IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) 1.0 l.l U6 1^ 1122 i IM I 2.0 m 1.25 ||U 1.6 < 6" ► Vi V] ^> ^;. a Photographie Sdenœs Corporation 23 WEST MAIN STREET WEBSTER, N. Y. US80 (716) 872-4503 ^^ V V^o î^^ ^"^ CIHM/ICMH Microfiche Séries. CIHIVI/ICMH Collection de microfiches. Canadien Institute for Historical Microreproductions / institut canadien de microreproductions historiques Technical and Bibliographie Notes/Notes techniques et bibliographiques The instituts has attempted to obtain the best original copy avaiiabie for fiiming. Features of this copy which may be bibliographicaiiy unique, wliich may aiter any of the images in the reproduction, or which may significantly change the usual method of fiiming, are checiced beiow. D D D D D D Coioured covers/ Couverture de couleur I I Covers damaged/ Couverture endommagée Covers restored and/or laminated/ Couverture restaurée et/ou pelliculée I I Cover title missing/ Le titre de couverture manque Coioured maps/ Cartes géographiques en couleur Coioured ink (Le. other than biue or biacit)/ Encre de couleur (Le. autre que bleue ou noire) Coioured plates and/or illustrations/ Planches et/ou illustrations en couleur Sound with other matériel/ Relié avec d'autres documents Tight binding may cause shadows or distortion along interior margin/ La re Hure serrée peut causer de l'ombre ou de la distortion le long de la marge intérieure Blank leaves added during restoration may appear within the text. Whenever possible, thèse hâve been omitted from fiiming/ Il se peut que certaines pages blanches ajoutées lors d'une restauration apparaissent dans le texte, mais, lorsque cela était possible, ces pages n'ont pas été filmées. Additional commenta:/ Commentaires supplémentaires: L'Institut a microfilmé le meilleur exemplaire qu'il lui a été possible de se procurer. Les détails de cet exemplaire qui sont peut-être uniques du point de vue bibliographique, qui peuvent modifier une imag» raproduite, ou qui peuvent exiger une modification dans la méthode normale de filmage sont indiqués ci-dessous. 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Th to Th po of fili Or be th( sic oti fin sic or Th sh) Tir wh Me dif eni be( rigl req me This item is fllmed at the réduction ratio checked below/ Ce document est filmé au taux de réduction indiqué ci-dessous. 10X 14X 18X 22X 2IX 30X y 12X 16X 20X 24X 28X 32X The copy filmed hare has baan raproducad thanks to tha ganerosity of : Library of tha Public Archivas of Canada Tha imagas appaaring hara ara tha bast quailty possibla considaring tha condition and lagibility of tha original copy and in kaaping with tha filming contract spacifications. Original copias in printad papar covars ara filmad baginning with tha front covar and anding on tha last paga with a printad or illustratad impras- sion. or tha back covar whan appropriata. AH other original copias ara filmad baginning on tha first paga with a printad or illustratad impras- sion. and anding on tha last paga with a printad or illustratad impression. The last racorded frame on each microfiche shall contain tha symbol — ^> (maaning "CON- TINUED"). or tha symbol V (maaning "END"), whichaver applias. IVIaps. plates, charte, etc., may be filmed at différent réduction ratios. Those too large to be entirely included in one exposure are filmed beginning in the upper left hand corner, left to right and top to bottom, as many frames as required. The following diagrams illustrate the method: L'exemplaire filmé fut reproduit grAce à la générosité de: La bibliothèque des Archives publiques du Canada Les images suivantes ont été reproduites avec le plus grand soin, compte tenu de ia condition et de la netteté de l'exemplaire filmé, et en conformité avec les conditions du contrat de filmage. Les exemplaires originaux dont la couverture en papier est imprimée sont filmés en commençant par la premier plat et en terminant soit par la dernière page qui comporte une empreinte d'impression ou d'illustration, soit par la second plat, selon le cas. 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HISTORIQUES, PHYSIQUES', Concernant la découverte de rAmérique, fes anciens Habicans^ leurs mœurs, leurs ufages, leur connexion avec les nouveaux Habicans » leur religion ancienne & moderne , les produits ÀQS trois règnes de la Nature, & en particulier* les mines , leur exploitation , leur immenfe produit 'gnoré jufqu'ici ^ *«•" >.*«^>r- Par Don ULLOA, ► V Lieutenant- Général des Armées navales de VEf- pagne^ Commandant au Pérou ^ de l'Académie Royale de Madrid _, de Stockolm , de Berlin ^ de la Société Royale de Londres y &c» _, , ^^ Avec des Obrervations & Additions fur toutes les matièr^ ^ dont il eft parlé dans l'Ouvrage. Traduit ?AR M, *** TOME PREMIER. I. i j ?^ A P A R 1 Sy Chez Buisson, Libraire , Hôtel de Mergrigny» ^ rue des Poitevins, N'. rj. *>>!.. 787. '>•■ ■r^r ■> V: /> T V > ' (■ i E /'/3 il 1- 5 V'. /■ "»■ i3i(,y V' ,f V Jj^ ,♦ — l^ ■>i .y PRÉFACE. U Ous devons quelques lignes d*Aver- tifïcment au Lecteur fur la traduction de cet Ouvrage , &C les notes qui l'accompa- gnent. Nous n'ignorions pas, avant de le traduire, qu'il en exi{loitdeuxTradu£tions Françoifes manufcrites, plus ou moins complettes ; mais nous favions aufll que les difficultés de rcntrcprife avoient arrêté ces Interprêtes en nombre de détails. De l'aveu même des Efpagnols, le texte de D. Ulloft cft CtCr^T rliflRrilf» à rulvrf? , OU, pour mieux dire, il fe laiflè plus fouvent deviner qu'il ne s'explique , parce qu'il fuppofe par- tout des Lecteurs déjà inf- truits. Malgré ces difficultés, nous avons cru devoir procurer au Public la le£lure de cet Ouvrage , dans lequel on trouve , outre le réfumé du Voyage de l'Auteur, nombre de fujets nouveaux, que llntérêc national, dit-on, lui avoit fait fupprimer. Mais nous n'avons pu appercevoir ces a ij "il y-À i II ..Il i iV PRÉFACE. rAlfons d'intérêt. Seroit-ce rarticle très- circonftancié qu'il préfente ici fur Tex- ploitation des mines du Pérou, & leurs inimenfes produits ? Mais plus une Na- tion fait connoître fes reiïburces, plus elle mérite de confiance de la part de celles avec lefquelles elle eft à portée de trafiquer. Les extraits que les Journaux Anglois ont préfente de cet Ouvrage , n*en ont que trop fait fentir .l'importance à l'An- gleterre; & c'eft depuis la ledure de ces extraits que le Gouvernement Anglois a tourné ^cs vues du côté du Pérou. L'Allemagne jouit aufïî de la le£ture de ces Mémoires dans la tradudlion qu'en a donné depuis peu M. Dicz , Profeffeur d'Hiftoire à Goctingue. Cette Verfion Allemande eft devenue d'autant plus in- térllarion- n avons :ndroits is nou- ccupés ire Na- iclqucs ce que PRÉFACE. vîj VAuteur ne nous y préfcntoic rien d'inf- truîflif. Ce qu'il dit, par exemple , fur la Langue du Pérou eft fort inutile ; nous en fa vons plus que lui à cet égard , & cependant nous avons gardé le filence. Lorfqu'il s'agit de comparer les Langues, il faut favoir les parler, ou au moins être en état de lire les Ouvrages écrits dans ces Langues ; autrement on ne fait qu'accu- muler erreur fur erreur, comme l'a fait un Ecrivain qui a de la célébrité , & qui n'a jamais connu les mots que dans les Dictionnaires. Nous confeillonsau Le£beurqui entend l'Allemand & l'Italien, de joindre à la lecture de cet Ouvrage -ci celui que M. Reinhold Forfter a écrit fur les dé- couvertes faites dans le Nord par les Anciens, & les Lettres du Comte Carlo Carli fur l' Amérique; il verra dans ces deux Ecrivains que les Antilles & le Nord de l'Amérique n'étoient pas un problême long-tems avant Colomb. Le monument ,1 ■V: v/ û 'V If t II" vîîj PRÉFACE. publié en Anglois par M. Ovcn (i) lui prouvera auiïî la vérité des Voyages de Madoc, Princede Galles, en Amérique, au douzième fiècle, & confirmera ce que M. Filfon a avancé ( i ) comme une con- jcdlure fur Texiftcnce de la Colonie Gal- loife que la Reine Elifabeth avoir fait chercher, & dont le célèbre Cook a vu un démembrement. Nous ne dirons rien des Lettres de Paw fur l'Amérique; c*efl: un tifTu d'erreurs & de menfonges. ^ Nous fînifTbns , en afTurant au Le£lcur que la phyfique , le commerce , trouveront beaucoup ^ jraojnrr à la le£turc de cet Ouvrage-ci; car on y verra une mafle affez confiderable de faits importans réunis , & qu'on chercheroit en vain dans nombre de volumes , qn'il n*eft pas donné atout le monde de le procurer. ' '' - à Ji •;^ H ( I )CoHe€lwndeMomiimeos-Bi;et9nsvIci, T,'//,.^. 474, (1) Dans l^Hï^uc'.àQ^JC^rafike, chez BiuiToii. ... „ ; MÉMOIRES .-UJU. '\] MÉMOIRES PHILOSOPHIQUES, HISTORIQUES , PHYSIQUES. DISCOURS PREMIER. Des différentes pojlùons des Terreins fur la furfacc du GM'c y f,ffets qui en rejuUent dans les tem- pératures & les produits, J_j A Nature eft admirable dans fes ouvrages ; mais ce merveilleux qui nous frappe en géné- ral, fe Elit fur-tout appercevoir dans l'ordre avec lequel elle a diftribué les différens terreins qui couvrent la furface du Globe , fuppléant par une extrême variété , aux avantages qu'elle n'a pu leur accorder à tous également dans le local qu'elle leur a aflîgné. Par ce moyen elle a (i gé- néralement réparti fes précieux avantages , qu'en s'efForçant , pour-ainû-dire , de montrer toute fa . Tome I, * A r. p»i é 1 " Discours icconditc dans les cèrrcins les plus fertiles, elle n'en a pas moins montré fes merveilles dans ceux qu'elle fembloit avoir peu favorifés : tan- tôt c'eil par la fituation avantageuL' du local > tantôt par les circonftances accidentelles , qu'elle fait concourir à fon but. Accoutumes dès l'en- fance au pays qui nous a vus naître , nous pou- vons à peine comprendre dans le premier âge, ôc mcme plus tard , que les pays que nous ne connoiflons pas font diflférens de notre fol natal j ou que , s'ils le font , ils participent , à certain point , aux avantages particuliers à celui que nous habitons. Ces doutes font mêmes commulis aux g.?ns les plus inftruits & les plus curieux j à ceux qui fcrutent même avec la plus grande appli- cation les fecrcis Je lii NiULiiu liane la Spéculation, C'eft une erreur inévitable & une fuite nécef- faire de la foiblefle & des limites de notre pé- nétration. Tout ce qui n'efl: que la conféquence du raifonnemenr , ne nous affede jamais autant que ce qui nous eft tranfmis par le canal des fens, qui font l'unique moyen de porter la lumière ôc la conviction dans l'ame. Il y a long-tems que nous fommespeifuadés que la ZoneTortide a (es habitans comme les autres régions du Globe ; mais on ne fait que depuis peu qu'il y a dans cette Zone de trcs-vaftes pays , où l'on éprouve tous les effets des Zones tempérées ou des Zones glaciales ^ cedont les hommes les plus inftruits ^ r^m 2v.. \%;' Y |!' PREMIER.; I les Phyfîciens confommés , n'avoient même point connoiflance. On n'ignoroic pas qu'il y avoir de très-hautes montagnes fous la Ligne , ôc dans les régions adjacentes j mais on ne fe doutoit mcme point que la denfité de l'air, étant moindre, modc- roit les effets des rayons du foleil , perpendiculai- res fur le Globe , au point de fuppléer à l'obliquité de CQS mêmes rayons , lorfque cet aftre eft beau- coup plus éloigné du Zénith ; & qu'il en réful- toit des neiges , du froid , des glaces , comme ion en voit dans les régions qui avoifinent les Pô- les. On concevoit aufli peu qu'il pût y avoir dts créatures vivantes dans des régions où l'air eft li confîdérablement raréfié , qu'en prenant même le moindre terme de la différence , il n*a pas la lOltlé de la denfité qu'on y rmnvp fur le refte le la fuperficie de la Terre , confidérée comme l^uflî plane que la Mer. On ne favoit pas non 4)lus qu'il y eût; des parages où l'on éprouve con- ■|inuellement les effets des quatre fiifbns de l'an- lée , fans qu'il y ait une variation fenfible dans la longueur des jours & des nuits. Ceux qui ha- )itent les régions où l'on ne fent ni trop de froid li trop de chaleur, pouvoient auflî peu compren- ne qu'il fût poflîble de réfifter à l'alternative tontinuelle des froids exceflifs d'un hiver rigou- reux , & des chaleurs extrêmes de l'été. Les uns [toient étonnés de l'égalité des jours & des nuits. Al 1 4 Discours fans cependant ignorer la caufe de ce phénomène. Les autres , qui favoient pareillement la caufe dt; l'inégalité des jours & des miits dans d'autres cli« mats , ne pou voient fe figurer qu'on pût vivre dans des pays où les nuits devenoient très-lon- gues , Se pafler enfuite , fans être vivement af- fedé , dans d'autres climats où elles devenoicnr plus courtes que n'étoient les jours du climat où on s'étoit arrêté. Je laifle de côté nombre d'autres phénomè- nes , qui ne répugnent pas moins dès l'abord à la raifon que l'expérience n'a point éclairée. 11 n'appartient qu'à l'expérience de lever les doutes 8c les contradiâions apparentes des phénomènes de la Nature. Toujours prévoyante & fage dans ies opérations , «lU ^ copAnUu Tes merveilles dans le monde, fans s'alTujertir aux limites de notre ehten- dément. Il n'y a qu'elle qui puifTe faire compren- ; dre aifément l'accord charmant qu'elle a mis dans tous fes ouvrages , diftribuant tout de ma- nière , que ce qui paroît rare dans telles parties fe montre plus communément dans d'autres. C'eft pourquoi toutes ces parties fe rapprochent mu- tuellement par les proportions des avantages , fans que l'une puifle porter envie à l'autre : ainfî les créatures vivent pareillement dans les unes 6c dans les autres contrées. En effet , la vie , cette prérogative inappréciable , accordée , P 'à € ai I I 3 ^1 I t phénomène. it la caufe du î d'autres cli- jn pût vivre ient très-lon- vivement af- is devenolcnr lu climat où es phénomc- dès l'abord à it éclairée. H ver les doutes bénomènes de fage dans fes /eilles dans le e notre ertten- lire compren- u'elle a mis tout de ma- telles parties 'autres. C'eft rochent mu- avantages , e à l'autre : nt dans le$| ;n effet , la , accordée^; PREMIER, I aux créatures douées de mouvement progredif ôc fpontané , n*eft pas plus avantageufc dans les pays ou règne un printems continuel , que dans celui oii l'été , l'automne & l'hiver, font les trois autres parties de l'année. L'homme & les animaux vivent par-tout , & les doux climats n*ont pas le privilège de rendre la vie plus longue que ceux où les animaux 8c l'homme ont à foutenir la température la plus rigoureufe , Se une vie in- finiment plus pénible. Les chaleurs les plus gran- des fotu en effet aufli naturelles pour ceux qui y font accoutumés , dans des climats brûlans ,' que le froid exceflîf l'efl pour l'habitant qui brave la rigueur de fon climat polaire. Quel- quefois la nature femble fe faire un jeu de fes phénomènes ,, en réuniflant dans une même région les CQtiipcracurcs des cUiiiai:» le» ^lus contraires d< les plus éloignés ; les chaleurs brûlantes de de la Zone torride , & le froid de la Zone gla- ciale. Cette circonftance efl feule fufïîfante pour faire difparoicre l'incompatibilité des chofes qui paroiffent le moins fe rapprocher : or cette réu- nion des extrêmes > fert à nous prouver la po(^ fibilité de tout le refte. En effet , Ci l'expérience ne le démontroit pas , on auroit peine à fe persuader quon vît fe réunir dans une même çoiicrée , la chaleur, le froid , le feu , la glace, hs pluies les plus abondantes , des nuées qui A, M y t. •\ o n I •; ( o iT n ^ !ic vcifciit pu une LV'iirtc ilcui ; tS: f.iiis .mtrc ituctv.tilo (jito I.) (lilicKiitc h.uitcur ijui en tait 1.1 «lill.iiuc. M.iis 1,1 N.ituic , toujours fcioiulc en |Moilit',os , .ijMi jMi «Icsmoycns li r.u;cs ,(]ircllc fait U'imit tDiiN ics pliciuimCncs. les pays les plus (.'li»i!Mic's , (m tout les ïiulcs oiiitlcMU.ilcs , piérciitcm lies objet*, tic^s -tares , (&: <]ui an j»u;cnieiu de eeiix i]iii les eondilèrent tic loin , patoîttv>ieiit lîngiilièrcment oppofés les uns aux autres «S^ inetnes iiu royaMes , lî la Nature ne nowi ptouvoit elle-même la jH>llil>ilité île leurs rapports & île leur rappuKhement. Nous appelle- rons ec pays, le Aouvciia- Miaule y \HM\r \c ilif- tinguer îles autres parties eonnues avant qu'on l'eût iléiouvett. En ertet , quoique les parties orientales de TA- fie , iSc le midi de TAfriquc ayent été eoimus allez tard des Européens , on a cependant des preuves que les anciens navii;ateurs y avoicnt Gif quelt|ue commerce. II ctoit d'ailleurs fort naturel que les Nations qui fe trouvoient con- tic;uè's, ou réunies fur un m*nrc continent, p6- nétrallent plutôt ou plus tard les uu'^s chez les au- tres , jnfqu'aux contrées lucme les plus éloignées. Mais la même chofc ne p'eft donc avec raifon qu'on a appelle ce continent /c Nouveau-Monde, 11 étoit réelle- ment tel pour ceux qui habitoient les anciens continents. Mais il l'ctoit encore plus par les par- ticularités qu'il renferme en tout genre. 11 ne faut , pour en être étonné , que jetter les yeux fur la forme extérieure & la fituation àc^ tcrreins ; fur les diverfes produdlionsdesdiffcrens climats; fur ladifFctenceque les températures ontentr'ellcs; fur les animaux quadrupèdes & volatils des diffé- rentes contrées : enfin fur toutes les autres chofes qu'on y apperçoit. Ce Nouveau -Monde paroît même fi exrraordinaire, qu'il préfente deux mon- des , dont l'un eft dans l'autre \ comme on le voit par deux régions oppofées qui fe trouvent dans le même efpace \ l'une trcs-chaude , l'autre très-froide , quoique fous la même dircdion des rayons de folcil. Il fcmble en effet que ces rc- A4 I I il f i : 5 % 1 î t I 1 8 Discours gionsfoient fîtuces dans une autre partie du Globe, tant les phénomènes qu on y apperçoit , les effets qu'on y éprouve , font contraires. Ici l'on croi- roit être au milieu de l'Afrique ; là dans les cli- mats les plus feptentrionaux de l'Europe : phé- nomènes les plus fînguliers qu on puilfe remar- quer dans la nature. Nombre de Savans fe font livrés à leur cu- riolité , Se ont fait les plus grandes recherches pour acquérir une connoiflance exade du Globe , par l'examen de (qs produits. Ils ont formé des ca- binets remplis de tout ce qu'on a découvert dans fes différentes régions , & fes différentes contrées. Mais cous ces travaux ne nous font connoitre qu'une partie des raretés de la nature , fans jet- ter aucun jour fur les particularités principales qui confiftent dans le phyilque de Técurcc ou de la croûte externe du Globe , croûte où réfîde la force première , c'eft-à-dire la vertu génératrice qui donne naiffance à ces produdions. Ces productions intéreffent fans doute par leurs particularités , ceux qui n^en avoient aucune con- naiflance , mais qui , charmés par leur nouveauté, n en faififlent point l'origine faute d'en rechercher les principes & la caufe. Or , cette recherche exige une très-grande application, fans laquelle il eft impofîîble deremonteraux caufes d'où dépend h connoiffante de tout ce qui s'obferve de plu* i V. •ra^w— W i du Globe, , les effets l'on croi- lans les cli- rope : phc- ilfe remar- à leur cu- recherches du Globe , rmc des ca- )uverc dans es contrées. : connoître i , fans jet- icipales qui \c ou de la ide la force ratrice qui :e par leurs ucune con- louveautc, ecKercher recherche aquelle il Il dépend e de pluj PREMIER. f étonnant. Les productions de la Nature , que les Phyficiens ont divifées en trois régnes , ap- prennent , il eft vrai , ce que peuvent former les qualités du fol avec le concours du climat : mais elles ne décèlent point ce qu'il y a d'ef- fentiel à difcerner , favoir , la matrice qui reçoit l'influence des différens climats , & qui , par cette caufe , doit auffi donner des produits dif- férens. Voilà ce que les Naturaliftes auroienc dû rechercher ôc nous développer. Le peu de connoiiïances acquifes jufqu'a ce jour , ne leur a pas permis de fuivre leurs vues jufqu'à ce terme. Les Cabinets d'Hiftbire naturelle font , je l'avoue, les archives de la Nature j archives où la curiolité configne tout ce qu on voit de rare , d'admirable fur les différentes parties du Globe : mais wctcc /p<îbuIatIon ne pcui encore fatisfaire pleinement Tefprit qui cherche à connoître à fond la caufe de cette étonnante variété. En re- connoiffant que la Nature eft admirable , on ne la fait pas plus comprendre : en montrer les dif-* férens effets , ce n'efl pas non plus en décou- vrir les caufes. Nos fens font même frappés d'une infinité de merveilles auxquelles l'efprit ne s'arrête point. Ceft ainfî que la raifon fe fixe peu fur nombre d'objets ^ parce qu'elle ne peut faifîr ce qu'ils préfentent de rare ou de par- ticulier. De ce défaut de co^noiffance , réful^ •| m ifl m I "^ « I Ii1 10 Discours tent les recherches pénibles des curieux qui fcrutent la Nature dans tous fes phénomènes j mais fans jamais la pénétrer i fond. Le Nouveau-Monde préfente nombre d'objets étranges aux habitans des autres parties du Globe : ôc parmi ces objets , il en eft de fi m) (lérieux pour la raifon , qu il cft impofTible d'en ailigner la caufe d'une manière fatisfaifante. De ce nom- bre font les mines d'argent , qu'on peut regarder comme le patrimoine de ces contrées , tandis qu'elles font rares dans les autres parties de la terre. Or ce n'efl: pas parce qu'il y a des mon- tagnes élevées , ni de la chaleur & du froid , ni de l'humidité & de la fécherefle, caufes d'où l'on croiroit peut-être devoir en déduire l'origine : car les mêmes circonftances fe rencontrent dans dans les autres parties du Globe , fans que pour cela les mines de ce métal y foient auflî fré- quentes & auflî riches que dans le Nouveau- Monde. 11 faut donc qu'il y ait encore d'autres propriétés particulières à ce pays ; mais d'un autre coté il y manque certaines particularités qui qui fe rencontrent communément dans les autres parties du Globe , oà en même tems on ne trouve point ce qui eft particulier à l'Amérique. Or il n'eft pas poflible d'en donner la raifon , qu'en difant que l'Auteur de la Nature l'a ainli voulu. Ses fecrets feront toujours une énigme I »>w r Tl E M I E R. II Impénétrable pour rcntcndcment humain. Quand on parviendroic a combiner les températures , les terrcins , les vents & les eaux au point d'en former le mélange qui répondroit le plus prcci- fement au but qu'on fe propoferoit , jamais on ne les combineroit de manière qu'il ne s'y trouvât point quelque analogie avec les terreins où l'on ne voit pas ces productions. Or ces pro- ductions palTent pour rares dans les pays où l'on en voit ordinairement d'autres très-différentes. Quelques Phyficiens ont auflî voulu rendre raifon de la taille de différentes nations comparées entr'elles ; de la couleur noire de la plupart des habitans de l'Afrique ; & , par oppofition , de la blancheur de ceux qui font fitués aux parties les plus feptentrionales , ou les plus méridionales du Globe : mais après avoir cru deviner les loix cachées de la Nature , ils ont été forcés d'avouer que le phénomène le moins frappant au premier abord , détruifoit la bafe de leur fyftème : & c'efl: ainfi que l'expérience a difîîpé la chimère qu'ils avoient pris pour la réalité la plus certaine. On voit prefque partout ces méprifes qui en impofent fi facilement à la raifon , lorfqu'elle n'eft pas gui- dée par une expérience fufïîfante de faits certains. 11 n'y a donc pas d'autre voie à prendre que celle où l'expérience précède toujours le raifonnement. Les caufes primitives de tout ce qui s'obferve M 4, ' y.i !* '\i Il Discours fur la terre , peuvent être Tuflirammenc expli- quées par les règles ordinaires : mais aufîicôt qu'il fe rencontre une une obfervacion qui les contredit, les principes reçus doivent totalement changer : de-id vient que le jugement qui paroît le mieux fondé , eft fujet a induire en erreur. La diredion des rayons du foleil fur la terre, doit fans doute ccre la caufe de la chaleur plus ou moins grande qu'on y éprouve : nous por- tons ce jugement , fondés fur la propriété qu'il a d'échauffer , fur fa manière de pénétrer l'at- mofphère pour fe faire fentir. Ce principe eft alTurément inconteftable : cependant il eft fuf- ceptible de variation , en conféquence des phé- nomènes d'un fécond ordre, tels que ceux qui ont lieu dans l'Amérique méridionale. En effet , non-feulement la direction perpendiculaire des •rayons du foleil ne produit point de chaleur en certains diftridbs; il s'y fait au contraire fentir un froid vif , ôc tous les effets qui doivent en réfulter: ainii le principe mentionné , admis comme vrai par notre jugement , fe trouve con- tredit avec vérité par une caufe accidentelle , qui en modiBe l'extenfion. Il en eft de même à l'égard de toutes les efpèces d'animaux , de végétaux , ôc des minéraux. On voit donc que pour ne point errer dans fes jugcmens , il faut fe conduire uniquement d*après l'ôbfervation , r 'i V lenc expli- iiTicôc qu'il concrediCy changer : ; le mieux tria terre, aleur plus nous por- »riecc qu il étrer l'at- incipe eft 1 eft fuf- des phé- ceux qui En effet , claire des haleur en re fentir oivent en admis uve con- lentelle , e même X , de onc que ,il faut rvatiQn , PREMIER. ll fans s'arrêter à des principes de théorie qui ne déterminent que ce qui doit arriver d'après les loix générales , & fans avoir égard aux effets réfultans des caufes accidentelles qui peuvent intervenir. On éprouve les plus grandes chaleurs , dans les régions qui font hors de la Zone Torride , lorfque le foleil eft au plus haut point du Zé- nith : par une raifon contraire on fent le froid , on voit de la glace lorfqu'il eft le plus éloigné du même point. Ce principe eft inconceftable , mais en même tems la circonftance du contraire qui arrive dans le climat où l'on devroit fentir la plus grande chaleur , prouve de la manière la plus déciHve qu'il y a d'autres caufes qui dé- rangent Tordre général de la Nature \ ôc que fon Auteur a voulu ûiboidoiinci la raifoii de l'homme , en limitant fon intelligence , & en l'empêchant même par les phénomènes les plus fenHbles, de pénétrer les fecrets de la Provi- dence. On peut remarquer ici que les plus fublimes Génies , après avoir fait pendant toute leur vie les efforts les plus grands , fe trouvent ainfî arrêtés dans leurs fpéculations par ces phéno- mènes extraordinaires qui fe préfentent inopi- nément , fans que la raifon accoutumée à ré- fléchir fur les propriétés des chofes naturelles, f if' Ml 1( !■( I 14 Discours fourniHe la moindre lumière qui leur falFe a|>- percevoir la vcritc. Combien de fois , en effer j ces Génies cra .endans , s'imaginanc avoir la clef du fyftcm de ce monde , ne fe font pas trouvés dans l'erreur , fans pouvoir mcir.e comprendre ce qu'il y avoir de plus fimple! PluHeurs Savans du premier ordre n'ont-ils pas été étonnes qu'on pût vivre fans la moindre incommodité dans un atmofphère dont l'air jéioit n léger , qu'il différoit en pefanteur de plus de moitié de ce qu'il eft en général fur la fur- face du Globe ? Ils avoient pour fondement les régies ordinaires de la phyfique, & de diffé- xentes expériences. Mais ils ne fe repréfentoient pas que la Nature emploie , pour manifefter fes effets , des moyens bien différens de ceux qui font à la portée jufqu'à prcfen , ou n'en a pas ! eu 'une connoilTance cxadle , c'eft que perfunne ne s'cft appliqué à les obfcrvcr ôc X les com- muniquer avec les détails qu'ils mcritoicnc. D'ailleurs, cette connoifTance intérelTe peu dans ces Parages , où l'attention eft particulièrement attirée par des charmes & des plaiHrs qui Hac- tent & iéduifent le penchant des habitans. v^ DISCOURS SECOND. ' i < De la pojîùon des Terreins de l'Amérique ^ & dâ la variété étonnante qu'on y obferve, ij E s particularités qu'on remarque dans les effets , font en général connoître les propriétés des caufes. C*eft ce qui arrive aufliî dans la Nature : fes ouvrages manifeftent la fagelfe des difFérens moyens qu'elle emploie. On ne les apperçoit pas moin*: par la variété qui y règne, fans qu'ils s'écartent même des loix fixes qui font necelTaires pour les maintenir. Si toutes les chofes fe reHembloient parfaitement , on nauroit, en les confidérant, aucune raifon de les admirer, ni de les comparer entr 'elles. Les fens font ordinairement peu frappés de l'uni- formité j car ils n'y trouvent rien de faillant ni qui fixe l'attention. La variété , au contraire , fixe l'attention au premier afpedt des objets , qui , fans êtres femblables , ont relnrivement les mêmes degrés de perfedion , &: ne laifieji pa> difceiner lequel eft le plus p;\î.£uL daiis ïy:)n cl- DCCÔ Discours second.' 171 pèce. Une montagne , une vallée, font deux objets difTcrens : mais fi l'on admire dans la première la maflTe & les irrégularités de fa forme externe , ToBil ne s'arrête pas avec moins de plaiiîr fur la fuperficie plane & uniforme de la féconde. Néanmoins une plaine à perte de vue fatigue autant l'attention , qu'une chaîne con- tinuelle de montagnes. L'oeil n'apperçoit ni dans l'une , ni dans l'autre , cette variété qui diver- fifie les objets & y répand l'agrément par leur différence même. La Nature ne voulant pas que la fuperHcie du Globe préfentât un feul & même objet, y a élevé des montagnes , étendu des plaines , ouvert des vallées , foulevé des roches altières , creufé des lacs , répandu des Heuves , des ruiffeaux , fait fourdre des fontaines , & a donné aux terreins des couleurs diflérentes j de manière que le contrafte des divers objets qui en forment l'enfemble rendit fon ouvrage plus majeftueux & plus parfait. Dans ces vues , elle ne donna pas à la terre une parfaite éga- lité dans toutes fes parties : mais elle leur déter- mina à chacune une forme différente dans leur I ftru6ture : elle leur afîîgna des produits différens , lafin qu'on put diftinguer chaque partie du tout, |& des parties corrélatives. Cependant elle le fît fans s'écarter des règles générales qu'elle ob- jfetva pour toutes & pour chacune prife fcpa^ Tome L B i r 1 '■« ! M: f t Discours rément : circonftance qui rend encore fes opc<^ rations plus admirables. La partie méridionale des Indes occidentales ^ connue fous le nom A* Amérique méridionale ^ fe diftingue fenfiblement de toutes les autres par fes vaftes plaines , & par fes terreins élevés , connus fous le nom de Cordillères, Ces monts font fi étendus , qu'il femble que ce foit le fragment d*un monde qui s'élève fur un autre , à- une hauteur prodigieufe. Ces monts font , outre cela , fi difFérens entr'eux , qu'on n'y apperçoit pref- que aucune relTemblance. En effet , le matériel du fol , l'ordre , l'arrangement des parties , les faifons de l'année , les températures , les pro- duâions , les animaux , tout , en un mot , y préfente , dans chaque objet , les différences les plus étonnantes , ou plutôt un contraire inex- primable. Ici c'eft le plus beau printems j a peu de diftance règne un hiver rigoureux fur le même continent. Le même terrein y -produit des ar- bres dont les uns fembleroient n'avoir dû croî- tre qu'à des centaines de lieues des autres. Les fruits , les quadrupèdes , les oifcaux offrent le même contraire. On peut comprendre par ces phénomènes , pourquoi j'ai dit qu'il fe préfen- toit la un monde dans un autre monde , & l'un & l'autre diftingués par les propriétés & les phénomènes les plus particuliers. y-.. î fcs opc-i . cidentales y dionaUf le xces par fe$ es, connus onts font fi le fragment ce , à- une , outre cela , )erçoit ptef- le matériel parties , les es , les pro- un mot , y ifférences les mtrafte inex- items j a peu fur le Hième (duit des ar- voir dû ctoî- |s autres. Les ,ux offrent le indre par ces il fe préfen- londe } & •ropiiétcs & s I c o N p. x^ La Zone Torride , qui , dans fa largeur , s'é- tend d'un Tropique à l'autre , renferme Tifle de Cuba, où fe trouve la Ha vanne , prefque fou$ le tropique du Cancer ^ l'ifle de S. Domingue , & quelques autres. Elle s etepd aulfi le long des côtes de la mer du Sud , & des provinces du royaume du Pérou, jufqu'â Morro - îyloreno , % vers la baie de Mexillones., à un degré envi- I ron du port de Cobija. On remarque dans l'ef- i pace de ces quarance-fept dégrés de latitude , nombre de climats difFérens , & des terreins , à 7 ou '(qù*au i6 forte que étreciflant d'autres. commen- les cimes îtdre dans :onde con- dans fon es profon- autres tcr- Ir de cette cinquante montagnes is pays qui vers les e l'Amc- donne le )nne deux rère c'eft es monta- 5 parties : beaucoup) ::l , 5 ï C O N ©.' 25 de forets cpalfTes , que l'on y appelle montagnes^ quoique la fuperficie du fol foit plane & uni- forme. On voit par la que cette partie de l'A- mérique a une bande de terrein fenfiblement plus élevée que tout le refte, & même que toutes les autres contrées habitées du Globe. Cette grande élévation a été conftatée par des expériences , & par les mefures que l'on a prifes pour en véri- fier la réalité. On voit auflî dans cette partie haute de l'A- mérique , d'autres éminences qui s'élèvent à des hauteurs confidérables , comme on le remarque dans les pays les plus connus de l'Europe. Mais s'il y a dans la partie haute habitée , qui leur fert de bafe , des royaumts très étendus , & des provinces fort peuplées , il s'y voit auflî de vaftes contrées déferres. Or ces pays font (i dif- férens des contrées inférieures , que rien , pour ainfi dire , ne s y reflemble : ce qui doit être de toute néceflîté , puifque la différence des climats & de la température fait varier toute les produdions du fol. Pour éviter de jetter mes lefteurs dans quel- que méprife au fujet de cette terre fupérieure, & ne point caufer d'équivoque avec la partie haute habitée & la plus grande hauteur des monts, ou mêmes des chaînes de montagnes qui s'y 'lèvent, j obferverai ici qu'il faut mettre en fait B4 "T 14 D f S C 0 V R S que la partie habitée eft à 4 5 3 <> y varas au- deflus des terreins qui avoillneiit immédiatement la mer : qu'en outre les cimes des montagnes qui s'élèvent fur cette même plaine élevée , ont plus de 660Ù varas de haut. Elles furpalTent donc "les autres de 106^ ^ varas. On peut établir trois points difFérens de gra- dation pour les terreins. Le premier eft celui des terreins bas voifîns de la mer : le fécond , celui de la maffe ou du corps des Corditlieres mêmes : le trolfième , celui des cîmes qui fur- montent ces montagnes. Si ces cwiijiences n*a- vcient en elles rien de plus particulier que les autres montagnes qu'on connoît dans les diffé- renres parties du Globe , fans doute elles nepré- fenteroient rien d'étonnant. Maii il n'en ell pas ainfi. On ne peut abroKuiicnc Ce former une idée de leur élévation fans l'avoir vue : c'eft en cela que confifte le merveilleux du phénomène. De là vient aufliî certe différence de toutes les chofes extraordinaires qui en réfultent néceffairemenc. Le fable domine dans les terreins bas , ôc m*me à des diftances afTez confidérables. On y voit aufli quelques étendues de terre fangeufe. Comme ces bafles contrées ont çà &-U leurs tïiontagnes , il s'y trouve des carrières ôc des terres de toute efpèce , de même que dans tous les pays qui ont un peu d!étendue. La I ¥; varas au- diatemcnt ïiontagnes gvce , ont furpalTent ns de gra- efl celui e fécond » lordillieres es qui fur- lences n*a- ier que les ; les diffé- lies neprc- ii*en eft pas er une idée l en cela lène. De là les chofes 'airemenc. bas , ôc \bles. Ou fangeufe. k-là leurs res & des que dans lue. La 'Second.' IJ partie haute , prife en totalité , a pareillement d'alTez grands terreins fabloneux : d'où Ton doit conclure que les grands pays fabloneux ne font pas toujours dus au voiiînage de la mer. Il fem- ble que la nature ait voulu fe faire un jeu de {es opérations , en difpofant cette partie du globe ; & qu'uniquement attentive à l'ordre des climats , elle ait mis un fragment du globe fur un autre terrein, fans trop en différencier la nature. En effet , celui qui domine fur l'autre à cette hauteur confîdérable , a une analogie alfez direéle avec celui qui eft au-delTous. ' La terre haute s'étend en fe différenciant peu de la baffe ; fe portant depuis les parties qui correfpondent aux côtes de Caracas , Ste. Marte , Carthagène , au Choco , jufque près du détroit de Magellan. Mifis un remarque ici cette cir- conftance particulière, que comme la partie la plus large de l'Amérique efl fous l'Equateur & fes parties adjacentes, de même la partie la plus large & la plus élevée de la partie haute fe trouve aulîî dans ceparage. Cette partie de l'Amérique fe ré- trécit à mefure qu'elle s'avance vers le Sud : il en eft de même de la partie haute. Il y a encore une autre particularité à remarquer; c'eft que depuis le 3 o - degré , en allant au Sud , le chmat correfpond aux changemens de la Zone 114 # n: ;« M (' I. té Discours cem perce , pour la àivifion de l'hiver 8c de t'ctc» Comme il croit moins nécelTaire, depuis ce degré, de fuppléer par Télcvation à ce qui manquoic » la nature du climat, la partie haute y a été plus inclinée qu'elle ne l'efl fous l'Equateur. G|e(l pourquoi cette partie-ci peut , depuis cet intervalle , ctre regardée comme une colline de pluHeurs centaines de lieues , dans le cours def- quelles elle fe rétrécit , & s'élève moins , à pro- portion qu'elle fe porte plus vers le midi. Par cette pofitiôn elle ell dans le rapport régulier des autres parries ; au lieu que .dans une podr- tion différente , elle eût été impraticable pendant ]es froids qui y auroient été exCtCCifs en hiver. En effet, H la terre qui eft fous l'Equateur eft toujours froide , à caufe des hautes montagnes dont la neige éternelle couvre •Us cimes , à plus forte raifon la Zone Tempérée , où l'on a Tuiver Se l'été , le feroit-elle , s'il s'y réuniffoic deux caufes pour produire le froid ; favoir l'élévation du fol , & l'obliquité des rayons folaires : ce qui Ja tiendroit continuellement couverte de neige ôc de frimats. Mais la fage prévoyance de la Na- ture a tout dirigCi, de manière qu'elle a diminue ici l'énergie de la caufe accidentelle qu'elle avoit iproduite dans l'autre partie , afin qu'il n'y eÛ£ point d'excès ni d'un côté ni de l'autre. On n'a I » I de l'étc» ce degré , nanquoit I y a été îquaceur. epuis cet oUine de ours def- , à pro- midi. Pat : régulier une pofif e pendant en hiver, lateur eft nontagnes s , à plus 1 a Tniver (Toit deux élévation s : ce qui neige Se e la Na- diminuc lie avoic n'y eût On n'a 1 S 1 c o M o; "^7 T)oînt fait d*expériences avec le Baromètre dans cette partie méridionale des Cordillères , comme on l'a fait fous la Ligne j ainfi l'on ne peut rai- fonner , à cet égard , que d'après la vue des lieux , & une vraifemblance fondée fur les degrés de rintenfité du froid qu'on y éprouve pendant l'hiver. 11 feroit avantageux de confirmer les raifonncmens , par l'obfervation formelle. Je ne parle pas ici des grandes élévations for- mées par les monts , & même par les chaînes de montagnes qui couvrent une partie du fol : la Nature ne les ayant pas faites pour être habitées , ne les a pas aflfujetties à la règle qu'elle a éta- blie pour les fécondes. On voit donc que Ci les chaînes de montagnes qui fe trouvent dans les Provinces fituées entre les Tropiques , font pra- ticables «n roue tcnis » celles qui font au-delA du trentième degré , ne le font plus en hiver , à caufé des grandes neiges qui couvrent le fol. Ces deux terres, la haute & hhajfsj ne peuvent être mifes en comparaifon avec aucune de celles qui fe voient dans toutes les autres parties du Monde. En effet , quoique Von rencontre dans toutes de vaftes chaînes de montagnes , & qu'il y ait même* des habirans fur leurs éminences &c da:ns leurs vallées , malgré les neiges qui y tom- bent dans la faifon , on n'y voit cependant pas les grandes plaines qui font fur les Cordillères : ■C r lit ftV Discours plaines fi étendues , qu'on ne croiroit jamais y être fur les plus hautes clcvations du Globe. AuHi les Naturels de ces contrées , qui n'ont ja- mais forti de leur patrie , pcnfent-ils que toute la Terre habitable c(l de la même hauteur ou aa mènie niveau , fans faire attention à la profon- deur immenfe à laquelle la Mer fe trouve au- deflbus d'eux. Mais , d'un autre côté , ceux qui n'ont pas vu ces cimes énormes , ne peuvent ja- mais fe figurer la difformité du Globe , dont une partie s'élève ainfi , ôc fe prolonge au-delfus du plan régulier de la circonférence à plufieurs cen- taines de lieues , fur autant de large. ' • Dans cette partie élevée , la Terre eft entre- coupée de vaftes profondeurs , qu'on y appelle Quebradas, C'eft l'efpace que laiflent entr'elles le^ plaines ou les chaînes de n-iontagnes qui fe réparent les unes des autres. L'aire de ces inter- valles a quelquefois deux .lieues, & plus, de large : plus ces Réparations font profondes , plus elles fe rétrécifient. Le fond fert de lit aux eaux qui y coulent , & tiennent prefque toujours le milieu. Ces eaux fuivent les détours & les déviations du terrein latéral ; de forte que fi les deux rives étoient rapprochées l'une de l'autte , elles fe réuniroient exadement , pour ne former qu'une furface unie 8>c fans interruption. Elles conti- nuent ainfi leurs cours dans ces profondeurs en* 4 I '-4- .1 jamais y Il Globe. n'ont ja- ]uc couce sur ou aa a profpn- rouve au- ceux qui îuvent ja- dont une ■deirus du eurs cen- eft entre- y appelle entr'elles es qui fe ces inter- de large : plus elles aux qui y le milieu, ations du leux rives elles fe ir qu'une is conti- leurs eu* I s I C O N D. 19 tre les montagnes , & arrivent enfin dans la par- tic balTe du terrein , d'où elles fe rendent à U Mer. Mais la malle d'eau qu'elles forment dans cette féconde partie , a p-u de protondeur , 6c 5 femblc n'être répandue que fur la furface du fol. On voit ainfi que plus les Cordillères font éle- vées , plus les eaux qui y coulent ont de profon- deur. L'ouverture par où elles fe déchargent tl.uis la paitie balfe , a plus de largeur. Les fur- i faces planes que fuit l'eau , font aulîi plus larges ' dans le bas. C'eft ce qu'on appelle la vai/ée j à l'imitation de ce qui fe fait dans les contrées de la partie balfe , pour les diftinguer , par cette dénomination , de la partie haute habitée , qu'on y appelle Sierra ^ ou chaîne de montagnes. Entre les différens jeux de la Nature , que l'on voit dans la Province d'Angaracz , jeux qui font d'autant plus étonnans ôc variés , que les pays font plus fpacieux & plus étendus , on remarque cette particularité intéreflante pour un œil CU" rieux. Cette Province , qui eft du Département de Guancavelica , renferme différens diftriéts , parmi lefquels eft celui de Conaïca. Il y a une Bourgade , appellée Fignas ^ diftante de neuf lieues de Conaïca. A cinq lieues, fur la route de celui-ci , on trouve un monticule appelle Coro-- funta. Au pied de ce mont on entre dans >ane ouverture , par laquelle s'écoule le rui(feau qu'oii I T •I n )6 Discours y appelle ChapUancas, Ce ruiffeau fuie fa pente encre deux parois de roche , éloignées l'une de Taucre à la diftance de Hx ou huit varas fur une clévatioti de quarance , ôc fans s'élargir fenfible- ment plus en haut qu'au fond de l'ouverture. Lorfque le fond fe refferre un peu , le ruideau en occupe toute la furface : c'eft néanmoins le long du cours de cette eau , qu'il faut fuivre le chemin qui conduit à Conaïca. Mais toutes les fois que le ruilfeau n'a plus que huit varas de large , il faut paffer d'un bord à l'autre , ce qui arrive neuf fois , pour aller chercher le chemin du coté dé la paroi où il s'en trouve un peu éloigné. Ces palfages fe font fur-tout aux dé- viations & aux angles de cette profondeur j car toutes les fois que le lit eft droit , il n'a de largeur que ce qu'il en faut pour l'écoulement de l'eau. Ce ravin , (î on peut l'appeller ainfî , eft creufé dans la roche mcme , & avec tant de jufteffe , que les côtés-rentrans correfpondent parfaitement aux côtés faillans. On diroit que cette ouverture a été pratiquée à dcnfein , avec fes finuofîtés & fes angles , pour donner paffage i l'eau entre les deux parois qui la forment. Tout y eA (i égal , (i uniforme , que fi les deux côtés étoient rappro- chés , ils s'engrèneroient l'un dans l'autre , de manière a ii: plus laiffer appercevoir nxicim jour. :% é [ fa pence ; l'une de s fur une fenfible- ouverture, e ruiiïeau imoins le fuivre le toutes les varas de e , ce qui e chemin e un peu c aux dé- ifondeur .; il n'a de ement de eft creufé jufteffe , faicemenc mverture lofîtés ôç 1 entre les égal , Cl rappro- [cre , de :u4i jour. 'È .1 Second." 5! Ce chemin ne préfente aucun danger ; c'eft une roche folide , dont il ne peut fe détacher aucune pièce pendant le palTage des voyageurs : d'ail- leurs l'eau n'y eft pas alTez rapide , pour d«nnec aucune crainte bien fondée. Malgré cela ©n eft faifi d'effroi : on friflbnne lorfqu'on fe voit eji- fermé dans ce ravin étroit , dont les bords s'élè- vent à cette hauteur en confervant par- tout la même diredion verticale , ôc la mutuelle corref- pondance des côtés faillans Se rentrans, de forte qu'ils femblent vouloir fe rejoindre à chaque inftant y pour reprendre leur état primitif. Cette excavation eft , en petit , un modèle dei vaftes Quebradas ou profondeurs , & fait com- prendre leur origine : elles ne pouvoient être que femblables à celle-ci : tout s'y eftpaffé de même, ou plus tôt ou plus tard. Les flancs en ont été plus ou moins perpendiculaires , jufqu'tu moment o» ils fâ font aftailfés , & ont formé des plans incli- nés , lorfque l'eau faifant de plus profondes ex- cavations , eut miné la bafe qui les foutenoit. Né pouvant plus alors perfévérer dans leur premier état , les terreins ont croulé , & ont pris l'incli- naifon qu'ils ont confervée depuis. La même chofe arrivera néceffairement à ce pafTage de Conaïca j lorfqu'avec le laps du tems , les effets des pluies , des gelées , des rayons folaires , au- ront fait tomber en mine ces parois , quoique de V I )1 liVJ ■ ^ • \ ■i: ■! )»' i« •■■), % |i piscouns ^oche vive j car ces agens puiflans font fentîf leur énergie aux corps les plus durs. Âiniî les bords du Chapllancas perdront infenfiblement la régularité de leur diftance , de leurs côtés ren- trans & faillans , ^près lavoir peut-êtie confervéc plus long tems que d'autres excavations , parce que c'eft une pierre dure , qui n'e# mêlée d'au- cune veine de lerre movihle. Nous pouvons le croire fans héfîter j car ce n'eft que le feul frotte- ment de l'eau qui a excavé ce lit jufqu'à la pro- fondeur qu 1 a. Mais le tems , qui réduit les roches les plus dures en fablon , ira toujours en élargiffant la partie inférieure , par fon action continuelle ^ infenfible : aufli voit-on ce ruilTeau rouler de petites pierres qui fe détachent fous les eaux , comme on en apperçoit dans la plaine où il les entraîne , en fortant de la montagne » pour fe décharger dans un terrein plus fpacieux. Que ce canal ait été excavé à cette profondeur par l'effet continuel du frottement des eaux , ou qu'il ait été ouvert par une fecoulTe de tremble- ment de terre qui fit fendre la montagne , de forte que le ruifleau qui couloir d'un autre côté , fe foit jette de celui-ci, il eft certain que cette ou- verture profonde eft poftérieure à l'arrangement que les terreins eurent après le Déluge ; & oue c'eft ainfi que cqs énormes Qucbradas de la par- tie méridionale de l'Amérique , fe font formées avec % \à A u % ■(15 •» y aiit fentîf Ainfi les fiblement côtés ren- confetvéc is , parce lelée d'au- louvons le eul fiotte- Li'à la pro- réduic les oujours en fon aAion ce riiiiïeaa chent fous s la plaine noncagne » pacieux. jrofondeur eaux , ou tremble- agne , de ut ire côté , Wê cette ou- angement ; & eue e la par- formées avec SECOND. $t I avec le tems , par le frottement du cours rapide des eaux. En etfet ^ on obferve que la force avec ' laquelle s'écoulent toutes les eaux de cette partie § du Globe » fufiit pour arracher des roches d'une I maife extraordinaire. C'eft pourquoi l'on voit en ;^. certains parages des marques évidentes de leurs ex- ^ cavations profondes au milieu même des lits de ces Seaux. Ce ibilt des cubes d'une grandeur énorme, |Mqui n'ont pu être détachés avec, la même facilité jque les parties contigucs. La rivière d'I/cuchaca y Iqui coule près d'un hameau de mèmefiom j nous )réfente dans fon lit Une de ces maffes , dont la forme eft précifément celle d'un cube. Lorfque l'eau eft balTe , ce cube s'élève à fept ou huit varas lu-delfus du courant : chaque côté porte douze 0aras de face. Mais ces mailes , & autres moin*- / Ijîres de différentes formes , qui fc voient dans ■|es eaux , ne peuvent être arrivées à cet état , fins que l'eau les ait dégarnies peu-â peu des >ierres , des fables qui les enveloppoient , èc ju'elle a arrachés de tous côtés pour les lailTer ifolées ; or elles fe maintiendront dans cette pofî- tion , jufqu'à ce que les eaux , cavant de plus en )lus , rencontrent enfin à la bafe des veines de latières friables & dilTolubles , qu'elles pénétre- ront & qu'elles emporteront, en détruifant l'afliette fur laquelle pofent ces malfes jufqu'alors inamo- ibUs» Une crue d'eau confidérable , & qui nji Tome /, ^{J 's-;\ <-^l^^V k^^l»V„ „^,- Xi i 34 Discours laiiTera plus paroître qu'une varas de cette maHe, pourra dans ce tems-là l'arracher, & la faire rou- ler ; mais ce mouvement , & les chocs qu'elle éprouvera de la part d'autres malTes moins gref- fes , fuiïiront pour en brifer les parties faillantes , ôc la réduire en parties moins volumineufes , qui rouleront avec pli^s de facilité j & qui par cette feule caufe dimiiiueront encore. C'eft à cette caufe qu'on doit attribuer ces quantités prodi- gieufes de pierres répandues çà & là fur les bords de ces eaux , de même que ces roches énormes qu'on y voit détachées , 6c que jamais les for- ces humaines n'auroient pu mettre en mouve- ment. , :^ Mais peur donner une idée quelconque de la i profondeur de ces excavations , relativement au terreîn ou au fol habitable de la partie haute de l'Amérique , il eft à propos de rapporter quel- ques expériences. Guancavelica eft une Bourgade, ou un Corps municipal, (itué dans une de ces profondeurs^ formées par différentes fuites d'éminences. Le mercure du baromètre y defcend , & s'artcte à « dix-huit pouces une ligne Ôc demie. Sa plus grande variation y eft de i ^ à i |. Sa hauteur eft donc de 1949 toifes , ou 453<> f varas au- deifus du niveau de la Mer, Au haut du mont où fe trouve la mine de mercure , mosc qui . '• .'^y second; 35 eft habitable par-tout , & qui eft immédiatemenc furmonté par d'autres , autant qu'il s'élève au- defTus de Guancavelica , le mercure defcend & s'arrête d 1 6 pouces C lignes. Sa hauteur eft donc de 2537 f toifes, ou de 5448 varas au-delfus du niveau de la Mer. Âinii la haute fuperâcie du mont où eft la mine , s'élève i 9 1 2 | varas au- deffus du fol fur lequel eft iitué Guancavelica* Or cette profondeur a été excavée par les divers courans d'eau qui defcendent de cette montagne depuis le déluge , & qui viennent fe réunir avec celui de Guancavelica , qui fort de l'autre par- tie que l'on appelle le Ycho* Le mercure s'arrête à 19 pouces 10 lignes,' [dans le village d'Ifcuhaca , qui eft à une lieue Ide Conaïca , ( au diftriâ: duquel il appartient ) à huit lieues de Guancavelica. Or cette hau- teur du mercure répond à 1575 toifes ou ^66% /aras refpedivement à la Mer. Mais ce fol eft ie 857 varas plus bas que celui de Guaucave- Ifca \ profondeur qui eft l'effet des excavations le la rivière Ifcuchaca. Cette rivière reçoit la îuancavelica , mais dans un terrein encore plus bas que celui du village. Les eaux ont dond reufé à la profondeur de 17CÏ9 f varas de- kiis la hauteur du mont , où eft la mine de mer^ lire , outre ce qu'elles ont de plus bas qu'jl tcuchacâ, ^ C* II; !■' ** ' jto * ■ .-:-/■■. ïm r D 1 s C O U R s Le terrein , ou la fuf erficie plane , où efl: ilh )liis d' les 'élévation que les eaux de la rivière , lorfque ces eaux font haures de dix ou douze varas j ce qui en eft la profon- deur ordinaire : car on verra plus bas que le cours n'en eft pas régulier. Ainfi les eaux ont encore fait cette autre excavation comme il eft facile de le voir par des indijces manifeftes. On remarque en effet dans la partie voifine de leur lit , des roches détachées , toutes femblables à celles qui font au milieu des eaux j ce qui prouve que les eaux ont été au même niveau à une époque beaucoup plus ancienne , 6c qu'elles ont excavé le fol , à force d'en arracher les par- ties aggrégées. Ces terreins font ouverts par un fi grand nom* bre de courans , qu'il n'en eft aucun ou l'on n'en apperçoive , foit dans des ravins , foit entre des montagnes. J'ai obfervéque la fuperficie des terreins cjui en avoillne les lits , eft plus unie aux confluens , où pluficurs de ces co'irans fe réu- nifient. Cela vient de ce que l'éminence , qui fe trouve au confluent , paroît avoir été dimi- nuée à la partie où elle a du former une pointe . faiilante , à mefure que les eaux l'ont rongée de l'un ou de l'autre coté , en continuant leur excavation. Ces furfices planes font comme par étages 5 les unes plus hautes que les autres, ôc fe ' i° ■Vil e , où eft \Q les eaux haïues de la profoii- bas que le i les eaux omme ileft lifeftes. On fuie de leur miblables à c 'y ce qui ême niveau , &c qu'elles cher les par- i grand nom* un où l'on s , foit entre iiperhcie des us unie aux rans fe réu- ' mence , qui ir été dimi- • une pointe ^: 'ont rongée tinuant leur comme par luttes j & fe SECOND. J7 font infenfiblement formées, félon que leau s'eft i plus ou moins arictée à différente hauteur , pen- ;|-dant qu'elle creufbit ces lits. On oblerve , au 4 contraire , que les bords élevés dans ces courans, % n'ont prefque point de largeur dans les endroits É où l'eau a pu fuivre fon cours très - dirediement, C'eft cependant fur ces bords étroits ôc efcar- ^pés que fe trouvent pratiqués les chemins par ou [l'on pade. Le danger y eft très grand : car à Ipeine un animal peut-il y pofer le pied» Tou- tes les fois que le courant fait un détour , la furface des bords a plus de largeur ; cepen- lant moins que lorfque plufieurs fe réunilTent. voit facilement pourquoi. L'eau forcée de fe létourner, s'éloigne plus de la rive que quand tlle va en ligne droite , & ronge ainfi le côté lillant fur lequel elle fait fon détour , Sc qui e.n levient comme le centre. On peut conclure de ce que je viens de dire , quelle élévation eft la partie haute ou monta- ;neufe de l'Amérique , relativement a la par- tie bafle , 6c qu'il y a des excavations extic- Imemenr profondes ; car elles ont , comme je l'ai ■déjà dît , 17^9 I varas perpendiculaires , ou même davantage : cependant elles ont alfez du furface pour devenir le local de nombre d'habita- tions fort peuplées , qui entirent tous les produins iccefiaires à la vie. Parmi cqs Quehradas^û en ett C 5 - ient ailleurs, res de cette pns les con- X , pour fe . Quoiqu'il ce que nous le différence ms la partie »s onze mi- id. Le fleuve plas grands Sud. Dans lelle Vhivei'i 1rs lieues à '( s B C O N D.^ )9 diftancc. Ces inondations commencent en Dé- cembre, lorfque le foleil eft au tropique du Capricorne : & c'eft l'abaiflement du pays qui (Cn la cau{e. Les rivières n'ont pas de pente fen- ^^fible. Groflies par les eaux des pluies , elles for- ^;,tent bientôt de leurs lits ; & pour peu qu'elles ffurmontent leur rives ou leur niveau ordinaire , :ela fuffit pour que la terre foit couverte , comme je l'ai dit. On eft alors obligé de faire route à :heval , & de prendre avec foi des guides expcri- lentés. Mais l'eau n'eft jamais plus haute dans un ' Androit que dans l'autre. La terre eft fangeufe , rouverte d'un grand nombre d'arbres , qui , vu ('humidité du fol & la chaleur , y croiftent ra- pidement , 6c font bientôt garnis de tout leur feuillage. On ne remarque pas la même égalité ijans la pence des aunes cerreins bas qui fe por- tent plus loin vers le Sud. Ils y font auffi un jpeu plus élevés , ce qui les empêche d'être pa- îillement inondés. En général , c'eft un fol fa- )lonneux. Le plus ou le moins d'élévation , & nature du fol, font donc deux circonftances lui les différencient. Les hautes Cordillères fe prolongent prefque ufques dans le voifinage de la Mer du nord , long des côtes qui s'étendent de Cumana à ^ortobelo, & tournent par la baie de Hondu- ras. Mais dans la contrée où elles fîniffent, juf- C4 Vf- . I' m m ] ^ lift II 'il 40 Discours qu'au bord mcmc de la Mer , le terrcin eft bas SL une alTez grande diftance , en partie expofc aux inondations , ôc en partie un peu plus élevé j ce qui en garantit le pays. Néanmoins les ter- reins qui avoifinent les grandes rivières , telles que VOré'noc , la Maddaine , le Sinu y le Choco^ ôc autres , forment des plaines de plufieurs lieues d'étendue, dont les cotes commencent par des terres trés-bafTèsj qui gardent, les unes plus que les autres , la même pofition , fans fortir de ce niveau. Plufieurs Naturaliftes penfent que les grandes rivières donnent peu- à-peu plus d'éten- due au pays avec les limons & autres matières qu'elles détachent dans leurs cours , & qu'elles dépofent fur les bords de la mer a leur em- bouchure : de forte que les eaux de la mer fe trou- vent de plus en plus éloignées des anciens rivages. De là vient, félon eux, que la partie la plus proche de la mer eft la plus baflTe , & que l'intérieur des terres s'élève un peu au-delfus de ce niveau à la diftance de quelques lieues. D'autres on: penfé différemment : mais , quoi qu'il en foit, il eft conftant que les grands fleures de cettu partie , traverfcnc , avant d'arriver à la mer , de vaftes contrées très -plates & très -régulières , dont les tcrreins font Ci bas , qu'ils fe trouvciu bientôt fubmergcs à la moindre crue des eaux. Il en eft de même des contrées oriemaki ein cft bas nie expofc plus élevé j ns les ter- res , telles , le Choco , leurs lieues îiit par des les plus que fortir de ce nt que les plus d'écen- es matières & qu'elles à leur em- mer fe trou- iens rivages. :>lus proche l'intérieur ce niveau autres oiu 'il en foir , de cette a mer , de régulières , fe trouvein :î des eaiix. orientaki ;s Second. 4* de cette partie de l'Amérique ^ depuis l'Oré- noc jiifqu'à la rivière de /a Plata» La partie haute , dont il s'agit , ell environnée d'uiie cir- conférence de terreins bas qui s'étendent même encore pins loin de ce côté-ci , qu'à l'oueft : car ils correfpondent diredement aux plaines de Buenos-Ayres , qui font très-vaftes , a celles du Paraguai 6c du Tucuman. Mais ces pays étant fitués loin de la Mer , ne font pas inondés, parce que le niveau en eft un peu plus élevé. L'ifle de Cur. jao , qui appartient aux Hol- landois, s'élève en forme de pain de fucre. Celle de la Jamaïque eft une chaîne de montagnes afTez élevées j mais comme elle n'eft pas loin de Cuba, les terreins qui iîvoifinent la mer, au Sud , font abailTés & plats. Auflî font-ils en grande partie couverrs d'eau , lorfqu'il furvient quel- que orage qui fond en pluie. Les terreins mon- ta;_Mieux font à fon centre , fans cependant ctre d'une extrême hauteur. La partie qui eft au Nord-Oiieft eftbaiïe : l'ifle s'élève à l'Orient, for- mant des montagnes qu'on ne peut comparer , qu'avec une très-grande différence , à la hau- teur de celles de l'Amérique méridionale. L'ifle de S. Domingue eft élevée en grande partie , & même efcarpée à l'Oueft. Ainfi l'on voit que la Nature n'a gardé aucune règle fixe dans la poHtion qu'elle a donnée aux différens terreins , M?. I :-'■ II 4k I s C O U R « I i> :Li,4 t •, fans cloute, l'unifo éviter, laiis cloute, 1 unitormitc, puirqu*àiUs des diAances peu cloignces , elle a H varié les chofes d'une même efpèce. La Floride & les terrcins qui s'ctendeiic de- puis Tes limites vers le nord , en y comprenant les contrées de la nouvelle Angleterre jufqu'au fleuve S. Laurent , font en général des pays plats. Ils s'étendent de cette manière à plufieurs lieues dans l'intérieur , jufqu'aux montagnes des Apa- lâches , qui vont du Sud au Nord , & font fépa- rées des cotes de la Virginie & de la Caro- line , d'environ 25 à 50 lieues. Les terreins qui répondent au golfe du Mexique , dans toute fa circonférence , font dans une femblable po- rtion. Les terreins élevés fe trouvent en géné- ral éloignés de la Mer , de manière que la na- ture paroîc avoir voulu placer les hauteurs au centre des terreins , en abaifTant & applatilTant ceux qui avoifinent la mer : en effet , ils fem- blent en fortir : il y en a même beaucoup qui fc trouvent fubmergés à de très - grands efpaces lorfque la marée monte , & qui ne reftent dé- couverts que quand la Mer s'eft retirée. C'eft ce qui arrive aiTez ordinairement à la Havane , du côté qu'on appelle les Gaies. Mais ce phé- nomène fe remarque plus fenfiblement dans la baie de Penfacola & à la Louiiiane \ circonftance qui me fait en donner l'explication. » 'H ifqu'à lies varié les ident de- mprenanc ; jufqu au )ays plats, urs lieues des Apa- font fépa- la Caro- s terreins lans toute jlable po- en géné- ^ue la Ha- uteurs au )plati(rant , ils fem- jp qui fc efpaces eut dc- C'eft ce avane , ce phé- dans la Ion (lance Les Minifip terreins 8 1 e o N d; 41 font Cl bas à rembouchure de y MiHifipi , qu'il y en a une grande partie fous *IB Teau : de forte qu'on ne peut mcnie les dif- cerner que pat les joncs qui s'élèvent au-deflus. C'eft ce qui rend d'un fi difficile abord toutes les côtes contigucs. En effet , la Mer les couvre totalement ; & il eft impoflible de les diftinguet de loin. D'autres terreins fe trouvent fous l'eau â marée montante , & au deffus , lorfque la mer s'eft retirée : ce qui fe remarque jiifqu'à quinze lieues intérieurement en - deçà de l'embouchure. Il y a même Ci peu de différence dans le niveau des terreins, depuis la limite de ces quinze lieues, en remontant le fleuve plus loin j que les habi- tans n'empêchent les crues d'eau d'inonder le pays j que moyennant les digues de terre qu'ils élèvent à la hauicui la plus haute où les eaux peuvent monter , félon l'expérience qu'ils en ont. La même chofe arrive , à peu de différence près , dans les pays que ce fleuve parcourt au Nord , au-delà des 550 lieues connues de fon cours. Néanmoins il eft facile de voir que les pays s'élèvent à proportion qu'ils font loin de la Mer. D'ailleurs , la pente du fleuve , quelque foible qu'elle foit j prouve demonftrativement une élé- vation dans 'les terreins : auflî , à mefure qu'ils s'éloignent des côtes , ne font-ils pas fî fujcts à être fubmergés , quoique les eaux s'élèvent , ^ I 4 11 'V .^. ...*•». ^ W7 i;.-!' t,i > ' .' fflv: i;j lii' ï ) fi 'ii;' j 1 ! r ( ■ il •■' 1 ! '44 Discours mauée montante , prefque à la hauteur des digues, II en eft de même du vafte efpace qui s'é- tend à rOueft & au Nord. Ce font de grands pays plats , entrecoupés de rivières , qui , rtuiiies à d'autres , vont enfin fe jetter dans le Miilîlïîpi , & dojit la furface plane eft interrompue par quelques monts ifolés , jettes cà & là fur le ter- rein. Ces plaines s'étendent de la même ma.- nière au Sud , où elles vont rencontrer les mon- tagnes de l'Amérique feptentrionale , dont la chaîne fe porte jufqu'à la mer de Californie, &: aux pays qui font au Nord de celle-ci. Ainfi , il y a plufieurs centaines de lieues de plats pays., «Sj unisj depuis les Monts des Apalaches , juC- qu'à l'endroit où commencent ces montagnes oc- cidentales. • En conféqueiTce , on peut confidérer la par- tie de iV^iiérique ^ qui s'étend depuis le :. 5*= degré , vers le Nord , comme divifée en deux parties: favoir , la première qui eft la plus éteu- due du Sud au Nord , & de l'Eft à l'Ouell , renfermant de vaftes terrains plats & bas , en tiecoupés de nombre de rivières , & interrom- pus par des monts ifolés : la féconde y^ celle qui correfpond à la Mer occidentale de la Californie, renfermant des terreins élevés comme le Pérou, ^' qui font les royaumes de la nouvelle Ei^- pagne j de la nouvelle Galice &: de la noa- m 'M %4 les digues, î qui s'é- rands pays rctuiies à Miffiifipi , »mpue par fur le ter- ne me ma- r les mon- , dont la Californie , -ci. Ainfi , plats pays., iches , juf- itagnes oc- er la paK- juis le ?. 5"= e en deux plus éteu- l'Ouell , bas , Cil inrerrom- celle qui alifornie, e Pérou , Ivelle Ef- à. w -1 1/ 1 a noii- S E C O î4 O. 4f vellc Èifcaye. Quoique ces contrées foient fort étendues , on ne peut cependant les compater avec la partie qui s'étend depuis leur pente juf- qu'à la chaîne des montagnes occidentales des Apaiachesj & depuis la partie orientale de celles- ci jufques vers l'Océan , le long des côtes de la nouvelle Angleterre. On ne connoît pas cette partie de terreins élevés qui s'étendent jufqu'à la Mer de Califor- nie : ainlî l'on ne peut déterminer combien elle s'élève au-deffus du niveau de la Mer , ni fa largeur de lEft à l'Oueft. Ces hauts pays font la continuation de l'Amérique méridionale. Après en avoir occupé le milieu , du Sud au Nord , jufques près des côtes de Caracas ,' Ste. Marte , d'une partie du Dariel , ils fe relFerrent , fe con- tinuent dan? Ip Royaume de Terre -ferme , rifthme de Panama , où ils fe réduifent à une chaîne étroite de montagnes qui ne font même pag fort élevées. En pouffant plus loin dans le Royau- me de Guatimala , on voit les terreins prendre plus d'étendue & d'élévation , & fe continuer ainfi par les Provinces des Royaumes de la Nou- velle-Efpagne , pour fe perdre enfin dans les pays du Nord de cette partie de l'Amérique , que Ton ne connoît pas non plus ; car on n'y a fait encore aucune découverte. Il y a dans cette partie de TAmérique beaii- / •Vh; I l/lfli ^6 t)tscouiis coup plus de terreins bas que de pays élevés ; ce qui n'a pas^ lieu dans la partie méridionale , not. obftant les plaines qui s'étendent de fiuenos- Ayres an Tucuman , „& du côté des rivières nom- mées ia Grande y Maragnon j Orenoc j & autres , très-profondes & fort larges j car les hauts ter- reins ont toute l'étendue dont j'ai fait mention , & occupent la partie intérieure ou le centre de cette vafte partie du Monde» On ne connoit ni l'origine du Midîfîpi , ni le cours qu'il fuit jufqu'au 43* degré. Mais autant qu'on peut le préfumer des rapports des nations Indiennes , il eft probable qu'il vient de l'Oueft, 6c prend fa fource dans les chaînes de monta- gnes qui fe portent vers la Mer au-defTus de la Californie. Quoique ces pays avoiflnent les Royau- mes de la Nouvelle-Efpagne , on ne les a pas encore affez exactement reconnus j ainfi l'on n'en a que des notions très-obfcures. Il fe préfente ici une réflexion que je ne puis omettre \ c'efl: que les pays où l'on a le moins pouffé les découvertes dans le Pérou , font le» pays plats qui s'étendent depuis la croupe orien- tale des Cordillères jufqu'à l'Océan. Mais en voici la raifon. Entre ces pays & le BréHl , il y a de vaftes contrées où tout eft encore dans l'état primitif de la Nature. Les habitans font des peu- ples fi barbares & fi grofliers , qu'ils vivent com^ U »'.'■ » a- m I kf, SECOND. 47 me des bêtes , & n'en diffèrent qiie par la figure. Oii connoît , au contraire , les vaftes plaines de l'Amérique feptentrionale , qui s'étendent depuis les limites de l'Océan , dans la Nouvelle-Angle- terre , jufqu'aux montagnes des Apalaches , & de-là au fleuve Miflifîpi , pour aller former les Cordillères de la partie occidentale. Mais les au- tres pays qui confinent à ces plaines 3c à la Nou- velle-Angleterre , jufqu'à la latitude du Canada , ne font pas plus connus que les plaines du Pérou qui font entre l'Orenoc & le Maragnon. On ne fait pas encore pour quelles raifons on a négligé , ou pourquoi l'on pourroi^ erre curieux de dé- couvrir les contrées o ■'' font entre ce dernier fleuve & la rivière i-rri-'-de j en fuivant jufqu'à Buenos- Ayres & vers le Sud. En effet , fi Ion alléguou le froid des montagnes qui fe trouvent dans l'Amérique feptentrionale , depuis le 57* degré jufqu'au 46* , on verroit., d:'un autre coté » que les pays inconnus dans la partie méridionale, commencent près de l'Equateur , ôc vont de-là jufqu'à Buenos-Ayres & au détroit de Magellan : ^ainfi l'on ne peut alléguer ici le froid ni les jnonts efcarpés des Cordillères. Il n'y a donc pas d'autres raifons à donner , que le fort des chofes humaines qui fe découvrent les unes plus ipt , les autres plus tard. Les pays nontagneux des Andes de l'Amérî- % -^'jr ■Il ' 48 t) I s C O tJ R s que méridionale étoient habités p-^r des NationJ policées à certain degré , lorfqu on y entra j voilà pourquoi la conquête n'en fut pas difficile. Mais les plaines qui s'étendent depuis ces contrées^là jufqu'au Brélil , font habitées par des Nations barbares , qui ne connoilTent aucune civilifationj c'eft pourquoi il a été difficile d'y pénétrer , de les bien connoître , ôc de former aucune liaifon iavec elles. 11 en eft de même des pays monta- gneux qui font au Nord. Les .uns Se les autres relieront dans cet état , jufqu'à ce que le tems ouvre peu-à-peu des voies de communication , -& qu'on connoifTe enfin le caraébère national des habitans , les plantes , les animaux , & autres chofes particulières , qui ne fe trouvent pas en général dans les autres parties du Globe. Il paroît que le fond qui eft fous les eaux eft, à L'égard de la fuperficie plane ou inégale , dans ies mêmes rapports que les terres du Continent. £n effet , on remarque dans ces parages que , par-tout où ces terres forment une fuperficie plane ôc fort étendue , les fonds des eaux qui en baignent les cotes, ont auffi la même uniformité; ce qui eft fenfible dans les endroits que les Ma- rins Efpagnols appellent Sonde j & oii l'on trouve toujours le fond , à une aflTez grande diftance même d'où l'on découvre la terre. Enfuite on remarque que là profondeur de l'eau diminue toujours - «v.*aMi .'.»*^ '«*' ,c^S-ii^^^^.-,i''..:. A^i^^ÊkKtat*né^ s NatlonJ cra j voilà île. Mais ontréeS'là s Nations vilifacion ^ itrer , de ne liaifon ys menta- les autres le le tems unication » ational des , & autres eut pas en S eaux qQl > ;ale , dans Continent, [âges que » fuperficie lux qui en liformicé ; ie les Mâ- 'on trouve le diftance [nfuite on diminue toujours ■i second; 49 ©ujours à proportion qu'on approche de la côte : 'eft ce qu'on reconnoîc auflî fur les côtes de la ^loride , dans la Baie de Penfacola , & dans .itoute la partie connue fous le nom de Golfe du exique , qui comprend les côtes de Campcche celles de Honduras. Mais il n'en eft pas de même ou la Terre s'c- ève beaucoup près de la mer , ou à peu de dif- ance : l'eau y eft très-profonde fur les bords èmes. On ne trouve pas non plus le fond à la "onde fur les côtes de la mer du JSud ; il faut y tre d la vue des terres , & même alfez proche , •our trouver le fond. tLes fonds plats que couvrent la mer font auflî cguliers ôc auflî unis que les plats pays eu Conti- l^ent : c'eft ce que démontrent lesplacerès ou para- fes de peu de profondeur. Les vaifleaux traverfent ^elui de la Vivora^ par la partie de l'Oueft de Caf- jfavelj ôc courent douze lieues du Sud au Nord au- ^efllis d'un fond lî uni , qu'il n'a prefque par-tout ue douze bralTes , & jamais treize. Mais auflii-tôt u'on s'éloigne de cette diftance , la profondeur evient fî confidérable , qu'on ne la trouve plus à inquanre brafles. On voit par-là , que fi les eaux ui couvrent cette furface venoient à fe retirer , n appercevroit une plaine de douze lieues du ord au Sud , & qu'elle feroit , dans le rapport ù les hauts teireins, qui font fur l'une ou l'autre Tome /. D n ... M jô DiscouAs cime de rAmérique méridionale , fe trouvent relativement aux profondeurs qui les environ- nent. Lorfqu'on pafTe de la Trinité à Batavano , l'on fait plus de la moitié de la courfe fur un haut-fond , qui ne permet qu'aux petits vailFeaux de s'y expofer. Parmi les diffcrens fonds qu'on traverfe , il y a une efpèce de langue de terre prolongée , qu'on appelle le Queùrado de Cayo- Cacao j & fur laquelle on ne trouve que onze pieds d'eau. Les vailfeaux qui doivent y palTer , n'avancent qu'en labourant avec la quille , pen- dant environ cinq quarts-d'heure. Or , (i la fu- perficie n'en étoit pas uniforme , les vaiflTeaux fe trouveroient bientôt engravés , faute d'eau fuffi- fante. Sur les côtes on trouve douze a vingt pieds d'eau , & l'on a ainfi trois ou quatre lieues a faire ^ fans que la profondeur de l'eau aug- mente ou diminue. Ces -fonds unis ne peuvent être mieux comparés qu'aux plats- pays de la Ha- vane , où les terreins fons (î bas & fi unis , que lès pluies en couvrent bientôt la furface , parce qu'il n'y a pas aflTez de pente pour le prompt écoulement des eaux. Les hauteurs & les plaines étendues qui font fur les terreins élevés de l'Amérique , ou de ce Monde placé au plus haut point du Globe , jious donne l'idée des terr^^" qui font couvertes ■ 'm '. Batavano , 3urfe fur un tics vallFeaux fonds qu'on ^ue de terre do de Cayo- ive que onze ent y palTer , quille , pen- 3r , (î la fii- » vaiffeaux fe e d'eau fufli- 3uze à vingt quatre lieues e l'eau aug- ne peuvent ys de la Ha* [fi unis , que face , parce le prompt second; 5,1 l'une mer îmmenfe , & nous fait en même tems Imiter la fageffe infinie de l'Être fupr'me (ans l'ordre & les rapports fenfibles qu'il a établis \n certaines chofes , tandis que dans d'autres il ss a dérobés à. notre pénétration , afin que la iriété ne fût pas une règle confiante qui eût ;s contraires uniformes dans toutes -s ^ ties le l'univerfalité. w Dx IhM DISCOURS TROISIEME. Des températures & des climats des divers Terreins de cette partie du Monde* JLL falloic , fans doute , qu'il y eût dans les pat- ries qui conftituent le Globe certaine harmonie & un accord général , de manière que les unes répondiflent aux autres , & que cependant une variété fenfible les différenciât les une. ' '^ au- tres. C'eft ainfi qu'on remarque un rapport gé» néral entre les inégalités des températures , & celles des contrées de la Terre. Les ardeurs de la Zone Torride méridionale ne s'y font pas fentir également par-tout , & Toh obferve aufli en été ces grandes chaleurs dans pluiîeurs con- trées de la Zone Tempérée. Les froids & les gelées , la rigueur des hivers , font des effets fort naturels dans celle-ci : cependant ces effets , qu'on ne foupçonneroit pas avoir lieu dans h Zone Torride , y font portés au dernier degré, & très - pénibles pour ceux qui les éprouvent. Non-feulement ces effets y font naturels , ils y >ers Terreins laiis les par- ie harmonie jiie les unes )endant une une.. "S an- rapport ge* racnres , & ardeurs de l'y font pas ibferve auffi .ifieurs con- oids & les It des effets |t ces effets , [eu dans h ner degré, éprouvent. Irels , ils y j* Discours troisième. 53 ''^; font même continuel: , comme dans les pays éloignes du foleil , fi l'on excepte une très-courte intermiflîon entre les deux faifons les plus oppofces. es faifons font généralement en raifon de la pro- edion plus ou moins direéte des rayons du fo- il i c'eft pourquoi la terre s'imprcgtie d'une lus grande partie de molécules ignées dans les outrées où ils tombent le plus perpendiculaire- ent. La rciîexion en efc d'autant plus fenfible , Iju'elle fe fait avec plus de force , ôc que les yons réfléchis coïncident plus avec ceux de incidence. De- là vient qu'ils foiiC plus d'i'm- IprelHon fur nos corps , & que la chaleur eft plus nfible , plus incommode , à proportion qu'elle plus force. On fait que la divifion des faifons de l'année pour caufe la dlffcrcnte direiftion des rayons laires , foit oblique , foit plus rapprochée de la rpendiculaire. En conféquence de cette règle ^ncrale , la chaleur devroit donc être , fous l'É- uateur , beaucoup plus grande qu'en toute autre artie du Globe. C'eft aufîî ce qu'on penfoit an-' iennement. Il étoit , en effet, fort naturel de onclure de ce principe , que la chaleur devoit être beaucoup plus fenfîble que dans les con- 2es qui s'en éloignent. Cependant cette confé- uence elt faulTe , parce qu'il y a d'autres caufqs ui font des exceptions à la règle , ^ ne peu- D3 ■m .« i ■ I - ^1 ^4 Discours mettent pas qu'elle foit abfolument conftame. Comme il efl donc des circonftances qui s'y oppofent , il arrive que près de l'Equateur , & mcme delTous , il y a des climats où l'on fent un auflî grand froid que dans les Zones Tempérées près des Zones Glaciales. Il eft, au cotiiraire, aux extrémités de la ZoneTorride, & dans les Tem- pérées , des contrées où l'on éprouve des chaleurs audi accablantes que fous l'Equateur , ou tout près. La première caufe de la chaleur eft afTurémem Tadivité des rayons folaires j mais il y a encore d'autres caufes , qu'on peut appeller fecondaires, & qui en modifient l'effet , l'arrêtent même tota- lement , ou en font réfulter des influences toutes contraires. Un nuage qui fe trouve interpofé en- tre le Soleil & une partie de la Terre , eft comme un rideau qui s'oppofe à fes rayons , & ne leur permet plus de paifer outre : d'où il ar- rive que la contrée fur laquelle ils dévoient tomber , & qu'ils auroient néceffairement rendu plus chaude , n'éprouve que des chaleurs d'au- tant plus modérées , que ce nuage refte plus long tems interpofé. D'un autre côté , l'air eft toujours pl^is fubtil & moins pefant dans une contrée plus élevée: les rayons du foleil pouvant s'y divifer en faif- eca«x beaucoup moins volumineux que dans une '■if. TROISIEME ^5 Athmofphcre plus denfc , s'y rcfléchiirent aufli en mcme raifon , & peuvent moins fe réunir. Il en refaite donc , que le degré de chaleur y fera moindre que dans un air plus denfe & plus pe- fanc , qui fait tendre les particules ignées à la réunion , s'en imprègne , & les refléchit avec plus d'énergie. Outre cela , l'air eft ordinaire- ment plus agité dans des contrées très- hautes , que dans les pays bas : or, ce mouvement brife , difperfe une partie des rayons o\\ des particules ignées , félon des directions différentes de leur incidence naturelle ; ce qui en rend auili la réâc' xion plus oblique. L'élévation des contrées Ôc les irrégularités de leur furface , ne permettent pas non plus aux rayons de tomber en gros faifceaux fur le même centre , comme il arrive fur la fur- face générale du Globe. Cette divifion des rayons doit donc autîî en diminuer les effets , c'eft-à- dire la chaleur , qui ne peut plus y être ex- ce/Iive. Outre les caufes précédentes , & dont la réa- lité eft prouvée piir l'expérience , il en eft en*» core une plus énergique. Selon les Naturaliftes , l'acide nitreux eft le plus léger des trois pre- miers acides qu'on connoifle dans la nature : il eft en mème-tems très-volatil. Or c'eft au con- cours de cet acide qu'on attribue la formation de la neige, de la grcle , de la glace : effets qu'on ne peut D4 y .\t Il I ^â Discours chercher que dans une région un peu plus élcvce de rAtmofphèrc. Ainfi , plus les terreins fe trou- veront clcvcs , plus ils feront proches de cette rcgion , ik plus les effets y feront contraires à ceux de la chaleur. Voila pourquoi l'on obferve de la neige fur les hautes cimes des monta- gncs , au pied defquelles il n'y en pas j & pour- quoi on y fent au coutraire de la chaleur. Or ce phénomène eft fi ordinaire , qu'il n'y a pas de contrée où il ne fe manifefte. Si donc on fe figure des cîmes d'une hauteur immenfe , telles que celles qu'on obferve dans les terreins |éle- vcs de l'Amérique méridionale , & d'une auflî vafte étendue , on comprendra cjue ce phéno- mène doit y ctre d'autant plus naturel, quoique ces cimes foient fous l'Equateur ou auprès j comme il l'eft dans les hautes' montagnes de l'Europe. La feule différence qu'il y a ici c'eft qu'en Europe , cet effet arrive fur des montagnes de 1500 à 2000 varas , au Heu qu'en Amérique le concours des circonftances produit fon effet fur des monts de 40*0 à 5000 varas, & quelquefois plus hauts. C'eft ainfi que la Nature s'eft fait un jeu Ci fingulier de fes opérations, qu'elle en a totale- ment varié les effets par le moyen d'une caufe accidentelle , & leur a aflîgné un ordre tout dif- férent que celui qu'ils auroient fuivi, s'ils avoient IM^ plus élevée ins fe trou- 5s de cette ^ncraires â on obferve es monta- i y & pour- sur. Or ce / a pas de onc on fe nfe , telles rreins |cle- d'une aufli :e phéno- , quoique Li auprès ; nontagnes 1 y a ici î fur des au lieu onftances > à 5000 TROISIEME. 57 ctc fuborclonncs à la caufe générale. La mcnic clîofe cil arrivée dans l'ordre oppofc; car les contrées qui dcvroient être moins chaudes , &■ fe rapprocher niane des pays froids par la pofition du climat, ne font point telles. En eifet, la continuation de très-vaftes plaines qui font en même - tems fort balfes , le peu de mour vement de l'air , la denfité Se la pefantcur de rAtmofphcre , femblent y concourir de com- mun accord pour rendre les effets des rayons ; folaires plus fenfibles. Voilà pourquoi l'on éprouve i dans ces contrées , des chaleurs particulières , en général , à la Zone Torride , quoique ces pays foient fitués dans la Zone Tempérée. On craint généralement de pafTer la Ligne ^par Mer , a caufe des accidcns qu'on attribue Idiredcment à l'effet de la chaleur , & à caufe ides maladies qui en réfultent. On ne peut nier ices inconvéniens : cependant les chaleurs ne font pas aiifli grandes qu'on le croit. Si d'ailleurs il eft certain que les équipages y font attaqués de fcorbut , il n'eft pas moins vrai que cela n'ar- rive que quand les vailfeaux ont déjà fait un très- long voyage. En effet , on éprouve dans les con- trées qui ne font pas fous l'Equateur , & même hors de la Zone Torride , des chaleurs beau- coup plus grandes qu'en mer fous la Ligr.e même : cependant il n'eft pas ordinaire d'y voir le fcor- \t i V \1. Un m % il oU !,! 'ipl 58 Discours but , mais les maladies qui proviennent de la dilatation extrême & du grand mouvement des parties des Huides , enBn de la corruption du fang y ainfi la chaleur exceiîîve peut feulement contribuer fous la Ligne à ce que le fcorbut s'y manifefle plus promptement > fans en être la première caufe. On doit chercher cette caufe dans l'air qu'on refpire fur les vaiflTeaux , dans les vaiflèaux, dans les alimens mal fains dont on ufe , dans l'eau corrompue, dans l'Atmofphère toute dif- férente de celle de la terre. Auffi remarque* t-on dans les voyages de long cours que le froid excefîîf produit autant le fcorbut que la cha- leur. Ceci prouve que cette maladie n'eft pas fi à craindre en paflant la Ligne , lorfqu'il n'y a pas fi long-tems qu'on eft forti du port, que quand on navige dans des parages très- froids ^, comme au cap de Horn , après avoir été long-tems en mer fans prendre de vivres frais dans quelque port » & fans rétablir les humeurs dans leur état naturel par l'air favorable de la terre. On palTe fouvent la Ligne dans les Mers du Sud 5 pour fe rendre de Callao ou de Guaya« quil à Panama , & pour en revenir , fans néan- moins épiorver aucun dérangement de fanté. C'ciî: (àrvo doute parce que ces traverfées fe font înnent de la uvement cks irruption du it feulement ï fcorbut s'y en être la s l'air qu'on ; vaiilèaux, i ufe , dans î toute dif- remarquC' que le froid ue IfL cha- ladie n*eft î , lorfqu'il i du port, rages très- s avoir été /ivrej frais s humeurs able de la Mers du le Guaya- ^ns néan- àe fan té. es fe font TROISIEME. 59 en peu de jours : car lî elles étoient de plu?; long cours , les navigateurs en cprouveroient les mcnies effets fâcheux , que dans tout autre cas fcmblable. On voit donc que ces effets fonc moins dûs à la grande chaleur qu'à toutes les autres caufes qui fe rcunilfent dans les voyages de long cours. ALiis pour prouver que la chaleur n'eft pas fous la Ligne ( en mer ) aufîî grande que dans des parages qui en font éloignes ^ voici ce qui a étc obfervé en difit'crens endroits. En paffant la Ligne en 1758, dans le mois de Mars , tems où le foleil doit y faire fentir toutes fes ardeurs , puifque c'eft alors qu'il y palIe , on obferva le 3 de ce mois que la déclinaifon méridionale étant de 6 degrés 42 minutes , & le vailfeau fe trouvant pour lors à une déclinaifon de 7 degrés 47 minutes , nord , le Thermomètre de Rcaiimur marqua 20 degrés J à deux heures aprèî midi , & qu'il n'y eut point d'iUigmentatioii fenfible. Le 14 du même mois, la déclinaifon méridionale étant de 2 degrés 25 minutes, & le vailfeau fe trouvant X 3 i minutes , au Nord de l'Equateur , le Thermomètre , expofé A l'air , marqua , à fix heures du matin , 1 3 degrés { ; 25 à deux heures après midi ; & 24 à onze heures du foir. Le vent cjui ré;.^■loit alors étoic très-foible 3c venoit du Nord Eà , de force que .4:^ \ti\ \ •■ r il ■ ùjf 60 Discours le vaiffeau ne faifoit tout au plus qu'un mille ; & de tems en tems , un demi mille. Le 1 6 , on effuya un calme pendant prefque tout le jour : carie vaiflTeau ne fit que cinq mille en 24 heures. Le vaifTeau fe trouvoit alors fous l'Equateur, comme on l'obferva. La déclinaifon auftrale du foleil ctoit d'un degré 3 o minutes j Se le Thermo- mètre marqua conftamment 1 5 degrés à fix heures du matin , à deux heures après midi , & à onze heuresdu foir , malgré la variation qu'il y eut au tems , qui tantôt fe trouva couvert de gros nuages féparés comme par déchirement , tantôt devint très-ferein , & fut enfin très-pluvieux à tieuf heures du foir. Le 1 7 fut auiîî calme que le 1 6. Le vaifleau fe trouvoit à 3 5 mumzQsfud^ la déclinaifon auftrale du foleil étant d'un degré 14 minutes. Le Ther- momètre marqua 1 5 degrés à fix heures du ma- tin , 16 X deux heures après midi ; mais 25 à onze heures du foir. Pendant la journée le fo- leil fut très -ardent. Il parut quelques nuages par intervalle. A neuf heures & demie du foir furvint une grande pluie accompagnée d'éclairs , de coups de tonnerre , & de grands coups de vent. Ce fut le jour le p^us chaud qu'on éprouva fous la Ligne. Le 18, la déclinaifon auftrale du foleil étant de 5© minutes ~ , la latitude un degré 13 mi- i . ' y,. i^ T R O I s I E M 1." ^i é nutes \ , le Thermomètre marqua 14 degrés ^ deux heures après midi. Le 19 , à d-MX degrés 6 minutes de latitude j le Thermomètre mar- qua 24 degrés à i heures après midi. Le zo , le foleil fe trouvoit prefque dans l'Equateur même j le vai/Teau étant à 5 degrés 2 minutes , latitude Sud. Le Thermomètre marqua 257 degrés à deux heures , le vent ayant toujours tenu £ft Sud-Eft , & un peu fort comme le jour précé- dent. La chaleur fe foutint à-peu-près la même pendant trois ou quatre jours , à la différence d'un degré , ou d'un demi degré. Mais depuis le 2rès midi : a 24. Or snt & que ces brifes ême pas ivent ou les com- epuis le es midi* amètre e Ther- fouffla ; Il que {9 6 de \Cix heU' y'fi M m T A O I S r I M I. (^5 res du matins à midi il fut. à 25 J, & à 25 à. trois heures après midi. Cette petite différence , qui prife à la rigueur n'eft que d'un demi-de- gré , vient de ce que cette année la les brifes tardèrent davantage j ce qu'on n'avoit pas en- core obfervé. D'ailleurs le Thermomètre dont on fe fervit alors , n'étoit pas le même que celui fur lequel on fe régla en 17^4. Une autre caufe de cette différence , peut aulîî avoir été la dif- férente expofîtion de l'inftrument à l'une 6c l'autre époque. Selon les obfervations faites en 173 (î , la latitude de cette ville eft de 8 degrés 58 minutes Nord. Je pourrois me difpenfer de parler ici de la chaleur de Portobelo , & de Carthagcne, puif- qu'il n'y a pas grande différence entre ce qui a été rapporté dans l'ouvrage imprimé par or- dre du Roi en 1748. Mais cet ouvrage étant devenu rare , il ne fera pas inutile d'en rappe- ler ici les obfervations : ce qui donnera la fuite dts différens degrés de chaleur , fans qu'on foit obligé d'aller les obferver fur les lieux. Depuis le 23 Décembre jufqu'au 29 de la tnème année 17^4, le Thermomètre fut à 21 degrés à cinq heures du matin dans Portobelo; il monta à 2 2 ^ à deux heures après midi ; defcendit à 22 à onze heures du foir. Or , dans l'ouvrage mentionné, il eft rapporté que le 4 m l'i '1.1 i 51 ■Il ' i^4 Discours Décembre 1735 > ^^ Thermomètre fut à il degrés à fix heures du matin, & à 13 à midi. La différence n'eft que d'un demi degré j ce qui peur être arrivé , de ce que les brifes fu- rent alors phis foibles , & ne rafraîchirent point tant la terre , que quand elles fe foutiennent da- vantage. Selon les obfervations de 1735 » ^^ ^^' litude de cette Ville eft de 9 degrés 347 mi- nutes , Nord. Les brifes fe faifoient féntir régulièrement dans le mois de Janvier à Carrhagène d'Amérique, &.même avec certaine force. Depuis le i® Dé- cembre, jufqu'au 14, le Thermomètre marqua conftamment 21 degrés" à fix heures du ma- tin , 24 à midi , & 24 ^ a deux heures après midi. En 1735 , le ^"'Novembre , tems. où les brifes ne fe faifoient pas encore fentir réguliè- rement, le Thermomètre marqua 24 à Kj de- grés : ce qui , à la rigueur , fait un degré & demi de plus que dans la dernière obfervation. Selon les obfervations , la latitude de cette ville eft de 10 degrés, 25 | minutes , Nord. ^. Nous ne faifons pas encore mention de la tem- pérature de Lima , ville fit^^ée à 1 2 degrés , 2 { minutes , latitude Sud , pa^re qu'elle fuit un or- dre différent que celui des contrées dont nous parlons , 6: que d'ailleurs nous voulons nous oc- cuper de celles de la Havane , aux extrémités de '^v, C ! S nous oc- extrèmitcs TROISIEME. G^ le la Zane Torridc , Se dans le voifinage cîe la 'one TcMTiperce. On trouvera donc dans ces pa- hges des etfets tous contraires à l'ordie qu'on iuroit prcfumc y rencontrer. La chaleur devroit nturcllement être moindre à la Havane , que lans les contrées mentionnées , puifqu'elle fe Irouve plus éloignée de l'Equateur : mais Ci l'oii hit attention que le Soleil y refte plus long- niis au Zenith , ou près de ce point, on verra kie la chaleur doit y être plus grande que dans îs contrées qui font fous l'Equateur , ou près le cette Ligne j en fuppofant même élévation ms les tcrreins ,: or c'ell ce qui eft confirme pat expérience. Lorfque le foleil fe trouve au Nord de l'E- bateur , la chaleur eft plus grande à la Havanei l'à Panama , Portobelo , Carchagène , ik même lie fous la Ligne, dans la Mer du Sud ^ elle y eft lème égale à celle qu'on éprouve dans ces lieux, Irfqueie foleil parcourt les fix lignes dû l'hé- lifphère auflrale. La Ville' fe trouve à 2.3 de- [es , 1 0 minutes , latitude JVofd , & dans la lis belle iîtuation que puilTe avoir un terreiii. ['un côté elle A la baie , de l'autre la grande ;r. Le refte eft un pays plit j oii il fe trouve la vérité quelques éminences, mais éloignées ine de l'autre & peu confidérables : ce qui împêche pas les vents de parcourir toute U Tome J, £ ' ' I' y A' t il i; f es Discours contrée. Les obfervations qu'on y a faites cou- cernant la température ^ ont été faites en partit dans la ville , & en partie à Guanabacoa , h,,- meau qui en eft dillant de deux lieues. Ct, endroit eft même moins chaud , & plus faii. que la Ville , parce qu'il eft fitué à une moyenr.; hauteur , où il eft expofé au fouffle des veii; qui modèrent l'ardeur des rayons folaires. Le 7 Février 17^5 , à 6 heures du matin,, le Thermomètre étoità 18 f degrés dans la Villftl A midi & demi, il étoit à 20 degrés. Verslîj foir il y eut des coups de vent , & une plu:; confidérable. Cela dura jufqu'au 19 , que k| chaleur augmenta : de forte qu'à fix heures de] matin, le Thermomètre étoit à 20 degrés, &j à 22 ^ à midi j depuis trois jufqu'a quatre heii-l res après midi le tems changea , devint pluview, & le vent tomba. A 5 heures , le vent touriiij au Nord , le tems fe rafraîchit j de forte quJ le jour fuivant le Thermomètre étoit à • 1 7 dJ grés à fix heures du matin , & refta à ce poiiï] le refte du jour & les deux fuivans. Les grandes chaleurs de l'été y commencée: en Mai. Le Thermomètre y fut , dans ce mois;; ci, à 12 ~ degrés j à cinq heures du matin; à 25 Y à midi j à 22 ^ à onze heures de ij nuit. Le 25 Juin j il monta à 2^ 7 , & del- cendit à 25 -- i onze heures de la nuit. Oi. ilei] TROISIEME. i-J )bferva la même chofe en Août & en Sep- tembre. La chaleur parut modérce en Odlo- )re , le Thermomètre étant inconftanr. Ccpen- bnt il efl; des jours où la liqueur monte alors Z5 degrés. Le point régulier y eft de 23 -^ 24. £n Novembre , ce même point efl: de I f à 23 T ) 'i deux heures après midi. La nème chofe a lieu en Décembre ôc Janvier, lui font les mois de l'hiver dans lefquels 011 lit qu'on y fent du froid ; ôc cependant la [irférence des deux faifons n'eft: que de troif legrés. 11 eil bon de dire ici que le Ther- momètre étoit placé en tout tems dans une Ihambre ouverte , où il étoit expofé à l'im- neflion de l'air libre , mais non aux rayons ièmes du foleil. Car lorfqu*on l'y a expofé , a monté jufqu'a ^n | degrés. Les vents foufflent toujours du Nord dans îs mois d'hiver j ta liqueur du Thermomètre? condenfe : & c'efl: alors qu'on fent plus de kîcheur. Dans les mois d'été , quoiqu'il pleuve [refque continuellement , la chaleur fe foutient )ujours , parce que la pluie eft en général fuivie je calme , & qu'alors les vents tournent au Sud : qui entretient la chaleur. La fmgularité qu'il a à remarquer ici n'eft pas le degré auquel lonte la liqueur , mais la conftance avec laquelle lie s'y mainçienc , & le peu de variation quoi? El ^1 11 M* ' - I '. if; II il 1 loi 1 ' •lii' '1 / hi '< j' 'd8 Discours y voit d'une faifoii à l'autre. En effet , la li- queur monte au iiicme degré dans la Zone Tem- pérée, même dans (qs contrées feptentrionales: mais cela n'arrive que pendant un mois ou un peu plus , ôc dans certains jours. Après cela elle defcend peu-à-peu au point d'où elle étoit mon- tée. En Décembre , lorfque le foleil eft au Tro- pique du Capricorne , il fe trouve à 47 degrés du Zénith de la Havane , à la même diftance qu'il eft des parties méridionales de l'Efpagne. Le 20 Octobre j tems où l'été finit , le Ther- momètre marque 14 ^ degrés à fix heures du matin , dans Cadix j 1 6 ^ à deux heures après midi , & 15 à 1 ^ à onze heures du foir. Le 20 Février , tems où l'hiver finit , le Ther- momètre marque 11 à 13 degrés à 6 heures du matin j i^ a 15 à deux heures après midi; & 15 à 14 vers onze heures du foir. Ainfi on y trouve S à 9 degrés de chaleur de moins qu'il n'y en a là lorfque le foleil eft éloigné au même degré du Zénith , que nous avons mar- qué. On voit donc clairement par ces obferva- tions, que quoique la Havane foit éloignée de l'Equateur à la diftance du Tropique , ce n'eft pas une raifon fuffifante pour que la chaleur s'y trouve moindre que dans les contrées qui font près de la Ligne j en fuppofant néanmoins la même uniformité , quant à la pofition des terreins. £a ui ry&,i. 4 T R O I s f E M E. ^9 effet , le fol eft bas , plat ôc près de la Mer dans les endroits dont j'ai parle. La caufe de ce phcnomcne, eft, comme je l'ai dit, la diredion perpendiculaire des rayons folaires , dlredion qui dure à la Havane plus long- tems que dans les contrées qui font près de l'Equa- teur. Car le mouvement du foleil ell rallcnti dans fa dcclinaifon , lorfqu'il s'approche des Tropi- ques j au lieu qu'il eft accéléré lorfouc cet c'e(l-| !1 T R (3 I S I E M 1. 71 , î'r'"*n venant de l'Hcmifphcrc Auftrale , ilcm- »loie un purre mois &: 20 jours, favoir , ticpuis le 10 Mars jurqu au 1 o de Mai : ce qui fait trois mois onze jours pour les deux pallages. Ainli il eft ^ingt jours déplus dans l'efpacc des dix degrés im- ncdiats du Zcniili dans celui de la Havane , que lans celui de Panama, puifqu'il y a dans ce dernier cas une interruption de deux mois S< dix jours , )cndant lequel tems le foleil parcourt les Signes feptentrionaux j tandis qu il fepalTeau contraire (ix nois , à peu de dift'crcncc près , pendant lefquels il parcourt ceux de rHémifphcre Auftrale. D'oîi il réfulte que la chaleur de la Havane , iituce )rcfque fous le Tropique , doit être plus grande jue dans les contrées qui s'éloignent de ce Cer- :1e en fe rapprochant de l'Equateur : donc aulîî les effets de la Zone Torride doivent y être , y font réellement plus fenlibics que dans [es autres parages. Pour que la terre perde la chaleur dont elle été impréj^née pendant quatre mois confécu- tifs , il faut beaucoup plus de tems qu'il n'eu faudrait Ci ces quatre mois avoient été interrom- nis par un efpace de tems , pendant lequel le foleil feroit refté plus éloigné du Zénith que de lix degrés. Or voilA pourquoi , lors même que :et aftre eft. hors de cet elpace , la chaleur fe fouticnt , comme on le voit , en Septembre Ôc E4 ^1 't «; fh yt Discours mcme penciaiit plufieurs jours d'Odobre. En eftet , le Thermomène eft alors au même point que quand le fdleil eft dans les dix degrés pro- chains du Zcnidi. Auiîi y remarque-t-on les effets que les rayons perpendiculaires du foleil produircnt fur les eaux foucerraines : car elles y font chaudes , tandis que, par-tout ailleurs, elles fe troussent fraîches , comparées avec la température de l'air pendant ces mois-là. C'eft ce qu'on voit arriver dans les eaux de citernes , Ôc des fources qui ferrent de la terre. Mais il nen eft pas de mcme dans celles qui courent à la fuperiicie de la terre. Elles fe trouvent à la tem.pérature de l'air extérieur, La caufe n'eft autre que la cha- leur du foleil , qui étant comme ftationnaire, échauffe la terre ôc la pénètre d'autant plus qu'il refte plus à ce point. Or, cette chaleur ne va en diminuant que peu-à-peu , pendant autant de tems qu'elle en avoit employé à pénétrer la terre. Lorfque les eaux fortent du fein de la terre , elles prennent la température de l'air ex' térieur j & quoiqu elles paroilfent avec le degré de chaleur qu'elles ont contradté en terre , elles le perdent bientôt pour fe mettre au degré de l'air. Les vents contribuent auflî plus ou moins au de- gré de la chaleur, félon le point d'où ils foufflenc. S'ils viennent du Nord , la chaleur diminue fen- ns au ae* T R o I s I E M ï^ 75 fiblement : mais au contraire , elle augmente confidcrablement fous les vents du Sud. Les . vents du Nord régnent à la Havane , fans cepen- dant être continuels, depuis Novembre jufqu'a Mars , mais ftridement ji;fqu en Févner. On les appelle hrifes fur les côtes de Carthagène , de Portobelo , &c à Panama. Us' n'y foufïlent pas précifément du Nord , mais duNord-Eft, entre le Nord &: l'Eft. Ils commencent dans ces con- trées-ci en Décembre , & durent jufqu'en Mai. Cependant ils font un plus tardifs à Panama , comme je l'ai dit. Le foleil occafîonne auflî une plus grande chaleur à proportion qu'il a été plus de tems fur l'horifon. Lorfqu'il eft au Zénith de Pa- nama, il paroît II heures 12 minutes fur l'ho- rifon \ ainfi la nuit proprement dite eft de 1 1 heures 48 minutes. Mais quand il eft au Zé- nith de la Havane , il refte 15 heures x6 mi- nutes fur l'horifon : ce qui fait 10 heures 34 minutes pour la nuit. Ainfi il y échauffe la terre pendant i heure & 1 4 minutes de plus qu'à Pa- nama. Or on s'apperçoit fenfiblement à la Ha- vane que cette plus longue ftation du Soleil empêche l'air & la terre de fe rafraîchir autanç qu'à Panama, m M M' ma li ■m < m '■ !''■ u< i 'iil, DISCOURS QUATRIEME. Suite des ohfervations fur les rapports & les différences de la température dans les divers climats, OI l'expérience ne fervoit ici de preuve , on auroit peine à croire qu'il y a de fi grandes dif- férences dans la température des climats de l'A- mérique , & indépendamment du plus ou moins d'éloignement de l'Equateur. La Louifiane eft une des contrées qui en fournit une des preuves les plus frappantes. En effet, les chaleurs qu*on éprouve pendant les quatre mois d'été à la Nou- velle Orléans , qui en eft la Capitale , favoir de- puis Juin jufqu'en Septembre , y font plus gran- des qu'a la Havane , & que dans les autres con- trées qui fe rapprochent de l'Equateur. Or cette capitale eft à 50 degrés & demi de latitude, ^ord. Pendant les mois d'hiver, les froids &: les chaleurs fe fuccèdent fi fouvent , qu'après trois ou quatre jours de forte gelée , l'oji y éprouve , pendan; plufieuis autres , des chaleurs ;< i'- Discours quatrième. 75 prefqu'aulîi fortes que dans les jours rcgulicrs de l'été. Mais ce qu'il y a de plus remarqua- ble , c'eft que le vent fous lequel il gèle en lu- ver , eft celui fous lequel on éprouve les plu« grandes chaleurs en été. Ces différences qu'on ne remarque point dans d'autres contrées , font par- ticulières à celle-ci. Il parcît contraire à l'ordre de la Nature , qu'on éprouve alternativement , pendant les froids , les neiges , de la gelée , des jours aulîî chauds que fi les rayons du foleil tomboient perpendiculairement fur la contrée. Les vents y changent continuellement, ou n'y ref- tent tout au plus que deux jours au même point. En hiver , il y pleut fous les vents du Sud-Efi: Se du Sud y mais à la même heure qu'il cefle de pleuvoir , ce vent tourne au Nord , Se le froid fe fait fentir. S'il s'y maintient plus d'un jour Se qu'il devienne plus fort j on efc sûr d'avoir de la gelée. Mais s'il n'eft pas confiant. Se qu'il palTe du Nord à l'Eft , quoique pour peu de tems , le froid n'eft pas vif. Alors il ne relie pas U long- tems ; il quitte l'Eft pour palfer au Sud ou au Sud-Oueft. Auflîtot la pluie recommence, il tombe de la neige, Se lèvent fait encore le même tour qu'auparavant. Les vents Nord Oueft Se Nord y caufent tai t de froid , qu'il v îjèlc tortement : mais ces me- qu / n mes vents y produifent Qn été une chaleur mèniç I yC Discoure £ fufFocante , que fi elle duroit deux ou trois jours , nombre de gens ne pourroient la fuppor- ter , & périroient infailliblement. La caiife du froid que les vents produifent en hiver , eft fa même qu'on a obfervce dans toute l'Hé- mifphère feptentrionale. Mais celle de la cha- leur vient de ce que ces vents paflcnt fur de vaftes plahies , des forêts épaififes , de très-grands marais qui exhalent des vapeurs ardentes avec l'humidité qui s'y volatilife par l'effet de la grande aâiivité des rayons folaires. L'air échauffé à ce même degré , y devient fuffo- cant au lieu de rafraîchir la poitrine ; & parcon- féquent beaucoup plus infoutenable , que quand la chaleur eft accompagnée d'un grand calme. Il ne fera pas inutile de confirmer par des obfervations mécéréologiques , ces différences iingulières de la température. Les jours où la chaleur fe fit le plus fentir en 1767 , à la Nou- velle Orléans , furent les 1 2 , 1 5 '?<: 1 4 d'Aoûr. Le I z , à cinq heures du matin , le Thermo- mètre étant dans une falle munie de portes & de fenêtres, mais toutes ouvertes , marqua 15 ^. Expofé à l'air dans une galerie fpacieufe & couverte , il marqua 21 ^. A trois heures après midi, étant dans la fallc , il marqua 27 , Se 32 dehors. A minuit, il marqua 16^ en de- dans, &c 16 dehors. Le tems fut très-clair le IX ou trois ; la fiippor- ■ caiife du liiver , efl: xite l'Hé- :1e la cha- nt fur de :rès-grands îiites avec ffet de la es. L'air ent fufFo- k parcon- jiie quand îd calme. : par des iffcrences irs où la la Nou- d'Aoûr. rhermo- portes Se ;ua 2j i. :ieufe & res après i7 , & : en de- clair le QUATRIEME. 7/ jour & la nuit : Le matin il n'y eut point de vent. A trois heures , il fouflfla foiblement de l'OueftSud Oueftj & futOueft Nord-Oueft pen- dant la nuit. Le 15 de ce mois, a cinq heures du matin ^ le Thermomètre marqua 24 en dedans & de* hors : à deux heures ôc demie , après midi , il monta à 17 f , & dehors à 3 3 | : à trois heures & demie , après midi , il marqua 28 en dedans , & 3 2 ^ dehors î a cinq heures , il marqua 28 | en dedans , & 32 ^ dehors: à minuit , il étoit à 27 j dedans S>c dehors. Le vent étoit Nord ôc foible. Le 14, à cinq heures du matin , le Ther- momètre étoit à 2 5 7 dans la falle , & à 2 5 dans la galerie ouverte : l'Atmofphère fe trouvoit clai- re , le vent Nord. Voiri iVtnr du Thermomètre pendant les heures fuivantes du même jour. A 9 heures dans la Salle 16 1. Dans la Galerie 3 o £. à I heure après midi , 27 î 3 2 J. ii 3 i> -•8 i \ ! :^ I 28. a mmuit , • • • ^7 1 Le Baromètre étoit le même jour, à 5 heures du matin, à 27 pouces 7 lignes y,' à 3 i après midi, à 27 7 à 5 i ^27 7 i minuit i^ i ly - j[ O t- .;*' ilri M m i^i'l'JplJ' ® y$ Discours Depuis neuf heures du matin , le vent & la grande chaleur ccfsèrenc. On fencic feulement de tems à autre quelque foible vent du Nord-Eft. L'Atmofphère fut trouble. Il y fit quelques éclairs pendant la nuit : ce qui venoit de la grande chaleur. Le 1 5 , on fentlt dès le matin les effets que la chaleur du jour précédent avoit produits dans i'At' mofphère. I>es Thermomètres étoient donc à 16 c.egrés à cinq heures du matin , ainfi plus hauts qu'à la même heure le jour précédent : ce qui injuiuoit plus de chaleur. Mais le vent étoit déjà ';)i.:rné à l'Eft-Sud-Eft par le Nord-Eft , c'eft pourquoi le Thermomètre fut :? 27 degrés dans ia falle a 4 ^ de l'après midi , tems où l'on fentit la plus grande chaleur ce jour-là. Il croit à 29 dans la galerie : à minuit il fut à 24 en dedans, & à 24 ^ dehors. Le Baromè- tre fut aux heures torrefpondantes à 27 p. 7 1. f j à 27 p. 8 1. j, ôc à 27 p. 9 1. i. Il parut quel- ques nuages élevés, Se comme déchirés , dans l'Âtmofphère. Dès cinq heures du matin , le vent s'étoit fait fcntir avec alfez de force du Sud-Eft. Suivant les habitans du pnys , k chaleur fut, pendant ces trois jours , plis grande qu'on ne réprouve ordinairement dans cette fiifon. En effet, elle fut moindre en 1766, ij6S: cette dernière année , le Thermomètre ne monta c|u a i it & la .ilemenc ord-Eft. ■ s éclairs ' ■■■»:, grande 5 que la uis l'At- donc à \'i nfi plus ■.-*;; ent : ce 1 ' ;nt étoit rd-Eft , 7 degrés rems où *>■,. ? ur-jà. Il il fut a 1 iaromè- fl 7 1. h 9 it quel- H , dans H le vent H d-Eft. H ur fut, 1 'on ne 1 )n. En 1 : cette ta Cju a iâ Q U A T R I B M I. 7$ îtf dans la falle , le i8 Août à 5 heures ~ après midi, & à 30 J dans la galerie. Le vent ttoit foible, Nord-Ouell , & il y eut quelques nuages rougeâtres dans rAtmofphère. Le Baro- mètre fe trouva à 27 p. i 1. ;^. En 1766 , ce fut depuis le 1 7 Juillet , jufqu'ail 25 , qu'on éprouva la plus grande chaleur. Le jour le plus chaud fut le 11.. Le Thermo- mètre monta dans la falle à 27 , & à 51 danJ la galerie. Le tems étoit clair , le vent foible, Nord-Oueft. Les autres jours le Thermomètre Vriiia de 2(j a 2<î j , & dans la galerie de -29 à j I . On ne fentit aucun vent , ou s'il fouffloit , c'étoit du Nord-Oueft. L'été eft ici fort long : car depuis le mois de Mai , on éprouve de roftes chaleurs. Dans le plus chaud du jour , le Thermomètre monte a 23 ^ dans la falle, & à 27 dans la galerie, non pas cependant tous les jours. En OiStobre 17(17 , il monta les 7 , 8 , 9 , à 24 & 25 dans la falle, & dans la galerie de 28 à 29 : ce qui eft le degré de la plus force chaleur eu Efpagne. Ainfi l'été dure cinq mois complets , & très- chaud y fans compter les mois qui le précèdent, favoir depuis Mars jufqa'cn Mai , où l'on com- mence à fentir de la clialeur , même très- forte pendant certains jours. Je n'y comprends pas I tems depuis Ocl:obre iuf- &t mJ plus l'cfpace m 1^ i i>. IMAGE EVALUATION TEST TARGET {MT-3) // O I l.l 11.25 lit ^ as, 1^ 1^ m U II 1.6 V v^ Photographie Sciences Corporation 23 WEST MAIN STREET WEBSTER, N. Y. 14580 (716) 872-4503 m i<^ .^s? <> ■^"^ ? l/.. ' QUATRIEME. pt contrée : faveur que la Nature a refufée aux au- tres. C'eft ainfi que la fage prévoyance de la Nature arrête l'effet régulier des rayons du fo- leil , dont la projedlion plus ou moins direde , e(l la première caufe de la chaleur plus ou moins grande. Or, ce phénomène a lieu dans toute cette bande de terreins bas qui fe prolongent depuis le 3^ degré de latitude , Sud , jufqu'au Tropique de la même hcmifphère ; & même dans toute leur largeur , i peu de différence près. Après tous ces détails , paffons au Pérou , 6c voyons la différence qu'il y a entre les hauts 6c bas pays de cette contrée. On y remarque , dans ces différentes portions des rerreins , des phénom"ènes ailfli iîiVguliers que ceux dont nous avons parlé. Ainfi Ton verra que les froids exceffifs de la Nouvelle Orléans font analogues à ceni qu'on éprouvé dans d'autres contrées à une piàs haute latitude , & les hrêmôs que ceuit du milieu de là' Zone Totride , ehtré l'Et'i'^- teur & le Tropique du Capricorne*, tarrdis qu'au contraire on éproiifve dans ces iiicmes contrées des chaleurs, lî grandes , qnoneft comWe fuffo* qué. Tous les pores fe dilatent ,tôittes les forces %'abattânt j''& tefla dans de H courts intervalles , qu'on pou croit les travetfet en nft jour fans foz- cet s^iicuAément la marche.- Oh y a dçnc pref- f V' 91 Discours qu'en même tems , deux températures toutes contraires. D'où il refaite que les refforts du corps , paflfant rapidement par ks degrés inter- médiaires , fe dilatent & le relferrent néceHai- rement pour (e mettre à l'cquilibrc qui leur convient. ; ' Les températures de ces deux contrées oppofées y font audl dans les mêmes rapports. Le vuU gaire n'y détermine pas les faifons , en con- féquence de la position du foleil , mais par des phénomènes accidentels. Voilà pourquoi on ap- pelle Tété dans la partie haute , le temps pen- dant lequel il ne pleut pas , fans s'inquiéter fi c'efl: pendant qu'il gèle, ou qu'il fait plus froid. On y appelle, hiver le temps pendant lequel il pleut, quoique le foleil Aiive fon cours dans ij ■'.> . ) cette hémifphère. .'c.'.r.w L'été commence en Mai > dans' la partie haute, & c*eft alors qu'on eft près de l'entrée de l'hi-r ver dans la partie bafTe. Il dure jufqu'èn No- vembre, dans la première ; & dans la féconde c'eft alors que ceifent les garuas ou brumes, :& que fe didîpe l'obfcurité qui cachpit le Xoleil^ & y faifoit l'hiver. Cette faifon commence en Décembre . dans la partie haute \ & c'eft alors que le foleil dégagé dç J'pbfçurité , communir que fa chaleur -a la terre 44"$ T^iutre par(i^> t'v A QUATRIEME. 95 A'mCi quand la partie haute a l'hiver , la balle a fou été , 6c réciproquement j fans qu'il y aie entr'ellcs d'autres diftances intermédiaires quo l'efpace de tems qu'il faut pour monter à cet intervalle qui conduit aux PinacUs du Globe. Il eft à remarquer que dans ces contrées , où la chaleur eft H foible qu'on peut même re- garder la température comme étant à certains de- grés de gelée , les récoltes y parviennent au de- gré de maturité convenable , par l'effet même de ces gelées qui fuppléent au peu de force des rayons folaires , & complètent ainlî la re-t produâion. Mais ce fujet fera traité ailleurs : fuivons ce que nous avons à dire fur les tem- pératures. L'été y eft difliingué de l'hiver , en ce que c'eft dans cette première faifon que les récol- tes arrivent au dernier degré de maturité , quoi- que ce foit alors qu'il y gèle, & que le froid foit le plus conftant. D'ailleurs le» jours y font clairs , le ' foleil découvert j & il n'eft pas or- dinaire qu'il y pleuve , ni qu'il y grcle. Les vents ne font pas violens , & ceux qui y ré- gnent viennent modérément de la partie de la cote , tenant un peu du Sud. C'eft tout le contraire en hiver : les jours y font nuageux , fombres : les gelées celfent , & le froid fans y être fi grand , devient plus pénible en ce qu'il 4 \'^': Il I 'unti H de- grés , qui commencent à trois au-deffous de la congélation, & ^e fixent a fix au-deffus. De l'autre, il y a 41 i degrés, depuis 7 { plus bas que le terme de la congélation , jufqu'a 5 5 J. Dans la Louifiane , l'hiver efl interrompu par à^s jours de chaleur , & la différence y eft de 7 7 de- grés de gelée d ii \ de chaleur. Dans la partie haute du Pérou, l'hiver y eft interrompu par des jours de froid & de gelée \ & quoique l'été le foit aufîî par des jours de neige & de pluie, la différence, prife à la rigueur , y eft à peine de quatre ou cinq degrés , & ne confifle que dans la nature * ! ■ î' Q TJ A T R I 8 M «; ^^ nature du froid dont l'un eft fec & l'autre hu- mide. Il eft à remarquer que l'été arrive , dans la partie haute , les mêmes mois qu'en Europe^ car il commence en Mai , & finit en Odobre ou Novembre j contre ce qui devroit être fi cette faifon fiiivoit l'ordre déterminé par la plus grande proximité où le (oÏqH s'avance du Zénith, Mais on ne fiiit pas cet ordre dans ces contrées j il faut feulement que le foleil foit découvert , ôc libre de tout nuage, & qu'il échauffe la terre par l'adivité des rayons qu'il y ]Qrtc, Or, ceci n'arrive que dans les mois mentionnés , & non dans d'autres. Dire q^e le foleil échauffe ici la terre » ce /*«40it une efpèce de contradi(^ion avec ce que nous avons vu concernant les froids qu'on éprouve alors dans ce climac ^ mais cette concra- didion rt'eft qu'apparente. En effet, le foleil y échauffe la terre en été , & c'eft lorfqu'il l'é- chauffé que les gelées font les plus fortes. Cec été & ces chaleurs n'arrivent pas lorfque le foleil parcourt les fix Signes de l'Hémifphère Auftrale , comme je l'ai dit , mais ceux de l'Hémifphère Septentrionale , & lo'rfqu^il eft le plus éloigné du Zénith. On y appelle ordinairement Soleil de Puna; celui dont on fent rimpreftion pendant les mois 4'été : tous ceux qui connoifTenC ces pays favenç Tome L G 5f^ 98 Discours que quand le foleil y donne en plein , il y eft fi chaud qu'on ne peut en foucenir l'imprellion , & qu'il y caufe les plus forces douleurs de têce, & autres fâcheux accidens. Il y a tant de forces, qu'il paroît y faire iniîniment plus d'imprellion que dans les pays qui font naturellement chauds. £n générai , on dit que le foleil y brûle , ôc que l'ombre y gèle. On a plufieurs fois éprouvé qu'en fe tenant dans un efpace fermé des quatre côtés à une heure après midi , ôc à deux pieds hors de la ligne de l'ombre, il étoit impoiîîble de fouteiAc la chaleur, tandis qu'à deux pieds avant dans l'ombre on foncoit un froid infuportable. La caufe de ce phénomène eft l'extrême fubtilité de l'air , qui ne peut retenir les particules ignées réfléchies dans la partie éclairée par le foleil; au lieu que 1(1 partie où il ne donne pas e(l vérita- blement une ombre relativement à la tempéra- ture, tandis que l'autre femble être un vrai vol- can. De-là vi.j' t que la terre perd, auflî-tôt que le foleil fe cache j la chaleur qu'elle avoir con- tradée de jour, & qui n'y eft que comme acci- dentelle. A l'inftant il y gèle, parce que Tat- tnofphère n'y tient pas enchaînées les molécules ignées comme dans les parties où l'air a plus de denfité. ■ ." ^ - , Il en eft tout autrement en hiver. Les jours y foQC uuageux^ le foleil n'y paroîc que pe» ii'M QUATRIEME» pj d'heures : les vents foufflent avec force , & font variables y on a des pluies prefque journalières, & en général accompagnées de tonnerre. A l'entrée de cette faifon, qui tient ici lieu de l'automne, le froid , mcme fans gelée , eft plus fenfîble , parce qu'il pénètre davantage, ôc que le foleil n'é- chauffe pas l'atmofphère. Mais , entre toutes les chofes qui y diftinguent les deux faifons , c'eft particulièrement la végétation , qui fuit fes pro- grès , comme en Europe , depuis novembre juf- qu'en avril j car c'eft alors que les femences & les plantes fe renouvellent. Vient enfuite l'été depuis mai jufqu'en odobre, intervalle pendant lequel tout eft fec de aride. De là réfulte cette /îngularitd, que les faifons font oppofées à l'ordre régulier du cours du foleil , & déterminées par les effets & les circonftances accidentelles , ôc par l'ordre de la reproduction. :!|1 .'1'^ ■il' Gi ¥":■■ H' \i DISCOURS CINQUIEME. JDes difcrentes Températures de la partie hautt de i* Amérique : effets qu elles produifem : caujcs de ce quon ohferve de contraire à l'ordn général des autres parties» ijEs Teinp.crat«r^s ne font pas cgales dans cette partie élevée du globe j ou les trouve toutes Variées , félon la hauteur & la fituatiou des ter- j r^ins. Proportionnément à cette hauteur , les gelées y font plus confiantes en été, &z les neiges ik les grcles plus communes en hiver. Mais pliisl on defcend , plus la température devient chaude, & moins les froids font réguliers. Ces vaftesl profondeurs qu'on y appelle avec raifon Qut- bradas ^ nom qui les caradtérife bien j ces pro- fondeurs , dis- je , a'u fond defquelles coulent les s€aux , font des lieux où 1 on voit tous les rapport: de la Zone Torride. L*air y a plus de denlitc qu'ailleurs, la chaleur du foleil s'y imprime avec pi ILS de force que dans les parties où l'air e.li plus léger j & l'abri des vaftes éminences qui! 1 '' £j' *W« > Discours cinquième. ici forment ces profondeurs, contribue à augmenter l'énergie de la réverbération. Il .éfulte de ces deux caufes que les chaleurs y font confidérables y ce que la Terre fait aflez apperccvoir dans toutes fes productions. La Quebrada d'Ifcuchaca , dont nous avons déjà parlé, n'eft pas des plus profondes j c'eft pourquoi la chaleur n'y eft pas fi grande que dans d'autres. Le thermomètre placé dans les appartemens y cft pendant le mois d'été à 1 1 degrés j il 'monte jufqu'à 12 ^ au plus chaud du jour, ce qui fait une différence de 1 { degré. Dans l'hiver il monte jufqu'à 14 & i I K*' ' // "i.r .v^'i '*•»: * , i "1., 104 Discours cft le plus approché, l'hiver fe fait fentir. Je conclue de la que la Nature n'eft pas aniijettie à des règles fans exceptions , & qu'elle s'eft rc- fervé des moyens pour s'affranchir de ces règles , fans interrompre l'ordre néceffaire de tout le fyftême. Nous voyons donc qu*a une diftance de dix lieues , efpace le plus grand qui fe tfouve entre les hauts Se bas pays, les faifons font entière- ment oppofées. Ce phénon^ène eft fingulier fans doute , & l'on doit le regarder comme une des chofes les plus extraordinaires de ces contrées. La différence de hauteur , Se les profondeurs qui s'y trouvent renfermées, & à l'abri des courans d'air , peuvent bien être la caufe du plus ou moins de froid , & d'une chaleur plus fenfible j mais J'ordre renverfé des faifons eft un phéno- mènes bien fingulier. L'hiver dure dans les terreins bas depuis le mois de juin jufqu'en Novembre , ce qui correfpond au tems où le foleil parcourt les fignes de l'Hémifphère Sep- tentrionale : mais que dans le même tems l'été règne dans les pays hauts , fans qu'il y ait une plus grande diftance intermédiaire que la pente rapide des monts fur lefquels on peut fe rendre en 7 ou 8 heures , c'efl un phénomène auiïi in- compréhenfible , qu'il l'efl de faifir la raifon pour laquelle la nature a diftingué ces deu2[ contrées j t.M c I N Q r I E M 1. 105 au point qu'on n'y voit rien de femblable. Les nuages continuels & les bruines amènent l'hiver dans la partie balTe -y les nuages , les pluies, les neiges , la grcle le font auOî régner dans la parue haute \ mais c'eft tout le contraire à 1 e- gard de l'été. Ainfi , il refaite que quand l'été c(l clair en bas, il eft obfcur en haut^ ôc de cette manière , les faifons fe trouvent oppofées les unes aux autres. La foiblefTe des vents du Sud , & quelque- fois leur ceflation totale pendant pluHeurs jours , donne lieu à la formation du nuage qui couvre le foleil dans la partie bafle. Comme il ny a point de vent qui en agite l'air , les vapeurs humides qui s'élèvent de la terre s'y arrêtent. Ce nuage n'eft jamais auflî élevé que la partie haute de la terre, & fe tient à ame hauteur moyenne déterminée. Les vents du Sud qui font continuels dans ces mers (on les appelle ainlî quoiqu'ils foient S. O. ) , perdent leur force dans la région balTe de l'Atmofphère , & la confer- vent dans celle qui eft plus élevée. Comme ils parcourent un efpace fupérieur aux nuages , ils fe trouvent au niveau de la partie haute , ôc la traveçfent fans aucun obftacle : de cette manière, ils empêchent non-feulement qu'il ne s'y forme des nuages , mais même ils les diHipent , parce qu'ils y font conftans, ôc les pouflTent vers la à r :t| il H "/**'«*«^<..'iH«, t^r- ^.iiÉw»^^'v3 ïotf Discours partie oppofce. Quand , au contraire , l'été règne dans les bas pays , les vents fe portent avec force immédiatement à leur fuperticie , diliipent les nuages. Se les jours font clairs. Ces vents ne s'élèvent plus alors autant qu'il le fliudroit pour balayer la partie haute. Ceux de terre rcgnem pour lors de différens côtés , ôc permettent ainfi aux nuages de s'amalfer Se de s'épaiilir ; d'où il réfulte des pluies. Mais comme l'air eft fore délié dans cette contrée , Se qu'en conféquence il s'y élève à cette hauteur une grande quantité de particules nitreufes , il en réfulte le froid qui y eft ordinaire en rout tems ; & de-là vient que ce qui devroit tombei en eau , n'eft quel- quefois que de la grêle ou de la neigo. Se fou- vent de la grèle mèlce avec l'eau. Les vents du Sud pioduifent dans cette con- trée les effets qui réfultent des vents du Nord dans l'Hémifphère feptentrionale. Ils nétoient l'Atmofphère, Se font froids, parce qu*ils viennent des parties méridionales » Sz que le foleil eft alors à la plus grande diftance du Zénith. Toutes ces caufes fe réunilTent donc pour produire du froid : voilà auflî pourquoi on fent du froid 1 l'ombre , & de la chaleur quand on eft au foleil : les gelées y durcififent la terre , en rcf- ferrant fes pores: la réflexion des rayons folai- res doit être alors plus forte que quand ils tom- '■*>.,- J-: CINQUIEME. IÔ7 bent fur une fupeificie fpongieufe. C'cft à cette caiife qu'il faut rapporter la plus grande activité du foleil de Puna : il e(l mc-me plus infupportable que dans les terreins tempères ou chauds , fur lef- quels les corps font dilates, & plus poreux que dans l'autre cas. Le froid retTerrc pareillement les pores des corps \ l'adivitc des rayons fo- laires n'excite point de tranfpiration. , & l'efFec de la chaleur eft beaucoup plus fenfible aux parties externes qu'elle brûle ou rôtit , que dans les Zones qui font réellement chaudes. Une autre propriété du foleil âe Puna , eft que, dans le tems même qu'il paroît brûler , & qu'il eft im- poflTible d'en foutenir ladion fi l'on rcfte tran- quille, il ne fait pas fuer, même lorfquon s*agite le corps. La caufe naturelle de ceci eft le froid qui fe maintient dans l'air , & qui reflerre les pores au point de rendre la tranfpiration très- difficile: ainfi, l'on fent en même tems la cha- leur que caufe la réflexion des rayons folaires, 8c le froid qui eft naturel à la légèreté de cette Atmofphère. Cette contrariété de température dans le même tems , met les corps dans un état violent ; & l'on éprouve les incommodités donc j'ai parlé j incommodités auxquelles on fentiroit du foulagement , fi l'on pouvoit tranfpirer Id comme dans les pays chauds. Il paroît donc qu'il ne faut pas chercher d'au-. */■ ; ^•^- 'l ' loS Discours très caufes que les vents du Sud , Ôc la manicre dont ils régnent dans ces contrées , pour rc*ndre raifon des faifons renvcrfées de ces pays-là, & des froids hivers qui Te font fentir au milieu de la Zone Torride, entre l'équateur ôc le tropique du Capricorne j hivers qui ne dcvroient point s'y rencontrer , Ci l'on ne conlldcroit que la proximité du foleil : mais fon influence eft mo- dcrce par d'autres caufes, ôc la chaleur eft trcs- foible, dans les lieux où elle devroit être con- tinuelle » relativement à celle qu'on éprouve dans d'autres contrées. Les différentes hauteurs, & les abris de tos quebradas ou vaftes ouver- tures, y font caufe de la difparité des tempé- ratures , quoique les faifons n'y paroiffent pas dans un ordre renverfc , comme on le voit dans la partie balfe. La température de la Louifiane eft beaucoup plus chaude en été que celle des bas terreins du Pérou, Se des profondeurs de la partie haute. Malgré cela ce n'eft qu'avec difficulté que la canne à fucre y croit , tandis qu'elle réufîit dans ces au- tres contrées : cela vient de ce qu'elle n'a pas dans la Louifiane le tems nécelTaire pour arri- ver à une maturité parfaite pendant l'été, qui y eft interrompu par les gelées & les froids alternatifs de l'hiver : elle ne foufFre pas ces al- temations dans ces autres coiittées, car il n'y C 1 N Q ^T I E M f. ÎOff a pas tant de diffcrcnce entre l'ctc & l'hiver. Comme il n'y faut que rrois ans pour la faire arriver au terme de maturitc , la température (d'hiver qui peut furvenir n'y eft point préjudi- ciable. 11 non ed pas de même dans la Loui- /îane , car il y furvient entre deux étés des gelées qui sèchent cette plante , arrêtent les pro- grès de fa végétation; or, elle ne peut prendre d'accroilTement Se mûrir qu'en été. La nature fuit toujours certain ordre régulier dans fes opérations , en employant des moyens tout contraires , & femble rapprocher, les uns des autres , des climats forr éloignés; On éprouve alternativement à la Louiâane des jours fi, chauds en hiver , qu'on pourroit les regarder comme l'été d'autres contrées ; mais on n'y voit pas en été ces jours alternatifs de gelée j le tems , comme je l'ai dit , y eft dans une continuelle viciflîtudc de froid & de chaleur. Il arrive la même chofe dans l'été de la partie haute du Pérou : les jours dégelée, qui y font ceux d'été, font interrom- pus par des jours d'hiver , félon le ftyle de ce pays; car dès qu'il ceffe d'y geler on y voit de la pluie , des neiges , de la grêle , ce qui eft là le caradlère de l'hiver ; & la température y eft dans une alternative pareille à celle de ces autres contrées. Ce qu'il y a ici de particulier, n'eft pas qu'une température cefTe pour être fuivie R; ■- ri m II t, i :t ,1 '• i il î«i ^^ s-k itù D i s c o t; R » d'une autre plus modérée en elle-même , maij c'eft que ces températures paiFcnt fubitement d'une extrémité à l'autre oppofée. L'été de la partie haute du Pérou achève la maturité des fruits j mais s'il vient trop tôt il les perd totalement. Si après avoir été préparés à leur maturité par les pluies & un froid modéré, ils font .atteints de la gelée, la première les fait rider, & à la troifième ils font deflechés; car la gelée & le foleil de Puna produifent ici l'effet qui devoit réfulter de la feule chaleur du foleil : ainfi , dès que la gelée furvient avant qu'ils aient atteint leur maturité convenable, ils fe delTèchent & reftent fans fuc & fans fubf- rance. Les effets de la gelée font ici plus prompts que ceux des rayons du foleil j car en un ou deux jours la gelée opère fur les fruits ce que le foleil ne feroit pas , par degrés , en plufieurs. Ce ne font pas les gelées qui font mûrir les récoltes dans les Quebradas ; en effet , quoiqu'on envoie quelques-unes , comme je l'ai dit , elles ne font pas fortes ni durables. Lorfque les gelées fe font fentir dans les hauts pays & que les jours font clairs , le foleil étant découvert & dégagé de tout nuage fait parfaitement mûrir les fruits, & ce n'eft que par fa chaleur que fe produit cet effet. On voit donc là que, dans une partie, Ja maturité des fruits s'opère par les froids feuls , CINQUIEME. ni tandis que dans l'autre c'eft par la chaleur; phé- nomène fingulier qui fe fait appercevoir dans les deux contrées en même tems. Les effets des gelées Se de la fubtilité de l'air font fi fenfibles , que les corps ëc les métaux même en font également aifedés. Cet air fec & fubtil occafionne une telle fécherelTe, que Té- ! piderme , 8: fur-tout la pellicule qui recouvre les lèvres , fe gerce ôc fe fend ; on y fent de la douleur , Ôc bientôt le fang y paroît ; les mains devieunent rudes & fquammeufes : cette afpé- rité eft fur -tout remarquable aux articulations des doigts & à leur partie fupérieure : les écailles ; y font plus épaiffes qu'ailleurs , & elles prennent une couleur noirâtre , qui ne fe dilîipe aucune- I ment par les lotions. On y appelle ces afFedions \chugno j terme par lequel les naturels dcfignenc une chofe ridée & durcie par le froid. L'acti- vité du froid s'y remarque aufïî , comme je viens de le dire , fur les métaux , . en ce qu'il fait fendre les cloches, quoiqu'on les y falTe plus cpaiffe que d'ordinaire ; mais cette précaution j devient inutile. Ce phénomène qui ne fe voit jpas auflî communément dans d'autres endroits où il fait plus froid, prouve que la fubtilité de lair , ou fa plus grande rarité concourt à cet effet avec la gelée. ' ■ • Le froid de ce climat pendant l'été y garantie !,#» J \ ~i-^ €- ■' :^ ,*iV •* :| ^ m m Discovas les corps de la piitrcfadion , au point que les poilTons qu'on pèche en mer à 50 ou 60 lieues au-delà , y font apportes & mangés aufli frais que (î on ctoit fur le bord même de la mer. | Non-feulement on les mange frais & fains quî»nd ^ ils arrivent, on peut même les garder le tems ' qu'on veut , & on les trouve dans le même état où ils ctoient à la mer. Mais il faut quelque précaution. On ne les | prend en mer que vers le foir : on les vuide aufîitôt f qu'ils font fur le rivage ^ alors on les arrange dans des paniers d'ofier , & on les tranfporte la même nuit par les bas pays, afin d'arriver au foieil levant aux premières éminences de la Puna. Dès qu'ils y font , il n'y a plus de rifque qu'ils 1 s'altèrent, car la gelée les faifit dans cette autre température, & on les garde le tems qu'on juge à propos. Ce poiflon eft alors endurci. Se quand on veut s'en fervir on le met une demi - heure dans l'eau, ce qui fuffit pour le faire dégeler, & revenir à l'état où il étoit en fortant de la menl Cette précaution eft fi néceflâire , que fi on Vôii» loit le cuire fans l'avoir fait dégeler, on né pour- Boit en enlever les écailles, & il refteroit tou- jours dur comme pierre : en le mettant dans l'eau, froide i la température du lieu, les parties relferrées par la gelée fe réfolvent , Se la chair en | devient molle & fléxiblé ; mais l'eau tiède on chaïuie CINQUIEME. II J chaude ne le fait pas dégeler ainfi. Il en eft de niême à l'égard des viandes ôc des fruits j les premières fe gardent auflilong-tems qu'on veut, fans rien perdre de leurs qualités. Quant aux fé- conds , on les apporte des balFes contrées , qu'on appelle chaudes j & la gelée les conferve égale- inent. Les hautes contrées où il ne vient pas de fruits , s'en procurent les meilleurs par ce moyen j mais ces contrées font privées de cet avantage en hiver, a caufe des pluies abondantes qui y tombent fi fréquemment. Quoiqu'il fe paflTe peu de jours fans pluie pen- dant l'hiver de ces hauts pays, l'air y eft fec en tout tems : les murs des maifons font cou- verts d'eau, qui s'introduit par la porofité des matériaux, & le fol eft très-hiîmide pendant les pluies, fans qu'il en réfulte rien de mal pour la fan- té: les métaux n'en éprouvent non plus aucune al- tération. 11 en eft tout autrement dans les baflfes co,ntrées : les pluies y font très fines , & forn^enc à peine quelques gouttes fenfibles : cependant l'air y eft très-humide j le fer , l'acier y font promp- tement attaqués par la rouille , &: tout y eft pro- portionnément imprégné de cette hiunidité. Les pays chauds font pluvieux en général y & Ton y éprouve tous les effets de cette température. Cette différence qu'il y a entre cette contrée ôc le haut pays , ne vient que de la différente denfité ds Tome /. H 1 V ! 1 If' 1 p 1' m il i :hn U 114 Discours rAtinofphcL'e, qui a toujours plus de dîfponcloiii réunir les particules aqueufes, à proportion qu'elle eft plus cpaifle *, & qui les laifTe échapper lorf qu'elle fe trouve plus légère Se plus rare : or ceci vient de ce que rAtmofplière n'ayant pas alFez de corps pour retenir les particules flottan- tes , elles fe piccipitent converties en pluie , & laillent ainlî l'air en liberté. Outre cela , comme la chaleur du foleil fe fait fentir dans ces contrées tout autrement que dans les bas pays , de mcme on y éprouve le froid d'une manière toute diffc* rente que dans les climats naturellement froids, à caufe de l'obliquité des rayons folaires. Dès qu'on a quitté les contrées balles pour fe rendre aux pays élevés , on éprouve une fenfation plus pénible que le froid même * ucun abri ne peut en garantir ni en modérer limpreffionj le feu n*y procure non plus aucun adouciffement j le litle mieux préparé & le plus mollet devient égale- ment inutile. Cette pénible fenfation qui dure plufieurs jours , jufqu'à ce que le corps commence X s'acclimater, cfl: beaucoup plus pénible pendant la nuit que dans le jour. Le fentiment de froid qu'on éprouve malgré tous les moyens poflîbles de fe réchauft'er , pénètre tout l'intérieur du corps, de même que le froid qui fe fait fentir à l'accès d'une fièvre tierce. I..a raifon de ce fentiment pénible ne peut être CINQUIEMI. 115 que le pa(Tàge fubit d'une température modérée à un climat froid. Les pores n'ayant pas eu le tems de fe reflerrer dans une proportion con- venable, les particules de cet air froid s'y in- troduifent librement , & affedtent les fibres dé- licates des nerfs , en y caufanc une fenfation in- folite , de laquelle réfulte l'écat pénible du corps : voilà pourquoi aucune précaution , aucune cha- leur , ni même le mouvement , ne peuvent en garantir. Cette incommodité dure 20 ou 50 jours , jufqu'à ce qu'elle diminue peu à peu , ôc que le corps foit fait au climat. Dès qu'on eft accou- tumé au climat, le froid n'y eft plus fi fenfible^ que dans les contrées dans lefquelles il y a beau- coup de différence entre l'été & l'hiver ; on y a peu pcnfé a garantir les maifons du froid. Quant aux habits , on y porte régulièrement ceux d'hi- ver, mais fans être doublés, comme fembleroic l'exiger la dureté de la faifon : on n'y fait point de feu pour fe chauffer , & l'on vit à cet égard comme fi l'on étoit au printems , quoiqu'on ait des preuves évidentes du contraire dans les afpé- rités des mains , les gerçures des lèvres , ôc dans la fécherefle de la peau. On voit donc là corn*- bien la nature s'accommode facilement aux dif- férentes températures lorfqu'elles font continues. D'après les détails que nous Venons de voir, on comprend aifémenc quel que foit le mé- tal , argent , mercure , ou tout autre y mais cette opinion confidérée d'un autre côté , devient en- core moins probable. Ces gens font très-peu inf- truits fur cette matière, & ne favent ce que c'efl: que denfité ou légèreté de l'air , ni quels effets il peut en réfulter : or , ces connoiffances leur man- quant , ils ne font pas en état de déterminer la H4 \' ^ lîi ir ;.? ,<^' }■■ / ,'l H t'y- 110 Discours caufe qu'ils alléguenc : ils l'imaginent fuivant leur intelligence. Se fc pcrfiiadent que ce font les minéraux, parce qu'ils cioyenc qu'on ne peut ou- vrir la terre fans en rencontixr. Quoique ces gens foient fouvent occupes aux travaux des mines, ils ont il peu de connoillanre de la phyfique fou- terraine , qu'en i^énéral ii-i en ignorent jufqu'aux premiers princij. ss : voilà pourquoi l'air des hau* tes contrées efl: pour eux le même que celui des bafles, fans qu'ils penfent plus loin. Us ignortm ce que c'eft c\\xélafùcké , denjicé , pefanceur. Les hommes qui arrivent nouvellement dans ces climats, éprouvent aufii quelque chofe d'a- nalogue à ce que j'ai dit des animaux; ils fen- tent en marchant une fatigue, comme fuffocante & très-pénible, qui les oblige de fe repofer long- tems ; cela leur arrive même dans le plat pays: or, il ne peut y avoir d'autre car.fe de ce phénomène que la fubtilité de l'air ; mais à mefure que les pou- mons fe font à cette Atmofphère , la gène devient moindre. Cependant on y éprouve toujours quel- que difficulté de refpirer lorfqu'on veut monter quelque côte; ce qui eft inévitable , mais ce qu'on ne fent point dans les autres contrées où l'At- mofphère a une denfité régulière. Cette légèreté de l'air devient favorable aux afthmatiques devenus tels dans un air plus épais. Cet afthme y eft connu fous le nom de aho- l'n i .. J CINQUIEME. m pos ou fuffocation \ il y eft même a(Tez com- mun : c'eft pourquoi ceux qui en font atta- qués dans les baffes contrées , fe rendent dans les hautes j quoiqu'ils n'y gucrilfent pas entière- ment, ils y vivent cependant fans peine : ceux au contraire qui font devenus tels dans les hauts pays , fe trouvent bien dans les bas ; ainfi , le changement d'air devient un foulagement alfiirc dans cette efpècc d'incommodité. La médecine pourroit tirer parti de ces expériences , en envoyant les malades d'une contrée dans une autre , quoi- qu'il n'y eût pas ailleurs une auflî grande diffé- rence dans l'élévation des ter reins. On remarque auflî à certain point cette dif- ficulté de refpirer dans les hautes contrées de la province de Quito, mais elle y eft: moins péni- ble : cela vient fans doute de ce que l'une de ces contrées eft fous l'équateur, ou très -près, tandis que l'autre en eft éloignée. On en a conclu que les Punas ou cîmes du Pérou font moins froides & l'air moins âpre que dans les autres contrées. Mais il eft bon d'obfervcr que ce qui a été dit de Guancavelica eft général pour tous les terreins qui fe prolongent vers le Sud. Pour mieux faire comprendre cqs détails , j'ob- ferverai ici que ce qu'on appelle Punas an Pérou, fe nomme Paramo au Royaume de Quito j & que tout ce pays froid & défcrt où il n'y a au- !■ 1 ! t SIXIEME. 153 femmes y ont recours fans répugnance dans le befoin. L'herbe appeliée Nugnu-Quthua a auflî la mcme vertu : le mot Nugnu fignifie le jdn , & de-U vient le nom de Nugnu ou nourrice c]ui donne le fein. On y trouve auflî une autre plante d'une rare vertu, pour guérir & cicatrifer toutes fortes de plaies : on l'appelle herbe de Maladuras , & dans la langue des Indiens Huallhua. , parce que c'eft avec cela qu'ils guériflenc les plaies des animaux; elle eft H efficace qu'elle les guérit en peu de jours. On la pile pour la réduire en poudre , & on l'applique ainH fur la partie aAeâée , que ce foit une grande ou une petite blclTure , ou une plaie. Cette plante produit en peu de tems , & fans autre préparation , les effets avantageux qu'on auroit en vain attendu long-tems de tous ies re- mèdes compofés de la chirurgie : il ne faut même y joindre aucune autre fimple. S'il n'y a pas beaucoup d'efpcces différentes de plantes , grandes ou petites , dans ce pays , elles ont au moins l'avantage d'être les unes &: les autres douées de quelques excellentes pro- priétés : il n'en efl pas de même de celles des climats chauds. La Cajcarille ou Quïna demande un climat froid » & efl particulière aux terreins élevés du Pérou : on la trouve non - feulement dans le |ays de Loxa^ ell<^ c^ît encore en beau-. t'>\ ■^ :,»' f'f\ t-i 'T ^JTê». •' ■ ».i*-^»»*ij,' ' / M'Jj 154 Discours coup d*autres : on connoît très -bien fes vertus mcdicinales , & les av«ini'.ges qui en réfultent pour le récabliirement de la fanté. Les climats chauds de la Zone Torride font infiniment plus fertiles en diverfes efpcces, & les arbres y font beaucoup plus beaux j mais il s'en trouve aufli de trcs-nuifibles parmi le grand nombre de très- bons, &c dont les bois font très- beaux j tel eft le mancenilier, fon ombre feule fait enfler le ventre de ceux qui s'y repofent , ôc cherchent i s*y garantir de la chaleur qui y règne. Le Guao ou Guau eft une plante en forme d'arbufte , dont la qualité maligne paroît ne pas permettre que la plante s'élève à la hauteirr des autics : fon poifon eft: fi adtif, qu'il fait enfler la partie du corps que la plante touche, 6c, l'af- fette au point qu'il faut un traitement fuivi pour en guérir le mal. Cette mauvaife qualité des pliures n'empêche pas que dans le grand nom- bre il ne s'en trouve qui aient quelque vertus particulières , &.■ qui , appliquées avec connoiftance de caufe, deviennent utiles dans plufieurs ma- ladies. Parmi celles qui croifient dans l'île de Cuba , l'on en trouve une qui mérite , avec rai- fon , d'être plus connue qu'elle ne l'eft : c'eft un arbre qu'on y appelle Ocuge , Se dont il dé- coule une réfine t»ès-efficace pour le relâchement des membres , qu elle laffermic totalement. Les ï< ''■ I SIXIEME. , 135 Iiabirans «(Turent mcme , J'apics rexpcriciKC , que fi on l'applique en forme d'emplâtre fur une articulation j elle la confolide au point d'en faire ceiTer tout le mouvement : c'eft pourquoi , Jorfqu'on s'en fert, il faut avoir foin qu'elle n» touche que la partie affcdce ; autrement , il en rcfulterolt des inconvcniens. Ils difent encore qu'elle eft également utile pour les relâchemens anciens, tant dans les vieillards, que dans les jeunes fujets. , Cette réfine ne fuifit pas feule pour la cure, elle ne fait qu'une partie du médicament : on le complète avec la poudre de Mates , qu'on répand fur l'emplâtre lorfque la réfine eft étendue. Ces hhites font de petits noyaux de la grandeur d'une noifette , mais applatis des deux côtés , durs , polis , rouges , de fort beaux : un des cotés externes eft marqué d'une raie noire, c'eft le produit d'un petit arbufte , dont les montagnes font remplies : ils font fi communs , qu'on les donne aux enfans pour jouer. *On devroit bien répandre Tufage d'un médicament auflî impor- tant pour un genre d'accident , qui rend un grand nombre de fujets incapables d'agir, & qui mec même leur vie en danger : les perfonnes du plus haut rang y font également expofées. Parmi les plantes nombreufes de ce climat chaud & humide , il s'en trouve une particulière ,, qui If 1' ■■j^-'^ I< 'I' 15^ Discours eft des efpèces de Solanum , & connue par le nom de Fraylecillo : les feuilles font un purgatif efficace , Se qui ne trouble point la nature j elles font aufïî cinétiques. Quant à leur opciation dif- férente , on croit communément dans le pays que cela dépend de la manière dont on les arra- che. Si on les arrache , dit on , de haut en bas , on prétend qu'elles opèrent par les felles , en préci- pitant les humeurs qu'elles fondent j au lieu que il on les arrache de bas en haut , elles font vomir : on les regarde comme un défobfliruant efficace : on dit mcme qu'elles rendent fécondes les femmes qui , jufque-U , avoient été ftériles; ce dont on rapporte pluiieurs exemples. Ceux qui en ont ufé comme purgatif, difent qu'ils n'eil pas befoin de s'allreindre à certains jours, comme l'exigent d'autres purgatifs •, & que l'effet en eff: conHdérable. On en fait bouillir deux ou trois feuilles , dont on boit la décoélion , ou Ion mange les feuilles : on les prend auffi en conferve , ou en poudre. Ces feuilles opèrent plus lentement lorfqu'elles font sèches : c'eft pourquoi on les prend alors le foir , pour en attendre l'effet le jour fuivant. Cette plante donne un j^etit fruit ^^ le faifoit couper dans les champs. Cette plante eft là de meilleure qua- lité que celui de la Louifiane , où elle eft ce-, pendant cultivée avec le plus grand foin , Se où l'on en fait trois récoltes par an , pendant l'été. L'Indigo fauvage de la Havane fe sèche durant les chaleurs , & reprend vigueur pendant les pluies. La Calaguala ou Canch^iagua , plus connue actuellement en Europe pour fes vertus, qu'il Mi :t' K^ If I I i r t \'- i V' i 138 Discours n'y a vingt ans , eft une des produfbîons de ces hautes cimes inhabitabies des Cordillères , où k neige laifle rarement voir la terre dans le cours de Tannée. Il y a une autre plante appellée Culén^ qui croît fur les hauteurs du Royaume de Chili , & dont les vertus ne font pas moins recom- mandables que les précédentes j les feuilles en font découpées comme celles du perfil , d'un verd obfcur : {qs vertus font fi étendues , qu'on en fait ufage , avec fuccès , dans différentes ma- ladies : elle eft ftomachique , fudorifique j mais elle eft fur- tout avantageufe pour les maladies ordinaires des femmes j favoir , dans le cas de fuppreflîons de règles , de vapeurs , & autres fymptômes hyftériques j qu'elle guérit merveil- Uufemcnt : auiîî en fait -on là le plus 2;rand cas. T • i o ^ !>»--. liqQg ^ fjiii; une grande perte dans le retard du retou. ^e M. Jofeph de Julfieu en Europe. Cet habile Botama,. avoit paflTé en 1735 au Pérou, avec les Académiciens <1es deux Na- tions , pour examiner \qs plantes particulières a cette partie du Globe. Il auroit enrichi l'Hiftoire Naturelle de nouvelles découvertes très -utiles: car il avoit parcouru, avec la plus grande* ap- plication , les vaftes pays du Pérou , d'un bout à l'autre. Un événement inattendu fit évanouie toutes les efpérances qu'on avoit de fes travaux, de fon extrême attention, & de fa grande ca- SIXIEME. 139] pacité. L'envie de multiplier fes obfervations , & la circonftaiice de la guerre qui furvinc en 1740 avec l'Angleterre, le déterminèrent à fe rendre de Lima , 011 il fe trouvoit , a Buenos- Ayres , pour pafler de-là au BicTil , & retournée en Europe fur un vaifleau dont le pavillon le mît en sûreté : il avoit déjà fait la plus grande partie du voyage , lorfque fon domelHque , quî ctoit depuis long-tems à fon fervice j & en qui il avoit toute confiance , lui vola fon argent Se tout ce qu'il avoit de plus précieux. Ce domef-, tique profitant de l'occafion qu'il crut favorable , difparut avec le coffre, qui renfermoit le fruit le plus précieux du travail de fon Maître j favoir, les herbiers que celui-ci avoit formés, & les papiers qui contenoient les defcriptions des n'-^- tes , ik autres obfervations précie'^'^^* Quelque diligence que 1- '^'ouverneurs & les Juges des Provinc-^-» aient faites pour découvrir cet homme, *i tiit impoffible d'en rien apprendre: on préfuma feulement qu'il avoit, pris la route du Bréfil. Juflîeu fe voyant ainfi dépouillé de tout le fruit de fes fatigues , & qu'il étoit hon- teux pour lui de revenir en Europe fans les inftrudions qu'on attendoit de luij que d'ail- leurs fa fanté fe trouvoit affoiblie, incapable de foutenir les mêmes travaux, pour recommencer fes détails fur l'Hiftoire Naturelle 5 il réfolut ds 1 '*\:\r '^i 1 F!) H"l !;;(. lui!»' m il I ir i ? *, 140 Discours retourner à Lima, où il vécut en (Impie parti- culier , s occupant à lire ôc à examiner >£[uelqiies plantes qui fe préiiçntoient à fes yeux. Comme je fuis occupé à écrire cet Ouvrage-ci , j'apprends qu'il a pafle à la Havane , & qu'il eft arrivé à Madrid : ainfî , l'on peut efpérer qu'il publiera quelques obfervations fur ce qu'il a eu lieu d'e- xaminer pendant fon dernier féjour. La Coca eft une plante fort commune dans les hauts terreins de cette partie : on s'en fert avec une efpèce de terre appellée Toccra ou Uipta, qui eft une pâte compofée en manière de tablettes de chocolat , mais un peu plus grandes & de la même couleur. On prépare ces tablettes avec les cendres des épis du maïs dépouillés de leurs grains, ôc celles de quelques autres plantes auvagt^ , "Sondantes en principes falins j qi.and on a bien pétri c, matières enfemble , on les laifTe fécher & durcir. Les Coqueras ou celles qui vendant la Coca , font ordinairement des Indiennes , qui donnent volontiers de la Toccra en proportion de ce qu'on leur achète de Coca-^ ôc fans cela^ cette plante feroit privée de ce qui lui donne fa meil- leure faveur. Les Indiens font le plus grand cas de cette plante, & ne travaillcroient jamais vo- lontiers (î elle leur manquoit. Avant de com- mencer, il s'aflTéient pour la préparer j ce qu'ils M ■yi): - « SIXIEME. 141 appellent AcuUicar : ils en prennent un bon morceau dans la bouche, avec un peu de Toccra^. l'humeilent , & réduifent le tout en une boule : quand ils l'ont bien pétrie , ils la jettent dans une petite bourfe ou un fachet , où ils gardent ia Coca j & ils continuent ainfi juiqu a ce qu'ils aient fait cinq ou fix boules ^ ce qui efl; la quan^ tité qu'ils confomment dans un travail de deux ou trois heures : dès qu'ils n'en ont plus , ils re- commencent leur AcuUicar^ pour fuivre après cela leur travail : ils tiennent chaque boule dans la bouche tant qu'ils fentent la faveur âpre & poignante de la feuille, & en prennent une rai»^? dès qu'ils ne fentent plus rien. ourfes dont ils fe fervent font faites de c la peau entière d'un petit animal , refTemblant à un renardeau , ou autre analogue : c eft avec cela qu'ils tiennent la Coca Se la Toccra à leur ceinture. La plante qu'on appelle Hedionda ou Puante , eft très-commune dans cette contrée : fon n'oni annonce fa qualité 5 car l'odeur qu'elle répand lorfqu'on la touche eft très-nauféabonde & rebu- tante : c'eft une des efpèces nombreufes de Sola^ num qu'on y trouve. Celle dont il s'agit ici eft un arbufte afîez grand *, on l'emploie pour diffé- rentes maladies j elle fert avec fuccès de vermi- fuge dans la Louifiane. Elle ne vient pas dans ■:|l Hx m 1 fj 1141 Discours les climats froids j mais elle eft fort commune dans les températures chaudes ou modérées. L'expérience femble prouver que l'ail . eft un produit des climats froids ^ on ne le cultive pas dans ces hautes contrées : c'eft une des plantes nuifibles qui préjudicient au fol j car ceux qui commencent à y croître , s'y multiplient au point que la terre devient incapable d'y produire autre chofe : d'ailleurs le voifinage en eft incommode, Q. caufe de l'odeur forte qui s'en exhale : on n'y a d'autre peine que de les cueillir. J'ai dit que la Nature fe réfcrve toujours quel- ques avantages particuliers pour les accorder à certaines contrées, fans vouloir que d'autres y participent. Les vignes croiflTent naturellement au milieu de la Louifiane, & avec autant de beauté Ôc de perfedion que fi elles avoient été plantées à la main , & cultivées avec le plus grand foin. C'eft ce qu'on voit dans un terrein de quarante lieues , entre les Opdujas ik les Natchkocas : les vignes s'y élèvent en forme de ceps , & jettent leurs brins avec une extrême vigueur. Dès le commencement de Mai je les yis chargées de grappes j elles promettoient de donner de bon fruit j ôc en abondance j mais le raifin n'y vient pas à parfaite maturité , à caufe des cerfs , des chamois ôc des ours qui la dévorent avant qu'il foit mûr. » ^ SIXIEME^ 143^ Les fraifes font pareillement naturelles dan« ce pays , & la qualité en*eft aulîi bonne que celles des fraifes qui font cultivées dans nos jar- dins avec le plus grand foin. Ces plantes croif- fent auffi naturellement , & font répandues ci ôc H dans le Royaume du Chili , & dans les campagnes voifines de la Ville de la Concep- tion : ces campagnes font un peu plus élevées que celles de la Louifiane , dont je viens de parler. On voit , par ce moyen , le rapport qu'il y a entre ces deux contrées , malgré le grand intervalle qui les fépare. Mais on ne voit pas ces plantes dans la partie haute du Pérou , où règne une température froide, ni dans les climats plus tempérés, où l'Atmof- phère ne s'écarte pas de ces deux extrêmes j d'où l'on doit conclure que ces plantes ont alternati- vement befoin d'un degré de chaleur modérée après le froid de l'hiver , & les grandes chaleurs de l'été ; 6c que d'ailleurs il leur fiut une At- mofphère d'une denfité proportionnée , où l'air. ne foit ni auflî fubtil , ni auffi léger qiie dans ces contrées du Pérou. Les champs de la Louifiane font fort fertiles ôc fore abondans en plantes j ce qui eft une con- féquence nécelTaire du climat qui leur eft favo- rable , ôc où elles ont alternativement les rayons du foleil ôc les pluies. Elles y font indigènes , .( ■ ^«^'ê^iai!: ..^J ti t 'I m Hltl f(- l 144 Discours croitTent fans culture j & avec la plus grande vigueur. Le SalTafras y e(l Tarbre le plus commun, C*eft un des arbres qui contribuent à rendre les bois épais & impénétrables. Le Capillaire , que nous appelions Culantrilo , y croît abondamment jufqu aux hauts pays du Midilipi , dans celui des Ilinois , & encore plus vers le Nord. Cette plante indigène eft la plus eftimée entre les mêmes efpèces , à caufe de fon efficacité. Dans les contrées qui s'étendent plus au Nord, jufqu'à l'intérieur du fleuve Mifuri , qui va con- finer A Santd'Fé^ dans la nouvelle Efpagne, au Nord même de cette Province, on trouve la plante appellée Mandragore chez les Anciens , & donc les Hifloriens de ces tems-là ont parlé avec beaucoup d'éloges. Les Marchands en gros de cette même partie de la Louifiane , qui font des courfes dans ces contrées , difent que non-feule- ment on y apperçoic la figure humaine , mais qu on y diftingue même les deux fexes. Quoi* qu'ils en puiffent dire, on n'y voit pas cette lelTemblance dans les morceaux qu'ils apportent. Quelques Auteurs alTurenc qu'elle fe trouve auin en .Canada^ ce qui n'eft; pas impoflible, puifque ces deux contrées fe touchent j & que d'ailleurs fi elle fe trouve dans Tune ou dans l'autre > i' eft fort naturel qu'elle croifie aufll . dans m I i rm 1 hi^ i*i I si X I E M E. I4J lians le pays contigu. On la trouve auflî en Chine, dans la province de Pékin j mais félon l'opinion la plus accrcdicée , elle y eft apportée par les Tartares , ôc n'y croit pas. Les Chinois l'appel- lent Ginfcng^ faifant allufion à la figure humaine qu'elle a. Lés Taftares l'appellent Orhota , ce Cj^m (ïgn\(\Q la prem ' ; plantes; ils lui don- nent ce nom à caufe de *>-s excellentes ."'tjs, &i lui attribuent tant d'efficacité pour nombre de circonftances, qu'ils y attachent le plus grand prix. La principale confil^e à rétablir les elptits vitaux , èc a ranimer les forcés abattues par quelque fatigue du corps j mais ils prétendent, enïre autres chofes , qu'elle prolonge la vie des vieillards , &r la renouvelle en ceux qui ont été abattus par quelques maladies. Quoiqu'elle fe vende au poids de l'argent dans les endroits ou elle fe trouve , ce prix ne répond pas encore aux grandes vertus qu'on lui prête. Ce fut en i7 ni auberge pour fe retirer. Cette chalTe doit quelquefois durer des mois entiers, fi on veut la faire avec un avantage réel. La chair de ces ani- maux & le maïs que ces gens portent avec eux, leur fervent de nourriture. Si le tems devient mauvais , qu'il neige ou que les vents foient violens , ils s'adoflent contre le flant de quelque roche oppofée , ou fe retirent à l'abri d'une col- line fermée. Il fe rencontre auHI quelques Alpaques dans les troupes de Vigognes-^ on en vpit même des troupes, mais non en aufli grand nonibre. Ces chafleurs vendent les peaux garnies de leur laine j car on ne leur acheteroit pas la laine féparée de la peau , à caufe de la fraude par laquelle on mêle alfez ordinairement la laine d'Alpaque avec l'autre : or, rien de plus facile , puifque la cou- leur eft la même : elles ne différent qu'en ce que celle è^Alpaque eft plus longue , mais non auflî fine ni auflî molle. Les marchands qui l'achè- tent fur la peau même , la font tondre , & l'em- balent , pour la faire pafler en Efpagne. ( ) t-f il ■' I, i' / ^fi':^ iir-i'^ M 'j iil .1 '3 l'Vl fmm m ( ni ^ tJs|| jn«M m 1 m ■ i 1 1 t-.r -i» 1 'U: U m |ip i^S Discours L'appât de ce gain fait tuer indiftindtement tout ce qui tombe dans les mains de ces chaf- ieurs réunis , mâle ou femelle j de-la rcfulte la diminution de l'efpèce^ mais rien ne force i tuer les femelles. On pourroit facilement tondre (belles qui fé trouvent prifes , & diminuer le nom- bre des mâles, qu'on n'cpavgneroit pas. C'eft ùinCi qu'on en ufoit du tems des Incasj l'efpiLce fe multiplioit par cette attention : on auroit cha- que fois beaucoup plus de cette laine , qui coûte à préfent tant de fatigues à obtenir. Les Alpaques 8c les Guanacos font la plus grande à^s trois efpcces, & n'ont pas la mcme beauté , quoiqu'ils aient quelque reflemblance avec la Vigogne. Ces animaux-là ont le cou long et gros , iîon en S comme celle-ci j mais il s'c- lève verticalement fur les épaules : la tête & la haute partie du cou font couvertes d'une laine Ion- ique & épaifle \ ce qu'on ne voit pas a la Vigognci Là laine Ul , outre cela , aflez longue aux autres parties dii ' corps , fur-tour aux épaules & au ventre; ces animaux fe laiflTent appriVoifer comme Tes Llamas; l'Alpaque s'accoutume même a por- ter quelque fardeau , plus pefant que fon propre corps, ce que ne fait pas le Guanaco, L'animal lé pliis iitile pour les Indiens de cti contrées, èc qui fe tait mieux à leur caradère, cft le Llama. Ils s'en fervent pour porter toutes eu comme S É P T I B M B. 159 fortes de charges , non- feulement dans les mines, mais mtnic pour trahfporter tout ce qui fe pré- rente , d'un endroit à l'autre, La confidération qu'ils ont pour cet animal palTe toutes les bornes dti ia railun , &c découvre bien leur ignorance* Ils ont pour tous les animaux domeftiques , mais lur-tout pour leurs Llamas , un genre d'af- fedion qui ne fe voit chez aucunpeuple de la terre j toutes leurs démonftrations extérieures le manifeftent allez. Avant de le mettre au fervice, ils font une efpèce de fête, telle qu'ils en pourroient faire pour un nouveau compagnon. Ils le font entrer dans l'enceinte où efl: leur cabane j ils le parent, lui mettent nombre de bandes de foie ou de laine , & des houpes à la tête : ils fo'nt Une provi- fion de chica, d'eau- de- vie & dé 'thaïs rôti, invitent les Indiens qui leur font âhiis. Tous ar- rivent avec leurs fdimmes, leUrs ènfans, dans la cour fermée où eft l'animal. Ils battent de leurs tambourins , joU^nt dé leurs flûtes : la danfe com- mence, ôc dure deux jours , allant fon train, par intervalles, là nuit comme le jour j ils l'inter- rompent quand ils font fatigués. Dè^ qu'ils ont repris haleine , oU que la vapeur des bôi^fTons leur monte à la tête, ils reviennent a tous les plai- firs. De tems en tems ils fê rendent auprès de l'animal , qui , pour l'ordinaire , fé trouve retiré ?tiî ' J /) l' .. \f m '} f Uï{ ■il- ,1 v'i \ , W IIP ui 11 I à ) iil il ' Il ! h i: (I \ 160 Discours dans un coin de la cour , l'embrafTent , lui font mille Garelfes, & lui préfentcnt leurs Totumas , ou calebafles de chica & d'eau-de-vie. Quoiqu'il n'en boive pas, ils lui mettent cela fous le nez, k font contens quand ils ont fait cette démonftra- lionj ils lui parlent en leur langue, lui din\nt ce qu'ils peuvent de plus amical, comme s'ils pm-* loient aune perfonne avec laquelle ils entreroicnt dans une forte de liaifon. Après cette fcte, qr,i cft comme une déclaration d'amitié , ils com- mencent à s'en fervir , mais fans lui ôter la pa- rure & les ornemens qu'ils lui ont mis. Avant de l'avoir mis au fervice , ils l'ont en général traité avec tant de modération, que ja- mais f ou liirement ) par la fuite ils ne le traitent durement en route j au contraire, ils s'afllijettii^ fent abfojument a fa marche^ & fe fervent d'i»n fîfflet pour le guider. Cet animal fe fa,it, aifc- ment à la charge, quoiqu'il sqw trouve , qiiol- ques-uns qui s'y refufentj mais cette réfiftance lie manifeftc jamai^ aucune iiKlination de fiire du mal : l'animal fe refufe feulement à porter le fardeau dont on veut le charger. Il ne mange que l'herbe qu'il trouve dans les champs j il peut paflTer deux jours fans manger, & même plus, quand il ne travaille pas. S'il arrive qu'il fe fente fatigué , & fe couche à terre , foir parce qu'il a fait tiop de chemin, foit septième: i€t folt faute d'aliment , ou parce qu'on Ta furchargé > jamais il ne fe relève, Se toutes les tentatives dQS Indiens ont jufqu'ici été inutiles ^ ils n'ont pu le remettre fur pied> de forte qu'il meurt où il s'eft ainfi couché» Cette particularité fi éton- nante, fur-tout dans un animal apprivoifé avec tant de familiarité, & qui ne mange que de l'herbe qu'il broute , ne fe voit dans aucun autre animal. Les Llamas vont jour & nuit, broutant l'herbe qui leur convient le long des chemins qu'ils fuivent : néanmoins , on les laiflTe repofer plu- fieurs heures. Quand ils ont pris aifez d'aliment > ils fe couchent & ruminent, reprennent de nou- velles forces , levant toujours verticalement le col 8c la tète. Leur manière de fe coucher eft dlfFérente de celle de tous les autres animaux : d'a- bord ils s'agenouillent, enfuite courbent de chaque côté les jambes de derrière fous le Ventre* Dans cette pofition , le corps conferve une direélioti ; très- droite , dont l'épine du dos fait exademeni le milieu , comm« fî l'animal étoit levé , & l'on jne voit plus ni_ jambe de devant ni de derrière^ le corps les cache totalement. Quand ils commencent à fe fatiguer, ou qu'ils Ife fâchent, ils jettent un cri aigUj différent de celui des Vigognes j c'eftune efpèce de ton pJain- Itif , mais il eft différent lorfque l'animal eft fa- jtigué ou irrité. Il a toujours la tète en mouvement Tome /♦ L S' M mi i(>i Discours quand il marche , éc fans ccre fatigué ; il regarde avec une erpèce de fierté de l'un 6c de l'autre côté du chemin , comme pour contempler la campagne. Sa laine eft grodîère en comparai- fon de celle des Vigognes Se des Alpaques; on l'applique à des ufages pour lefquels il ne faut pas de laine fine. Il y a quelque variété dans la couleur : on en voit de tachetée de blanc ëc d'un brun canelle , ou de blanche ôc noire , comme celle des Guariûcos ; mais la plus ordinaire eil celle de la couleur canelle , quoique moins vive que celle de la Vigogne. On ne voit plus à préfent de Llamas fauvages; les troupeaux qu'on en rencontre fur les mon- tagnes font domeiliques \ les propriétaires les y tiennent pour les laifTer fe reproduire en liberté, dans des climats & des pâturages qui leur font propres \ ainli, ils ne deviennent jamais farouches i comme les Vigognes , quoiqu^'ils ne foient ni j enfermés , ni même gênés d'aucune manière. Comme les plantes ont chacune leur fol pai* tîculier pour végéter j fans fe propager auffi gé- néralement dans un endroit que dans l'amire, del même les animaux ont les lieux de leurs habita» tiens affignés par" la Nature, pour y reproduire ' & maintenir leur efpèce, & ne paffent point dans des terreins différensde ceux-là. Les Llamas font des animaux également communs dans I0I 8 1 P T I 1 M i; l6f royaume de Quito: les V'igogncii au contraiic ne fe trouvent que dans celui du P;'rija, <^uoique ces deux royaumes ne ioienc ([u'uii tncnie con- tinent , Ik où le cliniac cit le inèmc , quant à la fubiilitc de l'air ik aux pâturages. En tfl'et , on voit dans Tan cc l'autre royaurne des cimes très- élevées, ou punas ^ fur lefq utiles règ'jt un froid auili vif; 1 ichu y efl: aulu cominiui j l'air y a la même qualité, aurant qu'on j»eui en juger par les ftiifations : ainiî iî y a l'eu àe croire qu'il doit fe trouver quelque caufc particulière, quoi- qu'infenlible poumons, qui diftingne les Punas^ la partie haute de cette contrée-là fous l'Equateur, & les terreins qui l'avoifinent , de l'autre qui en eft plus éloignée j de forte que ce doit ccie la véritable raifon pour laquelle les animaux par- ticuliers à Tune , ne peuvent vivre dans l'autre. Cela vient peut être du principe qui occa- fionne fur les Punas du Pérou ces naufées & ces vomiiTemens qu'on n'éprouve pas fur celles du royaume de Quito : ainfi il y auroit entre ces deux climats une différence ellentielle, nonobf- tant la parité que femblent y établir le même degré de fubtilité dans l'air , le froid ôc les plantes. Mais on voit le contraire par l'efpèce des la- pins fauvages; il y en a en quantité dans le royaume de Quito , & de la même efpèce que ceux d'Europe, dans tous les rapports poffibles. . 1 '\ : * hi,| fi'm i ■wlw' I ^4 D I s c o t^ 5 tels que la grandeur, la forme, la couleur ôc le goCic. Il n'y en a pas un dans le Pérou , lî l'on excepte cette erpcce de lapins prives, très diffc- rens des premiers. On n'en voit même que dans quelques maifons , où l'on en nourrit par pure curiofité. En dédommagement de cette efpèce de lapins qui manquent au Pérou , l'on y trouve d'autres animaux que l'on appelle f^ifcachas j & qu'on chercheroit en vain dans le royaume de Quito : ils ont la même figure Se le poil de la même couleur que les lapins : ce qui les en dif- tingue efl: leur queue longue, très- garnie de poil touffu , comme celle des écureuils , mais feule- ment à fon extrémité \ car le poil cft clair-femé à l'origine de cette queue. Cet animal ne la porte pas recourbée vers la tête , comme l'écureuil, mais rendue horilbntalement ; les articulations ^n font minces & cartilagineufe::. Cet .inimal fe cache ^ans les trous des rochers, & y a fon terrier, au lieu de le faire en terre comme le lapin. Il s'en réunit un grand nom- bre : la plupart du tems on \qs voit aflîs fans manger •, ils fe nourrilfent d'herbes & d'arbuftej qui croiflent fur ces roches; ils font fort vifs: s'ils fe fauvent , ce n'eft pas pour courir , & éviter ainfi le danger, mais pour chercher uii trou où ils puilfent fe jetter; ils s'y retirent mcme lorfqu'ils font blelfcs ; c'eft pourquoi il faut kî SEPTIEME. 1^5 tirer à la tcte fi on veut les avoir j car, en qucl- qu'aiitre endroit qu'on les bleflTe , ils fe traînent, ^ vont mourir dans le fond de leur terrier, s'ils en ont encore la force. Cet animal a ceci de par- ticulier, que, des qu'il eft mort , fon poil tombe delà peau : ainfi fa peau ne peut fcrvir à nombre de befoins ordinaires , comme celle du lapin , quoiqu'elle foit plus molle, un peu plus longue 6c plus fine. La chair en eft blanche, mais non de bon goût, ou plutôt d'une faveur dcfagréablej en certains tems même , elle ne peut fe manger. La race du Lapin eft une de celles qui font .es plus répandues fur la terre j il eft rare qu'on n'en rencontre pas dans un pays quelconque. On en voie dans la Louyfiaiie de la même ef- pèce qu'en Europe, mais un peu plus grands , tenant le milieu entre le Lièvre de le Lapin j ils n'y font pas de terriers , mais ils cherchent de vieux arbres dont le cœur foit pourri : s'ils y trouvent un creux, ils s'y logent', en grimpant auffî haut qu'il leur eft poflible de monter ; c'eft pourquoi la manière de les prendre eft de les enfumer par le bas de l'arbre, en bouchant route ilTue : ils tombent alors fuffoqués, ne pouvant plus s'accrocher à rien. Les chiens avec lefquels on les chalTe, s'arrêtent aux arbres ou ces animaux fe retirent. On peut conclure de ces détails que ti * lAln '»%. .,TwwT' ■ ' ^?-" ' ■ '-'fi. • v-^-. i'l...î. W m -v\ I! • !u:,i ■h 1 -^ f7<> D I s C O TT R s.* on croirolt entendre une bafle, dont le fon de- vient trjs-i'atiguanr. On voit fur-tout, parmi ces nombreux infcdcs, quantité de cerfs - volans , dum les cornes' font fort longues £< branchues comme les bois d'un Cerf- ils font fort dangereux pour les yeux, car ils fe lancent dans le vifage wec violence : la couleur en cft noire , le corps a la grolfeu du grand Scarabée Les Cucarachas ^ connus à la Havane & dans les autres climats chauds , ne le font pas moins à la Louyliane , il y font mcnie plus dangereux: on les y nomme Ravers. Ils font plus grands que ceux de Carthagcne ou de Cuba ; l'odeur en efl rebutante. Les rats ne font pas plus de dégât, car ils rongent tout avec une extrême prompn- tude , c'ell pourquoi il fiut avoir le plus grand foin pour en garantir le papier, & même les habits : cet infede efl: fort rufé , & fuit très-vîte au moindre bruit qu'il entend. Parmi les efpèces de petits animaux qui em- bellifliènt la terre en diverfes contrées, on doit admirer comme une chofe très-curieufe les Cu- cuyos , qu'on trouve dans Cuba, & en plus grand nombre que dans les llîes voifines. Ils font de la clafTe des vers-luifans ^ ( Lucernas ) que l'on voit voltiger de nuit, mais fort différens de l'efpèce commune : ils en font fur-touc diftingués par !a vivacité ■^y n w^ luit très-vue % ï IP T I B \t B* 177 1fîvacîté& l'cclflt fingulierde leur lumière , Ôc ne tiennent rien de l'efpèce des vers aîlés en ma- nière des papillons. Cet, infede a la forme des Curianas ou des Cucarachasj ayant quatre aîles , qu'il fort de la conque ou croûte teftacée qui le couvre à la partie fupcrieure. Vers le milieu & à chaque cote du bas- ventre , il a deux taches ou magafins lumineux , de la grandeur de deux petites lentilles : c'eft par- là qu'il fait rémiflîon de fa première lumière. On voit à ^te deux autres taches femblables , à l'endrou où doivent Être les yeux , mais un peu moindres que les prc- cédentes. C'eft de ces quatre .points qu*il répand une clarté aflez confidérable & bien vive. L'a- nimal peut à fon gré répandre ou fupprimer cet éclat, & l'entretenir long-tems. Il fe ranime, prend une nouvelle vivacité lorfqu'on le met dans l'eau. S'il dort , ou qu'il ne jette point de lu- mière, il fuffit de le remuer pour le forcer a le faire. On voit aflfez pat ces etfets que l'animal abonde en matière phofphorique. Il faut remarquer que les points d'où part la lumière font jaunes quand l'animal eft mort, ou n'éclaire pas. On en voie fur-tout en été j tems des pluies ôc des chaleurs, une très-grande quantité , on n'en apperçoit pas en hiver. Cet infede fe nourrit du jus des cannes à fucre qui croifFenc & mûiiffent en été -y aufli en Tome /. M 114 m hW '.m f ,i' i. M^ m »■' ' K ':: \ ''-"^♦A-*^.-, «?>. IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) ^O "% .^'*^ v .^^ <'nV' ^ ^o 1.0 l.l 11.25 ■AàlZl 12.5 |50 ■"■ ■■■ Jflàî |22 •uuu ^U4 Photographie Sdenœs Corporation 23 WEST MAIN STREET WEBSTER, N.Y. MS80 (716) 873-4503 V iV •1>^ >^ ;\ y lii; fyS Discours crouve-t-on le plus grand nombre dans les plan* tations de fucre. On n'en trouve pas dans li Louyûane, quoique crès- proche , & malgré li culture du fucre. Il n'y en a pas non plus dans les autres pays où croît cette plante. On peut les con* ferver deux mois environ , dans de petites boctes â jour, faites pour cet effet. On leur donne de petits morceaux de fucre , dont ils fucent la fubf- tance , ce qui leur va bien , puifque c'ed un extrait de la canne. Comme c'eft de nuit que cet infede répand fa lumière en volant, 6c fe laifTe appercevoir, il ne feroit pas facile de le prendre , fi , flatté lui- même de la beauté de fon éclat , il ne fe laifloit tromper avec des charbons ardens qu'on porte alors , & auxquels il vient dès qu'on les lui pré- fente, feroit-il même à une diftance éloignée: c'eft ainfi qu'on s'en faifit. Cette impulfion qui l'amène, paroît venir de ce qu'il croit voir dans ce charbon ardent un autre animal de fon efpèce, vers lequel il vient à l'inftant : audi tous les vers femblables , qui font dans les environs , fe ren- dent-ils vers ce charbon dès qu'ils l'apperçoivent. Mais la même chofe ne réufllt pas avec une lu- mière , telle que feroit celle d'une bougie ou d'une chandelle. Lorfque la lune ne luit pas , 6c que les Cucuyos paroiirenty c'eft un fpedtacle des plus beaux que ^,..^- ,,-.— i«^! ■«^«^►«èi.. s E P T I E M C; 17^ Je voir la campagne remplie de ces lumières bril- laiires. Les habicaiis s'amufeiu à- les prendre pour en tenir en cagej ils en lâchent quelques-uns dans une chambre non éclairée, qui fe remplit aufli-tôc de lumière , & prennent beauco up de plaifir à voir voltiger cet éclat dans tout le con- roiir de la pièce. Quand les femmes fortent le foir pour prendre le frais , elles en ont ordinai- rement la tête parée j elles en mettent des col- liers & des bracelets , qu'elles arrangent de di- verfes manières , & marchent ainfi tout écla- tantes, comme fi elles avoient fur elles des cou- ronnes & des colliers de lumières naturelles. Il y a audi des vers luifans dans d'autres pays chauds où croît la canne à fucre, & où elle ne croît point : mais ils font de Tefpèce des papillons de nuit. La lumière qu'ils jettent n'eft pas à comparer avec celle des Cucuyos ; car, avec un Cucuyo dans la main, on lit très-bien quelque I lettte que ce foit. Il paroît que cet animal fe fert de fa propre I lumière, pour diriger fon vol, & s*élever do manière à didinguer les têtes de cannes à fucre» d'où il doit tirer fon aliment. Il dort de jour & ne jette point d'éclat j la nuit il voltige & brille. Le Mucamuca , ou Chyca , eft pareiljemenc [commun à la Louyfiane : on l'appelle Rat-de-boîs, 11 a les principales proptiétés des rats des autres Ux If'* iV o\m M ; \% ^ip" ' * llto DlSCOtTR.^ pays : auffi eft-ce un des animaux qui fe trouvent répandus dans les d«ux iiémifphères de TAmé- rique. Il femble que la rigueur du froid & les ge lées de l'hiver n'y devroient pas fouffrir cer- tains animaux , qui font comme indigènes des pays chauds. Parmi ces animaux font le Caïman, ou le Crocodile d'Amérique j mais on en voit un n grand nombre ici dans les rivières , qu'on I auroit peine à en trouver davantage dans les con- trées de la Zone torride j il y en a d'une grandeur 1 prodigieufe : ils diffèrent aufli de cqu\ du Guaya-l qu'il , du Ckagres , & d'autres rivières , en ce que leur couleur eH: terne, tirant fur le noir ^ au lieu que les autres font d'un gris-fombre : on lej] appelle Crocodiles, Ils font également dange- reux pour les hommes & pour les autres animauii lorsqu'ils ont faim ; ils ont la gorge fi grande, qu'après avoir faifi un pieu avec l'appât , ils l'ava- lent jufques dans le ventre même; Ôc au ino-i ment où ils font tirés tout près du rivage, ili vomiflent ce pieu qui a une demi-vara de long, & fe dégagent, en emportant l'appât : ce donil on fait de fréquentes expériences. Les animaux qu'on regarde comme nuifibles, en ce qu'ils ont une inclination naturelle à vivrel aux dépens du travail des hommes , ont auiH quelques proptiécés par lefquelles ils indemnij f à s 1 P T I E M t. 181 fent du dommage qu'ils caufent : les Fourmis font, fans contredit, de ce nombre. En effet, elles enlèvent «ne partie des femences nouvelle- ment mifes en terre , pour en pourvoir leurs ma- gafîns : les plantes les plus utiles & les mieux foignées font détruites par les ravages que ces infedes y font : ils en rongent les racines & les écorces , & font mcme fort redoutables quand ils viennent en grand nombre , fur-tout les ef- pèces qui fe font remarquer par leur grandeur. Les Fourmis ne font pas moins à craindre dans les maifons ; car elles y pourvoient à leurs ber foins , en y caufant beaucoup de dommages. Mais, fi cet infedeeft d'un côté fi deftrudeur, il efl: de l'autre de la plus grande utilité dans les Indes du Pérou , contre les reptifes venimeuir. Il faut obferver que , nonobftant le nom de Cordillère royale des Andes ^ qu on donne à la panie haute de ce vafte pays , on entend-Ià pat montagnes àcs Andes , les pays montagneux de la côte orientale des CordillcTes , dont le climat eft chaud & humide -y car il y pleut beaucoup. Or, ces terreins font d'une hauteur anal^ogue à la partie baflfe occidentate , appellée Valès oii Vallées , & où il ne pleut pas. Ce pays eft donc rempli die ferpens des plus venimeux : tels font les Corales j Càfcabeles , ceux a deux têtes , les Bejuquillos de autres. Oh y trouve auflî les CiefH^ M 3 1, ' l8l D I s C O U R. » tofùès y les Scorpions , & nombres d'autres cf. pcces communes. Mais ces pays abondent audî en Fourmis d'une cfpèce beaucoup plus groiïes que les Fourmis or- dinaires ^ 6c ils feroient inhabitables , (î ces Fourmis fe jettoient fur les hommes avec la même vora- cité que fur les reptiles. Comme elles ne peu- vent vivre de même que l'efpèce ordinaire , elles fuivent un tout autre train de vie. Elles voyagent en troupe dans les campagnes , & chalTent ainfi aux reptiles , en grimpant fur les arbres , les cherchant fur terre, & dévorant tout animal qui fc rencontre : elles parcourent les bois , les vallées, fe jettent dans les maifons éparfes ça 8c là fui les bords des rivières & dans les champs , & ne quittent aucun lieu fans l'avoir vifité , & en avoir dévoré les infeâes. Les ferpens les plus gros £z les plus venimeux , les Cientopiès , Scor- pions , Lézards , Crapauds , animaux qui fe multiplient moyennant l'humidité & la chaleur, ne peuvent réiilter â l'attaque de ces groffes Four- mis , ni fe fauver. Dès qu'elles ont nettoyé une maifon , elles la quittent , & continuent leur , . marche , cherchant leur pâture dans un autre pays. Elles fe jettent en (î grand nombre fur un animal quelconque , que fans lui donner le tems d'échapper , elles le dévorent malgré tous , les efforts qu'il fait pour éviter leur pourfuiie: SEPTÎIME. ]S| ce qui prouve que le grand nombre triomphe facilemenr de la force , delà vîtelTe, & de l'ac- liviié du venin des animaux qu'elles accaquent. On y appelle Chacos ces troupes de Fourmis. Elles font un H grand bruit fur les feuilles fèches qui font tombées , qu'on les entend à certaine diftance : les gens avertis par ce fignal , fortent de leurs maifons , les abandonnent , & ne re- viennent que quand cet infede vorace s'eft retiré : ils les trouvent bien nettoyées , & font alors tran- quilles à l'égard du Chaco , dont le retour régu- lier, n'eft plus à craindre que dans certain tems fixe. Ces Fourmis ont , fans doute , l'inftind de fentir & de trouver les pays où les infedes ve» nimeux fe font multipliés. La Nature , qui a donné un inftin^t particulier l chaque animal , a audi donné à ces Fourmis ^ celui de fe nourrir des animaux les plus veni- meux , & les a placées en même tems dans les contrées oiî l'on en trouve le plus grand nom- bre. AinH , l'on ne doit pas être furpris qu'elles n'attaquent ni les hommes , ni d'autres animaux , que ceux qui font dangereux & nuiflbles par leur venin. J'ai déjà dit , en parlant de la challè de la Vigogne , que le mot Chaco fignifie une compagnie ou réunion. Malgré le grand froid des hauts pays du Pérou y le dimat n'eft pas exemc des fléaux qu'on éprouve M4 y I ,r.) W I 1 t84 Discours en Europe ; car on y voit quelquefois des nuées de Sauterelles qui font beaucoup de dégât, il en parut , en Décembre 1761 , dans la province d'Angarae\ , qui eft des dépendances du Gou- vernement de Guancavelica. Les Quebradas yAoni les unes y font d'une demi-lieue de large, & d'au» très plus fpacieufes , furent couvertes d'une éton- nante quantité de ces infedes. Lorfqu'ils voloient, ils formoient les nuées les plus épailfes, & con- tinuoient aind â voler pluHeurs }ours fans inter- miilîon j de forte que la vue fe fatiguoit & fe troubloit , par le mouveiu«nc rapide & continuel de ces nuées. Tous les terreins où tombent ces fauterelles fouffient beaucoup de dommage , fur-tout quai^d elles trouvent les fruits de la campagne dans l&ur premier^ végétation. On obferva , en 1761, que ces Sauterelles dirigèrent leur vol contre le cours des fleuves , ôc qu'au lieu de s'élever dans les hauts pays , elles fe maintinrent dans la partie baffe , entre les Cordillères qui bornent les deux cotes. Ce fléau n*y paroît pas fouvent , malgré le peu de peine qu'on prend pour l'anéantir : dès qu'il a celTé , il fe palfe plufleurs années fans qu'on en voye le moindre figne. Le dommage que ces Sauterelles font aux femences , n'efl; pas (î conn« ^érable que celui qu'on en épcouve en Europe ) i> I M"- ï . fe E P T X 1 M I. *f ÎJf fcla vient peut-être de ce que la température «d différente. Ces Sauterelles paroKTent en £u' rope dans le plus fort de l'été ^ mais la tempé- rature de la Quehradas j d*Ifcuckaca , ôc d'au- tres Semblables ,' eft analogue à celle du printems. Je ne dois point palfer fous (îlence , que les elTainis d'abeilles domediques fe font beaucoup multipliés à l'Ifle de Cuba , dans le voifuinge de la Havane , pendant le court efpace de tems qui s'eft écoulé depuis 1 7 <^4 , après que la Paix eut été conclue avec l'Angleterre. Il n'y en avoir pas auparavant ; car relies qu'on y voyoit étoienc fauvages & d'une efpèce différente. Les familles qui jufqu'alors avoient demeuré à Saint-Auguf- tiii de Floride , s'étant rendues dans l'Ide de Cuba, après qu'on eut évacué ces lieux , ap- portèrent avec elles quelques ruches, qu'elles pla- cèrent a Guanavacoa Ôc en d'autres lieux , par pure curiofité. Ces Mouches fe multiplièrent au pgint qu'il s'en répandit dans les montagnes ^ & l'on comment^a à s'appercevoir qu'elles devenoienc nuifibles aux cannes à fucre , dont elles fe nour- riiToient. Leur fécondité fut fi grande , qu'une ruche donnoit un effaim , & quelquefois deux » par mois ^ l'un ordinaire , l'autre moindre , en les châtrant tous les mois : on ne les foignoit même pas avec toute l'attention qu'on y apporte en Europe. Elles reudoienc autant de miel (Se 111 ■. fi s8(> Discours siptiemi. de cire que dans les endtoics où l'on n'a foin de les châtrer qu'une ou deux fois par an ; la cir« eil des plus blanches , 6c le miel audl clair & d'aufld bon goût qu'on en puiife trouver. D'après ces faits , il eft évident que la cire & le nniel pourroient devenir une des branches avanta- geufes du commerce pour cette lilc , fans mcme s'occuper trop foigneufement des Mouches , ni négliger la canne à fucre, qui feroic toujours I objet principal. m DISCOURS HUITIEME. Des particularités relatives aux Volatils, J^A partie haute du Pérou n'o/Tie pas beaucoup d'efpèces doifeaux , fur-tout de ceux qui fe font remarquer par la beauf<^ de leur plumage & l'harmonie agréable de leurs chants : il paroît que c'eft le froid qui en eft la caufe. On remarque le contraire dans les climats chauds de la Zone torride. La Louyfîane , qui participe de Tune & de l'autre température , ne préfente pas cette variété de beaux oifeaux qu'on voit â la Havane, à Carthagène , & dans d'autres contrées fembla- bles; cependant il y a quelques efpèces d'oifeaux d'un plumage agréablement nuancé , & dont le goder a fes charmes & une belle mélodie. Le Sinfonte , ou VOifeau moqueur , n'a rien de bien particulier dans fon plumage*, mais quand il eft en liberté , il charme par l'harmonie de fou ch^nt , & par les roulemens & la modulation infiniment variée de fon gofier. 11 ne s'arrête pas pour chanter, mais il chante en voltigeant, & fait mille jeux de U,% aîles dans lair, felai^fanc !.''• ilils*.^ i ' iS8 Discours tomber en apparence fur une branche d'arbre où il fe pofe , ôc pour s'élever auilî-tôc à la hauteur de cinq ou Cix varas. Pendant qu'il s'amufe à voltiger ainfî , il ne celTe de chanter -y il change mcme de chant avec autant de vîtelTe que de pofition. Dès qu'il s'arrête fur une branche il garde le filence : Voilà pourquoi on ne jouit pas de tous les agrémens de fa mélodie lorfqu il eft enfermé. Comme il contrefait tous les animaux qu'il entend , on l'a appelle Moqueur. Sa vivacité & fa légèreté naturelles font peintes dans la va- riété de fon chant ; mais des qu'il eft enfermé , il s'attrifte ôc meurt promptement ^ d'ailleurs il eft trop'délicat pour être nourri en cage : on peut, fans contredit , le regarder comme le roi des ui- féaux , pour le chant. Il vit de mofquites , mou- ches, & autres infedles : aullî la Nature lui a donné tin bec long Ôc affilé , propre pour les attaquer. On voit encore dans ces contrées trois autres efpcces d'oifeaux qui ont un chant fort agréable Se fingulier. Les François , faifant attention aux nuances différentes de leur plumage , ont nommé les uns Papgs , les autres Cardinaux , & les iroifièmes, Evêques, Nous appelions Maripofas ou Papillons , les Papes , faifant allufîon à la beauté raviffante du coloris que prennent leurs plumes , dont les nuances changent félon le jour & la pofuion. Les Eveques font ceux que nom . i H u I T r I M i; 189 nommons A^uUjos : ces deux efpèces font plus petites que celles Ats Cardinaux \ mais toutes Uî trois font trop délicates pour vivre en cage : on en voit mourir un grand nombre avant de pouvoir en garder un feul. Les Cardinaux ont tout le plumage rouge*, mats il fe trouve d'autres oifeaux de la même taille, qui ont une partie du col jaune , & les extrc' mités des ailes noires : on les nomme Turpianh ^ le chant en eft fort amufant. Il y en a aufli de belle couleur de rofe : à cet égard il y a beaucoup de variété. Ce font autant d 'oifeaux de paiTage ; car ils difparoilfpnc en hiver, & vont fans doute. cherrHer des climats plus doux , convenables 1 leur conftkution. Les oifeaux plus particuliers à la haute panie du Pérou , font les Fiches , qu'on trouve com- munément dans toutes les contrées de TAmcri- que ; le chant en e(V agréable. Il y auili des Char- donnerets. Les Periquitos , ou Cotorritas , de la petite efpèce , ne font pas rares dans les Quebra- dus. On voit beaucoup de Cotarras , de l'efpècé ordinaire des pays chauds , dans les gorges qui font au pied de la chaîne de montagnes , & qui s'ouvrent dans les vallès ou vallées ^ tandis qu'on n'en rencontre point dans la contrée même ap- peilée Vallès : ce qui eft fort remarquable; mais il eil encore plus iîngulier que l'on voye dans l'Iile 'l'i, ■"•■.'■.■;. ^<- : :— i,.^-*'^? — ^«,11 i lu 190 Discours de Cuba , & fur la côte de Campêclic des oi- feaux de grand plumage, Se nuancés des couleurs les plus vives, tels que les Guacamayos de diver- (ts efpèces , les Coton as : arj refte ces oifeaux , ni \qs Periquitos ne fe trouvent point dans la Louyfiane. La raifon qu'on en peut donner , eft que ces oifeaux ont néceilairement befoin d'une température toujours chaude , n'étant pas en état de rélîfter aux froids de l'hiver : d'ailleurs n'é- tant pas oifeaux. de paffage, & capables de tra- verfer la mer, comme d'autres , ils ne fe fixent pas non plus daiis des poys où le froid les dc- iruiroit infailliblement. Le bas pays du Pérou a auiîî fon hiver , quoi- que modéré \ car le foleil y refte caché pendant plufîeurs mois , & c'eft alors qu'on y éprouve les garuas ^ ces garuas ne font pas Ci durables dans les hautes gorges des Quebradas , éloignées de la mer ; aufti le froid y eft proportionnément plus modéré. De-là il réfulte que l'on voit d'un côté les oifeaux particuliers aux températures chaudes, & non de l'autre. Les Cotorras Se les Guacamayos fe perchent ordinairement en grand nombre fur les palmiers, ou fur d'autres arbres. On les tire alors , & il en tombe autant que le coup peut en tuer ^ mais il y en a toujours parmi les morts quelques-uns qui ne font que blelTés : incapables de prendre vv'^'- ^^ - ft O I T 1 I M «• 19» lear vol , ils crient fans celfer, Ôc ceux qui avoient dirparu au bruit du coup , reviennent , voltigent autour des bleifcs : on les tue alors comme les autres. De cette manière on en tue beaucoup ; ce qui eft un grand plaifir pour le chaffeur. Il paroît que les oi féaux aquatiques font ceux qui s'accommodent le mieux de toutes les tem- pératures. On trouve différentes efpèces de Patos^ & même en quantité , dans les rivières de la haute partie du Pérou , & àa.u^ ÏQS Lagunes qui font fur les monts les plus élevés , où le froid eft fort fenfible. ^es plus communs font ceux qu'on zp^clio Patos réaies ^ ( c'eft la plus grolTe efpèce j ) les Labancos , PatUlos , Gallo' retas. On rencontre ces mêmes efpèces dans les Fallès , à Guayaquil » & dans tous les pays de la Zone Torride ^ a la Havane , dans la LouU liane ; dans les parties les plus au Nord de l'A« mcrique feprentrionale ; de forte que ce font les volatils les plus répandus 8c les plus abondans. On obfervâ la même chofe dans les parties les plus froides du Sud 'y ce qui en prouve la géné- ralité. On en tue beaucoup dans la LouyHane : tous les jours les chafTeurs reviennent audi chargés qu'il leur eft podible d'en porter : c eft la viande qu'on mange le plus ordinairement depuis Nc- Vembre jufqu'en Mars. Chaque famille a corn- .■',':-i i I i I il il ■.■<1! m II im .■i'^C^:_ ^*,-t-'"»r»A^J ■ -' V^ J-. * -■ w>tf;r:;,iV**y*** fi munément fon chaflTeur qui eft Indien ou Métif ; ces gens forcent de grand matin , & reviennent avec la provifion nécedaire pour la journée. On trouve une efpèce femblable à la Gai- lareca , dans la partie haute du Pérou : on l'ap* pelle Jujui, Cet oifeau a le plumage noir ; il imite fi bien certaines fyllabes de la parole , que les chafleurs y font trompés , Se croyent que ce font leurs compagnons qui les appellent. Il ne peut s'élevei fur fes ailes j fa feule défenfe eft de plonger dès qu'il entend le mouvement de la platine du fufil. 11 en eft ^e même des Zambul- lidores^ qui font une efpèce difFéionre des Patos, & s'élèvent auflî peu : leur grolTeur égale celle des pigeons : le plumage en eft blanc , prefque femblable à du poil j le bec eft aigu , & non en cuiller. Les Gallarctas font de tous les c^mats , & fe rencontrent en quantité dans les lacs où il y a beaucoup d'oifeaux aquatiques. * Les Perionas font remarquables entre tous les oifeaux aquatiques par la beauté de leur couleur. Le col , la poitrine , jufqu'au milieu du dos , font d'un beau rofe très-avivé , qui charme la vue j il s'éteint peu-à-peu , & fe termine en blanc vers le croupion ; le col eft long , courbe comme celui des Gari^ettes ou Hérons blancs, Cet oifeau eft de la grolTeur d'une Outarde : il vole ep bandes , & vit des animalcules qu'il trouve dan( VI _. ..«.•"A''. ^_.:••-»A. tf U I T I E M I. 19 J' flans Teau , & des racines des plantes qui y croif- fent j lorfqu'il eft mort fon plumage perd la vi- vacité de (es couleurs t ainil , c'ed l'oifeau doni on reconnoît particulièrement la fraîcheur ou l'ancienneté du plumage. On trouve de ces oifeaux dans la Louyaane Se dans d'autres parties de l'A- mérique , comme aux Cayes > vers. le Nord de l'ifîe de Cuba : on les appelle Flamencos j ils ont une forte odeur de coquillages , qui les rend jinfupportables j il fuffît de les toucher pour en ctre inftdé ; le bec en eft long & gros , & propre j à couper les racines des rofeaux & dcji joncSé Les Gardas font en plus grand nombre dans lies vallées de la partie balfe du Pérou , que dans la haute : les efpèces en font variées : on en voit beaucoup plus dans l'Ifle de Cuba & [dans la Louyfiane. Cette claflTft d'oifeanx offre jne efpèce qui fe voit dans la partie balTe du ^éroii , Se non dans la haute : on l'appelle Spa- tule , parce que fon bec en a la forme : il eft, long de trois à quatre pouces , fur un pouce de large , ou un peu moins ^ fon extrémité fe ter- mine en forme circulaire , étant plus large que le refte ; elle eft en même tems plus mince , ne confiftant qu'en deux feuilles fines & lilTesjde forte qu'elle ne diffère pas d'une fpatuU. Cet 3ifeau pêche fingulièrement j il fait autour de \x\ , de côté Se d'autre , un demi-cercle avec Tome L N } fi LU) 'A. \ il' hl fcv V If '■ i .;■ f li! «94 Discours fa fpatule, & s'en fert avec tant d'adrefle , qu'au- Cun petit poiflbn , vers lequel il dirige fon bec, ne peut lui échapper. Quant à la grandeur du corps & â la couleur , cet oifeau refTemble aux 1 Hérons gris de la petite efpèce. La LouyGane abonde plus en oifeaux aquatiques que tous les autres pays : les Oies fauvages y font en très- grand nombre: les Grues & les Outardes n'yi font pas moins communes ^ la chair en eft même i»lus favoureufe que celle des Patos , & n'en a pas l'amertume marécageufe , que ceux-ci ont | fur- tout depuis le mois de Février j ce qui em- pêche d'en manger alors , tant cette amertume | éft forte. Ces oifeaux aquatiques y font pafTagersj ilsl viennent des grands marécages de la partie du Nor<:l. On n'en voit point dans l'été j c'eft dans le tems des gelées que les volées en font plus fréquentes. Si le froid eft accompagné de quel- que brouillard ou de vent , ils volent plus prèl de terre , & l'on tire delTus plus facilement.] Ils paiïent de cette côte de la Louyiîane à Cuba, & dans les autres Ifles ^ & jamais on ne les voitl prendre du côté du Nord dans les tems chauàl Il y a dans la partie haute du Pérou des oil féaux qui n entrent pas dans l'eau , mais qui vonti toujours côtoyant les marais 5 ils font dé la grof* feur d'une poule > de couleur obfcure cixaiit m huitième; 195 le noir , & hauts fur pattes j le bec en eft long , courbé, mince, comme celui des poules d'eau; ils volent ordinairement , & ont une chair alTea bonne. Cette efpèce ne fe voit pas dans la partie bafle, ni dans la Louyfiane, parce qu'elle a befoin d'une température froide. Les Sarapicos & les Courlis font du nombre des efpèces volatiles communes dans des climats différens. On en voit en aufli grande quantité dans ceux de la partie haute du Pérou , que dans la bafle : il n'y en a pas moins dans la Louy- fiane. Il en eft de même d'ime autre efpèce que l'on; appelle Fraylètes ^ ou félon quelques-uns Gri- tadores op crieursj ils reflTemblent un peu aujt vanneaux {^Aves frias)\ ils fe tiennent ordinaire- ment dans les contrées humides. Ils nuifent beaucoup aux chaflTeurs , car dès qu'ils les apper- çoivent, ils s'envolent en jettant des cris aigus, & qui fe portent très -loin; de forte que cela devient un avertilTement pour les autres difeaux : ceux-ci s'envolent auflî-tôt effrayés , par les cris : \ peine le chaffeur peut il en tirer. La partie haute du Pérou , étant très-froide , & la partie baffe , manquant de pluie , diffèrent des contrées chaudes & de celles où il pleut : elles ne font pas moins différentes de la Louyfiane. En effet, les terreins de ces parties du Pérou Hi' V. I l IVf'ï, < .:' ' 19^ Discours font nuds , on n'y voit des arbres que çà & li, excepté dans les terreins des Quebradas où la température varie, comme les autres circonf- lances. Mais les autres contrées font couvertes d'arbres qui invitent les oifeaux à faire leurs nié dans leurs feuillages épais, & à s'y nourrir de leurs diverfes produdions : voilà pourquoi il s'y trouve des volatils qui font particuliers aux mon* tagnes. Les Pabas monte/as ^ ou poules- d'Inde fau- vages, font une des efpèces qui s'y reproduifent en grande quantité^ elles font plus grofles que dans les autres parties , &c même que l'efpèce domeftique 5 la chair en eft favoureufe. Il y a Cl peu de différence entre les unes Se les autres, qu'on s^y trompe \ elles volent aufli légèrement que les autres oifeaux, & c'eft ce qui les dif- tingue fur-tout des domeftiques. On voit dans la partie haute du Pérou des perdrix , des faucons très -beaux , avec lefquels on fait une des chaffes les plus agréables qu'on puiffe voir. Les perdrix s'y accommodent de la température froide des Ichalès , où elles fe trou- vent j mais on n'en voit point dans les Quebradai où la température eft plus modérée : elles ne vont pas en bande comme en Europe , mais par paires ou feules : c'eft ce qui en rend la chalîe fort pénible. Le pays eft montagneux , couverr i^ n u I T I E M t; i«)7 de halliers. Ce qu on y appelle plaine font des éminences plus ou moins inclinées , Se des vallées qui , par la fréquence de leurs côtes , & la diffi- culté de refpirer qu'y caufe la fubtilité de l'air , ne permettent pas de chafTer au fuHl : voilà pourquoi l'on emploie des faucons drelfés par les Indiens. Les perdrix qui s'envolent pour éviter les chiens , tombent dans les griffes du Êiucon qui fond fur elles : il y en a beaucoup plus que dans le royaume de Quito. On en voit aufïi fur les monts dans la partie baffe , quoique le climat y foit réellement prefque aufîî froid que dans la haute. 11 s'en trouve aufîî dans Vide de Cuba,' dont la température efl chaude y mais elles font un peu différentes. Les bccafïïnes ne font point rares fur les ter-; reins des cimes glaciales de la partie haute , ni dans la Louyfiane. On en voit aufli çà & là dans la partie baffe du Pérou , quoique moins fré- quemment. Les Condors , dont les fîngularités ne doivent pas être paffées fous le fîlence , font , de tous les oifeaux qui volent , les plus grands que l'on connoiffe. Je dis des oifeaux qui volent pour les diftinguer de l'autruche , qui ne fe fert de fts petites ailes que pour fe foulever , & non pour voler j car ces ailes ne feroient pas f^iffifantes pour 1q N5. Î1 i- \> f" , 1 S' 198 Discours vol. Le condor, au contraire, eft un des ci féaux qui s'élèvent le plus dans cette atmofphère, ou, certainement, Tair n'a que la moitié de la deniîié de celui qui eft au niveau de la Mer. Cet oifeau n'ert pas plus particulier aux climats froids qu'aux climats chauds j on le trouve fur la cime des Punas j comme dans les baflTes contrées appeilces F'allées ; mais on n'en voit pas dans les contrées couvertes d'arbres ou montagneufes , comme I Guayaquil, Panama, & dans d'autres femblables. Son plumage forme un tilTu li denfe, que la balle d'un fufil ne fauroit le percer : l'animal ne change même pas de pofition s'il en eft frappé , on a tiré fur le même jufqu'à huit ou dix coups , fans qu'il en ait éprouvé le moindre mal : on avoit entendu la balle le frapper. Quoiqu'on ait ainfi réitéré ces tentatives dans la partie haute du Pérou, fans avoir réuflî une feule fois à l'abattre, on ne doit pas fuppofer qu'il en feroit de même dans d'autres contrées. La peau de cet oifeau eft fans doute plus denfe fur cqs cimes glaciales, & ne cède pas au coup qui la frappe; d'ailleurs, le tiffu épais de fon plumage eft encore un autre obftacle. On en voit auflî beaucoup fur la plage des mers du Sud 014 commencent les F'allées, à quatre degrés environ de l'Equateur j il affouvit fa voracité avec les poiffoni morts que h My f": U I T r E M I.' 1(>5 j jette : on dit qu'il eft dangereux de fe trouver à fa rencontre , car il tueroic infailliblement celui qui oferoic l'attaquer. > On voie à chaque pas l'étonnante variation de la Nature : ce qu'on a remarqué dans tel écac en certain tems , fe trouve tout changé dans un autre. Le Chagres eft adkuellemenc très-différent de ce qu'il croit il y a vingt ans : les arbres qui le bordoient , les animaux nombreux particuliers au climat , ces oifeaux dont le plumage préfentoit de fi belles nuances, félon les différentes efpèces, & qui venoient nicher dans le branchage de ces arbres , & y formoient des concerts 'y la verdure brillante & variée du terreinj tous ces objets ont difparu. Le fol n'offre plus que des maifons de bois , bâties à certaines dlftances les unes des autres , pour les familles qui s^y font établies \ elles s'étendent depuis les bords du fleuve jufques dans l'intérieur ^ts terres qu'elles ont cultivées, & en ont aind chalfé cette quantité prodigieufe d'oifeaux & d'animaux qui peuploicnt les bords de ces eaux. Ces changemens nous donnent lieu de croire;' qu'avec le tems , la furface de ces royaumes chan- gera entièrement, & deviendra femblable aur contrées de l'Europe. Malgré toutes ces nouveau- tés, certaines efpèces de quadrupèdes & d'oi- feaux s'y maintiennent conftamment : la feule N4 I !. l I 1 m vî'-mm M Vî '%Qà Discours différence qu'il y a, eft qu'ils fe retirent d'une partie pour aller dans une autre, où ils trouvent plus de sûreté, Ôc de facilité à faire leurs petits, & à fe nourrir. Mais, d'un autre coté, on voit diminuer infenfiblement quelques autres efpèces, telles que la Vigogne , que Ton pourfuit Se qu'on ^ue par-touc, fans aucun niénagemenÇt W .! DISCOURS NEUVIEME. rij Des Pùijfons les plus remarquables del*AmL. . juei J_/Es eaux ne font pas moins abondantes en poiflTons, que la terre l'eft en quadrupèdes, vo- latils, & autres animaux , qui s'y nourrirent des produ(5tions du pays où ils vivent, & qui font variés en proportion de la température , de Li denfité ou de la légèreté de l'air : ainfi il n'eft pas étonnant qu'il fe trouve dans une contrée des efpèces qui ne font pas communes dans les au<^ très. Il femble qu'on ne devroit pas obferver la nit'ine variété dans les efpèces qui vivent dans les eaux, puifque cqs eaux ne font pas formées des mêmes parties conftitutives que la terre. Cependant , l'expérience prouve que les cfpcces d'animaux aquatiques ne diffèrent pas moins entre elles , 8c qu'il fe trouva en certaines mers des efpèces qui ne font pas communes dans les autres , tandis que d'autres efpèces le font. On doit conclure de-la que c'eft non«feulement l'effet dç la çcmpérature ^ des pÂturagQs qui nouriif^ / ih w j les autres en troupes. La Sardine & les Anchois font du nombre de ces derniers ; les parages où ils viennent pâturer en font fi remplis , qu'on n'y voit pas autre chofej ainfi la Baleine peut en tuer autant qu'il lui en faut pour fe nourrir. La Baleine eft à fon tour pourfuivie par d'autres poiftbns qui eh font les ennemis, mais particulièrement par les poiftbns appelles VEpée Se la Scie, La meilleure défenfe de la Baleine eft fa queue; comme elle a une grandeur con- fidérable , elle devient fon arme la plus sûre. Le combat que la Baleine foutient contre ces ennemis eft des plus curieux , vu les grands mouvemens qu'elle eft obligée de faire avec fa tète & fa queue : tantôt elle fort de l'eau fa t^:e , qui paroîc s'clAvei: w • nis, mais KEUViEMï. 105 fomme un promontoire , tantôt elle fort la queue , qui femble être une voile de vaifleau , fur la- quelle le foleil fe réfléchit comme fur la glace d'un miroir j bientôt elle la lailfe replonger avec fureur fur fon ennemi, bat l'onde avec violence, & la fait élever en gros bouillons. La Baleine eft alors toute en furie , elle le manifefte , tant par la manière dont elle flotte & s'agite , que par un mugiflement rauque qu'elle fait entendre jufqu'à une lieue de la plage. On fait que ce poiflbn eft de la clafle de ceux qui lancent au-dehors , par les deux trous qu'ils ont fur la tcte , l'eau qu'ils ont infpirée par les ouies ou branchies; c'eft ce que fait la Baleine lorfqu'elle nage à la furface de l'eau : elle.en lance même une aflez grande quantité en forme de gerbes quand elle s'amufe de ce jeuj mais fi c'eft en combattant qu'elle levé la tête , elle n'en jette pas tant , ni fi haut , a caufe de l'agitation où elle fe trouve. Quand , au contraire , elle n'ell occupée ni à combattre, ni à chercher fa proie, il femble qu'elle s'amufe; elle montre fa tête tranquillement avec un air majeftueux fur les eaux , & fait jaillir ces gerbes, qui fe divifenc en l'air, & forment un fpedacletrès-divertiifant, fur- tout quand les rayons du foleil s'y réflé- chiflfent. Si la Baleine a des enneQiis à combattre ôc M Mi ft. - ■ m ve- ■*! S- i!--)* m 20 voit ni endommagés, ni malades. , Les Tortues font fort communes dans cetre Ille j l'on en vend la chair comme celle de boeuf; on en fait une pèche confidérable à l'Oueft, dans les hauts-fonds de Sainte-lfabelle » & en d'autres parages où la mer eft peu profonde. Les pécheurs fe jettent à l'eau pour cet effet , & cmbralleii! celle qu'ils rencontrent , la retournent , lui mer- tent la bouche en haut , & lui otent ainfi la fa- culté de nager : c'eft aufîî dans cette pofition qu ils i les mettent dans leurs vai fléaux , pour les tranf- porter à la Havane : ils les y jettent dans des viviers qu'ils tiennent IBus l'eau, pour les gardei vivantes jufqu'à ce qu'ils les tuent pour les vendrd La chair en eft blanche comme celle de li poule , mais plus ferme. Cet animal cherche en I NIUVIEME. 115 t'tc les pLiges fablonncLifes pour y pondre , i}C il a l'inflind de choifit celles où il fe trouve moins de danger de la part des poilfons qui re- cherchent fes œufs. Les Ifles des Caïmans font celles où la Tortue peuple le plus : des que leurs petits peuvent ramper, elles les amènent aux endroits où elles vivent habituellement. On voit aufll beaucoup de Careis fur ces Côtes. Quoique cet animal rcllcmble à la Tortue , puif- qu'il en eft une cfpèce , la chair en eft bien dif- fcrente 5 elle eft en effet très-nuifible A la fantcj au lieu que celle de Tortue n'expofe à aucun in-» convénient. Les Tortues font en fort grand nom- bre fur les Côtes & dans les autres Ifles de cette Mer , fur-tout entre l'Equateur & le Tropique du Cancer. Quant aux Cweis, on en voit peu dans les contrées éloignées de la Havane. Les Tortues ne font pas fi communes dans la Mer du Sud , & l'on en voit très- rarement dans la Louyfiane : il y en a , au contraire , de la gran- deur d'une demi-vara dans les rivières qui fe jettent dans le Miflîfipi j mais ce font de petites Tortues , en comparaifon de celles qu'il y a dans la Mer, fur- tout depuis la Havane jufcp'à Car- thagène & Terre-Ferme, . : . Quoique le Mifiîfipi foit un àss plus grands fleuves de l'Amérique , ôc aufli profond que je l'ai dit , il s'y trouve peu de poiflbns : ceux qu'on 04 .1 I I :\k-^^ ... i !'! vv Il . ' / yi M 11^ Discours y prend font mcme de peu de valeur. On y trouve des Barhudos 'y'iU relTemblcntau^fz^rtf ; quelijues- uns de ces poiflbns font fort grands , 6c ont fous le ventre certain rapport avec les Tahurones \ la chair en eft flafque , d'une faveur infipide : c'eft ce qui le fait lailfer pour les Pauvres de pour les Nègres. Les lacs qui forment au Nord l'Iile où e(l U Nouvelle - Orléans , & qui réfultent de l'en- trée de la Mer entre la Côte du Continent de la Mobile & l'Ifle , abondent en poiflons : c'eft de-là que la ville s'en procure. Les eaux des rivières font froides en tout tems : ce qui peut ctre caufe de la rareté des poiiTbns. Il n'en eft pas ainiyies Camarons 6c des Lan- gouftins : il femble que leurs œufs ont été ré- pandus par-tout , tant ils fe multiplient : cha- cune de ces efpèces a fon temps propre j mais on en voit une fi grande quantité , qu'on l'ap- pelle la manne du pays j en effet , les peuplades en font leur nourriture & leurs plaifirs. Les ter- reins inégaux fe remplilTent des eaux de pluie qui tombent en été ; de forte que les folTés , ou les trous qu'on a pu faire çà & là , font pleins de Langouftins ; mais lorfqu'il a ceflTé de pleuvoir , & que les terreins font déflechés , on ne voit plus aucun de ces animaux. Il paroît qu'on ne peut attribuer la grande quantité de ces Lan- H ^1^* ''-V '■--- v^ NEUVIEME. 217 gouftlns qu*aux débortlemcns des rivières qui en charient alors les œufs , ou aux canaux qu on fait pour les moulins. Ces œufs répandus de tous côtés, fe raffemblep-c en partie dans les eaux ftagnantes , 3< y multiplient ainfi l'efpcce en peu de tems. C'cft toujours vers le foir qu'on pcclie la pro- vifion des Langouftins dont on a befoin pour le fouper. Chaque famille envoyé un de fes Efda- ves qui prend cette provifion j Ôc l'on n'en trouve pas moins tous les jours , tant que dure la faifon oii l'on en peut avoir ; mais après cela on n'en voit plus que l'année fuivante. Quand le tems des Langouftins eftpafTc, celui des Camarons commence , & ceux-ci font enaudî grande quantité que les autres. Quoiqu'on trouve de ces deux efpèces dans d'autres provinces , & dans les rivières du Pérou , il n'y en a pas tant que dans la Louyfiane. Les autres poiffons qui font ordinaires dans les Mers & fur les Côtes , s'y voient auflî en quantité confidérable ^ mais Tlfle de Cuba abonde en co- quillages de diverfes efpèces , & en plantes ma- rines : ces efpèces font lî variées qu'il faudroic écrire un traité particulier pouf les faire connoître. ''il- «*LJf^ (1^ t. DISCOURS DIXIEME. Des Lacs j des Rivières ; & nonces fur ce qu'il y a de particulier, XjEs pays où les Rivières font en plus grand nombre , & dont les terreins font inégaux &. en- foncés çà & là , doivent aulîî renfermer beau- coup plus de Lacs ; car c'eft de ces Lacs que fortent ces Rivières. Les Lacs font formés par la réunion de l'eau qui afflue dans les vallées ou dans les plats -pays un peu enfoncés. Montée à certaine hauteur , l'eau fe décharge par le côté le moins élevé , & fe divife ainfi en différens fleuves , ou n'en forme qu'un , félon les bouches par lèf- quelles elle peut fuivre fa pente. La même chofe arrive dans les plaines , par les mêmes caufes. Mais fi les Rivières n'y font pas en (î grand nom- bre , elles y ont régulièrement plus d'étendue. . On voit au Sud & à l'Oueft du Canada dif- férens Lacs , dont les uns ont foixante à quatre- vingt lieues de long , fur une largeur proportionnée. Or , ce pays eft plat & bas : circonftance qui y Discours dixième. ïif contribue. En effet, les eaux qui fe réiiniflfenc dans ce vafte efpace , rencontrant des terreins bas ôc inférieurs au refte des plaines par où elles coulent , les rempliflent jufqu'au niveau : ce qui leur procure un libre paiïage vers la Mer. C'eft ainfi qu'eft formé le fleuve Saint- Laurent, auquel le Lac Ontario fournit fes eaux. Ce Lac- ci ks reçoit du Lac Erie , dans lequel le Lac Huron fe décharge , après avoir été rempli par le Lzc Supérieur : celui-ci eft au quaranre-fixitnie degré, latitude Nord : ils occupent enfemble une étendue d'environ quatre cents Jieues , entre l'Eft & l'Oueft. Ces Lacs reçoivent , non - feulement de celui qui les précède , l'eau qui les entretient , mais encore des Ruilfeaux & des Rivières qui s'y jettent: c'eft ainfi qu'ils deviennent des efpèces de Mers au milieu du Continent ,. vu leur extrême éten- due. Il arrive la même chofe en Eurooe , & dans à. * les autres parties du Globe. Les' hautes contrées de l'Amérique méridionale étant des terreins très-inégaux , vu le grand nombre & la proximité réciproque des montagnes y ne peuvent préfenter d'aufli vaftes plaines que les pays précédens. On donne aulîî improprement le nom de Lac à quelques Baies que la Mer forme , entre deux terres où elle s'imrodiiit, ou avec lefquelles elle ^iv^m^ ■•' 'm-:i m m\ i m \éWl ' ttr'^K m ''il ' (i li 120 Discours a une communication par une embouchure quel- conque : tels font le Lac Borgne , de Pontchar- train ôc de Maurepas , qui font Atués au Sud de rifle de la Nouvelle-Orléans. Si l'on ne peut les appelles Baies , vu leurs hauts-fonds , on peut les regarder comme des efpèces de Golfes que forme la Mer ; & par ce moyen on les diftin- guera des autres. 11 y a encore d'autres amas d'eaux que forment les Rivières , quand leurs eaux ne font pas affez fortes en arrivant près du bord de la Mer. En effet , Cl les grands Fleuves forment ce que nous appelions èarre , les petits , au contraire , n'ayant pas aflez de force pour rompre l'obftacle que leur oppofent les flots de la Mer , font refoulés , fe répandent , & forment des amas d'eaux , qui fe font jour par les interftices & les cavités des pierres , & à travers les fables qui les arrètoient : quelquefois même ces eaux s'élèvent jufqu'à des hauteurs où la violence des flots n'atteindroit pas. Ou voit donc , par ce que je viens de dire , qu'il y a trois efpèces de Lacs. Les premiers font deplufieurs lieues d'étendue, ôc comme des Mers j les féconds , beaucoup moindres ; les tvoifièmes , ceux qui fe trouvent fur les bords de la Mer. Les premiers ne fe voient que dans des plaines très-valles ^ les féconds dans les hautes Èm^- D I X I E M Er lit contrées des chaînes de montagnes j les troifièmes enïiii , dans les endroits où les Rivières vont fa décharger a la mer. Si les RiiiiTeaux & les petites Rivières fe ren- contrent dans les terreins bas & plats , mais pro- portionnés à leur maiïe d'eau , ils y forment un petit Lac , & la décharge de celui-ci devient une Rivière , qui , groflie par celles qui s'y jettent dans fon cours, porte fes eaux à la Mer. Dans les pays montagneux , les eaux fe réuniflTent , de tous les monts , dans la vallée que ces pays forment; & ces eaux s'y rendent comme fi réellement elles tomboient dans le lit d'un étang. Cet amas forme , par fa décharge , l'une ou l'autre rivière , qui a pour conduit la première ouverture qu'elle fe pratique elle-même fur terre. La Rivière & le Canal font peu de chofe d'abord j mais à me- fure que l'une va groflîiTant {qs eaux , l'autre de- vient de plus en plus profond; de forte qu'à deux ou trois lieues de diftance , c'eft un lit formé pour un fleuve. Dans les profondeurs où il coule, & entre les éminences qui le renferment , fes eaux s'accroiflTent à mefure qu'elles s'éloignent de leur origine. C'eft ainfî qu'on voit comment fe font ouvertes ces Quebradas : peu confidéra- bles à leur commencement , elles ont acquis Se acquièrent tous les jours une plus grande étendue, ^ plus de profondeur. f :i f; ' ' ;i il 'i ^ ' ■ ' ' ,1 ri. zit Dis cour< La partie haute du Pérou eft partagée de tous côtés par de femblables Quebradas , dans lefquelles circulent autant de Ruilfeaux , qui doivent leur origine à des Lacs , comme je l'ai expofc. Il n'eft donc pas étrange qu'il y en ait là plus qu'ailleurs , ôc qu'ils ne foient qu'a une , deux ou trois lieues l'un de l'autre y mais régulière- ment ils n'ont pas plus d'un quart-de lieue de long. On voit fur les bords , ou dans les Iflots qui s'y forment , des cannes , des rofeaux , des joncs ; mais en général on les trouve dans les endroits fupérieurs aux habitations j & même en grande partie dans des lieux où le climat froid ne permet pas à l'icho de croître. Ces Rivières , qui defcendent des Cordillères , fuivent leurs cours à travers le plat-pays , ôc per- dent une partie de leurs eaux , tant en fournif- fant ce qu'il en faut pour fertilifer les terres que la pluie n'arrofe pas , qu^en fe divifant lorf- qu'elles font arrêtées , fans pouvoir fe rendre à la Mer , ou parce que les terreins n'ont pas allez de pente pour leur écoulement. Ces Lacs ou Lagunes fe déchargent en fe filtrant , comme je l'ai dit , à travers les pierres , ou en furmontant leurs bords. . En général, les Rivières de la partie occidentale du Pérou, qui vont à la mer, ne font pas Ci grofles que celles de la partie de l'Eft, ôc qui D I X T F. M E. 225 vont fe jetter a la mer de ce même côte , parce que l'elpace confidcraWe que celles-ci ont d par- courir, leur donne le tems de s'accroicrc pac celles qui s'y déchargent dans leurs cours. On ne voit point d'animaux dans les lacs où le froid du climat eft exceflîf, & rend la terre ftérile : les oifeaux y font mcme rares, excepté les aquatiques; mais il y a d'autres eaux où les oifeaux font en fi grande quantité , qu'ils en couvrent la furfacej ce font de ceux qui fe fixent dans les contrées les plus découvertes, où les montagnes font plus éloignées les unes des autres: ils s'y tiennent fur les lieux les plus élevés, & les moins proches des hautes punas ^ d'où la neige ne difparoît jamais. On voit par-là que ces oifeaux cherchent les lieux les plus libres , fans s'inquiéter du froid. L'origine des fources qu*on y voit, eft la même que celles des ruifleaux & des rivières. Les ré- fervoirs d'eau en laifient beaucoup filtrer par les porofités du fol. Comme elle s'échappe de lieux très - hauts , elle coule par les conduits fouter- reins, jufqu'àce qu'elle arrive dans d'autres lieux où elle trouve moins de réhftance. Voilà pour- quoi l'on rencontre prefque à chaque pas de pe- tites fources. Il y en a d'alTéz confidérables pour fjrmer un ruifieau à la fortie même; ce ruifcu va fe joindre avec la rivière la plus proche, & r) Il '•• mW' I~jp ; f \ 3,14 Discours le concours de plufieurs courans femblables en rolfilTent les eaux. C'eft aiiilî que celle qui déborde des lacs, quoique peu confidérable d'abord , s'accroît par le grand nombre des fources qu'elle rencontre j four- ces dont les unes viennent du Lac mcme , les autres d'ailleurs , ôc toutes s'écoulent du coté où e(l le bras principal. 11 réfulte de-la que cette contrée cft coupée par nombre de ruifleaux & de ri- vières , de quelque côté qu'on la confidère. Ceci nous donne une idée des eaux fouterreines : en eftet le nombre des veines aqueufes , ou des ca- naux internes qui pénètrent la terre , correfpond à celui des fources. Les rivières des terreins bas & plats fe portent lentement & fans fracas vers le centre du pays: les détours de les finuofités qu'elles font en al- longent le cours , mais c'eft toujours a l'avan- tage des campagnes, qui font fertilifées par ce moyen. Ain(î les fources & les ruilTeaux fup- pléent dans le Pérou aux pluies qui y manquent dans des efpaces de plufieurs lieues. Les eaux des hauts pays font en général lé- gères, cryftallines, très-pures, toujours fraîchesj qualité qu'elles tiennent du climat d'où elles def- cendent : mais il n'eft pas rare de les voir al- térées par d'autres veines qui les gâtent. On ap- pelle ces eaux colpalès : ce font proprement des eaux DIXIEME. 215 eaitx vitriollqiies : elles prennent cette qualiié des minéraux fur lerquels elles palFent^ de là il arrive , qu'autant les premières font falutaires avant le mélange, autant efles deviennent nuifibles après cette combinaifon. On les reconnoît non- feulement au goût , mais encore a la couleur qu'elles donnent aux roches qu'elles baignent , & aux rives j elles les rendent d'un rouge orangé , qui y forme comme une croûte. La quantité de ces eaux indique qu'il y a beaucoup de vitriol Ôc de bitume dans ces ter- reins 'y voilà pourquoi plufîeurs grandes rivières , dont les eaux font très-bonnes en remontant a leur fource , n'en préfentent plus que de mau- vaifes, & d'une faveur faline. Mais ces mêmes rivières réunies à d'autres auflî grolTes , & même davantage , mais bonnes , avant de defcendre dans les balTes contrées , fe corrigent & devien- nent falubres j elles fe corrigent encore en dépo- fant leur fédiment fur les terres où elles paflTént , & la matière de cette croûte qu'il forme fur les roches. Voilà pourquoi on ne fent aucun mau- vais goût aux eaux qui coulent dans les bas pays; elles font bonnes , tant pour arrofer la terre , que pour boire. On y voit certaines eaux qui pétrifient les fubftances qui y tombent, comme les feuilles d'arbres , le bois, les os , ôc autres chofes, mais Tome /. P ;..'! 1 y i i taH'i 1 ' •H 21^ Discours particulièrement celles qui font très - poreufes : cela vient d'un limon très- atténué , & de quelque acide minéral. A mefure que ce limon s'en fé- pare , il fe fixe , fe durcit , & s'arrête fur les bords où l'eau eft la plus tranquille , ou fur le fol même qui fert de Ht aux fleuves. Mais il eft fin- gulier que cette eau perde fa fluidité, (car c'eft une de fes propriétés eflentielles ) fe fixe , & qu'il s'en forme des pierres comme dans une carrière quelconque. L'opinion de ce pays eft que le bourg de Guancavelica eft bâti de ces pierres qu'on tire de l'eau, & que l'eau de plusieurs fources des environs fe convertit en piètres , donton fe fen pour les édifices , après les avoir taillées. Mais , fi ce fait eft fingulier , il n'eft pas moins furprénant de voir que l'eau dont fe forment ces pierres eft fi claire Se û l'impide, qu'elle ne pa- roît aucunement contenir de corps étrangers. Ce bourg eft donc environné de pareilles fources, dan*s lefquelles on trouve de ces pierres. L'eau eft , outre cela , fi chaude , qu'elle fume conti- nuellement, mais fur-tout en fortant de la fource. Quoiqu'elle ne foit pa^ au degré d'ébuUition , on ne peut y tenir long-tems la main : cette eau ne forme cependant alicune incruftation fur les côtés, ni fur le fond d'un grand réfervoir fait des mêmes pierres : elle ne perd rien de fa profondeur, quoique ce réfervoir foit près d'une de ces mêmes -poreufes: de quelque ion s'en fé- rète fur les ou fur le fol ais il eft fin- é,(car c'eft fixe , & qu'il une carrière que le bourg es qu'on tire fources des 3nton fe fert liées, eft pas moins i forment ces ju'elle ne pa- étrangers. Ce lies fources, )ierres. L'eau fume conti- de la foutce. [bullition , on cette eau ne fur les cotés, lit des mêmes profondeur , e ces mêmes » I X I £ M Ek 127 fources. On y voit croître les efpèces d'herbes qui viennent fpontanément dans toutes les eaux ftagnantes. Mais les eaux qui s'écoulent de cec étang , & baignent les terreins fur lefquels elles palfent fans perdre leur chaleur, lailTent par-tout une croûte mince de couleur jaune , & qui de- vient plus épaifle , plus grofle , avec le rems : elle n'eft pas dure d'abord, mais à mefure qu'elle prend du volume , elle prend plus de confiftance. Les herbes qui ne font pas fur leurs racDies , les branchages, les feuillts qui s'arrêtent dans les endroits où l'eau eft moins rapide , fe pétrifient également , & s'incorporent avec les mêmes croû- tes. Cette pierre eft légère, mais moins que l'eau: elle a beaucoup de porofité, & fe laifle tailler facilement j elle conferve même ces propriétés après avoir été long-tems à l'air. 11 y en a de deux efpèces j l'une d'un gris cendré clair, l'autre oran- gée. La première a plus de confiftance que la fé- conde, & vient d'une carrière différente; d'où l'on doit conclure que les différences de la pierre viennent de la terre différente que l'eau baigne. La faveur de cette eau eft très-mauvaife , ce I qui vient du fel qu'elle contient; mais les effets en font encore pires. Les animaux ne veulent pas en boire, quelque altérés qu'ils foient : elle n*a pas d'odeur défagréable; c'eft pourquoi on s'en |fert pour les bains, ôc l'on n'a pas remarque Pi !t ,Vi i 'ïW* m 0 2i8 Discours qu'elle eût jamais produit de mauvais effets. Près & vis-à vis de Guancavelica fe prcfcnte un mont de hauteur ordinaire, que l'on appelle Potocchc» Il fort au pied de ce mont différentts fources , dont les unes font trcs-falubres, & d'une faveur agréable, Se les autres extrêmement nui- fibles , quoiqu'à peu de dilhince des premières. Celles-ci fortent avec le degré de température du climat, mais les autres font couvertes d'une fumée qui , dans les tems froids , y forme comme un nuage , tant elle eft épailTe. 11 n'y a cependant qu'une diftance d'un demi-quart de lieuedesunes aux autres. Les fources chaudes font, comme je l'ai dit, celles qui forment des pétrifications. On voit donc par-là que ces eaux n'ont aucune com- munication entr'elles dans leurs canaux internes, quoiqu'elles fortent de la même montagne, & qu'on en voie ahernativement de chaudes & de froides au-dehors. Les eaux chaudes font fort ordinaires dans la partie haute du Pérou , & fe rencontrent en nombre de pays ; mais elles font plus abondantes du côté de Guancavelica. Il fe préfenre une reflexion fur la formation de ces pierres. Ox\ ne s'appcrçoit pas que les endroits où l'eau forme des incruftations , foient devepus fenfiblement plus hauts que les terres contigues, iii ;iiveau defqueiles ils font mèmereftés: d'ailleurs, DIXIEME. ÎI9 les carrières d'où l'on tire ces pierres ont ctc txavccs en deflbus, ^' plus bas que la fiipcrlicic, lie forte qu'il en eft réfuUc des crevalTes, des .iflailfenicns & des folFes profondes, comme il iiirive dans toutes les carrières étendues : or, on 1 eut penfer , d'après cela , que ce n'cft pas Tcaii qai fe convertit en pierres , comme on le croit vulgairement , par une efpèce de coagulation , niais que l'eau a la propriété d'unir les molécules de terre, 6c de leur faire prendre la confiftance qu'on trouve à -es pierres. S'il en étoit autrement, l'étang dont j'ai parlé dcvroit ne plus former qu'un maflîf de pierre , depuis des années qu'il exifte-la : les terreins que les eaux baignent fe feroient auHî élevée fenllblement , comparaifon faite avec les autres que l'eau ne baigne pas. Les i'ources, qui fe trouvent toujours dans la même jnopcrtion , fe feroient aufli obftruées çà & là , & les eaux auroient été forcées de guigner des terreins plus hauts dans la montagne. Mais on n'a pas ùitqKe cela fut jamais arrivé j ainfi l'on n'a p.is àe preuves que l'ean fe convertiffe en pierre , malgré les i«icrufl:ations qu'on y remarque. 11 y a très-peu de fources dans la partie baffe; celles qu'on y voit font même fur les flancs des collines de la partie haute. Comme il n'y pleut ni n'y gèle , il ne peut s'y faire aucun amas fou. La furface plane du pays efl encore un ^l'Mil 15» Discours autre obftacle j c'eft donc une autre circonftance par laquelle ces parties fe diftinguent Tune de l'autre : ce qui abonde le plus dans la haute tft juftement ce qu'il y a de plus rare dans la balle j & celle-ci ne feroit pas habitable , Ci l'autre ne lui fourniiToit ce grand nombre de rivières ué- ceifaircs à fa fertilifation. Les fources ne font pas fréquentes dans les terreins chauds 6c bas , tels que celui de Panama, de Carthagènc^ celles qu'on y voit fourniirent de l'eau qui efl: à la même température que l'air , fans être devenue plus fraîche après avoir couru dans l'intérieur de la terre : cela vient de ce que les veines aqueufes ne font pas fort profondes, & qu'ainfi la chaleur du foleil s'y fait fentir. Je l'ai déjà dit en parlant de la température de la Havane. Portobelo eft environné de montagnes fort élevées : car ce font des branches des Cordillères qui fe prolongent dans l'ifthme. On y voit beau-, coup deruilTeaux, dont les eaux fcnt très-légères, 6c limpides comme un cryftal : on les trouve feu- lement un peu plus fraîches que la température de Tair. La même caufe qui contribue à ce que les eaux foient à la température du climat dans les fources des bas pays , produit un effet con- traire à Portobelo, de forte que les eaux y ont plus de fraîcheur que dans les moncagnes un peu .*(]*♦•'•<"'"-;■■-"''' DIXIIMI. Ijl butes, parce que la chaleur n'y fait pas tant d'im- prelllon que dans les plaines des bas pays. Les veines aqueufcs font plus profondes en propor- tion de la hauteur des terrcins. Se la chaleur s'y fait moins fentir. Ces eaux ont en fortanc certaine fraîcheur, mais qui ne tient pas du froid. Les eaux duMiflinpi paroiifent les plus im- pures & les plus nuifibles, Ci on les juge à la vue^. cependant elles ne le font pas , quoique toujours troubles , & fi chargées de limon , qu'elles font un dépôt dès qu'on en. mec dans un baflin : on y voit même les particules terreufes s'agiter en fi grande quantité, qu'elles déplaifentd la vue. Dans. le tems des grolfes eaux , ce fleuve arrache quan- tité de bois qu'il charie des contrées les plus éloignées : on y voit des arbres avec toute leur verdure, des troncs énormes, fecs,. & en partie, pourris. Ce. grand nombre d'arbres & de troncs doivent nécefiairement imprégner l'eau des prin- cipes qu'ils contiennent. On ne s'en apperçoit cependant pas : l'expérience prouve au contraire que cette eau eft très-falubre & bienfaifante pour U corps : il eft vrai qu'il s'y jette un très-grand nombre de ruifleaux Se de rivières dont las eaux font chargées de matières étrangères , plus ou moins falubres j néanmoins la partie des eaux. de ce fliÉUve l'emportant de beaucoup fur celle l'4, I i',' l'i' t r U! ^ '\ • n II 11; 'm f »/;'*«». >"»»ni.«Wu. ■"*»"'■". ;*» 131 Discours des autres , celles • ci ne peuvent y porter aucune mauvaife qualité , fur laquelle la bonne qualité du fleuve ne prédomine. En été , tems où les eaux de ce fleuve font les plus bafles, elles font claires, limpides, mais moins falubres , ce qui vient de ce que celles de la mer y entrent très- avant avec les marées , & font rebrouffer les eaux douces. Malgré cela , elles ne font pas préjudi- ciables à la fauté; on les trouve alors chaudes à la furfice, de fraîches au fond. Quelque limonneufe que foit l'eau de ce fleuve, elle n'engendre pas la pierre : il eft bon d'ajouter que , quelque clarifiée qu'elle foit, elle décèle toujours un limon. On en emplit ordinairement plufieurs vafes pour lui donner le tems de s'é- ciaircir , Se l'on boit celle qui s'eft clarifiée la première : c'eft toujours la première qu'on a pui- ice. Après avoir repofé , fut-ce même pendant lui an, on n'y apperçoit réellement aucun figne de corps étranger, tant elle eft diaphane & cryf- talline : mais , tranfvafée dans un autre verre , elle décèle , un ou deux jours après , un fédiment li- monneux très-fin, femblable à du favon, & que l'on voit aufli furnager dans les grands vafes oiï on la met pour la laiflTer éclaircir. Le peuple, & ceux qui trafiquent le long du fleuve, la boivent trouble, comme elle fe préfente natu- rellement j mais Ton n'a pas d'exemple qui D 1 X 1 E M 1. ' 25 J prouve qu'elle foit riuirible,.mênie lorfqu'on la boit tout en fueur, & après avoir été fatigué à ramer. . . .', -;••.. , ■ ■ ■- < ■■ Sa fraîcheur provient fans doute de ce que le fleuve defcend du Nord, & de la quantité des eaux de neige.qui s'y jettent : en outre, il eft probable que c'eft aux neiges qu'il doit fon origine. Il reçoit enfuite dans fon cours celles qui s'y rendent des vaftes plaines qui s étendent à l'Oueft ^ au Nord, depuis le 47^ degré ôc au-de là. Dans ce long cours , il fe charge de la partie limonneufe des terrains qu'il parcourt , & de celle des rivières qu'il reçoit. Le grand mouvement dans lequel il les tient pendant un fi long trajet, les divife, les atténue au point mentionné. En effet , lorfqu on met de cette eau dans un verre , ces molécules paroiflent comme une fumée qui en remplit toute la capacité. Il eft probable que c'eft ce limon très- atténué qui donne à l'eau la qua- lité avantageufe qu'elle a de faciliter la digef- tion , d'aiguifer l'appétit , &c de maintenir la fanté à l'abri de ces alternatives, qui réfultent de l'ufage de celles qui ne font pas fi falubres. On obferve ici une fingularité dans les eaux de pluie , & qui ne fe voit pas ^n d'autres con- trées : c'eft une peau jaunâtre qu'on prendroit pour du foufre , & qu'on appcrçoit en certains lems de pluie. Cette peau couvre l'eau des rm nw'*| m\ m 'm i' w m i\fA' •'I ti !L%- >%-^ Z$4 ^I SCOVRS marais , êc les vaifTeaux de bois dans lefqiiels od reçoit la pluie : elle y eft en affez grande quan- iité , & s'étend jufqu aux bords des vaifTeaux y dans celle qu'on y tient. Il paroît que l'atmofphère de cette contrée eft chargée de particules fulfureufes : c'eft ce que donnent lieu de croire les grands orages qu'on y voit; car il eft très- rare qu'il pleuve fans des coups de tonnerre horribles qui font trembler les maifons. On doit préfumer , d'après l'expérience, que ces particules viennent des /orêts épaiifes qui abondent en réfine, dont les molécules les plus fubtiles s'exhalent au loin , & vont fe mêler avec des parties fulfureufes très - déliées , très- abondantes , de forte qu'après s'être incorporées avec la nuée , elles fe précipitent en même tems que la pluie & la tempête. Cette pellicule , ou ce foufre,eft fi. ordinaire, qu'on l'apperçoitaufli-tôtj elle eft tantôt plus , tantôt moins, répandue : de-là vient l'opinion comniune de cette contrée , « qu'il pleut de l'eau Se du foufre » quoique ce phéno- mène n'en foit que la partie huileufe la plus fubtile. Ce fleuve , dont les eaux s'élèvent dans fes crues , au - deftus des terreins voifins , 6c les. inondent où elles ne font pas retenues par àes levées ou des digues, eft d'un grand avantage aux différens pays. On en cire pac des faignéô« M E^ DIXIEME. 23^ Tôau dont on a befoin pour les moulins à fcier du bois , ce qui fait la principale partie de rinduftrie des Riverains, ou de ceux qui ha- bitent dans le voifinage. Quoique le Miflîfipi foit vafle & profond , il eft certain qu'il ne fait pas tant de ravages fur fes bords que d'autres fleuves en font ordinairement. On attribue cet avantage à fa profondeur : toute la plus grande force de fon cours fe développe particulièrement au fond , où le poids de fa maffe & la 'rapidité femblent fe réunir. Voilà pourquoi les levées ou les digues qu'on y fait pour arrêter (es épanchemens ne font point larges * & n'ont de hauteur que celle àlaquelle l'ea ■ «nonce ordinairement dans les plus grandes crue.. Ces eaux , qu'on tire du fleuve , & celles qui s'amaflent parles pluies, vont fe rendre aux lacs dans toute l'étendue de l'Ifle où eft fituée la Nouvelle -Orléans , étendue qui comprend 68 lieues, depuis l'embouchure du fleuve jufqu'au canal , qu'on appelle improprement rivière d^lber- ville : c'eft- à-dire , du S. E. au N. O. en comp- tant les (iniiofitcs que fait le fleuve. La pente qu'ont les terreins, & qui favorife la décharge des eaux du côté des lacs , fait voir qr«€ le limon que le fleuve dépofe, élève peu-à- peu les terres qu*il baigne, & qu'en même tems il ^haufle fon ï\i j de-là vient cette pente^ du 'mm m ù\-A ï''i . ,iV^. -.»■• 15^ Discours coté qui en efl: plus éloigné. On volt, en outre, que le lit s'élève de même que les terres qui l'avoifinent : c'eft ce que prouve la néceflîté où Ton eft d'élever continuellement des digues pour l'empêcher d'inonder les habitations & les lieux que l'on défriche pour la culture. On ne connoît pas la différence qu'il y a entre la hauteur qu'a- voient autrefois les eaux , & celle qu'elles ont adtuellement. - On s'apperçoif au(îî à fon embouchure que le lit du fleuve eft rehaufle : en effet , il avoit 24 pieds d'eau à la barre il y a 5 o ans , & il n'eu a plus que 1 1 dans les plaiites marées : mais , dans l'intérieur du pays , il confervc fa même profondeur. Il pourroit fe faire aufli que la barre s'élevât aux différentes embouchures , fans que le lit s'élevât : mais le volume d'eau étant le même qu'autrefois, Se conféquemment laréfîftance qu'il oppofe aux flots de la mer étant auflî forte, il p.iroît que ce ne font pas les fables qui s'y amaf- fent à préfent en plus grande quantité, au-defTus de ce niveau, mais que c'eft le lit qui s'eft élevé, & a fait prendre plus d'étendue aux eaux : d'où il réfulte qu'elles agifTent avec moins de force que quand elles fe déchargeoient par des bouches plus étroi tes & plus profondes. L'attention avec laquelle nous venons de dé- tailler ce qui concerne l'origine ôc la qualité des e connoit ;s : mais DIXIEME. 157 eaux dont nous avons parlé , nous donne lieu d'y con? parer les eaux chaude;: de la partie haute du Pérou , & particulièrement celles du Gouverne- ment de Guancavelica. Celles-ci font cryftallines, pures à la vue , & , malgré cette apparence , elles forment les carrières des terreins qu'elles bai- gnent , pétrifiant même les chofes qui y tombent. Celles-là , au contraire , font troubles , furchargées de limon, de terres, ôc de la partie mucilagi- neufe des arbres, fans cependant engendrer la pierre dans ceux qui en boivent , ni caufer aucun mal : nous avons dit qu'elles étoient même boa- nes ôc falubres. Ces deux propriétés oppofées, qui réfultent de deux caufes contraires, ne peu- vent avoir lieu que parce que les premières con- tiennent dans des parties imperceptibles , des prin- cipes propres à unir & à endurcir la terre aufïî- tôt qu'ils fe trouvent interpofés dans fes interf- tices j tandis que les fécondes ne contiennent qu'un limon dont les molécules font très -atté- nuées , flottantes , & incapables de fe réunir de manière à former une concrétion, parce qu'elles ne contiennent pas les principes qui font dans les premières. Malgré cela, l'illufion que les unes& les autres font à la vue , a quelque chofe de fiiigulier. Les lacs. Borgne j Ponchartrain j Maurepas ^^ qui environnent la partie du Nord & de lïft de Mai m M iV.;. f \n I M- J i i ' £58 Discours rifle de la Nouvelle-Orléans , font formées par l'entrée de la mer qui s'y porte entre cette lilc & le continent. Ce palfage s'appelle ia Rigole. 11 eft alTez large pour admettre toutes fortes de vaifleaux ; il a i(> à 1 8 pieds d'eau du côté de la mer, & dans toute fa longueur 11 braflTes de profondeur. Mais l'eau décroît enfuite jufqu'à il i ou II pieds j c'eft la profondeur qu'elle a au lac Ponchartrain. En fortant de ce lac, on entre dans celui de Maurepas , de forte que la diftance de ce canal , dont la longueur eft de trois lieues , fait une étendue d'eau qui a au moins cinquante pieds de profondeur à fon entrée & à fa fortie. Le premier de ces trois lacs , appelle le Borgne ^ eft moins profond que les deux autres , & n'a que fix à huit pieds d'eau du côté de l'Eft. Cette eau eft épailTe , lourde , de mauvaife faveur , & d'une odeur rebutante : la couleur en eft verdâtre comme celle des mares ; mais depuis le milieu jufqu'a rOueft , la (Couleur eft la même que celle du fleuve , & l'eau eft bonne à boire. Cette dif- férence vient de ce qu'il n'y entre de ce côté-ci aucun canal , ni lagunes qui altère les épan- chemens du Miflifipi, comme de Tautre côté. On arrive de ce lac à la mer j la rigole fe trouve près de fon embouchure : or , cette rigole eft l'entrée des deux autres lacs, favoir de Pont- chartfain 6c de Mautw. \s : les eaux en font falées , *#iT D I X I 1 M 2. l$f ^ fe mêlent avec les eaux douces qui s*y rendent par difFérens canaux 6c étangs , où Ton va pren- dre celle dont on ufe dans Tlfle de la Nouvelle- Orléans. ' Tout PHorîfon fe découvre fur ces trois lacs. Quoique les eaux n'y foient pas fort profondes, elles font cependant très-agité , qu'il s'élève un vent impétueux. On ne peut y vo^^uer que fur des barques couvertes; les baifes ôc les bancs de fable qui font dans les canaux de S, Jean Tiguyu ÔC autres , qui fe rencontrent près de la Nouvelle-Orléans, n'admettent pas déplus grands bâtimens : en effet l'eau n'a fur ces derniers qu'un pied ôc demi à deux pieds de profondeur. Il y a beaucoup de bons poilfons de différentes efpèces, fur-tout des Dorades fort grandes j ce font ces lacs qui appavifîonnent la Nouvelle-Orléans, & les habitans des bords du MiHiHpi. Chaque pays y a (es ufages & fes coutumes , félon la différence des Nations. Les habitans de la Nouvelle- Orléans, fatigués des grandes chaleurs, & invités par les commodités que leur offrent le fond folide des lacs , ôc le peu de profondeur de leurs bords , fe font un divertiffement des bains & de la pèche. Ils s'y rendent dans des barques , fe jettent à l'eau avec les habits , & y jouent, y fautent, y font mille tours, de même (^ue s'ils étoient à terre : les vètemens très-minces M' ; ) \\à ■ ■» '^1 % > M^O DiSÇOVaSpIXIEME. qu'ils porteht ne les embarrafTenc pas. On peut même avancer loin du h^rd de l'eau, fans eu avoir plus hauc que la ceinture , vu Tcgalicé du fond. Plus loin , on s'apperçoit que l'eau devient plus profonde. Les pêcheurs tendent ki,irs filets , & les perfonnes qui font dans l'eau fe divertilTent à les tirer au bord, & à voir fauter le poiffon qu'on jette fur la rive. On réitère ces jeux alTez fouvent, & pendant des matinées entières, fans qu'il en réfulte aucun inconvénient. Après les divertifTemens , on fe retire aux maifons des pécheurs , pour y changer d'habit , & terminer les plaifirs par un bon repas qu'on fait , en grande partie, avec les poilTons qu'on a pris. Le lac Pontchartrain eft fort commoc ^ our ces jeux Se ces courfes , qui ne demandent qu'un jour : car ce tems fuffit pour y paflTet par le canal de S, Jean. DISCOURS DISCOURS ONZIEME. Des Maladies particulières aux climats j & comparai/on de ces Maladies, Il eft naturel que les différentes qualités des dimats influent fur la conftitution de l'homme èc des animaux , & que cette influence en difpofe plus ou moins les humeurs aux maladies qui y prédominent. On ne voit pas dans les climats froids les maladies qui régnent dans les climats chauds , & réciproquement celles de ces climats- ci n'ont point lieu dans les températures oppofées. Les maladies des climats froids ont pour caufe l'aftridion de tous les folides , le défaut de tranf- piration, l'épaiflilTement des humeurs, la roideuc & la tuméfadion des fibres. Dans les autres , au contraire , elles viennent de trop de relâchement & de l'ex-trême dillipation des humeurs , de la grande agitation des fluides. On peut dire que, dans ce premier c\s , la Nature fouffre trop de coittpreflion^ & dans le fécond, qu'elle pèche par trop de relâchement : deux caufes qui doivent néceffairement l'altéreti Toms /, Q i ^j. .U 1 I !'l H)" \H'X i 241 Discours Les contrées qui font hors de la Zone Tor- ride participent des d^u% intempéries dans un degré éminent , en ce que la température y palFe de l'un a l'autre extrême : on y éprouve dans l'été tous les effets des grandes chaleurs , ôc dans l'hiver ceux des froids. Le pnntems & l'automne font deux faifons intermédiaires , qui y préparent à CCS deux extrêmes. Il y a peu de différence entre l'hiver & l'cté dans les contrées voifines de l'Equateur , ôc dans rétendue dé la Zone Torride. On remarque la même chofe dans les hauts Ôc bas pays du Pérou; de -là vient que les alternatives qu'y éprouve la fanté , font prefque les mêmes en toute faifon , Se feulement plus fréquentes dans une faifon que dans l'autre. Mais la Nature y fouffre moins , parce qu'elle n'éprouve pas le paflage d'un ex- trême à l'autre. La jeuneîie eft plus fujette aux révolutions dans les climats chauds, étant natu- rellement difpofée à la fermentation des hu- meurs. La vieillefle s'y foutient bien, y acquiert même des forces bien différentes de celles qu'elle auroit dans des climats variables. Les jeunes gens & les vieillards vivent fans éprouver de plus grandes incommodités dans Jes climats froids, parce que dès qu'on y eft habitué , on s'accom- mode fans peine à l'extrême différence des deux faifons oppofées. ONZIEME. 141 On die vulgairement , dans la partie haute du Pérou , que celui qui a naturellement un^e conl- titution faine , s'y maintifnt dans le même ctatj mais que celui qui y vient malade , le devient encore plus qu'il n'ctoit dans le pays où il a pris fa maladie. Cependant cela n'eft pas général ; car il y a telles maladies qui s'y guéiilTent par le feul changement de climat. Il n'en t(i pas de même dans la partie balTe : les fujets bien puitans y font pris de maladie pendant les grandes cha- leurs, de même que ceux qui y loufFrent des incommodités habituelles. 11 y a néanmoins de la différence à obferver dans les effets qui réfultent des climais chauds, & de ceux où la température pafTe de l'un à l'autre extrême : c'eft qu'on devient moins ex- pofé à reffentir l'influence des climats chauds , lorfqu'on s'y eft accoutumé par une longue ré- fidence : on y brave tous les inconvcniens j &: jamais les dérangemens de fanté n'y font auHî fenfibles que ceux qu'on éprouve en fortant d'un^ hiver très- rude, pour entrer bientôt dans un été fort chaud , & fe voir ainfî expofé à braver des maux & des épidémies d'une nature contraire^, qui mettent toutes les forces du corps à l'é- preuve. > Les maladies ordinaires de la partie haute du Pérou , font les effets réfultans d'obftru^lions , •) ' ''fe I, \ I M ë A . t ' a "■^^ < f H îl< 144 D I S c o V R s des maux de poitrine, des pleuréfies, Sc qneîqnes rhiimacirmes. Ces maux y font plus' ou moins grands , félon la nature des individus : rarement on en eft attaqué , quand on a les humeiurs d'un bon caradère. On n'y voit ni fièvres intermit- tentes, ni putrides. On obferve cependant que les individus qui y viennent de la partie bailè , en apportent le foyer avec «ux , Se qu'ils ne tardent pas à en être attaqués^ qu'elles font chez eux accompagnées de fâcheux fymptomes , qitel- quefois même dangereux : mais ces fièvres ne font pas contagieufes, & ne ie communiquent pas à ceux qui font accoutumés au pays. 11 arrive tout le contraire dans les Quebradas profondes, où croît la canne à fucre. Les fièvres intermittentes y font communes , & y font tant de ravages , qu'elles dépeuplent quelquefois les contrées, parla mortalité qu'elles caufent parmi les Indiens & les autres habitans. Cette maladie y a un caradtère réel de malignité , ce qui la tdiflingue des fièvres de la partie balTe, cù ces fièvres ne font point dahgereufes, quoique lon- gues & très-fatiguant€s. Le changement de cli- mat n'en eft pas toujours le remède , car fi quel- ques individus guérifïènt «n paifant dans les di* mats froids , les autres n'en éprouvent aucun avantage. 11 y a quelque rapport «ntre c«cte maladie & O N* Z I E M i; 245 h mauvaife température de plu Heurs parties de l'Italie , où 1 on eft prompcement attaque de ces fièvres , qui y régnent en certains tems , & non dans d'autres. Quand ces fièvres régnent dans les Quebradas, il fuffit d'y féjourner pour en ctre pris j qu'on y dorme de nuit ou de jour , on ne ks évite pas : c'ed pourquoi les voyageurs aiment mieux faire nn détour pour arriver , après quel- ques lieues , i l'ouverture d'une Quebradas , que de la traverfer : ceux qui rifquent d'y pafTer , le font fans s'arrêter y 6c i des heures pendant lef- quelles il y 3 le moins de danger. Ces maladies font continuelles dans ces pays-, mais non toujours auHI dangereufes : quelquefois elles y paroiifent pour un an ou deux, ôc même davantage. Pendant ce tems elles dépeuplent tout; ou ceux qui ont échappé a la mortalité fe fau- vent en voyant le défaftre général & l'opiniâtreté du mal ; de forte que ces gens font très-tard ce qu'ils auroient dû faire d'abord. Après certain tems , les pays redeviennent habitables , les fu<- gitifs y reparoiffent , d'autres fe joignent à eux , mais ces gens ne font jamais bien fains ; ce donc ils s'inquiètent peu. La caufe de ces maladies eft fort nfiraielle : les pays font des lieux profonds j que les vents ne balaient jamais. Tantôt ces yents font croifés dans un fens , tantôt dans l'autre , par les flancs ■]v.l\ <■ a *^- ■^■ 'H:/^ ', mt, '*% If / 148 Discours contribua beaucoup. Les buveurs croient atraqués mortellement dès Tabord , ôc ne vivoient plus que peu de jours. Dès qu'on fe fut apperçu de cette caufe, on défendit de vendre de l'eau-de- vie , & fur le champ on en vit les avantages : la mortalité ceflTa, & l'épidémie ne fut plus fi fatale, quoiqu'elle ait encore continué quelque tems. Il parut dans ce tems-là une comète, que le peuple prendroit fans doute pour le préfage de cette funefte maladie, fi l'on s'anêtoit aux an- ciennes idées : elle précéda le mal de quelques mois. On l'apperçut le 1 5 avril : elle alloit du Sud au Nord. L'épidémie fe manifefta vers la fin de Juillet à Guancavelica , & parcourut la plus grande partie de cette vafte contrée : elle parut auflî dans les pays du Sud , & f e porta vers les provinces du Nord. Cette maladie fembloit fuivre fon cours par {tarions marquées , paûTant d'une ville à l'autre; de forte qu'a la feule dif- tance des^ lieux , on pouvoir déterminer le tems qu'elle tarderoit à venir d'un lieu a l'autre. Elle commença , comme je l'ai dit, dans les pays du Sud ; mais ces pays étant fort étendus , on n'eût connoiflfance de la maladie près de l'Equateur, que quand elle étoit dans le Potofi & à Chuquifaca. De-là elle pafia à la Pa:( j à Oruro , Chucuito j au Cwi^co j à Guamanga j Guancavelica i Xauja^ Lima y &, par les hauts o N z I E M i; 245 & bas pays, jufqua Quito ^ & dans les autres provinces. Les progrès en fr-r^nt très-rapides : (î la malignité avoir été proportionnée A fon étenr due, elle eût pu enlever tous les habitans des provinces où elle régna. En cinq ou fix jours , elle avoit attaqué les vieillards Ôc les jeunes gens in-; différemment , avec plus ou moins de violence; Les rues étoient déferres ; rarement on y voyoic du monde; les maifons étoient devenues autant de folitudes, où étoient alités ceux qui les habi-r toient. On ne voyoit dans aucun marché ni ven- deur ni acheteur. Dans ces fâcheufescirconftances,' on n'avoir de fecours de perfonne , car tout le monde en avoit également befoin. Cependant on fut aidé à certain point , par ceux qui avoient na- turellement une forte conftitutioh. La maladie ne dura chez eux , avec toute fa force , que pendant deux ou trois jours : cependant ils étoient dans un état bien débile , & ne pouvoient fecourir que très-peu les plus malades. La maladie confiftoit dans un grand étourdif- fement , une pefanteur de tête , une foiblefTe dans tous les fens , de fortes douleurs par-tout le corps, une fièvre affez modérée, une laflîtude générale, une hémorragie par la bouche & les narines , une furdité & une grande proftration , avec perte totale d'appétit. Les fymptômes des maladies s aggravoient dans les individus fujets à des maux u: ri vïi ^w -t ii M 'Il Kl m I , 250 Discours habituels, fur-cout chez les poicrinaires ; & h maladie, devenue- plus conndérable, les empor> toic. Ceux qui n'écoienc affedés d'aucun mal an- térieur , fe trouvoienc mieux en ufanc de fudo- rifiques , &: en fe tenant chaudement pour exciter Ja tranfpiration. Après avoir foutenu le fort de Ja maladie, on en reHeiltoit les effets dans la convalef.ence, qui étoit fort longue & pénible; on avoit la vue trouble, l'air tride, l'efprit abattu , de forte qu'il falloit aux convalefcens plus d'un mois pour être quittes des reliquats. On remarqua que les chiens furent auflî atta- qués de cette épidémie j on les voyoit étendus dans les rues fans pouvoir fe foutenir : il en mourut certain nombre; cependant le mal ne fut pas dangereux pour ces animaux. La maladie fut auflî prompte à fe terminer qu'elle avoit été rapide dans fon commencement, Se fes progrès dans le voifinage des habitations: elle n'y régnoit que pendant un mois. Mais ce furent les provinces où elle commença qui elTuyèrent la plus grande mortalité , parce qu'on en ignoroit le remède. On obferva d'abord que la faignée y devenoit dangeieufe , & mcme mor- telle : ainli on y renonça, de même qu'à tout autre moyen curatif , pour s'en tenir à ceux donc j ai parle. La pelle elt une maladie inconnue dans ces ne me mor- ONZIEME. 151 contrées-Ià : on n'en a pas même l'idée. Ce défaut de connoiflance fit donner à cette épidémie le nom de pefte , comme on l'y donne à toutes les maladies épidémiques qu'on y éprouve de tems à autre , & qui font plus communes dans la partie baife que dans la haute. La caufe de cette épidémie fut fans doute une altération de l'air. Ce qui femble 1 2 faire croire, c'eft que pendant ce mois - la , & vers la fin d'Avril , les vents du Sud régnent dans ces contrées j & que l'épidémie pafTa, félon le cours de ces vents , du Sud au Nord. S'il étoit vrai qu'elle vînt de toute autre caufe, par commu- nication d'une feule perfonne malade à une autre, & de celle-ci à une troifième, &c. , elle ne fe feroit pas répandue fi généralement , & les ani- maux mentionnés n'en auroient pas été attaqués. Les maladies communes qui fe répandent dans les parages chauds des bas pays , font les fièvres tierces, ou d'accès : elles durent très-long- tems dans ceux qui en font pris , mais fans cette ma- lignité qu'elles ont dans les Quebradas de la part''; haute. S'il en meurt quelques individus, c'eft ou par la complication de ces fièvres avec d'autres maux antérieurs, ou parce qu'elles ont duré un tems confidgrable , fans qu'on y ait ap- porté le remède capable de les dompter. C'eft ce qui arrive à nombre d'individus qui vivent épars M .!|?. r i\ 4 i !. •iji Discours ^à ôc là dans les campagnes , loin des grandes habitations , & qui manquent ainû des fecours nécefTaires. Ces fortes de maladies font, fans contredit; les plus communes dans les contrées chaudes pas leur poHtion , ou qui ont des étés très- chauds. Elles font fort difficiles à guérir dans ces pre- mières. Les campagnards de Tlfle de Cuba tiennent pour certain , que quand ils elTuyent de la pluie, chemin faifant , ils feront infailliblement pris d'une fièvre tierce , fi leurs habits viennent à être mouillés; Se qu'ils ne rifquent rien fi la pluie leur tombe fur le corps même , fur-tout fi la pluie eft très - forte. C'eft pourquoi , dès qu'il pleur , ils otent leurs habits , qui font fort légers, Se reftent nuds, de U tète à la ceinture. Us difenc que c'eft la même chofe que de fe baigner, ôc que quand leur corps a été ainfi mouillé , ils n'en éprouvent pas les inconvéniens qu'ils ont à crain- dre de l'humidité de leurs habits mouillés pen^ dant le chemin , ôc de la chaleur qu'ils leur caufent en marchant. La Louyfiane eft auflî fuje:te à ces mêmes maladies pendant l'été : elles deviennent quel- quefois malignes pendant les grandes chaleurs, & lorfque les pluies tombent par orages , & avec des tempêtes : il meurt alors beaucoup de monde. ; v^j «ONZIEME. l$f Mais cela peut venir audi d'une caufe accenbire : favoir, faute de traitement convenable. Mais, dès que le froid fe fait fentir aux premiers vents du Nord, en Novembre, les fièvres ceflTent. La plupart des malades guériifent fans autre remède que le changement de la faifon. Le mal , <[u'on appelle la maladie de fept jours y & qui attaque les enfans nouvellement nés, n'efl: pas moins dangereux dans la partie haute que dans la bafife. La plupart de ces en- fans en meurent, fans qu'on appcrçoive aucun (igné antécédent qui puifTe la faire foupçonner ; car ils font en apparence fains & robuftes. L'c-^ pilepfîe s'y joint ordinairement, & il eft rare qu'il en réchappe un feul. Quoique cette maladie foit connue en Europe, elle n'y eft ni fi générale , ni fi dangereufe. Les Américains ont grand foin de garantir leurs enfans du vent, jufqu'à ce que ce terme foie palfc : après quoi ils ne courent plus de rifque. Voilà pourquoi ils l'appellent le mal de fept jours, tems auquel le danger eft toujours borné, Les enfans font encore fujets à une autre ma- ladie fort fingulicre. Délivrés du danger des fept jours, ils vont ordinairement bien jufqu'à trois ou quatre mois : alors ils font pris d'une toux & d'une affeftion de poitrine , qu'on y appelle pechuguera* La maladie va toujours en augmen- 'km tau r-i,i ' . 'Il' k 154 Discours tant , malgré cous les fecours : ils n'opèrent aucun effet falucaire. Alors , ces enfans enflent , 6c ne tardent pas à mourir. Les feuls enfans des blancs ( Efpagnols ) font expofés à ces ravages , qu'on ne voit pas parmi les Indiens ou les Mctifs j dont la confticucion oppofe plus de réfiftance. Le moyen de garantir les enfans eft de les enlever de- là avant deux mois , & de les tranfportec dans l'un des climats plus favorables de ces QuehradaSj qui n'en font pas éloignées. Le vulgaire croit que la caufe du mal vient de ce que ces enfans font d'une conditution trop foible pour rcfifter au froid 6c à l'intempérie du climat j il eft sûr qu'elle peut y contribuer, mais d'autres caufes peuvent aulïî y concourir. Les pères 6c mères y ont les humeurs mal faines. Les vapeurs fulfureufes qu'on y refpire continuelle- ment 5 6c qui fe répandent des fourneaux où l'on extrait le mercure, y font fi abondantes, qu'en été elles fe condenfent par l'effet des gelées , & forment une nuée cpailfe , qui couvre toute l'é- tendue de la peuplade. Rien de fi commun à la Louyfiane que de voir des perfonnes de tout âge attaqués de vers de toute efpèce , fans en excepter le vers folitaire. La grande humidité de cette contrée, les fe- mences abondantes d'infecftes & de reptiles, la qualités des alimens , en font autant de caufes. 'i;i ONZIEME. 155 On obferve même que les fruits, fur-tout ceux à noyaux , ^' à ^.oulfe^ ne s'y gardent pasj ils fe gâtent au bout de deux jours qii'oi; les a cueillis, & pourriniiu : ce qui vient de la qualité marc- cageufe du fol , ôc de l'humidité de l'Atmof- phère. A cette incommodité fui viennent de fortes fièvres , déperdition de fubftance , des lan- gueurs, une mélancolie. Le remède le plus en vo- gue eft le fuc de V-icdionda^ dont il a été parle. On employé aufli l'huile de noix, qui réuflit danj quelques individus : mais on remarque qu'elle ne guérit pas radicalement le mal , & qu'on en . éprouve des récidives quelque tems après. La petite vérole, maladie connue par toute la terre , y pa'^oît à certains périodes , & noa tous les ans comme en Europe : mais quand elle s'eft manifeftée , elle fait de grands ravages , tant parmi les blancs , qu'on y appelle Efpagnoh , que parmi ' s Indiens & les Nègres. Elle parut dans la partie balTe en 176^. 11 en périt beaucoup de monde de tout âge , particulièrement dans les premières familles du Pérou. Quoiqu'il y aie une très-grande différence entre les climats de la partie haute & ceux de la balfe , on n'a pas eu lieu de croire qu'elle fût plus mauvaife dans la haute : car le nombre des morts fut aufli confi- dérable dans l'une que dans l'autre partie. On a , dans la partie haute, une métliode cura- f \'\M i^S Discours live bien différente de celle de l'Europe : on n'y connoîc pas toutes ces précautions fcrupulcufes. Les femmes Indiennes tiennent leurs cnfans à côté d'elles fur une peau de brebis , & ne les couvreur pas plus qu'à l'ordinaire, fans s'inquiéter de les garantir de l'impreflion de l'air. Malgré le grand froid du climat, il ncn meurt pas plus que parmi ceux pour lefquels on prend les plus grandes précautions. D'ailleurs, ces gens n'ont recours ni aux médecins, ni aux médicamens; tout eft abandonné à la nature. On s'y fert, tout au plus , de quelques herbes , dont la vertu eft connue par l'expérience : ces herbes font là des panacées y qu'on y employé pour tous les maux. Les adultes qui font pris de cette maladie en réchappent rarement, vu la denfité de la peau qui empêche l'humeur variolique de fe faire jour au-dehors d'une manière régulière; c'eft ce qui rend cette maladie beaucoup plus dangereufe dans ces contrées que chez les autres nations : elle y fait des ravages confidérables. Elle feroit moins redoutable fi elle y paroilloit toiF les ans, les habitans l'efliiieroient dans leur jeuneffe , & il en périroit moins , comme l'expérience le prouve à l'égard des enfans. Feu de la Condamine écrivit à ce fujet plufieurs lettres au dodeur Maty, de Londres, & l'inf- truifit de l'état où fe trouvoit la queftion fur l'utilité ■.-•^ ,,...y... i l Ô N Z I B M ir ' 157 rutilité de rinoculacion dans cette Capitale, & lui expofa les raifons fur lefquelles il fondoic fon opinion : il dillipa ainfi les craintes qu'on avoir du danger auquel on croyoit s'expofer vo- lontairement en fe faifant inoculer, & raifura fut celles qu'on avoit de n'ctre pas garantis de la contagion. Ce font les mêmes raifons qui ont déterminé à introduire l'inoculation dans la Nou- velle-Angleterre, où elle eft aufli en vogue que dans l'Ancienne. Cette maladie n'ed pas fi dangereufe dans les pays chauds de la Zone Torride, quoiqu'elle y faffe aufli d'aflez grands ravages, quand elle a rté quelques années fans rep^roître. On obferve la même chofe à l'égard de la Louyfiane : d'où l'on peut conclure que ce n'eft pas un grand bon- ■heur pour le pays , que cette maladie foit dix â douze ans à reparoître, puifqu'elle devient alors fi funefte. Ces confidérations ont fans doute con- tribué à introduire l'inoculation dans les Co- lonies delà Nouvelle-Angleterre : par ce moyen , ofl eft ga».Anti de la crainte pendant la jeunelTe, & du danger de la contagion dans un âge plus avancé. . . •. ■ , L'inoculation y éft fi commune, qiion y a bâti des maifons publiques & des hôpitaux , où l'on reçoit pour cet effet des perfonues de toutes conditions & de tout âge j & les fuites en font Tome L R ■H: •t \-A K^ ^ I n 25$ D I s e o V n • des plus heiireufej. Il y vient fe faire . ;û'aier des gens de plufieiirs autres provinces : on y a nicme reçu plusieurs habicansde la LouyHane, qui ont fubi ce traitement dans un âge fait. 11 feroit fort avantageux pour l'humanitc, qu'on envoyât, des provinces où l'on n'eft pas encore convaincu de l'utilité de cette opération , des médecins éclaires , pour obferver tous les fymptômes qui fe manifelUnt dans les fujets aduellement ino- cules , ôc pour s'aiïurer par le nombre de ceux qui l'ont été , (i l'on eft encore expofé a être at- taqué de la maladie , lors des grandes épidémies; f\ y en cas d'attaque , la maladie fera bénigne ou maligne^ Ci , par la précaution de l'inoculation, ou générale , ou pratiquée fur le grand nombre des individus , on anéantit la caufe de l'épidémie. Ces médecins s'informeroient audl de la ma- nière dont il faut s'y prendre pour en avoir le germe. Se l'inoculer; du choix qu'il faut en faire, des précautions à garder pendant fes effets , de la faifon Se de la température la plus favorable; cnHn de toutes les autres circonftances qui peu- vent fournir des connoifîanccs fur cet objet. Par ce moyen , ou on empccheroit peut-être de périr la moitié , ou le tiers des individus de tout âge j Se de tout état; mais ce qu'il y a de plus impor- tant, c'eft qu'on garantiroit du danger les Sou* verains : on aifureroic à cet égard les fucceflions lire . 4û'aier ces : on y a )uyrune , qui fait. U feroii l'on envoyât, )re convaincu les médecins mptômes qui îllement ino- nbre de ceux ofé à être at- ies épidémies; a bénigne ou l'inoculation, grand nombre de répidémie. iiHI de la ma- ir en avoir le l faut en faire, es effets , de la us favorable; .nces qui peu- cet objet. Par t-être de périr 1 us de tout âge | de plus impor- mger les Soû- les fucceflionJ onzième; 159 aux trônes. Toutes ces obfervations faites pac (les gens inftruits , Se doués du difcernement né- celfaire, diHiperoient les doutes que fait natu- rellement naître la pratique nouvelle de l'inocu- lation , à laquelle on fe refufe , pour s'expofer à une maladie dont les conféquences font fi fatales pour un grand nombre de fujets. Si les affeélions de poitrine font communes dans la partie haute , les crachemens de fang ne font pas moins ordinaires dans les pays les plus froids» C'eft ce que l'on voit fouvent à Guancavelica : cependant on vit quelques années avec cette in- commodité. La plupart de ceux qui en font atta- qués , guériffenc totalement en paffant dans un climat moins dur : mais d'autres y meurent , ôc il n'y a point de terme fixe pour la durée du mal. On ne voit pas U de phthifîe , malgré les maux de poitrine dont il s'agit j ou ces phthifies font bien rares. Elles font, au contraire, alfez fréy quentes dans la partie baflfè , où Ion ne voit pas de crachemens de fang : mais ces deux maladies font fort fréquentes dans la Louyfiane. Le tétanos eft redoutable dans la partie balTe du Pérou , vu la facilité avec laquelle on en clV attaqué, 6c que d'ailleurs il y eft décidément mor- tel. La moindre caufe peut y donner lieu. U eil [impoflible d'être toujours alfez attentif à s'en ga- i rantir : il fuffit de fortir , ayant chaud j _ dtf la R » ^','11::' ? '•t \f\m )i 'il M 'M r'' ' ' >\|P m (il, [. ,»i ! ; '1 it-i V iw^< i ^ ' 4w , mmtï x6o î> I S c o u h. 6 chambre ou de l'appartement, ôc de s*expofet à l'air , pour en être pris. C'eft au moins une des caufes de ce fpafme, quoiqu'il n'en réfulte pas toujours. On rifque encore d'en être pris en s'expofant â un courant d'air après avoir bu le mate j qui eft une efpèce de thé, & fe boit de même. On ne connoît pas ce mal dans la partie haute. On en eft encore attaqué fi, par inad- vertence , on vient à mouiller ou à mettre dans l'eau l'un ou l'autre pied où l'on aura été piqué ou légèrement biefFé : ce qui n'a pas lieu dans l'autre partie du Pérou. Cet accident eft également dangereux dans rifle de Cuba , ôc dans les autres climats chauds : on n'y connoît même pas de remède , ce qui fait que peu de perfonnes en réchappent. On a ce- {>endant à la Havane quelques exemples de gué- îifon ^ mais le traitement ou le remède eft fi in- certain , t]u'il laitfe toujours les individus expoféj au plus grand danger. Une piquure expofe aullî à cet accident dans la Louyfianej mais on n'en voir pas d'exemples fans cette caufe. La partie haute du Pérou expofe rarement aux paralyfies qu'on y appelle ^yre : ati moins ces maladies n'y font-elles pas fi communes que dans la baffe. Cela vient de ce que la température y eft toujours égale 6c froide, fans aucune alter- native d'hiver & d'été j & que les pores Ju onzième; 1^1 corps, fort refferrés y soppofent à rintromiffion de l'air. Aiiflî n'y voit-on cette maladie que dans les individus d'un âge fort avancé, & déjà in- difpofés. L'apoplexie y eft extrêmement rare dans l'une Se l'autre partie, de forte qu'à peine en entend- on parler pendant le cours de nombre d'années. Cet avantage eft dû fans doute au peu de diffé- rence de température dans les deux faifons op- pofées : les humeurs s'y maintiennent par ce moyen dans le même état, les alimens n'y varient poijit , ôc l'air y eft prefque toujours le même. D'après ces faits , on ne peut déterminer la caufe du tétanos , ou fpafme général , qu'en fup- pbfant dans ratmofphère des corps inconnus, imperceptibles, qui le produifent^ autrement il ne réfulteroit, de quelques légères inadvertences, qu'une foible aftridion , mais non une contradlion aufii terrible que celle du tétanos > Ôc la motc peu de jours après. Quoique les pleuréHes foient la maladie dan* gereufe des climats froids de la partie haute, il eft rare néanmoins que les individus d'une com- plexioh bien faine en foient attaqués. £lles ne font communes que parmi ceux qui ont dans leurs humeurs un vice vénérien , ou qui font adonnés aux liqueurs fpiritueufes. Le remède aftiiré eft, dans cette contrée > le foie du Zorillo^ •• ':• \\ ' !i t' ' r«'j h M* Y\ '« 1* Ù^'i m il 'lu V *M W A m 2^1 Discours qu'on prend par la bouche , & l'on en voie des cures merveilleufes. 11 n'importe qu*il foit récent ou vieux : on y compte avec alTurance fur fes effets , ôc l'on eft perfuadé que quand on en a une fois pris, on n'eft jamais expofé à une ré- cidive. On a remarqué que les pleuréfies Se les autres maladies de poitrine étoient inconnues parmi les Indiens , quoique ces gens mènent une vie dé- réglée, ôc que leur penchant à s'ennivrer leur falFe boire de l'eau-de vie avec excès. Mais cela vient de la force de leur conftitution , & de ce que les maladies vénériennes font rares parmi eux. La lèpre eft un mal très-commun dans les pays chauds. Elle eft inconnue dans la partie haute du Pérou, ôc peu répandue dans la baffe, cù l'on en voit quelques exemples. Elle gagne beaucoup fur les côtes feptentrionales de Terre^ ferme : mais fa contagion devient des plus funeftes "dans quelques parties de la Havane. On croit que cela eft dû à la viande de porc , dont on ufe beau- coup , ôc que cette viande en devient la caufe par la qualité que lui donne le fruit d'une efpèce de palmier, diftingué parle nom dQ Reai ou Pal' miche j dont cet animal mange beaucoup : au moins , cette viande y contribue-t-elle en grande parcie. ' ■' •• -■-' '•'' ; • • = '•;■ t., '#!> l^ O M Z I E M Ef Z^5 La chair des porcs qui s'en font nourris eft plus glanduleufe que d'autre : les glandes ont unie teinte noirâtre j on les apperçoic facilement dans toute l'étendue du cou de l'animal. Quoique cette opinion y paroiflTe bien fondée , on doit en rapporter la première caufe aux Nègres de l'Afrique qu'on tranfporte en Amérique j car cett(^ maladie eft fort répandue, & comme na- turelle dans leurs contrées. On devroit prendre les plus grandes précautions pour empêcher les progrès de cette horrible maladie , ou plutôt pour la détruire dans les Colonies. Elle étoit autrefois inconnue dans la Louydane j mais , depuis quel- que tems ^ elle comn^ençè à s'y manifefter. La maladie appellée CulébrïUc y très-connue dans ces climats chauds , a auJi été appcKttéc par les Nègres , a ce qu'on penfe. On éprouve au Port-àu-Prince, &: dans les pays voifins, les effets de ce mal, beaucoup plus généralement qu'ail- leurs , & n)ème . qae dans l'ifle de Cuba. Dès qu'on fe fût alTuré qu'il étoit contagieux, on p)?c les précautions néceifaires pour l'arrêter : ce î\}l de brûler les linges employés dans la cure*,Oii remarqua que quand ces linges étoient {^cs.^ i\ en fortoit une quantité prodigieufe de petits in- fedes qui.fe répandoient dans l'aii, & coihmu- nlquoient le mal aux individus qui ne l'avoienc R4 .'i ■3| . Il I fl i >; \ ■''■ '(H ' ! ^' ?li iôif D I s c o w-R^i pas. Avec ces feules précautions , .& celle de guérir iles Nègres infedés arrivais de lear pays , on à ^au moins empêché que le mal ne fûc aullî commun. .. ; . On fait généralement dans ces contrées que les chiens & les autres animaux n'y font pas fujets -â la rage, non- feulement dans l'Amérique mé- ridionale, mais encore dans tout le continent: -cependant ils y font attaqués d'une autre efpèce de maladie quieft générale parmi ces animaux; elle en détruit un grand nombre. C'eft une-^efpèce de pefte : il n'en réfulte aucune envie de mordre; la maladie ne fe communique pas non plus de cette manière ; elle eft , en quelque forte-, pour les chiens, ce-qu'eft la petite vérole pour rhom- ■me. Slle fe manifefte ainfî : lanimâl devient trifte, ne mange plus, maigrit , lailfe aller fa têt&v tombe, & ne peut plus marcher : il refte -idahs cet état quinze à vingt jours : les uns réfiftem plus que les autres, mais à la fin la plupart en 'meurent : ils en font ordinairement attaques dans leurs premières années , & n'en éprouvent plus de récidive quand ils en ont réchappé. .1 Les chiens de chalTefont plus foignés que les autres ; c'eft pourquoi on en guérit un plus grand nombre que. des autres. Le moyen qu'on employé •eft de leur couper le bout de la queue ôc les • "V. ^ ON Z I E ME. 2(j5 oreilles, afin de les faire faigner: on leur donne enfuite à manger -du foie de brebis cuit, & mêlé avec une bonne dofe de fleur de foufre. On leur frotte lapine du dos^ avec de la graifle de porc, jufqu'à la queue : moyennant ces foins , on leur voit jetter aux endroits coupés une matière puru- lente, en efpèce de filamens, laquelle paroît être la caufe du mal. Il fe répandit une pareille épi- démie en iy6y dans la Louyfiane j elle y détruific prefque tous les chiens. Les Mules y font fujettes à une autre maladie , qu'on appelle mal del vafo j ou du fabot : elle fait périr un! nombre prodigieux de ces animaux dans les milliers qu'on en fait pafTer tous les ans du Tucùman au Pérou. Le mal eft dans le fabot même de l'animal , & n'a rien de femblable à la teigne qui furvient a la couronne. Le fabot fe gonfle, le mal monte dans la janibe, & la mort en eft la fuite. La contagion en eft fi adive, qiie ceux qui font ce trafic, aflTurent qu'ujie mule en eft attaquée en pofant feulement le pied fur un endroit où a marché celle qui cccît ma- lade : cela vient fans doute de quelques in fedes qui fe nichent dans les herbes. Ce grand nombre de mules fort du territoire deTucuman, en troupes de deux à trois mille, à certains çems fixes , pour faire un voyage de .'«hiL -) hiKiiini :mm l'i' ''iHl ^ ^'i^'. aiiî f- -ri V . r I (■ ' m ! Vm ^^^ a , \ ^^:i.-'^ lé^ pISCOUK.S iîx cens Se même de mille lieues , & fe rendre de-li à la Tabtada de Tucle , dans le gouverne- ment de Guancavelica , où fe tient la foire ou le marché de cqs animaux : il en paiTe même dans le royaume de Quito. Les conduâeurs préfèrent , pour cette longue route » de paiTer par Uspunas les moins froides, afin d'y trouver des pâturages. Us vont régu- lièrement les uns après les autres , à certains in- tervalles , ayant foin de s'infprmer fi les troupes précédentes n'étoient pas attaquées du mal , aHn de fe détourner, & de ne pas faire aller leurs bêtes fur les pas des autres , qui pourroienc le leur communiquer. Chaque condudeur a ce foin, & fépare de fa troupe celles qui font malades, les faifant aller par d'autres routes pour éviter cette contagion. Toutes ces troupes n'arrivent pas à la Tablada. de Tucle ; car, avant de fortir de Tucuman, les marchands ont fait leurs marchés avec les Corré- gidors des provinces par lefquelles ils palfent , pour la quantité qui y eft néceflaire, & ils y laiflent ce nombre de bêtes. Ainfi , il ne paffe outre que celles qui ne font pas vendues : ce font celles qui vont enfiite dans les provinces des Vallées^ à Caxamarca ^ Se jufqu*à Quito. Les femmes font affez fréquemment attaquées O H 2 1 E M !• iKy du cancer au Pérou : ropiiiion commune eft qu'il s'y répand par communication. Ce mal terrible y va toujours en croîiTant, & y devient pliis commun que jamais. Ceft ainfi qu'il s'eft mani- fefté dans la partie haute, où il étoit inconnu il y a vingt ou vingt- cinq ans. Quelques obferva- tions femblent donner lieu de croire qu'il eil: venu de l'Afrique ^ car il eft plus commun parmi les Négreflès & leurs enfans. Comme ces fem- mes y fervent de nourrices , elles en donnent le principe aux enfans des blancs qu'elles allaitent. Mais cette opinion foufFre deux difïicultés. La première, c'cft qu'on ne le voit pas ordinaire^ ment dans les autres contrées de l'Amérique, ou la plupart des habitations font compofées de Nègres , & de gens de races mélangées. La fé- conde , c'eft que les femmes Européennes qui y partent en font auflî attaquées : ce dont on a des exemples inconteftables. Ce qu'on fait de certain à cet égard , c'eft que le mal vient d'une trif- telTe pénible , de chagrin très-fenfible qui trouble l'ame , & la tient dans une apathie continuelle. Mais ce mal n'eft pas ordinaire parmi les filles comme il l'eft parmi les femmes mariées : on en arrête les progrès au commencement , par le moyen des bains , des humedans ôc des dé- layansj de la diflipation Ôc à'vn peu d'exercice. -,( V\ . j '• t i^9 DlSCOVRS 0N2IEM1.' Néanmoins , il eft rare que le mal s'arrête dès qu'il s'efl; une fois manifefté^ les fuites en font les plus affligeantes , & il fe termine par les ■douleurs les plus cruelles , qui mènent enHn Tindividu à U more it^ : r i . ...■ f, DISCOURS DOUZIEME. Des Minéraux^ fur -tout de l* argent, & de ia manière de le cirer, L'Homme forti de Tétat de nature, & devenu Fadice, a toujours eu la paflTion des richefTes, & le defir de fe pro(^urer les métaux précieux , qui font le moyen d'avoir toutes les autres chofes. L'or & l'argent ont naturellement quelque chofe de fi attrayant, que, fans même avoir une va- leur déterminée , ces métaux font \es plus confî- dérés parmi les Nations qui en ont le moins befoin pour leur commerce ou leurs échanges. Ces métaux donnent la loi à toute la terre j & les Princes , dans l'état a<5tuel des chofes , ne pourroient plus fe rendre refpecflables les uns aux autres^ s'ils n'avoient des tréfors aflez confidé- rables pour les dépenfes qu'exigent leur fouve- raineté. En donnant la loi, l'or & l'argent ré- glentauflTi la valeur des autres chofes, félon qu'ils font plus ou moins communs. C'eft donc la ba- lance générale des néceffités de la vie , nécefîîtés qui deviennent plus ou moins urgences félon la mn m ï.ï' I Il ■ i 11 »^ii' \ Il '. : iî h lyo Discours quantité de ces mctaiix. Parmi ces befoins , les principaux font les travaux de l'homme , travaux qui, depuis le plus ordinaire jufqu'à 1 indufttie la plus recherchée, font payés par ces i jétaux , devenus la récompenfe du mérite & des calens particuliers de chaque individu. Les Chinois travaillent continuellement pour acquérir l'argent j qui ne fe trouve pas dans leur pays : c'efl: cependant une des Nations cjui en ont le moins befoin. Les Européens n'épar- gnent ni peine ni travail pour s'en procurer auflî , afin d'en fournir aux Chinois. Les Maures d'A- frique exercent des pirateries continuelles , tou- jours avides d'argent, & cherchant à réduire les autres Nations dans l'efclavage , afin de fe pro- curer de l'argent par la rançon de ces captifs, tandis que du refte ces Nations Africaines font les plui barbares & les moins occupées du com- fnerce. Les Européens qui vont chercher ces mé- taux en bravant tous les dangers , & avec une cu- pidité infatiable , fe détruifent réciproquement le fer à la main dans les guerres qu'ils fe déclarent, pour en polfédcr les uns plus que les autres. Les Américains ouvrent & fouillent les en- trailles de la terre , defcendent jufques dans {es profonds abymes , dans le delfein de fe rendre plus heureux avec de femblables idoles. Mais ce font eux qui en jouiffent le moins : ces métaux -^™,_T ^^ DOUZIEME* 271 dirparoilfcnc biencoc de leurs mains : en peu de tems ils fe trouvent avoir palTé i l'autre extré- mité de rhémifphcre fans s'être arrêté chez ceux qui les polTédoient. La puidànce de l'or 6c de l'argent commande a toutes les facultés intellec- tuelles de l'homme, l'oblige de devenir fociable» de traiter avec fes femblables. En effet , fans cet utrait une Nation ne fongeroit qu'à vivre de fon fol, dédaigneroit les autres peuples, & fe foii- cieroit peu de prendre tant de peines pour a' découvrir les pays éloignés & les moins connue. Le prix imaginaire d'une parcelle d'or détermine la volonté de celui à qui on la fait entrevoir. Les difficultés ne font qu'irriter l'appétit , les chemins s'applaniffent , les palTages s'ouvrent, les dangers difparoilfent, & tout devient facile. L'or & l'argent font donc aduellement des matières qui font les liens de l'intérêt réciproque chez toutes les Nations. Le tems , le travail , les foins , les veilles , le repos , la vie , la more même, tout eft réglé, eftimé par le prix de ces métaux. 11 femble que la Nature y concourt elle* même, en ce qu'elle n'a pas rendu ces métaux fi communs , qu'on puifle fe les procurer aifé- ment. Si cela étoit , ils n'auroient plus la même valeur j mais on n'en trouve pas par- tout : c'eft pourquoi , les habitans des divers pays qui n'en produifent pas , font obligés d'employer toutes f 'ri'i .i!i. ii qui prédominent fur toutes les hauteurs du globe, comme s'il eût eu defTein d'indiquer certaine analogie entre le phyHque ôc le moral. En effet, fi le Globe ne foutient pas d'autres montagnes auilî hautes , 6c qui puifïent être mifes en pa- rallèle, on peut, d'un autre côté, a^Turer qu'oa en tire, plus que d'aucune partie, ces matières dont le pouvoir , la dignité , Téclat , les attraits , influent tant fur les divers états de l'homme , depuis le plus haut degré jufqu'au plus bas étage de la fociété, dans toutes les Nations civilifées. L'hifloire nous apprend que, dès les tems les plus anciens , l'or Ôc l'argent avoient été employés àlufage dont je viens de parler : mais depuis la dér^ couverte de l'Amérique, ces métaux ont été comme le reffort qui a mis toutes les Nations en mou- vement , & qui entretient leur adivité , 6c la paflion qu'elles ont de s'en procurer. Le commerce ré- ciproque qu'ils ont fait naître a civilifé nombre de Nations barbares , a couvert la mer de flottes qui font devenues comme autant de Républiques fur les ondes. Les arts ont été pouffes plus loin^ rinduflrie s'efl pcrfedionnée par une nouvelle impulfîon ; les peuples fe font éclairés , la terre a été plus connue , fes produdbions plus exami- nées , mieux apper^ues , appliquées à des ufages Tome /. S Mi\ (■ ; A ''^y iirulV :.ii:il) 11 : v4i i I; j le 274 Discouns plus avantageux, d'après les expériences 6c les analyfes qu'on a faites de leurs propriétés par- ticulières. Mais, fi ces avantages font aujourd'hui incon- cevables , on peut dire , que d'un autre coté , la dé- couverte de ces tréfors a été fuivie des plus mal- heureufes conféquences , fur-tout pour la Nation chez laquelle ils croient renfermés. Les vexations, la barbarie même qu'on a exercées contr'elle, l'ont prefque fait difparoitre de defTas la furface du Globe. Les guerres que l'envie, la cupidité ont fufcitées , ne ceflfent de tems d autre , qu'en lailTant fous la cendre un feu caché , qui les ral- lume bientôt pour difputer ôc s'approprier ces tréfors. Ce n'eft pas qu'il n'y ait jamais eu de guerre auparavant entre les différentes Nations qui rampent fur le Globe : car le coeur de l'homme ne fait jamais s'arrêter dans les bornes du befoin, iii même de l'aifance & des plaifirs. Mais on ne 1 fe fixa plus que fur ces richelfes fadices, qui deviennent la ruine des Etats où elles fe trouvent actuellement en plus grande abondance. Le royaume du Pérou eft un des vaftes dé- pots où la Nature a renfermé cette riche produc- tion , 6c tous les autres métaux. On y trouve du plomb , du cuivre , de l'étain , du mercure , outre i'argenc & l'or qu'on en tira d'abord en fi grande quantité. Les demi-métaux ^ le fel^ le foufre> Us 9 O V 2 I B M E.' 271 bitumes , 6cc, y font pareiliemenc répandus çà ôc U : mais on y cherche particuhèremenc l'or 3c 1 argent, comme les deux chofes les plus pré-* cieufes, & aulB deHrées d'une Nation que des autres. Quoique les autres produâions n'y fuienc point négligées, & qu'on en tire quelqu'avantage^ on y fait beaucoup moins d'attention. Il femble que cette contrée élevée ait été def- tinée par la Nature a fervir de réceptacle à l'ar- gent 'y car c'eil-là fur- tout que fonc les mines de ce métal. S'il s'en trouve aux gorges des monta* gnes qui s'ouvrent dans les bas pays , ce n'efl; qu'en petit nombre , & le produit en eft peu de chofe. L'expérience a prouvé que ce métal gît particulièrement dans les pays les plus froids « comme l'or gît dans les contrées les plus chaudes ^ quoiqu'on en voie dans des climats plus tem- pérés. La mine d'argent n'eft pas auill répandue que le croyenc les habitans des campagnes ; car ces gens s'imaginent qu'il n'y a qu'à ouvrir un monc pour en avoir : mais cette erreur a fon avantagée Ces gens animés , quoique fouvent trompés , pae refpoir du gain , cherchent par - tout ce métal ; & (i les uns font dupes de leurs travaux , les autres ne perdent pas leur peine. La même prévention qui leur fait fuppofer des mines par-tout, leur donne auflî lieu de croire que ces mines font toutes riches. Ce fécond abus Si mn m iM -f.i ij4 Discours n'eft pas non plus fans utilité. En cherchant , avec Tefpoir de trouver une abondante moiflbn, ils ne laiiTent pas de tirer quelque argent , quoiqu'il revienne au double & au triple de fa valeur. Mais dans ces cas-ci la perte eft pour celui qui a voulu courir les rifjues de fes frais. La mafTe de l'argent n'en eft pas moins augmentée. Il nj a pas d^occupation plus attrayante pour le peuple qui s'y livre, ni d'entreprife à laquelle il facriiie plus volontiers Tes dépenfes , fans s'inquiéter s'il aura lieu de s'en repentir. Séduits par les indices des Gangues j à propor- tion qu'ils ont avancé leurs fouilles , par les qua- lités des terres qu'ils renconnent, par les efpèces de minerais qu'ils tirent, par la vue même de l'argent qu'ils apperçoivent d-e tems en tems, animés d'ailleurs par les récits de ceux qui fe livrent aux mêmes travaux, l'unique regret qu'ils ont, lorfqu'ils ne peuvent plus faire de dépenfe, c*eft de ne pouvoir en faire encore autant pour continuer leur entreprife. Ainfi, en retirant peu, après avoir beaucoup dépenfé , ils ne regardent pas leurs frais comme perdus, perfuadés que la tnine leur produira davantage dans un autre tems. Quelques-uns , il eft vrai , ne font pas trompés : l'exemple de ceux-ci foutient la paflion des autres, qui facrifient leurs fonds , féduits par l'appas du tréfor qu'ils cherchent. Cette paûion eft A forte f>t m ms en tems, D O V Z I E M E^ 17^ chez ces gens , que celui qui fe met i ces tra- vaux , ne fut-ce même que pour elTayer, fe lailFe gagner par la cupidité , ôc fait bientôt le fac ritice de tout ce qu'il polïède , dans le deffein de jouir du tréfor qu'il fe promet. C'ed la feule occupa- tion pour laquelle on ne connoît-là ni économie, ni léfîne. En effet, préoccu|^s d'arriver à l'en- droit le plus riche de la mine, ou ils efpèreni couper l'argent natif au cifeau , & trouver un bloc pur, ils prodiguent leurs fonds fans réHexion, tant qu'ils durent, quelques grandes que foient les dépenfes. Ce qu'il y a de remarquable en ceci , n'eft pas qu'ils prodiguent leurs fonds pour des mines , qui donnent de l'efpoir d'après l'expérience , mais pour celles qui ont été la ruine des gens qui en avoient ouvert les fouilles , Se qu'ils avoienc abandonnés. N'importe : ces gens s'aveuglent aa point d'en continuer les travaux , ou bien ils font d'autres ouvertures dans la montagne , guidés par certains indices qu'ils croyent appercevoir , & par l'idée qu'ils ont d'avoir rencontré jufte. Le premier point fur lequel ils s'arrêtent , c'eft que ces richeffes font des dépôts que Dieu n'a mis en réferve que pour ceux à qui il les a deftinés : que fi nombre d'autres perfonnes les ont cher- chées fans les trouver, c'eft que le tems où ces tréfors dévoient être découverts n'étoit pas encore . r I( 1 ît TljÊà iHN il II |h II 17S Discours: arrivé. Le fécond motif qui les encourage eft certaine forme qu'ils apperçoivenc aux rochers de la montagne, la dirtdfcion qu'elle fuit : la pod- tion de fes couches, leur largeur, enfin la forme totale du mont , fa grandeur , & les plantes qui y croilfenr. Cette préoccupation , fondée fur ces (îgnes externes, fe fortifie encore par le jugement que portent ceux qui parlent pour inftruits : chaque circonftance devient un pronoftic infaillible , & l'on regarde comme une vérité fans réplique, ridée avantageufe qu'on fe fait du tréfor qui eft caché dans les entrailles de ce mont. Cette per- fuafion s'infinue par un langage particulier à ces mineurs j langage qui écarte de l'imagination toute autre idée , & qui s'en empare totalement. D'après cette détermination , l'homme le moins libéral devient prodigue, le plus indifférent fe laiife gagner. Perfuadés qu'ils vont au premier infiant être maîtres d'immenfes richeffes, ces gens s'abandonnent à leurs idées avec tant d'ar- deur, qu'ils travaillent fans penfer, fans réfléchir à aucune autre affaire ; ce feul objet les occupe, Se ils ne parlent plus d'autre chofe. La paflion de l'argent devient fi grande, que les gens les plus mûrs ôc les plus réfléchis s'y laiffent entraîner , fans que rien puiffe les dif- fuader. Dès qu'une fois ils fe font livrés à ces s O U Z I E M i; 179 entreprifes , ils ne parlent plus que de mines , d'exploitation , des difficultés déjà furmontées , ou qui reftent i vaincre , des indices qui font efpérer les plus grands avantages , des moyens de mettre ces mines dans la plus grande valeur , des exemples de ceux qui fe font Ci fort enrichis par ce genre de travail , & de leurs heureufes découvertes. Ce ne font pas toujours , ni même ordinaire- ment, les gens riches ôc pécunieux qui entre- prennent ces travaux : la plupart font de pauvres individus fans aucun moyen, & des marchands qui ont perdu leur fortune. Ces gens font fo- ciété avec un Cateador^ ôc vont déclarer la mine qu'ils ont découverte , ou vont demander au Gouvernement de leur adjuger pour certain prix une des mines abandonnées, 6c dont l'objet eH: de peu d'importance. Ils traitent auilî avec les po^TefTeurs d'autres mines en valeur , pour avoir la propriété de Tune ou l'autre veine. Ainti, de manière ou d'autre, ils en acquièrent la pof- Ibniion, & fe font infcrire au Bureau de la Caifle Royale de leur reflbrt , pour y payer le dixième de l'argent qu'ils tireront, & le mon* tant du mercure dont ils auront befoin pour leur exploitation. Tel eft le premier pas qu'ils font, au hafard de perdre ce qu'ils ont, pour commencer des travaux confidérables , pour ou- S4 i: :K ti>i \ , ¥,\m wÊMi l'jMiffiiis m.m^^^ÊÊ H t. II ^■il Ml A ' '^Fl ' 'V^vl^^^l 1 mk II' iSo D I s c o tr R s vrir rintérieur des moiuagnes, 6c en tirer de l'argent. Mais la polTefllion de ces mines n'eft pas un avantage ^uand le principal ou l'argent maii* que dans ces fortes de travaux : c'ed alors qu'on zemarque combien l'induftrie, la perfuafion Ôc l'influence des richeffes ont de force pour gagner & entraîner les gens les plus fins Ôc les plus prudens. Ces mineurs fe procurent quelques cchantiU Ions de riche minerai , qu'ils foutiennent être pris de leur mine, en s'adrefTant à l'un ou l'autre homme pccunieux : il femble qu'ils lui font même un myftère de ce qu'ils ne lui montrent qu'avec une efpcce de crainte apparente : ils lui font re- marquer les veines d'argent qui le traverfent, appuient fortement fur la richeffe du minerai , fur les morceaux de métal natif qui s'y trouve , enfin fur tous les autres indices favorables > don- nant même à entendre que ce n'efl; encore qu'un morceau des déblais de la mine , & que Ci l'on veut on découvrira bientôt le métal , en fuivant avec foin les fouilles précédentes , qui n'ont été abandonnées, difent-ils, qu'à caufe des ébou- lemens^ qu'il ne s'agit que d'en déblayer les ruines pour avoir la liberté de fouiller. D'ailleurs , ajoutent-ils , il ne faut que peu de dépenfe pour y parvenir. Ils lui détaillent le plan des opéra- tions à fui vie, ôc le font enfin entrer dans leurs D O TJ 2 I B M ■; l9l' Vues , en le décerminanc par le récit exagéré de ce qu'on tiroir de la mine avant l'cboulemenc ou rafFaifTement des terres. La dépenfe, fuivant eux, ne fêta, que de cinq cent, ou au plus de mille pe/osj ôc tout pourra s'exécuter avec cette foinme modique! ils lui promettent entin que toute la plgna fera pour lui , & qu'ils ne de- mandent que des habits, de l'eau -de- vie , du fer, de l'acier, ôc les*autres outils 6c inftrumens nécefïàires pour ces travaux. Si leur première tentative ne réudit pas > ils ont au moins fondé le gué , & fufcité l'envie de l'entreprife : ils laiHent mûrir la chofe, perfuadés de la léuflite en revenant i la charge. C'eft ainfi que ces gens fondent différens par- ticuliers , mais en les prévenant de garder le plus grand fecret. Par cette rufe, ils fe ménagent cer- tain nombre de perfonnes en différens endroits, comme a Lima , dans Guamanga , ou dans le Cuzco, à la Paz, à Guancavelica , ôc autres Villes ou Bourgades de ces contrées. Ces propositions ôc l'appas qui les accompagnent v fe font plus goûter de quelques particuliers que des autres. Il fe réunit deux , trois alTocics , qui offrent de faire les fonds nécelfaires. • Dès que les premiers fondi font employés, il faut abfolument en avancer d'autres pour ne pas perdre le fruit des premiers; car ces afTociés, qu'on appelle Avladores^ n'ont i t. M là, , \ 'k¥- i >w il f.lflP'ii iH ilIK^I ■ Wi nsMirii' 'fif InrtnË' iH 1; .'f llflWM i vHtfl ju] i iSi Discours droit de rien précendre avanc que la mine foir en valeur réelle. Les mineurs, toujours attentifs à faire entrevoir que les dépenfes vont devenir moindres, leur montrent de nouveaux indices par lefquelles ils les perfuadent qu'on va bientôt arriver au but ; ils leur apportent même quelque Pignoncillo d'argent d'un ou deux marcs pour les en convaincre. C'eft ainH qu'on s'engage infen- (îblement dans une dépenfe de 50 a 60 mille pefos j fans réuflîte marquée. Ces dépenfes confidérables , qui n'ont de bornes que quand les fonds manquent , i moins que la fortune ne foit favorable, nous offrent ici deux circonftances dignes d'être remarquées. Premièrement ^ ceux qui les font en font (\ con- tensj qu'ils ne s'apperçoivent pas de la fauife démarche qu'ils ont faite, & n'ont aucun reflen- timent contre ceux qui les y ont engagés , s'ils ne léuflifTent pas. Elles nous apprennent en outre, que des gens qui feroient des moins prodigues en toute autre circonftance , n'ont plus cette re- tenue dans ce cas-ci^ & l'on en peut produire nombre d'exemples. D'ailleurs ; les travailleurs , qui fe donnent tant de peines pour ces exploita- tions, fans en tirer que peu -de fruit, fe per- fuadent qu'il ne leur faut plus qu'un jour pour rencontrer la riche veine qu'ils cherchent : mais ce terme , qui leur paroîc fi proche , n'arrive * ' » O 0 Z t f M tr lS| lamaîs, vu les difficultés qui fe fuccèdcnt fans cédé i & c'eft aiiiH qu'ils pafTenc beaucoup de tems , ôc même des années , fans arriver au bue que l'imagination leur préfente. Que ces travaux s'exécutent dans une ancienne mine abandonnée , ou dans une. veine de mine courante , on en tire toujours un peu d'argent : mais c'eft H peu de chofe^ que le proHt ne peut être comparé aux dépenfes, & que le marc revient au triple ou au quadruple de fa valeur. f Si au contraire , après bien des travaux 6c des peines , on donne dans un riclîe Hlon , les dé- penfes font bientôt recouvrées , Ôc tous les coo- pérateurs deviennent opulens. L'Aviador , le Mi- jieur , le Cateador , qui en eft ordinairement le faéfceur , ôc le direâeur , font au comble de leurs defirs. Les heureux fuccès qu'ont eu pluHeurs de ces entreprifes , animent les autres , & y font perfc- vérer avec confiance : mais tout ceci n'étant que l'effee du hafard» il y a toujours plus de lifque de perdre, que 'de sûreté de gagner. C'efl aufli pour cette raifon que les mineurs difent ordinairement , que ce font eux qui ren- dent au Roi un fervice des plus (îgnalés , puifquc s'ils n'entreprenoient pas avec tant de facilité & de dépenfes les travaux des mines , en rifquanc des fortunes confidérables , on n'auroit pas i'ar- ,,'1 'I h' 'tt I H r h m 184 DlSCOVRS genc qui fait la richeffe de la Monarchie. A cer- tains égards ils ont raifon -y car ce qu'ils difenc de leurs travaux & de leurs rifques eft vrai : mais , fl l'on conHdère ieur but , on verra que ce n'eft pas pour enrichir l'Etat , mais pour pof- féder la plus grande quantité d'argent poilible, qu'ils s'expofent i ces liafards» Il y a ordinairement près des mines aban- données des morceaux de déblais qu'on a jette- là. Ceux qui reprennent les travaux de ces mines » y font chercher les morceaux de gangue qui ont quelque apparence avantageufe j ils en. cirent fou- vent plus d'argent que des nouvelles fouilles Qu'ils font : ils appellent ces morceaux pallacos , & l'opération par laquelle ils en tirent le métal , pallaquear ; de-U vient qu'on s'eft imaginé que l'argent recroiifoit avec le tems , & que les gan- gues étoient le lit où le germe de ce métal fe répandoit , & mûriffoit à mefure que les dif- férens principes qui le conftituent achèvent de fe combiner intimement. Âinfi ces gens fuppofent que fî ces mines ont été abandonnées , c'eft parce que l'argent n'y étoit pas encore formé ^ qu'au- trement on n^y auroit pas renoncé. Mais on peut répondre à cela y que quand on a laiiïé-là ces minerais , c'eil; qu'on les regardoit comme de peu de valeur, en comparaifon de la lichelTe de celui qui a été mis en œuvre. Ce*. D O V Z I t M E. 185 l^ndant il eft H ordinaire de trouver de Targeac en afTez grande quantité dans ces paliacos anciens, que l'idée de ces gens ne paroîc pas tout- à- fait mal fondée. £n effet, on remarque la même chofe dans les minerais de mercure : plus de foixante ans après qu'ils ont été abandonnés , ils ont fourni la même quantité de mercure qu'auparavant. Ce qui confirme encore cette opinion , c*eft que l'on n'abandonne jamais une mine d'ar- gent, tant qu'on y voit des indices de ce métal, 6c que les dépenfes font continuées ; parce qu'on a toujours l'efpérance de rencontrer le grand dépôt que l'on cherche. Si donc ces mines n*onc pas été abandonnées lorfqu'elles rendoient avan- cageufement, on peut dire audî qu'elles ne l'onc pas été étant très- pauvres j car, pour peu qu'elles rendent , on y a toujours du gain. On ne peuc fuppofer , d'après cela, que ces minerais anciens contenoient de largent lorfqu'on les tira de la fouille, ôc qu'on les a rejettes pour en garder d'autres qui rendoient davantage. Lorfqu'on fouille des mines qui ne décèlent pas d'argent , ou qui en rendent très-peu , on met en œuvre les déblais , s'il s'en trouve auprès. Outre qu'on en tire de quoi faciliter les dépenfes, les pignons 6c les pierres tenant afgent , que les travailleurs montrem aux Aviadores , fervent à H f f i i .11 *flii^ 4 ff «{'viàÉlêS. '■ita-_^'vï_^ î i96 Discours douziemi; maintenir ceux-ci dans l'idée avantageufe qu*oni leur a donnée de l'entreprife, à prouver les pro« gtès qu.3 l'on fait, ôc i fortifier l'efpoir de la réuflite. Les Aviadorcs convaincus par ces preuves, ouvrent leurs bourfes, ôc fournifTenc aux frais néceiTaires pour pouiTer les travaux jufqu'au bouc. Il n'eit pas de plaific égal àceluid'un Aviador, ou maître d'une mine , a qui le direâeur par lequel il la fait exploiter fait préfenc de quelque pignon j ou p'gna, d'une ou de plufieurs pierres dans lefquelles on apper^oît des filets d'argenr. Ce plaiflr lui fait oublier toutes les dépenfes, tandis que chaque marc lui revient fouvent i quelques milliers de pe/bs. Ce contentement qu'il paie H cher , diflipe chez lui jufqu'au moin- dre fouci , lui fait efpérer le plus grand tréfor. Le métal qu'il a fous les yeux , & qu'il regards comme le commencement de fon triomphe, efl mis avec foin dans fon logis en perfpe^iive , de forte qu'il le fait voir a tous ceux qui entrent chez lui , afin que chacun le félicite de fon bonheur , & prenne part à fa joie y alors il rend les détails que les mineurs , le diredeur lui ont donnés , Se n'en omet pas un mot. Devenu le jouet de fon imagination , il fe promet avec confiance de voit les lingots 9 lespignas fe multiplier â fon grc. lu IV :i DISCOURS TREIZIEME. Continuation des détails relatifs aux métaux ^ & des Caijfes oà Von dijlribue le mercure, ^\ Ou s avons vu dans le Difcours précédent fur quels légers fondemens on eutreprenoic dans ces contrées les travaux des mines ^ que, d'ailleurs , ceux qui ofoient les entreprendre étoient prefque tous des gens qui n*avoient même pas de quoi fublîfter , & qui , malgré cela , trouvoient le moyen de ruiner nombre de perfonnes par l'ef- poir qu*ils leur donnoient de les enrichir. Je vais continuer le même fujet, & détailler ce qui re- garde les minéraux mêmes , les procédés qu'on employé pour les traiter. Or , cet objet demande autant d'induftrie & d'habileté que de fonds né- ceHaires « quand on eft décfdé à fui>^e la vaine idée qu'on fe forme de la plus abondante récolte* Il faut donc connoître d'abord comment on fe procure le mercure \ car c'eft le principal agent qui facilite l'exploiçatifin des mines. m\ ' \.Vi i\ : I i; l'IHL' \% : m t:lil m ■i t,..i,i ^'m Un r7 \ il T *■ \l ■ ^ ! I i 1 H \% ' Airji^*'" !-%>- ' , i88 Discours ' Le mercure devient la mefure de l'argent J ou la preuve la moins équivoque du gain qu on peut faire dans Texploitation d'une mine. Comme l'exploitation ne fe fait en général que par le moyen de lamalgame, on ne peut féparer le métal du minerai qu a Taide du mercure. 11 y a cependant quelques mines dont les travaux s'a- chèvent par le moyen du feu , mais c*eft le plus petit nombre. Elites font encore expofées à un autre inconvénient : le bois n*y eft pas en aflez grande quantité , non plus que Ticho qui pour- roit y fuppléer. C'eft pourquoi plufieurs mines , qui rendroient davantage par le moyen du feu, ne font pas prati quables de cette manière , par le manque de combuftibles. Comme il eft donc confiant que la plupart des mines fe traitent avec le mercure , la quantité qu'on en employé donne en même tems, à peu de différence près^ la quantité d'argent qu'on doit en tirer. On penfe généralement en Amérique , que les anciennes mines qui rendoient abondamment, fe font en partie épuifées. C'eft ce qui efi arrivé à celles du Potofi ^ car il s'en faut bien qu'elles rendent à^préfent 1^ même quantité de métal qu'on en tiroir autrefois. Dçux caufes y ont con- tribué. La première efi que les veines métalliques en font devenues lî profondes j que pour en ôter l'eau > ôc pour les maintenir à fec afin d'en tirer le u ■ ^ 5 Targent; gain quon lie. Comme que par le c réparer le rcure. Il y a travaux s*a- c'eft le plus pofées à un pas en aHez lo qui pour- eurs mines , )yen du feu, lanière, par eil eftdonc traitent avec iploye donne ice prèsj la que , que les ndaniment , qui eft arrive jien qu'elles ité de métal !S y ont con- » métalliques pour- en oter in d'en tirer k T B. £ I Z X E M 2, iS^ le métal > il faudroit des dépenfes qui excède^ roient de beaucoup le profit. La féconde tH qu'on en a ciré le métal le plus flbo;idanf , Ôc qu'ai n(l elles ne peuvent plus être de même rapport. Quoique ceci fouffre quelques exceptions , c'eft cependant ce qu'on a rematqué dans la plupart de ces mines, fur- tout depuis le commencement de ce (iècle-ci : mais il paroit que (1 les rapports diminuent dans les unes , on découvre dans d'au- très des veines très-riches. Âuflî l'on peut dire qu'on tire encore de ces terreins autant d'argent qu'il y a 70 ou 8 o ans, avec cette différence . que c'eft dans d'autres lieux. Le mont du PotoH doit ^re conndéré comme l'intérieur d'une ruche à miel, vu le nombre des percemens , des galeries ^ des fouilles qu'on y re- marque. C'eft ce qu'on fe figurera facilement, en fe repréfentant la quantité prodigieufe de ma- tières qu'on a tirées de fon intérieur , pour ob" tenir les minerais qui s'y trouvent répandus par- tout, & defquels on extrait l'argent. S'il étoic donc polUble de le découvrir totalement de fa croûte externe , on y appercevroit un nombre infini de routes fouterréines percées fans fuite , & comme au hafard , félon la diredion des veines métalliques. Les minerais , qu'on y appelle vulgairement Tome I, T I" vi|\ % 1 il '1 : !■ I lit I ' i 1,11 V M '.;ï' m-. , ■VnÏM ■■'iW. 'y h; M l-'l 'in, 1 ïï >5. i 150 Discours métaux ^ ont toujours moins rendu depuis l'é- poque de la découverte de ce continent, époque à laquelle ils étoient très-riches. Sans la facilité avec laquelle on les tire de la montagne , & avec laquelle ils fe laiifent traiter, il auroit fallu les abandonner : ainfi, cette facilité dédommage de la richeiïe qu*on n'y trouve pas en proportion de la mafle. On découvre aufll dans plufieurs con- trées d'autres minerais, plus riches en argent, mais que leur dureté rend plus difficile à traiter, plus difpendieuxj d'ailleurs ils font mêlés avec certaine potrion d'antimoine, de diverfes autres matières qui ne permettent pas de les difpofet à l'amalgame du mercure. Nonobftant ces iii- convéniens , il fe trouve àts gens que l'appas de CQS minerais détermine à les elïàyer, fans s*inquiéter de leur peu de valeur, de leur du- reté, & de la difficulté du découvrir le vrai moyen d'en tirer de profit. Les mines d'argent ont été reparties p^ la 1 Nature en différentes provinces \ il femble même qu'à cet égard elle a obfervée le même ordre que pour les animaux & pour les plantes, ne les rendant pas communes dans tous les pays, ni même dans toutes les parties d'un même con- tinent. C'eft ce qui paroît, en ce que les Pumi\ étant prefqae de même hauteur & d'une tempe* s ■^-•:"f±: lu depuis l'é- inent, époque ,ans la facilite :agne , & avec uroit fallu les édommage de proportion de plufieurs côn- es eu argent, ïicile à traiter, ont mêlés avec divetfes autres de les difpofei lobftant ces iii- îns que l'appasl îs elTayer, fansl r , de leur du- couvrir le vrai' reparties pîtr la il femble même e même ordre 5 plantes, ne les I is les pays , ni un même con-| e que les PuMi\ de d'une tempe- TREIZIEME. 191 rature également froide, depuis le Nord de Lima jufqu'au parallèle du Potofi , & de-lâ jufqu'au Chili , c'eft dans l'étendue qu'il y a de Lima au Potofi , que l'on trouve le plus de mines , tandis qu'elles font bien moins fréquentes depuis le même parallèle de Lima jufqu'à l'Equateur : ce qui eft prouvé , par le peu qu'on en voit dans le royaume de Quito, & de-là jufqu'à Santa-Fé ; efpace dans lequel on trouve plus ordinairemenc des mines d'or , quoique ces mines ne fe ren- contrent guères que dans les pays chauds. On obferye la même chofe depuis le Potoiî jufqu'au Sud, efpace conHdérable, oii par hafard il s'en trouve quelqu'une. Mais la phydque générale n'ed: pas fufïîfante pour expliquer d'une manière avantageufe ce phénomène (îngulier : car il paroît qu'il fe réunit pluiieurs circonftances iden^ tiques dans tous ces pays. Les mines d'agent devant fe traiter avec le I mercure, le Gouvernement s'eft chargé de le fournir, afin que ce moyen principal , fans lequel toutes les autres opérations feroientinfrudueufes, ne fût pas expôfé à des hafards, & que les mi- neurs pufiTent fe livrer aux travaux avec la cer- titude d'avoir le mercure dont ils ont befoin. Pour cet effet, on a établi, dans les pays où il y |a le plus de mines , différentes Caijfes , qui font Ti ' : Mf2\ . n-' ' » 291 Discours autant de dépôts de mercure. C'eft aufli U qu'on doit apporter l'argent qu'on a tiré , pous y être j fondu , 6c payer au Roi le dixième de ce métal , | 6c le prix du mercure qui fe diftribue i chaque | particulier pendant l'année. Parmi tous ces dépots , il y en a un principal 1 qui fournit tous les autres du mercure néceifaiie. Dans la pvtie du Nord, il y a ceux de JaujaA Pafcoj Limaj TruglUo ; dans celle du Sud, ceux de Cu:(co , Chucuieo j la Pa\^ CayilomaA Carangas j Oruro j Potojij ce qui fait en tout douze dépôts royaux. 11 n'y a cependant pas M mines riches dans chacun de ces diftridbs ^ on en voit même à peine des indices dans quelqite^-l uns. C'eft à ces dépôts que les mineurs de touted les jurifdidions vont prendre leur provifîon del mercure. On le leur livre fans débourfé pour an , afin de leur faciliter les travaux ; car le mer-| cure eft pour eux une des plus grandes dépenfesl La marche qui fe fuit â cet égard , eft que lesT mineurs fe rendent au Bureau ou Caiife royale] où le metcure leur eft délivré pour un an , felo^ la quantité qu'ils en ont befoin dans le traite ment des mines, mais moyennant une ccdula obligatoire qu'ils lailfent , & en vertu de laquelfl ils font tenus de le payer au bout de l'an. Cd terme commence , (j-iivant un ancien ufage, TREIZIEME. 195 i** Mai , & finit le i" Avril. Ce terme eft facré, non-feulement pour ce qui regarde le paiement du mercure , mais même pour toutes les parties du département des finances du Roi y car c'eft à ce terme qu'on règle tous les comptes des Cailfes royales , pour en commencer de nouveaux : Se c'eft ce qu'on appelle apurer les comptes ^ & dorre les regîtres, C'eft, fans doute, un grand avantage pour les mineurs que d'avoir le mercure avec cette facilite, fans en payer fur le champ la valeur, & d'avoir un an de terme pour répondre à leur engagement, avec l'argent même que ce mercure leur a pro- curé. Mais fouvent cette facilité , loin de tourner à leur avantage, ne peut les foutenir afTez dans leurs opérations : il n'eft pas rare qu'ils fe trou- vent au bout de l'année fans avoir les fonds ncceffaires pour répondre à kur engagement, foit par le peu de qualité du minerai , foit par la multiplication des ^iéperfes inattendues, f*' parce que la gangue s'eft trouvé trop dure.*^"^ en tirer le métal , foit enfin par le furc»'*^ "^ travail & d'ouvrages que ces gens ont ^^ "^^ç^ de fiiire dans rintérieur. Voilà pourqn-* ®" aban- donne les mines qui ne fourniiïe»- P^^ de quoi faire face aux dépenfes , lor<5u' *es prop«étaire$ n'ont pas par ettX-mème-«*^^on^5 fuf^ans, oa T5 llli >'•' 1 mÊm ri BRhUH 1 194 Discours d'Aviadors qui les leur falTent. Une mine doit être confidérée comme un de ces jeux par ief- quels la fortune enrichie fes favoris, & ruine ceux à qui elle e(b contraire. Celui qui ne paie pas fon mercure au terme, ne doit pas en efpcrcr pour l'année fuivante. Privé de ce moyen eflentiel , celui qui l'avoit ouvertd l'abandonne , &c elle revient à l'état où elle étoit auparavant. Il s'y fait des ébouiemens, des affailTemens confidérables : l'eau gagne par- tout, fans fourdre en grande quantité j les galeries s'obftruent : fi quelqu'un la reprend long-tem$ après , il a les mêmes travaux à faire que fon devancier, 6c autant de dépenfes. A voir la quantité confidérable d'argent qui paiïe tous les ans de l'Amérique en Efpagne, on ne croiroic jamais qu'il coûte tant de peines, qu'il faut tant de dépenfes, & fur-tout unepaf- fion auill avide que l'ont ceux qui fe livrent à ^s travaux , comme on Ta vu dans le Difcours P'^4dent , pour ne pas les abandonner, tant qu'ils >nç efpérance d'avoir du mercure, quelque lôible q^t foit la quantité d'argent qu'ils tirent: âifli neft-t qye ^ette fage prévoyance du Gou- vernement qiufovjtient particulièrement les tra- vaux ies mines. Ge fuvfaus doute u ^otif qui détermina le TKIIZIIKCI. 295 Gouvernement à fl\irc ces difpofitions dans ces royaumes , & à donner le mercure à crcdic, au prix même qu'il coûte, vu qu'il y eft encore kaucoup plus cher qu'il ne l'eft en Efpagne. Ce- pendant le prix n'en elt pas le même dans toutes ces contrées- U^ cela dépend de la diftance des lieux. Il vaut dans Guancavelica 79 pe^'^s ill; dans Jauia 8 5 JLÎ ; à Pafco 84 il ; à Lima ' . ''100' ' I «o ' 84 Zjï ; à Truxillo , il augmente de prix en raifon du furplus que coûte le tranfport depuis Limaj au Guzco 95 llï j a Caylloma S6 -^^y à Carangas 94 r^j à Oruro 97 '^y ^ Potofi 59 Hj. Le tranfport , depuis les difFérens Bu- reaux ou Caiflfes jufqu'aux mines, eft aux frais des mineurs. Le tréfor royal jouilïbit autrefois de deux droits : l'un étoit le cinquième du mercure que l'on tiroit , l'autre celui de l'argent que rendoient les mines. Ce dernier fut rabaiffé au dixième en 1757, en conféquence des repréfentations réi- térées que Hrent les mineurs , & des preuves juf' tificatives les* plus exactes. On vit en effet que l'étçit de ces mines ne comportoit pas cette con- tribution , qui en avoit déjà fait abamlonner plu- Tieuss^c l'Etat en fouffroit une grande perte. Co T4 *!:■■ i I ! 19^ Discours fut au/Tî par des motifs aufll bien fondés , qu on affranchit ( en 1 7^1 , & pour deux ans feulement) les mineurs , de la contribution du cinquième de mercure^ Sa Majefté fe rcfervant d'agir d'après l'expérience , foie pour annuler ce droit par la fuite , foie pour le rétablir après ce terme. Mais il paroîc que les chofes font reftées dans le mcme état, ce qui prouve fuffifamment que les npports de ces mines vont en décroifTane, & que le Gouvernement y ayant fait attention comme au point le plus elîentiel pour maintenir les tra- vaux des mines d'argent , a mieux aimé factifier cette rétribution que de rétablir le droit, au rif- que de voir abandonner les mines en valeur. Aind le tréfor ne perçoit plus que le dixième de l'argent qu'on retire, & même pas tota- lement. Tant qu'on exploite les mines , elles font bien entretenues. A mefure qu'on avance en longusuc i^ en profondeur , on en atfure l'intérieur avec ùt's pièces boutantes» des fupports de place en )>lace pour tout maintenir, & cela même en vertu iles ordonnances ôc des loix qui le prefcrivent. Mais fi les eaux gagnent, ôc qu'il n'y ait pas moyen de pratiquer des puifards & des cgoiits, il faut de toute néceflité les abando'nner .quel- que près qu'on foie d'une gangue trè$}f 2^8 Dt SGOURS les matières pendant le cours de l'année : au(Tt chacun a foin de s'en pourvoir toujours d avance. On peut avoir une connoiifance aifez exade de l'état adiiel des mines d'argent de ce royaume- là , par la quantité de mercure qui a été dif- tribué dans onze des CaiiTes ou Dépots men- tionnés, fans y comprendre celui de Lima : or, ces Dépots font les principaux; mettons -les ici par ordre, afin de mieux faire comprendre les détails. T R 1 I Z T E M E. ^9i. o 3 1 1 I r» 0 Carangas , Oruro M ^> B- c < s N = 'a n Q 1 i « §• f i 5" ' .->£.£ : 2 : 1 • s- • n • • • • n > (/) ;/) ttl • M O •H M +. <*. O > .M \M M « H **» H > Os 00^ • s 0 • 0 M »* ' vo 0 00 ■ SJ« . \o > • • 1 • (O • • • VC v^ NO V • M • • H 1-1 • < • 1 O 0\4»' 9s4>. 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Les états du fécond & du troidème Dépôt ne préfentent pas non plus celle de Truxillo : fi l'on y ajoute Tétat du cor- refpondant pour celui des années iy6i 6c 17^5 , on les complétera, & la femme fera pour 1759 de 5155 quintaux, 5; 4 livres, 2 onces; pour 17^0, de 5503 quintaux, 65 livres, 9 onces; pour 17^1 , de 5424 quintaux, 18 livres, 8 onces. Si pour lors on prend un moyen terme entre tous les cinq ans, on aura 5 304 quintaux & 84 livres. Les opinions font partagées relativement à la quantité de mercure qui fe confomme pour l'a- malgame de l'argent : les uns la fixent à 1 4 onces par marc y d'autres à 12 : d'autres penfent qu'il s'en .confomme moins : mais en général on convient que le poids du mercure égale celui de l'argent que l'on tire; ainfi le marc d'argent doit con- fommer une demi-livre de mercure : le furplus du mercure confomme eft regardé comme une perte. Selon l'opinion des mineurs , il eft des miné' rais qui en confomment une plus grande partie que d'autres , c'eft-à-dire qu'ils caufent plus de perte ; car le mercure confomme dont le poids excède celui de l'argent , eft en pure perte , fui- vant eux : ainfi le nSnérai qui demande par marc T K. E I Z I fi M I.' 301 treize onces de mercure , fans qu'on en recouvre , perd cinq onces j celui qui en demande quatorze onces , perd fix onces. D'après ce rapport , il y a des minerais qui perdent plus , d'autres moins ; mais on ne connoît aucun minerai qui ne perde plus ou moins. Sans s'arrêter à des calculs imaginaires , on peut eftimer la confommation & la perte du total des mines, prifes Tune dans l'autre, à 12 onces par marc : c'eft l'opinion la plus reçue Cela fuppofé, les 5 304 quintaux & 84 livres de mercure qui s'employent dans une année, doi- vent produire 7075 1 1 marcs d'argent de Pigna, qui font ^C^^^^C onces du même argent. Il faudroit ajouter à cette fomme celle qui corref- pond à la confommation de mercure moindre que douze onces par marc, & ce qu'on tire d'argent par la fonte j mais il n'eft pas poflîble d'engager les mineurs à dire (încèrement à quoi fe monte la confommation & la perte réelle. La quantité fix€ de marcs d'argent que les mineurs tirent du mercure qu'ils employent, eft un myftère impénétrable , même pour l'homme le plus clair- voyant. Néanmoins, d'après les états du plusgtand nombre des Dépots, on peut avoir une idée de la fomme d'argent que ces gens tirent, & de ce qui manque pour compléter celle qui doit correfpondre au mercure employé. n li ! H, .* •; ■'Il à 1 ti t joi Discouns £n 17^5 , le Dépôt de Guancavelica compta 1 3 448 livres de mercure employé , ce qui écoit moins que ce qui avoic été délivré. On fondit 18011 marcs d'argent , & Ton paya pour les droits royaux de dixième & de cobos ^ *7743 pcfos & 3 réaux. Selon la régie des dou:^c onces ^ on nauroit dû fondre que 17930 j marcs : ainfi il y eût un furcroît de 90 ^ marcs : ce qui eil peu de chofe fur la quantité totale. Il eft bon d obferver que la quantité de mercure confommé pour ce nombre de marcs , n*eft pas égale à la diftribution de cette année-là 'y mais cela vient quelquefois de ce que tous les mineurs ne fon- dent pas la pigna qu'ils tirent pendant l'année dans laquelle ils ont reçu le mercure , & qu'ils augmentent dans une autre année 1 fontes , de ce qu'ils n'avoient pas fondu la précédente. Le Dépôt de Jauja confomma 2^741 livres de mercure , ce qui excédoit la quantité difttibuée. On fondit 145 <> 5 marcs ^ pour lefquels on ne paya de droits que 14340 /^e/ôj & 5 réaux. On auroit dû fondre 35^5^ marcs j & payer 35105 pefis & 4 î réaux. Il y a donc eu de moins 21 091 marcs ^ & Ton paya de moins 20765 pefos. Le Dépôt de Chucuito confomma 4ij^<»2 li- vres de mercure : on fondit 480(^3 marcs , 3 onces d*argent. On paya de droit 47322 pefos ôc 5 réaux : la fonte d'argent auroit dû monter à t h: \ i TRIXZIIMI. 503 57182 j marcs : il y en eût donc de moins î;ii9 & 5 onces ; & l'on paya de moins 50^5 pefos Se 3 réaux. Celui de la Pa:^ confomma 3025 livres de mercure : on fondit 1601 marcs ^ pour lefquels on paya de droit 1571 pefos & 5 reû^Ar, On au- roit dû y avoir fondu 4034 fwîdrc/. La fonte fut donc moindre de 2.43 2 f marcs ^ & la con- tribution moindre de 2395 pefos 2 réaux. Le Dépôt de Caylloma confomma 49059 livres de mercure, & l'on fondit 28029 ^ marcs. On paya de droits 27 $^6 pefos, & 7 î réaux. Mais la fonte auroit dû être de 65412 marcs; ii y eût donc de moins 37 3 82 1 marcs ^ & de droits de moins 36805 pefos 5 | revittAr, Celui de Carangas confomma 1 5 004 — /ivr^J de mercure : on fondit 22304 /Tz^rw i once d'argent, pour lefquels on paya de droits 22076 pefos. Cette fonte, eu égard à. la règle des ii onces y excéda de 2199 marcs ^ i once. Celui d'Oruro confomma 125463 j/ivr^^de mercure : on fondit 121856 marcs 4f onces d'ar- gent , pour lesquels on paya de droit 1 19975 pefos j 7 J féaux : mais , félon la quantité du mercure, on auroit dû avoir de fonte 167284 marcs j quantité qui excède de ^^^ij^ marcs ^ qu'on n'a pas eus , & dont les droits font de 44726 pefos i y { réaux. \;\ ('■ 'Ii û ^4 i^ m 504 D f s C O V R s Maïs voici le tableau de ce qu'il y a eu de moins dans les cinq Dépôts , cane en fonce qu'en concribucion pour les droits royaux. TABLEAU. CAISSES ou Moins en fonte. Moins en contribution.' DÉPOTS. AJauja,.., 11091 marcs, ji Chucuito • 9*-J^9 A ia Pai,., a4ji^..... A Càytloma, 37) St ^ A Oruro, . . . 47417 t xoj€^ pcfos, % riaux, 906s 5 *J9» 5 5"oî J^.... 447*^ 7t Mçins total, xi;;;&| ^"^MSS 7k 4* La Totiime des droits que le Roi perçue des xnines du relTorc des fepc Dépôts ou CaiiTes dont j'ai parlé , fe monta : » Pour celles de Guancaveiica t h tlf^'^pêfos, ^ riaux. — — JauJAt ^ I4340 j — — — Chucuito,. . . h 47 î 11 3 — . Im pa:ir , . , . ^ 1 y7'i . . . . . $ *" Caylloma, . . h X7S96 7 1 • • . ..— .— , CarangaSf., à zxo-y6 ————— Oruro» h. 119975 7t. . . Total , 1^0616 pefos» j 5 r. On fos. 1 réaux. • • • 3 • • • 5 • • • Ji.... • • • 7f.... ro^. J r/tfttx. J 3 5 7|... 7t. .. ^^^. TREIZIEME. 505 On voit donc que le Trcfor royal reçut des contributions fournies par les fept Cailfes, le quart d*un million de pcjos environ j &c qu'il y eut de paye le dixième d'un million de moins que ce qui auroit dû l'être. Les quatre autres Caiifes foiît : Pafco , dans la province de Tarma, &c qui eft alfez confidé- dérable : celle de Cu:^co, où l'on ne fond point d'argent : celle de Truxillo j qui eft aflez mé- diocre : ôc celle de Potojl , qui eft la plus forte ; car on y a confommé 54 mille livres de mercure de plus qu'à Oruro, D'après une exaéle eltimatioîi , l'on peut alTurer que le Roi ne tire pas un demi- million de pefos par an des mines qui fe trai- tent avec le mercure. La quantité de marcs qui ne foiît pas fondus dans les caiftes rerpe .H ■ . : Il \ ^''11 I il 1 3c8 Discours La province de Vilcas-Giiamati a quelques iviines : cependant il u'y en a qu'une où l'on travaille avec un grand avantage. On en exploi- tjir autrefois une autre dans la province de Guanta j mais elle ht la ruine de celui qui la tJncit pour fon compte : il y employa un capital confidcrable , retirant de tems à autre quelques marcs d'argent de p'gfid j qui fuffifoient pour foutenir {qs erpcrances, mais non pour le dé- frayer entièrement. On en voit plufieurs d'abandonnrps dans la province d'Angaraëz. Un homme riche en avoir entrepris une des plus avantageufes en apparence, pour £oii propre compte : mais il y perdit tout {on bien , n'en retirant que quelques pignons de peu de valeur, & quelques pierres de platû' timca ( argent blanc ) que l'on appelle auflî ma- chacado. Ces apparences fpccieufes lui firent il- lufion; de forte qu'il regarda comme bien placés les tonds qu'il confacroit aux travaux, efpéram rencontrer tn^n le dépôt d'où il attendoit ksi plus grandes riclielfes. Le mercure qui fe diftribue à la CaifTe de] Gunncavelica , pafle prefque tout dans la pro- vince de Saint -Juan de Lucanas , où il y a quelques mines alFez avantageufes. Une de cti\ mines acte fort renommée j mais les hauts k\ l'js bas qui y font ordinaires ont fait déchoir h"": niîrfs dans la DCiic en avoïc QUATORZIEME. 509 cette mine , au point qu'elle ne rend plus les frais. Maigre cela , l'ancien renom que lui a donné fa richelfe palfée, en a fait continuer les travaux avec confiance, dans rcfpoir qu'on avoir que le minerai rcdevicndroir auill riche qu'auparavant. La CailTe de Pafco fe trouve dans la province de Tarma; mais non dans le principal endroit. On a voulu qu'elle fût à la portée des miner. , pour ficiliter la diftribution du mercure, «Se le tranfport à^^s pignas qu'on doit (ondre. Depuis quelques années , le produit de ces mines a augmente , & l'on croit pouvoir en efpérer les minerais les plus abondans du Royaume. 11 y a plufieurs mines qu'on y exploite avec un avan- tage réel & bien coimu j comme on le voit aufiî par la confommation du mercure, donc la quan- tité fe monte , année prife l'une dans l'autre , à 500 quintaux environ. Les mines du diftrid de Chucuito fe main- tiennent dans le même état. La confommation du mercure fe monta, il eft: vrai, dans les deux premières années comparées, à 733 ^ & 74.) quintaux j au lieu que dans les trois fuivantes , prifes Tune dans l'autre , elle ne fut que de 450 quintaux, ce qui fait une diminution d. 300 environ. Ceci ne vient pas de l'appauvril- fement des mines, dont le produit auroir d •'lit 'il- A i V' jio Discours niimic à ce point en Ci peu d'années ; mais d'une caufe plus ancienne : c'efl: a-dire de rexrrcme profondeur des unes , dos obftacles qu'on ren- contre dans les autres , pour parvenir à un mi- nerai de bonne qualité. . C eft de la Caille de Trugillo que tirent le mercure ceux qui exploitent les mines gid'antcs dans 11 chaîne des montagnes qui courent depuis les limites des jurifdidtions de Jauja ôc de Tarma , vers le Nord , & fe portent jufqu'aii royaume de Quito , où font les CailTes de Caxa- marca, ChachapoyaS, ôc autres. On peut juger que ces mines font pauvres, par le peu de mer- cure qu'elles confomment tous les ans; car cciX à ces Caifles que les mineurs vont fe pourvoir de mercure , pour traiter les mines qui fe voyenc dans un efpace de plus de deux cens lieues , jufqu'aux limites des CaifTes de Piura ôc de Cuenca , où l'on ne fait point de remife de mercure. On fait que la Cailfe de Carangas a fondu Î199 marcs d'argent de plus qu'elle n'auroit dû, félon la proportion du mercure qu'elle a diftri- bué. On croiroit peut-être de -là qu'il y a eu moins de perce dans les minerais de fon diftrid que dans ceux des autres Gai (Tes ; mais on fe tromperoit : la perte y eft même quelquefois plus grande , & l'on pti a des preuves non équivoques. ;nir a un nii- QUATORZIEME. ^ I 1 C'cft dans les dcpendancos de cette Cailfe que fe trouvent les faineufes mines de Hu^mtjj.iyj, Les métaux fe traitent par le feu , tant dans ces mines que dans la plupart de celles de f;\ j - rifdidlion , & fans cju'on foit oblige d'employer de mercure. Or, les mines qui confoniment les 150004 Y^ livres de ce métal, étant les moins nombreufes & les moins riches , il faudroit i.é- celTairemcnt que la fonte rendit beaucoup plus de marcs \ ce qui peut être facilement prouvé. Parmi les grandes découvertes qu'on a fiircs de mines d'argent au Pérou, celle de la mine de Huantajaya a été la plus fameufe dans les tems modernes. Le filon étoit d'argent mndU-" dans toute fa largeur , & on le coupoit au ci- feau. C'étoit avec raifon qu'on l'appelloit mine d'argent ; car ce métal fe préfentoit à la vue par-tout oii les travailleurs en déblayoient les terres. Le filon formoit même en plulieurs en- droits des nœuds métalliques, qui fournilToient des morceaux très- gros. Cette fameufe mine, comme toutes les autres , a eu (qs variations : on en continue toujours les travaux, quoique l'on n'en tire plus cette quantité prodigieufe de mé- tal : au moyen du travail continuel , elle fe fcu- tient, & produit toujours un afTez bon bénéfice. Cette mine prouve avec quelle fîngulnrir.'- la Nature a voulu répandre les métaux pricieux , V4 \ V. \ Vl» '4- \m :f- l' ' m ^^-'i;- ^ 'h^ ni m ■ ï f'i /: '[''■ : ,1 ' • 511 Discours en les plaçant en terre dans des endroits auxquels on n'a fongé que par hafard , vu leur cloignement ; de forte qu'il n'efl: pas pollible de les en tirer qu'avec les peines & les dcpenfes les plus grandes. En effet, fi ces métaux font là trcs- abondans , ils exicîent des frais exceflfifs. La Na- ture a donc choili le pays le plus foliraire , le plus ftérile de toutes ces contrées pour y faire ce précieux dépôt. On ne voit-là aucune peu- plade ; on y eft éloigné de la mer à une alfez grande diftance : c'cft un terrein fablonneux, où il ne croît rien : il faut s'y rendre par des gorges peu praticables, des monts efcarpés , des fables mouvans, fans rencontrer rien de ce qui eft né- cefifaire à la vie j jufqu'A l'eau même, il faut en porter fi Ton veut boire , car il n'y en a pas , ni dans le voifinage. A plus forte raifon doit-on fe pourvoir de vivres , tant pour foi que pour les animaux. Ces vivres font apportés par des vaif- feaux , & déchargés fur la côte de la mer , la plus proche , d'où on les tranfporte à travers ce pays pénible jufqu'au giifement & à l'ouverture de la mine. D'après ces détails , on fent à quel prix doit revenir le métal qu'on en tire : mais une autre circonftance l'augmente encore : c'eft qu'il n'y a pas de bois pour faire cuire les alimens & autres befoins joiinuHers j il faut s'en procurer de trcs- Ô ^■ )its auxquels loignement; les en tirer es les plus ont là tics- (fifs. La Na- folitaire , le >our y faire ucune peu- à une aifez lonneux , où : des gorges , des fables - qui eft né- ° y il faut en en a pas, ni n doit-on fe ^le pour les ar des vaif- iierjaplus /ers ce pays ■ivercure de 1 prix doit une autre qu'il n'y à is & autres er de rrcs- QUATORZIEME. |I} loin. Tout fe diftribue-là comme dans les longues navigations , par portions égales. Ceux qui y ont été alfurent qu'on y eft quelquefois dans une telle difette, qu'une bouteille d'eau ordinaire y coûte un pefo. On y a ouvert beaucoup de puits; on a fondé & reconnu le pays ; mais nulle part on n'a trouvé d'eau, ni apperçu le moindre indice d'un ruif- feau. On n'a vu aucune plante qu'on pût fubfti- tuer au bois pour la confommation qui s'en fait dans la préparation des alimens , & dans le trai- tement des métaux. Ce pays fe trouve dans la province d'Arica : le port le plus proche qu'il y ait pour l'exportation 6c l'importation de tout, eft celui d'iquique, Ainfi l'extrême richefTe de ces veines prc- cieufes eft en grande partie abforbée par les dc- penfes. Cet inconvénient eft donc caufe quelle n'eft pas plus lucrative pour les propriétaires que celle des autres , puifqu'il faut payer en propor- tion de (es produits. 11 y a donc un égal avan- tage pour ceux qui, fans avoir à elTuyer cet in- convénient , exploitent des mines moins richcv. Tout eft égal de part & d'autre au moyen de ces compenfations , &: c'eft ce qui maintient iiu jufte équilibre d^dis la valeur de l'argent. Dans les unes, le défavantage vient des grands travaux qu'on eft oblige de faire, des peines qu'il ïv^t m : t m m '/ WÊw »ffi ngiiii sH [IhSH m^BnPH ^B^K ^m7|V :WK ■fwm Ktl 11 m ^.Li 'i?l* 514 Discours prendre; dans les autres, de la dureté de la gangue où le métal fe trouve incorporé ; ici c'eft un autre inconvénient , la profondeur eft ex- trême j là, ce font les eaux qui gagnent ôc rem- pliffent les percemens; ailleurs, ce font des mé- taux étrangers qui font entremêles avec le bon minerai : enfin , la difficulté , l'éloignement des lieux, comme à la mine de Huantajaya. Il eft arrivé dans les mines du Potofi, fameufes autrefois, le contraire de ce qu'on remarque dans les précédentes : le minerai y eft fi pauvre , qu'on n'en tireroit aucun avantage , fi la facilité avec laquelle il fe laifie traiter ne devenoit une in- demnité : il eft aifé a tirer & à broyer , & fe prête également bien à toutes les opérations qu'on lui fait fubir pour en tirer la pigna. On y a l'avantage du fameux lac qu'on a forme à grands frais , & 011 fe raftemblent les eaux de pluie , dans l'efpace qui fe trouve enfermé entre dîfférens monts : de-Ià il fort une rivière qui fait agir les machines dans lefquelles le minerai eft broyé j l'épargne qu'on fait par ce moyen , in- demnife en grande partie de ce qu'on tire de métal de inc ins. Cette montagne étoit devenue fimeufe par la richelfe confidcrable de cqs mines ^ on y voit en- core de tems en tems quelques veines analo;:!ues aux anciennes , & d'où l'on tire beaucoup d'ar- ,\ '^ QUATORZIEME. JIJ geiit : mais en général celles qu'on exploite ne donnent qu'un minerai de qualité très-inférieure. Outre les veines nombreufes qui font répandues dans toute l'étendue de cette montagne, il y en a encore d'autres dans les provinces d'alentour. Elles étoient même autrefois fort renommées , mais les produits en font à préfent diminués , comme ceux de cette montagne. Ceux qui exploi- tent ces mines fe pourvoient de mercure aux mêmes CaiiTes , & font obligés d'y faire leurs fontes particulières : or , ces fontes étoient an- ciennement les plus considérables de tout le Pérou. On douteroit avec raifon de l'ancienne ri- chelTe des mines de cette montagne, fi l'on en jugeoit par leur état aduel, & fi l'on n'avoit pas d'Ecrivains contemporains dignes de foi pour la prouver. La différence eft aujourd'hui fi grande , qu'il n'eft pas poflîble de les comparer. Il en eft de même de toutes les mines fi renommées au- trefois dans les diverfes parties de ce royaume ; mais je vais en donner une idée , d'après l'Ou- vrage intitulé : Pretentiones dd Potofi; Ouvrage que fit imprimer , en 1^34, D. Sébaftien de / Sandoval y Guzman , Procureur-Général de cette ' Bourgade- là. D'après les détails qu'il nous a laifies fur la confommation qu'on faifoit du mercure, & ce que nous avons vu concernant là confom- < 1 r ■ ; ■ 1 1 1 i 1 ■ ! j 1 ^ m^ jfl 1 II 1 y i: K'n y }i^ Discours tnation aéfcuelle de ce demi -métal, on pourra faire quelque comparaifon. La découverte de ces mines fe fit en 1 545 , peu de tems après la conquête j car il ne s'étoic paflTé que dix -neuf ans depuis l'entrée des Ef- pagncls dans ce pays-là , c'eft-à-dire depuis 152.^; ce qui prouve fuffifamment que les monts n'a- voient pas été ouverts avant cette époque : or, l'argent y étoit répandu de tous côtés , comme par ramifications. La mine fe traitoit alors par la fonte , vu fa grande richefTe \ car on tiroir toujours d'un quintal de minerai cinquante livres d'argent. Un appas aullî attrayant y fit établir plus de fix mille guairas j ou fourneaux pour les fontes. Cette abondance de métal ne fe foutint pas long-tems ; car en 1571 , c'eft-à-dire 16 ans après , il y avoir déjà une affez grande diminution. Le traitement par la fonte n'étant pas fufïifant pour extraire tout le métal, Pedro Fernandez de Velafco introduisit l'ufage de l'amalgame , quoi- qii'avec moins de perfe6tion qu'on le pratique aujourd'hui ; car on a été forcé de chercher des moyens plus avantageux pour tirer des minerais tout ce qu'il étoit poflible d'en avoir, à mefiire qu'ils font devenus moins riches. Voilà comme on s'eft enfin inftruit des traitemens particuliers que les matières de chaque mine exigeoient. J'ai déjà dit que le quintal de minerai rendoir Vit M'- ' 'rVs il ne s etoit QUATORZIEME. 5I7 clors 5 o livres de métal , qui font cent marcs y ainfi l'on avoir un marc d'argent par livre de mi- nerai : mais â préfent, les inftrudions les plus sures nous montrent que les mines de cette mon- tagne ne rendent que quatre marcs d'argent par caxon de minerai, ce qui eft encore fort avantageux pour ceux qui les exploitent; car il y en a plufieurs qui ne rendent pas cela. On re- garde comme riches celles dont le produit pafle les quatre marcs. Le caxon de minerai eft de cinquante quintaux dans les mines d'argent. La proportion de métal eft donc comme i~ adarmes d'argent à une arrobe de minerai, c'eft-à-dire, comme i à 1250 : ce qui fait voir qu'après avoir tiré anciennement 1250 marcs d'argent d'une quantité donnée de minerai, on n'en rire plus aujourd'hui qu'un marc. Cette énorme diminution feroit prefque incroyable , fi elle n'étoit prouvée par la véracité du livre mentionné , & qui fut même écrit pour être prcfenté àfa Majefté Catholique. Néanmoins, il n'y a pas la même proportion dans la dimi- nution des quintos i ou cinquièmes. Denuis l'année 1 545 :« époque delà découverte de cette mine , jufqu'à 1 5(^4 , cette montagne a produit de droit de quint ^ -jG millions de pefos enfiiyados , chacun de 1 5 7 réaux d'argent ; ce >iM m ^^l .1 518 Discours qui fait, pendiiic 1 ^ a.ns , quatre minions de pcfos par an. Depuis 15^4 jufqu'à 1585 , le droit de quint s'eft monté 435 millions j ce qui donne , pen- dant 21 ans , 1666666 pefos enfayados & | par an. Depuis 1585 jufqu a 1^24, ce droit s'eft monté à 52 millions, pendant les trente-neuf années ^ ce qui donne 1333353 pcfos enfayados \ par an. Depuis 1^24 jufqu'en 1^33, année qui pré- céda l'Ouvrage de D. Sandoval, le droit s'eft monté à 6 millions pendant les neuf années j ce qui donne par an 66666 j pefos enfayados. En 176^ j Potofi confomma dans les mines de fa montagne, & dans celles des provinces de fon relïôrt , 17^166 ^ livres de mercure. Or, félon la règle des 1 2 onces de confommation par marc y on doit y avoir tiré 239049 marcs y pour lefquels il étoit dû de droit de quint ôc de coho^ environ ^i6j^6^ p^fos de huit réaux , qui , réduits aux pefos enfayados de 1 3 ^ réaux ^ en font 2 -^ 27 1 5 j ce qui donne un rapport de i à 1 5 i. Cette grande différence qu'il y a entre la pro- portion d« ce qui fe paie de droits , & celle qui ré- f ulce de ralloiou de la qualité du minerai , vient de deux caufes. Premièrement , de ce que l'on trouve coi^pris dans k nombre des marcs qui fe fondent QUATORZIEME 5'9 à picfciit , ceux qui viennent de toutes les autres mines qui fe pourvoient de mercure à cette même Cai(îe-là. Secondement, de ce que le bas alloi du minerai oblige de tirer infiniment plus de minerai que quand il étoit riche en argent , & c'eft ainfi qu'on fupplée en partie par le travail à ce qu'il y a de qualité de moins. Ceci ell confirmé par le nombre des marcs qu'on auroit dû tirer pendant chacune des dix- neuf années , & de ceux que l'on tire adtuelle- nient. Les quatre millions de pefos enfayados de droit de quint ^ que ces mines ont payés par an au Roi , pendant les premières années de l'exploi- tation , répondent à 20 millions des mhxnQs pefos du produit total de l'argent j ce qui fait 3 3 ,7 5 0,000 pefos de huit réaux , ou autant d'onces d'argent. Or, cette quantité faifant la moitié du minerai que l'on tiroir, il falloir qu'il y eût 4,218,750 livres de celui-ci j ce qui monte à 421S7X quintaux, Suppofé , en prenant un moyen terme , que Talloi du minerai foit de quatre marcs par ca- xon , on ne pourra avoir les 239049 marcs qu'avec 597<>i J caxons , qui font 2,988,100 quintaux, Ox , autrefois on avoir la même quan- tité d'argent avec 2390 quintaux de minerai. On voit donc l'extrême différence qu'il y a entre le tems préfent & le pa0e. Si l'on joint à ceci la V>! 'fi^lr 510 Discours tiuantité des déblais qu'il faut enlever à prcfent pour avoir les $9/61 caxons de minerai , ce compte monteroit infiniment plus haut ^ car il ne faut pas perdre de vue que ce nombre de caxon comprend tous ceux des mines du reflbrt de cette CailTe , comme je l'ai dit ci- devant. Depuis i(Î5 3 jufqu'à ce tems-ci, c'eft-à-dire en 130 ans, la malFe d'argent qu'on tiroit de ce mont feu) , a diminuée de plus des deux tierb : Il cette diminution fuit la même progreflion par la fuite , ces mines deviendront inutiles dans le même efpace de tems , ou même plutôt : c'eît pourquoi il faut chercher tous les moyens de porter les Ilabitans de ces contrées à faire de nouvelles découvertes, qui puilfent indemnifer de l'épuifement ou de la décadence confidcrablc des mines anciennes. L'argent que les Indiens tiroient des mines, & le procédé fmiple qu'ils fui voient, font une preuve de la richefle de ces mines anciennes; ils ne connoiffoient d'autre manière d'en tirer ce métal qu'en mettant le minerai fur le feu avec un teft" , encore ne prenoient-ils que le minerai oi\ l'argent étoit vifible & abondant. Ils ramaf foient le métal à mefure qu'il couloir : ils ne pouvoient donc fondre par ce procédé que celui qui n'étoit pas mélangé de minerais étrangers. C'eft q U A T O R Z I I M f. Jll Cèft de cet ufage que les fourneaux faits pour la fonte de la Pigna ont corfervé, dans ces con- trées j le nom de cayana , qui , dans la langue des Incas^ fignifie ua fç/?. On a joui de ces avan- tages au tems de la conquête : l'argent eft même encore vifible dans quelques mines que \qs In- diens ont connues par les récits de leurs ancê- tres, & qu'ils indiquent aux Efpagnols, lorfqu'ils ont quelque affedlion pour eux j ce qui eft afless rare : de-là on peut juger de leur richelTe. On a vu que la Caifle de la Pa\ ne diftribue que peu de mercure \ une partie en eft confom-. mée dans les mines de Larecaxa , Jaraca , Qc autres de Ton diftrid. On va de celle-ci payer le quint aux CaifTes de Lima, en obtenant cette permiflîon du Vice-Roi. Il n'y a pas-là plus de mines qu'anciennement, & celles qu'on y ex- ploite ne font pas fi riches qu'elles l'ont été. Les minerais de Caylloma ont toujours le même alloi , fans être des plus abondans : cepen- dant on penfe qu'il a plutôt augmenté que di- minué. Les minerais d'Oruro font les plus riches de tous ceux des contrées de ces vaftes royaumes^ il femble que c'eft-là que fe font tranfportées les richeiïes qu'on tiroir autrefois du Poto(î. On peut eftimer leur produit , à peu de chofe près , par l'emploi qui s'y fait du mercure. 11 s'y eft con- fommé tous les ans, pris l'un dans l'autre, en-. Tome /, * X \ 'l^i "t % . mi m U R 5 ^■'î ti ^21 D I S c o environ 1 3 00 quintaux de ce demi - mctal , & plufieurs perfonnes , auflî intelligentes que cll;;nes de foi , aflTurent que i'alloi du minerai s'eft tou- jours trouvé bon dans la plupart de ces mines, en comparaifon de celui des autres , & qu'il va plutôt en augmentant infenfiblement. Ces détails nous montrent donc que les mines d'argent de ces royaumes rendent aduellement prefqu'autant qu'au commencement de ce fiècle- ci , ou à la fin du précédent j s'il y a eu de la diminution dans les unes, il y a eu de l'avantage dans les autres , comme il eft arrivé à Pafco j Oruro y Carangas, On peut en donner pour preuve la régularité avec laquelle les mineurs paient le mercure au bouc de l'année j au lieu que ceux qui ne fe font occupés que de mines pauvres , ne paient non plus que par les contrain- tes qu'on exerce contr'eux & leur caution, afin de faire bons les fonds de la Caifle avec laquelle ils ont contradé cette dette. En i-j6o , les habitans de la province de Tu- cuman demandèrent certaine quantité de mer- cure , vu l'efpérance que leur donnoient quelques mines qu'on commencoit à découvrir j fans quoi il leur étoit impoflible de les traiter, & même de voir quel feroit le produit des premiers elTais. Les mines d'or & d'argent étant un des objets ef- fentiel de ces contrées , ils obtinrent 5 o quintaus QUATORZIEME, JlJ de mercure : mais il paroîc que l'efpoir de ces gens fut trompé j car , en i7(>3 , ils n'avoienc encore rien montré. La même chofe arriva anfli au Chili , où l'on croyoit avoir découvert des mines de ce même métal , & qui promettoienc beaucoup : mais les mines qu'on y a trouvées n'ont ni la valeur , ni la continuité de celles du Pérou; ce ne font que des mines de tranfport fuperfi- cielles , qui ceilent bientôt dès qu'on fouille un peu. Il n'en eft pas de même de celles dont les liions fe prolongent dans une gangue continue. Cependant il y en a plufieurs qui jettent quel- ques ramifications en profondeur , quoique la plus grande richelTe qu'on en tire fe prenne â lafuperficie. Les mines profondes, au contraire, ne décèlent point leur qualité , à moins qu'on ne foit arrivé alTez bas pour appercevoir quel- ques fources d'eau. La pigna d'argent , & les texos d'or, dont on n'a pas payé le quint , & qui n'ont pas été marqués du poinçon de la CailTe refpedive , font contrebandes dans tout le Pérou. On a feu- lement la permiflion de les porter directement de la mine à la CailTe du reflbrt , pour les y fondre , & payer les droits du Roi , tant pour le dixième que pour le don gratuit ou col>o. Mais rien de plus facile dans ces pays que de fe fouftraire a cette obligation , 6c de paffer ces Xi IIM' i ■m il m )t4 Discours métaux plus loin , vu les vafbs pays inhabités i travers lefquels on mène les bediaux pour les faire pâturer. AmCi l'on ne fond pas à la Cailfc tout l'or & l'argent qu'on tire des mines. J'ai déjà die que les CailTes royales écoienc les lieux rcfervés pour les fontes , & que les four- naux s'appelloient caynas. Les métaux s'y fon- dent en ^arr^j j dont on tient compte depuis le premier jour de l'année jufqu'au dernier , 6c l'on irecommence le compie avec le nouvel an , mar- quant fur les barres l'année de la fonte , le poids en marcs j onces , adarmesj & Vai/oi : ce qui cft confirmé par le poinçon du Roi. Par ce moyen on les convertit en une monnoie , dont la valeur monte à deux ou crois mille pefis j Ôc même davantage. On peut alors les répandre par-tout le royaume, parce qu'elles onc le fceau requis pour la sûreté publique, & pour prouver que les droits en ont été payés au tréfor royal. Les barres d'argent & les cexos d'or parvien- nent enfin à l'Hôtel des monnoies de Lima ; on en examine le poids , l'alloi , pour fa voir fi l'on n*a pas commis d'erreur ou de négligence dans la fonte : ce qui fe fait en préfence des intéreffésj après quoi on les convertit en monnoie. Ceci ne fe pratique pas au Potofi, parce que ces mines étant les plus anciennes ôc les plus renommées du royaume , on y a établi un Hôtel des monj QUÀTORZIEMI." jlf noies. On en a fait autant depuis peu à Santiago de Chili , d Oruro , pour éviter l'incommodité du tranfport jufqu'à Lima. L'argent fe tire des mines aux dépens du tra- vail des mineurs , comme je l'ai dit : de-U il pafTe aux premières CaiiTes royales , quand il n'eft pas détourné en fraude , ou n'eft pas con- verti en vailTelle : il parvient enfin aux Hotels des monnoies , où l'on en fait des pefos duros j qui paffent enfin en Efpagne. C'eft de ce toyaume qu'il fe répand dans toutes les parties du Globe , fans avoir befoin du fceau dont il . cft marqué que jufqu'en Efpagne : car après on le reçoit fans y faire aucune attention , unique- ment par l'appât de la matière. Ce ne font pas toujours les mineurs qui ren- dent à leurs frais les pignas aux Caiffes royales » pour y être fondues & en payer les droits. Ceci ne fe pratique que par les plus aifés , qui tra- vaillent fans aucun engagemsnt. Mais ceux qui ne font pas dans ce cas -là, payent avec ces pignas les Aviadores qui les entretiennent , ou les donnent aux Refcatadores en paiement des marchandifes qu'ils apportent aux mines pour la confommation des travailleurs , & autres befoins journaliers : ce font ceux-ci qui les portent aux CailTes pour y être fondues. Parmi ces be- foins , il faut comprendre le mercure dont les \i M 1 \ V .i] Il \ï*\\ flî , I ¥ i m ■ ■Il $A ■ <^ 51^. Discours Aviadores ou les Refcatadjres les fournilTent foigneufement pour ne pas faire cefTer les tra- vaux & l'extradion du métal j car c'cft dans cette continuation non interrompue que confifte tout l'avantage. On appelle refcatar y acheter la pigna k la mine : de -là eft venu le nom de Refcatadores , qu'on a donné à ceux qui y ap- portent quelques marchandifes à vendre. Les mineurs que ces travaux ont mis à leur* aife , n'y relient pas continuellement : les uns y paroiffent de rems en tems le foir ; d'autres n'y vont pas , & fe repofent fur la probité de leurs fadeurs ou capataces ^ chargés de conduire les travaux , & de faire les dépenfes. Ils s'abfentent ainfî pour éviter les froids & l'intempérie de ces pays découverts : mais ils en font tranfporter les minerais à la fonderie où il doit être traité. De cette manière, ils ne le perdent pas de vue, & afliftent aux lavages , qui font la dernière opé- ration par laquelle on extrait l'argent du mi- nerai. Les minerais font tranfponés à ce bâtiment par des Llamas & des Alpaques ^ animaux plus propres à faire cette route dans des chemins raboteux & difficiles, que toute autre efpèce, qui , far s contredit j n'y palTeroit pas , au moins fans dommage. Ces animaux font -là d'une aufli grande relTource que les Rênes en Laponie pour Q tr À T 0 H Z I E M i: JI7 traverfer les montagnes ôc les glaces. Le minerai fc charge dans des facs bien affurés fur ce» animaux. Ces facs ôc les cordages nécelTaires font le commerce le plus lucratif des Indiens de Jull j dans le Gouvernement de Chucuiro : c'eft-là qu'on les fait , pour les diftribuer enfuite dans la plupart des mines du royaume du Pérou. Cependant les mines qui non-feulement dé- fraient des dépenfes , mais qui deviennent même du plus grand avantage, font fujettes à des in- convéniens qui en interrompent les progrès. En effet , on perd quelquefois les filons qui fe divi- fent en nombre de ramifications très-fines, Ôc dont les extrémités ne préfentent plus aucune apparence de métal. Or, il faut en ces cas -ci beaucoup d'induftrie & de bonheur pour re- trouver le vrai filon , en travaillant fans aucune autre utilité que les recherches & les fouilles que l'on fait, dans l'incertitude même de retrouver le bon minerai. Les bancs que l'on rencontre, & qui fouvent font des roches très-dures par lefquelles le filon eft coupé, jettent dans la plus grande incertitude fur le parti qu'on doit pren»^ dre , vu qu'on n'en connoît pas l'étendue ; de forte qu'on ne fait fi on doit les percer pour fuivre les fouilles diredement, ou continuer en les côtoyant de droite ou de gauche. L'expé- rience a appris que quand on a paflfé ces bancs^. X4 :'P. ;^i u \ ■:, \m t'ft. i'fh ^*iJ 3i8 D I s e o u R s le filon reprend avec autant de richefTe, & mêm^ davantage. Les couches de terre fujettes à s'ébou- 1er ou à s'afFaiiTer , & qui conféquemment exigent beaucoup de pièces boutantes , de fupports pour être maintenues j les eaux qui gagnent en quan- tité , lorfque les fouilles font profondes , font au- tant d'obftacles qui contrebalancent la richeffe qui s'y préfente : il faut alors pratiquer des égoûts, des pui fards à grands frais pour chafTer les eaux : mais ces opératio^is ne fe trouvent pas toujours praticables. Ces inconvéniens , & nombre d'au- tres , diminuent dv>nc beaucoup le proHt , au point même que les entrepreneurs font le plus Ibuvent plus près de perdre que de gagner. Le travail eft exécuté par des Indiens & des Métifs, foit de gré, foit de force. La différence qu'il y a entre ces deux clafTes ,eft que les premiers ne font pas permanens , au lieu qu'on peut compter fur les autres. Quant au falaire , il eft égal pour ces deux claffes , & même avantageux. 11 efl: réglé par le tarif public a quatre réaux , de la monnoie du pays ^ quoiqu'il y ait des mines , à Potofi par exemple, oii ces gens gagnent un pefo chaque jour qu'ils travaillent. On fe trompe généralement, lorfqu'on s'imagine que ce travail des mines eft des plus durs, & qu'il dépeuple ces nations : cela eft très- faux; car on voit les i^idiens qui ne font pas de la Mita^ ou donc ce Q V A T O H 2 X B XI e: Jlr*^ h^eft pas le tour à venir travailler , s'offrir volon- tairement; & que les Mitayos^ après avoir fini leurs heures de travail , demandent à le doubler , c'eft-à-dire de travailler jour & nuit pour gagner davantage : ils demandent même de continuer les jours fuivans. Les travaux qui s'y préfentent font ou fous terre, ou delTus. Ces derniers con- fiftent à conduire le minerais au lieu où on le broie, & les matières nécefTaires aux diverfes manipulations du traitement. On ne s'apperçoit chez ces Indiens d'aucune maladie, ni même d'aucune incommodité fenfîble. Ils ont pour ces occupations le falaire le plus avantageux & le plus ;)oi ^uellement payé : aucun autre ouvrage ne \ev ic^iendroit fi lucratif. Voilà pourquoi certain nombre de Mitayos refient aux travaux comme les volontaires , lorfqu'ils ont achevé leur tems d obligation. Cette corvée , ou Mita , cfl de fîx mois , après quoi on les relève par d'autres , pour les renvoyer à leur peuplade & cultiver la terre. Ils font alors difpenfés de ces travaux pendant deux ou trois ans , & même davantage , à proportion que les aidées , ou villages , fe font multipliés dans leur diflriâ. Mais on a toujours befoin de gens libres aux mines , outre ces Mitayos ; car une mine qui peut occuper fîx ou huit Mitayos , en pour- coit bien occuper quinze ou vingt, & plus , félon ^y; \ '\m . t-. t .1 H. V \ kl •\ S: ; A '-■t •\ f r^jo Discours la nature des terreins que Ton fouille. Le froîdt de CQS contrées ne permet pas d'y employer les Nègres : ils y meurent promptement. Il n'en eft pas de même des Indiens, dont la conftitution eft faite à ces climats : auflTi y tiennent-ils fans aucun dérangement de fanté. J'ai dit plus haut que la confommation du mer- cure étoit la quantité proportionnée à l'argent que Ton tire , & que ce qui exccdoit , étoit ce qu'on appelloit perte. Selon cette règle, on peut tirer de l'argent fans perte, mais non fans confom- mation : ainfi, en tirant cent marcs d'argent, oti doit confommer cinquante livres de mercure, au moins. De-là eft venue l'opinion qu'une par- tie de ce demi-métal fe convertilfoit en argent j & l'on prétend la foutenir , en difant qu'on ne voit pas l'argent dans la plupart des minerais , comme on le voit dans \qs pacos ^ qui font de couleur de tabac , & les plus riches en métal. On fuppofe que le minerai contient des prin- cipes propres à fixer le mercure , & à le purifier de toute matière étrangère j que les gangues où Targent eft vifible , & qu'on appelle machacados y fe trouvent fous cette forme, parce que leur mine renfermoit les matières primitives du mer- cure en quantité proportionnée à leur richeflej qu'outre cette richefle actuelle , les matières qui yreftent mMées fe combinant avec le mercure. 'kl i'( \"-x quatorzième; $^1 s*y incorporent au point de le fixer & de le ré- duire en argent. Mais cette opinion efl: regardée par les gens inftruits comme hafardée, ou plutôt comme une fuite de l'ignorance de ceux qui la foutiennent j car la perte du mercure eft due à d'autres caufes , fans qu'il foit befoin de fuppofer fa tranfmuta- lion , en raifon de fon mélange avec les parti- cules métalliques de la mine. On peut même conclure que iî l'on favoit d'autres procédés, on retireroit tout le mercure qui s'incorpore dans les amalgames. En effet , les favans Métallurgiftes de l'Europe , & qui ont à cet égard àes connoif- fances pratiques certaines , font furpris de la perte que l'on fait du mercure dans les mines de l'Amérique, & ne l'attribuent qu'au défaut de procédés plus direds & plus réfléchis pour le traitement de ces mines. On a réellement lieu d'être furpris que, depuis fi long-tems que les mines d'argent & d'or de l'Amérique font la plus grande richefie de l'Efpagne, on n'ait pas encore établi des labora- toires pour faire des effais , au moyen defquels on auroit acquis des connoiiïànces pratiques dont on auroit fait l'application pour traiter plus avan- tageufement les mines p?r le moyen du mercure; car on fait dans toutes les exploitations quel-* conques des pertes confidérables , faute de favoir li iii( ,.: = / yji Discour* réparer direAemenc les corps étrangers mêles avecj le minerai. Tels font le vitriol , lantimoine « l'alun , le foiifre , l'orpiment , &c. , qui fe trou- vent d ordinaire unis à la mine d'argent, & qu'on eft obligé d'en féparer avant de l'amal- gamer avec le mercure. De ce défaut d'intelli- gence & d'ordre dans les procédés, réfultent toutes les pertes. D'abord, on ne lire pas du minerai tout l'argent , vu la matière étrangère qui y eft incerpofée ou mêlée , & comme en- chaînée j ce qui empêche l'amalguame exade , & l'extraûion totale des particules qui fe join- droient au mercure. Secondement , il ne fe fais même pas de véritable amalgame j ainH les ma- tières qui dévoient la faire s'échappent; le mer- cure divifé en particules . extrêmement fines & fugaces , s'écoule avec l'eau j Targent , qui ne le tencontre pas pour s'y joindre , difparoît en même tems. Si donc l'on parvenoit à purger le minerai d'argent des matières étrangères qui y préjudi- cient , & à opérer une véritable amalgame fans les opérations réitérées qu'on pratique, on évi- teroit cette grande confommation de mercure, & l'argent reviendroit à beaucoup moins , â proportion qu*on gagneroit par cette épargne j les mineurs n'elTuieroient plus ces frais , & nom- bre de mines qu'oi. Handonne > faute de favoi^ QUATORZIEME. 55 f en tirer quelqu'avantage , deviendroienc d'une utilité réelle , parce qu'on fauroit en tirer la qualité néceAaire , non-feulement pour l'indem- nite des frais , mais encore pour bénéficier : c'eft ce qu'on ignore : car, fuppofé que la confom- mation du mercure foit de douze onces par marc, ce font déjr. x ux de dépenfes pour cet objet, eu égard au prix qu'il coiue à i' tolî. Mais on auroit encore l'avanjage de ne pas tant dépendre du mercure pour obtenir l'argent; car toutes les fois qu'il manque, on eft obligé H ', 'i I , < ■ ^i m. / ai NI' i W- '354 Discours mines & des minerais; qui ne fe chargent de ces entreprifes qu'au ût auc d'autres occupations ; qui s'imaginent enfin que pour exploiter des mines il ne s'agit que de retourner la terre, lit fouiller, faire des percemens de coté & d'autre» jamais ces mines ne deviendront avantageufes , ou ce n'eft qu'après de grandes pertes pour les entrepreneurs j vu les procédés imparfaits dont ils ufent au hafard Se fans principes. Ceux qui s'occupent particulièrement de traiter le minerai ne font non plus que des gens de peu de talcns uniquement guidés par ce qu'ils voient faire à. d'autres plus verfés qu'eux dans ces travaux mais fans être capables d'en f^i'-e davantage, ni de raifonner par eux-mêmes , ^ encore moins de changer de procédés dans leur opération. S'ils connoiffent le minerai tenant argent, ils igno- rent les moyens de féparer exaûement & parfai- tement le métal des matières auxquelles il eft uni : or, c'eft-U, comme je l'ai dit, le point le plus important. Un Auteur refpedable de ce royaume, ôc habile mineur, n'ignoroit pas ces inconvénieiK : il prétendoit même avant moi qu'on pouvoir traiter les mines d'argent fans confommer , ni perdre aucun atome de mercure. Si l'on trouvoit le moyen de procéder ainfî , l'objet du mercure deviendroit auflî confîdérable pour la Monarchie , qu« l'argent qu'elle tire des \\ .....i \t quatorzième; 5JJ mines qu elle podede y & elle s'alTureroit ces richelfes pour l'avenir, en fe les procurant flins aucune perce. Pour rendre ceci plus fenfible , je dois dire que certaines mines rendent confidé- rablemenc dans les effais en petit , tandis que le minerai traité en grand ne rend pas l'équi- valent des frais , & que d'autres mines ne ren-« dent que très-peu , en comparaifon des graiides dépenfes vju'elles exigent. ■■■'■ ( lit ■ 'I 11 ii: ■■'f'f *' f -. u DISCOURS QUINZIEME. Des matières nécejfaires pour traiter la mine d'argent : /avoir du mercure & du fel ; & des mines de ces deux matières, XjE traitement des minerais cl*argent demande deux matières efTentielles , qui font le mercure & le fel. Sans ces matières il n'y auroit point d'amalgame. Le mercure les réunit, &c'eftde-là que réfulte ce que nous appelions incorporation. Le fel les difpofe à recevoir i'impreilion du mer-* cure, en les purifiant de nombre de particules étrangères qu'ils tiennent. Outre le fel , on em- ploie encore d'autres matières pour le même effet , félon que l'exigent les différentes fubf- tances qui s'y trouvent mêîées. Ce travail n'eft pas néceffaire pour les minerais qui fe traitent par le feuj mais il y a peu de mines qui fe prêtent à cette opération. Le royaume du Pérou a fur celui de la Nou- velle-Efpagne l'avantage de poiTéder une mine abondante de mercure. A vèt égard, il n'a jamais dépendu ->c..o I ■ Discours quinzième; 337 (dépendu de i'Efpagne pour fes provinons nccef- iàires : en quelques occurrences il a même fourni laucre royaume de certaine quantité de ce demi- métal : ce fecours y étoit de (i grande impor- tance , que } fans cela , l'exploitation des mines y auroit confidérablement fouffert. La mine de mercure fe trouve dans le diftridb de Guancavelica , nom formé de Huanca vilca ^ mots particuliers à la langue des Indiens , & qui ibnt les noms de quelques-unes de leurs nations. Le mont où fe trouve la mine n'eft qu'à une lieue & demi du fiourg du même nom , qui fe trouve au pied : ceux qui l'ont vu & examiné , alTurenc qu'il a beaucoup de relTemblance ivec celui de Potofi. Mais la difpoHtion intérieure eil différente : celui de PotoH a certain nombre de bouches qui font les entrées d'autant de mines appartenantes a des propriétaires difFérens \ car les veines mé- talliques y font répandues par- tout , comme par ramiâcations. Celui de Guancavelica, au con- traire, n'a que quatre bouches du coté le plus haut , où s'élève la cime du mont , & trois ga- leries pour donner de l'air, & favorifcr l'écou- lement des eaux : non qu'il y ait des fources , mais il y entre des eaux en affez grande quantité par les écoulemens externes. Cette mine a peu d'étendue en longueur j elle Tome /, Y i.i 1 1 A\ ))8 DfscovRS confifte en un puits profond fans bure d'airage ; il n'a d'ucres ouvertures latérales que les bouches d'entrée dont j'ai parlé : il peut avoir 180 varas de tour , fur 60 de diamètre ^ la profondeur eft de 5 1 5 varas. C'eft dans cet efpace qu'étoient les minerais d'où Ton a tiré le mercure qm fit , dès l'abord » la proviitoA de ce royaume : on n'en trouve pas hors de ce puits. Il étoit autrefois très -abondant; mais, comme il a peu de di- menfion , il eft devenu une efpèce d'échafaudage intérieurement , vu le nombre des ais » des bandes , & des arc-boutans nécefTaires pour main- tenir la fpulle des terres, prévenir ainfi la ruine de la mine ; 6c qui ont pu échapper â l'aftuce des mineurs. Mais toutes ces parties boutantes diminuent de jour en jour, parce que c'eft de U qu'on tire principalement le mercure pour l'ufage ordinaire. Ce puits appartient à la Couronne. Ce qui contribue beaucoup au détriment de la mine, c'eft qu'elle a été cédée i des gens qui l'exploi' tentpar compagnie, la plupart deftitués de fonds; 6c à des étrangers qui fe retirent là pour rentet fortune , mais fans connoître le moindre prin- cipe nécefTaire à l'exécution de ces fortes de travaux. Le Roi leur paie tant , pour chaque quintal de mercure qu'ils livrent, & leur avance les frais nécefTaires pour commencer les travaux. La capacité de ce .puits, autrefois rempli , en w^- QUINZIEME. 539 grande partie , de mercure, ccoic alors un riche tréfor , ôc la mine n'en foufFroic aucune alté- ration : mais il n'en ell pas ainH aduellement ; le minerai n'a plus cette même richelTe. Le Bourg , qui eft alTez grand , fe foutient par les avantages qu'y procurent le mercure ôc le trcfoc royal. Les travaux s'y exécutent, comme dans les mines d'argent , par des Indiens m'uayos j ou obligés à leur tour, ôc par des gens libres ôc de bonne volonté, dont le nombre eft encore plus grand dans les deux claiïes. Le minerai eft au- jourd'hui très - pauvre , ôc ne rend par caxon que depuis une livre environ , jurqu'â a ^ ou ) livres , en réglant le caxon à (ix arrobes , ce qui fait une mefure différente de celle des caxons employés dans les mines d'argent. Les foibles rcdes qu'on apperçoit dans ce qui fub' (ifte des parties boutantes , rendent jufqu'à huit ou dix livres : mais lorfque la mine écoit dans toute fa richefle , on en tiroit jufqu'è vingt , trente livres par caxon. On appelloit cela métal d'Apunchao , c'eft-à'dire, félon l'Ijidien^ mi" nérai riche» On remarque encore ici la même circonftance dont nous avons fait mention , concernant la Ikproduâion du métal. On voit eni effet, à 1% fupecficie des endroits abandonnés depuis èo ou Yi I 'I V 4M ! h^ ' 1^1 ■■Il H M 540 Discours 80 ans, que l'on veut exploiter de nouveau, une croûte ou couche plus ou moins épailTe, dont la partie métallique eft très -riche : lorfqu'on a en- levé cette croûte , il ne refte qu'une pierre d'iin« nature métallique , mais qui ne contient pas de mercure, ou le peu qu'il y en a ne mérite aucune attention. Ceci donne lieu de croire que la qua- lité qui ie retrouve eft poftérieure à l'époque a laquelle on avoit abandonné la mine ; car ii on a quitté cette mine , ce n'a été fans doute qu'à caufe du peu de qualité qu'elle avoit alors. En efFet l'avidité du gain a toujours prédominé, Se l'on n'a jamais renoncé aux travaux tant qu'ils n'ont pas été infrudueux ": d'ailleurs , on n'aban- donne jamais une fouille quand la veine de minerai n'auroit que l'épaiffeur d'urie vara , ou environ ; & l'on a fait des fouilles très-profondes pour en tirer des minerais, qui, fans contredit, ti'avoient pas la qualité de ceux qu'on y ren- contre aâuellement. Si ce phénomène n'avoir lieu qu'en une partie de terrein , on pourroit regarder cela comme un effet de pur hafard : mais on l'apperçoit dans tous les lieux où Ton travailla autrefois , ôc même à des époques dont on fe fouvient a peine. On a donc droit de pré- fumer que la qualité eft poftérieure à ces tems-là, &' de nouvelle produdion ^ ce qui femble aufH prouvé par le peu d'épaiffeur des croûtes. Q V I N Z I s M s.' 341' La gangue où le mercuie fe fixe» efl: une pierre qui a un œil 6c un grain particulier. Lorfque cette gangue ne tient point de mercure y elle apprend au moins qu'en fouillant plus avant, ou en levant quelques croûtes , on rencontrera le cinabre naturel , qui eft cette même gangue dans laquelle le mercure & le foufre fe font réunis & incorporés. C'eft ce que nous appelions minerai de mercure > pour la diftinguer. de toute autre gangue qui n'en contient pas,& que nous ap- pelions de/monte j ou gangue Jlérile j femblable au fchite. D'après ceci , on peut conclure que quand le métal utile eût été tiré du minerai mentionné Cî-devant, celui-ci fut jette & abandonné avec les déblais qu'on jetta là des endroits voiHns. Les particules métalliques primitives qui confti« tuent le mercure s'élevant comme en vapeur du fond des fouilles , pénètrent les pores de la gangue abandonnée, qui eft naturellement dif- pofée à les recevoir , & s'arrêtent ainfî à la fu- perficie , n'ayant plus d'autre matière où elles puilfent continuer leur circulation. En s'uniiTant avec la pierre , elles en changent la couleur fombre, & lui en donnent une rouge plus ou moins vive , proportionnément aux molécules mercurielles & fulfureufes qui s'y réuniffent; de forte que la gangue ftérile fe furcharge de ces principes , & le cinabre s'y forme. Il réfulte de Y} H 4 ni II '' (I \ -/ 54* D I s c o V R s ces obfervations , que plus il s'eft écoulé de tenis depuis que ces déblais ont été abandonnés , plus la croûte que Ton rencontre tient de mercure. Les molécules mercurielles font quelquefois fî abondantes à Tune ou à l'autre partie de la gan- gue métallique, qu'elles n*ont pu y refter fixes & s*y incorporer : c*eft pourquoi on les trouve fous leur propre forme ^ de forte qu'en frappant cette gangue contre un corps dur , le mercure en tombe en petits globules , comme de la pigna d*argent lorfqu elle ed en pâte , & qu'on la prefTe, fans même y faire autre chofe. Les pierres €|ui contiennent du mercure fous fa propre forme , ont une couleur de plomb brillant , qui tire fur le rouge , & l'on y apperçoit des filamens fem- blables aux cryftallifations fines qu'on rencontre ordinairement dans les mines. On trouve parmi les déblais qui ont été fournis à l'aâîon du feu lors des anciennes exploitations , plufîeurs pierres qui contiennent du mercure. Cette circonftance a fût préfumer que la pierre où il fe trouve eft naturellement la matière ou le mercure fe fixe, comme on l'a dit à l'é- gard des mines d'argent. On compare , donc cette pierre avec l'éponge qui reçoit l'eau dans fes pores : l'air, dit -on, y dépofant les molé- cules fulfureufes & celles qui conftituent le uiercure, ces deux fubftances y contradent cette Q V I K Z I E M E.* 54) forte d'union qu'ils ont dans le minéral. Que cette opinion foit ^ lal, , ou que cela vienne de ce que la pierre n'avoit pas été totalement épuifée lorfqu'on en fit le traitement ,' il n'eft pas moins vrai que pludeurs mineurs ne s'oc- cupent qu'à recueillir Se à traiter ces déblais , Içrfque les fouilles ne répondent pas à leur ef- poir, & qu'ils tirent du mercure de ces ma- tières abandonnées. Si Ton ouvre les folfes profondes des mines ^qui s'étoient bouchées depuis long-tems avec les déblais, il en fort un air mortel qui tue fur. le champ ceux qui le refpirent. Cette vapeur préfente pluHeurs particularités remarquables : on l'appelle umpe. On ne peut reconnoître dans fa péfanteur & fon élafti^té, d'où lui vient cette funefte propriété. £n introdqifant avec art un baromètre dans une des foffes où il y avoit de cet air , on n*y apper-* çut aucune variation fenfîble; le metcure refta où il étoit , auparavant , dans une fôfle qui ne contenoit pas la même vapeur, & à la même profondeur. Cette vapeur méphitique agit fi promptement, qu'en y préfentant trois chan« délies , qui , jointes enfemble Se allumées , don- noient une grande lumière , elles s'éteignirent audi-tôt qu'elles furent approchées de la vapeur > fans même qu'on apperçut à la mèche qu'elles euffent été allumées : on n'apperçut pas plus d« Y4 V' . 1: ;} y h ■ *»'''' Ij-'J «»- ■ I iii..« wri'yagwfrra f544 .1^ I s c o u n $ variation au thermomètre ni aux autres Qualités de l'air, comme la féchereiTe , Thumidité , & autres , dont lodorat peut être afTeâé. Malgré cela, loifque les travailleurs ouvrent par hafard une ancienne fouille obftruée , ils tombent morts, Se la plus grande diligence ne peut les fauver. . Il ne faut même pas faire une grande ouver- ture pour être expofé à cet accident^ il fuffit de donner jour à la vapeur avec un coup de pic ou de pince en travaillant. Les ouvriers ont foin de ne pas refpirer en frappant ou piquant , lorf-^ qu'ils préfument être près de faire quelque ouverture. S'ils en ont fait une , ils y introduifent une lumière avec une perche , aufli ayant qu'ils peuvent j fi elle ne s'éteint pas , c eft une marque qu*il n'y a pas de méphitifme : mais s'il y en a, elle s'éteint, & la vapeur fe répand auiïi-tot dans tout l'efpace où cela arrive. Il eft fort difficile de rendre ralfon de cette qualité de l'air, laquelle ne paroît pas dépendre de fa pefanteiir ni de fon étafticité ^ mais on fait que cette vapeur fe reproduit , & a un mouve- ment par lequel elle pafle d'un lieu à un autre dans ce même air ; ce qui eft prouvé , en ce qu'elle fe manifefte inopinément où on ne l'avoit pas reconnue auparavant. On voit, au moment où Ion y penfe le moins , que les lumières s'é- teignent y mais alfez fîngulièrement. La âamme - < y. '■ I QUINZIEME. 54{ fe répare d'abord de la mèche avec beaucoup de vîcefTe , & , après s'être élevée , retombe fur cette mèche, ce qui arrive pludeurs fois de fuite; enfin elle en difparoît entièrement. La diftance à laquelle la flamme s'élève eft d'environ un huitième de varaj fans lailïer aucune marque de combuftion à la mèche ^ mais lorfqu'elle s'élève plus haut, c'efl: une marque qu'il y a beaucoup de méphitifme dans le local , & elle s'éteint au fécond ou troisième faut. Dès que la vapeur eft répandue à ce point, il eft impoflible de refler, fans rifque , dans cet efpace ; mais fi elle s'y ré- pand fubitement, on y tombe mort fur le champ. On apperçoit la propriété que cette vapeur a de fe mouvoir, en ce que tantôt elle fe tient dans les cavités où on la découvre, tantôt elle fe jette dans la galerie par où l'on eft entré, & s'y répand tous les jours de plus en plus. On obferve encore que fi l'on tient à la main une lumière dans un efpace où n'eft pas cette vapeur, ôc qu'on porte le bras dans l'efpace où elle eft répandue , la lumière s'éteint autant de fois qu'on l'y porte , après l'avoir rallumée avec une chan- delle que l'on tient de l'autre , mais dans un ef- pace qui n'eft pas méphitifé. ' Ceux qui fe font trouvés , fans y penfer , dans un efpace où s'étoit répandue cette vapeur à un degré fupportable , ont éprouvé une formication t ■ \ éi^l %\' li ■ - ,:^ ïA t m 1 i )|4(^ Discours f onfidérable par tout le corps , fur-tout aux extré* xnicés, à la face> à la tète^ de la furdité, des tintemens d*oreilles, une boufiffure aux yeux , qui fembloient leur fortir des orbites. Or , ce font-U. les mêmes effets qu'éprouvent les animaux dans la machine pneumatique. Comme on a voulu s'affurer (î les effets de cette vapeur avoient pour caufe une femblable rarcfaâion de l'air, voici les expériences qut ont été faites dans deux endroits différens, oh elle étoit répandue au point d'éteindre les lu^ mières. On mit donc un linge devant la bouche Se les narines d'un homme qui fe décida à y defcendre , & il alla y pofer le baromètre en re^ tenanc fon haleine : auflî-tôt il remonta. L'inflru- ment étoit a quatre varas en avant dans la vapeur. Cet homme alloit voir fî l'inftrument varioit ; ce qu'il pouvoit faire à la faveur d'une lumière qui étoit éloignée latéralement de deux varas de la vapeur. II obferva que Je mercure reftoit fixe i 17 pouces, une ligne & demie. L'inftrument re- tiré de-lâ , Ôc placé à l'air au même niveau , fît voir le mercure fixe à 17 pouces & demi, ce qui ne diffère que d'une demi-ligns. Or , cette dif* férence ne peut être affurément la caufe de la propriété meurtrière de cette vapeur. On fît la féconde expérience dans un endroic où la vapeur éteignoit pareillement toute liH QUINZIEME. '^J^f tnlère , dans la cavité la plus profonde de la mine appellée le Trou- noir. ( Hoyo negro ) Le mercure y refta Hxe à 1 7 pouces , deux lignes un quart : on y introduifit en même-tems un ther- momètre, & il ne varia pas du point où il ctoit fixe au- dehors. On voit donc que la qualité nui- (îble de cet air ne vient pas d'une grande raré- faction , ni de moins de pefanteur que celles de lair atmofphérique de cette hauteur : il n'y avoit xlans ces lieux-ci qu'une entrée, fans aucune autre communication. La manière dont on peut faire ufage pour difliiper ce gaz , efl: de pratiquer une autre ou- verture dans l'endroit où il réHde, de manière que l'air puilTe être mis en mouvement , car on a lieu de croire que cette propriété nuiHble ne vient que du trop long repos dans lequel il eft refté. Il n'eft pas facile de déterminer H ce défaut de mouvement eft ce qui lai ote fon élafticité totale ou partielle j mais cela nous apprend au moins que l'air contraâe dans cet état de repos abfolu, une qualité nuifîble a la vie^ &: lu promp- titude avec laquelle on la perd dans cet air en cft la preuve. Cette propriété fingulière de l'air n'eft pas in- connue en plufieurs endroits de l'Europe j on l'a reconnue dans des puits peu profonds , dans la Grotte du chien , en Italie. Mais la clôture ab« I iJf u i;^i II I il' ^^" % "I 1 I '{il '•?, ■; Il k if ; i*ii » 'fi 1^ I.' i.till ^WBt*^- Jî 54^ Discours fol lie des foifes n'eft pas ce qui peut feul donnéf cccce qualité a l'air, car il eft rare de trouver des puits où l'air ait cette propriété dangereufe : ce qu'on peut dire audi à l'égard des mines. Les endroits où ce phénomène fe fait fur-tout remar- quer, font ceux d'où l'on tire quelques riches mi- nerais , ou bien d'où l'on en a tiré. Il eft donc probable que les molécules des métaux qui y font contenus , donnent cette funefte qualité à l'air dans lequel elles s'exhalent. Il ne feroit pas im- poHible que la matière ignée , ou la matière cleârique , dont les molécules fe répandent dans Tair , foient abforbés dans les minerais , & que la lumière ne puifTe, pour cette raifon, fe main- tenir dans l'air de ces mines , où elle eft privée des particules nécefTaires pour l'entretenir 6c l'a- nimer : pour lors , les effets dont je parle auroient lieu fans dépendre d'aucun changement, ni dans la pefanreur , ni dans l'élafticité de l'air. On n'a pas remarqué que les travailleuçs fe trouvaifent attaqués du mercure dans cette mine, comme on le croit communément. Cet accident étoit plus ordinaire autrefois ^ on l'attri- buoit à deux caufes : premièrement à la plus grande richefTe de la mine; fecondement a la méthode de tirer le minerai de la fouille avec le pic ; la pouilîère ne pouvoir manquer de s'in- troduire dans le fang par la refpirationj & rea- ..v*^ *****•- *"*^.< ri i. Q U I N Z I 1 M E. 54^ doti ces gens malades. Ceux que le mercure at- taque aujourd'hui font en petit nombre , & ce n'eft qu*aux fourneaux , dans le tems qu'ils les chargent; car ils y entrent lorfque tout eft extrê- mement chaud : mais le minerai n'ayant plus cette richeffe ancienne, il e(l rar^ que les tra- vailleurs éprou>rent ces accidens. Quand l'un ou l'autre en eft pris , il a recours si un remède fort facile a faire, Se il eft bientôt quitte du tremblement de tous fes membres. Il pafTe, tout épuifé & extrêmement maigre, dans Tune ou l'autre des Quebradas d'une tempéra- cure chaude j là , il s'occupe à cultiver la terre proportionnément à fes forces; il fue beaucoup, & par le moyen de cette fueur , il poufle au- dehors le mercure dont il eft imprégné, 8c fe rétablit : bientôt il revient aux travaux en pleine fanté, fans même y être contraint. On a cru pendant certain tems que les mines de mercure étoient audi communes au Pérou que les mines d'argent. 11 parut en conféquence une Ordonnance , qui défendoit à qui que ce fût d'ou- vrir aucune fouille dani les endroits où les appa- rences faifoient préfumer qu'il y avoir du mer- cure ; le but étoit de maintenir les droits du Roi : mais au moment où l'on avoir le plus befoin de ces nouvelles exploitations , par le décroilTemenc de la mine de Guancavelica, on reconnue l'erreur. 41 h: ■1,; 'ilî '! $$e Discours. ôc le peu d'intelligence avec laquelle on avoit jugé de ces prétendues mines. Quelques peines que Ton ait prifes , en cédant à l'impulHon de la cu- pidité & à lappât de la matière , on a été trompé par-touc , & enfin convaincu que ce qu'on avoic pris autrefois pour des mines de mercure, étoic des mines de fer & d'autres matières analogues , dont la couleur étoit rougeâtre : ce qui fut prouvé par les efTais les plus exadfcs que l'on en fit. Les mines qu'on vint déclarer avoir été trou- vées en différentes provinces , celles du royaume de Chili, n'ont pas plus donné de marques de la préfence du mercure que les autres. La providence fe fait fans doute reconnoître vifiblemenc à cette rareté des mines de mercure. Cette matière , moins utile (|tie les autres fubf- tances métalliques par fa fiuidité & fon inftabi- iité , ne fe trouve qu'en peu d'endroits , en corn- paraifon des mines d'or & d'argent qui font ré- parties dans les différentes parties du globe. L'A- mérique a été la plus favorifée à cet égard , tandis qu'au contraire la mine de mercure s'y réduit a une feule ; elle fîiit la troisième de celles qu'on connoît fur le Globe j les deux autres font celle d'Almaden , en Efpagne, & celle de-Triefte dans le Frioul j s'il s'en trouve d'autres, elles font prefque inconnues , & de peu de confidération. Il n'y en a pas dans l'Amérique feptentrionale , »^ quinziimC )5r cù les mines d'argent ne font pas moins riches que celles du Pérou, comme le prouve la quantité qu'on en tire tous les ans. Le mercure s'emploie pareillement pour le traitement des mines d'or, quand ce métal eft en Cl petites parties qu'on ne peut l'avoir par la fonte, ou par le lavage. Depuis quelque tcms on s*en fert X Portobelo , où l'on a découvert des mines d'or, dans les montagnes voifmes. Selon l'opinion de gens intelligens , ces mines promet- tent de plus grands avantages , à mefure qu'on en poulie les travaux : mais, comme on n*y em- ploie pas de mercure, ces mines rendent peu, au grand détriment de ceux qui en font les maîtres. Les mines font pourvues de fel dont elles ont befoin, ou par celui qu'on tire de la mer, ou pat celui qu'on tire des mines mêmes de cette matière, félon qu'elles rendent plus ou moins , & félon le giflement des couches. Le fel eft pour ces ouvrages d'une très-grande épargne dans les dépenfes; au lieu qu'il coûte beaucoup à celles qui fe trouvent Fort éloignées. Il y a dans ce pays un avantage conHdérable à l'égard du fel : c'eft qu'il ne demande aucun travail ni aucune In- duftrie; il fe forme de hii-mème, ou la Nature le fait cryftallifer fpontanément , & l'on n'a d'autre peine que d'aller le prendre. La mer voiiîne da Oi f ,;, 'V. V iill 'P^ u\ I i M ïi^rfl' ■IL 1 1 1 J51 Discours diftrid du Bourg de Chilca , dc'pe. aant du Corréa'idorac de Cagnète j baigne , 1 marée mon- tante, des vallées formées par des éminences peu élevées , ôc laiiTc dans les fonds plufieurs lagunes dont l'eau e(l continuellement renouvellée. La qualité du fol donne lieu à la crydallifation du fcl qui y eft contenu j il y eil même fi abondant, qu'une grande partie du pays s'en fournit j mais perfonne n'a permiilion d'en tirer que les Indiens de ce Village , & ce font eux qui s'occupent de le tranfporter où il en faut. On trouve encore d'autres falines naturelles le long de ces cotes. La partie haute du Pérou , qui paroît être comme un dépôt de minéraux formé par la Providence , a aufli des mines de Tel où l'on obferve la même difpoHtion , la même ilruâure que dans les mines des métaux ^ on y a pratiqué des entrées régulières , & l'on y trouve le fel en blocs durs. Se continus comme la roche. On le décache avec des pics , en ma(Ies de certaine grof- feur , proportionnée à la force des animaux qui doivent le tranfporter aux villages & aux fon- deries. La forme extérieure de ce fel en impofe au premier afpeéb^ car il reifemble à une pierre de couleur violette fombre, parfemée de rayons jafpés. On ne le vend pas au poids ni à la me- fure, mais par maffes : or, ces maifes diffèrent peu entcelles. On trouve de ces mines de fel prefque Mi e encore quinzième; 55^ prefque par-couc ces pays : ce qu'il y a de plus iingulier à remarquer, c'efl: fon excrème dureté , fa couleur, & qu'il foie dans ces monts, auHi hauts que ceux ou gilTent l'argent où le mercure : ce qui ell fans doute crès-furprenant. Il ne faut pas omettre ici que les richefTes , ôc fur-tout l'or dont on tira une Ci grande quantité de rifle de Saint-Domingue & de Cuba, dans les tems voiiins de la conquête, ne fe trouvent plus que très -rarement : on ne voit plus dans Cuba que des vertiges d'anciennes mines , qu'on ne connoît aâuellement que de nom. Il y a près de la Havane , du côté de fiacuranao , des monts peu élevés , où l'on rencontre un endroit qu'on appelle la mine. Il y en a réelle- ment une , mais elle n'eft pas en valeur , 6c ne paroît pas l'avoir été depuis long - tems j ce qui eft commun aux autres. Cependant on fait qu'on trouve de l'or en pondre -Ôc en paillettes , en la- vant les fables du petit ruifleau à' tfcambray ^ qui eft à trois lieues de Sainte-Claire j dans flT Commune de Manicaragua, On en dit autant de quelques autres ruiffeaux de la Jurifdidfcion de la Trinité i & de ceux qui font du côté de la Ville de Holguin, Mais tout ceci n'eft rien en comparaifon de ce qu'on rapporte dQS richefles anciennes. Ce qu'on en trouve adluellement à Saint Domingue n'eft pas plus confidcrable , & Tome I, Z jf: i f ?54 Discours quinzième. Ton peut en dire autant de tous les lieux d'où l'on tira tant d'or, à l'époque de la découverte de ces vaftes contrées. Les François préfumant que la Louyfiane avoit le même fol que celui de la Nouvelle-Efpâgne , s'y tranfportèrent pour y former des habitations , aux dépens de la vie d'un grand nombre de per- fonnes qui y périrent dès l'abord : mais l'efpoir qu'ils avoient d'y trouver des mines d'or ik. d'ai- gent fut trompé j & , malgré les reines incroyables qu'ils prirent , ils .ne trouvèrent que quelques mines de plomb & de cuivre du côté des Ilinois, I V i! S 1^,' > f E M B. les lieux d'où la dé ecouverte -ouyfiane avoit ï ^elIe-Efpdgne , )s habications, )mbre de per- : mais l'efpoir is d'or & d'ai- les incroyables que quelques )té des Ilinois, i i'. î DISCOURS SEIZIEME. Des Fojjiles ^ & particulièrement des Pétrifications, L iEs hommes ont toujours regardé comme une de leurs principales occupations , la connoif- fance du pafFé , fondée fur les témoignages les plus fenfibles : plus las objets leur ont paru éloi- t^nés dans l'antiquité , plus ils ont fait d'efforts '<. de recherches pour arriver au but. Animes par ce defir , ils n'ont omis aucuns foins , & leur confiance a le plus fouvent triomphé à^s obftacles. De nos jours, ne voyons-nous pas des gens de différentes nations parcourir \qs deux hémifphères, pour examiner d'abord les faits confacrés dans l'hiftoire des tem.s connus, & ne négliger en- fuite aucune région pour y faire de nouvelles découvertes , & augmenter la maffe de nos con- noiffances. On a mis à contribution tous les mo- numens de tous les genres : roches , cippes , co- lonnes, ruines , médailles , entrailles de la terre, débris d'animaux, de végétaux j couches de terre, Z 1 ) i: m ' ï,l 55<> Discours leurs efpèces, leur varictc , leurs rapports, leurs diflcrences dans legiffement, la couleur, le mé- lange , tout enfin a fetvi à étendre la fphère de la raifon humaine , & à lui donner au moins quelques apperçus concernant la ftrudure , l'an- tiquité ôc les révolutions du Globe. Peifonne n'ignore que les chbfes font dans une révolution continuelle , & qu'elles ne montent au plus haut point que pour en defcendre alter- nativement avec autant de célérité , & arriver enHn au terme de leur ruine. Ces révolutions en prouvent fans doute alfez l'inftabilité. Les em- pires les plus fameux ont difparu , comme une fumée qui fe diiîipe dans l'air : il ne refte plus rien de ces villes immenfcs Se faftueufes de l'an- tiquité : leurs marbres , leuis bronzes mêmes fe font anéantis , leurs fondemens femblent n'avoir été qu'un jeu de l'imagination, une pureillufion. Les Nations qui les habiroicnt font encore moins connues actuellement fur la furEice du Globe : ce Globe ne préfente pas plus de ftabilité dans fes parties individuelles j tout y travaille, tout y agit; une matière attaque l'autre, la fibjugue, fe l'approprie , l'abforbe totalement. Ces monts énormes , dont la mafle effraie , & qui paroilfent hors de toute atteintes, n'éprouvent pas moins le pouvoir des années , des altérations infeniib^es, ôc quelquefois très-fubites : leurs cimes, ou s*é- \"i SEIZIEME. 557 croulent par parties , ou r.'afFaiflent fur leur propre bafe. Les rivières changenc de cours , ou difpa- roilfent, deviennenc moins profondes , forteiic de leur lit , couvrent des plaines , y forment des lacs. La mer même quitte une contrée pour fe jettcr dans une autre , où elle engloutit tout , abforbe tout. C'efl: ce que prouvent lei plages abandonnées , le3 golfes , les promontoires ac- tuellement éloignés de Ka merj les Ifles, dont les unes difparoiiïent foit en tout, foit en partie, ou qui paroiiïenten s'élevant fubitement du fein des ondes j ces côtes immenfes , où les arbres pétri- fiés, les oflemens innombrables d'hommes & d'animaux , attellent les anciennes révolutions. Tel eft donc le cours ordinaiie des chofes , le pouvoir du tems , & l'effet des vicilîitudes con- tinuelles de la terre. Ces révolutions , qui fe préfentèrent par-roiit , ont porté l'homme curieux à connoître ce <]iû s'eft paflc de plus remarquable dans le !iionc\^ , afin de s'inftruire exadtement de fon état pri-. mitif, & de fuivre , s'il éroit poûiblc , depuis cette époque jufqu'n nos jours , la chaine des évènemens qui ont laiffé le Globe dans fon état actuel, après avoir paflfé fuccefîi/ement d'un de- gré à l'autre. La raifon n'a pas ttc fatisfaice des détails que l'antiquité nous a tranfmis, foi»- que Tenfemble en fût trop borné, foit qu'on n' • vit lit' \r Mi ■' ■■ I ■ !(^ n \ M M' f$^ 358 Discours pas îifTez de clarté, foit enfin qu'on ait eu lien de prcfumer que les traditions ;ûent été altérées par des récits fabuleux , dans lefquels le faits véritables ont été obfcurcis. D'ailleurs, on veut être convaincu par des preuves fenfibles, qui dif- fipent les doutes réfultans de ces anciennes tra- ditions. On a donc cru devoii s'en tenir aux traces qu'on appercevoit fur le Globe , & qui pouvoient devenir une route aflurée pour ne pas s'égarer au milieu de ces révolutions. Je ne parlerai qu'en palfant de la générofîté avec laquelle le Roi de Danemarc a envoyé plu- fieurs favans de fon royaume en Afie, pour pafTer enfuite en Afrique, ôc s'iiiftruire dans ces parties de la terre , des diflrérens points d'antiquité qu'il leur avoir été prefcrit d'examiner. C^ articles formoientun volume i/2-4"., même aflezconfidé- rable. Pour augmenter ces richelTes, ôc lès rendre plus importantes, on avoir invité les académies & les fociétés favantes de l'Europe à propofer les queftions qui leur paroiffoient mériter d'être éclaircies , pour être remifes a l'examen des voyageurs. Cette expédition , dont tcus les favans attendoient la réuflîte, n'a malheureufement pas été conduite à fon but, par la mort des favans voyageurs : un feul échappa au danger , à l'in- tempérie des climats , ôc foutint avec fuccès les fatigues du voyage. Malgré ce contretems fi il ' SEIZIEME. 359 fâcheux , on a été fatisfait , à certain point , des réfultats qu'on a eus , quoiqu'il y ait lieu de croire qu'on n'ait pas acquis tous les éclaircilîemens qu'on defiroit. Plufieurs particuliers ont entrepris d'eux-mêmes de faire des recherches dans l'antiquité , & les ont communiquées au Public. L'envie de s'inf- truire leur a fait braver les peines , les incom- modités , les dangers des voyages. Les Indes Efpagnoles n'ont pas été dans le même cas que les autres parties du Globe , & cela pour deux raifons : la première , c'eft -que ce font des contrées connues depuis peu j la féconde , c'eft qu'on n'en avoir abfolument au- cune connoiflance avant la découverte du quin- zième fiècle , & qu'on ne peut citer aucun Au- teur ancien qui fourniire le moindre éclaircifTe- mentfur les particularités de ces contrées. Comme elles font totalement féparées des trois autres parties du Globe, au moins, félon ce cu'on en a fu jufqu'ici , elles n'eurent ai.cune part aux grands évènemens qui fe pafsèrent fur les autres, depuis le renouvellement total de la terre après l'époque du déluge, ôc elles reftèrent abfolument libres pendant une longue fuite de ficelés. L'époque la plus reculée qu'on connoifle des évènemens qui s'y font patTés , ne remonte pas plus haut qu'au premier des treize Incas , à l'égard Z4 ^ ti I '■ i, % 1 :■ II 1 'M "Il M •'M rt;. t: .•iÊseJrï-i*!*,-, kw: i^ f<5'o Discours du Pérou , où cette famille régnoit au tems de la découverte. En donnant donc 30 ans de règne à chacun de ces Rois , lepoque ne remonteroic pas à 400 ans, mais à 590. Si l'on déduit cette fomme de 1525, année de la conquête, on aura 1135 pour l'année de l'Ere chrétienne, à laquelle jremonteroit la première date des évènemens connus dans le Pérou, c'eft-à-dire actuellement à fix fiècles & demi environ. On voit donc que tout a fubfifté dans ce pays comme dans un cahos , où l'on ignore abfolu- nient ce qui s'eft paffé parmi les habitar'?, pen- dant le long efpace de plus de quatre mille ans, 11 faut encore obferver que ce qu'on dit des quatre premiers Incas n'eft fondé que fur la tra- dition des Quipos. On n'a donc que très-peu de connoilfance fur ces pays, ni aucun indice qui puilTe en faire appercevoir même confu£ement les anciennes révolutions, La réforme totale de l'ancien monde , & fon renouvellement complet opéré par le déluge univerfel , fut comme une féconde création : à peine exifte-t-il une Nation qui n'en ait confervé certaine idée , quelque confondue qu'y foit la vérité avec le menfortge. Les peuples les plus barbares que l'on connoiife , en ont une notion obfcure. Quant aux Indiens de l'Amérique, plu- sieurs Auteurs aiTiirent qu'au tems de la conquête , 11 virr~« *M*i^^> SEIZIEME. ^6l il fe trouvoit encore chez eux quelque tradition de ce grand événement, quoique très- altérée & très-obfcure j mais il ne refte plus à préfent chez eux la moindre idée qui puifle donner lieu de croire que cette tradition y exiftoit alors. Conquis ou non conquis , civilifés ou fauvagcs , ils n'en ont pas la moindre notion; c'eft fans doute l'effet de rindifîérence avec laquelle ils envifagent le cours de la vie, comme je le dirai ailleurs. Ainft ils ne favent ce que c'eft que ce déluge , quels en ont été les horribles effets ; ils ne font même pas capables d'y rien comprendre , quand on le leur expliqueroit. Ceci n'eft pas étonnant dans des peuples qui n'ont d'autres notions que celles de la vie purement animale , & le fouvenir feul des Incas leurs anciens Souverains ; époque la plus reculée à laquelle remontent les idées qu'ils peuvent fe former àes anciens tems. Les Hifloriens & les Antiquaires fe font parti- culièrement occupés des recherches relatives aux preuves qu'on pouvoir avoir du déluge, de ma- nière qu'on ne pût les confondre avec les fignes des révolutions poftérieures à cet événement. Or, ces preuves fe font préfentées en fi grand nom- bre , qu'il n'elt plus po/Tible de les compter. On a tire des cimes les plus hautes du Globe , & même de leurs roches les plus dures, des poifTons matins qui y étoient enclavés & pétrifies dans f. V h I - '»i •t '.'■Mi"" VÏI-tifvJ 5^1 Discours la maffe du rocher : pluHeurs de ces poifTons étoient confervés dans un état où l'on remarqiioit l'épine du dos & la têtej le refte du corps & les écailles y paroKfoient encore dilliiidtement, même avec le poli qu'elles ont fur l'animal vivant. On a de même trouvé dans ces montagnes des co- quilles pétrifiées de diverfes efpèces , les mêmes que celles qui croifiTent dans la mer, & diffé- rentes en tout des coquilles des limaçons de terre & de moules de rivières. Ces roches ont aufli préfenté des madrépores , des coraux rouges & blancs , & toutes les efpèces de plantes cou- nues comme des produits du fond des mers. Or , ces produits difFérens étoient renfermés dans le cœur de ces pierres : il faut donc c]u'ils y aient été portés dans des circonftances bien différentes de l'état aduel du Globe. Les montagnes de la partie haute du Pérou furpaflent , comme je l'ai dit dans le fécond Difcours, toutes les cimes les plus élevées du Globe. On n'a pas examiné ces premières comme les autres , c'eft pourquoi l'on doute encore li l'on y trouveroit les mêmes lignes de la préfence des mers , vu que ces monts font d'ailleurs peu fréquentés par des perfonnes inftruites. On re- connut la partie qui s'étend dans le royaume de Quito , lorfqu'on mefura les degrés du méridien , pour déterminer la figure de la terre. Mav; SEIZIEME. 36 J quoique ces montagiu ; aient été parcourues à cette occafion, l'on n'y découvrit aucun veftige qui pût faire juger que les eaux s'y étoient por- tées. Comme l'efpace que l'on traverfa eft de c)o lieues d'étendue, en commençant un peu au Nord de l'Equateur , pour fe rendre au Sud de la ville de Cuenca , on préfuma que la haute partie qui s'étend dans le Pérou ne préfenteroit non plus aucun figne de la réfidence des eaux dans ces contrées. Si cette conjecture fe trouvoit bien fondée, ce feroit une circonftance particu- lière à un pays d'autant plus remarquable , que ces hautes cimes qui fe prolongent depuis l'ifthme de Panama jufqu'au détroit de Magellan, com- prennent un efpace de 60 degrés du Nord au Sud , c'eft-à-dire la fixième partie d'un grand cercle de la fphère. On a trouvé des mines , ou autrement des amas prodigieux de coquilles , dans des monts un peu hauts des contrées voifine.? de la Conception, au royaume de Chili ; mais ces monts ont à peine la feptième partie de l'élévation des hauts terreins du Pérou. Les coquilles trouvées à cette hauteur médiocre ne prouveroient fans doute pas qu'il y en a dans les autres cimes. D'ailleurs, celles qui fe voyent au Ciiili ne font ni pétrifiées, ni unies aux roches de manière à ne faire qu'un corps avec la pierre. Elles font détachées dans les I i H i > I I v m ^^4 Discours couches qu'elles compofent, & qu'enferment de tous côtés des terres, différentes entr'elles ftlon la qualité du fol. Mais CQS doutes ont été entièrement dllTipcs par les pétrifications de la partie haute , & qu'on a obfervées dans les monts voifins de Guanc.\- velica, même dans celui où efl: la mine de mer- cure. On en voit U en quantité, & de diverfes efpèces. Ces coquilles prouvent donc qu'il doit y en avoir dans les autres parties hautes de cos vaftes contrées. On voit dans ces montagnes-là des coquilles entières pétrifiées & enfermées au milieu de la roche , que les eaux de pluie mettent à découvert. Ces coquilles font corps avec la pierre : mais , malgré cela, on remarque que la partie qui fut coquille fe diftirigue par la couleur , la ftrudure , la quûiité de la matière , de tout autre corps pier- reux qui l'enferme , & du maflîf qui s'eft fixé entre les deux écailles. Auffi reconnoît-on chaque chofe diftinârement, en rompant ces pétrifica- tions , fans pouvoir même fe tromper , fii fe faire la moindre illufion. La plupart de ces coquilles font de l'efpèce df.s hlvalves. Quant à la grandeur, elles varient : on en trouve qui n'ont pas un pouce de long, d'autres qui ont depuis un pouce jufqu'à quatre dans leur plus grande longueur, fur trois & demi de large j d'autres tiennent un milieu rment de lies fclon t dilîîpés & qu'on Giianca- de nier- diverfes [u'il doit s de cos coquilles eu de la kouvert. : mais , ) qui fut rudure, rps pier- eft fixe chaque étri fi ca- fé faire Dquilles mdeur, pouce jufqua iir trois milieu SEIZIEME. ^6$ encre ces dimcnfions. Les plus petites ont , en général, une figure convexe, fans aucune diffé- ren.e entre les deux écailles. Les autres font de l'elpèce qu'on appelle communément coquille du pèlerin , ayant une écaille convexe & l'autre plane : toutes ont des ftries , 6c même droites , qui s'eiigrainent les unes dans les autres au bord des deux écailles. Ces coquilles nous montrent qu'elle 'nt fouf- fert du mouvement ou de la violei. agitation des eaux qui les ont fait heurter les unes contre les autres j car on en trouve dont les deux écailles n'étoient plus exadtement articulées , quoiqu'elles fe trouvent clofes j l'une furpaflTe les bords de l'autre , les ftries ne fe rapportent pas. On voit donc par -là que l'attache lendineufe, qui les joignoit à leur articulation , a éprouvé un relâ- chement d'où eft venue cette irrégularité ; la preilîon inégale qu'elles éprouvèrent delà matière avec laquelle elles s'incorporèrent en durciffant après la mort de l'animal , obligea une écaille à glilTer un peu fur le bord de l'autre, autant que le tendon relâché put le permettre. Mais les deux écailles fe trouvant complettes, on peut en conclure que l'animal étoit vivant lorfque la matière qui les enveloppoit s'eft durcie j car il eft naturel que la coquille s'ouvre dès que l'animal eft mort , pviifqu'ii ne pencplus les tenir I .11 1* ^f- J y IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) k :/. C/a m !.0 ^Kâ I l.l 2.5 u m Ii25 il 1.4 — 6" I I.Ô V] ^ /; ?^> V %>^ # ^ r Photographie Sciences Corporation 23 WEST MAIN STREET WEBSTER, N. Y. 14580 (716) 872-4503 «p ^ iV \\ .A V \, ^66 Discours ferrées l'une contre l'autre. Elles ont donc ctc enlevées des abymes de la mer, de jettées fur CCS hautes éminences lorfque l'animal étoit vi- vant : or , il eft refté tel , tant que la matière de la roche a fubfiftédans un état de liquidité j mais aufli-tôt quelle a commencé à fe durcir, l'ani- mal mourut, parce qu'il fe trouva privé de la nourriture dont il avoir befoin j d'ailleurs , il ne put ouvrir fa coquille prelfée de toutes parts : il s'eft donc pétrifié avec tout ce qui l'environnoit, fans pouvoir fe dégager. La matière lapïdifiquc où fe trouvent cqs co- quilles n'eft pas la même par-tout : on en voit de couleur noire, d'un grain très -fin, dure & pefinte à proportion : l'autre eft d'un gris cendré obfcur j moins dure & moins pefante que la première. Qn remarque aulîî une pierre blan- châtre , poreufe j variétés qui réfultent de la na- ture des roches , ou des montagnes au centre defquelles elles giffenr. 11 s'en trouve encore dans des rochers (idurs, qu'ils réfiftentà l'acier : voilà pourquoi on ne peut les avoir entières. Mais on voit , en entamant la roche , que la coquille SiC la pierre n'ont pas formé d'union parfaite j en effet, après des coup de pics réitérés, la pierre fe fépare, pai:oîc avec fes ftries dont elle laiife rempreint« dans Tenveloppe qui l'enfermoit. Outre.ks efpèces de coquilles dont je viens donc ctc nées fur aoit vi- atière de itcj mais ir, l'ani- vé de la rs 5 il ne parts : il ronnoic, t ces co- I en voie dure ôc is cendré e que la re blan- ie la na< II centre ore dans ;r : voilà Mais on [uille Se airej en a pierre le laiUe moic. e viens SEIZIEME. 5^7 de parler, il s'en trouve encore nombre d'autres : ce font des univalve^ planes , de la clalfe des fongusy ou champignons. Les ftries partent d'un ponu qui n'eft pas précifément au centre du contour j elles font trois ou quatre courbures op- pofées les unes aux autres , & qui arrivent ainfi jufqu'au bord , formant la figure S rcitcrce plu' Heurs fois. La grandeur de ce.s coquilles varie : les plus grandes ont cinq pouces de diamètre dans leur plus grande dimentîon, & forment une efpèce d'ovale : l'cpailTeur eft d'une ligne environ. Elles font , comme les autres , diftinguées de la pierre où elles giflent , & s'en féparent lorfqu'on la brife, laiflantles marques de leurs ftries entières, comme n'ayant jamais fait corps, ni formé une linion parfaite avec la roche. Si l'on fait attention à la hauteur extrême à laquelle ces montagnes s'élèvent au-deflus du ni- veau de la mer, & au giflement de ces coquilles qu'on trouve dans les roches dont le centre de ces monts eft formé , on doit en conclure que ces mafles n'étoicnt point pierres^ lorfque les eaux y déposèrent les coquilles, & que la dureté en eft bien poftérieure \ car la matière a dû être très-liquide pour pénétrer fans obftacle dans l'in- térieur des coquilles. Or , la matière qui eft ac- tuellement la plus dure , la plus pefante & la plus ■ l t - ' U I ' 56S Discours compare ayant été fluide, il faut que les parties qui font moins dures & les plus légères, aient au (Il été fluides , & que par une conféquence nécoifaire , tous ces hauts terreins fe foient aufli trouvés dans le même état. Mais il fe préfente une diflîculcé aflez Hngu- lière, fur l'état fluide de la matière de ces mon- tagnes pendant les premiers tems qui ont fuivi le déluge. Ces montagnes ont- elles pu prendre alors cette pofîtioii élevée , au lieu de fe rabaifler au niveau des autres parties applanies fur lef- quelles elles dominent ? On peut répondre à cette objection, en difant que l'intérieur , ou ce qui forme le noyau de ces monts énormes, n'a pas éprouvé les grands changemens qui font arrivés aux parties les plus proches de la fuperficie, aux- quels elles fervirent de bafe pendant leur fluidité; qu'enfuite ces n<^yaux ne firent plus qu'une mafle folide avec les couches fuperpofées ; enfin que ces parties fluides ne furent pas forcées de s'ap- planir au niveau des bas pays. On ajouteroit que ces hautes éminences ne fe font divifées en Que^ bradas d'une vafte pro(pndeur , qu'après avoir été long-tems des terreins à-peu-près applanis , & avec certaine uniformité dans laquelle fe font main- tenus les terreins qui forment aduellement des cimes , ifolées par ces profondeurs, qu'on doit regarder comme l'ouvrage du tems ôc des dégra- dations. les parties tes y aient nféquence oient audi (Tez fingu- ces mon- I ont fuivi m prendre e rabaifler îs fur hf" dre à cette >u ce qui s, n'a pas •nt arrivés ficie, aux- r fluidité; une madè enfin que de s'ap- eroit que en Que' avoir été s , & avec >nt main- nent des u on doit es dégra- dations. \^ s B I Z t E M E-." 1(5"$ dations. C'eft ainfi qu'on peut entrevoir , avec quel- que probabilité , comment les coquilles marines fe font enclavées dans les roches , & comment la matière fluide s'eft foutenue fur les noyaux qui ont fervi de bafe à ces monts énormes , dont la chaîne s'étend à plufieurs centaines de lieues dans la partie élevée de l'Amérique Méridionale. Il étoit naturel qu'il s'arrêtât beaucoup de co- quilles dans les couches qui font à la fupecfîcte de ces montagnes , comme il s'en étoit fixé dans les couches intérieures : mais celles de la fuper- ficie étant moins retenues , furent les premières à revenir à leur centre , c'eft à- dire à la mer : voilà pourquoi l'on n'en voit prefque pas d'ifolées ou de répandues çà & là fur la furface de la terre , & fans cire pétrifiées. Les coquilles pétrifiées qu'on trouve dans les rivières où elles font entraînées par les terreins, prouvent que les monter es fouffrent des diminutions , malgré la dureté «ie leurs mafles. On trouve ces coquilles ou totalement f parées de la roche qui les renfermoit , & avec toutes leurs ftries intaâies ; ou avec un fragment de pierre qui montre en quelle roche ^lies fe font pétrifiées. Ces dégradations des montagnes font les effets des pluies , de l'aftion des rayons folaires , des gelées, des neiges; effets qui divifent les bancs de pierre , 8c en détachent ces coquilles plus ou moins facilement, à proportion, que'Ues y fpi^c ;,: Tome J^ : .. ... A * ■s il f. € ! \^ I « I iaacE.flip»Eles ■i»»»»?'.*» *t a— iiM ■S*^" '// 370 Discours moins retenues. Elles fuivent les eaux qui les cha<^ rienc jufques dans les rivières, fans lailfer Aucune trace de leur première rcddence , à moins qu'elles n'aient été d'abord fixées comme on le voit à la Con- ception, dans le Chili, où elles giflent fous une couche épaiife de terre. L'on peut déterminer quelle en étoit la maffe dans les tems voifins du déluge. Une autre preuve auffi fenfible de la préfence des eaux fur ces vaftes éminences , & de la Huidité de la matière extérieure de la terre , eft ce nombre confidérable de concrétions de diverfes efpèces de pierres qu'on trouve dans les ban», 374 Discours La peuplade de Paucara cH une de celles de la paroiife d'Acobamba, dans la province d'Anga- racz , qui reffortii; à Guancavelica. Le climat eO: un des plus froids de ces contrées j car il n'y vient aucun grain. Les grandes chaînes de montagnes s'y divifent, & lailfent entr'elles un efpace alfez étendu pour former une plaine, où l'on voit des terrcins inclinés en forme de baffes collines. C'efl; dans cette plaine qu'on rencontre des pierres cparfcs de ditfcrens côtés , en forme de pyramides rondes, taillées en perfection, & toutes d'une pièce. La hauteur varie : il y en a de dix varas , de huit, & de moins hautes j la fupcrhcie en cft bien égale, polie-, elles fe terminent en pointe : un très- petit nombre fe trouve tronqué à la bafej ce qui , fans doute, eft dû à l'aâion du tems. On ne peut guères en alligner le nombre y elles font reparties fur la pente de ces collines, fans qu'on apperçolve aucure autre pierre dans leur voifi- nage. l a couleur en eft blanchâtre j mais on n'y voit ni éclat ni fente : quelques perfonnes ont penfé que c'étcit un ouvrage des Indiens , ne pou- vant pas fe perfuader que ce fut celui de la Na- ture , tant cela leur parut fingulier. Il eft réelle- ment bien difficile de concevoir quelcbjet la Na- ture s'eft propofée d'imiter , pour avoir laiffé dans l'cTpace de cette plaine des ouvrages (î admirables, & dont la forme eft fi parfaire, & que d'ailleurs elle ait eu delTein d'y dépofer les modèles que les de la d'Anga- limat eft l'y vient 3ncagnes ice aifez voie des es. C'eft pierres ramides îs d'une c varas, ie en cfl: pointe : la bafe ^ ^ms. On les font is qu'on r voifi- on n'y nés ont ne pou- la Na^ ; réelle- la Na- fé dans râbles , ailleurs es que SEIZIEME. 37 J l'art auroit à imiter un jour dans les pyramides que les Egyptiens ont élevées pour s'immorcahfer. D'un autre côté, le grand nombre de ces pyramides fait croire que c'eft l'ouvrage de la Nature : comme elles font toutes d'une feule pièce ôc d'une pierre très-dure, on en peut pren- dre occafion de réfléchir fur celles que les Egyp- tiens ont élevées , & dont l'idée pourroit avoir été héréditaire parmi les premières familles qui ont vécu peu après le déluge. Si au contraire on les croit faites de main d'hommes , on eft obligé I ■1- ■i M •} ij TABLE DES CHAPITRES. Disc. VI. Des productions végétales des d'iffé- rens ter reins , 115 Disc. VIL Des animaux 3 & de leurs particula- rités j ' M 5 Disc. VIIL Des particularités relatives aux vo- latils ^ 187 Disc. IX. Des Poijfons les plus remarquables de l'Amérique ^ loi Disc. X. Des Lacs ^ des Rivières ^ & Notice fur ce quil y a de particulier ^ 218 Disc. XL Des Maladies particulières aux cl^ mats , & comparai/on de ces Maladies j 240 Disc. XIL Des Minéraux , fur-tout de l* argent & de la manière de le tirer ^ i6^ Disc. XIII. Continuation des détails relatifs aux métaux j & des caijfes où l'on diftribue le Mer" cure j 28^ Disc. XIV. De Vétat actuel des Mines y & du traitement par le feu ou par le Mercure , 307 Disc. XV. Des matières néceffaires pour traiter la Mine d'argent : /avoir , du Mercure & du Sel ; & des Mines de ces deux matières , 3 3 (> Disc. XVI. Des fojfîles j & particulièrement des pétrifications, 355 Ë R R A T A. Çag. % t lign. dernièie » ce font , lifct ce dont^ les dijfe'' lanicu/a- y aux vc- 187 juables de loi & Notice 218 i^5 j 240 de l'argent i6() elatifs aux me le Mer- lU & du 307 our traiter xure & du ères ,35^ ulièrement 355 es , ure , e dont* îlJ r TABLE Des principales matitres contenues dans ce premier Volume, A BriLLEa : leur multiplication dans Cuba, P. i8< Âfccllon tic poitrine , particiiliàc aux cnfans des Blancs , pendant les premiers mois , z; j Air : Ci dcnfîté modère l'effet des rayons folairoî , j I» ' fcs qualités particulières , félon les conrjx'cr , ^^-6^ ■■ « effet de fa fubtilité & des gelées au Pérou fur tous les corps, 1 1 1--1 1 Ç A/oi d'or & d'arjçcnt ; comment on le fixe aux caiffes les, • . 314 Alpac y 154-1^8 Amérique Méridionale : fon étendue , pofition de fes ter- reins , différences de fes produits, 19-2.J ■I Méridionale : fa partie haute habitée j grada- tions de fes terrcins , ^ij-ij ■■ Méridionale : comment fes parties haute & baffe fe différencient des autres parties du globe , — — Méridionale ; élévation de fa partie haute , . divifion de fes terrcins en deux parties , Anchois , Andes , Angarae:^ : ( Province de ) état de fes Mines , I I fingularitc de cette Province , Animaux du Pérbu , & leurs particularités , Apolaehes , Apoplexie rare au ^érou , 17 37 44 47 }08 ^9 M? 47 161 1 I' V.-. ti !i1 tîb z i'' '•\< :\ iV TABLE Argent : cft comme le patrimoine du Nouvcau-MonJe ; l'o ■ lieux particuliers ou giflent fes Mines, %-j$ •—- . droit qu'il doit au Trcfor Royal , 195 ■ ccat aducl des Mines du Pérou , 198 » tire par le moyen du feu , devient une perte pour les caiflcs refpcftivcs , }c; ■ procédés des anciens Indiens pour en extraire le Minerai, }io ■ fes Mines aé^uellcmenc aufll abondantes qu'à la fin du fiècle précédent , 311 ». aux dépens de qui il fe tire des Mines , 315 j4Jihme fréquent dans la partie haute du Pérou , z^6 Aviador , 315 Bagrc : PoiiTon , 10 j Baleine commune dans la mer du Sud & entre les Tropi> ques , 101 Barbudos : Poiflbns , 116 m m. fa grofleur , 103 ■ ■■ fa tcte couverte de coquillages j comment elle prend fa pâture ; fes ennemis j fon combat j fes jeux j fon haleine fétide - fes produits, zoi^ioS Barbe Efpagnole : 148 Bête rouge : 173 BécaJ/tne : oiCeAn , 197 Boba : gros ferpent, 171 Bœuf fauvage , 1 67 Bois pétrifié , & autres concrétions dans les roches du Pé- rou , 371 Borgne: Pont-Chartrain , Maurepas , lacs, zio Caijfes Royales : lieux réfcrvés pour les fontes j ce iment on y procède, 324 Californie , 44-45 V «MfclLU u-Mon 19J perte pour JCJ extraite le }io es qu'à la 312. Z4tf 109 : les Tropi- xot Xl6 liment elle fes jeux j 148 I7Î 197 171 167 lesdu Pé- 37^ ce imcnt 5^4 44-45 D E S M A T I E R E S. v Commaron , x\6 Carangas : Sa caifTe ; argent qu*on y a fondu , j 10 Cjftro-yerreyna : (Province de) décadence de fes Mi- nes, 307 Caxamalca : Chacapoïas j leurs caifTes j état des Mines de leurs diflrids , 310 Caxon de Minerai : difproportions de ce qu'il rend au- jourd'hui , 317 Caylloma : fes Minerais 3 311 Cayna , ou fourneau des anciens Indiens » 311 Cafcabeles : cfpècc de Serpent , 1 7 1 Cardinaux : Oifeaux , 188-18^ Chagre : Rivière j changemens arrivés fur fes bords, 19^ CAa/ifwr ; fa première caiife , ^4 Chapllancas : ruiffeau ; fingularitc de fon cours j comment il fe l'eft formé , 30 Chiche : poiffon „ 211 Chita : poiffon , 208 Chiens , non fujcts à l'a rage dans toute l'Amérique j ma- ladie qui les attaque ^ 2^4 Ckucuito : état des fes Mines , 309 Cire : ( arbre de ) 1 47 Ciboro , ou Bœuf fauvagc , I67 Ciguatera : maladie communiquée par les Poiflbns ; effets de cette maladie , 112 & fuiv' Ciguatos : Voyez Ciguattia, Cobo : ou don gratuit , 32) Coquillages : leur état dans les terreins Méridionaux , 30^3 Conaïca : ( diftrift de ) 29 Condor y ou Contar y i^-j Corales : efpèce de Couleuvre, 171 Cordillieres : leur afped j leur température j leurs pro- ëudions , 1 8 Bb î ! H 1 u^ H 1 fti ! "■ l [ i il ■M .,.( ■l V f«7 /// I II \ fi» Vj r A B L leurs pro'iongenicns , Ê ^9 Royuli des Andes : fcs reptiles venimeux , 10» 195 189 & fuiv» Corbina. : Pollfon , Corofunta : Monticule , Courlis : Oifcaux , Cotorras & Cotorr'itas : Oifcaux , Couleurs des habitans des différentes parties du Globe : la caufc de ces vaiiétés inconnue , 1 1 Criards : Oifeaux , 19$ Crachemcns de fung , fréquens dans les hauts pays froids , Cuba : ( ïfle ) Fièvre-tierce qu'y caufent les pluies , z$t Cuba : cccanos dangereux dans cette lilc,. ^6o Cucaruchas ^ ij6 Cucnca , fa caifTc , 3 1 0 Curaçao : Iflc i fa pofition , 41 Cu:i[CO i pierres énormes de fa fortcreflc , jytf Crapaud : nombreux à la Louifîanne \ leur gro/Teur extrc- niej bruit <]u'ils font , 175 Crocodiles : ou Caiman , . , 180 Dannemarck : Savans que le Roi de Danneraarck envoyé en Afie & en Afrique , j 5 8- Déblais avaritageux des anciennes Mines : l'argent s'y cft-il formé de nouveau ? z&4 ^ fuiv» Droits Royaux perçus fur les Mines du Potofi , depuis tan 15455 diminution de ces droits , j 17-5 il Déluge : tradition de ce grand événement confervée eii Amérique, . "360 ■i I preuve qu'en prcfentent les différentes parties du globe , & particulièrement le Pérou & les autres parties de l'Amérique Méridionale , 561 £^ fuiv. Eaux de la mer ,- leurs profondeurs différentes félon les tcrreias « 49' I**"^ .— Ii»r,,»« D E 5 M A T I E R E S, vfj — des hauts pays : kgcrcs , pures ,. fraîches j différen- tes circulations des eaux,. 115-114. •"^ pétrifiantes y iij-117 — vitrioliqueSy 11 j -— converties en pierres , iz6. Reflexions fur ce phé- nomène 11 S ■ de pluie couverte de pellicules fulphureufes , de Guancavelica , comparées avec celles de Mîjjtjftpi , Lacs Borgne , Pont-Chartrain , Maurcpas , 237 ■ I preuve de leur préfcncc fur toute la furfacc de l'Amérique. Voyc^ Coquilles , Montagnes , 370 Ecureuil de la Louifianne , 168 Epidémies de 1759 , en Amérique: liés ravages j fymp- tômes de la maladie , 147-251 Eue : Lac , • ii^ Evêques : Oifeaux , 1 8 & Faveurs y ou Capatas 3 l'i-d Faucon : OiCziM y 196 Fièvres-tierces dans les pays chauds des hajfes contrées du Pérou , 151 jF/jozâ« ; Oifeau , 19^ Floride: pofition de fes terreins, 41 Fojftles & pétrifications , 355^ Fromager: Arbre, 149 Fruits : comment ils mûrilTent dans la partie haute du Pé- rou > lia Gallareta : OïCtZM y iji Gacetta : Oifeau , ipi Gar7[as : Oifeau , »^j Ginfeng : 14 y Globe : fes révolutions continucltes , ^$6 ■ ■ terreftre : fes parties fe rapprochent par des avanta- ges réciproques, 4 Bb 4 :} ^ a^^ viij TABLE Guanacos. Voyez Alpaque, Guacamayos : Oifcaux , i$% Guancavelica : fa podtion , 34 Il I comment on y exploite le Mercure ; riche/Te de cette Mine , 3 37-341 Guayaquil : portion de fes terrcins , 3 8 ' Guacas y ou Tombeaux, 37 tf Grande : Rivière , 4^"47 Havanne : (la) fes tcrreins fouvent couverts en partie par les eaux , 41 194- { l r i. S9 TABLE Panama : ( iHlmie de ) cccuduc de fcs tcrrcins, 4y Pape : Oifcau , 1 8 S Pafio : {jL Caini' j eut de fcs Mines , 309 PatiUos : Oifcaux , 191 PatofreaUs : Oifcaux , 19 1 Para/yjîe : rare dans la partie hante du Pérou , ^6o Pêcht , à la Noiivcllc-Orlcâiis ^ 139 Ptréix : OxÇcixxx , 194 Perionas : OiCcaax » 19% Pérou : fcs plats pays les moins connus , 4 fon remède , l6l Pîckes ; Oifeaux , i ^9 Piura; fa Cailfe , M© P ignés d* argent , non quintées , contrebande, jzj -I ' aux dépens de qui elles fe tsanfportent aux CaifTcs Royales , j 1 5 Poijfons , les plus remarquables de l'Amérique Méridio- •nale, zoi & fuiv^ V D E s M A T I E R E s. xu] Portobelo 'y fa fituation ; fcs eaux, 130-1)1 Pûio/i : forme de ce mont j fcs fouilles , 289 — ^- pauvrctc de fcs Minerais ; richclTc ancicunc de ce Mont, iH']if Poule d'Inde \ i p^ Prégnaditlas : PoilTons , aoj Pyramides de la plaine de Paucaras j leur origine vient- elle d'Egypte? 373-37* ProduSlions du Globe , leurs caufes premières inconnues ; recherches qu'elles exigent , • 8 6» 9 Quéèradas : ce que c'eft , al ■ comment elles fe font formrs, 3^-3i ■ formées par des ruifTeaux , an Rayons folâtres ■ exception cjue le climat de l'Amérique produit dans leurs effets , ix Refcat adores y 3^J Refcatar : ce que c'cfl: , 3 zé Reptiles venimeux : lieux où ils fc trouvent dans PAmérh- que Méridionale , i6$-i-jt Rigolle (la) Voyez lac Borgne , 137 Sauterelles : fur les hauts pays du Pérou , i8}-i8y Sel : requis pour traiter les Mines d'argent ; lieux d'où on le tire , 3516' fuiv, Sierra : ce que c'cfl: au Pérou, i> Soleil de Pana : fes effets , 107 Suffocation , caufée par l'air trop raréfié fur les hautes cî- mesduPérou, ii8-iit Sources chaudes du Pérou » ng ■ peu fréquentes dans les terreins chauds & bas ; 150 Spatule: Oifeau , ' loi Sucre : fa récolte & fcs qualités au Pérou, i;o Supérieur : I.HC y . , ' ai^ ki i i I I I h .i ■>' tif TABLE Sarapicos : OiCcAUX , t^f S.-Juan de Lucanas : (fut de fcs Mines « 308 Sens : unique moyen de bien juger des chofes , 1 Tabac : fa qualité au Pérou , i^% Tableau du déficit dans les Droits Royaux , J04 Températures : îeurs effets relatifs fur le corps de l'hom- me en différentes contrées , ^ m^mmmm^ & climats dcs différentes parties du Globe , — ■— — ■ des terreins de l'Amérique Méridionale , vers la mer du Sud , 87-pI ■ de la partie haute de l'Amérique Méridio- nale i fes effets fur les végétaux, 100-105 Terre : but de la nature dans les variétés de fa furface , 17 ■ I "ferme : ( Royaume de ) 4^ Terreins de l'Amérique ; variété dans leurs pofuions , 16 m ■ I planes : leur caufe incertaine , 40 ■ ■ ■■ élevés : prcfquc toujours éloignés de la Mer , .'j. : " . 4% Tétanos , ou Spafme : mortel dans la partie baffe du Pérou, 1J9 Texos , non quintes , contrebande , 315 Tkermomhre : Voyez Difcours, $% Tortue , 4146' fuiv, Trugillo ; fa Caiffe ; Mines auxquelles elle fournit le Mercure > état de ces Mines , 310 Tucuman : fauffes efpérances qu'y ont donné quelques Mines « 312 Volatils : leurs efpèces; leurs variétés dans l'Amérique Méridionale , J 87 6* fuiv. Vallée : ce que c'çft au Pérou ^ »! 1; *M \' ^9S t X 5 de l'hom- S dit Globe, nalc , vers 87-5)1 Mcridio- lOO-IOJ 1 Airface , 4; pofitions , !<; 40 la Mer, 41 bafTe du 3*5 . & /uiv, )urnic le 310 quelques mcriquc & fuiv. DES MATIERES, xf Végétaux des Jjffcrcntcs contrées de rAmiiriquc Méri«iio- iialc , »ij-i4f yents : leur influence fur les degrés de chaleur, 71 —