-> IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) // ^/. /./ ' yJ^ ^ 1.0 1.1 ■tt iiii 122 Z IÂ& 12.0 11.25 III 1.4 IffllSBI Il 1.6 6" -a ^ '^IV'^^* Photographie Sciences Corporation m (maaning "CON* TINUED"). or tha aymbol ▼ (maaning "END"), whtehavor applloa. L'axamplaira flimé fut raproduit grica à la généroaité da: Sémirairt d« Québac BiMiothèqiM Laa imagaa auhrantaa ont 4té raproduitaa avac la plua grand aoin, compta tanu da la condition at da la nattaté da l'axamplaira flimé. at an conformité avac iaa condltiona du contrat da flimaga. Laa axamplalraa originaux dont la couvartura an paplar aat imprlméa aont fliméa an commençant par la pramiar plat at an terminant aoit par la dernière page qui comporte une empreinte d'impreaaion ou dlHuatratlon. aoit par la aecond plat, aelon le caa. Toua lae autraa exempiairea originaux aont flimia en commençant par la première page qui comporte une empreinte d'impreaaion ou d'INuatration et en terminant par la dernière page qui comporte une telle empreinte. Un dee aymbolee auhranta apparaîtra aur la dernière image de chaque microflche, aelon le caa: le aymbole -»• aignifle "A SUIVRE", le aymbole ▼ aignifle "FIN". IMapa, platea, charte, etc., may be flimed at différent réduction ratioa. Thcaa too ierge to be entirely inciuded in one expoaure are flimed beginn'ng in the upper ieft hand corner, left to right and top to bottom, aa many framee aa raquired. Tha following diagrama iliuatrata the method: Lee cartea. planchaa, tableaux, etc., peuvent être flimée è dea taux de réduction différente. Loraque le document eet trop grand pour être reproduit en un aaul cliché, il eet flimé è partir de l'angle aupérieur gauche, de gauche è droKe, et de heut en baa, an prenent le nombre d'imagea nécaeaaire. Lee diagrammea auivanta illuatrent la méthode. rrata o leiura, I A 3 3» 12 3 1 2 3 4 5 6 TT-i^'lR*» , ••;■ *■- :M r *. V^. ^*i^^k*^*- ,*^'t-'-'^ m HISTOIRE NATURELLE DE BUFFON. THÉORIE DE LA TERRE. TOME P 11 E M I E R. à: ■■^.y V A -!. ' • ^ • -^-M il «,,^rt!>'<»*.«-« "f^' 'Tîv 'r i : t il 1 .r r y 1 r r ■• >, ■ i » i , '■ L k ■* ^ I ;i i -•* f. *'■ * \ •^ ■> 4 «. > .rti^iS . K, 4 î(t :t \^ l t i i , *' ' m 'J.4««%* K. J» -.i^^jé W '-«J J ♦! r; ' f ■•' "* .>f4?./ y .. j? 'A' I j*i, ,. V >, -»*■-• » < ' , » ^r^ '. /'^ r ^ t /> *v-^... 7 ■miiummMinuvn.: ..■niHXWfc'.'gT w* V- >'. » *? ;:*n 'AIVI Chez Deterville, rue^ du Battoû:; n" i6. AN X — 180 2, n . %■ h i 1 In ■#•*'• J Jjf.u-'ï »l*r;.'. 'Il .'» > 1 < • '♦-î '.':;:/: or *.! »'. ' '1 r > , 7 *- % :. >X'- « . ^ *. " l i "■■^ V.' .1 '^•h. / • t^mmMÊei*. 1 ' PRÉFACE DE L'ÉDITEUR. XiES sciences qui font notre occu- pation ou nos délices peuvent se diviser en deux corps , et se ré- duire, malgré leur nombre , à deux familles distinctes* . . . Dan S la première se trouvent le» systèmes religieux , la théorie des loix sociales , l'histoire de rétablis* sèment, des révolutions et de la chute des états , les langues avec les monumens , les méthodes sa- vantes, les opinions des sages , et j usqu'aux annales volumineuses de l'erreur. Cette partie forme pro- prement la science de l'homme ? elle diminue quand il détruit, aug- mente lorsqu'il veut créer , et n'a de base que ses actions. 1 I II J NMP ^4 V ^ - PRÉFACE La seconde renferme les loix harmoniques de l'univers, les difFé- rens êlres qui le composent, leurs modifications particulières etieurs rapports mutuels; en un mot, tout ce qui est hors du cercle des arts et de rinveution humaine. Cette science e.st celle de la nature : nos recherches, nos travaux nous en donnent de nouvelles perceptions, mais n'y ajoutent pas un objet nou- veau. Nous n'en pouvons rien re- trancher ; le temps même qui a dévoré tant d'empires , sans en laisser de traces , n'a pu détruire une famille d'insectes. Rarement l'opinion a tenu la ba* lance égale entre ces sciences. Dans les siècles précédens on eût plutôt fait gloire de décrire la tombe d'un Pharaon q^e le berceau du Rhin ^ L i if PB l/ é I> I T E U R. vî; ou du Danube , et peut-être Tâge excessif où nous vivons a-t-il déjà mérité le leproche contraire.,,, , . Quoi qu'il en soit, une ardeur générale pour les sciences natu- relles a éclaté dans r£urope. Le désir d'apprendre a conduit le mi- néralogiste dans les entrailles de la terre, le botaniste au somme l des montagnes; on s'est arrêté dans les bocages avec l'harmonieuse tribu des oiseaux ; on a suivi dans leur repaire les farouches habitans des bois ; les Hvages , le sein même des fleuves et des mers ont été inter- rogés. Par-tout , les villes ont vu s'élever des édifices, où, disposées avec ordre, les richesses de la terre et des eaux appeloientla curiosité* L'envie de les connoître a suivi de près leur exposition ^ bieatot les f \ "': •' V — ■iuA^mww"i' f A Ik" ▼iîj PRÉFACE particuliers ont imité les princes ; chacun a voulu posséder une par- tie de ce qu'il admiroit dans les dé- pôts publics , et. les cabinets d'his- toire naturelle sont devenus aussi communs que les bibliothèques* Pour grossir ces nouveaux tré- sors, et approfondir une science qui cômptoit tant de disciples , on ne s^est plus borné au voyage d'une province ou d'un empire, le globe entier a été parcouru. La France et l'Angleterre ont soutenu leur rivalité dans ces grandes entrepri- ses , et par une générosité digne du sujet , les découvertes de ces deux nations sont devenues communes à tous les peuples. ! r Dès qu'une science a fait un cer- tain éclat dans le monde , il n'est plus permis de l'ignorer. Aussi f DE L' É D I T E U R. ix l'éducation s'est bientôt dirigée vers les sciences naturelles. Au lieu du fantôme impalpable de la métaphysique, elle a offert à la jeu- nesse la beauté des trois règnes de la Nature, l'organisation simple et solide des minéraux, les merveilles de l'instinct animal, les fleurs et les par Tums de la botanique. Quels fruits ne produira pas cet heureux changement de l'éduca- tion! combien d'attraits nouveaux la science naturelle, rendue plus familière, pourra prêter à rélo- quence et à la poésie, lorsqu'un meilleur temps aura succédé à des circonstances fatales, et que le ven t de la destruction cessera enfin de souiller sur la terre ! Deux hommes véritablement étounans , et dont les noms seront fi .-«»«•#.« ••«(WWBr.kV ■:Jth:~~-mi kV* *»• -mstf^seumimm» l X P R é F A C E durables comme la nature, ont don- né dans notre siècle cette impulsion aux esprits. Buffon, par une puis^* santé influence , entraîna rapide- ment, si j'oseainsi parler, la France entière dans son tourbillon^ Linné imprima au reste de r£urope un. mouvement plus lent^ mais égale* ment irrésistible. Cette diversité d'action , si Ton en cherche la cause , vient de la diversité de leur génie et des moyens (ju'ils em- ployèrent. „H ' * ' î •■» La faculté qui caractérise émi- nemment Linné, c'est l'esprit d'or^ dre ; BufFon , c'est l'imagination. Celui-ci , pour en produire au-de- hors toutes les richesses, se servit d'une langue polie par les plus ha- biles écrivains, abondante et ma- jestueuse autant que délicate et I DE li' è D I T E U R. X) naïve , admirable par la clarté de 6es tours , la beauté de ses figures, la propriété de ses expressions. Nii l homme ne profila mieux de tant d'avantages. Tout est vivant daus ses tableaux : les voir, c'est assister aux combats des peuplades guer- rières , c'est partager chaque sea- timent des espèces plus douces. Un coopérateur digne de BufiTon^ Guenau de Montbelliard'^ ne doit pas être oublié dans cet éloge. Il a fait un tiers de l'histoire des oi- seaux, et son style ressemble si fort à celui de son ami , que le public ne put d'abord distinguer les pro- ductions de Tun de celles de l'autre. Comment refuser son admira- tion à de tels ouvrages? la France voyoit s'ouvrir un monde nou- V ' I .»«»/«r« "«■*.--■ ■Jt^'lAW i / 1/ / \ Xlj p R i^: FACE veau pour elle. Chaque espèce qu'on passoi t eu re v ue expliq uoi t jies loix, faisoit connoître ses habitudes , en* seignoit jusqu'à son langage. Ces leçons étoieut aussi agréables que profondes ,* et Ton en sortoit ins- truit sans avoir senti les difficultés de rinstructiou. La méthode de Linné ne fut pas si attrayante. Avant d'être admis à son école , il falloit apprendre la langue qu'il avoit créée; ce prélimi- naire rebuta bien des gens. Toute- . fois le nombre et la beauté de ses découvertes fixèrent sur lui les re- gards de tous ceux qu'un appareil scientifique n'étoitpas capable d'ef- frayer. On vit que ce génie actif n'avoit de bornes que celles de la nature , qu'il ouvroit par-tout des routes à quiconque voudroit sui- |*. » • ^ . / . ' # .^ ./'..#-. j . . . j . . ^ ^ ' Leur objet est de faire connoitre dçs espèces nouvelles , de donner sur d'autres des notions plus éten- dues, de corriger enfin des erreurs. Mais rem plissent -ils réellement leur destination? La plupart des lecteurs parcourent unefamille dV nimaux , sans songer à l'individu qui en est séparé par dix ou douze volumes. On ne pense pas davan- ■«■«Ufcll.jft DE l'édite Uà. XV tage à chercher si l'auteut a re« cueilli des faits nouveaux , ou si qnelqu'erreur ne s'est point glissée daiis son récit. On y trouvé cepen- dant plus d'une assertion qu'il se- roit fâcheux de répéter, même de- vant les gens les plus simples. Buf- fon dit au sujet de l'accroissement des cornes des boeufs , vaches et taureaux, qu'elles tombent à l'âge de trois ans, et qu'elles sont rem- placées par d'autres cornes qui , comme les secondes dents, ne tom- bent plus. Il n'y a pas de paysan qui ne démente sur ce fait l'éloquent Naturaliste. Cette erreur du pre- mier volume n'est corrigée qu'au dixième. . ; Autre exemple. Si l'on s'avisoit de dire sur la foi de l'auteur, après avoir lu l'histoire des genettesdaus ''Ml II [■■■.'■'■'i^MW»w»i'^^,V ' •«'•Mirm tlM0»lm»»tmm^ !P l l ( XVJ PRÉFACE le troisième volume des quadru* pèdes, que cet animal ne se trouve ni en France , ni dans aucune pro- vince de l'Europe , on surprendroit étrangement un habitant des dé- partemens méridionaux et même de celui de la Vienne , où les ge- nettes sont assez communes ^ ainsi que Buffon le reconnoît dans le neuvième tome. ' Quant aux séparations d'espèces qui devroient être réunies, aux rapprochemens de celles qu'il fau- droit éloigner y l'histoire des qua- drupèdes et des oiseaux en offre mil* le exemples. Le rhinocéros d'Afri- que, ou à deux cornes, doit naturel- lement se trouver à côté du rhino- céros d'Asie , ou à une corne 9 il y a entr'eux plus de cinquante autres espèces. Les chauve- souris sont h- S\i *' A iiadru- trouve le pro' ndroit les dé- mème [es ge- y ainsi ans le spèces y aux il fau- s qua* pemil- 'Afri- turél- :hino- ily a lutres sont DE L' È D I T E U R. xvij éparpillées dans quatre volumes, et confondues avec des animaux tout différens. Cinq volumes d'interval- le séparent le commencement et la fin de rhistoire des morses et des phoques: il en est ainsi de celle des gazelles et d'une multitude d'au- tres animaux. Souvent même le supplément a besoin qu'on y sup- plée. Voyez , en Ir'au très, l'article suivant, lequel contient d'ailleurs des observations curieuses. A la page 55 du supplément^ volume X, on lit ces mots : J'avois dit , page 68 du supplément , vo- lume m, qu'on avoit fait des atte- lages de zèbres pour le prince Sta- thouder ; ce fait , qui m'avoit été assuré par plus d'une personne, n'est cependant pas vrai. M. Alla- mand , que j'ai eu si souvent occa- ïh. de la Terre. I, b % — "S" f 1 I ■ i ' "l ■' V • u. Xviij PRÉFACE sion de citer avec reconnoissance et avec des éloges bien mérités, m'a fait savoir que j'avois été mal in* formé sur ce fait; le prince Stathou- der n'a eu qu'un seul zèbre : mais M. Allamand ajoute dans sa lettre, au sujet de ces animaux ; un fait aussi singulier qu'intéressant. My- lord Clive, dit-il, en revenant de l'Inde , a amené avec lui une fe- melle zèbre dont on lui avoit fait présent au Cap de Bonne-Espé- rance 5 après l'avoir gardée quel- que temps dans son parc en An- gleterre, il lui donna un âne pour essayer s'il n'y auroit point d'ac- couplement entre ces animaux ; mais cette femelle zèbre ne voulut point s'en laisser approcher. My- lord s'avisa de faire peindre cet âne comme un zèbre ; la femelle , dit-U , en fut la dupe 5 l'accouple- H. issance :és; m'a aal in» tathou- ) : mais '. lettre, un fait it.My- lant de une fe- oit fait -Espé- e quel- m An- le pour it d*ac- maux; voulut r. My- Ire cet melle , souple- DE l'éditeur: xix: menf se fit , et il en est né un pou- lain parfaitement semblable à sa mère, et qui peut-être vit encore. La chose a été rapportée à M. Al- lamand par le général Carnat, ami particulier de mylordClive^ et lui a été confirmée par mylord Clive fils. Mylord Pitt a eu aussi la bonté de m'en écrire dans les termes sui- vans : «Feu mylord Clive avoit une très-belle femelle ^e zèbre que j'ai vue à Clennom, Tune de ses maiiipnsde campagne, avec un pou- lain mâle , provenant d'elle , qui n'avoit pas encore un an d'âge , et qui avoit été produit par le stra- tagème suivant. Lorsquela femelle zèbre fut en chaleur , on essaya plusieurs fois de lui présenter un âne, qu'elle refusa constamment d'admettre : mylord Clive pensa qu'en faisant peindre cet âne, qui ■"■ ■'wimMaMC'iii^tniuimfS- ■ '^k* l 1' XX p n É F A C E étoit de couleur ordi»iaîre, en imi- tant les couleurs du zèbre mâle , ou pourroit tromper la femelle, ce q ui réussit si bien, qu'elle produ isi t le poulain dont on vient de parlt r. » J'ai été dernièrement . c'e^t-/i - dire, cet été i778,àClprîî]omponr m'informer de ce qu'éloient deve- nus la femelle zèbre et son pou- lain, et on m'a dit que la mère étoit morte, et que le poulain avoit été envoyé à une terre assez éloignée demylord Clive, où l'on a souvent essayé de le faire accoupler avec des ânesses , mais qu'il n'en a ja« mais rien résulté ». Nous n'étendrons pas plus loin les citations. On voit assez com- bien le text'" et Ins supplément );iiême , pou' w^ | ià égaier l'esc prit, ont besoin des corrections qui '««i en lin i- mâle, elle, ce oduisi*: patltr, a pour t deve- 1 pou* •e étott oit été oignée »uvent V avec i a ja* s loin com- ment Te*, s qui DF L'^r. D T T F. un. Xxf ïes suivent. Nous avons prouvé d^iilleurs que, dans l*é(H) actuel tlo Thistoire naturelle de Bullon , Fu- tilité de ces corrections étoit à-pen« près nulle, parce qu'on ne s'avisoit guère d'y recourir; c'est donc ren- dre à la plupart des lecteurs. un vé- ritable service , que d'effacer par avance l'erreur qu'ils ne soupçon- neroient pas, et d'y substituer la vérité qti'ils n'auroient pas cher»- eliée. Il* est heureux dan*ce te en- treprise d'avmr trouvé lo remède tout préparé par l'auteur. C'est lui- même qui se corrige ; une- phrase, ^Tiépagesont remplacées parcelles qu'il destînoit à cette fin , et son slylej sans mélange, demeure dan& toute sa pure lé.- . \ ■ Mais comme Te respect se eoir- qIMo trè»-bien ayec 1^ Uheizté^ et i) ■frK I 1 •ï ( |. Il i ii i i. Xxij P R Ê P A C B que la vén;?ralion n'est pain l Vicia-» latrie , en n'a pas hésité pour don-^ ner à l'ouvrage de BufFon, lesavan* tages de rordre méthodique de Lin- né. C'est même l'objet principal de cette édition , et ce qui la distin- igue de toutes les autres* i < , Lr'idée de réunir les espèces qui ont des caractères de consangui- nité^ en une même famille que l'on nomme ^eTzre^ de perpétuer le sou- venir de cette réunion par un nom qui soit commun à toute la famille^ et que chacun des membres perle avec le sien ; cette idée si grande et si simple, a plus facilité la mar- ché de Ifesprit humain, a plus avancé ses progrès dans les scien- ces naturelles , que les recherches les plus savantes et les combinai- sons les plus ingénieuses. C'est à ^ ^» r»>-*.*f^- ur don- Q8 avan- de Lîn- sipal de di^tia- ices qui sanguî- }ue l'on F le sou- un nom îamllle^ îs porte grande la mar- a plus \ scien- lerches abiuai- D'est à i DE L' ÉDITEUR. XXiij Linné que l'on en doit les princi- paux développcmens, et sur- tout l'exécution. Le Naturaliste fran- çais eut le malheur de ne pas la saisir. Soit que l'utilité en ait échappé à son génie^ soit qu'il n'ait pas cru devoir céder à l'auto- rité d'un contemporain , il a vai- nement cherché dans des divisions foibles , une distribution digne de la majesté du monument qu'il éle- voit. ''' ■'' ''"^^- ■ ^ ■ ^ ' ' : - ••• •■ ■ ' . ' Au reste, la lecture derédition que l'on offre au public , fera suffi- samment sentir l'avantage du nou- vel ordre. Avec ce fil , on pourra pai'courir , sans s'égarer , les cabi- nets d'histoire naturelle, suivre les cours , mesurer l'étendue de la chaîne des êtres, et connoître la position respective de chacun des anneaux qui la composent. ..-^l : ; . X '■"^s^mvSW-- Xxiv PRÉFACE Le grand mérite de Bùffon a fait désirer de mètre son ouvrage à la portée d'un plus grand nombre de lecteurs , e'est-à-dire , d'en dimi- nuer le volume et le prix. Il est des notes et des citations bonnes pour donner de Tautorilé à un li- vre nouveau, mais inutiles dans un ouvrage qui est devenu lui-même une autorité. Les notes de cette es- pèce ont été supprimées. En re- tranchant de même les répétitions qui se trouvent dans les supplé- mens , une foule de controverses sans intérêt , et de disputes avec d'autres sa vans , on a réduit cette édition à vingt-six volumes» On y a joint en faveur de l'imagination des l'Ccteurs, la partie brillante dea systèmes, la théorie delà terre, et les-époques de la nature. Quant aus par tiea.an atomiques et minéralch^ DT3 L^ÊDITÉrR. XXT gîques, avant de les réimpriniér dans le même format , on a cru devoir attendre qu'elles fussent demandées par le public. Les planches ont élé dessinée.^ par J". B, Desèvcy dont le nom est assez connu dans Thistoire natu- relle pour n'avoir pas besoin d'é- loge , et gravées sous sa direction par les artistes les plus distingués. On les a mises sur une échelle uni- forme afin d'éviter un défaut dont Bufibn s'étoit plaint, et de conser- ver les praportions entre les divers animaux. Le public y trouvera plu- sieurs espèces nouvelles, qu'il étoit fâché de ne pas voir a côté de leur histoire* Mais en travaillant à rendre ce bel ouvrage plus utile et plus com- '4MWM(RIBB«M0ai*)i^''^'>'f«w< IM o> XXYî ,11 H £ F A C E mun^pous devons aller au-devant d'une crainte bien respectable, puis- qu'elle a les mœurs pour objet. La nudité deplusieursiîguresy et, pour ainsi parler , celle du style dans quelquesen droits, ont souvent em- pêché de mettre l'histoire natu- relle dans les mains de la jeunesse^ Malheur à qui blâmeroit une ré- serve si sage, et placeroitla science avant la pudeur! Nous avons satis- fait à l'une et à Tautre, en donnant tout ce quç Buffon a écrit d'utile , d'agréable , et dérobant à la vue ce qu'il étoit trop dangereux d'y offrir* C'est sur-tout pour les per- sonnes du sexe que la circonspec- tion dans ces matières , devient d'une absolue nécessité. Nos pères pensoient qu'une fille ne de voit pas lire ce qu'elle rougi roi t de répéter, Rattachons-Aous à ces vieilles et . .. , .. , » : *i V *^*v.«*%— «.- ii-devant ble,puis- »b|et« La ^le dans irentem- ce natu- eunesse» une ré- i science ma satis- donnant d'utile , ï la vue eux d'y les per^ onspec- de vient os pères voit pas répéter. eilles et DE L* B D I T E U R. XXvij «aintes maximes: elles font la féli- cité des familles, en y maintenant l'honneur etla vertu; elles Servent plus que les loix mêmes ^ à opérer le bonheur des nations. i 1 l'fi y 'H {! f»:". fî n 7 T I i.r. i^î-dhiiiinf V .i » ,' ;l-nnjii aoî!) 'il ,^.. >. ^"X. t Î wmmi i/l . I V l. il ïoh 'J!i > ui'îi-.htiji i l 'J'Jp cUÙf DISCOURS DE BUFPON , Prononcé à l'Académie Française le jour de sa réception. M ESSIEURS , * * ^ »-' T* Vous m'avez comblé d'honneur en m'appelant à vous ; mais la gloire n'est un bien qu'autant qu'on en est digne ; et je ne me persuade pas que quelques essais écrits sans art et sans autre or- nement que celui de la nature , soient des titres suffisans pour oser prendre place parmi les maîtres de l'art , par- mi les hommes éminens qui représen- tent ici la splendeur littéraire de la France , et dont les noms célébrés au- jourd'hui par la voix des nations , re- tentiront encore avec éclat dans la bouche de nos derniers neveux. Vous avez eu , messieurs , d'autres motifa Th. de la Terre. I. > l'oft^.^f .,.- .....*. »♦>•' À f M i< S DISCOURS en jetant les yeux sur moi, vous avez voulu donner à l'illustre compagnie à laquelle j'ai l'honneur d'appartenir de- puis long-temps , une nouvelle marque de considération j ma reconnoissance , quoique partagée, n'en sera pas moins vive : mais comment satisfaire au de- voir qu'elle m'impose en ce jour? je n'ai , messieurs , à vous ofiFrir que votre propre bien : ce sont quelques idées sur le style que j'ai puisées dans vos ou- vrages ; c'est en vous lisant , c'est en vous admirant qu'elles ont été conçues, c'est en les soumettant à vos lumières qu'elles se produiront avec quelque succès. Il s'est trouvé dans tous les temps des hommes qui ont su commander aux autres par la puissance de la pa- role. Ce n'est néanmoins que dans les siècles éclairés que l'on a bien écrit et bien parlé. La véritable éloquence sup- pose l'exercice du génie et la culture de l'esprit. Elle est bien différente de ï A:. ■~^ '^■^-.è^' '■'rmi-. i ■ïï 1 ■ lUl /,?■' , vous avez ^mpagnie à partenir de- slle marque moissance , pas moins ire au de- e jour? je p que votre 5S idées sur is vos ou- t, c'est en ■G conçues, s lumières D quelque les temps m mander de la pa- dans les ti écrit et once sup. t culture rente de D E B U F F O N. 3 cette facilité naturelle de parler qiii n'est qu'un talent , une qualité accor- dée à tous ceux dont les passions sont fortes , les organes souples et l'imagi** nation prompte. Ces hommes sentent vivement , s'affectent de même , 1& marquent fortement au -dehors ; et par une impression purement méca- nique , ils transmettent aux auties leur enthousiasme et leuFS affections. C'est le corps qui parlé au corps *, tous les mouvemens , tous les signes , con- courent et servent également. Que faut-il' pour émouvoir la multitude et l'entraîner? que faut-il paur ébranler la plupart même des autres hommes et les persuader ? un ton véhément et pathétique , des gestes expressifs et fréquens , des paroles rapides et son^ nantes. Mais pour le petit nombre de ceux dont la tête est ferme , le goût délicat et le sens exquis , et qui corn- me vous^ messieurs, comptent, pour peu le ton, les gestes et le vain son de» i-.r- •> ■*•»*.■ »irfiwi>w»r"*~- ■ ..«^V-*4^r»'* (I l. ^' V 4 DISCOURS mots , il faut des choses , des pensées, des raisons , il faut savoir les présen- ter , les nuancer , les ordonner : il ne suffît pas de frapper l'oreille et d'oc- cuper les yeux , il faut agir sur l'ame , et toucher le cœur en parlant à l'es- prit. •":'■'.. • • ' ■ : ■" ^ Le style n'est que l'ordre et le mou« Tement qu'on met dans ses pensées. Si on les enchaîne étroitement , si on les serre , le style devient ferme , ner- veux et concis ; si on les laisse se suc- céder lentement et ne se joindre qu'^à la faveur f^ea mots , quelqu'élëgans qu'ils soient , lei styl# sera diffus, lâche et traînant. ■ ' Mais avant de chercher l'ordre dan^ lequel on présentera ses pensées , il faut s'en être fait un autre plus gé- néral et plus fixe > o{i ne doivent en- trer que les premières vues et les {>rincipalet idées : c'est en marquant leur place sur ce premier plan , qu'un fiiijet sera circonscrit et que l'on eu y II l 8 •■ e et le mou« 'e« pensées, wnt, si on ferme, ner- lisse se sno oindre qu'à Iqu'ëlëgana fias, lâche ardre dan^ MêétA , il ^ plus gd> •il^ent en- ie« et les narquant ïi> qu'un l'on eu DE BUFFON. 5 connoitra l'étendue ; c'est en se rap- pelant sans cesse ces premiers linéa- mens, qu'on déterminera les justes in- tervalles qui séparent les idées prin- cipales , et qu'il naîtra des idées acces- soires et moyennes qui serviront à les remplir. Par la force du génie ^ on se représentera toutes les idées générales et particulières sous leur véritable point de vue ^ par une grande finesse de discernement , on distinguera les pensées stériles des idées fécondes y par la sagacité que donne le grande habitude d'écrire , on sentira d'avance quel sera le produit de toutes ces opé- rations de l'esprit. Pour peu que le sujet soit vaste ou compliqué, il est biexi rare qu'on puisse l'embrasser d'un coup-d'œil ou le pénétrer en entier d'un seul et premier effort de génie ; et il est rare encore qu'après bien des ré- flexions on en saisisse tous les rapports. On ne peut. don6 trop s'en occuper , c'est même le seul moyen d'affermir , À . -X)^ -"*".. ^^,9' - -.«.,» V fi v" I I s «•-•'0 ensuite dt,r,' ^'^ " -^- pression. ' '^*'"f Par Vox- ^ plan n'ejaf »%« T'^'-'enest *ba^;.r°-'e»tyle. ^^ =ï'n«e il ,r„, ' •' 'e soutient, il ''"o»«etVi.^tt""'"°"^'"'«''*e '««-•^crivairsis":?"' '*"•'«- che sans guide, et ietl' ir ^ "■" *"«- ?««*«»• Quelque t.t*^""'' •'"<=°- le» couleur, qu'il en,"r' ''"' '*""* beautés qu'il ii„/2''r;r''"''' f°n"«e l'ensemble ch" ''•''«■'' ' «"•• pas asse. sentir .^''"«'"«e se P°int consl.n,it, et en T'^^""' "«" prit upçon- est par it com- it très- «i » a- DE BUFFON. 7 imagination^ prennent un ton qu'ils ne peuvent soutenir; que ceux qui crai- gnent de perdre des pensëes isolëes , fugitives , et qui écrivent en dififerens temps des morceaux détaches, ne les réunissent jamais sans transitions for- cées; qu'en un mot, il y a tant d'ou- vrages faits de pièces de rapport , et si peu qui soient fondus d'un seul jet. Cependant tout sujet est un , et quelque vaste qu'il soit, il peut être ren- fermé dans un seul discours ; les inter- ruptions , les repos , les sections ne de- vroient être d'usage que quand on traite des sujets différens ; ou lorsque ayant à parler de choses grandes , épi- neuses et disparates, la marche du gé- nie se trouve interrompue par la mul- tiplicité des obstacles , et contrainte par la nécessité des circonstances : au- trement, le grand nombre de divisions^ loin de rendre un ouvrage plus solide , en détruit l'assemblage , le livre paroît plus clair aux yeux, mais le dessein de (1 ^^1 il tK. t'*'^' ni wi /i • i .\-^ I ; ) / ^ iHf j ;) f 13 DISCOURS l'auteur demeure obscur *, il ne peut faire impression sur Tesprit du lec- teur, il ne peut même se faire sentir que par la continuité du fil , par la dé- pendance harmonique des idées , par vin développement successif, une gra- dation soutenue , un mouvement uni- forme, que toute interruption détruit ou fait languir. Pourquoi les ouvrages de la Nature sont-ils si parfaits ? c'est que chaque ouvrage est un tout , et qu'elle tra- vaille sur un plan éternel dont elle ne s'écarte jamais j elle prépare en silence les germes de ses productions , elle ébauche , par un acte unique , la forme primitive de tout être vivant : elle la développe , elle la perfectionne par un mouvement continu et dans un temps prescrit. L'ouvrage étonne , mais c'est l'empreinte divine dont il porte les traits qui doit nous frapper. L'esprit humain ne peiat rien créer , il ne pro- duira qu'après avoir été fécondé par ■9r %*-*~»ii».wwm- tmi^.-^pMjW^- l ne peut It du lec- lire sentir par la dé- dées , par , une gra- ment uni- jn détruit la Nature le chaque l'elle tra- >ntelle ne en silence )ns , elle , la forme t : elle la le par un n temps nais c'est porte les li'esprit ne pro- ondé par DE BUFFON. 9 Vexpérience et la méditation*, ses con- noissances sont les germes de ses pro- ductions : mais s'il imite la nature dans sa marche et dahs son travail , s'il s'ë- lève par la contemplation aux vëritds les plus sublimes , s'il les réunit , s'il les enchaîne , s'il en forme un tout ^ un système par la rëflexion , il éta- blira , sur des fondemens inébranla* blés , des monumens immortels. C'est faute de plan , c'est pour n'a- voir pas assez réfléchi sur son objet , qu'un homme d'esprit se trouve em- barrassé , et ne sait par où commencer à écrire : il apperçoit à-la-fois un grand nombre d'idées ; et comme il ne les a ni comparées ni subordonnées , rien ne le détermine à préférer les unes aux autres; il demeure donc dans la per- plexité : mais lorsqu'il se sera fait un plan, lorsqu'une fois il aura rassemblé et mis en ordre toutes les pensées es- sentielles à son sujet, il s'appercevra aisément de l'instant auquel il doit Th. de la Xerie. I. 2 m J - il .X ..' i! A k.-a<î!. 10 DISCOURS prendre la plume , il sentira le point (le maturité de la pitoductiou de l'es- prit ; il sera pressé de la foire éclore , il n'aura même que du plaisir Ji écrire : les idées se succéderont aisément > et le style sera naturel et facile ; la cha- leur naîtra de ce plaisir , se répandra partout ^ donnera de la vie à chaque «xpi'ession \ tout s'animera de plus en plus; le ton s'élèvera j les objets pren- dront de la couleur; et le sentiment se JQÎgi^ant h |a lumière , l'augmen- tera ; la porter^ plus loin ^ la fera pas- ser d« ce qijp l'on dit à ce qi;i!oin va dire , et le style deviendra intérc^ssant et lumineux. Rien ne s'qppose plus à la chaleur que le dqsir de mettre par -tout des traits saillans; rien n'est plu^ contraire à la lumière , qui doit foire un corps et se répandre nniformément dan? un écrit , que ces étincelle^ qu'on ne tire que par force en choquant les mots les uns contre les autres , et qui ^le [M Ira le point iou de Tea- i^irc écloye , çir ^ éci:ire : séixieut , et ile ; la clia- se répandra ie à chaque . de plus in objets prèn- î sentiment r^Ugmen- la fera pas- se qi;i!an va intéressant la cb^leur -tout des s contraire un corps it danç un on ne tire les mots et qui ^e DE B U F F O N. 11 VOUS éblouissent pendant quelques ins- tans que pour vous laisser ensuite dans les ténèbres. Ce sont des pensées qui ne brillent que par l'opposition ; l'on ne présente qu'un côté de l'objet , on met dans l'ombre toutes les autres fa- ces , et ordinairement ce côté qu'on dioisit est une pointe, un angle sur lequel on fait jouer l'esprit avec d'au- tant plus de facilité qu'on Féloigne davantage des grandes faces sous les- quelles le bon sens a coutume de con- sidérer les chosesk Rien n'est encore plus opposé à la' véritable élioquence que l'emploi de ces pensées fines et la recherche de ces idées légères, déliées, sans consis- tance , et qui , comme la feuille du mé- tal battu, ne prennent de l'éclat qu'en perdant de la solidité : aussi plus on, mettra de cet espri^t min<^^ et brillant dans un écrit , moins il à^urè de nerf, de lumière, de chaleur moins q^ue cet espri .S5 '-•fV h I 19 DISCOURS )' f m! le fond du sujet , et que l'écrivain n'ait pas eu d'autre objet que la plaisanterie ; f^lors l'art de dire de petites choses de- vient peut-être plus difficile que l'art d'en dire de grandes. Rien n'est plus oppose au beau na- turel que la peine qu'on se donne pour exprimer des choses ordinaires ou com- munes y d'une manière singulière ou pompeuse y rien ne dégrade filns l'écri* Tain. Loin de l'admirer, on le plaint d'avoir passé tant de temps à faire de nouvelles combinaisons de syllabes , pour ne rien dire que ce que tout le m^nde dit. Ce défaut est celui des es* prits cultivés , mais stériles *, ils ont des mots en abondance , point d'aidées y ils travaillent donc sur les mcts^ et sHmagiuent avoir combiné des idées ^ parce qu'ils ont arrange des phrases ^ et avoir épuré le langage quand ils l'ont corrompu en détournant les ac» Geptions. Ces écrivains n'ont point de 9^1e^ ou, si l'on veut , ils n'en ont quo V i '\1 -'*v..-.r «fe»^ -, y •. N i)E BUFFON. iS l'ombre ; fe style doit graver des pen- sëes V iUne savent ^ue tracer des pa- roles. Pour bien écrire, il faut donc pos- séder pleinement son sujet ; il faut y réfléchir assez pour voir clairement l'ordre de ses pensées, et en former une suite , une chaîne continue , dont chaque point représente une idée ; et lorsqu'on aura pris la pi urne, il faudra la conduire successivement sur ce premier trait , sans lui permettre de s'en écar- ter, sans l'appuyer trop inégalement , sans lui donner d'autre mouvement que celui qui sera déterminé par l'es- pace qu'elle doit parcourir. C'est en cela que consiste la sévérité du style , c'est aussi ce qui en fera l'unité et ce qui en réglera la rapidité, et cela seul aussi suffira pour le rendre précis et simple , égal et clair , vif et suivi. A cette première règle dictée par le gé- nie , si l'on joint de la délicatesse et du goût; du scrupule sur le choix des .1» % W I l4 DISCOURS expressions , de l'attention à ne nom- mer les choses que par les termes les plus généraux , le style aura de la no- blesse. Si l'on y joint encore de la dé- fiance pour son premier mouvement , du mépris pour tout ce qui n'est que brillant , et une répugnance constante pour l'équivoque et la plaisanterie , le style aurtt de la gravité, il anra même de la majesté : enfin si l'on écrit com- me l'on pense , si l'on est convaincu de ce que l'on veut persuader , cette bonne foi- avec soi - même qui fait la bien- séance pour les autres , et la vérité da style , lui fera produire tout son eJEPet, pourvu que cette persuasion intérieure ne se marque pas par un enthousiasme trop fort , et qu'il y ait par-tout plu» de candeur que de confiance , plus de raison que de chaleur. C'est ainsi , messieurs , qu'il me sem- bloit , en vous lisant , que vous me parliez , que vous m'instruisiez : mon ame, qui recueilloit avec avidité ces '.n ^ ? >^ ^JT--'-"'- •'^^,^ ■'H...r>^/ 1 à ne nom- s termes les ira de la iio- re de la de- ouvement , li n'est que '.e constante santerie, le aura même écrit corn- invaincu de cette bonne it la bien- a vërité da t son effet, . intérieure thousiasme ^-tout plus :e , plus do il me sem- VOU3 me nez : mon vidité ces I ■ri DE BUFFON. l5 oracles de la sagesse , vouloit prendre l'essor et s'élever jusqu'à vous j vain» efforts ! Les règles, disiez- vous encore , ne peuvent suppléer au génie ; s'il manque , elles seront inutiles : bien écri.î, c^est tout à- la -fois bien pen- ser, bien sentir et bien reildre, c'est avoir en même temps dé l'esprit , de Famé et du goût ; le style suppose la i^é union et l'exercice de toutes les fa- cultés iittellectuelles ; les idées seules forment le fond du styl? , Tliarmonie des paroles n'en est que l'accessoire , et ne dépend que de la sensibilité des organes ^ il suffit d'avoir un peu d'o- reille pour éviter les dissonances , et de l'avoir exercée > perfectionnéq par ïa lecture des poète* et des oratrtirs , pour que mécaniquement on soit porté à l'imitation de la< cadence poétique et des tours oratoire^s* Oi* jamais l'imi- tation n'a ïé^n créé , aussi cette har- monie des mots ne fait ni le fond , ni le ton du style , et se trouve * V ■ f i 4 iff DISCOURS fouvent dan» des écrits vides d'x-^ diies. Le ton n'est que là conTenance du style à la nature du sujet -, il ne doit jamais être forcé *, il naîtra naturelle- ment du fond jnême de la chose , et dépendra beaucoup du point de géné-« ralité auquel on aura porté ses pen-^ aées. Si l'on s'est élevé aux idées les plus générales , et si l'objet en lui- même est grand, le ton paroîtra s'é- lever à la même hauteur j et si , en le soutenant à cette éléVcttion , le gé- nie fournit assez pour donner à cha- que objet une forte lumière , si l'on peut ajouter la beauté du coloris à l'éneijgie du dessin ; si l'on peut , en un mot y représenter chaque idée par une iniage vive et bien terminée , et {ormét àé chaque suite d'idées un ta- bleâik liérmonieux et mouvant , le ton «eïÀ ii6A*>flealçin«f^ élevé, mais su- blimé» Ici VtRessiènrs ; l'application feroit Li r- l-V, . V, ?■■ > - 1 D : : B u F F o w. 17 plus que la règle ; les exemples iiis- truiroieiit mieux que les préceptes ; mais comme il ne m'est pas permis do citer les morceaux sublimes qui m'ont si souvent transporté en lisant vos ouvrages , je suis contraint de me bor- ner à des réflexions. Les ouvrages bien écrits seront les seuls qui passeront à la postérité : la quantité des connois- sances , la singularité des faits , la non* veauté même des découvertes ne sont pas de sûrs garans de l'immortalité ; si les ouvrages qui les contiennent ne roulent que sur de petits objets , s'ils sont écrits sans goût , sans noblesse et sans génie, ils périront;^ parce que les connoissances , les faits et les décou- vertes s'enlèvent aisément , se trans- portent , et gagnent même à être mi- ses en œuvre par des mains plus ha-> biles. Ces choses sont hors de l'hom* me -, le style est l'homme même : le style ne peut donc ni s'enlever, ni se 1 *. 1 t8 DISCOURS transporter, ni s*altërer : 8*il est elc vë ^ noble , sublime , l'auteur sera dgale* ment admire dans tous les temps ; car il n'y a que la vérité qui soit durable et même éternelle. Or un beau style n'est tel en effet que par le nombre infini des vérités qu'il présente. Tou- tes les beautés intellectuelles qui s'y trouvent , tous les rapports dont il est composé ; sont autant de vérités aussi utiles , et peut être plus pré- cieuses pour l'esprit humain que celles qui peuvent faire le fond du sujet. Le sublime ne peut se trouver que dans les grands sujets. lia poésie, l'his- toire et la philosophie ont toutes le même objet , et un très-grand objet ^ 3'bomme et la Nature. La philosophie décrit et dépeint la nature ; la poésie la peint et l'embellit , elle peint aussi les hommes , elle les agrandit ^ elle les exagère, elle crée les héros et les dieux: « r r ,.rf^ '•*—••■. W^ ■-^.:.,»«|^^ ^f»^: S,.)v'f . . .. . i; ■ 1 1 &c. lir les ob- •-lout em- oyer toute HISTOIRE NATURELLE. THÉORIE DE LA TERRE. Il n'est ici question ni de la figure de la des terre , ni de son mouvement , rapports qu'elle peut avoir à l'exté- rieur avec les autres parties de Vuni' vers 'j c'est sa cokistitution intérieure , sa forme ( t sa matière que nous nous propv>>iuns d'examiner. L'histoire géné- rale de la terre doit précéder l'histoire particulière de ses productions ; et les détails des faits singuliers de la vie e t des mœurs des animaux ou de la culture et de la végétation des plantes, appar- tiennent peut-être moins à l'Histoire naturelle que les résultats généraux des observations qu'on a faites sur les Th. de la Terre. I, 3 ■'■? i't S %m- . - i.jf iaa HISTOIKE NATÛREL] difiPërentes matières qui comppsent le globe terrestre , sur les ëminences , les profondeurs et les inëgalitës de sa for- me , sur le mouvement des mers , sur la direction des montagnes ^ sur la po- sition des carrières, sur la rapidité et les e£Pets des courans de la mer , &c. Ceci est la Nature en grand, et ce sont- là ses principales opérations y elles in- fluent sur toutes léà autres, et la théo-^ rie de ces effets est une première scien- ce de laquelle dépend l'intelligence des phénomènes particuliers , aussi bien que la connoissance exacte des substan- ces terrestres*, et quand même on vou- droit donner à cette partie des scien- ces naturelles le nom de physique , toute physique où l'on n'admet point de systèmes n'est-elle pas l'histoif ç de Nature ? Dans des sujets d'une vaste étendue dont les rapports sont difficiles à rap- procher, où les faits sont inconnus en partie , et pour le reste incertains il si ?.•>' ' LtÉ. mppsent le nences , les s de sa for- i mers , sur ^ sur la po- ' rapidité et L mer , 'î&c. , et ce sent- is \ elles in« et la theo^ miere scicn- Uigence des aussi bien des substan- me on vou- s des scien- physique , dmet point 'histoire de ste étendue ciles à rap- nconnus en :ertains, il TUilORIE DE LA TERRE. 2? est plus aise d'imaginer ttn système que de donner une théorie \ aussi la théo- rie de la tehre n'a- 1> elle jamais été traitée que d'une manière vague et hy- p^othétique. Je ne parlerai donc que lé- gèrement des idées singulières dé quel* qiies auteurs qui ont écrit sur cette matière. , > L'un, plus iiïgémêniË que iraisonna-^ h\z , asU'onome conyaincu du système de Newton , envisageant tous les évé-^ nemens possibles du cours et de la direc* tion des astres , explique ^ à l'aide d'un calcul mathématique , par la queue d'une comète, toàs les changemens qui ftont arrivés au globe terrestre. Un autre , théologien hétérodoxe , la tète échauffée de visions poétiques ^ croit avoir vu créer l'univers : osant prendre le style prophétique , après nous avoir dit ce qu'étoit la terre au sortir du néant , ce que le déluge y a changé , ce qu'elle a été et ce qu'elle est , il nous prédit ce qu'elle sera ^ ] V ■V^ •^ - I : ) \ I -ww««^*T»^Mt«4 im.tm.' •ék.su .iiim ■<*<«.. 4rH._ j^*-^ s ..^ ^jt^\. ^ ,, , . »• ' *- /^, . du genr» 'ïnî î meilleur premiers , 3 ses idëesj Lense d'un trailles du omènes do 'est qu'une mince qui u'elle renr tes au ha- lte sur dea lut ëc^airçi. faits 'y onsL aussi ces Le de ceux ent , inca«* nguer les plus fiât- appës du le au sujet rrUÉORXE D£ LA TERRE. 35 de la terre , sera sans daute moins extraordinaire , et pourra paroîtro commun en comparaison des grands systèmes dont nous venons de par- 1er ; mais on doit se souvenir qu'un historien est fait pour décrire et noa pour inventer , qu'il ne doit se per- mettre aucune supposition , et qu'il ne faut faire usage de son imagination que pour combiner les observations , gënëraliser les faits , et en former un ensemble qui présente à l'esprit un ordr^ méthodique d'idëes claires et do rapports suivis et vraisemblables : je dis vraisemblables , car il ne faut, pa» •spérer qu'on puisse donner des dé" ^onstrations exactes sur cette matiè- re, elles n'ont lieu que dans les sciences mathématiques ; et nos connoissances en physique et en histoire naturelle dépendent de l'expérience et se bornent à. des inductions, v Xeri Commençons donc par nous repré- senter ce que l'expérience de tous le» h' 'V^. t4 m aS HISTOIRE NATUREL1.E. temps et ce que nos propres observa- tions nous apprennent au sujet de la. terre. Ce globe immense nous offre , à la surface , des hauteurs , des profon- deurs , des plaines , de» mers , des ma- rais , des fleuves , des cavernes , des gouffres, des volcans , et à la première inspection nous ne découvrons en tout cela aucune régularité , aucun ordre. Si nous pénétrons dans son intérieur ^ nous y trouverons des métaux , des minéraux , des pierres , des bitumes , des sables ; des terres, des eaux, et dea matières de toute espèce ^ placées comme au hasard et sans aucune règle apparente ; en examinant avec "pltta d'attention , nous voyons des monta- gnes affaissées , des rochers fendus et brisés , des contrées englouties , des îles nouvelles, desterreins submergés,, des cavernes comblées j nous trouvons des matières pesantes souvent posées sur des matières légères , des corps durs tnVironnés de substances molles ; des -■''''*■'*««»■ 'i»»lftJJ'.' M "mmm^: •"*V ,^' ■■- yr THÉORIE DE LA TER RÉ. ^J choses sèches > humides, chaudes , froi- des, solides^ friables, toutes mêlées et dans une espèce de confusion qui ne nous présente d'autre image que celle d'un amas de débris et d'un monde en ruine. Cependant nous habitons ces ruines avec une entière sécurité ; les généra- tions d'hommes , d'animaux , de plan« tes , se succèdent sans interruption , la terre fournit abondamment à leur sub- sistance ; la mer a des limites et des loix , ses mouvemensy sont assujettis ; l'air a ses courans réglés ; les saisons ont leurs retours périodiques et cer- tains ; la verdure n'a jamais manqué de succéder aux frimats ; tout nous pa- roi t être dans l'ordre; la terre, qui tout-à-l'heure n'étoit qu'un chaos , est un séjour délicieux où régnent le cal- me et l'harmonie , où tout est animé et conduit avec une puissance et une in^ lelligence qui nous remplissent d'ad- miration et nous élèyeut jusqu'au Créateur. » -1 k -- -Tiiliii.iiililiil i i*^' '■•'î''" ■ / ('■ ri f -, X'^. 1...^^ 38 inSTOIRB NATURELLE. Ne nous pressons donc pas de pro- noncer sur rirrdgulariié que noua voyons à la surface de la terre , et sur le désordre apparent qui se troti'/e dans son intérieur : car nous en recon- noitrons bientôt Tutilité , et même la nécessité j et en y faisant plus d'atten- tion nous y trouverons peut-être un ordre que nous ne soupçonnions pas , et des rapports généraux que nous n'appercevions pas au premier coup^ d'œil. A la vérité nos connoissances à cet égard seront toujours bornées : nous ne connoissons point encore la surface entière du globe ; nous ignorons en par- tie ce qui se trouve au fond des mers ; il y en a dont nous n'avons pu sonder les profondeurs : nous ne pouvons pé- nétrer que dans l'écorce de la terre, et les plus grandes cavités, les miner les plus profondes ne descendent pas à la huit millième partie de son dia- mètre ; nous ne pouvons donc juger que de la couche extérieure et presqu» .Jâ;*. li^.:>C.-a*»»«^fS4¥^,îi^^ - .-*/»»i«^' as de pro- mue noiis re , et sur le troiiYe en recon- ; même la 18 d'aiten^ t-étre im lions pas , que nous ier coup^ issances à lées : nous la surface ns en pai*- les mers ; »u sonder vons pé- a terre, es miner cnt pas son dia- c juger pres^ut^ THÉORIE DR L mais ce n'est qu'uno estimation relative, l'unité de mesure nous manque , le poids rëel de la ma* tière nous étant inconnu ; en sorte quo Vintëneur de la terre pourroit être ou vide ou rempli d'une matière mille fois plus pesante que l'or, et nous n'a^ vons aucun moyen de le reconuoître ^ à peine pouvons- nous former sur cel^ quelques conjectures raisonnables. IL faut donc nous borner à examiner et à décrire la surface de la terre , et I4 |)etite épaisseur intérieure dans- la* quelle nous avons pénétré. La première chose qui se présentç , c'est Timmense quantité d'eau qui couvre la plus grande partie du globe ^ ces eaux oc-> «cupent toujours les parties les plus basses I elle sont aussi toujours de ni* I d I '^ ,■ « i ■■i.,Y.y^.-;- ;';V»j,'«»j»«.«<'' ."X^,^ -r^- So htstoihe naturelle. veau, et elles tendent perpëtuéllement à l'équilibre et au repos : cependant nous les voyons agitées par une forto puissance -, qui , s'opposant. à la tran- quillité de cet élément , lui imprime un mouvement périodique et réglé, Aoulève et abaisse alternativement les ilôts 9 et fait nn balancement de la masse totale des meré en lés remuant jusqu'à la plus grande profondeur. Nous savons que ce mouvement est de tous les temps , et qu'il durera autant que la lune et le soleil qui eu sopt le» causes. '.fi- '.;.».ï*>l'<' ■^.' , l»v ' i". •••» Considérant ensuite le fond de là mer , nous y remarquons autant d'iné- galités que sur la surface dé la terre ; nous y trouvons des hauteurs , des val- lées , des plaines , des profondeurs, des rochers, des terreins de toute espèce ; nous voyons que toutes les iles ne sont que les sommets de Vastes montagnes , dont le pied et les racines sont couver- tes de l'élément liquide ) nous y trou- »•■■ ^"Hik. m "^^ T 'rt 4f - _^ ,n THÉORIE DE LA TERRE. 5l vons d'autres sommets de montagnes, qui sont presqu'à fleur d'eau , nous y remarquons des conrans rapides qui semblent se soustraire au mouvement, gënëral : on les voit se porter quel'- quefois constamment dans la même: direction , quelquefois rétrograder et ne jamais excéder leurs limites , qui paroissent aussi invariables que oellel qui bornent les efforts des Ueuves de la terre. Là , sont ces contrées orageu» ses où les vents en fureur précipitent la tempête , où la mer et le ciel éga- lement agités se choquent et se con-» fondent : ici, sont à»fk mouvemens in- testins > des bouillonnemens, des trom- bes et des agitations extraordinaires causées par des volcans dont la bouche submergée vomit le feu du sein des ondes , et pousse jusqu'aux nues une épaisse vapeur mêlée d'eau , de soufre et de bitume. Plus loin je vois ces gouffres dont on n'ose approcher , qui semblent attirer les vaisseaux pgup les S h d \ i «■a- 1- iL m'^' ! S Si HISTOIRE NATURELLE, engloutir : au-delà j^apperçois ces vas- tes plaines toujours calmes et tranquil- les f mais tout aussi dangereuses , où. les vents n'ont jamais exerce leur emr pire, oà l'art du nautonier devient inutile , où il faut rester et përir : en- fin portant les yeux jusqu'aux extrë- mitos du globe , je vois ces glaces énor- mes qui se détachent des continens des pôles f et viennent comme des mon- tagnes flottantes voyager et se fondre jusques dans les régions tempérées. ... - '/Voilà les principaux objets que nous offre le vaste empire de la mer : des milliers d'iiabitans de différentes es- pèces en peuplent toute l'étendue ; les uns couverts d'écaillés légères en tra- versent avec rapidité les différens pays; d'autres chargés d'une épaisse coquilU •e traînent pesamment et marquent avec lenteur leur route sur le sable , d'autres à qui la nature a donné des tiageoires en forme d'ailes , s'en ser- Tetkt pour s'élftver et se soutenir dans utenir danf THiOAfE DE LA TBRIl^. ^55 les airs ; d'antres enfin à qui toat mou* Tcment a été refasd, croissent et vi- vent attaches aux rochers ; tons tr<3iv- vent dans cet ëlëment leur pâture. Le fond de la mer produit ahondam- ment des plantes , des mousses et det vëgëtations encore plus singulières ; !• terrein de la mer est de sable , de gra« vier, souvent de vase , quelquefois de terre ferme , de coquillages, de rochers, et par-tout il ressemble à la terre que nous habitons. • -• >^t ^^f» l'" i> Voyageons maintenant sur la parti* êèche du globe ; quelle difiR^rence pro- digieuse entre les climats ! quelle va- riëtd de terrein ! quelle inégalité de niveau ! mais observons exactement, et nous reconnoîtrons que les grandes chaînes de montagnes se trouvent plua voisines de Téquateur que des pôles, que dans l'ancien continent elles s'étendent d'orient en occident beaucoup plus que du nord au sud, et que dans le Nouveau Monde elles s'étendent aU contraire Th. d« U Terre. I. 4 n il i jj?*-^pn- Il 54 IIISTOIRE NATURELLE, du noyd «.u sud beaucoup pimque d'o** rient en occident ; mais ce qu'il y a d« très-remarquable, c'est que la forme de ces montagnes et leurs contours qui paroissent abaolumput irrëguliers y ont cependant des directions suivies et cor- respondantes entr'elles , pn sorte que les angles saillans d\ine montagne se trouvent tqu)Ours opposés aux angles rentrans de la montagne voisine qui en est séparée par un vallon ou par une pro- fondeur. J'observe aussi que les collines opposées ont toujours à très-|>eu-prë» la même hauteur , et qu'en général les montagnes occupent le milieu des conti- nens et partagent dans la plus grande longueur les îles , les protiioiiloires et les autres terres avancées. Je suis de même la direction des plus grands fleu- ves, et je vois qu'elle est toujours pres- que perpendicvilaire à la côte de la mer , dans laquelle ils ont leur embouchure, et que dans la plus grande partie de leur cours ils vont ù- peu- près comme f I t^.-Af**!-'!^"''--^"?.':^,. V LLE. lusqued'O'* qu'il y a d« ic la foime ontoars qui [uliersy ont ivies et cor- 1 sorte que lontagne se aux angles lisine qui en parunepro- B lea collines ès-i>eu-près t genëral les su des conti- plus grande iionloires et Je suis de 'vauds fleu- ajouvs pres- de la mer , iboucbure , partie de rès comme THÉORIE Dis LA tERRE. 35 les chaînes de montagnes dont ils pren- nent leur source et leur direction. Exa- minant ensuite les rivages de la mer , je trouve qu'elle est ordinairement bor- née par des rochers , des marbres et d'autres pierres dures ; ou bien par des terres et des sables qu'elle a elle-taême accumulés ou que les fleuves ont amè- nes , et je remarqtie que les côtes voi- sines et qui ne sont séparées que -par un petit trajet de mer , oont compc /-s des mêmes matières , et que les lib de terre sont les mêmes de l'un et de l'au- tre côté *, je vois que les volcans se trou- vent tous dans les hautes montagnes , qu'il y en a un grand nombre dôtit les feux sont entièrement éteints , que quelques-uns de ces volcans ont des correspondances souterrrines , et que leurs explosions se font quelquefois en même temps. J'apperçois une corres- pondance semblable entre certains lacs et les mers voisines ; ici^ sont des fleuves et des torrens qui se perdent tout-à- .•,»•*<*<«*■"><»•<*> • u>-*"- ■•^. :jL:»#r- ( ) 'l !■ i (=,'■ s 36 HISTOIRE NATURELLE. coup et paroissent se précipiter dan* les entrailles de ]a terre; là^ est une mer intérieure où se rendent cent ri-» vières qui y portent de toutes part» une énorme quantité d'eau , sans ja- mais augmenter ce lac immense , qui semble rendre par des voies souterrai- nes tout ce qu'il reçoit par ses bords ^ et, chemin faisant, je reconnois aisé- ment les pays anciennement Habités i je les distingue de ces contrées nou- velles où le terrein paroît encore tout brut, où les fleuves sont remplis de ca*' taractes , où les terres sont en partie submergées , marécageuses ou trop ari-* des , où la distribution des eaux est ir- régulière, où des bois incultes couvrent toute la surface des terreins qui peu- vent produire. Entrant dans un plus grand détail , je vois que la première couche qui en- veloppe le globe, est par -tout d'une même substance; que cette substance ^ui sert à faire croître et à nourrir le% hh. , t»-*»-*!»^" ■ ' LE. piter dan* , est une it cent ri-» lUtes part» i , sans )a- ense^ qui souterrai'" ses bords 9 mois aisë- t Habités; Lrëes nou- icore tout plis de ca<^ en partie i trop ari- Lux est ir- couvrent qui peu- id détail^ le qui en- out d'une substance ourrir lei TÏTéoniE DE LA TERRE; 5^ ^g(5taux et les animaux , n'est elle» même qu'uii> composé de parties ani- males et i^gétale») détruites ou plut6i réduites en petites parties dans les- § quelles l'ancienne organisation n'est I pas sensible. Pénétrant plus avant , je trouve la vraie terne ; )c vois des cou- ches de sable y des pierres à ehaux , d/ar-^> gile, de coquillages^ de marbre , de grab» vier , de craie,, de plâtre, etc. et je re- marque que ces couches sont toujonrtft posées parallèlement les unes sur le»? autres, et que chaque couche a la>même épaisseuc dans toute son étendue - : yn vois que dans les collines voiisines l'es* mêmes, matière» se Souvent au même BiveauyqiaoiqueTes ooll)iie»8^i»f. sé- parées par des- intervalle» profonds et considérables. J'obsesve que dans tou» les-lits^ de terre , et même dans l«s cou- ches pins solides, eomme dan» les ro« ehors^, dims les carrières de marbre et. de pierve, il y a. des fentes-, ^ue ces fen- ts^aont perpciuliciilaire» à l-horitou ;. riSf. . », I \ 'î 38 HISTOIRE NATURELLE» et que dans les pliis grandes comme dans les plus petites profondeurs, c'est une espèce de règle que la Nature suit constamment. Je vois de plus que dan» l'intérieur de la terre , sur la cime de» monts et dans les lieus les plus ëloignë» de la mer , on trouve des coquilles , de» squelettes de poissons de mer^ des plan- tes marines, 8cc. qui sont entièrcvmcnt semblables aux coquilles, aux poisson», nux plante» actuellement vivante» dans la mer, et qui en effet sont abso- lument les mêmes. Je remarque que ces coquilles pétrifiées sont en prodi- gieuse quanf ité , qu'on en trouve dan» une înûnité d'endroits, qu'elles sont renfermées dans l'intérieur des rocher» et d«s autre» masses de marbre et de pierre dure, aussi -bien que dans le» craies et dans les terres ; et que non- seulement elles sont renfermées "" is toutes ces matières , mais qu'elles y «ont incorporées , pétrifiées et rem- plie» de la fiibstance même qui les en- THÉORIE DE LA TERRE. S9 vironne : enfin je me trouve convaincu par des observations réitérées , que le» marbres , les pierres , les craies , les marnes , les argiles , les sables et pres- que tontes les matières terrestres sont remplies de coquilles et d'autres débris de la mer , et cela par toute là terre et dans tous les lieux où l'on a pu faire des observations exactes. Tout cela posé , raisonnons. JLes changemens qui sont arrivés au globe terrestre depuis deux et même trois mille ans , sont fort peu considé- rables en comparaison des révolutions qui ont dû se faire dans les premiers temps après la création ; car il est aisé de démontrer que comme toutes les matières terrestres n'ont acquis de la solidité que par l'action continuée de la gravité et des autres forces qui rap- prochent et réunissent les particules de la matière , la surface de la terrç de- voit être au commencement beaucoup moins $plide qu'elle ne l'est devenue •^ ,.,./'""'^' ■ .^ ■ >< '"• ■«» ■ ■»(,<•• c # * • S ' 1 £ vH^ i [* \ 4o HISTOIRE Iîil,TUKELLB» dans la suite, et que par eonséquentîe^ Riémes causes qui ne produisent au- jourd'hui que des cliangemens' pres- qu'insensibles dans l'espace de plu- sieurs siècles , dévoient causer alors de- très-grandes révolutions dans un petit nombre d'années : en effet , il paroît certain que la terre actuellement sè- che et habitée , a été autrefois sou9' les eaux de la mer , et que ces eaus: ëtoient supérieures ^ux sommets^ dea- plus hautes montagnes , puiîsqu'on) trouve sur ces montagnes et jusque sur- leurs sommets des productions marine» et des coquilles. c[ut, eomparëés avecles- 'eoquillages vivams , sont lés mêmes , et qu'on ne peut douter de leur parfait» ressem et par conséquent il ne paroît pas possible que les eaux du déluge ayent pu bouleverser les terres à la surface du globe jusqu'à d'aussi grandes profondeurs dans le peu de temps que dura l'inondation • ' ll^verselle. ^a \ " . ■ ■ '>^^^:^i'il\-\ l.r ï .k.- Iki; 't^f^-*Ç^^ '"""■■•■'^" >«%«•* THÉORIE DE LA TERRE, 43 Mais sans insister plus long -temps sur ce point qui aexa. discuté dans la fiuite ^ Je m'en tiendrai maintenant aux observations qui sont constantes , et aux faits qui i^ont certains. On ne peut douter que les eauX; de la mer n'ayent sëjoui^né sur là sur£iice de la terre que nous habitona^ et que par conséquent cette même aur&ce de notre continent n'ait été pendant quelque temps le fond d'une mer ^ dans laqueHe tout se passoit comme tout se passe actuelle- ment dans la nier d^^ujourd'bui : d'ail- leurs les couches des différentes mar tières qui composent la terre , étant, comme nous l'avons remarqué , posées parallèlement et de niveau j, il est dail: que cette position est l'euyrage des eaux qui ont amassé et accumulé peu à peu ces matières et leur ont donné la même situation que l'eau prend tou- jours elle - même , c'est - à - dire , cette situation horizontale que nous obser- voiifc pvesque par-tputj car dans les I?**;;»!!! A 44 HISTOIRE NATURELLE. plaines les couches sont exactement horÎTOntales , et il n'y a qw dans les montagnes où elles soient inclînëes , comme ayant été formées par des se- diraens déposes sur une base inclinée ^ d'est-à-dire, sur un terrein péncHant : 4>r je dis que ces couckes ont été for- knéet peu à peu^ et non pas tout d'un coup par quelque révolution que ce 9<^it , parce que nous trouvons souvent des couches de matière plus pesante^ posées sur des couches de matière ÏKaucoupplus légère) ce qui ne pour- rok être, si, comme le veulent quelr ques auteurs , toutes ces matières dis- toutes «t mêlées en même temps dans l'eau, se fussent ensuite précipitées au fond de cet élément , parce qu'alors elles eussent produit Une toute autre composition que celle qui existé ; les matières les plus pesantes seroient des- cendu«;s les premières et au plus bas , et chacune se scroit arrangée suivant ^ gravité apocifique ,. dans un ordr^ =«;■ M^,.^.^^gJS relatif à leur pesanteur particulière ; rst nous ne trouverions pas des rochers nn^sifs sur des arènes légères , non plus que des charbp^s de terre 89U8 des argiles , des glaises sous des mar- bres et des niëtaux sur des sables., y.-.f Une.chpse ^laquelle nous devons encore faire atientiojci,, et qui confir" me ce que nous venpns de dire sur la formation des couches par 1^ mouve- ment et par le sédiment, des eaux, c'est que toutes les autres causes de révolution ou de cha^^ement; sur le globe ne peuvent produire les mêmes eifets. Les montagnes les plus élevées sont composées de içouches parallèles tout de même que les plaines les plus basse? , et par conséquent on ne peut pas attribuer l'origine et la, formation des montagnes à des secousses > à ^cb tremblemens de terre , nooplus qu'à des volcans \ et nous avons des preuves que s'il se forme quelquefois de petites ëminences par ces mouvemenâ convul- Th. de la Terre. I. ' 5 / >.< '*îè»?r"'^*-~'~' t ifi àts¥biRB?^i^AtiîrKEïxtè' sifs de la terre , ces noua \ ! i :f^ 48 HISTOIRE NATURELLE. " prouve qil^elle nVst pas parfaitement spliëriqùe, mais qu'elle est plusëlevëe sous rëquaténr que sur les pôles ; et concluons de ces' premières observa- tions , que quand même on suppo- seroit que la terre est sortie des mains du Créateur parfaitement ronde en tout sens ( supposition gratuite et qui marqueroit bien le cercle ëtroit de nos idées) y son mouvement diurne et ce- lui du flux et du reflux auroient élevé peu à peu les parties de Tëquateur , en y «menant .nccessivement le, U- monsy les terres y les coquillages , &c. Ainsi les plus grandes inégalités du globe doivent se trouver et se trouvent en e£Pet voisines de l'équateur ; et corn» me ce mouvement de flux et de reflux se fait par des alternatives journaliè- res et répétées sans interruption , il est fort naturel d'imaginer qu'à cha« que fois les eaux emportent , d'un en- droit à l'autre , une petite quantité dé matière , laquelle tombe ensuite i ^ THÉORTE DU LA TERRE. ^9 comme un sëdiment au fond de l'eau , et forme ces couches parallèles et ho- rizontales qu'on trouve par-tout ; car la totalité du mouvement des eaux dans le flux et le reflux étant hori- zontale, les matières entraînées ont nécessairement suivi la même direc- tion , et se sont toutes arrangées pa- rallèlement et de niveau. Mais, dira-t-on, comme le mouve- ment du flux et reflux est un balance- ment égal des eaux , une espèce d'os- cillation régulière, on ne voit pas pour- quoi tout ne seroit pas compensé , et pourquoi les matières apportées par le flux ne seroient pas remportées pur le reflux , et dès-lors la cause de la formation des couches disparoît , et le fond de la mer doit toujours rester le même , le flux détruisant les effets du reflux, et Tun et l'autre ne pouvant causer aucun mouvement, aucune al- tération sensible dans le fond de la mer; et encore moins en changer la •• *»u;*» iiv /: I 5o HISTOIRE NATURELLE. forme primitive en y produisant des^ liante urs et des inégalités. A cela je réponds que le balance- ment des eaux n'est point égal , puis- qu'il produit un mouvement continuer de la mer de Torient vers l'occident, que de plus l'agitation causée par les vents , s'oppose à l'égalité du flu^ et du reffux , et que do tous le»^ mouve- mens dont la mer est susceptible , il* résultera toujours des transports de terre et des dépôt* ae '^res dans de certains endr jits; que ces amas dé matières seront composés de couches parallèles et horizontales , les combi- naisons quelconques dés mouvemens de la mer tendant toujours à remuer les terres et à les mettre dé niveau les unes sur lés autres dans fes lieux oh elles tombent en forme de sédiment.. Mais de plus , il est aisé de répondre à cette objection par un fait, c'est que dans toutes les extrémités de la meir oà l'ôa obseire lé iLux et le reflux. !"» SLLE* Luisant des^ le balance- égal, puis- t continuer l'occident, sëe par les du flu^ et \e9^ mouve- ^ptibîe, il* insports de -l^res dans es amas dé de couches I les combi- [ouvemens à remuer niveau les |s lieux où sëdiment.. 'ëpondte à c'est que de la mei: le reilux; 5i THÉORIE DE LA TERRE, d'an? toutes les côtes qui la bornent, on voit que le flux amène une iniî- nité de choses que le reflux ne rem- porte pas , qu'il y a des terreins que la. mer couvre insensiblement , et d'au- tres qu'elle laisse à découvert après y avoir apporté des terres, des sables y des coquilles y*^ &c. qu'elle dépose , et qui prennent naturellement une si- tuation horizontale ,. et que ces ma- tières accumulées par la suite des temps et éfevéés jusqu'à un certain point, se trouvent peu à peu hors d'at- teinte aux eaux , restent ensuite pour toujours dans l'état de terre sèche, et font partie dss-continens terrestres. MrJs pour ne laisser aucun doute sur ce point important , examinons dèprès là possibilité oul'impoi^sibilité de la for- mation.d'une montagne dans le fond de la mer par le mouvement et par te sé- diment des eaux. Personne ne peut nier que sur une côte contre laquelle la mer ag:t avec violeiice dans le topips I j fv W"' 5a HISTOIRE NATURELLE. qu'elle est agitée par le flux, ses efforts réitères ne produisent quelque chan- gement, et que les eaux n'emportent à chaque fois une petite portion de la terre de la cote , et quand même eile seroit bornée de rochers , on sait que l'eau use peu à peu ces rochers, et que par conséquent elle en emporte de pe- tites parties à chaque fois que la vague se retire après s'être brisée : ces parti- cules de pierre ou de terre seront né- cessairement transportées par les eaux jusqu'à une certaine distance et dans certains endroits ou le mouvf ment de l'eau se trouvant ralenti , abam^onnera ces particules à leur propre pesanteur,, et alors elles se précipiteront au for.d de l'eau en forme de sédiment ; et là elles formeront une première couclic horizontale ou inclinée , suivant la po- sition de la surface du tcrrein sur la- quelle tombe cette première couche, laquelle sera bientôt couverte et sur- montée d'une autre couche semblable 1 .1 -i* . >f î , ses effort» îlque chan- i*em])ortent >rtion de la même elle m sait que ers, et que )rt.e de pe- le la vague : ces parti- seront ne'- ir les eaux îe et dans vrillent de im^onnera >esanteiir;^ t au fond ni ; et ]à re courlie ant la po in sur la- ! couche, e et sur- ieniblable m 4 M THÉORIE DE LA TERRE. 53 et produite par la même cause ; et in- sensiblement il se formera dans cet endroit an dépôt considérable de ma- tière, dont les coaches seront posées parallèlement les unes sur les autres. Cet amas augmentera toujours par les nouveaux sédimens que les eaux y transporteront ; et peu à peu , par succession de temps, il se formera une élévation , une montag-^e dans le fond de la mer, qui sera entièrement sem- blable aux éminences et aux monta- gnes que nous connoissons sur la terre , tant pour la composition intérieure que pour la forme extérieure. S'il se trouve des coquilles dpns cet endroit du fond de la mer où nous supposons que se fait notre dépôt , les sédimens couvriront ces coquillt^s et les rempli- ront , elles seront incorporées dans les couches de cette matière déposée, et elles feront partie des masses formées par ces dépôts , on les y trouvera dans la situation qu'elles auront acquise en h ■ r ) I ■ t ■Î8 / .|*ri f, ï ^'i m 54 HISTOIRE NATURELLE. y tombant , ou dans l'état oti elles au- ront été saisies ; car dans cette opéra- tion celles qui se seront trouvées au fond de la mer lorsque les premières couches se seront déposées , se trouve- ront dans la couche la plus basse , et celles qui seront tombées depuis dans ce raême endroit , se trouveront dans les couches plus élevées. Tout de même , lorsque le fond de la mer sera remué par l'agitation des eaux , il se fera nécessairement des transports de terre , de vase , de co- quilles et d'autres matières dans de certains endroits où elles se dépose- ront en forme de sédimens : or r.Ofis sommes assurés par les plongeurs ^ qu^aux plus grandes profondeurs où ils puissent descendre , qui sont de vingt brasses , le fond de la mer est remué au point que l'eau se mêle avec la terre , qu'elle devient trouble et que la vase et les coquUlages sont em- portéà par le mouvement des eauiic à . traversé de collines et de chaînes de montagnes, et semé d'inégalités telles ^ que nous les y trouvons aujourd'hui, Peu à peu les matières molles do nt ks éminences étoient dVbord co mposées; ' I THÉoniÊ DE LA TLRRE. 5^ se seront durcies par leur propre poids : les unes, formées de parties purement argileuses , auront produit ces collines de glaise qu'on trouve en tant d'en- droits; d'autres, composées de parties sablonneuses et cristallines , ont fait ces énormes amas de rochers et de cailloux d'où, l'on tire le cristal et les pierres précieuses ; d'autres, faites de parties pierreuses mêlées de coquilles , ont formé ces lits de pierre et de mar- bre où nous retrouvons ces coquilles aujourd'hui ; d'autres enfin, composées d'une matière encore plus coquilleuse et plus terrestre , ont produit les mar- nes , les craies et les ten ''s : toutes sont posées par lits , toutes cou:tiennent des substances hétérogènes; les débris des productions marines s'y trouvent en abondance etàpeu-prèf suivant le rap- port de leur pesanteur ; les coquilles les plus légères sont dans les craies ^ les plus pesantes dans les argiles et dans les pierres , et elles ont remplies 1 1 \ \^ il ( Vï .«nr ï f 60 HrSTOiRB F TURELLE. de la matière même des pierres et des terres oCi elles sont renfermées ; preuve incontestable qu'elles ont été trans^ portées avec la matière qui les envi- ronne et qui les remplit , et que cette matière ëtoit réduiie en particules im« palpables : enfin toutes ces matières dont la situation s'e les pierres calcinables, les craies, les marnes , sont toutes disposées par couches parallèles toujours horizonta- les, ou également inclinées. On recon- uoit aisément dans ces dernières ma- tières la première formation , car les couches sont exactement horizontales et fort minces , et elles sont arrangées les unes sur les autres comme les feuil- lets d'un livre ; les couches de sable , d'argile molle, de glaise dure , de craie, de coquilles , sont aussi toutes ou hori- zontales ou inclinées suivant la même pente : les épaisseurs des couches sont toujours les mêmes dans toute leur étendue , qui souvent occupe un espa- ce de plusieurs lieues , et que l'on pour- toit suivre bien plus loin si l'on obser- Yoit exactement. £ufin, toutes les ma^ tières qui composent la première épais- seur du globe , sont disposées de cette façon ; et quelque part qu'on fouille , on trouvera des couches ^ et on se con- ■-•j'i'j'- .i\,y w-»"-';! fl Ié=., I»i 64 HISTOIRE NATURELLE, vaincra par ses yeux de la vérité de ce ^ui vient d'être dit. ''ûr:^' \,wm^^M^i^ - ^l- Il faut excepter à certains égards les couches de sable ou de gravier entraîné du sommet des montagnes par la pente des eaux *, ces veines de sable se trou* vent quelquefois dans les plaines , od elles s'étendent même assez considéra* blement , elles sont ordinairement po- sées sous la première couche de la terre labourable *, et dans les lieux plats elles sont de niveau comme les couches plus anciennes et plus intérieures ; mais au pied et sur la croupe des montagnes ^ ces couches de sable sont fort inclinées, et elles suivent le ^^enchant de la hau- teur sur laquelle es ont coulé : les rivières et les ruisseaux ont formé ces couches y et en changeant souvent de lit dans les plaines , ils ont entraîné et déposé par-tout ces sables et ces gra« viers. Un petit ruisseau coulant des hauteurs voisines suffît , avec le temps^ pour étendre une couche de sable ou v^'^.'ii-Wiil^i-r'^''-*" 'r'i'^'*<»m^ii^àfl: i'f*i.iM.i,m^.. THEORIE DE LA TERRE. 65 de gravier sur tonte la superficie d'un , valloi, quelque spacieux qu'il soit ^ et ^ j'ai souvent observe dans une campa- . gne environnée d^ collines , dontlabaso ; est de glaise aussi-ibien que la première couche de la plain^, qu'au-dessous d'un ^ ruisseau quiyxoule , la glaise se trouve ^ immédiatement sous la terre laboura-., ble , et qu'au-dessous du ruisseau il y a, une épaisseur d'environ un pied de sa- ^ ble sur la glaise , qui s'étend à une dis- . tance considérable. Ces couches pro*.. duites par les rivières et par les autres < eaux courantes , ne sont pas de l'an-, cienue formation : elles se reconnois- - sent aisément à la différence de leur épaisseur , qui varie et n'est pas 1%, même par-tout comme celles des cou- . ches anciennes , à leurs interruptions fréquentes ; et enfin à la matière même qu'il est aisé de juger et qu'on recon- noît avoir été lavée, roulée et arrondie^ , On peut dire la même chose des cou-. ches de tourbes et de végétaux pourri» l i I î ' a \' i* 66 msTOIRK NATURELLE. qni se trouvent au-dessous do la pro-^ nnère couche de terre dans les terreins marécageux ; ces couches ne sont pas anciennes) et elles ont été produites par l'entassement successif des arbre» et des plantes qui peu à peu ont comblé ces marais. Il en est encore de même dé ces couches limonnenseàque l'inon- dation des fleuves a produites dans diif' fôrens pays ; tous ces terreins ont été nouvellement formés par leseaux cou- rantes ou stagnantes, et ils ne suivent pas la pente égale ou le niveau aussi exactement que les couches ancien- nement produites par le mouvement régulier des ondes de la mer. Dans les couches que les rivières ont formées , on trouve des coquilles fluviatiles , mus il y en a peu de mannes, et le peu qu'on y en trouve, est brisé > déplacé, isolé ; au lieu que dans les couches an- ciennes, les coquilles marines se trou- vent en quantité ; il n'y en a point de fluviatiles ; et ces coquilles de mer y -0u^ THÉORIE DE LA TERRE. &f lont bien consenrëes, et toutes placées de la même manière, comme ayant é%o transportées et posées en même temps par la même cause ; et en effet , pour- quoi ne trouve^t-on pas les matières entassées irrégulièrement, au lieu de les trouver par couches ? pourquoi les marbres, les pierres dures > les craies , les argiles, les plâtres, les marnes , &c. ne sont-ils pas dispersés ou joints par couches irrégulières ou verticales ? pourquoi les choses pesantes ne sont- elles pas toujours au-dessous des plus légères ? Il est aisé d'appercevoir que cette uniformité de la nature , cette espèce d'organisation de la terre, cette jonction des différentes matières par couches parallèles et par lits , sans â)gard à leur pesanteur , n'ont pu être produites que par une cause aussi puis- sante et aussi constante que celle de l'agitation des eaux de la mer, soit par le mouvement réglé des vents, soitpar celui du flux et du reflux, &c , -^ ) -8 \ : I ^•^ i ":1 I ■.#•' *» ' 7.'; '(8 HISTOIRE NATURELLE. ^stli. Ces causes agissent avec plus de force sous Fëquateni* que dans les autres cli- mats , car les vents y sont pins cons- tans et les marées plus violentes que par-tout ailleurs *, aussi les plus gran- des chainos de montagnes sont voisines de l'ëquateur : les montagnes de PAfri- . qiie et du Përou sont les plus faautes qu'on connoisse , et après avoir travers flë dés continens entiers, elles s'éten- dent encore à des distances très-consi- dérables sous les eaux de la mer océa- »e. Les montagnes de TEiirope et de l'Asie qui s'étendent depuis l'Bspague jusqu'à la Chine y ne sont pas aussi éle- vées que celles de l'Amérique méridio- nale et de l'Afrique. Les montagnes du ' nord ne sont , au rapport des voyageurs, ^ que des collines en comparaison C9 celles des pays méridionaux ; d'ailleurs le nombre des îles est fort peu considé* râblé dans les mers septentrionales, tandis qu'il y en a une quantité prodi- gieuse dans la zone tprride; et comme THËOniE DB LA TERRE. 69 iine lie n'est quNin sommet de monta- gne, il est clair que la surface de la terre r beaucoup plus d'inégalités vert Tëquatenr que vers le nord. " i - Le mouvement général du Én± et reflux a donc produit les plus grandes montagnes qui se trouvent dirigées d'oc- cident eiî orient dans l'anciencontinent. et du nord' au sud dans le nouveau , dont les chaînes sont d'une étendue très-considérable; mais il fkut attribuer aux mouvèmëiis particuliers des con- ran's, des Vents et des autres agitations irréguliëréS de la mer , Torigine de toutes les autres montagnes*: elles ont vraisemblablement été produites par la combinaison de tous ces moiivemens y dont on Voit bien que I es effets nr» vent être variés à l'infini , puisque les "vsnts, la position différente des îles et des cô- tes ont altéré de tous les temps et dans tous les sens possibles , la direction du flux et du reflux des eaux; ainsi il n'est point étonnant qu'on trouve sur le globe Th- de la Terre. I« j v.fl f )"l -^ J \.-f ?/iii*f»-.4»*»«f««l»*S^^-"t^^'^»*w^ - si m fO HISTOIRE NATUnCLLB. des éminences considérables dont b cours est dirigé vers différentes plages : il suffît pour notre objet d'avoir démon- tré que les montagnes n'ont point été placées au hasard , et qu'elles n*ont point été produites par des tremble*» mens de terre ou par d'autres causes ac- cidentelles, mais qu'elles sont un effet résultant de l'ordre général de la Na,- ture , aussi bien que l'espèce d'organisa- tion qui leur est propre et la position des matières qui la composent. ^ . ^,^. Mais comment est-il arrivé que cette terre que nous habitons , que nos ancé- très ont habitée comme nous > qui de temps immémorial est un continent ^ec, ferme et éloigné des mers , ayant été autrefois un fond de mer, soit actuelle- ment supérieur à toutes les eaux et en •oit si distinctement séparée ? Pourquoi les eaux de la mer n'ont-elles pas resté sur cette terre, puisqu'elles y ont séjour- né si long-temps ?Quel accident, quelle , cause a pu produire ce changement dans j.:t THÉORIE «F I^\ TEHRE. 71 le globe ? Dst-il même possible d'en concevoir une assez puissante pour opé- rer un tel effet ? " "« ** ^''"'' '* " ' , Ces questions sont difficiles h rësou-' - dre ; mais les faits étant certains, la ma- nière dont ils 9ont arrivés peut demeu- rer inconnue sans préjudicier an juge- ment que nous devons en porter *, ce- pendant si nous voulons y réfléchir , nous trouverons par induction des rai- sons très-plausibles de ces changemens. Nous voyons tous les jours la mér ga- gner du terrein dans de certaines côtes et en perdre dans d'autres ; nous savons que l'océan a un mouvement général et continuel d'orient en occident ; nous entendons de loin les efforts terribles que la mer fuit contre les basses terres et contre les rochers qui la bornent ; nous coiQiioissons des provinces entiè- res où ou est obligé de lui opposer des digues que l'industrie humaine a bien de la peine à soutenir contre la fureur des flots \ nous avons des exemples de -''3 h-: ) , ( ' \ '. 74^ , HISTOIRE NATURELLE. pays rëcemmciit submerges et de cle^ bordemens réguliers ; l'histoire nous parle d'inondations encore plus gran- des et de déluges : tout cela ne doit- il pas nous porter à croire qu'il est en effet ^ arrivé de grandes révolutions sur la^ surface de la terre , et que la mer a pu quitter et laisser à découvert la plus grande partie des terres qu'elle occu-, poit autrefois ? Far exemple , si nous nous prêtons un instant à sup()oser que 4' Ancien et le Nouveau-Monde ne fai- soient autrefois qu'un seul continent, et que par un violent tremblement de terre le terreinde l'ancienne Atlantique de Platon se soit affaissé ; la mer aura nécessairement coulé de tous côtés pour former l'océan Atlantique , et par con- séquent aura laissé à découvert de vas- tes continens qui sont peut-être ceux que nous habitons ; ce changement a donc pu se faire tout-à-coup par l'affais- sement de quelque vaste caverne dans l'intérieur du globe; et produire par n' THÉOUIE DE L\ TEHRE. 7? consiéqueut nndëluge universel ; ou bien ce changement ne s'est p^s fait tout- à-coup } et il a fallu peut-être beaucoup de temps ; mais enfin il 8*e$^ij|it , ot je crois même qu'il s'est fait naturelle- ment ; car pour ûiger de ce qui est arrive et même de ce qui arrivera ) nous n'a- vons qu'à examiner ce qui arrive. Il est certain , par lea observations rëitc^rées de tous les voyageurs , que l'océan a un mouvement constant d'orient en oc- cident; ce mouvement se fait sentir non- seulement entre les tropiques , comme celui du yent d'est , mais encore daivs toMte retendue des zonea tempérées et £t oides où l'on a navigué : il suit de cette^, observation qui est constante^ que la mer Pacifique fait un eiFort con- tinuel contre les côtes de la Tartâiic , de la Chine et de l'Inde -, q'ueroccanln- dien^fait e£Ebrt contre la côte orientale de l'Afiri^ne, etque l'océan Atlantique agit de même contre toutes les côtes urientales de l' Amérique ^ ainsi la mer h 74' HîSTOmi-l NATtrBELLiS* a dû et doit toujours gagner du terrein sur les côtes orientales , et en perdre sur les côtes occiden laies. Gela seul suffiroit pour proiiverla possibilité de ce chan- gement de terre en mer , et de mer en terre j et si en effet il fi*ii,^topëré par ce mouvement des eaux d'orient en occi- dent , comme il y a grande apparence, no peut-on pas conjecturer très-vrai- semblablement que le paya le plus ati- cien du monde , est l'Asie et tout le continent oriental ? que l'Europe au contraire et une partie de l'Afrique , et sur-tout les côtes occidentales de ces continens, comme l'Angleterre, laFran< ce , l'Espagne , la Mauritanie , 8cc. sont des terres plus nouvelles. L'hisfb'ire paroît s'accorder ici avec la physique , et confirmer cette conjecture qui n'est pas sans fondement. * •^•*'»»iiiiv)ii. :.;. Mais il y a bien d'autres causes qui concourent avec le mouvement conti« nuel de la mer d'orient en occident, pour produire l'efft;t dont nous parlons. THéORlE DE LA TERRE. y 5 Combien n'y a-t-il pas de terres plus basses que le niveau de la mer , et qui ne sont défendues que par un isthme , un banc de rochers , ou par des digues encore plus foibles ? Teffort des eaux détruira peu à peu ces banûères , et dès* lors ces pays seront submerges. De plus , ne sait-on pas que les montagnes s'abaissent continuellement par les pluies qui en détachent les terres et les entraînent dans les yallëes? Ne sait-on pas que les ruisseaux roulent les terres des plaines et des montagnes dans les fleuves , qui portent à ^eur tour cette terre superflue dans la mer? ainsi peu à peu le fond des mers se remplit , la surface des continens s'abaisse et se met de niveau , et il ne faut que du temps pour que la mer prenne successivement la place de la terre. Je ne parle point de ces causes ëloi« gnëes qu'on prévoit moins qu'on ne les devine , de ces secousses de la Nature dont le moindre effet seroit la catastro^ '/G HISTOIRE NATURELLE. phe du monde ; le choc ou Tapprocho^ d'une comète, l'absence de la lune, Ift présence d'une nouvelle planète , &c. sont des suppositions sur lesquelles il est aisé de dcHiner carrière à son ima-^ gination ; de pareilles causes produisent tout ce qu'on veut , et d'une seule de- ces hypothèses on va tirer mille romans physiques que leurs auteurs appelleront théorie de la terre. Comme historiens, nous nous refusons à ces vaines spécu- lations f elles roulent sur des possibilités^ qui , pour se réduire à l'acte y suppo- sent un bouleversement de l'univers ^ dans lequel notre globe , comme un point de matière abandonnée , échappe à nos yeux , et n'est plus un objet digne de nos regards ; pour le fixer il faut lé prendre tel qu'il est , en bien observer toutes les parties , et par des inductions conclure du présent au passé ; d'ailleurs des causes dont FefiPet est rare , violent et subit , ne doivent pas nous toucher : elles ne se trouvent pas dans la maxch» -.^ji*»' le, la ,&.c. les it ima- lisent ule de 3inans leronl riens, spécu- Mités luppo- livers^' [le un sbappe :digne^ aut le server étions iileurs dolent lolier : iiai*cb« i THÉOKIE DE LA TERRE* 77 ordinaire de la Nature j mais des e£Pet8 qui arrivent tous les jours , des mou- vemensqui se succèdent et se renouvel- . lent sans interruption , des opération» constantes et toujours réitérées, ce sont- là nos causes et nos raisons. . . r . Ajoutons -y des exemples, combi- nons la cause générale avec les cause» particulières , et donnons des faits dont le détail rendra sensibles les di£Pérens changemcns qui sont arrivés sur le glo- be , soit par l'irruption de l'Océan dan» les terres, soit par l'abandon de ce» mêmes terres , lorsqu'elles se sont trou- vées trop élevées. . •* ;> v :,^\' / La plus grande interruption de l'O- céan dans les terres est celle qui a pro- duit la mer Méditerranée ; entre deux promontoires avancés , TOcéan coule avec une très-grande rapidité par un passage étroit , et forme ensuite une vaste mer qui couvre un espace , lequel , sans y comprendre lamerNoire, est en- viron sept fois grand comme la France» I) I: 78 HISTOIRE NATURfSLLB» Cemouvemenjt del^Ocëanparledëtroît ' do Gibraltar est contraire à tous les au- tres mouvemens de la mer dans tous le» dfëtroits qui joignent rOcëan à l'Océan j car le mouvement gënëràl de la mer est d'orient en occidoit , et celui-ci seul est d'occident en orient, ce qui prouve que la mer Mëditerranëe n'est point un golfe ancien de l'Ocëan, mais qu'elle a ëtë formée par une irruption des eaux > prodaite par quelques eause» accidentelles ; comme seroit un ti^em- blement de terre , lequel anroit affaissa les terres à l'endroit du détroit, ou tin violent efiPort de l'Océan cause par les vents f qui auroient rompu la digue en^ tre les promontoires de Gibraltar et de Centa. Cette opinion est appuyée du témoignage des anciens, qui ont écrit que la mer Méditerranée n'existoit point autrefois , et elle est , comme on voit, confirmée par l'Histoire naturelle et par les observations qu'on a faites sur la nature des terres à la côte d'Afrique (; ' THÉORIE DE LÀ TERRE. 79 t\ à -celle d'Espagne, où Ton trouve les mêmes lits de pierre, les mêmes cou- «ches de terre en deçà et au-delà du détroit , à^peu-près comme dans de cer- taines vallées où les deux collines qui les surmontent se trouvent être com- posées des mêmes matières et au même niveau. li'Ocëan sMtatit donc ouvert cette porte ,■ « d'abord coulé par le détroit Avec une rapidité beaucoup plus grande qu'il ne couleaujjourd'hui, ctila inondé le continent qui joignoit r£urope à l'Afrique; les eaux ont couvert toutes les basses teiTes dont nous n'apperce- vons aujourd'hui que les éminences et les sommets dans l'Italie et dans les îles de Sicile , de Malte, de G>rse , de Sar- daigne, de Chypre, de Rhodes et de l'Archipel..,;; , .,, ..;.>... Je n'ai pas compris la mer Koire dans . cette irruption de l'Océan , parce qu'il . paroît que la quantité d'eau qu'elle re- çoit da Danube; du Nieper , du Don et / ;~ *Mji*ï-- 8o HISToiRE NATURET.T.K. de plusieurs autres fleuves qui y en- trent, est plus que suffisante pour la former , et qlie d'ailleurs elle coule avec «ne très -grande rapidité par le Bos- phore dans la Méditerranée. Gn pour- roit même présumer que la mer Noire et la mer Caspienne ne faisoient autre- fois que deux grands lacs qui peut-être ^toient jibiiits par un détroit de com- niunication > ou bien par un marais ou un petit lac qui réunissoit les eaux du Don et de Volga auprès de Tria , oCi ces deux fleuves sont fort voisins l'un de Tautre ; et l'on peut croire que ces deux mers ou ces deux laôs ëtoient au- trefois d'une bien plus grande étendue qu'ils ne sont aujourd'hui : peu à peu ces grands fleuves qui ont leur em- bouchure dans la mer Noire et dans la mer Gispienne , auront amené une assez grande quantité de terre pour fermer la communication , remplir le détroit , et séparer ces deux lacs ; car on sait qn'a- yec le temps, les grandes fleuves rem- * ♦ THÊOniE DK LA TERRE. 81 plissent les mets , et forment des con- tinehs nouveaitx, comme la province de l'emlioirclîure du fleuve Jaune à la Chine, la Louisiane à Fembouchure du fifiësissipi , et la partie septentrio- nale dé rJE^pte qui doit soh origine et ^n existence^ au^ inondations duNil. La rapidité de ce; fleuve entraine les terres de Tintérieurde l'Afrique , et il les dépose erisuite , dans ses déborde- ' niens^ en si grande 'quantité, qu'ion peut fouiller jusqu'à cinquante pieds dans répaissêui' de ce limon ^déposé parles inondations du Nil ; de même les ter- reins dé la province de la rivière Jaune et de là Louisiane , ne se sont formés que par le limon des fleuves. Au reste , la mer Caspienne est ac- tuellement un vrai lac qui n'a aucune communication avec les autres mers , pas même avec le lac Aral qui paroît en avoir. fait partie, et qui n'en est sé- paré que par un vaste pays de sable , dans lequel on ne ti^^e ni fleuves, ni Th.de U Terre. I, 8 f .j^/Vv., 'êa Hl&TOIRi: S2ATURCLLE. rivières , ni aucun canal par lequel la mer Caspienne puisse Terser ses eaux. Cette mer n^a doncaucnne communi- cation extëiieure aveclescautres^niers; et je ne sais si l'on e^t bien : fondé ^ soupçonner qu'elle en a d'intërieure avec la mer Noire ou avec le golfe Fer- aique. ]1 est vrai que, la mer Caspienne «reçoit le Vol^aet plusieurs autres fleu- ves qui semblent lui fournir plus d'eau .que l'évaporation n'en peut enlever ; . mais., indépendaniment de la difficuUd de cette estimation , ilparoît.que si elle avoit communication avec l'i^c ou ^ l'autre de ces mers , on y auroit re- connu un courant rapide et constant ^ui entraîneroit tout vers cette ouver- tm-e qui serviroit de décharge à ses ,. eauxj et je ne sache pas qu'on ait ja- mais rien observé de semblable sur ', cette mer : des voyageurs exacts , sur le témoignage desquels on peut comp- ter y nous assurent le contraii'e j et par conséquent il est nécessaire qiie l'éva- '■ iL_ .w.^.vB*»fc»^*r' ■^f7-*^' 5. equel la » eaux, minuni- sspaers ; fondé ^ itërieure îlfe Per- aspieniie res fleu- liM d'eau enlever j difiicuUo ue si elle runc ou uroit re- conttaut e ouver- ge à ses n ait ja- able sur icts, sur ut comp- e; et par jiie rëva- ■•[■■. i^'i TUÊOKlIi: DE LA TERRE. $É * poration enière de la mer Caspienfté une quantité d'eau égale à celle qu'elle reçoit.' riif'Àf^ilq (^imM iTfm bI QUf«.V^ ^ On potirroit encore conjecturer aveo quelque vraisemMànce y qne là mev Noire sera un jour séparée delà Médi- terranée , et que le Bosphore se rem- plira ^lorsque les grands fleuves qui ont' leur embouchure dans lePont'-Euxin , auront amené une assec grande qutfïi- tité de terre pour fermer le détroit , ce qui peut arriver avec le temp», et par * la diminution successive de» ûtmweêp dont la quantité des eamtêiàÊismè k. mesttre que leé montagnes eft^^^les pays élevés dont ils tirent leurs sources , s'abaissent par le dépouillement des terres que les pluies entraînent et que les vents enlèvent. La mer Caspienne et la mer Noire doivent donc être regardées plutôt comme des lacs , que comme des mers ou des golfes de l'Océan ; car elles res- semblent à d'autres lacs qui reçoivent Il I { t t l } M % HiaTOink NATURBLlB* ' un grand non^bre defleuTes et qui ne rendent rien par les voi^s tiXéritinves, comme la mer Morte , plusieurs lues en Afin^ue^ 81Q. ; d'ailleurs leseaincde ces deu^ mers ne sont pas > à beaucoup près , aussi salées ^ue celles de la Médi- terranée ou de l'Océan ; et loue^lea Toyageurs , assirent ^ue la navfgfitiont est très-idifficile sur la mer Noire et sur la mer Caspienne , à cauëe de kur peu de profondeur et de la quantité d'écUdils et lie bas^fonds q'uî s'y rencontrefit, en sorte qu'ils ne peuvent^^lcir.què de petits vaisseaiix ;. ce qui proave encore qu'elles ne dotrent pas être regardée» comme des golfes de- FOcéan , mais comme des iamas d*eaiix formés par les grands fleuves dans l'intérieur des terres. . - • » ■• . ' .- i^Uv.) ftluor ^"^iî • Il àrrivwoit peut-être une irruption considérable de l'Océan dans les terres ^ si on coupoitristfamo qui sépare l'Afri- que de l'Asie y comme les rois d'Egypte, et^ depuis, les califes , en ont eu le pron 4 -■^^ f»-*-*^.. . • ,^».*^ . ,^* Tll ÉoniE DM LA TBRBB. Ô5 jet ; et je ne sais si le canal de commu- nication qu'on a prétendu reconnoitre entre ces deux mers, est assea bien^ constate ] car la mer Rouge doit étro plus élerée que la mer Méditemu. ?e f cette mer étroite est un bras de TOcëan qui , dans tonte son'ëtendue , ne reçoit aucun fleuve du câtë de l'Egypte , et fort peu de l'autre côte. Elle ne sera donc pas sujette à diminuer comme les mers ouïes lacs qui reçoivent en même temps les terres et les eaux que les fleu- ves y amènent , et qui se remplissent peuàpeu« L'Océan fournit à la mer Rouge toutes ses eaux , et le mouve- ment du flux et da teflux y ëstextrê' mcment sensible j ainsi elle participe immé Jiatementaux grandsmouveinens de rOcéan. Mais la mer Méditerranée est plus basse que l'Océan', puisque le» eaux y coulent avec une très-grande rapidité par le détroit de Gibraltar : d'ailleurs elle reçoit le Nil qui covile parallèlement à la côte occidentale de ai • I fK»^r;-:<^ -.-■i^'^ r\^K ; ê h \ \ ( I \ i ^ HISTOIRE NATURELLE, la mer Rouge et qui traytrae TEgyptr dans toute la lengueur , dont le terreiii eU ]Mur lui - même extrêmement bai ^ ainsi il est très-vraisemblaUe que la mer Rouge est plus ëleT^e que liaMt - diterranëe, et que si on ôtoitla bamèi*» en coupant risihme de Sue», il - rnsui« Troit une grande iaondatioii. jl un» augmentation consid^raibie é» 1» raer llëditorranëe , à moins qu'on ne retint les eaux par des digues et des ëclusea de distance en distanoei comme il est à pr«»sumer qu'on Ta fait autfefeis , si l'ancien canal de commonicatioa a existe» ai 1 j. ,+ x,fî :,; T f,m mîuoï^ ^v^m, >. Maïs sans nous «crêter plus long» temps à des conjectures qui , quoique fondée»^ pourroient parottre trop ha- surdëe» ^ sur-tout à ceux qui ne jugent des possibilitëff que par les ëviénemena actuels , nou» pouTon» donner des- «x'^imples recensai; à^:- rii»tscert^**'3 sur le changement i iAC en terre et de titrre «jo. mer. A Venise^ le fend de lai ''^ i , s 41- ^ M THEORII^ T>E E TSllRff. 8/ mer Adiiatique s'ëlèTc t#ui les jours , •tilyad^jà loBg-tenp» que les lagu^ Bet et 1* Tflle fercâeiit partie du eonti- «eut I si on n'ayoît paa un très-grand •oifi de nette jer et ^ider les oananx : il en eit de même de U plupart de» porta , des petites Mes et des emWa- cliiures de toutes ks rivières. En Hol- lande f le fond de 1» mev s'élètre aiMsi en plttiienrs endroits ; car le petit j^olfe* de Zuyderz^e et le détroit du Texel ne peuvent plus» reoe^ir de vaisseaux aussi grands qu'autrefois. On trouve à l'embouchure de presque tous les fleu- ves , des îles , des sablea , des terre» amoncelées et amenées par les eaux ; et ri n^est pas douteux que la mer ne je rempliasi^ dan» tonales endroits oii elle reçoit der grandes» rivières. Le Rhin se perd dans les sables qo'il a lni»méme aocumnlds ; le Banube , le Nâ et tous ks grands fleuves ayant entrain» beau- coup de terrein , n'arrivent' plus à la iiàer par un seul canal ^ maja ils ont pli^ ■*^' '*iiii-.f .,rp- ïf t. ïi ï I II 88 HISTOIRE NATURELLE; :^ sieurs bouchet' dont les intervalles ne ' sont remplis que des sables et du li-^ taon qu'ils ont cbari^s. Tous les jour» on dessèche des marais, oncultive ded^v terres abandonnées par la mer , on na* YÎge sur des pays submergés ; enfin ,. BOUS voyons sous nos yeux d'assess grands changemens de terres en eau et [ d'eau en terres, pour être assurés que ces changemens se sont faits , se font et se feront , en sorte qu'avec le temps , ' les golfes deviendront des continens ,. les isthmes seront un jour des détroits , les marais deviendront des terres ari- des , et les sommets des montagnes le» écueils de la mer. Les eaux ont donc couvert et peu- vent encore couvrir, successivement toutes les parties des continens terres- tres , et dès-lors on doit cesser . d'être étonné de trouver par- tout des produc- tions marines et une composition dans rintérieur qui ne peut être que Tou- vrage des eaux^ Nous avons vu com- •■••-*r"^'i- «* -•««KNk *--T|!«»n%i»a«a«.«.*9i«çg«»^,i;f^.^^^ THiORIE DELÂTBRRB. 89 ment.sé «oAt formées le&ooiiches hori- zontale0 :d«; la terre ^ mûé nous n'avoms encore rien .dit des fcntesrperpendiou^ laires j^U'Oit remarç|)ie dails> les rocher s^ dans le^ oarvièreff , dans lés argiles , &c. et qui se trouvent aussi géÀèvalement que lesCGoilclieil horizontales danstoulcs les ihatièï^s qui' composent le' globe", ces' fentes. )>erpendiculai)res/ sont, à la Tërité, beaucoup pkts^ éloigiiiëes les wateS) des autres' que ks coiÀch«8 hori- zontales ; et plus les matières sont mol- les , plus ces fendes paroissent être^oi- gnëea les: une^ des autres^ Il esl fort or^- dinaire dans les carrières de iparbre où de pierre dure , de trouver des finales perpendiculaires éloignées seililemerit de quelques. pieds ', si la masse des ro- chers est fort grande , on les trouve éloignées de quelques toises, quelque- fois elles descendent depuis le sommet dés rochers jusqu'à leur base , souvent elles se terminent à un lit inférieur du rocher; mais elles sont toujours perpen- IV m ;fp HISTOIRE NATURELLE, -diculnres aux couches horiKontales dans toute» les matières calcinablea, comme les craiiss , les maities^ lespiei*"- res , les miorbres f &e. ; au lieu qu'elles sont plus obliques et plus irrégulière- ment posées dans les matièi^s vitrifia- blés , danà les carrières de>grèB et les ro- chers de caillou , où elles sont intérieu- rement garnies de pointes dooristal, et de minéraux de toute espèce^ et dans les carrières de marbre et de pierre calci^ nable , elles sont rompHes de spar , de gypse ; de gravier et à^xm «able terreux, qui est bon pour bâtir, et qui contient beaucoup de chaux; dans lés argiles, dans les craies, dans les marnes et dans toutes les autres espèces déterre, àl'ex- ception des tufs , on trouve ces fentes perpendiculaires, ou vides, ou remplies de quelques matières que Feaaya Qon- U me semble qu'on ne doit pas aller chercher loin la cause et l'origine de ces feules perpendiculaires ^ comme toutes THÉORIE DE LA TERRE. gt les matières ont ét cet qui les a fiût fendre de distance en distanee ; ;.e|3es ont dâ se fendre perpendiculaire* ment, fjac^qne l'action de la pesanteur des parties les unes sur 1|bs autres est nulle dansicette direction , et qu'au con- traire elle est tout-à-fait apposée à cette diaruptiion àiknB la situation horison- tale , ce qui. a &it que la diminution de volume n'a pu avoir d'effets sensibles que dans la direction verticale. Je dis que c'est la diminution du volume par le dessèchement qui seule a produit ces fentes perpendiculaires > et que ce n'est pas l'eau contenue dans l'intérieur de ces matières qui a cherché des issues et qui a formé ces lentes ; car j ai souvent observé que les deux parois de ces fen- , \ .'1- >■■') \.-> i\ ^«1 HISTOIRE NATURELLK. tes se repondent dans toute leur haiH teur aussi exactement que deux mot' ceaux.de bois qu'on viendroit dé fen* ^re ; idut • intérieur est rude , et né pa- roit pas acvoiressuy^ le frottement des eaux qui aoroît à la longue pdi et use les «urfaces^ainsi ces fentes se sûwt faites >ou tout4-conf>, ou peu à |)eu par le dessëclièment ;icomme nousvàyons les gerçuires se faire dans les bois >- et la plus grande partie de Feau s'est évapo- rée par^lfs pores. Mais nous ferobs voir dans notre; discours sur les minéraux, qu'il reMe encore decette eau primitive dans les pierres et dans plusieurs au- tres matières, et qu'elle çeflrt à^ ta pro- duction d4ds 4a!istau9t , des < minéraux et de >plnsieui's autres substances ter^ restres;' • ■a,.;\..^îi^j;^ . ^.^.^^.y-.^^^ Uj^^^-îv -:- L'ouverture de ces fentes perpendi- culaires varie beaucoup pour la gran- ^ur : quelques-unes n'ont qu'un demi- pouce , un pouce , d'autres ont un pied, deux pieds j il y eu a qui ont quelque- W '■ ï t) ■^irçi^r^""'^ *■" TH&ORIE PjE; LA TSRHBf g5v fpprmejdt 9n\ffi}^àm» parties du Koclier; ces ptéfîi^im If ul'^ vfn^contr^ si ^u^ veut;. ^fins |eiB Alp99 (^t^Alis jtoate» le«( li«iile« inonti^peii* 04 joi% . bien ^ue ét^^T^i^m%e» piMT Jf wfil de^BQçhçmçnt ; 409^ pi^ a^gmen^f^if^pçil^t parof4f^ 9*»ipnt un peu sur leur hase de glaise 0U de sable y «^ lesfente^ perpe^ir 4içulaii:es deYieuBie^t plus grandes par xie mouTement. Je ne parle pas encore de ces ^larges «uyerturQa; de ces éuQr- Th. de la l'erre. I. 9 '■ U .X i 14 94 niSTOiHB KATURELLE. mes conpuireé qu'on tiiouye dans lea fô* chets et dans le& inos&tïignAs 3 elles ont ^të produites par de grands affaisse- mens, comme seMit e^lni d'une oaver'-' ne mtérieure qui nb pouvant plus «oilr^ tenir le poids dont ^élle est chargée ;> s'àffilisse et laisse Un intervalle considé^' râbïé entre lès terrés àupérîénrè^. Gé» intervalles sont diffâréns des fentes pét- pëhdiculaires ; ils paroissetït être diÈ¥ portes ouTertès^ parles maintf de la na-' turèpourlacomnïUnièationâesiiàtiohs;* Cest de <^tté fiiçôn'qné se |»résenteiit' les portes qu'on trôui^dans les (ilialnes d6 montagnes et les bttrertures ^'dë-' troits de^la tatér, coiftme lés Thermo- . . . ' pyles, les'portes du Caucase, des Gordil-r 1ères ; &c. la porte du détroit dé Gibral- tar entre le» moiitsdilpe «t Abyla/ la porto de i^elkèponjt , 8c6. Ces ouVèr-- tures n'ont point étëfo^mëes par hi stm- pie séparation des matières , comme lei' fentes dont néùsiyéndns de parler, mais par raffaissementçtla destruction d'juie ri'"- THÉORIE DE LA TERRE. ^S partie mémo des terres > qui a étë eo- ' gloatie ou renversée. Ces grands affàissemens y quoique produits par des causes accidentelles et secondaires , ne laissent pas de tenir une des premières places entre les prin- cipaux faits de l'histoire de la Terre, et ils n'ont pas peu contribué à changâr là lace du globe. La plupart Sont ! oai^ ses par des feux intéuieurs, dont.lfex* plosion fait les tremble mens dé tente et les volcans : titn n'est comparable à la force de ces matières enflammées et resserrées dans le sein de la terre. On a vu des villes entières englouties, des provinces bouleversées , des montagnes renversées par leur effort; mais quel- que grande que soit cette violence, et quelque prodigieux que nous en pa- roissent les effets , il ne faut pas croire que ces feux viennent d'un feu central, comme quelques auteurs l'ont écrit, ni même qu'ils viennent d'un grande pro- fondeur, comme c'est ropinion comr "t.^.y-"'- '■' ^ -«■■«f^'*'~*i»'«àçÇwC. H 4.. ^* i\' ) ^ i ( l ■' K ^6 HTRTOrTlE' NATITRELLB. mune y car l'air est absolument ndoesr- saire à leur emhraaement , au moins pour Tentreteniv* On peut s'assurefV en exaininaht le& maiièvesiqm sorteiit des mokiaKs dans les pbls violentés irrup- tâoiif», que le foçf 6ff de la matière' eo- flamMëe n'est < pbs k une grande • pi'o^ fondetir y et qfile oe sont dea matières semblables à cdS^s 4u'oii tnmve sur la t)rôu]^ de la montagne » qni no sent défigurées que par la Cakiiiation et la fonte des partieë métalliques qui ysorit mêlées ; et pour seet^Brraâncre que eès matières jetée» par lea-^Kolcàns ne Tien- nent^ pas d^'tme grande profondeur, il n'y a qu'à faire attention à la faéniemr de la montagné> et juger de la force immense qui serôit nécessaire pour pousser des* pim^es et dés minéraux à une demi-lieue de hauteur; cai; l'£tuei> rnécla et plusieurs autres volcans^ ont au- moins cette élévation au-dessus des plaines. Or on sait que Vaotîon du feu se fait en tout sens *, elle ne pourroit W ' -* ^ ^V^ 'r,~MfW fim-' ,-i»-J itV'îî' THÉORIE DE LA TERRE. gj dbno pas s'exercer en haut avec une force capable de lancer de grosses pierres à une demi*lieue en hauteiir^ sans réagir avec la même force en ba» et Tsrs les côtes ) cette réaction auroit bientôt dëtrait et percé la montagne de tous côtés, parce que les matières qui la composent no sont pas plus dure» que celles qui sont lancées ; et com* ment imaginer que la cavité qui sert de tuyau ou de canon pour conduire ces matières jusqu'à Tembouchure du vol- can \, puisse résister à une si grande violence? D'ailleurs^ si cette cavité descendoit fort bas , comme l'orifice extérieur n'est pas fort grand , il se- roit comme impossible qu'il en sortît à-la-fois une aussi grande quantité, de matières enflammeras et liquides, parce qu'elle se choqueroient entr'elles et contre les parois du tuyau , et qu'en parcourant un espace aussi long , elles s'éteindroient et se durciroient. On voit souvent couler du sommet du vol* J-*-S •• #-*" •',t^'^* -^**«l.' l ■ • i-. ' 4 9^ HISTOIRE NAIUKELLE. «an , dans les plaines, des ruisseaux de bitume et de soufre fondu qui Tiennent de l'intërienr , et qui sont jetés au- dehors avec le» pierres et les minéraux* Est'-il naturel d'imaginer que des ma- tières si'peu solides , et dont la masse donne si peu de prise à une yiolente action , puissent être lancées d'une grande profondeur ? Toutes les obser- vations qu'on fera sur ce sujet , prou- veront que le feu des volcans n'est pas éloigné du sommet de la montagne y et qu'il s'en faut bien qu'il ne descende au niveau dv'^s plaines. Cela n'empêche pas cependant qtie ton action ne se fasse sentir dan^ ces plaines par des secousses et des trèm- blemens de terre qui s'étendent quel- quefois à une très > grande distance , qu'il ne puisse y avoir des voies Sou- terraines par oà la flamme et la fumée , peuvent se communiquer d'un volcan ' à un autre , et que dans ce cas ils ne puiêsent agir et s'enflammer^resqu'en .. ». - r- / *-■ THéORIK DE LA TEKRE. 99 nÀme temps. Mais c^est du foyer de l'embrasement dont nous parlons : il ne peut être qu'à une petite distance de la bouobe du volcan , et 11 n'est pas në^ cessaire , pour produire un tremble- ment de terré dans Ja plaine > que ce foyer soit au-dessous du niveau de la plaine, ni qu'il y ait des cavités inté- rieures rei^plies du même feu : car une violente explosion, telle qu'est celle de Volcan f peut , comme celle d'un maga- iin k pondre , donner une secousse assez violente pour qu'elle produise , par sa réaction , un tremblement de lorro* .. ..■-.,...,' ...,a...i *,.,-,'----.•,.■; .-.-- ,-.-,..^ -T Je ne prétends pas dire pour cela qu'il n'y ait des tremblemèns de terre produits immédiatement parades feux souterrains ; mais il y en a qui viennent de la seule explosion des volcans. Ce qui confirme tout ce que je viens d'a- vancer à ce sujet , c'est qu'il est trèa- rare de trouver des volcans dans les- plaines^ ils sont gu contraire tous daut h\' - -tt— '• " ^- ';■ f* 1 i lOO HISTOIRE NATURELLE, les plus hautes montagnes , et ont toiM leur bouche au sommet : si le feu inté- rieur qui les consume s'ëtendoit jusque dessous les plaines , ne le verroit-ori pas dans le temps de ces violentes éruptions , s'échapper et s'ouvrir un passage au travers du térrein des plai- nes ? et dans te temps de la première éruption ^ ces feux n'auroient-ils paa plutôt percé danft les plaines et au pied des montagnes , où ils n'auroient trou-* vé qu'une foible rëçistance en compa- raison de celle qu'ils ont dû éprouver y s'il est vrai qu'ils ayent ouvert et fendu une montagne d'une demi-lieue de hau^ tenr pour trouver une issue ? Ce qui fait que les volcans sont ton-) jours dans les montagnes , c'est que les minéraux > les pyrites et les soufres se trouvent en plus grande quantité et plus à découvert dans les montagnes- que dans les plaines ^ et que ces lieux: élevés recevant plus aisénient e t en plu» grimde abondance des plaies et les au-' m t â 'iv.,'^'*"-!!-*-*»*^*'^'^*''^''^^^ - r T-^,^-^-_.,---^- - -pjT, THÉORIE I)R LA TBRRE^ lOI très îilipreMioiit làti Ftir » ce» mati^rei miBërale» qui y sont exposées , se met- tent en fermentâtioaiet s'échauffent ju^' qu'au point de s'enflammer. n< •.'^irrin'i Enfin on a souvent obsenré qu'après do yîolentes éruption» j pendant lesr quelles le volcan recette une très-grande quantité de matières , le somnei dé k montagne s'affaista<>' et diminue à^-peu* près de la même qûilntité qu'il setdit tfiécessaire qu'il diminuât poor fonmii les matièrea rt^jetées ; autre preuve qu'elles ne vi^Mnent pas de la profond éenr intérieure du pied de la monta-^ gne ; maia de lai partie voisine dasom«* met et du sommet même. • ^> ^ *'**t» Les tremblemens de terre ont donc produit dans plusieurs endroits des affaissemens considérables , et ont fait quelques-unes des grandes séparations qu'on trouve dans les chaînes des mon* tagnes: toutes les antres ont été pro- duites en même tem]j)S que les montai gnes même; par le mouvement des ooa> !( iii M A r f .' ( I . ; i M 5 n I y^ t Iba HISTOIRE NATURELLE, tàns de la mer y et par-tout où il n^y â pas en de bonleyersement , on trouve les couches horizontÂles et les angles correspondans des liiontagnes. Les vol" cansont aussi formé des cavernes et des excavations souterraines qu'il est aisé de distinguer de celles ^ui ont été for- mées par les eaux qtà , ayant entridné de l'intérieur des montagnes les sables et les autres matières divisées , n'ont laissé que les pierres- et les rochers qui conteuoient ces sables , et ont ainsi for- mé les cavernes que Ton remarque dans les lieux élevés : car lOdlles qu'on trouve dans les plaines', né 8ont;Ordinairenient que des carrières ancieiuies ou des mi- nes de sel et des autres minéraux , com- me la carriène de Maëstricht et les mines de Pologne , &c. qui sont dans les plai- nes; mais les cavernes naturelles appar- tiennent aux montagnes, et elles reçoi> vent les eaux du sommet et des envi- rons , qui y tombent comme dans des réservoirs , d'où elles coulent ensuite -Vw. THÉORIE DE LA TBRRfi« lo5 «tir là snrfaàè dt la ' terre lorsqu'elles trouvéïit^uAC îssue. CTest à ce» cavitéa 4ùé Tùn doit 'ktrîbtier Torigine des fbnfàineà abôiidanf es et des grosses» Éàxittèa ) ëi lôrqti'tmè caverne s'affaisse et i^e Oônliblè, if é'èniiait ordinairement iiile 'inondation.'' * 'Oh voit pàt tout ce que nous venons de diré,^éombiien lès' feux souterrains contribuent à'cliàhger la surface et l'in- tériôtir du globe : cette cause est assez puisante pour jj^roduire d'aussi grands effets ; maià ôh ne croiioit pas que les veiits pnàsent causer des altérations sen- sibles sur la terre-; la mer paroi t être leur empire^ «t après le flux et le reflux rieii n'agît aVec plus de puissance sur. cetjélément ; même le flux et le reflux uiarchent d'un pas tmiforme , et leurs effets s'opèrent d'une manière ^gale et qu'on prévoit : mais les vents impé- tueux agisseiM: } pour ainsi dire , par caprice , ils se précipitent avec furerur et agitent la ikier avec une telle violence. i.. 71' \ t^ \ « Xo4 ^ISTOIR£ Ni.TlJ]iELI.]^ qu'eii un institut cfstte. plaino calme et tranquille devient Iç^^vifiaée de yagae# hautes comme 4e8^ip^^g^Q9,q^i yien? )ieut «e briser çontiff^ ]iç^ i^çK^ers e^ çpn* tre les côtes, Les v,ç^ts cl^fiigent A99Q è tQUt mpm^nt la f«ip^ mobile 4i? la vç^eiç ; mais la face de la terre q\ii n9U8|i|^lf si solide, ne devroitiel^mis êtfreàl'jabri d'un pareil effet ? Qi^ s^ijl; çependai^ique les vents él^ventdes montagn^s^ÇiV^lllQ dans l'Arabie et ^9,m VJ^qv^ , qiii'ila en cpuvrent les plaines > «t que souvent ils transportent ce» sç^blps.i d^.gra^Jftdes di^tancesyct j usqu'àx^usjieurs lipues dans k mer, où ils les amoncèlent en si grande quanti ti^ , qu'ils y ontt formé des bancs > des dunes et d(^ îlqs. Qn sait que; les puragans sont le fl^au des Antilles -, de Madagascar et de bçai^icoup d'autres pays , oh il agis^ut avec tant de fureur, qu'ils enlèvent quelquefois les ax;bres , les plantes, les animaux^ avec toute la terre cultivée ; ils font remonter et tarir les rivières, ils en prodni^^nt de nou- ^4 TÏIÊORIE DE LA terre; loS velles vil^ reîiverèeAt Uê montagnes et les it^cberir, ils font des trbiis et des gouffres dans la terre , et diaiigent en- tièrement ta «urface deé nvalheureuses aotitrééà où ils se forment. -Heureuse- ment fl'ii^y a; q^e pbu dé dinuit» èts^fx»- vés à'iA fftréurimpétuduèe^ «ês^teiïi- Mes agitations de Tair. " * -"^ v.»;,^-.> Mais 'ce qui produit les changemens les pliis grands et les plus geifi^vafax sur là sur&ce de la terre , ce sont les- eaux du ciel , les fteuves , les intièTes , les torreiis. Leur première origine vient des vapeurs que le soleil élève au-dessus de la surfàèé des meirs, et ^e led vents transportent dans tous les climats de la terre; ces vapeurs soutenues dans les airs et poussées au gré du vent, s'at- tachent aux sommets des montagnes qu'elles rencontrent, et s'y accumulent en si grande quantité, qu'elles y forment continuellement des nuages et retom- bent incessamment en forme de pluie, de rosée , de brouillard ou de neige. Th. de la Terre. I. lo 1* 7 :U.^ toB HISTOIRE MATUnattS* Toutes ces eaux sont d*abofd:desceiir dues daiiA les plaines sana tçnir dç route fixe l'y. mais peu à pe« «He»ji>nt, creusé leur lit / ^t cherchant pa«-i Ifiur - pente natureUè les endi^its les plu^ hw de Ifi monlagHei ;et les terreias Ips plus &çiles à dirifer qui. reçoitiautant.d'eattp^ sefi borda qa'elle m |)erd par T^vappri^lipp^ et de même que les canaux et les rnviiies que les fleuves «njt .creusés y ont deis sinuosi- téa et des contours dont ;leS: angles soiiit corre9p0^da^s entr'eux^ en sçrte que l'un des bords formant nii anglç saillant dans les terres, le bord oppojsé fait tou- jours un angle rentrant, les, montagnes et les colUncGi qu'on doit icegardc^: comme les bords des vallées qui les .;séparent , ont aussi des sinuosités çprresppndantes de la même iaçQU) ce qui semble dé- ■ m THÉOKIE DE LA TBRRE. iOJ montrer que les -vallées ont été les ca- naux des éofii^ns de lainicr> qui le» ont creusés peu à peu et de là même ma^ nièrsqueleg fleuves ont creàsé leur lit dans lee terres. • ^^omhHm-imnmbtt i. h « liés éttàx qui ronlenf sur la suiface de la terre et qui entretiennent là ver-> dure et la fertilité, ne «ont pieut-être que la plus petite partie de ceUes que les va^urs produisent ; car il iy^ des Teines d'ëàn qui coulent , et dc> l'humi- dité qui se filtre à de grandes profon- deurs dans ^intérieur de la terre. Dans de certains Henx , en quelque endroit qu'on fouille > oh est sûr de faire un puits et dé' trouver de l'eau ; dan» d'au- tres on n'en trouve point du tout : dans presque tous' les vallons et les plaines basses , on ne manque guère de trouver de l'eau à Une profondeur médiocre ; au contraire', dans tous' les lieux élevés et dans toutes les plaines en montagne^ on ne peut en tirer du sein de la terre , et il faut ramasser les eaux du ciel. 11 y ,*L 108 HISTOIRE NATURISU.K. , a desopays d'une vaste étendue oi\ Ton n'ajaiHais pu faire un puita» et oi^ toulb? les eaux qui servent à abreuver les ha- Uitaus et lea animaux , sont;OOiiten"c» dansdes mareset des citernes,'JËii\Ôriea t, sur-tout dans FAtabie , dans l'Egypte , dans la Perse , &c les puits sont extrê- mement ratreaaussi bien quf les sources d'eau douce , et ces peuple» ont il y a des ijéserypira qui ont jusqu'à deux lieuea de s^face , et qui aervent à arroser et à abreuvev une province entière, au moyen des saignées et des petits ruisseaux qu'on en dérive de tous côtés, panad'autres pays, au contraire , comme dans les {daines oll coulent les grands fleuves de la terre, on ne peut pas fouiller un peu profon- dément sans trouver de l'eau \ et dans M i th/sorie 0E t.a terre. 109^ un camp situe aux environs d'une ri- vière , sauront chaque tente a son pnit» au moyen de quelques coups de pioclie,; Cette quantité d'eau qu'on trouve par* tout dans les lieux bas , vient des térret super eures et des collines ^'oisines, aa moim pour la plus grande partie ; cav dane le temps des pluies et de la fonte des neiges , une partie des eaux coule sur la surface de la terre, et le reste pét nètre dans l'intérieur à travers les pe^ tites fentes dett terres et des rochers; et cette eau sourcille eu^difTérens endroits lorsqu'elle trduve des issues-, eu bien elle se filtre dans les sables , et lors- qu'elle vient à trouver un Cbnd de glaise' 0U de terre ferme et solide , elle formé des lacs, desrtusseaux, et peut-^tre-dé» jSeuVes souterrains dont le côursetrem < bouchurenous sont inconnus, maisdont cependant, par les loixde la«nature, le ntouvement; ne peut se faire qu'enallan t d'un lien plus élevé dans uiv lieu plus bas^ elpar conséquent ce» eaux soute r- * f:i(k^^-H'- >-4'5«- y 10 HISTOIRE NATURELLE. rnînes doivent tomber dans la mer ou se rassembler dans qaelque lieu bas dft la terre , soit à la surCicc , soit dans rin^ tërienr du globe*, car nous oonnoissons sur la terré quelques lacs dans lesquels il n'entre, et desquels il ne sort aucune rivière ; et il y en a un nombre beau- coup plus grand qui, ne recevant aucune rivière considérable , sont les sources des plus grands fleuves de la terre y comme les lacs du fleuve Saint-Lau- rent, le lac Ghiamë, d'où sortent deux grandes rivières qui arrosent les royau- mes d'Asem et de Pëgu , les lacsd'Assi- niboïls en Amérique , ceux d'Ozéra en Mosco vie , celui qui donne naissance au fleuve. Bog y celui dont sort la grande rivière Irtis , &c. et une infinité d'au- tres qui semblent être les réservoirs d- oui la Nature verse de tons côtés les eaux qu'elle distribue sur la surface de la terre. On voit bien ^ye ces lacs ne peu- vent être produits que par les eaux des terres supérieures qui coiUent par de s»; n^ie^ f»)^!.^ aL.-... '4K ^, . THÉ07 TE DE LA TERRE. f 1 1 petits catiftQx souterrains eu se filtrant à travers les graviers et les sables, et viennent toutes se rassembler dans les lieux les plus bas où se trouvent ces grands amas d'eau. Au reste, il ne faut pas croire , comme quelques gens Font avance , qu'il se trouve des lacs au som- met des plus hautes montagnes; car ceux qu'on trouve dans les Alpes et dans les autres lieux hauts, sont tons surmontés par des terres beaucoup plus hautes, et 8ont au pied d'autres montagnes peut- être plus élevëes que les premières ; ils tirent leur origine des eaux qui coulent À l'extërieur ou se filtrent dans l'inté- rieur de ces montagnes , tout de même que les eaux des vallons et des plaines tirent leur source des colUnes voisines et des terres plus éloignées qui ies sur- montent. Il doit donc se trouver, et il se trouve en effet dans l'intérieur delà terre, des lacs et des eaux répandues, sur-tout au- dessous des plaines et des grandes val- !^' yi<;,iàiOf*TP~- >'-t ■V. ■'f^'^ir-'-m- ^ lia HISTOIRE NATURELLE» lëes ; car les montagnes , les collines et toutes les hauteurs qui surraon^tent le» terres basses , sont découvertes tout autour et présentent dans leur penchant une coupe ou perpendiculaii'e ou incli- née, dans retendue de laquelle les eaux qui tombent sur le sommet de la mon- tagne et sur les plaines ëlevëcs , après avoir pénétre dans les terres , ne peu- vent manquer de trouver issue et de sortir de plusieurs endroits en forme de sources et de fontaines ; et par con- séquent il n'y aura que peu ou point d'eau sous les montagnes. Dans les plai- nes , au contraire , comme Feau qui se filtre dans les terres ne peut trouver d'issue , il y aura des amas d'eau sou- terrttîns dans les cavités de la terre, et une grande quantité d'eau qui suintera^ à travers les fentes des glaises et des terres feriiÉes., ou qui se trouvera dis- persée et divisée dans les graviers et dans les sables. C'est cette eau qu'oie trouve par-tout dam Us lieux bas j pour ..-..^r" ■^..^- •.w^' THKORIB DE LA T^iRRf:. 1 1^ l'orcliiuiire le fond d'un puits n'est aur tre çhooe qu'un petit bassin dans lequel les eaux qiui suintent des terres voisir- nes y 86 rassemblent en tombant d'abord goutte à gouite^ et ensuite en filets d'eau contiiQUiis,, lorsque les routes sont ou- verte9 aux eaux les plus ëluignëesj en sorte ^u'il 9st vrai de dire que quoique dan^Jes^plaines basses on trouve de l'eai^ par-tout , ou ne pourroit cependant y faire qu'un certain nombre de puits , .proportionnés à la quantité d'eau dis- persé^ > ou plutôt à l'étendue des terres pltts^ élevées ^'oii^ cea eaux tirent leur source* '«j^«^ f'fTrf ''''' f; ' '^fff r-"»- ***:îr V 'f Dans 1A' plupart des plaine», il n'est pas nécessaire de creuser jusqu'au ni- veau de la rivière pour avoir de l'eau y on la trouve ordinairement^ une moin dre profondeur, et il n'y a pas d'appa« rence que l'eau des fleuves et des riviè- res s'étcude loin en se filtrant à travers^ les terres.. On ne doit pas non plus leur attribuer l'origine de toutes les eaux ii4 HiâtniKB NAtirnuLLr. qu'on troùye au -dessons d« toiir nî^ Teau dans rint^riénr de lu tenre; car dans les torrens , dans les riTÎèi^i» qui tarissent, dons celles doht on diurne le cours , on ne trouTe pas, ««^ fouil- lant dans leur lit , plus d'eau qn'Mi n'en trouve dans les terres voisines ; il ne faut qu'une langue de terre de cinq ou aix pieds d'ëpidsseur pcinr contenir Feau et l'empêcher de s'ëchapt)er , et fui aou- •vent observe que les bord» dos ruis- seaux et des mares ne sont pifis sensi- blement humides à sijt pOUCes de dis- tance. Il est vrai que l'étendue de lia fil- tration est plus ou moins grandi; selon que le terrein est plus on méihs pdnë- trahie ; mais si l'on examine les ravines qui se forment dans les terres et mém« dans les sables , on reconnoitra que l'eau passe toute dans le petit espace qu'elle se creuse elle- même , et qu'à peine les bords sont mouilles à quel- ques pouces de distance dans ces sables : dans les terres végétales même^ où la l'HËORIE DE LA TERRB. . 1 15 Ultca^oa 4pit i^^p beaucoup plut griu-' de )jue df^us , \^» aabl^ et dang \e% autre« tenifs,^ pi|i%|u'efle fitaid^e 4e la force *!'^ ^IWft.TWM^J*'*!» Pû ^ t'apperçoit P*»;W'f#^ ^ftW^i fort loip. Dans un. jardji^ i^n, f^vjtose tibonàmmen% , et on inoi]^,r|>i^,i|^|isi,(lir^, ïmp planche , «ans ^ufi jes iiL^ç)^ vo^n^s a'«n res- eentenit ccga^i^érableme^^ : j'ai remar- que ^^ Gj^fmfftij^t de. gros monceaux de terre 4lide 'sur lequel elle s*est rassemblée. ^ Il serpit fôi^^ difficile dé faire une évaluation tbfJ jpeu juste de là qtiantitë des eaux scluterraines qui h'ont point d'issue apparente. Bien des gens ont prétendu qu'elle surpassoitde beaucoup THÊOftlE DE LA TERRE, I17 celle» de toutes les eaux qui sont à la sur'' face de la terre; et sans Jparler de ceu± qui ont avance que l'intérieur du globe ëtoit absolument rempli d'eàu , it y en a qui croient qu'il y a une infinité de fleuves , de ruisseaux , de lacs dans là profondeur dé la terre; mais cette opi- nion , quoique commune , ne me paroit pas fondée , et je crois que la quan- tité des eaux souterraines qui n^ont point d'issue à la surface du globe , n'est pas considérable; car s'il y avoit un si grand nombre de rivières souterraines , pourquoi ne verrions-nous pas à la sur- face de la terre les embouchures de quelques-unes de ces rivières , et par conséquent des sources grosses comme Jes fleuves ? D'ailleurs , les ri"^ère» et toutes les eaux courantes produisent des changement trës-considérables à la surface de la terre, e)les entraînent les terres , creusent les rochers , déplacent tout ce qui s'oppose à leur jiassage : i) -en seroit de même des fleuves soutcr- Th. de la Tefre. I. Il 1 1 i ll8 HISTOIRE NATURELLE. mins , ils produiroient des altérations sensibles dans rintërieiir du globe ; mais on n'y a point observé de ces change- anens produits par le mouvement des eaux , rien n'est déplacé \ les couches parallèles et horizontales subsistent par- tout, les différentes matières gardent par-tout leur position primitive , et ce n'est qu'en fort peu d'endroits qu'on a observé quelques veines d'eau souter- raines un peu considérables. Ainsi l'eau ne travaille point en grand dans l'inté» rieur de la terre ; mais elle y fait bi^n de l'ouvrage en petit : comme elle est divisée en une infinité de filets, qu'elle est xetenue par autant d'obstacles , et enfin qu'elle est dispersée presque par- tout , elle concourt immédiatement à la formation de plusieurs substances ter- restres qu'il faut distinguer avec soin des matières anciennes , et qui en effet en diffèrent totalement par leur forme tM;par leur organisation^ . ^.. , Ce sont donc les eaux rassemblées ê l m THéORIE ^JE LA TERRE. 1 19 dans la vaste étendue des mers , qui , par le mouvement continuel du flux et du reflux, ont produit les montagnes, les vallées et les autres inégalités de la terre ; ce sont les courans de la mer qui ont creusé les vallons et élevé les collines en leur donnant des directions correspondantes ; ce sont ces mêmes eaux de la mer, qui , en tranifiportant les terres, les ont disposées les Unes sur les antres par lits horizontaux , et cq sont les eaux du ciel qui peu à peu dé^ truisent Touvrage de la mer, qui ra- baissent continuellement la haUteUr des montagnes , qui comblent les vàllées> les bouches des fleuves et les golfes , et qui, l'amenant tout au niveau, ren- dront un jour cette terre à la mer , qui s'en emparera successivement , eiK laissant à découvert de nouveaux con- tinens entrecoupés de vallon» et de montagnes , et tout semblables à ceux que nous habitons aujourd'hui. '•*»■ H (( 1 i H '%i. M l î J i li ' i.> 120 HISTOIRE NATURELLE. De la formation des Planètes» _ Notre objet étant THistoire Natu- relle , nous nous dispenserions volon- tiers de parler de l'Astronomie ; mais la physique de la terre tient à la physi- que céleste, et d'ailleui's nous croyons que pour une plus grande intelligence de ce qui a ëtë dit , il est ne'cessaire de donner quelques idées générales sur, la formation , le mouvement et la figure de la Terre et des Planètes. ,, j iH-ssur* La Terre est un globe d^environ trpis mille lieues de diamètre *, elle est située à trente millions de lieues du Soleil, autour duquel elle fait sa révolution en trois cent soixante-cinq jours. Ce mou- vement de révolution est le résultat de deux forces , l'une qu'on peut se repré- senter comme une impulsion de droite à gauche , ou de gauche . à droite , et l'autre comme une attraction du haut en bas, on du bas en haut vers un centre. •i ^*Vi et TrtâoniE DE LA TERRE, iSl La âireodûif dé ces deux forces et leurs quantités sont dombinëes et proportion-* nces d^ fa^ip qu'il en réd^He un mou- vement pres^ute unliformeda^s une el« ]ipse fort-approchante d'un cercle. Sem- blable aux autres planètes , la terre est opaque j «lie fait ombre , elle reçoit et réfléchit la lumière du sokil ^ et elle tourne autour de cet astre suivant lej loix qui conviennent à sa distance et à sa densité relative ; elle tourne aussi sur elle-même en vingt-quatre heures, et ï'axe autour duquel so fait ee mouve- ment de rotation, est incliné de soixante- six degrés et demi sur le plan de l'or- bite de sa révolution. Sa figure est celle d'un sphérmde, dont les deux axes dif- fèrent" d'environ une cent soixante et quinzième partie, et le plus petit axe est celui autour duquel se fait la ro- Ce sont les principaux phénomènes de la terre ; ce sont-là les résultats des grandes découvertes que l'on a faites \ m «« Vi ^1 133 HISTOIRE NATURELLE», par le moyen de la géométrie;} de Fas*^ tronomie et de la navigation. Noos n'en^ trerons peint ici dans le détail qu'elles exigent ponr être démontrées ; et nous n'examinerons pas comment on est ve» n:^ au point de s'assurer delà vérité de tous ces faits;, ce sercnt répéter ce qui a été dit; nous ferons seulement quel-* ques remarques qui poiu'ront servir h éclaircir ce qui est encore douteux ou conlesté, et en même teit^s aious don* nerons nos idées au snjet de là forma^ tio) i des planètes , et des diffiérens états par où il est possible qu'elles aient passé avant que d'être parvenues à l'état oà nous les voyons aujourd'hui. - On tro^i- vera dans la suite de cet ouvrage des extraits de tant de systèmes et de tant d'hypothèses sur la formation du globe terrestre y sur les differens états par oh il a passé et sur les changemcnsqià'ila subis , qu'on ne peut pas trouver mau- vais que nous joignions ici nos conjec- tures à celles des philosophes qui ont t. if THÊiORIE I»S LA. TERB ^ . 1 !23 écrit (TÀr'^Ml' matière»^ et sur-tout lors-^ qu'on Terra que nous ne leS' donnons •n efifet que pour de simples eonjectu^ tes, auxquelles Bbus prétendons seule* ment assigner ua plus grand ^ègrë de prol»ayiké qu'à toutes celles qu'oii a faites sur le même sujet. Nous nous re- fusons d-auiaut moins à publier ce que^ nous avonspénsë sur cette matière, que nous e<)péroits par-là mettre le lecteur plus en ëtat de proiioncer Mir la grande différence qu'il y centre une hypothèse eu' il n'entre que des possi bilitës , et une théorie fondée sur des faits ; entre un système tel que nous-allons eh donnei* an dans cet article sur la formation et le premier état de la terre , et une his- toire physique de son état aotnel , telle que nouS" venons de la^ donner dans le discours précédent- ....... Galilée ayant trouvé la loi de la chute dies corps-, et Kepler ayant observé que les aires- que les planètes principales décrivent autour da soleil^ et celles qup ii 124 IliaXQIRE NATURBÏJii:, les satiellites d^crivei^t autAiy j^e leuc planète principale > sont proportion- nelles aux temps, et que les temps 4es révolutions des planètes etides qatejlites sont proportionnels aux racin!es ca&rées des cubes do leurs disUnQeâ,a;iji $ohi\ > ou à leurs planètes principales. Newton trouva que la force qui fait tomber les graves sur la surface de la terre> s'étend jusqu'à la lune ei la retient dalus son or< bile f que cette force diminue en même proportion que le carré de la distance augmente *, que par conséquent la lune est attire'e par la terre ^ que la terre, et toutes les planètes sont attirées par le soleil f et qu'en . général tous- les corps qui décrivent autour d'un centre ou d'u^ foyej de^ aires pixiportionnelles au temps, sont attirés vers ce point. Cette force , que nojus connoiçsons sous le noxn de pesanteur j est donc généra- lement répandue dans toute la matière : les planètes , les comètes , le soleil ; la terre; tout est sujet & ses loix; et elle '■"■rx- ■>*.■ THÉORIE DE LA TERRE. ia5 • sert de fondement à l'harmonie do l'Uni- vers. Nous n'avons rien de mieux prou- ve en physique que l'existence actuelle et individuelle de cette force dans les planètes , dans le soleil , dans la terre et dans toute la matière que nous touchons ou que nous apperce vans. Toutes les observations ont confirme l'e£Pet actuel de cette force , et le calcul en a déter- mine la quantité et les rapports ; l'exac- titude des géomètres et la vigilance des astronomes atteignent à peine à la pré- cision de cette mécanique céleste , et à la régularité de ses eifeis. Cette cause générale étant connue^ on en déduiroit aisément les phénomènes , si l'action des forces qui les produisent n'étoit pas trop combinée ; mais qu'on se représeilte un moment le système du monde soûs ce point de vue, et on sen- tira quel chaos on a eu à débrouiller. Les planètes principales sont attirées par le soleil , le soleil est attiré par les planètes ; les satellites sont aussi attirés )\^ h\ rf. i\ 136 HISTOIRE KATURELLE. par leur planète principaloi chaque pla- nète est attirée par toutes les autres y et elle les attire aussi : toutes ces actions et réactions varient suivant les niasses et les distances ; elles produisent des iné- ^alites, des irrégularités : comment com- biner ei évaluer une si grande quantité de rapports ? Paroît-il possible , au mi- lieu de tant d'objets , de suivre un ob-^ jet particulier ? Cependant ou a sur- monté ces dilEcultés ; le calcul a confir- mé ce que la raison avoit soupçonné ; chaque observation est devenue une nouvelle démonstration, et Tordre sys- tématique de rUnivers est à découvert aux yeux de tous ceux qui savent re- oonnoître la vérité. '* -! , • '' Une seule chose arrête, et est en effet indépendante de cette théorie , c'est la force d'impulsion : Fon voit évidem- ment que celle d'attraction tirant tou • jours les planètes vers le soleil, elles tomberoient en ligne perpendiculaire sur cet astre y si ellies .n'en étoicnt éloi- j THKOHIE DE LA. TERRE. IS; gnées par une autre force, qui ne peut ôtre qu'une impulsion en ligne droite , dont reflet s'exerceroit dans la tangente de l'orbite , si la force d'attraction ces« soit un instant. Cette force d^mpulsion a certainement ëté communiquée aux astres en général par la main de Dieu> lorsqu'elle donna le branle à l'Univers ; mais comme on doit , autant qu'on peut, en physique s'abstenir d'avoir recours aux causes qui sont hors de la Nature, il me paroît que dans le système solaire on peut rendre raison de cette force d'impulsion d'une manière assez vrai^ semblable , et qu'on peut en trouver une cause dont l'effet s'accorde avec les rè- gles de la mécanique » et qui d'ailleurs ne s'éloigue pas des idées qu'on doit avoir au sujet des changemens et des révolutions qui peuvent et doivent ar- river dans l'Univers. La vaste étendue du système solaire, ou , ce qui revient au même , la sphère de l'attraetion du soleil ne se borne pas \ • # * t.\ ^ '. * laS HISTOiaE NATURELLE». ' 4 Torbe des plané tus , même le»' »■ -lilfVfc^.'V t'-ff' » Pour peu qu'on examiiis le cours des comètes , on se persuadera aisëmenfc qu'il est presque iiëcessaire qu'il eu tombe quelquefois dans le soleil. Gellc de 1680 en approcha de si près ? qu'à son: përihélie elle n'en étbit pas éloi- gnée de la sixième partie du diamètre solaire ; et si eUe revient, comme il y a apparence, en l'année 2255, elle pour- roit bien tomber cette fois dans le so- leil; cela dépend des rencontres qu elle aura faites sur sa route, et du relardct ment qu'elle a souffert en passant dans l'atmosphère du soleil. Voyez Newton, 3e édition y pcfg, ôaô» '• ' Nous pouvons donc présumer avec le philosophe que nous venons de citer, qu'il tombe quelquefois des comètes sur le soleil; mais cette chute peut se faire de différentes façons : si elles y tom« bent à-plomb , ou même dans une di- rection qui ne soit pas fort oblique ^ ' fi ■im- ■"*B.-;ifa#;Tik.,, ! 11 1 , f 134 HISTOIRE NATURELLE. elles demeureront dans le soleil, et serviront d'aliment au feu qui consume cet astre; et le mouvement d'impulsion qu'elles auront perdu et communiqué au soleil, ne produira d'autre effet qu» celui de le déplacer plus ou moins , selon que la masse de la comète sera plus on moins considérable; mais si la. chute de la comète se fait dans une di- rection fort oblique , ce qui doit arri- ver plus souvent de cette façon que de l'autre , alors la comète ne fera que raser la surface du soleil, ou la sillon- ner à une petite profondeur, et dans ce cas elle pourra en sortir et en chasseir quelques parties de matière , auxquel- les elle communiquera un mouvement commun d'impulsion ; et ces parties poussées hors an corps du soleil , et la comète elle-même, pourront devenir alors des planètes qui tourneront au-^ tour de cet astre dans le même sens et dans le mémo plan. On pourroit peut- être calculer quelle masse , quelle vi* THÉORIE DE LA TERRE. l35 tesse et quelle direction devroit avoir une comète pour friro sortir du soleil une quantité de matière ëgale à cello que contiennent les nix. planètes et leur» satellites ; mai?> cette recherche seroit' ici hors de sa place : il suffira d'obser- Ter que touites les planètes avec les sa- tellites no font pas la six cent cinquan- tièm;j partie de la masse du soleil ( Voyez: Newton, pag» 4o5), parce que la den- sité des grosses planètes, Saturne et Jupiter 9 est moindre que celle du so- leil \ et que quoique la terre soit quatre^ fois I et la lune près de cinq fois plus dense que le soleil , elles ne sont ce- pendant que comme des atomes en com > paraison de la masse de cet astre. ,> ) < J'avoue que quelque peu considéra- ble que soit une six cent cinquantième partie d'un tout , il paroît ., ;a premier coup-d'œil, qu'il faudroit, pour sépa- rer cette partie du corps du soleil ; une très-puissET-to comète ; mais si on fa\t ïëHexion à la vitesse orodigiense des IL . -. tîJSr . W - ««■ -*^'»-- m. ^I. •w^ \i: f ' i i l36 HISTOIRE NATURELLE, comètes dans leur |>é&ùJbcUe , vitesse, d'autant pins gvû suie que leur loate esli plus droite , et qu'elles apptoi;!iv*^1:(}u soleil de pliïs près , si dWlieut;^ on fait, attention à ïix densUé> à i&fixUéet à la solidité de la matière dont elles do' vent être composéssj pour soufeir , sa^s ôtredétruitea, la clialeiii: isolide et très- dense , et qu'elles ne contiennent, soua un petit volume , une grande quantité de matière j que, par conséquent , une comète ne puisse avoir assez de masse et de vitesse pour déplacer le soleil , et donner un mouvement de projectile à > \ THlfeORIE DE LA TERRE. 1^7 une quantité de matière aussi considé- rable que l'est la six cent cinquantième partie de la masse de cet astre. Ceci s'accorde parfaitement avec ce que l'on sait au sujet de la densité des planètes ; on croit qa'elle est d'autant moindre , que les planètes sont plus éloignées du soleil et qu'elles ont moins de cbaleuv à supporter , en sorte que Saturhe est moins dense que Jupiter , et Jupiter beaucoup moins dense que la terre ; et en efiPet , si la densité des planètes étoit, comme le prétend Newton, propor- tionnelle à la quantité de chaleur qu'el- les ont à supporter, Mercure seroit sept fois plus dense que la terre, et vingt- huit fois plus dense que le soleil ; la comète de 1 680 seroit vingt-huit mille fois plus dense que la terre, ou cent douze mille fois plus dense que le soleil; et en la supposant giosse comme la terre, elle contiendroit sous ce volume une quantité de matière égale à-peu- prlu. à la neuvième partie de la masse ' ( • i I > < , ( IK i '\, h / ll38 HISTOIRE NATURELLE, du soleil f ou , en ne lui donnant que la centième partie de la grosseur de la terre , sa masse seroit encore ëgale àla neuf centième partie du soleil ; d'où il est aise de conclure qu'une telle masse qui ne fait qu'une |)etitc comète , pour- roit séparer et pousser hors du soleil une neuf centième ou une six cent cin- quantième partie de sa masse , sur-tout si l'on fait attention à l'immense vitesse acquise avec laquelle les comètes se meuvent lorsqu'elles passent dans le voisinage de cet astre. >, .Une autre analogie, et qui mérite quelque attention , c'est la conformité entre la densité de la matière des pla« nètes et la densité de la matière du so- leil. Nous counoissons sur la surface de la terre des matières i4 ou 1 5 mille fois plus denses les unes que les au très j lesk densités de l'or et de Fair sont à-peu^ près dans ce rapport : mais l'intérieur de la terre et le corps des planètes sont composes de parties plus similaires et THÉORIE DE LA TERRE. iS^ dont la densité comparée varie beau- coup moins ; et la conformité d« la den- sité de la matière des planètes et de la densité de la matière du soleil est telle ,' que sur 65o parties qui composent la totalité de la matière des planètes , il y en a plus de 64o qui sont presque de la même densité que la matière dusoleil^ et qu'il n'y a pas dix parties sur ces 65o qui soient d'une plus grande densité ; car Saturne et Jupiter sont à-peu-près de la même densité que le soleil , et la quantité de matière que ces deux pla^ nètes contiennent, est au moins 64 fois plus gi'ande que la quantité de matièr :^ des quatre planètes inférieures , Mars t la Terre , Vénus et Mercure. On doit donc dire que la matière dont sont com- posées les planètes en général , est à- peu-près la même qae celle du soleil, et que par conséquent cette matière j)eut en avoir été séparée. ' '^ Mais , dira-t-on; si la comète en tom- l)ant obliquement sur Iç soleil; en a sil- ■•'<*« ! M : « l4o HISTOIRE NATURELLE, lonnë la surface et en a fait sortir la ma- tière qui compose les planètes, il paroit que toutes les planètes, au lieu de dë« crire des cercles dont le soleil est le centre , anroient au contraire à chaque ravoir*! n rasé la surface du soleil, et seroient revenues au même point d'où elles ctoient parties, comme feroittout projectile qu'on lanceroit avec assez de force d'un point de la surface de la terre, pour l'obliger à tourner perpétuel!?- ment ; car il est aisé de djémontrer que ce corps reviendroit à chaque révolu- tion au point d'où il a .«-oit été lanc.' et dès-lors on ne peut pas attribuerai': > pulsion d'une comète la projection des planètes hors du soleil , puisque leur mouvement autouif de cet astre est dif- férent de ce qu'il seroit dans cette hy- poth se. A cela je réponds que la matière qui compose les planètes n'est pas sortie de cet astre en globes tout formés, aux- quels l-d comète auroit communiqué son ' THEORIE DE LA TERRE. l4l mouyement d'impulsion, mais que cette matière est sortie sons la forme d'un torrent dont le mouvement des parties antérieures a dû être accéléré par celui des parties postérieures ; que d'ailleurs l'attraction des parties antérieures a dû aussi accélérer le mouvement des parr ties postérieures , et que cette accéléra- tion du m'^'uvemsnt , produite par l'une ou l'autre de ces causes, et peut-être par tontes les deux , a pu être telle qu'elle aura changé la première direction dn mouvement d'impulsion , et qu'il a pu en résulter un mouvement tel que nous, l'observons aujourd'hui dans les pla- nètes, sur-tout en supposant que le dioc de la comète a déplacé le soleil ; car pour doimer un exemple qui rendra ceci plus sensible , supposons qu'on tirât du haut d'une montagne une balle de mous- quet , et que la force de la poudre fût assez grande pour la pousser au-delà du demi-diamètre de la terre, il est certain que cette balle tourneroit autour du Th. ue la Tem. I. i3 V Û 'y ■(/i Vl" t t ri' .: '1:1 ^ 'ni:; t ■ ' ,1 l43 HISTOIRE NATURELLE. globe , et reviendroit à chaque rëvola- tion passer au point d'oii elle auroit ët^ tirée ; mais si au lieu d'une balle de ' mousquet nous supposons quW ait tiré une fusëe volante où l'action du feu se- * roit durable etaccélëreroit beaucoup le mouvement d'impulsion, cette fusëe, ou plutôt la cartouche qui la contient, ne reviendroit pas au même point , comme la balle du mousquet ; mais dëcriroit un orbe dont le përigëe seroit d'autant plus éloigne de la terre, que là force d'accé- lération auroit été plus grande et auroit changé davantage la première direc- tion , toutes choses étant supposées éga- les d'ailleurs. Ainsi , pourvu qu'il y ait eu de l'accélération dans lo mouvement d'impulsion communiqué au torrent de matière par la chute de la comète , il est très-possible que les planètes qui se sorit formées dans ce torrent , aient acquis le mouvement que nous leur connoissons dans des cercles et des ellipses dont le soleil est le centre et le foyer. * ' " f^ THÉORIE DE LA TERRE. l43 La manière dont se font les grande» éruptions des yolcans , peut nous don- ner une idëe de cette accëlér/ition de mouvement dai>8 le torrent dont nous parlons. Ona ol^seryë que quand le Vé- suve cdmmenç^ à mugir et à rejeter les matières dont il est embrase , le premier tourbillon qu'il vomit , n'a qu'un cer- tain degré de vitesse , mais cette vitesse est bientôt accélérée par l'impulsion d'un second tourbillon qui succède au premier > puis par l'action d'un troi- sième , et ainsi de suite : les ondes pe- santes de bitume , de soufre , de cendres, de métal fondu , paroissent des nuages massifs ^ et quoiqu'ils se succèdent tou- jours à-peu-près dans la même direc- tion , ils ne laissent pas de changer beau- coup celle du premier tourbillon , et de le pousser ailleurs et plus Ioîq qu'i) ne seroit parvenu tout seul. D'ailleurs, ne peut-on pas, répondre à cette objection, que le soleil ayant été frappé parla comète, et ayant reçu Î-. i.ti fA'IH 'h \% ? '1 H :L !>•■■■ V '' '• 1.11 ï44 HISTOIRE NATURELLE. une partie fie son mouvement d'impul- sion , il aura lui - même ëprouyé un mouvement qui l'aura déplace ; et que quoiqjiie ce mouvement du soleil soit maintenant trop peu Sensible pour que dans de petits interV&llés dèteinpslés astronomes aient pu l'àpperccvoir , il se peut cependant que ce mouvement existe encore, et que le soleil se meuve lentement vers différentes parties de l'univers , en dc^crivaht uhe CDurbe au- tour du centre ''.o gra>ii.c ae tout le sys- tème ? et si ^ela est , comme je le pré- sume , on voit bien que les planètes, au lieu de revenir auprès du soleil à cha- que révolution, auront au Contraire dé- crit des orbites dont les points des pé- rihélies sont d'autant plus «éloignés de cet astre , qu'il s'est pluà éloigné lui-o même du lieu qu'il occupoit ancienne- ment. > Je sèhs bien qu'on jioUrrà me dire qùé si Faccélération du mouveiUent se fait danis la même direction , cela ne fv THÊOniE DE LA TBERE. l45 eBangc paè le point de périhélie qui aéra toujours k lasurlace dli-'Àuleil : mafs doit-on croire que dans ail torrent dont îés parties* âe sont sticcédées , il n'y a eu aucun changement dé' direction ? il est au contraiîre très-probable qu'il y a eâ nn assez' grand changement de direc*- iion , pour donner aux planètes le mou* venient qu'elles ont. - ■ • ■ On pourra me dire aussi que si lë 5i6leil a éfc déplace par le choc- de la eomètèf, il â dû se raônvoir uniformé- ment ', et que dès-îors ce mouvement ('tant commun atout le svstéme , il n'a dû rien changer. Mafs le soleil ne pou- Toit-il pas avoir avant le choeun mou- vemen* autour dii centre de gravité du système cômétairej auquel mouvement primitif lé choc dé la comète ^ttra ajouté une angmientation ou une diminution ? et cela, sufiîroit encore pour rendre rai- son dlv mouvement actuel des planètes. Enfin sil'onne veut admettre aucune deees suppositions) ne peutron pas pré- 1 A > f K ï m l t -V l46 HISTOIRE NATUREIXÉ. sumer , sans choquerl a vraisemblance^ que dans le choc de la comète contre le soleil ) il y à eu une force élastique qv(î aura élevé le torrent au-dessus delà sur- face du soleil , au lieu de le pousser di;: rectement ? ce qui seul peut sufilire pour écarter le point du périhélie, et donner aux planètes le mouvement qu'elles ont conservé; et celte supposition n'est pas dénuée ie vraisemblance^ car la matière du soleil peut bien être fort élastique, puisque la seule partie de cette matière que nous connoissons, qui est la lumiè- re, semble par ses effets êlrc parfaite- ment élastique. J'avoue que je ne puis pas dire si c'est par l'une ou par l'autre des raisons que je viens de rapporter^ que la direction du premier mouvement d'impulsion des planètes a changé, mais ces raisons suffisent au moins pour faire voir que ce changement est possible, et même probable ; et cela suffît aussi à mon objet. Mais laus insister dayanlage sur led THEORIE DE LA TERRK. 14/ objections qu'on pourroit faire , non plus que sur les preuves que pourroieut fournir les analogies en faveur de mon hypothèse , suivons-en l'objet^ et tirons des inductions : voyons dpnc ce, qui a pu arriver lorsque les planètes , ai sur- tout la terre , ont reçu ce mouvenaent d'impulsion , et dans quel état elles se sont trouvées après avoir été séparées de la masse du soleil. La comète ayant par un seul coup cc^iimuniqué unraou' : vement.de projectile aune quantité de matière égale à la 650"" ''partie de la masse du soleil , les particules les moins denses se seront séparées des plus den- ses , et auront formé parleur attraction mutuelle des globes de dilférente den- sité*, Saturne, composé des parties les plus grosses 'et les plus légères, se sera le plus éloigné du t^oleil ; ensuite Jupiter qui est plus dense que Saturne , se sera moins éloigné, et ainsi de suittr. Les planètes les plus grosses et les moin» denses sont les plus éloignées , parce f  I I! ■ Vf '1 M [i^is k 5^ ■. *ï I 1 i > i48 ïlib^oiRB NÀTÙto^Ltfe; quelles oiit reçu un mouvement d'îm- puhibti plus' fort que les pîiîs petites et les plus denses ; car la force d'im j^ùlsion «e cbmmùnîquant pair les flilrfWces., le h) éiilercon^ aiira fait mouvoir les partie* les plus grôsèes et les plus légères de lit matfère du soleil avec plus dé vitesse que lëâ parties lès plus petites etlfes plus massircs'j" il se sera donc fait tiné scpa- ratiéii dés parties deiisés de dîfïerens degrés, en sorte que la derirfte de la matière dusoleil étant égale à i oo , celle de Saturne est égale à 67 , celle de Ju- piter = 94-, celle de Mars =200, celle de la Tcrre=: 4oo, celle d« Vénus =2 800, etceltedeMercure=:^oo Mais l'a force d'attraction ne se communiquant pas cominecelle d'impulsion par la sur*- facc , et agissant au contraire sur toutes les parties de la masse , elle aura retenu les portions de matière les plu» denses *, et c'est pouF cetteraison queles planètes les plus denses sont les plu s voisines du soleil; et qu^elles tournent autour de cet. tH AOTIÏE DE LA TERRE. l4x| astre avec plu? dc'rapidite qnc les pla- nètes les moins denses , qui sont aussi les plus éloignées. . : ^ lies deux grosses platièf es , Jupiter et Saturne , qui sont , comme Ton sait , les parties principales du système so- laire, ont ccmservë (ce rapport entre leur densitë et leur mouvement d'im^ pulsion dans une proportion si juste qu'on doit en être frappé : la densité de âàlurne est à celle de Jupiter comme 6j à 94 j , et leurs vitesses sont à-peù près comme 887 à liio — , ou comme 67 à 90 17 j il est rai^e que de pures conjec- tures on puisse tirer des rapports au.s«îi exacts. Il est vrai qu'en suivant ce rap- port entre la vîtesse- et la densité des planètes , l)ft densité de là terre ne dc- vroît être que comme 2067g , au lieu qu'elle est comme 4oo', dé-là on peut conjecturer que notre globe étoit d'a- bord une fois moins dense qu'il ne Test aujourd'hui. A l'égard des autres pla- ne tes/ Mars , Vénus et Mercure , comme 1.1 ! / l5o HISTOIRE NATURELLE, leur densité n'est connue que par con- jecture y nous ne pouvons savoir si cela dëtruiroit ou confirmeroii notre opi- nion sur le rapport de la vîtes** et de la den&itë des planètes en général. Le sen- timent de Newton est que la densité est d'autant plus grande , que la chaleur à laquelle la planète est exposée est plus grande ; et c'est sur cette idée que nous venons de dire que Mars est une fois moins dense que la Terre, Venus une fois plus dense, Mercure sept fois plus dense, et la comète de 1680, a8 mille fois plus dense que la Terre ; mais cette proportion entre la densité des planètes et la chaleur qu'elles ont à supporter , ne peut pas subsister lorsqu'on fait at- tention à Saturne et à Jupiter qui sont les principaux objets que nous ne de- vons jamais perdre de vue dans le sys- tème solaire -, car selon ce rapport entre la densité et la chaleur , il se trouve que la densité de Saturne seroit environ comme 4 ^, et celle de Jupiter comme ■^ '). J^âïf' f TH^ÔnîË DE LA TÊHRE. iSTl ^4 £^, au lieu de 67 et de 944, diffé- rencQ trop grande pour que le rapport entre la densité et la chaleur que Les planètes ont à supporter, puisse ctre admis ; ainsi malgré la confiance que méritent les conjectures de Nevsrtan , je crois que la densité des planètes a pliits de rapport avec leur vitesse qu'avec le degré de chaleur qu'elles ont à suppor- ter. Ceci n'est qu'une cause finale , et l'autre est un rapport physique dont l'exactitude est singulière dans les deux grosses planètes; il est cependant vrai que la densité de la terre au lieu d'être ao6 7, se trouve être 4oo, et que par conséquent ii faut que le globe terrestre se soit condensé dans cette raison de 206 j à 4oo. Mais la condeiisation ou la coction des planètes n'a ' >i i V ■ i 1 ri ''* J' H./' il 1.^2 HISTOIRE NATURELLE. tion , Jupiter sera condensé de 90 1{ à 944 : or la chaleur du soleil dans Jupiter ëlantà celledu soleil sur la teiTeconuilo i477 sont à ^100 , les condensations ont dû. se faire dans la même proportioii , de sorte que Jupiter s'ëtant oondçnsé degcff à 94 7 , la Terre aux^oit dû se condenser en même proportion de ao6| à 21 5-,—^ 7 si elle eût étë placée dans l'orbite de Jupiter , où elle n'auroit dû recevoir du soleil qu'une chaleur égale à celle que reçoit cette planète : mais la terre se trouvant beaucoup plus près de cet astre, et recevant une chaleur dont le rapport à celle que reçoit Jupiter est de 4oo à i4 fj-, il faut multiplier Ifi quan- tité de la condensation qu'elle auroiteue dans l'orbe de Jupiter , parle rapport de 4ooà i4 ~, ce qui donne à-peu- près 12544 pour la quantité dont la terre a dû se condenser. Sa densité étoit 206 J j en y ajoutant la quantité de C9^densil^- tion, l'or trouve pour sa densité ac- tuelle 44o J j ce qui approche aesee de THÉOKIE DE LA TERHlîî, l55 la densité 4oo, déterminëe par laparal" laxc :* ù la lune. Au reste , jo ne prétende pas donner ici des rapports exacts ) mais seulement des approximations y pouf faire \oir que les^ensitës des planètes ont beaucoup de rapport avec leur vi- tesse dans leurs orbites. '""'*>»'•> i La comète ayant donc par sa chuté oblique silonné la surface du soleil , aura, poussé hors du corps de cet astro «ne partie de matière égale à la 65a™* partie de sa masse totale : cette matière qu'on doit considérer dans un état de fluidité , ou plutôt de liquéfaction, auré d'abord formé un torrent , les parties les plus grosses et les moins denses au- ront été pousser*; au plus loin , et le» parties les plus j.e^ites et les plus den- ses n'ayant reç'k que la même impul- sion , ne se seront pas si fort éloignées, la force d'attraction du soleil les aura retenues y toutes les parties détachées par la comète ei poussées les unes par les autres, auront été contraintes de Th. de la Terre. I. li M il m 1 u yi 'il '■' l54 HISTOIRE NATURKLLB. cii'culer auUr île cet astre , et eil XDême tenijps l'Attraction mutuelle des parties de la matière en aura formé des globes, à diiFérentes distances , dont le« plus voisins du soleil auront nëceasai* rement conservé plus de rapidité pour tourner ensuite porpétuellementautour de cet 4istre. • • -, h :.. ,., « -,......•, tv v Mais , disa-t'on une seconde fois , si la matière qui compose les planètes a été séparée du corps du soleil , les pla- nètes devroient être comme le soleil , brûlantes et lumineuses , et non .pas froides et opaques comme elles le sont : ;Hcn ne ressemble moins à ce globe de feu qu'un globe de terre et d'eau ; et À en juger par comparaison, lamatière .de la tei.d et des planètes est tout-à» iait différente de celle du soleiL . ; A cela on peut répondre que dans la séparation qui s'est faite des particu- les plus ou moins denses , la ma- tière a cLangé de forme , et que la lu- .^ière 9u k feu se sont éteiuts|)ar cette -■% TirÉORIL DE L\ TERRE. ^^f «^paration causée par le mouvement (Vimpuisioii. D'ailleurs^ le peut'On pas aoupçonm'r que si le soleil ou une étoile brûiarte ^ nm lieuse par elle- même se mouv »it autant de vitesse que se meuT< pi iètes , le tcu s'éteindroit peut- et que c*cst par cette raison que toiitcâ les étoiles lumi- neuses sont fixes et ne changen-tpas de lieu , et que ces étoiles que l'on ap-* pelle nouvelle», qui ont probablement changé de lieu, se sont éteintes aux yeux même des observateurs ? Ceci so confirme par ce qu'on a observé sur le» comètes *) elles doivent brûler jusqu'au centre lorsqu'elles passent à leur péri^ liélie : cependant elles ne deviennent pas lumineuses par elles'-mêmesv, on. voit seulement qu'^ lies exhalent des va- peurs brûlantes dont elles laissent en chemin une partie considérable.. J'avoue que si le feu peut exister dans un milieu où il n'y a point oa ii?ès-pcu de résis lance j il pourroit aussi I •jfe,i*fi(i-. 7V ',-» / y^ y IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) 1.0 1.1 làÂ|28 12.5 Itt Ui 12.2 ^ k& 12.0 li Photographie Sdences Corporalion <>.v-î^ ||l.25 II 1.4 liill : " r ^ — 6" - ► •>^ \ iV \\ rv 23 WEST MAIN STRKT WEBSTER, N.Y. 14580 (716) 873-4S03 ^1^^ ""^ A. ^4. 156 aiSTOIRE NATURELLE. .Boaffnr un-trés-grand mouvement sans .s'éteindre : j'avoue aussi que ce que je Tiens de dire ne doit s'entendre que -des, étoiles qui disparoissent pour tou- jours , et que celles qui ont des retours périodiques , et qui se montrent et dis- paroissent alternativement sans chan- ger de lieu , sont fort différentes de . celles dont . je parle : les phénomènes -de ces astres singuliers ont été expli- . qués d'xme ûianière très-satisfaisante par Mi dèMaupertuis , dans son discours sur la figure des astres ; et je suh con- . vaincu qu'en partant des faits qui hotks . sont connus , il n'est pas possible de mieux deviner qu'il l'a fait ; mais les étoiles qui ont paru et ensuite disparu pour toujours , se sont vrâisemblahle- ment éteintes, soit par la vitesse de ileur mouvement, soitparquelqu'autre cause; et nous n'avons point d'exem- •jple dans la nature qu'un astre lumi- zneux tourne autour d'un autre astre : ; de vingt-huit ou trente comètes et de -. ,....,.,/N,,,.-*>-'ï*^>'*'ï;5;!-«^'*-^ THÉORIE DE LA TERRE. 1 5^ treize planètes qui composent notre système , et qui se meuvent autour àa. soleil avec plus ou moins de rapidité , il n'y en a pas une de lumineuse par ; elle-même. ^^ ' ' - On pourroit répondre encore que le feu ne peut pas subsister aussi long- . temps dans les petites que dans les gi'andes masses , et qu'au sortir du so- leil les planètes ont dû brûler pendant quelque temps , mais qu'elles se sont éteintes faute de matières combustibles, comme le soleil s'éteindra probable- ment par la même raison , mais dans des âges futurs et aussi éloignés des temps auxquels les planètes se sont éteintes , que sa grosseur l'est de celle des planètes : quoi qu'il en soit^ la sé- paration des parties plus ou moins den- ses , qui s'est faite nécessairement dans le temps que la comète a poussé hors du soleil la matière des planètes , me paroi t suffisante pour rendre raison de cette extinction de leurs feux. <. --■' ( . l58 HISTaiRE NATITRELLF. La terre et les planètes au sortir ait floleil f^toient donc brûlantes et dans un. ^tat de liquéfaction totale : cet état de li- quëfactionfn'adurét[u'autantque la vio- lence de la chaleur qui l'a voit produit; peu à peu les planètes se sont refroidies, et c'est dans le temps de cetëtatdeflui-» dite causé par le feu , qu'elles auront pris leur figure , et que leur mouve* ment de rotation aurafait élever les par- ties de l'équatour en abaissant les pa- les. Otte figure qui s'accorde si bieif avec les loix de l'Hydrostatique sup> pose nécessairement que la tevre et les planètes ayant été dans nnétat de fiui« dite , et je suis ici de l'avis de M. b* nitz ; cette fluidité étoit une Hquéiae- tion causée par la violence de la cha- leur; l'intérieur â» la terre doit être* une matière vitrifiée , dont les sables , les grès ^ le voc vif, les granits , et peut-être les argiles., sont des fragmens^ et des scories» . ^i-- ^^^^ -~ - f On peut donc cvoifo «yea cpielqne^ i ^ -•t-^j »*if^.„^/.».^. tt^iÀ^*^^' ,,î4iiljjj^^*,,i-rt«i'.ii*«.(,,^\*.w^';;^^^ THÉORIE DE LA TERRE. l5^ yraisemblftiiGe > que les planètes ont ap- partenu aa solett, qa'eUes-ont <^té sé^ parées par un« seul coup qut leur a donne un'mouTementd'impulsiondam te même* sens et danrle mènK» plan , et que leur position à> difl^rentes distan- ces du soleil ne vient que de leurs diffëù rentes d^nsitëJk H vestte maintenant à expliquer par la même- théorie le moi»- ▼ement de rotation des planètes et Ift formation' des satellites; mais ceci » loin d'ajouter des difficultés ou des impossi^ Milites à notre- hypothèse ,, semble au contraire la confirmer^ ^ ^*r.*i * Car le mouvement de rotatfon' à^ pend uniquement de l'obliquité dn eoup> etilest nécessaire qu'une impul- sion*, dèsqu'dle est obliqne à* la sur- fece- dhin corps ; donne à ce oorps< un moufvement de* rotation ; ee mouve- mentr de* rotation; sera égal et toujours le méme^, sr le corps qui-le reçoit est ho- mogène, et il sera inégal si le corps est eompoié de partis» hétérogènes ^ de .....^, h ,^ 1,60 HISTOIRE NATUR1SLLE. différente densité, ctde-là on doit cor- dure que dans chaque planète la ma- iière est homogène, puisque leur mou- vement de rotation est égal ; autre preuve de la séparation des parties den- ses et moins denses lorsqu'elles se sont fbrméedtr ^■>^4' -•*'-"- /-■•■ -■- .■.y.^-n.t,^..^ ^.f* *,. .-,, Mais l'obliquité du coup a pu être telle qu'il se sera séparé du corps de la planète principale de petites parties de matière , qui auront conservé la même direction de mouvement que la planète même ; ces parties se seront réunies , suivant leurs densités, à différentes dis- tances de la planète par la force de leur attraction miituelle , et en même temps elles auront suivi nécessairement la pla- nète dans son cours autour du soleil en tournant elles-mêmes autour de la pla- nète , .à-peu-près dans le plan de son orbite. On voit bien que ces petites par'- ties que la. grande obliquité du corps aura séparées > sont les satellites ; ainsi la forma tion^Japositioj^ et la direction _i;_Jfe : 4tï fois plus grande que celle de la Terre, a quatre satellites j et il j agrando apparence que Saturne , qui en a cinq et un anneau , tourne encore beaucoup plu» vite que Jupiter. On peut même conjecturer aree quelque fondement , queVanneati de Sa- turne est parallèle à Fëquateur de c«tte planète, en sorte que le plan de Tëqua^ teur de Tanneau et celui de Téquateur de Saturne sont à-peiv-près les mêmes-; car en supposant , suivant la théorie précédente , que l'obliquité du coup par lequel Saturne a été mis en mou^ Tement , ait été fort grande, la vitesse autour de l'axe qui aura résulté de ce coup oblique , aura pn d'abord être felle, que la force centrifuge excédoit celle de la gravité ; et il se sera détaché de réquateur et des parties voisines de réquateur de la planète ^un^ quantité *v1^rf- -**- ' ■«*'"«,tf"«(»î.jfiip-.' THÉORIE DE LA TERRE. l63 considérable do matière , qui aura né- cessairement pris la figure d'un anneau, dont le plan doit être à-peu-près le même que celui de l'ëquateur de la planète ; et cette partie de matière qui forme Tanneau, ayant été dëtachëe de la planète dans le voisinage de Fëqua- tenr> Saturne en a ëtë abaissé d'autant tfous l'équateur ; ce qui fait que malgré la grande rapidité que nons lui suppo« flons autour de son axe, les diamè- tres de cette planète peuvent n'être pas aussi inégaux que ceux de Jupiter , qui différent de plus d'une onzième partie. ' ', ^i-mM,:ul. ^ Quelque grande que soit à mes yeuse la vraisemblance de ce que j'ai dit jus- qu'ici sur la formation des planètes et de leurs satellites , comme cbacun a sa mesure , sur^tout pour estimer des pro- babilités de cette nature , et que cette mesure dépend de la puissance qu'a l'esprit pour combiner des rapports plug ou lUQÎflftéloi^és ^ je ne prctends If '' , \{ ^f \ V? l64 HISTOIRE NATURELLE. pas contraindre ceux qui n'en voudront rien croire. J'ai cru seulement devoir semer ces idées , parce qu'elles m'ont paru raisonnables , et propres à éclair- çir une matière sur laquelle on n'a ja- mais rien écrit, quelqu'important qu'en soit le sujet , puisque le mouvement d'impulsion des planètes entre au moins pour moitié dans la composition du sys- tème de l'Univers, que l'attraction seule ne peut expliquer., J'ajouterai seule- ment pour ceux qui voudroient nier la possibilité de mon système, les ques- tions suivantes, smki ak ii^m'^mu lu.. 1°, N'est-il pas naturel d'imaginer, qu'un corps qui est en mouvement , ait reçu ce mouvement p^^ Jle choc 4'ui| «utre corps? î^ .. "^ ' , ; :-,'r Sk*** N'est -il pas très - probable qu« plusieurs corps qui ont la même direc- tion dans leur mouvement, ont reçu cette direction par un seul ou par plu- sieurs eoups dirigés dans le même sens? t 3°. N'est-il pas tout-à-fait vraisem.- } THÉORIE DE LA TERRE* l65 blable que plusieurs corps ayant la mô- me direction dans leur mouvement , et leur position dans un même plan ^ n'ont pas reçu cette direction dans le même sens et cette position dans le même plan par pluneurs coups ; mais par un seul et même coup 7 .. 4**. ,N'e8t*il pas très-probable qu'en même temps qu'un corps reçoit wfi mouvement d'impulsion , il le reçoive obliquement , et que par conséquent il soit obligé de tourner sur lui-même , d'autant plus vite que l'obliquité du, coup aura ëtë plus grande? Si ces ques«, tionsne paroissent pas déraisonnables^ le système dont nout venons dedonner une ébauche y cessera de paroitre, une absurdité. i, »#«-#».*..'•* 1t*v#-^' t.:^k»l Passons maintenant à quelque choso qui nous touche de plus près , ^t exa^ minons la figure de la terre jiur laquelle on a fait tant de recherches et de si grandes observations. La terre étant ^ comme il paroît par l'égalité de sou Th. df la T<9rre. I. i5f * i I . ï I il t n 166 HI8T01RB NATURRLLB. mourement diurne et la constance dq; ^'inclinaison de son axe , oomposëe de parties homogènes, et toutes ses parties l'attirant en raison de leurs masses, ello auroit pris nécessairement la figure d'un globe parfaitement spliërique, si le mouvement d'impulsion eût été donn^ dans nue direction perpendiculaire à la surface^ Inaià ce coup ayant ëié donné obliquenlent, la terre a tourne sur soil axe dans lé même temps qu'elle a pris sa forlÉie; et de la Combinaison de ce mouvement de rotation et de celui de l^ttraction des parties, il a résulte une i&gure éphéroïde> plus élevée sous le grand cercle de rotation, et plus abais- sée aux deux extrémités die l'axe , et cela parce que l'action de la force cen- trifuge provenant du mouvement de rotation, diminue l'action de la gra- vité: ainsi la terre étant homogène, et ayant pris sa consistance en mârae temps qu'elle a reçu son mouvement d9 ro^tion, e^le a dûprç|i^f miQ figur» .'; TlléoillB £>E LA T£RRE. l6f fph^roïde, dont les deux axesdiffë- rent d'une deux cent trentième partie. Ceci (leut se démontrera la rigueur , et lie dépend point des hypothèses qu'on Toudroit faire sur la direction de la pe» sauteur -y car il n'est pas permis de faire des hypothèses contraires à des vëritës établies, ou qu'on peut établir: or les loixdelapcsanteur nous sont connues , nous ne pouvons douter que les corpa ne pèsent les uns sur les autres en raison directe de leurs masses , et inverse du quarrë de leurs distance»*, de mdm* nous ne pouvons pas douter que l'ac^ tion générale d'une masse quelconque ne soit composée de toutes les actiouf particulières des parties de cette masse ; ainsi il n'y a point d'hypothèse à faire eurla direction delà pesanteur : chaque partie de matière s'attire mutuellement en raison directe de sa masse et inverse du quarré de la distance ; et , de toutcr ces attractions, il résulte une sphère lorsqu'il n'y a point de rotation^ et il J .« I. ■ 1 ) M aJ iîï! i ; 1" ' '■'; > ^f" 1 ■' ^4r' ' *' pr.. 1 r ■li ■ ■ • 1 J' ( %f)8 HISTOIRE NATURELLE. en rësulte nn sphéroïde lorsqu'il y a rotation. Ce sphéroïde est plus ou moins ac^ourciaux deux extrëmitës de l'axe de rotation , à proportion de la vîtesse de ce mouvement , et la terre a pris , en vertu de sa vîtesse de *"otation et de l'attraction mutuelle de toutes ses parties, la figure d'un sphëroïde dont les deux axes sont entr'eux comme 229 à ùoo. Ainsi par sa constitution originaire , par son homogënëité , et indépendam- ment de toute hypothèse sur la direc- tion delà pesanteur , la terre a pris cette figure dans le temps de sa formation ; et elle est , en vertu des loix de la mé- canique, élevée nécessairement d'en- viron six lieues et demie à chaque ex- trémité du diamètre de l'équateur, do plus que sous les pôles. Je vais insister sur cet article , parce qu'il y a encore des géomètres qui croient que la figure de la terre dé- pend ; dans la théorie , du système de ^^''^^ THÉORIE DE LA TERRE. 169 philosophie qu'on embrasse , et de la direction qu'on suppose à la pesanteur. La première chose que nous ayons à démontrer , c'est l'attraction mutuelle de toutes les parties de la matière , et la seconde l'homogënëité du globe terres^ tre. Si nous faisons voir clairement que ces deux faits ne peuvent pas être ré- voques en doute , il n'y aur? plus au- cune hypothèse à faire sur la direction de la pesanteur ; la terre aura eu né- cessairement la figure déterminée par Newton ; et toutes les autres figure» qu'on voudroit lui donner en vertu des tourbillons on des autres hypothèses ; ne pourront subsister. - On ne peut pas douter, à moins qu'on ne doute de tout , que ce ne soit la force de la gravité qui retient les planètes dans leurs orbites ; les satellites de Sa- turne gravitent vers Saturne , ceux de Jupiter vers Jupiter , la Lune vers la Terre , et Saturne , Jupiter , Mars , la Terre, Vénus et Mercure gravitent vers % -■'*'^''*-'-''*^ "**■«" *-*♦-•>■• '.X ! 1 r I 170 HISTOIRE NATURELLE, le Soleil : de même Saturne et Jupiter gravitent vers leurs satellites, la Terre gravite vers la Lune , et le soleil gra-* vite vers les planètes. La gravité est donc générale et mutuelle dans toutes les planètes, car l'action d'une forcené peut pas s'exercer sans qu'il y ait réac- tion ; toutes les planètes agissent donc mutuellement les unes sur les autres : cette attraction mutuelle sert de fonde- ment aux loix de leur mouvement , et elle est démontrée par les phénomènes. Lorsque Saturne et Jupiter sont en con* jonction , ils agissent l'un sur l'autre, et cette attraction produit une irrégularité dans leur mouvement autour du soleil ; il en est de même de la Terre et de la Lune, elles agissent mutuellement l'une •ur l'autre ; mais les irrégularités du mouvement db la Liine viennent de l'at« traction du Soleil, en sorte que le Soleil, la Terre et la Lune agissent mutuelle- ment les uns sur les autres. Or cette at** traction mutuelle que les planètes exer- .>a*~î,« THÉORIE DE LA T£RRE. 1 ft oeiit les unes sur les autres , est pro* portionhelle à leur quantité de matière' lorsque les distances sont égales ; et la même force de gravite qui fait tomber les graves sur la surface de la terre , et qui s'étend jusqu'à la lune , est aussi proportionnelle à la quantité de mar tière; donc la gravité totale d'une plai- ne te est composée de la gravité de cba^ cune des parties qui la composent; donc toutes les parties de la matière, soit dans la terre , soit dans les planètes, gravi- tent les unes sur les antres; donc toute* les parties de la matière s'attirent mu-' tuellement : et cela étant une fois prou-* vé , la terre par son mouvement de ro- tation a dû nécessairement prendre la figure d'un sphéroïde dont les axes sont entr'eux comme 2129 à23o,et ladirec*- tion delà pesanteur est nécessairement perpendiculaire à la surface de ce sphé- roïde ; par conséquent il n'y a. point d'hypothèse à faire sur la direction de ta pesanteur , à moins qu'on ne nie V&t" "•» ) r il àk n &■ ' ^■■ \ lyîi HISTOIRE NATURELLE. traction mutuelle et génërale des par-* ties de la matière; mais on vient devoir que l'attraction mutuelle est démontrëe parles observations, et les expériences des pendules prouvent qu'elle est gë- nërale dans toutes les parties de la ma- tière; donc on ne peut pas faire de nou- velles hypothèses sur la direction de la pesanteur, sans aller contre Fexpërience et la raison. - ::«is Venons maintenant à l'homogënëitd du globe terrestre. J'avoue que si l'on suppose que le globe soit plus dense dans certaines parties que dans d'autres, la direction de la pesanteur doit être difierente de celle que nous venons d'as- signer , qu'elle sera différente suivant les différentes suppositions qu'on fera , et que la figure de la terre deviendra différente aussi en vertu des mêmes sup- positions. Mais quelle raison a-t-on pour croire que cela soit ainsi ? Pourquoi veut-on, par exemple^ que les parties voisines du centre soient plus denses par- ▼oir Eitrëe enc6s ît gë- ma- nou- dela THéoarB DB L.4 TERRB. 173 que cselles qui en sont plus ëloignëes ? toutes les particules qui composent le globe ne se sont -elles pas rassemblées par leur attraction mutuelle ? dès-lors chaque particule est un centre y et il n'y a pas de raison pour croire que les par* lies qui sont autour du centre de gran- deur du globe ^ soient plus denses que telles qui sont autour d'un autre point; mais d'ailleurs si une partie considéra- ble du globe étoit plus dense qu'une au- tre partie ; l'axe de rotation se trouve-* roit plus près des parties denses , et il en rësulteroit une inégalité dans la ré- volution diurne , en sorte qu'à la sur- face de la terre nous remarquerions de l'inégalité dans le mouvement apparent desfixeS; elles nous paroitroient se mou< voir beaucoup plus vite ou beaucoup plus lentement au zénith qu'àrhorizon^ selon que nous serions posés sur les parties denses ou légères du globe ; cet axe de la terre ne passant plus par le centre de grandeur du globe , change- • m ^■S ^' t V , f 17* HISTOIRE NATURELLE, roit aussi très-sensiblement de position: mais tout cela n'arrive pas ; on sait au contraire que le mouycment diurne de la terre est égal et uniforme ; on sait <}u'à toutes les parties de la surface de la terre les étoiles paroissent se mou* voir avec la même vitesse à toutes les hauteurs , et s'il y a une nutation dans l'axe y elle est assez insensible pour avoir ëcfaappë aux observateurs ) on doit donc conclure que le globe est homogène ou presque homogène dans toutes ses parties. Si la terre dloit un globe creux et vide dont la croûte n'auroit , par exem- ple , que deux ou trois lieues d'épais- seur , il en résulteroit i^. que les mon- tagnes seroient dans ce cas des parties si considérables de l'épaisseur totale de la croûte , qu'ilyauroitune grande irré- gularité dans les mouvemens de la terre par l'attraction de la lune et du soleil ; car quand les parties les plus élevées du globe f comme les Cordilières^auroieiit \ THÉORIE DE LA TERHE. 17^ Ift lune au mëridien , rattraction seroit beaucoup plus forte sur le globe entier que quand les parties les plus basses auroient de même cet astre au méri- dien ; a°. l'attraction des montagnes se- roit beaucoup plus considérable qu'elle ne l'est; en comparaison de^l'attraction totale du globe ; et les expériences faites à la montagne de Chimboraço au Pé- rou f donneroiént dans ce cas plus de de- grés qu'elles n'ont donné de secondes pour la déviation du fil à-plomb; 3^, la pesanteur des corps seroit plus grande au-dessusd'une haute montagne^comm e le Pic de Ténériffe, qu'au niveau de la mer *, en sorte qu'on se sentiroit consi- dérablement plus pesant et qu'on mar- cheroit plus difficilement dans les lieux élevés que dans les lieux bas. Ces con- aidérations , et quelques autres qu'on pourroit y ajouter , doivent nous faire croire que l'intérieur du globe n'est pas vide et qu'il est rempli d'une matière assez dense. ^ 1;^.^ ^ r i :û t. i«.i.r ^A 'S «I 17^ HISTOIRE NATURELLS; ) D^autre côte , si au-deisous de deux ou trois lieues , la terre ëtoit remplie d'une matière beaucoup plut dense qu'aucune des matières que noua con- noisions l' il arriveroit nécessairement que toutes les fois qu'on descendroit à des pix>fondeurs , mémç médiocres , on pèserait aensiblement beaucoup plus , les pendules s'accëlërei^iMit beaucoup plus qu'ils ne s'accélèrent en effet lors- qu'on les transporte d'un lien élevé dans U|i lieu bas ^ ainsi nous pouvons présumer que l'intérieur do la terre est rempli d'une matière à-peu-près sem- blable à celle qui compose sa surface^ Ce qui peut achever de nous détermi- ner en faveur de ce sentiment , c'est que dans le temps de la première for- ination du globe, lorsqu'il a pria la forme, d'un sphéroïde applati sous les pôles > la matière qui le compose , étoit en fusion , et par conséquent homo- gène , et à'peu près également dense dans toutes ses parties ; aussi^bien à> THÉORIE DE LA TERRK. I77 la jiurfi^çe qu*à riiitërieur. Depi^s ce temps ^ ji^atièredela surface iquç^ique la même , a été remuée et travaillée par les causes extérieures , ce qui a produit des matières de di£fëreutes densités ; mais on doit remarquer que les ma- tières qui ^ comme l'or et les mëtaux , sont les pi us< denses , sont aussi celles qu'on trouve le plus rarement j et qu'en conséquence de, Tactiori des causes e:v;r tcrieufcs la. plus grande partie de la matière qui compose le globe à la sur- face I n'a- pas sul^i de très-grands chan- gemens par rapport à sa densité ; et les matières les plus communes , comme le sable et la glaise y ne différent pas beaucoup en densité : en sorte qa'il y a tout lieu de conjecturer avec grandi», vraisemblance , que l'intérieur de la terre est rempli d^une matière vitrifiée dont la densité est à-peu-près la mèm^. que celle jdu sable , et que par consé- quent le globe terrestre en général peut être regardé comme homogène. >t% Tb. de la Terre. I* H (' r '< ». ) 1 « > ! ^ \ l^S HISTOIRE NATURELLE. ^ . ^n reste iino reMonrce à ceux ^ut venlent absblument faire des stipposi* tions ; c'est de dire que le globe est compose de couches concentriques de différentes densités ; car dans ce tas le mouvement diurne sera égal , et l'incli- naison de l'axe constante j comme dans le cas de l'homogénéité. Je FaTOue ; mais je demande en même temps s'il y a aucune raison de croire* iqne ces cou- ches de différentes densités existent , n ce n'est pAs voulc'r que les ouvrages de la Nattire s'ajustent i nos idées abs- traites , et si l'on doit admettre en phy- sique une supposition qui: n'est fondée sur aucune observation , aucune analo- gie y «t qui ne s'accorde avec aucune des inductions que nous pouvons tirer d'ail- •#■* ♦ * K •■>4J ^ < ' jAil .^^^ leurs. ^ n paroit donc que la terre a pris , eà vertu de l'attraction riiutuelle de ses parties et de son mouvement de rota- tion , la figure d'un sphéroïde dont les deux axes différent d'une deux ceuj^ ' THÉORIE DIS hk TERRC. 179 ttèntième partie ; il paroît que c'est-là safigare primîtiTe, qu'elle a prise në- ceAiiairemeiit dans le temps de son ëlat de fluidité ou de liquëfaction ; il paroit qu'en vertu des loix de la gravite et de la force centrifuge , elle ne peut avoir d'autre figure ; que , dd moment même de sa formations il y a eu cette diffé- rence entre' les deux diamètres , de six lieues et demie d'ëlëvation de plus sous l'ëquaténr que sous les pôles i et qub par conséqwent 'toutes les hypothèses par lesquelles on peut trouver plus on moins dedifference^sont desfictions aux- quellet! il ne faui faire aucune attention. Ma' ^9 dira^i-on , si la thëorie est vraie , si le rapport de 929 à ù3o est le vrai rapport des axes , pourquoi les mathématiciens envoyës enLaponie et au Fërou ^ is'âccordent-ils à donner le rapport de 174 a 1 76 ? D'où peut venir cette diffërence do la pratique à la thëorie ? Et , sans faire tort au raison- nement qu'on vient de faire pour de- i \] r ' 1 f l \ i iSo HISTOIRE N ' TURELLE. montrer la théorie , n'est-ilpas plas' raisonnabic de donner la préférence à la pratique et aux mesures , eur-tout quand on ne peut pas douter qu'elles n'aient été prises par les plus habiles mathématiciens de l'Europe ( M. de Maupertuia , figure de la Terre ), et avec toutes les précaution» nécessaires pour en constater le résultat ? \h^ . '« A cela je réponds que je n'ai garde de donner atteinte aux observations fai- tes sous l'équatenr et au cevdo polaire , que je n'ai aucun doute suif leur exac- titude , et que la ^srre peut bien être réellement élevée d'une cent soixante-r quinzième partie de plus sous l'équa- teur que sous les pôles ) mais en mémo temps je maintiens la théorie , et je vois clairement que ces deux résultats peuvent se concilier. Cette différence des deux résultats de la théorie et. des mesures, est d'tuviroh quatre '] - " dans les deux axes , en sorte «^««c les j^rties sous l'équateuv sont élevées de ence à Lr-toat [u'elles babiles M. de re),et Bssaires i garde ions fai- lolaire , irexac- îen être lixante-r réqua- mèmo et je ësultats Fërence le "*'. cï'îs «^w4c les Bvëes de TnÉoniE DE LA TERllB. lit deux lieues de pin» qu'elles ne doiyenl! rétre sniTtnt h théorie: cette bauf'^ur de deux lieues n^pond assez juste aux plus grandes inëgalités de la snrftoe du f lob'^ )l» m proyiemient du moiive- m; ni ne la jiier et de Taction des fluide» à 14. s. '< face de la terre. Je m'explique : ê\ me parott que dans le temps que 1» terre s'est Ibrmëe , elle a nécessaire- ment dû prendre , en vertu de Vatlrac^ tion mutuelle de ses parties et de l'action delaforcecentrifiige, la figure d'un spbëroïde dont Hes axes dîHlèrent d'une deux cent trentième partie ; la terre ancienne et originaire a eu nëces- sairement cette figure qu'elle a prise lorsqu'elle ë^teit fluid<^ eu phitôt Iiquë^ fiée parle feu : mais îorsqu'aprës sa for- mation et soir refroidissement , tes va- peurs qui ëtoient étenducsetrarëfiëes, «omme nous venons TatTnospbère et la quout) d'une comète, sefurenw conden- sées ) elles tombèrent sur la surface de ta terre, et formèrent l'air et l'eau \ et a ¥ ï82 HISTOIRE NATURELLE, lorsque ces eaux qui ëtoient à la suT" iace^ furent agit<5es par le mouvement du flux et reflux , les matières furent entraînées peu à peu des pôles ver» Tëquateur; en sorte qu'il est possible que lea parties des pôles se soient abais- sées d'environ une lieue , et que le» parties de Véquateur se soient ëleyëes de la m^mç quantité. Gela ne s'est pas fait tout-à-^oup , n^ais peu à peu et dans la succession des temps *, la terre ^tant à l'extérieur exposée aux vents , à l'action de l'air et du soleil , toutes ces causes irrégulières ont concouru avec le flux et le reflux pour sillonner sa surface , y creuser des profondeurs , y élever des montagnes *, ce qui a pro- duit des inégalités , des irrégularités dans cette couche de terre remuée , dont cependant la plus grande épais- seur ne peut être que d'une lieue sous l'éqnateur ^ cette inégalité de deux lieues est peut-être la plus grande qui puisse être à la surface de la terre; car THÉORIE DE LA TERRE. ï83 les plus hautes montagnes n^ont guère qu'une lieue de hauteur , et les plus grandes profondeurs de la mer n'ont peut-être pas une lieue. La théorie est donc vraie , et la pratique peut l'être aussi ; la terre a dû d'abord n'être éle- vée sous réquateur que d'environ six lieues et demie de plus qu'au pôle , et ensuite , par les changemens qui sont arrivés à sa surface , elle a pu s'élever davantage, L'Histoire naturelle confir- me merveilleusement celte opinion ; et nous avons prouvé dans le Discours précédent, que c'est le flux et reflux, et les autres mouvemens des eaux , qui ont produit les montagnes et toutes les inégalités de la surface du globe ^ que cette même surface a subi des change- mens très-considérables , et qu'à de grandes profondeurs comme sur les plus grandes hauteurs , on trouve des os , des coquilles et d'antres dépouilles d'animaux habitans des mers et de la surface de la terre. 1 I ■1 : 'i lS% HISTOIRE NATURELLE. < . On peut conjecturer par ce qui vienit «l'être dit , que pour trouver la terre an- cienne et les matières qui n'ont jamais été remiiëes , ilfaudroit creuser dans les climats voisins des pôles, oii la couche de terre remuée doit être plus mince^ que dans les climats méridionaux. ' Au reste , si l'on examine de près le» mesures par lesquelles on a déterminé la figure de la terre , on verra bien qu'il entre de l'hypothëtique dans cette Aé' fermination i car elle suppose que la- terre a une figure courbe régulière , au lieu qu'on peut penser que la surface du globe ayant été altérée par une grande quantité de causes combinées à l'infini> elle n'a peut-être aucune figure régu- lière , et dès-lors la terre pourroit bien- n'être en effet applatie que d'une aSo™* par tici comme le dit Newton, et comme la théorie le demande. D'ailleurs on sait bien que, quoiqu'on ait exactement 1» longueur du degré au cercle polaire et à réquateur^ou n'a pas aussi exactement f i, THÉORIE DE LA TERRE. 1 85 U longuem* du degré en Frftncé> et que ] on u'a pA9 vérifie la mesure de M. Pi- card. Ajoutez à cela que* la diminuliom et l'augmentation du pendule ne peu- vent pas s'accorder avec le résultat des mesures , et qu'au contraire elle s'ac- corde à très-peu près avec la théorie de Newton, En voilà plus qu'il n^en faut pour qu'on puisse croire que la terre n'est . réellement applatie que d'une a.6o°>e partie , et que s'il y a quelque différence , elle ne peut venir que des inégalités queles eaux et les autres cauffiaê'àietém que céïltê ût Ia terre y parce que le flux et reflux y e^t beaucoup |4ttt fiirt > pnlèqtE^îdi' o*mi U lunei et làc'Mt ktèmequi lecaiiie, dont la maaie étau( beaucoup pliil ébt^éidd» rable qtieceli«' de la luuevdétYOft pro- duire det'#etf beaucoup ptu* graAdi^ •i lalune'aifiott eoinme latméutimou^ vement'dei rotation rapide pa^ lequel elle' nqut prééènteroit lueoèMilVéMertt tootee* iki' parties de <«a f urfitoe' ) mai» comme la lutieprënenla^njourslàmê^ rao faoiÀ Ik térve , l«»41ui« isi le* reflui: ne peuvent s'exercer dans cette pknète qu'en vertu de son mouvement de li- brationpàrlcqtiM elle nouei^ëécmvro alternativement un segment de sa sur- face , ce 4ini doit produire t^rio espèce de flux et de refluât fort différent de ce- lui de nos mers , et dont lirs effets doi- vent être beaucoup moins considérables qu'ils ne le seroient ; si c& mouve- ment avoit pour cause une révolution de r^-B 189 HISTQIKE naturelle; cette plauèie autour de sou axe y aussi prompte q^e l'est la rotatie^ du «lobe terrestre,. ••#!. 4*^ .<^f»|i.n';«*»#v*.-?^7i'ik|..-^Qai's.'i . J'aaroia >^ ftdr(s un lÎTre^groscoitiine eelui de Buruet QudeWhistoii^ si f eusse vouludel^^y^r.les. idéel qui- composent Iç ^y^Xèim» iq.u'on vient de Toir \ et en le]mf dpuAfi^tJi'air gëom^itriquey comme Va, |ait:,C!e 4çrnijBr aute«urif ierlenr eusse f 1^ ^êu^e tetinp» donne du poids ^ mais i^ peiise qiiip, d$9:%fK)^8esvquelqae yraisemb^a^os qu'elles' soie^nt, né doi- ^eni pa^^; lèUr ^tl>eitéi9p e>yec cet appa-^ 9^il qu9.| |i^9^! «i»ipeii« dd^ ia ûd^rlata* ' » ' . . *■ * ■^■'•-«•■'. iV U'à iii> THÉORIE DE LA TERRE. 189 tend qu'on a toujours mal entendu le texte de la Genèse , qu'on s'est trop at- tache à la lettre et au sens qui se présente à la première vue : sans faille attention à ce que la nature , la raison , la philoso- phie et même la décence , exigeoient de l'écrivain pour traiter dignement cette matière. Il dit que les notions qu'on, a communément de l'ouvrage des six jours , sont absolument fausses, et que la description de Moïse n'est pas une mgrration exacte et philosophique de la création de l'Univers entier et de l'ori- gine de toutes choses^ mais une repré- sentation historique de la formation du seul globe terrestre. La terre , selon lui, existoit auparavant danslechaos^et elle a reçu dans le temps mentionné par Moïse , la forme , la situation et la con- sistance nécessaires pour pouvoir êti'e habitée par le genre-humain. Nous n'eni- trerons point dans le détail de ses preu- ves à cet égard , et nous n'entrepren- drons pas d'en faire la réfutation j l'ex- Th. de la Terre. I. 17 /" r : ( r- i t 190 HISTOIRE NATURELLE. position que nous venons de faire , suffit ]^ur dëknontrer la contrariëtë de son opinion avec la foi , et par conséquent l'insuffisance de a^s preuves : au reste , il traite cette matière en théologien controversiste plutôt qu'en philosophe cclairéê ■■'''*"î»"*ii'*-^>'* *■.;* ;..**<■ -<, ■ .i^t -^^iS'i*- ■ "-r:^'' ■ i Partant de ces faux principes, il passe à des suppositions ingénieuses ; et qui , i^uoiqu'extraordinaires , ne laissent pas d'avoir un degré de vraisemblance lors- qu'on veut se livrer avec lui à l'en- thousiasmiB du «ystême : il dit que l'an- cien chaos , l'origine de notre terre , à ëté l'atmosphère d'une comète ; que le mouvement annuel de la terre a com- mencé dans le temps qu'elle a pris une nouvelle forme; mais que son mouVe^ ment diurne n'a commencé qu'au temps de la chute du premier homme ; que le cercle de l'écliptique coupoit alors le tropique du Cancer au point du paradis terrestre à la frontière d'Assyrie da «ôté du nord-ouest 3 qu'avant le déluge. K.' THEORIE DE LA TERRBé 19« Tannëe commençoit à Tëquinoxe d'au- tomne ; que les orbites originaires des planètes , et sur-tout l'orbite de la terre ëtoient avant le déluge des cercles par-* faits; que le dëluge a commencé le dix- huitième jour de novembre de l'année .2365 de la période Julienne , c'est-à- dire , 2349 ^^^ avant l'ère chrétienne ; que l'année solaire et l'année lunaire ëtoient les mêmes avant le déluge , et qu'elles contenoient juste 36o jours; qu'une comète descendant dans le plan^ de l'écliptique vers son périhélie, a passé tout auprès du globe de la teiTc le jour même que le déluge a commencé ; qu'il y a une grande chaleur dans l'intérieur du globe terrestre , qui se répand cons- tamment du centre à la circonférence;* que la constitution intérieure et totale de la terre est comme celle d'un œuf , ancien emblème du globe; quelesmon» tagnes sont les parties les plus légères de la terre , &c. Ensuite il attribue au déluge universel toutes les altérations "•"••"'l'iinrif 'iif;néral sur la terre ; mais lorsque le feu aura dévoré tout ce qu'elle contient d'impur , lors- qu'elle sera vitrifiée et transparente comme le cristal , les saints et les bien- heureux viendront en prendre posses- sion pour l'habiter jusqu'au temps du jugement dernier. ■ -'^ -v**fAi^iv.. ■ - .,■ Toutes ces hypothèses semblent, au premier coup-d'œil , être autant d'as- sertions téméraires ; pour ne pas dire THÉORIE DE LA TERRE. '9? extravagantes *, cependant Tautenr les a maniées avec tant d'adresse , et les a réunies avec tant de force , qu'elles ces- sent de paroitre absolument chiméri- ques : il met dans son sujet autant d'es- prit et de science qu'il peut en compor- ter, et on sera toujours étonné que d'un mélange d'idées aussi bizarres et auêsi peu faites pour aller ensemble y on ait pu tirer un système éblouissant ; ce n'est pas même aux esprits vulgaires , c'est aux yeux des sa vans qu'il paroîtra tel , parce que les savans sont déconcertes plus aisément que le vulgaire par l'éta- lage de l'érudition, et par la force et la nouveauté des idées. Notre auteur étoit un astronome célèbre, accoutumé avoir le ciel en raccourci , à mesurer les mou- vemens des astres, à compasser les es- paces des cieux ; il n'a jamais pu se persuader que ce petit grain de sable , cette terre que nous habitons , ait at- tiré l'attention du Créateur au point de l'occuper plus long-temps que le ciel ■••«*t«t, '"*•«*-.■• ^^.•^••.-•r* A.;.w^.y*r\»ij*i'. (.' 19^ HISTOIRE WATURBLLB« et l'univers entier , dont la vaste éten- due contient des millions de millions de soleils et de terres. Il prétend donc que Moïse ne nous a pas donné l'his- toire de la première création, mais seulement le détail de la nouvelle forme que la terre a prise , lorsque la main du Tout -Puissant l'a tirée du nombre des comètes pour la faire pla- nète j ou , ce qui revient au même , lorsque d'un monde en désordre et d'un chaos informe , il en a fait une habitation tranquille et un séjour agréable. Les comètes sont en effet sujettes à des vicissitudes terribles à cause de l'excentricité de leurs orbites; tantôt, comme dans celle de 1680, il y fait mille fois plus chaud qu'au milieu d'un brasier ardent, tantôt il y fait mille fois plus froid que dans la glace, et elles ne peuvent guère être habitées que par d'étranges créa- tures, ou, pour trancher court, elles sont inhabitées. •\-.. • ' *---^<* •-. »■• • THÉORIE DB LA TERRB. TgSi Les planètes , lU contraire , sont des lieux de repos où la distance au soleil ne variant pas beaucoup , la tempéra- ture reste à-peu-près la même, et per- met aux espèces des plantes et d'ani-^ maux I de croître , de durer et de mul- tiplier. Au commencement > Dieu crëadonc l'univers \ mais, selon notre auteur, li| terre confondue avec les autres i^trea errans , n'étoit alors qu'une eomètet inhabitable , souffrant alternativement l'excès du froid et du chaud, dans la* quelle les matières se liquéfiant , se vitrifiant , se glaçant tour- à-tour, for- moient un chaos , un abîme enveloppé d'épaisses ténèbres^ 6/ tenehrœ erant su- per faciem abyssi. Ce chaos étoit Tat-^ mosphère de la comète qu'il faut se re- présenter comme un corps composé de matières hétérogènes, dont le centre étoit occupé par un noyau sphériquo , solide et chaud , d'environ deux mille lieues de diamètre , autour duquel s'é« [ -•^te^SWNINaïlpMiiMS^'W^*^''^ "^w^ -.,.4;. -• * ^ ft V.-'r' / ■ '. IkVi.' ■,- .... 19^ HISTOIRE NATUREIXÏS/ tendoit une très-grando circonfdronco d'un fluide ëpais , mêlé d*unr matifcre informe , confuMe , toi qu'ëtoit l'ancien chaos y rudia indigentaque moles. Cette vaste atmosphère ne contenoit que fort peu de parties sèches , solides ou ter- restres , encore moins do particules aqueuses ou aériennes , maisune grande quantité de matières fluides, denses et pesantes , mèlëes , agitées et confondues ensemble. Telle ëtoit la terre la veille des six jours \ mais dès le lendemain , c'est-à-dire y dès le premier jour de la création , lorsque l'orbite excentrique de la comète eut été changée en une ellipse presque circulaire, chaque chose prit sa place , et les corps s'arrangèrent suivant la loi de leur gravité spécifi- que \ les fluides pesans descendirent au plus bas , et abandonnèrent aux parties terrestres , aqueuses et aériennes, la ré- gion supérieure \ celles-ci descendirent aussi dans leur ordre de pesanteur, d'a« bord la terre , ensuite l'eau ^ et enfin .^.i. ' ^^■i't«;,j*AWMi»v>. ■-.'*"•■' TII ÊORIB DE LA. TERRE. 197 Tair} et cette flphère , a'un chaos im- mense , se réduisit à un globe d'un vo- lume médiocre , au centre duquel est le noyau solide qui conserve encore aujourd'hui lu chaleur que le soleil lui a autrefois communiquée lorsqu'il étoit noyau de comète. Cette chaleur peut bien durer depuis six mille ans , puis- qu'il en faudroit cinquante mille à la comète de 1680 pour se refroidir, et qu'elle a éprouvé , en passant à son pé- rihélie, une chaleur deux mille foia plus grande que celle d'un fer rouge. Autour de ce noyau solide et brillant qui occupe le centre de la terre, se trouve le fluide dense et pesant qui des- cendit le premier , et c'est ce fluide qui forme le grand abime sur lequel la terre porteroit , comme le liège sur le vif- argent; mais comme les parties terres- tres étoient mêlées de beaucoup d'eau , elles ont , en descendant , entraîné une partie de cette eau qui n'a pu remonter lorsque la terre a été consolidée j et l .* ■*. ^**«i«»rh.j»..,». ^. ■asr- ^^^■^tf-..^^ y • * , . «. .. » m m ïi % 1 t\ 1 1 ii 1 i {{ m % : i wà 1 198 HISTOIRE NATURELLE, cette eau forme une couche concentri- que au fluide pesant qui enveloppe le noyau , de sorte que le grand abîme est composé de deux orbes concentriques , dont le plus intérieur est un fluide pe> sant y et le supérieur est de l'eau : c'est proprement cette couche d'eau qui sert de fondement à la terre ; et c'est de cet arrangement admirable de l'atmo- sphère de la comète que dépendent Id théorie de la terre et l'explication de9 phénomènes. ^ . Car on sent bien que quand l'atmo- sphère de la comète fut une fois débar« rassce de toutes ces matières solides et terrestres , il ne res!.a plus que la inatière légère de l'air, à travers, la- quelle les rayons du soleil passèrent librement , ce qui tout d'un coup pro- duisit la lumière , fiât lux. On voit bien que les colonnes qui composent l'orbe de la terre s'étant formées avec tant de précipitation , elles se sont trouvées de différentes densités, et que par consé- s^'—;.. ■s-.'.,)v.ir"*"î4«^ *^-~^'^:*^-T^ .«.«%• THlftORIE DE LA TERRE. 199 quent les plus pesantes ont enfonce da- vantage dans ce fluide souterrain, tan* dis que les plus légères ne se sont en- foncées qu'à une moindre profondeur y et c'est ce qui à produit sur la surface de la terre y des vallées et des montagnes : €6s inégalités étoient avant le déluge , dispersées et situées autrement qu'elles ne le sont aujourd'hui ; au lieu de la vaste vallée qui contient l'Océan , il y avoit sur toute la surface du globe plu- sieurs petites cavités séparées qui con- tenoient chacune une partie de cette eau , et faisoient autant de petites mers particulières *, les montagnes étoient aussi plus divisées, et ne formoientpas des chaînes comme elles en forment au- jourd'hui. Cependant la terre étoit millo fois plus peuplée , et par conséquent mille fois plus fertile qu'elle ne l'est, là vie des hommes et des animaux étoit dix fois plus longue, et tout cela, parce que la chaleur intérieure de la terre , l^ui provient du noyau central ; étoit i ■'i û M tW "*!.' "^ ■!' ii"i II 1 .mum mu if» ^^ l(' i K i) aoo HISTOIRE NATURELLE, alors dans toute sa force ; et que ce plus grand degré de chaleur faisoit éclore et germer un plus grand nombre d'ani< maux et de plantes , et leur donnoit le degré de vigueur nécessaire pour durer plus long-temps et se multiplier plus abondamment ; mais cette même cha- leur, en augmentant les forces du corps^ porta malheureusement à la tête des hommes et des animaux, et augmenta les passions ; elle ôtala sagesse aux ani- maux et l'innocence à l'homme : tout , à l'exception des poissons qui habitent un élément froid, se ressentit des effets de cette chaleur du noyau ; enfin tout devint criminel, et mérita la mort : ello arriva, cette mort universelle, un mer- credi 28 novembre , par un déluge af- freux de quarante jours et de quarante nuits ; et ce déluge fut causé par la queue d'une autre comète qui rencontra la terre en revenant de son périhélie. La queue d'une comète est la partie la plus légère de son atmosphère ] c'est M THÉORIE DE L/V TEBRE. 201 nn brouillard transparent, une vapeur subtile que l'ardeur du soleil fait sortir du corps et de l'atmosphère de la co- mète; cette vapeur composée de parti- cules aqueuses et aériennes extrême- ment raréfiées, suit la comète lorsqu'elle descend à son périhélie , et la précède lorsqu'elle remonte, en sorte qu'elle est toujours située du côté opposé a:u so- leil , comme si ellecherchoit à se mettre à l'ombre et à éviter la trop grande ar- deur de cet astre. La colonne qui forme cette vapeur , est souvent d'une lon- gueur immense ; et plus une comète ap- proche du soleil , plus la queue est lon- gue et étendue , de sorte qu'elle occupe souvent des espaces très -grands ; et comme plusieurs comètes descendent au-dessous de l'orbe annuel de la terre , il n'est pas surprenant que la terre se trouve quelquefois enveloppée de la vapeur de cette queue ; c'est précisé- ment ce qui est arrivé dans le temps du déluge , il n'a fallu que deux heures d0 Th. de la Terre. I. 18 / ■/«. BBS Livw;-. il 1 ! l Hh ^BFjt'' !■ ( ■■ ^^^i^ ^ ^ 1, '1 ■ ■ WÊ ^- \ f ( t^ *^^., ^^^Hi ( i 1 1 iVW ( s 1 ffB ^ 1 i § ' ( î m\i %\ ■Hù'. \ ( il ^^^Pî; { ■■ 'IK'' \ ( i Ml ^ ' 1? Ti^^K- 1 ! • ri V» ^ V Ikm"'' ^ (' Hv^ ' ; K&iM' I ( m^Wm: f '^'' 1 BH^i' i 1 B'^sh \ 1^^^ ' iH' \ wm'^ i' ^^k^^^Ê. '^ i; ^^H^^^^^^^BA*' / 5 { S03 HISTOIRE NATURELLB* fléjour dans cette queue de comète , pour faire tomber autant d'eau qu'il y en a dans la mer *, enfin cette queue étoit les cataractes du ciel , etcataractœ cœli apertœ sunt, £n effet, le globe terrestre «yantune fois rencontre la queue de la comète , il doit , en y faisant sa route ; s'approprier une partie de la matière qu'elle contient \ tout ce qui se trouvera dans la sphère de l'attraction du globe, doit tomber sur la terre , et tomber en forme de pluie, puisque cette queue est en partie composée de yapeurs aqueu- ses. Voilà donc une pluie du ciel qu'on peut faire aussi abondante qu'on vou- dra , et un déluge universel dont les eaux surpasseront aisément les plus hautes montagnes. Cependant notre au- teur , qui dans cet endroit ne veut pas s'éloigner de la lettre du livre sacré , n« donne pas pour cause unique du déluge, cette pluie tirée de si loin , il prend de l'eau par-tout où il y en a ; le grand abî- me^ comme nous ayons vu; en contient THÉORIE DE LA TERRE. 5o3 une bonne quantité ; la terre , à l'ap- proche de la comète , aura sans doute éprouvé la force de son attraction ; les liquides contenus dans le grand abîme auront été agités par un mouvement de il ux e £ de reflux si violent , que la croûte superficielle n'aura pu résister , elle se sera fendue en divers endroits, et les eaux do l'intérieur se seront répandues sur la sur£acQ,etrupH sunt fontes abyasL Mais que faire de ces eaux que la queue de la comète et le grand abîme ont fournies si libéralement? Notre au- teur n'en est point embarrassé. Dès que la terre, en continuant sa route , se fut éloignée de la comète , l'effet de son at- traction , le mouvement de flux et de reflux cessa dans le grand abîme, et dès-lors les eaux supérieures s'y préci- pitèrent avec violence par les mêmes voies qu'elles en étoient sorties ; le grand abîme absorba toutes les eaux super- flues , et se trouva d'une capacité asses grande pour recevoir non -seulement 4) ' U r^ -+•-■- — *^ '■'■'* m**' ■■^a»-*:,- t( II ii \ l lu. i ; ! aoi HISTOIRE NATURELLE, les eaux qu^il avoit déjà contenues^niaîs encore toutes celles que la queue de la comète avoit laissées^ parce que dans le temps de son agitation et de la rupture de la croûte , il avoit agrandi Vespace en poussant de tous côtés la terre qui Fenvironnoit j ce fut aussi dans ce temps que la figure de la terre , qui jusque-là avoit été sphériquô , devint elliptique, tant par l'effet de la force centrifuge causée par son mouvement diurne, que par l'action de la comète ; et cela parce que la terre en parcourant la queue de la comète , se trouva posée de façon qu'elle présentoit les parties de i'-équa- teur à cet astre , et que la force de l'at- traction de la comète concourant avec la force centrifuge de la terre , fit élever les parties de l'équateur avec d'autant plus de facilité , que la croûte étoit rom- pue et divisée en une infinité d'endroits, et que l'action du flux et du reflux de l'a- bîme pousscit plus violemment que par- tout ailleurs les parties sous l'équateur. 7.;: r \ ^^m ^'^ „.* ^''- THÉORIE DE LA Tr..ilB. 9o5 Voilà donc l'hiatoire de la création , les causes du déluge universel , celles de la longueur de la vie des premiers hommes , et celles de la figui'e de la terre ; tout cela semble n'avoir rien coûté à notre auteur, mais l'arche deNoé paroît l'inquiéter beaucoup. Comment imagi- ner en effet qu'au milieu d'un désordre aussi affreux^au milieu de la confusion de la queue d'une comète avec le grand abîme , au milieu des ruines de l'orbe terrestre , et dana ces terribles momens 011 non-seulement les élémensdelaterre étoient confondus , mais où il arrivoit encore du Ciel et du Tartare , de nou- veaux élémens pour augmenter le chaos, comment imaginer que l'arche voguât tranquillement avec sa nombreuse car- gaison sur la cime dbda flots ? Ici notre auteur rame , et fait de grands efforts pour arriver et pour donnet une raison physique de la conservation de l'arche ; mais comme il m'a paru qu'elle étoit in- sufEsaate; mal imaginée et peu ortho- •fl [ V, \ {\ U. I \ ' II. ' 5 < ! \ ao6 HISTOIRE NATUREILB. doxe ) je ne la rapporterai point ; il mo sufiira de faire sentir combien il estdur pour un homme qui a explique de si grandes choses sans avoir recours à une puissance surnaturelle ou au miracle , d*être arrête par une circonstance par- ticulière : aussi notre auteur aime mieux risquer de se noyer avec Tarche , que d'attribuer , comme il le devoit , à la bontt^ immédiate du Tout-puissant la conservation de ce précieux vaisseau. Je ne ferai qu'une remarque sur ce système dont je viens de faire une ex- position ûdellc; c'est que toutes les fois qu'on sera assez téméraire pour vouloir expliquer par des raisons physiques les vérités théologiques, qu'on se per- mettra d'interpréter dans des vues pu- rement humaines le texte divin des li- vres sacrés^ et que l'on voudra raisonner sur les volontés du Très-haut et sur l'exécution de ses décrets, on tombera nécessairement dans les ténèbres etdans le chaos où est tombé l'auteur de ce sys- . ^-■•-^' ■''*% ■I^?*'-^''*^*î.i\f,"'' mm»g. THéoniB DE LA TEBRB. 90/ téme , qui cependant a été reçu ayec grand applaudissement. Il ne doutoit ni de la yëritë du déluge , ni de l'authen- ticité des livres sacrés y mais comme il s'en étoit beaucoup moins occupé que de physique et d'astronomie , il a pris les passages de l'écriture sainte pour de« faits de physique et pour des résultats d'observations astronomiques, et il a si étrangement mêlé la science divineavec nos sciences humaines , qu'il en a ré- sulté la ch^.se du monde la plus extraor- dinaire, qui est le système que nousve» nous d'exposer.û; . i . ';î< J}u système de M* BumeU ^ - Thomas Burnet. Telluris Theoria sacra , orbis nostri originem et mutationes ge^ nerales ,quas aut jam subiitt aut olim subiturus est complectens, Londini 1681 1 Cet auteur est le premier qui ait traité cette matière généralement et d'une manière systématique \ il avoit ■ " 1 y,-; s*--"" è il Ei ' il i!' ioS HISTOIRE NATUR1SLL8. beaucoup d'esprit et ëtoit homme de bellea-lottrcs : son ouvrage a une grande réputation, et il a M critique par ciuel- ques savanS) entr'autres par M. Ktil> qui , épluchant cette matière en géo- mètre^ a démontré les erreurs deBur- net dans un Traité qui a pour titre : Examination of the Theory of thê Earth, London, ^y34, »''. edit. Ce môme M. Keil a aussi réfuté le système de Whifllon; mais il traite ce dernier au- teur bien différemment du premier : il semble même qu'il est de son ayis dans plusieurs cas y et il regarde comme une chose fort probable , le déluge causé par la queue d'une comète. Mais pour revenir à Burnet , son livre est élé- gamment écrit : il sait peindre et pré- senter avec force de grandes Images, ut mettre sous les jeux des scènes ma- guiiiquej. Son plan est vaste \ mais l'exécution manque faute de moyens : «on raisonnement est petit , ses preuves «uiit. luibles , et sa confiance est si \: i- , --.,';.*i;-fc,-. .,,<,,•• >r*'*'.'^<'^ .,«*■(».< T1IÊ0B1E DR LA TRUIIE. SO^ f^andoi qu'il lafaitprrdroàson lecteur. Il commence par nuusdire qu'avaivt le déluge la terre avoit une forme très- diffërente de celle que nous lui voyons aujourd'hui. C'étoit d'abord une manM fluide ; un chaos composé de matières de toutes espèces et do toutes sortes do figures ; les pius pesantes descendirent vers le centre , et formèrent au milieu du globe un corps dur et solide , autour duquel les eaux plus légères se rassenir- blèrent et enveloppèrent de tons côtés le globe intérieur ; l'air , et toutes lea liqueurs plus légères que l'eau , la sur- montèrentet l'envclopp^l c r\t aussi dans toute la circonférence : ainsi y entre l'orbe de l'air et celui de l'eau, il sefor^ ma un orbe d'huile et de liqueur grasse plus légère que l'eau ; mais comme l'air ëtoit encore fort impur et qu'il conte- noit une très-grande quantité de petites particules de matière terrestre j peu à peu ces particules descendirent , tom« bèrent sur la couche d'huile , et Sbr« \ \ . '^1 ) ' 1 / \ \ A' ( V \ ... ^ J /fi '1 aïO HlSrOIllE JiJATURELLE. mèrent un orbe terrestre mêle de limou ot d'huile ; et ce fut là la première terre habitable et le premier séjour de rhomme. C'ëtoit un excellent terrein, une terre légère , grasse , et faite ex- près pour se prêter à la foiblesse des premiers germes. La surface du globe terrestre étoit donc , dans ces premiers temps , égale , uniforme , continue , sans montagnes , sans mers et sans iné- galités y mais la terre ne demeura qu'en- viron seize siècles dans cet état : car la chaleur du soleil desséchant peu à peu cette croûte limonneuse , la ût fendre d'abord à la surface -, bientôt ces fentes pénétrèrent plusavant , et s'augmentè- rent si considérablement avec le temps, qu'enfin elles s'ouvrirent en entier; dans un instant toute la terre s'écroula^ et tomba par morceaux dans Fabime d'eau qu'elle contenoit: voilà comme se fit le déluge universel. -^ *^ ^,.:....u ..■ Mais toutes ces masses de terre , en tombant dans l'abîme, entraînèrent uao W wiwaft;^*»» * ^ ,fc»»^i»*. •■ «* it,'-' THEORIE DE LA TERRE. 21 1 grande quantité d'air, et elles se heurté* rent , se choquèrent , se divisèrent ^s'ao cumulèrent si irrégulièrement , qu'el- les laissèrent entr'elles de grandes cavi- tés remplies d'air ; les eaux s'ouvrirent peu à peu les chemins de ces cavités, et à mesure qu'elles les remplissoient , la surface de la terre se découvroit dans les parties les plus élevées: enfin , il ne resta de l'eau que dans les parties les plus basses; c'est-à-dire , dans les vas- tes vallées qui contiennent la mer. Ainsi notre Océan est une partie de l'ancien abîme , le reste est entré dans les ca. vités intérieures avec lesquelles com- munique l'Océan. Les îles et lesécueils sont les petits iragmens, les continens sont les gi^andes masses de l'ancienne croûte-, etcomme la rupture et la chute . de cette croûte se sont faites avec confu- sion j il n'est pas étonnant de trouver sur la terre des éminences, des profon- deurs, des plaines, et des illégalités do toute espèce. . . : ,-. •v ! \ ( I » ; f ÇT *ï»i-7JSi-.«.-;7»"-Mi----»' , , n,--' i (' ai2 HISTOTRE NATURELLE. ^ Cet échantillon du système de Bar* net suffit pour en donner une idée ; c^st un romar. bien écrit, et un livre qu'on peut lire pour s'amuser , mai» qu'on ne doit pas consulter pour s'ins- truire. L'auteur ignoroit les principaux phénomènes de la terre, et n'étoit nul- lement informé des observations : il a tout tiré de son imagination , qui , com- me l'on sait , sert volontiers aux dépens d« la vérités Du système de M, IVoodward* ïean Woodward. An Essay towards the Natural History of the Earth, etc. On peut dire de cet auteur qu'il a Youluélever un monument immense sur une base moins solide que le sable mou- vant , et bâtir l'édifice du monde avec de la poussière ; car il prétend que dans le temps du déluge il s'est fait une disso- lution totale de la terre : la première V.'-' ■••-jéi© >.W«l»*-IMk-k.a^..*. »- ^'-l^ THl^^ORIK DE LA TERRE, ai? id^e qui se présente après avoir la son livre y c'est que cette dissolution s'est faite par les eaux du grand abîme , qui se sont rëpandueé sur la surface de la terre , et qui ont dëlayë et réduit ea pâte les pierres, les rochers , les mar- bres y les métaux , &c. T\ prétena que Tabime où cette eau étoit renfermée, s'ouvrit tout d'un coup à la voix de Dieu, f^t répandit sur la surface de la terre la j . a : tité énorme d'eau qui étoit nécessaire pour la couvrir et surmon- ter de beaucoup les plus hautes mon- tagnes , et que Dieu suspendit la cause de la cohésion des corps > ce qui rédui- sit tout en poussière, &c. ; il ne fait pas attention que par ses suppositions il ajoute au miracle du déluge universel d'autres miracles, ou tout au moins des impossibilités physiques qui ne s'ac- cordent ni avec la lettre de la sainte écriture, ni avec les principes mathé- matiques de la philosophie naturelle. Mais comme cet auteur a le mérité Th. d« k T«rre. I. 19 Vif, ^ *r H jM'ék ..^à^ A.^ ^>. ^-9^ 1 «fà /• \^ i «i4 HISTOIRE NATURELLE. d'avoir rassemble plusieurs observa- tions importantes , et qu'il connoissoit mieux que ceux qui onl ëcrit avant lui, les matières dont le globe est composé , son système y quoique mal conçu et mal digërë , n'a pas laisse d'éblouir les gens sëduits par la vërité de quelques Caits particuliers , et peu difficiles sur la vraisemblance des conséquences gënë* raies. Nous avons donc cru devoir prë- senter un extrait de cet ouvrage , dans lequel, en rendant justice au mërite de l'auteur et à l'exactitude de ses obser- vations , nous mettrons le lecteur en état de juger de l'insuffisance de son système et de la faussetë de quelques- unes de ses remarques. M. Woodward dit avoir reconnu par ses yeux que tou- tes les matières qui composent la terre en Angleterre , depuis sa surface jus- qu'aux endroits les plus profonds où il est descendu , ëtoient disposées par cou- ches ; et que dans Un grand nombre do 1^3 couches il a des coquilles «t d'au* • 1 ir>f.,i THÊOniE DE LA TERRE. ai5 très productions mftrines ; ensuite il ajoute que par ses tX)rre8pondans et par ses amis^ il s'est assure que dans tous les autres pays la terre est composée do même, et qu'on y trouve des coquilles, non-seulement dans les plaines et en quelques endroits , mais encore sur les plus hautes montagnes , dans les carriè- res les plus profondes , et en une infi- nité d'endroits : il a vu que ces cou- ches éioient horizontales et posées les unes Gur les autres, comme le seroient des matières transportées par les eaux et déposées en forme de sédiment. Ces remarques générales qui sont très- vraies , sont suivies d'observations par» ticulières , par lesquelles il fait voir évi- demment que les fossiles qu'on trouve incorporés dans les couches sont de vraies coquilles et de vraies productions marines ; et non pas des minéraux, des corps singuliers , des jeux de la natu-' re, &c. A ces observations , quoiqu'en partie faites avant lui , qu'il a rassem- < >i U^< ) ^)f 21 5 HISTOIRE NATURELLE, blëes et prouvées , il en ajoute d'autres qui sont moins exoctes ; il assure que toutes les matières des diflTërentes cou- ches sont posées les unes sur les autres dans l'ordre de leur pesanteur spécifi- que, en sorte que les plus pesantes sont au-dessous , et les plus légères au-des- sus. Ce fait général n'est point vrai; on doit arrêter ici l'auteur , et lui montrer les rochers que nous voyons tous les jours au-dessus des glaises , des sahles , des charbor s de terre , des bitumes y et qui certainement sont plus pesans spécifiquement que toutes ces matiè- res \ car en effet , si par toute la terre on trouvoit d'abord les couches de bi- tume , ensuite celles de craie , puis celles de marne , ensuite celles de glaise , cel- les de sable , celles de pierre , celles de marbre , et enfin les métaux , en sorte que la composition de la terre suivît exactement et par-tout la loi de la pe- santeur y et que les matières lussent toutes placées dans leur gravité spécifi- l ' t.;u «Jr**^T--;5^r«W-^ 'f- tHÊORIB DE LA TERRE. ^^IJ qne , il y aoroit apparence qu'elles se seroient toutes précipitées en. même temps, et voilà ce que notre auteur as- sure avec confiance , malgré l'évidence du contraire; car sans êtie observateur, il ne faut qu'avoir des yeux pour être assuré que l'on trouve des matières pe- santes très-souvent posées sur des ma- tières légères , et que par conséquent ces sédimens ne se sont pas précipités tous en même temps , mais qu'au con- traire ils ont été amenés et déposés successivement par les eaux. Comme c'est-là le fondement de son système , et qu'il porte manifestement à faux , nous ne le suivrons plus loin que pour faire voir combien un principe erroné peut produire de fauses combinaisons et de mauvaises conséquences» Toutes les matières , dit notre auteur , qui com- posent la terre depuis les sommets des plus hautes montagnes jusqu'aux plus grandes profondeurs des mines et des carrières, sont disposées par couches , M ai8 HISTOIHE NATURELLE. suivant leur pesanteur spërifique ; donc, conclut-il, tout» la matière qui compose le globe a été diosoute et s'est précipitée en même temps. Mais dans quelle matière et en quel temps a-t-elle été dissoute ? dans l'eau et dans le temps du déluge. Ma'i il n'y a pas assez d'eau sur le globe pour que cela se puisse, puisqu'il y a plus de terre que d'eau , ot que le fond de la mer est de terre : hé bien ! nous dit-il , il y a de l'eau plus qu'il n'en faut au centre de la terre, il ne s'agit plus que de la faire mon- ter, de lui donner tout ensemble la vertu d'un dissolvant universel, et la qualité d'un remède préservatif pour les coquilles qui seules n'ont pas été dis- soutes, tandis que les marbres et les rochers l'ont été ; de trouver ensuite le moyen de faire rentrer cette eau dans l'abîme, et défaire cadrer tout cela avec l'histoire du déluge: voilà le système, de la v^*''té duquel l'auteur ne trouve pas le moyen de pouvoir douter j car i{ l à--.--î^3 ■'^■%.::;i^#^- <'7v^'rn LE. $ri(ique j itière qui te ot s'est fais dans )8 a-t-elle le temps scz d'eaa puisse, 9 d'eau, e terre: de l'eau la terre, re mon- mbie la l , et la if pour ëtë dis* 3s et les suite le lu dans $laaveo 'stême, trouve T ; car THÉORIE DE LA TERRE. 91 0 quand on lui oppose que l'eau ne peut point dissoudre les marbres, les pierres, les métaux, sur-tout en quarante jours qu'a dure le dëluge, il répond simptei- ment que cependant cela' est arrive : quand on lui demande quelle ëtoit donc la vertu de cette eau de l'abîme , pour cfissoudre toute la terre et conserver en même temps les coquilles , il dit qu'il n'a jamais prétendu que cette eau fût un dissolvant , mais qu'il ert clair par les faits que la terre a été dissoute , et que les coquilles ont été préservées. Enfin lorsqu'on le presse et qu'on lai fait voir évidemment que s'il n'a aucune raison à donner de ces phénomènes , son sys- tème n'explique rien , il dit qu'il n'y a qu'à imaginer que dans le temps du dé- luge la force de la gravité et de la co- hérence de la matière a cessé tout-à- coup ; et qu'au moyen de cette suppo- sition dont l'effet est fort aisé à conce- voir, on explique d'une manière satis- fidaante la dissolu tionde rauci«n maaàù. \ M /■^ \ ./! e%. :::-f^'' I 1 2ao hi&toihe natiihellf. Mais , lui dit-on , si la force qui tient unies les parties de la matière a cesse , pourquoi les coquilles n'ont-elles pas ^të dissoutes comme tout le reste ? Ici il fait un discours sur l'organisation des coquilles et des os des animaux , par lequel il prétend prouver que leur tex- ture étant iibreu3e et différente de celle des minéraux , leur force de cohésion est aussi d'un autre genre ; après tout^ il n'y a , dit-il , qu'à supposer que la force de la gravité et de la cohérence n'a pas cessé entièrement , mais seule- ment qu'elle a été diminuée assez pour désunir toutes les parties des minéraux, mais pas asse^ pour désunir celles des animaux. A tout ceci on ne peut pas s'empêcher de reconnoître que notre auteur n'étoit pas aussi bon physicien qu'il étoit bon observateur ; et je ne crois pas qu'il soit nécessaire que nous réfutions sérieusement des opinions sans fondement , sur-tout lorsqu'elles ont été imaginées contre les règles de 1:^ T ' '. "- r *'" THÉORIE OE LA TERRE. 2221 vraisemblance, et quW n'en a tiré que des conséquences contraires aux loix de la mécanique* . .,,..;.. . , Exposition de quelques autres -.,» i,vvf- - systèmes. ?.•';■', ■ • n<^^rt- •riiJisr :.i •;: • On voit bien que les trois hypothèses dont nous venons de parler ont beau- coup de choses communes ; elles s'ac- cordent toutes en ce point , que dans le temps du déluge la terre « changé de forme , tant à l'extérieur qu'à l'inté^ rieur : ainsi tous ces spéculatifs n'ont pas fait attention que la terre avant le déluge étant habitée par les mêmes es- pèces d'hommes et d'animaux , de voit être nécessairement telle , à très-peu près ; qu'elle est aujourd'hui^ et qu'en effet les livres saints nous apprennent qu'avant le déluge il y i^.voit sur la terre des fleuves , des mers , des montagnes, des forêts et des plantes ; que ces fleuves et cea montagnes étoient pour la plu- 11 / 1 1 ■ ! ■' aaa histoirk naturelle. part les mêmes , puisque le Tigre et r£uphrate ëtoient les fleuves du para- dis terrestre ; que la montagne d' Armé- nie f sur laquelle Tarche s'arrêta , ëtoit une des plus hautes montagnes du mon- de au temps du déluge ; comme elle l'est encore aujourd'hui; que les mêmes plan- tes et les mêmes animaux qui existent^ existoient alors , puisqu'il y est parlé du serpent , du corbeau , et que la co- lombe rapporta une branche d'olivier ; car quoique M. de Toumefort prétonde qu'il n'y a point d'oliviers à plus de 4oo lieues du mont Araratb , et qu'il fasse sur cela d'assez mauvaises plaisanteries {Voyage du Levant, volume II , pag, 336 ) , il est cependant certain qu'il y en avoit en ce lieu dans le temps du dé- luge , puisque le livre sacré nous en as- sure ; et il n'est pas étonnant que dans un espace de 4ooo ans lesolivien. aient été détruits dans ces cantons et se soient multipliés dans d'autres *, c'est donc à tort et contre la lettre de la sainte écri- i THÉORIE DE LA TERRE. aaS tnre que ces auteurs ont suppose que la terre ëtoit avant le dtiluge totalement di£fôrente de ce qu'elle est aujourd'hui^ et cette contradiction de leurs Lypo* thèses avec le texte sacre , aussi bien que leur opposition avec les vérités physiques 9 doit faire rejeter leurs sys- tèmes, quand même ils seroient d'ac- cord avec quelques phénomènes ; mais il s'en faut bien que cela soit ainsi. Bnr- net , qui a écrit le premier, n'avoit, pour fonder son système , ni observa- tions ni faits. Woodward n'a donné qu'un essai , où il promet beaucoup plus qu'il ne peut tenir; son livre est un pro* jet dont on n'a pas vu l'exécution. On voit seulement qu'il emploie deux ob- servations générales : la première, quo 1a terre est par-tout composée de ma- tières qui autrefois ont été dans un éta^:: de mollesse et de fluidité, qui ont été transportées parles eaux, et qui se âont déposées par couches horizontales *, la seconde , qu'il y a des productions ma-. k. '•^'■^-^- ■$') r*^> ■M^. . «^i«4»t.*.'.y»i'»'»«'^^seS-'!ii J aa4 HISTOIRE naturelle. rînes dans l'intërieur delà terre en une infinité d'endroits. Pour rendre raison de ces faits, il a recours au déluge uni- yersel , ou plutôt il paroît ne les donner que comme preuves du déluge; mai» il tombe f aussi bien que Bumet , dans des contradictions évidentes j car il n'est pas permis de supposer ayec eux qu'a- vant le déluge il n'y avoit point de mon- tagnes , puisqu'il est dit précisément et très-clairement que les eaux surpassè- rent de i5 coudées les plus hautes mon- tagnes ; d'autre côté il n'est pas dit que ces eaux aient détruit et dissous ces montagnes , au contraire ces montagnes sont restées en place , et l'arche s'est ar- rêtée sur celle que les eaux ont laissée la première à découvert. D'ailleurs com- ment peut-on s'imaginer que pendant le peu de temps qu'a duré le déluge, les eaux aient pu dissoudre les montagnes et toute la terre ! N'est-ce pas une ab- surdité de dire qu'en quarante jours l'vau a dissous tous le§ marbres ; tons - P ^*' '*l*2i-.'^- v* mes qu'elles étoient avant le déluge? Je ne craindrai donc pas de dire qu'avec d'excellentes observations, Woodward n'a fait qu'un fort mauvais système. Whiston, qui est venu le dernier, a beaucoup enchéii sur les deux autres ; mais en donnapt^xine vaste carrière à son imagination , au moins n'est-il pas tombé en contradiction : il dit des choses fort peu croyables , mais du moins elles ne sont ni absolument ni évidemment impossibles. Comme on ignore ce qu'il y a eu au centre et dans l'intériçuc de la terre , il a cru pouvoir supposer que cet intérieur éttîit occupé par un noyau ïh.d« la Terre. I. 20 ■^•(Wwobm-», •?&.i.. 226 HISTOIRE NATURELLE, r solide , environné d'un iluidc pesant et ensuite d'eau sur laquelle la croûte ex- l;érieurc du globe ëtoit soutenue^ et dan s laquelle les diOPërentes parties de cette croûte se sont enfoncées plus ou moins, à proportion de leur pesanteur ou de leur légéretë relative ; ce qui a produit les montagnes et les inégalités de la sur*- face de la terre. Il faut avouer que cet astronome a fait ici une faute de méca- nique \ il n'a pas songé que la terre dans cette hypc/thèse doit faii-e voûte de tous côtés , que par conséquent elle ne peut être portée sur l'eau qu'elle contient, et encore moins y enfoncer : à cela près je ne sache pas qu'il y ait d'autres er- reurs de physique dans ce système. Il y cûa un grand nombre quant à la mé- taphysique et à la théologie; mais enfin, on ne peut pas nier absolument que la terre rencontrant la queue d'une co- mble, lorsque celle-ci s'approche de son périhélie , ne puisse êtro inondée , SUC- tout lorsqu'on aujra accordé à Tau «^ »t:{^."I f K^" i^A v^ ^àl i THÉORIE DE LA TERRE. 22/ teur que la qneiie d'une comète peut contenir des vapeurs aqueuses. On no peut nier non plus, comme une impos- sibilité absolue, que la queue d'une co- mète en revenant du përihëlie ne puisse briller la terre , si on suppose avec Tau- teur que la comète ait passé fort près du soleil^ et qu'elle ait été prodigieU' sèment échauffée pendant soii passage ; il en est de même du reste de ce systê- me : mais quoiqu'il n'y ait pas d'impo»- sibilité absolue, il y a si peu de proba- bilité à chaque chose prise séparément, qu'il en résulte une impossibilité pour le tout pris ensemble. Les trois systèmes dont nous venons de parler, ne sont pas les seuls ouvrages qui aient été faits sur la théorie de la terre. Il a paru en 1729 un Mémoire de M. Bourguet , imprimé à Amster- dam avec ses Lettres philosophiques sur la formation des sels , &c. dans lequel il donne un échantillon du système qu'il inéditoit, mais qu'il n'a pas proposé , ■Af/V' ■-«" » ■ ■ !■■ t w es aaS HISTOIRE NATURELLE, ayant été pnÇveiiu par la mort. Il faut rendre justice à cet auteur : personne n'a mieux rassemble les phénomènes et les faits j on lui doit même cette belle et grande observation qui estunedesclefi de la théorie de la terre , ]e yeux par- ler de la correspondance des angles des montagnes. Il présente tout ce qui a rapport à ces matières dans uii grand ordre; mais avec tous ces avantages, il paroit qu'il h'auroit pas mieux réussi que les autres à faire une histoire phy- , sique et raisonnée des changemens ar- rivés au globe , et qu'il étoit bien éloi- gné d'avoir trouvé les vraies causes des efiRets qu'il rapporte ; pour s'en con- vaincre , il ne faut que jeter les yeux sur les propositions qu'il déduit des • ]^hénomènes , et qui doivent servir de fondement à sa théorie. ( Voyez page 45g. ) Il dit que le globe a pris sa forme dans un même temps, et non pas suc- cessivement ; que la forme et la dispo- . sition du globe supposent nécessaire- ''■'*-«*»^.,^^- THÉORIE DE LA TERRE. 23g ment qu'il a été dans un état de fluidité; que l'état présent de la terre est très- différent de celui dans lequel elle a été pendant plusieurs siècles après sa pre- mière formation; que la matière du globe étoit , dès le commencement , moins dense qu'elle ne l'a été depuis qu'il à changé de face , que la conden- sation des parties solides du globe di- minua sensibbment avec la vélocité du globe même, de sorte qu'après avoir fait un certain nombre de révolutions sur son axe et autour du soleil , il se trouva tout-à-coup dans un état de dissolution qui détruisit sa première structure ; que cela arriva vers l'équi- noxe du printemps ; que, dans le temps de cette dissolution , les coquilles s'in- troduisirent dans les matières dissoutes; qu'après cette dissolution , la terre a pris la forme que nous lui voyons, et qu'aussi-tôt le feu s'y est mis , la con- sume peu à peu, et va toirjf. ursen aug- mentant, de sorte qu'elle sera détruite •' *1 I :r *... ^' sâ^' i-f'--:^ ■s,>,j, 'i':tiâti-"-rtj aussi is de cou- de vues aru man- 3aire aux siquc qui C8, qui le* lève l'es- )our voir les eSl'Iff' 5 1' '/■>!< Wl!N.-,*«P"'*-' TUEORIU DE LA TERKE. 23i lie fameux Leibnitz donna en 1 685, dans le9 Actes de Leipsic , page 4o , un projet de système bien différent , sous le titre de Proiogœa, La terre, selon Bourguet et tous les autres , doit finir par le feu ; selon Leibnitz , elle a com- mence par-là y et a souffejt beaucoup plus de changemens et de révolutions qu'on ne Timagine. La plus grande par- tie de la matière terrestre a été embra- sée par un feu violent , dans le temps que Moyse dit que la lumière fut sépa- rée des ténèbres. Les planètes, aussi bien que la terre , étoient autrefois des étoiles fixes et lumineuses par elles- mêmes. Après avoir brûlé longtemps y il prétend qu'elles se sont éteintes faute de matière combustible, et qu'elles sont devenues des eiH^s opaques. Le feu a produit par la fonte des matières , une eroûte vitrifiée; et la base de toute la matière qui compose l« globe terrestre est du verre , dont les sables ne sont que des J^\Jg»Kcu^ : les autres espèces de f ■»*- -' *■' :^:h ïl Jl32 HISTOIRE NATURELLE. terres se sont formées du mélange Je ce sable avec des aels fixes et de l'eau ; et qtiand la croûte fut refroidie , les parties humides qui s'étoient élevées en forme de vapeurs , retombèrent et for- mèrent les mers. Elles enveloppèrent d'abord toute la surface du globe , et surmontèrent même les endroits les plus élevés qui forment aujourd'hui 1rs continens et les îles. Selon cet auteur , les coquilles et les autres débris de la mer qu'on trouve ])ar-tout ^ prouvent que la mer a couvert tonte la terre; et ' la grande quantité de sels fixes ^ de sa- - blés et d'autres matières fondues et cal- cinées qui sont renfermées dans les en- trailles de la terre , prouvent que Fin- cendie a été général , et qu'il -x précédé l'existence des mers. Quoique ces pen- sées soient dénuées de preuves , elles sont élevées , et on sent bien qu'elles sont le produit des méditations d'un grand génie. Les idées ont delà liaison^ les hypothèses ne sont pas absolument '! V-'- X'^- >j^^ *-'*»ilt**^.^v II LE. élange de de l'eau ; >idie, les f levées en nt et for- ioppèrent globe , et Iroits les ird'hui les t auteur , bris de la prouvent L terre; et is, de sa- les et Gai- ns les en- que rin- •X prëcédé ces pen- ires, elles t qu'elles ons d'un a liaison^ îoliiment thf:oiite de la terre. 2T? impossibles, et les consëqùences qu'on .en peut tirer ne sont pas contradictoi- res ; mais lf> grand défaut de cette théo- rie , c'est qu'elle ne s'applique point à l'état présent de la terre ^ c'est le passé qu'elle explique , et ce passé est si an- cien , et Jdous a laissé si peu de vestiges, qu'on peut en dire tout ce qu'on vou- dra 'y et qu'à proportion qu'un homme aura plus d'esprit, il en pourra dire des choses qui auront l'air plus vraisem- l^lable. Assurer, comme l'assure Wis- thon, que la terré a été comète > ou prétendre avec Leibnitz qu'elle a été soleil , c'est dire des choses également possibles ou impossibles, et auxquelles il seroit superflu d'appliquer les règles des probabilités. Dire que la mer a au- trefois couvert toute la terre , qu'elle a enveloppé le globe tout entier, et que x'cst par cette raison qu'on trouve des coquilles par-tout, c'est ne pas faire attention à une chose très-essentielle , qui est l'unité du temps de la création ^ .1 * *» éà 'i^ l '^ ^S "ti 2*^4 HISTOIRE NATURELLE. CHvr'' ctn- î^toit, il fûudroit nëcessaire- tiïi^rA dire que les coquillages et 1rs au- tres animaux liabitans des mers, dont on trouve les dépouilles dansTintërieur de la terre , ont '^- * *ë les premiers , et long-temps avant l'homme et les ani- maux terrestres : or indépendamment du témoignage des livres sacrés , n'a- t-on pas raison de croire que toutes les espèces d'animaux et de végétaux sont à-peu-près aussi anciennes les unes que les autres ? rv.^ .•' , 'iniT?'-'-". / \ i il'' ' f ■1 f W" '^"7-''V 236 HISTOIRE NATURELLKv «' fait sur ce sujet des déclamations et des plaisanteries ridicules. Voyez la plain- te des poissons , Pisciumquerelœ y &c. sans parler de son gros livre en plu- sieurs vol urnes in-folio, intitulé : Phy- êica sacra , ouvrage puérile , et qui paroit fait moins pour occuper leshora- mes que pour amuser les enfans par les gravures et les images qu'on y a entas- sées à dessein et sans nécessité. * * '■"■ ^ StenoUi et quelques autres après lui, ont attribué la cause des inégalités de la surface de la terre à des inondations particulières , à des tremblemens de terre, à des secousses, des éboule- mens, &c. mais les effets de ces causes secondaires n'ont pu produire que quelques légers changemens. Nous ad- mettons ces mêmes causes après la cause première qui est le mouvement du flux et reflux, et le mouvement de la mer d'orient en occident : au reste , Stenou ni les autres n'ont pas donné de théorie, ni même de faits généraux sur cette M>L ns et des [a plaiii' »lœ , &c. en plu- é : Phy- , et qui leshoin- is par les ' a entas- iprès Iui| litL^sdela mdations mens de éboulé- es causes iiire que S^ous ad- 18 la cause it du flux e la mer I, Stenou B théorie, sur cette THÉORIE DE LA TERRE. 257 matière. (Voyez la DIm. de Solido inira > Ray prétend que toutes les monta- < gnes ont été produites par des trem-r . blemens de terre, et il a fait un traita . pour le prouver ; nous ferons voir à l'article des volcans ; combien peu cette opinion est fondée, ^fw i'wl «M>f'.« . ?:!**)'» Nous ne pouvons nous dispenser d'ob« server que la plupart des auteurs dont nous venons de parler , comme Burnet, Wbiston et Woodward, ont fait uno faute qui nous paroit mériter d'être re-, levée, c'est d'avoir regardé le déluge, comme possible par l'action des causes naturelles, au lieu que l'écriture sainte nous le présente comme produit par la volonté immédiate de Dieu; il n'y a aucune cause naturelle qui puisse pro- duire sur la surface entière de la terre la quantité d'eau qu'il a fallu pour cou- viir les plus hautes montagnes; et quand même on pourroit imaginer une cause proportionnée à cet effet , il seroit en- Th. de la Teire, I. ai I ) : •. \ > \ .*. ■^ I f r» \ 258 HISTOIRE NATURELLE. core impossible de trourer quelqu'autre cause capable de faire disparoitre les eaux j car en accordant àWhistoÀ que ces eaux sont Tenues de la queue d'une comète , on doit lui nier qu'il en soit venu du grand abîme et qu'elles y soient toutes rentrées y puisque le grand abîme étant , selon lui , environné e* pressé de' tous côtés par la croûte ou l'orbe ter- restre , il est impossible que l'attractioii de la comète ait pu causer auv ^-ii/ioo contenus de Fintcrieur (* 'j cet orbe , le moindre mouvement, parcbnséqùeiit le grand abîme n'aura pas éprouvé , comme il le dit, un flux et reflux vio- lent ; dès-lors il n'en sera pas sorti et il n'y fiera pas entré une seule goutter d'eàn ; et à moins de supposer que l'eau tombée de la comète a été détruite par miracle'^ elle seroit encore aujourd'hui sur la surfaee de la teiTe, couvrant les sommets des plus hautes montagnes. Jlien no caractérise mieux un miracle , que l'impossibilité çl'en expliquer l'effet qu< em qu' et ^imotaiïHar-: "ev •acTe , reffet THÉORIE DE LA TERRE. 23?^ jpar les causes !ialurelles : nos auteurs ont fait de vains efforts pour rendre rai- son du déluge j leurs erreurs de physi- que au sujet des causes secondes qu'ils emploient , prouve la vëritodn fait tel qu'il est rapporté dans l'écriture sainte, et démont^'ent qu'il n'a pu être opéré que par la bause première , par la vo- lonté de ï)ieu. D'ailleurs il est aisé de se convaincre que ce n'est ni dans un seul et même temps, ni par l'effet du déluge, que la mer a laissé à découvert les continens que nous habitons ; car il est certain, par le témoignage des livres sacrés , que le paradis terrestre étoit en Asie , et que l'Asie étoit un continent habité avant le déluge -, par conséquent ce n'est pas dans ce temps que les mers ont couvert cette partie considérable du globe. I^ terre étoit donc avant le déluge telle à-peu-près qu'.elle est aujourd'hui; et cette énorme quantité d'eau que la Jus» tice divine fit tombei sur la terre pour ■■< ) ii 1} /■ï i ' ■,7 ■M '\ I I i-H ; :v a'io HISTOIRE NATURELLE. punir l'iiomme coupable , donna en ef- fet la mort atonies les créatures, mais elle ne produisit aucun changement à la surface de la terre , elle ne détruisit pas même les plantes, puisque la co- lombe rapporta une branche d*olivier. Pourquoi donc imaginer , comme Ton! fait la plupart de nos naturalistes, que cette eau changea totalement la sur- face du globe jusqu'à mille et deu3t mille pieds de profondeur? Pourquoi veu- lent-ils que ce soit le déluge qui ait ap porté sur la terre les coquilles qu'or trouve à sept ou huit cents pieds dany les rochers et dans les marbres ? Pour- quoi dire que c'est dans ce temps qn© se sont formées les montagnes et les collines ? et comment peut-on se figu- rer qu'ilsoit possible que ces eaux aient amené des masses et des bancs de co- quilles de cent lieues de longueur? Je ne crois pas qu'on puisse persister dans cette opinion , à moins qu'on n'admette dans le déluge un double miracle y le ,,Wif_^^ len ef- !S, mais ment à étruisit I la co- livier. comme ralistcs, Ltlasiir- IX mille oi veu- î ait ap s qu'or ds dariK ? Pour- ips que s et les se figu- X aient de co- eur? Je er dans dmettc clej le THEORIE DE LA TEftRE. 241 Jîrcmier pour l'augmentation des eaux, et le second pour le transport des co- quilles; mais comme il n'y a que le pre- mier qui soit rapporté dans récriture sainte , je ne vois pas qu'il soit ne'ces- saire de faire un article de foi du se- > cond. D'autre côté , si les eaux du déluge , après avoir séjourné au-dessus des plus hautes montagnes , se fussent en«uite retirées tout- à -coup, elles auroient amené une si grande quantité de limon et d'immondices, que îfcs terres n'au- roient point été labourables ni propres à recevoir des arbres et des vignes que plusieurs siècles après cette inondation, . comme l'on sait que dans le déluge qui arriva en Grèce , le pays submergé fufe totalement abandonné et ne put recc voi r aucune culturs que plus de trois siècle» après cette inondation. Voyez jécta erudit* Lips. anno i6gi , pag. loo. Aussi doit-on regarder le déluge universel comme. un moyen surnaturel dont s'est .1 ■".r-. ) il \ 'hI ? p[ M 1 fÀ l l'I; II À 'à 1 # w 1 Jj , V''-' ' ** «•î-'-^-î'*..*'. . #•-*' ■ — .'{ft^r-. î, .1 /'' < Mf ; û4a HïSTOÏRE NATURELLE, servie ]a Toute Puissance divine pour le cbâLiment des bommes , et non comme un effet naturel dans lequel tout se seroit passe selon les loix de la physique. Le déluge universel est donc un miracle dans sa cause et dans ses effets ; on voit clairement par le texte de l'écriture sainte, qu'il a servi uniquement pour .détruire l'homme et les animaux, et qu'il n'a changé en aucune façon la ter- re , puisqu'après la retraite des eaux, le3 montagnes et même les arbres, étoient à Irur place, et que la surface de la terre étojt propre à recevoir la culture et à produire des vignes et des fruits. G)m- meiit toute la race des poissons, qui n'entra pas dans l'arche , aur oit-elle pu être conservée , si la terre eût été dis- soute dans l'eau , ou seulement si les eaux eussent été assez agitées pour trans- porter les coquilles des Indes en Eu- rope, &c. ? Cependant, cette supposition que c'est .le cTéliige universel qui a tiansporté les rTi THÉORIE DK LA TERRE. 345 Coquilles de la mer dans tous les cli-* mats de la terre , est devenue ropinion ou plutôt la superstition du commun des naturalistes. Woodward , Scheuch" zer et quelques autres, appellent ces co- quilles pëtrifie'es les restes du dëluge , ils les regardent comme les médailles et les monumens que Dieu nous a lais- sés de ce terrible événement afin qu'il ne s'effaçât jamais de la mémoire du genre humain -, enfin ils ont adopté cette hy- pothèse avec tant de respect, pour ne pas dire d'aveuglement, qu'ils ne p«i- roissent s'être occupés qu'à chercher les moyens de concilier l'écriture sainte avec leur opinion , et qu'au lieu de se servir de leurs observations et d'en tirer des lumières, ils se sont enveloppés dans les nuages d'une théologie physi- que , dont l'obscurité et la petitesse dé- rogent à la clarté et à la dignité de la religion , et ne laissent appercevoir aux incrédules qu'un mélange ridicule d idées humaines et défaits divins, Pié* \ : I A ^l \{ a44 HISTOIRE NATURELLE, tendre en effet expliquer le déluge uni- versel et ses causes physiques , vouloir nous apprendre le détail de ce qui s'est passé dans le temps de cette grande ré- volution , deviner quels ont été les ef- fets , ajouter des faits à ceux du livre sacré , tirer des conséquences de ces faits y n'est-ce pas vouloir mesurer la puissance du Très-Haut ? Les merveil- les que sa main bienfaisante opère dans la Nature d'une mani«;re uniforme et régulière j sont incompréhensibles -, et à plus forte raison les coups d'éclat , les miracles , doivent nous tenir dans le saisissement et dans le silence. Mais , diront-ils , le déluge univer- sel étant un fait certain , n'est-il pas permis de raisonner sur les conséquen- ces de ce fait? à la bonne heure, mais il faut que vous commenciez par convenir que le déluge universel n'a pu s'opérer par les puissances physiques^ il faut que vous le reconnoissiez comme un effet ' immédiat de la vok>nté du Tout-Puis- mi ne nv ca im s I 41 ^HlfeOKlE DE LÀ llBUttE. fl45 sani ; il faut que vous vous borniez à «Il savoir seulement ce l^uè 'les livHes sacrés nous en apprennent , avouer en même temps qu'il nevûu* est pas per^ mis-d'en savoir davantage , et sixr^tout ne pas mêler une mauvaise physique *vee la pureté du livre àiint. Ces pré- cautions qu'exige le t^s^eot que nous devons aux décrets de Dieu> étant pri- ses y que reste-t-il à examiner au sujet ^u déluge ? Ëst-il dit dans Véoriture "sainteque le déluge ait formé lesmon- -^tagnes ? Il est dit le contraire. iEst<-ii dit ~«[ue les eaux" fussent dans une agitation assez grande pour enlever du fond àt% mers les coquilles et les transpofrter par toute la terre ? non ; Farcthe voguoit tranquillement sur les Ibts. Sst-il dit que la terre souffrit une dissolution to- tale? point du fout; le rédt de rHis-. torien sacré est simple et vrai ; celui de ces naturalistes wt oom^oaé et i«- buleUXr ^:-iÏÏ .:>■> UÇrfb'p^;*-.£lS> v'î- -i*' Th. de la Terre. I. » :a46 , .tfJ3?0l]R,Ç NATO^]^.l>p^ ■;•-» »>•>»■ ,! . bËS àPaQUES DE LA NATURE* fis -la^tàT-js .2riar;rt".irriti8 rï'5^»r«67i'8J?v:»«i*^ -X Comme dwas l'histoire civile on con- 9ulte les titres , on recherche les œc'- f dailles ,, on déchiffre les inscriptions an- ■ tiques pour déterminer les époques des révolutions humaines et constater les . dates des événsmeus moraux; de même, dans l'histoire naturelle^ il: £»ut: fouiller ' \es archives du, monde , tirer des en- . trailles delà terl'e les vieux' mouumens, recueillir leurs débris , et r&ssemhler en un corps de preuves tous, les- indices , des changemçns physiques qui peuvent nous. £i^re remonter aux différens. âges . de la Nature. C'est le seul .moyen, de fixer quelques points dans Viiiimensité de l'espace ,, et, de placer un certain nombre de pierres iiuméraires.sur Ja l'oujte éternelle du temps. X^e passé est comme la distaaace -, notre vue y dé- croît, et's'y perdroi^ de même^siriûs- toire et la chronolugie n'eussent f laué isPOQUES DE LA NATUR13. ^^^1 des fanaux, des fla.v> beaux aux points les plus obscurs ; mais malgré ces lu- mières de la tradition écrite , si Ton re- monte à quelques siècles , que d'incer- titude dans les faits \ que d^erreurs sur les causes des évéuemens ! et Quelle obscarîté profonde n'environne pas les temps antérieurs à cette tradition! D'ail- leurs elle ne nous a transmis que les ges- tes de quelques nations , c'est-à- dire , les actes d'une très -petite partie du genre bumain ; tout le reste des hom- mes est demeuré nul pour nous, nul pour la postérité; ils ne sont sortis do leur néant que pour passer comme des ombres qui ne laissent point de trace \ et plût au ciel que le nom de r js ces prétendus héros dont on a célébré les crîmes ou la gloire sanguinaire , fût éga- lement enseveli dans la nuit de l'oubli ! Ainsi l'histoire civile, bornée d'iiii côté par les ténèbres d'un temps assez voisin du nôtre , ne s'étend de l'autre qu'aii:s petites portions de terre qu'ont ■r 'm r V* y] ^^^fvÊk^ifi: m 1, ^8 HISTOIllB NATURELLE, occupes successivemen ; ies peuplcn soigneux de leur mémoire : au lieu que l'histoire naturelle embrasse également tous les espaces , tous les temps . et n'a d'autres limites que celles de l'univera. , L^Nature étant contemporaine delà inatiëre , de l'espace et du teu^ps, son histoire est celle de toutes les substan- ces , de tous les lieux, de t jus les âges ; et quoiqu'il paroisse à la première vue que ses grands ouvrages ne s'altèrent ni ne changent, et que dans ses produc- tions , même les plus fragiles et les plus passagères, elle se montre toujours et constamment la même ; puisqu'à chaque ius tant ses premiers modèles reparois- fient à nos yeux sou* de nouvelles re- présentations-, cependant en l'observant de près , on s'appercevra que son cours n'est pas absolument uniforme ; on re- connoitra qu'elle admet des variations sensibles , qu'elle reçoit des altérations successives, qu'elle se prête même à dos cpmbinaisous uouYÊllt's . à des mu* ÉPOQUES DE LA NATURE. 249 talions de matière et de forme; qu'en- fin, autant elle piiroît fixe dojas 6011 tout, autant elle est variable (Unsch eu ne de ses parties; et si nous l'eml ra 1 toute son. dtendue ^ nous n ns ^8- douter qu'elle ne soit aujoui diiFërente de ce qu'elle étoit ai it- mencement et de ce qu'elle est devenue dans la succession des temps : ce sont ces cliangemens divers que nous appe- lons ses époques. La Nature s'est trou- vée dans diifërens états ; la surface àm la terre a pris successivement des for- mes différentes ; lescieux mêmes ont va> rié , et toutes les choses de l'univers physique sont , comme celles du niqndc moral , dans un mouvement continuel de variations successives. Paie exemple, l'état dans lequel nous voyons aujourr d'hui la Nature , est autant notre ou- vrage que le sien ; nous avons su la tem- pérer , la modifier , la plier à nos be- soins , à nos désirs ; nous avons fondé , cultivé , fécondé la terre : Taspect sous X4ud«la,Ter£0. I, 2% 1 1 1; ; > 1 1 \|f 1 1 ««s&aaifefewieMtat^iwfl»-»-. ^ -i.,^.^- tr'a-,i;tlingr,f-ii 1 ..^te- IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) 1.0 1.1 -I2iâ 121 m 2.2 lit 1^ lU lU ■a 14.0 2.0 IJ ■ ' ^■"''' - -' ^ " ' - ' '.' t^tlA IJÀ ,.■:;: < 6" — » '^i 0^ 7 HiotografJiic Sdeoces CorpQration 23 WfST MAIN STRIIT WIBSTIR.N.Y. 14580 (716) t7a-4S03 ■r»'*^',!», ■T^'fp^.^'T- ,'.""ï^^ .^=Vi"-' ^^ / Vf ^i lequel elle se présenté , est' àoiic bien ûiffêrehi de celui dès temps antérieurs À l'inventiôu des àrts^ L*âge d'or dé là morale oujjlùtôt de la fable, n'etoit que rage de fer de là physique et de la vé- rité. L'homme de ce temps 9 encore à demi - sauvage , disperse , peu nom- breux , ' ne sentoit pas sa puissance , ne conhoissoilpas sa vraie richesse ; le tré- soi' de ses lumières étôit énfôùi | il ignô- roit la force des volontés uilies , et ne se dôntoit pas que , par ïa société et par des travaux suivis et concertés , il vien* droitàboùt d'imprimer ses idées sur la face entière de FUhivers. Aussi faut-il allçr chérôlier et voir là Nature dans ces régions nouvellement découvertes , dans ces côntirées de tout temps inhabitées , pour se former une idée de son état ancien ; et cet ancien état est encore bien moderiie en com- paraison de celui où. nos continens ter- restres étoient couverts par les eaux , où les poissons habitoieutsur nos plai- C .^^A'«" *#^^--'^'*^- 7 '^ I V. ic bien érieurs >rdè là oit que ; la ré- icore à i nord- ricé,ne , Iç tré- il igno- ra et ne :ë et pair ilvïen- !S sur la r :yoiria lement de tout 1er une ancien n com- Bns ter- ; eaux , >s plai- ÉPOQUES DE LA NATURE. «Si nés , où nos montagnes formoient les écueilsdes mer». Combien de change- mens et de diScrens états ont dû se suc- céder depuis ces temps antiques (qui cependant ;ii'étoient pas les premiers) jusqu'aux âges de l'histoire ! Que de choses enscyelies ! combien d'ëvëne- mena entièrement oubliés ! qne de ré' volutions fintiérieures à la mémoire des hommes ! II. a fallu une très -longue suite d'observationB : il a fallu trente siècles de culture à l'esprit humain , seulement pour reconnoître l'état pré- sent des choses., La terre n'est pas en- core entièrement découverte ; ce n'est que depuis peu qu'on a déterminé sa figure ; ce n'est que de nos jours qu'on . s'est élevé à la théorie de sa forme in- térieure , et qu'on a démontré l'ordre et la disposition des matières dont elle est composée : ce n'est, donc oue de ^jei instant oii Von peut commencer à com- parer la Nature avec elle-même, et re- monter de son état actuel et connu à H '1^ mim" .w xnMM ': i 252 HtSTOlRB NATURELLE, quelques époques d'uti'^tat plusaiicien.' Mais comme il s'agit ici de percer la nuit des temps , de recomiottre par l'ins- pection des cboses actuelles Taucienne existence des choses anéanties, et de re- monter par la seule force des faits sub- sistans à la vërité historique des faits ensevelis ; comme il s'agit en un mot, de Juger, non-seulement lé passe moder- ne , mais le passe le plus ancien, par le seul présent, et que pour notis élever jus- qu'à ce point de vue nous avons besoin de toutes nos forces réunies, nous em- ploierons trois grands moyens : !<>. Les faits qui peuvent nous làpprocher de l'origine de lia Nat-^'*©; *a°. les monu- mens qu'on doit rv 1er comme les té- moins de ses premiers âgés *, 5°» les tra- ditions qui peuvent nous donner quel- qu'idée des âges subséquens. Après quoi, nous tâcherpns dé lier le tout par des analogie^ , et de former une chaîne quï^, du Commet de l'échelle du temps , ^^escendi:a jusqu'à nous. ■^r.^^m T^^nm^i 1 \ **^ 1 ; \ 1 >i- *i ' Mr'- \ ■ LR. 18 ancien^ percer la iparFins^ ancienne , ctdere- raita sub- des faiffl n mot, de lé moder- ;n,par le fleverjus- ins besoin nous em- 1 : 1°. Les irocher de 38 monu- me les té- 1°. les tra- ner quel- s. Après 3 tout par ne chaîne u temps , ifcPOQUES DK LA NATURE. a53 Premier fait. La terre est élevée «»r réqnateur et abaissée sons les pôles, dans la proportion qu'exigent les loix de la pesanteur et de la force centri- fugev t'U^-Èï' .. "f-w»yt'M»»^'3tifnT ^ -m^i^ '' Second fait. Le globe terrestre a une ehaleur intérieure qui lui est propre , et qui est indépendante de celle que ls9 rayons du Soleil peuvent lui commu- niquer, .i^. , Taoisiâme fait. La chaleur que îe Soleil envoie à la terre ^ est assez petite (Bn comparaison de la chaleur propre du globe terrestre j et cette chaletu: en- voyée parle Soleil , ne seroit pas seule tuffisante pour mamtenir la N;itare vi- Tante.. ' -^' ' '' ■ " rr-^--:*— -■ QiTAtHi jIme fait. Les matières qui composent le globe- de la Terre- ^ sont en- général de la nature du verre, et peuvent être toutes rédtnter en verre. €iir<2V]èM£ FAIT. Oti^f votive sur toute I» surface- de la terre*, et même sur les IttontAgnesy Jusqit'à q^mnze^entset de«x i i \ 1 i»^V. *«r ■^--r' ^f a; ». / < ï k] t H r A ( 954 HISTOIRE NATURELLE* mille toises de hauteur , une immense quantité de coquilles et d'autres débris des productions de la mer* ,u /^i; ^J Examinons d'abord si dans ces faits que je veux employer , il n'y a rien qu'on puisse raisonnablement contester. Voyons si tous sont prouvés ou du moins peuvent l'être : après quoi nous passerons aux inciuçtio^ç ipe l'on doit en tirer. Le premier fait du renflement de la Terrée l'Equateur et de son applatisse- ment aux Pôles , est mathématique- ment démontré et physiquement prou- vé par la théorie de la gravitf^tlonet par les expériences du pendule. Le globe terrestre a précisément la figure que prcndroit un globe fluide qui tourne- roit sur lui'^âiême avec la vitesse que nous coniloissons au globe de la terre. Ainsi la première conséquence qui sort de ce fait incontestable , c'est que la ma- tière dont notre terre est composée ^ étoit dans fuatétAtde iluiditéf^u moment t- »>- u-4Ha '.*t- «^ .-* — .- ..„.,'^ - "■*»» LE* immense res àébi'i» I ces fatts l'y » rien contester. fs ou du (uoi nous ! l'on doit ent de la pplatisse- imatique- ent prou- ion et par Lie globe igure que li tourne- liesse que s la terre. ;e qui sort ^nelatna- ûinposëe , i moment ÉPOQUES DE LA NATURE. a55 qu'elle a pris sa forme , et ce moment est celui où elle a commence à tourner sur elle-même. Car si la Terre n'eût pas été fluide , et qu'elle eût eu la même consistance que nous lui voyons aujour* d'hui , il est évident que cette matière consistante et solide n'auroit pas obéi à la loi de la force centrifuge ; et par con- séquent ^malgré la rapidité de son mou- vement de rotation , la Terre , au lien d'être un sphéroïde renflé sur l'équa- teur et applati sous les pôles, seroit au contraire une splière exacte , et qu'elle n'auroit jamais pu prendre d'autre fi- gure que celle d'un globe parfait, en vertu de l'attraction mutuelle de toutes les parties de la matière dont elle est composée* ^ . .i , Or , quoiqu'en général toute fluidité ait la chaleur pour cause , puisque l'eau même sans la chaleur ne formeroit qu'une substance solide, nouç avons deux manières difiFérentes de concevoir la possibilité de cet état primitif (|p flui- il 1 \ ^^lî i /■ -.- ..„.,'^ - *"**» ( ni l\S I \ ' f ^5S HISTOIRE NATURELLE. dite dans le globe terrestre , parce quHi semble d'abord que la Nature ait deux moyens pour Topërcr. Le premier est la dissolution ou même le dëlayement des matières terrestres dans l'ean; et le second , leur liquéfaction par le feu. Mais l'on sait que le plus grand nom- bredes matières solides qui composent le globe terrestre, ne sont pas dissolubles dans Teau ; et en même temps Ton voit que la quantité d'eau est si petite en comparaison de celle de la matière ari- de , qu'il n'est pas possible que l'une ait |amais été délayée dans l'autre. Ainsi cet état de fluidité dans lequel s'est trouvée la masse entière de la terre , n'ayant pu s'opérer ni par la dissokitîcm bî par le dëlayement dans l'eau , il est nécessaire que cette fluidité ait été une liquéfac- tion Causée par le feuv , : Cette juste conséquence, déjà trës- vraisemblable par elle-m:ême, prend ■un nouveau degré de probabilité par le secoxid fait, et devient une certitude pair ..^,, t'y ,*»-,■ -JJ..-.. .-- ÉPOQUES DÉ LA «fAttrilE. 25f le troisième fait. Là ohaleàf intérienr» an glûliie / en^re àctueHériiéiit subais-^ tdnte, et beaucoup plus ^rartde que celle ^ui nous vient du Soleil /liôt^s dëmonw' trè '4ue' det ancien fed qti'àéptovLYé le globe , n*eàt pas encore , à beaucoup près, entièrement dissifié *. là surface der la Terre est plus refroidie ^e son in- térieur. Des- expérienoeâ ccilàines «t xëitëre'es nous assurent que la niasse en" tiëre du globe a une cbaleur propre et toHit'-à-fait indépendante de celle du So^ leil. Cette chaleur nous est démontrée par la comparaison de nos hivers à nos étés j et on la reconnoit d'Éme manière encore plus palpable dès qu^on pénètre au-dedans de la terre ; elle est constante en tout lieu pour chaque profondeur et elle paroit augmenter à mesure qi:h5i. l'on descend. Mais qiie sont nos travau±' en comparaison de ceux qu'il faudroit faire pour reconnoître les degrés suc^ cedsifs de cette chaleur intérieure dans les profondeurs du globe ? Nous avonft \t II *W<>*"!-H f 4 ) : k II >i X \ < i M s . 958 HISTOIRE NATURELLE. . fouillé lot moniAgiiesà quelques centai-^ nefi de toise» ppu^r en tirer les niéttux ; nous ayons fait dans les plaines de»pnits de quelque» centaines de pieds \ ce sont là nos plus grandes excavation^ ou plu- tôt nos fouilles les plus profondes ; IbIIcs effleurent à peine la première ëcorce du globe y et néanmoins la chaleur inté- rieure y est déjà plus sensible qu'à la surface : on doit donc présumer que si Von pénétroit plus ayant , cette dialeur seroit plus grande ; et que le» parties voisines du centre de la Terre sçnt plu» cbaudes que celles qui en sont éloi- gnées; comme Ton voit dans un boulet rougi au feu rincandesccnce se conser- ver d&ns les parties voisines du centre long-temps après que la surface a perdu cet état d'incandescence et de rougeur. Ce feu ou plutôt cette chaleur intérieuie de la Terre, est encore indiquée parles e^ets de l'électricité , qui convertit en éclairs lumineux cette chaleur obscure ; elle nous est démontrée par la tempé^ 'hû ém j»-"'^ *i|**^- -— ^ ^: » centai-' m^Uux y de»paits j ce sont 9 0(1 pla- ies ; isllcfl •e écorce eur inté- B qu'à la er que si e dialeur » parties spnt plu» )nt éJloi- n boulet econser* u centre ia. perdu rougeur, itérieure ^e parles irertit en obscure ; a tempé^ i"P(yQUES fek LA N ATukfi. a59 ratare de i*eau de la mèr , laquelle y aux mètneé profondeurs, est à- peu -près é^le à celle de Tintëiiéur de la terre. i)*àilleÀt8 il est aise de prouver que I4 Uquidi^ë des eaux dé la mer en gënëral ne doit jpbiht être attribuée à la puis- sance des rayons solaires , puisqu'il est dëihontré par rexpérience , que la lu- mière du soleil né pët^èt)rè qu'à six cents pieds à travers l'eau la plus limpide, et que pa^ conséquent sa clialeqr n'arriva peut-être pas au qûatt de cette épais- seur , c'est -à -dire , à cent cinquante pieds. ^ Ainsi toutes les eaux qui sont au-dessous de cette profondeur seroient glacées sans là cbaleui^ intérieure de la terre qui seule peut entretenir leur li- quidité. Et de même il est encore prou- vé par l'expérience , que la cbaleur des rayoïis solaires ne pénètre pas à quinze ou vingt pieds dans la terre , puisque la glace se conserve à cette profondeur pendant les étés les plus cbauds. Done il est démontré qu'il y a au-dessous du "^'Slv;^,#'' •M "Pf. ^ i ,-i Jâr---*- r.'TAt--- ^-* -^' ■-*i««ï'*^ ,'»^'v4is-. '■!■ p6o UISXOiaB NATURBI'LB. bassin de ]^japrt comme dans les pre- mières couches do la terre, une ëma- nation cpuiin^eUe de chaleur qui en- tretient la liq^jdîM des eaux, ef piodu^'l la tempëraturçcf^ la terre. Doxio U existe dons son int^rje.ur une chaleur qui lui appartient çn propre, et qui est tout-4-* lait indépendante de'Ce|le |l,^2lPcfgl$f) jpeut lui communiqi^eir. , , f, , ; Nous pouyouji. encore confirmeic C^ fait gëi^ëral par un grand nombre de faits particuliers. Tout le monde 'a re- marque dans le temps des frimats , que la neige se fond dans tous les endroits OÙ les vapeurs de l'intërieur de la terre ont une libre issue, comme sur les puitS; | les aqueducs recouverts , les voùtesi, les citernes , &c. tandis que sur tout le reste de Tespaçe , où la terre , resserrée par la gelëe , intercepte ces vapenrÂ, la ueige subsiste , et se gèle au lieu de fon- dre. Cela seul suffîroit pour démon- trer que ces émanations de l'intérieur de la tisrre ont un degça de chalenv '( •fllK^fl-- •«*<•■*' E. lot pre- ne ëma- qui en- pi'oduik Ù existe ' (fjcà lui ; toiit-à-' le Bçi^il :h*» "'m rmer oè nbre dé de ift re- its, que endroits la terr^ es puitS; yoùteà. tout le Bsserrëe e^rh, la de fon- iëmou' tërîeur chaleuv ÉPOQUES DB LA NATURE. ÏGl irës-rëcl et sensible. Mais il est inutile de vouloir accumuler ici de nouvelles preuves d'un fait constate par l'expé- rience et par les obsei^vations ; il nous sulEt qu'on ne puisse désormais le rëvo- quer en doute , et qu'on reconnoisse oette chaleur intérieure de la terre Qcmme un fait réel et général , duquel, comme des autres faits généraux de la Nature , ou doit déduire les effets par- ticuliers. > • f :-; '^n-/?^ rî ^ . ' Il en est de même du quatrième fait : on ne peut pas douter que les matières dont le globe est composé , ne soient de la nature du verre : le fond des mi- iiéraux , des végétaux et des animaux , n'est qu'une matière vitrescible ; car tous les résidus , tons les détrimens ul- térieurs , peuvent se réduii'e en verre. Les matières que les chimistes ont ap-* pelées réfractaires , celles qu'ils regar- dent comme infusibles , parce qu'elles résistent au feu de leurs fourneaux sans se réduire en verre , peuvent néan- Th. de la Terre. I. 2| .■•JO^ t^liJCiJ t-îîr> S aSa HTSTOIRE NATURE LLl!. moins s'y réduire par l'aclion d'un feu plus violent. Ainsi toutes les matières qui composent le globe de la terre , da moins toutes celles qui nous sont con- nues , ont le verre pour base de leur substance ; et nous pouvons , en leur faisant subir la grande action du feu-, les réduire toutes ultérieurement à leur premier état. lialiquéfâction primitive de la masse entière de la Terre par Ip fen> est donc prouvée dans tenté la rigueur qu'exige la plus fitricte logique : d'abord , à prio- ri , pat le premier fait de son élévation sur l'équateur et de son abaissement sous les pôles ; 2i°. nh actu, par le Se- cond et le troisième fait , dé la chalcilir intérieure de la Terre encote subsis- tante ; 3<». à pùéiètiori, par le quatrième fait , qui nous démontre lé produit de cette action du feu, c'est-à-dire, le verre dans toutes les substances tei'- ^' restresv ''•''•'' '^>-'^^ '^^■''> '■'■'' '^^ i:i'^i'y..hO't Mais quoique les matières qui côih- • r ;/.... ÉPOQUES DE LA NATVRE. 263 posent le globe de la Terre aient été primitivement de la nature du verre , et qu'on puisse aussi les y réduire ul- térieurement, on doit cependant les distinguer et les séparer , relativement aux di£Pérens états où elles se trouvent avant ce retour à l*îur première nature, c'est-à-dire , avant leur réduction en verre par le m wen du feu. Cette con- sidération est d'autant plus nécessaire ici , que seule elle peut nous indiquer en quoi diffère la formation de ces ma- tières : on doit donc les diviser d'abord en matières vitrescibles et en matières calciilables ; les premières n'éprouvant aucune action de la part du feu , à moins qu'il ne soit porté à un degré de force capable de les convertir en verre ; les autres , au contraire , éprouvant à un degré bien inférieur une action qui les réduit en chaux. La quantité des sub- stances calcaires, quoique fort considé- rable sur la Terre , est néanmoins très- petite çn comparaison de la quantité 464 HISTOIRE NATURELLE, des matières vitrescibles. Le cinquièmo fait que nous avons mis en avant prou- ve que leur formation est aussi d'un autre temps et d'un autre ëlëmient ; et l'on voit évidemment que toutes les ma- tières qui n'ont pas été produites im- médiatement par l'action du feu primi- tif, ont été formées par l'intermède de l*eau, parce que toutes sont compo- sées de coquilles et d'autres débris des productions de la mer. Nous mettons dans la classe des matières vitrescibles , le roc vif, les quartz , les sables , les grès et granitcs *, les ardoises , les schis- tes, les argiles, les métaux et minéraux métalliques : ces matières prises ensem- ble , forment le vrai fonds du globe , et en composent ]a principale et très- grande partie ; toutes ont originaire* ment été produites par le feu primitif. !Le sable n'est que du verre en poudi'e ; les argiles , des sables pourris dans l'eau-, les ardoises et le scbistes, des argiles desséchées et durcies ; le roc ÉPOQUES DE LA NATURE. i^^5 ^if , les grès , le granit , ne sont que des niasses vitreuses ou des sables vi- trescibles sous une forme concrète; les cailloux , les cristaux, les métaux et la plupart des autres minéraux , ne sont que les stillations, les exudationsou les sublimations de ces premières ma tières, qui toutes nous décèlent leur origine primitive et leur nature commune , par leur aptitude à se réduire immédiate- ment en verre. ■ , Mais les sables et graviers calcaires , les craies , la pierre -de-taille , le moel- lon , les marbres , lesalbâtres, les spath» calcaires , opaques et transparcns , tou- tes les matières, en un mot, qui se con- vertissent en chaux , ne présentent pas d'abord leur première nature : quoi- qu'originairement de verre comme tou- tes les autres, ces matières calcaires ont passé par des filières qui les ont déna- turées y elles ont été formées dans l'eau : toutes sont entièrement composées d© madrépores , de coquilles et de dé tri- ï ' 'UiftWWl^MlHW imi. 4 a66 HlStOITlE NATURELLE. mens des dépouilles de ces animaux aquatiques, qui seuls savent convertir le liquide en solide , et transformer l'eau de la mer en pierre. Les marbres communs et les autres pierres calcaires sont composés de coquilles entières et de morceaux de coquilles , de madré- pores, d*astroïtes , &c. dont toutes les parties sont encore évidentes ou Irès- reconnoissables : les graviers ne sont que les débris des marbres et des pier- res calcaires , que Vaction de l'air et des gelées détache des rochers, et l'on peut faire de la chaux avec ces graviers comme l'on en fait avec le marbre ou la pierre ; on peut en faire aussi avee les coquilles même , et avec la craie et les tufs, lesquels ne sont encore que de» débris ou plutôt des détrimens de ces mêmes matières. Les albâtres , et le* marbres qu'on doit leur comparer lors- qu'ils contiennent de l'albâtre, peuvent être regardés comme de grandes sta- lactites qui se foruient aux dépens des «.--,^»^'i^jS«»'' 1 L rm a68 HISTOIRE NATURELLE. ne subsistent plus^ ou ne se trouvent que clans les mers méridionales. De mênre on voit dans les ardoises et dans d'autres matières à de grandes profondeurs , des impressions de poissons et de plantes , dont aucune espèce n'appartient à notre climat, et lesquelles n'existent plus on ne se trouvent subsistantes que dans le^ climats méridionaux. l^noisiiMEs MONUMENs. On trouve en Sibérie et dans les autres contrées sep- tentrionales de l'Europe et de l'Asie , des squelettes 2 des défenses, des osse- mens d'éléphans , d'hippopotames et de rhinocéros en assez grande quantité pour être assuré que les espèces de ces animaux , qui ne peuvent se propager aujourd'hui que dans les terres du midi, cxistoient et se propageoient autrefois dans les terres du nord , et l'on a ob- servé que ces dépouilles d'éléphans et d'autres animaux terrestres se présen- tent à une assez petite profondeur ; au lieu que les coquilles et les atitres dé* : ••,^.,^*^- ■"5--rV ÉPOQUES DE LA NATURE. iSg bris des productions de la mer se trou- vent enfouis à de plus grandes profon- deurs dans l'intérieur de la terre. . ) Quatrièmes monumens. On trouve des défenses et des ossemensd'ëléphans, ainsi que des dents d'hippopotames, non-seulement dans les terres du nord de notre continent, mais aussi dana celles du nord de l'Amérique , quoique les espèces de l'éléphant et de l'hippo- potame n'existent point dans ce conti- nent du Nouveau-Monde. f ^& jamn Cinquièmes monumens. On trouve dans le milieu des continens, dans les lieux les plus éloignés des mers , un nombre infini de coquilles , dont la plu- part appartiennent aux animaux de ce genre actuellement existans dans les mers méridionales, et dont plusieurs liutres n'ont aucun analogue vivant, en sorte que les espèces en paroissent per- diies et détruites, par des causes jus- qu'à présent inconnues. ' ]^n comparant ces mouumens avec lea .^- a i !$1 t"!. ■-•^■^ 270 HISTOIRE NATURELLE, faits j on voit d'abord que le temps de la formation des matières vitrescibics est bien plus recale que celui de lacom^ position des substances calcaires ; et il paroît qu'on peut déjà distinguer qua- tre et même cinq époques dans la plus grande profondeur des temps : la pre- mière , où la matière du globe étant en fusion par le feu , la terre a pris sa for- me , et s'est élevée sur l'équateur et abaissée sous les pôles par son mouve- ment de rotation : la seconde, où cette matière du globe s'étant consolidée , a formé les grandes masses de matières vitrescibles : la troisième , où la mer couvrant la terre actuellement habitée, a nourri les animaux à coquilles dont les dépouilles ont formé les substances calcaires ; et la quatrième , où s'est faite la retraite de ces mêmes mers qui cou- vroient nos continens. Une cinquième époque^ tout aussi clairement indiquée que les quatre premières , est celle du tempsoùleséléplians; les hippopotames l COU- EPOQUES DE LA NATURE. 271 et les autres animaux du midi ont ha- bite les terres du nord. Cette époque est évidemment postérieure à la quatrième^ puisque les dépouilles de ces animaux terrestres se trouvent presque à la sur- face de lateri'e, au lieu que celles des animaux marihs , sont pour la plupart et dans les mêmeï lieux , enfouies à de grandes profondeurs. Quoi ! dira-t-on , les ëléphans et les autres animaux du midi ont autrefois habite les terres du nord ? Ce fait, quel- que singulier , quelqu'extraordinaire qu'il puissfe paroitre , n'en est pas moins certain. On a trouve et on trouve en- core tous les jôtirs en Sibérie , en Rus- sie , et dans les antres contrées septen- trionales de l'Europe et de l'Asie, do l'ivoire en grande quantité ; ces défenses d'éléphant se tirent à quelques pieds sous terre, ou se découvrent par Yes eaux lorsqu'elles font tomber les terres du bord des fleuves. On trouve tes osse- xnens et défenses d'élép^haiis en tant de ni I II n f\ Uj2 HISTOIRE NATURELLE. . lieux diffcrens et en si grand nombre , qu'on ne peut plus se borner à dire que ce sont les dépouilles de quelques ëlë- phans amenés par les hommes dans ces climats froids : on est maintenant forcé , par les preuves réitérées , de convenir que ces animaux étoient autrefois habi- tans naturels des contrées du nord comme ils le sont aujourd'hi des con- trées du midi ; et ce qui paroît encore rendre le fait plus merveilleux c'est-à- dire^ plus difficile à expliquer, c'estqu'on . trouve ces dépouilles des animaux du midi de notre continent, non-seulement , dans les provinces de notre nord, mais aussi dans les terres du Canada et des autres parties de l'Amérique septentrio. nale. Nous avons au Cabinet d'histoire , naturelle plusieurs défenses et un grand . nombre d'ossemens d'éléphans trouvés en Sibérie : nous avons d'autres défen- ses et d'autres os d'éléphans qui ont été trouvés en France ; et enfin nous ayons des défenses d'éléphans et des ÉPOQUES DE LA MATURE. 275 dents d'hippopotames trouves en Amc^ riqiie dans les terres voisines de la ri- vière d'Obio. Il est donc nécessaire que ces animaux , qui ne peuvent subsister et ne subsistent en efiPet aujourd'hui que daiw les pays chauds , aient autre- fois existé dans les climats du nord , et que , par conséquent ^ cette zone froide fût alors aussi chaude que l'est aujour- d'hui notre zone torride ; car il n'est pas possible que la forme constitutive , on, si l'on veut; l'habitude réelle du corps des animaux, qui est ce qu'il y a de plus fixe dans la Nature , ait pu changer au point de donner le tempé- rament du renne à l'éléphant ^ ni do supposer que jamais ces animaux du midi , qui ont besoin d'une grande cha- leur poiir subsister , eussent pu vivre et se multiplier dans les terres du nord, si la température du climat eût été aussi froide qu'elle l'est aujourd'hui. M.Gme- lin y qui a parcouru la Sibérie , et qui a ramassé lui-même plusieurs ossemenft, Jh. de la Terre. I. 24'> ( 'I 2*7'^ HISTOIRE NATURELLK, d'ëléphans dans ces terres septentrio- nales, cherché à rendre raison du fait , en supposant que de grandes inonda- tions survenues dans les terres méri- dionales ont chasse les ëlëphans ver* les contrées du nord , oàils auront tonn péri à-Ia-fois par la rigueur du c(i;i>aL Mais cette cause supposée n*eit pa^ pro- portionnelle à Feffet ; on a peut-être déjà tiré du nord plus d'ivoire que tous les éléphansdcs Indes actuellement vi- vans n*en ponrroient fournir ; on en ti- rera hien davantage avec le temps , lovc^ue ces vastes déserts du nord, qui sont h peiné reconnus , seront peuplés , et que les terres en seront remuées et foufliées par les mains dé l'homme. D'ailleurs il seroit bien étràngç que ces animaux eussent pris la route qui con- venoit le moins à leur nature , puis- qu'en les supposa rit poassés par des ,inondationsdu n' (f 1 ^ '..m i-^rrestoudeux fuites naturelles vers l'orient et vers l'occident j et pourquoi fuir jusqu'au rPOQlTKS DK LA I^ATURE. ^7^ soixantième clraré du nord lorsqu'il» pouvoient s'arrêter en chemin ou s'écar- ter à CiMé dans des terres plus heureu- ses ? Et comment concevoir que , par une inondation des mers méridionales, disaient été chassés à mille lieues dans notre continent, et à plus de troi? millo lieues dans l'autre? Il est impossible qu'un débordement delà mer des Gran- des-Indes ait envoyé des éléphans en Canada ni même en Sibérie , et il est également impossible qu'ils y soient arrivés en nombre aussi grand que l'in- diquent leurs dépouilles. Etant peu satisfait de cette explica- tion, j'ai pensé qu'on pou voit en don- ner une autre plus plausible, et qui s'accorde parfaitement avec ma théorie de la terre. Mais , avant de la présen- ter, j'observerai, pour prévenir toutes diffîcnltés, i°. que l'ivoire qu'on trouve en Sibérie et en Canada , est certaine- ment de l'ivoire d'éléphant, et non pas de rivoire de morse ou vache marine , I, iW #i 1 \ l I m < li 27^ IIISTOÎIIE NATUÎIET.T.TÎ. comme quelques voyageurs Vonl pré- tendu ; on trouve aussi dans les terres septentrionales de Fivoire fossile de morse, mais il est différent de celui de l'éléphant , et il est facile de les dis- tinguer par la comparaison de leur texture intérieure. Les défenses , les dents mâcheliëres , les omoplates , les fémurs et les autres osseméns trouvés dans les terres du nord sont certaine- ment des os d'éléphans ; nous les avons comparés auxdifférentcs parties respec- tives du squelette entier de l'éléphant , et l'on ne peut douter de leur identité dVspèce ; les grosses dents quarrées trouvées dans ces mêmes terres du nord , dont la face qui broie est en forme de trefllc y ont tous les caractères des dents molaires de l'hippopota- me; et ces autres énormes dents dont la face qui broie est composée de gros- ses pointes mousses^ ont appartenu à une espèce détruite aujourd'hui sur la terre, comme les grandes volutes ap- )nt pré- !s terres ssile de ie celui ! les dis- de leur ises , les ites , les I trouves 3ertaine- les avons 58 respec- ilëpliant , : identité quarrées erres du e est en laractères ppopola- ents dont e de gros- larlenu à lui sur la dûtes ap- fiPOQUES DE LA NATURE. ^Jj pclt'cs cornes d* Amman sont actuelle* ment détruites dans la mer. 2°. Les os et les défenses de ces an- cienséléplianssontau moins aussi grands et aussi gros que ceux des éléphans ac- tuels auxquels nous les avons compa- rés \ ce qui prouve que ces animaux n'habitoient pas les terres du nord par force, mais qu'ils y existoient dans leur état de nature et de pleine liberté^ puis- qu'ils y avoient acquis leurs plus hau- tes dimensions , et pris leur entier ac- croissement ; ainsi ^ Ton ne peut pas supposer qu'ils y aient été transportés par les hommes ; le seul état de capti- vité , indépendamment de la rigueur du climat , les auroit réduits au quart ou au tiers de la grandeur que nous montrent leurs dépouilles. 3**. La grande quantité que l'on en a déjà trouvée par hasard dans ces terres presque désertes où. personne ne cher- clie, sufTit pour démontrer que ce n'est ni par un seul ou plusieurs accidens, 278 HISTOIRE NATURELLE, ni dans un seul et même temps , que quelques individus de cette espèce se sont trouvés dans ces contrées du nord , mais qu'il est de nécessité absolue que l'espèce même y ait autrefois existé, «ubsisté et multiplié , comme elle existe , subsiste et se multiplie aujourd'hui dans les contrées du midi. Cela posé , il me semble que la ques- tion se réduit à savoir , ou plutôt con- siste à chercher s'il y a ou s'il y a eu une cause qui ait pu changer la température dans les différentes parties du globe , au point que les terres du nord , au- jourd'hui trè»-froides , aient autrefois éprouvé le degré de cluileur des terres du midi. i Quelques physiciens pourroient pen- ser que cet effet a été produit par le changement de l'obliquité de l'éclipti- que ; parce qu'à la première vue , ce changement semble indiquer que l'in- clinaison de l'axe du globe n'étant pas constante , la terre a pu tourner autre- 'j^^ E. ps, que spèce se u nord; lue que existé , e existe, •urd'hui la qucg- tôt con- leu une )ératiire i globe , rd, au- utreiFoia s terres întpen- par le cclipti- ue , ce ue l'in- ant pas ' autre- EPOQUES DE LA NATURIi. 279 fois sur un axe assez éloigné de celui sur lequel elle tourne aujourd'hui, pour que la Sibérie se fût alors trouvée sous réquateur. X*e3 astronomes ont ob- servé que le changement de l'obliquité de l'écliptique est d'environ quarante- cinq secondes par siècle j donc , en sup- posant cette augmentation successive et constante , il ne faut que soixante siècles pour produire une différence de qua- rante-cinq minutes , et trois mille six cents siècles pour donner celle de qua- rante-cinq degrés, ce qui ramèneroit le 60™® degré de latitude au lô™®, c'est-à-dire, les terres de la Sibérie ^ oLi les éléphans ont autrefois existé, aux terres de l'Inde où ils vivent aujour- d'hui. Or, il ne s'agit, dira-t-on, que d'admettre dans le passé cette longue période de temps , pour rendre raiso!i du séjour des éléphans en Sibérie^ il y a trois cent soixante mille ans que la terre tournoit sur un axe éloigné de quarante-cinq degrés de celui sur le- â -~ ■ X 280 IIlSTOrRE NATURELLE, quel elle tourne aujourd'hui , le i S"*» degré de latitude actuelle ëtoit alors le eo'"", &c. A cela je réponds que cette idée et le moyen d'explication qui en résulta ne peuvent pas se soutenir , lorsqu'on Tient à les examiner : le changement de l'obliquité de l'écliptique n'est pas une diminution ou une augmentation successive et constante j ce n'est au con- traire qu'une variation limitée , et qui se fait tantôt en un sens et tantôt en un autre , laquelle par conséquent n'a ja- mais pu produire en aucun sens ni pour aucun climat cptte différence de qua- rante-cinq degrés d'inclinaison -, car la variation de l'obliquité de l'axe de la terre est causée par l'action des planè- tes , qui déplacent l'écliptique sans af- fecter l'équateur. En prenant la plus puissante de ces attractions , qui est celle de Vénus, il faudroit douze cent soi xante mille ans pour qu'elle pût faire changer de cent quatre-vingt degréss la e i5"»« t alors àée et rësulto •squ'on ;ement est pas 1 talion au con- et qui ten un n'a ja- li pour e qua- car la de la plauè- iiis af- plus ui est 0 cent t faire rcss la ÉPOQUES DK LA NATURE. 281 situation de rëcliptique sur l'orbite do Vénus, et par conséquent produire un changement de six degrés quarante-sept minutes dans l'obliquité réelle de l'axe de la terre, puisque six degrés quaran- to-sept minutes sont le double de l'in- clinaison de l'orbi te de Vénus. De même l'action de Jupiter ne peut, dans un espace de neuf cent trente-six mille ans, changer l'obliquité de l'écliptique que de deux degrés trente-huit minutes jet encore cet effet est-il en partie com- pensé par le précédent j en sorte qu'il n'est pas possible que ce changement de l'obliquité de l'axe de la terre aille jamais à six degrés ; à moins de sup- poser que toutes les orbites des pla- nètes changeront elles-mêmes ; suppo' sition que nous ne pouvons ni ne devons admettre, puisqu'il n'y a aucune cau- se qui puisse produire cet effet. Et, comme on ne peut juger du passé que par l'inspection du présent et par la vue de l'avenir, il n'est pas possible. i i: l \ , afia HISTOIRE NATunisr.LK. : quelque loin qu'on veuille reculer les limites du temps , de supposer que la variation de l'dcliptiquo ait jauiais pu produire une diiFi^rence de plus de six degrësdans les climats de la terre : ainsi, cotte cause est tout-à-fait insuffisante; et Texplication qu'on voudroit en tirer doit être rejetde. -, - r - r Mais je puis donner cette explication sidilBcile , et ladëduire d'une cause im- médiate. Nous venons de voir que le globe terrestre , lorsqu'il a ])ris sa for- me, étoitdans un état de fluidité; et il est démontré que l'eau n'ayant pu pro- duire la dissolution des matières terres- tres, cette fluidité étoit une liquéfac- tion causée par le feu. Or , pour pas- ser de ce premier état d'embrasement et de liquéfaction à celui d'une chaleur douce et tempérée , il a fallu du temps : le globe n'a pu se refroidir tout-àcoup au point oh il l'est aujourd'hui ; ainsi dans l'es premiers temps après sa for- mation , la chaleur propre de la terro ÉPOQUES HE LA NATURE. 283 étoit infiniment plus grande que celle qu'elle reçoit du soleil, puisqu'elle est encore beaucoup plus grande aujour- d'hui : ensuite ce grand feu s'tStant dis- sipe peu à peu, le climatdu pôle a éprou- ve, comme tous les autres climats, des degrés successifs de moindre chaleur et do refroidissement; il y a donc eu un temps et même une longue suite de temps pendant laquelle les terres du nord , après avoir brûlé comme toutes les autres , ont joui de la même chaleur dont jouissent aujourd'hui les terres du midi : par conséquent ces terres 'sep- tentrionales ont pu et dû être habitées par kv^animaux qui habitent actuelle- Inent les terrés méridionales^ et auxquels cette chaleur est nécessaire. Dès-lors lé fait, loin d'être extraordinaire, se lie parfaitement arec les autres faits , et n'en est qu'une simple conséquence. Au lieu de s'opposer à la théorie de la terre que nous avons établie, ce même fait «n devient au contraire une preuve ac* '■il ■ t i if I V .7 il f/ ' 284 HISTOIRE NATURELLE. «essoire, qui ne pent que la confirmer dans, le point le plus obscur, c^est-à- âire^ lorsqu'on commence à tomber dans cette profondeur du temps où la lumière du génie semble s'éteindre; et oh, faute d'observations , elle paroît ne pouvoir nous guider pour aller plus loin». ''^■{^fih'P"-^? If • iff'a.,.i,f'-./-'. !•' ■ ■{- . • > Une sixième époque postérieure aux rinq autres , est celle de la séparation ides deux continens. Il est sûr qu'ils ii'éCoient pas séparés dans le temps que les éléphaiïs vivoiejlt également dans les teiTes du nord de l'Amérique , de l'Europe et de l'Asie : je dis égale- ment , xsar on trouve de mêmie leurs ossemens en Sibérie, en Russio .et au Canada. X^a séparation des continens uq s'est dpHc igeiite que dans des temps pos* teneurs à ceux du séjour de ces ani^ maux dans les terres septentrionales ; mais , comme Ton trouve aussi des dé^ fenses d'éléplians en Pologne , en Aile-» jtneigne; ejx Fxatice;. eu Italie ; p^ dfiit m ??: / ÉPOQUES DE LA NATURE. 285 conclure qu'à mesure que les terres septentrionales se refroidissoient^ ces animaux se retiroient vers les contrées des zones tempérées où la chaleur du soleil et la plus grande épaisseur du globe compensoieiit la perte, de la cha- leur intérieure de la terre ; et qu'enfin ces zones s'étant aussi trop refroidies avec le temps , ils ont successivement gagné les climats de la zone torride, qui sont ceux où la chaleur intérieure s'est conservée le plus long-temps par la plus grande épaisseur du sphéroïde de la terre , et les seules où cette chaleur , réunie avec celle du soleil , soit encorp assez forte aujourd'hui pour maintenir leur nature y et soutenir leur propaga- r"».vf 1 -.,),,., tion. ■ ' - -: De même on trouve enFrance, et dans toutes les autres parties de l'Europe , des coquilles, des squelettes et des ver- tèbres d'animaux marins , qui ne peu^ vent subsister que dans les mers les plus méridionales. Il est donc arrivé , pour ïh. de la Torre. I. ' ai .' f i - ! I i; V ■ a86 HTSTOIRE NATURELLE. les climats de la mer , le mémo changé* ment de température que pour ceux de la terre ; et ce second fait s'expliquant , comme le premier , par la même causer paroit confirmer le tout au point de la démonstration. ,,......:>.. Lorsque Ton compare ces anciena monumens du premier âge de laNaturo vivante avec ses productions actuelles , on voit évidemment que la fbrmecons' titutive de chaque animal y s'est conser* véc la même et sans altération dans ses principales parties : le type de chaque espèce n'apoir:t changé; le moule inté- rieur a conservé sa forme , et n'a point varié. Quelque longue qu'on voulût imaginer la succession des temps ^ quel- que nombre de générations qu'on ad- mette ou qu'on suppose , les individus de chaque genre représentent aujour- d'hui les formes de ceux des premiers siècles^ sur-tout dans les espèces ma- jeures, dont l'empreinte est plus ferme et la nature plus fixe ^ car les espèces in- \ ■ /. i i i i. 3eces iii' ÉPOQUES DE LA NATURE. «87 férieures ont, comme nous l'avons dit; éprouvé d'une manière sensible , tous les effets de différentes causes de dégé- iicration Seulement il esta remarquer au sujet de ces espèces majeures , telles que l'éléphant et l'hippopotame , qu'en comparant leurs dépouilles antiques avec celles de notre temps, on voit, qu'en général ces animaux étoient alors plus grands qu'ils ne le sont aujour- d'hui: la Nature étoitdans sa première vigueur ; la chaleur intérieure de la terre donnoit à ses productions toute la force et toute l'étendue dont elles étoient susceptibles. Il y a eu dans ce premier âge des géans en toute genre : les nains et les pygmées sont arrivés de- puis, c'est-à-dire, après le refroidisse- ment ; et si (comme d'autres monumens semblent le démontrer ) il y a eu des espèces perdues, c'est-à-dire, des ani- maux qui aient autrefois existé , et qui n'existent plus , ce ne peuvent être^iie ceux dont la nature exigeoit une chaleur ; I I I > ï:\ ■."f •«»•*« .«»•• -«W ^ E. Lielle (!• nts mo • grosse» volutes )nt plu- !urs ail- les dont lalogiies ces prc- ' encore limaux loit né- >lusau- lent ils 8 indi- imens : ion des espaces iqirin- s récl- :omi]ie éea par ÉPOQUES DE LA NATURE. sSq siècles et d'autres portions du temps que nous puissions compter et mesurer exactement ; néanmoins nous pouvons les comparer entr'elles , en évaluer la durëe relative, et rappeler à chacune de ces périodes de durée , d'antres mO' numens et d'autres faits qui nous indi- qucront des dates contemporaines, efc peut-être aussi quelques époques inter- médiaires et subséquentes. Mais avant d'aller plus loin , hâtons-* nous de préveuir une objection grave ^ qui pourroit même dégénérer en im- putation. Comment accordez- vous, di- ra-t -on, cette haute ancienneté que vous donnez à la matière , avec les tra- ditions sacrées^ qui ne donnent au mon- de que six ou huit mille ans ? Quelque fortes que soient vos preuves ; quelque fondés que soient vos raisonnemens » quelqu'évidens q^ue soient vos faits , ceux qui sont rapportés dans le livre sacré, ne sont-ils pas encore plus cer- tains ? Les contredire , n'est-ce pas maiv J ►» ■..•AKei-'t.-^v .. lïm.^^ L'acte d^ la séparation de la lumière d'avec les ténèbres est donc évidem- ment distinct et physiquement éloigné par un espace de temps de l'acte de sa production -, et ce temps , pendant le- quel il plut à Dieu de la considérer pour voir qu'elle étçit bonne ^ c'est-à-dire, h .*. ««-«-■anan MWmr l'iTrwwi d^. ■^-^^ £T LA 1' I Dieu •, qu'ello lion de cepen- bordni miver- temps t Dieu L coiisi- :i^:toit u'aveg imiëro rideni- îloigno de sa int Ic- pr pour i-dire , KPOQUES DE LA NATURE. SgS utile à SCS desseins ; ce temps > dis-je^ appartient encore et doit s'ajouter à ce- lui du chaos qui ne commença à se àé- brouiller que quand la lumière fut sé- parée des ténèbres. '»' * ' >'; Voilà donc deux temps , voilà deux espaces de durée que le texte sacré nou9 force à reronnoître. Le premier , entre la création de la matière en général et la production de la lumière. Le second , entre cette production de la lumière et sa séparation d'ayec les ténèbres. Ainsi^ loin de manquer à Dieu en donnant à la matière plus d'ancienneté qu'au monde tel qu'il est, c'est au contraire le res- pecter autant qu'il est en nous , en con- formant notre intelligence à saparold En effet, la lumière qui éclaire nos âmes ne -vient-elle pas de Dieu? Les vérités qu'elle nous présente, peuvent- elles être contradictoires avec celles qu'il nous à révélées ? Il faut se souvenir que soii inspiration divine a passé parles organes de l'hoinme y que sa parole nous a été 1 !. .*->*-♦-■,■. .■■*"*'*"r^* *4i*:." '■" il I s ( i v{ 1récise mmen" ière du ve que le doit rôles, ÉPOQUES DE LA NATURE. 297 c'est que toute la matière du ciel et de la terre ayant étë crëée ou tirde du néant dès le commencement y il n'est plus possible, et par conséquent plus permis de supposer de nouvelles créa- tions de matière, puisqu'alors toute ma^ tière n'auro.t pas été créée dès le com- mencement. Par conséquent Fouvrage des six jours ne peut s'entendre que comme une formation, une production de formes tirées de la matière créée précédemment^ et non pas comme d'au- tres créations de matières nouvelles ti- rées immédiatement du néant *, et en effet, lorsqu'il est question de la lumière^ qui est la première de ces formations oa productions tirées du sein de la matière, il est dit seulement que la lumière soie faits, et non pas, que la lumière soiù créée. Tout concourt donc à prouver que la matière ayant été créée inprin" cipio , ce ne fut que dans des temps sub- séquens qu'il plut au souverain Etre de lui donner la forme y et qu'au lieu df Th. de la Terre. L *^ .W-*' / ': \. 298 HTSTOTRE NATURELLE, tout crëer et tout former dans le même instant , comme il l'auroit pu faire ^ s'il eût voulu déployer toute retendue de sa toute -puissance , il n'a voulu, au contraire , qu'agir avec le temps , pro- duire successivement et mettre même des repos , des intervalles considérables entre chacun de ses ouvrages. Que pou- vons-nous entendre par les six jours que l'écrivain sacré nous désigne si pré- cisément en les comptant les uns après les autres , sinon six espaces de temps , six intervalles de durée ? Et ces espaces de temps indiqués par le nom àe Jours, faute d'autres expressions , ne peuvent avoir aucun rapport avec nos jours ac- tuels , puisqu'il s'est passé successive- ment trois de ces jours , avant que le soleil ait été placé dans le ciel. Il n'est donc pas possible que ces jours fussent semblables aux nôtres ; et l'interprète de Dieu semble l'iridiquer assez en les comptant toujours du soir au matin , au lieu que les jours solaires doivent se ÉPOQUES DE LA NATURE. U^g eompter du matai au soir. Ces six jours n^ëtoient donc pas des jours solaires semblables aux nôtres , ni même des jours de lumière , puisqu'ils comment çoient par le soir, et finissoient au ma- tin. Ces jours n'étoientpas même égaux, car ils n'auroient pas été proportionnés à Touvrage. Ce ne sont donc que six espaces de temps ; l'historien sacré ne détermine pas la durée de chacun, mais le sens de la narration semble la rendre assez longue pour que nous puissions l'étendre autant quel'exigent les vérités physiques que nous avons à démontrer, pourquoi donc se récrier si fort sur cet emprunt du temps que nous ne faisons qu'autant que nous y sommesforcés par la connoissance démonstrative des phé- nomènes de la Nature ? Pourquoi vou- loir nous refuser ce temps, puisque Dieu nous le donne par sa propre pa- role , et qu'elle seroit contradictoire ou inintelligible , si nous n'admettions pas re::£istence de ces premiers temps aur •') I I ^' •*^&i.i^ 5oo IIISTOIRK NATURELLE. tërieurs à la furinatioii du monde tel qu'il est ? A la bonne heure que l'on dise , que l'on soutienne même rigoureusement , que depuis le dernier terme , depuis la fin des ouvrages de Dieu , c'est-à-dire y depuis la création de l'homme , il ne 8*est écoule que 6 ou Soouans, parce que les diiSerentes généalogies du genre humain depuis Adam n'en indiquent pas davantage*, nous devons cette foi, cette marque de soumission et de respect à la plus ancienne , à la plus sacrée de toutes les traditions ; nous lui devons même plus, c'est de ne jamais nous permettre de nous écarter de la lettre de cette sainte tradition que quand la lettre tue , c'est-à-dire , quand elle pa- roît directement opposée à la saine rai* son et à la vérité des faits de la Nature : car toute raison , toute vérité venant également de Dieu , il n'y a de diffé- rence entre les vérités qu'il nous a ré- vélées et celles qu'il nous a permis de ■--""•^^•■; iSk^itikL': éfOQUES DE LA NATURE. 301 découvrir par nos observations et nos recherche? ; il n'y a , dis-je , d'autre différence que celle d'une première fa- veur faite gratuitement à une seconde grâce qu'il a voulu retirer, et nous faire mériter par nos travaux j et c'est par cette raison que son interprète n'a parle aux premiers hommes , encore très-ignorans , que dans le sens vul- gaire, et qu'il ne s'est pas élevé an- dessus de leurs connoissanccs , qui, bien loin d'atteindre au vrai système du monde , ne s'étendoient pas même au- delà des notions communes , fondées sur le simple rapport des sens ; parce qu'en effet c'étoit au peuple qu'il falloit parler, et que la parole eût été vaine et inintelligible , si elle eût été telle qu'on pourroit la prononcer aujour- d'hui , puisqu'aujourd'hui même il n'y a qu'un petit nombre d'hommes aux- quels les vérités astronomiques et phy- siques soient assez connues pour n'eu /■ *>• >*frf ,V' tV i-*.' f 3)0a HISTOIRE NATURELLE. pouvoir douter , et qui puissent en en- tendre le langage. Voyons donc ce qu'ëtoit la physique dans ces premiers âges du monde , et ce qu'elle seroitencore si l'homme n'eût jamais étudié la Nature. On voit le ciel comme une voûte d'azur dans lequel le Soleil et la Lune paroissent être les astres les plus considérables , dont le premier produit toujours la lumière du jour , et le second fait souvent celle de la nuit ; on les voit paroi tre ou se lever d'un côté, et disparoîtro ou se coucher de l'autre , après avoir fourni leur course et donné leur lumière pendant nn certain espace de temps. On voit que la mer est de la même couleur que la voûte azurc'e, et qu'elle paroit toucher au ciel lorsqu'on la regarde au loin. Toutes les idées du peuple sur le sys- tème du monde, ne portent que sur ces trois ou quatre notions ; et quelque faussosu qu'elles soient, il falloit s'y con- former pour se faire entendre. ■î V ■ f^y^,f ff ;t .• ■fS""*t--?;- • f^î*^ --4i-.-^ ÉPOQUES DE LA NATURE. 3o3 En conséquence do ce que la mer paroit dans le lointain se réunir au ciel, il étolt naturel d'imaginer qu'il existe en effet des eaux supérieures et des eaux inférieures, dont les unes rem- plissent le ciel et les autres la mer ; et que f pour soutenir les eaux supérieures, il falloit un firmament, c'est-à-dire, un appui , une voûte solide et transparente^ a^rayers de laquelle on apperç(it l'azur des eaux supérieures ', aussi est - il dit : Que le firmament aoitfaitau milieu des eaux, et qu* il sépare les eaux d'avec les eaux; et Dieu fit le firmament, et sépara les eaux qui étaient sous le firmament de celles qui Hoient au-dessus dufirma^ ment , et. Dieu donna au firmament le nom de Ciel..,, et à toutes les eaux ras- semblées sous le firmament ^ le nom de Mer. C'est à ces mêmes idées que se rap- portent les cataractes du ciel , c'est-à- dire ^ les portes ou les fenêtres de ce fir- mament solide qui s'ouvrirent lorsqu'il fallut laisser tomber les eaux supérieures -M Ll _.^._.^.^. >.!' ■* . «m «•-. k*.i *****■•*,•„ .-.W- 2^o4 HIStOlRE NATURELLi!. ' pour noyer la terre. C'est encore d'après ces mêmes idëes, qu'il estdit que les pois- sons et les oiseaux ont eu une origine commune. Les poissons auront été pro- duits par les eaux inférieures, et les oiseaux par les eaux supérieures , parce qu'ils s'approchent par leur vol de la voûte azurée, que le vulgaire n'ima- gine pas être beaucoup plus élevée que les nuages. De même le peuple a tou- jours cru que les étoiles sont attachées comme des clous à cette voûte solide, qu'elles sont plus petites que la Lune , et infiniment plus petites que le Soleil; il ne distingue pas même les planètes des étoiles fixes ; et c'est par cette rai- son qu'il n'est fait aucune mention des planètes dans tout le récit de la créa- tion : c'est par la même raison que la Lune y est regardée comme le second astre , quomue ce ne soit en cfiet que le plus petit 4e tous les corps célestes , &o. &c. &o. Tout , dans le récit de Moyse , est vjh* . •■*«.^_ Il V i!i d'après es pois- origine ité pro- et les parce 1 de la n'ima- ^ée que a tou- achées solide, Lune, Soleil; lanètes :te rai- ion des i créa- que la second et que lestes y e, est ÉPOQUES DÉ LA NATURE. 3o5 mis à la portde de l'intelligence du peuple : tout y est représenté relative- ment à l'homme vulgaire , auquel il ne s'agissoit pas de démontrer le vrai sys- tème du monde; mais qu'il sufHsoit d'instruire de ce qu'il devoit au Créa- teur , en lui montrant les e£fets de sa toute-puissance comme autant de bien- faits : les vérités de la Nature ne dé- voient paroître qu'avec le temps ; et le souverain Etre se les réservoit comme le plus sûr moyen de rappeler l'homme à lui, lorsque sa foi déclinant dans la suite des siècles , seroit devenue chan- celante ; lorsqu'éloigné de son origine , il pourroit l'oublier ; lorsqu'enfin trop accoutumé au spectacle de la Nature, il r'en seroit plus touché, et viendroit à en méconnoître l'auteur. Il étoit donc nécessaire de raffermir de temps en temps , et même d'agrandir l'idée de Dieu dans l'esprit et dans le cœur de l'homme. Or chaque découverte pro- duit ce grand effet; chaque nouveau f^ \i ''I \ vtl :.:,.^t:^^ \1' V 1 3o6 HISTOIRE NATURELLE. pas que nous faisons dans la Nature noua rapproche du Créateur. Une vërité nouvelle est une espèce de miracle, 'effet en est le même , et elle ne diffère du vrai miracle qu'en ce que celui-ci est un coup d'éclat que Dieu frappe im- médiatement et rarement , au lieu qu'il se sert de l'homme pour découvrir et manifester les merveilles dont il a rem- pli le sein de la Nature ; et que commo ces merveilles s'opèrent à tout instant |. qu'elles sont exposées de tout temps et pour tous les temps à sa contempla- tion y Dieu le rappelle incessamment & lui , non - seulement par le speclacloi actuel , mais encore par le développe- ment successif de ses œuvres. Au reste , je ne me suis permis cette interprétation des premiers versets do la Genèse , que dans la vue d'opérer un grand bien j ce seroit de concilier à ja- mais la science de 1^ Nature , avec celle de la Théologie. Elles ne peuvent , selon moi, être en contradiction qu'en appa- ru ^ *^»i»'' .■^vM^.t^,' ^'-rsim i n ÉPOQUES DE LA NATURE. Zoj rence, et mon explication semble le démontrer. Mais si cette explication y quoique simple et très-claire , paroît insuffisante et même hors de propos à quelques esprits trop strictement atta- chés à la lettre, je les prie de me juger par Vintention , et de considérer que mon système sur les Epoques de la Na- ture, étant purement hypothétique, il ne peut nuire aux vérités révélées, qui sont autant d'axiomes immuables , in- dépendans de toute hypothèse, et aux- quels j'ai soumis et je soumets mes pensées. PREMliRE ipOQUE. r. * - Lorsque la terre et les planètes ont pris leur forme, D A N s ce premier temps , où la terre en fusion tournant sur elle-même a pris sa forme et s'est élevée sur l'équa- teur en ^'abaissant sous les pôles ; les ) I tC 13 i-»^.-. (■ ^■< ■■ \ 3o8 HISTOIRE NATURELLE* autres planètes étoient dans le même état de liquéfaction^ puisqu'on tournant sur elles-mêmes, elles ont pris, comme la terre , une forme renflëe sur leur ëquateuretapplatiesous leurs pôles, et que ce renflement et cette dépression sont proportionnels à la vitesse de leur rotation. Le globe de Jupiter nous en fournit la preuve : comme il tourne beaucoup plus vite que celui de la terre, il est en conséquence bien plus ëlevë sur son ëqaateur et plus abaisse sous ses pôles *, car les observations nous démon- trent que les deux diamètres de cette planète'diffèrent de plus d'un treizième, tandis que ceux de la terre ne diffèrent que d'une deux cent trentième partie : elles nous montrent aussi que dans Mars, qui tourne près d'une fois moins vite que la terre , cette différence entre les deux diamètres n^est pas assez sensible pour être mesurée par les astronomes ; et que dans la Lune , dont le mouve- ment de rotation est encore bien plus ^} ÉPOQUES DE LA NATURE. ^09 lent, les deux diamètres paroissent égaux. La vitesse de la rotation des pla- nètes est donc la seule cause de leur renflement sur l'ëquateur ; et ce renfle- ment, qui s'est fait en même temps que 'leur applatissement sous les pôles, sup- pose une fluiditë entière dans toute la niasse de ces globes, c'est-à-dire, un ëtat de liquéfaction causée par le feu. D'ailleurs toutes les planètes circu- lant autour du soleil dans le même sens, et presque dans le même plan , elles paroissent avoir été mises en mouve- ment par une impulsion commune et dans un même temps; leur mouvement de circulation et leur mouvement de rotation sont contemporains , aussi bien que leur état de fusion ou de liquéfac- tion par le feu , et ces mouvemens ont nécessairement été précédés par l'im-' pulsion qui les a produits. Dans celle des planètes dont la masse a été frappée le plus obliquement, lo moiivetnent de rotation a été le plus X9rt Th. de la ïerr«. I. 27 ! ^ I li 1* 3iq rilSTOtRE NATURELLE, pide-, et par cette rapidité de rotation, les premiers effets de la force centrifuge ont excëdi^ ceux de la pesanteur : en conséquence il s'est fait dans ces masses liquides une séparation et une projec- tion de parties à leur ëquateur , oà cette force centrifuge est la plus grande , les> quelles parties séparées et chassées pat cette force, ont formé des masses con- comitantes , et sont devenues des satel- lites qui ont dû circuler, et qui circu- lent en effet tous dans le plan del'équa- teu.' de la planète dont ils ontété séparés par cette cause : les satellites des planè- tes se sont donc formés aux dépens de la matière de leur planète principale , comme les planètes elles-mêmes parois- sent s'être formées aux dépens de la masse du soleil. Ainsi le temps de la for^ matiqn des 'satellites est le même que celui du commencement de la rotation des planètes : c'est le moment où la ma« tière qui les compose , venoit de se ras- fembler, et ne formoit encore que des -f . i Ltîon , rifugo r : en nasses rojec- L cette î , lès- es par 13 con- satel- circu- 'ëqua- ëparcs lanè- ens de ipale y arois- de la la for^ [e que Itation la ma- ie ras- le des ÉPOQUES DE LA NATURE. ^I I globes liquides , état sans let^uel cette matière en liquéfaction, pouvoitenêtro séparée et projetée fort aisément; car dèsS que la surface de. ces globes eut commencé à prendre un peu de con- sistance et de rigidité par le refroidis- sement, la matière quoiqu'animée de la même force centrifuge, étant retenue par celle de la cohésion, ne pouvoit plus être séparée ni projetée hors de la planète par ce même mouvement de rotation. Comme nous ne connoissons dans la Nature aucune cause de chaleur» aucun feu que celui du soleil, qui ait pu fon- dre ou tenir en liquéfaction la matière de la terre et des planètes, il me paroit qu'en se refusant à croire que les pla- nètes sont issues et sorties du soleil , on seroitau moins forcé de supposer qu'el- les ont été exposées de très-près aux ardeurs de cet astre de feu , pour pou- voir être liquéfiées. Mais cctle supposi- tion ne seroit pas encore suffisante pour I < f \ "ù.-- - :i Cf 5l2 HISTOIHE NATURELLE. expliquer l'effet, et tombcroit d'elle- même par une circonstance nécessaire : c'est qu'il faut du temps pour que le feu, quelque violent qu'il soit, pénètre les matières solides qui lui sont exposées , et un très-long temps pour les liquéfier. Four échauffer un corps jusqu'au degrë de fu.?Ton , il faut au moins la quinzième partie du temps qu'il faut pour le re- froidir, et attendu les grands volumes de la terre et des autres planètes , il est de toute nécessité qu'elles aient été pen- dant plusieurs milliers d'années station- naires auprès du soleil , pour recevoir le degré de chaleur nécessaire à le jr liquéfaction : or il est sans exemple dans l'univers, qu'aucun corps , aucune pla- nète , aucune comète , demeure station- naire auprès du soleil^ même pour un instant ; au contraire , plus les comètes en approchent , et plus leur mouvement est rapide ; le temps de leur périhélie est extrêmement court ; et le feu de cet astre, en brûlant la surface, n'a pas 1* #.. - -.*. -»■ , •», /T.. ^-. *■.*..- ÉPOQUES DE LA NATURE. 3l3 temps de pénétrer In masse des comètes qui s'en approchent le plus. Ainsi tout concourt à prouver qu'il n'a pas suffi que la terre et les planètes aient passé comme certaines comètes dans le voisinage du soleil, pour que leur liquéfaction ait pu s'y opérer : nous devons donc présumer que cette ma- tière des planètes a autrefois appartern 9» corps même du soleil , et en a été séparée, comme nous l'avons dit, par' luie seule et même impulsion. Car les comètes qui approchent le plus du so- leil, né nous présentent qi^e le premier degré des grands effets de la chaleur : elles paroissent précédées d'une vapeur enflammée lorsqu'elles s'approchent , et suivies d'une semblable vapeur lors- qu'elles s'éloignent de cet astre : ainsi une partie de la matière superficielle de la comète s'étend autour d'elle , et se présente à nos yeux en forme do vapeurs lumineuses, qui se trouvent dans un état d'expansion et de volatil I »^-.jr- ^mr .•-^ ^M;'' ■■i.,^„,^ «j^ . mpM s te' i 5l4 HISTOIRF NATURELLE. litë causée par le feu du soleil ; mais Ib noyau , c'est-à-dire , le corps même de la comète , ne paroit pas Être profon- dément pénétré par le feu , puisqu'il n'est pas lumineux par lui-même» comme le seroit néanmoins toute niasse de fer, de verre ou d'autre matière so- lide intimement pénétrée par cet élé- ment ; par conséquent il paroit néces- saire que la matière de la terre et des planètes , qui a été dans un état de li- quéfaction; appartînt au corps même du soleil , et qu'elle fit partie des ma- tières en fusion qui constituent la masse de cet astre de feu. Les planètes ont reçu leur mouve- iinent par une seule et même impulsion, puisqu'elles circulent toutes dans le même sens et presque dans le même plan : les comètes au contraire , qui circulent comme les planètes autour du soleil , mais dans des sens et des plans differens , paroissent avoir été miî:e8 en mouvement par des impulsions dilTu* -•»*.<*<•■ .:f^-ntt-â^n^ .«»«> I» • ,•?•.«». f»^ * mm< r% ^ 3l8 HISTOIRE NATURELLE, poids , toute l'action de la force péné- trante des vastes corps qui circulent autour de lui , et ayant à souffrir en même temps l'action rapide de cette es« pèce de frottement intérieur dans tou- tes les parties de sa masse, la matière qui le compose doit être dans l'état de la plus grande division j elle a dà de<« venir et demeurer fluide , lumineuse et brûlante, en raison de cette pression et de ce frottement intérieur, toujours également subsistant. Les mouvemcns îrréguliers des taches du soleil , aussi bien que leur apparition spontanée et leur disparition, démontrent assez que cet astre est liquide, et qu'il s'élève de temps en temps à sa surface des espèces de scories ou d'écumes , dont les unes nageni irrégulièrement sur cette ma- tière en fusion , et dont quelques autres sont fixes pour un temps , et disparois- sent comme les premières, lorsque l'ac- tion du feu les a de nouveau divisées. On sait que c'est par le moyen de quel- I uel- ÉPOQUES DE LA NATURE. 3ig ques-unes de ces taches fixes qu'on a déterminé la durée de la rotation du soleil en vingt-cinq jours et demi. Or chaque comète et chaque planète forment une roue , dont les rais sont les rayons de la force attractive ; le soleil estFessieu ouïe pivot commun de tou- tes ces différentes roues ; la comète ou la planète en est la jante mobile, et chacune contribue de tout son poids et de toute sa vitesse à l'embrasement de ce foyer général, dont le feu durera par conséquent aussi long-temps que le mouvement et la pression des vastes corps qui le produisent. De- là, ne doit-on pas présumer que 8Î l'on ne voit pas des planètes autour des étoiles fixes , ce n'est qu'à cause de leur immense éloignement ? Notre vue est trop bornée , nos instrumcns trop ]peu puissans , pour appercevoir ces as- tres obscurs ; puisque ceux même qui sont lumineux échappent à nos yeux , «t que, dans le nombre infini de ces ^ / ) f^ m^ i\ S20 HISTOIRE NATURELLE. étoiles, nous ne connoîtrons jamais qtie celles dont nos instrumens de longue vue pourront nous rapprocher *, mais l'analogie nous indique qu'étant fixes et lumineuses comme le soleil , les étoiles ont dû s'échauffer, se liquéfier , et brû- ler par la même cause , c'est-à-dire , par la pression active des corps opa- ques , solides et obscurs , qui circulent autour d'elles. Cela seul peut expliquer pourquoi il n'y a que les astres fixes qui soient lumineux, et pourquoi dans l'univers solaire tous les astres errans «ont obscurs. Et la chaleur produite par cette cause devant être en raison du nombre , de la vitesse et de la masse des corps qui cir- culent autour du foyer ,1e feu du soleil doit être d'une ardeur ou plutôt d'une violence extrême, non-seulement parc« que les corps qui circulent autour de lui sont tous vastes , solides et mus ra- pidement , mais encore parce qu'ils •ont en grand nombre : car indépeu- f ÉPOQUES »E LA NATURE. ^^^ damment des six planètes, de leurs dix aatellites et de Vanneau de Saturne, qui tous pèsent sur le soleil, et forment un volume de matière deux mille fois plus grand que celui de la terre , le nombre des comètes est plus considérable qu'on ne le croit vulgairement: elles seules ont pu suffire pour allumer le feu du soleil avant la projection des planètes, et suffiroient encore pour l'entretenir aujourd'hui. L'homme ne parviendra peut-être jamais à reconnoître les pla- nètes qui circulent autour des étoiles fixes ; mais , avec le temps , il pourra savoir au juste quel est le nombre des comètes dans le système solaire : je re- garde cette gi'ande connoissance comme réservée à la postérité. £n attendant , voici une espèce d'évaluation qui , quoi-- que bien éloignée d'être précise , ne laissera pas de fixer les idées sur le nombre de ces corps circulans autour du soleil. En consultant les recueils d'observa.'» ;ih. de la Terre. I. aâ ! • »«"-'#*** "^ I '. '( r ( -l 522 HÏSTOIHE NATURELLE. tions, on voit que ; depuis Pan iioT jusqu'en 1766, c'est à-diré, ensixcent soixante-cinq années, il y a eu deux cent vingt-huit apparitions de comètes. Mais le nombre de ces astres errans qui ont été remarques ; n'est pas aussi grand que celui des apparitions^ puisque la plupart , pour ne pas dire tous , font leur révolution en moins de six cent soixante* cinq ans .Prenons donc les deux comptes desquelles seules les révolutions nous sont parfaitement connues; savoir, la comète de 1 680, dont la période est d'en- viron cinq cent soixante-quinze ans ; et celle de 1759, dont la période est de soixante-seize ans. On peut croire , en attendant mieux, qu'en prenant le terme moyen^ trois cent vingt- six ans entre ces deux périodes de révolution , il y a au- tant de comètes dont la période excède trois cent vingt-six ans , qu'il y en a dont la période est moindre. Ainsi , en les ré- duisant toutes à trois cent vingt-six ans^ chaque comète auroit paru deux fois eu T$n ÉPOQUES DE LA NATURE. 3a3 six cent cinquante-deux ans , et l'on auroit par conséquent à-peu-près cent quinze comètes pour deux cent Vingt- huit apparitions en six cent soixante- cinq ans. Maintenant si l'on considère que vrai- semblablement il y a plus do comètes hors de la j^octée de notre vue , ou échappées à l'œil des observateurs, qu'il ii'y en a eu de remarquées , ce ncmbre croîtra peut - être de plus du triple ', en sorte qu'on peut raisonnable- ment penser qu'il existe dans le systè- me solaire quatre ou cinq cents comètes. Bt s'il en est des comètes comme des planètes -, si les plus grosses sont les plus éloignées du soleil ; si les plus petites sont les seules qui en approchent d'assez près pour que nous paissions les apper- cevoir, quel volume immense de ma- tière ! quelle charge énorme sur ic corps de cet aatre ! quelle pression , c'est-à- dire , quel frottement intérieur dans toutes les parties de sa masse ! et pai* !"i f 524 HISTOIRE NATURELLE. conséquent quelle chaleur et quel feu produits par ce fro lie ment l Car , dans notre liy^rothèj'e , }e vileil étoit une ma- .^e de matîcte e^i fasi. m , même a^ ant la projection des planètes; par conséquent ce feu n'avoitalors pour cause que la pression de ce grai d n jni- br^! de comètes q ai cîrculoicnfc précé- demment et circîilent encore aujour- d'hui autour de ce foyer commun. Si la masse ancienne du soleil a été diminuée d'un six cent cinquantième par la pro- jection de la matière des planètes, lors de leur formation , la quantité totale de la cause de son feu , c'est-à-dire , de la pression totale , a été augmentée dans la proportion de la pression entière des planètes , réunie à la première pression de toutes les comètes , à l'exception de celle qui a produit l'effet de la projec- tion , et dont la matière s'est mêlée à celle des planètes pour sortir au so- leil-, lequel par conséquent, après cette perte, n'en est devenu que plus brillant, p-*»-iv?*^"w< i r iiel feu usi.'ni , inètes ; ?8 pour 1 n jm- précé- injour- n. Si la fninuéo la pro- 38, lors )tale de f de la îe dans ère des ression lion de 3rojec- lêlée à aa so- s cette *i liant, ÉPOQUES DE LA NATURE. 525 plus actif et plus propre à éclairer , échauffer et féconder son univers. £n poussant ces inductions encore plus loin , on se persuadera aisément que les satellites qui circulent autour de leur planète principale, et qui pèsent «ur elle comme les planètes pèsent sur le soleil ; que ces satellites , dis -je ^ doivent communiquer un certain degré de chaleur à la planète autour de la- quelle ils circulent , la pression et le mouvement de la lune doivent donner à la terre un degré de chaleur , qui aeroit plus grand si la vitesse du mou* vement de circulation de la lune étoit plus grande. Jupiter qui a quatre satel- lites , et Saturne qui en a cinq avec un grand anneau , doivent par cette seule raison être animés d'un certain degré de chaleur. Si ces planètes très-éloignées du soiôil n'étoient pas douées comme la terre d'une chaleur intérieure , elles seroient plus que gelées ; et le froid ex- trcnit que Jupiter et Saturne auroient ■ I, ,,.•-■ I v--^ ';V ?■ * ?2S HISTOIRE NATURELLE. à supporter , à cause de leur ëloigne- jnent du soleil , ne pourroit être tem- pera que par l'action de leurs satellites. Plus les corps circulans seront nom- breux, grands et rapides , plus le corps qui leur sert d'essieu ou de pivat , 8*ë- cliauâera par le frottement in time qu'ils feront su.}}iip à toutes les parties de 9a masse. Ces idées se lient parfaitement avec celles qui servent de fondement à mon hypothèse sur la formation des pla- nètes, elles en sont des conséquences simlples et naturelles. Mais j'ai la preuve que peu de gens ont saisi les rapports et l'ensemble de ce grand système : néanmoins y a-t-ilun sujet plus élevé, plus digne d'exercer la force du génie ? On m^a critiqué sans ri l'entendre ; que puîs-je répondre? sinon que tout parle à des yeux attentifs j tout est indice pour ceux qui savent voir ; mais que rien n'est sensible , rien n'est clair pour le vulgaire, et même pour ce vulgair© / .L,,:— i ■^>»VWpggA>WS*5Mt^.:. Ï >v«>'*'^>»,^ ÉÇOQUES DE LA NATURE. Si^ tavant qu'aveugle le préjugé. Tâchons néanmoins de rendre la vérité plus pal- .pable; augmentons le nombre des pro- babilités 'f rendons la vraisemblance plus grande; ajoutons lumières sur lumiè- res^ en réunissant les faits ^ en accumu- lant les preuves^ et laissons-nous juger ensuite sans inquiétude et sans appel ; car j'ai toujours pensé qu'un homme qui écrit doit s'occuper uniquement de son sujet et nullement de soi ; qu'il est contre la bienséance de vouloir en oc- cuper les autres ; et que par conséquent les critiques personnelles doivent de- meurer sans réponse. % -Je conviens que les idées de ce sys- tème peuvent paroître hypothétiques, étranges et même chimériques à tous ceux qui, ne jugeant les choses que par le rapport de leurs sens , n'ont jamais conçu comment on sait que la terre n'est qu'une petite planète , renflée sur l'é- quateuretabaisséesous les pôles; à ce* ^ui ignorent comment on s'est assuip •-•-.*-»-«--*'«*"» j*.-^^ 'W.Ç. '^*^^ X ■■■^■^ ( Sa8 HISTOIRE NATURELLE.'^ qiac tou8 les corps C('lestes pèsent, «gîs- ^'' l et réagissent les uns sur les autres ; comment on a pu mesurer leur gran- deur f leur distance , leurs mouvemcns , leur pesanteur, &c. Mais je suis per- fiuadr r^i'^ cc<* ironies idëes paroîtront 8implev»niperoit que pour le vulgaire, et auroit, aux yeux du philosophe, ex- pliqué l.". machino. Ce nVst donc pas que j'aie affirmé ni mêmr positivement prétendu que notre ex- ■'•'TBP»^*^l(P"t*f t l&POQUES DE LA NATUKE, SùQ terre et les planètes aient été fortnëea nécessairement et réellement pai le choo d'une comète , qui a projeté hors du so- leil la six cent-cinquantil'me partie de sa masse : mais ce que j'ai voulu faire entendre, et ce que je maintiens en- core comme hypothèse très-probable % c'est qu'une comète qui dans son pëii- hëlie^ approcheroit assez près du soleil pour en efllt iirer et sillonner la surface» pourroit produire de pareils effets ; et qu'il n'est pas impossible qu'il se forme quelque jour y de cette même manière , des planètes nouvelles , qui toutes cir- culeroient ensemble comme les planè- tes actuelles , dans le même sens , et presque dans un même plan autour du soleil ; des planètes qui tourncroient aussi sur elles-mêmes , et dont la ma- tière étant au sortir du soleil dans un «tat de liquéfaction , obéiroit à la force centrifuge , et s'élèveroit à Téquialeur en s'abaissant sous les pôles ; des pianè - tes qui pourroient de même avoir deg .jlt5i!|U*l ^■» .^^ .*-. \ 33o HISTOIRE NATURELLE, satellites en plus ou moins grand nom- bre , circulant autour d'elles dans le plan de leurs dqua tours, et dont les mou- vcmens seroient semblables à ceux des satellites do nos planètes : en sorte que tous les phénomènes de cosplanètes pos- sibles et idéales, seroient ( Je ne dis pas les mêmes ) , mais dans le même ordre^ et dans des rapports semblables à cei\x ^les phénomènes des plané tes réelles. Et pour preuve , je demande seulement que Von considère si le mouvement do toutfs les planètes, dans le même sens, et presque dans le même plan , ne sup« pose pas une impulsion commune ? Je demande s'il y a dans l'univers quel- ques corps , excepté les comètes , qui aient pu communiquer ce mouvement d'impulsion ? Je demande s'il n'est pas probable qu'il tombe de temps à autres des comètes dans le soleil , puisque celle de 1680 en a , pour ainsi dire , rasé la surface ; et si par conséquent une telle comète en sillonnant cette surface du i^-.i i^^xT' ^,* '^t «nm »>f^y;w ^— rt ÉPOQUES DE LA NATURE. 33l soleil, ne communiqneroitpasson mou-* vcmcnt d'impulsion à certaine quantité de matière qu'elle sépareroit du corps du soleil y en la projetant au-debors ? Je demande si , dans ce torrent de ma* tière projetée, il ne seformeroit pas de globes par l'attraction mutuelle des par- ties, et si ces globes ne se trouve roient pas à des distances dilFérentes, suivant la différente densité des matières , et si les plus légères ne seroient pas poussées plus loin que les plus denses par la même impulsion ? Je deman«le si la si- tuation de tous CCS globes presque dans le même plan, n'indique pas assez que le torrent projeté n'étoit pas d'une lar- geur considérable, et qu'il n'avoit pour cause qu'une seule impulsion , puisque toutes les parties de la matière dont il ëtoit composé , ne se sont éloignées que très-peu de la direction commune ? Jo demande comment, et où la matière de la terre et des planètes auroit pu se li- quéfier ; si elle n'eut pas résidé dans le r*--*-^ ttk" 332 HISTOIRE NATURELLE, corps même du soleil j et si l'on peut trouver une cause de cette chaleur et de cet embrasement du soleil , autre que celle de sa charge, et du frottement intérieur produit par l'action de tous ces vastes corps qui circulent autour de lui? Enfin )e demande qu'on examine tous les rapports, que l'on suive toutes les vues, que l'on compare toutes les analogies sur lesquelles J'ai fondé mes raisonnemens , et qu'on se contente de conclure avec moi que si Diei' l'eût permis , il se poi^.roit, par les seules lois de la Natu* e , que la terre et les planètes eussent été formées de cette même manière. "T ÏIN DV TOME PBEMIIIR. -■»te-;^*=:. ^JJSff ■ JSStg l'on peut haleur et dl , autre ottement 1 de tous lutour de examine ive toutes toutes les bndë mes ntente do liev l'eût les seules rre et les de cette £R. ^ f^"' 4iê^