IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) 1.0 1.1 Ââ|2g |25 uT y£ 12.2 i EB4 ■ lU ut u làO 2.0 I nii! m ILSI Il u. ||.6 llll— lllll=Si^ A" ■-*' Hiotographic Sdenœs Corporation 23 WEST MAIN STREET WEBSTER, N.Y. 14580 (716) 872-4503 *■ %' CIHM/ICMH Microfiche Séries. CIHM/ICMH Collection de microfiches. Canadian Instituts for Historical Microreproductions / institut canadien de microreproductions historiques O^ Tschnieal aid Bibliographie Notas/Notas t«stiniquas at bibliographiquat Tha Inatituta haa attamptad to obtain tha baat original copy availabla for filming. Faaturaa of thia copv which may ba bibliographically uniqua. which may altar any off tha imaqaa in tha raproduction, or which may significantly changa tha uauai mathod of filming. ara chaekad balow. □ Colourad covara/ Couvartura da coulaur r~n Covara damagad/ D D □ D 13 Couvartura andommagéa Covara raatorad and/or laminatad/ Couvartura raatauréa at/ou palliculéa rn Covar titia miaaing/ La titra da couvartura manqua I I Colourad mapa/ Cartaa géographiquaa 9n coulaur Colourad inic (i.a. othar than blua or black)/ Encra da coulaur (i.a. autra qua blaua ou noira) y] Colourad plataa and/or illuatrationa/ ^,J Planchaa at/ou illuatrationa vi coulaur Bound with othar matarial/ R«!ié avac d'autraa documanta r~7 Tight binding may cauaa ahadowa or diatortion along intarior margin/ La ro liura aarréa paut cauaar da l'ombra ou da la diatoralon la long da la marga intériaura Blank laavaa addad during raatoration may appaar within tha taxt. Whanavar poaaibla. thaaa hava baan omittad from filming/ Il aa paut qua cartainaa pagaa blanchaa ajoutéaa lora d'una raatauration apparaiaaant dana la taxta. maia. loraqua cala Atait poaaibla, caa pagaa n'ont paa At4 filméaa. Additional commanta:/ Commantairaa supplémantairaa; L'Inatitut a microfilmé la maillaur axamplaira qu'il lui a été poaaibla da aa procurar. Las détails da cat axamplaira qui sont paut-étra uniquas du point da vua bibliographiqua. qui pauvant modifier una imaga raproduita, ou qui pauvant axigar una modification dana la méthoda normala da filmaga sont indiqués ci-daaaoua. □ Colourad pagaa/ Pagaa Q Pagaa da coukiur Pagaa damagad/ Pagaa andommagéaa Pagaa raatorod and/oi Pagaa «aatauréaa at/ou pallicuiéaa Pagaa diacolourad. stainad or foxa< Pagaa décoloréaa, tachetéas ou piquéas Pagaa datachad/ Pagaa détachéas Showthrough/ Tranaparanca Quality of prin Qualité inégala da l'inrt^raaaion Includaa supplamantary matarii Comprand du matérial suppiémantaira Only adition availabla/ Saula édition diaponibla r~] Pagaa damagad/ I — I Pagaa raatorod and/or laminatad/ r-pi Pagaa diacolourad. stainad or foxad/ I I Pagaa datachad/ r~yj Showthrough/ I I Quality of print variaa/ I I Includaa supplamantary matarial/ I — I Only adition availabla/ Pagaa wholly or partiaily obscurad by errata slips, tissuas. atc hava baan rafiimed to ansura tha bast poaaibla imaga/ Las pagaa totalamant ou partiallamant obscurciaa par un fauiilat d'errata, une pelure, etc., ont été filméaa é nouveau de façon é obtenir la moilleura imaga poaaibla. Las pages froissées peuvent causer de la distorsion. Thia item ia filmad at tha réduction ratio chacked balow/ Ce document aat filmé au taux da réduction indiqué ci-daaaoua. 10X 14X 18X 22X 26X 30X I I I I I I I I I I I 1 I 1 1 r- y\ I I I I 12X 1«X 20X 24X 28X 32X Th« copy fllmod h«r« ha» b««n raproducad thanks to tha ganarosity of : Stmintry of Qutbec Library L'axamplaira filmé fut raproduit grflca i la généroaité da: Séminairt dt Québec Bibliothèqua Tha imagaa appaaring hara ara tha baat quaiity poaaibla conaidaring tha condition and lagibility of tha original copy and in Icaaping with tha filming contract apacificationa. Original coplaa in printad papar covara ara filmad baginning with tha front covar and anding on tha laat paga with a printad or illuatratad impraa- sion. or tha bacit covar whan approprlata. AH othar original copiaa ara filmad baginning on tha first paga with a printad or illuatratad impraa- sion, and anding on tha laat paga with a printad or illuatratad impraaaion. Laa imagaa auivantaa ont 4t4 raproduitaa avac la plua grand aoin. compta tanu da la condition at da la nattaté da l'axamplaira filmé, at an conformité avac laa conditiona du contrat da filmaga. Laa axamplairaa originaux dont la couvartura an papiar aat impriméa sont filmés an commançant par la pramiar plat at an tarminant soit par la darniéra paga qui comporta una amprainta d'impraasion ou d'illustration, soit par la sacond plat, aalon la caa. Tous las autras axamplairas originaux sont filmés an commançant par la pramièra paga qui comporta una amprainta d'impraaaion ou d'illustration at an tarminant par la darniéra paga qui comporta una talla amprainta. Tha laat racordad frama on aach microficha shall contain tha symbol — »> (maaning "CON- TINUED"). or tha symbol y (maaning "END"), whichavar applias. Un daa aymbolaa auivanta apparaîtra sur la darniéra imaga da chaqua microficha, salon la caa: la aymbola — »> signifia "A SUIVRE", la aymbola V signifia "FIN". Mapa. ptataa, charte, atc, may ba filmad at diffarant raduction ratios. Thosa too iarga to ba antiraly includad in ona axpoaura ara filmad baginning in tha uppar laft hand cornar, laft to right and top to bottom, as many f ramas aa raquirad. Tha following diagrama iliuatrata tha mathod: Laa cartaa, planchaa, tablaaux, atc, pauvant étra filméa é daa taux da réduction différants. Lorsqua la document aat trop grand pour étra raproduit an un aaul cliché, il ast filmé é partir da l'angla aupériaur gaucha, da gaucha é droita, at da haut an baa, an pranant la nombra d'imagaa nécaaaaira. Laa diagrammas suivants illustrant la méthoda. 1 2 3 / 1 2 3 t: 4 , 5 6 ' - " '■-.■■ # '\ % 5ïHioTe:iii ::-;jK ,11111» ■^^''-.v*' 'OSu.Viwyr'^ #^:y^'^Jii.UA.U9, •i -f ■f^.^^^'av: o T -■«: Jv- •>_ .V. t' .J>,':> , • •*^^ -(i-. ■j; ^- ^fcMfctéa*—. .1É* Élfc*^ 'HISTOIRE NATURELLE DE BUFFON classée par ordres , ge d'après le système d< MA ,^^-^ AVEC LES CARACTÈRES G et la nomenclature Linné Far BENi-RiCHARD CASTEL, auteur des Plantes, i KOUVELIiE ÉDITION. TOME X. l: SE L-IMFRIHEKIE O 0^ -m APELST, :ff * A PARISV^i %. Chez DsTXRviLLB^ rue du Battoir; n* i6« AN X — 180 3. • * , '-H -y - ■f --•' #1 I. a J J 3 H U T A A a .q- K ) l' è i ï i -r / . ^ tvO .: I .^^oïiua a a '■*j'/|'J ^•aitîJ émHhiiOttioii ùi n'a .''•» I T î <î u :l ^ J II /,. M O Vî ^•^r: ,;^^^,.t«^-«... — - ""W4l!|5M^|ll!.*f.i« ■■«^ i-!? i ,#■ ''Slf*-- * t. ■*.! ''*0\ ''"»"' ^ T tiu a a i-KifaJï o >f ■: rrsj- là iu xsiiij 4 •• » ^^M^^.^j^.^; -— ^ / f ."^ 1 N' '4" Ton» DArette ■ i.LE TAURRAU. a • I^ Z15iyU. '•*;■ , *cr.irr:L2ST;r:,'.'aîrr.i.'. «rc«s;s.-«.t«rsrrrsK:'.-f;ttî:« ï l'A M i.>i J2 ilA D R ÙPlIîlî^feé » i -if'' ■*■■■ ■ ■■: ,v':. ■ '■'y.' i- ■.-■■. . , .i j». S/ 1t it. Éljf*;" *f:/r^. ; i \ \ \ . 5TJ, ^%, i,/t^if f.v. K, «k>ttiwftr» fîng«*â:;.f î,i*^?«»*i' ii ■ i*»-. ^?5^«i'^ . \,^ml-a|p' Vil. \. ' ' %' ; • \ y-»~ ,«r».. I I iTiifii * ni ,«t- Tî*!^**»^ '; ^# ■ .* 't**!*-; •. ^«•f» I "*<*■, j,. 4i^. .#• à '**.*4m ' ■7 #■ HISTOIRE NATURELLE DES QUADRUPÈDES. XXXI X» GENRE. LE B(BUF, 00 5. r * Caractère générique : cornes creuses , - ,. dirigeas eu ayant ; point de dent» ;.,^ ..^». ;h.vJ L E B nées et c^ubaltenies ; la mort ii'attaqufr M -m k I /- :ï>1';. -,imÊ»»-^ HISTOIRE NATURELLE que les individus, ne frappe que la sur* face , ne détruit que la forme , ne peut rien sur la matière , et ne fait aucun tort à la nature qtii n'en brille que da« vantage , qui ne lui permet pas d'anë^an' tir les espèces , mais la laisse moisson- ner les individus et les détruire avec le temps , pour se montrer elle-mêmo indépendante de la mort et du temps > pour exercer à chaque instant sa puis- sance toujours active 7 manifester sa plé- nitude par sa fécondité , et faire de l'u- nivers , en reproduis(|nt , en renouve- lant les êtres , un théâtre toujours rempli , un spectacle toujours nou- veau. "■ •■' ' '"■' ■ ' ' ■- ' *"î' i-^-' '-' ' Pour que les êtres se succèdent^ il est donc nécessaire qu'ils se détruisent entr'eux; pour que les animaux se nourrissent et subsistent , il faut qu'il» détruisent des végétaux ou d'autres animaux ; et comme avant et après la destruction la quantité de vie resto toujours la même ^ il semble qu'il de- ■f: M aclasnr» , ne peut it aucun que da« d*anë^an' noisson- lire avec le-mêmo i temps > sa puis- er sa plé- :e de l'u- •enouve- Itoujours 'S nou- dent^ il Tuisent aux se t qu'il» 'autres rès là resto il de- i) U B 01 V F ^ ▼roît être indifférent à la nature que telle ou telle espèce détruisît plus ou moins ; cependant , comme une mère économe , au sein même de l'abondan- ce y elle a fixé des bornes à la dépense et prévenu le dégât apparent , en ne donnant qu'à peu d'espèces d'animauiC l'instinct de se nourrir de chair ^ elle a même réduit à un assez petit nombre d'individus ces espèces voraces et car- nassières f tandis qu'elle a multiplié bien plus abondamment et les espèces et les individus de ceux qui se nojirris- èent de plantes ; et que dans les végé- taux elle semble avoir prodigué les es- pèces , et répandu dans chacune avec profusion le nombre et la fécondité, ii'homme a peut-être beaucoup con- tribué à seconder ses vues, à maintenir et même à établir cet ordre sur la terre ; car dans la mer on retrouve cette in- différence que nous supposions , toiitci les espèces sont presqu'également vo- races ^ elles vivent sur elles-mêmes ou, 1 II 4 ««Bl***^" B HISTOIRE NATURELLE f ur les autres , et s'entredëvorent pef- pëtuellement sans jamais se détruire , parce que la fécondité y est aussi grande que la déprédation, et que- presque toute la nourriture , toute la consom- mation tourne au profit de la produc- tion* ■ ■• : , r. ■' ■'■: '••■!.' . L'homme sait user en maître de sa puissance sur les animaux , il a choisi ceux dont la chair flatte son goût , il en a fait des esclaves domestiques , il les a multipliés plus que la nature ne Tau- roit fait , il en a formé des troupeaux nombreux , et par les soins qu'il prend de les faire naître , il semble avoir ac- quis le droit de se les immoler ; mais il étend ce droit bien au-delà de ses be- soins, car indépendamment de ces es- pèces qu'il s'est assujetties , et dont il dispose à son gré , il fait aussi la guerre aux animaux sauvages , aux oiseaux , aux poissons, il ne se borne pas même à ceux du climat qu'il habite , il va chercher au loin, et jusqu'au milieu 7 \ .'."W-i:» il LE 3rent pep- dëtruire , ssi grande ' presque t consom- i produc- lire de sa l a choisi >ût , il en es , il les D ne Tau- oupeaux ['il prend voir ac- ', mais il ses be- ces cs- dont il guerre seaux , même il va ImiUei» D U B (B U F* f Ses mers , des nouveaux mets , et la na- ture entière semble suffire à peine à son intempérance, et à l'inconstante variété de ses appétits. L'homme con- somme , engloutit lui seul plus de chair que tous les animaux ensemble n'en dévorent ; il est donc le plus grand destructeur , et c'est plus par abus que par nécessité ; au lieu de jouir modéré- ment des biens qui lui sont offerts , au lieu de les dispenser avec équité , au Heu de réparer à mesure qu'il détruit , de renouveler lorsqu'il anéantit, l'hom- me riche met toute sa gloire à consom- mer , toute sa grandeur à perdre en un jour à sa table plus de biens qu'il n'en faudroit pour faire subsister plusieurs familles ; il abuse également et des ani- maux et des hommes , dont le reste demeure affamé , languit dans la mi- sère ^ et ne travaille que pour satisfaire à l'appétit immodéré et à la vanité encore plus insatiable de cet homme , qui f détruisant les autres par 1« di- /; 4>. r.r- ' ) il ,„^- jmmi"^" \ \ \ s HISTOIRE NATURELLE scttc, se détruit lui-même par les excès. iir 'f- T ■-; "ii-k .«y., 1 I : 5 Cependant l'homme pourroit, com- me l'animal , ^vivre de régétaux ; la chair qui paroi t être si analogue à la chair , n'est pas une nourriture meil- leure que les graines ou le pain ; ce qui fait la vraie nourriture, celle qui con- tribue à la nutrition , au développe- ment , à l'accroissement et à Tentre- tîen du corps , n'est pas cette matière brute qui compose à nos yeux la tex- ture de la chair ou de l'herbe ; mais ce sont les molécules organiques que l'un et l'autre contiennent , puisque le bœuf^ en paissant l'herbe , acquiert autant de ehair que l'homme ou que les animaux qui ne vivent que de chair et de sang ; la seule différence réelle qu'il y ait en- tre ces alimens^ c'est qu'à volume égal, la chair, le blé , les graines con- tiennent beaucoup plus de molécules organiques que l'herbe, les feuilles, les racines et les autres parties des plantes ^ > \ \ •' LE e par les nt, corn- taux; la »gue à la ire meii- n j ce qui qui con- veloppe- rentre- matière fc la tex- mais ce lue l'un le bœuf, iitant de nimaux le sang ; ait en- volume es con- lecules tes; les ajQtes^ [J^WDTX- B (B ir Fi .rn c. cbnlme nous nous en sommes assurés en observant les infusions de ces dif- férentes matières ; en sorte ^ue l'iiom- ineet» les animaux dont Pestomac et les intestins n'ont pas assez de capacité pouv admettre un 'très-grand volume a'dimens, ne pourroient pas prendre «ssez d'herbe pour en tirer la quantité ^e molécules organiques nécessaire à levir nutrition ; et c'est par eette rai- son que l'homme et les autres animaux ^tti n'ont qu'un estomac ne peuvent ^ivre que de xhair ou de graines, qui dfans un petit volume contiennent une très^rande quantité de ces molécules organiques nutritives , tandis' que le l)oeuf et les autres animaux ruminans qui ont plusieurs estomacs , dont l'un •est d'elle grande capacité , et qui par <}ôn'séquent peuvent se remplir d'un ^raiid volume d'herbe , en tirent assez de molécules organiques pour se nouriir , croître et multiplier : la quantité compense ici la qualité d» la Quadrup. VII. . 4 )i Vi-' «ï*-/:^ ft .*^ïfi:v ]f is •» •i*! et Fberbe seule leur suffît : Icn chevaux, les ânes, les lièvres, les lapins, les cochons-d'Inde , &c. n'ont qu'un es- tomac , mais ils ont un cœcum qui équivaut à tin second estomac , et ils -vivent d'herbe et de graines ; les san- gliers , les hérissons . les écureuils, &c. dont l'estomac et les boyaux sont d'une moindre capacité , ne mangent que peu d'herbe , et vivent de graines , et de racines ; et ceux qui , co loups , les renai'ds , les tigres, l'estomac et les intestins d'u petite capacité que tous ^ê» il 1 a HI STOTRB NATURELLE reUtivement au volnme de leur corps , sont obliges , pour vivre , de choisir les nourritures les plus succulentes» les plus abondantes en molécules or- ganiques ; et de manger de la chair et du sang , des graines et des fruits. "( ' C'est donc sur ce rapport physiquo et nécessaire , beaucoup plus que sur la convenance du goût , qu'est fondée la diversité que nous voyons dans le$ appétits dos animaux; car si la néces- sité ne les déterminoit pas plus souvent que le goût , comment pourroient-ils dévorer la chair infecte et corrompue avec autant d'avidité que la chair suc- culente et fraîche ? pourquoi mange- roient-ils également de toutes sortes de chair ? Nous voyons que les chiens domestiques qui ont de quoi refusent ., . assez constamment certaines viande», ^ '"' '"oomrae la bécasse ^ la grive, le co- &c. tandis que les chiens sauva- m~"?^* loups , les renai'ds , &c. man- M V An^^al^ent , et la chair de cochon^ ->^ \ \ \ 'y^"' •v..»^ %,*<»«»-■" ni labt DU B fVIII»< tnde snc- it la base nous ire- îonl IW )aS f**!! . ; lien' '^-■-* /"» oit pas li il ent pourroit et d'au- bncon- I ordres dëfend e ; mais Tauto- léa par la diè- 8 pour gagner >ur la à ne d'au- igné, n u B « u F. 15 que le I ixe des v illes et la somptuo- sité de nos tables réduisent à cette façon de vivre , languissent et dépciissent plutôt que les hommes de Tétat mi- toyen , auxquels Tinanition et les ex- cès sont également inconnus. Après l'homme, les animaux qui ne vivent que de chair sont les plus grands destructeurs , ils sont en mê- me temps et les ennemis de la na- ture et les rivaux de l'homme ; ce n'est que par une attention toujours nou- ,velleet par des soins prémédités et sui- vis qu'il peut conserver ses troupeaux, ses volailles , &c. en les mettant à l'a- bri de la serre de l'oiseau de proie et de la dent carnassière du loup , du re- nard , de la fouine, de la belette ^ &c. ce n'est que par une guerre continuelle qu'il peut défendre son grain, ses fruits toute sa subsistance , et même ses vé- temens, contre la voracité des rats , des chenilles , des scarabées , des mi- tes, &c. j car les insectes sont aussi de '//' ■t= mm rnt •^i^mm^ ïê HISTOIRE NATURELLE ces bêtes qui dans le monde font plus de mal que de bien *, an lieu que le bœuf ^ le mouton et les autres animaux qui paissent l'herbe , non-seulement sont les meilleurs , les plus utiles , les plus précieux pour Fhomme^ puisqu'ils le nourrissent , mais sont encore ceux qui consomment et dëpensent le moins ; le bœuf sur-tout , est à cet égard, l'ani- mal par excellence, car il rend à laterre tout autant qu41 en tire ; et même il améliore le fonds sur lequel il vit , il engraisse son pâturage , au lieu que le cbeval et la plupart des autres ani- maux amaigrissent en peu d'années le» meilleures prairies. Mais ce ne sont pas-là les seuls avan- tages que le bétail procure à l'homme ^ sans le bœuf ^ les pauvres et les riches auroient beaucoup de peine à vivre , la terre demeureroit inculte, les champs ^ et même les jardins seroient secs et sté- riles-, c'est sur lui que roulent toua les travaux de la campagne , il est le do- i 1-...^ ■.Pff^;^'''^^ japf;*».- ,v.»"-— ïJ»-*^4^. ■'ffï'^î?f«" n- ELLE le fontphw ieu que le 'es animaux -seulement utiles , les '} puisqu'ils icore ceux ' le moins ; jard^Pani- i à laTerre et même el il vit , lieu que très ani- ^uiées les ils avan- îiomme; » riches ivre, la hamps, i et stë- tou&les le 4o- D ^ B * «n'on ait p„ «,."*' '" »«»'e raiaon •'-«dilenattelTpÎrir''''"'^"'' forte et il ne /„• " ' '» tête très- '^'-<'ecett:Lt";P''^''«-r.«e. »oi„. d'avantâZ'n ''*"= '*'"»«<>"? P'i'pourlaeSe ;:'-''' '^'' '- ""l", I. lenteur del„ ''""'* ^» P*» de hauteur de 1 °"?""""' '» dans le travail LmM "* !*''«'"«' 7fe propre ;r„t«r 7*''' «"plus capablequ'a """''/'' «^''amps, "on^elle que l. r°"'*''«'« «t toujours «^"-leTe'", "r'^P^^^^'^ef- '-j^'^queleïeerr^r-''". r.^- ^5^'R«r-^*;^SU^., ^ i D U B an lieu que deux vaches suf- fisent pour labourer les terreins meu- bles et sablonneux ; on peut aussi dans ces terreins légers pousser à chaque fois le sillon beaucoup plus loin que dans les terreins forts. Les anciens avoient borné à une longueur de cent vingt pas la plus grande étendue du sillon que le bœuf devoit tracer par une conti- nuité non interrompue d'efiPorts et de mouvemens , après quoi , disoientils , il faut cesser de l'exciter et le laisser Quàdrup. VU. 5 • i \ yssW^WiPfc,- . ~*î:^;?v ,.^vifÊimm.mS>'--'^ -■■t» 'W'.fc'iliiJUÉ.ii^;^ MA » 22 HISTOIRE NATURELLE reprendre haleine pendant quelques moment avant de poursuivre le mêuijp siUon ou d'en commencer un antre ; mais les anciens fai^oient leurs délices ^e l'étude dç l'agriculture , et met- toient leur gloire à labourer eux-mê- mes , ou du moins à favoriser le la« boureur , à épargner la peine du cul- tivateur et du bœuf ; et parmi nous ceux qui jouissent le plus des biens de cotte terre , ^sQnt cçux qui savent le moins estimer y encourager , soutenir Fart dç la cultiver. Le taureau sert principalement à la propagation de l'espèce ; et quoiqu'on puisse aussi le soumettre au travail , on est moins sûr de son obéissance, et il faut être en garde contre l'usage q^'il peut fêir« de sa force : la nature a fait cet animal indocile et fier; dan^ le temps du rut il devient indompta- ble , et souvent furieux ; mais par la castration l'on détruit la source de ces mouvemens impétueux , et l'on ne re- f If xn -J«i.v»-— -Jï-*^ "«•. ^-n . LLE t quelques re le mêuijp un anti^e ; surs délices , et inet- T eux-mê~ iser le la*- ne du cul- )armi nous es biens de L savent le 's, soutenir ement à la quoiqu'on lu travail , issauce^ et ^e l'usage la nature fier; dans ndompta- ais par la irce de ces on ne re* DU BŒUF. ■ aS tranche rien à sa force ; il n'en est que plus gros , pt us massif , plus pesant et plus propre à l'ouvrage auquel on le destine ; ii a vient aussi plus traitable , plus patient , plus docile et moins in- commode aux autres : un troupeau de taureaux ne seroit qu'une troupe ef- frénée , que l'homm« ne pourroit ni dompter ni conduire. Le printemps est la saison où les va- ches sont le plus communément en <;lialeur -, la plupart dans ce pays- ci re- çoivent le taureau et deviennent plei- nes depuis le i5 avril jusqu'au 1 5 juil- let ; mais il ne laisse pas d'y en avoir beaucoup dont la chaleur est plus tar- dive , et d'autres dont la chaleur est plus précoce ; elles porteht neuf mois , et mettent bas au commencement du dixième *, on a donc des veaux en quan- tité depuis le i5 janvier jusqu'au i5 avril , on en a aussi pendant tout l'été assez abondamment , et l'automne est le temps où ils sont le plus rares. Il :'ii«»-*'» •™*»lf*.- •f*^:. V . V .•' l. I \ } ) ' \ a4 HISTOIRE NATURELLE Le taureau doit être choisi , comme le cheval étalon^ parmi les plus beaux de sou espèce ; il doit être gros , bien fait et en bonne chair , il,, doit avoir Toeil noir , le regard fier , le front ou- vert , la tête courte , les cornes grosses^ courtes et noires , les oreilles longues et velues , le mullle grand , le nez court et droit , le cou charnu et gros , lea épaules et la poitrine larges , les reins fermes , le dos droit , les jambes gros- ses et charnues , la queue longue et bien couverte de poil , Tallure ferme et sûre , et le poil rouge. Les vaches re- tiennent souvent dès la première , se- conde ou troisième fois ; et si-tôt qu'elles sont pleines , le taureau refuse de les couvrir , quoiqu'il y ait encore appa- rence de chaleur ; mais ordinairement la chaleur cesse presqu*aussi-tôt qu'el- les ont conçu , et elles refusent aussi elles-mêmes les approches du taureau. Les vaches sont aussi sujettes à avor-> ter lorsqu'on ne les ménage pas et qu'où ■.■■■■\. ;%. ■». ••«-»-<» ^ M^ !LLC isi , comme plus beaux gros, bien doit avoir e front ou- 'ues grosses^ les longiiea le nez court ît gros, lea !s f les reins imbes gros- ! longue et Hure ferme s Taches re- tmière, se- -tôt qu'elles fuse de les core appa- nairement tôt qu'el- sent aussi iu taureau. tes à avor-* las et qu'on m D U B lir, après s à la vie seulement on de lui les deux >fîtera da- D U B (B U F. Hf vantage , et d'ailleurs le lait de ces pre- miers temps n'est pas de bonne qua* lito. , ,. : , . ..^... On laisse le jeune veau auprès de sa. mère pendant les cinq ou six premiers jours , afin qu'il soit toujours chaude- ment, et qu'il puisse teter aussi souvent qu'il en a besoin ; mais il croit et se for- tifie assez dans ces cinq ou six jours pour qu'on soit dès-lors oblige de l'en séparer si l'on vent la ménager , car il l'épuiseroit s'il étoit toujours auprès d'elle ; il suffira de le laisser teter deux ou trois fois par jour , et si l'on veut lui faire une bonne chair et l'engrais- ser promptement , on lui donnera dea œufs crus , du lait bouilli , de la mie de pain ; au bout de quatre ou cinq se- maines ce veau sera excellent à man- ger; on pourra donc ne laisser teter que trente ou quarante jours, les veaux qu'on voudra livrer au boucher ; mais il faudra laisser au lait pendant deux mois au moins ceux qu'on voudra uour-r ■««.v.iTiji*'»» '*■•*'' < nSf' îw>iift.i>^i •*^'^^;*»ry«g.- : e*es^ A'afe' mois d'avrirr ?"' '"■""* "'^» «»* w donc le, veaux o?- ™"" °" '*'^'-''- «'7«ntde,e„Av;ïï,T:rr^^^^^ on leur donner. '^'''''wolument, o» de fpS 1 " *"? '^'' '^"n« herbe à «'«coomnïe'/rj- ?; ''' -""""«cent *-f«tdele„rE'':/:^'^Pr«'*°"'' •era point annr„ , ' ^* ""«e les en lais- du matin a„\^'' ° "" '««'«'«era •e«tire„a„°ôLr"r'"*«'^-'- '«■«er sortir ;Xdda "*/'••'''» '«* ^A, * *■.... ;j.-i*j.-a'S«n lELLE «*er, plusila on préférera lont nés aux i les veaux peuvent ac- ^éaister aux 'Janguisseut esque tous, is on sèvre- 't nourrir ; solument, nue herbe itnencent 'l'e nour- fera tout- es en lais- able^ ni ^es mè-r laissera ; mais se faire Ji'a les tinée , ' «oir j V u B «e» d'animaur r^ des autres espè- deux ans et en ^^"'^"^^ -^^ '"P* f°" «-equeeeUer 2£'*y;P««3 -au,ilest^rs^X^:^-'«tau- a la voix: h.. ^"* '« tanreaa qu'ill!f » """P P'"« forte, pui»! ^« 11 se lait entenrïr*» *i f » P"i8- que la vache, le btJ T" P'"* '»'« «>oin3 «rave 3! T '"'™* ^^ ^o« 6*«tve , cest que «nu «« • nient n'est pas un c • "^^gi^sse- •' pas un son simnle m»- ^n comnoséi /î*. ^ "'pie, mais un ^ oreille : et f»n ,r f • ^^ P*"« fc:''i ■\r." . »MN%^igr iT'^iiffiJiia^ ' j. ij.-^-*«B%^, ; SLLE ir accroisse- 'e est aussi , autres espè- ce sept fois it ils ne vi- quinze ans. aadrupèdcs, orte et plus e , et je ne tion à cette lycnt ëcrit ne le veau , «e le tau- le taureau rte, puis- plus loin veau. Ce la voix niwgisse- mais un octaves , le plus tention , un son DU B Sk> i'Vl F/ I 5à HISTOIRE NATURELLE les bœufs sous poil bai durent long-" temps j que les bruns durent moins et se rebutent de bonne heure ; queues gris , les pommelés et les blancs ne valent rien pour le travail , et ne sont propres qu'à être engraisses : mais de quelque couleur que soit le poil du bœuf, il doit être luisant , épais et doux au toucher; car s'il est rude , mal uni ou dégarni y on araison de supposer que l'animal souffre , ou du moins qu'il n'est pas d'un fort tempérament. Un bon bœuf, pour la charrue , ne doit être ni trop gras ni trop maigre -, il doit avoir la tête courte et ramassée , les oreilles grandes , bien velues et bien unies , les cornes fortes , luisantes et de moyenne grandeur , le front large ^ les yeux gros et noirs , le muffle gros et camus , les naseaux bien ouverts , les dents blanches et égales , les lèvres noires , le cou charnu , les épaules gros^ ses et pesantes , la poitrine large , le fanon , c'est-à-dire; la pc^a du devant V ^■■^^saSKiti^m-^ w V D U B Œ U îV 33 pendante jusques sur les genoux, le» reins fort larges , le ventre spacieux et tombant , les flancs grands ^ les hanches longues , la croupe épaisse , les jambes et les cuisses grosses et nerveuses *, le dos droit et plein, la queue pendante jusqu'à terre et garnie de poils touffus et fins , les pieds fermes , le cuir gros- sier et maniable, les muscles élevés, et Fongle court et large : il faut aussi qu'il soit sensible à l'aiguillon , obéissant à la voix et bien dressé ; mais ce n'est que peu à peu , et en s'y prenant de bonne heure , qu'on peut accoutumer le bœuf à porter le joug volontiers, et à se laisser conduire aisément. Dès l'âge de deux ans et demi ou trois ans au plus tard , il faut commencer à l'ap» privoiser et à le subjuguer ; si l'on attend plus tard, il devient indocile et souvent indomptable ; la patience , la douceur et même les caresses , sont les seuls moyens qu'il faut employer ^ la force et les mauvais traitemens n^ Quadrup. VIL 4 / , ■"»'mniii— w#i> ■ \ Ju iMtfKV,. 34 HISTOIRE NATURELLE serviroient qu'à le rebuter pour toa^ jours; il faut donc lui frotter le corps , le caresser , lui donner de temps en temps de l'orge bouilli , des fèves cou* cassées ; et d'autres nourritures de cette espèce , dont il est le plus friand , et toutes mêlées de sel qu'il aime beau- coup : en même temps on lui liera souvent les cornes, quelques jours après on le mettra au joug , et on lui fera traîner la charrue avec un autre bœuf de même taille et qui sera tout dressé ; on aura soin de les attacher ensemble à la mangeoire , de les mener de même au pâturage , afin qu'ils se connoissent et s'habituent à n'avoir que des mou- yemens communs , et l'on n'emploiera jamais l'aiguillon dans les commence- ipens , il ne serviroit qu'à le rendre plus intraitable ; il faudra aussi le mé-* nager et ne le faire travailler qu'à petites reprises , car il se fatigue beau- coup tant qu'il n'est pas tout à-ftfit dressé; et par la même raison , on le «1»* ^»-"»'«W«(lB^-t- ^ ^. : vgi. ~>al»MW'' ^m^M LLE pour ton- sr le corps, i temps en fèves con- ires de cette friand, et ime beau— m lui liera jours aprèft >ii lui fera mtre bœuf >ut dresse ; ' ensemble V de même dnnoissent des mou- emploiera >mmence- rendre ssi le mé« lier qu'à jue beau- su t à-ftfit n j on le D U B (BU F. 55 nourrira plus largement alors que dans les antres temps. Le bœuf ne doit servir que depuis trois ans jusqu'à dix; on fera bien de le tirer alors de la charrue pour l'en* graisser et le vendre , la chair en sera meilleure que si l'on attendoit plus long-temps. On reconnoît l'âge de cet animal par les dents et par les cornes : les premières dents du devant tombent à dix mois, et sont remplacées par d'autres qui ne sont pas si blanches et qui sont plus larges ; à seize mois les dents voisines de celles du milieu tom- beitt et sont aussi remplacées par d'au- tres, et à trois ans toutes les dents incisives sont renouvelées, elles sont alors égales, longues et assez blanches ; à mesure que le bœuf avance en âge , elles s'usent et deviennent i. légales et noires : c'est la même chose pour le taureau et pour la vache , ainsi la cas- tration ni le sexe ne changent rien à la crue et à la chute des dents. • \ »«»*'"r>... .1»^ " '" ' S Il- fî I ' / i 36 HISTOIRE NATURELLE « A l'âge de trois ans, dit M. Forster, une lame très-mince se sépare de la corne ; cette lame , qui n'a pas plus d'ë- paisse ur qu'une feuille de bon papier commun , se gerce dans toute sa Ion- gueur , et au moindre frottement elle tombe 'f mais la corne subsiste , ne tom- be pas en entier, et n'est pas rempla- cée par une autre : c'est une simple ex- foliation d'où se forme cette espèce de bourrelet qui se trouve depuis l'âge de trois ans au bas des cornes des taureaux, des bœufs et des vaches , et chaque année suivante un nouveau bourrelet est formé par Faccroissement et l'ad- dition d'une nouvelle lame conique de cornes , formée dans l'intérieur de la corne immédiatement sur l'os qu'elle en- veloppe, et qui pousse le cône corné de trois ans un peu plus avant. Il semble donc que. la lame mince, exfoliée au bout de trois ans , formoit l'attache de la corne à l'os frontal , et que la produc- tion d'une nouvelle lame intérieure 1 !:'■• t -(M ELLE M. Forster, épare de la pas plu8 à^é^ bon papior Date sa Ion- iement elle ite, netom- pas rempla- B simple ex- ;e espèce de ïuis l'âge de ;s taureaux, et chaque u bourrelet ;nt et l'ad* conique de Irieur de la ) qu'elle en- le corné de . Il semble xfoliëe au attache de la produc- intérieure D u B (B U F. 3/ force la lame exterieurtf* qui s'ouvre 2)ar une fissure longitudinale , et tombe au premier frottement j le premier bourrelet formé , les lames intérieures •uivent d'année en année , et poussent la corii ) triennale pins avant , et le bourrelet se détache de même par le frottement j car on observe que ces ani- maux aiment à frotter leurs cornes contre les arbres ou contre les bois ilans retable. Il y a même des gens as- sez soigneux de leur bétail pour plan- ter quelques poteaux dans leur pâtu- turage, afin que les bœufs et les vaches puissent y frotter leurs cornes ; sans cette précaution , ils prétendent avoir remarqué que ces animaux se battent entr'eux par les cornes , et cela parce que la démangeaison qu'ils y éprou- vent , les force à chercher les moyens de la faire cesser ; ce poteau sert aussi àôter les vieux poils qui, poussés par les nouveaux , causent des démangeai- sons à la peau de ces animaux ». i «■H^—^^^-'v»^- li±jm:ii^r^ U\ ^ \ 58 HISTOIRE NATURELLE Ainsi les cornes de bœuf sont per- manentes , et ne tombent jamais en en- tier que par accident , et quand le bœuf se heurte avec violence contre quelque corps dur ; et lorsque cela arrive , il ne reste qu'un petit moignon qui est fort sensible pendant plusieurs jours, et quoiqu'il se durcisse , il ne prend ja- mais d'accroissement , et l'auimal est écorne pour toute la vie. lie cheval mange nuit et jour , len- tement, mais presque continuellement; le boeuf au contraire mange vite et prend en assez peu de temps toute la nourriture qu'il lui faut, après quoi il cesse de manger et se couche pour ruminer *. cette différence vient de la différente conformation de l'estomao de ces animaux. Le bœuf, dont les deux premiers estomacs ne forment qu'un même sac d'une très -grande capacité , peut sans mouvement pren- dre à-la-fois beaucoup d'herbes et le remplir en peu de temps ; pour ru- ') ■!»,■•.» -WSSW^ ELLE of sont per- amais en en- land le bœuf itre quelque arrive , il ne qui est fort s jours, et e prend ja- Fauimal est : jour , len- luellement; tige vite et ps toute la après quoi >U€he pour rient de la Festomao dont les e forment es -grande lent pren- lerbes et pour ru- 1 j B duit en pâte puisse couler nunique au le se macère s le quatriè- >ier estomac ion du foin ucilage : ce «tte cxpli- es animaux lit et d'au- lans, ils ne nent beau- •nlesnour- é pendant dre ; dans tomac est )hage est e est fort ^:M DU BCBUF 43 large ; cela seul suffiroit pour rendre impossible la rumination , car Taliment contenu dans ce petit estomac , quoi- que peut-être plus forte vit compri- me que dans le grand estomac du bœuf, ne doit pas remonter , puisqu'il peut aisément descendre par le pylore qui est fort large ; il n'est pas même néces- saire que le foin soit réduit en pâte molle et coulante pour y entrer , la force de contraction de l'estomac y pousse l'aliment encore presque sec, et il ne peut remonter par l'œsophage , parce que ce conduit est fort petit en comparaison de celui du pylore : c'est donc par cotte différence générale de conformation que le bœuf rumine et que le cheval ne peut ituminer ; mais il y a oncore une différence particulière dans le cheval, qui fait que non-seule- ment il ne peut ruminer, c'est-à-dire , vomir sans effort, mais même qu'il ne peut absolument vomir, quelque effort qu'il puisse faire , c'est que le conduit \l m, ^g^t^f.v^ ii.. 44 HISTOIRE NATURELLE de l'œsophage arrivant, très-oblique- ment dans Festomac du cheval , dont les membranes forment une épaisseur considérable , ce conduit fait dans cette épaisseur une espèce de gouttière si oblique qu'il ne peut que se serrer davantage^ au lieu de s^ouvrir par les convulsions de Festomac. Quoique cet- te différence , aussi-bien que les autres différences de conformation qu'on peut remarquer dans le corps des animaux , dépendent toutes de la nature lors- qu'elles sont constantes , cependant il y a dans le développement , et sur*tout dans celui des parties molles , des dif- férences constantes en apparence , qui néanmoins pourroient varier , et qui même varient par les circonstances; la grande capacité de la panse du bœuf, par exemple , n'est pas due en entier à la nature , la panse n'est pas telle par sa conformation piimitive , elle ne le de- vient que successivement et par le grand volume des alimens j car dans le ■m '^!'^^^^'¥^:'^r ELLE rès-oblique- beval, dout ne épaisseur it dans cette gouttière si le se serrer ivrir par les Juoique cet- ae les autres i qu'on peut îs animaux, lature lors- ependant il > et sur-tout îs, desdif- rence, qui > et qui îonstances ; du bœuf, în entier à elle par sa e ne le de- et par le 2ar dans le D XJ B (S U F. 45 veau qui vient de naître , et même dans le veau qui est encore au lait et qui n'a pas mange d'herbe , la panse , comparée à la caillette , est beaucoup plus petite que dans le bœuf : cette grande capa* cité de la panse, ne vient donc que de l'extension qu'occasionne le grand vo- lume des alimens; j'en ai été convaincu par une expérience qui me paroît dé- cisive. J'ai fait nourrir deux agneaux de même âge et sevrés en même temps> l'un de pain et l'autre d'herbe ; les ayant ouverts au bout d'un an , j'ai vu que la panse de l'agneau qui avoit vécu d'herbe , étoit devenue plus grande de beaucoup que la panse de celui qui avoit été nourri de pain. On prétend que les bœufs qui man- gent lentement résistent plus long- temps au travail que ceux qui mangent vite 5 que les bœufs des pays élevés et secs sont plus vifs , plus vigoureux et plus sains que ceux des pays bas et hu- mides j que tous deviennent plus forts Quadrup. VII. 5 'i' ■'\ X \ *6 HISTOIRE NATURELLE lorsqu'on les nourrit de foin sec qu<> quand on ne leur donne que de l'herbe molle ', qu'ils s'accoutument plus diffi- cilement que les chevaux au change- ment de climat , et que par cette raison l'on ne doit jamais acheter que dans son voisinage des bœufs pour le travail. En hiver, comme les bœufs ne font rien , il suffira de les nourrir de paille et d'un peu de foin, mais dans le temps des ouvrages on leur donnera beaucoup plus de foin que de paille , et même un peu de son ou d'avoine avant de les faire travailler ; l'été , si le foin man- que , on leur donnera de l'herbe fraî- chement coupée ou bien de jeunes pousses et des feuiUes de frêne, d'or- me^ de chêne, &c. mais en petite quan- tité, l'excès de cette nourriture, qu'ils aiment beaucoup , leur causant quel- quefois un pissement de sang -, la lu- eerne , le sainfoin^ la vesce, soit en vert on en sec , les lupins, les navets , l'orge bouilli ; &c. sont aussi de très- >i'^^!m?'- 1 - BLTiE bin sec qu<» ae de Therbe it plusdiffi- au change- ' cette raison ]ue dans son e travail. Deufs ne font inr de paille ans le temps ra beaucoup et même un (Tant de les i foin man- 'herbe fraî- de jeunes rêne, d'or- tite quan- ure, qu'ils isant quel- ng 'j la lu- te, soit en es navets, si de très- D V BŒUF. bons alimens pour les bœufs -, il n'est pas nécessaire de rëgler la quantité de leur nourriture ; ils n'en prennent ja- mais plus qu'il ne leur en faut , et l'on fera bien de leur en donner toujours assez pour qu'ils en laissent ; on ne les mettra au pâturage que vers le i5 de mai, les premières herbes sont trop crues , et quoiqu'ils les mangent aveo avidité , elles ne laissent pas de les in- commoder ; on les fera pâturer pen- lU dant tout l'été , et vers le i5 octobre on les remettra au fourrage , en obser- vant de ne les pas faire passer brusque- ment du vert au sec et du sec au vert, mais de les amener par degrés à ce changement de nourriture. La grande chaleur incommode ces animaux, peut-être plus encore que le grand froid ; il faut pendant l'été les mener au travail dès la pointe du jour, les ramener à l'étable ou les laisser dans les bois pâturer à l'ombre pendant la grande chaleur , et ne les remettre à ■■•*«». •■^iii****' ^<^■■ ,•" V. mf"^ '"^i /^ M i-t I \ I l I U ( 48 HISTOIRE NATURELLE l'ouvrage qu'à trois ou quatre heures du soir y au printemps , en hiver et en automne , on pourra les faire travail- ler sans interruption depuis huit ou neuf heures du matin jusqu'à cinq ou six heures du soir. Ils ne demandent pas autant de soin que les chevaux ; cependant si l'on veut les entretenir sains et vigoureux , on ne peut guère se dispenser de les étriller tous les jours, de les laver et de leur graisser la corne des pieds , &c. il faut aussi les faire boire au moins deux fois par jour^ ils aiment Veau nette et fraîche , au lieu que le cheval l'aime trouble et tiède. La nourriture et le soin sont à -peu- près les mêmes et pour la vache et pour le bœuf; cependant la vache à lait exige des attentions particulières , tant pour la bien choisir que pour la bien conduire : on dit que les vaches noires ^ sont celles qui donnent le meilleur lait, et que les blanches sont celles qui en donnent le plus; mais de quelque poil lELLE uatre heures a hiver et en aire travail- lais huit ou qu^à cinq ou ) demandent 5s chevaux ; !S entretenir B peut guère ^ous les jours, îsser la corne les faire hoire IV, ils aiment lieu q^ue le ède. sont à-pea- ache et pour ache à lait lières , tant |our la bien ihes noires, eilleurlait, lies qui en uelque poil i D U B (B U F. 49 que soit la vache à lait , il faut qu'elle soit en bonne chair , qu'elle ait l'œil vif, la démarche légère , qu'elle soit jeune , et que son lait soit, a'il se peut, abondant et de bonne qualité; on la traira deux fois par jour en été et une fois seulement en hiver, et si l'on veut augmenter la quantité du lait , il n'y aura qu'à la nourrir avec des alimens pins succnlens que de l'herbe. Le bon lait n'est ni trop^paisni trop clair ; sa consistance doit être telle que lorsqu'on en prend une petite goutte , elle conserve sa rondeur sans couler j il doit aussi être d'un beau blanc , ce- lui qui tire sur le jaune on sur le bleu ne vaut rien -, sa saveur doit être douce , sans aucune amertume et san» âcretë , il faut aussi qu'il soit de bonUe odeur ou sans odeur ; il est meilleur au mois de mai et pendant l'été que pendant l'hiver , et il n'est parfaite- ment bon que quand la vache est en bon âge et en bonne santé -, le luit des ^î.:+* ."^è/'l Wk-imi>f4y^ %■■ \ 80 HISTOIRE IÏAT17RF.LLE jeunes génisses est trop clair , celui des "vieilles vaches est trop sec, et pendant l'hiver il ert trop épais : ces différentes qualités du lait sont relatives à la quan- tité plus ou moins grande des parties butireuses , caséeuses et séreuses qui le composent ; le lait trop clair est celui qui abonde trop en parties séreuses j le lait trop épais oàt celui qui en manque, et le lait trop sec n*a pas assez de parties butireuses et séreuses \ le lait d'une vache en chaleur n'est pas bon , non plus que celui d'une vache qui ap- proche de son terme ou qui a mis bas depuis peu de temps. On trouve dans le troisième et dans le quatrième esto- mac du veau qui tête , des grumeaux de lait caillé , ces grumeaux de lait sè- ches à Tair sont la présure dont on se sert pour faire cailler le lait ; plus on garde cette présure , meilleure elle ei*t, et il n'en faut qu'une très-petite quan- tité pour faire un grand volume de fromage. . y ^f»îSPJ6^\ ....«!«■■'• KSJ'?!îS""^^^'i*^i;f5'^w'iS RF.LLE 3]air, celui des ec, et pendant cesdiflTe'renles ivesàlaquan- de dc3 parties séreuses qui clair est celui Js séreuses ; le Il en manque, pas assez de îusesj le lait ^estjias bon, k^ache qui ap- ui a mis bas trouve dans irième esto- s grumeaux X de lait se- ront on se lit ; plus on ure elle est, îetite quan- volume de DU B "■'■" ■•■- >^ ' ♦ .,_-K^"&«^_^> 52 HISTOIRE NATURELLE dix ans ^u'on les met à l'engrais ; si l'on attend plus tard , on est moins sûr de réussir , et leur chair n'est pas si bonne j on peut les engraisser en toutes saisons , mais l'été est celle qu'on pré- fère , parce que l'engrais se fait à moins de frais , et qu'en commençant aux molide mai ou de juin, on est presque sûr de les voir gras avant la fin d'oc- tobre : dès qu'on voudra les engraisser, on cessera de les faire trtivailler, on les fera boire beaucoup plus souvent ^ on leur donnera des nourritures succulen- tes en abondance , quelquefois mêlées d'un peu de sel, et on les laissera ru- miner à loisir et dormir à l'é table pen- dant les grandes cbaleurs^ en moins de quatre ou cinq mois ils deviendront si gras qu'ils auront de la peine à mar- cher , et qu'on ne pourra les conduire au loin qu'à très-petites journées. Les vaches , et même les taureaux bistour- nés , peuvent s'engraisser aussi , mais la chair de la vache est plus sèche , eX H^^iMM^M^ji^^!^ ;■ - ■ 4 URELLE à l'engrais ; si 1 est moins sûr ir n'est pas si lisser en toutes >lle qu'on prd- so fait à moins imençant aux on est presque at la fin d'oc- les engraisser» ivailler, on les souvent, ou ires succulen- ucfois mêlées >s laissera ru- U'ë table pen- en moins de eviendront si )einc à mar- ies conduire ourne'es. Les aux bistour- aussi , mais us sècLe , et DU B (B U F. 53 pli 5*i*; celle du taureau bistourné c rouge et plus dure que la chair du oœui , et elle a toujours un goût désagréable et fort. ■.-:..■ . >■ Les taureaux, les vaclies et les bœufs sont fort sujets à se lécher^ sur-tout dans le temps qu'ils sont en plein repos ; Qt comme l'on croît que cela les empêche d'engraisser , on a soin de frotter de leur fiente tous les endroits de leur corps auxquels ils peuvent atteindre ; lorsqu'on ne prend pas cette précau- tion , ils enlèvent le poil avec la langue qu'ils ont fort rude , et ils avalent ce poil en grande quantité ; comme cette substance ne peut se digérer , elle reste dans leur estomac et y forme des pelottes rondes qu'on a appelées égagropileé , et qui sont quelquefois d'une grosseur si considérable , qu'elles doivent les incommoder par leur vo- lume , et les empêcher de digérer par leur séjour dans l'estomac ; ces pelottes se revêtent avec le temps d'une croût^i \ à'. "--l^WHaJ.-- ' ■^ ,■ iJfct. f* HISTOIRE NATt;RKr.i.E •-a^n.^it",r:^''^p°''<^- ce qu'ils son f ««♦ •* ^ Pi es , c est par- "feuc , ei c est nar nf>ff^ ^ • *on qn'il ae feif aucun tort auT4 •ur lequelil vît ; cou,™? ïl^"'""' cer qoe l'extréitiiw j • "^J^"' P'"- ««-^e que t..s,.u !•:::::• ;!"- -^a-,^ '■'"a»' ■■^r.Cïi; UÊMÊ&MMÊ^m^m •w^sSSZ lELLE est cependant laisqui parle e vient dur et nt jamais que ' du poil dans séjourne pas aux, il passe : des al i mens, es dents in- Bt l'âne , aux nt plus aisé- uxqui man- ia mâchoire pn et la cliè- •s, c'est par- leurs lèvres , dont les lè- brouter que cette rai- |au pâturage le peut pin- |nes herbes , nO; et n'en oisseuient -, DU B (B U P. le mouton et 1( 55 a* la chèvre Ica coupent de si près , qu'ils détruisent \m tige et gâtent la racine : d'ailleurs lo cheval choisit l'herbe la plus fine , et laisse grener et se multiplier la grftndô herbe dont les tiges sont dures , au lieiA que le bœuf coupe ces grosses tiges et détruit peu à peu l'herbe la plus gros- sière f ce qui fait qu'au bout de quel- ques années la prairie sur la^jueHe lu I cheval a vécu n'est plus qu'un mauvais pré , au lieu que celle que le bœuf a broutée devient un pâturage fin. L'espèce de nos bœufs , qu'il ne faut pas confondre avec celles de l'au- rocks , du buffle et du bison , paroit être originaire de nos climats iMipé-* rés , la grande chaleur les incommo- dant autant que le froid excessif; d'ail- leurs cette espèce ^ si abondante en Eu- rope f ne se trouve point dans les pays méridionaux , et ne s'est pas élendue au-delà de l'Arménie et de la Perse Gfi Asie , et au-delà de l'Egypte et d^ M % 1 1 \ ! \. \ \ , l'"' u 56 HISTOIRE NATURELLE la Barbarie en Afrique ; car aux In- des , aussi bien que dans le reste de l'Afrique , et même en Amërique , ce sont des bisons qui ont une bosse sur le dos , ou d'autres animaux auxquels les voyageurs ont donne le nom de hœuff mais qui sont d'une espèce dif- férente de celle de nos bœufs j ceux qu'on trouve au Gip de Bonne-Ëspë-* rance et en plusieurs contrées de l'A- mérique , y ont été transportés d'Eu- rope par les Hollandais et par les Es- pagnols ; en général il parnît que les pays un peu froids conviennent mieux à nos bœufs que les pays chauds, et qu'ils sont d'autant plus gros et plus grands , que le climat est plus humide et plus abonfdant en pâturages. Les bœufs de Danemarck , de la Podolie y de l'Ukraine et de la Tartarie ^ qu'ha- bitent les Galmouques , sont les plus grands de tous ; ceux d'Irlande , d'An- gleterre f de Hollande et de Hongrie, sont aussi plus grands que ceux de ^ f.iiS.i_-.f :lle ar aux Iu- le reste de lërique , ce 3 bosse sur X auxquels e nom de I espèce dif- sufs ; ceux onne-Espë- rëcs de l'A- ortés d*Eu- t par les Es- :oît que les lent mieux chauds, et ;ros et plus lus humide irages. Les la Podolie , |rie , qu'ha- t les plus ide , d'An- Hongrie, ceux de 'DU B (BU t. '^ Sf Perse , de Turquie , de Grèce , d'Ita- lie , de France et d'Espagne , et ceux les pli de de Barbarie so on assure ménde que les Hollandais tirent tous les ans du Dancmarck un grand nombre de vaches grandes et maigres , et que ces vaches donnent en Hollande beaucoup plus de lait que les vaches de France : c'est apparemment cette même race de vaches à lait qu'on A transportée et multipliée en Poitou ^ en Aunis , et dans les marais de Cha- rente , où on les RyipeWe vaches flandri- nés : ces vaches sont en efiPet beaucoup plus grandes et plus maigres que les t vaches communes , et elles donnent une fois autant de lait et de beurre y elles donnent aussi des veaux beaucoup plus grands et plus forts ; e"?« ont du lait en tout temps , et on peut ïhb traire toute l'année , à l'exception de (i»? tre ou cinq jours avant qu'elles mettent bas , mais il faut pour ces vaches des pâturages excellens j quoiqu'elles ne Quadrup. VII. * 6 58 HISTOIRE NATURELLE mangent guère plus que les vaches com- munes f comme elles sont toujours mai- gres> toute la surabondance de la nourri- ture se trou vç en lait, au lieu que les va- ches ordinaires Reviennent grasses et cessent de donner du lait dès qu'elles ont vécu pendant quelque temps dans des pâturages trop giias. Av^c un tau- reau de cette race et des vaches com- munes, on fait une autre race qu'on ap- pelle bâtarde, et qui est plus féconde et plus abondante en lait que la race com- mune ; ce^ vaches bâtardes donnent couvent deux veaux à-la-fois , et four- nissent du lait, pendant toute l'année : ce sont ces bonnes vaches à lait qui font une parti^ des richesses de la Holl^n- ^Je, djOJtkil sortions les ans pour dea «ommcs çq^^idérables, de beurre, e,t de fromage ;, c^s vaches , qui, fournissent; imo ou, deux fois autant de, lajt que les vaiphes de France j en donnent six fois auta,rvt que celles de Barbarie. £ii Irlande y en Angleterre , en Hol^ SLLE vaches com- )UJours mai- delanourri- 11 que les va- t grasses et dès qu'elles temps dans '■ec un tau- aches coin- ce qu'on ap- s féconde et i race corn- as donnent is , et four- e l'année : ait qui font la Hollan> 9 pour des irre, et de burnîssent: qt que les nt six fois en Hol^ 4 ■ 4^! ^-< ^ t>tT B (BUP. ' 5^ lande , en Suisse et dans le Nord , on sale et on fume la chair du bœuf en grande quantité , soit pour l'usage de la marine , soit pour l'avantage du commerce ; il sort aussi de ces pays une grande quantité de cuirs : la peau du boeuf , et mènie celle du veau , ser- vent ^ comme l'on sait, à une infinito d'usages ; la graisse est aussi une ma- tière utile , on la mêle avec le suif du mouton : le fumier du bœuf est le meilleur engrais ponr les terres sèches et légères ; la corne de cet animal est le premier vaisseau dans lequel on ait bu^ le premier instrument dans lequel on ait soufflé pour augmenter le son , la première ^ matière transparente que l'on ait employée pour faire des vitres , des lanternes , et que l'on ait ramollie, travaillée , moulée pour faire des boî- tes , des peignes , et mille autres ou- vrages : mais finissons , car l'histoire naturelle doit finir où commence l'his- toire des arts. ' ' - i (! If' €o HISTOIRE NATURELLE L'AUROCHS, LE BISON, LE ZÉBU, LE BUFFLE. La race de l'aurocbs ou du bœuf sans bosse occupe les zones froides et tem- pérées j elle ne s'est pas fort répandue vers les contrées du midi. M. Forstcr m'a informé qu'elle ne se trouve ac- tuellement qu'en Moscovie , et que les uurocbs qui étoient en Prusse et sur les confins de la Litbuanie , ont péri pendant la dernière guerre ; mais il assure que les bisons sont encore com- muns dans la Moldavie. Le prince De- metrius Gantemir en parle dans sa des- cription de Ja Moldavie ( partie pre- mière , chapitre ru ). « Sur les mon- tagnes occidentales de la JVfoldavie , ou trouve , dit-il , un animal que l'on ap- pelle zimbr , et qui est indigène dans cette contrée *, il est de la grandeur d'un bœuf commun , mais il a la tête plus petite , le cou plus long , le ventre moins replet et les jan^bes plus lon- .•^. \ te^v SLLE BISON, 'FLK. ubœiifsans les et tem- 't répandue M. Forstcr trouve ac- , et que les usse et sur ) , ont péri e ; mais il ncore com- prince De- ans sa des- )artie pre- les mon- davie, ou e l'on ap- gène dans deur d'un tête plus [le ventre plus Ion- .inic*^i/v«i»«*<|^*^ ■ \ VC l; f t » > H !ll- il». •!M. •.•iî;'" \ 2> liK IWFl Î.K. mmM %- ^Iggll^, ...„g«^|gM^„ m-iF. TUÎ ^ ■ DU BŒUF. : %t gues ; ses cornes sont minces , droites , dirigt^es en haut , et leurs extrémités , qui sont assez pointues , ne sont que très- peu tournées en dehors : cet ani- mal est d'un naturel farouche , il est très-léger à la course ; il gravit , com- me les chèvres , sur les rochers escar- pés , et on ne peut l'attraper qu'en le tuant ou le blessaitt avel! les armes à feu. C'est l'animal dont la tête fut mise dans les armes de la Moldavie , par Pragosh , Je premier prince du pays » ; et comme le bison s'appelle , en polor nais , zurh , qui n'est pas éloigné de zimbr , on peut croire que c'est le mê- me animal que le bison ; car le prince Cantemir le distingue nettement du buffle , en disant que ce dernier arrive quelquefois sur les rives du Niester, et n'est pas naturel à ce climat , tandis qu'il assure que le zimbr se trouve dans les hautes montagnes de la partie oc- cMentale de la Moldavie , où il le dit iudigène. . sv • I 62 HISTOIRE NATURELLE Quoique les bœufs d'Europe , le» bisons d'Amërique et les bœufs à bosse de l'Asie ue diifèrent pas assez les uns des autres pour en faire des espèces sé- parées , puisqu'ils produisent ensemble, cependant on doit les consicîérer com- me des races distinctes qui conservent leurs caractères , à moins qu'elles ne se mêlent , et tjue par ce mélange ces caractères distinctifs ne s'effacent dans la Fuile des générations. Par exemple , tous les bœufs de 8icile, qui sont cer- tainement de la même espèce que ceux de France , ne laissent pas d'en différer constamment par la forme des cornes , qui sont très-remarquables par leur longueur et par la régularité de leur fi- gure 5 ces cornes n'ont qu'une légère courbure , et leur longueur ordinaire, mesurée en ligne droite, est ordinaire- ment de trois pieds , et quelquefois de trois pieds et demi : elles sont toutes très - régulièrement contournées , et d'une forme absolument semblable ^ te- ii ■ !LLfi irope , le» mfs à bo^sse sez les uns espèces se' 1 ensemble, :lérer com- îonservcnt elles ne se 3lange ces Lcent dans exemple , i sontcer- î que ceux m différer 'S cornes, par leur e leur fi- le légère rdinaire, rdinaire- lefois de toutes es , et ibkjble ^ - • D U B (B U F. 65 «n sorte que tous les boeufs de cette i\b se ressemblent autant entr'eux par ce caractère , qu'ils différent en cela dea autres bœufs do l'Europe* i -' >' ' Le bison que nous ayons vu vivant , avoit été pris jeune dans les forêts des parties tempérées de l'Améiique sep-- teiltrionale , ensuite amené en Europe, élevé en Hollande, et acheté par uïi Suisse qui le transportoit de ville en ville dans xxne espèce de grande cage , d'où il ne sortoit point , et où il étoit même attaché par la tête avec quatre cordes qui la lui tenoient étroitement assujettie. L'énorme crinière dont sa tête est entourée , n'est pas du crin , mais de la laine ondée et divisée par flocons pendans comme une vieille toison. Cette laine est très-fine , de même que celle qui couvre la loupe et tout le devant du corps. Les parties qui ^aroissoient nues ne le sont que dans de certains temps de l'année , et c'est plutôt en été qu'en hiver ; car , au 64 HISTOIRE NATURELLE mois de janvier , toutes les parties dtt corps sont à-peu-près également cou- vertes d'une laine frisée tréfl-finci et très-serrée , sous laquelle la peau paroit d'un brun couleur de suie , au lieu que sur î ' ^se et sur les autres parties couvertes également d'une laine plus longue , la peau est de couleur tannée. Cette bosse ou loupe , qui est toute de cbair j varie comme l'embonpoint de l'animal. Il ne nous a paru différer de notre bœuf d'Europe que par cette loupe et par la laine ; quoiqu'il fût très- conti'aint , il n'étoit pi^:. féroce j il è. laissoit toucber et caresser par ceux qui le soignoient. Il y a eu des bisons dans le nord de l'Europe ) m'élaut informé s'il en sub- sistoit encore en Ecosse , on m'a ré- pondi ^u'on n'en avoit point de mé- moire. M. Forster m'écrit à ce sujet que je n'ai pas éiô pleinement informé. « La race des bisons blancs , dit -il, subsiste acore en Ecosse ; où les sel- il f (fi ,,--■-■ ' SLLE s parties du ement cou- trëfl-finei et peau paroit au lieu que res partie» laiiie plus îur taunëe. st toute de ^npoint de Jifierer de par cette il fût tres- sée ; il Si^ par ceux ? nord de 1 en sub- m'a ré- de me'- ce sujet nîcftmé. dit -il, les sci> DU B (BU F. ^ £lfe> gneurs , et particulièrement le duc de HamiJton, le duc de Queenbury, et parmi les pairs anglais , le comte de Tankaryillc , ont conservé dans leurs parcs de Cliatellierault et de Drum- lasrrig en Ecosse , et de Gliillingliam dans le comté de Nortburaberland en Angleterre, cette race de bisons sau- vages. Ces aniinaux tiennent encore de leurs ancêtres par leur férocité et leur naturel sauvage ; au moindre bruit ils prennent la fuite , et courent avec une vitesse étonnante , et lorsqu'on peut s^en procurer quelqu'un , on est obligé de les tuer à coups de fusil ; mais cette chasse ne se fait pas sans danger , car , si on ne fait que blesser l'animal , bien loin de prendre la fuite , il court sur les chasseurs et les perceroit de ses cornes , s'ils ne trouvoient pas les moyens de l'éviter , soit en montaist sur un arbre , soit en se sauvant dans quelques maisons. QuoiqTie ces bisons aiment la soli- * ti #1 i i ^5 HISTOIRE NATURELLE tude, ils s^approchent copendant des habitations , lorsque la faim et la disette en hiver , les force à venir prendre le foin qu'on leur fournit sous des hangars. Ces bisons sauvages ne se mêlent ja- mais avec Tespèce de nos bœufs ; ils sont blancs sur le corps , et ont le museau et les oreilles noirs ; leur grandeur est celle d'un bœuf commun de moyenne taille , mais ils ont les jambes plus lon- gues et les cornes plus belles; les mâles pèsent environ cinq cent trente livres , et les femelles environ quatre cents ; leur cuir est meilleur que celui du bœuf commun ; mais ce qu'il y a de sin- gulier f c'est que ces bisons ont perdu , par la durée de leur domesticité , les longs poils qu'ils portoient autrefois. Botius dit : Gignere solet ea siha bovea candidissimos informam leordsjubam habentes, etc. Descr. regni Scotiœ ,fol. xj. Or, à présent , ils n'ont plus cette jubé cru crinière de longs poils , et w' m. ^ «-' SLr.E sndant de« 3t la disette prendre la es hangars, noient ja- ù ; ils sont museau et ndeur est moyenne s plus lon- les mâles te livres ^ re cents ; celui du r a de sin- it perdu , cite , iej autrefois. 'va boves isjubam tiœ,foL lus cette )ils , et .Kl DU B (B U F. dififc 67 de sont par-là devenus aiUurens les bisons qui nous sont connus. Il est assez singulier que les bœufs à bosse ou bisons, dont la race paroît s'être étendue depuis Madagascar et la pointe de TAfrique , et depuis l'cxtrë- mite des Indes orientales jusqu'en Si- bérie , dans notre continent , et que l'on a retrouvée dans l'antre continent, jusqu'aux Illinois , À la Louisiane , et même jusqu'au Mexique, n'aient ja- mais passé les terres qui forment l'istbmc de Panama , car on n'a trouvé ni bœufs ni bisons dans aucune partie de l'Amérique méridionale, quoique le climat leur convînt parfaitement , et que les bœufs d'Europe y aient multi- plié plus qu'en aucun lieu du monde. Depuis le mont Atlas jusqu'au Cap de Bonne flspérance , on ne trouve , pour ainsi dire, que des bœufs à bosse *, et il paroît même que cette race qui a pré- . valu dans tous les pays chauds, a plu- sieurs avantage^, sur l'attire ; cesbœuls. t ) ifST.^ \ mu^ il 1. 1 ■4 1 \ -i VW H' % n r 1 * 1 68 HTSTOTRB NATURELLE à bosse ont , comme le bison , duquel ils sont issus , le poil beaucoup plus douK et plus lustre que nos bouFs, qui com- me l'aurochs ont le poil dur et assez peu fourni. Ces boeufs à bosse sont aussi plus légers à la course , plus projpres à suppléer au service du cheval , et en même temps ils ont un naturel moins brute et moins lourd que nos bœufs -, ils ont plus d'intelligence et de docilité/ plus de qualités relatives et senties dont on peut tirer parti : aussi sont-ils traités dans leur pays avec plus de soin que nous n'en donnons à nos plus beaux chevaux. La considération que les In- diens ont pour ces animaux est si grande , qu'elle a dégénéré en supers- tition , dernier terme de l'aveugle res- pect. Le bœuf , comme l'animal le plus utile , leur a paru le plus digne d'être révéré ; de l'objet de l«îur vénération ils ont fait une idole , une espèce de divi- nité bienfaisante et puissante ; car on veut que tout ce qu'on respecte soit f*i4m ■:é ELLE , duquel ib P plus doux 's,quicom- ur et assez e sont aussi s propres à ^al , et en iirel moins bœufs j ils e docilitë, et senties si sont-ils us de soin >lus beaux ue les In- JX est si 1 supers- '"gle res- tai leplus Qe d'être ration ils de divi- ; car on scte soit '' DU BŒUF, f ' Gg [grand , cl puisse faire beaucoup de mal ^ou de bien. Ces boeufs à bosse varient peut-être 'ucore plus que les nôtres pour les l_;ouleurs du poil et la figure des cornes : lies plus beaux sont tous blancs , comme Sles bœufs de Lombardie; il y en a qui sont dépourvus de cornes ; il y en a qui ics ont fort relevées, et d/autres si rabaissées qu'elles sont presque pen- dantes ; il paroît même qu'on doit I diviser cette race premiè»''* Je l "ons l' ou bœuft à bosse en de;:*x races secon- ;f daires, l'une très-grande et l'autre très-petite, et cette dernière est celle du zébu. Le zébu est un animal très- doux et même fort caressant , d'une figure agréable, quoique massive et un peu trop carrée , cependant il est en tout si semblable à un bœuf, que je ne puis en donner une idée plus juste , qu'en disant qde si l'on regardoit un taureau de la plus belle forme et du plus beau poi! aivec un verre qui dimi-* Quddrup. VU, 7 ' 'il ?o i HISTOIRE NATURELLE nuât les objets de plus de moitië , cette figure rapetîssëe seroît celle du zëbu ; il se trouve dans les mêmes climats que le grand bison , et tous deux sont également doux et faciles à conduire, tous deux ont le poil fin et ia bosse sur le dos ; cette bosse ne dépend point de la conformation de l'épine ni de celle des os des ^épaules , ce n*est qu'ui'.e excroissance , une espèce cie loupe , un morceau de cliair tendre ., aussi bonne à manger que la languo du bœut j les loupes; de certains boeufs pèse ut jus- qu'à quarante et cinquante livi t s , sur d'autres elles sont bien plus petites ; quelques-'Uns de ces boeufs ont aussi des cornet prodigieuses pour la gran- deur ; nous en avons vjne au Cabinet du roi de trois pieds et dfîmi de longueur, et de sept pouces de da.imètre à la base ; plusieurs voyageurs a 5surent en avoir vu , dont la capacité él oit assez grande pour contenir quinze et même vingt pintes de liqueur. ■ M e| a mi V \ LLE oitië , cette 3 du zëbu ; les climats deux sont conduire , a bosse snr d point de ni de cellç est qu'ui'.e loupe , au ussi bonne i bœui ; les >èst ut jus- livrt s , sur is petites ; ont aussi f la gran- lîabinet du ongueur^ à la base ; en avoir Gz grande îiue vingt DU B i D U B (B U F. 75 on trouve des zébus ou bisons de la plus petite taille. li'Amërique est actuellement peu- plée par-tout^de bœufs sans bosse , que J les Espagnols et les autres Européens y ont successivement transportés ; ces bœufs se sont multipliés , et sont seu- lement devenus plus petits dans ces terres nouvelles; l'espèce en étoit ab- solument inconnue dans l'Amérique ' méridionale , mais dans toute la partie septentrionale jusqu'à la Floride , la Louisiane , et même jusqu'auprès du Mexique , les bisons ou bœufs à bosse se sont trouvés en grande quantité j ces bisons , qni habitoient autrefois les bois de la Germanie, de l'Ecosse et des autres terres de notre nord , ont probablement passé d'un continent à l'autre, ils sont devenus, comm« tous les autres animaux, plus petits dans ce nouveau monde ; et , selon qu'ils se sont habit 4s dans des climats plus ou moins froids , ils ont conservé des four*- ( h l V i 'j6 HISTOIRE NATURELLE rures plus ou moins cliaudes ; leur poil est plus long et plus fourni , leur barbe plus longue à la baie de Hudson qu'au Mexique, et en général ce poil est plus doux que la laine la plus fine ; on ne peut guère se refuser à croire que ces bisons du nouveau continent ne soient de la même espèce que ceux de l'an- cien , ils en ont conservé tous les ca- ractères principaux , la bosse sur les épaules , les longs poils sous le museau et sur les parties antérieures du corps , les jambes et la queue courtes ; et si l'on se donne la peine de comparer ce qu'en ont dit Hernandès , Fernandès, et tous les autres historiens et voya- geurs du nouveau Monde, avec ce que les naturalistes anciens et modernes ont écrit sur le bison d'Europe, on sera convaincu que ce ne sont pas dos animaux d'espèce différente. Ainsi , le bœuf sauvage et le boei:f domestique, le bœuf de l'Europe , de l'Asie , d' i'AfnVjue et de l'Amén^iue, I :ift a ; leur poil ) leur barbe idson qu'au )oil est plus ^ne ; on ne )ire que ces t ne soient X de Tan- ous les ca- sse sur les le museau i du corps , irtes ; et si )mparer ce i^'ernandès, ^s et voya- vecce que modernes Jrope, on ut pas des t le bœuf irope , de méD;^ue, DU B (R U F. 77 â i l'aurochs , le ^ison et Ic-zébu sont tous des animaux d'une seule et même es- pèce , qui selon les climats , les nour- ritures et les traiteraens différens, ont subi toutes les variëtés que nous venons d'exposer. Le bœuf, comme l'animal le plus utile , est aussi le plus générale- ment répandu ; car à l'exception de l'Amérique méridionale , on l'a trouvé par - tout ; sa nature s'est également prêtée à l'ardeur ou à la rigueur des pays du midi et de ceux du nord ; il pa- roît ancien dans tous les climats , do- mestique chez les nations civilisées , sauvage dans les contrées désertes ou chez les peuples non policés ; il s'est maintenu par ses propres iorces dans l'état de nature , et n'a i?^mais perdu les qualités relatives au service do l'homme. Les jeunes veaux sauvages que l'on enlève à leurs mères aux Indes et en Afrique , deviennent en très-peu de temps aussi doux que ceux qui sont issus des races domestiques , et cet ta If .1 ■* I 78 HISTOIRE NATURfclLLE conformité de nf.t 'el prouve encore l'itlentité d'espèce : la douceur du ca- ractère dans les animaux , indique la ilexibilite physique de la forme du corps ; car de toutes les espèces d'ani- maux dont nous avons trouve le carac- tère docile , et que nous avons soumis à l'état de domesticité , il n'y en a au- cune qui ne présente plus de variétés que l'on n'en peut trouver dans les es- pèces qui , par l'inflexibilité du carac- tère , sont demeurés sauvages. Si l'on demande laquelle de ces deux races de l'aurochs ou du bisiai est la race première , la race primitive des bœufs ; il me semble qu'on peut répon- dre d'une manière satisfaisante en ti- rant de simp' s inductions des faits que nous venons d'exposer ; la bosse ou loupe du bison , n'est , comme nous l'a- vons dit, qu'un caractère accidentel qui s'efface et se perd dans le mélange des deux racer -, l'aurochs ou bœuf sans bosse est donc le plus puissant et forme fil • I 1 ;) i : tLLE Juve encore ceur du cu- indique la i forme du )èces d'ani- ivë le carac- rons soumis l'y en a au- de variétés dans les es- é du carac- jes. de ces deux nsi»n est U mitive des )eut rëpoii- ante en ti- es faits que bosse ou le nous l'a- accidenlel le mélanine bœuf sans t et forme bison j 'ut)'"ns un ^fiet du D ir D (B U F. 7C^ lu race dominante -, si c'étoit le con- traire , la bosse au lieu de disp; jître «'ctendroit et subsisleroif sur tous les individus de ce mélan^^e ' h devx ra- jces ; d'ailleurs cette bo ^^t * comme celle du chaniea produit de la Nature 4^ ; travail, un stygmate d*esci. vage. On i a de tem}» immémorial , dans pres- que tous les pays de la terre , forcé les bœiil's à porter des fardeaux : la charge liabitucUe et souvent excessive a dé- formé leur dos, et cette difformité s*est ensuite propagée par les générations j il n'est resté de bœufs non déformés que dans les pays où Ton ne s'est pas servi de ces animaux pour porter ; dans toute l'Afrique , dans tout le continent oriental , les bœufs sont bossus , parce qu'ils ont porté de tout temps des far- deaux sur leurs épaules : en Europe , oii l'on ne les emploie qu'à tirer , ils n'ont pas subi cette altératioji , et au- cun ne nous présente cette difibrmit« : ^ >^^. IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-S) 1.0 l.l ■50 "^" p2.0 L25 |||_u 1^ -=' Photographie Sciences Corporation 23 WEST MAIN STREET WEBSTER, N.Y. 14580 (716)872-4S03 •s^ \ \\ ÏS k o^ ^ ^ -r"--;'-*^;-»^ rS'^"^-':'"-' li W 80 HISTOIIlE NATURELLE elle a vraisemblablement pour cause première, le poids et la compression des fardeaux^ et pour cause seconde, la surabondance de la nourriture^ car elle disparoit lorsque l'animal est mai- gre et mal nourri. Des bœufs esclaves et bossus se seront échappes ou auront ëtë abandonnés dans les bois , ils y au~ ront fait une postérité sauvage et char^ gée de la même dî0brmité , qui loin de disparoître aura dû s'augmenter par l'abondance des nourritures dans tous les pays non cultivés ; en sorte que cette race secondaire aura peuplé toutes les terres désertes du nord et du midi , et aura passé dans le nouveau continent comme tous les autres animaux , dont la nature peut supporter le froid. Ce qui confirme et prouve encore Piden- tité d'espèce du bison et de l'aurochs^ c'est que les bisons ou bœufs à bosse du nord de l'Amérique , ont une si forte odeur qu'ils ont été appelés bœufs mus- ^z«^5 par la plupart des voyageurs ; et _iii^' '^'IC DU B ^^'^*^- '' De tous les noms que nous avons mis à la tête de ce chapitre; lesquels, pour les naturalistes tant anciens que mo- derne, faisoient autant d'espèces dis^ tinctes et séparées , il ne nous reste dôiic que le buffle et le bœuf; ces deux animaux , quoiqu'assez ressemblans , quoique domestiques, souvent sous lé même toit et nourris dans les mêmes pâturages , quoiqu'à portée de se join- • tire, et même excités parleurs conduc- teurs, ont toujours refusé de s'unir-; ils ne produisent, ni ne s'accouplent ensemble : leur nature est plus éloignée que celle de l'âne ne l'est de celle du «lieval , elle paroît même antipathique ; car on assure que les vaches ne veulent pas nourrir les petits buffles, et que les mères buffles refusent de se laisser Quadrup. VU. 8 » .i r, ' \ .. J ! i f '" ni 82 HISTOIRE NATURELLE teter par des veaux. Le buffle est d'un naturel plus dur et moins trai table que le bœuf, il ob^it plus difficilement, il est plus violent , il a des fantaisies plus brusques et plus fréquentes ) toutes ses habitudes sont grossières et brutes : il ■est, après le cochon, le plus sale des animaux domestiquer, par la difficulté qu'il met à se laisser nettoyer et panser; sa figure est grosse et repoussante, son regard stupidement farouche ,. il avan- ce ignoblement son cou, et porte mal sa tête , presque toujours penchée vers la terk'e ; sa voix est un mugissement . épouvantable, d'un ton beaucoup plus fort et plus grave que celui d'un ta; reau ; il a les membres maigres et la queue nue *, la mine obscure , la phy- sionomie noire comme le poil et la peau ; il diffère principalement du bœuf à l'extérieur par cette couleur de la peau, qu'on apperçoit aisément sous le poil , qui n'est que peu fourni ; il a le corps plus gros et plus court que 1« -^T DU B 01 U F. - • 83 bœnf , les jambes plus hautes , la tête proportionnellement beaucoup plus pe- tite, les cornes moins rondes, noires et en partie comprimées, un toupet de poil crépu sur le front ; il a aussi la peau plus épaisse et plus dure que le bœuf; sa chair noire et dure est non- seulement désagréable au goût , mais répugnante à Todorat ; le lait de la fe- melle buffle n'est pas si bon que celui •de la vache ; elle en fournit cependant en plus grande quantité. Dans les pays chauds , presque tous les fromages sont faits de lait de buffle -, la chair des jeu- nes buffles , encore nourrie de lait , n'en £st pas meilleure ; le cuir seul vaut mieux que tout le reste de la bête, dont il n'y a que la langue qui soit bonne à manger ; ce cuir est solide , assez léger et presque impénétrable. Comme ces animaux sont en général plus grands et plus forts que les bœufs , on s'en sert utilement au labourage ; on leur fait traîner et non pas porter les far- •••fl 'j' ^.1 .<^. "\ < \ \ :\^ 84 iiistoihe naturkt.ltc doaux; on les dirige et ou les oontient au moyeu d'uu anneau qu'on leur passe dans le ncs ; deux builles atteins oU plutôt enoliainës à un chariot » tirent autant que quatre forts chevaux ; com- me leur cou et leur tôte se ))ortent na- turellement en bas, ils cmployent, en tirant , tout lu poids de leur corps \ et cotte masse surpasse de beaucoup celle d^m cheval ou d'un bœuf de labour. >> La taille et la grosseur du buflle in- diqueroient seules qu'il est originaire des climats les plua chauds \ les plus grands , les plus gros quadrupèdes ap^* partiennent tous à la zone torrido dans l'ancien continent, et le buffle dans l'ordre de grandeur ou plutôt de masse et d'épaisseur , doit être place après l'éléphant, le rhinocéros et l'hyppo- potame. La gira£Pe et le chameau sont plusélevés, mais beaucoup moins épais, et tous sont également originaires et liabitans des contrées méridionales de l'Afrique ou de l'Asie ; cependant les > 1 '. i a*> ' \ \ «■4 »' ■ ; D U B (B V Fi < ;T 85 biiHlcs vivent et produisent en Italie , en France et dans les autres provinces ietnpéréea 'f ceux que nous avons vus vivons à la mcSnagerie du roi , ont pro- duit deux ou trois fois \ la femelle ne fait qu'un petit et le porte environ douze mois^ co qui prouve encore la différence de cotte espèce à celle de la vache , qui ne porte que neuf mois. Il paroi t aussi que ces animaux sont plus doux et moins brutaux dans leur pays natal , et que plus le climat est chaud , plus ils y sont d'un naturel docile ; en Egypte , ils sont plus traitables qu'en Italie \ et aux Indes , ils le sont encore plus qu'en Egypte. Ceux dltalie ont aussi plus de poil que ceux d'Egypte , et ceux-ci plus que ceux des Indes; leur fourrure n'est jamais fournie, parce qu'ils sont originaires des pays chauds^ et qu'en général les gros animaux de ce climat n'ont point de poil ou n^en ont que très-peu. • t '.^^/rf^rr - „ Au Mogol ; ou fait combattre les buf- , M HTSTOIHB K\TimELLE fles contre les lions et les tigres , quoi- qu'ils ne puissent guère se sei*yir de leurs cornes. Ces animaux sont très- nombreux dans tous les climats chauds y 8ur-tout dans les contrées marëcageu* ses et voisines des fleures. L'eau ou l'humidité du terroin , paroissent leur être encore plus nécessaires que la cha^ leur du climat, et c'est par cette raison que l'on n'en trouve point en Arabie dont presque toutes les terres sont ari- des. On chasse les buffles sauvages, mais avec grande précaution , car ils sont très-dangereux et viennent à l'homme dès qu'ils sont blessés. '^ Dans les terres du Gap de ]k)nne- Espérance , le buffle est d^e la grandeur du bœuf pour le corps, mais il a les jambçs plus courtes, la tête plus large ) il est fort redouté. Il se tient souvent à la lisière des bois, et comme il ir la vue mauvaise , il y reste la tête baissée pour pouvoir mieux distinguer les ob- jets entre les pieds des arbres^ et lors- • #.--# '*'- w • ■"'t'^i^MBHÎlHtv!' »e laisse point teter par le veau, comme le r&^ marque très-bien M. de Bufibn. )> Cette circonstance de l'espèce de chant; nécessaire pour pouvoir traire . jttt.-.' 9^ ^ ^::— ii". > 'm-%f*---^\ "'^V-^— • ' I 1,1 } I I ^ s 96 HTêlTOIRB NATURBLLB lu buffle toinelle, rtppello co que dit le tnoine Bacon du» ses obiierviitionB , qu'aprèa Mo«l et les TurUres vem l'o^ rient , Uy a des vaches qui ne potmei^ Uni pas qu'on les traie y à moins qu'on ne chante ) il ajoute ensuite , que la cou- leur rouge les rendjurieueeë , au fwinù qu*on risque (le perdre la vie , si Von hb trouve a tUour d'elles* Il est indubitable que ces vacbes ne sont autres que dee buffles : ce qui prouve encore que cet animal n'est pas exclasivement des climats cbnuds. u La couleur noire et le goAt désa» grëable de la cbair du buffle , donne' roient lieu do croire que le lait parti- cipe de ces mauvaises qualités ; mai^ au contraire ; il est fort bon, conser- Tant seulement un petit goût musqu6 qui tient de celui de la noix muscade. On en fait du beurre excellent , il a une saveur et une blancheur supérieu- res à celui de la. vache ; cependant on n'en fait point dans la campagne de ,.^J. V» A._ mmii 5 ) dit l« lions y cru l'ot 1 qu'on ia cou- u fjoinô l*on M bi table i]ue des jue cet lit des t dëfla- donne* parti- mai^ :onser- usqud scade. y il a érieu- nton e de •ij, DU B«UVtH|4|Ti 9i II0910 , parce qiiMl eat trop dispcn-* dieux ; maii on y fait une grande con- •ommation du lait préparé d'autres manières. Ce qu'on appelle conmuné- ment œuis de buffles > sont des espèces de petits fromages auxquels on donne la forme d'œufs , qui sont d'un man-* ger très'délicat II y a une autre es- ))èce do fromage que les Italiens nom- ment propaiura, qui est aussi fait de lait de buffle ) il est d'une qualité in- férieure au premier ; le menu peuple en fait grund usage , et les gardiens des buffles ne vivent presque qu'aveo le laitage; de ces animaux* ,,^^ 'j )> Le buffle est très-ardent en amour; il combat avec fureur pour la femelle , et f quand la victoire la lui a assurée , il cherche à en jouir à l'écart. La fe- melle ne met bas qu'au printemps^ et une seule fois l'année \ elle a quatre mamelles , et néanmoins ne produit qu'un seul petit , ou si par hasard elle en fait deux , sa mort est presque tour. V iV' -, "^ff^-'-fi/ff^K^^^ •r: ^ l'Yi'-'rWk'^^ 92 HISTOIRE NATURELLE jours ta suite de. cette fécouditë ; elle produit deux annëés de suite , et se re- pose la troisième , pendant laquelle elle demeure stérile , quoiqu'elle reçoive le mâle ; sa fécondité commence à l'âge de quatre ans, et finit à douze. Quand elle entre en chaleur , elle ap- pelle le mâle par un mugissement par- ticulier , et le reçoit étant arrêtée ; au lieu que la vache le reçoit quelquefois en marchant. . ;. )> Quoique le bufllc nai'SSe 'et soit élevé en troupeau, il conserve cepen- dant sa férocité naturelle , en sorte qu'on ne peut s'en servir à rien , tant qu'il n'est pas dompté : on commen- ce par marquer , à l'âge de quatre ans , ces animaux avec un fer chaud , afin de pouvoir distinguer les bufiles d'un troupeau de ceux d'un autre .... lia marque est suivie de la castration , qui se fait à l'âge de quatre ans. Cette opération paroît nécessaire pour dimi- nuer l'ardeur violente et furieuse que JA- '-«îï. DU B (B U f* ^' ^3 le buffle montre aux combats , et en même temps le disposer à recevoir le joug pour les différens usages auxquels on veut l'employer Peu de temps après la castration , on leur passe un anneau de fer dans les narines.... Mais la force et la férocité du buâle exige beaucoup d'art pour parvenir à lui pas- ser cet anneau. Après l'avoir fait tc^n- ber au moyen d'une corde que Von en- trelace dans ses jambes , les hommes destinés à cela se jettent sur lui pour lui lier les quatre pieds ensemble , et lui passent dans les narines Panneau de fer ; ils lui délient ensuite les pieds et l'abandonnent à lui-même : le buffle furieux court de côté et d'autre , et eu heurtant tout ce qu'il rencontre , cher- che à se débarrasser de cet anneau ; mais avec le temps , il s'accoutui;^e insensiblement; et l'habitude , autant que la douleur , l'amènent à l'obéis- sance j on le conduit avec une corde que l'on attache à cet anneau qui tomb« Quadrup. VU. c| 'A 9i HISTOIRE NATURELLE de lui-même par la suite, au moyen de l'effort continuel des conducteurs , en tirant la corde ; mais alors l'anneau est devenu inutile , car l'animal , déjà vieux , ne se refuse plus à son de^ voir. ':■ > l,r ^>• s ! » Le buDflo paroit encore plus pro- pre que le taureau à ces chasses , dont on fait des, di ver tissemens publics , sur- tout en Espagne. Aussi les seigneurs d'Italie , qui tiennent des bufiles dans leurs terres , n'y employent que ces animaux.... La férocité naturelle du buffle s'augmente lorsqu'elle est exci- tée, et rend cette chasse très-intéres- aante pour les spectateurs. £n effet, le buffle poursuit l'homme avec acharne- ment jusque dans les maisons , dont il monie les escaliers avec une facilité particulière *, il 9e présente même aux fenêtres d'oà il saute dans l'arène , franchissant encore les murs , lorsque les cris redoublés du peuple sont par- venus à le rendre furieux*... , V » . D U B (B U p. ^5 » J'ai souvent été témoin de ces cliassev , qui 8o font dans les fiels de ma famille. Les ibmmos mêmes ont le cou- rage de se présenter dans Farbne : je me souviens d'en avoir vu un exem- ple dans ma mère. » La fatigue et la fureur du buflle , dans ces sortes de chasses , le fait suer beaucoup ; sa sueur abonde d'un sel ex- trêmement acre ot pénétrant , et C9 sel paroît nécessaire pour dissoudre la crasse dont sa peau est presque toujours couverte.... » Le terme de la vie du buffie est À-peU'près le même que celui de la vie du bœuf, c'est-à«dire , à dix-huit ans » quoiqu'il y en ait qui vivent ving-cinq ans ; les dents lui tombent assez com- munément quelque temps avant de mourir. £n Italie , il est rare qu'on leur laisse terminer leur carrière ; après l'âge de douze ans , on est dans l'usage de les engraisser , et de les vendre en- suite aux Juifs de Rome: quelques •* , »■ rV », ' / j4 f '■..-^ " "'v^^t'^W^ >■*'-■* r ■•'TT'Tr'^y r,f35îv jn. ^'' . 1 P . I à6 HISTOIRE NATURELLE Iiabitans de la campagne, forcés par la misère, s'en nourrissent au»si. Dans la terre de Labour du royaume de Na- ples , et dans le patrimoine de Saint- Pierre, on en fait un débit public deux fois la semaine. Les cornes du buffle sont recherchées et fort estimées ; la peau sert à faire des liens pour les char- mes, des cribles et des couvertures de coffres et de malles -, on ne l'emploie pas comme celle du bœuf, à faire des semelles de souliers , parce qu'elle est trop pesante , et qu'elle prend facile- ment l'eau.... » Dans toute l'étendue des Marais- Fontins , il n'y a qu'un seul village qui fournisse les pâtres ou les gardiens des buffles : ce village s'appelle Cistèrna , parce qu'il est dans une plaine où l'on n'a que de l'eau de citerne , et c'est l'un des fiefs de, ma famille.... Les habitans adonnés presque tous à garder des trou- peaux de buffles, sont en même temps les plus adroits et les plus passionnés ^•1 *- • »' . D U B (BITF* ' 97 pour les chasses dont il a été parlé ci- dessus. '' • -■ . ■' ' ••**»■* *■> »;■' -•■ ' -■ )) Quoique le buffle soit un animal fort et robuste , il est cependant déli- cat , en sorte qu'il souffre également de l'excès de la chaleur comme de l'excès du froid ; aussi , dans le fort de l'été , le voit-on chercher l'ombre et l'eau , et , dans l^hi ver , les forêts les plus épais- ses. Cet instinct semble indiquer que le buffle est plutôt originaire des cli- xnsits tempérés , que des climats très- chauds ou très-froids ». >. •;' .' r • • * 'Au reste il seroit fort à désirer que l'on pût naturaliser en France cette es- pèce d'animaux aussi puissans qu'uti- les ; je suis persuadé que leur multipli- cation réussiioit dans nos province»,^ où il se trouve des marais et des maré- cages , comme dans le Bourbonnois j en Champagne , dans le Bassigny , en Al- sace , et même dans les plaines le long de la Saône , aussi bien que dans les en- droits marécageux du pays d'Arles , et \ ï»-*" Il '3}\ 98 HISTOIRE NATURELLE des landes de Bordeaux. L'impératrice de Russie en a fait venir d'Italie , et Va a fait placer dans quelques-unes de ses provinces méridionales , ils se sont déjà fort multipliés dans le gouverne^* ment d'Astracan et dans la nouvelle R ussie. J(Cii ri; ?>. »r»«,>l.. i' ' ■ '"l'I/l f'p . , •l;; '.'- * - VACHE DE TARTARIK - M. G M E L I N a donné dans les nou- veaux Mémoires de l'Académie de Pëlersbourg ladescription d'une vache de Tartarie y quiparoit au premier coup d'œil cire d'une espèce différente de toutes celles dont nous avons parlé. « Cette vache , dit-il , que j'ai vue vi- vante et que j'ai fait dessiner en Sibé- rie , venoit de Calmouquie : elle avoit de longueur deux aunes et demie de Russie; par ce module on peut juger des autres dimensions dont le dessina- teur a bien rendu les proportions. Le curps ressemble à celui d'une vach» 'à D U B dans y le poil du corps et de la tête est noir, à l'exception da front et de Të- pine du dos , sur lesquels il est blanc ; le cou a une crinière, et tout le corps comme celui d'un bouc , est couvert d'un poil très-long , et qui descend jusque sur les genoux, eh sorte que les pieds paraissent très-courts; le dos ^'élève «n bosse-, la queue ressemble à celle du cheval , elle est d'un poil blanc et très-fourài *, les pieds de devant sont noirs , ceux de demère blancs , et tous sont semblables à ceux du bœuf ; sur les talons des pieds de derrière , il y a deux houppes de longs poils , Tune en avant et l'autre en arrière , et sur les talons des pieds de devant il n'y a qu'une houppe en arrière. Cet animal ne mugit pas comme un bœuf, mais il grogne comme un cochon; il est sau- vage et même féroce , car à l'exception de l'homme qui lui donne à manger , il donne des coups de tête à tous ceiuï 'im '••*>«,'♦ ■ n ■■- ■ lOO HISTOIRE NATURELLE qui rapprochent. H ne souffre qu'avec peine la présence des vaches domesti- ques; lorsqu'il en voit quelqu'une, il grogne, ce qui lui arrive trè8*rareinent en toute autre circonstance ». M. Guie- lin ajoute à cette description , qu'il est aisé de voir <( que c'est le même ani* mal dont Rubruquis a fait mention dans son voyage de Tartarie.... qu'il y en a de deux espèces chez les Calmou- ques ; la première nommée sarluk, qui est celle même qu'il vient de décrire, la seconde appelée ohainuk, qui diffère de l'autre par la grandeur de la tête et des cornes , et aussi en ce que la queue qui ressemble à son oi-igine à cellod'un cheval , se termine ensuite comme celle d'une vache , mais que toutea deux sont du même naturel ». Il n'y a dans toute c^tte description qu'un seul caractère qui pourroit indi- c|ner que ces vaches de Galmonquie sont d'une espèce particulière , c'est le grognement au lieu du mugissement ^ V .J.V . ■ '■f ■ .K«*"r: >ti(Mi Indi- ■^ B U B (B U F. ÏOI car pour tout le reste , ces vaches res- semblent si fort aux bisons, que je ne doute pas qu'elles ne soient de leur es- pèce ou plut(H de leur race: d'ailleurs, quoique l'auteur dise que ces vaches ne mugissent pas , mais qu'elles gro- gnent, il avoue cependant qu'elles gro- gnent très-rarement , et c'étoit peut- être une affection particuliè re de l'in- dividu qu'il a vu , car Rubruquis et les autres qu'il cite ne parlent pas de ce grognement ; peut-être aussi les bisons lorsqu'ils sont irrites ont-ils un gro- gnement de colère ; nos taureaux même , sur-tout dans le temps du rut, ont une grosse voix entrecoupée qui ressemble beaucoup plus à un grogne* ment qu'à un mugissement. Je suis donc persuadé que cette vache gro- gnante (^pacca grunniens ) de M. Gme- lin, n'est autre chose qu'vin bison, et no fait pas une espèce particulière. pat> ; •w-'îî*»*»»^»' "% *i ♦* •- Y"' ^*\«* --^^Wp: '^-. lOa HISTOIRR NATURELLE Espèces connues dans ce genre. Le Bœuf , 6oj Taurua» Le Bison d'Amérique, bos Americanua. Le Buffle ^ 6o« £u6a/u^. • • : i .'I ) » s •; *'> ■•!/ ; / - '. • ' ■v .-»., 1 »■■ j, ■' ; • 'Il ;■ >' >* ■ ' ■ > ' ■■ •< ' .;•■•> >:J-. - • i .ir-;' r. (:,'. '^ _i > \ «? ' ■ <"t ' ». / . ' . , ♦ I ! •C. :rl,-f,- li ^ ■jiiaS««*"'f"" l.«^-.>^.^»-<-, M » • ^ .^ :* ■'^. »^ ta r**» II* •■ #»••-«. ,>, . ""• * ■**■ ELLE ce genre. \encanus. ' ' - ^» M ' ' t t ' ^ 'v . f t » 'f, ^•JiJtS^ rom fir V I 1 ^.KCHKVAL. :> . X.'ÀNK. lui r »'.^ I l'i '*%»f t''tTt**i y^' £ s H w i. ^ I V n i , î 4*'Mi' *^ \irtl [iirf.^l- W'I •ni* mtutrvF -* -i'H.A ■.<• ,•>■?■' h' (• > '•j^H-f, ^,*^h'''^ -f*t^f.-'. s*'" ./t# r^jonin M» ih f^»' :.*.» •*t île* ^ï , l'.>«î ':i l'^T* •*■?* V'I MU (> •* M »î '.' ' i \'^V*i\i*- >IV nIvU ,<' fi- hi :'; ,■*:> ^r •:l , ■■♦# * w'>.>t f- r*-5» f 4» I. r'^ . .•%.»^ «ï il* ïir' ' mmm I ;■'" •v-jijL.fi vs*.' : ' ^?*'W^'', "-^^if ?;tTU *^rW? i-'^'o .flwi ^,.»" v' .•«îl ■!? ei? i I DU CHEVAL. io3 X L* GENRE. LE CHEVAL, equus. Caractère générique : six dents incisives à chaque mâchoire. L E C H E V A L. La plus noble conquête que l'homme ait jamais faite , est celle de ce fier et fougueux animal , qui partage avec lui les fatigues de la guerre et la gloire des combats ; aussi intrépide que son mai' tre , le cheval voit le përil et Taffronte , il se fait an bruit des armes, il l'aime, il le cherche , et s'anime de la même ardeur : il partage aussi ses plaisirs à la chasse ,aux tournois , à la course , il Il Uni m I ' \ ro4 HISTOIRE NATURELLE brille, il étincelle ; mais docile autant que courageux , il ne se laisse point emporter à son l'eu , il sait réprimer ses mouvemens ; non- seulement il fléchit sous la main de celui qui le guide , mais il semble consulter ses désirs ; et obéis- sant toujours aux impressions qu'il en reçoit, il se précipite, se modère on s'arrête , et n'agit que pour y satisfaire : c'est une créature qui renonce à sou être pour n'exister que par la volonté d'un autre , qui sait même la prévenir; qui, par la promptitude et la précision de ses mouvemens , l'exprime et l'exé- cute; qui sent autant qu'on le désire, et ne rend qu'autant qu'on veut j qui, se livrant sans réserve , ne se refuse à rien , sert de toutes ses forces , s'ex- cède et même meurt pour mieux obéir. Voilà le clieval dont les talens sont développés , dont l'art a perfectionné les qualités naturelles , qui dès le pre- mier âgé a été soigné et ensuite exercé, dressé au service de l'homme; c'est par '■^'^ .j».... D U C H E V A L. 105 la perte de sa liberté que commenco son éducation , et c'est parla contrainte qu'elle s'achève : l'esclavage ou la do- mesticité de ces animaux est même si universelle, si ancienne , que nous no les voyons que rarement dans leur état naturel , ils sont toujours couverts de barnois dans leurs travaux : on ne les délivre jamais de tous leurs liens ^ même dans le temps du repos ; et si on les laisse quelquefois errer en liberté dans les pâturages , ils y portetit tou- jours les marques de la servitude , et souvent les empreintes cruelles du tra- vail et de la douleur ; la bouche est dé- formée par les plis que le mors a pro- duits, les flancs sont entamés par des plaies, ou sillonnés de cicatrices faites par l'éperon ; la coi ne des pieds est traversée par des clous , l'attitude du corps est encore gênée par l'impression subsistante des entraves habituelles y on les en délivreroit en vain , ils n'en ^eroient pas plus libres : ceux. même Quadrup. VU. lo , y ! I i - .] »06 HISTOIRE NATURELLE dont l'esclavage est le plus douX; qu'on ne nourrit > qu'on n'entretient que pour le luxe et la magnificence , et dont les chaînes dorées servent moins à leur parure qu'à la vanité de leur maître ) sont encore plus déshonorés par l'élégance de leur toupet , par les tresses de leurs crins , par l'or et la soie dont on les couvre^ que par les fers qui sont sous leurs pieds. La nature est plus belle que Fart, et dans un être animé la liberté des mouvemens fait la belle nature : voyez ces chevaux qui se sont multipliés dans les contrées de l'Amérique espagnole , et qui vivent en chevaux libres ) leur démarche , leur course , leurs sauts , ne sont ni gênés ni mesurés j £ers de leur indépendance; iU fuient la pré- sence de l'homme ; ils dédaignent ses aoins y ils cherchent et trouvent eux- mêmes la nourriture qui leur convient , ils errent, ils bondissent en liberté dans des prairie^ immenses; oi\ ils . I , quon at que tice , et t moins de leur honorés par les it la soie I fers qui le Fart, erté des î : voyez liés dans agnole, es j leur sauts , £ers de la pri- ent ses t egoL- |n vient y liberté ovl ils D U CH E V AL. 107 cueillent les productions nouvelles d'un printemps toujours nouveau : sans ha- bitation fixe f sans autre abri que celin d'un ciel serein, ils respirent un air plus pur que celui de ces palais voûtés où nous les renfermons en pressant les espaces qu'ils doivent occuper; aussi ces chevaux sauvages sont-ils beau- coup plus forts , plus légers, plus ner- veux que la plupart des chevaux do- mestiques , ils ont ce que donne la na- ture , la force et la noblesse , les autres n'ont que ce que l'art peut donner 9 l'adresse et l'agrément. Le naturel de ces animaux n'est point féroce, ils sont seulement fiers et sauvages -, quoique supérieurs par la force à la plupart des autres animaux , jamais ils ne les attaquent j et s'ils en sont attaqués ils les dédaignent , les écartent ou les écrasent : ils vont aussi par troupes , et se réunissent pour le seul plaisir d'être ensemble ; car ils n'ont aucune crainte, mais ils pren< Il il l 'f il V \ il? % I m -*?♦ lo8 HISTOIRE NATURELLE nent de rattachement les uns pour les autres ; comme l'herbe et les v<^gëtaux suffisent à leur nourriture , qu'ils ont abondamment de quoi satisfaire leur appétit f et qu'ils n'ont aucun goût pour la chair des animaux ^ ils ne leur font point la guerre, ils ne se la font point entr'eux , ils ne se disputent pas leur subsistance , ils n'ont jamais occa- sion de ravir une proie ou de s'arra- cher un bien , sources ordinaires de querelles et de combats parmi les au- tres animaux carnassiers : ils vivent donc en paix , parce que leurs appétits sont simples et modérés , et qu'ils ont assez pour ne rien envier. Tout cela peut se remarquer dans les jeunes chevaux qu'on élève ensem- ble et qu'on mène en troupeaux*, ils ont les moeurs douces et les qualités sociales , leur force et leur ardeur ne se marquent ordinairement que par des signes d'émulation ; ils cherchent à se devancera la course^ à se faire et / V i[ E pour les -«^gëtaux u'ils ont lire leur un goût î ne leur B la font lent pas ais occa- e s'arra- airos de i les au- i vivent appétits lu'ils ont ler dans ensem- 3LUX', ils qualités eur ne ue par erchent faire et DU CHEVAL. , 109 même s'animer au péril en se défiant h traverser une rivière, sauter un fossé ; et ceux qui dans ces exercices naturels donnent l'exemple, ceux qui d'eux- mêmes vont les premiers, sont les plus gt'néreux , les meilleurs , et souvent les plus dociles et les plus soupleslorsqu'ils sont uile fois domptés. Quelques anciens auteurs parlent des chevaux sauvages , et citent même les lieux oii ils se trouvoient. Hérodote dit que sur les bords de l'Hypanis en Scythie , il y avoit des chevaux sauva- ges qui étoient blancs , et que dans la partie septentrionale de la Thrace au- de là du Danube , il y en «voit d'autres qui avoient le poil long de cinq doigts par tout le corps; Aristote cite la Syrie, Pline les pays du nord , Strabon les Alpes et l'Espagne, comme des lieux où l'on trouvoit des chevaux sauvages. Par- mi les modernes, Cardan dit la même chose de l'Ecosse et des Orcades, Olails de la Moscovie, Dapper de l'île de un m lu i u lîO HISTOIRE NATUnKU.E Chypre, où il yavoit, dit -il, des clie- vanx sauvages qui ëtoient beaux et qui avoient de la force et de la vitesse ; Struys de Pile de May au Cap Verd , oi\ il y avoit des chevaux sauvages fort petits ; Lëon TAfricain rapporte aussi qu'il y avoit des chevaux sauvages dans les déserts de l'Afrique et de l'A- rabie ; et il assure qu'il a vu lui-même dans les solitudes de Numidic , un poulain dont le poil ëtoit blanc et la crinière crëpue. Marmol confirme co fait, en disant qu'il y en a quelcjnesuns dans les dëserts de l'Arabie et de la Li- bye, qu'ils sont petits et de couleur cendrëe , qu'tl y en a aussi de blancs , qu'ils ont la crinière et les crins fort courts et hérisses , et que ni les chiens ni les chevaux domestiques ne peuvent les atteindre à la course : on trouve aussi dans les Lettres édifiantes , qu'à la Chine , il y a des chevaux sauvages fort petits. Comme toutes les parties de l'Europe #«» .' I DU CHEVAL. 111 «ont aujourd'hui peuplées et presque oralement Jiabitëes, on n'y trouve plus dn chevaux sauvages*, et ceux que l'on voit en Amérique sont des chevaux domestiques et européens d'origine ^ que les Espagnols y ont transportés^ et qui se sont multipliés dans les vastes déserts de ces contrées inhabitées ou dépeuplées , car cette espèce d'ani- maux manquoit au nouveau Monde. L'élonnenient et la frayeur que mar- quèrent les habitans du Mexique et du Pérou à l'aspect des chevaux et des cavaliers, firent assez voir aux Rspa- gnols que ces animaux éloient absolu- ment inconnus dans ces climats ; ils en transportèrent donc un grand nombre , tant pour leur service et leur utilité particulière, que pour en propager l'espèce-, ils en lâchèrent dans plu- sieurs lies et même dans le continent^ oh ils se sont multipliés comme les au- tres animaux sauvages. M. de la Salle eu a vu en 1 6H5 dans l'Amérique sep- u Il il A ■ Il 11 i (M. ail I V !f //' ^ } lia HISTOIRE NATURELLE teiitrionale , prèa de la baie Saint-^ liouis ; ces chevaux paissoicnt dans les prairies , et ils étoient si farouches , qu'on ne pouvoit les approcher. L'au- teur de l'histoire des Aventuriers fli- bustiers , dit « qu'on voit quelquefois dans l'ilo S. -Domingue des troupes de plus de cinq cents chevaux qui courent tous ensemble, et que lors- qu'ils appcrçoivent un homme ils s'ar- rêtent tous; que l'un d'eux s'approche à une certaine distance , souffle des na- seaux, prend la fuite , et que tous les autres le suivent». Il ajoute qu'il no sait si ces chevaux ont dégénère en devenant sauvages , mais qu'il no les a pas trouvés aussi beaux que ceux d'Es- pagne quoiqu'ils soient de cette race. (( Ils ont f dit-il, la tête fort grosse aussi bien que les jambes, qui de plus sont raboteuses ; ils ont aussi les oreilles et le cou longs ; les habitans du paye les apprivoisent aisément et les font en- suite travailler, les chasseurs leuifout • 4 . » *** * «f .♦ DU C II K V A L. ]|3 porter leurs cuirs : on se sert pour les prendre de lacs de corde , qu'on tend diins les endroits où ils frër|ucntcnty ils s'y engagent aisément , et s'ils se prennent par le cou ils s'étranglent eux- mêmes , à moins qu'on n'arrive assez lAl pour les secourir ; on les arrête par le corps et les jambes , et on les attache à des arbres , où on les laisse pendant deux jours sans boire ni manger ', cette épreuve suffit pour commencer à lee r«*adre dociles , et avec le temps ils le ciovicnnent autant que s'ils n'eussent jamais été farouches ; et même , si par quelque hasard ils se retrouvent en li- berté, ils ne deviennent pas sauvages inie seconde lois , ils reconnoissent leurs maîtres , et se laissent approcher et reprendre aisément. Cela prouve que ces animaux sont naturellement doux et très-disposés à se familiariser avec l'homme et à s'at- tacher à lui, aussi n'arrive-t il jamais qu'aucun d'eux quitte nos maisons jk^uv ''1 > »vi ii -I i ■'adP^ M ( \ ll4 HISTOIRE NATURELLE se retirer dans les forêts ou dans 1rs déserts , ils marquent au contraire beaucoup d'empressement pour reve- nir au gîte , où cependant ils ne trou- vent qu'une nourriture grossière et toujours la même , et ordinairement mesurée sur l'ëconomie beaucoup plus que sur leur appétit ; mais la douceur de l'habitude leur tient lieu de ce qu'ils perdent d'ailleurs : après avoir été ex- cédés de fatigue , le lieu du repos est un lieu de délices , ils le sentent de loin, ils savent le reconnoître au milieu des plus grandes villes, et semblent préférer en tout l'esclavage à la liberté ; ils se font même une seconde nature des habitudes auxquelles on les a for- cés ou soumis j puisqu'on a vu des che- vaux abandonnés dans les bois , hennir continuellement pour se faire enten- dre, accourir à la voix des hommes , et en même temps maigrir et dépérir en peu de temps, quoiqu'ils eussent abondamment de quoi varier leur i i > *'* **♦ DUCUEV\L. Il5 nourriture et satisfuiro leur appétit* Leurs mœurs viennent donc près* que en entier de leur éducation , et cette éducation suppose des soins et des peines que rhomme ne prend pour au- cun autre animal j mais dont il est dé- dommagé par les services continuels que lui rend celui-ci. Dès les temps du premier âge on a soin de séparer les poulains de leur mère; on les laissa teter pendant cinq , six ou tout au plus sept mois ; car l'expérience a fait voir que ceux qu'on laisse teter dix ou onze mois y ne valent pas ceux qu'on sèvre plutôt , quoiqu'ils prennent ordinaire- ment plus de chair et de corps : après ces six ou sept mois de lait, on les sèvre pour leur faire prendre une nourriture plus solide que le lait , on leur donne du son deux fois par jour et un peu de foin y dont on augmente la quantité à mesure qu'ils avancent en âge y et on les garde dans l'écurie tant qu'ils mar- quent de l'inquiétude pour retourner i « • I vA'ïï li r |N i m II I -'3*1^ i ■ ^.■ 11^ HISTOIRE NATURELLE à leur mère j mais lorsque cette inquié- tude est passée , on les laisse sortir par le beau temps , et on les conduit aux pâturages *, seulement il faut prendre garde de les laisser paître à jeun, il faut leur donner le son et les faire boire une heure avant de les mettre à l'herbe , et ne jamais les exposer au grand froid ou à la pluie ; ils passent de cette façon le premier hiver : au mois de mai suivant, non-seulement on leur permettra de pâturer tous les jours ^ mai^ on les lais- sera coucher à l'air dans les pâturages pendant tout l'été et jusqu'à la 6n d'oc- tobre, en observant seulement de ne leur pas laisser paître les regains; s'ils s'accoutumoient à cette herbe trop fine , ils se dégoûteroieut du foin , qui doit cependant faire leur principale nourriture pendant le second hiver, avec du son mêlé d'orge ou d'avoine mouliis : on les conduit de cette façon en les laissant pâturer le jour pendant l'hiver , et la nuit pendajit l'été jusqu'à H Ë î inqnié- srtir par luit aux prendre n, il faut )oire une lerbe, et froid ou I façon le suivant, lettra de 1 les lais- )âturages . fin d'oc- it de ne ins; s'ils )e trop bin , qui 'incipale hiver, avoine ;e façon pendant jusqu'à DIT CHEVAL. iii rage de quatre ans , qu'on les retire du pâturage pour les nourrir à l'herbe sè- che ; ce changement de nourriture de- mande quelques précautions , on ne leur donnera pendant les premiers huit jours que de la paille , et on fera bien de leur faire prendre quelques breuva- ges contre les vers , que les mauvaises digestions d'une herbe trop crue peu- vent avoir produits. M. de Garsault , qui recommande celte pratique , est sans doute fondé sur l'expérience j ce- pendant on verra qu'à tout âge et dans tous les temps l'estomac de tous les chevaux est farcâ d'une si prodigieuse quantité de vers, qu'ils semblent faire partie de leur constitution ; nous le» avons trouvés dans les chevaux sains comme dans les chevaux malades , dans ceux qui paissoient l'herbe comme dans cîeux qui ne mangeoient que de l'avoine et du foin ; et les ânes, qui de tous les animaux sont ceux qui approchent le plus de la nature du cheval , ont aussi Quadiup. VU. Ji \\ h' ■ï i \ \ I ù ,-^,*w»^ ,/ 1^ ll8 HISTOIRE NATURELLE cette prodigieuse quantité de vers datlft l'estomac , et n^ea sont pas plus incom- modés : ainsi on ne doit pas regarder les vers, du moins ceux doni nous par- lons f comme une maladie accidentelle causée par les mauvaises digestions d'une herbe crue , mais plutôt comme un effet dépendant de la nourriture et de la digestion ordinaire de ces ani- maux. Il faut avoir attention , lorsqu'on se- vré les jeunes poulains , de les mettre dans une écurie propre , qui ne soit pas trop cbaude , crainte de les rendre trop délicats et trop sensibles aux impres- sions de l'air ; on leur donnera souvent de la litière fraîche , on les tiendra pro- pres en les bouchonnant de temps en temps : mais il ne faudra ni les atta- cher ni les panser à la main qu'à l'âge de deux ans et demi ou trois ans , ce frottement trop rude leur causeroit de la douleur , leur peau est encore trop délicate pour le souffrir , et ils dépéri- Ë irs àaM incorn- regarder ous par- dentelle gestions comme iture et ces ani- [u'on sè- i mettre soit pas Ire trop irapres- souvent drapro- mps en es atta- l'à l'âge ms, ce roit de e trop dépéri- DU CHEVAL. 11^ roient au lieu de profiter ; il faut aussi avoir soin que le râtelier et la man*- geoire ne soient pas trop élevés , la né- cessité de lever la tête trop haut pour prendre leur nourriture pourroit leur donner Thabitude de la porter de cette façon , ce qui leur gâteroit l'encolure. Lorsqu'ils auront un an ou dix- huit mois , on leur tondra la queue , les crins repousseront et deviendront plus forts et plus touffus. Dès l'âge de deux ans il faut séparer les poulains , mettre lès mâles avec les chevaux , et les femelles avec les jumens , sans cette précaution les jeunes poulains se faligueroient au- tour des poulines , et s'éncrveroient sans aucun fruit. A l'âge de trois ans ou de trois ans et demi , on doit commencer à les dres- ser et à les rendre dociles ; on leur mettra d'abord une légère selle et ai- sée , et on les laissera sellés pendant deux ou trois heures chaque jour j on les accoutumera de même à recevoir lé iM 4 Vf t ù J , — tj»» t h. ^ t 120 HISTOIRE NATURELLE un bridon dans la bouche et à se laisser lever les pieds , sur lesquels on frap- pera quelques coups comme pour les ferrer j et si ce sont des chevaux des- tinés au carrosse ou au trait , on leur mettra un harnois sur le corps et un bridon : dans les commencemens il ne faut point de bride ni pour les uns ni pour les autres •, on les fera trotter en- I suite à la longue avec un cavesson sur !e nez , sur un terrein uni , sans être mon- tés , et seulement avec la selle , le har- nois sur le corps ; et lorsque le cheval de selle tournera facilement et viendra volontiers auprès de celui qui tient la longe , on le montera et descendra dans la même place , et sans le faire mar- cher, jusqu'à ce qu'il ait quatre ans, parce qu'avant cet âge il n'est pas en- core assez fort pour n'être pas , en marchant , surchargé du poids du ca- valier ; mais à quatre ans on le mon- tera pour le faire marcher au pas ou au trot; et toujours à petites re|}rise$ : E le laisser »n frap- [)Our les lUx des- on leur )s et un ms il ne s uns ni 3tter en- on sur !e tre mon- , le har- e cheval viendra tient la dra dans re mar- re ans, pas en- >as en du ca- le mon- pas ou îjirises : DU CHKVAL. ' 121 quand le cheval de carrosse sere accou- tumé au harnois , on l'atellera avec un autre cheval fait , en lui mettant une bride, et on le conduira aveeune longe passée dans la bride jusqu'à. ce qu'il commence à être sage au trait ; alors le cocher essayera de le faire reculer , ayant pour aide un homme devant qui le poussera en arrière avec douceur , et même lui donnera de petits coupa pour l'obliger à reculer : tout cela doit se faire avant que les jeunes chevaux ayent changé de nourriture; car quand une fois ils sont ce qu'on appelle en- grenés , c'est-à-dire , lorsqu'ils sont au grain et à la paille , comme ils sont plus vigoureux , on a remarqué qu'ils étoient aussi moins dociles , et plus dif- ficiles à dresser. - r > . Le mors et l'éperon sont deux moyens qu'on a imaginés pour les obliger à re- cevoir le commandement, le mors pour la iprécision , et l'éperon pour la promp- titude des mouvemensr La bouche n»  Va ï h ~-^i*^'*«UH ■ .f*J^-- 4«^f&S»)S«M-'' Ï2« mSTOIRE NATURELLE paroissoit pas destinée par ia naturel recevoir d'autres impressions que celles du goût et de Pappétit -, cependant elle est d'une si grande sensibilité dans le cheval , que c'est à la bouche , par pré- férence à l'œil et à l'oreille , qu'on s'a- dresse pour transmettre au cheval lea signes de la volonté *, le moindre mou- vement ou la plus petite pression du mors suffît pour avertir et déterminer l'animal ^ et cet organe de sentiment n'a d'autre défaut que celui de sa per- fection même y sa trop grande sensibi- lité veut être ménagée ; car si on en abuse , on gâte la bouche du cheval en la rendant insensible à l'impression du mors î les sens de la vue et de l'ouïe ne seroient pas sujets à une telle altérji- tion, , et ne pourroient être émoussés de cette façon ; mais apparemment ou a trouvé des inconvéniens à comman-* der aux chevaux par ces organes , et il est vrai que les signea transmis par le tov^cher font beaucoup plus d'effet sur i M % ï I % m » DU CHEVAL. 123 les animaux en général que ceux qui leur sont transmis par l'œil ou par l'o- reille j d'ailleurs , la situation des che- vaux par rapport à celui qui les monte ou qui les conduit , rend les yeux pres- que inutiles àcetcfièt, puisqu'ils ne voyentque devant eux, et que ce n'est qu'en tournant la tête qu'ils pourroient appercevoir les signes qu'on leur fe- roit -, et quoique l'oreille soit un sens par lequel on les anime et on les con- duit souvent , il paroi t qu'on a res- treint et laissé aux chevaux grossiers l'usage de cet organe, puisqu'au ma- nège , qui est le lieu de la plus parfaite éducation , l'on ne parle presque point aux chevaux , et qu'il ne faut pas mê- me qu'il paroisse qu'on les conduise : en effet , lorsqu'ils sont bien dressés , la moindre pression des cuisses , le plus léger mouvement du mofs suffit pour les diriger , l'éperon est même inutile > ou du moins on ne s'en sert que pour les forcer à faire des mouvemens vii>» n^•' I». l la4 HISTOIRE NATURELLE Iciis; cl. lorsque , par l'iiioplic du cava- lier, il arrive qu'en donnant do l't^ic- l'on il retien I. la bride , le cheval se trouvant c\rili? d'un eolé et retenu de Vautre, ne peut que se cabrer eu faisant un bond sans sortir de sa place. On donne à la lùte du cheval , par le moyen de la bride , un air avanla- geux et relevé ; oji la place comme elle doit être , et le plus petit signe ou le plus petit mouvement du cavalier sut- «sf iit pour faire prendre au cheval ses dilTéreutcs allures ; la plus naturelle est peut-être le trot ; mais le pas et même le galop sont plus doux pour le cavalier , et ce sont aussi les deux allu- res qu'on s'applique le plus à perfec- tionner. Lorsque le cheval lève la jam- be de devant pour marcher , il faut que ce mouvement soit fait avec har- diesse et facilité , et que le genou soit asseZi plié -y la jambe levée doit paroitre soutenue un instant , et lorsqu'elle re- tombe , le pied doit être ferme et ap- .Vl .,..^.jk- DU CHEVAL» 1 a5 payer cgalctncul sur la Icrrc , sans que la tète du clieval reçoive aucune iui- pression île ce mouvement ; car lors- que la jambe retombe subitement , et que la tôte bais^se en môme temps , c'est ordinairement pour soulager prompte- ment l'autre jambe qui n'est pas assez forte pour supporter seule tout le poids du corps ; ce défaut est très-grand aussi bien que celui do porter le pied en dehors ou en dedans , car il retom- be dans cette même direction : l'on doit observer aussi que lorsqu'il appuie sur le talon , c'est une marque de foi- blesse, et que quand il pose sur la pin- ce , c'est une attitude fatigante et for- cée que le cheval ne peut soutenir long- temps. » Le pas , qui est la plus lente de tou- tes les allures , doit cependant être prompt ; il faut qu'il ne soit ni trop alongé ni trop raccourci , et que la dë- ïnarche du cheval soit légère : cette lé- gèreté déjpend beaucoup de la libert» >U L ■w. / {' î^' -'•* ^--J^ •^_, ,. Al '• \ f \n^ 1 1 ^' ■*■• V. laB HISTOIRE NATURELLE des ëpaules , et se reconnoît à la ma- nière dont il porte la tête en marchant -y. s'il la tient haute et ferme , il est ordi- nairement vigoureux et léger : lorsque le mouvement des épaules n'est pas assez libre , la jambe ne se lève point assez , et le cheval est sujet à faire dea faux-pas et à heurter du pied contre les inégalités du terrein , et lorsque lea épaules sont encore plus serrées , et que le mouvement des jambes en paroh indépendant, le cheval se fatigue , fait drschules, n'est capable d'aucun ser- vice : le cheval doit être sur la hanche, c'est-à-dire , hausser les épaules et baisser la hanche en marchant , il doit aussi soutenir sa jambe et la lever assez haut ; mais s'il la soutient trop long- temps , s'il la laisse retomber trop lentement , il perd tout l'avantage de la légèreté , il devient dur , et n'est bon que pour l'appareil et pour piafièr» Une suffit pas que les mouvemens du cheval soient légers , il faut encore 1 -V > ; - T.-',J^,r •} LE à la m»- arcbant -y, est ordi- : lorsque l'est pas ve point faire des îd contre rsque les rees , et en paroh gue , fait cun ser- i hanche, >aules et il doit ver assez )p long- er trop tage de et n'est piaffer* nens du encore DU CHEVAL» 127 qu'ils soient ^gaux et uniformes dans le train du devant et dans celui du der- rière ; car si la croupe balance tandis que les épaules se soutiennent, le mou- vement se fait sentir au cavalier par secousses y et lui devient incommode , la même chose arrive lorsque le cheval alonge trop de la jambe de derrière , et ^u'il la pose au-delà de l'endroit où lo pied de devant a porté : les chevaux dont le corps est court sont sujets à ces défauts ; ceux dont les jambes se croi- sent ou s'atteignent n'ont pas la dé- marche sûre , et en général ceux dont le corps est long sont les plus commo- des pour le cavalier > parce qu'il se trouve plus éloigné des deux centres de mouvement , les épaules et les han- ches, et qu'il en ressent moins les im- pressions et les secousses. *: Les quadrupèdes marchent ordinai- rement en portant à-la^fois en avant une jambe de devant et une jambe de derrière , lorsque la jambe droite de f ' i^ ^, -vf- -» 1 »*^." -• i\'', / \ M ia8 HISTOIRE NATURELLE devant part , la jambe gauche de der- rière 8uit et avance en même temps ; et ce pas étant fait , la jambe gaucho de devant part à son tour conjointe- ment avec la jambe droite de derrière , et ainsi do suite. Gomme leur corps porte sur quatre points d'appui qui forment un quarrë long^ la manière la plus commode de se mouvoir est d'en changer deux à-la-fois en diagonale , de façon que le centre de gravité du corps de Taniftial ne fasse qu'un petit mouvement et reste toujours à-peu- près dans la direction des deux points d'appui qui ne sont pas en mouvement dans le§ tr<^ -allures naturelles du che- val , le pas , le trot et le galop ; cette règlede mouvement s'observe toujours , mais avec des différences. Dans le pas il y a quatre temps dans le mouvement; si la jambe droite de devant part la première , la jambe gauche de der- rière suit un instant après ; ensuite la jambe gauche de devant part à son v^. -^ ., f ':^f-ri i:*j***V' { DU CHEVAL. 129 tour pour èfc^fiiivie un insUnt après de la jamhe droi te de derrière ^ ainsi le pied droit de devant pose à terre le premier, je, pied gauche de derrière pose k tei!re.U3 second, le pied gauche de devan^po^e à terre le troisième, et le pied, drpit de: derrière pose à terre le dernier., ce qui fait un mouvement à quatre temps et à trois intervalles , dont le premier et le dernier sont plus courts que celui du milieu. Dans le trot il n'y 9 que deux temps dans le mouve- ment ', si la jambe droite de devant part, la jambe ^ucbe de derrière part aussi en même temps, et sans qu'il y ait aucun intervalle* entre le mouvemen ' ae l'une et le mouvement de l'autro , ensuite la jambe gauche de devant part avec la droitcdederrière aussi en même temps, de sorte qu'il n'y a dans ce mouvement du trot que deux temps et un inter- valle; le pied droit de devant et le pied gauche de derrière posent à terre en même temps , et ensuite le ]?ied gau- Quadrup. VU. 12 V If «5tl HIStOiRÉ NATURELLE cho dé âét^Atit et le droit de dèrriërè posent aussi à lerré éii même temps. Dans le gAÏop il y à oi*diiiaiiéhJétit trois temps ; mais comme dans ce riiottVef- ment, qtii est une espèce de sant /les parties antériettred du thèvàl hé se meuvent pas d'abord d'elles-mêmes , et qu'elleà sont chassëe^ par là force des hanches et des partieà postérieure^ , $i des deux jambes de devant la droite doit avancer plus que la gaiicfae, il faut auparavant que le pied gauche de dei*- rière pose à terre pour servir de point d'appui à ce mouvement d'élancement ^ ainsi c'est le pied gauche de derrière qui fait le premier temps du mouve- ment et qui pose à terre lé premier, ensuite la jambe droite de derrière se lève conjointement avec la gauche de devant, et elles retombent à terre en même temps; et enfin la jambe droite de devant, qui s'est levée un instant après la gauche de devant et la droite de derrière, se pose à terre la dernière, LLE c dérrlferè hte temps. \hiéÀt trois îe riioùVe^ e sant, les vàl ne se 38- mêmes , r là force stërleureS , it là droite ïfae, il faut hè de der- r de point ancement, e derrière Il moiive- premier , érrière se Tauclie de terre en be droite instant là droite èrnière. , l) U CHEVAL,.- i3i ce qui fait le ti'oisième temps; ainsi dans ce mouvement du galpp» il y à trois temps et deux intervalles ; et dans le, premier de ces intervalle»;; Iprsque le mouvement se fait avec vitesse , il y a un instant oà les quatre jjai)^b,eis sont en l'air en même temps , et où Vop. voit les quatre fers du cheval â-la-fois : lorsr- que le v<;lieval a les hanches et les j^rret^ souples, et qu'il les remue avec vitesse et a^ilitë^ ce mouvement du galop est plus parfait, et la cadence s'en fait à iquatre temps : il pose d'abord le pie^ gauche de derrière, qui marque le pre- mier temps , ensuite le pied droit de derrière retombe le premier et marq\i0 le second temps , le pied gauche de de- vant tombant un instant après marque le troisième temps , et enfin le pied droit de devant qui retombe le dernier mar- que le quatrième temps. ^ r) - f jj ; i - 1 Les chevaux galopent ordinaire- ment sur le pied droit, de la même u^anière qu'il» partçnt de la Jambe ■jr-' 4 h l33 HISTOIRE NATURELLE droite de devant pour marcher et pour trotter-, ils entament aussi le chemin en galopant par la jambe dioite de devant qui est plus avancée que la gauche , et de même la jambe droite de derrière , qui suit immédiatement la droite de devant, est aussi plus avancée que la gauche de derrière , et cela constamment tant que le galop dure : de -là il résulte que la jambe gauche qui porte tout le poids, et qui pousse les autres en avant, est la plus ïatiguée , en sorte qu'il seroit bon d'exercer les chevaux à galoper alter- nativement sur le pied gauche aussi bien que sur le droit , ils suffîroient pl^s long-temps à ce mouvement vio- lent;, et c'est aussi ce que l'on fait au manège, mais peut-être par une autre raison , qui est que comme on les fait souvent clianger de main , c'est-à -dire , décrire un cercle dont le centre est tantôt à droite, tantôt à gauche, on 1 \ • .LE ir et pour s cheTnin lioite de e que la be droite liatement ussî plu9 derrière , e le galop la jambe ds, et qui ist la plus sroit bon per alter- clie aussi iufiiroient nent vio- >n fait au une autre >n les fait st-à -dire , jentre est uche , on ' D U C HE V A 1. >33 les oblige aussi à galoper, tantAt sur le pied droit , tantôt sur le gauche. Dans le pas , les jambes du cheval ne se lèvent qu'à une petite hauteur , et les pieds rasent la terre d'assez prèé -, au trot elles s'élèvent davantage , et les pieds sont entièrement dëtachés de terre ; dans le galop , les jambes s'élè- vent encore pins haut, et les pied» semblent bondir "nr la terre : le pas , pour être bon , r* ; tre prompt , léger , doux et sûr j le trot doit être ferme , prompt et également soutenu ; il faut que le derrière chasse bien le devant^ le cheval dans cet^ allure doit porter la tête haute et avoir les reins droits; car si les hanches haussent et baissent alternativement à chaque temps du trot, si la croupe balance et si le cheval se berce , il trotte mal par foible-sse ; s'il jette en dehors les jambes de de* vaut , c'est un autre défaut ; les jambes de devant doivent être sur la même Si'- 'Vr ■-'»«■ { u \ l34 HISTOIRE NATURELLE ligne que celles de derrière , et toujours les efi^cer. Lorsqu'une des jambes de derrière se lance , si la jambe de devant du même côtd reste en place un peu trop long- temps, le mouvement de- vient plus dur par cette résistance, et c'est pour cela que l'intervalle entr» les deux temps du trot doit être court : mais quelque court qu'il puisse être, cette résistance sufHt pour rendre cette allure plus dure que le pas et le galop ^ parce que dans le pas le mouvement est plus liant, plus doux, et la re'sis- tance moins forte , et que dans le galop il n'y a presque point de résistance horizontale , qui est la seule incommode pour le cavalier , la réaction du mouve-" ment des jambes de devant se faisant presque toute de bas en haut dans la direction perpendiculaire. Le ressort des jarrets contribue au- tant au mouvement du galop que celui dt\s reins ; tandis que les reins font effort pour élever et pousser en avant i\ ÉtU '* ■ ^- E oujours nbes de devant un peu ent de- ince , et [e enti9 3 court : se être y Ire cette 5 galop j ivement la rësîs- le galop sistance »nimode mouve^ faisant dans la me au- le celui is font avant D IT C HEV A t. '• l55 les partie» antérieures , le pli du jarret fuit ressort , rompt le coup et adoucit la secousse : aussi plus le ressort du jarret est liant et souple , p}t«s le moi^ yement du galop est doux ; il est aussi d'autant plus prompt et plus rapide > que les jarrets sont plus fort», et d'au*- tant plus soutenu /que le dieval porte plus sur tes hanches et que les ëpaules sont plus soutenues par la force des reins. Au reste ^ les chevaux qui dans le galop lèvent bien haut les Jambes de devant^ ne sont pas ceux qui galopent le mieux y ils avancent moins que les autres et se fatiguent davantage , et cela vient ordinairement de ce qu'ils n'ont pas le» épaules assez libres. • • « ' • lîe pas, le trot et le galop sont donc tes allures naturelles les plus ordinai- res ] mais il y a quelques chevaux qui ont naturellement une autre allure qu'on appelle Vamhk , qui est très- diiférente de» trois autres , et qui du premier coitp«dWl parolt conti^aire '■v ' 1 '■•?».-■ ** ■r-'-'-'-T •M '/ i & ,l36 HISTOIRE NATURELLE -aux loix de la mécanique , et très- fatigante pour l'animal , quoique dans cette, allure la Vitesse du mouvement ne soit pas si grande que dans le galop ou dans le grand trot. Dans cette allure le pied du cheval rase la teifre encore de plus près que dans le pas;< et chaque démarche est beaucoup plus alongée : mais ce qu'il y a de singulier , c'est que les deux jambes du même côté , par exemple , celle de devant et celle de derrière du côté droite partent en :inême temps pour faire un pas, et qu'ensuite les deux jambes du côté gauche partent ; unssi en même temps pour en faire un autre , et ainsi de suite ; en sorte que les deux côtés du corps manquent alternativement d'ap- pui, et qu'il n'y a point d'équilibre de l'un à l'autre ; ce qui ne peut manquer de fatiguer beaucoup le cheval , qui est obligé de se soutenir dans un balan- cement forcé , par la rapidité d'un inouyement qui n'est presque pas dé- s V ""•H*.;' I ■m ith ■*' DU CHEVAL. l^; tache de terre ; car s'il levoit les pierls dans cette allure autant qu'il les 1^-ve dans le trot, ou même dans le bon pas, le balancement seroit si grand qu'il ne pourroit manquer de tomber sur le côté, et ce n'est que parce qu'il rase la terre de très-près , et par des alterna- tives promptes de mouvement , qu'il se soutient dans cette allure , où la jambe de derrière doit , non-seulement partir en même temps que la jambe de devant du même côté , mais encore avancer sur elle et poser un pied ou un pied et demi au-delà de l'endroit où celle-ci a posé : plus cet espace dont la jambe de derrière avance de plus que la jambe de devant est grand , mieux le cheval marche l'amble , et plus le mouvement total est rapide. Il n'y st donc dans l'amble, comme dans le trot , que deux temps dans le mou- vement , et toute la dififérence est que dans le trot les deux jambes qui vont ensemble sont opposées en diagonale^ t . .\ „i j. .. -.aps'- }3S HISTOJRp NATURELLE au lieu que dans Tainble co sont les deux jambes du même côté qui vouf; ensemble : cette allure qui est trjîs • fatigante pour le cheval , et qu'o^ ne doit lui laisser prendre que dans les terreins unis , est fprt douce pour le cavalier j elle n'a pas la duretë du trot , qui vient de la résistance que fait la jambe de devant lorsque celle de der- rière se lève , parce que dans l'amblp cette jambe de devant se lève en même temps que celle de derrière du même côté; au lieu que dans le trot cette jambe de devant du même côte de- meure en repos, et résiste à l'impulsion pendant tout le temps que se meut celle de derrière. Les connoisseurs as- surent que les chevaux qui naturelle;* ment vont l'amble ne trottent jamais , et qu'ils sont beaucoup plus foibles que les autres : en effet : les poulains pren- nent assez souvent cette allure , sur- tout lorsqu'on les force à aller vite, et qu'ils ne «ont pas encore assez forts )< ^^ >* ..t \' D U C H E V A I-. iSj) jvour trotter ou pour galoper; et Tort ôbserye aussi que la plupart des boné cheTàux, qui ont été trop fatigues et qui comiheiiceht à s'user, prenneiit èux-mémes cette allure lorsqu'on lei^ force à un mouVemétit plus rapide que celui du pas. '■ -^^'^^ ^ i' ? L'amble peut donc être regardé comme une allure défectueuse , puis- qu'elle n'est pas ordinaire, et qu'elle n'est naturelle qu'à un petit nombre de cbevaùx , que ces chevaux sont presque toujours plus foibles que les autres , et que ceux qui paroissent les plus forts sont ruines en moins de temps que ceux qui trottent et galo- pent : mais il y a encore deux antres allures, l'entrepas et l'aubin, que les chevaux foibles ou excédés prennent d'eux-mêmes, qui sont beaucoup plus défectueuses que l'axuble ; on a appelé ces mauvaises allures des trains rompus, désunis ou composés: l'entrepas tient du pas et de l'amble , et l'aubin tient 'f)i l.rMtg»"] .^"^ /" ■Sa p/'l i^-.*R»»*'*»-X, ni 'I i/ y 1*0 HISTOIRE NATURELLE plus jusqu'à sept ans et demi ou bail ans , que le creux est lout-à-fait rem- pli et la marque noire effacée : a| lès huit ans , comme ces denttj ne «lonne^r*: plus connoissanœ de l'âge , on cheiche à en juger par les dents canines ou cro- chets 5 ces quatre dents soLd à côté de celles dont nous venons de parler , ces dents canines , non plus que les mâchti- ïièrts , ne so»it pas précédées par d au- tres deiiv» qui tombent j les deux de la »nâcKoii'e inférieure poussant ordinai- rement les premières à trois ans et demi , et lesdeux de la mâchoire supé- rieure à quatre an? , et jusqu'à l'âge de six ans ces dents sont fort pointues ; à dix ans celles d'en-haut paroissent déjà •monssées y uçées et longues y parce qu' elles sont déchaussées , la gencive se retirant avec l'âge , et plus elles le sont ; plus le cheval est âgé : de dix jus- qu'à treize on quatorze ans il y a peu d'indice de l'âge , mais alors quelques poils des sourcils commencent à cLeve;- n k .m-J^^ki»^ DU CHEVAL. l5l r*Σ bkncs ; cet iudice est cependant au.s'ji équivoque que celui qu'on tire de^isilières creuses , puisqu'on a remar- qué que les chevaux engendrés de vieun étalons et de vieilles juihens , ont des poils blancs aux sourcils dès l'âge de neuf où dix ans. Il y a des che- vaux dont les dents sont si dures qu'el- les ne s'usent point , et sur lesquelles la marque noire subsiste et ne à'èffkcc ja- mais ; mais ces chevaux qu'on appelle béguts , sont aisés à reconnoitre par le creux de la dent qui est absolument rempli , et aussi par la longueur des dents canines : au reste , on a remar- qué qu'il y a plus de jumens que de chevaux béguts. On peut aussi conhoî- tre , quoique moins précisément , l'âge d'un cheval par les sillons du palais^ qui s'eJQPacent à mesure que le cheval vieillit. Dès l'âge de deux ans ou de deux ans et demi, le cheval est en état d'en- gendrer , et les lumens , com ne toutes les autres femelJps^ sont encore plus î fj 1 '\*î ft; l'a f I ,1 f n -' I ) fi ivSBia»*»**'''' -,-|r*'«^a4i»-V" ^>«-ia. ^'- ^5a HISTOIRE NATURELLE prdcooes que les mâles ; mais ces jeu- nes chevaux ne produisent que des poulains mal conformés ou mal consti- tués : il faut que le cheval ait au moins quatre ans on quatre ans et demi avant que de lui permettre l'usage de la ju- ment , et encore ne le permettra- t-on de si bonpe heure qu'aux chevaux de trait et aux gros chevaux , qui sont or- dinairement formés plutôt que led che- vaux fins j car pour ceux-ci il faut at- tendre jusqu'à six ans et même jusqu'à sept pour les beaux étalons d'Ëspaguo : les jumens peuvent avoir un an de moins ^ elles sont ordinairement en chaleur au printemps depuis la fin de mars jusqu'à la fin de juin , mais le temps de la plus forte chaleur ne dnro guère que quinze jours ou trois semai- nes, et il faut être attentif à profiter de ce temps pour leur donner l'étaloji : il doit être bien choisi, beau, bien fait, relevé du devant , vigoureux , sain par tout le corps , et sur-tout de bonne ■■■'S#v "7\ au moins mi avant de laju- Itra-t-on evaux de i sont or- e ledche- 1 faut al- lé jusqu'à £spaguo : in an de ment en la fin de , mais le me diiro )is semuî- à profiter rëtaloji : bien fait, sain par ic bonne DU CHEVAL. 1 53 race et de bon pays. Pour avoir do beaux chevaux de selle fins et bien faits, il faut prendre des étalons étran- gers; les arabes, les turcs, les baibes et les chevaux d'Andalousie sont ceux qu'on doit prëfôrer à tous les autres ; et à leur défaut, on set servira de beaux chevaux anglais , parce que ces che- vaux viennent des premiers^ et qu'ils n'ont pas beaucoup dégénéré, la nour- riture étant excellente en Angleterre , oà l'on a aussi très grand soin de re- nouveler les races*, les étalons d'Italie, si^r-tout les napolitains, sont aussi fort bous , et ils ont le double avantage de produire des chevaux fins de mon- ture, lorsqu'on leur donne des jumens fines , et de beaux chevaux de carrosse avec des jumens étoffées et de bonne laille. On prétend qu'en France, en An- gleterre, &c. les chevaux arabes et bar- bes engendrent ordinairement des che- vaux plusgrands qu'eux; et qu'au con- traire les chevaux d'Espagne n'en pro- Quadrup. VU. i4 \V M 1/ \ l54 HrSTOIRÊ NATURELLE duiseiit que (le plus petits qu'eux. Four avoir de bco>v cbr aux de carrosse , il fout se sçrv':' ù étalons napolitains, danois , ou des clievaux de quelques endroits d' Allemagne ou de Hollande , comme du Holstéin et, ^ T'Hse Les étalons doivent être de belle taille , c'eat-à-dire de quatlre pieds huit, neuf et dix pouces pour les chevaux de selle, • l de cinq pieds au moins pour les che- vaux de carrosse : il faut aussi qu.'un ëtalon soit de bon poil , noir comme du jais, beau gris, bai^ alezan, isabel le dor^avec la raie du mulet, les crins et les extrémités noires j tous les poils qui sont d'une couleur lavée et qui pa- roissent mal teints, doivent être ban- nis des haras , aussi -bien que les che- vaux qui ont les extrémités blanches. Avec un rrbs-bpî extt' ieur , l'étalon doit avoir encore toutes les bonnes qualités intéîi cires , du courage , Je la docilité , de l'ardeur , de l'agilité , de la sensibilité dans la b'^ucLw , de la li- DU CHEVAL. 554 bcrlé dans les (épaules , de la fiûielé dans les jambes, de la souplesse dans les hanches , dt^ ressort par tout le corps et sur-tout dans les jarrets , et même il doit avoir ctc nn peu dressé et exer- cé au manège ; le cheval est de tous les animaux celui qu'on a le plus observé , et on a remarqué qu'il communique par la génération presque traites ses bonnes et mauvaises qualités naturel- les et acquises : un cheval natureUç^- ment hargneux , ombrageux, rétif, &c. produit des poulains oui ont le même iiatui. I j et co! tne les défauts de con- formai jn et les vices d^s humeurs sp perpétuent encore plus sûrement que les qualités du nat irel, il faut avoir grand soin d'exclure i a haras tout cheval dif- forme, morveux, poussif, lunatique, &c. Pans ces climats la jument contribue moins que l'étalon à la beauté du pou- lain , mais elle contribue peut-être plus à son tempérament et à sa taille ; ainsi il faut que lesjumens aien' du corps , ij., ■ t \ ? : I I il >f»^ ..>.■/■*• ,^. '\. |5^ HISTOIRR NA.TlTIlELLr. du ventre, et qu'elles soient bonnrt nourrices : pour avoir de beaux che- vaux fins on préfère les jumens espa- gnoles et italiennes, et pour des che- vaux do carrosse les jumens anglaises et normandes : cependant avec de beaux étalons , des jumens de tout pays pour- ront donner de beaux chevaux , pour- vu qu'elles soient elles-mêmes bien fai- tes et de bonne race ; car si elles ont été engendrées d'un mauvais cheval, les poulains qu'elles produiront seront souvent eux-mêmes de mauvais che- vaux : dans cette espèce d'animaux, comme dans l'espèce humaine , la pro- géniture ressemble assez souvenl aux ascendans paternels ou maternels*, seu- lement il semble que dans les chevaux la femelle ne contribue pas à la géné- ration tout-à-fait autant que dans l'es- pèce humaine : le fils ressemble plus souvent à la mère que le poulain ne ressemble à la sienne ; et lorsque le poulain ressemble à la jument qui l'a (^ ) k 7^ « *^ D IT C II E V A U 107 produit, c'est ordinaire lueiit par les parties antérieures du corps, et par la tête et rencoluro. ^ , Au reste , pour bien Juger de la res- semblance des enfans à leurs parens, il ne faudroit pas les comparer dans lea premières années^ mais attendre l'àgiD où, tout étant développe, la comparai- son seroit ])lus- certaine et plus seiisi^ ble : imiépendanuneat du développe- ment dans Taccroissemeat , qui sou- vent altère ou cliangc en bien les for- mes , les proportions et la couleur des cheveux , il se fait dans le temps de la puberté un dév(3loppement prompt et subit qui change ordinairement lèa traits , la taille , l'attitude des jam- bes, &c. le visage s'aionge, le nez gros- sit et graiulit, la mâchoire s'avance ou se cliarge , la taille s'élève ou se cour- be , les jambes s'atongcnt et souvent deviennent cagneuses ou effilées, en sorte que la physiouoraie et le main- tien da corps chaugeiit quelquefois si ,i^ i 1' ' ^>: \:À •.■Th 'f l58 HÏSTOÎRE NATURELLE fort, qu*il seroit très-possible de nit^- connoître y au moins du premier coup d'œil y après la puberté , une personne qu'on auroit bien connue avant ce temps , et qu'on n'auroit pas vue de- puis. Ce n'est donc qu'après cet âge qu'on doit comparer l'enfant à ses pa- rens, si l'on veut juger exactement de la ressemblance j et alors on trouve dans l'espèce humaine que souvent le fils ressemble à son père, et la fille à sa mère ; que plus souvent ils ressemblent à l'un et à l'autre à la fois ^ et qu'ils tiennent quelque cbose dç tous deux j qu'assez souvent ils ressemblent aux grands-pères ou aux grand*mères ; que quelquefois ils ressemblent aux oncles ou aux tantes; que presque toujours les enfans du même pèfe et de la même mère se ressemblent plus cntr'eux qu'ils ne ressemblent à leurs ascendans^ et que tous ont quelque chose de com-^ munet un air de famille. Dans les che^ t vaux , comme le mâle contribue plus DU CHEVAL. ï% à la génération que la femelle, les ju- mcns produisent des poulains qui sont assez sottvent semblables en toul à l'éta- lon , ou qui toujours lui ressemblent plus qu'à ïa mère, elles en produisent aussi qui ressemblent aux grands pcresj et lorsque la jument mère a été elle- même engendrée d'un mauvais cheval , il arrive assez souvent que, quoiqu'elle «it eu im bel élalon et qu'elle soit belle elle-même, elle ne produit qu'un pou- lain qui, quoiqu'on apparence beau et bien fait dans sa première jeunesse , décline toujours en croissant, tandis qu'une jument qui sort d'une bonne race donne des poulains qui, quoique do mauvaise apparence d'abord , em- bellissent avec l'âge. Au reste , ces observations que Ton a faites sur le produit des jumens , et qui semblent concourir toutes à prou- ver que dans les chevaux le mâle influe beaucoup plus que la femelle sur la progéniture , ne me paroissent pas en- f A^ .1 (r i I il\ h .V' ;» 1<5() nrSTOTRE NATITRELLK core suffisantes pour établir ce fait d'une manière indubitable et irrévo- cable ; il ne seroit pas iratpossibie que ces observations subsistassent, et qu'en même temps et en général les jumens contribuassent autant que les chevaux au produit de la génération : il ne me paroît pas étonnant que des étalous toujours choisis dans un grand nombre de chevaux, tirés ordinairement de pay,? chauds , nourris dans l'abondance , cntietenus et mt rages avec grand soin, dominent dans la génération sur des jumens communes, née» daus un cli- mat froid , et souvent réduites à tra- vailler j et comme dans les observations tirées des haras , il y a toujours plus ou moins de cette supériorité de l'étalon sur la junvent, ou peut trës-bien ima- giner que ce n'est que par cette raison qu'elles sont vraies et constantes : mais en même t«mps il pourroit être tout aussi vrai que de très-belles jumens des pays cliauds, auxqjuelles on don- ■1. (• 1  DU CHEVAL. 1^1 iieroit des chevaux communs , inlliic- roient peut- ctre beaucoup pi sis qu'eux suv leur progéniture , et qu'en général dans l'espèce des chevaux comme dans l'espèce humaine, il y eât égalité dan» rinlJuence du mâle et de la femelle sur leur progéniture j cela me paroît natu- rel et d'autant plus probable , qu'on a remarqué, même dans les haras , qu'il naissoit à-peu-pxès un nombre égal de poulains et de poulines : ce qui prouve qu'au moins pour le sexe la femelle ijillue poUr sa moitié. Mais ne suivons pas plus loin ces considérations qui nous éloigneroierit de notre sujet : lorsque l'étalon est choisi et que les jumens qu'on veut lui donner sont rassemblées, il faut avoir un autre cheval entier qui ne servira qu'à faire connoîtrc les jumens qui se- ront en chaleur, et qui même contri- buera par ses attaques à les y faire en- trer ; on fait passer toutes les jumens Tune après l'autre devant ce cheval !h i > /'• /i .u 4 l62 HISTOIRE NATURELLE çrtier , qui doit être ardent et hennir frdqueniment \ il veut les attaquer toutes , celles qui ne sont point en cha- leur se défendent , et il n'y a que celles qui y sont qui se laissent approcher ; mais au lieu de le laisser approcher tout-à-fait , on le retire et on lui subs- titue le véritable étalon. Cette épreu- ve est utile pour reconnoïtre le vrai temps de la chaleur des juniens, et sur-tout de celles qui n'ont pas encore produit ; car celles qui viennent de pouliner entrent ordinairement en cha- leur neuf jours après leur accouche- ment, ainsi on peut les mener à l'éta- lon des ce jour même et les faire cou- vrir; ensuite essayer neuf jours après au moyen de l'épreuve ci-dessus si elles sont encore en chaleur \ et si elles le sont en elFet , les faire couvrir une seconde fois , et ainsi de suite une fois tous les neuf jours tant que leur obaleur dure^ car lorsqu'elles sont pleines la cha- leur diminue et cesse peu de jours après. 't n DU CHEVAL.-' l65 Mais pour que tout cela puisse se faire aisément , commodément , avec succès et fruit , il faut beaucoup d'at- tention , de dépense et de précautions ; il faut établir les haras dans un bon terrein,et dans un lieu convenable et proportioilné à la quantité de jumens et d'étalons qu'on veut employer', il faut partager ce terrein en plusieurs parties fermées de palis ou de fossés avec de bonnes haies, mettre lesjumeus pleines et celles qui alaitent leurs pou- lains dans la partie oà le pâturage est le plus gras, séparer celles qui n'ont pas conçu ou qui n*ont pas encore été couvertes , et les mettre avec les jeunes poulines dans un autre parquet où le pâturage soit moins gras, afin qu'elles n'engraissent pas trop, ce qui s'oppo- seroit à la génération , et enfin il faut mettre les jeunes poulains entiers ou hongres dans la partie du terrein la plus sèche et îa plus inégale , pour qu'en montant et en descendant lea il •■,, ?' 'Iib" V -,..J,.^.,, l64 HISTOIRE NATURELLE collines ils acquièrent de la liberté dans les jambes et les épaules : ce der- nier parquet où l'on met les pdulains luàles , doit être séparé de ceux des ju- niens avec grand soin , de peur que ces jeunes chevaux ne s'échappent et ne s'énervent avec les jumens. Si le ter- rein est assez grand pour qu'on puisse partager en deux parties chacun de ces parquets, pour y mettre alternative- ment de* chevaux et des bœufs rannéc suivante , le fonds du pâturage durera bien plus long-temps que s'il étoit con- tinuellement mangé par les chevaux ; lo bœuf répare le pâturage , et le cheval lamaigiit : il faut aussi qu'il y ait des marcs dans chacun de ces parquets ; les eaux dormantes sont meilleures pour les chevaux que les eaux vives t|ui leur donnent souvent des tran- chées •, et s'il y a quelques arbres dans ce terrein, il ne faut pas les détruire, les chevaux s nt bien aises de trouver cette ombre dans les grandes chaleurs; ft i LE . liberté : ce der- pdulains tdes ju- r que ces nt el ne \i le ter- ni puisse un de ces îrnati ve- rs l'en née 5c durera itoit con- îhevaux ; |le cheval y ait des arquets -, eille lires IX vives es tran- )res dans élruire, trouver laleurs; I m m DU CHEVAL. liB5 jnaîs s'il y a des troncs , dei cliicots ott des trous, il faut arracher , combler , •tipplanir , pour prévenir tout accident. Ces pâturages serviront à la nourriture de votre haras pendant l'été ; il faudra pendant l'hiver mettre les jumcns à l'écurie et les nourrir avec du foin , aussi bien que les poulains qu'on ne mènera pâturer que dans les bcauaC jours d'hiver» Les étalons doivent être toujours nourris à l'écurie avec plus de paille que de foin , et entretenus dans un exercice modéré jusqu'au temps de la monte , qui dure ordinairement depuis le commencement d'avril jus- qu'à la fin de juin ; on ne leur fera faire aucun autre exercice pendant ce temps, et on les nourrira largement, mais avec les mêmes nourritures qu'à Pordinaire. Le premier poulain d'une jument n'est jamais si étoflfé que ceux qu'elle produit par la suite ; ainsi on observera de lui donner la première f« *s un éta- lon plus gros , afin de compenser le dé- Quadrup. Vil. i5 II I n'': •'7?'î-^ll«-- I !^ 166 HISTOIRE NATURELLE faut de l'accroissement par la grandeur même de la taille : il faut aussi avoir grande attention à la différence ou à la réciprocité des figures du cheval et de la jument , afin de corriger les dé- fauts de l'un par les perfections de Tau- tre , et sur-tout ne jamais faire d'ac- couplemens disproportionnés , comme d'un petit cheval avec une grosse ju- ment , et d'un grand cheval avec une petite jument, parce que le produit de cet accouplement seroit petit ou mal proportionné : pour tâcher d'ap- procher de la belle natiire , il faut aller par nuances *, donner par exemple à une jument un peu trop épaisse un cheval étoffé , mais fin *, à une petite jument un cheval un peu plus haut qu'elle *, à une jument qui pèche par l'a vaut-main , un cheval qui ait la têto belle et l'encolure noble , &c. On a remarqué que le* haras éta- blis dans des terrcins secs et légers pro- duisoicnt des chevaux sob.^es , légers •H I I 1 ftS { , comme i D U CH EV AL. 167 cl vigoureux , avec la jambe r*^rveuse et la corne dure -, tandis que il ans les lieux humides et dans les pâturages les plus gras , ils ont presque tous la tête grosse et pesante , le corps épais , les jambes chargées , la corne mauvaise et les pieds plats : ces différences vien- nent de celle du climat et de la nour- riture, ce qui peut s'entendre aisé- ment ; mais ce qui est plus difficile à comprendre , et qui est encore plus essentiel que tout ce que nous venons de dire , c'est la nécessité où l'on est de toujours croiser les races, si l'on veut les empêcher de dégénérer. Il y a dans la nature un prototype général dans chaque espèce , sur lequel chaque individu est modelé , mais qui semble , en se réalisant , s'altérer ou se perfectionner par les circonstances; en sorte que , relativement à de certaines qualités , il y a une variation bizarre en apparence dans la succession des in- dividus , et en même temps une cons^ h v = ■ CS^'- ~-^1# l68 HISTOIRE NATURELLE tance qui paroît admirable datis IVh- pèce entière : le premier animal , le premier cheval , par exemple , a été le modèle extérieur elle moule intérieur sur lequel tous les chevaux qui sont nësjtous ceux qui existent et tous ceux qui naîtront , ont été formel ; mais ce modèle dont nous ne connois- sous que les copies , a pu s'altérer ou se perfectionner en communiquant sa forme et se multipliant : l'empreinte originaire subsiste en son entier dans chaque individu ; mais quoiqu'il y en ait des millions , aucun de ces indivi- dus in'rst cependant semblable en tout à wj a'tre individu , ni par consé- quent avi modèle dont il porte l'em- preinte : cette différence qui rouve combien la nature est éloignée de rien faire d'absolu , et combien elle sait nuancer ses ouvrages , se trouve dans l'espèce humaine , dans celle de tous les animaux ; de tous les végétaux , de tous les êtres en un mot qui se repro- K D U C H E V A L. 1 G où la progéniture a non- seulement ses propres défauts , o'est^^- dire> ceux qui lui viennent de son accroissement, mais encore les vices de la seconde souche , qui ne s!en dé' velopperont qu*avec plus d'avantage; et enfin k la troisième génération les vices de la seconde et de la troisième souche , qui proviennent de cette in- fluence du climat et de la nourriture , 80 trouvant encore combinés avec ceux de rinfluence actuelle dans l'accroisse- v^ent > deviendront si sensibles que les Tf^ctères de la première souche en seront effacés, Ces animaux de racp étrangère n'auront plus rien d'étran-r ger , ils ressembleront en tout à ceux du paya ; des chevaux d'!l^spagne ou de13arbarie, dont on conduit ainsi les générations; deviennent en France des Qhev«itti( français ;; sQuveut dès la se-« i ^■'jhr""'— -. iiii r-\ -l' •Vqr' ^' J-.,,..,. •■''T' '-"^.ï'- ' D U C H E V AL. 175 conde f^cnération , et toujours à la troisième : on est donc obligé de croiser les races au lieu de les conserver \ un renouvelle la race à chaque génération, en faisant venir des chevaux barbes ou d'Espagne pour les donner aux )u-< mens du pays j et ce qu'il y a de singu* lier , c'est que ce rctiouvellement de race qui ne se fait qu'en partie , et , pour ainsi dire , à moitié, produit ce- pendant de biei^ meilleurs effets que fil le renouvellement étoit entier : un cheval et une jument d'Espagne no produiront pas ensemble d'aussi beaux chevaux en France que ceux quiviea-. dront de ce même cheval d'Espagne avec une jument du pays j ce qui se concevra encore aisément , si l'on fait attention à la compensation nécessaire des défauts qui doit se faire lorsqu'on met ensemble un mâle et une femelle de différens pays: chaque climat, par ses influences et par celles de la iiour-^ riture, donne une certaine conforma* ■ .-'i'i ' 174 HISTOIRE NATURELLE lion qui pèche par quelque excès on par quelque défaut ; mais dans un cli- mat chaud il y aura en excès ce qui sera en dëfaut dans un climat froid, et rëciproquement ; de manière qu'il doit se faire une compensation du tout lors- qu'on joint ensemble des animaux de ces climats opposes , et comme ce qui a le plus de perfection dans la nature est ce qui a le moins de défauts , et que les formes les plus parfaites sont seule- ment celles qui ont le moins de difiPor* mités, le produit de deux animaux dont les défauts se compenseroient exactement , seroient la production la plus parfaite de cette espèce : or^ ils se compensent d'autant mieux , qu'on met ensemble des animaux de pays plus éloignés , ou plutôt de climats plus opposés ; le composé qui en résulte est d'autant plus paifait , que les excès on les défauts de l'habitude du père sont plus opposés aux défauts ou aux excès de l'habitude de la mère. j>;pTus variée , et par conséquent elle n'influo pas de la même façon sur tous les individus : les défauts ou les excès qui viennent de ces deux causes ^ et qui sont si cons- tans et si sensibles dans les animaux > le sont, beaucoup moins dans les liom* mes \ d'ailleurS; Comme il y a eu defré- I ^ DU C H E V AL. U 177 quen tes migrations de peuples, que les nations se sont mêlées , et que beau- coup d'hommes voyagent et se répan- dent de tous côtés , il n'est pas étonnant que les races humaines paroissent être moins sujettes au climat , et qu'il se trouve des hommes forts , bien faits , et même spirituels dans tous les pays. Cependant on peut croire que par une expérience dont on a perdu toute mé- moire , les hommes ont autrefois connu le mal qui résultoil des alliances du même sang , puisque chez les nations les moins policées , il a rarement été permis au frère d'épouser sa sœur : cet usage qui est pour nous de droit divin> et qu'on ne rapporte chez les autres peuples qu 3; des vues politiques , a peut-être été fondé sur l'observation ; ]a politique ne s'étend pas d'une ma- > niëre si générale et si absolue, à moins qu'elle ne tienne au physique : mais si Jcs hommes ont une fois connu par ex- périence que leur ri^ce dégégéroit tou- Quadrup. VII. — ^^ "^v; - ^ i" \ M fl \ : î I ! 178 HISTOIRE NATURELLB tes les fois qu'ils ont yonlu la consrr» ver sans mëlange dans une même ia- mille f ils auront regarde comme une loi de la nature celle de l'alliance avec des familles étrangères , et se seront tous accordes à ne pas souffrir do mé^ lange entre leurs enfans. Et en e£fet , l'analogie peut faire présumer que dans la plupart des climats les hommes dégé* iiéreroient comme les animaux , après un certain nombre de générations. Une antre influence du climat et de la nourriture est la variété des couleurs dans la robe des animaux *, ceux qui sont sauvages et qui vivent dans le mê- me climat sont d'une même couleur , qui devient seulement un peu plus claire ou plus foncée dans les différen- tes saisons de l'année ; ceux au con- traire qui vivent sous des climats dif- , férens , sont de couleurs différentes , et les animaux domestiques varient pro- digieusement par les couleurs , en sorte qu'il y a des cliQvaux , des chiens ^ &c. V* ■ i ..>.;Vj.bi:L.s.rf^ .Vv^ .V:,i?- jv^.*lii!,'i: DU CHEVAL. 179 de toute sorte de poils ) au lieu que les cerfs , les lièyres , 8cc. sont tous de la même couleur : les injures du climat toujours les mêmes , la nourriture tou- jours la môme y produisent dans les animaux sauvages cette uniformité j le soin de l'homme , la douceur de l'abri , la varie të dans la nourriture , effacent et font varier celte couleur dans les animaux domestiques , aussi-bien que le mélange des races étrangères lors- qu'on n'a pas soin d'assortir la couleur du mâle avec celle de la femelle, ce qui produit quelquefois de belles sin- gularités , comme on le voit sur les che- vaux pies , où le blanc et le noir sont appliqués d'une manière si bizarre , et tranchent l'un sur l'autre si singuliè- rement , qu'il semble que ce ne soit pas l'ouvrage de la nature , mais l'effet du caprice d'un peintre. Dans l'accouplement des chevaux , on assortira donc le poil et la taille , on contrastera les figures , on croisera les { t^ ■*;*_: i»»*a5ll*.^.*I^Wfâ«ï>f"H^i M.' t \ \ \ . I I i i8j» IIIMOIllK NATrnKft.K îo» juiiini!! «ont rAMOiribl(^*M, ri l*y liiin- »r«l on lihrrlt^ choisir lui-mAmo rcllrn <]ui ont boMoin do lui , rt Ion MntitlAiro à »:»n giH< , cf llo nmni^ro r«l honno pour Um j unions ^ oIIok protlu iront niAmo plus .«tAiTinont que <1o ruulro façon ; tnnivH IMUlon mo ruino plutt on i\%. no- miiinoji qu'il nr foroil on pluNiourunn- noOvH pur un oxorcioo nioi tout le produit que l'on peut en atten- dre j cependant il est sûr que la jument M i I' ' il il l84 HISTOIRE NATURELLE ayant ensemble à nourrir son poulain né et son poulain à naître ^ses forces sont partagées, et qu'elle ne peut leur donner autant que si elle n'avoit que Tun ou l'autre à nourrir : il seroit donc mieux , pour avoir d'excellens che- vaux , de ne laisser couvrir les jumciis que de deux années l'une , elles durc- roient plus long -temps , et retieu- droient plus sûrement j car dans les haras ordinaires il s'en faut bien que toutes les jumens qui ont été couver- tes produisent tous les ans , c'est beau- coup lorsque dans la même année , il s'en trouve la moitié ou les deux tiers qui donnent des poulains. , . Les jumens , quoique pleines , peu- vent souffrir l'accouplement j et cepen- dant il n'y a jamais de superfélation ; elles produisent ordinairement jusqu'à J'âge de quatorze ou quinze ans, et les plus vigoureuses ne produisent guère au-delà de dix-huit ans : les chevaux , lorsqu'ils ont été ménagés , peuvent 'il ^ « ^. A»i ■^i.K^r:.'^-^^,;:^} ,^ >*, «^î^-,-^««« , '*ff- #*«-■- — poulain, s forces eut leur oit que )it donc is clio- j Lime lis is dm c- re tien- ans les ;n que Duver- tbeau- lee . Il X tiers peu- Lîepcn- atioii ; isqu'è et \cs guère ^aux, Livent DU CHEVAL. %5 engendrer jusqu'à Fâge de vingt et même au-delà ; et l'on a fait sur ces ani- maux la même remarque que sur les hommes , c'est que ceux qui ont com- mence de bonne heure finissent aussi plutôt \ car les gros chevaux qui sont plutôt formés que les .chevaux fi ns , et dont ou fait des étalons dès l'âge de quatre ans , ne durent pas si long- temps , et sont communément hors d'état d'engendrer avant l'âge de quinze ans. La durée de la vie des chevaux est , comme dans toutes les autres espèces d'animaux , proportionnée à la durée du temps de leur accroissement ; l'hora- me qui est quatorze ans à croître , peut vivre six ou sept fois autant de temps, c'est-àdire, quatre-vingt-dix ou cent ans ; le cheval dont l'accroissement se fait en quatre ans , peut vivre six ou sept fois autant, c'est-à-dire, vingt- cinq ou trente ans. Les exemples qui pourroient être contraires à cette fi i l86 HISTOIRE NATURELLE règle sont si rares , qu'on ne doit pas même les regarder comme une excep- tion dont on puisse tirer des consé- quences ; et comme les gros chevaux prennent leur entier accroissement en moins de temps que les chevaux fins , ils vivent aussi moins de temps, et sont vieux dès l'âge de quinze ans. ' Il paroîtroit au premier coup-d'œil que dans les chevaux et la plupart des autres animaux quadrupèdes, l'accrois- sement des parties postérieures est d'a- bord plus grand que celui des parties antérieures , tandis que dans l'homme les parties inférieures croissent moins d'abord que les parties supérieures ; car dans l'enfant les cuisses et les jambes sont , à proportion du corps , beaucoup moins grandes que dans l'adulte ; dans le poulain , au contraire , les jambes de derrière sont assez longues pour qu'il puisse atteindre à sa tête avec le pied de derrière , au lieu que le cheval adulte ne peut plus y atteindre : mais cette lt'4 - ;/ lu é-r ^■i'^^m^^^. '"»^*Si : '^^: r^^ . .i C,-^'»9:: ..J^Éftr, ^- ■■■•-' ' oit pas 1 excep- 1 consé- i leraux 1 'il lent en ; X fins , et sont )-d'oeîl 1 art des m ccrois- 1 îst d'à- m parties ^ lomme moins i V, es ; car | ambes m lucoup M ; dans m 3es de 1 r qu'il 1 e pied 1 adulte M \ cette 1 DU CHEVAL. 1 87 différence vient moins de l'inégalitc de l'accroissement total des parties an- tërienres et postérieures , que de l'iné- galité des pieds de devant et de ceux de derrière , qui est constante dans toute la nature, et plus sensible dans les animaux quadrupèdes ; car dans l'homme les pieds sont plu^gros que les mains , et sont aussi plutôt formés ; et dans le cheval , dont une grande partie de la jambe de derrière n'est qu'un pied; puisqu'elle n'est composée que des os relatifs au tarse , au métatarse , &c. il n'est pas étonnant que ce pied soit plus étendu et plutôt développé que la jambe de devant , dont toute la par- tie inférieure représente la main, puisqu'elle n'est composée que des os du carpe , du métacarpe , & c. Lors^ qu'un poulain vient de naître , on re^ marque aisément cette différence , les jambes de devant comparées à celles de derrière paroissent , et sont en effet beaucoup plus courtes alors qu'elles ne i ri l\ V li 11 I :(î ) I il > ; i88 HISTOIRE NATURELLE le seront dans la suite *, et d'ailleurs l'épaisseur que le corps acquiert , quoi- qu'independante des proportions de l'accroissement en longueur , met ce- pendant plus de distance entre les pieds de derrière et la tête , et contribue par conséquent à empêcher le cheval d'y atteindre lorsqu'il a pris son accrois- sement. Dans tous les animaux , chaque es- pèce est variée suivant les diiFérens climats ; et les résultats généraux de ces variétés forment et constituent les différentes races dont nous ne pouvons saisir que celles qui sont les plus mar- quées , c'est-à-dire , celles qui diffèrent sensiblement les unes des autres, en négligeant toutes les nuances intermé- diaires qui sont ici , comme en tout , infinies ; nous en avons même encore augmenté le nombre et la confusion en favorisant le mélange de ces races , et nous avons pour ainsi dire , brusqué la nature eu amenant en ces climats des E 'ailleurs t , quoi- ious de met ce- lés pieds ibue par eval d'y accrois- aque es- differens fraux de tuent les pouvons lus mar- diffèrent très, en ntermé- n tout , encore lision en aces , et asqué la lats des D U C HEV A L. 189 clievaux d'Afrique ou d'Asie j nous avons rendu mèconnoissables les races primitives de France en y introduisant des chevaux de tous pays j et il no nous reste , pour distinguer les che- vaux, que quelques légers caractères produits par l'influence actuelle du climat : ces caractères seroient bien plus marqués, et les différences seroient bien plus sensibles , si les races de cha- que clifiiat s'y fussent conservées sans mélange ; les petites variétés auroient été moins nuancées , moins nombreu- ses; mais il y auroit eu un certain nom- bre de grandes variétés bien caractéri- sées , que tout le monde auroit aisé- ment distinguées ; au lieu qu'il faut de l'habitude , et même une assez longue expérience pour connoître les chevaux des différens pays : nous n'avons sur cela que les lumières que nous avons pu tirer des livres des voyageurs, des ouvrages des plus habiles écuyers , tels que MM. de Newcastle, dç Garsault , Quadrup. VU. 17 \ ^ \\ '( yi } -N 1 % 'I t.] i li 1 190 HISTOIRE NATURELLE de la Gtiériniëroy &c. et de quelques remarques que M. de Pignerolles , ëcuyer du roi , et chef do l'Académie d* Angers , a eu la bonté de nous com- muniquer. Les chevaux arabes sont les plus beaux que Ton connoisse en Europe ; ils sont plus grands et plus étoffés que les barbes , et tout aussi bien faits ; mais comme il en vient rarement en France , les écuyers n'ont pas d'obser- vations détaillées de leurs perfections et de leurs défauts. Les chevaux barbes sont plus com- muns; ils ont l'encolure longue , fine, peu chargée de crins et bien sortie du garrot^ la tête belle , petite et assez ordinairement moutonnée , l'oreille belle et bien placée , les épaules légères et plates , le garrot mince et bien rele- vé , les reins courts et droits , le ilanc et les côtes ronds sans trop de ventre , les hanches bien effacées , la croupe le plus souvent un peu longue et la queue 1 à : f .G luelques leroUes » .cadëmie us com- les plus Europe 5 s étoffes en faits ; ment en d'obser- irfections lus corn- ue , fine , lortie du et assez Toreille is légères lien rele- le Hanc ventre , oupe le a queue U U CH E V A L. 191 placée un peu haut , la cuisse bien for- mée et rarement plate, les jambes bel- les, bien faites et sans poil, le nerf bien détacbé, le pied bien fait y mais souvent le paturon long; on en voit de tous poils, mais plus communément de gris : les barbes ont un peu de négligence dans leur allure , ils ont besoin d'être re- cherchés , et on leur trouve beaucoup de vitesse et de nerf , ils sont fort lé- gers et très-propres à la course : ces chevaux paroissent être les plus pro- pres pour en tirer race ; il seroit seu- lement à souhaiter qu'ils fussent de plus grande taille *, les plus grands sont de quatre pieds huit pouces , et il est rare d'en trouver qui ayent quatre pieds neuf pouces j il est confirmé par expé- rience qu'en France, en Angleter- re, &c. ils engendrent des poulains qui sont plus grands qu'eux : on prétend que parmi les barbes, ceux du royaume de Maroc sont les meilleurs , ensuite les barbes de montagne j ceux du reste i' \ 1 ■• .^ 4 - » ^ '9^ ^* ^ ^^S^"^*- h :V ( • 71 lf)2 HISTOIRE NATURELLE de \a Mauritanie sont au-dessous, aussi bien que ceux de Turquie , de Perse et d'Arménie : tous ces chevaux des paya chauds ont le poil plus ras que les au- tres. Les chevaux turcs ne sont pas si bien proportionnes que les barbes ; ils ont pour l'ordinaire l'encolnre effilée , le corps long, les jambes trop menues: cependant ils sont grands travailleurs et de longue haleine : on n'en sera pas étonné si l'on fait attention que dans les pays chauds les os des animaux sont plus durs que dans les climats froids , et c'est par cette raison que quoiqu'ils ayent le canon plus menu que ceux de ce pays-ci , ils ont cependant plus de force dans les jambes.' Les chevaux d'Espagne , qui tien- nent le second rang après les barbes , ont l'encolure longue , épaisse, et beaucoup de crins , la tête un peu grosse , et quel- quefois moutonnée , les oreilles longues, mais bien placées , les j'^eux pleins de feu , l'aii" noble et fier , les épaules D U C H E V A L. 193 épaisses et le poitrail large, les reins assez souvent un peu bas, la côte ron- de , et souvent un peu trop de ventre , la Groupe ordinairement ronde et lar- ge, quoique quelques-uns Taieut un peu longue, les jambes belles et sans poil, le nerf bien détache, le paturon quelquefois uu peu long comme les barbes, le pied un peu alongé comme celui d'un mulet, et souvent le talon trop haut : les chevaux d'Espagne de belle race sont épais ^ bien étoffés , bas de terre j ils ont aussi beaucoup de mou- vement dans leur démarche , beaucoup de souplesse , de feu et de fierté *, leur poil le plus ordinaire est noir ou bai- marron, quoiqu'il y en ait quelques- uns de toutes sortes de poils *, ils ont très-rarement des jambes blanches et des nez blancs ; les Espagnols^ qui ont de l'aversion pour ces marques, ne ti- rent point race de chevaux qui les ont, ils ne veulent qu'une étoile au front ', ils estiment même les chevaux <• ^mm^ /.(J ^ ' 1' » < !' (j 194 HISTOIRi: NATURELLE tains autant que nous les méprisons : Tun et l'autre de ces préjugés, quoi- que contraires , sont peut être tout aussi mal fondés, puisqu'il se trouve de très-bons chev ^ ^ t\ c toutes sor- tes de marques, v' dt même d'excellens chevaux qiû sont mina', cette petite difierence 12:1)18 la robe d'un cheval ne semble en aucune façon dépendre de son naturel , ou de sa constitution in- térieure, puisqu'elle dépend en effet d'une qualité extérieure et si superfi- cielle , que par une légère blessure dans la peau on produit une taf he blanche : au reste les chevaux d'Espagne , zains ou autres , sont tous marques à la cuisse hors le montoire , de la marque duharasdont ils sont sortis : ils ne sont pas communément de grande taille ; cependant on en trouve quelques-uns de quatre pieds neuf ou dix pouces; c V ' àe h ' aute Andalousie passent pour être les meilleurs de tous, quoi- qu'ils soient assez sujets à avoir la tête i i 1 / |>j. , K^i. 'i .:■» .?.ti.flW* B lisons : , quoi- '6 tout trouve tes sor- ccellens 3 petite eva! ne ndrc de tion in- en effet superfi- iredans lanche : e, zains éa à la marque ne sont ) taille ; ue»-un» pouces ; passent , quoi- r la tête D U C H E V AL. 195 tropîonf;ue; mais 011 leur fait grâce do ce défaut eu faveur de leurs rarf» qua- lités ; ils ont du courage, de béis- sancc; de la grâce , de la fierté , el M\n de souplesse que les barbes ; c'est ^ ^ tous ces avantages qu'on les prifère à tous les autres chevaux dn m( «.de , pour la guerre , pour la pom je et ^ aur le manège. Les plus bee ux chevaux anglais son% pour la conformation; assez semblât m aux arabes et aux barbes, dont ils soi - tcnt en effet ; \h ont cependant la têt |)liis grande , mais bien faite et mouton- née , les oreilles pi us longues , mais bien placées : par les oreilles seules on pour- roit distinguer un cheval anglais d^in cheval barbe; mais la grande diff*érence est dans la taille , les anglais sont bien étoffes et beaucoup plus grands ; on en trouve communément de quatre pieds dix pouces , et même de cinq pieds de hauteur : il y en a de tous poils et de toutes marques j ils sont généralement ■'')ï ■i. *?-■»- —if^^' J*-'*- tvzx *':■■ \r Ï96 HISTOIRE NATURELLE forts , vigoureux , hardis , capables ■d'une grande faligue, excellens pour la chasse et la course, mais il leur manque la grâce et la souplesse ; ils sont durs et ont peu de liberté dans les épaules. On parle souvent de courses do che- vaux en Angleterre -, et il y a des gens extrêmement habiles dans cette espè- ce d'art gymnastique. Pour en donner une idée , je ne puis mieux faire que de rapporter ce qu'un homme respec- table ^ mylord comte de Morton, m'a écrit de Londres le 18 févi-ier 1748. M. Thornhill , maître de poste à Stil- ton , fit gageure de courir à cheval trois fois de suite le chemin de Stilton à liondres , c'est-à-dire , de faire deux cent quinze milles d'Angleterre ( en- viron soixante-douze lieues de France ) en quinze heures. Le 2(^ avril 1/45, vieux style , il se mit en course, par- tit de Stilton , fit la première course jusqu'à Londres en trois heures ciu- . v.,1*^ "> y^'^^'' "r^^^ \i^'''. • '^/•-rr^y'^'/- DU CHEVAL. ' * 197 quante-une minutes , et monta huit dilTërens chevaux dans cette course; il repartit sur-le-champ , et fit la se- conde course, de Londres à Stilton y en trois heures cinquante-deux minu- tes , et ne monta que six chevaux ; il se servit ponr la troisième course des mêmes chevaux qui lui avoient déjà servi , dans les quatorze il en monta sept, et il acheva cette demi* re course en trois heures quarante-neuf mi mi- nutes j en sorte que non-seulement il remplit la gageure qui ctoit de faire ce chemin en quinze heures , mais il le fit en onze heures trente-deux minu- tes : je doute que dans les jeux olym- piques il se soit jamais fait une course si rapide que cette course de M. Thorn- hlll. Les chevaux d'Italie ëtoient autre- fois plus beaux qu'ils ne le sont au- jourd'hui, parce que depuis un cer- tain temps on y a néglige les haras , ce- pendant il se trouve encore de beaux ï l ï \\ :rtjr8 HISTOIRE NATURELLE elievaux napolitains, sur-tout pour les attelages; mais en gënëral ils ont la tête grosse et l'encolnre épaisse , iU sont indociles y et par conséquent diffi- ciles à dresser : ces défauts sout com- pensés par la ricliesse de leur taille , par leur fierté et par la beauté de leurs mouvemens; ils sont excellens pour lappareil , et ont beaucoup de dispo- sitions à piaffer. " * Les cbevaux danois sont de si belle taille et si étoffés, qu'on les préfère à tous les autres pour en faire des atte- lages ; il y en a de parfaitement bien moulés f mais en petit nombre , car le plus souvent ces chevaux n'ont pas une conformation fort régulière : la |>lupart ont l'encolure^ épaisse , les épaules grosses , les reins uti peu longs et bas, la croupe trop étroite pour l'é- paisseur du devant ; mais ils ont tous de beaux mouvemens , et en général ils sont très-bons pour la guerre et pour l'appareil -, ils sont de tous poils , 35 ''4 i V7 \ ^ ■< ^y^' 'C~2^%f^'-'^' ' -'- ^•":Mi^^::j}'^mi^rr: ^^P^^*é0^- pour les ont la sse , il» îiit diffi- «t com- r taille, de leurs ns pour e diapo- 3 si belle préfère à 3es atte- ent bien s , car le 'ont pas iëre : la »se , les u longs e- mt tous général lerre et poils , D u CHEVAL» 199 et même les poils singuliers , comme pie et tigre , ne se trouvent guère que dans les chevaux danois. j/5V;à'ii<> (,é^ i Il y a en Allemagne de fort beaux chevaux ; mais en général ils sont pe- sans et ont peu d'haleine, quoiqu'ils viennent pour la plupart des chevaux turcs et barbes dont on entretient les haras, aussi bien que de chevaux d'Es- pagne et d'Italie ; ils sont donc pea propres à la chasse et à la course de vî* tesse, au lieu que les chevaux hon- grois, transilvains, &c. sont au con- traire légers et bons coureurs : les hou- sards et les hongrois leur fendent les naseaux , dans la vue , dit>o^. , de leur donner plus d'haleine^ et aussi pour les empêcher de hennir à la guerre : on prétend que les chevaux auxquels on a fendu les naseaux ne peuvent plus hennir : je n'ai pas été à portée de vé« rifier ce fait , mais il me semble qu'ils doivent seulement hennir plus foible*- ment , on a remarqué que les ohevaui^: --ifr^-f' «-.H/ (tout ou «<« Mt^rt h jiluN i)otuinuit(iiiirnl, rn KlH^lUJ^ \ !♦»« mHlld^iirM vioiiiiriil «!• h \M\\y\\\{\ifi itt« fVlnt^ ^ 'il y i^i\ a AiiMni ilti fovt h{>m t\k\\H W imyd dti tltirgiiri* «I dn HutioiMi. la^ti clirvAUx 41aii\HiiH rhfvtiux do Mol- Inodo t il<( oui proMquo ft)iM In tV^to f^roN- no, loM idrd» |>IaU, Ion Inmlum NiijnlIoM ftox mut, rt liv* tloux driMili^iN drU lUuU Hont ivisoulirtit duu.i tt^n t^hovaux di< Il y II f t\ î«Vftuof> dos (^lirvrttix do toulo rJ^|>^^o, maiii 1o» brwux mouI ou j>rlU uoud)n^ : 1o« mum'IIoiuvs «rhovuut, do soUo \it)uut>ut du l^iuuvsiu, \U nvs- «omldout AitvSOK aux bnvb^M , rt. nouI , iHMumo «>UîC. oxcnlIoUH imur lu olwmso , Wim \U si>ui lardils ihw^ lonr uouniiM- ftomout \ il Outt lo^ uu^in^or iltui» Kmu* ivuuojiso f et lu^iuc 110 «'on .scrvii' i^u'à ' '**7*'''"' ** «M»-jft.»»fej;. ■ 'i -.1^; • j«"n.Mori, lT^'•'"^'"''''"• ««nt do. oh«v.uv 1 ^•«''"'•* •''■- «"•dru,,, vu. •*"•"''' '^'«1.1. if I* ^^1 h • a02 HTÇTOIRE NATITRELLK pél ; ceux de Vile de Crète étoient en grande réputation chez les anciens pour l'agiLilé et la vitesse ; cependant .aujourd'hui on s'en sert peu dans le pays même, à cause de la trop grande aspérité du terrein, qui est Jïresque par -tout fort inégal et fort montneux : les beaux chevaux de ces îles, et même ceux de Barbarie , sont de race arabe. X grande jpresqne Qtaeux : 3t même ;e arabe. Biume de 5tit8 ç[ne ; très-vi- que les nie l'em- ceux des rouvoit , ussi bons e la Bar- chevaux s'abattre s lorsque tomber et un ga- sse point ï> U CH E V Ali." 2o5 Irotier ni marcher l'amble ; les habî- tans du pays regardent ces allures du cheval comme des mouvemeiis gros- siers et ignobles. Il ajoute que les che- vaux d'Egypte sont supérieurs à tous les autres pour la taille et pour la beau- té ; mais ces chevaux d'Egypte , aussi bien que la plupart des chevaux deBar- barie , viennent des chevaux aïabes , qui sont sans contredit les premiers et les plus beaux chevaux du monde. Selon Marmol, ou plutôt selon Léon l'Africain, car Marmol Ta ici copié presque mot à mot, les chevaux ara- bes viennent des chevaux sauvages des déserts d'Arabie dont on a fait très- anciennement des haras , qui les ont tant multipliés , que toute l'Asie et l'Afrique en sont pleines ; ils sont si légers , que quelques - uns d'entr'eux devancent les autruches à la course : les Arabes du désert et les peuples de Libye élèvent une grande quantité de ces chevaux pour la chasse ; ils ne s'en n Iv >-.w«S.-#' - 7-r-' .<*. ? 204 HISTOIRE NATURELLE servent ni pour voyager ni pour com* battre j ils les font p«dtre lorsqu'il y a de l'herbe , et lorsque l'herbe manque, ils ne les nourrissent que de dattes et de lait de chameau > ce qui les rend nerveux , légers et maigres^ Ils tendent des pièges aux chevaux sauvages , ils en mangent la chair , et disent que celle des jeunes est fort délicate : ces che-» vaux sauvages sont plus petits que lea autres , ils sont communément de cou-» leur cendrée^ quoiqu'il y en ait aussi de blancs > et ils ont le poil de la queue fort court et hérissé. D'autres voyageurs nous ont donné sur ces chevaux arabes des relations curieuses , dont nous ne rapporterons ici quelesprindpaux faits. Il n'y a point d'Arabe , quelque mi- sérable qu'il soit ; qui n'ait des che* vaux : ils montent ordinairement les jumens, l'expérience leur ayant ap- pris qu'elles résistent mieux que les chevaux à la fatigue , à la faim et à la fioif j çUes sont aussi moiiis vicieuses. t) — i(- M ir t *,**'^ ■• /'v . fi <^ ,* DU CHBVAL. 205 plus douces , et hennissent moins fr«« quemment que lescheyanx : ils les ac*- coutument si bien à être ensemble > qu'elles demeurent en grand nombre y quelquefois des jours entiers, abandon* nées à elles-mêmes sans se frapper les unes les autres, et sans se faire au- cun mal. Les Turcs au contraire n'ai* ment point les jumens, et les Arabes leur vendent les chevaux qu'ils ne veu-» lent pas garder pour étalons : ils con* servent avec grand soin ^ et depuis très-long- temps , les races de leura chevaux , ils en connoissent les géné- rations , les alliances «t tonte la généa* logie ^ ils distinguent les races par des noms différens , et ils en font trois classes ; la première est celle des che- vaux nol^les , de race pure et ancienne des deux côtés ; la seconde est celle des chevaux de race ancienne , mais qui se sent mésalliés , et la troisième est celle des chevaux communs : ceux-ci se yen* dçut à bas prix; mm oei^ de la pre-: M r f ' ~:*-'-AAth- % *^^J^ * \ f)oa TITSTOtnK NATlTltBriT.K mière classe et même ceux de la se^ conde , parmi lesquels il s'en trouve d'aussi bohs que ceux de la première , sont excessivement ehers*, ils ne font jamais couvrir les jumensde cette pre- mière classe noble-, que par dos dtalon» de la même qualité : ils connoîssent par une longue expérience toutes les racjs de leurs chevaux et de ceux de leurs voisins, ils en- connoissent en particulier )• nom , le surnom , le poil , les marques , &o. Quand ils n'ont pas des étalons nobles , ils en emprun- tent chez leurs voisins, moyennant quelqu'argent, pour faire couvrir leurs jumôns, ce qui se fait en présence do< témoins qui en donnent une attesta-» tion signée et scellée par-devant lèse- erétîiire de Pémir , ou quelqn'aUtre personne publique-; et dans cette attes- tation le liom du- cheval et de lajït- nient est cité, et toute leur génération exposée : lorsque la jument a pouliné-, Fon appelle encore des témoins^ et Van ii-ï^ Œ8Sr«.. S V . .„.,; I ' DU C H E V A L.^^'' 207 fait une aiHre attestation dans laquelle on fait la description du poulain qui ▼ient de naître , et on niarqne le jour de sa naissance. Ces billets donnent le prix aux cheraux , et on les remet à ceux qui les achetant. Les moindres jumens de cette première classe sont de cinq cents ëcus , et il y en a beaucoup qui se vendent mille ëcus , et même quatre , cinq et six mille^ lierres. Côm<- me les Arabes n'ont qu'une tente pour maison , oetto tente leur sert aussi d'écurie : la yiiment, le poulain , le mari-, Ift femme et les enfans' eouclieni tous pêle-mêle les uns avec les autre»: on y voit les {>etiis enfans sur le corps , sur le cou de la jument et du poulain > sans que ces animaux les blessent ni les incommodent j on. diroit qu'ïls n'o- sent se remuer de neur de leur faire du mal. Ces jumcns sont si accoutumées à vivre dans cette- f&milikrité^ qu'elles souffrent toute sorte de badinage. Les Arabes ne les battent point; il« le» trai- 1^. \ •m*'-**^ M^ -^ "^ "^ ipw^Mjiiiii ,ni»çii.jw!ji|i|i I I i ; ao8 HISTOIRE NATURELLE tent doucement, ils parlent et rai8cai« nent avec elles, ils en prennent un très-grand soin, ils les laissent toujours aller au pas , et ne les piquent jamait fans nécessite : mais aussi dès qu^elle se sentent chatouiller le flanc avec le coin de l'ëtrier , elles partent subitement et vont d'une vitesse incroyable j elles sautent les haies et les fosses aussi lé- gèrement que les biches *, et si leur c«> valier vient à tomber , elles sont si bien dressées, qu'elles s'arrêtent tout court, même dans le galop le plus rapide. Tous les chevaux des Arabes sont d'une taille médiocre , fort dégagés et plutôt mai- gres que grsA : ils les pansent soir et ma- tin fort régulièrement, et avec tant de soin^ qu^ls ne leur laissent pas la moin* dre crasse sur la peau *, ils leur lavent les jambes , le crin et la queue qu'ils laissent toute longue et qu'ils peignent rarement pour ne pas rompre le poil ; ils ne leur donnent rien à manger tout le jour^iU leur donnent seulement à ..^«««l^- ; ■ *,_,ç<»>.-« DU CHEVAL* n 909 boire deux ou trois fois , et au coucher du soleil ils leur passent un sac à la. t6te , dans lequel il y a environ un demi-boisseau d'orge bien net: ces che- vaux ne mangent donc que pendant la nuit , et on ne leur Ate le sac que le lendemain matin lorsqu'ils ont tout mangé : on les met au verd au mois de mars , quand l'herbe est grande ; c'est dans cette même saison que l'on fait couvrir les jumens , et on a grand soin de leur jeler de l'eau froide sur la croupe , immédiatement après qu'elles ont été couvertes : lorsque la saison du printemps est passée , on retire les chevaux du pâturage, et on ne leur donne ni herbe ni foin de tout le reste de l'année , ni même de paille que très- rarement , l'orge Cf t leur unique nour- riture. On ne manque pas de couper aussi les crins aux poulains dès qu'ils ont un an ou dix-huit mois , afin qu'ils de- viennent plus tou£fiis et plus longs : on les monte dès l'âge de deux ans ou deujç I •«-wfl**? ■.----"' ^ *N m ■'. «'fl 21 HïSTOmE NATURELLE an et demi tout au plus tard , on n« leur met la selle et la bride qu'à cet âge ; et tous les jours du matin jusqu^au soir, tous les chevaux des Arabes demeurent selles et brides à la porte de la tente. ' ' La race de ces chevaux s'est étendue en Barbarie , chez les Maures et même chez les Nègres de la rivière de Gam- bie et du Sénégal; les seigneurs du' pays en ont quelques-uns qui sont d'une grande beauté ; au lieu d'orge et d'a- voine on leur donne du maïs concassé ou réduit en farine , qu'on mêle avea du lait lorsqu'on veut les engraisser;' et dans ce climat si chaud on ne les laisse boire que rarement. D'un autre' côté les chevaux arabes ont peuplé l'Egypte, la Turquie et peut-être la Perse, où il yavoit autrefois des haras très-considérables. Marc-Paul cite un haras de dix mille jumens blanches , et il dit que dans la province de Balascie il y avoit une grande quantité de chevaux grands et légers , avec la corne du pied ^ T» ''*>"<• ■^If <»,H. -rf..'«-^ DU C H E V AL»- 211 sî (ïure qu'il ëtoit inutile de les ferrer. Tous les chevaux du Levant ont , comme ceux de Perse et d'Arabie, la corne fort dure ; on les ferre cepen- dant , mais avec des fers minces , lé- gers, et qu'on peut clouer par- tout : en Turquie , en Perse et en Arabie , on a aussi les mêmes usages pour les soi- gner , nourrir et leur faire de la litière de leur fumier, qu'on fait auparavant sé- cher au soleil pour ôter l'odeur, et ensui ' te on les réduit en poudre , et on en fait une couche, dans l'écurie ou dans la ten* te , d'environ quatre ou cinq pouces d'é- paisseur ; cette litière dure fort long- temps, car quand elle est infectée de nou- veau , oîi la relève pour la faire sécher au soleil une seconde fois, et cela lui fait perdre entièrement sa mauvaise odeur. Il y a en Turquie des chevaux ara- bes , des chevaux tartares, des chevaux hongrois et des chevaux de race du pays; ceux-ci .sont beaux et très-tins, ils ont beaucoup de feu, de vitesse, et ^a Ip-^ ÛI2 HISTOIRE NATURELLE même d'agrémens , mais iU sont trop délicats ; ils ne peuvent supporter Ja fatigue ) ils mangent peu , ils s'échauf- fent aisément , et ont la peau si sensi- ble qu'ils ne peuvent supporter le frot^ tement de l'étrille ; on se contente de les frotter avec l'époussette et de les laver : ces chevaux > quoique beaux ^ sont , comme l'on voit , fort au-dessous des arabes , ils sont même au-dessous des chevaux de Perse , qui sont après les arabes , les plus beaux et les meiU leurs chevaux de l'Orient ; les pâtura- ges des plaines ,de Médie , de Persépo* lis , d'Ardébil/de Derbent , sont admi^^ râbles, et l'on y élève, par les ordres du gouvernement , une prodigieuse quantité de chevaux , dont la plupart sont très-beaux , et presque tous ex« cellens. Pietro délia Valle préfère les chevaux communs de Perse aux che^^ vaux d'Italie, et même, dit-il, aux plus excellens chevaux du royaume de Naples ) communément ils sont de îonl trop portct la s'échauf- , si aensi- sr le frot* ntetite de et de les le beaux I LU-dessous LU-dessouS }ont après ; les meiW [es pâtura- e Persépo* ont admi* les ordres rodigieuse a plupart tous ex- irëfère les aux che- t-il, aux royaume Is sont de ^1 DU Cil £ y AL. ai^ taille mëdiocre, il y en a même de fort petits, qui n'en sont pas moins bons ni moins forts ; mais il s'en trouve aussi beaucoup de bonne taille et plus grands que les chevaux de selle anglais. Ils ont tous la tête légère , l'encolure fine , le poitrail ëtroit, les oreilles bien faites et bien placées , les jambes menues , la troupe belle et la corne dure ; ils sont dociles , vifs , légers , liardis , courageux et capables de supporter une grande fatigue ; ils courent d'une très-grande vitesse, sans jamais s^abattre ni s'afiais- ser; ils sont robustes et très-aisés à nourrir^ on ne leur donne que de l'orge mêlé avec de la paille hachée menu, dans un sac qu'on leur passe à la tête y et on ne les met au verd que pendant six semaines au printemps : on leur laisse la queue longue , on ne sait ce que c'est que de les faire hongres; on leur doni^e des couvertures pour les défendre des injures de l'air; on les soigne avec une attention particulière > Quadrup. VIL i^ ) 'I i ! ) " W' 214 HlSTOmE NATUnELLÏÎ on les conduit avec un simple bridon et sans éperon, et on en transporte une très grande quantité en Turquie, et sur- tout aux Indes: ces voyageurs, qui font tous l'éloge des chevaux de Perse , s'accordent cependant à dire que les chevaux arabes sont encore supérieurs pour l'agilité, le courage et la force, et ipême la beauté , et qu'ils sont beau» coup plus recherchés en Perse même que les plus beaux chevaux du pays. Les chevaux qui naissent aux Indes ne sont pas bons, ceux dont se servent les grands du pays y sont transportés de Perse et d'Arabie j on leur donne un peu de foin le jour , et le soir on leur fait cuire des pois avec du sucre et du beurre au lieu d'avoine ou d'orge : cette nourriture les soutient et leur donne un peu de force, sans cela ils dé- périroient * en très-peu de temps ^ le climat leur étant contraire. Les che- vaux naturels du pays , sont en géné- ral fort petits, il y en a même de si I , D U C H E V A L. 21^ petits , que Tavernicr rapporte que le jeune prince du Mogol , âge de sept ou Luit ans, jnontoit ordinairement un petit cheval très-bien fait, dont la taille n'excédoit pas celle d'un grand Idvrier. Il semble que les climats excessive- ment chauds soient contraires aux che- vaux : ceux de la côte d'Or , de celle de Juda , de Guinée , &c. sont , comme ceux des Indes, fort mauvais ils por- tent la tête et le cou fort bas, leur marche est si chancelante , qu'on les croit toujours prêts à tomber ; ils ne se remueroicnt pas si on ne les frappoit continuellement , et la plupart sont sî bas , que les pieds de ceux qui les mon- tent touchent presqu'à terre j ils sont de plus fort indociles , et propres seu- lement à servir de nourriture aux Nè- gres , qui en aiment la chair autant que celle des chiens : ce goût pour la chair du cheval est donc communaux Nègres et aux Arabes , il se retrouve en Tartarie , et même à la Chine. Les ■;i i 1" / ''S ».^« - ■* •"»'mmmm\ pl6 HISTOIRE NATURELLE cbevaux chinois ne valent pas mieux que ceux des Indes , ils sont foibles , lâches, mal faits , et fort petits; ceux de la Corée n'ont que trois pieds de hauteur : à la Chine presque tous lei chevaux sont hongres , et ils sont i timides, qu'on ne peut s'en servira la guerre; aussi peut-on dire que ce sont les chevaux tartares qui ont fait la conquête de la Chine : ces chevaux iont très-propres pour la guerre , quoi- que communément ils ne soient que de taille médiocre; ils sont forts, vigou* reux , fiers , ardens , légers et grands coureurs ; ils ont la corne du pied fort dure, mais trop étroite; la tête fort légère , mais trop petite ; l'encolure longue et roide , les jambes trop hau- tes , avec tous ces défauts ils peuvent passer pour de très -bons chevaux , ils sont infatigables et courent d'une vi- tesse extrême. Les*^ Tartares vivent avec leurs chevaux à-peu-près comme les Arabes, ils les font monter dès l'âge DU CH B V A L. 217 de sept ou huit mois par de jeunes en- fans, qui les promènent et les font cou- rir à petites reprises ; ils les dressent ainsi peu à peu, et leur font souffrir de grandes diètes y mais ils ne les mon- tent pour aller en course que quand ils ont six ou sept ans \ ils leur font supporter alors des fatigues incroya- bles, comme de marcher deux ou trois jours sans s'arrêter, d'en passer quatre ou cinq sans autre nourriture qu'une poignée d'herbe de huit heures en huit heures , et d'être en même temps vingt-quatre heures sans boire , &c. Ces chevaux, qui paroisscnt, et qui en effet sont si robustes dans leur pays, dépérissent dès qu'on les transporte à la Chine et aux Indes, mais ils réus- sissent assez en Perse et en Turquie. Les petits Tar tares ont aussi une race de petits chevaux dont ils font tant de cqis, qu'ils ne se permettent jamais de les vendre à des étrangers : ces chevaux ont toutes les bonnes et mau- \ i I i f ^•1 W\ •• -k k. 'I I i] ' f ai8 HISTOIRE NATURELLE vaises qualités do ceux de la grande Tarlarie, ce qui prouve combien les mêmes mœurs et la même éducation donnent le même naturel et la même habitude à ces animaux. Il y a aussi en Circassie et en Ming relie beaucoup de chevaux qui sont même plus beaux que les chevaux tartares; on trouve encore d'assez beaux chevaux en Ukrai- ne , eu Valachie , en Pologne et en Suède, mais nous n'avons pas d'obser- vations particulières de leurs qualités et de leurs défauts* Maintenant, si l'on consulte les an- ciens sur la nature et les qualités des chevaux des différens pays , on trou- vera que les chevaux de la Grèce , et sur-tout ceux de la Thessalie et de l'Epire avoient de la réputation , et étoient très-bons pour la guerre ; quo ceux de l'Achaïc étoient les plus grands que l'on connût; que les plus, beaux de tous étoient ceux d'Egypte oCi il y eu avait une très-grande quantité; et où^ nu CHEVAL. 219 Salomon eavoyoit en acheter h un très- grand prix ; qu'en Ethiopie , les che- vaux réussissoient mal à cause die Ift trop grande chaleur du climat ; que l'Arabie et l'Afrique fournissoient le» chevaux les mieux faits , sur-tout les- pins légers et les plus propres à la mon- ture et à la course ; que ceux d'Italie , et sur-tout de la Fouille, étoient aussi très-bons ; qu'en Sicile , Cappadoce , Syrie , Arménie , Médie et Perse , il y avoit d'excellens chevaux, et recom- mandablcs par leur vitesse et leur lé- gèreté ; que ceux de Sardaigne et de Corse étoient petits , mais vifs et cou- rageux; que ceux d'Espagne resseni- bloient à ceux des Farthes, et étoient excellens pour la guerre ; qu'il y avoit aussi en Transilvanie et en Valachie des chevaux à tête légère, à grands crins pendans jusqu'à terre, et à queue touffue , qui étoient très-prompts à la course ; que les chevaux danois étoient bien faits et bons sauteurs j que ceux II !( U Mi i } /i 520 HISTOIRE NATURELLE de Scandinavie ëtoient petits , mais bien moulés et fort agiles; que les che- vaux de Flandres étoient forts \ que les Gaulois fournissoicnt aux Romains de bons chevaux pour la monture et pour porter des fardeaux ; que les chevaux des Germains ëtoient mal faits et si mauvais^ qu'ils ne s'en servoient pas ; que les Suisses en a voient beaucoup et très-bons pour la guerre; que les chevaux de Hongrie ëtoient aussi fort bons; et enfin > que les chevaux des Indes ëtoient fort petits et très-foibles. Il résulte do tous ces faits ; que les chevaux arabes ont été de tous temps et sont encore les premiers chevaux du monde, tant pour la beauté que pour la bonté ; que c'est d'eux que l'on tire, soit immédiatement, soit média* tement par le moyen des barbes, lea plus beaux chevaux qui soient en £a« rope , en Afrique et en Asie j que 1q climat de l'Arabie est peut-être le vrai «limât des chevaux , et lo meilleur de i> il "•■^' -^^ ■'^•ipfcî^- , 'M DU CH EV A L. 27,1 tous les climats, pnisqu'au lieu d'y croiser les races par dos races -îiran- gèrcs , on a grand soin de les conserver dans toute leur pureté; que si ce climat n'est pas par lui - même le meilleur climat pour les chevaux , les Arabes l'ont rendu tel par les soins particu- liers qu'ils ont pris de tous les temps , d'ennoblir les races , en ne mettant ensemble que les individus les mieux faits et de la première qualité ; que par cette attention suivie pendant des siècles ; ils ont pu perfectionner l'es- pèce au-delà de ce que la nature auroit fait dans le meilleur climat : on peut encore en conclure que les climats plus chauds que froids, et sur-tout les pays secs, sont ceux qui conviennent le mieux à la nature de ces animaux ; qu'en gënëral les petits chevaux sont meilleurs que les grands ; que le soin leur est aussi nécessaire à tous que la nourriture; qu'avec de la familiarité et des caresses on en lire beaucoup ^ ♦ ff^ UQ'2 HISTOIRE NATURELI.E plus que par lu (orne rt les cliàlimeni , que les chevauiç des pays cliauds ont les os , la corne , les muscles plus durs queceuxdenos cliinals, que quoique la chaleur convienne mieux que le froid à ces animaux, cependant le chaud ex- cessif ne leur convient pas ; que le grand froid leur eat contraire-, qu'enfin leur habitude et leur naturel dépen- dent presq^'en entier du climat, de la nourriture , des soins et de rodvication. En Perse, en Arabie et dans plu* lieurs autres lieux de l'Orient , on n'est pas dans l'usage de hongrer les chevaux, comme on le fait si généralement en Europe et à la Chine : cette opération leur ôte beaucoup de force, de courage, de fierté , &c» mais leur donne de la douceur, de la tranquillité, de la doci> lité. A l'égard de l'âge auquel on doit la faire, il y a des usages differens; dans certaines provinces on hongre les chevaux dès l'âge d'un an ou dix-huit mois ; mais l'usage le plus généraient lo :^it.'>^^ - "♦'■Hi^. "«s!^^ M;^--~^-OK,i:':^p, © U C H E V A L. fl*».^ Diicnxfondë est de ne les hongrer qu'à deux et môme à trois ans, parce qu'rii L liongrant tard ils conservent un peu ^lus des qualités attachées au sexe masculin. Pline dit que les dents do lait no tombent point à un clievul qu'on fait hongre avant qu'elles soient tom-* bëes : j'ai été à portée de vérifier co fait , et il ne s'est pas trouvé vrai ; les dents de lait tombent également aux jeunes chevaux hongres et aux jeunes chevaux entiers j et il est probable que les anciens n'ont hasardé ce fait que parce qu'ils l'ont cru fondé sur l'ana- logie de la chute des cornes du cerf, du chevreuil, &c. qui en effet ne tom- bent point lorsque l'animal a été coupé. Au reste un cheval hongre n'a plus la puissance d'engendrer , mais il peut encore s'accoupler, et l'on en a vu des exemples. Les chevaux de quelque poil qu'ils soient ■ muent comme presque tous les autres animaux couverts de poil, et i ; S / d!l4 HISTOIRE NATURELLE cette mue se fait une fois Tan ; ordi- nairement au printemps , et quelque* fois en automne ; ils sont alors plus foibicsque dans les autres temps , il faut les ménager , les soigner davantage et les nourrir un peu plus largement. Il y a aussi des chevaux qui muent de corne, cela arrive sur*tout à ceux qui ont ëtë ëlcvés dans des pays humides et maré- cageux, comme en Hollande. ^ Les chevaux hongres et les jumens hennissent moins fréquemment que les chevaux entiers. Ils ont aussi la voix moins pleine et moins grave : on peut distinguer dans tous cinq sortes de hen- nissemens di£Pérens , relatifs à diffé- rentes passions; le hennissement d'alé- gresse , dans lequel la voix se fait en- tendre assez longuement , monte et finit à des sons plus aigus ; le cheval rue en même temps , mais légèrement , et ne cherche point à frapper; le hen- nissement du désir soit d'amour soit d'attachement; dans lequel le cheval m f LLE l'an j ordl- it quelque- alors plus npS)ilfaut LVantago et ment. Il y a t de corne, qui ont ëtë BS et mare* les jumens lent que les issi la voix re : on peut tes de hen- fs à diffé- ment d'alé- se fait en- monte et le cheval igërement , er; le hen- mour soit le cheval DU CHEVAL. 225 ne rue point, et la voix se fait entendre longuement , et unit par des sons plus graves; le hennissement de la colère , pendant lequel le cheval rue et frappe dangereusement , est très-court et aigu ; celui de la crainte , pendant lequel il rue aussi , n'est guère plus long que celui de la colère j la voix est gi'ave , rauque , et semble sortir en entier des naseaux : ce hennissement est assez semblable au rugissement d'un lion j celui de la douleur est moins un hen- nissement qu'un gémissement ou ron- flement d'oppression qui se fait à voix grave, et suit les alternatives de la respiration. Au reste , on a remarqué que les chevaux qui hennissent le plus souvent , sur-tout d'alégresse et ^e désir , sont les meilleurs et les plus gé- néreux -, les chevaux entiers ont aussi la voix plus forte que les hongres et les jumens: dès la naissance le mâle a la voix plus forte que la femelle ; à deux ans ou deux ans et demi , c'est-à- Quadrup. Vil. 20 -i Vv. i ■ à ^ > ; V \ ' 3li6 HISTOIRE NATITRÊLLÔ dire , à l'âge de puberté , là Voix dea mâles et des femelles devient plus fortô et plus grave , comme dans l'homme et dans la plupart des autres animaux. Lorsque le cheval est passipnné d'a- mour , du désir , d'appétit , il montre les dents et semble rire^ il les montre aussi dans la colère et lorsqu'il veut mordre; il tire quelquefois la langue pour lé^ cher, mais moins fréquemment que le bœuf qui lèche beaucoup plus que le cheval, et qui cep^u'^it est moins sensible aux caresses i lo cheval se sou- vient aussi beaucoup plus long-temps des mauvais traitemens , et il se rebute aussi plus ais'iment que le bœuf ; son naturel ardent et courageux lui fait donner d'abord tout ce qu'il possède de forces , et lorsqu'il sent qu'on exige encore davantage , il s'indigne et re- fuse ; au lieu que le bœuf qui de sa nature est lisnt et paresseux, s'excède et se rebute moins aisément. Le chevtU doit beaucoup plus que •'V*«*-'^f^'* DU CHEVAL. 2^7 riiomme -, lorsqu'il se porte bien il ne demeure guère que deux ou trois heu- res de suite couché , il se relève ensuite pour manger ; et lorsqu'il a été trop- fatigué , il se couche une seconde fois après avoir mangé , mais en tout il ne dort guère que trois ou quatre heures en vingt-quatre ; il y a même des che-» vaux qui ne se couchent jamais et qui dorment toujours debout ; ceux qui se couchent, dorment aussi quelquefois sur leurs pieds : on a remarqué que le3 hongres dorment plus souvent et plua , long-temps que les chevaux entiers. Les quadrupèdes ne boivent pas Iouqi de la même manière , quoique tous soient également obligés d'aller cher- cher avec la tête la liqueur qu'ils ne peuvent saisir autrement , à l'excep- tion du singe , dw maki et de quelque^ autre? qni ont des mains , et qui par conséquent peuvent boire comme l'homme , lorsqu'on leur donne un vase qu'ils peuvent tenir j car ils le portent -«,■ %t, •»■ •*, éf '*y. *tV .' "■,.'■., J^?*!"^^ ■I I f^y 228 HISTOIRE NATURELLE à leur bonclie , l'inclinent , versent la liqueur; et Tàyalent par le simple mou- vement de la déglutition : l'homme boit ordinairement de cette manière , parce que c'est en effet la plus com- mode ; mais il peut encore boire de plusieurs autres façons ; en approchant les lèvres et les contractant pour aspi- rer la liqueur, ou bien en y enfonçant le nez et la bouche assez profondément pour que- la langue en soit environnée et n'ait d'autre mouvement à faire que celui qui est nécessaire pour la déglu- tition , ou encore en mordant , pour ainsi dire, la liqueur avec les lèvres, ou enfin quoique plus difficilement, en tirant la langue , l'élargissant , et formant une espèce de petit godet qui rapporte un peu d'eau dans la bouche : la plupart des quadrupèdes pourroient aussi chacun boire de plusieurs maniè- res ; mais ils font comme nous , ils choi- sissent celle qui leur est la plus com- mode, et la suivent constamment. Le '. '"9f»>i^éi DU CTH E V A L» làSgt ellicn , dont' la gueule est fort ouverte et la langue longue et mince , boit eix lapant , c'est-à-dire , en léchant la li- queur y et formant avec la tangue un. godet qui se remplit à chaque fois et rapporte une assez grande quantité do liqueur, il préfère cette façon à celle de se mouiller le nez : le cheval ,. an contraire, qui a la bouche plus petite et la langue trop épaisse et trop courte pour former un gfand godet , et qui d'ailleurs boit encoie plus avidement qu'il ne mange, enfonce la bouche et le nez brusquement et profondément dans l'eau qu'il avale abondamment par le simple mouvement de la déglu- tition-, mais cela. même le force à boire tout d'une haleine , au lieu que le chien Kcspire à son aise pendant qu'il boit : aussi doit-on laisser aux clievaux la liberté de boire àplusieui^ reprises , sur-tout apr&&< une course , lorsque le mouvement de la respiration est court et pressé : on ne doit pas non ■^ .."« I ï l a^O HIsTOTRE NATURELLE plus leur laisser boire de l'eau trop froide, parce qu'indépendamment dea coliques que l'eau froide cause souvent , il leur arrive aussi par la nécessité oi!i ils sont d'y tremper les naseaux, qu'ils se refroidissent le nez , s'enrhument , et prennent peut-être les germes do cette maladie à laquelle un a donné le nom de morue , la plus formidable de toutes pour cette espèce d'animaux : car on sait depuis peu que le siège de la morve est dans la membrane pitui-^ taire, que c'est par conséquent un vrai vhume qui à la longue cause une in- flammation dans cette membrane; et d'un autre côté les voyageur^ qui rap- portent dans un assez grand détail les maladies des chevaux dans les pays çhaads , comme l'Arabie , la Perse , la Barbarie , ne disent pas que la morve y soit aussi fréquente que dans les cli^ mats froids ; ainsi je crois être fondé à conjecturer que l'une des causes do 4;çtte rod^die est h froideur de l'eau ; 9 f . .. .^-t -If vu CHEVAL. 25l parce que ces animaux sont obligés d'y enfoncer et d*y tenir le nez et les na- seaux pendant un temps considérable , ce que Ton préviendroit en ne leur donnant jamais d'eau froide , et en leur essuyant toujours les naseaux après qu'ils ont bu* Les ânes qui crai- gnent le froid beaucoup plus que Iqs chevaux, et qui leur ressemblent si fort par la structure intérieure, ne sont pas cependant si sujets à la mor* ve, ce qui ne vient peut-être que de ce qu'ils boivent différemment dea chevaux ; car au lieu d'enfoncer pro- fondément la bouche et le nez dans Veau , ils ne font presque que l'attein- dre des lèvres. Je ne parlerai pas des autres maldir dies des chevaux , ce seroit trop éten- dre l'histoire naturelle que de joindre à l'histoire d'im animal celle de ses ma- ladies ; cependant je ne puis terminer l'histoire d\i cheval sans marquer quel- ques regrets de ce que la i^anlé de cet -/ E'^ a5îl HISTOIRE NATURELLE animal utît^ et précieux a été jusqn'^ présent abandonnée aux soins et à la pratique souvent ayeuglo de gens sans connoissance et sans lettres. La méde- cine que les anciens ont appelée méde^ cine vétérinaire , n'est presque connue que de nom : je suis persuadé^ que si quelque médecin tournoit ses vues de ee côté - là ; et faisoit de cette étude son principal objet , il en seroit bientôt dédommagé par d'amples succès ; que non-seulement il s'enrichiroit , mais même qu'au lieu de se dégrader il s'il- lustreroit beaucoup , et cette médecine ne sercit pas si conjecturale et si diffi- cile que l'autre : la nourriture , les- mœurs, l'influence du senti ment ^ tou- tes les causes eu un mot , étant plus liimples dans l'animal que dans l'hom- me , les maladies doivent aussi êtro moins compliquées ; et par conséquent plus faciles à Juger et à traiter avec succès; sans compter la liberté qu'on auroit toute entière de faire dea expc«» A ^' *»- nu C H E V A Li û35 Jusqu'^ et à la sns sans i mëde- c méde* connue ?que si vues de :e ëtude bientôt les; que t , mais er il s'il- lédecine si diffi- ire , les nt, tou- int plus î rhom- issi être Lsëquent ter avec lé qu'on ;a cjcpç-» ricnces , de tenter de nouveaux remè- des, et de pouvoir arriver sans crainte et sans reproche à une grande étendue de connoissances en ce genre , dont on pourroit même par analogie tirer des inductions utiles à Tart de guérir <| les !iommes. 1 •.::.-. ^. L» A N E.' '■*■ ' ■ ■l-4 L'ave est de son naturel aussi hum- ble , aussi patient , aussi tranquille que le cheval est fier, ardent > impétueux; il souffre avec constance , et peut-être avec courage , les châtimens et les ] coups; il est sobre, et sur la quantité et sur la qualité de la nourriture \ il se I contente des herbes les plus dures et les I plus désagréables, que le cheval et les autres animaux lui laissent et dédai- gnent ; il est fort délicat sur Teau , il ne veut boire que de la plus claire et aux ruisseaux qui lui sont connus : il boit aussi sobrement qu'il mange , et ■>*-• ■\. f ^^ a34 HISTOIRE NATURELLE n'enfonce poinl du tout son nez clans' Teau par la peur que lui fait , dit-on » l'ombre de ses oreilles : comme l'on ne prend pas la peine de l'ëtriller , il se roule souvent sur le gazon , sur les chardons, sur la fougère y et sans se soucier beaucoup de ce qu'on lui fait porter , il se couche pour se rouler tou- tes les fois qu'il le peut , et semble par- là reprochera son maître le peu de soin qu'on prend de lui ; car il ne se vautre pas comme le cheval dans la fange et dans l'eau ; il craint même de se mouiller les pieds ; et se détourne pour éviter la boue; aussi a-t-il 1» jambe plus sèche et plus nette que le cheval , il est susceptible d'éducation , et l'on en a vu d'assez bien dressés pour faire curiosité de spectacle. . , Dans la première jeunesse il est gai , et même asspz joli , il a de la légèreté et de la gentillesse ; mais il la perd bientôt , soit par l'âge, soit parles maui y^is t^aileqicnç , et il dçviçflt lent y xxk-' «,-"••-* LE nez clans ,, dit-on, 6 Ton ne er, il se f sur les t sans se 1 Ini fait (uler tou- nble par- ;u de soin se vautre la fange me de se irne pour la jambe ; cheval , , et l'on lour faire est gai , légèreté la perd [les mau-i Ie4t f ift-? DU CHEVAL. ii^5 ^'f; docile et têtu ] il n^est ardent que poui^ le plaisir , ou plutôt il en est furieux au point que rien ne peut le retenir , et que l'on eh a Vu s'e^cëder bt mourir quelques instatis après ; et comme il aime avec une espèce de fureur , il a aussi pour sa progéniture le plus fort attachement. Pline nous assure que lorsqu'on sépare la mère d^ son petit , elle passe à travers les flammes pour aller le rejoindre ; il s'attache aussi à son maitre , quoiqu'il en soit ordinairement maltraité , il le sent de loin et le distingué de tous les autres hommes ; il reconuoît aussi les lieux qu'il a coutume d'habiter , les chemins qu'il a fréquentés ; il a les yeux bons, l'odorat admirable , sur-tout pour les corpuscules de l'ânesse , l'oreille ex- cellente , ce qui a encore contribué à le faire mettre au nombre des animaux timides , qui ont tous, à ce qu'on pré- tend , l'ouïe très-fine et les oreilles longues j lorsqu'on le surcharge , il 1« i !^ a36 HISTOIRE NATURELLE marque en inclinant la tête et baissant les oreilles ; lorsqu'on le toiumente trop , il ouvre la bouche et retire les lèvres d'une manière très- désagréable, ce qui lui donne l'air moqueur et dé- risoire ; si on lui couvre les yeux , il reste immobile ; et lorsqu'il est couché sur le côté , si on lui place la tête de manière que l'œil soit appuyé sur la terre ; et qu'on couvre l'autre œil avec une pierre ou un morceau de bois , il restera dans cette situation sans faire aucu mouvement et sans se secouer pour se relever: il marche, il trotte et il galoppe comme le cheval , mais tous ces mouvemens sont petits et beau- coup plus lentsj quoiqu'il puisse d'abord courir avec assez de vitesse , il ne peut fournir qu'une petite carrière, pen- dant un petit espace de temps ; et quel- que allure qu'il prenne , si on le presse, il est bientôt rendu, t Le cheval hennit et l'âne brait , ce qui se fait par un grand cri très-long ; ::V ,.-..%i DU C H E V AL, ' ' 23/ très-désagrtfable , et discordant par dis- sonances alternatives de l'aigu au grave et du grave à Taigu ; ordinairement il ne crie que lorsqu'il est presse d'amour ou d'appétit ; l'ânesse a la voix plus claire et plus perçante ; Vàne qu'on fait hongre ne brait qu'à basse voix ; et quoiqu'il paroisse faire autant d'efiPorts et les mêmes muuvem' àis de la gorge, son cri ne se fait ente iuire que de loin. De tous les Minimaux corr^rerts do poil, l'âne est celai qui est le moins sujet à la vermine ; jamais il n'a de poux , ce qui vient apparemment de la dureté et de la sécheresâe de sa peau qui est en effet plus dure que celle de la plupart des autres quadrupèdes ; et c'est par la même raison qu'il est bien moins sensible que le cheval au fouet et à lit i {ûre des mouches. - A deu . ns et demi les premières d^ni^ inCà ives du milieu tombent , et ensuite les autres incisives à côté des premières tombent avissi et se renou- Quadrup. VU. 21 4 iW^ w rnv^^mi^ >Ai ïi <. / 238 HI&TOTRE NATURELLE vellent dans le même temps et dans le même ordre que celles du cheval : l'on connoît aussi Vàge de l'âne par les dents^ les troisièmes incisives de cliaq ue côte le marquent comme dans le cheval. Dès rage de deux ans , l'âne est en ëtat d'engendrer ; la femelle est encore plus précoce que le mâle , et elle est tout aussi lascive ; lorsqu'elle est plei- ne, la chaleur cesse bientôt , et dans le dixième mois le lait paroît dans les mamelles ; elle met bas dans le dou- zième mois, et souvent il se trouve des morceaux solides dans la liqueur do l'amnios, semblables à l'hippoma- lies du. poulain; sept jours après l'ac- couchemeAt la chaleur se renouvelle^ et rânesse est en état de recevoir le mâle , en sorte qu'elle peut, pour ainsi dire , continuellement engendrer et nourrir-, elle ne produit qu'un petit, et si rarement deux , qu'à peine en a- t-oil des exemples. Au bout de cinq ou six mois oju peut sevrer l'ânon^ et j DU CHEVAl. Si^O eela est même nécessaire si la mère est pleine , pour qu'elle puisse mieu:c nourrir son fœtus. L'âne étalon doit être choisi parmi les plus grands et les plus forts de son espèce ; il faut qu'il ait au moins trois ans, et qu'il n'en passe pas dix^ qu'il ait les jambes hautes , le corps ëto£fë , la tête élevée et légère, les yeux vifs, les naseaux gros , Tencolure un peu longue , le poitrail large , les reins charnus , la côte large , la croupe plate , la queue cour- te , le poil luisant, doux au toucher et d'un gris foncé. L'âne , qui comme le cheval est 'trois ou quatre ans à croître, vit aussi com- me lui'vingt-cinq ou trente ans; on prétend seulement que les femelles vi- vent ordinairement plus long- temps que les mâles ^ mais cela ne vient peut- être que de ce qu'étant souvent plei- nes, elles sont un peu plus ménagées, au lieu qu'on excède continuellement les mâles de fatigue et de coups ; ils dor- 24o HISTOIRE NATURELLE ment moins que les chevaux , et né se couchent pour dormir que quand ila sont excëdës : l'âne étalon dure aussi plus long-temps que le cheval dtalon ; plus il est vieux 7 plus il paroi t ardent, et en général la santé de cet animal est bien plus ferme que celle du cheval ; il est moins délicat , et il n'est pas su- jet , à beaucoup près , à un aussi grand nombre de maladies ; les anciens mêm& ne lui en connoissoient guère d'autres que celle de la morve , à laquelle il est, comme nous l'avons dit, encore bien moins sujet que le cheval. . Il y a parmi les ânes différentes ra- ces, comme parmi les chevaux, mais que l*on connoît moins , parce qu'on no les a ni soignés ni suivis avec la même attention; seulement on ne peut guère douter que tous ne soient originaires des climats chauds. Aristote assure qu'il n'y en avoit point de son temps en Soythie, ni dans les autres pays septentrionaux qui avoisinent la Scythie, ni même 24 1 DU CHEVAL. daiis les Gaules , dont le climat , dil- il , ne laisse pas d'être froid ; et il ajoute que le climat froid , ou les empêche do produire, ou les fait dégénérer, et que c'est par cette dernière raison que dans riUyrie, la Tlirace et l'Epire ils sont petits et foibles; ils sont encoie tels en France, quoiqu'ils y soient déjà assez anciennement naturalisés, et que le froid du climat soit bien diminué depuis deux mille ans par la quantité de forêts abattues et de marais dessé- chés ; mais ce qui paroît encore plus certain , c'est qu'ils sont nouveaux j)our la Suède et pour les autres pays du nord; ils paroissent être venus ori- ginairement d'Arabie, et avoir passé d'Arabie en Egypte , d'Egypte en Grè- ce , de Grèce en Italie , d'Italie en France, et ensuite en Allemagne , en Angleterre , et enfin en Suèd<5 , &.C. car ils sont en effet d'autant moins forts et d'autant plus petits que les climats sont plus froids. n Y ^ 2^42 HISTOIRE NATURELLE Cette migration paroît assez bien prouve'e par le rapport des voyageurs. Chardin dit cr qu'il y a de deux sortes d'ânes en Perse , les ânes du pays , qui sont lents et pesans , et dont on ne se sert que pour porter de» fardeaux , et une race d'ânes d'Arabie ; qui sont de fort jolies bêtes et les premiers ânes du monde ; ils ont le poil poli , la tête haiite , les pieds légers -, ils les îevent avec action, marchant bien, et l'on ne s'en sert que pour montures; les selles qu'on leur met sont comme des bâts ronds et plats par-dessus -, elles sont de drap ou do tapisserie avec les harnois et les ëtriers; on s'assied dessus plus vers la croupe que vers le cou : il y a de ces ânes qu'on achète jusqu'à qua- tre cents livres, et l'on n'en sauroit avoir à moins de vingt-cinq pistoles ; on lef^anse comme les chevaux . mais on ne leur apprend autre chose qu'à aller l'amble j et l'art de les y dresser est de leur attacher les jambes , celles \ D U CHE V AL. T a43 ée devant et celles de derrière du même côté par deux cordes de coton , qu'on fait de la mesure du pas de l'âne qui va l'amble , et qu'on suspend par une autre porde passée dans la sangle à l'en- droit de l'étrier j des espèces d'écuyers les montent soir et matin tt les exer- cent à cette allure ; on leur fend les na- seaux afin de leur donner plus d'ha- leine , et ils vont si vite , qu'il faut ga- loper pour les suivre » . Les Arabes , qui sont dans l'habitudo de conserver avec tant de soin et de- puis si long-temps les races de leurs chevaux , prendroiént - ils la même peine pour les ânes? ou plutôt ceci ne aemble-t-il pas prouver que le climat d'Arabie est le premier et le meillour climat pour les uns et pour les autres ? De -là ils ont passé en Barbarie, en Egypte y où ils sont beaux et de grande taille , aussi-bien que dans les climats excessivement chauds, comme aux In- des et en Guinée; où ils sont plus grands^ f 244 HISTOIRE NAÏUREJLLE plu 3 forts et meilleurs qtie les che»- vaux àa pays : ils sont mçme en grand iionneur \ Maduré, oà l'une; des plus conalJéïabieset des plus nobles tribus des Indes les révère particulièrement^ parce qu'ils croyent que, les âmes de toute }iL iioûlesse passent dans le corps dG^- inea ; enfin l'on trouve les ânes en jjIus grande quantité que l§ç chevaux Jans tous les pays méridiôinaux, de- puis le Sénégal jusqu'à la Chine; on y trouve aussi des ânes sauvages plus communément que des chevaux sau- vages. Les Latins, d'après les Grecs, ont appelé l'âne sauvage onagef , ona- gre , qu'il ne faut pas confondre , com- me l'ont fait quelques naturalistes et plusieurs voyageurs , avco le zèbre , dont nous donnerons l'histoire à part , parce que le zèbre est un animal d'une espèce différente de celle de l'âne. L'o- nagre ou. l'âne sauvage n'est point rayé comme le zèbre ; et il n'est pas à beau- coup près d'une figure anssi él(;^a.He : ifr; ">!.■ imej on y DU CHEVAL. 245 on trouve des ânes sauvages dans quel- ques îles de l'Archipel , et particuliè- rement dans celle de Cérigo -, il y en a beaucoup dans les déserts de Libye et de Numidie ; ils sont gris et courent si vite , qu'il n'y a que les chevaux bar- bes qui puissent les atteindre à la cour- se ; lorsqu'ils voyent un homme , ils jet- tent un cri , font une ruade , s'arrêtent , et ne fuient que lorsqu'on les appro- che; on les prend dans des pièges et dans des lacs de corde; ils vont par troupes pâturer et boire, on en mange la chair. Il y avoit aussi du temps de Marmol , que je viens de citer , des ânes sauvages dans l'ile de Sardaigne , mais plus petits que ceux d'Afrique ; et Pietro délia Valie dit avoir vu un âne sauvage à Bassora ; sa figure n'étoit point diflFérente de celle des ânes domes- tiques , il ëtoit seulement d'une couleur plus claire, et il avoit depuis la tête jus- qu'à la queue une raie de poils blonds; il éloit aussi beaucoup plus vif et plus lé- I i a^6 HISTOIRE NATURELLE ger à la course que les ânes ordinaires. Oléarius rapporte qu'un jour le roi de Perse le fit monter avec lui dans un petit bâtiment en forme de théâtre pour faire collation de fruits et décon- fitures; qu'après le repas on fit entrer trente-deux ânes sauvages sur lesquels le roi tira quelques coups de fusil et de flèche , et qu'il permit ensuite aux am- bassadeurs et autres seigneurs de tirer j que ce n'étoit pas un petit divertis- sement de voir ces ^nes, charges qu'ils ëtoient quelquefois de plus de dix flè- ches , dont ils incommodoient et blés- soient les autres quand ils se mêloient avec eux , de sorte qu'ils se mettoient à se mordre et à ruer les uns contre les autres d'une étrange façon ^ et que quand on les eut tous abattus et cou- chés de rang devant le roi , on les en- voya à Ispahan à la cuisine de la cour, les Persans faisant un si grand état de la chair de ces ânes sauvages , qu'ils en font un proverbe , &c. Mais il n'y a pas mi DU CHEVAL. 24/ apparence que ces trente-deux ânes sauvages fu98ent tous pris dans les fo- rêts, et c'étoient probablement des ânes qu'on ëlevoit dans de grands parcs f pour avoir le plaisir de les chasser et da les manger. On n'a point trouvé d'ânes en Amé- rique, non plus que de chevaux , quoi- que le climat , sur-tout celui de l'Amé- rique méridionale , leur convienne autant qu'aucun autre *, ceux que les Espagnols y ont transportés d'Europe , et qu'ils ont abandonnés dans les gran- des îles et dans le continent , y ont beaucoup multiplir ri l'on y trouve en plusieurs endroits des ânes sauvages qui vont par troupes, et que l'on prend dans des pièges comme les chevaux sauirages. L'âne avec la jument produit les grands mulets ; le cheval avec l'ânesse produit les pei ^ ulets , différens des premiers à plusieurs égards. Comme les ânes sauvages sont ia« S ni^TT"-- **3: l» < 248 HTSTOIRK NATURELLE connus dans ces climats, nous ne pou* vons pas dire si leur chair est en effet bonne à manger ; mais ce qu'il y a de sur , c'est que celle des ânes domesti- ques est très^mauvaisc , et plus mau- vaise ^ plus dure, plus de'sagrëablement insipide que celle du cheval, Galien dit même que c'est un aliment pernicieux et qui donne des maladies : le lait d'ânesse au contraire est un renièdo épx'ouvé et spocifique pour certains maux, et l'usage de ce remède s'est conservé depuis les Grecs jusqu'à nous; |>jur l'avoir u' bonne qti lité, il faut choisir une âi: se jeui < , saine, bien en chair , qui ait ' lis bas depuis peu de temps, et qui naît pns été couverte depuis; il faut lui ôtt "â non qu'elle alaite , la tenir propre , la bien nour- rir de foin, d'avoine , d'orge et d'herbe dont les qualités salutaires puissent influer sur la maladie, avoir atten- tion de ne pas laisser refroidir le lait , et même ne le pas exposer à l'air; f: .E ne pou* : en e£Pot il y a de lomesti- lus mau- iblement ralien dit smicieux : le lait i remède certains ède s'est u'ànous; h , il faut ne , bien is peu de couverte n qu'elle eu nour- t d herbe puissent V atien- r le lait , à l'air, DU CHEVAL. 24(J ce qui le gâteroit en peu de temps. Les anciens attribuoient aussi beau- coup de vertus médicinales au sang , à l'urine , &c. de l'âne , et beaucoup d'autres qualités spécifiques à la ccr~ velle , au cœur , au foie, &c. de cet ani- mal ) mais l'expérience a détruit , ou du m'oins n'a pas confirmé ce qu'ils nous en disent. Comme la peau de l'âne est très- dure et très-élastique , on l'emploie utilement à dififérens usages ; ou en fait des cribles , des tambours , et de très- bons souliers \ on en fait du gros par- chemin pour les tablettes de poche , que l'on enduit d'une couche légère de plâtre -, c'est aussi avec le cuir de l'âne que les Orientaux font le sagri , que nous appelons chagrin. Il y a apparence que les os, comme le peau de cet ani- mal , sont aussi plus durs que les os des autres animaux , puisque les anciens en faisoitnt des flûtes , et qu'ils les trouvoient plus sonnantes que tous les Quadrup. VII. 22 I \ \ % ! i' v' R" n \i. i t #1 \ '* \ V), / m \t i. I a5o HISTOIRE NATURBLLB autres os. L'âne est peut-être de ton a les animaux celui qui , relativement à son volume, peut porter les plus grands poids; et comme il ne coûte presque rien à nourrir et qu'il ne demande pour ninsi dire aucun soin, il est d'une grande utilité à la campagne , au mou- lin, &c. il peut aussi servir de mon- ture ; toutes ses allures sont douces , et il bronche moins que le cheval ; on le met souvent à la charrue dans les pays oà le terrein est léger , et son fu- mier est un excellent engrais pour les terres fortes et humides. Xi £ Z £2 B II £!. '-i ' ' Le zèbre est peut-être de tous les animaux quadrupèdes le mieux fait et le plus élégamment vêtu ; il a la figure et les grâces du cheval , la légèreté du cerf, et la robe rayée de rubans noirs et blancs , disposés alternativement avec tant de régularité et de symétrie , i ■ :t de tons ivement à ilus grands :e presque demande L est d'une f au mou- r de mon- it douces, fieval ; on e dans les et son fu- is pour les L t ;»> lu trj ■«% »j?i ,*,—-, . • m*'- ■itlÉi>_ Ji isy tous les uxfait et la figura Sgëreté du lans noirs tivement ymëtrie , ^ v 7 fi,.* ,- ^ ■ •^. 1 ^'{;'-^i,4if-f <\\. *y * 'V^ ' 1 ^ !:■ ?ft -î.'ï. •un iÇ- îi>; K * V t.. ni «»'». r^ !:lb^'"^l • iit? r ( ! ■ . , , I : 1 >■ Ul 11-.' < î !, >l «; ni l'Oill i 1^. t r »?■ U t' ('.■iï <• r . I i : ' < ' :5 »M '■•« <' . ai; uio <«* ■ c\r lom/Jf. J^fUi . 2J0 — ^WWgT^jT. • : • . 1 LK Zl.lUir. ii l-KKW^AC.GAoiiCOVAGG\. ? & 'p^ I Mi 'Ml ' infl . : n - D U C H E V A L, ?5l qu'il 8emt)le que la nature ait employé la règle et le compas pour la peindre : ces bandes alternatives de noir et de blanc sont d'autant plus singulières qu'elles sont étroites, parallèles et très- exactement séparées, comme dans une étoffe rayée ^que d'ailleurs elles s'éten- dent non seulement sur le corps , mais sur la tête , sur les cuisses et les jambes , et jusque sur les oreilles et la queue ; en sorte que de loi . ce animal paroît comme s'il étoit environné par-tout de bandelettes qu'on auroit pris plaisir et employé beaucoup d'art à disposer ré- gulièrement sur toutes les parties de son corps ; elles en suivent les contours et en marquent si avantageusement la forme , qu'elles en dessinent les mus- cles en s'éLirgissant plus ou moins sur les parties plus ou moins charnues et plus ou moins arrondies. Dans la fe- melle , ces bandes sont alternativement noires et blanches -, dans le mâle , elles «ont noires et jaunes, mais toujours '; t: ) n^ „ . , m:M ,J ) 25'2 HTSTOIRE NATURELLE d'une nuance vive et brillante sur un poil court, fin et fourni , dont le lustre augmente encore la beauté des cou- leurs. Le zèbre est en général plus petit que le cheval et plus grand que l'âne ; et quoiqu'on l'ait souvent comparé à ces deux animaux , qu'on l'ait même appelé cheval nauva^e et âne rayé , il n'est la copie ni de l'un ni de l'autre , et seroit plutôt leur modèle, si dans la nature tout n'étoit pas également ori- ginal et si chaque espèce n'avoit pas un droit égal à la création. Le zèbre n'est donc ni un cheval ni un âne , il est de son espèce ; car nous n'avons pas appris qu'il se mêle et pro- duise avec l'un ou l'autre , quoique l'on ait souvent essayé de les approcher. On a présenté des ânesses en chaleur à celui qui exisloit encore en 1761 à la ménagerie de Versailles , il lésa dédai- «rnées ou plutôt il n'en a été nullement ému ; cependant, il jouoit avec elles , et on ne peut guère attribuer cette DU CHEVAL. 255 froideur à une autre cause qu'à la clîs- convenance de nature ; car ce zèbre , âgé de quatre ans , étoit à tout autre exercice fort vif et très-léger. Le zèbre n'est pas l'animal que les anciens nous ont indiqué sous le nom à^ onagre : il existe dans le Levant, dans l'orient de l'Asie et dans la partie sep- tentrionale de l'Afrique une très-belle race d'âne , qui comme celles des plus beaux chevaux , est originaire d'Ara- bie ; cette race di£Fère de la race com- mune par la grandeur du corps, la lé- gèreté des jambes et le lustre du poil ; ils sont de couleur uniforme , ordinai- rement d'un beau gris de souris , avec une croix noire sur le dos et sur les épaules : quelquefois ils sont d'un gris plus clair avec une croix blonde. Ces ânes d'Afrique et d'Asie, quoique plus beaux qiie ceux d'Europe, sortent éga- lement des onagres ou ânes sauvages , qu'on trouve encore èh assez grands quantité dans la Tar tarie orientale et ^5/t HISTOIRE NATURELLE méridionale , la Perse , la Syrie , les îles de TArchipel et toute la Maurita- nie : les onagres ne diiFèrent des ânes domestiques que par les attributs de l'indépendance et de la liberté ; ils sont plus forts et plus légers , il^ ont plus de courage et de vivacité ; mais ils sont les mêmes pour la forme du corps : ils ont seulement le poil beaucoup plus long, et cette différence tient encore à leur état , car nos ânes auroient éga- lement le poil long , si l'on n'avoit pas soin de les tondre à l'âge de quatre ou cinq mois j les ânons ont dans les pre- miers temps le poil long , à-peu près comme les jeunes ours j le cuir des ânes sauvages est aussi plus dur que celui des ânes domestiques ; on assure qu'il est chargé par-tout de petits tubercu- les , et que c'est avec cette peau des onagres qu'on fait dans le Levant Iq cuir ferme et grenu , qu'on appelle chag-zn, et que nous employons à dif- férens usages : mais ni les onagiesi ni » U CHEVAL. a55 les beaux ânes d'Arabie ne pensent être regardés comme la souche de es- pèce du zèbre, quoiqu'ils en appro- chent par la forme du corps et par la le'gëreté; jamais on n'a vu ni sur les tins ni sur les autres la variété régu- lière des couleurs du zèbre : cette belle espèce est singulière et unique dans son genre -, elle est aussi d'un climat difiFérent de celui des onagres , et ne se trouve que dans les parties les plus orientales et les plus méridionales de l'Afrique , depîiis l'Ethiopie jusqu'au Cap de Bonne - Espérance , et de-là jusqu'au Congo : elle n'existe ni en Europe , ni en Asie , ni en Amérique , ni même dans toutes les parties septen- trionales de l'Afrique ; ceux que quel- ques voyageurs disent avoir trouvés au Brésil, y avoient été transportés d'Afrique; ceux que d'autres racontent avoir vus en Perse et en Turquie , y avoient été amenés d'Ethiopie ; et enfin ceux que nous ayons vus en Eu- h l > î ) >f s i 256 HISTOIRE NATUnEinte de l'Afrique est leur vrai climat, leur pays natal, où ils sont en grande quan- tité , et oà les Hollandais ont employé tous leurs soins pour les dompter et pour les rendre domestiques sans avoir jusqu'ici pleinement réussi. Celui que nous avons vu , et oui a servi de sujet pour notre description, étôit très-sau- vage lorsqu'il arriva à la ménagerie du roi, et il ne s'est jamais entièrement apprivoisé ; cependant on est parvenu à le monter, mais il falloit des précau- tions : deux hommes tenoient la bride pendant qu'un troisième étoit dessu? ; il avoit la bouche très- dure , les oreiller si sensibles , qu'il ruoit dès qu'on vou- loit les toucher. Il étoit rétif comme un cheval vicieux, et têtu comme un mulet -j mais peut-être le cheval sau- vage et l'onagre sont aussi peu traita- bles , et il y a toute apparence que si l'on accoutumoit dès le premier âge DIT CHEVAL. ^iSf le zèbre à l'obéissance et à la doraesti- citë , il deviendroit aussi doux que l'âne et le cheval , et pourroit les rem- placer tous deux. ! » LE KWAGGA, ou COUAGGA. Cet animal , dont je n'ai eu aucune connoissance qu'après l'impression des feuilles précédentes , où il est question de l'onagre et du zèbre, me paroît être une espèce bâtarde ou intermédiaire entre le cheval et le zèbre , ou peut- être entre le zèbre et l'onagre. Voici ce que M. le professeur Allamand en a publié nouvellement dans un supplé- ment à l'édition de mes ouvrages, im- primé en Hollande. ((Jusqu'à présent, dit ce savant na- turaliste, on ne connoissoit que le nom de cet animal , et même encore très- imparfaitement, sans savoir quel qua- drupède C8 nom indiquoit. Dans le journal d'un voyage entrepris dans -^ i i ■ ( 258 HISTOIRE NATURELLE l'intërieur de l'Afrique , par ordre du gouverneur du Cap de Bonne-Espé- rance , il est dit que les voj^ageurs vi- rent entr'autres animaux des chevaux sauvages , des ânes et des quachas. La signification de ce dernier mot m'ëtoit absolument inconnue, lorsqueM. Gor- don m'a appris que le non de quachas étoit celui de hwagga , que les Hot- tentots donnent à l'animal dont il s'a- git, et que j'ai cru devoir retenir , parce que, n'ayant jamais été décrit, ni même connu en Europe , il ne peut être désigné que par le nom qu'il porte dans le pays dont il est originaire. Les raies dont sa peau est ornée , le font d'abord regarder comme une variété dans l'espèce du zèbre , dont il diffère cependant à divers égards. Sa couleur est d'un brun foncé , et , comme le zè- bre , il est rayé très-régulièrement de noir depuis le bout du museau jusqu'au- dessus des épaules , et cette même cou- leur des raies passe sur une jolie cri« f D l CHEVAL. a59 ntère qu'il porte sur le cou. Depuis les épaul' . , les raies commencent à per- dre de leur longueur, et allant en di- nnu; \t , elles disparoissent à larëg* '?» < entre , ayant d'avoir attein'. ]&« '*eê L'entre-dcux de ces raies est u ^run plus clair , et il est presque biuacaux oreilles. Ledessous du corps, les cuisses et les jambes sont blancs ; sa queue ^ qui est un peu plate , est aussi garnie de crins ou de poils de la même couleur ; la corne des pieds est noire , sa forme ressemble beaucoup plus à celle du pied du cheval , qu'à la forme du zèbre. On s'en convaincra en comparant la figure que j'en donne , avec celle de ce dernier animal. Ajou- tez à cela que le caractère de ces ani- maux est aussi fort différent ; celui des couaggas est plus docile : car il n'a pas encore été possible d'apprivoiser lea zèbres assez pour pouvoir les employer à des usages domestiques ; au lieu que les paysans de la colonie du Cap attel- IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) 1.0 l.l ■50 lU lài 12.2 " m 1.25 1 1.4 |jj6 us u 6" ^4> /^ //^ ^ V Photographie Sciences Corporation 23 WEST MAIN STREET WEBSTER, N.Y. 14S80 (716)872-4503 ''^rOi' 'A.^ ^7^ "4 4r •:.-% .% \ «V '^ .. f ■> I î ^ i )^ (M H; i a6o HISTOIRE NATURELLE lent les couaggas à leurs charrettes , qu'ils tirent tr^s-bien •, ils sont robustes et forts : il est vrai qu'ils sont mé- dians , ils mordent et ruent ; quand un chien les approche de trop près , ils le repoussent à grands coups de pieds , et quelquefois ils le saisissent avec les dents -, les liyaenes même , que l'on nomme loups au Gap , n'osent pas les attaquer ; ils marchent en troupes , souvent au nombre de plus de cent ; mais jamais on ne voit un zèbre parmi eux , quoiqu'ils vivent dans les mêmes endroits. » Tout cela semble indiquer que ces animaux sont d'espèces différentes ; cependant ils ne diflèrent pas plus en- tr'eux , que les mulets diffèrent des chevaux ou des ânes. Les couaggas ne seroient-ils point une race bâtarde du sèbre ? Il y a en Afrique des chevaux sauvages blancs ; Léon l'Africain et Marmol l'assurent positivement ; et ce qui est plus authentique encore, c'est D U CH E V A L. 26ï le témoignage de ces voyageurs dont j'ai cité le journal j ils ont vu de ces chevaux blancs , ils ont vu aussi des ânes sauvages. Ces animaux ne peu- vent-ils pas se mêler avec les zèbres, et produire une race qui participera des deux espèces ? On ne peut guère douter que l'accouplement d'un cheval avec un zèbre ne fût prolifique. Si ce- lui des chevaux avec des ânesses ne produit , pour l'ordinaire , que des mu- lets stériles , cela n'est pas constant ; on a vu des mules avoir des 2)oulains , et il est fort naturel de supposer que les chevaux ayant plus d'affinité avec les zèbres qu'avec les ânes , il peut ré- sùllerv du mélange de ces animaux, d'autres animaux féconds capables de faire souche ; et ceci est également ap- plicable aux ânes , puisque les zèbres sont une espèce mitoyenne entre les chcvHUx et les ânes; ainsi je suis fort porté à croire que les couaggas ne sont qu'une race bâtarde de zèbres , qui, Quadrup. VII. 2j ^^iiniiiipfnapiiji p'iwj;"^" ( aRa HISTOIRE naturelle pour la figure et les caractères , tien- nent quelque chose des deux espèces dont ils tirent leur origine. , » Quoi qu'il en soit, on a beaucoup d'obligation à M. Gordon de nous les avoir fait connoitre , car c'est lui qui m'en a envoyé le dessin et la descrip- tion. Il en vit un jour deux troupes , l'une d'une dixaine de couaggas adul- tes, et l'autre composée uniquement de poulains qui couroient après leurs mères ; il poussa son cheval entre ces deux troupes , et un des poulains ayant perdu de vue celle qui précédoit , sui- vit aussi- tôt le cheval, comme s'il eût été sa mère. Les jeunes zèbres en font autant en pareil cas. M. Gordon étoit alors dans le pays des l^osjemans , et fort éloigné de toute habitation ; ainsi il fut obligé d'abandonner ce poulain le lendemain , faute de lait pour le nourrir, et il le laissa courir oii il vou- lut. Il en a actuellement un autre qu'il réserve pour la ménagerie de mousei- . .^-*Bèw-i.., >-v .-11».* *■ tien- ipëces jcoup lUS les ui qui scrip- >upes , , adnl- emeiit s leurs tre ces s ayant it , sui- s'il eût en font >n étoit , et ; ainsi )oulain )our le il vou- |ve qu'il lonsei- D U C H fi V A T<. 265 gneiir le prince d'Orange. N'ayant pas pu 80 procurer un couagga adulte , il n'a pu m'envoyer qu'un dessin d'un poulain ; mais il me mande qu'il n'y a aucune différence entre un poulain et lin couagga qui a fait toute sa crue , si ce n'est dans la grandeur , qui égale celle d'un zèbre , et dans la tête , qui est à proportion un peu plus grosse dans le couagga adulte. La différence qu'il y a entre les mâles et les femelles est aussi très-petite. » Depuis que le Gap est habité , ces animaux en ont quitté les environs^ et ils ne se trouvent plus que fort avant dans l'intérieur du pays. Leur cri est une espèce d'aboiement très-précipité , où l'on distingue souvent la répétition de la syllabe kwah , kwah. Les Hotten- tots trouvent leur chair fort bonne ; mais elle déplaît aux paysans hollan- dais par son goût fade. » Le poulain qui est représenté , avoit, depuis le bout du museau jus* il lui auroit été facile de se procurer un de ces ani- maux adultes. Nous espérons que ce naturaliste voyageur voudra bien nous .,b4r*^ M-i. ^•v -,«»;v^ ...»M< D U C H E V A L. ^65 donner de plus amples informations sur cet animal , qui me paroît tenir au zèbre de plus près qu'aucun autre. t'.i Espèces connues dans ce genre. Le Cheval ordinaire, «^uu^ Caballus. L'Ane, equus j4 sinus, , , , Le Zèbre , equus Zébra, Le Couagga | equus Quagga, fV.q:W' î ■t -é ■ .ii t '"'K; . ur::i :.) ^: U a ' : II X " n •■ -n )• / t ■ • i'^>[' i ? ni l'-.fo:;'. ,/j ., f. /fit T t. j;.Arf C- ■* > 4 ■> « t .' j^ ^i t. • ' ' '■> t'j àCS HISTOIRE NATURELLE fi . « ' - f • V va ■ X L P GENRE. L'HIPPOPOTAME, aippopo tamvs. : Caractère générique : quatre dents înci' sives à chaque mâchoire. L* HIPPOPOTAME. Quoique Thippopotame ait été célé- bré de toute antiquité ; que les livres saints en fassent mention sous le nom de hehemot ; que la figure en soit gra- vée sur les obélisques d'Egypte et sur les médailles romaines , il n'étoit ce- pendant qu'imparfaitement connu des anciens. Aristote ne fait pour ainsi dire que l'indiquer, et dans le peu qu'il en dit , il se trouve plus d'erreurs ,:• ^■ *tttf . M •tW'''- '*» ;,f./'.t.é/iN. tuvs*. tsinci^ h cëlé- livres e nom «t gra- et sur oit ce- nu des ■ ainsi e peu brreurs ' * ■ \ " i : ' ' ' .-. . j^ ■*:. .../ i,/\ 'f!r?'::w. ■'■>l' - ''' ■". . I • ** f ,- • if "'■ ■J: :,: f - ■: '■i-- :'.am? 1 -si^:^Si^8ï4^^'i*«-'- ,.%:j^^?».. .0^:- v'h mvt:nu\r. h v.i \. w.i.l \ i. I' i i lli'V.mr vMf p •^ ■>. «"tv *JUv 1''M f •h-ïf^tl'. Î.U i.-J«- .irt î. ■ vî 1 P l » '"' •-> « > r A '•' i; '»■>< s \ -M' }) K/' J r " .r'-» iS'jf jli «i.cnjjr.u. 1 1 - . (■. !>•/'? .( l- . -.1 ÎH >tl Vv ;isç>t-fi'.uv. d'I]-- . ;jf. ■}».: »;■ K- 1 't( f q\i ,' - i .1 ■• >it} 1 f ,i<. 'Jl^'T ait y' J ? t * Toni m. Paa . 2OV V ' *\\\< \, I/HIPPOPOTAMK --^-. .., S«- " f.r- '♦.■.- .V. ( •^* ■•■•.V, ,.^ ■•■ifej. »..-i~. .'.v.- j ..-.■^■if'tt'*^ ^.-•^'■:i l'JitSii^''!^ r^y-'*^ '' • I DE l'hippopotame. 2C7 que de faits vrais. Pline en copiant Aristote , loin de corriger ses erreurs > semble les coniintier et en ajouter de nouvelles ; ce n'est que vers le milieu du seizième siècle que Ton a eu queU ques indications précises au sujet de cet animal. Belon , ëtant alors à Gons- tantinople , en vit un vivant , duquel nf^anmoins il n'a donne qu'une con- noissance imparfaite : car les deux figures qu'il a jointes à sa description ne représentent pas l'hippopotame qu'il a vu, mais ne sont que des copies pri- ses du revers de la médaille de l'empe- reur Adrien et du colosse du Nil à Home : ainsi , l'on dort encore reculer l'ëpoque de nos connoissances ex&ctcs sur cet animal , jusqu'en i6o3 , que Federico Zerenghi, chirurgien deNar- ni en Italie , fit imprimer à Naples l'histoire de deux hippopotames qu'il avoit pris vivans et tués lui-même en Egypte, dans une grande fosse qu'il avoit fait creuser aux environs du \ ••4 i rr».^j M i|i» I m..».-- * »^S HISTOIRE NATURELLE Nil , près (le Damiète ; ce petit ou- vrage dcrit en italien , paroi t avoir été négligé des naturalistes contemporains^ et a été depuis absolument ignoré j ce- pendant c'est le seul qu'on puisse re- garder comme original sur ce sujet. LiSL descri])tion que l'auteur donne de l'hippopotame nous a paru si vraie , que nous croyons devoir en donner ici l'extrait. . (( Dans le dessein d'avoir un hippo- potame , dit Zereughi , j'apostai des gens sur le Nil , qui en ayant vu sortir deux du fleuve , firent une grande fosse dans l'endroit où ils avoient passé, et recouvrirent cette fosse de bois lé- ger , de terre et d'herbes. Le soir eu revenant au fleuve, ces hippopotames y tombèrent tous deux : mes gens vin- rent m'avertir de cette prise, j'accou- rus avec mon janissaire , nous tuâmes ces deux animaux en leur tirant à chacun dans la tête trois coups d'ar- quebuse d'un calibre plus gros que les Il M DE L'HIPPOPOTAME. 2%: mousquets ordinaires : ils expirèrent presque sur-le-champ et firent un cri. de douleur qui ressembloit un peu plus au mugissement d'un buffle qu'au hen- nissement d'un cheval. Cette expédi- tion fut faite le 20 juillet 1600 -, le jour suivant , je les fis tirer de la fosse et écorcher avec soin , l'un, ëtoit mâle et l'autre femelle ; j'en fis saler les peaux : on les remplit des feuilles de cannes de sucre pour les transportçr au Caire, où on les sala une seconde fois avec plus d'attention et de commodité ; il me fallut quatre cents livres de sel pour chaque peau. A mon retour d'Egypte , en 1601 , j'apportai ces peaux à Ve- nise et de là à. Rome ; je les fis voir à plusieurs médecins intelligens. Le doc- teur Jérôme Aquapeudente et le célè- bre Aldrovande , furent les seuls qui reconnurent l'hippopotame par ces dé- qouilles; et comme l'ouvrage d* Aldro- vande s'imprimoit alors, il fit, de mon vjonsentement , dessinerU figure , qu'il •fO HTSTOIRE NATURELLE adonnée dans son livre, d'après la peau de la femelle. ' » L'hippopotame a la peau trës-ëpais- se , très-dure , et elle est impénëtrable, à moins qu'on ne la laisse long-temps tremper dans l'eau ; il n'a pas , comme le disent les anciens, la gueule d'une grandeur médiocre , elle est au con- ' traire énormément grande ; il n'a pas eomme ils le disent , les pieds divisés en deux ongles , mais en quatre ; il n'est jpas grand comme un âne , mais beau- coup plus grand que le plus grand che- val ou le plus gros buffle ; il n'a pas la queue comme celle du cochon , mais plutôt comme celle de la tortue, sinon Qu'elle est incomparablement plus grosse j il n'a pas le museau ou le net relevé en haut, il l'a semblable an buffle , mais beaucoup plus grand ; il n'a pas de crinière comme le cheval , nais seulement quelques poils courts «t trèsHcares ; il ne hennit pas comme le cheval , mais sa voix est moyenne DE L^HTPPOPOTAME. 27I tetitre le mugissement du buffle et le iiennissement du cheval ; il n'a pas les dents saillantes hors de la gueule , car quand la bouche est fermée , les dents, quoique extrêmement grandes, sont toutes cachées sous les lèvres Les habitans de cette partie de l'Egypte rappellent ybra^/'&ar, ce qui signifie le cheval da mer..., Belon s'est beaucoup trompé dans la description de cet animal ; il lui donne des dents de che« val , ce qui feroit croire qu'il ne Fau- roit pas vu , comme il le dit , car les dents de l'hippopotame sont très- grandes et très- singulières.... Elles sont d'une substance si dure, qu'elles font feu avec le fer : ce sont sur-tout les dents canines ( zanne ) dont l'émail a cette dureté \ la substance intérieure de toutes ces dents n'est pas si dure Lorsque l'hippopotame tient la bouche fermée ^ il ne paroi t aucune dent au- 4ehors : elles sont toutes couvertes et .»-*'*ii«i JjSfSf^- ".fc._, •fls^'" !W ■' m mmmm aya histoire naturelle caçhëes par les lèvres qui sontextrc- jnement grandes. » A l'égard de la figure de l'animal , on pourroit dire qu'elle est moyenne entre celle du buffle et celle du cochon, parce qu'elle participe de l'une et de l'autre , à l'exception des dents incisi- ves , qui ne ressemblent à celles d'au- cun animal; les dents molaires ressem- blent un peu en gros à celles du buffle oiidn cheval, quoiqu'elles soient beau- coup plus grandes. La couleur du corps est obscure et noirâtre On assure que l'hippopotame ne produit qu'un petit j qu'il vit de poisson , de croco- diles, et même de cadavres et de chiairt cependant il mange du riz, des grains , &c. quoiqu'à considérer ses dents , il paroisse que la nature ne l'a pas fait pour paître , mais pour dévorer les autres animaux ». : ?= f sEn comparant cette description de Zer^nghis av:ec les indications que nous avons tirées des voyageurs ; il paroît tvc- tnal, enne :hon, et de ïicisi- d'au- îssem- bufïle tbeau- a corps assure . qu'nri croco- et de riz , des rer ses ne Va dévorer ,tion de ine noua paroît Ï)E L'HIPPOPOTAME. ayS que l'hippopotame est un animal dont le corps est plus long et aussi gros que Xîelui du rhinocéros; que ses jambes sont beaucoup plus courtes , qu'il a la tête moins longue et plus grosse à prO' portion du corps ; qu'il n'a de cornes -, ni SUT le nez comme lé rhinocéros , ni «ur la tête comme les animaux rumi- nans ; que son cri de douleur tenant «utant du hennissement du cheval que du mugissement du buffle , il se pour- roit ) comme le disent les auteurs an» 'ciens et les voy&geurs modernes , que sa voix ordinaire fût semblable au hen- nissement du cheval , duquel néan- moins il diffère à tous autres égards j et si cela est , l'on peut présumer que ce seul rapport de la ressemblance de la voix , a suffi pour lui faire donner le nom à^ hippopotame j qui veut dire che- val de rivière , comme le hurlement du lynx qui ressemble en quelque sorte à celui du loup , l'a fait appeler ioup cer- vier. Les dents incisives de l'hippopo- Quadrup. VIL 24 :i '* '■M^',,',^ '"-iwiS,'.-. ^'^^t^ '■ -*-^- ■ ■ I 1^ ( 27^ HlStOIRE NATURELLE tame , et sur-tout les canines dans la mâchoire inférieure , sont très-longues , très-fortes et dune substance si dure qu'elle fait feu contre le fer ; c'est vraisemblablen:ent ce qui a donne lieu à la fable dés anciens , qui ont débité que rhîjipôpb tame vomîssoit le feu par la gùeille : cette matière* des dents ca- niiiés de l'hippopotame est si blanche , si nette et si dure, qu'elle est de beau- coup préférable à l'ivoire pour faire d«s délits artificielles et postiches. Les dents incisives de l'hippopotame , sur- tout Celles de la mâchoire inférieure , sont très-longues , cylindriques et can- nelées ; les dents canines, qui sont aussi très -longues , sont courbées , pris- matiques et coupantes , comme les dé- fenses du sanglier. Les dents mol'aires sont carrées ou barlongues , assez sem- blàbles aux dents mâchelières de l'hom- me, et si grosses qu'une seule pèse plus de trois livres ; les plus grandes inci- sives et canines ont jusqu'à douze et DE L'HlPPOPOTA.MF. 2/5 ïïicme seize pouces de longueur , et pèsent (Quelquefois douze ça treize li' vres chacune. , .^ !,, ,.1^.. r:.. . • Enfin , pour donner une juste idée de la grandeur de Thippopotame, nous emploierons les mesures de Zerengbi en les augmentant d'un tiers , parce que ceft mesures , comme il le dit lui- même , n'ont ëtë prises que d'après la femelle qui ëtoit d'un tiers plus petite que le mâle dans toutes ses dimen- sions. Cet hippopotame mâle avoit par conséquent seize pieds neuf pouces de longueur, depuis l'extrémité du mu- seau jusqu'à l'origine de la queue > quinze pieds de circonférence , six pieds et demi de hauteur , environ deux pieds dix pouces de longueur de jambes , la tête longue de trois pieds et demi, et grosse de huit pieds et demi en circonférence ; la gueule de deux pieds quatre pouces d'ouver- ture ) et les grandes dents longues de plus d'un pied. i % , r !.i "W ^r. . V UjS HISTOIRE NATURELLK Avec d'aussi puissantes armes et une force prodigieuse de corps , l'hip- popotame pourroit se rendre redou-i table à tous les animaux , mais il est naturellement doux \ il est d'ailleurs si pesant et si lent à la course , qu'il ne pourroit attraper aucun des|quadru- ]>èdos ; il nage plus vite qu'il ne court , il cherche le poisson^ et en fait sa proie ; il se plaît dans l'eau et y séjourne aussi volontiers que sur la terre *, cependant il n'a pas, comme le castor ou la loutre, des membranes entre les doigts des pieds , et il paroît 'qu'il ne nage aisë-^ ment que par la grande capacité de son ventre , qui fait que , volume pour vo-, lume y il est à-peu-près d'un poids égal à l'eau ; d'ailleurs , il se tient long- temps au fond de l'eau et y marche comme en plein air; et lorsqu'il en sort pour paitre , il mange des cannes do sucre , des joncs, du millet, du riz, des racines, &c. il en consomme et dé- truit une grande quantité, et il fait DE L'HIPPOPOTAME. 27? beaucoup de dommage dans les terrea cultivées ; mais comme il est plus ti- mide sur terre que dans Veau , on vient aisément à bout de Técarter. Il a lea jambes si courtes qu'il ne pourroit échapper par la fuite , s'il s'oloignoit du bord des eaux ; sa ressource lors-* qu'il est en danger est de se jeter àl'eau, de s'y plonger et d'y faire un grand tra- jet avant de reparoître; il fuit ordi- nairement lorsqu'on te cbasse, mais si l'on vient à le blesser, il s'irrite, et se retournant avec fureur, se lance oon^ tre les barques , les saisit avec les dents, en enlève souvent des pièces et quel- quefois les submerge, u J'ai vu , dit un voyageur , l'hippopotame ouvrir la gueule , planter une dent sur le bord d'un bateau ot une autre an second bordage depuis la quille, c'est à- dire à quatre pieds de distance l'une de l'au- tre , percer la planche de part en part^ faire couler ainsi le bateau à fond. . . • V^n 9i TU un auftre le long du riA'a^Q, - ? m '\i\ \\ ' '**% . .. ..,fl^*H«»lip#-*fia H 378 HISTOIRE NATURELLE de la mer , sur lesquels les vagues pous^ aèrent une chaloupe chargée de qua- torze muids d'eau qui demeura sur son dos à sec j un autre coup de mer vint qui l'en retira sans qu'il parût du tout avoir senti le moindre mal.... Lorsque les Nègres vont à la pêche dans leurs canots et qu'ils rencontrent un hippo- potame, ils lui jettent du poisson, et alors il passe son chemiifsans troubler davantage leur pêche ; il fait le plus de mal lorsqu'il peut s'appuyer contre terre ; mais quand' il flotte sur l'eau y il ne peut que mordre ; une fois que notre chaloupe étoit auprès du rivage , je le vis se mettre dessous, la lever avec son dos au-dessus de l'eau et la renverser avec six hommes qui étoient dedans: mais par bonheur, il ne leur fit aucun mal.... Nous n'osions pas, dit un autre voyageur , irriter les hippopotames dans l'eau , depuis une aventure qui pensa être funeste à trois hommes ; ils «étaient allés avec un petit canot pour DE L*HIPPOPOTAME. 27^ en tuer une dans un rivière où il y ayoit huit ou dix pieds d'eau \ après l'avoir découvert au fond où il marcboit selon sa coutume , ils le blessèrent avec une longue lance, ce qui le mit en une telle furie , qu'il remonta d'abord sur l'eau , les regarda d'un air terrible, ouvrit la gueule , emporta d'un coup de dent une grosse pièce du rebord du canot >. et peu s'en fallut même qu'il ne le ren- vot'sât : mais il replongea presqu'aussi- tot au fond de l'eau». Ces deux exem- ples suffisent pour donner une idée de la force de ces animaux : on trouverai quantité de pareils faits dans l'histoire générale des voyages , où M. Tabbé Pré- vôt a présenté avec avantage et avec cette netteté de style qui lui est ordi- naire , un précis de tout ce que les voya- geurs ont rapporté de l'hippopotame. Au reste , cet animal n'est en grand- nombre que dans quelques endroits, et il paroi t même que l'espèce en est con- finée à des climats particuliers , et 4 -j. '»•*-- "- .^ *~--?-t H u ^ ) \ J i ! 98c HISTOIRE NATURELLB qu'elle ne se trouve guère que da ^s leA fleuves de l'Afrique. La plupart des naturalistes ont écrit que l'hippopo- tame se tronvoit aussi aux Indes; mais ils n'ont fourgarans de ce fait, que des të>(«oigiiia^ci qui me paroisaent un pen éqni .^ues ; le plus positif de tous» tnvo'.t celui d'Alexandre dans sa lettre à Aristoti^ , si l'on pou voit s'assurer j par cette même lettre^ que les animaux dont parle Alexandre , fussent réellement des hippopotames : ce qui me donne sur cela quelques doutes, c'est qu'Aristote en décrivant l'hippopotame dans son histoire des animaux , auroit dit qu'il se trouvoit aux Indes, aussi bien qu'en, Egypte , s'il eût pensé que ces animaux, dont lui parle Alexandre dans sa lettre^ eussent été de vrais hippopotames. Onesicrite , et quelques autres auteurs^ anciens, ont écrit que l'hippopotame F** trou voit sur le fleuve Indus : mais; les voyageurs modernes , du moins ceux qui méiritent le plus de con&aiice, n'oAt )\\ ' ^ 7 V 1 DR T.'hTTPOPGTAME, A^» pas coufirtjié ce fait ; tous s'accordent à Hire que cet anioial se trauvc dans le Nil, le Senëgal ou Nieer, la Gambra, le Zaire et les autres gi mds AeuveSi et même dans les lacs dt l'Afrique, sur-tout dans la partie mën -ionale et orientale; aucun d'eux assiiie posi-r tivement qu'il se touv» «n Asie: 1© P. Boyn est le seul qui scuibh l'indin quer ; mais son récit me pa» suspect , et, s»-lon moi, prouve seiJ nent que oet animal est commun au \i doatnque et dan;- toute cette partie or; ntalo de l'Afrique. Aujourd'hui l'hipi potame que les anciens appeloient le lv ^ualdu Nil, est si rare dans le bas Nil i^ue les habitans le l'Egypte n'en ont aucune idée , et en ignorent le nom ; il est éga- lement inconnu dans toutes les pujtie^ septentrionales de l'Afrique, depuis la Méditerrant e jusqu'au fleuve Bam bot, qui coule an pied des montagnes de l'Atlas : le climat que l'hippopotame habite actnçilemcnt; uç s'étepd donq ^ f^i ,,-)»- \*r-i,- '■ ,^r ) I ^■\ Î282 HISTOIRE NATURELLE gncre que du Sénégal à l'Ethiopie , et i\e-\k jusqu'au Cap de Bonne -Espé- Comme la plupart des auteurs ont a]) pelé l'hippopotame cheval marin ou bœuf marin, on l'a quelquefois confondu avec la vache marine y qui est un animal très-diflFérent de l'hippopotame, et qui n'habite que les mers du Nord j il paroît donc certain que les hippopotames que l'auteur de la description de la Mos- covie dit se trouver sur le bord de la mer près de Potzora , ne sont autre chose que des vaches marines ; et l'on doit reprocher à Aldrovande d'avoir adopté cette opinion sans examen, et d'avoir dit en conséquence que l'hip- popotame se trouvoit dans les mers du Nord j car , non-seulement il n'habite pas les mers du Nord, mais il paroit même qu'il ne se trouve que rarement dans les mers du Midi. Les témoignages d'Odoard-Barbosa et d'Edward-Vuot, rapportés par Aldrovande , et qui sem- \. ^* l / I3E L'HIPPOPOTAME. 29S blent prouver que les hippopotames habitent les mers des Indes, me paroia- sent presqu'aussi équivoques que r^^ui de l'auteur de la description de la K js>- covie; et je serois fort porté à croire avec M. Adanson , qUe l'hippopotame ne se trouve , au moins aujourd'hui , que dans les grands fleuves de l'Afri- que. Kolbe, qui dit en avoir vu plusieurs au Cap de Bonne-Ëspërance , assure qu'ils se plongent également dans les eaux delà mer et dans celles des fleuveâ; quelques autres auteurs rapportent la même chose. Ils se tiehnent ordinaire- ment dans l'eau pendant le jour , et en sortent la nuit pour paître ; Je mâle et la femelle se quitleiît rarement. Zerenghi prit le mâle et la femelle le même jour, et dans la même fosse. Les voyageurs hollandais disent qu'elle porte trois ou quatre petits , mais ce fait me paroît très-suspect et démenti par les témoignages que cite Zerenghi ; d'ailleurs , comme l'hippopotame est ,r «.«i*^ •f*t».«*^,,v^* m .« *• -,•* ) ' i,. lîf 1 '<■ If h i ïiB4 HISTOIRE Naturelle d'une grosseur ënorme , il est dans t^ icas de Tëléphant y du rhinocéros , de là baleine et de tous les autres grands animaux , qui ne produisent qu'un pe- tit > et cette analogie me paroît plus sûre que tous les témoignages. Le zèle infatigable de M. Gordon pour les nouvelles découvertes , et pour l'avancement de l'Histoire Naturelle , Fa engagé à pénétrer beaucoup plus avant dans l'intérieur de l'Afrique , qu'il ne l'avoit fait encore ; et si les hippopotames sont devenus rares aux environs du Gap de Bonne-Espérance , il les a trouvés très-nombreux dans les lieux où il a été. On n'en doutera pas , quand on i^aura que , pour sa part > il en a tué neuf, et que, dans une chasse à laquelle il a assisté avec M. de Plet- tenberg , gouverneur du Gap , on en a tué vingt-un en quelques heures de temps , et que même ce ne - fut qu'à son intercession qu'on n'en fit pas un plus grand carnage. Gette chasse se fit ,^-( ^.HU-t ï>E l^hîppopotame; ^85 sur la rivière qu'il a nommée Pletten-^ berg , à-peu-près à sept degrés de lon- gitude à l'est du Cap , et à trente degrés de latitude méridionale. Le nombre de ces animaux doit donc être fort grand dans tout l'intérieur de l'Afrique , où ils sont peu inquiétés par les habitans : c'est-là où il les faut voir pour les bien contioître , et jamais personne n'en a eu une plus belle occasion que M. Gor- don ; aussi en a-t-il profité en les ob- servant avec les yeux d'un véritable naturaliste. «Lorsque les hippopotames Sortent de l'eau , ils ont le dessus du corps d'un brun bleuâtre , qui s'éclaircit en des- cendant sur les côtes , et se termine par une légère teinte de couleur de chair; le dessous du ventre est blanchâtre ; mais ces différentes couleurs devien- nent plus foncées par-tout , lorsque leur peau se sèche ; dans l'intérieur et »ur les bords de leurs oreilles , il y a des poilsassezdouxetd'un brun rouS" Quadrup. VIL aS ''■',■ i;l . i f' f'i [( '; W ) â8(^ HISTOIRE NATURELLE sâtre ; il y en a aussi de la même cou- leur aux paupières , et par -ci par-là quelques-uns sur îe corps , parti- culièrement sur le cou et les côtés , mais qui sont plus courts et fort rudes. ^" ' ' ' ' ' •" ' ''""'" )) Les mâles surpassent toujours les fe- melles en grandeur, mais non pas d'un tiers, comme l'a dit Zerenghi, si l'on en excepte les dents incisives et cani- nes , qui , dans la femelle , peuvent en effet être d'un tiers plus petites que dans le mâle. M. Gordon a tué une femelle dont la longueur du corps étoit de onze pieds , et le plus grand hippo- potame mâle qu'il ait tué , étoit lon^r de onze pieds huit pouces neuf lignes. Ces dimensions diffèrent beaucoup de celles qu'adonnées Zerenghi; car ,à en juger parles dimensions de la femelle, qu'il a décrite , le mâle, d'un tiers plus grand , devoit être long de seize pieds neuf pouces ; elles diffèrent plus encore de celles des hippopotames du lac de ■^. t '^si^^^^ cou- )ar-là parti- :ôtés , t fort slesfe- isd'un si l'on et cani- vent en tes que tué une rps étoit l hippo- >'it long If lignes. [coup de kar , à en femelle , [ers plus ze pieds Is encore lac de DE l'hippopotame. 28j Tzana , dont quelques-uns , suivant M. Bruce , ont plus de vingt pieds en longueur. Des animaux de cette der- nière grandeur seroient énormes j mais on 5e trompe facilement sur la taille d'un animal , quand on en juge uni- quement en le voyant de loin, et sans pouvoir le mesurer. < - -■ » Le nombre des dents varie dan» les hippopotames, suivant leur âge, comme M. de Buffon l'a soupçonné ; lous ont quatre dents incisives et deux canines dans chaque mâchoire y mais ils di£f(^rent dans le nombre des mo- laires : celui dont j'ai donné la figu- re a voit trente -six dents en tout j M. Gordon en a vu un qui avoit vingt- deux dents dans la mâchoire supé- rieure , et vingt dans l'intérieure. Il m'a envoyé une tête qui en a dix-huit dans la mâchoire d'en bas , et dix-neuf dans celle d'en haut; mais ces dents surnuméraires ne sont ordinairement que de petites pointes qui précédent S88 HISTOIRE NATURBLLC les véritables molaires, et qui sont peu fermes. > ' . • » La largeur de la partie de la ma* clioircsupérieure, <}ui forme le museau, est de seize pouces et un quart, et son contour, mesuré d'un angle de la gueule jusqu'à Fautre , est de trois pieds trois pouces ; la lèvre supérieure avance d'un pouce par-dessus l'inférieure , et cache toutes les dents : à côté des in- cisives antérieures d'en haut , il y a deux éminences charnues, qui sont re- çues dans deux cavités de la mâchoire inférieure , quand la gueule se ferme. )) L'hippopotame a les yeux petits ; leur plus long diamètre est de onze lignes, et leur largeur de neuf et de- mie ; la prunelle est d'un bleu obscur , et le blanc de l'œil paroît peu. » La queup varie en longueur dans .ces animaux ; celui qui est représenté ici en avoit une de la longueur d'un pied trois pouces six lignes ; son con- ^pur à son origine étoit d'un pied sept r-.»i,Jt!-_ - jiîi "1- V ^"w» . itpeu i ma- iiseau, et son gueule ds trois avance Lie , et des in- il.y a sont re- lâchoiro ferme. : petits ; de onze ifet de- obscur , îur dans ^présenté îur d'un son con- )ied sept DE L'HIPPOPOTAMK. 28(> pouces; là , elle a une forme un peu triaugulaire , et un des^côtés plats est en dessous ; ainsi, ayant un mouvemen t perpendiculaire, elle bouche exacte- ment l'ouverture de l'anus ; vers son milieu , ses côtés s'applatissent j et son articulation lui permettant un mouve- ment horizontal , elle peut servir à diriger l'animal quand il nage ; au pre- mier coup d'œil , elle puroit couverte d'ëcailles , mais qui ne sont que des rides de la peau ; les bords extérieurs de cette queue semblent être des cou- tures arrondies. )) L'hippopotame femelle n'a point de mamelles pendantes , mais seulement deux petits mamelons ; quand on les presse , il en jaillit un lait doux et aussi bon que celui de la vache. » Les os de ces animaux sont extrê- mement durs ; dans un os de la cuisse , scié en travers , on trouva un canal long de cinq pouces^ et de dix lignes en diamètre , slssm'a ressemblant à lacavité f Us \ ) 30^ HISTOIRE NATllRELLE uu est la moelle : cepenilaiit il n'y fii avoit point immédiatement après la mort j mais on y vit un corps fort dur, où l'on croyoit remarquer du sang. » La largeur du pit^d de devant est égale à sa longueur , l'une et l'autre est de dix pouces; la plante du pied de derrière est tant soit peu plus petite, elle a neuf pouces neuf lignes dans ses deux dimensions ; ces pieds sont pro- pres pour nager, car les doigts peuvent se mouvoir, s'approcher les uns des autres , et se plier en dessous; les on> gles sont un peu creux, comme les sabots des autres animaux ; le dessous du pied est une semelle fort dure, sé- parée des doigts par une fente profonde; elle n'est pas horizontale , mais un peu en biais , comme si l'animal , en mar^ chant, avoit plus pressé son pied d'un côté que de l'autre ; aussi les a-t-il tous un peu tournés en dehors ; comme il a les jambes courtes et les jointures plia- bles, il pevit appliquer et presser ses \ t i i DE i/HirroroTAMF. 2<>l jambes contre le corps , ce qui lui faci- lite encore les mouvemens nécessaires, pournager. Aidé de quelques hommes, M. Gordon a roulé , comme un ton- neau, un grand hippopotame hors de l'eau sur un terrein uni , sans que les pieds fissent un obstacle sensible. » Quoique les hippopotames passent une partie de leur vie dans l'eau, ils ont cependant le trou ovale fermé» Quand ils sont parvenus à toute leur grandeur , le plus long diamètre de^ Icnr cœur est d'un pied )) M. Gordon s'est assuré , par Fou- verture de plusieurs hippopotames jeu- nes et adultes , que ces animaux n'ont qu'un estomac, et ne ruminent point quoiqu'ils ne mangent que de l'herbe qu'ils rendent en pelotte et mal broyée dans leurs excrémcns. » J'ai dit ci devant, continue M. Al- lamaad , qu'il me paroissoit très-dou- leux que les hippopotames mangeas- sent des poissons j à- présent je puisdir» |! i » 1 1' ' f I I ' ' f 0( 219a HISTOIRE NATTTRKfXE qu'il est presque certain qu'ils n'en man- gent pas. Dans une trentaine de ces animaux y dont M. Gordon a fait ou- vrir les estomacs en sa présence , il n'y a trouve que de l'herbe , et jamais au- cun reste de poisson ; j'ai dit aussi qu'il n'y avoitpas d'apparence qu'ils entras- sent dans la mer *, on peut voir , dans l'endroit cité, les raisons que j'avois pour penser ainsi, et M. de Buffon sem- ble avoir été dans la même idée. Les nouvelles observations de M. Gordon m'ont désabuse ; il a tué un hippopo- tame à l'embouchure de la rivière Gambous , oi!i l'eau étoit salée ; il en a vu dans la baie de Sainte-Hélène , et il en a vu sortir d'autres de la mer h deux lieues de toute rivière : à la vé- rité , ils ne s'éloignent pas beaucoup do terre , la nécessité d'y venir prendre leur nourriture né le leur permet pas ; ils vont le long des côtes d'une rivière à l'autre; cependant cela suffit pour prouver qu'ils peuvent vivre dans l'eau ^ >♦ n man- de ces ait ou- , il n'y iaisau- isi qu'il entras- r , dans j'avois m sem- ;e. Les jordon ppopo- rivière il en a ène , et mer h la vé- oup do rendre et pas j rivière pour s Teau DE T/lIlFPOPOTAMi:. 293 Aalée^el justilier en quelque façon ceux qui leur ont donne le nom do chevaux marins, aussi bien que Kolbe, qui sup- pose qu'ils vivent indilTcremment dans les rivières et dans la mer: ceux qui habitoiit dans l'intérieur du pays , n'y vont vraisemblablement jamais ; si ceux qui en sont prè«» y entrent , ce n'est pas pour aller fort loin , à causo de la raison que je viens de dire , et cette même raison doit les engager à préférer les rivières. » Lorsqu'ils se rencontrent au fond de l'eau , ils cherchent à s'éviter , mais> sur terre, il leur arrive souvent de ae battre entr'eux d'une manière terri- ble ; aussi en voit-on fort peu qui ii'ayent pas quelques dents cassées, ou quelques cicatrices sur le corps ^ en se battant , ils se dressent sur leurs pieds de derrière, et c'est dans cette atti- tude qu'ils se mordent. » Dans les lieux où ils sont peu iu~ quiétés; ils ne sont pas fort craintifs ^ 1 / / >l II : !«(£(&,,■%)■ Vtifh HISTOIRE NATURBI.T.E quand on tire sur eux , ils viennent voir ce que c'est ; mais , quand une fois ils ont appris à connoître l'effet des armes à feu , ils fuient devant les hom- mes eu trottant pesamment : comme les cochons , quelquefois même ils galo- pent y mais toujours pesamment: ce- pendant un homme doit marcher bien vite pour être en état de les suivre. M. Gordon en a accompagne un pen- dant quelque temps: mais, quoiqu'il coure très- vite, si la course avoit été plus longue, l'hippopotame l'auroit devance. » M. de Buffon a eu raison de révo- quer en doute ce que disent quelques voyageurs des femelles hippopotames , c'est qu'elles portent trois ou quatre petits ; l'analogie l'a conduit à regar- der ce fait comme très-suspect ; l'ob- servation en démontre la fausseté. M. Gordon a vu ouvrir plusieurs fe- melles pleines, et jamais il n'y a trouvé qu'un seul petit j il en a tiré un du { incnt p fois ;t des lioni- ne les galo- :: ce- : bien livre, pen- »iqu'il lit été luroit révo- Iques mes , uatre Iregar- 1; l'ob^ issetë. irs fe- Irouvé m du DE l'hippopotame. 'J^5 corps de la mère , qu'il a eu la bonté de m'envoyer -, ce fœtus , qui étoit pres- que entièremeut formé t étoit long de trois pieds deux pouces ; le cordon ombilical étoit parsemé de petits bou- tons de couleur rouge ; bcs ongles étoient mous et élastiques , onpouvoit déjà lui sentir les dents , et ses yeux avoicnt à- peu-près leur forme et toute leur gran- deur. Dès qu'un jeune hippopotame est né) son instinct le porte à courir à l'eau , et quelquefois il s'y met sur le dos de sa mère. » La chair de Thippopotame^ comme il a été dit ci-devant , est fort bonne au goût et très-saine-, le pied rôti est sur- tout un morceau délicat ^ de même que la queue ; quand on fait cuire son lard, il surnage une graisse que les paysans aiment fort ; c'est un remède qu'on es- time beaucoup au Cap, en exagérant cependant ses qualités». •/ 1 Jt-'. .1 ^96 HISTOIRE NATURELLE Obserfation s faites en préparant la peau de V hippopotame, qui se trouve maintenant dans le Cabinet d'His- toire Naturelle de S. A, S. monsei- gneur le prince d'Orange ;par J. C. Klockner , docteur en médecine à Amsterdam, . . ;;J : i J'ai reçu fort sèche , fie la Haye , la peau de cet hippopotame , avec la tête ijui s'y trouvçit enveloppée. Cette peaa avoit été premièrement salée j puis sé- chée , et ensuite ou avoit pris la peau 4'un jeune hippopotame ( qui de même est placé dans le Cabinet de S. A. S. ) trempée de saumure, et on l'a voit mise encore mouillée dans celle-ci \ après quoi , le tout avoit été emballé dans de la grosse toile et expédié du Cap de Bonne-Espérance pour la Hollande. La petite peau et la tête , occasion- noient par conséquent une odeur in- fecte de graisse gâtée ou rance , ce qui avoit attiré les insectes qui ont beau- rant la \ trouve d'His- nonsei - ir J. C. lecine à i ■ laye , la 3 la tête tte peau puis sé- la peau ie même ;. A. S. ) iroit mise •, après dans de Gap de oUande. iccasion- Ideur in- , ce qui t beau- DB L*HIPPOPOTATyiE# 297 coup endommagé la grande peau, qui se trouvoit la première et la plus ex- posée. Lorsque j'eus trempé la tète, elle «e gonfla beaucoup. Le bâillement ou Touverture de la gueule étoit de plus de seize pouces , mesure d'Amster- dam (1). Les lèvres inférieure et su- périeure étoient assez larges pour cou- vrir et envelopper toutes les dents de l'animal , ce qui naturellement se fait avec d'autant plus de facilité que les longues dents ou dents canines infé- rieures qui sont courbes , glissent par- dessus les supérieures en forme de ci- seaux , et passent le long de la courbure ^es dents canines supérieures , dans un 4^1 ui formé par la peau de la lèvre et par les gencives. Entre les dents de devant ou dents incisives , et entre les (1) Le pied d'Amsterdam ne fait que dix pouces cinq lignes trois points , du pied de roi de France. Quadrup. VII. ?6 1 i!\ i \ ; 5398 MISTOIHE NATlTllELtE deux orZ '"P.'"'^"" »« cercles des ment !f^ ''^"^"* ^'^ rongés égale- liti A """• ««««««on, de la moitié on des trois quarts de pouce 0 q». vraisemblablement est iC : ge des insectes de terre nn ^> . ««"'ils doivent avo ÏI t d„ ^'"' "t l'an.m.i • °" Vivant de animal, p„i,q„e le, bords rongés se t'ouvoicm déjà recouverts d'„„ no" f u 3oo HISTOIRE NATURELLE vel épiderme. L'intérieur des oreilles étoit bien garni d'un poil fin et serré , mais il n'y en avoit que très-peu au- dehors. Les yeux doivent avoir été fort petits, puisque l'ouverture étoit ex- traordiiiairement petite en raison de la grandeur de l'animal. Cette petitesse des yeux de l'hippopotame se trouve confirmée par plusieurs rapports. Les yeux, que j'ai placés dans mon sujets sont peut-être un peu plus grands que les naturels ; mais , lorsque j'en avois mis de plus petits , ils paroissoient ne pas convenir à l'animal , et je fus par conséquent obligé de lui en donner de plus grands. Les narines vont extérieurement en baissant de biais , avec une petite ouverture ; ensuite elles se joignent par une ligne courbe dans l'inté- rieur , et puis remontent derechef. Lorsque la peau étoit sèche , on n'ap- percevoit qu'à peine ces conduits ou «. \ ireilles serré > leu au- té fort oit ex- ison do )etitesse > trouve rts. Le* »n sujet, inds que en avois ioient ne p fus par onner de DE L*HlPPOPOTAME. 3oi tuyaux ;.je les ai un peu élargis avant de les faire sécher. Les dents sont si dures qu'on en tire facilement du fbu avec un acier. J'en ai vu tirer avec une lime d'un morceau de la dent d'un autre hippO' potame. Je dois remarquer ici que je n'ai trouvé que trente-deux dents dans la tête de lliippopotame , ce qui ne s'ac- corde pas avec la description de Zeren» ghi , ni avec celle de M. Daubenton \ Le premier dit en avoir trouvé qua •' rante- quatre dans ses hippopotames^ et le second trente- six dans la tête qui se trouve dans le Cabinet du roi. Cette difierence m'a rendu attentif; mais je puis assurer qu'on n'appercevoit au- cune marque que quelques dents en fussent tombées, sinon une des dents in- cisives, qui paroi t avoir été cassée avec force. J'y ai trouvé quatre dents cani- nes qui sont placées perpendiculaire- ment; huit dents incisives ; quatre dans r t. .•J4f»^f9i^tmit ' 3o2 HISTOIRE NATURETXE là mâchoire supérieure, dont la position est perpendiculaire , et quatre dans la niâclioire inférieure qui sont posées librizontalement , comme on peut le voir dans la figure. De plus, j'ai trouvé deux dents molaires dans chaque mâ- choire inférieure et trois dents placées devant les dénis molaires, qui ont la (orme d'une quille. Dans les mâchoires, supérieures j'ai trouvé dans chacune trois dents molaires , et deux de ces dents de figure cylindrique. Il y a en- tre ces dents de figure cylindrique un espace d'un demi pouce. Je dois observer^, que communément^ les hippopotanies ont trente-six dents^ comme nous l'avons dit ; savoir > qua- tre incisives en haut et quatre incisi- ves en bas ; deux canines en haut et deux canines en bas ; et douze mâche- libres en haut et douze mâchelières en bas. Je l'ai vérifié sur trois têtes qui sont anciennement au Cabinet , et en -dernier lieu sur une quatrième tête I \ . ... ,-,,1 ni»rv^i»«-«»te. ' DE L'HIPPOPOTAME, 3)3 qui m'a été envoyée en dëcembre 1776 , par M. de Sartine , ministre et Bccrctaire d'état au département de ia marine. La dernière des mâchelières au fond de la gueule , est beaucoup plus grosse, plus large, et plus applatie sur la tranche que les cinq autres mâche- lières-, mais je seroia porté à croire que le nombre de ces dents mâcheliè-^ res varie suivant l'âge, et qu'au lieu de vingt -quatre il peut s'en trouver vingt-huit et même trente-deux , ce qui feroit quarante-quatre en tout ^ comme le dit Zerenghi. - Les lèvres supérieure et inférieure se trouvent garnies à des distances as- sez considérables , de petites tou0es de poil , qui , comme des pinceaux , sor- tent d'un tuyau ou racine. J'en ai compté environ vingt. Pour faire une observation plus exacte , j'ai placé une tranche de la racine sous le micros-, cope, et j'ai vu sortir sept racines d'un tuyau. Ces sept racines se partagent ■4 ,'X j I, r K 0 h ■> ?a4 HISTOIRE NATURELLE ou se fendent ensuite , et forment cha- cune plusieurs poils y qui forment de& espèces de pinceaux. Aux côtes de la gueule, où se fait le bâillement, vers le bas, on voit de» poils fins qui sont plus serrés que les autres. De plus, on apperçoit par-ci par là, sur le corps, quelques pcils rares ^ mais il ne s'en trouve presque point aux jambes , aux flancs ni sous le ventre. L'extrémité et les parties tranchan- tes inférie ure et supérieure de la queue ^ étoient garnies de poils ou pinceaux comme au nez., mais un peu plus, longs.. Je n'ai pu découvrir le sexe de cet animal. Il y avoit près du fondement une découpure triangulaire, de la gran- deur de cinq à six pouces, où je pense que les parties génitales étoient pla- cées , mais , comme on n'en avoit lais- sé aucune inarque , il ne m'a pas i.iiiurj^- • ,5^ ->...■ -»■'■►'•- DE L'HIPPOPOTAME. 3cl5 été possible d'en déterniiner le sexe. La peau du ventre^ près des pieds de derrière ; avoitun pouce neuf lignes d'épaisseur ; les insectes y avoient aussi fait un trou, ce qui donnoit toute fa- cilité de mesurer cette épaisseur. La substance de cette peau étoit blanche ^ cartilagineuse et coriacëe, et dans cet endroit elle étoit bien séparée de la graisse et de la chair. Plus haut , vers le dos f on avoit coupé et enlevé beau- coup de peau , sans doute pour la ren- dre plus légère et plus facile à être transportée j c'est par cette raison que je n'ai trouvé la peau, vers l'épine du dos, épaisse que d'un pouce en y pas- sant un poinçon. , Les doigts étoient garnis d'ongles ; la peau entre les doigts étoit fort ample , et je crois que les pieds de cet animal , lorsqu'il étoit vivant , étoient plutôt plats qu'arrondis. Le talon qui se retire en arrière et en haut , paroît très" propre à nager , le sabot quoique épais 3^ -"—■ ■ >■" ^■— »^ p.^ï.l» »-;."^, v,Jifc -"_.' yi I t: :^b6 HISTOIRE NATURELI^B fl (lurillonné, est néanmoins flexible. On m'a dit que cet hippopotame ëtoit fort avancé dans les terres du Cap, et même près de l'endroit nommé les montagnes de Neige, lorsqu'il a été tire pnr un pay«an nommé Charles Marais , «^extraction française. Ce paysan en w fait tenir les peaux à M. de Pletten- brrg , gouverneur du Cap , qui les a envoyées à S. A. S. Ce rapport m'a été l'ait par un neveu de C. Marais, qui se trouve à Amsterdam. Suivant le dire de cet homme, qui assure le tenir de la bouche de Marais même, Thippo^ potame est fort agile à la course , tant dans la boue et la fange , que sur la terre ferme ; et il court vsi vite , que les paysans, quoique bons chasseurs, n'osent tirer sur lui lorsqu'il se trouve hors de l'eau. Mais ils l'épient au soleil couchant; alors cet animal élève la partie supérieure de la tête hors de l'eau , tient ses petites oreilles dans, une continuelle agitation pour écputer ^"■i;, , ; .« .J^- ixiblc, otame a Cap, mé les U tiré [arais , îan en letten- li les a m'a été , qni se ; le dire tenir de riiippo-' \Q y tant ' sur 1^ te, que isseurs, trouve LU soleil plève la iors de is dans. pcQUter Dfe L^rtlPPOPOTAMEé 307 s'il n'entend aucun bruit. Lorsque quel, que objet> qui peut luL servir de proic^ se fait voir sur l'eau, il s'élance sur lui, et part comme une flèche de l'arc , pour s'en rendre maître *, tandis que l'hippopotame est occupé de cette ma-' nière à [^écouter en nageant ou flottant sur l'eau , on cherche à le tirer à la tête. Celui que j'ai empaillé avoit été tiré entre l'œil et l'oreille droite ; et le jeune , qui est placé de même au Cabinet de S. A. S. avoit été tiré ou harponné dans la poitrine, comme on pouvoit le voir facilement. L'hippopotame ^ lors- qu'il se sent blessé , plonge sous l'eau ^ et marche ou nage j usqu'à ce qu'il perde le mouvemeat avec la vie : alors, par le moyen de vingt bœufs plus ou moins, on le tire sur le rivage où on le dis- sèque. Un hippopotame, qui a toute sa Croissance , donne ordinairement deux: mille livres de lard, qu'on sale et qu'on envoie au Cap , où il se vend fort cher. On assure que ce lard est fort / <^ ) ..■^ -\j[. A 1 .'X .-'^V'S.v^ 3o8 HT8T0TIIE KATURET.LE bon f et qu'il snrpasse iouteâ les aulios graif ses pour le goût. Il ne cause jamais d'aigreurs ; et quand il est exprimé , il fournit une huile douce et blanche comme de la crème : on recommande même ce lard en Afrique comme un remède souverain contre les maladies de poitrine. • 5> ♦ ' "i* ?*" i^r ■•■ l ■■ ". Par la quantité indiquée de lard qu'on tire ordinairement de l'iiippo- potame qui a atteint toute sa croisa sance , on est confirmé dans la remar- que qu'on a déjà dû faire par les mesures données; savoir, que c'est un animal d'une grandeur et d'une pesanteur surprenante. Quelques soins que ]v me sois donnés pour rendre cette pièce aussi légère qu'il étoit possible , je me suis vu con- traint de me servir de tout ce qui pou- voit aider à la soutenir , et je crois qu'elle pèse quatre mille livres , y compris la planche sur laquelle je l'ai placée. -y»r\ "^ aulic» jamai.H primé , olaniîbe imande nme un naladies de lard rhippo- sa crois* El remar- par lea [ue c'est et d'une ^8 donnes li légère vu con- Iqui pou- je crois rres , y lie je l'ai DE L*HïPPOPOTAMfi* SoQ Avaiitquejcfitiissecesobservûtionâi j'ajouterai ici quelques pnrticularitës relatives à l'histoiro naturelle de l'hip^ popotame , qui ne se trouvent pas dans la description prëcédente. On a vu que l'hippopotame doit peut* être son nom à la i^ssemblance qu'il y a entre sa voix et le hennissement du cheval ; cependant nous avons des re* lations certaines qui assurent que son cri ressemble plus à celui de l' éléphant , ou aux sons roulans et bégayans d'une personne née sourde. Quoi qu'il en soit, l'hippopotame forme encorer une autre espèce de son ronflant lorsqu'il dort , ce qui le fait découvrir de loin. Pour prévenir le danger qu'il court par-là , il se couche pour l'ordinaire sur des terreins marécageux , dans les roseau jc dont on ne peut approcher que difiBci** lement. Je n'ai trouvé nulle part la particu^» larîté que je tiens du parent de Marais, touchant la grande agilité de cet ani- Quadrup. VU. 27 '.{'' V ', i i "'■■Jjis;**^' iiV«<**''* ' I 5lO HISTOIRE NATITRELLE mal. On assure « au coAtriûre donstàm- ment , qu'on l'attaque plu6 volontiers sur terre que dans Fêau , ce qui seroii contradictoire s'il ëtoit aussi léger à la course. Selon quelques autres histo^ riens, on lui coupe le passage à la ri- yière par des arbres et des fosses > parce que l'on sait qu'il préfère de regagner l'eau, plutôt que de combattre ou fuir à terre. Il se trouve , à cet égard , plu^ avantageusement dans l'eau , oà il n'a aucun animal à craindkv : le grand re- quin et le crocodile évitent l'hippo- |K>tamo i, et n'osent pas s'engi^r au combat avec lui. La peau de l'hippopotame est ex<- trèmcment duté sur le dos , la croupe et la partie extérieure des cuisses et des fesses; de sorte que les balles de fusil coulent par-dessus , et que les flèches rebondissent. Mais elle est moins dut^ et moins épaisse sous iè ventre et a|ax parties intérieures dés cuisses, où l'on cherche à lé tirer ou à lui enfonce s-V — ,ff\ - > f .,-*,.*««*9«j?^.^^-^.^- -^p,^^^.^ E onstàm- )lontiers m seroit Bger à la $8 hiisto- ï à la ri- es , parce regagner re ôtt fuir ard, plttR , où il n'a grand re- t rhippo- igager au DE l'hippopotame. 3ii lo dard. IL a la yi^ foirt dnre y et ne se rend pas facilepienl; > c'est pourquoi Ton cberçli^ 4 lui casser par adresse les pattçs , en le tirant avec de gro» mousquets charges de lingots ; quand on y réussit 9 on est pour ainsi dire , maître de l'animal. Les Nègres , qui attaquent les requins et les crocodile» avec des longs couteaux et des javelots, craignent l'hippopotame , qu'ils n'ose-* roient pf)ut-être jamais combattra s'ils ne cojuroiènt pas plus vite que lui : ils croient néanmoins que cet animal est plus ennemi des blancs que des nègres. ÎjBl femelle de l'hippopoifame fait son petit h terre ; elle l'y alaite e% nourrit , et ensuite elle lui apprend de bonne heure à, se réfugier dans l'eau au moindre bruit. friî.-.' Le^ Nègres d'Angola , de Congo , d'Ëlmina > et en général de toute la côte occidentale d'Afrique , regardent l'hippopotame comme une de ecs divi- V ^•1 3l2 HISTOIRE NATURELLE ni tes subalternes qu'ils nomment Fé- tiches, lis ne font cependant aucune diiHcultë d'en manger la chair , lors- qu'ils peuvent se rendre maîtres d'un de ces animaux. ^ ':i;-i:» " ; ; , Je ne sais si j'ose citer ici le passage du Père Labnt, où il dit que cet ani- mal , qui est très-sanguin , sait se tirer lui-même du sang d'une manière par- ticulière. Pour cet efiFet, cet animal cherche, I, la pointe tranchante d'un rocLcji', et s'y frotte jusqu'à ce qu'il se soit fait une ouverture assez considérable pour en laisser couler lo sang. Il se donne alors beaucoup de mou- vement pour le faire sortir en plus grande quantité ; et lorsqu'il juge qu'il en a perdu assez , il se roule dans la fiange, afin de fermer la blessure qu'il s'est faite. On ne trouve rien d'impos- tible. dans ce. rapport, mais comment le Père Labata^t-U découvert cette aingularité ? • ! - . . > '■! ^ ' n • ; . y ■'■> • Outre les usages sus-mentionnés de h-.* ^^'^■' ■%V. .-«•*-"*«" ■■'■ M;; DE L'ttlPPOPÔtAlttÊ. 5i2? ]a peau et des dents , on assure que les peintres indiens se servent du sang de cet animal pour leurs couleurs u. Espèce connue dans ce genre. L'Hippopotame , hippopotamus Amphi- bius,. i 'i i; l':t:r']'. ,-:,(• t \ ! •• { '■ . ' » . '■i*ï»l H 3l4 HISTOIRE NATVftEJÇ^ÏiE XLIP GENRK '• « « • . »^*j>. il j . ■■^.■<( "■ ■ ' I -, î »/ , t ,; i • *. ' t , LE TAPIR, T APJR. Caractère générique : dix dents inci- sives à chaque niâclioire. LE TAPIR , ou L'ANTA, ott]MAIPOURI, C*EST ici ranimai le plus grand de l'Amérique , de ce nouveau Monde , où , comme nous l'avons dit , la nature vivante semble s'être rappetissée , ou plutôt n'avoir pas eu le temps de par- venir à ses plus hautes dimensions j au lieu des masses colossales que produit la terre antique de l'Asie , au lieu de l'élëphant , du rhinocéros , de l'hippo- potame, de la girafTe et du chameau , l hli^ -«■Tttrr R E. P JK. ^iy ;0! •* <«'*/ •;^^^ ^î.v.. •V ,fe,^.''.t^.>t. ir f^'j'f*' [«■a^t. f^ ^iï''% * .M j ;>■■ vt4 W 'é^^^^^-i •'*!'■**>' .r^î?" 'f. lents inci:- Loire. MAIPOURI» s grand de LU Monde , : , la nature etissëc, ou îips de par- ensionsj au ue produit au lieu de de rhippo- chameau , , ^-ï , ^ '• '^■*i,im% .j, ,«>■•»; ^fi À*», *#5*-ii?*'^ S-Hlî Hf: *Ç'^ 'i^V O-^yi f?^:f^i^ï?f ^|i' ■m. Kari** .^ft^'ïfA* tff jv^i*^t;:i*h. ^ >M- ■r,,?; fer .'SiVf' «l>, vé*': fsr. inî?'>»^.<*,\tî ^•ï-'^'ï ^1- i.!ii ■ Witi^H': ïi li\- ■m fe: H^&î*^ ^'U^î/ h 'i-:fi il¥; tÂ-V*'|fS;^j^atu.:; ■^;^'.-z^^:;3if^: X r. I \- ii kl N R E. '■«•>* .1^' ;H*,.v«.**f-4-*- ^'è^l** V'-li5-t î> f;^^*#^i.Ui ^sètiltitU »î« X.,8 TA?XK , m! Î/A-N'J'A, otHSUiPOUBiit î!*^'^ ifti î'?HÂJ.t«i *^- U- J' -k'^*^ piUîi |f^'^:i>i4 w .■ <*f' ( r îU^rV^^îv-^. H i^ iée «^•«11 ., ri:mr}:Jir- V:7a^' ^ hV'l-'i V f.t f-^y-ur |»lui*k ij'.î'"-i?;^' :;v#i^'»în ]<. t<»m[>'idti ps^ ,■? ,-, , i V îâi terv^* itilidiôf! lie l'Ai 'iUtUtt . iU U h JS «Si, :n'-. > Tom rzr. Ptw ■ ^y ■■iMÊ { R î ;?- 4*' -''^¥* , i • fn\. , ■■v..-,n ■(•■^'\ ni vl df ilf l'ai la i ti •>... . .^,.- .'.'.Vi-.'' .^df: ■■iv^,^!^r«;i^: "^™»«çr :!." «oiM ne tMuvo^ dan, ce, t.rr<«. vellp« n.>. j . ™ terres rou- veiles que des sujets modeWs «n n„,-^ '»« tapira, de. jLnas X*' J!» P»''' J Sf ^! '*P«'™»«nt avoir ^t^ nfcli. gees ou «anqudes; les animau^^J, i Amençue méridionale «„; . i Pa^tiennent en propre àl ''^" continent , sont «r^ nouveau len,P, PWqne tous sajis d«î- »e.i«esn,a.;:^i:::f;„-/- «iuiiers, les paresseux, &c «nni- à r„:r: " '"''^-'''«'^Sis :: a peme les fecuitd^ de se «ouvoir et d manger; ils traînent avec doir «" désert, et «e pourroient subsister dam u«, terre habitue, où l'hommlei )''} ^1 s HISTOIRE NATT KELLE les animaux paissanslesauroiént bien' tôt détruits. ^ ' — ' * Le tapir est de la grandeur à*\mfs petite vache ou d'un zébu , mais sans cornes et sans queue ; les jamb«s couv>- tea , le corps arque , comme celui du co* chon , portant une livrëe dans sa jeu- nesse, comme le cerf, et ensuite un pelage uniforme d'un brun - fonce , la tête grosse et longue avec une espèce de trompe , comme le rhinocéros ; dix dents incisives et dix molaires à cha^ que- mâchoire , caractère qui le sépare entièrement dn genre des bœufs et des autres animaux ruminans , &&, Il paroît que le tapir est un ani- mal triste et ténélHreux , qui ne sort que de nuit , qui ne se plaît que dans Idéaux, où. il habite plus souvent que sur la terre ; il vit dans les ma- rais, et ne s'éloigne guère du bord des fleuves ou des lacs ; dès qu'il est menacé , poursuivi ou blessé , il se jette 4 Teau , s'y plonge et y de- „ -^fliia v'. . .jijfc* ' .- .r^&ïrtiL. DU TAPIR. 3lj\ meure assez âe temps pour faire un grand trajet avaut de reparoître : ces habitudes, qu'il a communes avecl'hip- popotame , ont fait croire à quelques naturalistes qii'il ëloit du même genre ; mais il en diffère autant par la nature qu'il en est éloigne par le climat ; quoi- que habitant des eaux , le tapir ne se nourrit pas de poisson , et quoiqu'il ait la gueule armée de vingt dents inci- sives et tranchantes , il n'est pas car- nassier f il vit de plantes et de racines, et ne se sert point de ses armes contre les autres animaux ; il est d'un naturel doux , timide , et fuit tout combat , tout danger : avec des jambes courtes et le corps massif, il ne laisse pas de courir assez vite , et il n.-igc encore mieux qu'il ne court : il marche ordi- nairement de compagnie e|; quelquefois en grande troupe j son cuir est d'un tissu transparent et si serré , que sou- vent il résiste à la balle ; sa chair est fade et grossière , cependant les In ils deviennent dan- gereux lorsqu'on les blesse : on en a vu se jeter sur le canot d'oà le coup dtoit parti , pour tâcher de se venger en le renversant: il faut aussi s'en garantir dana les forêts j ils y font des sentiers ou plutôt d'assez larges chemins bat- tus par leurs fréquentes allées et ve- nues, car ils ont i4iabitude de passer et repasser toujours par les mêmes lieux; et il est à craindre de se ti^ouvcr sur ces ehemins , dont ils ne sedctoui- nent jamais , parce que leur allure est brusque , et que ^ sans chercher à offen- rnunë* ' brense Guia- temps e dis- ugient tirer ; laturel it dan- na vu p ëtoit • en le irantir entiers 8 bat- etvc- passer émes houvcr îtOUl- ire est >ffen- D U T A P I H. 3I9 ser , ils Lourtent rudement tout ce qui se rencontre devant eux. Les ter- res voisines du baut des rivières de Ja Guiane, sont habitées par un assez grand nombre de tapirs , et les bords des eaux sont coupes par les sentiers qu'ils y pratiquent ; ces chemins sont si frayas , que les lieux les plus dëserts semb^ "nt up premier coup-d*oeil , être peuplés et f .équentés par les hommes. Au reste ^ on drisse des chiens pour chosicr ces animaux sur terre, et pour les suivre dans l'eau : mais , comme ils ont la peau très-ferme et très-épaisse , il est rare qu'on les tue du premier coup de fusil. Les tapirs n'ont pas d'autre cri qu'une espèce de sifflet vif et aigu , que les sauvages imitent assez parfai- tement pour les faire approcher et les 'i«er de près; on ne les voit guère s'é- drter des cantons qu'ils ont adoptes. Ils courent lourdement et lentement ; ils n'attaquent ni les hommes ni lesani- ■^ fi 1 320 HISTOIRE NATURELLE maux, à moins que les chiens ne les ap- prochent de trop près , car , dans ce cas , ils se défendent avec les dents et les tuent. La mère tapir paroît avoir grand soin de son petit ; non-seulement elle lui apprend à nager , jouer et plonger dans l'eau , mais encore lorsqu'elle est à terre , elle s'en fait constamment ac- compagner ou suivre ; et , si le petit reste en arrière, elle retourne de temps en temps sa trompe , dans laquelle est place l'organe de l'odorat , pour sentir s'il suit ou s'il est trop éloigné, et, dans ce cas, elle l'appelle et l'attend pour se mettre en marche. On en élève quelques-uns à Cayenno en domesticité ; ils vont par-tout sans faire de mal ; ils mangent du pain , de la cassave , des fruits ; ils aiment qu'on les caresse , et sont grossièrement fa- miliers, car ilsont unairpesantetlourd à-peu-près comme le cochon. Quel- quefois ils vont pendant le jour dans 'if^f^'.-^-r^ Mé-i^ ^ V 5 les ap- dans co dents et ir grand lent elle plonger a'elle est ment ac- le petit de temps [uelle est ar sentir , et, dans [end pour Cayenno tout sans )ain , de nt qu'on nent fti- t et lourd 1. Quel- oiir dans DU TAPIR, 321 les bois, et reviennent le soir à la mai- son ; néanmoins il arrive lorsqu'on leur laisse cette liberté, qu'ils en abusent, et ne reviennent plus. Leur chair se mange, mais n'est pas d'un bon goût; elle est pesante, semblable, pour la couleur et pour l'odeur, à celle du cerf. Les seuls morceaux assez bons sont les pieds et le dessus du cou. M. Bajon, chirurgien du roi à Cayen - ne , a envoyé à l'académie des scien- ces, en 1774, un mémoire au sujet de cet animal. Nous croyons devoir don- ner par extrait les bonnes observations de M. Bajon , et faire remarquer en même temps deux méprises qui nous paroissent s'être glissées dans son écrit, qui d'ailleurs mérite des éloges. « La figure de cet animal , dit M, Ba- jon, approche en général de celle du cochon; il est cependant de la hauteur d'un petit mti4et , ayant le corps ex- trêmement épais , porté sur des jambes très-courtes ; il est couvert de poiU plu» Quadrup. VU. 28 i I ;V' 3j^ histoire naturelle gros, plas longs que ceux de l'âne ou du cheval, mais plus fins et plus courts que les soies du cochon , et beaucoup moins épais. Il a une crinière dont les crins, toujours droits, ne sont qu'un peu plus longs que les poils du reste du corps ; elle s'étend depuis le sommet de la tête jusqu'au commencement des épaules. La tête est grosso et un peu alongée , les yeux sont petits et très-* noirs , les oreilles courtes, ayant, pour la forme , quoique rapport avec celles du cochon ; il porte au bout de sn mâ- choire supérieure une trompe d'envi- ron un pied de long , dont les moûve- mens sont très souples, et dans laquelle réside l'organe de l'odorat'; il s'en sert, comme l'éléphant, pour ramasser des fruits, qui font une partie de sa nour< riture ; les deux ouvertures des narines partent de l'extrémité de la trompe ; sa queue est très-petite, n'ayant que deux pouce« de long j elle est presqut» «ans poils. 5 âne ou courts [lUCOUp lont les t qu'un •este du nmel de eut des un peu I et très- nt , pour rec celles le sa mâ- 5 d'envi- moùve- laquelle en sert, asaer des sa nour- s narines trompe ; ^ant que presqUiî DU TAPIR. 3a3 1) Le poil du corps est d'un brun lé- gèrement foncé, les jambes sont courtes et grosses , les pieds sont aussi fort lar- ges et un peu ronds ; les pieds de de-, vaut ont quatre doigts, et ctux de derrière n*cn ont que trois, tous ces doigts sont enveloppés d'une corne dure et épaisse; la tête, quoique fort grosse , contient un très-petit cerveau j, les mâchoires sont fort alongées et garnies de dents , dont le nombre or- dinaire est de quarante ; cependant il y en a quelquefois plus et quelquefois moins *, les dents incisives sont tran- cliantes, et c'est dans celles-ci qu'on observe de la variété dans Le nombre. Après les incisives, on trouve une dent canine de chîfquQ côté, tant su- périeurement qu'inférieurement , qui a beaucoup de rapport aux défenses du sanglier. On trouve ensuite un petit espace dégarni de dents , et les molai- res suivent après , qui sont très-gros- ses , et ont des surfaces fort étendues. '.f J :n »'Mi|l4(k|| I* i- ' / \ Il 'I M ë i 1 f 3a4 HISTOIRE NATURELLE )) Eu disséquant le tapir ou maïpouri, la première chose qui m'avoit frappé , continue M. Bajon , c'est de voir qu'il est animal ruminant.... Les pieds et les dents du maïpouri n'ont pourtant au- cun rapport avec ceux de nos animaux ruminans.... Cependant le maïpouri a trois poches ou estomacs considérables qui communément sont fort pleins, sur-tout le premier, que j'ai toujours trouvé comme un ballon... Cet estomac t répond à la panse du bœuf; mais ici le réseau ou bonnet n'est presque point distinct *, de sorte que ces deux parties n'en font qu'une. Le deuxième esto- mac , nommé le feuillet , est aussi fort considérable , et ressemble beaucoup à celui du bœuf, avec cette différence que les feuilleta en sont beaucoup plus petits , et que les tuniques en parois- sént plus minces : enfin le troisième estomac est le moins grand et le plus mince ; on n'y observe dans l'intérieur que de simples rides, et je l'ai presque ï) Û TAPIR. Sq5 toujours ti-onvë plein de matières tout- à-fait digérëesi Les intestins ne sont pas bien gros, mais très-Iortgs; l'animal rend les matières en boule, à- peu-près comme celles du cheval». Je suis oblige de contredire ici ce qu'avance M. Bajon, et d'aàsurer en même temps que cet animal n'est point ruminant et n'a pas trois estomacs comme il le dit. Voici mes preuves. On nous avoit amène d'Àmërique un tapir ou maïpouri vivant ; il avoit bien supporté la mer , et étoit arrive à vingt lieues de Paris, lorsque tout-à-coup il tomba malade et mourut ; on ne per- dit pas de temps à nous l'envoyer, et je priai M. Mertrud , habile chirurgien' démonstrateur en anatomie aux écoles du Jardin du roi , d'en faire l'ouver- ti)i e , et d'examiner les parties inté- rieures : chose très-familière à M. Mer- trud , puisque c'est lui qui a bien voulu disséquer , sous les yeux de M. D- . bcnton, de ^ v -jadémie des siences, i» h i w i: il i E 1 1 V 3a6 HISTOIRE NATURELLE plupart des anir^iaux dont nous avons éonné les deicripiions. M* Mertrud i nU d'ailleurs h toutes les connois- aauQes de,, Vart de rana^tomie , une grande exactitude dans ses opérations. I>e plus, œtte dissection a, pour ainsi dire,, éU ,i'((ite en ma présence » et M. DaubentoM 1^ jeune en a suivi tou- tes les opératÎQns et en a rédigé les ré- sultats 'y enfin M. de Sève , notre des- sinateur, qui voit très-bien ; y étoit aussi. Je ne rapparte ces circonstances que pour faire voir à M. Bajon que nous ne, pouvons nous dispenser de le contredire sur un premier point très- essentiel , cVst qu'au lieu de trois esto- macs, nous n'en avons irouvé qu'un seul danâ cet animal ; la capacité en étoit à la vckité fort ample et en foime d'une poGJie étranglée en deux en- droits, mais ce u'étoit qu'un seul vis- uère , un estomac simple et unique , qui n'avoit fiu'iiirie simple issue dans le duodenu^e . ei non pas trois esto- t \ i^-i. M ,E U8 avoni Mertrud connois- ÎQ , une lérations. KDur ainsi enoe , et mivi tou- lé les rë- otrç des- , y ëtoit instances lajon que iser de le )int très- ïois esto- vé qu'un paeité en en forme leux en- seul vis- unique f ■sue dans ois esto- n U T A P I R. 3:^7 macs distincts et séparés , comme le dit M. Bajon ; cependant il n'est pas étonnant qu'il soit tombé dans celte méprise , puisque Tnn des plus célèbres anatomistes de l'Ëuropa , lo docteur Tyson, de la société royale de Lon- dres, s'est trompé en disséquant le/)^- €fari ou to/acK^ d'Amérique, duquel, au reste , il a donné une très-bonne des- cription dans les Transactions philoso- phiques , n°. i53. Tyson assure, comme M. Bajon le dit du tapir , que le pécari a trois estomacs , tandis qu'il n^en a réellement qu'un seul , mais partagé à- peu-près comme celui du tapir, par deux étranglemens qui semblent, au premier coup-d'œil, en indiquer trois. Il nous paroît donc certain que le tapir ou maïpouri n'a pas trois esto- macs , et qu'il n'est point animal rumi- nant 'y car nous pouvons encore ajou- ter à la preuve que nous venons d'en donner , que jamais cet animal , qui est arrivé vivant jusqu'auprès de Paris, n'a il f > / ! \ , ^^S ; s "t t ( 328 HISTOIRE NATUnELLE rumine. Ses conducteurs ne le nourriv»* soient que de pain , de grain y &c. Mais cette méprise de M. Bajon, n'empêche pas que son mémoire no contienne do très-bonnes observations ; Ton en va juger par la suite de cet extrait, dans lequel j'ai cru devoir interposer quel- ques faits qui mWt été communiqués par des témoins oculaires. *'i*; • •'" « Le tapir ou maïpouri mâle , dit M. Bajon , est constamment plus grand et plus fort que la femelle , les poils de la crinière sont plus longs et plus épais. Le cri de l'un et de l'autre est préci- sément celui d'un gros sifflet \ le cri du mâle est plus iaigu, plus fort et plus perçant que celui de la femelle». :r; Une des femelles que M- Bajon a disséquées , avoit six pieds de longueur, et paroissoit n'avoir pas encore porté ; ses mamelles, an nombre de deux , n'é- toient pas bien grosses , elles ressem- blent en tout à celles de l'ànesse ou de la jument. ■. ^-r-' '*>i ■li iourrrt-' c. Mai» (npêche mne do [ en va t, dans T quel- aniquës Ue, dit is grand poils de as épais, t préci- ,e cri du et plus ». Bajon a ngueur, porté ; IX , n'é- ressem- îe ou de DU TAPIR.' 5^9 Les femelles entrent ordinairement en chaleur au mois de novembre et de décembre ; chaque mâle suit une fc-» melle , et c'est-là le seul temps oiïi Ton trouve de ces animaux ensemble. Lors- que deux mâles se rencontrent auprès de la même femelle » ils se battent et se blessent cruellement. Quand la femelle est pleine , le mâle la quitte et la lai^ise aller seule j le temps de la gestation est de dix à onze mois, car on en voit de jeunes dès lo mois de septembre. Pour mettre bas, la femelle choisit toujours un endroit élevé et un terrein sec. Cet animal . bien loin d'être amphi- bie, comme ^ elques naturaliste^ Font dit , vit continuellement sur là terre, et fait constamment son gîte sur i"^ collines, et dans les endroits les plu^ secs. Il est vrai qu'il fréquente les lieux marécageux ; mais c'est pour y dier- cher sa «'"^^«istance , et parce qu'il y trouve pius de feuilles et d'herbes que sur les terreins élevés. Comme il se 1 \ f ' i i I' <■ 1^ ^ 35o HISTOIRE NATURBLLB •alit beaucoup dans les endroits maré- cageux , et qu41 aime la propreté^ il va tous les matins et tous les soirs traver- ser quelque rivière ou se laver dant quelque lac. Malgré sa grosse masse -, il nage parfaitement bien, et plonge aussi fort adroitement; mais il n'a pas ia faculté de rester sous l'eau plus de temps que tout animal terrestre : aussi le voit-ou à tout instant tirer sa trom- pe hors de l'eau pour respirer. Quand il est poursuivi par les chiens , il court aussi-tôt vers quelque rivière qu'il tra- Vf 'se prompti lien pour tâcher de se 801' > traire à our poursuite. Il ne maiigc point de poisson , sa noum^i're ordinaire sont des rejetons et des pou.s tendres ; et sur-tout des fruits tombes des arbres y c'est plutôt la nuit que le jour qu'il cherche sa nourriture; cependant il se promèue le jour, sur-tout pendant la pluie; il a la vue et l'ouïe très'fines ; au moindre mouvement qu'il entend , il s'enfuit et -x sson , sa DU TAPIR. 33 1 fait un bruit considérable dans les bois. Cet animal très - solitaire , est fort doux et même assez timide ; il n'y a pas d'exemple qu'il ait cberché à se défendre des hommes ; il n'en est pas de même avec les chiens, il s'en dëfend très-bien, sur-tout quand il est blesse ; il les tue mémo assez souvent, soit en les mordant, soit en les foulant aux pieds ; lorsqu'il est élevë en domesti- cité, il semble être susceptible d'atta- chement. M. fiajon en a nourri un qu'on lui apporta jeune , et qui n'ctoit encore pas plus gros qu'un mouton ; il parvint à l'élever fort grand, et cet animal prit pour lui une espèce d'ami- tié : il le distinguo! t à merveille au milieu de plusieurs "personnes; il le suivoit comme un chien suit son maî- tre , et paroissoit se plaire beaucoup aux cxiresses qu'il lui faisoit, il lui lé- choit les mains*, enfin il alloit seul se promener dans les bois, et quelquefois fort loin , et il ne manquoit jamais do h 1 'M m M ! i-r /■ , > ,. '1 / & ) .r' 33'J HISTOIRE NATURELLE revenir tous les soirs d'assez boiine heure. On en a vu un autre également apprivoisé , se promener dans les rues de Cayenne , aller à la campagne en toute liberté , et revenir chaque soir; néanmoins , lorsqu'on voulut l'embar- quer pour l'amener en Europe , dès qu'il fut à bord du navire , on ne put le tenir ; il cassa des v cordes très-fo; tes avec lesquelles on l'a voit attaclié; il se précipita dans l'eau, gagna le rivage à la nage, et entra dans un fort de pa- létuviers I à une dislance assez consi- dérable de la ville-, on le crut perdu, mais le .soir même il so rendit à son gîte ordinaire. Comme on avoit résolu de l'embarquer , on prit de plus gran- des précautions , qui ne réussirent que pendant un temps, car, environ moitié chemin de ^Amérique en France , la mer étant devenue fort orageuse , l'animal se mit de mauvaise hu- meur , brisa de nouveau ses liens, en- fonça sa cabane, et se précipita dans 1 ( ^1 \ botlnc lemetit les rues gne en lie soir-, *einbar- pe , dès L ne put ïs-fovtes aché; il e rivage t de pa- 5 consi- : perdu, it à son it résolu us gran- ent que moitié nce , la igeuse , Ise hu- bns , en- Ita dans DU TAPIR, i î!î 333, la mer, d'oCi on ne put le retirer. L'hiver , pendant lequel il pleut presque tous les jours à Cayenne , est la saison la plus lavorable pour chasser ces animaux avec succès. <( Un chasseur indien qui ctoit à mou service , dit M. Bajon , alloit se poster au milieu des bois ; il donnoit cinq À six coups d'un sifflet lait exprès , et qui imitoit très-bien leur cri ; s'il s^en trouvoit quelqu'un aux environs, il répondoit tout de suite , et alors le chasseur s'achcminoit doucement vers l'endroit de la réponse , ayant soin de le faire répéter de temps en temps , et jusqu'à ce qu'il se trouvât à portée de tirer. L'animal , pendant la sécheresse de l'été, reste au contraire tout le jour couché ; cet Indien alloit alors sur les petites hauteurs, et tàchoit d'en dé- couvrir quelqu'un , et de le tuer au gî- te : mais cette manière étoit bien plus stérile que la première. On se sert de lingots ou de très-grosses balles pour Quadrup. VII. ag wï» ' ■ ,-!i!| ' i\ \\\ t 332 HISTOIRE NATURELLE les tirer , parce que leur peau est si dure , que le gros plomb ne fait que Fëgraligner ; et avec les balles et même les lingots , il est rare qu'on les tue du premier coup : on ne sauroit croire combien ils ont la vie dure. Leur chair n'est pas absolument mauvaise à man- ger ; celle des vieux est coriace , et a un goût que bien des gens trouvent désagréable; mais celle des jeunes est meilleure , et a quelque rapport avec celle du veau ». Au reste , le tapir , qui est le pb'.^ gros quadrupède de l'Amérique méri- dionale , ne se trouve que dans cette partie du monde. L'espèce ne s'est pas étendue au-delà l'isthme de Pana- ma *, et c'est probablement parce qu'il n'a pu franchir les montagnes de cet isthme; car la température du Mexi- que et des autres provinces adjacentes , auroit convenu à la nature de cet ani- mal , puisque Samuel Wallis , et quel- ques autres voyageurs, disent en avoir \ , .G u est SI fait que ?.t même îs tue du it croire îur chair le à mau" ace f et a trouvent ;unes est port avec DU TAPIR. 335 trouve, ainsi que des lamas, jusque dans les terres du détroit de Magel- lan. Espèce connue dans ce genre. Le Tapir , tapir Americanus, it le p^r.^ [Ue mëri- ans cette e s'est pas e Pana- rce qu'il es de cet u Mexi- jacentes , cet ani- , et qucl- en avoir M I » % • » « Ta- ! i 336 HISTOIRE NATURELLE XLIII'' GENRE. LE COCHON5 s us, Caractère générique : quatre dents in- cisives supérieures , six inférieures. LE COCHON , LE COCHON DE SIAM , ET LE SANGLIER. NoLS mettons ensemble le cochon , le cochon de Siam et le sanglier , parce que tous trois ne font qu'une seule et même espèce -, l'un est l'animal sau- vage , les doux autres so^it l'animal domestique ; et quoiqu'ils diflFèrent par quelques marques extérieures , peut- être aussi par qui;lques habitudes , com- me ces différences ne sont pas essen- • j» ^^ » t^rf-'-'ca-- .£ RE. ? USy e dents in- erieures. DE SIAM , cochon , le lier , parce nne seule et ninial sau- it l'animal iffèrent par ires , pent- tudes , com- pas essen- i^Lr\'^- i'J. M' {•■'.,■ ' >- A'<«*-' 4¥rV, .ÎIM ■';;j; .i/;. i . Mfi'^^N;-' :.f^ , >..4 . Ah^. ... -.■■.-■.,....... * r ' ' ' . T • ■ ^i-Kr f-- ffii'' f ? ml '>^'i UT^ !-îv'îî.I:. ^h'V^'P'^K "•• --«Mfc.^ 1»*»» ♦» ■ !■ ^^ i; > •• »•« ♦^j* f f C T V- ,«■ > . .1 ;ui( ^! » '.V -/r--r Tom.HT. 7V ^^(^^ < itfïï ;,, -j ■j %'l a LK COCÎIOK a. LE SANOl.lKK. ?' hi flP n fil ■r' ^VA' »f ) fl? r if 1 < I ! ,' \ , -^^ » iv i -«ipilnar— **~ DU COCHON. *■- 337 tielles , qu'elles sont seulement relati- ves à leur condition , que teur naturel n'est pas même fort altéré par l'état de domesticité ; qu'enfin ils produisent ensemble des individus qui peuvent en produire d'autres , caractère qui cons- titue l'unité et la constance de l'espèce , nous n avons pas dû les séparer. De tous les quadrupèdes, le cochon paroît être l'animal le plus brut ; les imperfections de la forme semblent in- fluer sur le naturel , toutes ses habitu- des sont grossières, tousses goûts sont immondes , toutes ses sensations se ré- duisent à une luxure furieuse et à une gourmandise brutale , qui lui fait dé- vorer indistinctement tout ce qui se présente , et même sa progéniture au moment qu'elle vient de naître. Sa voracité dépend apparemment du be- soin continuel qu'il a de remplir la grande capacité de son estomac ; et la grossièreté de ses appétits , de l'hébé- tation des sens du goût et du toucher. ■' '.•■'« ."ÏC 'ny'v. 338 HISTOIRE NATURELLE Xre ang- lles rend lolument lut peut- lère ori- 1) u c o c H o N. 33a gine dans la texture de la chair ou de la peau de cet animal^ que d^ns sa mal' propreté naturelle , et dans la corrup- tion qui doit résulter des nourritures infectes dont il se remplit quelquefois y car le sanglier , qui n'a point de pareil- les ordures à dévorer , et qui vit ordi- nairement de grain, de fruits , de gland et de racines , n'est point sujet à:cette maladie , non plus que le jeune cochon pendant qu'il tette : on ne la prévient même qu'en tenant le cochon domesti- que dans une étaWe propre , et en lui donnant abondamment des nourritu- res saines. Sa chair deviendra même excellente au goût , et le lard ferme et cassant , si; comme je l'ai vu pratiquer, on le tient pendant quinse jours ou troié se,maines; avant de le tuer, dans une c table pavée et toujours propre, sans litière , en ne lui donnant alors pour toute nourriture que du grain d« froment pur et sec, et ne le laissant boire que très-peu. On choisit pour H 34o HISTOIRE NATURELLE cela un jeune cochon d*un an , en bonne ùhait et à moitié gras. La ïnanière ordinaire de les ehgfiéîs- ser,cstde leur donner abonaanir t de Porge , du gland; des choux , d< . i gumes cuits , et beaucoup d*eau i "^ de son : en deux môî^ ils sont grao , • lard est abondant et épais , mais sans ôtre bien blanc , et la chair , quoique bonne , est toujoui^ un peu fade. On- peut encore les ertgraissfer avec moina de dépense dans les campagnes où il y à l>eauconp de glands , en les menant dans les forêts pendant l'automne , lorsque les glands tombent , et que Is châtaigne et la faîne quittent leurs en- veloppes j ils mangent également de tous les fruits sauvages , et ils engrais- sent en peu de temps , sur-tout si le soi^ j à leur retour, on leur donne de Teau tiède mêlée cUun peu de son et de farine d'ivroie ', cette boisson les fait dormir et augmente tellement leur em- bonpoint , qu'on en' a vu ne pouvoir ï l ^>» ^rei-*^ — -V-''"'*'" — .-,*,»*^- •MÊÊÊÊk B n bointié engfr Ts- ir»ir "t , df si' u gru Lais sanii quoiqiïe ide. On' c mains j où il y menant itomnc f t que la lurs cri- ent de ngrais- t si le nne de met de Iles fait ur em- louvair BU COCHON, 34 i Pl larcher Il presque se remuer. Ils engraissent aussi beaucoup plus promptement en automne, dans le temps des premiers freidf» . tant à cause de l'abondance des row; *'iîures , que parce qu'alors la tranipi; -Uju est moin- dre qu'en ëté. On n'attend pas , comme pour le reste du bëtai!, que le cochon soit âgé pour l'engraisser : plus il vieillit , plu» cela est difficile , et moins sa chair est bonne. La castration, qui doit toujours précéder l'engrais , se fait ordinaire- ment à l'âge de six mois , au printemps ou en automne , et jamais dans le temp^ des grandes chaleurs ou des grands froids , qui rendroienl également la plaie dangereuse ou difficile à guérir ; car c'est ordinairement par incision que se fait cette opération , quoiqu'on la fasse aussi quelquefois par une sim* pie ligature , comme nous l'avons dit au sujet des moutons. Si la castration a été faite au printemps , on les met à ■*.,H; r$i, '■'•*- .^■ 7 Photographie Sdenœs Corporation 33 WEST MAIN STREET WEBSTER, N.Y. 14580 (716)872-4503 r'Y'T-'. ^'\^^^^'f7' "il 34a HISTOIB.^ NATURELLE • • * * l'engrais dès Tautonuie suirAnte ^ et' il «st passez rare qu'on les laisse vivre àcnx ans ; cepenclan^t ils croisficnt e»- Gore beaucoup pendant la seconde » et ils continueroient de croître - pendant la troisième, là quatrième ^la cinquiè- me , 8cc. année. Ceux que l'on remar- que parmi les autres ][>ar la gi-andeur et la grosseur de leur corpulence , ne sont que des cochons plus âgés, que l'on a mis plusieurs fois à la glandee. Il paroît que la durée de leur accrois- sement ne se borne pas à quatre ou cinq ans : les verrats ou. cochons mâles , que Von gardé pour la propagation de l'espèce , grossisslusr»ù aÀn^ier est vieux, plus il est grois, dur et pesaiit. , yj X>a durée de la vie d'un sanglier jpeut s'étendre . îii^qu'à vingt^cinq ou trente jins. Arî$tote dit vingt ans pour les cocboiiis en général , et il ajoute que les mâles engendrent et que les femel- les produisent jjuaqu'â quinze, ils peu- .-,7'i iglier pour |;ic que îBiel- pctt- D U COCHON, 345 vent sVccoupler dès l'âge de neuf mois ou 4'un an ; mais il vaut mieux att^n^ dre qu'ils aient dix-huit Qiois ou deux ans. La première portée de la triiie n'est pas nombreuse , les petits sont' foibles, et même imparfaits , quand elle n'a pas un an. Elle est en chaleujç' ,^ pour ainsi dire , en tout temps ; ellere^ éhercbe les approches du mâle^ quoi- qu'elle soit pleine^ ce qui peut passeç pour un excès parmi les animau:^ , dont la femelle , dans presque tQut^s les espèces , refjase le mâle aussi-^t^t qu'elle a conçu. Cette chaleur de Ja truie , qui est presque continuelle , s^ marque cependant par des accès et aussi par des mouvemens immodérés^ qui finissent' toujours par se vautrer dans la boue j elle porte quatre mois , met bas au commencement du cinquiè- me f et bientôt elle recherche le mâle, devient pleine une seconde fois, et produit par conséquent deux fois l'anr née. La laie > qui ressemble à ti|>U9 Wr i. , ...i. ^'laS'tx (**!•.:'* * *» ïj, (î^»-.,- < 344 HISTOIRE NATURELLE très égaras à la truie , ne porte qu'une fois Tan , apparemment par la disette de nourriture , et par la nécessite oi^ elle se trouve d'alaiter et de nourrir pendant longrfemps tous les petits qu'elle a produits) an lieu qu'on ne souffre pas que la truie domestique nourrisse tous ses petits pendant plus de quinze jours ou trois semaines : on ne lui en laisse alors que huit ou neuf à nourrir ., on vend les autres : à quinze jbtlrs ils sont bons à manger ; et comme l^on n'a pas besoin de beaucoup de fe- mélles , et que ce sont les cochons coU" • pës qui rapportent le plus de profit^ et doùtla chair est la. meilleure ^ on se défait des cochons de lait femelles ^ et on ne laisse à là mère que deux femel- les avec sept ouliuit mâles,^ ^ j^f i^rni) ' Le mâle qu'on choisit pour propa- gejr l'espèce , doit avoir le corps court, f amassé , et plutôt carré que long ., la tête grosse^ le groin court et camus, > lés oreilles grandes et pendantes ; les d' ■hk »«ii(t«^*',«,^t les soies épaisses et noires : les co^» chons blancs ne sont jamais aussi forts que les noirS. La truie doit avoir le corps long , le ventre ample et large > les mamelles longues t il faut qu'elle fioit aussi d'un naturel tranquille et d'une race féconde. Dès qu'elle est pleine , on la séparé du mâle qui pour-> roit la blesser ; et lorsqu'elle met bas > On la nourrit largement , on la veillé pour l'empêcher de dévorer quelques- uns de ses petits , et l'on a grand soin d'en éloigner le père , qui les ménage- roit encoi'e moins^ Oii la fait couvrir au commencement du printemps^ afin que les petits naissant en été , aient le temps de grandir , et de se fortifier , et d'engraisser avaiit l'hiver ; mais lors-* que l'on Veut la faire porter deux fois par an , on lui donne le mâle au mois de novembre ; afin qu'elle mette bas Quadrup. VU. 3o ''•■.*i^- ^^j^-mmitJÊ^Ss^ 546 HISTOIRE NATURELLE «u mois de inars^ et on la fait couvrir line seconde fois au commancement de mai. Il y a même des truies qui produi- sent régulièrement tous les cinq mois. La laie qui, comm^ nous l'avons dit, ne produit qu'une fois par an , reçoit le mâle au mois de janvier ou de fé- vrier , et met bas en mai et juin ; elle alaite ses petits pendant trois ou qua- tre mpi^, elle les conduit, elle les suit, et les empêche de se séparer ou de s'é- çarter j jusqu'à ce qu'ils aient deux ou trois aps ; et il n'est pas rarç de voir des laies accompagnées en même temps de leurs petits de l'année et de ceux de l'année précédente. On ne souffre pas que la truie domestique alaite ses pe- tis pendant plus ie deux mois ; on commence même au bout de trois se- maines , à les mener aux champs avec la mère, pour les accoutumer peu à peu à se nourrir comme elle : on les sèvre cinq semaines aprè? et on leur donne soir et matin du petit-lait mêlé î^aSr^vfiit^yiîl^ iA^ JU ' ^'«fïfs DU COCHON, de 347 tièd6 do son , ou seulement avec des légumes bouillis. Ces animaux aiment beaucoup les vers de terre et certaines racines^ com- me celles de la carrotte sauvage ; c'est pour trouver ces vers etpour couper ces racines qu'ils fouillent la terre avec leur bouloir. Le sanglier, dont la hure est plus longue et plus forte que celle du cochon , fouille plus profondément; il fouille aussi presque toujours en li- gne droite dans le même sillon , au lieu que le cochon fouille çà et là , et pluft légèrement. Gommé il fait beaucoup de dégât, il faut l'éloigner des terrèins cultivés , et ne le mener que dans les bois et sur les terres qu'on laiiSë répo- ser. On appelle en terme de chassé, bètea de compagnie, les sangliers qui liront pas passé trois ans , parce que jusqu'à cet âge ils ne se séparent pas les une des autres, et qu'ils suivent tous leur mère commune : ils ne vont seuls que i'-ir^lt^^i.y ;;i*M»if- ^^i-f'*?*»*^— "■»-■ «ï'*s>î^ j^ \ 348 HISTOIRE NATURELLE quand ils sont assez forts pour ne plut craindre les loups. Ces animaux for- ment donc d'eux-mêmes des espèces do troupes , et c'est de -là que dépend leur sûreté : lorsqu'ils sont attaqués , ils résistent par le nombre , ils se se- courent, se défendent; les plus gros font face en se pressant en rond les uns contre les autres , et en mettant les plus petits au centre. Les cochons do- mestiques se défendeut aussi de la mê- me manière , et l'on n'a pas besoin de cbicna pour les 'garder *, mais comme ils sont indociles et durs , un homme agile et robuste n'en peut guère con- duire que cinquante. En automne et en hiver , on les mène dans les forêts où les fruits sauvages sont abondana; l'été on les conduit dans des lieux hu- mides et marécageux , où ils trouvent des vers et des racines en quantité ; et au printemps on les laisse aller dans les champs et sur les terres en friches; on Iqs fiE^it sQrtiiT ^Çi^x fgis par jour dç^ -. .-ia-': ne pltM JLX for- cspècea dépend taquës i [s se se- us gros . les uns tant les ions do- i la me- soin de comme homme re con- Dmne et is forêts 3ndans; mjL bu- Quvent itë ', et dan$ riches; DU COCHON. 3i9 puis le mois de mars jusqu'au mois d'octohro; on les laisse paître depuis )e matin I après que la rosce est dissi- pée , jusqu'à dix heures , et depuis deux heures après midi jusqu'au soir. En hiver , on ne les mène qu'une fois par jour dans les beaux temps : la ro- sée , la neige et la pluie leur sont con- traires. Lorsqu'il survient un orage ou seulement une pluie fort abondan- te , il est assez ordinaire de les voir déserter le troupeau les uns après les autres , et s'enfuir en courant, toujours Criant jusqu'à la porte de leur é table : les plus jeunes sont ceux qui crient le plus et le plus haut ) ce cri est différent de leur grognement ordinaire, c'est un cri de douleur semblable au pre- mier <:ri qu'ils jettent lorsqu'on les garrotte pour les égorger. Le mâle crie moins que la femelle. Il est rare d'en- tendre le sanglier jeter un cri , si ce n'est lorsqu'il se bat et qu'un autre le blesse ^ la liûe crie plus souvent : et i i \ '^ ■TW^'^-*^«ii((iÉ!:^?g;;i>*^''^^^ '^. lé^mitK'^- *^"HP«f-->-»"*', I ir'ï ( 350 HISTOIRE NATURELLE quand ils sont surpris et effrayes subi- tement f ils soufflent avec tant de vio* lence , qu'on les entend à une grande distance. Quoique ces animanx soient fort gourmands ; ils n'attaquent ni ne dé- vorent paS; comme les loups, les autres animaux ; cependant ils mangent quel- quefois de la chair corrompue : on a vu des sangliers manger de la chair de cheval , et nous avons trouvé dans leur estomac de la peau de chevreuil et des pattes d'oiseaux ; mais c'est peut-être plutôt nëcepsitë qu'instinct. Cependant on ne peut nier qu'ils ne soient avides de sang et de chair sanguinolente et fraiclie , puisque les cochons mangent leurs petits et même des enfans au berceau : dès qu'ils trouvent quelque chose de succulent^ d'humide , de gras, et d'onctueux, ils le lèchent al finis- sent bientôt par l'avaler. J'ai vu plu- sieurs fois un troupeau entier de ces animaux s'arrêter à leur retour des m. \ ■t-wr*'. ▼* 'tt^ti^-^^jin^Mf ■ subi- B vio- ;rande . 'I » { t fort le dë- autres b quel- n a vu lair de ns leur L et des ut-être lendaiit avides nte et langent ns au uelque e gras, t finis- |u plu- de ces T des "du cochon. 55 i champs , autour d'un monceau de terré glaise nouvellement tirt^e ; totis lë- choient cette terre qui n'ëtoit que très- lëgèrement onctueuse , et quelques- uns en avaloiont une assez grande quantité. Leur gourmandise est , com- me Pourvoit, 'aussi grossière que leur naturel est brutal ; ils n'ont aucun sen- timent bien distinct , les petits recon- noissenit à peiné leur mère, ou du moins sont fort sujets à se méprendre, et à tetcr la première truie qui leur laisse saisir ses mamelles. La crainte et la nécessite donnent apparemment un peu plus de sentiment et d'instinct aux cochons sauvages , il semble que les petits soient fidèlement attachés à leur mère qui paroît être aussi plus atten- tive à leurs besoins que ne l'est la truie domestique. Dans le temps du rut, le mâle cherche^ suit la femelle, et de- meure ordinairement trente jours avec elle dans les bois les plus épais , les plus solitaires et les plus reculés. Il est alors -^f^~ ^'-*' * Vf ♦•*w* . ■■V'-^ï^^-'v!*.^ .^M:j.^vh.:_.^^^:%'>''''^-'*h-'r:<*^^ 35a 11J5TOIRIS NATURELLE plus faroiicehe que jamais , et il devient mdme furieux lorsqu'un autre mâle veut occuper sa place -^ ils se battent^ se blessent et se tuent quelquefois. Pour la laie , elle ne devient furieuse que quand on attaque ses petits; et en gênerai y dans presque tous les animaux sauvages , le mâle devient plus ou moins fëroce lorsqu'il cherche a s'accoupler , et la femelle , lorsqu'elle a mis bas. On chasse le sanglier à force ouver- te , avec des chiens , ou bien on le tue par surpi'isc pendant la nuit au clair de la lune : comme il ne fuit que lente- ment , quïl laisse une odeur très-forte, qu'il se dëfend contre les chiens et les blesse toujours dangereusement, il ne faut pas les chasser avec les bons chiens courans destines pour le cerf et le che- vreuil; cette chasse leur gâteroit le Xien y et les accoutumeroit à aller len- tement : des mâtins un peu dresses suf- ^sent pour la chasse du sanglier. Il ne faut attaquer que les plus vieux ;, on ,.\ \ DU COCHON. 353 les connoit aiscSment aux tracfs : un jeune sanglier de trois ans est difficile à forcer y parce qu'il court très- loin sans s'arrôter, au lieu qu'un sanglier plus âgd ne fuit pas loin , se laisse chas- ser de près^ n'a pas grand'peur des chiens , et s'arrête souvent pour leur faire tête. Le jour , il reste ordinaire- ment dans sa bauge , au plus ëpais et dans le plus fort du bois^ le soir, à la nuit , il en sort pour chercher sa nour- riture : en ^ié, lorsque les grains sont mûrs, il est assez facile de le surpren^ dre dans les blës et dans les avoines oii il fréquente tontes les nuits. Dès qu'il est tué , les chasseurs ont grand soin de lui couper les suites , dont l'odeur est si forte que si l'on passe seulement cinq ou six heures sans les ôter toute la chair en est infectée. Au reste ^ il n'y a que la hure qui soit bonne dans un vieux sanglier ; au lieu que toute la chair du marcassin, et celle du jeune sanglier ^ui n'a pas encore un an^ est dçUcate;) '^ 1 I \\ \l 1 i I. \ r ' 354 HISTOIRE I^ATURELLE et même assez fine. Celle du verrat ou cochon domestique mâle, est encore plus mauvaise que celle du sanglier ; ce n'est que par la castration et l'en- grais qu'on la rend bonne à manger. Les anciens ëtoient dans l'usage de faire la 'castration aux jeunes marcassins qu'on pou voit enlever à leur mère, après quoi on les reportoit dans ]ei bois : ces sangliers coupes grossissent beaucoup plus que les autres , tt leur chair est meilleure que celle des co-^ chons domestiques. Pour peu qu'on ait habité la campa- gne , on n'ignore pas les profits qu'on tire du cochon ; sa chair se vend à-peu- près autant que celle du bœuf, le lard se vend au double , et même au tri- ple ; le sang , les boyaux , les viscères les pieds , la langue , se préparent et se mangent : le fumier du cochon est plus froid que celui des autres animaux , et l'on ne doit s'en servir que pour les terres trop chaudes et trop sèches. La i' "3*-:-.^T-:S.^ .;,.?ï45ïj^*^^..»^ yT" ** '''' ' vj,.i4^ J:y**i^^--^'-''^^ , et les La DU COCHON. 355 graisse des intestins et de Tépiploon qui est différente du lard , fait le saint- doux et le vieux-oing. La peau a ses usages ; on en fait des cribles , comme l'on fait aussi des vergettes , des bros- ses , des pinceaux avec les soies. La chair de cet animal prend mieux le sel, le salpêtre, et se conserve salée plus long-temps qu'aucune autre. Cette espèce , quoiqu'abondante et fort répandue en lEurope, en Afrique et en Asie , ne s'est point trouvée dans le continent du Nouveau-Monde ; elle y a été transportée par les Espagnols , qui ont jeté des cochons noirs dans le continent , et dans presque toutes les grandes îles de l'Amérique ; ils se sont multipliés, et sont devenus sauvages en beaucoup d'endroits : ils ressemblent à nos sangliers, ils ont le corps plus court , la hure plus grosse , et la peau plus épaisse que les cochons domesti^ ques , qui , dans les climats chauds , sont tous noirs comme les langliers. \ 1 J j 1. /: I -...». ~. > { NV ) 555 HISTOIRE NATU ILLIÎ Pav un de ces préjuges ridicules que Ifi seule superstition peut faire subsis- ter , les Mahomëtans sont privés de cet animal utile ; on leur a dit qu'il ëtoit immonde ; ils n'osent donc ni le tou- cher ni s'en nourrir^ Les Chinois, au contraire , ont beaucoup de goût pour la chair du cochon j ils en élèvent de nombreux troupeaux , c'est leur nour- riture la plus ordinaire ; et c'est ce qui les a empêchés , dit-on , de recevoir la loi de Mahomet. Ces cochons de la Chine , qui sont aussi ceux de Siam et de l'Inde , sont un peu différens de ceux de l'Europe ; ils sont plus petits , ils Qnt les jambes beaucoup plus courtes «^ leur chair est plus blanche et plus dé- licate : on les connoît en France , et quelques personnes en élèvent; ils se mêlent et produisent avec les cochons de la race commune. Les Nègres élè- vent aussi une grande quantité de co- chons ; et quoiqu'il y en ait peu chez les Maures ; et dans tous les pays ha» ,A i ■ ) D U C O C H O N. 35j bites par les Mahométans , on trouve en Afrique et en Asie des sangliers aussi abondamment qu'en Europe. LE COCHON DE GUINÉE. ^S ils le co- chez s ha- Quoique cet animal diffère du co- chon ordinaire par quelques caractères assez marqués , je présume néanmoins qu'il est de la même espèce, et que ces différences ne sont que des varié- tés produites par l'influence duclimat , nous en avons l'exemple dans le co- chon de Siam, qui diffère aussi du co- chon d'Europe , et qui cependant est certainement de la même espèce , puis- qu'ils se mêlent et produisent ensem- ble *, le cochon de Guinée est à-peu- près de la même figure que notre co- chon et de la même grosseur que le cochon de Siam , c'est-à-dire plus pe^ tit que notre sanglier ou que notre co- chon j il est originaire de Guinée , et a été transporté au Brésil^ où il s'est mul> Quadrup. VIÏ. 5x • J / '■1 '1 .1 358 HTSTOTRE NATURELLE tiplie comme dans son pays natal ; il y est domestique et tout-à-fait prive ; il a le poil court , roux et brillant ; il n'a point de soies , pas même sur le dos ; le cou seulement et la croupe près de l'origine de la queue sont couverts de poils nn peu plus longs que ceux du reste du corps -, il n'a pas la tête si grosse que le cochon d'Europe , et il en dif- fère encore par la forme des oreilles qu'il a très-longues , très-pointues et couchëes en arrière le long du cou ; sa queue est aussi beaucoup plus longue , elle touche presque à terre, et elle est sans poil jusqu'à son extrémité : au reste , cette race de cochon , qui , selon Marcgrave, est originaire de Guinée, se trouve aussi en Asie et particulière- ment dans l'île de Java , d'où, il paroi t qu'elle a été transportée au Cap de Bonne-Espérance par les Hollandais. t \ il.' ^ •,iiy :ivc ; at -, il ; dos ; rès de rts de IX du grosse îh dif- reilles aes et ou ; sa »ngue , jlle est té : au , selon ainëe , uUèrc- parolt jap de ndais. DU COCHON. 359 LE SANGLIER D'AFRIQUE. Il y a dans les terres du Cap-Verd et du Cap de Bonne Espérance un au- tre cochon ou sanglier, qui par le nom- bre des dents et par l'énormité des deux défenses de la mâchoire supérieure , nous paroît être d'une race et peut-être même d'une espèce différente de tous les autres cochons , et s'approcher un peu du babiroussa : ses défenses du des- sus ressemblent plus à des cornes d'i- voire qu'à des dents , elles ont un demi-* pied de longueur et cinq pouces de cir- conférence à la base , et elles sont courbées et recourbées à - peu - près comme les cornes d'un taureau : ce ca- ractère seul ne suffiroit pas pour qu'on dût regarder ce sanglier comme une es- pèce particulière; mais ce qui semble fonder cette présomption , c'est qu'il difiPère encore de tous les autres co- chons par la longue ouverture de ses narines , par la grande largeur et la for- ■■.Hi » >. \ I \ *'«*i»«»<'l»»W£Jtl|*- -"•- --■ . '■l^X • i.'.**». •S^of •*^r \ \l ) I I \ 360 HISTOIRE NATURELLE me de ses mâchoires , et par le nom- bre et la figure des dents mâchelièrcs. <( Notre sanglier Africain , dit M. Al- la mand , ressemble à celui d'Europe par le corps , mais il en diffère par la tête, qui est d'une grosseur mons- trueuse; ce qui frappe d'abord les yeux, ce sont deux énormes défenses qui sortent de chaque côté de la mâ- choire supérieure , et qui sont dirigées presque perpendiculairement en haut. Elles ont près de sept pouces de lon- gueur, et se terminent en une, pointe ëmoussée. Deux semblables dents , mais plus petites , et sur- tout plus min* ces dans leur côté intérieur , sortent de la mâchoire inférieure , et s'ap- pliquent exactement au côté extérieur des défenses supérieures , quand la gueule est fermée : ce sont là de puis- santes armes dont il peut se servir utilement dans le pays qu'il habite , où il est vraisemblablement exposé souvent Mux attaques des bêtes carnassières. y "^ nom- ilières. M.Al- lurope parla mons- rd les îfenses la mâ- irigëes L haut. le Ion- pointe lents , Ls min* iortent s'ap- érieur nd la puis- servir te, où. )uvent es. DU COCHON. 36l n Sa tète est fort large et plate par- devant 'y elle se termine en un ample boutoir , d'un diamètre presque égal à la largeur de la tête , et d'une dureté qui approche de celle de la corne : il s'en sert comme nos cochons pour creuser la terre j ses yeux sont petits et placés sur le devant de la tête , de façon qu'il ne peut guère voir de côte , mais seulement devant soi ; ils sont moins distans l'un de l'autre et des oreilles que dans le sanglier européen : au - dessous est un enfoncement de la peau , qui forme une espèce de sac très-ridé ; ses oreilles sont fort garnies de poil en dedans. Un peu plus bas , presque à côté des yeux , la peau s'é- lève et forme deux excroissances qui , vues d'une certaine dislance , ressem- blent tout à-fait à deux oreilles ; elles en ont la figure et la grandeur, et sans être fort mobiles , elles forment pres- que un même plan avec le devant de la lêtej au-dessous, entre ces excrois- ) i '^;w-- -»»♦»-■ «rt «sï?*4 ■»*, ;'*•«*- \ i if" ( rT'' 1 362 HISTOIRE NATURELLE sances et les défenses , il y a une grosse verrue à chaque côte de la tête : on comprend aisément qu'une telle con- figuration doit donner à cet animal uno physionomie très-singulière. Quand on le regarde de front , on croit voir quatre oreilles sur une tête , qui ne ressemble à celle d'aucun autre animal connu ^ et qui inspire de la crainte par la grandeur de ces défenses. MM. Pal- las et Volmaër , qui en ont donné une bonne description , disent qu'il étoit fort doux et ti'ès-apprivoisé quand il arriva en Hollande ; comme il avoit été plusieurs mois sur un vaisseau , et qu'il avoit été pris assez jeune , il étoit pres- que devenu domestique ; cependant si on le poursuivoit , et s'il ne connois- soit pas les gens, il se retiroit lentement en arrière , en présentant le front d'un air menaçant, et ceux-là môme qu'il voyoit tous les jours dévoient s'en dé- fier. L'homme à qui la garde en étoit. confiée en a fait une triste expérience :. CV''^ ■♦c ^w- * grosse te : on le con- lal uno and on t voir ^ui ne ïnimal ite par tf. Pal. né une l ëtoit land il oit été it qu'il t pres- sant si nnois- ement t d'un B qu'il en dé- 1 ëtoit. ence r DU co c H ON. fr 363 cet animal se mit un jour de mauvaise humeur contre lui, et, d'un coup de ses défenses , il lui (it une large bles- sure à la cuisse , dont il mourut le len- demain. Pour prévenir de pareils ac- cidcns) dans la suite , on fut obligé de l'oter de la ménagerie, et de le tenir dans un endroit renfermé, où personne ne pouvoit en approcher. Il est mort au bout d'une année , et sa dépouille se voit dans le cabinet d'Histoire Natu- relle du prince d'Orange. Celui qui l'a remplacé, et qui est actuellement dans la même ménagerie, est encore fort jeune ; ses défenses n'ont guère plus de deux pouces de longueur. Quand ou Je laisse sortir du lieu où on le renferme, il témoigne sa joie par des bonds et des sauts, et en courant avec beaucoup plus d'agilité que nos cochons ; il tient alors sa queue élevée et fort droite. C'est pour cela sans doute que les ha- bitans du Cap lui ont donné le nom de liartlooper , ou de coureur. •j . ï ri ^.■. "■■*<■'-'<' <.«t«i. / Y \. U«" ' i .; ) i, 1 hf I ';\ M h- '\ 364 HISTOIRE NATURELLE }) On ne peut pas douter que cet ani- mal ne fasse un genre très-distinct de ceux qui ont ëtë connus jusqu'à pré' sent dans la race des cochons : quoiqu'il leur ressemble par le corps , le défaut de dents incisives et la singulière con- figuration de sa tête sont des carac- tères distinctifs trop marqués pour qu'on fouisse les attribuer aux cliange- mens opérés par le climat , et cela d'autant plus qu'il y a en Afrique des cochons qui ne diffèrent en rien des nô- tres , que par la taille qui est plus pe- tite. Ce qui confirme ce que je dis ici, c'est qu'il ne paroît pas qu'il puisse multiplier avec nos cochons. Du moins a-t-on lieu de le présumer par l'expé- rience qu'on en a faite. On lui donna une truie de Guinée ; après qu'il l'eut ilairée pendant quelque temps, il la poursuivit jusqu'à ce qu'il la tînt dans nn endroit d'où elle ne pouvoit pas s'é- chapper , et là il l'éventra d'un coup de dents. Il ne fit pas meilleur accueil /i" ...*»?. .--^-'**~'*^-"- ^ f?^ ■■ -«.-«-fci"" ■«iwi^wfc^^mi.^ •i:C ART . 1.1 I. BAIHUOVSSA . K i .»' ) I ' » * *"'. >l .» ■ f U I. Sfl.l. <••: ||".*'U, dr T t 4' ■*v»< 'fc • «é^* »n«! , vonu'M' nù'- '' î* J;<«* lit»»*' '• ' " M ^1 ; ri<> <* .\lî'i ■i H^; Al '\ri »i. «rf«>r . 1,^ *^ M U' ;^M'4« .v>' « ):•*.■■ ;U ;* j« ri.',, » •HU '#• I 1/ <• r. * > ' t ■ • '• «Ij»' »; i» . »' i ^ ♦ • 1 1 ^^^atmitmr l'f- n 'f. 't.^; in m J (■ 4 DU COCHON. 365 à une truie ordinaire qu'on lui présenta quelque temps après ; il la maltraita si fort, qu'il fallut bientôt la retirer pour lui sauver la vie. LE PECARI , ou LE TAJACU. L'espèce du pécari est une des plus nombreuses et des plus remarquables |)armi les animaux du Nouveau-Monde. Le pécari ressemble , au premier coup- d'œil, à notre sanglier ou plutôt au co- chon de Siam qui , comme nous l'avons dit, n'est, ainsi que notre cochon do- mestique , qu'une variété du sanglier ou cochon sauvage; aussi le pécari a-t-il été appelé sanglier ou cochon d* Amé- rique : cependant il est d'une espèce particulière , et qui ne peut se mêler avec celle de nos sangliers ou cochons , comme nous nous en sonUmes assurés par des essais réitérés , ayant nourri et gardé pendant plus de deux ans un pécari avec des truies sans qu'il ait rien i i; . s : 1^ ,'H, ( 366 HISTOIRE NATURELLE produit. Il diffère encore du cochon par plusieurs caractères essentiels , tant à l'extérieur qu'à l'intérieur ; il est de moindre corpulence et plus bas sur ses jambes ; il a l'estomac et les intestins différemment conformés ; il n'a point de queue, ses soies sont beau- coup plus rudes que celles du sanglier, et enfin ila sur le dos, près de la croupe, une fente de deux ou trois lignes de largeur qui pénètre à plus d'un pouce de profondeur , par laquelle suinte une humeur ichoreuse fort abondante et d'une odeur très-désagréable : c'est de tous les animaux le seul qui ait une ouverture dans cette région du corps , les civettes , le blaireau , la gène tte , ont le réservoir de leur parfum au- dessous des parties de la génération ; l'ondatra, ou rat musqué de Canada, le musc ou chevreuil de musc , l'ont sous le ventre. La liqueur qui sort de cette ouverture , que le pécari a sur le dos , est fournie par de grosses glandes que DU COCHON. 367 M. Daubenton a décrites avec soin , aussi bien que toutes les autres singu- larités de conformation qui se trouvent dans cet animal : on en ^it aussi une bonne description faite par Tyson dans les Transactions philosophiques. Je ne m'arrêterai pas à exposer en détail les observations de ces deux habiles ana - mistes, et je remarquerai seulement que le docteur Tyson s'étoit trompé en as- surant que cet animal a voit trois esto- macs, OU; comme le dit Ray , un gésier et deux estomacs. M. Daubenton dé- montre clairement qu'il n'a qu'un seul estomac , mais partagé par deux étran* glemens qui en font paroître trois ; qu'il n'y a qu'une seule de ces trois poches qui ait une issue de sortie 011 pylore , et que par conséquent on no doit regarder les deux autres poches que comme des appendices, ou plutôt des portions du même estomac, et non pas comme des estomacs difiPérens. Le pécari pourroit devenir animal / - ) I 1 i } II /] A .1 368 HISTOIRE NATURELLE domestique comme le cochon ; il est à-peu- près du même naturel ; il se nourrit des mêmes alimens \ sa chair , quoique plus sèche et moins chargée de lard que celle du cochon , n'est pas mauvaise à manger ; elle devienthoit meilleure par la castration : lorsqu'on veut manger de cette viande , il faut avoir grand soin d'enlever au mâle non- seulement les parties de la géné- ration , comme l'on fait au sanglier ^ mais encore toutes les glandes qui abou- tissent à l'ouverture du dos dans le mâle et dans la femelle j il faut même faire ces opérations au moment qu'on met à mort l'animal j car si l'on attend seulement une demi-heure , sa chair prend une odeur si forte qu'elle n'est plus mangeable. Les pécaris sont très-nombreux dans tous les climats chauds de l'Amérique méridionale-, ils vont ordinairement par troupes, et sont quelquefois deux: ou trois cents ensemble j ils ont le môme i\ i\ '. i' il est il se 3liair , bargée sst pas luUoit squ'on il faut mâle géne- iglicT , L abou- lans le même qu'on attend chaii* n'est |x dans îriqiie micnt deux: luième D U C O C tt O N. 369 instinct que les cochons pour se dé- fendre, et même pour attaquer ceux 8ur*tout qui veulent ravir leurs petits; ils se secourent mutuellement, ils en- veloppent leurs ennemis , et blessent souvent les chiens et les chasseurs. Dans leur pays natal , ils occupent plu- tôt les montagnes que les lieux bas ; ils ne cherchent pas les marais et la fange comme nos sangliers j ils se tiennent dans les bois où ils vivent de fruits sauvages, de racines, de graines; ils mangent aussi les serpens , les crapauds, les lézards qu'ils écorchent auparavant avec leurs pieds : ils produisent en grand nombre, et peut-être plus d'une fois par an; les petits suivent bientôt leur mère , et ne s'en séparent que quand ils sont adultes. On les apprivoise, ou plutôt on les prive aisément en les prenant jeunes ; ils perdent leur fcro» cité naturelle , mais sans se dépouiller de leur grossièreté, car ils ne connois- nent personne, ne s'attachent point à Quadrup. VU. Sa \ I % ; ( i 3/0 HISTOIRE NATURELLE ceux qui les soignent ; seulement ils ne font pas de mal , et l'on peut , sans inconvéniens , les laisser aller et venir en liberté ; ils ne s'éloignent pas beau- coup , reviennent d'eux-mêmes au gîte , et n'ont de querelle qu'auprès de l'auge ou de la gamelle, lorsqu'on la leur présente en commun : ils ont un grognement de colère plus fort et plus dur que celui du cochon ; mais on les entend très-rarement crier j ils souf- flent aussi comme le sanglier lorsqu'on les surprend et qu'on les épouvante brusquement; leur haleine est très- forte , leur poil se hérisse lorsqu'ils sont irrités; il est si rude qu'il ressemble plutôt au3( piquans du hérisson qu'aux soies du sanglier. "L'espèce du pécari s'est conservée sans altération , et ne s'est point mêlée avec celle du cochon marron ; c'est ainsi qu'on appelle le cochon d'Europe trans- porté et devenu sauvage en Amérique. Ces animaux se rencontrent dans les ils ne , sans venir beau- les au près de 11' on la ont un et plus on les s souf- >rsqu'on ouvante est trës- l'ils sont îssenible i qu'aux mservée it mêlée lest ainsi )e trans- lérique. Idans les D U C O C H O N. 371 bois , et vont même de compagnie sans qu'il en résulte rien ; il en est de mémo du cochon de Guinée qui s'est aussi multiplié en Amérique, après y avoir été transporté d'Afrique. Le cochon d'Europe, le cochon de Guinée et le pécari sont trois espèced qui paroissent être fort voisines , et qui cependant sont distinctes et séparées les unes des autres, puisqu'elles subsistent toutes trois dans le même climat sans mélange et sans altération : notre sanglier est le plus fort , le plus robuste et le plus redoutable des trois ; le pécari , quoi* qu'assez féroce, est plus foible, plus pesant et plus mal armé *, ces grandes dents tranchantes qu'on appelle dé- fenses , sont beaucoup plus courtes que dans le sanglier ; il craint le froid , et ne pourroit subsister sans abri dans notre climat tempéré, comme notre sanglier ne peut lui-même subsister dans les climats trop froids : ils n'ont pu ni l'un ni l'autre passer d'un conti- i ' i -^ ,^rS «*••'"" 1 i , 372 HISTOIRE NATURELLE tient à l'autre par les terres du nord ; ainsi Ton ne doit pas regarder le pécari comme un cochon d'Europe dëgénéré ou dénature sous le climat d'Amérique, inais comme un animal propre et par- ticulier aux terres méridionales de ce nouveau continent. M. de la Borde dit, dans ses obser- vations , qu'il y a deux espèces de pé- cari à Cayenne , bien distinctes , et qui lie se mêlent ni ne s'acccouplent ensem- ble. La plus grosse espèce , dit-il , a le poil de la mâchoire blanc , et des deux côtés de la mâchoire il y a une tache ronde de poils blancs , de la grandeur d'un petit écuj le reste du corps est noir : l'animal pèse environ cent livres. La plus petite espèce a le poil roux, et ne pèse ordinairement que soixante livres. C'est la grande espèce dont nous avons donné la description et les figu- res : et à l'égard de la petite espèce , nous ne croyons pas que cette diflFé-^ lence dans la couleur du poil et la graii- fi ■» ',' p nord ; pécari lénéré rique, st par- de ce obser- de x^e- , et qui cnsem- il,a le [es deux le tache randeur îstnoir: iTcs. La et ne e livres, it nous les figu- espèce , ;e diffe-^ la graa- D U COCHON. 373 dcur du corps , dont parle M. de la Borde ) puisse être autre chose qu'une variété produite par l'âge ou par quel- qu'autre circonstance accidentelle. M. de la Borde dit néanmoins que ceux de la plus grande espèce ne cou- rent pas , comme ceux de la petite, après les chiens et les hommes *, il ajoute que les deux espèces habitent les grands bois, qu'ils vont par troupes de deux ou trois cents. Dans le temps des pluies^ ils habitent les montagnes, et lorsque le temps des pluies est passé, on les trouve constamment dans les endroits bas et marécageux. Ils se nourrissent de fruits, de grains , de racines, et fouil- lent aussi les endroits boueux pour eu tires des vers et des insectes. On les chasse sans chiens et en les suivant à la piste. On peut les tirer aisément et en tuer plusieurs, ear ces animaux au lieu de fuir se rassemblent, et donnent quelquefois le temps de recharger et de tirer plusieurs coups de suite. Ce- •• x: Ira « 374 HISTOIRE NATURELLE pendant ils poursuivent les chiens et quelquefois les hommes : il raconte qu'étant un jour à la chasse de ces ani- maux avec plusieurs autres personnes et un 8eul chien qui s'ëtoit à leur as- pect réfugié entre les jambes do son maître , sur un rocher où tous les chas- seurs étoient montés poursse mettre en sÂreto •, ils n'en furent pas moins inves- tis par la troupe de ces cochons, et qu'ils ne cessèrent de faire feu sans pouvoir les forcer à se retirer, qu'après en avoir tué un grand nombre. Cependant , dit- il , ces animaux s'enfuient lorsqu'ils ont été chassés plusieurs fois. Les pe- tits que Ton prend à la chasse s'appri- voisent aisément ; mais ils ne veulent pas suivre les autres cochons domesti- ques , et ne se mêlent jamais avec eux. Dans leur état de liberté , ils se tien- nent souvent dans les marécages et traversent quelquefois les grandes ri- vières , ils font beaucoup de ravages dans le^ plantations j leur chair ; dit" i II' î DU COCHON. 375 il , est de meilleur goût , mais moins tendre que celle des cochons domesti- ques, elle ressemble à celle du lièvre, et n'a ni lard ni-graisse. Ils ne font que deux petits, mais ils produisent dans toutes les saisons. Il faut avoir soin, lorsqu'on les tue , d'ôter la glande qu'ils ont sur le dos ; cette glande répand une odeur fëtide qui donneroit un mauvais goût à la viande. M. de la Borde parle d'une auti'e espèce de cochon qui se nomme pâtira, et qui se trouve également dans le con- tinent do laGuiane : je vais rapporter ce qu'il en dit , quoique j'avoue qu'il soit difficile d'en tirer aucune consé- quence ; je le cite dans la vue que M. de la Borde lui-même ou quel- qu'autre observateur pourra nous don- ner des renseignemens plus précis , et des descnptions un peu plus détaillées. <( Le pâtira est de la grO/Sseur du pé- cari de la petite espèce 5 il en diffère par une ligne de poils blancs qu'il a l I » ) K. r'pi^ f I Ai 37G HISTOIRE NATURELLE tout le long de l'ëpiiic du dos, depuis Je cou jusqu'à la qiiouo. )) Il vit dans les grands bois , dont il no sort point : ces animaux ne vont ja- mais en nombreuses troupes, mais seu- lement par familles. Ils sont cependant très-communs, ne quittent pas leur pays nalal. On les chasse avec des chiens , ou. mt^me sans chiens si l'on ne veut pas s'en servir. Quand les chiens les poursuivent , ils tiennent ferme , et se défendent courageusement. Ils se renferment dans des trous d'arbres ou dans des creux en terre que les tatous- cabassons ont crcusds, mais ils y en- trent à reculons et autant qu'ils peu- vent y tenir , et si peu qu'on les agace, ils sortent tout d^ suite. Et, pour les prendre à leui* sortie , on commence par faire une enceinte avec du bran- chage ; ensuite un des chasseurs se porte sur le trou , une fourche à la main pour les saisir par le cou à mesure ^.fcs.^ ^jfe;?;'f»»li imi '— »» .j«b*>ur les menée bran- urs se 3 à la lesure DU C O C H O K. 377 qu'un autre cliasseur les fait sortir , ek les lue avec un sabre. » S'il n'y en a qu'un dans un trou, et que le chasseur n'ait pas le temps de le prendre , il en boucbe la sortie et est sAr de retrouver le lendemain son gi- bier. Sa chair est bien supérieure à celle des autres cochons ; ou les appri- voise aisdment lorsqu'on les prend pe- tits , mais ils ne peuvent souflrir les chiens qu'ils attaquent à tous niomens. Ils ne font jamais plus de deux petits à-la-fois, et toutes les saisons de l'an- née sont propres à leur génération. Ils 8e tiennent toujours dans des maréca- ges, à moins qu'ils ne soient tout à- fait inondés. » Le poil du pâtira n'est pas si dur que celui du sanglier ou même du co- chon domestique ; ce poil est , comme celui du pécari , doux et pliant. Les pâtiras suivent leur maître lorsqu'ils sont apprivoisés -, ils se laissent manier par ceux qu'ils connoissent; et mena- ' ' 1-1 .1 rr * 5 |»?s ^7^ HISTOIRE NATURELLE cent de la tête et des dents ceux qu'ils lie connoisscnt pas». LE BABIROUSSA. Quoique nous n'ayons au Cabinet du roi que la tète de cet animal , il est trop remarquable pour que nous puis- sions le passer sous silence. Tous les nulnralistcs Tout regarde comme une espèce de cochon , et cependant il n'en a ni la tête , ni la taille , ni les soies , m la queue ; il a les jambes plus hau- tes et le museau moins long , il est cou- vert d'un poil court et doux comme de la laine , et sa queue est terminée par une toufiPe de cette laine ; il a aussi le corps moins lourd et moins ëpais que le cochon ; son poil est gris mêle de roux et d'un peu de noir ; ses oreilles sont courtes et pointues : mais le ca- ractère le plus remarquable et qui distingue le babiroussa de tous les au- tres animaux , ce sont quatre énormes qu^U abinet il est i puis- )us les le une il n'en > soies ) is hau- 58 1 cou- ime de lée par lussi le ais que êlé de )reilles le ca- t qui Iles au- orines D U C O C H o N. 379 dëfensos ou dents canines , dont ]c« deux moins longues sortent; comme celles des sangliers, de la mâchoire in- fch'ieure ^ et les deux autres, qui sont beaucoup plus grandes , partent de la mâchoire supérieure en perçant les joues, ou plutôt les lèvres du dessus*, et s'étendent en courbe jusqu'au-des- sous des yeux ; et ces défenses sont d'un très-bel ivoire , plus net , plus fin , mais moins dur que celui de l'éléphant. La position et la direction de ces deux défenses supérieures qui percent le museau du babiroussa , et qui d'abord se dirigent droit en haut , et ensuite se recourbent en cercle , ont fait penser à quelques physiciens , même habiles , tels que Grew , que ces défenses ne dévoient point être regardées comme des dents, mais comme des cornes ; ils fondoient leur sentiment sur ce que toutes les alvéoles des dents de la mâ- choire supérieure ont, dans tous les animaux, l'ouverture tournée en bas ; \i L :•. i ■Il 58o histothe naturelle o»t de ses. défenses dans des trous qu^ll creuse à cet isfrét dans le mu* die aa loge* } n^r '^>b nr? iorft Le babiroussa diffère «nc<ùi'ejdu8aiif» glier par seé apt)étils nalurelâ.(> il.;se nourrit d^he^besei de fe ùillea jd'arbres^ ot ne cherche poini à ^nttitsr clf^ns lét jardins pour manger des légumeèf au lieu que d«ns le: m^oie pai|i9>^ 'le >smai" glier vit d^. fruits sauvages, dl^ i^oinesy ^t dévaste «ouvent les jardins. ^Dîail- leursy ce$animd,ux qui vont également en troupes,, ne se. mêlent jjamajsi^ les sangliers vont'. d^un c6té et les haèip roussaa de i.i'iliiitre-; teux-ci : ma? chent plus iélgè^rement^ils ont Vodprat très* fin , et se dressent souivent CQUt^ dés arbres pour éventer de loin lesxhiens et les chasseurS'V loriqu'iU 9ont pouir- suivis long«tefnp$ et sans relâche j ils courent se jeter à la mey | où nageant avec autant de facilité que de3canard$^ •t se plongeant de même , ils échap- '.■^- •p»; déiensët e^dosaii!» !d'arbres^ .^na lés iiineif au is..D!aU- nais ^ les nfLfChent 3ra*; trè3- »ut^ dés )8> chiens »iit pou tr- uelle j ils nageant canards^ 6 échap» •• :? , D' tr? c oc n o v. 3o3 |ient très-souvent aux chasseurs ^ car ils ndgëht Wèé-lohg-tempsyeft vont •quelquefois, à d^as^z graiides dis^f^n^ ces et 4' une lle.riDiîe autre ^ •!; t t Au reste ) le babiroussa se trouvé «lon-séatemént^'à File de'Bouro àk Boreo^ pr^s d^Amiboiné ^ mais énéord dans plusieurs autres endroits de l'Asie méridionale et de PAfrique ^ comme aux C^lébes, à Ëstpila , au^ Sénégal, à Madagascar ; car il parolt que les san- gliers de cette ile dont parle Flaccourt et dont il dit que les mâles principale'* mentant deux cornes à côté du nezj sont des babiroussas. Nous n Won s pas -été à portée de nous assurer que la fe- melle manque en effet de ces deux dé- fenses si remarquables dans le mâle : la plupart des auteurs qui ont parlé de ces animaux, semblent s^accorder sur ce fait j que nous ne pouvons ai con- firmer ni détruire* ;l^- ^''â l'^mm^ 384 HisTOinx vjuTnnKL'bB 9 etc. t:^:> ^ ^RJ ;> ûÊ «ù. (t:â| ^'ui: UHi^ kijt^' t^i-i ^kt-tét ^, JB$pèçc8 connues, ians, ce ,g^|irje« f.rJ.,. , .;i , Le Cochon de Guinée, i*!*! PèrcusJ •* '^ ^ ^ fie Pécari I jui Tajas4Ù, ^ < /. I^SangUe;çd*AiViqu«, ^s.4(/i:^ii^. , , ]je Babiroussa % sus BabyrHssa% , / .* ^XM DU TOW«.J|EJppilAlR» )».,a -rica -eol 9«.p iît;i v'] li:'^5.;-* ç 'î>i<»fi'i»^iii>i--^- j«i' :f>iirni alanxlj*;oicÎG!:?pTi,:îî«>i;.i.a gî>êai>: i^iz •liib'iozi'ùL'â hy-ih\méê fZiir.iiîi.n; »:•'.> ï i* î î » i 'a / *' ^ l ii 'ï '. ' 1* I -• ■*' . >i ■0$,-'^. ^' •''■'^j^-tjhii: -W*^- . ,^p*«:l.?>«---. ^ V*.^ liqp-aË f î^:TtfÇK ■ if'Tapr B 9 etc. »«*'!*' '•JïVj ■f. ., 'If,.- ■;%3^ .^.l^< ^X'€ >**.' îànv ■'t^>»i VR.V ;ll **, J*!*-"^:' > 'uMi' t ■ wt ^,^ ".UA \ "'•'^•f Vu JÏÏ^S^ ■^^ w