IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-S) /. Z i/.. v^ W 1.0 l.l 11.25 Lâ|Z8 |2.5 ■^ lÂi 12.2 us |40 I 2.0 U i^m Vi Photographie Sciences Corporation 23 WEST MAIN STREET WEBSTER, N. Y. 14580 (716)872-4503 S? ■^^ -^^ ^\ [v 0^ '^J#^ ^ % CIHM/ICMH Microfiche Séries. CIHIVI/ICMH Collection de microfiches. i t Canadian Institute for Historical Microreproductions / institut canadien de microreproductions historiques Tachnical and Bibliograohic Notas/Notas tachniquat at bibliographiquaa Tha Instituta haa anamptad to obtain tha bast original copy availabla for filming. 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TOME SECOND. II A PARIS, Chbz ROSA, Libraire, grande cour du Palais-Royal: A LONDRES, chez Tuvttbl et WUrts; Et à BRUXELLES , chez Lkchasum , Libraire. i8i8. • ■' V fT^- f^. ^^ I. ,■ Ml ' > 1 f> •} k ^ ■•l* •ï ^lî' wi n ty r.f rj 7 ^-.. rii: '\r "%■ • Il '.'r' ftS.. \ \ L'EUROPE BT r:T L'AMÉRIQUE COMPARÉES. 'ih * If #l^\#rou^eàtre ; sa queue longue et pointue est cou- 'é'erté d^écailles ; il a dé longues griffes > au moyen des- quelles il s^nfouit oahà ïa terré avec la plus grande fdciliré : il dort le jour -, et va la tiùit chercber les insec- tes, les oiseaux, les fruits et les racines dont il se tiodrrii^. Sa chafr'a ùn très^bbn goût. Il y a plusieurs espaces de Didalphes ou Sarigues. Cet animal f qu'à tort oa appelle Rat de hois ^ puisqu'il ne lui ressemble nullement, est de la grosseur d'un cbat d'Ëuro|^ë ) il a la tète d'un renard, les pattes d'un singe, et la queue comme Celle du cocbbn. La femelle a sous le ventre , qui est garni de poil , une pôcbe qu'elle ouvre et ferme à volonté , dans laquelle ses petits rentrent quand iïs sont poursuivis ou menacés de quelque danger. Sa cbair a le goût du cochon de lait , son poil est gri- s&tre ; il a un duvet comme le castor, ha. Sarigue, ou Oposum, se nourrit dans les bois, de faines, de châ- taignes , de noix et de glands. Sa graisse est extrême- ment blanche et fine ; on en fait une pommade excel- lente pour guérir les hémorroïdes. On trouve aussi des Akouchi , des Ecureuils , des Cayiaf le Virobocère qui parait appartenir au genre du cerf; des Rats de bois qu'accompagnent leurs petits, lorsqu'ils vont chercher leur nourriture. Au moindre bruit , ils sautent sur U dos de la mère^ s'attachent à Sit li I>K L*A.MillIQ.UB« rx S queue, avec la leur , et se font' porter ainsi jusqu'à leur retraite. Le Fespeiiiffo-lepturus ne s'est encore trouvé qu'aul: environs de Surinam. Il en est de même du Thous, ou Canisthous f plusieurs espèces de Fiverra ^ le Grison^ f^iverra Vwata , le Coase de Surinam; Itfe^ra Quasj'e, et le Chincha ,. Viverra Mépkiiis , diffétent du petit furet, ( c. A. w. ) Parmi les animaux extraordinaires de VOrénoque , on remarque une espèce de Chien y \î, méchant j, hardi, et qui ne craint aucune bête^ Dès qu il voit approcher un homme, un tigre ou un lion, il l'attend de pied ferme. Lorsque son ennemi est à une portée convenable, il lui tourne le dos, et lâche un vent si empesté qu'il es( impossible d'y résister. Il continue ensuite tranquille- ment son chemin , dans la persuasion qu'on no fera pas tenté de le suivre. Le Cusicusi est une espèce de chat qui n'a point de queue ^ et dont le poil ressemble à celui du casror. Il dort le jour , et va la nuit à la chasse des oiseaux et des serpens ; il éSt fort doux^ et lorsqu'on le porto dans les maisons, il ne quitte point sa place dç la journée ; mais dès que le soir arrive , il recommence ses courses nocturnes ; il fourre sa langue, qui est longue et mince, dans tous les trous , et s'il entre dans un lit, ou que quelqu'un dorme la bouche ouverte , il no manque pas de la visiter. Le Jaquar de la Guyane est un tigre de la taille ordinaire du tigre africain. Sa robe est mouchetée et non pas vergetée par anneaux , ou par bandes transver- sales ; il fait la guerre aux hommes et aux bestiaux ; lorsqu'il a terrassé un bœuf , il le déchire et traîne les 6 OBSSRVATlOlfS SVÂ LES ÎNIUÂVX lambeaux de sa chair dans les bois , après lui avoié ouvert \a poitrine et le ventre, pour boire tout le sang dont il se contente pour là première fois. Il couvre ensuite sa proie , et ne s'en écarte guère ; mais lorsque sa chair commence h se corrompre , il n*en mange plus. On dit qu'un tison ardent le fait fuir : on prétend aussi que le cri du coq fait fuir le lion d'Afrique. Le Cogouar , surnommé le Lion américain. H est d'une couleur brune-rougeàtre , moins grand et moins féroce , dit-on , que les lions d'Afrique. , ïàAnte y que Ton appelle la grande Bête, et qui n'a nulle ressemblance avec les quadrupèdes connus en Europe , est de la grosseur d'un mulet ; il est très- agile , et sa peau impénétrable aux flèches. Ses pieds sont courts , et terminés par quatre ongles ; il a entre les deux sourcils , un os , ou corne « avec laquelle il brise tout ce qu'il rencontre dans les forêts. Il est toujours en guerre avec le tigre. Celui-ci l'attend ordi- nairement en embuscade , pour lui sauter à là tête ou sur le dos. Si le combat se donne dans la plaine , où dans un espace libre , le tigre est victorieux ; mais si le pays est couvert d'arbres ou 'de buissons , l'an te court avec tant de fureur dans Tendroit le plus touffu , que son ennemi est déchiré dans le moment par les broussailles. Parmi les oiseaux nombreux de la Guyane , tels que Haras , ' Perroquets , Perruches , Paons et autres , qui sont communs à l'Amérique méridionale, on remar- que le Quereiva qui est de la grosseur d'une grive. Ses plumes sont d'une très-jolie couleur j li leur origine , elles sont d'un beau noir ; mais leur extrémité, c'est- è-dire , le bout seul qu'on voit , est d'un bleu-vert ; la gorge et le col sont d'un pourpre violet très-éclatant; ftB L*AU£llI Q VEé »pp les ailes sont presque noires, ainsi que la queue. (Voyex Buffon ). Entre autres insectes^ on remarque le Pofie-lan^ terne et lea Mouches à feu; voyez à ce sujet la tempé- rature de TAmérique méridionale. "Le Kankerlaquç est une espèce de Scarabée d'un noir rougeàtre. Il a un pouce , et quelquefois un pouce et demi de long ; il gâte et ronge le linge , les habits , les souliers, les chapeaux , les provisions de bouche. Quand il se retire , il laisse derrière lui une odeur désagréable , comme celle de la Punaise de bois d^urope. On s'en préserve , en mettant dans les armoires du poivre , de l'iris de Florence^ ou quelque odeur , telles que des roses eflfeuil- lées. Les grandes fourmis noires , dans leurs visites, les chassent des maisons et les tuent. là'jéraignée àe Surinam, ou Phalange, est redoutable par sa morsure j elle est hideuse : tout son corps est velu , et de la grosseur d'un oeuf. Elle habite sur les arbres, se nourrit de fourmis, ou suce le sang des petits oiseaux qu'elle attaque dans leurs nids; elle aime surtout celui du colibri ; elle fait une guerre étemelle à ce charmant oiseau. La bouche de la Phalange est armée de deux crochets forts écailleux , que les Indiens enchâssent dans de l'or, et dont ils se servent en forme de cure-dents. On prétend qu'ils se préservent , par ce moyen, de la carie et du mal de dent. Cet insecte a aussi ses ennemis ; ce sont ces grandes fourmis noires , appelées Fourmis de visite , essaims innombrables, qui dans leurs courses attaquent et tuent ces araignées, mais payent leur victoire par la mort d'un grand nombre d'entre elles ; car l'araignée se défend long^ temps avant de succomber. ■'K'* 9 OBSERVATIONS SCH LZS ARXMlVX Ces fourxnis sont de la grosseur d'une guêpe ; leur' corps est d'un brun marron; elles habitent dans la terre, à huit pieds de profondeur. Leurs fourmilières sont très-artistement arrangées ; de temps en temps , elles sortent en ordre de bataille , vont dans les habi- tations , s'y répandent en nombre infini , pénètrent par toutes les issues , s'emparent des vivres qu'on n'a pas mis à l'abri de leur voracité ; tuent les rats , les araignées et tous les autres insectes qu'elles trouvent dans les maisons , et s'en retournent ensuite dans le môme ordre. Les habitans qui , moyennant quelques précautions, trouvent leur compte à ces visites, ne s'aperçoivent pas plutôt de leur approche, qu'ils mettent leurs provisions en sûreté , et ouvrent ensuite leurs portes et leurs armoires. L'essaim parcourt tous les lieux où il peut arriver , dévore tout ce qu'il ren- contre j et on est sûr que , dès qu'il s'en retourne , la maison est purgée de tous les animaux incommodes; cependant leur séjour y est quelquefois plus long qu'on ne le voudrait. ;*! Ui' Quoiqu'il en soit , elles sont moins redoutables que les Fourmis blanches d'Afrique , qui sont de la grosseur d'un pouce. Celles-ci obligent les Nègres à déserter leurs habitations. Il ny a que les mcLiux qui puissent échap- per à leur rage ; car souvent elles éteignent , par leur nombre , les foux qu'on leur oppose ; souvent , aussi , elles se font un pont , sur les eaux qui les arrêtent , des corps de celles qui périssent. Celles qui s'établissent dans les arbres , se nomment Punaises ou Termites. Les fourmis qui se nichent dans la terre , occasionnent Wiic douleur cuisante par leur piquûre. Elles sont si vi- ent , aussi , DE L*AX£ftXQUC« § vaccs, que le vinaigre et les liqueurs foi^^s, ve font aucun effet sur elles. Les Moustiques sont une espèce de Cousins , dont la piquûre occasionne de yivesinflammations.On a coutume^ pour s'en garantir^ de brûler du tabac dans les appsirte- temens , de laver les parties du corps , qui sont le plus exposées à leur atteinte, avec du vinaigre ou du jus de citron, et de se coucher dans des lits entourés d'un rideau de gaze claire , qu'on nommc^ à cet effet, Mous^ tiquaire, < . Les Papillons de la Guyane sont renommés par leur grosseur , et la variété de leurs couleurs. On trouve dans les fleuves de ces contrées, VJlligator et la Torpille, L'Alligator a depuis quatre jusqu'à vingt pieds de long. Il appartient à la classe des lézards. Son dos dentelé, est. d'un jaune brunâtre ; les cotés sont ver- dâtres , le ventre d'un blanc sale; sa tête est grande, ses yeux sont immobiles et défendus par une excroissance de chair; son museau ressemble à celui d'un porc ; sa gueule est garnie d'une double rangée de dents ; son corps est couvert de larges écailles ; sa queue très-longue, et sa peau si épaisse et si dure, qu'elle amortit la balle du fusil. On ne peut le blesser qu à la tctc , ou sous le ventre. , ïà Alligator a un ennemi redoutable dans une espèce de grosse fourmi, qui lui entre par la gueule « et lui dévore les intestins. Les naturels du pays l'attaquent avec courage, le tuent et mangent sa chair, qui a une odeur de musc. La femelle pond jusqu'à soixante OQufs , les dépose à l'entrée de son nid ,- et laisse à la chaleur du soleil , le soin de les faire éclorc. Une partie devient ordinairement la pâture du père et de la mère. Les a I l II ■i t Mi ! r ,1 f Ib OBSEnVAf tOIVS SVK LES ahikàvx petits hurlent comme des chiens. Quand il y a plusieurs jiUigators réunis, leur hurlement ressemble au bruit du tonnerre. Lorsqu'il guette sa proie , il se tient \ l'affût derrière des roseaux ; dès qu'il croit pouvoir la surprendre , il s'élance les yeux étincélans , les naseaux enflés, ouvrant une énorme gueule armée de dents tran- chantes, et agitant sa queue redoutable , dont nn coup suffit pour renverser un homme. Ces amphibies se cons- truisent des nids qui ont un diamètre considérable , et plus de cinq pieds d'élévation. Ces nids, en forme de cône tronqué, sont faits de limon, de branches d'arbre et de gazon. La Torpille d'Amérique a quatre pieds de long ; elle est pres(|ue noire , et ressemble aux anguilles d'Europe ; on l'appelle aussi Anguille torporijique. Elle a une pro- priété fort remarquable , lors qu'on la touche avecla main, ou avec une baguette de métal , ou même avec un bâ- ton , elle cause une commotion semblable h. celle de l'électricité , suivie d'un engourdissement si violent, qu'il occasionne quelquefois des vertiges. Elle fait éprouver la même sensation aux poissons qui l'approchent, et il semble que la nature lui ait donné cette propriété pour sa défense. Cependant , si on en approche avec un ai- mant , qu'on la touche avec un mouchoir de soie , ou qu'on la prenne par la queue , on n'éprouve point cet engourdissement. Cette vertu torporifique n'existe plus dans l'animal aussitôt après sa mort. Les marins man- gent la chair de la torpille , et lui trouvent un bon goût. TeireFerme, ' On trouve dans la Terre-I'enne les mêmes animaux DE l'àu£rxqiie.' Il lémes animaux qu*2i la Guyane. Bans la province de Cumanaj les lions j sont communs, mais peif redoutables ; les tigres, au contraire , y sont si terribles , qu'il n''est pas rare ( dit Tabbé de la Forte) de les voir entrer dans les cases des sauvages , saisir un homme et remporter dans les forêts pour le dévorer. La taille de ceux que Ton tue proche du village de Maniquarez^ peu éloigné du châ- teau à-^ArarOf ne le cède, de l'aveu de M. Humboldt, que de très-peu , à celle des tigres de l'Inde. ' Les chèvres y sont d'une race très-grande et très- belle : on les marque comme les mulets. Les cerfs vont par troupeaux. Les animaux puans, si joliment rayés par bandes, sont le Chinche , le Zorille et le Conepate (viverra ma- purito , Zorilla et vittata. ) A Porto-BeUo , les tigres parcourent la nuit les rues, emportent la volaille qui s'y trouve , les chiens , et jusqu'aux enfans. Les nègres et les mulâtres sont fort industrieux à les combattre dans les bois ; ils imitent en cela les Indigènes. Ils attendent que le tigre se jette sur la lance qu'ils lui présentent, pour lui couper les pattes; l'animal blessé se retire en faisant des cris effroyables; bientôt après, il revient à la charge comme un furieux. Le nègre le frappe d'un second coup, qui le met hors d'état de se mouvoir. Le chasseur alors le tue à son aise , l'écorche , lui ôte la tête et les pattes , et revient triomphant à la ville , chargé des dépouilles de l'ennemi. , ' Parmi les animaux de ce pays, il en est d'une espèce singulière, appelé par ironie, le Léger-pierre, k cause de son extrême lenteur j il ressemble beaucoup au Paresseux. Ils sont tous deux si lents, si pesaas, qu'on mm \nii la OBSCnVATIONS IVX tes ANXMAVX u'a besoin ni de chaînes , ni de cages , pour les arrêter et les contenir ; ils ne remucpt l'un et l'autre que lors<]u'ils sont pressés par la faim, et ne marquent aucune crainte ni des hommes ni des bétes. Ce que le Léger-pierre a de particulier, et qui )e dis- tingue spécialement de Vautre, c'est qu'à chaque effort qu'il fait pour se. remuer , il pousse un cri si plaintif, si désagréable! , qu'il excite en même-temps le dégoût et la pitié. Ce cri afircux est toute sa défense. L'ennemi qui voudrait le poursuivre , ne pouvant supporter ce terrible hurlement , prend la fuite lui* même, pour éviter un bruit si effrayant. Dans toutes ses actions , le Léger-pierre ne diU'ère presque point du Paresseux. On trouve dans Vlsthmc de Darjen, une sorte de sanglier^ que les Indiens appellent Peccaris. Il est noir et a de petites jambes qui ne Tempêclient pas de courar fort vke. Ce qu'on remar(|ue de plus extraordinaire dans cet animal , c'est qu'au lieu d'avoir le nombril sur le ventre 4 il le porte (dit l'abbé De la Forte) au milieu du dos. Quand il est tué , si 1 on diffère à lui couper cette partie , sa chair se corrompt et n'est plus bonne à manger. Il y a à la Terre-Ferme une espèce de Renard qui, lorsqu'il est poursuivi par un chien ou par d'autres bêtes , mouille, en fuyant, sii quque dans son urine, et leur en jette au museau. L'odeur en est si infecte , qu\elle suffit pour les arrêter. On assure qu'elle se fait sentir d'un quart de lieue , et dure près d'une demi -heure. Les boeufs , les chevaux, les moutons , les chèvres , y abon- dent par milliers. ^: .Parmi les oiseaux dont le nombre est inci:oya)>l«, ^H ' !i et le plumage aussi riche que varie ^ il y en a un , que les Espagnols appellent Ga//mazo , parce qu'il ressemble h. une poule. Il nettoie les maisons des insectes qui s'y trouvent ; il a l'odorat si subtil, qu'il sent les bêtes mortes à trois ou quatre lieues à la ronde , et ne les abandonne qu'après en avoir dévoré entièrement toutes les chairs^ S'ils sont pressés par la faim , ils attaquent les bestiaux. Une vache , un porc , qui a la moindre blessure, ne petit éviter leurs coups dans cet endroit; ils agrandissent ta plaie avec leur bec y et ne lâchent: pas prise qu'ils ne l'atenlDendiK mortelle. .■::-Ahv.> i^T>fnr;p NoWeÛe Grenade, "'^. . if . 'VI!! ■ ■■ ■; ' Les forêts de la Nouvelle Grenade fournissent unç ||;rande quantité d'animaux qui sont à peu-près les Imémes que dans les parties de l'Amérique qui l'avoisi- -éient. On distingue cependant la PhUandrey espèce de rat '^ dont la femelle porte sur le dos ses petits qui , pour s'y fixer, entortillent leurs longuet :: queues , autour de la queue recourbée de leur mère. "LesChauvesounSf nommée's f^ampires. Elles s'attachent quelquefois aux hommes et aux animaux qu elles trou-r vent endormis, et leur sucent le sang , jusqu'à leur don- ner la mort. Les Mùlèpteds , ou Scolopendres , dont la piquûre occasionne un légère douleur et un peu de fièvre. Le Càimany c'est une espèce de crocodile qui est moins gros et moins fort que celui d'Afrique. Il vil ordinairement dans l'eau : c'est de \k qu'il épie sa proie. Si la femelle n'a pas de petits , elle n'attaque point rhomrae qui se baigne proche de son trouj mais dans I

rps noir avec deé taches blancbes. Il fait un 'bruit ooJti'sidâtdaile en volant. La hauteur absolue que le Condor hMtut^x est de triQèit*e se soiMâent à peine à douze pouces ; souvent on ne le voit que comme un petit point noir. 'Après avèir tourné dès Iteure's entières dans des |r4égions où l'air est 'si raréfié, il s'abat tout d'tin coup jusqu'au 'bord de la mer, et parcdtàrt ainsi ,-en peu d'inyitaAs, en quelque sorte tous les climstl. I«e "Condchr attaque le bœuf, le chameau , enlève les c'iEfevres , les moutons , et ne se laisse point effrayer ni par le berger ni par le bruit des armes à feu. On le voit fondre quelquefois sur des enfans de dix à douze ans. Les Indiens n'oiit qu'un moyen de se saisir de ce redoutable enuemi ; ils font avec une argile très- visqueuse , uhe figure d'enfant qu'ils exposent en plein champ ; le vorace oiseau se précipite sur cette proie , la saisit avidement avec ses griffes, qui sont extraordiriairement longue^ ; elles s'y enfoncent si profondément qu'il ne peut les dé^u^er de ~8uite , ni enlever cette masse qui renferme des objets "pesans. Les Indiens profitent de ce moment pour le tuer à coups de flèches ou de fusil , car il en coûterait la vie à celui qui chercherait à l'assommer à coups de bâton , -I, -iï JX (ifran, mêlé anc Cl d'ati ne mêlé de ; dé naance» igrémcns. vrgryphus), sa taille est jusqu'à vingt ir , une crête le». Il fait un bsolùe que le te-nënftoiftes, onxe pouce»; it pmAt noit. ss des itéigions c«cï tiennent du guanaco et (lu mouton d'Europe , «qu'ils sùrpassient du double ei^ gr«sseur; lepr oliair est aussi bonne que celle du mouton ; )eur laine est excel^ lente: il y en a de bl%ncj;^,df gris, de noirs et de cendrés. Xe Quèi^ul Jtsi de la forme «t^kla taille du ÇhUibuè- ^UBy à l'exxseption de la queoe qui ressembla à celle du cerf; il est pAus sauvage qvie -le Cuanacoj et n'est pas inpins estimé. Malgré la guerre tenibde que l'on £iit h la Cigogne, die y multiplie d'une qianière étonikante. Le Chili' contient des f^ùuffettes , espèces; de rats inconnues aux systèmes dlhistoire naturelle de llinrope , et décrites par Az^ra; savoir: le Ca«/or du Chfili, la Louirç, le Mulet bleu, le Rat laineux, dont les 'Péruviens employaient les poils soyeux et fiips comme la toile d'araignée ^ l'Écureuil , (le sciurus degus:) La yUoaqueest de la grosseur -et presque de la figure du lapin % sa qneue ressemble à celle du renard , elle est garnie de soies duces , qui ont Pair d'épines j son corps est gris-coadré et recherché. Le Chine heejit de la grosseur d'un lapin , sa figure ressemble k eelle d'un petit ohien. Il porte près de Vanus une liqueur extrêmement puante , qu'il lance contre {ses ennemis. Mm /''ifi 90 OBSCitViflOHS 8UB LIS kVlHkVX là Arda-est une espèce de mulot de la grosseur d'un chat. Cet animal est couvert d'une laine cendrée, épaisse et délicate. - On voit plusieurs espèces de singes, de^ chiens muets nommés Runalco , dont les habitans de Sausa et de Huenca recherchaient la chair; des milliers de Chevaux, (die Bœufs y de Féaux marins, de Lions de mer. Tout |le monde connaît la réputation des chevaux du Chili, et celle des perles de ce pays. Quant aux insectes , aux papillons, etc. , voyez Buffon. Patagonie, / Outre cette multitude: de Chevaux, àeSaojfs et autres animaux qu'on trouve dans la Patagonie , on yremar-* que VAbeille-^bourdonfleGuanacOjanimtA semblable au chevreuil pour la figure , la couleur et la taille , excepté qu'il a de plus une tumeur sur le dos. Jj Autruche améficaine a. six pieds de haut , huit d'en- yergure; ses plumes sont partie bleu-éclair, et partie brun -foncé. Elle n'en a de blanches que sdr le dos; ses ailés sont composées de bouquets* de plumes étroites et courtes, sous lesquelles il y en a de plus 'longues qui se courbent vers la partie de derrière, et lui forment une espèce de queue. Comme ses ailes soîit ' très-petites > elles ne lui servent point à voler , mais à donner à sa course une très-grande rapidité. "U Autruche se nourrit d'herbes et de fruits ; ses oeufs sont particulièrement bons à manger, ils sont de la grosseur de la tête d'u^ enfant d'un an : les Indiens sont friands de sa chair; son cuir €st si épais , qu'on peut en faire des cuirasses et des bou- cliers. Les Cygnes de ce pays sont beaucoup plus gros qu« ceux d'Europe , et y abondent ain/si que les Canards, les Cércelles , les Hérons rouges , les Perdrix , les Bécassines , les Faucons , les Milans , les Hibous et les Pinguins. Cet oiseau ressemble à un canard ; il n'a pour ailes que des membranes sans plume», qui lui servent iK)^ à yoler,' mais à nager ; aussi se tient-U d'ordinairei sur l'eau. Il y. a une autre espèce de Pinguin quitta de grande» ailes, au moyen desquelles il s'élèye dans les airs. Parmi les quadrupèdes , on y trouve des Daims sau- vages, dont la cbair et la laine sont excellentes; deft Renards , des Lièvres, d'une grosseur prodigieuse^ pesant vingt livres. M. de Buffon confond le Techichi avec le Coupara de la Guyane. Ce dernier est identique avec l'l/r5ll«-ca/lcr^- vorus ou Vjigua-gaza, mangeur de moules de la côte desFatagons; Linnée au contraiie, confond le Chien- muet avec Vltzcuinte-potzoli , espèce de chien- encore assez imparfaitement décrite, et qui se distingue par une queue courte, une tète très-petite, çt une gross» bosse sur le dos. ( Azarra quadrup. du Paraguay, tome i, page3i5.) Dans cette partie renommée pour les perles, les nacres d'Huitres et les Bui'gans,les baleines sont plus grosses et plus nombreuses que dans la Mer septentrionale. On n'y éprouve pas l'obstacle du froid qui chasse les pèeheui s du Nord , et les oblige à. construire des fourneaux sur les navires; car à Magellan , l'expérience a prouvé qu'on peut y passer l'hiver, se bâtir des habitations supporta- bles. Enfin, si la pèche de la baleine donne trop de peine , on peut la remplacer par celle du veau marin ,, par celle du lion de mer, moins difficile , moins coù-<* teuse, et qui fournit, aus^i beaucoup d'huile. mmmn mm aa OBSZHYAVIOirS IVH LBf kKlUkVX Paraguay» Les forêts du Paraguay font pea]^lééS de Cetfkj de Chevreuils y àe Renards, de Tùmûrtoirs, de Chùts-sauvages ^ d'Élans, à^'FourntilliersAe deul espèces^ de MûUffètteSy de Chevaux , de Baitfk , eto. Dans la famille dis nombreux individus du genre du cbat , Vlagouarété ou Jaguar le plus grand, de tous, que M. de Buffon a confondu probablement avec un petit animal de la Guyane française ; car Dobrizboffer^ qui a résidé vingt-deux ans dans le Paraguay, dit: « que comme 3) les lions d'Afrique surpassent de beaucoup en taille et s en férocité ceux du Paraguay, de même les tigres afri- » cains le cèdent en grandeur à ceux du Paraguay. » M. Boùgaiuville rapporte que les tigres près de Mon- tevideo , sont plus gros et plus sauvages que ceux'd'Âfri- que; qu-il a vu un petit de quatre mois^ qui avait deux pieds trois pouces de haut. (Frenetty, p. 141 ). k. Le Gouazara ou Cogouar de Buffon, appelé Puma par Garcilasso , grimpe aux arbres ; le Chibigouazou ou VOcclot de Buffou grimpe aux arbres pour manger les oiseaux , et s'élance delà sur sa proie lorsqu'elle passe ; deux autres \:hats, V Yagouaroundi et VÉvra, paraissent être inconnus aux naturalistes dl^urope, ainsi, que le chat Pampa, des environs de Buenos- Ayres, qui ont été confondus avec le chat d'Europe ; trois espèces du Pu- rets, que Buffon nomme Mouffeiles ; six espèces de tS'ar^ue^, qu'il nomme Micouré; VOiirsoA \e Raton-crabier de Buffon; l'Agouarachay , qui appartient plutôt au genre du chien qu'à celui d*e l'ours ; le Coati, ours noi- rôire de Buftbn : il n'habite que les forêts, et non les moniognes c<>mm« on le dit. Il y en a de domestiques DE dans ces contrées , ils y tiennent lieu de cU^ts : la Loutre^ le QuouirOf espèc^ nouvelle de Ceibiaii le Cgpiygoua ou , Cabiai, que Ton trouve sur les bords des lacs et des rivières; le Pay^f^ai habite l'intérieur des forêtç et se cache dans les terriers ; Vjigouii, qu*on trouve dans les^ bois , ou sous des arbres abattus ; la Fizcadie ou lièvre des Fatagons , que BufTon appelle Vuiccouchi ; le lièvre Pampa, qui est une espèce de, Caviaon Cabiai} le Lapiti ou lièvre de Brésil et quelques autres ; VAspérea ou co- chon d'Inde ; la /'/iiVa/irfre, le Couiy, qui est le Coindonde Buffon $ huit espèces de Tafous, décrits par M. Azarra. Ces animaux vivent d'oiseaux , d'œufs de vipères , de petits lézards, de crapauds, de vers. Six espèces de singes, le Caraya ou VOuarme, hurleur noir de Buffon; VAlouate roux; le Cay, Sài de Bufifon ; le Sàimiri} le il/i- riaifuoina, etc. La chair de tontes ccis espèces de singes est très-recherchée par les naturels. Douze espèces de Oiauve-souris, dont les naturalistes ne connaissent que le Fampire et la Chauve-souris fer de lance. ïiOrocomo est de la grandeur, d'un chien ; son poil est roux , il a le museau pointu et les dents fort tran- chantes. Lorsqu'il voit un homme armé« il prend la fuite ; mais s'il le trouve sans défense , il le renverse sans lui faire d'autre mal , pourvu qu'il fasse le mort ; après l'avoir agité pendant quelque tfnips^ pour voir si effec- tivement il n'est pas en vie, \Orocomo le couvre de feuilles et s'enfonce dans l'épaisseur du bois. L'homme se relève dès que la bête a dispaiu, il cherche son salut dans la fuite , ou bien il monte sur un arbre. L'animal ne tarde pas à revenir , accompagné d'un tigre , qu'il semble avoir invité à venir partager sa proie ; mais ne la retrouvant plus, il pousse des hurlemens épouvantables. imm liii a4 OBSSBVlttOlfS tVÉ. 111 IVIMAVS et regardant son compagnon d'nn air triste , il a Vair d« témoigner du regret de lui avoir faiu faire un yojage inutile. (Muratori, Missions du Paraguay, page an de la traduct. franc. ) • ' * Il y a quatre espèces de Cerfs , qui différent entr'euz par la conformation , par les mœurs et les habitudes ; savoir : les Gazous rouges et bruns ; le Guazoupanou, c^est le plus grand de tous : il est roux , son bois large et ra- mifié ; le Guazouti (cervus mexicanus) se rapproche du chevreuil d'Europe, il est brun; c'est le plus rapide de tous ; et le Gazoupita qui est rouge , et dont le bois n'est pas ramifié. Le Paraguay fournit des Perroquets , des Paons et un grand nombre d'oiseaux d'un plumage brillant , des Coip- dorSf des Autruches , qu'on trouve en très-grand nombre dans les vastes plaines de ce pays. Enfin le Moineau des- tructeur de couleuvres, les Abeilles elles Fers à 5oie, four- nissent au^si aux habitans des objets de spéculations, ainsi que lespapillons , que l'on recherche pour leur forme et leur éclat. , • Brésil» Le règne animal n'est pas moins varié dans l'inté- rieur du Brésil. On y voit peu d'animaux domestiques; mai.t dans les établissemens européens, on trouve en abondance des Chevaux , des Bœufs , des Porcs. Plusieurs des animaux du Pérou et du Paraguay se retrouvent au Brésil. Ceux qui lui sont particuliers, sont : le Singe Marikina, le Miriquouina, le Titi qu'on ne rencontre que très-rarement au Paraguay ; le Sagou, le Pinche qui est plus petit que le Titi j le Fampire , la Chauve-souris-musa- raigne j les deux espèces de paresseux, VAï etVUnau; des n'a FourmUliers eiàes Tatous, \a Marmotefle Par on Cabiai, VApcreaoa cochon d'Inde, l'/écur&iii/(sciuius-9esiuans),le Lièvre-tapetL II n'a point de queue, et doit entrer dans le genre des Lagomys de Cuner, L'aniinal le plus distingué de ces contrées, est le Tapir ou Anta. Il est presqu'aussi gros qu'un boeuf : sa couleur est d'un brun-foncé; il a quatre dents de moins que rhypopotame , et il n'a aux pieds de derrière que trois doigts^ au lieu que Thypopotanie en a quatre et un faux talon. Son corps ressemble à Celui d'un porc : sa tête n'a point de cornes, elle se termine par un grouin, ou si l'on veut, par une trompe longue d'un pied , par laquelle il respire , qu'il tend et détend à volonté , à l'aide d'un tnuscle très^fort. Il se tient ordinairement prés des rivières. Il a coutume de passer matin et soir d'un bord k. l'autre , et se sauve à la nage dès qu'on le poursuit. H se nourrit de plantes, de racines, de rejetons de pousses tendres , et surtout de fruits tombés des arbres. Il est d'un naturel facile à apprivoiser : il aime la propreté , et va tous les jours se baigner dans quelque rivière ou lac. Les Américaine mangent sa chair et font avec le cuir de sa peau, des boucliers impénétrables aux flèches, et même à l'épreuve de la balle d'un fusil. Le Tapir est également chargé de beaucoup de graisse , comme les grandes machines anim'ées, qui nagent à l'instar du Walross et du Phocas. Le Pécari ou Cochon-musc , est long de trois pieds, il n'a point de queue , et porte sur le dos une espèce de sac spongieux, rempli d'une matière gluante qui sent le musc. Il est beaucoup plus propre que le cochon ordinaire d'Europe; il se nourrit de fruits, de racines et de serpens ; r""'*'^^-'^*"*-"" -^'^^ a6 OBSERVATIONS SVB LES ÀlflMAVX sa couleur est grise , tachetée de noir ; sa chair est bonne h manger : on Tapprivoise aisément. Le Gavia est un genre d'animal qui tient le milieu entre le lapin et le rat; sa patrie est le Brésil et la Guyane. Il s'enfonce dans la terre ^ il plonge dans Veau et y reste plusieurs heures. .» v » Le Tamanoir, surnommé le FourmîUier^ est tOi Miimal qui ne se nourrit que de fourmis j il les prend en allon- geant sa langue gluante sur le passage de ces insectes: il la retire quand elle en est couverte « et les avale. A l'aide de ses griffes» il grimpe facilement sur les arbres^. où il cherche les fourmillières , et par le moyen de sa langue qui est longue et effilée, il prend les fourmis jusques dans les coins les plus cachés. Cet animal dort ordinai- rement le jour, et sort la nuit pour aller chercher sa proie. On l'élève facilement; il y en a trois espèces, le ^rand , le moyen et le peiU Tamanoir. La première est de la grosseur d'un renard ; il a le poil long , sa couleur est un mélange de jaune , de blanc et de noir. Il a des griffes très-aiguës, et il est assez fort pour se défendre contre le petit tigre américain, que l'on regarde comme une sorte particulière d'Once. Le tigre nommé Sagnar, n'a que deux pieds et demi de longueur, mais il est aussi féroce et aussi altéré de sang que celui de l'Ancien Monde. Il* s'avance la nuit jusques dans les villages et les villes, pour y prendre les poules, les chiens ou autres animaux. Le Crocodile et lui se font une guerre terrible; lorsqu'il va pour se désal- térer sur le bord d'une rivière , le Crocodile, que d'autres nomment Alligator, met la tôte^ hors de l'eau pour se saisir de lui : le tigre, aussitôt qu'il aperçoit son ennemi , :*aute sur l'amphibie , s'efforce de lui arracher les yeux . J ayec ses griffes , lui mord ]a lête avec tant d'acharne- ment, que le Crocodile j pour sVn débarrasser, l'entraîne au fond de Veau , où ils périssent souvent tous les deux , car le Sagnar aime mieux périr que de lâ^cher prise. Le grand Lion sans crinière et le Tigre du Brésil , sont assez robustes pour traîner au haut d'une colline, le jeune tau- reau qu'ils ont tué. On trouve dans le Brésil divers Chats-sauvages , plu- sieurs autres animaux qui fournissent de belles fourrures, des Lynxoxx Loups-cerviers de plusieurs espèces. Les uns sont roux, d'autres agréablement tachetés. Le Lynx a les yeux brillans et pleins de feu ; il est communément de la grandeur d'un fort renard : il a le poil long, de grandes oreilles et les pieds divisés comme le lion. Il vit de .chasse et pouréuit sa proie jusques sur la cime des arbres ; les chats-sauvages et les écureuils ne peu- vent lui échapper; il saisit les oiseaux; il attend les cerfs, les chevreuils, les singes, les lièvres au pas- sage , leur saute à la gorge , et lorsqu'il s'est repu de sang , il leur ouvre la tête pour en manger la cervelle , et les abandonne ensuite pour chercher une nouvelle proie. Gomntent M. Paw a-t-il eu la mal-adresse d'avancer page 2i3 de son troisième volume ; « que les Américains » craignent plus les bêtes féroces, que les Nègres , les » Maures ei les Cafres ne craignent les vrais lions et » les tigres dev l'Afrique , mille fois plus dangereux^? m Et page 219 da même volume, « que les Sauvages » naturellement poltrons, redoutent toujours la ren- » contre du Jaguar, parce qu'ils imaginent que ces » betes pi-éfèrent leur chair à celle des Européens; » lorsqu'il est notoire que les Américains, libres, vivent ""^'"fimiMm" I I - M ! ir Ub OBIERVATIOMS SUR LES AUlUàVX en grande partie de la chasse , et tiennent trafiquer ayeo les Européens ^ les fourrures des animaux que leur pays produit;^ que les Brésiliens tiennent à un aussi grand honneur de tuer un Lynx qu'un ennemi; et que les tribus des Indiens de l'Amérique du Nord s'honorent de porter le nom des bêtes féroces les plus cruelles qu'ils tuent tous les jouis. Les oiseaux , surtout les Perroquets et les Paons , j sont en abondance. Les plus remarquables sont : l'Oiseau^ mouche , la plus petite espèce des colibris \ son plumage est un mélange de bleu , de vert , d'or, de noir et autres couleurs. Il se nouril: du suc des fleurs. Four n'être pas la proie des araignées, il construit son nid qui n'est que de la grosseur d'une noix , sous celui d'un autre oiseau qui dévore ces insectes; ou bien à l'extrémité d'une branche de grenadier , parce, que les fourmis n'y vont pas. Il y en a de verts, de bleus , de couleur d'or ; les femmes du Brésil en font des pendans d'oreilles. Le Toucan n'est pas plus gros qu'un pigeon ; son bec nuancé de jaune, de bleu et de vert, a souvent sept pouces de long. On trouve dans ce bec, au lieu de langue , une plume avec son tuyau et sa barbe : il se nourrit de poivre ; aussi lui donne-t^on le nom de Mange-poii-re. Il y en a de plusieurs plumages. C'est dans la Capitanie de Rio~Janeiro , que l'on trouve le plus communément V Oiseau-lugubre -j il est de la grosseur du pigeon , et son plumage gris>cendré : les Brésiliens le respectent à cause de la tristesse de son chant qu'il ne fait entendre que la nuit. Ils sont per- suadés, que cet oiseau leur est envoyé par leurs ancê- tres, et qu'il vient leur parler de la part des morts. Celui qui aurait le malheur de le troubler dans ce mq^ ^ ment , ou de sourire de l'attention avtc laquelle ila récoutent , s'exposerait à une mort certaine. Les Indiens ne mangent pas d'œufs, parce qu'ils croyent qu'ils avalent en même temps un oiseau. Delà Tient que les volailles se multiplient beaucoup dans ces contrées; les Tortues y abondent également, et les Pa- pillons y brillent des couleurs les plus éclatantes. Mexique, L'on ignore si les Mexicains avaient essayé de ré- duire à l'état de domesticité les deux espèces de boeufs sauvages indigènes du Mexique et du Canada, qui errent par troupeaux dans les provinces voisines de la rivière du Nord; s'ils connaissaient le Lama, qui dans la Cor- dillière des Andes , ne dépasse pas la limite de l'hémis- phère australe ; s'ib avaient tiré parti des chèvres de la Californie , de celles des montagnes de Monterey, Parmi les nombreuses variété^ de chiens qui sont propres au Mexique, les Cumançhes de la province septentrionale fie servaient de chiens mexicains pour le transport des tentes, comme plusieurs peuples de la Sibérie. Les Aztèques vendaient au marché de Mexico la chair da chien-muet Techichiy qu'on châtrait pour l'engraisser. Le manque de bêtes de somme força une classe nom- breuse des habitans , celle des Tiamama^ à faire le métier de Colporteurs; ils étaient chargés de petlacalli, ou grosses caisses de cuirs qui contenaient des marchan- dises d'un poids de trente à quarante kilogrammes, v Le Xaloitzcuintli est un loup indigène du Mexique • il est très-grand, entièrement dénué de poils, et res- semblant au chien. Pepuis le milieu du i6< siècle, les Bœufs, les Che- m ■■ (•:,*! Iflf II 50 OBSERVATIONS SVB VtS ANIMAVS vaux , les Brebis , les Porcs , se sont multipliés d*ane manière étonnante dané toutes les parties de la Nou- velle-Espagne, et n'y ont nullement dégénéré, malgré les assertions bazardées de M. de Buffon , répétées sans plus d'examen par Tau leur des Réflexions philosophi- ques sur les Américains , qui n'en a jamais vu , et qui connaît encore moins leur pays. M. de Jejferson, dans Aon excellent ouvrage sur la Virginie, pages 109, 166; et M. Clavigero, tome iv, pages io5 et 160, ont réfuté victorieusement ces idées , qui se sont propagées facilement ^ parce qu'en flattant la vanité des Européens , elles se liaient à des hypothèses brillantes sur l'ancien état de la pknète européenne. IjCS Cftevaux àvi Mexique ^ ceux deê Ctiimboraces'-, sont anssi célèbres, par leurs excellentes qualités, que les chevaux du Chili. Ils forment avec les bceufs, des trou- peaux innombrables ^ les Mulets seraient plus nombreux encore , s'il n'en périssait pas Leanooup siur las jurandes routes, par les fatignes dont ils sont «xcédés, après des voyages de plusieurs mois. Le commerce de Vepa>Gruz seul en occupe soixante-dix mille par an. Flus de cinq mille mulets sont employés, comme un objet de luxe, dans les attelages de Mexico. ■ ». ( L'éducation des Moutons %. été singiAiérem^nt négligée dans la Nouvélle-E&pagne, comme dans toutes ies co- lonies espagnoles de l'Amérique. -C'est encore upe ques- tion de savoir si les Mexicains ne connaissaient pas le Porc-commun ei\es Poules x^ue l'on trouve daps toutes les îles de la Mer du Sud. Outre les variétés de Porcs c^yxi sont aujourd'hui les plus communes au Mexique , dont l'une a été iiitroduiie de l'Europe, et l'autre des lies rliiljppines , et qui forment un commerce de jntnbons S; DE ivrage sur 1» ro , tome iv t ml ce» idées , l'en flatianl la es bypo»l»*««» iropéenne. mboraces', so"* Aiïé», qoe ^ p\us iio»l»ï««>* idés, apr*»dc8 deV«ra-Crux |n. Wus de cinq dbjeideluxe, emienl négligea toutes \M 00- icope upe ques- [aissaient J>^ i« dans toutes les |és de Porc5 qui Mexique , dont Vautre deS lies rce de ^nçabons 1.* A M £ a I Q l' E. Si très-lucratif dans la Vallée de Jolucut on remarque le Pécari de plusieurs espècrs , que Ton rencontre souvent dans les cabanes des naturels àr l'Amérique méridio- nale, et qui aurait pu être facilement réduit à l'eut de domesticité. Avant la conquête , il existait très-peu d'oiseaux de basse- cour chez les indigèties du Nouveau-Continent, parce que la fertilité du sol des Tropiques et de la Zone tempérée^ les dispensait de labourer une grande étendue de terrain; que les lacs et les rivières étaient ^ et sont encore couverts d'oiseaux faciles à prendre , et qui four- nissent tine nout-ritnre abondante; cependant avant l'ar- rivée-des Espagnols, ils élevaient dans leurs basses cours, plusieuto gallinacées, comme les Hoccos , les Dindons, plusieurs espèces de Faisans , de Canards , de Poules- d'eau, des Vacous , oa (iuans et des ^rax, qui sont re- gardés comme un mets délicat , lorsqu'ils sont jeunes. Le Mexique a fourni à l'Europe le plus gros et le plus utile des gallinacées, dans le Dindon ; le plus brillant dans le Paon dont la chair est assez dÉRcate. Les Pintades sont rares au Mexique , tandis qu'elles sont apprivoisées et sauvages & Saint-Domingue , à Cube : le Canard-musqué , dont l'Europe est encore redevable au Nouveau-Continent, acquiert une grandeur extraordi- naire sur les bords de la rivière de la Madeleine. Le Coq d'Europe, originaire des Grandes-Indes, et commun aux Mes Sandwich, paraissait inconnu en Amérique, jusqu'à ce qu'on eût visité les Indiens Xibaros , qui sont établis à Tutumbero , dans un endroit presque inacces- sible, entre les Cataractes d'Iariquisa et de Fatorumi, formées par Vjimazâne. On trouva dans leurs cabanes des Poules ex àee Coqs. . r- ^^^■.,^.,,M^^^^ il ™. 3a OBSEBVÀTIONS SVA LSS ANIMAVX Au reste, les diverses variétés de Poules, surtout celles de Mozambique, qui ont la peau noire ^ sont de- venues comijaunes dans les deux hémisphèses^ partout où les peuples des anciens Continens ont pu pénétrer. On trouve dans les bois de Saint-Domingue une petite poule noire, appelée Zingue , qui existait du temps des premiers habitons. La chair en est délicate, c'est un gibier recherché. Les forêts du Mexique sont peuplées de Lièvres, de Cerfs j de Chevreuih, de Chiens, dont l'espèce est muette ; de Renards, de Loups , à* Ours, de Chats-sauvages, de Juguars, de Paresseux, à» Porcs-épics; de Coëndou, espèce de porc-épic ; de Guenons ,' de Tamanoirs , de Tatous, , ^Antes, àe Bisons: on j trouve un animal delà grosseur d'un chat, appelé Squaches , dont on mange la chair : on l'apprivoise aussi , parce que sqp visage mobile se prête , comme celui du singe, à mille grimaces qui> jointes à ses gestes comiques , donnent le spectacle d'une pantomime très-plaisante. Xies oiseaux liront pas nombreux au Mexique ; mais , plusieurs sont remarquables par leur chant agréable , et la beauté de leur plumage. On y^distingue le Colibri, VOi- seau du Tropique, les Perroquets, le Cardinal et le Hoazin, Le Colibri est le plus petit des oiseaux. Il y en a à plumes dorées « de verts, de rouges, de bleus et de cou- leur orange; tout se réunit pour rendre ces oiseaux charmans. Odeur agréable, richesse de couleur^ finesse dans leur forme et dans leur manière de vivre. Ils se nourrisse 'it du suc des fleurs et le pompent avec leur langue, sans se poser, en se soutenant en l'air, par le battement précipité et presque imperceptible de leurs ailes; leur chant est une espèce de cadence rapide , trés-l %m De Jé* kuimqvz» 55 sonore. Leurs arbres favoris sont Toranger, le citronnier, le frangipanier et le grenadier. C'est siir leurs branches que la femelle fait avec du coton, son petit nid, dont la construction est des plus industrieuses. Elle y pond deux œufs, chacun de la grosseur d'un pois ; les petits nouvel- lement éelos, sont gros comme des mouches. La plus petite espèce de colibri , est VOiseau^mouche , il ne pèse avec son nid qu'une demi - once. Il est gros comme un hanneton , ayant les couleurs vives et changeantes de l'émeraude , du saphir, de la topaze, du rubis, nuancées d'or, de violet et de brun. L'oiseau du Tropique a pris son nom^ de ce qu'il n'habite que les contrées de la Zone torride, situées entre les deux Tropiques, il est de la grosseur d'un pigeon : ses plumes sont blanches , à l'exception de quel- ques-unes qui sont d'un gris-clair. Une longue plume qui part du dos, et se recourbe en forme de queue, lui a fait donner le nom de Pailte-en-cul. Le CVir£^/mi/ joint le charme de la voix à la beauté du plumage ; il est rouge sur la tête et la poitrine , noir et bordé de blanc sur le r^.ste du corps. Il module en sifflant des sons variés et distincts, qui sont fort agréa- bles. Le Hoazin est une espèce de faisan , dont le plumage est coloré de jaune ^ de rouge et de noir. Sa tête est couronnée d'une huppe ; il- se perche sur des arbres à côté des lacs et des rivières, se nourrit de serpens, de fourmis, de vers et d'autres insectes. On l'îipprivoise aisément , sa chair est très-délicate. Les côtes occidentales du Mexique , surtout la partie du Grand Océan, située entre le golphe de Bayonna^ les \\gs Maries et le cap iSûi/i/-Luca*, abondent en Gachalotê, TOME 2. 3 ■> ■ : ■mTrfmiiiiiiff 54 ODSERVATIOITS SUR LES ANIMAUX m dont la pêche , à cause de l'extrême cherté du blanc de haleine qui est renfe^rmée dans les énormes cavités de son mnseau, est devenue pour les Anglais et les habitans des Etats-unis, un des objets les plus importans de spéculation mercantile. Sans la pêche des Cachalots , dont un seul donne vingt-trois mille trois cent quatre- vingt-douze pintes de sperraaceti , et sans les fourures de Loutres marines de Noutka, le Grand Océan ne serait presque pas fréquenté par les An^lo-Américains et les nations de l'Europe. Au printemps, les environs de Galapagos sont le rendez-vous de tous les Cachalots macrocephales des c6tes du Mexique , de celles du Pérou , et du golphe de Panama , qui viennent s'y accoupler. Plus au nord des iles Maries, dans lei golphe de Californie, on ne trouve plus de physetères , mais seulement des Baleines : le spermaceti de la tête est de première qualité ; on l'em- ploie à la fabrication des chandelles. Celui du corps et de la queue ne sert en Angleterre qu'à donner du lustre aux draps. On voit au Mexique des papillons charmans. ( Voir ce qu'en disent Buffon et les autres naturalistes.) Californie, Les forets de la Californie abondent en animaux sem- blables en grande partie à ceux du Mexique : dans la Cordillière qui longe la côte entre San-Biego et Mon- terey , on ne trouve sur la crête des montagnes qui se couvrent de neiges au mois de novembre , que les Be- rendos à petites cornes de chamois; mais toutes les forêts, toutes les plaines couvertes de graminées, sont remplies de troupeaux de Cerfs à taille gigantesque, à bois rond extrêmement grand. On en voit souvent qua- '^Vih rant briiB muri (qua Le teauj diflfér àeVL listes canadi rapidii enapp Le!! V cj blanc de ayités de habitans »rtans de 'achalots , it quatre- ; fourures i ne serait dns el les )s sont le ohales des golpbe de il nord des 1 ne trouye ateines *. le ^ on Vem- Lu corps et er du lustre \ cbarmans. ituralistes.) imaux sem- ue : dans la (go elMon- ;nes qui se que les Ve- loutés les linées, sont jantesque , à outent qua- L; OB l'Amérique» 35 rante 2i cinquante à-la-fois ; ils sont d'une couleur brune ^ unie et sans tache. Leurs bois dont leurs empau- mures ne sont pas applaties , ont près de cinq décimètres, ( quatre pieds et demi de long ). Le grand Cerf de la Nouyelie^Galifomie , est un des plus beaux animaux derAmérique Espagnole. Ces f^enadosqai diffèrent probablement du ÏVewakish de M. Harne , ou de VElk des habitans des Etats-unis , dont les natura- listes ont fait mal à propos les deux espèces de Cervta^ canadensis et de Cervus-sirongyloceros j courent avec une rapidité extraordinaire^ en jetant leur col en arrière, et en appuyant leurs bois sur le dos. Le Taré de la Californie diffère du moufHon de l'An- cien-Coniinent; on a aussi vu cet animal dans les Stony-Mountains, aux sources 4e la rivière de la Faix, Le petit BunUnant , du genre de la chèvre ou de Tante- lope , qui est taché de noir et de blanc , et qui se trouve sur les bords du Missoury, et dans la rivière de» Arkansaw, est encore différent du Taré, Les chevaux de la TTouvelle-Biscaye , réputés pour être excellens coureurs, ne peuvent les égaler à la course , que lorsque le Fenado^ qui ne boit que très-rare-^ ment, vient d'étancher sa soif; c'est alors que, trldplomtl pour déployer toute Ténergie de ses forces musculaires , il est atteint facilement. Les côtes ouest du Grand-Océan opposées à la Chine « abondent en belles fourrures et en loutres marines. Parmi les nombreuses, espèces d'oiseaux qu'on trouve dans la Californie , on distingue : lie Pélican , oiseau aquatique , qui vit sur le bord de la mer et des grands fleuves ; ses patteS sont garnies de membranes qui lui aident à nager; son bec est d'une 3* mm lMl«MB«ii[rifii>^iiiittniW ! m 56 OBSERVATIONS SUR LES ANIMAUX largeurs! énorme, qii'en en a vu ^ où la té|e d'un homme pouvait entrer. Les deux branches du demi-bec inférieur sont unies par une peau jaune , qui s'élargit au point de former un sac dans lequel cet oiseau met sa provision de vivres , pour lui et pour ses petits ; il peut y renfermer des poissons de huit à dix livres. Son corps est d'environ cinq pieds , et ses ailes en ont jusqu'à onze d'envergure : malgré cette grosseur , il parvient k s'élever si haut, qu'il ne parait pas plus gros qu'une hirondelle. V Le Cormoran, autre oiseau aquatique , vit sur le bord de la mer ; il est de la grosseur d'une oie , et se nourrit de poissons. Comme il a la facilité de nager sous l'eau, aussi bien que dessus , il ne manque jamais sa proie ; s'il attrape un poison , il le saisit d'une patte , et l'autre lui sert de gouvernail pour regagner le bord : c'est le plus grand destructeur de poissons. En Chine, on le «dresse à la pêche, il rapporte sa proie, comme le chien de chasse le gibier. Le Promerops est un peu plus gros qu'une grive; il parait avoir quatre ailes, à cause de ses plumes recour- bées et frisées aux deux côtés d.u corps ; sa tête est d un bleu très-brillant , et couverte de divers étages de plumes qui ont jusqu'à un pied et demi de long. Cet oiseau vit sur les hautes montagnes, il se nourrit d'abeilles et d'autres insectes. Louisiane, « La Louisiane a tous les animaux domestiques de l'Eu- rope; ses forêts renferment, outre le gibier ordinaire, des Lièvres et des Ours-blancs, dont la peau est très-estimée ^ à.es Boucs, des Chèvres, des Cabrits-sauvag^s ; les naturels les tuent à coup de 'flèches dans les pays montagneux où :!■' n homme ; inférieur 1 point de provision renfermer l d'environ envergure : haut, qu'il sur le bord ît se nourrit er sous Veau, sa proie ; s'il I, et Vautre ord : c'est le Cliine, on le mme le chien D E l' A M é B I Q t E. 57 ils passent. Les français qui ont mangé de la chair des jeunes chevreaux, s'accordent tous à dire qu'ils sont aussi bons que les moutons de Besançon. Le Bœuf-sau^ vage est très-gros et très-fort ; les Colons et les Indigènes se nourrissent de sa chair, qu'ils font saler ou boucaner t ils font de sa peau une couverture, de son suif de la chandelle ; ses nerfs fournissent aux Sauvages des cordes d'arcs; ils travaillent ses cornes, en font des cuilliers pour manger leur sagamite, et des Poulverains ou Cornets pour la chasse. Le Bœuf- sauvage a une bosse sur le dos comme le chameau : il a de grands poils sur la tête comme le bouc, et sur le corps , de la laine comme les moutons. Les IIU- noises en fabriquent des étoffes. De tous les animaux terrestres qui vivent dans ces contrées, V-Ours est regardé comme un des plus utiles. Un seul de ces animaux fournit quelquefois plus de cent- vingt pots d'huile; elle est très-bonne, très-saine, n'a aucun mauvais goût, sert aux ragoûts, k la friture^ à la salade ; elle ne se fige que dans les grands froids. Elle est alors d'une blancheur à éblouir : on la mange en guise de beurre. La chair de VOurs est excellente , ses jambons sont recherchés et sa fourrure est estimée. Il y a des Ecureuils de quatre espèces : de gros , de noirs, de rouges , de gris et de petits de la grosseur d'un petit, rat. Ces derniers se nomment ÉcureuUs-yolans , à cause d'une membrane qui He chacune de leurs pattes , et qu'ils étendent en sautant d'arbre en arbre. On trouve dans ce pays des Sarigues ou Oposums , et un animal appelé Chat-de-bois ; il est de la grosseur du renard d'Europe , il n'a du chat que la queue. Cet animal est très-friand d'huiires : il est de U figure d'une mac-: r ' » mmoÊUÊÊÊÊÊÊt 98 OBStnVlTIONS SVR lES ARXlliTTS m ¥:^n mote * il s'apprivoise comme un cbien , léchant et cares- sant son maître cpi*il suit partout : il prend avec ses pattes comme le singe. Ce sont ces Chats de bois que . les Espagnols prirent pour des chiens-muets , lorsqu'ils les virent pour la première fois chez les naturels. Cette méprise a fourni à M. Taw, Tidée de l'entendre, au point daccuser le climat du Nouveau-Monde , d'ôter la Toixauz chiens qu'on transporte d'Europe en Amérique; et c'est ainsi qu'on prétend faire des mémoires intéres- sans^ pour servir à l'histoire de l'espèce humaine! Les Zou/75 n'ont rien de remarquable. Les Tigres àe la Louisiane diffèrent de coux de l'Afrique et de l'Amérique méridionale, en ce qu'ils sont mouchetés; ils attrapent les chevreuils, comme le chat la souris. Les Chais-tigre* guettent les bœufs et les cerfs dans le sentier qui conduit à l'eau i aussitôt qu'ils les aperçoivent , ils grimpent sur un arbre , et qucnd l'animal est proche de l'arbre fatal ils sautent sur son dos, lui coupent le nerf- avec leurs dents , ne cessent de le mutiler jusqu'à ce qu'il tombe et qu'il soit mort. Il y a dans le Mississipi , dans le Tombecké et dans la rivière Rouge , des Crocodiles ; ces animaux fuyent dès qu'on marche à eux. Durant le froid ils sont engourdis, se tiennent dans la vase la gueule ouverte , et le poisson y entre comme dans un entonnoir. Comme ils ne peuvent ni avancer, ni reculer, lesSauvages louv mc^ntent alorssurle dos et les assomment à coups de haches, dont ils frappent sur la tête tomme par partie de plaisir ; ou bien ils lui jettent de grosses cordes d'écorce d'arbres h nœuds cou- lans, autour du col et sur le milieu du ventre, et quand il est bien lié, ils l'enferment entre plusieurs piquets, «près l'avoir tourné le ventre en l'air; en cet état^ ils -il V ■>' l'écorcbent , rhabillent potir ainsi dire d'écorce de sapin puis ils y mettent le feu. On trouve dans Tile de la Corne , sur la route de la rivière mobile à la Nouvelle-Orléans, un coquillage que les Sauvages appellent Naninatheléj araignée de mer; sa couverture , lorsqu'elle est pétrifiée , est d'un vernis plus beau et plus luisant que celui de la Chine ; ses yeux sont aussi durs que du diamant. Ce coquillage est de la forme et de la grandeur d'un plat h barbe renversé. Il a une queue d'environ dix pouces de long^ extrêmement poin- tue ; la piquûre en est dangereuse. Il y a des Loutres et des Castors dans les pays d'en« haut ; ils ne s'occupent pas , comme ceux du Canada , à construire des cabanes et des digues , pour détourner le cours des rivières. Parmi les oiseaux de la Louisiane, on remarque une espèce à.^ Aigle très-grosse , qu'on appelle Aigle >. j la race royale; c*est avec ses plumes qui se traitent par toute l'Amérique septentrionale^ que les Indiens décorent leurs calumets de paix. Us les nomment Plumes de valeur. Ces oiseaux se nourrissent de viande, de serpens^ d'en- trailles d'animaux. JjeKarancro est un oiseau camacier, de la figure et de la grosseur d'un coq d'Inde; c'est le plus vorace qui soit connu ; il suit les chasseurs et les convois qui font route pour les différens postes : on les voit par bandes, comme les corbeaux , attendre avec impatience le moment du décampement, pour venir manger avec avidité ce qu'on y a laissé; après quoi ils reprennent la route en volant vers le nouveau camp. Le Karancro mange* aussi les hommes lorsqu'il les trouve morts. Il a ia plume noire ; le duvet de dessous de l'aSlea U vertu d'arrêter le sang. Wii:;ffiiB[iiiiii^iiWi'v est nui- ingereux sont paft à'Jigles, Oies , les isses , les ; j y volent Les autres es oiseaux il la CailU les fleurs > ^ays î il ne sans qu'on des autres à pousser >mine dans îlanchàtrej ^Ue vole en pur ivoire , rore. li de cigo- IVAmérique 1 de haut, et l'cnvergui-e ; I senti neUes, )procUe des ennemis. Quelque temps avant leur départ, elles s'assem- blent en grandes troupes, et le jour fixé, toutes s'élèvent en tournant lentement; elles décrivent de longues spi- rales, jusqu'à ce qu'elles soient arrivées k perte de vue. 1 Le Muscamss est gros conme un Tiercelet, il a un plumage brun et marqué de taches d'un blanc éclatant; il ne parait qu'une heure ou deux avant le coucher du soleil: alors, on entend de tous côtés le bruit de ses gam- bades , de ses élans^ de ses chutes soudaines et rapides^ qui font naître l'idée de l'adresse et de la folie. Son vol bisarre ne ressemble à celui d'aucun autre oiseau : on ne peut rien concevoir de plus léger; mais- à peine les omlu'es de la nuit commencent-elles à couvrir la terre, que ces oiseaux descendant du haut des airs , se perchent surles branches inférieures des arbres, sur les clôtures et souvent s'abattent au milieu des champs , où ils passent la nuit à répéter leurs monotones et singuliersaccens^ que les Indigènes représentent par le mot Muscawiss. On ne sait de quoi il vit, où il fait ses pontes, ni ce qu'il devient peiidant l'hiver. Rien n'est plus frappait que le contraste entre l'extrême agilité de ses mouvemens, la légèreté, la rapidité de son vol et sa constante im^nobilité , ainsi que la tristesse de ses accens pendant toute la nuit, accens, dit M. Bonnet, qui paraissent être ceux de la douleur ou d'un profond ennui. Le Mocqueur , voyez ce que j'en ai dit à l'article de la Louisiane. (Quant aux autres oiseaux, voyez Buffon). Parmi les insectes^ on remarque les Mouches^à'feu ^ dont la multiplicité répand dans la nuit une lumière vraiment étonnante. lies Mites , insecte ailé qui se met dans la farine ; les Mous^uites ou ^ouchero/is , les Cha^ iai^iipw^igrr^^ M> ÏJ jp OBSERVATIONS SUB Lt S AlflMAUX rensons , qui déposent leurs ceufs au haut des tiges de blé, surtout du froment; le Sureau les fait disparaître des granges; les Mouches-nessoises dont le nom annonce assez le pays d où elles sortent. Les Abeilles ont multiplié aux Etats-Unis au point que Ton compte actuellement le miel et la cire au nombre des productions les plus lucratives du pays; Bans les contrées du Sud, on a des plantations, de mû-" riers , et on y fait des Fers à soie. Les côtes abondent en Huîtres , en Poissons délicieux ; les rivages septentrionaux sont fréquentés par la Fache- marine et le Feau-marin ; ceux du Midi , par le Lamentin , commun à l'Amérique méridionale. Cet amphibie a les pieds de devant pareils à des mains, et une queue.de poisson; la femelle a les mamelles d'une femme, on croit que c'est la Syrène de la Fable. Canada, Dans les savanes du Canada occidental, et autour des ruines colossales du palais des Aztèques , celte palmyre de l'A*nérique, qui s'élève solitairement dans le désert^ auprès de la rivière de Gila, on voit paître deux races indigènes d'animaux à cornes. Le Moufflon aux longues cornes, souche primitive du mouton, erre sur les rochers calcaires, arides et pelés de la Californie. Les Fi^ognes , les Alpacas et les Lamas, tous ressemblant au chameau , appartiennent à la Péninsule méridionale ; mais ces animaux utiles, à l'exception du Lama, ont conservé depuis des siècles leur antique liberté. i Indépendamment des Martres , des Loups , des Ours, des Charcals, des Chiens , des Chats-tigres, des Caribous , dts Orig nauxjdiis Bisons\j qu'on peut apprivoiser, rendre i tiges de isparaitre 1 annonce au point la cire au du paysf as. de mû- délicieux ; la Vache^ ; Lamentin , pbibie a les e queue . de femme, on et autour ques , celte Irement dans voit paître Le Moufflon iiouton, erre a Californie, ressemblant méridionale ; Lama, ont rlé. ,5, des Ours, des Caribous , voiscr, rendre propres 2k l'agriculture, etquiproduisentavec la vache ou le bceuf d'Europe ; on remarque le Castor, animal amphi- bie, doux , paisible , induscrieux dans la liberté , mais triste et abruti dans la servitude. Quand on l-attaque , il fuit au. lieu de combàUr« j.mais si on le saisit, il mord cruellement. La iburrure du castor s'emploie dans la fabrique des chapeaux. On file le duvet des flancs pour en faire des bonnets , des gants et des bas'. ' Les boisseliers font des cribles de sa pe^iu; sa chair a le goût des animaux de terre, et sa queue celui du poisson. "■■*''«1 ••• '• ^ ' ■ ' On doit ajouter, comme propres à ces contrées septen- trionales, le Ratoa , Ursia httot) , le Carcajou ( Ursui labradùnus) , qui v-. Ir; petit' que le l^làireau ;: trois espèces de Martes ou belettes ; la Beletlé-Ôal Canada ( mustella Canadensis ) , le Fison ( mustella Fis^n ) , et mustella venaati, nommée le Pêcheur j trois marmottes {^ arctorrijrs monax) ,> {ùftctomys empêtra, et {^àrctomys pndnosa) j le Rat de Labiiador ( Mus Hudsùnius ). • Le Cerf du Canada et la Renne du Groenland;» que les naturalistes ne regardent que comoie'des van-iétés de ceux d'Asie et d'Europe , pourraient l^ien être des espèces distinctes, quoique voisines. Le Caribou qjue Von trouve du côté de la Baye d'Hudson , : parait s'éloi- gner de la Renne par des caractères très-prononcés. "L'Isatis {Canis lagopus) est aussi un habitant de ces froides régions, dont les rivages sont fréquentes par toutes les espèces de phoques imparfaitement connues , et imparfaitement décrites, (c. A. w.) •> Four les oiseaux , voyez Bufion. i L ^» \r ''^fM TOMK 2. Ht" p%f OBSEBVATlOIf 9 4 Ù R ht» ANIMAUX ; Il n*y a â4tis le» AntiUea d'autres animaux sauvages que des CaHmàns , des. tguans et des Lézards ; la Chauve» ^oum-fer-de-lmce , le Mulaâ 'volant (ves/^rtillio mom hssm J ,\e KiiJiajou {vivera caudivolmla) , \e Muspâo^ truies i Bat pUotis g les Perroquet^, les Colibris^ les Oiseauàe-mQuehes y sont communs dans.toutoet Archipel. On remarque dépendait, h pciillB Fauvette h %Q«ii&c jaune d^ SainlrDQmin^ue. EUea; un chant Uré» ■'^.w'îM\ nb-^hvrhv.-i i Le Ros^i^ml de ceHe Ue yés^çmble vaxBergejvUep ide$ environs ^ Paris ; il 0s( gros comme un Bruani; et chante très-agréal>lfimeni} il n'est pas éarouche ; U présence de ThomTne sembla i/dncourager à renouvelé* ses roulades et ses modulations* abPvx ' #; lie Musicien: cet oiseau est ainsi nommé, parce qu'A prélude toujours par uneganune; et lorsqu'il' est arrivé «l'octave oanote de répétition, il terniine son chant par des roulades ; puis il recommence sa gamme. Il se cache si bien , que jusqu'i ce jour, on ne connaît ni sa grosseur, ni son plumage , ni ssi manière de vivre. Le Chardonneret, appelé par les Nègres Banane mûre , parce qu'il se nourrit de ce fruit , ressemble au Chardonneret de la Louisiane; mais il a de plus 'que lui le haut des ailes noir. Son chant est assez varié. . Le PertôHfuet de terre est ainsi nommé , parce qu'il fait son nid d^ns la terre ; il est gros comme une Fau-* .^ ,K ÏL%' sauvaget La Chauve- riUlio mo^ e Muspih" iUbrisy les t Archipel. lie h poster nid avec ^ i arec beau- ne brandie ist ««tcèiae.* CBergefetiep %aiBruanl-, Earouohe: U à renouvelé* i, paroe qu'A 'il est arrivé m «liant par |mme. H se Iconnalt ni w vivre. Igires Banane ressemble au Ideplus que lez varié. , parce qu'il Ime une Fau^ veUe: il a. le dos vert comme une émvraude, la gorge rose, le ventre gris«de-lin, légèremant rosé , les patteé noires et le bec rouge-brun en forme de Idncette. . La Dqnif finglam e#t iw moineau de la grosseur d'ufi pigeon ; son ,col> sa poitrine et son dos , sont écar-'r latcs ; son ventre grisâtre et sa queue bleue. Jjç Pout de tabac est de I . grosseur d'un fort Merle ; i\ a le plu ma|[e. tout noir } le bec gros j court et jaune ; il mapge I9 vermine des bestiaux ^ et les graines qui sç trouv99t d9Q9 leur fiente sèche. Le TMfitoi rassemble au Gegi d'Europe ; les plume9 de sa queue ont un pied de long : elles sont.bigarréeç de bleu , de blanc , de rouge et de noir , comme celles de ces ailes ^ il est très-privé , et çros comme pn pigeon ordinaire. Le Flamand de Saint-Domingue est gros comme le plus fort mâle Dinde. Ses jambes ont deux pieds 4o hautviur: son col e&t plus long qu,e celui du Cygne; il se tif^nt en troupe au bord de l'eau. Loi'squ'il est jeune , son plumage est gris-cendré , il devien^t d'un beau rose à mesure qu'il vieillit; sa chair est bonne à manger. Le Grand-gosier ressemble à un héron. ij Les Papillons sont aussi variée iC[i)e briilans. Jl eo es( de môme des coquillages; on pêc^e les huitres , soit dans la mer , soit sur les marigles qui croissent au bord de l'eau. Quant aux poisson^ , tels que le Cftpitaine , le Vivaneau , \e Rouget , \e Mulet j \a Carpe, les Lunes , la Sardine , et nombre d'autres qu'il serait trop long de détailler ici ; ils sopt supérieurs au^ poissons d'Eu- rope , de l'avis des Européens même. Le Requin est très-yorace , aussi l'a-t-on surnommé le Goulu de mer. Il y en a qui ont jusqu'à dix pieds de long ; sa mâchoire Si OBSEMVÂTIOIIS SUK LES ANIMAVZ est armée de plusieurs rangées de dents iriangulaires très-aiguës , suirant Tàge de l'animal : il est redoutable pour ses coups de queue. .La Bêcune est dangereuse tax nageurs , parce qu'elle enlève les parties des baigneurs qui se laisscfnt sur- prendre par elle. * - Les Homards , les Crabes , les Anguilles , les Tortues de terre ~et de mer y sont excellentes. J'engage le lecteur ^ qui désire connaître plus particulièrement les animaux , les oiseaux , les poissons , les coquillages d6 l'Amérique , de lire les ouvrages de MM. de Bufibn , d'Azara , etc. , etc. D'après ce léger aperçu des animaux qui sont particu- liers à l'Amérique , et dont plusieurs n'ont pas leur analogue sur l'Ancien Continent , M. Faw doit sentir combien il a été inconséquent de chercher a dégrader la race des animaux du Nouveau -Monde , à insinuer que le Jaguar perd tout courage quand il est repu^ qu'un seul chien alors suffit pour lui donner la chasse ; que le Jaguar est un tigre poltron f que le Coguar se met aisément en fuite , hormis qu'on ait la timidité naturelle des Américains ; car s'il eût été à Carthagène , il y eût ^u les Espagnols habiter des maisons sur pilotis, se garder nuit et )our , pour n'être jpas dévorés par ces Jaguars , par ces Fuma , par ces Goguars , qu'il appelle avec affectation Tigres polirons ; il les eût vus 01cr le |our à la nage dans les Iles où les Européens ont du bétail , tandis que dans les établissemens que les Hol- landais ont dans les environs du Gap de Bonne-Espé- rance , à la pointe méridionale de l'Afrique , les lions et les tigres africains restent cachés pendant le jour , et DK l.*AMiRIQVt. 58 iangolaires redoutable ■■> . arce qu'elle lissent 8ur- , les Tortues J'engage le ièrement les K|uiliage8 dé ;. de Bufibn , sont particu- 'ont pas leur yr doit sentir ter à dégrader e , à insinuer U repu; qu'un lasse i que le oguar se met idité naturelle gène , il y eài ur pilotis, se svorés par ces , qu'il appelle It vus filer le opéens ont du s que les Hol- e Bonne-Espé- ique , les lions lantle jour, ei n'attaquent le bétail que la nuit , et lorsqu'il n'est pas renfermé. . M. Rubaut , dans son voyage* d'Afrique à Quankie y dit avoir vu dans les forêts un grand nombre de lions , de tigres et de loups , qui ne cberchèrerit pas 2i attaquer sa petite caravane. MM. Picard etMungo Fark assurent que ces animaux attaquent rarement l'homme , surtout en plein jour. M. Picard , employé de l'administMtion du Sénégal , ayant été chargé de traverser la Sénégambie dans toute sa longueur; de visiter les bords de la Falénie , ceux de la Gambie ; de reconnaître les sources du Niger , et d'observer les différens peuples chez lesquels il avait à passer, rapporte qu'après avf^r quitté la ville d'/f/r- cator f il traversa une forêt considérable dans laquelle il vit beaucoup de Lions et de Tigres ; que s'étant écarté de ses compagnons pour chasser un grand jiigle qu'il désirait abattre , il était si animé à sa poursuite , qu*il ne s'aperçut pas , au moment où il le couchait en joue , qu'un énorme Tigre se trouvait étendu à vingt pas dé lui , que le Tigre , en le. voyant approcher , se leva et alla se coucher à vingt pas plus loin ; que lea gens de M. Picard , qui le suivaient des yeitx , n'eurent pas plutôt aperçu l'animal , qu'ils crièrent pour l'avertir du danger ; mais , que sans s'arrêter h leur cri , il avan^ çait encore pour être plus sûr de son coup, et ne pas manquer son aigle ; lorsque lé tigre, ennuyé sans doute de se déplacer une seconde fois, poussa en se relevant, un rugissement affreux qui lui fit oublier sa proie , et le força [à rejoindre précipitamment ses compagnons qui lui racontèrent ce qu'ils avaient observé. M. Paw; qui s'est tant récrié contre le lion américain ) .•w>; . ■••W?"U|W-> ■ "^ ii OBSCHTATfOKtf it% Lis AtriUÀITZ ' Si m r nomiûé Puma, ignore qiiUl existe en Perse uisie espèce de lion d'un naturel doux , et qui n'a point de crinière , qu'Olivier a surtout remdr<|ué sur les bovds du fleuve des Arabes ; c'est petit-être celui-là dont les Persans Se servent pour leurs chasses. Les Anciens ont connu ce lion; Oppien en fait mention, (c. a. W* )i M. Paw est dans réfrétir lorsqu'il |>rétend qu'il est impossible de dompter le tigre dé l'Ancien Continent , an point de le «Sucher de la main , qu'il faut le ren- fermer dans des cages bien grillées et doublement barrées , puisque lés PerseS ont été long-temps dans l'usage d'apprivoiser les animaut de proie , au point même de les faire chasser avec des lions , des tigres , des léopards , des panthères et des onces. Cet écrivain fguore, sans doute , qu'avûnt la révolution , on a tu à Paris des tigres dont le gardien était aS9ë£ fou pôup mettre sa tête dans leur gueule ; qu^un nommé Politùa « Londres en faisait Voir un, en i8i4 , dans une cage de éapin , d'un pouce d'épaisSënr, ayant deâ barrèaUi ,çrOS comme le petit doigt ; que ce même tigré s'étànc échappé de sd cage , qui s*était ouverte en tombant de dessus la charette qui Te conduisait dans Londres , il traversa paisiblemëilt tout le Strand comme tin chien , et alla se coucher dans la cave d'une maison abattue , où Ton parvint h. îe faire rentrer dans sa cage sans qu'il teût essayé de mordre qui que te fût, (Voyez le Staiesmaii de cette année ). il conviendra que , Si l'Amérique produit des AUigatott , des Ctàcodilés , des Caiimans et des Serpens , la nature attentive a pris soin aussi de leui* opposer des ennemis implacables pour y assurer l'existence de l'es- phé bmhdiiie. C'est pour cela que le tigre Sagnar, et la as L* ▲ M < R I Q tf f • f» grosse Pourmt noirt font une gaerre d'extirmiiiiilioii aux Alligators , aux Crocodiles et aul OoUrtians ; que les Serpens cherchent en vain à é?iter la deat ttieuririère du ,Cusicusiy celle du Pécari, le bec redoutable de V Aigle royal , celui du Hoaxin et de la troupe {>énétrante de la Fourmi de visite; et les Couleuvres, les attaques mortelles du moineau du Paraguay. La nature libérale ne s*en est pas tenue là , elle a placé le contre-poison dans le bois que le serpent/habite. Ayant de passer outre , )'obser?erai encore qu'il oublie fréquemment la thèse qu'il a avancée ) « que le « nouvel hémisphère était inférieur en tout point au R continent d'Europe , que ce n'est pas prouver la « vérité de son assertion que d'avoir continuellement « recours à l'Afrique et à l'Asie , et de confondre le « continent d'Europe avec l'Ancien Continent) soua * prétexte qu'il comprend l'Europe avec l'Afrique el « l'Asie. » On H avancé qtie quelques parties de la terre et de se» habitans paraissent plus jeunes que dans d'autres, et que les montagnes de l'Amérique semblent montrer que ce Continent est moins ancien que l'Europe, l'Asie et l'Afrique , parce que leurs sommets ont été moins dimi- nués. M. de Bufion a pensé que les animaux sauvages de l'Amérique , comme les Tigres , le Puma , qu'on appelle Lion , quoique ce soit une béte particulière qui ne ressemble pas trèsr-exactement à cet animal puisqu'il est plus petit ; que le mâle n'a point de crinière , qu'il ne saurait se servir de sa queue comme d'une arme ; qu'il grimpe sur les arbres -, et que ses mœurs diffèrent de celles des Lions d'Afrique $ enfin , qu'ainsi que l'es- pèce humaine , ils sont e&core da&s un état d'enfance y se OBSBkViyiOlfS âVA lis AKlIliVS I 1, d'augmentation , oti de dëcrépitade et de caducité j^ro-^ gressives ; qui plus est , que dans le Nouveau-Monde , la nature a une tendance à appauvrir ses productions. lies détails que )'ai présentés au commencement de cet ouvrage, font naturellement tH>nclure, cqmme jeVai déjà dit, que l'Amérique est le terrein le plus ancien du globe ; l'article de la salubrité des deux Continens , n est nulle- ment en faveur de TEurope. La comparaison rapide que j'ai faite des productions de V Amérique avec belles ée r£urope , prouve la triste infériorité de ce dernier Continent. M. l'abbé Eaynal , qui s'eu rétracté depuis , a appliqué cette théorie à tous les animaux transportés d Europe ; mais M. Jeâerson a confondu leur opinion trop hasardée , non-seulement par la preuve négative prise sur la courte existence des- Européens sur le Conti- nent américain , dans cet état de tranquillité et de bon- heur pù1>li6s qui favorise les sciences et fait éclore les génies; mais encore par la preuve positive, en indiquant les hommes qui'ont déjà illustré cett« nouvelle terre , desquels la mémoire ne pourra jamais être perdue : JVashington pour la guerre ; Franklin pour la physique ; Rittenhouse pour VastAnomie , etc. Il met ensuite tou- tes les probabilités en faveur des Etats -Unis pour l'avenir , par le rapprochement simple des noms d'Ho« mère, de Virgile, de Racine et de Shakspeare, du nombre d'années que la Grèce , Rome , la France et l'Angleterre, ont mis à produire ces grands-hommes. Il suffit , dit M. Bonnet, pour vérifier ce fait^ de parcourir les campagnes^ et de se rendre compte du tribut qu'ils ont déjà payé aux sciences et aux arts; ce talent se prononce tous les jours dans les inventions relatives aux manufac- Utres , à la navigation, aux métiers et à l'agriculture. Dl I.*AMittXQVl2 57 M. HunJxoldt , dans son voyage à la Nouyelle-Es- pagne , est bien éloigné de regarder l'espèce humaine dans un état d'enfance , de décrépitude ou de caducité. D'après l'exactitude de la déduction sur l^s animaux par M. de BufFon , et ceux qui ont adopté cette opinion sans plus ^^'examen^ on peut regarder la B.'etagne comme plus récente que la Normandie , sa voisine , et la race des chevaux et des bêtes à cornes du Limosin , postérieure de bien des siècle^ , à celle des boeufs du Poitou et des chevaux de la Flandre. Il est bien malheureux pour ce système lumineux , qu'on ait trouvé en Amérique , et qu'on y trouve journellement le Mammouth , ou son analogue , dont les os annoncent qu'il était cinq ou six fois plus gros quQ V Eléphant 'y .qu'en 181 8, on en ait vu dans les montagnes Rocky; qu'on ait découvert sous terre, au Paraguay, le squelette d'un quadrupède qui a des rapports avec le Paresseux , pour la forme de la tête et les proportions de son corps , mais qui est long de douze pieds ; on l'appelle le Mégathérium, Il a dû appartenir à une espèce gigantesque , qui probablement a péri ; que le Moose-deer ait douze pieds de haut ; que l'espèce grise excède quelquefois la hauteur d'un cheval ; que le Cerf américain soit plus grand que celui d'Europe ; que les chevaux qu'on appelle au Pérou Cavallos chimhadores , soient d'une taille extraordinaire ; que 'ceux du Chili , du Paraguay y de \ai Nouvelle-Biscaye , de la Virginie, du Connccticuty pays aussi étendu que l'Europe, égalent ceux d'Europe ; que les chèvres Berendos de la Californie soient plus grandes que celles d'Europe ; que le ^Chien de Terre-Neuve surpasse en volume toutes les tribus canines de l'Ancien-Monde ; que la j . as OBSIRVJ^TIONS SUK CgS ANIMAUX taille des Tigres du Paraguay Teinlporte sur Celle des Tigres d'Afrique } que les bestiaux, importés d'£uro|e en Amérique , y soient, au rapport même du professeur Bonnet et de plusieurs autres obserTateurs , plus forts que ceux d Europe ; que le , Lièvre de la terre Magel la- nique pèse trois fois plus que celui d'Europe ; que les Cygnes et les Oies surpassent en grosseur d'un tiers ceux d'Europe ; que le Dindon pèse quatre fois plus en Amé- rique que ceux qu'on élève en Europe ; que le Condor soit infiniment plus grand et plus fort que les oiseaux de proie les plus redoutables de l'Ancien Continent ; que les physiciens soient si divisés sur la haute stature des anciens Américains , dont on confond quelquefois les ossemens avec ceux des éléphantins ; celle des modernes étant en général aussi haute , aussi forte et aussi fraîche que la complexion des Européens les plus vigoureux ; enfin que jusqu'aux huîtres , elles soient quatre fois plus grosses que celles d'Europe. Les auteurs qui ont écrit sur le règne végétal de l'Amérique septentrionale , conviennent tous que la végétation y est robuste , vigoureuse , vivaee , et d'un» force qui n'est plus connue dans les anciens continens^ sans donner d'autres signes de dégradations que ceux qui doivent naturellement se succéder dans la suite des temps , sur une terre encore vierge, qui doit néanmoins passer par l'enfance , l'adolescence , la virilité , et arriver ensuite à la vieillesse , où elle attendra qu'un plus où moins long repos lui rende une partie de sa première vigueur. ( Bonnet ). Je ne conçois pas comment M. Paw a pu mettre en avant de pareilles idées , ayant pardevers lui la preuve que M. Humboldt a trouvé près de Santa Fé , dans le l'V eamp du Oéant , une quantité Immonié dé fossile* , d'os d'éléphans de l'espèce africaine et de l'espèce oat^ biyore , cpie Jean de Holtnos , lieutenant de Puerto de Vijio, fit déterrer en 1643, dans la terre des Brftléê au Pérou f des débris de squelettes humains , et d'autres d'animaux d'une grandetu* étonnante ; que M. Gentti , en 17x5, y trouva encore une partie de eesossemens prodigieux ) qu'on en a exhumé de semblables au Mexitfue y à Tezcuco , dans les li. \ de Sainte-Hélène et de Purta ; et qu'on en découvre dans toute la longueur de l'Amérique , depuis le Canada jusqu'aux terres Ma- gellani^ues f que le long de VOhh , à treize éent soixante-dix toises de hanteur , on en a trouyé en plus grand nombre , et ^lus hauts que ^etiX d'aucune autre partie du monde ; qu'on trouve dans l'Amérique Septen^ trionale déS amaS (krasidérables d'oSSemens et de dents- fossiles d'éléphans, de rhinocéros, d'hypopothames, d'animaux inconnus à l'Ancien Continent , des ossemens humains monétrUeux, que la prétention empêche de reconnaître, et pféfére attribuer aux jeunes éléphanS; des fossiles de comeS d'ammèn et d'antfes coquillages , et dés empreintes de végétaux qui n'existent plus depuis nombre de Siècles , ou du moins qu'on n'y a pas encore Retrouvés depuis que les hommes voyagent ; mais qui viennent à l'appui de la tradition des Américains , sur l'existence de ces monstrueux humains , et de ces qun-^ drnpèdes d'Une taille gigantesque. M. Paiv né s'attendait pas, qù^ën 178 5, on trouverait dans le fCenludk f prés d'une sotirtie de sel voisine de rOliio , des os dont la grosseur surpasse celle de tous les os d'animaux connus en Amérique. On avait d'abbrd crtî que c'étaient ceux d'un éléphant ; mais les natuta-^ V M 1 Ç(| OBSCRVAf'XORS ëVm LES ANSKlTrz listes ayant reconnu le contraire , on doit croire , d'après la forpie des dents , que c^étaient les os d'un animal vorace, appartenant à une race qui s^st éteinte. C'est la seule manière de résoudre une pareille difficulté. Il e&t mille phénomènes dans la nature , que la faiblesse de l'esprit humain ne sait expliquer que par des suppo- sitions de ce genre. Sans se donner pour naturaliste, sans prétendre encore moins être aussi instruit que l'illustre M. de Bufibn , on peut cependant se permettre de dire que ce savant , que M. Faw , et M. Fison , son autorité, se sont trompés sur bien des faits , qu'ils ont fondés sur des conjectures vagues et souvent sans fondement. On en peut dire autant de l'abbé Raynal poar ce qui regarde l'Amérique. « Je ne s^is avec quels yeux M. Faw a vu que les ani" maux d'origine européenne ou asiatique , transportés immédiatement après^ la découverte du Aouveeut-Monde, s'étaient rabougris , que leur taille s'était dégradée , et qu'ils avaient perdu la moitié de leur instinct ou de leur génie ; puisque leurs rejetons , qui n*ont jamais été soignés , nourris , établés comme ceux d'Europe , et qui existent de nos jours , au mileu de ces forêts qu'il prétend n'être infectées que de marécages , de serpens et d'insectes , ne le cèdent en rien aux ani- maux de l'Ancien Cimtinent, et qu'ils ont multiplié au j^foint que les Espagnols , ce peuple destructeur , vont souvent les chasser et les tuer , non par un , mais par des vingt e,t trente mille, uniquement pour en vendre les cuirs. Cet auteur , qui n'a jamais voulu consulter les Mé- moiresqui, seuls, pouf aient rinstruire sur les points qu'il fi V HB X*AMiRlQVI. «i re , d'après 'un animaV lie. C'est la ;uUé. Il e« faiblesse de des suppo- Lg prétendre ûstre M. de î dire que ee >rité, se sont ndés sur des ment. On en qui regarde a que les ani- , transportés dégradée, et dnct ou de leur nt jamais été d'Europe , et de ces forêts Laréca^es, de rien aux ani- oni multiplié destructeur , par un , mais ment pour en Isulter les Mê- le» points qu'il traitait, ignoré que plusieurs familles , au Mexique , possèdent d|ins leurs battes trente à quarante mille têtes de bœufs et de cbevaux , sans compter les mulets j qui seraient plus nombreux encore ,. s'il n'en périssait pas beaucoup sur les grandes routes , par les fatiguas dont ils sont excédés , après des voyages de plusieurs mois; Le commerce de Vera-Cruz seul en occupe soixante mille par an. Plus«fe cinq mille mulets sont employés, comme objets de luxe, dans les attelages de Mexico. Il saura aussi qu'on Toit au Mexique de nombreux trou- peaux de brebis, -de chèvres;, de porcs; qu'une paire de bœiifs pour la charrue ne coûte, même dans la capitale , que quatre à cinq louis ; que le père Acosta, Liv. IV, chap. 3, rapporte qu'en 1587, la flotte qui entra à Séville portait soixante-quatre mille trob cent quarante cuirs mexicains ; que depuis cette époque , U valeur des cuirs corroyés de l'intendance de Guadalaxara seul , est évaluée à quatre cent dix-neuf mille piastres ( deux millions cent quatrer-vingt-dix-sept .mille deux cent ciqquante francs ) ; qu'à la Côte-Ferme , le propriétaire avec lequel on s'arrange pou#tuer tant de milliers de bœufs , ne se donne jamais la peine d'aller voir, si l'on a outrepassé la quantité dont on était convenu; que dans la province de Ris-Grando , au Brésil , les bcéufs sont si communs , qu'ils ne coûtent qu'une piastre (cinq francs cinq sols) ;' le sel étant trop cher pour saler beau- coup de viande , on ne les tue que pour en avoir la peau dont on fait un très -grand commerce; qu'au royaume de la Flata , un cheval ne coûtait , il y a quel- que temps que six francs , et un bœuf de vingt-cinq à trente sols ; aujourd'hui on paye ce dernier jnstpi'à quinze francs. Quant aux chevaux sauvages, ils vont par m u 6* OBSERVlf lOMA «VB LIS ÂTtlUAVX 't; troupes composées de dix milla individus , prestjoe iitiif bais-ebltains. Dans l'Amérique méridienale , on fait la chasse aux bœufp aeiilfiment pour leurs peaux, qui soT^t un ol^et de commerce trop lucratif pour pouvoir «^occuper de saler )eur viAnde , qui demanderait trop de temps , de sel et de futailles pour un Espagnol. M. d'Obriilioâer dit , qu'au Paraguay , ils sont aussi gros que les bœuls hongrois , que la longueur ordinaire de leurs peaux est de tFois aunes , que le? chevaux j sont aussi très^nombreux , et qu'on envoie annuellement huit mille mulets des plaines du Paraguay au 7érou. . M. Paw regardeiait peut «•être comme exagéré le tableau que je pourraia liii ipettre sops les yeux de la quantité étonnante de Bœufs, de ChevmuCy 4® Midets , de Chèvres en vie , que les Américains espagndis vendent , tous les ans, auxdilTérena établissepieos de l'Améri- que j mais il est trop bien connu, pour avcMr besoin d'en parler ici. J'dbserverai seulement que 1^ viande de bœuf «st infiniment supérieure à tout ce qu'il a bien voulu en dire ; qu'on mange d'ausyi benne viande aux Etats Unis et dans d'adlres endrune lieues^ toutes à travers des marécages , des sables et des montagnes. Je citerais , s'il le fallait, mille traits de cette nature , pour prouver que les chevaux , en Amérique, n'ont point dégénéré en bonté ; quant à la. taille et à la grosseur , il y en a de tous les corsages comme en Europe , cepen- dant plus grands et plus forts que ceux à^Oléron. Quel est le cheval européen qui , après des courses sem- blables , étant lâché tout suant dans une savanne dont l'herbe est brûlée par le soleil , étant réduit h manger les lianes et les feuilles qui se trouvent dans les haies d'épines , ou à leur défaut , la fiente sèche des chevaux et le fruit desséché du Monhin , qui resibmble à un pruneau sec ; étant exposé la nuit , à faire furtivement des courses forcées avec les Nègres , et le lendemain à être vraisemblablement monté de nouveau par son mattre j quel est le cheval européen , je le demande , qui résisterait à des fatigues et à des privations sem- blables ? M. Bonnet n'a pu s'empêcher de convenir e les bestiaux des Etats-Unis sont* plus forts que ^eux d'Europe, surtout ceux que l'on élève dans les Etats du nord; quant à l'agrément, il dit : « Il y a peu de che- « vaux qui puissent être comparés au cheval de Virginie; « ils sont d'origine anglaise. ^1 y en a de deux espèces: ^ n DE V JLwintqvti 65 ile Saint* ci-dessrs , t mortelles sentes. Un Ltervallc du ir le même i trente-une lables etdef ette nature , , n'ont point grosseur , il ope, cepen- Oléron. Qncl courses sem- sayanne dont uit à manger ms les haies des chevaux •sgemhle à un |e furtivement lendemain à eau par son le demande, ivàtions sem- « l'une appelée sa/i^/^wr, cVsi-à-dire , lorsque réialon « et la jumeut sont anglais: Vautre sang mêlé ^ le s |ue « l'uue ou l'autre est née en Amérique. La seconde « espèce résiste mieux. Le cheval de Virginie est d une ' « grandeur médiocre ; il est biea fait et court irès-vite ; « mais Jl a moins de force et de taiUj que les chevaux «la « Conneclicul et des Etats du nord, ce qui le rend plus « propre à la selle. On en dresse beaucoup ponr dos a coui ses semblables à celles que l'on fuit en Angle- « terre. » Les chiens qu'on a amenés et qu'on amène d'Europe en Améiique, ne cessent pas d'aboyer dans la plu- part des contrées du Nouveau - Continent, ni de se conserver sains et exempts d'aucune atteinte de peste vénérienne. Le chien d'Europe , devenu sauvage dans les Pampas , aboie aussi fort que le chien indigène de l'Amérique. Il y en avait de plusieurs espèces. Gan ilasso rapporte , qu'avant l'arrivée des Espagnols, les Péruviens avaient une espèce de chien , appelée Perros - Cosquez. Il donne le nom di^AUco au chirn indigène ; celui-ci paraît n'être qu'une simple variété du chien des bergers; il est plus petit , a le poil Imig avec des taches biunes, et les oreilles droites et poin- tues ; il aboie beaucoup , mais il mord rarement Les prêtres des Indiens de Xauxa et de Nuança , faisaient une sorte de cor avec le crâne du chien Runalco, avant que VJnca Pachacutec les eut forcés d adopter le culte du Soleil. DaT-S les éclipses de lune , on battait les chiens jusqu'à ce que l'éclipsé fût passée. Le seul chien - muet était le TVc/it'm'du Mexique, variété du chien commun, appelé TecUichi, qu'on châtrait pour engraisser, et dont on vendait la chair au marché de Mexico. Les Péruviens TOME 2. $ «tf 66 OBSERVATIONS iVti £IS AMIMAUX de Xauxa et de Huanca mangeaient leurs chiens Ru-» nalco. M. Paw ignore que les BuU-dqgs d'Angleterre n'uboient jamais, et que quand ils ont mordu, ils ne là- client jamais prise. S'il eût écrit sur l'Angleterre , il n'eût pas manqué d'affirmer que les chiens , dans ce pays, cessent d'aboyer, parce que les Bidl-dogs ne le font pas. Quel dommage pour cet auteur, que les Espagnols n'aient pas trouvé , en Amérique , une race aborigène , velue comme celle des Tour îles ^ habitons des îles du môme nom dans les mers méridionales du Japon , dont le corps est entièrement couvert d'une espèce de poils ou de crins , et que les Japonais , leurs conquérans , ont réduit a la condition des bêtes ! cette découverte lui eût encore fourni les moyens d'assurer que les Américains étaient des animaux velus ^ de la race des Ourangs-ou- tangs , et que les Espagnols avaient eu raison de les exterminer, comme étant plus nuisibles qu'utiles à la société. On se trompe quand l'on prétend : « Que l'hu- « midi té de l'atoiosphère en Amérique est la véritable « cause de ce que les animaux ne nagent jamais dans (c aucune partie du Nouveau-Monde. » Cette assertion est de toute fausseté. J'ai vu nager tous les animaux indistinctement , soit dans les rivières des habitations, soit dans les rades , pour les embarquer ou débarquer. Des contes de cette nature ne font point honneur à un écrivain, quelque soit son mérite. J'ignore dans quelle partie de l'Amérique on a amené des chameaux: il en est venu deux, à ma connais-- sancc , à Saint-Domingue ; ils sont restés sur 1 habita- tion Caradeux, au cul-de-sac, proche de la ville du Fort- au~Piince , jusqu'au départ de l'armée française , qui '.t- % Uiens Ru" Angleterre , ils ne là- [eterre , il , dans ce s ne le font Espagnols aborigène , [esdamême n , dont le I de poils ou uérans, ont ^erie lui eût Américains OurangS'OU" aison de les £u'uiiles à la DE L*AM£niQvc* 6y ^ les a mangés en i8o3, avant d'évacuer Saint-Domin- gue. Qu*on consulte M. Humbodit , il est facile de se convaincre qu'ils se propagent dans l'Amérique méri- dionale. ( Voyez aux Régions équinoxialesdu Nouveau- Continent ). Farce que les Portugais ont eu plusieurs fois l'idée de transporter des éléphans au Brésil , ce n'est point une raison pour qu'ils ne se procréent point, si on les abandonnait, dans les forêts, à leur propre inclination ? Et puisqu'il est prouvé par les ossemens de ces animaux, qu'on a découvert, dans toute l'étendue de l'Amérique , qu'ils y existaient en grand nombre avant le déluge de ce pays , il est juste de croire qu'ils pourraient encore s'y procréer , et maintenir leur espèce dans cette môme terre qui les nourrissait jadis , et dont les eaux s'étaient retirées plus de trdis cents ans avant l'établissement des Portugais dans le Brésil ? Lorsqu'on insinue de pareils faits , il faut citer les époques , le nom des bâti mens qui ont apporté de pa- reils animaux , le lieu où on les a débarqués , et non pas conclure souvent sans preuves quelconques , et 86 contenter de dire en parlant de Don Precetty: «Le « critique peut-il donc nier ces faits , qiie personne a n'a jamais révoqués en doute. » Quant à la prétendue dégénération des animaux , on peut encore s'assurer qu'elle n'existe que dans l'ima- gination ; car les bœufs y sont plus forts que ceux de Salamanque f qui sont les plus grands de l'Espagne. Il y a plusieurs espèces de taureaiix , les uns sans cornes , d'autres nommés Nota , Chivosa ; parce que leurs tètes et leurs cornes sont tantôt droites et ver- 5 * €8 OBSERVATIONS S0K LIS ÀRIMÀ1TX ?'«'' U' ticales , tantôt coniques et très-grosses à leur racine • les chevaux ont toutes les formes et tous les signes qui caractérisent la force et la beauté , et les moutons , les porcs , les cliAvres , les volailles , ne laissent rien à désirer pour la bonté. Tout autre que M. Paw eût trouvé un motif nou- veau d'adorer le Créateur de toutes choses , pour avoir placé, dans le nouvel hémisphère, les animaux qui pou- vaient lui convenir , sans s'inquiéter si leurs analogues sur l'Ancien Continent étaient où n'étaient pas 'd'un sixième plus forts , et y avoir mis une variété éton- nante d'animaux , d'oiseaux, de végétaux^ de miné- raux absolument inconnus h l'ancien. S'il eût voulu réfléchir un instant , il eût senti que le Créateur , en donnant aux bêtes féroces du Nouveau -Monde un ins- tinct qui permet de les apprivoiser , les a douées d'une qualité plus heureuse pour l'espèce humaine , que celles de l'Ancien Continent , qu'il a armées d'une férocité que rien ne saurait adoucir; enfin que la catastrophe récente que ce pays a éprouvée , lui a été favorable , puis- que le ciel, en faisant disparaître les éléphans, les rhi- nocéros et les hypopotames , les a remplacés par des Tapirs , des Pécaris à musc , des Tamanoirs , des Gavia et d'autres animaux moins destructeurs, et entièrement inconnus au reste de l'Univers. ' J'observerai en passant que cet écrivain, ens'extasiant, comme il le fait , sur la férocité des tigres de l'Asie et de l'Afrique , et sur celle des premiers conquérans de l'Amérique , dévoile des sentimens indignes d'un homme qui a la prétenticn d'instruire le genre humain, avec des Mémoires j où l'on cherche en vain l'impartia- lité , l'humanité et surtout cette candeur franche et * i 1) E L* A U £ B I Q n B. 69 naïve, que tout écrivain ne doit jnmais perdre de vue. Aussi , en accordant à M. Faw cette férocité qui lui tient tant à cœur , il ne peut nier que les habitans de l'Amérique ne sont pas obligés^ comme ceux des Gràn- des-Indes , d'arroser et d'entourer de haies, le bananier , le plus utile des végétaux , pour le garantir le jour de Pardeur du soleil , la nuit des attaques des bètes sau- vages , et do se renfermer continuellement dans des palissades , pour se préserver de leur férocité. Relativement aux< dégâts occasionnés par les fourmis, je lui ferai observer que ces insectes ne laissent pas d'être très-utiles , puisque les Fourmis de visite détrui- sent les araignées , les vers , les mouches , les rats , les serpens , les alligators ; qu'elles ont fait certainement moins de ravage dans la Guyane , que les insectes ailés dans la Laponie , dans le pays des Tunguscs ; que les Taons qui occasionnent la rage et des maladies cruelles aux troupeaux qu'on laisse paitre dans quelques cantons de l'Irlande et de Suède ; que la Fermine entre- le Bas- Danube et le Nieper ; que les Crapauds et les Saute- relles dans l'Ukraine ; que les Charansons et les Mouches hessoises apportées au Nouveau - Monde par le blé d'Europe, dont on approvisionnait les troupes hessoises à la solde de l'Angleterre , lors de la guerre d'Amérique ; que les Hannetons qui, en mai 18 16, ont mangé toutes les feuilles du bois de Châteauroux, dans le dépar- tement de rindre ; que les Fers , les Limas , les CVie- nilles , les Papillons , les Fourmis , sans y comprendre la Nièle , la grêle dans toute l'Europe ( Voyez les Jour- naux de 18 16 et de i8i7.);que les Moineaux, les Oiseaux de proie et les Taupes dans le Falatinat , dans les divers royaumes de l'Europe , dans la Suisse , où fO OBSinVATIONS 8DB LBS ▲ If I M A TT X Ton paye jusqu'il ce jour pour les détruire ; que les £a- pins , dans les Iles Baléares et en Espagne ; que ^es Rats, les Souris, les Renards et les Loi^s dans toute l'Europe. Les Ra/s-gris , jusqu'à ce jour, n'ont pas encore paru dùns le Cunil)erluud aux Etats-Unis. En juillet 1816, non loin du village de Konne- •whz y au-delà de Leipsick , la plus grande partie d'une forêt a été détruite par les ravages que les souris des champs causeaient en mangeant l'écorce d<>s arbres. ( Journal Général ). L'histoire n'a jamais parlé d'un fait semblable, relatif au Nouveau-Continent. En i8i3 , les environs de Fierzon, département du Cher , furent couverts d'une quantité innombrable de chenilles d'un vert-lisse , avec des petites taches noires et b!eu-de-ciel. Les habitans , surpris de leur grosseur et de leur longueur les conservaient dans des cages. Ces chenilles avaient cinq pouces de long , et étaient grosses comme une forte chandelle des six à la livre ; elles ont détruit la majeure partie des pommes de terre et des végétaux. La Nielle , le Blitet et le Coquelicot , si connus dans les champs d'Europe , ne se sont pas multipliés dans l'Amérique septentrionale. Ne sachant comment excuser les maux que l'Europe a occasionnés à l'Amérique, par l'introduction des rats et des souris dont elle a empoisonné le Nouveau- Monde, il a imaginé d'avancer: (t que les Fers Tarèts ou a rongeurs des digues et des vaisseaux , qui ont fait « trembler la Zélande , étaient probablement originaires K d'x\mcrique. » lue le* ^" 5 • que les dans toute iiicorc paru de Konne- pariie d'une 1 souris des des arbres, ^rlé d'un fait artcment du Drabrable de lacbes noires ir gross^'ur et îs cages. Ces talent grosses re j elles ont terre et des connus dans iltipUés dans que l'Europe >oductioii des le Noùveau- '^ers Tarèts ou qui ont fait enl origiaaircs PB l.*AMéllIQVS. 71 Une assertion semblable , soutenue par un probable- , ment aussi judicieux j annonce plus de partialité que do bonne foi. Ëst-il vraisemblable que ces insectes aient été transportés du climat brûlant des Tropiques dans celui des Zones glaciales, que leur multiplication , au bout de 60 ans , ait été si prodigieuse et si rapide dans les mers gla- cées du nord de l'Europe , au point , comme il l'avance , d'infecter tous les ports de cette portion du glubc, et d'ajouter de nouveaux dangers aux dangers de la navigation , en criblant la carène des navires sous les pieds du matelot ? Il est malheureux pour sc3 systèmes injurieux que M. KerrouXy dans son histoire de la Hollande, page 1 169 du 2" volume , dise: «c que ce fut en i73o , que .« l'en s'aperçut des premiers ravages causés, par ■ ces /ers de mer, à la digue de Westcapellc, dans « Vile de Walcheren , que l'on prétendit qu'ils étaient . et conséqnemment faire supposer que , si la population américaine n'égalait pas tout-à-fait celle de l'Asie, elle ne devait pas s'en éloigner de beaucoup. Il trouve que le dénombrement de l'Europe pa- raît être fait avec la dernière ponctualité, et qu'il est peut-être impossible d'approcher davantage de la véri'é, mais que la même tablede M. Susmilch renferme plutôt une estime qu'un calcul , en faisant contenir six cent cin- qtiante millions d'âmes à l'Asie, cent cinquante millions h. rAfrique, et cent cinquante millions à l'Amérique ; parce que, selon lui, le dénombrement de l'Afrique esta co«p sûr fautif, pnistfue Von ne connaît , dit-il , ijue les côtes de cette vaste portion de l'Ancien Continent , et que ta population de ses côtes est très-considérable , à en juger par la traite des Nègres. M. Paw s'est doublement trompé, parce que les côtes fournissent au plus le quart des es- claves qu'on achète dans ce pays , et que , pour s'en pro- curer une quantité suffisante , il faut les aller chercher jusqu'à cent et même deux cents lieues , dans l'intérieur des terres. ■ y , Quant à la population de l'Amérique, il la trouve exagérée , parce qu'il s'ensuivrait , selon lui , qu'il y aurait à peu près treize à quatorze personnes sur un mille ET DC L*àh£bIQVC* 77 anglais en carré , et celle de l'Asie étonnante , parce qu'elle contiendrait à elle seule plus d'habitans que le reste de l'univers connu j quoiqu'elle ait , selon Tempel- man , dix millions deux cent cinquante sept mille quatre cent quatre-vingt sept mille anglais en carré ; et il trouve que le dénombrement de l'Europe est de la dernière ponctualité, quoique cette portion du globe n'ait que neuf cent trente - neuf mille anglais en carré , qu'elle soit trois fois plus petite que l'Amé- rique, et qu'elle contienne i38bommeset une fraction d'bomme par mille anglais eu carré. N'est-il pas absurde de prétendre donner comme un calcul juste , la supposition qu'on dit avoir été faite de la population de la Firginie , lors de l'arrivée des pre- miers Anglais dans ce pays, et d'affirmerjSur l'estimation de gens qui sont restés constamment sur le bord de la mer àcherclierde l'or à l'embouchure de la rivière , qu'il n'existait que cinq cents Américains sur un terrain de 60 lieues carrées; que dans la Floride française ,\es Anglais, après le traité de Fontainebleau, n'ont pu y compter /mi^ rmlle personnes , taudis que les peuplades seules d'In- diens libres, qui ont survécu aux massacres réitérés des Européens, fournissent encore, de nos jours^ une popula- tion de quarante-cinq mille âmes qui occupent 55 vil- lages ; que sur les limites de la Géorgie , on porte à plus de quinze - cent mille , le nombre des guerriers in- diens indépendans , et à près de quarante-cinq mille , ceux qui sont établis en Géorgie. C'est d'après des données semblables à celles ci-dessus, qu'on a avanré que le Chiraguar , qui a cent lieues d'étendue , et cin- quante de large, ne contenait tout au plus que vingl mille Sauvages , tandis que malgré les gaeries cruelles qu'on mi i :H «' * i . J ^1: n ' :i '*' ■' ,. ■., 78 POPULATION DE l'cUBOPS leur a faites , on en compte encore soixanle-dix-huil mille , qui habitent des villages et des villes où l'on trouve des maisons assez bien bâties ; que dans la Guyane qui paraît être une fois plus grande que la France, on n'a compté, au moment de la découverte , que vingt-cinq mille âmes , tandis qu'aujourd'hui même , on y compte au moins deux-cent mille Indiens réunis aux Français , aux Hollandais , et aux Portugais; qu'on connaît de plus une quarantaine de peuplades libres , dont la population excède cent mille âmes. C'est par suite de cet esprit de dépréciation, qu'il avance, qu'en remontant vers le Nord, on a parcouru trois oents lieues en tous sens, sans rencontrer une famille , une cabane , sans voir un être à face humaine. Si cet écrivain avait parcouru la TerrC' Ferme proprement dite , il eût appris, à son grand éton- nement , qu'on y compte les Indiens par centaines de mille , ainsi que dans le Brésil , dont on ne connaît qu'une vingtaine de peuplades ; que sur la côte du Mississifji et dans la Louisiane , l'on rencontre plu- sieurs cen/û/ne5 de milliers d'Indiens libres, sans compter ceux qui se sont fixés parmi les Européens j qu'à l'O- rient , et en allant vers l'Occident, un peu vers le Nord, du côté du Canada et dans le Canada môme, on trouve une cinquantaine de tribus dont le nombre s'élève à plus de cent mille hommes ; enfin , que si la popula- tion des Péruviens et des Mexicains a été exagérée par les Espagnol s, elle n'en était pas moins considérable. Ne serait-on pas fonde à lui demander d'où il a tiré des renseignemons semblables ? Comment se flat- ter de pouvoir doimcr au jnsie la population d'un im- intnse Continent, où erraient ungrandnombre de nations sauvages, qui n'ont jamais songé elies-Uiêmes à compter BT DE l'AMÂBIQ'VE. 79 ~dîx-huU où Von a Guyane ance, on nngt-cinq y compte ïrançais , lit de plus population t esprit de ni vers le j sens , sans ir un être à «la Terre- rrand cton- : centaines 1 ne connaît la côte du lonire plu- Lns compter ; q« à vo- lets le Nord, ^ on trouve e s'élève à la popula- éxagérée par dérable. [er d'où il a tent se flai- on d'un im- le de nations icsà compter leur propre membre ? Quel est le voyageur qui puisse en parler aussi pertinemment', qui ait eu assez de crédit ou d'autorité pour parcourir impunément tous ces pays, et faire comparaître devant lui tous les habitans de chaqtie canton, aiin d'en faire un recensement exact , ou une approximation exempte d'erreurs grossières ? On sait d'ailleurs que les Espagnols et les Portugais qui possèdent la partie du Nouveau-Monde la plus considérable et la plus peuplée , sont très-attentifs h dérober la connais- sance exacte de leurs forces : et personne n'ignore qu'il y a encore de vastes contrées en Amérique , tant dans le pays conquis, que dans ceux où l'on n'a jamaispénétré , qui seraient susceptibles d'offrir de grandes acquisitions pour l'histoire de l'homme , et dont on a soustrait h dessein la connaissance au public. Il me semble qu'il est aussi difficile d'évaluer avec quel- que certitude , le nombre des habitans qui composaient le royaume deMotézuraa, que de prononcer sur l'ancienne population de l'Egypte, de la Perse, de la Grèce , et du Latium. Les ruines étendues des villes et des villages, que M. Humboldt a obseivèes sous les i8 et 20" de la- titude , dans l'intérieur du Mexique , prouvent que la population de cette partie du royaume était jadis bien supérieure à celle qui existe aujourd'liui. Quoiqu'il en soit, on avait évalué en 1798 , la population de toute la Nouvelle - Espagne h cinq millions deux cent mille âmes , nombre qui était probablement au dessous de la population existante , puisqu'aucune calamité publique n'avait affligé ce pays. Depuis le dénombrement de 1708 , M. Humboldt , eu 1802 , l'a estimé à six millions cinq cent mille. Lesindicus, d'après les renseignemens qu'on lui a fournis sur les lieux , forment les deux tiers de la i '! SrW2B i 5 -i ■mvh |p il !;j lu '$ H^Kfff^ .« ë 80 POPULATION DE L*£1T1I0»I population du Mexique , c'est- h-dire , trois millions, six cent soixante six mille six cent soixante-six âmes. Dans la province à'Oaxaca, sur cent indiv idus^ on compte quatre- Tingt-huit Indiens. Ce grand nombre d'indigènes prouve combien la culture de ce pays est ancierne. Aussi , irouve-t-on près d'Oaxaca, des restes de monumens d'arcliitocture mexicaine, qui annoncent une civilisation 8!ng7jiièrement ayancée» ."^e crois, comme M. FaWjque les Espagnols, accoum-' rués k peindre tous les objets, avec des proportions ou- rrées , ont «fxagéré la population des Péruviens . et des Mexicains. Cette exagération , malgré tout , prouve i^u'ils oni trouvé dans ces régions , une mulitude prodi- gieuse d'individus, et que si leur nombre a diminué d'une manière sensible , cette diminution a été le résultat des sacrifices , des guerres que les Indiens se (ont enrr'eux , des guerres k mort que les Espagnols , les Portugais et les Anglo- Américains n'ont cessé de leur faire, et de la traite que Ton faisait de ces mêmes indigènes. Le com- merce des esclaves américains , (observe M. Huinboldt dans son Voyage aux Rég. équin. du Nouveau Conlin; ni) se faisait au seizième siècle, avec une aclivilé étonnante à Macampan, appc^Ué anciennement Amaracapanoy à Cu- maria, à ^raya, et surfout à U nouvelle Cadix , fondée dans l'ilot de Cubagna , pour payer le quint aux officiers de la couronne , et les renvoyer à Saint-Domingue, après avoir souvent changé de maîtres , non par la voie d'achat , mais parce que les soldats lil , que jamais sa popula-» iion n'a été plus forte, Voilkuile conséquence qui n'est nullement conséquente ; et pour prouver son raisonne- ment à fortiori y iM. Paw conclut très- savamment'; il B^ensuit qu'en dééomplantles Afaureset.tes Juifs expulsés, il est passé en un laps dedeux cent soixante, ans , huit millions d'Espagnols. Gomme celte conclusion est aussi concluante que la' conséquence, le lecteur, j^ l'espère, me saura gré de ne point m'appesantir sur un raisonne- ment aussi absurde. ...,,. \. I y'ili'iiiUJ Prétendre que la dépopulation deTAménque n*a pas été occasionnée principalement patf 'les mossacv^s 'et les cruautés des Ësptignols:, c'est é'obstiner à nier Vàuthen- ticité d'un fait , que personùe ne met en doute. Affirmer qu'il a passé , djins les Indes (occidentales , plus d'Euro- péens qu'on jT a; détruit d'Indigènes, c'est ,avat)oèe une erreur ; puisqu'en supposant iqùe' > IHËak-ope -^ ■ depuis l'an 1 5oo , ait envoyé cinquante mille 'hommes par an , )usqu'eni 1770 , moment où M. Faw a écrit son ouvrage , cela ne ferait, dans uii laps de deux pent ^soixanté^^dix ans, que treize 'millions'':einqxent mille Européens. Et si Von comptait les Nègres , ajoute-t-il ^ on troùye- rait que te Nùumau-Continent a reçu plus d'hommes de V Ancien Monde , qu'iV n'en existait au moment de la découverte de l'Amérique. ' Quoique cet auteur sorte encore de l'état de la ques- tion , qui n'embrasse que TEr^ope et l Amérique , je répondrai qUe cette assertion n'est pas plus exacte que la précédente : puisque ce ne fut qu'en i5i7> qu'on 6* il 64 roBViATid» oi L'icR^m amena pour la première fois mille Nègres k SainUDo ' piingue ) dont la moitié fut envoyée an Mexique ; que jusqu'en i538) on ne transporta pas en Amérique an- ilela de six mille Nègres par année; qu'en 1539. , '^^ fin. .envoya de dix à douce mi!Je ; que depuis 1640 jusqu'en 1600, le nombre pouvait-étite de vingt-cinq à trente mille par an; que de 1600 k 1700, l'Amérique recevait annuellement de trente-cinq h quarante mille tètes d'esclaves ; que ce commerce jusqu'en 1760 , s'est augmenté jusqu'à €im|ttante mille par an , et qne depuis 1760 juisq^'cn 1770 , ce trafic a été jwrté à environ soixioilie: mille par an;,<;eqDi, au plus haut total, fournit neuf millions quatre cent trente>trois mille Nègres y MlSégressès ^ Nr^rillons, Négrittes; pour le terme ntoyen , kiiit millions d'Africjeiins ; et pour - le grand total ,,. y compiis le» Blancs et leà neuf mitlions quatrt)^;Ceni.irente->trois mille Nègres,; viUgt-deui miU lions neuf cent trente -troâs mille individus; c'est-^à-« àÎMf )j àr^peu près le septième partie des hal)itans que l'on {n ]Ç€|€!^nusirAaiévique.;i' nM' uûi.im.- J'ohservjenii 4^e! j'ai non^sealement foroé le nombre de 'Nègres M^ans les cent première» années de l'établis- sement des £iu><;q>éttns. eh Amérique , mais enedre que j'ai exagéré celui des Blancs- qui ont été se Ôxei* dans le Nouveau-Monde , et qui , pour ne pas végéter misé- rablement dans lem: pays natal, ont<ét'é forcés '«n quelque aorle d'aller vivre et mourir- en An^érique , séjour de la cordialité, de la bienfaisance, if ni offre, quoi qu'on en dise plus de villes et de bourgades que V Allemagne n\ de villes murées. '«è«»¥iVif hfj» > Encore une fois, ceia^est point ainsi qu'on écrit VHtstoire Naturelle de l'JSomjno, et celle d'an p^s ■ T»B L*AM^R1QV«« 85 nouveau , loraqu'on veut instruire se» semblable» suc des iuits qu'ils peuvent ne pas connaître , ou qu'ils n'ont jamais été à môme de vérifier , pour en apprécier la valeur ou l'exactitude. SUR LA .CONSTITUTION. SES PREMIERS AMÉRICAINS. V JT ouR pallier les malheurs sans npmbre occasionnés par cette peste horrible , à laquelle les Européens ont donné le titre modeste de petite yérohe , et qu'ils ont introduite en Amérique , M. Paw, pag. 19 du P' vol. , dit , avec une assurance qui n'appartient qu'à lui : « Que la Maladie Fénéricnne , qu'on a nommée , par « opposition la G. ►. . F. ... y est née en Amérique y « parce que ces contrées avaient eu recours à quantité « de remèdes , pour eiv retarder les progrès extrêmes ; « et page 22 du même vol., que la chair des Améii- « cains , n'étant autre chose qu^un vrai levain variolique r. dans sa plus grande activité ., il suffisait de séjourner « dans let^r pays pour y gagner la goutte sereine et le mal « vénérien sans contact , les germes en étant comme^ « répandus dans l'atmosphère. » Que signifie cette réticence , les germes en] étant comme répandus dans l'atmosphère ? S'ils ne l'étaient pas , pourquoi donner à entendre une fausse té" i* Si.^ comme M. Paw le prétend , Vcùr donnait la goutte^ IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) 1.0 l.l ltÂ|2^ MIS ■50 ■^~ MI^B ■^ 1^ 122 I li£ 12.0 IJ ™ 1=1^ ^ 6" — ► Photographie Sdenœs Corporation •^ ^ \ V \\ t\ k ç> 23 WEST MAIN STREET WEBSTER, N.Y. 14580 (716) «73-4503 ^ ^ ^a fVm lA JMKITSTVTXOII «6roiii«%tlé'mal ténérieti^ ajjfectait 7e« iacnUét phyèi<^ qiies et mofales des Amérîcaitis ; si une imntBrue quantité de vers ascarides et cylindriques les persécu- taient à tout Âge ; si , /a liqueur du fiel était édulcorée en eux.,v#u ne coulait pas abondamment , comme dans les enfans mâles des Européens ; si les vers cylindriquei leur restaient )usqp:i'à la dix-septièn^e ou dix-huitième année ,' temps iauqueVla bile doit acquérir âsiez d'acri- monie pour nettoyer le canal intestinal , en tuant , par son amertume , les insectes logés dans ses replis; si la transpiration insensilfle ^tait.moindre dans l^s Indiens occidentaux , quVlle ne devait l'être , au point de les contraindre à se racler la peau jusqu'au sang, & se | frotter de graisses péqétrantes , à se. manier fortement les membres pour les tenir souples , et en prévenir Ven- gourdi'ssement } s'ils étaient obligés de boire continuelle-i ment de la salsepareille , du gayac , de la Ibbelia , pour empêcher le mal endémique et national de dégénérer en excès ; de mâcher continuellement du coca et du caaminî pour les faire cracher, et les délivrer d'une quantité d'humeurs malignes ; de se mettre du tabac dans le nez et dans la bouche , pour provoquer l'écoulé- ment pituiiaire , et tuer les vers intestinaux; si la lan^ gueur et rindifTérence des Américains pdur les femmes , avaient été tellesque M. Paw l'avance ; est-il probable , est-il possible que ces peuples , chargés d'autant d'afQic- lions , eussent pu survivre à tant de fléaux , au miliïiu d'un pays désert, rempli de marécages, Leur popula- tion n'eût pu faire face ji leurs guerres , à leuks sacrifices, puisque les Espagnols accusaient M^itézurna de laisser immoler, tous les ans, vingt mille enCans. L'auteur, quf feint de ne pas croire à ce rapport , cite cependant à ce DKs rKSMXXKg ÂuiniOÂJva, 9f> fujet , par manière d'acquit , THistoire Générale de TAr mérique publiée par le père Touron en 1768 et 69; ainsi que Herrera, qui prétend qu'Ahuitzol immola soixante-quatre mille hommes à la dédicace du temple de Mexico , et qu'on trouva cent trente mille cr&nes 4e personnes qui avaient été sacrifiées. Est-il vraisem- blable , dis-je , que la population américaine eût pu , pendant dix ans et plus , fournir, malgré cette destruc- tion , autant de millions de victimes à la rage des Espa- gnols j que cette poignée d'aventuriers n'eût pas suc- combé elle-même sous les miasmes d'un air aussi pestiféré , que l'odeur des cadavres sur lesquels les conquéi^ns marchaient , devaient rendre encore^ plus mortel? S M. Faw; au lieu d'avancer au hasard de» faits semblables , aurait dû commencer par prouver , d'une manière irréfragable , que les Américains avaient eu recours & quantité de -remèdes , pour retarder les pro- grès du mal vénérien. Il s'en est bien gardé , parce que les preuves qu'il eût alléguées à l'appui de son assertion, eussent été contraires k l'apathie , à la stupide insensi- bilité ,^à la paresse , à l'éloigné ment pour les femmes, qu'il reproche & ce peuple. Cela ne doit pas surprendre, puisque nous allons le voir dans ce chapitre , sans cesse en contradiction avec lui-même. Si M. Calme , botaniste suédois , é\^re du célèbre Linné3 , qui a voyagé en curieux et en savant , dans l'Amérique septentrionale , s'y est assuré que les Indi- gènes se servent avec grand succès de la lobelia , et a rapporté , èomme on peut le voir dans les Mémoires de VAcadémie de Stockolm , qu'on n'a Jamais trouvé de sauvage f qui n'ait été radicalen\ent guéri du virm 1« aCR LA eoVSTItVTIOlC plus invétéré , en ^usant de ce spëcifitjae ; comment M. Paw , qui avait conûaissance du rapport de M. Calme , comme son ouvrage le prouve , a-t-il osé pu- blier que la midadie vénérienne , avant la découverte dn Nouveau-Monde , existait avec les qualités horribles que son imagination en délire lui a suggérées ; puisqu'il est prouvé par ceux qui voyagent en Amérique depuis cette époque, que les Sauvages ne sont nullement sujets à ce mal j que lorsqu'ils l'attrappent , ils s'en guérissent radicalement , avec une décoction des racines de simple ci-dessus ? M. Humboldt , dans son Voyage à la Nouvelle-Es- pagne , ' dit : « n est curieux d'observer comme les | « Métis et les I^Piens , qui sont employés à porter le « minerai sur leur dos , et que Ton désigtie sous le nom m de Tenateros , restent chargés continuellement pen- « dant six heures , d'un poids de deux cent vingt-cinq « à deux cent trente tivres , étant exposés en même « temps à une température très-élevée , et montant « huit à dix fois de suite , sans se reposer , dés escaliers « de dix-huit cents gradins : l'aspect de ces hommes » laborieux et robustes aurait pu faire changer d'opinion « auxRaynal , anxPaw, et 2i ce grand nombre d'auteurs « d''ailleurs estimables , qui se sont plu à déclamer sui; « la dégénération de notre espèce dans la Zone Torride , « dans les miaes mexicaines. Des enfans de dix-s<>pt « ans, portent déjà des masses de pierres, de cent livies m pesant » Soit remords , soit oubli , ce dernier , déclare , pog. 4^ du premier vol. , que ie mal vénérien ne faisait pas , parmi les Américains , les menues ravages qu'il a occa- sionnés en Europe, a(4, commencement de sa transplanta-' ihiif et que ceUç maladie ètAÎt plus bénigne dans son part notai, - Quelle contradictioii ! Quoi , tous venes de faous dire, tout à l'heure, que le mal vénépien avait dé90i>- gaoisé toutes les facultés physiques et morales des Améneavis, ftgé de dix-huit ans, a exécuté dans le bassin de Leith en Ecosse, avec un canot de son pays, des manoeuvres trè%, adroites, en présence d'un grand nombre de specta- teurs; qu'il a nagé parfaitement, plongé avec son bateau renversé sur sa tète, et s'est relevé à une grande dis- tance, assis dedans. Ces exercices, quoi qu'on puisse dire, annoncent de la force musculaire, et non une^consti* tution délabrée. Je ne sais comment le traducteur anglais de M. Sparr- iAj, pour nous faire sentir l'utilité des journaux de j|ge , a pu citer MM. Faw et Raynal pour exemples : Bfg rtucxinf ÂHiaioiiMs; S» le docte et judicieux abbé Frizi , qui ne s'est pas laissé imposer par les rêveries de M. Faw , a noté plusieurs de ses mé|>rises. Peut-on en trouver une plus étonnante que celle-ci ? Cet écrivain, qui nie tout, n'établit rien, et prend ce toa tranchant qui l'a fait tomber dans mille erreurs , dans mille équivoques , tant en physique , qu'en histoire, dit avec confiance, que c'est le pape Fié II, qui intro- duisit l'usage du gayac pour la maladie vébérienne. Or, ce Pape mounit en 1464, c'est-à-dire, trente ans avant que Colomb eût découvert l'Amérique, d'où l'on rap- porta le gayac... Voilà comme* M. Paw , arrange sa Chronologie!/ • ' Il est aussi risible de Tentendre affirmer pé- remptoirement, que les germes du mal vénérien, en étaient comme répandus dans l'atmosphère, que de l'entendre assurer que les Lézarda iguans^ que les Fran-* çais oiit nommé Coqs de joute, dont les Américains se -nourrissaient, y renforçaient sans cpi'on le sût, le prin- cipe variolique, dont ions les hommes et beaucoup d'animaux étaient atteints ; puisque ce fait a été conti- nuellement démenti par Tusage des Créoles-^, des Européens et des Nègres , qui , depuis la découverte du Nouveau-Monde jusqu'à ce jour , n'ont cessé d'en man- ger, sans éprouver la moindre atteinte véroliqoe, comme on le prétend , sur l'autorité de Lîster. La chair de ce Lézard, loin d'être malfaisante et contraire à ceux qui sont atteints du mal vénérien , est un sudorifique qui p4|piie à la peau , comme celle de Tortue» On a dé- couvert récemment à Saint-Domingue , le secret de guérir la maladie vénérienne , en avalant de petits Lézard^ nommés AnoliSf crus et écorchés. w^-'" m : 1*68 Toyageun qui ont mange de VIguan, ont totig «xalté la délicatesse et la tendre^ de sa chair, qui a le même goût que celle du poulet ; et parce qut M . Pison seul dit ravoir trouvée fade, M. Fav/ conclut quelle qe vaut rien, et qu'elle irrite incroyablement le mal véné- rien. ■ ., . Four pirouver que la maladie vénérienne e4t née en Amérique, il cite, page i8 du premier volume, le premier article du fameux Edit du parlemçnt^ de Paris-, daté de 1496 , qui condamne i la potence , les étrangers qui, étant infectés de cette maladie, ne quitteront pas la capitale dans vingt-quatre heures. Fontanon , qui rapporte cet Edit, s'exprime ainsi : \ « Pour pourvoir aux inconvéniéns qui adviennent chaque jour, par la fréquentation et communication des malades qui sont de présent en grand nombre en cette ville de Paris , de certaine maladie c«mtagieu8e nommée la G. ... ^. ... , ont été advisés , conclus et délibérés par révérend père en Dieu , moiiaicur Vévô- que de Paris , les officiers du roi , prévôts des mar«- chands et échevins, et le conseil, et l'avis; de plusieiu» grands.et notaUes personnages de 'tous les états , les points et articles qui s^ensuiveut : « Sera fait cry public de par le Roi , que tout malade de ceste maladie de G..., V...,, estrangiers tant hommes que femmes, qui étaient dem(*urants et rési- dents en ceste ville de Paris , ès-pays et lieux dont ils sont natifs, ou là oà ils faisaient leur résidence, quand ceste maladie les a prins , ou ailleii4lp|ù bon leur semblera , sur pei»e de la, hart ; et à ce que. plus facilement il& puissent partir, se retirent ès^portes de SainuDeuis et Saint- Jacques^ où ils trouveront gen» »n, om tous «députes, lesquels leur délivreront à chacun quatre « sols parisis , en prenant leur nom par escript , et leur M fesant défense sur la peine que dessus, de non rentrer « eueeste ville, jusqu'à qu'ils soient entièrement garis m de cesie. maladie y etc. » :' Ce\ Edit que M. Fa\v a cité, nomme cette maladie, comme on vient de le voir, la G. . . . f^. . . . , et non pas le mal d'Amérique. Cet éerivain est peut-être le seul individu qui. ait iftiaglné de dégrader uii pays, en le gratifiant des turpitudes du sien. Sachant , à n'en point 4oHter>4 que les Français et les Anglais ne pouvaient pas avoir reçu ce mal de l'Amérique *^ puisque Saint<^ Christ(^he est ki preinière ile où les aventuriers de ces deul nations élwent arrivés pour la première^ fois ^ en 1629 , c'est- ii-dire , cent vingts-neuf ans après le fameux Edit dont il appuie son assertion : il a recours, pour sa iustification, au passage suivant, qu'il a extrait (de Dias de Islâ ; or ce célèbre Sangrado , aussi peu connu dans la médecine , qiie dans le mtonde littéraire ^ ditsam plus de formalités : « Qu'au moment que Colomb , de retoi^r durNouvèau-^ je Monde, vint débarquer à Fal«s en Andalousie, le « Roi et la Reine d'Espagne résidaient if Barcdone, » où on aUa leur rendre compte du succès de l'expédition M. du voyage ; que le mal vénérien se déclara tout d'un « coup dans cette dernière ville , et atteignit preisque « tous les habitans ù->la-fois ; qu'on ordonna des pro^ « cessions publiques , des jeûnes ; qu'on exhorta l^.*! « citoyens à faice des aumônes pour fléchir le Giel « irrité ; qu'on pria avec ferveur, et qu'on ne, se guérit « point ; que Tannée suivante ( 1494 ) , Charles VJU, ^c Roi de France , ayant conduit une armée formidable ^ fUk LA OOHStlTUTIOR. « en Italie , plusieurArégimens espagnols , qu'on enroja « pour s^opposer à l'invasion de Charles , y apportèrent « ayec eux le germe du mal d'Amérique , et le con»- « muniquèrent aux Français qui, ne sachant d'où leur « venait cette épidémie , en accusèrent le climat insa- « lubre du royaume de Naples , et imaginèrent de lui « donner lenom de maldeNaphSy poiurdésigner cette ma- « ladie, dont ils ne connaissaient que les ravages, sans en « connaître Torigine ; et que les Italiens , qui n'avaient « jamais entendu parler de ce nom inventé par les « Français , appelèrent cette indisposition le nud « français. » ' Que de pauvres expédiens préseptés d'une manièrél {enco#e plus pitoyable ! l^'abord une •nuÉMie contagieuse qui se propage sans contact immédiat, sinon par l'atmos- phère ambiante , et qui ne se déclare précisémeiit qu'à Barcelone , k environ cent cinquante lieue» du mouil-. lage où elle a débarqué ', qui fait grAce aux habitans de Palos , à ceux des villes et villages que le courier a traversés , pour n'attaquer que les Barceloniens , qui en furent presque tous atteints , et excepter la 'famille royale , qui a cependant communiqué avec le GOur> rier extraordinaire , a reçu les dépêches dont il était porteur , et qui sortaient des mains pestiférées des nouveaux débarqués ; ensuite la maladresse de Pau- teur , qui a oublié de prévenir que cette maladie s'était propagée immédiatement par toute l'Espagne , et qui fait partir plusieurs régimens espagnols pour l'Italie , sans dire de quelle partie de l'Espagne -, iri si les germes véroliqujs aériens étaient parvenus à l'endroit où ces troupes résidaient. Si cette maladie eut été si contagieuse à cette époque, M« PBBMIIKS AmAbICAIM*. 9* qu*il niffiflait de respirer Tair ambiant pour rattraperi comment se fait^ilque les neuf Américains et les quatre- vingt-deux soldats et matelots, qui formaient l'équipage du bâtiment que Christophe ramena à Paies , n'iitfeo- térent pas l'air de cette ville avec plus de force que celui de Barcelone; puisqu'ils y séjournèrent quelque temps avant d'obtenir la permission d'aller k Barcelone ; que le virus qui ne faisait que d'arriver^ devait avoir plus d'activité, puisque Colomb laissa cinquante-deux soldats et matelots à Paies , et qu'il est k présumer qw Colomb, en se rendant à Barcelone, n'ayait emmené avec lui que ceux qui étaient sains ou, tottt au plus, les moins malades ? Pourquoi le Gouvernement et la cour d'Espagne , en apprenant que les nouveaux venus avaient des figures remplies de frondes virulens, infects cft contagieux , ne défendirent-ils pas de communicpier avec ces pestiférés » ' jusqu'à ce qu'ils fussent guéris? N'est-il pas étonnant' que icette maladie ait perdu' sa force destructrive k Falos le long de la route , pour la retrouver k point nommé dans le lieu où la Cour résidait* que Christophe ne s^ soit pas plaint de cette maladie jet que, contre toute / vraisemblance , il ait manqué aux égards qu'il devait à son roi, potir lui faire l'hommage d'une nouvelle peste ? Ce qui prouve la fausseté de la relation de Dias de Jslaf et le ridicule de l'observation de M. Paw, qui prétend que les Américains débarqués k Palos , faisaient des hnrlemens offreux, et se démenaient comme des démoniaques ; c'est que les relations des autres écrivains disent positivement que Colomb , le 25 mars 1498 , fut invité à sç reivke k la Cour, pour y^t^c^Toic mi hoin- % 9« mage public • va LÀ OOXITlTVTIOn d^csUme et de reconnaÎMance , que I0 peuple se portait en foule sur les pas de cet homme eitraordinaire , et que, par Tordre dlsabelle, son entrée dans la ville de Barcelone où la Cour se trouyait , se fit ayec tout Tappareil et toute la- pompe d'un triomphateur } que Christophe présenta au^roi et à la reine, des mon- ceaux d'or et quelques Insulaires qui Tavaient auivi vo- lonuirement ;et que le Gouvernement espagnol ordonna d'équiper promptement une flotte ,, avec laquelle ce liérot pût aller k la recherche de nonvielles contrées. ReçoitHon ainsi .un homme qui amène des Démonia- ques, couverts de frondes virulèns, sales et dégoùtans, et ordonne-tp-on d'équiper une flotte poUr t'en procureur d'autres, et aller i la recherche d*un pays désert, cou- vert de marécages mortels ? Voilà comitie «me absurdité avancée par un homme d'esprit , se propagie, lorsqu'elle fliitté surtout des préjugés nationaux, qu'elle se consacre avee le temps, et qu'il est ensuite si difficile, pouv. ne pas flire impossible, de la déraciner particulièrement de l'esprit de cette classe d'hommes , qui croient sans plus d'examen , tout ce qu'un livrO, boU ou mauvais, peut ooobeoir, et le répètent avec la même légèneté. . PdUr ne point el&noachèr la pudeur de mes lecteur», je lli^abstiendrai de citer ici vingt-deux autorités qui ne laissent aucun doute sur cette maladie. Il ne s'agit que de ve^ ce qu'eii disent il/o;^«e(a794abs avant la décou- verte de rAinéstque ; ; oin L'imftrécaCloÀ de J^di^id contte' Joàb ; ' PaUatlef (fliét. Lausiaq^e, pag. 81 ^t 83 de Meursiui, I 83deM«ursiui, BtS mKXICKS AM^BICAIIfS. 9^ La Chronique de Misnie, citée daru Us Comment taires de Leipsick , lors de l'iiiTasion d*Attila ; Gérard de Carmone (dont il y a quatre manuscrits, deux dans la bibliothèque du Roi , deux dans celle de Saint- Victor) , dans son Commentaire sur le Viatique du savant moine Constantin} Garde Chauliac, Brunnus ^ BertapaliOf Hugo ^ Henri f d'Hermondavitle i sous Philippe Auguste^ Arnaud de f^Uieneuve. Les ouvrages manuscrits sont à la Biblio^ théque du Roi ; Guillaume , évéque de Paris , dans son second supplément h^ son traité de la Pénitence ; Théodorie , évéque de Servie , habile médecin ; Delpliini) la mort du roi Ladislasj Paci/icus Maximus au dieu Priape ; Le manuscrit de Rochouart , à la Bibliothèque des Bénédictins ; Tumerj le poème latin imprimé en 1489 , qui se trouva dans la Bibliothèque Maz|rine, (/loc genus morhi commune Gallis et Jberis ) ; Basile Falentin {ChronUjue d'Erfort); Le docteur «Sunc^ez ; le médecin Fioraventi, auteur des Caprices Médicinaux ; Monconis , etc. ; Enfin, la défense expresse que Henri III, roi d'An- gleterre , et son conseil ont faite de ne pas laisser em- barquer pour la Méditerranée quiconque était atteint du mal vénérien , autrement dit napolitain, Henri HI fut couronné en 12 16, et mourut en 1272, (c'est-à-dire, deux-cent -vingt ans avant la découverte de l'Amé- rique. ) L'illustre chancelier Bacon , rapporte qu'en 1494,' des marchands de viVres, ayant fait saler et encaquer d» Tome 2. 7 q8 SUR LA CONSTITUTION \ la chair humaine cur les côtes de la Mauritanie , vinrent la vendre aux troupes françaises, persécutées par la disette au blocus de Naples : quie cette salaison les infecta de cette même indiposition, qu'on a ensuite retrouvée chez les Cannibales du Nouveau Monde. Ce résultat parait assez vraisemblable , si surtout l'on veut se donner la peine d'examiner le poison redoutable que les Africains tirent de la malignité des humeurs et du sang> humain , que les anciens Scythes méridionaux niêlaient avec de la sanie de Fipère , pour occasionner une mort plus prompte. Cependant je ferai observer , quoi qu'en dise l'illustre chancelier Bacon , que les Cannibales qui mangeaient de la chair humaine fraîchement tuée eti saignée , qui choisissaient les corps sains , comme nous le faisons de la viande de boucherie , et qui la faisaient rôtir, ne pouvaient pas être affectés de la même indis- position que les troupes françaises et espagnoles, qui s'étaient repues de cadavres; que ces soldats^ d'ailleurs, n'étaient pas accoutun^ , comme les Antropophages , à se nourrir de chair humaine fraîche; conséquemment, que les Cannibales ne pouvaient pas avoir éprouvé les mêmes indispositions que ceux qui avaient dévoré des charognes. Les médecins du seizème siècle attribuaient le mal vénérien aux causes qui avaient infecté l'armée française, campée au royaume de Naples en 1494. Cisalpin rapporte que cette cdhtagion qu'on a nom- mée ensuite mal de Naples ^ provient de la sani^ de lé- preux, que les Espagnols avaient mêlée dans du vin grec ; les troupes de Charles en avaient bu avidement, lorsqu'ils prirent le poste que les Espagnols occupaient dans la bourgade de Somma près du Vésuve. DBS PAEMIEIIS AMÉHtCAIItS. 9d oui Von Louiable neurs et idionaux aner une er, cpioi annibalcs ni tuée et\ âme nous a faisaient me indis- noles, qui d'ailleurs , »pliages , à luemment , >rouvé les Lévoré des Fallope soutient que les Espagnols y avaient délayé de la céruse. ' Gomme on le voit , ce mal était connu du temps de Moïse , et les médecins eux«4Bémes sont loin d'attribuer la maladie vénérienne à l'Aittérîque , encorie moilis aux sophismes insoutenables 4fe M. Baw, qui y pour ne pas démordre de ses principes erronés, ajoute diaprés l'Es- pagnol Zarate , v. que l'air de cette partie du !Pérou , qui « est la plus voisine de la ligne Equinoxiale , était sujet « V donner des clous, qu'il appelle verrues ou /rondes ^ tt fort malins et fort dangereux. » Or, ces frondes , conclut très-ingénieusement M. Paw , n'étaient que les effets du mal vénérieii qui, au commencement de sa transplantation en Europe , y produisit les mêmes symp- tômes. Le lecteur, daprés les diverses citations que je lui ai soumises, voit clairement que la Chronologie n'est pas du ressort du génie de l'auteur des Kechercbes sur les Américains, qui crok, pour mieux prouver la justesse de sa conclusion , devoir citer, page 184 du troisième volume , le passage suivant du poète Le Msdre. c Mbifi \ la fin qaand le Tenin fat menr, c II iear aaiuait fie gros boutons sans fleur « Si très-hideuk, si laids etsiënonccs, « Qu'on ne vit onc visages si difformes i « M'onc ne reçat si très-mortelle injure c Mature humaine •& sa belle figure, c Au front, au col, au menton et an nea c Ono ne vit^oo tant de geas boatonnes. c THe ne seeut onc loi bailler propre noja^ c TSul médecin , tant ent-âl de renom, c L'ung la Toalnt sahufati nommer^ ■ En Arabie } l'antre a pa mtimer < Qu'on la doit dire en latin mentajgra ■ itfais le commun , quand il la rencontra ; 100 SVA lÀ «ORSTITVTIOlf ^ La Bommait gotire oa la ▼...! grosaa à Qui n'épargnait ne ooaronne y ne erou« c * Et dit-on plus qac la pnisaante armée « Des foru Français k grant peine et souffrance a En Kaples , l*ont conquise et mise en France. » ( Voyea les Contes de Cupido et à*Atropos, ) "■ Quoi, parce que le flamand Le Maire l'eft bien gardé de dire, même dans cette facétie, que cette maladie fût venue d'Amérique, vous n'avez pas rougi d'en imposer k PUnivers , en suppléant au silence de ce poète, par une calomnie aussi vile que méprisable! Farce que Le Maire affirme qu'en Arabie , les médecini Tout nommée sahafati, que le Latin 1 appelle mentagra, et le vulgaire la grosse ou la f^...,. grosse , elles<-8œurs et souvent les veuves de leurs pères ; Que Gharlemagne , malgré ses Gapitulaires, n'a jamaiis pu adoucir les moeurs de son peuple , à qui l'inceste n'était pas étranger ; • Qu'en Angleterre avant et après l'arrivée des Romains, une douzaine d'amis mettaient leurs femmes en commun, qu'ils prenaient sans tirera conséquence, la première qui se trouvait sous leur main; (que 996 an» avant la découverte du Nouveau-Monde ) , c'est-à-dire en 496 , après la conquête de l'Angleterre, par les Saxons, la débauche y était si grande, que Meinas, petit roitelet du Comté de Sommersct, enleva et ravit la femme d'Arthur^ roi des Bretons j que Mordred, neveu de ce malheureux prince , débaucha la troisième femme de sou oncle; que les rois Bretons, Edwy, Edgar, Ehtelred, ne se faisaient pcûnt scrupule d'accaparer pour leurs plaisirs, toutes les jolies filles de leurs sujets ; que les Religieuses anglaises se prostituaient au premier venu; que les Danois et les Princes bretons les violaient jusques sur les marches de Tautel ; que les couvens étaient la plupart de véritables pépinières de tous les vices ; que la dépra- vation sous Henri III était telle , qu'elle eût fait rougir tout autre individu qu'un ecclésiastique. (Voy. l'Hist. Ecclés. de Collier, i vol in-folio, 464, 65.) Pour bien juger des abus qui s'étaient introduits daas les mona.stères , bien avaut le douzième siècle , il suffi- DES PBElilEAS AMÉRICAIN S. io5 rait de lire dans la vie de Tabbé Suger , les détails dé la licence à laquelle s'abandonnaient les religieux de Saint- Denis , dont ce grand homme ne pensa h entireprendre la réforme qu'après avoir long-temps, lui-même , auto- risé en quelque sorte leurs désordres , au moins par l'exemple du faste , par celui d'une vie indépendante et toute guerrière j Qu'un désordre à-peu-près semblable régnait dans toute l'Europe } que les Croisades, au onzième siècle , ne firent qu'augmenter la corruption des mœurs ; que ce dérèglement, bien avant la découverte du Nouveau- Monde, était porté à son comble par l'esprit romanesque delà Chevalerie; Qu'en octobre I255 (237 ans avant la découverte de l'Amérique ) les Espagnols introduisirent en Angle- terre, des vices et des maladies jusqu'alors inconnus h ce pays : ce qui força Henri III, et son conseil, k prendre les mesures dont nous avons parlé plus haut ; Que plus incontinens que les Américains qui s'étaient fait une loi de ne pas approcher les femmes affectées de leur indisposition menstruelle , puisque celles-ci quittent la cabane dans leurs flux périodiques , apprêtent elles- mêmes leur boire , leur manger, et ne reviennent parmi les hommes, qu'après s'être bien purifiées , les Européens bravaient , et bravent encore le contact dangereux du flux , même celui des filles publitpies , qu'on a été obligé de tout temps de tolérer en Europe , et , par conséquent , que le mal vénérien ne pouvait pas être étranger a 1 Europe , puiscpi'il n'est que le résultat de la débauche,, des excès , de la malpropreté , et du genre de vie qœ- Tou mène. io4 SUR LA OOVSTITVTIOR Les Européens , loin de redouter Pindispo&ition mens- truelle dcsl'emmes , Tont célébrée par ces vers : « « Vona n'étea pas propre aux oombats « Puisqu'un peu de nng tous étonne^ « Il faut de plus vail Uns soldats c A Venus ainsi qn'k Bellone : . > < « Qu'attendre de votre valeur , c Monsieur, dans les grandes iiffaires , c Si manquant de force et de cœur , « Vous craignes tant les ordinaires? elc< Cela ne pouvait pas être le cas des Américains , qui n^avaieut eu de rapport av«c aucun peuple étranger, pas même avec leurs plus proches voisins, les habitans du Kamschatka, puisque le capitaine russe T!sc/iiri/rotc, quii avait embarqué deux Kamschatkades pour Tinterprêter auprès des habitans de celte partie de l'Amérique, qui est la plus voisine de l'Asie, courut en 1741 > pendant 3oo lieues , le long des côtes de la Californie, sans pou- voir se faire comprendre des Américains. Les habitans du Nouveau - Monde ignoraient ces moyens Honteux d^empêcher la naissance des hommes , do tromper la nature, soit par ces goûts brutaux et dépravés, qui insultent son plus charmant ouvrage ; soit par ces avortemens i>ccrets^ dignes fruits de lu débauche et de l'honneur vicieux ; soit par l'exposi- tion ou le meurtre d'une multitude d'enfans , victimes de la misère de leurs parens, ou de la honte barbare de leurs mères. Ils n'ont jamais connu ces goûts mons- trueux, qui ne sont nés , dans les pays policés , que d'une imagination corrompue ; aussi ne leur a-t-on jamais ap- pliqué ce sonnet sur Tavorton : c Toi que l'amour fit par un crime , K i^nc rhonneur détruit par un crime à son tour , lis PIBMIERS AMéaidAIIf S. io5 c faneste ouvrage de l'amour, * Del'honnébr funeste yioUme c Deux Tyrans opposes ont décidé ton sort : « L*amour, malgré l'honneur, te fit donner la vie; c L'honneur, malgré l'amour, te fait donner la mort La maladie vénérienne ne pouvait pas être endé- mique chez ces peuples, ni exister dans leur sang , avec les symptômes et les effets effrayans qu'il lui a plu de supposer, puisque lui-même , page i6i du 3.* volume de son ouvrage , dit: « On ne saurait disconvenir que •t les Autmons , les Jongleurs , les Javas , les B&yés , les « Alexis et les Piais, qui sont les médecins des sauvages <« du Kouveau-MondTe, connaissaient des simples, et (C surtout des vulnéraires et des sudorifiques , qu'ils « employaient contre le mal vénérien. » Comment se fait-il , qu'étant informé de cette parti- cularité, il ait eu l'effronterie d'assurer au public, p. 33 du î*^. volume: « Que les Américains avaient peu d'in- « cli nation et peu de chaleur pour le sexe ; que l'amour « exerçait h. peine sur eux la moitié de sa puissance ; « qu'ils ne connaissaient ni les tourmens , ni les dou- « ceurs de cette passion , parce que la plus ardente et la « plus précieuse étincelle du feu de la nature s'étei- « gnait dans leur àme tiède et flegmatique. » Quand on lit ces deux assertions , on est tenté de de- mander si M. Paw a cru faire de l'esprit , en entassant périodes sur périodes, sans examiner si elles étaient marquées au coin du hon sens. Qui s'attendrait, d'api t^s ^Q^ SUA LA CONSTITOTION cette ajQIrmation , le voir écrire, pag. 56 4u i*'. voT. « Il est avéré que tous les !l(adiens sput polygames , si K Ton en excepte quelques hordes particulières, qui ue « tirent pas h conséquence pour la totalité. Ou pourrait « croire que cette polygamie. déposé contre ce que nous « avons dit de la tiédeur 4^ leur tempérament • mais « c'en est, au contraire, une preuve de plus ; dés qu'une « femme avait eu un enfant , ils en étaient dégoûtés, et « ne comnluniquaiènt plus avec elle de deux ou trois a ans ; dans cet intervalle, ils cherchaient une autre « épouse. » Soyez-donc conséquent , avec vous-même , car enfin , si les Américains étaient polygames, s'ils se dégoû4 taîent,pour deux ou trois ans, dune femme qui avait eu un enfant , pour prendre une nouvelle épouse ; Ta- mour exerçait donc sur eux tojite sa puissance, puisqu'ils ne pouvaient pas se passer de femmes ? et le feu de la nature, loin de s'afTaiblir chez ces peuples, les poussait donc à rechercher des vierges par préférence, afin d'of- frir plus de résistance a leur lubricité? De plus, cet intervalle qu'ils accordaient aux fen^mes nouvellement accouchées, leur donnait le temps de se remettre des fatigues de leurs couches , et de l'allaitement de leurs cufaiis , qui n'en devaient être que mieux constitués par cette abstinence salutaire. L'auteur s'est-il imaginé per$uad,er à ses lecteurs, que les Africains , les Turcs et les Asiatiques, ne sont polygames que parce que leur constitution est défec- tueuse, et pèche foncièrement par faiblesse ? Quelle que soit son idée, tout être raisonnable, sans égard pour son opinion, dira que cette polygamie chez les Américains annonce, comme celle des Turcs, la force DCl FBBMIIAS AMinlCAINS. 107 et non la tiédeur du tempérament j et que Tollre que les Lapons font do leurs femmes au premier venu qui se présente devant leurs huttes , est au contraire unepreuvfi de la tiédeur ) de la faiblesse .de leur tempérament, et du peu de pouvoir que Tamour exerce sur les cœurs glacés de ces peuples. . v Malgré la déférence et l'estime que j^ai pour M. Ray- nal , je ne puis m'empécher de le soupçonner de s'être laissé préoccuper par un système auquel bien des per* sonnes ont sacrifié la vérité. Cet auteur dit, pages 73 et suivantes , qu'il se fait une loi de suivre à la lettre la relation d'Améric Vespuce , témoin oculaire et exact : ainsi ^ pour prouver la faiblesse de la constitution natu- relle de Américains indigèilës , il rapporte : « Que les des8ons de )a « ceinture ; à des jambes fines et bien diessinées , se « jpint un pied d'une petitesse extrême. » En parlant du Brésil , il s'exprime ainsi: « JSnfin, paffqii les habi* » ijm$ 'f on ne voit que des bommes bien faits , adroits « et pleins de génie , dans les choses dn , moins cpii leur • sont utiles. » Cett^ description ne s'accorde pas avec la constitution dégradée , qu'on a imagipé de don- ner amc Américains. Si t comme M. Gulme et ^usieurs autres observateurs Tont rapfxurt^ , « on n'a jamais trouvé de Sauvage qui « n^sii été radicalement guéri éa virus le plus invé-p fc téré» » comment n'a^'-il pas praint de voir mettre en évulence son imposture , lorsqu'on s'est permis d'avan- cer*. 9c Qlue Us Américains communiquaient aux Euro. « péen3 un virus qu^ prvertissaii , à la longue, ^ qua* a liié du sang ; n el ai l'on n'est parvenu , qH? vers l'an 1750, k apprendre^ des babitans de l'Amérique, difiérens secrets qu'ils avaient tenus long-rtemps cachés, pour guérir le mal véuécien , ils ne pouvaient donc pas être «ussi affligés d autant de maux, ni être aussi in- firmes , aussi indifférens aux plaisirs , k la peine , aussi SiUipkles ei aussi passifs , que l'auteur des Becberchei suit feâ Américains les a dépeints ? , l^our comble de gaucherie , cet auteur , page 161 du troisième vd. , conleâse ingénument : « qu'on n'a pas K trouvé une seule peuplade en Amérique, qui n'eut « des médecins : ce qui est fort singulier , dit-il , cac je on s'imagine ordinairement que chaque Sauvage sait If. se guérir lui-môme , comme les Hottentots. » Je ne vois pas qu'il soit singulier que des peuples par- yeoi4S aune certaine' civilisation , aient des médecins; DEi rRB|i9ii»s àuiwtcAini. 1.2^ isoot de la ]&a parlant 911 les habU lilf, adroits oins qui leur accorde pas ;ipé de don- observateurs Sauvage qui B plus ifivéY oie mettre en arnais d'avan- | ent aux Ëoro- •ngue , i*i qutt" nu , *V^ '«'^» pteoipa caches, aient donc pas ;tie aussi in- peine, aussi et Recbercliei page x6i du qu'on n'a pas [jue, cpii n'eut r , dit-il , cac .e Sauvage «ail ntots. » us peuples par- les médecins; qui plus est, en lea supposant smivages, ce serait convenir que les Sauvages l'empoortent , sur ce point , sur les peuplea civilisés , puisqu'ils pourraient se guéri» ^ux-mèmef ^ tandis que les nations éclairées sont ré-^ fuites à s'eu rapporter» pour la guériaon ,. aux lumièrea de quelques individus. Tout autre qu« M. Pavr n'eut peint , je croia, trouva étoonaut que Sou» et les faibles détàcbemens de Goa- 9alve qui SQ battaient )ournelleiiient contre les Indiens occi^^Utau^, et qui avaient constaminent à lutter conif» Vinteropéfie du climat, les privations^ et des souffirance» sans nombr e » aient succombé , pour la majeure partie , sous les Mècbiei empoisonnées des Indiens, sous le poids des fatigues, dea privations et des elbalatson» malsaines des marécagea qu'il» étaient parfoia obligea de traverser. Toutes ces «onsidérations , oooxme on le voit ^ soilt cependant trop au-dessous de la prévo^ranoe de cet ^onvain , pour Vempêcber de ne pas trouver extfaer-M dinaire que Gonsalve ail perdu quelques centaines dhoin^ mefi , en faisant la guerre dans un paya que lui-)«m6me al représenté comme le plus mal aain du globe; ot que II, Hume se soit permis de dire que lea petites armées Sf^agfiQles n'avaient eu presque rien h soupir, tandiot qu'elles avaient eu des clous qui ne lea avaient cependanl lias empécbéf de marcher, et des maladies qui n'stvaÎMai Qi retardé, ni empoché la conquête duPéroa, dm «lexMinv ) de la Floride , e(c, ^ett-il pas plaisant de lui e«if ndro , page ïoi dik I piamiw vol. , supposer que , « l«« Amiérieai«ii vfiMie^l Il amiUment de desoeodr» de» ro(cHef« en de^ éli^H^icnita i « o^ ils s'étaient réfugiés » «ommiB det DaiMtlifiM^ % dmi dea pUinet rfmplie» d(& v«u(es, ^ avi^i«m ii6 StTR lA CONSTZT VTION ir refroidi la chaleur de leur tempérament , diminué «; incroyablement leur- population , dépilé et énervé « leur coi^s , et occasionné la maladie qui anéantissait « chez eux toutes leurs facultés morales et physiques. »' D'après cette hypothèse , les Hollandais et les Véni* tiens, qui ont toujours habité des marais, auraient dû éprouyer les mêmes effets , ou d'autres À- peu près sem- blables; les Espagnols n'auraient pas dû trouver des routes pour voyager commodément ; ni les villes, les bourgs , les richesses et les armées qu'ils ont rencontrées dans les empires du Pérou , du Mexique , dans la Flo- ride ; mais bien une mort inévitable , au milieu de ca vases mal saines , fourmillant de reptiles dangereux , et occasionnant des mtaladies mortelles. <_ Je rappelerai à M. Faw que Colomb , dans sa lettre, dit au contraire, que c'étaient des terres saines et fer- tiles , qui s'étendent au-delà de tout ce que l'imagina- tion peut se figurer , ou que l'ayavice peut convoiter ; et non pas un climat qui avait fait dégénérer les ani- maux, qui avait abruti et vicié les hommes , d^ns toutes les parties de leur organisme d'une façon éton- nante. Les descriptions de Cortez, de Fizarre et des autres conquérans , s'accordent toutes à vanter les richesses et les merveilles qu'ils ont trouvées dans ce vaste pays. Si la maladie vénérienne eût exercé des ravages aussi affreux que ceux dont parle cet écrivain , Colomb et ses gens eussent été afiectés ; Christophe n'eut pas manqué d'en faire mention dans la lettre qu'il écrivait , de la Jamaïque en i5o4, au roi Ferdinand, pour rendre encore plus déplorable la triste siiuatioih dans laquelle il se trouvait. ' r, . < Cet auteur, qui ne manque pas d'expédiens, bons ou \ BSS VBBMIKllS ÀUiniCAIIfS. "T nt , diminué iVé et énervé ui anéantissait Il physiques. » s et les Véni- , auraient dû peu près sem- ù trouver des les villes, les ont rencontrées , dans la ¥lo- II milieu de ces i dangereux , et dans sa lettre, es saines et fer- B que Vimagina- leut convoiter ; générer les ani- lommes , dans une façon éton- Pizarre et des s à vanter les Touvées dans ce eût exercé des rie cet écrivain , tés; Christoplie ms la lettre qu'il roi Ferdinand, triste siiuatiott * f". ■ . - -' ' ' jédiensjbon» ou mauvais pour colorer ses hyperboles^ nous eût tirés d'uâ grand embarras , .s'il .nous, eût démontré les ressources que les cent cinquante millions de Deucalions avaient trouvées , pour subsister dans les rochers pendant lé déluge de leur pays ; à moins qu'il ne suppose que cela se soit fait par enchantement ; pour dédommager ces Américains imberbes , dott le défaut de poil sur la' surface de l'épiderme et des parties génitales , était cause de la défaillance et de l'altération de ces mêmes parties , de la petitesse de Voigane et de la longueur du scrotum, et les rendait incapables de rien faire, pas même d'avoir des villes; quoique les Espagnols avouent qu'ils trouvèrent chez ces Américains des lois, des villes con- sidérables, des édifices remarquables , et des temples ma. ; gnifiques, dont M. Humboldt a admiré Varchitecture en 1 80 1 . Certes , l'établissement de ces villes , de ces mo« i^umens, a dû prouver l'antiquité des connaissances de ces peuples , condamnés par M. Fav^, h une éternelle stupiditée , et leur réunion en société et les ressources qu'ils tiraient de leur sol et de leur intelligence , démen- tent la prétendue descente de ces Deucalions. Mais s'il est avérée M. Faw, que les Américains se- sont retirés dans les montagnes, pendant le déluge de leur pays , il est vraisemblable que leurs troupeaux et une partie des animaux de la première grandeur y ont trouvé le moyen de s'y garantir des eaux , sans qu'il soit nécessaire pour cela , 4leiMM de la plus forte inoadatioii <|iM aotn; planèie puilse éprouTer. Le grand ûombta d*0êS6nh«iis dé oéê animaux qu'on a déterrés le Jong d« lt)kio fet dans kMH ' le nord de rAmériqne teptentriOnide 4 ôdnfirme eeUe asacrtimi » et donne lieu dé présumer que e'eét le grftud froid de ces Hanteurà qui le|M détruit» ^ et non piA Teati et le manque de nourriture. Qooiquïl semble extraordinaire A M. Paw de roir les élépbans grimper sur le» montagnes ; oependant cet auteur me permettra de lui dire , qu'A DacH dans rin-< dostan , on se sert de ces animtiux pour aller chasser Ifei l>étes féroces dans les montagnes ; qu'on Bengal , les Anglais em^doyeut les éléphans dans leurs armées, •urtout pour dégager leurs canons des bourbiers ; dans ce cas'-Ui) Tanimal sai«it la pièce avec sa trompe, la soulève y et jette au même instant un cri perçant , qui eÛrate Itfs botufs de traits et les excite à donner un coup de collier pour lo sortir du bourbier. SiTéléphant s'aper- çoit que l'un d'eux n'a pas fait sjn devoir , il laisse re- tomber le oanon , et va châtier avec sa trompe le bœuf coupable. Dans Vinde on s'en sert pour exéculer les criminels j sitôt que le coupable leur est remis , ils le renversent par terre ^ et le foulent sous leurs pieds. La Sagacité de Tciéphant est telle , qu'il reconnaît les ser- vices qu'en lui rend ( tém)in l'aventure du soldût de Foudicbéri , qu'un de ces animaux empêcha de fnsf 1er)) comme il sait punir cvu:r qui osent se jouer dt loi ( témoin Tavcnture du tailleur de cette même ville, qui s'étant amusé k piquer avec son aiguille la trompe d'un éléphant qu'il avait coutiune de caresser devant sa boutique , fut inondé de boue par cet animal , à soa \ DES rHiiiifeAi kUàiitAtns, ii^ ^ retour de la rtvière ). Mais HeVelitMia k la eonttitatioh des premiers AitiérieaiW. N'en déplaise à M. Fait , la maladie ténérienÀe e^t liée en Enrobe , comme sa cmelte sœur la petite vér^léf. Les Espi^finA qfbi la possédaient de tempft immémo-^ rial j sait cpi'ils Teuisseitt reçue des Romains , soit qu'elle fût proyenue de leur mélan^ avec les Maures , peuples non moins libertins que les anciens Romains, Vont apportée en Amérique, où lair salin de la traversée, la mantaise nourriture du passage , Tair mal sain des entre-ponts, l'eau corrompue , la chaleur* du pa^'soîi^ ils débarquèrent , et les elcès en tout genre de des Saii- gninaires usurpateurs , peuvent lui avoir donné tme nouvelle activité. C'est tfinsi que les Ëuropéei» l'ont propagée dans divers cantons de l'Asie ^ et dans qttel>^ qnes Iles de la mer Pacifique. Si cette maladie eût eumé dans le Nouv«àn<-Môiftde , avec cette contagion et cette forée destructive que M. Faw a inventées ; si les - chiens qne les Espagnols avaient lâchés dans quelques cautons , l'attratpsdent bien- tôt , et si ceux qui mangeaient les Indiens dont la chair , suivant lui , n'était qu'un vrai levain vatio» * ique , étaient attaqués de ce mal vénérien ; c6s ini^- npaux duraient dû perdre de leur force > de leur rïtge ; n'être plus aussi alertes à poursuivre les Indiens If la piste, et h les harceler jour et nuit. Au lieu d'éprotivcr cette altération , cette espèce de chiens conserve encore jusqu'à ce jonr le même goât pour la chair dés Indiens- ei le#>dogues de ces Indiens, la même antipathie oofltre les Espagnols. > S'il suffisait de séjonriier dans leur pt^s, pour gagner la §omte sereine , elle mal vénérien, même sans couk 190 SVn LÀ CONSTITUTION tact ; les Espagnols , dout le sang était plus riche qiie celui de ces Américains, n'aurait-il pas dû offrir plus de prise k la fureur de ces deux fléaux , que le sang appau> Vri des naturels ? Ces conquérans 6t leurs successeurs n'auraient pu, ni dû trouvera massacreirdevvingt à trente millions d'individus , tant dans les Antilles que sur toute la surface du Nouveau-Monde. Si Ton ajoute à ce nombre des millions d'autres In- diens., que leurs guerres particulières, les maladies , les infirmités de la vieillesse , et les sacrifices des idoles enlevaient ; «i l'on y joint les ravages de la petite vérole , dont Terrebio assure que , « d'après les rapports qui « furent faits à Cortez , il mourut dans, l'empire du « Mexique trois millions cinq cent mille Mexicains ; que « peu de temps après , il périt huit cent mille Indiens « par les nouvelles infections varioliques , qui furent « apportées d'Europe , qui continua de communiquer « ces fléaux à l'Amérique , à des intervalles de vingt à « trente ans , ou d'un nombre d'années moins considé» « râbles ; que la contagion s'étendit de la Fera Cruz « jusqu'aux extrémités les plus reculées, répandant la «v. terreur, la mort et la désolation sur tout ce conti- k nent ; que cette perte , il y a trente ans, dit le mîfme M auteur, emporta encore dix mille Indiens dans les * villes de Mexico et de Puebla. ,, a Qu'environ cinquante ans après l'invasion du Pérou, « ( en 1 58o ), l'Europe infesta ce pays avec la petite H vérole; qu'elle enleva 100,000 Indiens dans la seule « province .de Quito. ( M. de laCondaminc a tro^ltré ce a rapport dans un ancien manuscrit , que l'on conserve « dans la cathédrale de celte ville ), que la petitevérolc « ne fit pas mo^us de dé^'ats dans les établisse mens par- e morne DIS PREMXCns AMÂRIOAINS. 121 R iugaîs t et le long àsx fleuve aes Amazones ; que dans « le jToyaume de Léon , où les Espagnols avaient peine « à résister aux attaques que les Indiens faisaient sur « leurs villes j la petilil vérole a presque détruit tous les « naturels de la campagne, ainsi que ceux qui habitaient « Monterrey , capitale du nouveau royaume de Léon ; a qu'à l'instar des chênes àilulus à Troyes ^ qui ombra- it geaient les tombeaux , on voyait , il y a environ cin- « quante ans, sous les vieux chênes des plaines, des « monceaux d'ossemens d'Indiens, comme autant de « trophées de ce fléau destructeux ; que dans le nord « de V Amérique septentrionale , la petite vérole étendit «f ses ravages comme le feu dans l'herbe sèche ; que des « tribus entières disparurent parmi les Esquimaux , les « Indiens de la côte de Labrador ; que dans les Antilles « elle ne fit pas moins de dégâts; que l'île de Cuba, lors « de la première apparution de ce fléau, perdit soixante « mille âmes , et Saint-Domingue le double de-ce nom- « bre. » On n'aura pas de peine à s'apercevoir alors combien la description que M. Paw a faite de l'Am&- rique et de ses naturels , est fausse et erronée , puisque les principes de la dégénération , dans les deux sexes -, eussent été trop viciés par le mal vénérien , pour résister aux ravages de cette maladie , à ceux du climat , à l'a- nimosité des peuplades acharnées à leur destruction mu- tuelle , et pour permettre aux Américains de se procréer, au point de suflîre , et au-delà , à toutes ces pertes. 'Il est aussi ridicule de suppfiser que les sels les plus subtils de Vhumus , et la grande humidité de l'atmos- phère du Nouveau-monde , ont produit le mal vénérien chez les Américains , que de soutenir que les Vénitiens , mais prijicipalemeni les Hi>llaudais, dans Tilo de Saint-Domingue, et à la Jams'ique , ne s'empoisonnèrent pas immédiatement après leur dé- barquemcnt. Farce que los trois cents Epouses de ITnca AtabalibA qui furent prises avec lui , fuirent contraintes sur le chani[> de bataille de Caxamaloa , de céder à la brutalité des vainqueurs , que le lendemain de l'affuire , plus de ciruf mille femmes éperdues , après avoir arrosé de leur» Carmes le cdrps de leurs cpoux gisam sur lu terre , vin- 1>CS mllllims AMAKICAlHi. itS wnt arec dfii aria Umentablet , se rendre ta 4Mlmp ûeê Espagnols , lorsque les restes 4<||d|far nation Vfeitioue, fuyaient à plus de quarante lieuet^Sms les forêts et danft les solitudes ; parue que le sort des armes força la êœur d'jétabaliba h être la maîtresse du rictorieux Pitarre; parce qu'il eut un enfant arec une Péruvienne de Cuseo^ parce que la maîtresse d*Aimagro fêlait née k Patlama) qu'une Indienne de l'Ile d'Uaïty , devenue amoureuse àa l'Espagnol Dias , indiqua le terrein et favorisa l'étibli»- yoment de la ville de Santo-Bomingo , que Barlheleml Colomb n aurait jamais pu entreprendre sans elle } parce que rAmérioaine AmatUljr fut la maltrekse et rinter<« prête de Pemand-Cortez ) que àcijèmmes InJiennei sati^ vêrent Vasco-Nunnez et son armée au Daricn , d'une conspiration forlnée par les Naturels , pour la détruire ^ parce que \ai^lle du C-on en conclure 4 « que les Indiennes furent extraordiuairement » cbarmées de l'arrivée des Européens , que leur lubri* » cité faisait ressembler à des satyres, en comparaison » des Naturels ?» . Tout autre que M. Faw eut vu dans la démarche âtà cinq mille Américaines qui se rendirent après le mas« sacre de Gaxamalca , les unes écheveiées , les autres portant leurs eafans k la mamelle , des femmes , qui avaient cru par leurs larmes , leur déplorable silniition» émouvoir la pitié de leurs Vainqueurs ; dans colle drs Indiennes du Daricn et de la Louisiane , un moUvewciit 194 tVR LA OONITlTVTIOlf de compMéion qui leur fait honneur ; et si M. Paw nVftt pas feint d'oublier çamme il Ta dit : « que les Sauvages » en général , août Aw l'habitude de battre leurs fem* » mes, et àc «arroger sur elles le droit de yie et de » mort, de les exclure de la famille quand il leur plaît, » et de regarder les femmes comme une propriété ap- » partenante au vainqueur ; » il eut attribué , à la con- duite des autres Indiennes , un tout autre motif que leur amour pour les Oreillards de la Bissadoa j pour ces Espa- gnols, que leurs longues chausses , leurs goitres, leurs collereites et leur barbe hideuse , pouvaient ( comme il l'observe fort bien) faire paraître aussi ridicules que des satyres ; et il eut conclu , plus naturellement , que ces femmes, par devoir, par habitude et par crainte , autant que par le désir de changer leur condition et leur exia^ teucç misérables , s'étaient crues obligées de souscrire à la volonté de leurs nouveaux maîtres, et peut-être de la prévenir: tout comme en Angleterre , même dans le dix- neuvième siècle , la femme , dont un uiari veut se défaire , souffre qu'il lui passe un corde -au col, qu'il la mène dans cet état à travers les rues pour aller la vendre publiquement au premier venu , dans le marché de Smithsfieldà Londres, ou dans celui de toute autre ville d'Angleterre. Il fallait être aussi barbare que ces Espagnols, pour n'être pas touché des prières de cinq mille femmes épiorées , des cris de milliers d'enfans tendans leurs petits bras "pour invoquer leur pitié , et surtout pour abuser de la situation de ces malheureuses mères. Quelle différence d'avec ces furoucUcs Romains ! Oaiba, qui ne pouvait se laver du crime dont on l'accusait , n'eut qu'à produire , aux yeux de rassemblée , ses petits eut'uns , SB« FRIVIIKS kuàmckiifê. ia5 qu» sa mort allait rendre orphelins; et ce spectacle ton- c)i at arracha h ses juges attendris l'absolution qu*il ne pouvait obtenir de leur justice. Gomme on le voit; il n'en est pas de même de M. Paw , puisque , non con- tent de prêter des ridicules k ces femmes infortunées , il ne rougit pas d'insulter la vertu dans le malheur. Quand on applaudit À un forfait semblable , on doil approuve^ aussi l'enlèvement des Sabines !..... Qu'il allègue que Ruminagui , général d'Ataba- liba, ait fait rassembler ses femmes après l'assassinat de Gaxamalca , qu'il leur ait dit : Mesdames , vous aurez « bientôt le plaisir de vous divertir avec les clflens de « Chrétiens , et qu'il les ait fait décapiter , pour s'être m mises à rire. » Je réponds que c'est un conte k dormir debout, et .contre nature, parce qu'il n'est pas vrai-' semblable que ces femmes , qiii n'avaient jamais vu d'Espagnols , qui n'avaient jamais eu d'intrigues avec ces étrangers^ dont le costume devait leur paraître ridi- cule, sale et même puant ^ par rapport h leur barbe, à la grossièreté de leurs étoffes , et à l'habitude qu'ils ont de se laver les mains et la figure avec leur urine; enfin' qui étaient en sûreté et hors d'état d'être insultés par eux , aient pu oublier qu'elles étaient mères , et s'ima- giner trouver le bonheur avec ces farouches étrangers-, tout'dégoùtans du sang de leurs pères , de leurs frères, de leurs amans et de leurs compatriotes. M. Paw ignore sans doute que les femmes d'un rang élevé , n'importo dans quel pays , tiennent plus au décorum que les vivan- dières et les femmes de soldais. Eu second lieu , ce propos vulgaire , vous aurez bientôt le piàisir de vous divertir avec les chiens de Chrétiens, est une expression familière aux Turcs , et que M. Paw a fa$ «PB LA. comtiTVTioir purement placée dana la bouche d'an général Pénivien , çrçyan^ sans dapate qu'il était question d'un manant. Cette hi9toire eontrouvée servirait encore à démentir l'iadJiférence pour le «exe , que cet auteur suppose ans Amfîricains. Que pourrait-il répondre , si on liiii citait few qui avaient jusqu'il /roù cents femmes ? Dirait-il ou prétendrait-'-il nous persuader que des hommes exté» nues , et qui n'avaient que le souffle , étaient obligés , pour améliorer leur constitution débile et ruinée , d'a- voir recours h un spécifique aussi extraordinaire ? Je ferai observer en même temps k l'auteur des Re- . Qherijlieft sur les Américains , que ai les Espagnols se sont empreaaés de prendre ces Indiennes pour leurs maitres»^ set ; 9i les Français et les Anglais ont imité leur exem- pljs I si le capitaine Smith , surnommé le Fctjrmgçur , et \» jeune anglais Kolfe , n'opt pu résister aux charmes d« de la virginienne Potuhunta» , fille du Roi Powha(mn g c'est une preuve qu'elles ne manquaient pas d'attrait^ , et qu'elles n'étaient pas aussi matérielles , aussi hideuses , ni aussi dégoAtautes , que Ta faussement avancé l'auteur des prétendus mémoires iutéressana. Parce que des femmes eurcif>éenttes se prostituent ^ des étrangers , au lieu de rester fidèles k leurs maris , et aux hommes de leur pays ; coucluera^t-on peur oela, comme M. Paw , que les Allemandes , par ei^emple » sont extraordinairement, charmées de la présence de» français, que leur lubricité fait r^issembler à des satyres , en comparaison des Allemands ? Quand cet auteur assurait « que le climat à% l'Am^i • lique éteignait, dans ses habitans , tout sentiment • d>mour , d'amitié et de sensibilité , » il faisait tort à SCS, «onnaissances , en avançant ua pacadoie , qui éM DEf PBEMIBRS AH émCAlIfS. 137 démeati , non-seulement par Out^rtre , Charlevoix , et les^ autres Missionnaires qui ont écrit sur VAraérique, mais encore par les voyageurs et les écrivains , qui s'accorûent tons à 4ire qu'une simple fosse y lait verser pins 4e Iunnes que les eataf^ques des cathédrales de l'Europe; parce que VAmériçain regarde les tombeaux comme Les plus forts liens de la patrie , tandis q\^ l'Eu-* ropéen ne s'y arrête que lorsque le ciseau du sculpteur a 8U 0Ker ses regi^rd^. Oi^ , certes , . c'est en Amériqœ que la douleur prendre la sttl>Umité, qu'elle» s'allie avec tous les effî>rts de la nature , 49«s qi)e les travwix les plus rudes et les destinées les pins humiliantes puissent en éteindre l'im- pression dans les çonrs les plus miaéruhlcs. Le Canadien, k la vue du petit tertre qui couvre les cendres de son enfant , on celles 4e sa fiemme , y verse journellemenc des pleurs ; U Canadienne arrose de sou lait et de ses larmes les r/eates de son enfiwt y et sur celle de son époux , elle va déposer des Heurs et une touffe de w6é cheveux. Xte Béiluifien , à la vue de ses grands tf>n|ibeanx mnrés y noTOïtiés Guaçci» , se proateme et se' zecueill0 avec respect ; l'esclave noir dans les Antilles , ne maaiâ qnrpfts de visiter quelquefois, pendant plusieurs années-, l'humble lieu qui conti^oit ce qu'il ay^ii de plus cher an monde. C'est enoorn en Amérique , que Tamour et l'amitié se sont signalés par une tragédie , dont la fable et Pliistoirn n'avaient pas encore fborni l'exemple. Deux Nègres créoles, de Saint-Christophe, jeunes,' lûenfaits, rxduistes, cour^igeux, nés avec nneàmerarey s'aimaient depuis Tenfance. Associés aux Ihiêmes tra- vaux, ils s'étaient unis par ).eurs peines^ qui, dans le» / ia8 SUR LA CONSTITUTZOR cœurs sensibles , attachent plus que les plaisirs. S'ili n'étaient pas heureux , ils se consolaient au moins dans leur infortune. L'amour qui leS fait toutes oublier , vint y mettre le comble. Une négresse , esclave comme eux , avec des regards. plus vifs, sans doute, et ptùs brùlans» à travers un teint d'ébène , alluma , dans ces àeut amis' une égale fureur. Plus faite pour inspirer que pour sentir une grande passion , leur amante aurait accepté l'un ou l'autre pour ^poux ; mais aucun des deux ne voulait la ravir , re pouvait la céder à son ami. Le temps ne fit qu'accroître les tourmens qui dévoraient leur &me, sans affiiiblûr leur amitié , ni leur amour. Souvent leurs larmes coulaient , amères et cuisantes , dans les embrassemens qu'ils se prodiguaient h la vue de l'objet trop chéri qui les désespérait. lis se juraient quelquefois de ne plus l'aimer, de renoncer à la vie plutôt qu'A l'amitié. Toute Vhabitation était attendrie par le spectacle de ces com- bats déchirans ; ou ne parlait que de l'amour des deux amis jpour la bella Négresse. : Un jour ils la suivirent au fond d'un bois. Là, chacun des deux l'embrasse h l'envi , la serre mille fois contre ton cceu^, lui fait tous les sermens , lui donne tous ht noms qu'inventa la tendresse; et tout-à-coup , sans se parler , sans se regardèi;, ils lui plongent à-la-fois un poi- gnard dans le sein. Elle expire; et leurs larmes , leurs sanglots , se confondent avec ses derniers soupirs. Ils 'ru- gissent ; le bois retentit de leurs cris forcenés. Un esclave accourt: il les voit de loin qui couvrent de leurs baisers la victime de leur étrange amour. Il appelle , on vient , et l'on trouve ces deux amis , qui , le poignard à h main , se tAfadt embrassés sur le corps de leur malhcu^ reùse amante , baignés dans leur sang , expiraient eu&- marnes duis les flott qui ruisselaient de leurs propres blessures. ( F..aynal. ) Four (donner une idée dç U çomplexion des indigènes duNpuveau-Monde^ je neppj^ mieux Caire ^e de rapporter ici Topiuion 4^ M. Huinbol/dt. « La race amjéricaine, dii « ce savant, ofife des pefiples , qui par leurs tcaûs , (t 4i^<^<'Ci)^( %^f3^ ÇSS|)^>>ÛjeUement \es ups des autres , qu9 (K les ya^riéti^s mç^Jureuses. de la. racje dif Caucase , le^ « Çirca,8^1e^f , les Itilfljif^f > \^9 ?erses. L,a J^rm? « élancé^ des J^^ta^omxff^ jbu^tent rextrémit,é aus^alç « du Nouveau-Continent, se retrouve, pour ainsi dire, « dans les plaines depuis k Delta de POrénoqne jus- « qu^aux sources du Bio-Blanco, chez les Caraïbes que « l'on doit compter parmi les peuples les plus robnsteii « de la terre , et qu'il ne faut pas confondre avec leS « Zambos dégénérés , appelés jadis Caraïbes , à Tilé « Saint- Viacent; et le corps trapu des Indiens Chajrmas « de la province de Gumana. La ^grande nation des « Gara'Aes , qui , après avoir exterminé les Cabres , ont « conquis une partie considérable de l'Amérique méri- te dionale, s'éteftdait au seizième siècle, depuis l'équa- « teur .jusqu'aux lies Vierges. Le peu de familles qui « existaient encore dans les Autilles orientales,* et qui « viennent d'être déportées par les Anglais, étaient un « mélange de vrais Caraïbes et de Nègres. Quelle diffé- « rence de forme entre les Indiens de Tlascala, descen- « dans des Tolstèques, et lesL^i» et les Chichimètfuet K de la partie septentrionale du Mexique ! Parmi les Indigènes du Nouveau-Continent , il existe des tribus d'une couleur très-peu foncée , et dontle teint se rapproche de celui des Arabes ou des Maures. Ipes TQAiB a. 9 i3o SUR LA CONSTITUTXOH peuples du Rio-Nigro sont plus bazanés que ceux du bas Oréaoque. Dans les forêts de la Guiane, surtout vers les sources de l'Orénoque , vivent plusieurs tribus blancbàtres , les « Guaicas, les Guajaribes, et les Arihes, dont quelques « individus robustes , et n^offrant aucun signe de la ma- K ladie ésthénique qui caractérise les Albinos, ont le « teint de vrais métis. Cependant, ces peuples ne se sont « jamais mêlés avec les Européens, et se trouvent en- « tQurés ^'autres peuplades d'un brun noirâtre. « Lesindiensqui, dans la zône-torride habitentlespla- « teaux les plus élevés de la Gordillière des Andes , « ceux qui , sous les 45* de latitude australe , vivent de « pêche entre les ilois de PjsrclMpel des Chonos , ont le « teint aussi cuivré que ceux qui , sous un ciel brûlant, « cultivent les bananes dans les vallées les plus étroites « et les plus profondes de la région équinoxiale. Les « Mexicains sont plus bazanés que les Indiens de Quito a et de la Nouvelle Grenade , qui Habitent un climat « également analogue ; i^ peuplades éparses au nord (c du Rio-Gila , sont plus brunes que celles qui avoi- « sineqt le royaume de Guatimala. Cette couleur fon- ce cée se soutient jusqu^à la côte la plus proche de VAsie ; « mais soui les S^° xo' de latitude boréale, k Cloak- « Boy , au milieu des Indiens à teint cuivré , et à petits « yeux très-allongés, se présente une tribu qui a de 0L grands yeux , des traits européens, et la peau moins « brune que les paysans des campagnes de l'Europe. « Tous ces faits, dit M. Humboldt, tendent à prouver « que , malgré la variété des couleurs et des hauteurs R qu'habitent les différentes races d'hommes, la nature Dit vBiKiins ymiiixcÀins. ifi es sourcei làtres , les t quelques de la ijaa- os, ont le , ne se sont »uyent ent- re. > . vivent de tnos , ont le ûel brûlant, dus étroites Loxiale. Les >us de Quito Lt un climaV •ses au nord s qui avoi- souleur fon- ledeVAsie; i\e,àC/o«*- fé,elàpelit3 ibu qui a de peau moins de l^urope. Lt à prouver des hauteurs es,!*»*»""^ « ne dé!vie pas du type auquel elle s'est assujettie depuis « des milliers d'années. « Les Indigènes Ji teint cuivré ne sont presque sujets « à aucune diâormité. Je n*ai jamais vu , dit ce savant , « un Indien bossu $ il est extrêmement rare d*en voir « de louches , de boiteux ou de manchots. Ils sont « exempts de goitres , rarement si Ton observe cette « affection de la glande thyroïde chez les Métis. J*ai «c vu , en x8ô i^ \t fameux géant mexicain, nommé Mûr" « tinSalmeron ; il a sept pieds un pouce de hauteur, me- «c sure de Paris ; c'est le mieux {iroportionné que j'aie « rencontrék U a un pouce de plus que le géaut d6 Tor- « néo y venu k Paris en 1735 j il est fils d'un Métis qui «c a épousé une Indienne du village de Chiiapa el grande^ « près de Chilpansingo, » La race blanche américaine offre , en général , dans l'Amérique méridionale, des formes heureuses , une car- nation animée , des yeux expressifs. Dans la partie sep- tentrionale de ^Amérique , les hommes ont une staturd élevée , des membres vigoureux et bien proportionnés , un teint vermeil. Les femmes y sont grandes , élancée^» leur poitrine haute et ferme; leurs traits séduisans, leur peau douce , blanche , rehaussée par l'incarnat de la rose.- Les enfans sont en général bien faits , actifs, dispos, brillans de santé et de fraîcheur. (Voyez ce qu'en disent M. Bonnet et le duc de LiaucoUrt. ) Dire qu'un Gréol Portugais et Anglais se tiennent pour offensés quand on les appelle Américains^ et qu'un Espagnol ne pardonne jamais à celui qui a osé lui faire ce reproche ; c'est s'oublier soi-même , sans porter pré- judice en rien au caractère des Américains, puisque 9 • I &39 •.UB lik OOMIVIVVTlOli tout le monde sait que les previièrts finnilles espa*. gnôles tiennent h honneur de descendre des anciens seigneur^ Aitèques et Sfoxicaius; et que les alUances ealjre cet deux peuples sont très •- communes, f lus f rsad« q«ie Comeiiuê FUkt , gendre d'Oyidle , qui pleurt «a. pljMn séuad y pwfce que Corbuhn Varait appelé Mâmtruehe tàm pitim^ , les Créoles , à l^nstar de Socfmte, qui éoQutsit dâ sang froid la comédie des Nuées, dans laqa«lW Aristophane, ce lâche et yil bouffa reayênait la religio» de soa paj^t , tournait Socrate eii ridicule d'uae manière si iodéoeate» ci pr^araif lentemeat le paisda qa'wïm/«l et MeUtm deraient fckatôtlai «wroyet $» nom de ses eonci«o;y«ns supenstifeieax et ingrats j iei Créoles » 4^)4 » ofoiraiéat se déthoadrsr s'ils dfsoen*. daient à prendre la plume pour repousser fes sàircMttiei déplacés de M. Paw} pante qu'ils afi|iroreWt pas que ce s du «riérHé de l'auteur dêê Eeckeisches «ar les A^iérieaiiis Je rengage k ne pas oublier ces tienteaces du pk)lo SO|>he Pémocrate : « Oeliii qui «fait oae iufore, est plus malheureux que celui qui la reçoit. Il vaut mieux ooadam- « ner ses propres en«urs que «elles des autres $ et reusement inutile à son bonheur. Toutes les exagérations^u'il plaira à M. Faw de dé- biter contre le nouvel hémisphère , n'empêcheront pas les gens sapes de regarder la découverte de l'Amérique î ; tttt n%*uiu%i Aiiia>cA,iKi.< 141 et le «usag* aax Indes par lie Cap de bonne-'Esp^noe , 4Oii|m0 \^^ événem«nB tes plus intéressans poar TespéGe kttmaiii|B , puisqu'ils ont fourni un yasM champ aux Iietires, ai)X Arts , à imagination , k l'industrie , à ractiyité et au commerce. Cependant ils feraient plus intéressans encore , si Von pouvait réussir à trouver le passage dans la mer Pacifique, p^r le nord-ouest del*A~ mériqae; ne pouvant pas le faire par le n<»d-est de l'Europe , perce que cette communication altrégerart preeque des deux tiers les voyages de la Chine et du Japon , f» lafçu^e du df de Bonne-Bspéranoe. Je ne sais , a^l 19e serait pas plus avantageux, vu les tempêtes qu'on essuie, et les dangers que lV»n reiiooatr* daHie tes mers du nord , de se frayer lé passai par la mer Caraïbe au. las de Nicaragua, et dans le gol£é de Papayago, oeinme je Pai dit à l'ftrtidedes Lacs. Cette route abrégerait coosidérablemeat la loogiseàr dee voy»* ges d^6ttr<^ aux Grandes^Indes psr la voie actwelle. Lf feoilité que les nations commerçantes, À -leur retour à» GvandasxIbidM , trouveraient à chflfrg8r> leurs vaisseaixx au paskâge de Nicaragua , des riches pro^ueâons du Nouveaup4lionde , doit, ice me semble , les déterminer àexécut»:r, de concert, une entreprise aussi utile. Si Christophe Colomb et Vasco de Qama, versla fin du quinzième siècle , ont fait à la grandeur de Venise des blessures que le temps n'a jamais pu fermer , qu'ils étaient loin aussi de prévoir tous les maux qu'ils causeraient un jour au;^ de^ plus belles , aux deux plus fertiles portions du glybe , l'Asie et l'Amérique ! Quant à cette dernière , elle gémira toujours d'avoir connu les Européens. A quel prix n'a-t-elle pas acheté Jes pré- tendues lumières qu'ils y oui appprtées ? Quelques con<« i4B êVK LA 0OllSTITVTI«ir« ITO» ( naiasances en agriculture , quelques progré* dans Vin* dustrie, quelques plantes , quelques animaux , quelque» usages plus propres à corrompre les mceurs qu*& les épurer, valaient-ils les 'millions d'hommes qui ont péri dans les conquêtes, et qui expiraient journellement sous la fatigue , dans^les trayaux périlleux des mines \ Peu & peu l'Amérique fut dépeuplée ; afin d'y recueillir les trésors que yenait y chercher l'avidité européenne il fallu,i y transporter des Nègres et même des Européens. La cupidité , et des raisons de toute espèce , engagèrent en outre des hommes de tous les pay| à s'y éublir yolonuirement. C'est ainsi que l'Europe perdit u^e partis de ses habttaiis^ Un pays qui a eu, et qui a encoreutae aussi grar v influence sur l'Europe, mérite bien qu'on cherche « le connaître aussi par&itement que possible. Fre« nons sons les yeux la carte de l'Amérique; embar- quons-^nous en idée , et après avoir suivi Colomb et les premiers oonquérans dans leurs premières décou- vertes ; après avoir parcouru les productions étonnantei des trois règnes de la nature, arrêtons-nous un moment i examiner les habitans de ce pays , leurs mosurs , leur religion et l'état de civilisation dans lequel lit étaieiit Ion de la découverte du Nouveau-Monde. . 'ÎVÔAtelvUvi ■41U(■ ■•■:••i •-t- *ity > * ■ iwwa>^>#w»>^>j».«t^^-«^k^>jt^>^.^,«j>^,,^^^jP,^^^^^^y,^ LIVRE CINQUIÈME, CHAPITRE DEUXIÈME. Mœurs i Usages et ReUgions des Américains. Lorsque les Espagnols débarquèrent «tans les Antilles, ils les trouvèrent habitées par les Canubes. Ces peuple* caiy raient le maïs, le manioc , la banane , les patates , les giramons , plusieurs espèces de pois et légumes , da jpourpier , des callebasses^ etc. Ils Tiyaient du produit de leur chasse et de leur pèche ; leur sobriété diminuait leurs besoins ; ils étaient tous égaux. Quand il s'agissait de marcher contre l'ennemi, ils donnaient le commandement de l'armée i un père de famille , dont l'autorité cessait avec la guerre. Ce chef., avant de itecevoir un pareil honneur , devait s'être acquis quelque gloire miliuire $ il fallait surtout qu'il se distinguât de ses concitoyens par une supériorité dans les forces du corps et par beau- coup d'éloquence \ leur courage était intrépide : on les voyait s'exposer sans crainte sur une mer- orageuse, dans des barques qui avaient ordinairement quarante>deux pieds de long sur sept de large, qu'ils faisaient, mouvoir à force de rames, l'usage des voiles leur étant peu connu. Le Caraïbe est sociable, sensible aux bons procédés ; nais la moindre injure excite sa fureur, et la vengeance l44 |l(«i;»S, YÎ94Ç99 ST AULHO-JO» suit de près Vofiense. S'il tue l'agresseur , et que ce der- nier n'ai^ ppijat de pajrenj^ j \^ querelle f^sjb tAr^^née ; dans le cas contraire les parens ou les amis du défunt se font un devoir de venger sa mort. Le meurtrier , pour ne pas perpétuer 1% cp^or^lle ^ es.t <^itgé àp c^i^tep la Tribu • c'est pour cette raison que les parens du défunt exami. nent toujours son coipA, pour s'assurer si sa mort a été naturelle. Av^i d'wterjrer le^vf w^pr^s, i|s k« end^ii^ept d,'une couleur rouge à l'huile , et les déposent ensuite dans des fosses de sept pieds de profondeur , de sorte que le ca- dayre s'y liemie debout ; ils enaeTclissei^t avec eux, leurs •rcs> lencs fUiclsues » jiemrs massues et leurs couteaux. \ Le Caraïbe est d'ordinaire , grand, bien&it et vigou' veux; il regarde copime un trait die b^a^té d'avoir le firoiat plat. £our lui donner cette ferme de bomie b^re, il presse la tète des enfans entre deuxplancbes. Ces peu- ples vont nus, k l'exception d'un peut tabiier gumi de plumes, que portent les deux sexes ; ils se peignent le' corps en rouge ; leur tète est ornée d'nçi jionnet ou d'une couronne de grandes plumes ; leurs pxiocipaiUX omemeni consistent en petits os , en coquillages , en perles de «erre , et en pierres de toutes coule)irS , qu^ils s'atta- chent aux oreilles , k la partie supérieure e^t inSérieur^ du bras. Les femmes portent en outre , autour du opil et des jambes^ des cordons , dans lesquels sont enfilés des perles. La plus grande parure des hommes, est de larges plaques de cuivre en forme de crpissans et de soleils, «ufhàssés dans des bois précieux. Pour se donner un air guerrier, ils se peignent la figure avec des raies rouges et noires; un turban de plumes rouges sert k distinguer les diffcrens chefs de la nation. Les hoçunes ont oïdinaire- DSs À.uiniCÂiv»» *,^ i4S ment une ceinture, 2i laquelle e^^t atucbé un fprand cou- teau • à leur col est suspendue une petite flÀte^ , . dQnt ils accompagnent leurs tamtams ou tambours. Leur triom- phe , dans la musique , est d'imiter le chant des oiseaux.; ils sont très4idroit8 à lancer des flèckes , et manient la înabsue avec Beaucoup de dextérité. Leurs guerres iont terribles ; ils mangent une partie de leurs prison-^ niers, dans les premiers transports de li| victoire; ensuite ils font grftce au reste , ils épargnent toujours les femmes et les enfans. Ils trafiquent avec Ve Européens, des corbeilles qulls font très - artistement , des perroquets, de la volaille , des ananas^ des moules et autres coquillages» contre des couteaux , des bacbes , des fusils , des pisto' lets, des sabres, de la toile, des perles de verre , et surtout de Veau-de-vie. Ils aiment l'argent qui brille, et surtout la monnaie qui occupe Iç plus de place ; s'il flurv/ient un mal-entendu entre les vendeurs et les ache- teurs , il est quelquefois pi^dent d'emporter les mar- chaa[Uiie8 , afin de leur ôter l'envie de s'en emparer : car aloi^ ils ne manquent pas de dire , qu'ils font comme les Européens , qu'ils accusent d'avoir introduit parmi eux le vol dont ils n'avaient aucune idée. Malgré cela^ on aperçoit en eux un sentiment naturel pour le juste et l'injuste , qui fait que souvent ils mettent dans leurs procédés plus de bonne foi que les nations civilisées. Leurs maisons ont soixante pieds de long sur cin- quante de large. Ce sont des poteaux plantés, en terre , réunis par des lattes , et couverts de feuilles de palmiers ; la cuisine forme toujours une pièce à part. A l'une des extrémités de la cbaai]i>re où hiabite .la. famille , onjJU TOUE a. 10 146 UOiVRS* OSAeSS IT XliLIOIOIf lume lé feu, autôut duquel les hommes se rassemblent pour Ibmer do talMic ; ils exercent Thospitalité envers tous les étrangers indistinctement; ils ne mettent point de Sél dans lenrs aliméns *, ïnais ils les assaisonnent avec dà mfel on du sncre , du pinient, dn citron et du poivre du psys. Il n'y a qné les écrovisses qu'ils tont cuire & Teati ; autrement tout est grillé ou rôti. Quand ils rôtissent nne volaille , ils l'attachent i une broche de bois plantée en terre; pour les grandes pièces de viande, ils les met tent sur un brasier ardent, sans penser k rôteir les plumes ni lés entrailles. Les hommes mangent les pre- miers, et sont servis par les femmiës , qui desservent ensuite, et vont)nanger les restes daios la cuisine avec l«ur8 enfans. Quelques-uns de ces démi-sauvages ont embrassé le Christianisme , les autres adorent le Soleil et la Lune Sans culte public, ni temples, ni cérémonies quelconques ; ils regardent leur Étre-Suffême comme parfaitement heureux , et par conséquent , comme ne devant pas s'embarrasser des hommes qui se tourmentent 4pi-4- propos, au lieu de borner leurs désirs. Dans quelques en- droits Us adoptent de bons et de mauvais génies ; alors ils ont des prêtres qui sont en jtkème temps devins. Chacun d'eux a son dieu particulier, qui l'inspire , et ^nt il vend les révélations. Des Brésiliens, Les Brésiliens, qni se sont soustraits au joug des Euro- péens, se couvrent, comme leurs ancêtres , de peaux d'animaux crues ou tannées ; d'autres se peignent le corps , n'ont autour des reins qu'une pièce d'étoffe garnie de pll|^es« Quelques tribus regardent le nez plat comme un trait de beauté ; aussi ont-elles le soin de Tapplatir un peu aux enfans , quand ils naissent. Elles se parent de plumes, dont elles font des ceintures, et des bonnets. Les Brésiliens ont des heures fixes pour manger, et d^àutres pour boire ; car ils ne font jamais , ou que rare» ment, Tun et l'autre dans le même repas. Quand deux igrésiliens se battent , jamais un tiers ne s'eiT mêle j y en. a-t«il un de tùé , les paréns sont obligés de le venger, et de poursuivre le vainqueur , jusqu^à ce qu'ils l'aient atteint, et que. l'injure soit réparée. Four éviter ce mal^ heur, les familles examinent les raisons de l'uu et dé l'autre adversaire , avant de les laisser battre. Ces Indiens , dont la vengeance est terrible , exercent cependant l'hospitalité. Ils n'ont d'autres armes que des massues de bois dur , des arcs et des flèches. Les femmes suivent l'armée et portent les munitions de bouche et de guerre. Celui qui a tué le plus d*ennemis, est reconnu pour chef. Leur musique militaire consiste en des espèces de cors et de flûtes d'os , dont ils tirent des sons , tantôt variés , tantôt confus. Comnye leur principal but est de faire des prisonniers , ils attaquent ordinairement de . nuit , pour surprendre leur ennemi : s'ils combattent le jour, en rase campagne , c'est avec une fureur qui va jusqu'à la rage. Ils ne mangent pas les morts, mais quel- quefois certains prisonniers , dont ils ont juré la mort. Quand ceux-ci sont trop maigres , ils les conservent pour les engraisser. Pendant ce temps-là , on leur permet d'aller à la chasse , à la pêche , parce que ces exercices sont favorables à la santé ; mids toujours on les surveille de près. Ces prisonniers sont partagés entre toutes les familles : quand l'un est assez gras , ils invitent toiis le» riflM. Hienfait. H existe différentes tribus chez lesquellei ces atrocités ne s'exercent pas ; il semble même qu'elles soient le résulat de leur haine contre les Portugais. On remarque dans ces peuples une indifférence éton- nante pour la mort ; ils souffrent la douleur avec un cou- rage héroïque. Dès qu'ils sont en paix, toutes distinctions de rang cessent: les vieillards seuls y sont considérés, ih aident les jeunes gens de leurs conseils ; 1^ moiudre insulte qu'on leur fait , est punie très-sévéremeut. Les Brésiliens n'ont en général que des idées confuses de religion , mais ils n'en Sont pas moins superstitieux : ils croient au bon et mauvais génie. Ils ont des sorciers pour prêtres, et des charlatans pour médecins, qui abu- BIS iiciftzaAiMr* rfg sent de leur crédulité : ces derniers joignent l'art de la devination à la médecine. Ces sautages croient , par exemple, que l'oiseau lugubre, qui pousse des crislamen» tables ] et des soupirs plus plaintifs que ceux de la tour- terelle , est un messager de leurs parens défunts , qui ré- clame leurs bons offices. Lorsqu'il commence son ra- mage , ils prêtent une attention religieuse pendant tout le temps qu'il cbdnte : malheur k celui qui les trouble- rait dans cet instant de recueillemei^t ! On poiurait con- clure de là qu'ils ont quelque idée de la vie future. Parmi les autres peuples du Brésil , on compte les Cariges ; ce sont les plus policés : ils sont yétus d'étoffes de peaux de bétes , ornées de colifichets , et le disputent en blancheur avec les Européens. On leur a toujours trouvé beaucoup de bonne foi dans le commerce) mais la crainte de l'esclavage , pour lequel ils se voient quelque- fois enlevés par les Portugais, les empêche d'aller à Saint- Vincent , seconde ville de la première Capitainerie du Brésil. Les Cariges sont hospitaliers , cultivateurs et guerriers. Ils ont des bourgs , des villes , des temples » des prêtres , des médecins ; ils croient à un grand génie dont le pouvoir s'étend sur tout , mais dont la trop grande bonté tolère un autre génie puissant , qui ne s'attache qu'à nuire sourdement à tous ses plans. Ils vi- vent de fruits , dp légumes et de la chair de leur» bestiaux. Les Portugais en cherchant à asservir les Mamelus du Brésil , en ont fait des ennemis implacables dans leur haine et dans leur vengeance : s'ils rencontrent un Por- tugais à l'écart, ils ne manquent pas d'en faire un de ces horribles festins qui font frémir la nature. Dans la Ca- pitainerie du Sûnt-Esprit , on ne compte que vingt mill» f5k- i5o MdlUmi» VlAOfl IT llLl«tOX Indiens convertis t on les appelait autrefois Margageats, Ils ont été long-temps les ennemis mortels des Por- tugais , mais s'étant apprivoisés par degrés » ils ont fait avec eux des alliances que le temps a confirmées,' D'au- tres Indiens , plus enfonoée dans les terres , ne veulent point de réconciliation. Ils s'abstiennent de hair ho*« maine , et sont idoUtres. Bans la Capitainerie de Porto SecurOt le voisinage de certains peuples cntels et l>arbares , ne permet pas de cultiver ce pays. Les Molopaques occupent , au-delà du ileave i^'araïba , une vasie contrée : ils ressemblent aux Allemands pour la taille. Cette nation se couvre le corps, et laisse croître sa barbe. Les mœurs de ce peuple n'o^t rien qui blesse Tbonnéteté naturelle. Ils ont des Villes environnées d'un mur de solives, dont les intervalles sont remplis de terres ; des églises ; des idées assez rai- sonnables sur rÊtre-Supréme. Leurs femmes sont belles, spirituelles ,et ne spuârent jamais debadinage indécent) «lies portent leurs cheveux très-longs. Toute la nation a des heures réglées pour les repas ;.elle aime. la propreté: les mœurs et les usages n'y sentent pas la barbarie ; oa les accuse d'oublier quelquefois leur caractère pacifique, pour satisfaire leur vengeance. Aux environs du fleuve Faraïba , habite un antre peuple , qui a toujours conservé beaucoup d'a£fection pour les Français : il déteste les Portugais , et se montre toujours disposé à entrer en guerre contre eux. Il adore un bon et un mauvais génie. Dans la vaste région qu'arrose le fleuve des Ama- isones , on trouve plus de cent cinquante nations , dont les habitations sont si proches Tune de Pautre , que du dernier boiurgj on entend couper le ^ois de la peuplade voisine. Jm religion de tai;a ce» B^up^ea eat prenne k mÂme. Quand ila aont préu à m^rch^r pQVfr U Q^rr^, jlf élèveni à la proue de leura canoU ridofe dput ila atteodeut la,7i>"toire ; et en partant pour 1(^ p^lie « ila arborent çelH ^i PIT^i^ aux ^euvea et aux laça. Ces naturel» » aiosi que lea Gatlibis , aont bien faiu; grands et robustes ; ils sont ai attachés k leur manière de vivre , que l'exemple et les efforts des Européens n*ont jamais pu les eu faire changer. Chaque citoyen e^t libre $ car les chef» . daus leurs bourgades , n'ont aucune autorité sur leurs pr^ priétés ni sur leura personnes ; ils se borpent k donner des conseils, h maintenir l'union , et à com- mander le peuple pendant la guerre. On accuse les 6al- libis de s'abstenir avec peine de manger leura prisoun niers. , t De toutes les nations qui habitent, les bords de l'Ama- zoi^e , les Omagues sont leauplus raisonnables et lea mieux policés. Ils ont la coutume , ayant de se mettre à table, de présenter une seringue à chaque convive i comme dans plusieurs villes d'Europe , on apporte de l'eau pour se laver, les mains avant le repas , ou du café après le diner. La forpie de ces seringues est celle d'une poire oreusç , percée d'un petit trou k la pointe , et dans laquelle ils adaptent une canule. Ils les remplissent d'eau ; lorsqu'on les presse , elles font Teffet des serin- gues ordinaires. Ce meuble est fort en honneur chez ces Indiens ; il annonce qu'oi||~lera bonne chère , et^ qu'4 convient de lui faire une place. Les Portugais ont poussé la calomnie jusqu'à dire que les Omagui^iMgTAissent leurs prisonniers pour les manger. Jamais U ne s'est mangjé , encore moins vendu ehes eux } de chair humaine. Ils tuent , dans lei^ fêtes» / ll« MttVlff «•▲•!« ly tliX«IOIf Ub prîfôniilert qui ont une grande répuution d« htù^ ▼onre. AuMitAt c{n*iU lenr ont conpé la tète, la pen. dent; en triomplie dans leun inaisong, et jettent les enté plusieurs fois de les convertir au Ghristiap^M^jj, et n'ont pu y réiissir. Des Amazones, L'existence des Amazones de l'Asie et d« l'Afrique, dont' on a publié tant de prouesses, ayant été soutenue et niée , il n'est pas élonu&nt qu'il se soit élevé les mô- me» doutes au iujet des Amazones de l'Amérique. Ce- pendant on sait que les Vierges sacrées du Pérou avaient préféré s^opposer au penchant c^ lànature, et à rendre ainsi inutiles, les plus précieux dons de cette mère bien- faisante , pour ensevelir avec elles une suite de géné- rations. Mêla rapporte qur? les Lèmniennes , ayant formé le projet de se gouveraer elles-mêmes , assassinèrent leurs maris pour régner en souveraines dans Tile de Lemnos,' et vendirent Hypsipyle à des pirates, pour avoir soustrait son père à la mort. ( Diction, de Lloyd , au mot Hypsipyle^ ou dans l'Archipel de Dapper. p. m. de l*Bdit. orig. HoHand. Art. Lemnos ) tS4' MeeuEt, vsaoxs fir bilioxor Sans m^arréter à tout ce que Schmidel , Oreltama, jicona , Barayr , le comtç de CarU et tcmi (t autres , om écrit pour prouver l'exislei^e des Amazpnei-Amértcair nés ; je vais exposer les rapports de divers savans et voya. geurs. M. de 1^ ÇondamSnet nous apprend ( dans les Mé- moires de rA^adémie des Sciences dç Pari» 1745.), « qu'ayant demandé aux Indiens des diverses natioi^s, « qnll rencoutra le long du fleuve des Amaaones , s'ils « avaient connaissance de quelques femmes guerrières , « si elles étaient réellement séparées de toute société « avf c les hommes , et ne se laissaient voir qu'une seule « fois par an; tous lui avaient répondu unanimement « que cela était vrai ; qu'ils avaient su de leurs ancê- « très , que cette république de femmes était dans Tinté- m rieur de leur pays ; qu'à leur retour elles s'étaient re- « tirées au Nord, par le Fletfve^Noy' , ou un autre qui se « décharge de ces côtés dans le Maragnon. » 9feir ce quHin Indien de S.Joachim d'Omoga., lui avait dit qu'il trouverait facileinent^ ji Coari^ un vieillard dont le père avait connu pes femn^LCS, M. de la Gondamine s'y r^n^it avec ses oompagnpus de yoyage. Cet Indien était moirt et avait laissé un fils âgé de soixante-dix ans, qui était alprs chef du village. Cet homme lui assura que son aïeul avait réellement vu et connu les Amazones à l?embouchure du fleuve Cuchivaraf qu'elles «Tenaient de Cajame qui se décharge dans le Maragnon , entre Te$é et Coati ; que cet aïeul avait eu des relations par- ticulières avec quatre d'entre elles , dont une avait un enfant à la mamelle ; qu'il savait le nom |de chacune d'elles y et quand elles se retirèrent de Cuchivara^ qu'elles avaient passé le grand fleuve et af aient prisU route de la Bivière Noire ., DIS IMiaiÇÀXMS. i35 tiOS inforp^ions que M. de la Condamine eut depuis Coari, furei^.d'accord.avec les précédentes; il apprit en outre is ÀMiiicAiifs. i6S t aussi tiaats <]ue romiral debout. Leur laille moyenue « parut être de huit pieds, et la plus haute de neuf^iedt c et plus. La stature des femmes est aussi étounante « que ceUe des hommes. On remarque dans les enfans^ R les mêmes proportions. » Il «st bon d'obser^r que le pied anglais a un pouce de moius que le pied français. Ainsi, huit pieds se réduisent k sept pieds quatre puuces. Le Géant mexicain que M. Humboldt m vu, avait sept pieds un pouce français. M. Duçlûs-Gufot, lieutenant de frégate , et M. de la G(raM lève contre le témoignage «Les voyageurs ^ui assurem les avoir vus dans les Fatagons , parce que ramirerl JfTuor^ qui a dirigé sa route à plus de soixante lieues au-dessous du détroit do Magellan, et qui n'a fait que toucher au fort de Suint- Julien > situé au-dessus de cette côi^ orien- tale de l'Amérique, sans s'y arrêter Jh : qu'il n'a rien vu, pas même des arbres sur la côte. ( Voy. le chap. vr du !•'. Hv. de son Voyage ). Farce que iVar^erongA a observé la môme chosd ^lort» XI "^ l6i( MCBVRS, OlAOlS ST RILXOIOII qu'il Tint reconnaître cette côte, en 1670 , par ordre de Charles II, roi d'Angleterre ; parce que Adanson n'a pat TU les lies des Pitpys ou Falkland , peutK/n en conclure que nombre de voyageurs n'ont pas vu ces hommes à haute taille ? Certainement non , puisque depuis 1764, il s'est formé dans leur pays , des établissemens fran- çais , anglais et espagnols, et que la fameuse dispute qui est survenue en 1770 , entre les Colons et les Fnta* gons , a confirmé l'existence de ces Géans. L^Equipage du TVager, vaisseau de l'amiral Anson , dans son naufrage en 1740, s'étant sauvé dans l'embou- chure du détroit de Magellan , y vit des hommes d un^ haute taille , qui avaient un drapeau blanc et des che- vaux. L'amiral ^îron , qui était arrivé le 3x décembre X764 k l'entrée du détroit de Magellan, ilit , dans la relation qu'il a présentée à l'amirauié d'Angleterre : « qu'il a vu a une troupe de 5oo Américain» avec des chev'ixet « un drapeau blanc ; qu'il leur a fait quelques présens , « qu'un de ses officiers , nommé Commingy qui avait « près de six pieds anglais de haut, paraissait un pjgmés « À côté du Fatagon , auquel il offrit du tabac à fumer. » {l'existence des Patagons a été certifiée parmi les Espa- gnols, far Magellan,Sarmienlo, Aodal ^^&rmi les Auglais, ^rCavendUh, Hawkins,Kmvet,Biron ; parmi les Français, par les équipages des vaisseaux le Marseille yle Sl.-Mdlo, par M. de BougainvUle ; parmi les Hollandais , par Se- haldy Noorty Lemaire , SpUberg. Quand M. Paw objecte que personne n'a jamais eu h •a disposition un de ces individus^ cela prouve son igno- rance , puisque Magellan en prit deux , dont Tua fut baptisa avant de mourir ; que Pigafetta avait appris beau- •oupde »ig kui%iekt9êi i6S toup de termes de leur langue ; que Knlvet dit en tyoir vu un au Brésil , qui avait été pris au port St.- Julien ^ et qui avait déjà treize palmes, quoiqu'il fut jeune ; qu' 0/iVierJVoor/ avait appris des habiuns du iponDéiiri, qu'il y avait dans l'intérieur une nation de géans bien plus grands qu'eux , appelés Tireménens, M. Tumer se trouvait À la cour de Londres en i6lO,' lorsqu'on mesura Tos de la cuisse d'un Patagon, qui prouva la taille gigantesque de cette nation. M. de Conurerson, naturaliste éclairé, qui accompa- gna M. Bougamvilley dit en avoir vu à la baie de Boucaut, qtii avait six pieds quatre pouces, pied de roi. Fespuce, dans la lettre qu'il adressa à Laurent de Mé- dicis pour lui rendre compte de son second voyage , au sujet de ce qui lui arriva au golfe de Parias, dans une de ces iles qu'il nomme l'île des Géans , dans la relation in- titulée second vqjrage , dit: « Nous trouvâmes douze « cabanes , où il n'y avait que sept femmes de haute « taille , dont la moindre avait un empan et demi de plus « que moi. Nous vîmes trente-six hommes d'une si haute « taille , qu'éunt à genou , ils me surpassaient lorsque « j'étais debout. Enfin, ils étaient d'une stature gigan-r « tesque, tant à l'égard de la taille , que des autres pro- « portions. » Or^ Vespuce a connu ces géans avant d'ar^ river à Venezuela : conséquemment il a, connu les Fata- gons avant tout autre navigateur , c'est ce que personujB n'a observé dans ses rapports,. Voilà M* Paw confondu par le témoin même qu'il respecte. Les commandans de vaisseaux ^f^d//i> et Carterct,mx\ se séparèrent au détroit Magellan, en 1766, ont vul'un et l'auue les FatagQSS. Gartcret en a fait une relation ^ a69 UŒVTÊii, ««▲•Il iT mii.i0ioi« trèt-circoiMtanciée , qu'on a publiée danf le tom. LX de& Tnnflactions pbilosophiqnes. M. de BcHigainvUlo , parti de SainuMIdo en 176$, ayee le» frégêieê V^iglê et l'Etoile f rappar plus de témoins , que cette race gigailtesque^ depuis Verpuce jusqu'à Byron, Wallis,Carteret et Bougainville, les derniers voyageurs les plus judicieux et les plus éclaires. M. Cook , en transportant MM. Banks et Solander k ki8 trai- avaient foiiciruj •ni une is épais, ur chair ne ,1'au- ïaïti, en 1769, pour obs^ver U pasMge de Vénnu, tror versa par le détroit de Lemain , et :*on par celui du Magellan. Cependant, étant descendus à terre» Us ea|rè- rent dans une cabane où il y avait une petite iawUU , dout les hon^mcs avaient cUui pieds^ huit pouces. Il« dif- féraient des Patagont , dont le détroit de Magellan les sé- pare, tant par les habits et les usages, que par U langue » et ils n'avaient pas de drapeau blanc. J'accorderai sans difficulté à Voutcur des Mémoires sur les Américains, que les grands os qu'on trouve dans le Nord et le Si(d de l'Amérique , sont une partie de ceux de grands animaux ; mais il est certain que l'autre partie doit être des os de ces géans qu'on ne supposera pas sans doute immortels. Au reste, M. D. Frenetty a encore mieux prouvé l'existence des Fatagons > pages 82-123. Cette énergie de la nature n'est pas bornée en Amé- rique , aux contrées du Sud. Oviedo dit , dans son |o1n-> maire , que les Jugules , au nord de la Terre - Ferme , étaient généralement plus hauts que ne sont les Alle- mands. C'est aussi ce que confirme Alvaro-Nugnez , en parlant des habitans de la Floride. Pamphile Narvaet dit : « Tous les Indieus que nous « vîmes dans la Floride j jusqu'aux Apalaçhes, sont ar» « chers, hauts de taille, et paraissent autant de géans.G'est t une nation singulièrement bien faite , bien découplée, « d'une très-grande force , et très-leste. Leurs arcs sont « de la grosseur du bras , et ont de onze à douze pau»^ « mes de long , portant jusqu'à deux cents pas. Jaofiais « ces geos ne manquent leur coup. « QumilUi , qui a demeuré tant d'années parmi lev peii- jf^ de VQrénoque , dit^ Tçm. x. peg. xo3: « Qhn lef ■"\ in 108 jfizvftsi vsAoEs tT nmioton •»' Oltomaques , les hommes* sont grands et replett. • Chez les nations Cyrara, Aj-rica^ Saliva, et chez » les Caràibet , on trouve un grand nomhre d'Indiens » d'une' taille haute « élégante et bien proportionnée. Je crois donc pouvoir conclure que, comme il y a des peuples d'un ou deux pieds plus bas que les Européens , il est possib e qu'il s'en trouve qui lés surpasse de la môme mesure ; de sorte que Ton se trouve fixé dans le moyen terme de ces deux extrêmes , où la nature peut faire avaiioer ou rétrograder la taille et l'espèce hu- maine, # Dans la terre Magcllaniquc , quelques-unes des peu- plades qui habitent du côté du Paraguay , de Buenos- Ayres , et du Chili , se sont un peu civilisées ; mais on n'a jamais pu communiquer librement avec les Fatagons du midi , qui ont voué une guerre à mort aux Espagnols. Les Pécherais se sont conservé la possession de l'Ile de Feu , et n'ont rien perdu de leurs mœurs agrestes, ni. de leurs superstitions. ' Peuplés du Chili, Bèdent des de Guanaco beaucoup d( corps de es comme auti ILes Aran que les Cuir Ils ont attir Tuelches , 1 s'appellent S Magellan. Le de ce peuple quelques pot Ces Indien bitation. Ils « rissent de rac: Ils ressemble; sieurs d^ces ' Les Moluches habitent la fertile et riante contrée entrs la rivière Siobio , et celle de Faldivia. I Les Cunchi demeurent depuis Faldivia jusqu'au Golfe de Gufaleca. Les Huiliches résident depuis l'Archipel de Ckonos, jusques vers le Golfe de Pennaf. La taille de ces peuples est grande dans les parties dei montagnes , et moyenne vers les côtes. Leurs traits sont assez réguliers , et leur teint n'est pas basané. Ils exercent l'agriculture , récoltent des fruits , font du cidre , pos- »ES ÂMéaxCÀXHS.' 169 «èdent des troupeaux immenses de Chevaux , de Bœufs, de Guanacos , et de Vigognes. Leur religion approche beaucoup de celle des Péruviens. Ils forment souvent un corps de cavalerie de dix mille hommes , qui agissent comme autant de Tartàres , lorsquW les provoque. Les Araucanes forment une tribu redoutable , jf)insi que les CiUnckés. Ils habitent au sud de la rivière BîJbio. Ils ont attiré dans leur confédération quelques tribus Tuelches , habitans de la plaine. Celles des montagnes , s'appellent Serranos : elles s'étendent jusqu'au détroit de Magellan. Le missionnaire Falkner prétend qu'un Cacique de ce peuple , avec lequel il était lié , avait sept pieds et quelques pouces. Ces Indiens sont Nomades , et changent souvent d'ha- bitation. Ils sont presque toujours à cheval , et se nour- ris.«cntde racine, de lait et de la chair de leurs troupeaux. Ils ressemblent aux Arabes et aux Tartàres d'Asie. Plu- sieurs A2 ces hordes sont encore en guerre avec les Espa- gnols: lorsque l'une est vaincue, elle abandonne le pays, et revient au bout de quelque temps , avec de nouvelles forces , et une nouvelle fureur. Souvent elles forment de» armées , dont le nombre monte de quinze à vingt mille hommes. Les Espagnols , voyant q;i'ils perdaient beaucoup de monde dans de pareilles expéditions , ont été forcés de diminuer leurs vexations , pour ne plus être exposés i de semblables défaites. La douceur a obtenu de ces peu- ples , ce que la rigueur n'aurait jamais pu faire : ils sont devenus plus traitables , et ont reçu des Missionnaires chez eux. Les Tuelches a pied errent dans les Pampas : ils re- connaissent un bon et un mauvais génie. La demeure d«8 Argueles , ou des Césaret , n'est pas '7d MOBUnS^ DSAOiS ST HCLSOIOR encore bien connue. De toutes \e$ contrées du Nouveau^ Monde , c'est le Chili qui a fait la plus longue résistance: la guerre dura dix ans sans interruption , et avec un achar- nement incroyable. Almagro la commença en 1535. Valdivia, lui ay îints uccédé , en 154,1, il surprit les habi- tans qui étaient occupés h, leur récolte , et massacra ceux qui tombèrent sous sa main. Un vieuy guerrier , furieux de voir ses compagoons mis en déroute par ces étrangers, qu'ilavaitbatius plusieurs fois,rassemble ses frèresd'armes, en forme treize compagnies de mille hommes chacune, les met en colonnes par échelon , et marche k l'ennemi , après avoir ordonné à lu première , en cas qu'elle^ fut repoussée, d'aller se rallier sous la protection de la dernière; à la deuxième , et aux autres colonnes, dUmiter la même manœuvre. Ses ordres ayant été exécutes avec précision, les Espagnols, après avoir défoncé tous les corps les uiu après les autres , se trouvèrent avoir à combattre encore la même armée. Valdivia et ses gens, épuisés de fatigues, voi^lurent se retirer vers un dcfiic ^ on les prévint , ils se virent attaqués de tous les côtés : leur armée fut taillée en pièce, et Valdivia fait prisonnier. Le vieiLV capitaine Jvdien lui fit couler dans la bouche de IVr , en lui di.. saut : abreuve-ioi de C4i métal dont tu es si avide, les Indiens lie s'en tinrent pas là : ils ent.'èreut dans le Pérou , pil- lèrenJt les villes , ravagèrent les établisse! (" eus Européens, emoaienèrent leurs femmes , coramircntles cruautés qu'ils avaient vu commettre aux Espa;^uols. Celte conduite mal-adroite augmenta le nombre de leurs ennemis : ils furent obligés, à leur tour, de se retirer dans les montagnes; après une longue guerre et boau- coup de sang répandu , ils furen* vaincus par les for- ces non^breuses accourues du Pérou : les Espagnols, DXS A'MURXC AZK S* malgré ce succès , u ont jamais pu soumettre entière- moût le Chili. Des Péruviens, Les peuples du Pérou avaient reconnu pour fondateurs de leur société civile , Ynca Manco-Capac , et sa sœur et femme Cojra Mamma Œllo Huaco. Ynca Capac , signifie Grand-Seigneur j et Coj-u Mamma , Impératrice-Mère : ces titres passèrent à leurs desoendans. Selon la tradition de ces peuples , ces deux illustres personnages étaient nés du Soleil , peu de temps après le déluge , dans l'île du Lac Titica , h. huit cents lieues de Cuzco. Le Soleil , leur père , en leur apprenant comme ils devaient s'y prendre pour rendre les hommes heureux , leur ordonna d'établir le siège d'un empire dans l'endroit où la verge d'or , qu'il leur remit . s'enfoncerait en terre d'un seul coup. Ils se mirent donc en route : quand ils arrivèrent à Huana-Cauti , la verge s'étant enfoncée dans la terre, ils choisirent ce lieu pour le exécuter les ordres deleurpère: ensuite ils se séparèrentpour aller chercher, chacun de leur côté, des hommes en assez grand nombre pour fonder une ville. Us revinrent bientôt avec beaucoup de monde , et bâtirent Cuzco , qu'ils divisèrent en deux parties. L'une fut nommée Huanan-Cuzco , la haute Cuzco ; l'autre Hurin-Cuzco , la basse Cuzco. lisse réglé* rcot sur cette division pour les autres villes de l'empire' Manco apprit aux peuples à bâtir des maisons ; à faire des charrues, des bêches et auires instrumens aratoires; à labourer , semer , recueillir les grains , les légumes nécossaires , et à faire les armes oil'ensives et défensive». Il leur enseigna une religion fort simple : les premiers usages qu'ils pratiquèrent leur firent sejitir de quella ■ jiil 173 MOEUAS, OSlOKS ET BCLIOIOV importance il était d'obéir aux lois ; il leur donna des leçons sur la propagation et les avantages des troupeaux. Coya Mamma apprit aux femmes à filer la laine et le coton 3 à tisser , et à faire des habits pour leurs maris et leurs ?nfans; à conduire une famille, et enfin à faire tout ce qui regarde le ménage. Les premières limites de ce royaume furent fixées du côté oriental , au fleuve Paucartampu ; à l'Occident , le fleuve uipurimac lui servit de frontière j et vers le Midi ïe Quetjfuisana borna son étendue. Cet espace de terrein renfermait , dit-on , plus de cent bourgades , dont les tnoindres étaient composées de cent maisons. Ma^s la tradition générale est que plusieurs nations se réunirent sous les ordres de Manco-Capac ; savoir : celles de Masca, d'Unictjui et de Papri , du côté de l'Occident ; qnatre autres du côté du Nord , connues sous le nom de Mayn, Cancu, Chiçchapucuyn , Rimactampu ; et du côté du Midi, dix - sept autres comprises sous la dénomination dCj4jrarmaca. Les simples Incas avaient le? cheveux coupés à diffé- rcns étages , de la longueur de deux ou trois doigts : leurs oreilles étaient percées d'un large trou , dans lequel ils attachaient de longs pendans , qui leur tombaient jusqu'à la ceinture. L'ornement de la tête consistait eu une bande de couleur noire , avec des plumes droites. Les femmes des Iiicas , nées du sang royal , étaient toujours distinguées de celles des simples Incas : on les appelait Pallas. Les femmes des simples Incas avaient le titre de Mammacuncs , {D^mes). Palla , signifie sang royal. Les filles des lacjis étaient consacrées au Soleil, non à l'Erapei'eur , pour demeurer Vierges et cloîtrées toute leur vie. Les Pallas que l'Empereur prenait pour DES ÂuiniCAlKS, 173 maîtresses , tenaient le premier rang après la Cojra , et leurs fils étaient habiles k succéder au trône , si l'Impé» ratrice morrait sans enfans. Il n'en était pas de même de ceux qui étaient nés des filles de Princes ou de Caci- ques. La différence ^e la parure distinguait les degrés de la première , de la seconde et de la troisième noblesse. La gloire de ce sage Oouvememeni , était : que la maxime fondamentale des Souverains devait obliger mémie ks sujets à être heureux. L'empire du Pérou fut le seul de la terre qui parvint h un but si digne de l'humanité. Quaat aux moyens que les souverains employèrent pour y arriver, ( voyez les lettres sur l'Amérique, par M. J.-R. Carli, depuis la page 202 jusqu'à 264 du deuxième volume.) A l'époque de la conquête du Pérou, la noblesse européenne ne savait ni lire ni écrire , tandis que i celle du Pérou était instruite. Les noms des empereurs Romains retentissent tou- ' jours à nos oreilles; si les uns ont été iustes , les auires I étaient atroces; ceux qui n'ont pas fait de mal, l'ont i laissé faire a leurs femmes et à leurs favoris. c Libertina ferens f nupturum queimproha facta^ c Nonjaciendonocens, sed patiendofuit, L'Histoire ne fait ce reproche à aucun Inca. Cet écrivain paraît avoir ignoré que les Péruviens lavaient su apprivoiser et former en troupeaux nombreux [les Lamas, les Pachas, ou Alpaques , les Vigognes, ces [espèces de Chameaux et de Chèvres, dont la laine dif- fère des espèces analogues des Anciens-Conlinens, Pour faire respecter les loi», on les publiait au nota du J^ — 174 ucEvna, vsAois et HBLtotoiv premier législateur , dont le souvenir était toujours cKer au peuple. C'est à tort qu'on a cru pouvoir comparer au gouvernement des Iiicas , si toutefois on le peut , le gou- yemement d'Angleterre , sous le roi Alfred ; car les Francs, les Fisigoths, les Goihs, avaient le même système, Xes Saxons l'avaient eu chez eux , ayant de passer en Angleterre. Les coutumes de Bourges et à^ Anjou . parlent même de divisions par septaines et par quintes. D'ail leuss le système d'Alfred réglait, il est vrai , l'ordre civil parmi le peuple ; mftis il laissait subsister tous les défiiuts , que les Incas avaient évités ; leur gouverne- mcent était le vrai système d'une famille , où le père distribuait le travjail à ses eufans , sans leur rien aban< donner en propre. La religion , loin d'y avoir la prépon. dérance , n'en faisait la base que comme subordonnée j aux besoins de l'empire. Une loi inviolable avait rendu l'empire héréditaire; c'était toujours Tainé qui succé- dait ; l'iiéri lier devait épouser sa sœur de père et èj mère: la deuxième classe était celle des Cacicjues i[\ des hobles de l'empire. Au Mexique , le souverain éh\[\ électif, les biens y étaient autant de propriétés^ l'ambl- tieux pouvait aspirer au trône. Le despotisme du terop»! de Motécuraa était le seul effet de l'ambitron ; au^si lej peuple était opprimé , esclave «t mécontent : outre celaJ la religion était sanguinaire. Les Incas , au contraire,! souverains et chefs d'une religion simple et humuiueJ étaient chéris de leurs peuples , dont ils prévenaient lel besoins. La religion se trouvait fondue clans le respecJ qu'ils avaient pour leur souverain. La religion des Pôrn- viens ctaitcclîe de Vamour et de la bienfa's:;nce. Lcspliiij éclaires de la nation reconnaissaient un Etre-SupréroeJ un esprit ciéatcur , arbitre de tous les évéïK'jr.ens. Les Impéiv d'autres habits 1ère de Cuzco reur était fort delette large ( elle éuit bore de diverses co côté des tempe appelait le LU chemise appel* mettait par-dc nommé RacolU bail de l'épaule bout duquel pen plante qu'il mai «a chaussure éta des cordons, c« étendards de l'E «rc-en-ciel. Outre Xes viei sieurs filles dln faisaient vœu de de respect, et Oello. l'usage youlaii supérieur sans lui perew faisait ses [prosternait devan [lui présentant l'h p'argeut, de piei uelques animau; P'''»^g'-»t, siabonn B£s am£bicaxiis. 175 Les Impératrices et les Empereurs ne portaient pas d'aatres habits que ceux que les vierges du grand monas- tère de Cuzco avaient faits. L'habillement de l^mpe- reur était fort simple; il avait la tête ceinte d'une ban- delette large d'un pouce , qui faisait plusieurs tours ; elle était bordée d'une espèce de ruban et de franges de diverses couleurs ; cette frange était fixée k chaque côté des tempes , et surmontée de plumes ; c'est ce qu'on a{ pelait le Llautu ou frange impériale ; une espèce de chemise appelée Uncu lui tombait jusqu'aux genoux ; il mettait par-dessus un manteau de même longueur^ nommé Racotia f un ruban large de quatre doigts tom- bait de l'épaule gauche en écharpo vers le côté droit, au bout duquel pendait une bourse carrée oii était le Coca., plante qu'il mâchait , comme les Orientaux le bétel; sa chaussure était une semelle qu'on fixait au pied avec des cordons , comme les sandales des Romains. Les étendards de l'Empereur portaient la figure de T/m , ou arc-en-ciel. Outre les vierges qui vivaient dans la retraite , plu- I sieurs filles d'Incas renonçaient aussi au mariage , et faisaient voeu de virginité, ce qui leur attirait beaucoup de respect , et les faisait appeler , par excellence , Oello. L'usage voulait qu'où n'allât jamais rendre visite à un [supérieur sans lui porter quelque préseut. Lorsque l'Em- Ipereur faisait ses visites daus les provinces , on ne se [prosternait devant lui , on ue lui baisuit la main qu'eu llui présentant l'hommage de «quelque ouvrage d'or ou [d'argent, de pierres précieuses , de bois raies , ou de [uelques aniaiaux sauvages pour sa ménagerie. L'or et irargeat, si abondans daus ce pays rempli de miue». 'li^'i !i' 'f-M 176 MOBVBS, VSAeSS ET RILIOIOM étaient devenus tin simple objet de dévotion et d'hom- mage ; et la législation desincas, un amour sans bornes un respect, qui allait jusqu'à l'adoration. Les mariages étaient célébrés par des fôtes. L'Empe- reur faisait lui-même , et avec beaucoup d'appareil , U cérémonie du mariage des Incas. Lorsque le jeune Inca avait atteint Vàge de vingt-quatre ans , fixé par la loi , il épousait sa sœur, s'il en avait une , ou bien sa plus pro- che parente , qui ne devait pas avoir moins de dix-huit ans. La cérémonie se faisait dans le temple du Soleil, à Cuzco. Tous les deux ans l'Empereur rassemblait, dans le même temps, tous les jeunes garçons et toutes les jeunes filles nubiles du sang royal , s'asseyait au milieu d'eux , choisissait ceux qui se convenaient', joignait leurs mains , leur faisait promettre une fidélité réciproque, leur donnait sa bénédiction , et les renvoyait à leurs pa- rens. Les nouveaux mariés se rendaient dans la maison du père de l'époux, où se célébraient les noces, qui du- raient huit jours ; de cette manière la famille royale ne contractait jamais d'alliance étrangère , mais l'Inca seul épousait sa sœur , on consacrait vingt juurs aux réjouis- sances pour ses noces. Les gouverneurs , après lui , étaient chargés de marier les individus du peuple. Après les épousailles publiques, le père de famille célébrait des noces pariiculières cbez lui ; les plaisirs duraient trois jours. JLy avait des fôlei lorsc^u'il s'agissait de couper les cheveux , pour lé se- vrage , pour le baptême du premier né de l'Empereur, et de même à proportion pour les autres sujets de l'Etat. La lutte, la course de la jeunesse, étaient «issi drs jours de fêle L'agriculture était honorée par des bis àui%tcki9$. >7r jours de fêtes ; cependant les fêles les plus solennelles étaient celles de la Religion et du Soleil. La cérémonie des Ramis ou fêtes du Soleil , commen- çait par des offrandes en statues d'olr , d*argent , oit éméraudes , turquoises , etc. Le sacrifice titinsistait en un cancu ou pain béni , et Vaca ou liqueur sacrée , dont les prêtres et les Incas buvaient une partie ; après quoi les danses commençaient. Mais les fêtes majeures étaient celles des Eqmnoxes, Ils avaient trouvé le moyen de marquer ces deux pointe du cours du soleil avec une colonne parfaitement tra- vaillée ^ enricbie d'or, d'émeraudes , de turquoises, et placée au milieu de la place du temple. Un cercle, dont elle faisait le centre , s'y trouvait partagé par un dia- mètre qui s'étendait du point de l'Orient à celui de l'Occident ; au moyen de l'ombre de cette rolorine, quef les' prêtres observaient au lever et au coucher du soleil^ ils saisissaient le moment' de l'équinoxe , et vérifiaient leur observation à midi , lorsque l'ombre du gUomon ou de la colonne tombait sur le méridien. Aussitôt on ornait cette; colonne de fleurs , d'herbes arominiques : on plaçait dessus un trône d'or pour servir de siège au Soleil , oi\ l'on disait qu'il se reposait. On avait élevé de pareilles colonnes dans les villes situées près de la ligne Ëquinoxiale , entre autres , k Quito. Celles où le soleil tombait perpendiculairement à midi , sans jeter aucune ombre , étaient beaucoup plus révérées par le même principe. L'Espagiiol Sébastien 5e/a/cazar fil détruire et enterrer le j colonnes de Quito , et de toutes les autres villes. La fêle du renouvellement du feu, celle des œufs de Pâques , etc. , se célébraient aussi tous les ans. TOIUR 2. la Dans les fétcs où il y «ivait des danses, do la mu. tique t les iiistrumens variaient avec la proyince. Ceux de CoiIa,ae sei:vaient particulièrement d'une flûte com- posée, d.ç cinq bri|^ de roseau , de grosseur et de longueur différentes. Lqi;squ'ilp jouaient à deux , le second cor ré- pondait parfaitement, en proportion de quinte plus basse. Ils jouaient ausisi dq la flûte simple , qui n'avait que quatre ou cinq tons ; cet instrument était celui des amuns. Cette flûte était consacrée aux airs et aux chansons d'amour. lies trompej^ étaiei^t des instrumens militaires , de même que les tambours,} ils servaient aussi aux danses. L'op a conservé quelques-unes des hymnes que ces peu- ples chantaient dans^ces occasions: elles trappèlent, d'une manière touchante , la douceur des mœurs et le génie de cette nation. Les Péruviens jouaient des comédies pendant ces fêtes, ils les aimaient par préférence, tandis qu'à Tlascalaon préfcraitla tragédie. On peut voir dam Garcilass^ quelques pièces an4crcontiques de poésie pé- ruvienne. Rien n'est plus intéressant que le détail de ces peuples. Au printemps ou cultivait les champs en commUli , et chaque pèie de famille recevait un terrein proportionné au nombre de sa famille ; les villes avaient des magasins où chacun portait sa contribution en nature. Les armes et les habits militaires étaient conservés dans des arse- naux. Il ne parait pas qu'il y eût une classe particulière d'artisans ; chacun faisait lui-même tous les ouvrages dont il avait besoin , ou se procurait cliez un autre ce qui lui manquait. On ne voyait jamais les Péruviennes dans les rues, sans filer, cordonner la laine ou l« coton. Elles ne se i\ ■a&ii-ï r îuples. ,ci [tionné igasins arme» arse- :ulière ivrages ce qui rues, ue se ht» JLUiniOXlKÈ» ]^0 rendaient aucune visite saus avoir leur ouvrage avec elles. Blai Caleras dit que si les Espagnols avaieut élevé leurs eufans aux professions de leurs pères , suivant la sage institution des Incas , le Pérou aurait été plus llo- rissantquUl ne l'est actuellement (en i56o ). Je défie le philosophe Paw de montrer un code de lois , un plau de gouvernement plus e\ Uns toutes ses parties , et de ressorts aussi actifs et a..ssi bien enchaînés que ceux de la législation des Incas. ^ Les Péruviens avaient quelques connaissances en géo« métric , en astronomie , eu peinture et en architecture. Sans le secours du fer, ils savaient tailler, travailler les pierres et construire d'immenses édifices ; ils se servaient de cuivre pour la fabrication de leurs instrumens ; leuc vaisselle était de terre cuite. Ils soignaient Téducation de la jeunesse ; les éc jles publiques n'étaient point confiées aux prêtres ; ceux-ci étaient entièrement restreints aux fonctions du culte. Au milieu dé la ville de Cuzco , les Péruviens avaient ménagé une grande place , d'où sortaient quatre belles rues qui représentaient les quatre coins du monde. Il y avait des quartiers assignés pour chaque province de l'empire : on y adorait le Soleil dans un temple somp-- tueux ,- lambrissé d'or et de pierres précieuses , où l'on voyait , comme en trophées , les idoles des peuples que les Incas avaient éclairés et soumis. La figure du Soleil était telle que nos peintres la représentent , mais d'uuo grandeur monstrueuse , et d'or massif. Vis-à-vis de ca temple il y en avait quatre autres qui ollraient les mémesr richesses. Le premier était consacré à la Lune j lo deuxième à l'étoile de Vénus j le troisième au Tonnerre j le quatrième à l'Arc-en-ciq}. Upe salle voisine, revêtue AV^ > IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) A Z. ^ •^ 1.0 1.1 |so ■^" M^H Ui Uii 12.2 ^ U^ 12.0 II iiiiim 1^ Il '-^ i '-6 < 6" — ► V \4 Photographie Scienœs Corporation 23 WEST MAIN STREET WEBSTER, N.Y. 14S80 (716) 872-4503 ^ ^f. ^ <^ O^ i8o MOIUBS, 08A9I8 ET ICtlOXOll de lames d'or , serrait aux conférences des prêtres. Les provinces cherchaient à se distinguer par leur magni- ficence. Les rues de Guzco étaient ornées d\in grand nombre de palais et d'édifices royaux , dont l'or et l'ar- gent étaient la principale décoration; on y voit encore les restes d'une. fameuse forteresse, que les Incas avaient élevée pour leur sûreté ; ils l'avaient environnée d'un rempart , pour fermer tous les passages extérieurs, et se conseryer en même temps une communication libre avec leurs sujets par des voiites souterraines qui condui- saient à trois autres forts, où ils entretenaient une nom- breuse garnison. Les murs étaient d'une hauteur extraor- dinaire , composés de pierres bien taillées et plus retoar- quables encore par leur grosseur. (Le Voyageur français, pag* 87 > ^n>e XII. ) On trouvait dans tout le Pérou des grands chemins et des chaussées qui facilitaient les relations d'une province à l'autre. Cinq cents lieues de montagnes^coupées par des rochers, des vallées, des précipices, des torrens sur- montés de ponts de cordes de lianes , offrent encore un chemin commode , depuis la province de Quito jusqu'à l'extrémtié du royaume. On y yoyait des routes de deax et trois cents lieues ; des pierres millières indiquaient aux voyageurs la situation des lieux et des auberges pour se reposer. Les Péruviens n'enterraient pas leurs morts , maii ils les mettaient dans de grands tombeaux murés, d'une hauteur et d'une longueur considérables. On les appelait Guacas. On en trouve encore dans plu- sieurs endroits. Dans ces tombeaux de pierre que les Péruviens consacraient k la postérité , et qui formaient des collines artificieUet^e soixante pieds de hauteur sur eentde longeur; ils enseyelissoient le défunt , ayiec se* meubles , ses pincettes , dont la plupart était d'or. D'après les renseignemens que les personnes c[ui avaient résidé long-temps dans le Pérou, avaient donnés & M. le comte J. R. Carli , sur les édifices -, les ouvrages des Incas , les canaux , les grandes routes , le» ruines qui restent encore des forteresses , des palais , des aqaê- dacs , etc. ; d'après le récit d'un savant ex-jésuite , entre autres , né à Lima , qui a demeuré plusieurs an- nées à Cuzco , et qui a confirmé à M. le comte J. R, Carli la vérité de ce que les relations ont appris à ce sujet , M. Carli s'exprime ainsi : « Il m'a assuré qu'on ff voyait encore des canaux construits sur la pente des « montagnes, soutenus par des digues élevées, avec R une espèce d'argile si solide, que cela forme actuelle- K ment un massif d'une dureté égale à celle de la pierre. « Il y a quelques années qu'un tremblement de terre « y fit une rupture. Les Espagnols essayèrent de réparer • le dommage ; mais ils ne purent retrouver cet argile ^^ « ni former un ciment analogue , quoiqu'ils, fissent « de très'grandes dépenses pour rétablir U digue. » Examinons les villes , dit M. Carli. Ciucas était, uuq ville médiocre ; Guacamba paraissait plus importantes on y voyait un fort présentant une enceinte de pierres' de taille ; deux escaliers de pierre y conduisaient à deux appartemens. Caxamalca avait aussi un fort auquel on montait par an escalier de pierre. François Xérès , un des capitaines^ lors de la conquête , dit : « Qu'il y avait deux mille mai- « sons ians celte ville et bien bâties; les murs en étaient « épais et hauts de dix-neuf pied3 ; il en a décrit la « principale ; elle représentait plusieurl appartement , 38s MOBUKSi trSAAEI £T ASLI0IOX « tout faits de pierres de taille et bien travaillées: lé toit « en était de Kois et de paille. La maison quliabitàit « Atahualpa , dans la ville de Caxamalca , était partagée « en quatre appartemeus ou corps-de-logis. Dans Vin- a térieur était une cour où il y avait un bain d'eau chaude « et d'eau froide , qu*y amenait un aqueduc. Le hassin « du bain était en pierre. L'appariement du jour avait . « un balcon sur un jardin , et près de là une cbambre « à coucher, dont la fenêtre donnait sur la cour. Les « murs avaient pour enduit une espèce de bitume rouge « très-brillant! la charpente était peinte de la même cou- « leur ; l'autre appartement, qui était de front, présentait « quatre voûtes rondes ; mais par leur ensemble , ellea a se tronvaient toutes réunies en une , elles jetaient cn- « duites d'un crépi blanc comme neige. » Cette relation dément formellement ceux qui soutien- nent que les maisons des Péruviens n'avaient pas de fenêtres. Les maisons des parties méridionales de l'Espa- gne n'en ont pas ; à peine en aperçoit-on aux maisons des iRomains , découvertes à Fompeia. 0/ii/ica était Bue autre ville au milieud'unpayshabité par des pâtres qui y gardaient de nombreux troupeaux de vi- gognes. Le temple du Soleil se trouvait à Fachacamac. it 11 y avait des maisons de deux étages comme en Es- « pagne ; et les ruinés des édifices prouvent que ce « pays était habité depuis long- temps. » Cuzeo avait le nom de capitale du royaume. L'or que le général Chilichuchinka livra aux Espagnols par ordre d'Atahualpa, fut enregistré dans les actes par un notaire. Fizarre décrit cette ville comme très-grande , bien b&tie > avec un beau pavé dans les rues. Les Espagnols y trouvé^ X^\ un palws bien construit , carré , orné de lames ou plaques c riches ori cents lam lans^} la i lames , di Cet or d'argent, lames d'oi avait des 1 chées des i de la Saini largent de d'un milU cent trente mille mar< Les Esps à Cuzco. I tous les Joui castillans d^ lu valeur de ces gens , c s'empara ei la ville aval Quizquiz , p avaient fait Les divei après ces ra àe trente ans observèrent cent pieds c de six pieds^ de pierres ps "v: plaques d'<}r. Une ai]fr« ma^dn leur prëâentu d'ati^ riches ornemens j dans la premi^ère ils enlevèreiit sit cents lames d'or , dont chacune pesait cinq èents castil- lans^} la seconde leur fournit un aussi grand nombre de lames , de la ydeur de deux centà castillans. Cet or en lames , joint à une grande quantité d'argent, arriva à Gaxamalca le i3 juin i53d. Les lames d'or avaient trois ou quatre palmes de long. Il y avait des trous qui inontraient qu'elles avaient été déta- chées des murs oui on les avait enchâssées. Ce fut le jour de la SaintJacques qu'on acheva la fonte de l'or et de l'argent de ce butin. L'or montait , de ^n , k\a valeur d'un million , trois cent quatre-vingt-six mille cinq cent trente-neuf castillans ; l'argent pesait cinquante-un mille marcs. Les Espagnols comptèrent trente villes de Gaxamalca à Cuzco. L^auteur dit : que les Espagnols fondaient totu les Jours pour la valeur de cin quée k certaine hauteur. Il était de bois , couvert en paille ; on voyait intérieurement , sur la muraille qui DU iiiiiixciixirs. i85 faisait face à Ventrée , l'iinage d'or du Soleil , avec des rayons et une face humaine , telle que les peintres la représentent. De l'un et de l'autre côté , étaient placés , selon Tordre des années, les corps embaumés des Empe- reurs précédons , tous assis sur des tnikies d'or , le visage tourné vers la terre , excepté celui de Tlnca Huagna- Capac , qui , à cause de ses grandes actions et de ses éminentes vertus, avait été jugé digne de fixer le Soleil. Acosta dit avoir vu plusieurs de ces corps qui étaient si bien embaumés , qu'ils s'étaient conservés au point de présenter la fraîcheur d'un corps vivant : toutes les parties intérieures et les portes .du temple n'offraient au specta- teur que des plaques d'or , dont le haut était couronné tout autour d'un feston d'or de la grandeur et de la largeur d'environ deux coudées. L'enceinte où était Ce temple , présentait aussi h son extrémité supérieure « uu feston d'or semblable , que les Espagnols conservèrent ; mais par la suite ils en firent un limbe d'or , qui existait encore en i56o, lorsque ce temple servit à l'établisse- ment d'un couvent de Dominicains. * Les autres édifices de cette enceinte avaient aussi la même forme extérieure. Le plus proche du temple du Soleil était dédié à la Lune, sa sœur et sa femme. Il était revêtu en argent , représentant une face de femme de même métal. On la nommait Mamma-quilla , ou mère étoile. De Tun et de l'autre côtés on plaçait les corps em- baumés des Impératrices. Mamma-oello seule regardait la lune , ayant eu l'avantage d'être la femiife de l'Iuca Huagna-Gapac. L'édifice voisin était consacré à l'étoile de Fénus, nom- mée Chasca au Pérou, c'est-à-dire , l'étoile à cheveux longs et crépus. On la révérait particulièrement comme 186 MCEDM, VlAViBS ST KKlieioii la messagère du Soleil , que taniàt elle précédait , et tantôt elle suivait. On n'y avait pas moins de vénération potit les antrei Astres dont on formait même la cour de la lune. VoiU pourquoi le comble de cet édifice était couvert d*argent, avec des étoiles dV.r. Les Péruviens connaissaient quinze planètes : il est h présumer qu'ils connaissaient aussi les lunettes longues-vues. Il y avait près de ce Temple un autre édifice dédié au Tonneirey a l'Eclair et à la Foudre. On les connaissait sous le nom commnn de iilapa. On les regardait comme les ministres de la vengeance divine. C'est ce qui 6t croire aux Espagnols que c'était l'emblème de la Tri. uité. Cet édifice était garni de plaques d'or. \ Le cinquième édifice était dédié k VArc-en-Ciel ^ comme une émanation du Soleil ; ils avaient repré- sente la figure avec des plaques d'or, d'argent de diverses cotileurs. ' Enfin lé sixième édifice était destiné au service da Grand Prêtre, et^de tous ceux qui avaient quelques fonctions À remplir dans le Temple. La famille des Incas fournissait ces ministres. L'édifice ne servait que 'comme salle , où ils se réunissa-ent ; mais non pour man- ger, ni coucKer. Onndrrimaitlegrand-prètre, Fillacimu, ou devin sàcréb Il y avait, à côté du Temple du Soleil, des apparte- mèns où se tenaient les Prètires qui servaient tour-à- tour*, par semaine , ou par quartier de lune. Les femmes étaient exclues de l'entrée de ce Temple y et les prê- tfes ne devaient pas approdier de celui des femmes, pendant letir semaine de service. Dans chacune des quatre faces qui regardaient là grande enceinte, il y avait une i iv' BIS AMiniOAIMS. iij luche ( ou tabernacle ) ornée d'or et de pierres précieuses: telles que des ëmeraudes , des turquoises , etc. G'était-là que l'empereur se plaçait selon Tordre des fêtes , et l'ob- jet auquel elles se rapportaient. Les murs des Temples à l'usage de la famille royale et des vierges , étaient couverts intérieurement de pla- ques d'or , d'argent , ornées de pierres précieuses. Tous les vases des vierges et desincas, étaient de ces matières. Les Péruviens , pour les soustraire à leurs oppresseurs , ont jeté dans les lacs tout ce qu'ils ont pu ôter des Tem- ples et des autres maisons. Le temple le plus ricUe était celui du lac de Titica , où, selon les Indiens, Manco-Gapac étaii, né. Ils y por- taient tous les ans une grande quantité d'or et de pier- reries. Outre les plaques qui garnissaient les murs , et nombre de vases , de statues , d'arbres artificiels , môme avec leurs fruits tout eu or ; on y déposait les lingots qu'ils appelaient Mitmac : ces riches trésors furent jetés dans le Lac. Ce qu'ils prirent emporter de Cuzco y fut pareillement jeté dans le lac de la vallée à'OrcOy à six lieues de cette capitale , ainsi que la fameuse chaîne d'or de trois cent cinquante pas , de la grosseur d'un pouce , qui servait à croiser les danseurs , que l'Inca Huagna<« Capac avait fait faire pour les danses et les fêtes qu'il donna à la naissance de son fils aîné Huercar. L'auteur de la relation dit : qu'entre tous les vases qu'Atahualpa fit appik>ter aux Espagnols , avant sa mort , il se trouva une statue de berger avec des moutons , le tout eu or, parfaitement travaillé. François Xérès écrivit la relation qu'on envoya à la Cour , signée de François Pizarre , Alvaro Richelmi, Antoine Navarro , et de Garcia de Saltego , en date du 1 5 juillet z 534. « C'était imé chose l88 MOSVKi, VSAOBI gT miiioioii « yraiment curieiise , dit-il , que cette maiion eontaerée « & la fonte , remplie d une si gr;inde quantité d'or en « lingots , de huit à dix livret pesant ; en vaisseaux , pots , « basai as et autres pièces de diverses formes , qui ser. « vaieut à ces priuces et aux seigneurs. Il y avait entre « autres tfuatre grands moutons ( des Lamas ) d*or le plus « fin , et dix ou douae statues de femmes , de la grandeur « des femmes de ce pays. L'or en était très-pur ; et elles « étaient aussi belles que ai elles eussent été vivantes : « on en a trouvé aussi en ai|;ent , de la même hauteur. » Cet écrivain avait déjà dit auparavant qu'on avait apporté de Cuzco plus de cinq cents plaques d'or , dont la moindre pesait quatre à cinq cents livres ; mais il s'en trouva aussi de dix à douze livres. Le même auteur parle, en outre , d'une/bra/ai/ie d'or, très artistement tra- vaillée , et dont la forme et Touvrage étonnaient encore plus que la quantité de sa matière ; d'une chaise d'or, du poids de dix-huit mille pesos, (onze cent vingu cinq livres pesant, à. seize onces par livre) ; des pailles dTor massif, avec des épis dont elles étaient surmontées, absolument telles qu'on les voyait croître dans les champs. Garcilasso nous a donné la description de ces ouvrages. H. Paw n'en croit rien , mais la relation de Xérès est infiniment plus vraie que les rêveries de cet auteur ; car ces ouvrages ont été admirés par d'autres peuples que les Espagnols. ^ M. de la Condamine décrit dans les mémoires de Berlin , quelques petites idoles , dont il avait fait l'acqui- sition , et dans lesquelles l'art et la délicatesse se faisaient remarquer au premier coup d'ceil. Il parle aussi d'un vase de trois pouces de diamèttre , et d'environ neuf . tv •> DBfl kUÎKlCktVt, '«> pouces de haut , si mince y que Tépaisseur n'égalait pas celle de deux feuilles de papier. Dans les curiosités qull envoyait k Paris , mais qui ont péri en mer , il y avait des vaisseaux de terres avec ^des figures , faits de ma- nière que Teau en sortait en sifflant. Dom Ul^oa et d'autres nous ont donné des figures de haches , de houes ou marres , de miroirs , d'épingles , de marteaux , de vases. On connaît la figure d'or de l'homme accroupi sur une base , les genoux un peu élevés , tenant d'une main un oiseau , «t de Vautre un vase : le tont fort bien exécuté. Les vases étaient faits avec des figures , dans le goût étrusque , et d'une terre , qu'on ne peut plus trouver : ils avaient un ou deux anses , avec des* fiffures d'hommes en relief. \ Frézier a fait graver quelques vases assez curieux.* ils sont analogues à ceux qu'on a rapportés ces der- nières années du Pérou. Le comte Garli et plusieurs personnes les ont vus , ainsi que d'autres curiosités en terre de différentes couleurs , en cuivre; et une petite momie en or. Quant aux épingles d'argent , elles étaient très-longues, la tète en était faite en forme décroissant. L'on se rappelle encore de la petite camisoUe de fille , trouvée dans un tombeau, dont le fond était un cane- vas très-bien fait y semblable à- ceux sur lesqueb les fem- mes européennes travaillent en gros ou petits points, avec de la laine ou de la soie. L'ouvrage était en belle laine diin rouge très-vif, mêlé de noir. Il résulte de tous ces faits , que M. Paw s'est gros- sièrement trompé en jugeant les Péruviens comme il l'a fait. Xérès nous dit qae , dans, le dénombre- ment des choses qu'on apporta de Cuzco , il j avait ^nn bloc d'or sur lequel on pouvait s'asseoir; il pe-^ :"i,| 1! 190 MCCVJIS, VSAoCf IT XKLIOIOR sait debx ccnis livres. En outre de grandes fontaines avec leurs canules, par oix Veau tombait dans un p«tii lac ou bassin tenant au corps de ces fontaines : divers oiseaux et plusieurs figures d'hommes y puisaient de l'eau , le tout en or. ' Le Temple du Soleil h Cuzco regardait l'Orient^ tous les murs en étaient couverts de plaques d'or. Il y avait dans le Temple Pachacam<;ec ( ville que les Espagnols disent avoir été plus grande que Rome), une idole de boiscon- sacrée, dans une chapelle au pied de laquelle étaient déposés 1^8 hommages des gens religieux. C'étaient des émeraudes ench&ssées dans de Tor. Il n'y avait que le gardien de la chapelle qui pût y entrer. Pizarre parle du cadavre du père d'Atahualpa , placé dans une chambre particulière, et assis sur une chaise d'or , tenant un b&ton d'or à la main , et auquel on avait destiné une femme, ayant le visage couvert d'un masque d'or , avec un éventail k la main , pour le garantir de la poussière et des mouches. Cette femme , selon lui , ne pouvait entrer que nus pieds dans cette chambre. Xérès dit que le premier présent qu'Atahualpa fît à Pizarre^ fut une fontaine en pierre^ faite eu forme de deux tours, et qui versait à boire. M. de la Çondamine a admiré la patience et l'industrie avec laquelle i\^ tra- vaillaient le marbre. Ce qui l'étonna le plus, ce fut de voir des tètes d'animaux sculptées parmi les ornemeus des murs de granit; les oreilles en étaient mémo percées, et il en pendait des anneaux faits du même morceau. M. de la Çondamine dit que le plus habile sculpteur eu- ropéen , avec des instrumens en fer ou acier , aurait peine à imiter les cannelures courbes et irrégulièies des *A,' Dit A MimCAINt» '9* pories de U forteresse de Cannor. ( Four ample infor- mation , voyc» Clavigero. ) M. le comte Carli assure avoir vu à Strasbourg , eu i; 41 sans préférence , dans la proportion requise j ^\ quicon*- que manquait d'arroser le champ où il devait sentier son maïs , en était dépouillé comme oùif : Ç9 qui était {iarmi ces gens la plus grandé'de toutes, les punitions» François Corréal nous apprend qu'ou^'e ces canaux , les Péruviens faisaient des citernes et des réservoirs d'eau^ il vante surtout celui qu'il vit en ce genre à C Iraient Vargentj même beaucoup mieux qu'eux; ils avaient un autre art; qu'on ignore absolument; c'était celui de dçnner au cuivre la trempe de l'acier. Ils appelaient le cuivre an/a-j ils en faisaient tous leurs ustensiles et instrumens d'agriculture, des couteaux, des ■épingles , des peignes , des marteaux , et ce qu'il y a de plus étonnant , des lUiroirs parfaitement polis. Les ouvriers faisaient trois qualités de laine ; Tinfé- fieure servait aux Vêteméns du peuplé, on l'appelait attascaj la seconde qualité , ou la cam/9t,' était plus fine, et se teignait de diverses couleurs ; ils en faisaient , dit Garcilàsso , des draps d'une qualité égale h celle des draps de Flandres ; oii les réservait pour les seigneurs. La troisième qualité ou la campo , qui était superfîne , «'employait pour les habits de la famille royale . On trataillàit le coton avec le même soin , et on lui donnait des couleurs d'une soldité qu'on n'a pas encore pu trouver en Europe. L'auteur de la relation mentionnée ci-devant , dit en parlant du butin que les Espagnols firent dans les magasins de Caxamalca, « les nôtres -« prirent tout ce qu'ils voulurent; malgré cela les mai- « sons demeurèrent si pleines, qu'il ne paraissait pas « qu'on y eût touché : mais les habits étaient ce qu'il y R avait de meilleur. La plupart étaient faits d'une laine K très-fine et délicate ; les autres étaieiit^de coton (U « diverses couleurs et bien fines. » Cent cinquante ans après la conquête , c'est-à-dire, lorsque Çorréal était en Amérique , le» Sasuanches (dans y DES àm£ricaiiis. 195 le pays desquels est Jaën, ville capitale, au pied des Cordillières ) avaient conservé leur ancienne industrie , et faisaient encore d'assez belles tapisseries , et des broderief qui ne le cédaient pas aux plus belles de VEutope. Ces ouvrages étaient auparavant destinés aux Incas. François Xérès assure que « parmi les préaens qu'Aïahualpa fit h « Plzarre, il y avait des habits d'une étoffe très-fine, a de laine des plus curieuses k voir , qu'on prenait a pour de la soie; sur ces habits on avait attaché nombre et de figures et d'ouvrages en or , appliqués en lames , a et avec beaucoup de goût. R Quatre-vingt-dix Indiens , chargés d'or , furent «n<'- K vpyés en même temps de Cuzco au canxp defr Ëspa^ < gnols. Le capitaine sur-intendant de la fonte deis « métaux l'a assuré, en disant: je Vatteste ; car ]* étais « gardien de la maison de l'or, et Je le vis fondre, Ily à^ait « plus de quatre'vingt-dix plaques de ce métal. On trOuvii V. dans cette maison voisine de Gu2co, plus àe deUX'^cettfs te grands bassins d'argent qui faisaient un poids de ceiit c cinquante mille marcs , et un monticule d'or massif « de la hauteur d'us homme. Fizafre fit la distribution « d'une partie de Tor , et en réserva cent miHe pes(^ «r pour la cour , consistant eu quinze grands bassins , « quatre urnes , tenant chacune d<^ux sceaux d'eau , et « autres ustensiles. Chàquie fantassin de sa troupe cul « quatre mille huit cents pesant d'or , ou sept mille dcuK « cent huit sequins, et les cavaliers le double. Il n'y eUt « peut-être que Tamas Kouli-Kan , qui ait réuni une « aussigrandequantitéd'or,lorsqu il envahit les contrées « du Grand Mogol. » Pizarrc n'eut pas plutôt fait périr Atahualpa, qu'il plaça sur le Irùacuii des fils de Hucscar, heureusement échappé i3 * ]g6 lIOEjaASf USAOKS ET BfiI.l9I0R des mains d'Atahualpa. Culichuchima , général d^Au« hualpa , fit aussi apporter chez les Espagnols une bien plus grande quantité d'or en différens vaisseaux. Le quint de cette partie seul , destiné pour la Cour d'Espagne , montait à plus de 180,000 pesos d'or. Ainsi, en sup- posant que cette distribution fut exacte, il devait y avoir plus de 720,000 pesos d'or* Le Gouvernement du Pérou était celui d'un père. Les Incas avaient soin qu'il n'y eût qu'une religion, une loi, une même discipline et une même langue. Malheureu- sement l'ambition porta Huayna-Capac k la conquête de Quito ; ce fut le sujet de la division de ses fils , et la cause principale de la ruine de ce beau pays. Le secrétaire même de Pizarre, assure que sans ces circonstances , jamais les Espagnols n'auraient pu s'en rendre maîtres. L'armée ordinaire des Incas était de 40,000 hommes ■bien d'sciplinés. Ils étaient habillés et pourvus de tout, des magasins communs ; il y avait un ofilcier par chaque ài- zaine, c'était ordinairement uninca. Il resta dix mille Incas sur le champ de bataille dans la dernière action quil y eut entre Atahualpa et Huescar , lorsque ce dernier fut pris par Atahualpa. Quant Capac, lit Assiégea ses oppreàâeur^ d^ns Ciuco , e}le leur enlev« DESAHiniCAIMS.' igg, leurs armes et leurs chevaux , dont elle fit usage ; elle; assiégea dans les formes la yiUe de Lima , q\ie les Espa- gnols venaient de bàUr, et s'empara de Cuzgo , qui fut reprise par Almagro enfin par les Pizacres en i636. Ces. preuves de valeur et de courage , que cette nation montra et montre encore contre ces iisurpateurs , réfutent assex ' puissamment les inculpations de lâche , de vile , que lui prodigue M. Faw. Ce fut à la prise de Cuzco que le fer , le feu et le carnage dévastèrent ces contrées , que les cruels couquérans se disputaient les uns aux autres , pour n'y voir enfin que des ruines et les derniers de ses habitans ; comme jadis les Romains , lorsqu'ils aban- donnèrent soixante villes de la Grèce au pillage. Le butin ne faisait que passer d'une main d^ns l'autre. La moitié du palais des Vierges sacrées , devint la proie de Pierre de ^arca , et l'autre moitié fut abandonnée au licencié de Gama» L'image d'or du Soleil, qui était dans le temple y et en occupait au fond toute Iqi largeur , échut à Mançco Serra de Lequicano. Comme i^ était grand joueur , il la perdit dans une nuit y c'est ce qui fit dire à Acostai « qi;e le Soleil avait été joiié avant « d'être levé. » La petite vérole ne parut sur ce Continent, qu'en en- tassant les morts sur les morts. M^s , si les villes mêmes que les Espagnols avaient augmentées et peuplées , telles que Falladolidy Lojrola ou Cumbinama , qui étaient devenues si fameuses , si opulentes ; si Macas , Séviile de trois mille familles , ayant un nombre plus ou » moins considérable de vassaux. Les vassaux étaient des » serfs attachés à la glèbe, et les propriétaires ou maîtres » avaient droit de vie et de mort sur eux. Les propriétésy » étaient distinguées eri Allodiales , en héréditaires et » en éventuelles : celles-ci dépendqient des charges de » l'empire , et l'on n'en jouissait qu'autant qu'on occupait » ces charges. i> Les prêtres étaient chargés de l'éducation de la » jeunesse : le témoignage qu'ils rendaient de leurs » élévçs , décidait si l'on devajt les inscrire sur le rôle » des nobles , ou sur celiii des roturiers : le seul mérite » personnel faisait la distinction de la noblesse , sans » avoir égard aux ayeux. » Plusieurs des loix fondamentales prononçaient la » peine de mort sur certains crimes. Violer les principes » religieux ; offenser la personne du souverain, voler, » tuer , étaient des crimes qu'on puuissait du dernier mangeaient a >\^ « lopplioe. Si quelqu'un était surprit cueillant des fruits , » ou arrachant du gpin dans le champ d'autrui , il deve- a nait Tesclave de celui k qui appartenait le terrein. » Cortez proteste k Charles V: « que les Mexicains N avaient autant de respect pour les lois , que les Espagnols » sur le Continent d'Europe , que leur vie était à-peu-prés » réglée de même. » Quant à la magnificence de Mole- Kuma , « le conquérant déclare ne savoir par où commencer 7» pour la dépeindre ; il dit quMl est impossible de trouver » un prince barbare plus riche et plus puissant : son em- » pire est aussi grand que celui de l'Espagne. » Cet état était divisé en plusieurs seigneuries. Les fils des grands ne pouvaient pas quitter la cour ; et tous les ans , les seigneurs étaien t obligés de venir rendre hommage au souverain. Chaque province était assujettie à un tribut; (voyez h ce sujet Clavîgero.) Il fait surtout remarquer que les provinces de Quaubitlau , TebuHlojocan , fournis* Baient huit mille nattes ; et celle de Quaubnahuac, seize mille feuilles de grand papier , outre les autres tributs ; quelques nobles en étaient exceptés, mais ils étaient obli- gés d'aller h. la guerre , avec un certain nombre de vassaux. Tout ce qui entrait dansles villes devait payer a l'Em- pereur un tribut , qui consistait en une portion , qu'on détachait pour sa personne , tant en commestibles , qu'en ouvrages et en espèces.. Il y avait daris tout l'empire des Postes , moyennant lesquelles la cour était a portée de savoir en peu de temps ce qui se passait dans les provinces les plus éloignées , et de pourvoir à tout. . Il y avait cin^ cents nobles , qui faisaient pendant toute la jouruée le service dans l'antichambre du prince : ils mangeaient aux tables de la cour ; leurs domestiques occupaient les cours et leurs portiques. Ou ne pouvait 9o4 MfliVKI. OlAOtS ir HC&fOIOM entrer au palais que nus pieds , et l'on ne paraissait jamais devant l'Empereur qu'en inclinant la tête , et en baissant les yeux. Ce Prince ne sortait que dans une litière, portée par des gentilshommes, qui marchaient alors pieds nus : un coureur , armé de trois verges , le pré- cédait Ensuite marchaient les serviteurs , les nobles qui étaient de service , puis les princes. Le cérémonial était si multiplié, si varié, que Cotiez dit : « Jamais on ne K vil rieu de semblable chez les Sultans , ou autres « princes Asiatiques. » Les marchés étaient abondamment foumia; les obliga- tions, Tordre des contrats bien réglés. Il y avait dansU grande place de Tenochiitlan un hôtel où siégeait une (jour judiciaire, composée de dix magistrats, par devant lesquels on rendait compte des obligations qu'on venait de con- tracter : ils avaient en sous-ordre des bas ofiloiers , tels que les commissaires européens , qui faisaient leUr ronde pour examiner les mesures , s'informer du prix des mar. chandises et des denrées , des échanges ou de» achats, de manière que personne ne fïît trompé. Quelques his- toriens parlent aussi d'autres tribunaux destinés à difTé- rentes circonstances ou rapports civils, aux cas criminels, à l'économie , aux (înances , etc. Le souverain , dit Herrera, ne pouvait pas prononcer sur une affaire importante, sans l'avis du Grand-Prêtre , et l'approbation du Conseil; comme \apaix , la guerre et Vemploi des revenus publics. L'Empereur du Mexique et les seigneurs avaient des jardins où ils cultivaient des plantes médicinales pout l'utilité publique; ils ont été, peut-être, les modèles de ceux qu'on trouve aujourd'hui en Europe , puisqu'ils sont bien antérieurs à ceux-ci. ttâ :it-À ^ .' / X^étobliiiement des postes «t des courriers de dis- tance en distance , dont Tusage était général au Pérou et au Mexique , n'était pas encore introduit en Europe depuis les diverses irruptions des Barbares qui avaient renversé l'Empire Romain. Ce n'est que dans le dix-huitième siècle , ou uù peu auparavant, qu'on s'est occupé en Europe d'hôpitaux militaires pour les soldats invalides. Motezuma, dernier Roi du Mexique , en avait déjà fait construire un dans la ville de Coltiyacan , où tous les infirmes , noiw>scule- ment militaires , mais même citoyens , étifient pourvus de tout ce qui leur était nécessaire. C'est à la table de Motézuma^ que les Espagnols, surpris de voir du feu dans des réduxuds d'argent , pour tenir les plats chauds pendant l'hiver, ont appris k l'Europe Tuiage d'un pareil ustensile. C'est du Pérou que l'Europe a appris à faire des fourneaux , dans lesquels on entretient le feu latérale- ment, et sur la bouche desquels on pose les vaisseaux où doit cuire le manger. Voilà ces hommes que nombre d'Espagnols hési- taient de compter dans l'espèce humaine ! ces hommes que l'Espagne n'a jugés que sur les détails d'un moine de Cordoue , nommé Thomas. Ce fait est prouvé par Gomara , qui cite les détails de ce moine. Les Mexicains avaient aussi des étuves domestiques pour se faire suer. Ils entendaient, comme les Péruviens , l'art des voûtes , quoique M. Faw l'ait nié contre toute vérité. Les rapports des mathcmaticieiis , la Condamine et Bouguer ne laissent aucun doute sur l'hahileié des Amé- ricains à travailler le marbre et le granit. Lorsque Cortez , de retour à Madrid , épousa Jeanne ao6 KOBVRSj VSÀOES feT RtLXOIOll de Lunica , fille du comte d'Anguillara , il lui donna entr'autres présens cinq émeraudes travaillées par les Américains , qui furent estimées cent mille sequins. Xa première était taillée en forme de rose ; les pétales ea étaienr parfaitement formés : la deuxième avait la forme d'un cornichon ou cornet : la troisième représentait un poisson, dont les yeux étaient faits en or: la quatrième était en cloche « elle avait pour battant une grosse perle oblongue : la cinquième avait la forme d'une petite coupe , avec un pied d*6r j il en pendait cinq chaînettes dor, dont les bouts étaient réunis par le moyen d'une perle, qui tenait lieu de bouton. 1 Entre autres choses que l'Europe ignorait alors , c'était l'art de filer le ]poil de lièvre ou de lapin. Les Européens ont cherché aies imiter, mais ils n'ont jamaispa atteindre la perfection de leur travail. Cortez, dans la relation qu'il envoya h Charles V, dit : « qu'il avait eu plusieurs fois en présent , de Moté- (c znma , nombre d'habits de soie , et particulièrement « cinq mille , la dernière fois , pour tous ceux qui étaient « avec lui. » L'art de la teinture avait été poussé en Amérique , et l'est même encore à la Terre-Ferme , h un plus haut degré qu'il ne l'est actuellement même en Europe , malgré toutes les connaissances chymiques des Européens ; car une lessive un peu forte déteint les étoffes , ou les ternit^ ni Les Mexicains ont été Içs plus hubiles dans la culture du nopal où vit la cochenille , à conserver et à placer les petits nids sur la plante , à eu faire la récolte, et à les employer dans là teinture. LT.urope eut appris de l'Amérique l'art de donucr totS AMERICAINS. aoj au cuivre une trempe aussi dure que celle de Tacier , et d'en faire d'excellentes haches , et autres instrumens tranchans ; de le polir ainsi qae l'argent , Tobsidienné et la galUnace , de manière à réfléchir les images des objets , si les Espagnols n'avaient pas été aussi barbares. Ils mêlaient l'or au cuivre , et donnaient à cette com- position une trempe assez dure , pour en faire des bâches, des rasoirs, etc. Il est certain que les mathématiciens ci-dessus n'otit jamais pu comprendre comment ces peuples étaient par' venus à faire des statues d'or et d'argent , toutes d'un seul jet; vuides en dedans , minces et déliées, telle que cette espèce de momie , à laquelle on ne voyait aucune espèce d:it soudure. Les clochettes d'or et d'argent étaient très-communes dans ée Continent. . On a admiré des plats à huit faces j chacune d'un métal différent , alternativement d'or et d'argent , sans aucune soudure ; des poissons jetés en fonte , dont les écails étaient liiêléés d'or et d'argent ; des perroquets , qui remuaient là tête , la langufe et les atles ; des singes , qui faisaient divers exercices , tels que de filer au fuseau , de manger des pommes , etc. Ces Indiens entendaient parfaitement l'art d'émailler , qu'a tant cherché Palissy , et celui de mettre en œuvre des piei .t*s précieuses. (Four plus grands détails , voyez Herrera , Gage ou Prévost , tom. 12 , pag. 434). Dans les premiers présens que Motczuma envoya h Cortez, il y avait un casque de lames d'or, entouré de sonnettes , orné d'émeraudes par le haut , avec des pa- naches de grandes plumes , au bout desquelles pendaient des mailles d'or. (T.) Clavigero confirme tous le» détails de l'auteur, et dit y || w » \ ao8 MOEVAS^ USAGES XT RELXOlOKt ea outre : « que les Mexicains payaient ce (ju'ils ache- taient avec des noix de cacao , de l'or en pièces , et d!e la poudre d'or dont on remplissait plus ou moins de fois , des plumes d'oies. Ils avaient ^ussi des pièces de cuivre , auxquelles on donnait une certaine forme , et de petites toiles de coton, (tom. ii , page i65). Mexicains.— 1\ y avait au Mexique une idole con- sacrée au dieu des marchands. Cette idole , renfermée dans un temple , était assise sur un monceau d'or et d'argent , ornée de plumes les plus rares , et d'autres marchandises. Elle avait un corps de forme humaiu avec une tête d'oiseau j et tenait une faucille à la main, Acosta et Herrera l'ont décrite. Les Mexicains appe- laient ce dieu du commerce Tacateuctli. Il avait ses temples , ses fêtes et ses sacrifices. Leurs radeaux ou baises étaient composés de 5 , 7 ou 9 solives , jointes par des liens de béjuque , et des soliveaux qui croisaient en travers sur chaque bout. Elle étaient si fortement attachées les unes aux autres, qu'elles résistaient aux plus impétueuses vagues : la plus grosse faisait une petite avance sur la poupe. Ou y attachait les premières des deux côtés y et les autre:» ensuite , la grosse et maîtresse pièce du bâtiment. Au- dessus était une espèce de tillac , ou de revèlissemcut fait de petites planches de cannes et couvert d'uu toit à deux faces : an lieu de mât , il y avait deux pcrclui) posées Tune et l'autre de chaque bord , et qui en s'éle- vant se réunissaient par le haut , soutenait une vergue attachée par le milieu , et qui tendait la voile , qu'on fixait par le bas selon le besoin ; les grandes portaient ordinairement iusqu'à 5oo quintaux de inarchandise», sans que la proximité de l'eau y causi\t le moinda' éOMâiAge* L^eaU qui battait entre les solives n^y ^àné* trait point ) parce que tout le corps die Tédifice suivait le monvement et le cours de IVau ^ etc^ Elles pouvaient voguer et louvoyer dans Uil teiit contrailre, aussi bien que le meilleur vaisseau à quille) mais ce nVtait pas à Taide d'un gouvernail. Ils avaient des planches de 3 à 4 aunes de long sur une demi- aune de largey qui se nommaieUt^u^nes, et qu'ils arran^- geaient verticalement à la poupe entre les solives de la baise : ils enfonçaient les unes dans Tèau ^ et ils en retiraient un peu les autres. Par ce moyen y les baises s'éloignaient) arrivaient ou gagnaielit le vent» Elles reviraient de bord , et se maintenaient à la cape , suivant la mantipuvre qu'ils voulaient faire : invention jusqu^à présent inconnue dans les manœuvres des bâtimens de l'Europe (D.Ulloa). Les Mexicains avaient des Signes graphiques pour représenter sur des toiles de coton ^ sur des écorces ou des feuilles d'arbres ) les choses dont ils Voulaient dési- gner les rapports , et cela d^une manière infaillible ) vit l'usage général qu'on faisait de ces signes. Qu'importe ) après tout) si l'auteur des Recherches sur les Américaini n'a pas aperçu ce clair obscur dont l'expression signi- ficative était si familière à ces peuples? Comment a - 1 - il pu se flatter de décréditer là traduction espagnole ^ en disant que les Espagnole n'entendaient pas le mexicain , ni les Mexicains l'espa- gnol) lorsque Cortez avait avec lui des interprètes des deux sexes ( entre autres la belle Marina ou Atndzili^ f qui tous avaient appris l'espagnol ; que Cortez et les siens , et particulièrement Anguillara , avaient apprii le mexicain ? TUM. a* aïo HOSU&S) VSAOB8 KT KXZ.IGI01f M. Faw a oublié, comme à son ordinaire^ que Cortes écrivait à Charles Y : «c Ces peuples ont certains carac* » tères et des figures sut le papier qu^ils comprennent » parfaitement- n II a oublié TafTaire de ces deux sei- gneurs du Mexique ^ au sujet des limites d'un terrain , qui {ut portée au tribunal du licencié Zuaro. «Les 3) pièces, dit Oviedo, n'étaient qu'une peinture ou des 3> signes y des espèces de chifïres , des caractères , des 9> ligures , qui exposaient aussi bien le fait qu'on aurait » jamais pu le détailler avec une de nos écritures quel* m conques. » Il aurait dû se rappeler que , sur le refus qi)e fit Cortez d'évacuer les Etats de Montézuma , les ambassa* deurs expédièrent des gens à la cour, quoique Tenoch* tillan fût à 180 lieues, et qu'au grand étonnement des Espagnols, ces ambassadeurs reçurent une réponse aux informations qu'ils avaient données à l'empereur; qui Montézuma, en envoyantde nouveauxprésens, avait dé* claré qu'il ne permettrait pas que des troupes étrangères entrassent dans ses Etats. Comment eût«il été possible, par de simples signes , de faire connaître l'intention dt Cortez et de Montézuma à une si grande distance? Cet faits , assurés par Cortez , prouvent qu'outre les figures, qui ne représentaient que les objets sensibles , il y en avait aussi de convention , pour marquer précisément les idées : ce qui est le second pas vers la perfection des caractères qui servent à exprimer les sons et let paroles. Il y a dans la bibliothèque de Vienne des papiers j ^exicains : quelques-uns semblent être relatifs à des laits militaires. Les Mexicains reconnaissaient certainement un Qtit- 1 DBS AMéRICAINS.' Slt teiir suprême y un Dieu conservateur de TUnivers ; ils l'appelaient Teut on Teot , comme les Egyptiens et les Grecs. La religion y clu temps de la conquête, était un culte monstrueux et horrible. Le sacerdoce et Pempire étaient divisés; le chef de la religion ou le sacerdoce formait un corps indépendant de Tempire : aussi agis- sait-il avec des vues tout-à'fait différentes de Tintérêt de TEtat; son autorité redoutable était fondée sur la cré- dulité des peuples et sur leur pusillanimité. Les prêtres mexicains s^appelaient )7/, comme Tatteste Oviedo ^ ]. XX de son Histoire générale des Indes, Chez les Grecs modernes y papa signifie père ou prêtre j le chef de TEglise romaine a le même nom : il avait le même sens chez les Romains et les Grecs. Les prêtres du Mexique avaient un extérieur grave, imposant, et leur conduite était exemplaire. Ceux d^entré eux qui manquaient à Phonneur et à la chasteté étaient punis de mort. Ils apprenaient aux peuples les usages , les coutumes : leurs habits étaient deloTJgiies robes noires; ils avaient les cheveux épars, et les mains teintes de sang ; ils ne les lavaient jamais ; ils étaient partagés en deux classes, celle des sacrifica^ teurs et celle des prêtres. ^ Les habitans de TAmérique septentrionale distin- guaient du soleil , le Créateur de l'Univers. Us appelaient celui-ci Isnez, et le soleil suroë. Les Mexicains appe- laient Pâme antenotal. La doctrine des Incas était d^ac- cord avec celle de ce vieux insulaire qui disait à Colomb , « quVprès la mort , les bons et les mauvais seraient yi traités d'après la conduite qu'ils auraient tenue. » L'existence de Dieu et l'immortalité de l'âme étaient la base de la religion de ces peuples qu'on appelle ^auca^e^^ ,4* m flll UOUVnSf CSAOBS ST BSLtOXOV dont quelques Espagnols mirent l'espèce en problème, pour les assassiner sans pitié. Le sang qui fume encore depuis les conciles de Constance et de Bâte , prouve que , de tous les peuples , les plus cruels sont ceux qui croyaient connaître le vrai t3ieu , et qui s^en disaient les adorateurs. Quand le chef d^une religion ou d\m sacerdoce foule un empereur (Henri) aux pieds, et lui dit, comme un JUldebrand, qui était alors pape, tîèreen était d^or, d'argent , de bois, de pierre. Les Yucatains lui immolaient les fils et les filles d^autrui , mais jamais ceux de leur famille. Avant les Incas , les Caffc/ie« adoraient un lion ; ceux de Colla, un nioiiton Uancy aiiquel ils immolaient des agneaux jles Imfiem 1 '■^*. SES A MÊBICAlirS. ax3 àe Panuco rendaient un culte particulier à Priape^ dont ils avaient la figure dans le temple , dans les places y où l'on vo} ait dés images en relief représentant Ift copu- lation de diverses manières. On révérait aussi à T/as^ cala le symbole de la génération , ou Vénus , mère des Amours. Cependant le «Julte du soleil , de la lune et des astres , était le plus général en Amérique. Cest d'après les relations des témoins oculaires ^ qui n'ont que trop bien connu le danger qu'ils ont couru pour obtenir la victoire; c'est sur le témoignage irréfra- gable de Cortezy des capitaines Julien Alderete , Alphonse de Grado y Bernardin y Vastjuez de Léon y Tapiuy et envoyé à Charles Y y que je vais donner une description abrégée de Tenochtillan , aujourd'hui Mexico , que Cortez et ses compagnons ne nomment jamais qu'avec l'épithète àa fameuse, de grande. Tout autre que M. Faw peut-il en douter, si sur>tout il se donne la peine de considérer que 220,000 hommes, pendant soixante-cinq jours, l'assiégèrent en règle , sous la direction des Ei^^ ropéens , qui foudroyaient par terre et par mer, avec leurs canons et leurs ai quebuses , tout ce qui s'offrait à leurs coups, et portaient au loin un genre de mort in- connu jusqu'alors dans ce continent. Des moyens sem- blables font nécessairement supposer que cette ville devait être telle que Cortez et ses compagnons d'armes l'appelaient. Mexico, comme Venise, était bâtie au milieu des i'nx. jdlile avait (; milles de circuit ; trois grandes chaus- sées, outre l'aqueduc, l'unissaient au continent. La plus courte avait un mille de long j une autre avait 4 milles et demi j'ia troisième était de 6 milles de lon- gueur. Ces deux dernières trayersaieut tout le liCj et Al4 MbBÎTllSy VSAOZ8 ST KELIOXOir -venaient se réunir an centre de la ville ; elles étaient fort éievéeS) faites en pierres, et pavées de grosses briques sur trente pas de large environ , bordées de maisons et munies de tours : selon Cortez même , huit hommes k, cheval pouvaient y marcher de front. Les ponts , faits de poutres et de planches ^ avaient dix pas de large y se levaient et se baissaient au besoin. Sur Pune des quatre chaussées s^étendait un aque* duc double ; un de ces canaux transmettait Peau à la ville j Vautre restait toujours vide , et ne servait que lorsqu^il fallait nettoyer le premier y ou y faire des ré- parations. Cet aqueduc , selon Cortez y avait deux> pas de large, et était de la hauteur d^un homme. Divers canaux partaient de là pour fournir de Peau dans tous les quartiers de la ville , tant pour Pusage du public que celui des particuliers. JI y avait plusieurs places dans cette ville. La pins étendue était plus grande que celle de Salamanque ; ^11^ avait même trois iois plus d^espace, si Ton en croit Tt^uteur de la relation qui suit celle de Cortez ; tout le contour présentait des portiques; on la nommait 7Va> telolco : c^était là que les marchés se tenaient tous les cinq jours ; mais ou y trafiquait tous les jours. Les té- moins oculaires s^accordent à dire qu^on y voyait tous les jonrs de 20 à 9.5,oooâmeS) et qu^il y en avait le double le jour des marchés. D^un câté, Pon vendaitde Por y des pierres précieuses enchâssées dans Por, arran- gées artistement en forme d^oiseaux ou dVutres ani- maux ) de Pautre, on vendait des plumes, des panaches de toutes couleurs. Ailleurs y on exposait les pierres pour faire des couteaux y des épées j tkoses merveilleusts, dit Pauteur^e/ dont on ne peut se former Cidée, Ensuite^ BBS AMiaiCAiirs. %l5 en Toyait les marchands d^étoffes ou de toiles j d'habits de différentes sortes pour les hommes ^ les femmes ; des souliers de cuirs passés f soit de cerf , soit d'autres ani- maux. Plus loin y étaient placés ceux qui vendaient les ornemens pour hommes et pour femmes ; ces ornemens itaient faits eh cheveux. Après eux , on rencontrait let marchands de coton. Dans d'autres quartiers , dit Cor* tez y se vendait la chaux y les pierres , les briques crues ou cuites ) les bois façonnés ou bruts. Ailleurs, on allait acheter des oiseaux , des poules, des perdrix, des tour- terelles , des pigeons, des canards , des étourneaux , des lièvres , des cerfs , des lapins. Un quartier était destiné aux herbes , fruits , cerises , prunes ( ces prunes ressem- blent parfaitement à celles d'Espagne). On y voyait aussi des pommes , des raisins et autres fruits , du miel ; en outre, on vendait aussi du fil enécheveauxde différentes couleurs , dans un quartier semblable à la rue où l'on vend les soies à Grenade, mais en plus grande quantité. Cortez compte aussi parmi les marchandises, des peaux do cerfs parfaitement passées, avec le poil et sans poil , blanches ou teintes de diflérentes couleurs. Il y avait un endroit où l'on vendait du pain et une espèce de vin. Il fait encore mention de couleurs à l'usage des peintres : il y en avait de toutes sortes, comme en Espagne; enfin, l'on vendait des vaisseaux de terre, de grandes et de pe- tites jarres, des pots, desâaconsou bouteilles, une quan- tité de différentes vaisselles*, des nattes de plusieurs- sortes, tant pour les lits, que pour tapisser les chambres et les salles* La mesure commune du prix des choses, ou l'espèce numéraire, était des noix de cacao. La largeur des rues, percées de canaux comme à Venise ; la magnificence des édifices ^ n.on-seulemeni ! Mm m 91<$ MOEURS; USAGES BT EMLISIOMT des temples et des palais de Tempereur j mais inâme cl« tous les grands et Uc riobles de ^empire , ré|)ondaient à cette abondance de toutes les choses nécessaires À ta vie. Montëzuma aTait plusieurs palais dans la ville et dehors; les premiers, dit Cortez à Charles V, «sont » si grands , si merveilleux , qu^il me semble impossible a> de vous eu raconter Tétendue; je dirai seulement v qu'il n'y a rien de semblable en Espagne. » Tous les écrivains de ces temps- là s'accordent à décrire ces palais comme très>vastes. L'auteur de la relation en parle ainsi : Il ajoute , en décrivant ces palais , quM y avait de quoi loger deux grands priuces avec leur coiavll compte dix pêcheries en eau douce et calée dausie jardin , autourdesqnelleson voyait de grands logemens ornés de jaspe , habiiement iravaitlés. C'était là queMontézuma avait des volières remplies d'oiseaux les plus rares. Dans un autre palais , il y avait des oiseaux de proie et des bêtes fauves. Suivant Cortez > cet édifice était formé d'un large péristile^ pavé de marbre précieux en forme d'échiquier. 11 y avait des pièces particulières pour chaque espèce d'oiseaux , depuis le plus petit jusqu'à l'aigle. Ailleurs, on voyait des loge$ povir les lions , les tigres , les renards , les (U^is ituii'*» et uutves fc^uiiJtupèdes, <\uv v étaient e4 DESAMÉRICAIHS. 217 grand nombre. Moiitézuma poussa le luxe jusqu'à faire une cullectioiide monstres marins et de figures con- trefaites. Trois cents hommes faisaient le service de chacjue' palais. Les grands et les nobles étaient pro- portionnément aussi magnifiques dans leurs palais. L'ai't^"!' de la relation déjà citée dit : ce II y avait }) et il y a encore dans cette ville , nombre de bonnes »et belles maisons si grandes, et avec tant de cliam" }>bresy d'appartemenS) de jardins élevés et dans le }) baSf que c^était une chose merveilleusie à voir. » Cotiez trouva à se loger y lui y 600 Espagnols et ^400 Indiens de sa suite | dans une des maisons do Montézuma. Il décrit un jardin d^uu prince royal) où il y avait un belveder contenant diOérentes salles y des galeries couvertes , une pêcherie carrée faite en pierre ^ et entourée d^un bâtiment pavé en belles bri* ^ues, où pouvaient marcher quatre hommes de front: chacun des eûtes était lâng de /^oo pas , et Ton des- cendait dans la pièce d^eau par 4 degrés. Il y avait des jardins flottans sur Tuau , formés sur des radeaux y i^w'ou poussait où Von, voulait. Ces jardins n^étaient pas seulement un objet de plaisir et de délices / on y trouvait aussi des plantes > des fruits ^ qu^on cultivais avec soin. Voilà donc les cabanes de Mexico y et comme Monté* Kiima était cabane ! ! ! Quand un peut^ après 25q ans^ venir dire^ cela peut être y cela n'est pas vrai y ce sont des fables y des mensonges,, et se contenter des ces as» sériions , pour détruire les relations de auteurs ocu« laires qui rendaient compte de tout à leur souverain y çn ne doit pas être surpris que M. Tabbé Cjroizier ail i i.f 11 14 A4 Sl8 MOBtTKSy V8AOBS BT MBLIOIOBT clit t « M. Paw nVst pas un écrivain sincère ; il dé- » nature les laits pour en abuser. » Les obserTations faites sur Thistoire générale de la Chine j par M. Deshaut raies ^ prouvent encore que M. Paw s^appuiesans réflexion de Tabbé Renaudot, et sans avoir examiné les Traies sources de Thistoire de la Chine ^ ce qui montre le cas que Ton doit faire de êea recherches. * £n niant et en dénaturant tout ^ cet auteurn^a pu s^imaginer que les gens sages lui accorderaient plus de confiance qu'aux hommes revêtus d^un caractère public y qui ont conquis PÂmérique diaprés les ordres et la commission de leur souverain ; qui en ont en< voyé des journaux très - circonstanciés à leurs cours respectives y et qui , au milieu de gens envieux ^ tut- bulenSy séditieux , pouvaient s*attendre à une disgrâce tans ressoui^ce, sUIs en avaient imposé dans leurs relations. Ainsi , Ton doit regarder les assertions de cet écrivain , au moins comme très-hasardées , si elles ne sont pas extravagantes. On convient , avec lui , c|ue le peuple était au Mexique, comme en Europe et dans le reste de la terre^ ]ogé dans des cabanes ; mais la moyenne classe de la société Pétait dans des logemens plus commodes : il n^y avait que les grands et les nobles , qui pussent éle- ver de yastes édifices et des palais. Tous les écrivains disent que l«>s temples , particii* lièrement celui où résidaient les prêtres , le grand prêtre , et où Ton tenait une maison d^édncation pour la jeune noblesse, étaient ceints de hautes murailles, et Aussi grands qu^une Tille. Il y aTait quatre portes piin* ■'. V - m ■ ■ ^ DIS amAiiicaivs. sif cipalaïf sur chacune daiquelles était une espace do forteresse remplie d^armes j qui fomin it comme un arsenal>Dix mille hommes y tenaient garnison. Cëtait en mdme temps la garde du souverain. La cour était entourée de grands salons j qui pouvaient contenir chacun looo hommes. On comptait , dans Tintérieur du circuit , plus de vingt tours ou pyramides j au haut desquelles étaient placées les idoles. La principale était la plus élevée. Ramusio a donné le dessin de ces tours. Cinq étages ou plans solides en faisaient la division y et l'on y mon-* tait par un escalier pratiqué dans un des côtés , dont chaque partie avait 18 à :u> degrés d%m étage à Tautre. Sur le dernier plan , s^élevaient deux tourelles en forme de clochers y aussi bien construites qne les autres. Ou voyait beaucoup de tours semblables dans la ville , en partie consacrées au culte religieux ^ en partie formant autant de forts y ou destinées à la sépulture des grands seigneurs. Indépendamment de Mexico 9 il y avait nombre de villes dans cet empire , et dans toute cette immense étendue de pays qu^on appelle actuellement la Nou- velle-Espagne^ la Galice , la Biscaye , etc. Les bourgs y les villages y étaient très-nombreux. Cortez a fait le dénombrement des maisons de Tlascala et de tout r£tat: il assure qu'elles passaient i5o,oooj que les vallées , les plaines et les collines étaient parfaitement cultivées. Tlascala , selon Cortez , était plus grande et plus forte que Grenade, ce II y avait des édifices aussi beaux et » peut-être plus riches; elle était plus peuplée que ne » Tétait Grenade | lorsque les Espagnols enlevèrent \SL1 S20 MOEVRS, USAOBS BT RBLIGIOV » celle-ci aux Maures. » Or, on comptait 60 milTe mai- sons à Grenade , lorsque Ferdinand et Isabelle en firent la conquête le 6 janvier 1491 j c prenant cinq personnes par maison , il se serait trouvé 3oo,ooo âmes k Grenade. Qu^on juge maintenant de la population de Tlascala . Lorsque les Tlascalans étaient en face de Pennemi , ils décochaient une flèche où était gravé le nom de leurs deux anciens héros. Ils devaient mourir ou la r'avoir , pour n^être pas déshonorés. On ne doit pas être surpris que Tempereur du Mexique n'ait jamais pu soumettre ces peuples; mais on doit Têtre de la ian- nière dont M. Paw en a parlé. Outre Tlascala, il y avait deux antres républiques , Curctecal et Guezecingo \ elles avaient suivi le plan de celle de Tlascala. L^auteur de la relation faite du ,ternps même de Cortez , nous apprend que Curetecal était gouvernée par viugt-cinq des principaux du pays, à la tête desquels était un vieillard. Cholttla était de la même grandeur que Tlascala: on y comptait 26,000 maisons. Son gouvernement était aussi républicain. disait Cortess , et j'assure sincèrement à Votre Majesté, )• que , regardant du haut d^ine tour fort élevée, je 9> comptais quatre cents tours dans la ville. » L'auteur de la relation dit que cette ville ressemblait en partie h. Grenade, en partie à Ségovie. Il mentionne une troisième viile ^ semblable ^ dit-il , à Burgos^ c'est Jiuexotzinco. Il y en avait plusieurs autres sur le lac de Mexico. On comptait , entre autres villes, Iztapalapa^ où il y avait lâ^QOO maisons. Le seigneuv de cette ville avail des palais aussi grands ( quoique non encore achevé» ) dit Cortee , que ceux qu^on peut trouver dans toute TEspagne ; ils étaient bien bâtis t les matériaux étaient du bois j des pierres. Cortez décrit ensuite la grande place du marché de Tlascala y et la compare à celle de Mexico. On y voyait en abondance du pain y des volailles y etc. * Pierre ttAlvarédo y envoyé par Cortez pour con- quérir le pays vers la mer du Sud y dit y dans sa rela- tion datée de Saint>Jacques ^ le 28 juillet i5a8 : «Que }> Vôtre Altesse me croie ^ ce pays est habité plus com-* » modément et par des peuples plus nombreux que » tout ce que Votre Majesté a gouverné jusqu^ici. » II décrit, entre Autres villes^ lapalan y quHl assure avoir été aussi grande que Mexico. On y voit de vastes édi^ (ices y construits solidement à pierres «t à chaux , et dont le haut est terminé par une terrasse* Pierre Godry nous a aussi donné la description de Camula y de ses fortifications y de ses bastions y de ses palissades y etc. Nugtto de Gusman y qui succéda à Cortez en i528 , apprenant que Ferdinand Ramirez allait au Mexique pour lui succéder, partit avec une armée pour se rendre chez les Chichimèques et dans la Nouvelle - Galice y afin de se faire , auprès de TempereUr, un mérite de quelques nouvelles conquêtes. Dans la relation quM a donnée de divers pays, il décrit la ville à^Amecy de Tutiacany lieu fort, dit-il , où il y a de magnifiques édifices , de vastes palais , et autres maisons semblables à celles de Mexico. Les cours des palais sont trèv' spacieuses, et Ton y voit de belles fontaines de bonne eau. Après avoir passé ^Atacla , au fleuve qu'on nomme 90a HOBURS) VSAOBS BT BBLIGIOIT actuellement le Saint Esprit ^ il fut attaqué par une troupe do soldats indiens f couverts de beaux habits ^ ornés de panaches ^ et ayant des carquois d^ln très- joli travail. L^attaqne de cette troupe fut très-régulière, et la victoire long-temps disputée. Il écrivait , en date du 8 juillet i53o , à'O/nitlan , dan« le Méchoacan. Le moine Marc de Nice^ envoyé par Antoine Men- doza y gouverneur du Mexique, écrivit en iSSp des choses étonnantes des pays qu^il avait yu.^ , dans le royaume de Cévola, Mendoze , n^ayant point de con- fiance en ce qu'il lui marquait , expédia François Yasquez le 22 avril 1640. Vasquez fit la relation qu'on envoya à la cour^ et démentit le moine, quoiqu» M. Faw prétende de sorte que ni les flèches, ni les javelots y. ni une épée ne pouvaient les percer aisément. Us avaient sur la tête uuvcimier avec des figures de lions y de tigres y de serpens. Ce casque , qui était de bois , était recouvert de lames d'or y enrichies de pierreries , et leur garantissait la tête et le visage. Leurs rondaches étaient faites en roseaux jointes ensemble avec de gros fils de coton y qui en formaient un tissu. Au milieu il y avait un plumage d'or massif. Ces rondaches étaient ornées de plumes y et ne pouvaient être percées que par une forte arbalêtre. Nugno de Gusman fait aussi mention de boucliers semblables y couverts de cuirs de vache y chez les peu pies du fleuve du Saint-Esprit. On voit sept couteaux ou rasoirs de pierre , parmi les instrumens tran'chans que reçut Grijalva. Lesépées des Mexicains étaient de bois^ mais garnies d'un filet tranchant de pierre qui coupait comme un rasoir. Leurs instrumens tranclians étaient si bien affilés ^ que les sacrificateurs ouvraient sans peine la poitrine des vic- times toutes vivantes. Ils se servaient de frondes y de sarbacanes. Parmi celles dont Montézuma fit présent à Cortez ) il y en avait cinq destinées pour la chasse : elles étaient ornées d'or et peintes avec des couleurs parfaites. pa m 1 1124 i/LOiVUai USAGBS ST KfiLIÔtâlT Est -il possible que tant de gouverneurs ) de capj« 'taines , vivant au milieu d^amis ou dVnnumis ^ aient tous conspiré ensemble pour tromper ) abuser leur souverain par des relations fausses ) imaginaires ^ (|u^on pouvait démentir à chaque instant ? Pour con« naître de quelle nature étaient les fortifications) leurs formes et ce qui en reste encore , j^engage le lecteur à voir le tome premier , livre P"", et livre VII" de l'ou- vrage de M. Clavigero , sur le Mexique. Ramusio ) après avoir lu ces relations , que les mi* nistres mêmes des souverains avaient communiquées ^ les fit imprimer traduites en italien , non après un siècle , mais quinze ans après , dans un temps où plu* sieurs des auteurs existaient encore , et pouvaient ré* clamer contre l'abus qu'on aurait fait de leurs noms et de leurs expressions , si les relations imprimées en traduction ou en original n'avaient pas été d'accord avec le texte envoyé à la cour d'Espagne. C'est à ces Mémoires qu'on doit recourir , et non aux chimères de M. Paw , qui ne comprend pas comment les ravages étranges ^ causés dans ces provinces par la petite vérold et par les Espagnols ^ ont pu les rendre désertes et sans culture. Oviedo n'a pu se faire illusion sur la furie de ses com* pagnons : quelque intéressé qu'il fût à la dissimuler, il a plusieurs fois déclamé contre ces barba re$> et plaint le malheur de ces infortunés Américains. Corréales ne s'est pas exprimé avec moins d'énergie contre les Espagnols de son temps. Barthélemi de LasCazas^c^ù passa en Amérique avec Colomb , et resta plus de quarante ans dans ce pays ^ où il fut fditévêque deChiapa^ et qui fut témoin oculuite DBS A.mAbICAIVS. »Z$ de tout ce que faisaient les Espagnols, s'exprime ainsi dans Tarticle i a de la relation quMl envoya, en i54a^ à Charles Y , intitulée : La Liberté demandée par Pes- clave Indien suppliant. > que nousles avions vusaussi remplis dMiabitans qu^///te 9> ruche l'est d'abeilles ; au lieu qu'actuellement ils sont M tous déserts , par le carnage que les Espagnols ont 3) fait des citadins et des habitansdes campagnes, etc. » Dans un autre endroit , il dit : ce Nous mettrons clai- » rement sous les yeux de Votre Majesté , que les Espa- » gnols y dans l'espace de \o ans , ont anéanti plus de a> douze millions de vassaux à Votre Majesté. » L'abbé Ciavigero , en terminant V Histoire de la Con- quête du Mexique^ déclare que ce fut par ordre de Cortez qu'on pendit l'empereur , les rois de Tezcuco et deTla- copan 3 que les Mexicains et toutes les nations qui con- tiibuèreutà leur ruine, restèrent (au mépris du chris- tianisme et des lois humaines du roi catholique) aban- donnés à la plus afFreuse misère , à l'oppression , A la haine non • seulement des Espagnols ,^ mais à celU des plus vils nègreâ de l'Afrique, et de leurs infâmes descendans. Vuici un aperçu des monumens que INl. Humboldt , en i8oa , a trouvés dans le Mexi(]ue \ M. Paw dirat-il que ce savant en a exagéré les dimensions, ou qu'un enthousiasme mal placé lui. a fait prendre des huttes pour des édifices imposans?v Le premier TéocalU ^ dit M. Humboldt, autour du- quel les Aztèques ^ en i32(^ , construisirent la ville d^ TOM. II. i5 22^6 MOEURS, USA6ES ET RBLIGIOIT Mexico , itait de bois , tel que le plus ancien temple grec, celui d^Âpollon à Delphes, déccit par Pausanias. Uédi- lice en pierre dont Cortez qï Bernai Diaz admirèrent Tordonnance , avait été construit par le roi Ahuitzotl. Tannée i4^6j cVtait un monument pyramidal, situé au milieu d^une vaste enceinte de nmrailles, et élevé dn ■ 87 mètres. On y distinguait 5 assises ou étages, comme dans plusieurs pyramides de Sakharah , sur-tout dans celle de Meuloum^ en Egypte. Le Téocalli de Teuocli. tillan , exactement orienté comme toutes les pyramides égyptiennes , asiatique et mexicaines , avait py mètres de base \ il formait une pyramide si tronquée , que', vu de loin , le monument paraissait un cube énorme , sur la cime du([uel s'élevaient de petits autels couverts de coupoles construites en bois. Ln pointe par laquelle se terminaient ces coupoles, était élevée de 54 mètres au- dessus de la base de Pédificc , ou du pavé de Tenceinte. On voit, d*après ces détails , que le Téocalli avait une grande analogie avec le monument antique de Baby- lonc, que Slralon nomme le Mausolée dts B élus y et (jui Xi^était qu'une pyramide dédiée à Jupiter. Tous les édifices consacrés aux divinités mexicainf» formaient des pyramides tronquées. Les grands monii- meus de Teotihuacan , de Ckolula et de Vapantla , qui go sont conservés jusqu''à nos jours, confirment cettoidée: ils indiquent ce qu^unt été les temples moins considé- rables , construits dans les villes de Tenoclititlan et Jo Tezcuco. Peu de nations, observe M. Humboldt, ont remué de plus grandes masses que les Mexicains. Lorsqii^ona pavé récemment nutour de la cathédrale, on a troiivé Ues pierres sculptées^ Jiisqu'îi la mètres de profondeur. f Là pierre calendaire et celle dénué de végétation. Telle est la civilisation que lesËuropéens ont portée chez des peuples quMls se sont plus à nommer barbares. Le système de démolition que Cortez ^ secondé d« 50}O0o Indiens j avait adopté , est cause que Ton n« rencontre pas à Mexico ces grands restes de construction que Ton voit au Pérou y dans les environs de Cuscoet de Gvamacbuco j à Pachacamac , près de Lima , ou à Mansiche , près de Truxillo ] dans lu province deQuitOy au Canuar et au Cayo ; au Mexique y près de Mitla et de Cholula f dans les intendances d'Oaxaco et de Puebla. ( Essai poi, sur le royaume de la Nouvelle- Espagne. ) On peut compter parmi lés faibles restes des antiquités mexicaines qui intéressent le voyageur instruit , soit dans Penceinte de la ville de Mexico , soit dans ses en- virons, les ruines des digues et des aqueducs aztèques ; la pierre dite des sacrifices y ornée d^ un relief qui repré- sente le triomphe d^un roi mexicain ; le grand inouH- ment calendaire y exposé avec .le précédent , à la Plaza- Mayor ; la statue colossale de la déesse Téoyaomiqui , couchée sur le dos dans une des galeries de TUniversité, et habituellement couverte de 3 ou 4 pouces de terre ; les manuscrits ou tableaux hiéroglyphiques des Aztèques, peints sur du papier d^agave y sur des peaux du cerf et des toiles de coton y collection précieuse y attestant dans cliuqiie figure Pimagination égarée d^un peuple qui se plaisait à voir offrir le cœur palpitant des victiittes hu- maines à des idoles gigantesques et monstrueuses j les fahdemens du palais des rois à^j4lcohuacan , h Tezcuco ; le relief colossal U'AÇG sur la face occidentale du roclusr ^ dSo MOKU&S) USAGBS BT mBLIUXOK porphyritique appelé le Penolde hsBanos, et plubieurt autres objets. Les seuls monumens anciens qui , dans la valléemezi* caine , peuvent imposer par leur grandeur et lourmasse^ aux yeux des Européens, sont les restes des deux pyra- mides de San» Juan de Téotihuacan j situées au nord- est du lac de Tezcuco, consacrées au Soleil et à la Lune , appelées par les indigènes J'onatiuh- Jtzaquai (Maiaon du Soleil), et JHezt/i-Itzaqua/ (Maison de la Lune). La première pyramide ^ qui est la plus australe ^ a y dans son état actuel , 6^5 pieds de long^ et 171 pieds d^élc- vation perpendiculaire ; la seconde pyramide j celle de la Lune ^ est de 3o pieds plus basse, et sa base est beau- coup moins grande. Ces monumens / attribués aux Tohèques , d'après le récit des premiers voyageurs, et d'après la forme qu'ils présentent encore , ont servi de modèle aux Téocallis Aztèques. Un escalier, cons- truit en grandes pierres de taille , conduisait jadis à leur cime , où se trouvaient des statues couvertes de lames dW très«mince$. Chacune des quatre assises principales était divisée en petits gradins d'un mètre de haut ^ dont on distingue encore les arêtes. Ces gradins sont couverts de firagmens d'obsidiennes, qui sans doute étaient les instrumens tranchans avec lesquels , dans leurs sacri- fices barbares, les prêtres Toltèques et Aztèques ou- vraient la poitrine aux victimes humaines. Il est impossible de parler avec certitude de leur structure intérieure , puisque , ni les pyramides de Teotihuacan , ni celle de Cholula , n'ont pas été per- cées diamétralement. Ce qui est très-remarquable, c'est que tout à Tentour des maisons du soleil «t de U i f% l'iiie, (lu Tcutlluiacaii , on trouve un groupe , j ose ilird 1111 système de pyramides > (|iii ont à peine ^ à lo ma- tées d^élévation. Ces nioniimens, dont il y a plu&ieurs centaines , sont disposés dans des rnes très- larges^ qui suivent exactement la direction des paraltèlçs et des méridiens ) et qui aboutissent aux quatre faces des deux grandes pyramides. Les petites pyramides sont plus iVéqiientes Vftrs le côté austral de la lune que \ers le temple du soleil : aussi étaient-elles , diaprés la tradi- tion du pays , dédiées aux étoiles. Il paraît Assez cer* tain quVlles servaient de sépulture aux chefs des tribus* Toute cttte plaine porta jadis , dans les langues aztè' que et Toltèque^ le nom dt MicoatI , ou chemin des morts» Un antre monument ancien. ^ très-digne de Tatten* tion des voyageurs , cVst le retranchement militaire de Xcohkalco , situé au sud sud-ouest de la ville de Cuet' navaca y près de Tetcolama ^ appartenant à la paroisser i» Zochetepèquv, C'est une colline isolée ^ de ii^ mè' très d'élévation ^ entourée de fossés, et divisée à main d'hommes ^ en cini) a.<)sises ou terrasses , qui sont revê- tues de maçonnerie. Le tout forme une pyramide tron-^ qnée , dont les quatre faces sont exactement orientées selon les quatre points cardinaux. Les pierres de por- phyre à base balsat^ue sont d'une coupe très régulière ^ et ornées de figures hiéroglyphitjues, parmi lesquelles on distingue des crocodiles jetant de Teau j et ce qui est très-curieux ^ des hommes assis les jambes croisées y à la manière asiatique. La plate-forme de ce monumeni e.ctraordinaire a près de neuf mille mètres carrés, et présente les ruines d'un petit édifice carré, qui ^civit i«tts douM de dernière retraita aux assiégés. 1 \ SM^H ' P èPI i •L \ ■'; •3a XOBUHS) USAOBS BT XBLIOIOM Le palais de Montëzuina ressemblait aune ville asia- tique eiiTiroiinée de murs. Il ëtait composé d^uii grand nombre de maisons spacieuses, mais très- peu élevées j elles occupaient tout le terrain contenu aujourd'hui entre VEmpedradilto^Xtk grande rue de TacuhaeX le cou- vent de la Professa. Lorsque Cortez fit sa première en- trée dans Tenoclititlan , le 8 novembre iSip , il logea avec 7)Ooo hommes dans le palais du roi d*Axajacatl y dont la vaste enceinte contenait plusieurs édifices. C'e.st là qu^il soutint , avec les TIascalans y Tassant des Mexicains; cVst \h que périt lemalheureux Montézuma, des suites d\ine blessure qu'il avait reçue en haran- guant le peuple. Dans les ruines de Mansiche ^ an Pérou, chaque ha- bitation d'un seigtieur y formait un quartier séparé , dans lequel ou distinguait des cours, des rues y- des murailles et des fu»sés. Tel était alors le genre de cons- truction américaine, et non pas les huttes queM. Fa^r a ridiculement imaginées. Un petit pont près de Bonavista a conservé le nom de Saut d' Alvaredo , en mémoire du saut prodigieux que fît le valeureux Pedro de Alvaredo ^ lorsque , dans la fameuse nuit mélancolique du i" juillet iSao, la digue de Tlacopan ayant été coupée en plusieurs en- droits par les Mexicains , les Espagnols se retirèrent do la ville sur les montagnes de Tepejacac» On montre aux étrangers le pont du Clerifo , près de la Flaza Mayor de Tlatelolco , comme Teniiroit mémorable où fut pris jadis le dernier roi aztèque Qtiauhtemozin^ qu'on a depuis nommé Guatimozin , neveu de son prédécesseur Cuitlahuatzin , et gendre de Moutézumair* DBSAitiiiicAiws. . a33 Il paratt , d^apri» les reclieiclies île M. Humboldt , que le jfiine roi tomba y le 3i août iSai^dans un grand basHÎn d'eau j où il fut pris par Garci-Holguin. Cest sur la colline de Tepeyacac , ail pied de laquelle est con.sti'uit le riche sanctuaire dédié à la Sainte-Vierge de la Guadeloupe , que se trouvait jadis le temple de U Cérès mexicaine ) appelée' Tonantzin{^ notre mère)) on Centeoti ( déesse du maïs), ou Tzinteotl ( déesse gêné* ratrice. ) Parmi les ruines d'édifices aztèques et mezicaius remarquables par leur ordonnance et Télégance de leurs ornemens , on admire les murs du palais de Mitla^ décorés de grecques et de labyrinthes y formés en mosaïque de petites pierres porphyriliqnes. On y re- connaît le même dessin que Ton admire sur les vases fhussehient nommés étrusquesy ou dans la frise du vieux temple du Deus redicolus y près de la grotte de la nymphe <£gérie> à Rome. L*on ne peut s'empêcher d'être frappé de la grande analogie qu'oflfrent les ornemens du pa- lais de Mitla avec ceux employés par les Grecs et les Romains. Le village de Mitia s'appelait jadis Miguitlan , m;ot qui , en langue mexicaine, désigne un lieu sombre, im lieu de tristesse. En effet , le palais de Mitla , dôtit on ignore l'ancienneté , était , selon la tradition des indigènes , et eomme le manifeste aussi la distribution Je toutes ses parties , un palais construit an>dessus des tombeaux des rois. Cétait un édifice dans lequel le souverain se retirait pour quelque temps, lois de la mort d'un fils , d'une épouse , ou d'une mère. Le palais , ou plutôt les tombeaux de Mitla , forment trois édifices 9 placés symétriquement daiis un site ex> /*' i 1 1 i JKI •34 ttOBtifiS) t7SA6£8 tt XKttÔfÔir trênitment romantique. L^édifice priiuîpal est le mîctrx conservé } il a près de 4^ mètres de long ) un escalier pratiqué dans un puits conduit à un appartement &outerrain ) qui a 27 mètres de long et 8 de large. Cet appartement lugubre , destiné aux tombeaux , est Cttu« vert des mâmes grecques que ceux qui oruent les murs extérieurs de Pédiâce* Ce qui distingue les mines de MitU de tous les antres restes de Tarchitecture mexicaine y ce sont six colonnes de porphyre ) placées au milieu d^utie vaste salle, et soutenant le plafond. Ces colonnes , presque les seules trouvées dans le opuveau continent y manifestent Ven* fance de Tart t elles n^ont ni bases ni chapiteaux j oïl ti*y remarque qu^un simple rétréciiiâenient à la partie su-^ périeure. L«ur hauteur totale est de 5 mètres ; cependant )e fût en est d^une seule pièce de porphyre amphibolique ^ des décombres amoncelés pendant dea siècles cachent ces colonnes à plus d\\n tiers de Unr hauteur. £n les décoMvrant} M. Martin a trouvé que cette hauteur est égale à 6 diamètres ou à isl modules. Il en résulterait une ordonnance qui serait encore moins légère que celle de Tordre toscan j si le diamèlra inlérieur des ço< lonnes de Mitla n'était pas à leur diamètre supérieur en raison de 3 à a. La distribution (^es apparteinen^ r(^^''^^^ûi^'*^fi^"^ de cet édifice singulier ^uHre des rapports fîappansavec celle que Ton reru^arque dans les lupnumens de la hauts Egypte I figurés pair M. Deiiorr et par les savans qui composent rjius,titut du Caire« M» de Laguna a trouvé dans les ruines du ^itla ) des peintures curieuses y re* présentant des tropliées de guerre et des sacrifices* l« plateau de la ^ucbla offre des vcstjgos remar* BBS AMéniCAiMS. a36 ^uables de la plus ancienne civilisation mexicaine. Les f'urli'fications de Tlascala sont d^uue construction po»- téiieure à celle de la grande pyramide de Cholulm, Ce ii\oinnment curieux consiste en quatre assises j il n*a dans siu état actuel qne 170 pieds d'élévation perpen- diculaire, sur i29ode largeur huriaontale.à sa base. Ses côtés sont très-exactement orientés ) d'après la diceetioa des méridiens et des parallèles ] et il est construit , d'a- près le percement fait « il y a peu d'années ^ au c6té du nord, de couches de briques qui alternent avec des cou- ches d'argile. La plate-forme de la pyramide tronquée de Cholula a une surface de iS^ooo pieds carrés. Au mi- lieu s'élève une église dédiée à Xsotn lyame-dc-los- ■ remédias y qui est entourée de cyprès y et daps laquelle la messe est célébrée tous les matins par un ecclésias- tique de race indienne , dont le séjour habituel est sur la cime de ce monument. C'est de cette platerforme que l'on jouit d'une vue délicieuse et imposante, $ur le volcan de la Puebla , sur le pic d'Or/za&a, et sur la petite Cordillièrc de Matlacuye , qui sépara jadis le ter- ritoire des Cholulains , de celui des républicains Tlas- calans. La pyramide ou le téocalU de Chclula a exactement la même hauteur qne le TonaZ/uA/zza^Ka/deTheotihua- can. Elle est de 10 pieds plus élevée que le Mycerinus , ou la troisième des grandes pyramides égyptiennes du groupe de Djyzeh. Quant .1 la longueur apparente de sa base , elle excède celle de tous les édifices de ce genre que les voyageurs ont tiouvés dans l'ancien continent : cette base est presque double de celle de la grande py- ramide de Chéops, Four se faire une idée de la masse considérable de ce' monument mexicain, po.r la com- S36 MOXJJUS) V8A.OBS ET &BLX«lOV paraison d*objets plus connus y qu^on s^imagine un carré quatra fois plus graticl que la place Vendâme y couvert d'un monceau de briques y qui s^élève à la double hauteur du Louvre. On ignore Tancienne hauteur de ce monument ex- traordinaire. Dans son état actuel , la longueur de sa base est à sa hauteur perpendiculaire comme 8 à i , tandis que dans les trois grandes pyramides de Djyzeh| cette proportion se trouve comme i 6/10 et i 7/10 à i ^ à peu-près comme 8 à 5. VTKAMXDBS XW VIEBRES DE DJTZEH. Hantear Longueur de la bane. CBEOPS. 448 pieds. 728 pieds. CEPUKEN. 3g8 pieds. 655 pieds. MTCBRIMOS. 161 pieds. 58o pieds. • PTRAMIDES EIT BRXQUES. A cinq as^ises en Ej^ypte. près de Sakha^a ..*... Hauteur, i5o pieds. .... Long, de la base , 210 pi. A quatre assise TEOTIBOACIH. 171 pieds.;.. . 6{5 pieds * an McMque. CHOtVt.K. 17a pieds. i355 ptcds. La plus grande de tontes les pyramides égyptiennes , celle iiiAsychis , dont la base a 800 pieds de longueur ^ uVst pas en pierr«s \ mais en briques. La cathédrale J* DBS ivicéaicAiKS. a37 Strasbourg est de 8 pieds ; la croix de Saint-Pierre de Rome de 4i pieds plus basse que le Chéops, Ces édifices qu'on peut encore mesurer de nos jours , attestent le génie des Mexicains ^ et démontrent avec quelle impudence M. Fayr s^eat joué de la crédulité des Européens qui ont eu la faiblesse de croire aux men- songes méprisables qui fourmillent dans son ouvrage. Il existe au Mexique des pyramides à plusieurs étaget daus les forêts de Papantla , à une petite élévation au- dessus du niveau de POcéan ^ sur les plateaux de Cho- lula et de Tbéotihuacan ^ à des hauteurs qui surpas* sent celles des passage? cl» Alpes. Ou découvre encore a > 4' occidental -^Tis-à-vis du Cerro de Tecaxete et de kjapoteca , deux masses par- faitement prismatiques. L^une de ces masses porte au- jourd'hui le nom âHAlcosac , ou èHhtenenetl \ Tautro celui de Cerro de la Cruz : la dernière est construite eu pisé ) et n'est élevée que de 5o pieds. La pyramide de Papantla n'est point construite en briques ou en argile mêlée de cailloux y et revêtue d'uu mur d'amygdaloïde ^ comme les pyVamides de Cholula et de Teotihuacan * les seuls matériaux qui y ont été employés sont d'immenses pierres de taille porphyri- tiques ; on distingue du mortier dans les joints. L'édi- fice est cependant moins remarquable par sa grandeur que par son ordoonance j par le poli des pierres et par la grande régularité de leur coupe. La base de la pyra- mide est exactement carrée de chaque côté , ayant Ko pieds de long , et la hauteur perpendiculaire jo. Ce monument) comme tous les tcocaliis mexicains y se compose de plusieurs assises ; on en distingue encore sixf et l'on croit que la septième est cachée par la vé- St38 MOBUKS) VSAOSS BT KBLIGtOlT gétation qui couvre tout le flanc de la pyramide. TJil grand escalier de 5^ gradins mène à la cime tronquée du téocalli) à Tendroit où se faisait le sacrifice des Victimes humaines ; un petit escalier se trouve k côté du grand. Le revêtement des assises e&t orné d^hiéro- glyphes ) dans lesquels on reconnaît des serpers et des crocodiles sculptés en relief. Chaque assise offre un graiid nombre 1j niches carrées et symétriquement distribuées. Dans le premier étage , on en compte de chaque coté y 24 j dans le second , 20 ; dans le troi- sième , 16 ; le nombre de niches est de 366 y dan^ le corps de la pyramide, et de 12 dans Tescalier . que Ton distingue vers Test , ce qui fait 3^8 niches , que l'on croit faire allusion au système calendaire des Mexi- cains , dont Tannée commune était composée de dix- huit mois de ao jours chaque : il en résultait 36o jours, auxquels ils ajoutaient les 5 jours complémentaires ap- pelés Némontemi. L^intercalation se faisait tous les 52 ans, ce qui donne 36o-|- 5 + i5 = SyS, signes simples ou composés , des jours du calendrier civil quW nomma Compohualilhuitl ^ ou TonalpohualU ^ pour le distinguer du Comilhuit-la-Pohualliztli y ou du calen< drier usité par les prêtres, pour indiquer le retour des sacrifices. Au nord du présiJio ^ Horcasitas , de Fintendaiice de la Sonora, on trouve, au milieu dNuie vaste plaine, à une lieue de distance de la rive méridionale du Rio Oila , la Casa grande y édifice élevé par les AtKecpies , vers la fin du douzième siècle , et dont les ruines oc- cupent un terrain de prcsd\]ne lieuecarrée. La grande maison est exactement orientée diaprés les quatre puiiits cardinaux , ayant du nord au sud i36 mètres du loii*;, SCS A MÊKICAI N8, ftS^ «tde l'est a Tonest 84 mètres da Urge. 'Elle est cons- truite en torchis (tapia ). Les piles sont d^une grandeur inégale ^ mais symétriquement placées $ les murs ont la décimètres d^épaisseur. On reconnaît que cet édi* Hce avait trois étages et une terrasse ; Tescalier était à ^extérieur , et probablement de b \i. Ce même, genre de constniction se trouve dans tous les villages des In« diens indépendant du Moqui , à Touest du Nouveau- Mexique. On reconnaît dans la Casa grande cinq pièces y dont chacune a 8 mètres, 3 de long ] 3 mètres , 3 de large j et 3 mètres j 5 de haut. Une muraille in» terrompue par de grosses tours , ceint Tédifice prin- cipal f et paraît lui avoir servi de défense. On yoit encore les vestiges du canal artificiel qui y condmsait les eaux du Hio Gila. Toute la plaine environnante esit couverte de cruches , de pots de terre cassés , joliment peints en blanc , ca ronge et en bleu. On trouve aussi parmi ces débris de faïence mexicaine , des pièces d^ ob- sidienne (ilztli), phénomène assez curieux^ parce qu^il prouve que les Alzèqnes avaient passé par quelqtie contrée septentrionale inconniie, qui recèle cette sub- stance volcanique, et que ce n^est pas Tabondance d^ obsidienne que renferme la Nouvelle-Espagne ^ qui ait fait naître Tidée des rasoirs et des arm«s dUtztli. Il ne faut pas confondre les ruines de cette ville du Gila, centre d'une ancienne civilisation des peuples américains y avec les Casas grandes de la Nouvelle-Bis- caye ) situées entre le présidio de Janos et celui de San Buenaventura. Ces dernières sont désignées par les in- digènes, comme la troisième demeure des aztèques. Dans le pays des Moqui's y k Teert du Nouveau- Mexique ,le P. Garces tTOuva , en 1773 , une ville, in» 2/^0 IfOBÙRS) tfSAOÈS BT BBLIOIOST dienne avec deux grandes places ) des maisons à pl(i- » H irs étages y et dés rues bien alignées et parallèles les unes aux autres. Le peuple s'assemblait tous les soirs sur les terrasses qui forment le toit des maisons. La construction des édifices du Moquî est la luôme que celle des Casas grandes , au bord du Rio Gila. On rencontre le long de TOhio , du Mississipi , et jusque dans le Kentuck y quantité de forteresses et de petites pyramides en forme de mausolées. Dans toutes les grandes villes àHAnahuac y les or« fèvres mexicains > sur-tout ceux èH Azcapozalco et de Cholula f fabriquaient des vases d'or avec tant d'h^bi» leté y que les espagnols y lors de leur premier séjour à Tenochtithn , ne pouvaient se lasser de les admirer , et que Cortez y dans sa première lettre à Teinpereur Cliarles-Quint ^ dit : ce On me présenta des ouvrages 9> d'orfèvrerie et de bijouterie si précieux , que , ne 3> voulant pas les laisser fondre y j'en séparai pour plus » de cent mille ducats pour les offiir à votre Altesse » impériale. Ces objets étaient de la plus grande beauté, 3> et je doute qu'aucun autre prince de la terre en ait » jamais possédé de semblables. Afin que votre Altesse^ » ne puisse croire que j'avance des choses fabuleuses , » j'ajoute que tout ce que produisent la terre et l'océau^ » etdontieroiMontézuma pouvait avoir connaissance, » il l'avait fait imiter en or et en argent y en pierres » fines , et eu plumes d^oiseaux y et le tout dans un» » perfection si grande | que l'on croyait voir les objets » mêmes ^ etc. )> ' Il serait difficile d'accuser d'exagération le général espagnol y quand on considère qfte l'empereur Char» le:^ Y pouvait juger par ses propres yeux de la SB« AM]&RICA.Zirs/ 1k/{t perfection ou de ^imperfection des objets qui lui furent envoyés. Cest depuis un petit nombre d^annëes seulement ^ dit M. Humboldt y que par un système d^économie que Ton peut appeler barbare, on a fondu des ouvrages précieux de l'ancienne orfèvrerie des Muyscasy dans la royaume de la Nouve11e*6renade) des Péruviens et des habitans deQiiito, qui prouvaient que plusieurs peuples de ce continent étaient parvenus à un degré de civilisa- tion bien supérieur à celui qu'on leur attribue. Les peuples Aztèques tiraient, avant la conquête, le plomb et Pétain , des filons de Tasco^ au nord de Chil' pasingo et ^ Izmiquilpan ; le' cinabre , Pocre jaune qui servaient de couleuraux peintres, leurétaient fournis par les mines de Chilapan, Comme le vrai fer natif, auquel on ne peut pas attribuer une origine météorique , ot qui est constamment mêlé de plomb et de cuivre , est infiniment rare dans toutes les parties du globe , il ne faut donc pas s'étonner^ comme M. Faw , qu'au com- mencement de la civilisation les Américains , commo la plupart des autres peuples , aient construit leurs ar- mes , leurs bâches , leurs ciseaux et leurs outils , avec le cuivre tiré des montagnes de Zacatollan et de Co" huixcOf puisqu'il remplaçait jusqu'à un certain point le fer et l'acier. Les Indiens de la Nouvelle-Espagne, se soulèvent ^e temps h autre : les émeutes les plus considérables ont éclaté en iS^é , en 1601, en 1609, en 1624 i en 1692. Dans la province ^Honduras , les Mosquitos ^ peuple composé de 3o,ooo hommes, n'ont jamais été soumis aux Espagnols. Ils ont un gouvernement entièrement Tou. a. 16 m w^ républicain y et ne reconnaissent de clief que lors* quUls vont à la guerre. Ennemis jurés des Espagnols y ils fout eftcLayes ceux 4e cette nation que quelque av'cidefft jette sur leurs côtes. Da^s ]/». proviuce de Yucatan , quelques tribus in- dj^ennes ont conserva leur indépendance dans la partie n^éridiouale de ce terrain montueuX) que Tépaisseur àff^ forêts et la force de la végétation rendent presque iiiaccessible* Les Indiens noniii,des } connus sous le nom à^^pa» chfiSj dé Mescaleros y de Mimbretijosy de Cumanches ^ à^Iutof f deJ\â[,oquisy d^ Chichimèque»^ de Taouaiazes ^ à!AcociameSf dp Cocoyame^, et de Faraones^ font i^ne gi^erre perpétuelle aux hi^bitans espagnols des pro'^ vineias internas du NouveaU'Mexique. ^ Californiens, — Les Indiens libres de la Californie se. divisent en peuplades séparées Tune de Tautrej eyesneparlent point la m^me langue. Certaines d^entre eljes s^oignent les bestiaux 3 dVulres pèchent ou sont ei^ante^ j d^autres sont fipc^e^ au sol. Ces Indiens ne sqx^t pas féroces de caractère. A mesure que les mis- sioniiaires pénètrent parmi çux , ils en convertissent une certaine quantité ^ quUls s^efForcent de civiliser. I^es indigènes du canal de Santa-Barbara qu^on dé* Coïivrit en ij6pj construisaient de grandes maisons da forme pyramidale ^ et rapprochées les unes des autres. Bons et hospitaliers , ils offraient aux Espagnols * des va^es artistement tissés de tiges de joncs. Le dedans de ces paniers était enduit d'une couche d'as- phalte, qui les rendait impéuétrabliBs à Teau et aux liqueurs, fèrn^e^tées qu'ils pouvaient contenir. Les tribus d^ la. I^ouvelle-A|bipn, mgrchent souvent armées de poignards , d» fusils et de pistolets, qu'ils achètent des Européens et partioulièrement des Russes leurs ToiainSé Quoiqu'ils sbient d^un naturel assei doux, ou n'ose pas se fier. à eux ^ parce qu'ils sont rusés et rindicatifs. Florides, -«- Les peuplades qui habitent la Floride et les ptfys voisins ^ sont les Mulcoguges , les Siminoies ^ les Tsckirokois^ , les Tschikasaks , les Creeka ou Kricks et les Hiesan, Chacun de ces peuples peut fournir 5 à 6000 guerriers j ils sont justes ^ bienfaisans y mais ils se méfient des Européens, parce que ceux-ci les trompent quand ils le peuvent. Leur yengeance est terrible quand ils se croient offensés : ils ont cependant adopté plusieurs de leurs usages. Ainsi que les autres peuples de la Floride , ils sont' hospitaliers y braves , fiers y courageux , bien faits. La couleur de leur peau est olivâtre^ tirant sur le ronge à cause du vermillon et de Fhuile dont ils se Irotteiit le corps. Les deux sexes se peignei\t le visage» ornent leurs têtes de plumes ^ et portent pour vêtement des étoflès, des peaux de chevreuil tannées , et àen manteaux recouverts en plumes de diverses couleurs. Leur joie s'exprime par le clunt et la danse. Ils ont pour instrumens des tam- bours ) des crécelles , des flûtes de roseau , et des courges arrangées en forme de guitare. Leurs fêtes nationales sont consacrées à la chasse et à l'agriculture. La prin* cipale se célèbre au mois d'août après la moisson ; l;a cérémonie consiste à remercier le ciel j après quoi y ils brûlent leurs vieux meubles et dansent autour du fisu» Le rez-de-chaussée de leurs maisons sert presque en entier de magasin pour leurs provisions. Le maître reçoit et régale ses convives sur le toit y qui est plat , e^ j6* 1^ ts44 laosuns^ fTftÀ«%«''l:4r tiBLioioif auquel conduit un escalier en bois. Des deux eât^s il y a dés nhatnbres oiV>ilBco|i^'' . • •• . •- • • •;...•■.•.. ;:;. J^e^J^Oftphèz forniaient (^v^trefois un peuple redon- table },gQyv.erné par un chef supr^rnp ; nommé le Grand 4^o/(p/V,^ Ayant sous sejS.prdres ^es npbles, appelés Soleils, Dans les guerres, désas^rçuse^, qu^ils ppl^j^ues avec les Frapç^is ^ le Qrand Sqjeil avec une grande, quantité d^autres, ^{^lejls ayant été pris et conduits à la Loui- siane^ cette i^ation, dont If territoire s^élendait à douze journ^ef) dn nord au sud ^ e,t à q,uinze de Test à Touest^ s^est trouvée., r^dnit^ ^^,.pojxlrt de ne plus donner d« gi'Di^ide^iciqiMiétudes apx;lfrançais. Comrne leurs usages ne digéraient guère d,«,c^|»^ dfS aoJtres habitans de la Lop isia^e j^ je lei^ çqn)(}f,end;'ai avec ÇAfix^^^AlUba- OTo«^,,de;S, TqskikiSf ^P^ ,Qjf/q^cAepas , ^s,7Q^iqa^ ^ d«.s Kaoytyiasj^ ^es Aliekas^y^^&^apfpx>ucheSf ,d«$^ Ççnchakis y des PflAlflWf^. . :,«,î.vjhf|: irr» ;;rf, ... -ît rr rtie<|M Çe^ ^c^ples.,penTqi:)^,inettre sous Ie&, armes de 25 à 3o,ooiç guerriers. Ce, sont des homineis d?une belle taille., J[|s,é^vent clur^nient leurs euians^ les font bai> gnef ,^^^i)ag^r , dftnS; Vbiiver dès la pointe jiiu jour. Ils disent, ^jxx j[eunea ge?^Sf.S|u?ils ne doivent, jamais avoir peur de Teau \ qu^oii n^est pas homnift , qnand on fleu^ J^oi^s^q^u^on ^%l,x^^9i\x cadrf o«br.ûLé vif^ Avant 1S ! ' 'v iiii m •4^ liOBUS.8) UêAÔBS'ft* ABLIOIO» de les admettre 0u nombre des guerriers , ils leur font des scarifications aux cuisses , à la poitritie ) sur le dos j les frappent k grands coups de collier de cuir en forme de bretelle : s^ils supportent ces épreuves sans le moindre sigtie d& faiblesse^ on les reçoit parmi les guerriers. '• Les Louitrianoîs sont fort affables ainsi que leurs ftmmtos , dont la plupart sont très>belles. Lorsqu*on arrive ches eux , ili viennent vous recevoir h Teiidroit du débarquement , en vous donnant la main ^ et en TOUS présentant le calutiiét, qm est une longue pipe ornée de sculpture et de peinture. Lorsque vous avez fumé, ils vous dem'andeilt Ib sujet de votre voyarge , et ai vous comptes rester parmi eux. Si vous dites qu^oiii, ils vous offrent pour femme une jeune fille , afin de vous fortifier davantage dans votrtf résolution . 'Après cela j ils vous apportent de la sagamite^ composée de maïs concassé qui a bouilli dans Peau avec de'la viande de chevreuil, du pain fait avec de la farine di ni^tits cuit sous là cendre, des poulets d'ihde rôtis , des^llkdes de cUèvreuil , d'ours; des béij^nëts frits dansFhnile de noix^ des châtaignes Cùttés daiifc là graissé d^otiVi , des langues de chevreuil, des œufs de poule et d disent>ils> rhomme est droit et a la tête tournée vers lecieîy sa demeure. Ils lui donnent un calumet et du tabac à fumer y pour qu'ils fassent leiii* paix avec les gens de Vautre monde. Si c'est un guerrier y on l'enterre avee ses armés y qui consistent en un fusil y de la poudre y des balles y un carquois garni de flèches y un arc y un casse-tète y soit massue ou haehe^ On liii donné aussi un miroir y du vermillon y pour faire toilette aux pays^ des âmes. Lorsqu'un homme se détruit par désespoir ou dans une maladie y il est privé de la sépulture y et jeté dans U rivière j^ parce qu'il paisse alors pour ua lâche. !ii 94^ MOKVKS) USAOBS ZT RBLXOXOV Quand un Allibatnon est pris , il compose ainsi as chanson de mort, a Je ne crains ni la mort, ni le feuj » faites -moi bien souffrir , parce que ma mort sera » bien veugëe par ma nation. » La croyance de ces peuples est que y s^ils n^ont point pris la femme d^autrui ( ce qui est un crime capital à leurs yeux ) , s'ils n'ont volé ni tué personne pendant leur vie , ils iront après leur mort dans un pays extrê- mement fertile, où ils ne manqueront ni de femmes, ni d'endroiti» propres à la chasse^ où tout leur deviendra facile ; que si , au contraire, ils ont iait les fous, s'ils se sont moqués du grand esprit, ils iront après leur moct dans un pays ingrat^ rempli d'épines et de ronces ^ où il n'y a ni cliashe ni femmes. Ce rapport du capitaine Bossu dément encore tout ce que M. Paw a débité sur la constitution de ces peuples et leur indifférence pour les femmes. Le pays des Kaouytas est situé entre la Caroline et la Floride orientale^ à l'est de la rivière Mobile. Ils n'ont jamais été conquis par les Espagnols y auxquels ils ont voué une haine éternelle. Les Collapissas et les Ouanchas habitent au-dessus de la Nouvelle-Orléans ; ils tuent les crocodiles , en enfonçant leurs bras armés d'un morceau de bois dur, ou de fer pointu par les deux bouts , dans la gueule béante de ^amphibie , lorsqu'il s'avance pour les do* Torer. Ces peuples sont guerriers et en treprenans, aussi leiu' nation a^t-elle considérablement souflèrt de leurs guerres. Les Chactas peuvent mettre sur pied 5 à 6000 giicr* riers. Les Chactas aiment la guerre , ils se battent nvec beaucoup de sang-froid. Il y a des femmes qui BBS AlliRTCAlVS. ^%^ portent upe telle, amitié à leurs maris , ^uMles, les suivent à la guçrr«. Elles se tieuuent k oùté à'eux dans les combats ) avec un carquois garni de flèches ^ et I9S encouragent en leur criant cpi 1 tin uelle.ment qu'ils i)e doivent pas redouter les enueniisy qu^il faut m.Q^rir en véritables liommeS);^, .,.,', Lprsque les Chactas Iront en guerre y ils consultei^t leur man/Voir, c^est le chef qiii le porte; ils l'exposent toujours du côté oA ils doivent marcher à renneini-: des guerriers fo^. sentinelle autour: ils ont t^n^ 4d vénération pour lui^ qu'ils ne mangent point qv,"! ,^/* chef ne lui ait donné la première part. Tant que la guerre dure^ le chef est exactement obéi ; mais dès qu'ils sont de retour, ils u^ont de considération pqur lui'^, (ju'autant qu'il «st libéral de ce qu^il possède. C'est un usage établi parmi eux, que lorsque le chef d'un, parti a fait du butin sur Penuemit.il doit les distribuer aux guerriers et aux parens de ceux qui ont été tués .dj^ns les combats y ^onr essuyer ^ disçnt:.ils , /ei/r« larmes. Le chef njB se réserve pour lui que, l'honneiu: d'étr9 le vengeur de la nation* Sous leurs toits -ée roseaux ils bravent là mollesse ; : . ; . ; . ce Leur arc et leur carquois sont leur seigle richesse. ( Poème de Jt\monville par M. TaoNAs.) Si le chef d'un parti .de Chactais ne réussit pa&^ dans la guerre qu'il a entreprise, il est : obligé de. désdehdre au rang de simple guerrier. Ce peuple compta pbur rien la victoire , quand elle est achetée au prix du 6ang de leurs parens et de leurs amis ; aussi les chefs de par» tis n'attaquent-ils l'ennemi que. lorsqu'ils sont sûrs, de vaincre , soit par le nombre > soit par l'avantage, et la position des lieux j mais comme leurs adyersAircs ont 9So MOEURS) U8AOB8 BT XBLIOIOIT là même ruse , et qii*tls savent aussi bien qu*eux éviter "lès 'pièges qu^on peut leur tendre f c^est aux plus fins à Fetn porter. Four cetefîet , ils ne marchent que la nuit; ê^ls ne sent pas découverts ) ils attaquent au point du jour. Celui qui marche le premier^ porte quelquefois devant lui un buisson fort toi^u , et comme ils le sui. Tént'tous à la file, le dernier efface les traces du pre. taiééf et arrange les feuilles ou la terre sur laquelle ils passent , dé manière qu'il ne reste aucun vestige qui puisse les déceler. Les principâlles choses qui ser- ~yeht-à les faire découvrir de leurs ennemis y sont lafu. 'iiaéé de leurs feux , qu^ils sentent de fort loin y et leurs pistes y qu^ils distinguent d^une manière presqWin. croyable. M. le Bossu rapporte qu^un sauvage lui mon* ira '} dans un endroit où il n*avait rien aperçu , Teni- preinte des pieds de Français y de Sauvages et de nègres qui avaient passé y et le temps qu^il y avait. « J^avoiie, VdiV'iri que 'cet le connaissance me parut tenir du prô- » digé. Ob peut dire que les sauvages y lorsqu'ils s^ap- » ^tiquent à Une seule- chose « y excellent. L^art delà a» guerre y chez eux y consiste dans la vigilance y IVu » tention h. éviter les surprises , et à prendre rennemi » au dépourvu y la patience et la force pour supporter 3>'Iaraim , la soif, Tin tem périodes saisons , les travaux a> et les fàtigncs insépàmbles de la guerre. » Celui quia tjié tin «nnemi , porte en trophée la che ▼elurè du mort f «'«nfâit piquer ou calquer la marque sur le corps y pnis en prend le deuil y qui dure une lune : pendant ce temps-là il ne peut se peigner, en sorte que ti la- iéte lui démange , il ne lui est perntis de se gratter qn^avec une petite bd^uette ^ qu'il s'attache exprès au poignet, . ses AM:6iixcAïir9. ft^i tiOS Cfaactas n'pnt aucun souci pour Tavenir , quoi* quUls croient à Pimmortalité de Pâme. Ils ont ui.e grande vénération pour leurs morts , et ne les enter- rent pas. Lorsqu^un Chactas est expiré y On expose son cadavre dans une bière faite d^écorcd de cyprès» et posée sur quatre fourches d'environ \5 pieds de haut. Quand les vers ont consumé les chairs ^ toute la famille s^assembte ; le désosseur démembre le sque- lette : il eu arrache les tnuscles^ les nerfs et les teildonU qui peuvent en être restés, puis il les enterre, et déposé les os dans un coflire , après en avoir vermillonné la tête. Les parens pleurent pendant toute là cérémonie;» qui est suivie d'un repas ) qu'on donne aux amis t\tii sont venus faire lears coniplimens de condoléanée^y ensuite, on porte les reliques du défttkit au cime^ tière commun , dans l'endroit où sont déposées celleH de ses ancêtres. Pendant qu'on fait ces cérémoifies lu^ gubres , ou observe un morne silence j on n'y chante \ m ne danse j chacun se retire en pleurant. Dans les premiers jours de novembre, ils célèbrent une grande fête » qu'ils appellent la fête des morts où des âiues. Chaque famille alors se rassemble an cimer tière commun , et y visite, en pleurant ^ les coffres fu- nèbres de ses parens j et quand elles sont de retour » elles font un grand festin. Les sauvages I en général^ ont beaucoup de vénéra- lion pour leurs médecins ou devins. Clés médecins guérissent parfaitement la morsure, dea ièrpens h son- nettes et des animaux vénimeu:i(^ les coup» de feu » les blessures de flèches. Ils commencent par sucer la plaie du malade , et en crachent le sang, ce qu'on ap- pelle en France, guérilp du secret. lU ne te sentent il fl5a MOBUaSy V8AGBS BT «BITOXOIT dans leurs pa'nsemens , ni de charpie ^ ni de pluHRa- ceauz y mais de la poudre d^une racine qu^iU soi ^> fient .dans la plaie , pour la faire auppurer 9 et d'une autre poudre qui I4 fait sécher et cicatriseré Ils garan- tissent les plaies de la gangrène, en les bassinant avec une décoct^U: de certaines racines qu'ils connaissent. . Lorsqu'au retour d'une guerre ou d'une chasse , ili sont excédés de fatigues, ils serestaurent en se faisant suer dans une étuVe, ou cabane ronde en fornue de four, ■située au milieu du -village. Cas étuves sont entretenues par un alekxi ^ ou médecin public, ,11s (ont bouillir pour cet effet, dans l'éLuve , toutes sortes d'herbes mé- dicinales et odoriférantes, d.ont les esprits et les* sels, enlevé^ avec la vripeur de l'eau,, entrent par la respi- ration et les pprés , dans le corps du malade ,qui re* couvre ses forces abattues. Ce remède est excellent pour calmer et dissiper toutes sortes de douleurs \ aussi ne ▼oit-on chee eu^ ni goutte, ni gravelle et autres in* firmités auxqjtieUes pn est sujet eu Europe. On li'y voit point de ^^'& ventres , comme ei| Hollande et en An- gleterre , iii.de grosses tumeurs à la gorge appelées guêtres. , ■ iiTï'i^cf ,«.! Les Cbacfas sont très-alertes et très^adroits. Le$ hommes et Içs femmes jouent à un jeu semblable à la longue paume. Le but est éloigné de 6> pas,, et désigné par deux grandes perches , eritre lesquelles il fiiiut f- ' passer le balle. L9. partie est ordinairement en i.i:'M^ ils sont4p ciO)atr0 l^o , de difli^rçyis villages , et tieunem chacun en main iiqe raquette lofigudde a pieds. £lle e$t à-peu-près de la même forme que celles de Frapcf, faite de bois ^««U^Uignier^.^^ gVfiie. de peau de che- .«"leuil. Ld Jr$tquet;is. de$ femo^^s dilïère de celle des homrneS) en ce qu^elle^st recourbée^ uW Vieillard jetto en VaiVf au milieu du jeu , la balle on ballon , fait de peaux de chevreuil roulées les unes sur les autres. Leaf joueurs courent pour Rattraper avec leurs raquettes ; ili' se poussent, se culbutent les uns sur les autres. Celui qui a Tadresse d^attraper la balle , la renvoie à ceux de son parti ^ et réciproquement ceux dii parti opposé : . ils y mettent tant d^ardeur y qu^il y a quelquefois des épaules de démises. Ces joueurs ne se fâchent ja« mais. Les paris sont considérables; les femmes pa* rient contre d^autres femmes ; elles courent les unes contre les autres , avec une grande vitesse^ et se eolet« tent comme des hommes y étant aussi légèrement vê- tues qu^eux ) à Vexception d^une petite ceinture qu^elles portent au milieu du corps. Elles ne se mettent du rouge qu'aux joues seulement y et du vermillon sur let- cheveuxy au lieu de poudre. Les enfans s'exercent à tirer de Parc ; on les prend> par les sentimens , sans les battre. Ils tuent dé petits oiseaux , en soufflant d'une sarbacane de 7 pieds de- long , une petite flèche garnie de bourre de chardon. ' Fresque toutes les assemblées des Cbactas se tiennent ^ pendant la nuit. Ils traitent avec le dernier mépris celui qui leur manque de parole. Quand les femmes sont enceintes ^ leurs maris s'abstiennent de sel , et ne mangent point de cochon , de peur de faire tort à leurs enfans ; les femmes vont accoucher dans les bois, sans recevoir aucuu secours de personne. Aussitôt qu'elles sont délivrées , elles lavent elles-mêmes leurs enfans , leur appliquent sur le front une motte de terre , pour leur aplatir le front , et à mesure qu'ils prennent des' £)rces y eHIs augmentent la charge. C'est une beauté ii i^4 MOBURSy V8AOSS BT ABLIGiOlir parmi ces peuples d*aToir le devant de là tête plat. £lles n'emmaillottent poiut leurs enfans, et ne les ga- rotfeent point dans des linges avec des bandes ; elles ne les sèvrent que lorsquUls se dégoûtent du sein ma* ternel y et elles Iss couchent dans des berceaut , de ma* nière qu*ils aient la tête de 3 ou 4 doigts plus basse que Testomac i cV>st pour cette raison que Ton ne Toit jamais } parmi les sauvages ^ ni tortus, ni bossus. Quand les sauvagesses se sont bien purifiées , elles retournent à la cabane. Elles n^ont pas la liberté do corriger les garçons , elles u^ont d^autorité que sur les £lles. Si une mère s^avisait de frapper un garçon ^ elle recevrait de vives réprimandes y et serait frappée à son tour.; mais si son petit garçon lui manque » elle le porte à un vieillard ^ qui lui fait une mercuriale ^ puis lui jette de Peau sur le corps. Quand une femme fait plusieurs infidélités , on U condamné alors à passer par la prairie , c'est-à-dire^ que tous les jeunes gçns^ et quelquefois les vieillards, satis. font sur elle leur brutalité tour à tonr. Celui qui est assez méprisable, après cette punition^ pour la prendre pour sa iemme , est méprisé comme elle. Les TchikacAas ne sont pas aussi nombreux ^que les Chactas , mais ils sont plus intrépides et plus re- doutables. Ils ont jusqu^à six mille guerriers en cam* pagne. Tontes les. nations du Nord et du Sud, et même les Français , leur ont fait la guerre-, sans avoir ja- mais pu les chasser de leurs terres , qui sont les plus belles et les plus fertiles du continent. Ces peuples sont grands, bien fisiits, et d'une bravoure sans égale. Les Tchikacfaas montent très-bien à cheval; ils laissent aux femmes le soin de cultiver et d'ensenUncer lu DBS Âxi&tcAXKS. aSi terres. Le sexe est beau et très-propre. Lorsqu'un Tchi* kachas a tué un chevreuil , il plante une perche pour faire connaître que ce gibier a un maître ; de retour au logis I il dit à sa femme Tendroit où il est ; elle va le chercher, le dépouille et le sert à son mari. Les femmes ne mangent point avec les hommes ; ils ont Tair den*y pas faire attentioh | cependant ils les aiment plus que toute autre nation. A Pégard de Padultère , les Tchi* kachas se contentent de fustiger les deux coupables qui ont été piis en flagrant délit y en les faisant courir uns au milieu du villue j après quoi le mari répudie M femme. Les Cherokees y les Chactaws , les ShaM/anovs j les Dela-wares do la rive orientale du Mississipi ; les Caddosy les Coshattees, les Tauka'wkes et les ComanckeSy peuples gaerrierS) à deqiii civilisés, ont marché le aa août 18179 avec six pièces de canon servies par des Européens et des Indiens qui entendent ce service , pour réduire les Of<^<«qui leur enlèvent continuellement leurs chevaux^ . et tuent leurs petites-troupes de chasseurs^ Les Osages, accoutumés à tout braver , se sont construit des forts , dans lesqu^s ils se proposent de se retirer après la ba- taille qui a dû avoir lieu entre les rivières d^Ouchitta et d^Âkafpas y dans un endroit nommé the six bulis ( les six taureaux), proche de la ligne des limites. Ces peuples I peuvent mettre sur pied une trentaine de mille hommes^ faut cavalerie qu^infanterie , armés de fusils et de ca- in(His. Les Attakapas , ce nom parmi les peuples de PAraé- Irique signifie mangti^rs tt hommes. Quand ils prennent lun ennemi auqueHis en veulerit , ils font entr^eux un trand régal de s« chair. Ils vivent «ordinairement de ' aS^ HOBURS'y VSlOSd BT RBllOIOlT poissony et Boirent de 1a cassiiie ; ils parlent aussi par signes y et font de longues conver garj). Les Iroquois , appelés aujourd'hui les Moha-wks du Canada^ habitent les bords du lac Ontario, llsiuiuieiit cinq nations connues sous le nom (T^natoques, de Tsa- nontouans , à^Onoyouts y ^Agniés y et de Coyogoans, lU ti'ont jamais voulu reconnaître d'autre souverain que Dieu seul. Ils passent pour les plus fins et les plus iu> trépides* guerriers. Sans cesse en course sur leurs voisins, leurs succès militaires leur ont donné une grande supériorité sur toutes les autres nations ^ et leur font tenir le premier rang depuis plusieurs siècles. Les montagnes et les rochers du nord sont occupés par les Monsonis ^ les AbissiniboëU y les Otanlabis , les Michacondibis , les Chichigoueks ^ etc. \ ils sont er> rans , grossiers ) sanguinaires ) vivent de chasse , de pêche j souvent même d'herbes et d'écorce d'arbres. Les Chépéouans habitent le pays qui s'étend depuis la source de la rivière de la Paixy se prolonge jusqu'aux eaux de la Columbia^ qu'elle suit jusqu'à la latitude de 62 degrés y a min. nord. Là, les Chépéouans soutboi'» nés par le territoire des Athnas ou Tchièns , peuples très-peu connus. Les C^^P^^'''''" wnï crransettoujour» en guerre avec les Eskimaux. Ils sont jaloux de leur» femmes, et les forcent à tirer des traîneaux portant aoo livres pesant* I' y a nii esclaves , |t o» ignore V LealCreli bien propoi yeux noirs, nomie agréi diverses cor goiltj maisf le froid, coi plus jolies de taille est biei traits serait 1 délicats. Ces j généreux et hi ^es £sh,nt seurs et pèche et courageux 'ère, ils s'occi les moyens de « Les sauvj » taille haute » porlionnés, » pérament. » On a vu de » vingt ans : » vieillards de I valier Grasset-| en Hongrie, septentrionale,, P«ys ni aucun « Les Cane B«S AM^aiCAIVS. tt6l Il y a nnsst d^autres Indiens nommés les Indiens» esclaves , lus Indiens Càte-dvchien^ les Indiens-lièvres t ou ignoi-e leurs mœurs , leurs usages et leur religion. heaKrels ou CAm///iaiix sont d\me stature mëdiocrey bien proportionnés, d\ine extrême agilité} ils ont les yeux noirs, perçnnS, très-expressifs , et d^une physio- nomie agréable et ouverte j ils se peignent le visage de iliverses cuuUurs, et portent des habits ornés avec goilt; mais pour chasser, ils préfèrent souvent, malgré le (roid , courir presque nus. Leurs femmes sont les plus jolies de celles de ^Amérique septentrionale; leur taille est bien proportionnée , et la régularité de leurs traits serait louée chez les peuples de TEurope les plus délicats. Ces sauvages sont doux, bienveillans, probes y généreux et hospitaliers. Les Eskimaux et les Grocnlandais , peuples chas- seurs et pêcheurs, sont vindicatifs quand oh les irrite, et courageux quand on les attaque. Paisibles par carac- tère, ils s^occupent plus de chercher leur existence que les moyens de quereller leurs voisins. (c Les sauvages du Canada sont en général d^une }) taille haute et svelte ; ils sont bien laits, bien pro- }) portionnés , lestes , adroits , robustes etd^un fort tem- » pérament. On en rencontre rarement de difformes. » On a vu des sauvages de cent douze et de cent » vingt ans : il n^est pas rare de voir chez eux des » vieillards de cent ans.» Lequel croire de M. le che- valier Grasset-Saint- Sauveur, ci-devant vice •consul en Hongrie, qui a résidé dix ans dans l'Amérique septentrionale, ou de M. Paw, qui n'a* jamais vu ce pays ni aucun de ses habitans? prononcés; leur extérieur annonce ce qu^on doit eu a attendre j leur port est majestueux ^ et leur marche 3> fière et imposante : leur peau blanche estcomme celle 9> des Européens; mais ils la rendent basanée par 3> leur nudité y le grand air, leurs fatigues, les Iric- a> tions d'huiles , de graisses, de sucs d'hei iies et tie » vermillon , dont ils font usage. Ils s^arrachent la }> barbe et toute efflorescence de poils sur toutes les 5> parties du corj-s, comme messôantes, et ne conser- » vent que les cheveux, les cils et les sourcils. » Les femmes sont bien faites, bien proportionnées et fort jolies; elles ont les yeux brillans et superbes, les dents très-blanches et la bouche fort petite; leur gorge est saillante, bien placée et parfaitement arrondie; leur respiration est douce et suave, etc., etc. Les far- deaux énormes qu'elles portent parfois, et l'habitude qu'elles ont de s'asseoir sur leurs talons, leur font perdre à la longue l'4légance des formes, et leur don- nent un air voûté et déhanché, (pag. i5, Tableaux Cosmogiaphiques de P Amérique ; par M. le chevalier Gtasset, etc.) L'habillement de ces diverses nations est, à peu de chose piès, comm» celui des autres Indiens dont j\ii parlé. Celles qui sont voisines des Européens ont adopté plusieurs dr leurs coutumes, de leurs vices, et l'usage pernicieux des liqueurs fortes qui ont porté une altération sensible dans leur caractère. Le caiu' de ces Indiens est encore plein des cruautés exercées envers eux et leurs voisins, par les premiers conque- rans qui sont venus envahir leur pays; ils tonnieiit bES A.MBRICAINS.' a6S coTi.stnmmeiit contre eux tontes les ressources de leur pulitlque} et par une suite de ce principe) ils ne font poitit de quartier à TËuropëen quSls f'olifc prisonnier. Mais depuis qu^ils trafi(iiient avec les Anglais , les Américains et antres peuples ^ ils vendent leurs pri- sonniers 'j ceux qui ue le sont pas deviennent esclaves > n iVxcepliun de quelques-uns i, qui sont condamnés à être brûlés vifs. Ils ccorclient les eunerais tués^ eu conservent les peaux comme un trophée. Leur religion (dit le prof'esseivr Scliaefer), consiste dans de bons et de mauvais génies. Ils s^imaginent que chaque homme qui sait manier Parc y a une (livinilé tutélaire. Ils sacrifient aux mauvais génies , des plantes et des animaux , pour les apaiser et se les rendre plus favorables^ ils sont persuadés de Texistence de t'iiomnie après sa mort ; croient aux songes y et les regardent comme des révélations. Sans avoir de culte public f ils ont des prêtres qui se disent inspirés y et qui Unr servent de médecins. Plusieurs Indiens ont été convertis au christianisme; mais ils sont loin de con- naître l'esprit de cehe religion: ils se contentent de réciter quelques prières et d'observer certaines cérémo- nies. ' Dans les maladies , qui sont très* rares parmi ces peuples, à cause de leur vie active et de leui' sobriété, ils soudrent avec une patience incroyable^ si le méde- cin abandonne le malade, tout le monde le quitte, et il int^urt sans secours; alors il fait préparer le dernier repus, ut prend congé de sa famille et de ses amis. Il y a des peuplades ([ui tuent leius malades ({uand ii:i sont incurables, pour les délivrer de leurs douleurs. Chus d'autres > si une fiemmc lueurt eu couches ^ on pifi4 Ilt>XVRS, rSAGBS XT xsx.iGiofSr enterre Tenfaiit avec elle , parce qu^ils pensent qu^ajant perdu sa nourrice , il ne peut pas yiyre. Ils ont un grand respect pour les morts. Ils décorent • le cadavre de ses plus beaux vêtemens , et le déposent dans son tombeau avec beaucoup de cérémonies. Dans ces occasions y la famille donne un grand festin auquel elle n^assiste pas ; elle se cache au fond de la cabane ^ se coupe les cheveux et se couvre la tête. Les hommes n^osent point pleurer leurs femmes; mais celles-ci por- tent f pendant un an^ le deuil de leurs maris. Si la Yuc d*un Européen ou d^un ennemi qnelcon- que leur inspire la méfiance , et quelquefois la rage ^ il n^eu est pas de même entr^eux ; ils se prêtent mu. tuellement secours, se partagent le boire, le manger^ et risquent leur vie pour leur défense réciproque. Les pères et mères élèvent leurs cnfans à la dure , à la pri- iration ; mais ils ne les frappent jamais. En général y le caractère et les mœurs des Indiens du Canada est un mélange de férocité et de douceur. Xi^hospitalilé est en vénération chez eux ; quiconque oserait violer ce lien sacré, serait puni du dernier supplice. Ils ont Tesprit vif, ingénieux, la répartie prompte, et font leurs discours sans s'y être préparés 5 ÎAScifs sans bornes, ils ne gardent aucune mesure dans le commerce des femmes. La danse et le chant sont les principaux plaisirs de leurs fêtes : il y en a qtii durent quatre jours et (pialre nuits } pendant lequel temps aucun des convives n^ose «e livrer au sommeil j ils aiment aussi passionnément le jeu dVsselets, de paume , dtmt nous avons parlé , ia course , la lutte. Les sauvages du Canada ne sont asservis h aucun» )ri- ^ \: s:: ^ K ^ N: N v. m- snborcHnalioTi cliuihit lin ch« grandes asser sans sortir de Tient à la fani pour Tordinii crime. Ces d'avance pari de-paix). Le grand gnilé, doterw aux chasses ; i fameux par st à la tête des vrai couraae e chefs ne pion que le droit t assemblées , e « Je peii&e qi tliode ) ce qm pour des espi une sorte d'à près, al'eftet Ils ont une toute leur vi lien qii'ili au nonce dans mousse des a les diligent corifiaissent la flus grau» comiriuni<|ue ]>BS AMÉRICAIirS. H6S siiborclinalîoTi civile on militaire ; cliaque famille se clioiMt un chef particulier qui préside en son nom aux grandes assemblées^ le coupable trouve un tribunal suns sortir de la maison paternelle; ses parens le li- ' vient à la famille de ceux qui ont reçu Tinjure y «t qui y pour Tordinaire^ lui font subir la peine due à son crime. Ces sentences domestiques sont confirmées d'avance parle grand chef civil de la nation (ou juge- de-paix). Le grand chef de guerre , qui est la seconde di- gnité, détermine ordinairement tout ce qui a trait aux chasses; il décide de la guerre et de la paix. Déjà fameux par ses exploits militaires, il marche toujours à la tête des guerriers; il leur donne Texemple d^un vrai courage et d'une intrépidité sans bornes. Ces deux chefs ne prononcent jamais en souverains; ils n^ont que le droit de parler les premiers dans les grandes assemblées, et de proposer leur avis de cette manière: « Je pen&e que telle chose est utile. s> Par cette mé- tliode , ce que le commandement aurait de révoltant pour des esprits aussi indépendans, est remplacé par une sorte d'autorité persuasive ^ qui, à peu de chose près, a l'effet d'un ordre absolu. Ils ont une mémoire si fidèle, qu'ils se rappellent toute leur vie un chemin où ils auront passé, un lien qu'il» auront vu, un discoiu'S qu'ils auront pro- noncé dans une de leuis assemblées pnbliqties. La mousse des arbres , le mouvement du soleil, des étoiles^ les dirigent à travers les forêts les plus épaisses. Ils corutaissent .si bien leur pays, qu'ils en îr?!cerit, avec la (lus grande exactitude, la carte sur le sable; ils ne connriuniquent leurs idées par certaines pointures hié- h.îi'te 51 ilû 2^6 MOBVnSy USAdES BT RBLIOIOlT roglyphiqiies : ainsi y lorsrjirils sont en course j ils ild. poiiillent de leur écorce les arbres qui se trouvent sur leur chemin , et peignent sur le tronu cettains signes, pour informer leurs partis dispersés , de la route quMg doivent prendre pour les rejoindre. Lorsque la guerre est déclarée f on choisit nn chef*, f\ est obligé de jeûner pendant plusieurs jours sans proferrr n:ie parole ; puis , il assemble les troupes et I«s biiangue ; après quoi, on le lave y on lui peint le corp^ , on l'habille en guerrier avec les marques i[\joiu'S une nation neutre qui se ciiargc des négociations de paix. Dans ce (;aî , les députés se pR'- sentent aux deux armées , an dansant avec le caùimet, ou la pi[)e de paix , qui e.» t orné de plumes de diverses couleurs. Si Ton s'arrange, on nnturrc la hacho qui a servi de déclaration d« i^iierre. Les députés présenlent aux chefis le ■wampum , ceinture composée de pliihieuis cordons enfilés dans des moules, et ils fument toui à- t,our dans le calumet» DESAMéRICAIWS. 2^7 La course de ralliimutte souiFrée est la manière c)ont les Iroqiioi» sollicitent les faveurs d^une femme. Four cet effet j ils vont avec un morceau de bois souf- fre et allume, trouver leur maîtresse lorsqu'elle est couchée; si elle souffle le tison, Pâmant jette son flambeau et se précipite dans les bras de celle quUl adore ; si elle ne souffle point la lumière , Tlroquois se relire en silence. La cérémonie du mariage se fait ainsi : Les denz futurs se placent debout sur une natte, tenant chacnti je bout d un bâton de 4 pieds db long; un vieillard, placé entre eux deux, leur fait un discours sur les de- voirs qu*ils ont à remplir. Aussitôt qu'il a fini, ils casi»ent le bâton; les parens et les amis dansent, ensuite se régalent, et le nouveau marié emmène sa femnt« chez Ini. Leurs principales chasses sont contre les ours et !e& élans. Lâchasse aux ours dure depuis le mois de novem- bre jusqu'au mois d'avril. Quand un chasseur en a tu4 une certaine quantité, il est mis au nombre des guer- riers renommés, et on fait en son honneur un festin du plus grand ours. Il y a peu de tribus qui aient exacte- ment le même idiome; ils n'ont pour converser et trans- mettre leurs idées, qu'une écriture hiéroglyphique, ([ui est très-difficile à deviner pour celui qui n'en a pas Kl clé. Toutes ces nations occupent un vaste pays; mais elles se trouvent resserrées à mesure que les Âmé« ricaiiis s'étendent. Un jour viendra , sans doute , où «lies achèteront la civilisation au prix de leur liberté. Kitlf^ a68 B.isiSTAVCB OKS sasMisas AuixiCAiv ty / CHAPITRE m. Sur la résistance des premiers américains , Ion de t invasion de leur pays» On attt'ibuQ assez généralement la première décon. verte de TAmérique à Christophe Colomb^ mais comme il est maintenant universellement reçu que le Groenland fait partie de ce vaste continent, on doit alors en faire remonter la découverte à la première visite du Groenland par les Norwégiens. La notice de la mer Baltique nous apprend qu^un prince ou roi norwégien , nommé Eric ^ s^était établi dans le Groëii' land^ vers Tan 900 , et que son troisième fils , nommé TouftaÎTif homme très-courageux y se rendit célèbre par ime navigation hardie en Vineland^ pays qui long- temps après resta encore inhabité ^ et qui, suivaiit Torfeus et Pontopidan^ n^est autre chose que Tent' Ifeuve. Quoi quMl en soit, Colomb ne doit pas être dépouillé de la moindre partie de sa gloire, puisque Befiaim^ le géographe le phis instruit de son temps, dériiuntre qu'on n'avait pas fait de découvertes antérieures sut- la route suivie par ce grand homme. La découverte et la conquête de PÂm rique sont deux événemens extraordinaires , qui ont été le résul- tat de deux causes assez communes , l'ignorance et k surprise. Un simple roseau d'une espèce étrangère jeté sur les eûtes occidentales des Açores^ avait fait cou* dure à Christophe Colomb qu'il devait exister d'autm XiOmS DB L^IMYASION «B LBUR PATI. 269 terres à Toccident. Quoique Colomb se fût trompé des deux ti«rs dans &on calcul, sur la distance entre TEu- rope et TAsie par Touest,, puisqu^il supposait que le continent de la Chine et des Indes orientales s^éteu- dait à travers cet océan, jusqu^à 1660 lieues a/3 du continent d^Europe, et que^ diaprés le calcul de MariU} qui avait placé la Chine i5 heures E. du Portugal ) il avait conclu quUl ne devait pas roiiter plus de neuf heures entre TEurope et la Chine y en faisant voile à l'est» &i cet espace était totalement d*eau y et que c» trajet devait être fort court. Le hasard cependant le fit heureusement rencontrer juste) relutiveuient au conti*. netit de TAuiérique , qui lui abrégea les deux tiers de sa route) et lui sauva la vie et celle de ses équipages. Cependant j la douce fraîcheur de Pair du soir , la pureté éthérée du firmament ^ les émanations balsa- luiques des fleurs que la brise de terre lui apportait , pioluugèreut longtemps son erreur > en lui faisant croire que ce nouvel Eden était la prolongation de là côte d'Asie. IjOrénoque lui parut un des quatre fleuves qui sortaient du paradis terrestre pour arroser etparta* ger cette terre nouvellement décorée de fleurs. C'est ainsi qu^en lôoo , dans son voyage aux Indes- Orientales ^ Cabrai j amiral portugais > découvrit le Bré»il. Cette découverte y faite sans dessein y montre qu'indépendamment de la sagacité de Colomb , TAmé- rique n^aurait pu rester long-temps inconnue. Vingt- six ans s^étaient à peine écoulés depuis le premier voyage de Christophe y qu^on ne soupçonnait pas l'existence des empires du Mexique et uu Pérou. La conquête du premier fut entreprise pur Cortex, en iSi^, et terminée eu 162 1 3 celle du second état fut commencée tl^O K^SISTAirCB nBS PREMIERS AAlirRT<:Atir& , par Fiziirre'^ en i53o, et en dix années il fut divisa entre ceux qui Pavaient acconipagné. CorteK^après avoir ilébai^qné sur le continent d^Ainé' nquC) alla deux tuis à Mexico : la première ^ comme ambassadeur de Charles "V ; la seconde^ comme eiinemi. Après deux combats sanglau&qii^il livra anxTIascalans, il fit la paix avec eux, et parvint A se concilier rainitlé decesr^pnblicainsytoiijoui's en guerre avec Monteznina. Par suite àe celte paix^ ils lui donnèrent mie ebcortc de 6ooohommesy avec lesquels il chercha h se soustraire de la dépendance de JDidasco Velasco , gouverneur de Cube^ dont il avait obtenu le caractère de conducteur et de commandant dans cette entreprise. Il s^empres!>d en consi^quence de faire alliance avecles caciques de Zam. poaalaf ceux de la nation des Totonac/ieSfAe Chiachuit- zla , tous niécontens de Moutezuma , et il en reçut le •ermeiit defidélitc. Pe?! à peu il sut profiler du nombre infini de mécontens qui haïssaient cet empereur. Ce fut avec ce renfort considérable de soldats ainérjo cninS) soutenus de 5oo fantassins européens bien armés, et iScavalierS) qu^ii entra dans les provinces de Munie» zuma, ensuite dans le Témistilian on Ténochtitlaii', lé 8 novembre iSi^. L'empereur le reçut avec les pins grands honneurs, lui fît de ?icheiii présens, le logea avec tout son cortège , et le traita splendidement. La vue de tant de richesses excita la cupidité des Es> pagnols j ils occasionnèrent quelques niécontentemeii. l i, >ii ' »., * lii . 1; . |. ■.41; A^o. IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) /. 1.0 1.1 ■^ 1^ 12.2 •u mté, ■■■ "* — '"2.0 I |!J5|U,,.6 '..'■'' M 6" ► y] 7 Photographie Sciences Corporation 23 WEST MAIN STREET WEBSTER, N.Y. 14580 (716)872-4503 •NJ V \\ ..' ** 4f^. ^^ I ^ ^'1*. <* ^A& ^!^ 4f^ 0^ ? I 27' KisxSTANCE SB» VEBMIBKS A]^£l.ICÀlirS ) bler^ îKse r^sndit maître de Guacacula. Pendant c« temps là , il envoya demander de nouveaux soldats à Saint-Domingue , fit construire i a brigantins et autres bâtimens nécessaires à Pattaque eu forme quMl proje. tait contre Mexico, Le 8 décembre delà même année , il vit) dans la revue qu'il fit de sa troupe, qu^il avait encore 55 o fantassins, 140 cavaliers, 9 pièces de cam> pagne , outre les soldats auxiliaires auxquels s^étaieut Joints aojOoo hommes de Tersaïco, et 40,000 de Calço, Il fait sur-tout Téloge des soldats tlascalans , qui étaieut au nombre de plus de 5o,ooo. Il dit : ce Que les capi- » taines TVo^ca/eca/ avaient de viileu^eux couibattans, » tous propres à la guerre j que leur discipline allait de w pair avec celle des Espagnols. » Toute cette grande armée , qui s^accroissait encore à chaque instant par la réunion des peuples voisins , fut partagée en trois divisions , outre celle que commandait Cortez. Il donna à Pierre d^AIvaredo 3o cavaliers, 18 arbalétriers et fusiliers, 5o fantassins et 25,ooo Tlasca- lans pour attaquer TIaconan , et s^avancer delà sur Té- uochtitlan. 11 chargea Christophe d'Olid d^attaquer du câté de Cujocan à la tête de sa division , qui était cotu* posée de 33 cavaliers, de 18 arbalétriers et fusilieiii, i6q fantassins armés d^épées, de rundaches comme les premiers, et de 25, 000 Indiens; enfin, Gonzalvel Saudoval , exécuteur major, fut mis à la tête de 24 ca* valierSj 4 ^"^^^i^"*^) ^^ arbalétriers et 3o,ooo Indiens I pour se porter du côté à'Iztapalapa. Cuitez avait le reitte de son armée, et plus de 80,000 Indiens , auxquels le seigneur de Tersaïco joignit un de ses généraux A lui tête de 3o,uoo soldats. Ses troupes furent suivies Je ~ao>ooo huaimes^ et^ dit Cortez ^ dV|i nombre iuiiui| LORS SB l.'l«VASIOtl DB LEUR VAtiS. 27S d^antreS) tons impatiens de détruire les ennemis puis- sans des contrées voisines. Cortes, le 3i mai i5»i , attaqua par le lac avec i3 briganlins armés de canons. Un vent considérable t\\n Siirviut , le préserva ^ de son aveu nième ^ d'être vaincu , parce qii^il empêcha la flotte des canots mexicains de tenir ferme. Après bien des efforts il pénétra jusqu'à la chaussée qui était pavéo en briques, rompit Taque* duc qui fournissait Teau à la ville, fit assiéger les ponts par terre et par eau avec ses brigantins , dont Tartilleria jouait sans cesse. Guatiuiozin ^qui avait succédé à l'empereur, frère et successeur de Montézunia, tnort de la petite vérole, dé- ploya autant de génie que d'activité. Les Mexicains , quoique assiégés de ([uatre côtés, dispulèrent le terrain pied à pied, battirent et repou.ssèrent k plusieurs re- prises Cortez et Alvaredo. Enfin, le défaut d'eau, une partie de la ville qui était déj;V écroulée, joints aux ravages que la mort exerçait partout par l'odeur des cadavres «pii reui plissaient les canaux, les rues et les décombres , déterminèrent les restes de cette nation courageuse à se sauver dans les montagnes à la faveur de leurs canots, pour se soustraire au joug des vain- (jiieurs. Ils jetèrent donc dans le lac, et cachèrent dans les tiiuibeaux, les trésors qui leur restaient encore. Au milieu .le celle fuite, Garci Holguin, capitaine d'un bri- gauliu, attaqua par hasard le canot oi\, se trouvait l'em- psreur. Ce prince fut^pris, et la guerre finit à l'instant, h i3 août i53i, api es un siège de 65 jours, entrepris par iiiio armc-e d'environ 2-2v>,ooo hommes. Le butin ne fut |»as aussi cousidérable que les Espagnols Tavaient espéré, parcu que fempereiir avait fait jeter dans le lac Toat. 2. 18 ^^ 274 nisiSTANCE nss phemiers AMÉnicAiifs > la majeure partie des richesses des temples , des palâîs et de la ville. / Lorsqti^on amena Guatimozin devant Cortez, il lui dit : « J'ai rempli les devoirs dUm roi *, j^ai défendu mon 9> peuple jiisqu^à la dernière exlrémiléj il ne me reste M plus qu'à mourir. » Alors mettant la main sur le poignard de PEspagnol qui Tavait conduit : ce Prends V* cette arme ^ ajouta-t-il) enfbnce-Ia dans mon cœurj 3> délivre moi d'uije vie qui est désormais sans utilité, 3> et qui ne pourrait durer sans opprobre. )> Ce trait, digne dti plus beau temps de la Grèce et de Rome^ ne put toucher le cœur du barbare Cortez. Il iussista pour savoir de Tempereur dans quelle partie du lac il avait fait jeter les trésors de Mexico. Giiatimozin lui répondit que ces trésor^ périraient avec lui. Cottez, ne se possé- dant plus j ordonna de le brûler avec son favori. Guati- mozin, grand jusqu^au dernier moment ^ voyant qus son compagnon de souffrance commençait à céder à la violence de la douleur, et semblait lui demander la permission d(> révéler ce qu^il savait, le fixa d'un oeil de dédain qui le fit rougir de sa faiblesse, et lui ait: seul avec sa troupe dans la ville, et de donner un » assaut ;ii laissa sur le pont 400 de ses archers pour » le soutenir en cas qu^il fût repoussé , et s^avança en ' }) combattant avec uiie valeur incroyable; maisqu^étant 3> obligé de céder à une trop forte résistance, il se replia )> sur sa troupe et regagna son camp. » Cette faible ébauche deVattaque de Mexico, que Ton trouve plus détaillée dans le journal de Cortez ; l'aveu de ce conquérant qui dit positivement , ce que la prise ») de cette grande ville réussit moins par le grand nom- )) bre de combattans, p, rmi lesquels il se trouvait }) aussi des sujets de Tempire , que par la hardiesse et » l'intrépidité inébranlable que montrèrent les Indiens }> dans ce siège mémorable , )> prouvent que les Amé- ricains n'étaient pas ces hommes vils , lâches , dégra- dés , rejetés par la nature , comme il a plu à M. Faw de les peindre dans ses prétendues recherches philoso- phiques. Lorsque les deux frères , François et Ferdinand Pizarre, arrivèrent au Pérou , ce pays, au moment de la conquête, s'étendait, du côté de la nier du Sud, de- puis le fleuve des Emeraudes jusqu'au Chili, et du côté de la terre jusqu'au Fopayaii \ comprenant la fameuse chaîne des Cordillières , qui se prolonge depuis les terres magellaniques jusqu'au Mexique. Manco-Capac était 18* ,. . * ^f^S nésiSTAKCB SES PABMIBR8 AmArICAIKS , •u Pérou )- comme Fohi à la Chine , le premier prince qui avait réuni ces peuples en société ^ et leur avait donné de sages lois. Le dernier de ses successeurs fut Atabaliba y selon les Espagnols; mais son vrai nom était Inca Atahualpa , prince iier et qui n^avait plus ce caractère bienfaisant de ses ancêtres. Il était fils d^Huaynan Après quoi il fit alliance avec les nouveaux venus. Sur ces entrefaites , il arriva 800 fantassins espagnols et 200 cavaliers. Pizarre se mit en route, et s'avança sans obstacle. ïl rencontra les arobassadeursdeHnescar qui venaient lui uflrir ramitié de leur maître. Pizarre l'accepta , et parvint à lui faire rendre la liberté. Il n'avait fiiiit encore que peu de chemin , lorsque les am- bassadeurs d'Atahualpa vinrent >\ sa rencontre avec de ■S; A' ri ityS RKSISÏAHCE D£S FABMIBRS AMéniCAIITS ) l'îclies prësens ^ lui offrir Talliance cle leur souverain ^ et Pinviter h se rendre auprès de lui. Fizarre accepta leur invitation y et s^avança sans crainte, ne trouvant de toutes parts que des alliés. On lui laissa pasyr tran- quillemcnt des défilés el des montagnes , où un petit nombre d'homtnes aurait pu arrêter une armée nom- breuse. La bonne foi de Flnca fut telle y qu^il lui laissa prendre possession de ces passages importans. Fizarre , à son arrivée à Gazamalca, s^empara d^une grande place environné^ d^un rempart de terre , éta* blit ses troupes dans ce poste avantageux , et envoya son frère Ferdinand saluer Tlnca^et lui offrir de Taider contre ses adversaires qui étaient en grand nombre. Ce monarque lui fit Taccueil le plus flatteur; il se leva de son trône d^or pour l'embrasser , et deux princesses d'une beauté ravissante lui présentèrent , ainsi qu'à sa suite ) des rafraîchissemens et des liqueurs parfumées. Les Indiens ayant remarqué que les chevaux espa- gnols mâchaient leur frein y ils leur apportèrent de For en abondance, croyant que ces animaux se nourrissaient de métaux. Les Castillans furent éblouis des richesses qui s'offriiient de toutes parts à leurs yeux. L'Inca, après avoir fait apporter } pour^ux et pour Fizarre, des présens aussi rares par leur valeur que par leur travail, chargea Ferdinand de dire à son frère qu'il irait le voir le lendemain. Le rapport que Ferdinand fit des richesses immenses, et de la beauté des vierges du soleil qu'il avait vues, fît concevoir à Fizarre l'horrible projet de se saisir de la personne d'Atahualpa. La nouvelle de l'arrivée de nouveaux renforts d^Espagnols hâta sa détermination. Eu conséquence , il partagea sa cavalerie en trois pelit^ •scàdrons , raires de s jardins de corps , ayai son artillen par lequel 1 L'entrée penses. II él d'or et d'arg d'un diadêij 400 homme sur un trâi sur les épau Plus de 3o,o la plaine pai dans la pla< défendit de gu*i/s étaient uanle, qui re Alors se prés cent de Val\ ne conipreni moine furiei Les chrétiens ' les balles siii pi'jues, les les corps des partie ; les cli répand avec pieud la fuit LORS DB I. INVASION DB LEVH. PATS. 2^^ escadrons y sous le commandetiient des trois plus témé- raires de ses officiers ^ et la plaça derrière le mur des jardins de Tlnca*, il réunit son infanterie en un seul corps y ayant en front un rang de chiens y et fil braquer son artillerie et ses arquebusiers vis*n-vis du chemin par lequel Tlnca devait arrivera Caxamalca. L'entrée de Plnca dans la ville fut des plus pom- penses. Il était porté sur une litière découverte ^ ornée d'or et d'argent , doublée de plumes. Sa tête était ceinte d'un diadème éclatant de pierreries. Il était précédé de ^uo hommes magnifiquement habillés. Assis lui-même sur un trône d'or, enrichi de diamans> il était porté sur les épaules de quatre de ses principaux officiers. Plus de 3o,ooo hommes étaient à sa suite, et couvraient la plaine par laquelle il s'avançait. Lorsque l'iuca fut dans la place , il demanda le capitaine espagnol > et défendit de faire aucun mal à ces étiangtrS) parce qu'ils étaient envoyés de la part de Diew^ caaideur étuni iianle^qui rendit ce prince victime de ces âmes atroces ^ Alors se présenta un moine dominicain , nomme Via^ cent de Valverde. Il commença à prêcher TËvaiigile ces genS) qui n'entendaient rien à ses discours. 11 pré- senta un bréviaire. Atahualpa prit le livre dans lequel il ne comprenait rien, le regarda et le jeta par terre. Le moine furieux , donne aussitôt le signal du massacre. Leschréliens font feu à l'instant avec leurs arquebuses; / les balles tiifflent de toutes parts ; l'artillerie tonne ; les piques , les liallebaides , les épées , se font jour dans les corps des Péruviens ; les dogues en étranglent une partie ; les chevaux en écrasent une autre ; la terreur se répand avec la mort dan^i cette. nation indienne ; elle prend la fuite , abaudonne son prince qui est fait pri- *,fk h' i aSo B^SISTAVCE DES PAEMIERS AMi'.nîCAiVtS , sonnier. C^obl ulrisi que Pizane b'oiivrit le clieiiiin (Y« la. conquête tlii Fûrou. Les Pëiuvieiiii/ leveiiii.s de lt>iir iVciycnr , rattaqutivut avec acliuitieiiient le long t\« sa route. Cuzco Mtiitint un sit^ge vigoureux ; cette ville fut pribe et reprise par les Péruviens. ïliiliu , lu i5 \\o- venibreiSSy^ elle resta un pouvoir des EspagnnU, qui, après maii'ti'S ei>carmouclies ^ plusieurs batailles .saii< glantes et Tarrivéede nouveaux leufortSy t>^eniparèrent cëan et la mer Baltique , aux confins du Hulstein ( Pancieniie Chersoriesecimbriqne )y pour garantir ses états de Tinvasion de Charleniagne ; que le retranche- ment que les empereurs romains^ Adrien et Sévère, firent entre TEcosse et T Angleterre; faibles imitations de la fameuse muraille de la Chine ^ que les Tartares fran* chis&ent quand ils veulent. M, Paw peut-il sans honte traiter de poltronerie la défense vigoureuse et bien concertée que fit h la Ja- maïqi^e le cacique , frère de Canaboa ^ que les Espagnols retenaient prisonnier; celle des Yucatains , des habitans de Pontoncha , des Tlascalans; la défense des Mexi- cains y au milieu d^une ville à moitié démolie ^ qui ne se rendit qu^après un siège de (tS jours, dont presqu^au* cun ne s^était passé sans des combats sanglans ; la fer- meté de Gumtitnozin yXovsc^VL^ on Pamena devant Cortez; la résistance des Péruviens ^ qui, malgré le guet-à-pens de Caxamalca) livrèrent plusieurs batailles avant de laisser enlever Cuzco , quUls prirent à plusieurs re« prises ; les difficultés qu^ils firent éprouver à Fizarre , pour sa rentrée dans le Pérou ; le siège de Puna , qui dura six mois; enfin , la résistance des Chiliens ^ peiida.'it dix ans, celle des Florides^ des Brésiliens y et de quelques autres peuples qui ne sont pas encore soumis ? Pouvait-on $*attendre que ces Indiens, di^isésen- tr^eux, trahis par leurs femmes , eussent pu résister à ces Espagnols ,_ qui passaient alors pour la ineilleur» r LORS DB L^mVilSIOir DB LEUR PATS. ftSS troupe de TEuropa ] qui étaient armés cle fer, cle canons y qui opérèrent sur ces Indiens le môme effet qu^ilsaraient opéré jadis sur les Français à la bataille de Cressy ? De- ▼aiNon présumer que ces Indigènes j entourés de dogues affamés , qui les mordaient de toutes parts , tandis qu'ils étaient occupés à se garantir des coups de leurs enne- niis ) et à se dégager de dessous les pieds de leurs che- vaux fougueux f eussent pu repousser des attaques aussi multipliées? Non , sans doute : aussi leurs efforts furent- ils aussi infructueux que ceux de Mithridate , roi d» Font) que Lucullus vainquit deux fois dans la seconde guerre quUl avait entreprise contre lesRomains, qui lui tuèrent loo^ooo hommes dans la seconde bataille , et n^eurent que cinq Romains de tués ; que les etforts de loojOoo Perses ) que 10,000 Athéniens défirent à Ma- rathon j que ceux de Xercès, à la tête de i,5oo,ooo soldats f sans compter 20^ galères perses et 120 antres auxiliaires , lorsqu^il fut arrêté ati passage des Thermopyles par 3oo Lacédémoniens, sous les ordres Je Léonidas, qui lui tuèrent plus de 20,000 hommes y et dont la flotte, après avoir été battue à Ârminium, fut heureuse de pouvoir regagner la Perse; que toute la tactique de Maidonius , à la tête de 3oo,ooo hommes , qui ne put Pempêcher d^étre défait à Platée par 6000 Athéniens commandés par Fausanias et Aristide ; que les eflurts d^Artaxercès , après la bataille deCunaxa, flans laquelle périt le jeune Cyrus, lorsque 10,000 Grecs, sous Xénophon, cernés par lesPerses vainqueurs, traver- scrent leur pays, ayant à se défendre sans cesse contre toute la puiiisance de la Perse , et qui pénétrèrent enfin de la Babylonie jnsquVux murs de Trébizonde ; que les tentatives de cette grande puissance contre Cimon^ quii ||94 xésiSTAirCB DBS fRBMIBRS AlVliRICAIirS y 1» vainquit même chez elle ; qu'Agésilas^ avec une poignée de soldats fît trembler dans Suze même ; qu^ Alexandre y avec 3o,ooo hommes , peu de vivres^ une caisse militaire de yo taleiis y battit d'abord f sur XtGranique, oi!i il culbuta 100,000 de ses soldats ; ren- dit tributaires plusieurs rois d^Asie ; traiitha le nœud gordien; soumit la Faphlagonie , le Cappadoce ; défit Tarmée innombrable de Darius , près de la ville d'Is- sus j le fit prisonnier avec toute sa famille } entra dans la Syrie, la Palestine ; passa en Egypte, où il bâtit Alexandrie ; s'avança dans la Lybie , prit Tyr ; s'em- para de toute la Perse , de Babylone> d'Ecbatane , par fuite de la bataille d'Arbelles ; entra dans l'Hircanie ; dompta les Partîtes > les Bactriens, jusqu'au Tanaïs } assujétit tous les peuples jusqu'à l'Indus et le Gange, ce qui compose actuellement l'empire du Grand-Mogol, et une étendue de pays , depuis la Macédoine , d'en- viron 400 mille milles (près de i33,ooo lieues un tiers.) Quand on considère toutes ces vastes conquêtes , qu*aucune ville ni forteresse de la Perse , de la Méilie et des autres royaumes conquis par Alexandre , ne lui opposèrent jamais l'ombre de cette valeur avec laquelle les Mexicains, avec des armes inégales , se défendirent contre les armes et les foudres des Européens^ iiicon> nues aux Perses et aux Grecs , dont les armes étaient égales , quel est l'homme , hormis M. Paw^ assez dé- pourvu de sens , assez ignorant dans l'histoire , pour dire que toutes les villes conquises par Alexandre n'é- taient que des cabanes sans population , sans défe;ise , et que les Perses et les Mèdes étaient des peuples d'une nature dégradée^, incultes , barbares, uns, misérables » viU enfin ? I.O&S DB trivrxsioK SB LBVA »AT8. 285 Voilà cepericlant comme cet auteur prés«nte le Meziqn* et les peuples américains que nous venons de voir û courageux , en confondant leurs actions avec ce qu^on a rapporté de quelques hordes qui existent réolieniMit dans le continent de l'Amérique ; comme si à la vue des Hottentots y de quelques peuples de TAsie y et des , Lapons j on devait conclure que tous les peuples de TAisie , de TAftique et de TËurope , sont semblables , sans culture ) sans courage , et dans le même état d'i- gnorance et do barbarie ! Avec une logique semblable on ptut nier tout ce que Tliistoire nous a transmis sur les Grecs y les Romains y les Egyptiens , les Mèdes , qui ont joué) comme d'autres nations } le plus grand rôle sur la surface du globe. Il ne sait pas sans doute que la fureur avide des usurpateurs du Nouveau -Monde) et le caractère paci- ficpie de ses habitans, sont une suite de la loi géné- rale des contraires qui gouvernent le monde y et d'où résultent toutes les harmonies de la nature) dont tous les ouvrages ont les besoins de l'homme pour fin, comme tous les sentimens de l'bumme ont là. Divinité pour principe. C'est l'instinct de la Divinité ( comme l'observe M. Bernardin de Saint-Pierre) qui a rendu l'homme supérieur aux lois de la nature , et qui, diver- sement modifié par les passions ) porte les peuples de la lliissie à se baigner dans les glaces de la Neva au plus fort de l'hiver) ainsi que les peuples du Bengale dans les eaux du Gange ; qui a rendu ) sous les mêmes latitudes, les femmes esclaves aux Philippines) et des- potiques à rîle de Formose j les hommes efléminés aux Moluques et intrépides au Macassar j et qui forme dans ft86 HisiSTAirCB DBS HlBMIB&is AU ^BTCAIKS f les habitans d^une même ville des tyrans y des citoyens et des esclaves. Mais sUl était vrai , comme M. Paw le dit, page 146 du second volume , qu^à l'exception du combat de Caxa- malca , les Indiens par*tout ailleurs ne se présentèrent que par détachemens et par pelotons, qu^on défit en détail , quel mérite ont donc eu ces vieilles bandes es- pagnoles à vaincre , à nombre égal et avec des cuirasses et des armes en fer^ une poignée d^Américains unS| infirmes, inexpérimentés, munis d^armes en bois, n^ayant ni artillerie , ni cavalerie , obligés de se dé- fendre en outre contre des animaux carnassiers, aux- quels la cour d^Bspagne payait deux réaux par mois pour les bons services qu'ils rendaient à la couronne , en dévorant ces malheureux Indiens qui aimaient mieux leur tendre la gorge que de se soumettre à leurs barbares usurpateurs? ♦ A vaincre sans p^rll, on triomphe sans gloire. ( Le Cid , tragédie de Corneille. ) Convaincus dePinutilité de leur résistance contre des êtres qu'ils regardaient comme des centaures entourés d'éclairs , qui lançaient le tonnerre à volonté , et à qui la barbe et les moustaches ajoutaient un nouveau degré de férocité , les Américains abandonnèrent en grande partie leurs champs aux vainqueurs, et se retirèrent dans les montagnes et dans les bois, où^ depuis trois cents ans t ils ne cessent de faire la guerre aux nations européennes qui se sont établies dans leur pays. La conduite féroce qu'ont tenue à leur égard cer* tains de ces peuples soi-disant civilisés^ a été suffisante I \ toas Ab x.^zirTA8ioiff pb lbvb tâLtSi 2B7 |)ôur les rendre à jamais ennemis des arts et des sciences de l'Europe. Les faibles dëtachemens qu^ils emploient aujour- dUiui à combattre les armées européennes ^ triples en nombre ^ prouvent qu^à cette époque ce fut les armes à feu ) la trahison des femmes et la perfidie des Ëspa* gnols ) plus que la bravoure ^ qui avaient vaincu leurs ancêtres f et que la nature y quoi qu^en dise M. Faw ) 71* a pas placé en Amérique que des enfans dont on n*a encore pu faire des hommes. Les Anglais ^ dans la guerre du Canada ^ en ii^56 , firent la triste expérience du contraire dans leur fort Edouard , où ils ne purent résister à Tassaut qu^y don- nèrent les Iroquois , très-inférieurs en nombre à eux ; et malgré la conquête du Canada par les Anglais, ceux-ci n^osent pas tirer un coup de fusil hors de leurs limites ^ dans la crainte d^encourir la vengeance de ces sauvages. Les Anglo-Américains éprouvent journellement qu^il est plus terrible de se défendre contre de pareils enfans , que de combattre contre des hommes j fassent-ils mêm« aussi braves et aussi vigoureux que M. Fayv. Les Français et les Hollandais s^en sont convaincus dans la Louisiane et dans la Guyane. Les Portugais ne sont pas plus tranquilles dans leur Brésil ^ et les Espagnols eux-mêmes ont souvent été vaincus par les Américains du Mexique ^ du Pérou et du Chili ^ qu^ts n'ont pas encore pu subjuger. En i^SoyTupac Amara, ayant été proclamé inca par les Péruviens , il défendit ostensiblement sa dignité pendant deux ans ^ à la fin desquels lui et ses adhérens furent vaincus et mis à mort. - -<■ a88 nisiSTAircB dbs pbbmif.bs AMénicAiirs , Uii« insurrection semblable eut lieu en Grenade ; elle fut apaibée à la suite des négociations ouvertes entre les ageus du gouverueiuent et les insurgé». Un plan de révolution avait été organisé aux Caraccas en ir^py; mais il fut découvert au moment où il allait éclater. Don £spana, un des chefs, fut pendu deux ans après à la Guira j où il avait eu rimpruJurice de retourner. Les Indiens de la ^Nouvelle Espagne sont fréquenmienl en état de révolte; les émeutes les plus considérables ont eu lieu en i5p6 , en 1601 , en i6o(; , •n i6a4 ) eu 16^2 ^ et finalement pendant la révolu- tion française. Ces différons peuples européens y plus sincères que Fauteur des Mémoires sur les Américains ^ déposeront contre la relation du colonel Bou(|uet , qui prétend, suivant lui, que les Indiens occidentaux n'attaquent leurs ennemis que lorsqu'ils sont hors d'état de se défendre ^ et qu'ils ont mis bas les armes. Je me contenterai , pour toute réponse , de lui citer, à cet égard, ce qui arriva dans Pile de Saint-Vincent, à un Français qui voulait montrer à wn Caraïbe noir un contrat d^acquisition passé avec un Caraïbe l'ouge. » Je ne sais poiut , lui réplicpia le Caraïbe noir , ce >> que dit ton papier j mais lis ce qui est écrit sur ma 3> flèche. Tu dois y voir en caractères qui ne mentent }) pas, que si tu ne me donnes pas ce que je te demande, » j'irai ce soir brûler ton habitation. » On ne peut s^empêcher de hausser les épaules , en lisant, page ii3 du second volume de Touvrage de M. Paw, (cque lorsqu'on amena les premiers Américains }> en France, sous la minorité de Charles IX, on ub- M serva très -bien qu^ils ne firent aucun cas de la pei- citer, ent, à noir •ouge. ir , ce ur ma tentent lande, es ) en âge de roiis SB x.*iarTASioir i»b lbuk pays. m ^nne du roi , quUls prirent pour un Indien , parce .^ )) qu^il n'avait pas dé barbe ; pendant qu^ils tren^■' }) blaient devant les cent-suisses ^ pourvus d^énormes }> moustaches ; » parce que Ton voit que la préven- tion nationale ne lui permet pas de laisser ignorer plus long'temps le pays auquel il appartient. Il faut être bien peu sincère ^ pour dire^ comme M. PaW) page 177 du troisième volume , a qui voudrait )) se. mettre en devoir d^aller subjuguer les sauvages ^ }) qui ont à peine des caltanes ^ et qui ne paieraient pas » les fiais qu^il faudrait faire pour les battre ? leur » misère profonde les met k Pabri de la servitude y )) dont leur bravoure nfi saurait les garantir ; d^ailleurs» )) les Européens ont tant de terrein dans ce pays ^ }) que, loin d^en désirer aujourdMiui davantage , ils no » sauraient faire valoir la millième partie de ce qu^ils )) occupent. )> Si cet écrivain avait mieux connu le cœur humain y et sur-tout les dispositions des EiiropécTis et des Anglo^ Américains , il serait convaincu de son erreur, puis- qu'il ne se passe pas une année , qu'on n'achète ou qu'on n'envahisse les terres de ces mêmes Indiens. N'était-ce pas ce même désir, qui poussa Lopez d*A' guirre à faire assassiner par les 700 Espagnols partis (leCuzco , en iâ6b, leur commandant Pet/ro (POrsna^ parce qu'il voulait les empêcher d« commettre sans [raison de nouveaux forfaits sur les Indigènes : aussi Ile ciel ne laissa point leur crime impuni. Arrivés près (lu flâuve des Amazones, ils furent tous massacrés par Iles naturels du pays, qu'ils avaient pillés. Sans doute [il eu l réussi, s'il avait eu avec lui des Paw garnis de Inioustaches. TOM. a. ,^ 19 2^ RESISTA irCB DES ]>]IBNIB&S AMimicÂlIM^ L'auteur des Recherches sur les Américaini peui-U appeler lâcheté la ruse et la surprise qu'ils emploient dans leurs guerres ; le change qu'ils donnent à letirs ennemis y par des marches y des contre-marches et de» manœuvres quelquefois très-savantes ? Ignore-t-il que les Européens se font gloire de surprendre leurs enne- iviis ? Quand on est si supérieur à des marmousets , doit-on craindreleur vengeance? Cependant, ces mémei enfaiis dont on n'a encore pu faire des hommes , ont souvent fait pâlir et reculer d^effroi les troupes anglaises et autres , dans les bois. Que M. Faw soit effrayé de voir un corps qui a perdu sa chevelure et la peau de son crâne y cela est excusable) s'il n'est pas militaire j mais qu'il prétende, page 173 du troisième volume, ce que des soldats Ëu- )) ropéens, accoutumés à voir sur le champ de bataille »> des milliers de corps mutilés de mille manières hor< » ribles, ne se sauvent que par la crainte qu'Us ont de » rencontrer nu corps y que les Indiens auront mutilé M et découpé avec leurs scalpels et leurs couteaux A ba- » lafres, après en avoir enlevé toute la chevelure avec 3> la peau du crâne, » cela n'est pas probable : la vé- ritable raison est que la guerre que l'on fait avec les Américains, est une guerre d'extermination, et que 1« soldat le plus intrépide redoute, avec raison, d'attaquer des hommes qui ne demandent jamais quartier ; qui n'en font point ; qui bravent avec le plus grand calim possible les supplices les plus horribles , la mort la plus douloureuse et la plus longue j qui regardent comntende, lis En- bataille es lior- i ont de mutilé X h ba- ire avec : la vé- avec les ît que le attaquer ier •, je, servirent ces moyens ? h rien autre^ qu*à prouver qu^a- près avoir combattu inutilement un ennemi qu*ils re- gardaient comme invincible y ils tentèrent toute espèce d^expédieiis pour s'en débarrasser j à prouver encore qu'ils se montrèrent plus persévérans que les juifs de THircanie) qui , s'étant révoltés avec beaucoup d'éclat pour délivrer leur messie SabataiZeviy qu'on avait mis aux petites maisons à Constantinople ^ se laissèrent calmer par une trentaine de dragons envoyés par lo gouverneur de cette province pour punir ces fanatiques, qui payèrent 7000 /ornant d'amende j et que les juif» d'Allemagne qui laissèrent enlever et mourir en prison, à Vienne , leur nouveau messie Langalerie ] à prouver finalement que les efforts d'un peuple paisible et na- geant dans l'or ne sauraient pas plus résister à des phalanges couvertes de fer, que le firent jadis les Perses contre une poignée de Macédoniens ; que les 100,000 Russes indisciplinés y conduits par Pierre-ie 'Grand^ czar de Moscovie ^ pour faire le siège de Nerva , que Charles XII força dans leurs retrancliemens avec 9000 Suédois bien disciplinés > qui tuèrent ou firent noyei 3o,ooo d'entr'euX) contraignirent 20,000 autres à de* mander quartier, et le reste à se rendre prisonniers ou à se disperser. Parce que Manlius défendit lui seul lo Capitole contre les Gaulois qui étaient venus la nuit pour le surprendre ; parce que Horatius Codés empêclia lui seul l'armée des Clusiens de passer le pont qui était sur le Tibre ; parce que la famille des JaA/e/w , com- posée de 3oo hommes y défit en plusieurs rencontres les habitaus de la Toscane, qui étaient en guerre contre f is.)e, quV- Is re> îspèce >ncore lifs de réclat ait mis ssèreut par lo LtiqueS) es juif» prison, prouver I et na- er à de» iS Perses 100,000 'Grandy va , que ec 9000 t noyet es à de* niers ou I Capitule pour le ^êcha lui , qui était is j'coni' înconties [re coiitie , LOKS SE L^IKTASION DB LEUR PATS. apS B-ome ; parce que L, Cœditius , ou suivant d^autres , Laberius ou Calpurmius Flamma ^ fit marcher 400 sol- dats romains à travers Parmée Carthaginoise , pour «^emparer d* une hauteur; parce que le chevalier Bayard^ dans le royaume de Naples , soutint seul , sur le petit pont de bois qui se trouvait sur la rivière de Gari^au , le choc de aoo cavaliers Espagnols j parce que le ma- réchal Suchet y auquel il restait à peine 5ooo hommes , défendit le pont du Yar, résista aux attaques pressantes et réitérées de ao,ooo hommes , Péliie de Parmée Au- trichienne , et que Guillaume le conquérant^ bien des siècles avant lui, avait, avec 60,000 Français, conquis dans une seule bataille PAngleterre, que les Romains, les Saxons eï les Danois avaient disciplinée^et qui con- tenait 140 fois plus d^individus que Parmée française; conclurai*je pour cela, comme M. Paw , que les Gau- lois , les Toscans , les Carthaginois y les Espagnols^ les Autrichiens et les Anglais étaient des lâches ? Peut -il regarder comme une faiblesse et une pusil- lanimité cette résolution vraiment héroïque que prirent les malheureux habitans de PAmériqne | sans chef , sans ressources , d^afïamer leurs tyrans aux dépens même de leur vie , de suspendre toute culture , de ravager leurs champs , de détruire les provisions , de se retirer dans les montagnes , où la faim les enleva par milliers (sort que les £s[)agnols auraient éprouvé^ sans les vivres qui leur arrivèrent d^Ëuropey ; de se laisser égorger par ces nouveaux venus, dévorer par leurs chiens , brûler par Pinquisitiou , submerger n là })éclic des perles , écraser sous le poids énorme des far- deaux, enfouir vivans dans les mines; de se pendre, de i.'einpoisomier j de s'iuiiaolec sut* les lomb-'aux Je leiifs ^' 'Û % S94 xésiSTAireB SBS rABMIBAS AMimiCAIIiS) «ouferaiiiS) quMIs ne pouyaient plus défendre; en un mot) d^essuyer des tourmens horribles^ &aiis en être ébran* les y sans laisser échapper un soupir^ ni répandre une larme y plutôt que de se convertir à la religion d^un François de la Yalle>iridi y qui, au lieu de leur annon< cer les maximes d*uu Dieu de paix , leur avait présenté d'une main la Bible soutenue d'un poignard, et éclai* rée de l'autre avec une torche ; de ce moine y qui avait menacé Âtabaliba , leur inca , de mettre ses états à ieu et à sang , s'il n'embrassait pas une doctrine que ni lui, ni ce prince ne comprenaient ; qui l'avait fait bap tiser de vive force , et fait étrangler au poteau où il était déjà attaché pour être brûlé , après avoir fait as* sassiner ses sujets dans la plaine de Cazamalca ; plu* tôt enfin que de vivre avec des monstres , qui ne niar* chaient que sur les cadavres de leurs pères, qui s'étaient fait des cœurs de tigres, et dont les mains avides Aé- gouttaient du sang de leurs compatriotes^ de celui de leurs parens, de leurs frères, de leurs enfans et de leurs feniuies. j^uri sacra fumes , quid non morlalia peelora cogis ? { Enéide de\ïtiQiLZ.) La soumission passive d'une partie des Indigènes à la volonté arbitraire des Ëspagno's est une suite natu* relie des procédés outrés que ces Européens ont employés pour détruire les armées américaines ] de la surprise et de la terreur qne leur avaient occasionnées des hommes qu'ils croyaient surnaturels et chargés de la vengeance céleste ; qui ne se faisaient pas scrupule d'arracher du sein des Indiennes des enfans à la mamelle , et de les jeter à leurs dogues pour les rcpa?tre ; elle est le résultat des cruautés «jui ont accompogné rasservissemeut e X.0K8 DB L^mVASlOM SB LEUR VÀTS. dpS la dissolution des empires du Mexique et du Pérou ; des travaux insupportables que les conquëran!? ont exi- gés de leurs nouveaux sujets, qui dans ce moment four- nissent 4O)OO0 hommes ^iiuueilement pour les mines de chacun des deux empires j de Tiutroduction de la pe> tite vérole et d^autres maladies inconnues en Amérique a\'ant l'arrivée des Européens , qui ont tellement ré- duit la population ^ que , peu d'années après leur con- quête, ce qu'on racontait do leur ancien état paraissait absolument incroyable. Non-seulement ils se ressen- tent encore de cette dépopulation , mais l'oppression et l'esclavage ont entièrement changé le caractère de ces deux nations. Les Mexicains, excaptéceux qui ont cher- ché un refuge dans des endroits inaccessibles où ils onl conservé une partie de leur religion et de leurs mœurs ^ vivent parmi les Espagnols , exercent l'agriculture et tous les arts de l'Europe, sont chrétiens, mais détestent encore au fond de l'âme une nation qui a ravi la li- berté à leurs ancêtres et les a traités avec tant de bar- barie. Quant aux Péruviens, ils étaient autrefois (à\t le pro- fesseur Shaeffer) le peuple le plus civilisé, le plus cultivé de l'Amérique. Ils aimaient les arts et possédaient les ver- tus sociales j aujourd'hui ils sont ignorans, grossiers y sauvages ; pusillanimes et paresseux. S'ils montrent (Quelquefois de la sagacité et une méchanceté réfléchie , ce n'est que lorsqu'il s'agit détromper leurs oppresseurs.. Tout ce qui intéresse vivement les Européens, lionneiirs^ richesses , bien-être ^ leur est entièrement indifl'érent.. La nourriture la plus simple leur suffit. Leur plus- grand plaisir est de boire du vin ou des liqueurs fortes ;r mais il n'y a que les pères de [famille t^ui osent se W ap^ nisiSTAWCE Dfs prbmisks AMiaiCAiys | permettra. Ils sont tous catholiques» mais en même temps extrâmemeiit superstitieux. lis sout forcés d^aU 1er à la messe certains jours do la semaine \ on les pu. nit s^ils y manquent. Le gouTernemont et les moines sont les deux tyrans de ces malheureux. Quand ces derniers vont faire la quâto^ ils entrent dans les caba* nés sans U permission du maître , et prennent ce qui leur convient. Ils sont obligés de travailler sans rece- voir de salaire, et de fournir au gouvernement certains objets, comme les mulets , qui servent à Puxploitation des mines. Les nègres mémo traitent les Péruviens avec mépris ; ceux-ci sont obligés d^cndurer ce dernier affront. (Voyez Cosmographie). Quelle foule de réflexions ne fait pas naître rlnstoiro de cette malheureuse partie du monde ! No craignons pas de le dire , les nations civilisées sont plus barbares encore que celles que nous appelons sauvages. La phU losophie vers la fin du 18". siècle fit entendre sa voix en Europe , renversa le trône de la superstition et îleva le sien sur ses débris. Les motsdUiunianité et de liberté «taient dans tontes les bouches j la liberté des opinions sur-tout fut solennellement proclamée. Pouvait-on craindre encore que rinfolérauce fit répandre lesaug ?... Malheureusement les excès les plus contraires se res- semblent dans leurs effets. Au 16*. siècle les Européen!!, au nom de la religion égorgeaient leurs semblables ' dans le Nouveau-Monde \ au 18". siècle , ils se massa- crèiient dans l'Ancien-Monde au nom de la philoso- phie. Puisque l'erreursemble devoir être la partage des hommes, tant qti^ils donneront dans les excès , préser- vons-nous donc de rcxagération des principes^ quels qu'ils soient 5 et que l'intolérance philosophique , tout >H'^ LOaS DB L^NTASIUN HE J nUA FATS. I97 aussi bien que lUntolérance religieuse , soient à jamais regardées comme le fléau de la société. La soMtfiission passive des Américains au joug de leuiM oppresseurs se conçoit d^autant plus facilement , que nous en avions une preuve frappante dans les colonies y où des milliers de nègres , avant la révolution française , tremblaient à la vue d^un blanc ^ et ) sur son ordre ) se seraient préci- pitésy avec ^empressement d^un troupeau de moutons^ dans le précipice le plus affreux. M. Paw niera-t-il que les Africains soient un peuple fort ) robuste ^ guerrier et entreprenant? Onu^a jamais pu y avec les armes à feu , exécuter la conquête de Tin- téricur de l'Afrique, quoique les Européens Paient tentéis tant de fuis et avec tant d^acliarnement. Hé bien ! ce iiiâme peu pie y secondé) il est vrai, par un soleil brûlant, t|ue les sables qui composent son territoire rendent en- core plus ardent , qui a pu déjouer dans son pays tous les efforts des Européens , a cependant eu la lâcheté de se vendre , et depuis trois cents ans il est dans les Antilles sous Tesclavage d'une poignée de créoles blancs! Ces Américains , si mous, si faibles, si pusillanimes et si lâches, ne se sont jamais vendus *, ils vivent libres dans les fbréts , à Texceptiun de ceux qui, séduits par les promesses do bonheur qu^on leur annonçait au nom do ^Evangile , ont consenti à partager les travaux de ceux qui les ont trompés. M.Faw,sur Pautorité de l^espagnol Zarate, prétend, page lyi du' 3' volume, u Que les Américains étaienj: » si peu résolus à recevoir les Espagnols, que la plu- }) part des officiers de Tarniée de l'empereur du Pérou » assurèrent qu^ils feraient les Espagnols prisonniers i4! S98 . késiSTAnCB DES f HfiUXBaS AM]&HICAIirS ) 9» de guerre , et que y s'ils ne voulaient pas se rendre , on » les exterminerait. » Comment Tauteur des Recherches sur les Américains n Vt-il pas eu le bon sens de consulter tous les Mémoires sur la découverte et la conquête de l'Amérique? Son génie pénétrant eût alors découvert que ces prétendus propos avaient été fabriqués pour donner plus de relief aux exploits des conquérans. Au reste , pour faire sentir la fausseté de cet Espagnol , je vais donner lui extrait de chaque découverte ou conquête dans le Nouveau* Monde. Si nous suivons Colomb dans ses découvertes y nous ▼oyons lui et ses gens accueillis avec bonté dans Pîie de Guanahani , qu'il nomma San- Salvador , parce que ]a découverte de cette île le préserva des excès de son équipage. Ces peuples lui apportaient toutes les pro< ductions de leur i\e) ils prenaient les Espagnols sur leurs épaules , pour les aider à descendre à terre; s'iU s'enfonçaient dans l'intérieur du pays , ils étaient fêtés et reconduits , chargés de présens y à leurs bâtimens. A Cuba et à Hispaniola^ que les Indiens appelaient Haïti, et qu'on a depuis nommée Saint-Domingue , les Espagnols furent reçus avec afTabilité. Les Indigènes qui portaient des ornemens en or en donnèrent à leurs nouveaux hôtes; ils échangèrent contre des grains de verre et des grelots ce métal précieux , auquel ils met- taient peu de prix. Les vivres leur furent prodigués. Ils furent traités avec la même bonté h la Jamaïque: ils furent nourris par les naturels , sur les côtes des» quels leurs bAtimens étaient échoués ^ sans l'espoir de pouvoir les relever et s'en rctonrner en Europe.. En retour, les Espagnols voulurent les forcer, apris dix mois f à leur en donner davantage. Ils cessèrent d« leur en apporter pendant quelques jours , puis ils leur eu fournirent de nouveau. Balboa, gouverneur de la petite colonie de SantC" Maria, au Darien, ayant appiis d^un jeune cacique de ce pays , quUl y avait une contrée où tous les usten- iiles étaient d*or, et qui était à six journées de marche , il fit ses dispositions pour s*y rendre. Sur ces entre- faites , il lui arriva de Saint-Domingue un renfort de 190 vétérans robustes, acclimatés au climat deTAmé- rique. Balboa se mit en route le 1" septembre i5i3, suivi de 1000 Indiens qui portaient ses provisions, et d'un certain nombre de ces chiens féroces. Après avoir passé vingt-sept jours pour traverser Pisthme , il arriva •ur le bord de TOcéan , où Balboa s'avança jusquVu milieu des eaux de la mer avec son bouclier et son épée, et prit possession de cet Océan au nom du roi d'Espa- gne. Les Indiens ayant appris que ces étrangers cher* cliaientde l'or, ils lui en apportèrent. Quelques caciques ajoutèrent à ces dons précieux une quantité considé- rable de perles. Balboa , dont la soif augmentait avec la richesse , força à main armée plusieurs petits princes voisins à lui donner de Por. Les Indiens des câtes de la mer du Sud lui assurèrent qu'il y avait , à une dis- tance assez considérable vers Test , un riche et puissant royaume , dont les habitans avaient des animaux ap- privoisés pour porter leurs fardeaux; et ils tracèrent sur le sable la figure des Lamas du Pérou. La jalousie de hès chefs Pempêcha d'y aller. Htrinande/. de ''^ordova étant débarqué avec ses troupes, le \S février i5i7, sur la pointe orientale de ' !'** 300 aisiSTAKcC DBS niBHIB&S AWkMCAlVif cette péninsule , quW appelle Yucatan, les AméricaiiiSj qui étaient vêtus d^étoffes de coton à la manière cLm nations civilisées y vinrent les recevoir^ et les invitèrent à aller voir leurs habitations y où ils furent reçus avec de grands témoignages d^amitié. ^indiscrétion des Es- pagnols ayant occasionné une rixe , Cordova s^éloigna de cette côte, et se rendit à Garapêche, où il fut reçu avec beaucoup d'hospitalité. Les Indigènes lui firent des présens en or. Les Espagnols ayant remarqué quo cet or était artistement travaillé , ils eurent recours à U force pour s^en procurer d^autre. Les Indiens ^ indignés d^un pareil procédé , les attaquèrent vigoureusement , leur tuèrent 47 hommes ^ et les forcèrent de s^en retour- ner à Cuba. Velasquez , après avoir équipé deux bâtimens ^ fit voile pour les Florides. Les habitans , qui n^avaient pas encore vu de navires ) se présentèrent en foule au bord de la mer : les plus hardis d^entre eux entrèrent dans leurs yaisseaux y engagèrent les Espagnols à venir visi- ter leurs cabanes ) et leur offrirent tout ce quUls avaient de rare dans leur pays. Velasquez accepta leurs offres; , et, pour inspirer plus de confiance aux naturels , il les invita tous à venir le lendemain se régaler à son bord. Ils y arrivèrent en plus grand nombre que le jour précédent. On leur servit beaucoup à manger y nt sur- - tout force rasades y qui les enivrèrent bientôt. Quand les Floridiens eurent perdu la raison y la force et la connaissance y les Espagnols les enchaînèrent tous , les descendirent à fond de cale y et avant de lever l'ancre, ils déchargèrent leurs canons sur les femmes et let cnfans y qui attendaient sur le rivage le retour de leurs pcres et de leurs époux que les Espagnols }ctèicut Us-- èrent avec esEs- oigna t reçu firent ué que irs à la idignés Bment , Ljretour* enS) £t Lient pas au bord mt dans înii' \isi« } avaient s offres*, els , il les on bord. le le joiit y et sur- . Quand rce et la tous , les ir l'ancre, ics et le» |ir de leiin Is jclèreull X.O&S SB L*XMTASlOir SB LEVX PATS. 3ot Jans les mines^ et condamnèrent à la plus dur« ser- vitude. Le cruel Velasquez étant retourné dans la Floride , les Sauvages le reconnurent ^ se jetèrent sur sa troupe ^ dont ils massacrèrent aoo soldats et dispersèrent le reste. Le ciel dans sa justice permit que la mer engloutît uns partie de sou escadre , et que Velasquez ne revint dans sa patrie que pour y vivre pauvre y détesté de ses con- citoyens ) dévoré de remords , et mourir dans la plus af- freuse misère. Quand Ferdinand Soto débarqua dans la Floride y le chef des Floridiens lui envoya en ambassade un Es- pagnol prisonnier y chargé d^ offres de paix, et accom- pagné des premiers de la ville. Bientôt après , la souve- raine de ce pays y suivie de six femmes , vint trouver Soto y lui £t présent d^un collier de perles, mita sa dis- position un magasin de farine de maïs , fit transporter son armée dans la capitale de ses Etats, et lui donna plusieurs naturels pour lui servir de guides. Le désir de se rendre maître d^un aussi beau pays s^empara de Soto : il ne mit plus de bornes à son ambition. Soto avait dans son armée un lévrier de la grande espèce ^ nommé Brutus : ce mâtin , après avoir fait de terribles ravages, fut enfin tué à coups de flèches parles In- diens, et Soto mourut sans avoir trouvé les trésors qu'il cherchait. > Grijalva, jeune homme d'un grand mérite, partit, le 18 avril i5i8, à la tête d'une seconde expédition , pour venger Hernandez de Cordova. Les Espagnols en arrivant attaquèrent subitement les Indiens. Ils les vainquirent; mais la résistance vigoureuse qu'ils éprou- vktiut, les convainquit que les habitans de ce pays mm 3oi AistSTAKCE BBS PRBMIBIlS Aaté&ICÀtïrS , 3ie serai^it pas faciles à soumettre. Les Espagnols s^étaiit rembarquas , ils longèrent les cdtes, et furent si frappés de la fertilité des terres et de la beauté des villea et des villages ^ où il avait remarqué des tours et dei clochers ^ que Grijalra prit possession d^avance d'une région qui était loin d^étre en son pouvoir ^ et TappéU Xfoùvelle- Espagne f nom qu^elle a conservé depuis. Les Espagnols mirent à terre près d^une rivière ap* pelée par les naturels Tabasco, et de là se rendirent dans la province de Guaxaca, où ils furent reçus avec les marques du plus grand respect. On btûlait de Pen» cens devant eux. Les Indiens échangèrent des bijoux dW d^nie grande valeur pour quelques bagatelles. Us apprirent aux Espagnols qu'ils étaient les sujets d*ua monarque puissant, appelé Montézuma, GrijalvA sVlant rendu à Cuba , fit un récit si pom- peux de ce qu'il avait vu f que G>rtez mit à la voile ds Sant-Yago de Cuba, le 3o novembre i5i8. Après avoir reconnu Tîle de Cozumel et la rivière de Tabasco , il débarqua à Clialcliiahcuocan , qu'il nomma Saint-Jean ttUUoaf où il reçut des députés , qui lui ollnrent , de la part du gouverneur, tous les secours dont il aurait besoin. Cortez ayant fait solliciter la permission de.se rendreaupr^sdePempereur Montézuma,ce prince, pour adoucir le refus qu'il fit de le recevoir, eut l'imprudence de lui envoyer, avec l'ordre de quitter ses Etats, une quantité prodigieuse d'or et de pierr«;ries. Ces trésors délerminèreirt Cortez à fonder une ville , qu'il nomma Vera-Cruz. Il se mil ensuite en route pour aller attaquer Temperenr > dont les ennemis étaient considéra blés. Peu de jours avant son départ, il reçut dans son camp les envoyés d^iu cacique mécontent , qui vint lu) rOKS SB L^IHTASION SE LEUR PATS. âo3 offrir son alliance y et Ini demander sa protection contra Montézuma. A Paide de cet allié | il gagna plusieurs autres caciques j qui lui fournirent 5ooo Indiens y avec lesquels il marcha sur Tlascala. Après quelc^ues corn- batS) les Tiascalans^ informés que ces étrangers ne ve- naient que pour faire la guerre à Tennemi commun ^ firent la paix f et lui fournirent 6000 soldats y avec let,* quels il se rendit à Cholula y où il fut très-bien accueilli. Il se rendit ensuite devant Mexico pour «n faire le siège avec Tarmée formidable dont nous avons parlé. Fizarre partit de TEstramadure en i53o; il débarqua à TumbeZ) où les Indigènes Taccueillirent avec bonté, tout le long de sa route ^usqu^à Caxamalca, il reçut (les offres d^amilié de divers caciques. Les deux com- iiétiteurs au trône ^ Huescar et Atahualpa, envoyèrent (les ambassadeurs lui demander son alliance. Nous avons vu de quelle manière il paya tant de confiance et tant d^hospitalité. Plus de 4000 Péruviens furent vic- times de la crédulité de leur empereur , qui croyait^ comme son peuple , n^avoir rien à craindre d'im chré- tien, encore moins d^un prêtre , qui lui annonçait la jiaixetle bonheur, dans le moment qu^au nom de c« Dieu de paix il méditait sa mort. On trouve encore dans iVucien état militaire de ce temps , que le doge> I Eerccillo gagnait deux réaux par mois pour des services I rendus à la couronne. CVsl cependant cette affaire, honteuse et criminelle , UjtieM. Paw appelle complaisamment la célèbre bataille \de Caxamalca , qui fut Ifi bataille d'Arbelles pour Tem- l]>iio du Pérou. L'on peut |uger, d'après ces tlivers rap- j'orts, puisés dans les historiens contemporains espa- gnols, le cas que Ton doit faire de l'écrit de ce Zarate, 3o4 ' tii.SlSTÀ.VCl^ SES PREMIERS AuéRICÀIlTS f intitulé r Histoire de la conquête du Pérou, et sur^tont de Fouvrage de M, Paw , qui dit , p. y i du \" volume , que les Fizarres n^avaient que 70 fantassins et 3o ca> Valîers ^ avec lesquels ils égorgèrent les troupes innom- brables de Tlnca ; que les fuyards firent tant d^effurts pour se sauver ^ qu^ils renversèrent à plat une immense muraille qui s^opposait à leur déroute , et qu^il leur en eât coûté bien moins pour culbuter Tennemi. Quand on réfléchit sur les maux que les Espagnols avaient faits aux Américains , et dont les plaies étaient encore saignantes lors de Tarrivéo des Quakers en Fen- sylvanie, doit-on âtre étonné que les Indigènes aient préféré céder à Guillaume Penn des terres qu^ils ne pouvaient plus espérer de cultiver paisiblement , plutôt que de s^exposer à les voir envahir par de nouveaux Européens , qui .eussent été , peut-être , plus cruels et plus féroces que les premiers usurpateurs de F Amérique. Ceï auteur^ cependant) blâme cette conduite^ toute sage quMle est. QuoiquMl en puisse dire , ils tiennent , plus quUl ne le pense , à leur pays ^ et on ne les verra point le quitter pour en aller établir un autre, fût-il meilleur. L^attachement des Américains pour leur terre natale, pour leur liberté et leurs coutumes, est si grand, que les jouissances de la France n^ontpu décider des Esqui- maux, des Canadieiis, ni des Hurons à s'y fixer. Ils n'avaient qu'un désir, celui de retourner dans leur patrie. Les Anglais avaient amené un Esquimaux en Angle- teire : il commençait déjà à s'accouluiior à leur? usages, lorsque le hasard lui ayant fait voir de l'huile de baleine, il demanda h en boire. On lui en donna: l'avala avec délices , et pria avec instance de le ramener 1 tout ime oca- Qom- ifforts nense mr en agnols étaient sn Peu- es aient u'ils ne ; , plulôt ouveaux cruels et nérique. >ute sage nt , plus Irra point iieilleuT. e natale, tid, que les Esqui- js'y fixer. Idans leur en Angle* kf à leur? Je Vbui'w I Jonna ; il rameiicf I.OKS SE L^INVASION DB LEUR FATS.' 3o5 dans sa patiic) où il pourrait se délecter à son aise d'une boisson aussi délicate. Depuis ce moment il ne cessa de solliciter son retour, et toujours les lalmes aux yeux. On amena ) dans le 17* siècle, quelques Groënlandais à la cour de Copenhague : on les y combla de bienfaits. Toutes ces attentions furent inutiles ; en peu de temps ils y moururent de chagrin. Plusieurs d^entre eux se noyèrent en voulant retourner en chaloupe dans leur pays* Les autres avaient vu de sang-froid toutes les magnificences de la cour de Danemarck. Il y en avait un qui pleurait toutes les (bis qu^il apercevait une femme portant un enfant dans ses bras. On conjectura que cet infortuné était père; mais ou ne s^empressa point de le rendre à sa famille. Eu 1769 ) on amena à cette même cour un homme etnne fenipie dii Groenland. Ils témoignèrent tant de chagrin qu'on fut obligé de les renvoyer. Cet amour est si fort chez L's peuples de l'Amérique, qu'on n'a jamais pu déterminer les sauvages qui viennent en mission à Philadelphie, à renoncer à leurs déserts , pour se fixer dans cette capitale des Etats-Unis. Le jeune Corn Planteur, âgé de vingt-quatre ans, fils tle ce fameux Corn-Planleur, chef suprême des nations sauvages coalisées contre les Etats-Unis, que le Con- fites avait fait élever à ses frais dès sa plus tendre en- [iance, dont il payait toutes les dépenses, toutes les [fantaisies, PMna mieux, en 179^5 renoncer à tous les plaisirs et au luxe de Philadelphie, poiir retourner xlans les bois avec les Sauvages qui étaient venus en députa- lion dans celte ville. M. Puw accuse le climat du Nouveau -Monde de I il XUJI. 2. 20 3o6 HisZSTAircB BBS »BBBiXBE8 ▲MAxiCATirt > dégrader les naturels et mâme PEuropéen qui se fixe dans ce pays ] que nV-t-il été témoin de ce quWt fait les États-Unis dans leur querelle avec TAngleterre; il eût changé d^opinion. Ils ont su } avec des forces inférieures y battre les Anglais sur mer, capturer leurs frégates , les expulser de leur pays , et se dé^ar> rasser des fabriques de Manchester et de Birmingham. Les femmes ont préféré les étoffes grossières fabriquées par des mains novices^ aux élégans tissus des manu- factures anglaises. Le thé était devenu pour ces peu- ples un yéritable besoin ; hé bien y ils ont mieux aimé le jeter à la mer, que de le recevoir d^une main enne- mie. Pour ne pas laisser les Anglais jouir de U ville de New -■ York , ils ont mis eux-mêmes Iç feu à leurs maisons ; les femmes couraient avec des torches allumées porter la flamme dans les magasins , dans les chantiers publics ; elles s'applaudissaient de leurs funestes eflèts : on les entendait crier : ce J*ai vu brû- » 1er nos maisons y les tyrans ne les auront pas! » Uni dMles fut désarmée par un officier anglais j an moment où elle allait se poignarder pour se soustraire à la loi du vainqueur. La belle et jeune Cadvfelly maigrelet instances de son mari pour l'engager à se soustraira au danger, attendit au contraire les Anglais , entourée j de ses fils en bas âge, et ayant près d'elle une jeuni fille qui tenait dans ses bras son dernier né. Les sol- dats se présentent , Gadwell s'oppose à leur entrée daui sa maison. Les soldats, fatigués de tant de résistance, font feu; une balle perce le sein de cette héroïne, sou | sang rejaillit sur ses enfans ; elle expire en leur repro- chant leur lâcheté barbare. Les femmes de la Caroline ^ plutôt que de se rendrtjL tôAs Ab l*i«ta8xov ob lbub fÂts. 3o7 â^après les invitations des Anglais, aux assemblées et AUX fêtes qu^ils donnaient y couraient à bord des vais* seaux qui renfermaient des prisonniers américains y descendaient dans les cachots y parcouraient les pri« sons en disant à leurs époux, à leurs filS) à leurs fi-èreS) à leurs amis : te Américains , pour qui la fureur » des tyrans n'est rien et la patrie est tout} saches )) préférer la prison à Tinfamie y la mort à la servitude l )) L^Âmérique a les yeUx fixés sur ses défenseurs » chéris y martyrs d^une cause agréable h Dieu et }) sacrée pour les hommes^ vous recueillerez le fruit da )) vos maux... la liberté !... l'objet de tous nos vœux. » Celles qui étaient nées dans Populence aimèrent mieux abandonner leur terre natale ^ aller dans un» autre province occupée par les Américains , mendiée du pain pour elles et leurs enfans y plutôt que de so montrer aux fêtes ^ aux bals que donnèrent les vain-, queurs. Les dames de Philadelphie formèrent une associa- tion à laquelle présidait madame Washington ; elles vendirent leurs bijoux ,. firent de grands sacrifices en argent^ et les répandirent dans les maisons des mal* heureux. Les citoyens aisés imitèrent avec empresse- ment un si bel exemple} ils remirent de fortes sommes à ces dames y qui les versèrent dans le trésor public pour récompenser les soldats.  Baltimore, les négocians fournirent au marquis de la Fayette l'argent nécessaire pour habiller ses troupes. Le soir de son arrivée , on donna un bal au- quel assista ce jeune commandant; il eut à peine fait connaître aux dames les besoins de sa troupe y qu'elles se chargèrotnt à l'instant de fournir la toile nécessaire ^ I 3o8 ASSISTANCE DBS PMKMIBKS AMéaiCATWS) et de faire elles-niémeslescliemises pour rapprovision< neineiit rie Thûpital. Depuis que M. Paw a fait imprimer ses diatribes cùittre le nouvel héiuisphère^ TÂmérique Méridiuimle a imité Tcxemple de la partie du nord de ce pays. Cette conduite des habitans du nord et du sud n^aii. nonce pas que Vair de ces contréeji,en fait dégénérer les liabitans. ' L^Ëurope a admiré le courage avec lequel les niar< tyrs de la foi ont supporté les souffrances qu^on leur faisait eudurer; peuvent-ils entrer en parallèle avec la fermeté inébranlable dq l'empereur GuatimoMu, à rester tranquillement étendu sur des cliarbons ai nissibles et contre nature. On ne cite qu*un seul chevalier romain ^ nommé Cur- fiusj qui) pour rendre l'empire éternel , se précipita llans un gouffre qu^un tremblement de terre avait fait dans la place . publique de Rome. L^Amérique supé. rieurO| jusque dans les plus petits détails, offre un peuple entier. Les naturels de la Grenade ont prouvé quUls possédaient tous un dévouement aussi noble, puisque | pour ne pas survivre à Passervissement d» leur pays par les Français , ils aimèrent mieux , en a65i , se précipiter tout vivans du sommet d'une roche escarpée dans la mer, plutât que de vivre avec leurs usurpateur. Les Français ont nommé ce roc le Mont des sauteurs , nom qu^il conserve encore. Philippe, dans une occasion à-peu-près semblable, ayant trouvé, après la bataille de Chéronée^ le bataillon de héros thébains, appelé la bande sacrée^ couchés tous sur la même ligne , Testomac percé de plusieurs coups de piques^ et le visage tourné vers Tennemi, ne put «^empêcher de verser quelques larmes sur leur sort. Le climat de l'Amérique , loin de faire dégénérer les naturels et ceux qui s*y établissent , donne au contraire un nouvel essor à leur imagination. Four prouver à M. Paw à quel point est portée l'ar* deur militaire chez les Américains, qu'il parcoure l'his* toire de leurs faits d'armes avec l' Angleterre*, et il verra qu'ils se sont mesurés contre eux avec succès sur mer, quoiqu'inférieurs en force j que, dans la guerre de leur indépendance, la compagnie des Vieillards , composa» de iio Allemands établis depuis nombre d'années dans 1X>SS BB riirTAtXOll BB LBVB f ATS. 3ll le Nouteftu-Monde | et qui aTaient servi leur patrie dans d'autres royaumes de TEurope , était commandée par un capitaine centenaire qui avait 40 ^^* ^* service | et s'était trouvé dans 1 / batailles » et dont le tambour était un vieillard de 84 ans. Au lieu de cocarde, ils portaient un crâpe noir , pour témoigner leur douleur de ce que, dans un Age si avancé , il leur était impossi- ble de défendre comme ils le désiraient j un pays qui leur avait donné un asile contre Toppression : ce Cessez 3) de vous opposer à ma résolution > disait un vieillard }) de 84 ans! je veux me placer devant un plus jeune » que moi ; je lui sauverai la vie en recevant le coup » dont il pourrait être atteint , et qui ravirait à ma y) patrie un défenseur plus vigoureux. » Une Américaine y dans une des expéditions qui commencèrent la guerre , se trouvait à bord d^un bateau plat , lorsqu^un boulet emporta la tête d%m sol- dat qui était à ses côtés. Le sang jaillît sur elle , et couvrit le visage de l'enfant qu^elle tenait dans ses bras. La nouvelle lacédémonienne , dans un excèa d^héroïsme) élevant son enfant le plus haut qu^il liit possible ) s^écria : «c Te voilà dignement initié au ser- » vice de ton pays , c^est ton engagement que tu viens » de signer ; puis , se tournant vers son mari y elle lui 3) dit avec vivacité : Mets le feu au canon y venge la » mort de ton camarade. » Deux jeunes soldats américains > après avoir déserté de l'armée j s'en retournèrent à la maison paternelle : leur père , indigné de cette action ^ les chargea de ièrs et les conduisit au général. Celui-ci ayant été assez généreux pour leur faire grâce , le père parut si étonné <]l^mft telle indulgence , qnUl s'approcha du général ^ et .^i mîimi 3l2 B^SISTANCE DES PREMIERS AMERICAINS y ]ui dit les larmes aux yeux : ce C'est plus cj^ue je nUivais osé espérev;. 5> ' Plus modeste que le roi de Syracuse, qui se fit maître d^école à Corinthe^ et le roi de Macédoine ^ greiHer à Home , Atahuaîpa et Montézuma écoutèrent avec em> pressement les vérités que les Espagnols avaient voulu leur apprendre; ils aimèrent mieux céder au sort^ que d^imiter le malheureux Tarquin ^ qui ne savait que devenir s'il no régnait pas , ou ce Venone^ fils de Pliroa- icy roi des Parthes, qui errait de cour en cour , cher- chant par- tout des secours y et trouvant par^tout des afïroiits, faute de savoir triompher de la fortune. C'est en vain que M. Paw épuise son esprit pour flétrir un peuple malheureux, digne d'un meilleur^ sort: les Guatimozin et nombre d^autres héros américains ont prouvé qu'il n'y avait pas de malheurs insunnou» tables j ils ont triomphé du feu , comme Mucius Scévola-^ du supplice de la croix , comme Réguliis} du poison, comme Socrate} du saciificedeleurs personnes, comme les deux Décins} de l'exil, comme Rutiiius'y de la mort volontaire , comme Caton. Il ignore ou cherche à se cacher, que l'aipour et l'ambition sont les deux passions qui meuvent le çœnr des Américains j qu'elles ont formé parmi eux, comme Platon dans sa république, ou Pclopidasà Thèbes , des bataillons d'amis , toujours prêts à se dé- vouer pdnr la patrie ; qui savent mourir, et non gémir,* comme \\n Misène ( liv. de VÈm^idc^^ de mourir sans glolie , et de n'avoir pas l'espoir d^d)tenir ^fs hûinienrs de la sépulture; qui ne savent pas ce que c'est que de faire des prières, comme un Palinure, pour Iç m^tue objet: ni imiter ce jeune prisonnier de Co- lORS DK l'ii»VASIOV DE LEUR VAT8. * 3l3 riiilhe) qui) pour plaire au consul Mummius , qui avait ordonné à tous les prisonniers de cette ville d^écrire chacun un vers grec , s^empressa d^ écrire ce vers d^Ho- mère , TpiV ftÛKMftf A«e»««<, qui lui valut la liberté ^ celle de ses parens et de ses amis. Les Américains , dans de pa- reils cas j meurent et ne supplient jamais pour la vie. Tons ceux qui ont lu les diverses c«lations que les historiens nous ont laissées sur la résistance opiniâtre que les Brésiliens , les Chiliens , les Yucatains et autres peuples de l'Amérique ont faite pour s^opposer k Yen* vahissement de leur pays^ qnUls ont défendu pied à pied^ conviendront qu^il ne peut y avoir que M. Faw qui puisse s^oublier j-usqu^au point de dire (pag* 17^ du 3' volume) ce que la barbe seule eût suffi pour faciliter » la conquête de TAraérique ] qu^on a été quarante ans » au Pérou sans pouvoir, ni par menace > ni par pro-^ )> messes | engager les Péruviens à ferrer les chevaux ^ » ({n^ils avaient d^abord pris pour des moutons ; qu^ils » n^osaient les approcher de cinquante pas, et que plu- » sieurs tombaient en'faiblesse en les voyant de loin, 3» Parmi les cin'^ causes que Garcilasso assigne commer ayant facilité la conquête du Pérou , il y eu a trois que je ne saurais admettre j les voici : i**. Qu'/f/y^wa-Cfl/^ac avait prédit qu'il arriverait un jour des hommes barbus, dont la religion vaudrait; mieux que celle des Péruviens. Cette prédiction, eût cté impolitique de la part de Pempereur. En supposant qu'elle lui eût été inspirée en rêve ou autrement , des raisons d'état devaient la lui faire taire. Quelle idée, en outre, ce nouveau Cassa ndro pouvait-il avoir d'hommes barbus , si son pays n'en |)roduisait pas , à moins que l'on suppose qu'il ait fait 3l4 m]&SISTAVCB SES PS.BMXE11S AuixxCAIirS y exterminer des missionnaires européens j débarqués ou naufragés sur les câtes de son empire , pour s^étre per- mis de prêcher une doctrine plus épurée que la sienne ! C'est une fable que les padres espagnols ont imaginée^ pour sanctionner aux yeux dti crédule vulgaire Pusur- ■■r pation de leurs concitoyens. Ainsi jadis, quand Tarif vint conquérir TEspagne ^ les habitans de ce pays lui assurèrent qu'ils avaient prédit sa venue ; on en dit autant à Gengis ^ à Ta- merlan et à Mahomet II, 2^. La ressemblance que les Péruviens remarquèrent entre les Espagnols et leur dieu Viracocha, C'est une chimère qui mérite le plus souverain mé- pris : c'est vouloir suggérer que les Péruviens imitèrent ' tous les' faibles , qui flattent les puissans \ qu'ils firent comme les juifs ^ qui supposèrent des prédictions en faveur d'un barbare qu'on s'obstine à nommer Cyrus^ quoique son véritable nom soit iCozrow; en prétendant^ comme Isaïe ( chap. XLV ) , que le Seigneur gratifie du nom de son Christ, un profane de la religion dt Zoroastre. 3°. Les armes à feu ; 4*** Les chevaux. Voilà les seules raisons réelles et positives qu'on aurait pu et dû citer ^ ainsi que les dissensions de c» pays. 5*. Les cruautés èî! Atabaliba, Ce prétexte est sans fondement. On n'a jamais cit^ une province , un cacique, pas même un seul Indien, qui s'en soit plaint. Les Espagnols ont inventé et débité ces faussetés, pour rendre odieuse la mémoire d'un prince qu'ils ont traité avec tant d'inhumanité. LORS DB Z.*IHyASXOir DE LBUR FATS. 3l5 Si Ton admet que les Péruviens avaient eu à se plaindre de leurs empereurs , Pon peut supposer aussi qu^ils se sont laissé vaincre pour se venger dVux, comme jadis les Romains se laissèrent battre par les Volsques pour se venger de la discipline sévère du consul Appius Claudiua , et de son opposition à la pro- mulgation de la loi agraire. L* Amérique n^a jamais offert à Tobservateur réflé- chi autant de détrânemens y de mortalités de rois ^ de chutes d^étatS) et de guerres , que TEurope dansées quatre-vingt-deux ans. Victor- Amédée , roi de Sardaigne ^ emprisonné par son fils en 1782. — - Mort. Joseph II y Fierre-Léopold^ empereurs de Germanie. — Morts. Catherîne II , impératrice de Russie. — Morte. Pierre III , Jean VI y Paul I«r y empereur de Russie. — Massacrés. Sélim III, Mustapha IV, sultans de Constantî> nople. — Etranglés. Louis XVI , Louis XVII , roiside France , empri- sonnés. — Mis à mort, Joseph) roi de Portugal. -— Idem. Gustave III, roi de Suède. Idem. Caroliue Matilde , reine de Danemarck. — Exilée et morte. Frédéric-Guillaume , roi de Prusse* — Mort. Christian VII , roi de Danemarck. — Mort. Pie VI , pape. -— Mort prisonnier en France. Emmanuel IV, roi de Sardaigne. '— Abdiqué. Guillaume V} StatUoud«r de Hollande. — Déposé* il Si (5 xésiSTANCB DES PBXMIEItS AM^BTCAINS y Stanislas Poniatowsk j , roi de Pologne, — Détrôné, Ferdinand IV > roi de Nazies. — Idem^ Charles IV, Ferdinand VII, rois d^Espagne. — Id, Gustave IV , roi de Suède. — Idem, Marie de Portugal. — Expatriée» Ferdinand IV, roi de Naples. -<- Emprisonné en Sicile par les Anglais, La reine, son épouse , obligée de se sauver de cette tle , de se cacher à Ténédos , de se réfugier à Vienne , oïl elle y est morte. Napoléon Bonaparte , déposé et relégué dans Tlle d'Elbe en 1814. Un grand royaume ( la France) , après vingt-quî^u-e ans de révolution y rendu à ses anciens souverains. Napoléon Bonaparte , remonté sur le trône de France en juin i8i5 , forcé d'abdiquer le 20 du même mois , et relégué à Pîlo Sainte-Hélène. Louis XVIII replacé sur le trône de France pour U seconde fois. Le royaume de Pologne , effacé de la carte d'Europe ^ rétabli en partie par Bonaparte, confirmé en i8i5 par Alexandre , empereur de Russie. Cinq républiques anéanties , Venise^ Génesy Lucques^ la Hollande et la Suède f, les deux dernières rétablies en royaumes. La république des Etats-Unis affranchie du joug do l'Angleterre. François II > empereur d'Allemagne, forcé d'abdi- quer la couronne impériale des Césars. Création de huit rois ; savoir : à^Etrurie , âH Italie , f»»%»^^»V%^V»%%%»%^'% •%<%»%<%%»V^'»%<»%%»»%«»%'%»»%%»%%%%»%%»%%%»^%fc%%%»»»»»»%V»» LIVRE SIXIÈME. CHAPITRE PREMIER. Sur la Langue des Péruviens, J^ *EST-iL pas singulier d'entendre M. Paw déclamer contre une langue qu'il no connaît pas, et pronon- cer avec une assurance peu commune y que les Algon- kins , les Brésiliens I les Péruviens, les Mexicains, n'avaient pas une quantité de termes propres à énoncer les notions générales \ quoique l'on sache que la langue des Caraïbes, celle des Péruviens, des Mexicains et de plusieurs autres bâtions , sont riches en expres- sions qui désignent les objets sensibles^ et que les \oyageurs et les écrivains se sont accordés à les re- présenter telles. Il ne s^était jamais douté que le nombre des langues que Ton parle encore dans le royaume du Mexique, est au-delà de vingt, dont quatorze ont déjà des grammaires et des dictionnaires assez com- plets. D'après les vocabulaires des sept langues de la Nouvelle-Espagne , que M. Huniboldt possède , ce savant a été à même de se convaincre que la plu- part de ces langues sont loin d'â|||)B des dialectes d'une seule , comme quelques auteurs l'ont faussement avancé-, elles sont au moins aussi diUérentes les unes \K' SUR LA LANGUE DES pinUVlEKS. Sat! des autres, que l'est le grec de rallemand, ou le français du polonais. ■ r 3ii SVR LA LANGCC DES péltUVIIlVS^ accréditées. Les Européens , en donnant les noms qui leur plaisent aux pays dont ils s'empai^ nt et k ceux où ils s'établissent, défigurent par des noms sans aucun «ensyceux que les premiers habitans de chaque con- trée leur avaient donnés, et qui en exprimaient si bien Jà nature. » Les géographes appellent , par exemple , Paille des Jin^es , une ville près de celle du Mexi([ue, où les Espagnols ont souvent répandu le sang des hommes, mais que les Mexicains nommaient Cuel-lax-coupan , c'est-à-dire , Couleuvre dans l'eau y parce qne, de deux fontaines qui s'y trouvent , il y en a une qui est ve- nimeuse ; Mississipi j ce grand Ilcuve de l'Amérique septentrionale, que les Sauvages appèlent Médias- sipiy le Père des Eaux-, Cordillères j ces hautes mon- tagnes toujours couvertes de glaces , qui boident la mer du sud , et que les Péruviens appelaient , dans là langue royale des Incas, ritisuju , écharpe de neige, ainsi que d'une infinité d'autres. Ils ont nommé Yucatan , cette presqu'île qui a 80 lieues de long , sur 3o de large , et qui est au nord- est de Guatimala, parce que Ferdinand en ayant de- mandé le nom aux Indiens, un d'eux, après lui avoir répondu j-ucafaM , qui veut dire : qui ôtes-vous? ajouta tecletan, qui signifie, je ne vous entends pas ; Fer- dinand la nomma Yucatan. C'est pour n'avoir pas compris les naturels de Chal- c/iiu/ic/ieca« , auxquels Juan de Grijalva , en i5i8, reprochait d'immoler des victimes humaines , qu'il nom- ma ZZ/mû l'île où est bâtie la ^era-Critr, parce que les indigènes lui avaieût répondu que c'était par l'or- dre des rpis d'Alcolhua (Mexique ). Pana} le P^rou < i. it ï', V SUR LA LANGUE DES PERUVIINS. 3a3 •t les Péruviens ne doivent leurs noms qu*à des mé- prises semblables. La dénomination de Qunyquerîes , doit son origine , comme l'observe M. Humboldt , à un simple mal-en- tendu. Les compagnons de Ciiristophe Colomb, en lon- geant l'île de la Marguerite ^ où réside encore, sur la côte septentrionale , la portion la plus noble de la nation Quajquerie , rencontrèrent quelques indigènes qui harponnaient des poissons, en lançant un bâton attaché à une corde et terminé par une pointe ex- trêmement aignë ■, ils leur demandèrent , en langue d'Haïti, quel était leur nom. Les Indiens^ croyant que k question des étrangers avait rapport aux harpons formés du bois dur et pesant du palmier macànoy répondirent Guaike^ Gnaike^ qui signifie bâtonpointu. Les Espagnols oat formé de ce mot celui de^ Guay- nueries. Il existe encore aujourd'hui une différence frappante entre les Guayqueries , triba de pêcheurs liabiies et civilisés , et ces Guaraouns , sauvages de rOrénoque , qui suspendent leurs habitations aux troncs du palmier moriche. Les Espagnols expriment , par le mot paramos , le mot péruvien puna , qui signifie un endroit mon- tueux, couvert d'arbres rabougris, expusé aux vents, et dans lequel règne perpétuellement un froid hu^ mide. Sous la zone torride , les paramos ont généra- lement de i,6co II 2,200 toises de hauteur. Il y tombe souvent de la neige qui ne reste que quelques heures, n ne faut pas, dit M. Humboldt , confondre , comme les géographes ont fuit souvent , les mots de paramos et de puna avec celui de nevado , en péruvien , rit-' \iicapa , moiàtagne qui entre dans les limites des neiges V .. 21.. ? t : .: ! i;! u^ \Wà 3a4 Sun LA LANGUE bEA PÉRUVIIlfS. , perpétuelles. Ces notions ont un grand intérêt ponr la géologie et la géographie des végétaux, parce ({ue, dans ces contrées où aucune cime n*a été mesurée, on ne peut se former une idée exacte de la moindre hauteur a laquelle s'élèvent les Cordillières » en cher- chant sur les cartes les mots de paramos et nevados ( Voy. son Voyage aux Régi. Equin. du Nouv. Cont.), - J'ajouterai à l'appui de ces observations, la remar- que de M. Bernardin-de-St.-Pierre. Les géographes, dit cet écrivain, ont ôté aux ouvrages de la nature, leur caractère , et aux nations leurs monumens. £n li- sant ces anciens noms et leur explication dans Gar- cilasso de la Vega , dans Tliomas Gagé , et dans les premiers voyageurs, on s'imprime dans l'eaprit , avec quelques noms simples , le payftage et l'histoire de chaque pays , sans compter le respect attaché à leur antiquité , qui rend les lieux dont ils parlent encore plus vénérablea. Les botanistes ont imaginé, pour reconnaître lei plantes , des caractères très-compliqués qui les trom- pent souvent, quoique tirés de toutes les parties du règne végéial , ce qui les a empêchés d'exprimer celui de leur ensemble , de leurs qualités nuisibles ou sa- lutaires. C'est en examinant la capsule qui conserve les graines, les aigrettes qui les ressèment , la branche élastique qui les élance an loin , et non une suite de graines nues de toutes formes , renfermées dans des bocaux , qu'on peut avoir uue idée des variétés de la gernu nation. Ce n'est pas non plus en voyant une fleur sèche, décolorée et étendue dans un herbier, qu'on peut en reconnaître le caractère; c*cst sur le bord d'un ruisseau , et au milieu des herbes , qu*0A êVR LÀ LANGVE des' PÉAUVItNS. 3aK admire la tige auguste du lys , le roi des vallées, réflé- chissant sur le bord d'un ruisseau , sa corolle pluripé- taie y plus blanche que l'ivoire ; c'est torsqne le léphir balance la rose sur sa tige hérissée d'épines, et que l'aurore a recouverte de ses perles humides cette reine des fleurs, qu'elle appelle , par son éclat, et par ses par^ fums , la main des amans. Les naturalistes nous éloignent encore bien davan- tage de la nature, quand ils veulent nous expliquer, par des lois uniformes et par la simple action de l'air, de l'eau et de la chaleur, le développement de tant de plantes qui naissent sur le même fumier, de formes , de saveurs, et de parfums si diflféreiis. Veulent-ils en décomposer les principes ? Le poison et l'aliment présentent , dans leurs fourneaux, tes mÂmes résultats, sans parler de la multitude de végétaux qui sont restés inutiles dans de savans laboratoires. Quoique l'art des Daubentons rende aux anf- nianx une apparence de vie; malgré toute l'indus- trie qu'on emploie dans nos cabinets pour conserver leurs formes; leur attitude roide et immobile, leurs yeux fixes et mornes , Icnri poils hérissés , nous disent que la mort lésa frappés. N<^ livres sur la nature, n'en sont que le roman ^ et nos cabinets que le tombeau ; nos traités d'agriculture ne nous montrent plus dans les champs de (^érès que des sacs de blé ; dans les prairies aimées des Nymphes, que des bottes de foin; dans les majestueuses forêts , que des cordes de bois et des fagots. L'orgueil et l'avarice ont dégradé les collines charmantes et les fleu es ma)estueux. L'his- toire des hommes , si l'on en excepte l'inlérêt que la religion ou l'humanité ont inspiré en leur faveur k ri d9l6 ftVR LÀ LANGUE DES PERUVIENS. .quelques Kommes de bien, a été écrite d'après millt passions. Là politique les représente diviséji en nobles ou en vilains } en papistes ou en buguenots; en soldats ou en esclaves; le moraliste en avares,. en bjpocrites, «n débauçbés, en orgueilleux } le poète tragique en tyians ou opprimes; le comique en boudons et en tu dicules; le médecin en pituiteux, en.flegniatiques, .en bilieux: par-tout des sujets de dégoût , de baine ou de mépris \ par-tout on a disséqué l'bomme , et on ne nous montre plus que son cadavre. Ainsi, le plus digne ,ob;e,^,,de la création a été dégradé par notre savoir £iiie , domine 1«; reste de la nature. ' (Quoique M. Paw mérite d*étre blâmé, pour avoir ^vpu(|é aussi inconsidérément son assertion contire les langues des peuples de TÂpiérique; cependant on pour- rait, jusqu'il un certain point, Texcuser de n'avoir pat compris la langue de ces peuples -, puisque les Français M*eniendenl plus la langue des Gaulois; et qu-un jour leurs descendans, peut-être, n'entendront plus )a leur. Mais, malgré toute Tindulgence qu'on pourrait em- ployer pour cberclier à excuser la présomption dé- placée decetauteur, on trouvera toujours déraisonnable de blâmer ce qu'on na connaît pas , et plus déplacé encore , si l'on avançait que les langues éprouvent les influences des climats, puisque la langue des Momains « été d'abord barbare, et est devenue à la fin molle et efTéminée ; que celle des Kusses , dans le nord de l'Eu- rope , est fort douce , étant un dialecte du grec , et que le jargon des provinces méridionales de la .France est dur et grossier; que les Lapons qui babitenllcs bords de la mer glaciale, ont un langage qui flatte Yo- reille, tandis que les Hotterttois ftiui habitent h ch- SUR XA LANGUE DEâ PÉRUVIENS. ^«7 mat trâs-teinpëré du cap de Bonne-Espérance > gloi|s- sent comme des coqs d'inde -, enfin que la langue du Pérou est pleine de fortes aspirations y et de oonson- Dans qui se choquent. D'après toutes les preuves ci-dessus, que doit-on penser d'un écrivain qui affirme au public que les langues de lS4mérique sont si ])ornées, si de.stiLnées de roots, qu'il est impossible de rendre, par leur moyen , un sens métaphysique ? Dire à cet écrivain, de par- courir les Mémoires du lieutenant Henri Timber-*' lakcy imprimés à Londres en 1766; de lire dans les Mémoires du baron de la Hontan , le dialogue entre I|ii et un naturel du Canada , sur des matières de con- troverse: il trancherait la difficulté comme \x son ordi- naire , en répondant « que c'est une pièce supposée, » lui proposer d'exn^^iiner ce que l'rezier dit de des peuples que nous nommons sauvages , ne serait nulle- ment de son goût, puisque cela contredirait ses para- doxes. Quoi qu'il en soit , je vais soumettre 'à la déci- sion du lecteur, la réppnse ({o* ^ llek.ri-3HngOf caci- que AUibamon , fit à M. le Bossu , capitaine des troupes de marine aux Indes-Orieutales. Cet officiet lui ayant dit que s'il persistait k vouloir faire la gnerre aux £s- pagnols de la Floride , il n*r>.vait qu'à commencer par lui casser la tête : « Ton sang, lui répondit le Cacique, » m'est aussi cher que le mien *, d'ailleurs , iamais les » Français ne m'ont fait de mal, je suis même prêt à » me sacrifier pour eux ; tu peux en assurer notre père » ( c'est ainsi qu'il appelait le Roi de France ) *, que » n'ai-je , comme toi , l'étoffe parlante ( le papier ) » pour faire parvenir ma parole? mais non , je voudrai» ^ plutôt que mon G(çur eiA «e&t bouches qu'il pdt nts^ ■X 3l8 SVR UA LANGUE DES PÉRUVrElTS. » tendre ( Nouy. Voy. aax lad. occid., pag. 3a ). n S'il se trouve parmi eux , dit le même capitaine, quelque tapageur ou perturbateur du repos public, les vieillards lui parlent ainsi : « Tu peux partir , M mais souviens-toi que si tu es tué, tu seras désavoué » par la nation ; que nous ne te pleurerons point , et « que nous ne tirerons point vengeance de ta mort. » . Voici une barangue que le capitaine Bossu a en- tendu faire au cbef des AUibamons : k Jeunes guer- » riers ) ne vous moquez point du maître de la vie ; » le ciel est bleu , le soleil sans tacbe , le temps est a serein , la terre est blancbe ( pour dire que leur pays » est celui de la paix ) , tout est tranquille sur sa £ice> ' j» le sang bumain ne doit point y être répandu. ]!l faut >» prier l'esprit de paix de la conserver pure et sans » tacbe entre les nations qui nous entourent ; nous ne » devons nous occuper maintenant qu'à faire la goerra » aux tigres^ aux ours et aux cbevreuils pour avoir » leurs peaux ^ afin de commercer avec les Européens 9 qui nOHS «ipporteront nos besoins pour entretenir nos » femmes et nos encans. » Benedict Arnold , général américain, dans la gaerre de l'indépendance des Etats-Unis , après avoir hésité long-temps entre l'bonneur et l'opprobre de trahir son pays, après avoir essayé, pour se dérober au malheur de violer ses serroens, de demander asyle à une peuplade de sauvages, où le sachent d'une tribu illinoise se trou* irait par hasard, et k cet Indien, si la bourgade dont il était le chef, recevait des esclaves. Il on reçut cette réponse : re ^ jo » tous. » Cet Illinois n aurait pas compris le despotisme milittiire; mais avouez qu'il ne définissait pas mal Tautorité des bons rois chet les peuples bien gou- vernés» Des Quakers et d'autres sectaires, ayant h leur tête le docteur Williams y rencontrèrent, dans Rhode-Is- knd , un parti d'Indiens conduits par un vieux et res- pectable chef nommé Thiema-Derka; Williams lui raconta comment lui et ses gens avaient été chassés de leur." '''^ycrs. h Tu n*as donc plus ni logement, ni » feu, t 'ju d'ours, lui demanda le vieux chef: » Non, ' '^vndit le pasteur, il ne nous reste plus » que Dieu et l'espérance. Eh bien , mon frère , repar- ji tit Tiema , viens avec nous , je t'offre le pain , et » de la terre où toi et les tiens pourrez vous reposer, n Peu de temps après, les sauvages lui concédèrent, vers le fond de la baye de l'île , quatre milles en lon- gueur et quatre mille en lai'geur, qu'Ole digne pasteuir partagea en partie:» égales avec tous ses compagnons. On peut dire avec M. le comte François de Neuf- château : ... Il est des orateurs jiisques cfies les Sauvages ; Allons du Saiiit-Latorent visiter les rivages , Du grand McscliaceLc suivons le vaste Cours ; Là , d'un fils du désert écoutons les discours t Chaque mot uous vtonne ; il charge sa peinture D'images qu'il dvrolu: à toute la nature , Et qui vont émouvoir au fond de leurs loseuux , Ces fleuves ijui , ponr loi , sont le père des eaux. / / 33o SUR LA LANGUE DES PÉHUVIRNS. Un jeune cacique de Darien , voyant que les Espagnols de la petite «^ colonie de Santa-Maria, qui avaient re< cueilli beaucoup d'or dans leurs excursions , étaient prêts ' à en venir aux mains pour le partage d'une petite quantité 4e ce métal , se tourna vers eux et leur dit : n Pour- » quoi vous quereller poi>r si peu de chose? Si c'est » l'amour de l'or qui vous fait abandonner votre pa- » trie, pour venir troubler la tranquillité des peuples V qui s(Mit si loin de vous, je vous conduirai dans un » pays où cç métal , qui paraît ôtre le grand objet de i> vos désirs, est si commun que les plus vils uâ< If tensiles en sont faits. » Balboa, gouverneur de la colonie, et ses compagnons d'armes, demandèrent ^vec empressement où était cette heureuse contifée. JéÇ cacique leur donna des informations qui se trouve^ rent conformes k ce qui concernaiir le Pérou. M. de Bellç-Islcy dit le capitaine Bossu , page i4, ayant demandé à manger à un sauvage qui avait fait ^oucaper de la chair humaine et du chevreuil pour la prçvi^ioii du voyage \ il lui donna de la chair humaine çn disa.nt que c'était du chevreuil. Quand M. de Belle- Isle l'eAt mangée , l'Attakapas lui dit : « Tu faisais >» «mtrefois le difScile , mais présentement tu manges » do l'homme cpmme nous. » ^ Un missionnaire ayant promis le Paradis k un Ca- cique, s'il voulait se faire Chrétien. « Mon père, lui » demanda l'Indien , y a-t-il des Espagnols j mon M fils , lui répliqua le missionnaire, il a*y a que ceux » qui sont bons et vertueux ; en ce cas là, j'y renonce, y dit riudien , car le meilleur n'en vaut rien. » A ces citations, je joindrai un passage de l'Histoire naturelle et morale des îles Antilles. ."^v 8ÛR LÀ LÀNGUS DES PÉRUVIENS. 33^^ » Quand ils montrent aux Chrétiens une pièce » d'or, ils disent voilà le dieu des Chrétiens ; Pour » ceci, ils quittent leur pays; pour ceci, ils viennent N nous persécuter , nous chasser de nos habitations ; » pour ceci , ils sont toujours dans l'inquiétude et «les i) soucis. » Quand ils voyent un Européen triste et pensif, ils lui en font doucement la guerre^ et lui disent : « Com- « père ( terme C amitié ) , tu es bien misérable d'ex:- » poser ta personne à de pénibles voyages, de te lais- « ser ronger à tant de soucis. La passion des richesses » te fait endurer toutes ces peines. Tu appréhendes » continuellement que quelqu'un ne te vole en ton » pays ou dans celui-ci , ou que tes marchandises ne » soient englouties par la mer ; ainsi , tu vieillis en peu » de temps; tes chaveux blanchissent; ton front se » ride ; mille incommodités te tourmentent; et ^ au lieu u d'être gai et content, ton cœur, rongé par le cha- » grin, te fait courir à grande hâte au tombeau. Tu u viens nous chasser de notre pays , et tu nous me- » naces sans cesse de nous ôter le peu qui nous reste & » que veux-tu donc que devienne le pauvre Caraïbe? » Faudra-t-il qu'il aille habiter les mers avec les poi$- » sons? Ta terre est donc bien mauvaise^ puisque » tu la quittes pour venir prendre la mienne ,ou tu as » bien de la malice de venir ainsi, de gaieté de cœur , » me persécuter. » A cela, M. Paw répondra, comme il a fait «>T\vers dom Prenetty : a Le critique est bien éloigné d'avoir » approfondi les choses ; » ( on pourrait , à plus juste raison , lui appliquer le même reproche. ) Il ne cite aucun auteur, et , tandis ^u'il pouvait consulter Zinsf 3Jtl SVA tA LANGUE DtS PERUVIENS. cotj Laêt et tant d'autres histoffen» respectables , i. ne fait que cdtnpirer César Rochefori , le plus inexact et le moins estimé de tous les Voyageurs qui ont écrit au siècle passé ( 1660). Arant de se permettre de reprocher à dom Pre- netty d'avoi^r compilé César Rochefort, ce qu'il a été obligé de faire pou^r lui fournir des preuves tirées d'au- teurs connus y il aurait dû se rappeler que les deux tiers de son ouvrage sont une compilation contradic- toire. J'ajouterai de frf0S| que M. Paw, sachant qu'on peut lui objecter qu'on avait inséré dans les premières édi- fions de Moréri un extrait de ce même Rochefort, il a pris les devants en disant « qu'on l'a fait avec plu^ de ]» ménagement et moins de crédulité que dom Pre- « netty; que, d'ailleurs , Rochefort ne savait ni latin ^ 11 ni greo; conséquemment , qu'il ne pouvait pas pu- » blier des relatio l'Amérique du nord ). On ne peut plus rien répliquer à de pareils argu- mens , encore moins aux assertions de ce Laët , q ui n'a jamais été en Amérique^ de ce Laët qui n'a jamais rêve, pas même lorsqu'il nous dit, dans son Histoire des Indes Occidentales ^ « qu'il y a des esprits qui ap- j» paraissent aux brésiliens \ mais, ajoute-t-il , ils ne se X montrent pas aussi souvent que quelques relations > le donnent à entendre. » JMunusculis juxta posilis illos spiritus placare nî- Utntur : rarius autem hi spiritus inter illos apparent , licet multi aliter kradiderint. J'avoue que dorii Prenelly est grandement blâ- mable de n'avoir pas , comme M. Paw, placé une con- fiance aveugle dans les écrits d'un historien aussi r«- 8^R LA LANGUE DES PÉRUVIENS. 333 yectable que Laët , parce que la bienséance ne perixiet . pas de regarder comme des puérilités une assertion semblable , venant sur-tout d'une autorité aussi recom« mandable-, encore moins de supposer que4:e Laët avait la fièvre quand il nous assure qu'il y a des esprits au Brésil , et qu'il avait encore la fièvre quand il a cru «t voulu persuader à ses lecteurs que ces êtres se lais* saient plutôt voir aux sauvages de l'Amérique qu'aux philosophes de l'Ëuropei Ce même Laët et d'autres, chroniqueurs, observe M. Humboldt, en parlant de la fonda tien de la Nouvelle- Cadix, ne font mention que de la grande abondance de lapins, et nullement du Venado de Cubagna, qui ap- partient k une de ces- nombreuses espèces de petits «erfs américains que les zoologistes ont confondues pendant long-temps sous le nom vague de çervus mexicanus. M. Huraboldt ne le trouve pas identique avec la biche des sa vannes de Cayenne , ou le Gua^ zuUi du Paraguay, qui vit également en troupeau; sa couleur est brunâtre sur le dos , et blanche sous le ventre ; il est moucheté comme l'axiç. Dans les plaines du Cari , on trouve une variété toute blanche : c'est une femelle de la grandeur du chevreuil d'Europe, et d'une forme extrêmement élégante. Les variétés albi nés &e trouvent, dans le nouveau Continent, jusques par- mi les tigres. M. à*Azara a vu un jaguar dont la robe toute blanche n'offrait, pour ain^i dire^ que l'ombre de quelques taches annulaires. Quant à Linscot , il ne pouvait pas manquer de con- venir à M. Paw , puisqu'il appelle les Apalachites , des barbares sans mœurs comme sans religion , quoiqu'il fussent réunis en société, qu'ils eussent un gouverne* X'Vi ¥iàm\ 334 SUA LÀ LAN6VE DES vifiVYlttfS: ment, des lois ^ et des prêtres nommés indistinctement juvas , jonas et joannas. En approuvant cette erreur de tânscot , il ignore , sans doute, qu'avancer que certains peuples n'ont aucun sentiment de la divinité, c'est la plud grande dés calomnies dont on puisse flétrir' une nation ] parce qu'elle détruit nécessairement, chez elle, l'exis- teùce de toute vertu; et si cette nation en montre quelques apparences, ce ne peut être que par le plus grand des vices , qui est l'hypocrisie ; car il ne peut y avoir de vertu sans religion. D'ailleurs , il n'y a pas un de ces écrivains inconsidérés qui ne fournisse lui- même de quoi détruire son imputation-, car les uns avouent que ces mêmes peuples athées rendent, dans certains jours , hommage à la lune, ou qu'ils se retirent dans les bois pour y remplir des cérémonies dont ils dérobent la connaissance aux étrangers. Le père Gobia , entr'autres, dans son Histoire des lies Mariannes^ après avoir affirmé que leurs insulaires ne reconnais- sent aucune divinité , et qu'ils n'ont pas la moindre idée de Ift religion, nous dit immédiatement après, qu^ils invoquent leurs morts qu'ils appellent Anitis, dont ils gèirdent les crânes dans leurs maisons, et au\» quels ils attribuent le pouvoir de commander aui clé- mens , de changer les saisons , et de rendre la santé ; qu'ils sont persuadés de l'immortalité de i'ame, et qu'ils reconnaissent un Paradis et un Enfer. Certai- nement , ces opinions prouveùt qu'ils ont des idées de la divinité. • Christophe Colomb ayant voulu faire des représen- tations à un vieux Cacique de Saint-Domingue , l'in- sulaire lui répondit : a Tu nous à effrayés par ta haï- ^»VK LA LANGUE DIS ^iKVftXVU. 335 9 diesse, mais souviens-toi que nbs araes ont deux j» routes après la sortie clu corps : l'une est obscure, » ténébreuse , c'est celle que prennent les âmes de ceux » qui ont molesté les autres bommes \ l'autre est claire, » brillante, et destinée aux âmes de ceux qui ont )) donné la paix et le repos ( voy, le Sommaire de » Pierre Martyre ). » Si je citais Taventure du père Feuillée avec cette vieil le Indienne à laquelle ilavait dit: «Pauvre femme,» en lui offrant une piastre -, la réponse que cette Indienne des bords de i'Orénoque, qui venait d'embrasser le Chris» tianisme , fit au jésuite Gumilla , qui lui reprochait d'avoir tué sa fille en lui coupant l'ombilic trop près du corps \ les entretiens de Montézuma et de ses officiers ; ceux des prêtres de Mexico aVec les Espagnols , qui ne sont, certes, pas d'un peuj^le hébété et stupide; M. Paw, ne sachant que répondre , dirait, pour toute excuse : reille, et dit au moine : acrer mon peuple et me ravir mes états? » Vas , chélif imposteur, je cïrois bien te valoir , ajouta D le monarque, en jetant le livre avec mépris. » L'événement justifia la prédiction de ce malheureui prince ; le moine, furieux de ne pouvoir rétorquer les arguniens de ce prince américain , cria de toutes ses » forces : « Aux armes. Chrétiens, la parole de Dieu » vient d'être profanée ; frappez , exterminez ces U- M rétiques. » Moyen étrange d'annoncer les maximei ''un Die «léprédate massacre, tiens ; ||g ktles.Lés] 1h eztermj quatre milj aiére. PJtai marcha dro ^ui i'entou] l'amena dan Pizarre et ^a «<*leH, p< femmes améi mirent le Jei riaï. ÎU j troi «eaux d'or, dl (ravafllées; d «wuMes d'un *•• malheui P^rmi ceiix q î«e Tor était rfés-Iors, de *'une énorme Ja» rendre la \ plus d'or qtt'l «n lingots, e En conséquen <ï'un homme ,| <*A il ét^t dét( Ph que leg ItfAtA LAifOUi DIS pIrutiens. S39 i'un Dieu de paix , qui pardonne les offenses I Ltf déprédateur Pittrre , à ce signal, donna l'ordre du massacre. I/explosion de i*artiilerie pétrifia les Péru- tiens •, ils restèrent un raoment consternés et immo- biles. Les Espagnols n'eurent la peine que de frapper. Ils exterminèrent tout ce qu'ils rencontrèrent : plui dé quatre mille Péruviens furent égorgea ⣠cette ma- nière. Pisarre , qui s*était entooré d une troupe d'élite, marcha droit h l'Inca. I' enfonça la fbule des coUrtisi^TAft qui l'entouraient, saisit le monarque par le bras / et l'amena dans son quartier , où il le retint prisôUYiier. Pizarre et ses officiers , après avoir violé les Vierges du soleil, parentes d'Atahualpa , et livré les autres femmes américaines à la brutalité de lents soldats, sd mirent le lendemain k piller de concert te camp impé- rial. Ils y trouvèrent une quantité surprenante de vais- seaux d' or j d'argent , enrichis de pierrerit» aitistement f ravarllèes ', des tentes fort riches, des habits et des meubles d'un prix inestimable. Le malheureux prince n'eût pas passé quelques jours parmi ceux qui l'avaient fart prisonnier , qu*il s'aperçut que l'or était le seul dieu de ces étrangers. Il se flatta dès-lors , de pouvoir recouvrer sa liberté au ni en d'une énorihe rançon. Il promit à Pixurre , s'il voulait lai rendre la liberté et évacuer ses états , de lui donnej^ plus d'or qu'il n'aurait jamais osé en espérer > on vases, en lingots, en plaques. Pizarre accepta la proposition. En conséquence , l'inca fit remplir jusqu'à la hauteur d'un homme , en vases et autres effets d'or , la chambra dà il ét^t détenu , qui avait aa pieds de long sur 16 d# pAl que les Espagnols surent d'où venait cet' or , ^4 ùIIk^I inl 1^1^ 'M T IrM Ni!'-' \m ..'■^.v m I- d'-',^'.- -J fM 34o SUR LÀ LANGUE sis P^RU^IIlff. liUérentle piller-dans les temple^ elles sépolcrM qui 1* irenfermaient, et ils oublièrent la promesse qu'ils avaient fai:e à l'Inca. Pour mettre le sceau k leur bpnne-foi , ils )urérent° la mort d*un prince qu*ils avaient prétendu chiistianiscr* Le ciel cependant a yengé en partie ces malheureux Indiens } car tous les conquérans du Pérou pnt.fait une fin jpnalheureuse et digne de leurs exploits. , Ferdinand que Pizarre ^ son frère , avait choisi pour ' porter à Charles \^ ce qui lui appartenait de ces trésors, étÂt allé prendra oongé de ri^nca : ce prince qui l'ai. » mait , lui dit : » Vous vous réjouissez de retourner dans » votre patrie, et qioi^je voi^, au contraire, votre départ » avec ])eaucoup de peine, puisqu'il ue me restera plm ^ d*ami parmi les Espàgnpls ! Disons» nous doolc un m éternel adieu ; car ce peuple cruel ne me laissera pas » vivre assez long-temps ppur me réipuiiT de votre re« » tour. » Hélas ! il n^ prédit que trop vrai. Les richesses considérables que les Castillans avaient aperçues de toutes parts , irritèrent tellement leur cu- pidité v^^® ce ne fut qu'tin cri unanime, pour se dé- faire d'un Monarque dont la mprt devait faire, des soL^ dats autant de Princes. Le hasard servit leur avarice ^Imagro venait d'^rriveravec des renfbrtaconsidérables. tkcs Espagnols se vo^rant alors ^n état de couquérir li royaume d'Atahualpa , sa mort fut irrévocablement ré* èolue. On établit un conseil : les accusations les ploi absurdes furent portées contre l'infortuné monarque, il fut condamné à-être brûlé vif. Quand ou lui annonça sa sentence de mort, Ata* )iualpa versa quelques larmes , se ^plaignit de la tralii- son de ces perfides étrangers qu'il avait toujours traita 4Mrec tant d'égards I et s'adressera A Pixarre^ Uluidit: sua LÀ LANGUE DES PÉRUVIENS. 34l » Sergneùr ,116 m*avièz-vous pas promis, qu'en payant 9 la rançon k laquelle je m*ëtais engagé , vous me ren- ]» driez non-seulement la liberté , mais que vous sor* X tiriez' de me« états ? Devais-je m*attendre qu'une » promesse si positive dût être suivie d*un arrêt aussi » cruel. J'en appelle au roi d'Espagne , votre maître ', » que dans cette occasion je veux bien prendre pour » mon juge } Je porterai ma cause an pied de son trône , y son arrêt décidera de ma destysée. » Malheureusement pour Atahualpa , la pitié était un sentiment inconnu au cruel Pizarre et à ses Barbares compagnons. II ordonna que l'exécution fut faite sur le champ. Le monarque s'adressa envain à l'aumônier : il ne put obtenir que l^ssur^nce d'un adoucissement à son supplice) s'il embrassait la religion chrétienne. Cet espoir, et peut-être celui d'un changement à son sort, liti arracha la demandé du baptême. La cérémonie fut faite , et Atahualpa, au lieu d'être brûlé vif, fut étran- glé au poteau où il était déjà attaché. Ainsi périt le dernier monarque de la plus opulente contrée de l'univers , que sa douceur, sa bonté et lés charmes de Capillana , dont le farouche Pizarre était épris, ne purent soustraire h la mort. « On s'attendrit, dit M. Paw, en lisant la fin tra- » gique de ce prince infortuné , que les richesses qui s sauvent si souvent te coupable , ne purent sauver, » malgré son innocence^ il avait malheureusement i) affaire à des soldats , et h des moines, n Celte sensibilité eut été plus honorable pour cet écri- vain, s'il eût mis de côté son injuste prévention , et qull eût eu la générosité et la justice de reconnaître que ce discours de rinça, dont un Européen instruit 9b 348 8t7K LA LANGUE DES PÉRUyilXau ferait honneur , loin d'annoncer, comme il l'a dit : ft Que les '^Përuviens passaient leur vie sans penser, » qu'ils vieillissaient sans sortir de l'enfance dont ils » conservaient les défauts^ u caractérise, au con" traire , comme l'observe très-bien dom Prenetty « ua » esprit sain, instruit, éclairé, et guide par une phi- » losophie vraiment naturelle et non subordonnée, » comme celle des Européens , aux préjiigés del'édu- M cation -y une âme noble, courageuse , un cœur géné- pi reux , enfin tout ce (ju'il faut pour ôtre véritablement a bomnae. » Four dernière observation , j'ajouterai (pis cette re- lation des dei'niers momens d'Atahualpa , démontre combien M. Paw a été peu exa«t dans la sienne ^ pt le cas que l'on doit faire de ses rapports lorsqu'ils concer- nent rAmérique. Les discours A*Atalutalpa , la réponse du cacique AlUbamon Allekxi Mingo au capitaine Bossu-, li harangue du chef de cette nathn à ses jeun«s compa- triotes , le discours du chef des Atakapas à M. de Bien- pille , le passage que j'ai cité de THiiitoire naturelle et morale des îles Antilles , toutes les réponses rapportées par les écrivains divers de l'Europe *, enfin la tradition verbale des ('ajramos , n'annoncent pas que Garcilassn en ait imposé ( comme le prétend M. Paw ) , lors4{iril rapportt qu'il y avait une académie h Cuzco , où les professeurs connus sous le nom à* Amantas , se ser- vaient dans leurs leçons^ delà langue sacrée ;oi que l'idiome vulgaire fut si stérile et si pauvre de mots, qu'il cul été impossible de traduire le jargo«i savent par le jargon populaire \ puisque les bistoriens cou- vienneut que les Péruviens faisaient des ouvrages en son LA 1 Vers et en tonchantej accorde si palpables < son LA RlLIGION DES ANCIENS EURaP£ENS , etc. 343 ^en et en prose , et que l'oa a conservé les hy^mnes tonchantes qu'ils chantai<:nt à la fête du soleil. Qu'on accorde si l'on peut ces faits avec '.es contradictions palpables de M. Paw , qui se heurte at de front; quant \ , Péru- f^-. k mm , je reconnais mon insuffisance. CHAPITRE IL Sur la Religion des anciens Européens viens , Mexicains y etç. Passons maintenant à l'examen de la religion àet continents d'Europe et d'Amérique. Les nations n<^ mades qui.erraient dans les vastes plaines qui sont au nord de l'Europe et de 1 Asie , avaient ( suivant Héro« dote , Melpom. C. 54. ) pour, principale divinité , la, Terre j dont ils tiraient leur substance pour eux et leurs troupeaux. Ils lui donnaient pour époux Jupiter ouïe ciel f qui verse dans son sein le dent. Dans toute la partie iulérieure du notd de TEurope et dans sa partie occidentale , les peuples connus sous.lo nom générique de (Celtes y étaient des barbares vivant de glands , de fruits sauvages et de laitage, sans demeures fixes, sans lois, sans arts, tou- jours en guerre les uns contre les autres , ne connais^ sant que le pillage et les incursions , obéissant aux chefs qu'ils choisissaient pour les mener au combat et partagei' le butin \ pratiquant le prétendu droit d'es-^ clavogc, dominés par des Druides , prêtres sanguinaire^ imbus d'absurdes superstitions j rendant ( comme l'ob^ s€i ve très-bien ^eloutier, tom. 5 , pag. 53 ) un culte religieux au feu ^ à l'eau ; à Vair, à la terre ^ au soleil, 344 SUR LA nELIGIOIf DBS AîfCIE^SEtJROPÉEîTS, à la lune , aux astres , h la vovte des deux , aux' aHfres et ohx fontaines \ immolant des victimes hu- maines, mangeant leurs prisonniers; rachetant par de» amendes la plupart des délits et le meurtre même*, en un mot, sans lettres et sans commerce. Daniel Cornid rapporte que les Hongrois profes* •aient une religion assez semblable à celle des Perses , qu'ils n'avaient ni temples , ni images;' mais qu'ils ado- raient le^èu comme Dieu , et lui sacrifiaient des hommes. L'histoire du Bas-Empire, tom. 4 , pag. 3a3, nous apprend que les Huns adoraient le ciel et la terre; que leur chef prenait le titre de TanjoUj (fils du ciel.). Lés Francs qui passèrent en Italie , sous la conduite dujoi Theudiberl j immolaient ( suivant Proèopcy liv 3, chap. a5.) les femmes et les en£ans des Goths, et en jetaient les corps dans le fleuve le Pô , auquel ib en faisaient pfirande , comme des prémices de la guerre. Quoiqu'ils eussent adopté la nouvelle forme da culte solaire , ou le christianisme , ils avaient encore gardé les superstitions de l'ancien culte. lues Jllyriens , les Thessaliens , les peuples de V Is- lande adoraient l'eau et les .fleuves , et leur offraient des victimes. ' jigathias rapporte , que les Allemands rendaient un culte aux Tirbres , aux bois sacrés , aux collines et aux fleuves, et leur immolnient des chevaux. Suivant Procope , les habitans d ' fnile et tous lej Scandinaves plaçaient leur» divini 's dans le fiima- iriént, dans la terre, dans la mer , dans les fontaines, dans les eaux cOunlntes. t* Angleterre oioittait h co culte celui des forêts , des pierres' et des idoles. ()ti y entretenait le feu Stiaé dans le tciirple de ?Mincrve; péRUVIENS, MEXICAINS, etc. 345 et Ton immolait des victimes humaines , comme dans les Gaules : ces deux pays étant malheureusement di« rigés par des druides barbares. Lors de la découverte du Nouveau-Monde, les Amé- ricains , sans jamais avoir eu de cominûnication avec le teste du globe, avaient une teinture des arts et des sciences ; ils les cultivaient plus par goût que par besoin. Leurs bourgades , leurs villes et leurs planta- tions attestaient les progrès qu'ils avaient faits dans les arts , dans les sciences et dans la civilisation. Le^rk lumières étaient le fruit de leur génie naturel j et iik y n'étaient pas redevables, comme les Européens, de leurs connaissances et de leurcivilisation , aux. lumièreî des Romains et des Grecs , qui les avaient eux-mêmes empruntées de l'Ethiopie , de l'Egypte , de la Chal- dée, de la Phénicié , de l'Inde et de la Tartarie. Les Américains , frappés du spectacle des cieux , et des mouvemens réguliers des astres , trompés par le témoignage de leu^s sens , le seul auquel ils crussent , avaient le sentiment de l'existence de Dieu , non pas en s'élevant à la manière des Newtons et des Socrates , pat l'harmonie générale de ses ouvrages, mais en s'ar- rétant à ceux de ses bienfaits qui les intéressaient le plus. Ainsi que l'/K^ien du Bengale y qui adore lé Gange qui fertilise ses campagnes; le noir lolofy l'Océan qui rafraîchit ses rivages; le Samoïède du Nord, la Renne qui le nourrit; les Iroquois et les autres peuples du nord de l'Amérique , demandaient aux esprits des lacs et des forôls , des poches et des chasses abondantes ; ceux du midi , comme les Péru- viens , adoraient l'êtiC soprôlne sous la forme du soleil,' dont les Incassti' disaient lils , [uirce que cet astre vivi- !;| 4 146 SUR LÀ RELIGION OIS ÀNCIKNS EUAOMÉKttS , £ait et fructifiait la nature entière , et que I9 riel>et la terre ne leur offraient pas d'emblème plus éclatant et plus digne de représenter la divinité. Cependant les plus -éclairés de la nation admettaient y comme je l'ai déjà dit , un être suprême créateur de toutes choses. Les sauvages du nord de l'Amérique y répandus dans les forêts , levaient leurs mains vers le ciel , vers le soleil et la lune^ tandis qu'au Pérou , on levait consacre les images de ces astres dans de magnifiques temples , où l'or brillait de toutes parts , et qu'on avait donné au culte tout Tappaieil du cérémonial le plus pompeux. La lune était aussi dans la plus grande vénération cbez les Péruviens, qui lui donnaient le nom de Mère universelle^ils la reconnaissaient pour la mèie des luca?, comme étant la femme et la sœur du soleil, leur père^ ils adoraient aussi la belle planète de Vénus , l'astre le plus brillant après le soleil et la lune. Les météores, les éclaii», le tonnerre, qu'ils regardaient comme les exécuteurs de la justice du ciel , avaient aussi leurs autels. L'arc-en-ciel qui , par ses couleurs brillantes , subjugua l'admiration de tous les peuples, /ri5,ap- pellée, chez les Grecs, la fille de l'admiration, y avait aussi sa chapelle. Des vierges du sang royal, espèces de vestales consacrées au culte du soleil, et renfermées dans des cloîtres où les hommes ne pouvaient entrer, étaient au nombre de plus de mille dans la seule ville de Cusco', elles habitaient un vaste monastère près du temple de l'Astre-du-Jour. Ce culte était certaiuement plus noble et moins ridicule que celui des Celles qui adoraient des images et des statues grossières , ouvrages de leurs mains ; Que le culte du KomC; qui dit à son fétiche , en lui ^éiitiriENS, MEXICAINS, etc. 347 immolant de* chiens et des rennes : « Reçois nos don^ ^ » mais envoie- nous ce que nous attendons de toi -, Que celui de rOstiaque, qui , avant de frapper Uk victime, convient, avec son staorick, des conditioiia du sacrifice, ef qui, s'il est malheureux dans sa chasse, frappe sa fétiche de verges, pi^is »e réconcilie avec elle; Que le culte de& Nègres, gui vendent, briilen.t ou noyent les leurs quand ils en sont mécontens ; . , Que celui des habitans du Congo, qui livrent aux flammes toutes leurs fétiches, lorsqu'elles ne les ga-> rantissent pas de la peste •, Que le culte du Lapon qui brûle le sien lorsque sc^ rennes meurent; Que celui des îles Saodv^ich dont les habitans sup- priment les fâtes religieuses lorsque leurs diviuitci laissent mourir leur roi ; Enfin que .celui des Napolitains qui, en 1793, mirent en iugement Saiut-Janvicr parce qu'il n'avait pas repoussé l'armée française. On ne reproche qu'aux habitans de la baye d'Hud* sOii , de tirer des coups de fusil à leurs fétiches , lors> qu'ils croient avoir k s'en plaindre. Ne pourrait-on pas faire des reproches non moins fondés à certains peuples civilisés. Les Mexicains contemplaient le ciel, et lui don- naient le nom de Créateur et d'Admirable; ils ado- raient le soleil, la luue, l'étoile du matin ,J^ titrre, la mer, le tonnerre, les éclairs et tous les météores; « ils avaient de» temples , des prêtres , des statues hjré- rogliphiques appuyées sur le serpent , assez semblable Att 6'&rapi{f égyptien; des fâtes, des sacrifices, et tout 34S SUR LA RELIGION DES ANCtElTS tUROpiClTS , Fappareil le plus pompeux du culte. Ils pensaient que les gens de bien, ceux qui mouraient dans les ba- tailles, et ceux qui, étant faits prisonniers, étaient sacrifiés parles cnneniis, passaient dans le Soleil, ou * dans un lieu qu'ils appelaient Maison du Soleil. Les Florides adoraient cet astre dans une yaste grotte du mont Olamy que la nature semblait avoir décoré tout exprès àm concrétions diverses , agréable- ment disposées. i ' Les babitans de Tistbme de Panama 'n*aVaient ni temple , ni marques extérieures de culte; ils adoraient le soleil et la lune. Il en était de même des peuples de la Terre-Ferme yàn Brésil, des Caraïbes, qui recon- naissaient deux esprits , le bon qui demeur^au C^el, et le méchant qui est répandu dans Tair. ' Les naturels de Saint-Domingue faisaient des pè- lerinages à une certaine grotte sacrée d*où ils faisaient naître le soleil et la lune. Nous avons vu ^ par la réponse d'un vieux Cacique de cette ile à Chris- topbe Colomb, qu'ils avaient quelques idées de la •vie à venir. "* A l'instar des Troyens et des anciens Grecs , les prêtres mexicains immolaient par fois des victimes humaines , 'et se repaissaient dé leur chair plus rare- ment encore, croyant, par une. vengeance aussi dé- placée, appaiser les mânes de leurs guerriers qui avaient péri dans leâ combats , et se concilier ^ par cet absurde sacrifice, les mauvais esprits dont ils avaient tout-à craindre. L'usage des Mexicains, d'engraisser, comme les Hébreux, un prisonnier dans le temple ^ pour i;n sei> TÎr annuellement les membres sanglans aux plus ar- ,.PÉ|iU\ «EN8 , MEXICAINS, etc. 340 ^ent d'entre leurs dévots, était plutôt, comme l'ob*, serve M. Paw , « une expiation légale dictée par le, ». fanatisme le plus outré , qu'ion moyen adopté pour' » sustenter la vie de ces enthousiastes. » L'opinion, commune est que l'on br&Iait d'abord le coÈur, en-^ suite le corps de la victime; qu'on en gardait les cen-, dres à part, pour attester qu'on avait rempli les devoirs de la religion. Il j a peu de nations auxquelles on ne puisse repro-. cher d'avoir mangé des victimes humaines , et il n'en n'existe pas une,qui n'ait arrpsé les autels de la divi- nité du sang de ses semblables. Les Scythes, les Egyp\ tiens , les Chinois , les Indiens, les Juifs , les Phéni" ciens, les Perses, les Grées , les Carthaginois , \ei Romains , les Crabes , les Nègres , les Espagnols , les Gaulois , les Bretons , les Germains , les Suédois , et tous les babitaiis du nor4 dç l'Europe , ont inimoli des hommes avec profusion. Quanà ces peuples on|^ cessé de manger leurs prisonniers , ils les ont oiSçr^ à leurs dieux. C'est k cette occasion que les Latins ont, imaginé les mots à*hostie , hoste , ( hostie , hoste ou ennemi) victus orvinçtus , 4 victime , vaincu , enchaîné, lié.). ^ De nos jours, les Bhaltes, qui habitent la<:6teoCT cidentale de Sumatra , lient à un poteau et étendent en forme de croix de Saint-André , les criminels et les prisonniers j ils se précipitent sur eux en poussant de« cris afireux , et les expédient sur le champ à coups de haches et de couteaux ^ puis ils arrachent avec fureuc des lambeaux de chair des corps des patiens , les dé- vorent sur la place après les avoir plongés dans un mé- lange de juf d^ ci^a «t d'autres ^uits. ( Cett« atro-. ■îp 35o SVR LA KtLIGTOTf 1)18 ÀNClKITS KXTllOPillrfl ^ cité s'est faite en 1816 en présence ide' lord MoirOf gouverneur des Grandes-Indes. } L*Abbé Renaudot rapporte qu'au 9e. siècle il y avait encore des antropophages dans l'empire de la Chine , et que les Arabet s'accordent à dire que les tiabitans des provinces de Xandu et de Contha , mangeaient leurs prisonniers ;. les Chinois agiraient certainement d'une mani'' re plus digne de l'humanité , s'ils en- voyaient le surplus de leur population établir des co- lonies plutôt que d'étouffer chaque année , dans des bassins d'eau chaude , plus de trente mille enfan» nouveaux-nés , poiir ne pas les nourrir. C'est par un setitiment de charité aussi déplorable^ que les Onontagues au Darien , enterrent le jour même qu'une in«re vient d'expirer , les orphelins el orphe- lines & la mamelle avec le corps de la itoère , pour, disent-ils j les «mpécher de mourir de faim et de mij(ère. ^ - Si depuis Tamendé de aoo sols k laquelle le» lois mI^OIM sous Charlemagne \ condamnaient les sorciers ^[tti ttiangcttient de la chair humaine , les Européens «ht cessé de manger des hoAnmes , iU ont conservé la coutume de prier le ciel de les préserver des démons, et de pa^er les prêtres pour les endormir par leurs ^éres. Les Atakapùs de la Louisiane ayant promis dans leur traité avec les Français de ne plus goûter de chair humaine , ont mieux tenu leur pa^le que ne firenf jadis les Carthaginois., qui au mépris de l'engagement solennel qu'ils avaient signé , de ne plus sacrifier des enfairs h Saturne , s'abandounèreftt de rechef à cette épotrvantabk snperstitioq. vinxNitvêy MixiCÀiirs, etc. 35i Combien d'Etatt chrétiens en Europe , pourra- ji-on citer , qui puissent ie flatter d*ayoir observé leurs traités aussi religieusement que les Atakapas ^ que les Guayquenes de la hande du Nord? Ces der- niers, dit M. Humboldt, montrent avec orgueil aux Européens la pointe de la galère , à cause du vaisseau, de Colomb qui était mouillé dans ces parages ; et \% port de Mançanillo , où ils jurèrent aux blancs , pour la première fois en 1498, cette amitié qu'ils n'ont ja- mais trahie et qui leur a fait donner en stjle du palais le'titre de Fièles ( Fidèles ). (Voy. Aux. Reg. E^uin. du Nouv. Contin.) Il y avait moins d'antropopl^ iges au Nouveau- Monde que bien des personnes se Timaginent. On n'y a jamais connu que les Atakapas dont nous avons déjà parlé, qu'une tribu parmi les Patagons du Midi; dans le Brésil -, les Barbares , les Oragnates et les Typayes \ dans la Guyane , les Gallibis et quelques familles Caraïbes expulsées de leurs iles natales pac les lit. j^agnc^s , et réfugiées k la côte du Continent , entre l'Orénoque et le fleuve des,Amazônes. Ils te^ gardent les Missionnaires comme des ennemie dange-> reux et opiniâtreà, et les Espagnols comme les plus trucls. « Antoine Biet j supérieur des prêtres Missionnaires qui passèrent en i65a à Cayenne, a fait un rapport plus avantageux de leurs mœurs et de leurs m^nière^ de vivre. ( Voy. son Voy. de la Terre équin. , liy. 3 , pag. 390. ) Les Américains avaient encore de connnun avec presque tous les peuples de l'Univers , l'usage sangui- naire et insensé 4'eiisevelir des personnes viTantW 35a 8UK LA RlXiGlON OKS ANCIKN fl EUROP/ ^H , arec les oojrps de Uurs cacique» ou chefs, d«. ' limlie, avec cette diflîérciice cepof^dant qu'on ne contraignait pas ces infortunés , qu'iU venaient au contraire se pré< «enter d'eux-ménies, poj(|r Thonneur d'être enternfi vivans , puisqu'pn était souvent obligé de renvoyer ceux qui excédaient le nombre prescrit par l'étiquette de la cour pour les funérailles de Sa Majesté. ( Voyet rHistoire des Incas par Garcilasso , imprimée k Paris «n 1744.) L'usage inhumain d'ensevelir des personnes vivantes avec les morts , existait en Europe et dans tous lei payefoùles Ases ou Scythes asiatiques se sont fixés. L'Europe n'a été exempte de cette barbarie qu'au tempi àe Jules-César. \ Cet usage subsiste encore k la côte de Guinée et dans quelques cantons de VAsie méridionale ; k la cètci de Coromaudel , on enterre les femmes vivantes, et chaque assistant croit exercer un acte d'humanité ea Jetant sur elles quelques paniers de sable. Quant k la bizarrerie qui a rapport.au deuil , et qui consiste (chei les Tcharos du Poraguay^ les Guarauos et les 4$'atti^a^e5,qui habitent k l'Occident de Parama- ribo, que les Hollandais nomment Boken) k se couper une' phalange des doigts lorsqu'on perd son mari , s« femme ou quelqu'un de ses proches ; on la retrouve parmi les CaJJres , chez ce peuple qui «ne à la points méridionale de l'Afrique , et que- l'on nomme HoUen- iots f si connu et si fameux par leurs moeurs et leurs habitudes bizarres. L'usage ridicule , mais moins sanguinaire des Bré- siliens et de quelques peuples du Nord de l'Amcrique, où la femme . dés qu'elle est açGoucl)é? . n'a rien de pintiTififS, MZxicAiirs, etc. 353 plus pressée , que d'allet' servir son époux qui garde alors le lit pendant plusieurs jours , est encore en vo- gue en France même ; c'est ce qu'on appelle dans le Béarn , faire la couvade. Il est vraisemblable que les anciens Vénamiens y ou les Béarnais , ont puisé cette étiquette en Espagne, où elle régnait principalement du temps de Strabon. ( Mulieres , cum paperunt, suo Iqco viros decumbere jubent, eisque miuistranl , lir. v III, p. 174.) Ill'a remarquée chez les reltibériens; Mêla et Pline cbez les Tibaréniens en Cappadoce -, et Diodore chez les Corses. Aucun des peuples de l'Amérique n*a jamais in- sulté les morts. L'Europe moderne n'en peut pas dire autant; encore moins les anciens Romains j qui laissèrent pendant trois jours aux Gémonies ( lieu qui répond à la voirie ) , le corps de Séjan , ministre et favori de Tibère , exposé aux insultes dU peuple (Dion Cassius , m Tib.^ lib. 58 , édit. Reinar. ) Etienne VII arracha de la terre le pape Fàrmose, son prédécesseur, lui trancha la tÂte, et fit jeter son corps dans le Tibre. Un Concile fit exhumer le ca- davre de Wickleft' pour le maudire à la face de Dieu. Araound Raschild fit ouvrir les pyramides d'Egypte pour s'approprier les trésors qu'il supposait qu'on j atait enfouis. . Le révolutionnaire Maraty en 1794*, passa du Capitole aux Génomies*, du Panthéon de Paris à l'égoùt Montmartre. On n'accusera pas non plus les Américains, comme bs anciens Médes , d'avoir jeté à un certain nombre de forts dogues, les cadavres de leurs amis, de leur9 pères et de leurs parens*, de les avoir même fait dévo- rer ^'article de la mort , S'ïus prétexte de les soustraire TOME a. ai 9S4 SUR LA RELTCION 0E8 ÀVCtESê VUKOPitttS, au dcsTinnneur de iirourir dans leur lit , ou à celui d'être enseveli , pai'ce qu'il est connu de tout le monde que les babitaiis de TA inérique^ après avoir soigné les person- nes qui .c^ur sont clièi.es, pendant leur maladie, Arrosent leur tombeaux de leurs larmes -, que les femmes de ces mêmes Indiens y après leur avoir rendu y ainsi qu'à leurs enfans , Ins honneurs de la sépulture , viennent tous les jours, pendant plusieurs semaines, porter des alimens verscif de leur sein quelques go'Utes de lait sur leurs tombeaux (Charlevoix. Voy. d'Amérique ). Les naturels du Nouveau-Monde ont tant de res- pect pour les tombeaux de 1 urs ancêtres, qu'ils te- gardent ces mbnumens comme les titres de possession de la terre qu'ils habitent. « Ce pays est à nousj, di- » seut-ils , les os de nos pères y reposent. » Quand ils sont forcés d'en sortir, ils les déterrent en pleu- rant , et les emportent avec le plus grand respect ( Histoire des Antilles ). Les Américains n'ont jamais pratiqué la coutume barbare d'offrir, sur un bûcber,des victimes humaines en holocauste. Dans V Inde y on place sur un bûcher, les veuves qui n'ont point eu d'enfans, et on les j brûle avec le corps de leur mari défunt. Les di'uïdes, chez les GavJois , les Bretons , et dans le nord de l'Allemagne , brûlaient les victimes humaines dans des paniers d'osier. Les prêtres modernes , dans certains pays d'Europe , en ont fiait des auto-dafés , et les ont brûlés en grande pompe dans les places publicfues. ' Les habitans du Nouveau-Monde, n'ont jamais eu pour passe-temps, des combats de gladiateurs, de tau- reaux , de tigres, d'ours ou autres bêtes féroces contre des hommes. Ils n'ont jamais imité L, Scilia qui,l« premiej libettQ contre I( instruite ^^ ieur portait U qu'en se tournait 1 devait COI i* peuple ne voulaic nèçuoy SI Le» An, auraient ^ dans l'arèi <»nïbattre jamais bris mie de prej viens étaiej A're Je tnî odieux vaii de Scuiorei J(es Péruviens et les Mexicains n'auraient jamais imaginé , comme les Romains , de réserver une portion de l'amphillméàtve ou de l'arène « appelée 5/»o/iâre, ou le» gUdi4teur6 s'habillaient et se déshabillaient , et où .l'on achevait ceux qui, ayant été grièvement blessés, étaient jugés incapables de servir aux plaisirs cruels de ce peuple. (SsnÈque.) D'après ce que l'on connaît de la religion des anciens Péruviens, on peut avancer que leur culte admettait Le poly.théisme , et n'était pas exempt de superstitions, puisq.u'iudépendammcnt de ce dieu immortel , qu'Us APIldaicut JPaçIiajcantac , et qu'ils adoraient sous l'em- l)I(lme raf à des divi blement ^ thoJiques pect pour formes- à c mépris. Qi peut-être, celle de la En ador, PERUVIENS, MEXlCAmS , etc. 357 b](^me radieux du Soleil j ils rendaient leurs hommages à des divinités subalt.ernes , qui n'étaient vcaisembla- blement que des Saints dans le genre de ceux des ca-> tholiques romains. Ils avaient, dit-on, un grand res« pcct pour des statues représentant des diables si con^ formes^ à ceux de l'ancien continent, qu'on s'y serait mépris. Quoi qu'il en soit , leur religion renfermait , peut-être, moins de contradictions et d'absurdités, que celle de la plupart des autres peuples. j £n adorant dans le Soleil , à l'instar des Perses , l'image de cet ôlre incompréhensible, la source de la végétation et de l'existence des êtres de notre pla-r note , ils étaient plus raisonnables que les Scan^ dinawcs , qui s'étaient créé un dieu dans Odin ; que les Celles et les Gaulois , qui ^aiicliGaient le gui., et sacrifiaient au bruit des tambours, d*>G petites filles et des petits garçons, aux pieds d'IIésus et do Teutatès , leur Jupiter, et <ï Ognicus , leur Hercule-, que les an- ciens Germains qui adoraient un Arminius , un Irmin- suls , Frida , déifiaient Velléda , Lahhra , Jeha , Gauna, Metto, Siha , Tfonda, Fréja , Aurinia , et tant d'autres femmes et filles; que les Allemands njo- dernes, nommés Siotiites , qui levèrent une femme ou fille, qu'ils honorent du titre de Mère de Sion ; que les Africains qui se prostcinent devant des cro- codiles , des serpeus , des Jetiches, objets de leur caprice , de leur crainte et de leur espérance ; des dieux enfin, qu'où n'ose nommer; que les Egyptiens qu' déifiaient des oiseaux, des vaches , des crocodiles, des serpens des rats , des iusecles , des oignons , qu'ils écrasaient tous les jours sous leurs pieds -, que les /«- ^ie/i:, que les ennemis du repos, de U \ertu et du bonheur de l'espèce humaine , et qui Cl oyaient que les dieu^: ue se mêlaient jamais des hommes, sinon pour les châtier. « JSoit esse euros deis securilatem nostram , esstt ultiouem. ( Tacite. ) Le Péruvien , en attribuant la révélation à Mauco- Ca/^ac , avait cette croyance, de commun avec l'In- dien, qui prétend que Brama est venu lui révéler le culte qui lui plaisait^ avec le Scandinave ^ qui en disait autant du redoutable Odin ; avec: le Chrétien, qui croit que sa relijjion lui a été révélée par Dieu même. Les AUibamoiis j comme les Cluétiens, ont leurs Rogations. Ils t'ont à ce sujet une très-grande fête au mois de juillet, teinps de leur récolte. Dans ce jour solennel qu'ils passent sans manger, ils allument pour la médecine on jonglerie, le feu nouveau; après quoi, ils se purgent,, et ollreut à leor Manitou les prcmicc» PÉRUVIENS, MEXICAINS, eto. BiIq de leurs fruits. Ils achèvent la journée en datiscs de religion. A l'équinoxe de mars, le prêtre péruvien, à Tnide d'un miroir ardent, allumait tous les ans le feu sacré avec les rayons du soleil, comme les vestales jadis le rallumaient à Rome, le même jour-, les Catliolii[ii0s ont adopté la môme épO!{ue pour renouveler le fou des lampes de leurs éj;lises. L'on y célébrait aucienuement aussi la fête des Eaïuv à ré«{uinoxe de mars; l'église romaine en a consacré la mémoire, par l'usage de l'eau bénite qui se fait à la môme époque. La fête des tor- ches s'est perpétuée dans le cierge pascal. Quelles rédexions n'inspirent pas la femme au ser- pent, l'Eve des Aztèques, le Dieu de la guerre , la Déesse de la volupté, le Soleil qui, sous le nom de Tonatluh, est tantôt l'objet d'un culte, tantôt rem- blême du temps? A queilos conjectures ne donne pas lieu cet oiseau qui rapporte à Coxcox (ou Noe) le rameau vert, signe du dépait dos eaux; cette colomlic qui distribue des langues aux hommes nés après la grande inondation ; celte pyramide , autre tour de Babel, qui demeure imparfaite et dout les audacieux architectes, ujuveaux Titans, sont foudroyés parles dieux; le mouumeul de Cho]ula,|||3 bapième des e,.w fans nouveaux-nés , et plus encore ([uc tout cela , cette régénération attendue par les Mexicains sur la pro- messe d'un de leurs législateurs, qui devait, après do longues années, leur donner de tiouvelles lois. La Pâquej des Mexicains , ([ui consistait à manger un morceau de gâteau de maïs, représentant la statue en grand du dieu Vitziliputzi , qu'on avait promenée et encensée en procession; était moins ridicule que la 36o SUR LA nELIGION DES ANCIENS EUROPEENS , Pâques des anciens Gaulois qui , après avoir clianfé dans une forêt de laBeaucc^ aux environs de Chartres: « Au gui, au gui, l'an neuf planté, planté, » ava- laient avec dévotion , après plusieurs cérémonies reli- gieuses, un morceau de pâte pétrie en forme de pain, et une gorgée d'eau lustrale. Cette procession des Meaicains valait bien celle des Druides, qui allaient, en grande cérémonie , ramasser le gui avec beaucoup de respect. Elle prétait bien moins à rire, que de voir un Druide à longue barbe, habillé en blanc, grimper sur un cliéue, sauter de branche en branche, avec sa faucille d'or, pour coup«r le; gui , que ses confrères recevaient dans un sac blanc, avec beaucoup de vénération. La grande fête du Ramy , que les Péruviens , après le solstice d'été, célébraient au mois de juin, d'abord par un jeûiie de trois jours, et ensuite par toutes sortes de dévotions et de sacrifices , après avoir obtenu, à l'aide d'un miroir concave, de la grosseur de la moi- tié d'un orange , extrêmement luisant et poli , le fea nouveau du soleil, avec lequel le grand saciificateur allumuit un peu de charpie faite de coton qui servait à h.ïiler les victimes et à rôtir les chèvres qui devaient '.■e manger ce jouv||l^ et dont le principal acte de cette solennité consistait sur-tout à manger le pain sacré ap- pelé Cancu , l'apprêt duquel exigeait beaucoup d'ob- servances rigoureuses , puisque ce pain ne pouvait être pélri , cuit et préservé de toute espèce à< sooil- lure , que par des vierges dévouées au culte an Paclia- camac, chargées de préparer aussi les liqueurs desli- nées à l'usage des Incas , après l'otfrande qui en aurait été laite sur l'autel , et q^ue les prêtres , après avoir ) PÉRUVIENS, MEXICAINS, etO. ^6i légèrement rougi ce pain de quelques gouttes de sang, qu'ils tiraient, dit-on, du front et du nez des enfans au-dessus de 5 ans, distribuaient k tqus les assistans , qui le mangeaient en présence des idoles î dos prêtres et des Incas qui présidaient à cette solemnilé , étaiit pour les Péruviens une communion sous les deux es- pèces, comme chez les Chrétiens, celle du pain et da \ia. Cette cérémonie était plus raisonnable que celle des pfîuples du Gé^audan , qui s'assemblaient tous les ans , pour célébrer, pendant trois joura, la fête du înont Helanus j dans les eaux duquel ils jetaient leurs of-- fi'andes,qui consistaient en pain, cire, étotfes^ etc» i^ Les Mexicains et les Péruviens avaient quelques no- tions de la spiritualité de l'^amej ils croyaient à la résurrection des cci'ps , mais ils ne prétendaient pas^, comme les Chrétiens des premiers siècles , que les dents des morts étaient des substances incorruptibiesf, que Dieu se réservait, comme une espèce de graine ou semence , pour faire régénérer les corps décompo^ ses par la putréfaction. « Constat dentés incorruplos perenare y (fui ut s«- » miiiu retiuentur , fructijicantur conporis in reiuf^ » rcctione. « (Tertullien. ) / Ils n'avaient pas adopté cet absurde préjugé du paganisme, qui était cause que les Romains nebrà- laient pas le corps des enfans morts avant la pousse desdeuts, et qu'ils appelaient pour cela « Minores « igné rogi. » Plus sages que les Chrétiens pour la confession - Ifs Péruviens avaient laissé aux femmes la faculté de se coufcâscr à une personne de leui* sexe. Les hommes 30a SUR LÀ RELIGION DES ANCIENS EUROPÉENS , allaient volontairement et publiquement devant le juge déclarer les fautes qu'ils avaient commiâes, et dont .personne n'avait connaissance*, mais ils ne se conf«s. saient pas, comme le prétend le père Acosta, à des prêtres nommés Ischusyres , tenant en main une petite corde, et qui, pour accorder l'absolution au pénitent, prononçaient ces paroles : « Dieu m'a donné le pou. > voir de rompre la chaîne de tes péchés, comme je :» romps cette corde, » qu^ils cassaient au même ins- tant par le milieu , ce qui absolvait le confessé. Ces .prêtres, pour les cas graves, ne référaient pas non plus leurs pénitens à des Ischusyres plus élevés en dignité. Quant aux Incas , ils s'étaient soustraits d'un asser- vissement semblable, en prétendant qu'en qualité de ,roi8, ils n'avaient de juge compétent que Dieu, et -qu'ils ne pouvaient se confesser qu'au Soleil-, aussi le , gr«ind-pontife de Cusco absolvait-il toujours d'avance l'empereur et la famille impériale , lorsqu'ils avaieut envie de taire leur confession au ciel. Quand l'inca avait rempli cette formalité, il se baignait dans une .eau courante, et sitôt qu'il en sortait , il disait au fleuve : « Reçois les péchés que j'ai confessés au Suleii, » et porte-les dans la mer. » Comme les Chrétiens, les Péruviens célébraient un grand jubilé à la fin de chaque siècle-, et à l'instar des Juif:», certains peuples de l'Amérique pratiquaient la circoncision ; mais ils ne s'étaient pas occupés , comme les Hébreux j à mettre des herbes consacrées dans le nez des démoniaques, pour en chasser les démons. S'iU furent coupajïïles, comme les autres peuples de l'ancien continent^ d'avoir immolé des hommes à la rK- piErÙyiini , ■txiCAiifS, etc. 363 dédicace de lenrs temples , on ne leur reprochera pay du moins d'avoir imité le premier citoyen de Rome , qui crut donner un spectacle mémorable, «n tsTen- tant une nouvelle manière de faire périr les hommes. Ce n*étoit pas assex qu'ils combattissent les uns contre les antres y qu'ils se taillassent en pièces , il fallait qu'ils fussent écrasés sous l'énorme poids des éléphans. C'est ainsi que Pompée fit la dédicace du temple de F'énus Victorieuse i qu'il la consacra par le spectacle d'un combat dé ao , ou selon d'autres , de 1 7 éléphans , contre des Gélules f qui leur lançaient de loin des jave- lots. « Pompeii quoque altero consulatu, dedicatione » Veneris Victricis ^ pugnavêre in circo viginli , aut , » tu quidam tradunt , xyii, Gœlulis ex aduerso ja-~ 9 eulantibus. » ( Plin. , Natur. Hist. , lib. 8 , cap. 7 , édit. Hardouia. ) Les Péruviens avaient leurs vestales , comme jadis les Gaulois, les Bretons, les Suédois, les anciens Ba- taves, les Germains, les Romains et les Européens modernes, avec cette différence, que les vestales amé> ricaiues étaient des prétresses ou des religieuses d'une autre espèce que celles d'Europe , et qu'elles vivaient dans le célibat le plus strict. Elles jouissaient d'une si grande réputation, que les Indiens les consultaient coinine des oracles j qu'ils labouraient gratuitement leurs cliainî)S , les plantaient et les récoltaient pour elles. Cet excès de dévotiou annonce une certaine socia- biliié,' une galaator;e raiîinéo. Elle ne s'accorde pas avec la paresse que M. Paw suppose h ces Indiens \ avec les outxages qu'il dit « que ces iudigèues faisaient ,1; / '■i.i 364 SLR LA RELIGION DES ANCIENS EUROPEENS j » à leurs épouses, au point de les forcer h. se séparct » de leurs maris , pour habiler des lieux déserts, et » s'y sustenter de fruits sauvages et de gibxer. n Cette république femelle ne contredit pas non plus Texistence des Amazones américaines, dont parle la tradition des Indiens, le jéiiuite Acugna, le conqué- rant Orellana, ni celle des autres peuples, certifiée par Hérodote , Diodore de ^'icile , Arien , Justin et Çuint-Curce. L'instinct moral repoussait du cœur.dcs Américains, le vice armé d'une autorité sacrée et descendant du séjour éternel. Ils admiraient la continence de leurs vestales , mais ils se seraient bien gardés de célébrer , comme les Romains et les Grecs , les débauches d'ua Jupiter \ d'adorer l'impudicité d'une Vénm^ d'invo- quer le dieu qui mutilait leurs pères. La sainte voixde la nature l'emportait chez eux sur celle de pareils dieux, et il leur eût répugné de reléguer dans le ciel le crime avec les coupables. Les quipos coloriés des Péruviens étaient plus ingé- nieusement imaginés que les hiéroglyphes monstrueux des Egyptiens , qu'on a peine à concevoir , malgré tontes les interprétations qu'on veut leur donner. La la)!gue sacrée du Pérou , le respect qu'ils avaient pour la vertu , puisqu'ils n'épousaient que des (illes vierges, et qu'ils châtiaient avec la dernière rigueur celles qui se prostituaient.; enfin le penchant secret et invincible que le» débris de ce peuple conservent , comme les Hébreux au fond du cœur, pour les institutions reli- gieuses de leurs ancêtres , démontrent que les Péru- viens ne 'passaient pas leur vie saus penser, comme on l'a dit, ,et que leur culte, à quelques su;icr3- PÉRUVIENS , MEXICAINS, etc. 365 titions près , n'était pas aussi monstrueux qu'on* a bien voulu le tlëpeindre. » '< Au reste , ils avaient de commun avec tous les peu- ples du monde d'avoir personnifié de la même façon ; sous les mômes emblèmes , des météores, et des catas- tioplies physiques , et comme les Egyptiens , les In- dous , les Japonais, les Grecs , les Norvégiens et les Bretons , d'avoir métamorphosé en géàns les phéno- mènes terrestres et aériétis , si toutefois l'abbé Pluche , que M. Paw cite page 3i4 du ler. volume, nr s'est pas trompé , lorsqu'il prétend que Briarée , . grec qui veut à\ve robuste y doit signifier le déluge y ^avce qu'en hébreu , il signifie la perte de la sérénité ; qu*othuSy mot grec qui n'a aucune signification parti- culière , doit signifier le dérangement des saisons, parce qu'il a cette signification en hébreu ; que por" phyrioîi , autre mot grec qui veut dire porphyre , doit signifier tremblement de terre , parce qu'il a ce^ sens en hébreu ; que le mot grec mimas , qui signifie eti grec imitateur, comédien , doit par suite du mémo raisonnement, signifier ^r^n^e pluie; q}i*encelada , mot grec qui exprime le bruit , signifie selon Pluche , h fontaine du temps ,* qu'ephialtes , mot grec qui si- gnifie sauteur , oppresseur , incube , ne doit exprimer qu'un grand amas de nuées , et que deucalion signifie \ affaissement du soleil y ce qui, dit Voltaire, est aiissi bien prouvé que les antres acceptions. Malgré tout , l'on est forcé d'avouer que la religion des Amantas et des Ischusjres , n'était point surchar- gée de superstitions , de légendes absurdes ^ de ces dogmes qui insultent à la raison et à la nature , et qu'on ne saurait comprendre. Ils se sont contentés d'à,- m ■ u IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) ^%> Photographie Sciences Corporation ^ ^ ^■\r ^ '%" 23 WiST MAIN STRIIT WMSTM.N.Y. USSO (716) 873-4503 '4S 0 p \\ ^*^o ;\ 3611 lÉTAT DIS A&T8 dorer an dieu avec tous les sages de la terre , ^tasdii qu'en Europe on se partage entre Thomai et Bùnof* veniure , entre Calvin et Luther , entre JanêéHiui et JHolma. Que de maux les Européens n*ont-ils pat faits au nom de ce même Dieu, que l'évangile annonce! c'est lui que chaque nation particulière invoque pour ex- terminer ses ennemis ; remercie à chaque l>at«ill^| et c'est en son nom enfin , qu'on a détruit les paisihliis Américains. CHAPITRE ill. ^ . '' '■ , . ' ■ ' ;, . ■ . u'yii^ htat des ans chez les Péivviens et les MèàU caûns , lors de la découverte de P Amérique, Que les Eun^éens , à qui leur pajs ingrat ne fonr» nissait aucune de ces productions riches et précieuaei qn'offirent l'Asie et l'Amérique, aient été poussés par ^la cupidité k faire des tentatives pour se les procurer; que par suite de la découverte du Nouveau-Monde , ils se soient emparés de la moitié Ue notre planète \ cela ^il'e;st pas étonnant , quoi qu'en diseM. Paw , puisque .nbus avons vu les Assyriens fies Perses , les Grecs ,1» . Tartares àvi nord, les Romains , les Sarrasins , lei .Çplhs , les Vandales , etc. leur donner cet exemple; mais que l'intérêt et la curiosité n'aient ' pu engager \t^ Japonais ,\ei Chinois , les Persans et les Tura à ..voyager en Amérique , cela n'est nullement surprcr ,nant , puisque ces peuples possèdent une partie dei trésorsdu nouvel hémisphère, avec un.ctimat À-pe«- .près temUable. cnt Vis pÉamaiMi «rsÉT «ricains , etft. iSf ' M. Paw ignore ta» éoMê ^tM «-est à la misère Vi^ . la gène y que tel Sofopéeni font redevables de lenr industrie et de' ttftar esprit; que l'Bspagne est le pays' de l'Europe oè l'on trouve le plus de mendians et à^^ vagrb^mdÉ; qu'il émigré M^uellement.de la érolÉASV do oa 9o^oo individus quHjbnt à Géneg ,kjliMômtèi «t sous le nom de (ra/fe^o5 , sont ^ dsM»>cë feys , ce que sont les Savoyards k Parité Çojjsllidaitt y a-t-il rieu de plus méprisable que d^entendre un mendiant espagnol ou portugais , en fUSAilles , mourant de faim et couvert de veroriii», demander à un autre gueux comme lui ^ si se seigneurie a pris son cbooolat ? Sans' Forgueil , la vanité et la prévention, qu^ l'on pourrait ureux alors apprécier les cboses I * Parce que, sans le fer et le cuivre ^.on.ne peut gué"' res dans les pays du nord de l'Burope cultiver les ter-< ves, et que les habitans de cette partie seraient alors contraints de brouter l'berbe, et' de se repiattre de glands., ddit-onT'en conclure que cette règle est sans exception , même pour la terre de l'Amérique , à la-' . quelle le voisinage de la ligne donne une si grande fertilité? ; Parce que les Chinois j connaissi^nt déjà la castine et le fer, du temps d'Jao, étaient dans leur âge de fer, lorsque certains peuples d'occident n'étaient peut-être encore que dans leur, siècle d'or, c'est-à-dire , vivant de glands de chêne , de mûres de ronces , de noisette» de coudrier , de cornouilles , d'arbouses , de prunelles acides, de petites poires sèches, et de quelques misérables daucus , n'ayant pour . tout vêtement qu'une peau de bête fauve attachée sur l'épaulé avec une épine -, dirart-on ]^our cela , parce que letg. ETAT DB8 AETS Péruviens ne connaissaient pas alors l*àrt ' c^e for- ger le fer^ conime les Européens du i5.e siècle, n qu'ils étaient dénués d'esprit , d'intelligence ; quMs )i, n'avaient aucfune idée dés arts et des séienceis; qu'ils » manquaient de mots néoMsaires jkmr exprimer les ». 4iotions morales et métaphysiques , et que le dé&ut » de la monnaie attestait leur peu de progrès dans la » législation et la police f » lorsque tant d'écrivains ont pr6né l^r industrie , leurs ai-ts , leur génie , leur police y leurs lois, leur gouvernement et leur bonheur? lorsqu'il est avéré que lès Espagnols ont brûlé et détruit les ouvrages de ce peuple malheureux, croyant par là justifier leur barbarie ; et que Sumatica , le premier évéque de Mexico, a &it jeter au feu toui les tableaux hiistoriques qu'on avait pu déterrer dans le Mexique ; et parce qu'on a eu peine ji déchiffrer le seul exem- plaire qui était échappé des mains de ce prêtre fana- tique , et qui renfermait l'histoire de tous les rois du Mexique , dont lé premier n'avait commencé à régner, dit-on, que vers l'an 1891 , de notre ère vulgaire , doit- on en conclure que les Mexicains étaient des sauvages complètement grossiers et ignorans ? Ainsi les Tàrtàres]9Â\% détruisirent à plusieurs fois, pendant leurs guerres, les bibliothèques forinées par les savans du Thibet ; ainsi un malheureux empereur delà Chine ordonna à ses sujets , sous peine de la vie , de brûler tous tes livres et tous les manuscrits qui pouvaient servir à éclaircir l'histoire de notre globe. Ce fut cette nttéme fvénésie qui occasionna, sous Jules- César , l'incendie de la hibiîothè(fue d'jilexandrie. Ce fut l'intolérance du pape Grégoire , qui priva la 'éhréCienAeté d'ilne pàrflv deseeuttres de Çicéron^ d« r tttcs LIS PÈàiMiàs^tté àtxtckiKSyeic. BBg tite^idifty au "VùrnàHfé-TUèÛë:' Ces j^érsécotibM éontrtf l'esprit ItuànAin , tai^ûs 'ô^t'èitlévé lèi'piî^gieî dé îdén^Hdfe, dè^ ^ion , ^Âpt^lUdoYé > à'Atcéè , dé Philemon et dé Sàphb > doiîf le^ JTrbgtitéhs at^stetit h p«i^e inestimable i{ite hoiïs avgeiire; toiXs noi systèmes inventés -sur l^histoire dé teà peuples , Be Contredisent autant que nos àyétémes'niétapbysiqués. Les olym- piades dés Grecs ne tomménceut que 718 ans aviint notrie manière de comptiér. Tite-LiVe s'est bien gardé dédire en qnellé année Romulus €ommen{:à son pré- tendu règne. Il est prouvé que lés >âi4b anis qu'on attribue au sept premiers rois dé' Rome /sont le cal- cul le plus Ùtaiy et ^ue les quatre prétniérs siècle» de Rome sont al>solumettt dénués de éhrônolojgie; ëiiBià des Bo systèmes de chronologie' qui subsistent / il n'y en a pas uh de' vrai, coinme Ta démontifé Va^^ê âè CondiilaCt Cela n'empêche pas nos thtimolb^stes^ TOME 9. a4t ^l^al^ à p)^{le dc| Vacîiçr ^i.WUf^^/enip^j jU f^t^iant ]^rT,«q^H à pO|[^at^ç Je lî?r > s^^ PP«voif c^ei^^t le vertes , ^^Mf » «WÇ^V^^»»!^ 9*»*»^* «JW»* &»>■ 4w pw, gç^^ 4«^ Ic^ ^t^j fm*\]fk^p^\ei)*, 'm'f^rii^ai^, ^« la <;^}yr^, pi|^^ J'^fpBf ^xan^ç. j(i>,pi^ j,j^S4|u'à M , ,;P^c>J g^'il^ y«r^5^t ,P«« 4f-^pniMiiri ^ ai WîW» Bftn^f»"^* feii #n» W»W»t 4»^ ♦«*# «iua 1«9 Sfii^yag^l 4'A^W>«Hfli M=^R #W* #»»j4jÇ H^mf àm «, rÇiîI. ^nf^v# jp^i 4/t V^yiif def ,,q3«4||)i^s fi, CI ^cJair^é. 2Vtud« hi^rpçlj verieg £ lui eii^< phrate, retroiuyë traits de les nipnj num^as | natftre sf cojQiine ce «©nslrpcti «ompafëea ?« coMTn MÏle? Qrn< nombre cpi sentant Ja caine, le gratiotif jd nianjji^ dç le ca^ntj^i^ leur i^i: .£ -iif.'.v p aveqle^jj l»^ptth l^a la tiilpeda mo^à ç» CHEZ LIS F|i^|P[|l|!r8 ÇPp^ )llpC|CAlIf8 , etc. %IJ% ^cl^ir^ sur rapcif^niie çiyilis^UQn dça Américains » pfir lVtad« de leurs monuipep^ 4'ar!oliitecture, da leura hiéroglyphes, 4? I^Mr pvHe religieux et de leurs vè- veries astrologique^. X^ef riV^f ^ fleuyes ^piéricains lui eiis^n^ parlé le ^Afoo engage que celles de T^ii- phrate, du iVfl et du r«>re; pjus d*une fQÎs, il e^t retrouvé, ^ans lej'^rqi^, 4aps le Mexique, quelque^ traits de yjfi4e,J^eX:^^^, de VEtrurie ; parnii les niç>n^g|^<^s aiiiériç^iqeS) il e^t renconiré des mo- num^ns |re)>narqua|>le^ qui porteijit Teaipre^nte de ^l nature sfuyage df^ Cç»fdUU^rîes. M. fayr le^l trouyé, oojDnrae ce savant, rf>çjC|isiQn d'^dfuifer et de ^^crire U i^QSitrnction de^ Tépj^ffis qu. pyramides luçiicaines, comparées ^ à^ïlef du tf ipplç de Bfliisj les ^raVe^quef qui couvrent l^s ruipe^ d<ç 4^(<(4» des ^oles en |^- salles umées de la Cfilf ntic^ , ^^s iétfli d*Isi9 > e^ fi|A nombre opnsidéfable de peintures sj-mlx))ique9 repré- sentant |a Femme aii i$erpent , qui est VEve vam- QÛnf ,Je déluge 4» Çç^'^^i ç* l?s premières m|- grationf ^e^ pi^ppl^s ^e pjBcç a>tèque. Il n'eût pfs nu^nqp^ de dfJnjipn^^rjar^les ^nflogies fp^ppantçs qu'offrp le ca^n<^i?yr de? fo^^qnes, et les ct^tmmes de leur zodiaqu^ , ayec les.^yisions ^n t^pj» dçs pi^Mpif^a avec !^j» ;^^<»/aXa^4çft ïn4ov?, et Ijp? qiii^^fe â^^s ■.ji..i( t f .37a irxrutB arts louas des Chinois ( vojr. Voyage de M. Huino. aut tég. ëqain: du Nouv. Cont. ) Ijx religion des Amëricqins, Tekisteiice de la viV/e 'dé Mexico , qui contfent encore, de nos jours , i4o,ooo âmes f]es palais éUgans de Montézuma ', les tem/^Ve^ 'que les Mexicains y avaient ériges, le pori^ qui unit cette. Ville h la terre fenhe , et qui a plusieurs lieues de long; l'existence de CuzcOf ancienne capitale de l'empire péruvien, qui oflre encore une population Me 4o,ooo âmes; les moiiumeus des anciens Incas, formés de grandes pierres irréguliércs qui se joignent parfaitement, et non pas à petites assises, comme 'les édifices européens'; les ruines du palais desljncas et xle pli:^ieurs édifices pul^lics; celles du Temple 'du Soleil f à la place duquel l'on a bâti un très- beau cloître; la vaste masse du pays du Tihuanacu, 'ancienne pyramide faite de mains d'hommes et de 'pierres les plus grosses, partagées en différons étages; les statues colossales de deux énormes géans, faites 'en pierres, dcu vertes d'Un é draperie qui tohibe jus- '"^qu'à terre , et dont la tété porte' tiu espèée de bonnet 'qiie le temps a fort endommagé ; une longue mutailie 'de pierres énormes; plusiiÉftirs restes d'édificéà extraor- ' dinaii es, comme de vastes pbites, des statues/ d'hommes 'd'une taille ordinaire, les ûiîes ayant un vase en main; 'd'autres àssise&'ou debout, 'd'autres ayant cm enfanta Ja mamelle , dii le tenant" "par la main , que la tra- 'ditioil du p&yi dit aVoir été chaVigées en pierres poar ieura pî^chés, 0t'1e pin's'étohnant de tous' , une mai- 'son creusée* dâtis^'une seure 'rbcho que . lés babttans pré- tendent' avblr été ÙÀte^-pàt 'Ses sorciers-, ainsi «jne d'autres édifices; à cetuc-là, j'ajouterai le» pyramide* Cl daMex dom V dans le da poil rabies si de Tra^ pierre d 6 d'éjpait l>ourgad< que, de zuma il rieux da a reniarq serves ai hleaux éi tement a' tar, les £1 séculaires on se serv imprime à i'usagp jours de tj Iqs dimax] et les rô> grand JÀ fin de chai ■ • * pure et d« des anciei tues^ de h chica i i'aj fondaientl soient Ufl CHEZ LIS PÉHUYIENS IT LES MEXtCAiNS , etc 37.3' du M«xi(|ue , celles d'Yucatan; les murs surprenans qne dom Ulloa et quelques autres voyageurs ont trbuvés dans le Pérou; les ruiaes à'jéutwt^Cauuari de Calloy du pfUais de Cajainbe^ construits eu pierres consid- rables 9pperposées sans aucun mortier nlciquent; celles de Traguanaco ,, où 1^ père Acoêta a mesuré Ane ' pierre de 38 pieds de lonj; , sur i8 de large e^ 6 d'épaisseur*, les vestiges, de plusieurs autres y'\\\e% et bourgades; les ct^rtds des côtes de Tempire. du. Mexi- que , dessinées par le* Mexicains, et dont Montf'-. zuma fit |ili:éscnt aux Espagnols ; le plan triès-c..-, rieux des ^n virons de Mexico, qun M. H;^mbol4t a reniarqué parmi les manuscrits de Boturini , ooi\r serves au palais du vioje-roi du Mexique. ; les £a~ hleaux élégans que les Mexicains vanoient si .arlis'- tement avec des plumes d'oiseaux, et^ qu'A leur, insr( tar, les Européens se sont eiiurcés d'imiter,; «leurs rour^ séculaires , moins impia^rfaites que l«s ahn^nach^ dont^ on se servait en Europe du ternes des GofUs ,, et quV>nr imprime encore aujourd'Ut^i dans quelques provinces / à l'usage de ceux qui ne. savent ni lira,, n; écrire : les jours de travail j étant désignés par des points noirs, Iqs dimanclies et les fô|e« par des points rougpi , el les rêves des astrologues par des cn^blémcs. liO ^•and Jubilé f que les Péruviens celcbf aient à la fin de chaque siècle ; l^urs haches de pi^fre d'agathe pure et de c^tVre péruvien, égales au moins à ctillci, des anciens Grecs et Ro:nains, l'élégance de leurs sta- tues j de leurs vases , do J^uur^ gobelets pour boire la chica ,- Vart avec leqt^el ils exploitaient les mines d'or ^ fondaient.çe métal f peyçaient les éméraudes; euc/i^i- 3r74 itXr é'ÈÏ Àkrê' naiènt atix thélaux , k \e\à)cii vasea faço^itëè, aibatjpt^ éii telief; les broderies richeè élt rares <|u'iU fai&aient -, les étoffes tissues en cofoit et en laine de Lànfas et de Vigognes y dont Us faï>i-lquàiènt des vAtetbeÀs èôÀVerts de petits Jprains d'or^ plus fihs que là sémenèe dés perles , dont le travail surpassait l'imagination dèAor> fèvrés de Séville -, les étoffes qu'ils taisaient 'éVec des filamens qu'ils tiraient de l'écorce de certaihs arbres \ là pierre des Incas , et la pièrfe de Gallinaée , quils saraieàt conyertir es Aiiroirs *, Vàdresse ayec làiqUélio its détachaient de grands éclats de rochers ^ '^oiît ils employaient dans leurs édifices 'des triMcéatix qiri pié- salent jusqu'à trante milUer's, cômmie on en é vd cUns la forteresse de Cuzco ; leur talent i Creuser des cà- iiaux courbes et réguliers dans l'épaisseur d'un granit ; ïea routes |>6rcées à travefs 5oo lieues de montagnes éonpées par des rochers , des vallées et des i>récipices \ leun ponts en cordes et en liane; la vnédecine , qu'ils ]^ratiquaient comme les Européens-, V'astrononiie , dont leurs amantàs avaient quelques idées -, lâ ffrêpàraiion nutritive dii chocolat pur ou à là Vanillé , è/bàt Tes Mexicains sont les premiers ÎAvèùletin , 'et qû'iïs iouèt- taient avec une cuillère d'or )p6tkt lé fiû'ré mbusselP} Vindidtrie dés femmes ïllinoiééi à filer le poil de bœuf en fil si fin , qu'on le ^rëûid p'oiirr dé là ^ie -, iiéh faire des étofies teintes en rôu^e , en jiaùnè, en noir, et dont elles font des habits cbùsus avec des' nerfs dé chevreuil ou d'autres animaux ; lés têoàattis ^ les cos- tnnifes des FloridienS', Vèbcj>édieht extraôirdtnaiire dont pai'leChainplain,dés àauvagés du ÎCanàc^âVqui'ii'ayaDi pas de mài'mites en iét avant iVi^iVéè 'dés'^Èurôpéens , faisaieflt Itohiflir dôs f^t£& èW%iëi^ d&^à dés ^arinifès / CHIS LSt P^RUIVtElf 8 WTi KKSlMElIlkAlNS , etc. 3t,5 de hois^ qui<0Mile«èi(enltvfeeiiir«MirpliitieMrrjridils4VMi) Ikfxhrioàtùmàa la!(iol«riei|rpi|t ktlndraho^diK 'Ma- niqwirM ^\qiii tulfeat ^«w¥« la i^éih«de emflayiéè «VaBt !•• «pn<|iiét«!) ra#tia de ioun , èllee pVraeiat déi.bniMaaittéi de deimaRitW», àtL cassis tl de cappàlrift^ aatotar deé^pôtfe , et leuridoiMient la cuite à.raijT'^les débris de ft^emsé «atonie; qu^on trou vedaos les provinoes ^uteenes du iioUveai^Riensiue \ •nfitt i* hospitalité < què.let Américains - exetçatént et cxercènt^oonesàas eucuite fétçibntidn^.toiis ces. faite piDU^neni que ^es pen{>les étaicfût pins ipelieé((piqnp M. Pawlesà fl^réeenli^St •!> /n>.viw'i.in.»t «^fn jn /«-eq Qaand a| ësti av^é qute' les MejûioiiiuS' synii^Men 1 9 faire des/i^bldlur^ èi «des . maottealnx >ii^génieim '^vev) des plumeA dVnfcetiuc •der.diV.erses coobàttrs^. qate -les ChiHeiiB brodaient ^deslétofl^esjaiiteç ^oùt-, i)[i»lès PeV idit/ienf ^eà tissent d^ébmsaiitesienfCOteii^ienia^Tibyjcb filameou d*aiiboei , . etMos Jiiit^miei^fem^fpi^ti deribduuf qui imkaieitit la soie j;. que lies*. v6afiiififtÀs faisaient rdie jolis paoiers en .jonc vAe plqsie«m ntanfces*, qu'ils iii raient adroitement la pulpe dck ooiuirges., pour s'«n servir Jen gmie de bouteilles -, que les Fioiides se fai- saient des icanots de- troncs d'arbres, qui portaient jus- qu'à 3o bontmes, a^eè lesqaels ils allaient "aux iles de Cube et de Babame *, que les sauvages du Canada se servaient de marmites èâ bois, et que les Péruviens (usaient des 1 vases : et des stalîies, que les Joarieux d'Europe ont jugé dignes d^wner leurs cid)inel*AfnériqAe, et les AOttiptures des Péruvtenaiii'^égalaienl! .paales on- Tragm^esiarlistes les plus habiles da France et d'Italie? .' N'est-'il 1 pas étrange. qu*oa mette eu parallèle des tablfanl' qui» n'ont aucun 'rapport entreux, puisque oeuX'des' Jifejr leurs buvrégeS' n'appro» dventi.fiàa.de ceuw 'des premiers artistes) français et Ualiénsi,'^'Bb>|ip»m|il>Hiir pàs'uîonbltire. pav:la mâme rai'* eon j «[ue. les Allemaitds y 1 les Prussiens , lies . Maudis , les Suédois , lek Polonais y les Russes ^, les Espagnols , \e& Portugais. et les Turcs, nf^ scint que ;des ;saavage9 et des ignorans , parce que leurs peintures et leurs broderies n'égalent pas celles des libliéns et dés Fran* çaisv ét.que les OneùiaUx ^ IfA Chinois ^Xes Japonais sont, aussi des. sauvages, iparœ qu'ils ne savent pal encai'jT dlBssiner correc(ern«nt ) . lime seinble que M. Pav^, pbur rendre âa; coinpa* raison, plus jbsie, aérait dttx^ommeucer par nous .mon> trer les oUvrages des -habitàii.s^:de l'Europe: avant leur civilifiation^ ensuite les progrès qu'ilti out Êuts.jl pour CHtS LIS PÉRUVIlIfS IT Ltê IflXtCAlRS, «te. 3^^ noue eoQvainc^e qu'ils étaient puretnefit le fiuit 4* leur géiïie lUk^nifoI , e^ non pas sp prévaloir de qaelç(uea •xceptiofis, poiir généraliser et en conclure que TEu- ropeéen.cela Teinporti^ sur le Nouveau-Monde. Cari^ enfin, si les sauvages du nord de l'Amérique , sans avoir jamais communiqué avec aucun peuple policé de l'an- oien hémisphère y savaient graver sur desécorties d'ar- bres} des figui^esde eaflorSf de tortues, de renards ej^ s^utres bêtes, comme outant d'emblèmes qui servaient à4istingu<<' I|B9 hurdes, et que des Européens instruits aient .été trés-étonnés de voir que les. Américains du nord eussent de ces espèces d'armoiries ^ cela prouva que les peuples du nord de l'Amérique étaient pioinp bafbares dans çettie partie, que les Gaulois qui prirent pour des crapauds, les abeilles que lep premiers Francs', lors de leur invasion en Grèce , portaient sur eux ei^ forme d'armoUies.^ ou que les premiers francs , si lenr^ abeilles avaient des fprmqs si baroques,, que les Oàuit lois les prirent po^r des crapauds. Ç'çst cependant do^ de cette grossi^i^, allusion, qu'est venu l'usage det armoiries en Europe ! r , Quoi qu'on en dise, les Mexicains, à l'aide de leurs hiérogiypiiea,. avaient leur histoire exactement traeéedepui^ lei^i^- eiilrée dans le Mexique, jusqu'ait temps où les Européens vinrent en ffùre la conquête } et cetle histoire renfermait leurs lois, les réglemeiia de leur police, leà détails de leur gouvernement. Comment M« P^W> qui sait qu'au commencement de la conquête, les moines ont briilé l^s peintures hié- roglyphiques,, par lesquelles les connaissances de tout genre se transmettaient de génération en génération ; (|ue les Çtpaffn^ls , pnt fait périr, Içs, Indiens les pl»s •%t ^an& lés langiiéy ^mi^^fcaiftelV ^séWaièWt >étt t*^niM«;Vue ceUé lo^lcflië M^^^ ii^Clu VempV'ài'^^bttléls , lès i^ÀeédW toutes tes grftit. âe8;'^lflè^''de'i^e^{>iré ih^ii^^^^ Syissant^ et du degré de culture àë^16ëiil 'À*étiHt Wé epuiV'le i^'t^^é^ il^i imXe ^ï^ dfvéft^.. À'^t rAtenéclu'^ ^né^i^e^ - ^ éeluf^Ilâ^is^ùs.'ïi'n'^'riVta^^ çaise ou âllémah'âe^ue tés pkSii^lék t^^ on sur leurs' "irafflsIùSlsàppat^é^^^^^ ^U^ ^*'t'Âin;^Hque m^lSfionkle, 6 de 6uMè et de Gifitisation au <. gouvernement des Toltètjues, û'offre-t-elle pias dcs'form^s dé |b^T^riiem€ift tli^otr»^ wnllv ■ ■ I ■' • u ifa BlUcUl Ithéptis ittkàiëbt mm'i es J^é^fer " " » iè ctiUtt'ré CHEZ Lise pMf ilvl ii^^ii à[iîftcÀi)f|i , eiic. jffi^^ '^%û Ûiëi\(iiié de jmtiHéÈ ^hn^Uim /miëé"ih'-'iSL tyrannie , s'étaient donné diià tèrà^tWÀÎt ^^iibfi^ bàiheir. V^mt^té ^%tté^m^m^à\rmtiti\BféinB m &és ^ealùiL de béîTs ,' qui Mï sBùVéiit 6^ ir 7t>^i!9l dé lofi^^ ddiii cfia^b ^^ë à <^è^ î. tb^^ kilifii^T/â pétfcitèèli^s'i qiiii^àfat pfFés ^a^Â^'éïklay^^é;'!^ dékpiànéhés de fibià û^s-l»i%^ë; péibtà^i^ 1^iei^k',i ëàb^^ avec les mêmes signes, mais en forme Âé ii^is's'ëifiv w U pfédk èài'^s , iél& ^lië Iffi HbiiilK^dt^eûii'Vii^lÀini )èb archives de lA Vîcë-byiiiàé li 'KT^ii^by^i^^ té ^txp^mé «ïu'nh imèH, à^ëàWtikMtiif^ alk tHBieà An htuitAik i^ihës, jtrcflîâ dti' là &»ilftê ^ lui <^i^t l*â1plkifl^t nAiiaiii , ^t^À^ ^rîV4 'àà=^é ^l&^ii^ llHii gros VoId2n^ "^ùf M^tdTfé Wimi "pttik MVi H lie 4ti la nation mexicaine ne fût parvenue à un certaîa 3^ ..^ ..^.^ J,T|;AT,M*^fI^T*". ,-. ^|^^,4ecu]|ture:^^ d9^<^iyiti6(i|ipn^?,Cortez ne sut-il pai pi^^^^r,adroile^mçîit .4*.ttQf ,tfa.4i^lf9ft, populaire d'après }aqy(^]|le les ]^p<|g|ipjbf p'étaieo^, jç^ue les desçendans 1^ roi Çuet^^fiiffl ytpxi av^jii^^^Tpmsé j^n Mexiqne k des pays, situés^ àj^'est^,p<^r jç |^^\ef jax^uHnre çt le» lois? Les, livres jritite)[9 ^^ue; lef . If^diens çofupcwèrent «n ^çaraçl^é|:6fi Wr^^lypl^iques, au cçm^encemçnt de ^ ^;cpi^qu^Ce.,.iie d^menj^rent ils pfs évidenii^eat qu'à p|»(t,fl| 'ëpo^ue le cUrisLianisme .se çoufondait avec la jfiy,l}^oio^ïe inexiçaine^ le Sîtint-Ëspril sUdentjfiaiL avec rl^tflgn^$ p<;»irphyriti<{ues et d'amygdaloïde basalli^ g,^e qui se prolpogf^fit.au sud-est, au nord-ouest. Celte ^llée, d'une fpi^iie Q>;ale , a a44 lieues et demie /Çf^ree^, dont les lacs n'occupent, que 2a lieues carrées, j^e, qui n'est pas tout-à-fait un .diu^me de toute sasur- jÇlçe. Sa hauteur in<^ycnne esl ^e 3qqp .mètres au-des~ |p|;dft,niyeau de*r(^céam Ces routes s'étendaient de î^tliptique fi la mer du Sud, à ti^avers un< nombre iiçil^i, de petits^royaumes. (Humb., Essai polit, sur la f^^Espag.i , \ ^,,.QiMindJM.Paw, pages 118 et iiQ^u second vol. de f^it j^||cberchft|5,i les P^x^ \oyçL fme. c^lle^à Ji; jt^f^^ir^y^,* Iw oHvia^fW de Fimmortel Washington , la police ad«iMral)}0 4^9 Etats- l?Wf* *f BW*:*.^ ^ Jsure viU«», 49 I^BUurf édifices, If !?W 4^<»frveçt^«iii?portw*W e^ tjrpagriipbiB, etp. , etc , Qi^ S4t^r^ fVcq?P tV.-og « çhswté qtt« lorsqu'un Ijp^djet^ paçvioi^t k i^p ce^^n dçgri^ d^ cait,ur^y il mon- Ifç PIVç grfi»d(e Ifcilit^ d.Vpp.r#pdr9i un »«pwt JQste, une Iqff qi^^. ^^tar^llfi, ^|| pej}ql^^||t particu|[ic[r i^ aub- ^1|,^(ÇF ov ^ saisir )^f diffl^refiçef |^ plH^ fifif^ dçs obiets i çpi^parj^r I ^ qu'il ra^pnii^ fcoide^intot et ajr^Q ordru. {^ ini)j|iqa,« ^^{fi flfnse d^9 M^digè^i^s , 4it ^. ^um- jl^sf ^i^ Ips, pftvfu, I^ ])^f i^i^i^ çiLt cpn^ryé un W^ IW<^»<*I5' B!«Wf i« JiV9^\¥f^i^ POW r plu^ durs, des iW^^^i^^h ?^^«f > W>« ¥99 diCS Quyriflirs eurppéen? ||if^i«at pf\np f pwijç fiy^c (^ ]li>ai^ i|i8l««pti^ps ^t def A« 6W# jn*f^ ?f» M9^m > 1? wMJf *9 Y«ud pas dç fj^f « , pfi^ d'^»P iqna- gin^ipl^ p>MI Tive , ,t,^ft4is r;? tideiM^itme., pfi|^s a^7 fM i.?r vpl.,f?t ^^ipdfi^.f Aucune TÎUe du nouveau Cpi^t^fie^t, 91^1^8 ^n pj;çjept^. ceUe3 d^ ipHfilfrlJnpf , n'offre ^ ét^^ssiçnien^ ^pif n^ tiftqwes anis^ gi;i^il4? ^t 9^^ «9f^4>^ qw» 1^ Cfip?|ajl^ dg M#ique. 0,n 7 remarque V^çfilfi d^s i^n^ , 4i^i&^ par le savent ^^^lathyt^r j 1^ /^r4ip 4ç^ plf^tÇ!» > fSl TAc^mie 4e Pçi^ti/^rp pt dp S|ç^lpt^|lfrtt y d^j»» laqmçPf oa troiive up# /oolleçtio^i de p^f^trfB^ pj»* h^JH^ fjf pl^if cpn^pUjte q}^ dan? aucfiiieî>af^Wi4*-^l|jeiHJ»^?îe, P;a^.f^ ^rpïis 4fi ^ronY^ 4ai»f nnpMç^M apj si^jrpftssç j^ JvWr Uur du pouvent 4^ g^^nd S^t^ft^iiHJ^pd , T^^i^ /lu JS4flr44^rf , jie JÇi,<*qcop/j ,.^tj^e^ ;$^^u^i^ p^u^^lpf- wles içncçre. .Ç*^sfL ^^f-tov^t 49|i?s ,l'r^4p^$v^{]^e 4^ ii«M- %' w ■»■' y^ 3ê4 '■•[ É T A t D 1 8 A àV « ^ reliefi en stuc, qu« i«gô&t Amé'rîdàiiî se tnonti||»;vliei beaux édifices que I*on voit li Mescicb^ et inèkne dani léi vitlés de provinces ^ 2i C^tiAi/ajruato et i Quereldtid^ pouritient figurer datas lesplùs belles rues de Parfs , de Berlin ^ ou de P^tersboui'g. La statue équestre de Cliarles IV , que M. Toisa , professeur de scu1ptar6 i Mexico , est parvenu k y fondre, est un ouvrage qui; il l'exception du Marc-Aurèle k Rome, surpassé teû beauté et en pureté de style, tout ce qui est r^sté dé ce' genre en Europe. ' Le 8a()erbe jardin botanique qui est dans l^nceiiits > même du palais du vice-roi , renferme des productions Végétales rares ou intéressantes , des berbiers pré* bieux, et Une rîcbe collection de minéraïix mexicains. Le professeur Cervantes y fait annuellement ses cour9> qui sont trés-suivis. M. JEcheveria , peintre de plaiïtes «t d'animaux , dont les travaux peuvent rivaliser avec ce que l'Europe a produit de plus parlait en ce genre, sont deux natifs dû UTexique. ' Un voyageur européen , dit M. Humboldt lui-même, serait surpris sans doute de rencontlirer sur les confins de ta Californie, de jeunes Mexicains qni raisonifent i^'àr la décompositidh de Teau , dans le procédé de Famallgation à l'air libre. "L* Ecole des Mines renferme un laboratoire de chimie , une collection géologiqut rangée d'après lé système de Wemer\ un cabinet de physique dans lequel on trouve non-seulement des Instrmnens précieux de Ramsden , d*Adams, de Lêtioir et de Louis Befthoud , mais aussi des modèles eïécdtés dans Mexico même, avec la' plus grande pré> 'dsioiÉi H avec les plus béant bois du pays. C'est dans ^ette' tkpitale qil'a éii iikiprimé le meilleur ouk/-^^« cttiz Lts véRvrtmsvtLtB ■RicAnrs , etc. 38S minéralogique que possède la littérature espagnole ; le Manuel d* Oryctognosie ^ rédigé par M. del Rio , d'après les principes de 1-école de Freiberg , la pre- mière traduction espagnole des Etémens de Chimie de tavoisier *, dans l'école des Mines , on instruit les jeunes gens dans le calcnl intégral et différentiel* \)znhV Astronomie y dont le goût est assez ancien au Mexique , fno» Hommes distingués , Vélastjuez , Gama et Mzate , ont illustré leur patrie vers la fin du der- nier siècle} tous les trois ont fait un grand nombre d'observations astronomiques, sur-tout des éclipses des satellites de Jupiter. Xe moins savant d'eux, Alzate^ était le correspondant de l'Académie des arts et des sciences À Piaris. Le géomètre le plos marquant que la Nouvelle-Es- pagne ait eu depuis l'époque àe Siguenza , était dom Joachim Velasquez Cardenas J. Léon , qui fut ins- . truit par un indien , nommé Manuel Azentzio , homme de beaucoup d'esprit naturel , et. très-versé dans la connaissance de l'Histoire de la Mythologie mexicaine. Velasquez observa le premier , que dans toutes les cartes depuis des siècles, par une erreur de longitude , la Californie avait été marquée de plusieurs degrés plus à l'ouest qu'elle ne l'est effectivement. Ayant dé- terminé la position de Sainte-Anne , village indien ^ où il s'était fait construire un observatoire en planches de mimosa , il apprit à l'abbé Chappe , qui venait d'y arriver , que l'éclipsé de lune du i 8 juin 1769 , serait visible en Californie. Le géomètre français douta do l'assertion , jusqu'à ce que l'éclipsé annoncée eût lieu. 11 fit lui seul , le 3 juin .1769 , une très-bonne obser- TOME ai ' ' 'j|5 / • léë iV'ÀTDÏfl ARt8 iation aii plissage de Vénus V il en communiqua leré< ijuitai /lé lendemain même du passage , à TabW (Thàppe et fllax astronomes espagnd^s dpm T^icentê Doz et dom Salvador de Médina. Le vbjrageùir français fut suipils dé Iliarmonie que présenta Tobservation de VelaSquek avec la sienne. Il s*étonna' sans doute de rëncôntrctr en Californie un mexicain qui, sans appar< lènir 11 àucuhe académie , et s^ns j/imais être sorti de la jVouveilè-Espagné , en faisait ' autant que les aca- fil,,.: '*,''%' '■,'}i-, jL ' oémiciens. En 1778 , il exécuta le grand travail géo^ désique , dontôh voit quelques résultats clans l*àna!yse ftè l'Atlas mexicain de M. tturnoolat. C'est cependant à la même époque , que M. Faw asiurait , av^c sa légèreté ordinaire , que le climat opérait des déran- cemens dans les fSacultes des créoles ., nés dans c« pays , de pârens originaires d'Europe. Gama , l'ami de Velasquez , publia plusieurs mé- niôires qui annoncent une grande justesse dans les idles , et de la précisioi^ dans les observations sur des éclipses Àe It^ne , isur les satellites de Jupiter, sur l'Aimanaçh et la Chronologie des anciens mexicains, et sur ïe climat de la Nouvelle-Espagne. Xe marquis de san Christobal , autrement M. Tt' reros f nom sOns lequel ce savant modeste est connu ' en France, s est distingué à Paris par ses connaissances en uliyiique et en pLysioIpgie. iLe péruvien ao'm J^uan de Acunà , nomme désin< t^ress^'et bon administrateur, ne dut qu'à son mériti Itéfêvation a\i rang cLe marquis de Casa Fuenle et dt f lœ-roi du Mexique. Ijom Pedro Nuno , "bnéxicam^ fut redevable à ses eré- appe >« et % fut >n de te de ippar- )rti de » aca- , lil géo- analyse lendant av4c sa s deran- dans Cl îurs mé- dans les i &ur des iiter,sur eiicains , it M. Te- est coana inaissancet ^tne désin* j son mériU lente et de avaÛe à sei CBEZ LES pIrUTIINS ET LES MEXICAINS, etc. 38'7 vertus et à ses talens , des titres d« duc de Veragua et de vice-roi du Mexique, Ces détails sur l*ëtat dos sciences au Mexique , et * sur le mérite littéraire de trois savans mexicains , doi- vent prouver , k tout homme impartial , que Tigno- rance , dont l'orgueil européen se plaît à accuser les créoles, n'est pas l'effet du climat ou d'un manque d'énergie morale -, mais que cette ignorance , là où on l'observe encore, est uniquement l'effet de l'isolement et des défauts propres aux institutions sociales. Que M. Paw jett« les yeux sur les opérations chi- miques de M. Chervain , habitant de Saint-Domingue , Retendant à rien moins qu'à rendre l'eau de la mer po- table et saine ; sur les recherches en histoire naturelle de M. Baudry des Lozièrés , habitant de Saint-Do- mingue , dont les efforts vont enrichir le monde d'une nouvelle étoffe , provenant de Vanimal coton, qu'il a apportée de Saint-Domingue ; sur THistoire des An- tilles par M. Moreau de Saint-Méiy , habitant de Saint-Domingue ; sur les ouvrages de nombre d'autres personnages américains de cette colonie , de l'ile de Cube , de la Martinique ,de la Jamaïque, etc. ; distin- gués par leur mérite \ et quoi qu'il eu dise , sur ï* His- toire des Incas , par dom Garcilasso , imprimée à Paris en 1 744 , il sentira combien il est inconséquent dans soa jugement sur l'Amérique et ses habitans. Qu'il demande au bureau des longitudes , au savant M. Delamhre et à ses collègues , ce qu'ils pensent des Américains^ ils lui répondront, que le jeune Zerah Colhuon , âgé de dix ans , a résolu sur-le-champ , en [février 181 5 , plusieurs questions arithmétiques très- compliquées , par la seule opération de l'esprit^ et sans a5.. i 388 iTAT DES ARTS le secours des chiffres. Il se convaincra alors (le cette vérité , tjui n'a été contestée par aucun homme sensé ; <{iic les créoles se sont signalés dans les sciences ^ et qu'ils pou iront s'jF distinguer comme les Européens, quond ils voudront eu faire leur étude particulière. M. HuniLoidt observe en outre, que la curiosité, qui » se porte sur les pliénoraèiies dn ciel et si^r les divers » objets des sciences naturelles , prend un caractère »J)ien diilérent chez les natidns anciennement civU » lisres , et chez celles qui ont fait peu de progrès » dans le développement de leur intelligence. Les » unes et les autres offrent dans les classes les plus 'a distinguées de la société, des exemples fréquensde » personnes étrangères aux sciences j mais dans les » colonies et chez tous les peuples nouveaux , lacMrio- j» Siité , loin d'être oiseuse et passagère , naît d'un ' » desii ardent de l'instruction : elle s'annonce avec une » candeur et une naïveté qui n'appartiennent en Eu. » rope qu'à la première jeunesse. » N'y a-'t- il pas plus de stupidité à se tourmenter l'es- prit et le corps , pour satisfaire des besoins factice», fruits de notre imagination déréglée , qu'à les ignorer, ainsi que l'art de les satislàire ? Pourquoi tant de dé- tours ? à quoi sert d'ugir en Européen , lorsqu'on pens^ f'. en Américain 7 Ce peuple ne connaissait de besoins, . que ceux qui pouvaient contribuer agréablement à h' conservation de son élre ; il rejetait tous ceux qui pou- vaient faire le tourment ou le malheur dé son existence:] et parce que du temps de Jules-César, il n'y avait point d^acudémies chez les Juifs , chez les Tunguses, chez les Germains de la Forêt-Noire ; M. Paw , poufl prouver la profondeur de son génie, croit pouvoir di • s , poui ' un icur relj nsaii Sd jfcret des dequelquJ Je ferai offrait un leur , elle variant le «ne signiel CHEZ LRS pénUYICNS IT LES MEXICA IN8 , etc. BSg ter, qu'il y en eut chez les autres peuples , et con- clure que « les Amtintas dn Pérou , étaient des igno- rans titrés , qui ne pouvaient pas enseigner aux Périi- » viens (qui étaient , suivant lui , des ignorons qui ne' » savaient pas parler ) , la philosophie naturelle , sans » le secours d'un Alphabet européen et des écrits de n morale de Platon et de Sucrate , et sans recourir h » des Mernutatoires violens , tels que la Ptarmice, » Teuphorbc et l'huile de tabac y pour occasionner dé » considérables évacuations de flegmes , et leur resti- » tuer la faculté mémorative. » Et cependant , le sincère et modéré M. Paw avait lu les rapports des écrivains respectables qui assuraient que les Péruviens avaient une langue vulgaire et une langue saérée, comme les anglais ont un langage particulier pour la poésie et la prose, et une autre pour la religion , qui (lliférent autant de la langue du peuple , que' Iff langue sacrée des Péruviens différait delalangne royale des Incns et du langage du vul- gaire; que ceux-ci se servaient d'une écriture hiéro' glyphique , ef de quipos ou cordons de diverses cou- fi , pour faire des calculs et renouveler à la mé- iv nn événement quelconque, et les mystères »our religion. C.^eci n'est point un paradoxe ; Fita- nsan Sci'ero a soutenu depuis peu avoir trouvé le jfcret des anciens Péruviens, d'écrire par le moyen de quelques iicelles diversement nouées et coloriées. Je ferai observer , qu'une tresse de cheveux unis, offrait un sens *, que mêlée avec ceux d'une autre cou- leur, elle en présentait'un autre^ et ainsi de suite en variant. le dessin; que le poil de lamas simple avait une signification particulière j qu'en la mélangeant y ï •Ile était susceptible d'offrir autant d'idées 4|ne de dessins ; qu'il en était de même du poil de cHien , de Bœufs, de chèvres^ des fiiamens d'arbres } des grains d'or , des perles que ces peuples y ajoutaient. M. Paw s'imagine que son sentiment doit entraîner celui de ses lecteurs , et que pour les convaincre , il lie s'agit que de dire : m J'aimerais autant croire qu'il '» y a eu des académies chez les Juifs, les l'unguses, » chez les Germains de U Forêt-Noire. » C'est avec cette démence de citations étrangères au sujet I arec cette ignorance des premiers principes de la nature humaine, avec ces préjugés mal conçus et mal appliqués , que le Nouveau-Monde a été traité par des hommes qui ont cru se faire une réputation dan» leur sphère , en dénigrant à plaisir un p^ys qu'ils n'ont iamais connu. Qu'on jette lesy eux sur les hiéroglyphes de l'Egypte , combien n'y verra-t -on pas de figures beaucoup plus grossières qUe celles du Mexique ! Quelle plus belle comparaison que celle de leur graud Cycle ! Robert- son en niant quantité de faits , pour faire sa cour à Mj, Paw , est forcé cependant de convenir qu'au Pérou , le gouvernement était modéré ) que les conquêtes ne tendaient qu'au bonheur des vainqueurs et non des vaincus j qu'ils connaissaient la culture des terres ; l'art du nivellement^ de la conduite des eaux-, que leurs édifices étaient solides , les grands chemins bien faits, et les ponts , dont M. Paw a fait un sujet de risée , lui paraissaient dignes d'éloges. Il parait que les Péruviens avaient comme les Grecs, les Romains et les Indous , des idées bien conformer sur la nafcure de la lune et du soleil. Il faut qu'il» aient CRIZ Lf.« PÉnUVIlIfS IT M$ MEX IfAIIfS , etc. Sqi pritt ces globes pour des êtres animés , puîsquMls cher- chaient k les éveiller par un grand bruit , éans 1^ pen- sée que les éclipses n'étaient qu*un sommeil o^ im ps- soupisseixient subit, qui surprenait ces créatures f^u milieu de leur course céleste. Du reste, ils observaient les pléiades, les hjadei , l'ourse , Vénus ', ils déterminaient les sqlstices et les, équinpzes, comnie l'ancien hémisphère. La fête des hydrophonies , la plus ancienne qui ait été institué^ en mémoire de l'inondation du globe , ne leu^ était pas inconnue. On représentait la reproduction des êtres par la forme de la partie virile *, ils y joignirent , comme dans l'Inde, la fîgur.e delà pajrtie féminine, sous le nom de X>ingam. On remarquait en Aipérique ce même symbole , particulièrement à Pa\ico , à Cul- yaca. Il y a 1 59 ans qu'on célébrait encore en France les orgi'js du dieu Priape. Ce culte était p^ssé en Es- pagne. La ville de ^'ébrissa sur-tout fut renommée parleci^lte de son dieu Orûiante , qui est le même que Priape , désigné par son phal tentiaine tumcns , selon le sens du mot grec orihos. Pour un plaisir que la science douane , et fait périr en le donnant, l'ignorance ne nous en préseute-t-elle pas mille qui nous ^attcnt davantage. L'on nous dénxm- tre que le soleil est un globe ii\e, dont l'attraction donne aux planètes la moitié de leurs mouvcmen^. Ceux qui le croyaient conduit par Apollon ,.en avaient- ils une idée moins sublime ? Ils pensaient au moins que les regards d'un dieu parcouraient la terre avec les rayons de l'astre du jour. C'est la science qui ^ fait descendre la chaste Diane de son char nocturne : elle a banni les Hamadryades des antiques, forôls , et le» •% Bga ^T «T DES AKTS douces Nayades des fontaines. L^'ignorance avait ap- pelé les dieux k ses joies , à ses chagrins , à son hyme- néc et à son tombeau : la science n'y voit plus que les élémens. Elle a abandonné l'hoinme , et l'a jeté sur la terre, comme dans un désert. Ah! quels que soient les noms qu'elle donne aux divers règnes de la nature , sans doute des esprits célestes régissent leurs combi» naisons si ingénieuses , si variées , et si constantes ; et l'homme qui ne s* est rien donné j n'est pas le seulétie dans Tunivers qui ait en partage rintelligence ! M. Paw j page 1 3i du second volume , on parlant du Pérou au moment de la venue des Pizarres, dit : « Il est » sûr qu'il n'y avait qu'une seule bourgade dans cette * miséra)>le contrée en i53i , lorsqu'on en fit la décou- » veile. n Cet il est sûr , prouve le cas que l'on doit faire de la bonne foi de cet écrivain, puisqu'il avait sous les yeux les relations des premiers conquérans , qui assurent avoir traversé trente villes , de Caxamalca Miil, pour se rendre à Cuzco \ mais cet écrivain outré s'est cru en droit de parler avec autant d'assurance , parce que Zarate , son juge irrécusable, a dit (cb.g, pag. 44 , tom. i. ) « il \\*y avait sous les Incas, dans u tout le Pérou , aucun lieu habité par les Indiens , » qui eut forme de ville ^ Cuzco é'.ait la seule. » On peut juger par là , quel crédit mérite cet exagératetr, lorsque François Xérès , un des capitaines de l'e;iipé- dition sous Pizarre , et Ulloa nous donnent des délai» intéressans sur les villes de Caxas , de Guacamba , de Caxarnalea , de Chinca , de Pachacamac , de Titica , de Carangua , sur celles que les Espagnols ont aug- mentées f telles que Valladolid , Cumhinama , Ma- tas, Séville-d* Or f etc. ; lorsque les ruines à.*Jutun- tUEZ LÏS PERUVIENS ET UBS MlXtCAllTS , etC. 3^3 Cannar y de Callo , àa Palais de Cayàmhe , àe Tra^ guanaco , et plusieurs autres villes on bourgades , les magnifiques débris des maisons de plaisance des Incas , dans la vallée d*Jucai , à quatre lieulbs de Çnzèo } déposent encore de nos jours, contre ce q'ue lui à fait avancer un fol amour national , qui ne Itai a £ait res- pecter aucune vérité. ' Robertson avouelui-nièmequeles Américains a varcnt des villes considérables , telles qu'on en voit chez les nations civilisées; il décrit ensuite la magnificence des souverains du Mexique , parle dea tribus y du bou ordre du gouvernement ,' non seulement dans les points es^ sentiels ppur la félicité d^ttne société bien réglée, mais même dans plusieurs points relatifs aux ouvragés pu- blics, au bon ordre, à la commodité des citoyens. Il apporte pour preuve, la situation de Mexico, bâtie aU milieu de l'eau ; les aqueducs , les rues pavées de bri- ques , rétablissement des postes. Quant aux ouvrages de l'art , il ne les trouve imparfaits , que Comparés avec ceux de Londres ou de Madrid. Que M.' Paw , pour nous expliquer par quelle grada- tion de découvertes les Péruviens étaient parvenus , sous le règne de Méta-Capac , quatrième des Incas , k faire un pont de cordes ou de lianes sur la rivière d'Apurimac , nous dise avec la gravité d'un magister . » Qu'on commença par passer les rivières à la nage, et » que ceux qui ne savaient pas nager se faisaient atta- » cher au dos des nageurs , en tenant dans leurs mains » des paquets de roseaux ', que de ces roseaux , on par- » vint aux calebasses évuidées*, qu'on en attachait plu- » sieurs ensemble ; que celui qui voulait passer l'eau > devait s'j a&seoir, et qu'un nageur traînait la ma- 394 JETAT DES ARTS » chine ; 4{ue de ces calebasses flottantes , on parvint » à faire de petits r^diQc^ux de joncs ; que des radeaux », on aur^i^ dû naturellement parvenir k la découverte f» des bateaux oy des çanot^ ; mais que cela n'arriva pas » au Pérou , pAr ^i^e làt^lité , q^e GarciUsso, dit-il, 9 attribue ^u déia^it de bois. Que des radeaux on par- » vint k étendre d'une rive à l'autre , une cofde filée Il d'écorçes d'arbreS', Q^ de ççs osiers qu'on nomme p liages; qn*k cette çord.e bien tendue et bien attachée, m pfi $uspend4it un grand panier , qu'on faisait glisser » leloqg de la cm'de, en l«i tirant à droite ou à gauche; y q/ç^çeux qui voul|iiei;it passer la rivière, se mettaient ;p ^u nombre de trpi$ dan? ce panier: que les Espa- 11 gi^oU ae font , epçore aq joi^rd'hui , suspendre de la ,* sorte à des cordes , pour traverser quelques torreus « du Pérou , où toute ^utre nation que les Espagnols .« ferait b4tir de^ ponts. )^ ;, Peut-on supposer que les Péruviens , qui avaient fait «^tant de progrès dans les arts ; qui avaient des ports dans la mer du Sud ^ qui étaient en relation avec les lu exicains \ qui naviguaient sur leurs golfes et leurs ri- vières , ignorassent l'art de faire des canots : lorsque )es Sauvages les plus grossiers du nord et du S,ud de l'Amérique , ont tous des canots dans lesquels ils vont à la pèche et s'aventurent en pleine mer ; lorsqu'il est notoire que les Péruviens étaient le peuple du Nou- veau-Monde ) le* plus instruit dans l'art de construire les vaisseaux , de les mater , et de les coiiduire au moyen des voiles. Si les Péruviens n'en faisaient pas un usage aussi universel que les Mexicains , ce n'était p^s que leur pays manqiiàt de bois propre à la constructioii indienne *, mais parce que la navigation de ri^lérieur CHEZ LES PERUVIENS ET LES MEXIJCAINS, etc. 3g% était trop difficile et de trop peu d'utilité. -, ç^ue leurs ponts de cordes , suspendus au-dessus des torirens rem- plis de sinuosités et de rochers > offraient, plus de f ici- lité pour le transport de leurs marchandises , et moins de dangers qne des canots, qui pouvaient chavirer, échouer ou s'écraser à chaque instant contre les rochers; qu'au Mexique comme au Pérou , les petites rivières étaient traversées par des ponts de bois, faits avec des poutres et accompagnés de bascules ^ et que pour les grandes rivières, qui coulent avec la rapidité d'un tor- rent , les ponts de béjuque étaient certainement une des plus belles choses qu'on ai^ inventées. Il est à propos de faire remarquer en cette occasion une nouvelle preuve de la mauvaise foi de M. Paw , lorsqu'il dit qu'on 5e mettait au nombre de trois dans ce pauier , puisque les Espagnols y font passer à la fois plusieurs mules chargées j qui exigent chacune au moins un conducteur , sans compter les bateliers pré- posés pour les passer d'un.bord à l'autre' Il se tronipe encore , quand il dit que toute autre nation que les Espagnols , aurait construit des ponts dans ses posses- sions d'Amérique ; car les Portugais , les Hollan,dai!> , les Français et. les Anglais n'ont pas été plus prévovans sur.cet arlide. Si , d'après la supposition de M. Paw , » Les Pécu- » viens ignoraient l'art de faire des votâtes, et quand » ils auraient connu cet art ,. le défaut de chaux le leur « ci\t rendu impraticable , » comment peut-il donc dire que ce poutde cordes , qui subsistait 468 ans avant la découverte du Pérou, qui subsiste encore de nos jours, qui évite de faire un détour de six à sept}o,m- nm. pour aller passcy ailleurs , tout co qui cij:culo de 1 «Biisi m 396 ix AT DES ARTS denrées et de marchandises , de Lima h Cuzco et ^ans le haut P^rou , soit un monument éternel de la stupi- dité et des écarts des Péruviens ? Si leur pays est en- trecoupé de torrens qui roulent par des routes si tor- tueuses , qu'il y en a quelques-uns qu'on doit passer en ligne directe %^ingt et une fois y tel que celui de Chuchunga , peut-on dire que ces peuples étaient des irabécilles , d'avoir inventé un moyen aussi extraordi^ naire que celui des ponts de corde suspendus , pour passer des rivières qu'on trouvait à chaque pas devant soi , et qu'il fiidlait traverser encore , après les avoir traversées tant de fois ? Xa manière dont il prétend que les Péruviens J'j sont pris pour construire ce pont , n'annonce nulle- ment ce défaut de génie ,' cette nonchalance , cette inactivitéetcette faiblesse qu'il dit caractériseif les Amé- ricains. S'il a cru, par cette description , jeter du ridi- cule sur ces peuples, il s'est troinpé autant que pour- rait le faire celui qui croirait faire tort à l'usage des ponts en pierre, en décrivant toutes les opérations pé- nibles que requiert un ouvrage semblable. tt Telle est cette pitoyable machine , conclut M. » Paw , qu'on voit aujourd'hui sur l'^/^an/naf, non » qu'elle ait subsisté depuis Meta-Capac , jusqu'à nus » jours ; mais elle se trouve dans le même endroit où >i ce prince la fit faire , et on l'a peut-être réparée de- >» puis , plus de mille fois. » jfl faut avouer que les peut-être sont d'une grande ressource aux hypothèses de cet auteur! Quand onaurait réparé ce pont plus de mille fois depuis 600 ans qu il existe , cela prouve-t-il que ce ne soit plus le même pont j et qu'il ne soit pas utile ? et parce qu'un dégel t^y€>H/' *i/r (\>n/r tn' /\ 'MM^fnttU', it// _L/*-^ *'/'(>U i f,i^l '■ f ^/it/H/'/Y f/c /fff/,*tr A'o A^fi'ftr«\t tr/f < ^/(.rry/fc 1 CHCZ LES piaUTlINS IT LIS MIX1CÀIN8 , etc. Sgf ' ou une crue d'eau aura emporté plusieurs fois l'arche d'un pont de pierres , qu'il y aura fait cliaque ann^e un nouveau dégât , dira-t-on pour cela que c'est vu misérable édifice qu'on a réparé nombre de fois , et qui n'a pas subsisté tel qu'on le Toit 7 Si les Espagnols n'avaient pas reconnu la solidité et l'utilité de ce pont, s'avantureraient-ils journellement avec leurs mules chargées , comme ils le font depuis environ 3oo ans , à passer au-dessus des torrens impétueux et d'une rivière de 800 pieds de large , d'une profondeur af- freuse , qui s'est fait un passage à travers les rochers ; dans une machine de ao pieds carrés , que M. PaWy appelle une corbeille glissante ? Lequel enfin est le plus imbécille, de l'américain qui a inventé ce pont volant , ou de l'européen qui s'en sert , plutôt que d'en faire un autre plus solide ? , Qui veut trop prouver , par fois ne prouve rien , et fort souvent prouve contre lui-même. Il trouve extraordinaire que les Missouris aient cru /sur la parole d'un marchand français, que la poudre à canon, cette découverte du i4*. siècle', pouvait être la graine de quelque plante : cela n'est pàS', surprenant , puisque les grains de la poudré à canon ont quelque ressemblance avec la graine sèche de l'in- digo , que produisait leur pays. Mais M. Paw n'a pai vçulu être assez franc pour nous dire, comme ils se sont vengés de cette tromperie. Eh bien, je vais sup- pléer à son silence I Quand ils eurent su qu'un autre marchand français , qui était l'associé dé celui qui les avait attrapés, était venu chez eux , ils dissimulèrent , et lui prêtèrent la cabane publique pour y étaler ses ballots. Aussitôt qu'il eut fini , ils y entrèrent en tu- i 3<)8 iTATOsiARTS mu1ttf«t emportèrent tous les eftvts dont ils ptirent s'emparer. Le maicliand se récria contre un parejl pro- cédé ; il s'eh plaignit au grand chef, qui lui répondit d'un air grave : « Ton frère a trompé ma nation \ il a » emporté nos fourrures en échange de la poudre à » cation , qu'il nous a engagé de semer,. si nous vou- » lions en avoir une quantité suffisante pour repousser » tous nos ennemis. Je promets de te dédommager » sitôt que la récolte en sera faite. » Cette -décision valait bien la ruse Les Européens n'ont-ils pas comipis des bévues semblables 7 Ne s'é- taient-ils pas égurés que Ite colon croissait comme le chanvre? Sous Héliogabale , les Romains en aad, ainsi que les autres peuples de l*£urope , ne s'étaient- m pas imaginés que la soie poussait comme le coton ? Dans le x'j.^ siècle, une marchande de Saint-Malo , oor«espondante'd'une dam^ de la Martinique, n'avait- «11e pas engagé cette daine à planter beaucoup de caret ( écaille de tortue de mer dont on fait les taba- tières et autres ouvrages)^ parce que ce fruit , disait- elle, se vendait plus cher que le tabac, et ne pourris- fait pas dans le vaisseau pendant la traversée. ÎÉn i8i4 , dés Anglais ne m'ont- ils pas demandé à Thame, et dans un pensionnat de demoiselles, tenu par le révérend père Plaskett , à un tiers de lieue de cette ville , dans le comté d'Oxford, « Si les choux j». et les arbres croissaient en Amérique de même » qu'en Angleterre, et comment les hommes faisaient 4) ,pour marchersur un sol si brûlant, qu'il cuit les œufs f qu'on y laisse exposés au soleil. » J^avoue qu'une demande semblable, dans le rayon de l'université d'Oxford, me surprit grandement. Je CBEZ LES PÉRtVllSNS ETLESMl^IOAINS , etc. Sgg crus devoir m*ainuser un instant de leur simplicité , en . leur parlant de productions capables d'augmenter leur étonnéînent^ et leur admiration pour un pays ipinsn ex- traordinaire. Je leur répondis que les chotut poussaient . sur le haut des arlires y qui avaient ^o^ pieds d'éléya- tion; qu*on ne pouvait les couper qu*À coups de haclie, (ce qui est vrai, quant aux palmistes) •, que pour ce qui concernait les arbres, les uns allaient se planter d'eux-méines sur le tronc des autres arbres j qu*iU étouffaient k la longue ceux sur lesquels leurs graine* . étaient tombées ;, que leurs racines partaient du som- . met des arbiies qui.^jés avaient .teçus, pour aller s'en- foncer dans la .tcîrre (ce qui est encore vrai pour le figuier à^audi^f le fnapou et quelques arbres para- sites ) y que d'autres , après avoir élevé leurs rameaux , laissaient pendre jusqu^à terre , des filf mens qui s'y couchaient, y prenaient racine, et. produisaient de nom- breux rejetons qui jformaiènt des es'pèces d'arcades de cinq et de dix pieds d'élévation , et présentaient uns terrasse naturelle à jour , sur laquelle on pouvait se promener -, de manière qu'un seul arbre, pouvait de- venir la «ource de toute une forêt ; ( Ce qui est la vé- rité pour le ^a/eifuWer, le mangUer y etc. ) Mais que [^ chaleur n'était pas aussi forte qu'on le disait , puisque les hommes et les animaux restaient toute la journée exposés à l'ardeur du soleil , sans en être incommodés. Ils me remercièrent, et sans plus d'examen, ils pu- blièrent que les choux poussent en Amérique sur la cime des arbres, qu'on ne peut les couper qu'à coups de haches ; que les arbres se plantent d'eux-mêmes sur le sommet les uns des autres , et que leurs racine$ partent de cette partie p'our s'enfoncer dans la terre ; t 4oo l^TÀT DIS ART9 ^ •t louvent de leun bnncUet, |) jur former des l^rétt. Voilà cependant comme on induU fOUTent en erreur nn puhlic trop ciédale, et qu'il ett ensuite |i difficile lie Ten faire revenir. Que dira M. Paw lorsqu'il saura que sur 180 officiers français, prisonniers de guerre à Tbame, \l en est peu i qui les marcluinds et les fermiei-s anglais , qui lisent tous les jours les papiers-nouvelles, et dont les com» patriotes , depuis nombre de siècles , parcourent la France, n'aient demandé , en 181a, si on labourait la terre en France comme en Angleterre ; s'il j ayait des ▼acbes, des moutons, du bled, des pommes de ifirns et dies qavets} et h qui les Français, pour s'amuser r.e lèiir ineptie, n'aient répondu que. c'était ppur avoir de ces objets que le gouvernement de France disait la guerre aux Anglais pour les punir du refus qu'ils fai- •aient de les lui Tendre de gié k gré. Qu'à Odiam ( TÎlle du Hamsl^i^ > d''autre8 Anglais ayant demandé à des officiers français, détepus sur jparole dans cette ville, s'il y avait en France un sol«il et une lune comme en Angleterre, ceux-ci leur oat 'répondu qu'il y avait six soleils et quatre lunes. Par- bleu I s*écriérent-ils , nous ne .sommes plus éionnés , si votre pays est aujssi beau et aussi fertile qu'on le dit. ^ Je ne finirais pas si je voulais rapporter toutes les sottises de ce genre, toutes celles qui ont occasionné en Europe les anatbémes du Vatican ; qui ont fait '^éprouver les funestes effets de la barbarie inquisito- 'riale, et qui ont fiiit donner parles Nègres eux-mêmes, ' le surnom de moulons de France ou de hlancs-danda, à tous les Européens qui arrivent pour la première fois aux Antilles i conciurai-je pour €ela q^e les £uro« Sciert it peu lisent com- ent la irait la rftit des Le teKT« .user de it avoir faisait ia a»iU Csi- Anglais eitus suc un soleil leur ont es. Par- »naés , si le dit. ;outes les icasionné Il ont fait linquisilo- ix-mémes, ',s-danda, première l«s£iuo^ cntt LES p^KuritifS ct les mexicains , etc. 4di' péens sont plus bornes que nos esclaves noirs? Non^ sans doute ; car quoiqu'il n'y ait point de règle sans exception, cependant on est obligé de convenir que les Européens ont fait des progrès réellement surpre- nans dans les arts et dans les sciences, et qui attestent qu'ils soient loin de manquer de génie. Qu'apporte après tout que les nations éclairées se' vantent d'avoir réuni chez elles tous les arts et toutes sciences; n'est-ce pas h des sauvages ou À des hommes ignorés que nous devons les premières observations qui les ont fait connaître ? Ce n'est ni aux Grecs ni aux Romains policés, mais k des peuples que nous' nommons barbares, que nous devons l'usage des sim- ples , du pain , du vin, des animaux domestiques , des toiles , des teintures , des métaux , et de tout ce qu'il' y a de plus utile et de plus agréable dans la vie hu-^ maine. Celui qui inventa l'imprintbrie est si peu Connu , que l'Allemagne , la Hollande et la Chine s'en attri^ buent l'invention. Galilée n'eût point calculé la pe-' «anteur de l'air sans l'observation d'Un fontainier , qui' remarqua que l'eau ne pouvait s'élever qu'à trente^' deux pieds dans les tuyaux des pompes aspirantes. Newton n'eût point lu dans les cieux, si des enfans, en jouant en Zélande avec les verres d'un lunetier, n'eussent trouvé les' premiers tuyaux du Télescope. C'est au hasard que Masso Finiguerra , orfèvre de Florence, fut redevable, en i448, de la découverte de la gravure en taille-douce. C'est au pâtre qui ramassa le diamant brut , sans en connaître le prix , que le lapidaire doit sa gloire et sa fortune \ c'est encore au hasard que Aloys Sennefelder , médiocre chanteur de chœur di| théâtre de Munich, dot la découvert^ de^ TOMS a. a6 4o3 iTATOES ARTi, etc. la lithographie ; c'est par la même cause que Lippers- hem de Middlehourg, et non Metius , devint l'inven* leur des lunettes longues-vues \ l'artillerie n'eût point subjugué l'Amérique, si un moine oisif n'eût trouvé par hasard la poudre k canon \ les croisades n'eussent point introduit en Europe les délices de la tasse d'an moine mahoraétan , si la nature n'eût pat montré à un derwiche l'arbre du café dans les montagnes de l'Yémen; la conquête du Mexique n'eût point fait connaître à l'Europe le prix du chocolat , si un Mexi- cain n'en eût pas offert k un Espagnol affamé; la prise du Brésil ne lui eût point dévoilé la douceur de sucre, et l'usage de tant de substances agréables et de remè- des salutaires, si le généreux Américain n'en eût ^aj lait connaître l'utilité; sans un Caraïbe, l'Europe igno- rerait le parfum et la vertu du tabac, la plante la plus cé.phalique qu'il y ail»dans le règne végétal , et dont l'usage est le plus universellement répandu de toutes celles qui existent sur le globe , sans en excepter la yigne et le blé , puisqu'on la cultive jusqu'en Finlande, au-delà de Vibourg, par le 6i.e degré de latitude nord. Quand on considère que la Perse n'a plus de Sâdi et de Lockman ; la Sicile , à.' Archiniède ,* Athènes , iS^Anacréon , àHAristote , de JZeuxis ,* la Grèce , de P^lhagore f que Cicéron demandait, en plaisantant à son frère Quintus , lieutenant de César, s'il avait trouvé de grands philosophes en Angleterre, il ne se doutait pas que ce pays pût produire un jour des ma- thématiciens qu'il n'aurait jamais pu entendre; quand ou considère, dis-je, que l'Europe elle-même est re- tombée plusieurs fois dans la barbarie; ne peut-on pas pers» iven- point rouvé issent d*un Atré k les de it fait Mexi- 1 prise sucre, I remè- eût jpaj re igno- I la plus et dont e toutes îpter la lande, atitude de Sâdi ihènes , èce , de antaut à il avait il ne se des ma- •, quand le est re- it-on pas L' HOSPITALITE. 4o3 supposer que l'Amérique a pu avoir éprouvé une ré- volution semblable, et t|ue les Américains à leur tour viendront peut-ôtre un jour enseigner les arts aux peuples de l'Europe, comme ils leur ont déjà appri» l'usage du tabac ^ à\x quinquina , do Vipécacuanha, du simarouba, de la salsepareille , île la gomme-copal, du gayac , du sassafras , de plusieurs autres plantes médicinales^ comme ils leur ont appris À cultiver la pomme de terre elle maïs , à s'en faire un aliment ainsi que du chocolat j des tomates, des ananas , du piment , des dindes , et ce qui n'est pas moins essentiel , qu'on peut subsister paisiblement sous le régime de la liberté et de l'égalité, gouvernement inconnu au 19.* siècle, à. l'Europe savante. • CHAPITRE IV. UHospitalitè* Peut-on lire sans étonnement, pour ne pas dire sans indignation , les raisonnemens singuliers que M. Paw entasse pour prouver que l'hospitalité est un besoin impérieux chez les sauvages, et un manque de police chez les nations civilisées. Quoi ! uU sentiment qui nous fait compatir aux besoins de nos semblables , qui nous rapproche du malheureux pour lui tendre une main secourable , pour l'empêcher de succomber sous le poids de ses privations -, d'attenter par désespoir à la vie de ses concitoyens insensibles à ses maux , est UD crime de lèze-civilisation aux yeux de cet écrivain ? Est- il croyable que son injuste prévention contre l'Amérique, lui fasse oublier un des premiers préceptes î»6.. 4o4! l' HOSPITALITE de sa religion : « Aimer son prochain comme soi- » même, » et regarder l'hospitalité comme un devoir ^^i^ ne doit exister que chez les sauvages ! Il ignore, 4>ii le voit bien, cette jouissance des âmes sensibles et bien fjces I Aurait-il pi/'ic;; 'n jouer le Déraociite moderne? Tiouvei (jirou est diiiJe, je ne dirai pas de se tour- mo'.dry, mais do r'.-^ppitoyer sur les maux des autresj qu'il n'y a j rs do ["iiiiniuianité à refuser des sec )urs ^u\ indiguns ., à b't-udurcir contre leurs souttrances oii ^ s'en amuser ? Je suis cependant loin de penser qu'il vaut mieux imiter Héraclide k qui toutes nos actions i^çmblaicnt tragiques^ car ce serait montrer bien ^nu- tilemeut de riiiluunanité, que de pleurçr et de com- poser son visage, parce qu'un homme aura fait une perte , on se trouve privé des faveurs de la foiftune. Dans ce cas-lù , il serait plus digne d'un homme de dire comhie le poëte Simonide, omnia mecum porto, on comme Zenon le stoïcien, en apprenant qu'un nau- frage avait englouti ses biens, «c La fortune veut que » je nie livre à la philosophie sans embarras, » parce que dans les maux il faut savoir ne donner à la dou- leur que le tribut qu'elle demande, et non celui que prescrit la coutume ; et que la mauvaise habitude de se régler sur l'opinion est tellement enracinée, que l'on contrefait jusqu'au scntiitlent le plus naturel, je Tcux dire celui de la douleur. Comment M. Paw a-t-il pu établir comme objet de comparaison, la paresse des moines meudians de l'Eu- rope , h qui l'on donnait souvent plus qu'ils ne méri- tent, et qu'ils ne peuvent consommer; et l'hospi- talité des sauvages du nord de l'Amérique, qui chassent qiielqi gibier mendj que 1( somme de la SI que Vi rien la s'agit c qu'il n plus ri( avec les lesquels Plus pas l'aff le faire tiens les d'avoir : pour en sait : K J » vous » mang( L* H O s P I T A L I T É. 4o5 quelquefois des journées entières, avant d'avoir tué le gibier qu'ils poursuivent? Il ne sait pas que le moind mendiant ne donne aux pauvres du lieu où il se trouvé , que le superflu des comestibles qu'il ne peut con-» sommer, et qui ne lui coûtent aucune peine à obtenir de la superstition de ceux qui lui font l'aumône ; mais que rAraéricain du nord, au contraire, compte pour rien la peine, les fatigues et les privations, lorsqu'il s'agit de soulager un voyageur affamé-, qu'il suit bien qu'il n*a rien à espérer de la pitié de ceux qui sont plus riches que lui, et sur-tout des peuples policés avec lesquels il n'est pas en relation , puisque ceux avec lesquels il trafique n'ont pas de honte de le tromper. Plus généreux que r£uropéen maniéré , il ne fait pas l'affront à son hôte de le bannir de sa table, pour le faire manger avec ceux qui sont chargés des fon<^- tions les plus abjectes de la famille : il ne l'oblige p cbe de ces derniers , qui ne manquent pas d'argumens pour justifier leur sévérité et leur cupidité. XI eu est de même des économes auprès des hsiùr. msdni imbla- atique Lontrer !S créole^ font un Lé envers lez eux a de leurs tation ou esclavage [aire , s'ils lu que par [é sur les es et les LÎtre le ca- oleur du iiflige aux ropriélai- nlre leurs lar la bou- 'argumens t* H O s P 1 T A L 1 T B. Aog tanS) comme avec l'olUcier , l'adjudant ou le sergent , qui en veut à un soldat ^ ils savent , par leur rapport , surprendre la crédulité du colonel, pour faire fermer les yeux sur les châtimens et les injustices qu'on fait éprouver à ce pauvre soldat. Quand un habitant vient à découvrir que son nè- gre a été injustement puni > et que l'économe est d'une sévérité déplacée, il le renvoie et en prend un autre moins barbare. Tous les besoins physiques du nègre sont prévus durant sa maladie ou dans son état de sjinté} il a sa femme, ses enfans, sa maison, sa vc- lailie, ses cochons, ses chevaux, son jardin particup lier; celui du mt^ître pourvoit à sa nourriture et à celle de ses volailles et de ses cochons ; ses obevaux mangent la même herbe , et dans la même savane que ceux de son maître ; il danse chaque fois qu'il en demande la permission , ce qui a lieu les samedis et les dimanches. Cette mesure est nécessaire pour le maintien du bon ordre, parce que les calwmdasj ou danses africaines, exigent un grand concours de noirs, et qu'ils se battent quand ils sont échauiFcs par la danse ou l'eau-de-vie. Enfin, dans le courant de la semaine et tous les dimanches , le nègre va à la ville faire ses petites affaires et assister au service divin , lorsqu'il n'y a point de prâtre sur l'habitation à la- quelle il appartient. Lorsqu'un Européen arrive dans une des Antilles ; s'il débarque, par exemple, au Cap Français , àan% l'île dç Saint-Domingue, cette nouvelle Tarsis où Sa- lomon puisait son or et ses richesses, l'habitant auqn»! il a été recommandé , l'envoie chercher dans une de tes voitures, le garde chez lui aussi long-temps qu'il 4-1© l'hospitalité- juge à propos d'y rester. Pendant son séjour , I«9 Toitures, les chevaux, les domestiques de cet habitant sont à son service. Les créoles , qui ont toujours aa^ près d'eux un sérail de jeunes filles destinées à les servir k table et à présenter aux étrangers les raf- fraichissemens qu'ils désirent, voyent sans jalousie FHébé qui a frappé les yeux du nouveau-venu, lui montrer l'appartement qui lui est destiné-, lui pré- parer ses bains aromatiques , et lui fournir le linge dont il peut avoir besoin. Plus il prolonge son séjour , plus le plaisir de l'ha*' bitant augmente. Si, malgré tout , ses affaires l'obli- gent à se rendre, je suppose , au bourg de Cavail- lon , qui est à 1 38 lieues du Cap-Français -, le cha- grin alors succède au plaisir , et la tristesse du cœur de cet Américain est peinte sur son visage. Enfin , lors- qu'après bien des sollicitations , il n*espèrc plus rete- nir son hôte , la sincérité de ses discours est scellée par des preuves non équivoques ; il lui fait des pré- sens en fruits , en tout ce qu'il a en sa disposition , et l'expédie dans une de ses voitures, avec une lettre de recommandation, pour un antre habitant de ses amis chez lequel il reçoit le même accueil; celui-ci l'envoie chez un autre de ses amis, et ainsi de suite, jusqu'à ce que le nouveau débarqué smt parvenu à sa destination. Combien n'a-t-on pas vu de chevaliers d'industrie faire ce manège pendant nombre d'années, jusqu'à ce qu'ils eussent ramassé de quoi vivre agréa- blement. Le créole ne l'ignore pas; il le plaint , il ne voit que son semblable et le plaisir de l'obliger Quand un Européen, qui a été recommandé à un habituât, tombe malade à son arrivée ^ le créole cheï l' HOSPITALITÉ. 4ll litant s aa- à les is raf- Lousie ij lui pré- e dont e l'Ka- l'obli- 7avail- le cha- œur de a , lors- Ls retc- scellée .es pré- lion, et lettre de ses celui-ci suite , venu â evalier» années y ^ agréa- t , il ne ger lé à nn leckeii lequel il se trouve, le garde chez lui et ne l'envoie pas en ville pour y être traité hors de sa vue; il lui prodigue tous les soins imaginables; remèdes, visites de médecin, confitures , friandises , gibier, poisson, consommés, vins vieux, rien n'est épargné : veilleuse de nuit, de joue, domestiques pour les bains, pour le lit, la chambre; draps, linge de corps , tout est prévu pour aller au-devant du moindre besoin , du plus petit désir du malade. Aussitôt qu'il est réta- bli , ce sont de nouvelles fêtes , des bals , des concerts , des harhacos (parties' de plaisir le long de la rivière, ^ns une hananerie où les hommes et les femmes mo- destetnent couverts , se baignent, s'amusent à se faire des espiègleries, sans craindre d'effaroucher ces ai- mables naïades, ni d'éprouver le sort d'Actéon "). On y déjeûne, on y dine au milieu des roses, des chèvrefeuilles , des orangers chargés de fruits et de fleurs; des ananas parfumés, des sapotilliers avec leurs fruits sucrés , des bananiers courbés sous le poids de leurs bananes savoureuses; et le soir, lorsqu'on est de retour au logis , on termine la fête par un souper splendide , comme si l'on avait sauvé , dans cet étran- ger, un père ou un frère. Ces amusemens sont plus d'un peuple civilisé que les jeux floraux des Romains, où les femmes dansaient nues devant le peuple assemblé. - . A son départ , on lui fait promettre de venir pas- ser quelques jours sur l'habitation , toutes les fois que ses alTaires le lui permettront. Voilà tout ce que le Créole sollicite en retour de ses bontés et de ses gé- néreux soins. Le voyageur pauvre y est traité avec des égards uoa moias marqués ; tombe-t-il malade ^ 4isi l'hospitalitiè. on le traite comme un enfant de la maison , et s'il se trouve embarrassé pour son existence, l'habitant lui offre ou lui procure une place. L'hospitalité , dans les colonies espagnoles , est telle qu'un européen qui arrive sans recommandation et sans moyens pécuniaires, est sûr de trouver du secours. S'il débarque dans quelque port pour cause de ma- ladie , le plus pauvre habitant de Sigès ou de Vigo, est assuré d'être reçu dans la maison d'un Pulpero ( pe- tit marchand ) catalan ou galicien , soit qu'il arrive au Chili, au Mexique ou aux iles Philippines. Cette hospitalité n'a pas encore diminué d'une manière sei- sible , depuis le premier établissement dans le Nou- veau-Monde {voy. le Voyage de M. Humboldt aux Régions équinoxiales du Nouveau-Continent ). Etait-ce ainsi, M. PaW, que les Romains exerçaient rhospitalité? Non, sans doute ! Ils avaient des fous et des bouffons , tels qu'on en voyait à la cour de nos rois. Ces misérables ( dit Pline , liv. 9 , épist. l '^ ) vol- tigeaient sans cesse autour des tables « Sciurœ, ci- » nadi moriones mansis ineiTabant ; » ils cherchaient à amuser les convives et k dérider le front de leurs maitres par des équivoques sales et grossières j par de mauvaises plaisanteries ou par quelques extrava- gances. La plupart de ces fous et de ces vils bouf- fons étaient des monstres d'une laideur et d'une dif- formité si extrêmes, que Martial les peint avec la tète pointue et de longues oreilles qu'ils faisaient mou- voir à la manière des ânes. « lÙMC vero aeuto cap i te, et aitribus Ion gis , « Que» sie moventur , ut soient aselloruin , « Qi4is morionisJiUum neget Gyrtœ ?....» (Lib. 6, épigram. 29 , vers x^^etseq.) ist telle ition et secours, de ma- 'igo, est dro (pe- irrive au ?5. Cette ière sel- , lé Nou- l)oldt au\ t). exerçaient ies fous et ir de nos i-j ) vol- ciirroe, ci- herchaient l'h 05PIT ALITÉ. 4l3 La vue de teli êtres devait plutôt inspirer le dé- goût, la répugnance, et nuire aux femmes enceintes, que réjouir des convives un peu délicats. Mais , répon^ dra cet auteur, « Tous les goûts sont dans la nature, le meilleur est celui qu'on a. » Sous le règne des empereurs , les Romains les admirent à leurs tables, ainsi que les nains. C'étaient de jeunes esclaves qu'ils achetaient en Egypte , dont ils corrompaient les mœurs et l'esprit , soit en les fai- sant servira leurs infâmes plaisirs , soit en s'amusant k voir insulter par ces jeunes esclaves, ceux qu'ils admet- taient À leurs tables, et à être quelquefois eux- mêmes l'objet de leurs froides et indécentes plaisan- teries. Les Romains lesappelaient leurs délices^ comme on peut le voir par ce passage de Stace, « Non ego mercalus pharia de puhe loquaces > « Dcliclas , doctumque sui convivia nili « Infantem , lingud niiniuin , salibusque protervum « Dilexi » (Statii , Sylvaruin , lib. V, vers 66 , etc. ; ex edit, Markland, XiOndin , 1728, ) Tibère les admettait h sa table , et l'on trouve même, dans Suétone, un fait qui prouve à quel ex* ces d'insolence et de liberté ces nains se portaient quelquefois . « Un homme consulaire, dit-il , rapporte, » dans ses Mémoires , qu'il avait assisté à un repas » nombreux où le nain de Tibère, qui était là avec » d'autres bouffons , lui demanda tout haut pourquoi » Paconius, accusé de crime de lèze-majteté , vivait » si loug-temps : que Tibère lui imposa silelice -, mais » que peu de jours après , il écrivit au sénat , qu'il eût » à juger promptement Paconius. » 4l4f t' H O s PI T'A LIT É. «r Annalibùs suis vir consularis insenui , /requetui » çuondam conwiuo , cui et ipse adfuerit , iiiter- » rogatum eum subite et jolarè a quodam nano ad- 3» stante mensce inter copreas cur PaconiuSy majestatis » reus, tamdiù viueret staùm quidem pelulantiam lin^ » guœ objurgasse ,• cœterum pùstpaucos dies scripsisse 3» senatui, ut de pœna Paconii quàm primum sta- » tueret ( SuetoN. ^ in Tiberio , cap. 61. ). A l'égard du mot copreas dont Suétone se sert ici, et dans la vie de Claude ( chap. 8 ) -, c'étaient des bouffons d'une figure très-diiTorme, dont les discours étaient si orduriers, et les mœurs si infâmes, qu'on leur avait donné ce nom avilissant , et qui expribiait en même temps l'extrême licence de leurs discours et la turpitude de leur vie. En effet , copriœ vient du mot grec , kopros ou koprion , qui signifie fumier , ordure , excrément , de là l'épithète de stercorarii^ donnée avec raison à cette espèce particulière de bouf- fons. Dion dit que Commode avoit à sa cour des bouffons qu'il aimait passionément , qu'il faisait servir à ses in- fâmes plaisirs , et auxquels il avait donné les noms des organes de la génération des deux sexes. « Habuit in deliciis homines appellatos nominibus » verendorum utriusque sexûs , qiios libentius suis os~ a culis appticabat ( Lampridius, in Commod. vitd , » cap. 10 ). » Le fait suivant prouve encore que les Romains igno< raient la bienséance et jusqu'au plaisir d'obliger, puisqu'à Rome les ricbes et les grands achetaient et payaient y par des largesses , la lâche complaisance de quelques convives pauvres et de peu d'importance se sert ent des discours , qu'on icpriWtait discours vient du fumier , rcorariîf de bouf- L* H O s P I T À L I T ]£. 4l5 qui, pour 8*as8urer de leur protection, soufraient patiemment les sarcasmes et les insultes de ces jeunef esclaves. « Sed miserum (cUentiuni) patvd slipe munerat, ut pudihunâot « Exercere sales inter convivia possit, « Lueanusi sivequis auetor earminis adPisonent. » ( Apod Liys. in h. loc.) Enfin la passion de Marc-Aurèle pour le yin, et non son attachement pour Ciéopâtre, en fit un mons- ti:e de cruauté , qui se faisait apporter , à table , les têtes des principaux sénateurs *, qui , au milieu d'un banquet somptueux et d'une magnificence royale, re- connaissait les traits et les mains des proscrits , et qui , rempli de vin, était encore altéré de sang. ( «S'e- nètjue. ) . Telle est cependant cette hospitalité , cette manière de traiter les convives , que M. Paw préfère à la sim- plicité franche dès Américains du nord et du sud et à la sensibilité généreuse et compatissante des Créoles. Cette préférence, et son extase pour la con- quête du Nouveau-Monde, donnent la mesure de son cœur. Quel est le peuple européen , qui régale un pas- sant quelconque sans en exiger quelque chose ? Moins généreux , et moins désintéressés que les Américains , les Européens d'aujourd'hui ne parais- sent guère disposés à condamner la conduite des anciens AUeviands qui donnaient d'une main et réi- cevaient de l'autre. Je demande , après cela , à tout homme impartial, si l'on n'aurait pas tort de soutenir^ avec M. Paw , que l'hospitalité est encore une quaHté ^ue la UAture a ôtée k l'Amérique pour la donner à 4l6> COMMERCE DE L*EUROPE TEurope, et de nier avec lui , qiie le nouvel héinig* phére , sur ce poiut , ne l'emporte encore sur l'an- cien. CHAPITRE V. Commerce de V Europe et de l'Amérique» Avant l'arrivée des Espagnols dans le Nouveau- Monde , les Indigènes avaient un commerce d'é- change, non-seulement de province à province dé- pendante du même souverain , mais encore avec les nations libres et indépendantes les plus éloignées. Oa en voit la preuve dans les curiosités que Motézuma offrit à Cortez-, dans celles que P zarre trouva dans les palais d'Atahualpa. Je ne m'étendrai pas davan- tage sur ce sujet , parce qu'il ne touche pas directe- ment au point de l'assertion de M. Paw, sur la pré- tendue snpériorité du commerce de l'Europe , sur ce- lui de l'Amérique. Je dois examiner le commerce de ces deux pays. ^ Le Mexique , indépendamment des productions dont nous avons parlé , offre près de 5oo endroits célèbres par les exploitations qui se trouvent dans leurs alen- tours. Il est probable que ces 5oo réaies , comprennent près de 3ooo mines ou gîtes métalliques, et qui com- muniquent les unes anx autres. Ce n'est que d'un très- petit nombre de mines- que sont tirés les a,5oo,ooo marcst d'argent qui passent annuellement en Europe et en Asie ^ par les ports de la Véra-Cruz et d'Aca- pulcD : les districts de Guanaxuato, de Zacatecasei de Çatorce, fournissent plus de la moitié de cette «omm prdsd partie des mi en cen lation D'ap archive d'or et Ja Nom somme d'argent pour la 7,io5,6a forte à 5 ans > le p tamraent la seule i L'Eure à-la-fois , nement c Bolanos de Pachu hua, et t juste célél ricocha o plus de ao à 4o métn Quoiqu quantité jours des soname en lom a. Aveau- e d'é- ce dé- ivec les ^es. Oa ilézuma va dans 1 davan- directe- • la pré- , sur ce- lerce de Et tn t'Aiiiiit^tJt. 4i7 «ottimtf. Vn feètll filon, c«)ai dé OdtfialttMtd , âtoûrta prés du quart dé tout l'irgént thétlcéifi j et la sii^ièihe partie du produit de l^Amériqné etitiète. le j^tétttiit des mines du Mexique a triplé en ^ft ahs f et Sextuplé en cent ans : il augmentera datantage, ateo \à popu- lation et les progrès de l'iudustrîe et des lumières; D'après les données exactes qui existent dans les archives de la monnaie de Méiicô > mt là quantité d'or et d'argent monnoyétf, il résulté que lèi rtHnéi db la Nouvelle-Espagne ont produit de 1 6go à 1 8od , la somme énorme de i49,35o itiaros d'or y *]±5 nïktài d'argent ; de 1690 k i8o3 ^ en tàt et en aègent , pour la valeur de i^353,45i,ol6 piastres A>i^CM , oU 7,io5,6a3,io5 livres toutnois , en évaluant la piastre forte à 5 francs a5 c. , moiinàie dé Frànéé. Depuis 1 1 3 ans f le produit de l'exploitation des mines a été cons- tamment en augmentant , excepté , dit M. HdàfibfuMt , la seule époque de 1760 k i'jQ'f. L'Europe serait inondée dé iùéfàùii, Si l^oii àttà'qèait à-la-fois , avec tous les moyens qtfàSié lé pef leëf iôfi-^ nement de l'art des mineure, les! glt'è^ de mi'ililérais dé Bolanos , de Batopilas y de Sàrfihrérètè , àix Rà^Hù ^ de Pachuca, de Moran , d« Éuiiépéci , dé CkihiUd^ hua , et tant d'autres qui ont joui d^unè énciétihé' et juste cclébrité. Au Pérou, les fameùsësr ittiiici è&ràiii ricocha ou de Pasco , qui- fouk'UÎssènf aftiiuelléiântent plus de aoo,ooo marcs d'drgéht, n'on^ eÛtàié ^uè 3é à 4o mètres de profondeur'. Quoiqu'ir doift diffiéii^ de côuiiàitre éi jibte Hi quantité d'or et d'argent qn'dis' a' ti'réie >i^ii'ii àos jours des différentes mines' à& if'Athéi^iqttè et qii^ ht somme ea soitpitl^'i^vjiainable^ cependant , poui; TOMfi 2. ^7 '•>'î\ ■ '■' :t.i; m élS COMll^RCX pi L*EUBOPI en.fiyoir une idée, il suffit de dire que l'jE^pagne « . reçu a6 iniilipuf par an , depuis 1 548 , époque de l'ou- yerture des mines du Potosi jusqu'en i638 , ce qui .fait dans un laps de 90 Ans, af3jï0|00o/ooo ir. Et depuis i638 jusqu'à r8i3, dans un, laps de 175 «ns, l'Espagne a tiré annuel- > lement du Pérou, 3 milliont ,4'or pesant qui , calculé iE(ur . le quadruple ou doublon qui pèse 7 gros 4 grains d'or, le plus pur en monnaie , ont donné il raison de 84 li? i3s. \ 4 d. 6,399^989,930 U 1 3<^ 4 *'• ; L'or non enregistré s'élève À 2,899,696,886 L*or qui existe en circula- tion au Pérou, se monte à. . 35 1,000,000 / Les impôts sont si consi- dérables, qu'ils s'en suit une grande négligence dans l'ex- ploitation des mines , et qu'il y a même peu de débit des , ouvrages d'or et ^l'argent . > que l'on y trayaille. .»..., j Les mines du Brésil , dé- finis bizarre II , jusqu'en ^ 1756, c'est-à-dire dans un laps de 60 ans, ont produit 3,4oo,ooo,ooo Depuis 1 7 56 jusqu'en 1 8 1 3 ks ninef .et les sables ont , ■ : ; / . .. 14,390,686,8161. i3». 44 «ploitatio ï'or non-< «irculation En supp ^es mines d «ur celui Terre-Fern Pour les îne, depui Ijusça'à i8i ""ssentanni I lions en arge ^*or non- ^*or et r, [*wn au Me; ^ourles 1 |veIIe.Grena< «0 circnlatic i6l. »3*' ' IT DE l'amiSrique. éig • D'autre pari. . . . i4,390,6$6,8i61. i3 ".^d. fourni annuellement au Por- tugal 48 millions 2,736,000,000 L*ornou-enregistré. ..... 999,800,000 » 4^. L*or qui existe en circula- tion au Brésil iaOy00o,ooo 6 •. «• En 6tant pour les mines du Chili le cinquième du pro- duit de celles du Brésil, on tara 4r,97a,a4o,ooo Pour les mines de la Terre- Ferme , qui ne sont plus en exploitation, et j compris l'or non-enregistré * et en drculation 778,000,000 En supputant le produit * des mines de la Castille d'or sur celui des mines de la Terre-Ferme , on aura 778,000,000 Pour les mines du Mexi- que, depuis leur ouverture jusqa'à 181 3, qu'elles four- nissent annuellement 5o mil- lions en argent et 5,900 marcs d'or 7,389,66f>,939 L'or non-enregistré a,iao,ooo,ooo L'or et l'argent en circula- Ition au Mexique 3oo,ooo,ooo Pour les mines de la Nou- [Telle-Grenade , et l'argent en circulation et non-enre- ^ 34,584,389,7551. » 9». 8 d. a?- ^20 COM]||C^ÇIi: DE ^^f^l^OPZ Çi-conir^, ..... 34,584i,38g^7551. 19*. 8 d. g'stî'^ 93o,W(>bO.ÇîO Si l'on ajpute n^ainteoant pour la valçnr de^ diair^ans. 4oQ,qi9p,o zarre. ensuite pour sa rançoii, et le pillage de son camp çjt de Cr 7 co a,38p,QoÇ^oo4t Pour celui du Mexique ©^ de la capitale, ainsi que les. riches présens de Montézun^^, environ i,oop,.o.90,péa Pour l'or et Targient ^euvré en lingots et en poudre que les Espagnols enlevèrent aifu^ habitans de Saint-Domingup, de Cube , d^ a^u^cpsAnlilles, et aux Caciques du DarÎQi} et du Continent ,. iop,opo,2op, 4*. On aura pour total. .'. . . 3g^^4',395,ooo 1. L'abbé Rajnal , dans Ips. t^J^wjt 4ptftU|é* q^'il a «lonnés sur le pri>d^j)l< tptal des mines de 1 Amériqii^ Espagnole , l'év^^ apijiée mo^eufie k ^^^g^MQ liv. tournois. Il a confondu , qpWR^^ l,'q]^^«j:,v,e. tjr^rlvcn M. HumboJ^^, , Iç^ pip.q4»iit de 1 7 5o avçj^ çfislpi^d^j.^gp , puisque déjà en 1775 ce p^94v*t» *9.M^*^,'fût çl)&véi 1 57,500,000 livres tournoi^^_ Jiohertson, dans son Histpif'€^4^',A^é^j(£pe , vol. 4, pare 6a , évatuè lu quaQUté de mé(aux précieux ioi* portés 8,800,0 est f cet cul com qUoicfu^j 'liées coii trehandc M. m qui piuit jSatteir ^ sensuf^ité ^ çt préserver 1« santé de^ ^ui;(h l^éei^s ^ 4e9iNi^^içs lies plus critiq^es^ ^.o Qi;^€| 1^ p^lueipi|U3( ^^ttolçs dr'pxport^MQn cjçjwmei i'Qir, l'argeii^t , lesp^^rlçs , leSj sap,l3ijlrai , Us émeFa,v^d?^ ,»U soie , le caret \ les pelleteries, les cuirs, les cotous , la çoçkeQÎUe, rindiÇQ.» Ip c^fé , lesifcre , le capao, Içs gom^ mes , 1^ ^pudrpnSi 1^ chanvi^QSi^ les bpi& 49 Qç.Qstruction, d'ameubieinf ut, d^e. placage et de teinture ^ prouvent qu'un p^ys qui, indépendamment des produ,ctioi;iSt qui \px spnt çbn^unes, t^i^eç l'Europe , peut ei^ooiçe. fournie dçft productions çpmmç celiç^ ci-dessus., e&t un pays ^iche ) çj^iDeU^nt, utilç. et ii;(]i,3pen.5abie. ppur tous les |>eupl<^s^ çt plus encorç pour les najtions policées, compierça^lres ,, et ^y^ut des manu^ctaresu 3i.o Que. rAujiérique, outre les grains , les urines, les viandes et les poi:^Qns salés, otïre encore àFËuropo Ijnc subsistance dans les produits du grand et du petit banes dç Terre-Neuve \, qu'en échange des vius , des eau2(-d«-vie , des draps , djes petites étoffes en laine, des bas , des cl^apeaux , des soieries ,^ du papier, des i|ieubl<çs , des ustencilcs en fer \ du verre souâlé et coulé, de la mensrie; de la cajcrnetille, des toiles blapçb^s çt peinte;» \ des cotoni^adps et des nègres qup •B sont pas une piodnctian de l'Ënrope ^ l'Amérique donne du rhum , du ta$t , des liqueur», des confitures saches et liquides , d^ sucre, du sirop , du café, du eaeao, deslwumes, de la yanille, des drogues, de là eochenilie , de Tindigo, d^ roeou , du safran , du co> ton , de la soie écrue , des chapeaux , des souliers , dei hottes ) des cuits tannés et crus , des pelleteries , de b cannetiUe, du caret , des saphirs , des émeraudes , des perles, de l*or, de l'argent , de la platine, des gommes,. des chanvres, du goadson , des bois de far^ dage , de constructioQ ^^'ameublement , de placage e| de teinture. M. Paw doit !TOtr, d'après cet exposé , pourquoi VEurope metantant d'acharnement à smitre ses rek»* tioBS, coiameirciales avec le Nouveau-Monde dont U partie méridionale consomme pour phnb de 60 millioBS steri, ou 1 ,44fo,ooo,ooo fr. d'articles d'£urope, dans ua ^p8 de six ans , sans compter les bénéfices sur les re^ tours. Cet auteur peut juger, d'après ce léger aperçu ^ quelle, serait la détresse de i'Eui'ope, si l'Amérique qgi possède dans son sein une partie des^ manufactures çi^rppéennes , venait k les eucoiurager toutes , Tpovkà Vf)mi^K,e an commerce qui hii est désavantageux , puis-^ qu'indépendamment de ses pvoduclions , il est sorti 4e ses mines , huit fois plus d'or qu'il n'y en avait en Kuropeen. i4s90. L'JEÙun^e écliangerait alors, des mo-^ uumeiv tant anciens que modernes , pouv les^ denrées des £tats-Unis , peut-être même pour les produits de> burs rafinjufactures ! Ils finiront par être le prix de> leur commerce avec les Indes orientales^ et les Antilles, ces> iilltiS légilimes du continent Américain , échapperont^ « Ifius à'avisseurs. Cette révolution, qui tire tous le» 4a6 coMMERCt de' l'ioropc jours yers sa fin , rëdoira l'Europe à la dure nécessité de ne plus négocier k la China , au Japon , aux côte» de Coromandel et du Malabar f^^arca que les expor- tations qu'elle en fait n'a/ànt lieu qu'en joldant^r^ gent comptant , il lut sera difficile de s'en procurer de rAmérique, dont elle pourra à peine acheter une trias- faible partie des denrées coloniales ou autres. UEu- rope k son tour aura l'humiliation de devenir un jour colonie d'Amérique. Elle sera contrainte de céder à 1» foi'ce des circonstances universelles , de voir traiter ses pvoduetions comme autant de superfiuités, puisque le nord de l'Amérique fournit plus de grains, plus de farine et de salaisons , qu'il n'en faut pour nourrir ^es habitans du nord et du sud ; que l'Américain de la partie méridionale , qui est naturellement sobre , sait de plus se contenter de ses ignames , de ses bananes , de ses patates f de ses pommes de terres , de son ma- nioc , de sa cassaue , de son mais , de son petit miel j de son riZf et de quantité d'autres racines et végé- taux , qu'il préfère en général au pain , non par éco- nomie , puisque la Floride , le Mexique , le Pérou y ie royaume de la Plata , la Nouvelle-Grenade , etc. y lui fournissent du blé ; que la douceur du climat lui permet de se vêtir aussi légèrement qu'il le juge à propos/ soit avec le coton , soit avec les filamens de difiérens arbres ou ceux de diverses plantes , soit avec sa propre soie , soit enfin avec les laines superfines de ses lamas , de ses vigognes , de ses berendos , sans que l'Amérique ait k craindre , comme M. Paw le pré- tend follement , n de voir les huit millions d'£spa- » gnols , de Portugais et autres Créoles qu'elles con- » tient, aller nus les premières années, faute de re- KT HL l'àMÉRIQUK. > 437 * cevoir des étoffes d'Europe. » L'exemple des Amé- ricains du nord , que j'ai cité, doit lui £aire Toir que sa prédiction est sans fcadement*, j'ajouterai aussi qu'il s'est trompé sur la population de ce pays, comme dans presque tout ce qu'il a écrit , car M. Humboldt assure que la population seule , depuis les rives de la Flata et du Chili jusque dans le nord du Mexique , s'élève à quatorze millions d'ames. ( Vojr. Hég. équin. du Nauv.-Contiu. ) Que poorrait alors l'Europe , offrir en échange k l'Amérique ? Seraient-ce ses habitans et leur industrie^ pour tirer tout le parti possible des trésors du Nouveau- Bfondé ! Je le demande à M. Paw : l'échange dé ces Européens , toujours inquiets et remuans y et dont une grande parlie est si corrompue , ne meitrait-ii pas la sûreté personnelle des Américains plus en danger que les maux que le luxe pourrait entraîner après lui! Qu'il parcoure les Etats-unis y la Louisiane , la Flà' ride, le Mexique , le Pérou, le Brésil, les Antilles, il n'y verra point , comme en Europe , des gardes nom- breuses , armées de bayonnettes étincelantes , pour imposer aux malveillans ^ des places publiques garnies d'échaffauds , d'insirumens de destruction , et roupies du sang des malheureux , que la misère et le crime ont , fait expirer à la potence ou sur la roue. La Religion et la bonne Joi , sont les seules armes qui maintiennent la sûreté publique et personnelle des Américains. Les plaintes journalières que la Suisse et V Angle- terre adressent à leurs enfans qui abandonueat tous les ans le sol de leur patrie , pour aller se fiver en Amé- rique; les lois extrêmement rigoureuses que la Bavière et d'autres états d'Allemagne oui faites pour empêcher ! '9 il 4a8 COMMERCE i)t l'europe ies ^iDigfe'ati'>us qui alloknt réttiplacer les thalheureux Aniricains qu6 la rag^ et Ib Cupidité des anciens con«> quéraas Eorop^ent avaient exterminés , prouvent en • core que le nouvel bëmispfaère offre plus d'attraits et de ressources que l'Euroj^e ; puisque touis les avis qi'.Vn a pu donner aux émi gratis de l'Allemagne y toutes les remontrànoes, loua les tableaux effi^ayans de mortalité qu'on n'a cessé dé mettre sous les yeux dès divers peu *- pies de l'Europe, n'ont pu les convaincre ^ pas même lés Badoîs ^ les Suisses et \té Anglais , en i9i6<> 18 17 et 181 6 y qu'ilis seraient plus beutfenxou ndoins à plain->- dre , de> déchirer péniblement avec le sdc'de la charrue, et d'àrrosrer de la sueur de leur fnmt la terre, ingrate de leuu patrie , que d'aller Oultiver le sol de l'Amérique qui ne demande qu'à être dégagé du superflu de sa vé- gétation , pour récompenser la main secourable , par tout ce que l'ambition et la cupidité peuvent convoiter. Si, comme il est prouvé, la mauvaise qualité d'une pactie des terres de r£uiH»pe'y l'esprit de finance, le déiioirdre des mceuvfry suite delà misère du peuple^ en eondanvnent au< moins k» tiers à manquer du premier nécessaire, p^irquoi fbvçonsnous les. peuples de TA-» irique à cultiver les terres en Amérique , tandis que les paysans manquent de travail en Europe? Que n'y transporte-t-OD les famille» les piu-s misérables tout en- tières, enfans, vieillards , amans , cousines , le» cloches même et les saints de chaque village , afin qu'elles re- trouvent dans ces terres lointaines , les amours et les illusions de la patrie ? Ah si. daus ces pays , où les cul- tures sont si faciles , on avait appelé la liberté et l'éga- lité ; les cabanes du Nouveau-Monde seraient aujour- d'hui préférables aux palais de l'Ancien» Ne reparaîtra-' ega- t-U jtmais , àwa quel^^v opùi d* Ut terre , ime nea* yelle Aci^ie ? VoiUs «a qiMk M* P*w «e peut raiseomablemeat con- tfster, quoiqu'il l'imofine que^ pour soyfeeaii la tiMs^e^ de «es asse^rtioms > H im s'ftgisaciqme de dke i » l^ retfttiQQi de M. MristcKk e»( un tiisu de fiivssetva^ ». a^84i Men que. le» v^Uon» des espegiM^ et celkf » des autres ^orivein^ , i»- pavce qu'Us s'accordent à £i|4i;e l'ébge d'un peys , que lai-auloae est iatniiee ne» i99Qti Spsqi d^ reconuaîti'e préféraUb an sien. N'im^ 0orte ; e^. diépit de son pyrchouisme histenque inn sensé , et de tout ce qu'il pourra, débitée contre l'A-r mérîque, les Européens continueront , cooinie l'ob- serve très-bien dom Prenettj , d*y aller clierclier le sucre f le caféj le cacao » le:» confitures , les liqueurs , les parfums j pour flatter leur goût et satisfaire leur sensualité j la cochenille , Y indigo , le rocou , les hois de teinture et de placage, pour leur lune et leurs fantai- sies; les baumes ^nPérou, de eopahiba, Valcornnque f le quinquina , le gayac y le sassafras, et mille autres drogues pour guérir leurs maladies ; l'or^ Vargent, que les Sauvages appellent avec raison' 4es dieux des chrétiens y pour se- pveeuve» leurs besoins j les pierres précieuses , pour leur parure ; les pelleteries , les c( - tons f les laines et les soies , pour se vêtir -, les cuirs pour se chausser *, les carets , pour les préserver de la vermine ■, le tabac , pour dissiper leurs humeurs *, les bois , les gommes , le chanvre , le goudron , pour les abriter des injures du temps , et les transporter d'un bout du pôle k l'autre -, parce qu'il est prouvé que les liois d'Amérique sont plus incorruptibles et muins su- jets à la piqûre des vers que ceux d'Europe , et que les 11! 43o coM Minci Dl L*fnilOPl, 6tC. ohanTratdnNoureau-Moride y imbibés d'eau , offrent pluf de résistance et de force que ceux de l'Ancien. • Telle* sont les productions et les ressources que PEurope , cette terre si ricbe , si fertilf , à laquelle la nature , selon cet écritain , a tout donné au détri- ment de l'Amérique y est forcée d'aller chercher fournellement dans ce pajrs , ne pouvant trouver rien de cela dans son propre terrain. On ne peut discon- venir que l'Amérique ne soit redevable de quelqua bien à l'Burope -, mais «ussi par quelle foule de maux , qu'il serait trop long de détailler ici , ce bien n*a-t-U pts été malheureusement acheté 7 \ /.ÎV. micAT«.irLATioif dis atamtaois , etc. 4Si Récapitulation des avantages de P Amérique * sur t Europe. C'est en Amérique que l*on trouve les choses les plus extraordinaires ; le territoire le plus étendu et le plus varié; le sol le plus fertile , les mon" fagnes les plus hantes et les plus longues ; les plainte les plus grandes ; les ^ oUes les plus curieuses «i" les plus imposantes , les forêts les plus vastes , les ^ij les plus gros <, les< plus droits et les plus hauts ; la botanique la plus diversifiée , puisque sur 38,ooa espèces de plantes connues dans les diverses parties du ^obe) l'Europe ne figure que pour 7000 , l*Asie pour i3,5oo , et TAmérique 1 7,5oo \ sans compter que plut du tiers de ce pays n'a jamais été visité par les natu- ralistes \ les mers les plus profondes., les lacs les plut considérables ; \esjleuves les plus grands , les plus lar- ges f les plus nombreux et les plus poissonneux *, les poissons les plus monstrueux , les plus utiles et les plus agréables à manger*, les coquillages les plus variés ; les hommes les plus grands dans les Pati^gons et les plus petits dans les Eskimaux y les plus diversifiés don' 1< ;ic couleur , dans les Arras noirs de la Guyane \ dans les Cagnares des Cordilliéres , dont la blancheur rivalise celle de la neige-, dans les autres peuples dr Vîntérieur, dont la complexion est chez les uns , couleur de cuivre rouge , jaune; chez d'autres , d'uu blanc plus ou moins elair , d'un teint plus ou moins obscur , plus ou moins foncé ', les arbres les plus curieux dans le maquejr \ dans Vagave ou aloès piste '^ dans l'arbre & cire jk beurre , ksqie^ à dentelle , k cuirs \ les ^mV les plus nécessaires 4?à RÉCAPITUI»ATIOV DIS ATANlIâGES pour la construction dans les chênes de dix eipéces, dans Itspins, le» cèdre.'; f les gajraa \ les plus étégans pour rameublement , dans V acajou , le satiné, le rosej Vébène; les plus utiles pour la santé dans Valcortioquej le cassieTf \é calehassier\ \t»bemmes lesplnssalutaires, \t9 fruits les meilleurs et \e% plus gros} les />ierpei et les perles les pins précieuses ^ les cotfuiltages les plus l>ril> lans ; l'or , l'argent le plus ptir j \m sèulet coehenille ^ le poisson k pourpre ; les plus riches pvodiisctioas , k Téritable hospitalité qni n'ebt jamaâs dégradée par au- cun esprit d'intérêt \ enfin la bonne- foi et là cevfiance la plos délicate dans le commerce. Qa'coi aille aux CaraccaS' et dan« la âtaieure par-* tie d«: la Côte-Ferme , on verra les: hadMtaiis dépose^ leurs denrées sur le rivage j. allumer divers feux le long de la c6te , peur faive comsaitre sax bâthiiens>qui font leurs affaires. , qu'ils peuvent venir prendre leurs ehargemens ^ les laisser enlever , scns' tirer de reçus y et attendre poisiblement des six mois de temps y le r»« tour du produit de k vente de lenrs denrées , sans examiner, si on ne leur a pas fait payer phis de frais de commission , dé magastnags et d» vente ^ que lé ta* rif vérit»bl« le perte. Si dans une partie de ohasse y un oolbn tite dan^ les bois une chèvre sauvage , qu'il aperçoive que ce n^est pa» sa propriété , il la porte d«; suite chea soé voisin y ou k' celui à qui elle aippastient. a Pendantt deux |oursy » dit M. Humboldit , nous entendîmes citer partout ^ » comme un ci^emple de perversité rare ^^qv^'utb habi« » tant de Mamqiiorea avait perdu, une chièvrè ,^ dont «t- pvobahlement une fanriUe voisine s'était négalédanA »- ttiivpof . Cé9 tpaiis;,qui prouvent. traie groad* pureté péceSy ilégan» e rosCf loque j itairesy i elles U9 briU enille y oas ,ki par au- wfiance ire "par- déposer feux le [ien8>qui tre leurs r reçus ^ » , le re* 55' y sans de frais rue lé ta* dan^ les |ce n'est rorainy kX )0Ur8y lartout f vzb ViaW- |é ,i dont |alé dant» puKeti DE L*AM]ÊRtQV£ SUR L*Et7R0pè. 433 » de mœurs parmi le bas peuple , se rëpètent encore » souvent dans le nouveau Mexique, au Canada et » dans les pays situés à l'ouest des AUeganys. « ( J^oj^ aux Rég. équin. du Nouv.'Contin,^ Que M. Paw regarde la superficie de la terre de rAmérique, il la verra couverte de blé, de vignes, de fruits de tous les pays; de sucre , de cafiers , d'indi- gotiers , de cochenilles , de cotonniers et autres produc- tions rares; qu'il descende dans ses entrailles, seA yeux seront éblouis par l'or , l'argent , une multitude innombrable de métaux , par les saphirs , les émé- raudes , les diamans; qu'il se promène sur ses rivages, une ceinture de palmiers auxquels sont suspendus^ la datte et le coco , l'entoureront entre les brùlans tro-^ piques ; il y verra des monceaux de coquillages bril- lans et précieux ; qu'il se penche un peu le long de ses côtes , il sera également dédommagé de sa peine par la quantité de perles fines qui s'attacheront à ses doigts , et par les poissons nombreux que ses filets lui présenteront ; qu'il lève enfin la tête , et les oiseaux du plumage le plus rare , et le gibier de toute espèce , lui prouveroiit qu'ils ne sont pas étrangers au bon- heur. Oui y malgré toutes les oppositions contre l'évi- dence des faits, los gens sensés conviendront avec M. Bernardin-de-Saint-Pierre , que la nature a tout disposé en Amérique avec des attentions maternelles , pour dédommager les Européens do l'éloignement do leur patrie. Il n'est pas besoin là , de se brûler au so- leil pour moissonner les grains, ou de se morfondre à la gelée pour faire paître ses troupeaux , ou de fendre la terre avec de lourdes charrues ^ pour lui faire pror 434 RBCAPlTUrATlON.DES AVAyT^jB!» duiie des aliuicns , ou de fouillct ièS eDlraiUefrpoai* en tirer le ft;;-, la pierre, l'argile et les maliéres pre- mières de nos meubles et de noft maisons. La nature facile y a ilacé sur des arbres , ii roiubre /et à la portéôvde.la inaiit , tout ce qui est nécessaire el agréa* Lie il la vie bumaine. Elle y a mis le laitage et le l^yuurre dans les uoix du cocotier ; des crèmes parfu- inées dans les pommes de datte; du linge de table et des mets, dans les grandes feuilles saliiu'ei; et dans les figues de bananiers ; des pains tout prâts à cuire dans les ignan.cs , les patates et les racines de ma- nioc ,■ du duvet plus fin que la laine des brebis, dans les gousses du cotonnier', de la vaisselle de toutet^ les formes , dans les courges du cailebasbier. Elle y a ménagé des liabitalions impénétrables à la pluie et aux rayous du soleil , sous les rameaux épais du figuier d'Inde qui, s'élcvant vers les cieux et descendant en- suite vers la ferre, où ils prennent racine, forment, parleurs nombreuses arcades , des palais de verdure. Elle a dispersé , pour les déliceâ et le commerce, le long des fleuves , au sein des rochers et dans le lit des toirens , le inuïs , la eanr à sucre, le cacao ^ le tabac, avec une multilude d'autres végétaux utiles ; et par la ressembianec des latitudes (ie ec Nouveau-Monde avec celles les diverses contvées Je l'ancien , d'adopter fin leur faveur , le cajé j Vindigo et les productions végétides les plus précieuses de l'Afrique et de l'Asie. ( T'oj. pour le cate, ce que j'ai dit lig. 5, p. 3io, et lig. 12, p. 338 du T. I.erj et pour l'indigo, lig. i8,pag. 3l2duT.I.er) 11 n'y a n)i frimais , ni cbaleiirs excessives à craindre; et quoique le soleil y passe deux fois l'année au zénith; s pre- nature et à la ORi'éa- B et le parfu- table et et dans à cuire de ma- • is , dans ute{\ les îUe y a pluie et Il figuier dant en- foriïient , verdure, erce , le le lit des le tabac y |s -, et par i-Monde .'adopter iducliuns e l'Asie. . 3io,et ;. i8,pag. I craindre j iuzéuitb', SE L^AMBRi^tVit sua l'ivropi. 435 elia^e jour , lorsqu'il s'élère snr l'horizon , il amené avec lui , de dessus la mer , un vent frais , qui rafra!» cbit jusqu'au soir , les forêts , les montagnes et les val- lons. Que de retraites heureuses , ces lies fortunées offrent aux pauvres soldats et aux paysans sans po»ses-» sions ! Que de frais de garnison y peuvent étr% épar^ gnés ! Que de petites seigneuries pourraient deyenic la récompense des braves officiers on des bons citoyens! Que d'habiles marins , la pêche des tortues , dont les écueils voisins sont couverts , ou celle des morues da banc )lc Terre-Neuv& encore plus abondante, peu- vent former I II n'a fallu que les frais d'établissement des premières familles , étendues à la manière n^ème des Caraïbes , pour que la puissance européenne s'é- tendit jusqu'au centre du continent de l'Amérique , et y fût inexpugnable. Tels sont les avantages réels qui rendent le Nou«i veau -Monde préférable à l'Europe. Pourquoi Tbâubi- tion de l'Europe a-t-elle ùÂt couler dans ces heu» ceux climats le sang et les larmes des hommes! Ah I si la liberté et la Térta en avaient rassemblé les premiers cultivateurs , que de charmes l'industrie européenne eût ajoutés 1 la fécondité du sol et i l'heoh reuse température des Tropiques 1 ;•-... V m . i ?" »^ 'h: ê3tf .z'it: - c on ChV SI OKé ""'''"] tù^i'ii&M ,, t. .... - \' -liVifi ihi» , CONCLUSION. : Les arts et les sàenceé -que TEurepe a reçus d« VAsie, ont ^tc cultivés par les Européens avec un succàs qui prouve la puissance du génie de l'hoinme. Cependant Les systèmes et les disputes qu'ils ont occa- lionnées, et leis découvertes qui se funt journellement , proureUit qu.*ilt sont encore loin d'avoir atteint le der- aier degré de la perfection. " I/Eurdpe, ceuame Tobserve judicieusement l'Auteur du Traité élémentaire de Géographie, est parvenue, avec ie temps y à cet état de prospérité et de Hprce. tfat la rci»! aujourd'hui supérieure aux autres parties du .mcude. Oelte destinée est due à sa situation topo- graphique , à la nature de son climat et au caractère dfl ses habitans, - Ëift efFl^) f Europe est prequ'entiélfèment environ- ttée à& mei»; la pèche et la navigotion sotit devenues pour die nn besoin, one fiabitude facile; le bois, la iésine, le clian^vre qui <}rots8ent chez elle en al)ondance, lui offrent de gvandes re^sourees en mnnnej'ringrr- titude de beaucoup de parties de son sel et la grande variété de sa température ont accoutumé les Euro- péens k un travail opiniâtre, et les ont rendus à-la*- fois robustes et industrieux. L'inquiétude habituelle de leur esprit les a portés à chercher . is d'autres climats les trésors et Tes productions que i nature leur avait refusées : moins riche quo l'Asie et l'Amérique, l'Europe ne renferme dans son sein que le fer, instru- ment de la culture , de la guerre et des arts v peut-être ce métal, le plus divisible de tous, qui s'iucorpore pus dét ^ec un omme. it occa- emënt , le der- Auteur rvenue, le force \ parties on topo- laractère CONCLUStO». itj avec toutes les substances des trois règnes , a-tnl donti^ au tempérament des Européens , cette Tigtieur mar-* tiïile f cette stature haute et nerretise ,' cette énérgii de courage , d'invention et ;d*9ct2vité cpi les distiu> guent de toutes les autres nations* En jetant un coup-d*aeiI sur Tfoistoire de l'Bttrope ^ on voit que les pCu^les^ mérîdiùiiaux de la Sicile , de l'Italie et du milieu de la Gaule , furent d'abord «ub> iugués et policés par les Grecs et les Cartbaginois ^ ensuite par les Romains qui soumirent lu Grèce , une partie de l'Asie, l'Espagne, les Gaules, l'Angleterre, une partie de TAlleangne; mais ces vainqueurs né purent résister à l'abondance et liia mollesse , ftait de civilisation , qu'ils étendaient vers le nord ; ils lftis8èi> rent l'Italie et la Sicile en fricbe , pour aller "contrain- dre l'Egypte et l'Afrique à labourer pour eux. ^ Les nations les plus septentrionales , excitées par Idt cupidité et par la vengeance, fondirent alors comme d'impétueux torrcns sur l'Italie, les ôaulèé,- la SicQe et l'Espagne, et s'en rendirent maîtresses; elles dé^ pouillèrent Rome qui avait dépouillé tant d.'ftutres na- tions ', et des débris de l'empire romain , se £armèrent.^ comme au hasard , toutes les sorâétés politiques qui subsistent atijourd'hui en Europe. La liberté se montra à côté de la tyrannie , la puis- sance des lois à côté de la volonté absolue , l'anarchie auprès du despotisme ; dans ces divers gouvernemens , les droits naturels furent souvent sacrifiés à la politi- que, au fanatisme, à Tintoiérance , aux diâoordes ci- viles , aux guerres étrangères. Les peuples , lassés de courber leur front sons le joug du caprice et 4e' là tyrannie ; poussés par un esprit d'aventure et de cupi^ éâs caivcLusioir. èS^f alMiiidoniièr6nt letir patrie poui^ s'en cr^er une autre , et conrureAt disputer aux habitans du Nou- Teau-lMonde, les fareors dont le ciel les avait comblés. . JUi Bilme cause fit sortir jadis des forêts de la «S'can- 'àinax>ie et de la ScytJiiey les Goths, les Huns et d'au- tres barbares , leurs ancêtres , pour s'emparer du Daiiemarck et de toute la c6te qui bo. de la Baltique, Us forcèrent les babitans de ces lieux à se jeter avec eux sur les Francs j ceux>ci sur les Gaulois , et ces derniers sur les Romains } ils laissèrent dans ces divers pays cet esprit d'inquiétude, d'action et de réaction qui tourmente les Européens jusqu'à ce jour. L'Asie avait attiré leurs regards ; mais l'Améiiquie _ pour $on malbeur, fixa leur cupidité. . .On reproche, avec raii«on, ji quelques bordes farou- cbea de TAméj-ique , d'avoir massacré des équipages au.Maopaenft où ils débarquaient lur le sol américain. It'Europ^, béias I n'a donné que trop d'exemples aussi fcnrbares! Que de peines n'a-t>on pas eues à extirper des côtes européennes , le droit de naufrage et de strmnd-recht t ce brigandage contre -nature qui cho> gnait les premières lois de la société et les notions du gens commun; le droit de rançonner \es voya<;eurs. que tous les seigneurs, depuis le Mein et le Weser^ |usqu'au pays de. «y/af «5^ comptaient, en 1069, parmi les prérogatives féodales. On parle de la barbarie des sauvages de l'Amérique^ certes elle ne peut être comparée à celle de quelques nations civilisées, et peut-être chercherait-on en vain dans toute leur histoire un trait semblable à celui de Quiberon, où des alliés cannonèrent les malheureuses ^ricttmes qu'ils jtvaient débarquées pour seconder leurs CONCLUS I O V. 439 projets hostiles, et qui trouyèrent la mort là où ils de-' raient espérer un asy le. » Si le Pérou et le Mexique ont eu h gémir desgiierres' et des vexations do quelques-uns de leurs souverains, l'Europe, h. divei'Ses époques, a-t-eUe été plus heu- reuse? Les proscriptions des ilfrt/vW, des Sylla , àei Néron; celles des Grégoire VII , dos Innocent IH et des Boniface VIII ; les proscriptions des Richard/ des Henri VIII , des Mario ,. des Elisabeth , de» 0 Edouard, des Crornwell en Angleterre; enfin, les persécutions de quantité d'autres princes du conli- uent de rEuïopc, n'altesteut-elles pas le contraire? ' Depuis la civilisalioh de cette partie du globe jus- qu'à nos jours, les deux tiers de ce temps se sont écoulés au milieu des guerres étrangères, iutestines, féodales, religieuses, de familles, de successions, de' conquêtes, de révolutions, qui ont fait disparaître de TEurope au-delà de la population actuello, sans comp- ter les victimes de la cruauté de leur gouvernement , de la sévérité barbare des loiti, du poison et du poi^ gnard des assassins, sans parler de ceux qui ont suc-' oonibé sous le pouvoir des grands vt^saux, si fatal à l'âutorité des rois de France, si pesant pour leurs intV*- rieurs et si désastreux ^our la masse du peuple? Quelle que soit l'étendue de l'Europe , los trois-f[uarts de sa surface ont été arrosés de sang; sauvage, elle se servait de flèches et de massues ; der lî-harbare , elle re*»ï plaça ces armes par le sabre et la Inche; civilisée, elle eut* les baïonnettes, les canons, rcciiafaud. ..;" • > Si les Mexicains ont eu des. saoriHccs qui faisaient frémir l'humanité, on peut également reprocher aust Européens, des analhênies inuendiàires, des édits de v>l iVri ^-^ 44o coNc. LU sioir. ^uroBcrlptions , des martyrs et des «uto-dafés , plat cruels encore que les sacrifices de ces Indiens occi- dentaux. Que de vertus Tambition et le vil intérêt des nations qui se disent civilisées, n'ont-elles pas bannies de leur sein , et qui se retrouveraient chez les prétendus bar- bares américains ! Combien d'hommes vivant dans le crime en Europe, sont devenus geps de bien dans les lies de l'Amérique ! Ce sauvage qu'on trouve malheureux , n'est pas obligé, comme l'Européen, de payer en impositions les fenêtres de son logement , les rayons du soleil qui percent k travers sa chambre j l'eau qui sert 4 le dé- saltérer; les éiectuaires destinées à l'entretien de ses dents; sa chaussure et ses accoutremenS'j le bms, le charbon qui cuisent chaque plat de bon dîner ; ses li- qUeuffS ou autres boissons ; sa correspondance, son ma- fiage et jusqu'au coin de terre où ses os doivent reposer. Les Américains sont trop sages pour écrire , comme le jnrisoonsulte Alexandre Alexandre , deux savans chapitres, afin de prouver qu'il y a des spectres, dei$ hoiUmes marins ^t des sy rênes qiii étaient amoureuses à la fureur de Théodore de Gaza et de George de Trapezunte ,* pour révérer, confme les Sionites d*AU lemagne, une de leurs femmes ou filles, qu'ils hono- rent du titre de mère de Sion -, pour admettre rinfàil- libililé des conciles composés d'hommes ; ponr soutenir des factions semblables à celles des Guelfes et des Gibelins ,* pour confirmer la trè^e de Dieu, ce monu- ment horrible du la.e siècle, cette trêve qui 'défendait aux seigneurs et aux barons en guerre les uns contre hs autres, de te tuer les dimaHch«s et les fêtes «eu- C^ NCLU s lOW. 44i talions Le leur Ltsibar- lansle ans les est pas ositions leil qui il le âé. L de ses b(HS , le > ; ses li- son ma- reposer. comme K savans ;res , de« oureuseï •orge de es d'Aï- s liono- rinfail- soutenir s et des ;e mottu- éfendait is contre ^t«s seu- lement , le reste de la semaine devant sulfire à leUr férocité} pour déclarer, comme un certain pitpé , qtl6 l'Amérique ne pouvait pas exister; pour excommanfei^ quiconque osait croire que notre globe avait deux hémisphères habités par des êtres raisonnables ; pour , laire présent au premier prince venu , d'un pays qui n'appartenait pas à celui qui le donnait, ainsi que fit le pape Alexandre VI ^ donnant l'Amérique à Ferdi- nand, roi d'Espagne; pour nier, comme le j^àpe Za- tharie , et Laelance père de l'Eglise, là '^sihilité des antipodes éclairés par le même soleil 1^ par ' la même lune ; pour sollidter d'un pape , comme les Vénitiens en 1 346 , la permission d'acheter du poivre et de la canelle eta Asie ; et comme JJopez d*Azeredo en i44o, pour Alphonse V, roi de Portugal, de per- mettre, au sujet de son prince, dé doubler le Cap de Bonne-Espérance , et de réduire les nègres en servie tude perpétuelle, parce qu'ils n'allaient jamais à la messe , et qu'ils avaient le teint des réprouvés ; pour disserter, comme les anciens médecins Aëtîus etPaut OEginette , sur l'excision des femAiés , que les Aby- nissens nomment la régénération de la virginité ; pour vouloir , comme un Langallerie l réunir toute la na- tion juive dans l*ile de Chypre, après avoir volé les trésors de la chapelle de Lorette , afîn de payer les frais de cette théocratie ; pour dire , comme certains théologiens , des injures contre Descartes et Nevifton, condamner en géographie l'évéque Virgile , en astro- nomie Galilée , en métaphysique Jordan , Lebrun et Locke , en physique tant de magiciens , de sorciers et de bons livres qui ont été brûlés ; pûur attribuer en histoire naturelle l'oiigiae des nègres à des héros de I i i 44a CONCLUSIOBT. rhistoire juive ; pour soutenu , comme M. Guignes , dans un ample mémoire académique , que les apôtres n'ont januis yoyagé bien loin;. mais que les bonxes de Saroarcande, -s'étaient embarqués sur un navire chi- nois qui allait, tous les anâ, parle Kamtcliatka, an Mexique où ils avaient prêché le culte de Dieu du grand Lama du Thibet y vers Tan 458 de l'ère chré- tienne, c'est-à-dire, io34 ans avant la découverte du Nouvea)|r Monde*, pour prétendre que la première femme ;i^||. genre huyiain avait des ovaires qui. conte- naient des œufs blancs d'où naquirent les Européens , et des œufs noirs d'où sortirent les Africains ; pour démontrer , comme Anas Montan , que les Améri- cains sont issus de quelques matelots qui, avant re- fusé de servir plus long-temps sur les flottes de Salo- mon , aimèrent mieux s'établir ù Orphire et y fonder la ville de Cusco, que de retourner dans les lèchers slériles de la Palestine; pour vouloir prouver qu'on déduit le mot Pérou de Piru, et celui de Pirru à*Or-- phire f^our vouloir démontrer, enfin, que la Chine était une colonie égyptienne , qu'un roi .d'Egypte , appelé Menés par les Grecs, élail le roi de la .Chine I^u, qu*yitoês était ICi en changeant seulement quel- ques lettres, et qu'il n'y a plus de dpute que les Chi- nois ne soient une colonie égyptienne, puisqu'ils al- lumaient des lanternes, et que les Egyptiens allumaicut des flambeaux quelquefois pendant la nuit» Ainsi que je l'ai dit en commençant , les arts et les sciences ont été portés en Europe à un point de per- fection qui n'existait pas en Amérique lors de sa dé- couverte*, mais on ignore en quelétat ils étaient avant la malheureuse catastrophe qui a .cns|eV0]i «sous les CONCLUSIO!!. 443f flots une partie du Nouvcau-Moade , et qui en a fait dîliparaltre ces espèces monstrueuses d'animàui dont on retrouve des traces à chaque pas. UEthiopie , VJlfyssinie , le Toytiume àeSéftà et une grande partie de l'Afrique, étaieiit jadis renommées par leur com- merce et leur civilisation \ on ne les connaît aujour- d'hui que de nom; Ces mêmes sciences se sont perdues plusieurs fois en Europe *, ce coin du monde est tombé dans la harhaçie à plusieurs repriMs , et ce n*est pas à ton propre génie que l'Europe est redevable de sa civilisation, mais bien au voisinrje de la Grèce et de TEgypte, qui les ont introduites et encouragées dans son pays; à la stérilité de la majeure partie do son sol et au besoin qui les ont rendues indispensables à l'existence des Européens. La nature qui priva l'Amé- rique d'un voisinage aussi utile que celui de la Grèce ^ l'a dédommagée en accordant h ses habitans un génie capc^ le de concevoir , d'inventer de lui-même , et en leur prcdignant ce qui pouvait les exempter de toute espèce de travail. Cependant je demanderai à M. Paw quelle opinion les Athéniens eux-mêmes devaient avoir déVéloqueU'- ce, quand ils l'écartèrent , avec tant de soin, de ce tribunal intègre , des jugemens desquels les dieux- mêmes n'appelaient pas? Quelles idées les Lacédé- monicns s'en étaient faites, lorsqu'ils exilèrent Cté- siphon qui , pour donner une haute idée de son élo- quence, se vantait de parler pendant un jour, sans préparation , sur le premier sujet qui serait proposé ? Que pensaient les Romains, de la médecine, lorsqu'ils la haniiireut de leur république? Que deviendrait l'his- toire , s'il n'y avait ni tyrans , ni guerres , ni conspi- (: il 444 CONCLUSION. rnteurs? Sans les injustices des hommes, h quoi servi- rait la jurisprudence? Quelle idée iallait-il que les espagnols en eussent, lorsqu'ils . défendirent à leurs boiiunes de loi l'entrée de l'Amérique ? Ne croyaient- ils pas par ce seul «cte y réparer tous les maux qu'ils avaient faits k ces malheureux Indiens 7 Qnand on considère les ipalheuis que les arts ont amenés k leur suite , on serait presque tenté de leur préférer la simplicité des Américains, qui ne font tourner leurs idées qu'à leurs besoins réels, plutôt que de poursuivre sans relâche ce qui ne peut flatter qu'une ambition démesurée et une vanité puérile. Depuis aooo ans que de maux n'ont-ils pas produits en Europe ! L'anarchie universelle dégénérée en des- potisme; le système féodal s'appropriant les divers royaumes comme un patrimoine; l'abjection des peu- ples ; l'asservissement des lois et des droits naturels k la volonté arbitraire; un fanatisme effrayant; des crimes de tout genre, le viol, l'incendie, l'assassinat, l'empoisonnement, des vices non moins honteux que le crime; la traite des nègres, ce commerce contre nature; 1800 ans d'usurpations successives, de con- quêtes ou de démemliremens , de trahisons , de perfi- dies , de vengeances , de guerres de successions , de guerres de £simille , de guerres féodales , de guerres de religion, servant toujours de prétexte à quelque inté- rêt politique qu'on osait avouer et dont les ambitions particulières profitaient pour disposer de la force po- pulaire; des édits de proscriptions, des anathémos , des auto-da^fé, enfln, tous les maux que l'esprit hu- main peut inventer et concevoir. •Quand les Ajnéricains auront passe deux mille ans t8 ont 3 leur e font plutôt ûatter méi'ile. roduits m des- divers BS peu- urels k t ^ des issinat , ux que contre e con- perfi- Itns, de rres de ■le inté- bitious ce po- léinos , )rit liu- COHCLVSIOK.. 449i k M policer, comme les Européens , alors on pourra se permettre de juger s*ils sont fonciârement plus stu- pides et plus médians que les habitans de TËurope *, en attendant , si certains d'eux préfèrent loger dans de cbétiyes cabanes, qui valent toujours mieux que le tonnean dans lequel le philosophe Diogène se tenait en double, et ne pas cultiver la terre comme elle pour- rait l'âtre , ils sont plus politiques qu'on ne le pense , puisqu'ils évitent des guerres avec les Européens , dont Tavidité trouverait bientôt des prétextes ponr envfihir des terrains qui tenteraient leur insatiable cupidité. Quoiqu'il soit mortifiant pour l'amour-propre et la vanité de certains Européens qui se croient les plus éclairés f les plus ingénieux et les plus raison?- nableff des hommes , de trouver > . dans le Nouveau^ lilonde^ un pays préférable fm leur ,, et des habitans qui letf valent k beaucoup d*égflhrd« \ ce pcéjugé , mal- gré tout, ne doit pas las aveugler au point de niçr que, si Tignocfinee desarts et des sciences de l'Eu- tope prive les Américains non policés de beaucoup de cominodké0 et de plaisirs ^ ils n^éprouyent p^ en revanche les sOucis, les peines qui se niiultipiient ches les ^Su^i^ons!, à proportion de leurs connaissances et de leur ambitions *, jouissances qïie les Américains peu- vent payer avec des insectes, deS' coquillages, des cailloux lu iâftns et de la terre jaune» On ne voit point en Amérique des hommes égor- ger de saog-froid leurs frère», ni sçrvir de faux témoint pour les faire condamner , afin d'hériter de leurs biens ^ l'intrigue y est inconnue v on ne s'y enrichit que par dea voie» j:ustes ei des mogfens honnis. Nulle femme n'y empQisMii«! fioa saasi poiir cMifYoktr . .4 d» leooiid^ak 44« coitChv êto'n.' liéces. On n'y trouve point , comme en "Ento/j^ , ⧠ceé tenants ^ssez loscives ni assez andàcieutes poilr décl«<* rer pukliqn'^ment l'impuiàsti^ce de lénn ibaris : 1« femme d-un eaeique rougirait d'«gir comme cette priA-^ «esse d9 Nftples , qui fit étrangler set maris, parce qu'ils n^assou^issaient pas sa brutale passion. Aucune fille n'y conserve Tapparence de sa chasteté par nm crime. Les femmes sauvages ont en horreur les fillet chrétiennes qui détruisent ainsi le témoin de leur Àiv blesse j elles leur opposent la «conduite des bétes les pIusl«roces de lears foâ'éts, qui Oiit un graxiè soui de leur progéniture. ' Cefix que, par habitade, on appelle a^a,Tag«9 (^ barbares, le sont bien moins qiie oertaiNi Européent fiers de leurs lomièret ; ils iakmBvA jsenTent éclatw des sentimeDS feraj^li* -dé déliealiesse et d'heanenr: es toici un exemple dont AI. Boksu aété témoin. Un Cli«DlM parlait «n jovr fort mal dei Fiançais, et disait queks InÈdiMis, miikM de sa ftalipliy étaient leurs cW.ii. Un aiitre Chiéle»; M%iÉé 4e^et In- jnrefe, le tue et se retira k la NeuT«ll»4)ÉlliM» l» nation des Chactas envoya des députés Mi gèttver- neur pour réclamer le coupable. On lut obligé de le remettre entre leurs mains. Un offioiw fraufais sechar^ gea de cette triste commission. Lia Chactas assembléis reçurent leur victime en piéieuee de la petii^ade vobitte. Le coupable hanM^ua, debout /suivant l\i- Sage de ces peuples , et dit : e Je suis homme ( c'est* j» à-dire je ne crains pns la mort ) , mais je plains le » sort d'une fenome et de quatre eafans que je laisse «après moi, 4mm «a âge finrt teudM ', je plains mon • père €t mikmkw ^oi iwt imà^l^ )»• t* ^^ *^' ^•is; » çai F suj que î tailiei ces te » pui » étar « de » nés * pouj » que » mes » quet » rent( M méoi ^JX ach( sa belle larmes.j Uns , U parens ( ceptée. on lui a la micei trlomph de justic La v( compara son fils pouvant fils tend] triers et cov.c.LV siott. éé^ 3) , sist8r : par :iaa duisse.*, je les recommande aux Fran*. ;^ » çais>•puisq^e c*e^t. pour ayoir pris lear parti que i6> f sul^ sacrifié.... M A peine eut-il acbevé ce disomirs que son pÀre , qui était pi;ésent , se leva , s'avança au^ Qiilieu de rassemblée des detix nations, et parla en» ces termes : «. C-est avec justice que mon fils meurt ,< » puisquMl ^*e6t readu coupable d'an meurtre .; n^ais^ » étant jeune et vigoureux, il est plus capable que moi » de nourrir sa femme,, sa mère et ses quatre jeu-. » nés enians r il faut donc qu'il reste sur la terre n. pour en prendre soin. J'ai assez vécu; je souhaite » que mon fils parvienne jusqu'à mon âge pour élever: » mes petits-fils ; je ne suis plus bon à rien; .quel<à; » ques années de plus ou de moins me sont indiffé» » rentes; j'ai vécu en - homme j je veux mourir de;^ M même; c'est pourquoi je vais prendre sa place. >>. !I^n achevant ces mots, il embrassa sa femme, son fils, sa belle-fille et ses petits enfans qui fondaient en- larmes.; il prit ensuite dans ses bras ses petits en^^- fans , les présenta aux Français , et s'avança vei^ les parens du mort auxquels il offrit sa tète ; elle fut ac-- ceptée. Le vieillard s'étendit sur . un tronc d'arbre ; on lui abattit la tète d'un coup de hache. Les Chactas la mirent au bout d'une pevche et l'emportèrent en triomphe dans leur village , comme un acte signalé de justice. . La vertu de ce vénérable vieillard est au moins comparable à celle du célèbre orateur romain , que. son fils cacha dans le temps du triumvirat , et qui ne pouvant supporter qu'on tourmentât cruellement w\ fils tendre et vertueux , vint se. présenter aux meur» trier» et prier les spldats de le tuer , et de sauver son ^* c o N r. L u s I CVïf; fils. Le jeune homme les eonjufti de le faire moariref d'épargner les jours de son père ; inMS les soldats plu» l)arbares que les sauvages de la Louisiane, lés firent mourir ensemble. Quelle différence entre l*aclion de ce vieillajd américain et «elle d'un Brutus qui con-* damna son Bh k la mort, et l'action de ce fils qu'arra- ohe la vie à son père ? Que pent-on penser d'Abraham immolant Isaac , de Samtel égorgeant Atys, de Judith assassinant Holophcrne. Exempts de préjugés , plus sages que les Européens, les habiians de l'Amérique ne se créent point de be^ soins factices et un bonheur imaginaire; ils n'ont chez eux ni espions j ni délateurs ; on n'y voit point de juges* de-^paix instruire des misérables sans pudeur ef sans frein , à faire tomber des innocens dans le piège *, ou tenter de faire condamner leurs concitoyens devant des cours de justice, sur la foi du serment de mé- créans souillés de crimes et de parjures. Leur tran- quillité n'est pcnnt troublée par les subsides , ni par l'inégaiité des conditions. Ce ne sont que les préjugés de l'éducation qui nous les font regarder comme des hommes réduits à la dernière misère. On n'entend point crier dans l«urs carrefours , comme dans les nôtres , ces mots terribles : arrêt qui condamne , et jamais arrêt qui récompense. Jamais le fouet , le fer chaud et l'exil, n'ont contraint un coupable  se faire voleur et assassin \ ses parens déshonorés à abandonner le pays, à devenir vagabonds, et ses soeurs des pros- tituées. A l'abri de l'impôt du ehrisargire , établi par Constantin sur toute espèce d'industrie , on ne verra p«ts chez eux, comme chee les Romains , les pères vendra Uur» enfans ^ et les mères prostituer leurs filles , que v( Etn volités 'opéen solides par son Çont Améric leurs c s'armen forger d des croi l4l2, ] Sicilieni lande , encore n pareille , k trois m Les ha observé ] battus ni Jérusalen VEspagti guerre ; i Xercès « pour le bj Juifs et I( dans la mi des Angl journalière pour le da Tonz 2 irel rent 1 de con- irra- iham idith éenSy î be- tchez juges- t sans 5e •, ou CONCLtîSlOff. 44^ filles , pour se procurer parce misérable trafic Targeaf que venaient leur arracher les exacteurs. Etrangers aux folles illusions de la vanité , aux fri- volités éblouissantes qui composent la félicité des Eu« ropéens , ils ne connaissent d'autres biens , que les biené solides d'une famille immense , riche par son union , par son activité. Çontens de leurs pays et de leurs productions, les Américains ne s'occupent que de leurs champs et de leurs chasses. Plus justes que les Européens , ils ne s'arment que pour repousser l'agression , et non pour forger des fers à leurs semblables , pour immoler par des croisades , par des assassinats , comme ceux de i4i2, par une Saint-Barthelemi , par des Vêpres Siciliennes , par des massacres semblables à ceux d'Ir- lande ) tous ceux qui ne pensent pas comme er.x ; encore moins pour susciter pour la barbe , une guerre pareille à celle qui , dans le IX.e siècle y coûta la vie h. trois millions de Français. Leshabitans des Etats-Unis ( comme l'a très-biea observé M. Bonnet ) n'auront pas le ridicule de s'être battus ni pour le cèdre qui excita Adrien à détruire Jérusalem -, ni pour le bois de campèche , pour lequel VEspagne et V Angleterre se sont deux fois fait la guerre^ ni pour le figuier, pour lequel se battirent Xercès et les Athéniens Rome et Carthage -, m pour le baume , qui fut un sujet de guerre entre les Juifs et les Romains ,• ni pour le thé , qu'ils jetèrent dans la mer plut6t que de le recevoir aux conditions des Anglais^ ni pour Tacajou^ pomme de discorde journalière entre les Portugais et les Brésiliens ; ni pour le dattier, qui a fréquemment divisé les peuples TOMB 3. 29 ^ \ ' i 45o CONCLUSION. de rO rient ; ni pour la muscade et les épiceries , dont les Hollandais ne possèdent le commerce qu'au prix de la guerre. ( Tabl. des Etats- Unis. ) Le public.est maintenant à même de juger si quel- ques écrivains qui n'ont jamais habité le Nouveau- Monde , dont ils se sont fails les historiens, ont eu raison de sacrifier l'Amérique à l'Europe, et d'avan- cer que ce dernier pays l'emportait sur l'autre. Témoin des faits que j'ai tracés ; sûr des renseigiiemens que j'ai transmis â mes lecteurs , et soutenu par l'impar- tialité et la vérité , je crois pouvoir attendre avec con- fiance la décision d'un public juste et éclaii'é. FIN DU TOME SECOND ET DERNIER. il .;-: i ,; i% ae .«. r^K^OT »» «H%t»»»»»»>i< ■>»»»<»«« «»Wi»»WIM<»l»lli»«W»»»»»%»»»»H^»W>l^^ TÀBLË DÈS MATIÈRES DU SECOND VOLUME. LIVRE TROISIÈME. Chap. pn'iqcte. v^b^^ervations sur les animaux de rAHàiri^Ue , et sûr ceux q'ui'oul «lé iihporlés daus ce pays lE'age t Guyàiie. IB, Teric-Fermé ,. . . . lO Nouvellè-Greiiaùe iS Panama. 1 .... 1 l4 Guyaquil Jb, Pérou Ib, Chili 19 Putagonie 20 Paraguay 29 Brésil 34 Mexique 39 C'aiitoruie. ... 34 Louisiane 3d 0 L,t Floride 4% Ï:tj»ls-Unis Ib. f 'aiiada 48 Aiifillos , 5o LIVRE QUATRIÈME. CiiAP. I. Populatiui) de l'Europe el de l'Amérique "ji Sur la coiislilutiun des premiers Américains 85 LIVRE CINQUIÈME. CrtAr. II. MocQR» , Usagisi et A«ligio« ûm AméHrains. ..;;.; '. . î m Des Urésilieus < « . « f *•«•••»•••• ^ ^ >i6 H k 45a TA'BX« DÏ8 MATI1ERS9. '■'■ ï)cs AmaioiiM. «.U..... i& Des Peuples do Paraguay.. t......^t....> i5i Z.Ï. Sur la Religion des anciens Européens , Faruviens , Mexi- cains, etc. 343 •—III. Etat des Arts cites les Péruviens ei les Mexicains, lursde la découverte de l'Amérique 366 t-lV. L'Hospitalité 4o3 — V. Commerce de TEurupc et de l'Amétique. 4i6 Récapitulation des avaut8>s, Mcxi- 343 , lursdfl 366 4o3 4i6 pe 43i 436 JD, If.» Si. ■'. M^ m lUi.i»yiOl»^