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23 WEST MAIN STREET

WEBSTER, N.Y. 14580

(716) 872-4503

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CIHM/ICMH

Microfiche

Séries.

CIHIVI/ICIVIH Collection de microfiches.

Canadian Institute for Historical Microreproductions / Institut canadien de microreproductions historiques

TMhnieal and Bibliographie Notaa/Notaa tachniquaa at bibiioflraphiquaa

Tha Inatituta Itaa attamptad to obtain tha baat original eopy availabla for filming. Paaturaa of thia eopv whieh m»^ ba bibliographieally uniqua. yfthicii may attar «ny of tha imagaa in ttta raproduction, or whieh may significantiv changa tha uaual mathod of filming. »f ehaelcad balow.

EColourad eowara/ Couvartura da coulaur

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Couvarturo «ndommagéa

Covart rattorad and/or laminatad/ Couvartura raatauréa at/ou pailiculée

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La titra da couvortura manqua

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Cartaa géographiquas 9n coulaur

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Bound ¥with othor matarial/ Ralié avac d'autraa documanta

Tight binding may cauaa ahadowa or diatortion along intarior margin/

La r9 liura tarréa paut cauaar da l'ombra ou da la diatoraion la long da la marga intériaura

Blank laavaa addad during rastoration may appaar within tha taxt. Whanavar poaaibla. thaaa hava baan omittad from filming/ Il ta paut qua cartainaa pagas blanchaa ajoutéao lora cVuna rastauration apparaiaaant dana la taxta. maia, lorsqua cala était poaaibla, caa pagaa n'ont paa été filméaa.

Additional eommanta:/ Commantairaa supplémantairaa:

L'tnafitut a microfilmé la maiilaur asampiaira qu'il lui a 4té poaaibla da ta procurar. Laa détaila da cat aM«<npiaira qui Bont paut-étra uniquaa du point à* V119 bibliographiqua. qui pauvant modifiar una imaga r sroduita, ou qui pauvant aaigar una modification dana ta méthoda normala da filmaga •ont indiquéa ci-daaaou».

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Pagaa da coulaur

Pagaa damagad/ Pagaa andommagéaa

Pagas futor^à and/01

Pagaa ratuuréaa at/ou pallicuiéaa

Pagaa diacolourad. ttainad or foxai Pagaa décoloréaa. tachatéaa ou piquéaa

pn Pagaa damagad/

pn Pagas f»tor»à and/or laminatad/

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Las WwaBM auivamaa ont été raprodultaa av«« la plua grand «oin. compta tami da la condition at da la natMté da l'aaamalaifa fttmé, at an aonformlté ava« laa eondhlona du contrat da

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Un daa symbolaa suivants apparaîtra sur la damiéra image da chaque microfiche, selon ta aaa: la cymbola -^ signifia "A SUIVRE ". la aymboia signifie "FIN".

plataa, charta, etc., may fHmad at dtffarant réduction ratioa. Thoaa too large to ba andraly includad in ona ajqMaura ara fflmad bagirming in tha uppar laft hand eamar, laft to right and top to bonom, aa many framaa aa raquirad. Tha fodowlng diagrama illuatraaa tha

Laa ca/ia.s planchée, taWaaux. etc.. pouvant être filmée à daa taux da réduction différents. Lorsque la document eet trop grand pour être reproduit en un seul cliché, il eet filmé é partir da l'angle supérieur gauche, de gauche A droite, at da haut en baa. tn pranam la nombre dlmagaa nécaeealra. Laa dlagrammaa sui^inta ithiatramia méthode.

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L'IHSÏITUTIOH

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Tout Montréal connaît le bel établissement non encore terminé des sourdes-muettes confié aux soins des Sœurs de la Providence, et situé sur les rues St-Denis, Berri et Roy au coin de la rue Cherrier, qui rappelle le nom d'un des principaux bienfaiteurs de cette institution.

Mais ce que l'on connaît moins et ce que nous roudrions faire ressortir ici, ce sont les résultats remarcjuables auxquels on est arrivé aujourd'hui, dans cette maison, grâce aux mé- thodes d'enseignement qu'on y suit et qui permettent de faire parler les muets, et en un certain sens de faire enten- dre les sourds Nous disons en un certain sens, car s'il est parfaitement vrai que les muets parlent et émettent des sons nets et perceptibles, on ne peut prétendre que les sourds entendent ; seulement on est arrivé, après des exercices très ingénieux à leur faire lire sur les lèvres d'un parlant les mots comme dans un livre, et assez rapidement pour qu'il y ait illusion et qu'on soit tout disposé à croire qu'ils entendent.

La méthode qui a donné ces résultats est désignée sons le nom de méthode orale pure, parce qu'elle supprime dans l'enseignement des sourds>muets les signes et la mimique.

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Elle n'est devenuo générale en Earope qae depuis quelques années quoiqu'elle ait été inventée il y a longtemps et enseignée notamment en Allemagne dès la fin du dix* huitième siècle',' mais tes progrès rapides réalisés par la mé* thode des signes et le succès de l'alphabet manuel de l'abbé de TEpée avaient t'ait adopter preNqu'excluNivement le sys- me de ce dernier. Il est nécessaire de résumer l'historique de ces deux enseignements, d'autant mieux que dans l'é- tal^lissementiidont rione Àous oecitpohsf noti» verrons les deux méthodes mises en pratique.

#*#

Ce ne fut qu'à la fin du dix-huitième siècle que ces deux classes d'infortunés les sourds^muets et les aveu- gles, privés jusque-là de tous moyens d'instruction, condam- nés pour la plupart à une vie misérable, ont pu rentrer dans la famille humaine dont ils semblaient exclus par leur triste infirmité. C'est à deux français qu'ils doivent ce bienfait, et leurs noms ne sauraient être oubliés en tête da cette étude.

Ce que Valentin Haiiy, fils d'un pauvre tisserand de la Picardie, fit pour les aveug-les en 1782, l'abbé de l'Epée l'avait déjà fait pour les sourds-muets dès 1778. On sait comment en 1758 il avait été amené à s'occuper de ces malheureux. Venu pour une affaire insignifiante chez une veuve qui habitait rue des Fossés Saint- Victor, et par hasard était absente, il fut reçu par ses filles, deux sœurs jumelles dont il ne put obtenir un mot. ^orsque la mère revint, il apprit que ces enfants étaient sourdes-muettes, fort désolées de la mort du Père Vanin, qui essayait au moyen d'estampes de leur donner quelqu'iustruction. " Cet ins- tant " dit M. Maxime du Camp " décida du sort des sourds- muets ' t de la vocation de l'abbé de l'Epée ; il se sentit appelé et se consacra exclusivement dès cette heure jusqu'à celle de sa mort à son œuvre. "

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Lét ressources dont disposait l'abbé étaient bien faibles : il 'intéressa à ses essais quelques personnes charitables, plaça dans divers pensionnats ses élèves, qu'il appelait ses -enfants, et deux fois par semaine, de sept heures du matin à midi, on les lui amenait dans son appartement de la rue des Moulins, à Paris, et il leur apprenait l'alphabet par signes, qu'il leur expliquait en mt'me temps par l'écriture, car les deux enseignements sont forcément simultanés leur donnant ainsi un langage réel qui leur permettait de comprendre et d'être compris. Soixante quinze élèves sui- vaient ses leçons. Ce qu'il fallut à l'excellent abbé, d'études, de patience et d'efforts pour arriver à faire saisir sa métho- <le encore imparfaite, il est aisé surtout aujourd'hui de s'en rendre compte. Il réussit cependant, mais lentement, tan- dis que sa foi^une s'épuisait rapidement.

GrAce à la haute influence du comte de Falkenstein, plus tard Joseph II, frère de Marie-Antoinette qui avait visité l'école des sourds- muets, le roi Louis XVI prit sous sa pro- tection le nouvel établissement. L'œuvre fut définitive- ment fondée en 1785 par l'attribution d'une rente qui en assurait l'existence.

Lorsque l'abbé de l'Epée mourut, épuisé par son ardente charité qui lui causa de nombreux déboires, le 25 décem- bre 1789, l'école comptait 200 élèves et avait déjà des succur- sales à Bordeaux sous la direction de l'abbé Sicard,àAngers, et sa méthode était suivie en Autriche, en Italie, ot dans le Wurtemberg.

Il n'est que Juste de payer un tribut d'hommage à la mé- moire de ce bienfaiteur de l'humanité, si humble, si pieux qui, dans son admirable découverte fut surtout guidé par la pensée de faire connaitre aux infortunés sourds-muets les consolations de la religion. La foi l'inspira, la charité le soutint et Dieu l'éclaira.

L'abbé de l'Epée avait, comme on le sait, créé une lan- gue particulière pour les sourds-muets, un langage de convention représenté par des signes. Sans discuter ici les

défauts et les lacunes de ce système, corrigé plus tard par l'emploi des signes naturels, et la méthode dite de V Ecole française, nous devons dire qu'il fut adopté presque généra- lement jusqu'en 1870, et même 1880, époque à laquelle eut littu le congrès de Milan dont les résolutions assurèrent à la méthode orale la première place.

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*

Ij'institution des sourdes-muettes catholiques date au C-anada de 1851. Les débuts furent bien modestes : cepen- dant il est intéressant de les rappeler, car ils nous fourni- ront l'occasion de montrer l'intelligence supérieure, l'énergie indomptable et l'ardente charité de sœur Marie de Bonse- cours, (un nom prédestiné), qui fut la créatrice de cette œu- vre. On pourrait faire de touchants rapprochements entre la sœur canadienne et Tabbé de l'Epée ; tous deux animés du même amour pour les malheureux sourds-muets, tous deux anxieux de trouver les ressources nécessaires pour leur ve- nir en aide, tons deux enfin usant leur vie pour assurer l'a- venir de leurs enfants adoptifs.

Voici dans quelles circonstances sœur Marie de Bonse- cours fut amenée à se consacrer à l'instruction de ces des. '- rites la nature. Les sa^nrs de la Providence, maison fondée dès 1828 par madame veuve Gameliu pour prendre soin des personnes âgées et infirmes, des orphelins et assis- ter les pauvres et les malades, avaient en 1816 la charge d'une école à la Longue-Pointe. Sœur Marie de Bonsecours (1) y était entrée en 1849, immédiaten 'jut après avoir été reçue religieuse. Or, en 18ôl, on amena à cette école deux jeunes !illes orphelines de mère, Melles Hanley dont l'une d'elle, Marguerite Hélène, était sourde-muette. Sœur Marie

(1) Le nom de famille de soeur Mario lîonsecoiirs (Hait (lad bois de Heloeil. Elle avait six boeiirs et un frère, ses six saurs se tirent religieuses, (|uatre comme file à la. Providence, une chez les sœurs 'irises, et une chez les Sœurs ihs Saints Noms de -lesus et de Mario.

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de Bonsecours qui, pendant son novicin^ avait assisté k «luelques instructions données par l'îiooé Lagorce aux sourds-muets dans lu maison-mère de la providence à Mon- tréal et y avait pris un grand intérêt, se chargea d'essayer d'instruire Melle Hanley. Elle possédait un manuel traitant de la méthode alors adoptée, et se mit avec ardeur à l'étude, passant les nuits pour apprendre les notions indispensables. En même temps la fille d'un ami de son père, Melle Geor- gina Lavallée aussi sourde-muette était admise à la Longue- Pointe, (20 mars 1851), ainsi que Melle Olive Mondor(lS.')2) aujourd'hui religieuse à l'établissement de la rue St-Denis : ce furent les premières élèves de sœur Marie de IJonsecours.

Ceilt'-i i se rendit-elle compte, à ce moment même, du grand service qu'elle était appelée à rendre aux sourdes- muettes du Canada, ou ne vit-elle qu'un devoir moins général à remplir, toujours est-il que dès lors elle se dévoua exclusivement à cette (ruvre.

En 1852, l'école avait déjà dix élèves et en 1854 ce nom- bre était doublé. 8œur Marie de Bonsecours. se sentant insulKsamment préparée pour un tel travail, se rendit avec une sœur de son ordre à New- York et elles y suivirent les cours de l'école des Sourds-Muets de Washington Ileiu'ths- Elle y fit même un second séjour un peu plus tard.

En 1857. on comptai»^ à la Longue-Pointe -VI élèves. Ij'école devenue trop petite fut transférée à ^Fontréal la communauté mit à sa dispof,ition l'hospice 8t-.Toseph rue Mignonne. L'installation faite en 1858 dans ce local ne de- vait être que provisoire, car il y avait déjà à ,St-.Toseph le service des prêtres âgés et un orphelinat.

Il fallait de toute nécessité un établissement exclusive- ment affecté aux sourdes-muettes. Mais trouver les res- sources nécessaires, surtout à cette époque de tous côtés se créaient à Montréal des institutions répondant à des be- roins urgents,hôpitaux, collèges, salles d'asiles, écoles primai- ses ? C'est ici que se déploie l'activité vraiement prodigieuse de sœur Marie de Bonsecours qui sent bien que le moment

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est décisif pour l'œuvre qui lui est chère. Elle se multiplie ne tenant compte ni des fatigues, ni des refus. Elle était aidée par Mgr Bourget, qui avait compris l'importance de cette Institution et par la supérieure générale de la Pro- vidence sœur Caron. Dieu bénit ses elForts. Un généreux bienfaiteur, M. Cômes S. Cherrier donne le 17 juillet 1863 un vaste terrain de 500 pieds de long sur 230 pieds situé au nord des limites de Montréal, complètement inculte, couvert de souches, et qui selon une désigna- tion datant de cette époque formait une " baissière im- praticable. " L'accès en était difficile, il n'y avait alors au- cune voie de communication avec Montréal qui dépas- sait à peine la rue Mignonne.

Sœur Marie de Bonsecours obtint quelques secours en ar- gent et commença immédiatement la construction qui bor- de la rue St-Denis. Nous ne nous arrêterons pas à faire la description de ce premier édifice, appelé à disparaître dans un avenir peu éloigné, car il menace ruine à raison de l'a- baissement du niveau de la rue St-i)enis, et ne rentre pas dans le plan de l'établissement projeté dont une partie, cel- le sur la rue Berry, est presque achevée.

Il nous suffira de dire qu'en 1864 l'école des sourdes-muet- tes prenait possession de sa nouvelle et définitive résidence : heureux moment qui remplissait d'une douce joie le cœur de la digne supérieure sans mettre un terme à son dévoue- ment, ni à ses inquiétudes, car il fallait assurer le sort de cette institution. La préoccupation constante de sœur Ma- rie Bonsecours était l'avenir de ses chers enfants, et pendant \a maladie qui devait l'emporter, elle demandait souvent à ses colla])oratrices : a-t-on de quoi nourrir nos pensionnai- res ? question cruelle, que souvent aussi s'e ait posé l'abbé de l'Epée.

En 18T0, lorsqu'il fat question des progrès de la mé- thode orale. Mgr Fabre, alors chanoine de Montréal, qui s'in- téressait particulièrement à l'institution des sourdes-muettes, conseilla à sœur Marie de Bonsecours de se rendre en Euro-

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pe pour visiter les écoles du Continent, ce qu'elle fit non sans fatigue ; mais il devait en résulter un jçrand bien pour ses élèves, et elle n'hésita pas. Elle exécuta ce voyage avec une de sos sœurs appartenant à la même communauté, sœur Philippe de Jésus, et en revint avec des idées nouvelles, qu'elle s'empressa, avec cet esprit de décision qui lui était propre, de mettre à exécution. Elle fit l'articulation et la labiologie déjà prati(|uée,s et en fit un cours régulier. Son activité ne se ralentit pas un instant jusqu'au jour le 31 octobre 1874 où, vaincue par la maladie, le corps usé par un travail excessif, mais l'àme toujours forte et vaillante, elle fut ap- pelée à recevoir la récompense de son dévouement. Ce fut un deuil général dont nous trouvons l'expression dans tou- tes les publications de cette époque. La reconnaissance publique a tenu à se manifester sous toutes les formes : mais les plus touchantes furent la tristesse et le désespoir de ses chères élèves. Grrtice à Dieu, sœur Marie de Bonse- cours laissait l'œuvre entre les mains de sa sœur, en religion sœur Ildefonse, qui l'avait assistée presque dès le début et avait pris une part active à toutevs ses épreuves. Sous cette direction, l'établissement ne pouvait que prospérer, tant l'impulsion donnée par la fondatrice était puissante.

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Une visite dans rétablissement des sourdes-muettes est nécessaire pour bien comprendre les méthodes enseignées.

(-'ette visite n'est pas sans i-auser quelque tristesse ; car on se trouve en présence d'enfants, frappés d'une des plus cruelles infirmités qui se puisse imau'iner : la privation de l'ouïe et de la parole. La nuit morale dont ils sont enve- loppés n'est-elle pas plus douloureuse encore que la nuit physique de l'aveugle ? On serait tenté de le croire.en cons- tatant chez la personne atteinte de cécité une sorte de gaieté due à la perception des sous, qui n'existe pas chez le sourd-

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muet. De même ce dernier est au point de vue intellectuel atteint bien plus profondément que l'aveugle, et il faut de patients effors pour développer son intelligence.

Une maîtresse ne peut enseigner plus de huit élèves à la fois. Comme il se présente à l'institution des élèves de tout âge, n'ayant aucune notion de l'une ou de l'autre mé- thode, il faut diviser les premières classes en plusieurs sec- tions. C'est ce qui explique pou quoi on rencontre à côté d'enfants de neuf à dix ans des jeunes filles de vingt à vingt-deux ans et même plus (1). Ceci complique beaucoup l'enseignement, en exigeant un très grand nombre de mai- tresses, pour un chiffre restreint d'élèves. Actuellement pour 159 élèves, il y a 22 institutrices sans compter 2 sœurs char- gées d'apprendre le dessin.

Nous avons dit qu'on suivait à Notre-Dame du Bon Con- seil, (c'est le vocable de l'institution des sourdes-muettes) les deux méthodes, celle des signes dite dactylologique ou ma- nuelle, et celle de l'enseignement oral. La première est don- née à 79 élèves, la seconde à 85. Comme on le voit chaque méthode se partage les élèves par égalé portion. On a adopté ce système parce que l'on a reconnu la presque impossibili- té de faire apprendre la méthode orale à certaines élèves» notamment n raison de leur âge ; quelques unes ne peuvent par raison de santé, fatigue de poitrine, maladie de cœur supporter la gymnastique vocale à laquelle il faut soumet- tre les sourdes-parlantes, enfin d'autres sont dans Timpossi- bilité pour des motifs d'économie,de temps, de rester les huit à neuf ans nécessaires pour poursuivre un cours entier.

Mais on a eu soin de séparer complètement, et avec un»? très grande sévérité, les élèves de l'une et de l'autre métho- de. Il importe extrêmement en effet que l'élève sourde- parlante ne soit jamais tentée de parler par signe ; elle adopterait promptement ce mode de se faire comprendre»

(1)11 est bon dénoter que l'ulée ti'rs accrfjilili^e île riinpos«iljilité «t'icis- truirn les soiinls-mueis arrivés à un ceilairi âge e?l fausse, H y a neuiel- lemenl à rinsliiiiiion île la nie Si-Denis une sonnle-muelle de 54 ans ({lù commence son eiliiculion et réniBïil assez bien.

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parce qu'il est de beaucoup plus facile et moins fatigant que l'autre. Ceci complique les services : il faut double dortoir, double réfectoire, cours et salles de récréations doubles, et une plus grande surveillance, c'est-à-dire une augmentation de personnel et de dépenses. A Notre-Dame du Bon Conseil, on a placé les élèves sourdes et muettes dans une aile du grand bâtiment sur la rue Berri, tandis que les sourdes- parlantes occupent l'autre aile du même bâtiment. Elles sont séparées par le muséo classique et la salle de dessin.

Le visiteur peut de suite saisir les effets de chacune des méthodes sur le moral des élèves. D'un côté, il est dans la région du silence forcé, qui inspire une certaine tristesse. ïont se fait promptement, sur an signe de la maî- tresse : écrire au tableau, chercher un objet, désigner un Iniys sur la carte, etc., mais toujours sans bruit, et comme il faut se servir de l'écriture, la transmission des pensées de- mande un certain temps.

De l'autre, au contraire, il est surpri.s de la vie active qui se manifeste dans chacune des cla.sses, et il se croit dans une école ordinaire. Un des premiers cours des sourdes-parlantes nous a particulièrement frappé. La maîtresse avait devant elle assises sur leurs chaises, ses huit élèves rangées en demi cercle, toutes attentives à lire sur ses lèvres la question posée ou l'indication donnée. Si c'était une question, trois ou quatre réponses partaient à la fois, pressées d'arriver bonnes premières, car on exige une prononciation rapide pour la rapprocher autant que possible de celle des entendants. Si c'était une explication, les réflex- ions surgissaient de même, avec une sorte de gaieté qui fai- sait plai.sir à voir. Et l'on se sentait ému au spectacle do ces pauvres enfants si heureux de montrer qu'ils avaient com- pris et si satisfaits de se faire comprendre.

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Comment eiiseïgne-t-on la dactylologie, comment la mé- thode orale ?

L'enseignement par signes n'est plus aujourd'hui ce qu'il était du temps de l'abbé de l'Epée. On a donné à l'écriture et à l'épellation manuelle, la première place dans la métho- de actuelle. C'est donc par la calligraphie et par cette épel- lation que l'on commence l'instruction de cette catégorie de sourdes-muettes. Une fois que l'on a pu mettre les élèves en état d'écrire lisiblement, et elles y parviennent en peu de temps, tout ou presque tout l'enseignement se fait par l'écriture.

On montre à un sourd-muet sur un des nombreux ta- bleaux ad hoc qui garnissent la classe, un cheval, un âne, une tasse, etc., et on écrit les mots : cheval, âne, tasse sur l'ardoise. Puis on ajoute à ce substantif un qualificatif pour désigner la couleur, les formes extérieures, etc. Comme le sens qui supplée à l'ouïe absente est la vue, c'est à décrire d'abord l'objet étudié que l'on habitue l'enfant.

Voici une image représentant la création de l'homme ; Adam au milieu des animaux, dans le paradis terrestre. Que deraandera-t-on à l'élève ? indiquer ce que son œil distin- gue et l'enfant écrira ;

" Je vois un homme, des animaux, des poissons, des arbres, des plantes, des fleurs, des fruits, des montagnes et une ri- vière.

" Un singe est dans l'arbre.

" Les poissons sont dans l'eau, etc., etc. ''

Cette description est aidée par un questionnaire écrit, au- quel l'élève se réfère pour rendre exactement ce qu'il a sous les yeux.

On comprend de suite que ce mode de communication exige un temps assez long, puisque la question et la réponse ne se font que par l'écriture. Comment faire saisir au sourd-mu«t la différence entre le présent, le passé et le futur ? Rien ne nous parait plus simple à nous parlant qui dès l'enfance avons employé correctement les temps du

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verbe avant même d'en avoir compris la valeur, uniquement par imitation. Il n'en est pas de même pour le sourd-muet, pour lequel les idées abstraites sont très difficiles à saisir. 11 faut les lui inculquer pai des exemples pris dans les actions de la vie ordinaire, je saute, f ai sauté, je sauterai, selon que le mouvement s'effectue, s'est effectué ou s'effectuera.

Il y a \i\ toute une série d'opérations combinées qui cons- tituent une méthode née de l'expérience et ayant demandé de nombreuses études. Pour les maîtresses, il faut, outre une très grande patience, (car les progrès sont bien lents), une observation constante du caractère et des facultés de l'élève. Nous ne saurions dire combien sont admirables de dévoue- ment les sœurs enseignantes de Notre-Dame du Bon Conseil, avec quelle douceur elles répètent dix et vingt fois la même explication, la variant dans la forme afin de faire pénétrer la lumière dars cette i,;ielligence qui ne demande qu'à s'ouvrir, mais qui a de grands efforts à faire pour com- prendre. Ajoutons que ce dévouement des bonnes sœurs leur semble si naturel, tant elles s'attachent à leurs élèves, qu'elles seraient toutes surprises qu'on pense à les en féli- citer.

L'usage constant de la calligraphie, la nécessité pour la sourde-muette de traduire toutes ses pensées par l'écriture la rendent très forte en orthographe, et même il y a ceci de remarquable, c'est que les sourdes-parlantes sont plus expo- sées que les sourdes-muv3ttes à pécher contre ces règles.

L'écriture des élèves n'a rien de féminin, elle est généra- lement grosse et à traits accentués. Ceci vient de l'usage qu'elles font de la craie sur l'ardoise qui, exigeant de gros traits, ne se prête pas aux déliés et aux élégances de la plume si chères aux anciens professeurs d'écriture.et aussi à cause de faiblesse de vue, dont elles sont souvent atteintes.

Ces élèves sont assez promptement instruites pour com- prendre et se faire comprendre ; en même temps on leur enseigne divers travaux manuels, couture, tapisserie, etc., ou encore le dessin, la peinture même, pour laquelle

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quelques unes sous la direction d'une sœur très heureuse- ment douée et dont il nous a été donné de voir des œuvres de mérite, montrent des dispositions assez remarquables. Il y a une bonne voie à suivre ; certains talents pour- ront ainsi se l'aire un avenir. Il faut en effet songer à facili- ter à ces élèves les moyens de gagner honorablement leur existence.

L'enseignement de la méthode orale est essentiellement différent de celui que lu^us venons de décrire. Tout d'abord les signes sont absolument interdits à l'élève : il faut la contraindre à se faire comprendre comme un entendant- piirlrtut par la parole, il faut qu'elle comprenne en lisant, les parole.s de son interlocuteur , nous disons en lisant parce que, ne pouvant entendre ces paroles, elle doit les sai- sir au vol en quelque sorte sur les lèvres de la personne qxù les prononce : deux opérations semblant à première vue impossibles pour l'élève et qu'on est parvenu cependant a réaliser. Il ne faut pas oublier que si le muet ne parle pas, c'est uniquement parce qu'il est sourd ; les organes de la voix sont inertes chez lui parce qu'il n'a jamais perçu de .son, mais ils existent : ils dorment, il s'aiiit de les réveiller. Comment donc arriver à faire imitera lélève un son qu'elle n'entend pas ? comment suppléer à son ignorance forcée ? On y parvient en se serviint de deux sens, la vue et le tact : la vue pour se rendre compte du mouvement des lèvres de la mai tresse, de la position de la langue, de h manière dont chaque son est articulé ; le tact pour percevoir par l'insuflation sur la main, par le toucher à la gorge, sur la poitrine et ur les différentes paities se font sentir les résonnances, l'intensité de l'effort à faire afin d'émettre un son corres- pondant à telle ou telle syllabe.

C'est, comme on le voit, par une véritable gymnaptique vocale qu'il faut commencer l'instruction d'une sourde-

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àeureose- œuvres ables. Il its poar- r à facili- lent leur

?llement t d'abord il faut la tendant- n lisant,

n lisant t les sai- Dersonne première pendant ne parle [çanes de )erçu de éveiller. L qu'elle cée ? On ; : la vue

la mai ; chaque uflation le et ar inances, i corres-

iaf>tique sourde-

parlauto. Los débuts sont asHcz pénibles, »'t surtout atwfîZ It'Tits, à raison di's dilfi(Milté,s de compréhenson pour l'in- tt'llifi^tMic»' des sourdcs-in nettes, des idées abstraites, mais tirAce à la patience des serins enseignantes, patience au- dessus de tout élotj'e, ^Yk<^v aux efiorts des élèves si avides d'avoir v\\ moyen de communiquer avec It; mond<' ({ui U^ur semblait l'ermé à tout jamais, on arriv" à ces résultats sur- prenants dont le visiteur d( Notre-Dan' du Bon Conseil peut constater l'exactitiule.

Assurément la voix du sourd-muet n'est ni sou|>le, ni auréable à l'or«'ille. Mais avec quehpn^ in'atiijue ('lie vni distincte et parfaitement compréhensible. D'autre part il est nécessaire pour ([ue h' sourd-maet lise bien les paroles (pi'on lui adresse, que ces paroles soient énoncées très dis- tinct»'ment et avec une c«'rtaine lenteur.

Ces données générales permettent de saisir le mode d'en- irneraent de la méthode orale. Les premières classes sont consacrées i\ apprendre aux élèves à régler leur respira- tion, à développer les poumons et à articuler les premières lettres, l'onr cela quelques exercices de gymnastique sont employés avec succès. On suit une sorte de traitement mé- dical ; rien de plus naturel, puisqu'il s'agit d'une infirmité à guérir. Ceci explique la nécessité d'avoir un nombreux personnel enseignant, car la maîtresse ne peut exercer en même temps cpi'une ou deux élèves, trois au plus. Il faut en effet (pi'elle prennes chacune d'elles séparément pour lui faire comprendre la position à donner à la langue afin d'émettre telle ou telle lettre. Pendant cet exercice les autres élèves apprennent à lire sur les lèvres de la mai- tresse. En outre, les leçons vocales sont limitées comme temps, dans la crainte de fatiguer l'élève, ou d'épuiser les forces du professeur qui a besoin d'une attention très sou- tenue Y>our ne pas laisser prondre une mauvaise habitude et corriger immédiatement la prononciation défectueuse.

L'écriture vient ensuite fociliter l'instruction proprement dite, en aidant la mémoire.

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Quand Télèvo «ait qu<'l(i\u'N mot. lui ouM'isra»' do» phrafii'B courl»*.s, puis ou augim'iit»* p»'u à p<'U iVt«Mjdu«' d«* Kt'B coiinaissaiiocK.

Nous ne pouvons donner i;ne ineilleure idt'-o des iwanta- ges do la méthode orale qu'en raconti,nt hi Néiince à latiuel- le nous avons assisté récemment à riustitution des sourdes- muettes, lors de la visite de Mgr Fabre. archevêque de cette ville, à cette maison. Dans la grande salle de récep- tion, décorée avec goût, se tenait tout le personnel de l'ins- titution, élèves et pensionnaires vêtues de noir, uniforme simple mais très pro^ire des jours de cérémonie.

Les sourdes-parlantes placées au premier rang présentèrent une adresse à Monseigneur sous la forme ingénieuse d'un dialogue entre une élève remplissant le rôle de maîtresse, (dont elle s'acquittait très bien et avec beaucoup de naturel) et douze de ses compagnes représentant la classe.

Le professeur demanda à chacune d'exprimer leurs senti- ments de reconnaissance pour l'intérêt que témoigne Mgr Fabre à l'institution, et les motifs de cette reconnaissance. Ce dialogue avait l'avantage de montrer que la méthode orale est d'une application générale, car toutes les élèves ligurant dans cet exercice se sont, à des degrés divers, très bien fait entendre comprendre. En outre, ce dialogu» prouve que ces élèves possèdent une bonne mémoire, et ne sont point arrêtées en public par une timidité qu'excuserait leur infirmité.

Après les sourdes-parlantes, les sourdes-muettes ont mimé leurs souhaits de bienvenue à Monseigneur, souhaits qu'une sœur de l'institution traduisait en même temps à haute Toix. Ceci indique de suite lu supériorité de la méthode orale. Ajoutons que les élèves de l'autre méthode ont une vivacité dans le geste, une expression dans le regard qui Boni très saisissantes, mais ne. peuvent se comparer à la pa- roi^, qaelqa'iDtelligents, quelque frappantH que soient leurs signes.

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«

17

Qnand on songe aux bienfaits que retirent ces éhve» de leur enseignement, aux avantages reliiiieux, moraux, intellec- * tuels qu'elles doivent à l'institution, dont iii plupart, eomme

nous le verrons, i»ont les pensionnaires iioui' ainsi dire gra- tuites, on «'omprend la profonde reioniuiissante de ees élèves ]iour leurs maîtresses si dévouée». La sourde-miu'tte qui, dans les familles pauvres, a trop souvent été l'objet ineons- cient mais réel d'absence de sympathie, se sent de suite en- veloppée dans une chaude atmosphère d'intérêt. d'all'ectueust; sollicitude qui lui fait comprendre la grandeur de cette ver- tu, la charité.

Comment n'éprouverait-elle pas ces 8«'ntiments pour tous les soins dont on l'entoure constamment i

Elle trouve là, en effet, au point de vue matériel, de larges dortoirs bien chauffés et bien ventilés, hauts d'étage l'air circule largement.

Les lits y sont espacés d'une manière convenable : de vas- tes armoiras ménagées dans les murs permettent d'avoir sous la main les vêtements de chaque élève. Tout est tenu av8c le plus grand ordre. On exige l'observation stricte des soins de la toilette pour lesquels divers systèmes de lavabo et de bains sont installés.

Ohaque dortoir est desservi par deux escaliers, ce qui est précieux au cas, toujours à prévoir, d'incendie.

Les réfectoires sont placés dans le corps de bâtiment don- nant sur la rue St-Denis, non loin des cuisines, afin de faci- liter le service, car ce n'est pas une sinécure que le poste de l'économe chargée de fournir à près de :U30 bouches l'alimentation quotidienne. Tout est d'une propreté parfaite et les provisions sont rangées avec un ordre et des précautions dont nombre de maîtresses de maison pour- raient faire leur profit.

Les élèves font trois repas par jour : déjeûner à t heures du matin, dîner à midi, souper à H heures : à chacun de ces i|| repas, sauf quelquefois au souper, il y a un plat de viande. Du reste, elles ont le même ordinaire que les sœurs.

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II

(pliant on voit tout i«; qu'wxij^o l'ontretien d'un toi per- Moiiiiul, on ne rtMul compte diss préoccupations qui uHsiégent 1«'8 Kup«''ri('ur»'s, et la question de la fondatrice de la maison, 8U'Ur Mûrie de HonsecourN, revient très explicable à lu pen- sée : Avons-nouH de quoi nourrir nos enfants aujourd'hui ?

L'établissement a naturellement son inlirmerio avec trois ou quatre chambres bien claires, uiu^ salle de convalescentes ; car rinlirnieriti est indispensable dans tous les établisse- ments de ce yenre. Ici elle est encore plus nécessaire ; les enfants sourds-muets sont en effet, à raison même de leur infirmité, faibles et de santé délicate. Cependant le régime auquel les élèves de Notre-Dame du Bon Conseil sont sou- mises est si bon, le milieu si réconfortant, que l'infirmerie a, grâce à Dieu, peu de pensionnaires. Deux galeries ménageas «u Nord et au Midi permettent aux convalescentes de pren- dre 1 iiir dans la saison d'hiver sans être obligées de descendre aux cours et jardins.

Une attention très soutenue est apportée dans la maison à l'hygiène. Aussi, les exercices gymnastiques ayant pour but de développer les forces physiques sont-ils prescrits et observés avec soin. On obtient ainsi de bons résultats.

Enfin, les élèves trou\ent encore en dehors de ces avanta- ges matériels, et outre l'enseignement dont nous avons précédemment parlé, nn enseignement professionnel qui leur permettra, une fois sorties de l'institution, d'être utiles dans leurs familles, voire même pour quelques-unes de se créer une position rémunératrice.

Dans une des grandes salles du bâtiment neuf élevé sur la rue St-Denis, on a installé divers métiers, des machines à coudre, dont on enseigne aux élèves le maniement ; on leur apprend aussi tout ce qui concerne la confection des vête- ments, des tapis, enfin tous les ouvrages de femme. Nous avons déjà dit que chez celles auxquelles on reconnaissait des aptitudes pour le dessin, on s'attachait à développer ces heureuses dispositions ; quelques unes font de la pein- ture, des fleurs, et divers travaux de modelage qui ne man- quent ni de goût, ni d'élégance.

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Comme on le voit, ces miilhoureu.ses iiifirines trouvent (lanH cette miiisoii tout ce qui peut ullC-ger leur triste sittiu' tion. Klles y rencontrent surtout l»'s consolanles vrritrs tle la reli«çion qui leur apprennent la r»''.si<^nali(jn à la volontt* de Dieu et resp«''ran(u^ d'un niondt' meilleur. \'oilà eertai- uement le bienfait le plu.s inestimable ([ui puisse leur «"'Ire donné. Sous ce rapport rien ne manque^ <'ar c'est l'idée première de l'institution, celle qui inspirait l'abbé de TEpée aussi bien que sd'ur Marie de IJonsecours et ses collabora- trices.

Il nous reste encore à parler de deux œuvres indé- pendantes de l'institution des SourdesMui'ttes et <jui y ont trouvé une place toute indi([uée ; l'asile des Sourdes-Mu'ttes, ♦'t le noviciat pour les sd'urs sourdes-m\iettes.

L'asile l'st née dj'in; piîusée charitable qui s'imposait lUi (juelquc! sorte à la fondatrice de l'institution.

liln (illet, i)armi Ic.s élèvi^s amené(^s à connaitri; ce ([u'on ])Ouvait l«^ur enseigner, il y avait des or[)helines ([ui, sans famille, ou avec une famille trop pauvre i)0ur leur venir en aid(%se trouvaient en face d'un i)roblème difficile à résoudrez : la possibilité do gagn(^r Icnir vie. D'autres désireuses d»- ne ])as quitter la maison à huiuelbî tant de liens les atta(îhai<'nt, tro)) faibl(;s, trop hésitantes i)our affronter les dangers de rexist(mc(\ demandaient instamment d'être conservées dans l'Institution. C'est ainsi (]ue s'est formé l'Asile, comprenant aujourd'hui 108 pensionnairt^s, lourde charge pour la com- munauté d(îs sœurs de la Providence, qui cependant l'ac- cepte avec joie pour répondre aux vues de sa fondatrice.

Ces pensionnaires sont installées dajis le bâtiment «[ui borde la rue St-Denis et coraplètemtMit séparées des élèves. Elles ont leur dortoir, leur réfectoire, leur salle di^ récréa- tion à part. Elles fournissent à la maison utie partie du inn'sonnel pour le service intérieur. On l(!s oi;cupe à la cou-

Su- ture, au tissage : deux «grandes salles leur servent d'ateliers. Leur faibl'^sse physique limite singulièrement les travaux qu'elles pnivi'ut «effectuer. Elles procurent cei^endant quel- f[ues resiourcv's à l'établissement par la confection de cer- tains articltîs d»; lingerie ; naturellement ce qui est nécessaire à riustitution, vêtements, tapis, lingerie est exécuté en partie par elles.

Dans l'Institution encore se trouve le noviciat des «œurs feourdes-muetti's. Ce noviciat est de date récente puisqu'il ne remonte qu'à 1887. Jusque il n'y avait eu que quel- ques sourdes-muettes, admises à prononcer leurs vœux et aj>partenant à la communauté des sœurs de la Providence. La première fut nielle Hanley qui malgré son jeune âge (18 ans) eut exceptionnellement la consolation de se consa- crer à Dieu à l'article de la mort. Mais plus tard on recon- nut la nécessité, à raison même de la délicatesse des sourdes- muettes qui se sentaient appelées à la vocation religieuse, d'établir pour elles un règlement spécial ; et les sœurs de Notre-Dame des Sept Douleurs furent créées. Ce vocable est bien choisi. Le noviciat compte aujourd'hui vinq sœurs sourdes-muettes professes et trois novices. Celles-ci occui)ent dtns le bâtiment donnant sur la rue vSr-Denis quel(|ues appartements qui leur sont exclusive- ment réservés. Elles r<'mplissent divers offices dans la mai- jfon, et sont un exemple pour les élèves auxquelles elles montrent la vérité de cette parole de l'Evangile : Heureux ceux qui i^otilfrent, for i/s seront consolés.

Nos lecteiu's connaissent maintenant l'Institution des Sourdes- Muettes et jx'uvent en apprécier à la fois l'impor- tance et l'utilité. Comment se soutient-elle, et comment fait-elle ['aco. a\ix lourdes charges qu'exigea l'entretien d'un si nombreux personnel ? C'est une question qui vient natui'ellemeiit à l'esprit du visiteur.

VI

t d'ateliers. Bs travaux idant quel- ion de cer- : nécessaire exécuté en

des sœurs e puisqu'il i que quel- s vœux et Providence, jeune âge e se consa- l on racon- tes sourdes- religieuse, les sœurs réées. Ce Lujourd'hui

novices, sur la rui' exclusive- ans la mai- uelles elles

Heureux

ntion des is l'impor-

comment etion d uu

qui vient

Ty^s ressources de l'Institution consisteiit : lo dans une subvention relativement fort modeste du gouvernement provincial ;

2o Dans le prix de la pension des élèves pouvant payer, ce qui est l'exception, étant observé qu'en réalité ce que l'établissement reçoit aujourd'hui, de ce chef, représente à peine les frais d'éducation, fournitures de classes, livres, pa- pier, etc., et ceux d'habillements, tous les autres frais, nour- riture, chauffage, etc., restant à la charge de la maison.

3o Le produit du travail des pensionnaires de l'asile, tra- vail qui ne couvre pas la dixième partie des dépenses qu'exigiî leur entretien.

4o La location de quelques chambres (huit à dix) occu- pées par des personnes du monde, désireuses de vivre dans une maison tranquille, et qui paient pension.

On comprend de suite que ces diverses sources de revenus «ont bien insuffisantes pour permettre d'équilibrer le budget annuel.

Pour combler le déficit, c'est à la charité qu'on fait appel. Ajoutons que jusqu'ici, grâce à Dieu, grâce à la générosité 4e8 âmes pieuses et à l'ingénieuse industrie des supérieures, on est parvenu à tout mener à bien, tant pour les élèves que pour les pensionnaires de l'Asile.

La tâche est lourde cependant pour les sœurs. Non seu- lement il leur faut pourvoir à l'instruction des élèves, former des maîtresses pour les enseigner, (et les fonctions d'éduca- trices demandent dans ce cas des études spéciales, des con- naissances anatomiques, une attention soutenue, un dévoue- ment et une patience de tous les instants,) non seulement il faut songer à subvenir aux besoins de ces maîtresses, et même aussi des élèves, la plupart trop pauvres pour payer u le p«'nsion fort minime, mais il faut encore aller solliciter la charité publique, tendre en un mot la main pour assurer le pain do chaque jour.

Incertitude bien pénible : car tout est soumis à l'alea, au succès dos quêtes, à la libéralité d'un public sollicité de bien

oo

des côtés à la ibis ! C'est un des grands soui is des direc- trices d'établissement semblable à celui dont nous nous occupons.

On nous parmettra, à ce propos, une courte dijçres- sion qui n'est pas sans actualité.

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Nous entendons souvent répéter autour de nous : " ces sœurs sont toujours à quêter, et cependant elles sont ridirs. car leurs communautés possèdent d'important(\s propriétés. "'

Oui, les sœurs quêtent souvent, mais elles ne(|Ut'tent. pas pour elles ; elles quêtent pour des malheureux envers lesquels la société, ne l'oublions pas, a un devoir d'hu- manité à remplir ; elles (|uêtent pour sauver de la hunt»-, du désespoir des infortunés que leurs infirmités condamne- raient, sans leur dévouement, à une \'ie misérable, (^uand à leurs richesses, elles n'en ont pas d'autres (|ue leurs vertus et leur sacrifice. Ces établissements qui font l'ornement de nos grandes villes et de nos cités plus modestes, s'ils sont vastes, bien aérés, bien chauflés. est-ce pour la satisfaction personnelle des steurs ? Non asstn'ément, car l'entretien en est d'autant plus dispendieux et plus pénible, et la partie que se réservent les membres de la communauté est tou- jours la plus modeste ; il sutFit de comparer à Notre-Dame du Bon Conseil les dortoirs des élèves et ceux des s(eurs.

Quand à la valeur même de ces propriétés, elle résulte en réalité de l'ani^mentation progressive des terrains duc: à l'agrandissement des villes ; c'est le cas particuliiT de l'Institution des sourdes-miuHtes, établie à son début il y a moins de 80 ans dans une " baissière impraticable '' comme nous l'avons déjà dit. D'ailleurs ces immeubles ne produisent ]^as de revenus, à moins do circonstances excep- tionnelles, (>xi)roi)riations ou cessions de terrain.

Il ne faut jamais oubli(>r ([uand on traite ce sujet (|ue ces

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communautés ont él«'vé ici la plupart dos établissements de Charité, écoles, asiles, hospices i)our les malades, les in- firmes, sans secours de l'Etat ou de la Province, qu'elles ne reçoivent pour leur entretien, leurs services (j[ue des subven- tions absolument insuffisantes ; quelles se chargent de re- cruter les ressources nécessaires en sollicitant les âmes charitables, et exonèrent ainsi le trésor public de lourdes dépenses qui se traduiraient par des impôts ou des contribu- tions forcées.

C'est un point de vue tro]) souvent négligé. Il semble quand on parle des sœurs, qu'elles soient tenues à tous les sacrifices quand vraiment, elles ne rendent que des ser- vi.^.es volontaires ! Dieu seul sait quels services ! trou- ver, en effet, de la part de mercenaires ce dévouement. cette tendresse pour le malade, Tinlirmis que la religion inspire aux sœurs Grises de Nazareth envers leurs i)auvres aveu- gles, aux sœurs de la Providence t'uvers leurs sourdes- muettes et leurs incurables, aux petites s(ours des Pauvres, envers leurs vieillards impotents ? On fait en France à cet égard la douloureus<» expérience de la charité administrative. Or tous les intéressés s'en plaignent : les malades d'abord, négligemment traités ; les contribuabh's ensuite qui, de ce chef, voient augmenter leur bill d'impôts.

Mais il est temps de revenir au svijet qui nous occupe plus directement pour conclure qu'à Notre-Dame du Bon Conseil, sans la charité, c'est-à-dire sans les (piètes de» sœurs il y a longtemps que l'établissement aurait fermé ses portes, ou pour mieux dire n'aurait jamais pu les ouvrir.

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Depuis la fondation de cette Institution dans la modeste école de la Longue- l'ointe, on y a instruit ♦JOO élèves, c'est- à-dire rendu à la vie, à la société ♦!00 intelligences f-rmées. L'enseignement étant en règle générale de 8 ans, ce chiffre

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donnft une raoyonut^ de l.'{0 élèves par année, et wne. entrée <1« !♦» à 18 sourdes-muettes annuellement.

En comparaison du nombre total des sourds-muet» dam la province de Québec que les statistiques portaient à 2,300 <'n 1H81 et qui, aujourd'hai, atteiîjinent 3,000, le chiffre des élèvefs reçues à l'établissement, ne paraît pas con- sidérable. Mais ceci ne dépend pas de l'Institution qui, achevée, pourrait en recevoir davantage. Il serait même à désirer que ce nombre augmentât, ce qui permet- trait, sans plus de fatigue pour les maitresses, d'aroir des classes plus remplies, et par conséquent plus d'émulation» et d'entrain. Certains cours, comme nous l'avons vu, n'ont que i\ ou 4 élèves quand ils pourraient en compter le double sanis inconvénient, le personnel enseignant n'ayant pas be- soin d'être accru.

Ija seule limite apportée à la réception des élèves est la nécessité d'avoir des ressources correspondantes au nombre de CCS élèves. Il y a encore malheureusement, beaucoup de sourdes-muettes dans la province, qui restent privées de tout enseignement et de toutes connaissances religieuses, uui(juemeut parce que les ressources font défaut pour les recevoir à Notre-Dame du Bon Conseil. C'est un sujet de graiide tristesse pour les sœurs de la Providence, nous le savons. Elles ne demandent qu'à donner les bienfaits de l'instruction : i)Oiir cela, il n'y a qu'à leur en fournir les moyens.

Or il nous semble utile de noter ici ce qui se pratique dans 1,'s pays voisins : dans l'Etat de New- York, l'Institut »St-.loseph pour les sourds-muets catholiques dont les pa* rents ne sont pas eu position de payer les frais d'éducation' reçoit une pension fixe pour chaque élève ; cette pension est de $300. Le gouvernement d'Ontario qui a construit l'éta- blissement de lîelleville, se charge des frais d'éducation des jsourds-muets. En ISHÎi-'.iQ la dépense ainiuelh' pour chaque «''lève est portée dans les documents oliiciels à $165. A Hali- fax, chaque élève sourd-muet coûtait en 1888 $100 pour la

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p€DBton, qu'une loi r^cento a mise à la charge de l'Etat i)onr les enfant» pauvrte.

Ce ne sont pas les «crurs de Notre-Dame du Bon CouMil <|ui reçoivent semblable allocation, ellas qui inscrivent aur leur programme la pension à $125, et qui twuchent à peine le dixième de cette somme.

Ijorsque les élèves quittent la maison soit pour rentrer dans leurs familles, soit pour gagner lear vie au moyen de l'enseignement professionnel qu'elles y ont reçu, elles ne Hont point oubliées par leurs maîtresses. Chaque année elles sont invitées à une retraite qui leur donne roccacion de «e retrouver avec leurs compagnes d^études. Chaque an- née, elles reçoivent de la supérieure, au nom de la comma- nauté, de bons conseils et un souvenir parti du cœur de ces «excellentes sdmrs et de leurs directeurs apiritutls, les au- môniers de l'Institution.

A cet égard la tradition suivie par les sœurs appelées à diriger cet établissement a grandement contribué à maintenir les liens entre les anciennes élèves et leurs édu- catrices. Notre-Dame du Bon Conseil a eu la bonne fortune de posséder dans les trois supérieures qui ont succédé à t^œur Marie de Bon Secours et qui toutes appartenaient à la même famille Gradbois, et dans Sœur Marie de la Merci, des flammes de dévouement qui ont dignement continué r<i;uvr«' commencée. Made, sœur Charles de la Providence (jui <'st actuellement en charge a hérité des qualités maî- tresses de ses devanoières et l'Institution ne peut que prospér«'v entre s«'s mains.

**.

Poiir terminer cette étude, il nous reste à parler de la ehapelle de l'Institution. Elle occupe une des ailes an- nexées au bâtiment donnant sur la rue St-Denis. Elle est simple, avec ce luxe dn propreté qui distingue les chapelles des communautés, mais elle est insuffisante r raison du

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personnel de l'établissement. Aussi, dans le nouveau plan, elle doit-»*'ire placée dans la partie du bAtiment qui réunira les deux blanches de l'II majuscule que formera l'ensem- ble des constructions projetées.

Il ne faut pas oublier (jue pour le personnel de ces éta- blis.- nients, maîtresses, élevés et pensionnaires, la chapelier représente le lieu de reoos et de consolation.

La direction relig'ieuse est eonliée à M. l'abbé Tré- panier, chapelain, et à M l'abbé lîeid, sous-chapelain, ani- més tous [^s deux du zèle le plus complet pour leur intéres- sant troupeau. C^ux-ci desservent encore les sourdes- muettes de la villô et leur font chaque dimanche des ins- tructions à l'asile de la Providence, rue Ste-Catherine.

M. l'abbé Trépan ier, c[ui vient d'être récemment nommé chanoine honoraire de la cathédrale de cette ville, mérite une mention spéciale. Il est dans l'Institution depuis 21 ans. Intelligence supérieure, que fait encore ressortir sa grande modestie, ])rêtre selon le cœur de Dieu, il s'est dé- voué à l'œuvre des sourdes-muettes, et pour en parler comme il convient nous ne pouvons mieux l'aire (jue de re- produire ici ce ([ue disait la Semaine lîeliiiiense en ISlx).

" L'aumônier, M. l'abbé Trépanier est connu dans toute la province et dans les centres canadiens des l']tats-Unis- C'est le père des sourdes-muettes, et il serait diflicilede dire l'attachement et la reconnaissance que celles-ci lui gardent. Cette univre lui est clière entre toutes, il faut l'entendre en exposer la grandeur et les charmes : alor.^ ses yeux se rem- plissent de larmes cpii trahissent lémoiion de son c(t!ur.

'■ Malgré une santé toujours chancelante il a l'ait dans l'intérêt de son hospice, plusieurs voyages en lïlurope et aux Etats-Unis, et s'est t(Miu au courant des améliorations appor- tées à l'enseignemenl des sourd-inuets. ainsi (jue des mé- thodes nouvelles ; il a lu et consulté sur ce sujet bien des maîtres. Ces pauvres alUigées, voilà dix-neuf ans (en 1890) qu'il est au milieu d'elles ; c'est la place <pi'il lui faut ; ailleurs je me demande s'il pourrait vivre.

*' formati âmes 1

Pour

^' Rôpandre le Imnheur suiiour de lui, assister à la trans- formation mervi'ilkniso que la religion opère en de jeunes âmes le soutiennent. "

Pour qui connaît l'aumônier deNotre-Dame du BonConseil^ ceH lignes sont l'expression exacte de la vérité. Pour nous,qui avons eu l'avantage de le voir dans l(;s classes il passe chaque jour quelques heures, surveillant les progrès de ses <?hères enfants, appelant l'attention de l'élève sur tel ou tel point défectueux, inspirant aux maîtresses tel ou tel moyen pour ouvrir une intelligence rebelle, ne c*'ssant en un mot de penser à ses sourdes-muettes, pour adoucir leur infortune, faciliter leur travaux, nous croyons pouvoir dire qu'il est le véritable directeur des études et qu'il n'y a pas un progrès réalisé dans l'enseignement de l'Institution, notamment pour la méthode orale, auquel M. l'abbé Trépaniern'ait pris part. Très versé sur tout ce qui touche aux sourds muets, en rela- tion avec les sommités étrangères dans cet enseignement, comme l'abbé Tarra de Milan, M. Claveau, inspecteur hono- raire des établissements de bienfaisance de Paris, qui l'ont en très haute estime, l'aumônier de Notre-Dame du Bon Conseil, est assurément un des hommes les plus compétent» et les plus pratiques en ce qui concerne l'instruction des malheureux privés de l'ouïe et de la parole.

On comprend combien un tel aumônier doit-être vénéré -des élèves de l'institution. Nous avons été assez indiscret pour lire dans le cahier de l'une d'elles les lignes suivantes auxquelles nous nous garderions bien de changer un mot :

" Il fait tout son possible pour nous rendre heureuses. Quand quelques sourdes-muettes quittent l'institution, il continue son dévouement pour elles ; quand l'une d'elles ne ^e conduit pas bien dans le monde, il n'est pas heureux; <iuand je serai dans le monde, je serai toujours bonne pour plaire à ce bon père.

" Il vient souvent nous voir à la classe parce qu'il s'inté- resse à nous : nous l'aimons plus que tous nos autres biea- faiteurs.

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" Je voudrais avoir pour lui toute la gratitude qu'il mérite. "

Le secret do cetto r«M'oniiais.saiUM>, ou le trouve dans o*tte réflexiou lue .sur le rnrme cahier :

" Je n'ai pas peur d;- parler avec lui. i>arce ((u'il est doux, "

Tel est l'aumouier des sourdes-niuette.s.

Nous avons commencé ce travail par le portrait de .sdnir Marie de Bonsecours, nous le terminons par celui de l'abbé Trépanier. Si l'une a fondé Icruvre des sourdes-muettes, l'autre l'a développée ci donnant aux études une direction qui en fait une maison modèle et en contribuant dans une lar^ mesure à ses progrès matériels.

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^ PROSPECTUS <►

V

Cet EtiiLliîjseiiieiit est diri^'ô par les Sœurs do la Providence. Situô ù rcxtrémitô nord est du :\ruut-Koyal, il jouit d'un des plus l..'aux points de vue de la Cité, du fleuve et dos locidités environuiintert, et otiro la salubrité de la canipii<,'n0 en même temps que les avautagivs du la ville.

Le but que se i)roposent les Directrices est de rendre leurs lAhvas CHDables de remplir leurs devoirs religeiux et sociaux.

J' :■ l'enseignement de la parole, de la lecture sur les lèvres «!. du, langage écrit, elles les mettent en état de communiquer avec la société.

Elles leurs donnent les diverses connaissances indispensables à la formation de l'esprit et du cœur.

Elles les préparent à se rendre utils à elles-mêmes et à leurs famille.'» en les formant à la tenue d'une maison, aux ouvrages manuels qui cou- ^ viennent le mieux à leur condition, et en leur inculquant des habitu- des de travail, de bonne tenue, d'ordre et de propreté.

I^a plus grande attention est donné au développement des forces» physiques et aux soins spéciaux que requiert souvent chez la Sourde - Muette une constitution défectueuse.

Le régime est maternel, at rien n'est négligé pour remplacer la ten- dre sollicitude des parents.

Les élèves, qui en sont jugées capables, suivent la méthode orale qui consiste à les faire parler, à les mettre en état de comprendre ceux qui leur parlent et à les instruire de vive voix.

Le Français et l'Anglais eft enseigné indistinctement au choix des parents.

I-A rentrée a lieu le premier mardi de Septembre.

Toutes dolTent arrirer a cette date.

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•«< EXTRAIT DE LR "SEMAINE RELIGIEUSE" DE MONTREAU^

ARTIOirnA I.Ai'EKI.K, Iin|irlineiii'H, 1»1 «t ll>:t. Kun Ht-IIrlNilii.

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