lefqaelles fe fondent U fediiCpem, i tnefiireqae i'eëaille j^'endurcic f ôckfctiem entièrement, quand elle a Atteint ù, pcmGdon. On afieure que ces pierres font iecter le grauiet des reins: mais elles font fort dcfagreables i prendre, de exd cent à vo- ixiir. Ten ay veu faire lexperience à plufîeurs auee plus de peine que de profit. Voilaâ peu prés tout ce qui Te peut dire de cette forte de Crable. Il y en a encore deux autres for« tes-, (çattoi^, lesCraDles blanchcs«&: les Tourlourous^ àufquels toutceque nous auons dit cydeflus con« nient ^ excepté que les Crables blanches excédent tellement l^s autres tn grandeur I qu' vue feule en vaut trois des précédentes. Elles ont vn gros mor«« danlargecommela main , où il y a plus à, manger qa!à la plus puiiTante ÇràbleyidiettcElles ne repai* rent poincanx m4>ntagnes, nefeplaifent que dans là fange de dans la bôuë^te long des riuieres, des ef- tangs , & dans tes lieux marefcageux » defquels elles retiennent tôufioutt qucîqae gouftj - ^ ^ ^fn ^î Les Tburiourous font fes plus petits &lcs moins eflimezàlsibntde côdlear de feu, & ont vne tache notre fur le dos , qui i^leue beaucoup l'éclat de cette couleur. Lèshâbit^jns de la Guadeloupe n'en veulent point mangôi^ , ôcctàjcnt qu'ils donnent le aux defang f maifvncbaeunen mange dans la Marti- DES Martiiniqi trcnttrès- Les vn maladies, net dëgâ jrands» ac labitans, mangé d( nomme c dics.)Pou maly, s'il e blanche; c fautiettei Elles p derits,qua pourquoi brùflc& cette noit dépomnr aifément ferme, fo celles -lac Q,t% ar cnuiée qt que le Pi vous les elles s'en chent de auoitcou de cette très Cot" (lus con- ixcedenc feule en r0S moN l mangée nierepai* quedaoâ s, desef- [uels elles es moins rne tache 'éclat de mpeneii donnent ;c dans la Marti* DES A'NIK/kAVX'DELATERRE. Jti Martinique au defFàut des autrâs qui éy reniconn trenttres-rarcment. J Les vncs & les autres font fujcttcs a quelques maladies, dont il fc faut très- foigncufement don* net dé garde , {>arcc qu'il en peut arriuerde trcs- grands^ accidents , comme ileftarriuéà pluficurs nabitans , qui ofit prefque perdu la vie pour aucir mangé des CrMts man^otées , ( c cft ainfi qu'on los nomme quand elles font entachées Jdc ces mala- dies. )Pour connoiftre ce!a,il faut regarder au Tau- maly, s'il eft lai6beux, s'il fe fond,s*il fc réduit en eau blanchej en fin,fi la Cr^le eft legcre,pour lors il la faut icttcr comme vn dangereux venin. Elles peuucnt encore caufcr les mcfmes acci-^ dcrits,qiiand elles mangent delà Mancenille; c eft poùfquèy ^ il faut 'fwhdrc gare aux dents & aiî Taurhàly^Bt mtfhie àU disdart s du corps, qui deuient brùflc& hoir comme du charbon. Et quoy que cette noirteurîeLùfarriiàc quand elfes (c noutriffe^ dé pommes de teèiiipa V ttdlâhèàhtmôins fc peut aifément connoiftre î carcellcs-cy ont IcTanmafy ferme, font graflcs,pleincs,& entres-bon points & celles -là ontcout le contraire, ^"^'* ^ Ges animaux ont vmc faculté qui ne doit eftrc cnuîée que des coupeurs de bourfc , ou de ceux que le Preuoft tient défia au collet : G'eft qrx fi vous les prenez par vn mordan ou par vne parte, elles s'en de fFont comme bon leur femble,les déta- chent de la iointure, auffi proprement que fionles auoit coupez auoc vntafbir, vous lés iainent dans la BBb Î7« DESCRrrTION main àc (c fauuenc, & s'il en cft bc(bin, elles les qui^ tenc toutes les vnes après les autres.Iugezii fembla* blés gens ne doiuent pas fouhaiter vne chofe qui leur fcroit (i neceffairc. Si elles fontblefTées à vn ' mordan ou à vne patte , elles extirpent promptc- nient le membre de le mal tout enfemblejCans auoir befoinde l'afliilance de quelqu expert Chirurgien, Tous ces membres coupez leur reuiennent au pouc de Tan^ou au moins d'autres en leur place. Des Soldats ou Cancelles, i.^ X. . . V^n CE Soldat cft vne e(pece de petit cancre , long de trois ou quatre poulces au plus \ }l a la moi- tié du corps femblable à vnç fauterelle marine^ mais rcueftu dVne efcaille vn peu plus dure : qua- tre pieds afTcz fcmblables à ceux d 'vne Crable:deux mordans , dont l'vn n'efl pas plus gros qu Vn de, fes pieds, & l'autre eftplus large quclepoulce^rond, ôc qui ferre eftrangement. Toutlerefte du corps n'eft qu'vu certain boudin, d'vne peau affez rude Se efpoifle, gros comme le doigt, Ô< long de lamoitié, ou vn peu plus. Au boutil y a. vne petite queue, compofce de trois petits ongles , ou trois pentes ef cailles, comme la queue d'vne faulterelle de mer. Toute cette moitié du corps eft remplie d'vn Tau- maly , femblablc àceluy qui fetirouue dans la co- quille d'vne Crable ; mais rouge , & qui eftant ex- pofc au feu ou au Soleil fe fond , & fcrefoud en DE;s ANIMAVXDELATERRE. 37^ huillc, qui cft vnvcrirabic baume pour les playcs icccntes. l'en ay fait moy-mefme rexpcricncc fur pluiicurs perfonncs , auccdetrcs-heurcuxfucccz. Tous les habitans en font grand cas , & s'en crouue peuquin'cnfaflcncprouifion. '?; n* •/» Ils defcendenc tous les ans vne fois au bord de la mer , no»> pour s'y baigner &c y faire leurs pccics, comme les Crables , car ic crois qu'ils naiflcnt à terre ; mais pour y changer de coquille, car la matu- re qui les fait naiihe le derrière tout nud , leur a donné l'inftinâ: d'y pouruoiren nailTant , car à pei- ne font ils au moade quVn chacun d'eux cherche vne petite coquille, proportionnées (a grandeur, fourre fon derrière dedans, Tajuile fur foy, & ainfi reueftu des dépoiiilles d'autruy ,& armez comme des {bidats de ces coquilles eftraiigeres,ils gagnent la montagnç,re pair eut dans les rochers &dans des arbres creux comme font lesCrables , &c viuent comme elles de feiiilles de bois pourris ic de fruits; mais fi^r tout de ppmmes de Mahcenille. D'où Tient ( cncoie que nos habitans en mangent , Ôc les cftimentfort ) qu'ils font trcs-dangereux. l'ay vnc fois .pcnferei^dre Taipe, pour en auoir mangé deux dans la grande terre fous des Mancenillcs. * ol • Cependant, nos ^oldatscroiflcntdails la monta- gne , & la coquille ^ ^ " ^^^ ' ^''^^'- '' h ^^-^^^^^-^ * ^ Quand il â vue fois mordu de fon grbsmordan, on le tuëroit pluftoft que de tuy 6ire lafcher prifc. Va de ces foldâcs rti'ayant Vnelèi^pri^Jiiar tebduc du doigt,tne ficplai^rcipàce d4'dfeà*'hc?urésf rotifi-ft* d'bftrattgcs dôuteu^s^fens que^iy J>uffe apporter au- cun remède, l'ay depuis apprjs qu'iihe faut que luy ^[ ci 4 il DES chaufTec mord fe fauue D • f ■ ■ t .-r-' I ■ »' '.»v- YLya IScorjii tes n'en f fieurs foi dormant leur, l'y I pourvue picqueui que ie rec ne petite mails 4c f ieitiè^fit geonv^^ Hî^ibru^or ■'-l^y'iiti petfc*>tilï DES ANIMAVXDELATERRE ïli chxaffct la coquille : car alors non CçMlctacm il dé- mord , mais mcfinc abandonne fa ma^fon Bc fc fauuc. I lit tif, .. , P/^ Scorpions, d^ ttfy ^:kÇ^^^P%^c.i:\ .o'i IL y a dans la Guadeloupe yti £rand Aomib^ê de Scorfiiohç gm , &: rott^lcmUariM'Cs' à eou» ris àvis du^îdeepr ,€« ^J^efonty la dôà-- leur , l'y portay kicomiritntknaain>i'«|feîi picque pour vne féconde fois «^bottC-du doigt ; mais cette picqueure me fît beaucoup plus demain que celle que ie receu fur le cœut \ liqudle ne me caufa qu V- ne petite enfleurc large comme vn quart-d'efcu: mails 4t t'aarrf ^ dow&tflttitifeiK%dioî^^^ cblc ie tiia<$if) eûflâ ibf^Qe(i4è^&AisPail(&l^ le il iefiirii^ gknâ^ g((><^ :».'.ii.-i ^ j<:iwij Mmn)f$e, .^biix:- .: • **. f r* V . *^ *■? f* j ; "■ :$. xiL '■.'OZÎ^JlOiOi.p QfiUiiO.* ti^j^fîi w ;..; vJIit'v î^JiJ:;»<^ fT£ &nto\mp vh grjicd ftombi:e dures^ & heriflecs comme les griffes d'vn cerf volant. Mais fur tout celles que i*ay veu dans Tîfle de la Martinique , doiuent eftre épluchées de plus prés; Car ie ne crois pasquaurefte du. monde, il s'en tfouuç déplus prodigieufes./JL&coJrps decec^^ te araignée eft; compofc de deux parties , dont ià partie pofterieure y qui fcmble eûre le ventre , cil refijue de lagrofleurd'yaobùf de psxuUeytpute ve • ucd Vn poil noirc,& heriflç^aïfaçloflg.La partie dcdeuanteftvnpeu pluscourtc,maisaumgrofre ^• toute couuerjte dunvefme.poil. Aumilici^du dos Sy a vne petite ouuerture fondfe corrnncpo'uribu- ter vn pois, toute enuironnée d vn poil vn peu plus long que celuy du corps. De chaque coftéde cette paç tie lor tent cinq pieds plus long^ que les; doigts, ( velus, 3<:aquatr«ioint*if€îs , (ans celles qui ks ioi- gnent au corps , & à chacun d'iceust vne petite pin- ce ou mordandç: cprnç rpuffe ijcfprt dure , & deujp dents dam lagueullt d^elii nàefi^eQftoiïe, longues comme lamoitié d'vae c^ingle^çourbées,& affiJécs comme des éguilles^ Mrjor;?£:-3nam:J> :iî upii»D ^,4'çriay trouuc encore! quelqjues-ynes' dans des Ananas , to^ice^ fcmblablesi m*is Vii peu plus peti- tes , &c quiauoienc vne partie du poil dcdcflùs le corps tout vert. Quelques habitans appréhendent çéti^n;in>alj ■&a{r6urentqu il eft autant bu plus dan- gereux que les vipères de la mefmc ifle;. On en re- cherche fort curieUfem^ntfl^ d'ent.s, & on dit que deC; Iesfrotcri5ouupnitatiçcolk^:jgtt*ranur;dvt0^^ dç dents. .. -.MIMU^*! ïrji^i ) ■>'} ->iia/i». Ï'À^Temarquié k^ttatré paxinq fortes de fburmtf jcbu^ kii^oadcloQ^c 4;^cccmément imporcuns i fcs habâcaiBj car^uoy <|uil n y ayt point d'Hyucr qui les obligea Tepouruoir pondant ie temps delà rcGoico poUr^ecce ûifon: > ^ù iIXemble que non fealemidu: tc^ufcesx^hôfi^filisiu: doiaéc manquer;mais quïk foient Contraints vfur peine de la vie de gar- dei^ prifondanslés emr^iiics de la terre , ou ilà fe- roieAit: biçaninUfes Aédm aaant quon le$feicc>iir^t d Vn feui grain de bled .* fi eftcc ncantmoins que les fourmis de ces fûcs > 4:rauaillcnt auec autant de foin 1& de ftfeuoyattce «<>ùt le Iciftfg de l'année , i faire amas ^btmiifiô^nrdô toutes wgrw^ qaott fcmc , que sîilscftaidftt&jetsauxmeimcs rigueurs qucceto derEa^bpeiEequiôy'qu^ô^ eettc incommo- dité nciibir^$:ikpftfslfé«ifibti3 de ecllesi qufik^âu- fenr^ c eâpourtantia pttfi dommageable aux babi- tans ; car qu ils femcnt auiourd'huy vn beau quar- rcâu de pikme depef:xi[ii^fi kifùùtmi fdbntics\îjca vne nuiâ toutîcift enleué , È^ns qall y vienne ^ftê feule plàme à bien. ïay veu de pauurcs habitans quafi reduirs au defefpoir à cette oecafion ; Se cela n'anrriuc pas feùteriieiM^aUp^étuft^ mais a toute autre fartedegtainèj''-t^^f-'*ii^ '■ ^^•'e^rnvs'M-t.up ^. v-' Ceux doTM: ie^parie fetït petitsfèUrmis hoirs' , af- fta fcmbfabk» ki:^0iix: que Pou Vbit le plus com- DES muncm de 'quan forte qu meurs , d'huiUe < toutren mettrc,< bien foi eilions c tunité. i faire cfta miren r Il y; ges , pas ne font vnc efp pour Fo ge,enfij endeme on n y pi Les ai dents, n dedeffus (èul pou me V car fe,ilne mordan tend & i la main fc, quo ■'^ffiMb.diiMidaw» t ^ \ ■■ \a •■ma '.rfC JÛfJ.'iï, \ n-lA nporcutis :d'Hyucr tnpsdek que non [iicr;mai5 c de gar- auiiàfe- loins des poulets, & de tous leis petits lezards^coramt les plu4 fkiands morceaui^ qu ils puifi&nt rencontrer r au/Une vont-il« iamais quaeouuert. Ils baftiHent auec de la terre certaines petites galIeries,chemins>oU conduits vn peu plus amplej que ktuytfu d'vne plume y auiquels ils font rairc tint de milliers de toms & de dcftours confus ^ DES ANIMAVXDELATERRE ^ly (|u en fin ilt en compofeni; vne motte plut groflfe quvn dtmy baril , êc le crois que s'il y auoit vn homme adez expoit pour déuider toute cette be- fogaçi » Qutl 9 Y trouueroic quelquefois plus dVno lieuëdecnemin. Aurefte, ils (ont U dedans com.iie dans vne pe- ciee République o ils fè multiplient , êc comme dans vne petite foFterefie, oiîils font àcoauert des embufches de leurs ennemis. Si on fait br cfche i leurs murailles 9 ils s intereffent tous pour le bien public^&trauaillenc auectantde diligence à la ré- paration de cette brefcbe» qu'en vérité il y a de la ucisfatflion & du plaiilir à les contempler dans cet ouurage. Onvoitauancer leur trauail à veuë d'œil^ fanstamais po.^oir comprendre ny apprcndie le meftier degrés oiiufiers» S'eftamvnpeti tropmul» tipbjQSi &s &>nt vne petite galepte ou tigne de cont- mnnicacioA^ toat le tong de la Sole iu&]vi'att pte^ mierkMnt? qu'ils rencoAtrent , ^yba'fliffiïnttoue de tkouvteMtyêc atkntaiinÊ de coing en coing , de ioànt en ioiint, pourri^m tous les Meux ou ils s'ar- reftent >^ ilifont en pevu de temps tomber vn balU • mené en inyne. C'eft vil- bo» remède pour leurs ooupeple che- min qtie d'engraiflcp d'huiUb de vache de mer les lieux par où ils paflcnt, & m«^c d'en verfcr(ùr fa i mottcî car ils la quitent incontinent. En fin,ces petits animaux vieilli(rent,& les aifles leurs viennent comme aux fourmis,pour leurruy- ne j car ils abandonnent leur demeure terreftte CCc ij 3W DESCRIPTI ON pour fc mettre ckns Tair^au rang des oifeaux» où ils ne viuent qu Vn iour ou deux pour le plus. Leur de- meure cftant abandonn-, noircit, defleiche, &c brufle comme des allumettes. Les habitans appel- lent cette motte tefte de "^slegre , à caufe qucllecft noirc,ronde , ôc frifée comme la tefte d Vn Nègre, lay veu quelques Chirurgiens qui faifoient fucr des hydropiques à la fumée de cette motte ou tefte de Nègre, auec d*aflez bons fuccez. DES Des Chenilles, i. XV. ■: irs ^H LEs Chenilles font içy des rafles générales deux ou trois fois l'année , & coupent les feiiillcs de manyoc, de patates, de petun,& d autres herbages, auftlneique /ilefeuyauoit paflc. Quelques habi- tans voyant dépouiller les jardins de leurs voifins, fe guarantiflent du mefme dommage , faifant des lifieres de bois tout le long de leurs habitations, aufquelles ils mettent le feu, de forte qu'il demeure vne feparation de cendre large de trois ou quatre pieds: &celaarrefte lesChenilles tout court, car elles fe laifleront pluftoft mourir de faim , que de pafler par deflus la cendre. , . , , - ,. ... ♦ CEs bla plus dut dres. Il deloupc toute l'i nombre iamaist; de tort 2 coffres , manger me faléc tott dar lement ment. Tout friandes chofe,au qui les < roient r •o, ti* ■t^i^b i^:>i ir .100 ztv:' : f jTililiJUcMfMt;*». iUx»oiiiIs Leur de- bichc, & i)s appel- [u elle cft a Nègre. »ienc fucr couccfte ♦ f aies deux sûilles de lerbages^ ues habi^ s yoifins, ifanc des Mcationsy demeure >u quatre ourt, car que de DES ANIMAVX DE U TERRE. 3^f Des Rams. ^^^^^"^^ '^ V * $. XVI. CEs Raucts {ont certains petits animâlx feni- blables à des hannetons dépouillez de leurs plus dures ailles j mais vn peu plus plats 6c plus ten- dres. Il y en a vne fi grande quantité dans la Gua- < deloupc,quc ie ne crois pas qu il y âyt vne ifle daniï • toute l'Amérique , où il s*cn trouuc vn fi grand; nombrcjau moins dans celles ou i'ay efté, ie n'en ay • iamaistantveu. Ces petits animaux foncbeàucôàp de tort aux habitahs , il's font à milliaflc dans les coffres, fi on né les vifite quafitous les iours. Ils mangent la caflaue, la viande çuittc, crue, & mef- mefalée : mais fur tout ils nous font beaucoup de toit dans nos Bibliothèques y où ils font perpétuel- lement à ronger les hures, qu'ils gaftent entière- ment. : _ ■ .ip*^vi.^iJi..i j. "Toutes les poulies du pays font extrêmement^^' friandes de cesrauets , & ne viuentprefquc d'autre ' chofc,aufficcleur eft vne très-bonne nourriture, ôc qai les cngraifTe mieux que tout«cequelks pour- roient manger. - ' S r i I M* ,4 >' *»' '\i4 ^«"^ -• t5r'** '^ihl ^DÎ3 '.r; W.Ç.ÇS »î-..' m l;i JÏESCRIPTI0Ï4 Des Vermines î CÊtniM Fùux^TuceL $. XVII. L]£f f ^f 4: kl Paces font aufli rares dans tou* çcg ç^ iûcR, coramails font communs dans lot }^çii]^Vi,^ , ^ dans les Coms de gardes de VEu^ rqpç } ciu pooiiutti qu'on te puiffc tenir ncttc-^ n^çftÇ» Qftftail w>k: iajpaitfur fay , fi ce neft qu«l^ quç§^Y4f i U^3^ \ mais cola cft extremcmenc If ÇCO^^^ ttestSaum^ df IçsNegpoa fe fertienc 4 vn^ huil^ qu tlft tironi du S^ieinufi > ou Figuier d,'Gp6l&pQi«&fc.g\ucaotirdefipoi«x. . , , J i i Pcx çM^d' ^: i. XVI IL I£ nefçay ce que la terre de toutes ces iiles a 4e: çp4w.ii W?^ f X^ «f ngç & y groffiSent en deux ou trois iours , comme de petits pois ; de Coïtta Kfac pour les tirer > ilfaat décerner aueci>e;»Âicoap de douleur la dhair cout|âutouc auec des épingles "v autc des ai^iilcs > ou auec vn canif ; £ bien que ia Chique tirée, ilrefte vn trou qui quelquefois sa* poftume Ôc fe forme en vlcere malin tres-difhcile à guarir. , ,' .»j, n,-.^. Si on n eft fort diligent à les tirer , elles le rem- plifTent de lentes, defquelksil fe forme autant de chiques, qui toutes prennent place auprès du heu oùellesjontprisnaiflance^ il syenamaflenc àcen^ taines , ôc endomagenc fibica les ficét qu'ils ar- rêtent vnhommetoutcouit,lil)rliul(Cenir lelid» & aller au Mlon, rayyeumilfei^iilaudire le paysàlaplui^arcdethabicans^ àcawfe des chiques, &mefmefairedelfiand;^'ial>aiiidoaner. Moy-mef- me, quoy que i'^t tO^iÛ^^oil f ftc tres-foigneux de m en guarantit,;«xMmab% trop befoinde mes pieds pour le ferttàûedil |MiNiure peuple^ ie con - fefle franchement ^cVft csi4|ui m*a le plusdef- pieu , & le plus incomwrtrifeétà^^ le pays. Sur tout ccflfleft'eau des parcflcuxî car fi-toftquvn homme fe néglige , elles luy gaigncnt les genoux, les feflcs, les couldes , les mains , & s y enta&nt tellement le» vues fur les autres, qu'après s'y eftre pourries , il s y hmat de vilains vlceres , qui font quelquefois fui> uis de rcfpian,quieftk veroUedu pays. I S9t DÏSCRIPTIONDES ANIMAVX: , Les jrcmcdcs généraux font, aller bien chau(K,fc laucrfouucnt,tenir la café nette & bien arroufée, & s'il fc peut faire, d'eau de mer : ne point fréquenter le foyer où il y a des cendres; Les particulier&font,fefrottcr les pieds auec des fciiilles de petun broyées, & d'autres herbes ame- res z mais fur tout leroucou , eft lapefte aux chi- ques. i-^yni'iLtïi :;!'''. A'/ îM.r;.. . : . Fin de U quatriefme Partie. i i ) ,' mi(i iw.ivi. "'v..':7)îJ0(]tri.:.. -, ■ ■ ?iqt* ^p ',.•» ii-^' ' " ff S T. 7 ^ <> ^.N\'U' ■\ iVvi. ;.-^i^î/i: Des hâh 1 I -it^.^^7t a » s . -■ * ♦ V , . (, quieft ï cftac des bUble : te troifi mier , i( fécond, dclaCo ^.Y ^'0 i,î wa fans railon, contrefaits, grands comme desgeaa£s^ velu5 poffedei7t poarcantics viays vei^uit ^ic^ propciecf e^dàns4e' iir£)rcc& tsbas Wr eadero vigueur^e (quelles biemibuuenc nous corrompons parnos artifices , & altérons beaucoup , lors qae nous les plantons dans nos jardins. Or comme i ay fait voir que Tair de la Zone toriide ciUe {>lus pur > le plus lain èc leplus tempe- DES SA V V A G E S. 3n tirée cbtis les airs > ôt que h terre y td vn petit Pa* ladiscoufioùrs verdoyant , ^arroufé dej^plui btU les eaux du monde : il e^ à propos de faire voit dans cette cinquiétnePartie, que les Sauuages d^ oesiiles font les plus contens, les plus heureux, les^^ moins vicieux, les plus fociables, les moins contre- Ëiits^ 6c les moins tourmentez de maladies,de tou-^ tes les nations, da monde. Car ils font ceb cjue la natureles a produit, c eft à dire ^ dahs vne grande fimpUcité & naïfueténaturclte : ils (ont tous égaux, (ans aucune forte ue fupenorité ny de fciuitude; & à peine peat^on reconnoîftre aucune forte de refpeâ medne entre lesparens , comme du fils au père. Nuln eftplus riche , ny plus pauure que fou compagnon , &toas vnanimement bornent leurs defirs à ce qui leur eft vtile.. 6c predfémen t ncccttai-* tCféc mépri(ènt tout cequïls ontdt fuperilu.conv^ ncchoiètiidigne d'eftre polfedée. Us noa^ aucun autre veftement que celuy du^ quel la nature les a couuett* On ne remarque au-» canr{>oiicepaxmy eu^: ils viuent tous à leur liber- ti^^bbiaseat £^ mangent quand ils ont (bif ou faim» tiauaillesnfc^ ie reposent qciand ils leur ptaift : Us a'onc aucun tbucy , ie ne dis pas du lendemain^ nuds dudes^eufner audi(tKr , ne petchant ou ne chaQàntqac eeqmleureft précisément neceBaire pour le repas pefcm, (ans (e mettre en peine de cekiy^quifuit , aymantmjeuit(e pafler de peu , que d'aicbetci le jJaifo d Vne bonne chère auéc beau*- €oup.dettsauKiL; i> DDdiii: '■^' DE S M OE V R S Au refte 9 ils nc.fbnc hy velus ny contrefaitsj aîi contraire, ik font dVne belle taille ,d*vn corfagc bien proportionncygras, puidàns^forts & robuftes^ il difpos , & fi fams, quon voit communément par* xny eux des vieillards de cent ou fix vingts ans , qui ne fçauent ce que c eft de fe rendre ny de courber les efpaules fous le faix des vieilles années , Ôc qui i peine ont jç poil de latefte méfié y & le front mar- qué d'vnc Tculc tidc. Que fî plufieurs ont le front plat & le nez camus^ celaneprouient pas dVn defFaut de nature , mais de l'artifice de leurs mères, qui mettent leurs mains fur le front de leurs enfans , pour lapplattir & l'é-i Jargirtout enfemble, croyant que par cette impo- fition de mains, ces panures petits reçoiuent toute labcauté de leurs viiages ; èc parce que cette pre-* miere figure imprimée, dés la naiflfance de remant changeroit auec râgç : Voila pourquoy les mères tiennent fort fouuent leurs mains appliquées def- fus le front de leurs petits. Les Chafïïeux^les Cbauues, IesBoiteux,& les Boffusjy fpnttrcs-rares. Ils'y rencontre peu de fii^ fez, ipais pas vn feul qui ay t les ^heueux Monds^u roux: ils haifTent extrêmement ces deux fortes de poiL La feule couleur du cuy r le.^ diflingue d aaec nous^car ils ont la peau bazanée comme la couleur d oliue,^^ mcfme le blanc des yeux en tient vn peu. Plufieurs ont afTeurc nue cette couleur ne leur cfloit pas nattjrelle, & que naiffans blancs com* mêles ËuropeanS) ils ne deuiennentaitiiibaza&«; t s *, au rfage cpar« 5, qui utbcr :quià tmar- :amus^ , mais s mains ; impo- it toute ttcprc^ rcnfant s mères e$ def- IX, & les ittde&i^ londs^u fortes de ied'aaec couleuc vnpeu. ne leur les com* [ibazaar I>ES SAVyAQES. 3f>9 APZ q^ii'à force de fe peindre 6c fe frotter de rou- CQUL Mais vne preuue maniicfle de la faufletc de cette propofition , eft que nous auons quantité d enfans Saunages parmy nous , fur le (quels on n a iamais appliqué avicune de ces couleurs , néant- moins ils ne laifTentpas d eflire bazannez comme les autres. Usom.Ieraiibnnemencbon ,^ l'cfprit autant fubtil que le peuuent auoir desperfonncs qui n ont ;iucune teinmredes lettres, & qui n'ont iamàis eAé (ùbtilifez & polis pau: les fciences humaines , qui bien fouuentennous fubtilizant refprit , nous le rempliifent de malice : Et ie puis dire auec vérité, que fi nos Sauuages (ont plus ignorant que nous^ qnils fànt beaucoup moms vicieux ^ voire mcfme qu'ils ne fçauent de malice que ce que nos François leur en apprcii:iLic|itr xa^- • v::^*s-> . Us font grano^ refueurs , Se portent fur leurs vi- figfs vne pnyiionomie trifte ôc melancholique. Us pa(rent des demy iournées entières aflîs fur la pointe d'v,n rocn, ou fut la ciue > les yeux (i- eïie* enterre OTdanMamcr , (iins(i>nner vn(bul mot. lis ne fçauent ce que c eft 4e fe promener , & rient à plaine tcfte,lors qu ilsnous voyent aller par pfufieurs fois dVnlieu ^ l'autre fatis auancer che- min, ce quils eftiment pour vne des plus hautes fotifes qu'ils ayent pu remarquer c^n nous. Us fe piquent d'honneur, mais ce n'cft qit'à noftre imitation , 5: depuis qu'ilsont remarqué que nous auons des per(bnnes parmynous, aulquelles nous -^t,^ r ^poo DÉS W^^V».^^ porcons beaueoapcle feipeft » 6c déferons ei cbi£ ils font bien «éfc d'en imoif de ftmblaWcs pour Compçres,ccftâ dire^pouramis» defquclsilsprcii- menc en mefine temps le. nom poiar^ rendre plu; recommândables^ 6d letir fent portet le Ickir, ils taf- client aulli pour cette mcfinf fin de les imi; cr e^ quelque chofe. Vu k>uc Yndcs plusanéiens de IaD.omit^iqvi& nommé AmiSon » iiyant yeù MonfieurleQôuucr- neurdc'iaKCaitinîc) e^auecYngirâpdmpac^Qir^l^ «naceloce autour éc fon cpl , & creut auoir cl^ez foy ^e quoy fe'fiiif e eonfidettr, en ipiitai^t foQ çpmpe- j:c,'C efloit lâllcze tfvnc vieBlc toifle d Vnc yoitfè ikchaletipe,del;^uelIcilfefitdietixop3. tpu^$ au coi, laiffantpcndrclc reftç dcuï^ittfoy. Ij vinjc jl la âuddefleupe -en cet équipage, où il^pp^fta ârîfç à tous ceux qui le virent en c^ctcjpoftoifd. Iç i^ff cû- quis bicwfcricufetïicn&deluy, ponFqtioy "& k^eftoj^ aiinifi ajufté , il «leirépohdk « :n:3iï,; . ^ r^ Av.r Ils fontdVniiaturà^ibcnin, dd^;ip,ai&b!çy&^C9}n- paciflènt bien fouucnt , .ipefme iufqufaux J^fWs^ «ux-mauxdenios'Frânçoisi nleftant cfuek qp'àîturs «nnemis^iHrcE. ^ i,'':>n;^;:a».q 2^*11 ^ ::; -^ my tan croyan (jlcs qu i?urs p! direny leurtcf] fez reçu mierpe myfànî les terre auoir V( Domin enaflèz dantle nerenc ( forte qi vn poifl matiy ôc Cette ir fimplcsi S'ilcft on peut X es pour ilsprcii- dreplu; ai; vT c]^ Sôtiuer- ci^ezfoy tçpmt)c- ic ^roiHfc fta i fifÇ 5 4uParr ils ^^ ^çnneùj: fe fouler :4^rmes^ m'àlèurs E DES SAVVAGES. 4o< ...... j De leur Origine» $.11. NOs Saimages font remplis de tant de refueries^ couchant leur origine , que ce n ed pas vne petite difficulté de tirer mefme vne vray -femb lan- ce delà diuerfîcc de leurs rapports. Toutefois, par-^ my tant de différentes opinions, ils ont tous cette croyancQ qu'ils (ont dekendus des Kàlibis , peu- les qui demeurent à la terre ferme , ôc qui font curs plus proches yoiiins : mais ils ne peuuenc dire ny le temps , ny le fujet qui les a porté à quiter leur terre natale 9 pour s'efpandre dans des iiles af* (èz reculées *, ils afTeurent feulement que leur pre- mier perc nommé K^t/w^ço , ennuyé de viurcpar- my fa nation , &c defîreux de conquefter de nouueU les terres, fit embarquer toute fa famille , & après auoir vogue aflcz long-temps , qu'il s'eftablit à la Dominique ( qui eft vne ifle où les Saunages font enaflèz grandnombre ) mais que les enrans per- dant le refpeâ: qu'ils deuoientàleurperejuy don- nèrent du poifon à boire , dont il mourut ; de telle forte qu'il changea feulement de figure , & deuint vn poiflbn épouuentable , qu'ils appellent ^^rr^/o- maHy & qui vit encore auiourd'huy dans la riuiere. Cette metamorphofe neftapprouuée que des plus fîmplesj les autres l'cftiment vne pure refueric. S'il eft permis de tirer quelque vérité d'vncfable, on peut colligei de cellé-cy , que nos Barbares font ££e 4o> P ES H 01 V lUi^ defccnJus dci»Kalïbis , parce qu outre qu ils ont vne conformité dcbnc^agc, leu? religion &c leurs mœurs ne font pas difïcrentes : outre que la plus commune opinion des meilleurs efprits cft , que QÇ.S. Saunages ne font que des» pâ rcelU s des d^eib ris, ou bien les rechapez des horribles malTacres, cjucles Espagnols o^t/iwt dans, les illcs de Cuba de rElpa- gniola, de S.Ie^nde Port-ric,ô^ des autres dans lef- qu^llef les jgfpa^nols ont fait mp^i^^^ des.rKHl^Çft incançç94,ble$ dç. Saunages y ppur. s emparer d^ kttr$ terre;! auec plu? de fcurçtc. :'nA'*.GC|?>f^>eflçen^pnt, que l'iule éUclzGiiSLdclqvL'' E8if^à| habitée j ç'eftpit vn.cptnmun bruit parRiy, s yi^.ipLx habitotts qili il y auoitdans les montagnesj outre les Saunages naturels , vne nadpn eftrangere api^clkz T^neri^y qui leur faifoit beaucoup de tort, rn^s fips jckaAei^rs qui oru: trauerfé l'iâç de toot te parc > h en ont iamais eu aucune coiinoif' iànce. De plus , dans le premier voyage que le Rcirct reçKl Père, Raymond fii; anx Sâi^uages > ily auoii; for( pçu de temps qu'ils &uc4ient (ùr pris vne petite Negreffe efclaue > de la peau de laquelle ils auaiçnt reueflu vn arbre : Cette tnham.aine cruauté mit les Kalibis dans la foreur, qm s*aflembl^t en mef- me temps , & grimpant par des rochers inaccefS- bles y arriuerent à vne café quils inueflirent auffi> toft, . Les affiçgez qui eftoie'nt va homiïie y vn^ fbn^inc, & vn petit enfaat,aprp& quelques foibles refiftâflcçs furent pr^ \ le miiqrjfta jcofty 4iinit|gé^ w« ..i DES SAVVAGES. .401 $c la femme faite efclauo auec fon enf^Dl:* Apro( cinq ans que ce mefmePerey tetournt 3 il y leitç vne defcente de ces montagnards , qui mirent Iç feu^dans quelque café de leurs Qûiiemb > ^ ^pres s*eflre chargez de batin^ils iirenrlisqrrecrai^^id^Q^ leurs habitations. Cette aouuelie équipée fut cau- fe qiienoflrePeresenquit de nos Sauiiiage; , s'ils croybicftt) quand leur père aùoit occupe icescetrrçs> qu il y eut dés habitans naturels r. Ils refpbndirient que non ,& que ceukqui viuoient dans leurs mon- tagnes eftoicnt des cfclaues fugitifs , app»eUe?jAI-r louagues,qu'iis auoicnt pris datis la giiiercj^le(q9pl$ redoutant wie feru>itud«honteure , &£i;ifisaapo prebeti^fioii de feruir de pafture i ces Antrdpopha- gés, aU4>ient gagné les bois & les montagnes^ ou ils dt)m# dit faindPaul auxEphefieais : FtlijïirAfineDeo in hoc mundo .y enfans d'ire fans aucune connôi^ance de l^ieu en ce monde. Car nous, aurons ipluAoid fait d^icoupet court /& dire en vn mot, cJuSls n*ont point dutoutdereligioni qu^de faixèpa^rl^itfs '«•» ^4ù4 D Eî M OE V RTSJ bajinerics enfantines poar vn culte de quelque diuinicé. Il eft toutefois véritable que par vne crainte reruilej& non par amour, ilis rendent quel* quesdéuoiriB au Diable ^ dar ils luy offrent toutes les prémices y tant des fruidb qu'ils cueillent de la terre,que de leurs plus notables adions. Sils font vn f eftin , le Matoutou efl incontinent prefl; ( c*eft vne petite table faite de joncs ou de latanicr , large dVn pied y ou pied & demy en quatre , ôc haute de huid à dix poulces ) fur lequel comme fur vn Au- tel, ils offrent à Maboya, c eft à dire^au Diable^deux ou trois de^ plu^ belles^cadaues qu'ils ayent, & du rntiWcàtOùycou dans des Callebaffes toutes ncuf- ues : Ce beau facritice pafle toute la nui6b au milieu de la Cafe^^ quoy quelle lendemain ils le trouuenc en ctthnc^ôCAM melme lieu,.il9 fe perfuadeni; quo Maboyas*eneft repeu,, &r que s'en font d'autres qu'il a apporté à là place, & tiennent cela pour vn iignalc bénéfice. Tous mangent de cescafîàues, & boiuent de ce O ii ycou auec reuerence , Ôc auant q^i^de prendre aucun aliment. . :, i v . i a f'^'\ ^ fî^Nonobftant tous ces facrifices , ceMàboyà w laiife de les inquieter,de les battre, Se de les traiter autec vne feucrité cpouucntable , afinde les conte- Ôiï dans là crainte , &quc: fapprehenfion de (es ri- giicurs les retienne dans le rei^e6i & dans lafqufr Jïiiflîon. l'en ay veu qui portoient des marques ôc des meurcriiTcures plus larges que Ja main , furies htSL^- & fur les efpaules , proirenantes des (loups qvie c^Maboyaleuiauoit dqnnc^4l6:oh ? in :ro*^r PES SAVVAGES. 405 NûsSauuages croyencque leurs Dieux onccflé des hommes, ôc les Diables abufant de leur créduli- té leur aflfeurent que cela eft véritable. Us fatgetic vne nouuelle fable, quand ils adorent vnnoUucau Dieu. La plus grande aufli bien que la plus mef- chante de leurs diuinitez eft l*rris: Vn de nos pères quiauoit fait connoifTanceauecleBo/Wkode cette Yris , luy demanda vn iour d oiî prouenoit qu'il auoit vn tel Dieu j il repondit que fon père en auoit deux ) qu'il luy en auoit laifle vn comme par hérita- ge , Ôc qu'il auoit donné vne DéefTe à (à femnic^que Ion Dieu eftoic vn iour entré dans le corps d'vnr femme, qu'il auoit parlé par fa bouche , ôc qu'il l'a- uoit porté plufieurs fois par deifus le Soleil , fans eftre cfbloiiye des efclatants rayons de fes lu- mières ^ qu'il auoit veu de belles cerres^inhabitées» découpées par rochers , qui feruoient de fources i des claires fontaines; d'où on pcutcolliger que les Dieux des Sauuages font des Diables,puis qu ils en- trent dans, les corps desfemmes,& qu'ils parlent par leurs bouches^ , Ils reconnoifTenc tous vn autre Dieu, qu'ils ap* pellent C/?^»/» ^ qu'ils croysnt refider au Ciel : mais ils n'en tiennent aucun conte , & difcnt qu'il le faut lailTer là ^parce qu'il eft bon & qu'il ne leur fait au- cun torL Mais qu'il faut appaifcr le Maboyapar des facrificesjde peur qu'ils ne les tuë,& ne leur enuoyc des Oiiragans. Us croyent déplus , que ces Maboyas font en grand ûombrCi& quentr'eux il y adiuerfité dcfexe, E£e iij y^t^ to ES M OEV R S Ô: tju'ih tnuîtiplttnt comme les hommes. Ils ôhc parmy eux ccrtaim charlatans , ou pluftoft for- tiers & forcitres , parle moyen defqucisils con- ftilttnt cci ''çmotts fur !es cucnemens de leur f;uetrc,dc lev s combats, Se des fiiccez de leurs ma^ adies , & rcçofuentde la bouche de ces miniftrei de Satan les refponfes , comme des oracles di* uins. Ces J5oyf ^ tiû^ùwko , ( e'eft ainfî qu'ils appel- lent ces forciets ) fôntdédie2:&: comme confacrez à ce detcftable miniftcrc dés leur tendre icunefle, par des ieurnts èc des efflifionsde fang de toutes les parties de leurstôrps,en s'clgratignant la p eau aucc des dents d'Arouty. Quand ils veulent fçauoitrcuenemcnt de quel- que maladie, ils appellent y n Boy c , après auoiï au ptealable bienpurifié&ncttoyclacaît , &:pTcpa. tè au milieu d*icelle vu Matouto» , auccdcscaflâucs, St in ôôycoii, comme nous auons dit cy-dciEis. Le Boyé vient la nuiGt , & comme il eft enfant de ténèbres , il a toutes lumières en horreur , eP- t^nt foignétdèment le feu dans la Café, ôt ne per- met aucunement qu'il yen âyt aux enuirons d'i- cellc. A ce propos , ie ncpuispaflèr icyfousfilencé, te qui arriua à noftre Reuerend Père Raymond. Vn iout il fut auerty qu'on deuoit faire venir le Diable dans vnc café, qui eftoit voifîne à la fiennej ilprit refolutiot\d*y aller pour contraindre le Dia- ble de s'enfuyr, &pourdefabufer ce f^mûre peii- ïf . Ils ôîic ftoft for- Isils con- ; de leur leurs ma> miniftret racles di« ils appcl- :on(acrcz : icunefle, toutes les Dcauauec tdccjuel- ;auoit att &pTepa. sraflaues, :y-dc(Ius. :fl: enfanft rcur , ef- k ne per- rons d'i- s âlencé, aymond. venir le a ficnncj :ele Dia- i^e pett- D Ê S S A V Y A G E î. 4^j: pI/^« Comme il marcboit vn tifon daws la m.viftji faute de flimbcaaoude lampe , donc ik n'ont pas IVfagciVoiGy les femmes qui (ortcnt toutes efper- ducs , & viennent au deuant de luy, entrecoupant leurs paroles de colère , difant qu'il les vouloie perdre, q» ic leur Dieu entroit défia dans lafureutj qu'il ne fe plaifoit que dansles ténèbres, &:auoit en horreur la clarté. Ce bon père refpond courageu- sement qu'il ne redoutoit aucunem<^nt (à colère, U que la puifTance d'vn Dieu qu'il falloir adorée en pure vcricé , eftoit plus fort quctous les artifices d'vn Diable qui les ttompoit» Les femmes reparti- rent que s'il auançoit dauantage,il feroit caiife que leurs maris & elles feroiene maltraitez. NoÂre Pères en retourna, parce qu'il ne (çauoit pas enco- re bicti la langue pour les détromper d'vn^ iîétraii' ge fupcrftition. Pour retourner à mon diicouri » duquel le me fuis vn peu efloigné ; Apres doncc^c leBoyé c^ entréde nuidb dans la Café, il prentd finance au mi« lieu de ceux qui font appelle , & premntcrois ou cpuftcre feuilles de petiin feicbes , a les broyé dans fes mains > ôc les cûeuant vers le Ciel , il fouffle (on fctun dedans 1 air , ôc auffi-toft le Diable ou le Ma- oya arriuc, & on diroit qu'il toiiibe du haut de la Café dans lemilicud'iccile,fiif3nicliiqueter lcur« doigts comme les Barbiers qi4i lécouem Icau de leurs mains , après atioir laué vne barbe* La eflanc interrogé , ilrefpondd vne yoix claire & diftindç à toot ce qu'on luy demande. Si le malade doit 4of DIS M OE V R S mourir^ il die qu'il mourréra^ êc ne luy fait aucune chofe y alors vn chacun Tabandonne comme vn homme more. Si au contraire il doit guérir , le maiftre ôc le valee, c'eft à dire le Boyc & le Ma- boya>s'approchene du malade, tallene, prefTent, Se manient pluHeursfois la partie affligée , fouflane toujours delTus; &eneirene quelquefois, ou font femblant de tirer des efpines de palmifte longuet comme les doigts^de petits os,des dcntsde ferpent & des efclats de bois , perfuadant au malade que Îiueceflcequi luycaufoit la douleur. Souuent ils uccent la partie malade, & fortent incontinent de ia Caiè pour vomir , à ce qu'ils difent je venin ; ainfi !e pauure malade demeure guery plus par imagi- nation qu'en effet , ôc plus enchanté que defabufé* Toute cette cérémonie acheuéc, le Diable de Mé- decin remue tout ce qu on luy a apprefté,& (èmblc qu'il faflfe bonne chère , quoy que tout demeure, commenous auons dit. Cela fait,il donne du pied contre la terre allez rudemene, s'en va en fecouane les mains, & faifant cliqueter Ces doigts. S'il arriue qu'vne perfonne inuitc plufîeurs Boyez,& qu'ils raflent venir chacun leur Dieu, c'eft pire que la diablerie de Chaumont; car ces diables s'entredilputcnt, & fe difent milles iniures, &mef- me,audire des Sauuages,s'encrebatent G rudemene, qu'ils efpouuentent fi bien ces pauurcs Barbares, -qu'ils font contraints de fefauuer, de peur d'eftre de la partie, &d*y demeurer les plus forts en por- tant lesroups. Quand aucune nmc vn srir , le le Ma- [Tent, ôc fouflanc ou font longues î fcrpcnt ïde que luenc ils inencde linjainfi r imagi- efabufé. deMe- c femble emeure, du pied ecouanc lufieurs ieu> c efl \ diables ,&mef- demenCi arbares, r d'eftre ; en por- Quand ?c DES SAVVAGES. 405L Quand le malade eft guery^ , il fait vn feftin ou Maboya , ôc le Boyé ne manquent pas & que on baflon eftoit deuenutout luy (ànt à force de le porter. Les diables fe nichent encore dans les os d Va mort , qu on tire de fon fepulchre>& qu'on cnuelo- pe dans du coton,il rend des oracles de ces osquand on l'interroge , êc dit que c'eft l'ame du mort qui parle. Us fe feruent de ces os parlans pour enfbrceler tous ceux contre lefquels ils ont conceu quelque rancune : cela ce fait en cette forte. lis prennent ce qui refte dif boire ou du manger de leurs enne- mis,ouquelqu autre meuble qui luy appartient .'£t 2uand ils l'ont enueloppé auec ces os , on voit auf- -toft qu'il perd fa vigueur ordinaire , vnc fièvre lente le mine , l'éthique le faifit, & meurt en lan- gueur fans qu'on puiflè apporter quelque remè- de pourlc.rccouurementde|fâfanté, NoftrePere Raymondcn a veuvn, lequel fe voulant vangcr dû meurtrier de fon frère, fe.mefprit,^ tiia va inno- cent pour vn coupable,: Les parens de ccluy qui auoit eftéliroal-heurcufemenia^finé, fansconfi- FFf dcrer qa il jr iiaôit eu dai^ cette mort plus de mal- hctet qtic*& en rcconnoiATanciÇ le perc & la merc de len - fanr oignicnt le ool ik U tefte du parain ou de la ma- raiiBCyauecderhuillede palfîiifte. Ccft vnccbofe cftrange de voir fi peu de Sau* uagcs contrefaits, veu que les mercs ne les cramail- lottent iamais : & les femmes Saunages fe fçaueiu: fort bien mocquer de nos Fran^oifçs , (jpi dorlot- i i>i 4itf DES M OÉ VRS tenc tant leurs enfans. Quand les enfàns Cooi vn peu robuftes parle lâiA qu'ils ont fuccé des mam- melles, on leur dotuie pour nourriture quelques patates ou bananes que les mères mafchent pre* mierement que de les mettre dans la bouche de leurs petits , lefquels à peine ont-ils atteint Fâge de 3 . ou quatre mois, qu'ils marcheur à quatre pat- tes dans toute la Ca(è , comme de petits chiens, ôc qu'ils feveautrentdans lapouffiere, fe roulant i;i- ceflàmment fur la terre;. Quand la force leur per- met, ils (e leuent tout de bout -, mais ils font pour lori autant de cheutes que de démarches > & ce qui eft admirable , eft qu'ils tombent toufiours deUus les mains ou (îir leur derrière. Ils mangent tous . de la terre , non feulement les enfans , mais encore Içs mercs : la caufc d* Vn fi grand dérèglement d'ap- pctitncpeut procédera monaduis , que d Vnex- cez de melancholie, qui eft l'humeur prédominan- te dans tous les Sauuages :ils fèmble qu'ils trouuent autant de délices ôc de fatisfadion à manger de la crayeque du fucre ; ce n eft pas que les mères ne fôienttoufiours'ênallarme , pour tout ce qui peut arriuer defimefte à kurs enfans , U que leur amour ne deftourné tous les accidens qui les mçnacent; ceft pour cela qu'elles s'en éloignent fort peu , ôc que dans tous les voyages qu elles font,fort Cât mer. Toit fur terre, elles les portent auec elles ibus leurs bras, auecvn petit lia de coton,qu elles ont en ef* charpe lié par defTus i'érpaule,afiii d'auoir coufiours dtuant lès yeux l'objet deleurs foupis; f ' ' ■ Quand DES SAVVAGES. 4i> Quand ils fbntdcucnus plusâgez, s^llsfcwitde» garçons , ils fuiiaent le perc & mangent aucc luy , fi des filles, auec la merc. Tant les vns que les autres font éleuez des pères & des mcrcs , pluftoft en belles brutes qu'en hommes raifonnables j'car ils ne leur apprennent ny ciuilité,ay honneur , non pasmefme à dire bon iour, bon foir, ny remercier ceux qui leur font plaifir , d où vient qu'ils n'honor rent leurs parcns ny de paroles ny de reucrencc, & s'ils obeyflent quelquefois à leurs commandc- men^^cela vient pluftoft de leur caprice qui le leur Eerfuade,que du refpedl qu'ils leurs portent. Le li- ertinage s'entretient d'autant plus facilement par- mylesenfans, qu'ils font moins corrigez, quand mefmc ils mal- traitent leur perc ou leur merc ^ puis qu'on ne les reprend pas dVnc fi exécrable Ils n'ont aucune vergogne delcur nudité,ils rot- tent,pettent, & font toutes les autres neceffitez na- turelles fans aucune circarn(pe6tion.Les pères & les mères ne leur apprennent chofes aucunes finon i pefcher,à tirer de l'arc, à nager, à faire des petitg panniers,& des Ii6bs de coton. Quand les garçons & les filles ont atteint l'âge de puberté , on les fait ieufiier trois femaines,ou vn mois,& on leur découpe la peau auec des dents d'à- coutysjcommc nous auons défia dit cy-deffus. ■ Lors qu'ils veulent faire vn de leurs garçons Ca- pitaine, ouïe mettre au rang de ceux qui peuucnt aller à la guerre. Le garçqp fe munit quelque temps GGg 4iZ D E 5; M OE V R S nijpa^auant , dVn certain oyfcau de proyc appelle Mitncsfenil , lequel il nourrit iufqu au iour defti- ne a cette cérémonie, lequel eftant venu, le pcre inuitc les plus fîgntlcz &c les plus anciens de fcs amis , lelqtiels ellant aflcmblcz , le père faitfeoir (on fils far vne felptrc , & après lauoir encouragea eitre généreux dans les combats, & àfe vangerdc fes ennemis , il prend l'oyfeau parles pieds, luy bri- fe ^efcrafe la teftefur celle de (on fils ; & quoy auiU'eftourdiflTe prcfque des coups quilluydone, ne faut pas qu'il fronce feulement le fourcil , s'il veut paflci' pour généreux foldat. Cela fait le perc •>jroyc , & froiflTe tout le corpsdc Toyfeau , le met tremper dans de l'eau auec quantité de piment \ & après auoir découpé la peau de fon fils par toutes les parties de fon corps , (Vl'auoir laué auec. cette eau pimentée , il luy donne le cœur de ce Mancefe- nil à manger à fin, à ce qu'il difent, qu'il aye plus de courage. C«la fait , on luy pend vn li6t de coton au haut de laCafc , dans lequel on 'e couche tout de fon long.> &faur qu'il demeure làiufqu'àcc qu'il nen peuucnt quafi plus , (ans boire ny manger, ny re- muer aucunement ; car ils croycnt fermement que fi dans ce tcpsil fc courboit,qu il demeurcroit dans cctte.pofture le rcfte de fes iours. Quand le ftls a paffépar œtteeftaminc , qui eft fî rude que quel- ques-vns ©n meurent , ils paffent pour valeu- reux foldats , quoy que bien fouucnt ce ne foit. quviilafchc.. _ft DES S A VV A G ES. 4i> Quand i ce qui regarde leurs mariages, il faut re- marquer que les ieunes gens ne fçaucnc ce que c*eft que faire Tamour auant que de fc marier. Quand ils veulent efpoufervnc fille qui neleureft pas acquife de droit , comme font les coufines ger- maines qui defcendentde ligne féminines , ils la demandent an père , &fc marient rarpment on- tre le gré de leurs parens. Ils n'ont aucun degié de confanguinitc prohibe parmy eux : il s'eft trouué des pères qui onterpouié leurs propres filles, def- quelles ils ont eu des enfans , 6c des mères qui (e (ont mariez auec leurs fils : Quoy que cela foit vno chore tres-raré,c eft vnê chofe affez commune que de voira vn mefme homm<^ le deux focurs.^t quel- quefois la mère ôc la fille. Les femmes ne quittent iamais la maifon de leur père après leur mariage , ôc en cela ils ont vit auantage par dcfTus let j maris , qui eft qu ollci; peuuent parler à toutes fortes de personnes, mais le mary no fe s entretenir auec les parens de fafcm^ me , s'il n en eft difpenfc ou par leurfcas âgc,ou par leutyurogneries. Ils cuitent leur t^enoantre par de Îjrands circuits qu'ils font , s'ils font furpris dans vn ieudans lequel ils ne s en peuuent dédire, cèluy auquel on parle tourne fon vifage d'vn autre coflcj pour n èftrc pas obligé de le voir , s'il eft obligé de l'entetidrc. v La Polygamieeft commune parmy eux, d'où vient qu'ils ontprcfque tous plufieurs femmes , & quelquefois iufqu* à fix ou fept > ^'mfefme en pli^ CGg ij 415 D E s M OE V R s fieursiflesoû ils ont couilume de fréquenter ; fur tous les Capitaines font gloire d'auoir vne famille Bombreufc, pourauoir plus de crédit parmy ceux de leur nation , & fc rendre plus redoutables à leurs ennemis. Vn Saunage qui a pluficurs femmes leur baftità chacune viie petite Cafc , danslacjuelle le mary les vifite de \c\\c forte que durant vn mois ( qu'ils content par Lunes ) il demeure auec vne fcmmc^vn autre mois auecvnautr^ : Enquoyil faut remarquer qu'il n'y a aucune forte deialoufic cntr'cUcs. Que les femmes de l'Europe crient mi- racle tant qu'il leur plaira, i La femme qu'il entretient pendant ce mois , eft obligée de luy apprefter toutes fes neccflitez , elle luy fait du pain, elle le fcrt comme fon maiftre, elle Içrougit & le peigne tous les iours ,& s'il faut qu'il aille en traite , elfe l'accompagne infeparablemenc dans fon voyage. c^ Comme l'amour de leurs femmes n*eft pas et al,leurs vifites ne font pas réglées j ils laiflènt écou- r des années entières fans en connoiftre quelques- vnes. Qije fî elles font trompées & abuf ées par les artifices & promeiTes d^vn amant,& que leur péché qui a eflé fait en cachette vienne à la connoifTan- ce du mary,il pardonne rarement a la femme, ôc iar jîiais àceluy dui l'a fait tomber en faute , fans que cette cruauté luy tourne à blafme. Us veulent cftre aufli libres dans l'abandonnc- mentde leurs femmes,que de leur choix,c'ef1: pour- ^uoy ils les quittent qiîand bonleùt femble , qaoy E que il confel Si cngu| mes,e| f0UU€|| donn( d"^ m; &;;Ie&i KCCOl / To pi qwéjfii l tirble, te le'T pii les> que ce uent d^ mouue ils cou ils allu bet , i Î)0Ut { es vn; |i:.e$ ic DES SAVVAGES. 411 que Iç^ femmes ne puiflent faire lemefmë (ans le confenteiTicnt de leurs maris. Si vn homme époufe vnecfclauc qu'il ayt pris en gucrre,quoy qu elle foit au nombre de f es fenv mesjçUc eft toufiours tondue comme vn garçon, & fouuçint quand i)s en ont pris leurs plaiCrs , ils leurs donnent d'vn coup de Bo«roi< ( qui eftync cfpccc de mafluc , ôf leur arme ordinaire ) par la tefte^ & Ic&enuoyent ainfi ei> l'autre moi>de pour, toute yecQmpenlç.,-j5,p .j.j . ;.çj .^^^^ jncjqto'j n-.ùOiAûipim ' • ■ ■ ' , . •- De l'exercice , négoce , <^ t^^^c des Sàuua^es, y* ' 'Ypii-y . ï:.(, f - -. I : > TOut ce que font les hommes Sauuages , font pluftofl:dcsdiuertifl'emen$neccfraircs,fansleG quejfii Uvie mefmela plus douce feroitinfuppor- t^bte, que de pénibles trauaux \ carik paflent tou- te Ic'T vie dans vne fi grande oyfiuetc, que quand pii lesyoit n>cttre la main à rcciiurç ,;il faut croire que ccftpluftoft la tiédeur & J'eilnuy qu'ils froti- ucnt dans cette fcneantift,qui les fait opérer qu 'yn mouuementraifonnable. Si-toft qu'ils fontleuez, ils courent à la riuiere pourfelauer tout le corps, ils allument après vn grand feu dans leur cac- het , autour duquel ils s'afTeoient toqs en rond , E)0ur fe chauffer. Là , chacun die ce qu'il fçait j es vns s'encreiciennent auec leurs ami? , les au- tees ioiicnt de Jafluile, de forte qu'ils remiient 4»t DES M OE V R S tous ou la langue ouïes doigts i cependant lë des« ieufner s'apprcfte. Apres ce repsis , Vvn va à la pefche fur la mer, l'autre à Ton habitation dans les bois pour y tra* uailler ; ceux cy s'occupent à faire dcspannicrs, ceux là des Hibicbcts (quicft vneefpccedc cri- ble pourpaflcr leur farine. ) On en voit qui font des lignes pour pefcher en haute mer , quelques autres des ceintures du coton , ceux qtii font les plus faineans coupent leur barbeauec vn coufteau, oubicnlarachent poil à poil : les autres font des Boutous , des Arcs, des Flèches,, des Catolis ( qui eft vne efpece de hotte , dont fe feruent les femmes Sauuages. ) Les plus diligcns t*occupent à faire des canots &c des pirogues : Mais en tous ces ouurages, ils n'y employent qu'vnc heure le iour, & encore fi lafchcment qu'ils ffcmbL qu'ils fe mocquept de la befogne. Tout le rcftc du temps , ils le confond ment à fc faire peigner & peindre par leurs fetti- mcs,à ioiier de la flufte & à refucr. Qupy qu'on dife que les Indes font le Paradis de^fetnmcs,ccla n'a lieu qi»e pour nos Françoifcs, & fi ce neft pas fans ekccprion , comme nous di- rons dans fonlîeu 'y mais pour ce qui regarde les femmes des Sauuages, elles font pluftoft les efcla- ucs de leurs maris que leurs compagnes : car elles ncfontiamaisoyfîues. Des quelles font leuées cl- lesTe vont baigner , puis fe mettent à peigner & à ajufter lescheucux de leurs maris , & à les peindre deroucou. Cela acheué^ elles mettentla main a la 5,^ ncr (c les for leur ot le leur; faue. Ajpr< &IaDoi cft con tout de terleur^ Icgratt< ue, & ( bice. A leurs en cupcnt ; hujlles < tci(tc^& 1 ce fc^oji le trauai Elles c de pen/c connoiffi quels ell Ikn'o vendent liberalen uent ( fa leurs con tion qui DES SAVVAGES: '413 pafte,drcrauaillcntàfaire du pain pour le des jèuf- nec ( car elles n en font qu'au iour le iour) puis el- les fonc cuyre ce que leurs maris ou leurs enfans leur ont apporU de la chalTe où de la pefche , ôc le leur apporte quand il efl cuyc y auec de la Caf- faue. Apres cela y elles s en vont culciuer leurs jardins & labourer la terre auec vn gros baflon poincu,qui eft comme vnépieu ( elles ne fè ftruent point, da tout de nos houes. ): Elles ont auflî le foin de plan- ter leurs viures , les cultiuer, d'arricher le manyoc, le gratter, prcflcr, pafTer, & le faire cuyre en CafTa- ue , & défaire le oliy cou dans leur grande afTem- blée. Adiouftez à. cela le foin & la nourriture de leurs enfans : Celles qui demeurent à la Cafc s'oc- cupent i faire des lids de coton , d'exprimer des huilles de Couaheu & de Palmiftc pour greffer la te(ïe^(& les cheueux deleurs maris. Remarquez que ce fe>oît vne infamie à vn homme d'auoir touché letrauail dVne femme. Elles ont encore le foin de traiter les malades yôc de penfcr lesbleflez» Elles ont pour ce fujet vne. connoiffance merueilleufe des fimples , aueclef^ quels elles guariilent vne infinité de maux. Ik n ontentr cux^ucunc forte de commerce , ne vendent ny n achètent rien , s'entredonnani fort' libéralement toutes les chofes defquclles ils pcu- uent ( fans-fe beaucoup incommoder ) foulager leurs compatriotes : mais n'y ayant iamais eu de na* tion qui ayt cfléplus neceflitcufe dans toutes les. îi ^f^-r ■» fy •fA%i,*n<^wf 414 D E S M OE V R S cliofcs que Tart a rendu communes à toutes les na- tions de l'Europe : Ils onttoufioi>rs efté fort défi- reux du commerce des François, des Eftrangers , & des autres Nations de l'Europe : car auant leur corn- muni cation,s*il leur falloir: abatre du bois pour faire vneliabiiation,ils nauoient que des haches depier- r esjs'ils vouloient aller à la pcfche,ils n auoient que des ameçons de Caret, s'ils auoient defïèin de faire vne pirogue pour aller à la guerre contre leurs en- nemis , ils fouffroient toutes les peines imagina- bles pour couper vn arbre, pour le tailler, pour le creufer & luy donner la forme dvnc pirogue : neantmoins ils ne trafiquent pas en afiTeurancc auec le.vaiffcauif , à caufe -?'ie quelques vnsdcs leurs ontcftéenlcuez, à qui on a rauy la liberté & quel- quefois la vie. Ceux qui leur font p!u3 demal,font les Anglois fcontre lefquels ils ont la guerre , à cau- fe qu'ils ont occupé vnedeleurifle appelléc Anti- Îjoa, dans laquelle ils veulent r*enrrer. lis leurs ont iurez plufieurs combats , dans lefquels les Anglois onttoufiourseududefauantage : ceur-cyenvan- geancedecesmauuaistraitemens,quandilspa(ïcnt deuant la Dominique , ils changent de pauillon pour fe rendre melconnoiflables , & pour attra- f)cr ces panures miferablespar ce ftratagefme dans eurs nauires , & les vendre comme la plus chete de leur trair ^c'eil;àdirc,marcliandifc. Ces barbares voudroient bien faire auec nos François, comme auec leurs compatriotes, c'efti dire, donner quelques chofes pour rien; mais com- piitfn "i-'iy !ii>iii.iu u. DES S AVt>^lus attache^; à leurs incerefts ^ ils ne peuueaè goùiter cette f^ôn de faire j & ie crains <^uaùe6 le temps nosFïrançois ne leur fafTenç quitter cette loiiable couftume^our embrafler le trafic. Us ont défia ail'cKbien commencé parmy nous } car nous n'âuoos plus rien d'eux^fi ce n eft en donnant d vhe main> & en prenant de lautre. Quand ils nous viennent vifitcr , c'eft qu'ils ont affaire de nos denrées , comme dés haches , ferpes, coufteaux^aiguilles^cpingles^ameçonsy toiiié pour faire des voiles a leurs pirogues , du criftal , des pe- tits miroirs, de la raflaue, Vautres petites bagatel* les qui font de peu de prix. "^ ^ ^ Ils nous apportent en efchangc, deslids de cot- ton, des tortues , des porcs, des Tc2ards, du poiffon, des poulies , des perroquet^ , des fruiâ^ du pay^ des arcs , des flécties ^ cks petîtS'^ahniêf s^ & du^cà^ ret , quieftlametllcuremarchandife, &depius grand prixr Ili nous apportent raùflî tout ce qu'ils pcuucnt butiner fi^rkbrs^i^cmis , qui nwpàs a leur vfagc,& quelques pierrcàrvcrtèi. Oii à léi traite à bon compte , & quelquçs-vns de nos Fran- çois y ont beaucoup gaignc. Vne téVtuë pour puit fantequV.Ue puiflfecftrci kie vaut qu vne ferpe ou vne hache> vn beau ôc gros porc ne vaut pas dauan- cage^mais où il y a plus à profiter, eil fur les li ils les duppentaffet facilement r iU ' ^r ,' HHh <«»i ' »» •tUtli.',» ™ ' f^s booxiçf gens ypy^at }a ncççfliiiB qu'As cp^nt toviçe p^çf(Mace » ils no4cmnttei!i£.par- .H*y^9^*Â'ÇOuftcnt pl^s, à leR^^oiirrir que U gain 3ue iot^ a,auxj4ç,if|rieS'qa'Qt9 achitx i'^otnblèc. '^ih*é}rùr milles pofturcs, JanlciiC d'v^ t* Sçonbarb-; i , ;^i lafic pluiloft quelle ne recrcii - a'f> es auoir bien fait rire toute raflcmblce par ce 5outon fpedacle , on leur fait apportée par des femmes à chacun vne callebalTe de ouycoUiqui tient enuirondeux quar- tes de Paris ^ôc faut, quelques faorls qu'ils puiffent eftre,quils la vuident ou quils rreucnt : Quand ils n'en pcuucnt plus, vn des plus forts de la compa- gnie les embrafle par derrière, leur ferrant fi fort le ventre , qu'il leur fait vuider ce qu'ils onr de trop par haut & par bas , & les contraint dachc- uerleurcaUebafTe. Cela fait ^ ils recommencent à danfcr. Ils ne croycnt pas que lyurognerie (oie vn cri- me, mais feulement vn diu^rviflcmenr , d'où vient que les femmes boiucnt aulU hardiment que les hommes. Ils n'ont qu'vn banquet plus ciuil Ôc plus honefte,qui eftque s'il atxiuc q.u'vnSauuage aitpris vne tortue , ou:faÂtquôlqa autre bonne pcfcbe;.,, il prie quelqu'j/n de fes plus proches , luy fait bcinnc réceptive ^meilleure chère, après, laquelle il s'en retouEii^ f >rt content. Pariny Içs defocdres deleucsdcibauches i ils re- tiennent toujours cette bonnette , qui eft qu'ils ne mangeront jamais rien , fans inuiter tous ceux qijifiyntdam leur compagnie, & il arriuc quelque- fois qu après le partage de la viande , ûnm rcftc plus pour celuy qui traite; & parce que e'clUacoii- ,; .^.-J-J^a»^; uns SAVVAGES. 41^ tumc,ils fc font fouucnt fttfchcz contre noftrcR. ?. J&.iiy tiiond 5 qui rcfofoit fon m«il, de peur d cffic ttop à charge. * CesiScmblécs font très -freqnenres parm) ^Uk^ en loicc qu'à peine fc ptiffc-il vnc fcmaina , qui r^; s enfalGk qaelqu vne dans la I>onainique. De leur nourriture ordinaire ^ ^du bon traitement qu is font à ceux qui Ui vont vijiter, $. VII. ^ IL n'y a rien où la rudcflc de nos Sauuages paroif- (c tant que dans leur manger : car ils font (1 mal firopres en tout ce qu ils font pour le boire & pour e manger y que cela fait bondir le cœur à ceux qui le voy ent appreftcr. le ne dis rien icy de leur Oiiy- cou èc boiâbn ordinaire,qu'ils font auec delà Ca(^ iOiuemarchée parde vieilles bauardes de femmes^ defquelles la bouche puft bien fbuuem comme vn retrait. Ils rottent , piiTent , 6c te n ofe dire dauantê gev(àns aucune honte, lors qu'ik mangent. Ils ne sdtonncnt nuHemenc de voir dans leur i^ng^r des chcueux, des pailles, des feuilles, des r^ miles, & milles autres orduces; en vnmot,ilsnoiTir rien de bcMi ny de propreque le pain , qui eftde la CafTl 'C. Ils pimentent fi cftraftigement tout ce qu'iU man- gcnt,quilsn*y aqu'cuxquicn puifl'ent vfer. Pour ce qui regarde les viandes qui leur font le plus en vÉigc, elles n'om point de conûcnarice aucc celles qu'on mange. dans rEurope. Us ne £c lioufr HHh si; ■,.,m m ■■Mi 450 OEJ WOE^RV' nficnt que ûtf3térgaux( qui cftvn coquillage de b mci) de Crablesyde feldati^ile conuë^& de (mifietttt fortes de poiflbns , tant de mer <]ue de riuiere. Ils ne mangent iamaii de potage ôc ^oint de chair , fi ce n eft de quelques oyfeaux qu ils icttent dans le feu auecleurs plumes & leurs entrailles »âc quand ils font pluiloft grillez que plutxiez, ils les retirent, les boucanent êc les mangent. Ils n vient nv de laiâny de fromage , ny de beurre, ils ont en hor- reur les œufs & riiuille : cela s'entend chez eux, car quand ils font auec nous , ils s'accouftument à manger à noftre mode : il y en a pourtant qui (ont plus fcrupuleux que les autres , 6i ne veulent point du tout enfreindre leur ancienne couAu-^ me. ' .'■'•' '""^ -iî^-i Us ne (e feruent point de Ccl pour affaifbnner Iturs mefts ; S'ils rencontrent de lagraiâè,ils la iet^ tent. Ils n'ont qu'vne ^ulce générale qui eft Êûte auec des ^ireftes de poiiïbà^ grandeii^antité de py-^ ment^ils y aaiouftent 1 caude manyoc^uipecdlba venin quand elle a boiLilly, ils y meâont aoffi de !a moHckache , qui eft comme kpbs fine farine qui a efté tirée du manyoc , puis font boiiillir tout ce beau tripotage , dans lequel ils fadcent leur pain auec tant dt fâtisfadion deleur gouft , qu'ils^li préfèrent à toute kdelicateâe des viandes les ptuts exquifcs. Ils mangent ordinairement trois fois le iour ; ^ûs kpluTpart du temps ^ nonc poinc de repas r¥glè -, ctat il mangent quand ils cm mm ^ ^ quand » y"ii.iini| DÎS SAVVAGES. 411 bon leur femble. Les hommes mangent à ff^tf fUns lùftitaiCxcbet^lzÈ femmes &les petifflCAr £am«4ans leurs petites cafés, llss'a&oieattouf &r letir derrière y comme des finges aucour du Of^y^ ( qui^kiiioiciéxi'YCkedallebaiilie ) quileut fen â^ iriii£dleyidaiisl»qudlet€tt]|C£equiJ[0 dotuemman- geceflappreâé. Pour rordinaire , les chiens ^les ckats {bue de la partie; mais les enfansonc grand foin de 1er fraper auec vn petit bafton fur le muAe« quand ils vont trop vifle au plate Parmy eux il y en a toufiours vn deputé,pour re- ccuoir éc traiter les hoftes. Quand quelqu Vn de leurs amis les vient vifîter, lemaiftre descçremo- nies l'introduit dans le Carbetyky peiid prompte- mcnx vn liâ:>(ùr lequel il le prie de s'afTeoirice qu'il fait auffi-toft gardant ie ne fçay quelle granit téôc fiietice. £n mcfme temps, tout le monde fè met en peine d apporter de quoy faire bonne che* rc à ce oouueau venu. Vne femme ky porte 1 boire»^ vsnfi autre du pain, vne aurce de la iriande. Si hcttSmc c& playie , cela luy donne à connoiftce <|ue <|uand ilaura mangé félon (a n';:co0îtc , il doit iaiflcirle refte;<{ue Itdkeftieifienduc^il peut après eaauoirmani^ ceijiie .bonluy fèmble , emporter lereftechezioy. , r Qoand il a bien beu 6c bien mangé, il auertit Ces iiaftes qu'il eftiàoul vauflî-toft celuy qui l'a intro^ dutt luyameine tout le niond du Carbet , pour luy £iire tous la bien* vetxoci tous le ùHiicnt les vu» après lesautrcs par vu &ul nK>t de HJm^oi^ c ofta i 43% DES WŒVKS^ ^ircyfoit le bien-venu. ApiMcctcecititlicé il parle titidiâèremmencauecvnchàciin» Aé apresauoirfait tk>ire&: manger à la Compagnie', cequi reftedo fon repasyil dît adieu i cous en particulier & en gê- nerai. Ils obferuenir cette duiucé à tous ceux qui les vtiicent eh faifanc voyage. Si ceftvn ancien ou quel^juvn vn peucénfiderc, outre ce que deiTus» tes femmes le Rovcëiient & luy graiflènt la tefte d'huille de palmier. ^ De Icwrs Omemens. i. mil : . L IL faut vh peu modifier icy ce'que i*ay auancé d^ans le premier paragraplie de cette cinquiefme ï^reiei(çauoir,queles Sauuagesn ont aucun vefte- nient- que celuy dont la nature les a couuert : ar il eft tres^certaiii qu'ils ont prefque tous les:iours vn bel habit defcarlate, lequel quoy qu aufliiufte que k peau j ne les empefcne ny d'eftre veus comme lils n^aùoient ricn,ny <ïe courir. Ceift vnc cewainé beinture qu'ils appellent toucou , qui éft diflbute auec derhuiUe , qui feicfae comme derhûillede ^n ou de noizv Ltk femmes ne manquent pas pref- que tous les matins, principalement quand ils font voyage,de leur donner au lieu de chëmife bUncbe, vn iufte-aù-corps de cette peinture,deputs la plan- te des pieds iufqu aii fommet de la tefte. Pluueurs adiouftent pour réchmulfer cette couleur , de gran- des xnpuftaches noires recoquillccs, ôfdes cernes ■ . ' de mefme a bariolent qu'ils for ncntcftr( Nous k blancs, m ils ont vu quelques rions cacl fcoient , ques. I Il me G uâge veft par Mad dans Iifle eftoitdef ne partie Monfîeui mettre à t à s y refc rougi roi t ayâticccl inftrumei pieds poi que pour, banc, &r le monde enchplçr ne fçaupi Fran^çis, ttrfait ftedè snge* «qui en ou Icflus» ^ tefte luance iefme fofte- :ar il ursvn beque >minc [(Toute lillede ispref- Isfont nche^ pkn- uueurs gran- de DES SAV VA G ES. 435 meTme couleur autoui: des yeux , quelquefois ils (è bariolent tout le corps de rayes noires , de forte qu'ils font autant laids ôc horribles^qu'ils s'imagi' nenteftre beaux. . ' • Nous autres Religieux qui portons des habits blancs, ne perdons iamais rien auprès d*eux,quand ils ont vn habit neuf > car nous attrapons fouuenc quelques pièces de leurs habits , que nous ne fçau* rions cacher. Par tout où ils fe frottent ou s a(^ feoient » ils y laifTent toufiours de leurs mar- ques. I •" rr Il me fouuient à cepropos.quVn Capitaine Sau- uagc veftu tout de neuf, fut repris aflez aigrement par Mademoifelle Aubert noftre Gouuernante dans lifle, de ce qu'il s eftoit affis fur (on li(Sfc , qui eftoit de futeine iblanche,ou il auoit laifTé vne bon- ne partie de Tes hauts dc-chaufles : Incontinent Monfîeur Aubert fon mary inuita ce Sauuage àfe mettre à table pour difner. Il eut bien de la peine à s y refondre , preuoyant qu'infailliblement il rougiroit tout le banc (ur lequelil sa(IierQit;mais ayât icccles yeux fur fon affiete,il s'imagina que cet inftrument rond, auquel il ne falloir plus que trois pieds pour faire vne felette , n'auoit cftc mis li que pourpÀfet fes feflibs. ^ i| le pritf& la po(à fur le banc, & mit fpn derrière diffus; & voyanr que tout le monde s'eâoit pris à rire de cette aâion ,il fe mit en cholerc, & nous-fit dire par va truchement,qu u ne fçauoiteri quelle poftiif€ fe mcttrçparxny le|B Fraiifois,^ quilnyreuieiidroitplusdefa vie. .^^ Ili • il { )ifl 454 D E S M OE V R S I Ce vcftcmcnt quoy que Icgcr n* leur cft paf inutile : car il les guarantitnon (culcmcnt du haie, mais encore dupoudrain delamer^ duquel (c for- me vn fel acre , qui deflciche & bruflc lapcau:il les échauffe aufll dans les froidures de la nuid , & fbr tout les preferue des picqueures fafcheufcs ôc importunes des Moulliques & des Marin- goins. Ils ne portent point de barbe , i]s fc Tarrachcnt poil à poil,commc i*ay defiadit, aucc la pointe d vn coufteau , & fe razent le peuxju ils en ont, aucc vne herbe qui coupe comme vn raxoir ils portent tous les cheueux longs comme les femmes de l'Europe: iRs en laiffcnt pendre vne partie fur le front, quiis coupent en formc-de garlettc , & auffi deux mouf- tachesaux deuxcoftcz des tempes : tout le rcfte, îlsletircmderriere, le peignent, ^Tajuilent fort proprement auec de« aiguillettes de coton , au bout defquelles il y a de petites haupes , des dcz à toudre , du criftal, dcpçtitcspajtcnottcs blanches, & autres femblablcs bagatelles.lls fichent dans cet- te trouflc de cheueux des plumes de toutes cou- leurs , & quelquefois s'en font des couronnes au- tour de la telle. ' ' 'i^^ Ils ont tous les oreilles, ta Icvre d en bas, Se 1 en- tre-deux des narines pefceziils paflcnt dans Tentre- ideux des narines de longues plumes de perroquet, Îui leur fcruenè dbmnrte de mbuftaches r'ils y pen- ent quelquefois de piétiteillattiesdcfcuyure larges comme l'ongle. Hs lepaiTent desameçons d^mïcs DES SAVVAfGÇS. 4^ Us porcentà leur coi de grands coiicrs, qui leur pendent iufques fur rdlomach. Ces colicrs fonc ordinairement faits des dcncs d'Acput^ySy.des^dcncs de ctxats^&desdencs de leopards.Ccs den^ (ibotfpic pro{^renient(iijufté,es dans des trciTes de cocon: ils portent aufli pendus à leur col des fiflets, q.'AiIs fonj: des !ps de leurs ennemii. L'ornement duquel ils font plus de cas ,{bnt le Caréicolts , qui font certaines lames demctail plus pur que l'airain , & moins noble que l'argent ) il a cette pr(^prieté de n efttc point} fiifceptiblc duiver- .nis ou de la roUille.lQeft ce qui fait que JesSan^s^gcs l'ont en grande eftime. Il n y a que les Capicai les ou leurs enfans qui emportent. Ona creu que ces Caracolis prouenoienc de l'ifle d'Hifpagniola, autrement fainft Domipgue >mais les Saunages ailèurentdu contraire,^ di( en t qu'ils les traitent aueo leurs eonemis , qui s'appellent A- louagues , par le moyen de quelques intell/gçnces qu'ils pratiquent; parmy ceux dei cette nation^ qui leur en font prefent^en reconnoiflàncc de ceux qui reçoiuent réciproquement., De fçauoir d'odcesA- loiiiagues les préi:i(e{i$>a'eIlladÂSie^lté)ils difcqt qi^e lies Dieuxrqu iUradarcûty Jjcfquets font Ic^r refirf^çe dans des rochçr^iourciUeiix^y ^ dans des monta- gnes inacccflîbles, leur dotnfionif pour les obligier^à {>orter plusa kQnflsOWiç,,f^,f lui^grwrfe rcuerei^cc à eut iimttfiiiaiiMa»* ::SSllÇ&^Jî^)bT«in*f n rfpppr!;;c>j* Ili ij > IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) / 1.0 l.l i is IIIM 1.8 1.25 1.4 J4 ^ 6" - ► %' V] /. m ^^ '/ Hiotographic Sdences Corporation 23 WEST MAIN STREET WEBSTER, N.Y. M380 (716) 872-4503 m ,\ :\ \ Oi "% V 0 & %' i <> C^ 4$^ DES MÔEV^RS^ l' îcut-cftfc j^àiirtant qiic le diable^ut bitnabufcr es foiblcs cijirits (ie ces ignorans par cet arl^Gc. Qupy qu'il en fbit i ces Caracdlts font t^és^àres parmy cux,& les àpport«bt de la cette ferhïéj'^i - ^1 *-• Il y en a de diiicr fcs grandeurs , lès plus grands le font deux fois comrttè v,he piaftre. Ils ont tàfomc de croiffant, & les portent pendus à Icureol^^en'- chafiezdansdubois. - /^^i ' j ' Ils portent des braflelets de raffaue blanche , large comme la maiil , non àii jpoignet , mais au gros du bras proche refpaule : ils en ont autant aux ïambes au lieu de iarretières. " ^ - L a coifface des fcihmes cft fetnblable à celle des hommfes , horfmis qu elles ne fichent point de plu- mes, &: ne portent iamais de couronnes. Elles fc peindent de roucou comme les hommes, portent aufR des braflclets comme eux * non au gros du bras, mais au poignet. Elles portent des cohers de diucrfes pierreries , comme de pierres vertes, d ambre, de criflal,&£ de rafTaue. l'en ay veu qui en auoient plus de fixliures pendus au côl. . Elles ont dans leurs grandes aflemblccs des ceirt- turés treffces de fiJ de coton ^ Ôc de chaifnes de raf- faue blan( r?. Elles pendent en diuers endroits de cette ceinture de petites troufles de fix ou fept chaifnohs die raffaue , fong* comme le dai^i* , |d ;gtiind hdrabrc de petites fottnetdes, afin defuire ; plus de bruit en datifànt. i ^ ^ ToutcsJcs filfeçî&i les feirifrfé^^ excepté Icscfdft- vê^à t>oi^e^^ déirlèU^etiidric<îeufïeiIb vne cerc«i;nç DES SAVVAGES. 4^7 dei^^chaufle , qui prend depuis la cheuille des pied^s'iurquau grasdelaiambe ; ôc vne autre large de quatre doigts , entre le gras de la iambe & le ge • nouiL* Aubaut de la chauflure d'en bas eft attaché vne efpece de lotonde, plus large qu vne afliette^ tifluë de jonc Ôc de coton, Ôc vnpeu plus petite au bas de celle d en-haut. Dé forte , que ces deux ra< tondes ferrent & font (1 bienrebondir le molet de ta j^mbe , qu'il femble que ce foit vn fromage de Hollande prefTé entre deux afUettes» i De leurs Curheis , Cafés , Lf6ls y Piroiues ^ Canots^ :i:/>isen- DES S A V V A G E S. 459 ndftt Vnc autre corde de pite, grofic comme Iç doigt , auec laquelle ils lient les plis de cette pre- mière corde enfemble , & en font aqtanf i l'autre bout. Quand ils s en vont coucher, ik pendent ce$ Jiûs par ces deux grofles cordes à des atbrcs , ou à deux fourches de la café , fans toutefois U bander bcaucoup,mais lelaKTan^ vijpei; courbé. Ces lid^s font aflèz commodes ôc fort fains, on y efltouGours àl'air. lly aduplaifir àferepoferpeti^ dan t la chaleur du iour dans ces li6):s,à la fraifcheur fous des arbres. Prefqufcetous nos François s'en fer^ ucut , principalement ceux qui ne foR t pas mariez; car pour dormir à fon aife dans vn lia: de coton , il ne faut ny compagnon ny compagne. Ceslids font blancs comme de la neig^, quand ils (bm neufs : mais les Sauuages les peindcnt de ^ U^^f- pelions Canot», & eux €«#//4/4.0r{ai^)«s v^x|Uie il h: 440 D ES UOEV R S les autres font des arbres creufez auecdes haches ic du feu. Les Pirogues femblent n eftrc autre chofc que deux grandes planches iointes enfcmble par le bas, &:ouucrtes de fixa fcpt pieds de large par le haut, & bouchées par les deux extremitez,auec des mor- ceaux de planches. Or comme pour l'ordinaire elles ne font pas afTez hautes de cette première ftru- ^ure : ils lesrchuuent & rehaufTent tout de bout en bout , auec des planches de quinze à feize pouU ces de large : comme ils ne le feruent point de cloudi, , ils coufent & ajuftent ces planches fur la Pirogue, auecdes cguillettes de mahot ; Et après auoir bien calfadé les iointures auec des eftoupes faites de corce de mahot battue^ils coufcntpar def* fus cette eftoupe desgaulettcs , auec des cguillet- tes de mahot. Cela a la vérité eA afTez eftanche, mais il ne dure guère , & s'il y a toufiours à refaire. Ils coufènt aux deux codez d'iceiie à demy pied du bord, des perches, fur lesquelles ils attachent de deux pieds en deux pieds,desbaftons en trauers de IaPirogue,en dedans, Içfquelsleur fèruent de ta- re ou de (iege pour s'afleoir en ramant. Ces Pirogues font pour l'ordinaire de trente* cinq à quarante-cinq pieds de long,les plus grades de cinquante à foixante pieds^Elles portent quel- quefois cinquante perfonnes & tout leur bagage. Elles vot àla voille  à larame,mais ils rament tout d vne autre façon que nous : car ils ont le nez tour-» ne vers le deuant 4e U Pirogue , ôc en pouffant l'eau en enarn< vingt, ioncp< Eeinej uueni dans le il petii ceux là Jki: ^cfïpc terre,, néncfu Dttom (ij .i.;i lU xLip i'J'l DES SAy.yAGES. 441 en arrieiç^ilspouiTcnt la Pirogaq eo auafifi Les Cçu- liaUsjCiMtîiou^ appelions Canacs^nexcedcnt iainais vingt pieds de Ions , ôc crois ou quatrç de large : as fbncpoincuës parles deux bouts > ic forte ou'bn^ Eeineà dilcernçr la poupe ou^iaproUe. Ils les re- uuenr rarement i ils rament dedans comme dans leurs Pirogues. Il y en a de toutes ^^ns & de a petits qu'ils ne peuuent porter quVn homme: ceux là ne (êruènt qu à la pekhe. îk n ont ny Bouflbllc, ny Aymant, ny Cadrant: c'eflpoucquoy ils nes'cfloi^ient pas beaucoup de terre. Quat^d ib la perdent de veuë > ils fe gouuetr fient (urles EftoUes denuiâ;>^ de iour fut Jauqg^^ du Soleil. " " :-■ ,; ' * Celuy qui emreprend de faire quelque voya« porte lé nom c^ Capitaine^^ ^unemixlaPirogoe, |4onne qrdre a tout ce qu*|l faut pour l^mpar- Î"1iement,(aiu pourtant qu il enfoit pluscomfidefé esautres. ^, .; .„' ■ ■ , rMu^^ils pîc aillcùr^quc ^Kéz çu^ ijslpnt 4c Dçtii^ ioiâsM 0tt auuents quiÙ appellent ^Afoufa y Içs çpquriBnt de reurlHss de Latanier , 'çu dji 3aU»îerf / & lifts deffous à V -V -^i dont ib ff Jinunt. - T Es Sauuages ont trois Contsié^f^kaint^k €jpi JLitfki|t eCOmmandoKé 1^ ptemiGr&fiMit çeu^ II I , 'm 'U» DEVXibfeVkf qui font Us irfaiftrtlfe de qlielriît ilîc^. Dans celle de la Dominique , il y en a deux q^iiîy demeurent fort éloigne^ l'vn (^f^l'iutre^ dç peur que leur authorité ne fè choque, de que la'ialoufie ne les perdc.Leur puif&nce <;ft pourtant hmitée en ce qu'ils ne commandent que dans les affaires qui cowceriioittEi'gdcrrd r "* ' > r:>gfijjîift2_î^ M Qan^me nos Saauai^és oiu dcF TielUes gt» DIS SâV VAGE5. 44J tanccbotrQ quelques nations des Eiirapeans » que contre les ki^tiooa Saunages de JMcne fermer nommément contre JesAbuagues ; ces Capital* nés en tant qu'expérimente:^ aux affaires de la guerce ., ayant donné des preuues irréprochables de leurgenerodcé 6cÀe leur courage » fouleuenc tout le peuple , leur font prendre les armes > ôc les mettent en campagne quarld il leur plaifl. Tous luy obcyiTcnt en ce qui concerne la guerre feule- ment : car hors dà Mus ne font n^ullcment conCde- rez. L vh de ces Capitaines ayant donc fait d ^cin d aller à la guerre , fait vn Yin,QU yneafl^èmblce gc^. ' nerale chez (by,oiî après s*eftre bien reCoiiis^uoir bien danféà leurmode, & beu iurquàcreuer y les vieilles femmes toutesfaoiilesqu elles font, com« mehcent à fe fouuenir du deflein de l'aflemblce: elles fe mettent à raconter les outrages & les torts quelles prétendent auoir rcccudc leurs ennemis. LVpe regteue fou mary tiié ; 1 autre dir qu'ils o/nt maneéfonperejvncrmcre plaid fonfils^vne fœur fott frère ; bref, ilr font vnC<«rûtpliis tmaginaiircs que tiellesid les exhorte!' k confier en (a valeur; Se à«ambaéttegenerea(èment. Tous vnanimemenc applaiidlftni^à (on éiCcontsiC^t il leprononce auec tant ide doii^ nenc ordre aux viures & aux munitions de guerre. Toutes les femmes trauaillent à faire de la farine pour le vojragcjlaquellè elles enueloppdnt dans des feuilles de Balifieu » fi proprement que Ixaii uf peutentrer. .- j^^ QuandleCapkainencÊiit Boiaed aflemUée , il 1 depatecvn des plus tonfiderables dans les hàhita*^^: tions; Celuy*cy cftatlt arriué pirle au maiftrddxi Carbet^ vne groflè demy-heureentiere. Apnes cér ennuyeu^ditcotus, le Maiftre répond soicc aucanc de prôlixâeéque l'autre, apprpuue ou ites-approu^^ uele defleiade la guerre^ alaquelle il vadbbnluy femble>car ils a y forcenriamaisperfonne. S*il eft tout à &it perfiiadé » (bit par la neceillté , foit pat iVtilitéDdecetteeiitdBpriièyilcromet de fetrouuêr aurendez-vousauiouraffîgnepourledépart. : : Dïs «Air¥AC?fiii; 441 bMfitM ie bok^ verdiôu dà ^l<^'xBuaet bois maT-». i§fê&m cofli^f l6mb.)(Dci;Mitiuiffiti eftiongue^ d04rtA jpkdi «Ml ëftliiiôiii^ kli^'eomiiscUamain»^ ttt pcifitxae MaïKfbd'fakt'tfucie de ià wiâttehachii^djpSk adirtfyla^Sn^^m ééftianyoc. Qop^^qaeccîbiMiii' ne foie pas trop en main , il n'y a bcsuf qiiiil notera nuKb d* W *Kftè4«p;;^ î>l y^^ ^ - • •• '^ f ^ * ' Ht fimc vil g^ânid 3iimide Aécjitt y onrprc*: paréé» de l<^(i# inain. Elles font fakes d Vn ter -^ caio miyau ^m creift i hf Ibinniité des lofea^x ( ⣠il¥y^Ut«ife^ià1teûîdl^9V»ww^ oé de>^l^u'aimi^bii»f 6f ^^ yês^ feht aiiec 4!«s^^eèuftea«k^(^âické de p^eclia^^ harpons , afin qu on ne pniflek^i^K^kei; fàilu«MHain«i i a^cdél^ÉÉâidjB^l^toicièfiiib^i dr([bQrca^i^iioacer 1er bl(^S|r«i ^ ne ^lâèii^^ltes^ qb'àu Imnifda <^^ nd bmaifl , iBfoiieileàr«k^W|tttt«^«a tuffin ide là.> KKkiîî ' 44« .P*5AMiDj?viita ces les Indfes;cfti:f «MTfréMpor» fon rmitk mi^cfoy^ &cftauf&dftDg€lfciiro(|Q9airei(ice , quclMjJUiroi auecle poifon. ^upbêjue^-Yiis de leurs floches font chpcimées lu bptttcomtti^Jçs noftrçs t^^^i^p Elûmes dbPcaoquQt: Le^rs arç^iAnicav^ fçtalila^, lesauxnQftcçs^iisles fi!>iit4^ bl»fil^|>f^bniftj^Qa. deboisdel'ciftfea ^ Ils portencauiTi quelquefois de» S^ayèsdebok de brefîl ou de Ixftre » q^i foon CPlPluç 44sbi|di|Afi|f d(l T^r- mécfîritchiîorç vftivi^ , ^'^u vnç tili*«iabJ^> Aansfe- Suelle il déterminé derechef ie li^ où ils doiii^nr ler> & rordrç qu'on doi( t^nit dapi le jÇQipb^.; Us confukét dans cci^iïioiiiifij»(Iè/^^ le vfioyç^^imJ^yiifsos^^ ï^i: de après alioj* WfiW ks oradçs qur'il Of % Iqitr tli- rç, qui au filnjiiQMiii«tneft|^ 4^ oofjil^bA^Q^Krfift^ Iç plus £>ttUii»i4e9iiicnrQiigéâ,il^çi»^^ct9^ relea&c»lyçOMlÀbfMentt(NiM^y4il39Sïti>l9^^ aue'ceux de fi^mOi^ i cjac cer. qtii kur en fèuC poiir Uslp«liir4ici^ij»»itettr Cttlfii^^^ ncVipi fl ,?r ^^(r mies i il&ne^ Yomip^; lies attaque>i!îdci^rittHî-fefcc, te i l'cftaiurdjii) iiiais ib £e.tï(inc eâcher d^ns qifelquo riuiei)ei>u|lé^uel4m iflc defejre^^idimâlaqtt^lk: d'ilièr ieilid>yanc C6pfnd«ac lems4^ions dasi bir DES SAVVAèlS. 447 tétf^ficH^ leurs etirïtnfiis , qaiobftruent foigneu- femèi^t! lëdfs (Icportemeiïs , de lé temps auquel il èftplijs facile de les fuiprehclfc t eàrlamalsilsn ac- taiqjiienc leurs rnnemis quart dtpourueu. Si pea- dam qu'ils fonc danildilrk j^kiidÂfes enibafcades, ilifôhidécbuuerts cfe leiiiri êiiniémis , &.qu'ilsre- ëôiiribiflchtquiUfeprcjpàfcnVàladèJ^^ , dés là largiitrre (c cermihe,& (ahà aîit^ fdrmë de précéz, li^ plient bagage &sciiiâtdiirhérit' chéteux. Ils font tdùsfî lafchés, qùèVilïfçàiioierttafrèùrémcnt i^ûVti d^eUx dèâcptîrir dahiIeébi!)fibaé»tkn'iroiènc îarifj&iisi la guerre;' ^ ^^ ' '^ ^ ''-^"' ^'^ > '^^^'^ I " - . '^' • - '' SI par tiîtàllicijr (Juiel'qiias' ittifet^klè Sf'aluingei l6iift^mis , défeèiidciit en ihér pour pefthcft dans ^Cgihét.ilsle^kfirénc padér; iS; iofiqitVIske i efi èài!èmf\xii ièAiït^kUf^twt tdiâ ^f iàui/tmnt h^^méomtàiêt^t^ci^^ i 'ils (es aiâ§^)réiëi]f iiè^f ttlsWibi d^i^ li^ht^ëi^tlé^g^èbrcô^bétf, K^^ L 1 :èfli»gWcrz^(ël |»lo§ à{rdÉ^$>fôrprëiidfi<^, ^, Ayant donc fait deffein d'attaquer m^Wiïéi^, éimt Éé%hvL^tméhiè6G»àfti, / \ i»l: i oi^ljaara|58fe»Éç|^ _ pluflfoft brugçr iji^ç fe ^^ç ll^^p^rcjE J^ 0» fc ralentit iA|||^^)f^;Çfç<;^ ^f^^iiii^sgi^i^ part nWHjiliilUli ■ . DÈS SAVVAGES. ^^ patt dfe^4euroiçac périr pa Ici faui^np S'il eft nue tres-raremenc^ & tçui^oiii^^ contfrc !çur initu^ tioi^l U^fediaifenjCjcÀ^ois bandç^,^ fan^ obferijier pç^urçaiirfiiy files » p7 rap^,^ n tp0^n. Auaiçyçq](»^4ctir6rvir|^^^ ^dcftfciic, llf^içc^èiu des jçri$ aiFrèux de ^QÙté^nt;^t>fes j^ pour jc^çejj: delà t^»:i;ipjar 6c de reffroy dans le cœur de piçd/le courage des Ij^ops ) i^ats fi on leurrefifte cou];ageu(emchC| ijs periieiîit cixur|£cuu t;e$e dtàAt'^1étà lie Doiitou £ir îaVéÉé. Ce (fëfcliat^cï t es paiiurts "' ' <|uj& ont mangé , & qu'ils 'dHtifèsp^ïéhSi'é^iiiiiis 1 ai^èn Jour iïôttiic ^#ate^ôa'gi^^l5=fe ^é:k:s4tresIé^'kcire.!l6ht%^bM6M« ttintaisœille avjauté^, plfaïïyjlhticGbtifHffié . «n leur pUiuance. , < . :i'.^'' iititiM*iMnii i|i .ni SAY V A « E s. 4H fiilsra^is^d kfmrni^ Ùm i8<|uel ily a vo^r^ii^ l^oxitr^ ifu'ils omCmc Vi^ir au {>ati4nt |roar le fàtt momit {Hac fieipaâàcle eSr^yable ^ auancjque de Xi Apcf s que taeàél»i>tiae yii^)il{|eftif la maiiie^u pluftoftla ragedes (cm* tjnesîen jmangfôuitla chair oekuirseiifiemisidles la iemarobenrilaifenràic entre leurs detits^ étrbotiipeui: d'en par4i»quelaue choies chem Jes i^aftons luir lefi|u«ls il a tomiié quel(|cies ^ . Apresquils ont«Mog£dexecte chaiî'4kiisra^^ lemod^e» dïacUiieiE cetnporpe ch^ Sû^Si Jagarde fiofureiamai^r de &}& autres. I>a ^mps^e jÉÉSsoiijJ^ lia ld[€rtifiii}ue ^ V» ^uuajge apporta 4aiisirnedGafiyyiie'iarobi^c9fti^éi»nii^ dure/qiâfiidii1^:,'delaqu^filinàngea^^ wjichaciniafake leiiie£Etie,dA£iAlmahgèr; Quelque cenips aaparauanr que Icst François habicàl&nt J'ifle de fàiaâ Chffiftophe^ ,. ils 6raat vue de&eaKei iani i^nâ IcaiidoRort-ik^tt il^fi£eat;yh grandicfeibr-^ «Ire > entr autres cho&s y ils tueient de boucaaereoQ vnde nos Religieux , duquel aptes auoirjnarigéi plufieurs d^^ai^jBuitiiiQiirufiaav^ ifoircnt:en^& affligez de cres-grandes maladies. ikfivarstSauua^ ges qui Viuent çncore>difant qu'ils hm mangecenc point dutpuc , mâB qu'ils lelaiflerent coui^furâe £0% boucanas y popuoii toBthBr;!ie€BDis3Emili ^e difent cebquepiif vain rci^eâ^cac.lc^pl^f«»^ pies dcn^xusr, auQuenjcingenoëment qiii?in»ledtfk uoréroic. Jt}cpuis cctemprlài^ils ]:à)iitplas vottia manger de Chreftiens , (é contentaistdE deleslù^ibuisleniefiiielieaaaw --my^ ;^v Quanta càqur regard^iloun :d^fecciit?ipastic»!i liers ) ils les cerimfiemrpar des gc»>inbats^^ coups de^boutQii^.^Q'eftbieaf^ftiài^^caii^^ feul coiip biici^ afiôtié^# ofiveiiuoqFe^^iiliom l'aiitrc mondf ^ : Géàf^ a tUédptt |^^p»s ^xoli^ «e» ou s expqjif â aueaiit dcrcombats y.qcederinoit »:db paretutèiftyejftift'efliqti'i ibcce d^plre&ns il les jadpucifljbv; &^ oHnocttiU^yia^pstiitakd&tttance; ' car au^preoûci: ii(^|||[||kin^ fc%ai,jm -***»**-*'^"V^É.:îfeS5«cii{):"^Tti3isi: vj; ?!i r -j.*i. rxxî: iïiî- C^mmc^^^^i^^ d^reig^c fi gcfierale, qté pjb Inferor d»l cèque ifâvdic^dinlr fe^^f^ graphe , 0Dvd]iixrk|4it/pofiûon de ho» i^ (pj^iln-'y styt pliufiieiaci Sauuages datte I|BS^fndiesi. fii;4 }etr iitûaees lèsiiial^ies qui nôàs? tiai^ikiic <éinsi Marthe : ivmis il £mt^diireiq$iyies;^lbiiéariifltlra'^ ce» ^4lIos font icf communes ^î^ichèomicta ea prcMf oavv'S^s réchimcac^de Icwismabdiof l^d^Ëuic^ plii^fli^fltiaiiHienma ^é^ÊnsMisfait^ . ontde crcs-feut^RnBiiijSKnÂfïb&i^^ BSdadi^^comine dlfmi^eUbi àcçbrc&ecrâltxpdc^&pi ti qoe^]ie:^^ix)im(»ffiun]xpci£lçrcaiifesdé^^^ noit plus que lesq^alicez des remèdes ^.ils'leiiBf (MMUdÂc «idkioff nài3:c:qiieîprofioei^;&riâii]l^ 9UisfloiièiitnkQiiKj!it , itincrf9ac»til^:ip(qiEbx'eA q^sei^ Jcv^lfîbacer rqmoidilsjaMfàietitrfai anrt^etnà'' %m\p^è»xm ^ iblbnoncaiir^iïifl^cGtQinegeiix-i^&iia tiv|fleifii^,fii|irë.^r! ?'j. : àîjfi7>tUfri fi^i^fc, s^^^^biriiiti- i^^bvoll^quâs £bm'Canibeiimadéîdrà plcB^mimi^'* nss tS^ leursf cachc£!p2md» iîeeilik%i«iiiè^ «f^fit3è% ;#* LLl 11), /si ^"'i #f4 -ffllBSl'M^QEîVIliSb pyi^ qtti^gtact Ib oaiii»r:pfiÉiibàafr ce ibi Ameft ioiriÉnojsr ^ QOf^^ "^* • :$;fl)5ÙfifaiQ«urtmBrfliC|irfside ÉtialaidiM jNÎkiMe éherdi«ii^i&eoaih»eW^dicake«etti4cî«fta^ eadbmjitrfliiçwi^da ^gi!o^ixemUei4( ^0}l)bï^b«t r' L-'.'U;» fcauc degré de fa malignité : Ils ncheoé^ gjaii i ,ir',:' ; / f£f.ê ^*)i^ t ont ic6m»ii}m<|uée Eux fi)ldati Ë^a- |)i^9^V qul^ ^é^ofiinfiexiewi: eu jprcmrçr viBiya(ge de ^Tg^ ]yôtl^'pM DES SAVVAGE'S. 4;/ oc^traiiK les ccr ars Sec plus endurcis à pleurer auec elles. Leurs maris font aflts derrières elles^fondanc en larmes a leur imitation y ils les embraflem d vna main comme pourlesconfoler , & les careflentde l'autre y leur pafTant fouuent la main fur k bras. Fendant ce temps là,vn homme d*entr'eux bouch:. lafofle auec vn bout de planche, & les femmes jet- terent de la terre dcfTus de temps en temps. Apres ces cérémonies (qui durent vne bonne heure) les Femnresbfuflcnt toutes leshardes du defFun^b, qui confiftent en^certains petits pannicrs, coconiilé, & autres petites bagacclles/ur îafoiS^é. Qjilindceft vn chef de fannille qui eft deredé» (èsfemmes dcfef^nfans (ècoupenties cheueux y & les portent ccHirts comme les clclaues refpaco dva an entier : ils teuiOiem tous ^efpiice d'vae Lune au pain & ài'eoiii ceaeftpasquils croyenitqtie cela profite àiameducFerpafle»m»s>ilsdirencque s'ils ne ieufnoienc i la most dHra de \c\tis pafens , k Teuë leur aflbibliroit, ils deuiendroieattremblansj & eomberojenc dans les rafair.>de leurs ennemis. Sk ledelfunift a des efclattes^fès païens tes tuënt^s'ils M vient de précaution^ èc nefe guarantiflènt par la iiiiECj&onne les poorfuit point. les paren&qui neie font point treuuez aux fu-^ aerailW, viennent pan après vifiter le tombeau» & £iuc qi&ils pleurent comme le» autres ^quoy que 1>ieii (buttent ik n'en ayent point d*enuie. Ils (bn| ^elquefois vnbon quart-d'heure à foufpirer» (ô umeacer ,dc iàir^ m^lte zsim^cs aoant que de J6t> MMm 41» DE S M OE V R S' ter vnc larmc:mai$ quand ils font vnc fois en tï'âi. "^ on ne les en fçauroit rciircr. Conclu/ton de ce Chapitre , où il eji traite de quelques : ûhflacles qui fe rencontrent ' '4 conuerfan des Saunages, '\ S. XIL IVgc maintenant, mon cher Lcâcur , âùecconi- bien d'auantagc & moins de deftourbier , que les Chreftiens de ce temps, ce pauure peuple cou- rcroit dans la carrière du Ciel, s'ilcftoit efclairc des belles lumières de lafoy ; Qui doute que cette gé- nération nefe leue au iour dulugementpour les condamner , de ce qu après tant de fi belles con- noiffances, rambition, le luxe,rauarice,les plaifir^ fcnfueb,lesfupereheries,les trahifons, i'enuic, & milles autres vices, qui ne font pas mcfme nommés parmy eux , ils fc précipitent à million dans les En- fers ? que feroirce de cespauures barbares , qur n ayant pour lumière dans l'entendement que le^ ténèbres & Terreur ; pour maiftrc, que le^Demon, duquel ils réconnoilTént &auouent tous les iours' les fourbes & les impofturcs-, &pourconduite,qu© les mouuemens dVae nature corrompue ? puifquc "^ honobftant tous ces des- auantagcs-, ils obferuenc àuec tant de promptitude & de pon^Stualicé leurs foperftiticufcs cérémonies , pratiquent des aufteri- icz efFroyable^^dts ieufncs fi pénibles, des mortifi- cations fi cftrâges ,des effùifîons de fang fi cruelles^y que dhu ble DES SA VV A CES. .-t-j/j que beaucoup de Saindls qui pofTcdent'auîour'. d'huy la gloire , n'en ont point exercé de fcmbla- ble dans cette vie mortelle: cependant nos Sauua- gesles obferuent tres-exadbement » fans aucune cfpcrancede falairc, ny de poflcder vn iour vnc gloire immortelle. En vn mot , fi tout ce qui fc trouue de plus difficile dans la pratiquedela vertu, te qui met plus d'obflacle à noftre auancement fpirituel , n a point de prife fur leurs efprits, quelle coniedlure auantagcule n'en deuroit-on pas tirer, fi au lieu de mille refiieries qui embaraHent & con- fondent entièrement leurs efprits , ils auoient la cor^noiflance des myfteres également ineffables & adorables de noftre fiilut^ nau lieu d'vn démon qui les tyrannifc , ils auoient vn Dieu incarné pour Maiftre & Prototype de leurs adions ^ de leurs mœurs , ôc vnc félicite éternelle pour recompcnfc de leurs trauaux. Ces penfées nous tiennent en haleine , & nous font reputer heureux dans des facigucs,qui ne foi point conceuables à ceux qui ne les voyent pas» yoire mefmc eftimer nos vies tres-heureufemciic &vtilement employées i noftre mort gloricufe, pourueu que nouspuiflîons contribuera, l'éduca-^ tion & à la conuerfion de ce peuple barbare. > Si tu me demandc,mon cher Leâ:eur,d oïl vicni que depuis tant d années,on voit fi peu de progrez parmy les Sauuagcs ; le te rcfpond , quoy que le progrez ne foitpas apparent , vcu les obftaclcs qui fç font Rencontrez , tant de.laj)art des Sauuagcs^; MMm ij %€m D E S M OE V R S que dediuerf éuenements ^^efquels l'hiftoire fiic* ceinte que i ay cydeuanc écrite , donnera yne aflez ample connoiflfance, ilcftplus grand que nous ne l'auions efperéicar après que tuauras bien confide* ré les obAacles , qui fe (ont rencontrez de la part des Chefs , il faut que tu fçache qu'il y en a deux |>rincipaux de la part des Sauuagçs^ fans autres mil - es petites pailles de difficultés » que le feu de la eharité confomme. le laifTeauflî a part ceux que tu peux bien tlmaginer > que Satan nous fufcite tous les iours. Premier olflacle ^ qui fe rencontre à U' conuerfiom des SdHHdffs, Le premier eft> que nos Sàuuages qui ne (ont, comme nous auons dit, que le re Ae des innombra- bles barbares > que les Cbreilicns EfpagnoJs ont extermine, d£ dont vne partie des plus vieuxden- tr'euz ont efté cémoi|is oculaires des extrêmes cruautez ^quelesChreftiens ont exercé fur eux & fur leurs peros,de là eft venu qu'ils ont conçeu vne horreur n grande dunom de Chreftien , que l'iniu* re la plus atroce qu'ils puiflent faire à vn homme, eft de l'appeller de ce nom vénérable : de forte que quelque Don mine qu'ils faffent, qumd on leur de- mande s'ils veulent eftre Chreftiens , s'ils re(pon- dent qu'oiiy, ce n'eft que par complaifancc, ôc pour tirer de nous ce dont ils ont bcfoin j mais en leur farticulicr ccfeulaom dcChieftienleur faitboi»^ tES SAVVAGES; j^ dit le cœur & grincer lesdenci. De U il faut infé- rer qu encore bien que plus des deux tiers des Sau« uages de la Dominique , faient indruics iufqu'à répondre qu'il n'y a qu*vn feulDieu en trois Per^ fonnes > qu'il a fait le Ciel & la Terre > qu'il punit dVne éternité de fupplices les médians dans les Enfers y&c qu'ifrecompenfe les bons dans le Para- dis > qu'ils (cachent les prières les plus communes» comme le Symbole des Apoftrcs,rOraifon Domi- nicale , la Salutation Angélique ^ & que mefme ils fe feruent du lïgne adorable de la Croix .-néant- moins , iufqu'à ce qu'ils fuient plus plainement in- formc2 du Myftcre de noftreRedcmption,& qu'ils ayentoftéde leur cœur la haine qu'ils portent au laint Nom de Ghreftien,ce fcroit trop rifquer que de leur donner le Baptême. Ceft pourquoy nous nous donnons bien de garde de rien précipiter dans vne affaira de fi grande importance, outre que nous fçauons très bien qu'il n'y a point de Sauuagc^, qui nereçoiue le Baptême pour vn petit couftcau, ou pour quelqu autre bagatelle , & qui ne fe moc- que par après de ce Sacrement adorabie^à la moin- dre chofe qu'on luy refufe. Second ohflach. Le fécond eft la langue des Sauuages , & c cft le plus grand que i'y rcconnoiflè ; car comme nous auons toujours cfté dans vne grande difctte de Re- ligieux , n'en ayant prcdfcment que ce qui nous MMm ii; f^^z DES MOE:V R S^ en falloit pour fubucnir à radminiftratian^çsSâ? crcmens, & foûlagcment (pirituel des Chrcftieçis de cctccifle , nous ne pouuons ny ne douions qui s'y çft comporté auec tant de zèle , d afFe6bion & de cou- rage , que fa mémoire ne pe rira iamais dans le fouf uenir de ces Barbares. Ceft vne chofe qui ncft pas peu difficile , que la langue des Saunages , foit pour fa prononcia-r £ion,foit pour fa difette,foit en fin pour fa connoif- iance : comme les chofes fe changent dans la fuite des temps , aufli leur langage d'aprefcnt neftpa^ tout à fait femblableà celuyde leurs Anccflrcs. De plus , quoy que plufîeurs mots fe rapportent dans vn mcfmc fon , ils nefe rapportent pas pourtant dans vnmcfmcfens^ plufîeurs la fçauent pourtanc parfaitement, & n'cmployent pas dauantagequ© Icpt ou huid mois à Tapprendre. Les femmes ont vn langage tout différent de ccluy des hommes; & comme ce feroit vn crime entr elles de parler au- trement,quand elles ne font pas obligées à conuer- fer parmy les hommes ; aufîi elles fe mocqucnt d'eux quand ils fe fcrucnt de leur façon de parler. Les vieillards aufïî vfurpent vne façon de parler |outc autre que celle des ieunesgetis. Quand il^ . .-i. Ii>il- D^S SAVVAGEi 4^5 ont dcflein de faire la guerre , ils ont vn baragoin pour la perfuader à ceux de leur nation^ (][ui eft fort 4ifticile à apprendre. ' Il n y a pas de langue plus difetteufc que celle- là : ils n'ont point de mots pour exprimer ce qui rie tombe pas fur la groflicretc de nos fens corpo- relsi ils ne fçaucnt ce que c eft que d'entendement, de volonté , & de mémoire , parce que c e font des puiflances cachées qui ne fe produifent au dehors^ que par leurs eiFctsi Ils ne peuuent nommer aucu* ne vertu , parce quils n en pratiquent aucune, llsr n'ont aucune connoiffance des lettres , quoy qu'ils en foient capables ayant l'efprit affez fubtil , ce qui f)aroift dans leur adrcfle , foit dans la ftru<5fcurc de curs petits panniers,qu'ils font auec tant d'artifice, fbit dans toutes leurs autres vftenfilles , qui regar- dent ou leur nauigation'ou leur ménage. Ils onr quelque grofïierc connoiflance des Aftres , mris les* fables qifils méfient aucc la vérité en oftc toute la certitude. H faut remarquer que le langage duquel tes hommes fe feruent quand ils haranguent en pu- blic,n'cft pas entendu des femmes ny des petits en- ransv Us ont compoféeux-mefmcs vnc forte de lan* gue,dans laquelle il s'y rencontre de l'Efpagnol^du François & du Flamand , depuis que ces nations' ont cu-commerce auec eux*, mais ils ne s*en feruent que lors qu'ils negotient. ^ Noftre Reuerend Père Raymond a compofé auec des peines & des foins qui fe peuuent mieux' ^1 'jT' r» ^ \ 4^4 ©ES M OE V U S pcnfer qu'exprimer , vn tres-ample DiAionnam de cous leurs mots, ôc vne Grammaire pour décli- ner & conjuguer , & vn Catechifrae de leur langue; ce qui feruira beaucoup à laconuerfîon deces pau- vres barbares spuifque Tans s*expoferà.tous lésera^ uauxaufquelsce bonPere seflfoûmis, on pourrai ffans beaucoup dedtfHcuIcé apprendre leur langa* ge , & leur enfeigaer les myiteres adorables de noftre Foy. :Maincenanc lesSauuages lencendent parler dé •la Création du monde , de la Mort d Vn Dieu, de \z iàintecé de nos Sacremens , de la fublimiic de nos 'Myfteres, ôcàc noftre Religion, auec beaucoup de :facisfa4)tion: lespcresfoufFrenc qu'on inftiuife leur& xnfans, ôc parcequ ilss apperçoiuencque quelques infolens de leur nation mépriflnt les cérémonies .quilsvoyentfaire dans nos Èglifes lors qu ils vien- nent ctttraiteà la Guadeloupe., ils ont honte d'ajp- prendre , de peur d*eftre mocquez de leutn fejour parmy lesSauuages,plu/ieursenfansontre« ceu le Baptême , iSi: quelques vieillards ont aui& eftcbaptifezauant leur mort. Sans doutie, mon cher Le<îileur,ces bbftacles que îeviensde te mettre deuant les y eitx , font grands s'ils (ont mefurez àraulne de nos foiblefTes , éc de^ lapuiflance humaine j mais c eft tres^peu de chofis à 1 égard de la bonté de celuy qui dansffon temps rdiiporerarCoutes chofes pourXa plus grande gloire, 4rpour DES SAVVAGES. 4^; ^ pour le bien de cespauures mal -heureux. Ilya e(p«ra .ce qu'on pourra auec le tcmp vaincre aucc la grâce de Dieu , ces deux principaux cmpefchc- mens. Quant au premier , la fréquentation des Sauna- ges auec nos Chreftiens , la douceur auec laquelle ils les traitent , la charité qu ils leurs tcmoigncnt,en fin le bon traitement , & l'affable réception que nos Religieux leur font, quand ils les viennent vi- fiter , ce qui arriuc prefque tous \çs iours,& les prc- fcns qu'ils leur donnent,ioint à l'cmpreffement & l'ardeur incroyable qu'ils leur témoignent pour kur conucrfion , pourront aucc le temps adoucir leur humeur barbare^ & leur faire connoiflrc leurs erreurs. Pour le fécond obftacle, le Reucrend Perc Ray- mond parfes foins infatigables, Ta rendu très faci- le à furmontcr ; car outre qu'il pourra maintenant faire leçon de cette langue SauuagefTe aux nou- neaux Miffionnaires , ils y pourront dcux-mefmcs s y rendre parfaits par le moyen de fon Didionairc, Se de fa Grammaire qu'il a compofée. Dauantagc nos Sauuages,au moins vne bonne partie commen- cent defîa à baragoiner François i ilya apparence <[uc tant plus ils fréquenteront parmy nous , tant plus nous nous rendrons intelligibles à eux , & ca- pables de les inftruiredâs les myftcres de nôtre foy,' Refte maintenant , mon cher Lcdeur , que tu ioigne tes prières aux noftres , & que tous enfem- ble nous lupplions infiniment la fouuerainc Ma- NNn fi j^CC DES FRANÇOIS jeftc de noftre Dieu , qu'il jette fcs regards fauora. blcs fur ce patiure peuple, qu il leur éclaire l'en- tendement , & le rende capable des myftcres ado- rables de noftre faintc Religion. Des François 'de nofire Colonie. CHAPITRE SECOND. QVoy que l'aye bien de la peine à me rcfbuJrc à traiter vne matière ficpineufc , &qui fans doute fera épluchée de bien prés , &plus exaâ:e- ment fyndiquée que toutes celles que i ay cy -do- uant déduites , & dans laquelle ie dois auoir autant départies aducr(îes,qu'il y a dliabitans dans les ifles^ qui tous infailliblement prendront intereft dans cette affaire : il faut neantmoins pour ne rien ob- mettre de ce qui peut contribuer a vne autant par- faite connoi/Tancc du pays qu elle fe peut 'donner, faire voir quels font les habitans de la Colonie y fans toutefois interefïcr aucun particulier. Ueftvray que nos Colonies Françoifcs^ ont efté compofées comme toutes les autres Colonies, ceft a dire , de toute forte de gens ramaflez : De toutes les nations de la terre , de tous cftats , de tous âges^ ^ tout diffcmblables en leurs religions & en leurs mœurs : Taduoiic encore qu'il s'y eft rencontre quelques impies, quelques athées ,& plufieurs li- bcrcins, lefquels après auoir fait quelques petites D E L A C O L O N I E. 4C7 fortunes qui les pouuoicnc mettre à leurs aifes pour le refte de leurs iours , fonç^venus manger dans les ports , & dans les avres de France tout leur petit fait, auec des deftauches & des fcandales qui ont fait décrier & les ifles & leurs habitans. Mais il faut donner ce témoignage à la vérité , que i'y ay toufiours remarqué plufieurs bonnes familles , Ôc des gens d'honneur qui viuoicnt dans la crainte de Dieu, & dans la pratique dVnc tres-folide vertu. I^refque tout le commun peuple y vit auec beau- coup de franchifc , la vertu y eft eftimée , & les vi- ces, & les vicieux y font haïs & blafmés de tous. On y fréquente les Eglifcs auec beaucoup de deuo- tion , & la pratique des Sacrcmens y eft ordinaire j en vn mot, le Chriftianifme y eft autant & auffi fo - lidement eftably comme dans la France. C'eft vne chofe tres-diflScile de bien décrire Teftatdans lequelaefté cette Colonie,iufques dans les années cinquante Se cinquante -vn ;'car elle a cfté affligée de tant de mal-hcuK , de famines , de guerres Ciuiles & Eftrangeres , d'oppreffions & de delaiflcmcns , que Icftat fioriflant auquel ic la vois maintenant , pafTéc dans mon efprit pour vn grand miracle. De tout le grand nombre d'hommes qui aU loient dans ces ifles pour les peupler , à peine en trouuoit on vn feul qui prétendit de s'y eftabhr pour le refte de fes iours, auffitoft qu ils auoient ga- gné quelque peu de chofes , ils fe retiroicnt dans leurs pays natal, & en leur place il y en reuenoit des NNni i # 46% DES FRANÇOIS ancres qui en faifoicnt autant , fi bien qu'ils ont toufiours tité du pays tout ce qu'ils ont pu , fans fe mettre en peine de le cultiuer, ny de l'embellir. La^ plufpart n'ont iamais bafty que pour le temps; qu'ils our eudeflein d'y demeurer, & mefme ils dc- daignoient de planter vn arbre duquel ils n'efpe- roient pas de manger du frui6t : Mais les chofcs' ont tellement changé de face , que ceux qui con- noiflcnt maintenant 1 eftat de la France , s'eftimcnt trop heureux de fc pouuoir cftablir dans ces iflesj car elles fontpom le moins autant polies &c peu- plées qucles plus belles Prouinces de l'Europe. Le Roy a eftably en l'année mil fix cens quaran- te-cinq , vnc luftice fouueraine dans les Ifles de- fàinétChriftophc, de la Guadeloupe, & de la Mar- tinique, de laquelle les Arrefts , ( tant pour le Ciuit que pour le crime) font fans appeL Le Gouuerncur de chaque iflc prefide dans cette lufticc , 5^Iuy-^ mefme crée les Confeillers , & les peut changer fc- lon quille trouùe àpropos , û bien qu'il eft non' feulement fiir cette iuftice , mais encore fur tout le peuple de fon ifle,cc que le premier mobile cil i regard desautres Cieuxi de forte que le plus grand bon-heur qui puiffe arriuer dans toutes ces ifles, eft d*auoir vn homme de bien pour Gouuerneur. Car comme fon exemple peutcaufer beaucoup de bieit quandil cft vertueux 5 il eft auflî capable de caufer vne infinité de maux, lorsqu'il a quitté la crainte de Dieu. RegttétdexcmflHmtotùscompomturorihi. Is ont fans fc llir. La temps; ils dé- l'efpc- chofcs' i con- imcnc !s iflesj^ i peu- uaran- les de- iMar- ; Ciuit ;rncur jerilc- ftnon' r tout ecfta/ jrand es, eft •. Car îbieiï aufei? aintc DE LA COLONIE. j^c^ Les Seigneurs de la Compagnie des ifles de l'Amc- rique,ont depuis trois ou quatre ans vendu les prin- cipales iftes aux Gouuerneurs qui y font mainte- nant , & ic crois que c'eft vn grand bien pour les habitans qui n'auront plu^ à foire à tant de maiftres, dcfquels ils rcccuoient très peu de foùlagcment^ quoy qu'il leur falloir payer fort exactement les droits de cent liures de petun & plus par chacun an* Ils ont maintenant leur Seigneur prefcnt yC^\i ayant le foin de confcruerla terre comme fon pro- pre ^ & les habitans comme fes^ bons & véritables îiijets , fera fans doute plus cordialement aymc , &f plus rcfpedueufement honoré d'eux. Il n y a point de garnifon entretcntie dans tou^' tes ces ifles , mais les habitans font diuifés par com- pagnie , &; chacun d'eux fait la garde de temps en temps au logis du Gouuerneur dans les forteref^ fcs, ou auxTicuxdcftinés àccfujet par le Gouuer- neur. Les Capitaines &: Officiers de ces Compagnies iouyflcntdeplufieurspriuileges , comme d'exem^- i)tion de droit,tant pour leurs perfonnes que pour eurs feruiteurs ^ efclaues. Ils ont auffi laprcferen* ce quand il arriuc des Nègres. Tous les habitans les honorent , & leurs obeyffent comme s'ils eftoient: leurs foldats. le ne puis alTez exalter vne loiiablc coufïume qu'ont les habitans de toutes ces ifles -, car, comme ils n'ont aucun vfagc d'argent , aufli n'y a-il aucun cabaret ny hoftdlerie parmy euxjfi bien quccquani: NNn iij„ I ! 1 \\ i\ 470 DES FRANÇOIS ils veulent faire voyage, cliacun prend fon lia de coton fur fon cfpaule,& fc mettent en chemin plus qu en dcmy Apoftre, Cai fi ce ncA y fine ijirga'yc cil toufiours fine fera y & bien fouuent fine calceamentis. En quelque lieu que midy les prenne, ils entrent dans la première cafc , dans laquelle on leur donne fort libéralement dequoy fe fubftentcr , & après qu'ils ont bien beu 5c bien mange ^ ils payent leurs hoftes par vn grand mercy. Une faut pourtant pas inférer de ce que i'ay die,' qu*il n'y a ny tauerne ny cabaret, que les habitans en foientplus fobres& moins fujets à l'yurogne- rie ; car la dcfbauche des Allemans n eft que l'om- bre des excez îde vin & d*eau de vie , que font les ha^ bitans de ces ifles : Il eifl: vray que ce n'eft pas fou- uent, mais feulement quand les nauires arriuent chargés de boilfons. . L'on ne fc fert point du tout d'argent monnoyé, mais tout le négoce du commerce de nos habitans fc fait par trocLc luge met la taxe à toutes les den- rées, lefquels on acheté donnant en échange du pecun, du fucrc, du gingembre,du coton,de l'indi- Î[o,& autres marchandifes du pays,felon que la taxe e porte. Les Seigneurs de la compagnie ie fontaduifcs,^ pour arrefter les François dans ces ifles, &y affer- mir l'eftat de leur Colonie , d*y faire paflcr des filles pour les marier aux habitans, &cclaamerucilleu- lement reiifll , 6c y a arrcfté plufieurs François, qui ont peuplé le pays , en forte que l'on y voit maintc- tunt de iei ans, c Le granc vertu dre,ô que c tout agrée il con a la ce &dar Ma que r Franc fburce loydai fonne à ferui trois a toutes aux frî gées e ans de cpoufc d oiî V fille, 1 paflàgc plus vi uadc lin plus ^a'i ce II amentis, entrent : donne \c après ne leurs i'ay dicl labicans irognc- ic l'om- it les ha- pas fou- airiuent onnoyc, abitans les den- nge du c l'indi- e la taxe aduifés^ y afFcr- les filles rucilleu- pois, qui inwincc- DE LA COLO NIE. 471 ftant très- grand nombre de ieuncs garçons , & de ieuncs filles de douze, de quinze & de dix-huit ans, qui n ont iamais veu la France. Lorsqu'il afriue des filles dans le pays , ona vn grand foin de les loger chez quelque perfonne vcrtueufc , en force qu'il ne s'y pafTe aucun defor- dre,& auflî toft plufieurs habitans quine refpirent que des femmes courent à l'amour & au marché tout enfemblc. Chacua confidere celle qui luy agrée le plus, ôc après en auoir fait vn choix arrcfté, ilconuient du prix de cette fille auec celle qui en a la conduice.Puis on paflc le contraâ: fur le champ, & dans peu deiours on les marie. Mais comme le mot de vendre ôc d'acheter cho- que Tcfprit d'vne nation libre , comme font les Françoisi ilfautfçauoir que ce commerce prend fa fource d'vne ancienne couftume, qui tient heu de loy dans toutes les ides , &qui obligent toutes per- fonnes, qui apaffe aux frais d'autruy dans les Indes, à feruir celuy qui a payé fon paflagCjpar l'efpacc de trois ans entiers comme vn efclauc : fi bien que toutes ces filles n'ayant pas eu de quoy fubuenir aux frais de leurs partages , elles demeurent obli- gées cnuers ceux qui les ont fait paffer de trois ans de feruitude, ôc il faut que ceux qui les veulent époufer achètent non les filles , mais leur hberté, dou vient que c'eft vn grand bon-heur pour vne fille , lors qu'elle peut trouuer de quoy payer fon paflage , qui n eft que cinquante liures , ou tout au. plus vingt efcus , elles en font beaucoup mieux 471^ D E S P R A N C O I S pourucuës , ôc elles rencontrent des partis aflcz auantageux. Toutes CCS femmes y font autant fécondes, com- me dans l'Europe , & cflcuent leurs enfans aucc beaucoup de facilite , iuftjuà lagc de fept à huiâ: ans, auquel âge la plufpart fembienteftre arrcltés tout court , le tin leur pâlit, ils deuiennent languif- fans,& plufieurs meureht en cet âge. Pour moy,ic crois que cela vient des viures du pays , & principa- lement des figues, Bananes, & patates qui engen- drent beaucoup de vers : car i en ay fait ouurir plu- fieurs dans leftomach , defquels i'ay trouué grand nombre devers enlaffcz cnlemble, aufquelsnm- [)utc auec beaucoup de probabilité la caufe de ce anguiflcment , & mefme de leur mort. Quand ils vontiufquarâge de douze ou treize ans , ils fedcr lient tout à coup ôc croifïcnt à merueillc. Il y a beaucoup dechofequc le Lcéleur curieux Êourroit fouhaiter dans ce Chapitre , touchant les abitans François : mais comme ie les ay écrits en diuers endroits de ce liurc , ce feroit vne chofe fu- perflaë de Its repeter icy. DjCS ilom fe pr cnfai uagc de rc Inde liont feml: •ncre: me c toute fantj ' tion< Le nos h • ^ que 1 ^ ficni 'des il uer ( ccmf Sauu '^^roten 4'7» Dm EjcUues , tant Morts que SauuÂgts. CHAPITRE TROISIESME. t PLaconft beau dire ^ parlant des ferfs & efciaue;^ que c'eftvne chofe très difficile que lapoSef- iion d'vn homme ; & que mefme le Chriftianifme ^fe preuale cane qu'il voudra de la douce liberté des enfans de Dieu > qui rejette & abhorre tout efcla- nage ; onperfuaderapluftoft aux riches du monde de r^oncer à leurs moyens , qu'aux habicans des Indes de ne point tenir d'efclaues > i5c d'abolir le ^honteux commerce >vendicion & achaptde leurs TemblableSy iè dis mefme des Chreftiens» é^rege- -nercz des eaux (àlutairesxlu Sacrement deBapceC- mc comme eux ; car c eft en cela que confiftent toutes les richeffes du pays,& vn homme n eft purif- iant y riche & honoré dans ces lieux , qu a propor- tion du nombre de Tes efclaues ^ feruiteurs. -Les efclaues defquels fe fèruent ordinairement nos habitansyfont de deux fortes/çauoir lesNegres, que nous appelions en France , Mores ou Ethio* piens',& les Sauuages de la terre ferme> & non ceux des ifles c^^mercanes : car à moins que ae l^urcre- uer cruellement les yeux , comme a fait de mon temps vn Gouuerneur deMontfarat à quelques Saunages delà Dominique , il eft impoflible dé les roDemr. i-tti<;;;^y OOo 474 DES ESCLAVES, Pour ce qui regarde les Nègres , ils roncameneft dans toutes les Indes des cofl^ d'Angoi'e , de Gujr* née , Qu du Cap vert , pai* des marchands qui les vont traiter le long de la code, pour da fer, de l'eau de vic,des thoiles, dcièmblablcidcntces qu'on leur porte de l'Europe, & bien fouuentpour rien; car s'ilc les peuuent attirer dansyleurs n^uires à.force de carefTcs, doboifTom&r de prafcosy^ilsleiient l'ancre, les emmoiaontt&Lencoi: pienqu'ils rpient libres^ils enfont dcsefclaues , ayant ainii^biçar^went pour xien.les marchands^ la marchandise. Les Efpagnols-nous en ameij^y^At.au/Ii biçn fou- uent^mais contr'CicuE intentiouiçar qi;and i|^ yie;pi - 'nencà approcher des terres y, retxcpntranr 4es yaif' «feaux pli^s forc^queux , , x]ui, les, apbptçnt à £rat>ds -coups de canons , prc(<]ucAQU5'Cqux;çy.v/cnne{ic •de ia code d'Angole ^ & ronrhaptifez , /qitp^i: Jes ^-ISipagnols (quiiho font aucune dUSciiU^* 4'? Ic^.ba- -«pti(et: ransaucuiicinifaitâdo,{0us r^^fpprançe qu'ils >onC' d^ Ic&inibruire au£C lej:emp( }: iw^?^, ^P^rf'/c- tres Chreftien^ d^ leucnatiQamçlmciqa):, plufie^rs d encc'euxmont aileuré qiailsâQat;,de|tP^);içfti:e^qui '* £Dne les^mefincs çhoCcs que iBi&^%, '^ Ceux <]ui viennent, du Ca|i-.Kerp; J[pivrN!t^h(^(pc^- ' tansv^ maisfiftupides: ^.igDQca^^e j;put^ç,q^7ls - ont de eotfni(^flancc&£ dbb(ibAiia.cion.dç leur^lçix, * Wèft^ pas à peine iSi^fanc^ pouc^Êurç ço^nçjiî^re ^ qji*il$*çn font. ^'- "^TParit'les.iMif -oaè lc»auttc&nau5Ldpjw<^tt.Çfi^- coup de peine à les inftruire , à raifon deieiif igno- :♦'"'■ amenés dcGujr- I qui les de l'eau l'on leur icnj car force de lajicrc, libresyils cni;gour ►içnfô.u- à grar>d$ jT/cnncpc Iç Jc^.ba- içequjls ïlufie^rs ftrc^qui îaliKjipe- urj^lçix, çinç^re 4f.igno-. 4?5 8 , i^ôAeîs fcf SàvVAges. nos triuiiuii: eft qà%9feVbiîc pas% Aii|Mrrïtrctnc,if^ bapcilei: » ^fthic'crts-coMfbhs th là ^ , ctes^bais Ctirejdieiis^ Se qUibfehfbiitiericifèii^lleflcd'CKcmpIe cïe piecél hô's PrUtiçois. . Nos liabitirts èftihiencbdàUeottJ) pluslesNognis (TAh^dlc ijilreuitsôhtchètïiirié-rair en'-éftinfeao-pltts dcck- 'inyfôur<^i'pi:es lëûrpïflage : lfe»>3égtes.duGttp' .^Vcré néfcâStëhé'p'âdittbfeiÉl/îfet. iiùMiifom Çtus ftbiiô^U^ lAëHibrès^du corps ^icfl* 'propor^ , tionAèfe;&fes. Vï*tydà vi%é'pl^ ' ûtà\^è'qu*&é' fôiit '^à'iixt\àm'^lni-d(i\ïx^êc^ pins lociable. . !> V ' Valènè'WKuîîeWSfcc V '^niî^arcôm^àfl&ôrt ^uîils I 47tf DES E SCtArVl-S, ne leur pardonner iamais aucune faute *,dou vient qu à la moindre qu ils. commettent , ils les battent fur la chair nue aucc des lianncs , qui font plus de mal que les nerfs de bœufs , ne plus ne moins que les Turcs donnent des baftonnadcs à leurs efcta- ues. Plufieurs les battent tous pour les feutesd vn particulier* Apres qu'ils ont tout le corps mcurtry & defchirc , ils les lauent auec de Icau, du fel, & du piment, ce qui leur caufc autant de douleur que Tes coups qu'ils ont rcccu. C'eft véritablement en ces mal-heureux que fe Terifie le dire d'vn Poète chez Platon vDimidium mentis lufiur illk aufert (Jtk 6, kg, caf. 6, ) comme ie l'ay remarqué en mille rencontres , fçauoirque Dieu ode la moitié du iugcment auxefclaues , de peur que reconnoiffans le miferable eftat de leur condition,, ils ne rejettent dans le defefpoir : car encore bien qu'ils foicnt grands railleurs, vains , & adroits en tout ce qu'ils font } ils font pourtant fi ûupides , qu'ils n'ont pas plus de reflentiment de -leur efclauage, que s'ils n auoient iamais eu aucune eonnoiflànce du bon- heur de la liberté. Ils font de toute terre leur patrie, pourueuqu ils ytrouuentà' ; boire & imanger ; & bien éloignez qu'ils font àcs ; fentimens des fillcsdeSion,quidifoientfe voyant dans vne terre eftrangere j ^o;»oJ9 camatimuscanti- cHmDomini intermaltena ? Quand il arriue vne Fefte ' ou vr) Dimanche jr ils s'oignent tout le corps d' vne Iiuillequi les fait paroiilrre plus noirs &: plus beaux; iis^fe rafent la telle , laiHant des couronnes deleurs MORES ET SAVVAGES: %^j theueuW > à Ufaçon que nous autres Religieux la porcons, ou des chaperon5,ou des eftoilesîles fem- mes fe treflent les ckeucux , quoytjue très-courts ,& creptis comme laine : ils font de^aflTemblces-oà ils danfent à leur mode au fon du tambourin^ ou de la câlkbalTe > auec autant d'allegrelTe que s'ils eftoientles plus hcureufes gens du monde. Ce tam- bourin n eft autre drofe qu vn tronc d'arbre ereu- fê, fur lequel eft efterrd^ & lié auec vne corde, vnc pcâu de loup marm. L*vn d'eux le ticm entre fes [ambes, &ioue àuec fcs doigts comme fur vn tam- bourin dç ba(qae ; quand il a ioiié vii vetfèt , Taf- * fertibléc .en chante vn autte , & ainfi ils comimicnt alternatiuemcnt; - ' ;^:'i ' * Mais fi k boire ou le manger leur maôqiient,ils font biciï-roft réduits au dcfefpoir > n*y ayant point *;à'exrri&hiitG qu'ils liechoififfetit poursendéliureJ:, 'iiïcfme iufqu as ofterli^vie d^ leurs proprcs^mains, 'eommc il arriuaà cinqpauures Negresjl'an milfix cens quarante fept, dans liflede lainâ7£uftache. Ces pauures mal-heureux fc ybyanèdans-vtietçrÉ'e Ta plus ingrarte & moins fecoiïdé deltmtès les ifles de l'Amérique , datisr laquelle ils ne pouuoieht trouueryn verre d'eau pour fe raffraifchir, fcrefô- lurentdiç s'en rctoiirner dans leurpays par la porte de la mort, (tar laplufpan: d'entr'eux croyent qt*'c?n mourant ils s'cnretournentdans leur terre natale) ils fe firenrtous les vn» après les autres-la charité de lè pendre à des arbres,aucc des tordes de mahoti lis commencèrent parles plufieunts^& la dernière -•^ OO9 ii; &$yia§[ _ , _^ . Jjaqiif lie 9flÇ|^y»^^^^^à\xx^ iuVau- ^Qç^^euCe-i iJLjjtç ferj^pas ({eragreaHe au Leâeiif^ .qnp i;ça4ifç4^?c mpu, . -, j.-' ,,; ., ^,^. J^b^ef^C^ir ^cou^ert|ç4';^ut^pt de.cçp:e c[u ilça grez de la ligne , & dépend des Ell^s^^^Hpîanâej ifc^ucfc yrîijiiwqit 4çfia;fait érige;; w pif ,'4: plu- :fiç«j:sf6a(Hwns^ Ifjriqi^p^ /r9llft^iAa«%.^^lfr^tei5b^^ : i||«$,çvp.qin*i9ifî^es,&df5 bçaçf;oug|^jbani( dant' faim I vie. i ticuli !!ïégr aits.Oi •Mkx *nî'arcl rendt r;î'.?v.. dcloi me. enli M' ^ lî©US "ÉCUT ^dure ° cïto ?n h oitnz mxau- i- 'i. ochçs, uiiçn 'dciTiii, 4ç dç* ïpt 4c- ,4:.plu- çmcnt, âufpn- ctçiflcil its.dpu :ccc me MORES ET SAVVAGE^s; 479 cffpitppurlors plus mal-hcurcufc que celle de co» SKSïres ConfeUeurs reléguez dans les- folitudcs (d'ô Ghérfone , qui cftoieht contraints d'acheter par vn trauail de douze lieues j ^ecjtfèy^fc -ttiôttiller la langue.Enfan 1^48. que l'y puffay, îés-plù&ttJfefe d^ cette ifle commcnçoicnt à y faîi?ebâ?(lir d*§<:ift€r- Wësjé trois que cela les aurâ&ûlagez,-àu reftapcr^- dant' le teps que iy denteùray, i'J^cn^j^ày ^liou de /aim ^ plus de foif, que ien auoisfàii èft^ôârcoia vie' Cela fôitdit enp^fïàntîlét/6àfîk)fts î;«ôi Nè- gres: le né puis paffer fous filcffTfdé^Vfttfatt^bîtti {)ar- tfculier 'de leur brâéaje' infeïïfibilt^/ -DfeUt'ifoturs atTSi&ÎVut'tc' #dqàîtferzea (^iii^ \â<è leur s'pâyren muers't!etnp$ y êâ pà^^ de différents WarcÈands & emiïreîléeîmns^lcls^liiëe^: f^flc fût _ ?rç a ivioniicur ic ocncrai a« iTrony'ciafK la A;it faIluXe£eparerpout.ne fe iamaisrc* oiotr eace-monde. j ilfaut en fin que i' aduoiieingenuëmenty Sr que 4*adore4ucc toute humilité les profonds &c incon- ceuaUes fecret^ dcDieu^ carie ne içay ce qu'afaic iCette mal-heii^ei^e aation , à laquelle Oieu a atta,- ché comme vnemalcdiâionpartic^Iiere de heté* dttaireiaufli bienquela.nQirceur& laideur du corp^^ l'cfdaiiage^ laXpruitude. Ceft.aflTez d*eftrc noir^ .pour eftreprifr^ ycndu^â^ réduit à lefçlauage par toutes Iqs -piieionsfdum^nde. Mais ce qui cA de |>Ius.eftrange , ceft qu eux mefn.cs ne le conteii- - cent f «s ide faite efc^t]^ I^grs ennemis pris en guerre > -m^ifi Jt^; m^iSj^^^ commet vn . aux çftrajjge«îSjï)iyiif jo|B:fcs'^àte&^^ Prufieurs per- ibîUies qi^^j^piffJt^l^cs^^^ aflcurc qa'ils/V^ndôndùïqJi^^Iç^ ^çe qui eft horrible, .cui>^im!çj^^ Boùt;6iIlis d'eau de vie , s'engagent pour tqute Jcur Vie^i vne durCifcruitudc , pour^auoir dcqupy s enyurér l'vnetfois^ ; QuaiitattxSauuagcseu;laucà; , ils nc^lorit pour l'ordinaire pas^gens de ^i^and crauail ; mai» ils font foju MORES ET SAVVAGES: 481 Ibrc adroits à la pefche & à la chafTe ; en ce cas vn fcal)Vaut bien fouucnt mieux que deux Ncgrcs, car il n'en fautquyn pour nourrir vneaflcz ample famille. Ils font pour lordinairc fi melancholiqucs, quoii n'en fçauroit tirer du feruicç, fi ce n'eft en les flatant , & c eft vn Prouerbe dans le pays, battre vnNegrcceft le nourrir} mais au contraire, crier vn Sauuagc c*eft le battre , & le battre c cft le faire mourir. Ils font d vn naturel fort bonaffe , fimples,' ôc tres-conftans en làfoy, quand ils Font vne fois cmbrafltc, pourucu toutefois qu ils 'ncretourr.^at point dans leur pays, car en ce cas ils fcroierit: tout de mcfincquc les autres. ; - Fin dé cette ànquiefme Pmie ] î^ dctQUtkJLkre] i'^^^r ■9 -H,'- ilJ^'S^ î'pp riMPRESSlO'N DE CELU^HS efiantAchtué r^^ay heureufment rencontré la concejjion du Koy , touchant les JJÎes de Cayémeriquey en fdueur des Cheualters de Malte : Vay creu que cefloit vne . fiece à eflre içy inférée , âÇn que tous ceux qui eon- noteront furU leélure de ce Liurt l'efiat de toute ces ijles,4pprennenten mefme temps en quelle fa^on elles font tombées en IdfoffeJJion des Cheuédimde Malte ^t^ pa- reillement le grand bien que Ton doitèffererdvne acquit fitionfiglorieufe tspfivttle i toute là Chreftienti , é^ à ^èfiatde la France, 1 \ O VTS par la grâce de Dieu Roy de France & de Nauarre : A tous prcfchs ôc à vcnir,Salut. L'Ordre le S. IcandeKic- mfalcm scft monftré ff vtile à VEgliTc par fes feruiccs & fa continikélfe refiftanee aux en- rrepri/èsdcsMàhomecans ennemis 4t laFoy, donr les viâ:oires fréquentes qU'il a fiir eux remportées en tant de combats (bnrdesmarques certaines , ef- quels grand nombre de Cheualiers ont efpanch^^ leur fanç & prodigue l^ijurvie^pourlefàlut com- mun» &Ies Hofpitaux onrefté fi dignement & cha< ritablementadminiftrcz par îceEiy depuis fon in- ftitution, qu'il fcroit vtilcquil euft fonfie^ norif feulement en l'Ifle de Malte , mais auffi^nlllitrcs & plufieui's endroits , afin que ce fuflcnt autant de ftacions , fortereflcs U, remparts pour laChrcftien- ^ïcyicd'izilïcs aux fidels.Ces confiderations ôcYzffc- âion quclcs Roys nos prcdcccfleurs,& nous à leur çxcinpleauons toufiours portée audit Ordre, nous ont fait fauorablemeac entendre aux fuppli cations qui nous ont eftc faites de la part de noftre très- cnérCoufinle Grand Maiftre dudit Ordre de fàint leande Hierufalem, parnoftre amé &feal ConfciU 1er ennosConfèilsCheualier &BailIyd*iceluy, & Ambaiïàdeur denoftredit Coufin leGrand Maiflre prés noftre petfonnelc fîeur de Souvré ; Que le ficur Bai% depoincy Grand Croix dudit Ordre, après pluueurs beaux emplois en France,auroit efté eiiuoyéparle feu Roy noftretrcs- honoré Seigneur & Père , fon Gouuerneur & Lieutenant gênerai es Jfles de S. Chriftophc, & autres Ifles de l'Amérique peu connues pouriors,lerquelles depuis fous (a con- duite font habitées de grand nombre de François/ en qaoy ledit fieur Bailly dePoincy nauroit tien cfpargnc pour y mâmtcnir noftre authorité, l'éclat êc la dignité du nom François j Meff^es auroit fait haftir plufieursfortsàfes delpens, &:fe feroit auffi formé vn reuenu confiderable par acquittions qu'il à faites dans lefdites Ifles, ayant employé pour cet effet le reuenu de plufieurs années de deux des plus belles Commanderies dudit Ordre^derquelle^ il iouyfïôit en France ,le(quéls Domaines par droit de pcctîl appartiennent à fon Ordre,auqu cl d'abon- dant ledit fieurBailly dePoincy comme bon Reli- gieux en adonné tou^res les feuretez ncceffairesiEn forte que noftredit Coufin leGrand Maiftre &le- PPpij dit O riïre, /en peut dite dés *a pir'cfeiîl levra(y |>ro^ fxrietairc , fans attendre qu ils luy reuiennem api^cs c dcceds par dtoid de dcfpouillc, à quoy noftredit Cou/îti le GrandMaiftre adcfirc ioindre la pro- f)rieté entière dcfdities Ifles de S. Chriftophe , pair 'acquifition d'iccilcs, pour laquelle noftrcditCou- fîn a enuoyc fes ordres &:pouuoir audit ficur de Souvré , afin de traiter auec ceux de la Compagnie defditcs Iflôs fous noftrc bon plaifir,& fous rcfpc- rancc que nous aurions le teaité agrcablc , & que nous y ioindribns en outre ce qui nous appartient cfditeslfle$,afinde pouuoir par noftredit Coufin & fbn Ordre y former vn cftablifFement pour le fcrui- ce & la dcffenfe delà Chreftierxtc , ôc pour lacbn:- uerfion des Saunages à laReligion Catholique. A G E S C AV S E S , & après auoir fait voir en iioftrc- dit Confeil les Lettres de cbriceffion par nous cy- dfeuartt faites à ladite Compagnie des iftes^ci'Â^ meriquc du mois de Mars:i;^4*; ï-'à^^re de délibéra* tion de raJûTcmbléo dc^iadite Compagnie de TAme* riaue,pour là ceffion vente Se aliénation de tout ce qu'ils pourroient pretendfe enicetles (bus noftrc bon plâifir,aux charges ôc conditions portées par le refaltat du deux May i<>5i. Le traitefait par ledit fieur de Souvré auec ceux de ladite Compagnie Vie r4.dcfdits mois &c an,attachez fous le cont^e-^feldè noftre Chancellerie. De l*aduis de noftredit Cahfeil ou eftoicnt la Reyne noftre tres-hônorée Dame & Mère, noftre très -cher frère le Ductl'Anjou, plu-f fieur^ princes , Ducs , Pairs & Officiecs dç-noiht / Couronne, & autres ^ràhds & notables pcrfonria- gcs de iioftre Royaume -, Nous dcfîranslauorablc- flàcht traiter noftredic Coufin le Grand Maiftrc ôc fbn Ordre , &tefmoigner à toute la Chreftiemé teftime que nous enfailons, iSf que comme filsaif- né de Ffiglife nous ne laiffons efchapper aucune occafion pour le bien ôc l'augmentation de la Reli- gion Chreftietuie , & par ce moyen inuitçr les au-^ très Princes Chreftiens dcfairclefemblable, & de contribuer de leur part ainfi que nous faifons à la manutention & propagation de la Foy , de noftre grâce fpecjale, certaine fcience^plaine puifTance ôc authorité Royale^Auons loixé^agreé^ratifié^loUons^ agréons , ratifions ôc confirmons par ces prefentes fignées denoftremainla conceffiori cy-deuant fai-^ ce à ladite Compagnie des Ifles de rÂmenque du mois de Mars 1^41. Enfemble ledit contraxSt du 14. May Uji. Portant ralicnation vente & ceffiondes droits de ladite Compagnie dans les Iflesde rAme-* lique, à eujii concédées au pTcrfi*;o. Four ladite Iflè PPp iij i\ -n v~- / Je S. Chriftophe 5^ iùtïts Ifles de rAmerique tÙ général à la. fcfcruccydeflus, cftre tenues parnâ- tredic Coufin le grand Maiflre 6c fonOrdre enplain Domaine, Seigneurie dir-îârc&vtile propriété in- commutable4nfcmble les- Places & Forts eftans ea icelles^droit de Patronage Laïque de tous Bénéfices & DignitczEcclefiaftiques, qui font ou pourront cttre cy-apres fondez , & qui nous peut de prefent ^pourrottappartenir^auec tous droits Royaux» & pouuoirde remettre & commuer les peines, créer, inftituer ^ deftituçr Officiers & Minières de lufti- ce, (dlurifdidion tant volontaires que coQtentieu- Tes pour paHer tous Aâes , iuger toutes matières tant ciuiiçs que cjmuiQcUes en première inftance; ¶pelenderniçr refforr, &entouscasle toitt i perpétuité en plaîn fief, &amorty,& fous tel til- tre , & y faire tek eftabliflemcns que bon luy fem-: blera,à la feule refcrue de la fouuerai|i„eté qui con-] fifte en l'hommage d viiçp<>a«ehii% ïar de rede« uançc i ch;jiïi"^ ^aention de ÇLoy de la valeur de jnil c(cus,qui,fera prçfentéc par rAmbaffadcur dn- dit Ordre vers cette Couronne , ou par autre Offi- cier d'kcluy en fon ,abfcncc,àlaçhargequc noftrc- dit^oufin le Grand Maiflre , & TOrdrc ncpour- font mettre lefdkes Ifles hors dcleurmaiii !, ny y donner commandement 1 autres qu^aux Cheua- liers des Langues Françoifes nos 5ujets,fans nous le fairefçauoir &pris fur ccnoftreconfentement. Si donnons enmandement à nos amcz 6c féaux Con« &illers les gens ienans m&sç Cour de Parlement [ue tià arnâ- iplain ccéin- :ans ea lefices urronc »refenc aux> & > créer, Iclufti- cnticu- latieres iftancc; ;lc towyt s tel til- ajrfem-i ui cou-] rede- leur de curdti-' ircOffi- noftr€* epour- Ghcua- nous le enc. Si xCoii- [ement (le Paris ] Chambre de nos Comptes df autres nos Officiers qu'il appartiendra, que ces prefcAtesils faffent regiftrer, èc du contenu en icelles faire ioiiir noftrcdit Cou/în le Grand Maiftre & ledit Ordre plainement,paij(ib]ement&perpetuellement,rans loufFrir qu'il luy foit fait , mis ny donné aucun trou- ble ny empefchemcnt; au contraire:£t dautant que des prefentes l'on peut auoir befoin en mefnié temps en plufieurs lieux. Nous voulons qu'aux co^ picf deuëmenc collationnées , foy foit adiouftée conimeàrOriginaldes prefentes.Car teleftnoftre pfaifir:Et afin que ce foit cho(è çonftante pour tou- jours , Nous auonsfait mettte noftre feela ces pre* fentes, iàuf en autres chofes nolïre droit & l'autruy en toutes. Donné à Paris au mois de Mars , l'an de grâce 1653. Et de noftre règne le di^âéme : Signe Lovis. Etfurlereply, ParleRoy DçLoMENiE,^ rij/S M o L e'. Et fcrilée du grand fceau de cire verto fur lacs de foye. ColUtionneà COriffiuil^parmoy ConfeilUr^ StcretdiredH Koy,iydefis Finances. m \H tàiiiifiifkmmAt m rlmprtfil9ii>] If II II 14 %i X9 3» S* 77 f9 So 91 II* ifj l6t 170, li9 I>^ wtf 114 l*> *34 tihijpoffii4c € . elle / " r8 héfiéri 18 euable ij Rayé 10 ~ (hîbiuaniez (g .rcchctckéef ^ page ligne lifez *7* U loneoeut etiHent ' fréquentée» reflue »77 9 X79 It •Il &l ftSi 10 chargée »t4 I . tant despanneiqnede fiuë qu'oa i8f 1 des ■ xll «7 fartent 11 mets M*>* %l cémentant Mf 'I gonttUeflè • l>< f tout dfl boa 33) * labour , 339 J •'y * J40 H nouriflaac 54J * S ne 34« »7 vernis 37° itf reculaa %7% *ltf Cet ' 373 I & 40J U quel 40I I moura 4t3 1 que .414 r If xroyàfit 443 11 plaiod \^44<î 4 vncs ASt. ïT . tout roily 4^7 7 ims^- 4^9 *l ec jf*^ 9 havres A^7 3 palTe falHt A69 7 474 14 Usreocentteae 47?* 17 vendue iffc (upcx^ Ltfez daté la tcaduftîon du Saunage de nous au lieu d'acaurc de nous j &,âura{nl Eforit au lieu de par le , & le reuanchet de la honte & malice des ho mmes. Le Père Raymond a cfté contraint de fc feruir de ces termes pour expriinçc nos inyftctM dautaat qu'il n'en a peu uoauec de plqs propre dans IciK langue. y^emti^ ** graiffc fupci^ II) SkâaTaM mmes.LcPcre nos rnyft ctc£