IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3)
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CIHM/ICMH
Microfiche
Séries.
CIHIVI/ICMH Collection de microfiches.
Canadian Instituts for Historical Microreproductions / Institut canadien de microreproductions historiques
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Tschnical and Bibliographie Notas/Nota* tachniquaa at bibliographiquaa
Tha Instituta haa attamptad to obtain tha baat original copy availabla for filming. Faaturaa of thia copy which may ba bibliographically uniqua, which may aitar any of tha imagaa in tha raproduction. or which may eignificantly changa tha uaual mathod of filming. ara chackad balow.
□ Colourad covara/ Couvartura da coulaur
r~n Covara damagad/
D
D
Couvartura andommagéa
Covara raatorad and/or laminatad/ Couvartura raatauréa at/ou palliculéa
□ Covar titia mlaaing/ La titra da couvartui
couvartura manqua
I I Colourad mapa/
Cartaa géographiquaa an coulaur
□ Colourad ink (i.a. othar than blua or biaclt)/ Encra da coulaur (i.a. autra qua blaua ou noira)
Fy] Colourad plataa and/or illuatratlona/
Planchaa at/oif illuatratlona an coulaur
Bound with othar matarial/ Ralié avac d'autraa documanta
Tight binding may cauaa ahadowa or diatortion along intarior margin/
Laroliura sarréa paut cauaar da l'ombra ou da la diatoraion la long da la marga intériaura
Blank laavaa addad during raatoration may appaar within tha taxt. Whanavar poaaibla. thaaa hava baan omittad from filming/ Il aa paut qua cartainaa pagaa blanchaa ajoutéaa lora d'una raatauration upparaiaaant dana la taxta. maia, loraqua cala était poaaibla, caa pagaa n'ont paa été filméaa.
Additional commanta:/ Commantairaa suppiémantairaa:
L'Inatitut a microfilmé la maillaur axamplaira qu'il «ui a été poaaibla da aa procurar. Laa détaila da cat axamplaira qui sont paut-étra uniquas du point da vua bibliographiqua. qui pauvant modifiât una imaga raproduita, ou qui pauvant axigar una modification dana la méthoda normala da filmago aont indiquéa ci-daaaoua.
Tl te
□ Colourad pagaa/ Pagaa
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Pagaa da coulaur
Pagaa damagad/ Pagoa andommagéaa
□ Pagaa raatorad and/or laminatad/ Pagaa raaiauréaa at/ou palliculéas
E Pagaa discolourad. stainad or Pagaa décoloréas. tachatéas <
foxad/ ou piquéas
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r~1 Pagaa datachad/
Pagaa détachées
Showthroughy Tranaparanca
Quality of prit
Qualité inégala da i'imprctjsion
Includas supplamantary matarii Comprand du matérial suppiémantaira
Only adition availabla/ Saula édition disponibla
r~yi Showthrough/
I I Quality of print varias/
|~n Includas supplamantary matarial/
r~n Only adition availabla/
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Si
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Pagaa wholly or partially obscurad by errata slips, tissuas. atc hava baan rafilmad to ansura tha bast possible Image/ Lee pagae totalement ou partiellement obscurcies par un feuillet d'errata, une pelure, etc.. ont été filmées é nouveau de façon à obtenir la meilleure imege poasibia.
Lot pages froissées peuvent causer da la distorsion.
Thia item la filmed at tha réduction ratio chacked below/
Ce document eat filmé au taux da réduction indiqué ci-daaaoua.
10X 14X 18X 22X
26X
XX
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12X
16X
20X
24X
28X
32X
Th« eopy f1lm«d h«r« has b—n r«produc«d thanka to tha ganaroaity of :
Stminary of Quabac Library
Tha Imagaa appaaring hara ara tha baat quailty posaibla conaidaring tha condition and iagibility of tha original eopy and in icaaping with tha fiiming contract spacificationa.
Original copiaa in printad papar covara ara ftimad baginning with tha front oovar and anding on tha iaat paga with a printad or illuatratad impraa- •ion, or tha back covar whan appropriata. AH othar original copiaa ara filmad baginning on tha f irat paga wHh a printad or illuatratad impraa- aion. and anding on tha iaat paga with a printad or illuatratad impraaaion.
L'axamplaira filmé fut raproduit grica à la généroalté da:
Sémiiwira d« Québte Bibllothèqu*
Laa imagaa auivantaa ont été raproduitaa avac la plua grand aoin, compta tanu da la condition at da la nattaté da l'axamplaira filmé, at an conformité avac laa conditiona du contrat da filmagj.
Laa axamplalraa originaux dont la couvartura an paplar aat imprlméa aont filméa an commençant par la pramiar plat at un terminant soit par la dernière paga qui comporte une empreinte d'impreaaion ou d'Illuatration. soit par le second plat, aeion le caa. Toua laa autres exempiairea originaux aont filmée an commençant par la première paga qui comporte une empreinte d'impreeaion ou d'Illuatration et en terminant par la dernière page qui comporte une telle empreinte.
The lest racorded frama on each microfiche shall contain tha symbol — ^> (maaning "CON- TINUED"). or tha symbol V (meaning "END"), whichaver appliea.
Un dea symboles suivants apparaîtra sur la dernière image de chaque microfiche, selon le caa: la symbole —*- signifie "A SUIVRE", le symbole ▼ signifie "FIN".
Maps. plates, charts, etc., may be fllmed at différent réduction ratioa. Thoaa too large to be entirely included in onj expoaura ara filmad baginning in tha upper left hand corner, ieft to right end top to bottom. aa many frames as required. The following diagrama illuatrata the method:
Lea cartea. planches, tableeux, etc., peuvent être filméa è dea taux de réduction différents. Lorsque le document eet trop grand pour être reproduit en un seul cliché, il est filmé é pertir de l'angle aupérieur gauche, de gauclie è droite, et de haut an bes. en prenant le nombre d'imagée nécessaire. Les disgrammes suivants illustrent la méthode.
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HISTOIRE NATURELLE
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XVIII- GENRE.
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Caractère générique : dix dents inciii-* ^1^ ves supérieures , huit ihfërieuresél>
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Xi fi sarigue ou Voposaum , est un ani- mal de r Amérique , qu'il est aisé de distinguer de tous les autres par deux ; caractères très-singuliers. . Le premier 'de ces caractères est^ que la femelle a ' Quadrup. V. — -v^ ?. x >v^
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sous le ventre nne aQiple cavité dans 'laquelle elle reçoit et alaite ses pe- tits. Le second est , que le mâle et ]a femelle ont tous deux le premier doigt des pieds de derrière , sans ongle et bien séparé des autres doigts , tel qu'est le pouce dans la main de l'hom- ipç , t<^n4is que les quatre autres doigts de ces mêmes pieds de derrière , sont placés les uns contre les autres , et armés d'ongles crochus, comme dans les pieds des autrea quadrupèdes^'^
Edward Tyson a décrit et disséqué le sarigue Fenielle avec soiu : dans l'in- dividu qui lui a servi de suj.et > la tête avoit six pouces, le corps treize , et la quelle dou^e ^e longueur ^ les jipnbes de devant six pouces , et celles de der- rière qiiç^trç ^t dçmi ^e hfiiiteur *, le corps quinze à sei^e pouces de <^irçQXV* férençe ; là queue troi^ P9^Ç^^ 4®, *9^ï" à son origine ;| ^%^^ 29^^ ^^U^^Qient vers l'extrémité; la tête trois pouceà; de largeur entre les deux oreilles ^i
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tllimt toujours en dimititUint Jusqu'im nés : elle est plus ressemblnnte à cell» d'vn cochon de lait qa*à. celle d'un re« nftrd; les orbiteà des feux sont très-in- olinée» dans la direction des oreilles an, neat; les oreilles sont arrondies et longues d'eiB^ron nn pouce et' denii ; Fouver* tvse de* la gueule est des dieux poucea et deini , en k ri^ëèbrànf depuis l'un des angles de la lèvre Insi^u'à l'extrë- Ifiité'dUi museau ; la langue est asses étroite'; et longue de trois' ponces , rude et liérissëe de petites papilles toiu^ nées en arrière : il y a ciiiq doigts aux pieds dO' devant > tdùs lés cinq arméa d'ongles crochus ; autant de doigts aux pieds de derrière , dont quatre seule- ment sent armés d'ongles, et le cin- quième', qui est le pouce, est séparé des autres; il est aussi placé plus bas et n'a pdint d'ongle ; tous ces doigts sont sans poil et recouverts d'une peau roi%efltre , ils ont près d'un pouce de longueur^ la paume des mains et des
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4 HISTOIBE NATURELLE
pieds est large ^ et il y a des- ^ ç4l^ lositës charnues sous les doigtsw ^ii^ queue n'est co|ii^çrte de poils 'qu'à soli origine jusqu'à deux ou .trois pouces de longueur y aprjçf quoi c'est une peau écaillense et lisse dont elle est.revâ- tue jusqu'à l'extrémité ;, ces écaillés sont blanchâtres y à-peu-prèshexagO"* ^es et placée^ régulièrement ^ jen sort9 qu'elles n|anticipent pas les ^nes mp les autres; eUes, sont toutes^ séparées et environnées d'une petite aire dç* peau plus brune que; l^^caille : les oir/emes^, comme les pieds et \bl queue ,,SQnt saqg poils; elles spnt 8J.n^inces qu'pnjne petit: pas dire qu'elles soient cartilagineuse^ elles sont simplement membrâneusea comme les aÙes des chauyersouiis ; ellos sont très-ouyertes , et le. conduit aur ditif paroît fort large. La inâchoire du dessus est un peu plus alongée' que celle du dessous; les narines sont lai:- ges , les yeux petits , hoirs , vifs ,et proéminenS| le cou court; la poitrine
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large, 'la ihoustaclie comme celle du chat, ie |K>il du devant de la tète est plné blanc et plus court que celui di*»^ corps ; il est d*un gris-cendrë mèlë de ^elqttes petites houpes dé poits noirs et Mancbâtres sur le dos et sur les côtes , pliis brun sur le ventre , et encore plus foncé sur lesjambesi fions le ventre de la femelle est une fente qui a deux ou trois pouces de longueur, cette fente est fermée par deux peaux qui com-^ posent une pocbeivelue^ À l'extérieur , et moins garnie de poil à Fintérieur , cette poche renferme les mamelles ; les petits nouveaux - nés y enti^ent pour les sucer , et prennent si bien l'habi- tude de s'y cacher, qu'il» s'y réfugient, quoique déjà grands , - lorsqu'ils sont épouvanté». Cette poche a du mouve- ment et du jeu , elle s'ouvre et se rc- ferme à la volonté de i'animal : la mé- canique de ce mouvement s'exécute par le moyen de plusieurs nrasclés et de deux os qui n'appartiennent qu'à
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cette espèce d'animal^ ces deo^ os sont placés att-d«îvai]t des os {ku^îs À^;Sn gV0U ils «oi^t attachés par la base ^ ils ont enviroii deux poaces de longueiir;^ et vont toujours en diminuant un pei|i de grosseur depuis la base jusqu'à Tex^ trëmitë \ ils soutiennent les miuclea qui font ouyrir la po(^e et leur serve^it de point d'appui; les antagonistuf de ces mnsciets servent à la resserrer et <i^ la fermer si exactement , que daiil l'a^ nimal vivant l'on ne peut voir rouTer-* ture qu'en la dilatant de Coroe avee,lea doigta^ l'intérieur de cette poche est parsemé de glandes qui foumisisnt une substance ji^unâtre, d'une si mau^ Taise odeur , qu'elle se communique à tout le corps de l'animal ; cependant^ lorsqu'on laisse sécher cette matière^ non-seu)ement elle perd son odeur dé- sagréable^ mais elle acquiert du par-^ fum qu'on peut comparer à celui du musc. Cette poche n'est pas, comme l'ont avancé laussement Marcgrave et
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Le sarigne est uniqiliement orîginai* i re 'diBS contrées méridionales du nou- f.. veau Monde \ il paroit seulement qu'il r n'affecte pas aussi constamment que le 4^ tatou > les climats les plus chauds. Oa ( le trouva non-sénlement au Brésil , à'x la Gttiane , au Mexique , mais auàsi à c la Floride, en Virginie , et dans les au- 30 très régions tempérées de oc continent. I Il est par- tout assez commun, {)arce«e qu'il produit souvent et eh grand nom->|i - bre i la plupart des auteurs disent qua- # tre ou cinq petits , d'autres six ou sept ; 'f\ Marcgrave assure avoir vu six petits | vivans dans la poche d'une femelle:! ces petits avoicnt environ deux pouces ri de longueur, ils étoient déjà fort agiles^ ils sortoient de la poche et y rentroientli plusieurs fois par jour : ils sont bien :> plus petits lorsqu'ils naissent; certains^:! voyageurs disent qu'ils ne sont pas plus il gros que des mouches au moment do ;|
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HISTOIRE NATURELLE
leur naissance, c*est-à* dire > qaandils^ sortent de la matrice pour entrer dans la poche et s'attacher aux mamelles, t Ce fait n'est pas aussi exagërë qu'on *^ pourroit l'imaginer , car nous avons vu t nous-mêmes , dans un animal dont l'ès--^ pëcc est voisine de celle du sarigue y^^ des petits attaches à la mamelle qni^^ n'ëtoient pas plus gros que des fèves i^^ et l'on peut présumer , avec beaucoi^^ de vraisemblance , que dans ces ani-*^^ maux la matrice n'est, pour ainsi dire » I que le lieu de la conception , de la for- f mation et du premier développement^^ du fine tus, dont l'exclusion étant plus ^ précoce que dans les autres quadrupè- i des , l'accroissement s'achève dans la ^ bourse où ils entrent au moment de ^ leur naissance prématurée. Personne ^' n^a observé la durée de la gestation de > ces animaux , que nous présumons être I. beaucoup plus courte que dans les au- { très; et comme c'est un exemple sin- ^ gulier dans la nature que cette exclu- \
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sion pnScocé , ' nous «xfaortodt cenic qui sont à portëede voir des sarigues Vivans dans- leur pays natal , de tà-^ cher de savoir combien les femelles portent de temps , et combien de temps encore après- la naissance , les petits restent attachés à la mamelle avant <|ne de s'en «emparer ; cette observation , curieuse par eUe-mj^me , pourroit de- venir utile en nous indiquant peut-^^ être quelque moyen de conserver la vie aux enfans venus avant le terme. ' Xes petits sarigues restent donc at- taches et comme colles aux mamelles de la mère , pendant le premier âge , et jusqu'à ce qu'ils aient pris assez de force et d'accroissement pour se mou- voir aisément. Ce fait n'est pas dou- teux , il n'est pas même particulier à cette seule espèce ; puisque nous avons vu , comme je viens de le dire , des pe- tits ainsi attaches aux mamelles dans une autre espèce, que nous appelle- rons la marmose , et de laquelle nous
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10 HISTOIRE NATURELLE
parlerons bientôt. Or ^ cette femelh» marmose n'a pas , comme la femelle sa- riguoy une poche sous le ventre où les petits puissent se cacher *, ce n*est donc pas de la commodité ou du secouis, que la poche prête aux petits , que dépend uniquement l'effet de la longae adhé* rence aux mamelles , non plus que ce« lui de leur accroissement dans cette situation immobile ; je fais cette re- marque, afin de prévenir les conjec* tures que Ton pourroit faire sur l'usage de la poche , en la regardant comme une seconde matrice, ou tout au moins comme un abri absolument nécessaire à ces petits prématurément nés. Il y a des auteurs qui prétendent qu'ils res- tent collés à la mamelle plusieurs se- maines de suite ; d'autres disent qu'ils ne demeurent dans la poche que pen- dant le premier mois de leur âge. On peut aisément ouvrir cette poche de la mère, regarder, compter et même tou- cher les petits sans les incommoder ^ils
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D U 8 ARI QUE. 11
lie quittent la tëline , qa'ilt tiennent
avec la gueule , que quand ils ont as-
ses de force pour marcher; ila se kis-
sent alors tomber dans la pocke et sor^
tant ensuite pour se promener et pour
chercher Jeur subsisffuice ; ils y.fiiiiient
souvent pour dormir^
au^si pour se cacher
épouvantés y la mère
emporte tous*, elle
avoir plua de ventre
long-temps qu'elle a
ses petits sont déjà grai
temps de la vraie gestal
perçoit peu qu'elle soit pleine?
A la seule inspection de la forme dea pieds de cet animal , il est aisé de juger qu'il marche mal et qu'il court lente* ment ; aussi dit- on qu'un homme peut l'attraper sans même précipiter son pas. En revanche , il grimpe sur les ar-« bres avec une extrême facilité *, il se cache dans le feuillage pour attraper des oiseaux ; ou j^ien il se sujspend par
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lU HISTOIRE NATURlîtXE
la qocae dont l'extréihitd est musca- leuse et flexible comme une main, en sorte qu'il pent serrer et même envi- ronner de plus d*un tour les corps qu'il saisit ; il reste quelquefois long- temps dan^^çtte situation , sans ihouvement , lA^^^i)^^lE|^Apendu , la tète en bas ; il ^>ëpiè et aii^nct'^ petit gibier au passa- ge ; d'antres^ Ibis^l se balance pour sâu- tmdîfti^Arbrf) à4in autre, à- peu-près comn^^eiles si^geib à queue />r^mx7t^f , %' auxquels il reiftemble aussi pour la con- 'formatioi^aés 'pieds. Quoique carnas- sier y et ntèéne avide de sang qu'il se plaît à sucer, il mange assez de tout/ des reptiles , des insectes , des cannes de sucre y des patates , des racines , et même des feuilles et des ëcorces. On' peut le nourrir comme un animal do« mestique ; il n'est ni féroce ni farou- che, et on l'apprivoise aîsëmént, mais il dëgoûte par sa mauvaise odeur qui est plus forte que celle du renard , et il déplaît aussi par sa vilaine figure -y
■ ■■ ;':TRs.i,Mt. y*?jé— a^»Jj»ii«*»ii<ii».^
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-7 D u 8 A R I G \r E. r \9 -^ cavindëpendaT^ment de ws oreilles de cfaoueile> deia queue de aecpeattet^de fagueule fendue jusqu'auprès AskjpvÔLf . ^son corpë paroi t toujours sale,' parce que 1er poil qui n'est ni lisse nifriséy . est terne let .semble être éeuyett do boue. Sa mauTaise odeut réside dans la peau > car sa chair n'est par inauVaise À mangei! , c'est même Undea'œiimaux que les sauvages chassent de prëfi^- rencc, et duquel il» se nourrissent le ^lus volontiers. A.
1a A M A R M b SB.
(.3, Xi'ESPÈCB de la mannose paroi t être .voiçiliedc celle du sarigue , çUes sont du même- climat , dans le même conti- nent ; et ces deux animaux se ressem- blent par la ibrme du corps , par la con- formation de^ pieds, par la queue jore- nante qui est couverte d'ëcailles dans la (plus grande partie de sa longueur , et jn'eaHtirevêtue do poU qu^ son origine \
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14 HISTOIRE NATURELLE par Tordre êf^n dentf , qui lont en plni grand nombre que dans les autréa «yja** drupèdes : maia la marmote ett bien plus petiti que le sarigue , elle a le mu- seau encore plut pointu ; la femelle n'a pas de pochosous le ventre conune celle du sarigue ; il y a seulement deux plis longitndinanx près àei cuisses , entre lesquels les petits se placent pour s*at- taeher aux mamelles. Ija naissance des petits semble être encore plus pirikioce dans Tespèce de la marmose que ààn$ celle du sarigue ; ils sont k peine aussi gros que de petites fèves lorsqu^ls naissent et qu'ils vont s'attacher aux mamelles . les portées sont aussi plus nombreuses. Nous avons vu dix petites marmoses , chacnne attachée à un ma- melon > et il y avoit encore sur le ven- tre de la mère quatre mamelons va* cans , en sorte qu'elle avoit en tout qua- torze mamelles ; c'est principalement sur les femelles de cette eo|^ v ' ^n'il faudroit faire leaobservati .uc jious
""'•v;<#«rf >»J>r»iM« ,AiiiT»iiMiH»li "t"
'■«c-*»^? ""^ i-mmmm
'^^J}V 8ARTGUB. l5
ftTons indiquëes dafts l'article prëcë'^ dent : je suis pt. madë que ces animaux
bas
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mettent
ception ^ et que les petits au naoment de rexclusion ne sont encore que des fœtus qui , même comme fœtus , n'ont pas pris le quart de leur accroissement ; l'accouchement de la mère est toujours une fausse-couche très-prématnrëe , et les fœtus ne sauvent leur vie naissante qu'eu s'attachant aux mamelles sans jamais les quitter jusqu'à ce qu'ils ayent acquis le même degré d'accroissement et de force qu'ils auroient pris naturel- lement dons la matrice si l'exclusion n'eût pas été prématurée. ' '
^ La marmose a les mêmes inclinations et les mêmes mœurs que le sarigue ; tons deux se creusent des terriers pour se réfugier f tons deux s'accrochent aux branches des arbres par l'extré- mité de leur queue , et s'élancent de-Ià sur les oiseaux et sur les petits ani« tnaux j ils mangent aussi des fruits p
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4f HISTOIRE NATUEELLE des graines et des racines , mais ils sont encore plus friands de poisson et d'ëcre- visses , qu'ils pèchent, dit-on , avecleur queue. Ce fait est très-douteux , et {s'accorde fort mal avec la stupidité na- turelle qu'on reproche à ces animaux , qui, selon le témoignage de la plupart des voyageurs , ne savent ni se mouvoir à propos , ni fuir , ni se défendre.
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LE CAYOPOLIilN.
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Le premier auteur qui ait parlé de cet animal est Fernandès : le cayopol- liu , dit-il, est un petit animal un peu plus grand qu'un rat , ressemblant du sarigUjB par le museau, les oreilles et la queue , qui est plus épaisse et plus forte que celle d'un rat , et de laquelle il se sert comme d'une main ; il a les oreilles minces et diaphanes ; le ventre, les jambes et les pieds blancs : les petits , lorsqu'ils ont peur , tiennent la mère embrassée ; elle les élève sur les ar^
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bres : cette espèce s'est trcuvdô dand les montagnes do la Nouvelle-Espagne. Celui que nous avons vu venoit cer- tainement d'Amérique ; il ëtoit plus grand , et il avoit le museau moins pointu et la queue plus longue que la marmose ; en tout il nous a pl&ru ap- procher encore plus que la marmose de l'espèce du sarigue. Ces trois animaux se ressemblent beaucoup par la confor- mation des parties intérieures et exté- rieures f par les os surnuméraires du bassin , par la forme des pieds , par la naissance prématurée , la longue et continuelle adhérence des petits aux mamelles y et enfin par les autres ha- bitudes de nature ; ils sont aussi tous trois du Nouveau Monde et du mêm« climat 'y on ne les trouve point dans les pays froids de l'Amérique : ils sont na- turels aux contrées méridionales de ce continent , et peuvent vivre dans les régions tempérées ; au reste , ce sont tous des animaux très-laids ) leur gueule Quadrup. V. s
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1^ HISTOIRE NATURELLE fenâne comme celle d'un brochet , lenrt CNreilles âe chauve-souris , leur queue de couleuvre et leurs pieds de singe , présentent ime forme bi^^rre qui de- vient encore plus dësagrëaMe par la mauvaise odeur qu'ils exhalent , et par la lenteur et la stupidité dont leurs ac- tions et tous leurs mouvemens parois- sent accompagnes.
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ïiE nom crabier , ou chien crabier , que l'on a donné à cet animal , vient de ce qu'il se nourrit principalement de crabes. Il a très>peu de rapport an diicn ou au renard , auxquels les voya- geurs ont vonhi \e comparer. Il auroit plus de rapport avec les sarigues , mais il est beaucoup plus gi'os, et d'ailleurs la femelle du crabier ne porte pas , comme la femelle du sarigue , ses petïts dans une poche sous le ventre ; ainsi , le crabier nous parolt être d'une espèoe
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DU SARIGUE.' 1^'
isolée et différente de toutes celles que nous avons décrites.
Cet animal , que nous conservons au cabinet du roi , étoit encore jeune lors- qu'on nous a envoyé sa dépouille ; il est mâl« , et voici la description que nous en avons pu faire.
La longueur du corps entier ^ depuis le bout du nez jusqu'à l'origine de U queue^ est d^environ dix-sept poucesJI
La hauteur du traÂn de devant , de six pouces trois^ lignes , et celle du train de derrière de six pouces six lignes.
La queue , qui est grisâtre , écail- leuse et sans poil , a quinze pouces et demi de longueur , sur dix lignes de grosseur à son commencement ^ elle est très-menue à son extrémité.
Comme cet animal est fort bas de jambes , il a de loin quelques ressem- blances avec le chien basset ; la tête même n'est pas fort différente de celle d'un chien : elle n'a que quatre pouces une ligne de longueur , depuis le bout
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90 HISTOIRE NATURELLE
du nez jusqu'à Pocciput ; l'œil n'est pas grand , le bord des paupières est noir, et au-dessus de l'œil se trouvent de longs poils qui ont jusqu'à quinze li- gnes de longueur j il y en p. aussi de semblables à côté de la joue vers l'o- reille. Les moustaches autour de la gueule sont noires , et ont jusqu'à dix- sept lignes de long ; l'ouverture de la gueule est de près de deux pouces ; la mâchoire supérieure est armée de cha« que oôté d'une dent canine crochue et qui excède sur la mâchoire inférieu- re j l'oreille , qui est de couleur brune , paroît tomber un peu sur elle-même , elle est nue ; large et ronde à son extré-^ mité.
Le poil du corps est laineux et par- semé d'autres grands poils roides , noi- râtres , qui vont en augmentant sur les cuisses et vers l'épine du dos , qui est toute couverte de ces longs poils ; ce qui forme à cet animal une espèce de crinière , depuis le milieu du dos jus*
- DU SARIGUE. ^ fli^
qu'an commencement de la queue ; ces poils sont d'un blanc-sale à leur origine jusqu'au milieu , et ensuite d'un brun- minime jusqu'à Textrëmité. Le poil des côtés est d'un blanc-jaune, ainsi que sous le ventre , mais il tire plus sur le fauve vers les épaules , les cuisses , le cou , la poitrine et la tête , où cette teinte de fauve est mélangée de brun dans quel- ques endroits. Les côtés du con sont fauves. Les jambes et les pieds sont d'un brun-noirâtre *, il y a cinq doigts à chaque pied \ le pied de devant a un pou- ce neuf lignes, et l'ongle en gouttière deux lignes ; les doigts sont un peu plies, comme ceux des rats ; il n'y a que le pouce qui soit droit -, les pieds de der- rière ont un pouce huit lignes , les plus grands doigts neuf lignes; le pouce six lignes ; il est gros , large et écarté comme dans les singes \ l'ongle en est plat , tandis que les ongles des quatre autres doigts sont crochus et excèdent le bout des doigts. Le pouce du pied
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M. de la Borde m'a écrit que cet animal étoit fort commun à Cayenne , et qu'il habite toujours les palétuviers et autres endroits marécageux. j « 11 est, dit-il, lort leste pour grim- per sur les arbres sur lesquelsil se tient plus souvent qu'à terre , sur-tout pen- dant le jour. Il a de bonnes dents, et se défend contre les chiens -, les crabes font sa principale nourriture , et lui profitent , car il est toujours gras. Quand il ne peut pe^s tirer les crabes de leur trou avec sa patte , il y intro- duit sa queue , dont il se sert comme d'un crocliet ; le crabe , qui lui serre quelquefois la queue , le fait crier , ce eri ressemble assez à celui d'un homme, et s'entend de fort loin ; mais sa voix ordinaire est une espèce de grognement semblable à celui dea petits cochons. I^ produit quatre ou cinq petits , et les dépose dans de vieux arbres creux j les
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naturels du pays en mangent la chair ^ qui a quelque rapport à ceUe du lièvre. Au reste , ces animaux se familiarisent aisëment , et on les nourrit à la mai- son comme les chiens et les chats , c*est.-à^dire , avec toutes sortes d'ali^^ mens ; ainsi , leur goût pour la chaii; du crabe , n'est point du tout un goût
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On prëtend qu'il se trouye,. dans le» terres de Cayenne deux espèces d'ani- maux ) auxquelles on donne le même nom de crabier , parce que tous deiJUÇ mangent des crabes. Le premier est ce- lui dont nous venons de parler ^ l'autre c&t non-seulement d'une espèce différen- te , mais paroît même être d'un autre genre. Il a la queue toute garnie de poil , et ne prend les crabes qu'avec ses- pattes. Ces deux animaux ne se res- semblent que par la tête , et diffèrent par lac forme et les proportions du corps , aussi bipn qjie par la conforma- tion des pieds et des ongles.
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94 HISTOIRE NATURELLE
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Le i^HALANGER.
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Nous appelons cet animal phalanger, parce qu'il a les phalanges nngulière* ment conformées , et que de quatre doigts qui correspondent aux cinq on- gles dont ses pieds de derrière sont ar- més , le premier est soudé avec son voisin , en sorte que ce double doigt fait la fourche et ne se sépare qu'à la dernière phalange pour arriver aux deux ongles. Le pouce est séparé des autres doigts et n'a point d'ongle à son extrémité : ce dernier caractère , quoi- que remarquable , n'est point unique ; le sarigue et la marmose ont le pouce de même ; mais aucun n'a comme ce- lui-ci les phalanges soudées. Le pha- Jfanger ne se trouve point dans les ter- res de l'Amérique. Il est originaire des Indes méridionales et mèrne des terres australes ; comme de la Nouyelle-Hol^ lande.
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Cet animal a les yeux très-brillans et environnes d'un cercle de poil brun- foncé ; le corps couvert d'un poil doux ou plutôt d'une espèce de laine d'un jaune roux ou rouge , clair sur le dos ; le front , le museau , le ventre et les pieds sont d'un jaune blanchâtre ', les oreilles sont nues et assez roides ; il y a de longs poils en forme de moustaches sur la lèvre supérieure et aussi au- dessus des yeux ; ses dents sont poin- tues et piquantes; sur la queue, qui est nue et d'une couleur pâle , il y a dans le mâle des taches d'un rouge-obscur qui ne se remarquent pas sur la queue de la femelle ; les pieds ressemblent aux mains d'un singe ^ ceux de devant ont les quatre doigts et le pouce garnis d'ongles courts et obtus , au lieu que des cinq doigts des pieds de derrière , il n'y a que le pouce qui ait un onglu
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96 HISTOIRE NATURELLE
plat et obtus , les quatre antres sont armes de petits ongles crochus. Les pe- tits de ces animaux ont un grognement assez semblable à celui d'un petit CO' chon de lait. Ces philaudres produisent cinq ou six petits ; ils ont la queue très- longue et prenante comme celle de» sapajous ; les petits montent sur le dos de leur mère , et s'y tiennent en ac-^ crochant leur queue à la sienao ; dans cette situation qui leur est familière , elle les porte et transporte avec autant de sûreté que de lëgëretë.
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Espèces connues clins ce genre.
Le Sarigue , ou VO^^oMwn fdidelphis Opos"
Le Cayopollin , didelphis Cayopollin,
Le Marmose , didelphis Marina.
Lf^ Fhilandre de Surinam , didelphis Dot'
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Lf Fhalanger , didelphis Orientalia» Le Kanguro , didelphis Gigantea. LeTaraier^ didelphis M acrotaraua.
( Ces deux derniers animaux sont placés ^ par Buffon , dans les Gerhoises, }
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D E L A T A U P E. 29
tites mains à cinq doigts , bien diffé- rentes de l'extrcmitë des pieds des au- treâ animaux, et presque semblables aux mains de Thomme ; beaucoup de force pour le volume de son corps , le cuir ferme, un embonpoint constant, un attachement vif et réciproque du mâle et de la femelle , de la crainte ou du dégoût pour toute autre société, les douces habitudes du repos et de la solitude , l'art de se mettre en sûreté, de se faire en un instant un asyle , un domicile , la facilité de l'étendre et d*y trouver sans en sortir une abondante subsistance. Voilà sa nature, ses mœurs et ses talens , sans doute préférables à des qualités plus brillantes et plus in- compatibles avec le bonheur que l'obs- curité la plus profonde.
Elle ferme l'entrée de sa retraite , n'en sort presque jamais qu'elle n'y soit forcée par l'abondance des pluies d'été , lorsque Teau la remplit ou lors- que le pied du jardinier en affaisse le
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•50 HISTOIRE NATURELLE
dôme : elle se pratique une voûte en rond dans les prairîes , et assez ordi- liairement un boyau long dans les jar- dins , parce qu'il y a plus de facilite à diviser et à soulever une terre meu- ble et cultivée qu'un gazon ferme et tissu de racines ; elle ne demeure ni dans la fange ni dans les terreins durs , trop compactes ou trop pierreux ; il lui faut une terre douce , fournie de racines esculentes , et snr-tout bien jpeuplée d'inseotes et de vers , dont elle fait sa principale nourriture.
Comme les taupes ne sortent que ra- rement de leur domicile souterrain, elles ont peu d'ennemis , et échappent aisément aux animau3c carnassiers : leur ^lus grand iléau est le déborde- ment des rivières ; on les voit dans les inondations^ fuiren nombre à latiage, et faire tous leiilTs efforts pour gagner l^ terres pl«s élevées j mais la plupart ji>érîssent , aussi-'bien que lèUTs petits %ui restent dans les trou^ ; satts cela ^
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les grands talens qu'elles ont pour la mnltiplication nous deviendroient trop incommodes. Elles s'accouplent versi la fin de l'hiver ; elles ne portent pas long-temps , car on trouve déjà beau- coup de petits au mois de mai , il yen a ordinairement quatre ou cinq dans cha- que portée y et il est assez aise de dis- tinguer , parmi les mottes qu'elles élè- vent , celles sous losquelU? elles met- tent bas j ces mottes sont faites avec beaucoup d'art , et sont ordinairement plus grosses et plus élevées que les au- tres. Je crois que ces animaux produi- sent plus d'une fois par an, mais je ne puis pas l'assurer ; ce qu'il y a de cer-» tain , c'est qu'on trouve des petits de- puis le mois d'avril jusqu'au mois d'août: peut-être aussi que les unes s'accouplent plus tard que les autres.
JLe domicile oii elles font leurs petits mériteroit une description particuliè- re. Il est fait avec une intelligence sin- gulière ', elles commencent par pou&-
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32 HISTOIRE NATURELLE
ser, par élever la terre et former une voûte assez élevée ; elles laissent des cloisons , des espèces de piliers de dis- tace en distance ', elles pressent et bat' tent la terre , la mêlent avec des raci- nes et des herbes y et la rendent si dure et si solide par-dessous , que l'eau ne peut pas pénétrer la voûte à cause de sa convexité et de sa solidité -, elles élè- vent ensuite un tertre par-dessous , au sommet duquel elles apportent de Fherbe et des feuilles pour faire tui lit à leurs petits ; dans cette situation ils se trouvent au-dessus du niveau du terrein -y et par conséquent à l'abri des inondations ordinaires , et en même temps à couvert de la pluie , par la voûte qui recouvre le tertre sur le- quel ils reposent. Ce tertre est per- cé tout autour de plusieurs trous en pente , qui descendent plus bas et s'é- tendent de tous côtés ; comme autant de routes souterraines par oà la mère taupe peut aortir et aller chercher la
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subsistance nécessaire à ses petits ; ces sentiers souterrains sont fermés et bat- tus, s'étendent à douze ou quinze pas, et partent tous du domicile comme des rayons d'un centre. On y trouve, aussi- bien que s*:us la voûte, des débris d'oi- gnons de colchique , qui sont apparem- ment la première nourriture qu'elle donne à ses petits. On voit bien par cette disposition qu'elle ne sort jamais qu'à une distance considérable de son domicile , et que la manière la plus simple et la plus sûre de la prendre avec ses petits , est de faire autour une tranchée qui l'environne en entier et qui coupe toutes les communications ; mais comme la taupe fuit au moindre bruit, et qu'elle tâche d'emmener ses petits , il faut trois ou quatre hommes qui , travaillant ensemble avec la bêche , enlèvent la motte toute entière ou fas- sent une tranchée presque dans un mo- ment , et qui ensuite les saisissent ou les attendent aux issues.
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94 HISTOIRE NATURELLE
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espèce différente de nos taupes , qui no sont en abondance que depuis la Suède jusqu'en Barbarie*, car le silence des voyageurs nous fait présumer qu'elles ne se trouvent point dans les climats plus chauds. Celles d'Amérique sont aussi différentes : la taupe de Virginie est cependant assez semblable à la nô-' tre , à l'exception de la couleur du poil , qui est mêlée de pourpre foncé ; mai» la taupe rotige d'Amérique est un autre animal. Il y a seulement deux ou trois variétés dans l'espèce commune de nos taupes : on en trouve de plus ou moins brunes et de plus ou moins noires : nous en avons vu de toutes blanches ^ €t Sebafait mention et donne la figure d'une taupe tachée de noir et de blanc, qui se trouve en Ost-Frise, et qui est un peu plus grosse que la taupe ordinaire.
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Fernandès donne le nom de tucan à uu petit quadrupède de la Nouvelle-
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3^ HISTOIRE NATURELLE Espagne y dont la grandeur, la figure et les habitudes naturelles approclient plus de celles de la taupe que d'aucun autre animal ; il me paroi t que c'est le même qu'a dtfcrit Seba , sous le nom do taupe rouge d'Amérique \ au moins les descriptions de ces deux auteurs s'ac- cordent assez pour qu'on doive le pré- sumer. Le tucan est peut-être un peu plus grand que notre taupe, il est commo elle gras et charnu , avec des jambes si courtes que le ventre touche à terre ; il a la queue courte, les oreilles petites et rondes , les yeux si petits qu'ils lui sont , pour ainsi dire , inutiles \ mais il diffère de la taupe par la couleur du poil ) qui est d'un jaune-roux , et par le nombre des doigts, n'en ayant que trois aux pieds de devant et quatre à ceux de derrière, au lieu que la taupe a cinq doigts à tous les pieds; il paroît en diiférer encore en ce que sa chair est bonne à manger y et qu'il n'a pas l'ins- tinct delà taupe pour retrouver sa re-
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truite lorsqu'il eti est sorti*, il creuse à chaque fois un nouveau trou.
LA TAUPE DORÉE.
Il parott qu*jl y a en Sibérie un© sorte de taupe qu'on appelle taupe do- rée, et dont l'espèce pourroit être dif- férente de celle de la taupe ordinaire , parce que cette taupe de Sibérie n'a poin do queue, et qu'elle a le museau court , le poil mêlé de roux et de vert, et qu'elle n'a que trois doigts aux pieds de devant et quatre aux pieds de der- lière , au lieu que la taupe ordinaire a cinq doigts à tous les pieds.
Espèces connues dans ce genre.
La Taupe d'Europe , talpa EuropœO' ^ ' La Taupe à longue queue , talpa Longi" caudata. , , . • ,
Le Tucan, talpa Rubra, La Taupe dorée, talpa Asiatica.
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XX' GENRE.
LA MUSARAIGNE, sorex.
Caractère générique : deux dents iiici« sives supërieurcs ; quatre inférieures.
LA MUSARAIGNE.
La musaraigne semble faire une nuan- ce dans l'ordre des petits animaux , et remplir l'intervalle qui se trouve entre le rat et la taupe , qui se ressemblant par leur petitesse , différent beaucoup par la forme , et sont en tout d'espèces très-éloignées. lia musaraigne , plus petite encore que la souris, ressemble à la taupe par le museau, ayant le nez beaucoup plus alongo que les mâchoi-
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DE LA MUSARAIGNE. ^9
res ; par les yeux qui , quoiqu'un peu plus gros que ceux de la taupe, sont cachds de même , et sont beaucoup plus petits que ceux de la souris ; par le nombre des doigts , dont elle a cinq à tous les pieds ; * par la queue , par les jambes , sur- tout celles de derrière , qu'elle a plus courtes que la souris -, par lés oreilles , et enfin par les dents. Ce 't H - petit animal a une odeur forte 'r-n iui est particulière , et qui répugne aux cbats ; ils chassent , ils tuent la musaraigne , mais ils ne la mangent pas comme la souris. C'est apparem- ment cette mauvaise odeur et cette répugnance des cbats qui a fonde le préjugé du venin de cet animal, et de sa morsure dangereuse pour le bétail , sur-tout pour les chevaux ; cependant il n'est ni venimeux, ni même capable de mordre , car il n'a pas l'ouverture de la gueule assez grande pour pouvoir saisir la double épaisseur de la peau d'un autre animal , ce qui cependant
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4o HISTOIRE NATURELLE
est absolument nécessaire pour mor* dre ; et la maladie des chevaux , que le vulgaire attribue à la dent de la musa- raigne , est une enflure , une espèce d'anthrax , qui vient d*une cause in- terne^ et qui n'a nul rapport avec la morsure , ou si Ton veut , la piqûre de ce petit animal. Il habite assez coni« munëment , sur- tout pendant l'hiver , dans les greniers à foin y dans les écu- ries , dans les granges , dans les cours à fumier^ il mange du grain , des insectes et des chairs pourries *, on le trouve aussi fréquemment à la campagne, dans les bois , où il vit de graines ; et il se cache sous la mousse^ sous les feuilles, sous les troncs d'arbres , et quelquefois dans les trous abandonnés par les tau- pes , ou dans d'autres trous plus petits qu'il se pratique lui même en fouillant avec les ongles et le museau. La musa- raigne produit en grand nombre , au- tant , dit-on , que la souris y quoique moins fréquemment. Elle a le cri beau-
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DE LA MUSARAIGNE. 4l
coup plus aigu que la souris , mais elle n'est pas adssi agile à beaucoup près : on la prend , aisément , parce qu'elle voit et court mal. La couleur ordinaire de la musaraigne est d'un brun mêle de roux , mais il y en a aussi de cen- drées , de presque noires, et toutes sont plus ou moins blanchâtres sous le ven- tre. Elles sont très-communes dans toute l'Europe , mais il ne paroît pas qu'on les retrouve en Amérique. L'ani- mal du Brésil dont Marcgravc parle , sous le nom demusaraigîie, quia, dit-iJ, le museau très-pointu et trois bandes noires sur le dos, est plus gros , et pa- roît être d'une autre espèce que npt^;o musaraigne. -
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LA MUSARAIGNE D'EAU.
Tout ce que je puis assurer au sujet de la musaraigne d'eau , c'est qu'on la prend à la source des fontaines , au lever vt au coucher du soleil j que dans le
Quadrup. V. 4
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4a HISTOIRE KATVHBLLB
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L E D E S M A N.
Le desman on rat zinsquë de Mos- covie , a les pieds de derrière rënnis par une membrane , les yeux extrême- ment petits , le museau prolonge comme la musaraigne, la queue plate et fort longue. Il porte, près des reins, des fol- lëcules qui contiennent une espèce de musc , sous le. forme d'une humeur laiteuse.
LA MUSARAIGNE DU BRÉSIL.
Nous indiquons cet animal par la dénomination de musaraigne du Brésil , parce que nous en ignorons le nom , et qu'il ressemble plus à la. musaraigne
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DE LA MUSARAIGNE. t3
qu^à aucun animal, il est cependant considérablement plus grand, ayant environ cinq pouces depuis l'extrëmité du museau jusqu'à l'origine de la queue, qui n'a pas deux pouces pi a le museau pointu et les dents très-aiguëes : sur un fond de poil brun , on remarque trois bandes noires assez larges qui s'éten- dent longitttdinaleraent depuis la têto jusqu'à la queue. Cet animal , dit Marc- grave, jouoitavec les chats, qui d'ail- leurs ne se soucient pas de le manger ; et c'est encore une chose qu'il a do commun avec la musaraigne d'Europe ^ que les chats tuent ^ mais qu'ils ne mangent jamais.
lESIL.
[ par la i Brésil, dom , et araigne
Espèces connues dans ce genre.
la Musaraigne ralliée , sorex Cristatus*
J.e Desman , sorex Moschatus,
La Musaraigne d'eau , sor«x Fodiens*
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44 HISTOIRE NATURELLE La Musaraigne commune , sorex Araneus, La Musaraigne de Perse , sorex Pusillus» La Musaraigne du Brésil , sorex Brasilieii'
sis- La très -petite Musaraigne, sorex Minimus*
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XXI» GENRE.
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LE HÉRISSON, erinaceus.
Caractère générique : deux dents inci- sives supérieures , deux inférieures. <
LE HÉRISSON.
Le renard fait beaucoup de choses, le hérisson n'en fait qu'une grande , disoient proverbialement les anciens. IL sait se défendre sans combattre , et blesser sans attaquer : n'ayant que peu de force et nulle agilité pom fuir , il a reçu de la nature une armure é .^>:5U- se , avec la facilité de se rcssen ^i* en boule et de présenter de tous côtés des armes défensives, poignantes, et qui
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40 HISTOIRE NATURELLE
rebutent ses ennemis ; plus ils le tour' mentent , plus il se hérisse et se res- serre. Il se défend encore par TefFet même de la peur , il lâche son urine , dont l'odeur et l'humidité se répandant sur tout son corps, achèvent de les dé- goûter. Aussi la plupart des chiens se contentent de l'aboyer et ne se soucient pas de le saisir : cependant il y en a ffuelques-uns qui trouvent moyen , comme le renard , d'en venir à bout en se piquant les pieds et se mettant la gueule en sang ; mais il ne' craint ni la fouine , ni la marte , ni le putois , ni le furet , ni la belette , ni les oiseaux de proie. La femelk et le mâle sont éga- lement couverts d'épines depuis la tête |itRq,u'à ïa. queue , et il n'y a que le des- sous du corps qui soit garni de poils; ainsi ces mêmes armes qui leur sont si utiles contre les autres , leur devien- nent très-incommodes lorsqu'ils veu- lent s'unir : ils ne peuvent s'accoupler i k manière des autres quadrupèdes ;.
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DU HÉRISSON. 47
il faut qu'ils soient face à face , debout ou couches. C'est au printemps qu'ils se cherchent , et ils produisent au com- mencement de l'été. On m'a souvent apporté la mère et les petits au mois do juin: il y en a ordinairement trois ou quatre , et quelquefois cinq ; ils sont blancs dans ces premiers temps, et l'on voit seulement sur leur peau la nais- sance des épines. J'ai voulu en élever quelques-uns , on a mis plus d'une fois la mère et les petits dans un tonneau avec une abondante provision ; mais au lieu de les alaiter, elle lésa dévorés les uns après les autres. Ce n'étoit pas par le besoin de nourriture , car elle man- geoit de la viande , du pain , du son , des fruits , et l'on n'auroit pas imaginé qu'un animal aussi lent , aussi pares- seux , auquel il ne manquoit rien que la liberté , fût de si mauvaise humeur , et si fâché d'être en prison \ il a même de la malice , et de la même sorte que celle du singe. Un hérisson qui s'étoit
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48 HISTOIRE NATURELLE
glisse dans la cuisine découvrit une petite marmite, en tira la viande et y fît ses ordures. J'ai gardé des mâles'et des femelles ensemble dans unecbam' bre y ils ont véoU| mais ils ne se sont point acconplës. J'en ai lâché plusieurs dans mes jardins , ils n'y font pas grand mal , et à peine s'apperçoit-on qu'ils y babitent , ils vivent des fruits tombés, ils fouillent la terre avec le nez à une petite profondeur ; ils mangent les han- netons j les scarabées , les grillons , les vers et quelques racines *, ils sont aussi très avides de. viande , et la mangent cuite ou crue. A la ci'c mpagne , on les trouve fréquemment dans les bois, sous les troncs des vieux arbres , et aussi dans les fentes de rochers , et sur~tout dans les monceaux de pierres qu'on amasse dans les champs et dans les vi- gnes. Je ne crois pas qu'ils montent sur les arbres , comme le disent les natu- ralistes , ni qu'ils se servent de leurs épines pour emporter des fruits ou dea
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DU HÉRISSO N. T 49^
grains de raisin : c'est avec la gueule qu'ils prennent ce qu'ils veulent saisir ; et quoiqu'il y en ait un grand nombre dans nos forêts, nous n'en avons jamais TU sur les arbres ; ils se tiennent tou- jours au pied dans un creux ou sous la mousse , ils ne bougent pas tant qu'il ' est jour f mais ils courent ou plutôt ils marchent pendant toute la nuit ; ils approchent rarement des habitations; ils préfèrent les lieux élevés et secs , quoiqu'ils se trouvent ciussi quelquefois dans les prés. On les prend à la main , ils ne fuient pas , ils ne se défendent ni des pieds ni des dents , mais ils se met- tent en boule dès qu'on les touche, et pour les faire étendre il faut les plon- ger dans l'eau. Ils dorment pendant l'hiver *, ainsi les provisions qu'on dit qu'ils font pendant l'été leur seraient bien inutiles. Ils ne mangent pas beau- coup , et peuvent se passer assez long- temps de nourriture. Ils ont le sang froid à-peu-près comme les autres ani-:
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S^ HISTOIRE NATURELLE
maux qui dorment en hiver. Leur chair n'estpas bonne à manger , et leur peau, dbnt on ne fait maintenant aucun usa- ^ , servoit autrefois de vergette et de frottoir pour serancer le chanvre. * ^
B en est des deux espèces de héris- son , Fun à groin de cor^hon , et Fautre à museau dé cbien> dont parlent quel- ques auteurs, comme des deux espèces de blaireau ; nous n'en connoissons- qu'une seule , et qui n'a même aucune variété dans ces climats : elle est assez généralement répandue , on en trouve par-tout en Europe , à l'exception des pays les plus (Voids , comme la Lapo- irie, laNorwège. '
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LE TàURECÎ et le TÉNDRAC.
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liEs tanrecs ou tendracs sont de petits animaux des Indes orientales , qui ressemblent un peu à notre héris- son , mais qui cependant en di£Fèrent assez pour constituer des espèces dif-
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D U H É R I 8 8 O N. 5i
férentes ; ce qui le prouve , indépen- damment de l'inspection et de la com* paraison , c'est qu'ils ne se mettent point en boule comme le liérinson , et que dans les mêmes endroits où se trou- vent les tanrecs , comme à Madagas- car , on y trouve aussi des hérissons de la même espèce que les nôtres, qui ne portent pas le nom de tanrec, mais qui s'appellent sora.
Il paroit qu'il y a des tanrecs dedeuK espèces , ou peut-être de deux races diflférentes *, le premier qui est à-{)eu- près grand comme notre hérisson , a le museau à proportion plus long que le second ; il a aussi les oreilles plus appa- rentes et beaucoup moins de piqnans que le second , auquel nous avons don- né le nom de tendrac pour le distinguer du premier ; ce tendrac n'est que d t; la candeur d'an jgros rat ; il a le museau et les oreilles plus courts que le tan- rec ; celui-ci est cv ivert de piquans plus petits I mais aussi, nombyuxquo
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52 HISTOIRE NATUrFLlIÎ coux du hërisson, lelcnJrac aj;-, coïh tmiren'ena que sur la tête , le cou eilv garrot; le reste le sosi corps psl cou- vert d*un poii rude asse^ semblable aux soies «îe cochi^n.
Ces petits animaux qui ont les fiiin- bes très-courtes, ne peuvent marcher que fort lentement ; ils gn v>gnent com- me les pourceaux 9 ils se vautrent corn* me eux dans la fange , ils aiment Peau et y séjournent plus long-temps que sur terre : on les prend dans les petits canaux d'eau salée et dans les lagunes de la mer ; ils sont très - ardens ea amour et multiplient beaucoup ; ils se creusent des terriers, s'y retirent et s'engourdissent pendant plusieurs mois ; dans cet état de torpeur , leur poil tombe et il renaît après leur réveil; ils sont ordinairement fort gras , et quoique leur chair soit fade , longue et mollasse, les Indiens la trouvent de leur goût, et en sont même fort friands.
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DU HÉRISSON^Tr 53
Espèces connues dans ce genre.
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ent com- !nt com- snt Peau nps que es petits lagunes lens en. mp; ils retirent lusieurs ir , leur r rëveilj ■[ras , et »nguc et t de leur ands. '
Le Hérisson commun , erinaceuè Euro'
pœus. Le Hérisson à lon|{ues oreilles , erinaceus
Auritus. Le Tendrac , erinaceus Setosus.y - I i Le Tanrec, erinaceus Ecaudatus,
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S4 HISTOIRE NATURELLE
X X I r GENRE.
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Caractère génériqt',e : corps couvert de piquans.
LE PORC-ÉPI C.
Jl ne faut pas que le nom de porc- épineux qu'on a donne à cet animal , dans la plupart des langues de TEuro- de , nous induise en erreur y et fasse imaginer que le porc-ëpic soit en effet un cochon chargé d'épines : car il ne ressemble au cochon que par le grogne- ment ; par tout le reste , il en diffère au- tant qu'aucun autre animal , tant pour la figure que pour la conformatign in-
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DU PORC-éPIC. 55
tëricure ; au lieu d'une tête alongëe , surmontée do longues oreilles , armëe de défenses et terminée par un boutoir ; au lieu d'un pied fourchu çt garni de sabots comme le cochon , le porc-épie a , comme le castor , U tête courte , deux grandes dents incisives en avant de chaque mâchoire, nulles défenses ou dents canines, le npiuseau fendu comme le lièvre , les oreilles rondes et applaties, et les pieds armés d'ongles : au lieu d'un grand estomac avec un appendice en forme de capuchon, qui, dans le cochon , semble faire la nuance entre les ruminans et les autres ani- maux, le porc -épie n'a qu'un simple estomac et un grand cœcum ; et l'on peut dire que , par tous ces rapports aussi bien que par la queue courte , la longue moustache , la lèvre divisée , il approche beaucoup plus du lièvre ou du castor que du cochon. Le héris- son qui , comme le porc-épic , est armé de piquans, ressembleroit plus au co-
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56 HISTOIRE NATURELLE
chon , car il a le museau long et termi- ne par une espèce de groin en bou- toir ; mais toutes ces ressemblances ëtant fort éloignées , et toutes les difiFé- rences étant présentes et réelles , il n'est pas douteux que le porc-épic n© soit d'une espèce particulière et diffé- rente de celle du hérisson , du castor , du lièvre , ou de tout autre animal au- quel on voudroit le comparer.
Il ne faut pas non plus ajouter foi à ce que disent presqu'unanimement les voyageurs et les naturalistes , qui don- nent à cet animal la faculté de lancer ses piquans à une assez grande distance et avec assez de force pour percer et bles- ser profondément , ni s'imaginer avec eux , que ses piquans , tout séparés qu'ils sont du corps de l'animal, ont la propriété très-extraordinaire et toute particulière de pénétrer d'eux-mêmes et par leurs propres forces, plus avant dans les chairs , dès que la pointe y est une fois entrée : ce dernier fait est
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DU PORC-ÉPIC. 57
purement imaginaire et destitue de tout fondement , de toute raison ; le premier est aussi faux que le second , mais au moins l'erreur paroît fondée sur ce que l'animal , lorsqu'il est ir- rité ou seulement agite , redresse ses piquans , les remue , et que comme il y a de ses piquans qui ne tiennent à ia peau que par une espèce de filet ou de pédicule délié , ils tombent aisé- ment. Nous avons vu des porcs-épics vivans , et jamais nous n** les a ^^' vus, quoique violcmmer^c excités, dar- der leurs piquans : on n« peut donc trop s'étonner que les auteurs les plus graves , tant anciens que modernes , que les voyageurs les plus sensés soient toils d'accord sur un fait aussi faux : quelques-uns d'entr'eux disent avoir eux-mêmes été blessés de cette espè- ce de jaculation , d'autres assurent qu'elle se fait avec tant de roideur , que le dard ou piquant peut percer une planche à quelques pas de distance.
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58 HISTOIRE NATURELLE
Le merveilleux, qui n'est que le faux qui fait plaisir à croire , augmente et croît à mesure qu'il passe par un plus grand nombre de lêtes , la vérité perd au contraire en faisant la même route; et malgré la négation positive que je viens de graver au bas Jj ces deux faits , je suis persuadé qu'on écrira en- core mille fois après moi , comme on l'a fait mille fois auparavant, que le porc-épic darde ses piquans qui, sépares de ranimai entrent d'eux-mêmes dans les corps où leur pointe est engagée.
Le porc-épic , quoiqu'originair^ des climats les plus chauds de l'Afrique et des Indes, peut vivre et se multiplier dans des pays moins chauds, tels que la Perse, l'Espagne et l'Italie, Agri- cola dit que l'espèce n'a été transpor- tée en Europe que dans ces derniers siècles -, elle se trouve en Espagne et plus communément en Italie, sur-tout dans les montagnes de l'Apennin , aux environs de Rome j c'est de-là que
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DU PORC-ÉPI C. 59
M. Mauduit , qui , par son goût pour l'histoire naturelle , a bien voulu se charger de quelques-unes de nos com- missions, nous a envoyé celui qui a servi à M. Diiubenton pour sa des- cription. Nous avons cru devoir don- ner la figure de ce porc-épic d'Italie , aussi-bien que celle du porc-épic dca Indes i les petites dilFérences qu'on peut remarquer entre les deux, sont de lé- gères variétés indépendantes du cli- mat , ou peut-être même ne sont que des différeiiccs purement individuel- les.
Pline et tous les naturalistes ont dit , d'après Aristole , que le porc épie , comme l'ours, secachoit pendant l'hi- ver, et mettoit bas au bout de trente jours : nous n'avons pu vérifier ces fiiits-, et il est singulier qu'en Italie , ori cet animal est commun , et où de tout temps il y a eu de bons physi- ciens et d'excellens observateurs, il }ic se $oit trouvé personne qui en ails
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6o HISTOIRE NATURELLE écrit l'histoire. Aldrovande n'a fait sur cet article comme sur beaucoup d'autres , que copier Gesner -, et mes- sieurs de l'Académie des sciences , qui ont écrit et disséqué huit de ces ani- maux, ne disent presque rien de ce qui a rapport à leurs habitudes natu- relles . nous savons seulement , par le témoignage des voyageurs et des gens qui en ont élevé dans des ménageries , que dans l'état de domesticité , le porc- épic n'est ni féroce ni farouche j qu'il n'est que jaloux de sa liberté -, qu'à l'aide de ses dents de devant , qui sont fortes et tranchantes comme celles du castor , il coupe le bois et perce aisé- ment la porte de sa loge. On sait aussi qu'on le nourrit aisément avec de la mie de pain, du fromage et des fruits ; que dans l'état de liberté , il vit de racines et de graines sauvages ; que quand il peut entrer dans un jardin ^ il y fait un grand dégât et mange les légumes avec avidité ; qu'il devient
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le n'a fait beaucoup '; et mes- ences , qui e ces ani- rien de ce Lides iiatu> nt, par le t des gens enageries , î , le porc- cbej qu'il rté ; qu'à , qui sont celles du erce aise'- sait aussi P'ec de la es fruits ; il vit de ^es; que jardin ^ ange les devient
DU P ORC-ÊP ic. Bi
gras , comme la plupart des autres animaux , vers la fin de l'été ; et que sa chair , quoiqu'un peu fade , n'est pas mauvaise à manger.
En considérant la forme , la sub- stance et l'organisation des piquans du porc- épie, on reconnoît aisément que ce sont de vrais tuyaux de plumes auxquels il ne manque que les barbes pour être de vraies plumes -, par ce rapport, il fait la nuance entre les quadrupèdes et les oiseaux ; ces pi- quans, sur-tout ceux qui sont voisins de la queue , sonnent les uns contre les autres lorsque l'animal marche ; il peut les redresser par la contraction du mus- cle peaucier , et les relève à-peu-près comme le paon ou le coq d'indo relè- vent les plumes de leur queue ; ce mus- cle de la peau a donc la même force , et est à-peu-près conformé de la même façon dans le porc-épic et dans certains oispaux. Nous saisissons ces rapports , 4^iioiqu'assez fugitifs j c'est toujours
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62 HISTOIRE NATURELLE
fixer un point dans la nature qui nous fuit et qui semble se jouer , par la bi' zarrerie de ses productions ^ de ceux qui veulent la connoître.
Le coendou diiFbte du porc-épic; il est de beaucoup plus petit , il a la têt^ à proportion moins longue et le museau plus court ; il n'a point de panache sur la tête , ni de fente à la lèvre supé- rieure ; ses piquans sont trois ou quatre fois plus courts «ît beaucoup plus me^ nus ; il a une longue queue , et celle du porc-épic est très-courte ; il est car- nassier plutôt que frugivore , et cher- che à surprendre les oiseaux , les petits animaux , les volailles , au lieu que le porc épie ne se nourrit que de légu- mes , de racines et de fruits. Il dort pendant le jour comme le hérisson , et court pendant la nait ; il monte sur les arbres , et se retient aux branches avec sa queue, ce que le porc-épic ne fait ni ne pourroit faire; sa chair, disent tous les voyageurs, est très-' on ne à
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ire qui nous , par ]a bi- 8^ de ceux
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DU PORC-ÊPIC. 65
manger; on peut l'apprivoiser ; il de- meure ordinairement dans les lieux élevés , et on le trouve dans toute l'étendue de l' Amérique , depuis le Brésil et la Guiaue jusqu'à la L3ui- siane et aux parties méridionales du Canada ; au lieu que le porc-épic ne se trouve que dans les pays chauds de l'ancien continent.
En transportant le nom du porc- épic au coendou , on lui a supposé et transmis les mêmes facultés , celle sur- tout de lancer ses piquans ; il est éton- nant que les naturalistes et les voya- geurs s'accordent sur ce fait, et que Pison qui devoit être moins supersti- tieux qu'un autre , puisqu'il étoit mé- decin, dise gravement que les piquans du coendou entrent d'eux-mêmes et par leur propre force dans la chair , et percent les corps jusqu'aux viscères les plus intimes. Ray est le seul qui ait nié ces faits, quoiqu'ils paroissent évidem- ment absuiv..^s : mais; que de choses
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64 HISTOTItE NATURELLIi:
absurdes ont été niées par des gens sensés , et qui cependant sont tous les jours affirmées par d'autres gens qui se croient encore plus sensés !
L' U R S O N.
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• Cet animal n'a jamais été nommé : placé par la nature dans les terres dé- sertes du nord de l'Amérique , il exis- toit indépendant , éloigné de l'homme, et ne lui appartenoit pas même par le nom , qui est le premier signe de son. empire. Pludson ayant découvert la terre oîi il se trouve, nous lui donne- rons un nom qui rappelle cehii de sou premier maître , et qui indique en même temps sa nature poignante et hérissée ; d'ailleurs il étoit nécessaire de le nommer pour ne le pas confondre avec le porc-épic ou le coendou , aux- quels il ressemble par quelques carac- tères , mais dont cependant il diffère assez à tou.s autres égards , pour qu'on
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té nommé : i terres dé- lie , il exis- e l'homme , lême par le igné de son îcouvert la
lui donne- eliii de sou ndique en )ignante et
nécessaire I confondre idou , aux- jues carac- fc il difitîre pour qu'on
DU PORC-ÉPI c. 65
doive le regar^^^ÎT comme une espèce particulière et appartenante au climat du nord , comme les autres appartiens lient à celui du midi.
L'urson auroit pu s'appeler le castor épineux , il est de même pays j de la lême grandeur et à-peu-près de la iwiême forme du corps ', il a , comme lui , Éi Vextrémité de chaque mâchoire , deux dents incisives, longues , fortes et tranchantes : indépendamment de ^ses piquans qui sont assez courts et presque cachés dans le poil , l'urson a , comme le castor, une double fourrure , la première de poils longs et doux, et la seconde d'un duvet ou feutre encore plus doux et plus mollet. Dans les jeunes , les piquans sont à pi oportion plus grands , p\us appareils , et les poils plus courts et plus rares que dans les adultes ou les vieux.
Cet animal fuit l'eau et craint de se mouiller ; il se retire et fait sa bauge sous les racines des arbres creux ; il
Qiiadrup. V. 6
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66 HTSTOIRB NATURELLK
dort beaucoup , et lourrit principar lement d'écorce de genièvre : en hiver , la neige lui sert de boisson ; en 6Xé , il boit de l'eau et lappe comme un chien. Les Sauvages mangent sa chair % et se servent de sa fourrure , après en avoir arrache les piquans qu'ils emploient au lieu d'ëpingles et d'aiguilles.
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Espèces connues dans ce genre.
Le Porc -épie proprement dit , hystrix
Cristata, Le Coendou , hystrix Prehensilù' r . L'Urson , hystrix Dorsata. Le Forc-épic à longue queue , hystrix Ma' ^ croura, • - •
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rrit princlpor Te : en hiver , on ; en été , il Lme un chien, i chair » et se iprès en avoir emploient an les.
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Oàractère générique : denta incisives
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Cet animal est de la grosseur d'un lièvre ; il a la rudesse de poil , et le grognement du cochon \ il a aussi sa gourmandise , il mange de tout avec voracité \ et lorsqu'il est rassasie, rem- pli , il cache , comme le renard , en differens endroits ce qui lui reste d'ali- nxçnapom' le tjrpUYçr aube^aiii ; il a^
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68 HISTOIRE NATURELLE
plaît à faire du dégât, à couper , à ron- ger tout ce qu'il trouve ; lorsqu'on Fir- lite , son poil se hérisse sur la croupe , et il frappe fortement la terre de ses pieds de derrière ; il mord cruellement ; il ne se creuse pas un trou comme le la- pin , ni ne se tient pas sur terre à dé- couvert comme le lièvre j il habite or- dinairement dans le creux des arbres et dans les souches pourries. Les fruits , les patates , le manioc sont la nourriture ordinaire do ceux qui fré- quentent autour des habitations ; les feuilles et les racines des plantes et des arbrisseaux sont les alimens des autres qui demeurent dans les bois et les savanes. L'agouti se sert , comme récureuil , de ses pieds de devant pour saisir et porter à sa gueule : il court d'une très-grande vitesse en plaine et en montant ; mais comme il a les jam- bes de devant plus courtes que celles de derrière , il feroit la culbute s'il ne ràlentissoit sa course en descendant. Il a
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, à ron- bn Pir- Toupe , de ses sment j e le la- 3 k dë- ►ite or- arbres 1^7. Xes sont la li fré- s ; les tes et is des >oîs et >mine : pour court ;ne et jam- celles 'il ne MU
^V^toE L'AGOUTT. 69
la vue boiine et Touïe très -fine ; lors- qu'on le pipe , il s'arrête pour écouter. La chair de ceux qui sont gras et bien nourris n'est pas mauvaise à manger , quoiqu'elle ait un petit goût de sauva- ge et qu'elle soit un peu dure : on échau- de Tagouti comme le cochon de lait , et on l'apprête de même. On le chasse avec des chiens ; lorsqu'on peut le faire entrer dans des cannes de sucre cou- pées , il est bientôt rendu y parce qu'il y a ordinairement dans ces terreins de la paille et des feuilles de canne d'un pied d'épaisseur , et qu'à chaque saut qu'il fait il enfonce dans cette li- tière, en sorte qu'un homme peut sou- Vent 'l'atteindre et le tuer avec un bâ- ton. Ordinairement il s'enfuit d'abord très- vite devant les chiens , et gagne ensuite sa retraite^ où il se tapît et de- meure obstinément caché : le chasseur, pour l'obliger à en sortir, la ren>piit de fumée ; l'animal à demi suffoqué jette des cris douloureux et plaintifs , et no
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70 HISTOIRE N\TURELLB
paroit qu'à toute extrëmitë. Son cri > qu'il rëpète souvent lorsqu'on Tin- quiète ou qu'on l'irrite , est semblable à celui d'iw petit cochon. Pris jeune , -il s'apprivoise aisément , il reste à la maison , en sort seul et revient de lui- même. Ces animaux demeurent ordi- nairement dans les bois , dans les haies ; les femelles y cljcrcbent un endroit fourré pour préparer un lit à leurs pe- tits ; elles font ce lit avec des feuilles et du foin ; elles produisent deux ou trois fois par an ; chaque portée n'est , dit-on , que de deux , elles transpor- tent leurs petits comme des chattes , deux ou trois jours après leur naissan- ce : elles les portent dans des trous d'arbres , où elles lae les alaitent que pendant peu de temps : les jeunes agou- tis sont bientôt en état de suivre leur mère et de i^hercher à vivre. Ainsi le temps de l'accroissement de ces ani- maux est asses court , et par consé- quent leur vie n'est pas bien longue.
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DS L' AG OUTI. 71
i- II paroit que l'agouti est un animal particulier à l'Amërique y il ne se trou- ve pas dans l'ancien continent : il semble être originaire des parties mé- ridionales de ce nouveau Monde , on le trouve très-communëment au Bré' sil , à la Guiane , à Saint-Domingue , e( dans toutes les iles ; il a besoiu d'un climat chaud pour subsister et se mul- tiplier , il peut cependant vivre eu France , pourvu qu'on le tienne à Fa- bri du froid dans un lieu sec et chaud , sur-tout pendant l'hiver , aussi n'ha- bite-t-il en Amérique que les contrée» méridionales , et il ne s'est pas répan- du dans les pays froids et tempérés.
L'agouti que nous avons eu vivant ^ et dont nous donne w? ici la figure > étoit gros comme un lapin : son poil étoit rude et de couleur brune et un peu mêlé de roux : il a voit la lèvre supérieure fendue comme le lièvre , ja queue encore plus courte que le la- pin, les oreilles aussi courtes que lar-
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^2 HISTOIRE NATURELLE ges , la mâchoire supérieure avancëe au-delà de rinférieure y le museau comme le loir , les dents comme la marmotte, le cou long, les jambes grê- les, quatre doigts aux pieds de devant , et trois à ceux de derrière. Marcgrave , et presque tous les naturalistes après lui , ont dit que l'agouti ayoit six doigts aux pieds de derrière : M. Brisson est le seul qui n'ait pas copié cette erreur de Marcgrave ; ayant fait sa descrip- tion sur ranimai même , il n'a vu , comme nous, que trois doigts aux pieds de derrière. .
L'AKOUCHL
n L'akouchi est assez commun à }$• Guiane , et dans les autres parties de l'Amérique méridionale j il, diflPère de l'agouti , en ce qu'il a une queue y au lieu que l'agouti n'en a point *, il en diffère encore beaucoup par la gran- deur , n'étant guère plus gros qu'un
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• ' D B ï.' A G O IT T r. 75
laporean de six mois ; on no le trouve que dans les grands bois. Il vit des mê- mes fruits y et il a presque les mêmes habitudes que l'agouti. Dans les îles de Sainte-Lucie et de la Grenade , on l'appelle agouti ; sa cliair est un de« meilleurs gibiers de l'Amérique méri- dionale ; elle est blanche et a du fumet comme celle du lapereau. Lorsque les akouchis sont poursuivis par les chiens , ils se laissent prendre plutôt que de se jeter à l'eau. On les apprivoise aisé- ment dans les maisons ; ils ont un pe- tit cri qui ressemble à celui du cochon- d'Inde , mais ils ne le fout entendre que rarement. - . ^ j
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' Le paca eat un animal du nouveau Monde , qui se creuse un terrier comme le lapin, auquel on l'a souvent comparé, et auquel cependant il ressemble trè»- peu j il est beaucoup plus grand que 1»
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74 HlfiTOIRE NATURELLE lapin , et même que le lièvre , il a le corps plus gros et plus ramasse , la tête ronde et le museau court : il est gras et replet , et il ressemble plutôt , par la forme du corps , à un jeune cochon , dont il a le grognement , l'allure et la manière de manger \ car il ne se sert pas , comme le lapin » de ni^% pattes de devant pour porter à sa gueule , et il fouille la terre , comme le cochon ^ pour ti'ouver sa subsistance , il habite le bord des rivières , et ne se trouve que dans les lieux humides et chauds de l'Amérique me'ridionale. Sa chair est très-bonne à manger , et si grasse qu'on ne la larde jamais , on mange même la peau, comme celle du cochon de lait , aussi lui fait-on continuelle- meni la guerre : les chasseurs ont de la peine à le prendre vivant, et quand on le surprend daus son terrier , qu'on de» couvre en devant et en arrière , il se ■défend , et cherche même à se venger en mordant avec autant d'acharnement
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D E L' A G O U T I. r 75
que de vi Tacite. Sa peati , quoique cou- verte d'un poil court et rude , fait une asiez belle fourrure , parce qu'elfe est régulièrement tachetée sur les côtés. Ces animaux produisent souvent et en grand nombre; ks hommes et les ani- maux de proie en détruisent beaucoup^ et cependant l'espèce en est toujours à-pen-près également nombreuse ;• elle est natnreiW et particulière a TAmé* rique méridionale , et ne se traure nuUe part déni l'ancien continent; /w
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Cet animal qui se trouve au Brésil , n'est ni lapin ni rat , et paroît tenir quelque chose de tous deux ; il a envi- ron un pied de longueur sur sept pou- ces de cirdonférence , le poil de la mé- tr.e couleur que nos lièvres / et blanc sous le ventr^; il à aussi la lèvre fen- due do même ; les grandes dentâ itici* sives, et la moustaûhe autour de la gueule et à côté de» yeux ; mais set
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HISTOIRE NATURELLE oreilles sont arrondies comme celles du rat:, et elles sont si courtes qu'elles n'ont pas un travers de doigt de hau-r teur ; les jambes de devant n'ont que trois pouces de hauteur^ celles de der*'- rière sont un peu plus longues; les pieds de. devant ont quatre doigts couf verts d'une peau noire et munis de pe^ tits ongles courts ; les pieds de derrière li'ont que trois doigts.^; dont celui du milieu est plus long que les deux au-^ très.' Uapéréa. n'a point de queue ; sa tête est un peu plus alongëe que celle du lièvre , et sa chair est cofnme celle du lapin auquel il ressemble par la manièp de vivre. Il se recèle aussi dans des trous , mais il ne creuse pas la terre comme le lapin ,, c'est plutôt dans des iPentes de rochers et ^e pierre^ que dans, des sables qu^il se retire : aussi estril bien aise à prend^ré dans sa re- traite. On le chasse cohime un très- bon gibier , ou du moins iiussjl bon que ^nos meiUeurs W^^^tB^fn ^U> ., •
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aie celles du rtes qu'elles )igt de h*u-; t n'ont que lies de der*^ longues; les 3 doigts ooa^ nuhis de pe^ 3 de derrière >nt celui da B8 deux au-» e queue; sa rée que celle comme celle mble par ]a recèle aussi creuse pas la tplutôt dans 5 pierres que etu^e : aussi dans sa re- né un très- ^usfli bon que
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DE L' Agouti; H 77
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»x> Cet animal d'Améri^Qe n'ayoit ja- niais paru en Europe , et c'est aux bontés de M. k duc de Bouillon que nous en devons la connoisaanee ; com- me ce prince est curieux d'animaux étrangers, il m'a quelquefois fait l'hon- neur de m'appeler pour les voir , et par amour pour le bien, il nous en a donné plusieurs ; celui-ci lui; avoit été envoyé jeune , et n'étoit pas encore tout-à-ïfait adulteldrsque le fcoid l'a fait mourir: nous avons donc été h portée de le oonnoître et de le ^éçriires tant à l'extérieur qu'à l'intérieur. , Ce n'est point lun cocbon , comme l'ont prétendu les naturalistes- et ;les voyar geùrs ; il ne lui ressemble même, que par cie petits rapports , et en difiPère par de grands caractères ', il ne devient jamais aussi grand \ le plus gros çabiaî est à peine égal à tin cochon de dix^huit Quadrup. V. 7
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78'^ HISTOIRE NATURELLE
mois ; il a la tête plus courte , la gueule beaucoup moins fendue , les dents et les pieds tout diffërens , des membra- nes entre les doigts , peint de queue ni dedëfenses ; les yeuxgphis grands, les «oreilles plus courtes ; et il en diff^e encore autant par le naturel et les tneeurs , que par la 'eenforination : il bàbite sourent dans l'eau où il nage eomiiie une loutre , y ohcrcbe de mê- méè& prbie , et rient manger au bord le poisson qu'il prend et qu'il saisit avec la gueule et les ongles ; il mange aussi des grains , des fruits et des tan-^ lies de sucre; comme ses pieds sont longs et plats , il se tient souvent assis sur ceux de detrièire. Son cri est plutôt un braiement oomme celui de l'âne qu'un grognement comme celui du cochon; il ne marébe ordinaire- 'Inent que la nuit , et presque toujours de compagnie , sans s'éloigner du bord des eaux ; car comme il «Kmrt mal à cause de ses longs pieds et de ses jambei
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D E L' A G O U T I. 79
courtes , il ne pourroit trouver son sa- lut dans la fuite ; et pour échapper à ceux qui le chas^nt , il se jette à l'eau , j plonge et va sortir au loin , ou bien y demeuie si long- temps qu'on perd l'espérance de le revoir. Sa chair est grasse et tendre , mais elle a plutôt , comme celle de la loutre , le gôut d'nu mauvais poisson que celui d'une bonne viande; cependant on a remarqué que la hure n'en étoit pas mauvaise , et cela s'accorde avec ce que l'pn sait du casfor , dont les parties antérieures ont le goût de la chair, tandis que les parties postérieures ont le goût du pois- son. Le cabiai est d'un naturel tran- quilleetdoux^il ne fait ni mal ni que- relle aux autres animaux ; on l'appri- voise sans peine , il vient à la voix , et suit assez volontiers ceux qu'il connoit et qui l'ont bien traité. On ne le nour- rissoit à Paris qu'avec de l'orge , de la salade et des fruits : il s'est bien porté tant qu'il a fait chaud. Il paroît; par lo
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80 HISTOIRE NATURELLE
grand nombre de ses mamelles , que la femelle produit dos petits en quantité. Nous ignorons le temps de la gestation, celui de l'accroissement , et par con- séquent la durée de la vie de cet ani- mal : noshabitans de Cayonne pourront nous en instruire , car il se trouve assez communément à la Guiane aussi bien qu'au Brésil , anx. Amazones et dans toutes les terres basses de l'Amé- rique méridionale.
LE COCHON-D'INDE.
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Cb petit animal , originaire des cli- mats chauds du Brésil et de la Guinée , ne laisse pas de vivre et de produire dans les climats tempérés, et même dans les pays froids , en le soignant et lo mettant à l'abri de l'intempérie des saisons. On élève des cochons-d'Inde en France , et quoiqu'ils multiplient prodigieusement, ils n'y sont pas en grand nombre , parce que les soins
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DE L* AOOUTT. 8l
qu^ils demandent ne sont pas compenses par le profit qu'on en tire. Lear peau n'a presque aucune valeur, etlearchair, quoique mangeable /n'est pas assez bonne pour être recherchée : elle se- roit meilleure si on les ëleyoit dans des espèces de garennes oiH ils auroient de l'air , de l'espace et des herbes à choi- sir. Ceux qu'on garde dans les maison» ont à-pcu-près le même mauvais goût que les lapins clapiers , et ceux qui ont passé l'été dans un jardin ont toujours un goût fade , mais moins désagréable. Gcs animaux sont d'un tempéra^ ment si précoce et si chaud , qu'ils se recherchent et s'accouplent cinq ou six semaines après leur naissance ; ils ne prennent cependant leur accroisse- ment entier qu'en huit ou neuf mois , mais il est vrai que c'est en grosseiir apparente et en graisse qu'ils augmen** tent le plus , et que le développement des parties solides estfait avant l'âge de cinq ou six mois. Les femelles ne por«
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ëlX HISTOIRE NATURELLE tent que trois «emainei , et noiu en avons vu mettre bas! deux mois d'âge. Ces premières portas ne sont pas si nombreuses que les suivantes » elles «ont de quatre ou cinq , la seconde portée estde cinq ou six» et les autres à» sept ou bnit ou même dedix ou onze. Xa «ère a'alaite ses petits que pen- dant douae ou quinze jours , elle les cbasse dès qu'elle reprend le mâle , c'est au plus tard trois semaines après qu'elle a mis bas; et s'ils s*obstinent à demeurer auprès d'elle , leur père les maltraite et les tue. Ainsi y ces ani- maux produisent au moins tous les deux mois ', et ceux qui Tiennent de naître produisant de même , l'on est étonne de leur prompte et prodigieuse multiplication. Avec une seule couple, on pourroit en avoir un millier dans im an^ mais ils se détruisent aiusi vite qu'ils imllulenl , le froid et Thumidité les font mourir , ils se laissent manger par les chats sans se defondre ; lea
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DE L' A O O U T I. 83
mères même ne s'irritent pas contre eux; n'ayant pas le temps de s'attacher à lenrs petits , elles ne font aucun ef- fort pour les sauver. Les mâles se sou- cient encore moins des petits , et se laissent manger eux-mêmes sans ri^Lis* tance , ils n'ont de sentiment bien dis- tinct que celui de Famour , ils sont alors susceptibles de colère , ils se bat- tent cruellement, ils se tuent même quelquefois entr'eux lorsqu'il s'agit de se satisfaire et d'avoir la femelle. Ils passent leur vie à dormir , jouir et manger ; leur sommeil est court , mais fréquent; ils mangent à toute heure du jour et de la nuit , et cherchent à jouir aussi «ou vent qu'ils mangent; ils ne boivent jamais, et cependant ils urinent atout moment. Ils se nourris- sent de toutes sortes d'heibes , et sur- tout de persil ; ifls le préfèrent même au son , à la farine, au pain , ils aiment aussi beaucoup les pommes et les autres fruits. Ils mangent précipitamment >
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84 HISTOIRE NATURELLE à-peu-prèfl comme les lapins, peuà-lar fois, mais très-âuuvent. Ils ont un gro- gnement semblable à celui d'un petit cocbon de lait ; ils ont aussi une espèce de gazouillement qui marque lei/ (lai- sirs lorsqu'ils sont auprès '^e lei;/ ie- melle , et un cri fort aigu iorsq ''ils res- sentent do la doulnur. TU sont déli- cats , frileux y et l'un a de la peine à leur faire passer l'hiver \ il faut les te- nir dans un endroit sain , sec et chaud. Lorsqu'ils sentent le froid , ils se ras- semblent et se serrent les uns contre les autres \ et il arrive souvent que saisis par le froid ils meurent tous en- semble. Ils sont naturellement doux et prives , ils ne font aucun mal ; mais ils sont également incapables de bien , ils ne s'attachent point : doux par tempérament , dociles par foiblesse , presque insensibles atout ,ils ontlair d'automates montés pour la propaga- tion , fai* J sc'I' ïient pour figurer une espèce. ,,. . ...
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^^119 L' AG OUT I. 8J
Espères connues Jans ce genre.
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Le Paca , caWa Paca. ( \ /, "f^
L'Akouchi , cavia Acuachy.
L'Agouti proprement dit , cavia Aguti,
L'Apéréa, cavia Aperea.
Le Cochon- d'Inde , cavia Cobaya*
Le Cabiai , cavia Capybara.
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B6 HISTOIRE NATURELLE
XXIV GENRK
LE CASTOR, CASTOR.
Caractère générique: dents incisives supérieures taillées en coin, quatre dents molaires de diaque côté j cla- vicules entières.
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L E C A s T O R.
Autant Vnomme s'est élevé au-dessus de rétat de nature , autant les animaux se sont abaissés au-dessous ; soumis et réduits en servitude , ou traités comme rebelles et dispersés par la force y leur» sociétés se sont évanouies , leur indus- trie est devenne stérile , leurs ibibles arts ont disparu^ chaque espèce a perdu
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ses qualités générales ; et tona joHont conservé que lears propriétés iadivi- dueHes , perfectionnées! «bus les uns par rexemple , Vimitation , l'édiucation , et angles autres par la crainte et par la nécessité oh ils sont â» vetlkr coati* nnellement à knr sûreté. Qiaelfes Tue% quels desseins, qnels pre^ts peuTeut avoir des esclaves sans am«, ou des re- légués sans puissance ? rantperouCuàr» Yt toujours exister d'une manière so- litaire , ne rten édifier , ne rien pro- duire , ne rien transmettre , et toujours languir dans la calamité» dédieoir , m perpétuer sans se multiplier » perdre en Un m6>t par la durée autant et plus qu^lsnVvoient acquis parle temps. ^ * Aussi ne reste^t^il quelques vestiges dé leur merveilleuse Sndustrie , que dans ces oontréee éloignées et désertes, ignorées de Fbomme pendant une Ion- ^ue suite de siècles , où chaque espèce ponvoit manifester en liberté ses talens naturels et les perfectionner jdans lo
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68 HISTOIRE NATURELLE
t^pos en -se réunissant en société diira* ble. Les oasiocs' sont peut-être le seul exemple qui subsiste comme un ancien monument dé cette espèce d'intelli- gence dès brutes , qui , quoique ihfini- ment inférieure pàr.son principe à celle de rhomme, suppose cependant des projets communs et des vues relatives ; projets qui ayant pour base la so- ciété , et pour objet une digue à cons- truire , une bourgade à élever , une es- -pèce de république à fonder , suppQscnt aussi ime manlière quelconque de s'en- tendre et d'agir de concert. ; ; ; r r n' ^ Les castors , dira~t-on, sontparmi les quadrupèdes ce que les abeilles sont parmi lès insectes. Quelle différence! Il y a dans là nature, telle qu'elle, nous est parvenue , trois espèces de sociétés «qu'on doit considérer avant de les com- parer ; la société libre de l'homme , de laquelle après Dieu il tient toute sa puissance ; la société gênée des ani- maux^ toujours fugitive devant celle
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làe l'homme ; et enfin la société forcée <d» quelques petites bètes, qui naissant toutes en même temps d&ns le m^me lieu, sont contraintes d'y demeurer t3nsemble. Un individu pris solitaire" «nent et au sortir des mains de la na- ture , n'est qu'un être stérile > dont l'industrie se borne au simple usage des sens 'y l'homme lui-mêm« dans l'état d« pure nature , dénué de lumières et de tous les secours de la société , ne pro- duit cien , n'édifie rien. Toute société, au contraire , devient nécessairement féconde, quelque fortuite^ quelqu'a- Veugle qu'elle puisse être , pourvu qu'elle soit composée d'êtitss de même nature : par la seule nécessité de se chercher ou de s'éviter > il s'y formera des mouvemens communs , dont le ré^ «ultat sera souvent un ouvrage qui aura l'air d'avoir été conçu , conduit et exé- cuté avec intelligence. Ainsi l'ouvrage des abeilles qui dans un lieu donné , tel .qu'une ruche ou le exeux d'un vieux Quadrup. V. 8
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90 HISTOIRE NÀTUnÊLLE arbre , bàtiMcnt chacane leur cellule , l'ouyrage des mouches de Ca^renne^ qui non-seulement font aussi leurs cel- lules , mais construisent même la ruche qui doit les contenir , sont des travaux purement mi^oaniques qui ne supposent aucune intelligence , aucun projet con- certe ) auoune vue générale ; des tra^ vaux qui n'étant que le produit d'une nécessité physique , un résultat d« mouvemens communs, s'exercent tou- jours de la même façon , dans tous les temps el dans tous les lieux y par une multitude qui ne s'est point assemblée par choix , mais qui se trouve réunie par force de nature. Ce n'est donc pas la société , c'est le nombre seul qui opère ici ; c'eit'UAe puissance aveugle , qu'on ne peut comparer à la lumière qui di- rige to|ri:e société : je ne parle point do Cette lumière pure , de ce rayon divin , qui n'a été départi qu'à l'homme seul ; les castcAven sont assurément privés , tourne loHS'les autres animaux^ mais
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leur cellule, B Ca5renne, ssi leurs ce]- ?me la ruche des travaux le supposent L projet oon- B ; des tra<- Dtluit d'une résultat d^ ercent tou- nstous les '/ par une '. assemblée ve réunis >t donc pas 1 qui opère glô , qu'on •e qui di-
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privés, IX ; mais
■'.î DU CASTOR. 91
leur société n'étant point une réunion forcée, se faisant au contraire par une espèce de choix, et supposant au moini un concours général et des vues com- munes dans ceux qui la composent , suppose au moins aussi une lueur d'in- telligence qui , quoique très*âifférente de celle de l'homme par le principe , produit cependant des effets assez sem- blables pour qu'on puisse les compa- ' rer , non pas dans la société plenière et puissante , telle qu'elle existe parmi les peuples anciennement policés , mait dans la société naissante, chei des hom- mes sauvages , laquelle seule peut , avec équité , être comparée à celle des xmimaux» •'/ ',*--.^-... *^.v.'i.i j., . i
Voyons donc le produit de Fune et l'antre de ces sociétés; voyons jusqu'où s'étend l'art du castor , et où se borne celui du sauvage. Rompre une branche pour s'en faire un bâton , se bâtir une hutte, la couvrir de feuillages pour se mettre à l'abri, amasser de lamouss»
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^^ HISTOIRE NATURELLE
au du foin pour se faire un lit» sont des actes communâ à Tauiinal et au sau* vage 'y loa ours font de» huttes , les sin-» ges ont des bâtons , plusieurs autres animaux se pratiquent un domicile propre , commode , impénétrable à l'eau. Frotter une pierre pour la ren- dre tranchante et «'en faire une hache, »'en servir pour couper , pour écorcer du bois, pcvar aiguiser des flèches, pour oi-eiiser un vas» , ëcorchcr un animal pour se revêtir de sa peau , en prinndre les nerfs pour faire une cordé d'arc, attacher ces mêmes nerfs à iine cpine dure , et se servir de tous deux comme de fil et d'aiguille , sont des actes pure- ment individuels que l'homme en soli^. tude peut tous exécuter .saris être aidé des autres , des actes qui dépendent de sa seule conformation , puisqu'ils ne; supposent que l'usage de la main ; mais^ couper et transporter un gros arbre , élever un carbet , construire une pi- jQg|ue , 3Qnt au cowtruirç des Qj)4r«^t4Pft»
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UU CASTOR. ^
q ni suppose jit nécessairement un tra- vail commun et des vues concertées. Ces ouvrages sont aussi les seuls résul- tats de la société naissante chez des na^- lions sauvages , comme les ouvrages des castors sont les fruits de la sooiétd perfectionnée parmi ces animaux : car il faut observer qu'ils ne songent point à bâtir ^ à moins qu'ils n'habitent un pays libre , et qu'ils n'y soient parfai-^ tement tx^ii:: quilles. Il y a des castors en Languedoc , dans les îles du Rhôncj,, il y en a en plus grand nombre dans les provinces du nord de l'Europe ; mais comme toutes ces contrées sont habi- tées ou du moins fort fréquentées par les hommes , les castors y sont , comme tous les autres animaux , dispersés , solitaires , fugitifs , ou cachés dans un terrier^ on ne les a jamais vus se réu-« nir , se rassembler , ni rien entrepren- dre , ni rien construire ; au lieu que dans ces terres désertes , où l'hommq f n société n'a pénétré que bien tard j
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g4 HISTOIRE NATVRBLL13
et où l*ori no voyoit auparavant que cpielques vestigca de l'homme sauvage, on a par-tout trouve des cantors r^u- nh, formant des sociëtës , et l'on n'a pu s'enip^^chcr d'admirer leurs ouvra- ges. Nous tâcherons de ne citer que des tëmoins judicieux j irréprochables, et nous ne donnerons pour certains que les faits sur lesquels ils s'accordent ; moins portés peut-être que quelques- uns d'entr'eux à fadmiration , nous nous permettrons le doute et même la :^i itique sur tout ce qui nous paroîtra ti'op difficile à croire.
Tous conviennent que le castor , loin d'avoir une supërioritë marquée sur les autres animaux , paroi t au con- traire être au-dessous de quelques-uns d'entr'eux pour les qualités purement individuelles; et nous sommes en é(a ' de confirmer ce fait , ayant encore ac- tnellemeat un jeune castor vivant, qui' nous a été envoyé de Canada , et que nous gardons depuis près: d'un an. CTesf
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5t l'on ii*a rs ouvra- ter que des hables, et tains que ccordent j quelques- >n , nous même la s paroitra
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î^ D U CASTOR.» §tt un animal assez doux , assez tranquille, assez familier , un peu triâté , rtêrtid un peu plaintif, sans ' passions vioJ lentes , sans appétits véhëmens , né se donnant que peu de mouvement, rtd faisant d*effbrt pour quoi qtie Ce soit , cependant occupe sérieusement du de*' sir de sa liberté , rongeant de temp!^ en temps les portes de sa prison , mais sans fureur, sans précipitation, et dans la seule vue d'y faire une ouverture pour en sortir j au reste assez indiffè- rent , ne s'attacliant pas volontiers , ne cherclrant point à nuire, et assez pcK à plaire. Il paroît inférieur au cbien , par les qualités relatives qui pourroient l'approcberde Tbomme ; il ne 8emblc( fait ni pour servir, ni pour comman^ der , ni même pour commercer avec une autre espèce que la sienne ; son* sens , renfermé dans lui-même , ne se' manifeste en entier qu'avec ses sem- blables ; seul il a peu d'industrie pcr- i^onnelle , encore moins de ruses , pas'
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96 HISTOIRE NATURELLE même assez de dëfiance pour évi- ter des pièges grossiers : loin d'uUa^ quer les autres animaux il ne saU pas même se bien défendre ; il preTcro la fuite au combat , quoiqu'il morde cruellement et avec acliarnemont lors->< qu'il se trouve saisi par la main du chasseur. Si l'on considère donc cet animal dans l'état de nature, ou plu- tôt dans son état de solitude et de dia- pcrsion , il ne paroi tra pas , pour les qualités intérieures au-dessus des au-" très animauTç j il n'a pas plus d'esprit que le chien, de sens que l'éléphant, de ^nçssc que le renard, &.c. Il est plu** tôt remarquable par les singularités de conformation extérieure, que par la supériorité apparente de ses qualî^ tés intérieures. Il est le seul parmi les quadrupèdes qui ait la queue plate ,^ ovale et couverte d'écaillés, de laquelle lise sert comme d'un gouvernail pour 9e diriger dans l'eau -, le seul qui ait des nageoires aux pieds de derrière , et eu
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• D U C A s T D R. 97>
même temps les doigts sépares daiiai ocux du devant^ (ju'ii emploie comme des mains pour porter à sa bouche ; le- seul qui ressemblant aux animaux ter-^ r es très par les parties antérieures de son corps, paroisse en même temps te^ Xiir des animaux aquatiques par le» parties postérieures; il fait la nuance des quadrupèdes aux poissons , comme la chauve-souris fait celle des quadru-% pèdes aux oiseaux* Mais ces singulari^ tés seroient plutôt des défauts que dea perfections , si Tanimal ne savoit tirer de cette conformation , qui nous paroît bizaiTe, des avantages uniques , et qui le rendent supérieur à tous les au-^ très. . ..,: ■> ■, .. .:...■ ,
Les castors commencent par s'as- sembler au mois de juin ou de )uil<« let pour se reunir en société ; lia arrivent en nombre et de plusieurs côtés, et forment bientôt une trou-^ pe de deux ou trois cents : le lieu Uw vçAde«-Yovi9 est ordin^iremçnt
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08 HISTOIRE NATUREtLE
le lieu de l'établissement , et c'est ton- . jours au bord des eaux. Si ce sont des eaux plates , et qui se soutiennent à la même hauteur comme dans un lac , ils se dispensent d'y construire une digue; mais dans les eaux courantes , et qui sont sujettes à hausser ou baisser , comme sur les ruisseaux , les rivières , ils établissent une chaussée , et par cette retenue ils forment une espèce d'étang ou de pièce d'eau , qui se sou- tient toujours à la même hauteur : la chaussée traverse la rivière comme une écluse , et va d'un bord à l'autre ; elle a souvent quatre- vingts ou cent pieds de longueur sur dix ou douze pieds d'épaisseur à sa base. Cette cons- truction paroi t énorme pour des ani- maux de cette taille , et suppose en effet un travail immense ; mais la so- lidité avec laquelle l'ouvrage est cons- truit , étonne encore plus que sa gran- deur. L'endroit de la rivière oh ils éta- blissent cette digue est ordinairement
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DU CASTOR. 99
peu profoud ; s'il se trouve sur le bord un gros arbre qui puisse tomber dans l'eau, ils commenceat par Tabaltre pour en faire la pièce principale de leur construction : cet arbre est sou^ vent plus gros que le corps d'un hom^ jne ; ils le scient , ils le rongent au pied et sans autre instrument que leurs quatre dents incisives , ils le coupent «n assee peu de temps , le font tom- ber du côté qu'il leur plaît , c'est-à- dire en travers sur la rivière ; ensuite ils coupent les branches de la cime de cet arbre tombe , pour le mettre de ni«- veau et le faire porter par-tout égale* ment. Ces opérations se font en com- mun ', plusieurs castors rongent ensem- ble le pied de l'arbre pour l'abattre , plusieurs aussi vont ensemble pour en couper les branches lorsqu'il est abat- tu ; d'autres parcourent en même temps les bords de 1a rivière , et coupent de moindres arbres , les uns gros comme la jambe^ les autres coiome U cuissi»; ijln
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lôô HXfiTOlAfi NATURELLE
les (lëpëcentet les soient à une certaine hauteur pour en faire des pieux \ iU lamèucnt ces pièces de bois, d'abord pai^ terre jusqu'au bord de la rivière , et ensuite par eau jusqu'au lieu de leur tonstruction ; ils en font une espë^- t;e de pilotis serre , qu'ils enfoncent lencore en entrelaçant des branches en^- tre les pieiix. Cette opération suppose bien des difKcuUds vaincues ; car, pour dresser ces pieux et les mettre dans Une situation à-peu-près perpendicu^- laire , il faut qu'avec les dents ils élè- vent le gros bout contre le bord de la rivière , ou contre l'arbre qui la tra- verse , que d'autres plongent en mémo temps jusques au fond de l'eau pour y creuser avec les pieds de devant un trou , dans lequel ils font entrer la pointe du pieu , afin qu'il puisse se te-^ tiir debout. A mesure que les uns plan~ tent ainsi leurs pieux , les autres vont chercher de la terre qu'ils gâchent avec leurs pieds et battent avec leur
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D U C A 8TOR. 10%
queue , ils la portent dans leur gueu1<? et avec les pieds de devant , et ils en transportent une si grande quantité qu'ils en remplissent tous les interval- les de leur pilotis. Ce pilotis est compo- se de pi a sieurs rangs de pieux , tous ëgaux en hauteur , et tous plantes les uns contre les autres ; il s'ëtend d'un bord à l'autre de la rivière , il est rem- pli et maçonné par -tout : les pieux sont plantés verticalement du côté de la chute de l'eau , tout l'ouvrage est au contraire en talus du côté qui en soutient la charge , en sorte que la chaussée qui a dix ou douze pieds d« largeur à la base , se réduit à deux on trois pieds d'épaisseur au sommet ; elle a donc non-seulement toute l'étendue ^ toute la solidité nécessaire , mais encore la forme la plus convenable pour re- tenir l'eau , l'empêcher de passer , en soutenir le poids , et en rompre les ef- forts. Au haut de la chaussée , c'est-à- dire , dons la partie où elle a le moins Quadrup. V. 9
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102 HISTOIRE NATURELLE
d'éj)aisseur , ils pratiquent deux ou trois ouvertures en pente , qui sont autant de décharges de superficie qu'ils élargissent ou rétrécissent selon que la rivière vient à hausser ou baisser ; et lorsque par des inondations trop gran- des ou trop subites il se fait quelques brèches à leur digue , ils savent les ré- parer, et travaillent de nouveau dis que les eaux sont baissées.
Il seroit superflu , après cette expo- sition de leurs travaux pour un ouvrage public, de donner encore le détail de leurs constructions particulières , si dans une histoire l'on ne devoit pas compte de tous les faits , et si ce pre- mier grand ouvrage n'étoit pas fait dans la Tue de rendre plus commodes leurs petites habitations : ce sont des cabanes, ou plutôt des espèces de mai- ■sonnettes bâties dans l'eau sur un pilotis plein , tout près du bord de leur éiang avec deu:|[ issues , l'une poiu* . fUcr à terr« ^ l'autre pour se jet«r à
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DU C A S T o n. io5 Tean. La forme de cet édifice est pres- que toujours ovale ou ronde ; il y en a (le plus grands et de plus petits , depuis quatre ou cinq jusqu'à huit ou dix pieds de diamètre ; il s'en trouve aussi quelquefois qui sont à doux ou trois étages , les murailles ont jusqu'à Aqwx, pieds d'épaisseur , elles sont élevées à plomb "sur le pilotis plein , qui sert eu même temps do fondement et de plan- cher à la maison. Lorsqu'elle n'a qu'un étage, les murailles ne s'élèvent droites qu'à quelques pieds de hauteur, au- dessus de laquelle elles prennent la courbure d'une voûte en anse de pa- nier ; cette voûte termine l'édifice et lui sert de couvert ; il est maçonné avec solidité, et enduit avec propreté en dehors et en dedans \ il est impé^ nétrable à l'eau des pluies , et résiste aux vents les plus impétueux ; les pa- rois en sont revêtues d'une espèce de stuc si bien gâché et si proprement appliqué , qu'il semble que la main de
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lo4 HISTOIRE NATURELLE
riiomme y ait passé , aussi la queue leur sert-elle de truelle pour appliquer ce mortier qu'ils gâchent avec leurs pieds. Ils mettent en œuvre différentes espèces de matériaux , des bois , des pierres et des terres sablonneuses qui ne sont point sujettes à se délayer par Teau 'y les bois qu'ils emploient sont presque tous légers et tendres ; ce sont des aunes , des peupliers , des saules , qui naturellement croissent au bord des eaux et qui sont plus faciles à écorcer , à couper , à voiturer , que des arbres dont le bois seroit plus pesant et plus dur. Lorsqu'ils attaquent un arbre , ils ne l'abandonnent pas qu'il ne soit abattu , dépecé , transporté \ ils le coupent toujours à un pied ou un pied et demi de hauteur de terre ; ils travaillent assis , et outre l'avantage de cette situation commode , ils ont le plaisir de ronger continuellement de l'écorce et du bois dont le goiit leur est fort agréable , car ils préfèrent
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MDU CASTOR. 10^
l'ëcorce fraîche et le bois tendre à la- plupart des alimens ordinaires ; iU en font ample provision pour se nourrir pendant riiiver , ils n'aiment pas lo bois sec. C'est dans l'eau , et près de leurs habitations, qu'ils établissent leur magasin ; chaque cabane a le sien pro-- portionnë au nombre de ses habitans ,■ qui tous y ont un droit commun y et ne vont jamais piller leurs voisins. On a vu des bourgades composées de vingt on vingt-cinq cabanes ; ces grands cta- lilissemens sont rares , et cette espèce de république est ordinairement moins nombreuse , elle n'est le plus souvent composée que de dix ou douze tribus ,' dont chacune a son quartier , son ma- gasin , son habitation séparée ) ils no souffrent pas que dés étrangers vien- nent s'établir dans leurs enceintes. Les plus petites cabanes contiennent deux, quatre , six, et les grandes dix-huit , vingt et même , dit-on , jusqu'à trente castors ; presque toujours en nombre
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106 HISTOIRE NATURRLLE pair f autant de femelles que de mâles ; ainsi , en comptant même au rabais , un peut dire que leur société est sou^ vent composée de cent cinquante ou deux cents ouvriers associés , qui tous ont travaillé d'abord en corps pour élever le grand ouvrage public , et ensuite par compagnie pour édifier des habitations particulières. Quelque nombreuse que soit cette société , la paix s'y maintient sans altéi-ation ; le travail commun a resserré leur union ; les com modités qu 'ils se sont procurées , l'abondance des vivres qu'ils amassent et consomment ensemble , servent à l'entretenir ; des appétits modérés^ des goûts simples , de l'aversion pour la chair et le sang , leur ôtent jusqu'à l'idée de rapine et de guerre : ils jouis- sent do tous les biens que l'homme ne sait que désirer. Amis entr'eux , s'ils ont quelques ennemis au-dehors , ils savent les éviter , ilB s'avertissent en frappant avec leur queue sur l'eau un
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D U C AS TO R. !07
coup qui retentit au loin dans toutes les vo(\tes des habitations ; chacun prend son parti , ou do plonger dans le I lac, ou de se receler dans leurs mur» qui ne craignent que le feu du ciel ou le fer de l'homme , et qu'aucun animal n'ose entreprendre d'ouvrir ou ren- verser. Ces asyles sont non-seulement très-sûrs , mais encore très-propres et très-commodes ; le plancher est jonché de verdure ; des rameaux de buis et de sapin leur servent de tapis sur lequel ils ne font ni no souffrent jamais au- cune ordure : la fenêtre qui regarde sur l'eau leur sert de balcon pour se tenir an frais et prendre le bain pendant la pins grande partie du jour ; ils s'y tien- nent debout, la tête et les parties anté- rieures du corps élevées , et toutes les parties postérieures plongées dans l'eau ; celte fenêtre est percée avec précaution , l'ouverture en est assez élevée pour ne pouvoir jamais être fi'i niée par les glaces, qtii , dans le cli-
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l'oiNIlMOK llMIl NOIIH In gIttiH), c/omI I||o|«
(lii'oii loi pn ml uiMiiiiMil m ullnquiiiit criiii cAli^ la vttbuMv I (il loM uMoiidaiil, ou uu^uu1 liuu|)N i\ tui (rou ijuViu prii- ti(|Uo iUuiM la glauo i\ (|url(|uodi»lttut'n , vi oiH iU Noul ol)lig(^8 (ranivur liooi* iTMpiroi'. L*httbilU(lu qu'iU oui do louii' couliuudloinoul lu quouo cl loulci Wfs parliatt postdriuuiTddu curpN ilani Ti^aUf paroil avoir uliuugt^ la nuluic du luiu clittiv ; colle des patlics aultiiiciauM jus\|u'aux l'ciuti u la qualilu, le goùl , la cuuaistanco de luelmir des auiniuux do lu leiTC cl de l'air ; celle des cuInhi^n et de k tjucue a rudcui* , h saveur cl
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110 HISTOIRE NATURELLE
plaisirs et les peines d'un travail com- mun, chaque couple ne se ibrme point au hasard , ne se joint pas par pnre né- cessité de nature , mais s'unit par choix et s'assortit par goût : ils passent ensemble l'automne et l'hiver *, con- tcns l'un de l'autre, ils ne se quittent guère ; à l'aise dans leur domicile , ils n'en sortent que pour faire des prome- nades agréables et utiles, ils en rap- portent des écorces franches qu'ils pré- fèrent à celles qui sont sèches ou trop imbibées d'eau ; les femelles portent , dit-on , quatre mois , elles mettent bas flur la fin de l'hiver et produisent or- dinairement deux ou trois petits ; les mâles les quittent à- peu-près dans ce temps , ils vont à la campagne jouir des douceurs et des fruits du printemps ; ils reviennent de temps en temps à la cabane , mais ils n'y séjournent plus : les mères y demeurent occupées à alai- ter , à soigner , à élever leurs petits , qui sont en état de les suivre au bout
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DU CASTOR» m
de quelques semaines ^ elles vont à leur tour se promener , se rétablir à l'air , manger du poisson , des écrevisscs , des ëcorces nouvelles , et passent ainsi l'été sur les eaux , dans les bois. Ils ne se rassemblent qu'en automne, à moins que les inondations n'aient renversé leur digue ou détruit leurs cabanes, car alors ils se réunissent de bonne beure pour en reparer les brèches.
Il y a des lieux qu'ils habitent de préférence , oh Von a vu qu'après avoir détruit plusieurs fois leurs travaux f ils venoient tous les étés pour les réé- difier jusqu'à 06 qu'enfin fatigués de cette persécution et a£Poiblis par la perte de plusieurs d'entr'eux , ils ont pris le parti de changer de demeure et de se retirer au loin dans les solitudjes les plus profondes. C'est principale- ment en hiver que les chasseurs let cherchent , parce que leur fourrure ;p'est parfaitement bonne que dans oçtte saison , et lorsqu'après avoir rui«
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:tI2 HISTOIRE NATURELLE me leurs établissemens , il arrive qu'ils en prennent en grand nombre , la so- ciété trop réduite ne se rétablit point , le petit nombre de ceux qui ont échap- pé à la mort ou à la captivité se dis- perse , ils deviennent fuyards^ leur génie flétri par la crainte ne s'éj[)a- nouit plus , ils s'enfouissent eux et tous leurs talens dans un terrier , oh rabais- sés à la condition des autres animaux , ils mènent une vie timide , nc&V .i- peut plus que des besoins près : , n'exercent que leurs facultés indivi- duelles , et perdent sans retour les qua- lités sociales que nous venons d'ad-
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Quelque admirables en effet , quel- que merveilleuses que puissent paroî- tre les choses que nous venons d'expo- ser au sujet de la société et des travaux de nos castors , nous osons dire qu'on ne peut douter de leur réalité. Toutea les relations faites en différons tempi ftar un grand nombre de témoins ocih
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''^DU CASTOR.r-r 1 13 laires , s'accordent sur tous les faits que nous avons rapportés \ et si notrjB récit ^iS^re de celui de quelques-uns d'entr'eux , ce n'est que dans les points oii ils nous ont paru enfler le merveil- leux , aller au-delà du vrai , et quel- quefois même de toute vraisemblance. Car on ne s'est pas borné à dire que les castors avoient des mœurs sociales et des talens évidens pour l'architecture > mais on a assuré qu'on ne pouvoit leur refuser des idées générales de police et de gouvernement \ que leur société étant une fois formée , ils savoient ré- duire eu esclavage les voyageurs , les étrangers ; qu'ils s'en servoient pour porter leur terre , traîner leur bois ; qu'ils traitoient de même les paresseux d'entr'eux qui ne vouloient , et les vieux qui ne pouvoient pas travailler ; qu'ils les renversoicnt sur le dos , les faisoient servir de charette pour voi-^ turer leurs matériaux ; que ces répu- l^licains ne s'assembloicnt jamais qu'en Quadrup. V, ' i#
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nombre impair , pour que dans kur» couseiis il y eût toujours uiie voix pré-^ pondérante ; que Ul société entière «voit un président \ que chaque tribu ttYoit son intendant ; qu^ls avoient de» sentinelles établies pour la garde pu* -blique , 6cc. &c. Autant nous sommes éloignés de croire à ces fables , ou de recevoir ces exagérations j autant il «lotis parott difficile de se refuser à ad<^ mettre des faits constatés , confirmés ) et moralement très-certains. On a mille fois vu , revu y détruit y renversé leurs ouvrages*; on lésa mesurés ^ dessinés ) gravés; enfin , ce qui ne laisse aucun doute , ce qui est plus fort que tous les témoignages passés , c'est que nous en avons de récens et d'actuels ; c'est qu'il «n subsiste encore de ces ouvrages sin* guliei's qui , quoique moins communs que dans les premiers temps de la dé'- eonverte de l'Attiérique édptentriona- le , se trouvent fjependant en asses grand nombre pour fue tons les mia«
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sionnAires, tous les voyageurs, même lea plus nouveaux , qui se sont avan- ces dans les terres du nord , assurent en avoir renconiré. :. :?- ia&:yM:iS. n i Tous s^accordent à dire qu'outre lea castors qui sont en ^lociété , on rencon^ tre par-tout dans le même climat dea castors solitaires , lesquels rejetés , di«. sent^ils, de la société pour leurs âé-« fants, ne participent à aucun de Sfea avantages , n'ont ni maison , ni maga- sin , et demeurent comme le blaireau dans un boyau sous lerre ; on a mémo appelé ces castors solitaires, ca^iows ter-* riern ; ils sont aisés à reconnoitre , leui^ robe eet sale , le poil est rongé sur le dos par le frottement de la terre ; iU babitent comme les autres assez vol,on* tiers au bord «des eauX; où quelques* uns même creusent une fosse de quel- ques pieds de profondeur, pour former un petit étang qui arrive jusqu'à l'oU" verture de leur terrier qui s'étend quelquefois 4 plus de oent. pieds en lou-
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ïl6 HISTOIRE NATURELLE
gueur , et va toujours en s'ëlevant afin. gu41s aient la facilité de se retirer en haut à mesure que Peau s'ëlève dans les inondations ; mais il s'en trouve aussi y do ces castors solitaires , qui ha- bitent assez loin des eaux dans les ter- res. Tous nos bièvres d'Europe sont dbs castors terriers et solitaires , dont la fourr:ire n'est pas à beaucoup près aussi belle que celle des castors qui vi- vent en société. Tous diffèrent par la couleur, suivant les climats qu'ils ha- bitent: dans les contrées du nord les plus reculées ils sont tout noirs , et ce sont les plus beaux ; parmi ces castors noirs il s'en trouve quelquefois de tout blancs, ou de blancs tachés de gris , et mêlés de roux sur le chignon' et sur la croupe. A mesure qu'on s'éloigne du nord ,1a couleur s'éclaircit et se mêle; ils sont couleur de marron dans la partie septentrionale du Canada y châ- tains vers la partie méridionale , et jaunes ou CQoleur de paille chez le»
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fit afin' irer en e dans trouve jui ha- ïes ter- )e sont y dont ip près cjui vî- par la l'ils ha- ord les i y et ce castors de tout ris , et sur la ne du mêle; ans la , châ- e , et ez le»
DU C A T O rJ * 11^
Illinois. On trouve des castors en Amé- rique depuis le trentième degré de la- titude nord jusqu'au soixantième et au-delà ; ils sont très-communs vers le nord , et toujours en moindre nombre à mesure qu*on avance vers le midi : c'est la même chose daiis Fancien con- tinent ; on n'en trouve en qiiantité que dans les contrées les plus septen- trionales f et ils sont très -rares en France, en Espagne, en Italie, en Grèce et en Egypte. Les anciens les connoissoient ; il étoit défendu de les tuer dans la religion des Mages ; ils étoient communs sur les rives du Pont-f Euxin ; on a même appelé le castor , cania Ponticus , mais apparemment que ces animaux n'ctoient pas assez tran- quilles sur les bords de cette nier , qui en efiFet sont fréquentés par les lioUi- mes de temps immémorial , puisqu'au- cun des anciens ne parle de leur so- ciété ni de leurs travaux, ^lien sur- tout, qui marque uu si grand foiblo
%l9 H^STOIHB NATUREl^LK
pour le in«pveiU<»MX n'aiiiiroit paé mah^ que de parler dea mervcililoa do leur république , en exagérant kur génie et leurs tadeiui pour raioliiteoture. Pline lui-mêuie , Pline , dont l'esprit fier, triste et sublime dëprise toujouci l'homme pour exalter la nature , se seroit-il abstenu de comparer les tra- vaux de Romulus à ceux ^e nos cas- tors? XI paroH donc certain qu'aucun des anciens «'a connu leur ittdustrie pour bâUi! y et qiu>i(]ufoiA ait trouvé dans Iqs derniers siècles des castors ca* banës en Korwègo et dan'i ka autres provinces les plus septeiii^rionales de r£uropQ , et qu'il y ail; apparence que les anciens castors bâtissoient aussi bien que les castors modernes > comme les Romaiua n'avoient pas pénétré jus- ques-là > il n'est pas sui^pienant que leurs écrivains n'eu fassent aucune l^ention* ' • " ♦. - r. - s
Plusieurs auteurs ont écrit que le castor éUM^i uaanimal aquatique > il na
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DU CASTOR. Itg
pouvoit vivre sur terre et sans eau : cette opinion n'est pas vraie ) car !• castor que nous avons vivant , ayant été pris tout jeune en Canada, etayant été toujours élevé dans la maison , ne connoissoit pas l^eau lorsqu'on nous Ta remis , il craignoit et retusoit d'y en- trer i mais l'ayant une fois plongé et retenu d'abord par force dans un bas- sin , il s'y trouva si bien au bout de quelques minutes, qu'il ne cherchoit point à en sortir > et lorsqu'on le lais- soit Hbre, il y retournoi t très-souvent de luirtnéme ; il se vautroit aussi dans )a boue et sur le pavé mouillé. Un jour il s'échappa , et descendit par un es- calier de cave dans les voûtées des car- rières qui sont sous le terrein du Jar- din-Royal ', il s'enfuit asses loin , en nar géant sur les mares d'eau qui sont au fond de ces carrières ; cependant , dès qu'il vit la lumière des flambeaux que nous y fîmes porter pour le chercher, il reyini à ceux qui l'appeloient; etso
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120 HISTOTKE NAtURÉlLE
laissa prendre disëment. Il est familiei^ sans être caressant, il demande à man- ger à ceux qui sont à tablé; ses instan- ces sont un petit cri plaintif el quel- ques gestes de la main ; dès qu'on lui donne un morceau , il l'emporte , et so cache pour le manger à son aise ; il dort assez souvent , et se repose sur. le ven- tre ; il mange de tout, âl l'exception do la viande qu'il refuse constamment , cuite ou crue ; il ronge tout ce qu'il trouve , les étoffes , les meubles , le bois , et l'on a été obligé de doubler do f«r-blanc le tonneau dans lequel il a été transporté.-i-:<'i'A ';•» <*^.,■tïx,Ai^*r:4,a[:•^ï^wv■ .:• ""''Ijes castors habitent de préférence sur les bords des lacs , des rivières et des autres eaux douces ; cependant il s'en trouve aux bords de la mer , mais c'est principalement sur les mers sep- tentrionales, et sur-tout dans les gol- fes méditerranées qui reçoivent de grands fleuves , et dont les eaux sont peu salées. Ils sont ennemis de la lou-
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DU C A S T O n. ' I2l
tre , ils la chassent , et ne lui permet- tent pas de paroi tre sur les eaux qu'ils fréquentent. La fourrure du castor est encore plus belle et plus fournie que celle de la loutre: elle est composée de deux sortes de poils ; l'un plus court , mais très-touffu , fin comme le duvet , impënëtiable à l'eau , revêt immédia- tement la peau ; l'autre , plus long, plus ferme , plus lustré , mais plus rare , recouvre ce premier vêtement , lui sert , pour ainsi dire , de sur-tout , le dé-- fend des ordures, de la poussière, de la fange ; ce second poil n'a que peu de valeur, ce n'est que le premier que l'on emploie dans nos manufactures. Les fourrures les plus noires sont or- dinairement les plus fournies , et par conséquent les plus estimées ; celle des castors teiTicrs sont fort inférieures à celles des castors cabanes. Les castors sont sujets à la mue pendant rélé, comme tous les autres quadrupèdes ; misd la fourrure de ceux qui sont pris
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122 htstoihe naturelle
dantr^etti saison n'a que peu de valeur. Jj9L fourrure des castors Uaiios est eati-r mée à cause de sa rarelt^ , et les iMirfai-* teinent noirs sont presque aussi vai'ea que )os blancs. •
Mais indépendamment de la £D»ur^ rure qui est ce que le castor Iburnit de plus précieux > il donne encore une matière dont on a fait un grand tiia^ en nédeeine. Cette naaiièrey que Von a appelée ciuioy€um , est couteniue danf deux grosses vésicules que lea anciens a voient piises pour les testionles de l'a« niinal : nous n'eu donnerons pas la des-» cription ni ^s usages , parce qu'on les trouve dans toutes les Pkarwaeopées. JLtcs Sauvages tirent , dit - on , de la queue du castor une huile , doiU ils se fervent cou^me de topique pour diifé* rens maux. La cliair du castor , quoi« que grasse et délicate , a toujours un go lit ainer assez désagréable on assure qu'il a lea os excessivement durs , mais 140 us n'avoins p^s été à porlié^ de véri^
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fier M fait, n*cn ayant dissdquë qu'un jeune : ses dents s(mt très-dures , et si tranchantes qu'elles servent de cou- teau aux sauvages pour couper, creu- ser et polir le bois. Ils s'habi£lent dô {)eaul de castors , et les portent en hi- Yer le poil contre la chair : et sont coâ fourrures iwbibcesde la su-^ur der Sau- vages que l'on appelle castors gras, dont on ne se sert que pour les ouvra-- ges les plus grossiers, > i» r ^
Le castor se sert de ses pie4s de de* Yant comme des mains , avec une adresso au moins égale à celle de Tëcurcuil ; les doigts en sont bien Séparés , bieit divisés^ au lieu que ceux des pieds dû derrière sont réunis entre eux par un6 forte membrane ; ils lui servent de na^ geoireset s'élati: liront comme ceux dé l'oie , dont le castor '» ftussi en partie la démardie sur la f ( '-* . Il nage beau^ Bottp mieo:t qu'il ne court : comme il à les jambes de devant bien plus cdurtes que cellea de dertière, U marche tott«,
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Ijl4 HISTOIRE NATURELLE Jours la tête baissée et le dos arqué. Il a ]es sens très- bons , Todorat tvës-fiti, et même susceptible ; il paroît qu'il no peut supporter ni la malpropreté , ni les mauvaises odeurs : lorsqu'on le re- lient trop long- temps en prison , et qu'il se trouve forcé d'y faire ses ordu- res, il les met près du seuil de la porte, et dès qu'elle est ouverte , il les pousse dehors. Cette habitude de propreté leur est naturelle, et notre jeune castor ne manquoit jamais de nettoyer ainsi sa chambre. A l'âge d'un an ^ il a donné des signes de chaleur , ce qui paroît in- diquer qu'il avoit pris dans cet espac» de temps la plus grande partie de son accroissement *, ainsi la durée de sa vie ne peut être bien longue , et c'est peut- .être trop que de l'étendre à quinze ou vingt ans. Ce castor étoit très -petit pour son âge , et l'on ne doit pas s'en étonner , ayant presque dès sa naissant ce toujours été contraint , élevé pour ainsi dire à «ce , ne connoissant pa«
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DU C A S T O R. iî5
l'eau , jusqu'à l'âge de neuf mois, il n'a pu ni croître , ni se développer cumme les autres , qui jouissent de leur liberté , et de cet élément qui paroît ieur être presque aussi nécessaire que l'usage de la terre.
Espèce connue dans ce genre. Le Castor proprement dit« castor Siber,
Qnaclriip. V.
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126 HISTOIHE NATURELLE
XXV GENRE.
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Caractère générique : dents incisives supérieures taillées en coin , trois mâchelières de chaque côté^ clavicu- les entières.
L'ONDATRA ET LE PILORI.
,Li'oND ATR A OU rat musqué du Canada , a la queue plate ^ et il diffère du pilori ou rat musqué des Antilles , par celte conformation et par plusieurs autres caractères *, le pilori a la queue assez courte , cylindrique comme celle des autres rats » au lieu que l'ondatra Ta fort longue.
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L'ondatra est de la grosseur d'un petit lapin et de Informe d'un rat, il a la tête courte et semblable à celle dii rat d'eau , le poil luisant et doux avec un duvet fort épais au-dessous du pre- mier poil , à-peu-près comme le castor ; il a la queue longue et couverte de petites écailles comme celle des autres rats y mais elle est d'une forme diffé- rente : la queue des rats communs est à-peu^près cylindrique , et diminue de grosseur depuis' l'origine jusqu'à l'ex' trémitéj celle du rat musqué est fort applatie vers la partie du milieu jus- qu'à l'extrémité, et un peu plus arron- die au commencement , c'est-à-dire , à l'origine ; les faces applaties ne sont pas horizontales, mais verticales, en sorte qu'il semble que la queue ait été serrée et comprimée des deux côtés dans toute sa longueur : les doigts de»
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128 HISTOIRE NATURELLE
pieds ne sont pas réunis par des mem- branes , mais ils sont garnis de longs poils assez serrés qui suppléent en par- tie TefTet de la membrane et donnent à l'animal plus de facilité pour nager. Il a les oreilles très- courtes et non pas nues comme le rat domestique , mais bien couvertes de poil en dehors et en dedans ; les yeux grands et de trois lignes d'ouverture ; deux dents inci- sives d'environ un pouce de long dans la mâchoire inférieure , et deux autres plus courtes dans la mâchoire supé- rieure : ces, quatre dents sont très- fortes, et lui servent à ronger et à couper le bois. - ^ . ' . , > ', ■_<
Les choses singulières que M. Sar- rasin a observées dans cet animal, sont, 1°. la force et la grande expansion du muscle peaiicier qui fait que l'animal , en contractant sa peau, peut resserrer son corps et le réduire à un plus petit volume ; 2°. la souplesse des fausses côtes qui permet cette contraction de
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mem" longs n par- »nnent nager. iOii pas , mais lors et le trois i inci- ig dans autres supé- très- et à
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ri.ïÂA DURA T.^'î' 129 i^orps, laquelle est si considérable, qwe le rat musqué passe dans des trous où des animaux beaucoup plus petits ne peuvent entrer; 3°. les follicules qui contiement le musc ou le parfum de cet a ai mal sous la forme d'une humeur laiteuse , et qui sont voisins des parties de îa génération : ils sont très-gros , trts ' gonflés , leur parfum très - fort , très- exailé, et même très-sensible à une assez grande distance dans le temps des amours; ensuite ils se rident, ils se flétrissent, et enfin s'oblitèrent en entier. Ce changement , dans les follé- cules qui contiennent le parfum , se fait promplement et complètement; ces follocules, qui sont communs aux deux sexes , contiennent un lait fort abondant au temps du rut. »'>' •
Comme l'ondatra est lu même pays que le castor , que comme lui il habite sur les eaux, qu'il est en petit è-peu- près dv) ia même figure , de la mémo couletu' et dii mèu.c poil; on les t, « 'i-
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Tcnt co?vq>»;\'8 Vixn h raiUre; on assure même qa'au premier ,^up- d'oeil on pnudrou un vlmix. onUatra pour un castar qui ^'aurait qu'un mois d'âge; ils diBf^rent cependant assez par \m foriïw df îa queue poor qu'on ne puisse s'y im^iîrfliKÎie, 'le est ovale et plate, hori'.'Tontaleniont dans le castor ; elle est très-alongee et plate verticalement dans l'ondatra : au reste, ces animaux se ressemblent asjoz par le naturel et l'instin€t ; les ondatras , comme les castors , vivent en société pendant l'hiver; ils font de petites cabanes d'environ deux pieds et demi de dia- mètre , et quelquefois plus grandes , où ils se réunissent plusieurs familles ensemble ; ce n'est point , eomme les marmottes, pour y dormir pendant cinc^ ou si:x mois , c'est seulement pour se mettre à l'abri de ls> iiguciiir de l'air : ces cabanes sont rondes et eouvertes d'un dôme d'un pied d'épaisseur ; des lici bea , d' 5 ioncs entrelacés mêlés a^' n ^
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«îe la tevre grasse qu'ils pëtrisscnt avec Jcs pieds , sont leurs malcriaux. Leur construction est impénétrable à Tcaii du ciel , et ils pratiquent des gradin» en dedan» pour n'être pas gagnés par l'inondation de celle de la terre : cette «abane , qui leur sert de retraite, est couverte pétulant l'hiver de plusieurs pieds de glaces et de neiges sans qu'ils en soient incommodés, ils ne font pas de provisions pour vivre comme les castors , mais ils creusent des puits et des espèces de boyaux au-dessous et à l'entour de leur demeure pour chcr- clier de l'eau et des racines^*, ils passent ainsi Fhiver Fort tristement quoiqu'exi société , car ce n'est pas la saison de leurs amours : ils sont privés pendant tout ce temps de la lumière du ciel ] aussi lorsque l'haleine du printemps commence à dissoudre les neiges et à découvrir les soisimets de leurs habi- tations, les chasseurs en ouvrent le dôme, les offusquent brusquement de
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l32 IIISTOIRK NATURELLE la lumière du jour ^ et assomment on prennent tous ceux qui n'ont pas eu le temps de gagner les galeries souter- raines qu'ils se sont pratiquées et qui leur servent de derniers retranche- mens où on les suit encore, car leur peau est précieuse et leur chair n'est pas mauvaise à manger. Ceux qui échap- pent à la main du chasseur, quittent leur habitation à -peu -près dans ce temps ; ils sont errans pendant l'été , mais toujours deux à deux , car c'est le temps des amours : ils vivent d'herbes et se nourrissent largement des pro4 ductions nouvelles que leur offre la surface de la terre ; la membrane adi- peuse s'étend , s'augmente , se remplit par la surabondance de cette bonne nourriture; les foUécules se renouvel- lent , se remplissent aussi , et c'est alors que ces animaux prennent une odeur de musc si forte qu'elle n'est pas sup- portable : cette odeur se fait sentir de loin ; et quoique 5Uftve pour les Buio-
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p^ens, elle dcplait si fort aux Sauva-- ges, qu'ils ont appeléjDz^a/ite une rivière sur les bords de laquelle habitent en grand nombre ces rats musqués qu'ils appellent aussi rats puants.
Ils produisent une fois par an, et cinq ou six petits à la fois \ la durëe de la gestation n'est pas longue j puisqu'ils n'entrent en amour qu'au commence- ment de l'été , et que les petits sont déjà grands au mois d'octobre lorsqu'il faut suivre leur père et mère dans la cabane qu'ils construisent de nouveau tous les an^; car on a remarqué qu'ils ne reviennent point à leurs aj" nnes habitations. Leur voix est une espèce de gémissement que les chasseurs imi- tent pour les piper et pour les faire approcher -, leurs dents de devant sont si fortes et si propres à ronger, que quand on enferme un de ces animaux daus une caisse de bois àui > il y fait en très -peu de temps un trou assez grand pour en sortir j et c'est encore
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|34 HISTOIRE NATURELLE une de ces facultés naturelles qu'il a commune avec le castor , que nous n'avons pu garder enfermé qu'en dou- blant de fer-blanc la porte de sa loge. L'ondatra ne nage ni aussi vite ni aussi longrtemps que le castor; il va plus souvent à terre , il ne court pas bien et marche encore plus mal en se berçant à-peu-près comme une oie. Sa peau conserve une odeur- de mnsc , qui fait qu'on ne s'en sert pas volontiers pour fourrure, mais on emploie le second poil ou du% :t dans la !«! > ique des cLa- peaux.
Ces animaux sont peu farouches , et; en les prenant petits, on peut 1rs ap- privoiser aisément ; ils sont mêmi .es- jolis lorsqu'ils sont jeunes ; leur queue longue et presque nue , qui rend leur figure désagréable , est fort courte di'AS le premier âge : ils joaent inno- cemmentet aussi lestement que des pe- tits chats \ ils ne mordent point , et on les nourriroit aisément si leur odeur
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DURAT. l35
n^ctoit point incommode. L'ondatra et le desman sont au reste les senis ani- maux des pays septentrionaux qui donnent du parfum ; car l'odeur du castorcum est très-désagréable , et ce n'est que dans les climats cbauds qu'on trouve les animaux qui fournissent le vrai musc, la civette et les autres par- fums.
LE SURMULOT.
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Nous ''jnnerons le nom de surmu- lot à une nouvelle espèce de mulot, qui n'est connue que depuis quelques années. Aucun Naturaliste n'a parle de cet animal , à l'exception de M. Bris- son qui, le comprenant dans le genre des rats , l'a appelé rat des bois. Mais comme il diffère autant du rat que le mulot ou la souris , qui ont leurs noms propres , il doit avoir aussi un nom par- ticulier , surmulot , comme qui diroit gros ; grand mulot ; auquel en effet il
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l36 HISTOIRE NATURELLE
ressemble plus qu'au lutpar la couleur et par les habitudes naturelles. Le sur- mulot est plus fort et plus mëcliant que le rat j il a le poil roux, la queue extrê- mement longue et sans poil , Tëpine du dos arquée coiTime l'écureuil , et le corps beaucoup plus cpais, des mous- taches comme le chat. Ce n'est que de- puis neuf ou dix ans que cette espbcô est répandue dans les environs de Pa- ris : l'on ne sait d'oiîi ces uiximaux sont venus, mais ils ont prodigieusement multiplié, et l'on n'en sera pas étonne , lorsqu'on saura qu'ils produisent ordi- nairement douze ou quinze petits , sou- vent seize , dix-sept , dix-huit , et raèmt jusqu'à dix-neuf. Les endroits oà ils ont paru pour la première fois , et où ils se sont bientôt fait remarquer par leur dégât, sont Chanlilly, Mar- ly- la- Ville et Versailles. M. le Roy, inspecteur da parc, a eu la bonté de nous en envoyer une grande quanti !é , vivans et morts j il nojis a mêmecom-
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DU RAT. i37
muniqué les remarques qu'il a faites sur cette nouvelle espèce. Les màles sont plus gros, plus hardis et plus mé- dians que les femelles : lorsqu'on les poursuit et qu'on veut les saisir , ils se retournent et mordent le bâton ou la main qui les frappe ; leur morsure est non-seulement cruelle , mais dange- reuse , elle est promptement suivie d'une enflure assez considérable ; et la plaie quoique petite , est long-temps à se fermer. Ils produisent trois fois par an : ainsi deux individus de cette espèce en font tout au moins trois dou- zaines en un an ; les mères préparent un lit à leure petits. Comme il y en avoit quelqvtes-unes de pleines dans le nombre de celles qu'on nous avoit en- voyées vivantes,et que il ousles gardions dans des cages , nous avons vu les ie- .melles deux ou trois jours avant de mettre bas , ronger la planche de la ca- ge , en faire de petits copeaux en quan- tité, les disposer , les étendre et eu- Quadrup. Y. 12
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l38 HISTOIRE NATURELLE suite les faire servir de lit à leurs pe- tits.
Les surmulots ont quelques qualités naturelles qui semblent les approcher des rats d'eau*, quoiqu'ils s'établissent par- tout , ils paroissent préférer le bord des eaux; les cliiens les chassent comme ils chassent les rats d'eau , c'est-à-dire , avec un acharnement qui tient de la fu- reur. Lorsqu'ils se sentent poursuivis et qu'ils ont le choix de se jeter à l'eau ou de se fourrer dans un buisson d'épines , à égale distance , ils choisissent l'eau , y entrent sans crainte , et nagent avec une merveilleuse facilité. Cela arrive sur- tout lorsqu'ils ne peuvent regagner leurs terriers , car ils se creusent com- me les mulots , des retraites sous terie, ou bien ils se gîtent dans celles des la- pins. On peut, avec les furets , prendre les surmulots dans leurs terriers ; ils les poursuivent comme les lapins ^ el semblent même les chercher avec plus d'ardeur.
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DURAT. 139
Ces animaux passent l'ëtë dans la campagne, et quoiqu'ils se nourrissent principalement de fruits et de grains , ils ne laissent pas d'être aussi très-car- nassiers ; ils mangent les lapereaux ^ les perdreaux , la jeune volaille , et quand ils entrent dans un poulailler , ils font comme 1&. putois , iU en égor- gent beaucoup plus qu'ils ne peuvent en manger. Vers le rtiois de novembre, Its mères , les petits et tous les jeunes surmulots quittent la campagne et vont en troupe dans les granges , où ils font un dégât infini ; ils hachent la paille , consomment beaucoup de grain , et in- fectent le tout de leur ordure. Les vieux mâles restent à la campagne , chacun d'eux habite seul dans son trou ; ils y font , comme les mulots , provision pendant l'automne de gland , da farine , &c. ils le remplissent jus- qu'au bord , et demeurent eux-mêmes au fond du trou. Ils ne s'y engourdis" «i&ut pas comme les loirs y ils en sortent
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140 HISTOIRE NATURELLE
en hiver , sur - tout dans lea beaux jours. Ceux qui vivent dans les gran> ges y en chassent les souns et les rats ; Ton a même remarque , depuis que lei surmulots se sont si fort multipliëa aux environs de Paris y que les rats y sont beaucoup moins communs qu'ils ne rétoient. autrefois.
LE RAT.
Le rat est assez connu par l'incom- modité qu'il nous cause ; il habite or- dinairement les greniers où l'on en- tasse le gr.''in j où. l'on serre les fruits, ef de-Jà , il descend et se répand dans la maison. Il est carnassier , et même om- nivore , il semble seulement préférer les choses dures aux plus tendres ; il ronge la laine , les étoffes, les meubles, perce le bois, fait des trous dans les murs , se loge dans l'épaisseur des planchers , dans les vides de la char- pente ou de la boioerie ; il en sort pour
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chercher sa subsistance , et souvent, il y transporte toutcc qu'il peut traînerj il y fait nème quelquefois magasin , sur-tout h 'tL*i\ des petits. 11 pro- duit plup en * m par an , presque toujours 11 3 portées ordinaires
sont de cinq c. Il cherche les lieux
chauds , et 8é niche en hiver auprès des cheminées ou dans le foin, dans la paille. Maîgrd les chats , le poison , les pièges et appâts , ces animanx pullu-' lent si fort , qu'ils causent souvent do gi^ands dommages ; c'est sur-tout dans les vieilles maisons à la campagne , où Ton garde du blë dans les greniers , et oh le voisinage des granges et des ma-* gasins à foin facilite leur retraite et leur multiplication , qu'ils sont en si grand nombre qu'on seroit oblige de dëmeubler , de déserter , s'ils ne se dé- truisoient eux • mêmes ; mais nou» avons vu par expérience qu'ils se tuent, qu'ils se mangent entr'eux pour peu que la faim les presse ; en sorte qu&
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l42 HISTOniE NATURELLE quand il y a disette à cause du t^èpi) grand nombre , les plus forts se jettent sur les plus foibles , leur ouvrent la^ tête et nu^ngent d'abord la cervelle , ei ensuit^ le reste du cadavre ; le lende-^ . in ?im, la guerre recommence , ejt dur^ aittfiji. jiui^a'à la destpi^^çtîqn dix p^^li g]:a^d nombre ; c'est par ce t^e raison x^ qu'il arrive ordinaîrement ^ qu'aprèa nvoir ^të. inlbstë de ces animaux penr dan( i^n t^mps f ils sesuvbleut souvent diçpa^pJLjt^'e tout-à-coup j ?t quelquefois pouc loifg-temps. Jl en ^Q^t de ^ême des m]ilots , dont la pullnlation prodi' gieuseï n'est arrêtée que' par le* cruau- tés qu,',ils exercent entr'ew^j;, dès quei les vivres £pi;^mencentjL Içiir manquer. Ar jstote .a attribué çe^] ; destructionf subite ^l'effet des pluies ; jnais les rata n'y spnt point exposés ^ et lç« mulota savents^eu garantir , cap Iss trçuaqu'ils babiten^t sous terre nesouipi^^ même
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^f r iU. glapissent daîia, leurs amours , .^t^ei^ent qiaand ils se biattent ; ils prêt ^l^arfi^ti «ft )it à , leuys petits , et leu^ ^:^pQr>k'|ii bientôt à fZMuiger ; lorsqu'itt
4^9ime«CGi|t à.8iQ|r.tjr jdÇil^ur trou, la \inère les veille , le^ défend , et se bat
u^ème; cQntre Iq^^hats po^r les sauver* ^JUii gro»rat e^t plus^m^Ç^i^t) et prea»- • qu'aussi fort qu'un jiaf^iie^ , chat ; il a lea
âents de devant r Isxagiy^ et fortes : \p ^tkatmotà fual ^ etaoij|ii|ie il ne se sert llguère.qlift de se» gpfies, il faut qu'il
^^«è»t ii0n.-8eMlemewti*yig9Wettx , mai* agH^ri. La belej^.^jq\i<^ae pl^8 pe**
vjite ,.est un<enne,mÂplii^ d^isge^eu^^c^t; qxifi le, rat redoute pai;^ç qu'elle le suit dans sO^Xtrou : ]scqç^\mti^}JLve quelqqe»- ibis loisigT;tenips j la ibrce estau moii^a égale,^ maiS|ren3ploi.tdes armes est (\iSr férernt; le: rat ne peut blesser qii'à plu- aieura rieprises et pai^jtesdentsde de-» vaut f lesquelles sont plutôt faites pour rouger que poiir mordre y et qui étant pQsdes à l'extrémité du levier de la
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î 44 HISTdt'ï^E "^ ÂtttRELLE
mâélioire oht'))éù de force ; tandia^til là belette mord de toute la inâchoii*è avec acharnekûent § et qu'au lieiï dé dëmordre ) elle suce le sang dé FèudiDâît entamé -, aussi lc'ràt'icifccoinbe*€*-irtott<^ jours. ■ -' ''' ''^V
Oh troiiVc' "des yiariëtës dans cette és|)èce , comMé dans toutes celtes, qui sont très-nombr^sés en indmdus': outre les rats ordîtoallrès qûf sbht noi- râtres y ily '^^é^^' bruns j d» j^Veèqùe noii*s , d'autres '^tt ^s pliïs'bland ou pl^ë roux , et .d'autre» tout - à ^ fait blàÊnCs: ces i^ktsi blancs ont les yeti3( réugcs comùfe^' ^é- kj^ih blanc , la souris blanche y et 'c iê lé^ autres aniiÀaux qui sont tbiit^HMt blancs. L^espèce etitière, aV<!ïC ses rariëtës , pa|:^t être naturelle ainic climats tempërës de no- tiée continent) et s'est beaucoup- plus répandue dans les pays chauds que dans les pays froids. Il n'y en avoit point en Amérique , et Ceu-xl 4uï y feont aujour- d'iini , et en ti'èiât-^ànd nombre ; y ont
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dëbarquë avec les Europëens : ils mol- tipliërent d'abord si prodigieusement/* qu'ibont ëtë pendant long-temps le fléau des colonies , oà ils n'avoieut guère d'autres ennemis que les grosses couleuvres qui les avalent tout vivans : les navires les ont aussi portes aux In- des orientales , et dans toutes les fies de FArchipel indien: il s'en trouve aussi beaucoup en . Afrique. Dans le nord , au contraire , ils ne se sont guère multiplies au-delà de la Suède ; et ce qu'on appelle des rats en Norwège > en Laponie , &c. sont des animaux dif- fërens de nos rats. î'^
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La souris , beaudoup plus petite que' le rat, est aussi plus nombreuse , plu» commune et plus généralement répan^ due : elle à Ir même instinct, lé même' tempérament , le même ; naturel , et n'en diffère guère que par k foiblesse
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|46 HISTOIRE NATUHELLE
et par les babiludes qui raccorapA«j gnent ; timide par nature , familière par nëccssitd , la peur ou le besoin font tous SCS mouvemens ; elle ne sort de son trou que pour chercher à vivre ; elle ne s'en ëcarte gu^re y y rentre à là première alerte , ne va pas , comme le rat, de maisons en maisons à moins qu'elle n'y soit forcée , fait aussi beau- coup moins de dégât, a les mœurs plus douces et s'apprivoise jusqu'à un cer- tain point , mais sans s'attacher : com- ment aimer en eifetceux qui nous dres- sent des embûches ? Plus foible^ elle a plus d'ennemis auxquels elle ne peut échapper ou plutôt se soustraire, que par son agilité , sa petitesse même. Les chouettes, tous les oiseaux de nuit, les chats , les* fouines, les belettes, les rats même lui font la gner^t}; on l'at- tire, on la leurre aisément par desap* pats , on la détruit h. milliers ; elle ne subsiste enfin que pfir son immense fé-
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Ces petits animaux ne sont point laids, ils ont l'air vif et même asse^ fin ; l'espèce d'horreur qu'on a pour eux , n'est fondée que sur les petites surprises et sur l'incommodité qu'ils causent. Toutes les souris sont blan- châtres sous le ventre ; et il y en a de
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l48 HISTOIRE NATURELLE ' Jblanclies sur tout le corps, il y en A aussi de plus ou moins brunes et de plus ou moins noires. L'espèce est gënëra- \ lement répandue en Europe, en Asie , en Afrique; mais on prétend qu'il n'y en avoit point en Amérique , et que celles qui y sont actuellement , en grand nombre , viennent originaire- • ment de notre continent : ce qu'il y a de vrai , c'est qu'il paroit que ce petit animal suit l'homme et fuit les pays inhabités , par l'appétit naturel qu'il a pour le pain » le fromage , le. lard , l'huile , le beurre et les autres alimens queThomme prépare pour lui-même.
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LE MULOT.
,, Le mulot est plus petit que le rat, et plus gros que la souris ; il n'habite jamais les maisons , et ne se trouve que dans les champs et dans les bois ; il est remarquable par les yeux qu'il a gros et prpémineus, et il diffère encore du
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DU RAT. .îi i49
rat et de la souris par la couleur du poil qui est blanchâtre sous le ventre , et d'un roux brun sur le dos : il est très-gënëralement et très -abondam- ment répandu , sur-tout dans les ter- res ëlevëes. Il paroît qu'il est long- temps à croître , parce qu'il varie con- sidérablement pour la grandeur 'y les grands ont quatre poUces deux ou trois lignes de longueur depuis le bout du nez jusqu'à l'origine de la queue ; les petits, qui paroissent adultes comme les autres , ont un pouce de moins. Et comme il s'en trouve de toutes les gran- deurs intermédiaires, on ne peut pa,s douter que les grands et les petits ne soient tous de la même espèce. ,.^ ,,. , Il habite,, comme je l'ai l^f, les ter- res sèches et ëlevëes ; on le trouve en grande quantité dans les bois et dans les champs qui en sont voisins : il se retire dans des trous qu'il trouve tout faits ou qu'il se pratique sous des buis- sons et des troncs d'arbres ^ il y amasse Quadrup. V, i3
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l5o HISTOIRE NATURELLE une quantité prodigieuse de glands, de noisettes ou de faines; on en trouve quelquefois jusqu'à un boisseau dans un seul trou, et cette provision au lieu d'être proportionnée à ses besoins , ne Test qu'à la capacité du lieu ; ces trous sont ordinairement de plus d'un pied sous terre , et souvent partagés en deux loges j l'une où il habite avec ses X>ellts, et l'autre où il fait son magasin. J'ai souvent éprouvé le dommage très- considérable que ces animaux causent aux plantations; ils emportent les glands nouvellement semés , ils suivent le sillon tracé parla cbarrue, déterrent chaque gland l'un après l'autre , et n'en laissent pas un : cela arrive sur 'tout dans les années où le gland n'est pas fort abondant; comme ils n'en trou- vent pas assez dans les bois , ils vien- nent le chercher dans les terres semées, ne le mangent pas sur le lieu, mais l'emportent dans leur trou , où ils l'en- tassent , et le laissent souvent sécher
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rt pourrir. £ux seuls font plus de tort à un semis de bois, que tous les oiseaux et tons Ici autres animaux ensemble. Je n'ai trouve d'autre moyen pour évi- ter ce grand dommage, que de tendre des piëges de dix pas en dix pas dans toute retendue de h. terre semée -j il ne faut qu'nive noix grillée pour appât, sous une pierre plate soutenue par une bûchette ; ils viennent pour manger la noix qu'ils préfèrent au gland) comme elle est attachée à la bûchette , dès qu'ils y touchent , la pierre leur tombe sur le corps, et les étouffeou les écrase: ye me suis servi du même expédient contre les campagnols qui détruisent aussi les gtailds \ et comme l'on avoit soin de m'upporter tout ce qui se trou« voit sous les piégesy j'ai vu les premiè- res fois avec étonnement , que chaque jour on prenoit une centaine , tant de mulots que de campagnols , et cela dans une pièce de terre d'environ quarante ârpens ; j'en ai eu plus de deux milliers
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l^a HISTOIRE NATUUELLK en trois semaines , dopiiisle i5 novem-* bre jusqu'au 8 d^mbre, et ensuite eu moindre nombre jusqu'aux grandea ge- lées, pendant lesquelles ils se recèlent et se nourrissent dans leur trou. De- puis que j'ai fait cette épreuve , il y ft' plus de !io ans I je n'ai jamais manqué, toutes les fois que j'ai semé du bois^ de me servir du même expédient , et jamais on n'a manqué de prendre de9 mulots en très-grand nombre; c'est sur-tout en automne qu'ils sont en si grande quantité ; il y en a beaucoup* moins au printemps, car ils se détrui- sent eux-mêmes pour peu que les vivres viennent à leur manquer pendant l'hi- ver ; les groit mangent les petits; II» mangent aussi les campagnol», et mê-^ mêles grives, les merles et les sutretf oiseaux qu!ils trouvent pris aux lacets ;; ils commencent par la cervelle , et fi^ nissent par le reste du cadavre. Nou»« av(ms 'min dans un même vase douze de ^ ces mulots vi vans, on leur donnoit à
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Buangfr à huit heures du malin; un jour qu'on les oublia d'an r^nart-dMieu^ re|,il y en eut un qui servit de pâ- turé aux autres; le^ fendemain ils en mangértent un autre ; et enfîii au bout de quelques jours il n'en resta qu'un ietiV, tous les autres a voient été tues et dëvorë's en partie , 'et celui qui resta le dernier avoit lui-hiême les pattes et la queue mutiiffes. ' '"^ *^** '*** * """'^ ^^Xe rat pullule beaucoup, Te mulof pulhite encore dinYchitagc; il produit ]^Tus d'une fois par an, et Tes portée» soitt souvent de neuf tt dix , au Ketf ^ne celtes du rat ne sont que de cinq oii six : ulV homme dé ma campagne en prit nn jour vingt-deux dans un seul trou , il y aToit denx mèreff et vingt petits. Il est très-gëhëralement répandu dans tatte TEurone;. ^*9.i'T ■•«»'•* *?^T^?'-'" "* »x^
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1$^^ HrSTOIRR NATrnKLLE
LE RAT D' E A U. iiror
Le rat d'çai|i est pin petit animal de la grosseur d'un mjt,, mais qvà par le naturel et par les habitudes^ ressemble beaucoup plus à la loutre qu'au r^t « comme elle, il ne fréquente que les eaux douces , et on le trouve çoinmu- ndment sur les bords des rivières , de^ ruisseaux , des étangs ; comme elle f il lie vit guère que de poisson : les gou- jons t les mouteilles , les verrons , )es ablettes, le irai do la carpe, du bru* chet, du barbeau , sont sa nourriture ordinaire , il mange aussi des grenouil- les , des insectes d'eau , et quelquefois des racines et des berbes. Il n'a pas , comme la louti^e, des membranes en-* tre les doigts des pieds : c'est une er- reur de Willugby , que Ray et plus- sieurs autres naturalistes ont copiée, il a tous les doigts des pieds séparés , et cependant il nage facilement ; se
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lit'fit RouaTeaivlong-lfiiips, et rapporte sa proie ppiiv la manger à terre , sur l'herbe ou dans son trou \ les pécheurs l'y surprennent, quelquefois en cher- chant des dcrevisses , il leur mord les doigts I et cherche àsesauTcr en se je- tant dans l'eau. Il a la tête plus courte; le museati plus gros j le poil plus hërisr se , et h. queue beaucoup mplns longue que le mt. Il fuit, comme la Iputre^ les grands ileuves ou plutôt les riviè- res trop frëqu<Bptdes, Les chjens les chassent avec une espèce de fureur. On ne le trouTe jamais dans le» maisons t dans les granges ; il ne quitte pas le bord des eaux, ne s'en éloigne même pas autant que Ja loutre , qui quelque- fois s'écarte et voyage en pays sec à plus d'un^ lieue. Le rat d'eau ne va point dans les terres élevées , il est fort rare dans les hautes montagnes , dans les plaines arides ; mais très-nombreux dans tous les vallop humides et maré- cageux. Les mâles et les femelles se
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*56 HISTOiRE NATURELLE
cherchent sur la frn do Thiver , elîeft mctteilt bas an mois d'avril -, les por- tées ordinaires «ont de six on sept; Peut-être ces animaux produMeirt-ils plusieurs fois par an , mais nous n*en sommes pas informés; leur chair n'est pas' absolument itiaulràise ; tes paysan» la maiigeht les jours maigres corarmo celle de ta loutre. On les tix>uve par- tout èh Europe , excepte danslè climat trop rigoureux du pôle : on les retrou- Ve éii Egypte sur lés bords du Nil , si l'on eii croit Bellon ; cependant la figure qu'il eit donne ressemble si peu à notre rat d'eau , que l'on peut soupçonner ,. avec quelque fondement, que ces rat^ du Nil sont des animaux diffërens.
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LE CAMPAGNOL.
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Lé campagnol est encore plus com- mun , plus généralement répandu que le mulot j celui-ci ne se trouve gnèi-è q>ie dans les terres élevées ; le campa>-
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"* nu R \ T. ■ ' "^57 gnol se trouve par-tout , dans le» bois, dans les champs, dans tes prés, et même dans les jardins : il est remar- quable par la grosseur de sa tête , et aussi par sa qneue courte et tronqaëe , qui n'a guère qu'un pouce de long ; il se pratique de» trous en terre , oit il amasse du grain , des noisettes et du gland ; cependant il paroit qu'il préfère le h\é à toutes les autres nourritures. Dans le mois de juillet, lorsque les blës sont mûrs, les campagnols arrivent de tous côté», et font sourent de grands dom- fnages en coupant les' tiges du blë pour en manger Fëpi ; ils semblent suivre lea moissonneurs, ils profitent de tous les grains tombes et des ëpis oublies ; lors- qu'ils ont tout glane , ils vont dans les terres nouvellement semëes, et détrui- sent d'avance la récolte de l'année sui- vante. En automne et en hiver , la plu- part se retirent dans les bois, oà ils trou- vent de la faine, des noisettes et du gland. Dana certaines années , ils pa-
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l58 HISTOIRE NATVRELLlï
roissent en si grand nombre , qu'ils d^* Iruiroient tout s'ils subsistoient long- temps; mais ils SCI détruisent eux-mê- mes , et se mangent dans les temps de disette : ils servent d'ailleurs de pâture aux mulots ^ et do gibier ordinaire au renard , ati chat sauvage , à la marte et aux belettes.
Le campagnol ressemble pins au rat d'eau qu'à aucun animal par les parties nilëriéui^es} mais à l'extérieur il en diil^re par plusieurs caractbrei essen- tiels ; 1**. par^la grandeur ; il n'a gtièr^ que trois pouees de longueur depuis le bout du nés jusqu'à l'origine de U queue., et le rat d'eau eH a sepl) a**, jpai; les dimènràons dé la télé et du, corps \ le campagnol est proportionnellement à îa longueur de son corps , plus gT09 qui) le rat d'eau,: et il A aussi la léte proportionnellement plnsgrosse; 5^l par la longueur de la. queue, qui dans le campagnol iie fait>tQut au plus que le tiers de la longueur de Jl'animal entier^
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DURA T;' '-' ^ l59 et qui dans le rat dVau fait près des ^ deux tiers de cette même longueur; 4^ enfin par le naturel et les mœurs; les campagnols ne se nourrissent pas de poisson , et ne se jettent point à l'eau ; ils vivent de gland dans les bois , de f h\é dans les champs , et dans les prés ^ de racines tuberculeuses , comme celle du cbiendent ; leurs trous ressemblent à ceux des mulots, et souvent sont di- visés en deux loges , mais ils sont moins spacieux et beaucoup moins enfoncés sous terre : ces petits animaux y babî- tent quelquefois plusieurs ensemble. Lorsque les femelles sont prêtes à mettre bas , elles y portent des herbes pout faire un lit à leurs petits : elles produisent au printemps et en été ; les portées ordinaires sont de cinq ou siX; et quelquefois de tept ou huif;.
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Oi.AtrflMAoNtiM oui 1o prtiitiior qui ait fuit ttimtiioti (lu l«initi||', ot tout m qu'où ont tlil GoHUtir, Hoaligori Zio- |{toi'f lou8toti| tkc. odt iiri^ do cet iiu« tour 'i maië Worniiuiii uprèi doi lO" oliorclicd j)luii exiicloa , a fait l'iniitoiro de oot aniuml, ot vuici U doRuriptlon c)uMl on duuno. « Il a i dit-il ) la Oguio ihiuo loui'is ) niuidla (juouo plui oourtr», 1o oorpi long d*onviruu cinq pouooif lo poil (lu oi tuoht) de divot'iei coulitUNi la partie auttit'icuro do la tête noire , la partie iiupcfrioure jaunâtre, le oèu et led (épaules noiri ; lo reste du cor pi rcmHsâtro, marque do quolque/i petite» iuclios noire» de difFi^reuies figurei jus- qu'à la queue ) qui n'a qu'un demi- pouce de longueur , et qui est couverte de poiU jaunes noirâtres ; l'ordre des tâolicsi non plus que leur figure et leur grandeur , ne sont pus les mOuics dans
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UfiM nV RAT. ^'<^**» iCf toim Iflii Itidividui ^ tout I0 retiinb e»t litimohâlrn, tirant un peti «tir U )«fi* m t ^0. ». Ctii «iHfiiMl , dont lu ccrrp* ont épikïn et toM )ttmbei fort courtui , tio litUdo paM (If) conrjr mm» vite ', H hn^ bite ordinairement l«i tnont«gti«f do Norwège et do Tiaponie; fnftl« il en tleneend quelqneCoiii en «i grand nom' bro dftn» de eertfthieM «nnëoi et d«nf do certaineM »ûïnon§f qu'on regarde rftrrf* vi^odeM letningM comme nn ûét^u tcnî" ble, et dont il eut Impownîble de le àé'» livrer ( ils font un dëgât Affreux danf les campagne», dëvattent lea jardiMiii ruinent lei moiiiontii et ne laifient rien que ce qui e«t serre dans les maisons , où heureuHcment ils n'otitrentpas. Ils aboient à-peu*pr6s comme des petits chiens ', lorsqu'on les frappe avec un bâton f ils se jettent dessus et le tien^ nent si fort avec les dents , qu'iU se laissent enlever et transporter à quel- que distance , sans vouloir le quitter ; ils se creusent des trous sous terre ; et Quadriip. V. a4
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169 UI8TOJKE NATURELLE Tont , comme lea taupes , manger let racines } ils s'assemblent dans de cer- tains temps y et meurent» pour ainsi dire , tous ensemble ; ils sont très-cou* rageux et se défendent contre les au- tres animaux : on ne sait pas trop d'oui ils viennent; le peuple croit qu'ils tom- bent avec la pluie , le mâle est ordinai- rement plus grand que la femelle^ et A aiissi les taches noires plus grandes; ils meurent infailliblement au renouvel- lement des herbes ; ils vont aussi en grandes troupes sur Teau dans le beau temps , mais s'il vient un coup de vent, ils sont tous submergés ; le nombre do ces animaux est si prodigieux, que quand ils meurent , l'air en est infecté^ et cela occasionne beaucoup de malà-r dies ; il semble même qu'ils infectent les plantes qu'ils ont rongées, car le pâtu- rage fÎEiit alors mourir le bétail ; la chair des lomings n'est pas bonne à manger^ . et leur peau, quoique d'un beau poil ne peut |)a8 servir à faire des fourra-r
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ÏjC hamster est un rat des plus fa- meux et des plus nuisibles ; par les par- ties intérieures il ressemble plus au rat d'eau qu'à aucun autre animal ; il lui ressemble encore par la petitesse des yeux et la finesse du poil ^ mais il n'a pas la queue longue comme le rat d'eau , il l'a au contraire très - courte , plus courte que le campagnol , qui^ comme nous l'ayons dit, ressemble aussi beau- coup au rat d'eau par la conformation intérieure. Le hamster nous paroît être à regard du campagnol ce que le sur- mulot est à l'ëgard du mulot j to^s ces animaux vivent sous terre, et parois- sent animés du même instinct ; ils ont â-peu-près les mêmes habitudes , et snr-tout celle de ramasser des grains et d'en faire de gros magasins dans
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Ï64 HISTOIRE NATURFI.LF
leurs trous. Nous nous ëtendrons done beaucoup moins sur les ressemblances do forme et les conformitës de nature , que sur les diffëreaces relatires et les disconvenances rëelles qui sëparent le hamster de tous l'es rats ^ souris et mu- lots dont nous avons parle.
<( Les ëtablissemens des hamsters ( dit M. de Wai tz ) sont d'une construc- tion différente selon le sexe et l'âge , et aussi suivant la qualité du terrein. Le domicile du mâle a un conduit obli- que , à l'ouverture duquel il y a un monceau de terre exhausse: à une dis- tance de cette issue oblique , il y a un seul trou qui descend perpendiculaire- ment jusques aux chambres ou caveaux du domicile : il ne se trouve point de terre exhaussée auprès du trou , ce qui fait présumer que l'issue oblique est creusée en comnicnçant par le dehors, et que l'issue perpendiculaire est faite de dedans en dehors , et de bas en liant. . )
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- )> Le domicile de la femelle a aussi un conduit oblique , et en môme temps deux , trois et jusqu'à huit trous per- pendiculaires, ))our donner une entrëo et sortie libres à ses petits j le mâle et la femelle ont chacun leur demeure sé- parée; la femelle fait la sienne plus profonde que le mâle. **' * " '^*- *
)) A côté des trous perpendiculaires , à un ou deux pieds do distance, les hamsters des deux sexes creusent, selon leur âge et à proportion de leur mul- tiplication, un, deux, trois et quatre caveaux particuliers, qui sont en for- me de voûte , tant par - dessous que par-dessus , et plus ou moins spacieux , suivant la quantité de leurs provi- sions. ' '
» Le trou perpendiculaire est le pas- sage ordinaire du hamster pour entrer et sortir. C'est parle trou oblique que se fait l'exportation de la terre -, il pa- roit aussi que ce conduit qui a une pente plus douce dans un des caveaux
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166 HISTOIRE NATURELLE et plai rapide àam un i^utre de ces ca- veaux^ sert pour la circulation de Tair dans ce domicile souterjtiin. La caveau où la femelle fait ses petits , ne contient point de provision de f . 'li s, mais un nid de paille ou d'Vrtje< J a, protondeur du caveau est frè« -diffé- rente ^ un jeune hamsti r dans la pre- n^ière annexe ne donue qu'un pied de profondeur à son caveau ; un vieux hamster le creuse souvent jusqu'à qua- tre ou cinq pieds : le domicile entier , y compris toutes les communications ■et tous les caveaux > a quelquefois huit ou dix pieds de diamètre.
I) Ces animaux approvisionnent leurs magasins de grains secs et nettoyës , de blé en ëpis, de pois et fèves en cosses qu'ils nettoient ensuite dans leur de- meure, et ils transportent au - dehors les cosses et les déchets des ëpis par le conduit r' >> oe, Pour apporte'^ leurs provisior^, ».^ . serve*.*: de leurs aba- joues , dans lesquelles chacun peut por*
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fer à la fojt) plus d'un quart àe chopine de grains nettoyés. .: * « .
)> Le hamster fait ordinairement set provisions de grain à la fin d'août ; lors- qu'il a rempli ses magasins , il les cou- vre et en bouche soigneusement les avenues avec de la terre , ce qui fait qu'on ne découvre pas aisément sa de- meure f on ne la reconnoit que par le monceau de terre qui se trouve au- près du conduit oblique dont nous avons parlé ; il faut ensuite chercher les trous perpendiculaires et décou- vrir par-là son domicile. Le moyen le plus usité pour prendre ces animaux est de les déterrer, quoique ce travail soit assez pénible à cause de la profon- deur et de l'étendue de leurs terriers. G^pendant un homme exercé à cette espèce de chasse, ne laisse pas d'en ti- rer de l'utilité ; il trouve ordi nairc- ment , dans la bonne saison , c est-à- dirc , en automne , deux boisseaux de bous grains dans chaque domicile, et i\
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168 HISTOIRE NATURELLE
profite de la peau de ces animaux dont on fait des fourrures. Les hamsters produisent deux ou trois fois par an , et cinq ou six petits à chaque fois , ci sou- vent davantage j il y a des années oi!i * ilsparoissent en quantité innombrable , et d'autres oi!i l'on n'en voit presque plus ; les années humides sont celles oh ils multiplient beaucoup, et cette nom- breuse multiplication cause la disette par la dévastation générale des blés.
)) Un jeune hamster , âgé de six se- maines ou deux mois , creuse déjà son terrier ; cependant il ne s'accouple ni ne produit dans la première année de sa vie. '
» Les fouines poursuivent vive- ment les hamsters , et en détruisent un grand nombre ; elles entrent aussi dans leurs terriers et en prennent posses- sion. "
)) Les hamsters ont ordinairement le dos brun et le ventre noir. Cepen- dant il y en a qui sont gris, el cette
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flîfierence peut provenir de leur âge plus ou moins avancé. Il s'en trouve aussi quelqueA-iinsqui sont tout noirs ». - Ces animaux s'entre-dëtruisent ma- tnellement comme les mulots : de deux qui ëtoient dans la même cage, la fe- melle dans une nuit étrangla le mâle 9 et, après avoir coupé les muscles qui attachent les mâchoires, elle se fit jour dans son corps , où elle dévora une partie des viscères. Ils font plusieurs portées par an, et sont si nuisibles, que dans quelques états de l'Allemagne lieur tête est à prix *, ils y sont si com- muns que leur fourrure est à très-bon marché.
Tous ces faits, que nous avons ex- traits du Mémoire de M. de Waitz et des observations de M. de Montmirail, nous paroissent certains , et s'accor- dent avec ce que nous savions d'ailleurs au sujet de ces animaux ; mais il n'est pas également certain, comme on le dit dans ce même Mémoire , qu'il
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170 HISTOIRE NATUKELLE
soient engourdis et même desséchés pendant l'hiver , et qu'ils ne repren- nent du mouvement et de la vie qu'au printemps. Le hamster que nous avons eu vivant y a passé l'hiver dernier 1 762 à 65 dans une chambre sans feu, et où. il, geloit assez fort pour glacer l'eau ; cependant il ne s'est point engourdi et n'a pas cessé de se mouvoir et de manger à son ordinaire , au lieu que nous avons nourri des loirs et des lerots qui se sont engourdis à un degré de froid beaucoup moindre ; nous ne croyons donc pas que le hamster se rapproche des loirs ou de la marmotte par ce rap- port.
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LE Z I S E L.
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Le zisel est plus petit que le hams- ter , il a le corps long et menu comme la belette, au lieu que le hamster a le corps assez gros et ramassé comme le rat: il n'a point d'oreilles extérieures,
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O N trouve à Casan et dans les pro- vinces qu'arrose le Volga , et jusque» dans l'Autriche , un petit animal appe- lé souslik > qui veut dire friand eu lan- gue russe, dont on fait d'assez jolies fourrures. Il ressemble beaucoup au campagnol par la figure , il a , comme lui , la queue courte ; mais ce qui le distingue du campagnol et de tous les autres rats, c'est que sa robe, qui est d'un gris-fauve , est semée par-tout do petites taches d'un blanc vif et lustré.
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172 HISTOIRE NATURELLE
lies sousliks se prennent en grand nom- bre sar les barques chargées de sel. f^H; •»
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I L y a en Pologne et en Russie un autre animal appelé Ziemni ou Zemni; il est un peu plus petit qu'un chat do- mestique^ il a la tête assez grosse^ le corps menu , les oreilles courtes et ar- rondies f quatre grandes dents incisi- ves qui lui sortent de la gueule , dont les deux de la mâchoire inférieure sont trois fois plus longues que les deux de la mâchoire supérieure ; les pieds très- courts et couverts de poils , divisés en cinq doigts et armés d'ongles courbes ; le poil mollet, court et de couleur de gris-de-souris ; la queue médiocrement grande; les yeux aussi petits et aussi cachés que ceux de la taupe. Rzaçzyns- ki a appelé cet animal petit chien de terre {()anicula suhterranea) : cet auteur me paroît être le seul qui ait parlé du
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zemni , qui néanmoins est fort com- mun dans quelques provinces du nord. Son naturel et ses habitudes sont à- peu-près les mêmes que celle du liams* ter et du zisel ; il mord dangereuse- ment y mange avidement , et dévaste les moissons et les jardins ; il se fait Un terrier -, il vit de grains , de fruits et de légumes , dont il fait des magasins dans sa retraite , oh il passe tout le temps de l'hiver. ^ -^ i "J
Espèces connues dans ce genre*
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L'Ondatra, mus Zibethicus. .,k. Le Pilori, mus Pilorides,^ ^ ' ; Le Caraco , mus Caraco. ^ Le Surmulot , mus Decumanus. Le Bat commuii , mus Rattus. La Souris commune y mus Musculus, Le Mulot , mus Sylvaticus. Le Sitnic , mus Agrarius. Le Rat fauve , mus Minutus. Le Slkistan , mus Vagus» Le Betulin , mus Betulinus. i e Saxin , mus Saxatilis. Quûdrup. V. i5
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174 HISTOIRE NATURELLE
Le Kat d'eau , mua ^mphibius. Le Rat alliaire, mus Alliariua, Le Rat roux , mus Rutilus, ^ , Le Gregari , mus Gregalis. La Fégoule , mus (Bconomus. * Le Campagnol , mus Arvalis» Le Compagnon , iiiu« 5ocia/i«* Le il^agure , mus Lagurus. Le Rat à collier , mus Torquatus» Le Leming , mus Lemmus, Le Maulin , mitô Maulinus» Le Hagri , mus Acredula, Le Hamster^ mus Cricetus* Le Sablé , mus Arenarius» Le Fhé , mus Phœus, Le Songar , mus Songarus, ' "'' '
L'Orozo , mus Furunculus, Le Sukerkan , mus Talpinus. "' ' Le Cricet , mus Capensis. Le Rat maritime , mus Muritimus, Le Zokor , mus Aspalax, Le Zemni , mus Typhlus»
( Bujfon a placé dans ce genre le Souslik et le Zisel du genre suivant . )
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DE LA MARMOTTE. \y5
XXV r GENRE.
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Caractère générique : rlonts incisives taillées en coin , de chaque côté cinq dents molaires à la mâchoire $upé- ricnre , et quatre à l'inférieure j cla- vicules entières.
LA MARMOTTE.
J Je tous les auteurs modernes qwi ont écrit sur ITIistoire naturelle , Gcsner est celui qui , pour le détail , a le plus avancé la science ; il joignoit à une grande érudition un sens droit et des vues saines : Aldrovandc n'est guère que son commentateur , et les iiaLuia-
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176 HISTOinC NATURELLE listes de moindre nom ne sont, que ses copistes. Noas n'hésiterons pas à em- prunter de lui des faits au sujet des marmottes , animaux de son pays, qu il connoissoit mieux que nous , quoique nous en ayons nourri comme lui quel- ques-unes à la maison. Ce que nous avons observé se trouvant d'accord avec ce qu'il en dit , nous ne doutons pas que ce qu'il a observé de plus ne soit également vrai.
La marmotte , prise jeune , s'appri- Toise plus qu'aucun animal sauvage , et presqu'autant que nos animaux do- mestiques ; elle apprend aisément à saisir un bâton \ à gesticuler, à danser , à obéir en tout à la voix de son maître ; elle est , comme le chat , antipathique avec le chien : lorsqu'elle comiuencc à être familière dans la maison , et qu'elle se croit appuyée par son maître , elle attaque et mord en sa présence les chiens les plus redoutables. Quoiqu'elle ne soit pas tout- à -fait aussi grands
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DE LA MARMOTTE. Xff qu^un lièvre ; elle est bien plus trapue, et joint beaucoup de force à beaucoup de souplesse : elle a les quatre dents du devant des mâchoires assez longues et assez fortes pour blesser cruellement ^ cependant elle n'attaque que les chiens, et ne fait mal à personne à moins qu'on ne l'irrite. Si l'on n'y prend pas garde , elle ronge les meubles, les étoffes^ et perce même le bois lorsqu'elle est ren- fermée. Comme elle .a les cuisses très- courtes , et les doigts des pieds faits à-pcu-près comme ceux de l'ours , elle 8c tient souvent assise , et marche comme lui aisément sur ses pieds de derrière ; elle porte à sa gueule ce qu'elle saisit avec ceux de devant , et mange debout comme l'écureuil *, elle court assez vite en montant , mais assez lentement en plaine ; elle grimpe sur les arbres , elle monte entre deux parois de rochers , entre deux murailles voisines , et c'est des marmottes , dit- on , que les Savoyards ont appris k
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178 HISTOIRE NATURELLE
grimper pour ramoner les clieminécR. Elles mangent de tout ce qu'on leur donne y de la viande , du pain y des fruits , des racines , des herbes pola- gères, des choux , des hannetons, des sauterelles, &c. mais elles sont plus avi- des de lait et do beurre que de tout autre aliment. Quoique moins enclines que le chat à dérober , elles cherchent à entrer dans les endroits oh l'on ren- ferme le lait , et elles le boivent en grande quantité en marmottant , c'est- à-dire y en faisant comme le chat une espèce de murmure de contentement. Au reste , le lait est la seule liqueur qui leur plaise ; elles ne boivent que très-rarement de l'eau , et refusent le vin.
La marmotte tient un peu de l'ours et un peu du rat pour la forme du corps ; ce n'est cependant pas Varciomys ou le rat-ours des anciens , comme l'ont cru quelques auteurs , et entr'autrci Perrault. £Ue a le nez^ les lèvres et la
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forme de la tète comme le lièvre , le poil et les ongles du blaireau , les dents du castor , la moustache du chat , les yeux du loir, les pieds de Tours, la queue courte et les oreilles tronquées. La couleur de son poil sur le dos est d'un roux brun , plus ou moins fonce; ce poil est assez rude , mais celui du ventre est roussâtre , doux et touffu. Elle a la voix et le murmure d'un petit chien lorsqu'elle joue , ou quand on la caresse ; mais lorsqu'on l'irrite ou qu'on l'effraie , elle fait entendre un silllet si perçant et si aigu , qu'il blesse le tym- pan. Elle aime la propreté , et se met à l'ëcart , comme le chat , pour fairo ses besoins j mais elle a , comme le rat , sur-tout en été , une odeur forte qui la rend très-désagréable ; en automne , elle est très-grasse : outre un très-grand épiploon, elle a, comme le loir, deux feuillets graisseux fort épais ; cepen- dant elle n'est pas également grasse sur toutes les parties du corps ; le dos
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i8o iiisToiiiE KVTiînr.rj.K et les reins sont plus chargés que le reste , d'une graisse ferme et solide , assez semblable à la chair des tëiines du bœuf. Aussi la marmotte seroit assez bonne à manger si elle n'avoit pas toujours im peu d'odeur, qu'on ne peut masquer que par des assaisonne- mens très-forts.
Cet animal qui se plaît dans la ré- gion de la neige et des glaces , qu'on ne trouve que sur les plus hautes mon- tagnes , est cependant sujet plus qu'un autre à s'engourdir par le froid. C'est ordinairement à la fin de septembre ou au commencement d'octobre qu'il se recèle dans sa retraite pour n'en sor- tir qu'au commencement d'avril: cette retraite est faite avec précaution , et meublée avec art ^ elle est d'abord d'une grande capacité , moins large que lon- gue 9 et très-profonde •, au moyen de quoi elle peut contenir une ou plu- sieurs marmottes sans que l'air s'y corrompe : leurs pieds et leurs ongles
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DE LA MARMOTTE. l8l paroissent être faits pour fouiller la terre , et elles la creusent en eifet avec une merveilleuse céleri le ; elles jettent au-dehors , derrière elles , les déblais de leur excavation : ce n'est pas un trou , un boyau droit ou tortueux , c'est une espèce de galerie faite en forme d'Y grec, dont les deux branches ont chacune une ouverture , et abou- tissent toutes deux à un cul- de-sac qui est le lieu du séjour. Comme le tout est pratiqué sur le penchant de la montagne , il n'y a que le cul-de-sac qui soit de niveau ; la branche infé- rieure de l'Y grec est en pente au- dessous du cul-de-sac ; et c'est diins cette partie , la plus basse du domicile, qu'elles font leurs excrémens , dont l'humidité s'écoule aisément au-dehors* la branche supérieure de l'Y grec est aussi un peu en pente , et plus élevée que tout le reste ; c'est par -là qu'elles entrent et qu'elles sortent. Le lieu du séjour est non-seulement jonché , ma^a
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182 mSTOIKE NATURELLE
tapissé fort épais de mousse et de foin, elles en font ample provision pendant l'été : on assure même que cela se fait à frais ou travaux communs , que ]ei unes coupent les herbes les plus fines , que d'autres les ramassent , et que tour-à-tour elles servent de voitures pour les transporter au gîle : l'une , dit-on , se couche sur le dos , se laisse charger de foin , étend ses pattes en Laut pour servir de ridelles , et ensuite fie laisse traîner par les autres qui la tirent par la queue , et prennent garde en même temps que la voiture ne verse : c'est , à ce qu'on prétend , par ce frottement trop souvent réitéré , qu'elles ont presque toutes le poil rongé sur le dos. On pourroit cependant en donner une autre raison ; c'est qu'ha- bitant sous la terre , s'occupant sans cesse à la creuser, cela seul suffit pour leur peler le dos. Quoi qu'il en soit, il est sûr qu'elles demeurent ensemble , et qu'elles travaillent en commun h
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DE LA MARMOTTE. l83 leur habitation ; elles y passent les trois quarts de leur vie , elles s'y retirent pendant l'orage , pendant la pluie y on dès qu'il y a quelque danger ; elles n'en sortent même que dans les plus beaux jours , et ne s'en éloignent guère ; l'une fait le guet , assise sur une roche éle- vée , tandis que les autres s'amusent à jouer sur le gazon , ou s'occupent à le couper pour en faire du foin ; et lors* que celle qui fait sentinelle apperçoit un homme , un aigle , un chien y &c. elle avertit les autres par un coup de sifflet, et ne rentre elle-même que la dernière. '" '^ ^ '
■'•' Elles ne font pas de prévisions pour l'hiver , il semble qu'elles devinent qu'elles seit)ient inutiles ; mais lors- qu'elles sentent les premières appro- ches de la saison qui doit les engourdir, elles travaillent à fermer les deux por- tes de leur domicile , et elles le font avec tant de soin et de solidité , qu'il «.st plus îtisé d'ouvrir la terre par- tout
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184 HISTOIRE NATURELLE ailleurs que dans l'endroit qu'elles ont muré. Elles sont alors très-grasses , il y en a qui pèsent jusqu'à vingt livres *, elles le sont encore trois mois après , mais peu à peu leur embonpoint dimi- nue, et elles sont maigres sur la fin ds l'hiver. Lorsqu'on découvre leur re- traite, on les trouve resserrées en boule. €t fourrées dans le foin , on les emporte tout engourdies, on peut même les tuer gans qu'elles paroissent le sentir *, on choisit les plus grasses pour les manger , et les plus jeunes pour les apprivoiser. Une chaleur graduée les ranime com- me les loirs , et celles qu'on nourrit à la maison , en les tenant dans des lieux chauds, ne s'engourdissent pas, et sont même aussi vives que dans les autres temps. Nous ne répéterons pas , au sujet de l'engourdissement de la mar- motte , ce que nous avons dit à l'article du loir ; le refroidissement du sang en est la seule cause , et l'on avoit observé avant nous, que dans cet état de tor-
DE LA MARMOTTE. l85
peur la circulation étoit très-lente, aussi-bien que toutes les sécrétions , et que leur sang n'étant pas renouvelé par un chyle nouveau , étoit sans au- cune sérosité. Au reste , il n'est pa» sûr ^ju'elles soient toujours et constam- liient engourdies pendant sept ou buit mois , comme presque tous les auteurs le prétendent. Leurs terriers sont pro- fonds , elles y demeurent en nombre ) il doit donc s'y conserver de la chaleur dans les premiers temps ^ et elles y peu- vent manger de l'herbe qu'elles y ont amassée. M. Altmann dit même , dans son Traité sur les anima^x de Suisse , que les chasseurs laissent les marmot- tes trois semaines ou un mois dans leur caveau avant que d'aller troubler leur repos ; qu'ils ont soin de ne point creuser lorsqu'il fait un temps doux , ou qu'il souffle un vent chaud ; que sans ces précautions les marmottes se ré« veillent, et creusent plus avant ; mais qu'en ouvrant leurs retraites dans Itt Quadrup. V. lù
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186 HISTOIRE NATUREIXK temps des grands froids , on les trouvo tellement assoupies quW les em|>orto facilement. On peut donc dire qu'à tous t^gards elles sont comme les loirs , et que si elles sont engourdies pluslong- temps, c'est qu'elles habitent un cli- mat où rhiver est plus long. ' '"^ '
Ces animaux ne produisent qu'une fois l'an ; les portées ordinaires ne sont que de trois ou quatre petits , leur ac- croissement est prompt , et la durde de leur vie n'est que de neuf ou dix ans : aussi l'espèce n'en est ni nombreuse ni bien répandue. Les Grecs ne la con- noissoient pas , ou du moins ils n'en ont fait aucune mention. Chez les Latins , Pline est le premier qui l'ait indiquée sous le nom de mus Alpinus , rat des Alpes ; et en efiFet , quoiqu'il y ait dans les Alpes plusieurs auties espèces de rats, aucune n'est plus remarquable que la marmotte, aucune n'habite comme elle les sommets des plus hau- tes montagnes j les autres se tiennent
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I>E LA M AB MOTTE. 187 Oans les vallons , ou bien sur la croupe des collines ot des prcnncres monla- l^mes, mais il n'y en a point qui monte aussi haut que la murmolle ; d'ailleurs^ elle ne descend jamais des liautcurs, et paroit être particulièrement alta- chëe à la chaîne des Alpes , où elle semble choisir l'exposition du midi et du levant de préférence à celle du nord ou du couchant. Cependant il s'en trouve dans les Apennins , dans les Pyrénées et dans les plus hautes mon- tagnes de l'Allemagne. , ,
LE BOBAK, LEMONAX,
ET D'AUTRKS MARMOTTES.
L'on a donné le nom de marmolie de Strasbourg au hamster , et celui de marmotte de Pologne au bobac ; mai» autant il est certain que le hamster n'est point une marmotte, autant il est probable que le bobak en est une -y car il ne diilbre de la marmotte des
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l88 HISTOIRE NATURELLE
Alpes que par les couleurs du poil; il est à\\n gris moins brun ou d'un jaune plus pâle.
Le monax, ou marmotte du Canada, me paroît différer des autres marmot- tes , en ce qu'il n'a que quatre doigts aux pieds de devant , tandis que la marmotte des Alpes , et le bobak ou marmotte de Pologne en ont cinq y comme aux pieds de derrière. Il y a aussi quelque différence dans la forme de la tête , qui est beaucoup moins cou- verte de poil. La queue est plus longue et moins fournie dans le monax que dans notre marmotte ; en sorte qu'on doit regarder cet animal du Canada comme une espèce voisine ^ plutôt que comme une simple variété de la mar- motte des Alpes. Je présume qu'on peut rapporter à cette espèce l'animal dont parle le baron de la Hontan , et qu'il nomme siffleur; il dit qu'il se ti'ouve dans les pays septentrionaux du Canada , qu'il approche du lièvre
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DE LA MARMOTTK. l8^
pour la grosseur, mais qu'il est plus court de corps y que la peau en est fort estimée , et qu'on ne recherche cet ani- inal que pour cela , parce que la chair n'en est pas bonne à manger '> il ajoute que les Canadiens appellent ces ani- maux siffleurs , parce qu'ils sifflent en effet à l'entrëe de leurs tannières , lors* que le temps est beau.
L'animal de Sibérie , que les Russes appellent Jeuraschka , est une espèce de marmotte encore plus petite que le monax du Canada : cette petite mar- motte a la tête ronde et le museau e'crasë; on ne lui voit point d'oreilles, et l'on ne peut même découvrir l'ou- verture du conduit auditif, qu'en de'- tournant le poil qui le couvre ; la lon- gueur du corps , y compris la tète, est tout au plus d'un pied ; la queue n'a guère que trois pouces, elle est presque ronde auprès du corps, et ensuite ello s'applatit, et son extrémité paroit tron- quée. Le corps de cet animal est assez
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490 HISTOIRE NATUREMiK ëpais f le poil est fauve , mêlé de gr!» , et celui de l'extrëmilé de la queue est presque noir. Les jambes sont courtes , celles de derrière sont seulement plus longues que celles de devant. Les pieds de derrière ont cinq doigts et cinq on- gles noirs et un peu courbés ^ ceux do devant n'en ont que quatre : lorsquN)Ti irrite ces animaux, ou seulement qu'on Teut les prendre , ils mordent violem- ment f font un cri argu comme la mar- motte ; quand on leur donne à manger, ils se tiennent assis , et portent à leur gueule avec les pieds de devant : ils se recherchent au printemps et produi> Kent en été ^ les portées ordinaires sont de cinq ou six j ils se font des terriers où ils passent Thiver , et où la femelle met bas et alaite ses petits : quoiqu'ils aient beaucoup de ressemblance et d'habitudes communes avec la mar~ motte f il paroît néanmoins qu'ils sont d'une espèce réellement différente ; car dans les mêmes lieux ^ eu Sibérie ; il se
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DE LA MARMOTTE. I^t
trouve de vraies marmottes de l'espfcco de celles de Pologne on des Alpes ^ et que 1 - ^ Sibériens appellent siirok , et Von n'a pas ren. ^uë que ces deux es- pèces se mêlent , ni qu'il y ait en- tr'elles aucune race intermédiaire.
Espèces connues dans ce genre.
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Marmota. liP MonHX, arctomys Monax. I.« Bobax , arctomys Bobac. he Souslik et le Ziael , arctomys Citillusu
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Caractère générique : dents incisives supérieures taillées en coin, infë' . rie lires aiguës ; de chaque côté cinq dents molaires à la mâchoire supérieu- re et quatre à l'inférieure •, clavicules entières -, queue à longs poils de cha* que côté ; moustaches longues.
L' É C U R E U I L.
L'ÉCUREUIL est un joli petit animal qui n'est qu'à demi sauvage , et qui , par sa gentillesse , par sa docilité , par l'innocence même de ses mœurs, mé- riteroit d'être épargne j il n'est ni car-
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DE L' Écureuil/ 19?
nassier ni nuisible, quoiquil saisisse quelquefois des oiseaux; sanouriitnre ordinîiire sont des fruits, deé amandes, è:t^ noisettes , de la faine et du gland. Il est propre, leste , vif, très>alerte, trètf-ëveillë , très-industrieux ; il a les ^eux pleins de feu, la physionomie fine, le corps nerveux, les membres très-dispos : sa jolie figure eët encore rehaussée , parëe par une belle queue en forme de panache, qu'il relève jus« que dessus sa tête, et sous laquelle il te met à Tombre; il est, pour ainsi dire, moins quadrupède que les au- tres, il se tient ordinairement assis presque debout , et se sert de ses pieds de devant, comme d'une main, pour porter à sa bouche ; au lieu de se ca- cher sous terre , il est toujours en l'air , il approche des ciseaux par su lëgërétë, 'il demeure comme eux sur la cime des arbres , parcourt les forêts en sautant de l'un à l'autre, y fait son nid, cueille les graines , boit la rosée ^ et né dcscencl
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ufi histothe naturelle
à terre que quand le» arbres sont tgT- tes par la yiolence de» vents. On ne le trouve point dans les champs , dans le^ kcnx découverts^ dans les pays d& plaine ^ il n'approche jamais des habir talions ; il ne reste point dans les tail-, lis , mais dans les bois de hauteur ^ sur les vieux arbres des plus belles futaies., Il craint Feau plus encore que la terre ^ et Ton assure que lorsqu'il faut la pas- ser , il se sert d'une ëcorce pour vais- seau, et de sa queue pour voiles et pour gouvernail. Il ne s'engourdit pas com- me le loir pendant l'hiver, il est en tout temps très-^veillé , et pour peu que l'on touche au pied de l'arbre sur lequel il repose , . il sort de sa petite bauge , fuit sur un autre arbre , ou se cache à l'abri d'une brauche. Il ramasse des noisettes pendant l'été, en remplit les troncs, les fentes d'un vieux arbre, et a recours eu hiver à sa provision , il les cherche aussi sous la neige qu'il dé- tourne en graltant» Il ala yoixécla-^
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D i' f Ê C TJ R fi U I L. 195 <Unteet plus perçante encore quecella <de la fouine ; il a de plus un murmure à bouctie fermée , un petit grognement de mëcpntentement qu'il fait entendre toutes les fois qu'on l'irrite. B est trop léger pour marcher^ il ya ordinaire* ment par petits sauts et quelquefois par i)è»n<Ï8 : il a les ongles si pointus et les ^mouyemens si prompt^ , qu'il grimpe en un iiîstaJrit sur un uêtrô dont té- corce est fort lisse.
I ' On entend tes écureuils /pendant les ct>dies nnjts d'été , crier en courant sur ^és] aigres les uns après les iiutres ; ils ieîÉiBlént craindre l'ardeur du soleil , ^^ils demeurent pendant le jour k l'abri jdans i^ûr domicile , dont ils sortent le joîr pour s'exercer, jouer, faire l'a- mônr 6t miânger : ce domicile est pro- pre, chaud et impénétrable À la pluîf! , c'est orç^s^rement sur renfourcliiTe d^un ai^ré qu^ils l'^tablls^nt; ils com- mencent par transporter des bûchettes qu^ik mêlent, qu'ils entrelacent avec
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196 HISTOIRE NATURELLE
de la mousse ; ils la rerrent ensuite , ils la foulent et clonnent assez de (opacité et de sUidité à leur ouvrage pour y être à Taise et en sûreté avec leurs petits ; il n*y à qu'une ouverture vers le haut , juste, ëtroite, et qui suffit à peine pour passer *, àù-dcssus de l'ouverture est une espèce, de couve-^t en cône qui met le tout à Tàbrî , et fait que la pluie s'ëcôule jpar Jes c6tës (st ne pénètre pas. Ils produisent ordinairemient trois onqufitre petits; ils entrent en ainoui: au printemps et mettent bas au mois de niai ou ai; commencemvnl de juin ; ils muent au sortir de rhivei',le poil nouveau est plus roux que celui qui tombe. Us se peignent, ils se polissent avec lies mains et les dents; ils sont propres,» ils n'ont aucune mauvaise odeur; leur chair est assez bonne à manger. Le poil de là queue sert à faire des pinceaux; mais teiir peau ne fait pas ^ne bonne fourrure. ^' Il y a beaucoup d'espèces Toisinés
DE L' É C U R E U I L. 197
de celle de l'ëcureuil , et peu de varié- tés dans l'espèce mémo -, il s'en trouve quelques-uns de cendrés , tous les aU' très sont roux. Les petits -gris , qui sont d'une espèce différente , demeu- rent toujours gris, et sans citer les écureuils volans qui sont bien différens des autres , l'écureuil blond de Cam- baye , qui est fort petit et qui a la queue semblable à l'écureuil d'Europe ; cclr.i de Madagascar nommé tsitsihi , qui est gris et qui n'est , dit Flaccourt y ïii beau ni bon à apprivoiser ; l'écu- reuil blanc de Siam , l'écureuil gris un peu tacheté de Bengale , l'écureuil rayé de Canada , l'écureuil noir , lo grand écureuil gris de Virginie , l'é- cureuil delà Nouvelle-Espagne à raies blanches , l'écureuil blanc d^ Sibérie , l'écureuil varié ou le mus ponticus , le petit écureuil d'Amérique , celui du Brésil ) celui de Barbarie y le rat pal- miste , ëcc. forment autant d'espèces distinctes et séparées. . , . • , , v
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198 HISTOIRE NATURELLE
LE PETIT-GRIS. '
On trouve dans les parties septen" trionalesde l'un et de l'antre continent l'animal que nous donnons ici sous le nom àepetU'grisj il ressemble beau- coup à l'ëcureuil , n'en diffère à l'ex- térieur que par les caractères suivans : il est plus grand que l'ëcureuil ; il n'a pas le poil roux , mais d'un gris plus on moins fonce ; les oreilles sont dé- nuées de ces longs poils qui surmontent Pextrëmité de celles de l'écureuil. Ces différences qui sont constantes , parois- sent suffisantes pour constituer une espèce particulière à laquelle nous avons donné le nom àepetie-gris , parce que l'on connoît sous ce même nom la fourrure de cet animal. Plusieurs au- teurs prétendent que les petits-gris d'Europe sont différens de ceux d'A- mérique ; que ces petits-gris d'Europe sont des écureuils de l'espèce commu*
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DE L'ÉCUREUIL. 199
ne, dont la saison change seulement la couleur dans le climat de notre nord. Sans vouloir nier absolument ce der- nier fait , qui cependant ne nous pa« roit pas assez constaté , nous regar- dons le petit -gris d'Europe et celui d'Amérique comme le même animal, et comme une espèce distincte et sé- parée de celle de l'écureuil commun ; car on trouve dans l'Amérique septen- trionale et dans le nord de l'Europe nos écureuils ; ils y sont de la même grosseur et de la même couleur , c'est- à-dire , d'un rouge ou roux plus ou moins vif, selon la température da pays ; et en même temps on y voit d'autres écureuils qui sont plus grands, et dont le poil est gris ou noirâtre dans toutes les saisons. D'ailleurs la fourru- re de ces petits-gris est beaucoup plus fine et plus douce que celle de nos écu- reuils : ainsi nous croyons pouvoir as- surer que ce sont des animaux dont les différences étant constantes , les
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aoo HISTOIRE NATURELLU espèces , quoique voisines , ne se floiit pas mêlëes, et doivent par conséquent avoir chacune leur nom.
Nous ne voyons pas que lesdcureuils^ qui sont en assez grand nombre dans nos forêts se réunissent en troupes ; nous no voyons pas qu'ils voyagent de compagnie , qu'ils s'approchent des eaux , ni qu'iU se hasardent à traver- ser les rivières sur des ccorces d'arbres; ils d iflFèrcntdonc des petits-gris, non-seu- lement par la grandeur et la couleur, mais aussi par les habitudes naturelles ; car quoique ces navigations des petits- gris paroissentpou croyables , elles sont attestées par un si grand nombre do témoins que nous ne pouvons les nier.
Au reste , de tous les animaux qua- drupèdes non-domestiques , l'écureuil est peut-être celui qui est le plus sujet aux variétés , ou du moins celui dont l'espèce a le plus d'espèces voisines. L'é- cureuil blanc de Sibérie no paroi t être q^u'uue variété do notre écureuil corn-
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miin. 1/ccuroui! noir et l'écurewil gris- foiicc , tous deux de l'Amdricjiie, pour- roient bien n'être aussi que des vari^lt^s de l'espèce du petit-gris. L'écureuil de Barbarie , le palmiste et l'écureuil Suisse , dont nous parlerons dans l'ar- ticle suivant , sont troid espèces fort voisines l'une de l'autio.
On a peu d'autres faits su< \ histoire des petits-pris; Fernap:^^s dit que 1 ?'- curcuilgris ou noirâli ; d Amérique se tient ordinairement sur les arbres et particulièrement sur les pins , qu'il se nourrit de fruit et de graines , qu'il en fait provision povir l'hiver , qu'il les dépose dans le creux d'un arbre , où il se relire lui-même pour passer la mau- vaise saison , qu'il y fait aussi ses pe- tits , &c. Ce ; abitudes du petit-gris sont encore difft' ., tes de celles de l'é- cureuil , lequel . : construit un nid au- dessus des arbres comme font les oi- seaux : cependant nous ne prétendons pas assurer positivement que cet éciv-
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202 HISTOIRE NATURELLE
reuil noirâtre de Fernandës , soit le même que Tëcu reuil gris de Virginie, et que tons deux soient aussi les mêmes que le petit-gris du nord de l'Euro])e j nous le disons seulement comme une chose qui nous paroît être très-vrai- semblable, parce que ces trois animaux sont à'peu-prës delà même grandeur , de la même couleur et du même climat froid, qu'ils sont précisément de la même forme , et qu'on emploie égale- ment leurs peaux dans les fourrures qu'on appelle ^e^iV-grw. .
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LE PALMISTE,
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Le palmiste est de la grosseur d'un rat ou d'un petit écureuil; il se plaît sur les palmiers, et c'est de-là qu'il a tiré sou nom j il fréquente les lieux dé- couverts et voisins des habitations , et il se tient encore plus souvent dans les buissons à terre , que sur les palmiers.
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Ce sont de petits animaux très-vifs ^ on les voit pendant le jour traverser les chemins pour aller d'un buisson à l'autre , et ils demeurent à terre aussi souvent au moins que sur les arbres. Le palmiste a la tête à-peu-près de la mê- me forme que celle du campagnol et couverte de même de poils hërissés j sa longue queue n'est pas traînante conw me celle des rats : il la porte droite et re- levée verticalement , sans cependant la renverser sur son corps comme fait l'écureuil , elle est couverte d'un poil plus long que celui du corps , mais bien plus court que le poil de la queue de l'ccureuil ; il a sur le milieu du dos , tout le long de l'ëpine depuis le cou jusqu'à la queue , une bande blanchâ- tre accompagnée de chaque côte d'une bande brune , et ensuite d'une autre bande blanchâtre. Ce caractère si mar- qué , pai* lequel il paroit qu'on pour- roit distinguer le palmiste de tous les autres animaux y se trouve à-peu-près
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ao4 HISTOIRE NATURELLE lo même dans récnrcnil de Barbarie et clans rëcureuil Suisse, qu'on a aussi appelé écureuil de terre. Ces trois ani- maux se ressemblent à tant d'f5gards , que M. Ray a pens»5 qu'ils ne faisoient tous trois qu'une seule et même espèce : mais si l'on t'ait attention que les deux premiers , c'est-à-dire, le palmiste et l'écureuil de Barbarie, que nous appe- lons harbaresque , ne se trouvent quo dans les climats chauds de l'ancien con- tinent j qu*au contraire le suisse , ou l'écureuil Suisse , décrit par Lister , Catesby et Edwards , ne se trouve que dans les légions froides et tempéréeS; du Nouveau-Monde , on jugera que co sont des espèces différentes ; et en ef- fet , en les examinant de plus j^rès, on voit que les bandes brunes et blan- ches du suisse sont disposées dans un autre ordre que celles du palmiste ; la bande blanche qui s'étend dans le pal- miste , le long de l'épine du dos , est noire ou brune dans le Suisse j les ban-
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DE L' É C U R E U ï !.. 2o5
lies blanches sont à côlc^ de la noîro comme les noires sont à côté de la blan- che dans le palmiste ; et d'ailleurs il n'y a que trois bandes blanches sur le pal- miste, au lieu qu'il y en a quatre sur le suisse ; celui-ci renverse sa queue sur son corps , le palmiste ne la ren- verse pas j il n'habite que sur les ar- bres , le suisse se tient à terre , et c'est cette différence qui l'a fait appeler écu- reuil de terre ; enfin il est plus petit quo le palmiste : ainsi l'on ne peut douter que ce ne soient deux animaux diifé- rens.
A l'égard du barbaresque , comme il est du même continent , du même cli- mat , de la même grosseur et à-peu- près de la même figure que le palmiste, ou pourroît croire qu'ils seroient tous deux de la même espèce et qu'ils fe- roient seulement variété dans cette es- pèce. Cependant on y trouvera des dif- férences très-remarquables et qui in- diquent assez que ce sont des animaux
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flo6 HISTOIRE NATURELLE difîereus : nous les avons tous deux an Cabinet du Roi , aussi bien que le puisse. Le barbaresque a la tête et le chanfrein plus arques, les oreilles plus grandes , la queue garnie de poils plus touffus et plus longs que le palmiste ; il est plus écureuil que rat , et le pal- miste est plus rat qu'écureuil par la forme du corps et de la tète. Le bar- baresque a quatre bandes blanches , au lieu que le palmiste n'en a que trois ; la bande blanche du milieu se trouve dans le palmiste sur l'épine du dos , tandis que dans le barbaresque il se trouve sur la même partie une bande noire mêlée de roux^&c. Au reste , ces animaux ont à-peu-près les mêmes ha- bitudes et le même naturel que l'écu- Veuil commun ; comme lui le palmiste et le barbaresque vivent de fruits , et se servent de leurs pieds de devant pour les saisir et les porter à leur gueu- le ; ils ont la même voix , le même cri, le même instinct, la même agilité j ils
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DE L' ÉCUREUIL. ÎXO7
sont très-vifs et très-doux , ils s'appri- voisent fort aisément et au point de s'attacher à leur demeure , de n'en sor- tir que pour se promener , d'y revenir ensuite d'eux-mêmes sans être appelés ni contraints ; ils sont tous deux d'une très-jolie figure ; leur robe , rayée de blanc , est plus belle que celle de l'écu- reuil ; leur taille est plus petite , leur corps est plus léger et leurs mouve- mens sont aussi prestes. Le palmiste et le barbaresque se tiennent , comme l'écureuil , au-dessus des arbres ; mais le suisse se tient à terre et s'y pratique, comme le mulot , une retraite impé- nétrable à l'eau ; il est aussi moins do- cile et moins doux que les deux autres : il mord sans ménagement , à moins qu'il ne soit entièrement apprivoisé- Il ressemble donc plu:» aux rats ou aux mulots qu'aux écureuils , par le natu- rel et pat les moeurs.
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ao8 HISTOIRE NATURELLE
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que dans It\s jmiLie^ iiit^riilioiiules do rAiiidn(|Uo : lus t^curcuilH bluiulN ou uraiigui'8 (les Indes orientales sont bien plus petits, et leurs couleurs soûl uni- formes*, ce sont do vrais c^curouils qui grimpent sur les arbres et y l'ont leiu's petits , au lieu que le coquallin et lo HuiHso d'Amérique se tiennent stms tnre comme les lupins, et u'ont d'autre l'apport avec l'écureuil que de lui ros- sembler par la liguro.
LE POLATOUCIIE.
Le pela touche est d'une espèce par- ticulière qui se rapproche seulement par quelques caractères de celles do l'écureil, du loir et du rat; il ne res- semble À l'écureuil que par la grosseur des yeux et par la forme de la queue , qui cependant n'est ni aussi longue ni fournie d'aussi longs poik ^ il approche plus du loir par la figure du corps, par celle des oreilles qui sont courtes et
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M. Klein est le premier qui ait don- ne une description exacte de cet ani- mal dans les Transactions philosopiii- ques, année /y33. Il ëtoit cependant connu long-temps auparavant ; on le trouve également dans les parties sep- tentrionales de l'ancien et du nouveau continent ; il est seulement plus com- mun en Amérique qu'en Europe , oà il ne se trouve que rarement et dans quelques provincesdu Nord, telles que la Litbuanieetla Russie. Ce petit ani- mal habite sur lès ai bres comme lecu- reuil f il va de branches en branches , et lorsqu'il saute pour passer d'un ar- bre à un autre ou pour traverser un
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DE l/é C U R E U I t, 311
espace considérable , sa peau qui est lâche et plissëe sur les cAtës du corps , 80 tire au-dehors, se bande et sVlargit par la direction contraire des pattes do devant qui s'dtendcnt en avant , et de celles de derrière qui s'étendent en ar- rière dans le mouvement du saut. La peau ainsi tendue est tirée en dehors de plus d'un pouce , augmente d'autant Ja surface du corps sans en accroître la masse, et retarde par conséquent l'ac« cëlération de la chute , en sorte que d'un seul saut l'animal arrive à une assez grande distance : ainsi ce mou- vement n'est point un vol comme ce- lui des oiseaux , ni un voltigement comme celui des chauve-souris , qui se font tous deux en frappant l'air par des vibrations réitérées j c'est un sim- ple saut dans lequel tout dépend de la première impulsion dont le mouve- ment est seulement prolongé et sub- siste plus long-temps y parce que le corps de l'animal, présentant une plus
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212 HISTOIRE NATURELLE grande surface à l'air , éprouve une plus grande résistance et tombe plus lente- ment. Ce seul caractère sufïiroit donc pour le distinguer de tous les autres écureuils , rats ou loii'. ; mais les choses même les pluà singulières de la nature sont-elles jamais uniques ? dcvroit-on s'attendre à trouver dans le mome genre un autre animal avec une pareille peau^ et dont les prolongcmens s'éten- dent non- seulement d'une jambe à l'au- tre , mais de la tête à la queue ? Cet animal , dont la figure et la description nous ont été données par Seba^ sous le nom d^ écureuil-volant àe Virginie, pa- roît assez différent du polatouclie pour constituer une autre espèce ; cependant nous ne nous presserons pas de pronon- cer sur sa nature.
Nous avons vu et gardé long-temps le polatouche vivant ; il a été bien in- diqué par les voyageurs : ce que nous avons vu nous-mêmes de cet animal s'accorde très-bien avec ce qu'ils en
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DE L*É C U RE U I L. 21^
disent : communément il est plus petit que l'écureuil j celui que nous avons eu ne pesoit guère que deux onces, c'est- à-dire , autant qu'une chauve-souris de la moyenne espèce , et l'écureuil pèse huit ou neuf onces.
Le potalouche approclie , en quel- que sorte, de la chauve-souris par cette extension de la peau qui , dans le saut , réunit les jambes de devant à celles de derrière , et qui lui sert à se soutenir en l'air : il pa^olt u "«i lui ressembler un peu pr* le naturel , car il est tran- quille, et pour ainsi dire , endormi pendant le jourj ilne prend de l'acti- vité que le soir. Il est très-facile à ap- privoiser , mais if est en même temps sujet à s'enfuir , et il faut le garder dans une cage ou l'attacher avec une petite chaîne : on le nourrit de pain , de fruits , de graines , il aime sur-tout les boutons et les jeunes pousses du pin et du bou- leau ; il ne cherche point les noix et amandes comme les écureuils j il se fait
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un Ht. de feuilles dans lequel il s'ense- velit et où il demeure tout le jour , il n'en sort que la nuit et quand la faim le presse. Comme il a peu de vivacité , il devient aisément la proie des martes et des antres animaux qui grimpent surlesarbre:, aussi l'espèce subsistante est-elle en très-petit nombre , quoi- qu'il produise ordinairement trois ou quatre petits.
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L' A N O N Y M E.
Cet animal , doiU nous ignorons le nom , et que nous appellerons Vanony- me en attendant qu'on nous dise son nom , a quelques rapports avec le liè- vre, et d'autres avec l'écureuil. Voici ce que M. Bruce m'en a laissé par écrit :
« Il existe dans la Libye , au midi du lac qu'on appeloit autrefois Palus- tritonides, un très-singulier animal /de neuf à dix pouces de long, avec les
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DE L' É C U R E U I L.
oreilles presque aussi longues que la moitié du corps et larges à proportion , ce qui ne se trouve dans aucun animal quadrupède , à l'exception de la chauve- souris oreillard. Il a le museau pres- que comme le renard , et cependant il paroît tenir de plus près à l'écureuil ; il vit sur les palmiers et en mange le fruit ; il a les ongles courts qu'il peut encore retirer*, c'est un très-joli ani- mal^ sa couleur est d'un blanc mêlé d'un peu de gris et de fauve-clair, l'intérieur des oreilles n'est nu que dans le milieu , elles sont couvertes d'un petit poil brun mêlé de fauve , et garnies en dedans de grands poils blancs, le bout du nez noir, la queue fauve et noire à son extrémité , elle est assez longue , mais d'um forme différente de celle des écureuils , et tout le poil ^ tant du corps que de la queue , est très- doux au toucher.
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ai6 HTSTOIRE NVrURF.LLE
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^ ou GlUND ÉCUIŒUIL VOLANT.
Noi/ s avons dit qu'il existe de plus grands polatouchcs que ceux dont nous avons donnt^ la description , <;t quo nous avions au Cabinet une peau qui ne peut provenir que d'un animal plus grand que le polatouclie ordinaire. Cette peau a en effet cinq pouces et demi de long , tandis que la peau du polatouclie ordinaire n'a guère quo quatre pouces de longueur ; mais cette différence n'est rien en comparaison de celle qui se trouve pour la grandeur entx'e notre polatouclie et le taguan des Indes orientales. Ce grand écureuil volant, conservé dans le très-riclie ca- binet de Chantilly, a vingt-trois pou- ces de longueur , depuis le bout du nez jusqu'à l'extréniité du corps ; il se trou- ve non-seulement à Mahé , mais aux Sks Philippines; et vruiscniblablcmcnt
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DE l'ÉC U II E U I L. 217 dans plusieurs autres endroits des In« des méridionales : eelni-ei a été pris dans les terres voisines de la cAfe du Malabar; c'est un gc'ant en comparai- son du polatouelie de Russie (;t rnômo de celui d'Amérique ; car communé- ment ceux-ci n'ont que quatre pouces et demi ou cinq pouces tout au plus. Néanmoins le taguan ressemble pour la forme au polatouelie dont il a les principaux caractères, tel que le pro- longement de la peau qui est tout-à-fait conforme ; mais comme il en diffère excessivcm< tit par la grandeur et assez évidemment par d'autres caractères , on doit en faire une espèce séparée de celle du polatouelie. Nous lui avons donné le nom de tagaan , en consé- quence d'im passage que nous avons trouvé dans les voyageurs , et que je dois rapporter ici.
« Les îles Pliilippines sont le seul endroit où l'on voit une espèce de cliat volartt, de la grandeur des lièvres et do
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21 8 HISTOIRE NATURELLE la couleur des renards , auquel les Insulaires donnent le nom de taguan. Ils ont des ailes comme les chauve-sou» ris y mais couvertes de poil , dont ils se servent pour sauter d'un arbre sur l'autre , à la distance de trente pal- mes )).
M. Vosniaër dit qu'il a vu deux pe- tits polatôiiches vivans , mais qu'ils n'ont pas vécu long- temps à la ménage- rie de S. A. S. monseigneur le prince d'Orange.
<f lis dormoient , dit-il , presque toute la journée ; quand on les pous- soit vivement y ils faisoient bien un petit saut comme pour voler , mais ils s'csquivoient d'abord avec frayeur , car ils sont peureux j ils aiment beaucoup la chaleur , et si on les découvroit , ils se fourr oient au plus vite sous de la laine qu'on leur donnoit pour se cou- cher ; leur nourriture étoit du pain trempé , des fruits , &c. qu'ils man- geoient de la même façon que les écu-
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DE L'ÉCUREUIL. 219
reuils, avec leurs pattes de devant et assis sur leur derrière. A l'approche de la nuit on les voyoit plus en mouve- ment. La diiFérenne du climat influe certainement beaucoup dans le clian- gement de nature de ces petits ani- maux, qui parois seut fort délicats ».
Ce que je viens de citer , d'après M. Vosmaër , est très-conforme à ce que j'ai vu moi-même sur plusieurs de ces petits animaux ; j'en ai encore ac- tuellement un (17 mars 1775) vivant dans une cage , au fond de laquelle est une petite cabane faite exprès ; il se tient tout le jour fourré dans du coton , et n'en sort guère que le soir pour prendre sa nourriture ; il a un très-petit cri comme une souris , qu'il ne fait entendre que quand on le force à sortir de son coton ; il mord même assez serré , quoique ses dents soient très -petites ; son poil est de la plus grande finesse au toucher ; on a de la peine à lui faire étendre ses mcmbra-
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220 HISTOIRE NATURKLLE
ncs , il faut pour cela le jucher haut et l'obliger à tomber , sans quoi il ne les développe pas; ce qu'il y a de plus sin- gulier clans cet animal , c'est qu'il pa- roît exlrémcment frileux , et je ne conçois pas comment il peut se garan- tir du froid pendant l'hiver dans les climats septentrionaux ; puisquVn France si on ne le tenoit pas dans lu chambre , et qu'on ne lui donnât pas de la lai ne ou du coton pour se couchei: et même pour s'envelopper, ilpëriroit en peu de temps.
A l'égard du taguan ou grand écu- reuil volant , voici ce qu'en dit M. Vos- maër :
(( Le polatouche décrit par M. de Buffon , a , sans contredit , une grande conformité avec celui-ci; il a les mem branes pareilles au polatouche , non pas pour voler , mais pour se soutenir en l'air quand il saute de branche en branche.
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D E L* i: C U R E U î L. 231
j)arlc ; il dit qu'il se trouve dans l'île de GUolojï l appelle ces ani maux des cwettes volantes; il dit qu'ils ont de Ibrt longues queues à-peu-près semblables à celles des guenons -, lorsqu'ils sont en repos , on ne voit point leurs ailes , ils sont sauvages et peureux ; ils ont la tête rousse avec un mélange de gris fonce , les ailes ou plutôt les membranes , cou- vertes de poils en dedans et en dehors ; ils mordent fortement, et sont en état de briser très-facilement une cajie de bois dans une seule nuit : quelques-uns les appellent des singes çola?is; ils se trouvent aussi à l'île de Ternate , oii l'on prit d'abord cet animal pour un écureuil , î .flis il avoit la tête plus efli- lée et ressrmbloit davantage à un coes- coe.9, ayant le poil gris depuis le mu- seau avec une raie noire le long du dos jusqu'au derrière. La peau étoit adhé- rente au corps et s'étendoit ; elle est garnie d'un poil plus blanc par- dessous et blanc comme celui du ventre. Lor*- Quadrup. V. iQ
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222 TISTOIRE NATURELLE qu'il saute d'un arbre à l'autre, il ëlend ses membranes et il paroît com- me s'il ëtoit applati.
Espèces connues dans ce genre.
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L'Écureuil commun , scinrus Vulgaris.
L'Écu^'^mil Tioxt ^ sciurus Niger,
Le Petit~Gris, sciurus Cinereus.
Le grand Écureuil Malabar ^jciuru^ Maxi"
mus. L'Écureuil d'Abyssinie , sciurus Ahissini-
eus. Le Palmiste, sciurus Palmarum. Le Barbaresque , sciurus Getulus, lie Suisse , sciurus Striatus. L'Ëcureuil Chinchique, sciurus DschinS'
chicus. Le Goquallin , sciurus Variegatus. L'Écureuil de Madagascar , sciurus Mada-
gascariensis.
{Geoffroy en a fait un nouveau genre, sous le nom de Dauhentonia Madagascaricnsis. )
(Écureuils volans. )
Le Folatouche , sciurus Volucella, Le Sapan , sciurus Volans. Le Taguan , sciurus Petaarista.
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Caractère générique : moustaches Ion-
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le sommet.
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IN^ous connoissons trois espèces deloirs, qui y comme la marmotte , dorment pendant l'hiver : le loir , le lérot , et le muscardin \ le loir est le plus gros des trois , le muscardin est le plus petit. Plusieurs auteurs ont confondu Tune de ces espèces avec les deux autres, quoiqu'elles soient toutes trois très« distinctes j et par conséquent très.r
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aa4 HISTOIRE naturfxle
aisées à reconnoître et à distinguer. Le loir est h peu-près de la grandeur de l'écureuil ', il a, comme lui; la queue couverte de longs poils. Le lérot n'est pas si gros que le i^at , il a la queue couverte de poils très-courts , avec un bouquet de poils longs à l'extrémité. Le muscardin n'est pas plus gros que la souris ^ il a la queue couverte de poils plus longs que le lérot , mais plus courts que le loir, avec un gros bou- quet de longs poils à l'extrémité. Le lérot di£Père des deux autres par les marques noires qu'il a près des yeux , et le muscardin par la couleur blonde de son poil sur le dos : tous trois sont blancs ou blanchâtres sous la gorge et le ventre ; mais le lérot est d'un assez beau blanc , le loir n'est que blanchâtre , et le muscardin est plutôt jaunâtre que blanc dans toutes les parties infé- rieures. ^^^''^ ^' ^^ "
C'est improprement que l'on dit que ces animaux dorment pendant l'hiver ]
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^ DU LOIR. ^ 225
leur état n'est point celui d^nn som- meil naturel, c'est une torpeur j, un engourdissement des membres et des sens f et cet engourdissement est pro- duit par le refroidissement du sang. Ces animaux ont si peu de chaleur in- térieure, qu'elle n'excède guère celle de la température de Tair : lorsque la chaleur de l'air est , au thermomètre y de dix degrés au-dessus de la congéla- tion , celle des animaux n'est aussi que de dix degrés. Nous avons plongé la boule d^un petit thermomètre dans le corps de plusieurs Icrots y i vans, la chaleur de l'intérieur de leur corpa étoit à-pou-près égale à la tempéra- ture de l'air *, quelquefois même le thermomètre plongé, et, pour ainsi dire , appliqué sur le cœur, a baissé d'un demi-degré ou d'un degré , la température de l'air étant à onze. Or , Von sait que la chaleur de l'homme et de la plupart des animaux qui ont de la chair et du sang, excède en tout
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2a6 HISTOIRE NATURELLE temps trente degrés ; il n'est donc pas étonnant que ces animaux , qui ont si peu de chaleur en comparaison des autres , tombent dans l'engourdisse- ment dès que cette petite quantité de chaleur intérieure cesse d'être aidée par la chaleur extérieure de l'air ; et cela arrive lorsque le thermomètre n'e^t plus qu'à dix ou onze degrés au« dessus de la congélation. G'est-là la vraie cause de l'engourdissement de ces animaux *, cause que l'on ignoroit ^ et qui cependant s'étend généralement sur tons les animaux qui dorment pen- dant l'hiver ; car nous l'avons reconnue dans les loirs , dans les hérissons , dans Içs chauve-souris ; et quoique nous n'ayons pas eu occasion de l'éprouver sur la marmotte , je suis persuadé qu'elle a le sang froid comme les au- tres f puisqu'elle est comme eux sujette à l'engourdissement pendant l'hiver.
Cet engourdissement dure autant que la cause qui 1q produit^ et cesse
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DU LOIR. 237
avec le froid ; quelques degrés de cha- leur au-dessus de dix ou onze sufifisent pour ranimer ces animaux, et si ou les tient pendant l'hiver dans un lieu bien chaud , ils ne s'engourdissent point du tout j ils vont et viennent , ils man- gent et dorment seulement de temps en temps , comme tous les autres ani- maux. Lorsqu'ils sentent le froid , ils se serrent et se mettent en boule pour offrir moins de surface à l'air , et se conserver un peu de chaleur : c'est ainsi qu'on les trouve en hiver dans les arhres creux , dans les trous des murs exposés au midi ; ils y gisent en boule et sans aucun mouvement , sur de la mousse et des feuilles : on les prend, on les tient , on 1 roule sans qu'ils remuent , sans qu'ils s étendent y rien ne peut les faire sortir de leur engourdissement qu'une chaleur douce et graduée ; ils meurent lorsqu'on les met tout-à-coup près du feu ; il faut , pour Içs dégourdir ; les en approcher
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228 HISTOIRE NATURELLE
par degrés. Quoique dans cet ëtat ils soient sans aucun mouvement y qu'ils aycnt les yeux fcrmdset qu'ils parois- sent prives de tout usage des sens , ils sentent cependant la douleur lors' qu'elle est très-vive ; une blessure y une brûlure leur fait faire un mouve- ment de contraction et un petit cri sourd , qu'ils répètent même plusieurs fois: la sensibilité intérieure subsiste donc aussi bien que l'action du cœur et des poumons. Cependant il est à présumer que ces mouvemens vitaux ne s'exercent pas dans cet état de tor- peur avec la même force , et n'agissent pas avec la même puissance que dans l'état ordinaire ; la circulation ne se fait probablement que dans les plus gros vaisseaux , la respiration est foible et lente , les sécrétions sont tr^s-peu abondantes , les déjections nulles ; la transpiration est presque nulle aussi , puisqu'ils passent plusieurs mois sans manger; ce qui ne pourroit être si
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dans ce temps de diète ils perdoient de leur substance autant , à propor- tion , que dans les auttxs temps oh ils la réparent en prenant de la nourri- ture. Ils en perdent cependant , puis- que dans les hivers trop longs ils meu- rent dans leurs trous : peut-être aussi n'est-ce pas la durée , mais la rigueur du froid qui les fait périr j car lorsqu'on les expose à une forte gelée , ils meu- rent en peu de temps. Ce qui me feroit croire que ce n'est pas la trop grande déperdition de substance qui les fait mourir dans les grands hivers , c'est qu'en automne ils sont excessivement gras , et qu'ils le sont encore lorsqu'ils se raniment au printemps : cette abon- dance de graisse est une nourriture intérieure qui suffit pour les entretenir et pour suppléer à ce qu'ils perdent par la transpiration. ^4*1 f
Au reste, comme le froid est la seule cause de leur engourdissement, et qu'ils ne tombent dans cet état que quand la
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^3o HISTOIRE NATURELLE
tempëraturo de l'air est au-dessous de dix ou oiizedegrësy il arrive souvent qu'ils se raniment même pendant Thi- ver : car il y a des heures , des jours , et même des suites de jours dans cette saison , oà la liqueur du thermomètro se soutient à douze , treize , qua- torze , &c. degrës ; et pendant ce temps doux , les loirs sortent de leurs troua pour chercher à vivre , ou plutôt ils mangent les provisions qu'ils ont ra- niass^es pendant l'automne et qu'ils y ont transportées.
Les loirs faisoient partie de la bonne chère chez les Romains j ils en élevoient en quantité. Varron donne la manière de faire; des garennes de loirs , et Api- çius celle d'en faire des ragoûts ; cet ^sagQ n'a point ëté suivi, soit qu'on ^it eu du dégoût pour ces animaux , parce qu'ils ressemblent aux rats , soit qu'en efifet leur chair ne soit pas de bien bon goût. J'ai ouï dire à des pay- sans qui en avoient mangé , qu'elle
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n'^toit guère meilleure que celle du rat d'eau. Au reste , il n'y a que le loir qui soit mangeable ; le Idrot a la cliaii: mauvaise et d'une odeur dosagrcfable.
Le loir ressemble assez à l'ifcureuil par les habitudes naturelles \ il habite comme lui les forêts ; il grimpe sur les arbres , saute de branche en branche , moins légèrement à la rérito que l'é- cureuil qui a les jambes plus longues , le ventre bien moins gros , et qui est aussi maigre que le loir est gras : cepen- dant ils vivent tous deux des mêmes alimens ; de la faine , des noisettes , de la châtaigne , d'autres fruits sauvages , font leur nourriture ordinaire. Le loir mange aussi de petits oiseaux qu'il prend dans les nids : il ne fait point de bauge au-dessus des arbres comme l'ë- cureuil , mais il se fait un lit de mousso dans le tronc de ceux qui sont creux , il se gîte aussi dans les fentes âea ro- chers élevés , et toujours dans des lieux secs ', il craint l'humidité , boit peu , et
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232 HISTOIRE NATURELLE
descend rarement ù terre ; il difiFère en- core de l'e'cureuil en ce que celui-ci s'apprivoise et que l'autre demeure toujours sauvage. Les loirs s'accouplent sur la fin du printemps , ils font leurs petits enëté, les portées sont ordinai- rement de quatre ou de cinq , ils crois' sent vite , et l'on assure qu'ils ne vi- vent que six ans. En Italie , où Ton est encore dans l'usage de les manger , on fait des fosses dans tes bois^ que l'on tapisse de mousse , qu'on recouvre de paille , et où l'on jette de la faine ; on choisit un lieu sec à l'abri d'un rocher exposé au midi, les loirs s'y rendent en nombre , et on les y trouve engourdis vers la fin de l'automne, c'est le temps où ils sont les meilleurs à manger. Ces petits animaux sont courageux, et dé- fendent leur vie jusqu'à la dernière ex- trémité : ils ont les dents de devant très-longues et très-fortes , aussi mor- dent-ils violemment ; ils ne craignent ni la belette ni les petits oiseaux d«
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proie y ils «échappent au reitard qui ne peut les suivre au-dessus des arbres ; leurs plus grands ennemis sont les chats sauvages et les martes.
Cette espèce n'est pas extrêmement répandue ^ on ne la trouve point dons les climat» très-froids , comme la Lapo- nie ,1a Suède, du moins les Naturalis- tes du nord n'en parlent point: l'es- pèce de loir qu'ils indiquent est lemus- cardin, la pius petite des trois. Je présu- me aussi qu*on ne les trouve pas dans les climats très-chauds , puisque les voya- geurs n'en font aucune mention : il n'y a que peu ou point de loirs dans les pays d«5Couverts,eomme l'Angleten'e ; il leur faut un climat tempéré et un pays «ouvert de bois ; on en trouve en Espagne , -en France , en Grèce , en Italie , eii Allemagne , en Suisse, où ils habitent dan^ les forêts^ spr les colli- nes , et non pas au-dessus des hautes montagnes comme les marmottes , qui , quoique sujettes à s'engourdir par le j^uadrup. V, 20
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234 HISTOIRE MATURELLE froi4 f sembjleat chercher la neigé et les frîm^t^», ^...j^i^t^xa^^m *^« ^*^^^{
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XiE loir demeure dans les foféts , et
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semble fuir nos habitations ; le lérot au contraire liabite nos jardins, et so trouve quelquefois dans no» maisons ; l'espèce en est aussi p0u nombreuse » plus généralement répandue, et il y a peu de jardins qui n'en soient infes- tés. Ils se nichent dans les trous des murailles i ils courent sur les arbres on espalier, choisissent les meilleurs fruits et les entament tous dans le temps qu'ils cominencent à mûrir ; lia sem-- blent aimer les pioches de préférence , et si l'on veut en conseryer, il faut avoir gi'and soin de détruire les lérôts ; ils grimpent aussi sur les poiriers ^ les abricotiers , les pruniers ; et si lea fruits doux leur manquent, ils mangent des amandes j, des noisettes, des noix, et
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2r. DU LOI n.-'Tzm a35
même des graines lëguinineiises ; ils en transportent en grande quantité dans leurs retraites qu'ils pratiquent en ter« re , sur-tout dans les jardins soignes » car dans les anciens vergers on les trouve souvent dans de vieux arbres creux ; ils se font un lit d'herbes y do mousse et de feuilles. Le froid les en« gourdit , et la chaleur les ranime ;on en trouve quelquefois huit ou dix dans le même lion , tous engourdis , tous res- serres en boule au milieu de leurs pro- visions de noix et de noisettes. ' ^ ' ^.
]ns s-aceouplent au printemps V pi^ duisent en été , et font cinq ou six pe- tits qui croissent promptement, mais qui cependant ne produisent eux-mê- mes que dans Tannëe suivante. Leur chair n'est pas mangeable comme celle du loir ; ils ont même la mauvaise odeur du rat domestique , au lieu que le loir ne sent rien ; ils ne deviennent pas aussi gras , et manquent des feuil- lets gi'aisseiix; qni se trouvent dans Ip
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^30 HISTOIRE NATURELLE loir /et qui enyelo|)peat la masae cfn- tière de» intestins. On tFouTO' des \é- rots dan» tous les climats tempérés de r£urop« ,■ et même en Pologne > en Fixasse) mais il ne paroît pas qu'il y en ait en Sahde ni dans le» pays septen^ trionaux. .m:Mj0:mi ■.t^îs^.p^-âli^ f^^^,^
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S- Xe mnsGardin est le moina laid do tous les rats ; il a les yeux brillans^^ la queue touffue et le poil d'une coti» leur distinguée ; il est plus blond que ronx'y il n'habite jamais dans, les mai^ sons , rarement dans les jardins , et se trouve , comme le loir / plus souvent dan» les' bois , où il se retire dans les vieux arbres oreux. L'espèce n'en est pas ^è beaucoup .près , aussi nombreuse que celle du lérot : on trouve le mus- Cardin presque toujours seul dan» son' trou> et nous avons eu beaucoup de peine à nous en procurer quelques-uns^
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DU LOIR. *'" 237 cependant il paroii qu'il est assez com-' tnnn en Italie , que même il se trouve dans les climats du nord , pnisquo M. LinnsBUs Ta compris dans la liste qu'il a donnée des aiiymaux de Suè- de'; et en même' temps il semble qu'il ne se trouve point en Angleterre , car M, Ray, qui l'avoit vu en Italie, dit que le petit ra^ ^/orm^z^r qui se trouve en Angleterre , n'est pas roux sur lé dos comme celui d'Italie , et qu'il pour- roit bien être d'une autre espèce. En France , il est le même qu'en Italie f et nous avons trouve qu'Aldrovande l'avoit bien indique ; mais cet auteur ajoute qu'il y en a deux espèces en Ita- lie, l'une rare /dont l'animal a l'odeur du musc , l'autre plus commune dont l'animal n^point d'odeur, et qu'à Bolo- gne on les appelle tous deux muscar- dinsk cause de leur ressemblance, tant par la figure que par la grosseur. Nous ne connoissons que l'une de ces espèces, et c'est la seconde , car notre muscar-
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938 HISTOIRE NATURELLE
din n'a point d'odeur, ni bonne ni mauvaise. Il manque , comme )e lërot , desfeuilletu graisseux qui ej:^Tcloppent les intestins dans le Iqir , aussi ne yient-il pas si gras : et qiioiqu'il n'ait point de mauvaise odjeMr > il n'est pas
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Le ni usoardin s^engourçlit par le froid et se met en boule comme le loir et Iç lérot^ il se ranime comme eux dans les temps doux , et fait aussi provision de noisettes et d'autres fruits secs. Il fait son nid sur les arbres , comme T^cu» reuil ; mais il lo place ordinairemjent plus bas , entre les branches d'un noi- settier , dans un buisson, &o. I^e nid est fait d'herbes entrelacées, il a en- jviron six pouces de .diamètre , et n'est ouvert que par le ^aut. Bien des gen» de la canipagne m'ont ^ssurë qu'ils avoient trouvé de ces nids dans de» bois taillis, dans des baies, qu'ils sont environnes de feuilles et de mousse , et ^ue dans chaque nid il y avoil troia
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d DU LOIR. «**4 aS^t on quatre petits. Ils abandonnent le nid dès quHls sont grands, et ofaercfacnl A se fiiter dans le creux ou sous le tronc des vieux arbres, et c'est -là qu'ils reposent , qu'ils font leur proyi- sion, et qu'ils s'engourdissent.
Espèces connues aànë ée genre»
3Lo Loir prôînremeiit dit my^xua Gli9i^ ' Le Lér.Qt , ï^yoxus NiUla. -^aù
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Caractère générique : pieda «ntërieuri très-courts ^ postérieurs très-longs
LES GERBOISES.
O^i^BOis^ ^8t un nom gënérique , que nous employons ici pour désigner des animaux remarquables par la très- grande disproportion qui se trouve en- tre les jambes de derrière et celles de devant^ celles-ci n'étant pas si grandes que les mains d'une taupe , et les autres ressemblant aux pieds d'un oiseau. Nous connoissons dans ce genre quatre espèces bien distinctes : i°. la gerboise
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DE LA GERBOISE. 94l
oa gerbO) à laqi'olle non^ rapportons Talagtaga et la gerboise de Barca de M. le chevalier Bruce y comme simple variëtë ; a°. le tarsier qui est bien du genre de la gerboise et même de sa taille y mais qui néanmoins forme une espèce différente , pnisquHl a cinq doigts à tous les pieds; 3^. la grande gerboise ou lièvre sauteur du Cap ; ' ^. la très-grande gerboise de la Nouvelle* Hollande, appelée kanguroo par les naturels du pays ; elle approche di la grosseur d'une brebis , et par cçnsé- quent est d'une espèce beaucoup plus forte que celle de la grande gerboise du Cap. ''r**"^
Le gerbo a la tête faite à-pen-près comme- celle du lapin , mais il a les yeux plus grands et les oreilles pins courtes , quoique hautes et amples^ re- lativement à sa taille ; il a le nez cou^ leur de chair et sans poil, le museau courtet épais ; l'ouverture de la gueule très - petite , la mâchoire supérieure
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fort ample , Pinférieure étroite et cour- te ; les dents comme celles du lapin ; des moustaches autour de la gueule , composées de longs poils noirs et blancs; les pieds de devant sont très-courts et ne touchent jamais la terre ; cet animal ne s'en sert que comme de mains pour porter à sa gueule. Ces mains portent quatre doigts munis d'ongles , et le ru- diment d'un cinquième doigt sans on- gle : les pieds de derrière n'ont que trois doigts , dont celui du milieu est un peu plus long que le9 deux autres ^ et tous trois garnis d'ongles : la queue est trois fois plus longue que le corps, elle est couverte de petits poils roides , de la même couleur que ceux du dos , et au bout elle est garnie de poils plus longs , plus doux , plus touffus , qui for- ment une espèce de houpe noire au commencement , et blanche à l'extré- mité. Les jambes sont nues et de cou- leur de chair , aussi-bien que le nez et les oreilles : le dessus de la tête et le
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OIS LA GERBOISE. 243 dos sont coiivert&i d'un poil roussâtre , les flancs, le dessous delà tête, 1agor« ge , le ventre et le dedans des cuisses sont blancs ; il y a au bas des reins et près de la queue , une grande bande ïîoirc transversale en forme de crois- sant. ■• • '• • ■" • '• " ■■■ '^ "
' L'alaglaga est plus petit qu'un lapin, il a le corps plus court , ses oreilles sont longues , larges , nues , minces , trans- parentes et parsemëe» de vaisseaux sanguins très apparens. Le gerbo est commun en Circassie , en Egypte , en Barbarie , en Arabie , et l'alagtaga en Tartarie, sur le Volga et jusqu'en Si- bérie : il est ra:re que le ttiême animal habite des climats aussi dififérens; et lorsque cela arrive , Fespèce subit de grandes variétés ; c'est aussi ce que nous présumons être arrivé à celle du gerbo 'y dont Talagtaga ne nous pgroît être qu'une variété.
: Ces petits animaux caclient orclinai- luent Leurs maius ou pieds de devant
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a44 HTSTOIUR NATURELLE dans leur poil , en sorte qu'on cliroît qu'ils n'ont d'autres pieds que ceux de derrière; pour se transporter d'un lieu à un autre , ils ne marchent pas , c'est à-dire , qu'ils n'avancent pas les pieds l'un après l'autre ; mais ils sautent très- Idgèrement et très - vîte , à trois ou quatre pieds de distance , et toujours debout comme des oiseaux y en repos , ils sont assis sur leurs genoux , ils ne dorment que le jour et jamais la nuit; ils mandent du grain et désherbes com- me les lièvres ; ils apnt d'un naturel assez doux et néanmoins ils ne s'ap- privoisent que jusqu'à uncertain point; ils se creusent des terriers comme les lapins, et en beaucoup moins de temps ; ils y font un magasin d'herbes sur la fin de l'été , et dans les pays froids ils y passent l'hiver.
A l'égard de la grande gerboise du Cap, «j'ai vu , dit M. le vicomte de Querhoënt , à la ménagerie du Cap , un animal ^ pris dans le pays ; qu'on
DE LA GERBOISE. a45 nomme lièvre sauteur; il est de la gran- deur du lapin d'Burope j il a la tête à- peu- près comme lui : les oreilles au moins de la même longueur , les pntlus de devant très-courtes et très-petites -, il s'en sert pour porter à sa gueule , et je ne crois pas qu'elles lui servent beau- coup à marcher , il les tient ordinaire- ment ramassées dans son long poil qui les recouvre entièrement ^ les pâtlcs de derrière sont grandes et grosses ; les doigts du pied , au nombre de qua- tre f sont longs et sëparës y la queue est de la longueur du corps au moins et couverte de longs poils couchés ; le poil du corps est jaunâtre ; le bout des oreilles et de la queue est de la môme couleur ; les yeux sont noirs , grands et saillans ; on le nourrissoit de feuilles de laitue j il aime beaucoup à ronger , on lui mettoit exprès dans sa cage de petits morceaux de bois pour l'amuser.
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LE TARSIER.
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Nous avons eu cet animal par Ha- sard , et d'une personne qui n'a pu noua diro ni d'oCi il venoit ; ni comment on l'appeloit : cependant il est très-remar- quable par la longueur excessive de ses jambes de derrière ; les os des pieds , et sur>tout ceux qui composent la par- tie supérieure du tarse , sont d'une grandeur dëmesurc^e , et c'est de ce caractère très-apparent que nous avons tire son nom. Le tarsier n'est cepen- dant pas le seul animal dont les jambes de derrière soient ainsi conformées ^ la gerboise a le tarse encore plus long ; ainsi , ce nom tarsier , que nous don- nons aujourd'hui à cet animal , ne doit être pris que pour un nom précaire qu'il faudra çbanger lorsqu'on connoi- tra son vrai non! , c'est-à-dire , le uom qu'il porte dans le pays qu'il habile l4i gerboise se trouve en Egypte , en
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DB LA GERBOISE. tk^J
Barbarie et aux Indes orientales : j'ai d*abord imagine que le tarsier pouvoit être du même continent et du même climat , parce qu'au premier coup-d'œil il paroît lui ressembler beaucoup ', ces deux animaux sont de la même gran* deur I tous deux no sont pas plus gros qu\in rat de moyenne grosseur , tout deux ont les jambes de derrière exces- sivement longues et celles de devant extrêmement courtes j tous deux ont la queue prodigieusement alongëe et garnie de grands poils à son extrémité ; tous deux ont de très-grands yeux , des oreilles droites , larges et ouvertes ; tous deux ont également la partie in* fërieure de leurs longues jambes dë- nuëe de poil , tandis que tout le resta de leur corps en est couvert : ces ani- maux ayant de commun ces caractères très-singuliers et qui n'appartiennent qu'à eux , il semble qu'on devroit prë- «nmer qu'ils sont d'espèces voisines ou du moins d'espèces produites par le
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248 HISTOIRE NATURELLE même ciel et la même terre; cependant en les comparant par d'autre9 parties , l'on doit non-seulement en douter, mais mémo présumer le contraire. Le tarsier a cinq doigts à tous les pieds ; il a pour ainsi dire quatre mains, car ces cinq doigts sont très-longs et bien sépa- rés ', le ponce des pieds de derrière est terminé par un ongle plat, et quoique les ongles des autres doigts soient poin- tus , ils sont en même temps si courts et si petits , qu'ils n'empêchent pas que l'animal ne puisse se servir de ses quatre pieds comme de mains ; la ger- boise au contraire n'a que quatre doigts et quatre ongles longs et courbés aux pieds de devant ; et au lieu de pouce , il n'y a qu'un tubercule sans ongle : mais ce qui l'éloigné encore plus de notre tarsier, c'est qu'elle n'a que trois doigts ou trois grands ongles aux pieds de derrière; cette différence est trop-^ ^grande pour qu'on puisse regarder ces animaux comme d'espèces voisines , et
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il ne serait pas impossible qu*i1s fus- lent aussi très^loignës par le climat ; car le tarsier avec sa petite taille , set quatre mains , ses longs doigts , ses pe- tits ongles , sa grande queue , se» longs pieds , semble se rapprocher beaucoup de la marmose , dacayopollin , et d'un autre petit animal de FAmërique mé- ridionale dont nous avons parle sous le nom de phalanger. L'on voit que nou» ne faisons ici qu'exposer nos doutes , et l'on doit sentir que noué aurions obli- gation à ceux qui pourroient les fixer , en nous indiquant le climat et le nom de ce petit animal. ' ^j •!;».?»•
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LE KANaURO.
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Ce singulier animal , jusqu'à ce jour ^ ne s'est trouve nulle part que dans le continent de la Nouvelle-Hollande.
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aSo HISTOIRE NATURELLB câie de la Noupelle-HoUande ), je visun desanimauK que les gens de l'équipage m'avoie^it dëcrits si souvent ; il ëtoit d'une légère couleur de souris , et res'' scmbloit beaucoup par la grosseur et la^ %ure à un lévrier , et je Taurois en elFct pris pour un chien sauvage , si aa lieu de courir il n'avoit pas sauté com- me un lièvre ou un daim...* M. Banks qui vit imparfaitement cet animal , pensa que son espèce étoit encore in- connue.... Un des jours snivans, com- me nos gens partoient au premier cré' puscvile du matin pour aller chercher du gibier , ils virent quatre de ces ani- maux , dont deux furent très- bien chassés parle lévrier de M. Banks, mais ils le laissèrent bientôt derrière en sau- tant par- dessus Fherbe longue et épaisse qui empêchoit le chien de courir *, on observa que ces animaux ne marchoient pas sur leurs quatre jambes, mais qu'ils sautoient sur les deux de derrière , comme ]egerhua on musjaculus.... En-
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DE LA GERBOISK. a5l fin M. Gore , mon lieutenant , faisant , peu de jours après une promenade dan» rintërifiur du pays avec son fusil , eut le J}Qnheur de tuer un de ces quadru- pèdi'8 qui avoit été ai souvent l'objet dé nos spéculations. Cet animal n'a pa» assez lie rapport avec aucun autre déjà conna , pour ^u'on puisse en faire la comparaison ; sa figure est très-analo- gue à ci3lle dn gerbo , à qui il ressem- ble auss i par ses mouvemens ^ mais sa grosseur est fort différente , le gerbo étant de la taille d'un rat ordinaire , et cet anima l parvenu à son entière crois^ sauce , de< celle d'un mouton ; celui que tua mon lieutenant étoit jeune , et comme il n'avoit pas encore pris tout son accroiasement , il ne pesoit que trente-huit livres ; la tète , lo cou et les épaules sDnt très-petits en propor- tion des autres parties du corps ; la queue est presque aussi longue que le corps , elle e$l épaisse à sa naissance et elle se termine en pointé à rextrémilé^
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J>5a HTSTÛIRB NATUnSLLB los jainboA de de van f: n*ont que huit pouces do long , et oolles de derrière en ont vingt-deux , il niarohe par muCa et par bonds j il tient alors la tôte droite et ses pas sont fort longs ; il replie ses jambes de devant tout près de la poi- trine , ot il ne paroit s^en servrr que pour cVeuser la ter' o ; la peau eflt cou- verte d'un poil couiCb , gris ou couleur de souris fonce ; il faut en excepter la tête et les oreilles , qui ont une légère ressemblance avec celles du lièvre : cet animal est appelë kanguroo par les na- turels du |>ays.... Le même M. Goro, dans une autre cbasse , tua iin second kanguroo , qui , avec ia peau , les en- trailles et la tête, pesoit quatre-vingt- quatre livres , et néanmoins en l'exa- minant nous reconnûmes qu'il n'avoit pas encore pris toute s4 croissance , parce que les dents mâcbelières inté- rieures n'étoient pas encore formées.... Ces animaux paroissent être l'espèce de quadrupèdes la plus commune à la
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DE LA GBR Bais E. fl53 Nouvel le-Hollamle , et nom en ren- contrions presque toutes les fois que nous allions dans les bois »•
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Espèces connues dans ce genre*
Le Mongul , ài^un Jaculus,
Le Gerbo , dipus Sagitta,
La Gerboise du Cap, dipus Cafer,
Le Jird I dipus Meridianuâ, t
Le Tamaricin , dipus Tamaricinus,
( Le Kanguro et le Taraier sont classés pri^ cédemment parmi les Sarigues. )
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25^ IIISTOIRR NATURKLLE
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LE LIÈVRE, LEPi/s.
Carac 1ère générique : dents incisives su» périeurcs , marquées au milieu d'un sillon qui les fait paroitre doubles.
LE LIEVRE.
Ii £ s espèces d'animaux les plus nom- breuses ne sont pas les plus utiles ) rien n'est même plus nuisible que cette niul« titude de rats, de mulots ^ de sauterel- les , de chenilles , et de tant d'autres insectes dont il semble que la naturo permette et souffre ^ plutôt qu'elle ne l'ordonne , la trop nombreuse multi- plication. Mais l'espèce du lièvre et
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DU LIEVRE, H55
celle du lapin ont pour nous le double avantage du nombre et de Futilité y les lièvres sont universellement et trèâ- abondamment répandus dans tous les climats de la terre : les lapins , quoi- qu'originaires de climats particuliers , multiplient si prodigieusement dans presque tous les lieux où Ton veut les transporter , qu'il n'est plus possible du ks détruire y et qu'il faut même em- ployer beaucoup d'art pour en dimi- nuer la quantité , quelquefois incom- mode.
Lorsqu'on réfléchit donc sur cette fécondité sans bornes donnée à chaque espèce , sur le produit innombrable qui doit en résulter , sur la prompèe et prodigieuse multiplication de certains animaux qui pullulent tout-à-coup, et viennent par milliers désoler leé cam- pagnes et ravager la terre , on est éton- né qu'ils n'envahissent pas la nature , on craint qu'ils ne l'oppriment par le nombre ; et qu'après avoir dévoré sa
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aSG HÎSTOIRTÎ NATURETJK substance , ils ne périssent eux-mêmes avec elle.
L'on voit en e£Pet avec effroi arri- ver ces nuages épais , ces phalanges al- lées d'insectes affamés , qui semblent menacer le globe entier , et qui se ra- battant sur les plaines fécondes de l'E- gypte , de la Pologne ou de llnde , dé- truisent en un instant les travaux , les espérances de tout un peuple , et n'é- pargnant ni les grains , ni les fruits , ni les herbes , ni les racines , ni les feuil- les, dépouillent la terre de sa verdure et changent en un désert aride les plus riches contrées. L'on voit descendre des montagnes du nord des rats en multi- tude innombrable , qui , comme un dé^ luge , ou plutôt un débordement de substance vivante, viennent inonder les plaines , se répandent jusque dans les provinces du midi , et après avoir . détruit sur leur passage tout ce qui • vit on végète , finissent par infec- ter la terre et l'air de leurs cadavres.
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roi arri- mges ai- lembleiit ui sera- is de rE- nde , dé- 'aux , les , et n'ë- is fruits y lesfeuil- i verdure ) les plus endre des n m ulti- me un dé- ment de ; inonder que dans rès avoir it ce qui r infec- cadnvrcs.
DU Ll K V R E. ^àSy
L'on voit dans les pays méridionaux sortir tout-à-coup du désert des my- riades de fourmis , lesquelles ^ comme un torrent dont la source seroit inta- rissable , arrivent en colonnes pressées, le succèdent , se renouvellent sans ces- se , s'emparent de tous les lieux habités, enchâssent les animaux et les hommes , et ne se retirent qu'après une dévasta- tion générale. £t dans les temps oti l'homme , encore à demi - sauvage , ëtoit , comme les animaux , sujet à toutes les loix , et même aux excès de la nature , n'a-t-on pas vu de ces dé- bordemens de l'espèce humaine , des Normands , des Alains , des Pluns , des Goths f des peuples , ou plutôt des peu- plades d'animaux à face humaine , sans domicile et sans nom , sortir toul-à- çoup de leurs antres , marcher par troupeaux effrénés , tout opprimer sans autre force que le nombre , ravager les cités , renverser les empires , et après avoir détruit les nations et dé- Quadrup. V. 22
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a58 HISTOIRE NATURELLE
vaste la terre , finir par la repeupler d'hommes aussi nouveauic et plus bar-* barcs qu'eux?
Ces grands ëvënemens , ces époques si marquées dans l'histoire du genre humain , ne sont cependant que de le' gères vicissitudes dans le cours ordi- naire de la nature vivante j il est en général toujours constant , toujours le même ; son mouvement , toujours ré- glé , roule sur deux pivots inébranla- bles f l'un la fécondité sans bornes don- née à toutes les espèces , l'autre les obstacles sans nombre qui réduisent le produit de cetie fécondité à une me- sure déterminée , et ne laissent en tout temps qu'à-peu-près la même quantité d'individus dans chaque espèce. Et comme ces animaux en multitude in- nombrable , qui paroissent tout-à-coup> disparoissent de même , et que le fonds de ces espèces n'en est point augmenté ^ celui de l'espèce humaine demeure aussi toujours le môme ^ les variations
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DU L T fe V K E. a5f)
en sont seulement un peu pins lentes » parce que la vie de l'homme étant plus longue que celle de ces petits animaux , il est nécessaire que les alternatives d'augmentation et de diminution se pT emparent de plus loin et ne s'achèvent qu^en plus de temps; et ce temps mê- me n'est qu'un instant dans la durée y un moment dans la suite des siècles , qui nous frappe plus que les autres y parce qu'il a été accompagné d'horreur et de destruction ; car , à prendre la terre entière et l'espèce humaine en général , la quantité des hommes doit^ comme celle des animaux , être en tout temps à très-peu près la même^ puis- qu'ello dépend de l'équilibre des cau- ses physiques ; équilibre auquel tout est parvenu depuis long-temps , et que les efforts des hommes , non plus que toutes les circonstances morales , ne peuvent rompre , ces circonstances dé- pendant elles-mêmes de ces causes physiques dont elles ne sont que des
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260 HISTOIRE NATURELLE
eiFets particuliers. Quelque soin que rhomme puisse prendre de son espèce , il ne la rendra jamais plus abondante en un lieu que^pour la détruire ou la diminuer dans un autre. Lorsqu'une portion de la terre est surchargée d'hommes , ils se dispersent y ils se rë' pandent , ils se détruisent , et il s'éta- blit en même temps des loix et des usa- ges qui souvent ne préviennent que trop cet excès de multiplication. Dans les climats excessivement féconds , comme à la Chine , en £gypte , en Gui^ née , on relègue , on mutile , on vend , on noyc les enfans -, ici on les condamne à un célibat perpétuel. Ceux qui exis- tent s'arrogent aisément des droits sur ceux qui n'existent pas : comme êtres nécessaires , ils anéantissent les êtres contingens , ils suppriment pour leur aisance , pour leur commodité , les gé- nérations futures. Il se fait sur les hommes , sans qu'on s'en apperçoive^ te qui se fait sur les animaux ; on lea
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soigne , on les multiplie ,011 les négli^ ge f on les détruit selon le besoin , les avantages y rinconimodité, les désa- grcmens qui en résultent ; 'et coittmd tous ces effets moraux dépendent eux- mêmes des causes physiques' qui^ de-' puis que k. terre a pris' sa consistance^y sont dans un étaè fixeet dans un équi^ libre permanent , irparoît que pour riiomme » comme pour les animnux le nombre d'individus dans Tespèce ne- peut qu'être constant. A u reste , cet état fixe et ce nombre constant ne sont pas des quantités absolues j toutes le» causes physiques et morales^, tous les effets qui en. résultent isont compris et balancent entre certaines linïiteâ plu» ou moins étendues , nulis jamais assez grandes pour cj^ue l'équilibre s» rompe.. Comme tout est cm mouvement dans l'univers, et que toutes- 1er iorces ré- pandues dans la matière agissent le» iHies contre les autres- et so contre- balancent ^ tout se ikit par des espèceâr
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d'oscillations, dont les points milieux sont oeux auxquels nous rapportons )o couvi ordii^aire de la nature ^ et dont les pQ>ntBte:|ctffènies en sont les përio* des Jea plus >^loignëes. En effet , tan^ dans lès animaux que dans les vègé"' taux, remcès de la multiplication est ordinairement suivi d» la stérilité ; Ta^ lH}ndanGe et la disette se présentent tour-^tour > et souvent se suivent do » prêt» que Von ponrroit jugelr de la production d'une année par lo produit de oeUe qui la précède. Les pommiers ,- les pruniers , les chênes , les hêtres et la: plupart des autres arbres fruitiers et forestiers^ lie partent abondamment que de : deuix années l'une ;< les chenil-^ les j les huinetons , les mulots et plu-^ sieurs autres animaux qui dans de cer-> taines années se multiplient à l'excès , ne paroisseni qu^en petit nombre Tan- née auivaute. Qne deviendroienten effet tons les biens de la terre-^^ue de-' ifieudroient les animaux utiles « et
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riiomme lui-même , ni dans ces année» exwssiyep chacun de ces insectes se re^ produiiioit pour l'année suivante par: une génération proportionnelle à leur nombre ! Mais non, les causes de de^-* tructicm , d'anéantissement et de sté** vilité suivent immédiatement celles de la trop grande multiplication ; et in- dépendamment do la contagion , suite nécessaire des trop grands amas de toute matière vivante dans un même lieu , il y a dans chaque espèce de» causes particulières de mort et de des- truction y que nous indiquerons dans la suite , et qui seules suffisent pour com- penser les excès des générations précé- dentes, s..'!/ iftîè &ii iiu\è iJd . ti-Uff^amii 'i^AvL reste , je le répète encore , ceci ne cloit pas être pris dans un sens &b- âolu, ni même strict , sur-tout pour les espèces qui ne sont pas abandonnées en entier à la nature seule : celles dont l'homme prend soin, à commencer par la sienne , sont plus abondantes qu'elle»
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ai64 HISTOIUE KATITRELLB ne le seroient sans ces soins; maiscom*^ me ces soins ont «ux-mêmes des limi- tes, Taugmen talion qui en rt^sulte est Aussi limitée et fixée depuis long-temps* par des bornes immuables; et^quoique dans les pays polices l'espèce de l'hom- me et celle de tous les animaux utile» soient plus nombreuses que dans le» autres climats , elles ne le sont jamai» à l'excès , parce que la même puissance qui les fait naître , les détruit dès qu'el- les deviennent incommodes, r - ^ . ' * ' ' jf • Dans les cautons conservés pour le plaisir de la chasse , on tue quelquefois quatre au cinq eetits- lièvres dans une seule battue. Ces animaux multiplieni beaucoup , ils sont en état d'engendrée en tout temps , et dès la première an- née de leur vie ; les femelles ne poftent que trente ou ti-ente - ud Jours ; elles produisent trois ou quatre petits , et dès qu'elles ont mis bas, elles reçoivent le mâle ; elles le reçoivent aussi lors- qu'elles sont pleines. ., .*.,-,^ . , ~
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Les petit» ont les yeux ourérts en naissant , la mère Ica aUite pendant vingt jours, aprèî» quoi ils s'en séporent, et trouvent eux- ..ime» leur nourri- ture : ils ne s'ëcaitent pas beaucoup les' uns des autres ni du lieu oii ils sont nés ; cependant ils vivent solitaire-' ment;, et se forment chacun un gite à une petite distance, comme de soixante' ou quatre-vingts pas ; ainsi lorsqu'on, trouve nn jeune levraut dans un en- droit , on est presque sAr d'en trouver' encore un ou deux antres aux envi- rons. Ils paissent pendant la nuit plutôt, qne {tendant le jour ; ils se nourrissent d'herbes , de racines , de feuilles , de fruits , de graines , et profèrent les plantes dont la sève est laiteuse ; ils rongent même Tëcorce des arbres pen- dant rhiver, elil n'y a guère que Tauno et le tilleul auxquel s ils ne touchent pas* Lorsqu'on en élève , on les nouirritavec de la laituç. et des légumet : mais la
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â66 HISTOIRE NATTTRELLR
ofiair de ces lièvres nourris est toujours de mauvais goût '^^ * * • ia .u:(
Ils dorment ou se reposent au gîte pendf^nl le jour , et ne vivent y pour ainsi dire , que la nuit ; c'est pendant la nuit qu'ils se promènent, qu'jls man- gent et qu'ils s'accouplent : on Us voit au ojair de la lune jouer ensemble y sauti^r et courir les uns après les au- tres I mais le moindre mouvement , le. bruit d'une feuille qui tombe , sufilt pour les troubler , ils fuient., et fuient chacun d'un çôtë diCférent.
Quelques auteurs ont assure que lea lièvres ruminent , cependant je pe crois pas cette opinion fondée ^ pqisqu'ils^ n'ont qu'un estomac , et que la confor- mation des estomacs et des autres in- testins est toute différente dans les ani- maux ruminans ; le cœcum de ces ani- maux est petit , celui du lièvre est ex- trêmement ample ; et si l'on ajoute à la capacité de son estomac celle de ce grand ctecum , on concevra aisément
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que pouvant pixndre un grand vola- mo d'alimens , cet animal peut yivf d'herbes seules ^, comme le ch«val et Tâne qui ont aussi un grand cœcum, qui n^ont de même qu'un estomac , et qui par conséquent ne peuvent ruminer.
Les lièvres dorment beaucoup , et <]orment les yeux ouverts 3 ils n'ont pas de cils aux paupières , et ils parois- sent avoir los yeux mauvais ; ils ont , commo par dédommagement , l'ouïe très-fine y et l'oreille d'une grandeur démesurée , relativement à celle de leur corps; ils remuent ces longues oreilles avec une extrême faeilité , iU s'en servent comme de gouvomail poilr se diriger dans leur course qui est ni rapide , qu'ils devancent aisément tous les autres animaux. Comme ils ont les jambes de devant beaucoup plus cour- tes que celles de derrière , il leur est plus commode de courir en montant qu'en descendant ; aussi lorsqu'ils sont poursuivis, comniencent-ijls toujours
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368 HISTOIRE Naturelle
par gagner la montagne : leur mouve« meat dan^ leur course est une espèce de galop , une suite de sauts très-près- les et très-pressës ; ils marchent sans faire aucun bruit ^ parce qu'ils ont les pieds couverts et garnis de iToils , mê- me par* dessous ; ce sont aussi peut-être les seuls animaux qui aycnt des poils au-dedans de la bouche.
Les lièvres ne vivent que sept om huit ans au plus, et la durée de la r^t est y comme dans les autres animaux , proportionnelle au temps de l'en lier développement du corps; ils prennent presque tout leur accroissement en un an , et vivent environ sept fois un an ; on prétend seulement ^ que les mâ- les vivent plus long-temps que les Te- melles , mais je doute que cette obser- vation soit fondée. Us passent leur vie dans la solitude et dans le silence , et l'on n'entend leur voix que quand on les saisit avec force , qu'on les tour- mente et qu'on les blesse : ce n'est
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Ipoint un cri aigre, mais une voix asset Ibrtei dont le son est presque semblable à celui de la voix humaine. Ils m sont pas aussi sauvages que leurs ]iabi<* tudes et leurs mœurs paroissent Tindi^- quer ; ils sont doux et susceptibles d'une espèce d'éducation ; on les apprivoise aisëment , ils deviennent même cares^ sans ; mais ils ne s'attachent jamais assez pour pouvoir devenir animaux domestiques , car ceux même qui ont été pris tout petits et élevés dans la maison, dès qu'ils en trouvent l'occa-^ sion , se mettent en liberté , et s'en-* fuient à la campagne. Comme ils ont Voreiile bonne , qu'ils s'asseient volon* tiers sur leurs pattes de derrière , et qu'ils se servent de Celles de devant comme de bras , on en a vu qu'on avoit dressés à battre du tambour , à gesti- culer en cadence , &c. . „™,„, , En général le lièvre Ue manque pai d'instinct pour sa propre conservation, ni de sagacité pour échapper à ses enr Quadrup. V. a3
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»;o HiStOIRE NATURELLE t neinis ; il se forme un gîte , il choisit en hiver les lieux exposés au midi , et en ëtë il se loge au nord ; il se cache y pour n'être pas vu^ entre des mettes ^ui sont de la couleur de son poil. « J'ai TU , dit du Fouilloux , un lièvre si ma- licieux f c[iie depuis qu'il oyoit la trom- pe il se levoit du gîte , et eût-il été h im quart de lieue de là , il s'en alloit nager en un ëtang , se relaissant au mi- lieu d'icclui sur des joncs sans être au- ôiinemcnt chasse des chiens. J'ai vu courir nn lièvre bien deux heures de- vant les chiens , qui après avoir couru, yenoit pousser un autre et se mettre 'en son gîte. J'en ai vu d'autres qui na- geoient deux ou trois étangs, dont le ^:\ moindre avoit quatre-vingts pas de lar- ge. J'en ai vu d'autres qui après avoir 'été bien courus l'espace de deux heu- res, entr oient par-dessous la porte d'un tect à brebis , et se relaissoienX parmi le bëtail. J'en ai vu, quand les chiens ' les couroieut , qui s'alloient mettre
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l choisit midi , et e cacbe , 9 mât tes »il. ((J'ai re si ma- ta troDi- t-il été \ sti alloit it RU mi- être au- J'ai vu ures de- r couru,
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parmi un troupeau de brebis qui passoit par les champs , ne les voulant aban- donner ne laisser. J'en ai vu d'autres qui i quand ils oyoient les chiens cou- rans , se cachoient en terre. J^en ai vu d'autres qui alioient par un côte de haie et retournoient par l'autre , en sorte qu'il n'y avoit que l'épaisseur de la haie entre les chiens et le lièvre. J'en ai vu d'autres qui quand ils avoient couru une demi-heure , ^^w. alioient monter sur une vieille muraille de six pieds de haut , et s'alloient relaisser en un per- tuis de chauffant couvert de lierre. J'en ai vu d'autres qui nageoient une riviëro qui pouvoit avoir huit pas de large , et la passoient et repassoient en longueur de deux cents pas , plus de vingt fois devant mol » . Mai9 ce sont là sans doute les plus grands efforts de leur instinct \ car leurs ruses ordinaires sont moins £nes et moins recherchées : ils se con- tentent, lorsqu'ils sont lancés et pour- suivis, de courir rapidement^ et ensuite
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272 HISTOIRE NATURELLE
de tourner et retourner sur leurs pat ^ ils ne dirigent pas leur course contre le vent , mais du côté oppose ; les fe- melles ne s'éloignent pas tant que les mâles, et tournoyent davantage. En gênerai^ tous les lièvres qui sont nës dans le lieu même où on les chasse , ne s'en écartent guère , ils reviennent au gîte, et si on les chasse deux jours de suite , ils font le lendemain les mêmes tours et détours qu'ils ont faits la veille. Lorsqu'un lièvre va droit et s'éloigne beaucoup du lieu oh il a été lancé , c'est une preuve qu'il est étranger , et qu'il ïi'étoit en ce lieu qu'en passant, Il vient en efifet , sur-tout dans le temps le plus marqué du rut , qui est aux mois de janvier , de février et de mars , des liè- vres mâles qui manquant de femelles 'énlejLirpays, fout plusieurs lieues pour en trouver, et s'arrêtent auprès d'elles; mais dès qu'ils sont lancés par des chiens , ils regagnent leur pays natal , ^t ne reviennent pas. Les femelles Xk9;
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F DU LIÉ RE. 273
«orteiit jamais , elles sont plus grosses que les mâles , et cepentlant elles ont moins de force et d'agilité , et plus de timidité , car elles n'attendent pas au gîte les chiens de si près que les mâles , et elles multiplient davantage leurs ruses et leurs détours: elles sont aussi plus délicates et plus susceptibles des impressions de l'air , elles craignent l'eau et la rosée j au lieu que parmi les maies il s'en trouve plusieurs, qu'on &\i}pe\]elièi^res ladres j qui cherchent les eaux et se fout chasser dans les étangs^ les marais et autres lieux fangeux. Ces lièvres ladres ont la chair de fort mau- vais goût ; et en général tous les liè- vres qui habitent les plaines basses ou les vallées, ont la chair insipide et blan- châtr^î , au lieu" que dans les pays de collines élevées ou de plaines en mon- tagnes, où le serpolet et les autres her- bes fines abondent , les levrauts et mê- me les vieux lièvres sont excellens slu ^OÛt, Ou remarque seulement que ceux
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«74 HISTOIRE NATUUELLE qui liabilcnl lo fond dcj bois dans cc/i mêmes pays , no sont pas à beaucoup près aufsi bons que ceux qui en habi- tent les lisières ou qui ae tiennent dani les champs et dans les vignes , et que les femelles ont toujours la chair pluf délicate que les mâles.
La nature du terroir inCae sur ce# animaux comme sur tous les autres ; les lièvres de montagnes sont plus grands et plus gros que les lièvres de plaine : ils sont aussi de couleur dilTë- rente; ceux de montagnes sont plus bruns sur le corps , et ont plus de blanc sous le cou que ceux de plaine , qui sont presque rouges. Dans les hautes montagnes et dans les pays du nord > ils deviennent blancs pendant l'hiver y et reprennent en ëtë leur couleur ordi- uaire ; il n'y en a que quelques-uns ^ et ce sont peut-être les plus vieux qui restent toujours blancs, car tous le- deviennent plus ou moins eu vieillis- sant. Les lièvres das pays choiids ,
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DU LIÈVRE, ^r 375 d'Ita1i« , d'Espagne , de Barbarie y «ont plus pu Lits que ceux de France ef. def autres pays plu» seplentrioimuic : selon- Arisl4>te , iU ëtoicat aussi plus petitf en Egpyte qiv*en Grèce. Us sont égale- ment répandus dans tous ces climats ; il y en a beaucoup en Suède , en Dane* murck , en Pologne , en Moscovie \ beaucoup en France , en Angleterre ^ en Allemagne y beaucoup eu Barbarie , en £g}pte, dans les îles de l'Archipel, sur-tout à Dëlos , aujourd'hui Idilis , qui fut appelée par les anciens Grecs, lagia , èi cause du grand nombre de lièvres qu'on y trouToit. £nfinily en a aussi beaucoup en Laponie , oCi il» sont blancs pendant dix mois de l'an- îaée , et ne reprennent leur couleur Sauve que pcndaut les deux mois les plus cliauds de Tété. Il ,'paroit doiic que les climats leur sont à^peu-pr es égaux ; cependant ou remai'que qn^il yaraoins de Hèvre» en Orieiit qu'en Europe ^ et peu ou point dons rAmériqxie méri^
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S76 HISTOIRE NATURELLE dionalc^ quoiqu'il y en ait en Virginie, en Canada , et jusque dans les terres qui avoisinent la baie de Hudson et le dëtroit de Magellan; mais ces lièvres do rAmérique septentrionale sont peut- être d'une espèce différente de celle de nos lièvres , car les voyageurs disent que non-seulement ils sont beaucoup plus gros , mais que leur chair est blan- che et d'un goAt tout différent de celui de la chair de nos lièvres ; ils ajoutent que le poil de ces lièvres du nord de l'Amérique ne tombe jamais ^ et qu'on en fait d'excellentes fourrures. Dans les pays excessivement chauds comme au Sénégal , à Gambie , en Guinée , et sur -tout dans les cantons de Fida, d'Apam , d'Acra, et dans quelques au« très pays situés sous la zone torride en Afrique , en Amérique , comme dans la Nouvelle -Hollande et dans les terres de l'isthme de Panama, on trouve aussi dos animaux que les voyageurs ont pris jwur des lièvres; mais ^m tout pliUôt
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des espèces de lapins ; car le lapin est originaire des pays cLauds, et ne so trouve pas dans les climats septentriq* naux , au lieu que le lièvre est d'autant plus fort et plus grand , qu'il habite un climat plus froid.
Cet animal, si recherché pour la table en Europe , n'est pas du go^it des Orientaux : il est vrai que la loi de Mahomet , et plus anciennement la loi des Juifs , a interdit l'usage de la chaîr du lièvre comme de celle du cochon ; mais les Grecs et les Romains en fai- soient autant de cas que nous : Inter quadrupèdes gloria prima lepus , dit Martial. En efiTct , sa chair est excel- lente , son sang même est très-bon à luangei^ , et est le plus doux de tous les sangs; la graisse n'a aucune part à la délicatesse de la chair , car le lièvre ne devient jamais gras tant qu'il est à la campagne en liberté , et cependant il meurt souvent de trop de graisse lors- qu'on le nourrit à la maison.
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378 HrSTOIRE NATURÎ3LLE
La chasse du lièvre est ramnsement, et souvent la seule occupation des gens oisifs de la campagne : comme elle se fait sans appareil et sans dépense , et qu'elle est même utile , elle convient à tout le monde ; on va le matin et lo soir , au coin du bois, attendre le lièvre à sa rentrée ou à sa sortie ; on le cher- che pendant le jour dans les endroits où il se gîte. Lorsqu'il y a de la fraî- cheur dans l'air, par un soleil brillant » et que le lièvre vient se gîter après avoir couru , la vapeur do son corps forme une petite fumée que les chas' seurs apperçoivent de fort loin , sur- tout si leurs yeux sont exercés à cette espèce d'observation : j'en ai vu qui , conduits par cet indice, partoient d'une demi-lieue» pour aller tuer le lièvre au gîte. Il se laisse ordinairement ap- procher de fort près sur-tout si l'on ne fait pas semblant de le regarder , et si au lieu d'aller directement à lui, ou tourne obliquement pour l'appro-
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' DU LièVRK. 279
olier. Il craint les chiens plus que les lidmines ; et lorsqu'il sent ou qu'il en- tend un chien , il part de plus loin : quoiqu'il coure plus vite que les chiens, cûmme il ne fait pas une route droite , qu'il tourne et retourne autour de l'en- droit où il a été lance , les Icfvriers, qui le chassent à la vue plutôt qu'à l'odorat , lui coupent le rhemin , le saisissent et le tuent. Il se tient v< Ion- tiers en ëtë dans les cliamns , tn au- tomne dans les vignes, ^t '^n hiver dans les buissons ou dans les bois , et l'on peut en tout temps, sans le tirer, le forcer à la course avec des chiens courans ; on peut aussi le faire prendre par des oiseaux de proie. Les ducs, les buses , les aigles , les renards , les lonps , les hommes , lui font également la guerre ; il a tcr.^ l'ennemis, qu'il ne leur échappe que p ^.asard, et il est bien rare qu'ils le dissent jouir du petit nombre de jours que la nature lui a comptes.
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3l8o HISTOIRE NATURELtC
LE L A P ï N.
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Le lièvre et le lapin ^ quoique fort semblables tant à l'extérieur qu'à l'iu' tërieur, ne se mêlant point ensemble , font deux espèces distinctes et sépa- rées : cependant comme les chasseurs disent que les lièvres mâles , dans le temps du rut , courent les lapines , et les couvrent, j'ai cherché à savoir ce qui pourroit résulter de cette union f et pour cela j'ai fait élever des lapins avec des hases , et des lièvres avec des lapines , mais ces essais n'ont rien pro- duit, et m'ont seulement appris que ces animaux , dont la forme eât si sem^ blable , sont cependant de nature asse2 difiEerente pour né pas même produire des espèces de mulets.
La fécondité du lapin est encore plus grande que celle du lièvre j et sans ajouter foi à ce que dit Wotten , que d'une seule paire qui fut mise dons
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[ue fort l'à l'iii- lemble , t sépa- lasseurs dans lô Inès, et ivoir ce union ) s lapUis LVec des en pro- pris que ; si sem- ire asse^ produire
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une ile , il s'en trouva six mille au bout d'un an , il est sûr que ces ani- maux multiplient si prodigieusement dans les pays qui leur conviennent, que la terre ne peut fournir à leur subsistance^ ils détruisent les herbes 7. les racines, les [grains, les fruits, les légumes, et même les arbrisseaux et les arbres ; et si l'on n'avoit pas contre eux le secours des furets et des chiens , ils feroient déserter les habitans de ces campagnes. Non-seulement le lapin s'accouple plus souvent, et produit plus fréquemment et en plus grand nombre que le lièvre, mais il a aussi plus de ressources pour échapper à ses enne- mis j il se soustrait aisément aux yeux de l'homme : les trous qu'il se creuse dans la lerre , où il se retire pendant le jour et où il fait ses petits, le met- tent à l'abri du loup, du renard et âo l'oiseau de proie j il y habile avec sa famille en pleine sécurité , il y élève et y nourrit ses petits jusqu'à l'âgo Quadrup. V. 2^
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aSa HISTOIRE NATURELLE
d'environ deux mois , et il ne les fait sortir de leur retraite pour les amener au-dehors, que quand ils sont tout ëlevës ; il leur ëvite par-là tous les in- convëniens du bas âge , pendant lequel au contraire les lièvres périssent en plus grand nombre, et souffrent plus que dans tout le reste de la vie.
Cela seul suffit aussi pour prouver que le lapin est supérieur au lièvre par la sagacité ; tous deux sont con- formés de même , et pourroient égale- ment se creuser des retraites; tous deux sont également timides à l'excès, mais l'un, plus imbécile, se contente de se former un gite à la surface de la terre , où il demeure continuellement «xposé , tandis que l'autre ; par un instinct plus réfléchi , se donne la peine de fouiller la terre et de s'y pratiquer un asyle ; et il est si vrai que c'est par sentiment qu'il travaille', que l'on ne voit pas le lapin domestique faire le même ouvrage ) il se dispense, de pé
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DU LIÈTRE. a85
ereuAer une retraite , comme les oi- Beaux domestiques se dispensent de faire des nids , et cela parce qu'ils sont également à Tabri des inconvëniens auxquels sont exposes les lapins et les oiseaux sauvages. L'on a souvent re- marqué ([ue quand on a voulu peupler une garenne avec des lapins clapiers , c^s lapins et ceux qu'ib produisoient > restoient , comme , les lièvres ^ à la surt- face de la terre , et que ce n'étoit qu'après avoir éprouvé bien des in«- convéniens, et au bout d'un certain nombre do générations, qu'ils comf mençoient à creuser la terre pour se mettre en sûreté.
Ces lapins clapiers ou domestiques y varient pour les couleurs , comme tous les autres animaux domestiques ; le blanc f le noir et le gris sont cependant les seuls qui entrent ici dans le jeu de la nature : les lapins noirs sont les plus rares , mais il y en a beaucoup de tout blancs, beaucoup de tout gris, et beau-
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284 HIÔTOIRE NATURELLE coup de mêlés. Tous les lapins sauvages sont gris, et parmi les lapins domesti- ' ques c'est encore la couleur dominante \ car dans toutes les portées il se trouve toujours des lapins gris, et même en plu9 grand nombre, quoique le père et la mère soient tous deux blancs on tous deux noirs , ou l'un noir et l'autre blanc : il est rare qu'ils en fassent plus de deux ou trois qui leur ressemblent j au lieu que les lapins gris , quoique "domestiques, ne produisent d'ordinaire que des lapins de cette même couleur > et que ce n'est que très-rarement et comme par hasard qu'ils en produisent de blancs, de noirs et de mêlés. -i Ces animaux peuvent engendrer et produire à l'âge de cinq ou six mois : on assure qu'ils sont constans dans leurs amours , et que communément ils s'at»> iadhent à une seule femelle et ne la quittent pasj elle est presque toujours en chaleur on du moins en état de rece- voir le mâle : elle porte trente ou tren-
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DU LlèVRE. »85
tc-un jours, et produit quatre ^ cinti ou six , et quelquefois sept ou huit pe- tits.
Quelques jours ayant de mettre bas , elles se creusent un nouveau terrier , non pas en ligne droite, mais en zig- zag, au fond duquel elles pratiquent une excavation ; après quoi elles s'ar- rachent sous le ventre une assez grande quantité de poils, dont elles font une espèce de lit pour recevoir leurs petits. Pendant les deux premiers jours elles ne les quittent pas , elles ne sortent que lorsque le besoin les presse, et revien- nent dès qu'elles ont pris de la nourri- ture : dans ce temps elles mangent beaucoup et fort vite. Elles soignent ainsi et alaitent leurs petits pendant plus de six semaines. Jusqu'alors le père ne les connoît point, il n'entre pas dans ce terrier qu'a pratiqué la mère ; souvent même , quand elle en sort et qu'elle y laisse ses petits, elle en bouche i'entree avec de la lei - dé-
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286 lU^TOIUK KATUHELLE trempée de sotï udue; irais lorsqu'ils comiiienceut à xanh au b rd uutrou, et à mangct du sëneçoti et d'autres herbes que la mère leur présente , le père semble les rec(îJinci tre , il les prend enhe '^es pattes , i! leur "lustre le poil, il leur lèeîie 1» • yeux , et tous , les uns après les autres , ont également part à ses soins : dans ce même temps la mère lui £a\t beaucoup de caresses , et sou« vent devient pleine peu de jours après. (( La paternité chez ces animaux est très-respeclée ; j'en juge ainsi par la grande déférence que tous mes lapins ont eue pour leur premier père, qu'il m'étoit aisé de reconnoître à cause do sa blancheur et qui est le seul mâle que j'aie conservé de cette couleur : la fa- mille avoit beau s'augmenter, ceux qui devenoient pères k leur tour lui ëtoient subordonnés ; dès qu'ils se bat* toient , soit pour des femelles , soit parce qu'il se disputoient la nourri- ture, le ^. li-père qui eutendoif au
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DU LIEVRE, 087
bruit j accouroit de tonte sa force, et dès qu'on l'appercevoit , tout rentroit dans l'ordre ; et s'il en attrappoit quel- qu'un aux prises , il les sëparoit , et en faisoit sur-le-champ un exemple de punition. Une autre preuve de sa do- mination sur toute sa postérité, c'est que les ayaut accoutumés à rentrer tous à un coup de sifilet , lorsque je donnois ce signal . et quelque éloignés qu'ils fussent , fe voyois le grand-père se met- tre à leur tête , et quoiqu'arrivé le pre- mier , les laisser tous défiler devant lui et ne rentrer que le dernier.... Je les nourrissois avec du son de froment > du foin et beaucoup de genièvre y il leur en falloit plus d'une voiture par semaine , ils en mangeoient toutes les baies , les feuilles et l'écorce', et ne lais- soient que le gros bois : cette nourri- ture leur donnoit du fumet, et leur chair étoit aussi bonne que celle des lapins sauvages ». Ces animaux vivent huit ou neuf
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aS8 HISTOÏRE NATURELLE ans : comme ils passent la plus granc(e partie de leur vie dans leurs terriers , où ils sont en repos et tranquilles , ilï prennent un peu plus d'embonpoint que les lièvres ; leur chair est aussi fort différente par la couleur et par le goût j celle des jeunes lapereaux est très-dëli- cate, mais celle des vieux lapins est toujours sèche et dure. Ils sont, com- me je l'ai dit , originaires des climats chauds : les Grecs les connoisboient , et il paroi t que les seuls endroits de l'Europe où il y en eût anciennement , étoient la Grèce et l'Espagne ; de-là on les a transportés dans des climats plus tempérés , comme en Italie , en France , en jMlemagne , où ils se sont naturalisés ; mais dans les pays plus froids, comme en Suède et dans le reste du nord , on ne peut les élever que dans les maisons , et ils périssent lors- qu'on les abandonne à la campagne. Ils aiment au contraire le chaud excessif; car ou en trouve dans les contrées mé-
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ridionalcs de l'Asie et de l* Afrique , comme au golfe Persique, à la baie de Saldana, en Libye, au Sénégal, c;n Guinée ; et on en trouve aussi dans nos îles de l'Amérique , qui y ont été trans- portés de l'Europe , et qui y ont très- bien réussi. > : . ^^ : ; .-, .> , , • . ( . -,. - »- • f,'- '• •'■ ■ • - ■-• - •-'•
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Cet animal qui est très-commun dans les terres voisines du lac Baikal en Tartarie, est un peu plus grand qu'un lapin , auquel il ressemuie par la forme du corps , par le poil , p.f ' îs allures , par la qualité , la saveur , la couleur de la chair , et aussi par l'ha- bitude de creuser de même la terre pour se faire une retraite. Il n'en dif- fère que par la queue qui est considé- rablement plus longue que celle du lapin, il est aussi conformé ci v me à l'intérieur. Il me paroi t donc qu'il ne fait pas une espèce réellement diflFé-
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rente , njaid une simple voriëtë dans colle du lapin. ii' '•' •
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li B tapéti me paroit être une espèce très-Yoïsiue , et peut-être une v^iété de celle du lièvre ou du lanin. On le trouve au Brésil et dans plusieurs au- tres endroits de rAitiërique ; il res- semble au lapin d'Europe par la figu- re ; au lièvre par la grandeur et par le poil qui sautemeut est un pou plus brun ; il a les oreilles trè.« longues et de la même forme ; son poil ^st roux sur le front et blanchâtre sous la gorge » la poitrine et le ventre ; ils ont L /eux noirs et des moustaches comme no» lapins j mais ils n'ont poiiit de queue. Le t-ipcti ressemble encore au lièvre par sa manière de vivre , par sa fécon-» dite et |iar la qualité de sa chair ; il de- meure dans les champs ou dans les bois comme le lièvre, et ne se creuse pas un terrier comme le lapin.
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DIT LIÈVRE.
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Espèces connues dans ce genre.
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Le Lièvre commun , lepus Timidus,
Le Tolaï , lepus Tolaï.
Le Lapin »auvage , lepu* Cunicuîus*
(Sans queue.)
Le Tapeti , Upua Brasiliensis, Le Sulgan > lepus Pusillus, "LeVWiA , lepus jélpinus, L'Ogoton , lepus Ogotona,
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393 HISTOIRE NATURELLE
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XXXI* GENRE.
LE DAMAN, ou HYR ACE, utrax.
Caractère générique : dents incisives su- périeures larges \ point de queue.
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LE DAMAN-lSRÂEL.
C'est à M. le chevalier Bruce que nous devons l'exacte connoissance et la vraie description du daman, déjà bien indiqué par Prosper Alpin. Voi- ci co que m'a écrit à ce sujet cet illus- tre voyageur. « Le daman-Israël n'est point une gerboise ; il est mal indiqué par notre docteur ShaW; qui dit que ses pattes de devant sont courtes en comparaison de celles de derrière
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dans la même proportion que celles des gerboises ; ce lait n'est point vrai : voici la figure de cet animal que j'ai dessine moi-même. Il est fort commun aux environs du Mont-Liban et en-, core plus dans l'Arabie pétrée ; il se trouve aussi dans les montagnes de l'Arabie heureuse, et dans touœs les parties hautes de l' Abyssinie ; il est de la forme et de la grandeur d'un lapin j les jambes de devant un peu plus cour- tes que celles de derrière , mais non pas plus que le lapin ; un caractère très-distinct, c'est qu'il n'a point du tout de queue , et qu'il a trois doigts à chaque patte, à-peu-près comme ceux des singes , sans aucun ongle , et envi- ronnés d'une chair molle d'une forme ronde ; par ce caractère et ^^ar le man- que de queue, il paroît approcher du loriti , les oreilles sont petites et cour- tes , couvertes de poil en dedans com- me en dehors , par où il diffère encore du lapin ; tout le dessous du corps est Quadrup. Y. 26
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agi Histoire natuiiëlle
blanc , et le dedans à-peu-près de U couleur de nos lapins sauvages , il lui sort sur le dos et sur tout le dessus du corps et des cuisses, do longs poib iso- les , d'un noir fort luisant. Ces ani" maux vivent toujours dans les caver- nes des rochers et non pas dans la terrd puisqu'ils n'ont point d'ongles ».
Au reste y il ne paroit pas douteux que ce daman ou agneau d'Israël ne soit le saphan de l'Ëcritute sainte. M. le chevalier Bruce dit qu'il l'a vu , non- seulement dans les différentes parties de l'Asie , mais jusqu'en Abyssinie : mais il existe dans les terres du Cap de Bonne-Ëspérance une autre espèce de daman que M. Sonnerat nous a rap- porté ; et dont nous donnons ici la figu- re. Ce daman du Cap diffère du daman- Israël par plus de rondeur dans la tail-» le, et aussi parce qu'il n'a pas autant de poils saillans ni aussi longs que ceux du daman-Israël ; il a de plus im grand ongle courbe et creusé en gouttière au
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doigt intërieur du pied de derrière , ce qui ne se trouve pas dans les pieds du daman-Israël. €es caractères nous pa- roissentsuffiisans pour faire une espèce distincte de ce datnan du Cap , et le %&* parer comme nous le faisons ici ^ de celle du daman de Syrie , avec lequel néanmoins il a la plus grande ressem- blance par la grandeur et la conforma- tion , par le nombre des doigts et par le manque de queue. ' '
<( MM. Pallas et Vosmaër croient <)ue cet animal se creuse des trous en terre comme notre marmotte on notrfe blaireau , et cela , disent - ils y parce que ses pieds sofit propres à cette opé- ration ; mais à en juger par ces mêmes pieds, on serait porté à croire quHl ne «'en sert jamais pour un pareil usage , car ils ne paroissent point propres à creuser ; ils sont couverts en dessous d*une peau fort douce , et les doigts ^ont armés d'ongles courts et plats , qui 4ie s'étendent point au-delà de U
P9^ HISTOIRE NVTlfREI.LK
peau; cola n'indique gu6ro un animal qui gratte la tcrro pour s'y former unu retraite. M. Pallas dit: f à la vëritu , quo les ongles sont très-courts ou plutôt quMi n'en a point , pour qu'en creu- sant ils ne s'usent pas contre les rochers, au milieu desquels ces animaux habi- tent; cette raison est ingénieusement trouvée : mais ne seroit-on pas auto- risé aussi À dire , et peut-être avec plus de fondiment, que la nature ne lourd donné des ongles si courts' , que. parce qu'ils n'ont pas besoin de s'en servir pour creuser ? au moins^ esit-iL sûr que celui qui est h Amsterd&m ne les em- ploie pas à ceid, jamais on ne le voit gratter ou creuser la terre. .. ^
» M. Vosmaër dit que ces animaux sont lents dans leurs mouvemens j cela est vrai , sans doute , de celui qu'il a vu y mais M. Pallas nous apprend qu'il ëtoit mort pour avoir trop mangé ; ainsi, ne pourroit-on pas supposer que la graisse dont il é^'^it surchargé le
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rciidull lourd oL pcsanL ? Au moi us ceux ([uo M. KLockncr u ul>Hei'vt)H iie août point tul»*, un conUuire, ils sont ti'^^a- preste s dans leurs niouvemens ; ils «aillent avec beaucoup d'ugilitë do haut en bas , et lonibcnt toujtnirs sur leurs quatre paltcs ; ils nimcut à èlxo »ui' des endroits dlevés ; leurs iirnbcs do derrière sont plus longues ([ne celles do devant , ce quii'uit que leur démar- che ressemble plus à eello du cochon- d'indo quo de tout autre animal ; mais ils ont celle du cochon quand ils cou- rent : ils ne dorment point pendant le jour ; qnand la nuit arrive , ils se reti- rent dans leur nid, oii ils se fourrent au milieu du loin, dqnt ils se couvrent tout le corps. On dit qu'au Cap , ils ont leur nid daiis les fentes des rochers , où ils se font un lit do mousse et des feuil- les d'épines qui leur servent aussi de nourriture , de même que tes autres feuilles qui sont pea charnues^ au moins celui quieat à Amsterdam paroi t
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198 HîwSTOIBK NATUIIF.LLE
les préférer aux tacines et au paîn qu'on lui donne ; il ne mange pas vo- lontiers des noix ni des amandes; quand il mâche , sa mâchoire inférieure se meut comme celle des animaux qui ruminent , quoiqu'il n'appartienne pointa cette classe. Si l'on peut juger de toute l'espèce par lui , ces animaux ne parviennent pas aussi vite à toute leur grandeuJT que les cochons-d'Inde : quand il a été pris , il ëtoit de la gros- seur d'un rat^ et ëtoit vraisemblable- mcnt âgé de cinq ou six semaines ; de- puis onze mois qu'il est dans ce pays , il n'a pas encore la taille d'un lapin sauvage , quoique ces animaux par- viennent à celle de nos lapins domes^ tiques. ': ' '
Espèces connues dans ce genre.
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Eijpérance > hyrax Capensis. ï.e Ditman-Iaraël , Ajm.»^ Syriacus,
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et an paîn Einge pas vo- indet»; quand iférieure se littiaux qui appartienne i peut jaget :efl animaux irîte à toute ons-dlnde: tdelagros- li semblable- naines ; de« ins ce pays , d'un lapin maux par- pins dômes-
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LE CHAMEAU» CAMBZUS.
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LE CHAMfeAtT Et LE DRÔMADAÏKE.
meau , ne désignent pas deux espèces l 'différentes ; mais indiquent seulement deux races distinctes^ et subsistantes de temps immëmorial dans l'espèce du chameau : le principal , et pour ainsi dire , l'unique caractère sensible par lequel ces deux races diffèrent , con« siste en ce que le chameau porte deux bosses ; et que te dromadaire n*ea a
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qu^ine ; il est aussi plus petit et moiiks fort que le chameau : mais tous deux ae mêlent ; produisent ensemble , et les ij[|4î^4us qui provieni^nt dç cette race croisée , sont ceux qui ont le plus de vigueur et qu'on préfère à tous les au- tres. Ces mëtis issus du dromadaire et jdju cbameau , formant ;uiie/race secon- daire , qui se multiplie pareillement et qui 89 mêle aussi jivec les races pro- mièrcs ^ en sorte qu^ dans cette espè- ce , comme dans celles des autres ani* maux domestiques , il se trouve plu- sieurs variétés dont les plus générales, sont relatives à la différence des cli- mats. Aristote a très-bien indiqué les deux races principales; là première^ c'est-à-dire 'le à deux bosses , sous lenomde cAameai^f^ ta Bactriane , et la seconde sous celui àe chameau d*A-^ rabiej; on appelle les premiers cha^ mèaux tw*cs , et les autres chameaux arabes. Cette division subsiste aujour- ' d'hui commedu temps d' Aristote : seu-
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DU CHAMEAU. Soi
lemeut il paroît , depuis que l'on a de- couvert les parties de l'Afrique et de l'Asie inconnues aux anciens , que le dromadaire est sans comparaison plus nombreux et plus généralement ré-^ pandii que le cbameau : celui-ci ne se trouve guère que dans le Turquestan et dans quelques autres endroits du Le- vant^ tandis que le droipadaire , plus commun qu'aucune autre bête de som- me en Arabie , se trouve de même en grande, quantité dans toute la partie septentrionale de l'Afrique , qui s'é- tç.nd depuis la mer Mé4iterranée jus- qu'au^fleoyc Niger j et qu'on le retrou- ve en JSgypte , en Perse , dans la Tar- tfijrie méridionale , : et dans, les parties septentrionales de l'Inde. JLe droma- jdaire occupe doncrdcs terres immen- se»^ et le cbameau, e^.bprné à. un pe- .tit terrein : le premier habite des ré- .gipns arides et cliaudesi le second , un .payç moins sec et pli^j^ tempéré ; et l'es- pèce entière , tant des |ins que des aa-
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S&J HISTOIRE NATURELLE
treS| paroitètre confinée dana une zoni de troia ou quatre cents lieues de lar- geur , qui s'ëtend depuis la Mauritanie jusqu'à la Gbine : elle ne subsiste ni au-dessus ni au-dessous de cette zone ; cet anitnal^ quoique naturel aux pays cbauds, eraint cependant les climats oà la cbaleur estêxoessiye: son espèce fi* kiit où oomtnentiè ^lle de l*)élëpbant , et elle ne peut subidster tii sous le ciel
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bràlaht delazottétorride> âidaiisles tlimats cloux de notre zohe témpërée. Il parptt èttt originain» d'Âttibîë <, car Bon-seulemeht c'est le payé dû il eèt eh plus grand hMiibre > inàis cVst aussi (ie- lui auquel il est lé jAus coliforine : VA^ Irabie est le pays âU ihdndè lé j^lus ari^* ûe , et où l'eàii éit la plus rare ; le clia« mean est le plus sobre des animaux et peut passer plusieurs jours sàbs boire; le terreiit est presque par-tout séc et iablonneut ; le cbameaù a l«s pieds faits pour marcher dans les sables, et ne peut au contraire se soutenir dans
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D t) C H A M B A U. 5o3 les terreiii3 humides et gUssam ; Vher« be et les pâturages maaquant à cette terre , le bœuf y manque aussi , et le chameau remplace cette bête de som- me. On ne se trompe guère sur le paya naturel des animaux en le jugeant par ces rapports de conformité ; leur vraie patrie estia terre à laquelle ils ressem- blent I c*est-^*dire , à laquelle leur na- ture paroit s'être entièrement confor- mée ; sur-tout lorsque cette même na- ture de l'animal ne se modifie point ailleursi et nese prête pas à l'influence des autres climats. On a inutilement essayé de multiplier les chameaux en Espagne , on les a vainement trans- portés en Amérique , ils n'ont réussi ni dans l'un ni dans l'autre climat, et dans les Grandes-Indes on n'en trouv» guère au-delà de Surate et d'Ormus. Ce n'est pas qu'absolument parlant iU ne puissent «nbsister et produire aux Indes , en Espagne > en ^mérique^ et même dans des cliipats plus firadc^ji?
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3o4 HISTOIRB NATURELLE comme en France , en Allemagne , &c» en les tenant l'hiver dans des ëcurie» chaudes, en les nourrissant avec choix^ les traitant avec soin , en ne les faisant pas travailler et ne les laissant sortir que; pour se promener dans les beaux jours , ou peut les faire vivre et même espé- rer do les voir produire , mais leurs productions sont chétives et rares, eux-mêmessont foibles et languissans ; ils perdent donc toute leur valeur dans ces climats y et au lieu d'être utiles , ils sont très à charge à ceux qui les ëlèvent ; tandis que dans^ leur pays na- tal, ilsfont , pour ainsi dire , toute la richesse de leurs, maîtres. Les Arabes regardent le chameau comme un pré- sent du ciel, un animal sacré , sans le secours duquelils ne pourroient ni sub- sister , ni commercer, ni voyager. Le lait des cliameaux fait leur nourriture ordinaire^ ils en mangent aussi la chair, sur-tout celle des jeunes , qui est très- l^ojme à leur goût:^ le poil de ces ani-
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BU CHAMEAU. 5o5
toaux f qui est fia et moelleux , et qiû se renouvelle tous les ans par une mud complète f leur sert à faire les ëto£fes dont ils se vêtissent et se meublent ; avec leurs chameaux « non -seulement ils ne manquent de rien , mais même ils ne craignent rien j ils peuvent met- tre en un seul jour cinquante lieues de déserts entr'eux et leurs ennemis ; toutes les armées du monde périroient à la suite d'une troupe d'Arabes ; aussi ne sont-ils soumis qu'autant qu'il leur plaît. Qu'on se figure un pays sans ver- dure et sans eau , un soleil brûlant , un ciel toujours sep ., des plaines sablon- neuses , des montagnes encore plus arides y sur lesquelles l'œil s'ëtend et le regard se perd sans pouvoir s'arrêter sur aucun objet vivant ; une terre mor- te et , pour ainsi dire ^ëcuiH^hëe parles vents , laquelle ne présente que des ossemehs) des cailloux jonchés, des rochers debout ourei^ersés, un désert entièrement découvert oà le voyageur jQuadrup. V. -^^^v '^
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9oG HISTOIRE NATURELLE n'a jamais respire sous Tombrage , oh rien ne Tacooin pagne » rien ne lui rap- pelle la nature vivante : solitude ab- solue, mille fois plus affreuse que celle des fordts ; car les arbres sont encore des êtres pour ThOmme qui se voit seul t plus isole , plus dënuë , plus perd u dans ces lieux videiet sans bornes , il voit par-tout Fespacè comme son tombeau : la lumière du jour plus triste que Toth- bre de la nuit, ne renaît que pour ëclairer sa nudité , son impuissance , et pour lui représenter Tborreur de sa situation > en reculant à ses yeux les barrières du vide , en étendant autoui: de lui Tabime de l'immensité qui le sépare de la terre habitée , immen- sité qu'il tenteroit en vain de parcou- rir 'y car la faim , la soif et la chaleur brûlante pressent tous les in$hins qui lui restent entre le désespoir et la
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prior cef lacunes de la nature \ ellet lui •or vont d^aayle , elles assurent son re» pos ot le maintiennent dans son indtS- peudance ; mais do quoi les hommes savent-ils user sans abus? Ce même Arabe libre, indépendant , tranquille et môme riche , au lieu de respecter ces déserts comme les remparts de sa liberté ^ les souille par le crime j il les traverse pour aller chez des nations voisines , enlever des esclaves et de Tor i il s'en sert pour exercer son bri« gandage , dont malheureusement il jouit plus encore que de sa liberté *, car ses entreprises sont presque toujours heureuses : malgré la défiance de ses voisins et la supériorité de leurs force«^ il échappe !à leur poursuite ot emporte impunément tout ce qn^l leur a ravi. Un Arabe qui se destine à ce métier de pirafe de terre , s'endurcit de bonne hcui e à la fatigue des voyages ; il s'e8« saie à so passer du sommeil , à souffrir la faim, la soif et la chaleur} eu môme
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3o8 HISTOIRE NATURELLE temps il instruit ses chameaux , il les ëlère et les exerce dans celte même vue \ peu de jours après leur naissance , il leur plie les jambes sous le ventre , il les contraint à demeurer à terre , et les charge , dans cette situation , d'un poids assez fort qu'il les accoutume à porter et qu'il ne leur âte que pour leur en donner un plus fort ; au lieu de les laisser paître à toute heure et boire à leur soif, il commence par rëgler leurs repas , et peu à peu les ëloigne à de grandes distances , en diminuant aussi la quantité de la nourriture ; lorsqu'ils sont un peu forts il les exerce à la cour- se y il les excite par l'exemple des che- vaux, et parvient à les rendre aussi légers et plus robustes ; enfin dès qu'il 'est sûr de la force , de la légèreté et de la sobriété de sescbameaux, il les charge de ce qui est nécessaire à sa subsistance et à la leur ; il part avec eux y arrive sans être attendu aux confins du désert , arrête les premiers passans , pille lea
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DU CHAMEAU. .^o^
liabitations écartées, charge ses cha- meaux de son butin , et , s'il est pour- suivi , s'il est force de précipiter sa re- traite , c'est alors qu'il développe tous ses talens et les leurs ; monte sur un des plus légers , il conduit la troupe , la fait marcher jour et nuit , presque sans s'arrêter , ni boire ni manger. Il fait aisément trois cents lieues en huit jours, et pendant tout ce temps de fa- tigue et de mouvement, il lais^^' ses chameaux chargés , il ne leur donne chaque jour qu'une heure de repos et une pelotte de pâte ; souvent ils cou- rent ainsi neuf ou dix jourq sans trouver de l'eau *, ils se passent ^e boire , et lorsque par hasard il se trouve une mare à quelque distance idc leur route, ils sentent l'eau de plxis d'une demi- lieue , la soif qui. les^ presse leur fait doubler le pas , et ils boivent en une âeule fois pour tout le temps passe et pour autant de temps à venir; car souvent Içurs yoyages sont de plusieojrs
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semaines , et leurs temps d'abstinen- ce durent aussi long- temps que leurs voyages.
En Turquie , en Perse , en Arabie y en Egypte , en Barbarie , &c. le trans- port des marchandises ne se fait que par le moyen des chameaux ; c'est de toutes les voitures la plus prompte et la moins chère. Les marchands et au- tres passagers se réunissent en carava- nes pour éviter les insultes et les pira- teries des 'Ai'^^^s 7 ^^^ caravanes sont très-nombreuses et toujours composées de plus de chameaux que d'hommes ; chacun de ces chameaux est chargé selon sa force ; il la sent si bien lui-même , que quand on lui donne une charge trop forte il la refuse et reste constam- ment couché jusqu'à ce qu'on l'ait allégé ; ordinairement les grands clia- meaux portent un millier, et même douze cents pesant , les plus petits six à sept cents -, dans ces voyages de com- merce on ne précipite pas leur mar-
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che ; comme la route est souvent de sept ou huit cents lieues , on règle leur mouvement et leurs journëes ; ils ne vont que le pas ot font chaque jour dix à dousse lieues; tous les soirs on leur ôte leur charge et on les laisse paître en liberté: si on est en pays verd; dans une bonne prairie , ils pren- nent en moins d'une heure tout ce qu'il «evir faut pour en vivre vingt- quatre , et pour ruminer pendant toute la nuit ; mais rarement ils trouvent de ces bons pâturages , et cette nourriture délicate ne leur est pas nécessaire ; ils semblent même préférer aux herbc-i les plus douces, l'absynthe , le char- don , l'ortie-, le genêt , l'acacie , et les autres végétaux épineux ; tant qu'ils trouvent des plantes à brouter, ih se passent très-aisément de boire.
Au reste , cette facilité qu'ils ont à s*abstenir long-temps de boire n'est pas de pure habitude ; c'est plutôt un eSat de leur conformation. Il y a dans
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3 12 HISTOinB NATURELLE lechameau y indépendamment des qua- tre estomacs qui se trouvent d'ordi- naire dans les animaux ruminans , une cinquième poche qui lui sert de réser-« voir pour conserver de Teau ; ce cin- quième estomac manque aux autres animaux et n'appartient qu'au cha- meau; il est d'une capacité assez vaste pour contenir une grande quantité de liqueur, elle y séjourne sans se corrom- pre et sans que les autres alimens puis- sent s'y mêler , et lorsque l'animal est pressé par la soif et qu'il a besoin de délayer les nourritures sèches et de les macérer par la rumination , il fait re» monter dans sa panse et jusqu'à l'œso- phage une partie de cette eau par une simple contraction des muscles. C'est donc en vertu de cette conformation très-singulière que le chameau peut se passer plusieurs jours de boire , et qu'il prend en une seule fois une pro^ digieuse quantité d'eau qui demeure duinc et limpide dans ce réservoir^
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parce qne les liqueurs du corps ni
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Le chameau est plus anciennement, plus complètement et plus laborieuse- ment esclave qu'aucun des autres ani- maux domestiques: il l'est plus ancien- nement , parce qu'il habite les climats où les hommes se sont le plus ancien- nement polices ; il l'est plus complète- ment , parce que dans les autres espèces d'animaux domestiques, telles que cel- les du cheval , du chien , du bœuf, de la brebis , du cochon , &c. on trouve encore des individus dans leur ëtat de nature , des animaux de ces mêmes es- pèces qui sont sauvages , et que l'hom- me ne s'est pas soumis : au lieu que dans le chameau l'espèce entière est esclave , on ne le trouve nulle part dans sa condition primitive d'indé- pendance et de liberté: enfin il est plus laborieusement esclave qu'au- cun autre , parce qu'on ne Ta jamais
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5l4 HISTOIRE NATURELLE
nourri) ni pour le faste, comme la plupart des clievaux ,ni pour ramuse* ment, comme presque tous les chiens, ni pour l'usage de la table,, comme le bœuf , le cochon , le mouton ; que l'on n'en a jamais fait qu'une bête de somme qu'on ne s'est pas même donné la peine d'attelor ni de faire tirer , mais dont on a regarde le corp9 comme une voiture vivante qu'on pou- voit tenir chargée et surchargée , mê- me pendant le sommeil j car lorsqu'on est pressé , on se dispense quelquefois de leur ôter le poids qui les accable , et sous lequel ils s'affaissent pour dormir les jambes pliées et le corps appuyé sur Vestomac. , , . ,, .. ,
Ces pauvres animaux doivent souf- frir beaucoup , car ils jettent des cris lamentables, sur-tout lorsqu'on les sur- charge 'y cependant quoique continuel- lement excédés, ils ont autant de cœur que de docilité; au premier signe ils plient les genoux et s'accroiipissent jus-
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' D U C H AM RAU, 3l5 qu'à terre pour se laisser charger dans cette situation , ce qui cWiteàriiommo la peine d'ëlever les fardeaux à une grande hauteur ; dès qu'ils sont chargés ils se relèvent d'eux-mêmes sans être aides ni soutenus ; celui qui les conduit monté sur l'un d'entr'eux y les précède tous et leur fait prendre le même pas qu'à sa monture ; on n'a hesoin ni de fouet, ni d'épeton pour les exciter ; mais lorsqu'ils commencent à être fati- gués , on soutient leur courage, ou {plu- tôt on charme leur ennuii pat le chant ou par le son de quëlqa^instrument ; leurs conducteurs se relayent à chan- ter , et lorsqu'ils veulent prolonger la route et doublet la journée , ils ne leur donnent qu'une heure de repos-, après quoi reprenant leur chanson , ils lès remettent en marche pour plusieurs heures dé plus, et le chant ne finit que quand il faut s^rrêter ; alors les cha- meaux s'accroupissent de nouveau et $e laissent tomber avec leur charge ^
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ZlS HISTOIRE NATUREIrLG
on leur ôte le fardeau en dëuouant les cordes et laissant couler les ballots des deux côtes \ ils restent ainsi accroupis , couches sur le ventre, et s'endorment au milieu de leur bagage qu'on rattache le lendemain avec autant de prompti- tude et de facilité qu'on l'avoit déta- ché la veille. „i ,...., v ^r^v «^rf^ri . - ra ^ Les callosités, les tumeurs sur la poitrine et sur les jambes, les foulures et les plaies de la peau , la chute entière du poil, la faim, la soif , la maigreur , ne sont pas leurs seules incommodités } on les a préparés à tous ces maux par, un mal plus grand , en les mutilant par la castration. On ne laisse qu'un mal» pour huit ou dix femelles , et tous les chameaux do travail sont ordinaire- ment hongres ; ils sont moins forts , sans dojite, que les chameaux entiers, mais ils sont plus traitables et servent en tout temps , au lieu que les entiers sont non-seulement indociles , mais presque furieux dans le temps du rut;.
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D U CH A MEA U. 31/
qui dure quarante jours , et qui arrive tous les ans , en printemps. La femelle porte près d'un au , et comme tous les autres grands animaux, ne produit qu'un petit ^ son lait est abondant , ëpais, et fait une bonne nourriture, même pour les hommes , en le mêlant avec une plus grande quantité d'eau* On ne fait guère travailler les femelles, on les laisse paître et produire en li- berté; le profit que l'on tire de leur produit et de leur lait , surpasse peut- être celui qu'on tireroit de leur travail ; cependant il ,y a des endroits où l'on soumet une grande partie des femelles, comme les mâles , à la castration, afin de les faire travailler ; et l'on prétend que cette opération , loin de diminuer leurs forces y ne fait qu'augmenter leur vigueur et leur embonpoint. , ^ ^ ; ^ ^ ^
Le petit chameau tète sa mère pen- dant un an , et lorsqu'on veut le mé- nager , pour le rendre dans la suite plus fort et plus robuste ^ ou le laisse en li-<
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berté téter ou paître pendant les pre- mières annëes , et on ne commence à le charger et à le faire travailler qu*à TAge de quatre ans \ il vit ordinaire-^ ment quainnte ou cinquante ans : cette durëe de la vie étant plus que propor- tionnée au temps de Taccroissement , c'est sans aucun fondement que quel- ques auteurs ont avancé qu'il vivoik îusqu'à cent ans. . . .
En réunissant souâ nh seul point de vue toutes les qualités de cet animal et tous leâ avantages que l^on en tire y on ne pourra s'empêcher de le reconnot- tre pour la plus utile et la plut pré- cieuse de toutes les créatures subordon- nées à l'homme : l'or et la soie ne sont pas les vraies richesses de l'Orient ; c'est le chameau qui est le trésor de l'Asie. Il vaut mieux que l'éléphant, car il travaille pour ainsi dire autant et dépense peut-être vingt fois moins ^ d'ailleurs l'espèce entière en est sovl^ mise à l'homme qui la propage et I*
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DU CHAMEAU. 3l^
mnliiplio autant qu'il lui plaît, au lieu qu'il ne jouit pas de celle de l't^ldpbant t qu'il ne peut multiplier, et dont il fauk conquérir avec peine les individus les uns après les autres ; le chameau vaut non-seulement mieux que l'ëléphant^ mais peut-être vaut-il autant que lo cheval 9 l'âne et le bœuf, tous réunis ensemble ; il porte seul autant que deux mulets, il mange aussi peu que l'âne > et se nourrit d'herbes aussi grossières ; la femelle fournit du lait pendant plus de temps que la vache : la chair des jeunes chameaux est bonne et saine comme celle du veau ; leur poil est plus beau, plus recherché que la plus belle laine ; il n'y a pas jusqu'à leurs excré- mens dont on ne tire des choses utiles : car le sel ammoniac se fait de leur uri- ne ; et leur fiente desséchée et mise en pondre leur sert de litière , aussi-bien qu'aux chevaux , avec lesquels ils voya- gent souvent dans les pays où l'on ne connoit ni la paille ni le foin : cniiii
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3ao HISTOIRE NATURELLE
on fait des mottes do cette même fiente qui brûlent aisément, et font une flam- me aussi claire et presque aussi vive que celle du bois sec ; cela même est «neore d'un grand secours dans ces dé- serts où Ton ne trouve pas un ai^bre , et oh par le défaut de matières com- bustibles , le feu est aussi rare que l'eau.
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LE LAMA.
Cet animal est, dans le nouyçau continent, le représentant du clia- tneau dans l'ancien ; il semble en être un beau diminutif, car sa figure est élégante , et sans avoir aucune des dif- formités du chameau, il lui tient néan- moins par plusieurs rapports et lui res- semble à plusieurs égards *, comme le chameau, il est propre à porter des fardeaux *, il a le poil laineux, les jam- bes assez minces, les pieds courts et conformés à-peu-près comme les jam- bes et les pieds du chameau ) mais il
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en diflFère en co qu'il n'a point de bossey qu'il a la queue courte, les oreilles longues , et qu'en général il est beau- coup mieux fait et d'une forme plus agréable par les proportions du corps ; son cou long , bien [couvert de laine , et sa tête qu'il porte toujours haute , lui donnent un air de noblesse et de légèreté que la nature a refusé au cha- meau ; ses oreilles longues de sept pou- ces, sur deux pouces dans leur plus grande largeur , se terminent en pointe etse tiennent toujours droites en avant; elles sont garnies d'un poil ras et noi- rAtre ; la tête est longue , légère et d'une forme élégante , les yeux sont grands , noirs et ornés dans les angles internes de grands poils noirs ; le nez est plat et les narines sont écartées ; la lèvre supérieure est fendue et telle- ment séparée au-devant des mâchoi- res, qu'elle laisse paroître les dents incisives du milieu , qui sont longues et plates , et au nombre de quatre à la
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3a3 HISTOIRE NATURELLE mâchoire iiifdrieure ; ces dents incisî- ves manquent à la mâchoire supërieu- le, comme dans les autres animaux ruminansj il y a seulement cinq mâ- chelières en haut comme en bas de chaque c6të , ce qui fait en tout vingt dent mâchelières et quatre incisives ; la tête , le dessus du corps , de la crou- pe j de la queue et des jambes > sont couverts d^un poil laineux couleur du musc un peu vineux, plus clair sur les joues , sous le cou et sur la poitrine , et plus foncé sur les cuisses et les jam- bes , où cette couleur devient brune et presque noire ; le sommet de la tête est aussi noirâtre , et c'est de-là que part le noir qui se voit sur le front y le tour des yeux , le nez , les narines , la lèvre supérieure et la moitié des joues ; la laine qui est sur le cou est d'un brun- foncé , et forme comme une crinière qui pend du sommet de la tête et va se perdre sur le garot ) cette même cou- kur brune s'étend , mais en diminuant
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âe teinte sur 1q dos , et y forme nne bande d'an brun foible; les cuisses sont couvertes d'une grande laine sur le» parties postérieures , et cette longue laine est en assez gros flocons : les jam- bes ne sont garnies que d'un poil ra9 d'un brun noirâtre ; les genoux de de- vant sont remarquables par leur gros- seur , au lieu que , dans les jambes de den'ière, il se trouve vers le milieu un espace sous la peau qui est enfoncé d'environ deux pouces ; les pieds sont sépares en deux doigts \ la corne du sa* bot de chaque doigt est longue de plus d'un pouce et demi , et cette corne est noire y lisse, plate sur sa face interne, et arrondie sur sa face externe ; les cornes du sabot des pieds de derrière sont singulières en ce qu'elles forment un crochet a leur extrémité ; le tron- çon de la queue à plus d'un pied de longueur, il est couvert d'une laine assez courte; cette queue ressemble à une houpe ; l'animal la porte droite ,
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soit «n marchant , soit en courant , et même lorsqu'il est en repos et couche.
Cet animal est fort doux, iL n*a ni colère ni m^chancetcf , il est mémo caressant \ il se laisse monter par celui qui le nourrit , et ne rcfuseroit pas le même service à d'autres ; il marche au pas , trotte et prend même une espèce de galop : lorsqu'il est en liberté^ il bondit et se roule sur l'herbe. Ce lama , que je décris , étoit un mâle ; il avoit p8'^ plus de dix-huit mois sans boire au mois de mai dernier , et il me paroit que la boisson ne lui est pas n(!cessairo, attendu la grande abondance de salive dont l'intérieur de sa bouche est con- tinuellement humecte. ■ - *
On lit dans le voyage du commodore Byron, qu'on trouve des guanaques^ C'est-à-dire , des lamas , à File des Pin- guins , et dans l'intérieur des terres , jusqu'au Cap des Vierges ^ qui forme au nord l'entrée du détroit de Magellan ; ainsi , ces animaux ne craignent nulle-
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DU CHAMEAU. ^'Ji^ ment le froid. Dans leurcStat dcnatiiro et de liberté , ils marclient ordinaire- ment par troupes de soixante ou quatre- vingts 9 et ne se laissent point appro- cher 'y cependant ils sont trè^-uÎMés à apprivoiser , car les gens de Tcquipago du vaisseau de Byron , sVtant saiflis d'un jeune lama, dont on admiroit 'a jolie figure , ils Tapprivoisërcnt au point qu'il venoit leur lécher les mains. Le eommodoro Byron et le capitaine Wallis comparent cet animal au daim pour la grandeur ; la forme et la cOH- leur; mais Wallis est tombé dans Ter- rtnir en disant qu'il a une bosse sur le dos. ^■^■'^'''' ^-' •^"^'-^"■"^^ ^ -^yï^r--,-'^-
Le huanacus ou lama , dans l'état de nature , est plus fort , plus vif et plus léger que le lama domestique ^ il court comme un cerf , et grimpe comme le chamois sur les rochers les plus es- carpés : sa laine est moins longue et toute de couleur fauve. Quoiqu'eiv pleine liberté > ces animaux se raëscm-
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3a6 HISTOTRB NATURELLE
blent en troupes , et sont quelquefois deux ou trois cents ensemble : lors- qu'ils apperçoivent quelqu'un , ils re- gardent avec ëtonnement sans mar- quer d*abord ni crainte ni plaisir ; ensuite ils soufflent des narines et hen- nissent à-peu-'près comme les cheyaux , et enfin ils prennent la fuite tous en- semble vers le sommet des montagnes* ils cherchent I de préférence, le côté du nord et la région froide ^ ils grim- pent et séjournent souvent au-dessus de la ligne de neige : voyageant' dans les glaces , et couverts de frimats , ils se portent mieux que dans la région tempérée ; autant ils sont nombreux et vigoureux dans les Sierras, qui sont les parties élevées des Gordillières, au- tant ils sont rares et chétifs dans les Lanos qui sont au-dessous. On chasse ces lamas sauvages pour en avoir la toison ', les chiens ont beaucoup de peine à les suivre , et si on leur donne le temps de gagner leurs rochers, le
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cliasscur et les chiens sont Icontraints de les abandonner. Ils paroissent crain- dre la pesanteur de Tair autant que la chaleur : on ne les trouve jamais dans les terres basses ; et comme la chaîne des Cordillières I qui est élevée de plus de trois mille toises an-dessus du ni- veau de la mer du Pérou y se soutient à-peu-près à cette même élévation au Ghily et jusqu'aux terres Magellani- quos, on y trouve des huanaeus ou lamas sauvages en grand nombre ; au lieu que du côté de la Nouvelle-Espagiio où cette chaîne de montagnes se ra- baisse considérablement , on n'en trou- ve plus, et l'on n'y voit que les laipa^ domestiques que l'on prend la peine d'y conduire. ^,^^,,^,^^, ,,.,, ,,,.-- m. n
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^ L A vigogne a beaucoup de rapport et même de ressemblance avec le lama y mais elle est d'une forme plus légère j se jambes sont plus longues à propor-*
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tion Ju corps, plus menues et mieux faites que celles du lama ; sa tête, qu^elle porte droite et haute sur un cou long et dëlië, lui donne un air de lëgëretë , même dans Tëtat de ropos ; •elle est aussi plus courte à proportion que la tête du lama ^ elle est large au iront et étroite à l'ouverture de la bouche , ce qui rend la physionomie ûe cet animal fine et vive , et cette vi- vacité de physionomie est encore fort augmentée par ses beaux yeux noirs , dont l'orbite est fort grande ayant seize lignes de longueur; l'os supérieur de l'orbite est fort relevé, et la pau- pière inférieure est blanche ; le nez est Bpplati; et les naseaux qui sont écartés l'un de l'autre sont , comme les lèvres , d'une couleur brune , mêlée de gris ; la lèvre supérieure est fendue comme celle du lama , et cette séparation est assez grande pour laisser voir daus la mâchoire inférieure, deux dents iiici- «ives longues et plates, y , ,.
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î . La vigogne porte aussi les oreillos droites , longues et se terminant en pointe ; elles sont nues eu dedans et couvertes en dehors d'un poil court ; la plus grande partie du corps de l'animal est d'un brun rougeâtre tirant sur le vineux , et le reste est de couleur isa- belle ; le dessous de la mâchoire est d'un blanc -jaune ; la poitrine , le des- sous du ventre , le dedans des cuisses et le. dessous de la queue sont blancs; la laine , qui pend sous la poitrine , a trois pouces de longueur , et celle qui couvre le corps n'a guère qu'un poqce ; l'extrémité de la queue est garnie de longue laine. Cet animal a le pied four- chu , séparé en deux doigts qui s'écar- tent lorsqu'il marche ; les sabots sont noirs , minces , plats^ par- dessous et convexes par-dessus ; ils ont un pouce de longueur sur neuf lignes de hauteur et cinq lignes de largeur ou d'cmpattc- ment. . v^; ï r"'
Celte vigogne a vécu quatorze moi^ Quadrup. V. * aS
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à l'Ecole vëtërinaire , et avoit passd peut-être autant àe temps en Angle- terre , cependant elle n'ëtoit pas à beaucoup près aussi privée que le lama ; elle nous a aussi paru d'un naturel moins sansible , car elle no donnoit nulle marque d'attachement à la per- sonne qui la soignoit , elle cherchoit mémo à mordre lorsqu'on vouloit la contraindre , et elle souffloit ou cra- oboit continuellement au visage de ceux qui l'approchoient : on lui donnoit du son sec et quelquefois détrempé dans l'eau ; elle n'a jamais bu d'eau Jturc ni d'aucune autre liqueur , et il paroit que la vigogne a , comme le lama , une si grande abondance de sa- live , qu'ils n'ont nul besoin de boire ; enfin elle jette , comme le lama , son Urine en arrière : et par toutes ces res- semblances dénature, on peut regarder ces deux animaux comme des espèces du même genre , mais non pas assez voisines pour se mêler ensemble.
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M. le marquis de Nesle , seigneur aussi zdlë pour l'avancement des scien- ces que pour le bien publie , a forme le projet de faire venir des Indes espa- gnoles un certain nombre de œs ani- maux y lamas , alpacas et vigognes , pour tâcher de les naturaliser et mul" tipUer en France , et il seroit tr j>s à dé- sirer que le gouvernement voulût se- conder ses vues , la laine de ces animaux dtant , comme l'on sait , d*un prix inestimable. Les avantages et les dif- ficultés de ce projet , sont présentés dans le mémoire suivant , qui a étë donné à M le marquis de Nesle par M. l'abbé Béliardy , dont le mérite est bien connu , et qui s'est trouvé à por- tée y par son séjour en Espagne , d'être bien informé. ' • - . . "^^
« Le nom de lama , dit-il , est un mot générique que les Indiens du Pé- ron donnent indifféremment à toutes sortes de bêtes à laine. Avant la con- quête des Espagnols ; il n'y avoit point
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^3:à HISTOIRE NATURELLE de brebis en Amérique , ces conqu^rans les y ont introduites , et les Indiens du Fërou les ont appelées lamas, parce qu'apparemment , dans leur langue , c^est le mot pour designer tout animal laineux ; cependant dans les provinces de Cusco , Potosi et Tucnman , on dis- tingue trois espèces de lamas , dont les Tariëtës leur ont fait assigner des noms diflfôrens. '■• '•'^-*^* •^'•» «^^*^ ' '^ ' '■"•'" '
» Le lama , dans son état de nature et de liberté , est un animal qui a la forme d'un petit chameau ; il est de la hauteur d*un gros âne , mais beaucoup plus long ; il a le pied fourchu comme les bœufs , son cou a trente à quarante pouces de long , sa tête , qu'il porte tou- jours haute , ressemble assez à celle d'un poulain ; une longue laine lui c uvre tout le corps , celle du cou et du ventre est beaucoup plus courte.
» Cet animal est originairement sau- vage , on en trouve encore en petites troupes sur des montagnes élevées et
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DU CHAMEAU. 333 froides j les naturels du pays l'ont ré- duit à l'état de domcsticitë, et on a re- marque qu'il vit également dans les climats chauds comme dans les froids : il produit aussi dans cet état ; la fe- melle ne fait qu'un petit à chaque por- tée , et on n'a pu me dire de combien de temps est la gestation.
» Depuis que les Espagnols ont in-« troduit dans le royaume du Pérou les chevaux et les mulets , l'usage des là- mas e»t fort diminué , cependant on no laisse pas do s'en servir encore , sur- tout pour les ouvrages de la campagne ; on le charge comme nous chargeons nos ânes; il porte de soixante-quinze à cent livres sur son dos ; il ne trotte ni ne ga- loppe, mais son pas ordinaire est si doux que les femmes s'en servent de préfé- rence à tante autre monture ; oa les envoie paître dans les campagnes en toute liberté , sans qu'ils cherchent k s'enfuir. Outre le service domestique qu'on en tire , on a l'avantage de pro-
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fitcr do leur laine \ on les tond une fois l'an , ordinairement à la fin de juin 'y on emploie dans ces contr<^e8 leur laine aux mêmes usages que nous employons le crin , quoique cette laine soit aussi douce que notre soie , et plus belle que celle de nos brebis. ^ , ^^,, ^ .,, ,,^ |.
M Le lama de la seconde espèce est Va/paca, Cet animal ressemble en gé- néral au lapaa , mais il en diffère en ce qu'il est plus bas de jambes et beaucoup pins large de corps; l'alpaca est absolu- ment sauvage , et se trouve en com- pagnie des vigognes ; sa laine est plus fournie et beaucoup plus fine que celle du lama , auvssi est-elle plus estimée.
)) La troisième espèce est la vigogne^ qui est encore semblable au lama , à la réserve qu'elle est bien plus petite *, elle est , comme l'alpaca , tout-à-fait sau- vage. Quelques personnes de ^Lima en nourrissent par rareté et par pure cu- riosité ( mais on ignore si , dons cet état ; ces animaux se multiplient et
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même s'ils s'accouplent ). Les vigo* gnes y clans cet état de captivité , man- gent à peu-près de tout ce qu'on leur présente , du maïs ou blë de Turquie , du pain et toutes sortes d'herbes. . » La laine de la vigogne est encore plus fine que celle de l'alpaca , et ce n'est que pour avoir sa dépouille qu'on lui fait la guerre ; il y a dans sa toison trois sortes de laine ^ celle du dos plus foncée et plus fine est la plus estimée , ensuite celle des flancs qui est d'une couleur plus claire et la moins appré- ciée , et celle du ventre qui est argen- tée. On distingue dans le commerce ces trois sortes de laine par la différence de leur prix.
» Les vigognes vont toujours par troupes assez nombreuses ; elles se tiennent sur la croupe des montagnes de Cusco y de Potosi et du Tucuman, dans des rochers âpres et des lieux sauvages : elles descendent dans les val- lons pour paître. Lorsqu'on veut les
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336 HISTOIRE NATURELLE
chasser , on reclicrclie leurs pas ou leurs Crottes qui indiquent les endroits où on peut les trouver , car ces animaux ont la propreté et l'instinct d'aller déposer leur crotin dans le même tas. . . On commence par tendre des cordes dans les endroits par où elles pour roi ent s'é- chapper; on attache de distance^ en distance à ces cordes des cliiifons d'ë- loffesde différentes grandeurs; cet ani- mal est si timide , qu'il n'ose franchir cetf e foible barrière : les chasseurs font grand bruit et tâchent de pousser les vigognes contre quelque rocher qu'el- , les ne puissent surmonter ; l'extrême timidité de cet animal l'empêche de tourner la tête vers ceux qui le pour^ suivent; dans cet état, il se laisse prendre par les jambes de derrière, et l'on est sûr de n'en pas manquer un ; on a la cruauté de massacrer la troupe entière sur le lieu. Il y a des ordonnan- ces qui défendent ces tueries, mais elles ne sont pas observées. Il aeroit cepen-
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ou leurs its où on laux ont déposer s. . . On àea dans •ient s*é- ance^ en Tons d'é- cet ani- francliir îurs font isser les ■r qu'el- Bxtrême ^che de 'e pour^ e laisse ière, et er un ; Iroupo lonnan- ùa elles cepeiï-
DU CHAMEAU. ^^7 danfc aise de les tondre lorsqu'ils sont pris, et de se ménager une nouvelle laine pour Tannée suivante ; ces chas- ses produisent ordinairement de cinq cents à milte peaux de vigognes j quand les chasseurs ont le malheur de trouver quelque alpaca dans leur battue , leur chasse est perdue , cet animal plus har-^ di sauve immanquablement les vigo- gnes; il franchit la corde sans s'e£Prayer ni s'embarrasser des chiffons qui flot- tent, rompt l'enceinte, et les vigo-^ goes le suivent.
» Dans toutes les Cordillières du nord de Lima, en se rapprochant de Quito , on ne trouve plus ni lamas , ni alpacas , ni vigognes dans l'otnt sauva^ ge ', cependant le lama domestique est fort commun à Quito^ oi!i on le charge et on l'emploie pour tous les ouvrages de la campagne.
» Si l'on vouloit se procurer des vi- gognes en vie de la côte du sud du Pé- rou , il iaudroit les faire descendre des
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93& HISTOIRE NATURELLE provinces de Cusco ou Fotoai au port cL'Arica , là ou les embarqueroit pour r£urope : mais la navigation depuis la nier du Sud, par le cap de Horn, est si longue et sujette à tant d'ëvënemens ^ qu'il seroit peut-être très-diffiicile do les conserver pendant la traversée : le meilleur expédient et le plus sûr , se- roit d'envoyer un bâtiment exprès dang la rivière de la Flata j les vigognes f|[u'on auroit fait prendre , sans les mal- traiter, dans la province de Tucuman, se trouveroient très à portée de des- <^cndre à Buenos- Ayres^ etd'y être em- barquées , mais il seroit difficile de trouver à Buénos-Ayres un bâtiment de, retour préparé et arrangé pour le trans- port de trois ou quatre douzaines de vi- gognes \ il n'en coûteroit pas davantage pour l'armement en Europe , d'un bâ- timent destiné tout exprès pour cette comoiission , qne pour le fret d'un na- vire trouvé par hasard à Buenos- • Ayres. . ,;::'■/..- ^''•;^;3'\'':' ■:. '" • .>^ ■;
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)) Il faùdroii en conséquence cliar- ger une maison de commerce à Cadix , de fiiiro anner un bâtiment es^^agnol pour la rivière de la ^ata : ce bâti- ment , qui seroit charge en marchan- dises permises pour le compte du com** merce , ne feroit aucun tort aux finan- ces d'Espagne ; on demanderoit seule- ment la permission d'y mettte à borA un ou deux hommes charges dé la com- mission des vigognes pour le retour : ces hommes seront munis de passe- ports et de recommandations efficaces du ministère d'Espagne , pour les gou- verneurs du pays , afin qu'ils soient aidés dans l'objet et pour le succès de leur commission. Il faut nécessaire- ment que de Buenos- Ayres on donné ordre à Santa-Crux de la Sierra , pour que des montagnes de Tucuman on y amène en vie trois ou quatre douzai- nes de vigognes femelles , avec uile de- ihi-dôùzaine de mâles , quelques atpa- cas et quelques lamas , moitié mâles et
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34o HISTOIRE NATURELLE
moitié femelles. Le bâtiment sera ar- range de manière à les y recevoir et à les y placer commodément ; c'est pomr cela qu'il fiiudroit lui défendre de prendre aucune autre marchandise en retour , et lui ordonner de se rendre d'abord à Cadix y où les vigognes se re- poseroient , et où l'on pourroit ensuite lés transporter en France . . . Une pa- reille expédition dans les termes qu'on vient de la projeter , ne sauroit être fort coûteuse. . . On pourroit m^me donner ordre aux officiers de la marine du roi , ainsi qu'à tous les bâtimens qui reviennent de l'Ile de France et de l'Inde , que si , par hasard , ils sont je- tés ^r les côtes de l'Amérique et obli- gés d'y chercher un abri , de préférer la relâche dans la rivière de la PJata. Fendant qu'on seroit occupé aux répa^ rations du vaisseau , il faudroit ne rien épargner , avec les gens du pays , pour obtenir quelques vigognes en >ie^ mâles et femelles , ainsi que quelques
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DU CHAMEAU. 34l ]amas et quelques alpacas -, on trouvera à Montevideo des Indiens qui font trente à quarante lieues par jour, qui iront à Santa-Grux de la Sierra , et qui s'acquitteront fort bien de la com- iiission .... Cela seroit d'autant plu»
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facile , que les vaisseaux français qui reviennent de Pile de France ou de rinde , peuvent relâcher à Monte vi" deo , au lieu d'aller à Sainte-Cathe- rine , sur la côte du Brésil , comme il leur arrive très-souvent. Le ministre qui auroit contribue à enrichir le royaume d'un animal aussi utile, pour- roi t s'en applaudir comme de la con- quête la plus importante. Il est surpre- nant que les jésuites n'aient jamais son- gé à essayer de naturaliser les vigo- gnes en Europe, eux qui, maîtres du Tucuman et du Faraguai, possédoient ce trésor au milieu de leurs missions et de leurs plus beaux établissemens m . ,
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542 HISTOIRE NATURELLE j elC.
Espèces connues dans ce genre«
Le Dromadaire , camelus Dromedarius,
Le Chameau, camelus Bactrianus.
Le Lama , ou Gaunaque , camelus Lama
vel Huanacus, Le Faco , ou Alpaca, camelus Paco* XiA Vigogne , camelus Vicugna,
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