^A ^. %^ /a 7 IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) Photographie Sciences Corporation *v ^° ^^ /. Z/. « • 1.0 Il E 1^ Nâs; '"'— " m '•^- lia g 1 < — — S" A 33 WIST MAIN STRIIT W»STIR,N.Y. 14SS0 (716) «73-4303 CIHM/ICMH Microfiche Séries. CIHIVI/ICIVIH Collection de microfiches. Canadian Instituta for Hiatorica) Microraproductiona / Inatitut canadian da microraproductiona hiatoriquaa J 1 iV Technical and Bibliographie Notas/Notas tachniquas at bibiiographiquas Tha Institute bas attamptad to obtain tha baat original copy availabla for filming. Faaturaa of thia copy which may ba bibliographicaliy uniqua, which may aitar any of tha imagaa in tha raproduction. or which may aignificantly changa tha uaual mathod of filming. ara chackad balow. D D D D D E! D D 0 Colourad covara/ Couvartura da eoulaur I I Covara damagad/ Couvartura andommagéa Covara raatorad and/or laminatad/ Couvartura raatauréa at/ou palliculéa Covar titia miaaing/ La titra da couvartura manqua Colourad inapa/ Cartaa géographiquaa an eoulaur Colourad ink (i.a. othar than blua or black)/ Encra da eoulaur (i.a. autra qua blaua ou noira) Colourad plataa and/or illuatrationa/ Plancbaa at/ou illuatrationa tn eoulaur Bound with othar matarial/ Rallé avac d'autraa doeumanta r~y\ Tight binding may cauaa ahadowa or diatortion along intarior margin/ Laroliura sarréa paut eauaar da l'ombra ou da la diatoraion la long da la marga intériaura Blank laavat addad during raatoratlon may appaar within tha taxt. Whanavar poaaibla, thaaa hava baan omittad from filming/ Il sa paut qua cartainaa pagaa blanchaa ajoutéaa (ors d'una raatauration apparaiaaant dana la taxta. mais, lorsqua cala était possibla. cas pagaa n'ont paa été filméas. L'Institut a microfilmé la maiilaur axamplaira qu'il lui a été possibla da sa prosurar. Les détails da cat axamplaira qui sont paut-étra uniquas du point da vua bibiiographiqua, qui pauvent modifier una image reproduite, ou qui peuvent exiger une mcJIfication dana la méthode normale de filmage sont indiqués ci-dessous. 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Thel possi of th filmii Origi begii the II sion. othei first sion. or illi Thel shall TINl whic Mapi diffe entir begii right requi meth Additional commenta:/ Commentaires supplémentaires: Lsi pages f roiuéM psuvsnt cauMr do la dïitorsion. This item Is filmed at tha réduction ratio chacked below/ Ce document est filmé au taux da réduction Indiqué ci-dessous. lUA l«A IDA ^A 4COA JUA y 1 1 12X 1«X 20X 24X 28X 32X The copy filmed hère has been reproduced thanks to the generosity ol: . Seminary of Québec ■^'V;;: Librery The images appearing hère are the beat qîiallty possible considering the condition and legibiiity of the original copy and in keeping with the filming contract spécifications. Original copies in printed paper covers are filmed beginning with the front cover and anding on the last page with a printed or iiiustrated impres* sion. or the back cover when appropriate. 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Lorsque le document est trop grand pour être reproduit en un seul cliché, il est filmé é partir de l'angle supérieur gauche, de gauche è droite, et de haut en bas. en prenant le nombre d'images nécessaire, lies diagrammes suivants illustrent la méthode. 1 2 3 1 2 3 4 5 6 i**^S* W4 M ^■•w- m At^Mr -rt' ^ l>.î'A L^i ■Si vs' fef» ^' ■^ HIl sy •« 4? v^ ■A 1 f r^l . 1^-' ••*.. S , \ . l^- , -'■'.,.^\ ' ';-:^-;si'^:^^^*\i"^''''-'{3-^ ■î^;yjff«Ç'-V«'v *• •r*' ^. 1! « * -. il**?- 1 HISTOIRE NATURELLE DE BUFFON. 6 ^1 . I OISEAUX. TOME y I^ 1 &m v I I :i v.l;.!'. ■i. -j. ;^' Ci ".v* A* \- / v ■^ IH„ 1^ HISTOIRE N DE BU classée par ordres, d'après le système de AVEC LES CARACTÈRES GÉNÉRIQUES et la nomenclature Linnéenne; Far RENÉ-RICHARD CASTEL , auteur du poëme des Plantes» NOUVELLE TOME V îi-. ! f \ hr ) UE L'IMPRIMERIE DE CHAPELET. A PARIS, Chez D^TERYiLLE, lue du Battoir; u^ 16. AN X — 1802. é\ r*^ " ■"*• »*'•?»♦'» " ' ■> ■ . . •. f. » .. ■ r, ,.f , ,j.. "l f •*. '/-it.' .^•.««f««(i.. , 3l*U-.;îi' -'i/'l ^.. *'.- H ■ > 't. t ; .il. ; * /■ t » .U 4 .* . ' .*J^» ,..•*,« i !■- i , (. 'km» *. à 4u •i î f. i ,Â!«;ii.-.iï:«> ;.- ii'ï!,.',!-.; l'a. i'aa.2. - Icrn . 71. TT * «TÏT X LE CIGTSTE. a.Ii'OIE a)K GUINKE. iisi^ihzir'èiiîù ■"FI 'M»Bmvjiiimm»i.;^'r'mmi»r«fyf * jjtm J J ï$'f^m'k s K A n J R iVf. J. E i>Es o;sî:aux, lur.'srrttiW' raEît!r:;rtîttr.ssxnr4i-r:..JrTsr-: ;rït=i-:r=S5.'3t«& •_/._ „_ . ■ i* ïi, C Y .0 JM î:-.. ^<^;î ih-*'. '■•Mr *■-•>?? .; 'It ^-ifi.rûue iil U;;^ 4& '• Ji '7 > ri ^m. ■^i'^ » <">»**»« '«»■ .41 -,j4fii**ï« jy ^4#i^ «« >♦ •ù k' A / ■ ^ .rli-i*^ ■^^ « • - • -M • ■ * ! ■ il . \t,. M* .... -.J ' " ■ > ;>■« • - ,i i.;- ■■'.'•V 1 < .•. I-I •'.• r-?t 1 g ■ i HISTOIRE NATURELLE DES OISEAUX. t . > ». ; i » : 4 XXVII le GENRE. LE CANARD, a n a s. ' *" (Bec dentelé.) Caractère générique : bec onguiculé | garni de dentelures membraneuses. L E C Y G N E. XJANStoutesociëtéySoitdesanimauX) soit des hommes 9 la violence £t les tyrans , la douce autorité fait les rois : le lion et le tigre sur la terre, l'aigle et Oiseaux. YI. 1 1^ t • *"■'%-.. ■ WÊ' histoire KAtUlLELLB le vautour dans les airs , ne régnent que par Tabus de la force et par la cruauté , au lieu que le cygne règne sur les eaux à tous les titres qui fon« dent un empire de paix y la grandeur ^ la majesté ^ la douceur , avec des puis* sances y des forces y du courage et la volonté de n'en pas abuser , et de ne les employer que pour la défense : il sait combattre et vaincre sans jamais attaquer; roi paisible des oiseaux d'eaU| il brave les tyrans de l'air : il attend Taigle sans le provoquer^ sans le crain- dre ; il repousse ses assauts, en oppo- santà ses armes la résistance de ses plu- mes et les coups précipités d'une aile vigoureuse qui lui sert d'égide y et souvent la victoire couronne ses ef- forts. Au reste , il n'a que ce fier enne* mi ) tous les oiseaux de guerre le res- pectent, et il est en paix avec toute la nature ; il vit en ami plutôt qu'en roi au milieu des nombreuses peuplades des oiseaux aquatiques, qui toutes sem j ,.', 1 ^ . ^ i'- "1 DVCANARD. 3 blent se ranger sous sa loi; il n^estque le chef, le premier habitant d'une ré- publique tiranquille j où les citoyens n'ont rien à craindre d'un mattre qui ne demande qu'autant qu'il leur ac- corde, et ne veut que calme et liberté. Les grâces de la figure, la beauté de la forme répondent , dans le cygne , à la douceur du naturel ; il platt à tous les yeux, il décore, embellit tous les lieux qu'il fréquente ; on l'aime , on l'applaudit, on l'admire; nulle espèce ne le mérite mieux ; la nature en effet n'a répandu sur aucune autant de ces grâces nobles et douces, qui nous rap« pellent L'idée de ses plus charmans ou- vrages ; coupe de corps élégante, for- mes arrondies , gracieux contours ^ blancheur éclatante et pure, mouve- mens flexibles^ et ressentis , attitudes tantôt animée^, tantôt laissées dans un mol abandon , tout dans le cygne respire la volupté, l'enchantement que nous font éprouver les grâces et la ■■ il n l'f: Ait.* »ii«,»--«..'if:.,_ 4 HISTOIRE NATURELLE beauté ; tout nous ^annonce , tout le peint comme Poiseau de Tamour, tout justifie la spirituelle et riante mytholo- gie 9 dVvoir donné ce charmant oiseau pour père à la plus belle des mortelles. A sa noble aisance^ à la facilité^ la liberté de ses mouvemens sur l'eau y on doit le reconnoitre, non-seulement comme le premier des navigateurs ai- lés, mais comme le plus beau modèle que la nature nous ait offert pour Part de la navigation. Son cou élevé et sa poitrine relevée et arrondie, semblent en effet figurerla proue du navire fen- dant Ponde; son large estomac en re- présente la carène , son corps penché en avant pour cingler , se redresse à rartière et se relève en poupe; la queue est un vrai gouvernail ; les pieds sont de larges rames , et ses grandes ailes demi-ouvekrtes au vent et doucement enflées , sont les voiles qui poussent le vaisseau vivant^ navire et pilote à- 'Il '•»-vSJ 1^1 D U C A W A R D. 5 Fier de sa noblesse, jaloux de sa beauté y le cygne semble faire parade de tous ses avantages ; il a Pair de chercher à recueillir des suffrages , à captiver les regards, et il les captive en effet, soit que voguant en troupe, on voie de loin , au milieu des grandes eaux , cingler la flotte ailée , soit que 8*en détachant et s^approchant du ri- vage aux signaux qui Rappellent , il vienne se faire admirer de plus près y en étalant ses beautés, et développant ses grâces par mille mouvemens doux ^ ondulans et suaves. Aux avantages de la nature, le cygne réunit ceux de la liberté ; il n'est pas du nombre de ces esclaves que nous puissions contraindre ou renfermer ; libre sur nos eaux, il n'y séjourne, ne s'établitqu'enyjouissantd'assezd'indé- pendance pour exclure tout sentiment de servitude et de captivité; il veut à son gré parcourir les eaux , débarquer aurivage^ s^éloignerau large ou venir |! y- r ^iTk 6 HTStOIRB NATURELLl! longeant la rive^ s'abriter sur les bordsy se cacher dans les joncs ^s'enfoncer dans les anses les plus écartées ^ puis quitter sa solitude, revenir àla société, et jouir du plaisir qu'il paroit prendre et goû- ter en s'approchant de l'homme, pour- vu qu*il trouve en nous ses hôtes et ses amis, et non ses maîtres et ses tyrans. Chez nos ancêtres, trop simples ou trop sages pour remplir leurs jardins des beautés froides de l'art en place des beautés vives de la nature , les cygnes étoient en possession de faire l'orne- ment de toutes les pièces d'eau ; ilsanî- moient, égayoient les tristes fossés des châteaux , ils décoroient la plupart des rivières, et même celle de la capitale; et l'on vit l'un des plus sensibles et des plus aimables de nos princes mettre au nombre de ses plaisirs , celui de peu- pler de ces beaux oiseaux, les bassins de ses maisons royales : on peut encore jouir aujourd'hui du même spectacle Aur les belles eaux de Chantilly, où les i BUCANABD. y cygnes font un des ornemens de ce lieu vraiment délicieux^ dans lequel tout respire le noble goût du maître. Le cygne nage si vite y qu'un homme marchant rapidement au rivage^ a gran- de peine à le suivre. Ce que dit Albert^ qu'il nage bien ^ marche mal et vole médiocrement , ne doit s'entendre ^ quant au vol, que du cygne abâtardi par une domesticité forcée ; car , libre sur nos eaux et sur-tout sauvage, il a le vol très-haut et très-puissant ; Hésiode lui donne i'épithète à^ altivolans\ Ho- mère le range avec les oiseaux grands voyageurs, les grues et les oies; et Plu- tarque attribue à deux cygnes ce que Pindare feint des deux aigles que Ju« pi ter fit partir des deux côtés opposé» du monde, pour en marquer le milieu au point où ils se rencontrèrent. Le cygne, supérieur en tout à l'oie ^ qui ne vit guère que d'herbages et de graines,sait8e procurer une nourriture plus délicale et moins commune; il rus» 8 HISTOIRE NATUKELLS sans cesse pour attraper et saisir du poisson; il prend mille attitudes diffé- rentes pour te succès de sa pêche , et tire tout davantage possible de son adresse et de sa grande force; il sait évi- ter ses ennemis ou leur résister ; un vieux cygne ne craint pas dans l'eau le chien le plus fort; son coup d'aile pour- roit casser la jambe d'un homme, tant il est prompt et violent; enfinil paroi t que le cygne ne redoute aucune embûche, aucun ennemi , parce qu'il a autant de courage que d'adresse et de force. Les cygnes sauvages volent en gran- des troupes, et de même, les cygnes do« mestiques marchent et nagent attrou- pés; leur instinct social est en tout très- fortement marqué. Cet instinct,le plus doux de la nature^ suppose des mœurs innocentes, des habitudes paisibles, et ce naturel délicat et sensible qui sem- ble donner aux actions produites par ce sentiment, l'intention et le prix des qualités morales. Le cygne a, deplusy i ) À \ ■ DU CA17AIID. ' f Tavantage de jouir jusqu'à un âge ex* trêmement avancé y de sa belle et douce existence ; tous les observateurs s'ac- cordent à lui donner une très-longue vie ; quelques-uns même en ont porté la durée jusqu'à trois cents ans; ce qui sans doute est fort exagéré : mais Willulghby ayant vu une oie, qui, par preuve certaine , avoit vécu cent ans y n'hésite pas à conclure de cet exemple^ que la vie du cygne peut et doit être plus longue , tant parce qu'il est plus grand, que parce qu'il faut plus de> temps pour faire éclore ses œufs, l'in- cubation dans les oiseaux répondant au temps de la gestation dans les ani- maux, et ayant peut-être quelque rap- port au temps de l'accroissement du corps , auquel est proportionnée la du- rée de la vie : or le cygne est plus de deuxansàcrottre ; et c'est beaucoup, car,dans les oiseaux, le développement entier du corps est bien plus prompt que dans les animaux quadrupèdes. Oiseaux. YI. a \ ■'- /-. ^r. 10 HISTOIRE VATUIIELLE La femelle du cygne couve pendant six semaines au moins; elle commence à pondre au mois de février : elle mety comme Poie y un jour d'intervalle en- tre la ponte de chaque œuf; elle en pro« duit de cinq à huit, et communément six ou sept; ces œufs sont blancs et oblongs , ils ont la coque épaisse et sont d'une grosseur considérable; le nid est placé tantôt sur un lit d'herbes sèches au rivage, tantôt sur un tas de roseaux abattus , entassés et même ilottans sur l'eau. Le couple amoureux se prodigue les plus douces caresses, et semble chercher dans le plaisir les nuances de la volupté ; ils y préludent en entrela* çant leurs cous ; ils respirent ainsi l'i- vresse d'un long embrassement ; ils se communiquent le feu qui les embrase, et lorsqu'enfin le mâle s'est pleinement satisfait , la femelle brûle encore ; elle le suit,l'excite,l'enflamme de nouveau, 6t finit par le quitter à regret pour aller ¥r*y*s^ ii Pi- DU CANARD. 11 éteindre le reste de ses feux en ^ la- vant dans Peau. Les fruits d^amours si vives sont ten- drement chéris et soignés; la mère re- cueille nuit et jour ses petits sous ses ailes , et le père se présente avec intré- pidité pour les défendre contre tout as- saillant ; son courage dans ces momens n^est comparable qu'à la fureur avec laquelle il combat un rival qui vient le troubler dans la possession de sa bien* aimée; dans ces deux circonstances ^ oubliant sa douceur , il devient féroce et il se bat avec acharnement (i); sou« (i) La Charente a son commencement et sources de deux fontaines , l'une nommée charannat, et l'autre l'admii vrey lesquelles y rangées ej donnent être etnom à la sont-elles un vrai repc nombre de cygnes qua^ l'oiseau le plus noble , plus familier de tous auti res ; il est vrai qu'il est cqj^ie quand il est irrité \ 'ce >. \ l-a HISTOIRE NATURELLE vent un jour entier ne suffit pas pour vider leur duel opiniâtre : le combat commence à grands coups d'ailes , con- tinue corps à corps y et finit ordinaire- ment par la mort d'un des deux | car ils cherchent réciproquementàs'étouf* fer en se serrant le cou et se tenant par force la tête plongée dans l'eau^ ce sont vraisemblablement ces combats qui ont une maison joignant ladite louvre : deux cygnes s'étant attaqués l'un à l'autre en telle furie , qu'ils combattirent jusqu'à l'extrémité de la yie; quoi voyant , quatre autres de leurs compagnons soudain y accoururent f et , comme si ce fussent personnes , tâchè- rent à les séparer et les réduire en concorde et mutuel amout , en bonne-foi , méritant mieux le nom de prodige , que nom qu'on lu! sut donner. Mais , si on leur démontre jpareille douceur qu'est la leur naturelle, et /. /qu'oa^les amadoue et applaudisse un peu y l, i lors ils se montrent doux et paisibles , et L \'. prenni^nt, plaisir à yoir la face de l'homme. V ?. Cosmographie du Levant , par André The^ \J V0t^Liyon, i554> pages 189 et i*.)0. •■*« et 2> U C A K A R D. l3 fait croire aux anciens que les cygnes se dévoroient les uns les autres; rien n'est moins vrai) mais seulement ici , comme ailleurs ^ les passions furieuses naissent de la passion la plus douce j et c'est l'amour qui enfante la guerre. . £n tout autre temps ils n'ont que des habitudes de paiX) tous leurs sen- timens sont dictés par l'amour; aussi propres que voluptueux j ils font toi- lette assidue chaque jour ; on les voit arranger leur plumage ^ le nettoyer^ le lustrer et prendre de l'eau dans leur bec pour la répandre sur le dos , sur les ailes ) avec un soin qui suppose le désir déplaire, et ne peut être payé que par le plaisir d'être aimé. Le seul temps où la femelle néglige sa toilette, est celui de la couvée ; les soi/is maternels l'oc- cupent alors toute entière ; et à peine donne-t«elle quelques instans aux be- soins de la nature et à sa subsistance. Les petits naissent fort laids et seu- lement couverts d'un duvet gris ou •• 'ifif^ \ 14 «iSTûimE WATURELtB jaunâtre , comme les oisons ; leurs plumes ne poussent que quelques se* niâmes après y et sont encore de la même couleur; ce vilah* ^ u -Tage changée à' la première mue | au mois de septembre ; ils pré«ment alors beau- coup de plumes blancLeS| d'autres plus hlondes que grises , sur-tout à la poi- trine et sur le dos; ce plumage chamarré tombe à la Seconde mue , et ce n'est qu'à dix-huit mois et même à deux ans d'âge , que ces oiseaux ont pris leur belle robe d'un blanc pur et sans tache I ce n'est aussi que dans ce temps qu'ils sont en état de produire. Les jèuiies C3rgnes suivent leur mère pendant \b premier été j mais ils sont forcés de la quitter au mois de novem- bre; les mâles adultes les chassent pour «tre pl*\S libres auprès des femelles; ces jenne*" ?» laux, ^ .t exilés de leur famihi;| i>e rassemblent par la nécessité de leur sort commun ; ils se réunissent en troupes et ne se quittent que pour - ; leurs jues 8e« e âe la mois fie 5 beau- 'es plus lapoi- amarré ;e n'est à deux nt pris et sans 2 temps • ■ r mère is sont ovem- itpour leiies ; le leur cessité tissent I pour C U C A K ▲ n D. tf s^apparier et former eux-mêmes de nouvelles familles. Gomme le cygne mange assez sou» vent des herbes de marécages , et prin^- cipalement de Palgue , il sVtabiit de préférence sur les rivières d'un coura sinueux et tranquille , dont les ri /es àont bien fournies d'herbages ; les an- ciens ont cité le JMéan drcj le Âfincion^ le Strymon, le Caystre, fleuves fameux par la multitude des oygnes dont on les voit couverts; Plie chérie de Vénusy Paphos, en étoit remplie . Strabon parle des cygnes d*£spagne y et ^ suivait .AElien, l'on en voit de temps en temps paroitre sur" la mer d'Afrique ^ d'où l'on peut juger y ainsi que par d'autres indications , que l'espèce se porte jus» ques dans les régions du midi ; néan- moins y celles du nord semblent être la vraie patrie du cygne ^ et son domi- cile de choix, puisque c'est dans les contrées septentrionales qu^il niche et multiplie. Dans nos provinces | nous y 4i< à '^m^» w , J 16 HISTOIRE NATURELLE ne voyons guère de cygnes sauvages que dans les hivers les plus rigoureux ; Gessner dit qu'en Suisse , on s'attend à un rude et long hiver , quand on voit arriver beaucoup de cygnes sur les lacs. C'est dans cette même saison ri* goureuse, qu'ils paroissent sur les c6teè de France , d'Angleterre et sur la Ta- mise ) où il est défendu de les tuer ^ sous peine d'une grosse amende ; plu- sieurs de nos cygnes domestiques par- tent alors avec les sauvages, si l'on n'a .«^.<' r*«f%iM '*'«^'«»***,«i^»-li»., (;' i ;i 9 SO HISTOIRE irATUAEtLe dres plusieurs de ces cygnes sauvage'9 qui étoient entièrement blancs ; le cygne domestique doit donc être re- gardé comme une race tirée ancienne- ment et originairement de Tespèce sauvage. MM. Klein , Frisch et Lin- naeus l'ont présumé comme moi, quoi- que Willulghby et Ray prétendent le contraire. Belon regarde le cygne comme le plus grand des oiseaux d'eau, ce qui est assez vrai , en observant néanmoins que le pélican a beaucoup plus d'en- vergure ; que le grand albatros a tout au moins autant de corpulence, et que le flammant ou phénicoptère a bien plus dehaufeur, eu égard à ses jambes démesurées. Les cygnes , dans la race domestique, sont constamment un peu plus gros et plus grands que dans l'es- pèce sauvage ; il y en a qui pèsent jus < qu'à vingt-cinq livres ; la longueur du bec à la queue est quelquefois de quatre pieds et demi ^ et l'envergure de huit fl t '^■^MifiLr^Se^Jfitfi.Jrffm' -s'iariWJfl»»*'-*»''»**''*****'' • auvage* 1CS ; le être re- icienne- l'espèce et Lin- if quoi- ident le mme le î qui est mmoins s d'en- »a tout et que a bien ïambes a race m peu is l'es- it jus < iur du luatre huit 4 DU C X V A IL D. 21 pieds ; au reste ^ la femelle est en tout un peu plus petite que le mâle. Le bec, ordinairement long de trois pouces et plusy est, dans la race domes- tique, surmonté à sa base par un tu- bercule charnu , renflé et proéminent, qui donne à la physionomie de cet oi- seau une sorte d^expression; ce tuber- cule est revêtu d'une peau tioire, et les côtés de la face, sous les yeux, sont aussi couverts d'une peau de môme couleur; dans les petits cygnes de la race domestique, le bec est d'une teinte plombée; il devient ensuite jaune ou orangé, avec la pointe noire; dans la race sauvage y le bec est entièrement noir, avec une membrane jaune au front ; sa forme paroit avoir servi de modèle pour le bec des deux familles les plus nombreuses des oiseaux palmi« pèdes , les oies et les canards ; dans tous, le bec est aplati, épaté , den- telé sur les bords , arrondi en pointe mousse, et terminé à sa partie snpë« Oiseaux. VI» 3 ! I 1/ •1 <^ .-tfr- '''V' ''t 'flïfWihiwrtfe»!^*..' m^' iM,iia^'- *)i*WfNi^*WW* ) qu'ëcla- fej/r, par- le peuple ït que les é par le ^ ce qu'il m de co- que l'a- ; ce n'est presque très dans B avolent ionieux , Mais il cl mieux qu'avec té y il en gue en dans les e chant yans de s et peu !S - é\n\m e 1^ va-» M DU CANARD. S&S riété douce et brillante du ramage de pos oiseaux chanteurs. , , ,. . ; . ^ . . , . » , Au reste , les anciens ne s'étoient pas contentés de faire du cygne un chantre merveilleux ; seul entre tous les êtres qui frémissent à l'aspect de leur destruction y il chantoit encore nu moment de son agonie^ et préludoit par des sons harmonieux à son dernier soupir : c'étoit, di^oient-ils, près d'ex- pirer, et faisant à la vie un adieu triste et tendre 9 que le cygne rendoit ces aCf cens si doux et si touchansy et qui par reils à un léger et douloureux murmu- re j d'une voix basse ^ plaintive et lu- gubre ) formoient son chant fi^nèbre ; on entendoit ce chant^ lorsqu'au lever de l'aurore^ les vents et les flots étoient calmés. On avoit même vu des cygnes ex^irans en musique et chantant leurs hymnes funéraires. Nulle fiction en Histoire Naturelle , nulle fable chez les anciens n'a été plus célébrée , plus répétée) plus accréditée; elle s'étoit V 1^ wftWÇ^VPsUéi '4 'Hftmf^ifmrA'k'.-'^r" ns"^ .**--*-'■ f , H U !) h' •il fcÔ HISTOIRE KAtUAEI.T.E iBmpàrée de Piihagi nation vive et sen- sible des Grecs; poètes, orateurs, phi- losophes même Pont adoptée , comme une vérité trop agréablo pour Youloit en douter. Il faut bien leur pardonner leurs fables ; elles étoient aimables et touchantes; elles valoient bien de tris- tes, d'aridsË véritésf c'étoiéiitde doux emblèmes pour les aiiies sensibles. Les cygnes y sans doute, ne chantent poiiït leur mort; mais toujours en parlant du dernier essor et des derniers élans d'^ivn beau génie prêt à s^éteindre , on rappellera avec sentiment cette ex- pression touchante : c'est le chant du cygne, • ''"' ''' -• '' "v ''-'***''' '^ < "" '••'*' ; L' O I Eé/;-'.r n - Dans chaque genre, les espèces pre- mières ont emporté tous nos éloges, et n^ont laissé aux espèces secondes que le mépris tiré de leur comparaison* L'oie , par rapport au cygne , est dans le même cas queTâne vis-à-vis du che- val I tous deux ne sont pas prisés à leur i I ,^fc. ,^.«rbes, et Dii'.-l. I .^*'* ^«« bonnes '«9« ils le, fauchent ,„sq„y S!!&_Se2*Li£ «?, .>,Ji£-Ste«ÎMWI|(|BW«l«WJ«h, . DU CAVA.B.B. bec, me terre avec le bec, et c^est par la mê raison qu'on les écarte aussi très-soi- gneusement des blés verts, et qu'on ne leur laisse les champs libres qu'après la récolte. ;.,; ,i . ., Quoique les oies puissent se nourrir de gramens et delà plupart des herbes | elles recherchent de préférence le trè- fle , le fenugrec , la vesce , les chico* rées y et sur- tout la laitue , qui est la plus grand régal des petits oisons } on doit arracher de leur pâturage la jus- quiame , la ciguë et les orties , dont la piqûre fait le plus grand mal aux jeu- nes oiseaux, Pline assure , peut- être légèrement , que , pour se purger , les oies mangent de la sidérite. ^ . : .,.. ^ La domesticité de l'oie est moins an- cienne et moins cooïplète que celle de la poule ; celle-ci pond en tout temps , plus en été , moins en hiver ; mais les oies ne produisent rien en hiver , et ce n'est communément qu'au mois de mars qu'elles commencent à pondre j r*V. • i ■•.Hv>««t'i^>i;»J,i,s«s,i ^^f^ ■"'t^-'ir-rl'mflf^ ù f 3o HISTOIRE J^ATURELLS cependant celles qui sont biennourries pondent dès le mois de février j et celles auxquelles on épargne la nour- riture , ne font souvent leur ponte qu'en avril ; les blanches , les grises y les jaunes et les noires suivent cette règle f quoique les blanches paroissent plus délicates, et quMles soient en effet plus difficiles à élever ; aucune ne fait de nid dans nos basses-cours j et ne pond ordinairement que tous les deux jours, mais toujours dans le même lieu} si on enlève leurs œufs, elles font une seconde et une troisième ponte | et même une quatrième dans les pays chauds. C'est sans doute à raison d« ces pontes successives que M. Salerne dit qu'elles ne finissent qu'en juin ; mais j si l'on continue à enlever les œufs , l'oie s'efforce de continuer à pondre, et enfin elle s'épuise et périt , car le produit de ses pontes, et sur-tout des premières, est nombreux, chacune est au moins de sept, et communément I * i .^ ■';#r""''Vr */ ,_^.,r>u>nm^ ti nourries vrier , et i la nour- !ur ponte es grises , rent cette >aroissent it en effet ne ne fait s j et ne les deux ^oie lieu} font une »nte j et es pays lison de Salerne juin ; ver les nuer à périt , ur-tout lacune ément DU CANARD. 31 ^ de dix , douze ou quinze œufs ^ et même de seize | suivant Pline ; cela peut être vrai pour lUtalie , mais , dans nos provinces intérieures de France y comme en Bourgogne et en Champa- gne , on a observé que les pontes les plus nombreuses n'étoientque de douze œufs : Aristote remarque que souvent les jeunes oies , comme les poulettes y avantd^avoir eu communication avec le mâle y pondent des œufs clairs et infé- conds, et ce fait est général pour tous les oiseaux. Mais, si la domesticité de Poie est plus moderne que celle de la poule j elle paroSt être plus ancienne que celle du canard , dont les traits originaires ont moins changé j en sorte qu'il y a plus de distance apparente entre Toie sauvage et la privée , qu'entre les ca- nards. L'oie domestique est beaucoup plus grosse que la sauvage ; elle a les proportions du corps plus étendues et plus souples I les ailes moins fortes et ..^«rW^i"** ' S ' i(ff^>it^?^njtf'n.< ■ «r '-'•"«■**W|«H"W»P"*i"*«»^ /) :]2 HISTOIRE NATURELLE moins roides; tout a changé de couleur daras son plumage j elle ne conserve rien ou presque rien de son état primi- tif | elle paroit même avoir oublié les douceurs de son ancienne liberté | du moins elle ne cherche point 9 comme le canard , à la recouvrer; la servitude paroSt Savoir trop affoiblîe 9 elle n^a plus la force de soutenir assez son vol pour pouvoir accompagner ou suivre ses frères sauvages, qui, fiers de leur puissance ^ semblent la dédaigner et même la méconnoître. Pour qu'un troupeau d'oies privées prospère et s'augmente par une promp- te multiplication , il faut , dit Colu- melle, que le nombre des femelles soit triple de celui des mâles ; Aldrovande en permet six à chacun y et l'usage or- dinaîre, dans nos provinces, est de lui en donner au-delà de douze , et même jusqu'à vingt : ces oiseaux préludent aux actes de l'amour en allant d'abord s'égayer dans l'eau; ils en sorient pour ■■; ■B^^ j^'*^' *•.««..«. .^ ^M:. .-!.._ Jl; LE le couleur i conserve 5tat primi- oublié les :bertë y du 9 comme servitude \ elle n'a ez son vol ou suivre 'S de leur aigner et !8 privées e promp- it Golu- elles soit rovande sage or- st de lui t même éludent d'abord nt pour DU CANARD, 33 s'unir ^ et restent accouplés plus long- temps et plus intimement que la plu- part des autres , dans lesquels l'union du mâle et de la femelle n'est qu'une simple compression, au lieu qu'ici l'ac- couplement est bien réel, et se fait par intronïission , le mâle étant tellement pourvu de l'organe nécessaire à cet acte I que les anciens avoient consacré l'oie au dieu des jardins. Au reste, le mâle ne partage que ses plaisirs avec la femelle , et lui laisse tous les soins de l'incubation, et quoi- qu'elle couve constamment et si assi- dûment qu'elle en oublie le boire et le manger si on ne place tout près du nid sa nourriture , les économes conseil- lent néanmoins de charger une poule des fonctions de mère auprès des jeu- nes oisons , afin de multiplier ainsi le nombre des couvées , et d'obtenir de l'oie une seconde et même une troi- sième ponte y on lui laisse cette der- nière ponte; elle couve ai&émenC dix à Oiseaux. YX» 4 .if* . % \ â 34 HISTOIBE NATURELLE douze œufs y au lieu que la poule ne peut couver avec succès que cinq de ces mêmes œufs; mais il seroit curieux de vérifier si, comme leditColumellei la mère oie, plus avisée que la poule y refuseroitde couver d^autres œufs que les siens. Il faut trente jours d'incubation , comme dans la plupart des grandes espèces d'oiseaux, pour faire éclore les œufs , à moins , comme le remarque Pline, que le temps n'aitété fort chaud ^ auquel cas il en éclot dès le vingt-cin- quième jour. Pendant que Toie couve, on lui donne du grain dans un vase, et de Peau dans un autre à quelque dis- tance de ses œufs, qu'elle ne quitte que pour aller prendre un peu de nourri- ture ; on a remarqué qu'elle ne pond guère deux jours de suite , et qu'il y a toujours au moins vingt- quatre heures d'intervalle , et quelquefois deux ou trois jours entre l'exclusion de chaque œuf. ■wt---((Hr^ji-''«TrriA«%«i»v5««j*».i5pilt'«- ' ^.É'Jî^". .M _i*««<î' r,:ji%'*»»<*P**^' LLE la poule ne ue cinq de oit curieux Columellei e ia poule ^ s œufs que icubation , 'S grandes i ëclore les remarque ort chaud, vingt-cin- oie couve, n vase, et Ique dis- uittequo e nourri* ne pond qu'il Y ce heures Jeux ou > chaque Dr C A N A R D. 35 Le premier aliment que Von donne aux oisons nouveaux-nés, est une pâte de retrait de mouture ou de son gras, pétri avec des chicorées ou des laitues hachées; c'est la recette deColumelle, qui recommande en outre de rassasier le petit oison avant de le laisser suivre sa mère au pâturage, parce qu'autre- ment , si la faim le tourmente , il s'obs* tine contre les tiges d'herbes ou les pe- tites racines, et pour les arracher il s'ef- force au point de se démettre ou se rom- pre le cou. La pratique commune dans nos campagnes en Bourgogne , est de nourrir les jeunes oisons nouvellement éclos avecHiu cerfeuil haché; huit jours après on y mêle un peu de son très-peu mouillé, et l'on a attention de séparer le père et la mère lorsqu'on donne à- manger aux petits , p.irce qu'on pré- tend qu'ils ne leur laisseroient que peu de chose ou rien; on leur donne ensuite de l'avoine , et , dès qu'ils peuvent suivre aisément leurs mères , on les /, li*^«"«'«*!!*' 35 HISTOIRE NATUHELLE mèn ! sur la pelouse auprès de Peau* Les monstruosités sont peut-être en- core plus communes dans Pespèce de Poie que dans celle des autres oiseaux domestiques. Aldrovande a fait graver deux de ces monstres, l'un à deux corps avec une seule tête, Pauf ve à deux têtes et quatre pieds avec un seul corps. L'excès d'embonpoint que l'oie est su- jette à prendre, et que l'on cherche à l ui donner , doit causer dans sa constitu- tion des altérations qui peuvent influer sur la génération \ en général , les ani« maux très -gras sont peu féconds , la graisse trop abondante change la quali té de la liqueur séminale et même celle du sang; une oie très-grasse, à qui on cou- pa la tête, ne rendit qu'une liqueur blanche, et, ayant été ouverte,on ne lui trouva pas une goutte de sang rouge j le foie sur-tout se grossit de cet embon- point d'obstruction d' une manière éton. nante : souvent une oie engraissée aura le foie plus gros que tous les autres vis- :i -•■•r^v.>«H ••■-^"» .i^^jN*,, ^.^tmiJ^I^-'' ■ •^■i..««tl*i\5f;-jfr' , ■.i^5'*' >v4>«^iw»w«''^rMrt** ' ELLE ès de l'eau. >eut-étre en- Pespèce de très oiseaux i fait graver ^ deux corps à deux têtes seul corps, i'oie est su - Fiercheàlui a consti tu- rent influer i-l j les anû ^conds , U e la qualité ne celle du [ui on cou- ie liqueur on ne lui ig rouge } t embon- ière éton- ssëe aura itres vis- DU G A. N A R B. S^ cères ensemble ] et ces foies gras ^ que nos gourmands recherchent , ëtoient aussi du goût des Apicius Romains. Pli- ne regarde comme une question inté- ressante de savoir à quel citoyen l'on doit l'invention de ce mets^ dont il fait honneur à un personnage consulaire* Ils nourrissoient l'oie de, figues y pour en rendre la chair plus exquise ^ et ils avoient déjà trouvé qu'elle s'engraissoit beaucoup plus v!t'3 étant renfermée dans un lieu étroit et obscur; mais il étoit réservé à notre gourmandise, plus que barbare , de clouer les pieds et de crever ou coudre les yeux de ces mal- heureuses bêtes y en les gorgeant en même temps de boulettes, et les em- pêchant de boire pour les étouffer dans leur graisse. Communément et plus hu- mainement on se contente de les ren- fermer pendant un mois , et il ne faut guère qu'un boisseau d'avoine pour en- graisser une oie au point de la rendre très-bonne ) on distingue même le mo- (Wlrt>«««fW* JH»I1 ^8 t i| h 1 ,'/ 1 I if f ï» 1^ T •V OO HISTOIRE NATURKLLE ment où on peut cesser de leur donner autant de nourriture , et où elles sont assez grasses , par un signe extërieuir très-évident ; elles ont alors sous cha- que aile une pelotte de graisse très-ap- parente; au reste, on a observé que les oies élevées au bord de l'eau , coûtent moins à nourrir , pondent de meilleure lieure ^ et s^engraissent plus aisément que les autres. Cette graisse de Poie étoit très«esti» thée des anciens comme topique nerval et comme cosmétique ; ils en conseil* loient Pusage pour raffermir le sein des femmes nouvellement accouchées , et pour entretenir la netteté et la fraî- cheur de la peau ; ils ont vanté, comme médicament , la graisse d'oie que l'on préparoit à Oïmàgène avec un mélange d'aromates. Aldrovande donne une liste de recettes , où cette graisse entre comme spécifique contre tous les maux de la matrice , et Willulghby prétend trouver dans la fiente d'oie, le remède j;;^«5-si^%»>*j|s>'' " "" "'• ••'iifr'-"iif.rwtfT"-"*'T*' <£&^ ■■.IfcJlK.'»'^»*'*»'***'***' ■ f > leur donner )ù elles sont rie ejEtërieui* rs sous cha- îsse très-ap-> ervé que les lu, coûtent le meilleure LIS aisément it très-estî«' iquenerval în conseiU le sein des ichées , et 9t la fra2« të, comme e que l'on n mélange e une liste 5se entre les maux J prétend 3 remèd* D tr C A N A K D. 3(^ le plus sûrde l'ictère. Du reste, lachair de Toie n'est pas en elle-même très-sai- ne, elle est pesante et de difficile diges-» tion; ce qui n'empêchoitpas qu'une oie ou , comme on disoit , une oue, ne fût le plat de régal des soupers de nosancê*- tres, et ce n'est que depuis le transport de l'espèce du dindon de l'Amérique en Europe, que celle de l'oie n'a| dans nos basses-cours comme dans noscui'^ sines, que la seconde place. Ce que l'oie nous donne de plus pré- cieux, c'est son duvet; on L'en dépouille plus d'une fois l'année; dès que les jeu- i^es oisons sont forts et bien emplumés,. etquelespennes des ailes commencent à se croiser sur la queue, ce qui arrive à sept semaines ou deux mois d'âge, on commence à les plumer sous le ventre^ sous les ailes et au cou ; c'est donc sur la fin de mai ou au commencement de juin qu'on leur enlève leurs premières plumes; ensuite , cinq à six semaines après, c'est-à-dire, dans le courant de «mim*vwmf. ■-f -ifW!***. ■%;»■ 4o HISTOIRE "NATURELLE |iiillet, on la leur enlève une seconde fois ; et encore au commencement de septembre , pour la troisième et der- nière fois ; ils sont assez maigres pen- dant tout ce tempS) les molécules orga- niques de la nourriture étant en grande partie absorbées par la naissance ourac- croissement de nouvelles plumes^ mais^ dès qu'on les laisse se remplumer do bonne heure en automne y ou même à la fin de Tété, ils prennent bientôt de la chair et ensuite de la graisseï et sont déjà très-bons à manger vers le milieu de l'hiver ; on ne plume les mères qu'un mois ou cinq semaines après qu'elles ont couvé) mais on peut dépouiller les mâles et les femelles qui ne couvent pas, deux ou trois fois par an. Dans les pays froidS) leur duvet est meilleur et plus fin. Le prix que les Romains met- toient à celui qui leur venoit de Ger- manie 9 fut plus d'une fois la cause de la négligence des soldats à garder les postes de ce payS| car ils s'en alloient «1^ fvrt^i. ii*msf9^^-^*^T^m-.- fmttfi^f^" s.fvt«îr»ÇMwïs-.«W«i«>«S««*»*- ■ LE e seconde :ement de ne et der- igres pen- :ules orga- ; en grande iceouPac* mes; mai&. >lumer dai u même à >ient5t de iCiet sont le milieu res qu'un qu'elles tuilier les couvent Dans les (illeur et lins met- de Ger* zsLuse de rder les alloient D u G A N A R D. 4^ par cohortes entières à la chasse des oies. On a observé sur les oies privées y que les grandes pennes des ailes tom- bent pour ainsi dire toutes ensemble et souvent en une nuit; elles paroissent alors honteuses et timides; elles fuient ceux qui les approchent ; quarante jours suffisent pour la pousse des nou« velles pennes, alors elles ne cessent de voleter et de les essayer pendant quel- ques jours. Quoique la marche de l'oie paroisse lente, oblique et pesante, on ne laisse pas d'en conduire des troupeaux fort loinàpetites journées. Pline dit que de son temps on les amenoit du fond des Gaules à Rome , et que dans ces lon- gues marches, les plus fatiguées se met- toient aux premiers rangs, comme pour être sou tenues et poussées par la masse de la troupe ; rassemblées encore de plus près pour passer la nuit, le bruit Le plus léger les éveille , et toutes en- <;*MB<'#VS,m. ►^fe»«î?*^fi'f*!*«R.m«> h ï\ ' \.. s f ( f \ 43 HISTOIRE NATURELLE semble cricut r elles jettent aussi de grar^ds cris lorsqu'on leur présente de la nourriture j au lieu qu'on rend le chien muet en lui offrant cet appât; ce qui a fait dire àColumelle, que les oies étoient les meilleures et les plus sûres gardiennes delà ferme, et Végèce n'hé- site pas de les donner pour la plus vi- gilante sentinelle que l'on puisse poser dans une ville assiégée. Toutle monde sait qu'au capitole, elles avertirent les Romains de l'assaut que tentoient les Gaulois, etquece fut le salut de Rome; aussi le censeur fixoit-il chaque année une somme pour l'entretien des oies, tandis que le même jour on fouettoit des chiens dans une place publique , comme pour les punir de leur coupable silence dans un moment aussi critique. Le cri naturel de l'oie est une voix très-bruyante , c'est un son de trom- pette ou de clairon , clangor , qu^elie fait entendre très-fréquemment et de très-loin ; mais elle a de plus d'autres *W>-.^U(iiK«HS^ 1 • "'--'-n-.SSSB^^^Ç-tiï.- ■•rtSfe»?' '■>»-*■ -■tj^a^-" jm -v' I . * ■KrakM*'*****' BLLB mt aussi de présente de l'on rend le ;et appât ; ce que les oies is plus sûres ''égèce n'hé- r la plus vi- puisse poser ut le monde sertirent les 3ntoient les it de Rome; iqiie année 1 des oies y n fouettoit publique ^ rcoupable )i critique, une voix de trom- r , qu'elle ent et de ( d'autres BU CANARD. 4-^ accens brefs qu'elle répète souvent ; et , lorsqu'on l'attaque ou l'effraie , le cou tendu , le bec béant , elle rend un si file ment que l'on peut comparer à celui de la couleuvre. Les Latins ont cherché à exprimer ce son par des mots imitatifs, strepit, gratitat, stridet. Soit crainte, soit vigilance, l'oie ré- pète à tout moment ses grands cris d'avertissement ou de réclame ; sou- vent toute la troupe répond par une acclamation générale , et de tous les habitans de la basse-cour, aucun n'est aussi vociférant ni plus bruyant. Cette grande loquacité ou vocifération avoit fait donner chez les anciens le nom d'oie aux indiscrets parleurs, aux mé- chans écrivains et aux bas délateurs ^ comme sa démarche gauche et son al- lure de mauvaise grâce nous font en- core appliquer ce même nom aux gens sots et niais ; mais indépendamment des marques de sentiment , des signes d'intelligence que nous lui reconnois- « V > rf 'Si»**^, ■*■•«* --iitmi,. 44 KISTOIRE NATURELLE sonS) le courage avec lequel elle défend sa couvée ^ et $>e défend elle-même contre Poiseau de proie j et certains traits d*attachement , de reconnois- sance même très-singuliers que les an- ciens avoient recueillis , démontrent que ce mépris seroit très-mal fondé ; et nous pouvons ajouter à ces traits un exemple de la plus grande constance d^attachement (i) : le fait nous a été (i) Nous donnerons cette note dans le style naïf du concierge de Ris , terre appar- tenante à M. Anisson Dupéron , où s'est passée la scène de cette amitié si constante et si fidelle. On demande à Emmanuel , comment Toie à plumage blanc , appelé jacquoty s'est apprivoisé avec luil II tant savoir d'abord qu'ils étoient deux mâles , ou jars , dans la basse-cour , un gris et un blanc, avec trois femelles ; c'étoit toujours querelle entre ces deux jars a qui auroit la compagnie de ces trois dames ; quand l'un, ou l'autre s'en étoit emparé , il se metroit à leur tête , et empêchoit que l'autre n'en approchât. Celui qui s'en étoit rendu maî- tre dans la nuit f ne vouloit pas les céder le :4 r f *^-A- V*''*'**!?* ,Z«»i J.IUuiw«wiuit«i>«»i'«*"" ELLB [elle défend elle-même et certains reconnois- > que les an- démontrent mal fondé; ;es traits un i constance nous a été note dans le , terre appar- on , où s'est si constante Emmanuel , »nc , appelé lui? Il faut leux mâles, 1 gris et un oit toujours ui auroit la quand l'un se metroit à 'autre n'en rendu maî. les céder le 'A •r., '<è D U C A K A E. D. 4^ communiqué par un homme aussi véri- dique qu*éclairé} auquel je suis rede- matin ; enfin les deux galans en vinrent à des combats si furieux , qu'il falloit y cou- rir. Un jour entr'autres , attiré du fond du jardin par leurs cris , je les trouvai | leurs cous entrelacés , se donnant des coups d'ai- les avec une rapidité et une force éton- nantes ; les trois femelles tournoient au- tour , comme voulant les séparer , mais inutilement \ enfin le jars blanc eut le des- sous , se trouvA renversé , et étoit très- maltraité par Tautre \ je les séparai , heu- reusement pour le blanc , qui y auroit per- du la vie. Alors le gris se mit à crier , à chanter et à battre les ailes , en courant rejoindre ses compagnes y en leur faisant à chacune tour-à-tour un ramage qui ne fi- nissoit pas , et auquel répondoient les trois damrs y qui vinrent se ranger autour de lui. Pendant ce temps-là le pauvre jacquot fai- soît pitié ) et , se retirant tristement , je- toit de loin des cris de condoléance ; il fut plusieurs jours à se rétablir , durant les- -quels j'eus occasion de passer par les cours où il se tenoit; je le voyois toujours exclus de la société , et à chaque fois que je passois Oiseaux. YI. 5 ■-«<* .—.*,.%,. '*'^**-"0**'^* •# ^* 4^ HISTOIRE NATURELLE vdble d'une partie des soins et des at« tentions que j'ai éprouvés à Pimpri* il me yenoit faire des harangues , sans cloute pour me remercier du secours que je lui aTois donné dans sa grande al^re. Un jour il s'approcha si près de moi , me marquant tant d'amitié , que je ne pus m'empêcher de le caresser en lui passant la main le long du cou et du dos , à quoi il parut étrr si sensi- ble ) qu'il me suivit jusqu'à l'issue <- ■ ...iaiaP6i^.v^i»^^^--"" *»Sf***!W*i^*' ELLS is et des at« i à Timprl- s , sans doute s que je lui lire. Un jour ne marquant empêcher de in le long du étrr si sensi- ie«:. «urs; I I' ...auqua ia même ca« as , et cepen- 'air de vou- ses chères en arrivant, 'adressa di- nemanquè- le conque - e les laissai toujours le e mon jac' is dessus , essus y de minutes ^ ai, il de- npara des DUCANARD» 4? marie royale pour l'impression de mes I ouvrages. Nous avons aussi reçu de trois demoiselles. Quand Pami jacquot se vit le maître , il n'osoit plus quitter ses de- moiselles, et par conséquent il ne venoit plus à moi quand je passois ; il me donnoic seulement de loin beaucoup de marques d'amitié , en criant et battant des ailes , mais ne quittoit pas sa proie , de peur que l'autre ne s'en emparât; le temps se passa ainsi jusqu'à la couvaison , qu'il ne me par- loit toujours que de loin ; mais , quand ses femmes se mirent à couver , il les laissa et redoubla son amitié vis-à-vis de moi. Un jour m'ayant suivi jusqu'à la glacière , tout au haut du parc , qui étoit l'endroit où il falloit le quitter , poursuivant ma route pour aller aux bois d'Orangis , à une demi- lieue de là, je l'enfermai dans le parc ; il ne se vit pas plutôt séparé de moi , qu'il jeta des cris étranges; je suivois cependant mon chemin , et j'étôîs environ au tiers de la route des bois , quand le bruit d'un gros vol me fit tourner la tête , je vis mon jac- quot qui s'abattit à quatre pas de moi ; il me suivit dans tout le chemin, partie à pied^ \ I i \ \i I ■ I iM. ' y k^«)iiM'i!C**ft^liil- "i-'-W-s^'l^f,... V ■ r 48 HISTOIRE NATURELLE Saint-Domingue une relation assez semblable , et qui prouve que | dans certaines circonstances , l'oie se mon- tre capable d'un attachement person- nel, très- vif et très-fort, et même d'une sorte d'amitié passionnée qui la fait languir , et périr loin de celui Hi-¥ '■■A partie au vol , me devançant souvent , et s'arrêtant aux croisières des chemins pour voir celui que je voulois prendre ; notre voyage dura ainsi depuis dix heures du matin jusqu'à huit heures du soir , sans que mon compagnon eût manqué de rae suivre dans tous les détours du bois , et sans qu'il parût fatigué. Dès-lors il se mit à me suivre et à m'accompaguer par - tout , au point d'en venir importun , ne pouvant aller à aucun endroit qu'il ne fût sur mes pas* jusqu'à venir un jour me trouver dans l'é- glise ; une autre fois , comme, il mé cher- choi^ dans le village , en passant devant la croisée de M. le curé , il m'eiltendit parler dans sa c^iambre , et trouva la porte de la cour ouverte*, il entre , monte l'escalier , et en entrant » frit un cri de joie , qui ht grand* peur à M. le curé. -.M'- V «,5^ ; . d'Ul^-'y^â^teiw-^ï?'^^'^ r ELLE lation assez ) que I dans oie se mon- enl person- 9 et même nnée qui la n de celui souvent, et liemins pour ndre j notre heures du ir , sans que e me suivre et sans qu'il à me suivre > au point ant aller à r mes pas, dans l'é- •'ne cher- devant la «dit parler >ort( de la scalier, et i fit grand* B U C A » A B. D. 49 qu'elle a choisi pour Pobjet de son affection. ; , Dès le temps de Columclle ) on dis- tînguoit deux races dans les oies do- mestiques : celle des blanches plus an« ciennement) et celle à plumage variéi^ plus récemment privée ^ et cette oie ^ selon VarrOH) n^étoit pas aussi fécondo que Poie blanche^ aussi prescrivent-ils au fermier de ne composer son trou- peau que de ces oies toutes blanches ^ parce qu^elles sontaussi lesplusgrosses^ en quoi Belon paroit être entièrement de leur avis : cependant Gessner a écrit à-peu-près dans le même temps que l'on croyoit avoir en Allemagne de bon- nes raisons de préférer la grise | comme plus robuste sans être moins féconde ^ ce qu'Aldrovande confirme également pour Pltalie) comme si la race la plus anciennement domestique se fût à la longue affoiblie | et en effet ^ il ne pa- roit pas que les oies grises ou variées f oient aujourd'hui p ni pour ia taille p i ■.1 i. ^,-y-tlt fM 5a histoihe naturelle ni pour la fécondité | inférieures auji oies blanches . ^c u i . . Aristote y en parlant des deux races ou espèces d^oies , l'une plus grande f et l'autre plus petite ) dont l'instinct •st de vivre en troupes y semble par la dernière y entendre l'oie sauvage y et Pline traite spécialement de celle-ci ^ sous le nom de férus anser. En effet f l'espèce de l'oie est partagée en deux races ou grandes tribus , dont l'une depuis long- temps domestique ^ s'est affectionnée à nos demeures , et a été propagée 9 modifiée par nos soins, et l'autre beaucoup plus nombreuse, nous a échappé y et est restée libre et sau- vage ; car on ne voit entre l'oie domes- tique et l'oie sauvage , de différences que celles qui doivent résulter de l'es- clavage sous Phomme d'une part , et de l'autre , de la liberté de la nature. L'oie sauvage est maigre , et de taille plus légère que l'oie domestique : ce €^ui s'observe detnéme entre plusieurs >. V*.. .m:^ "'-- Niïîâfe'^^:^ ■' ''^1^^ ..agjflMBSi»^**»*-^*"*^******' IZ.X.S rieures aus deux races us grande , >t Pinstinct nble par la luvage, et 6 celle-ci f . En effet y> e en deu3c lont l'une que , s'est I, et a été soins, et use, nous e et sau- le dômes- Iférences r de Pes- >art , et nature. àe taille ue : ce U8ieur$ *>1 DU C A. K A R D. 5ï races privées , par rapport à leur tige sauvage , comme dans celle du pigeon domestique comparée à celle du bizetf l'oie sauvage a le dôs d'un gris-brunà'* tre , le ventre blanchâtre , et tout le corps nué d'un blanc-roussâtre , dont le bout de chaque plume est frangé. Dans l'oie doinestique, cette couleur Toussâtre a varié ; elle a pris défi nuan- ces de brun ou de blanc ; elle a mémo disparu entièrement dans la race blan- che. Quelques-unes ont acquis une huppe sur la tête , mais ces change- mens sont peu considérables en corn* paraison de ceux que la poiile , le pi- geon et plusieurs autres espèces ont subis en domesticité ; aussi l'oie et les autres oiseaux d'eau que nous avons réduits à cet état domestique ^ sont -ils beaucoup moins éloignés de l'état sauvage , et beaucoup moins sou- mis ou captivés que les oiseaux gaili- nacéo, qui semblent être les citoyen» naturels de nos basses-cours. £t dans ■>(/ mtmmnrn:'. i!im^"*f'W^m.'^\ - '-'^-^^ i-k ,■•'» lU \ Sa HISTOIRE IfÀTURELLl! les pays OÙ l'on fait de grandes éduca'^ tions d'oies , tout le soin qu'on leur donne pendant la belle saison, consiste à les rappeler ou ramener le soir à la f«rme| et àieur offrir des réduits com- modes et tranquilles pour faire leur ponte et leur nichée, ce qui suffit, avec l'asyle et L'aliment qu'ellea y trouvent en hiver ^ pour les affectionner à leur demeure et les empêcher de déserter ; le reste du temps elles vont habiter les eaux, ou elles viennent s'ébattre et se reposer sur les rivages^ et dans une vie aussi approchante de la liberté de la na- ture , elles en reprennent presque tous les avantages , force de constitution , épaisseur et netteté de plumage , vi« gueur et étendue de vol \ dans quelques contrées même où l'homme moins ci- vilisé, c'est-à-dire moins tyran, laisse encore les animaux plus libres , il y a de ces oies qui réellement sauvages pendant tout l'été , ne redeviennent domestiques que pour l'hiver : noua ;» -•n;: fl8Ks(fflBIBB*W*****^ «.)i«S!te«|w»«*«««**-''*****' •■ LIT! des éduca-^ qu'on leur n y consiste le soir à la duits corn- faire leur mfCity avec jr trouvent ner à leur déserter j labiter les ittre et se insunevie •é de la na- isque tous titution y âge , vi- quelques nolns ci- n j laisse s , il y a sauvages nennent r : noua BU G A. N A K D. 53 tenons ce fait de M. le docteur San-* chez , et voici la relation intéressante quMl nous en a communiquée. ce Je partis d'Azof^ dit ce savant médecin , dans l'automne de 17565 mo trouvant malade ^ et de plus craignant d'être enlevé par lesTartares Cubans, je résolus de marcher en côtoyant le Don y pour coucher chaque nuit dans les villages des Cosaques , sujets à la domination de Russie . Dès les premiers soirs, je remarquai une grande quan* tité d'oies en l'air j lesquelles s'abat- toient et se rendoient sur les habita* tions ; le troisième jour sur-tout , j'eik vis un si grand nombre au coucher du soleil, que je m'informai des Cosaques^ où je prenois ce soir-là quartier, si les oies que je voyois étoient domestiques ^ et si elles venoient de loin , comme il me sembloit par leur vol élevé ? Ils me répondirent, étonnés de mon igno- rance , que ces oiseaux venoient des lacs qui étoient fort éloignés du côté u I 'V v3 ' V ..^■^^fVpf^rfé •%(-R'j|,;i», - V «a «•■ •'^ ••#^^''-w.-*'' € ^ **< .•1 •■' I- I ' t 54 HTSTOIRE NATURELLE du nord, et que chaque année audégel^ pendant les mois de mars et avril , il sortoit de chaque maison des villages six ou sept paires d'oies , qui toutes ensemble prenoient leur vol et dispa- roissoient pour ne revenir qu'au com- mencement de Phiver , comme on le compte en Russie, c'est-à-dire à la pre- mière neige; que ces troupes arrivoient alors augmentées quelquefois au cen- tuple , et que se divisant , chaque pe- tite bande cherchoit avec sa nouvelle progéniture, la maison où elles avoient vécu pendant l'hiver précédent. J'eus constamment ce spectacle chaque soir durant trois semaines; l'air étoit rem- pli d'une infinité d'oies qu'on voyoit se partager en bandes ; les filles et les femmes , chacune à la porte de leurs maisons , les regardant , se di- soient : Voilà mes oies , voilà les oies d'un tel y et chacune de ces bandea mettoit en effet pied à terre dans la cour où elle avoit passé l'hiver précé'* J^-^.'*^^ %• « 4 .IfflSÉfifflftbS^*^*- LLE ^eaudégely ît avril, il les villages qui toutes >l et dispa- ju'au com- nme on le re à la pre- larrivoient lis au cen« iiaque pe- ï nouvelle les a voient lent. J'eus laque soir ^toit rem» on voyoit filles et porte de , se di- i les oies bandea dans la r précé"* nu CANARD. de 55 ». i dent. Je ne cesssai de voir ces oiseaux que lorsque j'arrivai à No^ ou l'hiver étoit déjà assez C'est apparemment d'après quelques relations semblables qu'on a imaginé , comme le dit Belon , que les oies sau- vages qui nous arrivent en hiver , étoient domestiques dans d'autres con- trées : mais cette idée n'est pasfondéey car les oies sauvages sont peut-être d» tous les oiseaux les plus sauvages et les plus farouches, et d'ailleurs la saison d'hiver où nous les voyons, es t le temps même où il f'audroit supposer qu'elles fussent domestiques ailleurs. On voit passer en France des oies sauvages dès la fin d'octobre ou les premiers jours de novembre. L'hiver, qui commence alors à s'établir sur les terres du nord, détermine leur migra- tion; et, ce qui est assez remarquable, c'est que l'on voit dans le même temps des oies domestiques manifester par leur inquiétude et par des vols fré- '\\ ' i ,l1 ,;(»''»|«L-»(»^^;f*Î!S„J--. I, 1 >i ïï 56 HISTOIRE NATDRELLS quens et soutenus I ce désir de voyager y reste évident de Pinstinct subsistant f et par lequel ces oiseaux , quoique depuis long-temps privés, tiennent encore à leur état sauvage par les pre- mières habitudes de la nature. Le vol des oies sauvages est toujours très-élevé^ le mouvement en est doux et ne s* annonce par aucun bruit ni sifflement : Taile y en frappant l'air, ne paroit pas se déplacer de plus d'un pouce ou deux de la ligne horizontale j ce vol se fait dans un ordre qui sup- pose des combinaisons , et une espèce d^ntelligence supérieure à celle des autres oiseaux , dont les troupes par- tent et voyagent confusément et sans ordre. Celui qu'observent les oies,sem- ble leur avoir été tracé par un instinct géométrique^ c'est à-la- fois l'arrange- ment le plus commode pour que chacun suive et garde son rang, en jouissant en même temps d'un vol libre et ou- vert devant soi | et Ift disposition la -j^"*#- *■•»->»*' '','S*k'KË?Sfei--"-^'^-" •îVSW'^i'SSî'ï-**"**^**'^*'' ^ SLLB le voyager I subsistant j : j quoique y tiennent >ar les pre- ire* st toujours in est doux n bruit ni int l'air, ne ) plus d'un orizontale } re qui sup- une espèce celle des oupes par- mt et sans 3 oies^sem- un instinct l'arrange- nue chacun jouissant )re et ou- ^osition U f ï BU C A K Jk. R D. ÙJ plus favorable pour fendre l'air avec plus d'avantage et moins de fatigue pour la troupe entière ç car «elles se rangent sur deux lignes obliquas for- mant un angle à-peu-près comme un V; ou si la bande est petite , elle ne forme qu'une seule ligne , mais ordi- nairement chaque troupe est à qua- rante ou cinquante 5 chacun y garde sa place avec une juster^.». admirable. Le chef qui est à la poiute de Pangle, et fend l'air le premier , va se reposer au dernier rang lorsqu'il est fatigue ; et tour-à-tour les autres prennent la première place. Pline s'est plu à dé- crire ce vol ordonné et presque rai- sonné : tt II n'est personne, dit-il, qui ne soit à porté? de le considérer ^ car le passage des ni-as ne se fait pas dans la nuit , mais en p.ei i jour ». Onamême remarqué quelques points de partage où les grandes troupes des oiseaux se divisent , pour de là se ré- pandre en diverses contrées : les an- Oiseaux. VI. C \\\ i v3 uk»«i«»^Mi'' »! -^'t-îî^j^'i*,- t !f; \ê I i '" il ( h< 58 HISTOIRE WAT011ELL2 ciens ont indiqué le mont TauruSy pour la division des troupes d'oies dan» toute PAsie mineure ; le mont StUat , maintenant Cossonossi( en langtie tur- que y champ des oies ) , où se rendent à l^arrière-saisonde prodigieuses troupes de ces oiseaux ^ qui de là semblent par- tir pour se disperser dans toutes le» parties de notre Europe. Plusieurs de ces petites troupes ou bandes secondaires se réunissant de nouveau , en forment de plus grandear et jusqu'au nombre de quatre ou cinq cents que nous voyons quelquefois en Kiver s'abattre dans nos champs où ces oiseaux causent do grands dom- mageS) en pâturant les blés qu'ils cher- chent on grattant jusque dessous la neige j heureusement les oies sont très* vagabondes, restent peu en un endroit y et ne reviennent guère dans le même canton; elles passent tout le jour sur la terre dans les champs ou les prés y mais elles vont régulièrement tous les ■**S«M'WS^H»ï***'*"'' ÎL12 it Taurusy d'oies dan» ont SfiUat p iangtietur- e rendent a ses troupes nblent par- toutes let troupes ou inissant de us grandear ;re ou cinq quefois en hamps où inds dom- uUls cher- lessous la sont très* endroit y le même jour sur les prës , t tous les m D tJ C A W A R D. 69 soirs se rendre sur les eaux des rivières ou des étangs; elles y passent la nuit entière , et n'y arrivent qu'après le coucher du soleil; il en survient même après la nuit fermée , et l'arrivée de chaque nouvelle bande est célébrée par de grandes acclamations | auxquelles les arrivantes répondent de façon que sur les huit ou neuf heures et dans la nuit la plus profonde^ elles font un si grand bruit et poussent des clameurs si multipliées , qu'on les croiroit as- semblées par milliers. On pourroit dire que ^ dans cetlei saison, les oies sauvages sont plutôt oiseaux de plaine qu'oiseaux d'eau , puisqu'elles ne se rend^fUt à l'eau que la nuit , pour y chercher leur sûreté ; leurs habitudes sont bien différentes et même opposées à celles des canards qui quittent les eaux où s'y rendent les oies , et qui ne vont p\turer dans les champs que la nuit , et ne revien* Dont à l'eau que quand les oies la quit; H"'-'^ !* »» *tm**f' ^^ ()0 HISTOIHE NATURELLE tent. Au reste, les oies sauvages, clans leurretourau printemps, ne s^arrétent guère sur nos terres ; on n^en voit inéme qu'un très-petit nombre dans les airs , et il y a apparence que ces oiseaux voyageurs ont pour le départ et le retour deux routes différentes. Cette inconstance dans leur séjour, jointe à la finesse de Pouie de ces oi- seaux, et à leur défiante circonspec- tion, font que leur chasse est difficile^ et rendent même inutiles la plupart des pièges quW leur tend : celui qu'on trouve décrit dans Aldrovande , est ]|.eut-étre le plus sûr de tous , et le mieux imaginé, ce Quand la gelée, dit- il, tient les champs secs, on choisit un lieu propre à coucher un long filet as- sujéti et tendu par les cordes, de ma- nière qu'il soit prompt et preste à s'a- battre , à-peu-près comme les nappes du filet d'alouette, mais sur un espace plus long, qu'on recouvre de poussière^ on y place quelques oies privées pour ■i 4- t -■» ^.ii/^X-tm^^ LELLE Livages, dans ne s'arrêtent )n n'en voit lombre dans înce que ces »ur le départ iifférentes. leur séjour^ ie de ces oi- ^ circonspec- est difficile^ s la plupart : celui qu'on >vande , est tous y et le a gelée, dit- |n choisit un |ong iilet as> es , de ma- res te à s'a- les nappes un espace poussière^ DU C A. N A B. D. servir d^appeL il 6i iel de rivées pour t essentif laîre tous ces préparatifs le soir, et de ne pas s'approcher ensuite du filet j car, si le matin les oies voyoient la ro- sée ou le givre abattus, elles en pren- droient défiance. Elles viennent donc à la voix de ces appelans , et après de longs circuits et plusieurs tours enPair^ elles s'abattent : l'oiseleur caché à cin- quante pas dans une fosse, tire à temps la corde du filet, et prend la troupe entière, ou partie sous sa nappe. » Nos chasseurs emploient toutes leurs ruses pour surprendre les oies sauva- ges ] si la terre est couverte de neige ^ ils se revêtent de chemises blanches par-dessus leurs habits ; en d'autres temps , ils s'enveloppent de branches et de feuilles, de manière à paruitre un buisson ambulant ; ils vont jusqu'à s'affubler d'une peau de vache , mar- chanten quadrupùdes,courbés sur leur fusil ; et souvent ces stratagèmes no suifisont pas pour approcher les oies | •t \ ^ ^1 ! ■■'♦ 62 HISTOIRE NATURELLE même pendant la nuit. lis prétendent qu^il y en a toujours une qui fait sen- tinelle le cou tendu et la tête élevée ^ et qui, au moindre danger, donne à la troupe le signal d*alariné.Mais,conime elles ne peuvent prendre subitement Tessor , et qu^elles courent trois ou quatre pas âur la terre , 6t battent des ailes pendant quelques momens, avant que de pouvoir s^éteter dans Pair, le chasseur a le temps de les tirer. Les oies sauvages ne restent dans ce pays-ci toirt rhiver, que qua^d la sai- son est douce : car, dans les hivers ru- des, lorsque nos rivières et nos étangs se glacent , elles s'avancent plus au midi , à'ûii l'on en voit revenir quel' ques-unes qui repassent vers la fin de mars pour retourner au nord ; elies ne fréquentent donc les climats chauds ^ et même la plupart des régions tempé- rées , que dans le temps de leurs pas* sages ; car nous ne sommes pas infor- més qu^elles nichent en France ; quel- ■4 t: '* ïT I mfÈtmi^ ELLE S prëtendene qui fait sen- te te élevée , r, donne à la ^aisjcomme subitement 9nt trois ou t battent des mens, avant ans l'air, le s tirer, tent dans ce aaïid la sai- )8 hivers ru- t nos étangs !nt plus au venir quel- rs la Rn de à ; elles ne ts chauds , ous tempé- leurs pas* pas infor- nce 5 cj^ufil- DITCANARD. 63 iq nés* unes seulement nichent en An- gleterre , ainsi qu'en Sîlésie et en Bothnii»î d'autres, eu plusgrandnom- bre , vont nicher dans quelques can- ton^* de la grande Pologne et de là Li- thuanie; néanmoins lé gros de l'espèce tie s'établit que plus loin da^s le nord, etsans s^arrêter ni iur les côtes de l'Ir- lande et de l'Ecosse , ni même en tous les points de la longue côte de Notwè- ge. On voit ces oiseau?^ se porter en troupes immenses jusque versleSpitz- berg le Groenland et les terres de la baie d'Hudson, où leur graisse et leur fiento sont une ressource pour les mal- heureux habitans de ces contrées gla* cées. Il y en a de môme des troupes innoiab râbles sur les lacs et les riviôres de la Laponie, ainsi %|tie dans les plai- nes de Mangasea, le long du Jénisca, dans plusieurs autres parties de In SI* bérit: , jusqu'au Kamtschatka, où elles arrivent au moi.^ de mai, et d'( > <4les ne partent qu'en novembre , ;iprè<» ^0mf% mmm*m ^- i-r à IH m : m ■ m Mi : f rM P' ï I '\ If W ri fi «y^a*vc, passer.;, r ie« printemps vers l'ouest T. " "" ^« viennent delMl^*^ """* *!"'''- <:'Mt • «auvage , «,ui se voit en P '° ^-. - trouve auTsrifx'r''^" auCa„ada,41,JVo„,,l;'l^°"'"«'>e, -■He» côtes occideni't^,^^^^^^ 1"e septentrionale 5 nous ,L oettemémeespèces., ^ ""' " • '^ i étendu* de !'Am6.^u» it! ^. Steller les ledeBerijjg, 5 l'est el; au rë&ume qu'él- ue au JCamts- )lus certain , artie de ces ' 9 gagne les erse , les lu- *^serve leur Europe : on I 'a sécurité fait oublier «• à l'appui werique en îpèce d'oie rope et en Louisiane , 'pagne , et î l'Améri- ;norons si gaiemt,,^ ..f / DU CANARD* 65 méridionale ; nous savons seulement que la race de l'oie privée , transpor- tée d'Europe au Brésil, passe pour y avoir acquis une chair plus délicate et de meilleur goût ; et qu'au contraire elle a dégénéré à Saint-Domingue , où M. le chevalier Lef'ebvre Deshayes a fait plusieurs observations sur le na- turel de ces oiseaux en domesticité, et particulièrement sur les signes de joie que donne l'oie mâle à la naissance des petits (i). M. Deshayes nous apprend de plus qu'on voit à Saint-Domingue (i) Quoique l'oie souffre ici d'être plumëe de son duvet trois fois l'année , son espèce néanmoins est moins précieuse dans un cli- mat où la santé défend , en dépit de la mol- lesse, de dormir sur le duvet, et où la paille fraîche est le seul Ht où le sommeil puisse s'abattre. La chair de l'oie n'est pas non plus aussi bonne k Saint - Domingue qu'en France; jamais elle n'est bien grasse ; elle est filandreuse , et celle du canard mérite à tous égards la préférence. Obsev* A >. >é \i «ne o.e de passage qui, eo„„,e en E... a "antln! I '"'^'S""'*» »« PO'te-t fort Nouvel mV"''''' «^''«J'onales du No„veau.Mo„de,co»„e dan. celle. ^Sr rit? '"' ^- '"^ '*-'^^ animal dëmontre J, '^. '""."'«"ger ; cet pied, de façorr^L *"• *"*P'g"«« de. ™9"e», puisqu-ik n-o„T,tr:„7dr ''•''• Circonstance pf «.*»:! ^ °^"® <^ette «on, dan, leur p"e° ier » \"""'e^'<'>» oi- •a propre su^ZT^fsetf^"'- r^Iige de son cœur • c^tJx . " " 'a oie comme celle de vôlanlr*'''"! •"«""•''» ••* »e, pedt,, la llîf ;.;,'' "'"""'' '<"» 1 ■•«■ •fetià****-. rRELLE comme en Eu- is grande que îmble prouver e portent fort ridionales du e dans celles où elles ont t, le chevalier parlé, ce me guliers de joie i ses petits les manger î cet ion en levant •épignant des ■ qu'il danse. sont pas équi- ic dans cette >étés presque ngeraux oi- ïère néglige er à la joie quelquefois distraction cîiasse loin "P«*e» il là r. Idem, DU CANARD. 6^ )énétré jusque sous la zone torride ^ ^et paroissent même Tavoir traversée |oute entière \ car on les trouve au Sé- négal j au Congo | jusque dans les ter- ces du Cap de Bonne - Espérance , et ieut-étre jusque dans celles dn conti- Éient austral. £n effet , nous regardons ^es oies y que les navigateurs ont ren- llpontrées le long des terres MagelLani« gués , àla terre de Feu ) à la Nouvelle-* l^ollande j etc. comme tenant de ^rès « ifrès à l'espèce de nos oies , puisqu'ils |ie leur ont pas donné d'autre nom. fféanmoins iL paroit qu'outre l'e^rA'ne commune, il existe , dins ces conv.t^Sy d'autres espèces dont nous allons don- ner la description. L'OIE des terres Magellaniqurs* Seconde espèce. Cette grande et belle oie, qui paroît être propre et particulière à cette con- trée , a la moitié inférieure du cou^ la : j^ ' <«**miA^ ¥ t < if? X 6I& HISTOIRE NATURELLE poitrine et le haut du dos ricliemeiit émaillés de festons noirs sur un fond roux ; le plumage du ventre est ou- vragé de mêmes festons sur un fond blanchâtre ; la tête et le haut du cou sont d'un rouge pourpré; Paile porte une grande tache blanche , et la cou- leur noirâtre du manteau est relevée par un reflet de pourpre. Il paroît que ce sont ces belles oies que le commodore Byron désigne sous le nom à* oies peintes , et qu'il trouva sur 1p. pointe San-^y , au det»oit de Magellan. Peut-êtr. \ussi ce le espèce est-elle la même que celle qu'indique le capitaine Cook , souo la simple dé- nomination de nouvelle espè --> d'oie , et qu'il a rencontrée sur ces côtes orien- tales du détroit de Magellan et de ta terre de Feu , qui sont entourées par d^immenses lits flottans de passe- pierre* lELLE ios richement sur un fond entre est ou- sur un fond haut du cou 55 l'aile porte e , et la cou- •u est relevée es belles oies désigne sous t qu'il trouva u def»oit de ice te espèce e qu'indique îa simple dé- ^p^ ' d'oie , côtes orien« llan et de la ntourées par de passe- DV CANA.IID. h ■•1 L'OIE des lies Malouines , ou Falkland. Troisième espèce. •I « De plusieurs espèces d'oies , dont ;|a chasse, dit M. de Bougainville, for- tmoit une partie de nos ressources aux ^' Iles Malouines, la première ne faitque >|^àturer5 on lui donne improprement |e nom à'' outarde ^ ses jambes élevées )ui sont nécessaires pour se tirer des grandes herbes , et son long cou la sert jbien pour observer le danger^ sa dé- Inarche est légère , ainsi que son vol , dételle n'a point le cri désagréable de '|son espèce ; le plumage du mâle est I blanc , avec des mélanges de noir et de I cendré sur le dos et les ailes; la femelle ^ est fauve , et ses ailes sont parées de couleurs changeantes; elle pond ordi» nairement six œufs; leur chair saine j nourrissante et de bon goût , devint notre principale nourriture ; il étoit j rare qu'on en manquât : indé]>endani- Oiseaux. VI. 7 ïrT^'nF^^^^^^Wff^^ * f-^ 1 i ' â «70 HISTOIRE NATURELLE ment de celles qui naissent sur l'ile , les vents d'est en automne en amènent desvoléeS) sans doute de quelque terre inhabitée ; car les chasseurs reconnois- soient aisément ces nouvelles venues^ au peu de c rainte que leur inspiroit la vue des hommes. Deux ou trois au- tres sortes d'oies j que nous trouvions dans ces mêmes tles , n'étoient pas si recherchées, parce que j se nourrissant de poisson j elles en contractent un goût huileux »>« Nous n'indiquons cette espèce sous la dénomination à''oie des iles Ma^ louines , que parce que c^est dans ces tles qu'elle a été vue et trouvée , pour la première fois , par nos navigateurs français; car il parott que les mêmes oies se rencontrent au canal de Noël, le long de la terre de Feu | de Pile Schagg dans ce même canal , ethsur d'autres lies près de la terre des Etats ; du moins M. Cook semble renvoyer à leur sujet, à la description de M. de^ r \ il »tri-i*»»-- ,«s^j!.a:jaB!«a««M«w-*«* rRELLE sent sur i'ile, me en amènent s quelque terre Burs reconnois- ivelles venues, sur inspiroit la K ou trois au- nous trouvions 'étoient pas si se nourrissant ontractent un te espèce sous des iles Ma- c^est dans ces trouvée , pour 8 navigateurs Je les mêmes mal de Noël, ?eu, de l'île ;anal , et sur •re des Etats; e renvoyer à on de M. de DU CANARD. >rsau'il dit: 71 gainville, lorsqu'il dit : a Ces oies paroissent très « bien décrites sous le liom Moutardes ^ elles sont plus petites que lesoies privées d'Angleterre, mais aussi bonnes; elles ont le bec noir et court, et les pieds jaunes ; le mâle est ïlout blanc • la femelle est mouchetée /|de noir et de blanc ou de gris , et elle ^ une grande tache blanche sur chaque ^i|ile ». Et quelques pages auparavant il en fait une description plus détaillée en ces termes : ce Ces oies nous paru- rent remarquables par la différence de couleur entre le mâle et la femelle ; le mâle étoit un peu moindre qu'une oie Iprivée ordinaire,et parfaitement blanc ^ ^excepté les pieds qui étoient jaunes, let le bec qui étoit noir ; la femelle • I au contraire ^ étoit noire , avec des barres blanches en travers , une tête grise , quelques plumes vertes et d'au- tres blanches. Il paroi t que cette dif- férence est heureuse , car la femelle étant obligée de conduire ses petits | I tia»>:«nr««ii.,. ^.^..^ .ttr ^,:^«(j*»^'?^, "f, -i^v-*!-»* ^if: xV^ ^2, HISTOIRE NATURELLE sa couleur brune la cache mieux aux faucons et autres oiseaux de proie 33. Or , ces trois descriptions paroissent appartenir à la même espèce ^ et ne diffèrent entre elles que par le plus ou le moins de détails. Ces oies four- nirent aux équipages du capitalise Cook un rafraîchissement aussi r ^.ëa- ble, qu'il le fut aux iles Malouines à nos Français. L'OIE DE GUINÉE. Quatrième espèce. Le nom d'oie-cygne {Swan-goose) , que Willulghby donne à cette grande et belle oie , est assez bien appliqué , si l'oie du Canada , tout aussi belle au moins , n'avoit pas le même droit à ce nom , et si d'ailleurs les dénominations composées ne dévoient pas être bannies de l'Histoire Naturelle. La taille de cette belle oie de Guinée surpasse celle des autres oies ; son plumage est LELLE iie mieux aux IX de proio », ins paroissent ispèce y et ne 3 par le plus Ges oies four'> clu capitaihe t aussi r ^r.éa.' Malouines à INEE. e. wan-goosé) , cette grande n appliqué, ussi belle au le droit à ce nominations être bannies -•a taille de ée surpasse plumage est DIT CAWARD. 7^ gris-brun sur le dos , gris-blanc au-de» Tant du corps , le tout également nué de gris - roussàtre , avec une teinte brune sur la tête et au-dessus du cou ^ elle ressemble donc à l'oie sauvage par les couleurs du plumage ; mais la gran- deur de son corps e^ le tubercule élevé qu'elle porte sur la base du bec , l'ap- prochent un peu du cygne , et cepen- dant elle diffère de l'un et de l'autre par sa gorge enflée et pendante en ma-* nière de poche ou de petit fanon ; ca- ractère très-apparent , et qui a fait don« ncr à ces oies le nom de jabatières, L^Afrique, et peut-être les au très terres méridionales de Tancien continent, pa- roissent être leur pays natal; et, quoi- que Linnaeus les ait appelées oies d^ Sibérie , elles n'en sont point origi- naires^ et ne s'y trouvent pas dans leur état de liberté; elles y ont été appor- tées des climats chauds, et on les a mul- tipliées en domesticité , ainsi qu'en Suède et en Allemagne. Frisch ra^ hmkMKWMHC" .mm^mmi;;'*!!^ •s '»H« i i y4 HISTOIRE NATUKEt.l.R conte qu'ayant plusieurs ibis montré à des Russes de ces oies qu'il nourrissoit dans sa basse-cour , tous sans hésiter j les avoient nommées oies de Guinée ^ et non pas oies de Russie ni de Sibé' rie. C'est pourtant sur la foi de cette fausse dénomination donnée par Lin- nseus , queM.Bri£sony après avoir dé- crit cette oie sous son vrai nom d'o/e de Ouinée, la donne une seconde fois sous celui d'o/e de Moscovie , sans s'être aperçu que ses deux descriptions sont exactement celles du même oiseau. Non -seulement cette oie des pays chauds produit en domesticité dans des climats plus froids; mais elle s'allie avec l'espèce commune dans nos contrées ; et , de ce méiange, il résulte des métis qui prennent de notre oie le bec et les pieds rouges y mais qui ressemblent à leur père étranger par la tête , le cou et la voix forte , grave y et néanmoins éclatante | car le clairon de ces grandes oies est encore plus retentissant que ly . ibis montre à *il nourrissoit sans hésiter y de Guinée ^ e ni de Sibé- . ioi de celle née par Lin- rès avoir dé- nom d'o/e de nde fois sous sans s'être riptions sont 16 oiseau, ie des pays :ité dans des î s'a]Jie avec s contrées $ te des métis e bec et les semblent à ^te , le cou néanmoins ;es grandes issant que DU C A H A K. D. 75 celui des nôtres , avec lesquelles elles ont bien des caractères communs. La même vigilance paroit leur être natu- relle, a Rien , dit M. Frisch , ne pou- voit bouger dans la maison pendant la nuit, que ces oies de Guinée n'en aver- tissent par vtn grand cri \ le jour elles annoncoient de même les hommes et lesanimauxquientroientdan&labasse- cour , et souvent elles les poursui voient pour les becqueter aux jambes ». Le bec , suivant la remarque de ce natu-* raliste, est armé sur ses bords de pe- tites dentelures, et la langue est garnie de papilles aiguës^ le bec est noir, et le tubercule qui le surmonte , est d'un rouge vermeil. Cet oiseau porte la tête haute en marchant; son beau port et »a grande taille lui donnent un air as- sez noble. Suivant M. Frisch, la peau du petit fanon ou la poche de la gorge, n'est ni molle ni flexible , mais ferme ot résistante, ce qui pourl„ les matelots oyé la tête et l'ony voyoit le inférieure non ; mais ^ à demi-brû- lée rire exac- ment recon- El été adressé e Guinée ^ ^ en Allema- :ie. É E. 3 9 non*seu- 2Sy mais de almipôdes, u éperons , ;lii, les ja- t quelques tère singu- ité , et qui DU CANARD. r^J [dans les oies distingue celle-ci de tou- Ites les autres. On peut la comparer pour la taille , au canard musqué; elle a les jambes hautes et rouges ; le bec de la même couleur et surmonté au front d'une petite caroncule; la queue |et les grandes pennes des ailes son^ fiioires ; leurs grandes couvertures sont vertes, les petites sont blanches et tra- versées d'un ruban noir étroit ; ie man- teau est roux , avec des reflets d'un pourpre obscur ; le tour des yeux est de cette même couleur, qui teint aussi, mais foiblement, la tête et le cou; le devant du corps est finement liseré de petits zig-zags gris, sur un fond blanc- jaunâtre. Cette oie est indiquée dans nos plan- ches enluminées comme venant d'E- j>ypte. M. Brisson l'a donnée sous le nom à* oie de Gambie^ et , en effet, il est certain qu'elle est naturelle en Afrique ; et qu'elle se trouve particu- lièremenl au Sénégal. IMIP**^^^^^*» 1 r -f HISTOIRE NATURELLE L'OIE BRONZÉE. (■ ^ , Sixième espèce. C'est encore ici une grande et belle espèce d^oie y qui de plus est remar- quable par une large excroissance char* nue f en forme de crête , au-dessus du bec ; et aussi par les reflets dorés y bronzés et luisans d^acier bruni', dont brille son manteau sur un fond noir; la tête et la moitié supérieure du cou sont mouchetées de noir dans du blanc par petites plumes rebroussées, comme bouclées sur le derrière du cou; tout le devant du corps est d'un blanc teint de gris sur les flancs. Cette oie paroit moins épaisse de corps, et a le cou plus grêle que l'oie sauvage commune* quoi< que sa taille soit au moins aussi grande . Elle nous a été envoyée de la côte de Coromandel ; et peut • être l'oie à crête de Madagascar , dont parlent les voyageurs Rennefort et Flacourt | v f ^jirfgW»^' lELLE ZÉE. ande et belle s est remar- »issance char- iu-dessus du ïflets dorés , bruni', dont >n fond noîr ; eure du cou ans du blanc sées, comme u cou; tout i blanc teint te oie paroi t I le cou plus mune, quoi- ussi grande. i la c6te de tre l'oie à >nt parlent Flacourt , DU CANARD. 79^ sous le nom de rassangue , n'est-elle que le même oiseau, que nous croyons aussi reconnoître à tous ses caractères àAiisVipécatiapoadiQS Brésiliens, dont Marcgrave nous a donné la description ict la figure ; ainsi cette espèce aqua- )^tique seroitune de celles que la nature a rendues communes aux deux con- itinens. L' O I E D' É G Y P T E. Septième espèce. Cette oie est vraisemblablement celle que Granger , dans son Voyage d'Egypte , appeloit Voie du Nil, Elle est moins grande que notre oie sau- vage ; son plumage est richement émaillé et agréablement varié : une large tache d'un roux vif se remarque sur la poitrine ; et tout le devant du corps est orné , sur un fond gris-blanc , d'une hachure très-fine de petits zig- zags d'un cendré teint de roussâtre \ 'f -w^»«»^iP"'r«(î?55"' »i"j h. '■> •'■ i i h rm 80 HISTOIRE NATURELLE le dessus du dos est ouvragé de même ^ mais par zig-zags plus serrés , d'où ré' suite une teinte de gris-roussâtre plus foncé : la gorge , les joues et le dessus de la tête sont blancs ; le reste du cou et le tour des yeux sont d'un beau roux ou rouge-baie y couleur qui teint aussi les pennes de Paile voisines du corps ; les autres pennes sont noires; les gran- des couvertures sont chargées d'un re- flet vert-bronzé sur un fond noir ; et les petites , ainsi que les moyennes , sont blanches ; un petit ruban noir coupe l'extrémité de ces dernières. Cette oie d'Egypte se porte ou s'é- gare dans ses excursions , quelquefois très-loin de sa terre natale ; car celle que représentent nos planches enlumi- nées , a été tuée sur un étang près de Senlis ; et , par la dénomination que Ray donne à cette oie , elle doit aussi quelquefois se rencontrer en Espagne. R.ELLE •âgé de mêmej îrrés , d'où ré. roussâtre plus es et le dessus e reste du cou l'un beau roux qui teint aussi nés du corps ; îires; les gran- rgées d'un re- fond noir ; et JS moyennes , t ruban noir i dernières, porte ou s'é- 9 quelquefois lie 5 car celle nchesenlu mi- étang près de mination que lie doit aussi r en Espagne. ^ DU CANARD. 81 L'OIE DES ESQUIMAUX. Huitième espèce. Outre l'espèce de nos oies sauvages, qui vont en si grand nombre peupier notre nord en été , il paroît qu'il y a aussi dans les contrées septentrionales du nouveau continent quelques espè- ces d'oies qui leur sont propres et par- ticulières; celle dont il est ici question , fréquente la baie d'Hudson et les pays des Esquimaux; elle est un peu moin- dre de taille que l'oie sauvage com- mune; elle a le bec et les pieds rouges; le croupion et le dessus des ailes d'un bleu-pâle * la queue de cette même couleur, i -nis plus obscure; le ventre blanc, nup de brun; les grandes pennes des ailes et les plus près du dos sont noirâtres; le dessus du dos est brun , ainsi que )e bas du cou, dont le dessous est moucLeté de brun sur un fond blanc; le sommet de la tête est d'un roux brûlé. Oiseaux. Vi. S k ^v ,i 8a HISTOIRE NATUREtLC l'OIE RIEUSE. ■:'i i n l a Neuvième espèce. Edwards a donné le nom d'oie rieuse à cette espèce) qui se trouve, comme la précédente , dans le nord de PAméri- que , sans nous dire la raison de cette dénomination, qui vient apparemment de ce que le cri de cette oie aura paru avoir du rapport avec un éclat de rire; elle est de la grosseu " de notre oie sau- vage; elle a le bec et les pieds rouges; le front blanc; tout le plumage au-des- sus du corps , d*un brun plus ou moins foncé, et au-dessous d'un blanc parse- mé de quelques taches noirâtres. L'in- dividu décrit par Edwards, lui avoit été envoyé de la baie d'Hudson; mais il dit en avoir vu de semblables à Lci* dres dans les grands hivers. Linnaeus décrit une oie qui se trouve en Helsin» gie, et qui semble être la même; d'où il paroit que ^ si cette espèce n'est pas ^vJ^-Wr. V ,||M*StaS«(«»' ■:-^•J&■ 0 .ELLE USE. n d'oie rieuse ve^ comme la de PAméri- ison de cette pparemment »ie aura paru éclat de rire; lotre oie sau- ieds rouges; nage au-des- lus ou moins blanc parse- râtres.L'in- s , lui ayoit idson; mais ables à Lci- s. Linnaeus î en Helsiri' même; d'où ce n'est pas 'i DU C A N A 11 D. 83 I précisément commune aux deux conti- nens, ses voyage' du moins dans cor- taines cire «nsiances, la font passer de l'un à ''a- L'OJ tJP A V ATTE, me espèce. Une cravatte blanche passée sur une gorge noire, distingue assez cette oie ^ qui est encore une de celles dont l'es- pèce paroit propre aux terres du nord du Nouveau-Monde> et qui en est du moins originaire ; elle est un peu plus grande que notre oie domestique, et a le cou et le corps un peu plus déliés et plus longs; le bec et les pieds sont de couleur plombée et noirâtre; la tête et le cou sont de même noirs ou noirâtres; et c'est dans ce fond noir que tranche la cravatte blanche qui lui couvre la gorge. Du reste, la teinte dominante de son plumage est un brun-obscur etquel- quefois gris.^ous connoissons cette oio y IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) 1.0 l.l Iàâ|2j8 |25 ■U ËiÀ 12.2 M> 136 iili U Itt 2.0 lU Kl lit IL25 III 1.4 II m |l.6 ■SP- ^ 7 Photographie Sciences Corporation 23 WIST MAIN STREET WEBSTER, N.Y. M580 (716) S72-4S03 m ^\^ o^ ,.H ■■' V'-' -:;'»r W.-;\ -■"■ / 'n 84 HISTOIRE NATUKEI.LB en France sous le nom d'o/'e du Cana* da^ elle s'est même assez multipliée en domesticité ; et on la trouve dans plusieurs de nos provinces^ il y en avoit ces années dernières plusieurs centai- nes sur le grand canal à Versailles^ où elles vivoient familièrement avec les cygnes : elles se tenoient moins souvent sur l'eau que sur les gazons au bord du canal , et il y en a actuellement une grande quantité sur les magnifiques pièces d'eau qui ornent les beau jar- dins de Chantilly. On les a de même multipliées en Allemagne et en Angle- terre : c'est une belle espèce, qu'on pourroit aussi regarder comme faisant une nuance entre l'espèce du cygne et celle de l'oie. Ces oies à cravatte voyagent vers le sud en Amérique, car elles paroissent en hiver à la Caroline, etEdwards rap- porte qu'on les voit dans le printemps passer en troupe au Canada , pour re- tourner à la baie d'Hudson et dans lea u Cana* ultipliée ive dans en avoit s centai- lilleS) où avec les » souvent i bord du lent une ^nifiques leau jar- le même n Angle- î, qu'on e faisant cygne et it vers le iroissent irds rap- rintemps pour re- dans lea D TJ C A N A B. D. 85 ftntres parties les plus septentrionales de l'Amérique. Outre ces dix espèces d'oies 9 nous trouvons, dans les voyageurs, l'indica- tion de quelques autres qui se rappor- teroient probablement à quelques-unes des précédentes , si elles étoient bien décrites et mieux connues; telles sont : 1°. Les oies d'Islande dont parle An* derson , sous le nom de margées , qui sont un peu plus grosses qu'un canard; elles son t en si grand nombre dans ce tte Sle , qu'on les voit attroupées par mil- liers. 2«*. L'oie appelée helsinguer, par le même auteur , laquelle vient s* établir à V est de Vile y et qui ^ en arrivant y est si fatiguée , qu^elle se laisse tuer à coups de bâton, Z^, L'oie de Spitzberg, nommée par les Hollandais , oie rouge» 4°* La petite oie loohe des Ostiaks , dont M. de l'Isle décrit un individu tué au bordderOby, «Ces oies, dit-il, ont i ;^ i ê Kil .t'a ' .••■ %G HISTOIRE IfATURELLX les ailes et le dos d'un bleu-foncë et lustré; leur estomac est rougeàtre^ et elles ont au sommet de la tête une ta- che bleue de forme ovale y et une ta« che rouge de chaque câté du cou ; il règne depuisi la tête jusqu'à Pestomac^ une raie argentée de la largeur d'un tuyau de plume y ce qui Ikit un très* bel effet ». 5<>. Il se trouve à Kamtschatka ^ se- lon KracheninnikoWi cinq ou six espè- ces d'oies, outre l'oie sauva^g» commua ne , savoir, la gumeniski y l^oie à cou court , l'oie grise tachetée, l'oie à cou blanc , la petite oie bliinchej Poie étrangère » Ce voyagea i^a fait que les nommer; et Steller dit seulement que toutes ces oies arrivent à K.amts* chatka dans le mois de mai, et s'en re^ tournent dana celui d'octobre. 6^. L'o/V de montagne , du Cap do Bonne-Espérance, dontKolbe donne une courte description , en la distin- guant de Voie d'eau, qui est l'oie com- •^t^S^lZ." DUCAVAUD. 87 mune) et de la j'abotiîère ^ qui est Toi» de Guinée. i^i r-^ Nous ne parlerons point ici de ces prétendues oies noires des Moluques^ dont les pieds sont, dit-on^ con(o^«ië% comme ceux des perroquets^ car dci semblables disparates ne peuTeiit étroi imaginées que par des gens entière^ ment ignoran? en Histoire naturelle. * Après ces notices^ il ne nous reste ^ pour compléter L'exposition de la nom** breuse famille des oies, qu'à y joindre les espèces du crapont , de la bernache et de Vefder ., qui leur appartiennent ^ et sont du même genre» : . i LE GRAVANT. w Le nom de cravant, selon Gessuer, n'est pas autre que celui de graU'Cnt , en allemand canard brun^ la couleur du cravant est effectivement un gris- brun ou noirâtre assez uniforme sur tout le plumage ; mais^ par le port et % 88 HISTOIRE NATUaELLB par la figure^ cet oiseau approche plus de Poie que du canard; il a la tête haute et toutes les proportions de la taille de l'oie ^ sous un moindre mo- dule et avec moins d'épaisseur de corps et plus de légèreté; le bec est peu large et assez court ; la tête est petite^ et le cou est long et grêle; ces deux parties^ ainsi que le haut de la poitrine ^ sont d'un brun-noirâtre ) à l'exception d'une bande blanche fort étroite j qui forme un demi-collier sous la gorge ; carac« tère sur lequel Selon se fonde | pour trouver dans Aristophane un nom re- latif à cet oiseau. Toutes les pennes des ailes et de la queue ^ ainsi que les couvertures supérieures de celle- ci ^ sont aussi d'un brun-noirâtre; mais les plumes latéralçset toutes celles du des- sous de la queue sont blanches; le plu- mage du corps est gris-cendré sur le dos, sur les flancs et au-dessus des ai- les ; mais il est gris - pommelé sous le ventre, où la plupart des plumes sont 1 jÇïS-^ ■" ^Kîw»"r~»*wT»t''x» « i»«r™^ — ^iJi-T-H-'i „ if^^ » ' 4 he plus la tête s de la re mo- le corps m large :e, et le parties^ e 9 sont «n d'une i forme • carac- By pour Dom re- pennes que les (Ue-ciy mais les } du des- »;leplu- é sur le s des ai- ; sous le mes sont I> IT C ▲ N A R D. 89 bordées de blanchâtre; l*iris de l'oeil est d'un jaune-brunâtre ; les pieds et les membranes qui en réunissent les doigts sont noirâtres, ainsi que le bec, dans le- quel sont ouvertes de grandes narines | en sorte qu'il est percé à jour . On a long -temps confondu le cra- vant avec la bernache , en ne faisant qu'une seule espèce de ces oiseaux : Willulghby avoue qu'il étoit dans l'o- pinion que la bernache et le cravant n'étoient que le mâle et la femelle y mais qu'ensuite il reconnut distincte- ment et à plusieurs caractères, que ces oiseaux formoient réellementdeux espèces différentes. Belon qui indique le cravant sous le nom de cane de mer a collier y désigne ailleurs la bernache sous le nom de cravant, et les habitans de nus côtes font aussi cette méprise ; la grande ressemblance dans le pluma- ge et dans la forme du corps , qui se trouve entre le cravant et la bernache, j a donné lieu; néanmoins la bernache I. ■■nim» ,''(/-•' ^.K ■i \ 5^0 HISTOIRE NATURELLE a le plumage décidément noir, au liea que dans le cravant il est plutôt brun- noirâtre que noir) ^t indépendamment de cette différence y le cravant fré- quente les c6tea des pays tempérés ^ tandis que la bernaclie ne paroh que sur les terres les plus septentrionales; ce qui suffit pour nous porter à croire que ce sont en effet deux espèces dis^ tinc tes et séparées. ■'■ Le cri du cravant est un son sourd et creuZ) que nous avons souvent en • tendu ) et qu'on peut exprimer par ouan , ouan^ c'est une sorte d'aboie* ment rauque que cet oiseau fait enten- dre fréquemment; ilaaussi^ quand on le poursuit) ou seulement lorsqu'on s'en approche) un sifflement semblable, à celui de l'oie. Le cravant peut vivre en domesti- cité ; nous en avons gardé un pendant plusieurs moist sa nourriture étoit du grain ) du son ou du pain détrempé; il s'est constamment montré d'un natu^ .-,/: ■ r\ ^.H*- ' i.<* *••■■>■*« •y au liea tôt brun- lammenk rftnt frë- impërés ^ iroit qua rionales^ : à croire èces dis* >ii sourd vent en* mer par d'aboie* it enten* uand on r&qu'on mblable omestî- rendant ^toit da ioipë; il natu^ DIT CANA.&D. 9t rel timide et sauvage , et s'est refusé à toute familiarité ; renfermé dans un jardin avec des canards- tadornes ^ il s^en tenoit toujours éloigné ! il est mê- me si craintify qu'une sarcelle avec la- quelle il avoit vécu auparavant y le snettoit eu fuite. On a remarqué qu'il mangeoit pendant la nuit autant et peut-être plus que pendant le jour; il aimoit à se baigner ^ et il secouoit sea ailes en sortant de l'eau : cependant l'eau douce n'est pas son élément na- turel y car tous ceUx que l'on voit sur nos cêtes y abordent par la mer. Voici quelques observations sur cet oiseau > qui nous ont été communiquées par M. Bâillon. ^ ^ ' • «Left cravans n'étoientguère connus 6ur nos côtes de Picardie avant l'hiver de 1740 f le vent du nord en amena alors une quantité prodigieuse; la mer en étoit couverte; touft les marais étant glacés , ils se répandîreut daiis les ter« re's I et firent ùtt très-grand dégât en S: i f 4|i » »-j*,«"5|^ ( ^ ,♦ .m:- ^^ HISTOIRE NATURELLE pâturant les blés qui n^étoient paft couverts de neige ; ils en dévorèrent jusqu'aux racines. Les habitans dos campagnes que ce fléau désoloit , leur déclarèrent une guerre générale \ ils approchèrent de très-près pendant les premiers jours ^ et en tuoient beau- coup à coups de pierres et de bâtons : mais on les voyoit y pour ainsi dire , renaître \ de nouvelles troupes sor- toient à chaque instant de la mer f et se jetoient dans les champs ; ils dé- truisirent le reste des plantes que la gelée avoit épargnées*. •• 3» D^autres ont reparu en 1765 , et les bords de la mer en étoien t couverts ; mais le vent du nord qui les avoit ame- nés ayant cessé j ils ne se sont pas ré- pandus dans les terres y et sont partis peu dé jours après. 3» Depuis ce temps on en voit tous les hivers , lorsque les vents de nord soufflent constamment pendant quinze jours ; il en a paru beaucoup au çox&- ». "***r*'*'!w''î^**W' ^^ ■"-«'..■«? rKELLE n'étoient pa9 en dévorèrent ' habitans des désoloit ) leur générale 5 ils ^8 pendant les ;uoient beau- et de bâtons t ur ainsi dire^ troupes sor- t de la mer | lamps ; ils dé- plantes que la I en 1^65 , et ent couverts; tesavoit ame- } sont pas ré- et sont partis en voit tous ents de nord ndant quinze ;oup au cont- I ^^•yt-r r: i i'k' -^^^ ^ 7^//^ . /7. ■■^ ï'i fci^, V **s^'i v>'«vv; î>'i'r^i-' . , 1- *^ "H %■ H ■'>' î- »■ vï . ^ ♦f-Vi-t' »v/v v:*ta-i>H ;. .vi„t;; '"' v 'C.,,* ■;; r •v, ''Kit i>V > ', ( ^t ^-'f ■; ,*^ 'i' ^,' / i:^- ./v.,, . f? ?i'' .-■I . • ' '*' ' ' i '^, .■ ' \ ■ >ISB- ■ • .--•é'''i4»' .J!'' ■.-:V-r' t ^^ i^Jjkîta ■■ • '■■•'•-'. 'i' ,;■ m--.- <,i r: ( ;)'-•:' BU CANARD. ^3 tn€ncement de 1776 ; mais la terre étant couverte de neige , la plupart sont restés à la mer : les autres qui ëtoient rentres dans les rivières ou qui s'ëtoient répandus sur leurs bords ^ à peu de distance des côtes ^ furent forcés de s'en retourner par les glaces que ces rivière? charioient ou que la marée y refouloit. Au reste y la chasse qu'on leur a donnée les a rendus sau- vages^et ils fuient actuellement d'aussi loin que tout autre gibier », LA BERNACHE. f{ •"*"•■ ■^:i^'M. .,iW''- ' i -il Entre les fausses merveilles que l'i«* gnorance^ toujours crédule^ a si long* temps mises à la place des faits simples et vraiment admirables de la nature y Tune des plus absurdes peut-être , et cependant des plus célébrées , est la prétendue production des bernaches et des macreuses dans certains coquil- lages appelés conques anatifères ^ ou Oiseaux. YI. 9 •h rJ '<•■■ !■*■ I, 94 HISTOTRB TSTATURELLS certains arbres des côtes d^£co8se et des Orcades , ou même dans les boia pourris des vieux navires. Quelques auteurs ont écrit que de» fruits j dont la conformation offre d*a<- Tance des linéamens d'un volatile tom« bés dans la mer , s'y convertissent en oiseaux. Munster , Saxon le grammai- rien et Scaliger l'assurent; Fugose dit de même que les arbres qui portent ce» fruits 9 ressemblent à des saules y et qu'au bout de leurs branches se pro- duisent de petites boules gonflées , of- frant l'embryon d'un canard qui pend par le bec à la branche , et que lors- qu'il est mûr et formé y il tombe dans la mer et s'envole. Vincent de Beau- vais aime mieux L'attacher au tronc et à l'écorce dont il suce le suc , jusqu^à ce que déjà grand et tout couvert de plumes 9 il s'en détache. L'Eslœus, Majolus, Odéric^ Tor- quemenda y Chavasseur j l'évêque Olaiis et un savant cardinal | attestent I RELLS tes d ^Ecosse et e dans les boi» res. it écrit que de» ation offre d*a- in volatile toin« invertissent en on le graminai- tnt; Fugose dit qui portent ce» les saules j et mches se pro<- s gonflées , of- nard qui pend 9 et que lors* il tombe dans ent de Beau* ler au tronc et suc, jusqu^à ut couvert de }déric, Tor- j l'évêque nal y attestent 1 BCrCA.NAB.D. pS tous celte étrange génération ; et c'est pour la rappeler que l'oiseau porte le nom à^anser arboreus , et l'une des Iles Orcades où ce prodige s'opère | ce- lui Ae pomonia» Cette ridicule opinion n'est pas en- core assez merveilleusement imaginée pour Cambden, Boëtius et Turnèbe; car , selon eux y c'est dans les vieux mâts et autres débris des navires tom- bés et pourris dans l'eau ) que se for- ment d'abord comme de petits cham- pignons ou de gros vers , qui peu-à-peu se couvrant de duvet et de plumes y achèvent leur métamorphose en se changeant en oiseau. Pierre Danisi , Dentatus, Wormius , Duchesne, sont les prôneursdc cette merveille absurde, de laquelle Rondelet , malgré son sa- voir et son bon sens , paroit être per- suadé. Enfin chez Cardan , Gyraldus et Maier qui a écrit un traité exprès sur cet oiseau sans père ni mère^ ce ne sont 'l .-w t- "_■" •■*r r-f. (^6 HISTOIRE NATURELLE ni des fruits , ni des vers , mais des co^ quilles qui l'enfantent; et ce qui est encore plus étrange que la merveille^ c'est que Maier a ouvert cent de ces coquilles prétendues anatifères, et n'a pas manqué de trouver dans toutes l'embryon de l'oiseau tout formé. Voilà sans doute bien des erreurs, et même des chimères sur l'origine des berna- ches : mais comme ces fables ont eu beaucoup de célébrité , et qu'elles ont même été accréditées par un grand nombre d'auteurs^nous avons cru de- voir les rapporter ) afin de montrer à quel point une erreur scientifique peut être contagieuse , et combien le char- me du merveilleux peut fasciner les esprits. Ce n'est pas que parmi nos anciens naturalistes , il ne s'en trouve plusieurs qui aient rejeté ces contes ; Belon tou- jours judicieux et seosé, s'en moque; Clusius,DeusingiuS| Albert-le-Grand^ n'y avoieiit pas cru davantage ; Bar-f sN ■~"^t5ft* ^.«■•J» [7RELLE rs, mais desco* ; et ce qui est e la merveille^ 3rt cent de ces atifèreS| et n'a ir dans toutes ut formé. Voilà eurs, et même ine des berna- i fables ont eu et qu'elles ont par un grand > ayons cru de- de montrer à ientifique peut mbien le char- t fasciner les li nos anciens >uve plusieurs s 'y Belon tou- s'en moque } ert-le-Grand, antagej Barr :* I .1 .4 I 9 BU C A. N A R D. 97 tliolin reconnoît que les prétendues conques anatifères ne contiennent qu'un animal à coquille d'une espèce particulière; et par la description que Wormius , Lobel et d'autres font de conchœ anatiferœ y aussi bien que dans les figures qu'en donnent Aldrovande et Gessner, toutes fautives et chargées qu'elles sont ^ il est aisé de reconnoitre les coquillages appelés/7oi/5£ç-/?2Wj sur nos côtes de Bretagne^ lesquels par leur adhésion à une tige commune ^ et par l'espèce de touffe ou de pinceaux qu'ils épanouissent à leur pointe 9 au- ront pu offrir à des imaginations exces- sivement prévenues ^ les traits d'em- bryons d'oiseaux attachés- et pendans à des branches, mais qui certainement n'engendrent pas plus d'oiseaux dans la mer du nord que sur nos côtes. Aussi ^neas Silvius raconte-t-il que se trouvant en Ecosse , et demandant avec empressement d'être conduit aux lieux où se faisoit la merveilleuse gé* •• Mil • h n \ I ir- m H / 1 i \l H. ^B HISTOIRE NATURELLE nération des bernaches y il lui fut ré- pondu que ce n^étoit que plus loin ^ aux Hébrides ou aux Orcades quUl pourroit en être témoin ; d'où il ajoute agréablement ^ quML vit bien que le miracle reculoit à mesure quW cher* choit à en approcher. Gomme les bernaches ne nichent que fort avant dans les terres du nord, personne 9 pendant long - temps , ne pou voit dire avoir observé leur géné- ration y ni même vu leurs nids ^ et les Hollandais) dans une navigation au tSo^. degré j furent les premiers qui les trouvèrent ; cependant les bernaches doivent nicher en Norwège ^ s'il est vrai ) comme le dit Pontoppidam , qu'on les y voie pendant tout l'été ; elles ne paroissent qu'en automne et durant l'hiver sur les côtes des pro- vinces d'York et de Lancastre en An- gleterre , où elles se laissent prendre aux filets , sans rien montrer de la dé- fiance ni de l'astuce naturelles aux au* «^» '^ RELLB ^ il lui fut rê- ne plus loin y Drcades quUi d'où il ajoute t bien que le e qu'on cher- le nichent que res du nord y l - temps , ne vé leur géné- s nids ^ et les navigation au pmiers qui les es bernaches vège I s'il est 'ontoppidam , it tout l'été ; 1 automne et ^tes des pro- :astre en An- isent prendre trer de la dé- elles aux au* Vs 1 D U C X K A H B. 99 très oiseaux de leur genre ; elles se rendent aussi en Irlande y et particu- lièrement dans la baie de Long'foyle , près de Londonderi y oi^ on les voit plonger sans cesse pour couper par la racine de grands roseaux,dont la moelle douce leur sert de nourriture, et rend ^ à ce qu'on dit, leur chair très-bonne. Il estrare qu'elles descendent jusqu'en France ; néanmoins il en a été tué une en Bourgogne , où des vents orageux Tavoient jetée au fort d'un rude hiver* La bernache est certainement de la famille de l'oie y et c'est avec raison qu'Aldrovande reprend Gessner de l'a- voir rangée parmi les canards ; à la vé- rité-, elle a la taille plus petite et plus légère, le cou plus grêle , le bec plus court et les jambes proportionnelle- ment plus hautes que l'oie ; mais elle en a la figure, le port et toutes les pro« portions de la forme : son plumage est agréablement coupé par grandes pièces de blanc et de noir , et c'est pour cela I i ¥ M' I' f^iï 11 !ii 1.1 100 HISTOIRE KATUKELLË que Beloài lui donne le nom de non^ nette ou religieuse. Elle a la face blanche et deux petits traits noirs de Pœil aux narines ; un domino noir couvre le cou et vient tomber y en se coupant en rond , sur le haut du dos et de la poitrine; tout le manteau est richement onde de gris et de noir| avec un frangé blanc ; tout le dessous du corps est d'un beau blanc moiré. Quelques auteurs parlent d'une se« conde espèce de bernache que nous nous contenterons d'indiquer ici ; ils disent qu'elle est en tout semblable à l'autre | et seulement un peu moins grande ^ mais cette différence de gran- deur est trop peu considérable pour en faire deux espèces ; et nous sommes sur cela de l'avis de M. Klein , qul^ ayant comparé ces deux bernaches , conclut que les ornithologistes n'ont ici deux espèces que sur des descrip-* tions de simples variétés. '-^«■îas»**^,. ELLâ lom de non^ e a la face lits noirs de lomino noir mber^ en se baut du dos manteau est et de noiri t le dessous inc moiré, at d'une se- i que nous [uer ici ; ils semblable à peu moins ce de gran- ble pour en us sommes iein y quij >ernaches , îstes n'ont descripx I) U CANARD. L' E I D E R. lot. \s C'est cet oiseau qui donne ce duvet si doux j si chaud et si léger , connu sous le nom à* eider'don ou duvet (Vei^ der y dont on a fait ensuite edre-don^ ou par corruption aigle-don ; sur quoi l'on a faussement imaginé que c'étoit d'une espèce d'aigle que se tiroit cette plume délicate et précieuse. L'eider n'est point un aigle , mais une espèce d'oie des mers du nord , qui ne paroi t point dans nos contrées , et qui ne des- cend guère plus bas que vers les côtes de l'Ecosse. L'eider est à-peu-près gros comme l'oie ; dans le mâle les couleurs prin- cipales du plumage sont le blanc et le noir; et) par une disposition contraire à celle qui s'observe dans la plupart des oiseaux ^ dont généralement les couleurs sont plus foncées en dessus qu'en dessous du corps, l'eider a le doa |}lauc et le ventre noir , ou d^un brun*. •'a»*i*c xa^Éii>w^-»**jt*'.. ujlimtt' ■I ' N r». i) Oli w &%l 102 HISTOIRE NATURELLE noirâtre ; le haut de la tête , ainsi que les pennes de la queue et des ailes sont de cette même couleur y à l'ex- ception des plumes les plus voisines du corps qui sont blanches ; on voit au bas de la nuque du cou une large plaque verdâtre , et le blanc de la poi* trine est lavé d'une teinte briquetée ou vineuse ; la femelle est moins grande que le mâle y et tout son plumage est uniformément teint de roussâtre et de noirâtre, par lignes transversales et on* dulantes y spr un fond gris-brun ; dan9 les deuxsejMs on remarque des échan« crures en petites plumes rases comme du velours y qui s'étendent du front sur les deux côtés du bec y et presque jusque sous les narines. Le duvet de l'eider est très-estimé; et, sur les lieux même, en Nqrwège et en Islande , il se vend très-cher : cette plume est si élastique et si lé* gère , que deux ou trois' livres , en la l^ressant et la réduisant en une pelotte « T r V „„„,„„„„ «j-«jf««^ •• V-.., I|H»1|IW ELLE e I ainsi que et des ailes îur, à Tex- lus voisines es ; on voit u une large ne de la poi- )riquetëe ou oins grande plumage est ssâtre et de rsales et on« brun ; dan9 ideséchan- ses comme t du front et presque ès-estimé ; Nqrwège très-cher : e et si lë« res , en la ne pelott» m D IT CANARD. lo3 à tenir dans la main , vont se dilater jusqu^à remplir et renfler le couvre- pied d'un grand lit. Le meilleur duvet, que l'on nomme duvet vif ^ est celui que Peider s'ar- rache pour garnir son nid, et que l'on recueille dans ce nid même) car, outre que l'on se fait scrupule de tuer un oi- seau aussi utile , le duvet pris sur son corps mort est moins bon que celui qui se ramasse dans les nids, soit que, dans la saison de la nichée , ce duvet se trouve dans toute sa perfection , soit qu'en effet l'oiseau ne s'arrache que le duvet le plus lin et le plus délicat ; qui est celui qui couvre l'estomac et le ventre. Il faut avoir attention de ne le cher- cher et ramasser dans les nids, qu'après quelques jours de temps sec et sans pluie ; il ne faut point chasser aussi brusquement ces oiseaux de leur nid , parce que la frayeur leur fait lâcher la fiente | dont souvent le duvet est >■« l<ï f 104 HISTOIRE NAfUllElLE souillé ; et 9 pour le purger de cette ordure , on Pétend sur un crible à cor- des tendues, qui , frappées d'une ba.' guette, laissent tomber tout ce qui càg pesant , et font rejaillir cet»e pîuTne légère. Les œufs sont au nombre de cinq ou six , d'un vert-foncé , et fort bons à manger ; et , lorsqu'on les ravit , la fe- melle se plume de nouveau pour garnir son nid , et fait une seconde ponte ^ mais moins nombreuse que la première ; si l'on dépouille une seconde fois son nid , comme elle n'a plus de duvet à fournir , le mâle vient à son secours | et se déplume l'estomac , et c'est par cette raison que le duvet qu'on trouve dans ce troisième nid est plus blanc que celui qu'on recueille dans le pre- mier ; mais, jpo >i iVice cette troisième récolte, on ('ci<; r.u adre que la mère eider ait fait éclore ses petits , car, si on lui enlevoit cette dernière ponte ^ qui n'est plus que de deux ou trois a^tg'isi^in f-mm» IW^^ [er de celte crible à cor- es d'une ha- ut ceqtiîcs.: cette piuTfic? •e de cinq na fort bons à i ravit, lafe- t pour garnir >nde ponte ^ la première; nde fois son de duvet à ion secours • et c'est par [u'on trouve plus blanc dans le prê- te troisième |ue la mère its , car , si ière ponte , ux ou troig io5 DU CANARP. ODufsy ou même d'un seul, elle quitte- roit pour jamais la place ; au lieu que^ si on la laisse enfin élever sa famille, elie reviendra l'année suivante , en ra- menant ses petits qui formeront de nouveaux couples. En Norwège et en Islande y c'est une propriété qui se garde soigneuse- ment et se transmet par héritage , c^ue celle d'un canton où les eiders vien- nent d'habitude faire leurs nids. Il y a tel endroit où il se trouvera plusieurs centaines de ces nids ; on juge par le grand prix du duvet,du profit que cette espèce de possession peut rapporter à soii maître ; aussi les Islandois font-ils tout ce qu'ils peuvent pour attirer les eiders chacun dans leur terrein ; et ^ quand ils voient que ces oiseaux com- mencent à s'habituer dans quelques- unes des petites iles où ils ont des troupeaux , ils font bientôt repasser troupeaux et chiens dans le continent ^ pour laisser le champ libre aux eiders | Oiseaux. YI. xo A ; i îo6 HISTOIRE NATUHELLE et les engager à s^y fixer. Ces insulat* res ont même formé ^ par art et à force de travail ^ plusieurs petites lies , en coupant et séparant de la grande, di- vers promontoires ou langues de terre avancées dant la mer, C^est dans ces retraites de solitude et de tranquillité que les eiders aiment à s'établir , quoi- qu'ils ne refusent pas de nicher près des habitations , pourvu qu'on ne leur donne pas d'inquiétude , et qu'on en éloigne les chiens et le bétail. «On peut même ^ dit M. Horrebows , comme j'en ai été témoin , aller et venir parmi ces oiseauX) tandis qu'ils sont sur leurs oeufS)Sans qu'ils en soient effarouchés, leur ôter ces œufs sans qu'ils quittent leurs nids, et sans que cette perte les empêche de renouveler leur ponte jusqu'à trois fois »• Tout ce qui se recueille de duvet , est vendu annuellement aux mar- chands danois et hollandais , qui vont l'acheter à Drontheim et dans les au- .ss^-^ ELLE Ces insulaf* irt et à force tes Iles y en grande, di« ;ues de terre est dans ces tranquillité tablir, quoi- I nicher près u'on ne leur et qu^on en ail. ttOn peut ws I comme : venir parmi ont sur leurs effarouches, l'ils quittent tte perte les leur ponte e de duvet , i aux mar- lis, qui vont dans les au- DU CANARD. I07 très ports deNorwège et d'Islande ; il n'en reste que très-peu , ou même point du tout , dans le pays ; sous ce rude climat , le chasseur robuste , re- tiré sous une hutte , enveloppé de sa peau d'ours , dort d'un sommeil tran* quille et peut-être profond , tandis que le mol edre-don, transporté chez nous sous des lambris dorés, appelle en vain le sommeil sur la tête toujours agitée de l'homme ambitieux. Nous ajouterons ici quelques faits sur l'eider, que nous fournit M. Brun" nich dans un petit ouvrage écrit en danois , traduit en allemand , et que nous avons fait nous-mêmes traduire de cette langue en français. On voit, dans le temps des nichées ^ des eiders mâles qui volent seuls , et n'ont point de compagnes ; les Norwé* giens leur donnent le nom de gield" fuglygield-aee ^ ce sont ceux qui n'ont pas trouvé à s'apparier, et qui ont été les plus foibles dans les combats qu'ils r/ ■' ■>!!' »tf" IT^Stf^'"^^ I ? lo8 HISTOIRE NATURELLE se livrent entr'eux pour la possession des femelles ^ dont le nombre , dans cette espèce , est plus petit que celui des mâles, néanmoins elles sont adul- tes avant eux ; d^où il arrive que c^est avec de vieux mâles que les jeunes fe- melles font leur première ponte , la- quelle est moins nombreuse que les suivantes. Au temps de la pariade , on entend continuellement le mâle crier ha ho , d'une voix rauque et comme gémis- sante ; la voix de la femelle est sem- blable à celle de la cane commune. Le preinier soin de ces oiseaux , est de chercher à placer leur nid à Tabri de quelques pierres ou de quelques buis- sons , et particulièrement des gené- vriers ; le mâle travaille avec la fe- melle y et celle-ci s'arrache le duvet et l'entasse jusqu'à ce qu'il forme tout à l'entour un gros bourrelet renilé, qu'elle rabat surses oeufs quandelle les quitte pourallerprendre sa nourriture ; ,< * — ■--TBbr E.ELLIÎ la possession 3111 bre y dans ^tit que celui es sont adul- ive que c'est les jeunes fe- e ponte , la* euse que les ) on entend rier ha ho , mme gémis- tlle est sem- îmmune. Le aux , est de d à Pabri de lelques Luis- ît des géne- avec la fe- e le duvet et forme tout elet renflé, Liandelleles nourriture: lj ;#■ 1 DU CANARD. 10^ car le mâle ne l'aide point à couver, et il fait seulement sentinelle aux environs pour avertir si quelque ennemi paroStj la femelle cache alors sa tête, et, lors- que le danger est pressant , elle prend son vol , et va joindre le mâle , qui ^ dit-on , la maltraite s'il arrive quel- que malheur à la couvée; les corbeaux cherchent les œufs et tuent les petits^ aussi la mère se hâte-t-elle de faire quitter le nid à ceux-ci peu d'heures après qu'ils sont éclos , les prenant sur son dos , et d'un vol doux , les trans- portant à la mer. Dès lors le mâle la quitte , et ni les uns ni les autres ne reviennent plus à terrejmais plusieurs couvées se réunis- sent en mer , et forment des troupes de vingt ou trente petits avec leurs mères, qui les conduisent et s'occupent incessamment à battre l'eau pour faire remonter , avec la vase et le sable du fond, les insectes et menus coquillages dont se nourrissent les petits , trop t ri n M> if i « i i • 1 i P ^ 1 '^- Ê il 4 -m^ m r- m - ■ .; IIO HISTOIRE NATURELLE foibles encore pour plonger. On trouve ces jeunes oiseaux en mer dans le mois de juiUet,et même dès le mois de juin^ et les Groënlandais comptent leur temps d^été par Pâgo des jeunes eiders. Cen^estqu'à la troisième année que le mâle a pris des couleurs démêléeset bien distinctes; celles de la femelle sont beaucoup plus décidées , et en tout , son développement est plus promptque celui du mâle ; tous , dans le premier âge , sont également couverts ou vê- tus d*un duvet noirâtre. L'eider plonge très-profondément à la poursuite des poissons; il se repaît aussi de moules etd^autres coquillages, et se montre très>avide des boyaux de poissons que les pêcheurs jettent de leurs barques. Ces oiseaux tiennent la uier tout rhiver , même vers le Groen- land , cherchant les lieux de la côte où il y a le moins de glaces ^ et ne rêve* nant à terre que le soir , ou lorsqu'il doit y avoir une tempête , que leur '•■ L RELLE ,er. On trouro i'dans le mois mois de juin, )mptent leur eu nés eiders. me année que s démêlées et ï femelle sont et en tout , s promptque s le premier verts ou vé- •ofon dément >5 il se repaît coquillages, > boyaux de jettent de : tiennent la s le Groën- e la côte où et ne rêve- >u lorsqu'il } que leur DU CANARD. lit fuite à la côte , durant le jour , pré- sage 9 dit'On , infailliblement. Quoique les eiders voyagent, et non- seulement quittent un canton pour passer dans un autre , mais aussi s'a- vancent assez avant en mer pour que Ton ait imaginé qu'ils passent deGroën* land en Amérique , néanmoins on ne peut pas dire qu'ils soient proprement oiseaux de passage, puisqu'ils ne quit- tent point le climat glacial , dont leur fourrure épaisse leur permet de bra^ ver la rigueur , et que c'est en effet sans sortir des parages du nord , que s'exécutent leurs croisières , trouvant à se nourrir en mer par-tout où elle est ouverte et libre de glaces : aussi remarque-t-on qu'ils s'avancent à la côte de Groenland jusqu'à l'i le Disco , mais non au-delà , parce que plus haut la mer est couverte de glaces , et même il sembleroit que ces oiseaux fréquen- tent déjà moins ces côtes qu'ils ne fai- soient autrefois ^ néanmoins il s'en (W*»' 1 \f^ h t» 112 histoihe naturelle trouve jusqu'au Spitzberg , car on re- connoîtreider dans le canard de mon' tagne de Martens , quoique lui-même l'ait méconnu ;etil nous perable aussi retrouver l'eider à l'île de Bering et à la pointe des Kourilles» Quant à notre mer du nord , les pointes les plus sud où les eiders descendent^ patoissent être les îles Kerago et K-ona, près des côtes d'Ecosse , Bornholm , Christian- 6oë ) et la province de Gothland dans la Suède. % LE CANARD. L'homme a fait une double conquête^ lorsqu'il s'est assujëli des animaux ha- bitans à-la-fois et des airs et de l'eau» Libres sur ces deux vastes élémens y également prompts à prendre les rou- tes de l'atmosphère y à sillonner celles de la mer ou plonger sous les flots , les oiseaux d'eau sembloient devoir lui échapper à jamais ) ne pouvoir contrac- k' «- -- fr«ur ainsi dire y en hiver dans eau printemps l 9 pour y ni- plus éloignées • re que parois- iers canards ; tesetpeufré- n novembre , suses ; on re- eur vol élevé, aux triangles DU CAirARD. 11^ réguliers que leur troupe trace par sa disposition dansl'air^et, lorsqu'ils sont tous arrivés ies régions du nord , on les voit continuellement voler et se porter d'un étang, d'une rivière à une autre; c'est alors que les chasseurs en font de nombreuses captures, soit à la quête du jour ou à l'embuscade du soir, soit aux différens pièges et aux grands filets; mais toutes ces chasses sup* posent beaucoup de finesse dans les moyens employés pour surprendre, attirer ou tromper ces oiseaux , qui sont très-défians. Jamais ils ne se po- sent qu'après avoir fait plusieurs cir- convolutions sur le lieu où ils vou- droient s'abattre, comme pour l'exa- miner, le reconnoitre, et s'assurer s'il ne recèle aucun ennemi , et lorsqu'en- iin ils s^abaissent, c'est toujours avec précaution; ils fléchissent leur vol, et se lancent obliquement sur la surface de l'eau, qu'ils effleurent etsillonnentf ensuite ils nagent au large et se tieu- Oiseaux, VI. ix il m.%.iimAM,ù>«.mm^»' »- ' ».'vSt" i w f r il >'i ^\ ^ « i. 120 HISTOIRE NATURELLE la nuit tombant promptement , et les canards ne tombant | pour ainsi dire | tous côtes dans les marais), il làchoit deux ou trois de ses canards domestiques , qui prenoient leur volée , et alloient se rendre à trente pas de sa guérite , où il avoit semé quelques grains d'avoine, que ces canards ne manquoient pas de ramasser avec avidité, car on les i'aisoit jeûner; il y avoit aussi quel- ques femelles attachées aux perches piquées dans un des bords, et couchées à fleur-d'eau, de façon que ces canes ne pouvoient regagner la rive, et se trouvoient réduites à faire un cri d'appel aux canards domestiques. Les sauvages, après plusieurs tours en î'air, pre- noient le parti de s'abattre et de suivre les canards domestiques, ou s'ils hésitoient trop long-temps , notre homme làchoit une se- conde volée de canards mâles , et même une troisième , et alors il couroit de son obser- vatoire à sa guérite , sans être aperçu , tous les bords étant garnis de branches d'arbres et de roseaux ; il ouvroit celle de ses meur- trières qui lui convenoit le mieux, obser- voit le moment de faire un bon coup , sans fi'exposcr à tuer ses appelans, et, comme lELLB ment , et les ir ainsi dire | il lâchoit deux nestîques , qui oient se rendre ►ù il avoit semé [ue ces canards ►er avec avidité, ivoit aussi quel- perches piquées ss à fleur-d'eau, soient regagner uites à faire un mestiques. Les rs en Vair, pre- Bt de suivre les hésitoient trop àclioit une se- ) et même une t de son obser- e aperçu , tous elles d'arbres e de ses meur- mieuX) obser- on coup ) sans ) et y commo Ti m 1 T) tr CANARD. 121 ^11^ avec elle, les momens propices sont bientôt passés; si l'on veut faire une plus grande chasse, on dispose des filets, dont la détente vient répondre dans la hutte du chasseur, et dont les nappes occupant un espace plus ou moins grand à fleur-d'eau , peuvent embrasser, en se relevant et se croi- sant, la troupe entière des canards sau- vages que les appelans domestiques ont attirés (i); dans cette chasse, il faut il tiroit à fleur- d'eau presque horizontale- ment et qu'il visoit aux tètes , il en tuoit quelquefois cinq ou six d'un coup de fusil. JExtrait d'un mémoire de M, HéberU (i) Nous devo!îS à M. Bâillon de Mon- treuil - sur - mer , l'idée et le détail de cette espèce de chasse, dont nous lui faisons hon- neur^ et que nous donnons ici avec plaisir dans ses propres termes. « Une quantité considérable de canards sauvages se prend tous les hivers dans nos marécages voisins de la mer; la ruse qu'oii emploie pour les attirer dans les filets , est ■ r _ 1 : V u .«13 V' l \ r. •■' 1 11 i ' 122 HISTOIRE NATURELLS que la passion du chasseur soutienne sa patience ; immobile y et souvent à I I ■ ■ - _■ ■!■■ ■ _i .^-^^ très-ingénieuse; elle prouve sensiblement le goût de ces oiseaux pour la société ; la voici : w On choisit dans les marais une plage couverte d'environ deux pieds d'eau , qu'on y entretient par le moyen d'une légère di- gue ; les plus grandes et les plus éloignée» des haies et des arbres sont les meilleures : on forme sur le bord une hutte en terre ^ bien garnie de glaise dans le fond , et cou- verte de gazons appliqués sur un treillis de branchages ; le tendeur y étant assis , l'ex- trémité de sa tête excède le haut de la butte. » On tend dans l'eau des filets de la forme des nappes aux alouettes y et garnis de deux fortes barres de fer qui les tiennent assujé- tis sur la vase ; les cordes de détentes sont fixées dans la hutte. u Le tendeur attache plusieurs canes en avant des filets ; celles qui sont de la race des sauvages et prévenues d'ceufs de cette espèce y dénichés au printemps , sont les meilleures ; les mâles avec lesquels on a eu soin de les faire apparier dès le mois d'oc- ) ' ELLB ur soutienne et souvent à sensiblement la société \ la rais une plage s d'eau , qu^on me légère di- plus éloignée» es meilleures : utte en terre, fond , et. cou- : un treillis de nt assis , l'ex- le haut de la 3ts de la forme garnis de deux ennent assujé- i détentes sont îurs canes en Qnt de la race ceufs de cette nps, sont les iquels on a eu le mois d'oc* DU CAWARD. 123 moitié gelé dans sa guérite, il sVxpose à prendre plus de rhume que de gibier^ tobre , sont enfermés dans un coin de la hutte. M Le tendeur attentif^ fixe Phorizon de tous côtés ) sur-tout vers le nord ; aussitôt qu'il aperçoit une troupe de canards sau- vages , il prend un de ces mâles, et le jette en l'air; cet oiseau vole sur-le-champ ver» les autres et les joint*, les femelles , au-des- sus desquelles il passe^ crient et l'appellent; s'il tarde trop à revenir , on en lâche un second , souvent un troisième ; les cris re- doublés des femelles les ramènent , les sau- vages les suivent , et se posent avec eux; la forme de la hutte les inquiète quelquefois , mais ils sont rassurés en un instant pa^ les traîtres qu'ils voient nager avec sécurité vers les femelles qui sont entre la hutte et les fi- lets ; ils avancent et les suivent ; le tendeur qui les veille , saisit l'instant favorable , lorsqu'ils traversent la forme , il en prend quelquefois une douzaine et plus d'un seul coup. M J'ai toujours remarqué que les canards dressés à cette chasse , se mettent rarement daus le cou des filets ; ils en traversent I ■•,1f «.^(«l "^^ ;,^... -u*»- ■ » _-„-_:^.k - ÏS "ni '! i- 1^4 HISTOIRE NATURELLE mais ordinairement le plaisir Pempor^ te 9 et ^espérance se renouvelle ^ car le même soir où il a juré | en soufflant dans ses doigts , de ne plus retourner à son poste glacé, il fait des projets' pour le lendemain. En Lorraine, sur les étangs qui bor- dent la Sarre, on prend les canards avec un filet tendu verticalement et :) ^■'■ •f? .■" ■; :■:?■; î-v, remplacement au vol ; ils le connoissent , quoique rien ne paroisse au «dehors. a> Tous les oiseaux des marais^ tels que les sit'Heurs , lessouchets, les sarcelles, les millouins , viennent à l'appel des canes ou suivent les traîtres. M Cette chasse ne se fait que pendant la nuit, au clair de la lune ; les instansles plus favorables sont le lever de cette planète , ec une heure avant l*aube du jour *, elle ne se pratique utilement que pen«iant les vents de nord et de nord-ouest, parce que le gibier voyage alors ou est en mouvement pour se rassembler. J'ai vu prendre plus d'une cen* taine ds pièces aux mêmes filets dans une teule nuit. Uu homme foible ou sensible au _a TREtLE laisir l'empor* ïnoiivelle y car ) en soufflant »lus retourner it des projets' DU C il W A R D. 125 «emblable à la pantière qui sert aux bécasses; en plusieurs autres endroits, les chasseurs , sur un bateau couvert de rainées et de roseaux, s'approchent lentement des canards dispersés sur Peau, et, pour les rassembler, ils lâ- chent un petit chien; la crainte de Pennemi fait que les canards se rassem- blent, s'attroupent lentement, et alors le connoissent , dehors. «irais, tels que [S sarcelles ) les I des canes ou ]iie pendant la instans les plus tte planète , et »r ; elle ne se nt les vents de que le gibier ment pour se us d'une cen- iets dans une )u sensible au froid, ne pourroit résister à la rigueur de ce- lui qu'on ressent à cette chasse; il faut res- ter immobile, et souvent mouillé pendant toute la nuit, au milieu des marais. »> J'ai toujours vu les canards sauvages descendre à l'appel des canes de leur espè ■ ce, queiqu'élevés qu'ils soient dans l'air; les traîtres volent quelquefois avec eux pendant plus d'un quart - d'heure ; chacun des ten- deurs , au-dessus desquels la troupe passe , lui en envoie d'autres; elle se disperse, et chaque bande de traîtres en amène un déta- chement; celui des tendeurs dont les femel- les sont sauvages , est toujours le mieus; partagé », vS » ,.*»ii(«M,«*;.,. . ''^ ■' ir.J l > 126 HISTOI'^E NATURELLE on les peut tire ' un à un à mesure qu^ils se rapprochent , et les tuer sans bruit avec de fortes sarbacanes ; ou bien on tire sur la troupe entière avec un gros fusil d^ubordage qui écarte le plomb et en tue ou blesse un bon nom* breç mais on ne peut les tirer qu*u.ie fois, ceux qui échappent reconnoissent le bateau meurtrier} et ne s'en laissent plus approcher. Cette chasse , très- amusante , s\ippelle /e badinage. On prend aussi des canards sauvages au moyen d'hameçons amorcés de mou de veau , et attachés à un cerceau flot- tant:; enfin la chasse aux canards est^ par-tout y une des plus intéressantes de l'automne et du commencement de l'hiver. De toutes nos provinces, la Picardie est celle où l'éducation des canards do- mestiques est la mieux soignée , et où h. chasse des sauvages est la plus fruc- tueuse) au point même d'être ^ pour le pays, un objet de revenu considé- ,a«Hs»tw.* JRELLE un à mesure t les tuer sans *bacanes ; ou 3 eniiôre avec qui écarte le ) un bon nom- i tirer qu'une reconnoissent e s'en laissent liasse y très* (idi'nage, ards sauvages orcës de mou cerceau flot- canards est y ntéressantes ^ncement de i, la Picardie } canards do- gnëe , et où la plus fruc- l'être, pour nu considé- » 1 DU CANARD. 1217 rable ; cette chasse s'y fait en grand et dans des anses ou petits golfes disposes naturellement, ou coupés avec art le long de la rive des eaux et dans l'épais- seurde^ roseaux. Mais nulle part cette chasse ne se fait avec plus d'appareil et d'agrément que sur le bel étang ^Ar- minvilliersQiï Brie : voici la description qui nous en a été communiquée par M. Rey, secrétaire des commanc'.emens de S. A. Mgr le duc de Penthlèvre. «Sur un des côtés de cet étang, qu'ombragent des roseaux, et que bor- de un petit bois, l'eau forme une anse enfoncée dans le bocage, et comme un petit port ombragé où règne toujours le calme; de ce port on a dérivé des canaux qui pénètrent dans l'intérieur du bois , non point en ligne droite , mais en arc sinueux; ces canaux nom- més cornes, assez larges et profonds à leur embouchure dans l'anse, vont en se rétrécissant et en diminuant de lar- geur et de profondeur à mesure qu'ils ••W»»..«É(.V ,..-.-. fl^'" '> il ■'» '■if ' s i I^ À ^- 1 \:^ 128 HISTOIRE TffATTTRBLLE se courbent en s'enfoncant dans le bois* où ils finissent par i^n prolongement en pointe et tout-à-fait à sec. » Le canal, à commencer à-peu-prè» à la moitié de sa longueur, est recou- vert d'un filet en berceau, d'abord as- sez large et élevé , mais qui se resserre et s'abaisse à mesure qne le canal s'é- trécit, et finit à sa pointe en une nasse profonde et qui se ferme en poche. 33 Tel est 1« grand piège dressé et préparé pour les troupes nombreuses de canards, mêlées de rougets, de ga* rots, de sarcelles, qui viennent dès le milieu d'octobre s'abattre sur l'étang; mais pour les attirer vers l'anse et les fatales cornes, il faut inventer quelque moyen subtil, et ce moyen est concerté et prêt depuis long-temps. y> Au milieu du bocage et au centre des canaux , est établi le canardier , qui de sa petite maison va trois fois par jour répandre le graiu dont il nourrit, pendant toute l'année ^ plus de cent i « I iv "{ SLIE dansleboisy ongementen • er à-peii-prè» , est recou* , d'abord as- li se resserre le canal s'é- en une nasse en poche. \qs dressé et nombreuses igets, de ga* innent dès le s sur l'étang; Pause et les (nter quelque i estcoDcerté • ) et au centre e canardier j i trois fois par nt il nourrit, plus de cent i>u CAirA.&D. ia(^ canards demi-privés, demi-sauvages , et qui tout le jour nageant dans Vé^ tang, ne manquent pas à l'heure accou- tumée et au coup de siflQet, d'arriver à grand vol en s'abattant sur l'anse pour enfiler les canaux où leur pâture les attend. 3» Ce sont ces traîtres^ comme le ca- nardier les appelle, qui dans la saison^ se mêlant sur l'étang aux troupes de sauvages , les amènent dans l'anse, et de là les attirent dans les cornes, tan- dis que caché derrière une suite de claies de roseaux, le canardier va je- tant devant eux le grain pour les ame- ner jusque sous l'embouchure du ber- ceau de filets; alors se montrant par les intervalles des claies , disposées obliquement, et qui le cachent aux canards qui viennent par-derrière, il effraie les plus avancés, qui se jettent dans le cul-de«sac, et vont péle-méle s'enfoncer dans la nasse. On en prend ainsi jusqu'à cinquante et soixante à- Oiseaux. VI. < » "f -'„>< l i' V, 'I y m -^i" rvï .;<"» lu, iU >■ J ..^Jiiï ^mm^^^- J/ .. ]3c\ HISTOIRE XTATUHELiS la-fois; il est rare que les dtmi-priv^ y entrent^ ils sont faits à ce jeu, et il» retournent sur Tétan g recommencer la même manœuvre et engager une autre capture. Dans le passage d^antomne, les ca- nards sauvages se tiennent au large sur les grandes eaux , et très-éloignés des rivages; ils y passent la plus grande partie du jour à se reposer ou dormir, it Je les ai observés avec une lunette d'approche y dit M. Hébert, sur nos plus grands étangs, qui quelquefois eu paroissent couverts; on les y voit la tête sous Paile et sans mouvement, jusqu'à ce que tous prennent leur volée une demi -heure après le coucher du so- leil». £n effet , les allures des canards sau- vages sont plus de nuit que de jour ; ils paissent, voyagent, arrivant et partent principalement le soir et même la nuit; la plupart de ceux que l'on voit en plein jour } ont été forcés de prendre essor ce jeu, et ii» commencer la iger une autre omnoi les ca-^ lent au large très-éloignés la plus grande er ou dormir, c une lunette sert y sur nos uelquefois eu }s y voit la tête menty jusqu'à iur volée une mcher du so- ts canards san* ue de jour; ils çnt et partent même la nuit; n voit en plein prendre essor DU e A TT À R D. par h loi mi par les chasseurs ou par les oiseaux proie. La nuit, le sifflement du cèle leur passage : le battement i ailes est plus bruyant au moment qu'ils jpartent, et c'est même à cause de ce bruit que Varron donne au canard i'ë- pithète de quassagipenna. Tant que la saison ne devient pas rigoureuse 9 les insectes aquatiques et ies petits poissons , les grenouilles qui ne sont pas encore fort avancées dans la vase, les graines du jonc^ la lentille d'eau et quelques autr'*^ plantes maré- cageuses, fournissent abondamment à la pâture des canards; mais, vers la £n de décembre ou au commencement de janvier , si les grandes pièces d'eau, stagnantes sont glacées , ils se portent sur les rivières encore coulantes, et vont ensuite à la rive des bois ramasser les glands; quelquefois même ils se jet* tent dans les champs ensemencés de blé, et lorsqre la gelée continue pen- dant huit ou dix joursj ils disparoissent -■ J***»ii•al^-1.. .«»».■■ h' î32 HISTOIRE NATURTÇLiB pour ne revenir qa-aiixcégeU dans le mois de février; c'est alors qu'on les ▼oit repasser le soir par les vents du sud y mais ils sont en moindre nombre; leurs troupes ont apparemment dimî* nué par toutes les pertesqu'ils ont souf- fertes pendant l'hiver. L'instinct social parott s'être affoibli à mesure que leur nombre ^'est réduit ; l'attroupement même n'a presque plus lieu; ils passent dispersés^ fuient pendant la nuit, et on ne les trouve le jour que cachés dans les joncs;ils ne s'arrêtent qu'autant qut le vent contraire les force à séjourner; ils semblent dès-lors s'unir par cou ples^ et se hâtent de gagner les contrées du nord , où ils doivent nicher et passer l'été. Dans cette saison ils couvrent, pour ainsi dire, tous les lacs et toutes les ri- vières de Sibérie, de Laponie, et se portent encore plus loin dans le nord jusqu'au Spitzberg et au Groenland. « En Laponie ^ dit M. Hœgstroem j X cégels dans le alors quVn les ar les vents du oindre nombre; iremmenî dimi* s qu'ils ont souf- L'instinct social mesure que leur l'attroupement lieu; ils passent mt la nuit, et on |ue cachés dans itqu^au tant que |rce à séjourner; inirparcoupleSy les contrées du icher et passer couvrent y pour et toutes les ri* aponie, et se n dans le nord au Groenland. . Hœgstroem | 5 V V CANAKB. l33 «es oiseaux semblent vouloir y sinon chasser, du moins remplacer les hom- mes; car , dès que les Lapons vont au printemps vers les montagnes y les troupes de cananls sauvages volent vers la mer orientale , et quand les Lapons redescendent en automne pour habiter la plaine, ces oiseaux Pont déjà quittée »♦ Plusieurs autres voyageurs rendent le même témoignage, ce Je ne crois pas , dit Hegnard, qu'il y ait pays au monde plus abondant en canards ^ sarcelles et autres oiseaux d'eau que la Laponie; les rivières en sent toutes cou- verte !i ... et au mois de mai leurs nids s'y trouvent en telle abondance , que le désert en paroît rempli p. Néanmoins il reste dans nos contrées tempérées quelques couples de ces oiseaux, que quelques circonstances ont empêchés de suivre le grosdel'espèce,quinichent dans nos marais; ce n'est que sur ces traineurs isolés , qu'on a pu observer les particularités des amours de ces t» .» -i^ >,■ y ^ l34 HISTOIRE NATURELLS oiseauX| et lenrs soins pour rëducatlofff des petits dans Pétat sauvage. Dès les premiers vents doux, vers la iin de février , les mâles commen-< cent à rechercher les femelles ^ quel- quefois ils se les disputent par detf combats; lapariade dure environ trois semafnes; le mâle paroit s^occuper du choix d'un lieu propre à placer le pro- duit de leurs amours ; il l'indique à la femelle qui l'agrée et s'en met en pos- session; c'est ordinairement une touffe épaisse de joncs ^ élevée et isolée au milieu du m«rais ; la femelle perce cette touffe ^ s'y enfonce et l'arrange en forme de nid en rabattant les brins de joncs qui la gênent; mais quoique la cane sauvage | comme les autres oi- seaux aquatiques , place de préférence sa nichée près des eaux , on ne laisse pas d'en trouver quelques nids dans les bruyères assez éloignées j ou dans les champs sur ces tas de paill«^ que I9 la- boureur y lève en meules^ou même dans RELLS urrëducatloif 'âge. ts doux I vers les commen*^ melieS| queU itent par detf I environ trois s^occu perdu placer le pro» l'indique à la n met en pos- Bnt une touffe s e( isolée au Femelle perce e et l'arrange tant les brins mais quoique les autres oi- de préférence » on ne laisse i nids dans les y ou dans les ilte^ que le la- [)u même dans B tr c A. N ▲ SI B. i35 les forêts sur des chênes tronqués , et dans de vieux nids abandonnés. On trouve ordinairement dans chaque nid dix à quinze^et quelquefois jusqu'àdix- huit œufs ; ils sont d^un blanc verdâ* tre ) et le moyeu est rouge; on a ob- servé que la ponte des vieilles femel- les est plus nombreuse et commence plutôt que celle des jeunes. , Chaque fois que la femelle quitte ses œufs , même pour un petit temps ^ elle Us enveloppe dans le duvet qu'elle e'est arraché pour en garnir son nid; jamais elle ne s'y rend au vol ^ elle se pose cent pas plus loin^ et pour y arri- ver elle marche avec défiance j en ob- eervant s'il n'y a point d'ennemis; mais lorsqu'une fois elle est tapie sur ses œufs, l'approche même d'un homme ne les lui fait pas quitter* Le mâle ne paroit pas remplacer la femelle dans le soin de la couvée) seu- lement il se tient à peu de distance^il l^accompagne lorsqu'elle va chercher lit \f\ i . i36 HTSTOIllM VATURELLE •a nourriture, et la défend de la per* sécution des autres mâles j Pincuba* tion dure trente jours; tous les petits naissent dans la même journée ^ et dès le lendemain la mère descend du nid et les appelle à l'eau; timides ou frileux^ ils hésitent et même quelques-uns se retirent j néanmoins le plus hardi s'é« lance après la mère, et bientôt les au* très le suivent; une fois sortis du nidy ils n*y rentrent plus , et quand il se trouve posé loin de Peau ou qu'il est trop élevé, le père et la mère les pren* nentàleurbec et les transportent l'un après Pautre sur Peau; le soir la mère les rallie et les retire dans lesroseauzi où elle les réchauffe sous ses ailes pen- dant la nuit; tout le jour ils guettent à lasurfacede Peau etsurles herbes, les moucherons et autres menus insectes qui font leur première nourriture; on les voit plonger, nager , et fiaire mille évolutions sur Peau avec autant de vl- teiae ^ue de facilité* IBLLE nd de la per« esj Pincuba* ous les petits limée, et dès ïenddunidet is ou frileux^ Iques-uns se us hardi s'é- entât les au- ortisdu nid y quand il se ou qu'il est ère les pren« jportent l'un soir la mère les roseaux y ses ailes pen- ils guettent iS herbes, les nus insectes jrriture; on t faire mille Lutantde Yi- BU CANARD. l'ù^J La nature , en fortifiant d^abord en eux les muscles nécessaires à la nata- tion , semble négliger, pendant quel- que temps, la formation ou du moins l'accroissementde leurs ailes : ces par- ties restent près de six semaines cour- tes et informes ; le jeune canard a déjà pris plus de la moitié de son accrois- sement , il est déjà emplumé sous le ventre et le long du dos avant que les pennes des ailes ne commencent à pa- roitre;et ce n'est guère qu'à trois mois qu'il peut s'essayer à voler. Dans cet état, on rappelle hallebran , nom qui paroit venir de l'allemand, halberentCp demi-canard 5 et c'est d'après cette impuissance de voler que l'on fait aux hallebrans une petite chasse aussi fa- cile que fructueuse sur les étangs et les marais qui en sont peuplés (i). ^.^^— ^™^— ^— ^— — i— — ■■ ( 1 ) Voici ce que pratiquoit un gentil- homin>e de ma connoissance^ à Laon , dans un marais appelé marais de Chivres, entre .^1 l38 HISTOIKE NATURELLE Ce sont apparemment aussi ces mêmes canards trop jeunes pour voler , que les Lapons tuent à coups de bâton sur leurs lacs. La même v<î6pèce de ces canards sau- vages qui visitent nos contrées en hi- ver, et qui peuplent en été les régions du nord de notre continent , se trouve dans les régions correspondantes du Laon et Notre-Dame de Liesse. Le fond de ce marais est de sablon vitrifiable ^ qui n'est jamais fangeux. Dans les mois de juin et de juillet, il n'y reste pas de Peau plus liant que la ceinture aux endroits les plus profonds , et il y croît une sorte de roseaux qui s'élè< vent peu , qui ne sont pas fort serrés , et qui servent néanmoins de retraite aux jeunes hallebrans. Mon gentilhomme , vêtu d'une simple veste de foile, entroit dans ce ma- rais accompagné de son garde - chasse et d'un domestique ; il avoit fait couper ies roseaux sur de très -longues bandes larges de sept à huit pieds , comme des routes dans une forêt , ou des canaux dans uii marais ; il se tenoit le long de ces routes 1) tJ C A V A n D. l3(f Nouveau -Monde ; leurs migrations et leurs voyages de ^automne et du prin- temps paroissenty être réglés de même et sV*xécuter dans les mêmes temps; et Von ne doit pas être surpris que des oi- seaux qui fréquentent le nord de pré- férence , et dont le vol est si puissant y passent des régions boréales d'un con- tinent à l'autre : mais nous pouvons pendant que ses gens battoient le marais , et lorsqu'ils toinboient sur quelques baniles' (le hallebranS) on PaTertissoit. Les halle- brans ne sont en état de voler que vers le lâ d'août } ils fuyoient à la nage devant les gens qui commen^oient à en tuer quel- ques uns chemin faisant *, les autres étoient Ibrcés de traverser les routes qu'on avoit pratiquées dans les roseaux ; c'étoit au pas- sage que cet habile chasseur les fusilloit à son aise ; on lui faisoit repasser ceux qui étoient échappés , autre décharge , et tou- jours fructueuse , d'autant plus que ces hal- lebrans ou jeunes canards sont un excelleut manger. Extrait du Mémoire communiqué par M, Hébert. ¥i . V .01 ^ff h, V \h w l4o HISTOIRB KATURBLLB douter que les canards vus par les voya- geurs et trouvés en grand nombre dan» les terres du sud, appartiennent à l'es- pèce commune de no» canards, et nous croyons qu'on doit plutôt les rappor- ter à quelqu'une des espèces que nous décrirons ci-après , et qui sont en elfet propres à ces climats; nous devons au moins le présumer ainsi, jusqu'à ce pue nous connoissions plus particuliô* rement l'espèce de ces canards qui se trouvent dans l'Archipel austral. Nous savons que ceux auxquels on donne à Saint - Domingue le nom de canards sauvages , ne sont pas de l'espèce des nôtres, et par quelques indications sur les oiseaux de la zone torride, nous ne croyons pas que l'espèce de notre ca- nard sauvage y ait pénétré, à moins qu'on n'y ait transporté la race domes- tique. Au reste, quelles que soient les espèces qui peuplent ces régions du mi- di, elles n'y paroissent pas soumises aux voyages et migrations dont la !i; .',>* arlesToya* >mbre dans nent à Pes* ds, et noua es rappor- s que nous >nt en effet i devons au jusqu'à ce particiiliô* ards qui se stral.Nous on donne à de canards 'espèce des ications sur de, nous ne e notre ca- ^y à moins race dômes* e soient les ;ions du mi- L8 soumises ns dont la M BU CANARD. l^l cause , dans nos climats , vient de U vicissitude des saisons. Par-tout on a cherché à priver , à s'approprier une espèce aussi utile que l'est celle de notre canard ; et non-seu- lement cette espèce est devenue com- mune , mais quelques autres espèces étrangères,et dans l'origine également 8auvages,se sont multipliées en domes- ticité, et ont donné de nouvelles races privées : par exemple , celle du canard musqué, par le double profit de sa plu- me et de sa chair , et par la facilité de son éducation , est devenue une des volailles les plus utiles et une des plus répandues dans le Nouveau-Monde. Pour élever des canards avec fruit et en former de grandes peuplades qui prospèrent , il faut, comme pour les oies , les établir dans un lieu voisin des eaux , et où des rives spacieuses et li- bres en g^azons et en grèves leur offrent de quoi paître, se reposer et s'ébattre : ce n'est pas qu'on ne voie fréquem- Oisea;ix. VI. i3 ^11 «: m m l4a HISTOIRE NATURELLE ment des canards renfermés et tenus à sec dans Penceintedes basses-cours; mais ce genre de vie est contraire à leur nature; ils ne (ont ordinairement que dépérir et dégénérer dans cette captivité ; leurs plumes se froissent et se rouillent ; leurs pieds s^offensentsur le gravier, leur bec se fêle par des frot* temens réitérés ) tout est lésé, blessé, parce que tout est contraint , et des canards ainsi nourris , ne pourront ja- mais donner ni un aussi bon duvet , ni une aussi forte race que reux qui jouissent d^une partie de leur liberté et peuvent vivre dans leur élément ; ainsi,lorsque le lieu ne fournit pas na- turellement quelque courant ou nappe d^eau, il faut y creuser une mare dans laquelle les canards puissent barboter^ nager, se laver et se plonger, exerci- ces absolument nécessaires à leur vi- gueur et même à leur santé. Les an- ciens, qui traitoient avec plus d'atten* tion que nous les objets intéressans de I'' .1 DU CANARD. l43 réconomie rurale et de la vîe cliain- pétre , ces Romains qui d\ine main rapportoientdestrophëeS) et (^d'autre conduisoient la charrue , nous ont ici laisse, comme en bien d'autres choses^ des instructions utiles. Columelle et Varron nous donnent en détail et décrivent avec complai- sance la disposition d^une bisse-cour aux canards ^^ nessotrophîum) ^ ils y veulent de Peau, des canaux, des rigo- les, des gazons, des ombrages, un petit lac avec sa petite iie (i) ^ le tout dis- ( i ) Media parte defoditur lacus, . . or a cujus clù'o paulatim suhsideant , ut tatU" quant è ILttore descendatur in acptartu . . • média pars terrena sit , ut Colocasiis > aliisque familiaribus aquet viridibiis cori" scratur , quœ inopacent avium receptU' cula. . . . per circuitum unda pura vacet , ut sine impedimenta , càm apricitate diei gestiunt aves , nandi velocitate concert tent. . , gramine ripct vestiantur. . . paric" tum in circuitu ejfodiant.ur cuhilia quibus nidificent aves , taque contegantur tu- 1 1 -'' l44 HISTOIHB NATURELLE posé d^une manière si entendue et si pittoresque j qu'un lieu semblable se« roit un ornement pour la plus belle maison de campagne. Il ne fauè pas que Peau sur laquelle on établira ses canards soit infectée de sang-sues, elles font périr les jeunes Teis aut mirteis fruticibus. . . . statim per- petuus canaliculus humi depressus consti" tuatur, per quem quotidiè mixti cum aquâ cibi decurrant ; sic enim pabulatiir id ge» nus avium. . . martio mense festuca surcu' lique in aviario spargendi , quibus nidos struant. . , » et qui nessotrophium consti- tuere volet avium circa paludes ova colli- gat , et cohortalibus gallinis subjiciat , sic enim exclusi atque educati pulli depenunt ingénia silvestria, . . . sed clathris super- positis , aviarium retibus contegatur , ne aut avolandi sit potestas domesticis avi' bus f aut aquilis vel accipitribus invo» landi. Je ne puis résister au plaisir de traduire librement ce morceau , sans espérer d'en rendre toute la grâce. u Autour d'un lac à riyes en pente douce ^ ELLE Ltendue et si smblable se- a plus belle sur laquelle soit infectée rir les jeunes . statim per" pressas consti- ïixti cum aquâ ibulatur id ge» festucot surcu- quibus nidos phiuin consti' udes ova colli- subjiciat , sic pulli depenunt olathris super- ontegatur , ne iomesticis avi' ■pitribus irivo- sir de rraduire i espérer d*en 1 pente douce » 'n s. i DU G A V A n. D.' 145 en s^attachantà leurs pieds, et pour les détruire on peuplera l'étang de tanches ou d'autres poissons qui en font leur pâ« ture. Dans toutes les situations , soit d'une eau vive ou au bord d'une eau dormante , on doit placer des paniers à nicher couverts en dômes ^ et qui of« et du milieu duquel s'élève une petite Sic ombragée de verdure et bordée de roseaux^ s^étendra l'enceinte , percée dans son con- tour de loges pour nicher : devant ces loges coulera une rigole, où chaque jour sera jeté le gtain destiné aux canards , nulle pâture ne leur étant plus agréable que celle qu'ils puisent et qu'ils pèchent dans l'eau ; là vous les verrez s'ébattre , se jouer , se devancer les uns les autres à la nage; là vous pourrez élever et voir se former sous vos yeux une race plus noble , éclose d'œufs dérobés aux nids des sauvages ; Pinstinct de ces petits prisonniers , farouches d'abord , se tempère et s'adoucit ; mais pour mieux assurer vos captifs , et les défendre en même temps «le l'oiseau ravisseur y il convient que tout l'espace soit enveloppé et couvert d'un filet ou d'un treillis». ^'ii \j\6 HISTOIRE NATURELLE frent intérieurement une aire assez commode pour inyiter ces oiseaux à s^y placer.La femelle pond de deux en deux jourS| et produit dix^ douze ou quinze œufs ; elle en pondra même jusqu'à trente et quarante si on les lui enlevé f et si l'on a soin de la nourrir largement: elle est ardente en amour , et le mâle est jaloux; il s'approprie ordinairement deux ou trois femelles qu'il conduit , protège et féconde ; à leur défaut y on l'a vu rechercher des alliances peu as- sorties 9 et la femelle n'est guère plus réservée à recevoir des caresses étran- gères. ' ■"•■■ "■•"" ■ • •"'^" Le temps de l'exclusion des œufs est de plus de quatre semaines; ce temps est lé même lorsque c'est une poule qui a couvé les œufs ; la poule s'attache par ce soin ^ et devient pour les petits ca« nards une mère étrangère ^ mais qui n'en est pas moins tendre : on le voit par sa sollicitude et ses alarmes, lors- que conduits pour la première fois au i aire assez oiseaux à s^y leuxendeux ze ou quinze éme jusqu'à s lui enlevé ^ r largement: , et le mâle dinairemenC va conduit ^ r défaut ^ on nces peu as- t guère plus resses étran- des œufs est s 'y ce temps ne poule qui l'attache par 3s petits ca- y mais qui : on le voit rmes, lors- ière fois au DU CANARD. l^f^ bord de Peau^ils sentent leur élëmen t et s'y jettent, poussés par l'impulsion de la nature , malgré les cris redoublés de leur conductrice, qui du rivage les rap- pelle en vain,en s'agitantet se tourmen- tant comme une mère désolée. La première nourriture qu'on donne aux jeunes canards,es t la graine de n^ î l- let ou de panis, et bientôt on peut leur jeter de l'orge ; leur voracité naturelle «e manifeste presque en naissant jea- nes ou adultes, ils ne sont jamais rassa- siés ; ils avalent tout ce qui se rencon* trecomme tout ce qu'on leur présente; ils déchirent les herbes , ramassent lea graines, gobent les insectes et pèchent les petits poissons, le corps plongé per- pendiculairement et la queue seule hors de l'eau ; ils se se: hanent dans cette attitude forcée plus ' 'ne demi- minute par un battsmen continuel des pieds. Us acquièrent en six mois leur gran- deur et toutes leurs couleurs ; le mâlo \S ■ '/: ^ vi I4B HISTOIRE WATUHELLB •e distingue par une petite boucle de plumes relevée sur le croupion; il a de plus la tète lustrée d\in riche vert d*é- meraude et l'aile ornée d'un brillant miroir : le demi-collier blanc au milieu du couple beau brun-pourpré de lapoi* trine et les couleurs des autres parties du corps sont assorties y nuancées et font en tout un beau plumage ^ qui est assez connu. Cependant nous devons observer que ces belles couleurs n'ont toute leurvi- yacité que dans les mâles de la race sau- vage; elles sont toujours plus ternes et moins distinctes dans les canards do- mestiques I comme leurs formes sont aussi moins élégantes et moins légères; un œil un peu exercé ne sauroits'y mé- prendre. Dans ces chasses où ]es*ca* nards domestiques vont chercher les sauvages ^ et les amènent avec eux sous le fusil du chasseur ) une condition or- dinaire est de payer au canardier un prix convenu pour chaque canard privé 4 SLLB e boucle àe >ion; il a de ;he vert d'é- 'un brillant ic au milieu ré de la poi« très parties luancées et ige } qui est bserver que ute leurvio la race sau- us ternes et anards do- ormes sont ins légères; roits^y mé« où ]es*ca« lercher les )c eux sous ndition or« nardier un nard privé vu CANÀiLD. i4o qu'on aura tué par méprise ; mais il est rare qu'un chasseur exercé s'y trompe , quoique ces canards domestiques soient pris et choisis de même couleur que les sauvages; car, outre que ceux-ci ont toujours les couleurs plus vives,ils ont aussi la plume plus lisse et plus serrée y le cou plus menu , la tête plus fine , les contours plus nettement prononcés ; et y dans tous leurs mouvemens, on re« connoit l'aisance^ la force et l'air de vie que donne le sentiment de la liberté. ce A considérer le tableau de ma gué» rite y dit ingénieusement M. Hébert | je pensois qu'un habile peintre auroit dessiné les canards sauvages, tandis que les canards domestiques me sembloient l'ouvrage de ses élèves ». Les petits lïième que l'on fait éclore à la maison d^œufsde sauvages , ne sont point en- core parés de leurs belles couleurs,que déjà on les distingue à la taille et à l'é- légance des formes; et cette différence dans les contours se dessineinon-seuU- ij : l u * ff » n ^i l5o HISTOIRB NATURELLK ment sur le plumage et la taille, mais elle est bien plus sensible encore lors- qu'on sert le canard sauvage sur nos ta- bles^ son estomac est toujours arrondi, tandis qu^il l'orme un angle sensible dans le canard domestique, quoique ce- lui-ci soit surchargé de beaucoup plus de graisse que le sauvage , qui n*a que de la chair aussi fine que succulente. Les pourvoyeurs le reconnoisscnt aisé- ment aux pieds, dont les écailles sont plus fines, égales et lustrées, auxmem- branes plus minces, aux ongles plus ai- gus etplusîuîsans , et aux jambes plus déliées que le canard privé. Le mâle, non-seulement dans l'es- pèce du canard proprement dit , mais dans toutes celles de cette nombreuse famille , et en général dans tous les oi- seaux d'eau à bec large et à pieds pal- més, est toujours plus grand que la fe- melle ) le contraire se trouve dans tous les oiseaux de proie,dans lesquels la fe- melle est constammentplus grande que ELLiS taille, mais encore lors- ;e surnos ta- ) Il rs arrondi I gle sensible quoique ce- lucoup plus qui n*a que succulente. Dissent aisé- icailles sont i, auxmem- glas plus ai- ianibes plus t dans Pes- t dit ^ mais nombreuse tous les oi- ^ pieds pal- d que la fe- e dans tous quels la fe- grandeque DU CANARD. l5l le m&le. Une autre remarque générale sur la famille entière des canards et des sarcelles, c^est que les mâles sont parés des plus belles couleurs , tandis que les femelles n^ont presque toutes que des robes unies , brunes , grises ou couleur de terre; et cette différence bien cons- tante dans les espèces sauvages, se con- serve et reste empreinte sur les races domestiques , autant du moins que le permettent les variations et altérations de couleurs qui se sont faites par le mélange des deux races sauvages et privées. £n effet , comme tous les autres oiseaux privés , les canards ont subi les influences de la domesticité ; les couleurs du plumage se sont affoibliesi et quelquefois même entièrement ef- facées ou changées ; on en voit de plus ou moins blancs , bruns, noirs ou mé- langésjd'autres ont pris des ornemens étrangers à l'espèce sauvage 5 telle est la race qui porte une huppe : dans une îV V ¥ ili ï-t 1 ^ m iSî HISTOIRE WATUHELLE autre race encore plus profondément travaillée 9 déformée par la domesti- cité j le bec s^est tordu et courbé ; la constitution s^est altérée , et les indi- vidus portent toutes les marques de la dégénération ; ils sont foibles , lourds et sujets à prendre une graisse exces- sive ; les petits trop délicats , sont dif- ficiles à élever. M. Frisch, qui a fait cette observation^ dit aussi que la race des canards blancs est constamment plus petite et moins robuste que les autres races; et il ajoute que , dans le mélange des individus de différentes couleurs^ les petits ressemblent géné- ralement au père par les couleurs de la tête 9 du dos et de la queue , ce qui arrive de même dans le produit de r union d'un canard étranger avec une femelb de l'espèce commune. Quanta l'opinion de Selon sur la distinction d'une grande et d'une petite race dans l'espèce sauvage ^ nous n'en trouvons aucune preuve I et; selon toute appa- DIT lîANAUn. l53 rence, cette remarque n'est fondée que sur quelques différences entre des in« dividus plus ou moins âgés. Ce n^est pas que l'espèce sauvage n'offre elle-même quelques variétés purement accidentelles, ou qui tien- nent peut-être à son commerce sur les rtangs avec les races privées. En effet, M. Frisch observe que les sauvages et les privés se mêlent et s'apparient 9 et M. Hébert a remarqué qu'il se trou- voit souvent dans une même couvée de canards nourris près des grands étangs, quelques petits qui ressemblent aux sauvages , qui en ont l'instinct farou- che , indépendant , et qui s'enfuient Avec eux dans l'arrière-saison : or, ce que le mâle sauvage opère ic* sur la femelle domestique, le mâle privé peut l'opérer de même sur la femelle sau- vage, supposé que quelquefois celit i :*\ *: i'',a ■*ffl k l56 HISTOIRE NATURELLE peut-être de magasin d^air pour le temps où Poiseau plonge ^ et donne sans doute à sa voix cette résonnance bruyante et rauque qui caractérise son cri : aussi les anciens avoient-ils ex- primé par un mot particulier la voix des canards, et le silencieux Pythagore vouloit qu'on les éloignât de Phabita- tion o\ son sage devoit s'absorber dans la méditation; mais pour tout homme^ philosophe ou non, qui aime à la cam- pagne ce qui en fait le plus grand char- me , c'est-à-dire, le mouvement y la vie et le bruit de la nature , le chant des oiseaux, les cris des volailles va- riés par le fréquent et bruyant kankan des canards, n'offensent point l'oreille, et ne fontqu'animer, égayer davantage le séjour champêtre ; c'est le clairon , c'est la trompette parmi les flûtes et les haut-bois; c'est la musique du régiment rustique. £t ce sont, comme dans une espèce bien connue | les femelles qui fc^nt le ILLB air pour le ; y et donne résonnance ractérise son oient-ils ex- ilier la voix ixPythagore ; de Phabita- bsorber dans tout hommei ime à la cam- I grand char- ^uvementy la re y le chant volailles va- lant kankan nui Poreille^ er davantage le clairon y flûtes et les du régiment une espèce qui fc'nt le II î B » C A N A. R D. l57 pl(is de bruit et sont les plus loquaces; leur voix est plus haute, plus forte y plus susceptible d^'nflexîons que celle du^màle^q^i est monotone, et dont le son est toujours enroué. On a aussi re- marqué que la femelle ne gratte point la ferre comme la poule y et que néan- moins elle gratte dans l'eau peu pro- fonde, pour déchausser les racines ou pour' déterrer les insectes et les coquil* lages . Le b^c du canard , comme dav^iîi le cygne et dans toutes les espèces d'oies^ est large , épais ^ dentelé par lesbords^ garni intérieurement d'une espèce de palais charnu y rempli d'une langue épaisse et terminée à si pointe par xta onglet corné de substance plus dure que le reste du bec; tous ces oiseaux ont aussi la queue très -courte- ^v jambes placées fort en arrière et pres« que engagées dans l'abdomen; de cette position des jambes, résulte la difficul- té de marcher et de garder l'équilibre •• II rfJjK f ■l .î i58 HISTOIHE VATUB^LLE sur terre, ce qui leur donne des mouvez mens mal diriges , une démarche chan* celante y un air lourd qu'on prend pour de la ff*^Mpiditéy tandis qu'on reconnoit au contraire) par la facilité de leurs mouvemens dans l'eau , la force.'^ la finesse et môme la subtilité de leur instinct. — La chair du canard est, dit-on, pe- sante et échauffante ; cependant on en fait grand usage, et l'on sait que la chair du canard sai'^^ageest pb]*» fine et de bien meilleur goût que cel' du canard domestique. Les anciens le sa- Toient comme nous , car l'on trou , . dans Apicius jusqu'à quatre différen* tes manières de l'assaisonner. Nos Api« cil' s modernes n'ont pas dégénéré , et un pâté de canards d'Amiens y est un morceau connu de tous les gourmands du royaume* ILii. graisse du Cânard est employée ^an' les topiques. On attribue au sang U vertu de résister au venin , même « i LLE des mouTe^ irche chan* prend pour n reconnoit itë de leurs a foi^ce^ la ité de leur dit^on, pe* idant on en sait que la tt plno fine ue ce¥ du iciens le sa* l'on trou^j re différen- r. Nos Api- igénéré , et sns ^ est un gourmands t employée bue au sang a } même k H i t:elui de la vipère; ce sang étoitlabase du fameux antidote cle Mithridate. On croyoit en effet que les canards dans le Font, se nourrissant de toutes les her- bes venimeuses que produit cette con- trée ^ leur sang devoit en contracter la vertu de repousser les poisons , et nous obs rverons en passant ^ que la dénomination ananas Ponticus des an- ciens , ne désigne pas une espèce par- ticulière ) comme Pont cru quelques nomenclateurs I mais Pespècemêmede notre canard sauvage qui fréquentoit les bords du Pont - £uzin comme les autre rivages. Les naturalistes ont cherché à met- tre de Tordre et à établir quelques di- visions générales et particulières dans la grande famille des canards. WiU lulghby divise leurs nombreuse.^ espè* ces en canards marins ou qui n'habi- tent que la mer, et canards fluviat îles ou oui fréquentent les rivières et les eaux douces j mais comme la plupart u I n t I ,. . V' »l ,f h 160 HISTOIRE NATUREXLB de ces espèces se trouvent également et tour-à-tour sur les eaux douces et sur les eaux salées, et que ces oiseaux passent indifféremment des unes aux autres, la division de cet auteur n^est pas exacte, et devient fautive dans l'ap- plication; d'ailleurs les caractères qu'il donne aux espèces ne sont pas assez constans. Nous partagerons donc cette très - nombreuse famille par ordre de grandeur, en la divisant d'abord en canards et sarcelles ^ et comprenant sous la première dénomination toutes les espèces de canards qui, par la gran- deur, égalent ou surpassent l'espèce commune; et sous la seconde , toutes les petites espèces de ce même genre ^ dont la grandeur n'excède pas celle de la sarcelle ordinaire : et comme l'on a donné à plusieurs de ces espèces des noms particuliers , nous les adopte- rons pour rendre les division» plus s.e lisibles. ■■■» h BLLB t également c douces et ces oiseaux 3s unes aux luteur n'est ve dans Tap- ictères qu'il t pas assez s donc cette ir ordre de d'abord en comprenant ition toutes [>ar la gran- nt l'espèce de y toutes me genre ^ as celle de me l'on a spèces des s adopte- iona pluâ i> u c ▲ N A K o. Gi LE CANARD MUSQUÉ. à Ce canard est ainsi nommé , parce qu'il exhale une assez forte odeur de musc^ il est beaucoup plus grand que notre canard commun; c'est même le plus gros de tous les canards connus ; il a deux pieds de longueur de la pointe du bec à l'extrémité de la queue ; tout le plumage est d'un noir - brun lustré de vert sur le dos et coupé d'une large tache blanche sur les couvertures de l'aile; mais dans les femelles^ suivant Aldrovande, le devant du cou est mé- langé de quelques plumes blanches. Willulghby dit en avoir vu d'entière- ment blanches ; cependant la vérité est, comme l'avoit ditBelon, que quel- quefois le mâle est, comme la femelle^ entièrement blanc, ou plus ou moins varié de blanc ; et ce changement des couleurs en blanc , est assez ordinaire dans les races devenues domestiques : mais ie caractère qui distingue celle du J }i , rP-T. r y. ^' "i ■ i! \ ;^ 162 niSTOIRB NATURELLE canard musqué , est une large plaque en peau nue , rouge et semée de-papil- les, laquelle couvre les joues , s'étend jusqu'en arrière des yeux , et s'enile sur la racine du bec en une caroncule rouge que Selon compare à une cerise; derrière la tête du mâle pend un bou- quet de plumes en forme de huppe que la femelle n'a pas ; elle est aussi un peu moins grande que le mâle ^ et n'a pas de tubercule sur le bec. Tous deux sontbas de jambes etontlespiedsëpais) les ongles gros et celui du doigt inté- rieur crochu; les bordsde la mandibule supérieure du bec sont garnis d'une forte dentelure ^ et un onglet tran« chant et recourbé en arme la pointe* Ce gros canard a la voix grave et si basse j qu'à peine se fait-il entendre | à moins qu'il ne soit en colère ; Scali- ger s'est trompé en disant qu'il étoit muet. Il marche lentement et pesam- ment 9 ce qui n'empêche pas que dans l'état sauvage il ne se perche sur le« 1>U CAKAUD. l63 i\Tbre8. Sa chair est bonne et même fort estimée en Amérique , où Pon élèvo grand nombre de ces canards ; et c'est de là que vient eu France leur nom de canard d'Indes néanmoins nous ne f^x'^ons pas d'où cette espèce nous est venue} elle est étrangère au nord de l'Europe comme à nos contrées ^ et ce n'est que par une méprise de mots^ contre laquelle Ray sembloit s'être inscrit d'avance , que le traducteur d'Albin a nommé cet oiseau canard d& Moscovie, Nous savons seulement que ces gros canards parurent pour la pre- mière fois en France du temps de Be* Ion, qui les appela canes de Guinée ^ et on même temps Aldrovande dit qu'on en apportoit du Caire en Italie; et tout considéré , il paroît par ce qu'en dit Marcgrave , que l'espèce se trouve au Brésil dans l'état sauvage \ car on ne peut s^empêcher de recon- nottre ce gros canard dans son anas sylvestris magnitudine anserisp aussi i i f I \ h I:"" • I 'h 'kl .* w-:*!»*-*'' Y ït». t 4. 164 HISTOIRE NATUKELLK bien que dans Vypeca-'guacu de Pî- son'; mais, pour Vipecati-apoa de cgb deux auteurs, on ne peut douter, par la seule inspection des figures , que ce ne soit une espèce différente quo M. Erisson n'auroit pas dû rapporter à celle-ci. Suivant Pison , ce gros canard s'^en- graisse également bien en domesticité dans la basse-cour y ou en liberté sur les rivières ^ et il est encore recom- mandable par sa grande fécondité ; la femelle produit des œufs eu grand nombre , et peut couver dans presque tous les temps de Pannée ) le mâle est très-ardent en amour 5 toutes les fe- melles lui conviennent, il ne dédaigne pas celles des espèces inférieures ; il s'apparie avec la cane commune, et de cette union proviennent des métis qu'on prétend être inféconds, peut- être sans autre raison que celle d'un préjugé* On nous parle aussi d'un ac- couplement de ce canard musqué avec M, H icu de Vî'* ipoa de ces outer^ par ures y que érente quo i rapporter anard s'^en- lomesticité liberté sur >re recom- :on dite ; la en grand ns presque le mâle est »tes les fe- e dédaigne rieures ; il lune, et de des métis ids, peut- celle d^un isi d'un ac- usqué avec DU CANARD. l65 Poie ^ mais cette union est apparem- ment fort rare ^ au lieu que Pautre a lieujournellement dans les basses-cours de nos colons de Cayenne et de Saint-^ Domingue , où ces gros canards vivent et se multiplient comme les autres en domesticité; leurs œufe sont tout-à- fait ronds ; ceux des plus jeunes fe- melles sont verdâtres , et cette cou- leur pâlit dans les pontes suivantes* L'odeur de musc que ces oiseaux ré- pandent , provient , selon Barrère , d'une humeur jaunâtre filtrée dans les corps glanduleux du croupion. Dans l'état sauvage, et tels qu'on les trouve dans les savannes noyées de la Guiane , ils nichekit sut des troncs d'arbres pourris, et la mère, dès que les petits sont éclos , les prend l'un après l'autre avec le bec et les jette 4 l'eau. Il paroît que les crocodiles-caï- mans en font une grande destruclior , car on ne voit guère de familles de ces jeunes canards oc plus de cinq à six , Oiseaux. VI* iS A n ! ■ • 3 w Ali i iM ..*" ■!■: f' j 1 , fîU ^*''*»tli. ' 166 HISTOIRE NATURÊLtÊ quoique les œufs soient en beaucouf^ plus grand nombre. Ils mangent, dand les savaimes , la graine d'un gramen qu'on appelle riz sauvage , volant le matin sur ces immenses prairies inon- dées 9 et le soir redescendant vers la mer. Ils passent les heures de la plus grande chaleur du jour perchés sur des arbres touffus î ils sont farouches et défians; ils ne se laissent guère appro- cher , et sont aussi difficiles à tirer que la plupart des autres oiseaux d'eau. LE CANARD SIFFLEUR ET LE VINGEON , oir GINGEON. Une voix claire et sifflante que l'on peut comparer au son aigu d'un fifre y distingue ce canard de tous les autres^ dont la voix est enrouée et presque croassante. Comme il 5»iffle en volant et très-fréquemment , il se fait enten- dre souvent et reconnoître de loin : il prend ordinairemeat sou vol le soir Qt <- w. •^ .. DU CANARD. 167 même la nuit ; il a Pair plus gai que les autres canards ;il est très-agile et tou- jours en mouvement ; sa taille est au- dessous de celle du canard commun , et à-peu-près pareille à celle dusouchetç son bec fort court, n'est pas plus gros que celui du garrot ; il est bleu et la pointe en est noire; le plumage sur le ^aut du cou et la tête est d'un beau roux; le sommet de la tête est blan- châtre : le dos est liséré et vermiculé finement de petites lignes noirâtres en zig-zags sur un fond blanc ; les premiè- res couvertures forment sur l'aile une grande tache blanche , et les suivan- tes un petit miroir d'un vert-bronzé : le dessus du corps est blanc y mais les deux côtés de la poitrine et les épaules sont d'un beau roux-pourpré. Suivant M. Bâillon , les femelles sont un peu plus petites que les mâles , et demeu- rent toujours gri es, ne prenant pas en vieillissant, comme les femelles des fiouchets, les couleurs de leurs mâles. 'n '%i i ' '■il M,1 I î )> ■] ■iJfaS^Ssi^ ^.-**,. »;.,H«^ iîf;U) ii m- f ' * H .mW: ' 'Il \' ■4:1;:; w 168 HISTOIE.E NATUREIiLE Cet observateur aussi exact qu'atten- tif y et en même temps très- judicieux ^ nous a plus appris de faits sur Les oi- seaux d'eau que tous les naturalistes qui en ont écrit ; il a reconnu y par des observations bien suivies , que le ca- nard siffleur , le canard à longue queue qu'il appelle penard , le chipeau et le soucbet naissent gris y et conservent cette couleur jusqu'au mois de février, en sorte que dans ce premier temps l'on ne distingue pas les mâles des fe- melles; mais au commencement de mars leurs plumes se colorent, et la nature leur donne la puissance et les agrémens qui conviennent à la saison des amours ; elle les dépouille ensuite de cette parure vers la fin de juillet; les mâles ne conservent rien ou pres- que rien de leurs belles couleurs ; des plumes grises et sombres succèdent à celles qui les embellissoient ; leur voix même se perd ainsi que celle des fe- melles , et tous semblent être conJam- DU CAKAIID. 169 nës au silence comme à l'indifférence pendant six mois de l'année. C'est dans ce triste état que ces oi- seaux partent au mois de novembre pour leur long voyage , et on en prend beaucoup à ce premier passage ; il n^est guère possible de distinguer alors les vieux dès jeunes ^ sur-tout dans lespe- Tiards ou canards à longue queue ; le Tevêtement de la robe grise étant en- core plus total dans cette espèce que dans les autres. Lorsque tous ces oiseaux retournent dans le nord 9 vers la fin de février ou le commencement de mars, ils sont parés de leurs belles couleurs , et font sans cesse entendre leur voix , leur sifflet ou leurs cris 5 les vieux sont déjà appariés, et il ne reste dans nos marais que quelques souchets, dont on peut observer la ponte et la couvée. "^ es canards siffleurs volent et nagent toujours par bandes ; il en passe chaque hiver quelques troupes dans la plupart V **»> '1. il , IL.. \ * ■ 170 HISTOIRE NATUnEtLE de nos provinces, même dans celles qui sont éloignées de la mer y comme en Lorraine , en Brie ; mais ils passent en plus grand nombre sur les côtes , et notamment sur celles de Picardie. ce Les vents de nord et de nord-est , dit M. Bâillon , nous amènent les ca- nards siffle urs en grandes troupes. Le peuple 9 en Picardie y les connoit sous le nom à^oignesf ils se répandent dans nos marais ; une partie y passe Thiver, l'autre va plus loin vers le midi. 3» Ces oiseaux voient très-bien pen- dant la nuit y h. moins que l'obscurité ne soit totale : ils cherchent la même pâture que les canards sauvages , et mangent y comme eux y les graines de joncs et d'autres herbes , les insectes, les crustacées , les grenouilles et les ver«iiisseaux. Plus le vent est rude, plus on voit de ces canards errer : ils se tiennent bien à la mer et à l'embou- ch'-re des rivières malgré le gros temps, «t sont très-durs au froid. I V. t**! ELLE ms celles qui j comme en Is passent en 3S côtes, et Picardie, de nord-est I nent les ca- troupes. Le /Onnoit sous andent dans isse l'hiver, i midi. 3s-bien pen- l'obscurité nt la même luvages, et s graines de Bs insectes, illes et les t est rude, errer : iU à l'embou- gros temps,  â DU C A N A R D. 171 • » ils partent régulièrement vers la fin de mars, par les vents de sud ; au- cuns ne restent ici 5 je pense qu'ils se portent dans le nord, n'ayant jamais vu ni leurs oeufs, ni leurs nids : je puis pourtant observer que cet oiseau naît gris , et qu'il n'y a avant la mue , aucune différence, quant au plumage ^ entre les mâles et les femelles , car souvent , dans les premiers jours de l'arrivée de ces oiseaux , j'en ai trouvé de jeunes encore presque tout gris , et qui n'étoient qu'à demi-couverts des plumes distinctives de leur sexe. » Le canard siffleur, ajoute M. Bâil- lon, s'accoutu>i;<^ aisément à la domes- ticité; il mange /olon tiers de l'orge , du pain, ets'engraisse fortainsi nour- ri ; il lui faut beaucoup d'eau ; il y fait sans cesse mille caracoles, de nuit comme de jour. J'en ai eu plusieurs fois dans ma cour , ils m'ont toujours plu à cause de leur gai té ». L'espèce du c. "îard siffleur se trouve \ l ' '»*»^' '.m^^. lya HlSTOmS "îATUllEtLE en Amérique com een Europe; nous en avons reçu plusieurs individus de Ja Louisiane y sous le nom de canard jensen etde canardgris ; il semble aussi qu'on doive !e reconnoître sous le nom de 'wigeon ^ qu<% iuf„ donnent les An« glais^ et SOIT, ceux de t^ z'n^eon ou ^i;{- £eon^ de nos hah' tans de Saint-Do- mingue et de Cayenne. £t ce qui sem- ble prouver queces oiseanxdescUmats chauds sont en effet les mêmes que les canards sif fleurs du nord , c^est qu'on les a reconnus dans les 4atitu<^ des intermédiaires. D'ailleurs, ils ont les mêmes habitudes naturelles, avec les seules différences que 4Delle des climats doit ^ mettre; néanmoinsnous ne prononçons pas encore sur f'iden^ dite de l'espèce du canard siffleur et du vingeon des Antilles. Nos doutes à ce sujet et sur plusieurs autres faitSy seroient éclaircis, si la guerre , en- tr^autres pertes qu'elle a fait essuyer à l'Histoire naturelle ^ ne nous avoit I :4- ' K>^>,*r. '^, .■••^■■ ..<*.' DU CANARD. 1^3 enlevé une suite do deb^ms coloriés des oiseaux le Saint-Domingue , faite dans cette île dvt ' i^iuci grand soin| par M. le che al efebvre Des» hayes y corres^. du Cabinet du roi ; heureusemen mémoires de cet observateur, aussi ingénieux que laborieux, nous sont parvenus en dw plicata ^ et nous ne pouvons mieux faire que d^en donner ici ^extrait , en attendant qu^on puisse savoir précisé- ment si cet oiseau est en effet le même que notre canard sifileur. a Le gingeon^ que Pon connoit à la Martinique sous le nom de vingeon , dit M. le chevalier Deshayes , est une espèce particulière de canard , qui n'a pas le goût des voyages de long cours comme le canard sauvage, et qui borne ordinairement ses courses à passer d'un étang ou d'un marécage à un au- tre , ou bien à aller dévaster quelque pièce de riz , quand il en a découvert à portée de sa résidence. Ce canard a s -ri J .3 l .¥ ...•-^■-'■«lei IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) 1.0 l.l Ià£|2j8 |2.5 ■^ Uii 12.2 UJ L25 i 1.4 1.6 I: ir Hiotographic Sciences Corporation 33 WIST MAIN STRIIT WIBSTIR.N.Y. MSSO (716) S72-4S03 €. 1^4 HISTOIRE NATURELLE pour instinct particulier de se percher quelquefois sur les arbres ^ mais au- tant que j^ai pu l'observer , cela n'ar« rive que durant les grandes pluies , et quand le lieu oii il avoit coutume de se retirer pendant le jour, est tellement couvert d'eau , qu'il ne paroU aucune plante aquatique pour le cacher et le mettre à l'abri ^ ou bien lorsque l'ex- trême chaleur le force à chercher la fraicheurdansl'épaisseur desfeuillages. » On seroit tenté de prendre le vin- geon pour un oiseau de nuit , cr.r il est rare de le voir le jour} mais aussitôt que le soleil est couché, il sort desglayeuls et des roseaux pour gagner les bords dé« couverts des étangs y où il barbote et pâture comme le reste des canards ; on auroit de la peine ^.dire à quoi il s'oc- cupe pendant le jour ; il est trop dif- ficile de l'observer sans être vu de lui ; mais il est à présumer que quoique ca* ché parmi les roseaux j il ne passe pas son temps 4 dormir; on en peut jugei: !t •f- ■* D TT CANARD. ir^S par'Ws'gingeons prives y qui neparois- sent chercher à dormir pendant le jour que comme les autres volailles ^ lorsqu'ils sont entièrement repus. » Les gingeons volent par bandes comme les canards j même pendant la saison des amours ; cet instinct qui les tient attroupés^ paroSt inspiré par la crainte ; et Pon dit qu'en effet ils ont toujours 9 comme les oies ^ quelqu'^un d'eux en vedette , tandis que le reste de la troupe est occupé à chercher sa nourriture : si cette sentinelle aperçoit quelque chose , elle en donne aussi*tôt avis à la bande par un cri particulier, qui tient de la cadence ou plutôt du chevrotement; à l'instant tous les gin- geons mettent fin à leur babil) se ran* prochent ^ dressent la tête , prêtent l'œil et l'oreille ; si le bruit cesse, cha- cun se remet à la pâture; mais si le si- gnal redouble et annonce un véritable danger , l'alarme est donnée par un cri aigu et perçant } et tous les gingeons '^^*- -jr.-. fs^'i^S^^^ X4, î*s**?*iîkr'T^ tf^& HISTOIRE HATUSBXLB partent en suivant le donne ur;!dVÉvi8 § qui prend le premier sa Yolée* ' < 3» Le gingeon est babillard ^ lors* qu^une bande de ces oiseaux pait ou barbote j on entend un petit gazouil- lement continuel qui imite assez le rire suivi) mais contraint, qu'une personne feroit entendre à basse voix \ ce babil les décèle "^ et guide le chasseur; de même quand ces oiseaux volent , il y a toujours quelqu'un de la bande qui siffle y et dès qu'ils se sont abattus sur l'eau 9 leur babil recommence. . 3» La ponte des gingeons a lieu en jan- vier, e t en mars on trouve de pe* * ^ s gin- geonnaux ; leurs nids n'ont rû .e re- marquable, sinon qu'ils contiennent grand nombre d'oeufs. Les nègres sont fort adroits à découvrir ces nids , et les œufsdonnésàdespouleficonveuseséclo- sent très-bien; par ce moyen l'on se pro- cure des gingeons pvivés; maison au- voit toutes les peines du monde à appri- voiser des gingeonneaux pn^ quelque» ^'■« w DU CANARD. \^rj jours après leur naissance^ ils ont déjà gagné l'humeur sauvage et farouche da leurs père et mère, au lieu qu'il semble que les poules qui couvent des œufs de gingeons, transmettent à leurs petite une partie de leur humeur sociale et fa« milière ; les petits gingeonnaux ont plus d'agilité et de vivacité que les ca- netons; ils naissent couverts d'un du- vet brun I et leur accroissement est assez prompt; six semaines suffisent pour leur faire acquérir toute leur grosseur y et dès • lors les plumes de leurs ailes commenijent à croître. » Ainsi avec très-peu de soins on peut fie procurer des gingeons domestiques; mais, s'il faut s'en rapportera presque tous ceux qui en ont élevé, on ne doit guère espérer qu'ils multiplient en- tr'eux dans l'état de domesticité ; ce- pendant j'ai connoissance de quelques gingeons privés qui ont pondu, couvé et fait éclore. . \ y> Il seroit extrêmement précieux Oiseaux. YI. 16 I .. îi-O. ^ M ' 1178 HISTOIRE NATUREL1.E d'obtenir une race domestique de cet oiseaux, parce que leur chair est excei- lente, et sur»tout celle de ceux qu'on a privés; elle n'a point le goût de maré- cage que l'on peut reprocher aux sau- vages; et une raison de plus de désirer de réduire en dome^iticité cette espèce^ et l'intérêt qu'il y auroit à la détruire ou l'affoiblir du moins dans l'état sau- vage I car souvent les gingeons vien- nent dévaster nos cultures, et les piè- ces de riz semées près des étangs échap- pent rarement à leurs ravages; aussi est-ce là que les chaseurs vont les at- tendre le soir au clair de la lune. On leur tend aussi des lacets et des hame* cons amorcés de vers de terre. » Les gingeons se nourrissent non- aeulement de riz , mais de tous les au- tres grains qu'on donne à la volaille y tels que le maïs et les différentes espè- ces de mil du pays; ils paissent aussi l'herbe, ils pèchent les petits poissons, le» écrivisses, les petits crabes. '■!>>> jt DIX CANARD. lyc^ » Leur cri est un véritable sifflet y qu'on peut Imiter avec la bouche au point d'attirer leurs bandes quand elles passent. Les chasseurs ne manquent pas de s'e:i:ercer à contrefaire ce sifflet^ qui parcourt rapidement tous les tons de l'octave du grave à l'aigu y en ap* puyant sur la dernière note et en la prolongeant. ' ' > • :?.;:.. » Du reste ^ on peut remarquer que le gingeon porte en marchant la queue basse et tournée contre terre y comme la pintade 9 mais qu'en entrant dans l'eau il la redresse. On doit observer aussi qu'il a le dos plus élevé et plus arqué que le canard, que ses jambes sont beaucoup plus longues à propor« tion y qu'il a l'œil plus vif , la démar- che plus ferme 9 qu'il se tient mieux et porte sa tête haute comme Poie; carac* tères qui) joints à l'habitude de se per- cher sur les arbres , le feront toujours distinguer : de plus, cet oiseau n'a pas chez nous le plumage aussi fourni , à ! ■.*»«• m^ii-tm ■ # «* •*** Wfcj^.#«. -.*• *'^'-', I . wMlil II ijWi ^*«ws>*-. #1. l8d HI8T0IBB NJLT171LELLB beaucoup près ) que les canards des pays froids. » Loin que les gîngeons , dans nos basses-ooursy continue M. Deshayes^ ayent cherché à s'accoupler avec le ca- nard d'Inde ou avec le canard com« mun, comme ceux-ci ont fait entr'euX| ils se montrent au contraire les enne- mis déclarés de toute la yolaille, et font ligue ensemble lorsqu'il s'agit d'atta- quer les canards et les oies; ils parvien- nent toujours à les chasser et à se ren- dre maîtres de l'objet de la querelle f c^est- à-dire du grain qu'on leur jette^ ou de la mare où ils veulent barboter^ et il faut avouer que le caractère du gingeon est méchant et querelleur ; mais comme sa force n'égale pas son anîmosité, d'ut- il troubler la paix de la basse-cour , on n'en doit pas moins souhaiter de parvenir à propager en domesticité cette espèce de canards su- i[>ërieure en bonté à toutes les autres » • ■*u su CANARD.. 181 LE SIFFLEUR HUPPÉ.: Ce canard siffleur porte une huppe^ et il est de la taille de notre canard sauvage ; il a toute la tête coifTëe de belles plumes rousses^ déliées et soyeu* ses, relevées sur le front et le sommet de la tête en une touffe chevelue ^ qui pourroit avoir servi de modèle à la coiffure en cheveux dont nos dames avoient un moment adopté la mode ^ sous le nom de hérisson^ les joues, la gorge et le tour du cou sont roux com^ me la téte^ le reste du cou, la poitrine et le dessous du corps sont d'un noir ou noirâtre qui , sur le ventre , e&t légè* rement onde ou nué do gris ^ il y a du blanc aux flancs et aux épaules ; et le dos est d'un gris-brun; le bec et l'iris de l'œil sont d'un rouge de vermillon. Cette espèce, quoique moins com- mune que celle du canard siffleur sans huppe, a été vue dans nos climats par plusieurs observateurs. -Vi ■# •• Bi.-^ -.«SV'-i-atf*? 182 HISTOIRE NATURELLE i L LE SIFFLEUR d bec rouge et nà- ^ ,' rines jaunes. , • ApPAREMMESTque cette dénomina- tion de siffleur est fondée dans cette espèce , comme dans les précédentes y sur le sifflement de la yoix ou des ai- les : quoi qu'il en soit, nous adoptons, pour la distinguer, la dénomination de siffleur au bec roc/^e^ qu*£dwards lui A donnée en y ajoutant les narines jau^ neSf pour le séparer du précédent qui a aussi le bec rouge. Ce siffleur est d'une taille élevée, mais pas plus grosse que celle de la morelle, sans être paré de couleurs vives et brillantes ; c'est dans son genre un fort bel oiseau : un brun -marron étendu sur le dos y est nué de roux-ardent ou orangé-foncé \ le bas du cou porte la même teinte qui se fond dans du gris sur la poitrine ^ les couvertures de l'aile lavée de rous- fiâtre sur les épaules, prennent ensuit» un cendré-clair, puis un blanc pur; ,x». .^.jÉ DU CANARD.^ l83 ses pennes sont d'un brun-noirâtre^ et les plus grandes portent du blanc dans le milieu du c6të extérieur^ le ventre et la queue sont noirs; la tête est coiffée d'une calotte roussàtrequi se prolonge par un long trait noirâtre sur le haut du cou ; tout le tour de la face et la gorge sont en plumes grises. Cette espèce se trouye dans PAmé« rique septentrionale, suivant M. Bris* son ; néanmoins nous Pavons reçue de Cayenne. .. :i.u;c ?:..!; u.'-.^.c. ^\^f^it^€^■¥^ LE SIFFLEUR A BEC NOIR;, > Nous adoptons encore ici la dénomi» nation d'Edwards , parce que Pindica- tion de climat y donnée dans nos plan- ches enluminées et dans Pouvrage de M. Brisson y ne peut ::«e&vir à distin- guer cette espèce 9 non plus que la pré- cédente , puisqu'ilparoît que toutes deux se trouvent également dans PA- mérique septentrionale et aux An tilles* '^^'ssmmimmi^^ ' i 184 niSTOinS NÀTURBLLE Les jiimbes «t le cou , dans ces deux espèces y paroissent proportionnelle- ment plus aiongës que dans les autres canards ; celui-cî a le bec noir ou noi- râtre ; son plumage sur un fond bruh> est nuë d*ondes roussàtres ; le cou est moucheté de petits traits blancs; le front et les cAtés de la tête | derrière les yeoX) sont teints de roux; et les plumes noires da commet de la tête se portent en arrière en forme de huppe. ^ Suivant Hans Sloane, ce canard ^ qui se voit fréquemment à la Jamaï- que I se perche et fait entendre un sif- flement. Barrère dit qu^il est de pas- sage à la Guiane , qu'il pâture dans les savanes ^ et qu'il est excellent à manger. LE CfflPEAU, ou LE RIDENNE. Le canard appelé chipeau, n'est pas si grand que notre canard sauvage; il ft k tête finement mouchetée et comme ■ -. J " ; ! »■-»•*.*-*■ ;*»!#^ ^': BU CANARD. l85 piqnetée de brun-noir et de blanc, la teinte noirâtre dominant sur le haut de la tête et le dessus du cou ; la poi- trine est richement festonnée ou écail- lée, et le dos et les flancs sont tous ver- miculésde ces deux couleurs; surPaile sont trois taches ou bandes, Pune blan- che, Pautre noire, et la troisième d'un beau marron -rouge&tre« M. Bâillon a observé que, de tous les canards, le chi* peau est celui qui conserve le plus long- temps les belles couleurs de son plu- mage , mais qu'enfin il prend comme les autres une robe grise après la saison des amours ^ la voix de ce canard res- semble fort à celle du canard sauvage; elle n'est ni plus rauque ni plus bruyan- te, quoique Gessner semble vouloir le distinguer et le caractériser par le nom à'^anas strepera , et que ce nom ait été adopté par les ornithologistes. Le chipeau est aussi habile à plonger qu'à nager; il évite le coup de fusil en s'enfonçant dans l'eau; il paroit craintif l86 HISTOIE.E NATURELLE et vole peu durant le jour ; il se tient tapi dans les joncs y et ne cherche sa nourriture que de grand matin ou le soir, et même fort avant dans la nuit : on Pentend alors voler en compagnie des siffleurs, et comme eux il se prend à l'appel des canards privés. »Les ca- nards chipeaux, que nous appelons ridennes , dit M. Bâillon, arrivent sur nos côtes de Picardie au mois de no- vembre, par les vents de nord-est, et lorsque ces vents se soutiennent pen- dant quelques jours , ils ne font que passer et ne séjournent pas. Dès la fin de février, aux premiers vents du sud, on les voit repasser retournant vers le nord. y> Le mâle est toujours plus gros et plus beau que la femelle : il a, comme les canards millouins et siffleurs mâles, le dessous de la queue noir, et dans les femelles cette partie du plumage est toujours de couleur grise. 99 Elles se ressemblent même beau- DU CANARD. 187 coup dans toutes ces espèces , néan- moins un peu d'usage les fait distin- guer. Les femelles chipeaux devien- nent fort rousses en vieillissant. 33 Le be^ de cet oiseau est noir; ses pieds sont d'un jaune sale d'argile ^ avec les membranes noires | ainsi que le dessus des jointures de cliaque arti- cle des doigts; le mâle a vingt pouces du bec à la queue, et dix-neuf pouces j usqu'au bout des ongles; son vol est de trente pouces. La femelle ne diffère que d'environ quinze lignes dans tou- tes ses dimensions. ■n Je nourris dans ma cour, depuis plusieurs mois, continue M. Bâillon, deux chipeaux mâle et femelle ; ils ne veulent pas manger de grain et ne vi- vent que de son et de pain détrempé. J'ai eu de même des canards sauvages qui ont refusé le grain; j'en ai eu d'au- tres qui ont vécu d'orge dès les pre- miers jours de leur captivité. Cette différence vient, ce me semble, des ■fi il '■'^B'^TCî f <• y h 188 HISTOIRE NATURELLE lieux OÙ ces oiseaux sont nés; ceux qui Tiennent des marais inhabités du nord y n*ont pas dû connoltre Porge et le blé; et il n^est pas étonnant qu'ils refusent^ sur -tout dans les premier- temps de leur détention , une nourriture qu'ils n'ont jamais connue; ceux au contraire qui naissent en pays cultivés, sont me* nés la nuit dans les champs par les pères et mères, lorsqu'ils ne sont encore que hallebrans ; ils y mangent du grain et leconnoissent très-bien lorsqu'on leur en offre dans la basse-cour : au lieu que les autres s'y laissent souvent mourir de faim, quoiqu'ils ayent devant eux d'autres volailles qui , ramassant le grain, leur indiquent l'usage de cette nourriture ». LE SOUCHET, ou LE ROUGE. Le souchet est remarquable par son grand et large bec épaté, arrondi et dilaté par le bout , en manière de D V CANARD. 189 tailler, ce qui lui a fait donner les dé* nominations de canard cuiller, canard spatule, et le surnom deplaty^rinckos, par lequel il est désigné et distingué chez les ornithologistes parmi les nom- breuses espèces de son genre; il est un peu moins grand que le canard sau- vage I son plumage est riche en cou- leurs , et il semble mériter Pépithète de très-beau, que Ra^r lui donne; la tête et la moitié supérieure du cou | sont d*un beau vert ; les couvertures de l'aile, près de Tépaule, sont d'un bleu- tendre; les'suivantes sont blanches , et les dernières forment sur Paile un mi- roir vert-bronzé ; les mêmes couleurs se marquent , mais plus foiblement , sur l'aile de la femelle , qui, du reste, n'a que des couleurs obscures d'un gris- blanc et roussàtre, maillé et festonné de noirâtre ; la poitrine et le bas du cou du mâle sont blanc» , et tout le dessous du corps est d'uu beau roux; cependant il s'en trouve quelquefois à Oiseaux. YL 17 se ■■•■■y 190 HISTOIRE NATURELLE ventre blanc. M. Bâillon nous assure que les vieux souchets, ainsi que le» vieux chipeaux, conservent quelque- fois leurs belles couleurs, et qu'il leur vient des plumes colorées en même temps que les grises , dont ils se cou- vrent chaque année après la saison des amours^ et il remarque , avec raison , que cette singularité dans les souchets et les chipeaux a pu tromper et faire multiplier , par les nomenclateurs, le nombre des espèces de ces oiseaux ; il dit aussi que de très-vieilles femelles qu'il a vues, avoient, comme les mâles^ des couleurs sur les ailes, mais que^ durant leur première année d'âge, ces femelles sont toutes grises ^ du reste ^ leur tête demeure toujours de cette couleur. Nous devons encore placer ici les bonnes observations qu'il a bien voulu nous communiquer sur le sou- chet en particulier. . «c La forme du bec de ce bel oiseau^ dit M. Bâillon ^ indique sa manière de I ^-4 \» assure que les Lielque- l'il leur L même se cou- [son des raison j ouchets et faire 3urs, le îaux; il femelles s mâles 9 lis que y âge ) ces u reste 9 de cette e placer 'il a bien r le sou- 1 oiseau 9 &nière de DU CANARD. Ujl vivre; ses deux larges mandibules ont les bords garnis d'une espèce de den- telure ou de frange , qui ne laissant échapper que la boue ^ retient les ver- misseaux et les menus insectes et crus- tacées qu'il cherche dans la fange au bord des eaux ; il n'a pas d'autre nour- riture. P'jn ai ouvert plusieurs fois vers la fin de l'hiver et dans le temps de gelée, je n'ai point trouvé d'herbe dans leur sac , quoique le défaut d'in- sectes eût dû les forcer de s'en nourrir; on ne les trouve alors qu'auprès des sources ; ils y maigrissent beaucoup ^ ils se refont au printemps en mangeant des grenouilles. 39 Le souchet barbote sans cesse y principalement le matin et le soir , et même fort avant dans la nuit; je pense qu'il voit dans l'obscurité 9 à moins qu'elle ne soit absolue ; il est sauvage et triste; on l'accoutume difficilement À la domesticité ; il refuse constam- ment le pain et le grain : j'en ai eu un i. '5 •i^M- ■*'1^»miff;4. # r. . 1^3 de septembre; il estr^ro d^en Totr pendant Thivery sur quoi jo jug® qtiULs craign««t et fuient le fjoià^ * « f » Ils nichent ici idans les tnâmes en- droit, qae les «ar^les d^été \ ils clioi- sisseni) comme elles, de grosses touffes de joncs dans des lieux peu praticables^ et s'y Arrangent -de même un nid ; la femelle y dépose dixàdouse œufs d'un roux un peu pâle 9 elle les couve pen- dant vingt*liuit à trente |^urs^ suivant ce que m'ont dit les chasseurs ; mais je croirois volontiers que l'incubation ne doit être que de vingt <- quatre à vingt-cinq jours, vu que ces oiseaux tiennent le milieu entre les canards et les sarcelles , quanta la taille. 30 Les petits naissent 'Couverts d'un duvet gris taché y comme les canards , et sont d'une laideur extrême ; leur bec est alors presque aussi large que le corps, et son poids paroit les fatiguer; ils le tiennent presque toujours ap« puyé contre la poitrine ; ils courent et i ■S' > i. -Tl'î!- *. V -. > 194 HISTOIKB NATUlLELLC nagent dès qu'ils sont nës; le père et la mère les mènent, et paroissent leur être foit attachés ; ils veillent sans cesse sur Poiseau de proief au moindre danger la famille se tapit sous Pherbe^ et les père et mère se précipitent dans Teau et s'y plongent. ,>> ;i i ^:.w. 3) Les jeunes sonchets deviennent d'abord gris comme les femelles ; la première mue leur donne leurs-belles plumes, mais elles ne sont bien écla- tantes qu'à la seconde ». Quant à la couleur du bec , les ob- servateurs ne sont pas d'accord; Ray dit qu'il est tout noir; Gessner, dans Aldrovande, assure que la lame supé- rieure est jaune; Aldrovande ditqu'ii 'jst brun ; tout cela prouve que la cou- leur du bec varie suivant Page ou par d'autres circonstances. Schwenckfeld compare le battement des ailes du souchet à un choc de cro- tales^ et M. Hébert, en voulant nous «xprinier le cri d« cet oiseau , nous "«*«««*?N«^'»^||JPItW *, DU CANARD. IpS m ait qu'il ne pouvoit mieux le com- parer qu'au craquement d'une crécelle à main ^ tournée par petites secousses: il se peut que Schwenckfeld ait pris la voix pour le bruit du vol. Au reste^ le souchet est le meilleur et le plus délicat des canards : il prend beau- coup de graisse en hiver; sa chair est tendre et succulente; on dit qu'elle est toujours rouge , quoique bien cuite ^ et que c'est par cette raison que le canard souchet porte le nom àe rouge ^ notamment en Picardie, oii l'on tue beaucoup de ces oiseaux dans cette longue suite de marais qui s'étendent depuis les environs de Soissons jusqu'à la mer. < M. Brisson donne, d'après les orni- thologistes y une variété du souchet , dont toute la différence consiste en ce que le ventre est blanc au lieu d'être roux-marron. Uyacapatlahoac de Fernandez, ca- nard que ce naturaliste caractérise par ir 196 HISTOIRE NATUKSLXE 6on bec singulièrement épaté j et par le strois couleurs qxii tranchent sur son aile 9 nous parolt devoir être rap- porté à Tespèce du souchet, à laquelle nous rapporterons aussi le tempatla- hoac du même auteur ^ dont M. Bris« son a fait son canard sauvage du Mexu que y quoiqu'à la ressemblance des traits caractéristiques, à la dénomina- tion d^avis latirostra que lui donne Nieremberg , et au soin que prend Fer- jiandez d*aTertir que plusieurs donnent à Vyacapatiahoac ce même nom de tent' patlahoac , i\ etkt pu reconnoître qu'il ne s'agissoit ici que d'un seul et même oiseau ; et nous nous croyons d'autant plus fondés à le juger ainsi, que les observations de M. ie docteur Mau- duit ne nous laissent aucun doute sur l'existence de l'espèce du souchet en Amérique : a Les individus de cette espèce , dit-il , sont sujets en Europe à ne pas se ressembler parfaitement dans le plumage j quelques*uns ont dans R£LXE épaté y et par tranchent sur voir être rap- hetf à laquelle le tempatlu" dont M. Bris- Mzge du Mexi* embiance des , la dénomina- [ue lui donne jue prend Fer- sietirs donnent nenomde^e/72- :onno}tre qu'il 1 seul et même tyons d'autant dnsi, que les octeur Mau- un doute sur u souche t en idus de cette ts en Europe parfaitement •uns ont dans V( h fiii^i\iifi/iiff^'-' 'lim^:^ ii*t)ife'"y Tûm.. ^. u v\ .:^ ■ '.(« '( ) {' y. yvj^ . ji5 ■ il * AÎ A TiONGVE QVEUE ouPILKT. a . liPl CIIIPFAU on RIDENNE. V-., \ Pi^ - Jli *•'*., ■- ~\ PILE T. ' A '' >■■-•» t. ^-».' < 1. , ** «' '* >,• »; \ ;>-. 'V^; îi'f .:■': r-'^ ( s ;■ • •> . .1'. , ;ri !, i^ u- ••»• r • j ; 1 , 1 iMl % i.> ;.; 'ivi^Wh a & ^1 i i ■U ^v rïT^fl^T"»»*-! "( ■"'.vr-Tïj;' , >, '\ t )' N 1 '■' 'M- ^•'^1^ .^: -^ ^•' :^kx^ if ... fi*»; , 1» -Il ^^H'-'^ i ii.. • ' «» ■ '■. ?.. '••■'i ' fil- •■ ■^3 DU CANARD» Ip^ leur robe un mélange de plumes gthe» q ui ne se trouve pas dans les autres : j*ai remarqué dans sept ou huit souchets envoyés de la Louisiane, les mêmes va* riétés dans le plumage, qu'on peut ob- server dans un pareil nombre de ces oiseaux tués au hasard en Europe ; et cela prouve que le souche t d'Europe et celui d'Amérique ne sont absolument qu'une seule et même espèce ». LE PILET,ou CANARD à longue queue. Le canard à longue queue y connu en Picardie sous les noms de piletet âe pttnnard , est encore un excellent gibier et un très-bel oiseau : sans avoir l'éclat des couleurs du souchet , son plumage est très - joli ; c'est un gris tendre , onde de petits traits noirs qu'on diroit tracés à la plume; les gran - des couvertures des ailes sont par lar- ges raies , noir de jayet et blanc de neige; il a sur les côtés du cou deux bandes blanches semblables à des ru- jtV. Va. s if 198 HISTOIRE NATURBLLE banS) qui le font aisément reconnoitre^ même d'assez loin; la taille et les pro- portions rlu corps sont plus alongées et plus svehes que dans aucune autre es- pèce de canard ; son cou est singuliè- rement long et très-menu ; la tète est petite et de couleur de marron ; la queue est noire et blanche et se ter- mine par deux filets étroits , qu'on pourroit comparer à ceux de l'hiron- delle ; il ne la porte point horizontale- ment) mais à demi-retroussée : sa chair est en tout préférable à celle du canard sauvage ; elle est moins noire , et la cuisse y ordinairement dure et tendi- neuse dans le canard , est aussi tendre que l'aile dans le pilet. a On voit, nous dit M. Hébert, le pilet en Brie, aux deux passages; il se tient sur les grands étangs ; son cri s'entend d'assez loin, hizouë zoue. La première syllabe est un sifflement ai- gu , et la seconde un murmure moins sonore et plus grave. LE lonnottre^ tt les pro- longées et autre es- singuliè- a tète est arron ; la et se ter- ;s , qu'on B l'hiron- rizontale- : sa chair du canard ire , et la et tendi- isi tendre ébert, le ges; il se son cri zouê. La ment ai- re moins n V CANARD. 19^ » Le pilet, ajoute cet excellent ob- Bervaleur, semble faire la nuance dea canards aux sarcelles , et s^approche par plusieurs rapports de ces dernières; la distribution de ses couleurs est ana^ logue à celle des couleurs de la sar- celle ; il en a aussi le bec , car le bec ^e la sarcelle n^est point précisément le bec du canard i>. ' La femelle diffère du mâle autant que la cane sauvage diffère du canarr^j elle a, comme le màle^ la queue longue et pointue; sans cela on pourroit la confondre avec ta cane sauvage; mais ce caractère de la longue queue suffit pour faire distinguerce canard de tous lesautres, qui généralement Pont très- courte. C'est à raison de ces deux filets qui prolongent la queue du pilet, que les Allemands lui ont donné, assez im- proprement, le nom de canard-faisan {phasanente ) , et les Anglais celui de faisan de mer (sea-phasan) ; la déno- mination de Winterand f qu'on lui / ♦t ^^1 âOd HISTOIRE KATURELLB donne dans le nord , semble prouver que ce canard ne craint pas les plus grands froids ; et en effet Linnseus dit qu'on le voit en Suède au plus fort de l'hiver. Il paroit que l'espèce est com- mune aux deux continens : on la re- connolt dans le tzitzihoa du Mexique de Fernandez, et M. le docteur Mau« duit en a reçu de la Louisiane un in* dividu sous le nom de canard paille^- tn-queue y d'où l'on peut conclure que quoique habitant naturel du nord , il se porte jusque dans les climats chauds. LE CANARD A LANGUE QUEUE de Terre-Neuve. Ce canard , très-différent du précé- dent par le plumage , n'a de rapport avec lui que par les deux longs brins^ qui de même lui dépassent laqueue* : La figure coloriée que donne £d- Vrards de cet oiseau , présente des tein- tes brunes sur les parties du plumage où le canard nommé de miclon dans -Sv: DU CANARD. 201 nos planches enluminées , a ^ noir ; néanmoins on reconnoic ces deux oi* seaux pour être de la même espèce aux deux longs brins qui dépassent leur queue^ainsiqu'à la belle distributionde couleurs:leblanccouvrelatêteetlecou jusqu^au haut de la poitrine et du dos; il y a seulement une bande d'un fauve orangé qui descend depuis les yeux le long des deux c6tés du cou : le ventre, aussi bien que deux faisceaux de plu* mes longues et étroites y couchées en- tre le dos et l'aile, sont du même blanc que la tête et le cou : le reste du plu* mage est noir , aussi bien que le bec ; les pieds sont d'un rouge-noirâtre , et on remarque un petit bord de mem- brane qui règne extérieurementle long du doigt intérieur , et au-dessous du petit doigt de derrière; la longuenrdes deux brins de la queue de ce canard augmente sa dimension totale ; mais à peine dans sa grosseur égale-t-il le ca- nard commun. Oiseaux. VI. iS i AI A V lu*/ d02 HISTOIBB KATtrilELLB £dwafarort être la baie d'Hud- C'Neuve ; et se reconnoîfe indais et de cette espèce es de ce gèn- es plus recu- ire à la pointa on la recon- mtschadalesy gitch ou aan» parce qu'ils lante comme paroit qu'uR ■I \v^ /^ /\n; . 20 j ToM . ^. Jj'i if. 'Sj X. I.K TADOllNK . a I.K MOlllM.ON. \lf\ Jiwi . fl. ■éà ■\ ! .* •>•$ Tri\ \ \ H '.iu;> or Tï'V i-, " II: '*■, <)• -t' •i: .,'?n ai: •> It r\.X ■ i >7 ,1 • M^ Î-'M t. ^ ; . •■ I . I » « i 5 < ^T V f'. i.k ■ *!i ' > Ut' V:--h i 1 ..= ; » ■ ; / V '• .' »r» 'M nv ^Ji' ■'■ ■ ■ I ti f " % ■air y-p M*. it, n V c Â. V A. IL B, 20!^ diacre russe chante comme un ca- nard. LE TADORNE. Nous nous croyons fondés à croire que le chenaiopea: ou vu/panser {oie-re' nard) des anciens ^ est le même oiseau que le tadorne. Belon a hé&itéetmème varié sur Inapplication de ces noms ; dans ses o^^erfa^/o/zf il les rapporte au harlo) et dans son livre de laNature des 4iiseaux y il les applique au cravant : néanmoins on peut aisément reconnot- tre| par un de ces attributs de nature plus décisif que toutes les conjectu- res d^érudition , que ces noms appar^- tiennent exclusivement à l'oiseau dont il est ici question, le tardorne étant le seul auquel on puisse trouver, ftvec le renard , un rapport unique et singu« lier, qui est de se gt ter comme lui dans un terrier. C'est sans doute par cette habitude naturelle , qu'on a d'abord désigné Le tadorne en lui donnant la 204 HISTOIRE NATURELLE dénomination de renard-oie^ et non- seulement cet oiseau se gite comme le renurd y mais il niche et fait sa couvée dans les trous qu'il dispute et enlève ordinairement aux lapins. ^lien attribue de plus au vulpanser Tinstinct de venir , comme la perdrix y s'offrir et se livrer sous les pas du chas- seur pour sauver ses petits; et c^ëtoit l'opinion de toute ^antiquité , puisque les Egyptiens, qui avoient mis cet oi- seau au nombre des animaux sacrés, le figuroicnt dans les hiéroglyphes, pour signifier la tendresse généreuse d'une mè«e ; et en effet, Ton verra, par nos observations , le tadorne offrir précisé- ment ces mêmes traits d'amour et de dévouement maternel. Les dénominations données h. cet oiseau dans les langues du noxà^fusck- gansoM T^hxitl fucsh^ente en allemand ( canard - renard ) ; en anglo - saxon , herg-ander ( canard-montagnard ) ^ en anglais, burrouch^duks (canard>lapin), Dr CANARD. ao: n^attestent pas moins que son ancien nom, Phabitude singulière de demeu- rer dans les terriers pendant tout le temps de la nichée. Ces derniers noms caractérisent nvéme plus exactement que celui de vuipanser le tadorne, en le réunissant à la famille des canards, à laquelle en effet il appartient, et non pas à celle des oies; il est à la vérité un peu plus grand que le canard com- mun, et il a les jambes un peu plus hautes; mais du reste , sa figure, son port et sa conformation sont sembla- blés , et il ne diffère du canard que par son bec qui est plus relevé , et par les couleurs de son plumage , qui sont plus vives, plus belles, et qui, vues de loin, ont le plus grand éclat. Ce beau plumage est coupé par grandes masses de trois couleurs , le blanc , le noir et jaune-cannelle;latêteetlecou jusqu'à la moitié de sa longueur , sont d^in noir lustre de vert ; le bas du cou est entouré d'un collier blanc \ au-dessous Mi m S06 HISTOIRE NATURBLLB «st une large zone de jaune cannelle qui couvre la poitrine et forme une bandelette sur le dos ; cette même couleur teint le bas -ventre; au-des- sous de l'aile , de chaf^ue côté du dos f règne une bande noire dans un fond blanc ; les grandes et les moyennes pennes dePaile sont noires , les petites ont le même fond de couleur , mais «lies sont luisantes et lustrées de vert: les trois pennes voisines du corps ont leur bord extérieur d'un jaune cannelle et ^intérieur blanc ; les grandes cou- vertures sont noires et les petites sont blanches. La femelle est sensiblement plus petite que le mâle, auquel du reste elle ressemble même par les cou- leurs ; on remarque seulement que les reflets verdâtres de la tête et des ailes sont moins apparens que dans le mâle. Le duvet de ces oiseaux est très-fin et très-doux; les pieds et leurs mem- branes sont de couleur de chair ; le DU CAKARD. 20^ hec est rouge , mais 1* onglet de ce bec et les narines sont noirs; sa forme est^ comme nous l'avons dit, sime ou ca* muse , sa partie supérieure étant très- arquée près de la tête y creusée on arc concave sur les narines , et se rele* vant horizontalement au bout en cuil- ler arrondie , bordée d'une rainuro assez profonde et demi -circulaire ; la tranchée présente un double renfle- ment à sa bifurcation. Pline fait Péloge de la chair du ta- dorne, et dit que les anciens Bretons ne connoissoient pas de meilleur gi- bier. Athénée donne à ses œufs le se- cond rang pour la bonté après ceux div paon. Il y a toute apparence que les Grecs élevoient des tadorne» , puis- que Aristote observe que , dans le nom- bre de leurs œufs, il s'en trouve de clairs. Nous n'avons pas eu occasion de goûter de la chair ni dea œufs de ces oiseaux. Il paroi t que les tadornes te trouvent ^1 ■■* \ , 1 * ; 208 HISTOIRE NATURELLE flans les climats froids comme dans les pays tempérés, et qu'ils se sont por- tés jusqu'aux terres australes; cepen- dant l'espèce ne sVst pas également répandue sur toutes les côtes de nos régions septentrionales. Quoiqu'on ait donné aux tadornes le nom de canard de mer, et qu'en effet ils habitent de préférence sur les bords de la mer, on ne laisse pas d'en ren- contrer quelques-uns sur des rivières ou des lacs même assez éloignés dans les terres ; mais le gros de l'espèce ne quitte pas les côtes; chaque printemps il en aborde quelques troupes sur celles do Picardie; et c'est là q u'un de nos meilleurs correspondans, M. Bâillon, a suivîtes habitudes naturelles de ces oiseaux , sur lesquels il a fait les obser- vations suivantes , que nous nous fai- sons un plaisir de publier ici. ce Le printemps, dit M • Bâillon , nous amène les tadornes , mais toujours en petit nombre: dè$ qu'iU sont arrivésy m i? 'V! VU CANARD. 209 îU se répandent dans les plaines de sa- bles dont les terres voisines de la mer «ont ici couvertes ; on voit chaque cou- ple errer dans les garennes qui y sont répandues 9 et y chercher un logement parmi ceux des lapins. Il y a vraisem- blablement beaucoup de choix dans cette espèce de demeure ; car ils en- trent dans une centaine avant d'en trouver une qui leur convienne. On a remarqué quMls ne s^attachent qu'aux terriers qui ont au plus une toise et demie de profondeur, qui sont percés contre des à- dos ou monticules et en montant 9 et dont l'entrée , exposée au midi, peut être aperçue du haut de quelque dune fort éloignée. x> Les lapins cèdent la place à ces nouveaux hôtes, etn'y rentrent plus. yi Les tadornes ne font aucun nid dans ces trous; le femelle pond ses premiers œufssurle sable nu, et lors- qu'elle est à la fin de sa ponte, qui est de dix à douze pour les jeunes , etpour m '^M / y } aïO HISTOIRE NATURELLE les vieilles de douze à quatorze , elle les enveloppe d'un duvet blanc fort épais dont elle se dépouille. » Pendant tout le temps de Pincu- bation qui est de trente jom'S^ le mâle reste assidûment sur ladune ; il ne s'en éloigne que pour aller deux à trois fois le jour chercher sa nourriture à la mer; le matinetle soir la femelle quit« te ses œufs pour le même besoin, alors le mâle entre dans le terrier, sur>tout le matin , et lorsque la femelle revient^ il retourne sur sa dune. ' M Dès qu'on aperçoit au printemps un tadorne ainsi en vedette, on estas* sure d'en trouver le nid ; il suffit pour cela d'attendre L'heure où il va au ter- rier; si cependant il s'en aperçoit , il s'envole du c^té opposé , et vaatlen» drela femelle à la mer ; en revenant ils volent long-temps au-dessus de la ga- renne, jusqu'à ce que ceux qui les in- quiètent se soient retirés. » Dès le lendemain du jour que U ; ^ •'V.^ .^- ze , elle me fort > l'incu- le mâle ne s'en à trois tiire à la jlle quit- in, alors mr-tout revient) jntemps n estas* ffit pour 1 au ter- çoit , il a atten» mant ils le la ga- li les in- r que la 13ir € À. s A K B, 211 couvée est éclose j le père et la mère conduisent les petits à la mer , et s'ar- rangent de manière qu'ils y arrivent ordinairement lorsqu'elle est dans son plein : cette attention. procure aux pe- tits l'avantage d'être plutôt à l'eau j et de ce moment ils ne paroissent plus à terre. Il est difficile de concevoir com- ment ces oiseauxpeuvent^ dès les pre* miers jours de leur naissance , se tenir dans un élément dont les vagues en tuent souvent des vieux de toutes les espèces. » Si quelque chasseur rencontre la couvée dans ce voyage , le père et la mère s'envolent^ celle-ci affecte de culbuter et de tomber à cent pas ; ella se traîne sur le ventre en frappant la terre de ses ailes ^ et par cette ruse at- tire vers elle le chasseur; les petits demeurent immobiles jusqu'au retour de leurs conducteurs ^ et on peut^ si l'on tombe dessus , les prendre tous sans qu'aucun fasse un pas pour fuir* H ^ -.;? V . • I BU CAN.. £LD. 2l5 {Pendant près d^un mois. Curieux do coniioitre la cause du mal, j'en ai ou- vert plusieurs, je leur ai trouvé le sang dissous et les principaux viscères em- barrassés d*une eau rousse , visqueuse et fëtide. J^attribue cette maladie au défaut de sel marin, que je crois néces- saire à ces oiseaux , au moins de temps en tf mps, pour diviser par ses pointes la partie ronge de leur sang, et entre- tenir son union avec la lymphe, en dis- sol vant leseaux ou humeurs visqueuses que 'es graines dont ils vivent dans les cours, amassent dans leurs intestins». Ces observations détaillées de M. Bâillon ne nous laissent que fort peu de chose à ajouter à ^histoire de ces oiseaux, dont nous avons fait nourrir un couple sous nos yeux ; ils ne nous ont pas paru d\in naturel sauvage; ils se laissoient prendre aisément. On les tenoit dans un jardin où on leur don- noit la liberté pendant le jour, et lors- qu'on les prenoit et qu'on les tenoit ^ * *»» .« se dres- ies ailes ■irtîsj ils eur plu- rnes qui ards par emblent les; seu" M D T- ^C A N A R D. !i.\J , lemcnt ils ont plus de légèreté dans les mouvemens, et montrent plus de gnité et de vivacité; ils ont encore sur tous les canards 9 même les plus beaux ^ un privilège dénature qui n'appartient qu'à cette espèce , c'est de conserver constamment et en toute saison les bel- les couleurs de leur plumage. Comme ils ne sont pas difficiles à priver , que leur beau plumage se remarque de loin et fait un très-bel effet sur les pièces d'eau 9 il scroit à désirer que l'on pût obtenir une race domestique «^e ces oiseaux; mais leur naturel et leur tem« pérament semblent les fixer sur la mer et les éloigner des eaux douces : ce ne pourroit donc être que dans les terreins très - voisins des eaux salées , qu'on pourroit tenter avec espérance de suc- cès leur multiplication en de mcsticité. :« 1. ..i • é ai8 HISTOIRE NATURELLE LE MILLOUIN. 1 i Le miUouîn est ce canard que Be- lon désigne sous le nom de cane à tête rousse^ il a en effet la tête et une par* lie du cou d'un brun-roux ou marron; cette couleur coupée en rond au bas du cou , est suivie par du noir ou brun- noirâtre, qui se coupe de même en rond sur la poitrine et le haut du dos; Taile est d'un gris teint de noirâtre et sans miroir; mais le dos et les flancs sont joliment ouvragés d'un liséré très-fini qui court transversalement par petits zig - zags noirs dans un fond gris de perle. Selon Schwenckfeld , la tête de la femelle n'est pas grosse comme celle du mâle y et u'a que quelques taches rous&âtres. Le millouin est de la grandeur du tadorne, mais sa taille est plus lourde; sa forme trop ronde lui donne un air pesant ; il marche av9C peine et de 1 n V C A 17 ▲ R D« 21^ mauvaise gracp, et il est oblige <\e bat- tre de tem[)S en temps des ailes pour conserver ^équilibre sur terre. Son cri ressemble plus au sifflement grave d'un gros serpent , qu'à la voix d'un oiseau; son bec large et creux est très - propre à fotiiller dans la vase^ comme font les souchets et les moriU Ions, pour y trouver des vers et pour pécher de petits poissons et des crusta- cëes. Deux de ces oiseaux mâles quo M. Bâillon a nourris Phiver dans une basse -cour, se tenoient presque tou- jours dans IVau ; ils étoient iorts et courageux sur cet élément^ et ne s'y laissoient pas approcher par les autres canards; ils les ëcartoient à coups de bec; mais ceux-ci , en revanche, les bat- toient lorsqu'ils étoient à terre , et toutela défense du millouin étolt alors de fuir vers l'eau. Quoiqu'ils fussent privés et même devenus familiers y on ne put les conserver long- temps, parce qu'ils ne peuveiit marcher sans se bics* II,. 1 i . aaO HISTOIRE NATURELLE ser les pieds ; le sable des allées d'un jardin les incommode autant que le pavé d'une cour , et quelque soin que prit M. Bâillon de ces deux millouins^ ils ne vécurent que six semaines dans leur captivité. ^ » Je crois, dit ce bon observateur ^ que cesoiseauxappartiennentaunords les miens restoient dans Peau pendant la nuit, même lorsqu'il geloit beau- coup; ils s'y agitoient assez pour empê- cher qu'elle ne se glaçât autour d'eux. 90 Du reste, ajoute*t-il, les millouins ainsi que les morillons et les garrots j mangent beaucoup et digèrent aussi promptementque le canard: ils ne vé" curent d'abord que de pain mouillé | ensuite ils le mangeoient sec, mais ils ne l'avaloient ainsi qu'avec peine, et étoient obligés de boire à chaque ins- tant : je n'ai pu les accoutumer à manger du grain ; les morillons seuls .paroissent aimer la semence du jonc de marais ». .1 îes d'un que le oin que llouinsy es dans v^ateur , unord: )endânt t beau- rempê- d'eux. llouins arrots j t aussi ; ne vé- Quillé I nais ils îne, et ue i us- iner à s seuls oncde DU CANARD. 22t M. Hébert, qui, en chasseur attentif et ingénieux , a su trouver à la chasse d'autres plaisirs que celui de tuer , a fait sur ces oiseaux , comme sur beau- coup d'autres, des observations inté- ressantes, ce C'est, dit-il, l'espèce du millouin qui , après celle du canard sauvage , m'a paru la plus nombreuse dans les contrées où j'ai chassé. Il nous arrive en Brie , à la fin d'octobre, par troupes de vingt à quarante ] il a le vol plus rapide que le canard , et le bruit que fait son aile est tout diffé- rent} la troupe forme en l'air un pe- loton serré , sans former des triangles comme les canards sauvages : à leur arrivée i^s sont inquiets, ils s'abattent sur les grands étangs, l'instant d'après ils en partent, en font plusieurs fois le tour au vol, se posent une seconde fois pour aussi peu de temps, disparoissent^ reviennent une heure après , et ne se fixent pas davantage. Quand j'en aï tué, c'a toujours été par hasard ^aveo 1 -. il n 1, I •»■■ ( ( i % s ÎV* (■■ ; ,' I { ft22 HTSTOIRE NATURELLE de très-gros plomb, et lorsqu'ils fai- soient leurs différens tours en Pair; ils étoient tous remarquables par une grosse tête rousse , qui leur a valu le nom de rougeot dans notre Bourgogne* » On ne les approche pas facilement sur les grands étangs ; ils ne tombent point sur les petites rivières par la ge^ lée, ni à la chute sur les petits étangs^ et ce n'est que dans les canardières de Picardie que l'on peut en tuer beau- coup; néanmoins ils ne laissent pas que d'être assez communs en Bourgogne, et on en voit à Dijon aux boutiques des rôtisseurs pendant presque tout l'hiver. J'en ai tué un en Brie au mois de juil- let, par une très-grande chaleur) il me partit sur les bords d'un étang au mi- lieu des bois , dans un endroit fortsoli- taire \ il étoit accompagné d'un autre , ce qui me feroit croire qu'ils étoient appariés , et que quelques couples de l'espèce couvent en l'rance dans* les grands marais. "] » .v* .B l'ils fai- ^n Pair; par une i valu le irgogne. cilement tombent ar la ge- s ëtangS) Itères de îr beau« ;pasque ;ogne,et ^ues des t l'hiver, de juil- ir) il me ; au mi- ortsoli- 1 autre , étoient pies de lans*les f i^ vu C A K A. H I). 223 Nous ajouterons que cette même es- pèce s'est portée bien au-delà de nos contrées; car il nous est arrivé de la Louisiane un millouin tout semblable à celui de France; et de plus, on recon- noit le même oiseau dans le quapachea* 7iaii^///deFernandez,queM. Brissouy par cette raison, a nommé millouin du Mexique* Quant à la variété dans Pes« pèce du millouin de France , donnée pc \ . dernier ornithologiste, sous l'in- di r on de millouin noir, nous ne pou- vons que nous en tenir à ce qu'il en dity cette variété du millouin ne nous étant pas connue. ■ LE MILLOUINAN. Ce bel oiseau, dont nous devons la connoissance à M. Bâillon , est de la taille du millouin, et ses couleurs,quoi- que différentes, sont disposées de mê-* tne. Par ce double rapport nous avons cru pouvoir lui donner le nom de miA m f i II il , . ', 'i I" 224 HISTOIRE NATURELLE louinan. Il a la tête et le cou recon- verts d'un grand domino noir à reflets vert -cuivreux 9 coupé en rond sur la poitrine et le haut du dos; le manteau est joliment ouvragé d'une petite ha- chure noirâtre | courant légèrement dans un fond gris de perle \ deux piè- ces du même ouvrage, mais plus serréy couvrent les épaules \ le croupion est travaillé de même; le ventre et Pesto- mac sont du plus beau blanc; on peut remarquer sur le milieu du cou Pem- preinte obscure d'un collier roux; le bec du millouinan est moins long et plus large que celui du millouin. L'individu que nous décrivons a été tuérsur la c6tc de Picardie; et depuis| un autre tout^à-Fait semblable , sinon qu'il est un peu plus petit , nous est venu de la Louisiane. Ce n'est pas, comme on l'a déjà vu, la seule espèce de la famille du canard qui se trouve com^aune aux deux continens ; néan- moins ce millouinan^qui n'avoit|jasen« \A t /l DU C A W A R D. a25 core été remarqué ni décrit ^ ne paroit sans doute que rarement sur nos côtes. LE GARROT. Le garrot est un petit canard dont le plumage est noir et blanc j et la têts remarquable par deux mouches blan- ches posées aux coins du bec, qui de loin semblent être deux yeux placés à côté des deux autres, dans la coiffe noire lustrée de vert qui lui couvre la tête et le haut du cou ; et c^est de là que les Italiens lui ont donné lenomde^z/a- tr'occhi^ les Anglais le nomment gol" den-eye f œil d'or , à raison de la cou- leur jaune-doré de l'iris de ses yeux; la queue et le dos sont noirs, ainsi que les grandes pennes de l'aile, dont laplupart des couvertures sont blanches; le bas du cou , avec tout le devant du corps , est d'un beau blanc ; les pieds sont très- courts et les membranes qui en réunis- sent les doigts s'étendent jusqu'au bout des ongles et y sont adhérentes. Oiseaux. YI. ao a I 1/ t- m é SK^ » lI < » M 226 HISTOIRE NATURELLE Lafemelle est un peu plus petite que le mâle , et en diffère entièrement par les couleurs, qui, comme on l'observe généralement dans toute la grande fa- mille du canard, sont plus ternes, plus pâles dans Les femelles ; celle ci les a grises ou brunâtres où le maie les a noires, et gris>blanches 011 il les a d'un ^deau blanc ; elle n*a ni reflet vert à la tête , ni la tache blanche au coin du bec. Le vol -lu garrot , quôiqu'assez bas y est très-roide et fait siffler Pair; il ne crie pas en partant , et ne paroit pas être si défiant que les autres canards. On voit de petites troupes de garrots sur nos étangs pendant tout Phiver^ mais ilsdisparoissentau printemps , et sans doute vont nicher dans le nord; du moins Linnseus, dans une courte no- tice du Fauna Suecica, dit que ce ca- nard se voit Pété en Suède, etquedans cette saison, qui est celle de la nichée^ il se tient dans des creux d'arbres. 1 lïM I>I DU CJLNARD. 2.1J M. Bâillon qui a essayé de tenir quelques garrots en domesticité ^ vient de nous communiquer les observations suivantes. ce Ces oiseaux , dit- il , ont maigri considérablement en peu de temps , et n^ont pas tardé à se blesser sous les pieds, lorsque je les ai laissé marcher en liberté ^ ils restoient la plupart du temps couchés sur le ventre; mais, quand les autres oiseaux vènoient les attaquer, ils se déiendoient vigoureu- sement; je puis même dire que j^ai vu peu d'oiseaux aussi méchans. Deux mâ- les,que j'ai eus Phiver dernier, me dé- chiroient la main à coups de bec toutes les fois que je les prenois; je les tenoîs dans une grande cage d'osier, afin de les accoutumer à la captivité, et avoir aller et venir dans la cour les autres vo- lailles ; mais ils ne marquoient, dans leur prison, que de l'impatience et de la colère, et s'élançoient contre leurs grilles vers les autres oiseaux qui les» â >'\ \^'> -."./^ t f' 228 HISTOIRE NATURELLE ap prochoient : j'étois parvenu , avec beaucoup de peine, à leur apprendre à manger du pain, mais ils ont constam- ment refusé toute espèce de grains. ao Le garrot , ajoute cet attentif ob- servateur , a de commun avec le mil- louin et le morillon , de ne marcher que d'une manière peinée et difficile | avec effort, et ce semble avec douleur; cependant ces oiseaux viennent de temps en temps à terre, 'mais pour s'y tenir tranquilles et en repos , debout ou couchés sur la grève , et pour y éprouvernin plaisir qui leur est parti- culier. Les oiseaux de terre ressentent de temps en temps le besoin de se bai- gner , soit pour purger leur plumage de la poussière qui l'a pénétré , soit pour donner au corps une dilatation qui en facilite les mouvemens , et ils annoncent par leur gatté en quittant l'eau, la sensation agréable qu'ils éprou- vent Dans les oiseaux aquatiques , au contraire^ aans ceux sur-tout qui res- li ! Il " I ient un long temps dans l'eau y les plumes humectées et pénétrées à la longue 9 donnent insensiblement pas- sage à l'eau , dont quelques filets doi- vent gagner jusqu'à la peau; alors ces oiseaux ont besoin d'un bain d'air qui dessèche et contraci;e leurs membres trop dilatés par l'humidité; ils viennent en effet au rivage prendre ce bain sec dont ils ont besoin, et la gaité qui règne alors dans leurs yeux ..et un balance- ment lent de la tête , font connoître la sensation agréable fqu'ils éprouvent j mais ce besoin satisfait , et en tout autre temps , les garrots , et comme eux , les millouins et les morillons , ne viennent pas volontiers à terre, et sur- tout évitent d'y marcher, ce qui paroit leur causer une extrême fatigue : en effet, accoutumés à se mouvoir dans l'eau par petits élans , dont l'impul- sion dépend d'un mouvement vif et brusque des pieds , ils apportent cette habitude à terre ^ et n'y vont que pair r M •» -^SJ^ »i -yU. SéiÉ''i-::i.t ''■■.■■^- .. - ' ii,i(.Y.'iljîJ-àurit: „■:-'■ ^jL-.'W'«^inL-ki\^>^^siiti£.^v ■•^' ft ! \ «' a3o HISTOIRE -NATURELLE bonds, en frappant si fortement le sot de leurs larges pieds, que leur mar- che fait le même bruit qu'un claque- ment de mains. Ils s'aident de leurs ailes pour garder l'équilibre qu'ils per- dent à tout moment , et si on les presse , ils s'élancent en jetant leurs pieds en arrière et tombent sur l'esto- mac; leurs pieds d'ailleurs se déchirent et se fendent. en peu de temps par le frottement sur le gravier : il paroSt donc que ces espèces , uniquement nées pour l'eau , ne pourront jamais augmenter le nombre des colonies que nous en avons tirées pour peupler nos basses-cour i ». il !l W \^ LE MORILLON. i.h. Le morillon est un joli petitcanard, qui pour toutes couleurs, n'offre, lors- qu'on le voit en repos, qu'un large bec bien, un grand domino noir, un man- teau de même couleur, et du blanc sur î' \ ^.»«.t.i ..—- ""--v.^r DV CANARD* 23 1 Testomac , le ventre et le haut des épaules ; ce blanc est net et pur , et tout le noir est luisant et relevé de beaux reflets pourprés et d'un rouge- verdâtre ; les plumes du derrière de la tête se redressent en panache ; sou- vent le bas du domino noir sur la poi- trine est onde de blanc ^ et dans cette espèce ainsi que dans les autres du ca» nard j les couleurs sont sujettes à cer- taines variations ^ qui ne sont nulle* ment spécifiques et qui n'appartien- nent qu'à l'individu. Lorsque le morillon vole y son aile paroitrayéede blanc : cet effet est pro- duit par sept plumes qui sont en partie de cette couleur. Il a le dedans des pieds et des jambes rougeâtre et le de- hors noir; sa langue est fort charnue et si renflée à sa racine j qu'il semble y en avoir deux ; dans les viscères il n'y a point de vésicule du fiel. Belon regarde le morillon comme \eglaucium. dus GrecS} n'ayant^ dit-il j trouvé onç r ' fil 282 niSTOinS NATURELLE oiseau qui eût P œil de couleursiveron^ ne : et en effet, le glaucium dans A thé* née est ainsi nommé de la couleur ^/ai/- que ou Tert-d*eau de ses yeux. Le morillon fréquente les étangs et les rivières y et néanmoins se trouve aussi sur la mer; il plonge assez pro- fondément , et fait sa pâture de petits poissons, de crustacées et coquillages, ou de grains d'herbes aquatiques, sur- tout de celle du jonc commun : il est moins défiant, moins prêt à partir que le canard sauvage; on peut Rapprocher à la portée du fusil sur les étangs , ou mieux encore sur les rivières, quand il gèle; et lorsqu'il a pris son essor, il ne fait pas de longues traversées. M. Bâillon nous a communiqué ses observations sur cette espèce en do- mesticité, tt La couleur du morillon , dit-il , sa manière de se balancer en marchant et en tenant le corps pres- que droit, lui donnent un air d'autant plus singulier y que la belle couleur Ml 'Hlii^. , Je me suisprocuré^ ajoutelM. Bail* V.. • •* 4» l Ri 234 HISTOIRE NATURELLE Ion ) plus de trente morillons , pour Voir si la 11 lippe, qui est très-apparente à quelqiiesindividus, constitue une es* pôce particulière; j'ai reconnu qu'elle est lui des orneniens de tous les mâles. '} De plus , les jeunes sont dans le premier temps d'un gris-enfumé ; cette livrée reste jusqu'à la mue, et ils n'ont toute leur belle couleurd'un noir bril- lant qu'à la deuxième année ) ce n'est que dans le même temps que le bec devient bleu ; les femelles sont tou- jours moins noires et n'ont jamais de huppes ». LE PETIT MORILLON. Après ce que nous menons de dire de la diversité que l'on remarque sou' vent dans le plumage des morillons, nous serions fort tentés de rapporter aux mêmes causes accidentelles, la dif- férence de grandeur sur laquelle on s'est fondé pour faire du petit morillon une espèce particulière et séparée de -i»F"v.. A » "^ <■ >•■'•• ---V «" DU C A K A B. D. 235 celle du morilion ; cette différence en effet est si petite, qu'à U rigueur on pourroit la regarder comme nulle,, oa du moins la rapporter à celles que Page et les divers temps d^uccroissemenC mettent nécessairement entre les indi- vidp' Vune même espèce. Néanmoins la ^ ijpart des ornithologistes ont indi- qué ce petit morillon comme d'une es- pèce différente de Pautre , et ne pou* vant les contredire par des faits posi* tifs , nous consignons seulementici nos doutes, que nous ne croyons pas mal fondés. Belon même, que les autres ont suivi, et qui est le premier auteur de cette distinction d'espèces , sembl» nous fournir une preuve contre sapro* pre opinion; car après avoir dit de son petit plongeon, qui est notre morillon , que c'est un joli petit oiseau bien troussé y rond et raccourci , avec des yeux si jaulnes et luisans qu'ils sont plus claers qu'airin poli,*, et qu'avec le plumage semblable à celui du mo« 1 1 \ % 9r \ i il \ ^ l'='»l Bif .'î a36 HISTOIRE NATURELLE rillon, il a de ffiême la ligne blanclie par le travers de l'aile , il ajoute ; « Si est-ce qu^il s'en faut beaucoup qu'il soit vrai morillon , car il a la huppe der- rière la tête comme le biévre et le pé- lican , et toutefois le morillon n'en a point 33. OrBelon se trompe ici , et ce caractère de la h uppe est une raison de plus de rapporter l'oiseau dont il s'agit au vrai morillon , qui a en effet une huppe. M. Brissondonne encore une variété dans cette espèce, sous le nom àe petit morillon rayé^ mais ce n'est certaine- ment qu'une variété d'âge. LA MACREUSE. On a prétendu que les macreuses naissoient comme les bernaches , dans des coquilles ou dans du bois pourri; nous avons suffisamment réfuté ces fables, dont ici comme ailleurs, l'His* toire Naturelle ne se trouve que trop souvent infectée t Les macreuses pon- LLE ne blanclie oute : ce Si pqu'ilsoie iiippe der- e et le pé- ion n^en a e ici , et ce le raison de ont il s'agit n effet une une variété omàe petit it cerltaine- J S E. macreuses Lclies, dans ois pourri j réfuté ces eurs, l'His- se que trop eu&es pon- i 'J « .A ii 'tf t.> i.t 1 .î>iV if^ t < • 1. f iiV :■. )j *;< ti 1 i , i ; ir.<(-<*' \ a<^ •Jiî it'i*; - ? uo?i- ->i* !0 *,iru ». ^ )r.8?* ;n î^Jv: t-o^J >>':- 'Ji •?«*■: Tii U) l ?ti 1 VP- . .M. •■àiiC'if ui*^^ AU' ?':.: V.T ^ !' 5>< Àïi ^' a fè 66 ei l'J su UI tej tai ch pei nie poi cht aul qu< mai moi I sa t con et f trér • ' '.1 '^ m DU c ▲ ir A & »•" a37 dent f nichent et naissent comme les autres oiseaux; elles habitent de pré- férence les terres et les tles les plus septentrionales ) d'où elles descendent en grand nombre le long des côtes de P£cosse et de l'Angleterre, et arrivent sur les nôtres en hiver, pour y fournir un assez triste gibier , néanmoins at- tendu avec empressement par nos soli- taires, qui, privés de tout usage de chair et réduits au poisson , se sont permis celle de ces oiseaux, dans l'opi- nion qu'ils ont le sang froid comme les poissons, -quoiqu'on effet leur sang soit chaud et tout aussi chaud que celui des autres oiseaux d'e/*.u ; mais il est vrai que la chair noire, sèche et dure de la macreuse , est plutôt un aliment de mortification qu'un bon mets. Le plumage de la macreuse est ïiôli*^ sa taille est à-peu-près celle du canard commun , mais elle est plus ramassée et pîu^ cmirCe. B.ay observe que l'ex- tré:x: lé de lapar^ve supérieure du bec Oiseaux. YI. «Jt i >**Jr-''-'' S ' •*-, hl ,'^* % ..f!>^ ^ 4 I J 11 { il i « • S38 HISTOIRE VATUHELLE n^est pas terniinëe par un onglet corné^ eomme dans toutes les espèces de cr genre; dans le mâle , la base de cette parti«, près de la tête , est considéra* biement gonflée^et présente deux tu- berculesde couleur jaune;lespaupière& sont de cette même couleur ; les doigts sont très -longs et la langue est fort grande ; la trachée n^a pas de laby- rinthcy. les cceeur^s sont très-courts en comparaison 4e ceux des autres ca- jiards. îh .,:'yvr*->^ïo ^asoi ci> aJifr^wi^n-ï*!»'? <. M. Bâillon, cet observateur intelli- gent et laborieux, que j'ai eu si souvent occasion de citer au sujet des oiseaux d'eau , m'a envoyé les observation» suivantes. ^ a Les vents du nord ei du nord* ouest amènent le long de nos côtes de Picardie , depuis le moiii de novembre j-nsqu'enmars,des troupes prodigieuses de macreuses \ la iner en âst, pour ainsi dire, couverte \ on les voit voleter sans cesse de place en place je et par milliersy w** 'f^- .«'r-~ ■^••■••^ " DU C A N A H D. ^^ ^arottre sur l'eau et disparoître à chaque instant î dès qu'une macreuse plonge, toute la bande l'imîte et repa-^* roit quelques instans après ; loi*squé les vents 80»t sud et sud-est, elles s'é- loignent de nos côtes, et ces premiers vents, au mois àù mars, les font dispa-' roître entièrement, ^^^^^ii^^^'^^*'^-'^^ ^ » La nourriture favorite des ma-^ creuses , est une espèce de coquillage' bivalve lisse et blanchâtre, large de* quatre lignes et long de dix ou environ^ dont les haut-fonds de la mer se trou- vent jonchés dans beaucoup d'endroits^ ' il y en a des bancs assez étendus, et que' la mer découvre sur ses bords au reflux. ' Lorsque les pêcheurs remarquent ^ue, suivant leur terme, les macreuses jo/o/e-^ j^ent aux vaim^aux (c'est le nom qu'ont donne ici à ces coquillages), ils tendent^ leurs filets horizontalement, mais fort^ lâches-,-au-des8a8 de ces coquillages et' à deux pieds au plus du sable; peu' •d'heures après, la mer entrant dans ïi •%'ifc-;-fs.i>.iiiMiiii<»i'^iii'»>^iiiii*iHB" i-iimrti,ti aiiinMiJi - <« ' :'i^-uk !,♦»(>'•«-* Z/^O HISTOIRE NATURELLE € . :r .!«.;: ^ coiivre ces filets de beaucoup dViu^'jt les macreuses suivant le reflux à deux ou trois cents pas du bord , la première f ui aperçoit les coquillages plonge^ toute« 1^" autres la suivent, et rencontrant le filet qui est entre elles et Pappât y elles s'empêtrent dans ces mailles flottantes, ou si quelques-unes plus défiantes s'en écartent et passent dessous , bientôt elles s'y enlacent comme les autres en voulant remonter après s'être repues ; toutes s'y noyent| et lorsque ia mer est retirée r les pê- cheurs vont les détacher du filet oik elles sont suspendues par la tête , les ailes ou les pieds. • y^f^^tf-' ^^rrt • » J'ai vu plusieurs fois cette pêche : un filet de cinquante toises de lon- gue*' r, sur ^- ne toise et demie de large, en prend quelquefois vingt ou trente douzaines dans une reule marée; mais en revanche on tendra «purent ses filets vingt ')is sans en preudre une s^uU ; > il arrive de teoipseï» tçm|)8 ^ît-'».- s.*** ^Sf^ml : . ■ *'^«F.^. #- ucoup reflux rd, la [liages ent> et e elles ,ns ces s-unes >asseiit ilacent non ter loyenty les pê- filet où te, les pêche : le Ion- B large, trente e^ mais ent ses Ire une \ tçropa D TT C ▲ n A B. D. 24^ qu^ils sont emportés ou déchirés par des marsouins ou des esturgeons. * . 30 Jen*ai jamais vu aucune macreuse Toler ailleurs qu'au-dessus de la mer, et j'ai toujours remarqué que leur vol est bas et mou, et de peu d'étendue } elles ne s'élèvent presque pas , et sou- vent leurs pieds trempent dans l'eau en volant. Il est prrHable que les ma** creuses sont aussi fécondes que les ca- nardb, car le nombre qui en arrive tous les ans est prodigieux ; et , malgré la quantité que l'on en prend, il ne pa- roît >c.s diminuer w.vjfBfîîé »»iîiifm,'u ; Ayantdemandé àMé Bâillon ce qu'il, pensoit sur la distinction du mâle et de \^ femelle dans cette espèce, et sur ces Acreuses à plumage gris , appelées grisettes, que quelques-uns disent être les femelles , voici ce qu'il. m'a ré- pondu. • rf ■; *• ♦ ■ -T*fi •.*% i «J «» i4»lU » r* '^* ce La grisette est certainement une macreuse, elle en a parfaitement la ligure ; on voit toujours ces grisettes \\ •• •<»«M»aR'- ^'ff?*^* .J^- «4^ HISTOIRE NXTURBLLB de compagnie avec les autres macrén^ ses ; elles se nourrissent des mêmes coquillages, les avalent entiers, et les digèrent de même. On les prend aux mêmes filets, et elles volent aussi mal et de la même manière particulière à ces oiseaux, qui ont les os des ailes' plus tournés en arrière que les canards y et les cavités dans lesquelles b^emboi- tent les deux fémurs très-pt-ès l'une de* Pautre ; conformation qui , leur don- nant une plus grande facilité pour nager , les rend en même temps très*' inhabiles à marcher; et certainement aucune espèce de canardsn'a les cuisses placées de cette manière; enfin le goût de la chair est le même. • U «^^Rt^V i **^ ' » J'ai ouvert trois de ces griséttes cet hiver , et elles se sont trouvées femelles.- ;iV v ; .^'j au*. 39 D'un autre c6té , la quantité de ces macreuses griséttes est beaucoup moindre que celle des noires ; souvent on n'en trouve pas dix sur cent autres '-•^^«^«-«tÉiwyRai»^^ ■■;«* ■ "BU CANARD. %^3 j^risps au filet : les femelles seroient- «Ues en si petit nombre dans cetto «spèce? -'••^ » J'avoue franchement que je n'ai pas assez cherché à distinguer les mâles des femelles macreuses; j'en ai empaillé grand nombre , je choisissois les plus noires et les plus grosses, toutes se sont trouvées mâles , excepté les grisettes; je crois cependant que les femelles sont itn peu plus petites et moins noires ^ ou du moins qu^elles n^ont pas ce mat de velours qui rend le noir du plumage des mâles si profond ». . t Il nous paroit qu'on peut côndure de cet exposé j que les femelles ma* creuses étant un peu moins noires et plus grises que les mâles, ces grisettes ou macreuses plus grises que noires,et qui ne sont pas en assez grand nombre pour représenter toutes les femelles de respèce^nesonteneffetquelesplusjeu* nés femelles qui n'acquièrent qu'avec le temps tout le noir de leur plumage. •«•r''#Mî#WP?* v.^> 244 HISTOIRE NATURELLE Après cette première réponse y M. Bâillon nous a encore envoyé les notes suivantes, qui toutes sont inté- ressantes, a J'ai eu , dit-il, cette année 1781 , pendant plusieurs mois dans ma cour, une marcreuse noire; je la nourrissois de pain mouillé et de co- quillages ; elle étoit devenue très-fa- milièret . . ^ • » J'avois cru jusqu'alors que les ma- creuses ne pou voient pas marcher, que leur conformation les privoit de cette faculté; j'en étoîs d'autant plus per- suadé, que j'avois ramassé plusieurs fois sur le bord de la mer, pendant la tempête, des macreuses, des pingouins ot des macareux tous vivans, qui ne pou voient se traîner qu'à l'aide de leu rs ailes ; mais ces oiseaux avoient sans doute été beaucoup battus par les va« gués; cette circonstance, à laquelle je n*avoîs pas fait attention, m'avoit con« firme dans mon erreur; j e l'ai reconnue eji reQiarc|uantque la macrçuse mavcho. rvrï • Curieux de savoir si cet oiseau peut demeurer long-temps sous l'eau , je l'y ai retenu de force ; elle se don- aoit des efforts considérables après rfr^'ISfi^^'. «s» ■ H TS CANARD. Z^iJ deux OU trois minutes, et paroissoic souffrir beaucoup ; elle revenoit au- dessus de Peau aussi vite que du liège; je crois qu'elle peut y demeurer plu» long-temps, parce qu'elle descend sou- vent à plus de trente pieds de profon- deur dans la mer , pour ramasser les coquillages bivalves et oblongs dont elle se nourrit. y> Ce coquillage blanchâtre, large de quatre ù cinq lignes , et long de près d'un pouce , est la nourriture princi- pale de cette espèce : elle ne s'amuse . pas, comme la j)ie de mer, à l'ouvrir, la forme de son bec ne lui en donne pas le moyen comme celui de cet oiseau ; elle Tavale entier et le digère en peu d'heiires. J'en donnois quelquefois vingt et plus à une miicreuse; elle en prenoitjusqu'àce que son œsophage en fût rempli jusqu'au bec, alors ses excré- mens étoient blancs; ils prenoientune teinte verte lorsqu'elle ne mangeoit q[ue du pain^ mais ils étoiesit toujours ^48 HISTOIRE TCATUREtLE liquides. Je ne l'ai jamais vue se repaî- tre d'herbes, de grains ou de semences de plantes, comme le canard sauvage, les sarcelles, les siffleurs etd'autresde ce genre. La mer est son unique élé- ment ; elle vole aussi mal qu'elle mar- che ; je me f>uis amusé souvent à en considérer des troupes nombreuses dans la mer, et à les examiner avec une bonne lunette d'approche; je n'en ai jamais vu s'élever et parcourir au vol un espace étendu ; elles voletoient sans cesse au-de^âus de la surface de l'eau. ' M Les plumes de cet oiseau sont tel- lement lissées et si serrées, qu'en se se* couant au sortir de l'eau il cesse d'être mouillé. » La même cause qui a fait périr tant d'autres oiseaux dans ma cour, a donné la mort à ma macreuse. La peau molle et tendre de ses pieds était blessée sans cesse par les graviers qui y pénétroientj des calus se sont formés sous chaque r DU CAKARD. ^^Ç jointure des articles ; ils se sontensuite usés au point que les nerfs étoientdé* couverts; elle n^osoit plus ni marcher ni aller dans Peau y chaque pas augmen- toit ses plaies ; je l'ai mise dans mon jardin sur l'herbe, sous une cage, elle ne vouloitpas y manger; elle est morte dans ma cour peu de temps après » , LA DOUBLE MACREUSE. I Parmi le grand nombre des macreu« ses qui viennent en hiver surnoscôtea de Picardie , Ton en remarque quel- ques-unes de beaucoup plus grosses que les autres, qu'on appelle macreuses doubles ; outre cette différence de taille , elles ont une tache blanche à côté de l'œil et une bande blanche dans l'aile, tandis que le plumage des autres est entièrement noir. Ces caractères suffisent pour qu'on doive regarder ces grandes macreuses comme formant une seconde esprce qui paroit être Oiseaux YI. aa ( J / U< ; aSo HISTOIRE NATURELLE beaucoup moins nombreuse quelapre- mière) mais qui du reste lui ressemble par la conformation et par les Kabitu- des naturelles. Ray a observé dans Testomac et les intestins de ces gran- des macreuses, des fragmens de coquil- lage, le même apparemment que celui dont M. Bâillon dit que la macreuse fait sa nourriture de préférence. LÀ MACREUSE A LARGE BEC. Nous désignons sous ce nom l'oi- seau représenté dans nos planches en- luminées, soys la dénomination de ca» nard du nord , appelé le marchand , qui certainement est de la famille des macreuses, et que peut-être , à com- parer les individus, nous jugerions ne faire qu'une avec la précédente. Quoi qu'il en soit, celle-ci est bien carac- térisée , par la largeur de son bec aplati, épaté, bordé d'un trait orangé, qui , entourant les yeux , semble lîgurer des lunettes. Cette grosse ma- DU CANARD. 25t creuse aborde en hiver en Angleterre ; elle s'abat sur les prairies dont elle pait Pherbe ; et M. Edwards pense la reconnoltre dans une des figures du petit recueil d'oiseaux, publié à Ams- terdam en ity^^T^Bit Nicolas Nischer, où elle est dénommée turma anser, nom qui semble avoir rapport à sa gros^' seur qui surpasse celle du canard com- mun, et en même temps indiquer que ces oiseaux paroissent attroupés ^ et Comme il se trouve à la baie d'Hudson, les Hollandais pouvoientles avoir ob- servés au détroit de Davis , où se fai- soient alors leurs grandes pêches de la baleine. LE BEAU CANARD HUPPÉ. Le riche plumage de ce beau canard paroîtêtre une parure recherchée, une robe de fête que sa coiffure élégante as- sortit et rend «lus brillante ^ une pièce d'un beau rou^ moucheté de petits pin- ceaux blancs , couvre le bas du cou et s \ ( > f J0^--H>. ..* ^.r-* ». 'H a5a HISTOIRE naturellb la poitrine, et se coupe net sur les épau- les par un trait de blanc , doublé d^uu trait de noir ; Paile est recouverte de plumes d'un brun qui se fond en noir à riches reflets d'acier bruni ; et celles des flancs j très>finement lisérées et vermiculées de petites lignes noirâtres sur un fond gris , sont joliment ruba- nées à la pointe de noir et de blanc | dont les traits se déploient alternati- vement j et semblent varier suivant le mouvement de Poisëau : le dessous du corps est gris-blanc de perle; un petit tour de cou blanc remonte en menton- nière sous le bec et jette une échancrure sous Pœil 9 sur lequel un autre grand trait de même couleur pasvse en manière d'un long sourcil; le dessus delà tête est relevé d'une superbe aigrette de lon- gues plumes Manches, vertes et violet- tes, pendantes en arrière comme une chevelure , en pennaches séparés par de plus petits pennaches blancp ; le front et les joues brillent d'unlu$trede rlesépau- ubiëd'uu iiverte de en noir à et celles sérées et noirâtres nt ruba- e blanc y ilternati* suivant le ssous du un petit menton- fiancrure :re grand I manière de la tête te de ion* et viole t- ime une ares par incp ; le lustre de DU CANARD. a53 bronze ; l'iris c r'œil est rouge ; le bec de même avec une tache noire au- dessus y et Ponglet de la même cou- leur; sa base est' comme ourlée d'un rebord charnu de couleur jaune. ""^ Ce beau canard est moins grand que le canard commun , et sa femelle est aussi simplement vêtue qu'il est pom- peusement paré; elle est presque toute brune, ayant néanmoins , dit Edwards, quelque chose de l'aigrette du mâle. Cet observateur ajoute que l'on a ap- porté vivans plusieurs de ces beaux ca- nards de la Caroline en Angleterre , mais sans nous apprendre s'ils se sont propagés ; ils aiment à se percbdr sur les plus hauts arbres , d'où ^ ent que plusieurs voyageurs les indiquent sous le nom de canards branchus. Par ce- lui de canards d'été, que leur donne Catesby, on peut juger qu'ils ne sé- journent que pendant l'été en Virgi- nie et à la Caroline ; efTectivement ils y nichent , et placent leurs nids dans I > ■ i I ), •-• m aS4 HISTOIRE NATUB'PI.LE les trous que les pics ^ jI faits aux grands arbres voisins ' eaux, parli- culièrement aux cyprès •, les vieux portent les petits du nid dans Peau ^ sur leur dos ^ et ceux-ci , au moindre danger, s'y attachent avec le bec. > LE PETIT CANARD/ GROSSE TÊTE. Ce petit canard ^ qui est de la taille moyenne entre le eanard commun et la sarcelle, a toute là tête coiffée d'une touffe de longs eliilés agréablement teints de pourpre avec reflets de vert ex de bleu ; cette touffe épaisse grossit beaucoup sa tête , et c'est de là que Gatesby a nommé téie de buffle ( buf« fiels' headduck ) ce pr lit canard qui fré« quente les eaux douces à la Caroline \ il a derrière l'œil une large tache blan- che^ les ailes et le dos sont marqués de taches longitudinales noires et blan- ches alternativement ; la queue est grise, le bec plombé^et les jambes sont rouges» ; : ... f--\ DU CANARD. 2.55 La femelle est toute brunC) avec la tête unie et sans touife. Cecanardneparoità 'i Carrlineque l'hiver: ce n'est pas une ra si 'our'a nommer, comme a fait M. B ^ is ;«• nard d^ /liver, parce que cosp *i8te nécessairement ailleurs penuu téf ceux qui pourroient l'observe i uan» ces contrées auroient tout autant de raison de l'appeler canard d'été, i» LE CANARD à collier de Terre- Keuve. Ce canard de taille petite, courte et arrondie , et d'un plumage obscur, ne laisse pas d'être un des plus jolis oiseaux de son genre : indépendamment des traits blancs qui coupent le brundesa robe, sa face semble être un masque à long nez noir et joues blanches ; et ce noir du lez se prolonge jusqu'au som- met de la tête , et s'y réunit à deux grands sourcils roux ou d'un rouge-bai très-vif 5 le domino noir, dont le cou est couvert , est bordé et coupé au baft '/' / \ W .V in .b£— i) IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-S) ^ 1.0 l.l L25 m 1.4 il 1.6 Photographie Sciences Corporation 23 WIST MAIN STRKT WIBSTER.N.Y. MSSO (71«) 872-4S03 ■ '\f -.i-sîiÇ V r \ 3 \ ( \ I i t ( ^56 HISTOIRB KATURBLLB par un petit ruban blanCy qui apparem- ment a offert à l'imagination des pô^ cheurs de Terre-Neuve , Pidée d*tin cordon de noblesse ^ puisqu'ils appel* lent ce canard the lord ou le seigneur $ deux autres bandelettes blanches lise- T^es de noir y sont placées de chaque côte delà poitrine qui est gris-de-fer }' le ventre est gris-hrun ; les flancs sont d'un roux^vif ) et l'aile offre un miroir bleu pourpré ou couleur d'acier bruni; on voit encore une mouche blanche derrière l'oreille ^ et une petite ligne blanche serpentante sur le côté du cou.r : La femelle n'a rien de toute cette parure ; son vêtement est d'un gris- brun noirâtre sur la tête et le man- teau ; d'un gris-blanc sur le devant du cou et la poitrine y et d'un blanc pur à l'estomac et au ventre : leur grosseur est à-peu-près celle du mo* rillon I et ils ont le bec fort court et petit pour leur taille, i -■* .^Mi-^ii* ♦ . On recoxuioît l'espèce de ce canard •L^;' „»J.,,»U.^* -«■ 1^- |f»v jV ■■Mii^ pparsM- des pe- lée d'un 8 appel* ligneur ; hes lisé- chaque -de-ferj' nc8 sont tï miroir r bruni; blanche te ligne dti cou. ;e cette m gris- ) man- devant 1 blanc leur lu mo- >urt et canard DU CANARD. ilSj dans Vanas picta capite pulchrè fas» ciato de Steller, ou canard des mon* tagnes du Kamtschatka , et dans Pa- ncLS histrionica de Linnœus, qui pa- rolt en Islar.de, suivant le témoignage de M. Brunnichy et qu'on retrouve non-seulement dans le nord-est de l'Asie y mais même sur le lac Baïkaly selon la relation de M. Georgi, quoi- que Karchenninikow ait regardé cette espèce comme propre et particulière au Kamtschatka* . , -M< «W' LE CANARD BRUN. ' Sans une trop grande dilTérence de taille 9 la ressemblance presque en- tière de plumage nous eût fait rap- porter cette espèce à celle de la sar" celle brune et blanche , ou canard brun et blanc de la baie d'Hudson d'£dwards ^ mais celui-ci n'a exacte- ment que la taille de la sarcelle, et le canard brun est de grosseur moyenne entre le canard sauvage et le garrot. ; i I 5 f h ) \ 1 * M ) -, *•— ) H K K f 1 < ' i\ ïaSÔ HISTOIRE WATUnELtE Au reste j il est probable que Pindî-' vidu représenté dans la planche, n^esfe qu« la femelle de cette espèce, car elle porte la livrée obscure , propre dans tout le genre des canards au sexe fémi-> nin. Un fond brun-noirâtre sur le dos^ et brun-roussâtre nué de gris-blanc au cou et à la poitrine ; le ventre blanc avec une tache blanche sur l'aile et une' large mouche de même couleur entre l'œil et le bec , sont tous les traits de son plumage, et c'est peut-être celui que l'on trouve indiqué dans Rzac- zynski , par cette courte notice : X/- f:huana polesia alit innufneras anates inter quas sunt fiigricantÉs t'A ajoute que ces canards noirâtres sont * lUS des Russes sous le nom dé uhîe, "i LE CANARD A TÊTE GRISE.' - Nous préférons cette dénomination donnée par Edwards, à celle ài^ canard de la haie d'Hudson^ sous laquelle M. Brisson indique cet oiseau \ pre-> ..ae»**"»»—»-* "^\ f*%' JÉi '<»-i- e#«-.. mS^t^-^^sf^- *-' DU CANARD. ! 269 mièrement y parce qu'il y a plusieurs autres canards à la baie d'Hudson ; «econdement , parce qu'une dénomi- nation tirée d'un caractère propre de l'espèce est tQujpurs préférable pour la désigner à une indication de pays 9 qui ne peut que très-rarement être exclusive. Ce canard à tête grise est coiffé assez singulièrement d'une ca- lotte cendrée-bleuâtre , tombante en pièce carrée sur le haut du cou, et sé- parée par une double ligne de points noirs , semblables 4 des guillemets ^ de deux plaque^ d'un vert tendre qui couvrent les joues ; le tout est coupé de cinq moustaches noires, dont trois s'avancent en pointe sur le haut du bec 9 et les deux autres s'étendent en arrière sous ses angles , la gorge, la poitrine et le cou sont blancs; le dos est d'un brun-noirâtre avec reflets pourprés *, les grandes pennes de Taile sont brunes ; les couvertures en sont d'un pourpre ou violet-foncé, luisant^ 1/ S) lî ', \ l y. r^ i, t^ . >îk^;a»î»fc'ti!S'_7i..j T^ 1 . < i s, \ \) i 260 HISTOIRE NATURELLE et chaque plume est terminée par un point blanc , dont la suite forme une ligne transversale ; il y a de plus une grande tache blanche sur les petites couvertures de l'aile^ et une autre de forme ronde de chaque côté de la queue ; le ventre est noir ; le bec est rouge , et sa partie supérieure est sé- parée en deux bourrelets , qui , dans leur renflement, ressemblent, suivant l'expression d'Edwards , à^peu^prèa à des fèves. C'est, ajoute-t-il , la par- tie la plus remarquable de la confor- mation de ce canard , dont la taille surpasse celle du canard domestique \ néanmoins nous devons remarquer que la femelle du canard à collier de Terre-Neuve , a beaucoup de rapport avec ce CL^nard à tête grise d'£dwards ; la principale différence consiste en ce que les teintes du dos sont plus noires dans la planche de ce naturaliste , et que la joue y est peinte de verdàtre. r" i* ï DU CA-KAllU. a6f liE CANAAD A FACE BLANCHE. Nous désignons ce canard par le ca- ractère de sa face blanche, parce que cette indication peut le faire reconnol- tre au premier coup d'œil ; en effet ^ ce qui frappe d'abord en le voyant f est son tour de face tout en blanc, re- levé sur la tête d'un voile noir, qui , embrassant le devant et le haut du cou» retombe en arrière ; Paile et la queue sont noirâtres; le reste du plumage est richement chamarré d'ondes et de fes- tons de noirâtre , de roussâtre et de roux j dont la teinte plus forte sur le dos va jusqu'au rouge-briqueté sur la poitrine et le bas du cou. Ce canard y qui se trouve au Maragnon, est de plus grande taille et de plus grosse corpu- lence que notre canard sauvage i rîJi !■.•*► - : » .1 i t oiseaux. YI. ri.-; V ri- i-pii^^sîT V ^> ., I - ^'î^Mf^.Uk.jygkJL.' .m^. a62 HISTOIRE vxrvmRhhu M < ' \ .. II V I ' s; ' } ! \ ! LB MAILEC ET LE MARÉGÀ, canards du Brésil. MjiRàcjt est, suivant Pison, le nom générique des canards au Brésil ^ et Marcgrave donne ce nom à deux es- pèces qui ne paroissent pas fort éloi-* gnées Pune de Pautre^ et que par cette raison nous donnons ensemble , en les distinguant néanmoins sous les noma de marec et maréca. La première est ^ dit ce naturaliste, un canard de petite taille qui a le bec brun, arec une tache rouge ou orangée à chaque coin; la gor- ge et les joues blanches, la queue grise^ Paile parée d'un miroir yert avec un bord noir. Catesby , qui a décrit le même oiseau à Bahama, dit que ce mi" roir de Paile est bordé de jaune ; mais il y a d'autant moins de raison de dé* signer cette espèce sous le nom de ca- Mardde Bahama, comme tL^eiitM.Bna* son, que Catesby remarque expressé- ment (ju'il y parolt très-rarem«nt | n'y ,'J i .. ,-. /Hr^Xa ^»*- J«^^- T>t7 CAKAIIB. 26^ ayant jamais vu que l'individu qu^il décrit, an i'fiU uii»/iicf! ? ntvjr» .• ; i,./n. •*» Le maréca, seconde espèce de Marc* grave, est de la même taille que Tau* tre, et il a le bec et la queue noirs; un miroir luisant de vert et de bleu sur l'aile j dans un fond brun ; une tache d'un blanc- jaunâtre , placée, cpmme dans l'autre , entre, l'angle du bec et l'œil ; les pieds d'un vermillon qui ^ même après la cuisson, teint les doigts en beau rouge. La cbait de ce dernier^ ajoute*t-il, est un peu amère ; cella du premier est excellente \ néanmoins les Sauvages la mangent rarement ^ craignant, disent-ils, qu'çi» s,8 nour- rissant de la chair d'un animal qui leur paroit lourd , ils ne deviennent eux<* mêmes plus appesantis et moins légers à la course. ?/ .^r-, j ; •M f'* 1 1? .ja LES SARCELLE S." La forme que la nature a le plua nuancée , variée , multipliée dans leA i li '''*SfiW|fcif»._ m c \ 4 <<■ 264 HISTOIRE NATURELLE oiseaux d*eaii , est celle da canard ; après le grand nombre des espèces de ce genre dont nous venons de faire . l'énumération y il se présente un genre . subalterne | presque aussi nombreux . que celui des canards, et qui ne semble . fait que pour les représenter et les re- . produire à nos yeux sous un plus petit , nodule; ce genre secondaire est celui ; des sarcelles 9 qu'on ne peut mieux dé« , signer en général^ qu'en disant que ce ^ sont des canards bien plus petits que . les autres, mais qui du reste leur res- i semblent, non-seulement par les habi- , tudes naturelles , par la conformation et par toutes les proportions relatives de la forme, mais encore par l'ordon- nance du plumage , et même par la . grande différence des couleurs qui se . trouvent entre les mâles et les fe- . melies* -p" ■^-■■■r <^ *i. a .^i '-^.. '•i'- ,. On servoit souvent des sarcelles k la table des Romains ; elles étoient as- , sez estimées pour qu'on prit la peine " ; \ '. I 9' y ''-♦ -"<;■ '%-«4A|||^'' .LB a canard ; espèces de 8 de faire e un genre nombreux î ne semble r et les re- i plus petit B est celui mieux dé» ant que ce petits que \ leur res- r les habi- formation I relatives r l'ordon- ne par la irs qui se ;t les fe- i»^m- i t ircelles à toient as- la peine »V.'/' :^ÇS' d h V Ta*^ . 2^2 . Tarn . J7. .v.^ ■j ^^jflfMk^,^^ DMPve- âfl Jliftei/ Jeu^ I.I.A. SAWCEIXE MALE. *IA SAllCEIIJi l'EMEO.K .«»>»•»«**-«,-' 9*^- « h:JU . b''âi MAj :l'i ^i vi ■ kt ii ' i %% \-i » ' ' ^ '^ #:., Kî?;i':f^ '^m*;wr(' i'g*|i'i:? ^w . ]^. *».t;^>i4, -.rtu»i»f i>*»î<"»W^? 'lt*.'Mi'i,^.x ^'%- «oit: ffj?;'xi**|lij^-^ f:>'Si ,if^* ï<*^f>ît f;5,^>* •?^**>ii" •X 1 -..d»>a»-^!p--v*^:^ . -^ •■-A x..^/.. r i \W^ j\7t^ ■jtT i. • ■!<»■ .^ / ... i.*' f 'i 1 .c 1 i: 1 (■' î 1/=^-! k P i ' '\ \ > i 1 . v-i ~**f*^"''*'*"~~*^**"" .1 ' 1»*. ??:^«.*»^^^^ 1 s • \'\ j'* 't .i DU CANARD. 265 de les multiplier en les élevant en do- mesticitécomme les canards.Noiis réus- sirons sans doute à les élever de mê- me; mais les anciens donnoient appa- remment plus de soins à leur basse- cour, et en général beaucoup plus d*at« tention que nous à Péconomie rurale et à Pagriculture. Nous allons donner la description des espèces différentes de i^arcelles , dont quelques-unes , comme certains canards, se sont portées jusqu'aux ex- trémités des continens. LA SARCELLE COMMUNE. Première espèce. Sa figure est celle d'un petit canard, et sa grosseur celle d'une perdrix; le plumage du mâle avec des couleurs moins brillantes que celle du canard , n'en est pas moins riche en reflets agréables, qu'il ne seroit guère possi- ble de rendre par une description. Le ) v":i > ■ . '?' K 2,66 HISTOIRE NATURELLE devant du corps présente un beau plat* tron tissu de noir sur gris ^ et comm» maillé par petits carrés tronqués^ ren- fermés dans de plus grands ^ tous dis- posés avec tant de netteté et d'élégan- ce y qu'il en résulte l'effet le plus pi- quant : les côtés du cou et les joues jusque sous les yeux sont ouvragés de petits traits de blanc ^ vermiculés sur un fond roux ; le dessus de la tête est noir^ ainsi que la gorge; mais un long trait blanc prenant sur l'œil va tomber au-dessous de la nuque \ des plumes longues et taillées en pointe, couvrent les épaules et retombent sur l'aile en rubans blancs et noirs; les couvertu- res ([ui tapissent les ailes sont ornées d^uii petit miroir vert; les flancs et le croupion présentent des hachures do gris - noirâtre sur gris - blanc , et sont mouchetés aussi agréablement que le resle du corj»8. La parure de la femelle est bien |)lus sini|»l«} vâtue par - tout de gris DU CANAB.D. 267 et de gris'brun , à peine remarque- t-on quelques ombres d^ondes ou de festons sur sa robe; il n'y a point de noir sur la gorge, comme dans le màle^ et en général il y a tant de différence entre les deux sexes dans leb sarcelles comme dans les canards, que les chas« seurs peu expérimentés les méconnois- sent y et leur ont donné des noms im- propres de tiers y racanettes , mercan^ nettes^ en sorte que les naturalistes doi- vent ici, comme ailleurs, prendre garda aux fausses dénominations, pour ne pas multiplier les espècessurla seule différence des couleurs qui se trouvent dans ces oiseaux; ilseroit môme très- utile , pour prévenir l'erreur ,qae l'on eût soin de représenter la femelle et l» mâle avec leurs vraies couleurs, com- me nous l'avons fait dans quelques- unes de nos planches enluminées. Le mâle , au toms de la pariade , fait entendre un cri semblable à celui du râle ; néanmoins la femelle ne lait a68 HISTOIRE NATURELLE guère son nid dans nos proTÎnces j et presque tous ces oiseaux nous quittent avant le i5 ou 20 d'avril; ils volent par bandes dans le temps de leurs voya- ges 9 mais sans garder , comme les ca- nards ^ d'ordre régulier; ils prennent leur essor de dessus l'eau et s'envolent avec beaucoup de légèreté ; ils ne se plongent pas souvent, et trouvent cla surface de l'eau et vers ses bords , la nourriture qui leur convient : les mou- ches et les graines des plantes aquati* ques sont les alimens qu'ils choisissent de préférence. Gessner a trouvé dans leur estomac de petites pierres mêlées avec cette pâture; et M. Frisch , qui a nourri quelques couples de ces oiseaux pris jeunes, nous donne les détails sui^ yans sur leur manière de vivre dans cette espèce de domesticité commen- cée. » Je présentai d'abord à ces sar- celles , dit*il , différentes graines , sans qu'elles touchassent à aucunes ; mais à peine eus- je fait portera côté de leur ,,'>-^" DU CANARD. 269 Tase d'eau un bassin rempli de millet y qu'elles y accoururent toutes; chacune à chaque becquée alloit à Peau^ et dans peu elles en apportèrent assez dans leur bec pour que le millet fût tout mouillé. Néanmoins cette petite graine n'étoit pas encore assez trempée à leur gré y et je vis mes sarcelles se mettre à por- ter le millet aussi bien que l'eau y sur le sol de l'enclos qui étoit d'argile ; et lorsque la terre fut amollie et trempée^ elles commencèrent à barboter j et il se fit par-là un creux assez profond ^ dans lequel elles mangeoient leur mil- let mêlé de terre : je les mis dans une chambre^ et elles portoient de méme^ quoique plus inutilement ^ le millet et l'eau sur le plancher; je les conduisis dans l'herbe , et il me parut qu'elles ne faisoient que la fouiller en y cherchant des graines sans en manger lesfeuilles^ non plus que les vers de terre ; elles poursuivoient les mouches et les hap- poient à la manière des canards. Lors* I 'A y iKli/ t| 1i II . :&&klèi&^~ l\\ S.J9 HISTOIRE ITATURELLB que je tardois de leur donner la nour« riture accoutumée y elles la deman- doient par un petit cri enroué quoack, répété chaque demi-minute ; le soir y eMes se gitoient dans les coins ; et même le jour, lorsqu'on lesapprochoit, elles se fourroient dans les trous les plus étroits. Elles vécurent ainsi jus- qu'à l'approche de l'hiver \ mais le froid rigoureux étant venu^ elles moururent toutes à-la-iois ». , ■ - .... - • .. , . ■ > LA PETITE SARCELLEa ^i Seconde espèce. Cette sarcelle est un peu plus pe- tite que la première y et elle en diffère encore par les couleurs de la tête qui est rousse et rayée d'un large trait de vert bordé de blanc , qui s'étend des yeux à l'occiput; le reste du plumage est assez ressemblant à celui de la sar** celle commune! excepté que ki pai«> «» , • -• «-- et toU GANAA». 2171 trîne n^est point aussi richement ëmaiU lée , mais seulement mouchetée, c Cette petite sarcelle niche sur nos étangs, et reste dans le pays toute Tannée ; elle cache son nid parmi les grands joncs , et le construit de leurs brins, de leur moelle et de quantité de plumes. Ce nid, fait avec beaucoupde soin, est assez grand et posé sur Peau, de manière qu'il hausse et baisse avec elle. La ponte, qui se fait dans le mois d^avril , est de dix et jusqu'à douze oeufs delà grosseur de ceux de pigeon, ils sont d'un blanc sale , avec de petites taches couleur de noisette; les femel* les seules s'occupent du soin de la cou-* vée; les mâles semblent les quitter et se réunir pour vivre ensemble pendant ce temps; mais en automne ils retour- nent à leur famille. On voit sur les étangs ces sarcellespar compagnies de dixàdouze qui forment la famille; et dans L'hiver elles se rabattent sur les rivières et les fontaines chaudes ; elles ^1 ■]i i I ,' 27a HISTOIRE NATURELLE y vivent de cresson et de cerfeuil sau- vage; sur les étangs, elles mangent les graines de jonc et attrapent de petits poissons. Elles ont le vol très-prompt \ leur cri est une espèce de sifilement,i;oi//rey vouire^ qui se fait entendre sur les eaux dès le mois de mars. M. Hébert nous assure que cette petite sarcelle est aussi commune en Brie que l'autre y est rare , et que Pon en tue grande quantité dans cette province. Suivant Kzaczynski ^ on en fait la chasse en Pologne , au moyen de filets tendus d'un arbre à l'autre; les bandes de ces sarcelles donnent dans ces filets lors- qu'elles se lèvent de dessus les étangs à la brune. Rny ) par le nom qu'U donne à notre petite sarcelle (thecommon teal), pa- Toit n'avoir pas connu la sarcelle com- mune: Selon, au contraire , n'a connu que cette dernière; et quoiqu'il lui ait attribué indistinctement les deux noma su CANARD. ày3 grecs de hoscas et phascas , le second paroit désigner spécialement la petite sarcelle^ car on lit dans Athénée ^ que la phascas est plus grande que le petit colymhis, qui est le grèbe castagneux s or I cette mesure de grandeur convient parfaitement à notre petite sarcelle. Au reste) son espèce a communiqué d'un monde à Pautre par le nord \ car il est aisé de la reconnoltre dans le pepaïzca de Fernandez \ et plusieurs individus que nous avons reçus de la Louisiane , n'ont offert aucune diffé- rence d'avec ceux de nos Icontrées. ) i ï w LA SARCELLE D'ÉTÉ, Troisième espèce. . \: Nous n'eussions fait qu'une seule et même «espèce de cette sarcelle et de la précédente, siRay,quiparcitles avoir vues toutes deux, ne lès eût pas sépa« rées^ il distingue positivement la pe- tite sarcelle et la sarcelle d'été; nous Oiseaux. Y. 24 il ^.mf^^fipry I..iiv^ ^^^^^^'^^p^S^.irf* 1'V;*^^CiJf^^^ \i : 274 HISTOTSE KATU11E£X.B ne pouvons donc que le suivre dans 99 description , et copier la notice qu'il en donne. Cette sarcelle d'été, dit*»l f est encore un peu moins grosse que la petite sarcelle, et c'est de tous les ci» seaux de cette grande famille de sar- celles et canards, Sans exception , la plus petit. Elle a le bec noir f tout le manteau cendré -brun, avec le bout des plumes blanc sur le dos : il y a sur l'aile une bande large d'^nn doigt; cette bande est noire avec des reflets d'un vert-d'émeraude et bordée de blanc f tout le devant du corps est d'un blanc lavé de Jaunâtre , tacheté de noir à la poitrine et au bas«ventre; la queue est pointue ; les pieds sont bleuâtres et leurs membranes noires. M. Bâillon m'a envoyé quelques no- tes su r une sarcelle d'été, par lesquelles il me paroit qu^il entend par cette dé- nomination la petite sarcelle de l'ar- ticle précédent , et non pas la sarcelle d'été décrite par Ray. Quoi qu'il e^ mm^I^''^ ..i-.'y';^ .t.j^»fc.: ->« .. ,, ■''^'■'■^ ■ I dans 99 ce qu'il j dit-il f e que la 18 les oi» I de sar- ion j le f tout le le bout l y a sur ;t; cette ets d'un i blanc; in blanc loir à la ueue est lâtres et quesno- squeNes :ette dé- de Par- sarcelle ç^u'ii e^ DU c JLnr A KH» 275 «ûit y nous ne pouvons que rapporter ici ses indications et ses observations qui sont intéressantes* l>i: l^ v:i ' «c Nous nommons ici ( à MontreuiU sur-mer.) la sarcelle d'été, criquardou criquet, dit M. Bâillon; cet oiseau est bien fait et a beaucoup de grâces; sa forme est plus arrondie que celle de la sarcelle commune; elleest aussi mieux parée ; ses couleurs sont plus variées et mieux tranchées ; elle conserve queU quefois d^ petites plum«s bleues^ qu'on ne voit que quand les ailes sont ou* vertes* Feu d'oiseaux d'eau sont d'une gai té aussi vive que cette sarcelle ; elle ^st presque toujours en mouvement^ se baigne sans cesse , et s'apprivoise nveC beaucoup de facilité; huit jours suffisent pour l'habituer à la domesti- cité ; j'en ai eu pendant plusieurs an- nées dans ma cour , et j'en conserve «ncore deux qui sont très-familières. a Ces jolies sarcelles joignent à tou- t^ç leurs qualités une douceur ex- fl I j> «1 m Il i- ht} lui m I fî***""*»^*— .-»V; ***••< ■;^^.; *'*>.»irt«'^ '/î -476 HISTOIRE NATURBLLS tréme. Je ne les ai jamais vues se baU tre ensemble ni avec d'autres oi^.«aux ; elles ne se défc ndent même pas lors- qu'elles sont attaquées ; aussi délicates que douces , le moindre accident les blesse: l'agitation que leur donne la poursuite d'un chien ^ suffit pour les faire mourir; Lorsqu'elles ne peuvent fuir par le secours de leurs ailes, elles restent étendues sur la place comme épuisées et expirantes. Leur nourri- ture est du pain y de l'orge, du blé, du son ; elles prennent aussi des Qiouches | des vers de terre,des limaçons et d'au- tres insectes. _ j.;i. .^t. ti'îi.fi . 3> Elles arrivent dans nos marais voî« sins de la mer^ vers les premier^ jours de mars ^ je crois que le vent de sud les amène^ elles ne se tiennent pas attrou- pées comme les autres sarcelles et comme les canards siffleur» ; oit les voit errer de tou?; côtés , et s^appiru^r peu de temps après leur arrivé' . Eiles chercheut au mois d'avril , dans des V PH ! iLliL.>N. 86 bat- «as iors- ëlicates ient les onne la »our les ïeuvent »s, elles comme nourri- blé, du >ucheS| 3td' au< il».. ais voî- '9 jours sud les attFôu- illes et OïT les - L.Ies ns des DU C JL 17 JL R D. ÎS77 endroits fangenx et peu ac ^ssibles , de grosses touffes de joncsou d'herbes fort serrées et un peu élevées an-des- sus du niveau du marais ; elles s*y four- renf ?i ^c^rtant les brins qui les gê- n* :r,t,' été. ibrce de s'y remuer ell^s y pratii^uent un petit emplacement de quatre à cinq pouces de- diamètre j d»nt elles tapissent le fond avec des herbes sèches; le haut en est bien couvert par l'éparsiseur des joncs, et Pentrée est uHisquéepftrks brins qui s'y rabattent; cette entrée est le plus soute titvef s le midi; dans ce= nidy la femelle dépose* de dix à quatorze œufs d'un blahc un peu sale, et presque aussigros que les premiers œufs des jeunes poulies. J'ai vérifié le temps de l'incubation ; il est, comme dans lés poules, de vikigt Les petits naissent couverts de duvet, comme les petits canards ; ils sont fort alertes, et dès les premiers jours après leur naissance , le père et r i a W i \ if I * \ V '4 n-*'"»*»--^*,. 'M ■" '«>.t«<^|K^/^ r=-^^-«P— w ■w--'-*-* f'-' '(h ft^8 HISTOIRE NATURELLE la mère les conduisent à Teau; iU chier^ cheht le^ vermisseaux sous Pherbe et dans la vase ; si quelqueoiseau de proie passe, la mère jette un petit cri , toute la famille se tapit et reste immobile jusqu^à ca qu'un autre cri lui rende fion activité. a» Les premières plumes dont les jeunes criquardes se garnissent sont grises | comme celles des femelles ; il est alors fort difficile de distinguer les sexes, 6t même cette difficulté dure jusqu'à rapproche de la saison des amours ^ car il est un fait particulier à cet oisjoai^., que j'ai été à portée de vérifier plusieurs fois, et que je crois devoir rapporter ici* Je me procure prdinai rement de ces sarcelles dès le commencement de mars;aiors les mâles sont ornés de leurs belles plumes ; le temps de la mue arrive , ils deviennent aussi gris que leurs femelles, et restent dans cet état jusqu'au mois de janvier. Dans l'espace d'un mois^ à cette épo- t'V ,H>^»:::»t,' •/i-"^..*^#>* - ^ U cher'» erbe et ie proie toute Linobilo 1 rende ont les nt sont lUes ; il 'lier les té dure ion des culierà rtée de je crois >rocure ( dès le is mâles nés ; le iennent restent anvier. te épo- ~ D V C ▲ K A R d; 279 ^116) leurs plumes prennent une autre teinte. J*ai encore admiré ce change* ment cette année : le mâle que j'ai, est présentement aussi beau qu'il peutTé- tre;^ je Pai vu aussi gris que la femelle. Il semble que la nature n'ait voulu le parer que pour la saison des amours* 3> Cet oiseau n^est pas des pays sep* tentrionaux j) il est sensible au froid f ceux que j'ai eus alloient toujours cou- cher au poulailler 9 et se tenoieut au soleil ou auprès du feu de la cuisine ; ils sont tous morts d'accident | la plu* part des coups de bec que les oiseaux plus forts qu'eux leu r donnoient : néan- moins j'ai lieu de croire que naturelle- ment ils ne vivent pas long-temps f vu que leur croissance entière est prise «n deux mois ou environ ». ■ ,)i ■ m i s- • V. ■■»<-,4. .ij,, ,, a8o HISTOIRE NATUREtLB i r' n'. LA SARCELLE D'EGYPTE, .: ', « ; Jl » '< ' • » ■ . ,■ .1 . ♦ V -»-» . 'Quatrième espèce. Cette sarcelle est à-péù-près de la grosseur de notre sarcelle côitiiiïuiie (première espèce)^ mais elle a le bée un peu plus grand et plus large ; la tête, le cou et la poitrine sont d'iin brùh- roux ardent et fohcé^ tout le manteau est noir; il y a un trait dé blanc dà^s Paile y Pestomac est blanc et le ventre est du même brun-roux que la poitrine . La femelle, dans celte espèce, porte d-peu-près les mêmes couleurs que le mâle, seulement elles sont moins fortes et moins nettement tranchées; le blanc de l'estomac est brouillé d'ondes bru- nes, et les couleurs de la tête et de la poitrine sont plutôt brunes que rous- ses. On nous a assuré que cette sarcelle se trouvoit en Egypte. •x-T^' ■•f^lP****" HWlIi I* "m ',*"' •/lir->"-iW'!»*-*^-:'' «-^ - •■ M\é«<>»iMii^n;^'^ i rpTE. ' j if î>'* IH •es dé la itimune ï bée un Lvtête, 1 br'iih* lanteau 3C ààjis ventre >itrlne. , porte que le s fortes e blanc Bs bru- t de la î rous- arcelle DU G A N A IL D. 281 LA SARCELLE DE MADAGASCAR. Cinquième espèce. Gett£< sarcelle est à-peu-près de la taille de notre petite sarcelle (seconde espèce) , mais elle a la tête et le bec plus petits; le caractère qui la distingue le mieux, est une large tache vert-pàle ou vert-d'eau, placée derrière roreille, et encadrée dans du noir qui couvre le derrière de la tête et du cou ; la face et la gorge sont blanches ; lé bas du cou , jusque sur; la poitrine, est joli- ment ouvragé de petits lisérés bruns dans du roux et du blanc ; cette der- nière couleur est celle du devant du corps; le dos et la queue sont teints et lustrés de vert sur fond noir ou noirâ- tre. Cette sardelle nous a été envoyé» de Madagascar. ^ > \ S; ï:'a.j*Mt»ii',i.iiti%^»iy.'**"" 282 HISTOIRE VATURELLE VI LÀ SARCELLE DE GOROMANDEL. Sixième espèce. Lb mâle et 1a femelle de ces jolies sarcelles nous ont été envoyés de la câte de G>romandel ; elles sont plus petites au moins d'un quart que nos sarcelles communes (première espèce) f leur plumage est composé de blanc et de brun-noirâtre; le blanc règne sur le derant du corps ; il e&t pur dans le mâle y et mêlé de gris dans la femelle; le brun-noirâtre forme une calotte sur la tête 9 colore tout le manteau y et se marque sur le cou du mâle par taches et mouchetures 9 et par petites ondes transversales au bas de celui de la fe- melle; de plus, l'aile du mâle brille sur sa teinte noirâtre • d'un reflet vert et rou geâtn * . ^ ' jT J --#■ w'<>(^' ^^fV^^^'m"^-* DU C A N A. B. 0. 2.B3 t A SARCELLE DE JAVA. Septième espèce. Lb plumage de cette sarcelle y sur le devant du corps ^ le haut du dos et sur le cou , est richement ouvragé de festons noirs et blancs; le manteau est brun ; la gorge est blanche; la tête est coiffée d^un beau violet-pourpré, avec un reflet vert aux plumes de Tocciput, lesquelles avancent sur llEi nuque y et semblent s^en détacher en forme de pennaches ; la teinte violette reprend au bas de cette petite touffe, et forme -une large tache sur les c6tés du cou ^ elle en marque une semblable, accom- pagnée de deux taches blanches , sur les plumes de l'aile les plus voisines du corps. Cette sarcelle qui nous est venue de l'Ile de Java , est de la taille de la sarcelle commune (première espèce) • )! î I il' I f) ■» V ^84 HISTOIHE irATU&SLZ.fi LA SARCELLE DE LA CHINE. 1 :. liuitième esp/àç€(> ^ Cette belle sarcelle est très-remar- quable par la richesse, et la singularité de son plumage ; il est peint des plus vives couleurs , et relevé sur la tête par un magnifique pennache vert et pourpre» qui s'étend jusqu'au-delà de la nuque; le cou et les côtés de la face sont garnis de plumes étroites et poin- tues, d'un rouge-orangé; la gorge est blanche 9 ainsi que le dessus des yeux; la poitrine est d'un roux-pourpré ou vineux ; les flancs sont agréablement ouvragés de petits lisérés noirs, et les pennes des ailes également bordées de traits blancs: ajoutez à toutes ces beau- tés une singularité remarquable , ce sont deux plumes, une de chaque c6té , entre celles de l'aile les plus près du corps , qui , du côté extérieur de leur tige, portent des barbes d'une longueur N» -.:.**' r m'-i'p^ HINE. •remar- gularité des plus la tête vert et •delà de ! la face st poin- »rge est s yeux; rpré ou >lement >9 et les dées de 18 beau- i\ej ce iec6té| près du de leur ngueur DU CANARD. 285 extraordinaire , d'un beau roux-oran- gé, liséré de blanc et de noir sur le bord , et qui forment comme deux éventails ou deux larges ailes de pa« pillon relevées au-dessus du dos ; ces deux plumes singulières distinguent suffisamment cette sarcelle de toutes les autres , indépendamment de la belle aigrette qu'elle porte ordinaire- ment flottante sur sa tête , et qu'elle peut relever. Les belles couleurs de ces oiseaux ont frappé les yeux des Chinois : ils les ont représentés sur leurs porcelaines et sur leurs plus beaux pa« piers. La femelle qu'ils y représentent aussi , y paroit toujours toute brune ^ et c'est en effet sa couleur, avecquel- que mélange de blanc. Tous deux ont également le bec et les pieds rouges. Cette belle sarcelle se trouve au Ja- pon comme à la Chine , car on la re- connoît dans l'oiseau kimnodsui , de la beauté duquel Kœmpfer parle avec admiration ; et Aldrovande raconte Ois«au&. VI. i I il a6 •^■ll '[ i' &86 HISTOIRE TTATURELLE que les envoyés du Japon , qui , de son temps f vinrent à Rome ^ appor» tèrent , entr'autres raretés de leur pays j des figures de cet oiseau. LA SARCELLE DE FÉROÉ. Neuvième espèce. . Cette sarcelle ^ qui est un peu moins grande que notre sarcelle com- mune {première espèce), a tout le plumage d^un gris-blanc uniforme sur le devant du corps ^ du cou et de la tête ; seulement il est légèrement taché de noirâtre derrière les yeux , ainsi que sur la gorge et aux côtés de la poi* trine ; tout le manteau , avec le dessus de la tête et du cou ^ est d*un noirâtre- mat et sans reflets : ce sont là les seu* les et tristes couleurs de cet oiseau du nord 9 et qui se trouve à Pile Féroé. . Toutes les espèces précédentes de sarcelles sont de l'ancien continent ; celles dont nous allons parier appar- ■ijSf-f'jJtv DU CANARD. 287 tiennent au nouveau ; et quoique les mêmes espèces des oiseaux aquatiques soient souvent communes aux deux mondes y néanmoins chacune de ces espèces de sarcelles paroît propre et particulière à un continent ou à l'au- tre : à l'exception de notre grande et de notre petite sarcelle {première et seconde espèce ) y aucune autre ne pa« roit se trouver dans toutes deux. LA SARCELLE SOUCROUROU/ Dixième espèce. ^ 7 Pour désigner cette sarcelle ^ nous adopterons le nom de soucrourou qu'on lui donne à Gayenne ^ où l'espèce en est commune ; elle est à-peu-près de la taille de notre sarcelle {première es» pèce)^ le mâle a le dos richement fes- tonné et onde ; le cou , la poitrine et tout le devant du corps sont mouche- tés de noirâtre sur un fond brun-rous- sâtre \ au haut de l'aile est une bello 'f '>x (1 4 ( ) ù '"**-^ .. ^ 288 HISTOIRE NATURELLE plaque d'un bleu-clair, au-dessous d© laquelle est un trait blanc , et ensuite un miroir vert ; il y a aussi un large trait de blanc sur les joues ; le dessus de la tête est noirâtre avec des reflets verts et pourprés ^ la femelle est toute brune. Ces oiseaux se trouvent aussi à la Caroline y et vraisemblablement en beaucoup d'autres endroits de PAmé» riqué : leur chair y au rapport de Bar- rère , est délicate et de bon goût. LA SARCELLE SOUCROUB ETTE. ' ''^ ^ Onzième espèce. Quoique la sarcelle de Cayenne soit de moindre taille que celle que M. Bris- son donne, d'après Catesby , sous le nom de sarcelle de Virginie , la grande ressemblance dans les couleurs du plu- mage nous fait regarder ces deux oi- seaux comme de la même espèce ; et nous sommes encore fort portés à les ■î*«w^i^^ ou CAKARD,' 28à rapproclier c!e celle de la sarcelle soo- crourou de Cayenne^ dont nous \enon» de parler; c^est par cette raison que nous lui avons donné un nom qui in« dique ce rapport : en effet , la soucrou- rette a sur l'épaule la plaque bleue avec la zone blanclie au-dessous, et ensuite le miroir vert , tout comme le soucrou^ rou ; le reste du corps et la tète sont couverts de taches d'un gris-brun onde de gris-blanc, dont la figure de Catesby ne rend pas le mélange , ne présentant que du brun étendu trop uniforme* ment ; c'est ce qui conViendroit à la fe- melle, qui , selon lui , est toute brune. Il ajoute que ces sarcelles viennent en grand nombre à la Caroline au mois d'août, et y demeurent jusqu'au milieu d'oCiobre , temps auquel l'on, ramasse dans les champs le riz dont elles sont avides ; et il ajoute qu'en Virginie ^ où il n'y a point de riz , elles mangent une espèce d'avoine sauvage qui croit dans les marécages ) qu'enfin elles s'en* i il i y "*'• f •-4|Wrtro-t ï?S«- ^xeH^-<'kt ■•„,^^ ^.— •- * t :' . S 253 HISTOIRE NATURELLIi graissent extrêmement par rune et i^autre de ces nourritures, qui dou« nent à leur chair un goût exquis. ^'^^ LA SARCELLE A QUEUE ÉPINEUSE. » '.« '< I' .. ./iii , . Douzième espèce. ■f Cette espèce de sarcelle ^ naturelle à la Guiane j se distingue de toutes les autres par les plumes de sa queuQ qui isont longues | et terminées par un petit filet roide comme U99 épine , ^t formé par la pointe de la cûtie, prolongée d'une ligne OU deux au-deU des barbes de ce« plumes qui sont d'un brun l'un à la hau- teur de l'œil, l'autre plus bas sur ia ''*'^— **r«ir ■■«te: une et li dou* REUSE. turelle ites les Buq qui in petit t formé e d'une s de ce« Ltre ; le otone y taches sus du et fes- ti fond laut de aits de * deux a hau* sur la I) V CANARD. 291 joue; les pennes de l'aile sont égale- ment noirâtres. Cette sarcellen'a guère que onze ou douze pouces de Ion* gueur. ,. . LA SARCELLE ROUSSE à longue queue, *' . . . . ( I . Treizième espèce. ' Celle-ci est un peu plus grande que la précédente , et en dilTère beaucoup par les couleurs ; mais elle s*en rappro« che par le caractère de la queue longue et de ses pennes terminées en pointe ^ sans cependant avoir le brun effilé aussi nettement prononcé t ainsi , sans pré- tendre réunir ces deux espèces ^ nous croyons néanmoins les devoir rappro- cher. Celle-ci a le dessus de 1a tête, la face et la queue noirâtres ; Taile est de la même couleur, avec quelques reflets bleus et verts , et porte une ta- che blanche ; le cou est d'un roux- roarron; les flancs sont teints de cette même couleur, et le dessus du corps en est onde sur du noirâtre. A ^ V il Si apa HISTOIRE NATURELLE - Cette sarcelle nous a été envoyée de k Guadeloupe ; M. Brisson l'a reçue de Saint-Domingue, et il lui rapporte^ avec toute apparence de raison , le chilcanauhtli, sarcelle de la Nouvelle- Espagne deFernandeZ) qui semble dé- signer la femelle de cette espèce par le i|om. de colcanauhtli* ' ■■ <> A LA SARCELLE BI^ANCHE ET NOIRE, ^ ou LA REÏ-IGIECJSE. iK ' 'i > Quatorzième espèce. u''-/ ;.' "•(!' Une robe blanche^ un bandeau blanc avec coiffe et manteau noirs | ont fait donner le surnom de religieuse à cette sarcelle de la Louisiane , dont la taille est à>peu-près celle de notre sarcelle (première espèce ) ; le noir de sa tête est relevé d*un lustre de vert et de pourpre , et le bandeau blanc l'entoure par-derrière depuis les yeux. « Les pê- cheurs de Terre-Neuve , dit Edwards j appellent cet oiseau l'esprit, je ne sais "C. i: r- i- ''**«*^?*> DU CANARD. 9.(j:i par quelle raison, si ce n^est qu'étant très-vif plongeur, il peut reparoitre Tins tant après avoir plon^;é , à une très-grande distance ^ faculté qui a pu réveiller dans ^imagination du vul- gaire j les idées fantastiques sur les apparitions des esprits. ♦ LA SARCELLE DU MEXIQUE. Quinzième espèce. FfiRNANOEz donne à cette sarcelle un nom mexicain ( mctzcanauhtli ), qu'il dit signifier oiseau de lune , et qui vient de ce que la chasse s'en fait la nuit au clair de la lune. C'est, dit il , une des plus belles espèces de ce gen- re : presque tout son plumage est blanc pointillé de noir, sur-tout à la poitrine ; les ailes offrent un mélunge de bleu , de vert , de fauve , de noir et de blanc ; la tête est d'un brun noi- râtre , avec des reflets de couleurs changeantes^ la queue bleue en des« 1^ m >y '•- i r ■&■ ^94 HISTOIRE NATURELLE SOUS , noirâtre en dessus , est terminée de blanc ; il y a une tache noire entre les yeux et le bec qui est noir en des- tous et bleu dans sa partie supérieure. La femelle , comme dans toutes les espèces de ce genre , diffère du mâ!e par ses couleurs qui sont moins nettes et moins vives ; et Tépithète que lui donne Fernandez ( Avis stertria: ju/t" cetl) , semble dire qu^elle sait abattre et couper les jonCs ^ pour en former ou y poser son nid. ^ f ^'•1 JLA SARCELLE DE LA CAROLINE. Seizième espèce. Cette sarcelle se trouve à la Caro- line , vers Pembouchure des rivières à la mer, où Peau commence à élre salée : le mâle a le plumage coupé de noir et de blanc conime une pie ; et la femelle 9 que Catesby décrit plus en détail f a la poitrine et le ventre d\nL gris-clair; tout le dessus du corps et ••«t..*--"*f.-siT- ;%»*• .-.ilC*^, ■f ■<■ ''';*Tm.'-'^i DU CANARD. 2^5 les ailes sont d'un brun-foncé ; il y a une tache blanche de chaque côté de la tête derrière l'œil , et une autre au bas de Paile. Il est clair que c'est d'après cette livrée de la femelle, que Catesby adonné le nom àe petit canard brun à cette sarcelle , qu'il eût mieux fait d'appeler sarcelle ' pie, ou sarcelle noire et blanche : nous lui laissons la dénomination de sarcelle de la CarO" Une, parce que nous n'avons pascon- noissance que cette espèce se trouve en d'autres contrées. LA SARCELLE BRUNB ET BLANCHE. Dix-septième espèce. Cet oiseau 9 qu'£dwards donne sous le nom de canard brun et blanc ^ doit néanmoins être rangé dans la famille des sarcelles , puisqu'il est à-peu-près de la taille et de la ligure de notre sar- celle {première espèce ) ; mais la cou- leur du plumage est différente; elle est toute d'un brun-noii âtre sur la tête^ ) \ ! 296 HISTOIRE NATURELtiE le COU et les pennes de l'aile; le brun- foncé s'étend jusqu'au blanchâtre sur le devant du corps , qui de plus est rayé transversalement de lignes brunes ; il y a une tache blanche sur les câtés de la tête , et une semblable au coin du bec. Cette sarcelle ne craint pas la plus grande rigueur du froid y puisqu'elle est du nombre des oiseaux qui habi<* tent le fond de la baie d'Hudson. espèces qui ont rapport aux Canards et aux Sarcelles, Après la description et l'histoire des espèces bien reconnues et bien distinct tes , dans le genre nombreux des ca- nardset des sarcelles, il nous reste à in- diquer celles que semblent désigner les notices suivantes, afin de mettre les ob- servateurs et les voyageurs à portée, en complétant ces notices, de reconnoi- tre à laquelle des espèces ci-devant dé- crites elles peuvent se rapporter, ou H^ elles en sont en effet différentes , et si BU CANARD. 2^^ elles peuvent indiquer des espèces nou- velles. ; I. Nous devons d'abord faire men- tion de ces canards nommés vulgaire- ment quatreaiiesy dont il est parlé dans la collection académique en ces termes : a Vers 1680 y, parurent dans le Boulo<« nois, une espèce de canards qui ont les ailes tournées différemment des autres^ les grosses plumes s'écartant du corps et se jetant au-dehors^ cela donne lieu au peuple de croire etdedire qu'ils ont quatre ailes » ( Collect. acad.part, Etr, tome If page 804)» Nous croyons que ce caractère pouvoit n'être qu'acci- dentel ^ par la simple comparaison du passage précédent avec le suivant. ce M. l'abbé Nollet a vu en Italie une troupe d'oies ^ parmi lesquelles il y en avoit plusieurs qui sembloient avoir quatre ailes; mais cette apparence qui n'avoit pas lieu quand l'oiseau voloit^ étoit causée parle renversementde l'ai* leron ou dernière portion de l'aile qui Oiseaux. YI. a$ 29^ HISTOIRE NATUREtLE tenoit les grandes plumes relevëeSj au lieu (le les coucher le long du corps; ces oies étoient venues d'une même couvée avec d'autres qui port^Jent leurs ailes à l'ordinaire, ainsi que la mère, mais le père evoit les ailerons repliés ». His* toire de l'Académie, i^6o^ P^g^7» Ainsi ces canards, comme ces oies à quatre ailes , ne doivent pas être con- sidérés coinme des espèces particuliè- res 9 mais comme des variétés très^ac- cidentelles , et même individuelles y qui peuvent se trouver dans toute es-^ pèce d'oiseaux. II. Le canard ou plutôt la très-petite sarcelle qu'indique R/aczynski dans le passage suivant ; Lithuana polesia alit anates innumeras yinter quas, •*%sunt, . • in cavis arborum natœ , molem sturni non excedentes. {Hist, pag» 269.) Si Cet auteurest exact au sujet de la taille singulièrement petite qu'il donne à cette espèce , nous avouons qu'elle ne nous est pas connue. > w*»<'^>*: ",;%.•, .«>».. BU GANAB.D. 299 III. Le canard de Barbarie à tête blanche y du docteur Shaw, qui nVst point le même que le canard musqué ^ et qui doit plutôtse rapporter aux snr- celleS) puisqu'il n'est, dit-il, que de la taille du vanneau ^ il a le bec large y ëpais et bleu , la tète toute blanche et le i;Drps couleur de feu. ' . ly. L'anas platyrimhos du même docteur Shaw ^ qu'il appelle mal-à- propos pélican de Barbarie ^ puisque rien n'est plus éloigné d'un pélican qu'un canard \ celui-ci d'ailleurs est auçsi petit que le précédent \ il a les pieds rouges, le bec plat, large , noir et dentelé^ la poitrine , le ventre et I4 tête de couleur de feu \ je, dos est plus foncé, et il y a trois taches, une bleue^ une blanche et une verte sur l'aile. V. L'espèce que le même voyageur donne également sous la mauvaise dé- nomination de pélican de Barbarie à petit bec. a. Celui*ci, dit-il, est un peu plus gros que le précédent; il a le cou -^ V" •.'*• '^- -.«w» :«&'■ ' ■-•■-«» ^/f- r^"^ :':fi^: >«^- Kil) M h uî 306 HISTOIB.E NATURELLE rougeâtre et la tête ornée d'une petite touffe de plumes tannées; son ventre est tout blanc, et son dos bigarré de quantité de raies blanches et noires ; les plumes de la queue sont pointues^ et les ailes sont chacune marquées de deux taches contiguës, l'une noire et l'autre blanche; l'extrémité du bec est noire j et les pieds sont d'un bleu plus foncé que ceux du vanneau ». Cette espèce nous paroit très - voisine de la précédente. VI. Le turpan ou tourpan , canard de Sibérie, trouvé par Gmelin aux en- virons de Selengensk, et dont il donne une notice trop courte pour qu'on puisse le reconnottre; cependant il pa- roit que ce même canard tourpan se re- trouve à Kamtschatka , et que même il est commun à Ochotsk , où l'on en fait, à l'embouchure même de la ri- vière Ochotska , une grande chasse en bateaux, que décrit Krachenninikow. Nous observerons au sujet de ce voya- -y. •1> U ex K À H ' 301 geur , qu'il dit avoir rencontré onze espèces de canards ou sarcelles au Kamtschatka , dans lesquelles nous n'avons reconnu que le tourpan etle ca*^ nard à longue qneue de Terre-neuve : les neuf autres se nomment^ selon lui^ selosni, tchirki, krohali, gogoli^lutkV, tchemeti y pulonosi , suasi, et canard montagnarde a Les quatre premiers y dit-il| passent l'hiver dans les environs des sources, les au très arrivent au prin- temps et s'en retournent en automne comme les oies y>. On peut croire que plusieurs de ces espèces se reconnoî- troient dans celles que nous avons d^> critesi si l'observateur avoit pris soin de nous en dire fiutre chose que leurs noms. VII. Le petit canard des Philippi- nes I appelé à Luçon saloyazir^ et qui n'étant pas | suivant l'expression de C3ime\j plus gros que lepoing,doit être regardé comme une espèce de sarcelle. VIII, ic Le woures'feique ou /'a/- •• •* ■*■ -T» jHfc*"-*.' ;j»a|^Vfr.*«ÇjiS»w*., >.«,*-*«*' 3o2 HlfXOIKB NATURELLE ^eau cognée de Madagascar , espèce cla canard , ainsi nommé par ces insulai» res , dit François Çauche^ parce qu'il a sur le front une excroissance de ckair noire , ronde j et qui va se recourbant un peu sur le beC| ^ la manière de leurs cognées. Au reste^ ajoute ce voyageur^ cette espèce a la grosseur de nos oi- sons I et le plumage de nos canarda»» Kous. ajouterons qu^l se pQurrpit que ce n?en fû.t qu'une vai:iété. IVk Les deux espèces de canards et les deux sarcelles que M« deBougain- ville . . . » . - XII. Le canard sifflant d bec mou^ f .-■ * •♦■ ?^- ■^ii9ii'^vmmmrt»*'-''>sif^td^''^*9t^ '^-. ^. âo4 HTSTOIRB NATURELLE ' autrement appelé canard grisât leu de la Nouvelle-Zélande, remarquable ert ce que le bec est d^une substance molle et comme cairtilagineusey de manière qu'il ne peut guère se nourrir qu^en ramassant, et pour ainsi dire suçant les vers que le flot laisse sur U grève. ^ XIII. Le canard à crâte rouge y en- core de la Nouvelle-Zélande, mais dont L'espèce »*y est pas çomipune, et qui n'a été trouvée que sur la rivière, au fond de là baieDuski: ce canard qui n'est qu'un peu plus gros que la sar- celle , est d'un gris-noir très- luisant au-dessus du dos, et d'une couleur de soie grisâtre-foncé au ventre ; le bec et les pieds sont couleur de plomb; l'iris de l'œil est dorée , et il a une crête rouge sur la tête. ' <* rn . j XIV. Enfin , Fernandez donne dix espèces comme étant du genre du ca- nard , dont nous omettrons les noms mexicains, et les descriptions, la plu» part incomplètes, jusqu^à ce que de »«.- -f**;. ntr c A, ti à. a D, 3o5 nouvelles observations ou ^inspection des objets viennent servir à les cou'* pléter et à les faire reconnoitre. Espèces connues dans ce genre. (Bec renflé à sa base.) Le Cygne , anas Çygnus» L'Oie jabotière , anas Cygnoides» . L^Oie armée, anas Gambensù, , ; ' L'Oie bronzée , anas Melanotos, L'Oie de neige , anas Hyperborea, L'Oie des Terres Magellaniques , anasMa- gellanica» .^, , ,. , > L'Oie antarctique , anas ^ntarctica. , L'Oie des iles Malouines , anas Leucoptera* Le Tadorne , anas Tadoma. Le Canard à tête gi ' ^^ , anas Spectabilis, . La grande Macreuse , anas fusca» La Macreuse) anas Nigra. L'Oie lieuse , anas jélbifrons, ( Base du bec égale et sans caroncule. ) Le Milouinany anas Marila, L'Oie commune ) anas Anser, Le Casarca , anas Casarca. L'Oie d'Egypte y anas JEgyptiaca, ■~ ti ■(«'•^'raâfetw - ^.^w^' \ \\ ■ 'i 3o6 HISTOIRE VATURELLB Xja Bernache, anas JErytkropus. L'Oie (les Esquimau^ , anas CoBrulescens- Le Gravant , anas Bemicla* L'Oie à cravate, anas Canadensis» L'£ider, anas Jlfollissima» Le Canard musqué , anas Moschata, Le Marec , anas Bahamensis. Le Mareca, anas Brasiliensis. La Sarcelle religieuse , anas Alheola, Le Soucliet , anas Clypeaia. Le Canard des monts Urals , anas Jlfersa, Le Chipeau , ia/ias Strepera»- La Sarcelle de Java y anas Falcaria. ' Le petit Canard à grosse tête, anas Buce' • phala, ' • j La Sarcelle rousse à longue queue , anas Dominica, La Sarcelle à queiie épineuse , anasspinosa. La Sarcelle d'Egypte , anas Africana. La Sarcelle de Madagascar, anas Mada* gascariensis» La Sarcelle de Coromandel, anas Coro- mandeliana. '■ ' . — Le Garrot, anas Clangula» La Sarcelle de la Caroline , anas Rustîca. La Macreuse à large bec , anas Ferspicii» lata, La Sarcelle du Mexique , anas novos ZTic- pania» ^ s.-^- Jtfr^> ,' "«w: ►A.A J.,?».:.^.. V* F^- ulescentm • j ata, 'veola, s JHerstt^ ' ' ' .1. tria, mi Bucc' ue, anas ispinosa» ana, Madam 28 Coro* Rustica,. *erspicil» »tr CANARD. 3o7 Lts Canard à bec membraneux , artas Me» lacorynchùs. Le Gingeon , ajias uimericana. Le Canard siffleur , anas Pénélope. Le Filet) ou Canard à longue queue, anas Acuta, La Sarcelle de Féroé^ anas Hyemalis, Le Canard de Miclon , anas Glacialis, Le Milouin , anas Feiina. La Sarcelle commune , anas Querquedula* La petite Sarcelle , anas Crecca, La Sarcelle d^été , anas Circia. Le Canard à collier de Terre-Neuve , anas Histrionica, Le Canard brun , anas .Minuta* La Sarcelle Soucrourou , anas Discors* Le Canard à face blanche , anas Viduata» Le Canard siffleur à bec rouge , anas uâu- tumnalis* Le Canard sauvage, anas Boschas, La Sarcelle de la Chine , anas Galericu- lata. Le beau Canard huppé , anas Sponsa, Le Canard siffleur à bec noir , anas Arho* rea. Le Canard siffleur huppé , anas Rufina» Le Canard d*Arabie , anas Arabica, Le Petit Morillon , anas Fuligula, VXK DV TOME SIXIÈME* //