^, ^iL^- ^ ^*^ ^ ^ \z^ '» IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) 1.0 ^1^ 1^ U U2 12.2 m m l.l tu u 2.0 I ^ ^ '^^ ^<^ /^ Photographie Sciences Corporation ^ <^ 3 1 WMT MAIN STMIT WltSTH.N.Y. MStO (7U)in.4S03 ^ 0 4^ CIHM/ICMH Microfiche Séries. CIHM/ICMH Collection de microfiches. Canadian Instituta for Historical Microraproductions / Institut canadian da microraproductiont historiquas % ^ Tachnical and Bibliographie Notes/Notes techniques et bibliographiques Th« toi The instituts has attempted to obtain the beat original copy available for filming. Features of this copy which may be bibliographically unique, which may alter any of the images in the reproduction, or which may significantly change the usuel method of filming, are checked below. D D Coloured covers/ Couverture de couleur □ Covers damaged/ Couverture endommagée □ Covers restored and/or laminated/ Couverture restaurée et/ou pelliculée □ Cover title missing/ Le titre de couverture manque I I Coloured maps/ Cartes géographiques en couleur Coloured inic (i.e. other than biue or black)/ Encre de couleur (i.e. autre que bleue ou noire) Coloured plates and/or illustrations/ Planches et/ou illustrations en couleur D Bound with other matériel/ Relié avec ^'autres documents TIght binding may cause shsdowvs or distortion elong interior margin/ La re Hure serrée peut causer de l'ombre ou de la distortion le long de la marge intérieure Blank leaves added during restoration may appear within the text. Whenever possible, thèse hâve been omitted from filming/ il se peut que certaines pages blenches ejoutées lors d'une restauration apparaissent dans le texte, meis, lorsque cela était possible, ces pages n'ont pas été filmées. 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Thi poi oft filn on bei the sio oth fin sioi orl Th( shi Tll^ wh Ml dif eni bel rig rec ma ThIs item le fllmed et the réduction ratio checked below/ Ce document est filmé au taux de réduction indiqué ci-deesous. 10X 14X nx 22X MX MX y lax 16X aox MX 2tx . a2x The copv filmed hère ha* been reproduced thanks to the generoaity of : National Library of Canada L'exemplaire filmé fut reproduit grflce à la générosité de: Bibliothèque nationale du Canada The images appearing hère are the beat quality possible considering the condition and legibility of the original copy and in Iceeping with the fiiming contract spécifications. Original copies in printed paper covers are filmed beginning with the front cover and ending on the last page with a printed or illustrated Impres- sion, or the bacit cover when appropriate. Ali other original copies are filmed beginning on the f irst page with a printed or illustrated impres- sion, and ending on the last page with a printed or illustrated impression. 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Tous les autres exemplaires originaux sont filmés en commençant par la première page qui comporte une empreinte d'impression ou d'illustration et en terminant par la dernière page qui comporte une telle empreinte. Un des symboles suivants apparaîtra sur la dernière image de chaque microfiche, selon le cas: le symbole — ► signifie "A SUIVRE", le symbole y signifie "FIN ". Les cartes, planches, tableaux, etc., peuvent être filmés è des taux de réduction différents. Lorsque le document est trop grand pour être reproduit en un seul cliché, il est filmé è partir de l'angle supérieur gauche, de gauche è droite, et de haut en bes, en prenant le nombre d'images nécessaire. Les diagrammes suivants illustrent la méthode. 1 2 3 32X 1 2 8 4 6 6 4 HELATION liL SECOND VOYAGE UUiN PASi^AGIi AU JNOUD-OLEST. SB TROUVE EGALEMENT : A St-Pélershourg, chez F«l. Bei.lizard el Oe. 'f Moscou , Londres , tienne , Leipzig , Bel lin , Florence y — A.. SEME^. — Ch. UnuAiN et C'c. — BOSSANGE, Baimhks Ol LoWEIX. — RoHRMAMN et 8ciiwei<;erd , succes- seurs de SciiAi.nACHER. — BossANGEpcrc. — A. Weber. — A. Asiier. — PiArri. liMI'RlMtRH^ DKVKnAI, nir (lu CHilran . I<>. RK LAI ION t)U SECOND VOYAGE •^AIT \ |,A nt(,III.H CHE 1) UN PASSAGE AU NORD-OUEST, Par Sir John ROSS i^T DE SA RÉSIDENCE DANS LES RÉC.IONS ARCiTIQLKS PENDANT LES ANNEES 1829 A 1833- PAR A.-J.-B. DEFAUGONPRET , ■ri».liiclrMi d»s OL.ivi,, ,W W. .S,..,|, et,.. TOME OEIIXIÈMR. «tLUZAlU., «Ainufcs, ».H<.,iKErU,WELr """"" "■" """'— ..„..„„.„,,»,■ I8.">i). .■< lY u SECOXD VOYAGE DE DECOUVERTES DANS LES REGIONS ARCTIQUES. CHAPITRE XXIV. Dt'parl (lu rommandant Ross pour une troisième e\pt-:Iilinn. — Oainlc.t (l'une rupture avec les naturels. — Retour du cointiiandaiit Rom. Il avait été parfaitement reconnu qu'il n'exis- tait point , au sud du soixante-dixième degré , de passage conduisant dans l'Océan occidental j il était donc inutile de foimer de nouve , ;'\ plans pour avancer, avec le vaisseau, dans cttle di- rection. Ce fut vers le Nord que se (ixa alors toute notre attention. Nous avions aussi lieu de remercier le ciel de n'avoir pu pénétrer plus loin , quoique nous eussions été , quelque temps aupa- ravant, bien loin de supposer que nous serions obligés de prendre un tel parti. tJi nous nous fus- si(ms enfoncés plus avant dans la baie, nous au- rions été entourés de glaces encore plus épaisses j et après tout , il nous eût fallu retourner vers le M. I f y t! ( .>♦ h ';i ^f M 1! :V) avril (! Nord, au milieu de diniculles lK'auci)U|) plii^ tjiandcs ponr nous tirer des glaces, dont nous n'auri.'jus peut-être ])u dégager le vaisseau de tout 1 el<''. Une partie de la relation de cette ex- pédil'on u^''tait pas sans importance pour nous; «'était celle cpii nous apprenait que des ren- nes s'cUaient montrés à douze milles seulement au sud du vaisseau; qu'(m en avait vu des traces innombrables, ainsi que des loups, leurs éternels ennemis. il. Comme c'était le jour de la Saint-George , nous accom]>limes le cérémonial d'usage , en ti- rant un salut et endéplo}ant nos pavillons. Nous n'avions aircun témoin de cet acte de dévoue- ment; mais il était c(mvenable de nous contor- mer à réti([iietle du service. Une bonne partie de la journée fut ensuite cmployt'e à couper le gouvernail qui avait été endommagé parla glace; mais il resta encore assez de temps pour célébrer laletedu patron de l'Angleterre. Quelques na- turels vinrent nous visiter, ainsi que le jeune guide qui étai t en chemin pour retoiu'uer chez lui . •? 1 uvrii. La matinée commença par être belle , mais elle finit par de la neige venant du nord. Pendant que je faisais une excursion sur la montagne voisine, deux des naturels vinrent me joindre, etme mon- trèrent la positi(mdeShag-a-vokeetde plusieurs autres lieux qui ont été mentionnés; ils m'appri- rent aussi les n(mis qu'ils donnaient, dans leur lauiiue, à dilTérens endroits, et notamment à ce- 4 t nous uau de lie cx- • nous; ;s ren- iement s iraex'S L'ternels :;eovge , , en li- ns. Non s (lévoiu- s contbr- ne ^larlie îonper 1<î •la glace ; célébrer Iques na- le jeune t' chez lui. mais elle idantqne voisine , me mon- plusienrs m lans *appri- leur lenl a ce- lui que nous occupions. Nous leur acliclàraes ce (ju'ils nous avaient apporté, el les renvoyâ- mes chez eux lestés d'un bon dîner. La glace; trouvée dans les condensateurs se réduisit à un boisseau et demi par semjûne , tant la différence de température qui se faisait sentir depuis ])eu avait diminué l'évaporation dans l'intéi-ieur du navire. Le vent fut froid, quoique le thermomètre -> avril, marquât 2° au-dessus de zéro. II y eut quelques giboulées de neige, et le ciel fut couvert. Ncms re- çûmes une visite des Escjuimaux du campement du nord , qui étaient sur le point de partir pour ^eitchillee. Rien ne dérangea les devoirs et le repos du dimanche. Le lundi, des naturels nous arrivèrent de 26 avril, leurs trois camps. Ils avaient des peaux à nous vendre, et ils apportaient en présent au com- mandant Ross , de la part de la mère de son jeune guide, une paire de bottes, eu témoignage de sa reconnaissance. Il fut convenu ensuite qu'ils nous foiu'uiraient Je lendemain un autre guide pour une expédition qui devait se diriger vers le nord , a lin de vérifier l'existence du passage qu'on nous avait dit se trouver de ce coté. Mais comme nous apprîmes ensuite que quelques-uns d'entre eux devaient y aller pour leurs propres affaires , nous prîmes nos arrangemens en con- séquence. Le commandant Ross et un de nos enseignes 27 avril I ■■ 'il parlircMit pour aller examiner le bras de mer au nord. Tout le village était en eonfusion par suite de la mort d'un enfant qu'une pierre détaeliée d'un rocher avait tué. Les cinc( frères et le père de l'enfant sortirent de leur hutte, avec un air frénétique et leurs couteaux à la main ; et comme nons ne savions pas ce que cela pouvait signilier , nos hommes préparèrent leurs fusils. Les amis du père le forcèrent alors à rentrer dans sa hutte, et la paix fut rétablie. Il fut convenu que l'homme et le jeune garçcm qni avaient déjà été engngés pour ce service accompagneraient nos ofliciersdans la matinée; ils étaient convain- cus qu'ils verraient des boeufs musqués. A bord, nous ne manquions pas d'ouvrage. On calfata le vaisseau aussi bas que possible, ce qui, avec d'autres préparatifs pour notre voyage futur, 28 a\rii. UGUS occupa toutc la journéc et la suivante. Ni l'une ni l'autre n'offrirent aucun intérêt parti- culier. 29 avril. L*i froid avait augmenté graduellement depuis deux jours, et, le 29 , le thermomètre descen- dit à deux degrés au-dessous de zéro. On finit de calfater le vaisseau, et Ton commença à garnir de peaux le canot qui avait été construit. Pen- dant la nuit, le thermomètre tomba à 9° au-des- 30 avril. SOUS dc zéro , ct Ic lendemain matin , nous eû- mes une tempête de neige, le vent étant au nord. Il fut impossible de travailler hors du navire, et il ne nous arriva aucune visite. 4 •I' K aer au V suUc laclit'e le père un air ia ; et )Ouvail fusils, •cr clans ouvcnu 3nt déjà icraienl ronvain- A bord, i calfata ui, avec futur , ante. INi t parti- ït depuis desceu- |0n linit là garnir liit. Pen- au-des- Jnoiis eù- launord. [avire, et ëi En faisant le résumé de ce mois, je dois faire observer que, dans la j)remière quinzaine, le temps fut beaucoup plus doux qu'on ne devait s'y attendre dans celte saison; mais la fin en fut si froide, que la moyenne de la température pour tout le mois fut zéro. Les événemens les plus importans furent les deu\ expéditions; voici le résultat des renseignemens qu'elles nous procurèrent : Nons acquîmes la certitude que nous étions sur le continent américain ; on avait vu l'Océan occidental ; mais nous reconnûmes aussi que s'il existait un passage pour y entrer, il nedevait pas se trouver à plus d'un degré au nord de no- tre pasition, à l'extrémité du détroit du Prince Régent, et dans la baie de Cresv^ell, où , après avoir fait cinq milles , nous n'avicms vu la terre d'aucun côté. Les limites des recbercbes que nous devions faire étant ainsi considérablement rétrécies , le plus pressant était évidemment d'explorer les ditïérens bras de mer situés au nord. S'ils ne nous offraient aucun passage , nous retournerions dans le détroit du Prince Ré- gent, et nous examinerions la seule issue qui restât au sud des îles Léopold. Cet examen avait été fait, autant que cela était possible par terre, dans la première expédition, mais le résultat n'en avait pas été satisfaisant. L'avenir devait nous apprendre quel serait le succès de celle pour laquelle le commandant l^oss venait de partir • 3 II II 2 mai. 6 Ou avait fait dans l'intérieurcln vaisseau beau- coup de travaux nécessaires , et tous nos hommes étaient en bonne santé. Us avaient même échappé à rintlammation que la neige cause ordinaire- ment aux yeux, à l'exception du premier ensei- gne, qui en avait souffert pendant la première expédition. On avait trouvé sept pieds et demi d'épaisseur à la glace; mais il n'était pas pro- bable qu'elle épaissit encore. Nous avions fait plusieurs bonnes observations , et continué nos expériences sur la propagaticm du son; mais les résultats en étaient si irréguliers , que nous ne savions encore quelles conclusions en tirer. ' > Ce jour nefutpas pour nous le i" mai des poè- tes. 11 fit ])ourtant assez doux, du moins jusqu'au soir; mais alors il s'éleva une brise du nord-est . Nous ne reçûmes aucune visite des naturels , et ([uoi(|ue nous eussions vu plusieurs lièvres , nous n'en tuâmes aucun. Nous attendîmes eu vain le retour de nos ofliciers. A minuit, le ther- momètre marquait 4" au-dessous de zéro , et le baromètre était descendu d'un demi-pouce. Point de nouvelles de nos ofliciers , ni des Es- quimaux. Aprt's le service divin , un des ensei- gnes et quelques hommes de l'équipage firent environ cinq milles dans la direction que de- vaient prendre nos voyageurs pj)ur revenir. Mais on ne putlesapercevoir. Le thermomètre monta, pendant quehpies heures, à i '!"au-uc'ssusdezéro. Le temps t'iait si couvert que nous ne piiines l'aire aucune observation , à l'exception d'un pas- sage de la lune. Nos officiers étant encore ahsens, nous com- 3 mai. niencâmes à être inrpiiets, et M. Thom, le clii- l'urgien et deux hommes d'équipage furent en- voyés aux huttes du ii')rd de notre position, pour voir si les naturels y étaient encore. Dans le cas contraire , ils devaient y laisser un dépôt de pro- visions, et élever un signal pour en dcmner avis à nos voyageurs, qui pouvaient avoir besoin de vivres , et seraient ainsi à même de continuer leurs opérations sans revenir au vaisseau. Pen- dant ce temps, quel([ues naturels arrivèrent d'un autre campement; ils nous informèrent (pie nos officiers reviendraient le lendemain , cl tju'ils avaient tué un hœuf nius([ué. [Is étaient neuf, et après leur avoir acheté quelques peaux , nous leur donnâmes à diner. Peu d<; temps après, M. Thom rtîvint; il avait trouvé les huttes vides, et avait exécuté sa mission. 11 était certain que les naturels étaient partis pour Neitchillee, mais ceux qui étaient venus nous voir devaient res- ter encore quelques jours. A notre grande satisfaction, nos officiers re- i mai. vinrent dans la soirée ; ils avaient tué deux bœufs mus(pi('s et apporté une partie de leur chair jusqu'à trois milles du vaisseau. Ce (pii était bcaucou]) ])lus inqiortant poiu' nous, ce fut d apprendre l(' , et qui dimiuiia w ♦? I I f'^1 noire (confiance, c'est que, bien que plusieurs d'entre eux eussent été jusqu'à Aw-wuk-too- te-ak, et même ;« trois ou quatre journées au- delà, aucun n'était jamais allé à Nei-tyel-le par le chemin qu'ils nous indiquaient. Tous leurs ren- seigneniens ne venaient que d'ouï-dire , et quand ils nous ])arlèrent d'une communication enlre les deux mers orientale et occidentale, nous commençâmes à soupçonner que le point de cette communication était fort éloigné , et cpi'ils avaient probablement en vue le détroit de lîarrow. Mais dans tous les cas, soit qu'Aw-wuk-too- te-ak ne fiit pas plus éloigné qu'ils le disaient, soit qu'il fut situé à une ])lus grande distance, il était nécessaire que nous vissions cet endroit. Le pa^s nous était tout-à-fait inconnu; tout ce qui nous entourait ne nous offrait que doutes et obs- curité ; et quoique les descriptions géographi- ques faites par les naturels se fussent en général trouvées exactes, on ne pouvait jamais s'y fier complètement. La terre pouvait être coupée par des détroits ; il était possible que nous fussions sur une île : en tout état de choses , nous devions doncexplorerlacôtecomme si nous eussions cher- ché l'embouchure d'une rivière, puisque nous éti(ms venus dans ce dessein, et que nous ne pou- vions savoir si l'honneurd'unedécouvertesi long- temps ch(,UTln«e ne récompenserait pas nos e( loris. H Tandis que ces réllexions se présentaient à notre esprit, une troupe nombreuse d'Esqui- maux vint à bord du navire. Profitant de cette circonstance, j'en décidai un à me conduire à l'endroit en question , et je fis mes arrangemens pour partir le lendemain matin. Je devais être accompagné de l'enseigne Abernetb}' ; le chirurgien se chargea de nous C(mduire jus- qu'aux huttes , où je devais trouver mon guide, et d'informer à son retour le capitaine Ross de nos arrangemens définitifs, et de la durée pro- bable de notre voyage, pour qu'il put nous envoyer des vivres, s'il était nécessaire. Nous partîmes de bonne heure dans la ma- 27 avril. tinée du 2 "7 avril , et quand nous approchâmes des huttes, nous fûmes extrêmement désappoin- tés, en n'entendant pas les cris de joie qui avaient coutume de nous accueillir. Un sentiment plus pénible encore s'empara de nous quand nous vîmes que les femmes et les cnfans avaient été mis h. l'écart, ce qui, comme nous le savions, ('•lait un signal de guerre; et il ne nous resta point de doutes , en voyant que tous les hommes étaient armés de leurs couteaux. Leur air som- bre et courroucé était de mauvais augure; mais ((uelle en était la cause, c'était ce que nous ne pouvions deviner. JNoiis les aperçûmes long-temps avant (pi'ils pussent nous distinguer, car ils avaient le soleil en face; el ce iut le bruit que firent nos chiens iTl' Il . ♦f. t ÎS I 12 ({ui les avertit de notre arrivée. Aussitôt nous vîmes un vieillard se précipiter hors d'une hutte, brandissant le grand couteau dont ils se servent pour attaquer les ours, tandis que des larmes coulaient sur son visage ridé, et que ses yeux égarés cherchaient les objets de sa fu- reur. Le chirurgien et moi n'étions alors qu'à quelques toises de lui , nous étant avancés [)our nous assurer de la cause de tout ce mouvement , et dès qu'il nous vit , il leva son arme pour la lancer contre nous. Le soleil, qui Téblouissait , lui lit suspendre sou coup un moment, et son fils lui saisissant le bras, nous donna le temps de faire quelques réflexions à la hâte. Le résultat de notre délibération fut qu'il fallait nous mettre sur-le-champ en défense, quoique nous ne pussions opposer grande ré- sistance ù des ennemis si nombreux. Nous nous retirâmes donc vers notre traîneau , sur lequel j'avais laissé mon fusil, M. Abernethy étant sans armes ; là nous attendîmes la fin de cette affaire, nous perdant en conjec- tures pour deviner la cause de Tanimosité soudaine de gens qui nous avaient quittés la veille bons amis. Le vieillard furieux, Pow-weet-yah , était alors retenu par ses deux fils, qui lui avaient lié les bras derrière le dos, quoiqu'il fit de violens l'Horts pour se dégager de ses liens, et les autres ,1 semblaient être prêts à le seconder dans toute tentative d'attaque contre nous. Il était pourtant évident, d'après la conduite de ces deux jeunes gens, qu'il y avait parmi eux divergence d'opi- nion, et quêtons n'avaient pas des dispnsititms également hostiles ; nous pouvions donc encore espérer d'entrer en pourparlers avant que les choses fussent poussées à l'extrémité. Cependant les Esquimaux se consultèrent et se séparèrent ensuite en marchant de deux côtés , de manière à nous entourer. Ne voulant pas nous laisser couper le chemin du vaisseau, j'avertis ceux qui avançaient derrière nous, de ne pas appro- cher davantage de ce côté. Cet avis produisit une courte halte et une conférence entre eux encore plus courte ; mais immédiatement après , ils commencèrent de mmveau à avancer, en brandissant leurs couteaux avec un air de menace, suivant leur coutume ordinaire, et ils furent bientôt sur le point de nous entourer. Voyant alors qu'une plus longue patience serait dangereuse, j'appuyai le fusil sur m(m épaule, et j'allais faire feu , quand heureusement je vis que ce geste seul avait sufli pour les arrêter. Ceux qui étaient le plus près de nous s'en- fuirent sans perdre de temps , évidemment alarmés; tous lirent retraite vers leurs huttes et nous laissèrent ainsi le chemin libre en ar- rière . Je ne pus en déterminer aucun à s'approcher r- ■^1 ". U de nous et à répondre à nos questions , et nous restâmes près d'une demi-heure dans cet état de perplexité. Enfin, nous en fûmes tirés pai' le courage ou la confiance d une femme qui sortit d'une hutte à l'instant où je levais de nouveau mon fusil. Elle me cria de ne pas ti- rer, et s'avança vers nous sur-le-champ, sans montrer le moindre signe de frayeur. Nous apprîmes d'elle la cause de tout ce tu- multe, qui, quelque ahsurde qu'en fut le motif, aurait pu avoir des suites fatales pour nous. Un des fils adoptifs de Pow-weet-yah, bel en- fant de sept à huit ans, avait été tué, le soir précédent , par une pierre qui lui était tombée sur la tète, et l'on nous accusait d'avoir causé ce malheur par le moyen des pouvoirs surna- turels qu'on nous supposait. Le père, fortement imbu de cette idée , avait résolu de se venger, et il avait essayé de le faire de la manière qu'on vient de voir. J'eus beaucoup de peine à persuader à cette bonne femme que nous ignorions totalement cette catastrophe, et que nous en étions sin- cèrement afiligés. Cependant elle alla répéter ce que nous lui avions dit à deux hommes qui n'avaient pris auCune part à l'attaque, et qui vinrent nous trouver sans armes en signe de paix. Leur but était de nous engager à retour- ner au vaisseau et à revenir dans trois jours . et ils nous otl'rirent de nous conduire alors où 1Î5 n )us voudrions aller. Beaucoup de raisons s'o])- posaienl à eelle demande. D'abord, c'était la première mésintelligence cpii eut eu lieu entre eux et nous; il était donc important de bien nous entendre el d'efiTectuer notre raccommodement sans délai, de peur de ne plus en trouver l'occa- sion ; car, pendant notre absence , ils pouvaient partir, soit de crainte que nous ne revinssions en plus grand nombre, soit pour tout autre motif; et il en résulterait non-seulement qu'ils conserveraient leur inimitié contre nous, mais qu'ils inspireraient le même sentiment d'bosti- lité à toutes les tribus qu'ils pouvaient con- naître, et que nous ne trouverions plus que des ennemis dans tout le pays. Je rejetai donc cette proposition , et je déclarai que je ne quit- terais la place où j'étais que lorsque nous serions redevenus bons amis. Pendant ce temps , le parti hostile s'était peu à peu rapproché de notre groupe, quoique ce ne fût probablement que pour entendre notre conversation. Je traçai sur-le-champ une ligne sur la neige, et je dé- fendis que perscmne la passât, avant d'avoir jeté ses armes, car tous tenaient encore leurs couteaux de la main droite, quoiqu'ils eussent les bras croisés sur la poitrine. Après une con- versation qu'ils eurent ensemble et qui ne dura que quelques instans , leiu's figures sombres commencèrent à s'éclaircir; ils jetèrent leurs couteaux sur la neige, et paraissant enfin con- c tf. vaincus que nous n'avions pris aucune part à Ja mort de l'enfant , ils parurent vivement dési- rer voir s'effacer l'impression défavorable qu'ils supposaient que leur conduite avait faite sur nous. Cependant ils nous pressèrent encore de re- tourner au vaisseau\ alléguant qu'il leur était impossible de se servir de leurs chiens avant que trois jours se fussent écoulés depuis la mort d'un membre de la famille. 11 est probable que c'était réellement un de leurs usages funéraires, peut-être un temps fixé pour le deuil; mais je ne voulais pas céder , s'il était possible; caria perle de trois jours à cette époque de la saison était une considération importante. Je leur montrai donc une grande lime, et je l'offris à quiconque voudrait m'accompagner, ajoutant en même temps que si personne ne se présentait, je ferais seul le voyage, et qu'ils perdraient la récompense promise. Il s'ensuivit une consultation de quelques minutes , pendant laquelle j'entendis répéter plusieurs fois mon nom, et le mot « erk-she » (en colère). Enfin un homme nommé Poo-yet-tah parut céder aux instances de sa femme , et offrit de m'accom- pagner si je voulais lui permettre de prendre avec lui Il-lik-tah , beau jeune homme de seize à dix-sept ans. J'y consentis volontiers, car deux compa- gnons devaient nous être plus utiles qu'un seul , ^1 17 et ils retoiiruèrent tous deux vers les huiles pour se préparer à partir. Il ne pouvait me rester aucun doute qu'ils ne considérassent alors la paix comme parfaitement rétablie entre nous, car tous les autres s'attroupèrent autour de nous en nous donnant les mêmes marcpies de confiance et d'amitié qu'auparavant, et en reprenant cet air enjoué qui était l'expression habituelle de leur physionomie. Si je me suis autant étendu sur cette aven- ture, c'est que, pendant les années que nous passâmes dans leur voisinage , ce fut la seule circonstance dans laquelle les Esquimaux nous montrèrent des sentimens hostiles. Je ne dois pourtant pas m'attribuer tout le mérite du succès dans ce petit drame : le sang-froid et le calme de mes deux compagnons contribuèrent beaucoup au dénoûment heureux d'une situa- tion dans laquelle le moindre acte d'impru- dence ou de témérité aurait pu nous coûter la vie. Il était dix heures quand nous commençâmes notre voyage vers l'extrémité nord-ouest de la baie , et nous fiimes accompagnés par les ac- clamations de nos amis aussi long-temps que nous pûmes les entendre. Comme cela avait été convenu, M. Mac Diarmid retourna au vais- seau pour informer le capitaine Ross de tout ce qui venait de se passer, et pour lui dire que nous comptions être absens quatre à cinq jours , comme nous pouvions le prévoir II. a 1^ i i ■ 4; » ' ^1 (' 18 d'après le calcul de notre guide. M. Aheriie- lliy et moi restâmes alors avec nos deux Es- quimaux . Le bagage et les provisions furent placés sur deux traîneaux , attelés chacun de six chiens, et avec leur aide nous voyageâmes très-rapidement sur la glace unie de la baie. Quand nous eûmes fait ainsi dix à douze milles, Poo-yet-tab arrêta son traîneau et me dit qu'il allait examiner un trou de veau marin qu'il connaissait dans la glace à quelque distance sur la gaucbe. Comme je ne pus m'empécber de le soupçonner d'avoir dessein de nous quitter et de retourner aux hut- tes, je lui proposai deTaccompagner, et il y con- sentit sans hésiter. Après que nous eûmes marché quelque temps, mon guide, qui allait en avant, se retourna vers moi, et me passant la main sur la poitrine , me dit que j'étais « bon. » Remarquant alors, pour la première fois , que je n'avais pas pris mon fusil , il me mit à la main sa javeline , en me disant que je devais être armé aussi bien que lui , et il tira de dessous son habit , qui le cachait, son grand couteau pour lui servir d'arme. En arrivant au trou du veau marin , il s'étendit par terre , ap- procha son visage de la légère couche de neige qui le couvrait , et me dit ensuite que l'animal l'avait abandonné depuis plusieurs jours. N'ayant pas de butin à espérer, nous retournâmes aux traîneaux, et nous continuâmes notre route, cha - k ' 19 l)erne- i\ Es- cés sur eus, el dément 5 eûmes il arrêta liner un dans la Comme r d'avoir aux hul- , il y con- le temps, irna vers , me dit pour la on fusil , isant que et il tira on grand ivant au Krre , ap- de neige l'animal IS ayant mes aux vitejclia- eun lie nous, tour à tour, marchant à pied, on prenant sa pince sur iV'(pii]).'ige. A deux heures après midi, nous arrivâmes à une haie tpie notre guide a])pelait An-ne-reak-to, s'étendant au nord-nord-ouest , et dont l'entrée avait environ un mille de largeiu\ Le cap qui la hordait portait le nom de Ne-ak-kog-c-nekdu côte de l'orient , dénomination motivée sur la ressemhlance que les naturels avaient cru trou- ver entre la tète d'un homme et une pointe de rocher qui s'avançait sur la côte. La pointe occi- dentale, nommée ]Neck-ler-rid-yeoo, forme la fin d'Ac-cood-Ie-ruk-tuk, nom que cette peu- plade semble donner à toute péninsule ou terre presque entourée d'eau, que cette eau soit ilouce ou salée. Nous continuâmes à suivre la côte de cette baie, et nous entrâmes ensuite dans l'embou- chure d'une rivière que nous remontâmes jus- qu'à envirrm un mille et demi. Tournant alors à l'ouest-nord-ouest , nous laissâmes à notre droite la fin d' An-ne-reak-to. Cette partie de la rivière se nomme Ac-cood-le-it-pang-ut, et quoiqu'elle fïit couverte de glace d'eau douce, on voyait sur ses rives des traces évidentes de marée. A trois heures , nous arrivâmes à un endroit où la rivière est resserrée entre ses bords , de ma- nière à former une espèce de chute d'eau dans une longueur d'environ dix toises. A partir de ce point, notre marche devint extrêmement 20 pt^nible; toute la vallée était remplie (l'une neige mobile, qui nous empêchait de suivre les détours de la rivière, comme nous l'avions fait jusqu'alors. La rive droite était composée de blocs détachés de pierre à ciiaux , à traveis lesquels on voyait s'élever çà et là des masses de gneiss. La rive gauche montait graduelle" ment en talus, et atteignait une hauteur de cent pieds à la dislance d'un mille. A six heures, nous arrivâmes à un petit lac qui est la source de cette rivière. Les rives en étaient élevées, rocailleuses et escarpées; les ravins étaient remplis d'une neige compacte, et les sommets des montagnes dans le lointain en étaient égale- ment couverts. De là, nous dirigeant davantage vers le nord, nous traversâmes une chaîne de hauteurs pour arriver à un autre lac , et nous nous fatiguâmes beaucoup pendant une heure et demie , à cause de l'épaisseur de la neige, et de la raideur du chemin que nous avions à gravir. Ce ne fut qu'à dix heures que nous arrivâmes à l'endroit où nous devions faire halte, et nous finîmes notre marche de cette journée , hommes et cbiens également épuisés par la lutte ccmtinuelle que nous avions eu à soutenir pendant environ trente milles contre un vent très-fort et la neige qu'il chassait. Les deux Esquimaux nous eurent bientôt con- struit une excellente hutte de neige, et après notre souper de viande gelée , nmis ne songeâmes d'une suivre 'avions mposée travers niasses icluelle" Dur de ; lac qui étaient i étaient ommets ,t égale- van lage I chaîne 1 ae , et ut une r de la e nous es que us faire e cette épuisés is eu à ccnitre «ait. ôt con- t après zeàmes 21 plus qu'à prendre quelque repos, étant tous trop fatigués pour pouvoir causer, même des évé- nemens de la matinée; s'il en eut été autre- ment, j'aurais cherché à me faire expliquer leurs coutumes funéraires, et à m'assurer si nous avions entièrement dissipé l'idée du pouvoir sur- naturel qu'ils nous avaient attrihué , et de lu- sage malfaisant qu'ils avaient cru que nous eu avions fait. La nuit fut très -orageuse , et le matin, un i>p avril. vent impétueux venant du nord chassait la neige avec une telle violence , que nous ne pûmes quitter notre hutte qu'à neuf heures. Nous ne fîmes que très-peu de chemin jusqu a midi , mais alors le vent se modéra et le temps devint beau. D'après une observation que je (is à midi , nous étions alors sous la latitude de 70" 25' J9 . Nous vîmes un grand nombre de traces d'Es([ui- maux sur une petite île au milieu d'un grand lac. Nos guides unis dirent que c'était une station Irès- fréquentée pour la pèche pendant l'été et l'au- tomne; que le lac, pendant ces deux saisons, (Hait rempli de saumons qui y remontaient en suivant une rivière qui sort de l'extrémité nord-est de cette ])ièce d'eau. Ils appellent cet endroit Nap-pur-re-uk-ta-lig. 11 est entièrement en- touré de montagnes de gi'anit , et les îles sont formées de la même pierre. La forme du lac est fort irrégulière, et il a une étendue considérable (le nr)i'(1-est en sud-ouc.sl . ■?*N-, ■ (-■»> i \ •■ •) au >ii fi .[ 2>4 de construire une hutte de neige et d'épier leur arrivée. Lui ayant alors exprimé le désir que j'avais d'employer le reste de cette journée à aller plus loin , il reprit son air de bonne hu- meur, et nous nous remîmes en marche. En moins d'une demi-heure , ses yeux exercés remarquèrent les traces de plusieurs de ces ani- maux en face d'une montagne escarpée au pied de laquelle nous cheminions. En les examinant, il reconnut que des bœufs avaient passé par cet endroit plusieurs jours auparavant. Il continua pourtant ses recherches , et il en trouva d'autres qui lui prouvèrent , me dit-il , qu'elles avaient été empreintes sur la neige le soir même par les pieds de deux bœufs musqués. Nous retournâ- mes donc aux traîneaux , et après avoir choisi un endroit oii il chargea le jeune Esquimaux de construire une hutte , il prit son arc et ses (lè- ches , et partit , emmenant deux de ses chiens en laisse , et me recommandant de le suivre avec mon fusil et mon chien favori Tup-lo-ach-ua. En arrivant près des traces qu'il avait trou- vées , il découpla ses chiens , et je mis aussi le mien en liberté. Ils partirent sur-le-champ avec la rapidité de l'éclair, et nrms les perdîmes bien- tôt de vue, la nature du terrain ne permetlant pas que nos regards s'étendissent bien loin. Ce- litesse le portant à en»! 1 P que j lais trop fatigué pour courir comme lui après les chiens et le gibier, il ralentit son pas, et refusa de i I % ier leur sir que u'née à me hu- exerces ces ani- au pied inant, il par cet ;onlinua d'autres avaient e par les 3tournâ- Lr choisi aiaux de SCS (lè- hiciis en re avec ach-ua. it trou- aussi le np avec les hien- ImeUaul )in. Ce- qiie j'é- iprès les îlusade I 2o me laisser en arrière , quoique je l'y engageasse de peur de perdre notre proie. Il me répondit que nos chiens connaissaient leur besogne. Nous continuâmes donc à marcher assez péni- blement pendant deux heures environ sur un terrain fort inégal et couvert d'une couche épaisse de neige. Voyant alors que les traces des chiens ne suivaient plus celles des bœufs , mon guide en conclut qu'ils avaient trouvé ces ani- maux , et qu'ils en tenaient au moins un en ar- rêt. Je reconnus bientôt qu'il ne se trompait pas , car lorsque nous eûmes tourné le coin d'une montagne , la vue d'un superbe bœuf arrêté devant nos trius chiens nous guérit à l'in- stant de notre fatigue , et nous courûmes paur les seconder. Cejjcndant Poo-yet-tah prit l'avance sur moi , et il décochait sa seconde (lèche quand j'arrivai. Nous vîmes qu'elle avait fra^ \)é sur une côte, car elle tomba sur le champ à terre, sans même tlistraire l'animal , dont toute l'attention était lixée sur les chiens qui continuaient à le har- celer en tournant autour de lui ; ils lui mor- daient, les jambes quand il se détoiu'uait pour leur échapper , et battaient en retraite quand il leur faisait face. L'animal tremblait de rage, et faisait tous ses eiforts pour atteindre ses en- nemis agiles , mais ils avaient acquis trop d'ex- ])érience à cellecliassc p )nr se laisser atteindre par lui. i\ r M 1 1 ' S ; • 1 \ 1' ^ !: ■.) 2f) II était aisé de voir que les armes de mon compagnon étaient de peu d'utilité dans ce genre de combat , ou du moins qu'il lui faudrait plu- sieurs heures pour remporter la victoire; car il continuait à tirer sans paraître produire aucun elFet , ayant beaucoup de difficulté à trouver une occasion favorable pour décocher ses flèches , et perdant ensuite beaucoup de temps à aller les ra- masser. Indépendamment du prix que j'attachais à un pareil gibier, j'étais charmé de pouvoir montrer à mon guide la supériorité de nos armes; je fis donc feu sur l'animal avec deux balles à la distance d'environ huit toises. Le coup porta, et le bœuf tomba. Mais se relevant à Tinstant même, il courut sur nous. Nous étions à côté l'un de l'au- tre , et nous nous réfugiâmes derrière une pierre énorme qui se trouvait heureusement près de nous. Le bœuf, en nous poursuivant , s*y frappa la tête avec une telle force qu'il tomba de nou- veau avec un bruit qui fit retentir la terre. Mon guide prit son couteau pour l'en percer , mais le voyant se relever encore une ft)is , il cherclia un refuge derrière les chiens , qui commencè- rent leur attaque. L'animal perdait tant de sang que ses long ])oils en étaient couverts, mais il semblait conserver toute sa force et toute sa rage, et il s'avança avec la même fé''0"ité. J'avais rechargé mon fusil derrière la pierre, et je me préparais à tirer un second coup , (piaiid l'unimal se précipita vers moi. Poo-yel- ■ H' 27 le mon ;e genre ait plu- 3 ; car i I ; aucun ver une ;hes, et 2r lesra- ittacbaîs pouvoir »s armes; [Llles à la trta, et le même, il (le l'au- le pierre près de frappa de nou- e. Mon , mais herclia imencè- de sang mais il oute sa c V. pierre , coup , [oo-ycl- lah fut vivement alarmé, et me cria de me replacer derrière la pierre ; mais j'avais eu le temps d'ajuster l'animal ; je tirai successive- ment mes deux coups quand il ne fut plus qu'à deux ou trois toises , et il tomba pour ne plus se relever. La vue de son ennemi terrassé fît crier et danser de joie mon guide, et quand il arriva, il le trouva mort, une balle lui ayant traversé le cœur et une autre lui ayant fracassé l'épaule à la jointure. Poo-yet-tab fut saisi d'é- tonnemcnt en voyant l'effet des armes à feu. D'abord il examina soigneusement les trous que les balles avaient faits à la peau de Tanimal , et me lit remarquer que son corps avait été tra- versé de part en part. Mais ce fut la vue de l'é- paule fracassée qui lui causa le plus de surprise, et je n'oublierai pas aisément fair de terreur avec lequel il me dit , en me regardant en face ; « Now-ek-poke ! » (Elle est brisée !) Il y avait alors dix-buit beures que nous n'a- vions pris aucune nourriture, et je m'attendais assez naturellement à voir mon Esquimaux songer à se préparer à dîner aux dépens de notre proie, .l'étais injuste envers lui, et il avait plus de prudence que de gourmandise. Il se contenta de mêler le sang cbaud du bœuf avec de la neige pour en faire fondre de quoi étancber sa soif, après quoi il se mit à l'écorcher. li savait fort bien, ce que j'avais oublié, que la violence du froid rendrait bicuiùt relie opération impos- >' f ■"^- •> '\ » 4 28 sible , en gelant le corps de l'animal , et en en faisant une masse impénétrable. Par la même raison , il le divisa en quatre quartiers , et il en fit autant des intestins , après avoir jeté tout ce qui se trouvait dans l'estomac. Je ne savais pas que les Esquimaux ne mangeaient pas les ma- tières qui se trouvent dans l'estomac du bœuf musqué , comme ils le font à l'égard du renne. Tout ce que je pus conjecturer, ce fut que les boeufs musqués se novuTissent , en cette saison de l'année , de plantes qui ne plaisent pas au goût de ce peuple. Quant aux rennes , ce qui se trouve dans leur estomac est regardé comme un morceau friand ; et quoique notre délicatesse puisse se révolter d'un plat de végétaux préparé de cette manière , c'est un mets qui peut leur être utile et salutaire au milieu de la nourriture animale dont ils se repaissent constamment, car il est presque impossible qu'ils puissent se procurer d'autres végétaux susceptibles d'être mangés. Comme nous ne pouvions emporter notre prise, nous fumes obligés de la couvrir d'une pe- tite butte de neige, et nous fîmes différentes mar- ques pour être surs de lareti'ouverà notre retour. Nous partîmes alors pour venir à l'endroit où nous avionslaissénoscompagnous. Cbeminfaisant nousdécouvrîmes unautre boeuf musquéprèsd'u- ne montagne à un quartde mil le de nous; mais nous étions trop fatigués pour le ])oursuivre. Cepen- 29 et en en la même , et il en ;é tout ce savais pas s les ma- du bœuf lu renne, it que les :le saison it pas au ce qui se é comme iélicatesse X préparé eut leur h ourriture amment , Liissent se es d'être er notre d'une pe- ntes mar- e retour, idroit où in faisant prèsd'u- [naisnous . Cepen- dant mon guide m'assura que cela importait peu; que l'animal resterait quelque temps dans cet endroit , et qu'il nous serait facile de le re- trouver le lendemain matin. Il était cinq heures du matin quand nous ar- 2i; avril, rivâmes à la butte, assez fatigués et assez af- famés pour trouver une jouissance véritable dans un souper chaud , et dans le repos. Nous avions apporté une partie du bœuf, et nous en trouvâmes la chair excellente; elle n'avait pas , à cette époque de Tannée , le moindre goût de musc. Lorsque, dans une expédition précédente , nous en avions mangé en août dans Tîle Melville , ce goût de musc était re- poussant. Ne peut-on pas supposer, d'après ce que l'expérience nous apprend d'autres ani- maux, que cet eli'et a lieu dans la saison du rut? Les observations que je lis en cet endroit me donnèrent pour latitude 70" 35' 49 , et pour longitude 0° 38 33" à l'ouest du vaisvseau. Nous n'avions pas dormi plus de quatre ou cinq heures quand nous fûmes éveillés pfir les cris de Poo-yet-tah, et les aboieniens de nos chiens. J'en demandai la cause au jeune Esqui- maux , et il me dit que notre guide avait quitté la hutte sans bruit, depuis environ une heure, poiu' chercher le bœuf musqué que nous avions vu la veille , et qu'il revenait en ce moment. En entrant dans la hutte , Poo-yet-lah n(ms apprit qu'il avait trouvé l'animal sur le haut d'une ^\ » i tj )' 1^1 '«i 30 avril oO montagne escarpée , qu'il y ëtait monté avec ses chiens par le seul chemin qui fût accessible , et que ranimai cherchant à s'échapper par un au- tre, était tombé du baut du rocber et s'était tué. Nous étant rendus sur la place , nous trouvâ- mes le bœuf mort ; il était tombé d'une bauteur de trente pieds sur un bloc irrégulier de granit, et cette chute lui avait brisé tous les os. Il n'en était pas moins bon pour Tusage que nous de- vions en faire. jSotre guide fit doiio les mêmes opérations que la veille, et nous portâmes dans notre hutte l'animal dépecé en quatre quar- tiers. Toute la journée fut employée à cet ou- vrage. Cela me laissa du loisir pour faire mes obser- vations, et le temps éiant beau, elles réus- sirent. Entre autres cboses , je m'assurai que l'endroit où nous étions se trouvait à environ quarante milles du vaisseau, dans la direction du nord 19" ouest. Dans l'après-midi, il tomba de la neige, qu'une forte brise chassait avec violence. Nous fûmes donc obligés de nous mettre à l'abri dans notre hutte , et ayant diné de meilleure heure que de coutume , nous nous mîmes dans nos sacs de fourrure afin d'avoir une bonne nuit de repos. Nous eûmes un ouragan venant du nord, et il dura toute la journée avec tant de force, que nous ne pûmes sortir de la hutte, ce qui i 51 ; avec ses jsible , et IV un au- et s'était s troLivâ- I hauteur le granit, s. Il n'en nous de- ;s mêmes mes dans re quar- à cet eu- es obser- es rëus- lurai que environ irection il tomba ait avec e nous ant diné us nous d'avoir [lord, et force , ce qui m 4 nous fournit l'occasion de causer avec nos gui- des. J'en profitai pour chercher à obtenir d'eux une relation plus complète de la cause de nos dissensions, de ce qu'ils avaient pensé à ce sujet , et de ce qu ils avaient voulu faire. Poo-yet-tah lui-même désirait cette explica- tion, et j'eus à peine besoin de dire un mot pour amener la conversation sur ce sujet. Dès qu'il eut commencé à parler, il mit tant de rapidité et de véhémence dans son débit , que je craignis d'abord qu'un sentiment d'animosité ne se fiit de nouveau emparé de lui , et qu'il ne renou- velât une querelle qui, au lieu d'être terminée , n'avait peut-être été que suspendue. Je vis pour- tant bientôt que le feu avec lequel il parlaitn'é- tait que le résultat du désir qu'il avait de me convaincre que ses amis n'étaient réellement pas blâmables , puisqu'ils avaient agi d'après une conviction intime de notre trahison et de notre malveillance; et que nous étant justifiés à leur satisfaction, nous devions maintenant être sin- cî'rement réconciliés avec eux. Ce discours me fut d'autant plus agréable, que j'avais pris , je le répète , pour Tannonce d'un renouvellement d'hostilité, une chaleur qui n'était que TefTet d'un esprit de pacification. J'appris aussi qu'en cette circonstance, en dépit de leur nombre et de l'intention qu'ils avaient évidemment de nous attaquer, ils sentaient vi- vement notre supériorité, impressi« 'c bagage -%e. Nous le i::z:::z^!r '^ ^"rs en courant ot «^, • ^''^' ^'^"- ■■••'»'-- "n'a.":: ~':''™»'''8<^ 'la- e'rorts plus.. elles rXCr'.-^'f"''' ■•"issi libre de nci^e- mail ^''""'*'''' «'"" '-ouvrait .H i,5r:;,nrj;- «'"'='-•'- "ous ne pûmes éviter m,,.|, S''ssante, et '-t ie ,.ied dans c^ X, r' "' ""- '■eneige. Ou reste;;:: ;;::;"'-':V''-ns ^ sept heures d„ soir non "f"^"*''"' ■«"•tie la plus lar-e •, 1, ' ., ! "'''^^mes à la I * 8^' " '*^ff»elle I avoi'cï '•« i 'e nom ,1„ révérend Kdo uard S o. . '" ''"""'* """« «llcii-nimcs |.. r . '^''"''^^''«àneuf, <'-S'-Wey n'avait par^lrrr.^'-ivière guenr ,h, lac à |« ,„,,, . ' '" '''^ """es de l„„. geur était dc„,!io ',,?"'" P'"' S'-de lar- ■•'vionsétéinfo;;' l/H'^ "'■''" ^''"' f ■ .' ; i f& CHAPITRE XXVI. Autre expédition du commandant Ross. — J'en cnlrc|ircuds une nioi- mcmc. — Résumé du mois. . I iW :4 iii 1 i . ^i) lié ;■:! 5 mai. Cette journée fut plus froide que la précé- dente et nous eûmes une brise fraîclie. JNous reçûmes la visite d'une troupe nombreuse de naturels qui étaient allés plus au nord, et qui nous vendirent quelques bonnes peaux. Nous vîmes ensuite arriver les deux guides qui avaient accompagné le commandant Ross dans sa dei- nière expédition ; mais ils n'avaient pu rapporter le second bœuf musqué, et ils n'en avaient pas c mai. vu d'autre. Le lendemain , d autres Esquimaux vinrent de leur établissement du sud, nous ap- portant un veau marin et quelques peaux. Ils furent suivis d'un vieillard que nous n'avions pas encore vu , mais qui était père de deux jeu- nes gens que nous connaissions. Sa femme, à rc qu'il parait, avait quitté son troisième n^ari, pour vivre avec lui, el autanl que nous punies -*^ I uds une nioi- la précé- ;lie. INous brcuse do et qui Lix. Nous iiiavtiient sa dei- apporter aient pas uimaux noUvS ap- eaux. Ils n'avions leux jeu- mmc , à ic n.ari, s pûmes .^5 le comprendre, c'était chose permise par la loi dn pa}s, ou du moins autorisée par un usage qui équivalait à une loi. Tikatagiu étant aussi venu à bord en se rendant vers le sud , je l'engageai à y rester pour qu'il m'accompagnât le lendemain dans une excursion. La neige qui tomba en abondance rendit ce " ma». projet de voyage inexécutable; il aurait été toutau moins inutile. Mon guide lui-même aimait beau- coup mieux rester à bord que de voyager |iar un pareil temps. On ne pouvait pas songer davantage s mai. à se metti'c en route le jour suivant, car tout était enterré sous la neige. Cependant le guide partit seul pour aller chercher son canot. Dans la soirée, nous reçûmes une seconde visite du vieillard que nous avions vu le 6. Il avait avec lui sa femme et deux jeunes gens ; la femme était jeune, mais nous apprîmes qu'il en avait une autre, et que les deux jeunes gens n'en avaient qu'une pour eux deux. Ils demeuraient tous ensemble; une vieille femme ayant deux maris complétait cette étrange famille de polygames, qui, nous dit-on, vivait dans une parfaite harmonie. Il aurait fallu des rapports plus intimes que nous n'en avii i ê m comme (rordinairc , de zéro à i8" au-dessus. L'homme qui était allé chercher son canot revint deShag-a-voke, l'apportant sur son dos. Nous lui promîmes (Ui hois pour le raccommoder, s'il nous apportait un veau marin. Préférant voya- ger la nuit, il partit à dix heures. Un renard fut pris dans une de nos trappes. Il mai. Le temps fut toujours aussi froid , mais quand la neige cessa le ciel s'éclaircit. Quelques- uns de nos hommes se rendirent au grand lac pour en mesurer la glace , et ils lui trouvèrent huit pieds d'épaisseur. La profondeur de l'eau en dessous était de dix-sept brasses. Ils ne virent aucun poisson , mais ils amorcèrent et placèrent n mai. quelques Hgnes. La température continua à être beaucoup plus froide qu'on ne devait s'y attendre en cette saison j ce qui ne fut pas pour nous d'un favorable augure. Quelques naturels, nous apportèrent une peau. On vit des traces de rennes et de lièvres et nous tuâmes huit ort)- lans de neige. 12 mai. Toute la force du soleil jointe à un ciel pur ne put faire monter la température au-dessus de n". On ne trouva aucun poisson pris aux lignes, mais on tua un ptarmigan. Deux de nos principaux amis étant venus nous voir, nous prîmes des arrangemens j)our un nouveau 4,5 mai. v(jyage. Quelques autres vinrent du sud le jour suivant, mais sans nous rien apporter. Ils al- lèrent aux huttes du nord ; mais n'ayant pas I -4 57 ii-dessus. lot revint Nous lui )der, s'il int voya- \i\ renard d y mais )uelques- d lac pour rent huit l'eau en ne virent placèrent ontinua à levait s'y pas pour 5 naturels traces de luit ort')- ciel pur lau-dessus pris aux [ix de nos )ir, nous nouveau td le jour Ir. Ils al- lyant pas m h'ouvc leurs compagnons, qui étaient ahsens pour une excursion, ils revinrent coucher à ijord. Le thermomètre varia entre i° et i5° au- dessus de zéro. Presque tous les Esquimaux établis au nord n mai vinrent nous voir. Ils nous app'^^^'n-ent la peau du second bœuf musqué ; mais comme il y man- quait les deux pieds de derrière, elle ne pouvait servir à être empaillée. Ils nous apportaient aussi une hanche de l'animal du poids de qua- rante-cinq livres, et un échantillon de pierre verte taillée en forme de ciseau. IN ous 'allâmes 1 5 ma à la chasse et ne tuâmes qu'une gelinotte. Nous avions demandé la veille auxEs(£uimaux un veau marin pour nos chiens , mais nous ne les revîmes pas le i5, probablement parce qu'ils n'avaient pas réussi à en tuer. Tout fut arrangé pour que le voyage projeté put avoir lieu le lundi suivant. On continua à travailler à l'équipement du na- vire et nous supprimâmes les condensateurs, qui n'étaient plus nécessaires. Après le service divin, nous vîmes arriverai deux troupes d'Esquimaux, l'une venant du village du sud, l'autre de celui du nord; mais ils ne nous apportaient ni veau marin , ni autre chose. Les premiers nous informèrent qu'ils se diviseraient le lendemain en deux troupes, l'une qui chasserait les bœufs musqués, l'autre qui irait pécher dans le lac. Chacun d'eux nous promit de nous apporter des pro- iiiai. 58 w: .;j' <. I 17 intii visions avant. (le partir. Le thermomètre dtait à envinm lo". Une partie des hommes de l'équipage et le premier enseigne partirent avec le traîneau et la barque qui devaient les transporter à dix milles de distance. Alors ceux qui n'étaient point de Texpédition devaient revenir àbovd. Ils se mirent en route dans la soirée , après quoi le commandant Koss et le chirurgien pri- rent le petit traîneau pour aller les rejoindre. Nous ne reçûmes point de provisions des natu- « « iiiiii. rels, et nous n'en vîmes même aucun. Le lende- main le temps s'adoucit tellement que le ther- momètre monta à 3o° au-dessus de zéro, et la chaleur du soleil forma sur les rochers de petites mares d'eau. Les yeux des hommes qui avaient fait partie de dernière expédition s'étaient en- flammés pendant le voyage, et il fallut leur donner quelques soins. Le chirurgien revint avec le premier en- l 'J mai. seigne. Ils avaient laissé le commandant Ross à environ vingt milles, ayant deux Esquimaux pour guides. Les yeux de M. Blanky le faisaient tellement souffrir, qu'il lui avait été impossible d'aller plus loin. Le commandant Ross avait acheté des Esquimaux de quoi nourrir ses chiens , et le retour des deux ofliciers devait faire durer plus long-temps sa provision de 50 mai. vivres. Nous vîmes avec: grand plaisir, le lende- main, que le temps continuait à être favorable 59 dlait à »e et le leau et • à dix 'étaient àbcvd. , après ien pri- î oindre. ;s natii- 3 lende- le ther- :o, et la n petites avaient nt en- ut leur îer en- Ross à uimaux lisaient )ossihle avait nr ses devait ion de leiide- ^orahle IIIIM. à l'expédition. Les maux d'yeux allaient mieux. Nous jetâmes du sable autour de la Fictoire, cj sur le Krusensteni. Le soleil ne put faire monter le thermomètre 2 au-dessus de 19". En allant voir le trou qui avait été pratique dans la glace du lac , on le trouva couvert d'une glace de six pouces d'épaisseur; la glace du lac avait sept pieds et demi. Nul poisson n'avait touché aux amorces des lignes, et nous ne pûmes trouver aucun gibier. Le 222 m jour suivant, nous nous assurâmes que la glace qui entourait le vaisseau n'avait pas augmenté d'épaisseur, quoiqu'il s'en fût formé quatre pouces sur le trou que nous y avions fait. On vil les traces d'un bœuf musqué à peu de distance du navire. Oîi fit une tente pour l'été, et l'on répara quelques voiles. Ce dimanche était le jour nnniversaire de u m notre départ d'Angleterre. Le boeuf musqiu'r nous fournit de quoi donner de la viande fraî- che, rôtie et bouillie, à tout l'équipage. Sa chair ne sentait pas plus le musc que celle que nous avions mangée auparavant, et ayant été gardée plus long-tenqis, elle était plus tendre. Pendant leur promenade après l'olïice divin , nos hommes trouvèrent les traces d'un ours blanc et virent quelques lièvres et quel 1. t... F (jâ ^i &'. (4,1 il» iii:i jO mai (M)ngélation ' , et donna pour la moyenne de cette journée 25°. D'après une base que je me- surai , je calculai que la hauteur de la montagne Ja plus élevée des environs était de 4^0 pieds. J'obtins plusieurs distances lunaires, et je fis quelques expériences avec Taiguille d'inclinaî- son. Nous tuâmes deux ptarmigans. Le ther- momètre monta le lendemain à 34"? et j'ob- tins encore des distances lunaires. Je fis mes préparatifs pour le voyage que je comptais en- treprendre le lundi. Après le service divin , nous attendîmes inu- tilement les guides qui nous avaient promis d'arriver ce matin; je savais que sans leur aide il nous faudrait plus long- temps ]X)ur transporter les provisions à l'endroit indiqué, et en con- séquence, je résolus de partir sans les attendre. On mit donc sur le traîneau des provisions pour cinq jours pour le commandant Ross , et pour huit jours pour nous ; on y ajouta une tente d'été , et je partis à sept heures avec le chirur- gien, deux des enseignes , et un des hommes qui dans l'origine étaient chargés d'entretenir le feu des fournaises de la machine à vapeur. Nous prîmes quelques hommes pour tirer le traîneau jusqu'à la distance de dix milles, après quoi ils ' Le leolcur ne doit pas oublier qu'il s'ajjit toujours dans cet ouvrage du (hermomèlre de Fahrenheit, où le point de con{;ëlation est à 32 degrés au-dessus de zéro , ce qui correspond au zéro du thermomètre de Réau- mur. ( iVote du Tradnctciir, ) ■S 63 nne de i je me- ontagne 0 pieds, et je fis nclinai- jC ther- et j'ob- 1 fis mes ptais en- mes inu- ; promis Lir aide il Liisporter en con- ttendre. ins pour et pour e tente chirur- mes qui lir le feu . Nous raîneau i ils quoi cet ouvrage là 32 degrés le de Réau- iious quitlèrentà une heure du matin pour re- tourner au vaisseau. Pour ne pas interrompre la relation de ce voyage, je donnerai ici le résumé du mois de mai. L'inquiétude que nous avait naturellement donnée l'absence prolongée du commandant Ross pendant sa troisième expédition, se ier- niina par les félicitations que noi's lui adressâmes sur son heureux retour et sur le succès qu'il avait obtenu. Son guide l'avait mené jusqu'au canal étroit conduisant entre les deux mers, ' f il en avait déterminé la latitude, qui doni^èit ((uarante-cinq milles au nord de notre . r^'ition; c'était un de ces bras de mer que les glaces nous avaient empêchés de recimnaitre, un peu au nord du havre d'Iillisabeth. Ainsi il était pro- l)able que le cap Manson se trouverait être la pointe nord-est de l'Amérique, en supposant ait en divers endr,' 76 promirent de aous apporter du poisson , mais ils ne purent tenir leur parole, leur pèche n'ayant pas été heureuse. Dans la soirée , je réitérai mes ohservations sur l'inclinaison de Taiguille ma- gnétique et sur l'intensité de sa force. 3 juin. Le 3 juin fut un très-heau jour, et nous l'ein- ployâme.» à pécher. L'éclat de la neige avait tellement enflammé les yeux de deux de nos hommes qu'ils n'y voyaient plus du tout. Le pre- mier enseigne allait mieux. Nous primes une douzaine de poissons, mais on les laissa par négli- gence à la portée d'un chien qui les dévora tous. Un îrou fait à la glace nous permit de mesurei' la hauteur de la marée , qui était de quatorze ])ouces. Nous remarquâmes que nous ne pre- nions de poisson que lorsque le soleil brillait , ce qui semblerait indiquer que dans les eaux glacées de ces mers et de ces lacs, le poisson est dans un état de torpeur pendant les grands froids , et que , comme le loir , il n'en sort que lorsqu'il sent l'inlluence de la chaleur. L'inflammation survenue à leurs yeux ayant rendu nos hommes presque aveugles pour le moment, et les chiens qui nous avaient été pro- mis ne nous ayant pas été amenés , je fus forcé de rester en cet endroit. Je lis faire un trou dans la glace, et je trouvai que l'épaisseur en était de sept pieds et un quart , c'est-à-dire à peu près la même que près du vaisseau à notre départ : mais l'eau n'avaitciu'uue aitqu pr piedt i i mais ils n'ayaul érai mes lille ma- ous l'eiii- igc avait X (le nos t.Lepre- imes une par négli- rora tous. : inesurei- quatorze î ne pre- brillait , les eaux oisson est s grands sort que kix ayant pour le été pro- fus forcé trou dans en était peu près départ : I six pieds, ce qui était une preuve de la grande irrt'giila- rilé du terrain. Pendant ce séjour forcé, je na- \ais rien de mieux à faire que d'observer le ciel et de pécher; mais le temps était couvert , ce qui était un grand obstacle à l'une et à 1 autre de ces occupations. J'allai aux tentes des naturels avec le obi- -i juin. rurgien, et j'aj)pris qu'ils n'avaient pas eu de succès à la chasse , ou , pour parler plus exacte- ment, à la pèche des veaux marins. L'un deux me pria, les larmes aux yeux, de lui dire où il pourrait en trouver un. C'était la chose la plus importante pour eux ; comment donc au- raient-ils pu supposer que des hommes qui avaient tant de connaissances supérieures, ne possédaient pas la plus nécessaire? J'indiquai un endroit au hasard, pour leur dtmner du moins un espoir c[ui r ïccupàt leur temps et les empêchât ruy ans. Pour lii^r parti de sa reconnaissance, je l'en- gageai à se charger (i une lettre pour lecouiman- dant Ross Àf l'écrivis ' ui-le-chaiiip; dans cetle lettre j indiquai , uuuria Ir «isième fois , au capi- taine 1 endroit iiù y lui avais laissé des provisions, c>t je lui |>arlai ersuadai Li'à nous- 1 abattre. re tente, partîmes X huttes , Y trouvâ- [u mari et its, ayant e poisson 2 de vrais luîtes de uimaux u marin, ulroit où le j'étais bientôt t il îu en , jel'en- îoukman- iins celle au capi- oyisions, l)jel8. .le lui celle I 85 lettre il recevrait en récompense un hameçon. Nous nous quittâmes lesmeilleursamisdu monde, après que j'eus fait présenta chacune des femmes d'r'ie pièce de six pences pour la suspendre à leur cou. L'une d'elles, par forme de remercie- ment, nous reconduisit le long du rivage pendant environ deux milles. Nous avions trouvé eu cet endroit un Esqui- maux qui avait eu' un mal de gorge quelques mois auparavant. Entre autres ornemens , il portait encore suspemhi à son cou une fiole de médicamens qui lui avait été donnée ])ar le chi- rurgien. Il ne semblait ])as qu'elle eut été ou- verte, et il la portait probablement comme un charme. Voyant que le chirurgien soutirait d un mal de dents et d'une iluxion à la j(me, il vou- lut, par reconnaissance, le gU(*rir, à son tour, à sa manière. Il le frapjxi légèrement trois fois sur la joue, ei lui suaOla autanl de fois sur la ligure. Ce (ju i y a de ctrlain , r est que le doc- leu' ne lard.t pas à être £U''ri ; el si ce fut par 1 etlet du charme, ce n'est pas la première fois qu'un mal de dénis a été guc'-ri de celte manière. Tous les maux d\ eux étaient henreusement :, ju.n. jmssés, et nous (Continuâmes noire voyage par un beavi temps et un ciel ])ur. A sept heures, nous arrivâmes à lexlrémité nord-est du grand lac nonnné Teygriak , et nous dressâmes nos .i;i..es, carie soleil avaitd(''jà beaucoup de foice à huit heures du matin. INuus donnâmes à notie m m 'h k m '» f-^;:^,= m *};i t ■■„ -! r f^ 84 déjeuner le nom de souper , parce que nous avions interverti l'ordre naturel en nous cou- chant à neuf heures. A notre première arrivée la neige était épaisse et mobile ; mais à notre re- tour nous en trouvâmes la surface suflisamment gelée pour former une croûte, sur la(£uellc notre traîneau pouvait glisser sans s'enfoncer. Ce grand lac, quia dix milles de longueur, paraît n'en avoir qu'un de laj-geur en quelques endroits, parce qu'il s'y trouve une chaîne d'îles ; mais dans d'autres , il semble être large de trois à quatre milles, et il lest ])eut-ètre davantage. Les monlagnes de glace qui formaient une ligne non interrompue d'un coté du lac à Tautre , avaient proLablemenl été réunies ainsi par les tempêtes au commencement de l'hiver. Les ter- res basses qui 1 envirounuient étaient encore cou- ver tes de neige. Nous uouf reiivîmes en chemin à sept heures du soir , après avoir fait ce que nous appelAmOvS notre déjeuner ; le temps était superbe. Après avoir traver.sédeux lacs, nous arrivâmes au golfe dcShag-a-voke, qui est l'extrémité d'un bras de la mer orientale, avaui-ant dans Tintérieur d'en- viron huit milles. Ainsi l'isthme se réduit à une largeur de dix-sept a dix-huit milles, dont douze sont occiqjés par des lacs d'eau douce , de sorte qu'en réalité les deux mers orientale et occiden- tale ne sont séparées artie inférieure, c'est-à- direde la baic.Unepoinle de terre, s'avançant du coté du nord, semblait blocpier le passage vers la mer. Elle avail l'air d'une ile, n>ais elle se ratta- chait au rivage par un isthme, et ne laissait à l'eau, en cet endroit, qu'une largeur d'environ cent ])ieds. On voyait au milieu ])Iusieurs ro- chers; la glace était alors partiellement rompue; et la marée montait à raison de quatre milles ))ar heure. Da])rès d anciennes marques de l'é- lévation de I eau , nous calculâmes qu'elle mon- m lerait encore pendant deux heures. 11 serait alors cinq heures , et c'était le jour de la pleine lune. Au-dessous de cette péninsule, le canal de ce détroit se courbe yers le sud et jette une partie de ses eaux dans un golfe formé par une se- conde presqu'île semblable à la première , mais s'avançant sur différentes pointes , de manière à rendre le passage très-difficile. En cet endroit est un récif de grosses pierres placées diagonalement , et qui offrent l'aspect d'une écluse de moulin. C'est probablement un ouvrage des naturels du pays pour diriger l'eau vers la rive méridionale, où est le principal courant , tandis que de l'au- tre côté elle forme une grande baie bordée de hautes terres. L'isthme était couvert de cercles de ]nerres , restes des habitations des Esquimaux. Nous y vîmes un monticule bizarre de forme carrée , offrant des marques de végétation el ressemblant aux deux faces d'un bastion. En l'examinant, nous reconnûmes que c'était une alluvion produite par la jonction de deux riviè- res. Combien de fois, dans notre pays, de pa- reiiS dépôts n (mt-ils j)as été pris pour des restes de camps romauis ou autres ! Le grand bras de mer , près de cet endroit , avait environ deux mille pieds de largeur dans sa partie la plus étroite. Deiette position, nous vinies l'entrée de la baie à trois milles de di- stance; du côté du nord, elle descendait gra- duellement jusqu à une pointe basse (U* rocher 87 qui avançait à l'est; du côté du sud, elle se pro- longeait quatre milles plus loin dans la même direction, et inclinait ensuite au sud-est. Au sud, on ne découvrait ni îles , ni rochers ; mais au nord s'élevait un roc remarquable, auquel nous donnâmes le nom de mon ami M. Tilson , eu même temps que nous baptisâmes de celui de ses filles deux îles voisines. Plus loin, étaient trois autres îles qui s'étendaient vers l'orient, et qui , lorsque les eaux étaient basses , sem- blaient presque jointes à la terre. A sept heures du matin, nous arrivâmes à la plus méridionale de ces îles. L'action du soleil sur la neige rendait la marche très- difficile , et la nuit était véritablement alors le temps le plus convenable pour voyager. C'était pour cette raison que nous avions fait du jour la nuit, tant pour nos rep'S que pour nous re- poser. La tente fut donc dressée , et nous don- nâmes à nos hommes le temps nécessaire pour prendre quelque nourriture. Pendant ce temps je fis quelques observations nécessaires pour fixer la latitude. Nous tuâmes un lièvre et deux ptarmigans, et nous vîmes beaucoup de mouettes et de petits oiseaux. A cinq heures (ki soir nous fîmes nos prépa ratifs de départ, et nous nous mimes en marche à sept heures. Cette partie du vovage fut très- fatigante, car pendant huit mil'lcs nous eûmes à tirer le traîneau sur une glace pleiiK^ d iiiéga- ■*i ~ '' , i.i 1'-;: lUIll. 88 litës, obligés souvent de le soulever pour lui faire franchir les plus mauvais passages , et nous en- fonçant à chaque pas clans la nei^e jusqu'aux genoux. Nous marchâmes ainsi pendant six heures. Heureusement le temps était beau , et la neige avait commencé à fondre. A une heure et demie du matin , nous arri- vâmes au cap Keppel , où nous arborâmes notre pavillon et où nous fîmes halte pour prendre des rafraichissemens. Nous remettant ensuite en route , nous trouvâmes la glace plus unie , et nous avançâmes plus rapidement. Je fis une esquisse du rocher qui ressemble à l'ile de Bass, et je lui donnai le nom d'Adolphe Dalrymple, à cause de sa ressemblance avec le cimier de cette famille. A deux milles plus loin, nous vîmes llolter un ])avillon anglais, ce qui nous apprit qu'on, avait envoyé du vaisseau un détachement à notre recherche. En y arrivant , nous trou- vâmes une lettre de M. Tliom, qui , craignant que nous ne manquassions de vivres , en avait fait déposer dans un endroit qu'il nous dési- gnait. Cependant nous n'en avions pas besoin, grâce au poisson et au gibier, nous avions pu mé- nager nos provisions. Nous vîmes sur les mon- tagnes beaucoup de mouettes et de hiboux ei an grand nombre de veaux marins dans les mares d'eau ([ui bordaient la côte. A sept heures, nous arrivâmes au vaisseau , après une absence de neuf jours. Nous y trou- pour Jui faire t et nous en- ge jusqu'aux pendant six tait beau , et i , nous arri- >ranies notre our prendre tant ensuite B plus unie , t. Je fis une l'île de Bass, )alrymple, à nier de cette nous vîmes nous apprit létachement nous trou- I craignant !S , en avait nous dési- pas besoin ; ions pu mé- ir Its raon- Ijoux ei au s les mares i vaisseau , us y trou- 89 vâmes tout en ordre, et l'écjuipage en bonne santé. Si je dois à nos hommes la justice de dire qu'i's montrèrent toujours la plus grande ardeur , ils méritent encore plus d'éloges pour la résigna- lion avec laquelle ils accomplirent un sacrifice vraiment méritoire. Comme j'étais le seul qui ne but aucune liqueur spiritueuse, et que tous , excepté moi, avaient eu de violons maux d'yeux, je Jeur représentai que l'us du grog en était la cause, et je leur proposai d y renoncer , leur faisant observer en même temps que, quoique le plus âgé de tous , j'étais celui qui supportait le mieux la fatigue. Aucun n'hésita à y consentir, et ils avaient d'autant plus de mérite à cela, qu'indépendamment de ce qu'il s'agissait de re- noncer à une vieille habitude des marins , ils avaient toujours cru que cette boisson contri- buait piincipalement à soutenir leurs forces. Nous rapportâmes donc au vaisseau tout ce qui nous restait de la provision dont nous nous étions munis. Il est difficile de persuader aux hommes , même à ceux qui n ont pas l'habitude constante de boire des liqueurs spiritueuses , qu'elles af- faiblissent le corps au lieu de le fortifier. C'est un stimulant qui donne un courage momentané, et cet eOet est pris pour une augmentation de forces. Mais la plus légère attention prouvera que le résultat est tout autre. Qu'on donne à des hommes occupés d'un travail constant et péni- I -m ■"à m h ^. ^ ^^. ^, ^, V^< IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) // ^/ ^ .^^ *^^ A F.^ ^A f »> I z. 1.0 l.l J2î lu w lu 12.2 ï US 110 tau Photographie Sdenœs Corporation 4^ ¥^ ^^ S? \ \ ^, A> n wmT MU IN tTRMT WIUTIR.N.Y. I4SM (71é)l73-4>03 \ 'î'^« i<\ I ' 90 ble, un verre tle grog, ou un pelll verre d'eau- cle-vie, enverra, souvent au bout de quelques minutes , qu'ils deviennent languissans et fai- bles, et qu'ils finissent par perdre leurs forces, ce qu'ils attribuent à la continuation de leurs tra- vaux fatigans. Celui qui voudra faire la même expérience sur les équipages de deux barques ra- mant sur une mer houleuse , sera bientôt con- vaincu que les buveurs d'eau surpassent de beaucoup les autres encourage et en vigueur. Il ne faut pas de meilleure preuve de ce fait que l'expcrience des ouvriers qui travaillent aux fonderies de fer. C'est l'ouvrage le plus pénible dont un homme puisse être chargé , et ceux qui s'en occupent savent fort bien qu'ils ne pour- raient en venir à bout, s ils bnvaient même de la bière; aussi l'eau est-elle leur seule bois- son pendant toutes les heures employées à ce rude travail. Si les charretiers et les porteurs de charbon de Londres sont d'un avis différent , chacun sait ce qui en résulte. Ce n'est pas que je me déclare l'avocat des sociétés de tempérance , quels que puissent être leurs avantages , ni que je désire imiter une ])ratiquc introduite depuis peu sur quel- ques vaisseaux; mais si cela était en mon pou- voir, comme commandant un navire, je sup- primerais Tusage du grog, par le seul motif de son effet débilitant , et indé[)emhnnmenl des autres (Mnsi'upieuccK luii.siblos qu il peut avoir; .(? 11 t ,„:,i. force à midi, que ce fut une rais(m de plus pour moi lie prendre le ]>nrti de voyager la nuit. Nous w. h ' :.v< 9G nous mîmes Jonc en marche le lendemain, à trois heures après midi, mais la neige était si molle que nous fumes trois heures pour arri- ver à Too-nood leed. L'inflammation croissante des yeux de Blanky lit que nous nous y ar- rètAmes assez long-temps; enfin nous fûmes ohlig('S de le laisser en arrière en le conliant aux soins du chirurgien , malgré les inconvé- niens réels de cette perte pour notre petite troupe. Il était aisé de se procurer des Esqui- maux un traîneau pour le reconduire à hord. Ce malheureux accident empêcha M. Mac Diar- mid de nous accompagner jusqu'à l'endroit ccm- venu, car il était nécessaire qu'il s'en retournât pour donner ses stnns à un homme dont les services étaient trop précieux pour risquer de le perdre. En conséquence, ne pouvant plus compter en aucune manière sur le dépôt de provisifius que j'avais eu dessein de faire placer à Pad-le-ak, je fus ohligé d'ahréger la durée de mon excursion. Les laissant installés aussi hien que possihle dans la hutte que nous avions occupée quelque temps aujKU'avant , et avec des provisions sufli- santes dans le cas où ils y seraient retenus plus long-temps qu'ils ne le supposaient, nous con- tinuâmes notre route. Notre troupe fut ainsi réduite à quatre hommes , en y comprenant Ahernethy; et, malgré l'aide de huit chiens attelés au second traîneau, notre fardeau était si lourd, que nous n'aurions pu y rien ajoulcr. il comprenait des provisions pour trois semai- nes, indépendamment de nos instrumens, de nos hardes et d'une barque en peau. Quand après avoir gravi Ja montagne en quittant la baie de Too-nood- leed , nous eûmes atteint le premier lac, nous remarquâmes les traces d'un renne et celle de deux loups ([ui le poursuivaient, et nous trouvâmes des touffes de poils et des lambeaux de peau qu'ils lui avaient arrachés. Peu de temps après, nous vîmes lereune à demi dévoré par ses ennemis. Notre approche les avait probablement mis en fuile , et nos chiens eurent leur part du butin. Il nous fut fort dillicile à cause de la neige qui j;> ni;ii tomba avec abondance, et du brouillard qui commença à minuit de trouver notre chemin , en traversant le grand lac du Milieu. Nous fûmes donc obligé's de nous guider principalement d'après la direction du vent jusqu'à trois hcs'es du matin, et alors nous fîmes halte pour no is reposer. Après midi, le ciel devint serein, et nous remettant eu marche à six heures du soir, nous arrivâmes à onze heures en vue de la mer. En montant sur la mimtagne qui s'élevait à notre gauche, je pus déterminer la route que nous de- vicms suivre. De là, jedistinguais les terres basses (jui forment la côte opposée et qui s'étendent à travers la baie depuis Nei-tyel-le jusqu'à quinze ou vingt degrés du cap Isabelle. Je résolus de II. 7 98 t< m m: E ' ,T mediriger vers ce ca]> osjx'ranl. ([lie vu sa grande haulcur, je pourrais y obtenir une vue pins éteiuluedii bras de mer. Mes coin pagiums que j'avais fjuiltés un mo- ment avaient annoncé leur arrivée sur les liords de l'Océan occidental par trois acclamations, (l'était en elFet ptmr eux, et encore ])lns ponr moi , leur chef, un spectacle ])alpilant d'inté- rêt, et qui méritait bien le salut ordinaire du marin. C'était cet Océan que nous avions cher- ché ; l'objet de notre ambition et de nos eflorls ; l'espace d'eau libre qui, comme nous l'avions espéré, devait nous porter autour du continent de rAméri([ue et nous ])rocurer le triomphe si désiré par nos prédécesseurs et que nous-mê- mes nous avions si long-temps et si inutilement travaillé à obtenir. Notre but eût été atteint, si la nature n'y eût mis obstacle; si notre chaîne de lacs eût été un bras de mer ; si cette vallée eût ouvert une communication libre entre les deux mers. Du moins, nous en avions recoinui l'impossibilité. Cet Océan tant désiré était à nos pieds; nous allions bientôt voyager sur sa sur- face, et au milieu de notre désappointement, nous avions du moins la consolation d'avoir écarté tous les doutes, banni toute incertitude, et de sentir que lorsque Dieu à dit non, il ne reste à l'homme autre chose à faire qu'à se st)u- metlre, et à lui rendre grâces de ce qu'il a ac- cordé. C'était un moment solennel , un moment m •hlf à ne jamais oublier; les acclamations des ma- rins ne prtKluisirenl jamais une impression plus profonde qu'en ce moment où elles interrom- paient le silence de la nuit , au milieu d'un désert de glace cl de neige, où il n'y avait pas un seul oJjjet cpii pùl rappeler cpi'il existait des êtres vivans, et où il semblait qu'aucun son n'eût jamais été entcudu. A minuit, nous nous mîmes en marcbe sur la 2u mai. glace de la mer; nous y trouvâmes quelques monticules , et à siv heures du matin , nous arrivâmes au cp()sAnu'S avoir ét<* occiqx'e par les n.Uniels mbre de j)etites iles qui n'étaient guère que des rochers; celle en face l'tait fort basse , et était formée de pierres à chaux. Pour épargner le temps, je partis sur-le-champ avec Abernethy pre une fus en marche. De l'endroit que nous atteignîmes bientôt, la rive opposée de l'île que nous venions de quit- ter nous parut bordée d'un grand nombre de petits îlots; la chaîne de hauts glaçons que nous aviims traversée la veille s'élevait au-des- sus de la couche é[)aisse de glace qui couvrait le bras de mer, et s'étendait en ligne non inler- ronqxie, aussi loin cpie la vue pouvait atteindre, dans la direelion du nord -nord-ouest. Après Iniis heures ifune marche pé-nibh', 108 rZm 'V' :! I ^ ï nous arrivâmes de l'ile Mally à une pointe basse (lu coutiiieiit , à laquelle je clounai le nom de M. Abernethy ; je nommai Sabine un cap au nord-ouest que nous ne tardâmes pas à doubler. Do là , nous vîmes que la côte inclinait directe- ment à l'ouest. La glace était unie , et nous fi- 25 mai. mcs (Ics progrès rapides le long de la côte. Le 25, à six lieures du matin , nous fîmes halte après une bonne journée de vingt milles , et nous campâmes, ou pour mieux dire, nous nous creusâmes un terrier, sur une pointe que je nommai le cap Young. Un récif qui s'étend de cette pointe vers le nord-ouest pendant deux milles et demi et qui va joindre la pointe septentrionale de l'ile Ten- nent, protège un excellent bavre, si un tel ba- vre pouvait jamais être utile. Son entrée a deux milles de largeur , et elle est divisée au centre par une ile qui mettrait obstacle ù l'invasion des grosses glaces. Comme le nom que nous avions donné à l'ile était en souvenir de M. Emerson- Tennenl , je nommai ce bavre Port-Emer- son. lùant partis à huit heures , nous passâmes le long du récif, et près de l'extrémité méridio- nale de l'ile Tennent ; nous arrivâmes à onze heures à la côte opposée du havre. De ce côté, la terre inclinait à Touest-nord-ouest. Entiu nous gagnâmes la dernière pointe d\in grand bras de mer, ou d'une baie, à laquelle je don- 10Î) liai le nom de Bannerman. Traverser cette halo fut une tâche Irès-laborieuse, et qui evigea de travail trois heures; la glace était extrêmement inégale et raboteuse, et couverte d'une neige mobile, très-profonde dans les crevasses. La terre inclina ensuite davantage vers le nord. ZSous la côtoyâmes pendant trois heures qui neSi furent pas moins pénibles, et à cinq heures du matin, nous nous arrêtâmes pour nous reposer dans un de nos terriers ordinaires. En rélléchissant à toutes les sinuosités de la cote que nous avions vue ou côtoyée, je com- mençai à avoir des doutes sur notre véritable situation; je me demandais si nous suivions réel- lement les côtes du continent, ou si toute cette terre de fn'me irrégulière n'était qu'une chaîne d'iles. Ceux qui ne coiniaissent pas les climats glacés dont il s'agit , doivent se persuader que, lorsque tout est glace , lorsqu'on n'a sous les yeux qu'une masse blanche éblouissante, que la surface de la mer forme des élévations et des montagnes , tandis qu'il ari'ive souvent que celle de la terre est unie ; qu'en un mot , on ne voit ni eau ni terre , et qu'on ne peut distinguer Tune de l'autre, ni parla forme, ni par la couleur, ce n'est pas toujours un pro- blème facile à résoudre que de déterminer un fait qui parait extrêmement simple au premier coiq) d'oeil. Quoiqu'il en soit, je ne pouvais éclaircir mes 1/ in.ii. '*• f 110 «loulcs , ((iianl à présent ; et il en résultait une conséquence fort désagréable , et qui , quelque frivole qu'elle puisse paraître , en comparaison dïiu fait géographique essentiel , n'en était pas moins d'une grande importance pour nous, et même pour le succès de notre voyage. Si nous avions été certains d'être sur le continent, nous aurions pu laisser en ar- rière une bonne partie de nos provisions, ce qui nous aurait permis de marcher avec plus d'aisance et de rapidité. Mais si nous suivions une chaîne d'îles , nous ne pouvions les y laisser sans de graves inconveniens, et sans nous ex- poser au danger de nous trouver sans vivres. Dans le cas où je retournerais au vaisseau par le continent, et si je n'osais prendre ce parti, de peur de manquer de vivres, je renonçais à un des principaux objets de notre expédition. Je me déterminai enfin pour ce qni paraissait le plus sûr, et je résolus de continuer à traîner avec nous le K)iu'd fardeau qui ajoutait à nos fatigues , et qui par-là nous occasionait une grande perte de temps. Dans le fait, ([uoique le poids de ce fardeau fût diminué par la consommation journalière des provisions, il était pourtant encore très-lourd , beaucoup trop lourd même , relativement à l'état de nos forces. ISos chiens nous étaient de- venus plus à charge qu'utiles, par suite des fa- tigues continuelles ([u'ils avaient essuyées, et il 1 t III qui au fut ■e (les ourJ , eut à ni lié- es fa- , et il nous élait parlois impossible de leur doniu r un jour de repos, car nous ne pouvions nous exposer à perdre le beau temps dont le terme approehait rapidement. De peur que mes lee- teurs ne l'oublient, je d;)is peut-être leur rap- ])eler que , dans ces climats , on ne peut pas plus voyager au milieu de l'été qu'au milieu de 1 hiver. Ce n'est pas que la chaleur soit plus in- supportable que le froid, quoiqu'elle ait aussi ses inc mvéniens, mais c'est que la surface de la glace devient d'abord si glissante et si humide qu'il est presque impossible d'y passer; et que lorsque la terre se dépouille de son manteau de neige , et que l'eau surnage sur la glace , on ne peut voyager ni sur la terre ni sur l'eau, ou , pour mieux dire , sur ce qui n'est ni l'une ni Tau Ire. Nous n'avions plus que deux chiens en état de nous servir, et un de ces pauvres animaux mourut dans le cours de celte journée. Je réussis en cet endroit à tuer deux perdrix, ce qui non - seulement nous procura , chose rare pour nous , un repas chaud , mais écono- misa nos provisicms , chose importante dans Ja situaticm où nous nous trouvions. On ne doit pas s'étonner d'apprendre qu il nous est souvent arrivé dans le cours de notre vo} ago de désirer ([ue les hommes pussent vivre sans prendre de nourriture. Ce désir, tout insensé qu'il était , se représentait loujtre esprit , parce qiu* A< 'mi iîf B^E''' ' iBkb^^B!* 'HE< ilS'' .■ Iwm'' i ISm. I 112 la nécessité de manger était un obstacle sans cesse renaissant qui s'opposait à tous nos efforts. Trois îles basses situées à environ dix milles au nord de notre position , furent nommées les îles Beauforten l'honneur de l'hydrographe bien connu de l'Amirauté. Un brouillard épais nous empêcha de partir avant neuf heures du soir. Continuant alors notre route , nous arrivâmes à la pointe orientale d'une grande baie, dont nous suivîmes la côte orientale pendant deux heures dans la direction du sud- ouest. J'obtins de dif- férens endroits, une vue complète de cette baie, et je rejoignis ensuite mes compagnons sur l'autre rive. La côte occidentale étant escarpée, nous eûmes de la peine à y faire monter le traî- neau ; nous y réussîmes pourtant , et nous tra- versâmes le pays dans la direction du nord-ouest. A six heures du soir, un nouveau brouillard nous força à nous arrêter sur les bords d'un 27 mai. grand lac. Nous n'avions fait que huit milles , à cause du temps qu'avait exigé l'examen de la baie. Je la nommai baie de Parry , par recon- naissance pour un oflicier dont le nom seul est une distinction suflisante. Une pointe qui s'avance au centre de cette baie fut nommée Stanley , du nom d'un homme connu par ses voyages en Islande. Nous y trou- vâmes plusieurs huttes de pierre qui semblaient avoir été occupées par les naturels peu de temps aii|)aravant. ■a; le sans fforls. milles ées les iie bien s nous u soir, 'âmes à il nous heures de dif- te baie, 3ns sur icarpée, le Iraî- >us tra- l-ouest. uillard s d'un illes , à de la recon- eul est le cette homme trou- Iblaient temps 4! T ■•S 113 Le temps étant beau, nous pûmes distinguer la cole qui inclinait encore au nord-ouest. Ce fut une des raisons qui me tirent tlésirer de con- tinuer notre marche un jour ou deux, dans l'es- poir que la ligne de la mer prendrait bientôt la direction du cap Turnagain , ce f[ui aurait été un objet de première importance ; car nous au- rions par là complété cette ligue de côtes, et , du moins de ce côté , nous n'aurions rien laissé à faire aux futurs navigateurs. Je n'ai pas besoin de dire si je désirais ache- ver la reconnaissance de la côtp septentrionale de l'Amérique, et si, voyant la possibilité d'obte- nir un si grand résultat , je brûlais d'obtenir l'honneur d'un si beau triomphe ; mais les bommes de l'équipage qui m'accompagnaient ne le désiraient pas moins, et je serais injuste à leur égard , si je ne faisais pas mention ici de leur ardeur. Pour cela, il était nécessaire de ré- duire les rations , et quoi que puisse en penser l'homme qui est bien nourri et qui ne manque de rien , un tel sacrifice n'est pas peu de chose pour celui qui a déjà à peine une nourriture suilisaute , et qui a de grandes fatigues à subir ; cp.ii sent que s'il était mieux nourri , il lui serait plus facile d'accomplir sa tâche ; et qui , indé- pendamment de ce raisonnement , est tour- menté par les exigences impérieuses de la na- ture. Cependant , quand je fis connaître mes désirs à cet égard à l'enseigne Abernetby, il li. 6 I m 1 r > 5 l! ' Mi m'apprit que nos hommes avaient d'eux-mêmes conçu le dessein de m'en faire la proposition, et qu'ils n'attendaient qu'une occasion favora- ble. On peut bien croire que je fus enchanté du sentiment généreux qui les animait , et la ré- duction nécessaire fut annoncée sur-le-champ. Cet arrangement nous permettant d'aller en avant deux jours de plus , nous partîmes à huit heures du soir , et après avoir traversé quelques petits lacs , nous atteignîmes la mer à onze heu- res. Nous continuâmes à suivre la côte jusqu'à minuit dans la direction du nord-ouest en dépit d'un épais brouillard; et euKn nous arrivâmes 2« mai. à deux heures du matin à une pointe qui formait un des côtés d'une grande baie , à laquelle nous donnâmes le nom du docteur Richardson. Comme c'était un lieu convenable pour y laisser un dépôt , puisque nous serions obligés d'y pas- ser en revenant, nous résolûmes de nous dé- charger d'une partie du fardeau que nous avions à traîner. Nous laissâmes donc derrière nous tout ce dont nous pouvions nous passer , et emportant dans un traîneau des provisions pour quatre jours , nous partîmes à trois heures du matin. Ayant traversé la baie de Richardson, nous fîmes halte à six heures. Nous nous remîmes en marche à six heures du soir , et jusqu'à minuit nous sui- vîmes une côte qui inclinait encore au nord- 2y mai. ouest. Nous arrivâmes alors à une pointe que m:') nous nommâmes l'('li\ , ilii nom de haplrme retourner , nous en étions à une distance de deux cents milles; et même en nous r(''(hiisanlà la ration la plus mt^ruiue, nous n'avions de vi- vres (|ne pour dix jours. ^^ ^^ latitude de 69" 37 49 • ^t quant à la Pointe Franklin, au- tant qu'on peut le déterminer d'après une di- stance évaluée , la longitude est 99° 1 7' 58 , et la latitude 69" 3i i3' . A sept heures du soir, nous. nous remimes en marche , traversant le pays en ligne droite pour gagner l'endroit où nous avions laissé nos pro- visiims et nos bagages. Wous abrégeâmes ainsi considérablement la distance; et comme nous passâmes sur plusieurs lacs dont ^a glace était bonne , nous y arrivâmes à six heures du matin , 31 mai. excessivement fatigués d'une longue marche, que nous ne pouvions pourtant interrompre, ])uisque nous étions absolument sans vivres. De])uis quelques jours , nos malheureux chiens avaient été hors d'état de continuer leur travail, et nous les avions débarrassés de leurs harnais. L'un d'eux mourut dans le cours de celle journée, et un autre avait disparu cpiand nous nous levâtties à six lieures du matin pour 122 il il ': n i r ) * JMII â juin. .'{ juin. juin. (îoiilinuei* noire voyage. Nous suivîmes la cote «lepuis cet endroit jusqu'au port Parry, et nous atteignîmes enfin notre campement du 26 mai le 1*' juin à quatre heures du matin. J'y com- plétai J'examen de la baie , que je n'avais pu terminer, et nous arrivâmes ensuite à la Pointe Youug, le lendemain, vers six heures du ma- lin. Nous y tuâmes un renard et deux geli- nottes , et nous trouvâmes plusieurs cercles de pierres, restes des demeures d'été des Esqui- maux . Elant partis dans la soirée, nous arrivâmes au cap Sabine à trois heures du matin. Là, nous pûmes nous procurer de l'eau sans avoir Tem- barras de faire fondre de la neige. Un petit étang s'était formé dans la glace, et c'était le premier indice de dégel que nous eussions vu. A six heures , nous arrivâmes au cap Aberne- thy; et désirant, s'il était possible, reconnaître toute la ligne de la côte du continent jusqu'à Nei-tyel-le, nous marchâmes au sud-sud-est le long de la rive occidentale du détroit qui sépare Tîle Matty du continent. Nous finies halle à six heures et demie. La latitude en cet endroit était (k) " 3o' 42 ', et la longitude 96" 8' 26". Une forte brise venant de l'ouest ne nous ])ermit de partir qu'à neuf lieures. Nous con- tinuâmes l'examen de la côte au sud jusqu'à cin([ heures du matin , et nous ne pûmes faire celle nuit que neuf milles. La neige était pro- >!i fonde, ^iijus ii'avious plus les mêmes forces, et il nous fut impossible de marcher plus -vite. Dans le fait , nous avions remarqué qu'une marche de dix heures par jour était trop pour des hommes dont la ration de vivres avait été réduite. Et cependant nous étions encore à quatre-vingts milles du vaisseau ; nous n'avions plus de vivres que pour cinq jours; et nous ne savions pas quels obstacles nous pourrions ren- contrer avant d'arriver à Nei-tyel-le. Je vis doue qu'à moins que la côte n'inclinât à l'est le len- demain, il me faudrait abandonner l'intention de reconnaître toute cette ligne de côtes comme je l'avais espéré. Peu de temps après nous être remis en route dans la soirée, nous arrivâmes à l'entrée d'un grand bras de mer, mais les vapeurs de l'atmo- sphère ne me permirent pas d'en voir distincte- ment l'extrémité. Je le traversai, et montant sur la pointe méridionale, je le vis assez bien, du haut d'une montagne, pour m'assurer de la cunlinuité de la terre autour d'une petite baie qui le terminait au Sud. A trois heures après midi, je rejoignis mes compagnons à la pointe orientale de ce bras de mer, et je dimnai à celte pointe le nom du capitaine W. H. Smith, de la marine royale. La quantité de glaces raboteuses que nous eûmes à passer, et la profondeur de la neige dans les intervalles, rendirent noire marche si dillicik', «pie nous soulfrimes une •m ) ' 1 u- 4' h !• *■ grande fatigue. Deux de nos chiens reslèrent eu arrière. juin La côte inclinant encore au sud-sud-est, je pris la résolution de marcher en ligne droite vers Nei-tyel-le, l'état de nos vivres ne nous permettant pas de continuer notre reconnais- sance. Nous partîmes donc de la pointe Smith à quatre heures , et nous nous dirigeâmes vers la plus méridionale des îles qui formaient un groupe prescpie à l'est de notre position. Nous y arrivâmes à sept heures du malin. Cette île, dont la latitude est 69° 59 32", et la longitude 95" 45 5o", est très-élevée, et de là mes regards planaient lihrement sur les îles voisines, etem- hrassaient une plus grande partie de la côte du continent que de la pointe Smith ; mais une légère vapeur qui couvrait la terre m'empêcha de la suivre des yeux très -distinctement au sud- est. La glace, en plusieurs endroits, était alors juin. aperçûmes le haut du cap Isabelle ; ce qui fut pour nous comme la vue d'un ancien ami. Comme elle nous offrait la perspective prochaine de la fin de nos fatigues , elle inspira de nou- veaux efforts à nos hommes , dont l'ardeur commençait depuis quelque temps à se refroi- dir. Ayant fait halte à six heures du matin , sous la latitude de 69° i5 4^ et la longitude de qS" i.*^ 6", nous eûmes quelque difticulté à trouver un endroit où la neige fût assez profonde pour que nous pussions nous creuser un terrier. La glace qui était au-dessous , et sur laquelle nous fû- mes obligés de nous covicher , nous parut un lit fort dur , comparé au doux matelas que la neige nous avait fourni jusqu'alors. Nous partîmes par une belle soirée , trouvant à chaque pas des objets que nous connaissions déjà , et qui nous donnaient un nouveau cou- rage pour retourner au vaisseau , demeure tem- n^ l' f .i'!l ,(: it: ■ ♦• - i II Ri M i |H ;■--. *!! 1. fi :^': f. 126 porairc et peu commode sans doute ; mais eom.rae on juge de tout par comparaison , elle était pour nous aussi désirable que le deviendrait l'Angleterre , quand le destin nous permettrait de quitter cette contrée glacée et que chaque degré de latitude nous conduirait au repos et à la paix , — autant qu'il peut en exister dans ce monde. Le chemin était bon , et avec tous ces avanta- ges , nous marchâmes d'un pas plus rapide que de coutume. Il n'y avait nulle apparence de dé- gel , et la croûte de neige sur laquelle nous mar- chions ne cédait pas sous nos pieds. Les traces laissées par un homme qui avait du traîner après lui un veau marin , nous apprirent bientôt qu'il se trouvait des Esquimaux dans les environs , circonstance fort agréable , puisqu'elle nous pro- mettait un renfort de vivres. Nous vîmes plu- sieurs mouettes , et quelques femelles de veaux marins, étendues au soleil avec leurs petits. Une journée pénible de quatorze milles se termina par un campement sous la latitude de 69° 20' 37", et la longitude de 94° 3i' 55", près d'une pointe basse que nous avions vue précédem- ment du cap Isabelle. Nous donnâmes le nom de Catherine à plusieurs petites îles, et celui de Marguerite à la pointe. Un récif s'étend de l'extrémité septentrionale de la pointe Marguerite pendant près d'un mille au sud-ouest, et les énormes masses de glace M i'27 qui y tHaient échouées indiquaient la force qui les avait poussées dans cette position. De la même pointe , on voyait la côte du continent incliner au sud-ouest , et l'on pouvait la suivre des yeux distinctement jusqu'à la dislance de sept à huit milles. Le point le plus éloigné fut nommé Scott. Le sol des lies et du continent était formé de pierre à chaux , comme le reste de la cote à l'ouest. Nous vîmes en cet endroit des traces in- nombrables de rennes dans la direction de la côte en face. Nous eûmes la bonne fortune de tuer un renard et deux gelinottes. Il faisait beaucoup de vent quand nous par- tîmes à huit heures , et nous dirigeant en droite ligne vers Nei-tyel-le , nous passâmes à deux milles du cap Isabelle. Nous trouvâmes sur une des îles une petite mare d'eau j mais nous apprî- mes ensuite que le dégel avait commencé au vaisseau quelques jours auparavant. Après une marche fatigante , nous campâmes sur la glace le 8 juin à sept heures du matin , à environ sept 8 ]"•". milles de Nei-tyel-le. Nous eûmes un fort ouragan à midi , et pour la première fois depuis que j'avais quitté le na- vire, je ne pus faire aucune observation pour dé- terminer la latitude. Cette circonstance nous rappela combien la continuité du beau teifips nous avait favorisés dans cette expédition. De bonne heure dans la soirée, je partis seul pour chercher les Esquimaux, dont on voyait I i il II . ig ii il ^1, :i^ Il 'M ri ?*. •?*!• fil -128 partout les traces, et je donnai ordre à mes compagnons de se mettre en route à l'heure or- dinaire. Après avoir suivi ces traces pendant deux heures, j'arrivai sur la petite île où j'avais prié le capitaine Ross de faire déposer des pro- visions , mais je n'y pus découvrir aucune trace de pieds européens. Cependant j'entendis hientôt les cris des Esquimaux , et un jeune homme vint me joindre en donnant tous les signes de la plus vive satisfaction. Ils préparèrent un attelage de chiens, et ils les envoyèrent à mes compagnons pour les aider dans leur marche. Atayaraktak me conduisit alors à un monti- cule de pierres sous lequel je trouvai une lettre du capitaine Ross, qui m'informait qu'il m'a- vait attendu jusqu'au 4 ? et qu'il m'avait laissé quelques provisions dans un endroit qu'il m'in- diquait, à peu de distance du monticule. Mais les chiens des naturels avaient découvert ce tré- sor, et Mil-luk-ta l'avait le matin même emporté dans sa tente. Je m'y rendis sur-le-champ, et sa mère me remit tout ce qui restait, avouant qu'ils avaient mangé le surplus. Tout ce que nous en retrouvâmes ne consistait qu'en huit livres de viande et quelques livres de pain , dont une houne partie n'était plus en état de nous servir ; nous fûmes pourtant encore heureux de trouver ce qu'ils nous avaient laissé. Ils avaient vidé les bouteilles de rum et de jus de citron, qu'ils appelaient de l'eau sale, et ils nous mon- h; If. )2<) !" trèreiUmui'ivièi'c où nous pouvions, disaient-ils, nous en pincurer tle plus claire. Ils n(jus oHrireul alors quelques poiss(jns qui semblaient être une espèce de morue , et ils nous promirent de nous en pécher davantage. Je résolus donc de faire halte en ce lieu , et nous campâmes près d'eux. Mais à défaut de neige, nous fûmes obligés de nous construire une hutte en pierres, et ils nous aidèrent dans ce travail. Des huit chiens que nous avions emmenés du vaisseau , il ne nous en restait plus que deux, et ils étaient tellement épuisés, cpiune autre journée de fa- tigue les aurait probablement tués. Ils avaient pourtant été choisis parmi les meilleurs de ceux que les Esquimaux possédaient; mais après huit jours de voyage , ils s'étaient trouvés tous hors de service, de sorte que nous les détachâmes des traîneaux, les laissant nous suivre, si bon leur semblait. Il était évident que , si la chose eût été possible , nous aurions dû adopter le système des Esquimaux ([ni ne font jamais travailler leurs chiens plus de quatre jours de suite, et qui leur donnent ensuite un jour ou deux de repos. Au contraire nous avions voyagé pendant vingt-trois jours consécutifs, événement rare dans ce cli- mat, et que la sérénité peu commune du temps nous avait seule permis d itccomplir. Notre hutte fut terminée à quatre heures après midi, et le poisson qui nous avait été donné nous fournit un bon dîner. Pendant ce II. 9 i ■^1 lil ^30 temps, les naturels s'atlroiipèreiit autour de nous, et nous firent des (piestions sur notre voyage et sur le but qu'il avait eu, f[uestions plus faciles pour eux à faire, qu'il ne Tétait pour nous d'y répondre. Ils désiraient surtout savoir si nous avions été à Oogeoo-Iik. Ceux que nous ne connaissions pas, nous furent piésentés par (pielques-uns de nos anciens amis; et ils nous racontèi*ent ensuite l'iiisloire de tout ce qui leur ('tait arrivé pendant notre absence. Les éclats de rire qui suivaient leurs anecdotes , nous firent soupçonner qu'ils faisaient de l'esprit à nos dé- pens. Cependant tout se passa très-cordialement, et nous n'étions pas fWcliés de voir cette gaieté accompagner lafrection qu'ils nous montraient. La longueur de nos barljes qui n'avaient pas été faites depuis notre départ du vaisseau fut jiour eux, entre autres choses, une source de grand amusement. L'un d'eux, étranger à cette trilni, et dont la barbe avait une dimension peu ordi- naire cheE ce peuple, prétendit , pour cette liai- son , être tant soit peu notre ]>arent. Cet individu nommé ( )w-wen-yoo-ali , était un homme fort intelligent et un grand voyageur. Il me dit qu'il avait passé l'hiver avec Kan-ni- yoke, et reconnut sur-le-t'hamp un fragment de bois de renne , que j'avais trouvé dans mie hutte dansl iled'()-wut-ta. il m'infovnui aussi qu'Oo- gcoo-lik était à plusieurs journées de cette île ; qu il fallait d'abord entrer lus longue. Taudis qu'il s'occupait à pécber, je suivis la» juin. rive gauche du bras de mer, pendant quatre à cinq milles, et étant m(mté sur une hauteur qui le dominait, j'en obtins une bonne vue, sans pourtant pouvoir m assurer très-positivement de la continuité de la rive opposée, qui était ù une très-grande distance. Cependant, d'après le rapport des Ksquimaux , je conjecturai que la brandie occidentale de la rivière en question «levait se jeter dans la mer queUpie part au sud de la pointe Scott. La rive sur lacpielle j'élais, avait graduelle- ment changé de direction, et au lieu d'incliner au sud , elle inclinait au sud-est (|uart d'est. Deux ou (rois milles plus loin, ce bras de mer me pa- rut n'avoir pas plus d'un demi-mille de largeur; et eut du brouillard le lundi, et un peu de . Le décel continua ,.1, [juoiqi chaud. On tua un second ])longeou et deux ca- nards. Ou fit les nrénaiatifs d'une expédition prei pci 0.) ^> iuii ])oiU' aller reconnaître la ligne de la cote nu sud- est. Nos hommes ne mainpièrent pas d occupa- tion dans le vaisseau. IjC lendemin nous eûmes le vent au nord-est, el un brouillaid qui dura U5 jusqu'au soir : alors le ciel s'éclaircit. Les semel- les de Mbord furent mises en place, et l'on ter- mina les préfiaratifs de l'expédition , qui devait partir le lendemain , si le temps le permettait. Le temps fut beau. On prépara le traîneau et 2.< jrovisions et le bagage. Le premier en- seigne partit en avant avec dix bommes , qui de- vaient tirer le traîneau jusqu'à une distance de dix milles, et ils revinrent à buit beures du soir. \ neuf, le commandant Ross et quatre bommes partirent du vaisseau avec les cbiens |)our re- joindre le traîneau. Ceux qui étaient revenus au vaisseau avaient tué quelques canards et vu plusieurs rennes. Le nombre de ces animaux qui |>assaient dans nos environs, croissait graduelle- ment; car depuis peu nous en avions vu beau- coup, tandis que, pendant long-temps, nous n'avions aperçu que leurs traces. La matinée du 24 fut belle; mais vers midi , «1 juin il tomba de la neige et de la pluie, ce qui con- tinua jusquà minuit. Ce n était certainement ]>as un jour de St-Jean , quoi qu'en put dire le calendrier ; et si les usages de la St-Jean avaient péuétré dans ces contrées, le courage aurait manqué autant que les combustibles pour fairt; des feux de joie. Par suite du dégel, une grande quantité d'eau coulait des |>onts dans la cale; cette eau était produite par la neige qui était encore accumulée contre les côtés du vaisseau, 11. 10 m t\h m' ■■w jiîf '\ ' Ai th 1. ' I fi.' i' I 1 1. p et que nous fumes obligés d'en faire sortir par le moyen de la pompe foulante, les autres n'étant pas encore débarrassées de la glace. Lecliiriir^ gien, qui avait escorté le commandant Ross, îJ'i juin revint de bonne heure dans la matinée , rap- portant une oie de solan qu'il avait tuée. On vit le premier cygne de la «iison. Des troupes nombreuses de canards commençaient à passer. Il tomba de la neige de temps en temps, quoi- qu'il fît doux , et le jour se termina par une belle soirée. Nos hommes s'occupèrent à couper la glace à bâbord du vaisseau pour qu'il pût se relever, et il remonta de quatorze pouces. Le 5<; juin, thermomètre pendant la nuit fut à 34". Le sa- medi , à midi, il monta à 62". Telles étaient les variations extrêmes du chaud et du froid dans ce pays , au milieu de l'été , et comme pour en donner une nouvelle preuve , il retomba au point de congé la ti(m pendant la nuit. Ici les effets du soleil ne sont pas durables, et ils cessent de se faire sentir aussitôt que cette grande source de la chaleur touche à la fin de sa carrière. Je pla- çai un filet à Tendroit où une rivière entrait dans un lac voisin de nous; mais nous ne pri- mes piis de poisson , et nous n en vîmes même aucun. On trouva un œuf d'oie, ce qui prouve que ces oiseaux couvent dans cette contrée; on en vit un grand nombre, et l'on en tua un. Le vaisseau se trouva cnHn prescpie droit. 57 juin. Rien de remarquable n'arriva le ilimanche. I \Â7 Après l'ofllce divin, nos hommes allèrent se pro- mener à terre, et comme il ne leur était pas défendu de chasser, ils tuèrent cinq canards et un plongeon. 11 avait neigé , et le temps devint si froid , que, pendant la nuit, le thermomètre descen- dit au point de congélation. Pendant le cours 28 juin. de la journée , nous achevâmes les préparatifs d'une expédition projetée pour le lendemain. 2.) juin. Le temps, dans la matinée, menaça d'y mettre obstacle; mais le ciel s'étant éclairci à midi, sept hommes partirent en avant avec un traî- Lîau, une barque, nos bagages et des provi- •> )0ur six jours. Ils devaient faire halte près tto Jd baie au nord -ouest. A sept heures, je les suivis avec le chirurgien et trois hommes. Nous renc(mtrt\mes un de ceux qui nous avaient pré- cédés, relovirnant au navire, et il nous annonça <|ue le traîneau s'était cassé; il avait été envoyé avec trois hommes et un chien pour en ramener un autic. Ils n'avaient pu faire que six milles, élant restés à un mille de distance des huttes au nord, qui étaient le rendez-vous convenu. Comme la pèche était le principal but de cette expéditi )n, et que nous étions munis de tout ce qui nous était nécessaire, cet accident ne nous empêcha pas de conlimier notre route. Pour compléter le journal de ce mois, il me"'» i""» reste seulement à dire cpie la neige cpii trunba le deinier jour nous amena une brise fraîche et ■>■.'!! ^1- ^ ,w i'I,-. 'f • Ni ru f ' r U8 Je même froid. Je ferai donc Je résumé du mois, suivant mon usage, afin de ne pas interrompre la relation de mon voyage. IJ est presque inutile de dire que ce mois avait été très-défavorable au désir que nous avions de mettre à la voile de bonne lieure dans Tété. A Port Bowen, à deux cents milles plus au nord, il avait plu dès Je 7 juin; et ici il n'était point tombé de pluie avant Je 19, et encore alors Ja pluie avait -elle été suivie de neige et de gelée, de sorte que nous étions retombés au même point que pendant les premiers jours de ce mois. La glace avait diminué d'épaisseur en quelques endroits, mais elle était encore très- compacte. Cependant le temps avait favorisé les expé- ditions; le commandant Ross n'avait souffert aucune interruption dans sa marcbe; ses rap- ports étaient favorables, et le résultat de sa dernière expédition avait considérablement res- treint le cercle dans lequel nous devions faire de nouveaux elforts. Nos communications avec les naturels avaient été moins fréquentes, à cause de leur éloigne- nient, mais elles avaient été plus amicales et plus intimes que jamais. Ils n*avaient pas eu de succès à la pèche, et par conséquent ils n'a- vaient pu nous apporter des provisions; mais toutes les fois qu'ils avaient manqué de vivres, et que nous avions pu leur en fournir, nous l'a- u . llh ' 4 1 U9 vionsfait, et ils nous avaient prodigué en retour Jes témoignages de leur reconnaissance. Dans le fait, à l'exception de la scène qui avait suivi la mort d'un enfant , et qui ne provenait que d'une méprise ; et , sans parler de quelques lar- cins qui pouvaient se pardonner, attendu leur peu d'importance, nous avions eu tout lieu d'être charmés de la conduite des naturels de cette tribu , non-seulement à notre égard , mais encore dans leurs relations entre eux. J'ai déjà cité plusieurs preuves de leur caractère obli- geant , notamment lorsqu'ils nous aidaient à tirer nos traîneaux. Ils avaient grand soin de leurs enfans ; ils semblaient avoir un bon cœur et être susceptibles d'affection; enHn ils parais- saient vivre ensemble dans la meilleure intelli- gence, sans montrer le moindre symptôme d'é- goïsme, même au sujet de la nourriture, cette grande , je pourrais même dire , cette seule jouis- sance du sauvage. Cette opinion est fort opposée à ce qui a été rapporté d'autres tribus du même peuple; mais rien cependant ne m'a donné jus- qu'à présent lieu de croire qu'elle soit erronée. Les arrangemensà faire sur le vaisseau étaient tellement avancés, qu'il était évident que nous serions prêts à mettre à la voile long-temps avant 4|ue cela fut possible. Quoique en général la san- té de tout l'équipage fiit bonne, trois ou quatre hommes continuaient à montrer des dispositions au scorbut , ce qui obligeait de les astreindre à V: 'M' *■■■■■ ■ 150 un régime et à un Iraitement particuliers. Tous avaient eu de grandes fatigues à supporter pen- dant le cours de ce mois , et tous les avaient su- bies avec le plus grand courage. La reconnaissance des côtes n'avait pas inter- rompu nos observations, et j'en avais fait plu- sieurs sur l'inclinaison et la variation de l'aiguille aimantée. La plus haute température du mois .ivait été de 62" au dessus de zéro, la plus basse de 26", et la moyenne de 36" 76'. 11 est inutile de répéter les comparaisons que j'ai déjà faites avec la températures des autres expéditions dans le cours du même mois. Nous n'eûmes pas de gi^ands succès à la chasse; nous ne laissâmes pourtant pas de tuer quelques animaux. Les naturels, en poursuivant conti- nuellement les rennes , semblaient les empêcher, ainsi que les bétes de proie qui suivaient leurs traces, de s'arrêter pour quelque temps dans nos environs. La même cause en chassait probable- ment les bœufs musqués et peut-être aussi les lièvres. Tous cherchaient des asiles où ils pussent trouver plus de sécurité dans la solitude de ces déserls. > CHAPITRE XXXI. FA|)édi(inii que j\*iilreprcnds pour procurer du pousoii à r«Squipa<>,r. Relation de cette excursion. — Retour au vaisseau. I t En nous rendant à l'endroit qui avait été dé- S'j juin. signe pour rendez-vous , et avant que nous eus- sions atteint l'extrémité du lac, nous rencontrâ- mes tout à coup deux grands ours blancs. Mais comme nos fusils n'étaient chargés qu'à petit plomb, nous fûmes obligés de les éviter, car l'ours n'est pas un animal qu'il soit prudent de provoquer sans armes. INous trouvâmes ensuite les hommes qui retournaient au vaisseau avec le traîneau cassé ; et nous arrivâmes bientôt à l'en- droit où était restée la barque contenant nos muniti(ms et tout ce qu'il nous fallait pour pé- cher. Nous nous remîmes alors en marche sur la glace , qui était pleine de trous et de crevasses. Nous arrivâmes de bonne heure dans la ma- oo juin. linéo h la ])oinle formant l'entrée d'un bras de tu. ht i't, i i •e '■ Hf'' W mer, que nous crûmes élre 1 embouchure de la rivière clans laquelle nous avions intenlion de pécher. Nous fumes obligés de dresser notre tente; car il commençait à tomber beaucoup de neige, et le vent soufflait du nord avec force. Cependant nous étant établis dans un endroit où nous étions à l'abri, nous pûmes faire cuire notre dîner , et prendre du repos. Nous avions tué deux canards et un pluvier, et nous avions quelques rennes. Le sol en cet endroit était in- égal ; la neige en avait disparu , et l'on n'y voyait aucun signe de végétation. La glace, en beaucoup d'endroits était si peu épaisse qu'elle en devenait dangereuse, indépendamment des grands trous el des larges crevasses qui s'y ren- contraient. A cinq heures du soir, après avoir dîné, nous remontâmes le bras de mer, qui se dirigeait au nord-est. Nous fîmes sur la glace environ cinq milles. Là il se divisait en deux branches con- duisant l'une au nord-ou£8t , l'autre au nord- nord-esi. Nous suivîmes ce dernier canal pen- dant un mille, et nous arrivâmes à son extré- mité. Nous gravîmes une haute montagne d'où nous vîmes que l'autre branche tournait au nonl- est comme pour aller joindre la grande baie au nord. Le point le plus éloigné que nous aperce- vions, ne |x>uvait en être à plus d'un mille de distance. Nous nous él ions attendus à trouver uuegi ande rivière, mais nous n eu vîmes aucune qui eiil quelque importance , et nous n'aperçûmes qu'un petit lac sur les bords duquel étaient les restes de quelques huttes de neige. Le gibier y était assez abondant pour un pays qui en oflrait si peu , et nous tuâmes quelques mouettes et quel- ques canards, qui n'étaient pas à dédaigner pour ties hommes dont la nourriture avait rarement Je charme de la variété. La montagne qui bornait l'autre branche, était rocailleuse et aride comme celle sur laquelle nous avions monté. 11 y avait le long de sa rive un étroit courant d'eau qu'on pouvait suivre des yeux , à Texception de deux endroits où deux pointes le dérobaient à la vue. Pendant celte promenade, il tomba plusieurs averses, et il fit ensuite un brouillard si épais qu'on ne pouvait plus rien voir dans l'intérieur du pays. Mous retournâmes à notre tentj à environ'" i"»' deux heures du matin , pour nous reposer jus- qu'à six, et pendant ce temps , il y eut un coup de vent venant du nord. Je partis ensuite avec le chirurgien et un de nos hommes pour exa- miner la côte à Touest , et y chercher une ri • vière. Marchant le long du rivage , nous arri- vâmes à une île au sud du bras de mer, et ensuite à deux pointes. Les baies qui en étaient voisines, ne recevaient les eaux que d'un petit ruisseau. Nous passâmes deux autres pointes sur la droile, et trois îles sur la gauche, cl nous ur- i f\ -V. l'A i j < i i'i $ >:J m ifs lii^ Ri ri v;": mes à un hras de mer et à i emJ>jucliiire d'une rivière dont le eommandant Ross avait déjà fait l'examen. Voyant que la glace les cou- vrait encore , nous suivîmes la rive septentrio- nale , le sol s 'élevant à mesure que nous avan- cions. A la distance de trois milles , nous trou- vâmes deux petits lacs. Quittant mes compagnons , pour ne pas les fatiguer, je lis encore un mille, et ayant tra- versé un lac, je montai sur le sommet de la plus haute montagne. De là je vis l'extrémité de la branche septentrionale du bras de mer que j'avais examiné la veille , et au-delà était une langue de terre qui la séparait d'un autre bras de mer pkis au nord , qu'on voyait distincte- ment à environ sept milles de distance. J'allai rejoindre mes compagnons au bout de deux heu- res , <;t nous retournâmes à la tente. Nous en étions à peu de dislance quand nous vimes un homme qui traversait la baie. Nous tirâmes un coup de fusil pour attirer son atten- tion. Il parut d'abord alarmé , mais enfin ii s'ar- rêta pour nous regarder. Le chirurgien s'avança vers lui en jetant son fusil en signe d'amitié, et TEsquimaux , jetant aussi son arc , ses lléches et sa javeline, s'approcha en poussant les cris d'u- sage. Nous reconnûmes alors notre ami Awack. Je l'engageai à nous suivre dans notre tente , et je lui donnai mon fusil à porter afin d'établir en- Ire nous une confiance entière. Nous avions mar- h, ■ M' • Jilii ,< elle treize heures, et nous ne fûmes pas fâchés (le trouver notre dîner , dont nous fîmes jxirt à notre ami. Il nous ap|irit que la famille de son oncle Ikmallik était sur les bords d«ne rivière qui se jetait dans la baie à dix milles de nous , et nous résolûmes de nous y rendre , à sa grande satisfaction. Notre tente et tout notre bagage furent sur-le- champ ])lacés sur le traîneau avec la petite bar- (|ue et nos filets , et nous partîmes avec une nou- velle ardeur. Nous passâmes devant plusieurs îles et plusieurvS pointes, et nous arrivâmes à une de ces alluvions dont j'ai déjà parlé. Après Tavoir tournée, nous vîmes la rivière, et les buttes des Esquimaux sur la rive septentrionale, à en- viron un mille. D'après le désir de notre guide, nous annonçâmes notre arrivée' par un coup de fusil, qui produisit une acclamation générale. Laissant le traîneau en arrière , je fus bientôt au village, et je fus reçu à bras ouverts par notre ancien ami Ikmallik. 11 m'informa que la saison pour pécher dans celte rivière était passée , et qu'ils allaient partir p;)ur les lacs ; mais qu'ils retarderaient leur dé- part d'un jour, si je voulais rester avec eux. Notre traîneau étant arrivé , nous dressâmes no- Ire lente , et ils tendirent de nouveau les leurs qu'ils avaient déjà pliées. Ils étaient au nombre de ([ualre familles , ils furent enchantés quand ils me virent arborer noire pavillon sui' la tentc^ I 1- H I lu. m iii , ' ¥ ... *■* m ¥ ' s- ■ .M' 15(> d'ikniallik au lieu de le plaeer siu* la mienne. Ils nous olfrirent alors des poissons, parmi lesquels se trouvaient deux beaux saumons tjue nous fî- mes euire sur-le-champ dans notre cuisine por- tative. Ils examinèrent très-attentivement toute cette opération , et furent fort étonnés de la promptitude avec laquelle l'un de ces poissons fut frit et Tautre bouilli. Ils nous avaient proposé de diner avec nous , ce que nous ne pouvions refuser, mais nous ne savions comment faire cuire dans notre petite cuisine assez de poisson pour une compagnie si nombr^iuse. Cependant nous les invitâmes à en- trer dans notre tente , et comme ils étaient douze et que nous étions cinq , elle se trouva suffisam- ment pleine. Cependant nous fumes bientôt hors d'inquiétude, en voj'ant qu'ils mangeaient leur poisson cru. Nous dinâmes à la même table , mais non dans la même proportion , car un saumon et demi suffit pour nous cinq , et chacun de ces na- turels en dévora deux. D'après cette prodigieuse consommation, il n est pas étonnant qu'ils passent tout leur temps à se procurer des vivres. Chacun d'eux avait mangé environ quatorze livres de saumon , et ce n'était peut-être après tout qu'un repas de surérogation, uniquementfait pour jouir de notre société. On ne peut donc être surpris qu'ils soutfrent si souvent de la famine. Avec une division plus économique de leurs moyens de subsistance, avec un peu plus de prévoyance ■ ■«!■ i Vi H. 4 1^ î 157 du lendemain, le mémedislrict pourrait nourrir le double d'iiabitans, presque sans aueun risque de disette. Le glouton , calomnié peut-être par ce nom, peut passer pour une créature d'un ap- pétit modéré, en comparaison. Car, en dépit de la raison humaine , ce peuple , s'il avait toujours les moyens de se satisfaire, l'emporterait en vo- racité et sur le glouton et sur le J'oa constric- teur. Que les récits extravagans du capitaine Co- chrane soient vrais ou non, la voracité des t ?u- plades sauvages sur le noixl des deux continens est un fait bien connu. Mais c'est une question qui n'a pas encore été examinée comme elle mé' it-t Je l'être; et mes connaissances médicales ne vont pas assez loin poiu' me permettre de parler d'un su- jetsur lequel je ne vois pas que les anciens voya- geurs ou les médecins aient écrit riend'impor tant . On a supposé que ces estomacs du nord étaient doués d'une force digestive particulière ; mais le Boshman de l'Afrique Méridionale , possède la même faculté, et peut supporte éfi;alement les alternatives d'une nourriture exe isive ou de la disette; peut-être aussi est-il vrai, du moins jusqu'à un certain point, que la rigueur de ces climats exige une nourriture plus abondante qu'un pays plus tempéré. Cependant les habitans des contrées alpines du midi de l'Europe n'ont pas besoin de cette énorme quantité de nourriture, et ceux de la Laponie et de l'extrémité septen- i '. Il m* TV ' 1 f^ ;' ; If;.:. ii il io8 Irioiiale de la Norwége n'ont jamais été cités comme ayant un appétit extraordinaire. En Norwége , Je paysan ne se nourrit prescpie que de lait et de pain de la plus mauvaise qualité. Et pourtant, dans aucun de ces deux pays, les hommes ne sont moins forts, ni moins en état de supporter le travail. Ils vivent du moins aussi long-temps que les Esquimaux , et jouissent en général d'une aussi bonne santé. Si donc, d'après cette conq)araison avec des peu])les habitant un climat presque semblable , cette consommation extraordinaire d'alimens, et d'alimens de l'espèce la plus nutritive, n'est pas nécessaire , le contraste devient encore bien plus frappant quand on jette les }eux sur cer- tains peuples habitant les parties les plus chaudes du globe. Une modique ratitm de farine d'orge [Miv jour rend l'Arabe plus capable d'endurer la (aligne que TEsquimaux, qui, dans le même espace de temps, mange peut être vingt livres «le chair et d'huile , et il est en outre plus vi- goureux et plus actif. Quiconque connaît l'his- toire géogra])hique de l'homme, ])eut aisément luire d'autres comparaisons. C'est aux médecins à expliquer cette complaisance de l'estomac et de la constitution humaine; mais il faut aussi «piils nous disent quel emploi fait la nature de ce ([ui ne peut manquer d'être un superflu. Nous éti(nis tout aussi bien nourris avec une livre de saumon par jour, ([u'uii lis([uimau\ avec vingl> t! i59 Qu'on rexpliijue comme on le pourra, col immense j)Ouvoir de digestion doit être le ré- sultat de la pratique et de l'habitude; et mal- heureusement, celte habitude une fois con- tractée, les résultats d'un régime de sobriété sont la faiblesse, la souffrance et la faim. C'est ce qui est cfmiplétement prouvé par l'appétit des bateliers du Canada. L'Flsrpiimaux est un animal de proie , qui n'a d'autre jouissance (f lie de manger. N'étant guidé ni par la raison, ni par aucun principe, il se repaît de tout «'e cpi'il peut trouver, et dévore aussi long-temps qu'il le ])eut, comme le vautour et le tigre. Le demi-sauvage du Canada fait aussi sa nourriture de tout ce qu'il peut se procurer, par suite de la même impulsicm ; et pourtant il n'y gaguc rien en force , ni en énergie ; seulement, lors- que rhabitiide est invé'térée, il ne peut s'y soustraire qu'en ado])tant un système de mo- dérati(m <[iii ramène sa constilulion et son estomac à un état plus naturel. CependanI avec six livres de viande, ou huit livres de pois- s(m i^U' jour , ce (pii forme sa ration régulière, il n'est \x\s capable de plus grands eff«)rts qu'un Angl'iis, avec sa livre de viande , ou une (puni- tité analogue de poisson. l*(mr en revenir à notse dîner, la vue des usages de nos hôtes à table ne nous an:usn pas peu. La tète et l'arête du milieu de deux sau- mons <'n ayant ('té retirées, on présenta ce*» I \ Il 1 ■ I in^ m •i i 160 deux poissons à Ikmallik et à Tullaliiu, comme étant les plus âgés. Ceux-ci les coupèrent en long en deux parties égales , qu'ils divisèrent encore une fois de la même manière. Ils roulè- rent ensuite chaque partie de manière à en for- mer un cylindre d'environ deux pouces de dia- mètre , s'en enfoncèrent un bout dans la bouche aussi avant qu'il put entrer, et prenant ensuite leur couteau , coupèrent le poisson à la hauteur de leur nez , non sans quelque risque d'en couper l'extrémité ; après quoi ils passèrent ce qui restait à un de leurs compagnons. La même scène se renouvela jusqu'à ce qu'ils eussent mangé tout ce qu'ils avaient de poisson. Un d'entre eux qui s'était mis ensuite à dévorer ce qui était resté sur nos assiettes, y trouva du jus de citron, dont le goût acide lui fit faire des grimaces qui firent pousser des éclats de rire à ses compagnons. L'homme semble véritablement être, comme on l'a dit, un animal riant, même quand il se rapproche, autant que possible, de la race inférieure des quadrupèdes. Nous allumes ensuite essayer de pêcher au tramail , cpioique nos amis nous assurassent que nous ne prévoirions aucun poisson; et ils nous promirent dans ce cas de partager avec nous nos provisions. Leur prophétie se réalisa; car, en trois coups de (ilet, nous ne ])rimes (|u'une demi-douzaine de petits ]>oissons, (piils nom- ment kanayokc, cl le (h'rnier ne nous rapporta 161 au lue >us ms IIU' ■ni- Irla qu'une grosse pierre. Cet échec les fit beaucoup rire; mais, s'il ne leiir donna pas une grande idée de notre dextérité dans cet art , il eut du moins l'avantage de les empêcher de convoiter notre filet. Au surplus, la gloire que nous avions perdue à la pèche fut compensée par celle que nous obtînmes en tuant au vol une mouette et une oie sauvage ; et en leur présentant ces deux oiseaux avec quelques autres que nous avions tués, nous avançâmes encore davantage dans leurs bonnes grâces. Après vingt-cinq heures de veille et de travail, il était nécessaire que les naturels allassent se reposer; je les envoyai donc se coucher, en leur disant que nous nous reverrions quand le soleil serait au sud. J'allai voir avec Ikmallik un des trous danss juiii. lesquels ils conservent le poisson gelé, et voyant qu'il paraissait s'y trouver au moins une qua- rantaine de saumons, je lui en offris un grand couteau , qu'il accepta sur-le-champ. De tous ceux avec lesquels nous trafiquions , c'était ce- lui qui s'était toujours montré le plus satisfiiit de ses marchés ; ses compagnons le prenaient pour modèle, et deux autres vinrent m'olï'rir de me vendre aussi leur magasin pour le même prix. Si j'avais su ce (jue contenaient les trois tlépots, j'aurais à peine osé en oll'rir si peu, car j'y trouvai deux cent vingt saunuuis , pe- sant l un dans 1 autre cinq livres, i duisit un grand effet sur la neige qui restait encore. Un Esquimaux vint nous otfrir de nou- veau du poisson, et nous consentîmes à l'acheter quand il nous serait apporté. Cependant nous linimes par l'envoyer chercher, pendant qu'il dressait sa tente pour rester près de nous avec 10 iiiiil. sa famille. Le lendemain, en me promenant, je vis que la glace en plusieurs endroits n'avait plus guère qu'un pied d'épaisseur, et elle avait si peu de solidité, que le poids du corps la bri- sait. Le canal que nous avions projeté avait fondu la glace jusqu'à une profondeur de deux pieds à partir de la surface. On tua quelques canards et autres oiseaux. n juiii. Nos hommes revinrent avec les nouveaux poissons que nous avions achetés. Il y eut un 12 juin, brouillard dans la matinée , et il tomba pendant la nuit une pluie qui dura jusqu'au lendemain. M juiii. Le temps fut le même le i3 ; on ne voyait pres- que plus de neige, et la glace était couverte d'eau. Nos travaux continuaient toujours; et nos chasseurs nous rapportèrent , entre autres choses, quelques petits oiseaux qui nous étaient inconnus. Le temps ne s'éclaircit que dans la soirée ; alors il devint beau , et il continua à l'être le 44 juiii. lendemain. Un bloc de glace s'éleva à la sur- face sous le vaisseau, et le frappa avec une telle force, qu'il le souleva d'un côté et le lit donner à la bande, ce (|ui causa un moment d'alarme à i69 ceux qui étaient sous le pont. A terre, les mos- a* juiii. quites avaient commencé leur désagréable \isite d'été, et il y en avait des essaims. Le thermo- mètre, à minuit, était à 42®. La journée fut belle; nous eûmes un fort < 6 juin. vent du nord , et nos chasseurs réussirent à tuer plusieurs oiseaux. Le même vent continua le lendemain, et il tomba de la pluie. Tout Texte- *'' J"'" rieur du canal était alors ouvert. Après l'oflice du dimanche, nous vîmes, en passant nos <« i"'"- hommes en revue, que le changement de régime leur avait fait grand bien. La glace était alors brisée en fragraens autour du vaisseau ; la neige avait entièrement disparu des montagnes; mais on ne voyait aucun espace de mer libre. Un temps calme et un ciel pur amenèrent les <<» juiii. mosquites même à bord du navire, et ils furent pour nous un vrai tourment. Le lendemain , le 20 juiii. thermomètre était à 42° à minuit. Le 2 1 , la glace 2« juiii. était tellement rompue autour du navire que nous aurions pu le touer jusqu'au bout du ca- nal. Les principales voiles étaient alors enver- guées, et nous avions presque fini de peindre, de calfater et de faire toutes les réparations et tous les changemens nécessaires . Le temps fut réellement aussi chaud qu il ^^ luiii. était calme , et le thermomètre monta à 70". Les essaims de mosquites furent aussi nombreux et aussi tourmea tans que dans les Indcs-Occide 11 la- ies. Il semblait y en avoir dv plusieurs espèces, cl la < il hl no ïi'': V M 23 et 21 juillet. pius grande élait la plus venimeuse. Le même calme et Ja même chaleur continuèrent les deux jours suivans, et nous conduisirent à la fin de la semaine sans plus de variété dans les événe- mens que la précédente. Nous avions de l'ou- vrage pour occuper notre temps ; mais ce temps nous paraissait bien long. Nous étions mainte- nant prisonniers sur terre et sur mer , car on ne pouvait voyager sur terre dans Tétat où elle se trouvait; et quant à la mer, elle n'offrait pas encore lui seul espace d'eau libre. Lesmosquites rendaient même la chasse impraticable, si ce n'était à minuit. 25 juili. Un vent du sud poussa quelques fragmens de glace vers le nord , mais du sommet de la plus haute montagne on ne voyait pas le moindre intervalle de mer libre : toute sa surface visible était une masse compacte de glace. Comme c'é- tait dimanche , les travaux furent interrompus ; 2G juin , mais le lundi, nous parâmes le Kriisensteni, et nous le tirâmes de la glace sur le rivage afin de le ra- douber et de le calfater; et comme la glace était alors en mouvement autour de nous , il devint nécessaire de nous amarrer aux rochers de cha- que côté. Il tomba beaucoup de pluie pendant une grande partie de cette journée. La pluie continua ; nous eûmes une brise fraî- che et une température y)lus basse, ce qui nous délivra momentanément des mosquites. Nos tra- vaux du Krusenstern continuèrent, ainsi que les 27 juill n jiiiii îd . ^H 171 autres, pendant toute cette journée et la sui- vante que nous employâmes à remettre à bord du vaisseau les parties de la machine à vapeur qui pouvaient nous être de quelque utilité. Nous fîmes couper les cylindres , pour en examiner les matériaux. Quant aux chaudières, comme elles ne ])ouvaient nous servir à rien et qu'elles ne valaient pas le transport, nous les laissâmes sur le rivage , avec la réflexion satisfaisante (qu'elles seraient du moins pour nos am.is les Es- quimaux une mine de fer précieuse. On avait remarqué la veille quelques truites 2^» i»'" dans le lac ; mais comme il était tard quand nous y allâmes avec la barque , nous ne pûmes jeter le filet quune seule fois et nous n'en prîmes que quatre. Nous y retournâmes le 29 , et nous eûmes la bonne fortune d'en prendre plus de cent, pesant Tune dans l'autre environ une livre. C'était la meilleure prise que nous eus- sions faite depuis quelque temps, et elle fournit deux jours de pleine ration à tout l'équipage. Le lendemain, nous n'en prîmes que sept. IJsojuiii. tomba un peu de pluie dans la soirée ainsi que le lendemain matin. Le 3i , nous prîmes au tilet^j juui et à la ligne plus de cent truites pesant ensemble plus de soixante-dix livres. Tous nos travaux continuèrent comme de coutume , et la nuit du samedi, qui les interrompit, amena aussi la (in de juillet. Quoique ce mois eût été plus chaud cl plus i H l ns ( ' II' I favorable i[iw celui de juin, il ne nous avait pas indemnisés du retard de la saison pendant les visionnemens en poisson étaient pour nous un sujet de félicitalion, et ontre- balancaient un peu n;)sanlresdésa|)poinU'mei)S. On\ «pii , en lisant ces pages, y verroiil parler i 173 si souvent d'alimens et de nourriture, ne doi- vent |ias s'en tenir littéralement aux idées que ces mots présentent ordinairement à leur esprit. Chez eux, un bon ou un mauvais dîner n'est Cfu'un sujet de satisfaction ou de mécontente- ment, et le premier saumon de la saison n'esl qu'un objet de luxe. Le mauvais diner d'hier sera compensé demain par un meilleur, et celui qui ne peut se procurer du saumon en trouve aisément l'équivalent. Mais pour ntms , une bonne ou une mauvaise nourriture, des provi- sions fraîches ou salées, sullisaient pour faire pencher la balance entre la force et la faiblesse, entre la santé et la maladie, et, comme cela pouvait arriver, comme cela n'est arrivé qjie trop souvent autrefois, entre la vie et la morl. Ainsi, le premier saumon de l'été fut pour nous un médicament que toutes les drogues que nous avions à bord n'auraient pu remplacer. Et quand il n'aurait fait ([ue diminuer le dég'>ii( (ju'inspire naturellement à la longue l'éternelle uniformité des provisions d'un vaisseau, il au- rait eu pour nous plus de valeur (pie tout le saumon de la Tamise n'en a pour ceux ([ui ])eu- venl s'en procurer. Nos relations avec les naturels avaient conti- nué à confu'mer la bcmne opinion que nous en avions conrne. Peut-être étions-ufnis arrivés à mieux connaître les ])artlcnlanh''s (|ni lescarac- té.'isaii'nt ; pcut-ètj'c avions-nnns vn birn d<'s ■ h '■ MU clioses qui répugnaient à nos habitudes et à nos sentimens; mais ce sera le sujet de remarques ultérieures. Ayant souvent parlé du Kntsenstern, je dois dire maintenant que la glace l'avait couvert, et l'avait fait couler à fond. Lors du dégel, il re- monta sur l'eau et fut porté sur le rivage. Mais la pression qu'il avait soutFerte y avait causé plus d'avaries que nous ne nous l'étions ima- giné. Une partie de ses bois avaient été brisés. Cependant tout fut réparé avec soin, et il se trouva enlin en meilleur état pour aller à la remonpie , qu'il ne l'avait jamais été. Nos autres barques furent aussi mises en bon ordre. Notre collerti(m d'iiistoire naturelle s'était accrue, et, à tout prendre, la chasse avait été heureuse. Indépendamment de nos renards, nous avions ap])rivois('' un lièvre au point cpTil restait dans la cabane avec nous. N(ms n'avions ])as fait beaucoup d observa- lions dans le cours de ce mois, tout voyage ])ar terre étant devenu impraticable. Il était temps aussi de d/'inoiir nolie observatoire et de 1 em- barquer, car il ne wnxs restait plus ([ne huit semaines de notre < «urt étc', après ([uoi nous serions de nouveau forcés de cb'.vher quchpie autre abri pour v passer un second hiver de dix mois. Il me reste à ajouter cpie ic plus liant degré i^ ^ ^t^ H MC 475 de Ja teniprrature en juillet fut 70*; le plus l)as, 33°; et la moyenne 44** ^7 • Après le service divin, nous vîmes qu'un fort <" août. ven. (lu nord avait enfin mis la glace en mouve- ment du côté de l'est ; et elle prit alors la forme d'une foule de monticules séparés par des mares d'eau. Ceux (pii avaient été à terre, nous dirent qu'elle s'était brisée dans la baie du Nord. Le tberinomètre mar([uait 39" à minuit. Le 2 août. matin il ne semblait man({uer qu'un vent du sud poiu' disperser les glaces brisées ; car l'effet du vent du nord était d'en accumuler ensL'uible ies fvagmens détachés. Nous prîmes au filet en- viron soixante -dix t;'uites , et le lendemain ,} août, nous finies une pèche presque aussi b(jnne. Le t(,'mps continua à être très-beau. Il fii encore beau, mais la pèche ne réussit 1 aoùr. ])as, si ce n'est (pie ncms ])rimes la plus belle Jruite (jue nous eussi(ms encore vue ; elle pesait Irois livres et demie. Dans la soirée du 5 , il .^ août, (omba une assez forlc ])lnie; mais le temps se remit le len(h!main. Nous prîmes une t* iiile 0 août, encore plus belle, pesant près de cinq livies, et une vingtaine d'autres de grosseur (trdinaire; /e Krusensteni fut lancé en mer. et placé bord à bord près de la I ictoire. A ein([ lieurcs après midi, il s'éleva du sud- 7 août. «»uest une brise fraîcbc (pii dura dix heures; elle mil la glace en mouvemenl ; un de nos cA- blots fut empr»rlé , cl le vaisseau fut pou.ssé sur ,r U ■'i. .■•■ i i\h iii,' t H unùl. !> août. 4 0 Mmt. { < août \i ....ru .Il il I no les rocbei*s voisins. Nous le remîmes bientôt dans sa première position , et il n'avait souffert au- euiw avarie. C'était en quelque sorte une reprise de nos travaux de l'automne précédent, mais d'un genre fort différent , comme nous l'espé- rions, puisque c'était le commencement de notre délivrance , au lieu d'être celui de notre empri- sonnement. Cependant cette glace mobile s'ar- rêta bientôt prromener après l 'office divin nous dirent qu'il y avait beaucoup d'eau libre dans la grande baie , mais qu'une barrière de glace s étendait entre les îles de la Furie et de l'Hécla et la pointe. Le temps fut à peu près le même le jour suivant; le loia pluie augmenta. I^lle mit obstacle a la pêche, et nous n'y avions j)as été fort beureiix lus jowrs précédens. Le vent était au nord-e-st , et il devint assez violent pour serrer la glace tout autour de nous. Nous vîmes plusieurs veaux marins, et nous trans- portâmes à bord une jiirfjvision d v-au. Le temps devint uu'illeur; nous pnmes quel- ques poissons, et un vent dn ;ud mit les glaces en mouvement. 1^ nuMne brise continuant le U'udemain, en chassa devant elle eue(»i'e dnvaix- i i le a. lis- icl- l'I'S lis- tage, et l'on voyait , du côté du nord , une éten- due d'eau libre d'environ deux milles ; mais ut vent ayant passé au nord ^ chassa les glaces en arrière; et d'ailleurs la marée ne nous aurait pas permis de faire une tentative pour nous mettre en liberté. Depuis plusieurs jours la tem- pérature , à minuit, était d'environ 38". L'observatoire fut transporté à bord. Le temps K" aoùi. fut calme , et nul changement ne s opéra dans les glaces : il n'y en eut pas davantage le i4- La 14 noùt. pèche suflisait alors pour fournir à noire con- sommation journalière. Ce fut un jour mémo- rable, car c'était l'anniversaire de notre visite à la pointe de la Furie. Le thermomètre, pendant la nuit, tomba à .U". 11 semblait naturel que la nuit devint plus froide dans la position oii était alors le soleil ; cependant elle l'était beau- coup moins oint du joui", nous vîmes les glaces en mouvement vers le sud. L'intérieur du havre se trouva dégagé, mais bientôt après un champ déglaces y entra et le rem])lit c<)nq)lélement , à rexcej)ti()n de l'endroit où nous éîiojis, qui se trouvait défendu par d'énormes niasses île glace échouées. ijC vent soulllanl encore avec force du nord- 25 août. est, la glace c(>nlinua à s'accumuler dans les environs du vaisseau, de telle sorte qu'il ne res- tait tout autour ((u'iin très-petit espace d'eau libre. Le vent se mod(Ma le lendemain malin, il so aoflt. 1 ' M é I«() i7 août '2H août l'ï» noùi .S.) août. .SI août. y eut de la pluie, mais les glaces restèrent dans la même position. Les deux jours suivans n'of- frirent rien de remarquable, si ce n'est que nous eûmes un peu plus de succès à la pèche et à la chasse, et que nous prîmes un veau marin; une autre semaine était passée; le thermomètre, y)endant la nuit, varia de 36" à 38". Le dimanche nous promit quelque chose de nouveau; le vent venait du nord-ouest, et avait beaucoup de force. Les glaces commencèrent à se mouvoir avec une grande rapidité , et le havre en fut encore une fois dégagé. Nous essayâmes de nous consoler, en nous rappelant que l'année précédente , à pareil jour, la terre était cou- verte de neige, et la température de lo" plus basse. Les glaces continuèrent à marcher vers le sud jusqu'à quatre heures, après quoi elles s'arrê- tèrent et restèrent stationnaires le reste de la journée. Le lendemain, le temps ne changea que vers le soir. Il tomba alors de la pluie, et il y eut une Irise fraiche venant de l'ouest. Nous fîmes nos préparatifs pour faire passer le vais- seau dans un espace d'eau libre qui se trouvait au nord de notre position , et d'où il nous serait plus facile tie nous tirer du milieu dos glaces quand elles nous ouvriraient vm chemin. Ainsi se termina le mois d'août. 11 y avait alors tmze mois (pie nous étions re- tenus à la même ])lare. Quelque prix que puis- 181 sent avoir des voyages de découvertes dans ces contrées , celles qu'on peut faire sont certaine- ment achetées assez clier par le temps qu'elles exigent, à part même toute autre considéra- tion. Ce temps nous aurait sufîi pour faire le tour du monde; et je crois bien que personne ne se soucierait d'essayer le passage au nord- ouest, quand même nous réussirions à en trou- ver un. Je n'ai pas besoin de dire que ce mois fut une suite d'heures et de jours d'inquiétudes , de craintes et d espérances, et qu'il nous promit souvent ce qu'il ne tint point. Nulle expression ne saurait rendre tout ce qu'il nous lit éprou- ver. 11 ne restait plus que quatre semaines de cet été encore à venir, de cet été si ])eu assuré , et dans le fait , nous n'avions pas grand espoir de le voir arriver bienlôt. Plusieurs fois nous avions espéré, nous avions ])resque cru être certains, que le lendemain, le jour suivant, ou un autre peu éloigné , nous tirerait de captivité , et ceux c[ui rélléchissaient le plus étaient peut- être ceux, qui soulïraient davantage de nos désappointemens perpétuels. Quoi qu'il en soit, c'était à moi d'entretenir les espérances de tout l'équipage, et, quand cela devenait trop difllicile, de lui trouver de l'occupation, aiin d empêcher qu on ne songeât trop à l'avenir. La permission que je donnai de pêcher et de chasser m aida l)eaucoiip à cet «-gard , cl le cliangera^'Wl de 182 £\ **i.; im i m: ► ! nourriture qui en fut la suite eut aussi de grands avantages. Personne ne se plaignit une seule fois de sa santé pendant tout le cours de ce mois. La température du commencement du mois était d'un heureux présage ; mais les vents du nord , qui en marquèrent la fin , nous furent ex- trêmement contraires , en accumulant les glaces près de nous à mesure qu'elles se séparaient. La conclusion qu'on semblait pouvoir en tirer, c'é- tait que rhiver, dans ces parages, avait été sin- gulièrement rigoureux. Nous avions pourtant autrefois pensé ditï'ércmment, en voyant la tem- pérature s'élever quand le vent venait de ce côté. C'était une perspective désagréable, mais il n'y avait pas de remède. Le plus haut point du thermomètre , pendant le cours du mois , fut de 5S° . le plus bas de 33", et la moyenne de 40" 8'] . Toutes les réparations du vaisseau et des barques étaient terminées , et nous étions prêts à mettre à la voile. Jamais la f'ictoire n'avait été en si bon état, si propre, si bien arrangée, si commode. Lf» "^ appresslon de la machine à vapeur nous avait donné beaucoup de place ; c'était une perte qui du moins n'était pas sans profit , si l'on peut appeler perte la suppression d'une machine qui nous avait été si peu utile , et qui nous avait causé tant d'embarras et d'inconvé- niens. Il était probable que les F^squimaux pro- ?lj, 185 fileraient long-temps des travaux de MM. Braith- waite et Ericksori. La saison avait été favorable à la végétation; et notre collection de plantes en contenait plu- sieurs nouvelles. i w. i 1. ^^O- IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) 1.0 l.l 11.25 ^|2£ |21 US 2.2 m m ^ m m itt u liO I 2.0 IJÂ fliotographic Sciences Corporation 33 WIST MAIN STRHT WtUTIR.N.Y. 14SM (7U)I73-4S03 ^ r ir 1'; nV CHAPITRE \X\1II. Oëfturf ù la liiut-r. — Dri liar{>,('iii<'iit du ^aiDSvaii. — Il sort cniin du liavrc. Efforts iinitilcs uu milieu di's (;laif.s. — Le vaisseau y est arrête en cher- chant ù trouver un nouveau ha\rc pour l'hiver suivant. — Rc'sunii- du nioi«. *" ""I" Ce mois c jiiiinciica par un froid rigoureux. Le thermomètre était au y)oint de congélation , et il descendit ensuite jusqu'à 29°. Il tomba beaucoup de neige , et les montagnes en furent couvertes pour la première fois de la saison. Nous eûmes en même temps le vent le plus fort que nous eussions éprouvé de tout l'été. 11 varia entre l'ouest et le nord, et quoiqu'il continuât à amonceler les glaces détachées , elles ne pou- vaient aller bien loin, arrêtées qu'elles étaient par la masse de celles qui étaient fixées à l'entrée de la baie. Notre passage, poui* gagner le large, était bloqué par deux grandes montagnes de glace, M|l|. Ia' même vcni iMMilliiiia . cl il augmenta en- u core vers deux heures, où il y eut une éclipse lie lune, invisible pour nous. Les glaces mar- chaient vers le sud avec une grande rapidité, et s'accumulaient en masses immenses. Dans la soirée, îe vent diminua, et la neige qui avait couvert lei. montagnes disparut. Le vent fut modéré, et les glaces devinrent ;i «i»!. immobiles. Il gela assez fort à minuit, le ther- momètre étant à 29". Comme le temps était beau le lendemain , et que nous attendions une •» »«ti- marée haute à deux iicures du mutin , nous essayâmes de traverser la barre entre l'île et le continent j mais avant que nous eussions pu nous faire touer au-delà , la marée tomba telle- ment que nous restâmes échoués sur cjuatorze pouces d'eau. Cependant nous profitâmes de cet accident pour examiner la ([uille du vaisseau, et nous réparâmes quelques petites avaries cau- sées par la glace. L'ayant étanc(jnné, nous l'allé- geâmes en en retirant quatre toinies d'eau et dix tonnes d'autres objets que nous plaçâmes sur les barques, afin de le remettre à Ilot, s'il était possible, à la marée suivante; et nous pré- parâmes nos càblots pour le touer ([uand le moment en serait arrivé. 11 tomba encore de la neige pendant cette journée, et la nuit ne fut ])as moins froide que la jiréct'dente. IVous eûmes le malheur de perdre notre meilleur chien, qui mourut. Quoique ce fût dimiiuchc, nous IViines obligés ;, „|„. 1^ *f n r (,v (i «C|ll. de Iravailler. A deii\ licui-es du iiiaùu, iiuus essayâmes de faire pûsseï* le uavire par-dessus la lîarre, mais inutilemenl. Le vent tourna au sud, et la marée fut moins haute que la veille. 11 devint «Itmc nécessaire de décharger le vais- seau, car les marées diminuaient , et nous ne pouvions courir le risque de rester dans cette situation jusqu'au retour de la marée haute. Nous construisîmes donc lui pont du navire aux rocliers , d(mt nous n'éti(ms qu'à (piatre toises, et nous y transportâmes tout ce que nous avions à hord , y coniju'is les parties de la machine à vapeur cjue nous avions conservées. Dans la soi- rée, il tomha de la neige et le vent tourna à l'est, ce qui nous donna 1 espérance d avoir une meilleure marée le lendemain. Kn cherchant une voie d'eau qui nous avait inquiétés, nous découvrîmes trois tnms de chevilles, que nous houchâmes. Le changement du vent, qui tourna au nord, produisit une marée qui nous mit en état de passer la harre le matin de très-honne heure. Mais il y avait tant de glaces échouées , que nous ne pûmes avancer assez loin pour éviter d'é- chouer nous-mêmes quand la marée serait basse. jNous n'osAmes donc reprendre à hord qu'une faihle partie de ge e. Feiulant lu nuit , U'cicl (nt pui'Ol il g^'l^t- Ir|>t. ligne d'eau près des îles qui étaient à peu de distance de nous, cl elle s'élargit le lendemain. 28 ^rft. Si nous n'avions pas été emprisonnés, nous au- II. l3 ?i 5 i !:' f .-Il » ; . : î «^ !- \- ' 11. r' il rions pu faiie quel([ues progrès vers le iionl. 29 ,op,. Le tlierinoinèlre tlescendil à "i " , ut l'eau «pie nous avions vue Ja veille était eouverle de glace nouvellement formée. Les glaees de hauteur in- égale qui nous entouraient , s'étaient cimentées ensemble de telle sorte, tpi'il fallait une tempête pour les séparer. Notre espoir de délivrance s é- vanouissait donc rapidement, et il ne nous res- tait alors qu'à cou])er la glace pour atteindre un havre, qui serait probablement notre demeure pour la plus grande partie d'une autre annc-e. Elle avait un pied d'épaisseur. Mais comme nous rencontrions de temps en temps des fragmens plus compacts , nos progrès étaient nécessaire- ment fort lents, et le travail très-pénible. 30 srpt ^^ même température continuant, toute la mer fut alors couverte de glace. Nous n'avions donc plus rien à espérer, rien à craindre; c'é- tait du moins la lin de toute incertitude. L'agi- tation qui nous avait si long-temps tourmentés, avait fait place au calme d'une certitude com- plète. Notre prison d'hiver était sous nos yeux. ; tout ce qui nous restait à faire était d'y arriver , d'établir notre demeure amphibie , et , avec un pied sur la mer et l'autre sur la terre, de pren- dre patience. Quoique nous eussions déjà fait beaucoup, nous éprouvâmes de grandes difficultés à con- tinuer à nous couper un chemin dans cette glace, qui , quoique récente , avait déjà seize pouces .Il -1 , 195 'J ! \ •■■■ i ; ■■ ■1 ' i. ■■ i i: if a U * 1 ^' '* !■ VI S- II •f * »1 p. - ir 1 1 > il .. T' if K i. if)6 précédente, il n'y en avait pas eu un seul pendant lequel nous n'eussions fait quelcpie chose d'utile, ou du moins des préparatifs qui pouvaient le devenir ; pas un qui ne nous eût offert , ce qui valait encore mieux, des espérances, espérances d'autant plus vives que la chance de notre déli- vrance était plus éloignée. Il nous fallait main- tenant recommencer à espérer pendant presque toute une année, compter les mois, les semaines, les jours , mais avec moins de conliance que nous ne l'avions fait l'hiver précédent. Celui qui peut espérer une seconde fois aussi vivement que la première , est doué d'une con- stitution plus heureuse que ne scmhiaient l'élre quelques-uns des hommes de notre équipage. Ceux qui étaient découragés ne pouvaient réus- sir à le cacher. Je dois pourtant dire du plus grand nomhre , que leur résignation e\céda mon attente. Je cherchai à leur montrer le beau côté du tableau, en leur récapitulant les découvertes que nous avions faites , et en leur parlant de l'excellent état de notre vaisseau , de la demeure commode que nous avirais appris à en faire, de nos nombreuses provisicms, de notre bonne santé, de la paix dans laquelle nous vivions, et du havre beaucoup meilleur que nous allions occuper , puisqu'il wms offrirait plus de facilités pour nous dégager des glaces. Mais le présent était trop affreux pour laisser même le courage d'en- visaatT un uuilleui- avenir. Il fallut dcmc uie i i'icv au temps el à i liabitudo , et cspérci- (juc nos relations avec les luiturels, tiaiis le voisinage (lesquels nous nous attendions à èlre, et qui nous fourniraient des provisions fraîehes, et la possibilité de renouveler bientôt nos expéditions |)ar terre, nous aideraient à passer le temps, et allégeraient le poids de nos maux. 1^1 température de ee mois avait été plus ri- goureuse que eelle du mois corresjiondant de l'année préeédente; et eomme l'hiver était ar- rivé plus tôt, il promettait d'être plus froid en- core. Le plus haut point du thermomètre, pen- daiU le mois qui venait de s'éeouler, avait été 43"; le plus bas 7°; la moyenne 27° /\2 ; dans le môme mois de Tannée préeédente, le plus haut point avait été 5o"j le plus has 8"; la moyenne 32". l'.n seplemhre 1829, nous avions eu des venls de louest et du sud qui, en écartant les glaces des terres, rendaient souvent la mer na- N igable le long des côtes; cette aimée, il ne nous était venu de ces deux points aucune brise assez forte pour faire impression sur les glaces : au contraire, nous avions eu plusieurs couj)s de vent du nord , de sorte ({u'à mesure que la glace se fondait dans la partie méridicmale de cette mer, d'autres masses arrivaient du se|)tcntrioii pour remplir l'espace ([u'elle laissait vacant. On aurait dit que l'océan du nord envoyait de ce côl('* tous ses apprf)visionncmens, et Ufms sa- \ions qu ils ('taient iné|>uisablcs. ('ommc si le il 1? ' h ï V Il !. ' i • fi ? ni ^9H blocus n'eut pas encore été complet, le moindre changement du Vent du nord à l'est remplissait de glaces toutes les criques qui auraient pu nous offrir une retraite. Quelque fi\cheuses que fus- sent toutes ces circonstances, elles le devenaient encore davantage par suite de l'état des marées qui ne permettaient pas aux glaces, une fois échouées, de se remettre à Ilot, de sorte que nous ne pouvions nous dégager, même en les coupant; et si elles échouaient près du rivage, elles s'y attachaient aussi fermement pour toute la saison suivante, que si elles eussent été des rochers. 11 est inutile de faire mention, dans ce ré- sumé , des occupations de nos hommes à bord , et des nôtres; elles offrirent moins d'intérêt que de coutume, et nous avions été dans une situa- tion qui ne nous permettait de faire aucune observation. Notre journal de chasse ne présente guère que quelques coups de fusil tirés inutile- ment contre des veaux marins, et la poursuite sans succès d'un ours blauc. tJlAPlTUE XXXV. \ou\ 11)11 (rit\ ail poiii coii|i«it assez la glace nouvelle- ment formée dans la baie au nord-est, pour nous montrer un peu d'eau libre. Mais elle ne iii aucune imj)ression sur les grosses glaces atta- chées à la terre; et une des montagnes de glace <|ui étaient près de nous , s'étant fendue presque vsous la lianche du navire, nous éprouvâmes un choc très- violent. Nous recommençâmes nos travaux pour nous couper un chemin à travers la glace, et avec un peu plus de succès. Le ther- momètre fut à 12° pendant la nuit. Le samedi amena peu de cliangement, si ce n'est cpie notre travail Cul plus pénible; et ce fut ainsi (|ue se h'rmina une autre semaine. I"n de vingl pieds, v[ nous vîmes cpie les espaces lit orl. ! I ^05 d'eau libre du côté du nord s'étaient agrandis. Le lendemain, nous gagnâmes trente pieds. Les <'J ou. blocs de glace que nous coupions étaient si lourds, que nous ne pouvions les iever qu'à 1 aide du cabestan. Je vis du rivage , que la glace , ([ue le vent avait rompue les jours précédens , commençait à se former de nouveau sur la sur- l'ace de l'eau. Le 20 octobre, la température tcjmba de 1 2" à 20 lut 4". Nous avançâmes de trente pieds, mais nous trouvâmes que T épaisseur de la glace augmen- tait considérablement. Le lendemain, nous ga-^j „^, gnâmes quarante pieds, et nous n'aperçûmes plus aucune portion d'eau libre. Un vent im-22oc« jiétueux , qui était accompagné de neige , nous empéclia de travailler dans la matinée suivante; mais dans la soirée nous avançâmes de quatorze pieds, ce qui nous mit pres([ue à Ilot à la marée basse. Nous en gagnâmes encore autant le len- 23 demain. Pendant ces quatre jours, le temps avait beaucoup varié , et il en avait été de même de la température : cependant elle avait été en général moins froide que depuis quelques jours ; et pendant la nuit du 28, le thermomètre fut à 31». Ce dimanche, comme les précédens, mms ai fumes obligés de continuer nos travaux; et ils étaient devenus plus pénibles (pie jamais, car la glace avait alors l'uviion seize pieds d'épais- seur. Il «'lail impossible d élever hors «le 1 eau i-. Ot't. oc». mMmi..jLif^,Aii S^"^ "-" p. 1 ii: '■ . la -r i %'■ 25 oci. les masses que iu)iis coupions, ou de les y eu- foiicer : nous fumes donc obligés de couper, dans le champ de glace moins épaisse qui nous entourait, une place sufîisante pour les y en- châsser; mais ce travail additionnel ne fut pas terminé assez tôt pour que nous pussions en profiter pour faire avancer le navire. Le 25 fut un beau jour, mais le thermomètre descendit à zéro *. Nous reprîmes un ouvrage su ort. qui semblait interminable , et le lendemain nous fîmes entrer une masse énorme de glace dans la place que nous lui avions préparée , et nous avançâmes de quarante pieds. Nous en gagnâmes "27 oH. cinquante le jour suivant , et enfin nous nous trouvâmes à flot à la marée basse. Pendant ces derniers jours , nous avions vu un assez grand nombre de renards, de lièvres et d'oiseaux, mais nous en avions tué fort peu. 2« oct. Un changement sensible parut s'être efî'ectué dans le temps le 28. Le thermomètre, qui avait été à zéro le matin, tomba à dix degrés en-des- sous pendant la nuit. Sur le rivage on avait de la neige jusqu'aux genoux, ce t[ui rendait très- difficile d'y marcher. Nous ne gagnâmes que treize ])ieds dans cette journée , la glace étant fort épaisse; la gelée réunissait lesfragmensque nous en détachions , pres(|ue aussi vite que nous 2'j lui. pouvions les séparer. Le lendemain nous avan- ' hr |)ninl iiiarqiK' /t'i'o siii' tf lIieriMoini'Irc (!<< l'^nlirriiliril , iT|inn(l ii i I «lr;;n's aii-dcgsous (lo zt'io «Il rrhii (le Rcuiiinur. {iVoUdu Timl'tvlcur) 'i o: M "il' I; ^■f ■» ' V ■ , :* fil » •M( SOT) faire un seul voyage par un passage au nonl- ouest ; et d'autres se demandèrent quelle prime on exigerait pour assurer le navire qui l'entre- prendrait, s'il se trouvait quelqu'iui qui voulût faire celte assurance. Pour n'être pas très-dangereuse , notre situa- lion n'en était pas plus agréable ; cependant nos travaux n'avaient pas été sans utilité. Dans le cas où le vaisseau fût resté sur une eau basse , suspendu à des montagnes de glace , les seconssos qu'il aurait éj)rouvées et ses cliangemens fré- quens de position , l'auraient rendu inbabitable, et il aurait pu être brisé. Si l'épaisseur toujours croissante de la glace , jointe à la nécessité de lever hors de l'eau les fragmens que nous avions coupés, quand nous ne pouvions les enfoncer sous lesautres glaces, rendit ce mois très-fatigant pour tout Téquipage, qui était obligé de travailler par un temps souvent très-rigoureux , cette cir- constance avait semblé animer tous nos hommes d'un nouveau zèle , et avait prouvé leur esprit de persévérance. La santé d'aucun d'eux n'avait souffert ; et leur occupation constante pendant tout ce temps avait eu un résultat avantageux , en détournant leur esprit d'un sujet de réflexions pénibles , et en les habituant peu à peu à l'idée d'être retenus dans ces parages encore un hiver. Comme nous allions y commencer une nouvelle résidence, d'à peu près une année, pour le moins, avoir déjà fait une de treize mois , il ipn -I- 207 devint nécessaire de faire l'examen de nos pro- visions, et d en régler la distribution , à conipler de ce moment. Ces détails offrent ])eu d'intérêt à la j)lupart des lecteurs , mais ils en ont beau- coup pour les navigateurs , et par consécpientje ue puis les omettre ; mais je les donnerai d'une manière assez succincte pour fournir à ceux-ci les informations couvenables , sans ])rendrean\ autres beaucoup de temps ])Our les lire. Il nous aurait fallu pour unapprovisionnement de deux ans en pain et en farine , ainsi (ju'en graisse de bœuf et en raisins secs pour faire des ])oudings '9vh4 livres. Il n'en restait à bord , le i" octobre i83o, que »7?364 Déficit. . 2,i.To Mais , d'une autre part , nous avions enbœufet en cochon salé. 8, 194 En viande conservée, fraîche. 5,0^0 Total. . . i3,25o Il ne nous en fallait pour l'ap- provisionnement de deux ans , que 12,061 Nous avionsdonc un excédant de 1)189 La quantité de sucre et de cassonnade aurait du être pour deux ans , de 2,828 ^1 II: I * ;. ,1 ■lli ,1J • » ri 11- ■'»^: ï\ Il nous en restait. Ladilierence n'était donc (jue do La provision de cacao pour deux ans aurait dû être de. Nous n 'en a v ions plus que . Déficit. . . . 2,^38 livres. yo 1,371 1,209 162 Mais ce déficit se compensait par une caisse et demie de thé, qui en c;)nteuaient 96 livres. Enfin nous avions un autre déficit de dix bois- seaux sur la quantité de pois secs , entiers ou concassés , qui aurait été nécessaire pour la cou- sommation de deux ans. Nos autres provisions consistaient en 120 gal- lons de rhum et autres liqueurs spiri tueuses, 2')o livres de riz , 2 barils et 5 cruches d'orge ; du jus de citron en quantité suflisante pour un an, à ration entière ; 4 petits barils de fruits et lé- gumes conservés dans du vinaigre, 2 caisses de citrons , et 2 boîtes de moutarde. Je ne parle ici ni des soupes conservées dont nous avions cent gallons , ni d'un tonneau de vin , parce que ces provisions étaient réservées pour les malades. Voyant que nous pourrions atteindre ainsi l'époque probable où nous serions arrivés à F endroit du naufrage de la Furie ^ et où nous avions encore laissé quelques provi- sions, à moins qu'auparavant nous ne fussions '!■! 509 gal- 2')() (lu an, lé- de rees Ions Ions et pvi- ons obligés (l'abandonner le navire pour sauver notre vie , nous adoptâmes , sur la proposition de M. Tliom , Tarrangemcnt suivant, qui nous pa- rut varier la nourriture de nos hommes mieux que tout autre plan que nous aurions pu adopter. Lundi I "' novembre , trois quarts de livre de Ijoeuf saléet autant de farine. Mardi 2, une demi-livre de viande conservée et un quart de livre de soupe à la farine d orge. Mercredi 3, une livre de cochon salé et une soupe à la purée de pois. Jeudi 4) comme le mardi 2. Vendredi 5 , comme le lundi i . Samedi 6 , comme les mardi et jeudi précédens. Dimanche 7, comme le mercredi 3. Lundi 8 , comme les mardi , jeudi et samedi précédens. De cette manière, nos hommes avaient une soupe six jours sur huit , et , les deux autres, du bœuf et un pouding, ce qui se renouvelait ainsi successivement. Nous espérions (|ue ce régime maintiendrait leur santé et leurs f(jrces, et les mettrait en état d(î pouvoir voyager au prin- temps. .le dois dire à présent que l'endroit où se trou- vait le vaisseau , était situé dans une baie cjui s'étendait vers le sud , dans le bras de mer à l'ouest. Nous appelâmes cette baie, Baie du Sht'*- rif, et la pointe à l'est, Pointe Watch. Quoi({ue l'eau libre en pleine mer ne s'étendît H. 14 « 1^ V,- 210 ))us aussi loin au sud que l'année précédente, les glaces la couvrirent moins vite; et quoique le i'roid fût de temps en temps très-rigoureux , la température moyenne fut de 5° plus élevée que dans le mois correspondant de 1829, le plus haut point ayant été 24°? et le plus bas 12". Le 3i, elle monta à 24° , c'est-à-dire à 4o° plus haut que le dernier jour d'octobre 1829. Le chirurgien avait seul le temps de chasser; il nous rapporta quelques lièvres; mais ce canton a> ant été habité par les Esquimaux l'année pré- cédente , les animaux en général avaient été ex- terminés ou s'étaient éloignés. Le lieu où nous étions alors fixés, était très-voisin des huttes qu'ils avaient occupées. 1!^ i ■■■% CHAPITRE XXXVI. -I Mois (le novembre vt «le ileteinlne. — Késum»'. IIO\' Ce mois comineiica du inoins t'avorableineiit, i car la moyenne de la température , le i" , fut de 2 1" au-dessus de zéro. Le veut varia plusieurs t'ois de tbree et de direeticm. Pour eommeneer nos préparatifs pour l'iiiver, nous désenver- guàines nos voiles, nous déjjréâmes nos mâts de luine et nous les deseendîmes. Le lendemain il» nov. y eut un eoup de vent qui se modéra ensuite, et le thermomètre tomba à 4" au-dessous de xéro. On commença les travaux pour couvrir le .i nov. vaisseau, et on les continua le jour suivant. I,e 4 , il y eut tant de vent et de neige, qu'on ne } m.*. put travailler que sous le pont; le vent venait du nord, mais il changea plus d'une fois, et le thernKmièlre varia entre zéro et 24° au-dessus. Ce jour fut employé à couvrir de voiles le 5 „„y toit établi sur le vaisseau. Les vallées et les ravins sur le rivage étaient remplis de neige. Les n, : Ûi ! > ■* \i M^ , t lHl\ . y nov. K 11 (IV. le nov. 212 coiulcnsatcni's liirciit remis cii place Le samedi, îa eoiiverliire du navire fut achevée, le pont nettoyé , et beaucoup de clioses furent mises en ordre. II neigea pendant ces deux jours, et le thermomètre ne descendit pas plus basque 22° au-dessus de zéro. Le dimanche fut un jour de repos , et nos exercices religieux furent repris régulièrement. Il tomba tant de neige dans la matinée , qu'on ne put travailler hors du navire , mais nous ne manquions pas d'ouvrage dans l'intérieur. Le lendemain on s'occupa à rompre la glace autour du navire ; et le jour suivant , à lempiler , comme on l'avait fait l'année précédente. Le temps changea souvent pendant ces deux journées, et le thermomètre varia de 10" au-dessus de zéro à 1(3" en dessous. Mais le jour suivant, il tomba une forte neige , qui dura seize heures ; la tem- pérature variant de 2" à 16" au-dessous de zéro. 11 avait été impossible de travailler la veille hors du navire; mais le temps étant beau et serein le vendredi, ou continua à élever une digne de neige autour du vaisseau. Le temps fut ii in.v. aussi favorable le lendemain , mais le thermo- mètre tomba à 20" au-dessous de zéro, point le j)lus bas ([u il eiil encore atteint. A pareil jour l'annév précédente, il était à sG" au-dessUvS. de zéro, ce (|ui faisait une différence de 46 degrés. Letlimanclie nous amena un temps calme et serein, mais irès-froid., car le thermomètre des- 1 ) IKIV. t.'> nov I \ u;\. 1:15 ccndil à '?Af au- dessous de zéro. Une hrillante aurore boréale liit le seul ineideul remarquable : nous n'eu avions vu que rarement depuis quel- que temps, Le lundi on ereusa dans la glace un <'< ■ -^ Irou pour y faire du feu , et les travaux pour former la digue continuèrent. Le ciel élant cou- vert, le thermomètre remonta le lendemain de iti un. cinq à six degrés : du reste il n'y eut aucun changement ni dans le lemps , ni dans nos travaux. Le 17, nous eûmes pour toule variété un pou )" "■ > de neige ; et nous fîmes des pré])aratifs pour la construction de Tobservatoire , dont on s'occupa les deux jours sui vans. Le froid devint alors'""'' assez vif pour faire descendre le thermomètre à Jo". Le 20 , nous recommencAmes à Taire des ob- -" '"•'' serval ions , et nous prîmes noie de (juelcpies passages au méridien. Le journal de cetle se- maine est assez maigre, et le dimanche (pii la '^i ii«^. termina n'offrit rien de nouveau à raj>p')rter. Ce jour ncfutremarquable([ue parla prised'un 2-' u<>\. renard noir djins nue trappe. C était le ])remier (|ue nous eussi(ms vu de la saiscm. 11 était jeune, et mourait de faim, car il dévora sur-le-champ ce c[ui lui fut présenté. Nous lui dcmnâmes la place qu'avait rendue vacante la mort du renard blanc que nous avions apprivoisé. Le lemlemain 2{ m-.v. on éleva un pilier pour le thermomètre, et nos travaux ordinaires continuèrent ainsi (jue le jour suivant. Quoiipie le temps fût beau, il n 27 Les deux jours suivans n'offrirent ni variété ""^ ni intérêt. Le ciel fut tantôt serein, tantôt cou- vert. Le tliermomètre remonta à i6". Tous nos 2« »ov. travaux continuèrent, et, le dimanche, on se reposa comme de coulume. Le temps étant doux et beau -le lundi matin , j'allai me promener jusqu'à l'endroit où nous avions passé un si long hiver. Je vis f[ue notre ancien havre était ])ius encombré de grosses glaces ([ue l'année précédente, et il en était de même de la baie. Noire position actuelle me parut donc certainement préférable, indépen- danunent du fait (|ue nous étions plus avancé's vers le nord, direction (pie nous devions prendre. Il peut paraître puc'ril «pie je parle de deux ou Si) nov. 21 o f^ trois milles comme d'un grand avantage ohleiui : mais si l'on veut se rappeler que nous avions passé un mois en mer pour faire à peine cent cinquante toises , et que le bonheur de se trou- ver là , à l'instant et à l'endroit où la glace offre une ouverture , ne fiit-ce que pour une heure ou deux. , peut faire pencher la balance entre la liberté ou l'emprisonnement pour tout un hiver dans un cachot de glaces, on conviendra que même deux milles étaient un sujet de féli- citation. Je ne vis point d'animaux pendant cette promenade , ni même une seule trace dtî leur passage. Je jugeai à propos de faire ériger quelques poteaux, pour indiquer aux naturels l'endroit où nous étions alors; car il était probable qu'ils ne tarderaient pas U chercher le vaisseau. Ces poteaux étaient surmontés d'une barre dirigée vers notre position, ce qui me |)arut suffisant. Noi.s aurions même pu nous dispenser de ce soin, persuadés qu'ils nims chercheraient jus- qu'à ce qu'ils nous eussent trouvés, car ils y avaient plus d'intérêt que nous, du moins dans leur opinion. Kt pourtant leur retour ne nous aurait pas été d'un médiocre avantage, puisque nous espérions en obtenir des provisions fi-aîches d une espère ou d une autre. Le lendenitiin , on plaça la poudre dans un .^o rm» magasin qui avait été construit la veille sur le rivagi'. ('/«'tiul un beau jour, cl n mis montâmes i 'û If^ h il ^ ' H. h' sur le haut d une montagne [)our voir le soleil; mais uu brouillard épais couvrait T horizon à midi. Nous arborâmes un pavillon sur la mon- tagne , pour aider les naturels à trouver le vais- seau. La température de ce jour fut de ii° à 18" au-dessous de zéro. C'était la (in d'un mois dont Ifi résumé n'offre ni variété ni intérêt. Le commencement en avait été favorable quant à la température; elle était ensuite deve- nue très -rigoureuse, mais elle avait fini par s'adoucir un peu. Le froid, terme moyen, avait été de 4° 3/4 moins vif que dans le même mois de 1829. Le mercure s'était gelé cette année le 25 novembre, et quoique de mauvais mer- cure se fut gelé l'année précédente, le l'y dé- cembre , quand le thermomètre n'était qu'à 37° au-dessous de zéro, le mercure pur ne s'était gelé que le i/\ janvier, ([uand le thermomètre était descendu à 39". 11 y avait donc une diffé- rence de deux mois entre les époc[ucs où le mer- cure s'était gelé pour la première fois dans ces deux années. Nous n'eûmes aucun motif pour changer d'o- pinion en bien ou en mal sur le havre où noi. étions. Notre vaisseau était hors du courant que devaient suivre les glaces quand elles se met- traient en mouvement , et c'était une considé- ration très-import. . n * e . Nous avions été occupés tout ce mois à faire du vaisseau u ne demeure connnode; nous avions !' I 217 canslruil des digues, et nivelé les montieules de glace qui nous entouraient; et comme nous avions alors plus d'expérience, notre ouvrage était mieux fait que celui de l'année précédente. Le pont de dessous avait été rendu plus clair et plus agréable à l'œil, au moyen d'une couche de peinture blanche. L'observatoire avait été placé sur un rocher aussi près du navire qu'il était possible, et la construction en avait été perfectionnée pai' des murs de neige, et un passage en neige, garni de doubles portes. Nous avions observé ([uel- ques passages au méridien. Nos succès à la chasse avaient été nuls ; nous n'avions fait d'autre prise que le renard trouvé dans une trappe. Nos travaux avaient nui considérai)lenient à la régularité de l'école. Cependant nous avions continué à faire prendre des leçons à ceux <[ui étaient le moins avancés ; et j'eus lieu de croire que la bonne santé de nos hommes fut due en grande partie aux exercices qui occupaient sans cesse leur corps et leur esprit. Nous ne fiimes pas aussi sensibles au froid du i" .ii commencement de ce mois (|u'on avait ])u le croire, quand le thermomètre variait de 12" à 32" au-dessous de zéro. La glace sur le lac avait un pied et demi d'épaisseur. Nous poursuivîmes inutilement deux ])erdrix blanches. Le temps de la cliasse était alors fort court , car il faisait luiil if? \ f 'h ;1 !( I i ri ♦. I 1 à deux heures après midi. Mais e'était le inoiii<]ro des maux occasioncs j>ar Ja brièveté de ces jours, qui ne permettent pas de voyager dans le fort de l'hiver. Ce n'est pas que l'on soit beaucoup plus heureux dans le cœur de l'été, car alors la fonte des neiges et l'état de la glace rendent tout voyage impossible pendant la plus grande partie de la saison. C'est ain«ii que ce climat réduit la somme de la vie : de la me; ou de la terre, de l'iiiver ou de l'été, il est diflicile de dire ce qui est le pire; et je crois qu'un lion philosophe en viendrait à la conclusion que les l^squimaux seuls connaissent ici le vrai secret du bonheur, et la manière raisonnable de vivre; et comme il est probable qu'il n'altriouerait pas au pouvoir de leur raison cette grande découverte , si long- temps cherchée, il serait obligé de convenir que la nature n'est pas toujours une marâtre comme on l'a appelée. Si dormir et manger, manger et dormir est un mode de bonbeur qui a été contesté en d'autres pays, même quand il y est mis en pratique, personne n'en contestera le prix dans cette contrée, et ne doutera que ce ne soit réellement la somme toute et com- plète de la félicité humaiue. L'Esquimaux ne mange que pour dormir, et ne dort ensuite que pour manger de nouveau : que peut-il faire de mieux? rien ne manque à S(m bonheur. Si nous eussions été mieux élevés, nous eu aurions lait autant; mais nous étions là hors de nohr iH Ml) rlémeiit, tant ])hiloso|)lii((iieineiit que gi'ugra- ])hiqiiement parlant. Le lemps n'eut rien tle désagréable. Dans la 2 «i«c. matinée, le thermomètre ne fut qu'à 12" an- dessous de zéro, et il remonta jusqu'à 2" dans la soirée. J avais arrangé nos quarts de manière (|ue la moitié de nos hommes pussent se promener à terre le matin, et l'autre moitié après midi. Je n'ai pas besoin d'ajouter que l'exercice est re- gardé comme un des meilleurs moyens de pré- venir le scorbut. INous prîmes un renard blanc dans une trappe. Il lit beaucoup de vent pendant la nuit; il augmenta dans la matinée ; mais il -^ ''*•'■ Unit par se calmer, et il tomba de la neige jus- qu'au soir. Nous reconnûmes que la marée élait aussi irrégulière qu'elle l'avait été dans le havre t[ue nous avions occupé l'année précédente. Le veni était tombé , mais il continua à neiger 4 <'« toute la nuit. Il fît alors beau, et le thermomètre se fixa à zéro. La neige qui venait de tomber avait un pied d'épaisseur, et nous fûmes obligés d'en débarrasser les abords du vaisseau. Unpietl de neige ne forme pas un grand volume d'cîii:, tant que la gelée n'en a pas fait une masse com- pacte; car le vent en disperse beaucoup. C'est du reste une évaluation qu'il n'est pas facile de faire, et qui est sans grand intérètdans ces con- trées; car ici la pluie cstsans utilité, puis([u'elle n'a pas de végétation à favoriser; et si la neige protège ({ueUpu' chose , c'est un sol (h'-pourvu de i il I ': I f t ,: lit 220 piaules qui puissent eu profiter, et des rochers également iudiiréreus à la pluie et à la sécheresse, au froid et à la chaleur. Nos condensateurs nous rendaient de nouveau un grand service, car, en les nettoyant le samedi soir, on y trouva trois hoisseaux et demi de glace. C'était une preuve qu'il y avait assez de chaleur entre les ponts , et personne n'en discon- venait. J'ai déjà décrit en quoi ils consistaient, et j'ai fait connaître le principe d'après lequel ils agissaient , en les comparant au condensateur d'une machine à vapeur ordinaire. Mais j'aurais du dire alors ce que je puis ajouter à présent , que cet expédient fort simple nous dispensait d'avoir recours à ces moyens compliqués , qui étai('Pt adoptés précédemment pour remédier à l'invasion de l'humidité entre les ponts. On se souvient qu'aucun des procédés dispendieux qui avaient été employés , et notamment les dou- blures en liège, n avaient pu prévenir cette con- densation de vapeur, qui est (Xîcasionée dans l'intérieur d'un vaisseau par les exhalaisons du corps humain et autres causes ; ce qui faisait ([ue l'eau découlait sans cesse, et rendait la situation des marins très-désagréable , surtout dans leurs hamacs. Je n'ai nullement dessein de blâmer les auteurs de ces inventions, et j'en ai d'autant moins le droit , que cet inconvénient se fit sentir sur mon propre navire lors de mon premier voyage en 1818 , le moyen que {employai dans i qui 2âl Je second j)oiir y reinétlier, ne s tant j)i»«. alors ])résenté à mon esprit. Mais à présent ijne je l'ai essayé, et qu'il a complètement réussi, je ]mis en toute sûreté le recommander comme devant être adopté à bord de tout navire qui entreprend un voyage dans les mers septen- trionales. Lasemainese termina de la manière ordinaire, .•» d^c et le jour destiné au repos et à la religion fut célébré comme nous nous en étions lait une règle, sauf les cas de nécessité. Le 6 ne produisit aucun changement qui mé- o iUc. rite d'être rapporté. Dans le fait, il n'arrive que trop souvent que mes observations n'ont rapport qu'à nos travaux, qui étaient toujours les mêmes ; aux variations du temps , qui sont rarement fort intéressantes , et à celles de la température, qui le seraient encore moins, s'il n'était curieux de suivre les changemens qu elle subit dans un cli- mat semblable. L'homme est un animal étrange , puisqu'il peut vivre dans des pays si variés, sous des climatS; si opposés , et se nourrir d'alime»s si dilïerens; mais il le serait encore davantage, si, après avoir connu un autre pays , — je ne dis pas meilleur, car il ne peut en exister de pire, — il avait lixé volontairement sa résidence sur les côtesdudétroitduPrince-Régent, en Amérique. 11 y est pourtant an ivé , de quelque endroit quil y soit venu. S'il avait connu les bananes et les ananas, il a appris à y préférer l'huile de poisson ■4' 'P' ^2^ :|; et la graisse de veau marin ; il a substitué les os aux hanihous , la neige au hois et à la pierre , les peaux île veanx marins aux tissus de eoton ; et n*a>'aut pas oublié d'apporter avec lui du ("eu et, ce qui vaut encore mieux , la dose d'industrie qui pouvait lui èlie utile, il s'est fait une habi- tation qu'il trouve si commode, (ju'il ne porterait envie aux babitans d'aucun pa^s , quand même il aurait ce qu'ils passèdent. IN'est-il pas aussi (ier de lui-même et de sa supériorité, que tout autre b')mme menant une vie bien ditFé- rente?S'il ne Tétait même pas beaucoup plus , il ne serait pas vrai de dire que la vanité des hommes ignorans et grossiers est propor- tionnée à leur ignorance et à leur grossièreté. Mais cet arrangement est admirable , et les phi- losophes ont raison, en principes généraux pour- tant, mais pas tout-à-fait dans leur application. L'homme, pris en masse, est également heureux dans tous les genres de vie f[u'il mène , dans toutes les régions de la terre, dans tous les degrés «le civilisation. C'est tout autrechosede soutenir qu'individuellement tous sont également heu- reux, ou qnil existe pour tous des compensations équivalentes de bonheur et de souffrances. iiiv. 11 n'y eut rien de nouveau le 7, que le spec- tacle de la première belle soirée que nous eussions eue de tout l'hiver ; nous vîmes dans le même moment le lever, le midi et le coucher d'un so- leil qui n'avait plus ni lever, ni coucher; qni 'A â 225 lie seiiiMail nous les promellre que pour inaii^ <|uer à sa promesse ; et qui se glissait , uou le long lie l'horizon , mais sur un espace étroit, comnu; |)(jur nous dire qu'il se passerait l(^ng-temps avant qu'il nous revît. Cependant le ciel resplen- dissait de r éclat du soleil couchant, et les nuages hrillaient de teintes qu'ils présentent rarement sous le climat ])lus favorisé de notre pa^s. La construction d'un observatoire pour les 8 d«<. . observations magnétiques avait occupé nos hom- mes la veille, et les occupa encore toute cette journée. Les deux suivantes n'olFrirent rien de î), «o, n remarquable. Le temps, quoique variable, avait é'té beau pour ce pa^s. Le thermomètre avait >arié de lo" à 35° au-dessous de zéro. Ainsi se termina une autre semaine de détention. Ceux de nous qui aimaient les jeux de mots trouvèrent que le nom Shérif, donné à notre havre , n'avait pas été mal appliqué *. Les hommes qui allèrent se promener à terre <2curer à nos bommes le moyen de prendre de l'exercice. Il est probable que c'était pour eux une lâcbe plutôt qu'un plaisir; mais cela était nécessaire, et encore plus pour eux que pour nous. La température de la nuit fut de 18" au- dessous de zéro. Il tomba beaucoup de neige le jour de Noël , ce qui ne nous empécba pas de célébrer cette fête de la manière accoutumée. Le dimancbe qui la suivit fut pour nous un second jour de repos, et le lundi nous reprîmes nos travaux accoutumés. Ix* temps s'améliora, et pendant les trois derniers jours, la moyenne du froid pendant la nuit fut de 20" au-dessous de zéro. ng,., 2;) Les deux jours suivans , il tomba de la neige, *''*' le thermomètre remonta à 9", et redescendit ensuite à 17°. Il n'y eut d'autre événement, pendant tout ce temps, que la prise d'un renard. wAé*. Nous mesurâmes la glace lo)'èrent , tandis qu'on voyait par momens un second halo de 5" également coloré. Nous jouîmes une heure de ce spectacle , après cpioi le ciel se couvrit, et \\ tomba de la neige- Il y eut une brise fraîche le dimanche, et en- 23 j.,,,,. core plus de neige que la veille. Le temps fiit24ja„v serein le lundi, et le thermomètre fut à •i°;o5ia„v il remonta à 7" le lendemain, qui fut aussi un,,... jour très-doux. Le soleil brilla le a6, et pour la première ibis, ses rayons frappèrent sur le vais- seau. Le commandant Ross s'tM'cupa à mesurer une base. m . I 1 -::* m R'tl f (Il : ,; H. ■ if •il 11- ! ; I 'i i^ S7 janv. Un lialo remarquable se montra Je 27 , for- mant un peu plus d'un demi-cercle autour du SR janv. solcil. Pcu de changement dans le temps le 28 ; on tua quelques perdrix blanches , et l'on vit un grand nombre de corbeaux , de lièvres et de 29 janv. gélinottes. Le samedi nous prîmes un renard. 30 janv. La température du dimanche fut de 19° au- dessous de zéro. Après l'office divin, nos hommes firent six milles pour aller sur les îles où les Esquimaux avaient résidé l'année précédente; mais ils n'y trouvèrent que des huttes désertes SI janv. et quelques trapes. Le dernier jour du mois fut marqué par un vent impétueux qui chassait la neige avec force. Le thermomètre, s'élevant ayant le vent, remonta à 2°. En dépit de quelques jours d'un froid très- rigoureux , la moyeime de la température de ce mois fut d'environ 23° au-dessous de zéro; en janvier i83o, elle avait été de 26°. Le plus haut point du thermomètre fut environ 2° au-dessus de zéro , et le plus bas 56° au-dessous. Quand la température était aux degrés les plus bas , le temps était calme et serein , mais ces jours-là nous ne pouvions faire aucune observation avec les instrumens , dont il était aussi impossible de toucher le métal que si c'eut été du fer rouge . La chasse au fusil et aux trappes nous avait rapporté dans le cours de ce mois sept renards el quatre oiseaux. Le lac étail gelé jusqu au fond ^55 i : dans 1 endroit où nous en mesurâmes la glace pour la dernière fois. Elle avait alors près de quatre pieds d'épaisseur; elle avait augmenté de dix pouces depuis le mois de décembre. Quoique nous eussions vu le soleil pour la première fois le 19, plusieurs jours de temps couvert ne nous permirent de le revoir que lors- qu'il eut atteint trois degrés de hauteur. Le point du jour était alors à huit heures, et nous avions assez de temps pour travailler et pour prendre de Texercice. Nous avions été désap- pointés en ne voyant pas les naturels , comme nous nous y attendions, mais nous attribuâmes leur absence au mauvais temps. Février commença par un très-fort vent du i" fëv. nord, et le thermomètre remonta jusqu'à six heures du soir, et arriva à six degrés au-dessus de zéro. C'était la plus haute température qu'on eut jamais observée dans ces régions à une pa- reille époque de l'année; il s'éleva jusqu'à 1 1" le lendemain. La journée avait commencé parSicv. un temps calme et serein , mais elle finit par un vent du nord non moins violent. La matinée du ;i té\. 3 fut semblable. A midi le thermomètre descen- dit à zéro. Il remonta un peu dans la soirée, mais ce fut pour retomber à zéro à minuit. II tomba beaucoup de neige le jour suivant ; 1 it». le vent tourna au sud, et , la température baissa à i.)" au-dessous de zéro. Nos hommes travaillè- rent H ronslruirc un nouvel observaloij'c pour i I IL ai m ■M' ■■^n y ,' n i 5 fdv. ♦) fèv. ', 8 \6\ 1» fi-v, 10 Ftiv. H IVv. l:;ifév. I I IViv. «Ucv. 4«i rai'er les autres, dout l'un avait été ébranlé jusque dans ses fon- dations, parce qu'il tenait près de nous à la glace, qui avait été rompue par un coup de vent. Le samedi soir, le thermomètre était à 24° au-dessous de zéro ; et le dimanche il descendit à 32°. Nos hommes, en se promenant après Tof- fice divin , virent plusieurs perdrix blanches. Le froid continua' les deux jours suivans , pen- dant lesquels il n'y eut de remarquable qu'une faible aurore boréale. Pas de changement le 9 ; le seul événement fut la prise tl'uii malheureux renard, à qui la gelée avait fait perdre sa langue, pour avoir mordu les barres de fer de la trappe. Le froid fut très-vif le lendemain, et ia lem])é- rature descendit à 42"; nous primes un autre renard. J'essayai une seconde fois de faire des observations r.ur la variation diiu'ue, mais l'ai- guille refusa tout service. La brise étant piquante, et le thermomètre marquant 3ç) au-dessous de zéro, nos hommes trouvèrent impossible de se promener à terre , et il en fut de même le samedi. Les condensa- teurs produisirent cette semaine cinq boisseaux de glace. Le dimanche se passa suivant l'usage, et il n'y eut aucun changement dans le temps. Dans la soirée du lundi , la température baissa jusqu'à 45". Chi prit un autre renard, et un se- cond fut encore pris le lendemain. En compen- salifui , un des noires s échappa le jour suivant, ;■' ' -.ff des ai- iVfev. Cil ein|) n-lunl sa cliaiiie qu'il avait rompue. J.c thermomètre descendit encore d'un degré. Nous coupâmes la glace sur la mer, et nous<7.i8ri lui trouvâmes environ qualre pieds et demi d'é- paisseur. On prit enore deux renards, dont J'un avait perdu sa langue de la même manière <|ue celui dont j'ai déjà parlé. Celui qui s'était échappé fut assez mal avisé pour entrer dans une des trappes , et nous le reprîmes le samedi. Pendant ces trois jours la température varia })eu ; elle était à 4>^% quand minuit termina la semaine. Les renards semblaient alors cire en grand '!*> iVv. nombre, car nous en ju'imes encore un le di- manche matin ; on avait vu depuis peu quel- ques gelinottes et quelques lièvres. Le lundi, 21 i»iv. nous trouvâmes un autre renard dans une trappe. Le temps fut à peu près le même <|ue la semaine précédente; cependant, le ciel ayant été couvert le mardi , le thermomètre remonta à .'ho au-des- 30 r,,. sous de zéro. Le même jour un renard fut en- core pris dans une trappe. Si nos anciens voisins avaient été à leur poste comme l'année précé- dente, ils ne nous auraient pas laissé une si grande part de butin. Une neige abondante lit monter le thermo- ^^ j^, mètre à 22", et le même tem])S continua jusqu'au lendemain. Alors le ciel s'éclaircit , et il fut 21 ^v encore serein le jour suivant : nous tuâmes deux .y^ f,, géliuottes et un lièvre. Après plusieurs cliange- .. ^."56 mens de veut cl de teinpéraliire , la niiil d (I W- 2«f«jv. samedi fit descendre le thermomètre à 40'. '27 fév. Le soleil n'eut que la force nécessaire pour faire monter le thermomètre de 43" à 38", et il redescendit ensuite à 42". On vit quelques liè- 2» ftiv. vres pendant la promenade du dimanche , et un plus grand nombre encore le lundi ; mais on ne put en tuer aucun. C'était une expérience d'éco- lier que décharger un fusil d'une balle de mer- cure gelé , et d'en percer une planche d'un poui'e d'épaisseur; mais peut-être ne l'avait-on jamais faite jusqu'alors. Le résumé de ce mois est encore plus aride que celui des précédens. Il avait fait très-froid, surtout vers la fin ; et la moyenne de la tempé- rature fut de 34" au-dessous de zéro : à ne pren- dre que les quinze derniers jours , elle eût été de 42°. Le froid , comme je l'ai déjà dit , nuisit beau- coup aux observations; cependant nous en fîmes quelques-unes. Nos hommes conservèrent leur bonne santé, et, ce qui n'était pas moins im- portant , leur bonne humeur. N'ayant pas encore vu les Esquimaux, nous perdîmes l'espoir de recevoir leur visite avant le mois de mai, quoique nous ne sussions trop comment expliquer leur absence. Noire chasse, si prendre des renards au piège peut s'appeler une chasse, avait eu beaucoup fie succès : mais ou ne doit pas nous accuser ï 1 fj> mars. inar«. 557 tl avoir conspiré de gaieté de cœur contre Ja vie de ces animaux : nous avions une nombreuse famille de chiens à nourrir, et il fallait les tenir dans le meilleur état possible ; car le moment où ils allaient nous être utiles n'était pas très- éloigné. Le temps resta le même. Il y eut une seule r'mars. aurore boréale qui agita l'aiguille magnétique, comme on l'a souvent observé. Toute la lumière ([ue j'en pus réunir, au moyen d'un verre gros- sissant d'une grande dimension, ne produisit aucun effet sur le thermomètre différentiel. Les 2, 3 «-i 4 trois jours suivans n'amenèrent presque aucun changement ; mais le samedi nous eûmes quel- 5 ques rafales pendant une partie de la journée ; et le thermomètre , qui au commencement du mois était à 38" , descendit à 4o° • on prit un renard et l'on tua un lièvre. Il lit un peu plus chaud le dimanche; le ther- 6 mars. momètre monta à 28" pendant deux heures ; il retomba à /^o" le lundi pendant la nuit. Le même 7 mars. jour nous tuâmes un lièvre ; les deux jours sui- « et 9 vans le temps resta à peu près le même. Un renard qui vint sur le vaisseau, fut suru>i le point d'être pris par nos chiens. Nous fîmes geler de l'huile d'amandes dans un mouleà balles, à la température de 40° au-dessous de zéro. Char- geant ensuite un fusil de cette balle , nous tirâ- mes contre une planche qu'elle fendit , et elle rebondit à terre sans s'être cassée. Une balle sem- mars. I mirs. ^ îs 2Ô.S ■Iti' « n i'i' 11, *• 1 1 l'M S mars. 13 mars. i 'i mars. 15 mars, \ (> mars i 7 mars IRmars l!:>mors, l'Omars, 'Jlmar^. hlahle en glace ne produisit aucun elFet. Le même (em|)S (continua les deux jours suivans. Le sa- medi , à minuit, la température était à 35°. Le temps ne changea pas le dimanche. Nos hommes commencèrent le lundi à préparer du sable pour fondre un canal sur la glace , et nous prîmes un autre renard. Nous avions déjà vu ([uc le soleil commençait à tondre la neige sur quelques rochers. Dans 1 après midi du mardi, le temps changea ; il (it un grand vent et il tomba beaucoup de neige, ce qui dura le lendemain jusqu'à midi. Le i-^, le temps tut alternative- ment couvert et serein ; mais le thermomètre i*esta à environ 3G". Le froid se lit sentir très- vivement le vendredi, sans que la température de l'air fût plus basse ; mais le samedi elle baissa jusqu'à 44"- Les condensateurs proiluisirent cette semaine cincj boisseaux et demi de glace : c était la plus grande quantité ((ue n;)us eussions jamais trouvéedepuisfjuecet appareil avait été arrangé à notre satisfaction. La c(mtinuatl(m et rinlensil»' du froid à cette (''po(|uedc I annéecommencèreutàatlirer sérien- stMnent notre allcntion ; et la mention, faite jus- <|u'à saliété, des degrés du thermomètre, ne doit pas même être sans (juehfue intérêt yoiw le lec- teur. Il lomba le dimanche à 5^", vt la movenne des vingl-qualre heures ne tut que de 49". i^e lundi, à (|ualr(> heurtas du matin, le soleil ymasn {('([uaieiir sous vcWv tempérai ui'c excessiveinenl 'Â 259 l>asse , ('véiieiiient suiis e\ein{)lc> dans tous les |)r<îcé(lens voyages. Il n'y eut aucun cliaugement à cet égard les lus basse température ses Sou- cis du de de laii- Toute la journée fut une suite de eoups de^avi'i vents qui chassaient la neige avec force. Ils ces- sèrent avant le jour suivant , qui fut beau, mais 8 avril, froid; le thermomètre pendant la nuit était ù 30"; il ne lit pas plus chaud le samedi. Quand le «> avni. soleil agissait sur la neige , elle devenait étince- lante; mais on n'y voyait pas d'eau, et elle ne paraissait pas se fondre. Il fit encore plus froid de 2° le dimanche, qui se passa suivant l'usage. 10 avril Le lundi, le thermomètre remonta pres([ue à ^^ avrji zéro, ce qui était un augure favorable. Nous nous occupâmes des préparatifs d'un vo} âge cpie nous projetions. Ce changement heureux ne fut pas de longue durée, car le lendemain le ihei*- 12 avril momètre retomba à 28" . L'année précédente, à pareil jour, il y avait plusieurs mares d'eau près du vaisseau et sur le rivage; cette année-ci tout était glace solide. Les deux jours suivans, la^jp, <, température s'adoucit, et le thermomètre monta "*'" très- près de zéro à midi. Il atteignit 4" au-dessus de zéro le vendredi, et il se fixa à 2" le samedi : j^p, u, nos préparatifs de voyage se continuèrent. ''*'^'' On vit ce matin le premier ortolan de neige ^-j,,^;, de la saison. Nos préparatifs de voyage furent terminés le lundi, et nous n'attendiines plus^Havrii. qu'un temps favorable. Le lendemain parut nous itj.vril. promettre un changement, car le thermomètre monta à 8" au-dessus de zéro, et Tiiir seinblail doux , en dépit «l'une brise. Deux hommes fui'eut nivo>és eu avanj à une dislaneededcux milles, !•. 4 ïi *1|' ';'» avec le traîneau , afin qu'ils fussent prêts à partir f . et à INeitchillee. L'un des trois était sur le point d'aller à Neitchillee, et il appren- drait à ses compagnons où nous étions alors. Nous rcgrellàmes la mort de notre ami Tiagasliu, qui avait été un des premiers à nous drnnier des iu- lormations sur la géographie du pays. Il était d'un excellent caractère ; et comme il avait une (aniille nombreuse, il avait tellement souH'ertde la disette pendant un certain tem[)s, que nous avions cru devoir lui fournir des vivres ainsi qu'à sa famille. Très-pauvre lui-même par suite de la même cause, il avait t\ >rl peu de choses à vendre, et il n avait pu faire que très-peu d'échanges avec nous ; mais nous avions fuii par lui faire présent d une lime et d un couteau, ce qui l'a- vait mis de niveau avec les autres. C'était un acte de justice autant que de libéralité, car toute cette famille avait toujours été pleine d'at- tenlicms pour nous, et elle nous avait montré sa rec(muaissance en nous donnant un veau marin sur deux qu'elle avait pris. Quoi tpi il ])ùt être connne 1 s(piimaux, il était du moins à nos v^^ux un homme aimable el e\enq)laire. ^ous ne pù- nu\s apprendre (pielle avait vlv la cause de sa i;J •il,; iH'i ».i| ^^f ^ «!î !l mort, et nous regrettâmes de ne ])as a\oir éti* près de lui, puisque nos médicameris auraient peut-être pu lui sauver la vie. 52 avril. Suivant les traces laissées par le premier traî- neau, je quittai le vaisseau à quatre heures du matin avec le chirurgien, trois marins et nos trois Esquimaux. INous arrivâmes à onze heures à leur station, nommée Niokhunagriu. C'était l'endroit où nous avions dressé notre tente le 38 juin précédent. Noiis y trouvâmes les deux ma- gasins de poissons, qui ne pesaient ensemble que 180 livres, m^is nous n'en payâmes pas moins le prix convenu. Ils se mirent sur-le-champ à nous construire une hutte de neige, et elle fut achevée en quarante-cinq minutes. Nous ne tar- dâmes pas à nous préparer un dîner chaud , qui nous fut fort agréable après avoir fait seize milles sur une glace très-raboteuse Cependant nous apprîmes que la route était meilleure au-delà de l'endroit où le commandant Ross avait quitté ceux qui l'avaient accumpagn*?. Nos hommes ayant oublié leurs couvertures, njs bons amis leur prêtèrent des peaux. A midi , deux d'entre eux partirent à grands pas avec un traîneau et six chiens, pour aller chercher un troisième dépôt de poisson, qu ils nous dirent être sur les bords d'un lac à une assez grande dislance. Je pensai que cette nou- velle provision valait la peine (pion l'atleiidil, et le prix en fut également ii\v à un couteau. 24: Pendant ce temps nous examinâmes leur hutte , qui était assez grande pour les trois familles, ayant dix-huit pieds de diamètre; mais elle était dans un état de dégradation qui prouvait qu'elle avait été occupée depuis le commencement de l'hiver. Les femmes nous accueillirent cordiale- ment, et nous en trouvâmes une vieille qui était malade, ou qui croyait l'être. Le chirurgien lui donna quelques médicamens. C'était la femme à plusieurs maris, et elle lui montra sa reconnais- sance en lui donnant une des pierres d'où ce peu- ple tire du feu, présent qui devait certainement avoir du prix aux yeux de celle qui le faisait. Ils nous offrirent de l'eau, qui est fort rare-parmi eux dans cette saison, parce qu'il faut beaucoup d'huile pour fondre une certaine quantité de neige ; ils nous donnèrent aussi du saumon , et nous l'acceptâmes pour ne pas les offenser; nous leur times en retour quelques petits présens. Ils nous firent des questions sur les hommes de notre équipage, et ils répondirent à celles que nous leur adressâmes sur leurs amis et leurs familles. Un enfant nouvellement né avait été nommé Aglugga, en l'honneur, à ce qu'il paraît^ du commandant Ross, que les Esquimaux nom- maient ainsi. La vue de cinquante peaux de veau marin prouvait que leur pèche avait été bonne , et indépendamment de la chair que nous voyiarui. plus agréable que de coutume; mais connue nous avions retiré la couche de neige dont nous avions couvert le pont, il Ht plus froid qu'au- paravant dans l'inléricnr du navire. Notre guide l'squimaux uuun (|ui(la <*ii nous prointMIanl de nous envoyer un veau marin, et de la graisse que nous avions perdue. Le veau marin arriva, ainsi que la graisse an avril. perdue et qui avait été retrouvée. Une forte brise rendit le temps froid, quoique le ther- momètre fût à 6" au-dessus de zéro ])endant le jour, et seulement à lo au-dessous pendant la nuit. Il est probable (jue nous commencions déjà à trouver en nous-mêmes une nouvelle échelle de température plus agréable, (pu)i(|ue le froid extrême n'eût pas cessé depuis long- temps. Les physiciens devraient nous domier quelques explications à ce sujet. Le corps en- gendre-t-il plus de chaleur quand il fait froid, et en engendre-t-il d'autant plus que le froid est plus rigoureux? Si cela n'est pas, commeul pouvions-nous avoir aussi chaud à 5o" au-dessous de zéro qu'à lO" ou :iO" au-dessus, laissant de côté les accidens fortuits du vent, et son action sur le corps quand il y est exposé? Mais, de quelque manière qu'on explique ce fait, pour- quoi le thermomètre du corps, son opinion, pourrais-je dire, change-t-il de cette manière? Ce qui n'avait rien de désagréable un mois au- paravant, nous était alors insupportable. S'il pouvait arriver en juillet un froid de Tia" au- dessous de zéro pendant la nuit, avec une lem- pératvu'e de 70" au-dessus ])endant le jour, il n'est pas facile de se figurer ce 4 '1 1 ;'t-i' ,s hommes continuait à èlrc I bonne, et les provisions fraîches que je lenr avais procurées devaient les maintenir en cet état. Nous avions retrouvé les Esquimaux , comme nous l'avions désiré depuis si long-temps; enfin nous avions pu commencer notre voyage par terre. i m M ^n M t ,i Il . H „ I iti ,■■:■? SÎJ , ... î^ 1 1" mai CHAPITRE XXXVIII. Retour du coniniandanl Bossi. La température varia pendant toute Ja jour- née de 2° à 1 2° au-dessus de zéro , ce qui sem- blait annoncer un changement décidé et favo- rable. Après l'office divin , le commandant Ross arriva , ayant laissé ses compagnons à environ vingt milles au nord. [1 s'était hâté d'arriver pour qu'on leur envoyât du secours. L'enseigne Tay lor avait eu un pied gelé , de sorte qu'il ne pouvait plus marcher , et les quatre autres , quoique excessivement fatigués, étaient obligés de le traîner. INous leur envoyâmes tous les hommes de l'équipage. H était probable que l'enseigne serait condamné à l'inaction pour tout l'été, tandis que les autres auraient au moins besoin d'une semaine de repos. Le commandant Ross nous apprit que l'éclat de la neige ayant presque aveuglé ses com]>a- gnons, il n'était arrivé sur le bord de la mer, à le inies ligne lété , Isoiii [■'clat |H>a- pr , à Awatutyak , que six jours après son tléjiart ; qu'il y avait clierclié un passage eoiiduisaiit dans l'oeéan oecidental , qu'il eu avait e\amiu(' seru- puleusement chaque crique, qu il eu avait suivi toute la côte; et il déclara, sans hésiter, qui! ne s'y trouvait aucun passage. 11 était donc évi- dent que la mer, que les naturels supposaient conduire à Neitchillee , n était que la mer orien- tale, ou une partie du gi^ll'e qui se tnmve en cet endroit entre Port-Logan et le havre d'Eliza- beth , d'où il résultait clairement qu'il ne pou- vait exister aucun passage plus près de nous que sous la latitude de 71° 55, où se trouve un au- Ire grand bras de mer. Malheureusement nous en étions trop loin pour pouvoir en faire 1 exa- men par terre de l'endroit où nous nous trou- vions , ce qui redoubla , non sans raison , nos re- grets de n'avoir pu avancer davantage ]>endant l'automne précédent. Tout ce ([ue nous ])()uvions faire en ce moment, c était de reconnailre la ligne de côtes à fouest de la ])éninsule, et il lut décidé que ce serait l'objet de notre prochaine expédition. Le commandant Uoss nous dit aussi qu il avait trouvé la glace fort raboteuse, et par conséquent la marche diilicile; qu'il avait fait i5o milles; que le temps avait été très-froid, le ihermomè- tre étant descendu à 18" au-dessous de zéro; et qu'il était tombé à deux reprises une immense quantité do neige. Il ajouta que la pression sur n. 17 m ■ t ^ï : i4 \i' 1 1 •;>• t* I r.: il il •ii' r' CHAPITRE XXXIX Relation de rexpétlitioii du commandant Ross. y Ce devait être pour nr ais un sujet de regret , 20 avril. de ne pouvoir plus compter sur l'aide des Esqui- maux, dont les traîneaux et les chiens nous avaient rendu des services si essentiels , et qui nous construisaient des demeures temporaires avec tant de facilité et de promptitude. Cepen- dant nous avions acquis quelque expérience , et vers le milieu d'avril, je devins impatient d'aller voir une seconde fois Aw-\vuk-too-teak ', que je n'avais pu examiner que très-imparfaitement, et qu'il était important pour nos opérations fu- tures de reconnaître avec une grande exac- titude. Nous partîmes donc du vaisseau, le 20 avril , à 3 heures du matin. J'avais cinq hommes avec (1) Le même endroit que le rapitaine Ross ^rrit Awatiilyak. ( Dfote du Traducteur.) û I i \%4. •'* 2()0 moi , et nous fûmes accompagnés quelque temps par le chirurgien et quelques autres , qui nous quittèrent à 8 heures. Peu de temps après j'a- perçusdes traces récentesd'Esquimaux, et comme il était important de trouver , s'il était possible , un guide pour A\v-wuk-too-teak , je suivis leurs pas tandis que mes compagnons longeaient la côte. J'arrivai ainsi à Neak-kog-nak ; et là , à l'aide de ma lunette d'approche , je vis une hutte de neige, d'où sortirent trois hommes qui avancè- rent à grand pas leurs couteaux à la main; mais ils les jetèrent dès qu'ils me virent mettre mon fusil par terre , et ils m'accueillirent en poussant leurs cris de salutation amicale. L'un d'eux était Pow-weet-yah ' , le père de l'enfant dont la mort avait causé une altercation entre nous l'an- née précédente, et que nous n'avions pas revu depuis ce temps : les deux autres étaient ses fils. Ils nous dirent qu'ils nous avaient attendu tout l'été , avec une provision considérable de reunes et de saumons, comme ils nous l'avaient promis. Ils furent fort surpris d'apprendre que les glaces nous avaient empêché d'avancer vers le nord, et ils nous assurèrent qu'ils avaient vu beaucoup d'eau libre à Owweet-te-week. Ils nous apprirent qu'ils s'étaient arrêtés huit jours en cet endroit; qu'ils étaient en chemin pour se rendre à Neak-kog-na-geoo, sur la côte ' ^«iti t|iip le rapilaiiic Ross évrii Powfvlak. ( IVotc M!'\ ï I uiirioiis volonlicTS fait halle; mais létal de nos provisions ne le ])erinetlail pas , car les diffé- rcns retards que nous avions éprouvés avaient occasicjné une plus grande consommation que nous ne l'avions calculé. Nous fûmes donc obligés de continuer notre marche , et nous ne 29 avril, uous arrêtâmes qu'à six heures du malin. H se trouva alors qu'un de mes compagnons avait un pied complètement gelé. En y appli- quant les remèdes ordinaires , nous empêchâmes les progrès du mal , mais Tinilammalion était si forte, que nous fûmes retenus en cet endroit HOavril. jus(pi'au So à midi. Alors, nous plaçâmes le malade sur le traîneau , et nous nous remîmes en chemin vers le vaisseau. D abord la marche fut facile; mais après avoir tourné une pointe de terre exposée au nord, nous trouvâmes la glace si raboteuse , qu elle était presque impra- ticable : ce n'était qu'une masse confuse de blocs de glace accumulés, quelquefois jusqu'à la hau- teur de trente pieds. Du haut d'une de ces élé- vations , nous vîmes qu'à la distance de ([uelques milles, la glace élait j)arfailement unie, ce qui nous encouragea à tenter de surmonter cet ob- stacle. Ce genre déglace continua j)endant cinq à six milles, et ce ne fut (ju'à force de fatigues comme nous n'en avions pas en(M)re essuyé et d'ciroi'ls tels (pic nous n'en avions jamais fait, rpie nous parvînmes à nous en tirer. Les se- cousses inévilables du (laiueau firenl beaucoup ^ ■w élé- 207 souffrir notre malheureux compagnoo. , et celle partie seule de notre voyage nous occupa douze heures. Trois de nos compagnons étaient complète- << ment abattus , et nous fumes obligés de faire halte le i" mai à deux heures du matin, à environ trois "milles au sud de Tîle d'André Ross. Mais comme nous étions alors prescjue sans provisions, qu'il était important que Ta) lor fùl soigné le plus tôt possible par le chirurgien , et que les autres ne pouvaient se remet Ire en marche sans s'être reposés, je parlls seul pour le vaisseau. La distance nY-lait que de vingt milles ; niais , la route étant mauvaise , je n'arrivai à bord qu'à onze heures du malin. Tous ceux qui étaient en état de partir furent envoyés au secf)urs de leurs compagnons , et, peu après minun , tous étaient arrivés. Taylor avait encore beaucoup souffert pendant ce voyage, mais les soins du chirurgien firent bientôt disparaître les suites les plus douloureuses de s(m accident. Des trois anlves, Richard Wall fut le seul (|ue l'excès de la fatigue rendit malade (|uel(|nes jours , ce|)en- dttut il n'en éprouva aucun elllt fûciieux. ¥' I I II ï- i m «• .v-^ .«.: I CHAPIJ KE \L. i Vfy > H Mi ;!r 5 livres , car ils n'avaient pu re- trouver leur magasin Le thermomètre monta à ao" au-dessus de zéro, et la température moyenne fut de 4 "• Les deux Es(piiniau\ nous (piiltèrenl, en nous promeMant de nous appoiler dans trois jours un v<'nu marin cl des saumons. Ils dcN aient pèchci ■t mai. A •li i 1 TB t' W ( t,' 1 N'-. 1 :IS|i I I :fl ly*: lïM p ['!'. i^^^ I ï 2()9 pendant l'autonine à l'endroit où nous étions, et à Neitchillee pendant J'hiver. Notre nouvelle cuisine portative réussit parfaitement. Le prin- cipal avantage en était, qu'elle n'exigeait d'autre combustible que de l'huile, eu de la graisse. Ayant coupé la glace près de nous, nous lui trouvâmes une épaisseur de cincj pieds et demi. Le thermomètre pendant la nuit, fut à zéro. Le samedi , nous envoyâmes chercher quelques objets qui avaient été laissés en arrière pour faire place à M. Taylor sur le traîneau. Ainsi se termina la semaine. Après l'oflice divin, nous reçûmes la visite de quelques familles d'Esquimaux. Un des hommes entreprit de nous conduire à Neitchillee , par les lacs , en huit jours de temps. Sa récompense ilevait être une grande perche de hois. Ur* autre , qui était resté à bord , s'en alla le lendemain , en nous promettant de revenir dans quai re jours . Pendant ces deux jours et le suivant , il n'y eut guère de changement dans le temps, mais la température moyenne devenait graduellement plus douce. Nous eûmes, le mercredi , un ouragan et de la neige. Cet ouragan ne fut plus qu'une forte brise le lendemain. L'Esqniniaux revint, mais il n a- vait à nous vendre (pie quelques vètemens. Les préparatifs de voyage étaient en train, et entre autres choses on apprêta des provisions pour douze hommes pendant trois semniiu>s. Le t(Mnps II 5 PI t; mai. / mai. 8 nu 9 m;i ^11 inui. H mai. 42 1." n»;ii. I I M) ■M .. Jj I ■ » liî' II, Vn 1 \i m I i ( .1 M II '!. '■■,':i 1 I < .') mai H> mai. iiiiii 270 parut promettre de s'améliorer, car le thermo- mètre remonta , pendant le jour, jusqu'au point de congélation, et il ne descendit qu'à r:' au- dessus de zéro pendant la nuit. Pendant leur promenade du dimanche, nos iiommes virent plusieurs traces de rennes : ces animaux semblaient revenir pour l'été. La ma- tinée du lundi lut employée à tout préparer pour notre voyage; et à huit heures du soir , le premier traîneau , avec la barque en peaux , et des provisions pour six hommes pendant trois se- maines, et un second traîneau portant une même quantité de provisions , partirent pour aller re- connaître la seconde chaîne de lacs et la côte occi- dentale de la péninsule, aussi loin au nord qu il serait possible. Deux naturels devaient servir de guides à ces deux divisions. Calculant que nous atteindrions en sept jours la côte occidentale , notre plan était que la seconde division , sous les ordres du commandant lloss. continuât son examen , tandis que la première retournerait au vaisseau pour en rapporter de nouvelles provi- sions , et rejoindrait la sec(mde par le ])lus court chemin. Nous désirions en outre obtenir des naturels de nouvelles informations géographi- ques et de nouveaux approvisionneraens en vi- vres et en vétemens. Nous fîmes neuf milles avant midi , et nous arrivAmes aux huttes des naturels à Neotaknag , environ nue heure avant les traîneaux. Nous v '< \l 271 tlrcssâmcs notre tente. Des guides qui nous avaient été promis devaient être prêts dans la soirée. On nous dit que plusieurs rennes avaient récemment passé en cet endroit, poursuivis par un loup. Nous avions autrefois trouvé les Esqui- maux en possession d'un fragment d'une grande pièce de bois , de quelques cercles de fer et d'au- tres objets ; nous avions soiqiçonné qu'ils nous les avaient volés, ou que quelques-uns de nos hommes les leur avaient vendus ; ces soupçons pénibles fiu'cnt alors dissipés et le mystère fut éclairci. C'étaient des objets que nous avions jetés à la mer comme inutiles ])our faire place à d'atitres , et les Esquimaux les avaient trouvés. Je gravis une montagne d'environ 800 pieds de hauteur pour examiner le pays. Nos guides ar- lûvèrent dans la soirée, conformément à leur promesse. Notre marche avait quelque chose de nomade, et formait une ligne pittoresque. La mère des deux guides marchait en avant, un bAton à la main. Venait ensuite mon traîneau, attelé de deux chiens, contenant un de leurs enfans et quelques objets à leur usage , et guidé par une femme portaiit un enfant sur son d(?s. Suivaient alors un traîneau des l' squimaux , puis celui du commandant Ross, et un sec(md traîneau des naturels, fiarrière garde se conq>.')sait d'un Es- ([uimaux traînant deux peaux remplies d hnile, et nous marchions a auclque distance avec un ■'' I -, n h4{ m V £!•■ r^H 2Tâ de leurs jeunes eufans. INous fûmes obligés de faire plusieurs haltes , car les traîneaux étaient pesamment chargés , la neige très-profonde et la glace raboteuse. 18 mai. Nous avious eu quelque difficulté à détermi- ner nos guides à aller si loin , quand nous dres- sâmes nos tentes, et les naturels se construisi- rent sur-le-champ des huttes de neige. Un gratid vent , accompagné de neige , s'éleva alors et dura jusqu'à midi. Nous avions traversé le fond de la baie et Tembouchure de la grande rivière à la- quelle nous avions donné le nom de Lord-Lind- say. C'était Tendroit où nous avions acheté une grande quantité de saumons l'année précédente. Nous étions à environ trois milles du continent, près d'un groupe d'îles rocailleuses qui s'éten- daient de nord en sud. La terre était très-élevée des deux côtés, et nous avions devant nous la montagne de Kakoloktok. Notre marche s'était dirigée jusqu'alors vers le sud, à fort peu de chose près, et nous avions fait quatorze milles. Dans la soirée tout fut prêt pour le départ , et le commandant Ross se rendit sur la miontagne que je vieixs de nommer pour prendre des angles, tandis qu'on se remettait en marche. A mesure que nous avancions , le bras de mer se rétrécis- sait , et l'on voyait iiu plus grand nombre de pe- tites îles (pii inditpiaienl (jue l'eau était peu pro- fond?. Nous arrivâmes bientôt à une petite ri- vière, «le rluiquo «ôt('' de laquelle était un ro. t, et tagne esure epe- pro- llc ri- 1 ro- i ^:' 275 cher de cinq à six cents pieds de hauteur. Il y avait aussi , à l'est de l'île , un canal le long de la côte du continent , par lequel nous pourrions abréger considérablement la distance en retour- nant au vaisseau. La neige et la glace étaient de nature à rendre notre marche pénible , et nous ne pûmes avancer que lentement. A neuf heures nous passâmes devant l'einbouchurc d'une autre petite rivière nommée Sokinnohunuting, et nous arrivâmes enlin à celle de la rivière de Saumarez. C'était le 19, et nous rejoignîmes en cet en- lo mai. droit le commandant Ross. Nous fumes très- sui'pris de voir que cette rivière n'était pas couverte de glace, et que l'eau en remplissait le lit et coulait avec ra]>idité ; mais nous le fiimes encore davantage en apprenant qu'elle avait été dans le même état pendant tout Thiver. En fai- sant quelques questions à ce sujet, nous apprî- mes qu'il se trouve plusieurs sources dans le lac qui est au-dessus , à environ un mille de dis- tance. Nous tirâmes les traîneaux sur une chaîne tle haiileurs d où nous obtînmes une bonne vue de celte rivière , qui semblait couler dans la di- rection du sud-ouest. Dans un endroit elle était resserrée entre des rochersdeqnatre-vingts pieds de hauteur, et lo lit en était si étroit que nous nous figurions presque que nous pourrions sau- ter par-dessus. La tempérai ure de cette eau wtait de 34 degrés *vwlessus tle zéro, et nous pûmes >^ 18 t Jm i nil irm ;|H \ ifl )PÊ^ ■xy, j.î ■i n ■■Il 1 »i'l. i hi ^ M 't'i tous nous désaltérer sans avoir l'embarras de faire fondre de la neige. La glace ôv lac n'était pas couverte d'une neige aussi profonde que celle de la mer, mais cette neige ne présentait aucun indice de dissolution. Nous en suivîmes les bords du côté de l'ouest , où était le pied d'une montagne haute et escarpée, et nous dressâmes nos tentes à trois milles de la rivière, près des huttes de nos guides , qui nous avaient précédés. En dépit de tous nos soins et de toutes nos précautions , un de nos hommes eut un doigt du pied gelé , et il nous fut de peu d'utilité pendant le reste du voyage ; il avait ca- ché son accident jusqu'au moment où les remè- des ordinaires ne pouvaient plus suffire, 11 en arriva autant à un autre, mais il fut aisément guéri . parce qu'il nous en avertit à temps. Les naturels s'occupèrent à faire des trous dans la neige pour y déposer des provisions et €(uelques autres objets , ce qui allégea beaucoup les traîneaux. Ils firent aussi quelques traîneaux de glace d'eau douce en forme de bassin ellipti- que peu profond. Deux de ces traîneaux attachés ensemble contenaient une quantité considérable d'objets à eux appartenant, et portaient en outre une de leurs femmes. Quoique lourdement char- gés, ils marchaient avec beaucoup de rapidité. Ce ne fut pourtant qu'à neuf heures qu'ils furent prêts à partir, et nous continuâmes à cô- toyer le lac du côté de l'ouest, la vieille femme i>i Li'ils 275 maintenant toujours son rang en tète de la troupe. Les rives du lac étaient hautes et rocail- leuses ; sa largeur variait d'un à deux milles , et il inclinait davantage à l'ouest. A onze heures nous arrivâmes à un détroit d'environ cinquante toises de largeur. La rive était escarpée du côté du sud , et de l'autre était une pointe hasse cou- verte de cercles de pierres, restc^j des Ijabilations fVélé des Esquimaux qui nous accompagnaient, 4, qui y avaient fait un dépôt de poissons pour leur retour. Us nous dirent que c'était une ex- cellente station pour y pécher des truites de lac , mais que les poissons de mer ne pouvaient re- monter si haut, à cause de la force du courant dans la partie étroite de la rivière dont je viens de parler. Tandis que nos hommes prenaient leur repas et se reposaient , les naturels firent un trou dans la glace pour pécher. Nous fûmes surpris de voir qu'elle n'avait que cinq pouces d'épaisseur , quoique ce ne fût qu'à cinq toises du rivage, et que Teau n'eût en cet endroit qu'une profon- deur de six pieds. Elle aurait dû y être plus épaisse qu'au milieu du lac , où pourtant, quoi- que nous ne pussions trouver le fond, elle n'avait que deux pieds d'épaisseur. La tem- pérature de Teau y était précisément au-dessus du point de congélation. Nous essayâmes d'ex- pliquer cette singularité, en supposant l'exis- tence d un courant d'ouest en t";t ji!>.fju'à jinn IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) k A . {/ ^^ 4F ^."î* W ^ i< 1.0 l.l 11.25 lÂi|21 125 US ^^ ^'^ y* 1^ 12.2 Z. lu ^^ Z Uâ 12.0 ^ V y .Sciences Corporation 33 Wnr MAIN STHIT WIUTM.N.V. I4SN (7lé)t73-4M)S <^ v\ :i '■■H h L'i) in;ii lll (époque lariiivo de la saison^ mais comme on ne voyait aucune penle apparente, celle solution n'avait rien de bien satisfaisant. Si nos Esqui- maux ne prirent pas de poisson, nous vîmes du moins de quelle manière ils en prennent. Une boule d'ivoire ou d'os, à laquelle sont attachés quatre petits morceaux semblables, est suspen- due à une (icelle attachée au bout d'un bûton. Le pécheur lient ce biUon de la main gauche et maintient ces balles en mouvement à quelques pieds au-dessous de la glace, pour attirer le pois- son; et dès qu'il en voit un , il le perce avec la javeline barbelée dont j'ai déjà fait la descrip- tion. Après une heure de repos, nousc(mtinuAmes à marcher sur les bords (Ui lac, et nous y trou- vâmes plusieurs baies et cricpies et quelques îles. Nous arrivâmes ensuite à un autre détroit (|ui était aussi une station de pêche, et quelque temps après à un troisième, près duquel était une lie où nous vîmes des restes de huttes qui avaient servi au mèmeo])jet. Là nous dressâmes notre tente, et rEs(|uimaux qui nous accompa- gnait bâtit sa hutte. JNous remar(|uàmes en cet rnilroit des traces de rennes , et nous vîmes un loup. A huit heures du soir nous nous remîmes en marche , et nous arrivâmes à une terre basse d'un caractère différent. Elle consistait en pierre à chaux, cl jusqu'alors tous les roiiiers avaient été de granit. La neige était fort épaisse, et j)en- I i 1. 27 : <1aiil la nuil le (hcniioiuèlie lomi>a au-dessous (le zëro. Là quelagnaient ne se soucièrent plus de voyager la nuit. Ils firent donc haite, et se mirent à se con- struire une hutte, après nous avoir assures qu'ils nous rejoindraient le lendemain. L'un d'eux et sa femme consentirent pnurtant à nous suivre. Après avoir fait huit milles, nous arrivâmes à une île où nous trouvâmes les restes d'une lente d'Esquimaux , et un des naturels s'y arrêta. Le 21 , nous traversâmes une vraie contr<^edc ^j „„j désolation , guidés par quelques pierres ([lie les naturels avaient placées à cet eifet. Nous passâ- mes devant plusieurs petites iles , et enfin nous arrivâmes a six heures à l'extrémité de ce grand lac, après y avoir vojagé trois jouis. Nous cam- pâmes en cet endroit , où nous vîmes plusieurs rennes et deux loups ; mais ils étaient tous trop prudens pour se laisser approcher. Un vent tn.-s- fort souilla du nord-est; il t h ''■ Il 'Il m 282 • ili point de manquer. A dix iieures du soir, nous partîmes , et il fut décidé que le commandant Ross examinerait la côte à l'ouest, tandis que j'en ferais autant du côté de l'est, en m'en retournant par Padliak. Il avait des provisions pour quinze jours; je jugeai donc qu'il pouvait en employer au moins six à aller en avant. Comme je me sé- parai alors de lui , je dois différer à rendre compte de son voyage jusqu'au moment où il en fera lui même la relation. Après notre séparation , je me mis eu marche , traversant d'abord un bras de mer qui avait déjà été examiné , puis une vallée dans laquelle coulait une rivière, et enfin nous arrivâmes à minuit au cap Isabelle par un temps couvert et un épais brouillard. '28 mai. Nous uous étious arrêtés au milieu delà baie de Padliak ; mais le soleil étant caché, nous ne pûmes déterminer précisément dequel côté nous devions marcher. Cependantnous partîmes à huit heures , quoique mes hommes se plaignissent d'inilammation aux yeux , et nous dirigeâmes notre marche de notre mieux , au milieu de la confusion et de l'obscurité que causait l'épaisseur du brouillard. A minuit, nous arrivâmes à un bras de mer semblable à celui qui conduit de Padliak au grand lac. N'y trouvant pas de natu- rels , je résolus de continuer à avancer dès que nous aurions pris le repos qui nous était in- dispensable , car nos provisions liraient à leur fin. Cependant , ayant quelque temps à moi , je i '. T? 285 répétai cucetendruit les ohservalions que j'avais déjà faites pour déterminer de combien ce lac était élevé au-dessus du niveau de la mer. Notre tente était sur une hauteur d'où je pou- 2» mai. vais obtenir une bonne vue du pays, dès que le ciels'éclaircirait; mais un vent accompagné d'une neige épaisse dura toute la journée. 11 se calma dans la soirée , et je pus voir le cap Isabelle sur la mer occidentale, et les terres élevées de Shag- a-voke du côté de l'orient ; mais je ne pus dé- cider si nous étitms venus par le lac que nous avions à l'est, ou par celui qui était à l'ouest. Quoiqu'il en fût, nous continuâmes à marcher, et nous trouvâmes le chemin bon jusqu'au lac qui était le plus près de nous ; mais la quantité de neige récemment tombée, avait tellement changé l'aspect de la terre, que je pouvais à peine reconnaître aucun des objets que je connaissais si bien. Nous parvînmes pourtant à arriver à ce lac , quel qu'il fut, et nous fumes très char- més d'en trouver la surface Vieavicoup plus favo- rable pour voyager, que la glace raboteuse de la terre sur laquelle nous avions marché jusqu'alors, non sans nous fatiguer beaucoup. Ayant ainsi réussi à trouver une route plus agréable, si le nom de route peut s'employer ici, nous suivîmes la rive du lac située au sud-est. Nous vîmes che- min faisant plusieurs ortolans de neige , et nous ue fumes pas fâchés de rencontrer ces messagers du printemps de celte contrée glaciale ; prin- Ml i Û •1 m J ; ï i > '> ■■': l' ^ ■ ■■^i' .1» l H 28^ tempsqui ii a puui'loiil indue que les inij^ralions (les animaux que leur instinct amène dans ces ré- gions; car, sous tout autre rapport, le printemps est un hiver com]>let. Pourquoi ils y vont, c'est ce qu'ils savent mieux que moi , car je n'ai ja- mais pu découvrir où ils trouvent de la nourri- ture à cette époque de la saison. Mais c'est ce qui est connu de l'Etre qui dirige leur vol et leur course , et qui , ne pouvant les tromper, leur a certainement préparé des vivres qu'il leur a or- donné de chercher, afin que la table qu'il leur a fait servir dans le désert , ne manque pas de convives. 3uiiiai. Le temps fut calme et beau, jusqu'à quatre heures; nous dressâmes notre tente sur la terre, après avoir fait quatorze milles par un brouil- lard qui devint si épais, qu'il ne nous permit pas d'aller plus loin. Nous repartîmes à huit heures du soir, et nous trouvâmes avec quelque difli- culté la vallée qui conduisait à Shag-a-voke. Nous avions vu deux lièvres et qnelqnes reunes , mais je ne pus faire aucune observation. J'eus plus de bonheur, en tuant deux lièvres et une gelinotte. Je répétai encore les observations que j'avais déjà faites deux fois, jx>ur déterminer la hauteur de la terre en cet endroit, désirant beau- coup savoir quelle en était l'élévation au-dessus du niveau de la mer. C'était une question plus intéressante qu'elle ne le parait au premier coup- d'neil, puisque celte vallée , si je puis luid(mner ce ii'jiii, était celle qui formait la plus courte <*ominunicalion[>ar terre, entre les mersorienUile et occidentale ; et qui, en d'autres circonstances et sous un climat tout digèrent , aurait pu , à l'aide de l'art, fournir ce « passage au nord- ouesl , » dont, si je ne me trompe, on sait à pré- sent tout ce qu'on saura jamais, et plus qu'il ne sera jamais utile d'en savoir. Le résultat de mes observations fut de déterminer que cette terre est élevée de treize pieds au -dessus du niveau de la mer occidentale. Si cette contrée avait été placée trente degrés plus au sud, un canal creusé par une compagnie aurait pu prociu'er ce pas- sage, que la nature a jugé à propos de refuser. INous traversâmes le golfe de Shag-a-voke à si mai. une heure du matin , et nous y laissâmes la l)arque pour le commandant Ross. George Baxter , un de nos hommes , était indisposé ; mais comme, en laissant cette barque, nous avions diminué le poids de nos bagages , nous (continuâmes à marcher , et à sept heures du soir , nous dressâmes notre tente sur la mer , à environ vingt-six milles du vaisseau. Un vent très-fort ne tarda pas à s'élever , il s'y joignit de la neige; et comme nous ne pouvions faire sécher les peaux <{ui nous servaient de lit , nous nous trouvâmes fort mal à l'aise, quoique à l'abri de forage. Celait à peu près l'endroit où nous avions rampé l'année précédente , mais rasj)ect en était bien différent; et celte différence n'était nulle- n ■■\ r; .1 i^ H ^^ â ;l ■1' jtr ^^ k ,>:> m l; ; f '■' il ï , 280 ment favortable à nos projets pour l'avenir. A cette première époque , la terre se montrait presque partout ; maintenant elle était couverte (l'une couche épaisse de neige, et le thermo- mètre était (le dix degrés plus bas. Alors on y trouvait des mares d'eau , à présent on ne pou- vait s'en procurer une goutte; et, même sur les rochers , d'où elle aurait dû descendre par tor^ rens, tout était glace. Le seul espoir que nous eussions à opposer à cet aspect sinistre, était que les tempêtes pourraient rompre la glace qui couvrait la baie , et nous rendre la li- berté plus tôt (|u'il ne le paraissait vraisem- blable. Après midi , le vent se calma ; la neige cessa de tomber, et la gelée y succéda. Comme nous avions le vent arrière , nous résolûmes de faire un elFort pour gagner le vaisseau, et je pris les devans, dans ce dessein, afin d'envoyer à l'aide de mes compagnons ceux qui étaient restés à bord. Malgré tous mes eflbrts, je ne pus pour- tant y arriver avant dix heures. J'avais cédé à la tentation de poursuivre un renne , prise qui nous aurait été fort utile. L'état de la glace ren- dait le chemin fort mauvais, et je fis plusieurs chutes qui me retardèrent encore. Les hommes qui étaient restés en arrière arrivèrent à deux heures , ayant laissé le traîneau en chemin. Tous étaient malades, ou du moins excédés de fa- tigue; j'étais le seul en parfaite santé. Ainsi se â87 lerminu un voyage qui avait duré depuis le l'j mai jusqu'à la fia de ce muis. Pendant cette excursion , j'eus une nouvelle occasion de constater la rigueur extraordinaire de la saison. Pendant tout mon voyage, je n'avais ]ias vu un seul espace d'eau libre, le long de la côte, et il s'en trouvait beaucoup à la même époque de l'année dernière. Nous n'avions pas aperçu un seul oiseau sur les montagnes ; et au printemps précédent, ils occupaient en grand nombre les endroits où ils ont coutume de couver. J'ai à peine besoin de dire que celte diiFérence était une marque de la rigueur et de la duree.de l'biver, non seulement dans le pays où nous étions , mais dans celui d'où ces oiseaux émigrent. C'était donc l'indice d'un froid vif et prolongé dans toutes les contrées de l'Amé- rique septentrionale. Le registre tenu à bord , pendant mon ab- sence, ne contient que l'état du temps de cbaque jour , et il est inutile de drmner ces détails. Les circonstances étaient à peu près les mêmes pour ceux qui avaient voyagé , et pour ceux qui étaient restés. Les malades allaient mieux. Le résumé de mai sera peu de cbose. Le temps avait offert un grand contraste avec celui du même mois de Tannée précédente. Le soleil avait à peine fait impression sur la neige, et l'on n'avait pas encore vu une goutte d'eau. Le maximum de la température avait été 36" au-dessus de i \ r. 4 • ? t il Hi ^'^i ii^ m VU" ^■Mi-'î f II)- i:: / .'■ N ^■; ! il U '^ 288 zéro; le inîniinum , 16" au-dessous; et la moyenne , iG" au-dessus. Le premier voyage du commandant Ross avait démontré qu'il n'existait à Awatutyak aucun passage conduisant à l'océan occidental , et par conséquent on ne pouvait en trouver au sud de 72°. Le dernier voyage avait été malheureux poiu' l'enseigne Taylor, qui était menacé de perdre une partie du pied droit ; les autres étoîeut si harassés que c'est à peine si , au hout de quinze jours , ils étaient remis de leurs fatigues. Mon voyage m'avait permis de compléter nos connaissances géographiques sur cette partie du pays , en dépit du temps contraire. Le gibier était encore rare : les animaux, venant du midi, commençaient à la vérité à émigrer vers le nord, mais en fort petit nombre ; et leur présence eût annoncé l'approche du printemps , si la neige qui nous entourait n'eût pas été une preuve suiUsante que cette saison n'était pas encore ar- rivée. >, i !■ Il CIIAPITUE XLI. Juin. — Rploiir tiii rtmimaiitlaiit Ross. 1^ H :■:> l Le temps fut froid les deux premiers jours de r' jui ce mois , et le second nous eûmes un ouragan. On ramena le traîneau de l'endroit où il avait été laissé. Le plus bas point du thermomètre fut 19" au-dessus de zéro. Nous espérions alors que pendant quelque temps nous n'aurions pas à noter les degrés de l'échelle descendante. Ce mois commença mal; car le chirurgien re- connut la nécessité d'amputer une partie du pied de l'enseigne Taylol' : la gangrène s'y était mise. Tous deux se distinguèrent dans cette opé- ration, l'un par son adresse, l'autre par sa ré- signation. Ceux de nos autres hommes qui avaient souHert de la gelée paraissaient devoir en être quittes pour un ulcère (m deux. Qu'il me soit permis de faire une remarque à ce sujet : elle a pour but , ntmde faire l'éloge de 11. 19 t I î 'W^ •À i"i\ I I . ■1» ' II 2ien «ju^aux navigateurs comme nous , cjuels résultats on peut obtenir avec un peu de soin et d'attention. C est un fait certain que, de tous les voyageurs tpii ont passé l'hiver dans des climats septentrionaux , jamais aucun n'en a éprouvé de ])liis rigoureux par sa température, de plus remarquable par la durée du froid ex- cessif, de plus fréquemment accom])agné <)5 niai'ciic vers le sud-ouest , et passant au travers tles îles, nous arrivâmes à une montagne située à vingt milles du vaisseau , et que j'ai déjà dési- gnée comme étant fréquentée par les mouettes. ]Nous y vîmes les ])remières qui fussent arrivées de cette saison. Un mille plus loin , nous trou- vâmes deux tentes d'Esquimaux ; et quelques- uns de nos anciens amis nous invitèrent à y en- trer, (quoiqu'ils fussent pris à l'improviste , et qu'ils fussent couchés à peu près ])èle-mèle , hommes, femmes et eufans. Deux jeunes gens nous dirent qu'ils étaient en chemin pour ])orter du poisson au vaisseau , et nous ])romirenl de nous en fournir pendant Tété. Ils avaient enten- du parler du commandant Boss, mais ils ne ra- valent pas vu. Nous leur dîmes de se rendre au vaisseau , et nous nous séparâmes. Un brouillard épais survint, mais nous avions '• ,i"'" nos propres traces et celles des naturels pour nous guider. A huit heures , nous arrivâmes à Shag-u-voke , et nous dressâmes noire tente sur la côte , le soleil ayant trop d éclat pour que nous pussi(ms le su])porler. Je laissai en cet endroit les provisi(ms destinées au commandant Ross avec une lettre; et nous élevâmes au-dessus d'un monceau de ])ierresun pavillon pour attirer son attention. Comme le brouillard ne me j)er- meltait de rien examiner, nous retournâmes au vais.seau. JiCs traces t naduels, qur nous suivions, ju j„i„ II iil II M 'if: i I ■ m ^' ¥ ■ i i \ I ^ d Is 29^ nous prouvèreutqu'ilsuavaieiilpasde traîneaux, et qu'ils traînaient dans des peaux ce qu'ils por- taient avec eux. A cinq heures, nous campâmes au même endroit qu'en venant , et enfin nous y trouvâmes de l'eau. Je partis en avant, afin d'envoyer du vaisseau quelques hommes à Taide de ceux qui m'accompagnaient, de sorte que j'y arrivai trois heures avant eux. Les deux naturels y avaient été, mais ils n'avaient pas apporté de poisson , et ils devaient revenir le lendemain. Pendant mon absence on avait rouvert le trou que nous avions fait dans la glace peu de temps auparavant, et la nouvelle glace qui s'y était formée avait dix-sept pouces d'épaisseur. 41 juin. Les hommes que j'avais laissés en chemin ar- rivèrent avec le traîneau , et long-temps après», ceux tpie j 'avais envoyés à leur secours , et qui ne les avaient pas rencontrés , s'étant trompés de chemin. A huit heures, nous vîmes les deux Es- quimaux arriver. Ils nous apportaient quatre- vingt-dix-sept livres de poissons de différenles espèces, consistant principalement en petites mo- rues , en gades , et en quelques saumons. Ils nous apportaient aussi une ])cau d'ours et quelques vètemens. Leurs femmes vinrent ensuite. Nous les reçûmes sur le tillac , le samedi n'étant pas un jour commode pour les admettre entre les ponts. Ils nous promirent une autre provision de poisson pour le lendemain. «•> iiiin Lrjliniaiirlie, àcin<| heures du malin, un af- ^)o af- IVcux veut «l ouest uous aineua de gros uuages eliargés de ueige , et il eu touiba peudaut seize heures sans iuterrupliou. Cela u'empèelia pas uos Esquimaux d'arriver après Tofilce divin , avec le poisson qu'ils nous avaient promis et (|uelques autres objets. Je les lis entrer dans la cabane, et je leur lus quelques passages des saintes Écritures dans la Bible en Esquimanx , qui m'avait été donnée àHolsteinborg. Ils eurent l'air de les comprendre, quoique je m'y atten- disse peu; ils m'écoulèrent avec grande atten- tion , et ils corrigeaient mes fautes de pnmon- ciation, en me faisant répéter les mots cpiils ne comprenaient pas jusqu'à ce qu'ils pussent en trouver le sens. Je leur lus ensuite le symbole et l'oraison dominicale, dans le livre trEgède , et ils parurent du moins en comprendre les pa- roles. Pour m'en assurer encore mieux , je leur lus quelques mots du vocabulaire d'Egède , et je fus convaincu qu'ils les entendaient mieux que ceux qui se trouvent dans des ouvrages im[>rimés plus récemment. Je ne les laissai point partir sans leur avoir donné un repas en poisson , el ils me promirent de revenir; il eût été inutile de chercher à savoir ce qu'ils pensaient de ce qu'ils m'avaient entendu lire, et s'ils en comprenaient le sens; car nous ne ctmnaissions pas assez leur langue pour faire une pareille tenlallve ; et je le regrettai beaucoup. Je ne parle pas ainsi en faiiaii(|ue; el \v n ai ^1 ' .. • il i\ i'i il m 296 jamais coucu des idées romanesques de la per- fectibilité des nations sauvages. Je suis encore moins porté à supposer qu'aucun pouvoir hu- main puisse enter une religion raisonnable et solide sur l'esprit d'hommes qui manquent de tout ce qui peut être le fondement d'une foi raisonnable , et saine en pratique ; qui n'ont ja- mais fait usage de leur raison; et qui , comme je puis le dire en toute sûreté , n'ont guère de l'homme que ce qu'on trouve dans les êtres qui approchent le plus de la nature purement ani- male. Et pourtant, même dans ces contrées, Dieu n'a pas laissé sa toute -puissance sans preuve , quoique les démonstrations puissent en être quelquefois très- étranges. Comprenaient- ils la moindre chose à tout ce que je leur disais, eu essayant de leur expliquer les choses les plus simples de la manière la plus simple? je ne pou- vais même faire une conjecture à ce sujet. En aurais- je été plus avancé , si j'eusse mieux com- pris leur langue? j'ai tout lieu d'en douter. Qu'ils eussent, jusqu'à un certain point, une loi morale « écrite dans le cœur, » c'était ce dont j'étais convaincu, comme je l'ai déjà dit ailleurs, car beaucoup de traits de leur con- duite le prouvent; mais hors de là, je ne pus m 'assurer de rien ; et tous les efforts que je fis ne purent me mettre en état de rien conjectu- rer qui mérite d'être rapporté, sur leurs opi- nions couccrnaul les points essentiels qui au- 29; raient pu me faire présumer qu'ils avaient une religion. A cinq heures du matin , le commandant Boss \s jui„. arriva avec ses compagnons, tous en bonne sauté. Les naturels prirent congé de nous pour aller pécher à Neitchillee et nous apporter du poisson. Au lieu de faire l'extrait de la relation de cette expédition, je laisserai le commandant Ross parler lui-même. ; •! I u ' *.. Jt '' i ; r -î CIIAPITUE XLII. ^ I * iiflalioii c «lu coiiiiiiaiiilaiii Ro$!i pour rccuiiiiitidc I» Miluulioii du liôl»! imni. — ()li.s«T\alinns {tour la ilétcniiiiior. — I\<5!scrvations. il mai. Ayant remis un rapport sur le pôle nord à la Société Royale, qui m'a fait l'honneur de le faire imprimer, je n'ai pas besoin de répéter ici les remarques préliminaires et générales qui s'y trouvent, et je bornerai ce récit, suivant mon usage , aux faits qui sont arrivés pendant ce voyage et aux réflexions qu'ils ont suggérées, me conformant ainsi au caractère de journal du livre dans lequel je remplis la place qui m'a été assignée. Si quelques amis des sciences désirent voir ce que j'ai écrit à ce sujet depuis mon retour, ils le trouveront dans les Transactions philosophiques &c i834. Un grand nombre de lecteurs doivent savoir rpio ce sujet avait alliré l'atlenlioii de nos pré- I 299 ckresseurs Parry et Franklin, pcndanl leurs divers voyages dans ces régions pour y faire des découvertes géographiques, dont Tobjct est à présent généralement connu. Tout éloge de ces hommes distingués est maintenant superflu; je dois pourtant faire remarquer ici que les obser- vations aussi nombreuses qu'exactes qui fu- rent faites sur le magnétisme, tant par eux- mêmes que par les officiers sous leurs ordres , ont contribué considérablement aux progrès de la science du magnétisme en général, et plus particulièrement à la découverte des lois qui règlent celui du globe à l'égard de Taiguille. Les limites géographiques de ces voyages de découvertes les avaient empêchés d'étendre leurs observations sur un espace aussi vaste qu'on aurait pu le désirer. Ils avaient plusieurs fois fait, sur la véritable situation du pôle, des calculs approximatifs qui approchaient plus de la vérité que tout ce qu'on avait fait avant eux. Mais le lieu où il devait exister avait été pour eux lettre close, et les espérances qu'ils con- çurent plusieurs fois étaient destinées à ne pas se réaliser. 11 fallait encore des observations sur d'autres points plus voisins de ce lieu désiré et presque mystérieux , pour que la place pût du moins en être fixée avec plus de certitude et de précision qu'elle ne l'avait été d'après les obser- vations antérieures; il fallait, s'il était possible, que l'observaleur put s'assui'cr qu il Tavail • n i t.. Il r.: h •M P 4 ' ' ^ ' ■!■ , è . ( "1 if \l\:' ■■ '•<■;. i li i' ■'■h V .' » . H ■ ■>■> - ■i ■ Il H 500 alteiut; qu'il avait placé son aiguille dans un endroit où nulle déviation de la ligne perpendi- culaire n'était visible ; et qu'ainsi il avait appu} é son pied de manière que le pôle fut entre lui et le cenlre de la terre. Cet espoir se présenta enfin à nous. Depuis long-temps nous nous approchions de ce point où tendaient tant de désirs et de sollicitudes ; nous eu avions conjecturé et calculé plus d'une fois la situation, d'après beaucoup d'observations, et parce que nous en étions beaucoup plus près qu'on ne Tavait jamais été ; et avec la nouvelle connaissance que nous avions alors acquise de la contrée où nous étions, et la possibilité que nous avions d'y voyager , il nous parut enfin cer- tain que la solution de ce problème nous était réservée ; que nous triompherions de toutes les diflicultés, et que nous planterions le pavillon britannique sur le pôle nord , le but de tant de travaux et de tant d'efforts. D'après les observations des navigateurs qui nous avaient précédés , la situation de ce lieu important avait été calculée, comme l'événe- ment le prouva , avec beaucoup plus de préci- sion qu'on n'aurait pu s'y attendre. A l'époque de notre départ d'Angleterre , on le présumait situé sous 70° de latitude septentrionale , et 98° 3o' de longitude occidentale : il paraissait donc que, dans le cours de mon voyage sur terre à l'ouest en i83o , je m'étais trouvé à di\ milles de i: •in 301 l'emlroit indiqué, lorsque j'étais près du cap Félix. Mais comme je n avais pas alors les in- struujens nécessaires, je n'avais pu rien faire jx)ur vérifier le fait; et j'eus la mortitication d'être obligé de retourner au vaisseau à 1 instant où, comme je le croyais, j'étais sur le point d'ac- complir ce qu'on désirait depuis si long-temps. Cependant nous étions forcés de passer un autre hiver dans notre vaisseau, à peu de di- stance de la place que nous avions occupée Tannée précédente ; ce qui me Ht espérer que , pendant le printemps, je serais en état d'examiner cet endroit plus en détail. Dans cette vue, je lis pendant l'hiver une suite d'observations magné- tiques , et je réussis ainsi à lixer la situation du pôle d'une manière qui me parut beaucoup plus exacte qu'on ne l'avait fait jusqu'alors. L'incli- naison de l'aiguille dans le lieu où je faisais mes observations excédait 89°, ce qui était une ap- proximation de distance plus voisine de la vérité qu'on n'en avait encore trouvé. Je continuai ces observations presque jusqu'au moment de mon départ du vaisseau , pour un voyage qui n'avait d'autre but que celui dont je viens de parler. Je partis le 27 mai, ayant été 37 accompagné par le capitaine Ross jusque sur les bords de l'Océan occidental, où il me quitta pour retourner au navire par Neitchillee. Malheureusement le temps devint si défavo- rable aue ie ne pus continuer mes observations mai 1ll| :k •)■ :| que y pus -.1 ■; N I % iiï^ "r il ;1- i ï. 502 magnétiques, et cet état de choses contrariant dura pendant presque tout notre voyage en tra- versant le pays. Nous fûmes pourtant obligés de continuer à marcher , car il était imjiossible d'attendre un meilleur temps , quand le nombre de jours dont nous pouvions disposer était limité par nos provisions. Le même jour, à trois heures après midi , nous traversâmes le bras de mer dans lequel se jette la rivière de Stanley , et nous voyageâmes par terre en nous dirigeant vers 28 mai. l'oucst jusqu'à huit heures du matin du lende- main. Nous fumes alors obligés de faire halte, quatre de nos hommes étant attaqués d'oph- thalmie, par suite delà cause ordinaire qui la produisait. Nous n'avions fait que dix milles , et nous campâmes sous la latitude de 69" 34 45" et la longitude de 94" 54 '^3'. Un intervalle de beau temps me permit de faire quelques observations trè.s-satisfaisanles, par le moyen desquelles je trouvai c[ue l'incli- naison magnétique avait augmenté jusqu'à 89" 41' nord, et que la pointe septentrionale de l'aiguille horiz(mtale se dirigeait vers le nord 5^° ouest, (jrace à ces observations, je pus dtmc déterminer la direction que nous devions suivre, et la dislance qui existait entre nous, et le but si désiré que nous avions en vue , du moins autant ((ue cette distance pouvait se d< îerminer d'après nos instrumens, et suivant des calculs basés sur ce qu'ils avaient iudi((ué. Je n'ai }>as besoin de 503 dire combien je remerciai le Ciel d'un coiirl espace de beau temps qui servit d'une part à nous mettre sur la bonne voie, et de l'autre à encourager ceux de nos liommes qui étaient l'a- tiguës ou malades , en leur montrant que le terme de leurs fatigues n'était pas éloigné. Cependant, par intérêt pour eux, et dans la vue de leur donner quelque repos et de leur inspirer un nouveau courage, je résolus de res- ter en cet endroit le reste de la journée , et d'> réitérer mes observations. J'acquérais ainsi moi-même plus de certitude que nous marcbions dans la direction convenable , d'autant plus que je ne pouvais désormais espérer aucun aide de Taiguille horizontale. Ce ne fut donc que dans la soirée de ce jom- que nous nous remîmes en route. La côte en cet endroit inclinait à l'ouest, et nous suivîmes une rive basse formée de pieme à chaux , ce qui ter- mina une marche d'autant plus laborieuse que deux de nos hommes étaient hors d'état île nous aider. Nous étions alors sous la latitude de G()" 4o' 37" et la longitude de f)5° 32 35". Je ne pour- rais parler de la structure géologique de celle partie du pa)8 que pour répéter ce (jui a déjà été dit plusieurs fois; je supprimerai donc les notes que j'avais prises sur ce sujet dans le temps. Le résultat en est que je Irouvai la terre, par- tout où je l'examinai , fornu'c des mêmes rocs primaires que nous avions vus si souveiil bordés m. il h ■■ ■ i • il t U\! ^ %' -:i.-i # H-i .1 K » A ù'î, >. V \P. ou couverts de la couche ordinaire de pierre à chaux stratifiée < i\) mai. La soirée était très-froide quand nous nous remîmes eu marche à neuf heures; le thermo- mètre descendit à zéro peu après minuit, et nous avions en face un vent très-vif venant du nord- ouest. Nous n'en persistâmes pas moins à côtoyer la terre , examinant toutes les criques et tous les havres que nous rencontrions, au prix d'une grande dépense de temps et d'un accroissement considérable de fatigue. 30 mai. Après avoir fait cuvirou douzc miilcs cn droitc ligne, nous nous arrêtâmes enfin, le 3o mai à huit heures du matin, sous la latitude de 69» 46' 25' et la longitude de 95° 49 ^ ' • Nous re- partîmes à neuf heures et demie du soir ; mais un brouillard épais , accompagné de temps en temps d'une giboulée de neige , me força à suivre tous les détours de la côte, afin de compléter la reconnaissance que je ne pouvais faire autre- ment par un pareil temps. Cependant , peu après minuit, le temps s'écLiircit ; je montai sur une pointe de terre très-élevée, d'où je pus reconnaître parfaitement le bras de mer <|ui , aussi loin que la vue pouvait s'étendre, of- frait une surface de glace unie à la place des masses irrégulières qui y étaient amoncelées quand j'avais passé sur la rive opposée dans le mois de juin de l'année précédente. C'était une preuve que , du moins dans la dernière partie de 50j l'été précédent, ce bras de mer avait été libre de glaces, et par conséquent que nous aurions pu alors y naviguer , si nous avions été en cet endroit. Je n'ai pas besoin de dire combien nous regrettâmes tous cette circonstance. Au lieu d'avoir à faire une marche pénible , accompa- gnée du risque de manquer de vivres, nous au- rions été comparativement à l'aise sous tous les rapports, et j'aurais pu alors non-seulemeut continuer mes recherches commodément et sans danger, de manière à déterminer la situation exacte du pôle , mais j'aurais en outre été à por- tée de suivre les côtes d'Amérique vers le cap Turnagain, beaucoup plus loin qu'il ne me lut permis de le faire. Nous fîmes halte à huit heures du matin , le 3i , après avoir fait treize milles. 3i nui Nous étions alors à quatorze milles du pôle , suivant mes calculs, et mon empressement ne me permit de faire ni d'endurer rien qui pût relarder mon arrivée en ce lieu si désiré. Je ré- solus donc de laisser en arrière la plus grande partie de notre bagage et de nos provisions , et de ne prendre avec nous que ce qui nous était strictement nécessaire, de crainte que le mau- vais temps , ou d'autres accidens , ne nous arrê- tassent, ou que des circonstances imprévues, encore plus fâcheuses, ne m'ôtassent toute pos- sibilité d'exécuter un projet que j'avais tant à cœur. Le fardeau dont nous étions cbargés se t rou- it, ao *! "Mi i f 15 i; k i\ ^1 h àl m .â 'iltv t fh i , I' ?iM 1 ' *► 1 i ^M ■ M' I '. \\^- 306 vaiil ainsi coiisidérablemeiit allège, nous coin- ineiicuiiies une marche rapide; el , déployant loules nos forces pour la continuer, nous arii- r'jHin. vâmes , le i" juin, à huit heures du matin, à l'endroit désiré. Je crois que je dois laisser îiu\ lecteurs le soin de se figurer les transports que nous éprouvâmes en nous trouvant enfin sur le lieu qui était le grand objet de notre ambition. Celait presque comme si nous eussions accom- pli entièrement le but d'un si long voyage; comme si tous nos travaux eussent été terminés, et qu'il ne nous restât qu'à retourner dans notre patrie pour y être heureux *le reste de nos joiu*s. Ce ne fut (jue quelque temps après que nous songeâmes que nous avions encore beaucoup à faire, beaucoup à endurer. Cette pensée ne s'of- frit pas alors h notre esprit, et si elle s'y fut pré- sentée, nous l'aurions repoussée, dans l'état d'exaltation où nous nous trouvions. Nous éti >ns heureux, et nous désirions l'être le plus long- temps possible. La terre, en cet endroit, est très -basse près de la côte ; mais elle s'élève en chaînes de cinquante à soixante pieds de hauteur, à envi- ron un mille de la mer. Nous aurions désiré qu'un lieu si important eut été empreint de quelque signe remarquable. Qui pourrait blâ- mer en nous le regret de ne trouver aucune montagne qui pût indiquer un emplacement auquel tant d'intérêt doit à jamais s'attacher ? !S ,.t 5()r J aurais pardunaé ù celui de uous dont l'esprit aurait été assez absurde ou assez romanesque pour croire que le pôle était un objet aussi visi- ble et aussi mystérieux que la fameuse montagne de Sindbad , le marin, ou même que c'était une montagne de fer , ou une pierre d'aimant de la même dimension que le Mont-Blanc. Mais la nature n'a érigé en ce lieu aucun monument pour marquer l'endroit qu'elle a choisi comme cen- tre d'un de ses grands et secrets pouvoirs ; et ne pouvant nous-mêmes faire que bien peu de chose pour y suppléer, notre devoir était de nous soumettre , et de nous contenter de le distin- guer par des nombres et des signes mathémati- ques , comme nous le faisons , dans le système terrestre, pour des choses encore plus importan- tes, que nous ne pourrions guère indiquer au- trement. Nous fûmes pourtant heureux de trouver en ce lieu quelques huttes d'Esquimaux qui n'a- vaient été abandonnées que depuis peu de temps. Ils ne pouvaient se faire une idée du prix que nous attachions à cet endroit , nous et tout le monde civilisé. Nous aurions en vain essayé de leur faire comprendre nos transports de joie , si nous les y eussions trouvés; il valait donc mieux qu^ils en fussent partis. Nous nous mîmes en possession de ces huttes, ce qui nous permit de nous occuper yilus promptement de nos obser- vations. Cependant nous campâmes à six heures i;i w l f 5i \ : II il I >;.M: j i ê il .-? '■i {1 'il U- ' -4 » 1:1 « -t ■'>' k ,, î^ * 508 (lu soir sur une pointe de terre à environ un demi-mille de ces habitations abandonnées. Nous ne perdîmes pas un instant pour com- mencer nos observations , et elles se continuè- rent toute cette journée et la plus grande partie de la suivante. Les détails scientifiques en ayant été communiqués à la Société royale, et impri- més ensuite dans les Transactions philosophi- ques , il est inutile de les répéter ici. Néanmoins , pour satisfaire la curiosité gé- nérale, nous allons en donner les résultats les plus remarquables , d'une manière simple et facile à comprendre. L'emplacement de notre observa- toire était aussi près du pôle magnétique que les ressources limitées que je possédais me permet- taient de le calculer. L'inclinaison indiquée par mon aiguille était de 89" 59' , étant ainsi à une minute de la position verticale , tandis que la proximité de ce pôle, sinon son existence posi- tive précisément à Tendroit où nous étions, élait encore confirmée par l'action , ou pour mieux dire , par l'inaction complète des aiguilles hori- zontales que j'avais alors en ma possession. Elles étaient suspendues de la manière la plus délicate possible , mais il n'y en avait pas une seule qui fit le moindre effort pour se mouvoir et changer la position dans laquelle on l'avait placée : fait qui prouve , comme doit le savoi. 1 présent qui- conque a quelques connaissances en physique , que le centre d*attraclion est à une très-faible i oOÎ> «lislâuce horizontale , sinon immédiatement en- dessous. Dès qu'il ne me resta plus le moindre doute à ce sujet , je fis part à mes compagnons de ce résultat satisfaisant de nos travaux communs, et ce fut alors, au milieu de félicitations mu- tuellfes, que nous plantâmes le pavillon britan- nique, et que nous primes possession du pôle nord et du territoire environnant , au nom de la Grande-Bretagne et de sa majesté Guil- laume IV. Les fragmens de pierres à chaux qui couvraient le rivage nous fournissaient en abon- dance des matériaux pour bâtir ; nous élevâmes donc un assez haut monticule de pierres, sous lequel nous déposâmes une caisse d'étain , dans laquelle était placé un écrit contenant les détails de ce fait intéressant. Nous regrettâmes seule- ment de ne pas avoir les moyens de construirai une pyramide plus solide et en état de résister aux assauts du temps et des Esquimaux. Si elle eût égalé celle de Chéops, je ne sais si elle nous eût paru d'une hauteur suffisante, en ce moment d'exaltation d'esprit. La latitude de cet endroit est 70" 5' 17", et la longitude 96" 4^ 4^ • Ce sujet intéresse trop toutes les classes de lecteurs, pour que j'omette quelques autres remarques relatives à ce qui en forme la partie scientifique, quoique je désire le renfermer dans le cercle le plus étroit possible. Pendant notre absence , le professeur Barlow avait tracé n 1 1 ']i im-t' ■■■I ■M : i 4 F. * ] ^ Bli II i r^i ■ft' n i^ y;; •'!?'■ ^ 11 il r] 310 toutes les courbes offrant une variation égale , jusqu'à quelques degrés du point de leur ren- contre , laissant aux observations futures à dé- terminer ce point , s'il était jamais au pouvoir des navigateurs d'en faire. Il fut très-satisfaisant pour nous , à notre retour en Angleterre , de trouver que l'endroit que j'avais ainsi examiné était précisément le point central où ces lig^ies se seraient rencontrées s'il les eut prolongées da- vantage sur sa carte magnétique. Je n'insiste pas davantage là-dessus , tant à cause des limites dans lesquelles je veux me renfermer, que parce que tous ces détails scientifiques se trouvent rap- portés dans l'essai qu'il lut à la Société Royale six mois avant notre retour en Angleterre. Il doit pourtant m'ëtre permis d'ajouter en- core une remarque; car parler de ce qui a été fait, et ne rien dire de ce qui reste à faire, serait laisser imparfaite une question aussi im- portante. On a vu qu'autant que nous pouvions compter sur nos instrumens, nous étions placés à une minute du pôle, mais non précisément sur le point oii il est situé; présumant que ce point pourrait être déterminé par des instrumens tels qu'il est à présent au pouvoir de la mécanique d'en construire. Le lecteur qui n'est pas étran- ger aux sciences sait cela depuis long-temps; et si les conversations populaires accordent à notre voyage le mérite d'avoir ]>lanlé notre pavillon ' r h s ( 511 sur l'endroit nièine , sur le sou.met enfin de ce ])ole mystérieux que bien des gens regardent peut-être comme un objet réel , visible et pal- pable , on ])eut à présent se désabuser si on le veut; mais dans un semblable cas, où un peu de latitude n'a pas grande importance, l'absurdité même de cette croyance prête au sujet un inté- rêt ([ue la simple vérité n'aurait pu lui donner. Pour déterminer ce point avec plus de préci- ion, ou avec une précision complète, si la chose 'st possible, il faudrait le concours de diiïérens bservatenrs placés à did'érentes distances, et e 'f 552 cause n'en est pas apparente. On a déjà vu dans l'état de la neige et de la glace le résultat de cet hiver rigoureux, et notre perspeclive était assez décourageante. En mettant les choses au mieux, et s'il ne survenait rien de pire, cette saison était de trois semaines plus tardive qu'aucune de celles qui avaient précédé , autant du moins que nous pouvions le savoir. L'avenir était devant nous ; il pouvait élre plus favorable que nous ne nous y attendions ; mais je doute fort qu'un grand nombre de nous l'espérassent. Tous nos hommes se portaient alors bien , à l'exception de l'enseigne Taylor, dont le pied commençait pourtant à se guérir. Nous avions tiré un grand avantage du poisson que les natu- rels nous avaient fourni en abondance. Il élait remarquable que les oiseaux aquatiques n'étaient arrivés que fort tard; mais notre chasse en gé- néral avait été moins heureuse qu'autrefois. Le commandant Ross avait reconnu une nou- velle partie de la côte , et nous avions tous deux remarqué que la température sur les côtes et sur les lacs de l'ouest de la péninsule était de lo à i/ï < te que je dois laisser à d'autres le soin de résoudre ce problème. Les mêmes Esquimaux nous apportèrent dans 4 jujh, la matinée des vêtemens et quelques autres bagatelles , et ils s'en allèrent en nous promettant de revenir le lendemain avec des veaux marins et du poisson. Ce jour-là et le suivant il tomba 5 ..^^^ de la neige , et le thermomètre descendit encore au point de congélation pendant la nuit. Dans la matinée les naturels revinrent. Ils nous infor- mèrent qu'ils allaient pécher dans le lac et dans la rivière où nous avions acheté du poisson l'année précédente. Le commandant Ross leur promit de les y accompagner. Le brouillard et la neige continuèrent ; mais , quand nos officiers arrivèrent aux huttes des naturels , ils les trouvèrent détruites , et ils virent par leurs traces qu'ils étaient allés du côté de Neitchillee. Nous ne pûmes conjecturer la cause de ce changement survenu dans leurs plans. Un de nos enseignes découvrit une portée de renards. Il avait tué le mâle , et quelques hommes étant allés en cet endroit le lendemain - matin, tuèrent la femelle, el rapportèrent si\ n, M <; juiii. JMill. 1 tût ■ )i m n ■ li ■■«; \ ■% >'. ■f . > I f :l| V jt.ill. 10 juill 11 juill i-2 juill t.i juill 14 juin m juin 558 petits. On voit qu'il se trouve assez de vivres dans la Boothia Félix, pour permettre aux renards d'élever de nombreuses familles. On tua pendant ces deux jours une vingtaine de canards et quel- ques autres oiseaux. Il n'y eut rien à remarquer le vendredi ni le samedi. Le thermomètre était à 33", c'est-à-dire un degré seulement au-dessus du point de congélation. Le dimanche nous amena une brise fraîche du nord , et il fit très-froid. 11 y eut le lendemain plusieurs coups de vent ; le même froid continua. Le 1 2 , nous eûmes la plus haute marée que nous eussions encore vue , car elle monta à dix-huit pieds. C'était le troisième jour après le change- ment de lune. INous fûmes très-heureux à la chasse et nous trouvâmes le nid et les œufs d'un pinçon de Laponie. Le i3, le thermomètre monta à 4^"» mais il redescendit le lendemain soir à 33". Cette dernière journée fut très- froide , et un vent d'est nous amena du grésil et de la pluie. Pendant ces deux jours je réussis à ])rendre quelques poissons avec la javeline dont les naturels se servent. Toute la matinée ne fut qu'une succession continuelle de pluie et déneige, de brouillards et de vapeurs, et il gela presque pendant la nuit. Deux Esquimaux nous apportèrent trente livres de saumon , et nous dirent qu'ils eu avaient bien davantage. Il fut convenu que le commandant Russ partirait avec eux pour les M» ' 53î) prendre, voyage qui durerail quatre jours, l.e iG, le thermomètre monta à 44"' ce fut le plus it; juiii. beau jour que nous eussions encore eu de l'année . Le commandant Ross, accompagné du chirurgien et de huit hommes, partit avec les naturels. Pourquoi ne regardâmes-nous pas cette journée comme une belle et chaude journée d'été ? La température n'aurait pu être que de 84" en Angleterre, et puisque à Noël nous avions eu quatre-vingts degrés de froid de plus que dans notre pays , n'aurions- nous pas dû nous trouver fort heureux quand nous n'avions qu'une diffé- rence de 4o"? Il continua à faire beau toute la journée ; 17 juiii. mais pendant la nuit du dimanche, le thermo- mètre retomba à 34"- Il gela le lundi matin , ib juiii. *:ependant la température remonta encore à 44" pendant la journée. Nous ne pouvions guères attendre autre chose, entourés, comme nous rétions, de neige et de glaces, sur lesquelles un soleil de nuit ne pouvait produire aucun effet. Le changement de temps fut imperceptible le lendemain. En l'absence de mes autres compa- »«> j„iii, gnons , je passai mon temps à prendre des angles, à faire des observations et ù chasser , taudis que nos hommes travaillaient à calfater le navire. Nos barques avaient été enfoncées sous l'eau, pour les empêcher de se f jndre. Un des enseignes et cinq hommes arrivèrent 20 jniii. avec un traîneau chargé de poissons; une bonne I .H 11 Il- F ; Vf s i:* 540 partie provenait d'un dépôt de Tanuëe précé- dente, et n'était pas dans le meilleur état possible; mais il s'en trouvait trente-sept pris tout récemment et pesant 129 livres. Après avoir dîné et s'être reposés, ils repartirent à neuf heures du soir avec des provisions pour trois jours de plus, la barque en peaux, un filet et trois chiens pour aller rejoindre le commandant Ross, qui était resté à pécher avec les naturels. f < juiii. Le temps fut encore le même : une journée douce et une nuit froide. Je tuai un lièvre qui avait sa robe d'été. Nous avions déjà, quelque temps auparavant, observé le changement de plumage des ptarmigans. Je remarquai alors qu'il y avait une plus grande variété de petits oiseaux , que nous ne l'avions supposé l'année précédente. Pendant cette journée j'en vis plu- sieurs qui m'étaient inconnus. Je trouvai même le nid de l'un d'eux, et il contenait des petits. J'en t'2 jniii. trouvai encore un autre le lendemain; et il tomba un peu de pluie, événement rare dans cette saison. Le chirurgien arriva avant le soir pour m'annoncer qu'on avait pris seize cents poissons, et me demander des bras pour aider à en apporter au vaisseau quatre cents qui étaient en route. 22 jiiiii. Ils arrivèrent à minuit , et toute la journée suivante fut employée à les arranger de ma- nière à les conserver. Quelques-uns furent mis dans du vinaigre. Le poids de ces quatre cents poissons excédait mille livres. C était une < 5^1 ' -. addition imporlaiite à nos approvisionneinens. Presque tous nos hommes étant absens , nous 2« i»iii. ne pûmes avoir la réunion d'usage pour roflice divin. Je trouvai un nid d^ortolans de neige prêts à s'envoler, et je les emportai à bord, dans l'espoir de les élever et de les apprivoiser. Cinq de nos hommes arrivèrent le lundi très-fatigués. 25 juin. Ils s'étaient trompés de chemin, et avaient laissé le traîneau à cinq milles, n'ayant aucun oflicier avec eux, ce qui était fort mal entendu. Après qu'ils se furent reposés, M. Thom et les hom- mes qui nous restaient, repartirent avec eux, et ils nous rapportèrent cinq cents poissons pe- sant quinze cents livres. Les mêmes hommes repartirent le 26 avec le 26 juiii. traîneau , qui avait été raccommodé , pour aller chercher d'autres poissons, et ils en rapportè- rent encore deux cents le lendemain. C'était 27 juiii. tout ce qu'ils avaient pu porter. Us me remirent aussi une lettre du commandant Ross, qui m'ap- prenait que d'un seul coup de filet, ils avaient . pris 3,378 poissons ; mais la glace commençait à se dissoudre si rapidement, qu'il trouvait im- possible de les transporter au vaisseau eu bon état, quand même les routes l'eussent permis. Nous ne manquions pas alors d'ouvrage, et nous avions des provisions pour long-temps. Je fis partir pour Tile oii ces poissons avaient été dé- posés , tous les hommes dont la présence n'était pas indispensable à bord. il 5>iâ .1- (' Il ! i : •1. •i 1 '■'^ -îs jiiiii. Le commandant Ross arriva , et nous dit que ses hommes , divisés en deux détachemens , étaient eu route pour revenir avec cinq cents poissons , et qu'il en restait encore autant à rapporter de l'île. Ils en avaient pris en totalité 5,067, mais ils avaient été obligés d'en aban- donner trois mille aux naturels , la glace , en se brisant; les forçant à quitter leur position. A cinq heures, le premier détachement arriva, ayant laissé le traîneau à deux milles de di- slance ; un d'entre eux s'était trouvé malade , et les autres n'avaient pu tirer le traîneau plus avant. Le second détachement arriva à huit heures, apportant trois cents poissons, et ra- menant sur le traîneau Buck , dont la maladie était une attaque d'épilepsie. Dans la soirée, les deux traîneaux repartirent pour l'île afin d'en rapporter la barque, le filet et le reste des ])oissons. 21) juiii Le thermomètre pendant la nuit ne descendit 30 jiiiii. qu'à 36° ; et le lendemain fut le jour le plus chaud que nous eussions encore eu, la tempéra- ture à midi étant de 5o°, et la moyenne des vingt-quatre heures , de 4i"- A huit heures du matin , un des traîneaux arriva avec le filet , la barque et les tentes , et 35o poissons. Apprenant que deux des hommes appartenant à l'autre traîneau étaient épuisés de faligue , j'en envoyai deux autres pour les remplacer , et tous furent de retour à dix heures. Le thermomètre, le sa- 5-45 meili à minuit , était à /^i". Jamais il n'avait ôlc si haut à une pareille heure. Le repos du dimanche nous fut singulière- ^^ j"*"- ment agréable. La glace était enfin dans un tel état de dissolution, que nous ne pûmes aller du vaisseau à terre qu'à l'aide d'une barque. Ce- pendant il s'en fallait de beaucoup que la baie en fût dégagée autant qu'elle l'était à la même époque de l'année précédente, et la fonte en pleine mer était encore moins avancée. Enfin le mois se termina par un beau temps ; on ne voyait pas un seul liuage <«;iand 1': soleil se cou- cha à minuit. La comparaison de la température iroyenne de ce mois avec celle du m^ ine mois de l'année précédente, prouve qu'il avait été plus froid «'e 7° ; car elle était de 87" au lieu de 44°- I^" i83o, la chaleur la plus forte avait été de 70" ; elle n'avait été que de 5o en 1 33 1 . Cependant le plus grand froid ne différait que d'un degré, étant de 32" dans la première année , et de 31" dans la seconde. Nos hommer avaient eu beaucoup d'ouvrage pendant ce mois pour mettre le vaisseau en état de partir, et ils avaient eu un travail addition- nel pour transporter et préparer le poisson. La fatigue avait causé parmi eux quelques indispo- sitions , qui ne furent pas de longue durée, ïaylor, qui avait eu une partie du pied ampu- tée, commençai I à se guérir, hv plus malade m % .'.4 1^ ''iss'>n abonde. lïin nous accompagnant pour la première fois à la pèche, les naturels avaient vu l'usage que nous faisions de n'.)lre lilct , et , re qui n'arrive 5>4o ])as toujours à ceux dont 1 amour-propre est pro- portionné h Jeur vanité, ils en avaient pleine- ment reconnu les avantages. Cela nous engagea à prendre la peine de leur apprendre la manière d'en fabriquer, quoique nous ne fussions pas bien sûrs que les matériaux auxquels ils sont bornés pusseat leur fournir les moyens d'en faire qui pussent leur être très-utiles. Si pourtant ils y réussissent , nous leur aurons appris un art pré- cieux, (|ui est pour eux de la première impor- tance, et qui peut améliorer leur condition plus que tous les outils et toutes les matières pre- mières que nous leur avons donnés ou vendus. Nous avions tiré de nos communications avec eux , au milieu de nos souffrances , une consola- tion dont le souvenir est plus durable et plus agréable que celui des avantages que nous avait procurés notre trafic avec ce peuple. Nous ne leur avions pas vendu de rum, nous n'avions introduit parmi eux aucune maladie; nous n'a- vions rien fait qui put tendre à corrompre leurs mœurs, à nuire à leur santé , à les rendre moins vertueux et moins heureux que nous ne les avions trouvés. Ils n'avaient appris de nous rien ({ui put les rendre mécontens de leur condition présente et inévitable : au contraire, nous avions tout lieu d'espérttr ([u'ils profiteraient de noire exemple pour imiter l'industrie oii havre. — Tentative pour lon- ger la côte. — Les {{iaces forcent le vaisseau à entrer dans un autre ha- vre. — Késuiné du mois d'août. — Journal de septembre. — Rësuniv de ce mois. h ,.. 3,„«„ Le temps fut beau . Un détachement alla cher- cher le reste du poisson, et revint dîner à bord. Le \aisseau , depuis long-temps , donnait à la bande à tribord d'une manière fort incommode. On coupa la glace tout autour du vaisseau , et 2 août, il se redressa. Le lendemain , il y eut une ré- .{ août, fraction très -extraordinaire, et le jour suivant nous eûmes un vrai temps d'été. La glace céda près du vaisseau , et il avança de la moitié de . août, sa longueur. Il y eut une forte pluie le jour d'a- près, et nous nous amarrâmes à une grande montagne de gliice qui était près de nous. .^ ^^^.^^ Le temps fut plus froid le 5 ; on rapporta la poudnî à bord, et l'on répara une des barques. li :,„ûi T't; lendemain , qurl<|«u's- uns de nous élanl à terre, virent pour la première t'ois les glaces en mouvement au nord-est. 11 y avait un espace d'eau libre qui semblait s'étendre depuis les îles qui étaient derrière la montagne du côté du sud. Le dimanche, cet espace s'était considérable-; aoù». ment agrandi , et il s'augmenta encore le lende- s aoù». main. On voyait distinctement que les glaces étaient en mouvement , quoiqu'elles fussent encore en masse serrée; le jour suivant la mon- i, j,„;«, tagne de glace qui était près de nous se fendit et se renversa , et nous fumes obligés de nous amarrer à une autre. Le vent resta au nord , mais il n'y eut pas 10 aoùi. d'autre changement dans la glace ; le temps était à la pluie et il (it du brouillard. Le lendemain h août. n'ollrit guère de difïerence ; mais nous avançâmes tant soit peu , et nous pûmes placer le Krusen- stem bo:d à bord. 11 n'y eut aucun changement le 12 , mais nous vîmes arriver une troupe de ^j g^,-, naturels , parmi lesquels se trouvaient quatre de nos anciens amis et six étrangers. Ils étaient à pécher à deux journées de distance , et ils nous promirent de revenir dans deux jours et de nous apporter quelques peaux : nous fîmes aux nou- veaux venus le présent ordinaire d'un fragment de cercle de fer. Ils revinrent le lendemain au nombre de vinat- ,, „ .. trois, hommes, femmes et enfans, et nous les régalâmes d'un dîner composé de poisson et de graisse de veau marin. Nous leur achetâmes -r. "•■< '-ai , M'' mm. va; 1 ■J«-' 4'A f ^ m i i , il il ;r!i I 5oO quelques vétemcns, et nous les .'accompagnâmes jusqu'à leur tente ; leur société était pour nous une distraction, au milieu de notre disette de tout amusement et de toute variété. Est-il quelque chose qui puisse mieux peindre notre dénuement complet de tout ce qui peut intéresser les hommes que cet aveu , que nous trouvions un soulagement à la monotonie de nos pensées, unt diversion à l'ennui sans cesse renais- sant d'avoir à enregistrer chaque changement du thermoniètre, du vent, du temps, de la ma- rée et des glaces , — un répit à la fatigue de tra- vailler aux harques et aux agrès du navire , et même de manger , — dans la conversation de ces êtres gorgés de graisse et d'huile, dont nous pouvions à peine comprendre le langage , mais dont je crois que les idées bornées se faisaient aisément comprendre sans le secours d'aucune langue ? Et que personne ne suppose que nous n'avions pas senti tout cela, d'abord pendant des mois, et ensuite pendant des années, quoi- que je n'en aie point parlé, et que j'aie gardé le silence comme si nous ne l'eussions pas senti. ]Nous avions à soulfrir le froid, la faim, la fatigue; et si nous ne sommet! pas morts, si nous n'avons pas perdu quelque membre, comme cela est arrivé à d'autres dans de pareilles contrées , nous n'en avions pas moins à partager avec tout le monde toutes ces petites soulfrances, toutes ces légères indispositions, qui (igureni pour peu II m Irc I Je chose clans l'histoire Je Ja vie humaine, qui Joivent encore moins figurer Jans l'histoire J'une expéJition comme la nôtre, et qui ne laissent pourtant pas J'être pénibles tant qu'elles exis- tent. N'avions-nous pas eu assez J'inquiétuJes , Je soucis et Je Jésappointeraens? N'avions-nous pas éprouve ce Jésir arJent Je revoir notre pa- trie, nos parens, nos amis, Jésirs Jont quiconque a fait un long voyage n'a jamais été exempt? Et qui aurait pu l'éprouver plus vivement (pie nous , qui ne pouvions manquer Je songer hien souvent qu'il était possible que nous ne les re- vissions jamais? A toutes ces souffrances , il s'en joignait une autre qui les surpassait encore , — celle Je manquer J'occupatiôn Je corp > et J'es- prit; et — pourquoi ne le Jirais-je pas? — Je manquer Je société et Je variété. AujourJ'hui était pour nous comme hier, et Jemaîn Jevait être comme aujourJ'hui. Au milieu Je cette vie monotone, qui ne nous offrait aucun espoir Je changement , est-il étonnant que les visites , même Je sauvages , nous fussent agréables ; et quelque chose peut-il Jémontrer plus fortement la nature Je nos plaisirs, que l'aveu qu'elles étaient aussi Jélicieuses pour nous , que la société Je LonJres peut Tètre au milieu Ju tour- billon Je la capitale ! Lii nuit suivante , le thermomètre tomba à Mj" ; elle fut Jonc loin J'étre chauJe , et Ton peut bien juger qu'il ne survint aucun change- i i !>'! t>' ai il M 3ù2 •1! ■ • ! ment à l'clat de la glace. Lorsque l'hiver était arrivé tout de bon , nous prenions notre parti , et de même que le loir, — quoique nous ne pus- sions dormir comme lui , ce qui eut été le plus désirable , — nous nous enveloppions dans une sorte de fourrure de résignation, puisque nous ne pouvions mieux faire , et nous attendions. Mais c'était bien autre chose quand il fallait être toujours éveillé , épier l'instant de se lever et de i-e prendre de l'activité , et que nous trouvions que toute la nature dormait encore, et que nous n'avions rien de mieux à faire que de désirer, de gémir et d'espérer — autant que nous le pouvions. Dans cette visite que nous fîmes aux tentes , nous apprîmes qu'il était survenu une nouvelle maladie à la jambe de bois. Comme le charpen- tier, qui était le médecin convenable en pareil cas, était à portée et prêt à y appliquer les re- mèdes qui seraient en son pouvoir, je ne deman- dai pas bien pai ticulièrement en quoi elle con- sistait. Il avait déjà montré beaucoup de com- plaisance à cette occasion , mais c*est un éloge que je crois juste de faire partager à tous les hommes de mon équipage en général dans toutes leurs relations avec les naturels. Je ne dis point que tous les caraîîtères fussent également parfaits; mais il est certain que la bienveillance se propage de l'un à l'autre aussi bien que les passions mal- faisantes. Un homme colère et irascible transmet 1 555 la contagion de son caractère à celuiqui est natu- rellement doux et pacifique; de même la douceur et la bonté font naître des dispositions semblables, même dans le cœur de celui qui n'en est pas doué ; ou du moins l'obligent à montrer l'appa- rence du calme, quand une bumeur acariâtre l'aurait excite à déployer sa violence naturelle. Que les gens mariés du moins profitent d'une remarque inspirée par le caractère de douceur de nos Esquimaux. Non-seulement ils étaient bons, mais ils inspiraient la bonté à tout ce qui les entourait, en nous y comprenant nous-mêmes, et peut-être y avait-il parmi nous un ou deux individus qui , s'ils avaient eu affaire à un peuple différent, auraient montré un tout autre carac- tère qu'ils ne le firent. Nous ne permîmes aux naturels de venir an aoùr. bord qu'après Toflice divin ; alors nous en- voyâmes la barque pour les prendre. La jambe de bois avait été entourée de cercles de cuivre , et elle se portait mieux que jamais. Nous fîmes quelques écbangesavec eux, et nous distribuâmes des présens suivant Tusage. Ils devaient se diviser en deux troupes le lendemain , pour aller, les uns à Sbag-a-voke , les autres à Neitcbillee , et ils nous promirent de nous apporter de la ve- naison pendant l'biver. Nos cbasseurs tuèrent un veau marin. C'était unecbasse à laquelle nous n'avions pas eu de succès jusqu'alors. Le temps fut très-mau\ais; il y eut de la pluie iS août. II. ^3 m I M n' V'' ] 1 0 it; al un venl il'cst , ce (|ui empêcha Je départ des Esquimaux. Dix d'entre eux vinrent à bord , el Je principal molif de leur visite était de nous faire des excuses de ce que leurs cliiens , s'élaut détachés, étaient venus nous voler du poisson . Ils en avaient puni ces pauvres animaux , et un peu trop sévèrement. Le plus grand défaut que nous ayons toujours trouvé dans la conduite do- mestique des Esquimaux , défaut qui a été aussi remarqué et blâmé par d'autres voyageurs, c'est qu'ils Reparaissent aucunement attachés à leurs chiens, quoiqu'ils en reçoivent de grands services . Ces animaux sont maltraités et encore plus mal nourris, peut-être même seraient-ils encore moins ménagés par leurs maîtres, s'ils ne leur étaient d une utilité indispensable. On peut alléguer pour excuse que la race canine en ce pays n'est pasd'un caractère fort aimable; mais je suis porté à croire que ce cai'actère n est que la suite du traitement qu'elle éprouve. Si leurs chiens étaient traités comme le sont les nôtres , ils deviendraient aussi attachés que ceux-ci à leurs maîtres. Après tout, je ne dois peut-être pas blâmer les Esquimaux. Les chevaux en Angleterre ne sont pas beaucoup mieux traités que leurs chiens; et si Ton établis- sait une comparaison entre une meute de chiens de chasse dans notre pays , et un attelage de chiens esquimaux, la balance ne pencherait pas de beaucoup en faveur de nos concitoyens. Le veau marin ([uo nous avions tué fournil à dîner : *'; IS c IS ,e 1' • 555 à nos hôtes, et ils nous quittèrent dans la soirée après nous avoir renouvelé la promesse de nous fournirde la venaison pendant l'hiver. Lesglaces étaient en mouvement , et elles couvrirent l'es- pace d'eau libre qui s'était ouvert. La pluie continua le matin; une forte neige m aor.i. y succéda , et la terre en fut couverte comme si nous eussions été en plein hiver ; mais une nou- velle pluie la fit disparaître. Le lendemain nous \y offrit une succession de brouillard , de neige et de pluie. La soirée fut calme, mais le même js temps revint le jour suivant. Il fit doux le 19, <., sans que, pendant ces trois derniers jours, il y eût aucun changement dans l'état des glaces. Le 20, une brise du sud mit les glaces en mou- 2(i vement en pleine mer; mais ayant tourné à l'ouest , ce corps immense d'énormes masses flottantes redevint immobile. Cependant on voyait un grand espace d'eau libre de chaque côté de la pointe. Les glaces se remirent en mouvement le di- «,, manche , et elles s'écartèrent même du vaisseau , mais elle finirent par rentrer dans la baie , et elles la remplirent comme auparavant. Le leii- .jo demain il y eut de la pluie , et elle se changea en grésil , le thermomètre n'ayant jamais été plus haut que 33". On aurait dit que le nouvel hiver commençait déjà. Le mardi il fit froid et il y eut g-, du brouillard. Le lendemain fut plus doux ; du .,^ reste tout demeura dans la même situation. Ta aoiii. nniil. nnùt. aoiit. iiont. .11)111. :i(iùt. ?,,ii-ï P Ski-' '• ht- J s^it û m f ;1 1 •■ 1? ; 1 1- ' f 't fi Mi !{ i! 1 ' t|^ Il t^ r If 1 1 m "' I . t seule variété fut que nous tuâmes encore un veau marin. ■:?.^ noù(. Le temps fut à peu près le même le 25 j mais les glaces se mirent en mouvement près de nous , et une de nos barques fut serrée entre la hanche du navire et un de ces éternels rochers de glace qui , étant à flot , ne s'éloignaient que pour faire place à d'autres , qui ne valaient pas mieux ou qui étaient pires, car l'entrepôt qui les foiu'nis- sait était inépuisable. » Jusqu'à ce que le soleil fonde les rochers » est le refrain d'une des bal- lades de mon pays natal ', et cet événement y est regardé comme impossible , puisqvie le berger y compare la durée de son affection pour sa ber- gère. Je crois que nous commencions à penser que cet astre ne fondrait jamais ces rochers étin- celans qui, même au cœur de l'été , ne cessaient de nous assiéger sous toutes les formes que pou- vait prendre leur cristal, aussi brillant que détestable. Où trouver un feu capable de fondre ces masses odieuses? C'était notre souhait de tous les jours , quand même il aurait dû consu- mer toute la contrée environnante. Les avaries que la force de la pression avait occasionées à la barque étaient de telle nature qu'il était impossible de la réparer de manière à la faire manœuvrer par six rames. Nous la montâmes donc sur le pont pour en faire une • L'Étossc. ( IVotc du Traducteur. ) plus petite. Un autre veau marin fut tut';. Le thermomètre à minuit était à 38°. II tomba à 34° la nuit suivante , et le vent ït. ayant passé au sud dans la soirée , les glaces com- mencèrent à se mouvoir , et l'on vit un certain espace d'eau libre. La marée fut haute le len- demain , et elle mit à flot une telle quantité de glaces , qu'elle ouvrit une ligne d'eau d'un mille de largeur vers le nord. On tua , pendant ces derniers jours , des canards de différente es- pèce et d'autres oiseaux. Nous avions alors à bord une ménagerie d'animaux vivans, compo- sée de quatre renards , trois lièvres , et douze souris du pays. Le 27 , le vent souffla de l'ouest avec force , et «7 les glaces commencèrent à sortir de la baie en se dirigeant vers l'est. Mais le soir arriva avant qu'un passage fût praticable. Le vaisseau fut alors toué à un quart de mille au sud-ouest , dans un endroit où nous pouvions protiter de la première ouverture qui se présenterait. Dès que cela fut possible, nous mimes à la voile; mais malheureusement le vent ayant emporté notre arc-boutant d'artimon , nous ne pûmes tourner un énorme glaçon , et n'ayant pas mieux réussi à doubler sur l'autre bordée une grande mon- tagne de glace qui y était échouée, le navire toucha aussi le fond. Nous fûmes bientôt hors -« d'embarras en nous faisant touer par des corda- ges qu'on lirait de la côte ; mais quoique la quille :i(iiit ;i<>iil . lOIII, », m •Fi'Jft m t i Ml lf,J % i '!4 \i ■■> 55S t I I 1 h * , ,1 Il î 1 i i ne fut endoi Je fer du bas di imagée vernail était rompu , ce qui mit (in à nos progrès pour cette journée. t'i» août. Le gouvernail fut réparé le matin de très- bonne lieure. Le vient restait constamment à l'ouest, conservait toute sa force, et il tombait de temps en temyis de la neige. C'était précisé- ment le vent qu'il nous fallait, et après tant de doutes et d' incertitude, nous sentîmes que nous sortions enfin de captivité , (quoique nous ne fussions pas encore libres. Nous partîmes donc un peu après quatre beures, et faisant voile avec tous les ris pris , nous voguâmes vers les îles à travers ce qui nous paraissait des glaces détachées. Malbeureusement, quand nous étions environ aux deux tiers du chemin , le vent tourna au nord-ouest , et nous ne pûmes arriver à la distance d'un mille à Test des îles. Passant alors au nord, et amenant une forte giboulée de neige , le vent repoussa toutes les glaces sur la côte septentrionale. Nous fumes donc obligés de serrer le vent, et nos nouvelles semelles nous aidèrent beaucoup en cette occasion A neuf heures le vent retourna au nord-ouest , et nous fumes bientôt près de la côte , après avoir fait quatre milles. Nous avions passé devant deux baies et devant deux rochers leinaripiables, (|uaiid, au moment on nous étions près du dcinier, la neige tomba avec une lelle foite, que nous fûmes obligj'îs de pincer le veut, et Je nous (lirit»er vers une pe- tite haie. Une brise contrariante nous y jeta presque sur des brisans , et le temps comnienca à nous menacer d'une tempête. Nous envoyâ- mes une barque à terre pour nous amarrer à des rochers ; mais la corde ayant glissé pendant <|u'on l'y attachait , mjus fûmes obligés de jeter l'ancre sur un fond de vingt-trois brasses. Nous ne tardâmes pourtant pas à la lever , et nous nous fîmes touer vers la cote sous le vetit. Pen- ilantce temps nous pûmes examiner la baie, et nous vîmes qu'elle était abritée sur fous les points du compas , à l'exception de ((ualre, et (|uV'lle était entièrement hors i\u cours des gla- ces, quand elles ne cédaient qu'à rinlluencede la marée et des courans. Nous nous fîmes donc touer à l'extrémité de ce nouveau havre, dans le([uel se jetait une petite rivière ; et nous nous amarrâmes au rivage ])ar le moyiMi de deux câbles. \ peine avions-nous pris cette mesure, (pi'un ouragan violent arriva du nord, accompagiK' d'un dcv- luge de neige, ce qui nous lorca à assurer le navire par de nouveaux cables. Nous vîmes les glaces flotter au sud-ouest avec beaucoup de ra- pidité, et nous eûmes sujet de remercier le Ciel de ce (jue nous étions en lieu de siiri'ti'. (ieltc cniivit'tiou nous lit bieulôl oublier It s fad^ucs «pie nous aviouN essuyées. La malime fui très-finith' el U ihrrntonielre {n ■i M m m fXUi ^i 'Vf (ii' ti .IIHII , t,> I lll ; 1:^ |; .[ ïi 1 ' '^^ 1 ^^ ||[i| 1 If : i < ^ n -Kl i ^'^ IH' n i ^ :- J H 560 ilesceudit à 24". Le vent passa du nord au sud, et retourna au nord, entraînant la non v^elJe glace qui s'était formée. A onze heures, le pas- sage le long de la côte semblait libre jusqu'à l'île d'André Ross ; mais le vent nous était complète- ment contraire. Nous trouvâmes que la latitude de ce havre était de 70° )8 11". Kn examinant la terre plus avant , je vis que le bras de mer au nord du passage s'ajiprochait à un mille de nous, et que l'espace intermédiaire était occupé par une cliaîne de trois lacs, qui remplissaient pres- que une espèce de vallée. Ce cap formait donc une sorte de péninsule. Du haut d'une monta- gne, on ne voyait au nord qu'un vaste cham]) de glace, formé de montagnes serrées les unes contre les autres , s'élendant autour de la baie , à l'ouest , et bloquant conq)létement le havre que nous venions de quitter. Il semblait donc que nous en étions sortis à temps , soit que no- tre destin nous permît ou non d'aller plus loin. 1 (OUI. Le vent t(mdja , et nous allâmes a terre pour examiner la situatil\ 'IM y n 4 s i i\ â A ■•ii ■H : ^1 i i l P i|i il' 5()2 crains que ce maigre journal n'en donne , en celte occasion comme dans plusieurs autres , une preuve qu'on ne trouvera que trop évidente. Mais celui qui tient le journal ne peut faire plus que le navigateur. Ce mois ne contient que peu d'incidens , et ces incidens n'avaient pas même le mérite d'offrir quelque différence entre eux ; ils ne présentaient rien qui put exciter fatten- tion ou faire naître des réflexions ; leur unifor- mité pesait sur res])rit , qui s engourdissait faute de stimulant ; enfin ce mois n'avait été qu'une répétition fatigante de tout ce qui s'était déjà passé. Même quand tout était nouveau pour n(>us , ce pays n'offrait presque rien qui piit nous intéresser ; que devait-ce donc être après ^ A peine voyait-on ((uniques plantes, et il n exw-lail pas un mîuI arbre. Q'iand même il y aurait, rm (pie.lque he^iu pa\sage , ler, neiges et les glaces ét« "ixelles (jiii l'auraient converl , en ainaienl rendi la vue insipide cl monotone. \ai mer ni; présintail pas pins de varié!»'. iVnilaait m. 565 ■.'i.:i. de 1' la j)Jus grande partie de 1 année , ce n élait qu'une vaste plaine de glace, et Teau offrait le même aspect que la terre. Rarement le iirma- ment nous montrait quelque chose qui pût com- penser le manque de beauté et de variété de cette j)artie du globe terrestre. Les phénomènes qu'il offrait appartenaient à l'hiver et le rappelaient. Enfin, si nous nous tournions vers le tableau moral , que nous offrait-il ? quelques êtres mi- sérables que nous ne voyions que rarement, dont le caractère était trop uniforme pour nous inté- resser, et dont toutes les idées étaient épuisées presque dès la première entrevue. Avec de tels matériaux , comment espérer de tenir un jour- nal qui puisse intéresser et amuser ? Mieux vau- d/ ait être condamné à « faire des briques sans paille. » Les glaces eiitièrenl dans la haie et einpor- «" •!" lèicnt un de nos câbles de touée, ce qui nous (tbligea à jeUr une seconde ancre: après (juoi ie vaisseau \\i\ assmé à div toises de la cote, a^aiiluiic lunjUignc de glace échonée entre lui et les rochers , cl une autre à peu de distance, à la<|ueiie nous pouvions nous amarrer, si nous le jugions à propos. Le :î, il y eut de la pluie et de ^ -"q»!- la neige, et le ])assage était navigable, mais il falloit attendre la marée du malin. /\ vaut ((u 'elle * ^''l"- fût arrivée, le vent tourna au nord, et dans la soirée; les glaces a<'(Minnilées dans le (h'troil ren- dirent cetle t('ntali\r impossihic. JN-ndanl la ■ \ ^' là È Il ■m , .. > I I ( *. . - \\ ;1 ■i i! ^i" •I si.[)t. .St'|)l. Sljll. ••tpi . .|ii. -I 1» s.lH. 56^ nuit, un coup de vent nous «amena Je la neige. Nous ne pûmes rien faire le dimanche , les glaces ne faisant qu'aller et venir en masse compacte , de sorte que ce fut , dans tous les sens, un jour de repos. Le vent continua le lundi jusqu'à midi, et il tomba ensuite tant de neige que nous ne pouvions voir quel était l'état des glaces dans le détroit. Le lendemain matin, la terre en était entièrement couverte , et le vent et la marée firent entrer les glaces dans la baie avec une telle rapidité, quenou<" n'eûmes pas le temps de nous faire touer en arrière ; et nous fûmes obligés de nous réfugier derrière une des masses échouées, de peur d'être jetés sur les rochers. Le vaisseau y éprouva une si forte pression qu'il fut soulevé de deux pieds , en donnant à la bande à tribord , et nous passâmes ([uatre heures dans cette situation critique. Enfin les glaces s'élant retirées, nous nous fîmes touei' vers le rivage à l'abri icl , vers avec ôbû ([uelques variations clans le vent. La surface des grands lacs était presque entièrement couverte de glace , tandis que les petits avaient échappé à la gelée. Dans la soirée , le havre fut couvert déglace, et le thermomètre descendit à 22'. Il en fut encore plus complètement couvert le io m|.i. samedi, et en pleine mer tout était immobile. La nature n'aurait pas permis que le dimanche <• >^•;■( ".p - m, m %. : P il m rv il '■; 'y- u li;!^; ': m 568 Suisse; j'ai gravi un glacier; j'ai vu, du haut du Mout-BJauc, le soleil se lever, taudis que la terre sous mes pieds «Uait eucore dans l'ombre. Oui, moi, aussi intrépide qu'entreprenant, j'ai gravi le père de toutes les monlagnes, tandis (|ue la crainte retenait en arrière les guides eux- mêmes. Je l'avoue, vue ainsi , la glace est belle, agréable, et devient sans doute un spectacle récréatif pour les yeux. De même la neige fait les délices des écoliers. jN 'avons-nous pas tous accueilli avec de grands cris de joie la chute de ces llocons qui nous four- nissaient de quoi faire des boules de neige pour nous les jeter les uns aux autres, et de quoi construire Dieu sait quel colosse, pour le laisser fondre aux rayons du soleil , comme ce palais con- struit ])ar la grande autocrate de Russie? n'est- elle pas l'emblème de la pureté et de l'innocence vir- ginale; et ne pourrait-on pas dire encore beau- coup d'autres choses à son éloge? IMais en re- vanche, on peut lui reprocher de détruire l'effet de tout paysage, d'en faire disparaître l'en- semble en confondant les distances , les propor- tions, et surtout l'harmonie du colons; en nous donnant une misérable mosaïque de noir et de blanc, au lieu de ces douces dégradations de teintes, et de ces combinaisons de couleurs que produit la nature dans sa parure d'été, au mi- lieu des paysages les moins attrayans et les plus agrestes. i i ■ i i 309 Telles sont mes objections contre une vue de neige. L'expérience d'un jour suflit pour les suggérer. A plus forte raison devaient-elles se présenter à nous dans une misérable région où , pendant plus de la moitié de Tannée, on n'a au- dessus de la tète que de la neige ; où Touragan a des ailes de neige, où le brouillard est de la neige, où le soleil ne se montre que pour briller sur la neige qu' couvre la terre, quoic£u'il n'en tombe pas; oi aaleine qui sort de la bouche se change en neige ; où la neige s'attache aux <;heveux , aux cils et à tous les vètemens ; où elle remplit nos chambres, nos plats et nos lits, si nous ouvrons une porte pour donner accès à l'air extérieur; où u le cristal liquide » qui doit étanchcr notre soif sort d'une bouilloire remplie de neige et suspendue sur une lampe; où nous avons des sofas, des lits et des maisons . 7 ^ Hiotographic Sciences Corporation as Wni MAIN STMIT WliSTH.N.Y. UStO (7U)l71-4>03 il ■ ] ■■•f «il .1 ir \i V- 3:0 (lu Nord ? Qui plus que moi a aimé à contem- pler ces montagnes de glace venant du pôle, jK)ussées par la marée et ])ar le vent , voguant sur l'océan pendant la tempête comme par un temps calme, semblables à des tours , àdescbâ- leaux et à des rochers , brillant des plus riches couleurs , et magnifiques , quoique souvent ca- pricieuses dans leurs formes? N'ai-je pas aussi trouvé quelque chose de sublime dans les mugis- semens d'une mer pleine de montagnes mobiles qui s'entrechoquaient et se brisaient avec un bruit semblable à celui du tonnerre; et n'ai-je pas senti que la nature ne pouvait faire davan- tage ? Il y avait dans tout cela des beautés , des horreurs , «les dangers , capables d'exalter l'ima- gination , et de porter l'enthousiasme d'un poète presque jusqu'au délire. Mais voir et sentir la neige et la glace, et rien que neige et glace , pen- dant tous les mois d'une année ; avoir le même spectacle, éprouver la même sensation pendant tous les mois de quatre années consécutives , voilà de (juoi faire de cette éternelle vue un de ces supplices dont le souvenir ne p^ut jamais s'ellacer de la mémoire. < 1 »v\i>. On ne voyait alors aucun espace d'eau libre du haut (les montagnes. La température m(3yenne était de 32", cependant je dois ajouter, pour «(, nriii. être vrai , qu'il ne gelait ])us au soleil. Le 16 17 »c|)i nu nous fut pas plus favorable, et le samedi nous laivSsa comme il nous avait trouvt'S. JNotre I . ii cdii en lie )our riiedi lotre R 571 journal n'offre qu une circonstance bien peu importante à rapporter , mais c'était beaucoup quand nous n'avions pas autre chose h. re- marquer; nous avions tué cette semaine beau- coup de gelinottes. Dans une vie comme la nôtre , la prise d'une souris arctique devenait un événement ; et puisque l'usage du naviga- teur aujourd'hui est de tout dire , et d'écrire sans matériaux , que pouvions-nous faire autre chose que de suivre la mode et de nous confor- mer aux usages établis ? Le dimanche me dispense de rien dire. ToutiR «qi. ce que me fournit le lundi, c'est que nous nous <» '«-pi. occupâmes à scier la glace nouvellement formée autour du navire, de crainte que les maSvSes ex- térieures ne la missent en mouvement. Ce fut pourtant ce qui arriva en dépit de nos précau- tions. Les grosses glaces hors de la baie opérèrent 21^ une prcssifm le lendemain, mais sans nons<*auscr aucun dommage. Tx' vent fraîchit le 21 , et passa au nord, ce 2t qui mit les glaces en mouvement , mais elles res- tèrent stationnairesà l'entrée du havre, de sorte (pienousn y gagnâmes rien. Le lendemain matin 22 «r,>t. les anciennes glaces sortirent de la baie, mais la nouvelle y resta et couvrit en masses énormes toute la surface de la mer. L'on ne voyait sur la terre que de la neige, de sorte (|ue nous y étions dans une situation pire que jamais. Le a3 , nous pûmes conduire le vaisseau jus- jj ^^,^ <"iif. «"•II. '4 if <> A 11'.' K- I ë i 11, * i Il l h ' 1! ^ i H s<|>i. '() >C|1« 57^ (jii an Ixn'd des glaces extérieures, dans l'espoii ([iiele lendemain pouiTaitfavoriscriiotre évasion. Mais le lendemain fut un nouveau désappointe ment. Il nous restait, comme à l'ordinaire, l'es- j)érance, si l'on peut donner ce nom à ce qui n'était qu'un désir. Quant à [)résent, nf>us étions (( claquemurés et sous bonne garde. » Je ne sais qui de nous pouvait s'attendre à (pielque chose de mieux ; mais si quelqu'un fut assez simple pour cela, il dut être cruellement déçu. Le seul avantage que nous procurèrent un ouragan et la neige qu'il chassait , fut de nous empêcher de perdre notre temps à espérer et à calculer l'avenir; car on ne pouvait rien voir, nous ne pouvions même faire une conjecture. 27 srpt. Le ciel étant serein le jour suivant, nous eûmes du moins la certitude que les glaces étaient aussi serrées (ju'elles pouvaient l'être. C'est quelque chose dans la vie que de ne pas se fatiguer à •j» M.|ii. espérer. Un cou]> de vent qiii eut lieu le :î8 ne pouvait guère avoir amélioré la situation des choses; mais, (pioi (ju il en fiit , il tombait tant de neige , (pi 'elle ne nous permettait de rien distinguer. Pendant ces derniers jours, le ther- momètre, dans la nuit, avait varié de i6"à3o". Les deux suivans ne changèrent rien à notre position , (!( la fin du mois nous trouva exacte- ment dans la même situation , seulement la perspective de n(»tre délivrance diminuait cha- (pie jour. t'y ri ."y »i'|ii. 1 • ! >75 R Je puis mèiiie (lire , avec véiilé, <|irellc> avail disparu. 11 était impossible «l'esprrer cjue ikius pourrions avancer davantage dans un pareil iii- ver , et sortir des niasses de glace agglomér(''es autour de nous ; ce (pi'il y avait de plus alïrenx encore, c'est qu'il semblait probable ([ue nous ne pourrions jamais en dégager le vaisseau , et que nous serions forcés de l'abandonner, avar nous persuader qu'ils doivent réelle- ment arriver; tandis que notre jugement plus calme, dans la solitude de nos pensées, à moins <(u'il ne s agisse d'un bypocondre voyant tout en noir, nous dit <{ue les probabilités stint en notre faveur; (|ue le malbeur([ue nous nous imaginons craindre n'aura jamais lieu , et (|ue quel(|ue circonstance imprévue nous tirera d'atlaire , comme nous nous en sommes déjà tirés. (Tétait ainsi (pie nous étions ])artagés entre la crainte et I espérance ; nous nous livrions d avance au dés- espoir; et nous llattaiit ensuite d'uu avenir tout dillérenl , nous nous vo\i(Mis déjà , bors de tout (langer, Iriompbans, de ret(»ur dans noire |>atrie , et > rac<)nlanl ce que uous avions l'i'' m îf,,..' II' Al: 4 h n ul 4 I' f ^■1 57-4 craiut, ce que nous avions soufiert, ce que nous avions tenté de faire , et ce que nous avions fait. L'uniformité de notre journal donne à Ten- semble de ce mois une apparence de tranquillité, comme si tout se fut passé dans l'ordre habituel ; comme si nous eussions été tous , comme le vais- seau, dans un état de paix parfaite. Le journal de tout ce qui roulait dans notre esprit aurait été bien diiférent; mais qu'est-ce qu'un journal de crainles et d'espérances, se succédant d'heure en heure , pour ceux qui ne peuvent les sentir ; un journal de regrets, qui, en y réiléchissant , ne nous laissaient cependant rien à nous re- procher; enfin un journal de ces inquiétudes qui ne connaissent pas le repos ? La manière dont ce mois se termina pro- duisit sur l'esprit de nos hommes un effet visible, parce qu'il était tout naturel. Lorsque nous étions sortis de notre dernier havre, chacun d'eux songeait déjà aux trois ans de paie qui lui fêtaient dus; il se voyait déjà de retour en An- uleterre et réuni à sa famille et à ses amis: et cette attente trompée produisit un accablement ])rofond. Peut-être n'étaient-ils pas moins impa- tiens de raconter leurs aventures , car plusieurs d'entre eux avaient tenu un journal. Mais pour le moment il valait mieux ne pas fixer leur es- prit sur ces objets par des discussions préma- turées. Le temps de déterminer ce que nous ! .■ 375 i (levions faire, et de travailler à l'exécnter, devait arriver avant peu. La température moyenne du mois qui venait de s'ëcouler avait été plus basse de six degrés ((ue celle de septembre 1829 , et de quatre degrés <[ue celle du même mois de i83o. Les points extrêmes atteints par le tbermomètre dans le même mois de ces trois années , étaient les sui- vans : Plus huut point. Plut has point. •tO» au-(!ui>!iiu lit iiMi'u. 3G* 17" aii-deatiu du lui». 6* La comparaison du temps est plus remarqua- ble. En 1829 il y avait eu des tempêtes qui avaient rompu la glace, qui l'avaient poussée vers le sud, et qui nous avaient ainsi permis de naviguer sur cette mer à la même date. Le même temps avait eu lieu en i83o, et il avait produit les mêmes ell'ets, de sorte ([ue si nous avions été à cette époque dans la position que nous occupions maintenant, nous aurions pu mettre à la voile même le 5 octobre. Mais en i8.3i, septembre avait été un mois générale- ment tranquille; il n') avait eu qu'un seul ou- ragan, et cela dans les derniers jours; et comme le vent avait été principalement à Test , le blocus de la terre et de la mer par les glaces avait étt^ t . i . 1 m % • '1. .1 lil Il ' il *'1 I 57r) complet. On ne voyait pas un pouce d eau libre, et toute la terre était couverte de neige. Notre situation présentait le mélange ordi- naire de bien et de mal. INous étions hors de la route suivie par les animaux dans leurs migra- tions ; il n'y avait aucune rivière dans les envi- rons j et nous n'avions vu aucun poisson dans les petits lacs dont nous étions voisins. Aucune de ces sources ne pouvait donc nous fournir des vivres , et nous ne pouvions compter sur les na- turels, car l'intervalle qui les séparait de nous était rempli de glaces impraticables. Si nous avions l'aspect du sud, il était borné par de hautes montagnes qui abrégeaient les visites déjà trop courtes du soleil. Notre havre était sûr, beaucoup trop sur même, car le vaisseau ne pouvait pas plus remuer que s'il eut été so- lidement scellé dans la terre et entre quatre murailles. Le premier de nos soins à l'avenir devait être d'économiser nos provisions et principalement nos combustibles, et surtout de faire la plus grande attention à la santé de nos hommes, il fallait soutenir leur courage autant qu'il était possible ; et des motifs de consolation pouvaient leur être oirerts,quoiqu*ils dussent agir diverse- ment sur les difïerens caractères dont se compo- sait notre équi|)age. Nous étions réellement en mesure de retourner en Angleteire j nous avions déjà fait (pielqnes progrès; et il n'y avait pasdi* V' tli i ruisuii j)oiir sii|)[)user que nous iic |)oiirriuiis pas liiiir ce voyage raiiiiée suivante. Les restes des provisions (le la Furie étaient encore à notre dis- position, et si nous étions forcés d'abandonner le navire, il nous restait des barques pour nous conduire dans le détroit de Davis. Là nous pour- rions trouver quelque bâtiment baleinier, ou gagner les établissemens danois du Groenland. Si d'autres paroles d'encouragement furent en- core prononcées, elles n'eurent que le résultat ordinaire : ceux qui conservaient quelque es- poir n'eu espérèrent pas davantage, et ceux qui se livraient au découragement n'en désespérè- rent pas moins. ti. ; ri! CHAPITRE XLYII. Journal tl'uilolji'v , nu^ciiibre H tlci'finliri'. — K<'*iiiii('ii i!«t <«« iu4iit — Fin de 1834. \A pi u \i '"•"' Le temps tut calme le samedi, et il fil du brouillard ; il fut à peu près le même le diman- i>.3 oii-che. Le lendemain nous vîmes les glaces en ^ *"'• mouvement en pleine mer. Le jour suivant, nous travaillâmes à couper la glace pour mettre le vaisseau dans une meilleure situation , et nous démontâmes le gouvernail. Nous eûmes du A^ent '> O.I. le 5, et les glaces commencèrent a marcher vers le nord, laissant un espace de mer libre à environ un mille du vaisseau. JNous coupâmes des canaux dans la nçuvelle glace , afin d'être prêts à partir si elle s'ouvrait davantage; mais il sur- vint un calme dans la soirée , et tout resta dans le même état. f,, 7 n R Les trois derniers jours de la semaine , la tem- pérature fut de i6" à 19", et le temps fut très- variable. Le samedi, une brise du nord ouvrit un espace d'eau libre en pleine mer. Ce fut tout ce qui marrpia la première semaine d'oclobre. ^■' 379 Fin IHl. <)ll. Le dimanche ne fut remarquable que parce » ([ue le thermomètre descendit à 8° , ce qui cou- vrit de glace le peu d'eau libre que nous avions vue la veille. Le lundi, nous commençâmes «u à défuner le navire : c'eût été s'abuser que d'affecter des espérances en tardant plus long- temps. Nous nous mimes donc à construire un n .m. observatoire sur le rivage , et à préparer notre habitation pour une autre année , quelle que fût cette habitation. 11 y eut peu de remarques à faire sur le temps ^'2, m oi pendant les trois jours suivans. Nous nous occupâmes à décharger le vaisseau , et à porter à terre tout ce qui s'y trouvait. Nous l'entou- râmes d'une double chaîne. Notre intention était de finir par le couler à fond ; ou pour mieux dire , comme il semblait devoir couler bas de lui-même avant peu, par suite des voies d'eau qui s'y trouvaient, nous voulions laisser les moyens de le relever , si quelque vaisseau venait par la suite à l'endroit où il serait ainsi déposé , à l'abri des vents , et des vagues , des glaces et des Esquimaux. Je n'ai pas grand 'chose à dire pour justifier cette précaution; car il était probable qu'un autre navire n'arriverait pas plus tôt dans la Bootbia Félix, qu'un printemps accompagné de roses. C'est peut-être l'éducation que nous rece- vons dans notre enfance, ou je ne sais quelle autre cause , qui nous porte à faire des efforts pour empêcher que rien ne se perde ; et à conserver, ■■ : H^ il m ilt I 1' y'I I Ik •n il 5S() cDiniiie nos grand'inères, ([iielques vieilleries, en attendanl qu'un avenir ineerlain les rende utiles à quelque chose, si nous vivons jusqu'à cette épopue ])roblëmatique , ce (|ui , je crois , n'arrive pas très-souvent. Ayant bien assuré cette chaîne, nous |)orli\mes les ancres à terre, et nous plaçâmes ces baïques sur la glace, sens dessus dessous. Nous commen- çâmes à couvrir le vaisseau d'une banne , et la ' ' *■' "' semaine se termina , le thermomètre étant à lo". Nous vîmes encore une ligne d'eau libre vers le nord, mais nous ne la vîmes plus qu'avec des yeux inditférens. Eau libre ou glace, c'était la même chose pour nous: il n'était que trop cer- tain que nous étions fixés en ce lieu pour tout l'hiver. En d'autres temps, en d'autres voyages, une telle vue offrait plus que de Tespérance; mais il y avait long-temps qu'elle ne nous présentait plus que l'eau de Tantale, et même encore moins; car la certitude du désappointement avait telle- ment paralysé tout espoir, que nous étionsmème à l'abri des tovirmens de l'inquiétude. Tout nous était devenu indifférent ; nous étions chargés de chaînes que rien ne pouvait rompre , et nous avions cessé d'espérer comme de craindre. i; i8c« Le temps fut variable le 17, et beau pour la saison , quoique accompagné de neige par inter- valles ; la température alla graduellement en des- cendant. Elle atteignit zéro dans la nuit du jeudi, et descendit même , pour la première fois, à deux fi ml. o< I. tut. 58 I degrés au dessous; il régnait alors un venl duSy.., i nord impétueux, (|ui amena de la neige. Nous eûmes pendant tous ces jours à travailler à nos arrangemens d'Iiiver, ce qui fui heureux pour nous; car le travail seul pouvait nous empêcher de nous livrer au désespoir. Le maximum de la température le 21 fut 2" 21 ci au-dessous de zéro : degré très-])as pour ce mois, comparé aux deux années précédentes. Le len- 22 demain le thermomètre descendit à i4" ; il remonta de quelques degrés le joiu* suivant , et 25 tomba à 23° le lundi. On avait vu et tué quel- 21 ques lièvres et quelques ptarmigans , et l'on avait remarqué les traces d'un glouton. Une partie de nos occupations fut de continuer la recou- naissance de l'endroit où nous étions , alin de (!f)mpléter notre carte , et de prendre la hauteur \ 58i an (le refrnidisscmeiil leur est nécessaire pour sentir la diirérence Je température. Mais Ja langue accomplit encore de plus grandes mer- veilles. Cela a été dit une fois; ils l'ont entendu dire , et ils le croient , comme certaines gens croient aux revenans et à beaucoup d'autres «^hoses , sur la foi de leurs nourrices. „ 12 La semaine suivante se passa d'une manière aussi uniforme que peu intéressante. En général , le temps fut doux , comparé à celui du dimanche précédent. Cependant, le lundi, le thermomètre descendit à 19" au-dessous de zéro ; il remonta alors graduellement, arriva le 10 à minuit à 17" au-dessus de zéro , redescendit dans la journée du samedi à 2" en -dessous , et reuKmta pendant la nuit à 5" en dessus. Nos travaux ordinaires, nos observations, l'exercice, la chasse, conti- nuèrent comme de coutume, et nous avi(ms grand besoin de tout cela. , , ^^1 ,,i Pas la moindre nouveauté ne signala les jours ""^ de la troisième semaine de ce mois. Le temps changeait plusieurs fois par jour, mais il n'était jamais très-mauvais. Au total , il commençait à faire plus froid. Le plus bas point (ki thermo- mètre à minuit fut 30" au-dessous de zéro , et dans la journée du jeudi, il monta justprà 17" 4tu-dessus. Le prmt avait été couvert de neige comme les années précédentes, pour nous pré- server de la rigueur de f hiver, tpii était alors complètement arrivé. gens nov. 58:> S'il} eutqiielqucdiiréi'enceenlreceltesemaliie g,, ,„ },; et la précédeule , c'est que le froid se lit sentir davantage , par suite des brises du nord , qui furent très-fréquentes. Cependant le thermo- mètre fut toujours plus élevé , carjf^ii ne tomba jamais plus bas que 18" au-dessous de zéro , et il restapresque constamment entre 7" et 8". Alors, pour la première fois , uu de nos hommes se trouva sérieusement menacé de scorbut , et je dois faire quelques observations à ce sujet. Tous ceux qui lisent des voyages savent com- bien d'expéditions maritimes cette fatale maladie a fait avorter ; combien de fois elle a mis hors de service des équipages entiers, et combien d'hom- mes en ont été victimes. 11 suffirait , pour preuve de ces faits, de lire le voyage de lord Anson. Ou sait aussi qu'elle a attaqué avec une rigueur par- ticulière les équipages des navires qui faisaient voile dans les mers du Nord , et non-seulement les hommes qui étaient sur mer, mais même ceux qui avaient passé l'hiver à terre sur les côtes sep- tentrionales , comme ne le prouve que trop la catastrophe si connue arrivée à Téquipage d'un navire hollandais. Le caractère du pays et la nature des alimens expliqueront suffisamment ce dernier fait à ceux <{ui ont des connaissances en médecine ; je n'ai donc jias besoin d'appuyer sur les détails. Il est vrai que , depuis le temps de Cook , on a pris, dans la marine royale et mnrclinnde , de plus ■f ^W I ■M m 1 ë '«* I ! Il ^>i ' , ^* - v?"»- i " k 1 ■ 1 .586 «grandes précautions , qui ont considérablement diminué l'intensité de ce fléau. Cependant nous étions placés dans des circonstances telles, qu'on ne pouvait espérer que , malgré tous nos soins , nous y eussions résisté si long-temps. JNéanmoins, l'événement que je viens de rap- porter était la première apparition réelle de cette maladie redoutable; et la suite de la rela- tion , jusqu'au moment où nous quittâmes ce pays, après une détention de quatre années, qui ne furent presque qu'un long hiver d'une rigueur sans exemple, prouvera qu'elle n'attaqua jamais très-gravement notre équipage, et que, presque sans exception, elle ne causa de mal sé- rieux à personne. Que ce fut le résultat des soins qu'on prit pour en prévenir les attaques, c'est ce dont on ne saurait douter. Jusqu'à quel point cet elFet est dû au commandant de l'expédition , c'est ce qu'il ne me convient pas de dire. Mais un fait <'onstant , c'est que ces soins furent pris; et ils furent partagés par d'autres que moi y sans quoi cet heureux résultat n'aurait pu s'obtenir. Il faut d'abord faire attenticm que nous étions totale- ment privés d'un des moyens les plus connus et les plus efficaces pour prévenir et guérir cette maladie, puisque ce pays ne produisait aucune nourriture végétale , et que nos hommes ne pou- vaient apprendre à boire de l'huile de poisson , «nie je crois cire un auli-scorbuliquc fourni par 587 la nature aux hahituus de ces réglons glacées. Il est tout aussi vrai qu'une grande jnirtie de nos jnx)visions consistait en viandes salées ; et si nous trouvions de temps en temps des ressources dans le poisson frais que nous fournissait le pays, dans la viande conservée, le vinaigre, le sucre et le jus de citron dont nous étions pourvus, je doute que ces ressources , dont l'insuffisance a été si souvent prouvée , eussent pu maintenir la santé de notre équipage si long-temps et dans un pareil climat. Il fallait donc quelque chose de plus , et nous l'obtînmes au moyen des précautions dont je vais parler, pour Tutilité de ceux qui pourront naviguer à l'avenir sur ces mers. Ceux qui font la pèche de la baleine dans les mers du Sud di- sent que le manque d'eau étant une des causes les plus fréquentes de scorbut, ils préviennent cette maladie en en fournissant abondamment à leurs équipages. Nous les imitions à cet égard , quoique, pour la plupart du temps, nous ne pussions nous procurer de Teau qu'à l'aide d'une chaleur artificielle. Dans la même vue, nous ne souffrions jamais que nos gens conservassent leurs vètemens mouillés ; et les moyens f[ue nous avions pris pour échaulfer leur habitation dans l'entrepont, et pour en bannir toute humidité , y maintenait la salubrité de l'atmosphère. En outre , il était rare qu'ils restassent assez long-temps exposés au froid pour en souffrir 1. 1.' 'î 'M ■f I' m ■ '1 1 ^ ■■■ji.t 'M m m \\\4 H n F f 58H l>eaucoiip, car nous savions parfaitement que le froid excessif engendre une déijilité qui tend à produire la maladie en question. Sachant, d'une autre part , combien rexercice était utile pour la prévenir, j'avais grand soin de les tenir con- stamment occupés ; et quand le temps ou le re- pos du dimanche s'y opposaient, j'avais soin qu'ils se promenassent pendant un certain nom- bre d'heures sur la terre, ou, si cela était impra- ticable, sur le pont du navire, où ils étaient parfaitement à l'abri de toutes les injures des -i'Aémens. Enlin, et j'en parlerai comme d'une dernière précaution, nous faisions tout ce qui était en notre pouvoir pour les empêcher de s'occuper de leur situation fâcheuse et de se livrer au dés- espoir, et je puis dire que nos efforts ne furent pas sans succès. Je citerai pourtant encore, d'a- bord la diminution, et ensuite la suppression totale des rations de liqueurs spiritueuses , et je ne doute guère qu'en retranchant ce faux et pernicieux stimulant , je n'aie écarté une cause qui, si elle n'engendre pas directement le scor- but, prête du moins son aide à celles qui tendent à faire naître ce fléau. Telles sont les remarques que jai jugé utile de faire sur ce sujet. Si elles ne contiennent pas les véritables causes qui nous ont préservés de cette maladie , aucune autre , du moins, ne s'est * présentée à mon esprit. Mais quand même j'au- i .|> au- IIOV. 58Î) rais commis quelque méprise à cet égar ■. ; i ! "'. 1 ti 1 ' j ■ ■/ 5î)C) redouter unciel pur et serein, etiadépendammeut de toutes les connaissances que nous pouvions avoir sur la radiation de la chaleur , nous avions appris à attacher assez de prix à un ciel couvert de nuages , pour désirer vivement le cœlum nu- bibusfœdum de notre chère Angleterre; et nous cessions souvent de regretter les brouillards épais qui nous couvraient, — du moins quand ils ne nous empêchaient pas de voyager, — sachant bien et sentant encore mieux qu'à peu d'exceptions près , trop connues pour qu'il soit besoin de les rapporter , ils contribuaient à entretenir la cha- leur. La température moyenne de ce mois fut plus élevée de 9° que celle de novembre i83o, et de .5° que celle du même mois de 1829; mais il se termina beaucoup plus rigoureusement que dans aucune de ces deux années. ,, ^ | _ Nous avions perfectionné la manière de cou- vrir le tillac , en mettant une couche de sable sur celle de neige , ce qui cm.péchait que la chaleur de l'entrepont ne la fondit. D'autres améliora- tions, suggérées par l'expérience, avaient été in- troduites dans nos arrangemens intérieurs. La ration de pain avait été nécessairement diminuée , celle de viande salée avait été aussi réduite ; cependant , malgré cette dernière ré- duction , malgré l'usage de la bière d'épices , six de nos hommes furent légèrement attaqués du scorbiil ; mais le jus de rihon empêcha les H' I I 391 progrès du mal : le découragement paraissait avoir disparu. Nous avions fait très-peu d'observations sur les corps célestes, à cause de l'état du ciel, pres- que toujours couvert , mais jious avions conti- nué à en faire sur le magnétisme et d'autres objets. La chasse avait été beaucoup meilleure que nous ne nous y étions attendus, et nous avions tué un assez bon nombre de lièvres , de gelinottes et de perdrix blanches. Le premier décembre fut un jour très-froid ; v ,?«, la température tomba U ^i*> au-dessous de zéro: il en fut de même le lendemain. « j^j. Le 3 , à six heures du matin , un coup de 3 d«,.. vent du nord menaça de détruire encore une fois la banne qui couvrait le vaisseau, et ce ne fut pas sans difficulté que nous réussîmes à la sauver. Le vent prit encore plus de force le dimanche ; il 4 dtc, chassait la neige avec violence ; et dès que nous pûmes distinguer quelque chose, nous vîmes qu'i 1 l'avait balayée sur toutes les montagnes, etquil en avait rempli les vallées. Il ne se modéra que le lendemain soir , et le thermomètre remonta 5 ii6 . à 6° au-dessous de zéro. Le temps devint calme et beau le 6 , et je 6 dic. montai sur le sommet d'une montagne dont j'évaluai la hauteur à environ mille pieds ; de là, je fus surpris de voir le limbe supérieur du so- leil passant dans Tazimut. Il avait disparu astro- nomiqucment le ?.5 novembre, cl aucune réhac- m : M: *• ■m w lit; il '^ M if i i:. il A \H i; i -y H au 1 7 5<)â lion ne nous l'avait fait apei'cevoir depuis le 23. Le même pouvoir extraordinaire de réfraction que possédait l'atmosphère nous fit paraître les îles beaucoup plus élevées qu'elles ne m'avaient 7 »ii lu jamais semblé. Jusqu'au samedi suivant , il ne ' *" ■ se |)assa rien d'intéressant. Le vent souOla alter- nativement de tous les points , et le thermomètre ne fut jamais plus bas que 22° au-dessous de zéro , ce qui fut la dernière température de la semaine. Le dimanche arriva avec un veut du nord, et la température étant à 24* au-dessous de zéro, le froid se fit vivement sentir. Le vent se modéra le lendemain , et le temps fut calme et beau le mardi. Nous eûmes un autre ouragan le i4 ; <^t il dura les deux jours suivans ; mais il se calma le samedi, et le ciel fut serein. Pendant cette semaine, le thermomètre varia de 2° à 3r au-dessous de zéro. <«aw2i Le dimanche, la température tomba à 35" ; le temps fut clair et beau, et il continua de même jusque dans la soirée du 20. Il y eut alors un ouragan , et le thermomètre remonta à 8". Le vent augmenta le lendemain jusqu'à midi', et finit par se calmer. Les choses restèrent dans le même état jusqu'au 24 , le thermomètre ayant varié entre 24° et 36'. Le jour de Noël fut célébré avec solennité. Le seul fait remarquable dans le dîner, qui fut servi dans la cabane, fut qu'une culotte de breufj iko im morceau de veau et quelques légumes, fai- sant partie des provisions mises à bord de ia Furie j huit ans auparavant, étaient aussi bons que le premier jour. J'ignore si le temps que peut se garder la viande ainsi préparée a un terme ou non , mais ce que nous en avons rapporté en Angleterre est encore aujourd'hui, en i835, aussi bon qu'à l'instant où elle sortit des mains de celui qui la prépara en 1823. Si l'on peut garder si long- temps , dans toute leur fraîcheur , des viandes apprêtées par ce procédé , sans même qu'un civet de lièvre ou une purée de carottes perdent la moindre chose de leur saveur, pourquoi toutes ces denrées ne pourraient-elles pas durer autant que les caisses qui les contiennent? J'ai souvent songé à ce que nous aurions éprouvé si l'inven- tion de M. Appert , — quoique cette découverte n'appartienne réellement ni à lui ni à ses suc- cesseurs, — eût été connue à Rome, et que nous eussions déterré , à Herculanum ou à Pompeï , un des soupers de Lucullus , ou les plats servis sur la table de Nasidienus ; (( les grasses tétines d'une truie, m un sanglier ayant un côté rôti et l'autre bouilli , ou une murène engraissée d'es- claves syriens; ou, comme cela aurait pu arri-^ ver, une caisse de sauces préparées, non par M. Burgess, mais par Apicius lui-même. Quel triomphe encore plus grand pour les antiquaires, s'ils avaient trouvé dans les tombeaux des Pha^ î^A ml 'P '■■-S ■m if;,'' ta m m Vf»'!' â ru Il ' Il .-i ; ]) ^1 II t ■>. ! 11 ■■ m \i 1^?' 1 raou uu ragoût de la cour d'Aménophis ou de Cëphrénès! Quel régal eussent étépoUr eux des mets apprêtés quatre mille ans auparavant ! Quelle joie auraient eue lesUde et les Kitchener de pouvoir écrire des livres sur la cuisine des rois bergers , ou de celui qui fut noyé dans la mer Rouge! Serait-il possible qu'une pareille chose put arriver dans quelques milliers d'an- nées, et que ces glaces éternelles de la Boothia Félix pussent conserver les caisses d'étain non moins élernelles de la Furie ^ et transmettre à des générations bien éloignées de nous les dîners préparés à Londres sous le règne de George IV ? Heureux les antiquaires de la Boothia Félix qui verront un pareil jour ; et heureuse la Boothia à qui cette découverte aura été réservée! , ji 26 ail .'io II n'y eut rien à remarquer dans les derniers jours du mois, si ce il'est la mort de deux de nos chiens : c'était une perte sérieuse , puisque nous ne pouvions les remplacer, et qu'ils faisaient partie de nos ressources futures. Le reste de ce mois fut également uniforme et ennuyeux; le 3i, le thermomètre était à 27** au-dessous de zéro. Pendant les quatre jours précédens , il était descendu jusqu'à 37°. £n coupant la glace le 3 1 , nous en trouvâmes l'épaisseur de quatre pieds sur la mer, et de six pouces de plus sur le lac. Au commencement de ce mois le mercure était gelé; mais un changement de temps eut lieu le 3, et nous éprouvâmes, pendant trois lUc. iiî I l: /l'.t.:^ > 1,1 m 395 semaines , une suite d'ouragans comme nous n'en avions pas encore eu. Us produisirent l'ef- fet de rendre la température plus douce, moins cependant que de crvutume. Quoiqu'il eût tombé peu de neige, le vent en chassait beaucoup, parce que ce qui en était tombé se composait de particules aussi fines que de la Heur de farine. Nos hommes avaient perdu de leur force , mais les progrès du scorbut avaient été arrêtés. Un seul, nommé Dixon, était attaqué d'une com- plication de maladies, et l'on ne s attendait pas qu'il pût vivre long- temps. La comparaison du mois qui venait de s'é- couler avec le même mois des deux années pré- cédentes peut s'établir ainçi : va Temitiratare lie dècemlire. Degré le plus hiiiil 1 829 . 8" aii-dcssous de zéro . 1 830. 6° au-dessus de zéro. i 831 . S° au-dessous de zéro. Dcgri le plut bas. 47" en dessous. 42° Xlojennt. 23" 08 20° 24 en destou». «3° 96. m .!•;* m i '1? «I CHAIMTUE \LY1II. i ^i- i" au 5 juiiv. ii uii » {WT)"!. Janvier, lévrier et mar.s. — Bc^uniét de cet mot«. ..I • ■' '1 Le lundi, nous préparâmes nos out''s à mi- ner, afin de creuser une place pour y cacher nos approvisionnemens. Nous vîmes un mé- lëore très-brillant, aussi grand que la lune, et qui finit par éclater en rayons qui illuminèreiit toute la vallée. Le thermomètre tomba le mardi à 3^»", le lendemain à ^o", et il ne remonta que pour redescendre au même point le jour suivant. Nous eûmes une aurore boréale de couleur d'or, qui traversa Tétoile du nord. Je répétai, aussi inutilement qu'auparavant , Texpérience que j'avais déjà faite avec le tliermomèlrc ditleren- tiel. Le thermomètre descendit à 4^" ; mais, lu temps étant calme , il ne fit pas très-froid : il est vrai que ncms avions i ';pris nos sensations d'hiver j)()ur en jujçer. Nous eûmes unc^utrc aurore le samedi , cl le dimanche se passa comme de cou-c -ï . \i >- 'i 597 lumc. La situation de notre malade Dixon em- pirait rapidement. Jusqu'au i3, le temps fut variable, mais tranquille et souvent calme. Le thermomètre 9 au u remonta de 4^" à 12°. James Dixon, depuis ^'"" long-temps malade, mourut le 10. Les mêmes hommes, qui avaient travaillé, toutes les fois que cela avait été possible , à ouvrir une tranchée pour y cacher nos approvisionne- mens, creusèrent une fosse pour le défunt. Le temps nous obligea à retarder les funé-i5aiiSi railles; maison choisit pour le dimanche un ser- ""^ mon analogue à la circonstance, et l'enterrement eut lieu le lendemain matin avec toute la solen- nité d'usage. Les deux jours suivans furent doux, et l'on continua à travailler à la tranchée. Les trois derniers jours de la semaine , le temps fut variable, et la température se maintint entre aô" et 39". « Un vent froid commença pourtant pendant la ^^ „„ ^^ nuit du samedi , et il continuu deux jours. Le J'"^ mardi il se modéra vers midi , mais il reprit toute sa force dans la soirée. En dépit de la neige qu'il chassait, nous vîmes le soleil ; mais l'ouragan continua le a5 , et il ne se calma que le lende- main à midi. Le ciel alors devint pur et serein. Le vent fut modéré pendant les derniers jours de la semaine, et le thermomètre marqua 33" la nuit du samedi. Le dimanche et le lundi, le vent fut au nord, 29 «""^t jaiiv. I ' *-m ■M m I 'W m '11 i Wi É i K I fi • 3 li^"' 1 i; 3î)8 la température à So", et il fit très-froid. Le telhps ne changea guère le lendemain, et le 3 1 le ther- momètre était à 26°. Pendant la plus grande partie de ce mois , il ne fut possible que très-rarement de travailler hors du vaisseau , et nos hommes ne purent prendre de l'exercice que sur le tillac. Pendant trois se- maines nous eûmes un grand vent ou des oura- gans , ce qui fit paraître le froid encore plus âpre. Cependant la température moyenne ne fiit que de 27° au-dessous de zéro, c'est-à-dire, deux degrés plus bas qu'en janvier i83i. Le plus haut point du thermomètre fut 8" au-dessous de zéio, et le plus bas 47°' Nous cherchâmes quelque consolation dans l'espoir que les vents du nord chasseraient les glaces de la baie de Baffin. Le temps nuisit tellement à nos observations qu'elles furent à peu près nulles pendant le cours de ce mois; d'ailleurs nous n'avions pas d'almanach nautique pour i832. Tout ce que j'ai à dire sur l'aurore boréale dont j'ai parlé, c'est qu'elle alfecta Taiguille magnétique à un degré extraordinaire. Le rapport du chirurgien sur l'état de la santé de l'équipage commençait à être dill'érent de ce qu'il avait été jusqu^alors. Tous nos hommes étaient fort aflfaiblis, et il y avait beaucoup d'in- dispositions, sansaucunemaladieprononcée. Une ancienne blessure à mon côté s'était rouverte et avait saigné ; et je savais parfaitement que c'était a un » 59<) im indiceile scorbut. Que nous lussions tous fort inquiets sur l'avenir, c'est ce qu'il est inutile de dire; et celui sur qui pesait toute la responsa- bilité ne pouvait pas être le moins tourmenté. Mais il faudrait être dans la situation où nous nous trouvions , pour pouvoir apprécier ce que chacun de nous éprouvait. Le mois commença par un ouragan furieux r* au i qui dura deux jours et se calma le troisième. Le thermomètre remonta de 24" à 18". Nous cou- pâmes la glace , et nous lui trouvâmes une épais - seur de cinq pieds et plus. Le lac à la même profondeur, était gelé jusqu'au fond. L'état des- espéré du vaisseau nous rendait déjà suflisam- ment prisonniers; mais il semblait destiné à être pour nous littéralement une prison ; car la ri- gueur du froid et la force des ouragans nous per- mettaient rarement d'en sortir. 11 n'est donc pas étonnant que l'ennui nous gagnât. Une forte brise, venant de l'éternel nord le 5 „„ ^i dimanche , se changea en ouragan , dura les deux '^^^ joiu's suivans et ne se modéra que le mercredi . Eniin, la nuit suivante, le temps devint calme , et le thermomètre descendit; à 35". De là jus- qu'au samedi , le temps fut assez beau pour per- mettre à nos hommes de travailler à la tranchée, et à nos chasseurs d'aller se promener à terre , mais ils n'obtinrent aucun succès. Un nouvel ouragan éclata pendant la nuit, ^^ dura tout le dimanche , et refernia les portes i ; Les trois jours suivans , le temps fut incertain sans être mauvais, et l'on put travailler hors du vaisseau. Le 29, nous mesurâmes la glace, et nous lui trouvâmes plus de six pieds d'épaisseur. Elle avait augmenté de 16 pouces pendant le cours de ce mois. " ii îl'v: M idi , et r jus- Iredi , e reste ps va- dii sa- ;he , et latinée •d et se lur nos ée, eût îtait le animal rer. La peuvent qu'on foin li* I , nos 3au j us- ât rede- me fois )asse de icertain hors du ace, et aisseur. idant le Ce fut un mois très-rigoureux. Si le thermo- mètre ne descendit pas aussi bas que dans le même mois des années précédentes , la tempé- rature fut plus uniformément basse, et les ouragans fréquens rendirent le froid ])lus sen- sible. La moyenne du thermomètre fut de 34° au-dessous de zéro . le point le plus haut 1 2°, et ie plus bas 44° M^- L'épaisseur de la glace autour du navire était telle qu elle ôtait tout espoir de pouvoir l'en dégager , quand même nous aurions persisté à vouloir nous en servir , ce qui était impos- sible d'après l'état de nos provisions , et la santé de nos hommes. Buck, qui avait eu tout à coup une nouvelle attaque d'épilepsie avec un degré de violence extraordinaire , était devenu aveugle. Le charpentier termma les traîneaux pour les barques , et se disposa à en faire d'autres pour transporter les provisions. C'est un court résumé pour ce Hi^ois. Les autres doivent chercher à s'imaginer ce que nous éprouvions, et ce qu'ils ne pourront jamais apprécier. Le premier jour de mars fut doux , quoique <" «•• sans beaucoup de changement dans la tempé- rature, et le même temps continua jusqu'au samedi. A celte époque, la glace sur le lac se trouva de sept pieds d'épaisseur, et le thermo- mètre descendit à 42°. Le même temps continua les trois jours suivans, et, les deux derniers, nos hommes purent travailler hors du vaisseau, II. a6 maiw. 'il .l:'i :^^j m ! m m il •.l'iï ;'^ '? Il 11' II ■i^ i 11 •I 'A <402 quoique le therinomètre fût à 48°. Us continué - 7 .,„ ^1 rent à en faire autant par intervalles les deux mars, jours suivans ; mais , le 9 , il y eut une brise fraîche qui se modéra le samedi. Ainsi se termina une semaine de temps variable , sans être très- mauvais. On tua un lièvre et quelques ptarmi- gans. Nos hommes, en se promenant après l'office mars, diviu, vircnt, pour la première fois de la saison, des traces de rennes, et celle d'un glouton. Le lundi fut très-beau , malgré une température de 38" pendant la nuit. De là jusqu'au 16, des vents impétueux du nord-ouest nous retinrent tous en prison. Le beau temps ne revint que le samedi soir , et le thermomètre ne fut qu à 20" pendant la nuit. Le temps ne fut ni beau ni mauvais le diman- che , mais il n'empêcha pas nos hommes d'aller se promener après le service divin. Ils virent les traces de plusieurs animaux, et entre autres d'un ours blanc. Le mauvais temps et notre emprisonnement recommencèrent le lundi , et durèrent jusqu'au samedi qui se termina par une belle soirée. Pendant tout ce temps on ne put rien faire hors du navire. Le thermomètre varia entre 3i" et 3'j°; et la prise d'un renard fut le seul événement de cette insipide semaine. 22 au 2y lA y eut le dimancûc un ouragan, qui ne se mo- déra que le lundi après midi. Une barque, qui ne pouvait plus nous être utile, fut mise en pièces. mari). -403 Le temps s'adoucissait graduellement; le 28, le thermomètre remonta à 4° au-dessous de zéro, et il tomba un peu de neige. Pendant ces quatre jours, nos hommes transportèrent sur le rivage nos approvisionnemens. Le 29, le vent fut assez violent pour empêcher ce travail, et ils s'occu- pèrent à bord à faire quelques préparatifs pour notre voyage. Le vent se modéra le 3o, et le thermomètre , descendit à 16". Il y avait alors assez d'ouvrage à bord à préparer des sacs de peau pour la nuit, à travailler aux traîneaux , et à faire une foule d'autres apprêts de voyage. On coupa la glace sur la mer le samedi, après avoir dressé une tente; car le vent auraitrendu impossible de travailler sans cela, et on lui trouva une épaisseur de sept pieds : elle avait augmenté de neuf pouces pen- dant le cours de ce mois. La nuit du 3i , la température fut de 20°. La température moyenne de la première quin- zaine fut plus basse que celle de la même époque des années précédentes , car elle fut de 42" au- dessous de zéro. Mais le temps s'adoucit peu à peu vers la Hn du mois, de sorte que la moyenne de la totalité du mois fut à peu [)rès la même qu'en i83o et en i83i , c'est-à-dire 31°; le plus haut point fut de 4° 1(2 elle plus bas 4^" ^^^ Mais de même que février , ce fut un mois pendant lequel nous fûmes très-sensibles au froid, par suite des grands vents qui régnèrent ;îO .•i.-| > ^ I ^«'jiii|l ,v*.-; ^•^f IJ-V m ''•lit 6 1 1 il i ' 'H .f t s. i\ If t àoa fréquemment ; il est certain que Tétat de fai- blesse croissante de nos corps , et le changement survenu dans notre nourriture, contribuaient à nous le fuive paraître plus rigoureux. Toutes ces causes nous avaient empêchés de terminer la tranchée dans laquelle nous de- vions cacher nos approvisionnemens , et ayaient retardé la construction des traîne lux. Mais nous avions été occupés à bord à arranger et à pré- parer tout ce que nous devions emporter avec nous, et ce n'était pas peu de chose; car, indépen- damment des vivres , des armes , des munitions et des outils , il nous fallait des combustibles , quand ce n'eût été que pour fondre de la neige , et nous ne pouvions nous passer de nos instru- mens et des effets à notre usage personnel . Nous avions alors un aveugle dans notre équi- page , et l'enseigne Taylor boitait encore telle- ment qu'il ne pouvait marcher que très-peu. Trois autres hommes n'étaient pas en très-bonne santé , et aucun de nous n'avait la même vigueur que l'année précédente. Dans cet état de choses, je jugeai que le plus prudent était de remettre tout le monde à ration entière, et j'en donnai l'ordre. Nos observations sur le magnétisme avaient continué , mais elles sont de peu de valeur à cause de la position de Taiguille à proximité de hautes montagnes et au milieu de rochers. Ce que Saussiu'e avait originairement découvert, les observations du docteur Mac-Culloch Tout encore mieux démontré, en prouvant que Je granit , aussi bien que plusieurs autres pierres , et non moins que le basalte, exerce sur l'aiguille magnétique une iniluence qui produit des dé- viations semblables à celles qu'occasione la pré- sence du fer dans un navire. Cette influence sur des instrumens aussi délicats que les nôtres , et quand il s'agissait de pareilles expériences, de- vait probablement nuire à la vérité des résultats. Comme il était tombé peu de neige en com- paraison des mois précédens, et qu'il avait fait beaucoup de vent , il n'en restait presque pas sur les montagnes. Nous ne pouvions être sur- pris de n'avoir vu aucun Esquimaux. Nous n'a- vions eu presque aucun succès à la cbasse. Il ,..* « . iiiî' m m CHAPITRE XLIX. Avril. — Commencement du transport de^ barques, des traîneaux et des provisions, dans le dessein d'abandonner le navire. — Mai, — Conti- nuation des mêmes travaux. — Le navire est abandonné. I " i.u r :n ni. Le vent fut si violent que nos hommes furent retenus à bord après roffice divin. Le lundi le temps fut plus calme, et l'on s'occupa à couper la glace autour du Knisenstem , afin de pouvoir le tirer de l'eau. Les trois jours suivans devinrent graduel lement plus doux ; cependant le thermomè- tre ne monta jamais plus haut que 1 4° au-dessous de zéro , et il descendit pendant la nuit à 3o°. Le vendredi i4 fit plus froid ; mais le lendemain le thermomètre monta tout à coup à 7° au-dessus de zéro. 11 y avait alors i36 jours qu'il n'avait passé le point de zéro. Je ne crois pas qu'on puisse citer un autre exemple de pareille durée d'une température si hasse. C'était un état de choses qui devait certainement nous confir- mer dans la résolution d'abandonner le vais- H, ' 'I ÂO'i seau à son malheureux destin, el et làclier tie nous sauver le mieux que nous pourrions. Danslanuitdudimanchelethermomètretomba ^ ^" " > 1 1 1 1 T • ilM'il. a 20° au-dessous de zéro , et le lundi matin à 24". Il remonta ensuite tout à coup à 2° au-dessus; le baromètre descendit considérablement, et nous eûmes un temps couvert et de la neige. Un ouragan y succéda le lendemain , et il ne se mo- déra que dans la soirée du 11, après quoi l'air devint calme. Il fit doux le jour suivant , la tem- pérature étant de 11 ° au-dessus de zéro. Le 1 3 il tomba beaucoup de neige, et le samedi termina la semaine par un temps assez doux. Une de nos barques était alors complètement arrangée sur un double traîneau. Le i5 et les deux jours suivans furent assez 1 5 an 51 doux pour nous permettre, après le dimanche ;, de travailler hors du vaisseau. Le i8> le froid nous remit en prison ; mais le lendemain nos barques furent transportées sur des traîneaux jusqu'au second lac, opération qui réussit aussi bien que nous l'espérions. Nous étions prêts à partir le jour suivant, mais nous en fûmes em- pêchés par la neige et par une température de 28" au dessous de zéro en plein midi. Nous fi- nîmes donc la semaine dans la même situation ; le thermomètre était à 18" au-dessous de zéro , tandis que, l'année précédente à pareil jour, il était à 3o° au-dessus. Nous n'aurions pu rien faire pendant cette 22 a\iii .iii: m 'mi m irîï 3 , mi y^ 1 !f \ V. 1 ^ i ■ ft ■ i 1 1 ;■ ■H I \U ^08 journée, quand même ce n'eùl pas été diman- che ; le thermomètre était le matin à So" au-des- Kous de zéro, et il ne monta pas un instant au- dessus de 3°. Je dois expliquer que notre projet était d'aller jusqu'à une certaine distance avec des provisions et les harques , et de les y déposer, afin d'avancer plus facilement ensuite. L'aban- don du navire avait cessé depuis long-temps d'être un sujet d'hésitation ; et notre but, en ce moment, était de nous rendre à la pointe de la Furie j non-seulement pour y trouver des vivres, mais pour y prendre les barques de ce vaisseau ; à défaut desquelles les nôtres seraient mises en état de pouvoir nous servir. ss avril. Quoique la température ne fût pas moins basse, le temps était calme et serein. Nous par- tîmes donc à neuf heures , et nous arrivâmes à la première de nos barques , qui avait déjà été transportée jusqu'à la mer du Nord, à environ quatre milles du vaisseau. Nous la traînâmes ensuite à deux milles plus loin , ou étaient la seconde barque et notre dépôt de provisions. Nous distribuâmes le fardeau également sur les deux barques, et nous avançâmes avec beau- coup de fatigue et de difficulté sur une glace si raboteuse que nous fumes enfin obligés de laisser une barque en arrière, et de retourner sur nos pas pour aller la reprendre, quand nous fûmes arrivés à une certaine distance. 11 en résulta qu'après cinq heures de travail, nous n'avions» ^09 pas fait plus d'un miJle. Le vent alors devint si violent et chassa la neige avec une telle force , que nous fumes obligés de faire halte et de nous construire des huttes de neige. Nous les cou- vrîmes de toile , et au moyen des peaux qui nous servaient de lits, et de notre cuisine portative, nous nous trouvâmes, au nombre de quatorze, aussi bien qu'il éJait possible, quoique la tempé- rature de la hutte pendant la nuit ne fut que de i5** au-dessous de zéro, tandis qu'elle était à 3o* à Textérieur. Les degrés du thermomètre font peu d'impres- sion sur les lecteurs ; et ceux qui n'ont pas vécu dans des pays semblables à celui dont il s'agit , font surtout peu d'attention aux degrés de Té- chelle descendante. Le nombre de trente degrés au-dessous de zéro peut frapper leurs yeux sans leur rappeler que c'est soixante-deux degrés au- dessous du point de congélation La température de notre chambre à coucher en cette occasion , était donc de quarante-sept degrés au-dessous de ce point. Comment peut-on dormir, continuer à dormir , avec une telle température ? C'est ce que j'ai déjà cherché à expliquer, mais sans beaucoup de succès , à ce que je crois , puisque , dans le cas en question, il n'y avait pas d exer- cice pour engendrer la chaleur , ou pour contre- balancer les effets du froid. Je dois donc encore une fois laisser ce sujet aux physiologistes, puis- qu'il est convenu qu'ils n'ignorent rien. 4'i m. J i!:^i M. ■ 'Pi III I s W II M m ■u •{ ■i y H ^ • Ai il avril i'.'i avril AU) Nous partîmes peu après midi, sur une glace semblable à celle de la veille, et au bout de quatre heures , nous arrivâmes avec une de nos barques sur le bord de la mer. Là nous trou- vâmes une terrasse de glace formée par les ma- rées hautes, et qui offrait une surface unie entre les monticules qui la bordaient de chaque côté. Notre marche y devint beaucoup plus facile , et à six heures nous étions à envirou sept milles de la pointe du nord. Laissant la barque en cet en- droit, nous retournâmes où nous avions passé la nuit précédente. Le lendemain , nous nous mîmes en marche de bonne heure , avec la seconde barque et un traîneau chargé de provisions , et , en dépit d'un vent très-contrariant qui chassait beau- coup de neige , nous arrivâmes à l'endroit où nous avions laissé la première barque la veille. Nous conduisîmes ensuite le tout un peu plus loin ; et à huit heures du soir , nous nous fîmes une habitation semblable à celle de la veille. Notre viande était tellement gelée, que nous ne pûmes la couper qu'en nous servant d'une scie, et nous la fîmes dégeler dans notre cacao bouil- lant, pour ménager nos combustibles. La neige (|ue le vent chassait couvrit presque entière- ment notre hutte, et nous eûmes en outre le désagrément encore plus grand de trouver notre l'bemiu obstrué par des rochers qui s'avançaient dans la mer, cl sur lesquels les glaces s'élaicul A\i ' l' ' iicciimulées jusqu'à la hauteur de cinc|uanle ]>ieils. Les repas sî souvent décrits par le vieil Homère ont fait sourire bien des gens , et les critiques ont pris sa défense. Homère « dormitavit )> en plu- sieurs occasions ; cela peut élre , mais sur ce sujet du moins, il n'a jamais dormi. Cependant « le bon homme » n'avait pas besoin de s'in- ([uiéter beaucoup des dîners et des soupers de ses héros. Ils ne manquaient jamais d'une vache ou d'une chèvre qu'ils faisaient griller sur des charbonsaussi bien qu'ils le pouvaient, et qu'ils découpaient ensuite avec leurs sabres. Si la des- cription de leurs repas nous a quelquefois fati- gués, et surtout quand nous n'étions pas en appétit, il y a peu de gens qui, à jeun ou bien repus , n'aient pris intérêt aux dîners et aux dé- jeuners de Gil Blas et de don Quichotte , et peut-être aussi aux repas de Scott , qui , comme ses prédécesseurs, savait parfaitement quel pro- fond intérêt ce premier objet de la nature hu- maine inspire à tout ce qui appartient à 14ui- manité , aussi bien qu'à toute la race animale. Il s'en fallait pourtant de beaucoup qu'un pareil sujet fut pour nous un objet d'amuse- ment romanesque. Il îivait une importance trop sérieuse pour devenir la matière d'une relation badine ou poétique. INous pouvions avoir des déjeuners ou des dîners à préparer et à manger, mais nous n'«'lions pas lenlT's de con- m -Il • es •Ml m ,1* ri ^c I m 'if" Il 'Ni:^ V '>; 51'. il ■ 11 il 1^ ( I Un autre ouragan nous empéclia de nous remettre en route le lendemain , mais , comme il augmenta encore le dimanche , nous résolûmes de laisser les barques en cet endroit , et de re- tourner au vaisseau. Nous avions le vent en arrière , et par conséquent nous pouvions nous y exposer sans beaucoup de risque. Nous arri- vâmes dans la soirée aux premières huttes que nous avions construites , et, le lendemain, après y avoir laissé un dépôt de provisions , comme nous l'avions fait dans le lieu que nous avions quitté la veille , nous retournâmes au vaisseau , où nous arrivâmes vers midi. Le résultat de ce voyage fut que nous avions fait cent dix milles, mais que nous n'avions avancé que de dix-^huil en réalité , et que nous aurions à parcourir encore trois fois tout cet espace , avant que nous fussions arrivés à ce premier point d'un voyage qui était destiné à être de trois cents milles , quoique le chemin direct ne fût que de cent quatre-vingts. Je crois inutile de donner un résumé du mois d'avril , les détails qui précèdent étant assez circonstanciés. i. Le I*"' mai fut doux, et le thermomètre varia entre 2" et 20" au-dessus de zéro. Nous nous occupâmes à préparer des provi- sions pour notre voyage. Nous déposâmes sur le Krusenstem, que nous avions placé sur le ri- vage, les salaisons et autres objets que nous ne ■ .<« ^15 pouvions emporter , comme une dernière res- source , si nous étions forcés de revenir en cet endroit. Cet ouvrage et quelques autres nous occupèrent encore le lendemain. Pendant cette dernière journée le thermomètre fut à 20" au- dessus de zéro , mais il descendit à zéro quand la nuit fut arrivée. INos hommes conduisirent les traîneaux sur la glace de la mer jusqu'à quatre milles , et revin- rent à sept heures. Le 4? nous commençâmes notre second voyage. J'étais avec le commandant Ross et dix hommes de l'équipage , les seuls qui furent en état de supporter de telles fatigues. Après avoir rejoint les deux traîneaux pesam- ment chargés qui avaient été conduits en avant la veille , nous les traînâmes sur une bonne glace pendant cinq milles ; mais l'un se cassa pendant ([ue nous essayions de passer quelques monti- cules , et nous arrivâmes avec l'autre , à la nuit tombante , à la première de nos stations. Nous y retrouvâmes tout ce que nous y avions laisse , quoique nous eussions craint la voracité des gloutons. Après huit heures de repos, nos hommes retournèrent au vaisseau pour y recon- duire le traîneau cassé et le faire réparer, et pour en ramener deux autres. Nous ])assâmes toute la journée à ce travail, et, au bout de douze heures, uous nous trouvâmes avec un traîneau à 18 milles du navire. Le second fut amené le lendemain, et le Irai- y DMi 4 mai. 5 m (i iii.ii. ■ '1 I"' :'% ii ri m m M' I iiù n l il? '^ yy V I mai S niiii. iieaii casse avait été réparé. La charge de cha- cuii d'eux ayant été égalisée , nous partîmes pour la station suivante , où nous n'arrivâmes qu'à huit heures du soir , une neige abondante ayant rendu le chemin plus mauvais. Déchar- geant alors les traîneaux, nous retournâmes à l'endroit où nous avions passé la nuit précé- dente , et nous y arrivâmes après une marche de i4 railles. Le thermomètre était à zéro. Nous partîmes avec le reste des provisions et nos sacs de peaux pour nous coucher , et après avoir fait id milles , nous arrivâmes à trois heures après midi à notre dernière station, ayant enfin réussi à y transporter deux barques et des provisions pour cinq semaines , sans y compren- dre une autre quantité de vivres suflisaute pour dix jours. Nos travaux étaient trop sérieux, et il s'y mêlait trop d inquiétude pour nous per- mettre de plaisanter ; cependant nous ne pou- vions nous empêcher de sentir que nous étions dans une situation semblable à celle de l'indi- vidu chargé , dans une équation algébrique bien connue, de porter une certaine quantité d'oeufs , un à un , à un point donné. Après avoir fait aux traîneaux quelques réparations néces- saires, nous en conduisîmes deux à sept milles, un autre à cinq , et nous retournâmes coucher dans notre hutte. La neige nous emprisonna toute la journée et nous fit craindre de trouver la route fort mau- U7 vaise. Le thermomètre monta pendant Ja nuit i.' \S^ au-dessus de zéro. Le jour suivant fut en- ^ mai. core pire, un violent vent d'est étant survenu. Cependant nos marins , insoucians , n'en dormi- rent pas moins comme s ils n'avaient pas eu au- tre chose à l'aire , laissant les veilles et les in- quiétudes à celui qui était chargé de toute la responsabilité. Néanmoins, le vent et la neige continuant le lo , ils parurent commencer àiOmai. se lasser d'être en repos dans une hutte si petite , qu'il était impossible de changer la position qu'on y avait une fois prise. Le vent tomba à minuit : mais le thermomètre était à zéro. Les joyeux prosateurs de l'école de Joé Miller, et les chansonniers de la race de Dibdin, ont fait un grand nombre de plaisanteries sur le caractère particulier des marins , caractère tiré de leur imagination , et qui ne ressemble pas plus à celui d'un marin anglais et de tout autre marin qu'à celui d'un Chickasaw ou d'un Chi- nois. L'être en question a un caractère qui lui est propre , le fait est certain j mais il est aussi éloigné de celui que lui attribue un public qui s'en rapporteà des quolibets et à des ballades, que de toutes les formes possibles que prendrait toute autre nature humaine dans une telle situation. Jusqu'à quel point son caractère véritable est-il pire que celui qu'on lui attribue , c'est ce que je ne dois pas dire; eu quoi est-il meilleur, ou en II. 21 m m \ .-*::' m "A \ ■ ,! «il li ; fi; m m f : i! I • 't ■«'" Hl .' \' p It^" quoi en diffère-t-il ? c est une question que les limites de cet ouvrage ne me permettent pas de discuter ; mais voici du moins un trait universel du caractère des marins. Quoi qu'il puisse arri- ver, qu'on craigne de manquer d'eau ou de vivres , qu'il survienne une tempête ou un ou- ragan, que les voiles soient déchirées, les agrès brisés et irréparables, que le vaisseau ne soit plus sur la route , que le vent le pousse même sur des écueils, « c'est l'afTaire du capitaine. » Il est vrai qu'ils obéissent aux ordres qui leur sont donnés , qu'ils essaient de faire et qu'ils font ce qu'on ne pourrait croire sans être marin; mais quand le quart est fini , ils dorment aussi bien que s'il ne se passait rien d'extraordinaire. (( C'est l'affaire du capitaine. » Les nôtres, pen- dant notre voyage; avaient peut-être acquis assez d'expérience pour avoir quelques pensées à eux ; peut-être réiléchissaient-ils quelquefois à des choses dont « le capitaine » ne devrait pas être exclusivement responsable; et cependant ce sentiment presque inné se montrait en eux à chaque instant. S'il y avait quelque chose de nouveau et d'inusité à projeter et à exécuter , ils n'en étaient pas moins d*une tranquillité im- perturbable ; ce dont il s'agissait pouvait être bien ou mal, » mais c'était l'afTaire du capi- taine, )) ce n'était pas la leur.— Heureuse res- ponsabilité pour un capitaine , on ne saurait le nier ; mais cette responsabilité ne pourrait- elle ni'il t V. 1 pas lui mériter les éloges qu'il n'obtient pas tou- jours? Nous fûmes obligés de tirer les barques et les h mai. traîneaux de la neige dont ils étaient couverts , avant de pouvoir nous mettre en marche. Notre chemin était encombré de profonds sillons de neige amassée par le vent. Nous arrivâmes pour- tant, au bout de six heures, à une de nos pré- cédentes stations sur une île près du continent, et nous retournâmes dans la soirée à l'endroit d'où nous étions partis. Le thermomètre, pen- dant le jour, descendit presque au point de con- gélation, et pendant la nuit il remonta à id** au-dessous de zéro. Nous partîmes à huit heures avec Tautre bar- <2 mai que , contenant des provisions pour une semaine de plus^ et en dépit d'une brise fraîche et de la neige qu'elle chassait , nous réussîmes à la trans- porter dans la même île , et nous retournâmes encore une fois à la même station. Le i3 , nous < allâmes chercher le traîneau que nous avions laissé quatre jours auparavant, et nous le con- duisîmes au même endroit. Le jour suivant fut h employé à y conduire deux traîneaux cliargés de provisions , de peaux et de tentes , malgré un ouragan qui s'était élevé quand nous étions à mi - chemin , et qui nous occasiona beaucoup de fatigue. Ce qui l'augmenta encore, fut que deux de nos hommes ne purent nous être d'au- cun service, une inilammation aux yeux, causée > mai. rC i:' i» %■ 1? ^^m p!'.\ I y pu m là il 1 ]*f par Ja neige , leur ayant presque oté Tiisage de la vue. Nous arrivâmes tard, et nous nous bâ- liines des huttes pour la nuit. irt mai. Nous ne partîmes que dans la soirée, à cause de l'état des >eux de nos hommes, et nous fûmes obligés de faire dorénavant du jour la nuit. Nous traversâmes une étroite langue de terre , et nous continuâmes à marcher jusqu'au havre de l'E- clipse; mais nous fumes complètement arrêtés à la pointe méridionale de ce havre par la nature formidable de la glace. Nous vîmes cependant que, du coté du nord, la baie n'était séparée de la mer que par une étroite laugue de terre, et qu'au-delà la glace n'était pas mauvaise. M\ mai. L<-* 1^5 nous traversâmes le havre de ^EcJips^^ dont la glace était couverte d'une couche épaisse de neige , et la langue de terre dont je viens de parler , qui n'avait qu'environ deux cent cin- quante toises de largeur et une cinquantaine de pieds d'élévation. Arrivés sur l'autre rive , nous descendîmes sur la mer, qui formait en cet en- droit une grande baie contenant une ile, et bornée au nord par une pointe si élevée , qu'on ne pouvait voir la mer par-dessus. Nous lais- sâmes la barque sur la terre, et nous retour- nâmes à notre gîte, après avoir avancé de huit milles. 17 mai. Le lendemain, nous conduisîmes deux traî- neaux dans le même endroit , et le reste des pro- i« mai. visions y fut transporté le jour suivant ; chacun t^ (le ces transports nous coûtant une niarclie de seize milles. Le 19, nous partîmes avec le reste 4 y mai. de nos équipages , et nous arrivâmes au premier poste avancé à onze heures. La neige était si 20 mai. épaisse , et la route si mauvaise le lendemain , que nous pouvions à peine tirer les deux légers traîneaux; cependant nous arrivâmes enfin, à quatre heures du matin, à la station qui était à douze milles du vaisseau. Nous prîmes ensuite les traîneaux vides , et nous atteignîmes enfin l'extrémité de la haie à quatre milles de l'endroit 011 était le navire. En arrivant à bord vers midi , nous trouvâmes si mai. qu'on avait préparé des provisions pour un autre mois, et c'était presque tout ce qui nous en res- tait; mais nous reconnûmes qu'il faudrait une semaine pour réparer les traîneaux , et remettre nos hommes en état de les tirer. Nous eûmes donc tout le temps de passer en revue tout ce que nous venions de faire , et le résultat fut que nous avions fait trois cent vingt-neuf milles pour en gagner environ trente en droite ligne, condui- sant les deux barques avec des provisions pour cinq semaines, et passant un mois à ce travail. Mais c'était la plus mauvaise partie de noire roule. Un grand vent du nord et la neige qu'il chas- 22 ctâ.'î sait, rendirent si mauvais les deux jours qui suivirent notre arrivée, que nous fûmes très- conteus d'être à bord. Mais comme le temps fut mai. ti i .1 m ■■'M V. i 'M m 51 m 11 ■'I ; 'M > i fi % '■i ■ * ê ■ -. i V ■ ï '^11 1 *-: F' i' ; i^no ^m u i'Jl lli 'I[- i i ") i ,.< rr i* *2i mai. 25 mai, se mai, ;'/ mai, '28 mai, 2i> mai. A ! plus beau le troisième , quelques hommes par- tirent pour conduire à la station , à douze milles^ un traîneau contenant des vivres pour un mois à demi-ration. Le 25, nous nous occupâmes à construire un nouveau traîneau , pour en rem- placer un qu'il était impossible de réparer. Le jour suivant , nos hommes revinrent , après avoir réussi dans leur expédition. Ils avaient trouvé que la neige se fondait rapidement , ce qui avait totalement changé l'aspect du pays. L'office divin fut célébré , et nos hommes pu- rent se reposer. A minuit le thermomètre était à 23° au-dessus de zéx'Oj il avait monté jusqu'à 4o° pendant la journée. Le 2 8 nous préparâmes tout pour notre départ définitif. Les thermomètres et instrumens astro- nomiques dont nous pouvions nous passer, et que nous ne pouvions emporter , furent cachés dans la tranchée que nous avions faite, avec une partie de notre poudre. Les mâts , les voiles et les agrès furent placés sur le Krusenstem; et nos hommes conduisirent jusqu'au troisièmelac deux traîneaux chargés de vivres et d'autres objets. Nous en gardâmes un troisième à bord pour le charger de ce qui restait. Nous avions mis en lieu de sûreté sur le rivage tous les objets qui pouvaient nous servir dans le cas où nous serions forcés de revenir en cet en- droit, ou qui seraient utiles aux naturels, si nous n'y revenions pas. Nous arborâmes notre pa- il A'2o villon, et nous le clouâmes au mât ; Nous bûmes un dernier verre de grog pour prendre congé de notre pauvre vaisseau; et en ayant fait sortir tout mon équipage avant moi dans la soirée, je fis mes derniers adieux à la Victoire , qui méri- tait un autre sort. C'était le premier vaisseau que j'eusse jamais été forcé d'abandonner , après avoir servi pendant quarante-deux ans à bord de trente-six bâtimens divers. C'était comme si je me fusse séparé pour toujours d'un ancien ami ; et je ne tournai pas la pointe oii il cessa d'être visible, sans m'arréter pour faire une esquisse de ce triste désert, renduplus triste encore par l'as- pect du navire solitaire et abandonné, qui nous avait si long- temps servi de demeure solidement fixée dans des glaces immobiles jusqu'à ce que le temps eût produit sur lui son effet inévitable. A mesure que nous avancions, nous trouvions 30 mai la neige plus dure , et la route devenait meil- leure; mais les traîneaux lourdement chargés rendaient nécessairement notre marche très- lente , et nous n'arrivâmes qu'à midi aux buttes 34 mat à douze ntilles. Nous en partîmes le lendemain à une heure du matin ; mais nous ne pûmes tirer plus de deux traîneaux à la fois sur les hauteurs, de sorte qu il nous fallut dix heures pour arri- ver à la seconde station qui n'était qu'à huit milles. Ce fut là que nous terminâmes le mois de mai, le thermomètie, pendant la nuit, étant près du point de congélation. m m m ;f 42i Je puis maintenaut expliquer quel était le plan du voyage que nous venions d'entreprendre. C'était de conduire les barques au havre d'Eli- sabeth avec des vivres pour six semaines à ration entière ; d'y laisser les barques et la moitié de nos provisions ; de nous rendre ensuite avec les traîneaux chargés du resle des vivres jusque sous la latitude de 71°; et de là d'envoyer un détachement de cinq hommes pour reconnaître l'état des choses à la Pointe-de-la-Furie. La fin de ce mois nous avait conduits sous la latitude de 70° 2 1' , de sorte qu'il ne nous restait que seize milles à faire pour gagner le havre d'Elisabeth ; et quoique nos hommes fussent loin de conserver la vigueur qui aurait été nécessaire pour le travail qu'ils avaient à faire , tous, même l'aveugle et le boiteux , faisaient tous les efforts dont ils étaient capables , et fespoir renaissant de revoir l'Angleterre soutenait leur courage. L'état de la glace , à cette époque avancée de la saison , ne laissait aucun espoir. La mer, de tous cotés , et aussi loin que la vue pouvait s'é- tendre , u était qu'une masse solide d'énormes pièces de glace soudées ensemble ; les crevasses que nous avions remarquées sur les terrasses le long de la côte , avaient leur surface couverte d'une glace aussi solide que le reste de la mer. Tout était rocher; il semblait qu'il ne dût plus y avoir jamais une goutte d'eau dans ces parages. Mais, quoi (|u il put arriver, il était alors bien ^25 évident que le vaisseau De pouvait être dégagé cette année des glaces qui l'entouraient. Il était donc du moins satisfaisant pour nous de pouvoir être assurés que nous ne l'avions pas quitté avec trop de précipitation , et que nous n'avions pas d'autre parti à prendre ([ue celui que nous avions pris. 'ifti-i 'm .;ïi!V m m •• il îïiWj H;t.t CHAPITRE L. Juin. — Voya;;e aveu les traiiicaux et If'fi barques. — Arriv' ■■.M' 'il'.i ; II' ml w ^ i i^H 4 juin. fi ]Nous vîmes qu'il s était formé quelques mares (l'eau près des hauteurs du havre de l'Eclipsé ; mais elles étaientdéjà recouvertes d'une glace de trois pouces d'épaisseur. A huit heures, nous arrivâmes à nos huttes. Cependant nous nous servîmes de nos lentes , et quoique la tempéra- ture fut au point de congélation , nous nous y trouvâmes assez bien. Ayant amené en cet en- droit tout le reste de nos effets , chaque trans- port nécessitant deux voyages , nous partîmes dans la soirée avec un traîneau et une barque , 5 juin, et à minuit nous passâmes la chaîne de montagnes qui bordent le havre d'Elisabeth du côté du sud. 6 juin. Le 6 juin, nous arrivâmes à fextrémi té du havre; et , y laissant ce que nous y avions ap- porté , nous retournâmes aux tentes pour aller chercher le surplus. Pendant les deux derniers jours, nous avions tué deux lièvres, qui furent une addition agréable à nos modiques rations. 7 juin. Le lendemain , nous traversâmes la chaîne de montagnes , et nous arrivâmes aux tentes à huit heures, très-fatigués à cause de lépaisseur de la neige sur laquelle nous avions eu à marcher. Pendant cette journée nous vîmes quelques traces de rennes , et les lièvres portaient encore leur fourrure blanche d'hiver. Un ouragan nous emprisonna le 8, et le jour suivant tout se trouva transporté au dépôt éta- bli sur le havre d'Elisabeth. Nous gravîmes une nionlagne poiu* examiner In glace , et nous re- K .1 y juin. 459 connûmes qu elle élait si mauvaise, qu'il serait impossible de transporter nos barques plus loin. Mais comme elles se trouvaient alors à notre portée , dans le cas où nous serions obligés de revenir sur nos pas, je résolus d'avancer avec tout l'équipage et des provisions pour trois se- maines, jusqu'à une distance de vingt à trente milles ; de laisser tout le reste en réserve en cet endroit , et d'envoyer ensuite un détachement à la Pointe de-la-Furie, pour voir quelles ressources nous pouvions encore y trouver. • ; Nous partîmes à une heure et demie du matin \o juin. avec trois traîneaux très-chargés, puisque indé- pendamment de vivres pour trois semaines , nous devions emporter des armes , des munitions , des outils, des inslrumens , des vètemens, etc. Quelques objets précieux , dont nous ne pûmes nous charger , furent placés sous une des bar- ques, que nousrenversàmes,afindelesretrouver en bon état si nous revenions en cet endroit. Nous fîmes halte au sud de la pointe qui forme la baie dont il a déjà été parlé si souvent; nous remettant ensuite en marche , nous la doublâmes à minuit, après beaucoup de fatigue, causée par le mauvais état de la glace. > La nature du chemin nous obligea à n(msii juin. diriger vers la pointe septentrionale , où nous dressâmes nos tentes pour nous reposer huit heures. Le 12, nous atteignîmes une autre '2 juin, pointe, on nous campâmes. Là, nous fîmes les ^1 il îk *■?!•.:.: i(l mï i " 1 ;i:iM M' -450 préparatifs pour le départ du commandant Ross, qui nous quitta à dix heures avec l'enseigne Abernethy et un de nos hommes , nommé Part , pour se diriger vers la Pointe-de-la-Furie , em- menant avec eux un traîneau chargé de provi- sions pour quinze jours , d'une tente , et d'autres objets qui leur étaient indispensables. Ils reçurent ordre de laisser une note à chaque endroit où ils coucheraient , et nous calculâmes qu'avec nos traîneaux lourdement chargés il nous fau- drait pour y arriver le double du temps qu'ils mettraient à s'y rendre. Ils avaient à faire cent cinquante milles ; nous serions donc environ à 70 milles quand ils seraient au terme de leur voyage. C'était supposer qu'ils feraient quinze milles par jour , et que nous en ferions de sept à huit, et c'était tout ce que nous pouvions espérer, après avoir perdu l'aide de trois des plus vigou- reux de nos compagnons. 13 juin. Nous les cûmcs bientôt perdus de vue; mais nous avançâmes très-lentement , étant obligés de faire des circuits dans des endroits qu'ils avaient pu traverser en ligne droite. Après neuf heures de marche , nous nous arrêtâmes sur une pointe, ou nous ne pûmes trouver une goutle d'eau. Nous y laissâmes un dépôt de provisions, et nous 1 1 juin, partîmes à quatre heures du matin ; mais nous fumes bientôt obligés de nous arrêter, le chi- rurgien s'étant trouvé malade. Il faisait beau- coup de veut f il tombait de la neige , et sous i.r ' i pV 45i lous ces rapports nous étions fort mal à l'aise. La même cause nous rendit stationnaires toute ^^ juin la journée du i5 ; mais nous nous remimes en marche le lendemain à sept heures du soir, quoi- <(« ]»«•• qu'il tombât encore de la neige , et nous eûmes à passer sur une glace tellement couverte de neige , et si p):?^'^^ de crevasses , que plusieurs de nous y firent des chutes sérieuses. A minuit, nous trouvâmes le premier monticule de pierres élevé par le commandant Ross, et sous lequel était la note qu'il y avait laissée. Nous termi- nâmes en cet endroit une marche de neuf milles. Le 17, nous traversâmes plusieurs petites haies (7 juiit, et quelques pointes de terre , et nous vîmes à Touest les montagnes bleues à environ dix milles de distance. Nous nous arrêtâmes à quatre heures du matin après avoir fait onze milles. Nous lais- sâmes en cet endroit un autre dépôt de provi- sions et nous repartîmes à huit heures du soir. Le lendemain matin nous trouvâmes de l'eau 4» j pour la première fois, et nous fîmes halte près du second monticule, sous lequel était une note du commandant Ross, qui me disait qu'ils avaient été retardés parla fatigue et l'inilammation des yeux . Nous n'avions fait cette nuit que huit milles. Nous nous remîmes en chemin à huit heures <9 iuin du soir, et nous vîmes partout la terre aussi cou- verte de neige que si nous eussions encore été dans le cœur de Thiver. Le thermomètre était descendu à 34** au-dessus de zéro , de sorte que ^' m f ■■^ ■:'!L t ■■h- 1 il m I U;- i .452 toutes les mares d'eau étaient couvertes de glace, et nous fumes encore une fois obligés de faire fondre de la neige. Nous repartîmes à neuf heures du soir, en dépit d'une neige qui tomba toute la 20 juin, nuit ; à deux, heures du matin , nous trouvâmes le troisième monticule ; et à cinq , nous dres- sâmes nos tentes sur une pointe où nous vîmes des restes d'habitations des naturels. Nous ne trouvâmes pas d'eau, et nous fumes obligés de nous en passer, ayant trop peu de combustibles pour en employer à fondre la glace. 2i juin. Le lendemain , à deux heures du matin, nous .irrivâmes au quatrième monticule élevépar ceux qui nous précédaient ; mais il s'était écroulé , et nous ne pûmes trouver le billet. Quelques pierres placées de distance en distance nous indiquaient le chemin qu'ils avaient pris, mais la glace était trop mauvaise pour que nous pussions le suivre. Il nous fallut faire un détour, et après douze heures de fatigue , nous fîmes halte à huit heures. 22 juin. Pendant que nos hommes se reposaient, j'allai examiner la terre , attendu que nous n'avions pas encore pu reconnaître cette partie du pays. Nous partîmes , suivant notre usage , dans la soirée , et nous arrivâmes au sud des îles de Grimble , où je trouvai un autre monticule élevé par le commandant Ross. Suivant ses ob- servations, nous étions à douze milles, et sui- vant les miennes à huit, de l'endroit où nous ■ m fi ^55 a\ioDS pris possessiou du pays le lo août 1829. Comme il nous restait huit milles à faire avant d'avoir traverse le bras de mer , nous préférâmes coucher sur la glace où nous étions ; et à six heures du matin, laissant nos hommes se repo- î;3 juin. ser, j'allai faire l'examen de ce bras de mer. Après avoir pris les mesures et fait les obser- vations nécessaires pour en reconnaître la forme et l'étendue, je m'assiirai qu'il recevait à son extrémité les eaux d'une grande rivière , et que, par conséquent, il ne s'y trouvait ni ouverture ni passage qui pût conduire à TOcéan occidental, ee qui aurait pu faire le sujet d'un doute sans cet examen. Il était également évident que l'eau y avait peu de profondeur. Nous étant remis en route à neuf heures , nous passâmes devant deux grandes rivières sur la côte septentrionale du bras de mer , et nous vimes plusieurs îles. En arrivant à une pointe, nous y trouvâmes encore un monticule de notre détachement avancé. Nous campâmes sur la côte au sud-est, et j'y achevai la reconnaissance de cette baie. A trois heures du matin, nous arrivâmes à un n j„i„. autre monticule de pierres , et comme la note qui s'y trouvait nous informait que nos compa- gnons étaient en bonne santé , je calculai qu'ils devaient alors être arrivés à la Pointe-de-la-Furie depuis deux jours , et que par conséquent nous ne tarderions pas à les voir venir au-devant de II, ?.S m . il .' t A ■5!t^'-'!l h^ ■ ■| •t il f itf M 45i .'.) III m. 26 iiiin nous. Je laissai donc une note en cet endroit |)Our les avertir que nous y avions passé, et qu'ils eussent à suivre la côte aussi près que possible : car il pouvait arriver qu'ils prissent une route (liflférente de la nôtre. Nous continuâmes à marcher le long de la côte; et après avoir tourné une pointe, nous renconlrâmes le commandant Ross et ses com- pagnons. Les informations qu'ils nous rappor- taient de la Pointe-de-la-Furie , étaient que la mer s'était élevée très-haut et avait poussé plus loin au nord trois des barques de ce vaisseau, dont une était fort endommagée. Tout le reste était dans le même état qu'à notre premier pas- sage. Le pain et les autres provisions étaient en abondance et en excellent état. Nous fîmes halte pour le reste de la journée , et nous trouvâmes qu'avec les vivres qu'ils avaient apportés , et les dépôts qu'ils en avaient faits sur la route , nous pouvions avoir ration entière jusqu'à notre ar- rivée en cet endroit. Partis à huit heures du soir , nous mar- châmes, malgré la neige et un froid très-piquant, jusqu'à cinq heures du matin, et nous nous ar- rêtâmes après avoir passé un autre monticule de pierres. Le 27 , à deux heures du matin , nous arrivâmes au cap Garry , où nous trouvâmes les provisions qui y avaient été laissées. Nous cam- pâmes pendant une forte brise accompagnée de neige. Elle se termina par un ouragan , qui dura i4 4."5è) toute la journée. Le thermomètre était à 32' au- dessus de zéro. Le 28 nous gagnâmes la terre presque au fond 28 juin. de la baie , qui semblait être le débouché d'une grande rivière ; et quoique je ne pusse en faire une reconnaissance complète , non-seulement j'en trouvai l'eau peu profonde, mais je vis la terre tout autour assez distinctement pour être assuré qu'il n'y existait aucun passage à l'ouest. Le lendemain nous eûmes à traverser une glace 21) juin. couverte d'eau , et nous en avions quelquefois par-dessus les genoux. C'était une nouveauté , quoiqu'elle ne fut pas très-agréable. Nous Tal- tribuâmes aux eaux de plusieurs petites rivières qui coulent sur cette partie de la côte. Nous nous remîmes en marche à l'heure or- 00 juii.. dinaire , et nous fûmes alors obligés de mettre notre boiteux sur un des traîneaux, indépen- damment du poids dont ils étaient déjà chargés. Le soleil produisait un grand effet sur la neige , et l'aspect du pays changeait à chaque instant ; mais, sur la mer , la glace paraissait aussi ferme et aussi compacte que jamais. A midi le thermo- mètre était à 47° j mais il retomba à 82" à mi- nuit. Nous avions tué quelques canards depuis plusieurs jours , et c'était pour nous quelque chose de mieux qu'un objet de luxe. Enfin nous terminâmes ce mois en vue de la Pointe-de-la- Furie. 'm M L'eau commençait alors à couler dans les la r- r JUill. ■'M i I . il 45() yes crevasses de la glace , et chaque heure opé- rait un changement dans l'aspect des choses. Les ravins que nous passions portaient à la mer leurs torrens ; et au pied de l'un d'eux nous trou- vâmes un baril de farine que la mer y avait jeté. La dernière partie de ce voyage fut rendue ex- traordinairement pénible par les énormes masses de glace accumulées les unes sur les autres de manière à prouver avec quelle force elles avaieri t été poussées sur la côte. Nous surmontâmes en- fin toutes ces difficultés , et nous arrivâmes à dix heures à la Pointe-de- la-Furie. Nous avions donc encore une fois un domicile , quel qu'il fut, et quel que dut être le temps que nous aurions à y rester. Il nous semblait que nous rentritms chez nous. C'était quelque chose que d'éprouver ce sentiment; nos hommes s'y livraient avec abandon, et les réllexions sur l'a- venir ne troublaient guère leur plaisir présent. La première mesure que je pris, fut de les envoyer tous se coucher, afin de ramener la régvilarité dans la distribution de la journée, après quoi nous allâmes examiner les provisions. Comme elles étaient déposées de ditférens côtés , il était difficile d'empêcher des iiommes à demi affamés d'y porter la main; et en dépit de nos ordres et de nos conseils, plusieurs commirent des imprudences dont ils eurent à souffrir. A Texceptioii du dommage fait aux barques par la grande crue des eaux de la mer, la seule perte i f 1^ Ao7 que nous décoiiviîiiics , l'ut que les jenards avaient brisé quelques caisses de cliandelles et eu avaient dévoi'é le contenu. Dès que nos hommes se furent reposes, nous ^juiii. distribuâmes à chacun sa tâche. La première chose dont on s'occupa tut de construire une maison à laquelle nous donnâmes trente et un pieds de lon^;ueur, seize de largeur, et sept d'é- lévation, et elle devait être couverte en toile à voile. Dans la même soirée, la carcasse en fut achevée. Nous terir'nâmes cette journée mé- morable par uji souper som . ueux. Il y avait eu du broiaiJard h. veille, et Je-".!'"" thermomètre était des ;endu au pilait décongé- lation, quoiqu'il eut été auparavant à 5o°. Dans la matinée du 3, un vent très- fort venant de l'est, et les suites de l'intempérance de quel- (jues-uns de nos hosames, apportèrent quelque retard à nos travaux; mais les autres furent employés à transporter les barques de la Furie dans un endroit convenable pcmr les réparer. La pr'^mière pluie de cette saison tomba le i juiii 4 juillet, ec qui était trois semaines plus tard (pie dans aucune des années précédentes. La maison étant finie, nous lui donnâmes le nom (ie Somerset- house; ce district ayant déjà reçu le nom de Somerset du Nord. U neigea le len- 5 juin. demain, et le vent du nord fut si froid, que la pluie qui était tombée se gela ; le plus haut point du thermomètre n'étant que de 3o°, et le plus (S ■'''Il •iiV W l'-'i ■ '\-'4/\ a ^5S bas (le 2-7°. Comme la neige dura toute la nuit, la terre en était aussi complètement couverte le G juiii. lendemain matin, qu'elle l'avait été pendant rhiver. Les charpentiers commencèrent à réparer les barques, et il fut résolu qu'on les fortifierait par le moyen de deux cloisons placées en tra- vers, et de deux fortes poutres. J'avais dessein de gréer chacune d'elles de voiles auriques , les regardant comme les meilleures et les plus sûres ; mais le commandant Ross préférant une voile de civadière , je lui permis d'en gréer une comme bon lui semblerait. La maison que nous occvipions était divisée en deux chambres: l'une pour les hommes de l'équipage; l'autre, conte- nant quatre petites cabanes, pour les ofliciers. La cuisine fut établie provisoirement sous une tente. M. Thom s'occupa à dresser un état ré- gulier des provisions. La neige s'était fondue pendant la nuit, mais aucun changement ne s'était opéré dans la glace sur la mer. La nuit suivante, il neigea de nou- veau, et la température fut à 2" au-dessous du point de congélation. Le 8 étant un dimanche, le service divin fut célébré, après une inter- ruption qui avait été inévitable. '» au 15 l^icn de remarquable ne se passa la semaine juillet, suivaute, si ce n'est que la température monta une fois à 5o'*, quoiqu'elle fut presque toutes les nuits au point de cong<''lation, c'est-à-dire. 7 juill. » juill. 5 . ! Ao9 à 32°. Le veiil fut irès-lbrt le i :î , mais il se mo- déra le lendemain. On continua à travailler à la réparation des barques. Le temps fut variable pendant les trois pre- i<»aiiiM miers jours, et il tomba un peu de pluie le jeudi. La neige disparaissait peu à peu, mais la température de la nuit ne s'élevait jamais au- dessus du point de congélation. Un des jours de cette semaine , je montai sur la plus haute mon- tagne, qui pouvait avoir environ mille pieds d'élévation, et je vis que la mer n'était (pi une masse de glace solide, aussi loin que la vue pou- vait s'étendre. Quelques ravins profonds dans lesquels coulait une eau qui n'était que de \n neige fondue, formaient, pour ce pa^s, une vue pres([ue pittoresque. Il est inutile de rendre un compte détaillé du 2s;;,„r,i reste de ce mois. Le temps continua à être aussi •'"'''' inconstant. Nous eûmes tour à toiu- du vent el du calme, un ciel couvert et serein , de la pluie et du beau temps. Le thermomètre peu à j)eu monta pendant la nuità4o". Nos travaux étaient toujours les mêmes : (m coni inuait les ré[)arations aux barques , et l'on préparait les provisions pour notre vo}age. Nous tuâmes ([uelqiiesguil- lemolset d'autres oiseaux de mer, cetpii ne jeta <|uc bien peu de variété dans la nionolonie de notre existence. Je ne dois ponrlanl pas oublier une légère rupture de la glace, i II ' 1 l.i 'm fi ;iil AM) La température moyeniie de ce mois fut de 35° au-dessus de zéro , et les deux points ex- trêmes 5o° et 22°. Il n'avait plu que six fois , et fort tard dans le mois ; mais il était tombé beaucoup de neige. La végétation était fort en retard. Nos liommes ayant été remis à ration entière , avaient recouvré une meilleure santé. i '>|! i f \h li i CHAPITRE LI. Août. — Départ île la Pointc-de-(a-Furi(: , «ur des barque:*. — Ohslaclcïct ilinîcultësic lon>j dt^ la cùte. — Réiiuinë d'août. Le dernier jour du mois précédent, les glaces s'étaient inopinément séparées , de manière à laisser quelque espace d'eau navigable; et comme nos barques étaient prêtes , nous nous prépa- râmes à partir, dans l'espoir de pouvoir quitter ce détroit et gagner la baie de Bailin avant le départ des bàtimens baleiniers. Nous primes la quantité de vivres suflisante jusqu''au i" octo- bre , indépendamment des autres objets qui nous étaient nécessaires, et cbacune des trois barques tut montée par trois liommes et un oflicier. Le commandant Ross et moi nous échangeâmes des copies de nos cartes et de nos journaux, en cas de séparation. Enfui nous enterrâmes dans la maison une bouteille contenant le récit abrégé de tout ce que nous avions luil. \" aoù(. N ... .^< \^::i'' i;-:*' .1' ■ ;. f il * i w, -9- % 442 ■ t 2 ...Mil. Nous partîmes à quatre heures après midi ; mais nous trouvâmes les canaux formés dans la glace très-tortueux, et encombrés d'une quantité de glaces flottantes , qui faisaient que nous pou- vions à peine nous servir de nos rames. Nous ne fîmes donc que des progrès fort lents. Ayant passé devant deux rivières à la hauteur desquelles il y avait beaucoup de grosses glaces, nous fûmes ar- rêtés à neuf heures du soir sous le rocher même où la Furie avait échoué. La marée étant basse , et le mouvement des glaces vers le nord ayant «^essé à onze heures, il était évident qu'elles re- viendraient bientôt sur nous. Nous déchargeâmes donc les barques à la hùte , et nous les tirâmes sur le rivage. Nous ne nous y étions pas pris une minute trop tôt. A ]X)ine étions-nous en sûreté, que les glaces arrivèrent avec impétuosité ; deux champs de glace qui étaient à peu de distance , furent brisés avec fracas, et leurs débris formèrent une chaîne de monticules qui s'accumulèrent le long de la côte. Nous avions fait ainsi huit milles, et c'était une coïncidence singulière que nous eussions échappé àce danger imminent , non-seulement à l'endroit même où la Furie avait échoué , mais le jour même où ce malheur était arrivé huit ans auparavant. ^lous espéi'ions que la marée l'orceiait les glaces à s'ouvrir, et les enirainerait pendant la iiuil ; mais nous vîmes le malin (lu'elies étaient s midi ; dans la uantité LIS pou- 'H rf— JKIIII. aoit(. S aoiil. 0 auîil. / août. 4U Le 3 fut un jour de pluie et de grésil ; et pen- dant la nuit, le thermomètre descendit au point de congélation. Le ciel ne se découvrit que le lendemain soir, et nous étions constamment ex- posés aux pierres qui continuaient à se détacher (le la montagne. Le vent resta au nord-est le jour suivant, mais la glace devint encore une fois immobile , surtout du côté du nord , et la tempé- ra ure baissa d'un degré. Le temps s'élant remis enfin, je m'avançai du côté du nord , et je vis qu'il était probable que nous pourrions gagner un parage plus sûr à deux ou trois milles plus loin, près de l'embouchure d'une rivière ; car nous n'étions pas un instant sans craindre que la chute d'une pierre ne tuât tpielqu'un de nous , par suite du dégel qui se déclara complètement le matin de ce jour. Ce ne fut pourtant qu'avec beaucoup de difficulté que nous y arrivâmes à midi . Les glaces s'étant ensuite un peu ouvertes, nous passâmes devant plusieurs rochers , et nous réussîmes à faire quelques milles le long de la côte. Nous vîmes alors que Teau vers le nord n'était qu'une masse solide de glace, et nous fumes encore une fois obligés de tirer nos barques sur le rivage , où nous étions presque aussi exposés à la cliute des pierres qui tombaient d'une montagne voisine, que dans notre pre- mière position. \jv thermomètre dcvscendit pendant la nuit à 3o", et ne s éleva pas au-dessus '■1 Tciilalivc puur avancer sur les barques. — Obslaclus opposés par la ijlacc. — Proposition (le retourner a la Poinle-dc-la-Ftirie. — Nouvelle ten- tative. — Débarquement près de la baie dcBatty. — Transport des ap- provisionncmens à terre. - Késumé de septembre. — Abandon de* échantillons de minëralo{>;ie. . y ki et Nous fumes releaus prisonniers par un oura- i au ^ ^an, et pour toute distraetion nous viines quatre *'^'" haleines noires et plusieurs blanches. Le diman- che se passa sans amener aucun cliangement. Le lundi, je gravis la montagne qui est rtîellemenl la ])ointe uord-esl de l'Amérique j et de là, je vis d'un côté le ea]) VN arrender et le monument de Hope, et de l'aulre le cap d'York et trois pro- montoires au-delà, ce qui forme la totalité de ce qu'on appelle le d«"troit de Barrow. Ce n'étaiJ qu'un cham]) non interrompu de glace ; on n'v voyait ])as même une mare d eau. Tout y élail précisémeul dans le même él.il (|ue le 3i aoûl uSi(S. (i't'Iait M!) aspecl lj\(hcux ; eai' il sei)d)lall Pi il?»'-; Il' r . -à II .sl'|>l. '.) iiu 15 M'|)I . prédire que nous serions forcés de retourner à la pointe de la Furie. Le seul chaDgemeut qui eut lieu le 4 , c'est que le temps devint graduellement plus froid; et le 6, le thermomètre descendit à i5°. Il neigea de temps en temps , et nous eûmes des vents froids. Le même temps continua jusqu'à la fin de la semaine. Le plus haut point du thermomètre lut alors 1 6° , et le plus has 12°. 11 n'y eut aucun changement dans l'état de la glace. Les trois premiers jours de cette semaine fu- rent comme les précédens , sans changement, sans événemens. Le jeudi, du haut d'une mon- tagne , nous vîmes la haie de Lancastre , le dé- troit de Barrow et cehii (ki Prince-Régent, en- tièrement couverts de glace, à l'exception d'une ligne très-étroite près de l'isthme voisin des îles du Prince-Léo j)old. Le resle de cette semaine fut également monotone. 4t)uu<8 Le thermomètre tombait graduellement. Ja- mais il ne montait jusqu'au point de congélation pendant le joiu*, et il descendait à 21" pendant la nuit. Il faisait si froid dans nos lentes, que nous fumes obligés de c(mslruire des mm-s de neige tout autour; et la neige que le vent chas- sait rendait le froid encore plus insupportable. Un vent -lu nord-ouest détacha «[uelques glaces de la terre le ly, mais elles s'en rapprochèrent le iS. On lua deux renards et t, >4oG Nt)us restâmes donc encore trois jours eu cet endroit, le veut étant modéré, et le thermomètre à 9°. Le 24, chacun convint qu'il ne restait au- cune espérance , et que nous n'avions d'autre parti à prendre que de retourner à la pointe de la Furie. Le lendemain le vent fut plus favo- rable ; les glaces voisines de la côte se mirent en mouvement , et nous vîmes même un peu d'eau libre à la hauteur du cap Seppings. Nous nous préparâmes donc à nous mettre en mer , et j'en- terrai au même endroit une courte relation et une carte de nos découvertes. \ midi nous partîmes, avec une brise fraîche , pour retourner « chez .nous. » En arrivant au c;q) iSeppings, nous trouvâmes un passage libre, (|U()i(|ue fort étroit, entre les glaces de la mer et celles qui bordaient la côle. Nos barques n'a- vaient précisément que la place nécessaire ]>our V jKàSser à la suile les unes des autres. Cinglant alors à travers une eau qui attacha deux pouces de glace à nos bai'(|ues, nous arrivâmes à six heures à noire ancienne position, près de la baie d'Elnin Cejienclanl nous ne pûmes ap])rocher de la terre, et lions Tùnies oblig(''s de passer sur nos baiipies, dans nnc cri(jue qui n'cM était pas ♦'loi^néf . nrK^nuil froitU. cl désagiéable pendant killc li neigeii. A\ ni fssav*'' le lendemain malin de traversiT la bai» d l'hvin , nuns fûmes arrélés pardepri-' champs ric j;lact' , cl nous (Vîmes cidin .tbligt's a i'b Alôl ••rjtt. s«:|it. midi d'entrer dans uu bassin qu'elle avait formé, et sur laquelle nous dressâmes notre tente. Le ' lendemain matin à six heures, le thermomètre était à zéro, mais il remonta à 20° dans la jour- née, et nous restâmes prisonniers. Nous ga- gnâmes du moins un supplément à notre dîner, en tuant un renard et deux mouettes. Les glaces devinrent moins serrées le jour suivant, et nous '2» ])artîmes; mais nous ne pûmes avancer que très- lentement à travers une glace déjà fort épaisse, ([uoique nouvellement formée. A dix heures, un vent impétueux s'éleva, et il aiigmcnla si rapidement , qu'à midi nous ne pûmes conseï-- ver aucune voile. Nous fûmes donc obligés de gagner le rivage, et de nous arrêter sur la glace tenant à la terre. Malheureusement, nous étions sous le rocher le plus eiirayant que nous eussions encore vu , à deux milles du cap septentrional de la baie (.le Balty. 11 s'élevait à cinq cents pieds de hau- teur, VA il n'}' avait que six pieds de rivage entre l'endroit où nous étions et celui où le sommet s avançait, presque suspendu sur nos tètes. Il était donc absolument nécessaire de nous en éloigner le plus prom.])tement possible; mais \n\ vent d'est, punissant vers nous la nouvelle glace le lendemain, nous empêcha de changer de po- -!> ^t» sili(m. Noire seule consolation fut de tuer trois renards, (|n('l(pit's «anards cl plnsienis niouel- les. Mous étions alors réduits à la dcnii ration, i ',•■■ r '• • 1, ;' ■ ''\ i> i ^ r :- ,\'\-:. t. A\ \, i'i! I' i ^^1 ij m Am iù m I k 1-^ n '% il après l'avoir été long-temps aux deux tiers. r»y scpi. Un mouvement qui eut lieu dans les glaces nous permit le jour suivant de doubler le cap septentrional de cette baie , mais nous trou- vâmes celui du côté du sud complètement blo- qué par de gros glaçons, et tout ce que nous pûmes faire, avec beaucoup de peine, fut de gagner un petit champ de glace qui s'étendait vers le sud jusqu'à un mille de la cote. Cette position roiis paraissant favorab'c, nous dé- chargeâmes les barques, et nous, les plaçâmes sur la glace. Quelque anxiété que nous eussions éprouvée dans les mois précédens, croyant toujours en- trevoir la fin prochaine de notre détention dans ce misérable pays où nous avions été forcés de rester si long-temps, le mois qui venait de s'é- couler nous en avait causé une plus grande en- core, et il avait été pour nous une source de désappointemens encore yflus fréqueus et plus vifs. Cependant notre esprit trouvait quelque distraction dans les discussions qui s'élevaient parmi nous; et quelque frciquentes qu'elles eussent été depuis quelque temps, elles étaient devenues, pendant ce mois, plus constantes et phîs énergiques. Ces discussions devenaient une source d'amu- sement, par suite de la vivacité avec laquelle elles étaient soutenues; elles avaient en outre I ovanlage de servir à entretenir notre anieur. >'«rS f:^ tiers. s glaces le cap s trou- mt blo- ic nous fut de ; tendait 3. Cette )us dé- acâmes H'ouvée urs en- an dans >rcés de de s'é- ide en- irce de et plus [uelque evaient qu'elles étaient ntes et d'amu- aquelle i outre mk'ur. -459 Les enthousiastes, dans la chaleur de leurs ar- ijumens , exagéraient les apparences de succès , comme cela arrive toujours; et les esprits faibles ou timides gagnaient ainsi quelque cou- rage, et trouvaient quelques motifs d'espoir dans les raisonnemens mêmes qu'ils combat- taient. Chacune de nos trois tentes formait ainsi trois petites sociétés délibérantes. Dans deux de ces réunions, l'opinion de l'officier était celle des hommes de l'équipage qui étaient avec lui. Le commandant Ross, qui était celui de nous qui avait toujours envisagé les ciioses sous le point de vue le plus encourageant, était encore à la tète de ceux qui avaient conservé quelque espoir, du moins presque jusqu'à cette époque, quelques doutes qui pussent s'être élevés dans son esprit. L'opinion contraire dominait dans la tente de M. Thom, dont les qualités, esti- mables sous tous les autres rapports, n'étaient ])as accompagnées de cet esprit de confiance, ([ui est eu général le propre d'un âge que mou excollent ami avait passé. Ce n'était doue que tlans ma tente ([ue les opinions étaient parta- gées, ce qui n'oll'rait que plus d'occasions de se livrer à ces discussions. Je crois que je n'ai pas besoin de dire ici quelle était ma façon de pen- ser, après avoir parlé des arrangemens que je venais de prendre. Mais mou désir, et je crois «{ue c'était la moil" .% ! ; r «1 ■ ', 1 'i.- .1 Mi I Il ■! en iiiBillfliiy { \ A60 leure politique, était de cacher mon opinion, et de ne point intervenir dans les discussions. Par ce moyen , je pouvais mieux connaître quelles étaient les idées de mes compagnons à ce sujet , et je pouvais en tirer parti. Cependant leurs idées et leurs opinions subi- rent quelques changemens pendant que nous faisions ce court voyage , aussi difficile que le succès en était douteux. Pendant les derniers jours de ce mois, Tespoir du commandant Ross pavut plus qu'ébranlé; et je dois dire que le 20 j'avais commencé moi-même, avecquelqueregret que ce fut , à douter que nous pussions franchir cette barrière de glaces pendant la saison ac- tuelle; et alors nous n'aurions d'autre ressource que de passer un autre hiver, une autre année, devrais-je dire , à la pointe de la Furie , si toute- fois la bonne fortune de quelqu'un de nous lui permettait de survivre à une autre année sem- blable aux trois précédentes. Mais ces doutes , je devais les renfermer scru- puleusement dans mon cœur, et ils ne chan- gèrent rien à notre conduite, ou pour mieux dire à la mienne , a l'égard des hommes de mon équipage. Tant ({u il nous restait la moindre cliance de réussir dans notre entreprise , il était démon devoir d'y persister, du moins aussi long- temps que le permettrait l'état de nos provisions. Car, si je me trouvais dans la nécessité de laisser nos barques au pniii( le plu^ (''l<)ifj;nr que nous pourrions atteindre, nous serions obligés , pour nous en retourner, de faire quatre-vingts milles par un chemin si mauvais qu'il nous prendrait nécessairement beaucoup de temps , ce qui oc- casionerait une grande consommation de vivres ; or , nous n avions pu en emporter beaucoup à cause de la difficulté du transport. Ayant laissé la caisse de minéraux près d'un monticule remarquable, parce qu'elle était trop lourde pour que nous pussions la transporter plus loin , je dois indiquer ici la latitude de ce lieu , qui était de 78" 5i'. La montagne que j'ai déjà mentionnée comme étant située en cet en- droit , est donc entre les latitudes de 78° 53 et 74" j et comme elle est sous la longitude de 90" , elle occupe la place à laquelle j'avais marqué la montagne de Croker dans mon voyage de 1818. Je ne puis donc douter que la terre sur laquelle j'étais alors , ne fut la même que j'avais vue lors de mon premier voyage , et c[ue j'avais pu dis- tinguer très-bien des environs de la montagne ([ue je nommai alors le monument de Hope. Depuis cette époque, elîea été regardée comme appartenant à ce qu'on a appelé les îles de Léo- pold, recevant ainsi un nouveau nom que je ne ])uis admettre. Je dois donc lui rendre celui que je lui ai donné dans l'origine ; et en usant d'nn droit accordé à tous ceux cjui font des décou- vertes , je dois naturellement réclamer le droit de découvcile d uni lerre dont je pris alors .Il ^■m Il '- m M 'l-l! i i*« Xî ( i j I li !■ ■;; ?? 11 t- r 1 1 1 f- ' f s r '.:* 1 V i- . ) :11 pénélrcr dans le détroit de Laucastre, sans pou- voir y réussir. Il est dont démontré que l'assertion que je viens de discuter est dénuée de fondement , mais il existe des laits indirects qui prouvent que la situation de ce détroit en i8iS devait être telle que je l'ai alors représentée. La saison avait été calme , et c'est le temps le plus défavorable pour naviguer sur les mers, puisque ce n'est que par suite de la force des vents que les glaces peuvent s'ouvrir et se disperser, les navigateurs ne pou- vant avancer qu'à l'aide des vents du nord de l'été. Dans cet été-là, il n'y avait eu qu'un ou- ragan pendant que nous étions sur cette partie de la côte, il venait du sud; l 'effet en fut donc d'accumuler les glaces, au lieu de les disperser. 11 en résulta ([ue, lorsque nous fûmes à la hau- teur du détroit de Lancastre le 3 1 août , lechamj) de glace en était encore au nord, tandis que celui qui était au sud , était sans aucun doute dans le même état où nous le trouvâmes cette année . formant une masse solide et continue, qui s'é- tendait d'un coté à l'autre du détroit, et à tra- vers la(pu?lle ni vaisseau ni Ixirque ne pouvaient pénétrer. Pendant les derniers jours de notre détention en cet endroit , quand , indépendamment de {impossibilité reconnue de réussir dons notre tentative, il fut devenu douteux que l'état des glaces nous permît de retoinner à la pointe de la s '- poii- Viirie, ou même dcsiirmontcr les (liflu'ull(''sdimv' partie (lu cliemin que nous avions à laiie |)ou; rei»agner celui qui était notre seule espt'i-anre. notre situation devint v(''rilai)lement eritique. Nous avions lixé le 25 septembre pour notre d(''- part,si nos traîneaux étaient prêts; etàeoinpter deeetledate , il ne nous restait de provisions que pour dix jours à demi-ration, tandis que le comljnstilile nous manquait ])()ur nous ])ro- eurer Teau nécessaire a noire consommation en fondant de la neige. Notre arriv(''e à la baie de Balt> l'ut donc un hieniait de la l'rovi- dence ; car, de là, nous n avions plus (pic trente-deux milles à l'aire eu ligne droite, el toutes les dillicultés de la route ne pouvaient porter cette distance à plus (h; (piarante. (]c lut alors (pie nous commençâmes à éprou- ver les plus grandes soudranccs «pu; le froid nous eut encore fait endurer. Nous n avions pu em- porter notre (juantité ordinaire de vèicmeus et de couvertures, de sorte (pie nous man(pii(Mis de protection contre le froid à linstant même où nous étions le moins en état d en soutenir la rigueur. Nous n avions plus à nous occuper *\v travaux (pii, en nous tenant en activilc-, ujmis auraient aidés à y résister ; et, ce (pii était pcnl- étre encore pire, la diminution de nos espc raïuîcs vers la lin de ce mois avait eu pi>ur effet d'affaihlir celte énergie du s)slèinc(pii maint ien» assurément la clialeur animale. I) après (c (pie II. .{o % f T ' i « ■M Il Kl U\ Il .,■ ■'■: A6(i j ai déjà dit de ma constitution, j ai lieu de croire que, (|uelles que pussent être mes souffrances, il n'y avait aucun de mes compagnons qui ne soutirit du froid plus que moi. La pers])ective qui s'offrait à nous vers la fin de septembre , si nous ('lions obligés de retourner siu' nos pas, avait quelque cliose de plus fâcheux encore, à moins ([ue fexcès des travaux auxquels nous aurions à nous livrer pendant le voyage, et la conviction que ce voyage avait pour but de nous procurer un abri, quel qu'il fiit , ne nous mis- sent en état d'accomplir < ette entreprise. Pendant la dernière partie de ce mois , nous avions réussi à tuer des renards et des ptarmi- gans , et ce fut une addition précieuse à des pro- visions que nous étions bien loin d'avoir en abondance. Il y avait tout lieu de craindre l'effet d'une nourriture si bornée, non-seulement sur les forces et la santé de nos hommes , mais même sur leur vie. Nous avions tous supporté diffé- rentes fois les mêmes souffrances , mais les chan- tées d'un mal irrémédiable augmentaient chaque jour. L'examen de nos tables météorologiques nous prouva que ce mois avait été le plus froid de tous les mois de septembre que nous avions passés dans cette contrée. J'attribuai ce fait à la ])roxi- mité et à la permanence de la neige et des masses déglace ((ui nous entouraient, et surtout au man- que total de mer libre, (piia toujours tant d in- 5ii • Mu lliienco sur la température. Ce mois avait été remarquable par le peu de vent qu'il avait iait, et par consé(pieiit nulle cause n'avait agi pour opérer la rupture des glaces. Depuis la mi-aoï^it toute la terre avait été couverte de neige, de sorte qu'à l'exceplion de la vue du soleil, tout avait le même aspect qu'au cœur de l'Iiiver. J'ai déjà parlé de la nécessité (jui nous avait obligés à laisser au cap nord-est la collection de minéraux que nous avions faite. Je puis ajouter ici que j'indiquai par la suite l'inulroit où la caisse était déposée , à AI . Humpbre^s , comman- dant VIsabelle , dans l'espoir qu'il pcmrrait la retrouver; et en elïet, au moment où l'on se préparait à inqu'imer cette ieuille, cette collec- tion est arrivée. ;'« i:i ■ ! H .1 I M Si. it • i 4 'ifS I CHAPITRE LUI. Octobre. — Continuation »!»• notrr retour vers le sud. — Arrivée à hi Pointe-dc-la-Furio. — Notre «'lablissenient îi Soinerset-Iïousc pour l'hiver. — Journal de novembre et de déeenibre. — Résumé. 1- on. 'î^ Le i" octobre il tombîi beaucoup de neige, cl le thermomètre remonta de zéro à lo". Une forte brise du nord-ouest ne fit aucune impression sur la glace qui couvrait alors toute la mer , cl qui lui donnait le même aspect qu'en plein hiver. Nous eûmes à travailler toute la journée pour y couper un chemin pour les barques, et pour les tirer sur le rivage au-delà de la marque des ma- rées hautes. Le charpentier commença à fairedes traîneaux avec les caisses vides qui avaient contenu du pain; les planures et les copeaux ([u'il laissa servirent à faire cuire une couple de renards , qui formèrent un supyilément à nos demi-ra- 'V ' lions. Cet onvrace ne fut terminé que le A, an « net uclu ■;^ il •f 469 milieu d'une neige fort épaisse , et nous char- geâmes les traîneaux de nos tentes et de tout ce dont nous pouvions avoir besoin à la ])ointe de la Furie. Nous ne pouvions espérer d'y retour- ner sur les barques; j'avais donc résolu dès l'o- rigine de les laisser en cet endroit pour les y reprendre l'année suivante, et de faire la route à pied , avec les traîneaux , du mieux que nous pourrions. Nous trouvâmes cette entreprise d'une ex- trême difliculté, et nous ne pûmes faire, le premier jour , que quatre milles. Il élait tombé beaucoup de neige; une croûte solide ne s'était pas encore formée sur sa surface; elle était très- profonde , et elle rendait le chemin presque im- praticable. Pour augmenter notre embarras, notre boiteux, l'enseigne Taylor, avait beau- coup de peine, soit à marcher avec ses bé([uilles, soit à se tenir sur un des traîneaux , qui se ren- versaient à chaque instant sur une glace rabo- teuse. Il fallut nous arrêter à sept heures du soir dans un endroit assez peu commode ; la nuit élait déjà arrivée , et le thermomètre était à zéro. Nous passâmes une misérable nuit , mais heu- :> reusement nous échappâmes aux dangers de la gelée. Dans la matinée, un de nos traîneaux sciant rompu , nous fûmes f)bligé's de laisser en arrière une partie de ce ([ue nous emportions , et nous ne gardâmes sur les deux autres traîneaux CM I. i.i fit ■Ami ji H, 11^ ; i • ■ : i 'Ik:' m. Cl (Kl. I ()»i. >470 que nos provisions, nos tentes et les peau glaces "ochers lit obJi- r tour- ■ même H à la -la-Fu- à nos , nous nnicile lerain. es mi- lerset- t nous ou s. M 'e sla- •uriier objets e pai un renard, qui en décampa à l'instant même. Comme nous avions aussi faim cpie froid, noti-e déjeuner ayant vu la lin de nos provisions de route, on servit à tout l'écjuipage un bon repas, et quelques-uns de nos bommes se ressentirent le lendemain des suites de leu imprudence. Deux d'entre eux avaient souffert de la gelée, et moi-même j'avais une jambe attaquée. Les deux jours suivans, nos bommes s'occu- « i» ' pèrent à réparer les traîneaux et à raccommo- der leurs souliers, pour entreprendre un autre voyage. Le lo, un vent impétueux empècba io 1..1, tout travail à l'extérieur, et mit même notre maison en danger; mais il produisit tant d'effet sur les glaces, qu'il les mit eu mouvement; et nous vimes un grand espace d'eau libre s ouvrir au nord-est. Cet ouragan continua le jour suivant, et h comme notre maison n'était pas encore disposée convenablement pour un biver si rude et si [)rématuré, nous souffnmes i-tiucoup du froid, n'ayant pu élever la température de l'endroit où nous coucbions au-dessus de 18°. Les marées montaient très- liant, et elles avaient emporté beaucoup de grosses glaces que nous avions laissées en cet endroit (piand nous en étions partis. Le leudemain mutin, l'ouragan était dans sa < plus grande force; le ibermomètre tomba à 8'; la marée entraîna le resic des glaces qui étaient I •(. oit. I m I W 'v' il w\ l:i (lit. 472 encore attachées à la terre, et les emporta vers le sud avec beaucoup de rapidité. Nous vîmes beaucoup d'eau libre du coté du nord : un mois plus tôt celte circonstance aurait pu nous être utile, mais alors nous ne pouvions en profiter; une heure de temps pouvait suffire pour cou- vrir de glace jusqu'à l'automne tout l'espace qui en était alors dégagé. Cet ouragan très-extraordinaire dura encore : après avoir paru vouloir se modérer vers midi , il reprit avec plus de force que jamais; et la toile à voiles qui formait le toit de notre maison ne pouvant y résister, la neige tomba jusque dans nos lits, et tout fut gelé autour de nous. Nous eûmes beaucoup de peine à conserver un ])eu de chaleur en nous rangeant autour du poèle; mais nous eûmes la bonne fortune de prendre trois renards dans les trappes, ce qui commençait à être pour nous un sujet de grande réjouissance. Nous eûmes le même bonheur le lendemain; orioiuf. jjjjjjg jg temps continua à être le même, et le vent ne se modéra que le 16 à midi. Alors nos hommes purent travailler à couvrir le toit de la maison avec une partie des manoeuvres cou- rantes de la Furie. Le \'j, il fit assez beau pour (jue nos hommes pussent aller avec le com- mandant Ross, pour chercher les divers objets que nous avions laissés à une distance de vingt- cinq milles. Mail 17 i- 475 Le thermomètre tomba îà 2" au-dessous (lei8i.uL'i zéro. Le 18 et les deux jours suivans n'offrent pas de remarque à faire. Le 21 , le commandant Uoss arriva avec tous les objets qu'il était al h' prendre, à l'exception des lentes, qu'il avait laissées à l'endroit où il avait passé la dernière nuit. Notre second poêle était au nombre des effets qu'il rapportait, et nous ne tardâmes pas à le disposer pour nous en servir. Les glaces qui s'étaient éloignées revinrent 22 .«i. bloquer la baie, comme nous l'avions prévu, et le thermomètre descendit à 10" au-dessous de zéro. Cependant le second poêle maintenait dans notre maison même plus de chaleur que nous ne le désirions, car nous pouvions y élever la température jusqu'à 5 T au-dessus de zéro. Nous constrviisîmes autour de notre habitation un mur de neige de quatre |)ieds d'épaisseur, et nous soutînmes le toit par le moyen de cordes et de quelques pièces de bois, afin de le couvrir d'une couche de neice. Un vent impétueux (lui dura -5'';' -" trois jours rendit tout travail impossible. Le temps devint plus doux les deux derniers jours de la semaine, et nous permit de continuer nos opérations. Le 28, nous recommençâmes à célébrer le di- 28 ...1. manche , suivant la coutume , après une ])lus longue interruption que nous ne l'aurions voulu sous tous les rapports; mais nous n'avitms pu faire mieux. Il serait à désirer (jue ceux (pii né- i» I t\ ê m 1 -i '• » iu 'i f; '■f ( ^' '.Ti 'j'.hiii.ii <■» Initie. ^li^enl le même devoir en Angleterre, eussent d'aussi bonnes excuses à alléguer. On servit en- suite à l'équipage son dernier dîner à ration entière , car des réductions devenaient indispen- sables. Nous trouvâmes qu'un renard rôti était un excellent mets. Je suppose que des hommes alFamés n'ont pas legoùt diflicile , ou que, comme le disent les moralistes, l'appétit fait le mérite des mets. J'ai lieu de douter (|ue , depuis que j'ai renouvelé connaissance avec le bœuf et le mouton d'Angleterre, j'eusse trouvé la même saveur à la chair du renard. 11 lit un grand vent le 29 , et ce vent devint un ouragan qui dura jusqu'à la fin du mois. Nous reconnûmes alors l'avantage du mur de neige c|ue nous avions construit , car nous n'avions pas à nous plaindre du froid dans la maison , (juoique le thermomètre fût descendu à 1 8" au- dessous de zéro. Pendant cet ouragan , nous vîmes encore beaucoup d'eau libre en pleine nier. Ce mois surpassa tous les autres mois d'octobre que nous avions vus, tant par le froid que par la force du vent, qui ne fut modéré que pendant six jours. Notre voyage de la baie de Batty , (jue nous avions fait en quatre jours , avait été ex- trêmement pénihie ; mais si nous avions été obli- gés de faire tout le chemin à pied , je ne ' I î â II' -476 à Ja même place , et sans aucune avarie considé- rable ; enfin la construction , pendant Tété , d'une habitation dans laquelle le Ciel venait de nous permettre de rentrer. M. Thom avait dressé un inventaire de toutes les provisions qui nous restaient. Nous avions en abondance de la farine , du sucre , des soupes , des pois , des légumes , du jus de citron , et des fruits conlits dans le vinaigre ; mais nous re- gT-ettâmesde voir que nous n'avions de viandes ('(mservées que ce qu'il nous en fallait pour notre voyage dans les barques l'année suivante , et ])our une ration d'une demi-livre les dimanches et les jeudis. Les rations de nos hommes consistaient alors en une soupe qui était alternativement aux pois , ou aux carottes et aux navets, et qui provenait (les approvisionnemens de la Furie. Au lieu de pain, que nous ne pouvions plusfournir en quan- tité sufUsante, on distribuait des dumplîngs ^ faits cf <|4> imtr hdiiillù', (laiiD l'iiiti'iicur ilr lai|ii<'ll< on met nnliiiai uiiirnl ili'jt piiiniiics . lU'. |iriinrs , rti;. Â7 et Les tempêtes de ce mois, en rompant la ijlact- qui couvrait le détroit du Prince-Régent , et en la poussant dans la baie de liallin , auraient dn nous rendre service , mais la température étail contre nous. Taylor, Laugliy et J. Wood, for- maient notre liste de malades. Nous commencii- mes à établir nos quarts régulièrement et à en- registrer les variations du lliermomètre toutes* les deux beures. Un ouragan vint du nord , et il dura jusqu'au < an î samedi soir. Quoique le ciel fut serein, le veni cbassait tant de neige qu'on ne pouvait rien voir , et personne de nous ne se basarda à sortir. Nous vîmes beaucoup d'eau libre après cet ou- ragan , et le tbermomètre descendit à 1 8" an - dessous de zéro. Le dimancbe fut un peu moins j „„>, froid, et le temps devint calme aux apjirocbes delà nuit. Nous finîmes le mur de neige. Un vent d'ouel 5 <( (i iiov. poussa les glaces sur la côte. En jetant de l'eau sur le mur, et en remplissant les joints avec de la neige mouillée, il devint impénétrable an froid. Le 7 le termomètre tomba à 35°. Il sV'leva une forte brise qui devint un ouragan et qui dura les deux jours suivans. Les glaces étaieni cbassées vers le sud et laissaient au nord beau- coup d'eau libre. Le temps fut calme et froid le dimancbe. Le n n.H:, lundi il fit un grand vent qui cbassa beaucoup de neige. Le temps ne cbangca pas le lenib- IMI\ , îL- in ifl h-'î A7H main , et le thermomètre tomba à Sy". Le soleil se montra à l'horizon le 14? t-'t nous le vîmes pour la dernière fois le i5. Le temps resta le même, si ce n'est que le thermomètre remonta inopinément jusqu'à 10". ,,^ ^, ,7 Un ouragan plus fort que jamais nous lit voir ""^ la mer libre , aussi loin que la vue pouvait s'é- tendre au nord-est; et pourtant, dès le lende- main, elle était entièrement gelée et couverte de neige. Pendant ces jours de détention , nous n'a- vions pas manqué d'ouvrage dans l'intérieur; car nous avions construit uq ventilateur pour emporter les vapeurs qui s'accumulaient dans les endroits où nous couchions, et il remplit par- faitement notre attente. rsim2i Le dimanche le vent se modéra. Il y eut du ""* brouillard le lundi , et le temps fut calme le lendemain. ïl survint pourtant bientôt un vent d'est, mais il ne fut pas assez fort pour empêcher nos lumunes de continuer à construire un pas- sage en neige pour entrer dans la maison. Le 22 (m vit un loup, sur lequel on tira mais sans le tuer; et quoique blessé, il put encore s'échapper. INous fûmes en prison jusqu'au samedi soir : le thermomètre était alors à i3". 2.» au .30 11 ne fut pas possible de sortir le dimanche après le service divin. Pendant tout le reste de ce mois un vent d'ouest mcwléré continua à tenii* les glaces en mouvement. L ouverture du pas- 179 sai*e tut terminée, et Ja lia du mois vit le (liei*- momètre à 32". La première partie du résumé que je d(mne- rai de ce mois, aura rapport à la température. Le plus haut point fut 8* au-dessous de zéro; le plus bas, 37°, et la moyenne 20 i[2". C'était i5 i[2° plus bas (pie la température de Porl-liowen dans le même mois de 1824. Ce mois avait été encore plus remarcpiablecpie le précédent à cause d'une suite continuelle d'ouragans, et parce (pie c'était le seul mois de novembre observé dans ces contrées, pendant le({uel le thermomètre ne se fut jamais élevé au-dessus de zéro. Le maximum était de 4" au- dessous de zéro, et la température moyenne ])lus basse de 19" 1/2 (pie celle de novembre de Tan- née précédente, et de i5° i[2 que celle de Port- Bowen en novembre 1824 • Llle fut pourtant plus haute qu'à Tile Melville en 1819 , (£Uoi(pi il faille remarquer que cette ile est à 2° i[2 de latitude plus au nord. Pendant les ouragans, nous avions vu degrands espaces de mer libres. Ce ne fut ([ii'avcc beau- (M)iipde dilliculté ({ue nous réussîmes à mettre la dernière main à notre habitation. Pendant ce mois rigoureux , nos liommes , n'ayant pas de vétemens suilisans pour résister au froid, purent rarement travailler en plein air; mais nous réussîmes enfui à rendre notre demeure habitable, et à y entretenir une tempe- p ♦., ^M '»■; ^80 ;''.a '4'. 1 au }) au rature d'environ 4^" au-dessus de zéro, si ce n'est près des murs, où elle était au point de congélation , c'est-à-dire à Sa" au-dessus de zéro, et il en était de même dans nos cabanes. Nous ne pouvions rien changer à notre nour- riture ; mais person^ie ne paraissait en souffrir , et nous n'avions sur la liste des malades que l'en- seigne Taylor, le boiteux, et Thomas, le char- pentier. Notre perspective ne s'était certaine- ment pas embellie , mais notre courage se sou- tenait , et nous savions encore remercier le ciel des avantages dont nous jouissions. 8 11 y a ptiu de chose à remarquer sur les pre- miers jours de décembre. Le 2, il y eut encore un ouragan. Le 4? It^ mercure se gela; c'était quatre jours plus tard que l'année précédente. Du 4 jusqu'au 8, nous eûmes une suite d'oura- gans, accompagnés de neige; le vent était fort variable, et les glaces avançaient et reculaient dans le détroit de manière à montrer souvent des espaces d'eau libre. Le thermomètre re- monta peu à peu de 4o° à 39". i^ Le temps ne fut pas meilleur le dimanche 9; il y eut un ouragan le lendemain, et il ne se calma que le 12, mais ce fut pour recommencer aussitôt. Il produisit un plus'grand espace d'eau libre que nous n'en avions encore vu, quoique cet espace fut couvert de glaces ilottantes qu'une glace de nouvelle formation ne tarda point à réunir. Le vent se modéra le i3, et le ciel fui )re- 481 serein. Nous eûmes un nouveau coup de vent le i4, et la semaine se termina par un temps calme, le thermomètre étant à 24°- Nos hommes purent aller se promener le di- ■ ► v" "I i:_ à ^ w> m t' < 11 li m f h If ÂHÂ et il y eut alternativement de fortes brises et des calmes. Le soleil aurait dû être visible pour la première fois le samedi , mais la neige nous empêcha de l'apercevoir. Cette semaine n*eut pas autre chose de remarquable. 27.111 '2H II y eut tant de vent les premiers jours de cette ^"'^ semaine, que nous ne pûmes sortir. Il fit très- beau le 29 , et le limbe supérieur du soleil se montra à onze heures un quart. A midi, nous vîmes les trois quarts de son disque au-dessus de l'horizon , et il se coucha à une heure et demie. C'était la première fois que nous l'eussions vu .'ioctâi depuis 74 jonrs. Le 3o, le thermomètre monta janv. ^ 1 1" j et il était à 4° 1^ dernier jour du mois; changement considérable en si peu de temps. Ce mois s'annonça avec une rigueur inouïe. Le même temps dura dix jours; mais ensuite il s'adoucit , de sorte que la moyenne de la tempé- rature fut de 3o" au-dessus de zéro , et les deux points extrêmes , 4° et 44°* Cependant notre ha- bitation était glacée ; tandis que nous essayions de nous réchauffer d'un côté , nous étions gelés de Fautre , et en outre nous étions excédés d'en- nui, faute de livres et d'occupations, et par suite de l'impossibilité où nous nous trouvions souvent de prendre de l'exercice hors de la maison. La santé du reste de l'équipage était bonne , mais la situation du charpentier n'admettait plus au- cune espérance. Le temps nous tint enfermés les deux premiers {" au 9 frv. ■| 48j jours de février; mais le dimanche et le lundi il iit }3eau. Un violent ouragan ëclata le 5 , se mo- déra le lendemain , et redoubla de force le 7 . Le mercure se gela. Le vent dura avec la même fureur tout le reste de la semaine , et le thermo- mètre descendit à 44°- La santé du charpentier ne laissant plus aucun 1 mars. -488 meure que nous étions forcés d'habiter, qu'elle la rendait semblable aux huttes de neige des Es- quimaux pendant l'hiver. Quant à notre ma- nière de vivre, et aux sensations que nous éprou- vions, ce sont des choses que la poésie pourrait dire une fois , mais que ni la poésie ni la prose ne sauraient toujours répéter avec l'espoir que quelqu'un poura les écouter , les comprendre et les sentir. v au » Mars commença par un ouragan, qui chassait une telle quantité de neige qu'on ne pouvait voir à 25 toises de distance. Le bruit des glaces qui s'entrechoquaient était effrayant. Le 2 , le thermomètre tomba encore à 40° , et descendant graduellement , il arriva le 4 ^i 4^"" ^^^ ouragan ne cessa que le 6 , et nous vîmes alors un grand espace d'eau libre Le 7 , deux rennes passèrent près de nous , ce qui nous parut de bonne heure pour la saison. Les deux jours suivans, la tem- pérature fut de 25°. <0au<6 Le dimanche, nous eûmes un vent très-fort mars, j^ nord-cst. A notre grande surprise, le ther- momètre remonta à 1° au-dessus de zéro, et le 1 1 , il s'éleva jusqu'à 5". Le lendemain la mer était entièrement couverte de glace, et nous ne vîmes plus d'eau libre de tout le reste de la semaine. La nuit du samedi fut calme, après un ouragan qui avait duré deux jours. 17 au 23 Le temps fut calme, et il tomba de la neige le mars. Jim^iicluj ^t Ic lundî. Le thermomètre était à 5'^ il. le -489 au-dessous de zéro Nous vîmes pour la seconde fois de la saison un guillemot , qui cherchail sa nourriture dans une fente de la glace. Pendant le reste de la semaine le temps permit à nos hom- mes d'aller prendre de l'exercice tous les jours. Par forme de compensation , un ouragan ac- compagné de neige, dura les trois premiers jours de la semaine suivante, et nous sentîmes vive- ment le froid. Le thermomètre était descendu à 34°. Le vent se modéra le 2'j , et le reste du mois se passa de même. Partout la terre était couverte d'une couche épaisse de neige. Les premiers jours de mars furent extraor- dinairement froids. Le changement qui survint après le 9 fut aussi grand que soudain, mais il ne dura pas. La température moyenne fut de 20° au-dessous de zéro, et les points extrêmes, de 5" au-dessus , et de 4^ au-dessous. Les ouragans furent très- forts; et le dernier, qui eut lieu immédiatement avant l'équinoxe, dura quatre jours. Pendant ce mois , comme pendant le précé- dent, nos hommes avaient très-souvent été obli- gés de se tenir enfermés dans la maison. 11 en résulta que l'impossibilité de prendre de l'exer- cice, le manque d'occupations, des rations ré- duites, et l'accablement d'esprit, inévitablement produit par la vue perpétuelle de ce désert triste et uniforme de neige et de glace, concoururent à nous mettre tous dans un état de sauté fort 21 un il in:ir.<>. û ,; m l,i' 1 §: *.B ïri 190 I peu 3atisfaisaut. M. Tlioin était malade; mes an- ciennes blessures me faisaient beaucoup souffrir, et deux de nos marins étaient si sérieusement attaqués du scorbut, que nous commencions à craindre pour leur vie. Pour cette raison plus que pour toute autre , nous avions lieu de regretter le peu de succès que nous avions eu à la cliasse ; et nous étions encore loindeTinstantoù Tarrivéedes oiseaux d'été nous permettrait d'espérer que nous pourrions varier notre régime par l'addition de quelque viande fraîche. Trois renards et deux lièvres formaient tout le gibier que ce mois nous avait procuré , et, comme nourriture, ce n'était absolument rien. A la fin du mois , après tous les changemens que les ouragans avaient successivement opérés dans l'état de la glace, elle était tellement iné- gale et raboteuse , qu'il était impossible d'y faire passer un traîneau , ni même d'y marcher à pied. Nous n'avions vu aucune aurore boréale, et dans le fait , nous en avions à peine remarqué une de tout l'hiver. Nous étions tous excessivement las de notre misérable habitation. Nous l'avions revue avec plaisir lors de notre retour , parce (pi 'elle faisait contraste avec ce qui était encore pire. Elle nous avait reçus manquant d'abri, épui es de fatigue, prescpie monransde faim , cl elle nous avait du moins promis de la tran([uillité et du, repos. mes an- ouffrir, isement icions à : autre, ;cès que i encore té nous > varier viande 'maient •ocuré , lumen t gemens opérés nt iné- "y faire cher à oréale, narqué notre le avec faisait le nous atigue, i^ait du ro pos. A9\ Mais la nouveauté de ce sentiment était passée depuis long-temps; nos jours n'avaient été mar- qués par rien qui les variât ; chacun d'eux était plus ennuyeux que celui qui Tavait précédé , et la nuit n'arrivait que pour nous annoncer qu'un autre jour semhlahle allait hientôt commencer. Les ouragans même n'étaient pas une variété au milieu de cette uniformité constante de neige et de glace. Quand le temps nous permettait de sortir, il n'y avait rien à voir à Textérieur; et quand nous étions forcés de rester à la maison , nous y cherchions de roccupation , et nous ne pouvions en trouver. Si les esprits les moins ac- tifs passaient leur temps dans cette stupeur que produit naturellement un pareil état de choses, ils étaient plus heureux que leurs compagnons. Ceux qui avaient le talent digne d'envie de pou- voir dormir quand hon leur semhlait, étaient les plus fortunés de tous. Que tous nos désirs appelassent Tiiislant de notre retour en Angleterre, c'est ce dont on ne saurait douter ; mais il eût «ité déraisonnahie de nous livrer au regret, quand nous n'avions rien à nous reprocher. Ceux qui portaient leurs re- gards sur l'avenir pouvaient sentir qu'ils auraient encore des efforts à faire qui demanderaient tout leur courage, et qu'ils devaient chercher à con- server assez d'espérance pour le soutenir, jus- qu'à ce que le moment de l<; di-ployer fiit arrivé. Un autre mois se passerait cncorr' dans l'atlenle i ; eut de \v neige cl H juin. i ( if *i- ^M 1 1 ■ il i.' ; il M }& 1? un vent impétueux du nortl qui ia chassait avec force. Il devint pourtant meilleur vers la tin de la semaine , le thermomètre s'étant élevé à 3o° au-dessus de zéro; et quoique ce fut encore au- dessous du point de congélation , le soleil fit fondre vine grande partie de la neige nouvelle- ment tomhée, etdécouvrit une partie des rochers. Nous tuâmes quelques oiseaux. y au '.s Le temps continua à s'améliorer. Le lundi on J"'"" tua un ours qui s'élait approché de la maison, et qui commençait à dévorer quelques peaux et à ronger la carcasse de celui qui avait été précé- demment tué. En l'écorchant, on vit que c'était un de ceux qui avaient été blessésan térieureraent . Le II, il tomba , pour la première fois , un peu de pluie , qui se changea bientôt en neige. Ce- pendant, le lendemain, nous vîmes feau couler en plusieurs endroits , et il se forma des mares sur la glace. Jusqu'au samedi, le temps fut va- riable ; la glace continuait peu à peu à se dissoudre. Le thermomètre , pendant le jour , monta jusqu'à 52°, et il descendit rarement pen- dant la nuit au point de congélation. 1 ;; au 22 L'histoire de la semaine suivante n'est qu'une juin, répétition de la même température, dont le taux moyen ne fut que de deux ou trois degrés plus élevé. La fmte de la glace continua, et chacun convint qu'elle s'opérait beaucoup plus rapide- ment que Tannée précédente à la même époque. Le n )mbre des animaux d'été augmentait aussi. :tt •^ <■ 1 1 : ■■; h- '\' 1 ; 1 1 I. jlli^l. o05 et en un seul jour nous tuâmes environ deux douzaines de eanards et une oie, et quelques autres oiseaux à diverses époques. Onfitquelques réparations aux traîneaux pour notre voyage , dont le moment approchait. Le 23 , nous eûmes la possibilité de donner à tout l'équipage une ration entière de canards. C'était le premier repas passable qui lui eût été servi depuis long-temps, car en général , ces mets délicats étaient réservés pour les malades. Le 35 , quelques hommes partirent avec un traî- neau chargé de combustibles et d'autres provi- sions. A leur retour, ils nous dirent que la route était couverte d'eau , et que la neige cédait sous les pieds. Etant parti moi-même le lendemain avec un autre traîneau , je ne trouvai pas le chemin si mauvais qu'ils me l'avaient représenté. De la première station , je retournai à la maison , etd'autres hommes partirent pour faire un trans- port à la station suivante. Le samedi soir, la réparation des traîneaux fut terminée. Le temps fut aussi variable cette semaine que la précé- dente , et la température ne s'adoucit que fort peu. On vit plusieurs veaux marins et quelques traces de rennes , et nous tuâmes un assez bon nombre d'oiseaux , notamment quarante guillemots. Tous ceux qui étaient partis avec les traîneaux su juin. revinrent en bonne santé , et le rapport qu'ils nous tirent de l'état de la route fut plus favo- jr:: l r. j's ii '.ï'i j 50^ rahle. La tenipéralure varia de 32° à 42"- Le commencement de juin nous avait offert une perspective extrêmement fâcheuse ; car il faisait très-froid , et la température était plus basse qu'à la même époque des années précé- dentes. Cependant le temps s'adoucit, quoiqu'il y eût peu de pluie et beaucoup de neige. La moyenne de la température fut de 35 i/4° au- dessus de zéro , et les deux points extrêmes 4^" et 16°. Nous avions transporté les tentes et quelques autres approvisionnemens jusqu'à la seconde station, et quoique ce ne fût qu'à trente milles, il avait fallu en faire plus de cent, à cause de la nécessité de retourner sur ses pas pour aller cher- cher ce qu'on ne pouvait transporter en une seule fois. Nous étions en outre retardés par les ma- lades, qui ne pouvaient marcher, et malheureu- sement c'étaient les trois hcmimes de tout l'équi- page qui pesaient le plus. D'autres pouvaient bien marcher; mais c'était tout ce qu'ils pouvaient faire , et ils étaient hors d état d'aider à tirer les traîneaux. Parmi le grand nombre de j>ers()nnes ave(* les- quelles j'ai causé , depuis mon retour de notre voyage, plusieurs m'ont sugg«'ré à cet égard une remanpie que je n'ai cerlainement pas faite à cette époque , et que je u aurais pas faite à pré- sent. Jamais il ne m'a j>arii , et je suis sur cju il n'est jamais entré dans l'idée d'un de mes oflTi- ^1 • ii -M I oOîî ciers, que nous fissions ou que nous eussions fait pour nos malades plus que nous ne (levions et que nous nedésirions faire. Sans contredit, c'était un travail très-pénible que d'avoir à transporter ces malades , chargés comme nous l'étions , sur- tout si Ton rétlécliit que la vie des hommes bien portans pouvait être compromise pour accom[)lir ce devoir ; puisque ainsi c'était diminuer nos moyens de transport des provisions et autres objets nécessaires pour conserver notre |)ropre existence , et , ce qui était encore plus , pour réaliser nos dernières espérances de retourner fn Angleterre. C'était aussi, m'a-t-ondit, une grande abnégation de nous-mêmes que de réser- ver la meilleure nourriture pour les malades , et de prendre ainsi les soins les plus attentifs de gens qui ne nous étaient ])lus qu'à charge , et dont nous savions que quel([ucs-uns ne pou- vaient guérir. Tout cela peut être vrai : je crois qu'en ce qui wniscomevneper.'ionnelieinent nous avons eu tort; il est possible (jue de pareilles idées se soient présentées à mon esprit une mi- nute ou deux depuis mon retour , quand l'in- gratitude et les caioninies de ces mêmes indi- vidus m'ont causé quelque dépit ; et je crois que lors([iie l'histoire du naul'iage de la Méduse m'a ét«'' racî'iitée par les mêmes amis, j'ai <[uel- quefois été surpris (rue notre (conduite ait été si diirérente, (pioicpie je ne sois disposé à me rap- peler rien de ce (pii peut piarer la nature lui- \ % ■ « «,; I t me inaiiie sous un mauvais jour , et ajouter au seu- timent d'amertume que TAiigleterre nourrit trop souvent contre ses voisins. Mais en dépit de tout ce qui put se présenter alors à notre esprit , quoique je ne me rappelle pas qu'une telle idée me soit venue une seule fois, malgré les inconvéniens réels que nous soulfrions et les risques que nous courions , et malgré l'ingrati- tude dont je crois avoir été payé sans l'avoir mérité, je persiste à penser que je n'ai fait que ce que je devais faire, et ce que je ferais encore dans les mêmes circonstances. Je ne parle pas ainsi pour me vanter ; je suis sur que tout olîicier anglais en forait autant , comme tout chrétien devrait le faire dans toutes les situations possi- bles. S'il est vrai que la France ait besoin d'une telle leçon , j'en suis très-fàché; mais je crains qu'aucune leçon ne puisse iniluer sur la conduite de ceux qui n'ont pas au fond du cueiu* l'incli- nation de bien faire, et qui ne sont pas gouver- nés par un motif plus élevé que le désir d'obtenir les éloges des hommes; pauvre récompense, et qui , en juste punition du mobile qui les a fait agir, peut même leur être refusée. ^' j,„ I Le vent et le temps furent variables pendant les quatre premiers jours de juillet; mais en gé- néral il lit froid, il tomba de la neige, et pen- dant la nuit le thermomètre s'éleva à ])eine au- dessus du point de congélation. INous n avions plus, dans la maison, do viande conservée, et I joill. i'-- ill. ;:07 notre seule iiourrilure animale élait ce que uos fusils pouvaient nous procurer , quelques ca- nards et quelques guillemots. INous plaçâmes dans la maison deux poêles de rechange, et nous en réparâmes et fortiliâmes le toît, dans le cas où nous serions forcés d'y revenir passer un au- tre hiver, quoique nous ne svissions de qu(ji nous pourrions subsister , si ce malheureux évé- nement arrivait. INous distribuâmes de la ilanelle à nos hommes 5 n (• pour raccommoder leurs habits avant de com- mencer le voyage à la baie de Balty. Une ava- lanche de glace mêlée d'eau et de quartiers de rochers et tombant du haut d'une montagne , était un nouveau spectacle ; et dans cette disette d'événemens, il aurait été intéressant , quand même il eût été moins splendide. Cette masse énorme tomba dans la mer , brisant jusqu'à une grande distance la glace ([ui la couvrait, et nous montrant , si cela eiit été nécessaire , de (pielle manière il arrive qu'on trouve sauvent des mon- tajjnes de glace jonchées de fragmens de rochers et de couches de terre. S'il existe un grand noml)re de mes concitoyens (|ui ont vu les. avalanche» des Alpes, il eu est encore davantage qui en ont lu la description en vers ou en prose; et il \ en a qui n'ouhlienmt jamais le superbe lahleau de Loutiu'rhonrg sur ce sujet. I.a description (jne je ferais serait dom^ aussi snperilue (pi insniVisante. dépendant il S(^ 11- If-; !i m ( ri08 trouvait dans cette avalanche , une varitHé qui , si je pouvais la décrire convenablement, même dans la prose la pjus simple , ou la retracer dans la plus misérable croûte , ne pourrait man- quer de frapper même ceux qui ont vu tout ce que la Suisse peut présenter de semblable. Ce n'était pas la boule de neige , toute gigantesque qu'elle peut être, se détachant du haut de la montagne ; en descendant avec une augmentation progressive de grosseur et de rapidité; glissant, bondissant, brisant tout ce qu'elle rencontre, avec un bruit semblable à celui du tonnerre; et arrivant enfin dans la vallée qu'elle surplombait, ou dans le lit d'un torrent , soit pour obstruer le cours d'une rivière, soit même pour renverser une chaumière , et restant ensuite en repos sur le lieu où s'est terminée sa chute. Ici, tout était inattendu et instantané. La montamie de •glace qui avait été si long-temps suspendue sur nos têtes , était tombée avant que nous pussions dire : (( prenez garde, n L'instant de son départ avait été celui 'J *^' :t.^ I) { CHAPITRE LVI. Août. — Délcniion «lans h bar*- de Batty. — Rupture des (;laccs — Départ sur les barques. Nous arrivons à la côte orientale du détroit du Prince - Régent. — Nous renrontrons V Isabelle. — Nous sommes refusa bord. Entre le i" et le i.î août, le changement du vent et les vacillations du temps furent les mêmes que pendant les deux mois précédens , et il est inutile de répéter ce que j'ai déjà dit. Le vent fut en général au nord-est, et il en résulta qu^il accumula les glaces sur la côte et qu'il nous tint en prison ainsi que nos barques, le 3, nous fî- mes pourtant une tentative pour doublçr la pointe méridionale de la baie, mais nous ne pûmes y réussir, et nous retournâmes à notre position. . ■ ; JNéanmoinsce travail, quoiqu'infructueux, n'é- tait pas sans utilité. C'était faire quelquechose ; et faire même ce qui ne servait à rien , c'était entre- aoùl. Mi t'fc '1 r^ !* V'. il -•! m iê- ïï ^i ri i m m I! m lu m M '^l'^ % *!, <■ 1?- i -*' ' !,ï'i 1 y, . ^ -H - t ^^f* r t H fi 6 'Il É 1 1 ;5iG tenir le courage et les espérances de nos hommes , et interrompre cette oisiveté forcée qui les portait à faire de tristes réflexions sur leur situation présente, et à en tirer des présages fâcheux pour l'avenir. Je ne sais ce que nous aurions fait, ce que nous serions devenus , si nous ne nous étions créé de l'occupation, après avoir cessé d'en avoir. « Les hommes, qui composent l'équipage d'un navire ne sont pas très-portés à penser, c'est une chose certaine; quoique les marins au- jourd'hui , — et je suis fâolié de le dire — pen- sent beaucoup plus qu'ils ne le faisaient quand j'étais plus jeune dans le service. Je suis loin de penser qu'ils en vaillent mieux pour cela. Que ceux qui ont été comme moi chargés d'un com- mandement dans la marine disent si cela est vrai ou non. Quoiqu'il en soit, et sans vouloir enta- mer sur ce sujet une discussion qui deviendrait beaucoup trop sérieuse, un homme oisif est un oreiller pour le diable, » a dit un proverbe espagnol ou italien : il n'était pas à propos que nos hommes devinssent un oreiller de cette espèce ; il valait mieux qu'ils travaillassent jusqu'à se fatiguer ; qu'ils gagnassent de l'appétit au point de ne songer qu'à leur faim; qu'ils s'endormissent de manière à ne rêver qu'à un meilleur dîner ; qu'ils s'éveillassent pour le désirer et pour tra- vailler à se le procurer ; et qu'ils se couchassent, non sur l'oreiller du proverbe . mais sur une fit couche de neige, qui sutlisait pour empêcher toute autre réflexion que le désir d'un meilleui* souper, d'un meilleur lit, d'un meilleur lende- main. La chasse des oiseaux de mer donnait quel- que occupation à ceux à qui l'on pouvait confier de la poudre et du plomb ; mais je crois que la meilleure occupation pour une réunion de mal- heureux affamés comme nous l'étions, était de manger le gibier et non de le tuer. On se levait chaque matin avec l'espoir d'un bon souper : s'il arrivait, on n'en était plus que contenl , et dans le cas contraire, il restait du moins la chance d'en avoir un le lendemain. Je ne dis pas que le souper qui manquait fût l'équivalent de celui qu'on mangeait, car l'espoir et l'attente ne sau- raient remplir Testomac d'un homme ; mais le fait est que la santé de nos malades s'améliorait rapidement ; que ceux qui se portaient bien re • prenaient leurs forces , et je ne pouvais douter que la situation présente de leur esprit ne pro- duisit cet effet presque aussi eflieacement que les canards grillés et les pâtés de guillemots. Examiner du haut d'une montagne quel était l'état de la glace , était une autre occupation pour quiconque en avait envie , et c'était en même temps un exercice qui aidait à passer le temps. Ce n'était pas , conune les malheureux rompagntms de Ik'hring , pour y épier l'arrivée d'un vaisseau qui était destiné à ne jamais pa- pi •■H i ni vi' i J> o18 laîtrc, et pour se livrer au désespoir lorsque la nuit arrivait. Le jour de leur délivrance pouvait être différé ; mais il y avait encore bien du temps à s'écouler avant qu'ils eussent à craindre de ne pas le voir arriver ; chaque cliangenient de temps, chaque goutte de pluie, chaque mouvement des glaces , quelque faible qu'il fut , suffisait pour nourrir l'espoir dans leur cœur, et leur faire at- tendre le lendemain avec im])atience , quoique chacun d'eux en rentrant aux approches de la nuit, pût être porté à dire , comme les misérables habitans du château de Tlndolence , mais avec d'autres motifs: « Grâce à Dieu, le jourest fini! » H août. Ce fut le i4 que fespoir prit plus d'inlensilé , ({uand on vit, pour la première fois, un canal d'eau libre ouvert dans les glaces , et conduisant vers le nord. Je crois que bien peu de nousdor- «ft août, mirent dans la nuit. Dès quatre heures du matin, tout ré({uipage s'occupa à couper la glace qui obstruait encore le rivage, et la marée étant ar- rivée bientôt après , avec une bonne brise d'ouest , nous lançâmes les barques en mer, nous y (rans- |)ortàmes les provisions et les malades , et à huit heures , nous étions sous voiles. Oui, nous étions enfin sous voiles , et c était à nous à oublier que, l'année précédente, nous nous étions trouvés dans les mêmes circonstances à la même place, songeant seulement <]ue le moment était arrivé de faire des efforts (pii se- raient enlia récompensés j de changer I espoir [t19 I pour la certitude, et de voir, en imagination, tout le détroit ouvert devant nous , et notre pe- tite flottille cinglant, avec un vent favorable , vers la baie de Ba0in , cette baie qui semblait à nos yeux être notre patrie et notre domicile. Nouseûmesbienlôtdoublé le cap septentrional «o août. de la baie de Batty, et trouvant une ouverture d'eau libre , nous traversâmes à minuit la baie d'Elwin , et nous arrivâmes le 1 6 à Tendroit où nous avions dressé nos tentes le 29 août de l'an- née précédente. Je ne sais si nous pouvions tous en ce moment bannir des souvenirs bien capables de refroidir nos nouvelles espérances. La diflTé- rence du temps n'était que de douze jours, et si ces douze jours se passaient comme l'aninée d'au- paravant , notredestin pouvaitencore nous forcer à retourner dans la demeure que nous venions de quitter, pcjur y terminer nos travaux et nos fatigues d'une manière qui n'était que trop fa- cile à prévoir : les premiers qui succomberaient, dans une tombe de glace; les autres, dans la gueule des ours et des renards. Nous ne trouvâmes aucun passage vers l'est, mais la ligne d'eau libre continuait à s'élendre vers le nord , de sorte (jue nous ne nous arrê- tâmes que le ten)])s indispensable ])our ])rendre un peu de repos. A mesure (pie nous avancions, le canal d'eau libre augmentait de largeur, et à huit beures du soir, nous atteignîmes notre an- cienne posili )n près du cap nord-est de l'Ame- «0' ' i. « ,■ r h 5^0 rique. Du haut de cette uiuiitague, nous vîmes que les glaces au nord et au uord-est étaient dans un état qui permettait de les traverser ; mais comme il faisait trop de vent pour nous y hasar- der pendant la nuit, nous dressâmes nos tentes sur le rivage. ... * 17 aoâf. A trois heures du matin, nous nous embar- quâmes encore une fois , laissant une nouvelle note de tout ce que nous avions fait , dans le même endroit ou nous avions placé la première. Nous avançâmes jusqu'à midi vers l'est, à Taide des rames et à travers une multitude de glaces llottantes. Nous arrivâmes alors au bord d'un champ de glace , mais nous vîmes qu'il ne s'é- tendait qu'à un mille vers le nord. Une brise du sud , qui s'éleva en ce moment , nous mit en état de le doubler, et trouvant l'eau ouverte , nous la traversâmes et nous parvînmes à la côte orien- tale du détroit , à trois heures après midi. En quelques heures , nous avions réussi à profiter de l'occasion que nous avions autrefois vaine- ment attendue [)endant tant de jours , et que probablement nous n'aurionspu trouver pendant aucune des années que nous étions restés empri- sonnés dans ce \niys. Accoii lûmes, comme ntais Jetions, à la glace, à ses caprices el à ses changemcns soudains et inattendus, c'était pour nous comme un miracle de voir que cette masse solide de glace qui cou- vrait tout le hreys , et nous quitta pour aller lui faire son rapport, eu nous répétant qu'il y avait long- temps qu'il avait cru , ainsi que toute l'Angle- terre , que nous étions morts. Il sauta à bord de son bâtiment , tandis que nous nous en approchions plus lentement , et en une minute tout l'équipage réuni sur le pont nous salua de trois acclamations , tandis que nous <'tions encore à un câble de distance. Enfin nous montâmes à bord de mon ancien vaisseau, où le capitaine Humpbreys nous fit Taccueil cordial d'un marin. Quand nous n'aurions pas eu pour recom- mandali(m nos noms et notre caractère, la simple cliarité ne nous en aurait pas moins dû les at- tentions que nous reçûmes , car jamais on n'a- vait pu voir une réunion d'êtres humains ayant l'air plus misérable, et nous ne pouvions discon- venir cpie tout notre extérieur n'eût quelque ^K H eliosé de très-repoussant. Si Ja pauvreté, Je tlé- nutnent le plus complet, donnent des droits à la charité, personne ne pouvait la mériter plus (|ue nous. Mais si la livrée de la pauvreté met en fuite les gens qu'on appelle charitables, nul men- diant errant en Irlande n'aurait pu mieux t|iie nous exciter la répugnance de ceux qui ne savent j)as ce que la pauvreté peut être. Avec nos barbes qui n'avaient pas été faites depuis je ne sais com- bien de temps, nos vétemens qui n'étaient pas les haillons de la civilisation , mais de sales frag- niens de peaux d'animaux sauvages, une mai- greur qui ne nous laissait que la peau sur les os; une pâleur qui nous rendait comme des spectres, nous formions un tel onlraste avec les hommes bien vêtus et bien nourris qui nous entouraient, que nous sentîmes tous pour la première fois , je crois, ce que nous étions réellement, et ce ((ue nous devions paraître aux autres. Mais le côté plaisant de notre situation nous (it bientôt oublier tout le reste; toute pensée sérieuse nous était impossible au milieu de la foule et de la confusion qui nous entouraient; et la joie qui nous transportait nous disposait à nous amuser de la scène qui commença alors. Chacun avait faim , et il fallait le nourrir ; cha- cun était couvert déguenillés, et il fallait rha- biller. 11 n'y avait pas un rie nous qui n'eût be- soin d'une ablution complète , pas un qui ne dut se débarrasser d'une longue barbe pour repren- ;M ' '? Ul r f t, . ijl ■;i; ^ «1 ,» n o2H dre une figure anglaise. Tout se faisait à la fois ; ■ on se lavait, on s'habillait, on mangeait et Ton se rasait en même temps; et tout ce qui était nécessaire pour ces difï'érentes opérations se mê- lait ensemble dans une confusion grotesque. Au milieu de tout cela , les questions de part et ^d'autre étaient interminables ; nous avions à ra- conter nos aventures sur la J^ictoire et la longue histoire de nos fatigues et de nos soulfrances, et à apprendre les nouvelles d'Angleterre , nouvelles qui avaient quatre ans de date. Enfin l'ordre se rétablit; on prit soin des malades, on assigna leur place à nos marins; en un mot, on eut pour chacun de nous toutes les attentions que la bienveillance peut imaginer. La auit amena enfin le repos et des pensées sérieuses , et j'aime à croire que pas un de nous n'oublia alors de rendre , comme il le devait , des actions de grâces à l'intervention du Ciel qui , des bords d'une tombe qui ne pouvait tarder à s'ouvrir pour nous, venait de nous rendre à la vie, à nos amis, au monde civilisé. a s Accoutumés depuis long-temps au lit froid et dur que nous olfraient la neige , un rocher , peu de nous purent dormir sur le bon lit que nous eûmes cette nuit-là. Je fus obligé moi- même de quitter le mien et de passer la nuit sur une chaise , et je crois que la plupart des autres ne dormirent pas mieux. Il nous fallait 529 du temps pour bien apprécier ce changement subit et total , pour rompre les habitudes que nous avions contractées , et pour reprendre les usages de notre ancienne vie. ït^ «• '! Îj ii! m ii n I - II k i(. 34 N l' il iP CHAPITRE LYII. Voynge V bord de Vlsahelle. — Reconnaissance de lu cAlo. pour l'Angleterre. — Arrivée a IIull et u Londres D<'part 27 ,„., En causant avec le capitaine Humphreys , «833. Jans la matinée, j'appris qu'il avait pris vingt- sept baleines ; et que comme ce n'était que les deux tiers de sa cargaison, il se proposait de rester encore quelque temps dans ces parages. L'Isabelle avait remonté le détroit du Priuce- Uégent jusqu'au mont Shevar, accompagnée du IVilliam-Lee ^ i\y\\ était le premier navire que nous avions aperçu, et qui était alors en vue. Nous avi(ms dessein de faire passer sur son bord une partie de mon équipage. Le capitaine Hum- pbreys avait fait une tentalive Imrdie pour tra- verser le détroit du Princc-Rc'gent aux îles de Léopold,dans l'espoir de trouver quel([ues traces de nous plutôt que nous-mêmes; mais, à envi- ron deux tiers du chemin , il avait été arrêté par I un champ de glace. Il en avait suivi les bords la veille du jour où nous avions réussi à le traver- ser, ce qui nous avait empêchés de le rencontrer plus tôt. C'était pendant qu'il en revenait que nous l'avions aperçu, et il avait inutilement exploré la côte orientale pour y chercher quel- ques marques de notre existence. Il avait vu nos barques , mais il n'y avait fait aucune attention, croyant que c'étaient celles du TFilliam-Lee . Comme je désirais laisser une note à la baie de la Possession , dans le cas où quelque vaisseau y débarquerait , dans la vue de nous y chercher, et vérifier en même temps Tétat de mth, d équiper une expé- DO i ditioii à cet effet; que l'année suivante M. liootli, apprenant que l'acte (lu ])arlement qui promettait une récompense pour la découverte de ce pas- sage , avait été rapporté , et que cette entreprise ne pouvait désormaisdonneilieuà aucun soupçon de motifs intéressés, n'ayant d'autre objet en vue que l'honneur de son pays, 1 intérêt des sciences et la satisfaction d'obliger un ami , consentit sur- le-cham]) à la proposition du capitaine Ross, à condition que la ]>art([uil prenait à cette entre- prise ne serait pas connue; qu en conséquence, àl'exceptifni d environ deux miile livres sterling dépensées par le capitaine Pioss, M. Bootli lit tous les frais do l'expédition, ([ui montèrent de dix-sept à dix -huit mille livres sterling que M. Booth a^ant laissé au capitaine lu)ss la liberté de choisir ({ui bon lui send)lerait pour l'accompagner, celui-ci reçut de deux olliciers distingués, les capitaines Ikick et [Toppner, des olFresde service gratuit , en (pieU[ue qualité que ce fut , offres aussi honorables ])Our le capitaine Ross c[ue ])our ceux (pii les avaient faites ; que cependant le ca])itaine Ross choisit poiu* commander en second, s(m neveu, le comman- dant James Clark Ross, jeune officier distingut* par ses connaissances scientificpies, ([ui avait été employé dans toutes les expéditicnis qui avaient eu lieu antérieurement dans les mers Antiques; qu ayantengagéconnneinunil ionnaireM . 'riiom, (pii , de même (pic le S CE VOLLAIE. Chap. XXIV. Dépari (lu comnianJant Ross pour une troisième cx- pëdition. — Craintes d'une rupture avec les naturels. — Rctourdu commandant Ross i CnAP. XXV. Relation de la troisième expédition du commandant Ross ;» CnAP. XXVI. Autre expédition du commandant Ross. — J'en entre- prends une moi-même. — Résumé du mois ."il CiiAP. XXVII. Commencement de notre expédition. — Relation du voyaf>e. — Retour au vaisseau. — Observations faites pour obtenir la différence d'élévation des mers orientale et occidentale. — Incli- naison de l'aiguille aimantée, et intensité de la force magnétique. . 67 (^.HAP. XXVIII. Travaux a bord du vaisseau depuis le l"juin. — Retour du commandant Ross 92 Chap. XXIX. Relation du commandant Ross 95 Chap. XXX. Continuation du journal de juin. — Résumé du mois. . i/j2 Chap. XXXI. Expédition que j'entreprends pour procurer du pois- son à l'équipan;e. — Relation de cette excursion. — Retour au vaisseau iS\ Chap. XXXII. Journal de juillet et d'août. — Résumé de ces deux mois 1C7 Chap. XXXIII. Départ à la touée. — Déibarj^emcnt du vaisseau. — Il sort enfin du havre. — Efforts inutiles au milieu des glaces. — Le vaisseau y est arrêté en cherchant à trouver un nouveau havre pour l'hiver suivant. — Résumé du mois 1 84 Chap. XXXIV. INouveau travail pour couper la glace. — Notre posi- tion pour l'hiver. — Résumé du mois d'octobre 1 99 Chap. XXXV. Mois de novembre et de décembre. — Résumé 2H Chap. XXXVI. Mois de janvier , février et mars 1831. — Résumé. 229 Chap. XXXVII. Une expédition est entreprise. — Relation de ce voyage. — Résumé du mois d'avril 24'2 Chap. XXXVIII. Retour du commandant Ross 25() Chap. XXXIX. Relation de l'expédition du commandant Ross 259 Chap. XL. Journal de mai, — Voyage avec les naturels 2(i8 Chap. XLI. Juin. — Retour du commandant Ross 28!» ChAP. XLII. Helation du voyage du commandant Ross pour recon- naître la situation du pôle nord. — Observations pour la dëter- miner. — Résultat de ces obserxalions 2i)o ÎU4 CiiAP. XLIIl.Rcn'iuniuCii sur la ])0!sitii>ii assijiié»' au {tôle n>a<>ii<.'lique. 5H (i"n\p. "XLIV. Fil» de juin. — Rcsiimé de ce mois 327 (iiiAP. XLV. Journal de juillet. — Sommaire de ce mois 333 CiiAP. XLV'I. Journal d'août. — La l^ii loire .sort de son havre. — Tentative pour lon;;<"r la côte. — Les jjlaces forcent le vaisseau à entrer dans un autre havre. — Kësumc du mois d'août. — Journal de se|iienibre. Foisumé de ce mois 3-18 (Ihap. XL\ II. Journal d'octobre, n,ivemhre et décembre. — Résu- mes de ces mois. — Fin de 1 831 578 CnAP. XL\ m. 1832. Janvier, ff'vrierct mars. — Résumcsdcces mois. 3yti (inAP, XLIX. Avril. — Comm.ncement du lrans|iort des banjues, de» traîneaux et des provisions, dans le dessein d'abandonner le na- vire. — Mai. — (Jontiniialion des mûmes travaux. — Le navire est abandonné lOlJ LtiAP. I... Juin. — Voyage avec les tra!ne!iu\ et les barques. — Arrivée a la Pointc-de-la-Furie. — tvc'nenirns de juillet 42t> (hiAP. U. Août. — Départ de la Pointe-de-la Furie, sur des barques. — Cbstacles et difiiculté.> le lonj de la côte. — Ri'sumé d'août. ... 411 Chap. LTL Tentative pour a»'.'ncrr sur les bareues. — Obstacles op- posés par la jjlace. — IVopot tion de retourner à la l'oiiite-de-la- Furic. — IVoux'llc tentative, - - l)éliar([iiemeiit prés de la baie de Battv. — Transjiort des approvisionnemens h terre. — Résumé de septembre. - abandon des échantillons de minéralogie 453 (!ii Al'. LUI. Octobre. — ContinuntiDii de notre retour vers le sud. — Arrivée à la l'ointe-de-la-l'urie. — "Notre étriblissemenl aSomerset- Hoiise pour riiiver. — Journal de novembre et d<'cembre. - Ré- sumé 168 < JiAP. LIV. Janvier. — Février. — Résumes des deux mois. — Mort du charpentier Mars. — Rc'stinui de re mois 483 (iHW. LV . Avril. — (.'orninenceinent des voyages pour notre future expédition. — Juin -^Mai. — (lonlinuation de ces voyages. — Juillet. — Départ de Simierset-House, et arrivée aux barcjnes. — Résumé. 491 (inAP. LVI..\oùt. — Détention dans la baie dt; Rai y. — Rupture de» irliires. — Départ sur les barques. — \ous arrivons ii la côte orien- tale du détroit du princc-régeiit. — Nous renroiitrons i Isabellt. — Nous sommes reç.is ii bord 516 (liiAP. LVH. Voyaj'.e à bord de V haliellc. — Rectmnaissance de In côte. — I épart pour l'Anglilerri-. — Arrivée à llull et à Londres. 530 ( 'i>Kt;i.rsio\ 534 ri> n». I.* 1 ADi.r i)i' nr.i xir.MF ft DKnNirn voi.i.'wr.. 2. 318 4tl