IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-S) fJ^ ^. 4:<î^ 1.0 i.i '■'"M 2.2 !^ lia ^ i/- IIIIIM 1.8 1.25 1.4 J4 ^ f,n _ ► fi: '/ Photographie Sdences Corporation 23 WEST MAIN STREET WEBSTER, N.Y. 14580 (716) 872-4503 CIHM/ICMH Microfiche Séries. CIHM/ICMH Collection de microfiches. Canadien Institute for Historical Microreproductions / Institut canadien de microreproductions historiques ^ ^ Technical and Bibliographie Notes/Notes techniques et bibliographiques The Instituts has attempted to obtain the best original copy available foi filming. Features of this copy which may be bibliographically unique, which may alter any of the images in the reproduction, or which may significantly change the usual method of filming, are checked below. □ Coloured covers/ Couverture de couleur I I Covers damaged/ D D D E D 0 Couverture endommagée Covers restored and/or laminated/ Couverture restaurée et/ou pelliculée □ Cover title missing/ Le titre de couverture manque I I Coloured maps/ Cartes géographiques en couleur Coloured ink (i.e. other than blue or black)/ Encre de couleur (i.e. autre que bleue ou noire) 0 Coloured plates and/or illustrations/ Planches et/ou illustrations en coule couleur Bound with other matériel/ Relié avec d'autres documents Tight binding may cause shadows or distortion along interior margin/ La re liure serrée peut causer de l'ombre ou de la distorsion le long de la marge intérieure Blank leaves added during restoration may appear within the text. 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Maps, platée, charts. etc., may be filmed at différent réduction ratioa. Those too large to be entirely inciuded in one expoaura are filmed beginning in the upper left hand corner, left to right and top to bottom, aa many framae aa required. The following diagrama illuatrate the method: Lee cartee. planchée, tableeux, etc., peuvent être filmée à dee taux de réduction différents. Lorsque le document est trop grand pour être reproduit en un seul cliché, il est filmé à partir de l'angle supérieur gauche, de gauche à droite, et de haut en bar. en prenant le nombre d'images nécessaire. Les diagrammes suivants illustrent la méthode. 1 2 3 32X 1 2 3 4 5 6 \ : "■■ u' ^ • HISTOIRE NATURELLE ■,»i DE BUFFON. OISEAUX. TOME VIII, ♦ *.. i' i ^*^:*.-*Jt'y- .>»?* .■**e*-v •" .w!« ■*« .*jffW»T^|»^^î^-*«(i^ ^r ff E^ii» ^K^^wr E:!^"i^j ^K^«( ^ ^iÊK^\ 1^^,-^ .•j.^^M ^S^j^"*" « 1B(^ Wf^ék;!^ ^ ^^/ (>j ^IQ^ H^^ i^Si to*!^. ^P^ iJv -^ ^j- i'%/ Éî ' P*' } ^Z'*" ^ î r ( f- ', du *$! o Chanoiiîo Scott curé de Ste Foy •f » .« ♦ '»r ,^.fk,<^ »J^ a— ÉîrfliBliifini t'i.'r -.. '^^T" HISTO TOIRE N DE B classée par ordr d'après le sys AVEC LES CARACTÈRES^TTBWERIQUES et la nomenclature Linnéenne ; Par RENE-RICHARD CASTEL, auteur du poëma des Plantes. NOUVELI/E ÉDITION. A TOME XVIIL t)E L'IMPRIMERIE^ A PAR.^, Chez ISeter VILLE , rue du Battoir, n° i6# AN X — 1802. 4 f r--**-^ r: ■ •."mtP '*■ *P 1^ ■-'it^ m.' * « ./'' r -; -''♦ i • .• . . .. - . :^ ■' vv ■ a. «^ ' r.' „'■ Jii.. ' • i v»^ .; k''^ '■ *'' ■'* ï.7'< .<-*"r/^"^ .. .^'l ^t : 4 ». *-Q/ \ • • • I 7 ■\A,r '.■• %■'' 'M2^«iS?" i t HISTOIRE NATURELLE DES OISEAUX. X L*^ GENRE. LE GRÈBE, coLYMBus, ( Bec non dentelé. ) Caractère générique : bec siibulë , un peu comprimé sur les côtés, LE GRÈBE. Première espèce. Le grèbe est bien connu par ces beaux manchons d'un blanc argenté qui ont , avec la moelleuse épaisseur du duvet , Oiseaux. VIII. i :^ r.'-S * t-<^ï(^r^'ifîv-'»r-. " "^swi"- ^**r-*'.f*" i|f â HISTOIRE NATURELLE le ressort de la plume et le lustre de la soie ; son plumage sans apprêt , et en particulier celui de la poitrine , est en effet un beau duvet très -serré, très- ferme , bien peigné , et dont les brins lustrés se couchent et se joignent de manière à ne former qu'une surface glacée, luisante et aussi impénétrable au froid de l'air qu'à l'humidité de feau. Ce vêtement à toute épreuve étoit né- cessaire au grèbe , qui , dans les plus ri- goureux hivers , se tient constamment sur les eaux comme nos plongeons^ avec lesquels on fa souvent confondu sous le nom commun de colymbus, qui, par son étimologie, convient également à des oiseaux habiles à plonger et à nager entre deux eaux; mais ce nom n'ex- prime pas leurs différences , car les espèces de la famille du grèbe diffèrent essentiellement de celle des plongeons , en ce que ceux-ci ont les pieds pleine- ment palmés , au lieu que les grèbes ont la membrane des pieds divisée et C( d DU G RÈBE, coupée par lobes à l'en tour de chaque doigt , sans compter d'autres diffé- rences particulières que nous expose- rons dans leurs descriptions compa- rées. Par sa conformation , le grèbe ne peut être qu'un habitant des eaux; ses jambes, placées tout-à-fait en arrière, et presque enfoncées dans le ventre, ne laissent paroître que des pieds en forme de rames, dont la position et le mouvement naturel sont de se jeter en dehors , et ne peuvent soutenir à terre le corps de l'oiseau que quand il se tient droit à-plomp. Dans cette position , on conçoit que le battement des ailes ne peut, au lieu de l'élever en l'air, que le renverser en avant ; les jambes ne pouvant seconder l'impulsion que le corps reçoit des ailes ; ce n'est que par un grand effort qu'il prend son vol à terre j et comme s'il sentoit combien il y est étranger, ou a remarqué qu'il cherche à l'éviter , et que , pour n'y *■ ». ", 1 4 HISTOIRE NATURELLE être point poussé , il nage toujours contre le vent , et lorsque , par mal- heur , la vague le porte sur le rivage , il y reste en se débattant , et faisant, des pieds et des ailes , des efforts pres- que toujours inutiles , pour s'élever dans l'air, ou retourner à l'eau 5 on le prend donc souvent à la main, malgré ies violens coups de bec dont il se dé- fend i mais sou agilité dans Teau est aussi grande que sou impuissance sur terre 5 il nage , plonge , fend l'onde , et court à sa surface en effleurant les vagues avec une surprenante rapidité ; on prétend même que ses mouvemens ne sont jamais plus vifs , plus prompts et plus rapides que lorsqu'il est sous l'eau ^ il y poursuit les poissons jusqu'à une très - grande profondeur ; les pê- cheurs le prennent souvent dans leurs filets ; il descend plus bas que les ma« creuses qui ne se prennent que sur les bancs de coquillages découverts aux reflux , tandis que le grèbe se prend à ' !<»"•»>•. -<«> DUGREBE. 5 mer-pleine, souvent à plus de vingt pieds de profondeur. Les glèbes fréquentent également la mer et les eaux douces, quoique les naturalistes n'ajent guère parlé que de ceux que l'on voit sur les lacs , les étangs , et les anses des rivières. Il y en a plusieurs espèces sur nos mers de Bre- tagne, de Picardie, et dans la Manche. Le grèbe du lac de Genève qui se trou- ve aussi sur celui de Zurich et les au- tres lacs de la Suisse , et quelquefois sur celui de Nantua , et même sur cer- tains étangs de Bourgogne et de Lor- raine, est l'espèce la plus connue 5 il est un peu plus gros que Ja foulque; sa longueur du bec au croupion est d'un pied cinq pouces , et du bec aux ongles d'un pied neuf à dix pouces; il a tout le dessus du corps d'un brun - foncé , mais lustré , et tout le devant d'un très-beau blanc argenté ; comme tous les autres grèbes , il a la tête petite , le bec droit et pointu, aux angles du- Oiseaux. VÎII. a i ■*^^Ti 6 HISTOIRE NATURELLE quel est un petit espace en peau nue et rouge qui s'étend jusqu^à l'oeil 5 les ai- les sont courtes et peu proportionnées à la grosseur du corps; aussi l'oiseau s'éiève-t-il difficilement ; mais ayant pris le vent, il ne laisse pas de fournir un bon vol; sa voix est haute et rude; ]a jambe, ou pour mieux dire le tarse, est élargi et applati latéralement; les écail- les dont il est couvert forment à sa par- tie postérieure une double dentelure ; les ongles sont larges et plats ; la queue manque absolument à tous les grèbes; ils ont cependant au croupion les tu- bercules d'où sortent ordinairement les plumes de la queue; mais ces tuber- cules sont moindres que dans les autres oiseaux , et il n'en sort qu'un bouquet de petites plumes , et non de véritables pennes. Ces oiseaux sont communément fort gras; non - seulement ils se nourrissent fie petits poissons , mais ils mangent de 1 algue et d'autres herbes, et ava- DUGRÈBE. 7 lent du limon ; on trouve aussi assez souvent des plumes blanches dans leur estomac, non qu'ils dévorent des oi- seaux , mais apparemment parce qu'ils prennent la plume qui se joue sur l'eau pour un petit poisson. Au reste , il est à croire que les grèbes vomissent, com- me le cormoran , les restes de la di- gestion , du moins trouve-t-on au fond de leur çac des arêtes pelotonnées et sans altération. Les pecheuas de Picardie vont sur la côte d'Angleterre dénicher les grèbes , qui , en effet, ne nichent pas sur celles de France; ils trouvent ces oiseaux dans des creux de rocher, où apparemment ils volent, faute d'y pouvoir grimper , et d'où il fiiut que leurs petits se pré- cipitent dans la mer ; mais , sur nos grands étangs , le grèbe construit son nid avec des roseaux et des joncs en- trelacés; il est à demi plongé, et com- me flottant sur l'eau , qui cependant ne peut l'emporter , car il est affermi <.»- 8 HISTOIRE NATURELLE et arrêté contre les roseaux , et non tout -à- fait à flot; on y trouve ordi- nairement deux reufs , et rarement plus de trois; on voit , dès le mois de juin, les petits grèbes nouveaux -nés nager avec leur mère. Le genre de ces oiseaux est composé de deux familles , qui diffèrent par Ja grandeur. Nous conserverons aux grands le nom de grèbes , et aux petits celui de castagneux ; cette division est naturelle, ancienne, et paroît indiquée dans Athénée par les noms de colymbis et de colymbida ; car cet auteur joint constamment à ce dernier i'épithèle de parvus ; cependant , il y a dans la fa- mille des grands grèbes des espèces considérablement plus petites les unes cjue les autres. LE PETIT GRÈBE. Seconde espèce. Celui-ci , par exemple, est plus petit que le précédent , et c'est presque j«j*: *»*!• .Jé", *.«*»«"•' • » Mwm T- DUGREBE. g la seule différence qui soit entre eux ; mais si cette difFërence est constante , ils ne sont pas de la même espèce , d'autant que le petit grèbe est connu dans la Manche et habite sur la mer, au lieu que le grand grèbe se trouve plus fréquemment dans les eaux douces. LE GRÈBE HUPPÉ. Troisième espèce. Les plumes du sommet de la tête de ce grèbe s'alongent un peu en arrière , et lui forment une espèce de huppe qu'il hausse ou baisse selon qu'il est tran- quille ou agité 5 il est plus grand que le grèbe commun , ayant au moins deux pieds du bec aux ongles ; mais il n'en diffère pas par le plumage j tout le de- vant de son corps est de même d'un beau blanc argenté, et le dessus d'uu brun -noirâtre, avec un peu de blanc dans les ailes , et ces couleurs forment la livrée générale des grèbes. •1. lO HISTOIRE NATUR ELLE Il rësulte des notices comparée* des ornithologistes , que le grèbe huppé se trouve également en mer et sur les lacs , dans la Méditerranée, comme sur nos côles de l'Océan : son espèce même se trouve dans l'Amérique septentrio- nale , et nous l'avons reconnu dans l'a- citli du lac du Mexique de Hernaudez. L'on a observé que les jeunes grèbes de cette espèce, et apparemment il en est de même des autres , n'ont qu'après la mue leur beau blanc satiné; l'iris de l'œil , qui est toujours fort brillant et rougeâtre, s'enflamme et devient d'un rouge de rubis dans la saison des amours; on assure que cet oiseau dé- truit beaucoup de jeunes merlans, de frai d'esturgepn , et qu'il ne mange des chevrettes que faute d'autre nour- riture. *,.,__ rr?" ■T"f.l"'J' 'iÊâSSi LLE arée« des huppé se sur les m me sur 3e même ptentrio- dans ïa^ mandez. îs grèbes eut il en qu'après ; l'iris de illant et ent d'un sou des >eau dé- lans, de mange e nour- ■(■••■»'*" LE CRKBK A JOUES GRISES, ou r E JOUGRIS. Neuvième espèce. Pour dénommer particulièrement des espèces qui sont en grand nombre, et dont les difFërences sont souvent peu sensibles , il faut quelquefois se contenter de petits caractères , qu'au- trement on ne penseroit pas à relever ; telle est la nécessité qui a fait donner à ce grèbe le nom de jonoris , parce qu'en en effet il a les joues et la menton- nière grises; le devant de soi' cou est roux, et son manteau d'un brun-noir : il est à-pen-près de la grandeur du grèbe cornu. LE GRAND GRÈBE. Dixième espèce. C'est moins par les dimensioi s de sou corps que pnr la longueur de sou ï6 HISTOIRE NATURELLE COU , que ce grèbe est le plus grand des oiseaux de ce genre ; cette longueur du cou fait qu'il a la tête de trois ou quatre pouces plus élevée que celle du grèbe commun , quoiqu'il ne soit ni plus gros, ni plus grand ; il a le manteau brun; le devant du corps d'un roux -brun , couleur qui s'étend sur les flancs , et qui ombrage le blanc du plastron , le- quel n'est guère net qu'au milieu de l'estomac : il se trouve à Cajenne. Par rénumération que nous venons de faire , on voit que les espèces de la fiunille du grèbe sont répandues dans les deux conlinens ; elles semblent aussi s'être portées d'un pôle à l'autre. Le kaarsaak et Yesarokitsok des Groënlan- dais , sont , à ce qu'il paroit, des grèbes ; et du côté du pôle austral , M. de Bou- gainville a trouvé aux îles Malouines deux oiseaux qui nous paroissent être des grèbes plutôt que des plongeons. DU GRÈBE. LE CASTAGNEUX. ï? Première espèce. Nous avons dit que le castagneux est un grèbe beaucoup moins grand que tous les autres; on peut même ajouter qu'à l'exception du petit pétrel, c'est le plus petit de tous les oiseaux navigateurs ; il ressemble aussi au pé^ trel par le duvet dont il est couvert au lieu de plumes 5 mais du reste il a le bec , les pieds et tout le corps entière- ment conformés comme les grèbes ; il porte à- peu-près les mêmes couleurs , mais comme il a du brun châtain ou couleur de marron sur le dos, on lui a donné lenom decastagneux. Dans quel- ques individus, le devant du corps est gris, et non pas d'un blanc lustré; d'au- tres sont plus noirâtres que bruns sur le dos ; et celte variété dans les cou- leurs a été désignée par Aldrovande. Lecastagneux n'a pas, plus que le grèbe, Oiseaux. VI II. 3 i '-^ l8 HISTOIRE NATURELLE la fiiculté de se tenir et de marcher sur la terre ; ses jambes traînantes et jetées en arrière ne peuvent s'y soutenir , et ne lui servent qu'à nager ^ il a peine à prendre son vol , mais, une fois élevé , il ne laisse pas d'aller loin : on le voit sur les rivières tout l'hiver , temps auquel il est fort gras; mais, quoiqu'on l'ait nommé grèbe de rivière , on en voit aussi sur la mer , où il mange des che- vrettes, des éperlans, de même qu'il se nourrit de petites écre visses et de menus poissons dans les eaux douces. Nous lui avons trouvé dans l'estomac des grains de sable j il a ce viscère musculeux et revêtu intérieurement d'une membrane glanduleuse, épaisse et peu adhérente ; les intestins , comme l'observe Belon, sont très-grêles, les deux jambes sont attachées au derrière du corps par une membrane qui dé- borde quand les jambes s'étendent, et qui est attachée fort près de l'articu- lation du tar^ej au-dessus du croupion I ^ 1, - D U G R E B E. J^ sont , en place de queue , deux petits pinceaux de duvet, qui sortent chacun d'un tubercule : on remarque encore que les membranes des doigts sont en- cadrées d'une bordure dentelée de petites écailles symétriquement ran- gées. Au reste , nous croyons que le tropa- zorola de Gesner est notre castagneux ; ce naturaliste dit que c'est le premier oiseau qui reparoisse après l'hiver sur les lacs de Suisse. \t''\ LE CASTAGNEUX DES PHILIPPINES. Seconde espèce. Quoique ce castagneux soit un peu plus grand que celui d'Europe, et qu'il en diffère par deux grands trails rie couleur rousse qui lui teignent les joues et les côtés du cou , ainsi que par une teinte de pourpre jetée sur son man- teau , ce n'est peut-être que le même oiseau modifié par le climat. Nous % 20 HISTOIRE NATURELLE pourrions prononcer plus affirmative- ment si les limites qui séparent les espèces , ou la chaîne qui les unit , nous étoient mieux connues ; mais qui peut avoir suivi la grande filiation de toutes les généalogies dans la nature? il fau- droit être né avec elle, et avoir, pour ainsi dire , des observations contem- poraines. C'est beaucoup, dans le court espace qu'il nous est permis de saisir , d'observer ses passages, d'indiquer ses nuances et de soupçonner Jes transfor- mations infinies qu'elle a pu subir uu faire, depuis les temps immenses qu'elle a travaillé ses ouvrages. LE CASTAGNEUX A BEC CERCLÉ. fe a 1 1 ■4 ■'«; i Troisième espèce. Un petit ruban noir qui environne le milieu du bec en forme de cercle , est le caractère par lequel nous avons cru devoir distinguer ce castagneux: il a de plus une tache noire remar- LE aient les ait , nous qui peut îe toutes ; il fau- ir, pour îon tern- ie court 5 saisir , uer ses ansfor- ibir ou qu'elle iCLÈ, BU GREBE. 2t ronue îrcie , ïvons leux; mar- quableà la base de la mandibule infé- rieure du bec ; son plumage est tout brun; foncé sur la tête et le cou , clair et verdâtre sur la poitrine ; on le trouve sur les étangs d'eau douce , dans les parties inbabitées de la Caro- line. LE CASTAGNEUX de SU-Domingue. Quatrième espèce. On croit que la famille des casla- gneux ou petits grèbes n'est pas moins répandue que celle des grands : celui-ci, qui se trouve à Saint-Domingue , est encore plus petit que le castagneux d'Europe ; sa longueur du bec au crou- pion n'est guère que de sept pouces et demi ; il est noirâtre sur le corps , et gris -blanc argenté, tacheté de brun en dessous. • » " HISTOIRE NATURB^„ LES PLONGEONS. Quoique beaucoup dwseai.vi.^. fques ayent l'habitude T.^"* '-«e jusqu'au fouSetlT' suivam leur Drofe nn o / '. î^ P""""' fërenc« I» ^ °'^',°" ^ «^onné de pré- ^"luie pai une membrane PnfiA„^ jette un rebord Je ionien !i •' "î"' nV.ir ^ . ; o "" doigt inte'- e sLÏ'f "1""°'"^'«P°'^rie- "gies petits et pointus , Ja ouphp Plongeo„aco..ele.g.-èbe::;oSr » D U G R È B E. 23 gés , sur terre, à se tenir debout dans une situation droite et presque per- pendiculaire, sans pouvoir maintenir l'équilibre dans leurs mouvemens, au lieu qu'ils se meuvent dans l'eau d'une manière si preste et si prompte, qu'ils évitent la balle , en plongeant à l'éclair du feu , au même instant que le coup part ; aussi les bons chasseurs , pour tirer ces oiseaux , adaptent à leur fusil un morceau de carton , qui , en lais- sant la mire libre , dérobe l'éclair de l'amorce à l'œil de l'oiseau. Nous connoissons cinq espèces dans le genre du plongeon , dont deux , l'une assez grande et l'autre plus petite , se trouvent également sur les eaux dou- ces, dans l'intérieur des terres et sur les eaux salées , près des côtes de la mer ^ les trois autres espèces paroissent attachées uniquement aux côtes mari- times, et spécialement aux mers du nord. Nous allons donner la desciip- lion de chacune en particulier. ^A : I, . •', 24 HISTOIRE NATURELLE LE GRAND PLONGEON. Première espèce. Ce plongeon est presque de la gran- deur et de la taille de l'oie. Il est connu sur les lacs de Suisse , et le nom de studer qu'on lui donne sur celui de Constance marque , selon Gesner , sa pesanteur à terre et l'impuissance de marcher, malgré l'effort qu'il fait des ailes et des pieds à-la-fois j il ne prend son essor que sur l'eau; mais dans cet élément ses raouvemens sont aussi fa- ciles et aussi légers que vifs et rapides; il plonge à de très- grandes profon- deurs , et nage entre deux eaux à cent pas de distance sans reparoîtie pour respirer; une portion d'air renfermé dans la trachée-artère dilatée , fournit pendant ce temps à la respiration de cet amphibie ailé , qui semble moins appartenir à l'élément de l'air qu'à ©eiui des eaux. Il en est de même des mm< Il 1 LE ION. a gran- connu om de lui de er, sa ice de lit des prend IIS cet ssi fa- ndes; ofon- i cent pour brmé urnit }u de loins qu'à Mies / v4^^^* t ■■ ■Ji.. ■'f^'i- / * ; '^ ' ,- .Vf- •i . i \ -•l!-i»»« i. JJ: IM.ONCiKOX . 2 . LK Gl ILLKMOT . w. DU G K Ë B E. 20 autres plongeons et des grèbes; ils par- courent librement et en tout sens les espaces dans l'eau ; ils y trouvent leur subsistance , leur abri , leur asyle , car si l'oiseau de proie paroît en l'air, ou qu'un chasseur se montre sur le riva- ge, ce n'est point au vol que le plon- geon confie sa fuite et son salut; il plonge , et caché sous l'eau se dérobe à l'œil de tous ses ennemis ; mais l'hom- me, plus puissant encore par l'adresse que par la force , sait lui faire rencon- trer des embûches jusqu'au fond de eonasjle; un filet, une ligne dormante amorcée d'un petit poisson , sont les pièges auxquels l'oiseau se prend en avalant sa proie; il meurt ainsi en vou- lant se nourrir, et dans l'élément même sur lequel il est né : car on trouve son nid posé sur l'eau , au milieu des grands joncs, dont le pied est baigné. Aristote observe , avec raison , que les plongeons commencent leur nichée dans le premier printemps, et que les \ /- y^ 20 HISTOIRE NATURELLE mouettes ne nichent qu'à la fin de cette saison ou au commencement de l'été j mais c'est improprement que Pline , qui souvent ne fait que copier ce pre- mier naturaliste, le contredit ici, en employant le nom de mergus , pour dé- signer un oiseau d'eau qui niche sur les arbres; cette habitude, qui appar- tient au cormoran et à quelques autres oiseaux d'eau , n'est nullement celle du plongeon, puisqu'il niche au bas des joncs. Quelques observateurs ont écrit que ce grand plongeon étoit fort silencieux; cependant Gesner lui attribue un cri particulier et fort éclatant, mais appa- remment on ne l'entend que rarement. Au reste , Willulghby semble re- connoitre dans cette espèce une variété qui diffère de la première, en ce que l'oiseau a le dos d'une seule couleur uniforme , au lieu que le grand plon- geon commun a le manteau onde de gris blanc sur gris - brun , avec un 1 cli -.-ti bas re- i D XJ G R È B E. 27 même brun nué et pointillé de blan- châtre sur le dessus de la tête et du cou, qui de plus est orné vers le bas d'un demi-collier teint des mêmes couleurs , terminées par le beau blanc de la poi- trine et du dessous du corps. LE PETIT PLONGEON. SecoDde espèce. Ce petit plongeon ressemble beau- coup au grand par les couleurs, et a de même tout le devant du corps blanc ; le dos et le dessus du cou et de la tête, d'un cendré-noirâtre tout parsemé de petites gouttes blanches ; mais ses di- mensions sont bien moindres ; les plus gros ont tout au plus un pied neuf pou- ces du bout du bec à celui de la queue ; deux pieds jusqu'au bout des doigts , et deux pieds d'envergure ; tandis que le grand plongeon en a plus de quatre , et deux pieds et demi du bec aux ongles. Du reste , leurs habitudes naturelles sont à-peu-près les mêmes. 28 HISTOIRE NATUKEttr '-'n voit en tout temn» ï« i recette espèce s;j3éi°rr »eq».Uent que quand iapElL?" ««e transporter iurJes ^21'?^ ruisseaux deau vive- ,•;/ ^' '^-'' -oins qu-iis' pi î'E'n ''"''' domicile. L'on avn.f Ta- P''emier d-empsa-A^o '^^r.C-'lf. faisoit Das fîic^o % ^ ^®^ "® ^^s trois JùZZl ^T "'' ^" ^'"^ou ^"•ei,e est'dTrrjrrrr"' que quand on aoDrnrh J^ ^.' ^''''«ent -pri.pùeetsfprot:'^:;'^''^^- «"^toutnouveifea,eu.'2ir 'P" ««nt à Jeau pour la suiJre L"" '"'- «e^t toujours avec b^'et 1 '"' inouvemant très-vif ^1 ? "" "" e.es3o„sau4;-St '"-qume pas les mers du Nord, e i-r i? ILE OJÎfGEON DU GREBE. 33 >rfe à nie onnii aux Wé?. Il est s de trois tï'e pieds arquable ïvers du iongiiu- ietbJan- 5 lequel vec des 5 sur la ir, tout ncJies ; n beau elcfue^ ers ri- emps, rd,et sa retraite ordinaire est aux Orcades , aux îles Féroë , sur les côtes dislande, et vers le Groenland 5 car il est aisé de le reconnoitre dans le tuglek des Groën- landais. Quelques écrivains du Nord^, tels que Hoierus , médecin de Berghen, ont avani/'î que ces oiseaux faisoieut leurs iiids et leurs pontes sous l'eau ; ce qui , loin d'être vrai , n'est pas même vrai- semblable : et ce qu'on lit à ce sujet dans les Transactions philosophiques , que rimbrim tient ses œufs sous ses ailes, et les couve ainsi en !es portant par - tout avec lui , me paroîi égale- ment fabuleux. Tout ce qu'on peut inférer de ces contes, c'est que proba- blement cet oiseau niche sur des écueils ou des côtes désertes, et que, jusqu'à ce jour, aucun observateur n'a vu son nid. • ». t «^J,r%l^:*_ .,--.»*.■ - M 34 H I ii r O 1 R E NATURELLE LE LUMME, ou PETIT PLOJVGEON de la mer du Nord, i y ! • • ' ' . < Cinquième espèce. ■' LuMAjJS OU hom en lapon, veut dire boiteux ; et ce nom peint la d^a relie chancelante de cet oiaeau lorsqu'il se trouve à terre , où néanmoins il ne s'expose guère, nageant presque tou- jours , çt nichant à la rive même de l'eau sur les côtes désertes ; peu de gens ont vu son nid, et les Idatidais disent qu'il couve ses ceufs sous ses ailes en pleine mer 5 ce qui n'est guère plus vraisemblable que la cguvée de l'im- brim sous l'eau, > < ; r • Le lu m me e^t moins grand que l'im- brim , et n'est que de la taille du ca- nard 5 il a le dos noir, parsemé de pe- tits carrés blancs ; la gorge noire , ainsi que le devant de la tête , dont le des- sus est couvert de plumes grises; le haut du cou est garui de semblables plumes P %> LIE NGEOJV eut dire warciie qu'il se s il ne le tou- 3me de peu de landais es ailes e plus \ i'im- ? I'im- u ca- le pe- ainsi des- haut .inies p DU GR È B E. 55 grises, et paré en devant d'une longue pièce m\é . Je noir changeant en violet et en vert; un duvet épais , comme celui du cygne , revêt toute la peau , et les Lapons se font des bonnets d'hi- ver de ces bonnes fourrures. Il paroît que ces plongeons ne quit- tent gupre la mer du î^ord , quoique de temps en temps, au rapport de Klein, ils se montrent sur les cotes de la Bal- tique, et qu'ils soient bien connus dans toute la Suède j leur principal domicile est sur les côtes de Norwège , d'Irlande et de Groenland 5 ils les fréquentent pendant tout l'été , et y font leurs pe- tits , qu'ils élèvent avec des soins et une sollicitude singulière. Andersen nous fournit à ce sujet des détails qui seroient intéressans s'ils étoient tous exacts; il dit que la ponte n'est que de deux œufs , et qu'aussitôt qu'un petit lumme est assez fort pour quitter le nid , le père et la mère le conduisent à l'eau, l'un volant toujours au-dessus 36 HISTOIRE NATURELLE de lui pour le défendre de Toiseau de proie , l'autre au-dessous pour Je rece- voir sur le dos en cas de chiite , et que, si malgré ces secours le petit tombe à terre , ses parens s'y précipitent avec lui, et, plutôt que de l'abandonner, se laissent prendre par les hommes ou mang(^r par les renards , qni ne man- quent jamais de guetter ces occasions , et qui , dans ces régions glacées et dé- pourvues de gibier de terre , dirigent toute leur sagacité et toutes leurs ruses à la chasse des oiseaux. Cet auteur ajoute que, quand une fois les lummes ont gagné la mer avec leurs petits, ils ne reviennent plus à terre ; il assure même que les vieux, qui par hasard ont perdu leur famille, ou qui ont passé le temps de nicher, n'y viennent ja- mais, nageant toujours par troupes de soixante ou de cent. « Si on jette, dit- il, un petit dans la mer devant une de ces troupes, tous les lummes viennent sur-le-champ l'entourer, et chacun s'em- \*» ^«fcJrrf^'«^J SL- -.M oiseau de ' ie rece- et que, tombe à nt avec donner , inies ou e man- asions , s et dé- îingent *s ruses auteur ïmnies ils, ils assure iasard t passé nt ja- )es de , dit- tiede inent DU G H EBB, ^7 iR,< de r point d( presse ae i accompagner , ; se battre entreux autour de lui, jus- qu'à ce que le plus fort l'emmène; mais, si par hasard la mère du petit survient, toute la querelle cesse sur-le-champ, et on lui cède son enfant. » A l'approche de l'hiver ces oiseaux s'éloignent et disparoissent jusqu'au re- tour du printemps. Anderson conjec- ture que , déclinant entre le sud et l'ouest, ils se retirent vers l'Amérique ; et M. Edwards reconnoît en effet que cette espèce est commune aux mers sep- tentrionales de ce continent et de celui de l'Europe 5 nous nouvons y ajouter celles du continent de l'Asie. Dans la saison que les lumraes passen t sur les côtes de Norwège , leurs diffé- rens cris servent aux habitans de pré- sage pour le beau temps ou les pluies; c'est apparemment par celte raison qu'ils épargnent la vie de cet oiseau, et qu'ils n'aiment pas même à le trouver pris dans leurs filets. *f H ■■■>•■ ""* '^/» h T)'6 HISTOIRE N A T U K E L L K Liiniieiis disliu<>iie dans rette espèce une variété , el dit , avec "Woniiius , crue le lumiiie niche à piat sur le rivage, au boixl même Je l'eau. Au reste, le lumb du Spitzberg, de Marlens, paroît , suivant l'observation de M. Ray, être difiérent des lummes de Groenland et d'Islande, puisqu'il a le bec crochu ; quoique d'ailleurs son affection pour ses petits, la manière dont il les conduit à la mer en les défendant de l'oiseau de proie, lui donnent beaucoup de rap- ports avec ces oiseaux par les habitu- des naturelles ; et , quant aux loms du navigateur Barentz, rien n'empêche qu'on ne les regarde comme les mêmes oiseaux que nos lummes, qui peuvent bien en effet fréquenter la Nouvelle Zemble. LE GUILLEMOT. Le guillemot nous présente les traits pwir lesquels la nature se prépare à ter- 'U. >>-'--'.V '' 1 î espèce >i mius , rivat^e, îsle, le paroît, y, être Iand et "-ochu ; our ses iduità u eau de 'i i rap- i abilu- -^ ^jdu pêche ïêmes uveiit ^ iveiie ^ raits 1 ter- 1 D U G K È B E. 3() miner la suite nombreuse des formes variées du genre entier des oiseaux. Ses ailes sont si étroites et si courtes , qu'à peine peut-il fournir un vol foibJe au-dessus de la surfaC/e de la mer; et que, pour atteindre à son nid , posé sur les rochers, il ne peut que voleter ou plutôt sauter de pointe en pointe sur la roche , en prenant à chaque fois un ins- tant de repos; et cette habitude ou plu- tôt cette nécessité lui est commune avec le macareux , le pingouin et au- tres oiseaux à courtes ailes , dont les espèces , presque bannies àei contrées tempérées de l'Europe, se sowt réfugiées à la pointe de l'Ecosse et sur les côtes de la Norwè«;e, de l'Islande et des îles de Fér , dernières terres des habitans de notre nord , où ces oiseaux sem- blent lutter contre le progrès et l'en- vahissement des glaces. Il est même impossible qu'ils occupent ces parages en hiver; ils sont à la vérité assez ac- coutumés aux plus grandes rigueurs ■M if 40 HISTOIRE NATURELLE du froid , et se tiennent volontiers sur les glaçons ilottans ; mais ils ne peu- vent trouver leur subsistance que dans une mer ouverte , et ils sont forcés de la quitter dès qu'elle se glace en entier. C'est dans cette migration , ou plu- tôt dans cette dispersion pendant l'hi- ver, et après avoir quitté leur séjour dans la région de notre nord , qu'ils des- cendent le long des côtes d'Angleterre, et que même quelques familles y res- tent et s'établissent sur des écueils et des ilets déserts , et notamment dans une petite île inhabitée faute d'eau, qui est eu face de l'île d'Anglesey. Ils y nichent sur les rebords saillans des rochers, au sommet desquels ils se por- tent tout le plus haut qu'ils peuvent; leurs œuts sont de couleur bleuâtre , et plus ou moins brouillés de macula tures noires; ils sont fort pointus par un bout , et très-gros pour la grandeur de l'oiseau, qui est à-peu- près celle du « § ■m 'hL. -•3K' CLE tiers sur ne peu- que dans it forces ?lace en ou plu- int l'iii- • séjour 'ils des- leterre , î J^ res- Is et des ns une «, qui ' i^s y ns des se por- uvent ; tre,et laîures ar un îur de lie du M ^'4 1 J D IT G R È B £. 4i morillon • il a le corps court , rond et ramassé ; le bec droit , pointu , de trois doigts et noir dans toute sa longueur ; la mandibule supérieure présente à sa pointe deux petits probngemens qui débordent de chaque côté sur l'infé- rieure. Ce bec est en grande partie cou- vert d'un duvet ras , du même cendré brun ou noir enfumé qui couvre toute la tête , le cou , le dos et les ailes ; tout le devant du corps est d'un blanc de neige ; les pieds n'ont qne trois doigts et sont placés tout à l'arrière du corps, situation qui rend cet oiseau aussi bon nageur et plongeur qu il est mauvais marcheur et foible pour le vol ; aussi sa seule retraite , lorsqu'il est pour- suivi ou qu'il se sent blessé , est-elle sous l'eau et même sous la glace; miis il faut pour cela que le danger soit pres- sant, car cet oiseau est très-peu dé- fiant, il se laisse approcher et prendre avec une grande facihté, et c'est de celte apparence de stupidité que vient Oiseaux. VIII. 5 i: : ft , Vif i 42 HISTOIRE NATURELLE l'étimologie anglaise de son nom guii- lemot. LE PETIT GUILLEMOT, improprement nommé COLOMBE DE GROENLAND. Dans ces conlr^'îs glacées où l'aqui- lon seul règne , où l'haleine du zéphir ne se fait jamais sentir, les doux gémis- semens de la tendre colombe ne se font plus entendre; elle fuit toute terre trop froide pour l'amour, et cette pré- tendue colombe de Groenland n'er' qu'un triste oiseau d'eau , qui ne sa ;: que nager et plonger , en criant sans cesse d'un ton sec et redoublé roteret , tel , tet, tet; il n'a de rapport avec no- tre colombe que par sa grosseur qui est à-peu-près la même; c'est un vérita- ble guillemot; plus petit que le précé- dent, et dont les ailes sont aussi plus courtes à proportion; il a les jambes placées de même dans l'abdomen ; la démarche également foible et chance- m la m C( P M q' se b c et '■1 lia* 1 1 '•V' [.E )m guil- MOT, iNB. ]4 i i l'aqui- zëphir gémis- î se font It-. 3 terre te pré- ne sa t '4 nt sans -^,. oteret, îec no- qui est i^érila- piécé- îi plus ambes en ; la lance- D u G R ÈB Ë. 43 lante , seulement le bec est un peu plus court , plus renflé et moins pointu : ses plumes toutes effilées ne semblent être qu'un chevelu soyeux; ses couleurs ne sont que du noir enfumé avec une tache blanche sur chaque aile, et plus ou moins de blanc sur le devant du cou et du corps; et ce dernier caractère varie, au point que certains individus sont tous noirs , et d'autres presque tout blancs ; c'est en hiver, clit Willulghby, qu'il s'en trouve d'entièrement blancs , et comme dans Je passage d'une de ces livrées à l'autre il doit nécessairement y en avoir de plus ou moins mélangés ou variés de noir et blanc, l'on ne doit faire qu'une seule et même espèce de la colombe ta- chetée de Groenland àe M. Edwards et des deux oiseaux représentés dans sa planche 91, parce qu'ils n'offrent en- fr'eux et avec les précédens d'autres différences que celle du plus ou moins de noir ou de blanc dans le plumage. Nous devons donc également réduire à une I» «A-^'Av^ iriMta ■flwr i\ f 44 HISTOIRE NATURELLE seule les trois espèces de petits guillo' mots données par M. Brisson. Ces oiseaux volent ordinairement par couples et en rasant de près la sur- face de la mer, comme fait le grand guillemot , avec un battement vif de leurs petites ailes. Ils posent leur nids dans des crevasses de rochers peu élè- ves , d'où les petits peuvent se jeter à l'eau et éviter de devenir la proie des renards , qui ne cessent de les guetter. Ces oiseaux ne pondent que deux œufs. On en trouve quelques nids sur les cô- tes du pays de Galles et d'Ecosse, ainsi qu'en Suède , dans la province de Gothland, mais le grand nombre des nichées se fait sur des terres bien plus septentrionales , au Spitzberg et en Groenland où se tient le gros de l'es- pèce, tant du grand que du petit guil- lemot. Nous croyons devoir rapporter à cette dernière espèce le kaiover ou kaior de Kamtschatka , puisque Karchenni- « ' ' "§*■- LE ' guillfj" irement la sur- 3 grand vif de ur nids eu éJe- e jeter oie des uetter. X œufs, les cô- (, ainsi ce de re des in plus et en e YeS" guil- ter à kaior enni- m ■S •'f.r ■rM D U G R È B E. 45 nlkow lui applique, d'après Steller, la défloraination de columba Groenland dica Batavorum. «lia, oit-il , le bec et les pieds rouges 5 il construit son nid au haut des rochers dont la mer bai- gne le pied , et crie ou siffle fort haut , d'où vient que les Cosaques l'ont sur- nommé ivoskik , ou le postillon. » Espèces connues dans ce genre. Le petit Guillemot , coîymlus Grille, Le Guillemot proprement dit , coljmlus Troile. Le petit Plongeon , coljmlus Stellatus. Le grand Plongeon , colymhus Iminer. Le Lurame , colymhus ^rticus. L'ïmbrim , colymhus Glacialis. Le Grèbe huppé ou cornu , colymhus Cris» tatus. Le petit Grèbe cornu , colymhus uduritus. Le Castagneux, colymhus Minor, Le Grèbe de la Louisiane , colymhus Ludo" t> ici anus. Le Grèbe Duc-laart, colymhus Thomensis* Le Joiigris, colymhus Ruhricollis, V i ^e Grèbe propr;.;t1r ^TT'^ ^- «a/or. ^ ^' ''** » ^<>/r//2^«j ZT)./, I-e Castagneux de Saint n« • J^e Castagneux à bec rt>r^iA biceps. ''*'''''^» colymèus Po^ . t 'r-^. ■■'V '•*•'- RELIE ^scurus. ^ayennensis. 'Olymbus UrU ûgue, colym- olymbus Po~ \ i> ' I i X I.K PÏIKNIC OP Tl'.UK ou l'L^M^lA!ST i . T.\ SPATin.K. ^>m . /M. 1. ^ n l'f ■i ? \] M'ffy' DU PHÊNICOPTÈRE. 47 :M X L P GENRE, LE PHENICOPTÈRE ou FLAMMANT, PHŒNICOPTERUS, (Pieds à quatre doigts. ) Caractère générique : bec fléchi en des- sus, dentelé; pieds palmés. LE FLAMMANT , QU LE PHENICOPTÈRE. Dans la langue de ce peuple spiri- tuel et sensible , les Grecs , presque tous les mots peignoient l'objet ou ca- ractérisoient la chose , et présentoient l'image ou la descrip'âon abrégée de tout être idéal ou réel. Le nom de phé" nicoptère, oiseau à laile d? flamme, est un exemple de ces rapports sentis qui f(. if l 48 HISTOIHE NATURELLE font la gvace et l'énergie du langage de ces Grecs ingénieux, rapports que nous trouvons si rarement dans nos langues modernes , lesquelles ont sou- vent même défiguré leur mère en la traduisant. Le nom de phénicoptère traduit par nous, ne peignit plus l'oi- seau, et bientôt, ne représentant plus rien, perdit ensuite sa vérité dans l'é- quivoque. Nos plus anciens naturalis- tes français prononçoient^Zam^OTi^ ou Jlammant : peu à peu , l'élymologie oubliée permit à! écnvejlamant ou Jla- mand , et d'un oiseau couleur de feu ou de flamme, on fit un oiseau de Flan- dre , on lui supposa même des rapports avec les habitans de cette contrée où il n'a jamais paru. Nous avons donc cru devoir rappeler ici son ancien nom, qu'on auroit dû lui conserver comme le plus riche et si bien approprié, que les Latins crurent devoir fadopter. Cette aile couleur de feu n'est pas le seul caractère frappant que porte f w DU rHÉNICOPTÈRl. 49 cet oiseau; son bec, d'une forme ex- traordinaire , applati et fortement fléchi en dessus vers son milieu, épais et quarré en dessous, comme une large cuiller ; ses jambes d'une excessive hauteur; son cou long et grêle; son corps plus haut monté , quoique plus petit que celui de la cigogne, offrent une figure d'un beau bizarre et d'une forme distinguée parmi les plus f»rands oiseaux de rivage. C'est avec raison que Willulghbj-, parlant de ces grands oiseaux ii pieds demi-palmés qui hantent le bord des eaux , sans néanmoins nager ni se plonger, les appelle des espèces isolées, formant un genre à part et peu nom- breux ; car le flammant en particu- lier paroît faire la nuance entre la grande tribu des oiseaux de rivage et celle tout aussi grande f^es oiseaux na- vigateurs, desquels il oC rapproche par les pieds à demi -palmé . ît dont la membrane étendue entre les doii2,ts , 5o HISTOIRE NATURELLE et de l'une à l'autre pointe , se retire dans son milieu par une double échan- crurej tous les doigts sont très-courts, et l'extérieur fort petit ; le corps l'est aussi relativement à la longueur des jambes et du cou. Scaliger le compare à celui du héron, et Gesner à celui de ia cigogne, en remarquant, ainsi que ' Willulghby , la longueur extraordi- naire de son cou efîîlé. Quand le flam- ^ mant a pris son entier accroissement, dit Catesby , il n est pas plus pesant qu'un canard sauvage, et cependant il a cinq pieds de hauteur. Ces grandes différences dans la taille, indiquée par ces auteurs , tiennent à l'âge ainsi que les variétés qu'ils ont remarquées dans le plumage ; il est en général doux , soyeux et lavé de teintes rouges plus ou moins vives et plus ou moins éten- dues 5 les grandes pennes de l'aile sont constamment noires 5 et ce sont les couvertures grandes et petites , tant intérieures qu'extérieures , qui t. fi '"M f ni il DU PHÉNICOPTÈRE. 5ï '/f beau de feu , dont portent ce beau rouge les Grecs frappés tirèrent le nom de phénicoptère. Cette couleur s'étend et se nuance par degrés de l'aile au dos et au croupion , sur la poitrine , et enfin sur le cou , dont le plumage au haut et sur la tête n'est plus qu'un duvet ras et velouté ; le sommet de la télé dénué de plumes , un coup très-grêle , avec un large bec, donnent à cet oiseau un air tout extraordinaire; son crâne pa- roit élevé , et sa gorge dilatée en avant pour recevoir la mandibule inférieure du bec qui est très-large dès l'origine; les deux mandibules forment un canal arrondi et droit jusque vers le milieu de leur longueur; après quoi la man- dibule supérieure lléchit tout d'un coup par une forte courbure, et de convexe qu'elle étoit , devient une lame plate : l'inférieure se plie à pro- portion, conservant toujours la forme d'une large gouttière ; et la mandi- bule supérieure par une autre petite 1— ■l'T^ -«I».,. 52 HISTOIRE NATURELLE courbure à sa pointe vient s'appliquer sur l'extrémité de la mandibule infé- rieure ; les bords de toutes deux sont garnis en dedans d'une petite dente- lure, noire , aiguë, dont les pointes sont tournées en arrière. Le docteur Grew, qui a décrit très - exactement ce bec, y remarque de plus un filet qui règne en dedans sous la partie supérieure et la partage par le milieu j il est noir depuis sa pointe jusqu'à l'endroit où il fléchit, et de là jusqu'à la racine il est blanc dans l'oiseau mort, mais apparemment sujet à varier dans le vivant , puisque Ges- ner le dit d'un rouge vif, Aldrovande , brun, Willulghbj, bleuâtre, et Seba, jaune. « A une tête ronde et petite, dit du Tertre, est attaché un grand bec long de quatre pouces, moitié rouge et moitié noir , et recourbé en forme de cuiller, jj MM. de l'Académie des Sciences qui ont décrit cet oiseau sous le nom de becharu , disent que le bec •est d'un rouge-pâle, et qu'il contient ■..^ ■;. N. LLE ippliquer Il le infé- eux sont e dente- intessont ir Grew, ce bec, ui règne !ure et la ir depuis l fléchit, ancdans 3nt sujet ue Ges- avande , 3t Seba , tite, dit md bec rouge forme nie des au sous le bec oiitient DU PHÉNICOPTÈRE. 53 une grosse langue bordée de papilles charnues , tournées en arrière , qui remplit la cavilé ou la large cuiller de h mandibule inférieure. Wormius dé- crit aussi ce bec extraordinaire , et Aldrovande remarque combien la na- ture s'est jouée dans sa conformation. Ray parle de sa figure étrange ; mais aucun d'eux ne l'a examinée assez soi- gneusement pour décider un point que nous désirerions d'être à portée d'é- claircir ; c'est de savoir si dans ce bec singulier, c'est , comme l'ont dit plui- sieurs naturalistes , la partie supérieure qui est mobile, tandis que l'inférieure est fixe et sans mouvement. On peut s'étonner, avec raison, de ne point trouver dans Aristoie le nom du phénicoplère, quoique nommé dans le même temps par Aristophane , qui le range dans la troupe des oiseaux de marais; mais il étoit rare et peut-être étranger dans la Grèce. Héliodore dit expressément que le phénicoplère est Oiseaux, VIII. $ k i 54 HISTOIRE NATURELLE un oiseau du Nil. L'ancien Scholiasle sur Juvénal, dit aussi qu'il est fréquent en Afrique : cependant ii ne paroît pas que ces oiseaux demeurent constam- ment dans les climats les plus chauds , car on en voit quelques-uns en Italie, et en beaucoup plus grand nombre en Espagne ; et il est peu d'années où il n'en arrive pas quelques-uns sur nos cotes de Languedoc et de Provence , particulièrement vers Montpellier et Martigues , et dans les marais , près d'Arles; d'où je m'étonne que Belon, observateur si instruit , dise qu'on n'en voit aucun en France qui n'y ait été apporté d'ailleurs. Cet oiseau auroit-il étendu ses migrations d'abord en Ita- lie, où autrefois il ne se voyoit pas, et ensuite jusque sur nos côtes? Il est , comme on le voit , habitant des contrées du midi , et se trouve dans l'ancien continent , depuis les côtes de la Méditerranée jusqu'à la pointe la plus australe de l'Afrique ;l 1 ]( r-^stnir^ et <§ a DU PHÉNICOPTÈRE. 55 on en trouve en grand nombre dans les îles du Cap Vert , au rapport de Mandeslo , qui exagère la grosseur de leur corps, en le comparant à celui du cygne. Dampier rencontra quelques nids de ces aiseaux dans celle de Sal ; ils sont en quantité dans les provinces occidentales d'Afrique , à Angola , Congo et Bissao , où , par respect su- perstitieux , les Nègres ne souffrent pas qu'on tue un seul de ces oiseaux ; ils les laisse paisiblement s'établir jus- qu'au milieu de leurs habitations. On les trouve de même à la baie de Sal- dana, et dans toutes les terres voisines du Ccip de Bonne - Espérance 5 où ils passent le jour sur la côte, et se reti- rent la nuit au milieu des grandes her- bes qui se trouvent dans quelques en- droits des terres adjacentes. Au reste, le flammant est r». A'ï'* 'm.' \ h, 62 HISTOIRE l^TvTURELLB n'est jamais bien loin de leur embou- chure ; ils se tiennent plus constam- ment dans les lagunes, les marais salc^s, et sur les côtes basses; et l'on a remar- qué , quand on a voulu les nourrir, qu'il falloit leur donner à boire de l'eau salée. Ces oiseaux sont toujours en troupes , et pour pécher , ils se forment natu- rellement en file, ce qui de loin pré- sente une vue singulière , comme de soldats rangés en ligne ; ce goût de s'aligner leur reste même lorsque, pla- cés l'un contre l'autre , ils se reposent sur la plage 5 ils établissent des senti- nelles , et font alors une espèce de garde, suivant l'instinct commun à tous les oiseaux qui vivent en troupes ; et , quand ils pèchent la tête plongée dans l'eau , un d'eux est eu vedette, la tête haute; et si quelque chose l'alarme, il jette un cri bruyant qui s'entend de très -loin, et qui est a;sez semblable au son d'une trompette 5 dcc-lors toute #^ X embou- )nslarn- is sa Ms, remar- loiirrir. ier eau oiipes , t natu- in pr(^- me de 3Ût de 3, pla- 30£ent « senti- ?arde, js les > et , ! dans i tête le , il d de lable toute i F- DU PHÉNICOPTÈRE. 63 la troupe se lève et observe dans son mouvement de vol un ordre semblable il celui des grues : cependant lorsqu'on surprend ces oiseaux , l'épouvante les rend immobiles et stupides , et laisse au chasseur tout le temps de les abattre presque jusqu'au dernier. C'est ce que témoigne du Tertre , et c'est aussi ce qui peut concilier les récits contraires des voyageurs , dont les uns représen- tent les llammans comme des oiseaux défians , et qui ne se laissent guère approcher, tandis que d'autres les di- sent lourds, étonnés, et se laissant tuer les uns après les autres. Leur chair est un mets recherché ; Catesby la compare pour sa délicatesse à celle de la perdrix; Darapier dit qu'elle est de fort bon goût, quoique maigre : du Tertre la trouve excellente, malgré un petit goût de marais; et la plupart des voyageurs eu parlent de même. M. de Peiresc est presque le seul qui la dise mauvaise ; mais à la ■ï^'**:" ;.-• t ' I tv I u 64 HISTOIRE NATURELLE difTirence que peuvent y mettre les climats , il faut joindre l'c^puisement de ces oiseaux qui n'arrivent sur nos côtes que fatia;ués d'un Ions; vol : les anciens en ont parlé comme d'un gibier exquis. Philoslrate le compte entre les de lices des festins; Juvénal , reprochant aux Romains leur luxe déprédateur , dit qu'on les voit couvrir leurs tables , et des oiseaux rares de Scjlhie et du superbe phénicoptere. Apicius donne la manière savante de l'assaisonner , et ce fut cet homme dont la voracité, dit Pline, engloutissoit les races futures^ qui découvrit à la langue du phénicop- tere cette saveur qui la fit rechercher comme le morceau le plus rare. Quel- ques-uns de nos voyageurs , soit dans le préjugé des anciens, ou d'après leur propre expérience , parlent aussi de l'excellence de ce morceau. La peau de ces oiseaux, garnie d'un bon duvet, sert aiix mêmes usages que celle du cygne. On peut les apprivoiser 1 m % rH^i-^i,. fh" ^^ '■â.'^ LE ^tlre Jps isement sur nos 'o\ : les n gibier ntre les rochant la feu r , tables , e et du > donne onner , Jracité, 5nicop- le relier Quel- t dans es leur ssi de e d'un les que voiser I I 1 DUPHÉNICOPTÈRE. 6'5 assez aisëment, soit en les prenant jeunes dans le nid , soit même en les attrapant dc^jà grands dans les pièges ou de toute autre manière 5 car, quoi- qu'ils soient très - sauvages dans l'état de liberté, une fois captif le lîammanl paroît soumis , et semble même affec- tionné ; et en effet il est plus farouche que fier, et la même crainte qui le fait fuir le subjuj!;ue quand il esi pris. Les Indiens en ont d'entièrement privés. M. de Peiresc en avoit vu de très- familiers , puisqu'il donne plusieurs détails sur leur vie domestique. Ils mangent plus de nuit que de jour, dit-il, et trempent dans l'eau le pain qu'on leur donne; ils sont sensibles au froid, et s'approchent du feu jusqu'à se brûler les pieds , et, lorsqu'une de leurs jambes est impotente , ils marchent avec l'autre en s'aidant du bec, et l'ap- puyant à terre comme un pied ou une béquille; ils dorment peu, et ne repo- sent que sur une jambe , l'autre retirée Oiseaux. VIII. 7 -^-~- 66 HISTOIRE NATURELLE ï SOUS le ventre; néanmoins ils sont dé- licats et assez difficiles à élever dans nos climats ; même il paroît qu'avec assez de docilité pour se plier aux habi- tudes de la captivité, cet état est très- contraire à leur nature , puisqu'ils ne peuvent le supporter long -temps, et qu'ils y languissent plutôt qu'ils ne vivent ; car ils ne cherchent pas à se multiplier, et jamais ils n'ont produit en domesticité. i fi- Espèce connue dans ce genre. IiP Phénicoplère, phœnîcopterus Ruher, h \ a * S' ' 1 \ ï M '"^••SQSi, .ff>^.-«T=k. . ,-. >* LE iont dé- er dans qu'avec IX habi- 5st très- u'ils ne nps, et j'ils ne )as à se produit nre. uher. DE LA SPATULE. (in 'il XL II» GENRE- LA SPATULE, FLATAIEA. (Pieds à quatre doigts.) Caractère générique : bec applati , en forme de spatule. LA SPATULE. liA spjitnle est toute blancbe; elle est de la grosseur du héron , mais elle a les pieds moins hauts et le cou moins long, et garni de petites plumes courtes ; celles du bas de la têfe sont longues et étroites, elles forment un panache qui retombe en arricrs j la gorge est cou- verte 5 et les yeux sont entourés dune peau nue 5 les pieds et le nu de la jambe u\ 66 HISTOIRE NATURE LLE sont couverts d'une peau noire , dure et écailleuse ; une portion de mem- brane unit les doigts vers leur jonc- tion , et par son prolongement les frange et les borde légèrement jusqu'à l'extrémité ; des ondes noires trans- versales se marquent sur le fond de couleur jaunâtre du bec, dont l'extré- mité est d'un jaune quelquefois mêlé de rouge 5 un bord noir , tracé par une rainure , forme comme un ourlet re- levé tout autour de ce bec singulier , et l'on voit en dedans une longue gout- tière sous la mandibule supérieure ; une petite pointe, recourbée en des- sous, termine l'extrémité de cette es- pèce de palette, qui a vingt- trois lignes dans sa plus grande largeur , et paroît intérieurement sillonnée de petites stries qui rendent sa surface un peu rude, et moins lisse qu'elle ne l'est en dehors 5 près de la tête la mandibule supérieure est si large et si épaisse , que le front semble y être entièrement "k j «îr»T»., * :*r,. LE î , dure 3 mem- ir jonc- lent les > ^ jusqu a trans- ond de l'exlrë- is mêlé par une 'let ré- gulier , e gout- rieure ; m des- îtte es-* ' lignes paroît petites Il peu est en ibule aisse , ment M % ■I I D E L A S P A T U L E. ()f) engagé; les deux mandibules, près de leur origine , sont également garnies intérieurement vers les bords de petits tubercules ou mamelons sillonnés, les- quels ou servent à broyer les coquil- lages que le bec de la spatule esi tout propre à recueillir, ou à retenir et ar- rêter une proie glissante ; car il paroit que cet oiseau se nourrit également de poissons , de coquillages, d'insectes aquatiques et de vers. La spatule habite les bords de Li mer, et ne se trouve que rarement dans l'intérieur des terres, si ce n'est sur quelques lacs, et passagèrement aux bords des rivières ; elle préfère les côtes marécageuses ; on la voit sur celles du Poitou , de la Bretagne, de la Picardie et de la Hollande : quelques endroits sont même renommés par l'affluence des spatules, qui s'y rassem- blent avec d'autres espèces aquatiques ; tels sont les marais de Sevenhuis, près de Leyde. I -■? 70 HISTOIRE NATURELLE Ces oiseaux font leur nid à la som- mité des grands arbres voisins des côtes de la mer , et le construisent de bûchet(es 5 ils produisent trois ou qua- tre petits ; ils font grand bruit sur ces arbres dans le temps des nichées , et y reviennent régulièrement tous les soirs se percher pour dormir* De quatre spatules décrites par MM, de f Académie des Sciences, et qui étoient toutes blanches , deux avoient un peu de noir au bout de l'aile ; ce qui ne marque pas une diffé- rence de sexe, comme Aldrovande l'a cru , ce caractère s'étant trouvé égale- ment dans un maie et dans une fe- melle. La langue de la spatule est très- petite , de forme triangulaire , et n a pas trois lignes en toutes dimensions ; l'œsophage se dilate en descendant, et c'est apparemment dans cet élargisse- ment que s'arrêtent et se digèrent les petites moules et autres coquillages que la spatule avale , et qu'elle rejette :| I ^^"^i^^tga^ - ..— ■' ... '\ .^^ jsr-ff^ -j^-^i^ . ELLE I à la som- oisins des truisent de )is ou qua- uit sur ces liées , et y 15 les soirs 'rites par iences, et îs , deux bout de une diffe- >vande l'a vé égaie- 5 une fe- e est très- B 5 et n'a lensions ; cidant, et îlargisse- èrent les âges que î rejette DE LA SPATULE. yt quand la chaleur du ventricule en a fondu la chair ^ elle a un gésier doublé d'une membrane calleuse , comme les oiseaux granivores; mais, au lieu de cœcum qui se trouvent dans ces oi- seaux à gésier , on ne lui remarque que dfeux petites éminences très -courtes à l'extrémité de l'iléon; les intestins ont sept pieds de longueur; la trachée-ar- tère est semblable à celle de la grue, et l'ait dans le thorax une double inflexion; le cœur a un péricarde, quoiqu'Aldro- vande dise n'en avoir point trouvé. Ces oiseaux s'avancent en été jusque dans la Bothnie occidentale et dans la Laponie , où l'on en voit quelques- uns , suivant Linnœus ; en Prusse , où ils ne paroissent également qu'en pe- tit nombre , et où , durant les pluies d'automne, ils passent en venant de Pologne. Rzaczynski dit qu'on en voit , mais rarement, en Volhinie ; il en passe aussi quelques-uns en Silésie dans les mois de septembre et d'octobre ; ils ha- I* ^■i K^ ^SP^ '^SPv. m ( (i'i'î \\i i 72 HISTOIRE NATURELLE bitent , comme nous l'avons dit , les côtes occidentales de la France ; on les retrouve sur celles d'Afrique , à Bissao , vers Sierra-Leona ; en Egypte , selon Granger; au Cap de Bonne-Espérance, où Kolbe dit qu'ils vivent de serpens autant que de poissons , et où on les ap- pelle slangeii'vreeûer , mange-serpens ; M. Comraerson a vu des spatules à Ma- dagascar, où les insulaires leur don- nent le nom dejangall-am-bava, c'est- à-dire bêche au bec. Les Nègres , dans quelques cantons, appellent ces oiseaux vang'van, et dans d'autres vourou-dou' Ion, oiseau du diable, par des rapports superstitieux. L'espèce , quoique peu nombreuse , est donc très - répandue , et semble même avoir fait le tour de l'ancien continent. M. Sonnerat l'a trouvée jusqu'aux îles Philippines ; et, quoiqu'il en distingue deux espèces, le manque de huppe , qui est la princi- pale différence de fune à l'autre , ne nous paroît pas former un caractère ^t % '"'^'He*.-*,- ■•>>■ r ...'S^r dit, les 5 ; on les à Bissao , B, selon îérance, serpens fi les ap- erpens ; îs à Ma- ir don- 1, c'est- s, dans ciseaux m-doU' «pports le peu ndue , >ur de at l'a 5 et, !es, le rinci- , ne ictère M DE LA SPATULE. y7) spécifique, et, jusqu'à ce jour, nous ne con. issons qu'une seule espèce de spatule, ?]ui se trouve être à-peu-près la même du nord au midi , dans tout l'ancien continent j elle se trouve aussi dans le nouveau, et, quoiqu'on ait en- core ici divisé l'espèce en deux, on doit les réunir en une , et convenir que la ressemblance de ces spatules d'Amérique avec celle d'Europe est si grande, qu'on doit attribuer leurs petites différences à l'impression du climat. La spatule d'Amérique est seule- ment un peu moins grande dans tou- tes ses dimensions que celle d'Europe; elle en dijSere encore par la couleur de rose ou d'incarnat qui relève le fond blanc de son plumage ex- le cou, ledos et les flancs ; les ailes sont plus forte- ment colorées, et la teinte de rouge va jusqu'au cramoisi sur les épaules et les couvertures de la queue, dont les pennes sont rousses ; la côte de faile ï'r f J '> »- i 74 HISTOIRE N A T U H K r, L E est marqueté d'un beau carmin ; la télé, comme la gorge, ^^ t nue ; ces belles cou- leurs n'appartiennent qu'à la spatule adulte ; car on en trouve de bien moins rouges sur tout le corps , et encore pres- que toutes blanches , qui n'ont point la télé dégarnie, et dont les pennes de l'aile sont en partie brunes, restes de la livrée du premier âge. Barrère as- sure qu'il se fait dans le plumage des spatules d'Amérique le même progrès en couleur, avec l'âge, que dans plu- sieurs autres oiseaux , comme les cour- lis rouges et les phénicoptères ou iiam- mans, qui, dans leurs prennères an- nées, sont presque tout gris ou tout blancs, et ne deviennent rouges qu'à la troisième année : il résulte de là que l'oiseau couleur de rose du Brésil , ou Vajaia de Marcgrave , décrit dans son premier âge avec les ailes d'un incarnat tendre, la spatule cramoisie de la Nouvelle-Espagne décrite dans l'âge adulte, ne sont qu'un seul et ,^ I i î ^►î- in^,.,: , ^^ rM-'v^ '^ -f" .■V^>' "^^^.'•'•^ '.^■"^ L E ; la lé le , îlles cou- spatule m moins )i'e près- nt point enues de estes de rère as- lage des progrès ans plu- es cour- m lin m- ires an- 3U tout es cfu'à 5 de là Brésil , it dans ?s d'un moisie e dans eul et I DELA SPATULE. ^5 même oiseau; Marcgrave dit qu )ii en voit quantité sur la rivière orlant des aux glu- ■" *: ■ ^^y- p: I '" I i i î '>♦ ^^lO^ffC.. . jraB«.^. __ ,t^'.'. i --i^^^' * ^"Ifci-. _ - '-«^ 1 l.T\ KAMICHI. a . I.K JAIMIIU . M. m ' 1 j 'V m' 1 1 ?. DU K A M I C 11 I. 8l cières des pôles; c'est en descendant du sommet des montagnes au fond des mers, c'est en comparant les déserts avec les déserts, cjne nous la jugerons mieux et l'admirerons davantage. Ea effet , sons le point de vue de ses subli- mes contrastes et de ses majestueuses oppositions , elle paroît plus grande eu se montrant telle qu'elle est. Nous avons ci-devant peint les déserts ari- des de l'Arabie pétrée ; ces solitudes nues où l'homme n'a jamais respiré sous l'ombrage, où la terre sans ver- dure n'offre aucune subsistance aux animaux , aux oiseaux , aux insectes , où tout paroît mort, parce que rien ne peut naître, et que l'élément néces- saire au développement des germes de tout être vivant ou végétant, loin d'ar- roser Ja terre par des ruisseaux d'eau vive , ou de la pénétrer par des pluies fécondes, ne peut même ilumecter d'une simple rosée. Opposonsce tableau de sécheresse absolue dans une lerro u ■•f* i-4- •*•-'" '^•^" «■■■ i ) Ra II I s T O 1 1\ 12 NATURELLE Irop ancienne, à celui des vastes phii- lîes de fange des savanes noy(*es du nouveau conlinent , nous y verrons par excès ce que l'autre n'ofFroit ([ue par dt^faul ; des fleuves d'une largeur immense, tels que l'Amazone, la Pla- ta, rOrénoque, roulant à grands flots leurs vagues écumantes, et se débordant en toute liberté , semblent menacer la terre d'un envahissement et faire ef- fort pour l'occuper toute entière. Des eaux stagnantes et répandues près et loin de leurs cours couvrent le limon vaseux qu'elles ont déposé 3 et ces vas- tes marécages , exhalant leurs vapeurs en brouillards fétides, coramunique- roient à l'air l'infection de la terre , si bientôt elles ne retomboient en pluies précipitées par les orages ou dispersées par les vents. Et ces plages, alternati- vement sèches et noyées , oi\. la terre et l'eau semblent se disputer des pos- sessions illimitées ; et ces broussailles de mangles jetées sur les confins indécis L LE istes pliii- lîoyfe du y verrons fiioil ([lie le Jargeur e, la Pia- ands flots Jëbordanl lenacer la faire ef- ière. Des s près et le limon tt ces vas- vapeurs lunicjue- terre, si n pluies persées ternali- la terre les pos- aillesde indécis ! I ...V nu K A MIC III. b7) de ces deux éMmeiis, ne sont peuplées que d'animaux immondes qui pullu- lent dans ces repaires , cloaque de la nature, où tout retrace l'image des déjections monstrueuses de l'antique limon. Les énormes serpens tracent de larges sillons sur cette terre bour- beuse; les crocodiles, les crapauds, les lézards et mille autres reptiles à larges pattes, en pétrissent la tange; des mil- lions d'insectes enflés par la chaleur humide en soulèvent la vase, et tout ce peuple impur rampant sur le limon ou bourdonnant dans l'air qu'il obscur- cit encore , toute cette vermine dont fourmille la terre , attire de nombieu- .ses cohortes d'oiseaux ravisseurs dont les cris confus, multipliés et mêlés aux croassemens des reptiles , en troublant le si!euce deces afïVeux déserts, sem- blent ajouter la crainte à l'horreur pour eu écarter l'homme et en inter- dire l'entrée aux autres êtres sensi- bles ; terres d'ailleurs impraticables. «^' •■î^^S*--'^i l \\\ l i v\ 84 H I s T O 1 II E î^ A T IJ R E L L E encore informes, et qui ne serviroienf. qu'à lui rappeler l'idée de ces temps voisins du premier chaos où les élé- mens n'étoient pas séparés, où la terre lit l'eau ne faisoient qu'une masse com- mune, et où les espèces vivantes n'a- voient pas encore trouvé leur place dans les difierens districts de la nature. Au milieu de ces sons discordans d'oi- seaux criards et de reptiles croassans, s'élève par iiitervalles une grande voix qui leur en impose à tous , et dont les eaux retentissent au loin : c'est la voix du kamiclii, grand oiseau noir très-re- marquable par la force de son cri et par celle de ses armes 5 il porte sur chaque aile deux puissans éperons, et sur la tête une couronne pointue de trois ou quatre ponces de longueur sur deux ou trois lignes de diamètre à sa base; cette corne implantée sur le haut du front, s'élève droit et finit en une pointe ai- guë un peu courbée en avant, et vers 5,a base elle est revêtue d'un fourreau ''■• V .>-->- ■ fë M ^■^.' D U K A M I C H I. 85 semblable au tuyau d'une plume. Nous parlerons des ëperons ou ergots que por- tent aux (épaules certains oiseaux, tels que les jacanas , plusieurs espèces de pluviers, de vanneaux, etc. mais le ka- michi est, de tous , le mieux arme ; car, ind(^pendammentde sa corne à la tête, il a sur chaque aileron deux éperons qui sont dirigés en avant lorsque l'aile est pliée: ces éperons sont des apophy- ses de l'os du métacarpe , et sortent de la p.irlie antérieure des deux extrémi- tés de cet os ; l'éperon supérieur est le plus grand, il est triangulaire, long de deux pouces , large de neuf" lignes à sa base , un peu courbé en finissant en pointe 3 il est aussi revêtu d'un étui de même substance que celui qui garnit la base de la corne. L'apophyse intérieure du métacarpe, qui fait le second épe- ron, n'a que quatre lignes de longueur et autant de largeur à la base, et il est recouvert d'un fourreau comme l'autre. Avec cet appareil d'armes très-ofïën- 86 HISTOIRE NATURELLE sives , et qui le rendroient formidable au combat , le kamichi n'attaque point les oiseaux , et ne fait la guerre qu'aux reptiles ; il a même les mœurs douces et le naturel profondément sensible, car le mâle et la femelle se tiennent toujours ensemble 5 fidèles jusqu'à la mort, l'amour qui les unit , semble sur- vivre à la perte que l'un ou l'autre fait de sa moitié 5 celui qui reste , erre sans cesse en gémissant, et se consume près des lieux où il a perdu ce qu'il aime. Ces affections touchantes forment dans cet oiseau , avec sa vie de proie, le même contraste en qualités morales , que celui qui se trouve dans sa struc- ture physique ; il vit de proie , et ce- pendant son bec est celui d'un oiseau granivore ; il a des éperons et une cor- ne, et néanmoins sa tête ressemble à celle d'un gaUinacée; il a les jambes courtes, mais les ailes et la queue fort longues : la partie supérieure du bec s'avance sur l'inférieure , et se recourbe %-rC m % 3- "Si'.'/ -.A*'-*^* ••*■ I £ E fiiidable lie point ! qu'aux s douces ensible , liennent squ'à la ble sur- itre fait rre sans îie près aime, brment proie, orales, struC" et ce- oiseau le cor- nble à ambes le fort u bec ;ourbe t D u K A ;. i C H I. 87 un peu à sa pointe; la tête est garnie de petites plumes duvetées, relevées , et comme demi-bouclées , mêlées de noir et de blanc; ce même plumage frisé couvre le haut du cou 5 le bas est revêtu déplumes plus larges, plus fournies , noires au bord, et grises en dedans: tout le manteau est noir-brun, avec des reflets verdâlres, et quelquefois mêlé de taches blanches ; les épaules sont marquées de roux , et celte cou- leur s'étend sur le bord des ailes, qui sont très-amples; elles atteignent pres- que au bout de la queue , qui a neuf pou- ces de longueur : le bec , long de deux pouces, est large de huit lignes et épais de dix à sa base; le pied joint à une pe- tite partie nue de la jambe, est haut de sept pouces et demi ; il est couvert d'une peau rude et noire, dont les écail- les sont fortement exprimées sur ie,s doigts, qui sont très-longs; celui du mi- lieu , f ongle compris, a cinq pouces ; ces ongles sont demi-crochus, et creu- I . w I Ih ' 88 HISTOIRE NATURELLE ses par-dessous en gouttière ; le posté- rieur est d'une forme particulière, étant effilé, presque droit et très-long , comme celui de Falouette : la grandeur totale de l'oiseau est de trois pieds. Nous n'avons pas pu vérifier ce que dit Marc- grave de la différence considérable de grandeur qu'il indique entre Je mâle et la femelle -, plusieurs de ces oiseaux que nous avons vus nous ont paru à- peu- près de la grosseur et de la taille de la poule-d'inde. Pisou dit, avec raison , que le kami- chi est un oiseau demi-aquatique; il ajoute qu'il construit son nid en forme de four au pied d'un arbre, qu'il mar- che le cou droit, la tête haute, et qu'il liante les forets. Cependant plusieurs voyageurs nous ont assuré qu'on le trou- ve encore plus souvent clans les sa- vanes. .'é *. - V.^a'' ".*► '■^m^^^^j^-^c:;^:. LE e posté- iculière, 'ès-Iong , grandeur Js. Nous lit Marc- rable de maie et îaux que 1 à-peu- lie de la e kami- ique; il 1 forme il mar- et qu'il usieurs le trou- Jes sa- ■% DU KAMICHI. LE CARIAMA. Si) Ls carîama est un bel oiseau, qui fréquente les maivcages, et s'y nourrit comme le héron, qu'il surpasse en gran- deur ; avec de longs pieds et le bas de la jambe nu comme les oiseaux de rivage , il a un bec court et crochu comme les oiseaux de proie. Il porte la tête haute, sur un cou éle- vé ; on voit sur la racine du bec , qui est jaunâtre , une plume en forme d'ai- grette , tout son plumage assez sembla- l3le a celui du faucon , est gris onde de brun; ses yeux sont brillans et couleur d'or, et les paupières sont garnies de longs cils noirs ; les pieds sont jaunâtres , et des doigts qui sont tous réunis vers l'origine par une portion de membrane , celui du milieu est de beaucoup plus long que les deux latéraux dont l'inté- rieur est le plus court ; les ongles sont courts et arrondis; le petit doigt pos- térieur est placé si haut, qu'il ne peut Oiscau.v. VIÎT. y i \ , i 90 HISTOTUE NATURELLE appuyer à terre, et le talon est ^pais et rond comme celui de l'autruche. La voix de cet oiseau ressemble à celle de la poule-d'inde , elle est forte et aver- tit de loin les chasseurs qui le recher- cl MU, car sa chair est tendre et déli- cate ; et , s'il en faut croire Pison , la plupart des oiseaux qui fréquentent les rivai^es dans les régions chaudes de l'Amérique , ne sont pas inférieurs , pour la bonté de la chair, aux oiseaux de montagnes. 11 dit aussi qu'on a com- mencé de rendre le cariama domesti- que. Espèce connue dans ce genre. Le Kainichi , palamedea Cornuta. L3 Cariaranj palamedea Ciistata. ■^ mi' \ .^,^iOI^ "S*" •■ LE <^pais et che. La celle de et aver- recher- et déli- 4son , Ici nient les udes de férieurs , seaux de a com- lomesti- cnre. t) U J A BI RIT. .■Hw"-:. ■l: XLIV« GENRE, LE JABIRU, MicTERiA. (Pieds à quatre doigt.s.) Caractère g(i né ri que : bec un peu tourné en haut; mandibule inférieure plus épaisse. LE JABIRU. E N multipliant les reptiles sur les pla- ges uojées de l'Amazone , de l'Oréno- que j la nature semble avoir produit en même temps les oiseaux destruc- teurs de ces espèces nuisibles ; elle pa- roît même avoir proportionné leur force à celle des énormes serpens qu'elle leur donnoit à combattre, et leur taille 4 la profondeur du limon sur lequel Y / l ^ II: il I n V I 92 niSTOlRE NAltJllELLE elle les envoyoit errer. L'un de ces oi- seaux est le jabiru, beaucoup pi us grand que la cigogne ; supérieur en hauteur à la grue, avec un corps du double d'é- paisseur , et le premier des oiseaux de rivage, si on donne la primauté à la grandeur et à la force. Le bec du jabiru est une arme puis- saiile ; il a treize pouces de longueur sur trois de largeur à la base; il est aigu , tranchant , applati par les cô- tés, en manière de hache, et implanté dans une large tête, portée sur un cou épais et nerveux; ce bec, formé d'une corne dure , et légèrement courbé eu arc vers le haut , caractère dont on trouve une première trace dans le bec de la cigogne noire; la tête et les deux tiers du cou du jabiru , sont couverts d'une peau noire et nue , chargée à l'occiput de quelques poils gris ; la peau du bas du cou , sur quatre à cinq pou- ces de haut, est d'un rouge vif et forme un large et beau collier à cet oiseau | .'( 1^. 1 i 'M s:#ï4:^ ELLE i de ces oi- ► plusgrand en hauteur iouble d'é- DÎseaiix de nauté à la rnie puis- longueur ise; il est r les cô- irnplanl^, ur un cou mé d'une ourbé eu dont on ns le bec les deux couverts largée à ; la peau inq pou- 3t forme oiseau j ■M t II A f H s I 11 DUJABIRU. C)J dont le plumage est entièrement blanc ; le bec est noir, les jambes sont robus- tes, couvertes de grandes écailles noi- res comme le bec, et dénuées de plu- mes , sur cinq pouces de hauteur; le pied en a treize , le ligament membra- neux paroît aux doigts , et s'engage de plus d'un ponce et demi du doigt ex- térieur à celui du milieu. Wiilulghby, dit que le jabiru égale au moins le cy^ne en grosseur ; ce qui est vrai , en se figurant néanmoins le corps du CA'gue jnoins épais , et plus alongé, et celui du jabiru monlé sur de très-hautes é( liasses 5 il ajoute que son cou est aussi ;^ros que le bras d'un homme , ce qui est encore exact : du reste, il dit que ki peau du bas du cou est blanche , et noû rouge , ce qui peut venir de la différence du mort au vi- vant 5 la couleur rouge ayant été sup- pléée et indiquée par une peinture dans l'individu qui est îiu Cabinet du roi; la queue est large, et ne s'étend pas au- ^f ,1 M S i \l !)| w I s lu I u is N \ ni u Kl, I. r iU'\i\ «los nilos plit^'s; roiscnii cmi pird n nu tiioiiiN (jUiihc |Mr(ls ri (\ru\\ i\o hiiii- lrds (1<«m l/un 1 (I (\s ri\ if'^nvs dans ( des I (Ww , n( si p«>iiU inaiivais(». lîcl oi- S!\'ui (Mu»os d(\s ailes ini rellol «le» roui;(^ (pje nous n'avons pu rtMuarrpier dans l\^ist\iu qui nous (? (^|(^ envoyé do t-ayenne, mais (pii |v>n( l)i(M» se Iron- ViT dans les jahirnssm Brésil. r-spîvo coniHie clans ce j^eni(\ :;i4 1 Kl. i. r Ml (Ml pied 11 iiii (l(^ hiiii- il«V(»l <)i»i)( ){'(• PP i'ioil, |)liiH ^nind rds (les Incu ux (^virl(Vs; MiUMil liVvs- (». (Vl oi- (Ics ni llllCS, lis le nwin- (• Incii! ;ii- I inrmc à roiivc i\\\K (lo roMirc ri rjiKM' (Imiis inoyt'' dr M se Iron- ift> vww l I ' I i l \ l><\trtK i l.K rOUlU.lS. -x I.iniS IM.ANC. Too, //// I \ !• ■^•ÉBîïîîï f «;-?£- I.ANC «tur 1 * ni !^ ■^ " (1 ^1 \ ^ 'H ..*!•■/' «{'■'■ ': •W •*. '^ DU COURLIS. 95 L X Ve GENRE. f f ii i LE COURLIS, TANTJLVS. (Pieds à quatre doigts.) Caractère générique : bec arqué 3 poche sous la gorge. ■-■m Ê. LE COURLIS. Les noms composés des sons imila- tifs de la voix, du chant, des cris des animaux , sont, pour ainsi dire , les TâOrns de la nature , ce sont aussi ceux que l'homme a imposés les premiers ; les lani:;ues sauva^ies nous offrent mille exemples de ces noms donnés par l'ins- liucl; el le goût qui n'est qu'un instinct J 0^ ^ .K M-^^lm^'4»^ ■ î ■n\ Mil \ <)6 HISTOIRE NATURÊL115 plus exquis , les a coiis'?rv(5s plus oit moins dans les idiomes des peuples po- licés, et sur-tout dans la lant^ue grec- que, plus pittoresque qu'aucune autre, puisqu'elle peint même en dénomman'. La courte description qu'Aristote fait du courlis , n'auroit pas suffi sans son n:)m elorios , pour le reconnoître et le distinguer des autres oiseaux. Les noms français, courlis , curlis, turlis ^ sont des mots imitatifs de sa voix ; et dans d'autres langues , ceux de curlew , caroll , tarlino , etc. s'y rapportent d.î même : mais les dénominations d'ar- quata et àejacillenus , sont prises de lu courbure de son bec arqué en forme de faulx ; il en est de même du nom nu- mcnhis , dont l'origine est dans le mot neoménie , temps du croissant de la lune 5 ce nom a été appliqué au cour- lis , parce que son bec est à-peu-près en forme de croissant. Les Grecs mo- dernes l'ont appelé macrimiti ou long nez , parce qu'il a le bec très-Ion^, re- .■•v« ^T< ■a 1 \ ji&,: 1S plus ou )Ies pc- e grec- I autre, ninan*. Die fait [ns son re et le :. Les turlis , oix 5 et urlew , tent d.î is d'a/- ?s de lu me de m nu- e mot de la coiir- u-près s mrî- 1 long iz 5 re- <^. ?^5' '1* ^i^ :î^k .t., ' D U COU R Ll S. ()7 Jalivement à la grandeur de son corps ; ce bec est assez grêle, sillonné de rai- nures , également courbé dans toute sa longueur , et terminé en pointe mousse 5 il estfoible, et d'une substance tendre, et ne paroît propre qu'à tirer les vers de la terre molle ; par ce carac- tère, les courlis pourroient être placés à la tête de la nombreuse tribu d'oi- seaux à longs becs effilés , tels que le* bécasses , les barges , les chevaliers, etc. qui sont autant d'oiseaux de marais que de rivage, et qui, n'étant point armés d'un bec propre à saisir ou percer les poissons, sont obligés de s'en tenir aux vers et aux insectes , qu'ils fouillent dans la vase et dans les terres humides et limoneuses. Le courlis a le cou et les pieds longs; les jambes en partie nues , et les doigts engagés vers leur jonction par une por- tion de membrane; il est à -peu -près de la grosseur d'un chapon; sa longueur totale est d'environ deux pieds; cell» {' ' p8 HISTOIRE NATURELLE de son bec de cinq à six ponces , et son envergure de plus de trois pieds 5 tout son plumage est un mélange de gris- blauc , à l'exception du ventre et du croupion , qui sont entièrement blancs ; le brun est tracé par pinceaux sur tou- tes les parties supérieures , et chaque plume est frangée de gris-blanc ou de roussâtre; les grandes pennes de l'aile sont d'un brun noirâtre ; les plumes du dos ont le lustre de la soie; celles du cou sont duvetées , et celles de la queue , qui dépasse à peine les ailes pliées , sont , comme les moyennes de l'aile , coupées de blanc et de brun noi- râtre. Il y a peu de différence entre le mâle et la femelle , qui est seulement un peu plus petite. Quelques naturalistes ont dit que, quoique la chair du courlis sente le ma- rais, elle ne laisse pas d'être fort es- timée, et mise par quelques-uns au pre- mier rang entre les oiseaux d'eau. Le courlis se nourrit de vers de terre, d'in- •1 .LE îs , et son îds ; tout de gris- ée et du it blancs; sur tou- ; chaque ic ou de de l'aile plumes 3j celles 23 de la les ailes 5nnes de •un noi- entre le ment un it que, le nia- fort es- au pre- 3au. Le e, d'in- M DU COURLIS. Qg «ectes, des menus coquillages qu'il ra- masse sur les sables et les vases de la mer , ou sur les marais , et dans les prairies humides ; il a la langue très- courte, et cachëe au fond du bec; on lui trouve de petites pierres , et quel- quefois des graines dans le ventricule, qui est musculeux comme celui des granivores 5 au-dessus de ce gésier, l'œsophage sentie en manière de poche, tapissée de papilles glanduleuses; il se trouve deux ccecum de trois ou quatre doigts de longueur dans les intestins. Ces oiseaux courent très - vite , et volent en troupes ; ils sont de passage en France , et s'arrêtent à peine dans nos provinces intérieures ; mais ils sé- journent dans nos contrées maritimes , comme en Poitou , en Aunis , et en Bretagne , le long de la Loire , où ils nichent. On assure qu'en Angleterre, ils n'habitent les côtes de la mer qu'en hiver , et qu'en été , ils vont nicher dans l'intérieur du pays vers les mon- \ if *;»' r- . t 100 HISTOIRE NATURELLE tagiies ; en Allemague, ils n'arrivent que dans la saison des pluies , et par de certains vents; car les noms qu'on leur donne dans les différens dialectes de la langue allemande , ont tous rapport aux vents , aux pluies et aux orages; on en voit dans l'automne en Silésie, et ils se portent en été jusqu'à la mer Baltique et au golfe de Bolhuie ; on les trouve également en Italie et en Grèce , et il paroît que leurs migra- tions s'étendent au - delà de la mer Méditerranée , car ils passent à Malte deux fois l'année , au printemps et en automne; d'ailleurs les voyageurs ont rencontré des courlis dans presque toutes les parties du monde ; et , quoique leurs notices se rapportent , pour la plupart , aux différentes es- pèces étrangères de cette famille as- sez nombreuse , néanmoins il paroît que l'espèce d'Europe se trouve au Sénégal et à Madagascar. On ren- contre quelquefois des courlis blancs ; 1 '•^si'S LLË l'arrivent et par de Li'on leur lectes de s rapport : orages; i Silésie, à la mer luie ; ou lie et en î migra- ! la mer à Malte »ps et en eurs ont presque > et , •ortent , ites es- ille as- paroît uve au n ren* blancs ; ^f DU COURLIS. lOI comme l'on trouve des bécasses blan- ches, des merles, des moineaux blancs; mais ces variétés purement individuel- les , sont des dégénérations acciden- telles qui ne doivent pas être regar- dées comme des races constantes. LE COURLIS VERT, ou COURLIS D'ITALIE. Cet oiseau est connu sous le nom de courlis d'Italie, mais on peut aussi le désigner par sa couleur ; Aldrovande assure qu'il approche de la taille du héron , dont cfuelquefois même les Italiens lui donnent le nom; celui de falcinello^ que ce naturaliste et Gesner paroissent lui appliquer exclusive- ment peut convenir aussi bien à tous les autres courlis qui ont également le bec courbé en forme de faulx ; celui-ci a la tête , le cou , le devant du corps et les côtés du dos d'un beau marroii- Ibncé; le dessus du dos , des ailes et de la queue, d'un vert-bronzé ou doré sui- Oiseaux. Vf II. lo M ' '1 ! n y 102 HISTOIRE NATURE LLE vant les reflets de lumière ; le bec est noirâtre ainsi que les pieds et la partie nue de la jambe. Gesner n'a décrit qu'un oiseau Jeune qui navoit encore ni sa taille ni ses couleurs; ce courlis du Danube de Marsigli , cité par M. Brisson , n'est , selon toute appa- rence , qu'une variété dans cette espèce. LE COURLIS BRUN. ..*M ht >'i M. Sonne RAT a trouvé ce courlis aux Philippines dans l'île de Luçonj il est de la taille du grand courlis d'Eu- rope; tout son plumage est d'un brun- roux j ses yeux sont entourés d'une peau verdâtre: l'iris est d'un rouge de leu ; son bec est verdâtre , et ses pieds sont d'un rouge de laque. LE COURLIS TACHETÉ. Ce courlis, qui se trouve aussi à l'île de Luçon , auroit , comme le précé- jl '"*«»*■■ LLE le bec c\st t la partie tia décrit )it encore ce courlis cité pai- lle appa- ins cette UN. 3 courlis Luçon ; lis d'Eu- m bru 11- 3S d'une ouge de es pieds ETE. si à i'ile précé- 1^4 DU COURLIS. de îo:) dont, beaucoup de rapport avec notre grand courlis, s'il u'étoit pas d'un tiers plus petit j il diffère encore eu ce qu'il a le sommet de la tète noir, et les cou- leurs différemment distribuées ; elles sont jetées sur le dos , par mouchetu- res , au bord des plumes et sur le ven- tre , par ondes ou hachures transver- sales. LE COURLIS A TÊTE NUE. L'espèce de ce conrlis est nouvelle est très-singulière 5 sa tête entière est nue, et le sommet en est relevé par une sorte de bourrelet , couché et roulé en arrière, de cinq lignes d'épaisseur, et recouvert d'une peau très - rouge , très-mince , et sous laquelle on sent immédiatement la protubérance os- seuse qui forme le bourrelet ; le bec est du même rouge que ce couronnement de la tête; le haut du cou et le devant de la gorge sont aussi dénués de plu- f m V II ^ il 104 HISTOIRE naturellt: mes, et la peau est sans doute vermeil le dans l'oiseau vivant; mais nous ne l'a- vons vue que livide sur l'individu mort que nous décrivons , et qui nous a été apporté du Cap de Bonne-Espérance par M. de la Ferté. Il a toute la forme du courlis d'Europe; sa taille est seu- lement plus forte et plus épaisse; son plumage, sur un fond noir, offre, dans les pennes de l'aile , des reflets de vert et de pourpre changeans; les pelites couvertures sont d'un violet-pourpré assez fort de teinte, mais plus léger sur le dos, le cou et le dessous du corps; les pieds et la partie nue de la jambe, sur la longueur d'un pouce, soi « rou- ges comme le bec, qui est long de quatre pouces neuf lignes : ce courlis, mesuré de la pointe du bec à fextrémité de la queue , a deux pieds un pouce, et un pied et demi de hauteur dans son atti- tude naturelle. m - yt V .--.• LE ermeille is ne l'a- du mort us a été pérance a forme est seu- sse; son e, dans de vert peliles 30urpré s léger u corps ; jambe, Il rou- î quatre mesuré é de Ja , et un m alli- I)U COURLIS. io5 LE COURLIS HUPPÉ. La huppe distingue ce courlis de tous les autres, qui généralement ont la tête plus ou moins lisse ou recou- verte de petites plumes fort courtes ; celui-ci, au contraire porte une belle touffe de longues plumes , partie blan- ches et partie vertes , qui se jette en arrière en panache ; le devant de la tête et l'î tour du haut du cou sont verts ; le reste du cou , le dos et le devant du corps sont d'un beau roux- marron ; les ailes sont blanches, le bec et les pieds sont jaunâtres ; un large espace de peau nue environne lesj^eux^ le cou, bien garni déplumes, paroît moins long et moins grêle que dans les autres courlis : ce bel oiseau huppé se trouve à Madagascar. ^i I06 IllSlOllli: ^'ATUilliLLk; L* I D I s. ■ » p'' A D E toutes les superstitions qui aient jamais infecté la raison , et dégradé , avili l'espèce humaine , le culte des animaux seroit sans doute la plus hon- teuse, si l'on n'en considéroit pas l'ori- gine et les premiers motifs : comment l'homme en eftet a-t-il pu s'abaisser jusqu'à l'adoration des bétes? Y a-t-il une preuve plus évidente de notre état de misère dans ces premiers âges où les espèces nuisibles , trop puissantes et très-nombreuses, entouroient l'hom- me solitaire , isolé , dénué d'armes et des arts nécessaires à l'exercice de ses forces ? Ces mêmes animaux , deve- nus depuis ses esclaves , étoient alors ses maîtres, ou du moins des rivaux redoutables 5 la crainte et fintérêt fi- rent donc naître des sentiinens abjects et des pensées absurdes, et bientôt la superstition recueillant les unes et les É i-„, '•-*. ,-'S-.*.Ç#»J L K (ui aient égradé , il te des us hon- as l'ori- >mmeiit {baisser Y a-t-il tre état iges où issantes l'hom- mes et de ses deve- t alors ivaux et fi- bjects tôt Ja et les DU COURLIS. 107 anlies, fil également des dieux de tout èlre utile et nuisible. L'Egypte est l'une des contrées où ce culte des aniniaux s'est établi le plus anciennement , et s'est conservé , ob- servé le plus scrupuleusement pendant un grand nombre de siècles j et ce res- pect religieux , qui nous est attesté par tous les monumens, semble nous indiquer que , dans cette contrée , les hommes ont lutté très - long - temps contre les espèces malfaisantes. En effet , les crocodiles , les serpens , les sauterelles , et tous les autres ani- maux immondes renaissoient à chaque instant , et puUuloient sans nombre sur le vaste limon d'une terre basse , profondément humide et périodique- ment abreuvée par les épancjieuicns du fleuve; et ce limon fani^eux, fer- menlunt sous les ardeurs du tropique, dut soutenir long-ienips et multiplier à l'infini toutes ces générations impu- res, informes, qui n'ont cédé la terre --C ■I il Ï08 HISTOIRE NATURELLE à des liabitans plus nobles que quand elle s'est épurée. Di's essaims de petits sei'pens veni^ jneux, nous disent les premiers histo- riens, sortis de la vase échauffée des marécages , et volant en grandes trou- pes, eussent causé la ruine de l'Egypte, si les ibis ne fussent venus à leur ren- contre pour les combattre et les détrui- re ; n'y a-t-il pas toute apparence que ce service, aussi grand qu'inattendu, fut le fondement de la superstition qui sup- posa, dans ces oiseaux tutélaires, quel- que chose de divin ? Les prêtres accré- ditèrent cette opinion du peuple ; ils as- surèrent que les dieux, s'ils daignoient se manifester sous une forme sensible, prendroient la figure de l'ibis. Déjà dans la grande métamorphose , leur dieu bienfaisant, Thoth ou Mercure, inven- teur des arts et des loix , avoit subi cette transformation ; et Ovide , fidèle à cette antique mythologie, dans le combat des dieux et des géans, cache Mercure sous m H quand ; histo- Jee des 'S trou- Igypte, ir ren~ détrui' ne que du, fut ui sup- , quel- accré- ; ils as- ;noient isible, jàdans r dieu inven- i cette a cette >atdes e sous ;t DU COURLIS. 109 les ailes d'uu ibis, elc. : mais, mellaiit toutes ces fables à part, il nous restera l'histoire des combats de ces oiseaux contre les serpens. H(^ro(lote assure être all(^ sur les lieux pour en être témoin: « Non loin de Butus, dit-il , aux confins de l'Arabie, où les montagnes s'ouvrent sur la vaste plaine d'Egypte , j'ai vu les champs couverts d'une incroyable quantité d'ossemens entassés , et des dépouilles des reptiles que les ibis y viennent attaquer et détruire au moment qu'ils sont près d'envahir l'Egypte. « Ciceron cite ce même fait en adoptant le récit d'Hérodote , et Pline semble le confirmer, lorsqu'il re- présente les Egyptiens invoquant reli- gieusement leurs ibis à l'arrivée des serpens. On lit aussi dans l'historien Josephe, que Moïse allant en guerre contre les Ethiopiens , emporta , dans des cages de Papyrus, un grand nombre d'ibis pour les opposer aux serpens. Ce fait , qui i ! ■ Wf "*^^-*'*»Ê»'^*ii^ i';ïft # ta ■■iat '.tir 1 \ je. '4 • 'i II 110 HISTOIRE NATURELLE n'est pas fort vraisemblable, s'explique aisément par un autre fait rapporté dans Ja description de l'E^iypte par M. de Maillet : « Uu oiseau, dit-il , qu'on nomme chapon de Pharaon ( et qu'on reconnoît pour l'ibis ) , suit pendant plus de cent lieues les caravanes qui vont à la Mecque, pour se repaître des voieries que la ciiravane laisse après elle; et en tout autre temps il ne paroît aucun de ces oiseaux sur cette route. » L'on doit donc penser que les ibis sui- virent ainsi le peuple hébreu dans sa course en Egypte ; et c'est ce fait que Josephe nous a transmis en le défigu- rant, et en attribuant à la prudence d'un chef merveilleux , ce qui u'éioit que l'effet de l'instinct de ces oiseaux ; et cette armée contre les Ethiopiens, et les cages de Papyrus, ne sont là que pour embellir la narration, et agrandir l'idée qu'on devoit avoir du génie d'un tel commandant. Il étoit défendu sous peine de la . ./-..i <'l explique l'fliîpoiMé pte par 2t qu'on pendant lies qui lepaîlre se après e paioît route. » bis sui- Jans sa iit que 3ëfigu- idence neioit îeaux ', piens , là que andir 3 d'uu de Ja I II D U C O U R L I s. Vie, aux Egyptiens, de tuer les ibis; et ce peuple, aussi triste que vain, fut inventeur de l'art lugubre des momies, par lequel il vouloit, pour ainsi dire, éterniser la mort malgré la nature bienfaisante, qui travaille sans cesse à en effacer les images ; et non seulement les Egyptiens employoient cet art des embaumemens pour conserver les ca- davres humains, mais ils préparoient avec autant de soin les corps de leurs animaux ^ ( rés. Plusieurs puits des momies, dans la plaine de Saccara,sap' pellent puits des oiseaux, parce qu'on n'y trouve en effet que des oiseaux em- baumes , et sur-tout des ibis renfermés dans de longs pots de terre cuite, dont l'orifice est bouché d'un ciment. Nous avons fait venir plusieurs de ces pots , et, après les avoir cassés, nous avons trouvé dans tous une espèce de poupée formée par les langes qui servent d'en- veloppes au corps de l'oiseau , dont la plus grande partie tombe en pussière ^% ■'«î'dflCïfWîSBBiS. t' '■ imn 112 HISTOIRE NATURELLE noire en développant son suaire : on y reconnoît néanmoins tous les os d'un oiseau, avec des plumes empâtées dans quelques morceaux qui restent solides. Ces débris nous ont indiqué la grandeur de l'oiseau , qui est à-peu-près égale à celle du courlis ; le bec , qui s'est trouvé conservé dans deux de ces momies , nous en a l'ait reconnoître, le genre : ce bec a l'épaisseur de celui dç la cigo- ji;ne, et, par sa courbure, il ressemble au bec du courlis, sans nu innoins en avoir les cannelures; et, comme la.çour- bure en est égale sur toute sa longueur, il paroît, par ces caractères, qu'on doit placer l'ibis entre les courlis. Hérodote avoit très-bien caractérisé l'ibis, en di- sant qu'il a le becfort arqué, et la jambe haute comme la grue ; il en dislingue deux espèces : « la première, dit-il, a le plumage tout noir; la seconde, qui se rencontre à cliaque pas, est toute l>lanche , a l'exception des plumes de l'itilc et de la queue, qui sont très- P 11^ ù IwJ^^M^g. '*"■ — ^ ,cîft.**. •^.*?»- *„fi— »— -*■ U V .E v^ 3 : on y os d'un les dans • solides. randeur égale à ^trouvé omies , nie : ce a cigo- vseinble oins en laçour- igueiir, on doit ^rodole en di- m jambe M uiugue il-il, a ^i qui- 1 ; toute 5 nés de i i très- 1 DU COURLIS. Il3 noires , et du dénuement de cou et de la tête qui ne sont couverts que de la peau. » Aristote, en distinguant, comme Hé- rodote, les deux espèces d'ibis, ajoute que la blanche est répandue dans toute l'Egypte , excepté vers Peluse, où l'on ne voit au contraire que des ibis noirs, qui ne se trouvent pas dans tout le reste du pays. Pline répète cette observation particulière; mais, du reste, tous les anciens, en distinguant les deux ibis par la couleur , semblent leur donner en commun tous les autres caractères, figure, habitudes, instinct, et leur do- micile de préférence en Egj^pte, à l'ex- clusion de toute autre contrée. On ne pouvoitmême, suivant l'opinion com- mune , les transporter hors de leur pays sans les voir consumés de regrets. Cet oiseau , si fidèle à sa terre natale, en étoit devenu l'emblème ; la figure de l'ibis, dans les hiéroglyphes, désigne presque toujours l'Egypte, et il est peu W A 1(* „.^f 'il ^^.4^ 114 HISTOIRE NATURELLE d'images ou de caractères qui soient plus répétés dans tous les monu:.iens. On voit ces figures d'ibis sur la j.lu- part des obélisques, sur la base de la statue du Nil, au Belvédère à Rome, de même qu'au jaïdin des Tuileries à Paris. Dans la médaille d'Adrien , où l'Egjpte paroît prosternée , l'ibis est à ses côtés; on a figuré cet oiseau avec l'éléphant , sur les médailles de Q. Ma- rins, pour désigner l'Egypte et la Ly- bie, théâtres de ses exploits, etc. D'après le respect populaire et très- ancien pour cet oiseau fameux, il n'est pas étonnant que son histoire ait été chargée de fables; on a dit que les ibis se fécondoient et eugendroient par le bec. Solin paroît ï.'en pas douter; mais Aristote se moque avec raison de cette idée de pureté virginale dans cet oiseau sacré. Pierius parle d'une mer- veille d'un genre bien opposé : il dit que 5 selon les anciens , le basilic nais- soit d'un œuf d'ibis , formé dans cet oi- ! « ';!' Ni»^. :m I. [ui soient onu:.iens. r la i^Iu- )ase de la à Rome, uileries à Irien, où l'ibis est 5eau avec e Q. Ma- 3t la Ly- etc. 3 et très- , il n'est î ait été que les )ient par douter; 'aison de dans cet le mer- il dit lie nais- s cet oi- DU COURLIS. ri5 seau des venins de tous lesserpens qu'il dévore ; ces mêmes anciens ont encore écrit que le crocodile et les serpens , touchés d'une plume d'ibis , demeu- roient immobiles comme par enchan- tement, et que souvent même ils mou- roient sur-le-champ. Z::roastre, Dé- mocrite et Philé ont avancé ces faits ; d'autes auteurs ont dit que la vie de cet oiseau divin étoit excessivement longue 5 les prêtres d'Hermopolis pré- tendoîent môme qu'il pouvoit être im- mortel ; et, pour le prouver, ils mon- trèrent à Appion un ibis si vieux , disoient - ils , qu'il ne pouvoit plus mourir. Ce n'est là qu'une partie des fictions enfantées dans la religieuse Egypte , au sujet de cet ibis ; la superstition porte tout à l'excès ; mais , si Ton con- sidère le motif de sagesse que put avoir le législateur en consacrant le culte des animaux utiles, on sentira qu'en Egypte il étoit fondé sur la nécessité il ' li. ^ ! 11%'*-^,^.. . .u-«_^. "iN-- ,yt^ :f^* I' - \ '': r I « I î.?^" Il6 niSTOlRE NATURELLE de conserver et de multiplier ceux qui pouvoient s'opposer aux espèces nui- sibles. Cicéron remarque judicieuse- ment que les Egyptiens n'eurent d'a- nimaux sacrés que ceux desquels il leur importoit que la vie fut respectée, à cause de la grande utilité qu'ils en tiroient; jugement sage et bien diffé- rent de celui de l'impétueux Juvénal, qui compte parmi les crimes de l'E- gypte sa vénération pour l'ibis , et d exclame contre ce culte, que !a supers- tition exagéra sans doute, mais que la sagesse dut maintenir; puisque telle est en général la foiblesse de l'homme , que les législateurs les plus profonds ont cru devoir en faire le fondement de leurs loix. En nous occupant maintenant de l'Histoire Naturelle, et des habitudes réelles de l'ibis, nous lui reconnoîtrons non - seulement un appétit véhément de la chair de serpent , mais encore uue forte antipathie contre tous les jfij.^ — 51 LE r ceux qui )èces mii- iidiciense- Lïrent d'a- esquels il respectée, qu'ils en ien diffd- Ju vénal, ?s de l'E- l'ibis , et !a supers- ais que k le telle est 'homme , profonds >ndement nant de labitudes inoîtrons éhémeiit s encore tous los i Dtr COURLIS. 117 reptiles : il leur fait la pln,^ cruelle guerre. Belon assure qu'il va toujours les tuant , quoic[ue rassasié. Diodore de Sicile dit que, jour et nuit, l'ibis se promène sur la rive des eaux , guettant les reptiles, cherchant leurs œufs, et détruisant en passant les scarabées et les sauterelles. Accoutumés au respect qu'on leur marquoit en Egypte, ces oiseaux venoient sans crainte au milieu des villes; Strabon rapporte qu'ils rem- plissoient les rues et les carrefours d'A- lexandrie, jusqu'à l'importunité et à l'incommodité, consommant à la vé- rité les immondices , mais attaquant aussi ce qu'on metloit en réserve , et souillant tout de leur fierté; inconvé- niens qui pouvoient en efïët choquer un Grec délicat et poli , mais que des Egyptiens , grossièrement religieux , soufFroient avec plaisir. Ces oiseaux posent leur nid sur les palmiers, et le placent dans l'épaisseur des feuilles piquantes pour le mettre I n- • t T' ï 1 8 HISTOIRE N A T U R Y L 1. K à l'abri de l'assaut des chats leurs ennp- niis. Il paroît que la ponte est de quatre œufs, c'est du moins ce que l'on peut inférer de l'explication de la table Isia- que par Pignorius ; il est dit que l'ibis marque sa ponte par les mêmes nom- bres que la lune marque ses temps , ad lunœ rationem ovajingit; ce qui ne paroit pouvoir s'entendre autrement qu'en disant, avec le docteur Siiaw, que l'ibis fait autant d'œufs qu'il y a de phases de la lune, c'est-à-dire quatre. iElien , expliquant pourquoi cet oiseau est consacré à la lune , indi- que la durée de l'incubation , en disant qu'il met autant de jours à faire éclore ses petits que l'astre d'Isis en met à parcourir le cercle de ses phases. Pline et Galien attribuent à l'ibis l'invention du clislère , comme celle de la saignée à l'hippopotame; et ce ne sont point , ajoute le premier, les seules cho- ses où l'homme ne fut que le disciple de l'industrie des animaux. Selon Plutar- à I |.i-*v *> «s*»»- —..»*-- ■^ t ' ^*«-« ■»,,,*-*.. ' L 1. 1: ursennp- dequaJre ion peut »ble Isia- îue l'ibis les nom- temps , e qui ne Hrement r Sliaw, qu'il y -à- dire pourquoi ^e, indi- n disant B ëclore 1 met à à l'ibis îelle de ne sont es cho- iple de Piutar- ÏA n'y O U C 0 U R L l s. l I f) qne, l'ibis ne se sert pour cela que d'eau salée; et M. Perrault, dans sa descrip- tion anatomique de cet oiseau, prétend avoir remarqué le trou du bec par le- quel l'eau peut être lancée. Nous avons dit que les anciens dis- tinguoient deux espèces d'ibis, l'une blanche et l'autre noire ; nous n'avons vu que la blanche , et nous l'avons fait représenter; à l'égard de Tibis noir, quoique M. Perrault prétende qu'il a été rapporté en Europe plus souvent que l'ibis blanc, cependant aucun na- turaliste ne Yc vu depuis Belon , et nous n'en savons que ce qu'en a dit cet observateur. LIBIS BLANC. Cet oiseau est un peu plus grand que le courlis , et l'est un peu moins que la cigogne : sa longueur, de la pointe du bec au bout des ongles, est d'environ trois pieds et demi : Hérodote en donne •"«««;-"--?i^S^-^ptï.*i5sis».^ .-*s%. ^mtj^' "^ ^i :' ? 1 I20 lus TOI HE NATUREL /.F. la descriplion , en disant que cet oiseau a les jambes haules et nues; la face e^ le front également dénués depliiines; le bec arqué , les pennes de la queue et des ailes noires, et le reste du pliunage blanc. Nous ajouterons à ces caractè- res quelques autres traits dont Héro- dote n'a pas Diit mention : le bec est arrondi et terminé en pointe mousse; le cou est d'une irrosseur é^ale dans toute sa longueur, et il n'est pas garni de plumes pendantes comme le cou de la cigogne. M. Perrault, ayant décrit et disséqué un de ces oiseaux qui avoil vécu à la ménagerie de Versailles, eu fît la com- paraison avec la cigogne, et il trouva que celle-ci étoit plus grande, mais ({ue l'ibis avoit h proportion le bec et les pieds plus longs 5 dans la cigogne les pieds u'avoient que quatre parties de la longueur totale de l'oiseau, et dans , l'ibis ils en avoient cinq , et il observa la même différence propor- 1 ..m - ,4. H oiseau 1 face et pli'uies; cjueueet )liiinage cnractè- t Héro- bec est noiisse ; le dans is garni cou de isséqué eu à la a com- trouva , mais bec et igogne parties u , et et il 'opor- DU cornus. 121 tionnelle entre leurs becs et leurs cous; les ailes lui parurent fort grandes ; les pennes en éloient noires, et, du reste, tout le plnniniie ëloll d'un blanc un peu roussâlre, et n'e^toit diversifié que par quelques taches pourprées et rougea- tres sous les ailes : le haut de la tête. Je tour des veux et le dessous de la gorge éloienl dénués de plumes , et cou- verts d'une peau rouge et ridée; le bec à la racine éloit gros, arrondi ; il avoit un pouce et demi de diamètre, et il étoit courbé dans toute sa longueur; il éloit d'un jaune clair à l'origine, et d'un orangé foncé vers l'extrémité ; les côtés de ce bec sont trancha ns et assez durs pour coupe»' les serpens, et c'est probablement de cette manière que cet oiseau les détruit : car son bec, ayant la pointe mousse et comme tronquée , ne les perceroit que diffici- lement. Le bas des jambes étoit rouge , et celle partie, i\ laquelle Belon ne donna y i h ,.•*,-<■■ if+^NMia^j^---' dont la membrane interne est rude et ridée ; on a vu plus d'une fois ces conformations disparates dans l'organisation des oiseaux : par exem- ple , on a remarqué dans le casoar , qui ne mange point de chair, un ven- tricule membraneux comme celui de l'aigle. M, Perrault trouva aux intestins quatre pieds huit pouces de longueur ; 1 :M •'■^■■•»- *. >V" F'-^v* «.-^v- L r i-; lis sa da it plus de 'ile étoit, mie d'é- s qui re- ►upées en pointus , imens de : côeés Je ou voient ^es deux t grani- ' espèce interne s d'une es dans exem- îasoar , n ven- îini de testins :ueur; .« ^j? DU COURLIS. 12Ô .•>)' le cœur étoit méJiocre , et non pas excessivement grand , comme l'a pré- tendu Mérula; la langue, très-courte, cachée au fond du bec , n'étoit qu'un petit cartilage recouvert d'une mem- brane charnue , ce qui a fait croire à Solin que cet oiseau n'avoit point de langue 5 le globe de l'œil étoit petit , n'ayant que six lignes de diamètre. « Cet ibis blanc , dit M. Perrault , et un autre qu'on nourrissoit encore à la ménagerie de Versailles, et qui avoient tous deux été apportés d'Egypte , étoient les seuls oiseaux de cette espèce que l'on eût jamais vus en France. » Selon lui, toutes les descriptions des auteurs modernes n'ont été prises que sur celles des anciens. Celte remarque me paroît assez juste, car Belon n'a ni décrit ni même reconnu l'ibis blanc en Egypte; ce qui ne seroit pas vrai- sembabie, si l'on ne supposoit pas qu'il l'a pris pour une cigogne : mais cet ulxservaleur est, à son tour, le seul des M^ ^] '■'}■*■*.. .— .„. . ]'i I j 124 HISTOIRE NATURELLE modernes qui nous ait dépeint l'ibis noir. L'IBIS NOIR. Cet oiseau , dit Belon , est un peu moins gros qu'un courlis; il est donc moins grand que l'ibis blanc, et il doit être aussi moins haut de jambes; ce- pendant nous avons remarqué que les anciens ont dit les deux ibis semblables en tout, à la couleur près; celui-ci est entièrenaent noir, et Belon semble in- diquer qu'il a le front et la face en peau nue , en disant que sa tête est faite coamie celle d'un cormoran; néan- moins Hérodote, qui paroît avoir voulu rendre ses deux descriptions très-exac- tes, ne donne point à l'ibis noir ce caractère de la tête et du cou dénués de plumes : quoi qu'il en soit , tout ce qu'on a dit des autres caractères et des habitudes de ces deux oiseaux leur a également été attribué en commun, sans exception ni diticrence. ni cl te CM ■ »^.* - -->' ' ;ll£ îint l'ibis l. t un peu est donc et il doit ibes^ ce- 5 que les tnblabies îlui-ci est mbJe in- face en tête est /îynéan- ir voulu îs-exac- loir ce dënués tout ce et des leur a limiin , DU COURLIS. 125 \ * 1 F»", \ LE COURLIS ROUGE. Les terres basses et les plages de vase qui avoisinent les mers et les grands fleuves de l'Amérique méri- nionale, sont peuplées de plusieurs espèces de courlis ; la plus belle de ces espèces, et la plus commune à la Guiane , est celle du courlis rouge ; tout son plumage est écarlate, à l'ex- ception de la pointe des premières pennes de .'''»^'e qui est noire ; les pieds, la partie n»r ^ 's jambes et le bec sont rougesourougeâtres, ainsi que la peau nue qui couvre le devant de la tête , depuis l'origine du bec jusqu'au-delà des yeux ; ce courlis est aussi grand , mais un peu moins gros que le courlis d'Europe ; ses jambes sont plus hautes , et son bec plus long est aussi plus ro- buste , et beaucoup plus épais vers la tète 5 le plumage de la femelle est d'un rouge moins vif que celui du mâle ; mais l'un et l'autre ne prennent qu'avec Oiseaux. VIN. 12 . .■,..é..^,^tjà.i..^»^.^.. ¥ m^j 126 HISTOIRE NATURELLE râgv^ cette belle couleur; leurs petits naisseul couverts d'un duvet noirâtre; ils deviennent ensuite cendrés , puis blancs lorsqu'ils commencent à voler, et ce n'est que dans la seconde ou la troisième atuiée que ce beau rouge pa- roit par nuances successives, et prend plus d'éclat à mesure qu'ils avancent en âge. Ces oiseaux se tiennent en troupes, soit en volant, soit en se posant sur les arbres, où, pir leur nombre et leur couleur de feu, ils offrent le plus beau coup -d œil; leur vol est soutenu et même assez rapide , mais ils ne se met- tent en mouvement que le matin et le soir ; par la chaleur du jour ils entrent dans les criques , et s'y tiennent au frais sous les palétuviers, jusque vers les trois ou quatre heures qu'ils retour- nent sur les vases, d'où ils reviennent aux criques pour passer la mit. On ne voit guère un de ces courlis seul , ou si quelqu'un s'est détaché de la troupe, '■^^if-"-^ '•■Ty *iP»M'->-— :/ :lle îurs petits t noirâtre; lœs, puis it à voler, ide ou la l'oiige pa- . et prend avancent troupes , ni sur les le et leur plus beau 3utenu et ^e se met- atin et le s entrent nnent au (jue vers s retour- v'.ennent it. On ne ni, ou si troupe, i\ J COUR L I s. h 12' il ne tarde pns à la reiomare ; mais attroupemens sont distingués par âges, et les vieux tiennent assez constam- ment leurs bandes sëpa'ces de celles des jeunes. Les couvées commencent en janvier et finissent en mai; ils dé- posent leurs œufs sur les grandes herbes qui croissent sur les palétuviers, ou dans les broussailles sur quelques bû- chettes rassemblées, et ces œufs sont verdâlres; on prend aisément les petits à la main , lors même que la mère les conduit à terre pour chercher les in- sectes et les petits crabes, dont ils font leur première nourriture ; ils ne sont point farouches et s'habituent aisé- ment à vivre à la maison. « J'en ai élevé un, dit M. de la Borde, que j'ai gardé pendant plus de deux ans ; il prencit de ma main ses aiimens avec beaucoup de familiarité, et ne man- quoit jamais l'heuie du déjeiuié ni du dîner; il mangeoit du pain, de la viande crue, cuite o\\ salée, du poisson, tout 'V Vt r 1 m i.v| I |- IIi8 HISTOIRE NATURELLE raccommodoit ; il donnoit cependant la préférence aux entrailles de pois- sons et de volailles, et pour les recueillir il avoit soin de fair« souvent un tour à la cuisine ; hors de là il étoit conti- nuellement occupé autour de la maison à chercher des vers de terre, ou dans un jardin à suivre le labour du nègre jardinier; le soir, il se retiroit de lui- même dans un poulailler où couchoient une centaine de volailles ; il se juchoit sur la plus haute barre , chassoit à r;rands coups de bec toutes les poules qui vouloient s'y placer , et s'amusoit souvent pendant ia nuit à les inquiéter : il s'éveilloit du grand matin , et com- mençoit par faire trois ou quatre tours au vol autour de la maison ', quel([ue- fois il alloit jusqu'au bord de la mer, mais sans s'y arrêter. Je ne lui ai en- tendu d'autre cri qu'un petit croasse- ment qui paroissoit une expression de peur à la vue d'un chien ou d'un autre animal ; il avoit pour les chats beau- ar-^i^^: ^. .^ ■**»-^r '^"^'»'« ,f,: DU CO UR Ll S. • l3l mant indifféremment h tous les courlis. C'est aussi sans fondement que le voya- geur Gauche rapporte au courlis rouge du Brésil son courlis violet de Mada- gascar , « moins qu'il n'ait entendu faire seulement comparaison de figure entre ces deux oiseaux , car la couleur vio- lette qu'il attribue au sien est bien difl'érente du brillant écarlale de notre courlis rouge : tout ce que nous pou- vons inférer de sa notice , c'est qu'il se trouve à Madagascar une espèce de courlis à plumage violet , qa'aucune autre relatio'i ne nous fait d'ailleurs connoître. LE COURLIS BLANC. On pourroit prendre ce courlis pour le courlis rouge portant encore sa pre- mière couleur^ maisCatesby, quia connu l'un et l'autre, donne celui-ci comme étant d'espèce différente 5 il est en effet un peu plus grand que le cour- i •;^2 HISTOIR. N,VTt;RUCLE '"rouge; il a les pieds, le bec Ip, deayeux elle devant de rtéei-"' -uge-pâle ;.out le plumage Se" i exception desquatro «n» •< ' * nés de Vaile, qu?"omV "'"' P""' à leur extrémSé A' "" ''««-"bscu.- à Ifl r ,. '""®- Ces oiseaux arrivent à la Carohne en grand nombre lll rent environ si/ seZia^" i^T"' roissent ensuite jusquïr^n^ Pa- vante; apparemiëriV'ett"" "crdfreff--?^^^^^^ de la rf,-*®'^P*«''a'« leur départ ae la UroJme: elles np ^.«i "''H'"' des mâles par les couîeu"! et^t.''"?'" ont la chair et la graisLV. "''^"^ du safran. ^ ''""^ '=«n>me rt DU COUHLIS. lOi) f LE COURLIS BRUN A FRONT ROUGE. Ces courlis bruns arrivent à la Ca- roline avec les courlis blancs de l'espèce précédente , et mêlés dans leurs bandes; ils sont de même grandeur , mais en plus petit nombre ^y ayant bien, dit Ca- tesbj, vingt courlis blancs pour un brun. Ceux-ci sont en effet tout bruns sur le dos, les ailes et la queue, et sont d'un gris-brun sur la tête et le cou , et tout blancs sur le croupion et le ventre ; ils ont le devant de la tête dégarni de plumes, et couvert d'une peau d'un rouge-pâle ; le bec et les pieds sont de celle même couleur. Ils ont, comme les courlis blancs, lacbair et la graisse jaune : ces deux espèces d'oiseaux ar- rivent et repartent ensemble 5 ils pas- sent en hiver de la Caroline à des con^ trées plus méridionales , comme ' à la G uiane , où ils sont nommés flammants gris. 'A, 1 i 1 l34 HISTOIRE N.iTURELLE LE COURLIS DES BOIS. Cet oiseau, que les colons de Cayenne ont appelé Jlammant des bois, vit en effet dans les forêts le long des ruis- seaux et des rivières, et il se tient loin des côtes de la mer que les autres cour- lis ne quittent guère; il a aussi des mœurs difTérenles, et ne va point en troupes, mais seulement accompagné de sa femelle 5 il se pose , pour pêcher, sur les bois qui flottent dans l'eau ; il n'est pas plus grand que le courlis vert d'Europe; mais son cri est beaucoup plus fort; tout son plumage porte une teinte de vert très-foncé , sur un fond brun sombre , qui de loin paroit noir , et qui de près offre de riches reflets bleuâtres ou verdâtres; les ailes et le Jmut du cou ont la couleur et l'éclat de l'acier poli ; on voit des reflets bron- zés sur le dos, et d'un lustre pourpré sur le ventre et le bas du cou; les joues sont dénuées de plumes. '*. iS DU COURLIS. lÛJ 's, vit en des mis- tien t loiti res coiir- aussi des point en 3inpagné 'pêcher, i'ean ; il irlis vert •eaucoup »orte une un fond )ît noir, s reflets !es et Je t 1 éclat ts bron- pourpré es joues L* A C A L O T. Nous abrégeons ainsi le nom d'aca- calotl que porte le courlis au Mexique, où il est indigène j il a , comme la plu- part des autres , le front dénué de plumes et couvert d'une peau rongeâ- tre; son bec est bleu ; le cou et le der- rière de la tête sont revêtus de plumes brunes , mêlées de blanc et de vert , ses ailes brillent de reflets verts et pour- pres j et c'est apparemment d'après ces caractères que M. Brisson a cru devoir l'appeler courly varie } mais il est aisé de voir par le nom de corbeau aquati- que , que lui donnent demandez et Nieremberg; que ces couleurs portent sur un fond sombre et approchant du noir. LE GRAND COURLIS DE CAYENNE. Il est plus gros que le courlis d'Eu- rope , et il nous a paru le plus grand ;in-l l36 HISTOIRE NATURELLE des courlis ; il a tout le manteau , les grandes pennes de l'aile et le devant du corps d'un brun onde de gris et lus- tré de vert ; le cou est blanc-roussâtre, elles grandes couvertures de l'aile sont blanches. Cette description suffit pour le distinguer de tous les autres courlis. LE COURICACA. Cet oiseau, naturel à la Guiane,au Brésil et à quelques contrées de l'Amé- rique septentrionale où il voyage , est aussi grand que la cigogne, mais il a Je corps plus mince , plus élancé , et il n'atteint à la hauteur de la cigogne que par la longueur de son cou et de ses jambes , qui sont plus grandes à pro- portion ; il en diffère aussi par le bec , qui est droit sur les trois quarts de s:t longueur , mais courbé à la pointe , très- fort, très -épais, saus rainures, uni dans sa rondeur, et allant en se grossissant près de la tête, où il a six à sept pouces de tour sur près de huit de -*LL3».««o««tt- ^■r r< j», •■\, DU COURLIS. lô' longueur ; ce j^ros et long bec est de substance très -dure, et tranchant par les bords; l'occiput et le liant du c ou sont couverts de petites plumes bru- nes, rudes fuoKfu e P «llil ees les peiuies de l'aile et de la queue sont noires , avec quelques rellets bleuâtres et rou- itn est tout le reste du plumage blanc ; le front est chauve , et n'est couvert, comme le tour des3'eux, que d'une peau d'un bleu obscur ; la goige, tout autisi dénuée de plumes, et revêtue d'une peau susceptible de s'enfler et s'étendre. Calesby nous apprend qu'il arrive tons les ans de nombreuses volées de couricacas à la Caroline , vers la fin de l'été , temps au(|uel les grandes pluies tombent dans ce pays; ils fréquentent les savanes nojées par ces pluies ; ils se posent en grand nombre sur les plus hauts cyprès ; ils s'y tiennent dans une attitude fort droite, et, pour suppor- ter leur bec pesant, ils le reposent sur Oiseaux. XVX. i3 \i^ I i .V ■W m l38 HISTOIRE NATURELLE leur cou replié : ils s'en retournent avant le mois de novembre. Catesby ajoute qu'ils sont oiseaux stupides, qui ne s'épouvantent point , et qu'on les tire à son aise 5 que leur chair est très- bonne à manger 5 quoiqu'ils ne se nour- rissent que de poissons et d'animaux aquatiques. Espèces connues dans ce genre. Le Couricaca , tantalus Locuiator, Le Courlis d'Iialie, tantalus Falcinelîus, Le Courlis à tête nue , tantalus Calvus, Le Courlis brun de Luçon , tantalus Ma- nillensis. Le Courlis huppé, tantalus Cristatus, L*Ibis noir, tantalus Niger, L'Ibis blanc , tantalus Ibis, Le Courlis rouge , tantalus Ruhcr. Le Courlis blanc , tantalus u4hus. Le Courlis brun à front rouge , tantalus Fuse us. Le Courlis àe& bois , tantalus Cajennensis, L*Acalot, tantalus Blexicanus, Le grand Courlis de Cayenne , tantalus ^llicollis. Le Courlis gris , tantalus Griseus, iJi,aw;«9Mfc:3«--«rï*i:--^-«*- ^^^yt ■ '-rf.-^-^TM;- ^'^ ■"•■w^nw ELLE retournent 5. Catesby ipides, qui qu'on les ir est très- lesenour- danimaux e genre. •or, 'cinellus , italus Ma- tât us» T. 'US, y tantahis yennensis, I tantahis fi il m. "^^i^— "W— ^^— ^ ^^mt TiU/.258. Tom . ^11. |.. a LA GUrE i.IAI>KMOrSI.[J,Km<: NUMIDTK fom f7ff. •*^*S:^A-^-, L'M 11)11. .*; ^Ifû Ki'fla|j|.ji 1 if^l^ ml^ j 1 î DU HERON. i I .)() X L V I« G E N R E. LE HERON, ARDEA. (Pieds à quatre doigts.) Caractère générique : bec droit, asiîez pointu. L A G R U E. De tous les oiseaux voyageurs, c'est Ja grue qui entreprend et exécute les courses les plus lointaines et les plus hardies. Originaire du nord, elle visite jes régions tempérées, et s'avance dans celles du midi. On la voit en Suède, en Ecosse, aux îles Orcades, dans la Podolie, la Volhinie, laLithuanie, et dans toute l'Europe septentrionale. En \ \ -•* ,'**»>«£ f~ —^ l40 IIISTOIHE NATURELLE automne, elle vient s'abattre sur nos plaines marécageuses et nos terres en- semencées, puis elle se hâte de passer dans des climats plus méridionaux, d'où revenant avec le printemps, on la re- voit s'enfoncer de nouveau dans le nord , et parcourir ainsi un cercle de voyages avec le cercle des saisons. Fiappés de ces continuelles migra- tions , les anciens l'appeloient égale- ment l'oiseau de Lybie et l'oiseau de Scythie, la voyant tour - \ - tour arri- ver de l'une et de l'autre de ces extré- mités du monde alors connu. Héro- dote, aussi bien qu'Aristote, place en Scythie l'été des grues; cest en effet de ces régions que partoient celles qui s'arrêtoient dans la Grèce. La Thes- salie est appelée dans Platon le pâturage des grues ; elles s'y abattoient en trou- pes , et couvroient aussi les îles Cicla- des. Pour marquer la saison de leur passage : Leur voix, dit H'^siode, an- nonce du haut des airs au laboureur le DU HÉ R ON. 141 temps d'ouvrir la terre. L'Inde et l'E- lliiopie étoient des régions désignées pour leur route au midi. Strabon dit que les Indiens man- gent les cRufs des grues ; Hérodote , que les Egyptiens couvrent de leurs peaux des boucliers , et c'est aux sources du Nil que les anciens les envoyoient com- battre les Pygniées , sorte de petits hom- mes, dit Aristote, montés sur de petits chc* vaux, etquihabitent des cavernes. Pline arme ces petits hommes detlèches5 il les fait povier par des béliers, et descendre au printemps des montagnes de l'Inde , où ils habitent sous un ciel pur, pour venir vers la mer orientale, soutenir, trois mois durant , la guerre contre lei grues, briser leurs œufs, enlever leurs petits, sans quoi, dit-il, ils ne pourraient résister aux troupes toujours plus nom- breuses de ces oiseaux , qui même fini- rent par les accabler , à ce que pense Pline lui-même , puisque , parcourant des villes maialeiiant désertes ou rui- • • ^y^ 1^2. HISTOIRE N A r U R E I. L E nées , et que d'anciens peuples habi- tèrent, il compte celle de Ge'rania, où vivait uui.e/iUi la race des Pygme'es , qucu croit eu avoir été chassés par les grues. Ces fables anciennes sont absurdes , dira-t-on , et j'en cor "r^as; mais ac- coutumés à trouver dans ces fables des variétés cachées , et des faits qu'on n'a pu mieux connoître , nous devons être sobres à porter ce jugement trop facile à la vanité , et trop naturel à l'igno- rance ; nous aimons mieux croire que quelques particularités singulières dans Ihistoire de ces oiseaux donnèrent lieu à une opinion si répandue dans une antiquité , qu'après avoir si sou- vent taxée de mensonges , nos nouvel- les découvertes nous ont forcés de re- connoître instruite avant nous. On sait que les singes, qui vc^nt en grandes trou- pes dans la plupart dej régions de l'A- mérique et de rinde, font ii:ie guerre continuelle aux oiseaux 5 ils cherchent f v,Cii f A C DU HÉRON. 140 à surprendre leur nichée , et ne ces- sent de leur dresser des embûches. Les grues, à leur arrivée, trouvent ces en- nemis, peut-être rassemblés en grand nombre pour attaquer celte nouvelle et riche proie avec plus d'avantage; les grues assez sûres de leurs propres forces , exercées même entre elles aux combats , naturellement assez dispo- sées à la lutte , comme il naroît par les attitudes où elles se jouent, les mou- vemens qu'elles affeclent, et à l'ordre des batailles, par celui même de leur vol et de leurs départs , se défendent vive- Tnent j mais les singes , acharnés à en- .1 =/er ieu à œufs et leurs petits, re- viennent sans cesse et en troupes au coiiiijat ; et , comme par leurs stratagè- mes , le 11 ^ mines et leurs postures, ils semblent imiler les actions humaines, ils parurent être eu troupes de petits hommes à des gens peu instruits , ou qui n'apperçurent que de loin, ou qui, emportés par l'amour, de l'extraordi- 1 » •' il u m %■•■> ;U 144 IIISTOIRK NATURELLE naire, préférèrent de mettre ce merveil- leux dans leurs relations. Voilà l'ori- gine et l'histoire de ces fables. Les grues portent leur vol très-haut, et se melient en ordre pour voyager; elles forment un triangle à -peu -près isocèle , comme pour fendre l'air plus aisément. Quand le vent se renforce et menace de les rompre, elles se resser- rent en cercle, ce qu'elles font aussi quand l'aigle les attaque. Leur passage se fait le plus souvent dans la nuit, mais leur voix éclatante avertit de leur marche; dans ce vol de nuit, le chef fait entendre fréquemment une voix de réclame , pour avertir de la route qu'il tient ; elle est répétée par la troupe , où chacun répond , comme pour faire connoître qu'elle suit et garde sa ligne. Le vol de la grue est toujours sou- tenu , quoique marqué par diverses in- flexions; ses vols différens ont été ob- servés comme des présages des change- î i LE lerveil- a 1 on- s-haiu, )yager,- u - près lir plus brce et resser- t aussi passage nuit , rtit de uit, Je it une ' de la ée par omme t garde 'S sou- ses in- ié ob- lange- DU HÉRON. i4j mens du ciel et de la tempéraure 5 sagacité que l'on peut bien accorder à un oiseau, qui, par la hauteur où il s'élève dans la région de l'air, est eu élat d'en découvrir ou sentir de plus loin que nous les mouvemens et les al- térations. Les cris dos grues dans le jour indiquent la pluie; des clameurs plus bruyanîes, et comme tumultueu- ses, annoncer.t la tempête; si le malin ou le soir on les voit s'élever et voler paisiblement en troupe , c'est un in- dice de sérénité; au contraire, si elles pressentent l'orage, elles baissent leur vol et s'abattent en terre. La grue a, comme tous les grands oiseaux , ex- cepté ceux de proie, quelque peine à prendre son essor. Elle couit quelques pas, ouvre les ailes, s'élève peu d'a- bord, jusqu'à ce qu'étendant son vol, elle déploie une aile puissante et ra- pide. A terre , les grues rassemblées éta- blissent une garde pendant la nuit, et . "; u r'fc'i 146 HISTOIRE NATURKLLE la circonspection de ces oiseaux a été consacrée dans les hiéroglyphes com- me le symbole de la vigilance : la troupe dort la tête cachée sous l'aile, mais le chef veille la tête haute 5 et, si quelque objet le frappe , il en avertit par un cri : c'est pour le départ, dit Pline, qu elles choisissent ce chef ; mais, sans imaginer un pouvoir reçu ou donné , comme dans les sociétés humaines , on ne peut re- fuser à ces animaux l'intelligence so- ciale de se rassembler, de suivie celui qui appelle, qui précède, qui dirige pour faire le départ, le voyage, le retour, dans tqut cet ordre qu'un admirable instinct leur fait suivre : aussi Aristole place-t-il la grue à la télé des oiseaux qui s'attroupent et se plaisent rassem- blés. Les premiers froids de l'aulomme avertissent les grues de la révolution de la saison 5 elles partent alors pour changer de ciel. Celles du Danube et de l'Allemagne passent sur l'Italie. '■■> ■ ri \ troupe mais le [uelque un cri : qu'elles naginer ne dans leut re- née so- re celui ge pour retour, nirable ^ristole oiseaux rassem- tomme olution rs poui- lube et l'Italie. à.. ifh DU HERON. 147 Dans nos provinces de France elles pa- roissent au mois de septembre et d'oc- tobre et jusqu'en novembre, lorsque Je temps de l'arrière-automne est doux ; mais la plupart ne font que passer ra- pidement, et ne s'arrêtent point; elles reviennent au premier printemps, en mars et avril. Quelques-unes s'égarent ou hâtent leur retour ; car Rédi en a vu le 20 de février aux environs de Pise. Il paroît qu'elles passoient jadis tout l'été en Angleterre, puisque du temps de Ray, c'est-à-dire au commence- ment de ce siècle, on les trouvoit par grandes troupes dans les terreins ma- récageux des provinces de Lincoln et de Cambridge; mais aujourd'hui les au- teurs de la Zoologie Britannique di- sent que ces oiseaux ne fréquentent que fort peu l'île de la Grande Breta- gne , où cependant l'on se souvient de les avoir vu nicher : tellement qu'il y avoit une amende prononcée contre qui briseroit leurs œufs, et qu'on voyoit -'Ni' aa»#i»8?^ t 4 r i ! . I 148 HISTOIRE NATURELLE communc^ment, suivant Timier, de pe- tits gruaux dans les marchés^ leur chair est en efi'et une viande délicate dont les Romains fâisoient giand cas. Mais je ne sais si ce lait , avancé par }es auteurs de la Zoologie Britannique , n'est pas suspect ; car on ne voit pas quelle est la cause qui a pu éloigner les grues de l'Angleterre: ils auroient au moins du indiquer et nous apprendre si l'on a desséché les marais des contrées de Cambridge et de Lincoln 5 car ce n'est point une diminution dans l'espèce , puisque les grues paroissent toujours aussi nombreuses en Suède , où Lin- nccus dit qu'on les voit par-tout dans les campagnes humides. C'est en effet dans les terres du nord, autour des ma- rais, que la plupart vont })oser leurs nids d'autre côté, Strabon assure que les grues ne nichent que dans les ré- gions (le l'Inde j ce qui prouveroit <|u elles l'ont deux nichées, et dans les deux climats opposés. Les grues ne pon- LLE 3r,de pe- eur chair 3 dont ies Mais je ?s auteurs u'est pas [uelle est grues de moins du si l'on a ilr^es de r ce n'est l'espèce , toujours où Liu- out dans en effet r des ma- ie r leurs sure que les ré- ouveroit dans les s lie pon- D U HERON. i^g dent que deux œufs ; les petits sont à peine élevés , qu'arrive le temps du départ, et leurs premières forces sont employées à suivre et à accompagner leurs pères et mères dans leurs voyages. On prend la grue au lacet, à la pas- sée, l'on en fait aussi le vol à l'aigle et &u faucon. Dans certains cantons de la Pologne, les grues sont si nombreuses, que les paysans sont obligés de se bâtir des huttes au milieu de leurs champs de blé-sarrasin pour les en écarter. En Perse, où elles sont aussi très-commu- nes, la chasse en est réservée aux plai- sirs du prince j il en est de même au Japon , où ce privilège _, joint à des rai- sons superstilieuses, fait que le peuple a pour les grues le plus grand respect; on en a vu de privées, et qui, nour- ries dans l'état domestique ; ont reçi: quelque éducation , et , comme leur ins- tinct les porte naturellement à se jouer par divers sauts, puis à marcher avec une affectation de gravité, on peui ies Oiseaux. VIII. 14 ■jiasSSiM '^ l5o HISTOIRE NATURELLE dresser à des postures et à des danses. Nous ayops dit que les oiseaux ayant le tissu des os moius serré que les ani- maux quadrupèdes vivoient à propor- tion plus ipngrtemps : la grue nous en^ fournit un exemple ; plusieurs auleurs ont fait mention de sa longue vie. La grue du pliilpsopheXepJiiçu5 Thon}ceus dans P^ul Jpve est fameuse 5 il la nour- rit pendant quarante ans, et l'on dit qu'ils moururent ensemble^. Quoique la grue soit granivore comme la conformation d^ son ven- tricule paroît l'indiquer, et qu'elle n'ar- rive ordinairement sur les terres qu'après qu'ellçi^ sont ensemencées , pour, y chercher les grains que la herse n'a pas cpftY,e''t3 , elle préfère néan- moins, leis ins^tes, les vers, les petits reptilçsi, e^ c'e&i par cette maison qu'elle fréqjLientjs les terres marécageuses dont elle tire, la plus grande partie de sa subsistance. .. , lia membrane qui, dans la cigogne, m ,> ! danses. X ayant les ani- propor- noLis eu auteurs viç. La omœus a nour- l'on dit anivore )n ven- le n'ar- terres încées , la herse î iiéan- s petits qu'elle ies dout B de sa igogne, D U H ÉR 0 N. lOI engage les trois doigts , n'en lie que deux dans la grue, celui du milieu avec l'extérieur. La trachée - artère est d'une conformation très-remarquable; car, perçant le sternum, elle y entre profondément, forme plusieurs noeuds, et en ressort par la même ouverture pour aller aux poumons; c'est aux cir- convolutions de cet organe et au reten- tissemerit qui s'y fait qu'on doit attri- buer la voix forte de cet oiseau ; son ventricule est musculeux, il j a dou- ble cœcum , et c'est en quoi la grue diffère à l'intérieur dés hérons , qui n'ont qu'un cœcum , comme elle en est à l'extérieur très - distinguée par sa grandeur, par le bec plus court, la taille plus fournie , et par toute l'ha- bitude du corps et la couleur du plu- mage; ses ailes sont très-grandes, gar- nies de forts muscles et ont vingt-qua- tre pennes. Le port de la grue est droit et sa figure est élancée ; tout le chamj) de ^ 11 m ^1 .( w l52 HISTOIRE NATURELIE son plumage est d'un beau cendré- clair , onde , excepté les pointes des ailes et la coiffure de la tête^ les gran- des pennes de l'aile sont noires , les plus près du corps s'étendent , quand l'aile est pliée, au-delà de la queue, les moyennes et grandes couvertures sont d'un cendré assez clair du côté exté- rieur, et noir au côté intérieur aussi bien qu'à la pointe ; de dessous ces der- nières et les plus près du corps sortenf: et se relèvent de larges plumes à filets, qui se troussent en panache , retom- bent avec grâce, et, par leur flexibi- lité, leur position, leur tissu, ressem- blent à ces mêmes plumes dans l'au- truche; le bec, depuis sa pointe jus- qu'aux angles, a quatre pouces; il est droit, pointu, comprimé par les cô- tés; sa couleur est d'un noir- verdâtre blanchissant à la pointe; la langue, large et courte, est dure et cornée à son extré- mité; le devant des yeux, le front et le crâne, sont couverts d'une peau char- I LE cendrë- tes des s gran- es, les quand ue, les es sont exté- r aussi 2es der- sortent à filets, retom- lexibi- essem- is l'au- Jte jus- } il est les cô- erdâtre e, large lextré- Vont et uchar- DUHÉRON. i53 gée de poils noirs assez rares pour la laisser voir comme à nu. Celle peau est rouge dans l'animal vivant , diffé- rence que Belon établit entre le mâle et la femelle, dans laquelle cette peau n'est pas rouge ; une portion de plumes d'un cendré très -foncé couvre le der- rière de la télé et s élend un peu sur le cou 5 les tempes sont blanches , et ce blanc, se portant sur le haut du cou , descend à trois ou quatre pouces; les joues , depuis le bec et au-dessous des jeux, ainsi que la gorge et une partie du devant du cou , sont d'un cendré- noirâtre. Il se trouve parfois des grues blan- ches ; Longotius et d'autres disent en avoir vu ; ce ne sont que des variétés dans l'espèce , qui admet aussi des dif- férences très - considérables pour la grandeur. M. Brisson ne donne que trois pieds un pouce à sa grue, mesu- rée de la pointe du bec à celle de la queue , et trois pieds neuf pouces , • • t i [ l'*i i;)4 HISTOrRE NATURE LLL-: prise du bout des ongles ; il n'a donc décrit Wil- qu une très - petite grue, lulghby compte cinq pieds anglais, ce qui fuit à-peu-près quatre pieds iiuit pouces de longueur, et il dit qu'il pèse jusqu'à dix livres , sur quoi les orni- thologistes sont d'accord avec lui. Au Cabinet du roi , un individu , pris à la vérité entre les plus grands , a quatre pieds deux pouces de hauteur verti- cale en attitude, ce qui fet-bit un dé- veloppement, ou le corps étendu de l'extrémité du bec à celle des doigts , plus de cinq pieds ; la partie nue des jambes a quatre pouces; les pieds sont noirs , et ont dix pouces et deftii. Avec ses grandes puissances pour le vol et son instinct voyageur, il ii'est p.'is étonnant que la grue se montre dans toutes les contrées , et sei trans- porte dans tous les climats; cependant nous doutons que du côté du midi elle passe le Tropique ; en eflbt , toutes les régions où les anciens les envoient ¥ n'a donc ^e. Wil- glais , ce eds huit [u'il pèse les orni- lui. Au pris à la a quatre >r verti- t un dé- endu de i doigts , iiue des eds sont ni. i pour le it ti'est montre é trariS' pendant aidi eJle , toutes 3nvoient DU HERON. IDJ m I hiverner, la Lybie, le haut du Nil, riiide des bords du Gange, sont en deçà de cette limite, ,'ii ëtoit aussi celle de l'aticienne géographie du côté du midi; el, te qui nous le ftiit croire, outre l'énormité du voyage, c'est que, daiïs la nature , rien ne passe aux ex- trénies; c'est un degré modéré dé tem- pérature que les grues, habitantes du septentrion , viennent chercher l'hi- ver dans le midi , et non le brûlant été de la zone torride. Les marais et les terres humides où elles vivent et qui les attirent , ne se trouvent point au milieu des terres arides et des sables ardens ; ou si des peuplades de ces oi- seaux parveiiUs de proche en proche , en suivant lès chaînes des montagnes où la température est moins ardei t°, sont allées habiter le fond du rriiui , isolées dès-iors et perdues dans ces ré- gions , séquestrées de la grande masse de l'espèce , elles n'entrent plus dans le système de ces migrations , et ne l56 HISTOIRE NATURELLE sont cerUur.Piiieut piis du nombre de celles que nous voyons voyager vers W- nord ; telles sont en particulier «.es grues, que Kolbe dit se trouver en grand nombre au Cap de Bonne-Es- pérance , et les mêmes exactement que celles d'Europe; fait que nous au- rions pu ne pas regarder comme bien certain sur le témoignage seul de ce voyageur, si d'aulres n'avoient aussi trouvé des grues à des latitudes méri- dionales , presque aussi avancées , comme à la. Nouvelle-Hollande et aux Philippines , où il paroît qu'on en dis- tingue deux espèces. La grue des Indes orientales , telle que 'e.> modernes l'ont observée , ne paroi î pas spécifiquement différente de celle d'Europe; elle est plus ^eûte, le bec un peu plus long, la peau au som- met de la tête rouge et rude , s'éten- dant jusque sur le bec, du reste entiè- rement semblable à la nôtre et du mê- me plumage gris-cendré. C'est la des- .#*.• y - r ''! r'mni^H'iii^i,^^ '?*■•-,- -■^.•■■■'*»'^-»?i*''J'*"'^ telle me- DUHÉRON. 167 criplion qu'en fait Wiilulghby, qui l'avoit vue vivante dans Je parc de Saint-James. M. Edwards décrit une autre grue envoyée aussi des Indes ; c'étoit , à ce qu'il dit , un grand et su- perbe oiseau plus fort que notre ^fi. et dont la hauteur, le cou tendu, é'oi de près de six pieds ( anglais ) ; t nourrissoit d'orge et d'autres grains il prenoit sa nourriture avec la pointe du bec, et, d'un coup de tête fort vif en arrière , il la jetoit au fond du go- sier ; une peau rouge et nue , chargée de quelques poils noirs , couvroit la tête et le haut du cou ; tout le plumage, d'un cendré -noirâtre, étoit seulement un peu clair sur le cou ; la jambe et les pieds éloient rougeâlres. On ne voit pas, à tous ces traits , de différence spécifique bien caractérisée , et rien qui ne puisse être l'impression et le sceau des climats : cependant M. Ed- wards veut que sa grande grue des Indes soit un tout autre oiseau que celle \^i '( ■ I, 'lit- IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-S) 1.0 M ■- IIIIIM m Jim if 1^ 112.5 2.2 2.0 1.8 1.25 1.4 ^ < 6" — ► V] '<" MP^ 'é %> ? « û ^> ï ^ )^ 158 H I s T O I R E N A T U R L' L L E de Willulghby, et ce qui le lui per- suade, c'est sur-tout, dit-il, la gran- de différence de taille^ en quoi nous pourrions être de son avis , si nous avions déjà remarqué qu'on observe entre les grues d'Europe des variétés de grandeurs très -considérables. Au reste , cette grue est apparemment celle des terres de Test et de l'Asie, à la hauteur du Japon , qui, dans ses voyages, passe aux Indes pour cher- cher un hiver tempéré , et descend de même à la Chine , où l'on voit un grand nombre de ces oiseaux. C'est à la même espèce que nous pa- roît encore devoir se rapporter cette grue du Japon vue à Rome, dont Al- drovande donne la description et la figure. « Avec toute la taille de notre grue, elleavoit, dit-il, le haut de la tête d'un rouge vif, semé de taches noires; la couleur de tout son plumage tiroit au blanc ». Kœmpfer parle aussi d'une grue blanche au Japon; mais comme fi: . . . D U HE R 0 N. lOÇf il ne la distingue en aucune chose de la grise , dont i! fait mention au même endroit, il y a toute apparence que ce n'est que la variété qu'on a ob- servée en Europe. LA GRUE A COLLIER. Cette grue nous paroît différer trop de l'espèce commune, pour que nous puissions l'en lapprbcher par les mê- mes analogies que les variétés précé- dentes : outre qu'elle est d'une taille, beaucoup au-dessous de celle de la, grue ordinaire , avec la , tête, prppor-r tionnelleraent plus grosse , et le bec; plus grandiCt plus fort, elle a le haut du cou orné d'un beau cpijier rouge, soutenu d'un large tour de cou blanc , et toute la tête nue d'un gris-rougeâtre. uni, et sans ces traits de blanc et de noir qui coiffent la tête de notre grue 5 de plus, celle-ci a la touffe ou le pana- che de la queue du même gris-bleuâtre i k .«-»«<. ^, l6o HISTOIRE NATURELLE que le corps. Cette grue a été dessinée vivante chez madame de Bandeville , à qui elle a voit été envoyée des grandes Indes. LA GRUE BLANCHE. ) Il y a toute apparence que la grue a passé d'un continent à l'autre , puis- qu'elle fréquente de préférence les contrées septentrionales de l'Europe et de l'Asie , et que le nord est la grande route qu'ont tenue les espèces commu- nes aux deux mondes; et, en effet, on trouve en Amérique une grue blan- che, et une ou deux sortes de grises ou brunes; mais la grue blanche qui, dans notre continent n'est qu'une variété accidentelle, paroît avoir " 'mé dans l'autre une race constante , . .ablie sur des caractères assez marqués et assez distincts pour la regarder comme très- anciennement séparée de l'espèce commune, modifiée depuis long-temps "«^ -# -' i DU HE.R 0 y. 6l par 1 l'influence du climatj elle est de la hautdîur de nos plus grandes grues , mais avec des proportions plus fortes et pi lus épaisses, le bec pins long, la tête plus grosse, le cou et les jambes moii is grêles ; tout son piuaiage est Llan» :, hors les grandes pennes des ailes qui siont noires, et la tête qui est bru- ne ; lia couronne du sommet est calleuse et c( mverte de poils noirs clair-semds et fi. as, sous lesquels la peau rougeâtre paro ît à nu; une peau semblable cou- vre Tes joues ; la touffe des pennes flot- tante }s du croupion est couchée et tom- bant e ; le bec est sillonné en dessus , et dentelé par les bords vers le bout; il est I u'un et loi;g d'environ six pouces, Catesby a fait la description de cette grue sur une peau entière que lui donna un I ndien, qui lui dit que ces oiseaux fréquentoient en grand nombre le bras des r ivières proches de la mer , au coni- meniiemenl du printemps , et qu'ils retoumoient dans les montagnes en ] .il Ois ÇMiK, VIU. i5 -rarVap»»'» tf»; 'i—li nlill. Ji r y 162 HISTOIRE NATURELLE été. « Ce fait, dit Catesby, m'a été confirmé depuis par un blanc , qin m'a assuré que ces oiseaux font grand bruit par leurs cris, et qu'on les voit aux sa vannes de l'embouchure de l'Arata- maha et d'autres rivières proche Saint- Augustin dans la Floride, et aussi dans la Caroline; mais qu'il n'en a jamais vu plus avant vers le nord. » ' Cependant il est très-certain qu'elle s'élève à de plus hautes latitudes : ce sont ces mêmes grues blanches qu'on trouve en Virginie, en Canada, jusqu'à la baie d'Hudson ; car la grue blanche de cette contrée , que donne M. Ed- wards, est, comme il le remarque, exactement la même que celle de Ca- tesby. LA GRUE BRUNE. EovirARDS décrit celte grue sous la dénominationdegn/É?^/'M/ie6»^^me;elle «3t d'un tiers moins grosse que la pré- DU HÉRON. l67i cédente, qui est blanche; elle a les gran- des pennes des ailes noires; leurs cou- vertures et les scapulaires, jusque sur le cou , sont d'un brun-rouillé , ainsi que les grandes plumes flottantes couchées près du corps ; le reste du plumage est cendré; la peau rouge de la tête n'en couvre que le front et le sommet; ces différences et celles de la taille, qui, dans ce genre d'oiseaux , varie beau- coup, ne sont peut-être pas suffisantes pour séparer cette espèce de celle de notre grue : ce sont tout au moins deux espèces voisines, d'autant plus que les rapports de climats et de mœurs rap- prochent ces grues d'Amérique de nos grues d'Europe ; car elles ont l'habi- tude commune de passer dans le nord de leur continent, et jusque dans les terres de la baie d'Hudson, où elles nichent et d'où elles repartent à l'ap- proche de l'hiver, en prenant, à ce qu'il paroît, leur route par les terres des Illinois et des Hurons , en se por- : .t .tUm "...lngOTÏriW^ii-Jt- 164 HISTOIRE NATURELLE tant de là jusqu'au Mexique, et pewt- étre beaucoup plus loin. Ces grues d'Amérique ont donc le même instinct que celles d'Europe; elles voyagent de même du nord au midi , et c'est appa- remment ce que dêsignoit l'Indien à M. Calesby, par la fuite de ces oiseaux de la. mer aux montagnes. Oiseaux étrangers qui ont rapport à la Grue, LA DEMOISELLE DE NUMIDIE. Sous un moindre module, la demoi- selle de Numidie a toutes les propor- tions et la taille de la grue 5 c'est son port, et c'est aussi le même vêtement, la même distriJjution de couleurs sur le plumage : le gris en est seulement plus pur et plus perlé ; deux touffes blanches de plumes effilées et cheve- lues , tombant de chaque côté de la têle de l'oiseau , lui forment une es- pèce de coiffure ; des plumes longues, \ e la es- [ues. DU H En ON. i65 douces et soyeuses, du plus beau noir , sont couchées sur le sommet de la tête ; de semblables plumes descendent sur le devant du cou , et pendent avec gvace au-dessous; entre les pennes noires des ailes percent des touffes flexibles, alongées et pendantes. On a donné à ce bel oiseau le nom de demoi- selles , à causé de son élégance , de sa parure et des gestes mimes qu'on lui voit affecter; cette demoiselle-oiseau s'incline en effet par plusieurs révé- rences ; elle se doni^e bon air en mar- chant avec une Sotte d'ostentation , et souvent elle saute et bondit par gaité , comme si elle vouloit danser. Ce penchant, dont nous avons déjà remarqué quelque chose daiis la grue, se montre si évidemment ici , que , de- puis plus de deux mille ans, les auteurs i]ui ont parlé de cet oiseau de Numi- die l'ont toujours indiqué ou reconnu par cette imitation singulière des ges- tes mimes. Arisloie l'appelle l'acteur i w i M À i ïti r66 HISTOIRE NATURELLÏ OU le comédien, Pline le danseur et le baladin, et Plutarque fait mention de ses jeux et de son adresse. Il paroît même que cet instinct scénique s'étend jusqu'à l'imitation des actions du mo- ment. Xénophon, dans Athénée, en paroît persuadé lorsqu'il rapporte la manière de prendre ces oiseaux. « Les chasseurs , dit-il , se frottent les yeux en leur présence avec de l'eau qu'ils ont mise dans des vases, ensuite ils les remplissent de glu et s'éloignent; l'oi- seau vient s'en frotter les yeux et les pattes, à l'exemple des chasseurs. » Aussi Athénée, dans cet endroit, l'ap- pelle-t-il le copiste de l'homme ; et, si cet oiseau a pris de ce modèle quelque foible talent, il paroît aussi avoir pris ses défauts : car il a de la vanité , il aime à s'étaler , il cherche à se donner eu spectacle , et se met en jeu dès qu'on le regarde; il semble préférer le plaisir de se montrer à celui même de man- ger, et suivre quand on le quitte, ir et le lion de paroît s'étend lu mo- ée, en 3rte la . « Les s yeux i qu'ils î ils les t^l'oi- et les îurs. » :, i'ap- ; et , si uelque tir pris té , il ionner qu'on plaisir man- iiitte , DU HÉRON. 167 comme pour solliciter encore un coup- d'oeil. Ce sont les remarques de MM. de l'Académie des Sciences sur la demoi- selle de Numidie; il y en'avoit plu- sieurs à la ménagerie de Versailles. Ils comparent leurs marches, leurs pos- tures et leurs gestes, aux danses des Bohémiennes ; et Aristote lui-même semble avoir voulu l'exprimer ainsi, et peindre leur manière de sauter et de bondir ensemble, lorsqu'il dit qu'on les prend quand elles dansent l'une vis' à- vis de l'autre. Quoique cet oiseau fût fiimeux chez les anciens, il en étoit néanmoins peu connu , et n'avoit été vu que fort rare- ment en Grèce et en Italie ; confiné dans son climat, il n'avoit, pour ainsi dire, qu'une célébrité fabuleuse. Pline, en un endroit, après l'avoir nommé le pantomime, le place , dans un autre pas- sage, avec les animaux imaginaires, les syrènes, les griffons , les pégases. ;i I y\::- ! 5, 1^1 l> ibO HISTOIRE NATURELLE Les modernes ne l'oot connu que tard; ils l'ont confondu avec le scops et i'otus des Grecs, et \asio des Latins; le tout fondé sur les mines que le hibou fotus) fait de la tête, et sur la fausse analogie de ses deux oreilles, avec la coiffure en filets longs et déliés, qui , de cha- qiie côté , garilii et pare la tête de ce bel oiseau. Les six demoiselles que l'on eut quel- que temps à la ménagerie venaient de Numidie. Nous ne trouvons rien de plus , dans les naturalistes, sur la terre natale de cet oiseau et sur les contrées qu'il habite. Les voyageurs l'ont trou- vé en Guinée , et il paroit naturel aux régions de l'Afrique voisines du tro- pique. Il ne seroit pas néanmoins im- possible de l'habituer à notre climat, de le naturaliser dans nos basse-cours , et même d'y en établir la race. Lea demoiselles de Numidie, de k méiia-^ gerie du roi, y ont produit; et la der- nière, morte après avoir vécu environ i DU HÉRON. l6(J vingt-quatre ans, ëloit une de celles qu'on y avoit vu naître. MM. de l'Académie donnent des dé- tails très-circonstanciés sur les parties intérieures de ces six oiseaux qu'ils disséquèrent ; la trachée-artère , d'une substance dure et conarae osseuse, étoit engagée, par une double circonvolu- tion , dans une profonde cannelure creu- sée dans le haut du sternum ; au bas de la trachée on remarquoit un nceucl osseux ayant la fornie d'un larynx séparé en deux à l'intérieur par une languette , comme on le trouve dans Voie et dans quelques autres oiseaux ; lo cerveau et le cervelet ensemble ne pesoient qu'une dragme et demie ; la langue étoit charnue eu dessus, et car- tilagineuse en dessous 5 le gésier étoit semblable à celui d'une poule , et , comme dans tous les granivores, on y Irouvoit des gra*.iers. •l lyo HISTOIRE NATURELLE L' OISEAU ROYAL. L'oiseau royal doit son nom à l'es- pèce de couronne qu'un bouquet de plumes, ou plutôt de soies épanouies, lui forme sur la tête. Il a de plus le port noble, la figure remarquable, et la taille haute de quatre pieds lorsqu'il se redresse; de belles plumes d'un noir plombé , avec reflets bleuâtres, pendent le long de son cou, s'étalent sur les épaules et le dos 5 les premières pennes de l'aile sont noires , les autres d'un roux-brun , et leurs couvertures , ra- battues en effilés , coupent et relèvent de deux grandes plaques blanches le fond sombre de son manteau ; un large oreillon , d'une peau membraneuse , d'un beau blanc sur la tempe, d'un vif incarnat sur la joue , lui enveloppe la face, et descend jusque sous le bec; une toque de duvet noir, fin et serré comme du velours, lui relève le front, et sa belle aigrette est une huppe épaisse ^ i ^. L. i à l'es- uet de noLiieSy plus le ble, et )rsqu'il im noir endent sur les pennes )s d'un !s, ra- îlèvent lies le 1 large leuse , un vif )pe la bec; serré Iront, 3aisse * î ... i • ■ :U^.H.. '■»:•; tjC' '• ~*'v. "^ « fi /; i I 'M 'V /K'.ffiu' t/o/, lia et ne xt'cufp V I/OlSi: AU ROYAI, a LA CIGOC.N 1, . % . -i4R.^ ^<3ii»^ ï ■"*•— ^tT-rr-',- ,. t ïMm vl af if! iUl A' 1 Ktf p DU HÉRON. 171 fort épanouie , et composée de brin» toufFus, de couleur Isabelle , applatis et filés en spirale; chaque brin, dans sa longueur , est hérissé de très - petits filets à pointe noire, et terminé par un petit pinceau de même couleur; l'iris de l'œil est d'un blanc pur; le bec est noir, ainsi que les pieds et les jambes, qui sont encore plus hautes que celles de la grue , avec laquelle notre oiseau a beaucoup de rapport dans la confor- mation , mais il en diffère par de grands caractères. Il s'en éloigne aussi par son origine : il est des climats chauds , et les grues viennent des pays froids ; le plumage de celles-ci est sombre, et l'oiseau royal est paré de la livrée du midi , de cette zone ardente où tout est plus brillant, mais aussi plus bizarre, où les formes ont souvent pris leur dé- veloppement aux dépens des propor- tions, où, quoique tout soit plus ani- mé , tout est moins gracieux que dans les zones tempérées. 1 1 l;i î j i. I ; I I II 'i ' { II: il 172 HISTOIRE NATURELLE L'Afrique, et particulièrement les terres de la Gambra, de la Côte-d'Or, de Juida, de ¥ida , du Cap- Vert, sont les contrées qu'il habite. Les voya- geurs rapportent qu'on en voit fré- quemment sur les grandes rivières: ces oiseaux y pèchent de petits poissons , et vont aussi dans jes terres pâturer les herbes et recueillir des graines ; ils courent très - vite en étendant leurs , ailes et s'aidant du vent; autrement leur démarche est lente, et, pour ainsi dire , à pas comptés. Cet oiseau royal est doux et paisi- ble; il n'a pas d'armes pour offenser, et n'a même ni défense ni sauve-garde que dans la hauteur de sa taille, la ra- pidité de sa course et la vitesse de son vol, qui est élevé, puissant et soutenu. Il craint moins l'homme que ses autres ennemis; il semble même s'approcher de nous avec confiance , avec plaisir. On assure qu'au Cap- Vert ces oiseaux sont à demi - domestiques , et qu'ils paisi- fenser, garde la ra- de son )ulenu. autres rochec jlaisir. )iseaux qu'ils D U H É R 0 N. 173 Yiennent manger du grain dans les basse- cours avec les pintades et les autres volailles; ils se perchent en plein air pour dormir, à la manière des paons, dont on a dit qu'ils imitoient le cri , ce qui , joint à lanalogie du panache sur la tête , leur a fait donner le nom de paons marins , par quelques naturalis- tes ; d'autres les ont appelés paons à queue courte ; d'autres ont écrit que cet oiseau est le même que la grue baléa- rique des anciens , ce qui n'est nulle- ment prouvé; car Pline, le seul des anciens qui ait parlé de la grue baléa- rique , ne la caractérise pas de manière à pouvoir reconnoître distinctement notre oiseau royal 5 le pic , dit-il , et la grue baléarique portent également une aigrette : or , rien ne se ressemble moins que la petite huppe du pic , et la couronne de l'oiseau rojal , qui d'ail- leurs présente d'autres traits remar- quables par lesquels Pline pouvoit le désigner. Si cependant il étoit vrai que Oiseaux. VIIT. 16 i ' \t SA ..,«-^-. !— <*«*(«IH»..^ii- 174 HISTOIRE NATURELLE jadis cet oiseau eût ëlé rapporté à Rome des îles Baléares, où on ne le trouve plus aujourd'hui, ce fait paroi- troit indiquer que, dans les oiseaux comme dans les quadrupèdes, ceux qui habitoient jadis des contrées plus sep- tentrionales du globe alors moins froid, se trouvent à présent retirés dans les terres du raidi. Nous avons reçu cet oiseau de Gui- née, et nous l'avons conservé et nourri quelque temps dans un jardin. Il y bec- quetoit les herbes, mais particulière- ment le cœur des laitues et des chico- rées; le fond de sa nourriture, de celle du moins qui peut ici lui convenir le mieux , est du riz ou sec ou légèrement bouilli, et ce qu'on applle crevé dans l'eau, ou au moins lavé et bien choisi ; car il rebute celui qui n'est pas de bonne qualité, ou qui reste souillé de sa pous- sière : néanmoins il paroit que les in- sectes, et particulièrement l^s vers de terre , entrent aussi dans sa nourriture ; I LE porté à m ne le t paroî- oiseaux :eux qui lus sep- :is froid, dans les de Gui- !t nourri ïlybec- iculière- s cliico- de celle venir le ;èrenient ei/É^dans choisi ; e bonne sa pous- les in- vers de rriture ; DU H É 11 o N. 17J car nous l'avons vu becqueter dans la terre fraîchement labourée , y ramasser des vers, et prendre d'autres petits in- sectes sur les feuilles ; il aime à se bai- gner , et l'on doit lui ménager un petit bassin ou un baquet qui n'ait pas trop de profondeur , et dont l'eau soit de temps en temps renouvelée ; pour ré- gal , on peut lui jeter dans son bassin quelques petits poissons vivans , il les mange avec plaisir , et refuse ceux qui sont morts 5 son cri ressemble beau- coup â la voix de la gnie , c'est un son retentissant (clangor) , assez semblable aux accens rauques d'une trompette ou d'un cor 5 il fait entendre ce cri par reprises brèves et réitérées, quand il a besoin de nourriture , et le soir lors- qu'il cherche à se gîter ; c'est aussi l'ex- pression de l'inquiétude et de l'ennui ; car il s'ennuie dès qu'on le laisse seul trop long-temps; il aime qu'on lui rende visite , et lorsqu'après l'avoir considéré, on se promène indifférem* m ' ■] If \ 176 HISTOIRE NATURELLE ment sans prendre garde à Jui , il suit les personnes ou marche à côté d'elles, et fait ainsi plusieurs tours de prome- nade; et, si quelque chose Tamuse, et qu'il reste en arrière , il se hâte de re- joindre la compagnie : dans l'attitude du repos il se tient sur un pied, son grand cou est alors replié comme un serpentin , et son corps , affaissé et comme tremblant sur ses hautes jam- bes, porte dans une direction presque horizontale; mais, quand quelque chose lui cause de l'étonnement ou de l'in- quiétude, il alonge le cou , élève sa tête, prend un air fier, comme s'il vouloit en effet en imposer par son maintien : tout son corps paroît alors dans une situation à-peu-près verticale; il s'a- vance gravement et à pas mesurés, et c'est dans ces momens qu'il est beau , et que son air , joint à sa couronne ,, lui mérite vraiment le nom à' oiseau royal. Ses longues jambes , qui le servent fort bien en montant, lui nuisent pour des^ '\- E il suit d'elles, prome- Lise, et 5 de re- ittitude îd, son ime un issé et ss jam- 3resque le chose le rin- 1 sa tête, vouloit intien : ns une il s'a- rés , et beau, ne ,. lui royal, ni fort rdes'' D u H É R 0 N. 177 cendre , il déploie alors ses ailes pour s'élancer; mais nous avons été obligés d'en ^nir une courte, en lui coupant de temps en temps des plumes , dans la crainte qu'il ne prît son essor, commô il paroît souvent tenté de le faire. Au reste , il a passé cet hiver ( 1778 ) à Pa- ris, sans paroître se ressentir des ri- gueurs d'un climat si différent du sien ; il avoit choisi lui-même l'abri d'une chambre à feu , pour y demeurer pen- dant la nuit ; il ne manquoit pas tous les soirs , à l'heure de la retraite , de se rendre devant la porte de cette cham- bre, et de trompeter pour se la faire ouvrir. Les premiers oiseaux de cette es- pèce ont été apportés en Europe des le quinzième siècle par les Portugais , lorsqu'ils firent la découverte de la côte d'Afrique : Aldrovande loue leur beauté , mais Belon ne paroît pas les avoir connus , et il se méprend lors- qu'il dit que la grue baléarique des an- \î •v* / } I { J 7»i H 1 s T O I K £ NATURELLE cienscstlpBihoieau. Quelques nuleura les out appelés grues du Japon , ce qui semble indiquer qu'iisselrouveutdaiis celte île ) et que l'espèce s'est éteudue sur toute la zone par la largeur de l'A- frique et de l'Asie. Au reste, le fameux oiseau roj^al ouyùmAoflm des Chinois, sur lequel ils ont fait des contes mer- veilleux, recueillis par le crédule Kir- cher , n'est qu un être de raison » tout aussi fabuleux que le dragon qu'ils pei* gnent avec lui sur leurs étoffes et por- celaines. LA CIGOGNE. Dans les nombreuses familles du peuple amphibie des rivages de la mer et des fleuves , celle de la cigogne est plus connue , plus céiébjée qu'aucune autre ; elle est composée de deux es- pèces, qui ne diffèrent que pai* la cou- leur; car du reste il seiiihie ctuj sous la même forme et d'après ' • m^ :.» ; dessii*, DU HÉRON. 17g la iialure ait produit deux fois le même oiseau, l'un blunc et l'auLie ouir; cette différence, tout le reste étaut sembla- ble, pourroit être comptée pour rien, s il u'y avoit pas, entre ces deux mêmes oiseaux y diffërence d'intiuct et diver- site de mœurs. La cigogne noire cher- che les lieux déserts , se perche dans les bois, fréquente les maréutges écartés et niche dans Tépaisseur des forêts. La cigogne blanche choisit au contraire nos habitations pour domicile : elle s'é- tablit sur les tours, sur les cheminées et les combles des édifices ; amie de l'homme , elle en partage le séjour et même le domaine; elle pèche dans nos rivières , chasse jusque dans dos jar- dins, se place au milieu des villes , sans s'effVayer de leur tumulte , et par -tout hôte respecté et bien venu, elle paye, par des services , le tribut qu'elle doit à la société; plus civilisée , elle est aussi plus féconde, plus nombreuse et plus généralement répandue que la cigogne r- / ■! « ii ! l8o HISTOIRE NATURELIE noire qui paroît confinée dans certains pays, et toujours dans les lieux soli- taires. Celte cigogne blanche , moins grande que la grue , l'est plus que le héron : sa longueur, de la pointe du bec à l'extré- mité de la queue , est de trois pieds et demi 5 et jusqu'à celle des ongles de quatre pieds 5 le bec de la pointe aux angles a près de S3pt pouces ; le pied en a huit ; la partie nue des jambes cinq; et l'envergure de ses ailes est de plus de six pieds ; il est aisé de se la peindre : le corps est d'un blanc écla- tant , et les ailes sont noires , caractères dont les Grecs ont formé son nom 5 les pieds et le bec sont rouges , et son long cou est arqué. Voilà ses traits princi-» paux, mais, en la regardant de plus près, on apperçoit sur les ailes des re- flets violets et quelques teintes brunes : on compte trente pennes en dévelop- pans l'aile; elles forment une double échancrure, les plus près du corps ïï-'m E DU HERON. l8t certains '^^1 X soli- - '9H grande ■ ron ; sa l'extré- ^wM pieds et gles de ' ite aux le pied jambes s est de ■■'■;■ e se la ic écla- actères )m; les on long princi-* le plus des re- )runes : *^ ^velop- double 1 corps "H '^M étant presque aussi longues que les ex- térieures, et les égalant lorsque l'aile est pliée; dans cet état, les ailes cou- vrent la queue , et lorsqu'elles sont ou- vertes ou étendues pour le vol , les plus grandes pennes offrent une disposition singulière; les huit ou neuf premières se séparent les unes des autres , et pa- roissent divergentes et détachées , de manière qu'il reste entre chacune un vide, ce qui ne se voit dans aucun au- tre oiseau ; les plumes du bas du cou sont blanches , un peu longues et pen- dantes, et par là les cigognes se rap- prochent des hérons; mais leur cou est plus court et plus épais ; le tour des yeux est nu et couvert d'une peau ri- dée d'un noir rougeâlre ; les pieds sont revêtus d'écaillés en tables hexagones, d'autant plus larges qu'elles sont pla- cées plus haut; il y a des rudimens de membranes entre le grand doigt et le doigt intérieur jusqu'à la première ar- ticulation, et qui, s'étendant plus avant i • *. .il f ^M y . f, M. 182 HISTOIRE NATURELLE sur Je doi^t extérieur, semblent for- mer In nuance par laquelle la nature passe des oiseaux à pieds divis(^s aux oiseaux à pieds réunis et palmés; les oncles sont mousses , larges , plats et assez approcha us de la forme des on- glf\s de l'homme. La ( igojj;ne a le vol puissant et sou- tenu , romme tous les oiseaux qui ont des ailes très-amples et la queue courte ; elle porte en volant la tête roide en avant et les patles étendues en arrière comme pour lui servir de gouvernail 5 elle s'élève fort haut , et fait de très- lon^s voyages , même dans les saisons orageuses. On voit les cigognes arriver en Allemagne vers le 8 ou le iode mai; elles devancent ce temps dans nos pro- vinces. Gesner dit qu'elles précèdent les hirondelles et qu'elles viennent en Suisse dans le mois d'avril , et quelque- fois plus tôt ; elles arrivent en Alsace au mois de mars , et même dès la fin de février; leur retour est par-tout d'un '''■■M I A^'i - E nt for- iialure >(^s aux nés ; les oints et I ies on- et sou- ^ui ont courte ; )ide en arrière ernail 5 e très- saisons irriver e mai; )s pro- cèdent 3nt en elque- ace au fin de d'un 1) u H i; R 0 N. l83 agréable augure , et leur apparition annonce le printemps; aussi ejles sem- blent n'arriver que pour se livrer aux tendres émotions que cette saison ins- pire. Aldruvande peint avec chaleur les signes de joie et d'amour , les em- pressemens et les caresses du miUe et de la femelle , arrivés sur leur nid après un long voyage; car les cigognes reviennent constammeiit aux mêmes lieux, et, si le nid est détruit, elles le reconstruisent de nouveau av^c des brins de bois et d' herbes de m«rais , qu'elles entassent en grande quantité j c'est ordinairement sur les combles élevés , sur les créneaux des tours , et quelquefois sur de grands arbres, ai4 bord des eaux ou à la pointe d'un rocher escarpé qu'elles le posent. Ea France, du temps de Belon, on plaçoi|: des roues au haut des toits, pour en- gager ces oiseaux à y faire leur nid; cet usage subsiste encore eo Allemagne et en Alsace , et l'on dispose eo Hol- i 1 *■, ■ iw h m 'y'i 1 tsr-' n 184 HISTOIRE NATURELLE lande pour cela des caisses carrées aux faites des édifices. Dans l'altitude du repos , la cigogne se tient sur un pied , le cou replié , la tête en arrière et couchée sur l'épaule; elle guette les mouvemens de quelques reptiles qu'elle fixe d'un œil perçant; les grenouilles , les lézards , les couleu- vres et les petits poissons sont la proie qu'elle va cherchant dans les marais ou sur les bords des eaux et dans les vallées huniides. Elle marche, comme la grue, en jetant le pied en avant par grands pas mesurés , lorsqu'elle s'irrite ou s'in- quiète, et même quand l'amour l'agite, elle fait claqueter son bec d'un bruit sec et réitéré, que les anciens avoient rendu par des mots imita tifs, crépitât, clotterat , et que Pétrone exprime fort bien, en l'appelant un bruit de crotales, elle renverse alors la tête , de manière que la mandibule extérieure se trouve haute, et que le bec est couché presque m es aux igogne lié , la paule ; lelques erçant ; couleu- la proie marais laiis les •ue , en nds pas bu s'in- r l'agite, m bruit avoient .repitat , me tort Totales, anière trouve presque DU HÉRON. l85 parallèlement sur le dos ; c'est dans celte situation que les deux mandi- bules battent vivement l'une contre l'autre 5 mais à mesure qu'elle redresse le cou , le claquement se ralentit , et finit lorsqu'il a repris sa position natu- relle. Au reste , ce bruit est le seul que la cigogne fasse entendre, et c'est ap- paremment de ce qu'elle paroît muette, que les anciens avoient pensé qu'elle n'avoit point de langue ; il est vrai que cette langue est courte et cacliée à l'entrée du gosier, comme dans toutes les espèces d'oiseaux à long bec , qui ont aussi une manière particulière d'avaler. en jetant les alimens par un certain tour de bec , jusque dans la gorge. Aristote fait une autre remarque au sujet de ces oiseaux à cou et bec très- longs ; c'est qu'ils rendent tous une fiente plus liquide que celle des autres oiseaux. La cigogne ne pond pas au - delà de quatre œufs, et souvent pas plus de Oiseaux, VIII. 17 I il -f*..- T A ^' 1 'A l86 HISTOIRE NATURELLE deux, d'un blanc*-sale et jaunâtre, un peu moins gfos, mais plus alongéa que ceux de Toie 5 le mâle les couve dans le temps que la femelle va chercher sa pâture; les œufs éclosent au bout d'uu mois ; le père et la mère redoublent alors d'activité pour porter la nouvri- ture à leurs petits , qui la reçoivent en se dressant et rendant une espèce de sifflement. Au reste, le père et la mère ne s'éloignent jamais du nid tous deux ensemble; et, taudis que l'un est à la cliasse , on voit l'autre se tenir aux environs debout sur une jambe , et l'œii toujours à ses petits. Dans le pre- mier âge, ils sont couverts d'un duvet brun 5 n'ayant pas encore assez de forces pour se soutenir sur leurs jambes minces et grêles, ils se traînent dans le nid sur leurs genoux; lorsque leurs ailes commencent à croître, ils s'exer- cent à voleter au-dessus du nid ; mais il atrive sotivent que , dans cet exer- cice , quelques-uns tombent et ne peu* â-r ,LE âtre, un ngéa que e dans le ircher sa )OUt d'un doublent I nouvri- )ivent en spèce de t la mère DUS deux i est à la enir auX mbe , et is ie pre- m duvet issez de s jambes ent dans jue leurs s s'exer- id ; mais ;et exer- ne peu* c DU HÉ RO W. 187 vent plus se relever ; ensuite lorsqu'ils 'commencent à se hasarder dans les airs , (a mère les conduit et les exerce par de petits vols circulaires autour du nid où elle les ramène ; enfin les jeunes cigognes, déjà fortes, prennent leur essor avec les plus âgées , dans les der- niers jours d'août, saison de leur dé- part. Les Grecs avoient marqué leur rendez -vous dans une plaine d'Asie, nommée la plage aux serpenSy où elles se rassembloient comme elles se ras- semblent encore dans quelques endroits du Levant ^ et même dans nos provinces d'Europe, comme dans le Brandebourg et ailleurs. Lorsqu'elles sont assemblées pour le départ , on les entend claqueter fré- quemment, et il se fait alors un grand mouvement dans leur troupe; toutes semblent se chercher , se reconnoître et se donner l'avis du départ général , dont ie signal, dans nos conti^es, est le vent du nord. Elles s'élèvent toutes I f arscr: -t I "• ■'-"" """ ■jKijsCilir:.: I ^}> l88 HISTOIRE NATURELLE ensemble , et dans quelques instans se perdent au haut des airs. Klein raconte, qu'appelé pour voir ce spectacle, il le manqua d'un moment , et que tout étoit déjà disparu : en effet, ce départ est d'autant plus difficile à observer, qu'il se fait en silence , et souvent dans la nuit. On prétend avoir remarqué que dans leur passage , avant de tenter le trajet de b Méditerranée , les cigo- gnes s'abattent en grand nombre aux environs d'Aix en Provence. Au reste, il paroît que ce départ se fait plus tard dans les pays chauds, puisque Pline dit qu après le départ de la cigogne , Un est plus temps de semer. Quoique les anciens eussent marqué Jes migrations des cigognes, ils igno- roient quels lieux elles alloient habi- ter ; mais quelques voyageurs moder- nes nous ont fourni sur cela de bonnes observations ; ils ont vu en automne Jes plaines de l'Egypte toutes couver- tes de ces oiseaux. « Il est tout arrêté , i : * as ' ~ -^ _ ■ nstans se raconte, :Ie, il le ^ue tout e d(^part bserver , ent dans îraarqué de tenter les cigo- ibre aux Lu reste, plus tard Pline dit ij Un est marqué Is igno- it habi- moder- bonnes utomne couver- arrélé , DU HÉRON. 189 dit Belon , que les cigognes se tiennent riiiver au pays d'Egypte et d'Afrique, car nous avons témoings d'en avoir vu les plaines d'Egypte blanchir , tant il y en a voit dès le mois de septembre et octobre ; parce qu'étant là durant et après l'inondation , n'ont faute de pâ- ture , mais trouvant là l'été intoléra- ble pour sa violente chaleur, viennent en nos régions , qui lors leur sont tem- pérées , et s'en retournent en hiver pour éviter la froidure trop excessive : en ce contraires aux grues ; car les grues et oies nous viennent voir eu hiver, lorsque les cigognes en sont ab- sentes. « Cette différence très -remar- quable, provieiit de celle des régions où séjournent ces oiseaux 5 les grues et les oies arrivent du nord , dont elles fuient les grands hivers ; les cigognes partent du midi , pour eu éviter les uideurs. , Belon dit aussi les avoir vues hiver- ner à f'entour du mont Amanus vers • • ■ ■ t n M, ': ï -^^sÉL ■ -ft^i^ïfWlBWPK ' . vakPNMMe IL. J.,^».' [.' » ( I(jO HISTOIRE NATURELLE Aiitioche, et passer, sur la fîn d'août, vers Abydus , en troupes de trois ou quatre mille , venant de la Russie et de la Tarlarie; elles traversent l'Hel- Jespont, puis, se divisant à la hauteur du Théaédos, elles partent eu pelotons , et vont toutes vers le raidi. Le docteur Shaw a vu , du pied du Mont'Carmel, le passage des cigognes de l'Egypte en Asie , vers Iz milieu d'avril 1722 : « Notre vaisseau , dit ce voyageur, étant à l'ancre sous le Mont- Carmel , je vis trois vols de cigognes , dont chacun fut plus de trois heures à passer, et s'étendoit plus d'un demi- mille en largeur. » Maillet dit avoir vu les cigognes descendre , sur la fin d'avril, de la haute Egypte , et s'ar- rêter sur les terres du Delta , que l'i- nondation du Nil leur fait bientôt abandonner. Ces oiseaux, qui passent ainsi de cli- mats en climats, ne connoissent point les rigueurs de l'hiver, leur année est ■ •■■M f '& f: V Fi-*i>ifaii fmw0û ^ LE d'août, trois ou ussie et t l'Hel- hauteur slotons , pied du cigognes . milieu , dit ce B Mont- gognes , heures 1 demi- t avoir la fîn et s'ar- ue ri- bientôt DU HERON. 191 composée de deux étés, et ils goûtent aussi deux fois les plaisirs de la saison des amours : c'est une particularité Irès- intéressaute de leur histoire , et Belon l'assure positivement de la cigogne, qui, dit-il, fait ses petits pour la seconde fois en Egypte. On prétend qu'on ne voit pas de ci- gognes en Angleterre, à moins qu'elles n'y arrivent par quelque tempête. Al- bin remarque , comme chose singu- lière, deux cigognes qu'il vit à Ëdger en Midlesex , et Willulghby dit que celle dont il donne la figure , lui avoit été envoyée de la côte du Norfolk, où elle éloit tombée par hasard. 11 n'en paroit pas non plus en Ecosse , si l'on en juge par le silence de Sibbald. Ce- pendant la cigogne se porte assez avant dans les contrées du nord de l'Europe; elle se trouve en Suède, suivant Lin- nœus , et sur-tout en Scanie , en Dane- marck , en Sibérie , en Mangasea sur le Janisca , et jusque chez les Jakutes. I) —-,#" ./ i •^mmmmÊm -CiSa«HB«2l ■i! X 192 HISTOIRE NATURELLE On voit aussi des cigognes en très-grand nombre dans la Hongrie, la Pologne et la Lithuanie ; on les rencontre en Tur- - ■««■ 2ÔO HISTOIRE NATURELLE ques années dans un jardin. Nous ne sommes pas assurés par témrins qu'elle voyage comme la cigogne blmche, et nous ignorons si les temps de ses migra- tions sont les mêmes ; cependant il y a tout lieu de le croire , car elle ne pour- roit trouver sa nourriture pendant l'hi* ver , même dans nos contrées. L'espèce en est moins nombreuse et moirts répandue que celle de la cigogne blanche ; elle ne s'établit guère dans les mêmes lieux , mais semble la rempla- cer dans les pays qu'elle a négligé d'ha- biter. En remarquant que la cigogne noire est très - fréquente en Suisse , Wormius ajoute qu'elle est tout-à-fait rare en Hollande , où l'on sait que les cigognes blanches sont en très-grand nombre; cependant la cigogne noire est moins rare en Italie que la blanche , et on la voit assez souvent , au rapport de Wiilulghbj, avec d'autres oiseaux de rivage dans les marchés de Rome, quoi- que sa chah: soit de mauvais suc, d'un I* i, ! DU U È R O lï. SOI fort goût de poisson , et d'un fumet sauvage. LE MAGUARI. Le maguari est un grand oiseau des climats chauds de l'Amérique , dont Marcgrave a parlé le premier. Il est de la taille de la c:^ogne , et , comme elle , ilclaquetle du bec, qu'il a droit et poin- tu , verdcUre à la racine, olivâtre à la pointe, et long de neuf pouces; tout le corps, la léte, le cou et la queue, sont en plumes blanches un peu longues, et pendantes au bas du cou ; les pennes et les grandes couvertures de l'aile sont d'un noir lustré de vert, et, quand elle est pliée , les pennes les plus proches du corps égalent les extérieures , ce qui est ordinaire dans tous les oiseaux de ri- vage : le tour des yeux dû maguari est dénué de plumes , et couvert d'une peau d'un rouge vif; sa gorge est de même garnie d'une peau qui peut s'enfler, et former une poche; l'œil est petit et brii- n i à i è Ai m ■'"iHi '('; a02 HISTOIRE NATURELLE lant , l'iris en est d'un blanc argenté : la partie nue de la jambe et les pieds sont rouges; les ongles de même cou- leurs sont larges et plats. Nous igno- rons si cet oiseau voyage comme la ci- gogne, dont il paroît être le représen- tant dans le Nouveau-Monde ; la loi du climat paroît l'en dispenser, et même tous les autres oiseaux de ces contrées , où des saisons toujours égales , et la terre sans cesse féconde, les retiennent sans besoins et sans aucun désir de chan- ger de climat. Nous ignorons de même les autres habitudes naturelles de cet oiseau , et presque tous les faits qui ont rapport à l'histoire naturelle des vastes régions du Nouveau-Monde; mais doit- on s'en plaindre ou même s'en étonner, quand on sait que l'Europe n'envoja pendant si long -temps dans ces nou- veaux climats, que des yeux fermés aux beautés de la Nature, et des cœurs encore moins ouverts aux senlimens qu elle inspire. V, -^'h^^*.;-».!,,.**»^^ •^ «WJT'iaEfcinJtfSWiM''' ELLE ne argenté : et les pieds même cou- Nous igno- omme la el- le représen- de; la loi du îr, et même ces contrées , gales , et la es retiennent esir de chan- ons de même relies de cet i faits qui ont lile des vastes le; roaisdoit- s'en étonner, 3pe n'envoja lans ces nou- yeux fermés et des coeurs ix senliraens I «1.* i' f ' r i fï r ■Il H I, i . T.K IIKIION jRacate O'eu/v ■1 . I/AIGIU/ITK . 7Ô/JI . J2/J |a^ïay*i*»t^^-. uu/te 0\'ufu TK . ^1 m û iK '» '?J *A> .u 210 HI^ iOinE NATUaE LLE élever à Fontainebleau , et du grand effet de l'art qui avoit soumis à l'em- pire de l'homme des oiseaux aussi sau- vages ; mais cet art étoit fondé sur leur naturel même : les hérons se plaisent à nicher rassemblés ; ils se réunissent pour cela plusieurs dans un même can- ton de forêt, souvent sur un même arbre; on peut croire que c'est lacraiale qui les rassemble, et qu'ils ne se réu- nissent que pour repousser de concert , ou du moins étonner par leur nombre, le milan et le vautour. C'est au plus haut des grands arbres que les hérons posent leurs nids , souvent auprès de ceux des corneilles ; ce qui a pu don- ner lieu à ridée -des anciens sur l'ami- tié établie entre ces deux espèces , si peu faites pour aller ensemble. Les nids du héron sont vastes, composés de bû- chettes, de beaucoup d'herbe sèche, de joncs et de plumes; les œufs sont d'un bleu verdâtre, pâle et uniforme, de même grosseur à-peu-près que ceux r1 Ri ' *£' l mmm [.LE du grand [s à i'em- âussi sau- le sur leur e plaisent réunissent lêine can- un même tlacraiiUe ne se réu- e concert , p nombre, ii au plus les hérons auprès de a pu don* sur l'ami- îspèces , si e. Les nids ses de bii- be sèche, œufs sont iniforme , s que ceux D U H É a 0 N. 211 de la cigogne, mais un peu plus aLa- gés et presqu'également pointus par les deux bouts. La ponte , à ce qu on nous assure, est de quatre ou cinq œufs; ce qui devroit rendre l'espèce plus nom- breuse qu'elle ne paroît l'être par- tout : il péril donc un grand nombre de ces oiseaux dans les hivers; peut-être aussi qu'étant mélancoliques et peu nourris, ils perdent de bonne heure la puissance d'engendrer. Les anciens, frappés apparemment de l'idée de la vie souffrante du héron, croyoient qu'il éprouvoit de la dou- leur, même dans l'accouplement; que le mâle, dans ces instans, répandoit du sang par les yeux , et jetoit des cris d'an- goisse. Pline paroit avoir puisé dans Aristote cette fausse opinion, dont Théophraste se montre également pré- venu ; mais on la réfutoit déjà du temps d'Albert, qui assure avoir plusieurs fois été témoin de l'accouplement des hérons, et n'avoir vu que les caresses 1^- if I ",*)! -—-—»—»„-,»- -mt-iir' iw«' i^w m wm 4.' H' 312 HISTOIRE NATURELLE de l'amour et les crises du plaisir. Le mâle pose d'abord un pied sur le dos de la femelle, comme pour la presser dou- cement de céder j puis , portant les deux pieds en avant , il s'abaisse sur elle, et se soutient dans celte attitude par de petite battemens d'ailes; lors- qu'elle VTent à couver, le mâle va à la pêche, et lui fait part de ses captures, et l'on voit souvent des poissons tom- bés de leurs nids. Du reste, il ne paroît pas que les hérons se nourrissent de serpens ni d'autres reptiles, et l'on ne sait sur quoi pouvoit être fondée la dé- fense de les tuer en Angleterre. Nous avons vu que le héron adulte refuse de manger , et se laisse mourir en domesticité ; mais , pris jeune , il s'ap- privoise , se nourrit et s'engraisse 5 nous en avons fait porter du nid à la basse- cour; ils y ont vécu d'entrailles de pois- sons et de viande crue , et se sont ha- bitués avec la volaille ; ils sont même iïusceptibles , non pas d'éducation, mais ;:J^ i' ^>-5S5!.' ■*-■>■ ■♦iawmaaiMMwii^v DU HÉRON. 2l3 de quelques mouvemens communi- qués. On en a vu qui avoient appris à tordre le cou de différentes manières , à l'entortiller autour du bras de leur maître; mais, dès qu'on cessoit de les agacer, ils relomboient dans leur tris- fesse naturelle, et demeuroient immo- biles. Au reste , les jeunes hérons sont , dans le premier âge, assez long-temps couverts d'un poil follet épais , prin- cipalement sur la tète et le cou. Le héron prend beaucoup de gre- nouilles , il les avale tout entières ; on le reconnoît à ses excrémens , qui en offrent les os non brisés , et enveloppés d'une espèce de mucilage visqueux de couleur verte, formé apparemment de la peau des grenouilles réduite en colle; ses excrémens ont, comme ceux des oiseaux d'eau en général , une qua- lité brillante pour les herbes; dans la disette il avale quelques petites plan- tes , telles que la lentille d'eau; mais sa xiourriture ordinajxe est le poisson. Il • » IM vt\ ?l et M < '.^'Tr^^ ii a 14 HISTOIRE NATURELLE en prend assez de petits, et il faut lui supposer le coup de bec sûr et prompt pour atteindre et frapper une proie qui passe comme un trait ; mais, pour les poissons un peu gros, "Willulghby dit, avec toute sorte de vraisemblance, qu'il en pique et blesse beaucoup plus qu'il nen tire de l'eau. En hiver, lors- que tout est glacé et qu'il est rëduil aux fontaines chaudes , il va tâtant de son pied dans la vase, et palpe ainsi sa proie, grenouille ou poisson. Au moyen de ses longues jambes, le héron peut entrer dans l'eau de plus d'un pied sans se mouiller ; ses doigts sont d'une longueur excessive , celui du miHeu est aussi long que le tarse ; l'ongle qui le termine est dentelé en de- dans comme un peigne , et lui fait un appui et des crampons pour s'accro- cher aux menues racines qui traversent la vase sur laquelle il se sonlient au moyen de ses longs doigts épanouis. Son bec est avmé de dentelures tour- ■5 y*\\ l •tr-: LE faut lui t prompt lie proie ais, pour llulghby nblance, oup plus 'er, lors- Jt réduit âtant de e ainsi sa mbes , le de plus is doigts , celui e tarse ; é en de^ fait un s'accro- iversent ient au 3anouis. ;s tour- 2l5 DU HÉRON. v\ée^ en arrière , par lesquelles il re- tient le poisson glissant. Son cou se plie souvent en deux , et il sembleroit que ce mouvement 5'exécute au moyen d'une charnière; car on peut encore faire jouer ainsi le cou plusieurs jours après la mort de Toiseau. Willulghbya mal-à-propos avancé à ce sujet que la cinquième vertèbre du cou est renver- sée et posée en sens contraire des au- tres; car, en examinant le squelette du héron, nous avons compté dix -huit vertèbres dans le cou, et nous avons seulement observé que les cinq premiè- res , depuis la tête , sont comme com- primées par les côtés , et articulées l'une sur l'autre par une avance de la précédente sur la suivante, sans apo- physes , et que l'on ne comnience à voir des apophyses que sur la sixième vertèbre. Par cette singularité de con- formation , la partie du cou qui tient à la poitrine se roidit , et celle qui tient à la tête joue en demi»cercie sur i'au- I il JJ 2l6 HISTOIRE NATUREIrLK tre , OU s'y applique de façon que le cou , la tcte et le bec sont plies eu trois l'un sur l'autre: l'oiseau redresse brus- quement, et comme par ressort , celte moitié repliée , lance son bec comme un javelot; en étendant le cou de toute sa longueur, il peut atteindre au moins à trois pieds à la ronde. Enfin , dans ce parfait repos, ce cou, si démesurément long, est comme effacé et perdu dans les épaules, auxquelles la tête paroit jointe. Ses ailes pliées ne débordent point la queue , qui est très-courte. • Pour voler il roidit ses jambes eu ar- rière , renverse le cou sur le dos , le plie en trois parties, y compris la tête et le bec , de façon que d'eu bas on ne voit point de tête, mais seulement un bec qui paroit sortir de sa poitrine -, il déploie des ailes plus grandes à propor- tion que celles d'aucun oiseau de proie; ces ailes sont fort concaves, et frappent l'air par un mouvement égal et réglé. Le iiéron, par ce vol uniforme, s'élève il:-:- ■■n DU HÉRON. 217 et se porte si haut, qu'il se perd à la vue dans la rc^gion des nuages. C'est lorsqu'il doit pleuvoir qu'il prend le plus souvent son vol, et les anciens ti- roient de ses mouvemenset de ses atti- tudes plusieurs conjectures sur l'élat de l'air et les changemens de tempé- rature; triste et immobile sur le sable des rivages, il annonçoit des frimas; plus remuant et plus clameux qu'à l'or- dinaire , il promettoit la pluie ; la tête couchée sur la poitrine, il indi - quoit le vent par le côté où son bec étoit tourné. Aratus et Virgile, Tliéo- pliraste et Pline, établissent ces présa- ges , qui ne sont plus connus depuis que les moyens de l'art, comme plus sûrs , nous ont fait négliger les observations de la nature en ce genre. Quoi qu'il en soit, il y r peu d'oi- seaux qui s'élèvent aussi haut , et qui , dans le même climat , fassent u ussi grandes traversées que les hérons ; et souvent, nous dit M. Lottinger , ou \\ î ?! lA! "«*^- ri'' ri ai8 HISTOIRE NATURELLE en prend qui portent sur eux des mar- ques des lieux où ils ont séjourne. Il faut, en effet, peu de force pour por- ter très -loin un corps si mince et si maigre, qu'en voyant un héron à quel- que hauteur dans l'air on n'apperçoit que deux grandes ailes s^ins fardeau ; son corps est efflanqué, applali par les côtés, et beaucoup plus couvert de plu- mes que de chair. Willulojhby attribue la maigreur du héron à la crainte et à lauxiété continuelle dans laquelle il vit, autant qu'à la disette et à son peu d'industrie; effeclivement la plupart de ceux que Ton tue sont d'une mai- greur excessive. Tous les oiseaux de la famille du héron n'ont qu'un seul cœcum, ainsi que les quadrupèdes ; au lieu que tous les autres oiseaux en qui se trouve ce viscère l'ont double j l'œsophage est très-large, et susceptible d'une grande dilatation 5 la trachée - artère a seize pouces de longueur, et environ qua-  I M m I L^..<_ . LE les mar- ►urne. Il jour por- iice et si n à quel- apperçoit fardeau ; iti par les rt de plu- f attribue ainte et à iquelle il k son peu i plupart me mai- mille du m, ainsi que tous 'Ouve ce [hage est grande a seize ron qua- •■Ji î DU HERON. 219 torze anneaux par pouces ; elle est à- peu-près cylindrique jusqu'à sa bifur- cation , où se forme un renflement considérable d'où partent les deux bî^anches , qui, du côté intérieur, ne sont formées que d'une membrane ; l'œil est placé dans une peau nue , ver- dâtre, qui s'étend jusqu'aux coins du bec 5 la langue est assez longue, molle et pointue ; le bec , fendu jusqu'aux yeux, présente une longue et large ou- verture 5 il est robuste , épais près de - la tête, long de six pouces, et finissant en pointe aiguë; la mandibule infé- rieure est tranchante sur les côtés , la supérieure est dentelée vere le bout , sur près de trois pouces de longueur : elle est creusée d'une doubte rainure, dans laquelle sont placées les narines 5- sa couleur est jaunâtre , rembrunie à la pointe; la mandibule inférieure est plus jaune , et les deux branches qui a composent ne se joignent qu'à deux pouces de la pointe ; i'entre-deux est rièi Il [X i i ■■'^"^taiW^'"' » i i f! 1 : 220 HISTOIRE NATURELLE garni d'une membrane couverte de plumes blanches 5 la gorge est blanche aussi , et de belles mouchetures noires marquent les longues plumes pendantes du devant du cou ; tout le dessus du corps est d'un beau gris de perle ; mais dans la femelle , qui est plus petite que le mâle, les couleurs sont plus pâ- les , moins foncées , moins lustrées; elle n'a point la bande transversale noire sur la poitriue, ni d'aigrette sur la têle ; dans le mâle il y a deux ou trois longs brins déplumes minces, effilées , flexi- bles etduplus beau noir jcesplumessont d'un grand prix, sur -tout en Orient; la queue du héron a douze pennes tant soit peu élagées; la partie nue de sa jambe a trois pouces ; le tarse six; le grand doigt plus de cinq; il est joint au doigt intérieur par une portion de membrane ; celui de derrière est aussi très-long, et, par une singularité mar- quée dans tous les oiseaux de cette fa- mille , ce doigt est comoie articulé aves i iuléaves DUHÉRON. 221 l'extérieur , et implanté à côté du ta- lon; les doigts, les pieds et les jambes de ce héron commun sont d'un jaune verdâtre 5 il a cinq pieds d'envergure , près de quatre du bout du bec aux ongles , et un peu plus de trois jus- qu'au bout de la queue ; le cou a seize ou dix-sept pouces 5 en marchant , il porte plus de trois pieds de hauteur; il est donc presque aussi grand que la cigogne, mais il a beaucoup moins d'é- paisseur dt; corps , et on sera peut-être étonné qu'avec d'aussi grandes dimen- sions le poids de cet oiseau n'excède pas quatre livres. Aristote et Pline paroissent n'avoir connu que trois espèces dans ce genre; le héron commun ou le grand héron gris, dont nous venons de parler, et qu'ils désignent par le nom de héron cendré ou brun , pellos; le héron blanc leucos; et le héron étoile ou le butor, asterias. Cependant Oppien observe que les espèces de héron sont nom- (. *i n i â m oiscoiix. vni. 20 'S 222 HISTOIRE NATURELLE breuscs et variées. En effet, chiique climat a les siennes, comme nous le verrons par leur ^numération ; et l'es- pèce commune, celle de notre héron gris paroit s'être portée dans presque tous les pays, et les habiter conjointe- ment avec celles qui y sont indigènes. Knlle espèce n'est plus solitaire, moins nombreuse dans les pays habités, et plus isolée dans chaque contrée ; mais en même temps aucune n est plus ré- pandue et ne s'est portée plus loin dans des climats opposés ; un naturel austère, une vie pénible ont apparemment en- durci le héron et l'ont rendu capable de supporter toutes les intempéries des difFérens climats. Du Tertre nous assure qu'au milieu de la multitude de ces oisaux naturels aux Antilles, on trouve souvent le héron gris d'Europe; on l'a de même trouvé à Taiti , où il a un nom propre dans la langue du pays, et où les insulaires ont pour lui , com- me pour le martin-pêcheur , un respect A. LLE t, chaque le nous le n ; et Ves- Dtre héron is presque coiijouite- indigènes. lire, moins labités, et itrée 5 mais est plus ré- ijs loin dans irel austère, î ni ment en- idu capable intempéries ertve nous ultitude de util les, on is d'Europe; |aiti , où il a ^ue du pays, |r lui , com- un respect DU HÉRON. 223 superstitieux. Au Japon, entre plu- sieurs espèces de saggis ou hérons , ou distingue, dit Kœmpfer, \e goi-saggi ou le héron gris ; on le rencontre en Egjpte, en Perse, en Sibérie, chez lesJakules. Nous en dirons autant du héron de l'île Saint-Iago, au Cap- Vert; de celui de la baie do Saldana ; du héron de Guinée de Bosman; des hérons gris de l'Ile de May ou des rahékès du voya- geur Roberts ; du héron du Congo , observé par Loppez ; de celui de Gu- zarate, clo»t parle Mandeslo; de ceux de Malabar , de Tunquin , de Java , de Timor , puisque ce;> différons voya- geurs indiquent ces hérons simplement sous le nom de l'espèce commune , et sans les en distinguer. Le héron appelé dangcanghac dans l'ile de Luçon , efc auquel les Espagnols des Philippines donnent en leur langue le nom prop' o du héron d'Europe (garza) , nous pa- roît être le même. Dampier dit ex- pressément que le héron de la baie de '»tf" 224 HISTOIRE NATURELLE Campêche est en tout semblable à celui d'Angleterre; ce qui, jouît au iëmoignage de du Tertre et à celui de le Page du Pratz . qui p. vu ;-i la liOui- siaiie le ruême Lt^^on qu'en Europe, ne nous laisse pas douter que l'espèce n'en soit consmune aux deux coati- nens , quoique Galesby assure qu'il ne s'en trouve dans le nouveau ^« le des espèces toutes différentes. Dispersés et solitaires dans les con- tiëes peuplées, les hérons se sont trou- vés rassemblés et nombreux dans quel- ques îles désertes , comme dans celles du golfe d'Arguim au Cap-Blanc, qui reçut des Portugais le nom d' isola das Garzas , ou d'île aux Hérons, parce qu'ils y trouvèrent un si grand nombre d'œufs de ces oiseaux, qu'on en rem- plit deux barques. Aldrovande parle de deux île;? sur la côte d'Afrique, nommées de même et pour la même raison, îles des Hérons par les Espa- gnols 5 celle du Niger , où aborda -H^' LLE blable à joïp.t au i celui éf. la TiOU!- Europe , ! l'espèce ux ccati- î qu'il ne vMe des les con- ont trou- ans quel- ms celles lanc, qui 'sola das s, parce l nombre en rem- ide parie Afrique , a même es Espa- aborcla i ï "i DU HÉRON. 22b M. Adanson , eût mérité éaglement ce surnom, par la grande quantité de ce,«^, oiseaux qui s'y étoient établis. En Europe , l'espèce du héron gris s'est portée jusqu'en Suède, en Danemarck et en Norwège. On en voit en Polo- gne, en Angleterre, en France, dans Ja plupart de nos provinces ; et c'est sur-tout dans les pays coupés de ruis- seaux ou de marais , comme en Suisse et en Hollande, que ces oiseaux habi- tent en plus grand nombre. ^ Nous diviserons le genre nombreux des hérons en quatre familles; celle du héron proprement dit, dont nous venons de décrire la première espèce; celle du butor; ceWe àw bihoreau , et celle des crabiers. Les caractères communs qui unissent et rassemblent ces quatres la- milles , sont la longueur du cou , la rectitude du bec qui est droit, pointu et dentelé aux bords de sa partie su- périeure vers la pointe; la longueur des ailes, qui , lorsqu'elles sont phées. U \ ,1,1 ' V , v\ ftM ; L Av^ii I m 226 HISTOIRE NATURELLE recouvrent la queue ; la hauteur du tarse et de la partie nue de la jambe; la grande longueur des doigts , dont celui du milieu a Tongle dentelé, et la position singulière de celui de derrière qui s'articule à côté du talon, près du doigt intérieur ; enfin la peau nue , verdâtre , qui s étend du bec aux yeux dans tous ces oiseaux ; joignez à ces conformités physiques celles des habi- tudes naturelles , qui sont à-peu-près les mêmes , car tous ces oiseaux sont également babitans des marais et de la rive des eaux; tous sont patiens par ins- tinct , assez lourds dans leurs mouve- mens , et tristes dans leur maintien. Les traits particuliers de la famille des hérons , dans laquelle nous compre- nons les aigrettes , sont, le cou exces- sivement long, très-gréle et garni au bas de plumes pendantes et effilées 5 le corps étroit , efflanqué, et, dans la plu- part des espèces, élevé sur de hautes échasses. ■--v^r; ri*'!»--^ LE iteur du jambe; ;s , dont lé, et la derrière près du LU nue , iix yeux ez à ces les habi- peu-près aux sont s et de la par ins- mouve- itien. famille compre- i exces- arni au lées; le s la plu- hautes DU HERON. 227 Les butors sont plus épais de corps , moins hauts sur jambes que le héron ; ils ont le cou plusçourtj^et si garni de plumes, qu il paroît très-gros en com- paraison de celui du héron. Les bihoreaux ne sont pas si grands que les butors; leur cou est plus court , les deux ou trois longs brins implantés dans la nuque du cou les distinguent des trois autres familles ; la partie su- périeure de Je^r bec est légèrement arquée. <. • Les crabiers , qu'on pourvoit npm- mer petits hérons, forment une famille subalterne , qui n'est, pour ainsi dire, (juela répéliti.Qn en diminutif de celle des hérons j aucun des crabiers p'est aussi grand que le héroq-raigrette , qui est des trois quarts plus petit que le héron commun; et le blongios, qui n'est pas plus gros qu'un râle , termine la nombreuse suite d'espèces de ce gen- re , plus variée qu'aucune autre pour la proportion de la grandeur et des formes. ' 1 ' i J s I < m 228 HISTOIRE NA.TURELLE LE HÉRON BLANC. Seconde espèce. Comme Jes espèces des hérons sont nombrenspc nous séparerons celles de l'ancien continent, cjui sont au nom- bre de sept , de celles du Nouveau- Monde, dont nous en connoissons déjà àix; la première de ces espèces de no- ire continent est le héron commun que nous venons de décrire , et la se- conde est celle du héron blanc , qu'A- ristole a indiqué par le surnom de leif^ cos j qui désigne en effet sa cou leur; il est aussi grand que le héron gris, et même il a les jambes encore plus hau- tes 5 mais il manque de panaches, et c'est mal-à-propos que quelques no- lîiencla leurs l'ont confondu avec l'ai- grette : tv>ut son plumage est blanc, le bec est jaune et les pieds sont noirs. Turner semble dire qu'on a vu le hé- ron blanr s'accoupler avec le héron r LS .NC. ons sont celles de m nom- ouveao- ions déjà ;s de no- commun et la se- [î,qirA- 1 de leu- )uleiir5il gris, et ilus han- ches, et [nés no- rec l'ai- )lanc, le it noirs. li le hé- héron % DU HÉRON. 229 gris; mais Belon dit seulement, ce qui est plus vraisemblable , que les deux espèces se hantent et sont amies jus- qu'à partager quelquefois la même aire pour y élever en commun leurs petits : il paroît donc qu'Aristote n'étoit pas bi'^n informé , lorsqu'il a écrit que le héron blanc mettoit plus d'art à cons- truire son nid que le héron gris. M. Brisson onne une description du héron blanc , à laquelle on doit ajou- ter que la peau nue autour des jeux n'est pas toute verte, mais mêlée de j'iune sur les bords; que l'iris est d'un ?a une-citron ; que les cuisses sont ver- dâtres dans leur partie nue. On voit beaucoup de hérons blancs sur les côtes de Bretagne, et cependant ! espèce en est fort rare en Angleterre , quoiqu'assez commune dans le nord , jusqu'en Scanie ; elle paroît seulement moins nombreuse que celle du héron gris, sans être moins répandue, ptiis- qu'on l'a trouvé àJa Nouvelle-Zélande, ! 2,)0 HISTOIRF. NATURELLE au Japon, aux Philippines, à Mada- gascar, au Brésil, où il se nomme gui- ratinga , et au Mexique sous le nom daztatl. LE HÉRON NOIR. Troisième espèce. ScHwENCKT'ELD scroît Ic scul des naturalistes qui auroit fait mention de cehëron, si les auteurs de l'Ornitho- lo«;ie italienne ne parloient pas aussi d'un Wron de mer qu'ils disent être noir ; celui de Schwenckfeld qu'il a vu en Sil(^sie , c'est-à-dire , loin de la mer , pourroit donc ne pas être le même que tielui des ornithologistes italiens. Au reste, il est aussi grand que notre hé- ron gris; tout son plumage est noirâ- tre , avec un reflet de bleu sur les ailes; il paroît que l'espèce en est rare en Silésie : cependant on doit présumer qu'elle est plus commune ailleurs, et que cet oiseau fréquente les mers, car f DU HERON. 23 1 il paroît se trouver à Madagascar , où il a un nom propre; mais on ne doit pas rapporter à cette espèce , comme l'a fiut M. Klein , Xardea cœruleo-nigra de Sloane, qui est le crabier deLabat, qui est beaucoup plus petit , et qui par conséquent doit être placé parmi les plus petits hérons que nous appellerons crabier s, LE HÉRON POURPRÉ. Quatrième espèce. Le héron pourpre du Danube donné par Marsiii;li,et le héron pourpré huppé de nos planches enluminées , nous pa- roissent devoir se rapportera une seule et même espèce ; la huppe, comme l'on sait, est l'attribut du mâle, et les pe- tites différences qui se trouvent dans les couleurs entre ces deux hérons, peuvent de même se rapporter au sexe ou à l'â^e; quant à la grandeur elle est ia même, car bien que M. Brisson i fm % J -1 < 'I >■'• 1 232 HISTOIRE NATURELLE donne son héron pourpré huppé com- me beaucoup moins gros que le héron pourpré de Marsigli , les dimensions dans le détail se trouvent être à très- peu-près égales , et tous deux sont de la grandeur du héron gris; le cou , Testomac et une partie du dos , sont d'un beau roux - pourpré ; de longues plumes effilées, de celte même belle couleur , partent des côtés du dos , et s'étendent jusqu'au bout des ailes en retombant sur la queue. LE HÉRON VIOLET. Cinquième espèoe. Ce héron nous a été envoyé de la côte de Coromandel ; ii a tout le corps d'un bleuâtre très-foncé, teint de vio- let ; le dessus de la tête est de la même couleur, ainsi que le bas du cou , dont le reste est blanc ; il est plus petit que le héron gris , et n'a au plus que trente pouces de longueur. L LLE jpé com- le héron mensions re à très- £ sont de le cou , os , sont I longues me belle II dos, et ailes en iET. yé de la le corps ; de vio- a même u , dont etit que e trente DU HÉRON. t53 LA GARZETTE BLANCHE. Sixième espèce. Aldrovande désigne ce héron blanc, plus petit que le premier, par les noms de garzeita et de garza bianca , en le distinguant nettement de l'aigrette , qu'il a auparavant très-bîen caractéri- sée : cet oiseau adulte est tout blanc, excepté le bec et les pieds qui sont noirs 5 il est bien plus petit que le grand héron blanc , n'ayant pas deux pieds de longueur. Oppien paroît avoir connu celte espèce. Klein et Linnœus n'en font pas mention , et probablement elle ne se trouve pas dans le Nord. Cepen- dant le héron blanc dont parie Rzac- zjnski que Ton voit en Prusse , et qui a le bec et les pieds jaunâtres , paroît être une variété de cette espèce; car, dans le grand héron blanc , le bec et les pieds sont constamment noirs , d'au- tant plus qu'en France même cette Oiseaux. VIII. 21 i à ï f A 234 HISTOIRE NATURELLE petite espèce de garzette est sujette à d'autres variétés. M. Hébert nous assure avoir tué en Brie , au mois d'a- vril, un de ces petits hérons blancs , pas plus gros de corps qu'un pigeon de volière, qui avoit les pieds verts, avec l'écaillé lisse et fine , au lieu que les autres hérons ont communément cette écaille des pieds d'un grain grossier et farineux. u! L'AIGRETTE. Septième espèce. Belon est le premier qui ait donné le nom d'aigrette à cette petite espèce de héron blanc , et vraisemblablement à cause des longues plumes soyeuses qu'il porte sur le dos , pûrce que ces belles plumes servent à faire des ai- grettes pour embellir et relever la coif- fure des femmes , le casque des giier- riers et le turban des Sultans 5 ces plu- mes sont du plus grand prix en Orient; «! LLB îst sujette bert nous mois d'a- is blancs ^ pigeon de 'erts, avc;o îu que les nent cette grossier et D E. ait donné |tite espèce lablemeiit soyeuses e que ces re des ai- er la coif- des gîier- 5 ces plu- n Orient; DU HERON. 235 elles étoient recherchées en France dès le temps de nos preux chevaliers qui en faisoient des panaches. Aujour- d'hui , par un usage plus doux , elles servent à orner la tête , et rehausser la taille de nos belles; la flexibilité, la mollesse , la légèreté de ces plumes on- doyantes , ajoutent à la grâce des mou- vemens ; et la plus noble comme la plus piquante des coiffures ne demande qu'une simple aigrette placée dans de beaux cheveux. Ces plumes sont composées d'une côte très-déliée , d'où partent par pai- res, à petits intervalles, des filets très- fins et aussi doux que la soie ; de cha- que épaule de l'oiseau , sort une touffe de ces belles plumes, qui s étendent sur le dos et jusqu'au-delà de la queue ; elles sont d'un blanc de neige , ainsi que toutes les autres plumes qui sont moins délicates et plus fermes : cepen- dant il paroit que l'oiseau jeune avant sa première mue , et peut-être plus h -^ ti f -M % 236 HISTOIRE NATURELLE lard a du gris ou du b run , et même du noir, mêlés dans son plumage. Un de ces oiseaux tué par M. Hébert , en Bourgogne , avoit tous les caractères de la jeunesse , et particulièrement ces couleurs brunes de la livrée du pre- mier âge. Cette espèce à laquelle on a donné le nom à! aigrette , n'eu est pas moins un héron, mais c'est l'un des plus petits; il n'a communément pas deux pieds de longueur; adulte , il a le bec et les pieds noirs, il se tient de préférence aux bords de la mer , sur les sables et les vases : ce- p ^"îdanl il se perche e* niche sur les ar- bres comme les autres hérons. Il paroît que l'espèce de notre ai- grette d'Europe se trouv^e en Amé- rique avec une autre espèce plus gran- de, dont nous donnerons la description dans l'article suivant ; il paroît aussi que cette même espèce d'Europe s'est répandue dans tous les climats et jusque dans les iles lointaines isolées , comme KM I .S \ ELLE , et même image. Un Hébert , en caractères iulièrement rée du pre- la donné le s moins iin plus petits; ux pieds de : et les pieds ;e aux bords !8 vases : ce- 5 sur les ar- is. notre ai- en Amé- plus gran- description )aroît aussi urope s'est set jusqtJf' îs , comme DU HÉRON. 2^7 aux îles Malouines et à l'île de Bour- bon 5 on la trouve en Asie , dans les plaines de l' Araxes , sur les bords de la mer Caspienne , et à Siam , au Sénégal et à Madagascar, où on l'appelle lang- houron ; mais pour les aigrettes noires , grises et pourprées , que les voyageurs Flacourt et Gauche placent dans cette même île , on peut les rapporter avec beaucoup de vraisemblance à quel- (ju'une des espèces précédentes de hé- rons, auxquels le panache dont la tête est ornée aura fait donner impropre- ment le nom à' aigrette. HÉRONS DU NOUVEAU CONTINENT. LA GRANDE AIGRETTE, Première espèce. Toutes les espèces précédentes de hérons sont de l'ancien continent, tou- tes celles qui suivent appartiennent au nouveau t elles sont très-nombreuses en I 9 ¥^ .-? f ' ^; i: * s38 lIISTOmE NATURELLE individus, dans ces régions où les eaux qui ne sont point contraintes se répan- dent sur de vastes espaces , et où toutes les terres basses sont noyées : la grande aigrette est sans contredit la plus belle de ces espèces , et ne se trouve pas en Europe ; elle ressemble à notre aigrette par le beau blanc de son plumage , sans mélange d'aucune autre couleur, et elle est du double plus grande , et par con- séquent son magnifique parement de plumes soyeuses , est d'autant plus riche et plus volumineux ; elle a , comme l'aigrette d'Europe , le bec et les pieds noirs : à Cayenne, elle niche sur les petites îles qui sont dans les grandes savanes noyées ; elle ne fréquente pus les bords de la mer ni les eaux salées, mais se tient habituellement sur les eaux stagnantes et sur les rivières, où elle s'abrite dans les joncs ; l'espèce en est assez commune à la Guiane ; mais ces grands et beaux oiseaux ne vont pas en troupes, comme les petites ai- ÎLLE iii les eaux } se répan- t où toutes la grande plus belle ive pas en re aigrette lage, sans îur, et elle îl par con- rement de t plus riche , , comme )t les pieds he sur les ss grandes uente pus X salées, it sur les /ières, où espèce en me; mais ne vonfc )etilQs ai- DU HÉRON. 2^9 grelles; ils sont aussi plus farouches, se laissent moins approcher, et se per- chent rarement. On en voit à Saint- Domingue , où , dans la saison sèche , ils fréquentent les marais et les étangs : enfin , il paroît que celte espèce n'est pas confinée aux climats les plus chauds de l'Amérique , car nous en avons reçu quelques individus qui nous ont été en- voj'és de la Louisiane. , ' - . L'AIGRETTE ROUSSE. ' ■ Seconde espèce. , Cette aigrette , avec le corps d'un gris noirâtre , a les panaches du dos et les plumes effilées du cou d'un roux de rouille ; elle se trouve à la Louisiane , et n'a pas tout - à - fait deux pieds de longueur. 'il \ r II 240 HISTOIRE NATURELLE LA DEMI-AIGRETTE. Troisième espèce. Nous donnons ces noms au hdron bleuâtre à ventre blanc de Cayenne , de nos planches enluminées , pour dési- gner un caractère qui semble faire la nuance des aigrettes aux hérons : en effet, celui-ci n'a pas , comme les ai- grettes , un panache sur le dos aussi étendu, aussi fourni ; mais seulement un faisceau de brins effilés qui lui dé- passent la queue , et représentent en petit les touffes de l'aigrette ; ces brins, que n'ont pas les autres hérons , sont de couleur rousse ; cet oiseau n'a pas deux pieds de longueur ; le dessus du corps , le cou et la tête, sont d'uu bleuâtre foncé , et le dessous du corps est blant I Vvl È f SLLE iTTE. s au hdron lyenne , de pour dési- >le faire la lérons : en ime les ai- ! dos aussi seulenient qui lui dé- sentent en ces brins, s , sont de pas deux du corps , lu bleuâtre est blam DU H E K 0 N. 241 L E S O C O. Quatrième espèce. Soco , suivant Pison , est le nom générique des hérons au Brésil : nous l'appliquons à celte grande et belle espèce dont Marcgrave fait son second héron , et qui se trouve également à la Guiane et aux Antilles comme au Bré- sil ; il égale en grandeur notre héron gris; il est huppé; les plumes fines et pendantes qui forment sa huppe , et dout quelques-unes ont six pouces de long , sont d'un joli cendré ; suivant du Tertre, les vieux mâles seuls, por- tent ce bouquet de plumes; celles qui pendent au bas du cou so' • blanches et également délicates , douces et flexi- bles ; Ton peut de même en faire des panaches ; celles des épaules et du manteau sont d'un gris cendré-ardoisé, Pison , en remarquant que cet oiseau est ordinairement assez maigre , assure 11 I m ■ fi 243 histoihï: naturelle néanmoins qu'il prend de la graisse dans la saison des pîuies. Du Tertre qui l'appelle crabier , suivant l'usage des îles où ce nom se donne aux hérons , dit qu'il n'est pas aussi commun que les autres hérons, mais que sa chair est aussi bonne, c'est-à-dire, pas plus mauvaise. Jptc. LE HERON BLANC à calotte noire. Cinquième espèce. C E héron , qui se trouve à Cayenne , a tout le plumage blanc, à l'exception d'une calotte noire sur le son met de la tête, qui porte un panache de cinq ou six brins blancs ; il n'a guère que deux pieds -e longueur; il habite le haut des rivièies à la Guiane, et il est assez rare. Nous lui joindrons le héron blanc du Brésil , la différence de gran- deur pouvant n'être qu'une différence individuelle, la plaque noire, ainsi que la huppe , pouvant n'appartenir qu'au ■r-*'/ ELLS la graisse Du Tertre anl l'usage ux hérons, nmun que e sa chair î, pas plus tte noire. Cayenne , l'exception ornmet de le de cincj guère que habite le e, et il est is le héron s de gran- difFérence , ainsi que nir qu'au DU HÉRON. 243 nulle , et former son attribut distinctif , comme nous l'avons déjà remarcrué pour la huppe dans la plupart des auti es espè- ces de hérons. LE HÉRON Sixième es^ JN. I L est plus grand que le précédent , et comme lui naturel à la Guiane. Il a tout le dessus du corps d'un brun- noirâtre , dont la teinte est plus foncéa sur la tête , et paroît ombrée de bleuâtre sur les ailes 5 le devant du cou est blanc , chargé de taches en pinceaux brunâ- tres j le dessous du corps est d'un blanc pur. LE HÉRON AGAML Septième espèce. Nous ignorons sur quelle analogie peut être fondée la dénomination de héron agami, sous laquelle celte espèce •i! if 1 .i--. IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-S) '<, 1.0 l.l 1.25 ■- IIM |50 '"" IIM M 1.8 U lli M V] <^ /a 7 C>^:. % o / Photographie Sciences Corporation 23 WEST MAIN STREET WEBSTER, N.Y. 14580 (716) 872-4503 \ ;V ^ *> € 0^ ^^ ^ '"^^ ^.p à 244 HISTOIRE NATURELLE nous a été envoyée de Cciyennne, si ce n'est sur le rapport des longues plumes qui couvrent la queue de l'agami, en dépassant les pennes , avec de longues plumes tombantes , qui recouvrent et dépassent de même la queue de ce hé- ron , f n quoi il a du rapport aux aigret- tes; ces plumes sont d'un bleu clair; celles des ailes et du dos sont d'un gros bleu foncé ; le dessous du corps est roux; le cou est de celte même couleur en de- vant, mais il est bleuâtre au bas et gros bleu en dessus ; la têle est noire , avec l'occiput bleuâtre, d'où pendent de longs Blets noirs. i L' H O C T I. Huitième espèce. NiEREMBERG interprète le nom mexicain de cet oiseau hoactll ou to- loactli , par avis sicca , oiseau sec ou maigre , ce qui convient fort bien à héron; celui-ci est de moitié moins inne, si ce les plumes agami, en le longues auvrent et > de ce hé- uix aigret- )leu clair; t d'un gros )s est roux j leur en de- bas et gros oire, avec ntdeloii^s te le nom tll ou to- au sec ou >rt bien à tié moins DU HÉRON. 245 grand que le héron commun. Sa tête est couverte de plumes noires , qui s'alongent sur la nuque en panache ; le dessus des ailes et la queue sont de couleur grise ; il a sur le dos quelques plumes d'un noir lustré de vert; tout le reste du plumage est blanc. La fe- melle porte un nom différent de celui du mâle (hoactonfœmina) ; elle en dif- fère en effet par quelques couleurs dans le plumage; il est brun sur le corps, mélangé de quelques plumes blanches, et blanc au cou , mêlé de plumes brunes. Cet oiseau se trouve sur le lac de Mexique ; il niche dans les joncs , et a la voix forte et grave , ce qui semble le rapprocher du butor : les Espagnols lui donnent mal-à-propos le nom de mqr- tinete pescador , car il est très-diflérent du martin-pêcheur. I Oiseaux. VIIÏ, 22 m û m ■^^i^: 246 HISTOIRE NATURELLE LE H O H O U. Neuvième espèce. C'est encore par contraction du mot xoxouquihoactli , et qui se prononce hohouqaihoactli , que nous avons formé le nom de cet oiseau avec d'autant plus déraison, que hohou est son cri; Fer- nandez, qui nous donne cette indica- tion, ajoute que c'est un héron d'assez petite espèce 5 sa longueur est néan- moins de deux coudées; le ventre et le cou sont cendrés; le front est blanc et noir ; le sommet de la tête et l'aigrette à l'occiput sont d'une couleur pour- prée , et les ailes sont variées de gris et de bleuâtre. C éron est assez rare ; on le voit de teiiips en temps sur le lac de Mexique , où il paroît venir des régions plus septentrionales. DU HERON. -4/ LE GRAND HERON D'AMERIQUE. Dixième espèce. Dans le genre des oiseaux de maré- cages, c'est au Nouveau-Monde qu'ap- partiennent les plus grandes comme les plus nombreuses espèces. Catesby a trouvé en Virginie celle du grand hé- ron, que cette dénomination caractérise assez , puisqu'il est le plus grand de tous les hérons connus; il a près de quatre pieds et demi de hauteur lorsqu'il est debout, et presque cinq ^ieds du bec aux ongles ; son bec a sept ou huit pouces Je longueur 5 tout son plumage est brun , hors les grandes pennes de l'aile qui sont noires 5 il porte une huppe de plumes brunes effilées; il vit non -seulement de poissons et de gre- nouilles , mais aussi de grands et^ de petits lézards. %. i^ 248 HISTOIRE NATURELLîfi LE HÉRON DE LA BAIE D'HUDSON. Onzième espèce. Cb héron est aussi très-grand ; il a près de quatre pieds du bec aux ongles ; une belle huppe d'un brun noir , jetée en arrière , lui ombrage la tête 5 son plumage est d'un brun clair sur le cou y plus foncé sur le dos , et plus brun en- core sur les ailes : les épaules et les cuis- ses sont d'un brun rougeâtre ; l'eslomac est blanc ainsi que les grandes plumes qui pendent du devant du cou , lesquel- les sont marquées de traits en pin- ceaux bruns. LES C R A B I E R S. Ces oiseaux sont des hérons encore plus petits que l'aigrette d'Europe; on leur a donné le nom de crabiers, parce qu'il y en a quelques espèces qui se nourrissent de crabes de mer, et pren- nent des écrevisses dans les rivières. n N ^:73:: ÎLLIS HUDSON. rand ; il a ux ongles ; loir , jetée tête 5 son iur le cou , is brun en- et les cuis- ; l 'estomac les plumes I, lesquel- 5 en pin- R S. >ns encore urope; on ers , parce es qui se , et pren- rivières. % DU HERON. .'!4<) Dampier et Wafer en ont vu au Bré- sil, à Timor, à la Nouvelle-Hollande ; ils sont donc répandus dans les deux hëntiisphères. Barrère dit que quoique les crabiers des îles de l'Amérique prennent des crabes, ils mangent aussi du poisson, et qu'ils pèchent sir les bords des eaux douces , ainsi que les hérons. Nous en connoissons neuf es- pèces dans l'ancien continent et treize dans le nouveau. CRABIERS DE L'ANCIEN CONTINENT. LE CRABIER CAIOÏ. . Première espèce. Aldrovande dit qu'en Italie, dans le Boulenois , on appelle cet oiseau quaiot , quaiotta , apparemment par quelque rapport de ce mot à son cri ; il a le bec jaunç et les pieds verts ; il porte sur la tête une belle touffe de plumes effilées, blanches au milieu , noires aux t V5* ...I p I. ' { A, w t i 1 '■ : aSo HISTOIRE NATURELLE deux bords 5 le haut du corps est recou- vert d'un chevelu de ces Jongues plu- mes minces et tombantes , qui forment sur le dos de la plupart de ces oiseaux crabiers comme un second manteau ; elles sont dans cette espèce d'une belle couleur rousse. LE CRABIER ROUX. 4 . ' , •_ I , Seconde espèce. Selon Schwenckfeld , ce crabier est rouge (ardea rubra) , ce qui veut dire d'un roux -vif, et non pas marron, comme traduit M* Brisson 5 il est de la grosseur d'une corneille* son dos est roux (dorso rubicundo ) ; son ventre blanchâtre; les ailes ont urie teinte de bleuâtre , et leurs grandes pennes sont noires. Ce crabier est connu en Silésie, et s'y nomme héron rouge (rodter- reger) : il niche «ur les grands arbres. •(, L ElELLE D XT HERON. 25' ps est recoù- longues plu- qui forment î ces oiseaux d manteau ; s d'une belle ROUX. ;e crabier est ni veut dire >as marron , il est de ; son dos est son ventre rie teinte de pennes sont 1 en Silésie, 5e (rodter- nds arbres. LE CRABIER MARRON. Troisième espèce. • Après avoir ôté ce nom mal donné à l'espèce précédeute par M. Brisson, nous l'appliquons à celle que le même naturaliste appelle rousse, quoiqu* Al- drovandela dise de couleur uniforme, passEjnt du jaunâtre au marron, excro- ceo ad colorent castaneœ vergens : mais s'il n'y a pas méprisé dans. les expres- sions, ces couleurs sont distribuées contre l'ordinaire , éipnt plus foncées dessous le corps , et plus claires sur le dos et les ailes; les plumes longues et étroites, qui recouvrent la tê^e et flot- tent sur le cou , sont variées de jaune et de noir; un cercle rouge iitoure l'œil qui e«t jaune ; 1q l>ec, noii* à la pointe , est vçrt-bieqâtre près de la tête; les pieds sont d'un rouge foncé; ce crabier est fort petit, car Aldro- vande, comptant tous les crahiers pour l i\ 252 HISTOIRE NATURELLE des hérons, dit cœteris ardeisferè om- nibus minor est, LE GUACCO. ' Quatrième espèce. :: Cest encore ici un petit crabier connu en Italie , dans les vallées du Boulonois , sous le nom de sguacco. Son dos est d'un jaune rembruni (ex luteoferrugineus) ; les plumes des jam- bes sont jaunes , celles du ventre blan- chissantes; les plumes, minces et tom- bantes de la tête et du cou, sont va- riées de jaune , de blanc et de noir ; ce crabier est plus hardi et plus courageux que les autres hérons ; il a les pieds ver- dâtres , l'iris de l'œil jaune , eptouré d'un cercle noir. LE CRABIER DE MAHON. ^ Cinquième espèce. Cet oiseau , nommé dans nos plan- ehes enluminée», héron huppé de Ma- < iî W^- '">*?/ :eli,e eisjerè oni' O. 3tit crabier vallées du e sguacco. nbruni (ex es des jam- entre blan- 3es et tom- I, sont va- le noir ; ce courageux pieds ver- î , ejitouré .RON. nos plan- ât/ de Ma- D u H É R 0 N. 253 hon, est un crabier, même de petite taille , et qui n'a pas dix-huit pouces de longueur : il a les ailes blanches ; le dos roussâtre ; le dessus du cou d'un roux-jaunâtre , et le devant gris-blanc; sa tête porte une belle et longue huppe de brins gris-blanc et roussâtres. LE CRABIER DE COROMANDEL. Sixième espèce. Ce crabier a du rapport avec le pré- cédent; il a de même du roux sur le dos, du roux-jaune et doré sur la tête et au bas du devant du cou, et le reste du plumage blanc , mais il est sans hup- pe; cette différence, qui pourroit s'at- tribuer au sexe, ne nous empêcheroit pas de le rapporter à l'espèce précé- dente , si celle-ci n* étoit plus grande de trois pouces. !l y I i 254 HISTOIRE NATURELLE LE CRABIER BLANC ET BRUN. Septième espèce. , Le dos brun ou couleur de terre d'ombre , tout le cou et la tête marqués de longs traits de cette couleur sur un fond jaunâtre; l'aile et le dessus du corps blancs; tel est le plumage de ce crabier que nous avons reçu de Malaca ; il a dix-neuf pouces de longueur. LE CRABIER NOIR. Huitiëme espèce. M. SoNNERAT a trouvé ce crabier à la Nouvelle-Guinc^p; il est tout noir, et a dix pouces de longueur. Dampier place à la Nouvelle-Guinée de petits preneurs d'e'crevisses à plumage blanc- de-lait; ce pourroit être quelque es- pèce de crabier , mais qui ne nous est pas jusqu'ici parvenue , et que cette notice seule nous indique. DU H ÉE 0 I(, 255 LE PETIT CRABIER. Neuvième espèce. C'est assez caractériser cet oiseau que de lui donner le nom de petit cra^ hier; il est en effet plus petit que tous Jes crabiers, plus même que le blongios, et n'a pas onze pouces de longueur. Il est naturel aux Philippines; il a le dessus de la tête , du cou et du dos , d'un roux-brun ; le roux se trace sur le dos par petites lignes transversales ; ondulantes sur le fond brun : le dessus de l'aile est noirâtre, frangé de petits festons inégaux , blancs-roussâtres ; les pennes de l'aile et de la queue sont noires. LE BLONGIOS. i^ Dixième espèce. Le blongios est, en ordre de grandeur, la dernière de ces nombreuses espèces 1 L r] 256 HISTOIRE NATURELLE que la nature a multipliées en répétant la même forme sur tous les modules , depuis la taille du grand héron , égal à la cigogne, jusqu'à celle du plus petit crabier et du blongios, qui n'est pas plus grand qu'un râle ; car le blongios ne diffère des crabiers que parles jam- bes un peu basses , et le cou en propor- tion encore plus long : aussi les Arabes de Barbarie, suivant le docteur Shaw , lui donnent-ils le nom de boo-onk, long cou , ou à la lettre, père du cou. Il l'alon- ge et le jette en avant comme par res- sort en marchant , ou lorsqu'il cherche sa nourriture; il a le dessus delà tête et du dos noir à reflets verdâtres , ainsi que les pennes des ailes et de la queue; le cou, le ventre, le dessous des ailes, d'un roux^marron, mêlé de blanc et de jaunâtre; le bec et les pieds sont ver- dâtres. Il paroît que le blongios se trouve fréquemment en Suisse ; on le connoît à peine dans nos provinces de France, RELLS en répétant ss modules , léron , égal à lu plus petit |ui n'est pas ' le blongios parles jam- u en propor- ii les Arabes cteur Shaw , oO'Onk, long ?0M. Il l'alon- ime par res- ju'il cherche JUS de la tête lâtres , ainsi de la queue; )us des ailes, î blanc et de ds sont ver' )s se trouve n le connoît de France, DU HÉRON. '.Sj où en ne l'a rencontré qu'égaré , et ap- paremment emporté par quelque coup de vent , ou poussé de quelque oiseau de proie. Le blongios se trouve sur les côtes du Levant , aussi bien que sur celles de Barbarie; M. Edwards en re- présente un qui lui éloit venu d'Alep; il diflféroil de celui que nous venons de décrire en ce que ses couleurs étaient moins foncée", que les plumes du dos étoient frangées de roussâtre , et celles du devant du cou et du corps marquées de petits traits bruns 5 différences qui paroissent être celles de l'âge ou du sexe de l'oiseau ; ainsi ce blongios du Le- vant, dont M. Brisson fait sa seconde espèce , et le blongios de Barbarie ou boo - onk du docteur Shaw , sont les mêmes, selon nous, que notre blongios de Suisse. ., . . , Toutes les espèces précédentes de crabiers appartiennent à l'&ncien con- tinent : nous allons faire .suivre celles- qui se trouvent dans le nouveau , ea Oise.'iux. Vlir. 2[> l SI ^' I i à \ il '.' /: !■ 258 HISTOIRE NATURELLE observant pour les crabiers la même distribution que pour les hérons. CRABIERS DU NOUV. CONTINENT. LE CR^BIER BLEU. Première espèce. Ce crabier est très-singulier en ce qu'il a le bec bleu comme tout Je plu^ mage, en sorte que, sans ses pieds verts, il seroit entièrement bleu ; les plumes du cou et de la tête ont un beau reflet sur bleu; celles du bas du cou, du der- rière de la tête et du bas du dos , sont minces et pendantes; ces dernières ont jiisqu à un pied de long, elles couvrent la queue , et la dépassent de quatre doigts ; l'oiseau est un peu moins gros qu'une corneille, et pèse quinze onces; on en voit quelques-uns à la Caroline , et seulement au printemps ; néanmoins Catesby ne paroît pas croire qu'ils y fassent leurs petits, et il dit qu'on ignore ELLE rs la même lérons. NTINENT. BLEU. gulier en ce i tout Je plu" s pieds verts, ; les plumes n beau reflet cou, du der- du dos , sont lernières ont les couvrent it de quatre moins gros uinze onces ^ a Caroline , ; néanmoins »ii'e qu'ils y qu'on ignore i h DU HÉRON. 259 d'oii ils viennent. Cette même belle es- pèce se retrouve à la Jamaïque, et pa- roît même s'être divisée en deux races ou variétés dans cette île. LE CRABIER BLEU A COU BRUJ^. Seconde espèce. Tout ie corps de ce crabier est d'un bleu sombre , et , malgré cette teinte très -foncée, nous n'en eussions fait qu'une espèce avec la précédente , si la tête et le cou de celui-ci n'étoient d'un roux brun, et le bec d'un jaune foncé; au Heu que le premier a la tête et le bec bleus. Cet oiseau se trouve à Cayenne, et peut avoir dix-neuf pouces de lon- gueur. LE CRABIER GRIS-DE-FER. Troisième espèce. Cet oiseau, que Catesby donne pour un butor, est certainement un petit t 11 ', 11 i U ii 260 hé HISTOIRE NATURELLE ronoucrabier; loiit son plumage est rrun l)leu-ob.sciir et noirâtre, excepté le dessus de la lête qui est relevé en huppe d'un jaune -pâle, d'où partent à l'occiput trois ou quatre brins blancs; il y a aussi une lar^^e raie blanche sur la joue, jusqu'aux coins du bec; l'œil est protubérant, l'iris en est rouge et la paupière verte; de longues plumes effi- lées naissent sur les côtés du dos , et vien- nent , en tombant, dépasser la queue; les jambes sont jaunes; le bec est noir et fort, et l'oiseau pèse une livre et demie. On voit, dit Calesby, de ces crabiers à la Caroline dans la saison des pluie^; mais , dans les îles de Baliama , ils sont en bien plus grand nombre, et font leurs petits dans des buissons qui croissent dans les fentes des rochers; ils sont en si grande quantité dans quelques-unes de ces îles, qu'en peu d'heures deux hommes peuvent prendre de leurs petits pour charger un canot ; car ces oiseaux , quoique déjà grands et en état ; V?^. R ELL E plumage est tre, excepté îst relevé en d'où partent mns blancs; bianclie sur bec; l'œil est rouge et Ja plumes effi- dos,etvien- la queue; les n est uoir et re et demie. es crabiers à des pluie^; ima, ils sont et font leurs ui croissent ; ils sont en elques-unes leures deux î de leurs ot; car ces ds et en état D u H É il 0 N. zSi de s'enfuir, ne s'émeuvent que diffici- lement, et se laissent prendre par non- chalance ; ils se nourrissent de crabes plus que de poisson, et les habilans de ces îles les nomment preneurs de can- cres ; leur chair, dit Catesby, est de très- bon goût, et ne sent point le marécage. LE CRABIER BLANC A BEC ROUGE. ' Quatrième espèce. ' ' Un bec rouge et des pieds verts , avec l'iris de l'oeil jaune, et la peau qui l'en- toure rouge comme le bec, sont les seu- les couleurs qui tranchent sur le beau blanc du plumage de cet biseau; il est moins grand qu'une corneille , et se trouve à la Caroline au printemps, et jamais en hiver ; son bec est un peu courbé , et Klein remarque , à ce sujet, que, dans plusieurs espèces étrangères du genre des hérons, le bec n'est pas aussi droit que dans nos hérons et nos butors. % j 1 ' ït ■ 262 HISTOIRE NATURELLE LE CRABIER CENDRÉ. Cinquième espèce. Ce crabier de la Nouvelle-Espagne n est pas plus gros qu'un pigeon ^1 ^ Is dessus du corps cendré-clair , les pen- nes de l'aile mi-parties de noir et de blanc; le dessous du corps blanc; le bec et les pieds bleuâtres; à ces couleurs on peut juger que le P. Feuillée se trompe en rapportant cette espèce à la famille du butor , autant qu'en lui appliquant mal-à-propos le nom de ca- lidris , qui appartient aux oiseaux nom- més chevaliers , et non à aucune espèce de crabier ou de béron. LE CRABIER POURPRÉ. Sixième espèce. Ce crabier pourpré na qu'un pied de longueur; le dessus du cou, du dos et des épaules, est dun marron-pour- h ■ ^^*^-îspj^^i^^"^^ kà,"-" »' ELLK NDRE. le-Espagne eon ; il a le r , les peii- noir et de lanc; le bec îs couleurs ^euillée se e espèce à t qu'en lui nom de ca- leaux nom- une espèce RPRÉ. (u un pied u, du dos ron-pour- îî u HÉRON. i63 pré; la même teinte ëclaircie couvre tout le dessous du corps ; les pennes de l'aile sont rouge-bai foncé ; ki tête est rouge-bai clair, avec le sommet noir. LE CR A CR A Septième espèce. CraCRâ est le cri que ce crabier jette en volant , et le nom que les Français de la Martinique lui donnent; les na- turels de l'Amérique rappsllentja^or^- tra; \e P. Feuillée, qui l'a trouvé au Chili, le décrit dans les termes suivans : « Il a M^ icïïf le d'un gros poulet , et son plumage éki très-varié ; il a le sommet de la tête cendré-bleu , le haut du dos tanné , mêlé de couleur feuille-morte; le reste du manteau est un mélange agréable de bleu-cendré, de vert-brun et de jaune; les couvertuies de TaiJe sont, partie d'un vert-obscur bordées de jaunâtre , et partie noires ; les pen- nes 5ont de cette dernière couleur , et u \ ^ • ii : I 264 HISTOIRE NATURELLE frangées de blanc 5 la gorge et la poi- trine sont variées de taches feuille- morte sur fond blauc; les pieds sont d'un beau jaune. » ■ i i ? :.;-,. LE CnABIER CHALYBÉ. Huitième espèce; Le dos et la tête de ce crabier sont de couleur chalybee, c'est-à-dire cou- leur d'acier poli ; il a les longues pen- nes de l'aile verdâtres, oiarquées d une tache blanche à la pointe ; le dessus de l'aile est varié de brun , de jaunâtre et de couleur d'acier; la pojLtripe et le ventre sont d'un blanc varié de cen- dré et de jaunâtre; ce petit crabier est à peine de la grandeur d'un pigeon ; il se trouve au Brésil : c'est là tout ce qu'en dit Marcgrave. i:l RELIE 'ge et Ja poi- ches feuille- îs pieds sont ALYBÉ. cçabier sont -à-diie cou- longues pen- rquéesduue le dessus de de jaunâtre çfttri^e et Je ne, de cen- crabier est pigeon ; il là tout ce DU HERON. 26S LE CRABIER VERT. Neuvième espèce. Cet oiseau, très-riche eiv couleurs, est dans son genre l'un des plus beaux ; de longues plumes d'un vert - doré couvrent le dessus de la tête, et se dé- tachent en huppe ; des plumes de même couleur, étroites et flottantes, cou- vrent le dos • celles du cou et de la poi- trine sont d'un roux ou rougeatre- Ibncé ; les grandes pennes de l'aile sont d'un verd très-sombre ; les cou- vertures d'un vert-doré vif; la plupart bordées de fauve ou de marron. Ce joli crabier a dix-sept ou dix-huit pou- ces de longueur; il se nourrit de gre- nouilles et de petits poissons comme de crabes j il ne paroît à la Caroline et en Virginie que l'été , et vraisembla- blement il retourne en automne dans des climats plus chauds, pour y passer l'hiver. .. i « i if ■ 'î i()6 H I s T 0 1 R K N .\ T U R K L 1, K LE CRABIER VERT TACHETK. U Dixième espèce. Cet oiseau , un peu moins grand que lepr^c^dent, n'en diffère pas beaucoup par les couleurs, seulement il a les plu- mes de la têle et de la nuque d'un vert- doré sombre et h reflet bronzé, et les longs effilés du manteau du même vert- doré, mais plus clair ; les pennes de l'ai- le, d'un brun-foncé, ont leur côté ex- térieur nuancé de vert-doré , et celles qui sont les plus près du corps ont une tache blanche à la pointe; le dessus de l'aile est moucheté de points blancs, sur un fond brun nuancé de vert-doré 5 la gorge tachetée de brun sur blanc ; le cou est marron, et garni au bas de plumes grises tombantes. Cette espèce se trouve à la Martinique. • Wî ^!L.. -.ii^-i»., ' î l K I, 1. K ACHETK. lis grand que as beaucoup tila les plu- ie d'un vert- onzé, et les même vert- Mines de l'ai- eur côté ex- ré, et celles )rps ont une le dessus de ints blancs, vert-dord ; sur blanc; li au bas de luette espèce DU II É a o i^, 267 LE Z I L A T A T. Onzième e.spl'ce. Nous abrégeons ainsi le nom mexi- cain de hoitzilaztatl , pour conserver à ce crabier l'indicalion de sa Icrre na- tale; il est tout blanc avec le bec rou- a,eâtre vers lu poinJe , et les jambes de même couleur ; c'est l'un des plus pe- tits de tous les crubiers, étant à peine de la grandeur d'un pigeon. LE CRABIER ROUX à tête et (futur vertes. Douzième espèce. Ce crabier n'a guère que seize pou- ces de longueur ; il a le dessus de la tête et la queue d'un vert - sombre ; même couleur sur une partie des cou- vertures de l'aile, qui sont frangées de fauve; les longues plumes minces du dos sont teintes d'un pourpre foible ; le cou est roux, ainsi que le ventre, dont 11 \\ l"S*»-*t,«- '■ K ^1 :i68' HISTOIRE NATURELLE Ja teinte tire au brun. Cette espèce nous a été envoyée de la Louisiane. LE CRABIER GRIS à tête et queue vertes. Treizième espèce. Ce crabier, qui nous a év' er.^oyé de Cayenne , a beabcon^. le rapport avec Je précédent, et toui> deux en ont avec le crabier vert, dixième espèce, sans cependant lui ressembler assez pour n'eu faire qu'une seule et même espèce 5 la tête et la queue sont égale- ment d'un vert-sombre, ainsi qu'une partie des couvertures de l'aile ; un gris- ardoisé-clair domine sur le reste du plumage. LE BEC-OUVERT. L'espèce à laquelle nous donnons ici Je nom de /)fc-ouveH a des traits qui la rappellent pu '.'^^-e des ' ''rons, et en même tei^^^-j viit en a d'autres qui l'en I RELLE ^ette espèce jouisiane. queue vertes. Ag rapport deux en ont 3 me espèce, inbler assez jle et même e sont égale- ainsi qu'une ùlejungris- le reste du ERT. î donnons ici traits qui la voîis, et en très qui l'ea DU HÉRON. 269 éloignent ; elle a de plus une de ce» singularicës ou défecluositës que noua avons déjà remarquées sui un petit nombre d'êtres , reste des essais impar- i faits que, dans les premiers temps, dut ■ produire et détruire la force organique de la nature. Le nom de bec-ouvert , marque cette difformité j le bec de cet oiseau est en effet ouvert et béant sur les deux tiers de sa longueur -, la partie du dessus et celle du dessous se déjetant également en dehors, laissent entr'elles un large vide , et ne se rejoi- gnent qu'à la pointe. On trou\ e cet oiseau aux grandes Indes , et nous l'a- vons reçu de Pondichery ; il a les pieds et les jambes du héron , mais n'en porte qu'à demi le caractère sur l'ongle du doigt du milieu , qui s'élargit bien en dedans en lame avancée , mais qui n'est point dentelée à la tranche; les pen- nes de ses ailes sont noires ; tout le resi e du plumage .;st d'un gris-cendré clair ; son bec, noirâtre à la racine, est blanc Oiseaux. VIII. 24 ir k> 4 '0 •* u. 270 HISTOIRE NATUHEILE ou jaunâtre dans le reste de sa lor- guenr, avec plus d'épaisseur et de lar- geur que celui du héron; la longueur totale de l'oiseau est de treize à qua- torze pouces. On ne nous a rien appris de ses habitudes naturelles. LE BUTOR. Quelque ressemblance qu'il y ait entre les hérons et les butors, leurs différences sont si marquées qu'on ne peut s'y méprendre j ce sont en effet deux fiimilles distinctes et assez éloi- gnées 5 pour ne pouvoir se réunir ni même s'allier. Les butors ont les jam- bes beaucoup moins longues que les hérons, le corps un peu plus charnu, et le cou très -fourni de plumes, ce qui le fait paroître beaucoup plus gros que celui des hérons. Malgré l'espèce d'in- sulte attachée à son nom, le butor est moins stupide que le héron , mais il est encore plus sauvage; on ne le voit pres- que jamais; il n'habite que les marais ^ m '^i\ii^0^' —a.. <* lELLE î de sa lor- ur et de lai- la longueur reize à qua- a rien appris s. R. B qu'il y ait uiors, leurs ées qu'on ne iont en effet t assez ëlof- se réunir ni ont les jana- ues que les lus charnu , mes, ce qui us gros que espèce d'in- e butor est , mais il est e voit pres- les marais r:. I ' * t i ^^ •ifl ;. j ^-' ■ ...,-■ "-'■«?- ' ''■**%.. ' ■ ■ -^"r^v-'W:^ - ••:,, .'• »■ V ' . .' ■ ■ V-, '■ r î ■ • * : ■' » • «4 , • \.m- »*>; »«" » «'••'• t! \ I- r h I •*- yj//. « i l.K lU roil. X \,\\ C'AVIIALF.. XA ■^■::P> 1' 1 w (II' L 1 «!■ 2^1 DU HERON. d'une certaine étendue où il y a beau- coup de joncs. Il se tient de péférence sur les grands étangs environnés de bois; il y mène une vie solitaire et pai- sible, couvert par des roseaux , défendu sous leur abri du vent et de la pluie; également cacbé pour le chasseur qu'il craint et pour la proie qu'il guette , il reste des jours entiers dans le même lieu, et semble mettre toute sa sûreté dans la retraite et l'inaction; au lieu que le héron, plus inquiet, se remue et se découvre davantage en se mettant en mouvement tous les jours vers le soir; c'est alors que les chasseurs l'at- tendent au bord des marais couverts de roseaux où il vient s'abattre. Le butor, au contraire, ne prend son vol à la même heure, que pour s'êiever et s'éloigner sans retour; ainsi, ces deux oiseaux , quoiqu Iwbitans des mêmes lieux, ne doivent guère se rencontrer, et ne se réunissent jamais eu famille commune. !, :f i 'j II Il ^f À à 1 272 HISTOIRE NATURELLE Ce n'est qu'en automne et au cou- cher du soleil , selon Willulghbj, que le butor prend son essor pour voya- ger, ou du moins pour changer de do- micile. On le prendroit dans son vol pour un héron , si de moment à mo- ment il ne faisoit entendre une voix toute différente , plus retentissante et plus grave , côb, côb ; et ce cri, quoi- que désagréable , ne l'est pas autant que Ja voix effrayante qui lui a mérité Je nom de butor, botaurus , quasi boa- tustauri; c'est une espèce de mugisse- ment hi-rkond qu'il répète cinq ou six fois de suite au printemps, et qu'on en- tend d'une demi-lieue. La plus grosse contre -basse rend un son moins ron- flant sous l'archet. Pourroit-on imagi- ner que cette voix épouvantable fat faccent du tendre amour ? mais ce n'est en effet que le cri du besoin phy- sique et pressant d'une nature sauvage, grossière et farouche jusque dans l'ex- pression du désir, et ce besoin une fois \ .<ç- RELLE e et au cou- lulghby, que r pour voya- langer de do- dans son vol )ment à mo- ire une voix tentissante et ce cri , quoi- st pas autant i lui a mérité î ; quasi boa- 3 de mugisse- ;e cinq ou six |, et qu'on en- a plus grosse moins ron- )it-on imagi- vautable fiît r ? mais ce besoin phy- ure sauvage, ue dans l'ex- îsoin une fois B Û il É R 0 N. 273 satisfait, le mâle fuit sa femelle ou la repousse lors même qu elle le recher- che avec empressement , et sans que ses avances aient aucun succès après une première union presque momen- tanée ; aussi vivent-ils à part chacun de leur côté. « Il m'est souvent arrivé , dit M. Hébert , de faire lever en mê- me temps deux de ces oiseaux ; j'ai toujours remarqué qu'ils partoient à plus de deux cents pas l'un de l'autre, et qu'ils se posoie/it à égale distance. » Cependant il faut croire que les accès du besoin et les approches instanta- nées se répètent peut - être à d'as- sez grands intervalles , s'il est vrai que le butor mugisse tant qu'il est en amour; car ce mugissement com- mence au mois de février , et on l'en- tend encore au temps de la moisson. Les gens de la campagne disent que, pour faire ce cri mugissant , le butor plonge le bec dans la vase. Le premier ton de ce bruit énorme ressemble à une I, ï ^ I . ••■«►-f» .. 1^' 2^4 HISTOIRE NAl'URKLLK forte aspiration, et le second à une ex- piration retentisssante dans une cavité; mais ce fait supposé est tiès-ditficile à vérifier, car cet oiseau est toujours si caché qu'on ne peut le trouver, ni le voir de près; les chasseurs ne parvien- nent aux endroits d'où il part qu'en traversant les roseaux , souvent daus l'eau jusqu'au dessus du genou. A toutes ces précautions , pour se rendre invisible et inabordable, le bu- tor semble ajouter une ruse de défiance^ il lient sa tête élevée , et comme il a plus de deux pieds et demi de hau- teur, il voit par-dessus les roseaux sans être apperçu du chasseur 5 il ne change de lieu qu'à l'approche de la nuit dans Ja saison d'automne, et il passe le reste de sa vie dans une inaction qui lui a fait donner par Aristote le surnom de paresseux. Tout son mouvement se ré- duit en effet à se rejeter sur une gre- nouille ou un petit poisson, qui vient se livrer lui-même à ce pêcheur iudolenl. R K L r. T. n(l i\ une ex- s une cavité 5 ès-dilïicile à >t toujours si 3uver, ni le 1 ne parvieu- l paît qu'en louvent dans enou. ns , pour se lable, le bu- de défiance; comme il a ;mi de hau- roseaux sans il ne change la nuit dans •asse le reste n qui lui a ! surnom de îraent se ré- ir une gre- qui vient se r iudolenl. DU HÉRON. 273 Le nom à' aster la s ou de Stella ris , donné au butor par les anciens, vient, suivant Scaliger, de ce vol du soir par lequel il s'élance droit en haut vers le ciel, et semble se perdre sous la voûte étoilée; d'autres tirent l'origine de ce nom des taches dont est semé son plu- mage , lesquelles néanmoins sont dis- posées plutôt en pinceaux qu'en étoi- les ; elles chargent tout le corps de mouchetures ou hachures noirâtres ; elles sont jetées transversalement sur le dos dans un fond brun-fauve, et tra- cées longiludinalement sur fond blan- châtre au devant du cou, à la poitrine et au ventre *, le bec du butor est de la même forme que celui du héron 5 sa couleur, comme celle des pieds, est verdâlre ; son ouverture est très-large , il est fendu fort au - delà des yeux , tellement qu'on les diroit situés sur la mandibule supérieure. L'ouverture de l'oreille est grande , la langue , courte et aiguë, ne va pas jusqu'à moitié du i 'I ^ (' jl m 276 HISTOIRE NATUREL LT! bec, mais la gorge est capable de s'ou- vrir ky loger le poing; ses longs doigts s'accrochent aux roseaux , et servent à le soutenir sous leurs débris floltans; il l'ait grande capture de grertouilles ; en automne il va dans les bois chasser aux rats, qu'il prend fort adroitement et avale tout entiers ; dans cette saison, il devient fort gias; quand il est pris, il s'irrite, se dti'end et en veut sur- tout aux yeux ; sa chair doit éU'e de mauvais goût, quoiqu'on en mu^geât autrefois dans le même temps que celle du héron faisoit un mets distin- gué. Les «idufs du butor sont gris-blanc- verdâtre; il en feit quatre ou cinq, pose son nid au milieu des roseaux, sur une touffe de joncs; et c'est assurément par erreur, et en confondant le héron et le butor , que Belon dit qu'il perche sou nid au haut des arbres ; ce naturaliste paroi l se tromper également en pre- nant le butor pour ïonocrotale de Pline , u ( â RELLT5 able de s'oii- longs doigts et servent à >rls flottans; grertouiiles ; bois chasser adroitement cette saison, 1 il est pris, m veut sur- :loit é'.re de en mu'igeât temps que mets distin- gris-blanc- cinq, pose lux, sur une irément par héron et le perche son naturaliste Int en pre- dePi me, DU HÉRON. 277 quoique distingué d'ailleurs dans Pline même, par des traits assez recônnois- sables. Au reste , ce n'est pas par rap- port à son mugissement si gros , sui- vant l'expression de Belon , guil ny a bœiifqui pût crier si haut , que Pline a pu appeler le butor un petit oiseau , si tant est qu'il faille , avec Belon , ap- pliquer au butor le passage de ce natu- raliste, où il parle de l'oiseau tau rus , qui se trouve, dit-il, dans le territoire d\4rles , et fait entendre des mugisse- semens pareils à ceux dun bœuf. Le butor se trouve par-tout où il y a des marais assez grands pour lui ser- vir de retraite; on le connoît dans la plupart de nos provinces ; il n'est pas rare en Angleterre , et assez fréquent en Suisse et en Autriche ; on le voit aussi en Silésie , en Danemarck, en Suède. Les régions les plus septen- trionales de l'Amérique ont de même leur espèce de butor, et l'on en trouve d'autres espèces dans les contrées mé- II f'n ' ) A Il 278 n I s T 0 I Tl K N A T U R F, ï. l. P, dionalt's; mais il paroît qiiLMiolro bu- tor, moins dur que le lu^ron , ne sup- porte pas nos lïivcrs, et qu'il quitte le pays quand le froid devient trop ri- fioureux; d'habiles chasseurs nous as- surent ne l'avoir jamais renconln^ au>c bords des ruisseaux ou des sources dans le temps des p^rands (Voids; et, s'il lui faut des eaux trancjuilles et d(îs marais, nos longues jî;elées doivent être pour lui une saison d'exil. Willulghby semble l'insinuer, et regarder son vol ëlanc.t^, après le coucher du soleil en automne, comme un départ pour des climats plus chauds. Aucun observateur ne nous a don- né de meilleurs renseignemens que M. Bâillon sur les habitudes naturel- les de cet oiseau : voici l'extrait de ce qu'il a bien voulu m'en écrire. « Les butors se trouvent dans pres- que toutes les saisons de l'année , à Montreuil-sur-mer et sur les côtes de Picardie, quoiqu'ils soient voj'ageuis ; s ... '.fimf';^ R F, L r. R ne iiolro hu- i)u , ne sup- n'il quitte» le (Mit trop ri- iir.i nous ns- Micontn^ iuix sources (Iniis ; et, s'il lui (les marais, être pour lui hby semble vol ($lar.(;(^, îii aulouuie, c:limatâplus ous a don- euieus que es uaturel- :lrait de ce ro. dans pres- huuK^e , à Ls ( ôlps de oyageurs ; Tf n i\ i: n o n. n-^rj nii les voit en ^rand nombre dans les mois de d(^c(Mnl)re , quebpiefois iukî seule pi(Ve de roseaux en cache de» douzaines. Il y a peu d'ois(»nux qui se d(Men- dent avec autant de san^ froid; il n'at- taque jamais , mais lors(ju'il est alla- (pi(^, il c()nd)at courageusement, et so bat bien s.nis se donner beau(()up (Ui mouvemens. Si un oiseau de proi(î l'ond sur lui, il ne luit pas; il l'attend de- bout, et le re^:oit sur le bout de son bec, qui (\st trf\s-aigu; l'ennemi blesscS s'(^loi*»ne en criant. Les vieux buzcirds n'attaquent jamais le butor , et les faucons comnnuis ne le prennent (|ue par derrière et lorsqu'il vole; il se dt^- feiid même contre le chassein- (pii l'a bless(^; au lieu de fuir il rallend , lui Jance dans lt?s jambes des coups de bec si violens , qu'il perce les bottines et p(^n(3tre fort avant dans \o.s chairs; j)lii- sieurs ciiasseurs en ont 6\(S blessds i^rio vcrnenl; on est obligé d'assonuner le^ ^ !3lS>&*fSiSWT--"^" .. - -ABg, , 2^0 HISTOIRE NATURELLE oiseaux, car ils se défendent jusqu'à la mort. Quelquefois, mais rarement, le bu- tor se renverse sur le dos , comme les oiseaux de proie, et se défend autant des griffes qu'il a très- longues , que du bec 5 il prend cette attitude lors- qu'il est surpris par un chien. La patience de cet oiseau égale son courage ; il demeure , pendant des heures entières , immobile , les pieds dans l'eau est caché par les roseaux ; il y guette les anguilles et les grenouilles; il est ausi indolent et aussi mélancoli- que que la cigogne : hors le temps des amours où il prend du mouvement et change de lieu, dans les autres saisons, on ne peut le trouver qu'avec des chiens. C'est dans les mois de février et de mars, que les mâles jettent, le matin et le soir, un cri qu'on pourroit com- parer à l'explosion d'un fusil d'un gros calibre ; les femelles accourent de loin à ce cri , quelquefois une douzaine en- S lELLE m jusqu'à la nent , le bu- , comme les éfend autant )ngues , que ttitude lors- lien. au égale son pendant des ie , les pieds !S roseaux ; il } grenouilles; si mélancoli- le temps des louveraent et utres saisons, ec des chiens. évrier et de it, le matin ourroit com- sil d'un gros rent de loin douzaine en- D U HÉRON. 8i 2«i toure un seul mâle, car, dans cette es- pèce comme dans celle des canards , il existe plus de femelles que de mâles: ils piaffent devant elles , et se battent contre les mâles qui surviennent. Il font leurs nids presque sur l'eau , au milieu des roseaux, dans le mois d'a- vril : le temps de l'incubation est de vingt-quatre à vingt - cinq jours ; les jeunes naissent presque nus , et sont d'une figure hideuse; ils semblent n'ê- tre que cou et jambes ; ils ne sortent du nid que plus de vingt jours après leur naissance; le père et la mère les nourrissent, dans les premiers temps, de sangsues, de lézards, et de frai de grenouilles , et ensuite de petites an- guilles; les premières plumes qui leur viennent sont rousses , comme celles des vieux; leurs pieds et le bec sont plus blancs que verts. Les buzards , qui dévastent les nids de tous les au- tres oiseaux de marais , touchent rare- ment à celui du bulor; le père et la (oiseaux, VIII. ::5 ,■ t' 282 niBTOIRE NATURELLE mère y veillent sans cesse et le défen- dent; les enf'ans n'osent en approcher, ils risqueroient de se faire crever les yeux. Il est facile de distinguer les butors mâles par la couleur et par la taille , étant plus beaux, plus roux et pins gros que les femelles; d'ailleurs ils ont les plumes de la poitrine et du cou plus longues. La chair de cet oiseau , sur-tout celle des ailes et de la poitrine , est assez bonne à manger, pourvu que l'on en ôte la peau , dont les vaisseaux capil- laires sont remplis d'une huile acre et de mauvais goût , qui se répand dans les chairs par la'cuisson , et lui donne alors une forte odeur de marécage. " 'V^iPte^^Mk . . .— .*i RELLB B et le défen* n approcher, ire crever les lier les butors par la taille , roux et plus ailleurs ils ont et du cou plus sur-tout celle ne , est assez i que l'on en isseaux capil- huile acre et répand dans et lui donne marécage. DU HERON. 285 Oiseaux de l'ancien continent qui ont rapport au Butor, LE GRAND BUTOR. Première espèce. Gesner est le premier qui ait parlé de cel oiseau , dont l'espèce nous pa- roit faire la nuance entre la fcimille des hérons et celle des butors; les habitans des bords du lac Majeur en Italie, l'ap- pellent ruffey, suivant Aldrovande; il a le cou roux avec des taches de blanc et de noir; le dos et les ailes sont de couleur brune, et le ventre est roux; sa longueur, de la pointe du bec à l'ex- trémité de la queue , est au moins de trois pieds et demi, et jusqu'aux on- gles de plus de quatre pieds; le bec a huit pouces , il est jaune ainsi que les pieds : la figure, dans Aldrovande , présente une huppe dont Gesner ne parle pas; mais il dit que le cou est f m ? vr M 0 1184 HISTOIRE NATURELLE grêle , ce qui semble indiquer que cet oiseau n'est pas un franc butor ; aussi Aldrovande remarque -t- il que cette espèce paroît mélangée de celle du hé- ron gris et du butor , et qu'on la croi- roit uiî'live do l'une et de l'autre , tant elle tient du héron gris par la tête, les taches de la poitrine, la couleur du dos et des ailes, et la grandeur , en même temps qu'elle ressemble au butor par les jambes et par le reste du plumage, à l'exception qu'il n'est point tacheté. LE PETIT BUTOR. Seconde espèce. Cette petite espèce de butor, vue sur le Danube par le comte Marsigli , a le plumage roussâtre rajé de petites Jig!ies brunes ; le devant du cou blanc et la queue blanchâtre; son bec n'a pas trois pouces de long^ en jugeant , pnr cette longueur du bec , de ses autres dimensions que Marsigli ne donne pas, 1^ \~. 1 E L L E quer que cet butor ; aussi -il que cette I celle du hé- [u'on la croi- l'autre, taut ir là tête, les )uieur du dos u' , en même i butor par |es plumage, à it tacheté. JTOR. butor, vue ite Marsigli , yé de petites u cou blanc bec n'a pas jgeant , p:ir e ses autres e donne pas , 1 DU HÉRON. 2(i!) et en les supposant proportionnelles, ce butor doit être le plus petit de tous ceux de notre continent. Au reste, nous devons observer que Marsigli paroît se contredire sur les cou- leurs de cet oiseau , en l'appelant ardea viridi Jlavescens, LE BUTOR BRUN RAYÉ. Troisième espèce. < ' ' , C'est encore ici un oiseau du Da- nube : Marsigli le désigne par le nom de butor brun , et le regarde comme fai- sant une espèce particulière"; il est aussi petit que le précédent; tout son plu- mage est rayé de lignes brunes , noires et roussâtres , mêlées confusément , de manière qu'il en résulte en gros une couleur brune. I t w 286 HISTOIRE NATURELLE LE BUTOR ROUX. j I Quatrième espèce*. Tout le plnmage de ce butor est d'une couleur uniforme , roussâtre- claire sous le corps, et plus foncée sur le dos; les pieds sont bruus, et le bec est jaunâtre. Aldrovande dit que celte espèce lui a étë envoyée d'Epidaure, et il y rëunit celle d'un jeune butor, pris dans les marais près de Bologne , qui même n'avoit pas encore les cou- leurs de l'âge adulte : il ajoute que cet oiseau lui a paru appartenir de plus près aux butors qu'aux hérons. Au reste, il se pourroit, suivant la conjec- ture de M. Salerne , que ce fût celte même petite espèce de butor qui se voit quelquefois en Sologne , et que l'on y connoît sous le nom de quoimeau, Marsigli place aussi sur le Danube cette espèce, qui est la troisième d'Aldro- vande, et les auteurs de l'Ornithologie I' «/^^«W*! RELLE l O U X. ! ce butor est , roussâtre- us fancée sur lus y et le bec dit que celte d'Epidaure, jeune butor, de Bologne, icore les cou- joute que cet enir de plus hérons. Au uit la conjec- ce fût celle )utor qui se ne , et que le quoimeau, Danube cette ne d'Aldro- Ornithologie DU HÉRON. 287 italienne disent qu'elle est naturelle au pays de Bologne. Il paroît qu'elle se trouve aussi en Alsace , car M. le docteur Hermann nous a mandé qu'il avoit eu un de ces butors roux qui a constamment refusé t'^ "ite nourriture , et s'est laissé mourir d'inanition; il ajoute que , malgré ses longues jambes , ce butor montoit sur un petit arbre dont il pouvoit embras- ser la tige en tenant le bec et le cou ver- ticalement et dans la même ligne. LE PETIT BUTOR DU SÉNÉGAL. Cinquième espèce. Nous rapporterons aux butors l'oi- seau donné dans nos planches enlumi- nées sous le nom de petit h^ron du S^- n^gal , qui en effet paroît, à son cou raccourci , et bien garni de plumes, être un butor plutôt qu'un héron ; il est aussi d'une très - petite espèce , puis- qu'il n'a pas plus d'un pied de longueur. a88 HISTOIRE NATURELLE î<> LE POU ACRE, ou BUTOR TACHETÉ. Sixième espèce. Les chasseurs ont donné le nom de pouacre à cet oiseau ; sa grosseur est celle d'une corneille , et il a plus de vingt pouces du bec aux ongles ; tout le fond de son plumage est brun , foncé aux pennes de l'aile , clair au - devant du cou et au - dessous du corps; parse- mé sur la tête , le dessus du cou, du dos et sur les épaules , de petites taches blanches, placées à l'extrémité des plu- mes ; chaque penne de l'aile est aussi terminée par une tache blanche. Nous lui rapporterons le pouacre de Cayenne , qui paroi t n'en différer qu'en ce que le fond du plumage sur le dos est plus noirâtre , et que le devant du corps est tacheté de pinceaux bruns , sur fond blanchâtre; légères différen- ces qui ne paroissent pas caractériser assez une diversité d'espèce entre ces FRELLE )R TACHETÉ. le. ' mé le nom de a grosseur est t il a plus de ; ongles 5 tout st brun , foncé ir au - devant corps; parse- is du cou, du petites taches émité des plu- *aiie est aussi anche. le pouacre de différer qu'en ige sur le dos le devant du ceaux bruns , ères différen- caractériser èce entre ces DU HERON. 2.6C) oiseau> d'autant plus que la grandeur est la même. Oiseaux du nouveau continent qui ont rapport au Butor, L'ÉTOILE. Preaiière espèce. Cet oiseau est le butor brun de la Ca- roline de Catesby; il se trouve aussi à la Jamaïque, et nous lui donnons le nom du étoile , parce que son plumage, entièrement brun , est semé sur l'aile de quelques taches blanches , jetées comme au hasard dans cette teinte obs- cure; ces taches lui donnent quelque rapport avec l'espèce précédente ; il est un peu moins grand que le butor d'Europe ; il fréquente les étangs et les rivières loin de la mer , et dans les endroits les plus élevés du pays. Outre cette espèce , qui paroit répandue dans plusieurs contrées de l'Amérique sep- A. f ■:! 2'}0 HISTOIRE NATURELLTî: teiitrionale , il pnroît qu'il en existe une autre vers la Louisiane, plus senn- blable à celle d'Europe. LE BUTOR JAUNE DU BRÉSIL. Seconde espèce. Par les proportions même que Marc- grave donne à cet oiseau , en le rappor- tant aux hérons , on ju^e que c'est plutôt un butor qu'un hëron; la gros- seur du corps est celle d'un canard ; le cou est long d'un pied ; le corps de cinq pouces et denaij la queue de cjuatre ; les pieds et la Jambe de plus de neuf; tout le dos avec l'aile est en plumes brunes lavées de jaune; les pennes de l'aile sont mi'^partie de noir et de cen- dré , et coupées transversalement de lignes blanches 5 les longues plumes pendantes de la tête et du cou sont d'un jaune-pâle onde de noirj celles du bas du cou , de la poitrine et du ven- tre, sont d'un blanc onde de brun et REL LIS ril en existe le, plussem- )U BRÉSIL. me que Marc- , en le rappor- i^e que c'est ^ron; la gros- un canard ; le corps de cinq le de quatre ; plus de neuf; st en plumes les pennes de loir et de cen- rsalement de gués plumes du cou sont loir 5 celles du lie et du ven- é de brun et D u H É R 0 N* 29 1 frangées de jaune à l'entour. Nous re- marquerons, conxme chose sinyulièrtj, qu'il a le bec dentelé vers la pointe , tant en bas qu en haut. LE PETIT BUTOR DE CAYENNE. Troisième espèce. Ce petit butor n'a guère qu'un pied ou treize pouces de longueur; tout son plumage, sur un fond gris roussâlre , est tacheté de brun noir par petites lignes transversales très-pressées, on- dulantes et comme vermiculées en for- me de zigzags «t de pointes au bas du cou , à l'estomac et aux flancs ; le dessus de la tête est noir ; le cou , Irès-lburni de plumes , paroît presque aussi gros que le corps. LE BUTOR DE LA BAIE D'HUDSON, Quatrième espèce. L A livrée commune à tous les butors est un plumagqfond roux ou roussâtre 292 HISTOIRE NATURELLE plus OU moins hache et coupé de lignes et (le traits bruns on iioirâtres, et celle livrée se retiouve dans le butor de la baie d'IIudsou : il est moins gros que celui d'Europe; sa longueur, du bec aux oniijies , n'est guère que de deux pieds six pouces. L • O IN O R É. ê\ Cinquième espèce. Nous plaçons à la suite des butors du nouveau continent , les oiseaux nommés onore's, dans nos planches en- luminées. Ce nom se donne à Cayenne à toutes les espèces de hérons. Cepen- dant les onorés dont il s'agit ici , nous paroissent se rapporter de beaucoup plus près à la famille du butor : ils en ont la forme et les couleurs , et n'en difîerent qu'en ce que leur cou est moins fourni de plumes, Cjuoique plus garni et moins grêle que le cou des hérons. Ce premier onoré est presque m .>.CJ*» s.«>. 5' V RELLS lupé de lignes lires, et celle e butor de la oins gros que ir, du bec aux le deux pieds lÉ. ce. ile des butors les oiseaux s planches en- ue à Cayenne rons. Cepen- agit ici , nous de beaucoup butor : ils en urs , et n'en leur cou est quoique plus le cou des est presque DU HÉRON. 2C).'> aussi grand , mais un peu moins gros que le butor d'Europe ; tout son plu- mage est agréablement marqueté et largement coupé par bandes noires transversales en zigzags , sur fond roux au-dessus du corps et gris-blanc au-dessous. L'ONORÉ RAYÉ. Sixième espèce. Cette espèce est un peu plus grande que la précédente , et la longueur de l'oiseau est de deux pieds et demi ; les grandes pennes de l'aile et de la queue sont noires; tout le manteau est joli- ment ouvragé par de petites lignes très- fines de roux , de jaunâtre et de brun , qui courent transversalement en ondu- lant et formant des demi- festons; le dessus du cou et la tête son d'un roux- vif, coupé encore de petites lignes bru- nes; le devant du cou et du corps est blanc , légèrement marqué de quelques traits bruns. Oiseaux. VI II. a^ l'A i -i^-. ,_*»,. ï.'*-- r*S*' 2C)4 HISTOIRS; NATURELLE Ces deux espèces d'onor(?s nous ont éié envoyées par M. de la Borde , mé- decin du roi à Cayenne. Ils se cachent dans les ravines creusées par les eaux dans les savanes, et ils fréquentent le bord des rivières : pendant les séche- resses, ils se tiennent fourrés dans les herbes épaisses ; ils partent de très- loin , et on n'en trouve jamais deux ensemble. Lorsque l'on en blesse un , il ne faut l'approcher qu'avec précau- tion , car il se met sur la défensive , en retirant le cou et frappant un grand coup de bec, et cherchant à le diriger dans les yeux ; les habitudes de l'onoré sont les mêmes que celles de nos hé- rons. M. de la Borde a vu uu onoré privé ou plutôt captif dans une maison ^ il y étoit continuellement à l'affût des rais; il les attrapoit avec une adresse supé- rieure à celle des chats ; mais, quoiqu'il fût depuis deux ans dans la maison, il se tenoit toujours dans des endroits JRELLB ové& nous ont a Borde , mé- lisse cachent 5 par les eaux fréquentent le ant les séclie- lurvés dans les irtent de très- B jamais deux . eu blesse un , [u'avec précau- a défensive , en pant un grand ^nt à le diriger udes de l'onoré les de nos hé- uu onoré privé e maison; il y l'affût des rais; ! adresse supé- nais, quoiqu'il la maison, il des endroits DU HÉRON. 295 cachés, et, quand on lapprochoit, il cherchoit, d'un air menaçant, à fixer* les yeux. Au reste, l'une et l'autre esjièces de ces onorés paroissent être sédentaires chacune dans leur contrée; et toutes deux sont assez rares. L'ONORÉ DES BOIS. Septième espèce. ^ On appelle ainsi cette espèce à la Guiane ; nous lui laissons cette déno- minatioti , suivant notre usage de con- server aux espèces étrangères le nom qu'elles portent dans leur pays natal , puisque c'est le seul moyen pour les ha- bitans delesreconnoitre, et pour nous de les leur demander. Celle-ci se trouve h la Guiane et au Brésil; Marcgrave Ja comprend sous le nom générique de soco, avec les hérons ; mais elle nous paroît avoir beaucoup de rapport aux deux espèces précédentes d'onorés, et par conséquent aux butors; le plumage • ) l ^'fiP^'SS. ^^atmustfirjm»^- %-'\.>si«ftA.win-t^|i^-, f ^- :i I 1i i ■' \'\ t 296 HISTOIRE NATURELLE est , sur le dos , le croupion , les épau- les, d'un noirâtre tout pointillé de jau- nâtre, et, ce qui n'est pas ordinaire , ce plumage est le même sur la poitrine, le ventre et les côtés; le dessus du cou est d'un blanc mêlé de tâches longitu- dinales , noires et brunes : Marcgrave dit que le cou est long d'un pied , et que la longueur totale du bec aux ongles est d'environ trois pieds. LE BIHORE AtJ. La plupart des naturalistes or • signé le bihoreau sous le nom de corbeau de nuit ( nycticorax ) ; et cela d'après l'espèce de croassement étrange , ou plu- tôt de râlement effrayant et lugubre qu'il fait entendre pendant la nuit; c'est le seul rapport que le bihoreau ait avec le corbeau, car il ressemble au héron par la forme et l'habitude du corps ; mais il en diffère eu ce qu'il a le cou plus court et plus fourni , la tête plus grosse , et le bec moins effilé et plus *.. URELLF ion , les épau- ^intiiié de jau- î ordinaire , ce îurla poitrine, I dessus du cou âclies longiiu- !s : Ma regrave in pied , et que ec aux ongles E AtJ. «listes on m; . pra de corbeau t cela d'après |range,ouplu- t et lugubre t la nuit; c'est reau ait avec ble au héron e du corps ; u'il a le cou la tête plus leffiié et plus 4 ép il DU HÉRON. 297 ais; Il est aussi plus petit, n ayant qu'environ vingt pouces de longueur ; son plumage est noir , à reflet vert sur la tête et la nuque 5 vert-obscur sur le dos; gris-de-perle sur les ailes et la queue, et blanc sur le reste du corps; le mâle porte sur la ^nuque du cou des brins , ordinairement au nombre de trois, très-déliés, d'un blanc de neige, et qui put jusqu'à cinq pouces de lon- gueur; de toutes les plumes d'aigrelte , celles-ci sont les plus belles et les plus précieuses; elles tombent au printemps, et ne se renouvellent qu'une fois par an; la femelle est privée de cet orne- ment, et elle est assez différente du mâle , pour avoir élé méconnue par quelques naturalistes. La neuvième espèce de héron de M. Brisson n'est en effet que celte même femelle ; elle a tout le manteau d'un cendré-rous- sâtre , des taches en pinceaux de celte même teinte sur le cou, elle dessus du corps gris-blanc. • • ■♦,<^':.il»-*'M*Aw-'i •ffn-tt- ^\ • . T^ic|iiwi»'1»i.,jt>»'"''****^^ f M ^i l > M i „■■ * 2()3 HISTOIRE N A.TUR Et L ^ Le bihoreau niche dans les rochers , suivant Belon , qui dérive de là son ancien nom roupeau ; mais , selon Schwenckfeid et Willulghby , c'est sur les aulnes, près des marais, qu'il établit son nid ; ce qui ne peut se concilier qu'en supposant que ces oiseaux chan- gent d'habitude à cet égard suivant les • circonsiances, en sorte que , dans les plaines de la Silésie ou de la Hollande , lis s'établissent sur les arbres aquati- ques , au lieu que, sur les côtes de Bre- tagne, où Beion les a vus, ils nichent dans les rochers : on assure que leur ponte est de trois ou quatre œufs blancs. -< ■ Le bihoreau paroît être un oiseau de passage ; Belon en a vu un exposé sut le marché au mois de mars; Schwenck- feid assure qu il part de Silésie au com- mencement de l'automne, et qu'il re- vient avec les cigognes au printemps; il fréquente également les rivages de la mer et les rivières ou marais de l'in- ^1 !^ R E L L ' 5 les rochers , ive de là son mais , selon lîby, c'est sur î, qu'il établit se concilier âseaux chan- rd suivant les je , dans les la Hollande , bres aquati* côtes de Bre- i, ils nichent ure que leur quatre œufs un oiseau de I exposé su^ Schwenck- îsie au corn- et qu'il re- printemps ^ rivages de raisdel'iii- n u H K R G N. ^99 lérieur des terres. On en trouve en France dans la Sologne , en Toscane sur les lacs de Fucecckio et de Bientine; mais l'espèce en est par-tout plus rare que celle du héron ; elle est aussi moins répandue et ne s'est pas étendue jus- qu'en Suède. Avec des jambes moins hautes et un cou plus court que le héron , le hiho- rean cherche sa pâture moitié dans l'eau, moitié sur terre, et vit autant de grillons, de limaces et autres insec- tes terrestres , que de grenouilles et de poissons; il reste caché pendant le jour , et ne se met en mouvement qu'à l'ap- proche de la nuit : c'est alors qu'il fait entendre son cri ka,ka,ka , que Wil- lulghby compare aux sanglots du vo^ niissement d'un homme. Le bihoreau a les doigts très-longs : les pieds et les jambes sont d'un jaune- verdâtre; le bec est noir , et légèrement arqué dans la partie supérieure ; ses yeux sont brillans , et l'iris forme na -—■< .^^ I! *' 3oO HISTOIRE NATURELLE cercle rouge ou jaune-aurore autour de la prunelle. LE BIHOREAU DE CAYENNE. ». . . Ce bihoreau d'Amérique est aussi grand que celui d'Europe , mais il pa- roît moins gros dans toutes ses par- ties ; le corps est plus menu, les jam- bes sont plM3 hautes ; le cou, la tête et le bec sont plus petits > le plumage est d'un cendré - bleuâtre sur le cou et au-dessous du corps j ie manteau est noir frangé de cendré sur chaque plu- me; la tête est enveloppée de noir, et le sommet en est blanc; ilyaaussi un trait blanc spus l'œil ; cç bihoreau porte un panache composé de cinq ou six brins, dont les uns sont blancs et les autres noirs. LE CAURALE, ou PETIT VAOJ^ (tes roses, t Le plumage de cet oiseau est riche en couleurs , quoiqu'elles soient toutes i-^->. -^'C-.Ji.T- ElELLE iirore autour AYENNE. jue est aussi , mais il pa- jtes ses par- ;uu , les jam- ;ou,la tête et plumage est jr le eou et ï manteau est r chaque plu- de noir, et ly a aussi un ihoreau porte cinq ou six alancs et les AON des roses* ieau est riche soient toutes DU HÉRON. 3oi sombres : et, pour en jnner une idée, on ne peut mieux le comparer qu'aux ailes de ces beaux papillons phalènes, où le noir , le brun , le roux , le fauve et le gris-blanc , entremêlés en ondes , en zones , en zigzags , forment de tou- tes ces teintes un ensemble moelleux et doux. Tel est le plumage du caurâle, particulièrement sur les ailes et la queue 5 la tête est coiffée de noir , avec de longues lignes blanches dessus et dessous l'œil ^ le bec est exactement un bec de râle, excepté qu'il est d'une di- mension un peu plus longue , comme toutes celles de cet oiseau , dont la tête, le cou et le corps sont plus alongés que dans le râle 5 sa queue , longue de cinq pouces , dépasse l'aile pliée en deux ; son pied est gros et haut de vingt-six ligner., et la partie nue de la jambe l'est de dix. Le rudiment de mem- brane entre le doigt extérieur et celui du milieu est plus étendu et plus mar- qué que dans le râle. La longueui: TT'^vi^r.- 1; »I02 HISTOIRE NATURELLE totale , depuis la pointe du bec , qui a vingt-sept lignes , jusqu'à celle de la queue , est de quinze pouces. Cet oiseau n'a point encore été dé- crit, et n'est connu que depuis peu de temps. On le trouve, mais assez rare- ment, dans l'intérieur des terres de la Guiane , en remontant les rivières , dont il habite les bords; il vit solitaire et fait entendre un sifflement lent et plaintif, qu'on imite pour le faire ap- procher. LE COURLIRI , ou COURLAN. Le nom de courian ou courliri ne doit pas faire imaginer que cet oiseau ait de grands rapports avec les courlis; il en a beaucoup plus avec les hérons^ dont il a la stature et presque la hauteur. Sa longueur, du bec aux ongles , est de deux pieds huit pouces; la partie nue de la jambe , prise avec le pied , a sept pou- ces ; le bec en a quatre. ïl est droit dans ■'"**'*««a>c -z; DU U É H 0 N. 5o3 presque toute sa longueur, il se courbe jfoiblement vers la pointe 5 et ce n'est que par ce rapport que le courlan s'ap- proche des courlis, durit il diffère par la taille , et toute Thabituc^e de sa forme est très -ressemblante à celle des hé- rons; de pinson voit à l'ongle du grand doigt , la trarche saillante du côté intérieur , qui représente l'espèce de peigne dentelé de l'ongle du héron. Le plumage du courlan est d'un beau brun, qui devient rougeâtre et cui- vreux aux grandes pennes de l'ail» et de la qiipue ; chaque plume du cou porte dans son milieu un trait de pin- ceau blanc. Cette espèce est nouvelle , et nous a été envoyée de Cayenne , sous le nom de courliri , d'où ou lui a donné celui de courlan dans nos plan- ches enluminées. : V ■""T*"-^*-»??'' ?*r*^'. f^j: i u 3o4 HISTOIRE NATURELLE Espèces connues dans ce genre. (Tête huppée, bec long comme la tête.) L'Oiseau royal , ardea Pavonina, La Demoiselle de Nuiuidie , ardea P^irgo. (Têle chauve.) La Grue brune , ardea Canadensis, La Grue commune, ardea Grus, La Grue blanche, ardea ^mericana. La Grue à collier, ardea ^ntigone. ( Orbites des yeux nues. ) La Cigogne vulgaire , ardea Cieonia. La Maguari, ardta Maguari. La Cigogne brune, ardea Nigra, ( Ongle du doigt intermédiaire crénelé en dedans.) Le Héron commun , ardea Major, Le Bilioreau , ardea Njcticorax, Le Bihoreau de Cayeune , ardea Cajen» nensis. Le Héron pourpré , ardea Purpurea» L'Aigrette, ardëaGai'^&tta, lELLE DU HÉRON. 3o3 ce genre. 5 comme la ina, dea V"irgo. ) ensis, us. iricana, igone, lues.) 7ieonia. ra, dire crénelé xjor, t. rdea Cayen» purea. La pemi-Aigrc arda Lêucogaster, L'Aigrclte rousse, ardea Rufescens» La grande Aigrette , ardea Egretta. L'Agami, ardea udgami. Le Soco , ardea Cocoi, L'Hocti, ardea Hoactli, L*Hohou , ardea Hohu. Le grand Héron d'Amérique, ardea Hero' dias. Le Crabier roux de la Louisiane , ardea Téudopiciana, Le Crabier deBahama, ardea J^iolacea, Le Crabier bleu et leChaljbé, ardea Cœ- ruîea, I,e Héron d'Hudson , ardea Hudsonias. Le Guacco, ardea C^mata, Le Caiot, ardea Squaiotta, Le Crabier marron , ardea Erjthropus. Le Crabier vert , ardea f^irescens. Le Butor, ardea Stellaris, Le grand Butor, ardea Botauius, Le Butor roux, ardea Soloniensis, Le petit Butor, ardea Marsigli, Le Butor brun rayé , ardea Danuhialis. Le petit Butor de Cayenne, ardea Undulata, L'Onoré des bois, ardea Brasiliensis. L'Onoré proprement dit , ardea Tigrina^ L'Onoré rayé , ardea Lineaia, Oiseau?:. VIÎl, 27 ' H il ! r-w»,.*{jpi{, 3o6 HISTOIRE NATURELLE Le Butor jaune du Brésil, ardea Flaua, Le Hëron blanc, ardea ^Iha, Le Caurâle, ardea Helias. Le Héron noir , ardea uétra» Le Crabier pourpré , ardea Spadicea. Le Crabier blanc à bec rouge , ardea Mcjui- noctialis. Le Cracra , ardea Cracra, Le Héron violet , ardea Leucocephala. Le Crabier blanc et brun , ardea Malac- censis. Le Crabier roux de Sîlésie , ardea Badia. Le petit Crabier , ardea Philippensis. Le Crabier noir , ardea Notice Guinecs. Le Crabier cendré, ardea Cyanopus, Le Pouacre, ardea Maculata, Le petit Butor du Sénégal , ardea Senega- lensis. Le Blongios , ardea Minuta. Le Bec-ouvert, ardea Pondiceriana. Le Courliri) ardea Scolopacea, :t« i f *^^, URELLE ardea Flapa. Iba, ra, ! Spadicea, 5e, ardea ^qui- DU COUREUR. 307 XLVir GENRE. \eucocephala. 9 ardea Ma lac- , ardea Badîa. hilippensis. tuas Guineœ, Cyanopus, 7ta, y ardea Senega- 'a. iiceriana. cea. LE COUREUR, corrjrj. (Pieds à quatre doigts.) Caractère générique ', bec dro^'t, étroit. LE COUREUR. Tous les oiseaux qui nagent , et dont les doigts sont unis par des membra- nes, ont le pied court, la jambe recu- lée , et souvent en partie cachée dans le ventre; leurs pieds, construits et dis- posés comme des l'Hrrves à large palme, à manche raccourci , , osition obli- que, semblent être fù*.ô exprès pour aider le mouvement du petit navire \ l ..%:. *<èlJî-k'^*y ■ K 3o8 HISTOIRÏS NATURELLE animé. L'oiseau est lui-même le vaii- seau, le gouvernail et le pilote; mais, au milieu de cette grande troupe d(3 navigateurs ailés , trois espèces d'oi- seaux forment comme un groupe isolé : ils ont à la vérité les pieds gar- nis d'une membrane comme les autres oiseaux nageurs, mais ils sont en mê- me temps montés sur de grandes jam- bes ou plutôt sur de hautes échasses, et, par ce caractère, ils se rapprochent des oiseaux de rivage ; et, tenant à deux grands genres très-différens , ces trois espèces forment un de ces degrés inter- médiaires, une de ces nuances qu'eu tout a tracées la nature. . Ces trois oiseaux , à pieds palmés et à hautes jambes , sont l'avocette , le flammant ou phénicoptère des anciens, et le coureur, ainsi nommé, dit Aldro- vande, de la célérité avec laquelle on le voit courir sur les rivages. Ce na- turaliste, par qui seul nous connois- sons cet oiseau , nous apprend qu'il ,^^^ r ,:;'¥*' . AVSWM^***»- U R E l. L E -même le vaii- B pilote; mais, mde troupe do 5 espèces d'oi- e un groupe i [es pieds gar- mme les autres ils sont en mê- e grandes jam- autes échasses, se rapprochent t, tenant à deux 3rens, ces trois es degrés inter- nuances qu'eu )ieds palmés et l'avocette, le re des anciens , raé,dit Aldro- vec laquelle on ivages. Ce na- nous connois- apprend qu'il JDtJ COUREUR. 5o9 n'est pas rare eu Italie ; nous ne le connoissoDs point en France ; et , selon toute apparence, il ne se trouve pas dans les autres contrées de l'Europe , o j du moins il y est extrêmement rare. Char- leton dit en avoir vu un individu , sans faire mention du lieu d'où il venoit. Selon Aldrovande, les cuisses de cet oi- seau coureur sont courtes à proportion de la hauteur des jambes ; le bec jaune dans son étendue , et noir à la pointe ; il est court , et ne s'ouvre pas beau- coup 5 le manteau est couleur de gris- de-fer , et le ventre blanc ; deux plu- mes blanches, à pointe noire , couvrent la queue. C'est tout ce que rapporte ce naturaliste, smis rien ajouter sur les dimensions ni la grandeur du corps, qui , dans sa figure , sont à-peu-près les mêmes que celles du pluvier. Aristote et Athénée parlent égale- ment d'un oiseau à course rapide, sous le nom de trochilos, en disant qu'il vient ^n temps calme chercher sa nourriture i h ■>*»^^,.^~ '■ n i .( I ^10 HISTOIRE NATUAELLlî sur l'eau; mais ce trochilos est-il un oiseau palmipède et nageur, comme le dit Aldrovande , qui le rapporte à son oiseau coureur ? ou , comme l'indique iElien , le trochilos n'est-il pas un oi- seau de rivage du genre des poules d'eau ou des pluviers à collier ? C'est ce qui me paroît difficile à décider par Je peu de renseignemens que nous ont laissé les anciens. Tout ce qui résulte de leurs notices, c'est que ce trochilos est de la classe des oiseaux aquatiques , et c'est au moins avec une espèce de con- venance qu iElien lui applique ce que l'antiquité disoit de l'oiseau qui enti^e hardiment dans la gueule du crocodile poui manger les sangsues , et qui l'a- vertit de l'approche de la mangouste, ichneumon; cette fable a été appliquée, avec autant d'absurdité qu'il est pos- sible d'en mettre à l'application d'une fable, à un petit oiseau des bois, qui est le roitelet-troglodjte , et cela par une erreur de noms , le roitelet-tro- fNirw^^-feiS!»»*- '"'■^ ijV" \\ los est-il un r , comme le pporte à son ne l'indique il pas un oi- des poules ollier ? C'est i décider par que nous ont [ui résulte de trochilos est {uatiques , et pècedecon- lique ce que au qui entre du crocodile , et qui l'a- mangouste, é appliquée, il est pos- ation d'une s bois, qui et cela par oitelet-tro- i DU COUHEUR. 3M glodyte ayant quelquefois reçu le nom de trochilos à cause de son vol tour- noyant. Espèce connue dans ce genre. Le Coureur , corrira Italica, 3t2 HISTOIRE NATUREtLK XLVIII* GENRE. L'AVOCETTE, recurvirostrj, ( Pieds à c[uatre doigts. ) Caractère générique : becsubu !é-aminci, applati, recourbé en haut. L'AVOCETTE. '^ l Les oiseaux à pieds palmés ont pres- que tous les jambes courtes , l'avocette les a très-longues 5 et cette dispropor- tion , qui sufiîroit presque seule pour distinguer cet oiseau des autres palmi- pèdes, est accompagnée d'un caractère encore plus frappant par sa singularité, c'est le renversement du bec 5, sa cour- '*!*■■■ {tf-T- :v:)^!(%f#»Âéi«i«^AW*,: -^i-S^mf!^ k:W^^^-'^m-•m^■.■it^■^m■ IStLK NRE. ^VIROSTRJ. \s.) bu !é-a minci, haut. ■■vv.*' ■ .*> '1 .;;}^. ■-->%; r'J^ ■■%iff?tt^i^m*f j*^*; tV -w» '^'■*^' •^ **'■ ■ .>1*«I«W" "ifnilim DE L'AVO CETTE. 3l3 hure, tournée en haut, présente nn arc de cercle relevé , dont le centre est au-dessus de la tête ; ce bec est d'une substance tendre et presque mennbra- neuse à sa pointe; il est mince, fcibie, grêle , comprimé horizontalement, in- capable d'aucune défense et d'aucun effortc C'est encore une de ces erreurs , ou, si l'on veut, de ces essais de la nature , au-delà desquels elle n'a pu passer sans détruire elle-même son ouvrage; car, en supposant à ce bec un degré de courbure de plus , loiseau ne pourroit atteindre ni saisir aucune sorte de nourriture , et l'organe <^onné pour la subsistaïice et la vie ne seroit qu'un obstacle qui produiroit le dép '- rissement et la mort. L'on doit dpnc regarder le bec de Tavocelte comme l'extrême des modèles qu'a pu tracer ou du moins conserver la nature ; et c'est en même temps, et par la même raison, le trait le plus éloigné du '^«c'in des formes sous lesquelles se pic&ente ij ►ifj ».- ^^^^Ê^^St •# -A 3l4 HISTOIRE NATURELLi: le bec dans tous les autres oiseaux. Il est même difficile d'imaginer com- ment cet oiseau se nourrit à l'aide d'un instrument avec lequel il ne peut ni becqueter ni saisir, mais tout au plus sonder le limon le plus mou; aussi se !'-..ne-*-il à chercher dans l'écume des flots le frai des poissons, qui paroîl être le principal fonds de sa nourriture; il se peut aussi qu'il mange des vers , car l'on ne trouve ordinairement dans ses viscères qu'une matière glntineuse , grasse au toucher, d'une couleur tirant sur le jaune-orangé , dans laquelle on reconnoît encr,:^ le frai di' Doisson et des débris d'insectes aquatic. es; cette substance gélatineuse est toujours mê- lée, dans le ventricule,depetik /serres blanches et cristallines, et quelquefois il j a dans les intestins une matière grise ou d'un vert terreux, qui paroît être ce sédiment limonneux que les eaux r^ouces, entraînées par les pluies, déposent suv le fond de leur lit. L'avo- ELLE res oiseaux, aginercom- 1 l'aide d'un ne peut ni out au plus ou ; aussi se l'écume des li paroi l être )urriture5 il es vers , car ent dans ses glntineuse , :)uleur tirant laquelle on V poisson et (. es 5 cett " )U]ours mé- tilc (iierres quelquefo <î ne maliè-j , qui paroît ux que les r les pluies, r lit. L'avQ- DE L AVOCETTE. 3l5 cette fréquente les embouchures des rivières et des fleuves de préférence aux autres plages de la mer. Cet oiseau, qui n'est qu'unpeu plus gros que le vanneau , a les jambes de sept à huit pouces de hauteur; le cou long et la tête arrondie ; son plumage est d'un blanc de neige sur tout le devant du corps, et coupé de noir sur le dos ; la queue ei>t blanche , le bec noir, jt les pieds sont bleus. On voit l'avocetle courir, à la faveur de ses hautes jambes, sur des fonds couverts de cinq à six pouces d'eau ; mais, pour parcourir les eaux plus pro- fondes , elle se met à la nage , et dans tous ses mouvemens elle paroît vive, alerte, inconstante; elle séjourne peu dans les mêmes lieux, et, dans ses pas- sages sur nos côtes de Picardie en avril et en novembre , elle part souvent dès le lendemain de son arrivée ; en sorte que les chasseurs ont grand'peine à en tuer ou saisir quelques-unes^ elles sQut -M^V--.^.-' MM& 3l6 HISTOIRE MAÏURELLI! encore plus rares dans rintërieur des terres que sur les côtes. Cependant M. Salerne dit qu'on en a vu s'avancer assez loin sur la Loire , et il assure que ces oiseaux sont en grand nombre sur les côtes du Bas-Poitou , et qu'ils y font leurs nichées. Il paroit , à ta route que tiennent les avocettes dans leur passage, qu'aux approches de l'hiver elles voyagent vers le midi, et retournent au prin- temps dans le nord ; car il s'en trouve en Danemarck, en Suède, à la pointe du sud de l'île d'Oëland, sur les côtes orientales de la Grande-Bretagne 5 il en arrive aussi des volées sur la côte occidentale de cette ile, qui n'y séjour- nent qu'un mois ou deux , et disparois- sent à l'approche du grand froid ^ ces oiseaux ne font que passer en Prusse; on les voit très - rarement en Suède , et , suivant Aldrovande , ils ne parois* sent guère plus souvent en Italie ; ce- pendapt ils y sont bien connus et biea ■V .' « ELL£ [itérieur des . Cependant vu s'avancer il assure que nombre sur qu'ils y font 3 tiennent les âge, qu'aux les voyagent ent au prin- 1 s'en trouve î, à Ja pointe sur les côtes Bretagne ; il } sur la côte ni n y séjour- et disparois- d froid j ces r en Prusse; t en Suède y ils ne parois* n Italie; ce- )nnus et biea DE l'avocette. Sr/ nommés. Quelques chasseurs ont assuré que leur ,cri peut s'exprimer par les syllabes crex, crex; mais ce léger indice ne suffit pas pour qu'on puisse soup- çonner que l'oiseau nommé crex par Aristote, soit le même que l'avocette; car le crex, dit ce philosophe, est en guerre avec le loriot et le merle ; or il est très -certain que l'avocette n'a rien à démêler avec ces deux oiseaux des bois 5 et d'ailleurs ce cri crex, crex, est également celui de la barge et du râle de terre. On trouve à la plupart des avocettes de la boue sur le croupion , et les plumes en paroissent usées par les frottemens ; apparemment ces oiseaux essuient leur bec à leurs plumes , ou l'y logent pour dormir , sa forme ne paroissant pas moins embarrassante pour le placer durant le repos , que pour s'en servir dans l'action, à moins que l'oiseau ne dorme, comme les pigeons, la tête sur la poitrine. Oiseaux. VIII. 28 - V. iiC^ 3l3 HISTOIRE NATURELLE M. Bâillon, qui nous communique ces faits, est persuadé que l'avocelte, dans le premier âge , est grise ; et ce qui fonde son opinion , c'est qu'au temps du passage de novembre on eu voit plusieurs qui ont les extrémités des plumes scapulaires grises , ainsi que celles du croupion ; or, ces plumes et celles qui couvrent les ailes, sont celles qui conservent le plus long- temps la livrée de la naissance : la cou- leur terne des grandes pennes des ailes, et la teinte pâle des pieds, qui dans i'adulte sont d'un beau bleu , ne lais- sent pas douter d'ailleurs que les avo- cettes à plumage mêlé de gris ne soient les jeunes; il y a peu de différences extérieures dans celte espèce entre le mâle et la femelle; les vieux ont beau- coup de noir, mais les vieilles femelles en ont presque autant ; seulement il paroit que la taille de celle-ci est géné- ralement un peu plus petite, et que la tête des premiers est plus ronde , avec im r^NJ.- px^W^'y-'^m \. mm>^>^ . â extrémilës DE ri'AVOCETTE. 3l9 le tubercule charnu qui s'élève sous la peau près de l'œil plus enflé; il n'y a pas non plus de quoi établir une variété dans l'espèce , sur ce que les avocettes de Suède ont le croupion noir, selon Linnaeus , et que celles qui vivent en grand nombre sur un certain lac de Basse- Autriche, ont le croupion blanc, comme le fait observer Kramer. Soit timidité, soit finesse, l'avocette évite les pièges, et elle est fort difficile à prendre; son espèce, comme on l'a vu, n'est bien commune nulle part, et paroît peu nombreuse en individus. Espèce connue dans ce genre. L*Avocette, recurifirostra At>Qcetta. 7IN DU TOME HUZTIÂMK. De i;imfrimsbik de GUILLEMINET -V ♦,—• • f !•>>!-- 1*-