■^-t^..-^^- IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) // p. :/ 5r m^ A. 1.0 l.l 1.25 *-liM •- m IIIIM Il 2.2 .: lu ? '^ lia m 1.4 1.6 i^ '^ > ^V •>^ Photographie Sciences Corporation 33 WES1 MAIN STREET WEBSTER, N. Y. )4S80 (716) 873-4S03 fV \ \ 'i^t^ *?^' '^ CIHM/ICMH Microfiche Séries. CIHM/ICMH Collection de microfiches. Canadian Instituts for Historical Microreproductions / Institut canadien de microreproductions historiques ^ 19«7 Tachnical and Bibliographie Notes/Notes tachniques et bibliographiq>jas The Institut» has attsmpted to obtain th« bast original copy available for filmîng. Faaturas of this copv \Mhich may ba bibliographically unique, which may alter any of the images in tha reproduction, or which may significantly change the usual method of filminp. are checkod below. n Coloured covers/ Couverture de couleur I I Covers damaged/ Couverture endommagée Covers restored and/or laminated/ Couverture restaurée et/ou pelllculée Cover titia missing/ Le titre de couverture manque Coloured maps/ Cartes géographiques en couleur D D a D a D Coloured ;nk (i.e. other than blua or black)/ Encre de couleur lie. autre que bleue ou noire) Coloured plates and/or Illustrations/ Planches et/ou illustrations en couleur Bound with other matériel/ Relié avec d'autres documenta Tight binding may cause shadows or distortion along interior margin/ La reliure serrée peut causer de l'ombre ou de la distorsion le long de la marge intérieure Blank leaves added during restoration may appear within the text. 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Additional commenta:/ Commentaires supplémentaires- L'Institut a microfilmé le meilleur exemplaire qu'il lui a été possible de se procurer Les détails de cet exemplaire qui sont seut-étre uniques du point de vue bibliographique, qui peuvent modifier une image reproduite, ou qji peuvent exiger une modification dans la méthode normale de filmage sont indilués ci-dessous. □ Coloured pages/ Pages de couleur □ Pages damaged/ Pages endommagées □ Pages .-estorod and/or laminated/ Pages restaurées et/ou pelliculées PT] Pages discoloured. stained or foxed/ L!^ Pages décoîorées. tachetées ou piquées □ Pages detached/ Pages déîachées Showthrough/ Transparence □ Quality of print varies/ Qualité inégale de limpression □ Includes supplementary matériel/ Comprend du matériel supplémentaire □ Only édition available/ Seule édition disponibU D isponible Pages wholly or partially obscured by errata slips, tissues. etc . hâve been refilmed to ensure the best possible image/ Les pages totalement ou partiellement obscurcies par un feuillet d'errata, une pelure, etc.. ont Aîé filrr.ées à nouveau de façon é obtenir la meilleure image possible This Item Is filmed at the réduction ratio checked below/ Ce document est filmé au taux de réduction indiqué ci-dessous. 10X 14X 18X 22X 2tX 12X XX y 16X 20X 24X 2SX 32X Th« copv filmed h«ra Hm bMn r*produc«d thsnks to th« g*n«rosity of : Univeriity of Britiih Columbia Library L'Mamplalr* filmé fut raproduit grec* à la générosité da: Univeriity of Britith Columbia Library Tha imagas appaaring hara ara tha batt quality possibla considaring tha condition and iagibility of tha original copy and in kaaping with tha filming contract spacifications. Original copias in printad papar covars ara filmad baginning with tha front covar and anding on tha last paga with a printad or illustratad impras- sion, or tha bacit covar whan appropriata. Ail othar original copias ara filmad baginning on tha first paga with a printad or illustratad impras- sion, and anding on tha iast paga with a printad or illustrafad imprassion. Tha last racordad frama on each microfiche shall contain tha symboi "-^ (maaning "CON- TINUED"), or tha symboi ▼ (maaning "END"), whichavar applias. Maps, platas, charts, atc, may ba filmad at diffarant réduction ratios. Thoaa too iarga to ba antiraly inciudad in ona axposura ara filmad baginning in tha uppar laft hand corner, laft to right and top to bottom, as «nany framas as raquirad. Tha following diagrams illustrata tha method: Laa imagaa suivantaa ont été reproduites avec le plus grand soin, compta tenu de la condition et de la netteté de l'exemplaire filmé, et en conformité avec les conditions du contrat de filmage. Les exemplaires originaux dont la couverture en papier est imprimée sont filmés en commençant par la premier plat at en terminant soit par la dernière paga qui comporta une amprainte d'impression ou d'illustration, soit par la second plat, selon le cas. Tous les autres exemplaires originaux sont filmés «n commençant par la première paga qui comporte une empreinte d'impression ou d'illustration et en terminant par la dernière paga qui comporta une telle empreinte. Un des symboles suivants apparaîtra sur la dernière image de chaque microfiche, selon le cas: la symbole — *- signifie "A SUIVRE", le symbole V signifie "FIN". Les cartes, planches, tableaux, etc., peuvent être filmés è des taux de réduction différents. Lorsque le document est trop grand pour être reproduit en un seul cliché, il est filmé é pertir de l'angle supérieur gauche, de gauche è droite, et de haut an bas, an prenant la nombre d'images nécessaire. Les diagrammes suivants illustrant la méthode. 1 2 3 VOYAGES ET DÉCOl VERTES OITRE-MKR AL- X I \ SI f : c f, t: t- X? .' . .r • -V / PROPRItTE DES ÉDITEURS y M)yAGES DÉCOÏTERTES OUTHK-MI-M AU XIX SI KG LE \ ARTHIR MANGIN il.Ll< ru ATKJNS V.\ff HLHANU-rJHAliliH DEUXIÈME ÉDITION TOURS ALIHKh MA M!" KT I ILS, KIUTKUHS M IK 1 I I.XXV AVANT-PIIOPOS Il est i»oii (le sujets sur losfpiels ou nit .ui'iut écrit .|ui' sur les voyages. Ouicon([ue n pnmuini (juclques lieues de pays nime à raconter ce qu'il ,1 vu ; |ianni 'jeux qui ont entendu ses récits, beaucou|» se plaisent à les répéter, et ils trouvent tou- jours aisément des auditeurs. A plus forte raison les vrais voya- geurs, ceux qui ont visité en observateurs, dans un but ou du moins avec une pensée scientifique, des contrées peu ou point connues, ont le droit de se faire écouter ou lire. Leurs rela- tions sont recherchées avec curiosité, reproduites, analysées, traduites, commentées en cent façons et dans toutes les langues; et un livre qui |>orfe siu- sa couvertiire ce mot ma- gique : Voyages, ne niiuupu' fîuère d'acheteurs. Les relations d«> voyages constituent donc un Reiu-e de AVANT- f'RupoS p..blicntion .,ui ...Von.) - solo,, la formule t«„t .le fois re- ••'»•'. - A u„ hosoin g.'.,u-.r»l, po,mnno„t, ol, on 1. .lirait ""'<:• ^1."^ l'iM.n.m... «> besoin se.x,,li,,„e ..i.s.-.„.,.„, : .-est une' '■"••""•• "" """'•• I""»i-'-- spéculati.M. flatte et e„cou,-ag... Hu contraire, e.. lui ..flVaut „„ aliment. '« Dis-moi .jui tu hantes, .lit un proverbe, .«t je te dirai qui tu es. ., On pou.Tait é„o,...er ave a,.tant ,1.. justess.-. .... r„p_ l'Iiqnant spécialeme..t à h. ,i..,.,.esse. ..tte a.,t.e maxin.e : Ihsmoir. ,,u,> m hs. otje l,> .lirai ce que lu seras. Il est pern.is cv< ^^ i I AVA\T-PROI'OS j de concevoir ,1,. rinqui.'.tmlo sur Irs .lispositi.ms .r„„ .«nfant ou .Inn jouiio homme .i..i se oomplnît .Inns certaines lodiires propres seulement à exciter son imn^inafion, à IVIoJKn.T .1,. létiiJe et à l.ii inspirer .In ,lnlmn, — sinon .le l'aversion. - ponr les eAen.pl,.s .-t les leç.ms t ponr l.-s saints préceptes .pii ponve:.t senis le guider dans la voie de la vertu. Mais il ny a .>n K.-.n.'-ral que des espérances à concevoir sur l'avenir .le celui qui rech.rche avec prédilection les livres d'histoire, les recueils ..ù sont cités les exemples .le ..iété. ,1,. charité, de couraj<,.. .lo dé- vouement, de patriotisme, ou bien les récits de voyages. Gnlce k Dieu, nous 1... répétons, ce dernier genre l'ouvrages est de ceux qui sont toujours assurés .le recevoir, dans toutes les classes de la société, j.nrmi les lecteurs de tout Age, et surtout de la part des jeunes gens, un accueil favorabl.-, et desq..ols on peut se dire en les livrant à la publicité : « Peut-être ne fera-t-ii pas grand bien; mais à coup srtr, du moins, il „« fera point de mal. » C'est .lans celte pensée qu'ont été conçus le plan et l'exécu- tion du modeste travail .p.i va suivre. Malgré la difficdlé qu'on i.e s'est point .lissimul.'.e .1.. fair.. sur les voyages quelque chose de nouveau, d'attrayant et d'instructif à la fois, en se renfer- •nant dans de modestes limites, il a semblé que la tAch.' n'était pas de celles qu'il est permis .l'abandonner avant iiiême ,1e les avoir tentées. L'histoir.. d.'s voyages anciens, .b-s premi,'.,vs el .les plus 10 AVANT-PROPOS importaiit.'s .looonvertos des navigateurs europt'.ens sur les flenx hémisphère s — cette histoire si vaste, tant rie fois éditée et rééditée soit m extenso, soit en ahré^é, — n'était phisà faire. On s'est donc contenté d'y jeter, dans l'introduc- tion, nn rapide coup dmil, afin f d'ailleju-s, <'oinme tous les grands événements contemporains, ils nous touchent i>lus directenieu) et exciti-nt davantage notre intérêt. Mais encore un fahleau complet d.. ces voyages, de plus en plus fréquents en raison des facilités ,pi.. le i-erfectionnement des iimyens de communication offre aux explorateurs, serait-il "lie fiche l.ieu longue, hérissée développement qu'il conqiorte, plutôf (p.e ,|c checoh.T à I,.s iindliplier en les mutilant et en les placaul. bon gré. mal '^rv. sur un lit d.- Procusfe. «:•• liviv n'est dnnc niiiicMicnf une bislnirc abrégée des voyages cl des décnnv.Tics des navi-aleurs .-ni xi\' siè,-|c : AVANT-I'ROPOiï 11 c'o:*. si l'on veut, ot pour nous servir d'une romparnison classique, un selectœ, un recueil de c; .pii. dans cotte vaste série d'explorations patientes, d'entreprises liéroiques, .le recherches aventureuses, nous a paru le plus propre à at- teindre le but iudi.pié par le |H.ëte {{(.race : (^mno liiljl luinrliini qui misciiit util,. ,Ji,|,.j. INiKODLICTlON L'histoiie -les v,.yoL;.-s i.o m-ikII rici. ,1,. moins ,,»•„,„. f,.rmo do riiisloi.f universelle, si l'un voulait, à l'exenipie .le .inei-iues iiiiteurs, amsidéier conunc voya'tes les migialiuns des tribus et des peui.les, les expéditions militaires et les irruptions des hordes con- (luéianles, les déi)laeements des groupes d'hommes qui, en se sépa- rant de la nation dont ils faisaient partie, ont eolonisé et peuplé successivement les diverses ré-ions du -lobe. Mais évidennnent on ne saurait, sans dénaturer le sens des mots, •issimiler aux voyages c^s grands mouvements des races humaines i dont l'étude constitue à elle seule une vaste science, l'ethnographie! Il y a entre les uns et les autres toute la dillérence qui sépare les faits particuliers des faits généraux. Sans doute, dans le plus grand nombre des cas, les premiers ont servi à préparer et à faciliter les seconds, en montrant aux émigrants et aux conquérants la route à suivre, les obstacles à vaincre, le but à atteindre. Mais ce n'est point la, certes, un motif de confondre deux oidres de i.hénoinènes sociaux essentiellement distincts. On comprend bien que c'est seulement des plus simi)les, c'est-à-dire des voyages proprement .'.its, qu'il sera parlé dans cette introduction. Encore n'avons-nous point des- sem de remonter à une haute antiquité. 14 I.MH(jiiLi:riu.N Los anciens voyageaient peu, dans le sens iiue nous altiibuoiis ù ce mot, et qui s'aiipliquo exclusivement aux explorations lointaines entreprises dans le but d'étudier les mœurs des peuples, le climat elles productions des dillérunts pays, et de déterminer scientili-iue- mentles distances, l'étendue, la position respective des mers, des îles et des continents. Cela s'exi)lique aisément : ils étaient retenus dans une sorte de cercle vicieux qui ne devdt être franchi que peu à peu, au fur et à mesure de l'accroissement des populations, et sous l'aij^uillon des nécessiLés qu'engendre cet accroissement. D'une part, en elVet, l'ignorance où ils étaient de lu constitution géographi(iue du glolje, de la nature dos êtres répandus sur la terre ferme ou ilans les profondeurs de l'Océan, de la distribution des climats et de bien d'autres choses dont il était impossible qu'ils se formassent a priori aucune idée, les empêchait de s'aventurer loin des contrées où ils avaient une fois fixé leurs demeures. D'autre part, ce n'était qu'en explorant le monde qu'ils pouvaient en pénétrer les mystè.-es. Aussi Dieu sait avec quelle lenteur, au prix de quels ellorts et de quels sacrilices une faible portion de l'humanité est enlln parvenue, après tant de siècles, à construire cette magnilicpie science de la géographie, encore incomplète pourtant, même chez les peuples les plus éclairés et les plus entro- l)renants ! Sur ter) .-, l'homme d'autrefois avait à craindre la faim et la soif, les maladies, le froid et la chaleur, les intempéries de l'air, les animaux malfaisants, et, trop souvent aussi, d'autres hommes, stu- pides, ombrageux et cruels. Sur mer, il redoutait la fureur des flots et des vents, l'isolement entre le ciel et l'eau, et, plus que tou.'s reste peut-être, Yincinuiu qui latl-ndait au terme du voyage, - si toutefois il lui était donné d'y atteindre à travers tant de périls, - et au.juel son imagination troublée prêtait les couleurs et les formes les plus fantastiques, les plus étranges et quelquefois les plus monstrueuses. ^ Si même aujourd'hui, aiuès les immenses progrès accomplis dans l'art nauti(iue, il y a du courage à alfronter, sur les magniliques et solides vaisseaux que construisent nos ingénieurs, les hasards des vents et de la mer, quelle fut l'audace des hommes qui, sur de frêles I.NTHÛ£)Lt;riU.\ IK et grossiers esquifs, osèrent les premiers braver les puissances de ces éléments capricieux et perfides, l'air et l'eau ! Illi robur et ses triplex Circa pectus ciat, (jui fragilom truci Commisit pelayo lateni Primus Uuels furent les premit->* navigateurs dignes de ce nonr.' Los Phéniciens, selon toute probabilité. Un sait que la célèbre Tyi-, leur capitale, fut, tant qu'elle subsista, le principal port de commerce de l'ancien monde ; et incontestablement la science de la navigation est née de ce génie commercial dont il faut saus doute déplorer les écarts , mais qui fut de tout temps, on ne saurait non plus le mécon- naître sans injustice, un énergique agent do civilisation, qui établit et entretient les relations paciliques entre les Etais, qui a relié entre eux les pays les plus éloignés, les plus dillérents de caractère, de mœurs et de langage , et inspiré tant d'entreprises hardies e» fécondes. Aux Phéniciens succédèreni, dans la suprématie maritime, les Carthaguiois, qui n'étaient dans l'origine, on le sait, (lue des émi- grés phéniciens. Los navigateurs de Tyr avaient exploré une grande partie du Uttoral de la Méditerranée; ils dépassèrent même plus d'une fois les colonnes d'Hercule, et naviguèrent le long de la cJte occidentale d'Afrique, on ne saurait dire jus.jn'à quelle latitude. Hérodote savait que l'Afrique est une immense presqu'île que l'isthme de Sue/, rattache seul à l'Asie , et il parle d'un voyage exécuté deux siècles avant lui auluur de cette presqu'île "par des navigateurs phéniciens, d'ai.rès les ordres du roi d'É-ypte Néchos. La plupart des géographes ne croient pas à la possibHité d'un pareil voyage à une épo(iue aussi reculée, et il faut admettre alors qu'Hérodote avançait au hasard, relativement à l'Afri.iue, un lait dont il n'avait point la preuve, et que les découvertes modernes ont confirmé. Quoi qu'il en soit, le célèbre historien ajoute .lu'au retour de leur voyage les Phéniciens racontèrent « que, lorsqu'ils curent tourné la Libye, ils avaient le soleil à leur droite «. D'où il tant conclure qu'ils avaient dépassé la hgne. Ili IM'lin|)lj:T|n\ Hérodote ne parle point des Carthaginois Hanno.. .n Himilcon qui vivaient bien avant son siècle et qui explorèrent lescôtes d'Afrique .|us,iu a une très-o, ande .listance. La relation authentique du fameux l'e.iple dUannon nous est heureusement parvenue, et il prouve que ce célèbre marin s'avança au moins jusqu'au tlabon, où il ren- contra les grands singes aciuellement connus sous le nom de ao- '■'//-•s que l„i-„.ème leur avait donné. Ilannon avait pris ces singes pour d.3 nommes sauvages, ce ,pn ne lempè.ha pas de tuer et -l'é- corcher trois de leurs femelles, dont il rapporta les peaux à Car- Inage. i-'Kgypte, grâce à sa situation privilégiée, avait servi, pour ainsi dn-e de trait d'union entre les .leux mers qui baignent ses rivages la Méditerranée et la mer Erythrée. Pur le nord elle conunu-dquait avec I Asie Mmeure, l'Archipel, la Grèce, l'Italie et l'Espagne ; par I est, avec Arabie; et ses navires, .lépassant la mer Rouge, purent s ^vancer dans le golfe Persique, dans l'océan Indien, et .ôtoyer I Arabie, la Perse et l'IIindoustan. Sous les Ptolémées, les commu- ""•almns reguhères établies par Alexandre entre l'Egypte et l'Inde [.nient un développement considérable. Des vaisseaux char^rés des I.ro.lu.ts de ce lointain pays venaient débarquer à Bérénice" sur la mer louge, leurs ca.-aisons, que des ca.avanes transportaient de là a Coptos, sur le Nil, et qui descendaient ensuite ce tleuve jusqu'à Alexandrie. Cette ville, devenue l'enlrepùt du commerce de l'Orient lut bientôt aussi le foyer le plus brillant des lettres, des sciences e' des arts. Parmi les savants, les érudits, les i>hilosophes, les écrivams dont elle pouvait a bon droit s'enorgueillir, les géographes occupent un rang distingué. Nommons entre autres Timostliéne, Philostéphane et surtout Lratosthéne, que ses contemporains surnommèrent /7«- xprct.ur.lr l,, ■ .,,., et qui est l'auteur du premier svstème de géo- graphie fonde sur des bases mathémati.iues Cependant Thaïes de M.lel, Pythagore, Aristote, avaient démon- tre, longtemps avant Kratosthène, la forme sphén.,ue de la terre et Anstole i.artant de cette donnée, avait conclu, dix-hnit siècle, avant Ulomb, à h possibilité le voyages k travers l'océan Atlan- tique. Alexamlre le (Irand, s,.n élève, voulut ajoute- à la gloire IMlfUhl CIIDN I I roiHiuise sur les clmn.ps do bataille d. l'Asie ..elle .le découvertes ul.l,.s et do fondations durables On sait qu'il entreprit la con.|uéte do 1 Inde, mais -lue, i^al-venu aux boids -'e l'Hvpbasis, il dut revenir en arrière, ses soldats refusant de le s.iivrc plus loin. Ce fut alors qu'il résolut d'explorer le cours de l'Indus et les côtes de la Perse I ne tlotte commandée par \éar.|ue appareilla à Nicioa, ville située sur I Hydaspe, dont elle descendit le cours, protégé., par l'armée divisée en deux corps marcbant si-r chaque rive du lleuve. Après quatre mois de navioation, la (lotte atteignit l'embouchure de l'Ind-is Alexandre prit alors la route ,1e terre, pour revenir à travers .a (.edrosie et la Carmanie, provinces méiidionales de la Perse tandis qne Néarque gagnait par mer l'embouchure de l'Euphrate, au fon.l du golfe l'ersique. Le roi menait avec lui des géographes, qui dé- crivirent, d.t-on, avec soin les contié.'s traversées pa- les Alacédo- •liens: mais leurs écrits m nous sont point i.arvenus, ot il ne reste d autre monument de cette expédition .jue quel.,ues fragments .lu journal de Néanjuc, cités par des écrivains postérieurs. (:ei.ondant, tandis que les Caithagiiu.is, les Égvptiens et les Macé- uoniens visitaient les mers, les continents et les des du cùté ,lu su.l et de l'est, les Phocéens de Marseille poussaient des reconnais- sances haraies vers l'orient et le nord. La première expédition mémorable qu'ils accomplirent fut celle de Pvthéas, ,lont répo,,ue précise est inconnue, et .lont le récit ii.> parvint en Crèce .ju'au temps , l'Alexandre. Sorti des colonnes .l'Hercule, le navigateur marseillais longea les c,-,.os .l'Espagne et .le la Gaule, atteignit la Trando-lîrotagne, puis le Jutland, au.iuel il .lonna le nom de Ihule. 11 pénétra ensuite dans la Baltique, et loucha la t te sep- tenfionale d'un pays « où la mer jetait une grande quantité d'ambre ■n'uno ... Il est évùlent que ce pays n'était autre .,ue la iVusse actuelle, .1 oiUe commerce tire encore aujour.i'hui la presque tota- -•te de 1 ambre jaune ou succiii emi.lové dans les arts Nous n'avons rien à .lire dos voyages exécutés par les Romains. On sait ,;uils portèrent l.uirs armes presque partout, jus.ni'auv dernières limites ,lu momie connu .les a .ciens, et que, si leurs '-"-inetes ne re.ulèu.nl pas sensiblement ces limites, .-Mes eurent '1» >"o.ns pour résultat ,1e renv,.rser les barrières ot ,r.plaiar les 18 INTHODLcriO.N ol)stacles qui sopposaieni aux communications des peuples entre eux. A l'épociue où commençait la décadence du vaste empire ton- -uis par leurs logions, parut le célèbre astronome et -éograpiie Ptolémée, .|i.i donna le premier à la science géograpiiique une unité à laquelle elle navait point encore pu parvenir, l-ouvraye qu'il écrivit sous le titre de 1ûvt«-.;, et la carte dressée par lui d'après les docume.its qu'il put rassembler, résument ce que l'on croyait ou savait de son temps ( u-^ siècle de l'ère chrétienne) touchant le sys- tème de l'univers, l'étendue et la conlitruration des teires et des mers sur.notre hémisphère. Inutile de dire (jue de nombreuses et «raves erreurs se mêlaient, dans sa -éo-rai.hie, à des notions exactes et à de grandes idées. Contrairement à l'upinion de Pytha-ore, qui avait enseigné et expliqué les deux mouvements de la terr^, l'un de rotation sur elle-même, l'autre de translation autour du soleil, Ptoléméu supposait la terre immobile dans l'uspaco, et le soleil, la lune et les j.lanètes tournant autour d'elle. Kn lait de géographie', il n'était guère plus instruit que ses devanciers , notanunent en ce qui concernait l'Kurope. puis.m'il plaçait au no.'d de la Chvrsonèsc dm- ''/v^«c (.lutland) ciuatre iles ,lont la [.lus éloignée, nonimée i.ar lui Scanie, était probablement une portion de la Suède, et qu'il faisait de . Europe la plus étendue des trois parties du monie, en lui don- nant pour bornes, au couchant, l'Océan; au levant, le lleuve ïana.s, et au sud, la Méditerranée. J.a limite septentrionale n'était pas exactement tracée, les connaissances certaines s'arrétant aux b,rds de l'océan Germanique ( mei' du Nord) et de l'océan Sarmatique (mer lialtique). Le nord de l'.Xsie était aussi [.eu connu de Ptolémée et de ses contemporains que le nord de rKurope. On confondait sous les noms de .^cythes et d'ilyperboréens les nond.ieuses peuplades sans cesse en mouvement qui occupaient les contrées au delà .lu Pont- Euxin, de la Colchide, de la mer llyivanienne ou Caspiemie, et des grands lleuves (-ni se jettent dans le lac Aial. llelativement à rexlréme Orient, l.-s notions positives no dé|)assaient i.as les monts Imaiis ...l les bouches du ( lange. On n'avait qu'une vague idée du vaste empire chinois, -lont les mystérieux habitants étaient appelés SrnsoH Sun s. L'Arabie avait été, ainsi (pie l'Inde, très-imi.ailaite- I.\THui)ii:Tlii.\ 10 4 f ment exploive. L'île de Ceylan , qu'on d^^igimit sous le nom de Tapiubane, était encore moins connue, et les autres iles de l'océan Indien ne l'étaient nullement. En AlVi.iue, il n'y avait de Lien connues ^ue rK^yi.le, la côte septentrionale, et la lisière comprise entre la Mëditenanée et la ehaine de l'Atlas. Les Grecs et les Latins désif,'naient vaguement le reste de l'Alriiiue par les noms d'Ethiopie et de Libye intérieures, et leurs navires n'avaient jamais dépassé à l'ouest le Si.nix Jlrsi.r- r/cM.s( golfe de Guinée), à l'est le Si,, m Do, -bu, km (canal de Mo- zambique ). Au temps de l'tolémée, on semblait avoir ren..ucé depuis bien des années à tenter aucune excursion, soit par terre, >oit par mer. au delà des limites que nous vtMions d'indiquer, et qu'on croyait géné- ralement être celles du monde accessible à l'homme, il faut franchir un intervalle de plusieurs siècles pour arriver à une épo-pie oi'i, les reuples commençant enfin à se remettre des longues et violentes secousses causées par l'immense écroulement de l'empire romain, purent reprendre leur marche, si longtemps interrompue, dans la voie du progiès intellectuel et matériel, et reiidre aux sciences, aux arts, à l'industrie et au commerce la part qu'ils doivent occuper dans le mouvement des sociétés. Chaque nation alors manifestant le geme et les tendances qui lui étaient propres, on en vit quelques- unes s'adonner avec ardeur au commerce, à la grande pèche, à la navigation, aux voyages lointains. L'exemple de ce genre d'entre- prises parait être venu, vers le vm'^ siècle, des Arabes, qui, après avoir conquis, sous Mahomet et ses successeurs, une {.artie de l'Asie, de l'Europe et de l'Af.i.jue , et jeté l'épouvante dans la chré- tienté pai' leurs invasions rapides et par leurs sanglants exploits, •ultiveivnt, non sans succès, durant une courte période, les sciences naturelles, la mé.leciue, les mathématiques, l'a.aronomie et la géo- graphie. Leurs caravanes parcoururent et firent conimitre le centre de l'Asie et une grande partie de l'Afrique intérieure. En même temps leurs navires, croisant dans toutes les directions, sur la Mé- d.terranée, sur la mer Uouge, sur le golfe Persi^iue et sur l'océan Indien, allaient échanger des marchandises dans les ports de la Grèce, de l'Espagne, de l'Egypte, de la Barbarie, de l'Abvssime .» su IMliiiliICTIu.N : i et jusque dans les iles ,le Madagascar, Suinalia, Moniéo, Audaïuan et Laijuedives. Dès le x« siècle, l'Aliiciue oiieiitalt- était Iréquuntée par les Arabes, dei.uis r'';Ky|.l.. jusqn'i.i. .i.,, Corricntes. Mais rocôai. Allaiilique, qu'ils no.nii.aifi.l la Mrr ,l,s In.èbns. U'u: était peu connu et leur «aspirait une terreur superstitieuse. Hependanl on lit dans un de leurs f;éoKra,)lies, El-Edrisi, qu'au temps de la domination maure au l'urtujial ( vers I ^ milieu .lu mi- siècle ) huit l.ahilants de l.isl.onne eatrei.rireut un voyage pour connaître i' Kiiviron trois cents ans plus tard, deux Vénitiens, les frères V.ow , entrés au service du souverain des lies Fi.-roé et Shellnnd, entrée prirent une eNi.é.lition ,p,i j..^ .H.r.duisit hi^n au delà des points pré.édeminenl abordés par les O.oonlandais. C'est au moins ce qu'il est permis de croire d'après la relation ..l.scure et entremêlée «le fables <|ni fnl publiée à Venise beaucoup plus tard par un des- cendant de M.olo Zeno, l'nn des .h-nx frères. O.iebpies auteurs ont même admis, en s'ap|.uyant sur cette relation, .|ue les Zeni et ItMirs compagnons avaient abordé non-seulemeni à Terre-Neuve et aux r.-.les de la Nouvelle- Kcosse et énélrer jus.pif. la Louisiane, à la Rorile el au Mexique. Sans partager ctte opinion exagérée, ( p,.ul nier «lue les ''^"•''''" • '"•'' ""« IKiTop... .-xceilents et banlis marins, n'aient iti!(;rio\ 23 avfiit déployés dans cette Kuene, Ini conféia le duché do Viseii cl le nouvcriiPincnf des nouvelles C()iii|iiiMes. t^'' ''o" 'I i ii'étail iiu> sculemi'iil un brave guerrier, c'était aussi, assure-t-on, un des hommes les plus instruits de son tenips. Il était surtout passionné pour les entreprises maritimes, et il s'em- pressa de consacrer à la satisfaction de ce pn'il dominant la faveur de son père, l'autorité et les lidiesses dont celle faveur le mettait on possession. Se is ses auspices, les navigateui^ portut;ais accom- pliienl des prodi^'es, et dès lors fut ouvcrie la voie gloriciuc où tant d'iKimnies illustres, héros do la science, a|)Otres >lu christianisme et de la civilisation, devaient, par la suite . se sij,'nale( Trouver une route vers l'Inde par nier, en passant au s Açores. Huit ans après, Nuno Tristan s'avançait jus(|u'au cap liiaiic, à cent cinquai'te lieues du cap Mojador, et ramenait à Lishonnu les pienùers individus de la race nègre que l'on eût vus en Kurope. Kn I i'tô, les Portugais atteignirent le Sénégal, et en 1 i'tO ils signalèrent les iles du Cap- Vert. En 1 iôG, le Vénitien Aloysio de Cada-Morte, ein-ôlé au service du Portugal, poussa jus,|u'à la C.and.ie, et bientôt après Pedro de Cintra atteignait la côte de (luinée. Déjà l'inclinaison marquée de la côte d'Afrique vers l'est permettait d'esi.érer qu'on touchait à la réali- sation des espérances conçues |)ar don Henri, lorsque ce prince illustre mourut, en 1 W.\. Sa mort suspen.lil pouMin temps l'activité des expéditions mari- limes, qui ne furent reprises qu'en liSl, à l'avènement .le .lean 11. <:•■ ni.maniue onh.nna en liSli, .l'une part, à Pe.lro de Civiliiani H à Alpli.mse de l'eyra d,- ... r.Mi.Ire aux lii,l,.s en Iravei-aiit 24 INTlInriCCTION , '" "•'■'"■■'■■-l'i' 'V<-, ,l,.„x „„s a„|,;„ava„l, l)i.>,,, ■,„,„„ :r:,;;"::,:r='^- ,.„„. ,.. „. ,„ ,„• „ --•:»- ;i»"'li» lu.' lo» ,!,,,« |„v„,i,-,., a. A I Kspa-ne, a rKun.i.e entière Chrisi,,,.!,.. «• 1 , ;::ir-'-"v''' ''-^^''-N-'nnnense .te;:;: ;,:::; M.ahle ncl.esse dépassaient de heann,,.,, toul .v ,,,.„ i'i.n,,, ' " M.ius,e,...deannntpn..ve...Kteenl,ees.dLr;; : ;-l-t.es,,.,.|es,„ne nouvelle Knn,pe, peuplée d-Ksp,,n, '-t leun. dans ees eontrées jad.s sauvages et p.vs,p.e de:e,:s' < l.nst.an.sn.ejesseieneesjes lettres Jes ans. 't le .Lue,;:" Nous „ avons p„ud a raconter la eon,p.éte de rinde par les |.,.,.. i V INTHOnUCTION „„ zo tngais, ni celle de rAmériqu.^ par les Espagnols. On ne sait muo trop quels artes de cruauté, quelles scènes alV.vuses d'extermination déshonorèrent la f.loi,.e d,.s héros de celte sanplant,,' épopée. Aux Diaz, aux \asco de Gaina, aux Chris!;,, he Colomb, aux Vespucci à ces honunes pieux et uévonés .p,i i.'avaient en vue que la i.ropa'.a- "»" «le la foi chrétienne et la ;;ioire de leur pavs, succédèrent des aventun..rs inqjiloyahles en .jui la soit de for éteignait l.a.t anire sentn.ienl. Mais, o.àce à Dieu, riùiroïK. devait produire encore plus 'I '"' l.éroïque marin, Ihlèle à la glorieuse tradition, et désireux de concouru- a la -rande ceuvre connnen-ée par ,lon Henri la con- quête pacilique des mers, la recherche et la colonisation des terres nicoiuuies. A paitir du commencement du .xvr' siècle, les entreprises tentées dans ce but se succèdent et se multiplient de toutes parts. Tous les l.euples rivalisent d'ardeur dans cette immense .,rène .uverte aux nobles ambitions. Vase.) ,1e Gama avait frayé une route vers l'Inde par le sud de Alri,p.e. La découverte du nouveau monde oiïi'ait aux navigateurs l'i' autre problèn.e à résoudn : il s'abaissait d'arriver aux l.^es en .loublant un autre cap des ïenq.ètes, qui sans doute terminait aussi dliJIale '"'' '' """'"' *^''""'""' '^'"'•-^'-^''■•^ TAmérique méri- ^olis, qui le tenta le premier, périt après avoir reconnu le JJi„ «1'-' la Plata. Après lui Ma^elhaèns, que nous appelons .Magellan arnva, après avoir lon.é la cùte de Pata.onie, au redoutable détroii -lUi porte son nom, et pénétra, le >.>N mai 15-Jtl, dans .e vaste océ.n auquelon a donné, sans doute par antiphrase, le Uum d'océan l'aci- f.que Poursuivant ensuite sa route, il parvint au bout de trois mois aux des llnhppines, où il n.ourut. Son lieutenant, Sébastien del Cano, reprit le comn>andement de l'c xpédition, arriva aux Moluques ^l .le la put retourner en Kspagne par le cap de Ponue-Espérance Ainsi s accomplit le pren.ier voyage autour du .nonde f-pendant, dès les dernières années du siècle précédent, l'atten- ••on des navigateurs s était portée vers lextréme nord. Par là aussi "" espérait ...uver un passage vers les Indes, et c'est aux Anglais '" "•■''''''"■''''•'•'■ ''-'-'-l-Mniers dirigé leurs recherches ■20 INTIiODICTION dans ces régions placées où l'iiorreur du climat ajoutait encore aux dangers inséparables d'une pareille entreprise Le roi Henri VU qui avait été assez, aveugle pour rejeter les offres de Christophe t.olon,b, n avait pas tardé à s'en repentir; aussi accueillit-il avec empressement un marin vénitien, Giovanni Gavotta, connu sous 1- n.m de Jean Cabot, qui lui offrit, en 1 4<.K3, de diriger une expédition vers le nord-ouest. Gavotta croyait arriver par là en Chine et aux Indes. Mais il rencontra le continent américain, dont il longea les cotes jusqu'à la KIoritle; ai.rès quoi, les provisions lui manquant •1 regagna l'Angleterre. Les découvertes de Gavotta d-.niièrent l'éveil aux Portugais, qui se rappelèrent alors que, longtemps avant lui nn des leurs, Jean Crte.val, avait reconnu l'ile de B.mdhoo. ou st-à-dire do la Nouvelle- Hollande. Des Hollandais accompliront ver. lo môme tomps une découverte non nionis importa .u Isaac Lemairo, riche négociant d'Amsterdam et un marui expénmenté, Cornel.s Schoutcn do Horn, s'avisèrent qu'il devait être possible .le tourner la point.. n..-.ridionale de l'Amé- n.jue par une autre voie ,p,e le .létroit ,1e Magellan. Dans cette l.ensee, Schoutcn parti! ave., .la.ob I.eniaire, lils d'Isaac, et il eut la gloire de dctcimincr la position de la Terre les États et celle du détroit de Lemaire, et de doubler le cap Horn, den.iè"e limite .le la terre dans ces parages. Il fut ainsi démontré .,ue, comme le -énie des deux célèhres Jl.,llandais le leur avait fait conj,.cturer, le détroit de Magellan n'était pas la seule entrée de l'océan Pacili.p.e, et .,ue la rerro de Feu était une le et non une portion de continent En iG42. deux navires hollan.lais parfirent de Batavia, -ar ordre de \an-L),emen, gouverneur de cette colonie, et sous les ordres de 1 amiral lasmnn. Aj.rès deux mois et demi de navigation, ils arii- v.re-it, par 40- 2.7 latitude S. et 13r. Trf)' longitu.le 0., à une grande terre on Tasman planta 1.. pavillon hollandais et -p.'il appela /.< Tn;-c .]Jt,.. .les .ôtes de l'ile innnense .,u'..n .lésignait avant hu sous le no.M asse. vague de Tn-n: Au.ln,!.., et .pi depuis lut appelée i^uvrllr- IMl<,n,h: A .e .hunier non. les Anglais ont sub- stitue celui .l'Austrah.., qui a prévalu. De nouveaux .létails sur cette nn.pu..nie partie .lu m.,nde lurent recueillis, ,1e 108:? à 1701 par le célèbre William Dampier, ancien chef .!.■ Ilibu-stiers, à «lui le o,ju. v.'rnement hritanni.iue avait onlié le .•omman.lement .l'une .-xpé- dUion (,ue son expérience el son au-la.'- le ren.lai..nt ,,lus ,|u.. per- sonne capable de bien .lirig.'r. Aux voyages ,lo Dampier se rattachent les aventures du malheu- reux Alexandre .^elkirk, lieutenant à h„r,l ,1e r„n ,Ies navir.-^- ,[ne conunan.lait Dampier. A la suite .l'un.- aller, ati„n avec le capitaine Mraddlmg, ■. chef nnmédial, .Selil>en jes naditants. — Leur costume: leur tatouaee- leurs ar^es. - Leur .an,.re de v.vre; ,.urs ..urs. - Les m„jara.:::'- Terre de Leu«,„. _ Terre d'Edel et rivière des Cygnes. - lia.e des Cb.ens- Manns. - Terres de Witt et d'Arnheini. ""' C'est un navigateur français qui ouvre la série des grands voyages de découvertes accomplis au xix» siècle. Le capitaine Baudin fut chargé par le premier consul d'explorer les côtes de la Nouvelle-Hollande et les grandes îles groupées au nord a l'est et au sud-est de cette Terre Australe que son immense étendue peut faire, à bon droit, regarder comme un con- tinent. Les deux corvettes /. Géographe et le Xaturaliste partirent du Havre, le 17 octobre 1800, sous le commandement de cet officier, qu'une mort prématurée devait, hélas! arrêter au début de sa brillante carrière. Baudin avait pour compagnons 34 »OVA(iE.S Eï UECCUVEUrtè l'enseigne do Freycinct qui, un peu plus tard, dirigea à son tour une autre expédition dans lOcéanie, et le naturaliste Péron, chargé de recueillir toutes les observations relatives aux populations, à la flore et à la faune des contrées qu'on allait visiter. C'est principalement grAce à ces observations, faites avec un soin minutieux et une rare sagacité, que le voyage de Baudin oflre de l'intérêt, car il ne fut signalé par aucun incident digne de remarque. Du Havre, les deux corvettes tirent voile vers l'île do France, et de là vers les Moluques. Le lil septembre, elles mouil- lèrent en vue de l'Ile de Timor, après avoir exploré une partie de la côte sud-ouest ue la Nouvelle-Hollande. Elles se diri- gèrent ensuite sur la côte sud-est, et tirent une seconde halte au Port-Jackson, qui était alors le principal établissement lier-. Anglais dans la Nouvelle-Galles da Sud. S'étant ravi- taillés en cet endroit, elles se dirigèrent vers la Tr re de Van-Diémen, qu'elles atteignirent le \:\ janvier 180.-.. Puis elles doublèrent le cap Sud, pour aller jeter l'ancre dans l'est de l'île aux Perdrix, à l'entrée du détroit d'Entrecasteaux. "n quitta ce mouillage le 17 février, pour aller jeter l'ancre devant l'île Maria, à l'entrée de la baie des Huîtres. Après avoir reconnu le Port-Frédérik-IIendrik de Tasman et les îles Schou- ten, on découvrit plusieurs îles au.xquelles Baudin donna des noms français, dès longtemps supprimés par les Anglais, qui y ont substitué des noms britanniques. L même chose a eu lieu pour les diverses régions explorées sur les côtes sud et sud-ouest do ia Nouvelle- Hollande par notre compatriote, qu'un misérable sentiment de jalousie nationale a privé ainsi d'une gloire bien légitimement acquise par ses travaux, et payée de sa vie. « i • :fN à CAPITAINE B\IDIN 37 i En quittant la baie des Huîtres, Baudin traversa de l'est à l'ouest le détroit de Basa, large de deux cents kilomètres, qui sépare l'Ile Van-Diémjn de la Nouvelle-Hollande, et explora la côte méridionale, jusque-là inconnue, de ce continent. Cette exploration dura jusqu'à la fin du mois d'avril 1802, et s'ac- complit laborieusement au milieu de dangers sans cesse "«nais- sants. A l'entrée du mois do mai, les équipages étaiem telle- ment épuisés de fatigue, quil fallut renoncer à pousser plus loin les reconnaissances. Baudin se décida A retourner vers l'est pour relâcher à Botany-Br.y. Mais il voulut encore utiliser sa retraite, et, au lieu de reprendre la route qu'il avait déjà suivie et qui était la plus courte, il redescendit vers Ib sud, afin de trouvei l'exlrémité méridionale de la Terre de Van- Diémen. Le 20 mai, on reconnut l'entrée de la baie de l'Aven- ture et les colonne' ', cap Cannelé, en avant duquel se pro- jette nie avx Pi- j^ouiniî. . s Français admirèrent l'aspect riche et grandiose de cette pittoresque et fertile contrée, arrosée de nombreuses rivières et couverte d'une éternelle verdure. Le 22, on doubla par le sud l'Ile Maria, et l'on s'engagea dans l'ar- chipel Schouten. Mais ici les marins eurent de nouveau tant à souffrir du mau rais temps et des maladies, qu'il fallut se hâter de remonter vers le nord. On arriva heureusement, le 20 juin, au Port- Jackson, où l'on séjourna cinq mois. Ce temps fut employé à radouber les navires, à renouveler les provisions et surtout :. soigner les malades, qui étaient très-nombreux. On remit à la voile, le 2 janvier 1803, pour aller explorer derechef la région à laquelle on avait donné le nom do Terre Napoléon, et poursuivre la série des découvertes commen- cées l'année précédente. On longea ainsi toute la côte sud- sud-ouest, ouest et nord-ouest de la Nouvelle-Hollande; on Ba :iK V((VAr.ES F-T IiKroi VKItïI> reconnut l'île des Kangourous, le golfe de Spencer, la Terro de Nuyts, l'archipel de la Recherche. ( n doubla les caps d'Entrecasteaux et Leuwin; on longea la Terre d'Edel et la Terre d'End, icht; nuis on remonta jusqu'à l'archipel de Dampier, qu'on avait appelé l'archipel Bonaparte, et l'on mouilla, le ;2'i mars, en vue de l'ile Cassini. Ici l'on fut encore obligé de suspendre les opérations, et de cingler vers l'Ile Timor, où l'on parvint le (i mai J8(W, après une re- lâche d'un mois à Coupang, port principal de l'Ile, situé au fond de la baie de ce nom; on repartit, et l'on fit route vers le sud-ouest pour reprendre les explorations au point où on les avait laissées. On était, le 12 juin, par IS» 26' de latitude S. et 124o de longitude E. On cingla alors directement vers le sud, et l'on aperçut bientôt le continent; mais on ne trouva point d'endroit favorable pour le débarquement. La mousson, qui régnait alors, s'opposait d'ailleurs à ce qu'on pût longer la côte vers ].■ nord-est. On ne mit pas moins de six jours :. avancer de vini,t-cinq lieues dans ce sens. Le capitaine Baudin, voyant bien qu'il fallait renoncer à reconnaître la Terre d'Arnheim, contiguë à celle de Witt, se décida enfin à gagner le large pour tûcher d'atteindre l'ex- trémité sud-ouest de la Nouvelle- Guinée. Cependant il lui restait encore près de deux cents myriamètres de côtes à explorer, tant de la Terre d'Arnheim que de celle de Carpcn- tarie, qui borde le golfe de ce nom. Mais on n'avait plus de vivres que pour vingt jours, et il en eût fallu au moins trois fois autant pour entreprendre une aussi longue navigation. La santé du chef do l'expédition était en outre gravement altéioe. Abandonnant donc les côtes de la Nouvelle-Hollande, le.s deux corvettes voguèrent pour la troisième fois vers ;.':ie sai^^ i-\l'll UNli ISAILIN ;«> de Timor, qu'elles revirent le 13 juillet 1803. Le 14, elles doublèrent l'extrémité sud de l'île Savou, et le 7 août elles rentraient dans le port de l'jMe de France. Ce fut là que le capitaine Baudin mourut, le 2 septembre suivant. Après ce triste événement, le capitaine Milvius, qui remplaça Baudin, ne crut pas devoir reprendre, .sans in- structions nouvelles du gouvernement, la suite des travaux qui avaient été spécialement confiés ;. son prédécesseur. Il se contenta de ramener en France les deux corvettes, et rentra dans le port de Lonent, le -J.-. mars 1804, après .jne absence de trois ans et cinci mois, pendant laquelle on avait parcouru plus de dix-sept mille lieues marines, soit environ quatre-vingt-quatre mille kilomètres. Les observations nautiques et géographiques recueillies pendant cette expédition furent mises en ordr.' par M. de Freycinet. (Juant aux observations lelatives à l'ethnographie et aux sciences naturelles, nous avons dit qu'elles avaient été faites par le s.nant Pérou, qui consacra le reste de sa vie à les classer et à les rédiger, et mourut, le 14 décembre 1810, sans avoir pu achever entièrement ce long travail. Nous allons en e.xtraire quelques détails sur les habitants et sur les pro- ductions des contrées visitées par l'expédition, et particu- lièrement des côtes de la Nouvelle -HoUande et des petites Iles qui l'avoisinent. La Nouvelle-Hollande, on le sait, est appelée souvent, sur- tout depuis quelques années, Australie; et ce nom s'applique également à celle des trois grandes divisions de l'Océanie dont elle constitue la partie < ontinentale. Elle est, à la vérité, entourée d'eau de toutes parts; mais il en est de même de' ces vastes terres qui forment l'a.icieu et !.. nouveau monde. i i i 40 VOYAGES l-T OÉCdCVERTES Bien plus, l'Afrique et rAmérique septentrionale, lorsqu'on aura percé les isthmes do Suez et de Panama, seront aussi baignées de tous côtés par les eaux de l'Océan, et n'en de- meureront pas moins, en raison de leur étendue, dts con- tJ*- ats. C'est aussi par ses dimensions presque égales à celles de ^'Europe, que la Nouvelle-Hollande a mérité et conservé la qualification do Continent Austral. Que recèle en son centre ce continent, dont le littoral est seul connu des Européens? L'avenir, sans doute, l'apprendra A nos descendants; .nais pour nous, rintériour de l'Australie est bien plus mysté- rieux et plus impénétrable que l'intérieur de l'Afrique, où tant de courageux investigateurs ont déjà péri, victimes de leur zèle pour la science. Tandis que l'Angleterre, sur la côte sud-est, a fondé des colonies pénitentiaires et bâti de grandes et florissantes cités, et que, poussés par l'appAt de l'or, des milliers d'émigrants accourent de tous les pays du monde, et vont porter dans cette lointaine province de l'empire britan- nique leur intelligence, leurs bras, leur industrie, le reste du continent australien demeure défendu contre les envahisse- ments de la race anglo-saxonne par son insalubrité, par ses forêts, ses marécages et son immensité même. Les régions du littoral de la Nouveile-IIoIlande visitées par les corvettes le Géographe et le Naturaliste sont : I" Au sud, la terre que Baudin appela Terrr Napoléon : elle commence au promontoire du Capitaine -Wilson, sur le détroit de Bass, vers le lii' degré de longitude orientale, et se prolonge jusqu'au cap des Adieux, vers le 13(i degré de la même longitude : on !'a p;.rtagée depuis en Terre de (irant, Terre Baudin et Terre Flind:rs: 2" La Terre de Aw///.«, qui rommence au cap des Adieux, mÊ^-M^v^m^-^ i^. i i CAl'IÏAINi: HAUniN -'l.l s'élève jusqu'à la Ten„ de Leuwin, et comprend le Port-du- Rol-Georges, découvert en 1891 par Vancouver; 3" La Terre de Leuwin, (jui comprend l'extrémité sud- ouest de la Nouvelle -Hollande, terminée par le cap d'En- trecasteaux ; 4" A l'ouest du continent et au nord de la Terre de Nuyts. la Terre d'Edel, qui se termine, au nord, à la baie des Chiens -Marins; 5" La Terre d'Endracht, dont la limite septentrionale est à la hauteur des îles Dampier; r." Au nord, la Terre d'Arnheim, qui comprend celle de Diémen, située au fond d.- la baie du même nom; cette terre borne à l'ouest colle de Garpentarie, que Baudin ne put reconnaître, et après laquelle on arrive à la Nou- velle-Galles du Sud. Celle-ci occupe tout lest du conti- neni, dont elle .-st la partie la mieux connue et la plus peuplée. La Terre Napoléon, ou, pour nous servir des dénomina- tions qui ont prévalu, les Terres de (irant, de Baudin et de Flinders, n'offrant rien de remarquable, soit dans leur aspect, soit dans leurs productions, nous arrivons à la Terre de Nuyts, dont la partie occidentale a pris le nom de Terre du Roi -Georges. L'aspect général de cette contrée est triste, mais ne manque pas de pittoresque. La végétation, sur la cMe même. -st pauvre ot chétive; mais derrière cet aride rivage s'élè- vent des montagnes bien boisées, séparées par des gorge:, abruptes et sauvages. Les vents et les saisons, dans ces parages, n'ont point de cours périodique et ré-iulier. Cepen- dant le ,ant d'est commence à suufller, le plus ordinaiie- M' 44 VOVAGES ET DÉCOIVERTES ment, au moi. de iécembre, et règne jusqu'à la fin de fé- vrier. La période comprise entre le mois de janvier et celui de mai peut être considérée comme formant l'été de cette région. Au début, le vent d'est est violent et accompagné de pluie; mais peu à peu le vent du nord se montre et amène la chaleur, qui dure avec assez d'intensité jusqu'au milieu de mai. Pendant les mois de mars et d'avril, le thermomètre Fahrenheit marque souvent 98o, ce qui équi- vaut à peu près à 370 centigrades. Les vents d'ouest prennent au mois de juin et durent jusqu'à la fin de juillet, où com- mencent les vents de sud et de sud-est, qui amènent une température plus basse et des pluies abondantes : somme toute, le climat est assez beau. Toutefois les orages avec éclairs et tonnerre sont fréquents, et le vent chaud du nord, dont on se plaint tant à Sidney, ne laisse pas de se faire sentir aussi de temps en temps au Port-du-Roi-Georges. La Terre de Nuyts, lors de l'expédition de Baudin. n'était pas déserte comme la Terre Napoléon , qui n'otfrit aux yeux des navigateurs français aucune trace d'hnbitation humaine, et où ils ne rencontrèrent que des kangourous géants '. Les naturels des environs du Port-du-Roi-Georges sont de taille moyenne- Ils ont les membres grêles, et, en général, l'abdomen proémi- • Plus.eur. de ces quadruples, au rapport de Poron, éUient de la hauteur de 1 homme lors,,ue , assis sur leurs longues jambes de derrière et sur leur robuste queue, Us se tenaient verticalement. Favorisés p,r .absence de tout en.emi, ils on. pu se mult.p her dans cette contrée, o,', ,1s forment de nombreux troupeaux L endro>ts qu .s fréquentent sont tellement foulés, qu'on n'y peut découvrir un brin d herbe. De larges sent.ers ouverts au m.lieu des bois arrivent de l'inténeur au bord de la mer; .Is se croisent en tous sens et sont fortement battus : on dirait en les voyant, qu'une peuplade nombreuse et active hab.te ce pays. Cette abondance de kangourous est un. préceuse ressource pour les navires qui relâchent sur ces côtes car la chair de ces animaux est très -bonne à mang.'r. CAPITAINE HAUDI.N 43 nent. Ils portent pour tout vêtement une peau de kangour^^- jetée sur les épaules comme un manteau, et descendant jus- qu'aux genoux. Cette peau est attachée sur l'épaule droite, de manière à laisser le bras de ce côté libre de ses mouvements. Lorsqu'il fait beau, ils mettent le poil en dedans; ils le tour- nent eu dehors par le mauvais tempp, pour se mieux garan- tir de la pluie. Souvent ces manteaux sont si étroits, qu'ils forment à peine un simulacre de vêtement. Les plus larges sont réservés pour les femmes. Celles-ci portent les cheveux courts et n'ont aucun ornement. Les jeunes filles, cependant, ont parfois autour du cou un petit cordon de laine filée. Les hommns portent en manière de ceinture une longue bande faite avec du poil d'opossum, et roulée pi isieurs fois autour des reins par- dessus la peau de kangourou. Une bande ana- logue est souvent roulée autour de leur bras gauche et de leur tête. Certains chefs portent, en outre, comme coiffure, des queues de chiens ou des plumes, ou bien ils roulent au- tour de leur tête leur chevelure, qu'ils laissent pousser de toute sa longueur, et qu'ils imprègnent de graisse mêlée avec de l'ocre rouge. Les individus des deux se.xes ..duisent le corps de cette sorte de pommade pour se préserver de la pi- qûre des insectes et de l'action du soleil et de la pluie. Les sauvages, en outre, se peignent le corps comme ceux de la Nouvelle-Galles du Sud. Mais c'est chez eux une atfaire de goût et de fantaisie, et non point une tenue de guerre. C'est surtout pou paraître dans les fêtes et à la danse que les jeunes gens se peignent le corps de diverses couleurs. Le blanc est un signe de deuil. Les hommes, lorsqu'ils ont perdu un parent ou un ami, se tracent sur le front une bande blanche transversale qui descend de chaque côté sur les tempes et 46 M»VAGI> ET DKCOIJVHKI» jusque sur les joues. Les femmes, en pareil cas, se parsèment le visage de larges taches également blanches. Les tribus se distinguent les unes des autres par les cou- leurs dont elles font usage, par les accessoires du costume et par le nombre et la disposition des entailles que les guer- riers se .pratiquent sur les membres, sur la poitrine et .sur les épaules. Ces balafres forment des cicatrices saillantes dont les hommes paraissent très-fiers, et qui indiquent leur rang, leur vaillance dans les combats ou leur sagesse dans le con- seil. Ce sont leurs chevrons, leurs galons, ou même, si l'on aime mieux, leurs décorations. Il est vrai qu'ils se les décer- nent eux-mêmes: mais un homme qui se tatouerait de la sorte sans pouvoir justifier de son rang ou des services ren- dus à la tribu, s'exposerait au ridicule et au mépris. Les guerriers ont pour armes des lances de deux ou trois espèces, des bâtons armés de caillous aigus fixés dans une rainure sur un lit de gomme-résine, une sorte de massue formée d'une grosse pierre fixée au bout d'une branche forte et droite, enfin un curl, espèce de sabre recourbé, analogue au boumerang de la Nouvelle-Galles du Sud. Les lances consistent en une hampe grosse comme le doigt, faite d'un bois très-serré, durci au feu, poli avec soin, et sont armées à leur extrémité de pierres aiguës disposées comme des dents de scie. Il y a des lances dont on se sert pour la pêche en y adaptant un nerf de kangourou; elles ont environ deux mètres soixante- cinq centimètres de long. Les lances de combat sont plus longues et plus lourdes. A la ^uerre, chaque homme porte de deux à cinq lances. Les huttes .les Australiens diffèrent considérablement selon les tribus; mais en général elles sont toujours d'une con- "•AI'ITAI.VE IUL'DIN 47 structioii très -simple et môme grossière. Celles des naturels de la Terre de Nuyts sont faites avec de longues perches plan- tées dans la terre, réunies à leur extrémité supérieure en une pyramide de deux mètres de haut, et recouvertes de bran- chages et (le feuilles vertes. (Juand vient la saison des pluies, on y ajoute des morceaux décorce sur lesquels on place d(; grosses pierres pour les maintenir en place et empêcher que le vent ne les emporte. Ces huttes sont presque toujours bâ- ties au bord des rivières, dans les endroits abrités, et le der- rière opposé au vent régnant. Les habitants font d'avant la porte un feu qui brûle presque constamment, soit pour les récliaufïer, soit pour cuire leurs aliments. Chaque hutte sert de logement à plusieurs personnes qui y couchent entassées pêle-mêle avec leurs chiens. Un village ou campement se compose rarement de plus de sept ou huit huttes, et sa popdation ne dépasse guère cin- quante personnes, si ce n'est durant les chaleurs et à l'époqu<. de la pêche, qui rassemble sur les côtes de la mer et à l'em- bouchure des rivières un grand nombre d'individus. Le per- sonnel d'un campement constitue une petite tribu, ou plutôt une famille nomade qui vient en été pêcher sur les côtes, et, en hiver, se retire dans l'intérieur des terres, où la chasse fournit à sa subsistance. Les chasseurs, pour se procurer à la fois une certaine quantité de gibier, mettent le feu aux brous- sailles et aux herbes tout autour de l'endroit quils veulent exploiter. Les incendies se propagent quelquefois siu- une étendue de plusieurs milles. Les animaux se pressent alors pour tuir vers les sentiers qu'iU ont Ihabitude de suivre et qu. sont bien connus des naturels. Ceux-ci se portent alors sur le chemin des fuyards et en détruisent un grand nombre 48 VOVAGES ET ItIXitl \EHTES Ils sont aidés à la chasse par leur» chiens, qu'ils savent for bien dresser sans se donner beaucoup de peine, et eu tirant parti de leur instinct naturel; de sorte que ces anin:..u:v chas- sent un peu à leur guise; mais, comme ils ont le flair très- subtil et qu'ils peuvent s'attribuer une bonne part dans le butin, ils excellent à taire lever le gibier et à le rabattre vers les chasseurs. Souvent aussi ils le saisissent eux-mêmes; mais il est certains animaux qu'ils ne peuvent atteindre à la course. Le kangourou est le gibier !û plus prcitable pour les naturels, puisque ceux-ci se nourrissent de sa chair et se confectionnent des vêtements a' ec sa fourrure. Cependant ils font aussi beaucoup de cas des opossums, de divers rongeurs et de divers oiseaux, parmi lesquels nous citerons: l'ému, grand oiseau analogue à l'autruche, les cygnes i. .irs, les perroquets, les pigeons, etc. Ils mangent aussi des repl les, lézards et serpents, et même des luurmis. En hiver, ils épar- gnent volontiers les émas, afln de les laisser pondre et de s'emparer de leurs œufs, qui sont très -volumineux. Les œufs des autres oiseu . sont également de leur goût; ils se régalant fort avec ceux des fourmis dont nous venons de parler. On a vu quen été les Australiens vivent principalement ilu produit de leur pêche. Ceux de la terre du Sud n'ont point de canots et ne savent point nager, difféients en cela des ha- bitants des autres parties de l'Australie. Aussi ne peuvent- ils prendre que le poisson qui s'approche du rivage; et pour cela ils ne se servent ni de lignes ni de filets, mais seulement de leurs lances, qu'ils manient comme des harpons, avec une grande dextérité. Quand le produit de leur pêche dépasse les besoins présents, ils sèchent au feu le surplus, et renferment dans des écorces pour le conserver. ' aI'Iiaim; iiAi |j|\ j,j La vie d.. ces peuples est, en lésunié, rnisé.ahle or vaga- \mi(\e. Chaquo f.ihu va et vient A sa fantaisie, ou plm.u sui- vaut quelle est poussée .le cOt.: ou d'autre par le besoin. Les pouplades sont -.ombreuses, mais sans cohésion; elles ne ro- .onnaissent poin. .le chef suprt^nu". n'ont point d- centre de «.illiement -Litenniné, s'a>si.inbient rareni-'n». i;uement aussi se font la guenc. Les lioslililés ont lieu plulùt de famille à tamiUe, de Iribn à tribu. Los .luorelies s'élèvent ..rdinairement pour des motifs assez futiles et se vident par .l.s combats Hingnliers. Ces combats n.. se termi.ient pas nécessairement !'•"• l'i "lort de l'un des champions. Si le motif de la querelle est peu grave, ces sauvages se contentent de se porter des coups au.x bras ou aux cuisses, sans chercher à se tuei', et le combat cesse dès .lu'un .les deu.x a.lversaires est blessé : « L'honneur est satisfait. » comme dans les duels au premier -'iwj, dont " -agu subsiste encore chez les nations les plus «ivilisées. Souv.iit même les familles respectives préviennent la lencontre et « arrangent i'atfairc ... On voit (lue lus mœuis de ces sauvages sont assez douces; Il ne faudrait cependant pas les croire exemptes de toute coutume barbare et cruelle. Ils sont, par e.xemple, très-vin- dicatifs. Aussi, lo-qu'.m m.^mbre d'une tribu a été tué par un homme d'une autre tribu, les gens de la première s'as- semblent autour de son cadavre et jurent de le vengoi-. Il leur est inùllférei.. de tuer l'auteur de .a mort, pourvu qu'un in- dividu quelco ique appartenant à 1 i trilm du meurtrier paie de son sang le sang n:-pandu. Cet étrange système de compen- sation es- poussé ,.lus loin encore. Qu'un homme périsse par accident e-, se noyant, en tombant dans un , 'cipice, ou de •""le autre fa..v,M: ceux .le sa tribu n'attribuent polut .>on tiv- J »» VoVAliES I:t DliCOCViiHTES ! pas A son imprudence ni A une cause fortuite : ;is l'imputent ;iiix malëlices d'un mulfaradock (sorcier) d'une triixi enne- mie, et ils en tirent vo.i-.an. e en tuant ini liomme de cjtte Iril.u. Voici une autre coutuni" atroce de ces sauva|ies : lors- qu'une femme donne le jour A doux enfants jumeaux, l'un 'l'eux est mis A mort (le mAle, s'ils sont do sexes différents), lis allèguent, |.our justifier c.i inianlicide, .ju.' la femme n'aurait point assez de lait pour nourrir deux enfants à la lois, et cpielle no sainail non plus pourvoir plus fard à leurs itesoins et aux siens propres. Les mères allaitent leurs enfants jusrpj'A l'Age de quatre A oinq ans; mais, bien avant qu'ils soient sevrés, on leur en- seigne A chercher leur nourritiue. Une jeune fille de neuf A dix ans est chargée de ce soin. Elle conduit tous les petits (enfants de la tribu qui peuvent marcher, et les .'mmène récolter des racines et des fruits dans le voisinage du cam- pement. Les jeunes filles se marient à on; ou douw ans, landis que la i)lui)arl dos hommes restent célibataires jiis(pi'à trente ans. Le in.uiage n'est consacré pai' aucun acte religieux: la polygamie est générale. Le sentiment moral ainsi que le .sen- timent religieux existent A peine choz eux. Ils n'ont, pour toute religion, que dos superstitions gros: ières. Ils ont cepen- dant une croyance obscure à l'immortalité de TAme, et pen- sent qu'après leur mort ils vont habit.'r la lune. Ils croient d'ailleurs aux esprits, aux présages et aux sortilèges, mais n'ont point do culto proprement dit. Les individu^ .pu ..nt le plus «linlluence parmi eux .sont les mulg,i!adocks,qui cumulent, comme c'est l'ordinaire dans les peuplade.-, sauvages, les professions et privilèges du prêtre, • ..M'ITaim; it\i ih.n 81 (lu raéderiii et du sorfi.T. Ils form.'iil ijiiu soito tl onlie (|ui 'jompri'iKl .!..s aci.'pt's d.' div.TH grades. ]ms Australiens leur attribuent le pouvoir de gouverner le :,rau et le mauvais lemps, de faire tomber la f.nidre, de faire laire I,. vrnl, ainsi que d'aflliger de maladie, et mOme, eoninic nous lavons dit plus haut, de pouss-..r à leur p.M te les personnes .pn ont encouru leur animosité. La seule fonction réelle de ces charlatans est celle du gué- risseurs, .p.-;is nexorcent, bien entendu, que par des nu.yens ompiriqut.v -lais non sans une certaine habileté, .-t quel.iue- fois avec succès, ils sont .urtout habiles dans l'art de panser les blessures, d.- remettre les membres fracturés et de pré- venir les enets de la morsure des s -rpents. Le traitement au- quel ils ont recours dans ce dernier cas est simi)le et ration- uel. Ils pratiquent d'abord, avec un jonc, une forte ligature au-dessus de la partie blessé ; puis ils élargi.s.sent la 'plaie, soit avec une griffe de kangourou, soit avec une pierre tran- 'l-ante, et la sucent avec force en ayant soin de la laver fré- '!'i .nment et largement, ainsi que leur bouche, avec .le Teau. Si l'eau manque, les mulgaradocks ne répondent point de la gué rison, car alors ils considèrent la succion comme «langereuse. La Terre de Louwin, ,,ui se trouve après la Terre de Nuyts, au delà du Port-du-Roi-Georges. nollrit aux yeux de Baud.n et de ses compagnons que le spectacle (fuMe déso- lante ari.lité, jusqu'à la baie du Géographe, où se montrent quelques beaux arures. En pénétrant à une certaine distance dans hnlérieur, les Français rencontrèrent quelques hordes sauvages peu dillérentes de celles qu'ils venaieiit ,1e visiter I MO contrée plus fertile et plus animée se déploie à partir d. la • rièr-i des Cygnes, dans la Terre d'Edd. lunLCTî: — wc^ïT^^^ i "- \n\Ai.H> 1:1 DtCdl \i;iMI-> La rivière dos Cygnos fut découverte en 1696 par le navi- gateur liollandais \laming, (jui lui donna ce nom à cause de la multitude de cygnes noirs qui ^'envolèrent à son approche, comme il lenionlait le cours. Vlaming, du reste, ne poussa pas loin son exploratinn, -t la terre d'Edel demeura inconnue pendant tout le wm" siôde. Haudiii fut le [jremier qui l'ex- plora avec (pielipie attention. Après lui. l'Anglais Sterling la visita en 1.S-J7, rt cr cpiil rapporta de la fertilité de son sol et des avantages diveis qu'elle otfiait, décida le gouverne- ni(>nt britanniqu.' à y fonder un établissement. Ajoutons que le résultat n'a pas tout à fait réalisé les espérances que l'on .ivait conçues, sur la foi des lécits de Sterling. Le pays n'est pas partout égaletnent fertile; l'eau douce manque en beau- coup d'endroits, et il faut pénétrer au delà du premier rideau de montagnes pour trouver une végétation vraiment belle et un sol susceptible d'être cultivé avec profit. Aussi la ville de rreemantle, qui fut fondée la première, en ISJlt, a-t-elle pris beaucou[) moins de développement (pie celk- de Perth, bûtie plus récenniient. et ■:> -juinze milles plus haut sur le «•ours de la rivière. Le plus grave inconvémeul contre lequel les colons ont eu à lutter est le manque d'eau, surtout pendant l'été, qui com- mence à la tin d'octobre et dure quatre mois. La sécheresse qui règne alois est un véritable fléau pour les hommes aussi bien que pour les récoltes. Il est vriii (pi'on peut y parer, du moins dans une certaine mesure, en creusant des puits; et c'est proba!)lem.'nt c .pie l'on a lait, si toutefois la colonie anglai.se sest étendue dans les campagnes, ce que nous ne saurions dire. Uuoi qu'il .'ti soit, les seuls endroits favorisés |Mi' la iialun' snnt I. ~ vallées étroites qui avoisinent dfs pics • aiTiMM-: liM niN j., d." granit isolés, et les Ibtids bas où les eaux de la rivière, e.i débordant à la suite des pluies de Thiver, fécondent la' lerre et arrosent périodiquement d'excellents pâturages. On a trouvé aussi quelques étangs ou petits lacs .leau douce à quarante et cinquante milles lans les terres; mais le littoral otrre partout le même aspect quVi lembouchur.. de la rivièr.^ des Cygnes, à savoir : une grève sablonneuse remlue pres,pie inabordable par plusieurs ligues de récils ,le corail, un ter- rain stérile et absolument improrre à h, culture. Les ani- maux les plus communs sur c-tt.; côte sont les pho,p,es et les cygnes noirs, mammifères et oiseaux aquatiques qui vi- vent exclusivement de poisson: .-t, dans lintérieur, les kan- gourous, rongeurs qm vivent de feuilles vi ,Ie racines; les perroquets, les corbeaux, et -limmenses troupeaux de ,nou- tons sauvages maigres et chétifs, qui toinlenl l..> pâturages et les arbrisseaux à leur portée, et meureut cha.,u.- ann.C ,.ar centaines, fournissant ainsi ,nix .-orbeaux une abondante mais bien maig-e nourrituri'. Uuant aux liommes, ils m.uI fort rares dans cette partie delà Nouvelle-Hollande, bien qu'elle ne leur présente pas. comme on en peut ji.ger par ce .pie nous venons ,1e dire, moins de ressources ,p,e les autres, ei ,p„. le rlimat ny soit désagréable - sans insalubrité _ ,,„, ,,.,,„,,„t ,, „,,,i^ ,,,, janvier, février et mars, où la .-iMleur est trop intense, et les mousti(pies inliniment trop iiondireux. La baie .les Cbiens-Marins. q.n se trouve plus au nord do.t son nom à la grande .p.antité .le phoques qui habitent ses rivages. Elle fut visitée pour la première fois par Dam- pier. Elle est beaucoup i.lus abordable que les eôtes précé- denb.s, et ollre n,ême plusieurs excell,.n(s mouilh,.es A ■"''' viiN \i,i> K{ i)i:f:oivf-:rîTEs terre l'eau manque, et la végétation est maigre .t chétive; mais la faune est nombreuse et variée : ou y rencontre des phoques, des kangourous, des cygnes, des pélicans, des goë- l;inds, des aigles de mer, des perroquets, des perruches, des tourterelles, des hirondelles et de petits oiseaux très- sauvages dont le chant n'est pas sans mélodie. Les îles de la baie des Chiens-Marins sont entièremeni désertes. On ne trouve (jue dans la presqu'île Péron quelques naturels très-sauvages et très -misérables, qui n'ont pour abri que des huttes de branchages ou même des terriers. La terre de Witt est encore plus stérile et diin aspect plus désole; qu'aucune des pr.îcédentos. Péron et son colhibora- leur et .ontinuate-.r Fieycinet ne nous appiennent rien de remarquable de cette terre ni de celle d'Arnheiin. Quant aux détails qu'ils ont consignés lelativement aux autres contrées visité...s par lexpédition lîaudJM, ils ont peu d'importance ou ne nous paraisseni point de nature à figurer ici, d'autant que ces contrées ont été, de la part d'autres navigateurs, le sujet de relations beaucoup plus circonstanciées ou plus dramati- ques, auxquelles nous aurons occasion de faire bientôt quel- ques emprunts. I VOYAOK IlL' CAI'ITAINK l»K l'IiKVClMT DANS I/OCKAMI: |.'elàclie à "ioupang (île de Timor). -- Le ,.,j-,l, de I1..nka et ses fils. - Une • isile à Tile Ombai. - fn tireur adroit. - Séan.o d'es.amolage. - Combat singulier. - Les nn.baïens. - Retour à bord. - Le capitaine f.uébé. - Pessauva^jes bonnettes - llawaï (des Sandwich). - Le capitaine de Freycinet, médiateur entre un .0, sauvage et ses grands vassaux. - fne messe à bord. - .Nanf.-a,.e de ITranic: sauvetage. — Retour eu riunie. La mission confi.'o par le gouvernement du loi r.oiiis XVIIf lai ..apitaino Louis ,1e Freycinet était presque exclusiviueiit scientitique. Il s';.Mi.ssait surtout de relevés astronomiques, dobservations mu-iiiétiqi-es et niétéoroiogiqut s. Les décou- vertes et les recomiais.sances géographiques noccupaient (lu'uu rang très -secondaire dans les instructions données à '•e savant oflicier. qui. comme on I';. vu dans la notice pré- u tf »! viivm.k». i:r rii:i:nr\ i:ini;- cedente, avait pris uno part t.ès-nctive A iVxpédition d. Baudin et avait été chargé par c-oI.,i-ci do rédiger toute la partie technique et scientifique du rapport. La corvette l'U- ronie, quil devait commander cette fois, était un joli navire nrmé de vingt canons et approvisionné de tout ce qui pou- vait contrihner a.. hi.M.-é(re de lëquipage. ( .„ v en.i,arqua .'« outre les n,,.ilie..rs instrun.ents propres aux observations qui devaient étr,. faites, .f „„ n.agnilique choix de cartes et di' livres. Le personnel d.i boni se composait d,- vingt-cinq officiers, y con.pris I,. médecin et !.. chirurgien en chef, et les autres officiers de santé. W ,|., quatre-vingts matelots, maîtres <1 équipage, ouvriers d dn.nestiques. Une commission scien- tifique con.posée de MM. Ouoy, G.imard, Hérard et Jacques Arago, avait élé adjointe à M. d. Frevcin..t pour IVuder dans ses travaux. Il laul ajout.., enfin à et état du personnel de lira»,' une jeune fen.me. M d. Krevcinef, qui avait voulu partager les dangers de .un mari. ,■( ,,ue celui-ci pré- senta .lès les premiers Jours de la navigation à rétat-major réuni. La corvtte mit à lu voile à Tn„|.m. I.. 17 septendxe 1817. franchit le détroit ,|o Cibrallar l. |; uclobre suivant, et arriva le ■>2 à Sainle-Coix-de-TénériHe. d'où ..||. ne tarda pas à sVloi.n,.,- pour s. sou>lrairo à la rigoureuse Muarantain- don! ell.. él.it n.enacé,. A ..ause des maladi-s "PHlémiqu..s qui régnaient ,.,!,,.. .lans .-es para..e. I,. ^>n novembre, elle franchit IV.qHat,.u, , par ;!I deg.i de lati- tude occidental,, du n,é,M,en de Paris. H poursuivit sa roui. vers le Brésil. L. .; décend,r,.. ,. II,. ..„„:,il ,.n rade de Mio-d,.- .laneiro. M- ey,n„.( a donn/. >ur le vaste .uipir,. don! Itio-d,- * I CM'UAIM-; Di: IHKVCIMM 57 Jailoilo est i.i cupitalp des détails pleins d'iiiterôt, sur lesquels nos lecteurs ne refuseront sans doute pas de s'arrêter avec nous quelques instants. Le Br.'sil s'étend de i" .-î.T de lat. \. à :]:v> :,',; de lat. S., et •le ;{7" 4.T à l:^. r lonfi. (). Il est l..,rnr au no,d p;,,- |a «••'publique (l.> Colombie, !.. (Jiiyanc uf l'Océan ; à l'ouest, par lu r."publi(pi,' Argentin.', et par celles (iu Paraguay, de Bolivie, du Pérou ot i\o Colombir'; À l'est et au sud. par l'Océan, le Paraguay et la république orientale .Montevi- deo.. Sa superficie est de quatre cent quatre-vin-t-trois mille lieues carrées, et sa population, à l'époque du voyage dv Freycinet, était de cinq millions trois cent dix mille habi- tants : blancs, esclaves noirs ou mulâtres, nègres et sang- mélé libres, et Indiens. " Chose eirange! dil notre voyageur dans sa relation, la race indigène, jadis >i multipliée, forme aujourd'hui la plus petite partie, la partie la plus misérable .es habitants de ces .outrées. Des Portugais, des descendants de Portugais, plu- sieurs familles suisses, i)eauc()iq> desclaves africains du '.ongo, de Benguela, .le Cabinde et d'Angola, .p.elques métis provenant du croisement des Ein-opéens. soit avec les natu- rels du pays iMameh,cos^, soit avec les nègr,. , .l/,//cfosi : tels son; les éléments diver> dont la population de l;io-d,.- ■laneiro se compo- .'ar nou> ne saurions ranger dans une -atégorie distincte ,e petit nombre de marchands ou d'ou- vriers d'autres nations, qui, abamlomiant le solide !,, patrie, sont venus sur c point porter leur in.lustri." et leur fortune. i> Ces mêmes éléments composent la population des autres villes de l'e.npire: u.ai^ il laut y en ajouter un autre qui 0 } k Hf ï u8 \'>s \i,|.:> 1:1 i,|.;, ,,i \ i:i!T|.> ne se trouve r,„'à Rio-do-Janeiro, et qu. 1. voy.-.g,.ur n'esl pas médiocrement étonné de rencontrer au Brésil. Nous voulons parler de cette race mystérieuse, à l'aspect bizarre, aux mœurs errantes, type unique au monde d'une résis- tance invincible à Tinfluence des civilisations au milieu desquelles elle vit et voyage, et auxquelles elle semble avoir voué une baino éternelle : de ces hommes au teint bronzé, au langage incompréhensible, et dont l'uni.iue loi est de n'en reconnaître aucune; d.' eux enfin (lu'nn nomme en Krance Bohnnieus, en Angleterre É.pjptirm ^Ih/psics), en Italie /hHjari, en Espagn.. Gi!cu,os. en l'ortuo,,| Cùjanos. « Dignes descendants des parias de Plnde, d'où il ne pa- raît pas douteux qu'ils li.ent Ic.r orini,,,., los Cujanos de l!io-de-.Ianeiro aiïectenf, comme eux, l'habitude de tous les vices, une propension à tous les crimes. La plupart, pos- sesseurs do grandes richesses, étalent un lu.xe considérabl.; en habillements et en chevaux, particulièrement à l'épo.pie de leurs noces, qui sont très-somptueuses; ils se plaisent or- dinairement au milieu d.- la débauche crapuleuse et de la fainéantise. Fourbes et menteurs, ils volent dans le commerce tant qu'ils peuvent: ils sont ai-ssi de subtils contrebandiers. Ici, comme partout où l'en rencontre cette abominable race «riiommes. leurs alliances n'.)nt jamais lieu qu'entre eux. Ils ont un accent et même u,i jar-on particuliers. Par une bi- zarrerie tout ;'i lait inconcevable, 1.. gouvernement tolère cette peste publique. D.ux rues particulières leur sont alleetées • lans le voisina-,. ^,._ C .mpu-Santa-Aïuia : elles portent le nom de Hua et île TraLu-rsa ,lus dijcuio^ ». L'empire du Brésil est divisé en dix- huit provinces, dont l.lusieiu-s sont subdivisées en r„„/„nv,v. Bio-,le-.Ianeiro. ,,11 \ î r ^rs- "apiiaim; HK IliiaclM-:! m plutôt San-Sehastiao de Rio-de-J les Brésiliens, est !.• chef-lieu de la aiieiro, comme l"; ippelletif province du même nom . et la capitale de tout T.-mpire. C'est une grande ville l.At tond du le au ne liaie très-vaste; le port est un des plus beaux ports '\"'*^iiquc; l'entrée en est éfr ,ite et fermée, d'un côté, par 1». oupe de montagnes qu'on nomme le Géant couch-, parer que leurs contours offrent la silhouette frappante d'un homme étendu sur le et la nouvelle ville. La pn - tnière est un alfreux assemblage de rues étroites, iulectes et tortueuses, bordées de misérables cabanes. La seconde serait admirée même en Kurope. Ses rues sont tirées au cordeau . larges, bien pavées et garnies de trottoirs. Les maisons, bà fies en pierres, en briques ou en granit, sont élégantes et commodes. Plusieurs rues sont lemarquablement belles : on peut citer entre autres la rue do Ouvidor, où sont les plus riches magasins, et notamment ceux des marchandes de modes françaises, établies en grand nombre à Rio-de-Ja- neiro. On compte aussi plusieurs belles places, notamment celle du Château, sur laquelle se trouve le palais de l'empe- reur, et le Campo-Santa-Anna, immense parallélogramme affecté aux revues et aux solennités publiques. Le palais de Rio-de-Janeiro et les autres châteaux impériaux, situés hors de la ville, n'ont rien de remarquable sous le rapport de larchitecture. On en peut dire autant des églises, dont IVx- férieur manque en général d'élégance et de grandeur, mais qui sont décorées à l'intérieur avec beaucoup de luxe. La 0 I 1 I i t «2 VdVAGEs Er i)i:(:orvt:iiri;s villi; est alimentôo d'eau par un magnifique aqueduc bAti, en I7'»0. sur lo modèle de criui de Lisl)()niie. Los vastes fonHs qui couvrent la plus grande parlii' du territoire du Brésil sont haltitées par plusieurs tribus dln- diens, la plupart f.'roces, indomptables et môme antbropo- phages. Les Guaranis de la pro\ince de San -Pedro tbrmcnl, avec ceux du Paraguay, tout ce ([ui reste du vaste empire des jésuites dans rAméricjue méridionale. Les Brésilivus pro- prement dits, répandus sous différents noms dans toute la c. >trée, ne comptaitMit à ! époque du voyage de M. de Frey- cihet qu'un petit nombre de tribus. Les Tîcpiuantbas ou Toupinambous, dont le nom, dérivé de toupan (tonnerre), indique la force et le caractère fa- rouche, étaient encore une des tribus les plus puissantes. Ils sont anthropophages et cherchent, dans toutes les ren- contres, à faire le plus grand nombre possible de prison- niers, qu'ils ramènent dans leins villages comme des trophées vivants de leur victoire. Ils ne les mettent pas à mort sur- le-champ; au contraire, par un incroyable ramnement de cruauté, ils les nourrisent bien, leur permettent môme de se marier, et ce n'est qu'après ties mois, quelquefois des années, (ju'ils les égorgent pour les dévorer. Les Douticoudox, peuplade nombreuse, non moins féioce •lue lesTupinambas, se distinguent par leur étonnante adresse à tire" lare. Jacques Arago, dans sa relation du voyage de l'Uranh', cite un trait qui peint bien la barbarie impitoyable de ces sauvages. ,. M. Landsdorf, chargé d'affaires de Russie, dit-il, désirant joindre aux richesses de son cabinet un cràiie de Bouticoudo, fit savoir au chef d'une tribu (lue, si! lui en envoyait un, il recevrait en échange un grand nombre tie ':ai'It.\i.\k 1)1- KHEVciMrr ,„ curiosités et quelques armes en fer. Au lieu cl.- lui faire par- venir un simple crAn... 1., .luf .mqi.el il s'était adressé lui .'i.voya un j.uno Bouticoudo, afin d'en faire ce qu'il jugerait convenable. L'enfant croyait ali.-r à la mort, et M. Landsdorf "Ut beaucoup ,h peine, pen.lant les pr.-miers jours, à lu, persuader que les vivres qu'il lui présentait, et les caresses avec l..s.,uelles 1 rherchait à le rassurer, n'étaient point les préludes de .son supplie-, . Les Bouticoudos ont Ihabitudo de se percer la lèvre inférieure pour y passer un morceau fie bois assez volumineux. Ce prétend., ornement ne fait, on le pense bien, que leur donner un aspect hideux et rep.ius- sant. Mais de tous les sauvages habitants du Brésil, les plus re- doutés sont les Mundrucus. qui .ionnent leur nom à une province, et qu'on appelle aussi l'aildcés, c'est-à-dire cou- peurs de tûtes, parce qu'ils ont coutume de décapiter Irms prisonniers, et d'embaumer leurs tètes pour les conserver pendant plusieurs années. Ces tètes coupées sont le plus g|„. «ieux ornement de leurs cabanes; celui qui en réunit dix peut être élu chef de la tribu. Des guerres sanglantes écla- t.nt fré,pi..mment entre les peujilades que nous venons d'é- iiumérer, et il y . lieu de croire que ces guerres, où le vaincu n-est jamais épargné, finiront par amener la destruction to- tale des Indiens du Brésil. Elles donnent lieu parfois à .les actes d'héroïsme sauvage qui ne sont pas sans analogie avec qu..lques-uns de ceux .p.'on lit dans l'histoire des peuples •le l'ancien monde. .M. .1. Arago rite le trait d'une vune femme lup.nand>a qui, pour assurer la victoire à sa nation, '■"f m'ours .-.M même horrible stratagème employé par I,' l"meux Zopyre. dont parle l'historien (,)uintus Curlius. I m ^>>\.\ui.< 1.1 iii.i 1)1 vhmi;» a (no pu.'ire sanglante, dit-il. avait éclaté entre les l»aiki- • és et les Tiipinamha^; déjA. iiiière niOlée. une femme tu,.ina.nl)a ■ivait vu S..I, mari massacré par i.-s enn.inis vainqueurs, et les lambeaux de sa .hair jetés eà et là dans la plaine. Aus- sitùt Hle médit.- MUr vent,'eanr,. éclatant.- et la communi-pie la nuit à ceux de sa tribu, .pii lapprouvent et rencouragenl. " Perce/-moi le dos. les .uisses, la p..itrine, leur dit-elle; crevez-moi un œil, coupez-moi deux doigts de la main tiauche, et laissez -moi faire ; mon mari sera vengé. » On obéit à ses volontés; on mutile la malheureu,se, .p.i ne pousse point un cri, qui nexliale pas une plainte. «t Adieu, b-ur cria- l-eUe. quand tout bu lii.i; si vous pouvez attaquer dans quinze soleils, à tell.- heure, je vous réponds .p.e vous aurez moins d'ennemis à cond)altre .pie par le passé. » Elle s'éloi- }jne à ces mots, et se dirige, couverte de sang, vers les Pai- ls armes des Paikicés; qu'après avon- courageusement résisK'- à leurs menaces, elle s'est vue attachée à un poteau; .pion a commencé à lui faire subir les tourments réservés aux piisonniers ennemis, et que, profitant de leur sommeil, ell.- s.-st é.:happée -t est venue cheichei- un a>iie chez ..eux p.jur .lui étaient ses vœux l.-s plus ardents. é « A laspct (les blessures rlo cdfe f..mme, dont quelques- unes sont Irès-profondos, !« Paikicés .10 doutent point do la yMtô do son récit; ils donnent lus soins l.-s plus empressés A celle qui a tant souffert pour eux. Bientôt elle partage les travaux de tous; c'est elle qui, prévoyante, veille autour du camp avec 1,. plus d'activit.'; c'est elle qui sV' , îargéo d.' jeter le cri d'alarme. Un chef en fait son ép.,uso, et elle semble s'attacher A lui par les liens de i' ur et do la re- connaissance... Mais une nuit le camp est dans l'agitation, les principa.ix chefs se réveillent sous les atteintes dos dou- leurs les plus aiguës; ils s'a^itont, se roulonf, se tordent; ^' lorsque. Lien sûre de refficacité des poisons qu'ollo a distn- fc-es, la jeune Tupinamha peut compter ses victime elle bondit, s'élance, pousse un grand cri répété par les échos de la forêt voLsino, et les Paikicés, suri»ris dans leur agonie, sont achevés par les Tupinambas, prévenus do l'heure^et du' jour du massacre. » Quelques familles d'indigènes de.? longtemps convertis au christianisme sont établies dans des «/Jâ-v ou villages aux environs de Rio-dc-.Ianeiro, et stinguent plus de la population portugaise que p.-, „uleur de leur peau. D'autres, A demi civilisés, à demi chrétiens, avant conservé en partie les mœurs et les superstitions sauvages, habitent les rives d.. Parahyba. Ils vivent do leur chas.se, de la culture do quelques plantes usuelles, et leur industrie se borne d'ail- leurs H la fabrication de leurs arcs, de leurs flèches et de poteries grossières. Pe.i de pays sont aussi fovorisés de la nature que le Brésil Le sol y est d'.me fertilité merveilleuse, et produit on abon- dance tout ce qui est néces.saire à la vie, tout ce qui peut &^^.':M¥ !•: ( J il II » (!6 vii\.\(;i> i: r HKCni \|.'Hit> "atter le goût et la sensualité. Les rivières roulent des pail- lettes d'or; les moniagnes renferment de« mines de diamants et d'autres pierres précieuses. Le climat est très-chaud, mais les ardeurs du soleil sont tempérées par des pluies fréquentes . qui rafraîchissent l'a.r et préviennent les maladies épidémi- Hrv:enne dans l'avenir à un haut degré de puissance et de prospérité. L'Uranie quitta ie ->9 janvier Rio- de -Janeiro, et après une raversee de cinq semaines elle aperçut les hauteurs du cap .le Bonne-Espérance; mais, contrariée par une brume épaisse qui s'éleva tout à coup sur la mer, elle ne put arriver que le 7 mars, dans l'après-midi, a,, mouillage de la Ba>e de la table. Apr^. une relâche de trois semaines, le capitaine de Hreycinet, ayantachevé ^ ôS' et 20" M' de lat. S. r.4.. 20- el 5> 2(r d.. long. (). Sa forme est allongée et presque' 'S f 70 \"V\(.i;s |:t DKiioivriMRi ovale. Sa longueur est do cinquante-six kilomètrPs et sa plus grande largour do trente -deux. Ses côtes, irrégulières et taillées à pic, reposent sur des récifs de corail qui contri- buent à on roudro l'abord très -difficile. Leur aspect est sau- vage et triste; oolui do rintérieur est varié ot généralement très-pittoresque: mais il pré.sente partout le caractère étrange et hourté propiv aux contrées ,lont le terrain est dorigino Plutonionno. En elM, cette lie et celles qui 1 avoisinent sont exclusivement, d'après Boiy do Saint-Vincent, les produits des volcans. « J'en ai fait le tour, dit ce savant naturaliste, et partout, même dans les grandes profon.leurs où coulent les rivières, je n'ai pas trouvé de substance minérale qui n'eût .'te fondue. . Presque toute la partie occidentale est occupée par un vaste plateau de quatre à cinq cents mètres d'éléva- tion, d-où partent la grando Rivière et la plupart des autres cours d'eaa qui arrosent l'île. Le plateau est bordé par une .^rét. qui sépare nie en deux versants, et que couronne la mon- tagne du Piton. Lo Piton a près de six cents mètres de hauteur- mais 11 est encore dépassé par les montagnes do la rivière Noire, du l'ouce et du Peter-Bot, qui .sélèvent à plus de huit oents mètres. Ces montagnos. amincios en pics ou arrondies en mornes, présentant des formes bizarres. Ainsi le Peter-Bol se termmo par un obélisque qui supporte un énorme rocher presque sphérique, ot représentant asse. bien un bilboquet surmonté de .sa boule. Le climat de Pile est .salubre. La tem- pérature y varie selon l'altitude des lieux, et elle est sujette à d assez brusques changements. Los mois de .janv.or, février et mars sont souvent marqués par des ouragans terribles. Un de ces ouragans avait ravagé la .colonie quelques semaines avant l'arrivéede rrranie:ce fnt un CAPITAINE DE FREYCINF.T 73 I i des plus violents dont les habitants aient gardé le souvenir. Au rapport de tous ceux qui ont visité ou habité les Antilles ou les lies de l'océan Indien, il est impossible de se faire une idée do ces tempêtes des tropiques, lorsqu'on n'en a pas été té- moin. Ce sont de véritables convulsions de la nature, où les vents déchaînés et les flots bouillonnants s'entre-choquent et se mêlent dans un désordre inexprimable, et qui ne s'apaisent qu'après avoir occasionné les plus affreux désastres. Le sol de l'île de France est généralement fertile. On y cultivait autrefois la muscade, lindigo, le girofle, le café et la canne à sucre; mais cette dernière culture a uni par ab- sorber toutes les autres. La situation de cette colonie sur la route de l'Inde est d'autant plus avantageuse pour son com- meice, qu'elle offre le seul port véritable que les navires ren- c-ntreut dans une immense étendue. Madagascar lui fournit des bœufs et des vivres; Tlnde lui envoie du riz, et l'Angle- terre lui expédie les divers produits de sa riche industrie. Enfin elle reçoit de France bien des marchandises recher- chées d'une population qui n'a pu oublier son origine, et dont les goûts, comme le langage, sont restés français. Nous lirions, bien entendu, de la population blanche, où les An- glais ne comptent que pour une très-faible proportion, for- mée de fonctionnaires civils, de marins et de militaires. La population totale, qui, grossie actuellement par l'immigration d'un grand nombre de coolies ou travailleurs indiens, s'élève à près de deux cent mille Ames, comprend quatre éléments bien distincts : les blancs, qui n'en forment pas plus de la dixième partie; les mulâtres, ou sang-mêlés; les noirs d'.^- frique; et .in dernier groupe, tiès-nombreux, formé de Ma- litis, de Mal-aches. d'Hindous et de Chinois. !ï i 74 \"VA^^- coup de nos expres.on», ont ,n,v„sU le franeai, à leur ma- n*e. I, en es. rfeuUé un fa„„e c*,e, ,„i „e „,„,„, "„. ude chez le, ™„„„re, e. n,éme el,e. le, blanes. .„ , ,,„i na,„a„co A une ,or.e de imératu.e naïve e. pi, JZ ™mp„„e p™eipals„,en. de eha„,„n,, de proverbe,. 7"^: • '^'"''"'•li avec liPvreél.;voul,> parié . Kiii zour qni va niié galop,"- Pour arrivé dretle cin li pie.i banane ■ •'Tout .l'bon, „,an,an tor. , vous y en a trop dar/eni ^-'UsIespnUiraarron dans Miili.: la savane: Avec moi vous lit.; ,, présent' ., f'ir- lièvre avec .or(i.,,„i coule li tranquille, ' Une Inrtue avec un lièvre voulut parier Un jour, qui va niieu.x galoper Cour arriver droit au pied d'un bananier ^ Tout do bon, maman tortue, vous ave. trop d'argent OU votre ^.pHt es. marron au milieu de la savane ba la caa,pa,ne) ■ Vous luttez a ec moi. A présent ' „ -"Hafene; . D.' IHi*vre à la tortue, .,u. lécoule tranquillement. nAr'ITAlNK liK. FltEVCINICT « N'a pas ppr, mon zanii . Torli répoml M . " Vous, ça qui blancs, nppcllo di monde a/ilo: Moi porté mon la casr, et li n'-d' mon li pied ; Mais c'est égal, moi va pari<;: Moi connais comment va faire : Mesure- vous cimin; chaqu'ein son l'espril. .. Quand fini mesun; , ù v'Ià li été parli. I''til papa lièvre crié li : « Mon rommèro . Kmmem; la gazelle, prend }.'ard' vous ennuyé ! Ouand vous trouv' galant, n'a pas besoin causé. Ouand mémo couroupas , vousp'IH t'roro, l'assi' à vous à côlé: Ou bien moi va fragnc. .■ (•"l p'tit papa licvro amis('. Cassé bou(|uel pross la rivieri'. Dans l'herbe frais roulé, sauti : lit torti la louzour marctl. Lièvre H la lin guetté. 75 .1 N'ayez pas peur, mon .uni. Lui répond la tortue, Vous , ceux qui sont blancs vous appellent du monde agile ; Moi, je porte ma maison, et mon pied est roide; Mais c'est égal, je vais parier, .le sais comment je vais faire; Mesurez votre chemin : cliacun a son esprit Quand on eut fini de mesurer, voilà I 1 . £ II L. 22 octobre, foutes les opérations scientifiaues étaient termmtVs; le .avitaillcnenl ,|„ navire, A la vérité; u'éta.t pas complet; n.ais !.. mauvais .Hat sanitaire .'.. |e.,uipage, dont c;nq ho,nmes étaient atteints de dyssenterie décida le com- mandant à quitter nu peu précipitamment ie mouillage de Coupang, ce qui -ut li.u le 2;{. Lintention de Freycinet ota.t de longer rapidement, de l'ouest A Test, la côte nord de lunor, et de se rendre d'.n.e traite A nie Vaigiou, où il devait ■ontumer ses travaux. Mais les courants qui contrariaient sa marche et les progrès de la dyssenterie parmi son équipage le dec.dérent à Caire relAche à DiUé. chef-lieu des établisse- ments portugais de Timor. Ce no fut pas sans peine qu'il y parvmt : les coura.ils le retinrent plusieurs jours dans le canal qu. sépare Timor de lile dOmbai. r, 2 novembre le navne se trouva si près de - ..te de cette derniè.e île, que le commandant ne put résister au dési,. de la faire visiter II 'lélégua à cet elfet MM. (laimard, Gaudici.aud. Bérard et •'• Arago, qui abordèrent avec leur chaloupe près du village 'le Bitouka. ^ « Nous desce.Hllmes, cHt .J. Arago, armés de fusils, de sabres et de pistolets, et dès le premier moment tout nous "ngagea à beaucoup de prudence et de circonspecMcn. Les -asulaires étaient divisés en plusieurs bandes, et d,s coups de sifflet répétés nous annonçaient qu'ils sinterrogeaient et •se donnaient des avis. Nous n'étions nullement rassur. ,; ., pendant, tout en nous communiquant nos craintes, nous convi-nmes de n. p-.int ai,andonner notre entreprise, dus- sions-nous être victimes de notre persévérance. iNous nous acheminâmes donc ver.s un bouquet d'arbres au pied des- quel-s était assis un gioiq,e nombreux d'indigènes. Nous de- • • Xû • ,1 I ":AiirAiM: iiL I ni;M;i.\Ki ^y inaiidAines à parler au lajali; après quelques instants d'hé- sitation, ils nous adressùn-nt à l'un des plus vieux de la troupe. ^ Four nous le rend, 3 {avorable. nous tirûmes de nos |.oches divers présents. M. B-Vard lui passa autour ,lu cou un beau collier, lui lit cadoau dr boucles d'oreilles, tandis "ue mes compagnons se montraient é-alemont génér.-ux en- vers quelques autres non moins empressés A demander. Ce- pendant, comme les sifllets se faisaient toujours entendre, uous leur montrâmes nos fusils avec alfc-ctation, pour nous assurer qu'ils en connaissaient 1... leniLles ellets; ils les re «ardèrent avec dédui.i, caressèrent du nouveau leurs armes, et sifflèrent eu se retournant conni»e pour nous insulter.' M Bérard, voulant pousser l'épreuve jusqu'au bout, leur montra un perroquet qui se cachait sous les feuilles, le visa '•t le lit tomber. Nous rejjanlAmes alois d'un air triomphant les insulaires attentifs; aucun n'avait bougé, n'avait donné le moindre signe d'étonnement. Mais l'un d'eux, nous faisant voir à son tour une perruche qui venait de se poser sur les branches d'un cocotier, pla(;a une flèche sur la .orde de son .trc, et poussa un cri .|ui lit partir la perruche; la flèche à l'instant môme siffla, .1 la perruche tomba do branche en branche sur le soi. Aussitôt, sans nous donner le temps de la réflexion, et nous fais, t comprendre que, pendant que uous chargions nos fusils, il pouvait, lui, atteindre trente vic- times, il nous désigna, à plus de cinquante pas, un petil arbre, à peine g.os comme le bras, et, presque sans viser, il y envoya une flèche qui pénétra si profondément, que nous lie pûmes l'en arracher qu'en y laissant l'os dentelé dont elle était armée. m \n\\i,K< KT ni:<:(il XKliTKs II « J'avais des boule, de bilboquet, des anneaux, des boîtes dos gobelets: ='ossayai don. , pour distraire leur atteniion. de faire quei, -.es tours d'escauictage; dès lors je les vis so rap- procher, sourire et me p ■esser de continuer mes exercices Heureux de cette dérou'..rte, je n.e plus à exercer leur curiosité, persuadé qu'ils oublieraient leur férocité. En effet, iprès un quart d'heure damusement, nous nous dirigeâmes vers le village, où la plupart d'entre eux nous suivirent assez gaiement. Avant de gravir la colline où il est situé, nous nous arrêtâmes sous un grand aib.e poiu' considérer de magnifiques armes qui y étaicat suspendues: je les dessinai- plus complaisant que je ne l'aurais hnaginJ, l'un d'eux s'en r-vètit, et prit une attitude guerrière en m'iinilant à profiter de son obligeance, tandis qu'un autre se couvrait aussi d'une cuirasse. Tous deux nous donnèrent alors le spectacle d'un combat; les voilà se menarant du .égard et de la voix, se courbant, se redrosant, bondissant comme des panthères afTamées, se cachaiit derrière ua tronc ,larbre, se montrant plus terribles, plus acharnés; puis, faisant (nurner leurs glaives, se couvrant de leurs boucliers de bullle. ils s'atta- quaient do près avec des hurlements frénétiques, vomissant une écume blanc he, au milieu des p'us énergiques mipréca- tions, et ne s'arrêta^.; ,,u.' lorsqu'un des athlète^ avait mordu la poussière. Cette scèn.- terrible dura plus dun -p.art dh.^ure, pendant lequel nous .vspM.hnes à peine. Dans la ehaleur de l'action, l'un des deux avait .e.;u à la cuisse une assez forte ontaiUe; le sang s en échappait avec abondance, et lintrépide Ombaïen n'avait pas l'air de s'en apercevoir. « Les cuirasses dont s'étaient r-^vètus les combattants .sont en peau de buffle, et ornées de coquillages formant dos des- f ' aI'Itaim: m-; i i!i;M;iM;r SI ! sin.s réguliers et gracieux; elkv olFrent un trou i^nir lo i,a.s- sage de la tête, et desceiuU-it, devant et derrière, un peu au-dessous de la hauteur des hanches. Les boucliers res- semblent presque en tout à la partie antéri.mre des cuirasses. Les flèches sont garnies de pointes en bois dur, en os ou même en fer. Ils les étalent en éventail, et les a.ssujettissent, du côté gauche, à la ceinture de leur sabre ou de leur .Ws (poignard malais», semblable à ceux .e Timor... Ils aiment beaucoup les bracelets, et s'en couvrent les bras et les jambes. Leur chevelure tombe quelquefois sur leurs épaules, et flotte au hasard; mais l.; plus souvent elle est attachée avec des fragments de diverses étoiles, et relevée sur la tête en forme de panache. «f Les habitants d'Ombai sont de taille moyenne; ils ont généralement les yeux enfoncés et brillants, le front couvert, les lèvres épaisses, la bouche grande, le nez épaté; quelques- uns cependant l'ont assez bien fait. Leur teint est d'un n..ir olivâtre. Ils ont les bras et les jambes très-forts, la p..itrine large, lair guerrier, sauvage, les manières brusques, les mou- vements rapides. » En visitant le village de BKouka, nos hardis explorateurs remaniuèrent, en passant devant u ,e des iiabitations qui le composaient, mie vingtaine d- mâchoires humaines suspen- dues à la voûte. Ils auraient désiré en emport..r deux ..u trois; mais les .laturels les leur refusèrent absolument, e.i r,-.pon.- 'lant à leurs .lemandes par le mot j.ao. et retournèrent sains ,.t saufs à bord ,1e la corvette. Là seule- '"■■ut ils apprirent d'un capitaine de baleinirr anglais qui se irouvait retenu eoumie .ux da„^ 1. d/Uml. el q,,, .Mail venu .. 82 Vn^AGi^- I- 1 iii:i.:iii \i;i!iK- rendre visite au conimandaiit, que les naturels «l'Onibai "taient anthropophages, que ces mûchoires qu'ils avaient vues accrochées à la porte d'une cabane étaient celles d'en- nemis tués et dévorés, et que sils eussent débarqué à un kdoniètre seulement au nord de Bituuka, ils eussent été massacrés infailliblement. L'iranie entra le 19 novembre dans la rade de Dillé chef-lieu des établissements portugais à Timor. PVevcinet et son état-major reçurent du gouverneur l'accueil le plus cor- dial et le plus flatteur. On leva l'ancre le ±>, et l'on se dirigea vers le détroit de Bourou, ,■.. passant entre les îles Wetter wt Roma. L'état sanitaire de l'équipage élaU toujours trè.- inauvais; la dyssenterie faisait dos progrès ellravants, et trois matelots y succombèrent pendant la première semaine de la traversée. Le -29, la corvette arriva .levant Amboiue, une des Mo- ^quos, et, proiitan, d'un vent .avorable, sengagea aussitôt dans le détroit ,1e Bourou. Elle en sortit .an., avarie, apré- une périlleuse navigation à traver. de noml.ivux récits; mais bientôt après elle fut prise par le calme, et les courants la firent dériver vers le sud-est. m sorte que, le 7 décend.re, elle se trouva en vue de Tile de f'isang, qu. fait encore partie de l'archipel des Mohupies. Pondant que rCnonc était arrêtée devant cette île, el],. ,., accostée par trois grande, cororurc. ...rte de galères ma- laises), dont le ••ommandant .a ehef fut adn.is à bord , can ctèr.'s. l.e. l'apous .le Vaigiou. dit la relation, sont peti» et trapus. Ils ont le teijit non', la tète giosse, les chevcux épai:. et crépus, le ventre ■■f ^'cS2^ \:'^ M»'^^.: t ! S'i \i>\Mi\:> in iii.i:iir\i:iiiE. gros, les liaïuhes fortes, les jambes grêles, les pieds longs el plats. Leur démarche est embarrassée, mais ils sont très-agiles à grimper sur les arbres. Leur physionomie est sans e.xpression, leur sourire est stupide, leur langage rauque et guttural. Ils vivent piesque exclusivement de hi pèche, où ils montrent beaucoup d'adresse, et habitent des cabanes grossièrement construites avec des branches d'arbre entrelacées. Le capitaine (iuébé. ou plutôt Abdala^ia, vint, comme il l'avait promis, renouvelei- ses civilités au commaïuh.nt de Freycinet, et lui présenter son frère et quelques autres de ses proches parents. Son arrivée sembla inspirer une grande terreur aux Papous qui eiitouraient la corvette. Ils s'enfuirent aussitôt, et ne reparurent plus; doù les Français conclurent -lu'Abdalaga et les siens abusaient cruellement de leur supé- riorité sur ces pauv vs gens inollensifs. Après quinze jours passés au mouillage d.- Rawak, la coi- vette, toujours ravagée par la dys.senterie, et d._- plus par mu- fièvre pernicieuse dév,,.|oppée sous rinlluruce des marais de Rawak, appareilla le r, janvier iSlt». I... commencement de cette nouvelle étape fut signalé par un triste événement : le lieutenant en second, M. .'.abiche, mourut de la dy.s.s.-nteri.., qui lit bientôt après de nouvelles victimes. Le <'ommandant .louna alors l'ordre de fairr icute vers le nnrd poui se rendre aux Hes Mariannes.en pa.ssaiit par l.s Carolinus: rt \r \-2 mars firanie était vu vue de lil,- San-harUicInmé, appartenint à ce dernier archipel. Aussitôt un,, douzaine de 'ii--ue> i,i..„- tées par des sauva-es viinvnt -■ mellrr à la remorqua dr la corvette. « Dès lors, dit Freycinet, un cumiiincc très -actif .'t rçus (lu'aucun d'eux fût voleur. » La corvette quitta, le li» mars, l'archipel .les Caroljnes. Nous ne la suivrons pas dans la p,.„.tie de son voyage qui fut consacrée à l'exploratinn des îles Mariannes. et .pu n'.^f- hu'ait à nos lectems (pi'un iii.-diocre intérêt. Kl|.. ne quitta eet archipel tpie le Kl jni,,, pour se rendre aux îles Sand- wi.di. I.e IS. ,.||.. coupa i'autiiiiéridirn de j'nris. „ Celte cir- I **" V(iva(,f;? i:ï nKiiocvEUTKs constance peu importante en elle-même, dit J. Arago, nous rappela que nos amis, en France, comptaient minuit quand nous avions midi à bord, t Après une navigation de six se- maines, la vigie signala une terre à louest. C'était la côte nrientale d'Hawaï, la principale des lies de l'archipel Sand- wich. Ayant douL.é la pointe sud de cette île, VUranic se trouva en calme, et dut subir les importunitos de nombreux insulaires attirés autour d'elle par la curiosité et la cupidité, l'^nfin, une brise favorable s'étant élevée au bout de deux jours, le commandant donna ordre de naviguer vers le nord jusqua la baie .1.. Kayakakoua. Au moment où l'on allait jeter lancre, arriva une pirogue montée par le prince Koua- kini, plus connu sous le nom anglais de John Adams, qui lui avait été donné dès son enfance. C était le chef ou gouverneur K\- l'I.CdCVKHTI-s c^iMot, et Mo„s I.. vîm.s l.ieMtôt p.n.lt.v, a<-co,npai,Mé des princesses ,1.. s. la.nille et .le so. jeune frère. A^é de six à sept ai.s. ( „e .r;M,de suite de pirogues doubles et simples remplies ,1 hommes et de fen.mes œ,npos„nt sa <-our sui- va.nd de près, f.e ,oi étail yOAn dune veste bleue de hussard K.d0M„ee d-ur, avec de grosses épaidettes de .-olonel; un d,' ses oll.r.ers portait son sabre, un autre son éventail deux ■•'"t'vs .1. 'normes fron.blons, un nn.p.iènie enfin sa pipe qu'il était chargé de tenir allumée. ' voile. C'était un na- vire de pêche américain, qui consentit sans peine à les trans- porter à Hio-de-Janeiro. Là M. d,. Fieycinet acheta un bâtiment américain qu'il aiqiela /„ l'hijsicii'nnr. et sur leciuel il s'embarqua avec ses compannons et son équipage, pour revenir on Euro[)e. Le retour s'etlectua sans autre accident, ot l'expédition rentra au Havre, je |:i novembre IS-_>(». après une absence de troj-; ans et doux mois. '■ )* ,^M:Wm^^^' IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) // y 1.0 l.l 1.25 2.2 1: us. 120 m 1.4 IL .^/ -rm ^'#^ .^^ %' .V *;. 5» •> ^^V:<. ^ j •/^ Photographie Sciences Corporation 23 WEST MAIN STREET WEBSTER, N.Y. 14S80 (716) 87}-4:a3 m. W^ iV ;\ ,v \ ^ ^ <^ ^'RE^^KR voyage du capitaine DUMONT DI'RVILLK MANS 1.- OCÉAN ALriTliAL (18'26-1829) Notice biographique sur Dûment d'Urville. — Importance du premier voyage de r Astrolabe. - Départ. - Début du voyage - Dangers courus dans la Passe des FranraU. - Deux intrus à bord. - Rangui, fils de Tekoke. - Un singulier passe-port. - Un autre Rangui; ses exploits, sa jactance. — Une scène de co- médie dans une pirogue. - La Nouvelle-Zélande et ses habitants. - L'archipel iur le pont, non toutefois sans s'être assurés qu'il n'y avait pas de Zélandais à bord. Leur chef demanda même la per- mission dy rester, et Dumont d'Urville y ccnsentit, pensant que ce nétait que pour quelques instants; mais il fut fort étonné do voir, au bout d'une heure, la pirogue s'éloigner avec quatre hommes seulement. Deux restaient à bord: c'était le chef, nommé Tehi-Nouï, raugatira et même ariki, c'est- à-dire chef et grand prêtre de son canton, et un jeune honmie, nommé Hoki-llore, qui, par alfection, s'était atta- ché à la fortune de son maître. Le premier, malgré les ob- .■-iervations qui lui avaient été faites, avait paru d'abord décidé à aller partout où la corvette le conduirait. H ne put cependant retenir ses larmes lorsque ses compagnons CAI'ITAi.Nt: DL'MUM Ul iN ll.l.l. 0» lui donnèrent en se retirant le salut d'usage (le frottement du nez). Il paraissait âgé de trente à trente- doux ans. Son visage et sa stature étaient assez nobles. Il avait un air de dignité mêlé de tristesse. Son compagnon, d'une physiono- mia p'us agréable, semblait plus insouciant et plus gai. Les deux nouveaux venus conservènMit assez bien pendant quelques jours leur bonne humeur, et semblèrent disposés à aller au bout du monde; cependant ils laissaient voir de temps en temps la crainte, qu'ils avaient au fond, qu'on ne fût tenté d>3 les manger. (Juand le navire eut doublé le cap r»a!list:r, et que leur terre natale eut disparu à leurs yeux, ils tombèrent dans une mélancolie sombre qui finit par tourner au désespoir, Tehi-Nouï se lamentait de la manière lu plus piteuse, sans souci de sou rang et de sa dignité, et ce fut un siiiRulior spectacle pour les Français de voir ce sauvage, qui sans doute sur un champ de bataille eût alfronté la mort avec intrépidité, se laisser ainsi vaincre par la douleur, pleurer et gémir comme un enfant. Enfin, au bout de quinze jours, des insulaires de Houa- Houa (Tolaga) étant venus à leur tour visiter la corvettj, Tehi-Noui et Hoki-Hore se décidèrent à s'en aller avec eux. Lr 22 février, fAstrolabe jeta l'ancre dans la baie dr Wangaroa. Aussitôt une pirogue de guerre .f détacha du fond de la baie et s'approcha rapidement du navire. Tous ceu\ qui la montaient avaient h- costume des naturels du pays, à l'exception d'un seul, qui portait des vêtements européens. On le prit d'abord pour quelque déserteur réfugié parmi les sauvages; mais lor.squil fut monté sur le pont, on reconnut bien à son visage tatoué que c'était un véritable insulaire. à 'I( 1 1 I 1 IIX) V()VAGK< i;r nÉCOLIVEHTh> Riontôt, au moyen d'un l.iii{îa;îe mi-anglais mi-zélandais aidé de gestes expressifs, M. d'Urville apprit que son hôte se nommait Ranpui. Il était fils de Tekoke, premier chef de la tribu de Pahia, sur la baie des Iles, que la Coquille avait visitée quatre ans auparavant, et il se disait avec orgueil compagnon de Pomaré, personnage fameux dans les fastes de la Nouvelle-Zélande; il avait résidé quelque temps au Port -Jackson, d'où il avait rapporté son costume et ses manières semi-européeimes. « Pour acliever de me con- vaincre, dit Dumont d'Urville. il déploya avec beaucoup de gravité un chifTon de papier, que je pris d'abord pour quelque cerlilicat de capitaine baleinier. En elfet, c'était bien un cer- tiflcat, mais au nom de deux individus de Sydney, qui attes- taient avoir hébergé Hangui quelques jours chez eux, ajou- tant que celui-ci avait promis en retour de leur envoyer des lances, des coquilles et autres objets curieux de son pays. Ces deux messieurs ii vitaient en conséquence tous les capitaines entre les mains desquels ce papier viendrait à tomber, à rap- peler soigneusement cette promesse au porteur. Cette plai- sante invitation m'amusa beaucoup, et je pensai que ceux qui la verraient songeraient à eu tirer parti pour eux-mêmes plutôt que pour les deux habitants du F'ort-.Iackson. Je remis, du reste, à Ranuiu son écrit d'un air très- sérieux, comme si sa teneur m'eût donné d'utiles renseigrements sur son compte, et il me parut très-satisfait... « Le :>♦) février, la corvette était en calme plat dans la baie de Shouraki, (juaud trois pirogues que nous observions de- puis longtemps, et (jui étaient parties de la plage du sud, arrivèrent le lon^i du bord. Bientôt j'appris ({u'elles apparte- naient à Rangui, chef puissant de cette côte (c'était un autre KAI'ITAINK DIMONï D'nuH.I.R 101 que celui qui a «tt; nommé plus li;uitt. Hangui iui-m<5me, rovêtu d'une tunii|ue écossaise, se trouvait sur la plus grande de ces embarcations. D'après mon invitaiinn, il monta à bord sur-le-champ o\ sans déliance, s'avança vers moi (run pas grave et assuré, et me proposa l- salut d'usage. J'exigeai que tous Il's guerrirs restassent dans leurs pirogues, et je ne permis qu'à lui et à son frère et compagnon d'armes, Tawiti, de monter sur la corvette; ce qui ne parut lui causer aucune répugnance. « Rangui, dont la taille atteignait un mètre (piatre-vingt- huit centimètres, était un fort bel homme, dans toute l'é- tendue du terme; sa démarche étùt noble et imposante, et les traits de son visage, quoi(pie ornés de sillons nombreux, marque de son rang, respiraient un air remarquable de calme, de confiance et de dignité. Nous ne fiiruftmes point à être ensemble le mieux du monde, et, dans le cours de la longue conversation qui eut lieu entre lui et moi, voici les principaux renseignements que je pus saisir. « Les naturels do Shouraki se trouvent en guerre cjh- tiimelle avec les peuples du nord, qui viennent chaque année ravager leur territoire: les armes A feu donnent à ceux-ci im immense avantage. Rangui témoignait le plus vif désir d'en obtenir pour sa tribu. — lin an s'était à peine écoulé depuis qu'il avait combattu à coups de hisil le redoutable Pomaré. Après avoir échangé plusieurs balles, Pomaré avait enfin succombé; comme de coutume, son corps avait été dé- voré sur le champ de bataille, et sa tête, préparée en hiuko- mokaï, était conservée dans le pA de Waï-Kato. principale forteresse de la ligue des peuples de la baie de Sliuiuaki. Je pouvais en devenir maître pour quelques livres de poudre; à ' I i U I H I Il 1-2 \"VMiR- r: I iHJ oivi;iiTi:s il 11*^ s'agissait que d-.-.llendre quatro à rinq jours, tomps' rigouron.sem.-iit nécessaire pour ..nvoy..r uu m..ssager cher- cher cette tête A Wa.-Kato. Celte prop„sitioi. .'.tait assuré- ment séduisante pour moi : j'aurais m jaloux do rapporter en Europe l-s dépouilles dun guerrier dev-nu si fameux dans les guerres antarctiques; malheureusement l'exploration de la Nouvelle-Z.'.Iande nV^tail, pour la campagne, .pi'un.- opé- ration du second ordre. ..f mes instructions m.- prescrivaient de me rendre entre les tropiques. « Hangui et Tawiti, .-mpressés d.r satisfair.- ;^ mes ques- tions, me .loimèrent en outre les noms des districts, des .^anaux H d...s iles dont nous étions environnés... Rangui déjeuna avec nous, et se comporta convenablement ;\ table; puis il renvoya tous .ses gens A terre avec leurs pirogues, et resta seul avec Tawiti. Après déj..uner, il me donna une toule de .léfails sur le pays, sur L.-s habitants, sur les guerres qui les divisent; il nr .uan.,ua pas de r.'péter plusieurs fois avec emphas,. qu'il avait tu.'- et mang.'; Pomaré. montrant avec ..rg.jeil .sa tunique é.ossaise, .omme troph.'e de sa vic- toin-, r.,urHts i„d,a„s Achilhs... A l'entendre, il préparait i.îmême.-^ortà Shonprui. autre .h-f redouté. Cep..ndant, quand Je vins par basant à lui |,arl.T de snn bomonym-, la jactance de moi. héros .liminua tout à coup, pour faire place à une inquiélu.le très-marqu.V, .t qui avait quelque chose de comiqiir II ^inf.îrma à plusi.-urs reprises des forces de cet adversaire, .l- ses projets, et il demanda plus de vingt fois ,1.. suite .s'il n'allait pas arriver in.;essamment. Tout annonçait que .-ette nouvelle l'agitait eiuellement, et qu'il .'tait tourmenté de savoir ses ennemis si près de lui. « A linstant même où les chefs s'embarquaient dans leiiis i 1 1 'A- 'MTiaim: ni \imm n; n\ii,i i \k\ pirogues, il arriva une petit 3 aventure propre ù faire con- naître \o caractère de ces itcuplcs. Pendant tout le temps qu'ils étaient rtstés à bord, Rangui fl les autres chefs s'é- taient comportés avec beaucoup de décence; leurs sujets mêmes avaient commercé le long du bord avec une bonne foi digne d'éloges. Comme je mettais à la voile, on vint m'a- vertir qu'un des naturels venait d'enlever im plomb de sonde laissé négligemment à la traîne, dans le porte-haubans. Pris sur le fait, cet homme rentlU son larcin sans aucune résis- tance, et se hâta de s'esquiver. Alors m'adressant i\ Rangui, je lui dis à haute voi.\, et ''un ton sévère, qu'il était indigne d'honnêtes gens de commettre de pareilles actions, et que je rhâtierais les voleurs sans pitié. Ce reproche et cette menace parurent l'affecter profondément. Il s'excusa en alléguù.it que ce crime avait été commis, à son insu, par un esclave. Puis il me demanda d'un air soumis si je n'allais pas le punir poui- ce fait. .).' lui répondis qu'il n'en serait rien pour cette fois, et lui souhaitai le bonjour amicalement, pour m'occupei- uniquement do la manœuvre. Un instant aprt''s, le bruit de coups redoublés , î.ccompagné.^ de cris pitoyables partant de la pirogue de Rangui, attira de nouveau mes regards de ce côté. Alors je vis Rangui et Tawiti frappant >ur un man- teau qui semblait recouvrir un homme. Mais il me fut fa- cile de voir qu'ils ne frappaient que sur un des bancs de la pirogue. Après avoir joué quelque temps cette farce, la pagaie de Hangui se brisa entre ses mains, l'homme ÎH sem- blant de tomber par terre, et Rangui, nrinter|)ellant. me dil (ju'il venait d'assommer le voleur, et me demanda si j'étais satisfait. Je répondis affirmativement, riant en moi-même de la ruse de ces sauvages, ruse dont, au reste, les exemples ne J 104 vovAOEs i:r DKcoijvRUTKs sont pas rares .-lu., des peuple. pl„s avancés en eivilisa- tion... » Nous empruntons encore à la relation .le Duniont .lOvilIe quelques détails sur la Nouvelle-Zélande et sur s.-s hal.i- ta lits. « Cette terre, dit-il. par sa grandeur comme par sa nom- breuse population, est certainement une des plus importantes de 1 océan Austral, malgré sa position recdée vers le sud s, température, ni trop chaude ni trop froide, est saine et propre a la culture de toutes les productions d'Europe. Sur plusieurs pomts, sa végétation, dans laquelle on distingue des fougères en arbre et des dracœnas qui figurent des palmiers, ressemble a celle des tropiques, par son abondance et sa vigueur- et malgré l'absence des plantes fournissant à l'homme une nour-' mure abondante, les heureuses intluences dont nous venons de parler ont contribué au développement d'u, e des plus belles races de la Polynésie. K,, ein^t. les navigateurs ont le marqué quen général les Zélandais sont grands, robustes, dune physioMomi,. agréable, quoiqu'ils la déligurent, sur- tout les chet;., par un tatouage en incision, dont la disposi- tion ne contribue pas peu à leur fiure paraître à tous le ne. ^'•I'"'"'; '•-tto forme cependant, assez .-ommune parmi eux - joint à l'écartement des narines. Leurs cheveux sont longs ^t i.s.es aius. q,;e l.ur barbe; leurs dents sont a.lmirables Le.:arac.ère de la physionomie est aussi varié qu'en Europe, et, pour tout dire en un m.,(, nous trouvions dans ces in t1 tenir aux guerriers, et par conséquent aux chefs, qui sont tous guerriers. Il faut voir ctt ornement pour juger com- bien il doit être doulouriMix à obtenir. Les femmes sont loin d'approcher dos hommes en beauté : petites presque toutes, elles n'ont rien de ce naturel ^M'acieux (pion trouve parmi les peuples civilisés, et que nous avons souvent rencontré aux îles Sandwich. Les femmes des chefs sont seules tatouées aux lèvres et sur les épaules, d'une manière particulière. " Le costume des Zélandais est des plus pittoresques. [| se compose de nattes de dilïérentes espèci-s; ils en ont de très-épaisses, couvertes de longs bi'ins de phornnum. Lors- qu'ils s'accroupissent sous c vêtement ils ressemblent à une ruche qui serait surmontée d'une tête, l'iusieurs nouent leurs cheveux derrière et les ornent de deux plumes noires; d'au- tres les enduisent d'encre rouge par ilevant; c'est une toi- lette de cérémonie qc'i's faisaient avant de nous aborder. Se couvrir les épaules de leurs vêlements, est une marque de respect. Leur nourriture consiste en poissons et en pa- tates douces. L'approche des cliamps est défendue ou la- bouée, lorsque la plante est jeune. Celui (pii violerait cette défense commit risque d'être assommé. Le peuple mange la racine des fougères cpii couvrent le pays : nourriture de tous les Instants, mais peu subsiantielle; il faut y joindre les cochons et les choux, qu'ils doivent aux Européens, et sans aucun doute à Surville et à Marion, surtout à ce dernier, (jui séjourna l(»ngtenn)s à la baie des Iles, où il fut assassiné en représailles de la perfidie ipt'avait commise quehpie temps auparavant Surville, eji eidevant un chef tlont il avait reçu toutes sortes de secours. « Les Zélandais sont partagés en luie nudtituile de peu- \i\ ! ' 1' l ' iKrt VOYAGES ET DKOOUVERTn:? plades qui obéissenf. à des ,,hefs indépendants, et sont presqu. ••onstamment en guerre les unes contre les autres. « Plus qu'aucun autre peuple polynésien, ils sont adonnés à l'hor- rible coutume de manger leurs prisonniers après le combat et Ils paraissent y attacher une idée religieuse qui va jusqu-à' faire désirer cet honneur aux chefs qui succombent dans Tac- tion. » Leurs têt.s sont conservées par la dessiccation : ce sont celles qu'on voit assez fréquemment en Europe. » Après cinq jours de mouillage dans la baie des Iles l'A-^- trolabe quitta les côtes orageuses de la Nouvelle-Zélande pour se diriger vers les parages plus tranquilles de la 7ono équatoriale. Sa marche fut néanmoin:, retardée par des calmes et des vents contraires, et ce ne f.it que le ?'> avril qu'elle se trouva en vue des terres de Tonga-Tabou ou des Amis. Là des bancs de coraux la mirent encore à deux doigts de sa perte, et son séjour dans ces parages fut signalé par de graves événements. Le commandant eut connaissance d'un '•omplot de désertion tramé parmi quelques matelots. Pour en prévenir l'exécution, il fit hâter dans le plus grand secret les préparatifs du dépan. Mais le 1.3 mai, comme tout était disposé, les naturels attaquèreut et enlevèrent à fimprovist," huit hommes qui, sous les ordres de M. Faraguet, étaient allés ramasser du sable sur l. livage. Cet acte d'hostihté, qu'aucun motif ne pouvait justifier, ne s'expliquait que par leur désir d'avoir parmi eux des Européens. Deux détachements furent envoyés à terre pour délivrer les prisonniers, mais ils échouèrent. Dans le premier, le ca- poral Richard,.!,. Inifanterie d,- marine, fut tué, et un élève, M Dudemaine, grièvement blessé. Enfin Dumont d'Urvill,' dut aller s'embcsser devant Manfango, village sacré qui ren- h^_^ * i. L liAITlAIM-: m MiiNï iriUVII.U' 109 formait les tombeaux des chefs et les temples dédiés aux di- vinit(''s du pays. Co village était protégé par des fortifica- tions assez bien construites, et les insulaires y soutinrent un siège de plusieurs jours avant de se décider à rendre leurs captifs. Deux du ces derniers, nommés Reboul et Simonnet, restèrent seuls dans l'ile mais de leur propre volonté. Enfin, le 22 mai, VA i^trolabe put quitter l'archipel des Amis, dont le nom n'avait été pour elle qu'une triste ironie, et le 25 elle signala les plus méridionales des îles Viti ou Fidji. La recoimaissance de cet archipel fut très- pénible, ft dura di;v-huit jours. Échappée à cette périlleuse navigation, la corvette fit voile, sur une mer ouverte et sûre, vers les Nouvelles- Hébrides. On fit ensuite Ir. reconnaissance des îles Lo/alty, des îles Langhau, et l'on se rendit au havre Car- teret ( Nouvelle - Irlande \ où l'expédition s'arrêta du 5 au 19 juillet. Le 19 juillet, on commença la reconnaissance de la côte méridionale de la Nouvelle-Bretagne, reconnaissance qui fut terminée le 2 août. Dumont d'Urville franchit ensuite le détroit de Dampier, et entreprit l'exploration de toute la côte do la Nouvelle (ruinée comprise entre ce détroit et la baie de Geelvink. Ce travail importarit s'accomplit de la ma- nière la plus satisfaisante, grâce à un temps des plus favo- rables. Lorsqu'il fut terminé, l'Astrolabe vint prendre au havre Doro'i le mouillage qu'elle avait occupé trois ans au- paravant sous le commandement dr M. Duperrey. Nous extrairons encore quelijues passages des intéressantes notions recueillies par Dumont d'Urville sur cette partie de la Nouvelle -Guinée. Le havre Doreï est situé au midi du cap de Mamori, qui forme la pointe occidentale la plus extérieure de l'entrée de ito VOYAGES El- DÉCOUVEHTE- la grande baie de Geelvink. Tous ses environs sont envahis par des forêts qui ont poussé sur un sol madréporique eu pente très- douce... Les terres cultivées ne commencent qu'aux vil- lages, et s'étendent tout le long de la rive septentrionale du canal. La terre est d'une nature si riche, qu'il suffirait de la remuer et d'arracher les mauvaises herbes pour obtenir les plus abondantes récoltes. Mais les Papous sont aussi pares- seux que peu intelligents en fait de culture, et les plantes alimentaires sont le plus souvent étouffées par les plantes parasites. Los habitants de Doreï semblent provenir d'origines très- mélangJes, et le caractère de leur physionomie varie à l'infini. Toutefois M. d'Urville a cru reconnaître que toutes ces va- riétés devaient se rapporter à trois nuances principales : l'une qu'il nomme Papoue, du nom qu'elle porte habituellement dans le pays; l'autre formée de métis tenant plus ou moins de la race malaise ou polynésienne; une troisième enfin, qu'il désigne sous le nom d'Harfour qu'elle a reçu depuis longtemps dans les îles Moluques. Les Papous proprement dits sont des hommes à lu taille moyenne, svelte et dégagée, et au corps et aux membres grêles. Us ont le visage ovale, la physionomie agréable, les pommettes légèreir .it saillantes, la bouche petite, les lèvres assez minces, le uez bien dessiné. Leur peau, douce, Hsse, est d'un brun foncé. Leur barbe est rare; leurs cheveu.v sont crépus; mais c'est l'habitude de les friser continuellement •lui leur donne cet air ébouiifïé, et charge la tête des Papous de ces énormes crinières dont l'aspect frappa d'abord si vive- ment les premiers navigateurs européens. Cette race paraît être d'un caractère timide et peu entreprenant: elle a fixé sa CAMTAhNK DL'MO.NT D'URVILLIi 111 résidence sur les bords do la mer, où elle habite de longues cabanes en bois , élevées sur des pieux enfoncés dans le sable et plongeant dans les eaux mêmes de l'Océan. Elle forme à la Nouvelle-Guinée la masse du peuple. Dumont d'Urville n'a point vu. parmi les Papous, d'individus possédant sur les autres une autorité réelle. Ils ne savent que quelques mots de la langue malaise, et parlent le papoua, qui en diffère essentiellement. Mélangés avec ces Papous, vivent des hommes plus petits, trapus, d'une constitution plus vigoureuse et d'une physio- nomie tout autre. Ils ont la face aplatie, anguleuse, presque carrée, les pommettes saillantes, les traits heurtés, la bouche grande, les lèvres épaisses, le nez épaté. Leur peau est rude, et sa nuance varie du brun noir des Papous et des Harfours jusqu'au ton simplement basané des Malais. Ai; lieu de sr coiffer comme les Papous, la plupart se contentent de relever leurs cheveux en chignon, ou de les couvrir d'un morceau d'étoffe en manière de turban. M. d'Urville voit en eux des hybrides provenant du croisement des Malais avec les Pa- pous, c'est-à-dire de la race jaune avec la race noire. Cette partie de la population constitue la classe aristocratique. C'est d'elle seule que sortent non-seulement les koranos, les capi- tans, les rajas, mais aussi les véritables négociants. Leui ton de supériorité se manifeste dans tous leurs rapports avec les hommes des autres classes, et presque tous parlent le malais avec facilité. La troisième variété, beaucoup moiii.- nombreuse que les précédentes, se compose d'hommes de petite taille, agiles et vigoureux, aux traits sauvages, au teint couleur de suie, aux membres grêles, et se rapprochant beaucoup du type des f---;-^ i "'- vi»v\i;i;s i:t hKciii \i;i«ri-:s Australiens, des Néo-Calédonions, et, en pénôral, dns nègres océa.iiens. Ils se tatouent par incision, vont nus ou à peine vêtus, et laissent flotter au vent leur chevelure inculte, ou se contentent de la tortiller en mèches, comme les autres in- sulaires (le l'océan Pacifique. Dumont d'UrviUe ne doutait pas que ce ne fussent là les véritables indij^ènes, les plus an- ciens habitants du pays. Il ajoute : « Les habitants de Doreï sont distribués dans quatre vil- lages situés au bord de l'eau. Chaqna villajie renferme de huit à quinze maisons établies sur des pieux. Quelques-unes de ces maisons contiennent une double rangée de cellules dis- tinctes, et leçoivent plusieurs familles. Les édifices, entière- ment construits en bois grossièrement travaillé, sont percés à jour de toutes parts, et. souvent tremblent sous les pas... Ces peuples fabriipient des nattes en feuilles de bananier, qu'ils teigne- des plus brillantes couleurs et (pi'ils ornent de franges artislement découpées. Leurs fenunes travaillent une poterie grossière qui suffit à leurs besoins born-s. Leurs armes habi- tuelles sont l'arc et les llèches, dont ils se servent avec dexté- rité, la lan.e et un bouclier long et étroit; en outre, chacun d'eux possède un couperet, u"un acier fortement trempé, nommé paruny en langue malaise, et qui leur sert à la fois d'arme et d'instrument tranchant pour les besoins de la vie. Aussi ces sauvages ne faisaient-ils que très-peu de cas de nos couteaux et de nos meilleures haches. « Leur nourriture consiste principalement en chair de tortue, pain de sagou, poissons, coquillages, et dans les fruits et racines que leur sol produit avec profusion. Ils ont tous adopté lï-sage de mâcher le bétel mélangé avec T.irek et la chaux. Le l,vvu (bois.son particulière aux peuplades polyné- V^^'-'^iP^iHilil 4 Il ï l'<" I ri I <:.\I'|iaim: di vkim i.-i hvii.i k 115 siennes, obtenue par la fermentation des racines d'une sorte de poivre) Kmr est inconnu, et on ne leur connaît aucune liqueur enivrante, bien qu'ils aient du penchant poui- toutes les boissons spiritueuses. » Naturellement déliants, les Papous n'admettent les Euro- péens dans leurs c .ses qu'avec une extrême défiance, en sorte que Dumont d'Urville n'a pu donner aucr.n détail sur leurs habitudes domestiques. Il garde le môme silence sur leurs cérémonies religieuses et sur la forme de leur gouvernement, n'ayant pu se livrer, sur ce double sujet, qu'.'i de simples con- jectures. l'artie de Dieï le fî septembre, l'Astrolabe arriva le 25 k Amboine, où elle demeura jusqu'au 10 octobre pour se ra-- tailler et laisser reposer l'équipage. Le 17 décembre, elle dou- blait rile-aux-Perdrix et pénétrait dans le canal d'Entreoas- t^aux. Dumont d'Urville se proposait, après une relâche d.' Muolques jours à Hobart-Town, de se rendre à la Nouvelle^ Zélande, pour occuper la côte occidentale d'Ika-nu-Mawi Mais comme il arrivait à la capitale de la Tasmanio ^Terre de Diemen ., un pilote anglais, qui était monté à bord pour con- duire le navire au mouillage, lui u.manda dans la conver- sation s'il avait eu des nouvelles de la Pérouse. Sur la réponse négative du commandant, le pilote lui apprit d'une manière confuse que le capitaine d'un navire anglais avait trouvé ré- cemment les restes du vaisseau de la Pérouse dans une île de 1 océan Pacifique, qu'il en avait rapporté des débris, et même qu 11 avait ramené l'un des matelots de cette expédition Prus- sien dorigin... II ajoutait que ce capitaine marchand, lenvoy," V'^r 1. gouverneur du Hengale pour alk.- chercher les autres "auliages, avait touché à Hobart-Town six mois avant l'a,- tl i l 1^ Il * Uti VOYAGES ET DEC» tL VERTES rivtv de l'Antrolabe. et que le l'russien en ({uestion se trou- vait em^oie à soti bord. Ce récit, r|ui n'avait d'abord semblé A M. d'Urville qu'un conte fait à plaisir, lui fut confirmé d'une manière plus expli- cite par un officier anjîlais. M. Kelly, qui accompagnait le pilote. Il apprit de cet oflicier ijue le capitaine marchand, nomnir Dillon, avait ellccliveinent trouvé i\ Tikopia (archi- pel du Saint-Ksprit I des renseignements assurés sur le nau- frage de la l'érouse à Vanikoro (archipel de Santa-Cru/ 1, et qu'il avait rapporté une poignée d'épée qu'il supposait avoir appartenu à l'infortuné navigateur. A son arrivée à Calcutta, M. Dillon avait fait .son rapport au gouvernement de la colo- nie, et celui-ci l'avait renvoyé avec un navire armé aux frais do la conqiagnie des Indes, alin de visiter le lieu même du naufra^'e et de recueilM'' les Français qui pourraient avoir survécu à la catastrophe. Sur de tels avis, Diimont d'Urville n'hésita pas à aban- donner ses projets sur la Nouvelle-Zélande, et résolut de se rendre à Vanikoro. Parti de llobart-Town le 4 janvier 18-28, il aperçut à Ihorizon, le 20 février, l'Ile île Tikopia. Le len- demain dans l'après-niidi, trois pirogues approchent et accos- tent le navire; chacune d'elles est montée par cinij ou six insulaires. Dans li première se trouve un Européen : c'est le Prussien Martin Hushatt . le dernier survivant des équipages de la Pérouse! il avait accoiiijag'ié Dillon . Vanikoro, comme l'attestait ui'. certiticat signé du capitaine anglais, et daté du 18 décembre précédent. Ayant recueilli tous les renseigne- ments (juil désiiait, Duuiont dl'rville quitta Tikopia, emme- nant avec lui. [utur l aider ilans ses recherches, deux déser- teurs anglais établis depuis neuf mois dans cette île, et qui 3 à li li i it I ! ■ I li i '] i ' APITAINE niMONT IVI'RVILI.K tl9 parlaient assez bien l.i lant,'ue du pays. Cinq Tikopiens, qui n'avaient pu retourner à terre quand la corvette avait appa- reillé, restèrent également à bord. Le tiO. la corvette put ap- procher assez de la côte de Vanikoro pour entrer en relations avec les naturels. Ce ne fut pas sans peine que M. Jacquinot, envoyé par le commandant pour explorer les côtes et inter- roger les habitants, obtint d'eux les indications qu'il désirait. Ces pauvres gens craignaient que les Français ne fussent venus là pour venger la mort de leurs compatriotes. Enfln M. Jacquinot s'avisa de déployer ^ leurs yeux un morceau de drap rouge. A cette vue, l'un d'eux sauta sur-le-champ dans le canot, offrant, en échange de la précieuse étoffe, de con- duire les explorateurs sur le lieu même du sinistre. .!ajS(Oi (/c l'Atoua des blancs. Lorsque l'Astrulabe s'éloigna de Vanikoro, l'état sanitaire de l'équipage était déplo;abIe. Une quarantaine de matelots étaient atteints de la fièvre pernicieuse endémique dans cette contrée. Plusieurs succonibùient pendant le voyage, qui dura enco'e une année. L'Aslrolahc, après avoir relâché à Guam ^îles Mariannesi, à Amboine, à Batavia, à Hle do France, à nie Bourbon, au Cap et à Sainto-IIélène, ot avoir exécuté sur sa route plusieurs reconnaissances importantes, rentra dans le port de Marseille, le i>:. mars IH-2'J. Son absence avait duré trois ans, et lexpéditiou qu'elle venait d'accomplir devait compter parmi les pliLs glorieuses dos temps modernes. En outre des délu'is du :iaufrago de 1;-. l'érouse, qui sont déposés au musée de marine, elle rapportait d'immenses richesses en échantillons d'histoire naturelle, armes, costumes, usten- siles, <'tc., recueillis dans les nombreu.ses contrées qu'elle avait parcourues. Enfin les cartes et relevés, les dessins, ot surtout la volumineuse et intéressanio relation de Dumont d'Urvillo, et les observations recueillies par les naturalistes, i-omposent un de ..es vastes et précieux ouvrages dont la France peut s'onorgueillir comme d'un monuii.ent national. jrj^ 1 ^Y" !■ ' i|lll i SKCONi» VUYAUK l»U CAi'lTAÎNK DIMONT i)'URVI[J,K llANS I.OC.IAN AIÎSTRAL (J837-1840 But du voyage de l'Astrolabe et de la Zélée. - Les ^'laccs du pôle austral. - Découverte des terres Loui»- Philippe ti Joinville. - Les Iles Gambier. - Efforls et succès des missionnaires catholiques. — Visite de l'évoque et du roi de Man- gavera à bord de l'Astrolabe. — Une messe en plein air sur la côte. — Une anci.ine connaissance. — Expédition contre Nakalassé, roi de Piva. — Visite du roi Tanoa. - Lanthropopbagie aux Iles Viti. - Une mauvaise année. - Retour au pôle sud. - Découverte de ï'AdéUe et de la Cota Clarie. - La colonie anglaise. - Découverte de nouvelles terres. - Les missionnaires anglicans à Karora-Réka. -- Retour en France. Les magnifiques lésultats d«i premier voyage de Dumont d'Urville encouragèrent le gouvernement du roi Louis -Phi- lippe à confier à cet éminent officier le commandement d'une nouvelle e.xpédition, destinée à explorer de nouveau les vastes mers de riiémisphère austral, et à pénétrer, autant qu'il .serait possible, les mystères du pôle antarctique, vers lequel si peu de murins avaient osé jusqu'alors s'aventurer. Dou.x corvettes, l'Astrolabe et la Zélée, turent mises sous les I" > Il t I? il t:.>H viiVAi.i:- i:i DKDiii vi;nrh> ordres de l'illnsfro navigateur. Félins appareilleront, vers la fin do IV-té de iH-M, (l.iiis !.• port dr Toulon, (luVIIes quittèrent le Tseptoml.re. La première était niontéc par Dumont d'Urville lui-nièm.>; la seconde rtait commandée par le capitaine .lac- quinot. Klles lir.'iit voiU- vers Rio-do-Janeiro; puis, après avoir consacré un inuis ,'i des relevés hydrographiques dans le dé- troit do Magellan, r||e> repartiront, le 1 1 janvier 1838, de la Terre dos litat-, pom se diriger v.-rs le sud-est, dans la direc- tion où le capitaiiio anglais Weddel s'était engagé à deux re- prises, en 182! et en IS-J.I, et avait atteint la plus haute lati- tude australe à la(pielle aucun navigateur fût encoio parvenu. A leur tour, les deux navires français s'avancèrent hardi^r^ent jusqu'au 67»' degré de latitude sud; mais là ils se virent arrêtés par une immense nun-ai!le de g'.ace qu'ils côtoyèrent en redes- cendant jusqu'aux Orcades Australes, où ils s'arrêtèrent pen- dant huit jours (pii luient consacrés à de nouvelles obt îrva- tions hydrographi(pies. Le 2 février, on remit le cap ai' sud. Le 4, Dumont dirvillo retrouva la banquise (banc de glace), et, apercevant une clairii-re il y engagea les deux corvettes; ma.a, au bout de quelques encablures, il se trouva empri- sonné dans des blocs de glace qui se resserraient de plus en plus et que le froid menaçait do souder. Il reconnut alors la nécessité de létrograder; mais il fallut, sur une largeur de plus de deux métros, briser la ghico à coups de pioche, pour rouvrir aux téméraires explorateurs le cnemin qui s'était fermé derrière eux. Après être sorti, à force de voiles et de cabestan, de cette impasse dangereuse, on continua de pro- longer la l)ani|uise, de l'ouest à l'est, pendant un espace de trois cents milles, sans trouver d'issue. Par ;j;5" de longitude, on recommt (| -et impéné- • I é CAI'ITAINK DfMuVr DM HVII.I.i: I» 4 i m tiiible mur de glace inclinait au «icd, et l'on se décida à re- venir vers l'ouest. On revit bient.U les IKs Orcades, dont on compléta la géogra()hio; puis on gouverna de nouveau dans la direction du sud à la rechercha des terres mystérieuses vaguement indi(piéi's par les pécheurs de phoques, et dési- gnées par eux sous les noms de Terre de l'aimer et Terre de la Trinité. On arriva le 27 février, en naviguant toujours à travers les glaces, à la région intermédiaire qu'aucun œil humain n'avait contemplée; et, malgré la brume, le froid et le mauvais temps, on put en relever les contours sur une étendue d'environ vingt milles, entre '33" et tJio de longitude ouest et 58o et H'i" de latitude sud. (quelques rochers noirûtres, mis à nu par la fonte des neiges et surmontés d'immenses couches de glace, dis- tinguent seuls des glaçons gigantesques amoncelés autour d'elles ces crttes inhospitalières, et l'on n'aperçoit pas la moindre trace de végétation. Dumont d'Urville donna à la plus considérable le nom de Tenc Louis- l'hilippc, ot à la portion située plus à l'ouest, celui de Terre de Joinville; il appela Canal d'Orléans le détroit qui .s /pare ces terres de la Trinité. Cependant la saison s'avançait; le scorbut s'était déclaré parmi les équipages, et cette ♦•iriible maladie avait r ême attaqué plusieurs officier.s. Il fallut aller chercher sous une autre latitude une atmosphère moins rigoureuse et un repos indispensable. On fit voile vers la cûte du Chili, et l'on n - lûcha successivement à la Conception et à Valparaiso. Lors que l'état sanitaire des équipages n'inspira plus enfin aucune inquiétude, l'e.xpédition rejirit la mer, et, ;,|„ès avoir sir' .,e iile .Iiian-Fernandez, célèbre par le séjour de '■• )rtuné i M tao VOVAfiES ET nKCOIJVERTES I Selkirk, dont nous avons pari»'' dans l'introduction de ce vo- lume, eWi s'arrêta aux Iles Gambie'-, qui formeni le groupe le plus oriental de l'archipel de la Société. ff Les lies Gamhicr, dit M. Louis Roybaud dans un excel- lent article sur le voyago de l'Aatrolabi' et d« la ZéU^e, inst-ré dans la Revue des Deux Mondes, en mars 1841 , et qui nous a surtout guidi' dans la n'daction de cotte notice, les Iles Gambier sont le loyer dune mission catholifun-. Cinq ans avant le passage de l'expédition, les insulaires de Guiiibier étaient ploiigt's dans toutes les misères do l'état sauvage : la polygamie, le féti- chisme, l'anthropophagie, y régnaient sans partage; quelques prêtres des missions de Paris ont fait disparaître tout cela. Pendant six mois, ils so virent chaque jour à la veille d'être tués et dévorés; soutenus par la foi, ils attendirent. Ces mis- sioimaires eux-n. .nés racontèrent aux officiers de l'expédition par quels prodiges de patience ils étaient venus à bout déta- Mir leur empire sur les naturels. « Chez ces tribus, dirent-ils, « ce n'est pas le fanatisme qui domine, c'est l'indifférence. « Elles ne tiennent point à leur culte; mais elles ne se pas- « sionnent pour aucun Avec une pareille disposition des « esprits, la ferveur arrive lentement, et ■^:ms la l'erveur point « de néophytes. Ce n'est pas tout : il fallait rendre intelligibles « à ces races abruties des mystères religieux que la plus haute « raison ne saurait pénétrer. Nous y épuisâmes toutes les res- « sources d'ime pieuse persévérance. Nous fabriquions de « petites croix en sier, et nous allions les planter devant la tt case des chel->, ..iiii de les familiariser avec la vue de cet « emblème. Poiu' expliquer lu dogmi; de la Trinité, nous avions « adopté la ftiiille de trèfle, qui semblait résumer le symbole " des trois per^uniies on uuo seule. Chaque jour cetaienl de I f:Ai'ii mm: m mum iniivri.Li-; 131 .- nonveaiix efforts, nt rion cependant ne r^-iississail. Knlin " MOUS appeliln)cs A notre aide dos moyens plus profanes. Nous " ..vions apporté quelques outils et une p.'tite pharmacie; " nous mli.ies tout cela au service des naturels, ne nous ic- « servant rien pour nous-mêmes. Nous crcu.simes des puits , « nous h.Ulmes des cases, et nous entreprîmes de construire «• une chapelle en hambou<. Pendant ce temps, notre chétil " haga^e s'épuisait sins s., renouveler; nos vêtements s'u- " salent, et nous étions obligés d'en surveiller atfentivemcnt « la conservation. (Ju-o.i j.ige de notre embarras! nous qui .' hh^mions la nudité chez les indigènes, nous éli„ns à la « veille de n'avoir plus rien pour nous couvrir... Enfin des «' secours arrivèrent d'Europe, et Tabjuration d'un grand chef '< décida du sort de 1'-- ', 'peï. » .. Depuis -otte 'poque, ,oute M. L. Keybaud, l'aspect des îles Gambier n'est plus le même. Des mœurs plus douces et plus réservées ont pris la place de la ba.barie et de la licence d'autrefois. Avec la guerre, l'anthropophagie a disparu... Des écoles ont été créées par les missionnaires; |.,s enfants vien- nent .s'instruire, 3t déjà un grand nombre d'insulaires lisent couraniment le catéchisme. A la suite du culte nouveau, est arrivé un bien-être matériel qui en fait encore mieux appré- cier les bienfaits. Les cases, plus solidement construites, ont un air de piopreté et d'éiégance quelles n'avaient point' au- paravant; la culture s'est perfecMonn.'e: la .-aune à sucre a été naturalisée, et dtyà Ion sait mettre le coton en œuvre. Le blé croît à souhaii sur ce sol volcani-iue; les cochons, les poules se multiplient rai-idement. Kiilin il ..'..sl pas jus,,„ï, Torgani- sation physique des habitants qui ne se soit modi.iée avLia- geusement par la nouvelle civilisation : les tiaits plats et épa- 132 VilVAi.I-.S rr IiKCorVKHTEH I »■ K h i ! i I tés disparaissent peu à peu chez les enfai 's, et font place à des lignes plus gracieuses et plus pures. j> Le groupe ■'•! Gambier, centre maintenant de la propagande catholique dans l'Oceanic, se compose de cinq ou six îles, dont la plus importante est Mangavera, que domine un pic de plus de quatre mille mètres de hauteur. Lorsque l'expé- dition française les visita, le chef le plus puissant était Mapou- Taoua, dont le pouvoir paraissait cependant subordonné à l'influence de son oncle Matoua, autrefois grand prêtre des idoles, maintenant zélé catholique et soumis, comme son neveu, aux missionnaires. Dumont d'Ui ville s'empressa, peu do temps après son arri- vée, de rendre visite à l'évêque de Mangavera, qui vint le voir à son tour à bord de l'Afitrolabe. où il fut bientôt suivi du chef ou roi Mapou-Taoua et de son oncle l'ancien prêtre. Ces personnages furent salués par les batteries de la corvette, et le pavillon do I irchipel fut hissé au haut des mâts Le com- mandant fit présent au roi d'un habillement complet, d'un fusil à deux coups et de diverses étotl'es. « Le 12 août, dit encore notre auteur, une messe solennelle fut célébrée en plein air au bord de la mer. A cette occasion, les corvettes furent pavoisées; TiMat-major on grande tenue, l'équipage sous les armes, descendirent h torro. Lévéque offi- cia; lo roi, entouré tli' sa famille et des chefs du pays, assis- tait à la cérémonie. Los habitants so tenaient à une certaine distanci', les hommes d'un côté, les femmes de l'aiitro. Le roi, assis sur une estrade, était viHu d'une redingote bleuo : il avait des bas ot dos souliers qui le gouaiout fort , et (pi'il soui- pressa de quitter après la cérémonie. La reine son épouse ainsi que sa tante avaient des robes dindionno; elles portaient dos >*L. I.AI'ITAIM-; tUNIoM lil HMI.I.K 1.13 f I chapeaux de paille, mais elles étaient pieds nus. Lancien grand prêtre Matoua ae faisait remarquer par sa haute taille. Tout le monde répondit avec beaucoup d'ensemble aux chants des prêtres, mais avec un accent guttural des plus prononcés. Après l'office, l'évêque adressa un sermon en français aux voyageurs, et un autie, en langue du pays, aux indigènes, qui le suivirent avec une attention soutenue : un tel spectacle n'était certainement |uis dénué in dangereux, s'associa de bon cœur au succès des marins fran- çais, et fit prier Dumont d'Urville de venir le visiter dans sa capitale. En conséquence, le commandant, suivi do pres II il « Nous ne faisons point, dit-il, la guerre aux peuples de rOcéanie; mais j'ai dû chiltier, en passant, un barbare qui avait assassiné des Français. Le crime de Nakalassé est d'au- tant plus odieux, qu'il n'avait été provoqué par aucune agres- sion de la pi.rt de nos compatriotes. Voilà pourquoi j'ai ruiné Piva de fond en comble. Le même sort est réservé à tout chef vitien qui insultera un navire de ma nation. La punition pourra être lente à venir à cause des distances ; mais tôt ou tard elle atteindra les coupables. Au surplus, la France n'a- vait su; ces îles d'autre ennemi que Nakalassé; elle désire être l'amie et ralliée du roi Tanoa et du peuple de Pao. » Ce discours, traduit en langue tonga par le matelot Simon- net, puis en vitien par le naturel de Tonga dont nous avons déjà parlé, parut produire un grand eflet sur les sauvages, que la rapidité du châtiment inlligé à Nakalassé avait déià remplis d'étonnement et de respect. Le loi, dans sa réporse, protesta de son amitié pour les Français. Après '-s discours, Dumont d'Urville donna aux indigènes le spectacle d'un exercice à feu qui excita leur admiration, et qui fut suivi d'une collation offerte par Tanoa. (;elui-ci fit ensuite visiter aux étrangers son palais, belle et vaste case de douze mètres de haut, où l'on entre par deux portes, dont l'une est exclusivement réservée au roi et à la reine. Tout autre qui oserait en franchir le seuil serait puni de mort. Les naturels des îles Viti sont, d'après la relation de Du- mont d'Urville, les plus intelligents de la .Mélanésie, ce qui ne les empêche point de manger leurs prisonniers, dont la capture est le but unirpie des guerres qu'ils se fdiit entre eux. On r.'lèlire à diverses époques de l'année des fêtes qui l-: hlMiiM' ICI HVII.I.K l.ili f'xifîeut un ciiiaiu iiombiv de victimes; malheur alors à ceux qui n'ont point d'asile, comme les habitants de Piva et leui ';hef Nakalassé; ils sont traqués comme des bêtes fauves, et viennent en supplément aux produits de la guerre. Si les prisonniers manquent, ox) tuo quehiues femmes, qui sont maiiiiérs })(!)• leurs parents. Dans une île ces fôtes, le vieux Tanoa fit ainsi assommer trente de ces malheureuses pour un repas public; les familles, loin de s'en plaindre, prirent part au festin. Les hommes seuls assistent à ces repas. Les derniers mois di; l'année 1.S3S furent employés par les navigateurs français à relever et à explorer les Iles La- vouka, Aaiore, Vanikoro, Santa- Cruz, Soloman et Hoij^o leu. L'année iH'.'Ai ne fut p;is heureuse. La uyssenterie, qui faisait à bord des deux coivotles de nombreuses victimes, les obligea de faiie plusieurs relâches très -prolongées, qui retardaient les travaux scientifiques de l'expédition, sans améliorer l'état sanitaire des équipages. Ce fut seulement après un séjour de plusieurs semaines à ïIobart-Town, en Tasmanie, que le fléau disparut; et, le l^'-janvie'- 1840, les corvettes remirent à la voile pour aller tenter quc;iques dé- couvertes dans le voisinage du piMe antarctique. Après une lente et pénible navigation d'environ un mois, elles se trou- vaient au milieu de montagnes de glace, qui rendent ces ré- gions presque inaccessibles; mais cettr fois les efforts et la patience des intrépides explorateurs fut récompensée par la découverte de deux nouvelles teries, comprises entre 66<' 3(1' de latitudi! sud et VM^ 21' de longitude ouest, 64» 30' sud it 12!)" 6V ouest. Ces terres lurent nommées Adélir et Côtr C.laric. lui (piillaiit d'Ile ileinière. It's corvettes revinrent à Ilo- 140 voNAuKs i:r iii:coi:vKRTKs lart-Town; puis ellos allèicnt compléter l'iiydroj^raphie de la Noiivolle-Zélande, et visitôrent la colonie anglaise, déjà florissante de Karora-Réka, dans la baie des Iles. « U, dit M. Reybaiid, Dumont d'Urville vit quelques membres de la mission catlioliciue, qui se plaignaient, non sans raison, de l'intolérancf des missionnaires anglicans. Ceux-ci s'occu- pent, du reste, de leurs intérêts temporels plus que des intérêts spirituels de leur troupeau. Il n'y a point à Karora- RéUa d'autres banquiers qu'eux; l'agiotage sur les terres ne compte pas de spéculateurs plus cupides; aussi chaque jour voit-il croître leur scandaleuse fortune. » Dumont d'Urville termina ses travaux géographiques par le relevé de la Louisiade, dont d'Entrecasteaux avait seul donné avant lui un tracé fort incertain. Il constata que cette île tient ù la Nouvelle-Guinée, dont elle n'est séparée que par un bras de mer. Les deux corvettes faillirent encore se briser sur les bancs de coraux du détroit de Torrès. Échappées à ce péril, elles reprirent leur route vers la France, et. le G novembre 1840, elles rentrèrent à Toulon, après une absence de trois ans et deux mois. VOYAGE DE P. GIOVANM MASTAl AUJOURD'HII -A r^AINTETÉ I.F. PAPE PIR |X DANS L'AMÉniyilE Ki: SU) (1823-18241 Choix (le D. Giovani Muzi pour vicaire apostolique de la mission du Chili. — D. Oiovanni-Maiia Masiaï et l'alibé Giu^eppeSallusIi, secri'laires. — Départ du port de Gênes. — Mouillage à Palma. — Caplivilé dos miss^ionnaircs dans le lazaret de celle ville. — Ils sont délivrés par l'évéque de Palma et le consul de Sardaigne. — Nouveau départ. — Renfonire d'un navire néjjrier. — Arrivée à Buenos-Ayres. — Brillante réception faite aux missionnaires. — Départ de P>uenos-Ayres. — Célébration de la messe à I,uj.'an par le vicaire aposlolii|UP. — Description du logement de D. Giovanni Masiaï .i San-Pedro. — l.a cité de Uosario. — Dcsmo- chadoi, ou le» Muldéf. — Incursion des sauvages. — Célébration de la messe à la Canada de Lucas. — Aspect nouveau du paysage. — Cordoba. — Mendoza. — Santiogo. Sous la fin du pontificat de Pie VIT. la cour de Rome, obtempérant au désir formulé par la chambre représenta- tive du Chili (le voir instituer une mission apostolicpic m Santiago, fit choi.x pour vicaiiu apostolique de D. Giovanni Muzi, alors auditeur du nonce apostoli'iue à Vienne. On adjoignit à D. Giovanni Muzi, pour le seconder dans ses i I, 142 \nV\i,K ni: l>. i.InvWM M\- cette splendide cathédrale qui ofTre au loin à la vue lagréable magnificence de son architecture. Mais à peine furent- ils débanjués qu'on les conduisit au lazaret, et rr.algré leurs réclamations, malgré le caractère dont ils étaient revêtus, ils entendirent bientôt se fermer sur eux les triples verrous de cette véritable prison. La nou- velle étrange de cette sorte d'arrestation ne tarda pas à venir jusqu'à l'Eloisa: elle mit tout en rumeur à bord, et l'abbé Sallusti alla sans hésiter à terre partager la captivité de ses compagnons. Le 17 octobre, les trois irienibres réunis de la mission su- bissaient un premier interrogatoire, non pas comme celui auquel on admet les voyageurs au long cours qui ont enfreint parfois les ordonnances de santé, mai- bien comme 1 inter- Aiijiii'Kn'fin >^ I.K l'AI'K l'Ii: i\ IVt I rogatoin- juridiiine qu'on imposu à des gens réullt-meiit cou- pables. Mais laissons parler ici labbé Sallusti, qui nous a conservé uni' peinture assez originale de cette scène. « Tout l'ut dispos' [Jour le grand saiili/drin, dit-il. et le nouveau prétoire de l'ilate se trouva é» ibli à l'entrée même du lazaret. Ce fut lu ipie »int siéger l'alcade de la ville, porteur d'une mine des plus refrognées et lançant parfois des coups d'œil qui voulaient ôtro mena«.-ants. En sa qua- lité d'autorité judiciaire, la présidence, en ell'et, lui était dé- volue. C'était avec un air de majesté mille fois plus impo- sant que celui qu'eût pu garder un proconsul romain qu'il ncas adressait les demandes auxquelles il nous fallait ré- pondre. A cnti' (le lui se trouvaient deux autres ministres de la justice, d'apparence tout aussi sévère, dont le fier aspect nous itlaeait d'elTroi et dont les regards nous fai- saient tremb. .'. Un notaire, à maigre encolure, à figure cadavéri(pie, ayant tout l'air d'un pbarisien, devait enre- gistrer les demandes et k-s réponses. < Ir. quand tout fut prêt, on plaça au milieu de cette vraie synagogue de gens mal disposés pour nous lui petit escabeau de bois, sur le- (jucl s'assit d'abord .M ' Muzi, et chacun de nous ensuite, mais alternativement, pour passer par l'examen que nous avions à sidjir; néanmoins, avant (pie l'interrogatoire com- mençât, on (if toutes :,s fumigations qu'inspire la crainte de la peste... Cela terminé, nous fûmes interrogés succes- sivement |)ar ,1 juge suprême sur notre pays, sur les em- plois (pie nous y occupions, sur l'objet de notre mission. On voulait savoir si, en nous rendant en Amé'-ique, nous y étions conduits par un but polili(pie ; à tout ^An il fut ré- pondu catégoriquement l'I avec une bonne foi parfaite de '1 , tVi VOVAi.i: t>K h. OIÛV.A.NM MASTAI I t *, 1.1 part do cha.iirj rle nous... Les longues réponses n'étaient pas permises, er il nartt pns môme été prudent d'entrer dans do grands détails : un oui, un non. était tout co qu'il (■allait dire quand la chose était possible, et. en n'alité, c'était bien la réponse la plus sûre pour ne pas se com- promollr.'. Toutefois il ne nous avait pas été permis de de- meurer ensemble durant l'examen; mais le local était dis- posé de telle sorte, qu'on entendait les paroles adressées h chacun de nous, et que nous pûmes ainsi avoir la certi- tude, dès que la séance fut terminée, que nos réponses étaient conformes, ce .pii, en réalité, devait avoir lieu, puisqu'on n'avait dit que la vérité pure. » La séance ne se prolongea point, et les trois passagers de fEloisa se retirèrent pleins de joie. L'entrée de la ville ne leur était pas défendue; touteloi.s les magistrats de Palma, se croyant investis d'un pouvoir qu'ils n'avaient certaine- ment pas, fnvut tous les ellorts pou-- arrêter, 'isaient-ils, une mission si contraire à la souveraineté de leur gouver- ment : ils .nt que le saint-siége eût le droit d'envoyer dans l'Amérifiue .lu S(;d dôs secours spirituels réclamés de puis longtemps par les populations que 'i victoire avait éman- eipees. Ils allèrent plus loin : ils sommèrent les envoyés du Chili de venir rendre compte sur l'heure des motifs qui les dirigeaient, et de comparaître d.nant leur tribunal. J'eùt été se reconnaître sujets de Tl-spagne. Le docteur Gienfuegos et le V. RaymuiKlo Arce s'y refusèrent énergicpiement, et ils se refusèrent égaleiu-nt à quitter le brick. Cette persévérante fermeté eut tout le >uccès qu'on en pouvait attendre. L'évoque «le Palm, étant intervenu dans une négociation qui ni.'na(;ait d'éterniser le séjour d.' fEloisa en Europe, et le consul de B Al .lui iiD'iin s. i.i; l'Ai'i; l'ii; i\ Sanlaigne s'élant mè\é à l'aiïairo, la niission apostolifMio put bientôt reprendre la mer. Un arnH prolongé de trois jours, dans cotte tie si peu l'.ospitalière, avait eu lini forcément, et cependant la Médi- 'erranée n'était pas encore redevenue calme : le navire fi.t poussé de nouveau dans les eaux d'Ivii.a, puis forcé do ré- trograder. Ou lengea encore les côtes de la Catalogne, et, le vent continuant de fraîchir, on fut bientôt devant la côte accidentée rj! irde l'ancien royaume de Valence. Les Ita- liens et les descendants des Castillans unirent leurs souve- nirs: les vieilles légendes espagnoles qui, dans toutes les langues, on, ..Il le tour du monde, ne pouvaient manquer de revenir i'i la pensée des pieux voyageurs; ils saluèrent la terre du Gid. Ce splendide panorama continua à se ilérou- 1er; ils purent entrevoir la région enchantée d'où Isabelle chassa Boabdil; ils aperçurent Alalaga avec ses vignobles magnifiques, et bien d'autres villes parées encore de fleurs et (le lalmiers; mais enlin ils purent franchir le détroit, hors auquel ils se croyaient un peu trop promptem3nt à l'abri de toute mésaventure. Gibraltar leur était apparu du- rant la nuit, scintillant de mille feux, comme une grande ville illuminée. Ils passèrent la journée du 'iS non loin de cette immense forteresse, dans un lieu où ils furent admi- rablement accueillis, et ils entrèient dans le grand Océan. Le 27 novembre, après avoir passé la ligne, la mission apostolique eut un de ces douloureux spectacles si fré(iuents encore ;\ cette époque, ot qui, pour l'honneur de l'humanité, se renouvellent plus "rarement aujourd'hui. Le 8 décembre, dans la matinée, un calme plat arrêtait le navire; on cher- chait linéique distraction dans leteruelle pêche du rei[uin. 10 i -i = f 146 vii\ A.,r m: n. i,iii\ \.n\i mastai redite snmnnéc de tant de voya-ïcius. Vers \o soir, plusieurs passagers d.- rKloha et des officiais du bord crurent pou- voir r.ndir visite ,i un |)iiel< que l'aljseiice de vent arrêtait commo eux. Ou avait ciaiiil un moment, en se voyant suivi par lui, (jue ce ne lût un corsaire; mais son attitude pai- sible avait rassuré, (rétail un bâtiment tin voilier encombré de noirs qu'on dr.^tinait au nrésil et qu'on allait vendre à Rio. Complètement nus. ou nayaiit qu'un pagne léger qui leur couvrait les reins à peine, ces pauvres gens se trou- vaient lié> deux à deux, et une forte corde retenait en- semble plusieurs coujiles; mais ce qu'il y a de plus hor- rible M dire, le lien ne se relâchait point : tout le jour, ils étaient ainsi exi)osés à l'ardem du soleil; la nuit, liés encore, ils dormaient dans l'entre -pont, parqués comme un vil bétail. LKloim jeta l'ancre devant Buenos- Ayres le ?, janvier \S'l'i. On <'st forcé de débanpier dans cette ville de la façon la plus bizarre : on sv rend sur ces grands chars c^u'on appelle carretillai^, et doid les roues immenses vous cm- pôcaent d'être mouillés, les carrctiUos sont traînées par des mules; mais, ipielque sûr que puisse être le pied de ces animaux, les acciile-its ne sont pas imiio.ssibles. les ro- bustes marins ^^énois |)rêtèieut leurs é[iaules au.x membres de la mission, et c- tut ainsi (pi'ils débarquèrent sur les rives de l'Amérique, à deux heures du matin. Malgré cette- h-'ure avaiieee, |., mission apostolique trouva un peiq.le nombreux sur la live. Tout le momie se pressait autour i\v \| Miixi, ,|,. |). (ijnvaimi Masl.iï -l ,1e l'abbé Sallusti; c'élait à qui .saisirait la main du prélat p..ur |,i baiser. Aujouidliui .■iicoie plus ,|i,n vieillard, plus d'un AI .Mil ItIClll I s. I.i: l'M'K l'IK l\ 14- homme mùr, alors enfant, s-; rappelle le prêtre ignon- qui suivait larchevêquo, et dont le regard peignait raflcctueiise bonté. « Beaucoup d'enfants noirs précédaient, dit l'abbé Sallusti; beaucoup déjeunes gens marchaituit deux à deux, tenant des verres de lampion m l.t main le me rappelai alors l'entrée du divin Sauveur ;"i Jérusalem ... II y eut même dans cette foule plus d'un religieux vieillard qui, se rappelant les paroles de IKvangile, répétait en latin : lietw- didus qui voiit in nominc Dowiiii : hosamm iii altissi- mis. » Le K; janvier, on quitta la ville, où une réception splen- dide avait été faite à la mission. ()•! avait re(;u les visites du clergé; mais l'affluence des femmes (jui réclamaient la bénédiction du vicaire apostolique était si considérable, qu'on eut quelque peine à s'en dégager. Les membres de la mission remplissaient deux carrosses, de forme passable- ■ ment antique, tirés par quatre cbevaux. Outre les pieux missionnaires, quatre jeunes Chiliens qui accompagnaient le docteur Cienfuegos, et deux serviteurs, lu caiavane ne comp- tait pas moins de douze coches, et plus tard, lorsiju'on eut à redouter les sauvages dans les pampas, six gauchos duient être adjoints avec autant de chevaux, aux hommes condui- sant les relais. A Lugan ou Sautos lAuiares, un misérable raucho, où M=' Muzi avait passé la nuit, fut tout à coup paré do tentures de Damas par le curé du lieu. On y transporta un riche autel et six candélabres d'argent massif, .t la première mes.se du vicaire apostolique fut ainsi célébrée au sein de la pampa. Immédiatement après, D. rdovaiini Masiaï. i'al.bé Salliisti d le P. Raymondo Arce se rendirent à l'humble église du village. \ I! il 148 V(pv\(,i; m-: h. i,i('\ \nm \i\ ipje \r.iiiri;ii'iiii -. 1.1 : l'Ai'i; l'ii: i\ 149 l'on commenta à abaiidoniiep les rives majestueuses du Pa- rana, que l'on avait longtemps côtoyées. Candelarias, Orqueta, apparurent tour à tour. Ce fut dans ce dernier endroit que l'on vit le premier Indien pampa (lue l'on eût encore rencontré. On devait bientôt n'entendre que trop parler des gens de sa race. A vingt-quatre kilomètres de là, on atteignit une maison de poste désignée sous le nom sinistre de I ksmochados (les mutilés). Le nom conservé à c(jtte habitation solitaire rappelle un épouvantable événement. Quelques ajuiées auparavant, des Indiens cavaliers avaient surpris le maître de poste, environné de ses nombreux serviteurs, et les sauvages avaient, contre toute attente, laissé la vie à ces pauvres gens, mais pour se donner l'horrible joie do leur couper à tous lus pieds et les mains, et pour les abandonner dans cet état elTroyable. Habitué à de sanglantes incursions, Desmochados avait de plus récents souvenirs; dix jours auparavant le passage de D. Giovanni Mastaï et de M ' Muzi, une troupe de trois cents Indiens cavaliers s'était présentée devant la tour qui défend ce passage. Le brave maître de poste avait eu le temps de s'y renfermer, et, muni d'une carabine excellente, il avait tué à la troupe désordonnée un homme, puis mis hors de combat plusieurs guerriers (|ue leurs chevaux avaient emportés. Ces hommes farouches, comprenant l'impuissance de leurs armes, s'étaient retirés; mais le sang versé avait dû être racheté par le sang : un pauvre pasteur n'avait pu l'viter leur rencontre. Vingt coups de liince lui i valent donné la mort; puis ces im- placables sauvages l'avaient coupé par morceaiix. Ce qu'on ignorait alors, on le sut plus tard : pareil sort était réservé à chaque membre de la mission. Imparfaitement informés par leurs espions, les Indiens, comptant sur un butin cmi-idr '^i*-- 'I liit) vovAiii-: m: i.. cidv anm \\\<\\\ rable, s'étaient n.s.einblés en lulte pour piHei' 1. caravane; ii'^ ne s'étaient trompés (on .-n eut alors la certitude) que sur le moment précis du passage des étrangers. Le séjour de la mission à Buenos-Ayres favait certainement sauvé; mais, qu'il se prolongeât de deux semaines entières, la tragédie s'exécutait. Trois jours après le passage des vovageurs, les Indiens revinrent aux mêmes lioux, et vingt malheureux peons qu'ils rencontréient furent massacrés impitoyablement par eux; les maivhmdises qu'ils escortaient furent emportées; un seul de ces hommes, honiblement ble3:^é, se dressa du' milieu de ce monceau de morts, et raconta le combat. « Ce sont les l'uelclies, les Peh.ienches, les Ranquelis qui ensanglantent ainsi le désert, dit M. I-'erdinand Denis, dans son récit du voyage de D. Giovanni MastaJ, d'après l'abbé Sal- lusti; et ces guerriers .sont certainement plus redoutables que k's Indiens du Sud. Abrités sous des tentes de cuir qu'ils transportent en un clin d'œil dans les parties les plus reculées des pampas, ils vivent presque exclusivement de viande de cavale , et ne s'enrichissent que de rapines. Il Qu'on les appelle carrerias, comme cela a lieu au sein des États Argentins; qu'on les désigne sous le nom de malons, ains. que cela a lieu au Chili, ces incurdons de sauvages pil- lards sont toujours suivies d'horribles mêlées. Maniant sans peine leur forte lance, avec laquelle ils soulèvent un homme pour mieux jouir de son agonie, faisant tourner autour de leur tète l'arme antique de leurs aïeux, qui ne manqua jamais son but, ils clouent à la terre avec les butas .eux (pie la pique n'a pas frappés. Mais les jours de ces triomphes farouches sont sur le point de tinir; des postes de vétérans, toujours prêts à combattre ces barbares, se fondent chaque année; la civilisa- L- l'I H I (;•. i- AUjornD'iiri s. <. i.i: I'aim; v\k i\ i:i3 tion conquiert de jour en jour du terrain sur ces nomades : Urquiza ser" l'extcrmirateur do leur race, ou bien saura la pacifier. » Le 25 janvier, on célébra la messe h la Canada de Lucas, puis on se rendit tout d'une traite à Punta de Agua, où la route tourne de l'est au couchant. Sous ce délicieux climat, le pays prenait un aspect de plus en plus varié. Les nandous, les cerfs d'Amérique, les daims, les lièvres apparaissaient ensemble dans ces champs parés dr fleurs, s'arrêtaient un moment, surpris d'entendre des sons inaccoutumés; mais ils fuyaient au bruit du carrosse, comme si le vent les eût em- portés. L'araucaria, à l'aspect si régulier, qu'on le prendrait parfois pour un arbre de nos grands jardins, se montrait de tous les côtés. Nous ne dirons rien ici des lieux divers que parcourut la caravane; presque toujours elle rencontra des fortunes bien diverses, quoique l'accueil i'ùt toujours favorable. A la poste du Tambo, par exemple, les voyageurs eurent un bon souper; mais il leur fallut se coucher sur la terre nue, à la belle étoile; au torrent de BarraHgu/sa, l'abbé Sallusti examina des sables aurifères; à Cotdoba, capitale d'une province entière, bâtie un peu tristement entre deux montagnes, on fut touché et édifié à la fois de la piété du clergé; à San-Joze-del-Moro , on rencontra un hôtelier, honnête homme, qu'on supplia de re- faire ses comptes, tant on le trouva désintéressé. A quarante - huit kilomètres de là, à la porte del Rio-Quinto, on apprit la triste nouvelle du désastreux accident arrivé au docteur Cien- fuegos; dès lors on se dirigea vers une très-petite capitale de province, qui, chose étrange dans ces contrées lointaines, rappelle une des gloires de la France; San-Luiz de la Punla ^' i \ If 1 ; 164 VoVAiil-; [)\: II. CloVAWI \1\1 A Catilas, los choses so passèrent d'une laçoii bien diiré- renle : les fruits délicieux d'Europe abondaient, et ce fut lA, d'ailleurs, que los Andes, couvertes de leurs neiges éternelles, se montrèrent aux voyageurs dans leur indicible beauté. Ce jour-là, tout entier réservé à une pieuse admiration, fut comme une entrée magr .que à la suite des jours de repos et d'allé- gresse qui allaient se succéder. Après qu'on eut dépassé Re- tamo avec sa petite église, et que la messe y eut été célébrée; après qu'on eut entrevu Itodco de un meilio, où l'on traversa à jîué le Tunuyan, une autre rivière et deux torrents, la ville de Mendoza apparut, et toutes les misères du voyage furent pour un moment oubliées. Cette ville charmante, qui laisse de si aimables souvenirs à ceux qui l'ont parcourue, avait revêtu sa livrée de fête pour recevoir la mission. Des dames en grande parure attendaient le vicaire apostoliqui' ; des arcs de triomphe de feuillage et de tleurs avaient été dressés, et ce fut aux acclamations de la population entière que M" Muzi et D. Giovainii Mastaï se ren- dirent à l'habitation de dona Emmaiiuela Corbalan, où les attendait le docteur Cienfuegos, et chez qui tout avait été pré- paré pour les recevoir magnifiquement. De splendides solennités religieuses qui so succédèrent, des fêtes nombreuses données en l'honneur du vicaire aposto- lique, retinrent la mission durant neuf jours à Mendoza. Ce moment de repos était une halte dans le voyage : ce n'était pas sa fin. Il fallait franchir la barrière formidable qui sépare deux régions également favorisées du Ciel : le passage des Andes ne peut jamais être sans danger. Le 24 février, on partit de Mendoza. En quelques heures on eut parcouru à cheval les soixante kilomètres qui séparent la riante cité de [ IM VnVAiiK OK II. (.l-iVANM MVS|,\| la montatr,,.. ,lu Pa.a„.illo. (»„ se trouva alors en pleine Cor- dillére. Le pampa a «es tristesses monotones et ses misères; le che- min c les nutureU. — Victoire des Anglais — Retour à Calculta. — Uahitations, nia^ui», coutumes et langage des Andaman' - Notions historiques. — Commerce d'oiseaux de paradis. Les Ândaman sont compris entre KK» 32' de latitude sud et l3o 40' de latitude nord. LJIe la plus considérable, qu'on dé- signe sous le nom de Grand -Andaman, peut -ivoir environ cent quarante milles anglais de longueur. Sa largeur est de vingt milles. Comme toutes les autres îles de Tlnde, le.^ tles Andaman sont couvertes d'une vcg...t»iion luxuriante. On y distingue, entre autres espèces de bois précieux, l'ébène, le /iterocarptis dahlhcrgioides ou bois rouge; des bambous et des rotins de diverses espèces donnent une singulière élé- gance aux forêts qui parent la côte. Ces bois, néanmoins, ne renferment qu'un petit nombre d'oiseaux à plumage éclatant, parmi lesquels on distingue un ramier d'une beauté remarquable; mais, à l'exception du sanglier et peut-être du cerf, il y a, pour ainsi dire, absence absolue de quadrupèdes. Ce qui aux yeux des Chinois pour- ii I \< ir.f) Vn^ ACi: h-INK C! i\|\||->|i ,\ \N(,|.a|sI-: lait romlre los Andamaii un -roui.c précieux peur lo com- merce, c'est l-;.i,oi..l,uic.> (!.■ la jolie salangane, (lui multiplie son vol gracieux aulour .les roches dont la rive est cou- verte, et qui construit dans les cavernes, avec une muco- sité, ces fameux nils d'nirondelles réservés, dans le Céleste Empire, à la table du riche. Le 23 novembre 1857, une expédition semi-scicnMfique, semi- militaire, partit de Calcutta sur le steamer /,• Pluto, dans lo but d'explorer les îles Andaman. et de f\xire choix d'une de ces îles pour y déposer ceux des révoltés auxquels le gouvernement de la compagnie, qui navait pas encore cédé ses droits ,'. la reine d'Angleterre, voulait faire grâce. La commission était présidée par le docteur F. .1. Mouat, savant médecin attaché à l'armée du li.'ugale. Il s'était fait accompagner par un Français, M. Mallitte, jeune et savant cliimi.-,te et habile photographe. Dès le 11 déceMd)re, l'expédition entrait dans le port des îles An-i.amau. Une première reconnaissance du pays eut lieu sans aucune opposition .le la pari des indigènes; mais le ^ décembre, alors .lu'on allait doubler l'extrémité de la grande île, et que le IHutu se trouvait entre un îlot .-t la terre, dans un bras de mer .jui n'avaii guère plus de largeur que li Seine, les Andamans, armés en gueire, se montrèrent dans leur canot et se dirigéi, .t vers le bateau à vapeur. (»n résolut d'accepter le combat. Le docteur .Mouat, mont;mt .lans I.- pn- micr canot, se fit suivie du docteui' l'iayfer et .lu l'' i 'enant fleadcote, auN.piels >'adjoignit M. (». Mallitte; douze ' .mmes iuen arm.'s i.i..ntai.Mit (gaiement l'.'iubarcation. Dans le se- cond canot venaienl M. Toligrave, midshipman de la flotte des Indes, le .hi.ingien du l'ialo, A huit autres Européens. Les 1 • i. ■MX 1LI> ANU.WIA.N \iA mouvements des blancs n'échappèrent pas aux naturels. En- tassés dans sept pirogues, ils se dirigèrent, en employant lu pagaye seulement, do Southreef Island vers Interview Island. Les Anglais n'hésitèrent pas : ils cachèrent soi'ïneusemont le;irs ;"mes, mais ils se dirigèrent du cOté des sauvages. Ou avait fait provision de force bagat^^lles poui' les leur offrir en cadeau ; et les mouchoirs des Européens s'agitaient en signe d'amitié, lorsque, malgré ces démonstrations, les Andamans nrirent de plus en plus une attitude hostile; une grêle de tlècnes commença à pleuvoir sur les embarcations montées par les Anglais. Ceux-ci se virent alors contraints de faire usage de leurs armes; dans ce conflit regrettable, plusieurs sauvages furent tués ou blesr.és, et l'un des guerriers agres- seurs tomba au pouvoir des Européens. Ce combat inégal devait être cependant funeste à quelques personnes do l'expé- dition : un des officiers anglais reçut une flèche, un matelot fut Messe, et M. Maillitte fut atte-nt, durant l'engagement, d'une balle égarée qui lui causa une blessure assez sérieuse, mais ne l'empêcha pas de reprendre bicîiitot ses utiles fonc- tions. Du reste, la lutte fut de courte urée; les Andamans se rc- lirèret.t, et les Anglais purent ontinuei leiu' route. Après s'être assurés de leur prisonnier, ils retounièrenl innnédia- tement à Calcutta. « Les habitations des Andatnaus, dit M. Fei'dinand Denis, dans un travail cpii fail partie du i'uio- du niotulc, sur les îles Andaman, d'après les indications de M. U. Maillitle, ap- partiennent à la l'orme la plus rudimentaire. Huatro poteaux couverts d'un toit de feuille's de palmier ''ont tous les frais de ces constructions primitives, qui ne peuvent être accep- II m M fl' i , p i li 41 II '{ >} L iii' vnv,\(,i-: iriM-: i:iim\iis~iu\ \\i,i.\h tées comme abri que sous ces doux climats. Ces huttes, en effet, sont ouvertes à tous les vents; elles sont ornées à l'intérieur, si Ion peut se sei.ir d'un terme pareil, d'os de cochons, de carapaces de tortues, et de grands poissons liés en forme de grappes. On y cherche inutilement quelques in- dices de la prétendue anthropophagie des habitants. Toutes les perquisitions que l'on fit sur ce point furent heureusement inutiles, et nul ossement humain ne vint témoigner d'une coutume horrible, trop souvent reprochée aux noirs océa- niens. » Les Andamans appartiennent, en elVet, ;i cette race noire que l'on désigne sous les noms divers de Papouas, d'Afourous, d'Andamènes, d'Actas ou de Negritos; ils sont même d'un noir très -foncé. Rarement leui' taille excède cinq pieds; ils ont la tête large et enfoncée dans les épaules; leur chevelure est lanugineuse comme celle des noirs africains; chez un grand nombre d'individus le ventre est piotubérant, et les membres inférieurs sont grêles. Ils vont dans une nudité absolue, à moins qu'on ne veuille considérer comme une sorte de vête- ment la couche dccre jaune ou d'argile dont ils se couvrent le corps, et qui a au moins l'avantage de les protéger contre la piqûre des insectes. Ils réservent l'ocre rouge que leur fournit leur terre pour en saupoudrer leur chevelure et pour en peindre leur visage. Selon les derniers calculs, la popula- tion totale des Andamans ne s'élèverait pas à plus de tieux mille cimi cents individus. " :■. I. exploration à main armée que l'on lit de quelques habitations d'Andainans répandues sur les riva!.^es de la grande île, d(.nna sur ces p,.upl.'s des rens.'ignenients ethno- graphiques d(»nt on était ju>qu'à cejotu' à peu près dépourvu. AUX lLi:s ANDAMAN 163 On acquit, par exemple, la certitude que leuis armes de {guerre et de chasse étaient fabriquées avec une habileté rare. Les arcs des Andamans, qui oiïrent la plus forte résistance, sont fait;. d"une sorte de bois de fer, et alTectent la forme la plus gra- cieuse; les flèches, (lu'ils décochent avec habileté, ont quatre l»ieds de longueur, et présentent trois variétés : fabriquées en bois très-dur, elles sont toutes armées de pointes très-lines ; il y en a de simples et de barbelées, et la plus compliquée de ces trois espèces présente une sorte de harpon à pointe mo- bile, dont on se sert sans doute à la pèche. Les pagayes, que les Andamans manient avec prestesse, sont courtes et mar- quées d'ocre rouge; la hache, avec laquelle ils creusent leurs embarcations, est un assez grossier instrument : elle consiste en une sorte de patte arrondie, fabriquée avec une pierre dure et tranchante, liée à un manche par une forte corde de fibres végétales. « Les Andamans ne sont cependant pas un peuple agricole, c'est un peuple ichthyophage dans l'étendue du mot, comme le dit avec raison Adrien Balbi. Les mers qui baignent leurs îles sont heureusement abondantes en excellent::; poissons : les soles, les nmlets, les huîtres forment leur principale res- source alimentaire. Mais parfois, durant les gros temps, le poisson vient à manquer, et alors ils s'arrangent sans dégoût des lézards, des rats et des souri, qui pullulent dans leurs bois. Un peu plus d'industrie leur ferait trouver, dit- on, dans leurs forêts une nourriture végétale abondante. 0 ... Vu grand mystère de la science ethnographique se lie pour MOUS à l'existence île cette race océanienne, qui, en conservant tous les caractères de la race africaine, se fait voir aux portes de l'Inde et se pro[tage, en se modiliant, à Bornéo, i ^■1 il h il ;s1: ': l 1 '4 il i! Di'l V0V.\(.l-: \n\E COMMIS-IO.N W'.LAISE H Madagascar, aux l'hilippines, à la Nouvelle-Guinro, et dans tant d'autn-s îles du grand Océan que les géographes nonune- ront sans hésiter. Presque partout vaincue, cette race déshé- ritée, jadis nombreuse plutôt qu'elle ne fut puissante, sallie insensiblement à la race victorieuse, et donne naissance à des métis que la science de l'anthropologie ne sait encore comment caractériser. « Ces noirs asiatiques, ces Papouas, si on laime mieux, au nombre des plus laids des hommes, mais parfois aussi' des chas.seurs les plus industrieux, sont aujourd'hui les pourvoyeurs du monde élégant de Paris et de Londres, pour un genre de parure que nos dames reprennent toujours à d'assez courts intervalles; ce sont eux .jui envoient à nos magasins de plumes ces merveilleux ois.-aux de paradis, dont la variété étonne autant que la vivacité de leurs cou- leurs charme les yeux. Ce fut surtout en 1823, lorsque la corvette la Coquille aborda à la Nouvelle -Guinée, que les noirs habitants de ces régions comprirent quels trésors re- celaient, pour les blancs qui les visitaient, leurs forêts sé- culaires. Des milliers d'oiseaux de paradis tombèrent soua leurs coups pour être olferts aux étrangers, qui, pour unique lécompense, leur donnèrent sans regrets, on le sui.pose, les plaques de fer-blanc dont se composaient leurs boîtes d'his- toire naturelle, et même certains objets d'un usage encore plus vulgaire. Nous n'avons jamais pu oublier avec «luelle bonhomie le savant et spirituel Lesson nous racontait com- bien il se trouva heureux le jour où ii imagina de tenter l'a- vidilé des Papouas, en leur pmdiguant cette monnaie peu coùt-nise. Malb^ureuse.nent les matelots et les mousses de la Coquille surprirent ,, secret économique, et surent aussi se Al.X II.F.S ANDWIAN It» procurei' les plus beaux oiseaux de paradis. On se mit à fourbir d« toutes parts les plus vulgaires ustensiles do cui- sine; pourvu qu'ils fussent quelque peu luisants, et que l'on pût les courber en bracelets , les noirs sauvages s'en accom- modaient. Durant quelques semaines, on obtint ainsi les plus beaux paradisiers connus. Mais, hélas! le fer -blanc perdit son éclat, et dès qu'il se fut terni, les profits de ce beau com- merce s'évanouirent. Los Papouas exigèrent des ustensiles d'argent, et plus tard ils demandèrent fort bien des piastres, iloiil ils fniirent par connaître ou ne peut mieux l'empreinte, les deux colonnes ot la même fameuse devise. Ce n'était pas tou- tefois pour trafiquer dans leurs sombres forêts qu'ils les accu- mulaient, c'était pour les fondre et en fabriquer de grossiers bracelets, à demi ouverts, dont leurs tristes compagnes, abru- ties par les exigences de la vie sauvage, se montrent tout aussi f'ères que nos beautés aristocratiques se montrent heureuses de posséder un oiseau de paradis. « Il faut appartenir à cette race agile, il faut être fami- lier avec les bruits légers qui se multiplient et se confon- dent dans les sombres forêts de Dorery, pour se procurer les oiseaux (ie parailis, qui perchent souvent à l'extrémité d'arbn.'S gigantesques et que la flèche doit frapper sans les endommager. Ces noirs chasseurs, la tète couverte de pous- sière d'ocre unie à de la graisse, ce qui leur fait à peu de frais, on le voit, une excellente casquette de chasse, parfois les épaules revêtues de belles feuilles satinées du pandanus que leurs femmes tressent en nattes, s'en vont, ;\ la tom- bée du jour, dans leius humides forêts, armés de leur an; élastique en beau bois rouge, et de petites flèches fort aiguës fatiriqué(^s avec le spadice tles palmiers. Le lieu où ils se < i: i . Kiti vovAci: msK commission anoi.msi: I I } rendent en silence est vraime.it digne, par sa splendeur, des oiseaux magnifiques qu'ils y viennent chercher. « La végé- « talion la plus active couvre ce point du globe, dit Lesson, « elle est ce qu'on doit en attendre sous l'équateur..., cest- « à-dire grande, majestueuse et imposante. La surface du « sol ne présente qu'une forêt sans lin, où la plupart des « végétaux des Moluques se retrouvent, et dont les arbres , « immenses par la circonférence de leurs troncs, ont jusqu'à « cent cinquante pieds d'élévation. Dans ces profondes fo- « rets, ne croissent point d'herbes humides : les plantes y « revêtent de préférence des formes robustes et ligneuses; « les lianes serpentent et s'entrelacent jusqu'au sommet des « rameaux, et retombent en unissant leur verdure à celle « des grands arbres qui les supportent. La fécondité d'une « terre sans cesse humectée ,)ar dabondantos vapeurs et par >; des pluies de six mois, vivifiée par des chaleurs d'autant <- plus fortes que le soleil ne s'en éloigne jamais, est pro- « digieuse; aussi le voyageur éprouve- t-il un étonnement " qui n'a rien d'analogue avec celui qu'imprime dans l'âme « la vue des magniliques monuments des hommes, et ne « peut -il se lasser d'admirer ces forêts vierges, mélangées " des teintes vertes les plus diverses, sur lesquelles tran- « chent les fleurs les plus larges et les plus bizarres, les <' fruits les plus singuliers, et ce mélange d'arbr.'s ou de « palmiers soutenant des parures étrangères, au point que « leur feuillage disparaît sous les festons qui les voilent de « la manière la plus agreste et la plus splendide. A des « mimeuses gigantesques se joignent des dioïdcs à larges « ouilles, des orchidées, et surtout des épidendrcs parasites. « Des ,ircs à choux, des bambous, des fougères en arbre, des AI X ILI> \MJAM\\ 1ti7 « liitaniers, dus tecks, des muscadiers, des spondias, sont « les espèces les plus communes dans ces forêts. » a Sous ces voûtes magnifiques, l'astucieux Papoua ne se contente pas do guetter on silence le calao, à plumage noir et à queue blaucho, dont le vol imite, à s'y méprendre, le souffle précurseur do l'ouragan; le cacatoès à huppe jaune, le lori il la voix babillardo et au plumage vermeil, le cas- sican, qui rivalise par son éclat avec los plus beaux oiseaux; il les attire et sait merveilleusement imiter leur cri. Arrivé sous un teck, il est à peu près sûr d'y faire venir le bril- lant manucode qu'il nomme taija. Mais ce magnifique oiseau n'est pas le seul hôte qui fasse son séjour sur le bel arbre; son congénère, que recherchent surtout les dames euro- péennes . se nourrit des mêmes fruits que lui. « Les oiseaux « de paradis, petites émeraudes, volent avec grAce et par « ondulations; les plumes des flancs retombent négligem- « ment pour former un panache gracieux et aérien, qui brille « dans l'air comme une étoile filante. » « Pas plus que les chasseurs des autres régions du globe, le Papoua ne se laisse séduire par la contemplation de cet oiseau charmant: la flèche part, le niumbé-forc tombe sur un lit de verdure; le sauvage s'en empare, le place ifabord dans le creux d"un bambou, et plus tard sèche sa peau avec soin pour eu faire un objet d'échange. C'est cependant privée d'une partie de son éclat qu'où la reçoit ici, et, d'ail- leurs, les plus belles de ces dépouilles sont encore destinées aux rajahs malais et aux princes musulmans de finde, qui de tout temps en ont orné la coilTure qu'ils portent dans les grandes solennités. Le paradisuica apoda, avec ses reflets verts, le tiianucoile, le niugtnliqiic, le paradisier rowji' sont. \l I Id.s 11, il V'iV\M-; D'i M.; ,:,,\|\||s-|nN \Ni ,|. \ |-.|.; dans cetU, famille, les oiseaux précieux que ren.OMtront plus fréquemment les Papouas et les Alfourous-Andamènes, leurs sauvages voisins, avec lesquels ils sont perpétuelle- ment en guerre. Nous venons de prononcer le nom dune race misérable, qui, plus que les Papouas encore, a de l'a- nalogie avec nos Andamans, dont ils sont séparés par un espace assez considérable. Mais cette analogie de nom n'est pas le produit d'un pur hasard; et, lorsqu'il parle des noirs océaniens, dont on compte une si grande variété, Lesson a .soin d'indiquer les chroniques de Malacca comme étant !;• source primitive où l'o,, p.-ut étudier leur histoire. . !ll{ VoV.M.F. M", t lltcrMNWldMlilV m CAIMTMNT, Wl M.Kl'.STdRl" IMITAIR (isr)7-isr,M) lîiil il» voyage. — D.'|iait ili» Tiifsl.>. — Hi-l'iche à Hio-clo-.Iaiiciio. — Saint-Panl. — C.i.ybn. -- Li's îl>'s Nholiav. — Mci'nis, Wl-s et usages îles Nicobariens. — Mouillage devant l'île île Poiiln-Milou. l,e canal Saint-Oeorge. — Sin^apore. — lielJchfi l'i Halavia. I.e négie Acoiiasie Hoarlii. — Un artiste indigène. — La mnnUgne dans Ls nuaj.'es. — Le l'ondjak-Pani.'eians;o. — Fite donnée par le légent de la province deTiangoM-. — Les îles Philippines. — Manille. — La lacune de Hay. — La I lujunii F.r.cantatln. — Les Tagals. — Uentrée A Tnesle. L'exploration de l;i fiéiiate la .Sovara avait pour but prin- cipal (lo fournir miix jeunes otticiers de la marine autri- chienne loccasion de se familiariser avec la navigption des diiïérentes mers, d'arborer II' pavillon impérial dans des lieux où il n'avait pas encore été vu, et de donner aux professeurs de sciences naturelles le moyen d'acquérir des connaissances plus étendues et plus variées. La direction en clief de l'expédition avait été coniiée au capitaine de vaisseau WuUerstorf l'itiir, marin érudit et habile. La frégate était commandée par le i apitaine baron de Pock, qui avait sous if H I! 170 vuva(;es i:r HKcrjuvEiiiRs ses ordres un éfal-mnjor d'une trenlain,. domciers, y com- pi is trois médecins et un aumônier. j'.en que nous n'ayons pas encore en France la relation officelle, nous pouvons do.u.er dès aujourd'hui quelques dé- tails sur le voyage de la Novura, en faisant, après le Tour du monde, quelques e.nprunts aux publications périodiques alle- mandes et à !a .nn-espoud.u.ce .l'ofliciers ou de savants atta- ches a l'expédition, notamment aux lettres du docteur Scher- ger. naturaliste, chargé des études ethnographiques La frégate partU de Trieste le 30 avril 1857. Elle relUha d'abord à Rio-de-Janeiro, ensuite au cap de Bonne-Espé- rance; et, après avoir jeté l'ancre devant les deux lies volca- niques de Saint- Paul et d'Amsterdam, elle se dirigea sur Ceylan. « Le bouddhisme, qui semble reculer devant l'islam dans l'Inde et les Iles de la Sonde, dit la relation, est en pleine prospérité à Ceyian. C.-tte île est le ce.dre religieux des ado- rateurs de Cakya-Mou.ii; aussi les temples et les chapelles s'y comptent- ils par milliers. Les prêtres cingalais joui.ssent d'une assez grande autorité, à la fois religieuse et politique Ils s'obstinent à affecter l'ignorance du moindre mot an- glais; c'est une manière de protester contre les hérétiques conquérants de l'île sainte. Ils sont d'ailleurs fort polis ave,- les Européens, et préoccupés uniquement, en apparence, de leurs fonctions religieuses. « A peine débarqués, nous nous mîmes en route pour le grand temple de Dadalla-Panzela, dans le voisinage ,Ip dalles. C'est là que ré.side le grand prêtre de Ceyian, entouré •1 nn conseil d'hamadourous. Nous eûmes l'honneur de lui être présentés. C'était un vieillard de soixan.e-dix ans dé- |P! \ ,1 I u ||i:yt»i»-f-4T|!i,,|,j-:-,„ Il ! IMTIAIM-; Wl l.l.i;il>l-ans manches, de javelots et de longs bâtons : licid fricHils:' goud frlends:' (êtes -vous des amis?) nous demandaient-ils. « Bassurés sur nos bonnes intentions, leurs chefs, qui s'intitulaient capitaines et s'ornaient de noms européens, capitaine Nelson, capitaine Byron, . ..fjitaine Wellington. 174 \nV\GE> El HKiMJl VliUTKS docteur Criip t autres, reniin-nt leurs armes à des sui- vants, et II. js tendirent i-ne main huileuse et malpropre, (lue nous nous liAtAmes diccepter. Chacun d'eux produisit alors quelque certificat à lui délivré par un capitaine de pas- sage, attestant sa loyauté dans le commerce des noix de cocc. Plusieurs de ces certificats contenaient certaines pres- criptions d"un code de civilité puérile et honnête, à l'usage des matelots nouveaux venus. a La plupart de ces ceiljficats portaient les prix courants, en noix de cocos, des principaux objets importés d'Europe. Ainsi, une lame de sahre se paie trois ce-its noix, autant qu'un sac de riz; une cuiller à soupe cent ciiwpiante, et un fichu cent noix. Chaipie guenille a son piix. Le pain, les ou- tils, les vareuses louges, le poivre et divers médicaments, entre autres lliuile de ricin, le camphre et le sel de magné- sie, sont des objets fort recherchés, mais non pas autant que les habits et les cluipe.iux de l'eutrc. Il n'est pas d'habit en loques qui ne se vende ilenthousiasme; les feutres les plus piteux sont ])ayés deux mille cimi cents noix, autant (pi'iin fusil double, qu'une l)arri(jue de rhum, ou (pi'ime pièce de calicot longue de vingt mèti'es (il; se servent de calicot [lour ensevelir leu.s morts). Ceùainement, le spéculateur qui enverrait aux îles Nicobar une cargaison de vieux feu- tres réaliseiaii un bénéfic • considérabi ■. On suppose qu'en voyaid des capitaines mu:.is de ce chapeau les insulaiies • iiif imaginé .pi'd était l'insigne de leur gr.ule. coiume la courniui" crllc de la inyaulé, d qur Ir lénln' f.u>ait I.' ca- pitaine, l-r capitaine I»in(iii ni.- remit le ceitilual suivant, dont il ne tirait pas j)eu de vanité : « Malg>'é sou air crasseux, lir liKcolJVKIMK ■i. * éch . ., ils célèbrent une autre léte par um- course assez grotwque. I)e> porcs sauvages sont lancés dans une arène: les jeuu ^ens du pays s"y préci- pitent a leur suite, armés de bàlons et de lances, en criant et [•î 1,, lid h i i H Il i^ ■i, 1 i , ! -F fi fit 178 VnVAGES 1:1 liKcorviiHTKS faisant vacarme; puis, sous les regards de leurs rivaux et du peupl.' asseml.lé, ils piquent et houspillent les malheureux pores, (jui se défendent assez bravement et font plus d'une blessure, mais qui, .-.près une lutte intrépide, succombent, sont grillés et mangés. « A leur fêle des morts, les Nicobariens exhument les corps de leurs parents et de leurs amis qui ont passé une année sous terre, les portent dans une cabane, et saccrou- pissenl autour d'eux en criant, sanglotant et se lamentant. Entre les mâchoires de chaque squelette brûle un cigare dont 1,1 fumée est sans doute limage du souffle humain-^Les crânes sont ensuite enterrés dans le cimetière ou koniou- koupa ; mais les ossements sont jetés dans la forêt, et de pré- férence dans la mer. Serait-ce qu'ils considèrent comme nous la tête comme le siège de l'intelligence .t de la personnalité? Kt croient-ils devoir ren.hv à la terre ou à la grande mer les éléments de la vie simplement végétale ou animale? En même temps ou abat quelques cocotiers, qu'on jette avec les ca- davres, et r..n di>pose à tous les vents Jes noix de coco, qui devront donner naissance à de nouveaux cocotiers. Les In- diens, lus (iennains impi-!aient aussi sur la tond)e de leurs nioit- des chevaux ou des buftles pour leur servir de cour- Mers ..u de nnuiiiture dan> l'autre monde. Serait-ce dans la n.éiiie intri,ti,.ii qu'aux îles Nicobar on leur immole des palmiers'.'... «> Les naturels de Car-Xicobar .lanseï:!, , ,is tristement; ils chant-^nt, c'est-à-dire se lamentent en nm.sique. „ l.a .Xomrn quilt:, <:,„-Xi,ob.,r !,> 2S février, .'t aborda, I" '■' ".ars, au poi t de Mancaouri. ,. N„us visitâmes d'abord l' village d'Itoe, dit 'a relation : to.e. le habitants étaient i I !(*, A J i î ;,\i'ir\iM; \vi i.i.i.iKi'oui riiiAiii 18» en fuite; ils n'avaient laissé derrière eux que (juelques chiens hurlants. Devant les huttes, nous vîmes beaucoup de pieux dressés au-dessus de l'eau, où étaient attachés (luelques branchages pour éloigner les mauviiis esprits. A l'inté- rieur, nous remarquâmes ;iux toits, aux i)rnnis, une mul- titude de figurines dr- bois grossièrement, bizarrement et diversement taillé, représentant des Twis, c'est-à-dire d-- méchants esprits, pen(bis pur la patte, ainsi que jadis ou dressait aux portes de nos villes des gibets et des potences pour décourager les malfaiteurs. Cependant, afin de prendre aussi ces Iwis par de bons procédés, on attache à leur inten- tion, aux dilTérents endroits de la hutte, et surtout à l'é- cheile de bambou, des comestibles et quelques douceurs, par exemple du tabac et des feuilles de bétel. Le cimetière d'Itoe, de même que celui de CaMourta, où nous nous rendîmes ensuite, est planté de pieux auxquels on suspend les haches, limes, couteaux et divers instruments du défunt. Au sommet des pieux on cloue quelques ligures bien grossières, peintur- lurées en noir ou en rouge, dont le ventre est garni do nom- breux rubans blancs, rouges, bleu^. de toutes les couleurs, ou phis simplement de longues feuilles de palmier flottant au souftle de l'air, toujours pour elîrayer les mauvais esprits, tt Malgré la proximité de leurs îles, les habitants de Car- Nicobar, d'Knuang et de Malaeca ne parlent pas la même langue; ils donnent aux objets les plus usuels des noms com- plètement dilïérents. l'eut-ètre f.iut-il attribuer à la dilïor- mité de leur bouche rmiperl'e.lien .!.• lein- langage, qui e>t plutôt bégayé (pie prononcé. >.• Le 17 mars, la Xovaru jeta l'ancre devant l.i petite île d.' l'onlo-Milou. « Avec la plus grande diflieulti'. ''.■rit riii<- 'W^\ IVI ' II, ' 1 •1 â ¥ Iti iiit- il IXJ \nv\c,i> HT niiiM vi:i{Ti:- toriopLipl,,. ,|e |-..xi)é.liti..n, cl en i.rn(lin„a„f lonucup ,1.. tabac, ,lo v.,roterio et de mauvais couteaux, j,- déteiminai trois naturels à me vendre un squelette. Tout tremblants, ils me conduisirent sous ucs palmiers et des baringtoniers' où était enfoui le cadavre d'un jeune homme; mais dès qu'ils me virent fouiller la terre avec un couteau, ils s'en- fuirent pAles et consternrs. I.,. eràne. p,.n.ai..nl-ils. allait se venger de leur trahison. ^. L'expédition traversa , l,- I7 mars, I.. canal Saint-. ieorg..s. longeant Hle Mousial. -1, le l-ndemain, elle toucha à la charmnr.te p,.tif.. îl, de Cordoue, où elle a.lmira des lurèt> imposantes et une végétation splendide. « Nous trouvâmes, dit le narrate.u'. des naturels qui se prêtèrent compl,u.su.u,>..nt à se laisser pes.M- .4 tois.M-, opé- ratiui, qni , iw durant pas moins de vingt minutes, et ne com- portant pas moins de soixante-huit mesures par individu, est as>e/. fatigante pour le patient et pour lopératem-. « Je prétextai une .louleur rhumatismale au bras gau.lie. et j'engageai un docteur indigène à entreprendre nia gué- rison. Aussitôt il se saisit de mon bras prétendu malade", |,. pinça, le pressa, le compriuia, le massa de toutes farons, et souffla dessus, en criant rt sautant, pour forcer ]o mauvais esprit qui hantait mon bras ;, en >ortir: enfin il lit un gesie .-xpressif pour 1. forcer à .ouh'r , ,\ peu jusquV. l'extrémité des doigts; mais, fort peu assuré lui-même ,1e la vertu d.- so,, p.-orédé, il s-^nfuit A foutes jambes dè^ qu.. Je lui eus jeté une piè,-,. ,],- rhu] s;. us. „ Arrivés à Singapn,,.. la tnud.MaM. Ah-Nai, lii- '. !.. raoifain,' • Sine,,...,,,., M, Sin,.|„„M . ..„„,. 1., ,,M.- S..|:. ,1,. M,i;„v;, ,., Cil.. ,|,. S,,,,,:, iili.i '■3 ■''4 ■ -^ t ^^^B 1 Jt (T. 1< lï^l j' 14 'T^^^ÊÊ I ,'l i • ■ 1 i S ! :- I il* ■1 f r.AI'lTMM. \vn.l.i;H<|nHl I liTMII 185 et 8PS compapiions visiteront la rolonif iiônitmliaire, où se trouvaient plus dt" (l«ux mill»; foi^-ats. hommes ol femmes, iléportr-s do tous les points de l'Inde anglaise. On les oc- cupe à dt's travaux de hâtinu nt, ou à la fabrication de cAbles et de tissaftes divers. Ce sont imix qui ont construit tous les, édilices publics de Sin^apore, églises, ca.-iernes, liApitnux, bourse, dépAt de mendicité. Les prisonniers qui, pendant une captivité de seize aimées, sh sont conduits de manière à con- tenter les ^'eiMiers et les chapelains, reçoivent un billet de coupé, qui leur percnet de séjourner dans l'île ttt de vaquer à leurs atVaires, sous la seule condition de se présenter une fois par mois à la geôl»'. « Pour mon édilication d'ethnologue, dit M. Scherger, on eut l'oblif-eance de faire défiler devant nioi, rangés par natio- nalité, une foule de ces malheureux; et ce fut avec le plus vif intérêt qce je passai m revue tous ces corps musculeux et ces figui-es énergiques de Chinois, Malabariens, Hindous, lascars et métis. Dans liiilérieur dt^ la prison, ils sont réparti • par catégories de crimes, on traverse ainsi i:i division de' voleurs, les salles des meurtriers, les dortoirs des pirates, etc.; distribution tort cinieuse poiu' un phrénologue. M. le gouver- neur el M. le ge(Mier sont des lonelioiinaires européens nom- més directement par le goiiveruenieut; mais la presque totalité des agents sut)alternes sont «les t'or«;ats promus ;mx grades d'argousins et de surveillants. Dans cette vi?ite, nécessaire- ment superlicielle, le bagne de Singapore m'apparut comme une cité dont les conditions hygiéniques sont excellentes, où vil une population active, énergi(pie et industrieuse, soumise A (les habitudes «l'ordre et de régularité, a«lministrée par un gi)uverneni«'nt très-t'oit el liès-respecté... Il i If ,1 si ,1 IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) // < V ^ ^ Q>. y. % ^ 1.0 i.l 1.25 '^l^ IlillM Uâ Ki 112,2 !t i:£ mil 2.0 U y 1.6 6" "/ <$> ^ # A ^. # r ^ .V %. /À / / 'O/ Photographie Sciences Corporation 23 WEST MAIN STREET WEBSTER, N. Y 14SS0 (716) 873-4S03 ^ A^ ^^ « « S '^ <> ^ 3 IK'J VOYAGES ET DÉCOLVER TES Une année après quo la Novara avait quitté Trieste, lo 5 mai, elle entrait dans le port de Batavia. Voici la descrip- tion que fait M. le capitaine W. Urtair de cette capitale de l'île de Java : 'est converti au christianisme. Son frère voulut retourner à la côte d'Or, où il espérait intro- duire quelque civilisation : il y fut assassiné comme coupable de tendances révolutionnaires: les livres qu'il avait apportés I f I^,s VOYAilEs KV r)|>.:M|-\KliïK< '«eure. Le gou^e^nemo^Vl '''"■"■''"'' ^^ ^«""« è,uu\ernement I envoya ftiidipr on jr.,„ . ., séjours de Dne.de et de Paris. '™'' "" " '"^ou» visitilmes P.indok^ l,.H.,i- .^ j , ^ pei ince d en t.,.-!- d e.ionnes profits, le irouver- «."e,.af.i,p,,,e..T,,,,d.„„,,,,,,,,,,,,,,„,^^^^^^^^^^^^^ •' '' ''"'■'''' '■■■■«'« '■'»!«"■- ne oe,.rWe» „,,,"* "J^W caI'Haim; wii.i.KiisiMHi- I i!i \ii; 189 donné des graines parfaitement mûres ; maiii on ne peut être encore assuré que les éléments chimiques de l'ecorce auront toute la vertu de ceux de l'arbre du Pérou. C'est une question d'une extrême importance pour l'Ile et pour toutes ces contrées tropicales si malsaines. « Après Typoda, nous passâmes devant plusieurs pasan- (jrnham's, ou lieux destin'^s aux voyageur» siu'pris par l'orage. Un étroit sentier, entre de 'ninces garde-fous, i.cus conduisit au-dessus d'un ravin à pic, enveloppé de vapeurs brillantes (105"); elles s'élèvent d'une source d'eau bouillante qui s'é- lance d'une profondeur do quelques centaines de pieds. « A trois heures de l'après-midi, nous atteitinîines le som met du Pandjak-Pangerango. Le thermomètre marquait huit degrés et demi seulement. Depu;o longtemps nous avions laissé derrière nous la grande végétation, les massifs d'arbres avec leurs rameaux monstrueux, les dômes épais de feuil- lage, les fourrés obscurs, enchevêtrés d'énormes fougères, de plantes grasses, d'herbes arborescentes, de troncs et de bran- chages en décomposition, les lianes gigantesques entortillées autour des branches comme des serpents, ou suspendues dans les airs comme des hamacs de feuillage pleins de nids. Peu à peu les taillis, avec leurs branches couvertes de longues mousses pendantes d'un verdâtre argenté, s'étaient à leur tour éclaircis pour faire place à des bouquets isolés de basse futaie, puis à quelques arbrisseaux rabougris, dont les troncs et les branches rampaient <;à et là sur le sol ou se contor- daient dans les anfractuosités du rocher, pour mieux s'abriter du vent et du froid, et trouver encore ipieiqui' reste de cha- leur terrestre. Après ces chétifs arbrisseaux, nous vîmes pen- dant longtemps une herbe courte et rude sur les pentes !ué- 190 VOYAGES? ET OKCOIiVEKTES h; liill ndionaies. puis rien, rien sinon le roc stérile et nu, couvert a'un brouillard humide. Nous étions nous-mêmes dans un nuage froid, qui bientôt s'épaissit au point de nous empê- cher de distinguer un homme à cent pas. Nous approchions du sommet. « Nous fûmes heureux de pouvoir nous abriter, sur le vaste plateau, dans deux cabanes en bois, où nous attejidaient un p.'èle allumé et tout ce .-pii nous était nécessaire. « Le lendemain, h cinq heures du matin, nous étions tous sur pied, interrogeant avec anxiété le ciel. A sept heures, los nuages s'éclaircirent en partie, et nous aperçûmes en face de nous le cratère Gedeh, long de près de deux kilo- mètres, avec ses parois escarpées de six cents à sept cents pieds de haut, et si rapproché eh apparence, qu'une pierre lancée du l'angerango nous semblait devoir tomber dans labîme igné. Le temps persista, par malheur, à nous être défavorable, et nous ne pûmes que deviner la splendide nature qui se dérobait à nous sous ses voiles de brouil- lards. vt Je m'isolai de l'expédition, et je me dirigeai avec un corn- I.agnon vers IJandong, où jarrivai à minuit. J'y fus conduit dans la maison du régent Radhen-Delhipati-Wira-Naton Ken- «emna, qui nous reçut splendidement, avec le confortable européen le plus recherché; on eût hésité à se oroire les hôtes d'un seigneur javanais, sans les costumes orientaux, et la Mudtitude .l'esclaves qui ramp/iient à plat ventre en nous of- frant des pipes ou du bétel. agnunt do gestes télégraphiques. Le gouverneur vnulut bien nous expliquer que cette danse devait représenter la tou- chante histoire des quatre sœurs qui. égarées dans une forêt, IIIJ voVAGii;- lir i)i;oii \|.;i(riis rnplora.ent de ,a DivinUc ie re,..ur de leur rnère. Toujours •étourdissant ganielong. Danso guerrière par huit chenapans brandissant leurs armes. Encore l'effroyable gamelong « Dans la cour même musique. Des masques hideux à med et a cheval, circulent dans la foule Un prêtre musulman ^e met u pousser des hurk.nents lamentables sur des cendres brûlantes, prés d'une masse de charbons ardents; quelques ma heureu.x y sautent à pieds Joints et y dansent en rond. En m le prêtre se lance dans le brasier, et tous de danser et gesticuler furieusement. Cette représentation avait probable- ment quelque signiflcation religieuse d'e.xpiation... Nous vovons ensuite des jongleries à faire dresser les cheveux sur la tête De jeunes hommes, portant des toupies armées de pointes de fer fort aiguës, feignent de se transpercer le ventre, le sein le front, les joues, les yeux. Ils tournent en cercle, le corps penché en avant, et poussent des cris etfravants, avec des mouvements toujours plus .sauvages et convulsifs, et l'on respire enfin en les voyant tomber dans un coin, épuisés et sanglants. Et l'infeinal gamelong recommence « On lance une infinité de fusées et de raquettes; on on- llamme des roues tournantes; mais le bcuquet de la fête est un aflreux serpent de feu de plus de vingt pieds de '-;ng. que des mains invisibles font glisser et tourbillonner va et la, en imitant, avec une précision ellrayante, les mou- vements, les sifflements et les ondulations de la bête « Enfin le gamelong cesse son vacarme. . De Java la Novara se dirigea vers les îles l'hilip,.i,.es -chipel de la Malaisie, qui .se compose de phis de cent les Luvon es, la plus grande de ces îKs, et Manille en est la ville principale. CAl'rrAINK Wn.l.KItSïollK t IITAII! lii:t « La plupart detî maisons de Manille, «lit notre auteur, n'ont qu'un rez-de-chaussée; les tremùlcnients de terre trop fré- quents rendent le. étages supérieurs dangereux. C'est aussi par prudence que, dans les habitations riches, les vitres sont remplacées por les coquilles usées et polies de la pilocuna- placenta, qui d'ailleurs tamisent plus doucement la violente lumière des tropiques, et la transforment en un clair-obscur rafraîchissant. « Le plus curieux établisiement de Manille est sans con- tredit la fabrication de cigares; ou v occupe de six à huit mille ouvriers et ;uvrières; les femmes confectionnent les cigares, les hommes les cigarettes. C'est merveille de voir l'activité de ces femmes rassemblées jusqu'au nombre de huit cents ou mille par salle. Assises devant une petite table, les unes frappent à coups redoublés, avec une pierre <>vale, sur les feuilles de tabac pour les assouplir. D'autres roulent ces feuilles, et les yeux peuvent à peine suivre lagilité de leurs mains; chacune d'elles peut fabriquer, dit-on, jusqu'à trois à (juatre mille cigares par jour. Le bruit du travail et des voix est étourdissant, et des miasmes infect- sexhalent de ces ate- liers liévreux, où la chaleur est intolérable. « A notre passage à Manille, il faisait une chaleur de :!!> à 'M degrés centigrades nuit et jour; des pluies tropicales nous inondaient chaque soir; las chemins étaient à peu près impra- ticables. Il fallut donc renoncer aux excursions pédestres. Nous louâmes une lorcha, espèce de bateau chaland, large et lourd, dans le genre de nos bacs, et nous entreprimes une expédition sur le Passing, qui est la grande artère de Luçon, jusqu'au lac intérieur dit Laguna de Bay. La naviga- tion sur ce canal, à travers une uiagnili(iue végétation tm- l.t l'I', VmV'.i;i;s ,:r DICCOi:VKItTi:s • r « P'cale de palmiers, bananiers, cannes et bnmbou.s gigan- tosquos, est a.lmin.bl... Le village .lu Putu, ou .lu Cananl ««ton.l I„ Ion, .1,, Passing, «,„ ,„, ,,„.„^^„, ^^ ,,,^.; l<.!on.c..re-, o. n'osl babil,'. .,,... par .l...s éleveurs de canards et dons. Devant cha.-une de leurs cabanes, on voit uno aire '-'•t p.-pre, balayée tous !.. matin., ..ù les canards vien- nent, après l..M.rs ébat, aquatiques, se .d.auirer a., soloil et recev...r le.n- ,>,tan.e joun.aliùre, qui cnsiste e.. moule, l'c^cbees à leur intenti.-n dans la lagune voisine. On élève a.ns. dans ce Patero plusieurs millions de cana>-,ls par an *'" <.„u. assura que le mets favori des Tagals est un plat ,1,. poussins ou canet.ins à peine éel..s. « Nous avons admiré la lagune de liay, vaste bassin d'on- vron cinquante kilomètres de diamètre, f-.rt .-enom-né dans t""t l'archipel p..ur la .jualité et la quantité des poissons qu'il '"Himt. Ses rivages fertiles sont couverts de nombreux vil- lages qui p. .reraient s'ils pouvai.-nt seulement cmmuni- quer avec la capital., à l'aide d'un bateau à vapeur. On parle depuis longtemps de cette grande innovation. Il est même anss, question d'ouvrir un canal .lu lac à fOcéan, ce qui épar- gnerait au commerce une longue, pénible et coûteuse cir- cumnavigation. L-entreprise serait t.ès-praticable; des capita- listes et des entrepreneurs se sont présentés; il ,,araît aussi qua la fin le gouve-nement s'est ému : c'est pourquoi il a nomme des c.mmissaires qui, depuis .juatorze ans et plus écrivent de longs et éloqu...nts rapports pour démontrer que lé projet est e.xcellent et digne en tout de [approbation souve- raine. Tout le monde en est persuadé. « Comme nous n'avancions sur le Passing qu'en nous pous- >ant péniblement avec des galles, force nous fut de passer la cai'ITaim: wn.i.EiisroHK lhtaih 103 I nuit sur notre bateau, assez désagréablement, du ruait.-. Lo londeni.iin seulement, nous atteignîmes le village do Los Hanos, dont les sources thermales ont uno température de 85o. De nombreux bains de vapeur sont situés au pied de la montagne boisée de Maquilino. a. A (lueKiues kilomètres de Los Hanos, nous atteignîmes la Laguna EncantaJa. Ce lac enchanté est une petite saline séparée de la grande lagune de Bay par une crête monta- gneuse fort étroite. N'y arrive pas qui veut. Les abords en sont défendus par des rochers escarpés, par un fouillis inex- tricable de troncs, de racines, de lianes, de fougères, de buissons, de cannes, d'arbu:;tes épineux, et de plus par un sol mouvant et perfide. C'est un bassin circulaire qu'aura formé sans doute l'airaissement d'un cratère, car il est en- touré de murailles de laves. CouMiie beaucoup d'autres en- chantements, il est fort dangereux. . suspendant par énormes grappes aux ra- meaux... i» A Manille, le préjugé d.- race est presque entièrement banni Le chef do l'administration actuelle d. Manille est un métis et des Tapais pur «an^f si.V.,.t dans le conseil du gouverne- ment, au même litre que les plus nobles hidalg-3... Oue nous vo.la loin des l'izarre et des Fernand Cortez! Oui, certes et presque aussi loin que de New- York, de Washington ou de Batavia! On a déjà constaté d'ailleurs que c'est surtout dans les contrées espagnoles que la réconciliation et lu fusion des «aces s'opèrent avec le plus de facilité et de rapidité. Les Tagals que j'ai vus A Manille étaient petits et faibles de corps; mais on dit qu'ils sont d.me constitution plus vigou- reuse ,lans les autres parties de ratchipel. Leur ligure n'est "ullement -lésagréahle; leur couleur est un peu plus claire que celle des aut.es Malais, et leurs cheveux sont noirs sans' être lameux. Les .-ombinaisons de la race tagale avec les nègres et les Chinois sont .les plus intéressantes. Il est vive- ment à regretter qu'il n'y ai. pas eu de photographe à bord de la Nova.a: nous aurions enrichi Tes collections de l'Europe 'l 'H.e centaine de ces types mal cormus. Lethnographie, base de lhi>lo,n. et point c.dminant de toute l'histoire naturelle a été. parmi les sciences, une .les dernières à naître, et même' quelques hommes habiles prétendent qu'elle n'est pas encore fondée sur .les taits a>sez positii;,; raison .le plus pour ac- cueillir un tiès-grand n.>ml.re .l'élémenls d'études. « L..S Ta^.,I> qui habitent Manille parlent l'espagnol, langue '"" 1"" •••1-n,l„e .h.us i'inténeur du pay>, où l'on ne connaît que le tayalu et ie bisaya. Dans le> montagnes de Lu.-on. l'on Cvl'IIAlM-; \\l I.Li:i!~hil!l I liïMli lin rencontre dos tribii> L'ntièri'menl sauvages, entre autres colle dos Igolotos. Elles ont un iiliome tout particulier, dont M. W. Wood, négociant anglais, a hion voulu nio donner un petit vccabiilaiif, mligt' par un curé de leur voi>inage. Do plus, j'ai eu la bonno chance de roncontrer un VDcalmlairo des mots los plus usités parmi uno certaino pciiplado nègre, celle des Actas ou Negritos, qui habitent quolipies-unos dos llos avoi- sinant Luçon. » La Novara lentra à Trioste au mois d'août IS."!(, après avoir touche aux côtes de la Chino, à la Nouvello-Zolando, ;'i Otti, à Valparfiiso, à Lima, aux ilos FalklîMid, à Montevideo, à Buenos-Ayres et à Rio. L'expédition entière avait duré do\ix ans trois mois et vingt- huit jours. Doux cent (luatro-vingt-dix-hult jours avaient été employés on relAche et en explorations à terre, et cinq cent cinquante et un passés sous voiles. La frégato avait mouillé dans vingt-cin(i ports dittérents, et parcouru '.ans son voyage de circumnavigation cinquante ot un mille six cent (juatre- vingt-six milles marins, ou (j^ualro- vingt-quinze mille sept cent vingt-deux kilomètres. 11^ (i *.■■ FREMll'R VOYAGl' DU CAPITAINE JOHN ROSS Ai; l'iii K \ H I ; r 1 1,1 u K (1S1S> Dupait (!.■ Vhabeltc et do l'Mecnmlre pour l;i biii.' il.- Il.ildn. — I-iiiloipivli' Satkouse. — Commuiii.atioii n\ev les Esquimaux. — \"u- A nvvwn i\c. co peuple. — Dantçcr que couri un inu-ieieu de flsclM'Ili'. — It.ppmts avee les in.lii,'cnps. — Découverte dos lligldands arili.pu-s. — Knliée dju? le détroit de l.anc.astre. — — Dociiuragemcnt de .(ohn lloss. — notour on An-leleire. ] I Au printemps de 181 S, l'amirauté anglaise fit partir quatre navires, divisés ei. deux oxpéditions, qui devaient agir con- curremment : la première ayant pour mission de chercher le passage par la baie de Baffin; la seconde, de so frayer direc- tement lut chemin vers le détroit de Behring, en cinglant droit au nord du Spitzberg. Les noms des otliciors commandant ces (iiialie navires sont devenus célèbres : c'étaient, pour les deux vaisseaux destinés à la baie de Baflin, John Ross et Kduuard l'any; pour ceux expédiés dans la mer (Uaciale, l>avid l'.iicliau et .loliii Kraii- klin. l/rsahi'Uc et sa conserve r.\U'.r,iiHhr (piitlèrent la 'l'aniise ( i i:j 1! 2)IU \(nA(,Ks i:r i.KcorvEHTiis ..omme. „e,,„ip„,.e. u capUaine .,„„„ L, ™„etu "oc »" p.-.lr,e, el quun baleinier avait d,-.„os^ j ■ , "'™' ^• ,;'o.ravai.e„„a„i,.„,,e.,,J;::::;t:;;;-;^°; iJKire;, de son cornac • « Oh' Hit c i d-pri, ,„-Esi„in,„„. . '■ "" '"*°"»«' ^'«fan. a p,„» Esquimall 'V ""^ '°""""'"'-«°- avec ,es na .el ou d' h H '"™- " '"""""' ''™" "' f»'™ -"- an.«cai„,.„He»„,aJ:li:;'"^'*'™- --'»-« Le» E»,ui„,aux sonl en jénéral au-des,u» de la l,il, "es . une tête lai<ïe, des lèvre< éoais^e H. k n . r::„::r "' *- ""-"' - '«'■■' -'^^ 1 1: gn,, foMnent lenr caracière lypi,j„„. che. les deux se«s les -;*--.»--e:uri:;::r„ri;i"'' -;,.c.n.,ed..,,c,.»,u.„casden,a,adieae,eu ':; Li'-^'" •■■"---■■"- '•■»».H,ien. en .„.e':: f t i;\l'll.\INK .MIIN liiiss -201 L'hal»i!lement des deux sexes, qui ne ditTère qu3 par quel- ques détails, consiste eu deux jaquettes de peau de phocjuc, descendant à mi-cuisse; celle de dessus est munie d'un capu- cliop n'u recouvre la tête au besoin. Leurs culottes, qui ne viennent que jusqu'au genou, y sont attachées par des cour- roies, et leurs bottes remontent assez haut pour en recouvrir les nœuds. Les semelles de ces chaussures, taillées dans la partie la plus forte de la peau des morses, sont, ainsi que leurs gants, impénétrables à l'eau. Lt capuchon des femmes est beaucoup plus grand que celui o ; hommes, mais son impleur est bien justiiiée par son emploi : c'est tout à la fois le maillot et le berceau où leurs enfants vagissent et s'ébattent jusqu'à trois ans au moins. Les Esquimaux pré^'^rent la viande et le poisson crus à toute autre nourriture; l'huile do cétacé et le sang chaud des mammifères, à toute autre boisson. Ils n'ont dans leurs ta- nières d'hiver, comme dans leurs tentes d'été, d'autre feu que celui d'une lampe fabriquée en pierre oUaire et alimei>tée par une longue tranche do graisse de phoque. Us ont importé d'Asie l'usage de lare et des flèches ; mais l'invention de leurs embarc: lions de voyage leur appartient en propre, et leur a valu l'approbation des juges les plus compétents. Les unes comme les autres sont en peaux di" phoque, fortement ten- dues sur un châssis de bois, d'os ou de fanons de baleine; mais les second«!s, bien connues sous le nom de /.(ti/uA-s . ont excité l'admiration de C )0k lui-mênit.. C'est une nacelle de cinq à six mètivs de longueur, sur une largeur de soixante-cinq centimètres au plus, atïectant la forme d'une navette de tisserand, et percée, dans le mdieu de sa partie supérieuic. duii trou circulaiic, où Ihomme .ui V'iVAfilîS i:r IIKCDIVFIITKS doit manœuvrer 1. |<= ■■oy»le,le I, vioille An.le- ae gens auraient été (.rr-hiii.,-..^ • • . -J'uuien «e.. nuage., Cn.ela,,,» de l„™i«,,, „ <,„,„ ,„, ., ,^ Jj ■le' T' " """ ^"^■' ""■■"'• ^»- '« ™*''' -".'ie de» ô r,. , "'"r"°"'' "" ^•■'™""'° •■' '""^"1- -'p-'-ie. I«^ ™ U ,"?'""■ '"" ""■-•i-'- de Wocs du plus iZ '" ""■°''' * '"'"- '""'- --■' de toutes forl. e': ur""' ""■^' "™""""" "'' •"■'■""^■"- •'= "'»•.■.' CAI'IIAIVK .InlIN l;i)SS •2o:i de la surface des ondes, et tout à c(Mé se fatiguait à saisir les proportions de millo fragments l'pars, qui n'étaient percep- tibles que parce que le soleil incliné à l'horizon les frappait de SOS rayons , et leur accordait une part de la vie et du co- loris qu'il déversait sur l'ensemble de ce tableau. » Un jour l'équipage des deux na\ires, étant sur la glace, traînait à l'aide de cordes l'Isabelle dans les sinuosités d'un archipel de glaçons; le musicien du bord marchait en tète, comme à l'ordinaire, pour animer les matelots par les sons de son instrument, quand tout à coup la musique cesse, et l'artiste disparaît : une crevasse ouverte sous ses pieds l'avait englouti ; mais comme il était, ainsi que tous ses compagnons, attaché au câble de toue, on put le retirer, sans autre acci- dent qu'un bain d'eau froide bien complet, pour lui et pour son violon, (ju'il n'avait pas lûché. Dans une autre circonstance, un immense champ de glace vint s'appuyer sur un des flancs de l'Isabeile, tandis ([ue l'autre était heurté par des blocs énormes qui dérivaient en tournoyant. 11 résulta une pression telle, que les poutres pla- cées transversalement à fond de cale commencèrent à plier; la proue du navire fut soulevée et repoussée avec violence contre l'Alejundre, qui suivait à peu de distance. Nul effort ne put prévenir le choc des deux bâtiments; les ancres à glace et les câbles se rompirent presque instantanément, et les deux vaisseaux se heurtèrent si violemment, qu'ils broyè- rent en éclats une chaloupe qui se trouvait entre eux. Dans ce moment de crise, la séparation des deux champs de glace sauva seule l'habdle et sa conserve d'une entière destruc- tion. Aucun lies houuiies de leurs équipages ayant déjà servi dans ces meis ny avait encore couru un toi danger, et tous ^-T-T-1^ VOYAGES ET DÉCOUVEUTES Dans les premiers jours d'aoùl, tout pr», d„ ,„ . ■ , scuième parallèle, ,„ ,,pi^i„„ " <'''' * '"' ™»»le- aperçurent sur 1,, „|„ee dos i,r« h ^^Pag™"» Mer les vaisseaux o . ■■"'"' '"' ^"""""i™' -nt ,es „ale„3i,e? ""'''' "^ "°"""'' =°°'""P'*- nœu«er et L Ve I d T" '°"'"'"' '"' *™' ■"- une claneur bilrre ? ''°"*™' '™' --"^'« '^.-ec.ie„s, avec une inert: :;:::--■»-■ Ayant ,e p,„s vif a&ir de communiquer avec ces Hvoe --ce;::,:i^:::;x::^^^^^^^^^^^^ passerait. ^illacs tout ce qui se p.oirtr :a::\:r :''''''"'■-- --•- .-c.eda„s,esp,isrr :;;r::;--'''v'""-- un mille, ils s'arrê(èr»„,. . 7 '"' " "'"'''■»" Sackouse leur jeta un couteau anglais, en disant : « C'est ma seule arme, prenez- la. » Ils s'approchèrent alors avec précaution, ramassèrent le cou- teau, puis jetèrent un grand cri, et se tirèrent solennelle- ment le nez. Sackouse, à leur exemple, ayant crié liaiyau , et s'étant tiré le ne/ avec la gravité convenable, ils commen- cèrent H lui accorder quelque confiance et à l'accabler de questions. « Qu'est-ce que ces grandes créatures? lui dirent -ils vivement en désignant les vaisseaux; viennent-elles du foleil ou de la lune? donnent-elles la lumière, le jour ou la nuit? — Ce sont des maisons faites en bois, » répondit Sackouse. Cette assertion les trouva incrédules : « Non, non, s'écrièrent- ils, elles sont vivantes, nous les avons vues agiter leurs ailes. » 2n8 Vn^A(.|•;s ET Iticcnl VKHTKS Sackouse .-.yant rép.'.té qu'il était un homme, qu'il avait comme eux un père et une mère, et qu'il venait avPc les gens des vaisseaux d'un pays .'.loi-né. rlans la direction du midi, ils répliquèrent encore que cela était impossible; que de ce c(Mé tout était place; qu'il ny avait des hommes que dans la direction du nord, où étaient leurs dememes, et d'où ils étaient descendus sur cette côte pour pêcher des narvals. Tout en parlant ainsi, ils tenai.nt la main droite posée sur le genou, à portée du couteau .ju'ils cachent dans leurs bottes; leurs traîneaux, gardés par lun d'entre eux, sem- blaient toujours prêts pour la fuite, et chaque fois que, pour mieux saisir les parole^j de le.n- interlocuteur, ils rejetaient le capuchon qui leur couvre uabituellement la tète, les Euro- péens, qui les observaient .lu haut des vaisseaux à l'aide du télescope, pouvaient facilement distinguer sous leurs traits brunis le profond étonnement et la vive terreur qui les domi- naient, et imprimaient à tout leur è|,e un tremblement con- vulsif. Le résultat final .le cet entretien fut que Sackouse traversa la coupure .jui le séparait .ks naturels, parvint à les con- vaincre qui] était comme eux une créature de chair et de •sang, et que les deux chefs de l'expédition purent venir le joindre, sans jeter trop d-etln.i parmi les auditeurs. Puis lorsque, sur .a recommandation, les olficiers anglais se furent tiré le ne/ à la manière .les sauvages, et que ceux-ci eurent découvert l.iM- lète selon le mo.le européen, accompagnant tous ensemble ces salutation, réciproques d'un immense cri dlm>,,.n,! la ,rt..ill,.„.e intelligence s'établit entre les repn>- sei.tants des ,leux puinis extièmes ,1e la civilisation, et se CAITIAINK JUII.N nuSS siie traduisit, d'une part par des largesses et des présents, de l'iiutre par de formidables éclats de rire, expression pri- mitive du contentement et de la joie chez tous les peuples enfants. Profitant de l'explosion de ces sentiments, les comman- dants montèrent dans les traîneaux des naturels, et ^'ache- minèrent avec eux vers les navires. Mais, en appiochant, rhésitation des Esquimaux recommença. Ils ne pouvaient comprendro que ces niasses, avec leurs niAts élevés, leurs câbles multipliés et leurs voiles immenses, ne fussent pas des cré-- turcs vivantes. Ils tournaient autour d'elles à pas lents, en eximinant toutes les parties avec les plus grands signes de surprise et de crainte, et les interrogeaient à haute voix, disant : « nui ètes-vous? d'où venez-vous? Est-ce du soleil ou de la lune? » Entre chaque question ils faisaient une pause, comme s'ils eussent attendu une réponse, et se tiraient le nez avec une solennité croissante. Il est impossible, dit le texte, de se figurer un spectacle plus amusant et en même temps plus intéressant que celui que ces pauvres sauvages donnaient en ce moment aux Anglais groupés autour d'eux. Qui n'en a pas été témoin ne peut se faire une idée de l'étoiuiement, de !a joie et de la crainte que révélaient successivement leurs traits, leurs gestes et leurs exclamations. Chacun cherchait à imiter leurs cris et leu: ; éclats di' rire, et voulait accomplir à son tour la cérémonie du nez tiré, ce qui ne pouvait manquer d'ajouter à l'allégresse générale. Au milieu de cette explosion de cla- meurs joyeuses, les Esquini .ux tombèrent tout à coup dans un profond silence , .ibsorbés tout entiers dans la contempla- tion d'un matelot grimpant dans les haubans. Ils le suivirent «4 !» I tl4 II •*" VOYAGES ET nÉCiJlIVERTKS dM yeux j.isqu'A c.> qu'il fût arrivé au haut ,lu inAt, et vou- ItJrent alo.-s connaître avec quelles peaux on avait fabriqué les voiles et les cordages. Les peaux et les os des animaux ti..'-.s par eux étant les seules substances qui leur lussent familières, ils ne pouvaient avoir aucune idée des matières textiles, pas plus que la notion obscure de quelques m.isses de fer météorique, dont les fragments leur servent à orner leurs couteaux, ou que l'existence sur leur sol glacé de quel- ques bruyères et de saules nains, dont la tige n'excède pas "Il grosseur la plume de corbeau, ne pouvaient leur expli.iuer l'assemblage compliqué de bois et de métaux dont se com- pose un hdtiment de quatre à cinq cents tonneaux. Cette (..-uplad.., qui habite une partie de la côte occidentale du Groenland, entre le 70' et le 77' parallèle, n'a- conservé aucune tradition relative à ses origines; jusqu'au moment t',e l'arrivée de V Isabelle et de l'Alexandre, elle s'était crue la seule population du monde, pensant que tout le reste était une masse de glace. Après quelques jours passés en intéressantes communica- tions avec cette tribu, le chef de l'expédition crut devoir poursuivre, sans perdre de temps, le but principal de sr>n voyage; et «juittant ce'te contrée, à laquelle il donna le nom de Ilii-hlands Arctiques, il suivit lu côte dans la direction du nord-ouest. Le 30 août, Vhabelk et VAlex.mdrv pénétrèrent dans I, détroit de sir J-,mes Lancaster, que Baftin n'avait fait qu'en- trevoir. Déjà les équipages des deux navires, croyant avoir .oiiquis la pri.ue de vingt mille livres sterling que le parle- ineiit avait volée au navire .p,i découvrirait le pa.ssage au nord-ouest, (aisaieiii, par des hourras, éclater leur joie ;''mais CAI'IIAINK .lollN |;i»- ■211 elle ne fut pas, hi'lu' «le loiiifue duiVo. Dans l'a|iiès-niiili de ce même jour, lo capitaine Hoss, ne remarquant dans li- di'troit ni lames venant du nord -ouest, ni bois entraîné par les flots, ni apparence de courant, fut pris d'un décourage- ment subit, et pr^'tondant voir, seul de tous ses compa|:nons, une banquise et la terre par le travers de ses navires, il leur lit virer de bord, à Ja commune surprise des états -majors ot des matelots. A dater de ce jour, les travaux de l'expé- dition se bornèrent A reli'ver ;\ la voile et de loin les côtes de l'archipel qui, depuis le détroit de I.ancastre jusqu'A celui de Cumberland, forme la rive occidentale de la mer de Baffin. Deux mois après, l'Isabelle et l'Alexandre rentraient en Angleterre. I i mM I ! ! ! Il I 4 Sl'XidNO V(tY.\(;K Dli CAriTAlM-: .lolIN i{(tSS Ali l'M[ K Alli.lliil K i. (I82'.I-I83:V; \^ ri.'part. — Le iiaviri> la Victoriu. — Ditortion vers li' iléli'it ilii Princc-Hi'gtnt. l'reniior hiverna^'p à Kelix-irarl.our. — Kffet sdl.iirv. - II. aidiilio et lappaits avec les Esii{iimaux. — ].;\ jambe de bois. - Vols commis pai- b's iii(li;'énes. — Soulèvement des iialurels contre les voyajieurs. — John lioss parvient à les apaiser. — (Pliasse aux hunfs iiuisiniés. — (lloiilonneiie des Ksiininianx. — Second biver- na[:e. — Découverte du (nMe magnCtiiiue. — Troisième hiver. — .loliu Ross et son é(|iiipa!,'e nbandoini.'nt leur iiavipv. - Ils atleiyMeut la pointe de la F*y. — Nou- velles déceptions. — Kiii-,)re I Isahclle. —Délivrance. — Uetour en Aniileterre. Le capitaino John lios.s, préocciipL' du désir de dissiper les nuages que le brusque achèvement de son voyage en 1818 avait fait naître sur la hardiesse de ses résolutions, partit de nouveau de la Tamise, le '2;i mai 18-J!), dans le but de cher- cher le passage au nord-ouest, par le délroit ilu l'iince-Ré- gent. Il montait cette fois le navire à vapeiu" la Victoire, con- vaincu (pie la navigation dr la nn'i- arcti(pie serait plu.-- facile à un bâtiment à va|)e!ir qiià tout navire n'ayant (\\U' des vqiles. Il arriva, dans It; mois d'aoï'it. au point le plus élevé qii"il H'(*| H: !i (il ! J ( 21 i v^^Al.l;s KT DKcorvKirri:- vo.ilait atteindre vers lo nord, et il se dirigea ,.ar le détroit de Laneastre vers celui du l^ritue-Réfrenl. A la fin de sep- tembre, la machine à vapeur n'ayant pas cessé d'être une source dV.nnuis et de travaux fatigants, il fut décidé qu'on allégerait le navire des portions les plus lourdes et les moins coûteuses de cette machine, en les transportant à terre, dès (pie le navire serait renfermé dans les glaces. Ce moment ne tarda pas à arriver. Le X octobre, on ne vit plus une seule goutte d'eau libre, et, à l'exception de la pointe d'un rocher qui s'avançait çà et là, on n'apercevait plus à l'horizon, du côté de la terre, qu'une étendue de neige sans fin. « C'était, dit Ross, une perspec- tive vraiment terrible, une vue d-unifurmité, de silence et de mort. Nous nous abandonnions à cet espoir aveugle (pii soutient Ihomme, même à l'appn.the d'un mal inévit^^ible, à cet espoir qu'il conserve encore, alors que son navire se brise sur les écueils et que la lumière disparait à ses yeux mou- rants. « Mais le fait accompli ne permettait plus d'illusion, et ce fut alors que les longs et tristes soucis d'un,- détention in- vincible se déployèrent dans ma pensée. La poite de notre prison se fermait pour la première fois. La nature même ne pouvait, pendant bi.n des mois, ni nous délivivr, ni nous a"ler, et nous ne songeâmes pas sans tristesse à cette cap- tivité sans secours, et dont nul ne pouvait prévoir les suites. « Alors nos réflexions se reportaient sur notre machine à v:i|-.n-. .\o,is nous d-mandions si nous n'aurions pas pu, sans |,.s ivlards q.rHIe nous avait occasionnés, arriv.-r six semai.H-s plus tût au point où now> nous trouvions, éte.idre nos dérouv..rt..s ,„.,,V, ,„l|..s qui ,vaienl ét.^ notes à Touest, C:APITAIMC .liiHN H(JS^ ■2tS î complt'tcr le plan des côtes de l'Amérique, et lov - le pas- sage au nord-ouc-;t dans une seule saison. « (À^pendant ces pénibles idées étaient tempérées par d'au- tres plus satisfaisantes. Chacun, en tenant compte des cir- constances, paraissait content des progrès (ju'avait faits l'expé- dition. Combien de fois n'avions-nous pas désespéré de pouvoir atteindre dans cette première année même Port-Bowen! et la carte nous montrait que nous étions à deux cents milles au delà de ce havre, tout en ayant pénétré jusqu'à l'endroit où la Fury avait fait naufrage, et en prolitant des approvision- nements qui y avaient été laissés. « L'expédition passa 'luver dans un port que la carte nomme Felix-Harbour. (»n lit au navire une toiture au moyen d'un prélart, dont les côtés descendaient assez bas pour couvrir ses flancs. On le fortifia le mieux possible; on étendit sur le tillac une épaisse couche de neige qui, foulée aux pieds, forma un glacis qu'on couvrit ensuite de sable, ce qui lui donna l'air d'une allée de jardin, et la digue de neige qui entourait le navire s'élevant jusqu'à roii plat -bord, et joi- gnant ainsi la toile qui l'enveloppait, l'équipage se trouva à labri l'a vent. L'hivernement commenc-» ainsi. La relation du capitaine Ross f-^urnit quelipies détails nouveaux sur lu manière dont on pi'ut passer l'hiver au milieu des glaces de la mer Po- laire. Le déjeuner de l'expédition consistait en cacao ou en thé. On dînait à midi. Ouand le temps le permettait, les hommes travaillaient liurs du vaisseau jusqu'à trois à quatre heures, avec la pen,n->.inii laissée, bien enleinlu, à chacun de se faiio, sur lc> a^r('iiienls di' cette |irniii.ii;ii|e. tmitcs les illusions qui f St6 vuVAOKs i-;t iti;i;ur\i:iiii:s '•■il' i poun.a,ent lui convenir. A cinq hourcs, ils prenaient le thé après quoi ils se rendaient . une école du .soir qui comn^en- çait a su heures, et se terminait à neuf. On tendait .dors le. hamacs, et Ion se couchait à di.x heures Le dimanche, nul travail n'était permis. Les hommes met- taient leurs meilleurs hal.its. A dix heures, ils étaient passés en revue; après quoi venaient les prières et un sermon pro- nonce, sinon composé, par le capitaine. Pour les occuper le -este du jour, on avait une .-ollection de petits traités reli- g.eux. A SIX heures, se tenait l'école du dimanche. Les homm-.s y hsaient quelques pages de la Bible, e( finissaieni par .os leçons et les psaumes indiqués dans la liturai. « Je ne puis douter, dit le capitaine, du bon elTet de ce «yst me d'instruction et de devoirs re-igieux. Nos hommes semblaient véritablement sentir qails composaient une même lamdle. » Le 17 novembre, au sein ,Ie cette vie polaire, le soleil se montra d'une manière fort singulier.., ,, produisit, suivant Loss, un etiet si extraordinaire, si incroyaM., qu-aucun pin- ceau n'aurai, pu le rendre. Son centre étal, obscurci par un '"'âge, et sa circonférence entourée d'un, ceinlur., sous |a- -l-^elle il dardait ses rayons, de façon qui! ressemblait parfai- tement à l'étoile de l'ordre du Bain. Ace, etret solaire vint s'ajouter, le 'Jl du même mois une aurore boréale. Elle apparu, dans la soirée; sa splendeur augmenta jusqu'à n.i.u.i,. ,■, elle n. finit qu. dans la ma t.née suivante. Elle tonnai, un arc brillant, t en ncbulœ; les réverbérations devinrent plus fré- quentes et irrcgulières, et à quatre heures tout s'évanouit subitement. A la fin. de novembre, le soleil disparut pour le reste de l'hiver. Au commencement de Tannée suivante, im des marins, étant allé à terre, informa le capitaine que, du haut d'un glaçon pris pour observatoire, il avait vu des hommes. Ross ♦le tarda pas, en clïet, m apercevoir quatre Esquimaux, près (1 une |)etite montagne de glace. A sa vue, ils se retirèrent derrière la uionlagne; mais comme il continua d'avancer, un assex grand nombre se montra tout à coup. On s'aborda, et la cordialité s'ensuivit. Ces Esquimaux étaient au nombre de trenti^ et un. Ils ve- naient du sud; ils avaient édifié leurs huttes à quelque dis- tanc" vers le nord, et avaient aperçu le vaisseau la veUle. Ils portaient sur des traîneaux un vieillard et Jeux d'entre eux qui étaient boiteux. 218 \sta constamment ;Hii>rés de lui. lui lecomtnandant sniivonl I iff "" VctVAGKs i:t iii;(;iii:m-hti:s •le couvrir sa jou. d'uno ma... pour prévenir I. n-conr du même .ii..idenL Lorsqu'on fut au vaisseau, on abandonna six des Esnui- .naux aux soins de l'équipage, et les autres, qui étaient des .hefs, furent invités à la table du capitaine. La vue des cou- teaux, des fourchettes et des autres objets les émerveilla- mais, après avoir observé pendant quelques instants les mou- vement, de leurs convives européens, ils se servirent de ces '.stensdes, si nouveaux pour eux. avec autant de dextérité que s. Is y eussent été habitués toute leur vie. Leur goût semblait même subitement amélioré. Ils parurent manger avec plaisir de la Viande conservée; mais la viande salée, le ri^, le fro- mage, ne leur causèrent que du .légoût; et ce qui fut particu- lièrement humiliant pour la cuisine brilauu.:que, ils n'accueil- lirent pas mie..x un plum-puddin,, , dont on attendait pourtant le plus grand etfet sur des palais q„i savouraient comme des friandises de la graisse de veau marin et de l'huile rance- l'eau-de-vie ne leur parut pas moins détestable. Les jours suivants, les communications continuèrent avec ces Esquimaux. On .s'etforça d'en tirer des renseignements sur les contrées voisines, et ils ne .se montrèrent pas étran-^ers aux éléments de la géo^Taphie. (Juelque.s-uns firent de petites cartes où des heux connus .les voyageurs, notamment la baie '■t la nvière de Wager, les lacs voisins et la baie Hepulse, ainsi que plusieurs criques et rivières sur la côte, étaient correc- tement placés. Dès la seconde visite, on eut même la preuve ,jue dans ces notions de géographie certaines femmes pouvaient le dis- puter à leurs maris. L'une d'elles, appelée Tiril^.ia, comprit fort bien ce que signifiait une carte qu'on lui montra; et ' L T\- . f- CAPITAINE JOHN ROSS m t (luand on lui eut donné un crayon, elle en traça une autre à sa manière, qui ressemblait assez à la première, mais qui contenait beaucoup plus d'iles. Par une précaution trop jus- tiliéo par la pauvreté des restions qu'elle dessinait, elle eut même soin de marquer les points où les voyageurs devaient s'arrêter chaque soii-, et ceux où l'on pouvait se piocurer des vivres. A son talent de géographe Tiriksia joignait cehii d'excel- lente couturière en peaux de renne et de veau marin. Elle lit cadeau au capitaine d'un costume complet de femme d'Esquimau, traviiillé avec soin, orné ave*^ art, et reçut en retour un mouchoir de soie qu'elle avait distingué particu- lièrement parmi les objets offerts à sa vue. A quelques jours de là, l'expédition rendit au fils de cette l'emme le plus précieux des services. Il s'appelait TuUuahiu. Ayant perdu depuis quelque temps une jambe, il était venu au navire sur un traîneau tire par un de ses compagnons. Le chirurgien lexamina, s neusant qu'il était possible de lui adapter une jamije de bois, il fit venir sur-le champ le charpentier pour prendre la mesure. Tulluahiu, voyant ce dont il sagissait, fut saisi d'un transport de joie inexpri- mable. On lui 1 xpliqua que sa nouvelle jambe serait prètr dans trois jours. On lui donna, ainsi qu'à son compagnon, uni' des caisses d'étain qui avaient contenu les viandes con- servées, et ils partiivnt l'un r\ l'autre aucombh-de la félicité. « Qi-e personne ne s'imagine connaître la valeur d'un pré- sent, dit à Ce sujet la relation, avant d'avoir appris que! bonheur peuvent produire un grain de verre bleu, un bou- ton jaune, une aiguilK' ou un fragment de vieux cercle (le l'er. » I L |f r t i ( ti 1?' ! •! I i 222 \i>\\<.i:> icr iPi-cuLVKiiits Tulluah.u, comnu. on !.■ p..„s,. hi,.„, „.. ,„„„,,„, p^^ ^^ venir ,.ssay,.r sa Jaml.... En .lépi, .l'un IVoid .'pouvantal.!,, •1 arriva aocon.ragné d- son ami Ottookiu, ,i'un.. vi..!!.- f.'rr-ne, d.- quatr. homm.s. et d. deux j.un.-s p.ns qu'il avait voulu r..ndr.. U'-noins d- sa transformation. On fit l'.ssai d. !■•' jambo; mais, con.mr l. charp-ntior avait A y mettre h d-r- "■ère m:.in. Tulluahiu t., .vnvoyé au I..nd..main. C jour-là auss. ,>o.ctu..l qiu. la ville, il mi la satisfaction d- voir la' jand... attachée au ..nou, .t, appr.-nant aussitôt A en faire "«âge, d se mu à se promener dans la cabine avec m. air |l."xtase où perçait un. adnuration des plus profondes pour !• gen.e chirurjrical du eiiarpeutier. Ca r^oanaissanc ... eelle de ses compatriotes se mani- èrent d une f^.,on aussi plaisante ,ue vive. Larnmrier du vaisseau était mourant. L'ami d- Tuhuabiu, Ottookin, était angekok, c'est-à-dire, comme on l'a dit, sorcier et médecin en mê.^.. temps; Tulluahiu .t ses compagnons proposèrent aussitôt d'employer sa puissance magique . guérir le malade Le nom du navire fut eravé sur l-i ■■..t^k fc'^^« '''"I la jambe, ef son posses- seur, n étant pas ..ncore assez habitué à s'en servir pour ea- tr.pre„d.e avec elle une course de deux milles sur la neige et a glace, dut se contenter, à son grand regret, de l'em- porer sur son traîneau; mais, peu de jours après, ou apprit qu.l avait pu aller à la chasse des veaux marins; et à cette nouvelle on répondit par une autre, de nature à l'enchanter encore plus, s'il était possible. U charpentier avait imaginé un pied plus convenable pour marcher sur la neige. Informé d.' ce surcroît de bonne fortune, Iheureux Tulluahiu accouru, encore, avec un grand nombre de ses compagnons et un- troupe d'enfants, pour cherclier son nouveau pied, et il en • iAl'ITAI.VK JOHN HOSS tu fut charmé à ce point, qu'on eut toutes les peines du monde rt It-mpêrher de repartir sur-le-champ pour .n faire immé- diat.in.'Mt l'essai. Lui «t srs amis smiblaient accablés du poids de la grand.-ur d'un tel bienfait. L'expédition ne tarda pas à le revoir; il avait f.iif à pi.-d tout le trajet, environ neuf milles et demi. « Cette jambe de bois, lit le capitaine, nous éleva plus haut dans l'esprit de cette tribu que n'auraient pu le faire toutes les merveilles de l'Europe. » Elle amena un incident assez plaisant. Un des naturels, ayant mal à une jambe, vint demander qu'on lui en fît une par précaution; c'était un moyen de se procurer un mor- ceau de bois; on répondit à l'astucieux Esquimau que la première chose à faire ir obti-nir ce qu'il désirait, c'était de se faire couper sa mauvaise jambe. Il n'insista plus. Cependant les voyageurs eurent le regret de se con- vaincre que leurs nouveaux amis n'étaient pas, comme ils l'avaient cru d'abord, îles modèles d'honnêteté. Plusieurs choses avaient notoirement disparu, telles qu'un marteau, des mouchettes, un verre de lunettes, et, en dernier lieu, une loupe. Le capitaine, d'après certaines circonstances, soupçonnait l'angekok Ottookin de s'être approprié ce der- nier objet. Ses soupçons se oonlirmèrent; étant allé visiter ce médecin sorcier, qu. souffrait dune enflure à la joue, il le trouva très-peu disposé à le laisser entrer dans sa hutte. Ross, après avoir examiné le patient, lui dit aussitôt que son mal tenait à un verre magique. Ottookin avoua sur- le-champ le vol, et promit de rapporter la loupe le lende- main. Ross le quitta en lui recommandant de ne pas ou- blier de le faire, l'assurant que, s'il y manquait, son autre ■1- , i\ ' I m VOVAGES KT DKCOUVEIt TRs joue enflerait indubitablement. Il fut exact, et sa terreur était si grande, qu'il remit outre la loupe, non-seulement 1" marteau, mais même un bameçoM et un fer de harpon que le capitaine lui avait donnés en échange d'un arc. et qu'il possédait par conséquent à titre légitime. Rns« ac- .epta. pour lui faire plus dimpression, la punition qu'il s.nfl.geait lui-même, et renouvela le troc comme si le pre- tni.T eût été sans valeur. Deux jours après, Ro.ss le revit; il était .lésespéré. il n'a- vait nu tuer un seul veau marin, et il attribuait sa mauvai.se fortune au verre magiqu.; I. capitain. 1.. consola, e.. l'assu- rant qu'il aurait meilleure chance sous deux jours. Quant aux moMchettes et au verre de lunettes, le bruit public apprit aux voyageurs ,,u'une vi,.illo femme les possé- •lait, ei bientôt un inci.lent leur donna la preuve u'ils avaient été plus volés (ju'ds ne le pensaient. On avait tiré des coups de fusil pour faire des expérie.ices sur la rapidité du soii. Un Esquimau, qui avait accon.pagné le com.uandant .toss à l'observatoue, lui demanda ce que disaient les fu.sils. « Us disent, répondit h- commandant, les noms de tous ceux qui nous ont pris quelque chose. » Cette réponse ayant été rapportée à la tribu, une assemblée i.'enéral.. eut lieu immédiatement, et il y fut décidé qu'on ren- drait tout ce qu'on avait pris. Urûce à cette circonstance, l'expédition, en sus d.s objets dont la disparition avait été r.-marquée, rentra .■„ possession d un morceau de fer, d'un f.agm.nt de cercl.. de p ên,e métal, et d'un rouet de poulie. Pendant le troisième voyage du cai.itaine lio.ss, une ter- rible rupture faillit éclater entre les voyageurs et les naturels. Bl (JAPITAINK luMN IIOSS 2-2K Se proposant d'ail ; visiter dans \i> Nord un indroit dont la connaissance pouvait tHre importante, Ross avait prolité d'une visite qu'avait faite un navire, la veille du jour fixé pour son départ, k une troupe nombreuse d'Esquimaux, pour engager l'un d'entre «ux à lui servir de guide. Mais quelles ne furent pas sa surprise il celle de sa suite, en arrivant le lendemain au village de leurs bons amis de la veille ? Un profond silence a remplacé les cris de joie par les- (jucls on les accueillait habituellement. Bientôt ils aper(;oi"enl les Ksijuimaux sombres, courroucés, armés de leurs couteaux. Les femmes, les enfants ont été mis à l'écart, ce qui est le signe de la guerre. Tout h coup un vieillard se précipite hors d'une hutte, agitant en lair un de ces couteaux dont ils se servent pour attaquer les ours. Des larmes coulent sur son visage ridé, et ses yeux ég.';r,;ô ...-Ci- blent chercher les objets de sa fureur ; le cominanuant et b chirurgien qui l'accompagne s'approchent pour connaître la cause de tout ce mouvement; le vieillard lève son arme pour la lancer contre eu.x mais le soleil ipii l'éblouit lui fait sus- pendre un moment son coup, cl son fils lui saisit le bras. Le commandant et son compagnon, se perdant en conjec- tures pour deviner la cause d'une animosité si soudaine, se mettent cependant en défense. Le vieillard furieux est alors saisi par ses deux fils, qui le retiennent et lui lient les bras derrière le dos, en dépit des elïorts qu'il ne cesse de faire pour se dégager de ses liens; mais les autres paraissent prêts à le seconder dans ses at- taques. Néanmoins, d'après la conduite de ses deux enfants, on peut conjecturer «juil y a diveigence entre eux. Tous ne sont » ^jà--,.?r3»j--'-r!.gs _;£liX: ,sje»:: .-.^1:^^.- A ^r-fe- -.^!riiaB^--JafTg«8fe.--. 226 VOYAGES ET DÉCOUVEHTES 1 1 ' dom^^pas également hostiles, et les pourparlers sont pos- Sur ces entrefaites, les Esquimaux se consultent, délibè- rent ot se mettent en marche des deux côte, pour ntourer les vovo^eP- Ross, ne voulant pas se laisser couper le che- -•n ;u . < .eau, les averlit de ne pas approcher davantage; 1=' sa. . .„t un instant, mais presque aussitôt continuent I vancer brandissant toujours leurs couteaux avec un air de Z^r^ ' '^ ""'^ '''-' ^"^^'"PP^' •« comman- da t es met en joue..., i, va faire feu... Heureusement ce seul es arrête. Ceux qui étaient les plus prêts s'enfuient; les autres Jes suivent. 11 est longtemps impossible d'en faire approcher un seul Pourtant une femme se dévoiiP- «11^ • " ^eui. ' de^oue, elle crie au commandant d.> ne pas tirer, et s'avance avec confiance Enfin les voyageurs apprennent d V„e ,a cause de tout ce tumulte. Le soir précédent, un des fils adopt.l ,lu vieillard bel enfant de sept à huit ans. avait été tué par une pi: ^ i u. ta Uo.hé. sur la tête, et les hommes Les éL:r cue avoir cause ce malheur, au moyen des pouvoirs sur- naturels qu on leur supposait. Lec„„,„,„„,„ p,„i„, , ^^^^^^^ ^^^ ^^^,^^^^ ^^ I r ' '°"'"°'"'- ■" "^ "' P"^"'-™' P'"' «^"^"Pfe qu'à ••«acar „„.pr.ssi„„ <,,„ ,e„ e„„d,me pouvait avoir pr„i„i,e Ils .„.,s,ér,.,„, loutefoi», p„,„ ,„„ „„,, „. • d sant „,„,, ,„. pouvaien. .e «ni,- de lours c„i,.„s ^^ q" .ro,s,„„rs sof„.e„..cou,.s dep„i» ,„ „,„,, „■„„ ,„,.„„ ■ o la fa.„l„: ,„ai= ,„ „„„„„,„„ p,,,..,„ . ■'ux, nommé Poo-Ye)-T-.h ù Po ^'emn de orend,. ^ ! • accompagner, à la coudition de prendre avec lu; deux de ses compatriotes. SK-u.ssx^3Bm:-.,^S.: j^yj mmesp-y?«s3b^- SB*g^>=7«v;,: .:i^^2e«»m3^^-^sm&^ ilAriTAINK .IMIIN |{(jss •227 1^ 4 vi K En chemin, Poo-Yet-Tah ne manqua pas de faire à l'Eu- ropéen des questions sur ce qui lintéressait le plus : « A l'aide des fusils, pourrait-on trouver des bœufs musqués, ou eu apercevoir sur les montagnes, au moyen de ces tubes à travers lesquels regardaient toujours les hommes blancs ? « Ross, qui. depuis l'aventure à laquelle il venait d'échapper, ne se souciait nullement de passer pour un sorcier, lui dé- clara qu'il était incapable de lui rien dire relativement aux bœufs musqués, ce qui parut le désappointer beaucoup. Le pauvre Esquimau ne comprenait pas que l'expédition, en se rendant dans les régions arctiques, eût d'autre but que d'y venir faire de bons repas avec la chair de ces animaux. Après deux heures d'une marche pénible, voyant que les traces des chiens ne suivaient plus celles des bœufs, TEsqui- mau en conclut (|ue le gibier était trouvé et tenu en arrêt. Sa conjecture se vérilia. Comme ils tournaient le coin d'une montagne, un superbe bœuf musqué, arrêté devant les trois chiens, se présenta à leur vue. A ce moment, Poo-Yet-Tah prt'ud l'avance; il a déjà décroché deux llèches à l'animal; la seconde, le frappant sur une côte, est retombée à terre, et ne l'a pas seulement distrait de l'attention qu'il prête aux at- taques des chiens. Ceux-ci le harcèlent en tournant autour di lui, buttant en retraite quand il leur fait face, et lui mor- dant les jambes quand il se retourne pour leur échapper. Le bœuf, tremblant de rage, s'efforce de les atteindre;, mais leur agilité et leur expérience déjouent ses etlorts. L'Esquimau continue à tirer sans produire aucun etVet, ayant beaucoup de peine à trouver une occasion favorable pour décocher ses flèches, et perdant beaucoup de temps à les ramasser. Il était aisé de voir que ses armes étaient insuflisantes pour I i^^^E. — r T tf j îi 'Il i'ii! » ' piV.p;,ir à tiror son second coup, quand le bœuf se précipito sur lui. l>oo-V,.t-Tah, vivement alarmé, lui crie de se replacer derrière la pierro; mais il a eu le temps d'ajuster : deux coups parlent, et lo t^Trible -luadrupôde tombe pour ne plus so relever. Une balle lui avait traversé lo cœur, et l'autre lui avait fracassé l'épaule. A la vue de son ennemi terrassé, le premier mouvement •le l'Esquimau fut do crier .t de danser île joie. Saisi d'éton- nement on voyant .ot elfot dos armes à feu, il so mit à exa- '"'"'■r suigMeuMiuenl, 1rs trous que les balles avaient faits A la peau ! i: escarpée, l'avait gravie avec sos chiens, et le bœuf, en cher- chant -. s'échapper, était tombé du haut du rocher et s'é- tait tué. On se rendit sur la place. La chute du bœuf, d'une hau- teur de dix mètres sur un bloc de granit, lui avait brisé tous les os. T ^. guidp s'empressa de lui faire subir les mêmes opé- rî» lions qu'au premier. Le lendemain, les trois Esquimaux ne s'occupèrent, pen- dant toute la journée, qu'à tailler la chair du bœuf en aiguil- lettes longues et étroites et à les avaler. Le cou, le dos, les côtes disparurent successivement, ces mangeurs insatiables se reposant parfois pour prendre haleine, se plaignant de ne pouvoir plus manger, se couchant alors sur le dos, mais re- commen(:ant dès qu'ils se retrouvaient en état d'engloutir de nouveaux morceaux. A la vue d'un t.^l appétit, le commander, à la fois stupéfait et humilié pour notre nature : « Brutes dégoûtantes! sécrie- t-il : l'hyène même une fois repue se serait reposée; et l'im- possibilité absolue de faire entrer une bouchée de plus dans leur estomac pouvait seule arrêter la gloutonnerie de ces créa- tures, qui avaient reçu du Ciel le don de raison I .. Il passa la main sur l'estomac de Poo-Yet-Tah; sa dilatation c.ait pro- digieuse. Le plus i-ude mangeur de l'Europe en serait mort dix fois. Pendan' le second hiver que 1 rxpédition fut condanmée à passer si près du lieu où ell.- avait subi le premier, le capi- taine Ross se livra à une suite d'observations, a réussit à fixer la situation du pôle magnétique d'une manière ,jui lui parut plus exacte <,u'on ne l'avait fait jusqu'alors. L'inclinai- son de laiguille, dans le lieu ..ù il fit s.s observations, e.xcé- \. CAI'ITAINK JollV UOSS ■m dait 89°, ce qui était effectivement une approximation de dis- tance plus voisine de la vérité que toutes celles qui avaient été obtenues avant lui. Le 27 mai, il partit donc plein d'espoir; et le 1er juin, à huit heures du matin, il avait atteint, sur la côte sud-ouest de la Boothia- Félix, un emplacement où il faisait les expé- riences suivantes. L'ii, 'inaison indiquée par laiguille était à une seule minute de la y >ition verticale. Les aiguilles horizontales se mon- traient complètement immobiles. Suspendues de la manière la plus délicate possible, il n'y en avait pas une seule qui fit le moindre effort pour se moui^oir et changer de posi- tion. Ces phénomènes indiquaient que le centre d'attractic ^ était à une très-faible distance horizontale, sinon immédiatement au-dessous. L'observate\ir était donc sur le pôle magné- tique. « .le crois, dit le commandant, que je dois laisser aux lec- teurs le soin de se flgurer les transports que nous éprouvâmes alors. Périls, fatigues passés ou futurs, tout fut oublié. Il nous sembla que nous n'avi ns plus qu'à retourner dans notre pa- trie, pour y être heureux le reste de nos jours. » La prise de possession et du terrain environnant, au nom de la Grande-Bretagne et de Sa Majesté Guillaume IV, n'en fut pas moins solennelle. Boss y planta le pavillon britan- nique, et, rassemblant quelques pierres à chaux qui cou- vraient le rivage, il y éleva un monticule, faible monument destiné à disparaître bientôt, sans doute, sous les assauts du temps et sous les pieds des Esiiuimaux. Le second hivernenient durait depuis doux mois, et pen- I mv \'"VAOi:s ET hiXKrvKi, Rs dant tout co temps les voyageurs a'avaiont ou sous les yeux comme dans llmv,- précédent, qu'une succession d'énormes ■ochers de glace qui, s'ils se mettaient à Mot, étaient perpé- •ueIlo,.u.nt remplacés par d'autres; . car, dit Hoss, l'entrepôt ''"' '''-^ 'ouniissait était inépuisable. .. Ainsi setaient passés la lin do mo et sept à huit mois de 1831. Co ne fut qu'au mois d'avril m2 que les Anglais purent songer do nouveau à sortir do leur oaptivito. 11.^ entreprirent donc de n...ltro co projet à exécution, et alors commoi,cè..ent pour eux d.s fatigues qu'il faut renoiicer •I decnre. Marques, provisions, traîneaux, attirails do toute espèce, 'I fallut tout transporter, traîner, échelonner à d.s dations succssues; et par quelles voies! à travers quols obstacles- -us quelle température!... Le lecteur connaît le milieu qu'ils avaient ;. vaincr.. Les retours forcés étaient multipliés à ce poiiit. que vers la lin de oo .oèmo mois d'avril, pour no citer 'lue co dernier résultat, Jos voyageurs avaient parcouru un "space de cent dix milles, et n'avaient avancé que de dix-huit • torce était de revenir sans cesse au vaissoau. Le dernier départ n'eut lieu que le 28 mai " Nous hûmos, dit Ross, un dornior verre de grog, pour prendre congé do notre pauvre vaisseau. C'était le premier que ., eusse jamais été tbrco d'abandonner, après avoir servi pendant quarante-deux ans^ à bord de trento-six bâtiments ' ivers. J'éprouvais h, s„„salion qu'on éprouve à so séparer 'lun ai.nen ami, .t je ne tournai pas la pointe où il cessa •letre v.sd.lo sans m'anètor po.n- prondie un.- esquis.so de '■•' •''•««'•»> où je le quittais solitaire, abandonné dans ces m i;i l-f !ilN lîlMI «I ')"! I il CAPITAINE .lOlIN HOSS 235 glaces dont il nous avait si longtemps préservés, et où il de- vait rester jusqu'A ce que le temps eût produit sur lui son effet inévitable. » A la un du mois de mai, seize milles les séparaient encore du havre d'Elisabeth. » A cette époque avancée de la saison, l'état de la gl-;e leur démontrait du moins qu'ils n'avaient pas mis trop de pré- cipitation à abandonner le vaisseau. La mer, aussi loin que la vue pouvait s'étendre en tout sens, n'était qu'une masse solide d'énormes pièces de glace sou- dées ensemble. Tout était rocher. Enfin ils peuvent atteindre la pointe de la Fury. Us s'y éta- blissent le ler juillet, Ross et ses compagnons sont-ils enfin dans la voie du salut? Le mois d'août, revenant pour la troisième fois, semble les bercer de cet espoir... Les glaces se sont inopinément sépa- rées; un espace d'eau navij^.^ile se montre; ils se remettent à l'œuvre; peut-être ils pourront gagner la baie de Baffin avant le départ des bâtiments baleiniers... Nouvelle décep- tion! les glaces trompent à ce point leur attente, qu'après leur avoir donné une succession continuelle n espérances et de désappointements, elles les forcent à reiourner à la pointe de la Fury pour y passer un quatrième hiver. Celui-ci ne se termina qu'en juillet. Ils purent cependant quitter une seconde fois la pointe de la Fury. Le cap septentrional de la baie de Batty est doublé, la baie d'Edwin traversée. Cette terrible mer Polaire semble vouloir cette fois lâcher sa proie. Le canal d'eau libre a augmenté de largeur... Ils avancent, et, après avoir dépassé leur ancienne position près ■ ' I'' '*! 236 VOVAUE> El DKCUUVEUTEs .lu cap nord-est do Y^ mérique. ils se voient à la pointe orien- taie du détroit. « C'était, d.t la relation, c'était pour nous comme un mi- racle de voir tout à coup convertie ei. eau navigable cette S ace qu, avait couvert tout le détroit, et dont la solidité sem- blait éternelle. A peine pouvions-nous le croire, et celui mu! «assoupissait avait besoin, en seveillant, de quelques ins- tants, pour se convaincre que sa barque s'élevait s.ir des vagues. D Le 2Ô août, à quatre beuivs du matin, taudis qu'ils dor- '"aient tous, l'homme qui ét.it en vigie crut apercevoir une voile en nier. C'était, en elfet, un navire, et de plus, un autre se montrait au nord : celui-là a uns en panne... Sans doute 'I l^-s a vus. Mais non! il déploie sa voilure et s'éloigne avec rapidité. « Nous uavious pas encore passé un moment aussi cruel dit le capitaine. Nous voir entre .leu.x navires, et songer que' probablement nous ne pour.ions atteindre ni lun m l'aulre c était là un supplice d'un genre nouveau. « Je soutenais le ,:ourage de mes gens, en les assurant de temps eu temps que nous approchions .le lun des navires- assertion un peu hardie, mais que tout à coup un calme pro- videntiel changea en réalité. Nos progrès sont manifestes • le navire nous a aperçus, et une barque s'en détache pour se diriger vers les nôtres. » Elle a bientôt joint celle où se trouve le capitaine. « Vous avez sans doute perdu votre bâtiment? lui dit en l'abordant l'officier du vaisseau. - Oui, répond Ross, et nous vous prions de nous recevoir a votre bord. Quel est le nom de votre navire? CAPITAINE JOHN ROSS 237 — Lfsahelle, répliqua l'offlcier. autrofois coniniaud'''e par le capitaine Ross. — Je suis rnoi mdmo le capitaine Ross, répond ce der- nier, ot ces hommes n :i m'accompa-ïnent formaie \t l'équi- pajîf de la Victoire. — le ca|iit,iine Rus»? répondit le marin; mai?- il v a deux ans qi, il est mort... » Hei'reusement il était facile A celui-ci de lui prouver le contraire. Peu de temps après, réquipa^ie de Vhabelk, réuni en une minute sur le pont, saluait Ross et ses compagnons de ses acclamations enthousiastes, et l'ii. trépide explorateur des ré- pions arctiques montait à bord de son ancien vaisseau, où le capitaine Humphreys, qui le conimamiait, lui faisait un ac- cueil des plus fraternels. « La seule charité nous l'aurait accordé, a., l'illustre voya- geur. Il était impossible de voir une réunion d'êtres humains d'un aspect plus misérable. Nos barbes n'avaient pas été faites dtïpuis je ne sais combien do temps; nos vétenienl-i n'étaient que de sales fragments de peaux d'animaux sauvages; notre maigreur, notre p;\leur, nous rendaient semblables à des spectres. Nous formions un tel contraste avec les hommes qui nous entouraient, qe.e nous sentîmes tous, pou: lu première fois peut-être, ce que nous étions réellement, et ce quj nous devions paraître aux autres. « Mais le côté plaisant de notre situation l'ous fit bientôt oublier tout le reste, la joie qui nous transportait nous dispo- sant d'ailleurs à nous amuser du spectacle que nous donnions à .los hôtes. Chacun de nous se levait, s'iiabillait, se rasait et mangeait eu uièiiie temps; et tout ce qui était nécessaire à ces ■iM VOYAGES ET UKCOUVEHTES différentes opérations se mêlant dans une inexprimable con- fusion, il en résultait la scène la plus grotesque. Les questions étaient interminables de part et d'autre. On nous interrogeait avidement sur nos aventures, sur nos fatigues, sur nos souf- Irances, et nous n'étions pas moins empre.ssés de notre côté à demander des nouvelles d'An-iIeterro, dont nous étions pri- vés depuis quatie ans. L'ordre pourtant s'établit. On prit soin des malades, on assigna à chacun itf t •. d'un fleuve vatruement indiqué dans cette direction par les chabseurs indiens; son existence paraissait certaine, mais sa source et son cours étaient inconnus des Européens ot des Canadiens. Ce tlcuve rtait le ThIew-ce-Chock ou grande li- vière du Poisson. Après avoir dépassé successivement le Grand-Rapide, le lac Cédar, plus connu sous le nom de lac Bourbon, la rivière Saskatchawan . le lac de l'Ile aux Pins, l'expédition arriva à Cumberland-House. File abordait le 17 juillet au fort Labrosse, où. toujours grâce aux soins de la compagnie, elle trouva un ravitaillement considérable. Bientôt après, les voyageurs ayant pris terre au portage de Loche, et cheminant à travers les bois, l'eau leur manqua poin- apaiser leur soif, excitée par une chaleur de 20" centigrades, et par des fardeaux l'e quatre- vingt-onze kilogrammes pour chaque homme. Une soulVrance plus cruelle encore, et qui devait malheu- reusement se reproduire souvent, vient s'ajouter aux autres. Des myriades de moustiijues, et de ces insatiables diptères que nous appelons taons, et aii.xq'iels les Anglais ont donné le nom expressif de bouledogues, ravis le pouvoir s'abattre sur des créatures humaines, se livrent avec une telle ardeur à ce festin inaccoutumé, que tous les visages en sont ensanglanté.:;. Le 8 août, lexpéditicm atteignit le grand lac de l'I^sclave et le fort de la BésDlulion. Fn traversant le chenal ijui conduit à la rivière de l'Esclave, Back reiicniitr.i des Indiens qu'il avait déjà vus à la rivière Salée. Ils lui nièrent de Idii, : « Eh quoi! le grand chef passe sSns nous ollVir une pipe de tabac! » Mais d'autres soins le préoccupaieiii. ,-\ il ne répondit (ju'en continuant sa route a cet ,i|ipel tail i snn a:ii.Mii-pi upiv et a >a générosité. r^- CAITIAINK l;\(Jk 211 Redescendus sur la rive de l'Hoai-Fiost, torrent i^laci'-, que les voyageurs avaient été forcés de remonter à travers d'effroyables précipices, à peine y unt-ils placé leur tente, qu'un supplice déjà éprouvé se renouvelle poiu' eux. Les moustiques arrivent. (f Parmi les nombreuses misères inhérentes à la vie aven- tureuse de voyageur, dit Back, il n'i'ii est point de plus in- supportable et de plus humiliante (juc la torture (jue vous t'ait subir cette peste ailée. En vain essayez-vous de vous défendre contre ces petits buveins de sang; en vain eu abattez-vous des milliers, d'autres milliers arrivent aussitôt pour venger la mort de leurs compagnons, et vous ne tardez pas à vous convaincre que vous avez engagé un combat où votre dé- faite est certaine. La peine et la fatigue que vous (''prouvez à chasser ces innombrables assaillants deviennent à la lin si grandes, cpi'à moitié sulVoqué, vous n'avez d'autre ressource que de vous envelopper d'une couverture et de vous jeter la face contre terre, pour tâcher d'obtenir (|uel(pies minutes de répit. « Les vigoureuses et incessante^ atta(iues de ces insectes montrent bien toute Timpuissance de l'homme, puisque, avec toutes ses forces si vantées, il ne (leut v. nir à bout de repous- ser ces faibles atomes de la •réation. » Cependant, la mauvaise saison approchant, Mack se déter- mina à revenir sur ses pas. peur aller passer l'hiver sur le lac de l'Esclave. Les rapid(!s les conduisirent à un la( (pi'ils avaient traversé lu 25 août de l'aimée précédente, l'ack le noniiua le lac île l'Artillrric. Î.Iais déjà presque brisé par un tourbillon, comni.' le canot que montaiont l'intrépide capitaine et >e- compa- n i\ m I -^^ VOYAGES ET DÉCÛLNEKTEs guons glissait d'un premier rapide sur un second, de ce se- cond sur un troisième, un quatrième se présenta, et il y fut jeté sur une roche aiguë qui lui doiuia le coup de grAce. On fut donc forcé d'achever le reste du voyage à pied, et chaque homme, chargé d'un poids de soixante kilogranmies, se mit à gravir les montagnes de granit, s'échelonnant à travers des gorges et des ravins épouvantables. « Quand j'arrivai, dit Back, au sommet de la montagne, d'où l'on iieut voir le lac de l'Artillerie : "étendre au loin sur l'horizon, ce fut un spectacle nouveau pour moi. Ce n'était ni la beauté sévère d'une scène des Alpes, ni la variété d'un paysage européen. L'œil errait sans prise sur ces lignes infi- nies de rochers imposants, dont les flancs déchirés olfraient des formes extraordinaires et impossibles à décrire. On eût dit ime mer en courroux subitement [)étrifiée. Le feu, dont on ne peut dans ces contrées connaître précisément la cause, avait tout dévoré. Saut les restes de verdure de quelques li- chens brûlés, rien ne ti'iiip.'rait l'horreur des perspectives. Les pins, renversés dan> une lugubre confusion, couvraient au loin les montagnes, comme de noirs cadavres de cette vé- gétation disparue. (Tétait un tableau hideux de désastres et d'incendie. <■ Mais comment décrire, ajoute-t-il quelques lignes plus bas, connnent décrire les soulTrances (pie nous causèrent dans ce trajet les moustiques et leurs alliés les marin- gouins!... Soit qu'il nous fallût de>cen(lrr dans des abîmes où la chaleur nous suirocpiail, ou passer ,"t -u,' des terrains marécageux, ces p.Tsécuteui's s'élevaient en nuages et obs- curcissaient l'ail', l'arler .-t voir était également diflicile: car ils s'éhuKjaient sui' chaque point de notre corps (jiii n'était ' I cai'U'ainl: ii.\i k !W pas défeiulii, et y enfonçaient en un instant leurs dards em- poisonnés. Nos figures ruisselaient de sang, comme si on y eût appliqué les sangsues. La cuisante et irritante douleur que nous éprouvions, immédiatement suivie d'inflammation et de vertige, nous rendait presque fous. Toutes les fois que nous nous arrêtions, et nous y étions souvent forcés, nos hommes, même les Indiens, se jetaient la face contre terre, en poussant des gémissements semblables m ceux de l'a- gonie. « Comme mes bras avaient moins soutYert, je cherchai à me garantir moi-même en faisant tourner un bAton dans chaque main; mais, en dépit de cette précaution, et malgré les gros gants de peau et le voile que j"av;iis pris, je fus hor- riblement piqué. B Les voyageurs purent enfin regagner le Ijtuxl oriental du lac de rEscla\e. Un po^te n'y fuv pas plutôt établi, (jne les Indiens y aflluèrent. C'est ici le lieu de faire connaître à nos lecteurs les Indiens ou Peaux-Rouges des contrées arctiques. Nous ne [)0uvuns mieux commencer ce récit (pi'en emprun- taiit au I'. Laverlochère, — missionnaire df la baie de James, un de ces hommes de foi et de sacrifice qui portent aux extré- mités du monde la bijmic nouvcUe, — des pages extraites des Àtmah's de la iirojiaijalivn t/c la fui, et dont l'éloquente sim- plicité met admirablement en relief les horreurs de la vie « Vers la lin de Thiver de IS-jO, un beau jeune Indien se présenta à la mission; il [louvait avoir dix-huit à vingt ans; sa physionomie [lortait l'empreinte d'une profonde tristesse. La vue d'une robe noire parut l'interdire un instant; mais quand je lui ciis l'ail >igiie de ^'asseoir, il se rassura, et je le ■ * F * »f f (■ T ' il 2Vi \nVAi.i:s i;t iiijMX'XEiiïi-: priai de me raconter le sujet de son aftlictioii. Il poussa un long soupir et commença ainsi : « 'Je ne veux pas trahir ma pensée; le mensonge ne souil- « lera pas mes lèvres. On m'a dit que tu étais i'envoyé du « Grand-Esprit, et je sais que tu me comprends; je vais tout « te dire. Nous campions, l'hiver dernier, deux familles en- « semble. IMon père, mon frère aîné, un autre homme et moi « allions tous les jours à la chasse. Il faisait très-froid; nous r-fn,n}d-huitl, appartenant au fort, s'élança dehors, et, i)eu soucieux des .Iroits de la royauté bollabollienne, prit le parti de l'oiiprime. saisit le mullet de sa majesté et lui fit subir la peine du talion. De t ■ ■ ' ^«'J'i'.li <-i,,ihiiiiil ./ (iiihnir (lu iiimiiie. ISiri-Vti. I!r CAPITAINE BACK 249 trompe pas, c'est le chien et non le roi (jiio ce nom désigne) devint un objet de vénération profonde parmi les Bollabollas; car ils supposèrent que cet lionnAte animal avait éprouvé le même besoin, cédé à la même impulsion divine que leur chef. Toutes les tribus qui errent A Tout de Mackensie et au grand lac de l'Esclave, disent MM. Hervé et de Lannoy, sont continuellement occupées à se faire une guerre d'extermina- tion et ^ exercer des représailles Tune contre l'autre. La soif de la vengeance est la passion dominante de ces sauvages. Il y a une trentaine d'années, des Gros- Ventres et des Pieds- Noirs s'étaient réunis pour chasser le bison pendant l'été au nord- ouest de la rivière Rouge. Mais, fatigués d'une occu- pation si paisible et trop peu honorable à leurs yeux, les plus jeunes guerriers de ces deux tribus alliées résolurent de faire une incursion sur le territoire des Assinibouins. Après avoir conjuré le grand manitou par tous les exorcismes les plus puissants, ils partirent, laissant dans leur camp les vieil- lards, les femmes et les enfants. Leur expédition réussit au gré de leurs désirs. Ils revinrent bientôt en triomphe, chargés de chevelures et d'autres dépouilles opinies; puis, en arri- vant au haut de la colline qui dominait leur campement, ils entonnèrent un chant de victoire pour annoncer leur heu- reux retour à leurs pères, à leurs épouses et à leurs fils. Mais, du sein des huttes, nulle voix ne répondait à leurs chants, nul être ne sortait pour accourir à leur rencontre. Le calme et le silence du tombeau planaient sur tout le camp. Us n'osent communiquer hnirs impressions et leurs craintes; ils préci- pitent leur marche, ils courent en chantant de plus fort en l)lus fort... Ils n'avaient pas atteint les hnltes que leurs chants i l sai VOYAGES ET nr:i:iiivi:nTr> avaiont cessr. A travers le-^ portos ouvertes gisainit los ca- davres miililt's ,lo tous I.N habit mis du cami.. Les Assiiii- bouins, gui.lrs par la m.^mo infernale pensée qui avait in- spiré leurs ennemis, selaieni déjà vengés. A la vne de cet atTreux spectacle, les Gros-Ventres et les Pieds-Noirs jetèrent sur le sol dépouilles, armes et vêtements; puis, revêtant leurs robes de cuir et couvrant leur tète de boue, iis se retirèrent dans les montagnes, où ils passèrent trois jours et trois nuits à gémir, à pleurer et à se lacérer le; -hairs. Dans une autre occasion, un pai,i dAssiniboiiins, ayant attaqué une tribu do Grées, tua un cert.iiii nombre dt; guer- riers et emmena captive une de ses letumes, cpii se résigna facilement à son sort. Deux à trois ans après, une nouvelle rencontre eut lieu entre des Assimbouins et des Crées. Parmi ces derniers était le Wolvereniie, j.remier époux de la femme enlevée, qui ello-mèm.- se trouvait dans li, troupe des Assi- nibouins. Le cond.at fut acharné et le succès longtenjps dis- puté. Au nombre des combattants les plus furieux, on remar- qua THélùne sauvage; au plus fort de la mêlée, le tomahawk à la main, elle cherchait, appelait, poursuivait .son premier époux. Mais le Wolverenue parvint à éviter ses coups; et lors- que, après avoir vaillamment combattu, il vit les .siens en dé- route, et les Assinibouins triomphants occupés à scalper l.'s Crées morts ou bles.sés étendus sur le ch; tup de bataille, il s'en - fuit seul dans une direction opposée à .•.■||,. que prenait le gros des vaincus. Pendant tout un jour le couvert des bois ou drs hautes herbes protégea sa course ra|)ide; enfin, le soir venu, bfi.sé de fatifiue et de besoin, il se lais>a tomber dans une caverne des montagn<-s, où il seudormit d'un profond som- meil qui devait jamais finir. (Ju.>lques instants après .sa ii 1; 11 il • IVI'ITAINK liAi.k 2!il 1 femme l'Iait debout à ses côtés, et le contemplait avec une joie féroce. Depuis le matin elle s'était attachée î\ ses pas, et avait suivi sa piste avec la patience implacable de la haine. Elle tendit lentement son arc, visa longtemps comme pour mieux savourer le meurtre, et enti" décocha une flèche dans la tète du malheureux dormeur. Avant qu'un bref et de "icr cri se tut étrint sur ses lèvres, avant cpio la suprême con^uision de l'afionie eut rendu ses traits h l'immobilité, sa femme s'était précipitée sur lui, lavait scalpé, et, l'abandonnant sans sé- pulture aux oiseaux et aux bétes féroces, elle retournait en toute hAle, au camp des Assinibouins, étaler aux yeux de son nouvel époux le hideux trophée arraché au cadavri^ de celui ([u\ avait été le compagnon de sa jeunesse. Depuis cette époque, disent les Indiens (pii ra((tnti'Mt cette sanglante légende, la colline où s'est passée cette scène de meurtre s'appelle la col- liuf (lu Wolverenne; et bien souvent, lorsque la lune épan- che ses lueurs dilluses à tri'vrrs les brouillards d'automne, on voit de loin b's spectres de la femme coupable et de sa victit.îe lutter ensemble au sommet de la montagne. « Si des scènes de ce genre pèsent perpétuellement sur l'esprit des Indiens comme souvenirs du passé ou menaces de l'avenir, comment s'étonner que ceux d'entre eux qui vi- vent isolés ne puisent dans la rencontre de li-urs >einblubles que des appréhensions?» l'n soir, dit un voyageur moderne, " dans notre trajet de la rivière liouge aux sources du Saskat- « chawan, étant venu camper en vue d'une hutte d'indigènes, ^iiâ ^M i » ^^ VnVAdKs Ml- I>i:.:ni\i;iiTi;s « .istensilos. .los .h-.l.Hs ,|,. u,uU's M.rlrs. .j,„u-|,ai.M,t .„„(us,-. « inn.l la i.mto. av.v .l.-s ..miroaux .!.• Lis,.,, piépaiV-s ,,o,n •< un ropas .,,m,„o ,..n-,,,r s„|.il.. avait visi|.|,..„,..il int,..ion.|.u. « Après avoir .•h.r.h.-- rt a,.,..'!.", à ^Man.ls .ris l.s luptils. « ""livrinissaire. voyant .s,.s,ldi,.an-|,..s vaines, prit ui. mor- « cean .IVronv Irai.!,,. .1 y lra.;a X la point,. ,|„ ..outeai. " sort.. .!.. cari., .lo visil- pour los n.altr..s d.. la Initie. Il .|es- « sina .rab.M-.l un l.onn.i.. av.v nn rhap.-an sur la l.^te vl mw " l"l"' •' '•' l'""-l"'; •••^ '!"i. panni lou> Irs In.lions. si^miti.' " "" l':in..p.VM v.-nu av.v .l.s inl..nt.ons panli.p.os; a i^^u.-l- « ques autres hi.To^lyplM.s ,...„ „,.,„.s „,vst.-.rieux, .p.i p.,„. « valent se tra-luin- par: rn,,;/,,.. /„ir rt ro... cache r.' nous « sonmu's ros ,u.is ' (>U. .-pitr,. pro.luisit r,.nw atlen.lu- I.. « propriolain. .1.. la huit.., sétani hasanl.^ . vnir chez luUu " ""'"'" •'•' '•■' ""■'■ >'>"l pa. plutnl .I.VI.iirr.'. le lambeau " ''■•''•"'■^■"- 'I""l ;nvn„rul à MMtr.. .an.p c\ nous ra.-onta .pie, « nous MNiint pris po„r ..n parti .1.. jiiu.rri.Ms enn..n.is, il «Vlail « .nlui .lans l.s bois, av.- sa rannii,.. .lans un .".lat pr..squ.. « n.n.plel .!.. „„,|i,,-.. A = Msi. .v- n.alh.MMvux sauva^vs, ..«n « «lainn.-'s à i... pas vivr.- .'m ,■ nuin. alin .1,. pouvoir s.. " Vrocnwy ,\rs nn.v.-ns s„riis;,„ts .r,.\i>|..n.-e. sont obligés " ••<• '■""• •■' iiisp.rt .1.. riioiun,-. .■oniMi,- la brebi> devant I.. •< !ou|i. » A res lail. .i.^j.-, si ,lôpin.,.b|,.s. si-, m s,. nuM^r parl\,is tl'inexcusablfs .ilrocit.'s. Maitirô I,. .l.-.ooùt ,1 IVllVoi ,pi-..|i,.s inspin'iit. nous m cite- rons un exrnip!.' rapport,'' par I,- .Mpilainr lîark, .,, |,. lais- sant |>arler lui-in,'ino. « Au ni,.is ,b. nov,.nibr,' ls;:_'. un hhli.-n nonun.'> l'epper, qui avait lon-t,.nips babil.-. l,.s environs dv Cl.ippavvan en i.Mil.MNK IIMK 953 I 1 qualité de chasseur, arriva i\ ff t'oit, apitVs une absuiKM- de (|iii-li|ii<.> temps; l()i>.,u'il eut alluiii/' sa pip*', il se mit i\ ra- coutiT ii's i-alamités ilnut il venait dV'Ire aaahlé pendant l'hi- ver. Après avdir décrit li-s hnrreuis de la l'amiue au milieu des forêts liésertes A ses elVoits inutiles pour les éviter, il aj(»iita tpi'à la fin. épuisée par la faim et le l'niid. sa femm»!, la mèn( de ses rnlani^.. était toudiée dans un engourdissement tpie la mort avait li-rmiué; que sa iilltt n'avait pas tardé X la suivre, et ("• deux lils dans la Heur de l'ilgtî, qui lui pro- mettaient un soutien pour sa vieillesse, avaient aussi péri... Ses entants en bas ,\^'e qui lui re>taient, trop faillies |)our ré- sister à tant de souirranees, s'élaietit endormis près de leurs frères dans le sonnneil de la lunu, maijjré tous ses soins à !<•> nourrir de> m^'nurcs de leurs vètemeits. « fjuf poiivais-je " faire, s'éeria-t-il alors avee un regard éjjaré qui faisait dres- .< ser les tiievtMix sur la tèt<'".' Pouvais- je implorer le (Jraud- « Ksprit'.' .le n'en avais plus la force. In m'uI enfant me " restait; j«! le juis aver moi, et je courus chercher du « secours; mais, ' 'las! les bois é'iient silencieux... et quel I' silence!... Kntiii je suis venu ici. » " L'enfant dont il parlait, à^té de on/e ans environ, n'a- vait cessé d.' contempler d'un leil lixe le feu près duquel il était assis, et, son père ayant cessé de parler, il >endilait écou- ter encore, comme s'il attendait de nouveaux détails. A la voix de son père, qui lui demautlait une braise pour ral- lumer sa pipe, il tressaillit, i»uis retomba dans >on état morne et hébété. .1 Mais pas un mol. i)as un ^esle n'avait échappé aux oreilles attt-ntives ni aux reiiards peri;ants deiiuelqwes autres Indiens, arrivé: au moment où il avait commencé à [larler, jamais II M) si S i| il I' ! ni tt ' i i 5 r r lij 2S4 VOYAGES ET DÉCOUVERTE:- homme n'avait étr plus patiemmoiit écouté, et ses gémisse- ments avaient seuls intenompu 1rs longues pauses dont il avait entrecoupé son récit. Mais, lorscpi'il eut terminé, un murnmre sourd s'éleva parmi le grouj.e des Indiens. Un d'eux prit la parole d'un ton lugui>re; il paria bas en commençant; puis, élevant peu à peu la .oix avec la véliémence d'un homme forfcment convaincu , il linit par dénoncer l'Indien conune assassin et cannibale. L-accusé, surpris, hésita quelques in- stants; puis, tirant machinalement des bouiïées de sa pipe, totalement consumée, ii nia le fait avec un calme ellrayant.' <( Mais dès cet instant son ambition disparut, et son agi- tation, lorsque son (ils s'éloignait, semblait trahir une con- science coupable. 11 ne pouvait soutenir en tace le regard de ses compagnons. « Ceux-ci s'éloignèrent de lui co.nirae d'un reptile veni- meux, et, ayant obieim les articles dont ils avaient besoin, ils poursuivirent leur chasst-. « Pepper rôda autour du tort pendant .iu<,.l,jue temps, pui., suivi de son lils, il s'éloigna d'un air sombre; mais telles .sont les voies mystérieuses de la l-rovidence. qu'au lieu de cher- cher un lieu solitaire il retourna à la cabane d- ceux qui 1,. fuyaient. « On lui accorda riiospitalité; mais le dégoût, '-élé d'el- froi, «lu'il inspi:;.:;, déteimina s.-s compagnons à le prier de partir. Après une légère hésitation, non-seulement il refusa de s'en aller, nmis, pn-nant un tu,, de déli, i! proféra de telles menaces, que la patienc- des [n,li,.us fut poussée à bout; ils l'abaltiient dun coup d.- fusil, l'kisicurs avaient fait feu. Le lils fut blessé au bras, et s., réfugia derrière un arbre, où. ihipiorant miséricorde, il promit .le raconter • * I CAl'irAlNK '(ACK 23o tout ce qu'il avait vu. On entendit alors d'épouvantables dé- tails. Le monstre avait, en etTet, assassiné sa femme, ses enfants pour se repaître ensuite de leurs cadavres palpitants. Le jeune enfant n'avait échappé à 'a cruauté de son père ni par pitié ni par affection, m;iis par suite do leur heu- reuse arrivée au fort; vinyl-quî Lre heures plus tard son arrêt de mort aurait été prononcé. >- Mais revenons au capitaine Back et à ses compagnons. Ils purr:it , le .'■) nove ■■•, échanj^er leurs fr'^id.'s tentes contre Irur nouvelle tu..,itation, qu'ils appelèrent le fort Reliance. L(> froid parvint hienfùt à une intensité inouïe. Le 17 jan- vier, le thermomètre descendit i r>«îo centigrades au-dessous de zéro. Il y avait dans l'atmosphère une telle abstraction de chaleur, qu'il fut impossible, même on ji'tant au fin du bois <'C à profusion, de faire remonter le riercure plus haut que 12" au-dessus du mène point. L'encie, la peinture, gelaient; tOi;s les bois, même travailles, se fendr ient. La peau des mains se séchait, s'ouvrait en coupures aussi douloureuses qu'elles étaient désagréables à la vue, et il fallait les adoucir avec de la graisse. Un jour que Kack se lavait la ligure à un mètre tout au plus du feu, .sa barbe se hérissa de glace avant qu'il eût le temps de l'essuyer. Au milieu de leur triste solitude, deux 'lôtes inattendus .mivèrent aux voyageurs. Ils ne sendilaient pas de nature à les égayer beaucoup : cétaieiil deux corbeaux; mais ils for- maient, comme dit lîack, le seul chaînon vivant entre les pauvres isolés el la uatinv déserte et ^ilencieu>e (pii le.s en- veloppait. Ils furent accueiilis avec joie. Le cii|>itaine défendit e.\|iies>éni'ii( lie ieur faiiv .iik'un mal, et le> nouveaux venus t,-* ! îi: î H 'H mM 286 V(tVAi:,i:s ET ItKCdlVKItrES ne tardèiviit pas k s.- montivr très-familiers, (^n prenait plaii^-'r à les vdir sV'battn' ciir la neige, à observer !.• co:i- trastc que faisait avec son éclatantt; blancheur leur plumage noir et lustré. Malheureusement un maudit Iro(iuoi.s, arrivant lie nuit, et ignorant la défense du capitaine, aperçut les deux corbeaux, .t les tua. « C'était, dit iJack avec une vivacité sérieuse, une sorte de trahison à l'égard de ces pauvres oiseaux, habiliiés à nous considérer connne leurs amis. On souffrait volontiers leur^ petits larcins, A leiu's croassements aigus, si fatigants ailleurs, interrompaient ici la monotonie du silence. Leur perte lut un \éritable chagrin. » Mais une grauile émotion etfaça bieutôt toutes les autres. Un jour, comme ii^ >"eulretenaient de leurs amis absents, un violent coup se fait entendre à la porte; un homme tout es- soufflé se présente au capitaine, et, lui reinrttant un paquet, lui dit : " // est de ir/nnr! — Augustus ? Dieu soit loué! s'écrie Back. — Xou, Monsieur, répond le messager; l- capitaine Hoss. — Le cai)itaiue Ross!... Est-ce possible! comment le sait-on? » A l'nuve ture du paquet que lui faisait tenir la compagnie de la h.iuj dlludson, iiack ne put douter. Deux articles ilu Times et du Herald, et des lettres oflicielles et [irivées, lui conlirmaiont Theureusj nouvelle. Le premier mouvement des voyageurs fut de rendre grâces à cette l'ro\idence divine qin a dit elle-même : « Les miens, « fussent- ils au fond des abîmes, ma main peut aller les y « chercher. >- La nouvelle du retour de l'.oss et de ses compagnons (Mait iieureuseinent .i lUck >,.u hul priicipal; mais l'amour des découvciles lui restait, et ceii était assez pour cpie son ar- deur ne lût pas éteinte. CAITIAINK liACIs '>;)7 le 7 juillet, Back, accompagné de M. King, reprit le che- min des déserts arctiques. € J'avais échappé, dit-il, à la misère d'un hiver rigoureux, au spectacle et aux récits des souffrances et de la mort, aux longs ennuis d'une vie monotone et inactive, aux désappoin- tements les plus cruels et aux plus terribles soucis; mais une carrière nouvelle s'ouvrait enfin devant moi ; j'étais soutenu par l'espérance, la curiosité et l'amour des aventures. La perspective même des dangers et des obstacles que je devais rencontrer, jointe à la responsabilité inséparable du comman- dement, loin de diminuer mon zèle, ne faisait que l'accroître. En tournant le dos au tort Reliance, je sentis ma poitrine al- légée et mon cœur battre avec plus de chaleur; on eût dit un prisonnier quittant son cachot. M. King, mon compagnon, partageait mes émotions. > Back, vers les premiers jours du mois d'août, après un long trajet sur la glace, marqué par des péripéties sans nombre, atteignit enfin avec sa suite l'embouchure ('e la grande rivière du Poisson, et put constater (pie ce fleuve, après avoir pré- v'ipité sa course torrentueuse et sinueuse sur une longueur de cinq cent trente milles géographi(iU('s à tra'-ers un sol de fer que pas un arbre n'égaie ; après s'être parfois épanché en vastes lacs, dont riiori/on de ciel et d'eaux laisse le naviga- teur incertain de sa route; a|)rès avoir franchi des chutes, des cascades et des rapides dont le nombre ne s'élève pas à moins de quatre-vingt-trois, se déverse enfin dans la raer polaire. Back s'efforça de pénétrer dans ces glaces. Il s'y avança assez [.our courir risque dètre broyé ou invinciblenu'nt em- prisoiuié entre leurs masses. Il parvint néanmoin-, à r(V(.ii- t: tl , !■! 2o» V(iVAiil> Kl DKcol VEHTES naître et à décrire cette partie des régions arctiques dont il était le premier explorateiii-, ol l.-s noms do Cocii iutensr, que leau gelait sur les avir-.ns, et (^u'un des chro- nomètres sanvta. A la lin de rhiver, liack se rendit au fort Résolution, doù , reprenant la loute du Canada, il regagna Ne\v-V..rk, et le ^ septembre, après une absenc(^ de près de trois ans. il re- voyait l'Angielerre. « l.e trajet qu'il avait parcouru sur le continent américain, disent MM. Hervé et de Lanoye, depuis New -York jus.pià lembouchuro de lu rivière qui porte aujourd'hui son nom, 1 ! cAi'iiAiNi: i;\(;is équivaudrait un Europe à celui que décrirait un voyageur qui, s'eiidiarquant, par oxoinple, à Naples dans un canot, remontant ou descendant dos rivières, faisant des portages, franchissant des montagnes, se rendrait à Arkliangel, sur la mer Blanche. » * f îj II t» ■4 i il 1 \ 1 :, ; H ■ i ■ j 4:1 1 VOYAGES DÉDOLARD PARKY (1819-1823) Départ de l'Hécla et du Griper [JOur la baie de Baffln. — L'arcliipel de Parry. — Hivernage à l'île MeMll,.. — Précautions contre la famine et les maladies. — Un incendie. — Effets du finid. — Le printemps polaire. — Vaines tentatives pour pénétrer à l'Ouest. — Retour dans la haie de BalTm. — Ketour en .Xnjjleterre. — Second voyage. — Entrée dans la baie d'iludson. — Blocus dans les glaces. — Ours monstrueux. — La baie de Repuise. — Hivernage à l'île Winter. — Relations avec les Esquimaux. — Leuis usages funéraires. — l.a fumée du froid. — Reprise de la navigation. — Chasse aux morses. - • Srcond hivernage i l'île d'Igloulik. — I.a presqu'île Melville. — Retour en Angleterre. Au nombre des quatre navires que laniirauté anglaise se décida, en 1818, à envoyer dans les mers polaires, deux d'entre eux, l'Hécla et le Griper, sous le commandemont d'Edouard Parry, furent destinés à la baie di' Raffin. Après une traversée de 12» à lô» de longitude, l'expédition arriva, par le détroit de Barrow, dans un vaste bassin bordé de nombreuses et vertes îles, que les géographes modernes ont à bon droit appelées l'archipel de Parry, et dont les prin- cipales reçurent de ce navigateur les noms de Cornwailis, de Bathurst, de Mel ville. i I 21' > VuVAiiE?- ET DECULVEHIKS On hiverna dans cette ilcrnirre lie; mais à peine les vais- seaux étaient-ils amarrés à l'abri de tout danger dans It; havre, que le thermomètre tomba à IJS" centigrades au-dessous de ■'''ro. « En prévision de l'avenir, dit l'arry, Je fus obligé de ré- duire d'un tiers la ration ordinaire du pain. Mais, chaque semaine, je reinpla(;ai une livre de iHeut' salé par une égale •piantité de conserve de viamle, et j'y joignis une pinte de bouillon concentré ; la bière et le vin remplacèrent les li- queurs alcoolisées, et je fis faire, à des intervalles réguliers, une distribution de légumes confits au vinaigre et d'autres condiments. Kniin tous les jours chaque homme de l'équi- page buvait, devant un officier, une certaine (piantité de jus de citron mêlé d'eau et de sucre. Ceux qui regarderaient la présence d'un olucier en cette circonstance comme super- flue i;e connaîtraient i)as le caractère des matelots, vrais en- fants dans tout ce qui concerne le soin do leur santé. Le gibier, quand on pouvait s'en procurer. rempla(;ait la ration oïdinaire de viande; mais, excepté dans de bien rares oc- casions, nulle préférence n'était accordée aux officiers, ni pour la qualité, ni pour la quantité des aliments. » Le 24 février au matin, tandis que tout l'écpiipage pre- nait son exercice hal.iluel en courant autour du fillac, les cris : « Au feu! au feu! » se firent ente-vire; la hutte qui ser- vait d'observatoire était en flammes. Chacun y courut, et, ayant réussi, non sans etl'orf, à abattre le toit de la hutte et une partie de ses murs lie planches rembourrés de mousse, on parvint à (itouffer les flammes sous la neige avant qu'elles eussent atteint les instruments les plus précieux. « L'instant d'apiè<, dit Pnrry, rimis offrions un spi'ctacle i \? 1 1 t ' ''■ ,lrl i m,^ rAi-UAlNi; I l'iii Aiih l'Aiiin •>ti:i curieux à voir. 11 n'y avait aucun de nous (jui n'eût le nez et le visage couverts de tachns blanches causées par la geléo; de sorte quo les chirurgiL-ns et leurs aides n'i'taiout occupés qu'à courir de l'un à lautro, frottant avec de la neige les par- tit-.", attaquées pour y rétablir la circulation. Malgré cette pré- caution, qui prévint probabieuifut de graves accidents, seize hommes grossirent la liste de nos malades |iar suite de cet événement, et l'un d'eux, John Smith, soldat d'artillerie, :it- taché au service du capitaine Sabine, ne s'en tira pas à bon marché. I! se trouvait dans la hutte au moment où le feu se déclara, et, voulant sauver un instrument dont il connais- sait la valeur, il le saisit, pour le transporter sur le vaisseau, sans prendre le temps de mettre ses gants. En arrivant à bord de rilécla, ses mains étaient si complètement gelées, que les chirurgiens les lui ayant fait plonger dans l'eau froide, celle- ci se congela immédiatement à ce seul contact. Malgré fous les soins qu'on lui prodigua, il fut obligé, quelque temps après, de subir l'amputation de la plus grande partie de ses doigts. » Le mois de juin fut employé en excursions de chasse ou d'exploration sur l'île Melville. Bien que le soleil accomplit alors sa révolution diurne tout entière au-dessus de l'hori- zon, la neige couvrait encore presque partout la terre; une couche de glace de plusieurs pieds d'épaisseur masquait les lacs et les cours d'eau, et toutes les baies demeuraient en- combrées de masses immobiles de glace marine. Dans une de ces expéditions, dirigées par le capitaine l'arry lui-même, on remarqua cependant, sur une ligne de plus de vingt- qii.itre myriamètres, parcourue dans l'intérieur de l'île, (\yul- ques endroits isolés qui, gnlce à une disposition privilégiée, •J»ii ViiVAOKS ET DtCuLVERTI'S > étaient revêtus de mousse, .le ;îazon, de saxifrages et de pavots. Celaient comn.c d. , uhL , dressées au désert par la Providence pour touies i. -, créatures dont elle a peuplé ces régions. Le bœuf mii^qué, aux épaules voûtées, au pelapo lai- neux, couvert d'un long poil balayant la terre, y paissait à c.Mé de grands troupeaux de rennes: des m-ltituiles de liè- vres venaient s'y tapir au milieu ..o bandes innombrables d'oies boréales, de pluviers dorés, de gelinottes blanches, et d'autres volatiles sans nom. Autour de tous ces êtres se re- faisant, dans un pAturage d'été, des misères de leur exil hivernai, rôdaient cauteleusement ou se tenaient à l'alTût le loup et le renard polaires. Parry appela cet endroit Bushnan- Cove. Ce fut seulement le 1er août que les navires, regréés et rééquipés depuis bien des semaines, purent mettre à la voile et reprendre la route de l'ouest. Au delà du cap Dundas, .pii termine l'Ile Melville du même c.Ué, l'œil n'apercevant qu'une plaine «le glace solide et com- pacte, l'intrépide l'arry dut reconnaître, bien à regret, que toute tentative pour pénétrer par cette voie jusqu'au détroit de Behring serait rendue vaine par le seul fait de la courte durée de l'été, et qu'un second hivernage dans ces parages serait de la dernière imprudence. Il résolut donc immédiale- "lent de se rapprocher des rivages du continent américain par un chemin plus niéridional. Rentrés dans la mer de IJalïin, Ir Gripper et rilécla en lon- gèrent les c(Mes occidentales, et, p.-nd,mt que les officiers en relevaient les contours, ils communiquèrent, pour la piv- mière et seule fois de (out ce voyage, avec une tribu d'Es- quimaux. IIAI'ITAINE EDOUARD l'AllItV Dans la partie étroite ilu détroit de Davis, l'expédition n-- trouva de nouveau la glace compacte. Etant parvenue à s'en détrager, elle reprit la route de l'Angleterre, où elle rentra vers la lin d'octobre. Au printemps suivant, Parry tenta de pénétrer dans les parages inexplorés qui séparent l'Atlantique de la mer d'Hud- son, et de se frayer, droit à l'ouest, une route vers les ri- vages vus par Hearne et Macken/.ie. Il mit son pavillon sur la Fury, l'un des deux navires que le gouvernement anglais lui contia (l'autre, l'Hécla, eut pour commandant le capitaine Lyon), et six semaines après sou départ, le 14 juillet, il rencontra la première montagne de glace, par le travers du détroit de Davis. A peine entrée dans la baie il'Hudson, l'expédition se vit bloquée par les glaces. Pendant ce repos forcé, l'équipage de l'Hécla, ayant aperçu sur un glaçon un ours blanc d'une monstrueuse grandeur, lui donna la chasse, et parvint à le tuer. Son poids dépassait sept cent cinquante kilogrammes, et telle était l'énergie organique de ce colossal carnassier, quv son C(eur, retiré du corps, fut ag trois heures encore de mouvements convulsifs. Les glaces ayant liiii par se disjoindre, les vaisseaux de Parry, sortant enfui des parties pratiquées de la mer d'Hud- son, entrèrent dans le détroit de Fox, et se dirigèrent, en longeant par l'est et le nord l:i grande île de Soutluimpton. vers la baie Repuise, pour constaler, dans cette échancrure du continent américain, la vérité ou le néant de l'iiypothèse géo- graphique (jui dejtuis longtemps voulait y voir une issue de l'océan Polaire. L'examen qu'en tit l'expédition prouva l'exac- titude des observations du capitaine Middleton, (jui le pre- m !M *>* VmVAOKs et lii:«:olîVEHTRs niior avait .Ircouveit cett.- baie, et .iiii y avait bien vu une baie, et non un détruit. Sept seniainrs d'une navifration ( ontinuo n'avaient pas porté lexprtlition à plus .le .juarante myriamèfios vors le nord, lors.iuil hii fallut s.)ii-t'r à hiverner sur une île voisine du nuitin.nt. et .juj depuis rette .'.pocpie est connue sous le "niM d île Wi.der. Les vaisseaux, dé-ré-V, furent rf^couverts d." -irand.is ut fortes lentes. Une petite maison et un obser- vatoire confortable furent élevés sur 1- riva-e, et leurs doubles murs (I .planches rerurenl intérieurement une chaude couche Ksquimaux! ik:< Esquimaux! » ElTecti- vemont on en voyait un certain nombre savan(;ant lente- mont vors les vaisseaux, et, sur une haut-ur, à environ deux milles du rivage, on distinguait ^lu.'lqt... chose eomme des liuttes nouvellement construites. Les deux commandants l'arry et Lyon, .s'étant immédiate- ment portés à la rencontre .les étrangers, distinguèrent bien- l'.t une troupe deiiviron vii,ot-ini,| Ivsquimaux, qu'ils n'hé.si- lùrent pas A aborder. Ceux-.i les accu.'illirent avec cordialité, et les conduisi- ivnt à leur habitation. « l'etits et grands nous reçurent bien, d'une légère inflammation. Quand la peau est guérie, la couleur du kakkine devient d'un bleu pâle. « Nous terminâmes notre journée en partageant nos pro- visions de table avec la famille Nakkakhiou, et les nombreux visiteurs que notre présence avait attirés dans la hutte. Tous les Esquimaux firent honneur aux mets que nous avions ap- portés; le vin seul ne put leur plaire. On conçoit que, poui' des palais habitués aux parfums de l'huile de poisson, le mon- tant et le bouquet du jus de la treille soient bien fades. » A ces curieux renseignements nous croyons d.-voir ajouter, comme complément, quelques détails sur le mode particulier aux Esquimaux de payer u la mort le tribut que lui doivent tous les hommes. Nous emi)runtons ces détails à la relation de W.Graah, qui. de IS-JS à ls;!0,lit, par ordre du gouver- nement danois, une expédition à la côte orientale du (iroen- land. « l'n Esquimau d.' mon campement d'hiver s'était fait au bras une blessure, (pie le défaut de repos, de propreté, et peut-être li- voisinage de I artère recouvrirent en peu de temps d'une énorme tumeur; le membre blessé devint le siège d'in- tolérables doideurs. que I,. p.Mi de ressources pharmaceutiques dont je disposais ne put p.uvenir à calmer, .'t bientôt la médecine européenne discréditée dut faiiv place à celle des angekoks. Une vieille sorcière fut ai.pelée auprès du malade, dont elle commença à lier la tète avec un cordon mystérieux; puis elle la souleva la trouvant lourde, et, d'après ce symp- CAITlAlMi KDOUAKD PARHV •271 tome, déclara que le patient devait mourir. Dès lors, persuadé de riiifalllihilitt' de l'oracle, il n'solnt d'abréger ses souffrances par la faim, .-t sa femme me fit la même déclaration, cii repoussant avec une sorte d'irritation le bol de bouillon que j'apportais à son mari pour le détourner de son dessein. « Y aurait-il persévéré fermement? je ne puis l'affirmer; car trois join-s après, à neuf heures du soir, quelques membres de sa famille se précipitèrent dans ma hutte, en criant: « Il « meurt, il meurt, il perd tout son sang! » « M'étant reud'u en toute hâte auprès de lui, je fus témoin d'une scène que je ne puis qu'imparfaitement décrire, mais (jue je n'oublierai jamais. « Le malade était assis sur sa couche de peaux, soutenant ''une main son bras, dont le sang jaillissait à tlots. Personne ne lui |)rêtait la moindre assistance; les femmes, criant, gé- missant, jetaient hors de la hutte ustensiles, habits, literie, pelleteries, mobilier, provisions de bouche, comme s'il se fût agi d'un incendie. Les hommes se précipitaient tour à tour sur le patient, en poussant de véritables hurlements. Les lamentations des femmes, les larmes et les clameurs des enfants, les gestes de tous, la terreur imprimée sur tous les visages, formaient u'i ensemble dont on lie pourrait se faire une idée, même en se reportant devant le ■fuij".mciit ilernier de Michel -Ange, mais ipii lit siu' moi une telle impression, que longtemps aprè- jeu frissonnids encore. « Lorsqu' .. ^-quimau est tellement pris de la mort qu'il ne peut plus distuiguer ce qui se passe autour de lui, on pro- cède immédiaterni-nt aux |)réparatii's des funérailles, La femme du m lond venait, <-n coiisé(|uence, à cha(pie instant lui demander: u Enteiuls tu".' compiends-lir.' » l'uis, comme M Ji m* m 4 ,! ! m ■ lii i 1 1 ' ■•Lk/ • II h ■272 VOYAGES ET DÉCOUVEHTES il répondait affirmativement d'une voix très-distincte, elle l'accablait d'obsessions pour qu'il consentit à se laisser enter- rer dans la neigu plutôt que dans la mer, où il avait chargé son fils aîné de le déposer après sa mort. Elle lui objectait que la glace, rompue et mouvante, n'était pas praticable pour un traîneau; .t lui de répondre : « On me portera dans une « barque. » « Le temps, cependant, s'écoulait et commençait visible- ment à paraître long à la femme du patient; bien que celui-ci conservât toute sa présence d'esprit, qu'il vît et observât tout ce qui se passait autour de lui, qu'il comprît très-bien le sens de chaque phrase, elle n"en connnença pas moins les apprêts des funérailles, et ordonna à deux jeunes filles, ses enfants adoptifs, de décrocher îles parois de la muraille la tenture de peaux (lui devait servir de linceul à srn mari. Cet ordre fut donné et exécuté avec un terrible sang-froid. Avec non moins de calme, le malade n^gardait fain- ces dispositions l)our son départ de ce monde; plongé dans de graves pen- sées, ou épuisé ilr sang et de forces, il ne laissait échapper aucun signa d'appréhension ou d'eUioi, et se laissa revêtir de ses meilleurs habits sans observations, sans la moini"a ré- sistance. « Déjà, soit .pi'on l'eût enfin décidé à mourir, soit que, fatigués de hii prodiguer plus longtemps des soins superfius, ses parents se préparassent â l'arracher . encore vivant, de son lit d'agonie, on venait d'étaler sur le sul les peaux dans lesquelles il devait être cousu; déjà l'on ,-,vait enl.A-é du plafond le vitrage, ou vessie de poisson, à travers le(iuel, suivant l'usage, le cadavre -levait |)asser, .piand tout à coup le mo- ribond, recouvrant la parolr, pria les as,,islants de ,,alienter ). yw^^^m. CAPITAINK KDOI Alil) l'AKHY 273 un peu, vu qu'il se sentait beaucoup mieux. 11 m'appela, me témoigna ses remercîments pour les soins que je lui avais donnés, ses regrets pour la mauvaise nuit qu'il m'avait fait passer; me laissa bander sa plaie, et, dans un verre de porto coupe d'eau et de quelques gouttes d.^ -itron, puisa tellement de forces que sa fiimilie dut replier son bagage funéraire. Quelques jours après, il était hors de tout danger; mais il n'avait pas tenu aux usages et coutumes de sa race qu'il ne fût enterré tout vivant. » Revenons à l'exijédition de Parry. Ce fut dans le cours de l'hiver qu'il passa à lile Wintor, (pi'on vit plusieurs fois ce qu'on api)elle la fumée du froid. Ce phënomèuo a lieu chaque fois qu'une tissure soudaine se formant dans la glace met à àcoouvert une portion quelconque de la mer. Il s'en échappe alors ui vapeur semblable à celle qui s'élève d'une chaudière en ébuilition; mais, congelée presque instantanément, cette vapeur retombe en poudre impali.able sui' les bords de la crevasse. L'hiver de 1822 se prolongea longtemps sous le cercle po- laire; à peine au commencement dt; juin voyait-on bour- geonner les i»remiers boutons du saxilnige, et (jnehiues mou- vements de di.sjonctions s'opérer dans les glaces. Il fallut ouvrit' à la scie un chenal pour faiiv sortir les navires du havre d'hivernag.'. Le 2 juillet, grAce à un coup de veut qui poussa les glaces au large de la baie, les vaisseaux purent mettre enfin à la voile et reprendre !a direction du nord. Le li, comme les vaisseaux venaient de doidiler le cap Peiirliyn, lu vue d'un grand nombre de morses engagea les chasseurs du bord à poursuivre ces iinimaux. Si ap.ahi(pies, SI lourds qu'ils soient en .ipparence, ceux quoii alhupia op- i '' :'i: i ':' "-"'' V'uVAiiKs i;i i)i;ciii;vi:iiii> posèrent aux assaillants une résistance inattendue. Une fe- melle ayant été tuée, le mâle qui l'accompagnait continua de lutter, comme pour protéger son cadavre. Bien qu'il eût été atteint de trois coups de feu, qu'il portât trois lances enfon- cées dans son corps, et (pi'il re(;ùt un couj» de baïonnette chaque fois qnil venait à [witée de la chaloupe, il ne s'en jetait pas moins sur la proue de l'embarcation pour la dé- molir avec ses crocs puissants, (;t il parvint même à en per- cer plusieurs planches. Il ne succomba qu'après dix minutes au moins de condjat. La chair de cet animal fut trouvée fort bonne par tous ceux qui piuent surmonter le dégoût ipi'in- snirait sa couleur noire. l'eu après, ayant doublé la presqu'île Amitioki. un des grands rendez -vous de pèche des Esquimaux, et le petit groupe d'îlots qu'ils désignent sous le nom d'Ouglits, l'arry atteignit l'île Igloulik, autre station de ces sauvages. On y passa l'hiver de \H-2'A, qui se prolongea au delà de toute prévision. A la lin de juillet, la Furie et riléda étaient aussi étroitement renfermés dans la glace que pendant la nuit de quarante-deux fois vingt-quatre heures (jui torrre le cœur de l'hiver par 70" de latitude nord. l'arry et Lyon, recomiaissant limpossibilité absolue de pé- nétrer plus avant, se décidèrent à mettn- à la voile poin- l'Eu- rope dans le courant du mois d'aora, a[tiès avoir domié le nom de Melville à la grande péninsule dont ils avaient en deux canqiagnes relevé les côtes occidentales, et . — Pi'iiiiil |i(iiirl;i liiiiMl'IIiulî-oii. — l.r l'dil t;iii|"-»yaii. — I,i' cln l' iiiilii'ii Akaïlrliii. — 'IVadilinii iiiilii'iiiie à [huimis de la livirii' ili' la (lii)i|i.Miiiiii.'. — Vaincs ti'iilalivis ili' l'iaiikliii |"iUr aiiicnor les Ksi|iiinianx l't Ir- Imlinis à un Iilciriui-. — Talilcau de l'aiiliiijuliismo de res iliMix lai'i's |i:ii' Ik'aiiir. — lliicclinii à I niii'iil ilr la ('.u|>|ii'i'iiiiiii'. — la" cap Tur- lia^aili. - MiM'irndii ivUinr. - Ili-Miui'imiit du iluticiii- Uicliaiilsoil. — Ih. Idc Mouiriliiii', la' lui t ri-ailri'|iriM'. - ll.l.iiii' iiiatiriidii de Uicliard.-^oii. — kIuviT au loit ri.laii. - l''ii du v.iva^'i' M la fa. InicMic' dV"ik. Ndiis avons ilit i|u"aii iiiiiiilua' (lt'> quatie navires (iiic lit partir ramiiaiiti! aiiglaisi' l'ii INIS, deux, foiuinaialés par l'avili liiu'lian d .loliii Kraiikliii, avaient en pmir uiis>i(in do se l'iayei' un clieinin vers le détroit de lîelirinji, ou ein làge de ([uatorze ans, par cette rude école du bord, où >o sont l'orniés les premiers marins lie l'Angleterre. Comme Cook t't Nelson, Franklin avait com- mencé par être mousse. Il s'était distingué aux combats du Co|ienliague, de 'rrafaigar, de la N'ouvelle-( trlé'an>, et, dans l'inlervallo do ces action> célèbres, il s'était sunalc ilau.-^ lo Ml I t! 27« \u^Al;fc;^ i;r ncaiiiv 1:1:1 1> ■■ VA I il voyajre de dôcoiivi-rtes entrepris p;ir le capifaiiie Fliiider au- tour (if la Nuuvt'lli'-liollaïKJ,.. 'IVls étaient l<'s services (|ui avaient valu à Franklin, j. Mme encore, le tirade de lieutenant et le conunandenient d'un d<'s navires de l'expédition de huclian. Nous t'i'rons connaitrt' à nos lecteins [>ar la relation du ca- pitaine Heechey, (jui tut lieutenant de Franklin, par fpjelles épreuves celui-ci débuta dan> la pérdieuse carrière de navi- gateur tians les mers polaires. « Il n'est pas, j'en suis convaincu, dit cet officier, de lan- gage humain cpii puisse peindre la terrifiante grandeiu' des ellots produits par la collision des glaces de ce tempélu<'ux océan. C'est à la fois un -iiectacle scdennei et sublime de voir la mer, violemment agitée, rouler sc.> vagues connue des mon- tagnes contre ces corps résistants; mais, .piand ell(> vient se lieiuler à CCS niasses iiu'ellea mi>rs en mouvement avec ime violence l'gale à la sienne, rell'et drvicril |)rodigi«Mix. l'ar mo- ments elle déferle siu' ces Mues de glace, et rin>tant d'après ces mêmes blocs, s'elforçant il- lemonter à sa surface, foni relondter les Ilots autour deux en cataractes fumantes, pen- dant (pie clia(]ue niasse imlividuelle, se roulant dans son lit liouleversé, se heurte à sa voisine, ri luite avec elle juscpi'à ce que lune des di-ux soit bii-ée eu soit superposée à l'autre. Ce n'est pas sur un e>pace restreint (pi'éclate ce >pectacle : il se développe aussi loin .pie la vue peut s'étendre. Ft quand, se détournaiil de ces scène- cniivulsive>, \'w\\ se reporte ,"i las pect étrange cpie l.i révn iiéiatioii des glaces tloniie au ciel, on dan^ le cali I une atiiio>pli("iv argentée semble briller uni- clarté surnaturelle; loi.-quil voit 1 ainsi (pie nous le voyons non— mème> en ce momenl au-des>u> de nos mâts i cette voûte llj lii CAI'IIAINK .ln|l\ rHVMsI.lN 277 Iiiiiiiiiciisn lionlée do toutes parts pai' un laiffc horizon «l'c- paisscs ténèbres cl de nutVs oraj^onscs, comine par un rein- part qu'il n'est pas donné à l'iioninn' do IVancliir, on com- prend lacilcrnt'nt iiucllcs sensations de respect et de crainte imprime à l'Ame une telle jirandour. « Si jamais la force morale de llioinme de mer a été mise A une rude épreuxe, c'est assurément dans de semhlal)ies cir- constances, et .je ne puis cacher l'orjiueil que j'éprouvai en entendant, au milieu dt) ces tormidahles m;inil'estations de la nature, le ton calme et décidé avec le(iuol le commandant de notre petit navire, sir Joh Franklin, domia les ordres, et en voyant avec quelle promptitude et (pielle précision l'équi- page les exécuta. « Chacun de nous, comptant >ur lui même, et les yeux lixés sur les mâts, attendait avec une anxiété palpitante li' mo- ment du choc. >i II arriva cependant. Le hrick Tn'>il, pénétrant dans la banquise, donna violemment contie la jilace fixe. Au même in>tant nous perdîmes l'équilibre; les mâts plièrent sous le coiq), et la mend)ruie du navire cra(pia sous une pression laite pour nous donner les appréhensions les plus sérieuses. Le vaisseau chancelant sembla un mo>nent reculer; mais, soulevé par une première lame, il bit jeté à la bande sur les bords ibi chauip île el;,re. nù il s't-cliouait en roulant, lors(pie la lame suivante, reprenanl picsipie aussitôt, lui lit courii- une bordée sur le vent, et, ballant avec bireur son arrière, le laissa à bàboid en contact avec le champ de glace, et exposé à tribord aux atteintes d'un bloc dont la masse était environ triple de la sienne. « Cell.' malheureuse cir.onslance ne lui permit pas de I 1 i K * V lu !! il il !l| li li 1 II Il { h •27« VnVACKS i:t |ii i ( ,ivi:it IKS ptMiôtrer dmis Irs -|;i,vs assoz avant pour .Vhappor aii\ oiïets (lu vent, et le pla.;a .laiis n-tl,. sitiiati.Mi, .pnl sunlilait, pour ^liiisi iliiv, a-sailli ,!,■ loiis cùIrs par une baltoiio de b.Miers. •Iniit (lia, Min lui disputait IVlinit espace .pul „ouipait, .-t driiit l.s .•.,up> in.v>>ants n.' pciiiiottaiml pas nu'in,- dVn- liovdir la possii.ililé d.' If sauver de la .Icslrudion. K„ |e voyant alta^pi.'. lilirral.Tn.'nl pi.'ri. ù pjècx", nous navion.s quVi alti'udro patieninimt li.>u.' d'unt; tell." criso, car nous imuvions à poine nous soulmir sur nos pir.U, loin d".Mrc en état de lui port(>r un strours (ps.'l.-ompH'. Il .'lait socom- avec un.' telle vi^lon.v (p„> |,i .-loclie, cpu, par les plus {çros temps, iiavait jamais sunn.' .rrlIc-mèMiir, se mit à carillonner conli- nuellement: et Ton ord.unia «le renvclopp..r, alin de couper 'ourt à la >inistn' association d'idées (jur taisait naître un pareil coucei'l. » Ce tal.leau sullil pour donner une idé.- des épreuves tpio soutinrent pendant trois umis !.■- ronnu indanls du Wo-/ et lie /(( J)nrull,,',\ Lors donc (pie le ■■onvernemeiit an-Iais expédia, en isll), I"' capitaine l'arry dans le détroit d,. Lancastre pour y iv- l'reiidiv la ivclieivlie du passade iiord-oue l.s uers du S,,it/|,e,v n'eût pas atteint s(,n l'Ut, et (pielle n-.ùt pu fraiicliir o^ttc l.arriéiv de n|ace ,p,i avait a.:^si arrél.- les navi;:al s du .iécle préc'dent. Au mois d,. mai ls|:.. .|„lui l'ranklin >'eml.ar,p,a pour la l'aie dIludMHi. accompai^i.é. .hIk! autiv. oitieiers de la nia- linc royale, du docteur Iticliaidson et ,\r lensei-rne Uaelc flAiri AINK .l'illN 1 IIANKI IN •i^n noms devenus célèbres sur ses traros. La mission de i'in- fatigahle navigateur, outro le concours ({u'il devait donner, s i\ était possible, à l'expédilion >\o l'arry, consistait à relever les c(Ues du continent à l'est de la rivière Cojjpermine, et à déterminer exactement les latitudes et les longitudes di; ces régions. La première station de Fraidilin était le fort Cliipéwyan, situé sur la rive nord du lac Âtliopescà. M.iis il se hâta de le quitter, dès (piil eut été rejoint par tous ses compagnons européens. Il descendit ensuite par !:-. 'ivière de la l'aix et le grand lac de l'Esclave, jusqu'au fort de la Providence, où il prit des guides et sept chasseurs dans la tribu des Indiens- Cuivrés dont Akaitcho était le chef. A la tin d'août, Franklin atteignait lo.s bords d'un lac for- mant l'une des sources du lleuve de la «^.opperuiine, qui doit son nom à une chaîne de montagnes du nord-ouest au sud- ouest sur sa rive 'iccidentale, et pré.'^entanl quelques aftleu- rtiinents de cuivre natif. Les Indiens -Cuivrés ont conservé à ce sujet une tradition (piils répétèrent à Franklin et qui prouve l'universalité des légendes. « Les Esquimaux, dit le récit, habitaient autrefois une terre séparée du continent américain par la mer. Un parti de ces sauvages, à un<' époque très- reculée, débarqua sur la côte, alors occupée par les Indiens, et enleva une jeune fennne. Devenue l'esclave dr ses ravisseurs, elle réussit à s'échapper après plusieurs années de captivité, erra à l'aviniture, et par- vint eidin au bord de la mer. A la vue des Ilots qui s'éten- daient entre elle lit sa patrie, elle désespéra de la revoir jamais, et, s'étant atVaissée stu' la rive, elle se mit à pleurer. « Tandis qu'elle s'abandonnait amsi à l'aftliction. un loup WFA < i j.jd'^'mK- IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) W // / / :^\% y 1.0 l.l 1.25 Uàl28 IM i.4 II 1.6 ô^ # >/ > A ■^^ «^^v'-" /^ 'V^^^ >^ Photographie Sciences CoipoFdtion 23 WEST MAIN STREET WEBSTER, N.Y. I4S80 (716) 87?-4S03 A^ # :<\^ N> % V ^ ^'^ 280 V0VA(;ES et DÉCOtlVERTES 411e co métal pouvnu Afrp '-filo i ;" ''''^ P'^»^ elle vers la précieuse montagne Mus rV les saisi, ' ; " "°''" '""^ ^™''' '''™»- l» I» joie lei ;: ,r: :r :r" "''"'-• "- ™"'--' -"-■ «g le, !.. elle lomba i.pui,*. rte forces. Au momenl où s. perseculcurs allaient 1-, s-,i ■:,- 1 , , "'°™ent ou ses dins son • ' "'■" » «""■•™mi el la recul to.s son se.,,, e„gl„u,issa„, avoc elle la mass,. „é,alli,é re fn:„':„r r- °" "- '™"™ '"-' *- - -°'™ ^^ T'"^ de „,„erai é,,ars sur la surfac de la lerre . U.sle,udi,..ud„juiu ,«.,,,„,.„,.„,, ,„^ ^L "™ r" '"'™""' "'■ ' "^^~'- <" '» -..r,e e ,ou, son ,„„uae ,„ cours de la C„p„er,„ine. A un ,n„is don, cen, v,„g, au ,„„„„ „,„„„ exig, ,« p„„„,, j„, ^„„„,; CAPITAINE JOHN FRAXKI.IV 2«1 il put enfin contempler, du haut d'une colline, les eaux de l'océan Polaire, qui lui apparurent encombrées d'Iles et de glaces. Cependant la vue des Indiens éveillait des alarmes parmi les groupes d'Es(|uimaux que rencontrait l'expédition, et les efforts du capitiine Franklin, pour amener ces deux races hostiles à une conférence, furent rendus vains par la terreur que chacune d'elles inspirait à l'autre. Le souvenir d'une scène de sang, dont un grand nombre d'ossements humains et de crânes, portant la trace du tomahawk, indiquait encore le théâtre à l'embouchure de la Coppermine, pesait sur ces malheureuses peuplades et entretenait leur méfiance mu- tuelle. V^oici , du reste, le récit que Hearne, le célèbre voyageur, qui en 1771 tenta vainement d'atteindre l'océan Polaire, a laissé de cette latte suprême entre les Esquimaux et les Indiens -Cuivrés. « Après s'être approchés, à la faveur des ténèbres, des rochers et des plis de terrain jusqu'à une certaine distance des Esquimaux, les Indiens se mirent en embuscade pour épier les mouvements de ces malheureux. En ce moment, ils me conseillèrent de me tenir à l'écart jusqu'à ce que tout fût fini. Je craignais de me trouver ainsi exposé A rencontrer quelque fuyard qui me prendrait pour un ennemi, et me traiterait comme tel: je répondis aux Indiens que je les sui- vrais; mais en même temps je les prévins que je ne lèverais pas la main sur un seul Esquimau, à moins que le soin de ma conservation personnelle ne m'y forçAt. Ils comprirent mon objection, et, sans plus songer à moi, achevèrent leurs pré- paratifs d(! guerre. Ils se barbouillèrent le visage, les uns en •282 VOVAdKS ET niCCOnVEUTES noir, les autres en rouge, ot même quelques-uns employèrent un mélange de ces deux couleurs. Pour ne pas être gênés par leurs cheveux, ils les relevèrent sur leur crAne en un nœud très-serré, et les coupèrent très-court tout autour de la tête Par une autre mesure de prudence, et afin dW.re plus ««Wles ds se dépouillèrent de leurs guêtres et rognèrent les manches' de leurs vêtements. « Il était une heure du matin avant que les Indiens eussent termmé leur toilette de combat. Rien ne remuait che. les Esquimaux, en proie à une flitale sécurité. Alors les meurtriers sortirent de leur embuscade, et, parvenant inaperçus Jus- qu'aux tentes où dormaient leurs victimes désignées ils s'y piec.i.itèrent en poussant leur infernal hurlement de guerre « Les premiers Esquimaux, surpris dans le sommeil, nus et desarmés, étaient hors d'état d'opposer la moindre résistance Hommes, femmes et enfants, se précipitant hors des tentes et cherchant l.ur salut dans la fuite, tombèrent sous la lance et sous la massue de leurs ennemis. « Ce que j'ai souffert alors ne p.ut se décrire; les clameur, déchirantes de ces malheureux me perçaient l'àme Pour comble d'horreur, une jeune fille de dix-huit ans au plus vint tomber à mes pieds, le flanc percé d'un coup d^ lance et, saisissant mes jambes, s'y accrocha dans les convulsions 'le l'agonie. En vain je suppliai deux Indiens acharnés à sa poursuite d'épargner cette infortunée. Ils ne me répondirent qu'en lu. passant à plusieurs reprises leurs armes à travers le corps. Ne pouvant la sauver, je fus réduit à prier ses bourreaux d'abréger ses souffrances en la frappant au cœur « •' ignore si mes traits, si ma contenance, exprimè.vnt toute l'ind.gnation, tout le désespoir dont j'étais pénétré. Vingt CAl'lTAINE JiillN Ili.Wkl.lN •2h:i ans ont passé entre ce moment et celui où j'écris, et je sens encore mes pleurs couler au souvenir de cette lamentable nuit. » Franklin, après s'être assuré à grand'peine quinze jours de vivres pour tout son monde, composé de trente personnes, s'embarqua dans de frêles canots, imités des umiakes des Esquimaux, sur ces flots qui n'avaient encore porté aucun Européen, et se dirigea à l'orient du fleuve Coppermine, avec l'intention de déboucher, s'il était possible, et suivant les hy- pothèses d'alors, dans quelqu'un des recoin:, septentrionaux de la baie d'Hudson. Mais, après avoir relevé en cinq se- maines six cents milles géographiques de côtes, découvert des archipels, des <- Ifes, qui conserveront dans l'avenir, avec sa mémoire, les noms qu'il leur imposa, la disette, les prodromes de l'hiver, et surtout l'absence absolue dans ces parages de tribus d'Esquimaux qui eussent pu pourvoir à l'approvisionnement de l'expédition, obligèrent l'intrépide ex- plorat(.'ur à rebrousser chemin. Le point extrême qui fut de ce côté la limite de ses efforts est bien connu en géographie sous le nom de cap Turnatjain. Le 22 aoiit commencèrent les misères du retour. Les longues privations et les fatigues sans repos frappèrent de leur résultat ordinaire les moins bien trempés des com- pagnons de Fianklin. Atteints d'une apathique insouciance, ils se débarrassèrent des bateaux qui retardaient leur marche ou aggravaient leur état de faiblesse. Ainsi furent abandon- nés tour à tour les canots, leurs seuls moyens de transport sur les lacs et li's rivières qu'ils pouvaient avoir à traverser, les filets de pêche, qui dans une heurt; opportune auraient pu pourvoir à leur subsistance; ainsi leurs trahieaux, der- 1*1 •.'H'i VOVAGES ET DKCOUVEHTES nier espoir des malades et des blessés, furent dépecés .t brûlés. L'e.xpé,li(ion atteignit les bords de la rivière Coppermine qui devint pour elle ni. infranchissable obstacle. C'est alors que le docteur Richardson, toujours dévoué résolut de tenter à la nage la traversée du courant, pour '•lier fixer sur l'autre bord une corde qui pût servir à haler •lune rive à lautre, un chétif radeau de ramilles de saule et de bouleau. Le docteur était A pdne au milieu de la rivière que la rigueur du froid lui enleva l'usage de ses bras; sans' se décourager, il s. tourna sur le dos. et continua de nager dans cette position; mais, avant de gagner la rive, il se sentit auss, paralysé des deux jambes. Ses compagnons, qui le sui- vaient des yeux avec un intérêt qu'on peut aisément se figu- rer, le voyant tout à coup disparaître sous l'eau, se hâtèrent de le ramener à eux au moyen de la corde, heureusement fixée autour de ses reins. R.-tiré de l'eau, glacé, presque sans connaissance, on l'enveloppa de couvertures, on alluma à «es côtés un grand feu de branches de .saule, et au bout do quelques heures il put retrouver la parole et indiquer la manière dont on devait le traiter. La peau de la parti de son corps qui avait été placée du côté du feu perdit toute sen- sibdité, et ne reprit son état naturel que l'été' suivant. Ses jambes enflèrent et restèrent douloureuses, également jus- qu'au retour de la belle saison. Cependant les voyageurs, après huit jours d'efforts inouï, parvinrent à conduire un radeau sur la rive opposée; chacun' deux put ainsi traverser successivement la rivière. Calcinant au feu des ossomcn.s de daims morts dans c.-s solitudes, ils en composèrent un., bouillie qu'ils assaisou- :AliTAINK JUIIN KHANKLIN ifb liaient avec des fragments de peau ou des morceaux de leurs vieux souliers, ils se nourrissaient aussi de la mousse des rochors, s'estimant heureux quand ils n'en mamiuaient pas. Après deux semaines do luttes contre une nature maudite, Franklin et sus compagnons atteignirent enfin la hutte du l'Entreprise : ils ne restaient plus que cinq, Ju vingt-trois qu'ils avaient été on quittant les bords de l'océan Glacial. « Un soir, comme nous étions, dit Franklin, réunis autour du feu, devisant sur nos tristes chances de salut, des voix se font entendre autour de nous... Grande joie!... Sans doute ce sont les Indiens... Mais qu'on imagine notre désappointe- ment, (juand nous vîmes paraître à la porte les figures hâves et décharnées du docteur Richardson et d'Hepburn, l'un du ceux que nous avions laissés en route. Nous eûmes assuré- ment un grand plaisir à nous revoir, bien que nos traits se révélassent mutuellement les ravagys qu'avaient faits sur chacun de nous los fatigues, les anxiétés et la famine. Lu docteur, particulièrement, fut saisi du son sépulcral de ma voix, et nous ( xhorta aussitôt à faire meilleure figure, sans se douter de celle qu'il faisait lui-môme, ut qui était frappée au même coin que l<;s nôtres. » Une perdrix apportéu par Hepburn fut plumée pur le doc- teur, exposée au feu pendant quelques minutes, et divisée en six parts. Franklin et ses compagnons se jetèrent avide- ment sur cette clutir, la seule qui eût approché de leurs lèvres depuis trente et un jours. Leurs grandes soulfranccs finirent à partir de cette ren- contre , et ;)eu de temps après ils furent délivrés de leiu' isolement par l'arrivée des Indiens. Le 11 décembre, sous la conduite de leurs guides indi- î w iffc 286 VoVA(;ES |:t DÉCOUVElilKS gènes, ils atteignirent le fort Providence, d'où ils gagnèrent le fort l'Élan , où ils passèrent l'hiver. Enfin ces hommes héroïquos tenninèn-nt, en juillet 1822, à la factorerie d'York, leur dramatique voyage. VOYAUKS SIMULTANÉS W. FllANKI.IN Kl' DK llKKdllEY 118i»5-1827) lU'tnur ili' Kr.iiklin au fort Chipéwyan. — Uesconle vers la mor l'ulaire. — H'ïlour au fort Franklin. — Siyoiir penflanl l'hiver pur delà le cercle polaire. — Retour dp l'ranklln en Angleterre. — Le comniai daiil l'eechey. — L'ile (;iiamis>o. — — ri;i,)pnrts avec la.-; Ksiiui-naiix. — IVetour de Heecliey. i En 1(S25, l'amirauté anglaise décida que Parry reprendrait avec deux navires la voie du détroit de Barrow, tandis qu'un vaisseau, sous le commandement du capitaine BeeclK^y, con- tournerait les deux Amériques et tenterait d'aller à sa ren- contre par le détroit de liehring, et qu'une expédition venant du Canada, et de.scendant le fleuve Macken/ie, irait faire l'hy- drographie des frontières encore inconnues des côtes arctiques du continent, et s'elforcerait de donner la main à l'une ou l'autre des deux expéditions navales. Franklin fut encore chargé cette fois de diriger l'expédi- tion continentale. Le mois de juillet 182."» le revit au fort Chipéwyan, avec les anciens et fidèles compagnons de ses périls et de ses travaux, le docteur Richardson et le lieutenant Back. L'expédition quitta, le 28 juin 182G, les bords occidentaux du grand lac 1 J! I '288 VDV.MIES HT fiKoOUVERTES de l'Ours, que les compagnons de Franklin baptisèrent do son nom, et, porté., sur les eaux du Mackenzie, descendit avec elles vers la nier Polairr. A l'embouchure du Mackenzie, qu'il atteignit le 7 juillet, Franklin rencontra une nombreuse trbu de féroces Esqui- maux; ils pillèrent ses embarcations, dont les équipages n'é- chappèrent à un massacre général que grâce à la prud.-nce et à l.i patiente fermeté de leur chef. A partir de ce point, une navigation d'un mois entier, semée d'ennuis et de difficultés de toutes sortes, le conduisit le long des côtes américaines, jus.ju'à près de quatre cents milles l l'occidnnt du Mackenzie; mais comme il touchait au 150e de- gré à l'ouest de Greenwich, l'état des glaces, du vent et des courants, joint à l'absence de tout indice du vaisseau du ca- pitaine Beechey, destiné au détroit de Behring, le força sous t-iH. d'imprudence, de songer au retour. L'expédition re- prit donc le chemin du fort Franklin, qu'elle atteignit sans trop d'encombrés le 1 1 septembre. Franklin fut obligé de pas.ser l'hiver tout entier par delà le cercle polaire, dans l'établissemetit .,ui a gardé son nom. Renfermés pendant plusieurs m<.is dans un milieu homicide, so.is une hutte de fange et de glace, perdus dans les tempêtes' et les nuits du pôle, Franklin et ses courageux compagnons demandèrent à la science des distractions et des jouissances. Le docteur Hichards.m leur fit un cours conq.let de géologie, et M. Drumwood, naturaliste de l'expédition, leur découvrit plus de quinze cents plantes et deux mille variétés d'oiseaux et de mammifères. Franklin revint en Angleterre en automne 1827. Le commandant de la frégate de guerre le Blossom, Beechey. > \ It ,.ii.. CAPITAINES FRANKLIN IT Itl'Ei^llKV 289 l'ancien lieutenant de Franklin, dans le temps môme où celui- ci se dirigeait à roccident du Mack»'nzie, s'efforçait de son côté de s'avancer à sa rencontre par le détroit de Behring. Ayant jeté l'ancre sur l'île Chamisso, Beechey é(piipa une allégt' qui devait servir à l'exploration minutieuse de la côte. La frégate et sa petite conserve mirent alors ensemble à la voile pour s'élever vers le nord, et opérer, s'il était possible, leur jonction avec Franklin. « La côte d'Amérique (jue nous longions, dil Heechey, était plus peuplée que nous ne l'avions supposé, et, parmi les tribus que nous avions déjà visitées, peu de gens s'entendaient mieux à trafiquer que les Esquimaux que nous y rencontrâmes. Ils ne nous laissèrent en paix quo lorsque nous leur eûmes acheté tout ce qu'ils avaient à nous vendre : pelleteries, pois- sons, instruments de pèche et de chasse, petites poupées d'ivoire de trois pouces de hauteur, habillées exactemetit de leur costume national; enfin un vase de bois d'une tonne oizarre, dont nous tûmes longtemps à deviner l'usage. Ils parvinrent pourtant à nous faire comprendre (ju'il leur ser- vait H boire le sang chaud des animaux expirants, et l'expres- sion de plaisir qui rayonnait dans leurs yeux pendant qu'ils nous donnaient cette explication nous convainquit que cette boisson était leur nectar de prédilection. Sur cet instrument, ainsi que sur les autres ustensiles, étaient gravées diverses fi- gures d'hommes, de bêtes et d'oiseaux, avec un naturel tt une vérité qui annonçaient que l'art de la ciselure leur était connu. « C'étaient, en somme, de bonnes et paisibles gens, ayant tous les traits caractéristiques de leur race : de larges et grasses figures rondes, les pommettes saillantes, les yeux petits, bruns et obliques comme ceux des Chinois, et de grandes bouches. I!) ^ IMIII" i t m. MO VOVAill'S ET OKOulVCUlKS Leur lanjfage ne tlilTôrc p.is iaili.ak-iiK^iit du celui des tribus observ,'.,.s.m nord de la l.aie .riliidsou, et, .onuue ciiez celles- ci, Kur mode .ic salutation coiisistail à mettre l.'ur nez en contact avec les nôtres et à passer leurs mains sur nos vi^at^es. Ils ne difléraient de leurs frères de rK>t que par l'adoption de la boto,{ue, cet inriualilialde usage prati^pir sur presque tout.- la côte noi'd-ouest de lAmérique, adopté par les sauvages de l'intérieur du IJrésil, et que Denliam a retrouvé jusqu'au centre de l'Airique. C'est un ornement taillé en ivoire, en pierre ou en verre, muni d'une double tête, comme un bouton de che- mise, tt qu'on insère dans la lèvre inférieure, au moyen d'un trou qu'on y prati-pie au sortir de l'en.''ance. Il n'est alors que du diamètre d'un tuyau de plume; mais à mesure qu'ils vieil- lissent, les sauvages agrandissent l'orifice, et augmentent dans les mômes proportions l'ornement .pj'ils y maintiennent. Chez les adultes, il n'a jamais moins d'un demi-pouce de diamètre, et quel.iuefois plus. On voit même des petits-maîtres tlanquer la botoque principale de deux autres incisées au-dessus des coins de la bouche. Ils n'hésitaient jamais à retirer de leurs lèvres ces affreux bijoux pour nous les vendre, .s'inquiétant très-peu qu.; leur salive coulai à travers l'orilice béant el inondât leur menton. Ils se moquaient même du dégoût que cette vue nous faisait .iprouver, et prolitaient de la circon- stance poi.r se livr. T à ilhorrililes giiiuaces. « Le 1" août hs-jc, „„„s trouvant par le travers d'un cap élevé de (lualre cent cin.piante pirds, ju jugeai la position propre à iVnctioii d un ^>oleau-d,jmd pour le capitaine Fran- klin. Nous allàni. s donc ;'. t.iiv, et nous y fûmes reçus par des Esquimaux .semblable.^ eu l.,ul à ceux s de graisse blanche et de graisse noire. Voyant notre peu d'appétit, ils nous régalèrent, par forme de compen- sation, d'une danse nationale, exécutée au son d'un tambourin, accompagné en chœur pur hs voix des danseurs eu.\-mémes. ii'JI^I u q il 292 \uv;,(;i:s i;t rn:(:(.)u\ euiks « Le là août, nous étions devant le cap Glacé de Cook, limite extrême des découvertes de ce grand navigateur; à lé- poque de son passage, ce promontoire était environné de glace, circonstance d où dériva son appellation. Nous le doublâmes sans diCliculté.ot fûmes assez favorisés pour ne rencontrer la banquise qu'à une vingtaine de lieues, plus au nord-ouest que le point où elle avait arrêté, en 1777, notre illustre devancier. Laissant donc lallége poursuivre seule sa route entre la glace et le continent, le Bloxsom reprit la direction du golfe Kotzebue. «Ayant, dans le trajet, pris Ivne .ntre le cap Glacé et le cap Leaufort, nous trouvâmes à cette région un tel aspect de désolation, qu'il >emblait impossible d"y rencontrer un être humain. Nous ne tardâmes pourtant pas à voir une baïdare pleine de monde aborder à peu de distance de nous. Elle mit H terre trois honmies, quatre femmes et deux enfants. Ces naturels se montrèrent aussi empressés qu'aucun de leurs voisins à tralicpior avec les Kabhaitias, estimant nos vieu.x boutons d.- cuivre à légal de nos meilleurs i;outeaux. Les honmies portaient tous de larges botoques, (|u'ils s'amusaient â tourner dans leurs lèvres comme de vieux grognards tor- tillent leurs moustaches. Les enfants étaient heureusement encore exemptés de cette espèce de parure. Une petite fdle de on/r ans portait les trois lignes d'usage. Cette dernière, encore asse/joli»., avait consenti à ce qu'on lit son portrait, et s'était dabord soumise patiemment à l'indispensable examen de l'ar- tiste; mais tout à coup elle se voila la tête avec une certaine grâce pudique, qui auniit fait honneur à une beauté plus civi- lisée. Quand je voulus découvrir sa ligine, elle jeta un regard interrogateur sur ^..n mari, et, celui-ci ayant approuvé ses scrupules, le portrait resta inachevé. !■•-». ■ < CAPITAINKS I UANKLIN IM lilOKCIlKV 293 « Eii rentrant au mouillage de l'île Chamisso, nous trou- vâmes les habitants que nous y avions laissés, occupés à transporter vers leurs habitations d'hiver les provisions de saumon salé , d'huile de phoque, et les pelleteries qu'ils avaient rassemblées pendant leurs chasses et leurs pêches de la belle saison. Tous se réunirent pour prendre congé de nous, et, comme i! n'était guère probable que nous dussions jamais nous retrouver ici -bas, nos adie'ix furent plus tendres que nous ne l'aurions souhaité; ils nous saluèrent tous individuellement, les uns après les autres, de la manière la plus cordiale qu'ils purent imaginer, c'est-à-dire en se léchant les mains et en les passant sur leur corps et sur leur figure, pour les repasser ensuite sur les neutres. Un d'entre eux, d'un âge mûr, et qui semblait leur chef, nous recommanda de ne pas rester plus longtemps dans ces parages; et, comme je lui fis comprendre que mon i«tention était d'y passer encore au moins vingt jours, il se mit ji grelotter, rentra ses bras dans ses manches, et serra en frissonnant ses vêtements autour de lui; manière éloqnentf de nous annoncer l'approche de l'hiver. Je le re- merciai de son avis, et ne quittai pas (es affectueuses créatures sans laisser un petit cadeau à chacune. Le lendemain, leurs baïdares, chargées de toutes leurs richesses, se dirigeaient vers le fond de la baie d'EscnoUz. (( Peu de jours après, nous aperçûmes deux baïdares pa- gayant vers le campement abandonné, et ce ne fut pas sans surprise que nous vîmes avec (juello rapidité ceux qui mon- taient ces embarcation- en descendirent, dressèrent leurs tentes, y transportèrent toute la cargaison de leurs barques, tirèrent celles-ci hors de Teau, et les tournèrent la quille en l'air. im m' 2iVi VOYAGES i:t diïcoi.vkimes î« 'V « Oiiaiifl nous alhlmes les visiter, ur.y heure à peine après leur arrivée, tout était rangé dans leurs modestes demeures comme si leur établissement eût daté d'un mois et plus. Rien n'y manquait de ce qui pouvait contribuer à leur bien-être; rien aussi ne pouvait, mieux que cette circonstance, nous donner nne idée de la facilité et de l'indépendance absolue avec lesquelles ces peuplades errent de lieux en lieux, trans- portant avec elles leurs foyers et tout ce qui leur est nécessaire. « La multitude d'objets qu'ils parviennent à faire entrer dans leurs légères embarcations fut pour nous un autre sujet d'é- I ement. Outre les quatorze individus qui formaient ce ch.n nomade, les deux baïdares avaient apporté huit piliers de tente, quarante neaux de daims, trois à rpiatre cents livres de poisson, nne énorme quantité de baleine, de nombreuses outres d'huile et des vases de terre pour la cuisine, doux renards vivants, dix gros chiens, des faisceaux de lances, de harpons, d'arcs et de flèches, des paquets d'hal)ils, d'immenses filets de cuir pour la pêche des baleines et des marsouins, huit grandes planches, des mâts, dos voiles, des pagaies, des peaux et des défenses de morses; enfin une infinité de choses sans nom, que les Esquimaux traînent avec eux. « Ceux-ci vinrent, comme leurs devanciers, à bord du Dlossom, et comme toujours, après un peu de timidité de leur part, la meilleiue intelligence s'établit entre nous. Ils ressem- blaien', hommes et femmes, à tous ceux que nous avions déjà rencontrés sur cette ctMe... « Chaque entrevue nous révélait quehpie nouvelle coutume de ces peuplades. Un jour, nous surprîmes tout le clan, hommes, femmes et enfants, assii silencieusement en cercle et fumant avec componction un atroce mélange de tabac et de il (;AriTAiM:s khanki.in i:r i'.F:i'f;m:Y 298 poussière de bois pilé : usage qu'ils doivent sans doute aux Eschutschis, leurs frères d'Asie, qui emploient de cette ma- nière l'écorce du bouleau. Une seule pipe servait à toute l'assistance, et encore le fourneau en était si petit, qu'il ne pouvait guère contenir do poudre narcotique que pour une liouffée. La première aspiration revenait de droit au doyen de l'assemblée, qui passait gravement la pipe à son voisin; celui-ci la vidait, la remplissait, e' la passait de même à un autre, chacun enflant tour à tour h i joues autant que possible, et lilchant peu à peu la fumée pai le nez, avec autant de majesté que déploierait en pareille occasion l'habitué le plus distingué du meilleur estaminet de Londre, ou de Paris. L'àcreté de cette fumée causait une toux horrible à la plupart d'entre eux, mais ne semblait que troubler bien peu les jouissances qu'ils trouvaient à changer les parois de leur gorge en tuyaux de cheminée. De nos jours, que de civilisés d'Europe sont Esqui- maux en ce point! « Le 10 septembre, nous vîmes enfin l'allège revenir vers nous, toutes voiles déployées, et j'eus bientôt la satisfaction d'apprendre du lieutenant Kison, son commandant, qu'il avait découvert une issez grande étendue de côte au delà du cap Franklin, point le plus oriental que le vaisseau eût reconnu pendant le mois précédent. M. Elson s'était avancé jusqu'à un promontoire, qui porte depuis lors le nom de l'illustre géo- graphe Bar:o' ■. C'est une Ir.iigue de terre basse, étroite, et au delà de laquelle on ne put pénétrer; car elle servait, pour ainsi dire, de base à la banquise. En cherchant à se dégager (le cette impasse, la lièle embarcation eut à lutter à la fois et contre un vent du sud-est qui la poussait sui i ban(puse, et conire im ('i)Ui;int qui [irécipitait sur elle de vastes frag- ■I il-' 29f) VUVAdES ET DKCOUVEKTES r '• f'tl! V ments dy glaces flottantes, avec une vitesse de près de quatre milles à l'heure. Elle fut bientôt si étroitement pressée entre la glace et la terre, quelle fut jetée à la côte, et y demeura plusieurs jours échouée sur le flanc. Sa situation était d'autant plus critique, q-ie les dispositions des naturels, fort nom- breux et trè.--- farouches dans ces parages, leur insolence et letirs rapines continuelles ne devaient laisser aucun doute sur le sort qui attendait le faible équipage de l'allège, s'il tombait en leur pouvoir. Déjà M. Elson -ongeaii à couler bas son petit navire pour le soustraire au pillagt, quand tout A coup un changement de vent entr'ouvrit la glace, et l'allégo échappa au naufrage et à la rapacité des Esquimaux. « L.' s-jour du Blossom dans le golfe Kofzcbue se pro- longea encore après le retour de l'allège; mais, en octobre, le départ de tou^ les Esquim.iux pour leurs stations d'hiver, la migration des oiseaux, la congélation dos lacs et le refroidis- sement graduel de la mer nous annoncèrent qu'il tallait quitter le mouillage, si nous ne voulions pas être emprisonnés pen- dant six à sept mois. N'ayant plus d'ailleurs do provisions à bord que pour cinq semaines, je me déterminai àaller hiverner dans l'océan Pacifique. » L'année suivante, la saison trop avaucée ne laissait à Bee- chey nul espoir d'être rejoint par le capitaine Franklin, et, ses instructions limitant dailleurs la durée de son voyage, il quitta pour la dornièro fois le golfe Kotzobuo et reprit le chemin de l'Angleterre. Il y ref rouv.i, - on devine avec qu.'l bonheur, — le capitaine Franklin. A la même époque, Parry, leur collègue et leur émule, remettait, lui aussi, le pied sur le sol britannique, après deux tentatives iiitVuctiipnses pojr pénétrer dans le bassin polaire. 3i DKRNIÈRK KXI'ÉDITIOX DE SIR JOHN FRANKLIN ET nKr,HERr.iiF,s un ont suivi Dr'part (le F.anklin iivoc VÉnhe et U Terreur. — Deux années sans nouvellps. — L'An^îleterrc se décide à envoyer des navires à la reclierd\e de Franklin. — Départ du docteur lîichardson. — Son rapport à l'amirauté. — Uapports du capitaine James C.lerk Rosi^. — I.e navire /c Prince -Albert. — Le lieutenant liellot. — Sa mort. Franklin voulut couronner sa carrière en allant chercher, sur le trajet du détroit de Barrow à celui de Behring, non la passe la plus directe, mais celle qui était le plus longtemps ouverte, et la plus favorisée des vents et des courants. Le gouvernement an^ilais lui confia deux navires construits spécialement pour la navigation des mers glaciales : c'étaient VÉrèbe ci la Terreur. L'expédition mit à la voile le ^C) mai I8i5. Le 12 juillet sui- vant, Franklin jetait l'ancre devant l'île groënlandaise de Disco, nù les Danois ont un de leurs établissements. De ce point il écrivit à Tamirauté; sa lettro respirait la satisfaction et la con- fiance. •t' I",' ï (1815-1859) II' $ II' :■ 208 VOVACES ET DKCoLVEliTI'S Quelques semaines plus tard, l'Erèbr et la Terreur étaient aperçus par les baleiniers dans les parafres opposés de la baie de Baflin, non loin du détroit do Lancaslre. C'est à dater de ces renseignements qu'un silence do mort vint faire recon- naître ;\ lAngloterre la nécessité d'envoyer à la reclierche de sir John Franklin. \>\ jiii il C'est alors que le vieil ami de ce grand homme, le fidèle compagnon de ses premiers voyages, le docteur Richardson, âgé de soixante -doux ans, courut au Canada prendre la di- rection d'une expédition destinée non -seulement à parcourir encore une fois les rives du continent entre les fleuves Mac- kenzie et Coppermine, mais môme à franchir les détroits qui séparent la gran.le île de Wollaston et des autres archipels voisins, pour s'assurer si ces parages, découvertes communes de Fraidtant iiaitiaim; ci.i iik Hoss niMi i'i voir ceux qu« nous ohercliions; ot dos vigies, placées dans li's m;Us et sur lo pont, exploraient l'ijori/'m avec l'attention la plus vi^'ilante. n Le It seplemitie, nous ariivAnn-s devant le ca|> York; j'envoyai un détarhenient i\ terre, pour chen-her si nos ca- marades s'y trouvaient, et pour fixer, sur ce point reinar- ([uahle, une marque facile à reconnaître, et à laquelle fut joinf'j un papier, pour servir d'instruction A ceux qui le trou- veraient. Cette mi.'sion fut accomplit! avec beaucoup d'intelli- gence par le lieutenant M'CIiutock, malgré la difficul''? des circonst.inces. « Clia([ue jour nous jetions à la mer, de chacun des deux navires, un baril contenant des papiers, po' r faire connaître notre situation; quand il y avait di' la brume, on lirait le canon; pendant les heures de la nuit, on biùlail des, feux lie Bengale et des fusées; les navires étaient d'ailleurs tenus sous une petite voilure, de sorte qu'une embarcation qui aurait vu les signaux aurait \ i facilement nous atteindre. informations ainsi distribuées le long de la côte était de faire savoir à sir Jokn Franklin, ou à toute personnt; faisant partie de l'expédition, que !<'s baleiniers n'ayant pu pénétrer jus{iu'à l'ouest tle la baie de Raffin, il n'y ;ivait à attendre deux aucun secours; il leur était ensuite re- commandé de se diriger vers le port Léopold, où mon in- tention était de former un dépôt de provisions, et peut-être de faire hiverner VUiveslujaicur. " Cet engagement pris, il fallait le tenir; mais déjà chaque nuit le thermomètre tombait de *Jo à lOo cei.tigrades sous zéro, et la glace nouvelle se formait si rapidement dans les interstices de la vieille banquise, ipril mous fallut plusieurs I >• ï I: «m vuVAGii.s El i)i:(;ui;vi;iiii;s m r l(H ■P h jours d'oÉTorts pour gagntr le port. Nous étions (léjii au 11 septembre, et, si nous n'avions pas atteint le niouillaj,'e tv jour-là, il nous eût été impossible d'y pénétrer plus tard; car, pendant la nuit, la grande bancjuise venant se réunir à la terre, ferma berméliquement l'entrée du port, et nous força à y prendre nos quartiers d'hiver. « Quoique je ne pus.se être qu'e.xtrêmement contrarié du peu de progrès que nous avions faits dans cette première ^^aison, cependant nous devions remercier la Providence de nous avoir permis d'atteindre des quartiers d'hiver sûrs, dans le port Léopold; cette position était, de toutes, la plus con- venable, SI l'on en avait eu une à choisir pour cet objet; car, se trouvant à la jonction îles quatre grands canaux, le dé- troit de Barrow, le détroit d^- Lancastre, celui du Prince-Régent et le canal Wellington, il était presque impossible que des équipages, après avoir abandonné leurs navires, longeassent les côtes d'aucun de ces bras de mer sans trouver des in- dices du voisinage de notre expédition. « L'hiver se passa comme tous les hivers de ces climats; mais une 'jugue expérience et l'esprit libéral (pii avaient pré- sidé a l'expédition, nous avaient pourvus de bien des res- sources de bien-être dont n'avait jamais joui aucune autre expédition; et pourtant il e.st j remanpier (pie la santé de l'écpiipage eut plus à soulhir durant cet hiver qu'en aucune autre circ((nslance. Le jmu de succès de ims tentatives a pu ci.ntribuer à abattre l'ardeur di- nos hommes, et malheureu- semenl les fniids de l'hiver se snnt prohiiigés, d'une manière inaccoutumée, f irt avant dan> le printenq»s, avant qu'un ait pu itiriger cette ardeur vers de nouveaux rlldrls. 't Pendant l'hiver, imus piimes une grand.' (piantité de re- CAI'ITAINK ni.l'HK HOS>- :m iiards blancs vivants, dans des pièges faits exprès ; on sait que CCS animaux traversent d'immenses étendues de pays pour chercher leur nourriture, .le fis river à leur cou de:-' colliers de cuivre, sur lesquels on avait gravé l'indication de la position des navires et des dépôts de vivres, et je les fis mettre en liberté, dans l'espoir que ces messagers d'une nouvelle espèce iraient porter ces renseignements à l'Erèbe et à la Terreur; car il n'y avait pas à douter que les équipages de ces navires ne fussent très-empressés à prendre ces animaux, s'ils les voyaient. K Après qut'lques courses préliminaires faites en avril et dans les premiers jours du mois suivant, pour aller former de petits dépôts de vivres à l'ouest et au s\id de notre posi- tion, je quittai les navires le 15 mai, avec un détachement composé du lieutenant M'Clintock et de douze hommes. Nous avions pris pour quarante jours de vivres, qui furent attachés, ainsi que des tentes, des vêtements, des couvertures et d'autres objets nécessaires, sur des traîneaux. u La côte septentrionale du Norfh- Somerset borde au sud le détroit de Harrow jusqu'au cap Bumiy, où elle tourne brus- quement vers le sud. Des hautes falaises qui avoisinent ce cap élevé, la vue s'étend à l'ouest jusqu'au cap Walker, au nord jusqu'au canal Wellinjiton. Tout cet espace, au moment ou je le contemplai, était occupé par un amas effrayant de nion- tagUfs et lie masses de glaces amoncelées, tandis que, du côté du midi, la mer gelée oiVrait une surfac(î comparativement unie, et plus favorable pour voyager. .le me décidai, en con- séquence, à ne pas diviser ma troupe, comme j'en .ivais eu d'abord l'intention, et à suivre les sinuosités de la côte, dans la direction du sud, avec tous mes hommes réunis. Bien nous prit de cette résolution; car bientôt beaucoup d'entre eux. ¥' H ■ !i 308 V(iv\r,h:s KT iii:(:oivKiiii> estropiés et atT;iiblis, no pin-LMit plus nous rtre tl(^ la moindr.i iitiliti', et la nécessit»' où nous fûmes de porter les plus ma- lades sur les Iraîiieaux, et de nous priver des services de plu- sieurs autres, (jui avaient à peine la force de nous suivre, ajouta outre mesure à la fatigue de ceux qui étaient encore en état de travailler. « Cette circniistaiice, jointe à la diminution de nos provi- sions, plus (pi'à niditié consommées, mit un terme à notre exploration de la côte. Nous étions alors au ô juin. « Donnant un jour de ivpos au gros de ma troupe, je m'a- vançai, avec les deux plus dispos de mes hommes, jusqu'au promontoire le plus méridional ({ui fût en vue de notre cam- l)ement. Il est situé p,ir 7-J" ,")S" de latitude nord, et OS" de longitude ouest de l'aris. L'état de l'atmosphère était on ne peut plus fa»-orable, et l'.eil eût facilement distingué à cent milles un.' Iiauteui' un peu considérable. Le cap le plus élevé (pie nous eussions en vue dans le sud n'était pourtant pas à plus de la moitié de cette dislance, et plus loin la céite se dirigeait vers le cap Nicolas Ii;i, point le plus septentrional que j'aie atteint, en Ih;{:», loisque j'accompagnais sir .loliii lioss sur ia Vidorij. Certes il fallait (|ue Mion escorte fût tout à fa;t hors •le service pour ipte je renonçasse à visiter de nouveau ce cap, ainsi (pie le pi'ile magnétique (pii en est voisin. Nous éri- geâmes ensuite un cuirii ou giand tas de pierres, sur un ma- melon situé juste au-dessus île nos tentes, el l'on y pla(;a un cylindre de cuivre contenant le détail de nos opérations et tous les renseignements nécessaires poin' guider ceux des licniiiies de >ii' .lojin Franklin qui pourraicit arriver sur cette paitie de la côte. ' ijii..iqii.' ii,,> re^xiinc's n^' nnin pernii.-seni p as dr pio- y I AI'IIAINK (I.KIlK ••- :j(«» longer davantage n^s invi-stigalionb, «o à eûmes du moins la satisfaction d'être sûrs (jne, si ceux que nous clierchions avaient jamais paru sur la côte nord ou sur lu côte ouest du North-ooniersct, nous en aurinns tiouvé (luelques traces. S'ils avaient abandonné leurs navires daus les parages de l'île Melville, ils auraient du arriver sur ces côtes longtemps avant cette époque; et là ils nous auraient trouvés dans la position la plus favorable pour leur prêter assistance et les conduire à nos bâtiments, « Nous nous étions mis en route pour retourner à nos quartiers d'hiver, dans la soirée du G juin. Après avoir sur- monté une foule de diflicultés inhérentes au sol et au climat, noi's rejoignîmes les navires le 23 du même mois. Le détache- ment était tellement accablé de fatigues, que chacun des hommes long de la côte sud du détroit de Lancastre. « Après avoir dépassé l'entrée do ce détroit, la glace nous emporta plus au sud le long de la côte occidentale de la baie (le BafPn, jusque par lo travers de la baie de Pond , au sud de laquelle étaient amoncelées des rr>ontagnes ('e glace sans noi.^bre, placées de manière à nous barrer le passage, et nous otiVant la triste perspective de voir se réaliser nos plus affreuses prévisions. Mais, au moment où nous nous y atten- i t ; 312 \ov.\(iK> i:r Diiciii \i:iiTi:s i 1 il ! 1 Mil' dions k' moins, nous fùmo.s déga^ivs presque miraculeusement. L'immense (.-hanip de glico qui nous onveioppait se rompit on mille l'ièccs, comme par l'elTet d'un pouvoir incoimu. « L'espérance était rovc-nue dans nos cn-urs; tout l(> monde travailla iivvc énergie, et des remorques furent établies de chaque coté dos navires pour leur faire dépasser les grosses masses do glaces. L'Iinrsiiijatcur atteignit un espace libre dans la soirée du li, et le lendemain VEntreprisr le rallia. Il est impossible de se faire une idée de la sensation que nous éprou- vâmes en nous voyant encore une fois libres ; plus d'un cœur reconnaissant adressa ses actions do gnlcos au Dieu tout-puis- sant pour cette délivrance inattendue. « Les approches de l'hiver nous avaient alors ^ermé tous les ports il notre portée, et il nous était impossible de pénétrer dans l'ouest, à travers la l)an(piise d'où nous venions de nous dégager; jo signalai donc à l'Investhjatcur mon intention de retourner en Anglelerro. » Au nombre des con.rageux explorateurs qui se sont immor talisés dans la grande croisade entreprise par la marine an- glaise contre « le sombre ot mysféiioux génie du pôle », il en tst deux que nous ne saurions oublier : l'un est le capitaine Ktnnody, l'autre est un jeune oflicier français, le lieutenant Bellot,qui avait sollicité et obtenu du gouvernement français l'autorisation de prondro part, on ipialilé do so,ond, à l'expé- dition dirigée par Kennody i I S.") I - 1 S.VJ . T,,us doux montaient un oxccllent potit iiaviio. /o l'riiire-Alhrr/, auquel, suivant l'expression do Kennedy. » il ne mainpiait iiuo la parole. » Doué d'uno laro intollj-i'noo développée par iU' fortes études, et animé de cotte généreuse ardeur qui fait los héros et les martyrs, liellnt contribua puissamment aux résultats impor 1 I.IEIJTKNANT BELUJI' 313 tants de cette expédition, une des plus brillantes et des plus fructueuses de la dernière pt'riode. Les glaces accuip niées dans le détroit de Barrow avaient empêché le Prince- Albert de rejoindre les capitaines Penny et Austin , et l'avaient forcé de s'engager immédiatement dans l'entrée du Régent. Il trouva un bon mouillage pour l'hiver, dans la baie de Batty, sur la côte orientale du North-S'jmersel, qui devint dès lors le point de départ des recherches de Ken- nedy et de Bellot. Ces recherches, exécutées avec une hardiesse et une patience admirables, dans un périmètre de près de quatre-vingts myriamètres, ne leur firent découvrir, à la vé- rité, aucime trace de l'Erèbe ni de la Terreur; mais elles leur révélèrent l'existence d'un canal qui avait échappé, en 1830 et en 1848, aux deux capitaines Ross, et qui unit les eaux de la passe du Régent à celles de l'ouest. Ce canal a conservé le nom de canal Bellot. Il est à remarquer que les excursions de Kennedy et de Bellot s'efTectuèrent au plus fort de l'hiver, c'est-à-dire à cette époque de l'année où, pour les régions arctiques, le soleil de- meure constamment caché derrièie Thorizon. C'était h travers ces ténèbres glacées que les intrépides voyageurs s'aventu- raient sur un sol pétrifié par V; froid, dans des régions où rien de vivant n'avait jamais paru avant eux. « Notre petite troupe, a écrit à ce sujet le capitaine Ken- nedy, se composait seulement de cinq ou six marins. De légers traîneaux indiens, que des chiens esquimaux aidaient à tirer, portaient les provisions et les bagages... « .\ six heures, ordinairement, j'éveillais tout mon monde, et les préparatifs de la marche de jour commençaient aussitôt. D'abord le déjeuner: ensuite venait l'empaquetage de notre .-Il' voYAORs RT r>i:r:ouvERTEs literio et de nos ustensiles do cuisine; puis le chargement des traîneaux, l'attelage des chiens, et enfin le départ. J'ouvrais la marche, et M. Reilot, avec le reste de la troupe, et les quatre traîneaux v la file, suivait exactement ma trace. Après chaque heure écoulée, une halte do cinq minutes était accor- dée pour reposer les hommes et laisser respirer les chiens. Toutes les fois que le temps le permettait, on observait les chronomètres, pour déterminer la longitude et la latitude... La construction de la hutte de neige et les préparatifs du souper achevaient notre f;\che quotidienne, qui rarement était terminée avant dix heures du soir. « Nous ne tardâmes pas à devenir tous fort experts dans lu construction de ces huttes à la mode des Esquimaux, qui furent notre seul abri pendant tant de nuits. Nous les trou- vions bien supérieures aux tentes, trop lourdes d'ailleurs pour être transportées par une troupe aussi faible que la nôtre... Quand nous avions terminé notre cloison de neige, et qu'elle était close de toutes parts comme la coquille d'un œuf, la flamme d'une bougie ordinaire ou d'une lampe à esprit-de- vin suffisait pour entretenir à l'intérieur une douce tempéra- ture, et pour chauffer en outre la pinte de thé qui formait la ration de chacun de nous. Nous buvions de ce breuv--- chaud soir et matin, et, dans notre situation, il avait pour nous plus de prix que tous les trésors d'Opliir... <' Pendant tant de jours de fatigue, ajouic le narrateur, je nai jamais eu qu'à me louer de mon escorte; je l'ai toujours Irouvée empressée à me suivre ; mais le jeune et noble M. Bellot était le plus actif et le plus vaillant de notre petite bande. ( représentait si noblement l'honneur et la chevalerie de la « France, et que tous nos marins aimaient et respectaient « comme un frère!... Il est mort comme il a vécu ; en héros « et en chrétien ! » Mais quoi! les pauvres Esquimaux eux-niêmes, les pécheurs à demi sauvages de la baie de Pond, éclatèrent en gémisse- ments, lorsque le capitaine Inglelield, u .^on retour, leur ap- \ \/ }■■ ■ TITii'^''' — _5aiiT_ ijiMJI M __^ y^-T^^'^^ ^■£»y^a^5^ iv /3i^-3: Mil! .i-io vovAc.Ks i:i- DKcui \i:i;ti> prit la mort ilu jeune marin français, dont ils avaient appris à aimer la bonté, à admirer le courage : «: Pauvre Dellot ! pauvre IJellot! » s'ccrièrt'nt-ils tout d'une voix en versant des larmes. H" lus-nous d'ajouter, à l'honneur éternel de l'Angleterre, O'; • ^eite grande nation, toujours juste et généreuse envers les j j.nrae.> qui se dévouent à sa gloire et au bien de l'humanité, a dignement honoré le souvenir de notre illustre et regretté compatriote. Peu après la mort de Bellot, de nombreuses souscriptions furent ouvertes, non-seulement en Angleterre même, mais jusque dans llnde, pour élever un monument à sa mémoire. Ce monument est un obélisque en granit, qui se dresse sur le quai de l'hôtel royal des Invalides, à Greenwich. Une plaque de bronze fixée sur le piédestal porte cette ins- cription : A L'iNTliKPlDK BELLOT DK LA M A 111 NE IHAMJAISE ijll DANS SON VuYAilK \ LA liKC H i: nCII K DK FRANKLIN A l'AUTAt.É LK SOllT LT LA L.L0111L DE CET ILLCSTHE NAVIGATEUR EN l'année I8.j;5 On voit au musée naval de l'aris une autre tablette en bronze, surmontée des écussons et des dra|ieaux de Franci- et d'Angleterre, et sur laquelle on lit une inscription en fran- «.•ais et en anglais, qui rappelle les principaux titres de gloire de Bellot. Knhn une statue lui a été élevée à Hochefort. Joseph- Heiié Hellot était né à Paris, !.■ IS mais |S2('>. h 'W VOVAGK nu DOCTLLI; i:i,.-k. KANE l'L 1-A MAFlINi; hf.s ll,ll--l\I- r.wnvK A I, A i..:(:iii;i!(.iii: \,i: -n; h,||\ l'l:.\M\l.iN ( I.s5;!-i,s:>r)> Itépail lie No\v-\(.Tk .In luick rA,lmncc. — Kprciivos. — Lii rivièiv ,W Mary- Mnnturn. - I.u lime , lu (iK.rnlan,!. - 1.,. j.,aml Jwu'v llmiiboMt. - f/.hhauce ilaiis les glaces cl.' Hciis.*ehiir. — lliveniai'e. — lliiniinilioii lapiiledela Imni^re. — L'hygiène à Ijuid. — Los ii'aladics ^^agmiil riX|p,(litioii. — Mml de li.iKei-. — Visite des Es.iiiimaux. - Inlérieiir dune hutte d Kxiu.niaux. — M,i uis et cou- tumes de ces sauvages. - Singulière coutume d.' deud. - [testes. Second hiver. — .Abandon de tAtlvance. — Kali^-ues, dangers et famine. - Arrivée à l'l"'i"'irik. Au printemps de launée 185;{, !e ilocteur El. K. Kane, de la marine des Etats- ['nis, lut désigné par rauiirauté améii- «•aine pour commander la seconde ex[)i'(lition (jue le gouverne- nient de l'Union envoviiit à la icclieiclic de sir John Franklin. On mit à la disposition de M. El. K. Kane ie brick l'Adfancc, avec un équipage compose de dix-s.'pt pt-rsomies, tous hommes énergicpies, résolus, comprenant le d.inger, et préparés à v op- poser un cœur intré|.ide et un front calme. La seule loi du boni à laipielle un ne maïKpia jamai.- liaiis imn Iv cours de 21 tjJ'j-^ >-:.sarafB? jxuRf^ '^pg3Bafesa.'.>aie»!tg' ^^3 f-^feTrtSSiiK- *j# iii • ! ff" ■' i !^ ■■i-2-2 VOYAGES ET DECOUVERTES cette longue et douloureuse expédition était : obéissance ab- solue au capitaine ou à son représentant; abstinence com- plète de liqueurs fortes; abstention absolue de tout langage grossier. L'Advance partit de Nev-York le 30 mai 185;^. Jusqu'au 2.'{ août, il eut un temps épouvantable, des tempîtes, des oura- gans, qui menaçaient de le briser sur les rochers ou de le broyer dans les glaces soulevées; mais le brick soutint cou.-a- geusement ces épreuves, et le 23, par 78o 41' latitude, l'équi- page était occupé à haler le brave navire le long d'un banc de glace attaché au rivage. Le docteur Kane était dès lors parvenu plus au nord qu'aucun do ses prédécesseurs, excepté toutefois l'arry, dans son expédition de 182G. Le 28 août, le brick se trouvant engagé dans les glaces, M. Kane résolut de faire une exploration pour trouver, s'il était possible, un meilleur quartier d'hiver sin- lu côte. Il équipa la baleinière FoHorn-Hope , qui, doublée de tôle, était recouverte d'un prélart faisant office de tente, et, avec un équipage de sept hommes, le commandant se lança à la découverte d'un port d'hivernage. Le voyage fut rude d'abord. Il fallait briser la glace pour avancer; on faisait à grand'peine sept milles par jour. Au bout de vingt-quatre heures, la glace força les gens de l'expédition d'abandonn^T leur canot et de se servir d'un traîneau. On avançait difficilement, rencontrant à chaque in- stant, sur limmense plateau de glace où l'on était, des cours d'eau qu'il fallait passer à gué, s'arrêtant la nuit sous des tertres formés par la neige (jui recouvrait les rochers. Les gens de l'expédition furent une fois surpris par la marée, et obligés de passer une partie de la tmit debout, soutenant, pour les empê- cher de se mouiller, les peaux >h- iHifde qui leur servaient d-' ^.agtr;.a<6^---^Ag«gMi:.- .js; ■-^'^^^^■jgy- ^agt- ^=?;^.^^.;.^^sgBB^e5^g^=;:^fe,-r - r. .-■i»ass" -aag>^^;a^- ng-'i^aE iiim;ti:i u i;l.-k. k\m" ,!2:i lit. Le C(Mé comique de cette situation aida beaucoup le doc- teur Kano et si^s compagnons à en supporter l'ennui. Le 5 septembre, l'expédition fut arrêtée p; opposée. Toute cette lij,Miu de cotes formait comme un cirquo p'igantesque encadrant ua océan glacé. A mes pieds, une plaiin' immense, où les liummucks' se dressaient comme les retran- chements d'une cité assiégée, où çà et là dabruptes montagnes de glace surgissaient, semLlablfs à d'inébranlables forteresses , .andis -;;i'au loin, jusqu'aux limites les plus reculées de l'ho- rizon, un entassement d'icebergs accumulés les uns sur les autres formait un infranchissable rempart. » Le commandant Kane revint sur ses pas, et lit placer l'Ad- vance entre de petites îles, qui h' mettaient à l'abri de la dérive des glaces. « C'est ainsi, écrit-il % que notre petit brick, avec huit brasses d'eau sous sa quille, fut pris par l'hiver dans ce havre de Reusselaer, que nous ne devions plus quitter en- semble; long repos pour notre bon et agile navire; les mêmes glaces l'y étreignent encore. » A peine installés, les voyageurs furent avertis, par la dimi- nution rapide de la lumière, que rhivern.i;îe avait commencé. Mais laissons parler le docteur Kane lui-même, a Nous vîmes d'abord le jour s'éteindre dans les bas-fonds et dans le lit des ravins; puis les ombres monter graduellement le long des flancs des montagnes, et finir par s'étendre sur la cime blanche des glaciers. Dès le 7 novembre, tou^ était ténèbres autour de nous. Le soleil s'était couché pour cent quarante jours, et nos lampes ne cessèrent de brûler dans l'cntre-pont. Les étoiles de sixième g.-andeur étaient vi>iljk's en plein midi. l5ion (piaucun Euro- péen n'eût encore hiverné à une si brute latitude, e.\cept(' toutefois au Spit/berg, que les deinières effluves du guli- ' lî:in^;i'.' ilc t:lavoiis sii|H'r|)u>és par suite ilos ((illisioiis des cliamiis de glace. • Aitlie fV|il(iialJoiis : Thftr,oi, /,„ h.l. h. Kullr. * l'iicrKllt i:i,.-K. KANK 32S stream gratilient d'un climat relativement plus doux, l'hiver de 1853-1854 se passa pour nous comme tant d'autres s'étaient écoulés pour nos prédécesseurs dans les régions polaires. Voici quel était assez uniformément l'emploi de nos journées : « A six heures du matin, M'(iary, mon second, se lève ainsi que les hommes de service. On nettoie le pont, on ouvre le trou à glace, on examine les fdets où la viande est à rafrai- •hir, on lange tout à bord. A sept heures, tout le monde est debout; la toilette se fait sur le pont; on ouvre les portes pour ventiler nos appartements; puis nous descendons déjeuner. Nous avons peu de combustible; aussi fait-on la cuisine dans la cabine. Nous avons tous le même déjeuniT : du porc, des pommes cuites gelées et dures comme du suer candi, du thé, du café, avec une tranche délicate de pomme de terre crue. Après déjeuner, 'rs funiours prennent leur pipe jusqu'à neuf heures; alors les oisifs do flâner, les travailleurs de se mettre au travail: Ohlsen à son banc, Rrooks à ses préparations de toile; M'dary fait le tailleur; Whippe se transforme en cordon- nier, et Bonsall en chaudronnier; Backer prépare des peaux d'oiseaux; le r ste vaque à la besogne. Voyez notre cabinet de travail: une table, une lampe qui, alimentée par du saindoux salé, dorme une lueur fumeuse, tout en répandant des vapeurs de chlore; trois tabourets; trois hommes au visage de cire, assis leurs jambes repliées sous eux, car le pont est trop froid pour les pieds. Chacun a sim travail : Kane écrit, dessine, trace des laites; Hayes copie des livres de loch et des observations mé- téorologiques; Santag rédige le Journal de quelque expédition dans les enviions. .\ midi, tournée d'inspection et ordres pour l'emploi de la journée; vient ensuite lentrainement des chiens esquimaux; c'est un exenice très-agréable [mur mes genoux, qui Il w ;!2(i V()»"...;r.s Ki- iiicciii AKiîiiîs craquent à cliaque pas, et pour mf's tipaulesen(li)lorifs de rhu- matismus, qui euiegi-slreul cliai|ue coup do fout-t que je donne. C'est ainsi qu'on gagne le dîner : nouvelle occasion de se réu- nir; mais à ro repas point de thé, point de café; des choux conlits et des pêches sèches les remplacent fort agréablement. '( A dîner comme à déjeuner apparaît notre hygiéni(iue pommo de terre crue; comme tous les médicaments, ce mets •Test pas aussi appétissant qu'on pourrait le désirer. Je la râpe bien soigneusement, je n'en prends que les parties les plus saines, j'y mets de l'huile en quantité, et pourtant, malgré l'art que je déploie, il me faut toute mon éloquence pour persuader à mon monde de fermer les yeux et d'avaler mon ragoût. Neuf de mes convives sont complètement récalcitrants; j'ai beau leur dire que les Silésiens mangent les feuilles de pommes de terre en guise d'épinavds, que les baleiniers se grisent avec la mélasse qui sert à conserver les grosses pommes de terre des .\çores; j'ai beau montrer à l'un d'eux ses gencives, hier molles et enflammées, aujourd'hui fraîches et fermes, grâce à un ca- taplasme de pommes de terre : rien n'y fait, ils repoussent avec opiniâtreté mon admirable mélange. d Qui llànant ou dormant, (jui travaillant ou s'amusant, nous atteignons six heures, le moment du souper; répélilion all'aiblie du déjeuner et du dîner. Les officiers m'apportent leurs rapports; après les avoir lus, je les signe; puis je parcours mon journal, qui à chaqu;^ page nn' montre combien nous nous af- faiblissons de jour en jour. «Jnolquefois, pour passer la soirée, on joue aux cartes ou aux échecs, ou bien on lit des revues. « Au premier abord, cette vie paraît assez facile; mais il faut voir le revers de la médaille : nous avons peu de com- bustible; nous ne pouvons brûler que trois seaux do charbon nOCTKI H KL.-k. KAM-: 327 par jour. La température >.xtérit>ure est eu moyenne — 'tO"; dans la cabine où j'écris elle est de + 7" 78'. Notre porter de Londres et du vieux sherry, que nous avons pour les cas extrêmes, gèlent dans les coHres de l'entre-pont; à nos carlin- gues pendent des glaçons qui nous ; i:t di-colviciiti-s « Ainsi nous traversâmes notre premier hiver arctique. « ...Le 7 avril, au matin, je fus réveillé de bonne heure par un l)ruit qui s'échappait do la poitrine do Baker, un dos plus effrayants et des plus mauvais présages que puisse entendre l'oreille d'un médecin. L'ange de la mort, ce noir visiteur dont l'ombre planait sur nous tous, avait saisi notre pauvre compagnon. Les symptômes de sa maladie s'aggravèrent rapi dément : il mourut !.. lendemain. Le jour suivant, nous le mîmes au cercueil, et, formant un cortège aussi triste que sympathique, nous le portâmes sur la glace brisée et le long des pentes escarpées qui menaient à notre observatoire; là nous déposâmes le corps sur des piédestaux qui servaient de sup- ports à nos instnunents et à notre théodolite. Nous lûmes les prières pour les morts en jetant sur lui de la neige en guise de poussière, et nous récitâmes en commun la prière que Jésus apprit à ses disciples sur la montagne; puis, rejetant de la glace sur le trou que nous avions creusé pour placer le cer- c;.eil, nous laissâmes le pauvre Baker dans son étroite de- meure. « Le matin même, comme nous veillions auprès de son lit de mort, un homme de quart qui avait été couper de la glace pour la faire fondre, vint en toute hâte à la cabine pour nous annoncer i;t IiKCoI.VKIMKS ail 1 II neiges d'un blanc pur. En approchant, vous vous apercovcz fjue ces taches sont îles pcrfoiations dans la nfi|je; plus près en- core, vous en distingue/ au-dessus de chaipio ..uv.>rture qui les n'unit. Ce sont les portes et le^ fenêtres de rétablisseniont : d.-ux huttes et quatre familles entièrement enlbui.'s dans la neige ! « Les habitants de ces terriers se groupèrent autour de moi à mou arrivt'e. Xalcgak ! naleijak! tinm ! a Chef! chef! salut ! j. crièrent-ils en chœur. Jamais peuple ne me sembla plus dési- reux d'élre bienveillant et plus ;)oli envers un visiteur inat- tendu. Mais ils étaient légèrement vêtus, et en bulle i\ un souffle glacé du nord-ouest; ils s'enfoncèrent bientôt dans leurs four- milières, l'endant ce temps des préparatifs étaient faits pour ma réception; peu de temps .-.près Metek, le maître de l'éta- blissement, et moi, nous rampions sur les mains et sur les ge nou.\ daiji an couloir de trente pieds de longueur. L(.-sque j'é- mergeai à l'intérieur, le salut de « nalegaU » fut répété avec un accroissement d'énergie qui n'était rien moi- - que plaisant. « Il se trouvait des hiites avant moi dans ce taudis: six ro- l'ustes naturels d'un clan voi>iu. Ils avaient été surpris par lu tempête en chassant, et étaient déjà groupés sur le l.olopsut'. Ils joignirent leurs cris au cri de bienvenue, et je respirai bient<'.t la vapeiu- ammoniacale de (piator/e compagnons de logement, vigoureux, bien repus, malpropres et déshabillés. J'arrivais assez fatigué d'ui; voyage de dix-huit milles à travers une at- mosphère glacée. Le thermomètre marquait à l'intérieur ÎIO". et la voûte mesurait quinze pieds sur six. Impossible de s'ima- giner, sans l'avoir vue. une telle masse amorphe de créatures humaines entassées: hommes, femmes, enfants. ' l>..nc „u ht on mi;;,, battm-. recnivcrt de |ifau\ , et (|ui garnit le lu.iiitonr iiité- rletii- (le la Imite. If i h :n V m i ( ■1 i \ DOCTEUR EL.-K. KANE :I33 La plate-forme servant de siège et de lit ne mesurait que sept pieds de largeur sur six de profondeur, sa forme étant semi- elliptique; eh bien, en comprenant los enfants et sans me comp- ter, treize personnes s'y trouvaient réunies. « Le kotluk, ou lampe de chaque matrone, brûlait avec une flanuue de seize pouces de longueur. Un quartier de phoaue qui gisait gelé sur le plancher avait été coupé par tranches, et commença à fumer par morceaux de dix à quinze livres. Me- tek, avec l'aide d'un jeune amateur, ' le quelqu'un des dor- meurs, dépéchait les portions sans mon assistance. Ils m'in- vitèrent très-cordialement à faire comme eux, mais la vue seule de ce ri-^ume culinaire me su...-ait. Je soiipai avec une poignée de fragments de fuie gelé que j'avais dans ma poch'', et, en proie à une sueur abondante, je me déshabillai comme les autpîS ; je pris pour oreiller l'estomac sufflsarament chaud de mon ami Metek. « ... La notion de la maloropreté n'existe pas pour les Esqui- maux. C'est un trait ethnolo, que particulier à ces «lomades d'outre-nord; et il doit être attribué non-seulement à leur ré- gime diététiq"" et à leur vie domestique particulière, mais en- core au froid extrême, doi:t l'action instantanée arrête la putré- faction, et prévient les résultats intolérables de l'accumulation des chiens et de la famille. (' Leurs sens paraissent ne pas percevoir tout ce que l'ins- tinct e', l'association rendent révoltant pour la vue, le toucher et l'odorai des hommeb civilisés. « . . Une singulière coutume, que j'ai remarquée souvent ici, ainsi q le chez beaucoup d'Asiatiques, et qui a ses analo- gies dans les centres les p'us civilisés, est celle qui préside aux formalités régulières du deuil pour la mort. l's pleurent r m \ i:t ni:(:uiM:iMi> selon un système bien arrêté : quand l'un connnonco, tuiis se mettent à faire comme lui; et c'est un acte de courtoisie, de la part du plus distingué de la compagnie, d'essuyer les yeux du chef de deuil. Ils s'assemblent souvent de concert pour une réunion de deuil général; mais il arrive souvent aussi que l'un d'eux éclate en pleurs, et que tous les autres l'accompagnent courtoisement sans savoir d'abord de quoi il s'agit. hysique comme au ninral, df leurs iVère^ du Noid. \' SMi \UVA(.1'S i:i ni'COUVKHTKS i (c Le phoque fournit de la nourriture aux Esquiiuiiux de la baie de Reusselaer, pendant la plus grande partie do l'année. Au sud, jusqu'à Murckison-Channel, le veau marin, l'uni- eorne ou narwal, et la baleine blanche, viennent dans les saisons qui Ifur sont propres; mais dans le détroit de Smith les chasses de ces derniers animaux sont plutôt accidentelles qu'habituelles. K La manière de chasser les walrus dépend beaucoup de la saison. A la fin de l'année, quand la glace n'est formée qu'en pa'tie, on les trouve en grand nombre autour de la région neutre de la glace mêlée à l'eau, et quand cette région devient solide à mesure que l'hiver s'avance, on les poursuit de plus en plus au sud. « Les Esquimaux s'en approchent alors sur la glace nou- velle, et les attaquent dans les fentes et les trous avec le filet et la ligne. Cette pêche, quand la saison devient plus froide, plus sombre et plus tempétueuse, présente d'affreux dangers. « Au printemps, ou, pour être plus exact, vers le mois où reparait le soleil, la famine d'hiver cesse généralement. Janvier et février sont souvent, presque toujours, des mois de priva- tions; mais pendant la dernière partie de mars la pêche de printemps commence, et avec elle renaissent la vie et l'ani- mation. " Les huttes, ces pauvres et nùséiables tanières couvertes de neige, deviennent alors des théâtres d'activité. Des masses de provisions accumulées sont empilées sur le sol glacé ; les femmes préparent les peaux pour les chaussures, et les i ommes taillent une réserve de harpons pour l'hiver. Les défenses des walrus sont tirées des monceaux de neige, où on les a placées pour en conserver l'ivoire, les chien- sont attachés à la glace. DOCTEL'H i:i ..-K. KANF. 3;i7 et les enfants, armés chacun d'une côte recourbée de quelque gros ainphibie. jouent à la balle et tirent au but. « L,e jour de mon arrivée, quatre phoques furent tués à Étah, et sans doute un plus grand iionibie à Kalutak et à Petéravik. La quantité de chair que l'on recueille airsi pendant une saison d'abondance doit être, je le suppose, cniist;rvée pour les besoins do l'hiver; mais il y a bien des causes, autres (jue l'impré- voyance, qui diminuent ces ressources. Ces pauvres Esqui- maux ne sont pas puresseu.x: ils chnssent avec courage, sans perdre un seul jour. Quand les tempêtes empêchent l'usage des traîneaux, ils s'elTorcent encore do serrer la viande des animaux tués dans les chasses précédentes. Une excavation est faite dans le sol, et, s'il est possible, dans une lie inacces- sible aux renards, et los vivres réunis sont rangés au fond et couverts de lourdes pierres. Une de ces cachettes, que j'ai trouvée dans une petite île à pou de distance d'Étah, conte- nait la chair do dix phoques, ot j'en connais plusieurs autres également grandes. « La consommation excessive est l'explication vraie de la disette parmi les Esquimaux. D'après leurs anciennes lois, tous partagent ensemble; ot, comme ils émigront on masse, selon que leurs besoins les y forcent, l'impùt de chaque éta- blissement est excessif. La quantité de vivres que los membres d'une famille consonnnont, et qui semble o.xorbitaule à un étranger, est plutôt une nécessité do leur existence particu- lière et de leur organisation que le résultat d'une gloutonnerie brutale. Un exercice incessant ot leur constante exposition au froid occasionnent on eux une porte do carbone (|iii doit être énorme. » L'hiver de IS-VI-IX.") trouva K.uio rt ses coiiipagnons bin ilîi :(;{« vuva(;e> i:r DKtiDUVKini:.- f |i I t qués dans le havre de Heusselaer par les mêmes glaces que l'aniiée précédente. En juin, ils reconnurent la nécessit''- d'abandonner leur navire. Mais laissons de nouveau parler l'inlrépide docteur lui-même. (( 18 juillet. — Les Esquimaux nous ont rejoints; ils sont tous Venus pour nous dire adieu : Metek, Nualik, Myouk, et Netsarak, et Tellerek, et Sipsu, et... Je pourrais les nommer tous; eux aussi nous connaissent bien; nous avons trouvé des frères sur cette terre désolée. « Je suis occupé à prendre mes notes; les enfants eux- mêmes viennent me parler : Kuyanake, huijanake , Naleyal: Soal,! (.(. Merci, merci, {^rand chef! » Metek entasse devant nous des oiseaux, comme si nous devions manger éternelle- ment, et sa pauvre femme pleure à l'entrée de ma tente, s'es- suyant les yeux avec une peau d'oiseau. « Il y en a vingt deux autour de moi, et en voici venir encore. Des enfants de dix ans poussent devant eux des traîneaux, où .-(i trouvent les babys. La tribu tout entière campe sur la plaine de glace. « Nos anus nous ont toujours considérés comme leurs ilotes. Sans eux nos tristes préparatifs de voyage auraient duré quinze jours de plus, et nous sommes tellement en retard, ([ue nos chances de sahit peuvent se mesurer siu* les lieures. " Le penchant au vol est le seul repmche sérieux que nous ayons eu à leur faire. Ils ont peut-être aussi médité quelcjne traliison, et j"ai lieu de croire qu'à notre arrivée, étant sous l'empire de craintes superstitieuses, ils mit piusé à nous tuer; mais rien de ce sentinirnl nexistc depuis longtemps. Nous nous l'tiiuis S' bien |)lié> :'i leur inanièi" de vivie, iii)U> leur L n^^ ii()(;ri;i i; i:i,.k. KANK a:'it avions donné une si t'ranclio huspitalitô dans notre pauvre na- vire et pendant leurs chasses à l'uurs, que toute trace d'ini- mitié avait complètement disparu. « Le pouvoir qu'ils m'attribuaient comme aiigekok ou sor- cier, coulirmé par ma carabine à six coups, ne fut peut-être pas d'abord sans quelque influence sur cette amitié, mais jamais an lé ne devint plus sincère. Dans les derniers temps, des objets du plus grand prix pour eux gisaient épars de tous les côtés ; ils ne dérobèrent pas même un clou. •( Hier, quand je parlai du respect qu'ils avaient pour tout ce qui nous appartenait, Metek me répondit par deux courtes sentences, qui résumaient toute sa morale : « Vous nous avez fait du bien. Nous n'avons pas faim ; nous ne voulons pas voler. Vous nous avez fait du bien ; nous voulons vous aider ; nous sommes vos amis. » (I Ce fut une scène touchante que la distribution de nos pré- sents d'adieu; l'un avait une scie ou une lime, td autrr un couteau, tons un souvenir de nou>. Lrs chiens furent donnés à la communauté, excepté Toodla-Mik et Wiley. Je ne pou-us me séparer d<' les animaux, les chefs de notre attelage. « II lie nous restait pli v. qu'à faire nos derniers adieux à ce peuple confiant. Je leur pari. , comme on paHe à des frères, leur disant (pie par delà le glacier, par d«'là ' » mer, ils trou- veraient un pays leur otTraiit plus de ressoiu , où les jours étaient plus longs, où il y avait pins de pèche et de chasse. >.( Je leur donnai le croquis de la carte jusqu'au cap Shacle- Idii, indiquant les promontoires, les terrains de chasse et les meilleurs campements, depuis Ked-llead jusqu'aux établisse- sements danois. Us m'écoutèreiit avec un intérêt profond, se lanijaiit de leniiis à autre des coups d'œil fort significatifs. Je flHIk ■j 340 vov.\(;e> lor iii;.:oi;vEHîi:s ne serais pas étonné d'apprendre un jour qu'ils eussent tenté ce voyage, avec Hans pour chef. Ce fut par la douce lumière d'un dimanche soir, après avoir halé à grand'peine nos bateaux à travers les hummocks, que nous nous trouvâmes devant la mer libre et ouverte. Avant minuit, nous avions lancé Eric-le- RoiKje, poussé trois hourras on faveur du retour, et déployé tous nos pavillons. . « Un des caractères les plus frappants de cette scène était la vie qui y abondait : cochléaria délicieux, œufs délicats, 344 VOVAODS ET DKCOUVKIITKS I liimmos énormes, gras ot savoureux; tout était à profusion. Quel Kilen pour dos scorbuHqups a(Tam<'s! l'attestaient ies ruines qui nous entou- raient ; par H\<' 20", nous trouvâmes les traces d'un grand village. » L'expédition arriva au cap Yi>rk le 21 juillet. On n'avait plus do provisions que pour trois semaines au plus. Assemblant alors ses officiers, Kane leur déclara qu'il était nécessaire d'a- vancer. On se dirigea dont; vers le sud-ouest, à travers une immense plaine de glace, qui devenait de plus en plus com- pacte. Pour comble d'infortune, on avait perdu le chenal. Kane ordonna qu'on fît halte sur la glace, et, accompagné de Mac-Gary, son brave et hardi second, il monta sur une ban- quise de quelque trois cents pieds do haut. « La vue était vraiment effrayante, dit Kane. Nous étions au plus profond d'une baie, de toutes parts entourés par d'im- menses icebergs, qui surgissaient an milieu d'un îlot de gla- çons enchevêtrés les uns dans les autres. » En face de cette désolation, Mac-Cary, quoique baleinier peu impressionnable, ne put s'empêcher déverser des larmes. Les embapcations fuient mises sur les traîneaux, et l'on se (.■.ij^ea vers l'ouest. Après trois jours d'un rude travail, Kane ^ï Hi 1« IH)CTEI:H EL.-W. hANK 349 ,■■{! et ses compapnons so trouveront de nouveau dans un passage libre. C'était une baio ouverte au milieu du courant qui en- traîne les glaces du pôle dans l'Atlanticiue; les bateaux étaient en si mauvais état, qu'il fallait les vider à cliaquo instant pour les empêcher de couler bas. « Épuisés de fatigue, mourants de faim, t^lle était notre triste infortune, continue Kane, quand lu. ;s aperçûmes un plioque endormi sur un glaçon qu'emportait 1." courant. C'était un veau marin, mais si énorme, que je 1.' pris d'abord pour un morse. Je fis un signal i\ l'Espn-ance, et, tremblants d'anxiété, nous nous dirigeAmos vers l'animal dans un ti.'vreux silence; Petersen, armé d'une carabine rayée, se mit à l'avant de l'em- barcation. En approchant, notre excitation devint telle, que les hommes ne pouvaient plus ramer ensemble. « Le phoque n'était pas endormi : il leva la tête comme nous étions à portée de la carabine .le me rappelle encore l'expres- sion désolée, désespérée, qui se peignit sur le visage hâve, amaigri de mes matelots, quand ils virent le mouvement de l'animal : i\ sa capture était attachée la vie de chacun de nous. Le bateau, vigoureusement poussé par Mac-Gary suspendu à son aviron, mo semldait à bonne portée; je ferme; convulsive- ment la main, signal convenu pour faire feu. Étonn»' de ne pas entendre d'explosion, je me retourne : Petersen, paralysé par son émotion, ne pouvait tenir sa carabine immobile. Le pho- que, se dressant sur ses nageoires antérieures, nous regarde d'un air inquiet et curieux en s'apprètaut à plonger. La cara- bine détone: frappé à mort, l'animal tombe étendu près de l'eau, si près, que la mer mouillait sa tête penchée au bord du glaçon « .lavais rinteiition d'assurer sa m,51-1852). - Troisième hiver ^ i.<,i-lh53). — Délivrance. Depuis trois ans, on n'av:nt pas entendu parler du navire l'Invcsligateur, confié par l'amirauté au commandant Mac- Clure, pour aller à la rocherciie de sir John Franklin, lorsi) V()V,\iii;s i:r i)i:ciii'vi:i!ri'> cimiuante milles, dans le nord-est, une terre dune grande élévation. X Ayant fait aussitôt mettre le cap sur cette côte inconnue, je remarquai qu'à l'occident elle servait de base à la banquis*;, tandis qu'à l'est, au contraire, la mer étai* comparativement praticable. Je pris donc sur-h^-cliamp le parti de suivre cette direction, dans la supposition que je n'avais devant moi qu'une île, ei, qu'en la diuiblant ']<• Unirais par trouver un débouché dans la uter Polaire. Le 7, au matin, nous étions à l'extrémité méridionale de cette terr", maynilique promontoire formé [>nv des rochers perpendiculaires de mille pieds de hauteur; nous lui avons donné le nom de cap Nelson. Bientôt après, m'em- barquant dans la chaloupe, j'allai, suivant l'antique usage consacré par tous mes devanciers, prendre possession de notre découverte, que je nommai île Baring, en l'honneur du pre- mier lord (le l'amirauté. Un poteau surmonté d'un ballon peint fut élevé sur le rivage par TloG" de latitude, et par 12.> 2V de longitude occidentale; puis un baril contenant un procès-verbal de cette formalité fut enfoui à la base du poteau. « To.it autour de nous, nous observâmes des traces nom- breuses et fraîches de renni'S, de lièvres et d'oies arctiques, et, au milieu de mousses abundantcs, apparaissaient en pleine ildraison un ce'tain nombre de plantes. « Ayant gravi une hauteur d'envinju cinq cents pieds, nous pûmes jouii' de la vue de l'intérieur : partout un tapisde mousse couvrait le sol, et donnait une apparence de verdure à plu sieurs rangées succesLives de montagnes, dont les plus élevées atteignaient deu.x et trois mille pieds. Les ravins creusés entre leurs |)entes sendjlaient alimenter un grand la(',(pii s'étendait au centre d'une vaste plaine, à (juin/e milles de nous. L'aspect il î mim^'m^ r.uM\l\Mi.\M \l\i.-c,i.lJl;i. 3i)l de la mer n'était pas moins favorable. A l'est, ou ne voyait que quelques glaçons tloltant à sa surface, qui semblaient pro- mettre une navigation libre de ce côté. Je m'oiupressai donc de remettre à la voile; mais presque aussitôt la brume nous enveloppa, et pendant deux jours la sonde fut notre seul guide dans ces parages inconnus. Le 9, pendant une éclaircie, nous apers'ùmes à l'est, à environ i[uinze milles de nous, une côte qui se prolongeait au nord, à perte de vue, parallèlement à celle de l'Ile Baring. Les terres basses de ce rivage étaietil seules exemptes de neige, tandis (ju'une blanche couche de glaces revêtait les hautes montagnes de l'intérieur; nous distinguâmes quelques pics dont la forme remarquable révélait l'origine volcuiiiqud. « Un épais brouillard mêlé tle neige nous força bienlôt de louvoyer lentement dans le détroit resserré que laissent entre elles l'île Baring et notre nouvelle découverte, qui reçut le nom de terre du i'riiwe-Albert. Par 7-2" i.'»', lo canal s'iniléchit brus- quement à l'duesl. Tu peu plus jciin, nous dépassâmes deux petites îles de rochers, aux(iuelles je laissai le nom d'il's de la l'rinresse-liuijale. D'après mon estimation, nous ne nous trouvions plus alors qu'à soixante-dix milles du bassin de Melville... Le vent était redevenu favorable; la mer paraissait encore libre; mais elle charriait de nondjreux glaç(tns, et, au moment où nous cherchions à pa>ser entre deux champs (!- glace, ils se rapprochèrent lim de l'autre avec tant de rapidité, (jue le vaisseau fut subitement arrêté dans >a course, et luèiin' peudaut ipiehiues minutes soulevé sur lu glace. .udaces; et %i ■Mi-1 VOVAr.ES KT DKi^OUVEIfl'KS ■ ( lorsque vois le soir nous parvînmes à nous dé^iager, j'eus le chagrin de constater que le courant avait cliantié, et nous ra- menait vers le sud. « L'abaissement de la température et l'apparition presijue instantanée d"une couche de glace sur les espaces encore libres de la mer, chaque t'ois que le vent faiblissait, annonçaient clai- rement lu lin de la saison navigable. La sûreté du navire exi- geait de moi une prompte ilécision, je le reconnus avec anxiété. Hetouruer vers le sud, où la mer était encore ouverte, et chercher un abri pour l'hiver sur quelques points de la cote sud-est de Vue Baring, cetail une tentative facile; mais si ma recherche d'un bon mouillage suivant cette direction était in- fnlctue^l^e, le navire se trouvait placé dans la plus dangereuse des situations; car il demeurerait CAposé, au milieu d'un vaste espace de mer, au choc et à la pression des immenses champs de glace que les courants polaires poussent incessamment contre les rivages de> archipels arctitiues. En restant dans le détroit au liMjue d'hiveiiier paimi la glace même, je conser- vais au moins la chance d'avancer au noid-est aussi long- temps que je le pourrais, et l'avantage de ne pas abandonner l'espace conquis au [pmx de tant de labeurs et d'inciuiétudes, (juand la pelle d'un ^eui iiiille pouvait compromettre toute la navigation de la saison suivante. Je résolus donc de garder ma position actuelle, qui d'ailleur> se trouvait dans la direction très-probablement >uivie par sir John Franklin, s'il avait dé- passé le cap Walker. « ... (Quelques beaux jours di; plus m'euasent permis de Iran- chir l'issue du détroit, et d'atteindr-» les parages connus de l'archipel Parry, où peut-être nous étions attendus... Celte faveur ne nous fut pas accordée. Après ;,voir consumé en vains (:n\i\i\MiA\r \iAi:-(;i.i m: :!:j:t efforts le reste du mois do septre, après avoir renouvelé vin '1 » I « ... Noire retour a\i vaiss. ;iu lui maniiu' par un d.'ces ac- cidents si livqii. nts tiaiis l.'s m. is polaires. Une crevasse de près (le cent mètres de largeur s'dtait ouverte depuis le matin entre la niuce et le rivage. En vain nous suivîmes celui-ci pendant plusieurs milles; rintervalle l)éant et Hijuide était toujours le même, et cf|>endant la nuit commentait à tomber. Nous dûmes nous arrêter et tirer di>s coups de fusil pour nous taire enteiidri" du vaisseau ; mais nous étions trop loin pour èirc entendus. A liuit heures seulement, des gens de l'éiiui- page, détachés à notre rechenhe depuis le connueiicement de l'obscurité, aper(;urenl [lar bonheur la lueur des dernières décharges, ei se dirigèrmt de notre enté. Ajirès avoir sondé l'obstacle (jui s'étciulait entre eux et nous, ils coururent au navire chercher deux ctuinls llnihril. >\m nous transportè- rent à l'autre bord, non sans quel(iue péril et sans beaucoup de peine. u ,1e ne puis trop insister sur le mérite de celle' invention. Ces admirables petits esijuifs en caoutchouc sojit gonflés d'air à bord, puis transportés avec une extrême facilité sur les épaules d'un seul homme, à travers les glaces du plus ilifti- cile accès, dont les aspérités Iraiichantes mettraient eu [>ièces toute autre embarcation. <*.ràce à eux. ce jour-là. on a réussi à sauver une troupe nondireuse. (pii sans tentes, sans couver- tures, sans feu et sans aliments, allait èliv exposée aux rigueuis d'une nuit arcti(jue, pendant laquelle le lliermomètre Umiba à 2;i" au-dessous de zéro. « Cepenilant il me fallait à tout prix constater que le canal du rrince-de-Galles (j'ai ainsi nommé le détroit i comunmi- quait avec l.-s eaux de l'archipel l'arry. C'est pourquoi je voulus entreprendre moi-même cette reconnaissance, (pioique la sai- i;(i\l\iAM>\M \l\r;-i:i.i isi: •'(■i'' son frtt déji\ fort iivaiicce pour iiiin tfllc excursion. Parti h'. 21 oi-lohrtî, ,j'i-ns, lo ■_*»■., rinexiniiiialilc joio 'I'' l'Ianlor ma tentj^ par 7:{" :{i" «le latitude, ri par 117" de lori-;itude, «•■.■-.t-à-dire sur la ligue niôinc où l.!s eartes de sir Kdward l'airy piactit la terre dv. I5aulvs, culrevuc par lui m l«l'.», des iiautfurs .le nie Melvilii!. Ainsi mes travaux, rattaclif's à icux de mon illustre devancier, donnaient la solution tant clicrchéi' du passa^;»^ au ucrd de l'Anirricpie, cl la «-«Me d-rst de l'île liarintî était la terre d(! I{aid un lit con Doli \nv.\i;i:s i:r hk' m vi:iiti> ^ I fortablo dans la neigi' , sous labii d'une large dall.' de glace, y enfonçant mes jambes jusiju'aux genoux, pour empêcher mes doigts de pieds do se geler. Je tombai biontcU dans un profond sommeil, d'où, à environ minuit, je fus tiré par le passage d'un météore qui traversait le ciel; je me lovai, je trouvai une nuit étincelante d'étoiles avec une brillante aurore, et je me dirigeai du côté du navire. Mais, ayant épuisé toutes mes munitions, je ne pouvais attirer l'attention du bord; alors j"errai jusqu'au jour, et je finis par découvrir que j'avais dépassé le bâtiment d'environ (luatre milles. En reprenant ma route, je rencontrai plusieius traces il'ours; m.iis j'arrivai à huit heures, sain et sauf, (pioiquil y eè' 2() degrés au-dessous (le zéro, et que je fusse resté vingt-cin(i heures sans rien prendre. « A mon retour au naviiv, j'appris, non sans une vive sa- tisfaction, que sept bœufs musqués, tués en mon absence par nos chasseurs sur la terre du Prince-Albert, avaient augmenté notre approvisionnement d'environ treize cents livres d'excel- lente viande fraîche, ressource inespérée et bien précieuse jKjur l'hiver. « Cette saison si redoutalde, et dont l'approche avait excité bien des craintes parmi nous, s'écoula fort doucement. Bien qu'en janvier, février et mars, le froid descendit parfois jus- qu'à ii", et que la température moyenne fût au-dessous de I5S", l'état sanitaire de l'équipage ne fut aucunement altéré. Point de doute que ce résultat remarquable ne fût dû à l'énergie de nos marins , à l'excellence des provisions de toute esp.^ce que nous avions à bord, et au bon système de ventilation de l'inlérieur du vaisseau. « Hès les premiers jours de mars, les préparatifs de la cam- diMMAMiAM \lAi:-i lUliK :i:j7 pagne de IS.")! furent commencés. .I<> fis d'abord transporter sur une des lies de la l'rincessc'-Royale »nie grande chaloupe avec trois mois de vivres, afin que. si r/»w.s(t;/a arctiques, et que les marins ont souvent pris pour des déliiiil-, il teiniiiia sa course à un point où le docteur Rae, venant des établissements delà baie d'IIudson, a dû pai- venir ifuelques jours après lui. « Aux approches de Tété, les marins de llnvextiijaU'ur ne voyaient pas venir sans une anxiété profonde le moment où devaient se disjoimlre les masses formidables qui les proté- geaient tout en les retenant captifs. Le 7 juillet, le premier signe du dégel se manifesta par un intervalle liquide qui s'ou- vrit Ir lon^ du rivage de la terre du Prince- Albert; puis, sous la double intluence de la pluie et de la température, renumtée à 7» au-dessus de zéro, la glace fondit si rapidement, que le 14 elle s'ouvrit subitement et silencieusement autour du na- vire, toujours enfermé dans son havre de quarante pas de lar- geur, au centre du champ de glace (pii nous servait d'asile de- puis neuf mois. Sa dissolution graduelle nous rendit libres le 17; mais presque aussitôt le voisinage de plusieurs autres champs flottants nous obligea à chercher l'abri de l'un d'eux et à nous y amarrer. « A partir de cet instant juscju'au milieu du mois d'août, ce ne fut à bord de l't)ii'esti(jaleur ([iimw lutte continue contre les glaces, les vents et les courants, ceux-ci nous ramenant toujours vers Ir sud, et le vaisseau s'etïorçant toujours de se frayer un chemin vers l'issue nord-est du détroit. « Le 1<) août, nous n'en étions plus qu'à huit à neuf lieues à peine; mais là une banquise impénétrable barrait le canal dans I » CoMMAMtAN! M AOKLISHK :i:iO » toute sa largeur ; ot la saison était trop avancée pour nous per- mettre (l'espérer la ru|)ture de cette barrière. « En face de cet obstacle insuniiontabl.', considérant (pie derrière nous la mer était parfaitement libre, je pris la réso- hition de revenir sur mes pas vers le sud, de doubler le cap Xelson.et de chercher, le long de la côte occidentale de Tlle IJaring, un passage au nord, entre la brre et la banquise. « Sans plus délibérer, je fis aussibU revirer de bord, et les éléments, si longtemps contraires, nous servirent alors si bien, .lu'ils nous firent franchir en un jour rinlervalle .jue nous leur disputions depuis un an. I.e 18, rim'csUoaU'ur, ayant contourné toute la partie méridionale de la terre de Haring, en relevait l'extrémité ouest, le cap Kelbt ; le lU, nous atteignions, à deux degrés plus au nord, le pronionb.ire nord-ouest, que jai dé- si.M.é sous le nom de Prince-Alfred; mais là nous attendaient de nouvelle.-; tribulations. .< ... Dans la matinée du 20, un. barrière de glace, appuyée à la crtte, nous barra le chemin. Pour éviter d'être entraînés par les champs lloltants, nous nous amarrâmes, aussi près que possible de la terre, à u-^ M-c de peu dVtendue, mais fort pesant, qui .ious semblait s. lement li.xé sur un bas-fond, à environ quatre-vingts pas du rivage. C-était là notre unique rempart contre les formidables gla,ons de la n.er Polaire, qu'un vent d'ouest poussait sur nous avec une vitesse d'un i.nlle à Iheure. Le soir, notre positio.i em-ua. Un champ flot- tant vint heurter le bloc «lui nous protégeait, et le secoua m profondément, (p.'une langue de glace -lui plongeait sous uoli e quille souleva l'invedh/ateur dan moins six pieds. Cependant, en tirant le meilleur parti possible de nos ancres et de nos amarres, m.us réussîmes à nous maintenir p. lulanf .e conflit. atu) \ov.\r,F.s KT i)i;ci)i:vi:urE?» ') i II i i i\ la suite dmiUL'l le champ lldtlant se brisa en morceaux, lundis i\[U' ni)iis ('lions poiis.st's un pi'U plus près de la ciMe. « Nous liions arn^lôs là depuis plusieurs jours, lorsque, dans la malinée ilu '2'J aoill, les places commencèrent à s'é- branler. Une d'elles, d'une grande étendue, soidevant sans doute par une do ses pointes sous-marines le bloc auquel nous étions amarrés, le redressa perpendiculairement i\ la liiniteiir .!ce-de Galles, .l'envoyai.;", travers mil;. pMls, notre inaîtr oanonnler enf(»ncer un énorme pétard dans le nanc d. 1 ^laoe qui nous faisait obstacle. L'explosion n'y pro- duisit que de li gères tissure^, que la pression exercée par les masses voisines rendait à peine visil.les. Cependant nous n'é- tions plus qu'à quelques pas de Técueil, et l'équipage, monté sur le pont, attendait dans une solennelle anxiété l'issuedecette crise, qui semblait ne pouvoir que i!ous être fatale. Ouoique llnvestùjateur abordât la glace directement de son avant, et que la pression eût lieu dans le sens de la plus grande force de sa membrure, la s.rousse fut si violente, que les mâts, ébranlés jusque dans Iciu' base, l-s sifil.'ments des cordages et les profonds gémissements d.> toute la cliarpente du navire nous annoncèrent clairement .pie la lultr n." pouvait se prolonger longtemps encore. Kn c- moment même le càble- clialne, qui nous attacbait à notre glaçon, cassa tout à coup, el plusieurs ancres chassèrent c( Il ne nous restait plus qu'à faire lâcher toutes les amarres, A, en donnant cet ordre, je pensais .pi'en peu de minutes nous serions jetés à la c\NT \l\r.-(;i.ri!F, :m se rompit encore une fois, .t rinvcMùjatmr fut emporté vers le nord au milieu .run vaste champ flottant, dont l'im aenso étendue et l'énorme épaisseur rendaient toute manœuvre con- traire à son impulsion absolument impossible. Il fallait pour- tant à tout prix nous en tirer, sous i^eine de disparaître avec lui dans cette terrible banquise polaire, dont nul n'est encore revenu. Après trois jours de tentatives incessantes et vaines, après avoir fait éclater sans résultat des pétards de vinp;t-cinq et même soixante livr.is de poudre, je dus recourir à un moyen plus énerj.M.pie: ,|." fis e.doncer à vin-t-cinq pieds de profon- deur, .lans la -laee, un baril de pv.udn. pesant deux cent cin- quante-cinq livres. Son explosion fut à peine sentie à bord du vaisseau, ciui pourtant n'était pus à trente pas de la mine; mais la glace, malgré son épaisseur, qui par endroits dépassait soixante-cinq pieds, éclata dans tous les sens, et VlnveMga- teur, redevenu maître de ses mouvements, reprit la direction \, Après avoir enfin doublé le cap Austin , il ti-uva des ,daces moins formidables, une mer moins tourmentée; nous étions sans dont." alors sous le vent .Ks hautes terres aperçues au nord du cap Dundas, sur lil^' Melville; nous étions au débou- ché occidental de cett.- suite de bras de n.er .p.i commence au Lancaster-Sound; mais il ne nous fut pas donné d'accomplir encore le passage; une nappe soli.le, uniforme, continue, s'é- h-ndait du nonl à l'orient, aussi loin que la 'ue pouvait at- teindre du haut des mâts, et peut-être ne sétait-elle pas rom- pue depuis ISIO, époque OÙ elle avait arrêté les vaisseaux d- Purry. H ne me restait plus qu'à trouver un bon moudlage pour y passer l'hiver. « Le -24 septembre . ISM i, ayant remarqué sur la côte nord :^f^ m^^' mi V(»v\r,i> r:r oKconvEUTKs de l'ilo Baring une petite baie qui paraissait remplir toutes les conditions désiraliles, j'y conduisis k' navire, et le soir même nous nous trouvâmes solidement fixés par la gelée dans ce havre, auquel nous donnâmes le nom delà Merci-de Dieu, en souvenir reconnaissant de tous les dangers aux(iuels nous avions échappé pendant notre traversée do cette terrible mer Polaire. A une trentaine de lieues dans le nord-est se trouve, sur la terre de Melville, le prf)montoire auquel sir '^dward l'arry. obéissant aux mêmes sentiments que nous, a donné le nom de cap de la ProvideiK^e. « Malgré la violence du vent et la fréquence des ouragans, lu température de Tliiver fut moins rigoureuse que durant l'année précédent(\ Des chasses régulièrement organisées, et qui ne furent interrompues qu(> p;a' les ténèbres du mois de janvier, nous procurèreiit, grâce à Tabondance des bœufs mus- qués, des lièvres et des ptarmigans, le précieux secours de trois distriliutimis de viamie fraiiiic pai' (puiizaine. Le l" avril, nous avions mèine en avance plus d'iui millier pesant de cette excellente vmaison. « Le 11 avril IS.'i-i. je temps me paraissait favorable; je ré- solus de mi'ttr»' à exécution mon lu'ojel (le|iuis longtemps ar- rêté de traveisiT sur la glace le détroit de liaid^s et de me ri'iidre à Wintei- llarbour. où j'espi'rais trouver soit un des bâtiments, suit lui ai>-je, est, si cela >e peut, d(! retournir en « Angleterre cet été en louclianl à l'île Melville et au port l.éo- « pold. Mais >i l'on n'.'utendait plus parler de nous, c'est que <■ probablement nous aurions été entraînés dans les glaces du " pôlf>, au nord ou à l'ouest de l'île Melville; or, dans ces deux .. hypothèses, toute tentative pour nous en\oycr du secours ne (' ferait qu'accroître le mal, car tout vaisseau entré dans les « g^a. polaires doit être inévitablement broyé. Un dM|, .i. (I pr:-vision^ ou un vaisseau placé à Winter-lîarboui v.st 'e T meilleur, ou plutôt le seul moyen auquel on doive recourir a pour le salut de ce qui aur.i survécu di! ré(piil>age de Lin- II vvfiliijolfur.î) w 3t>6 vi)VAi;i:s i:r iii;(:oi'\ki!TI'> 'I II « .le terminais par cos mots : « Cet avis a été déposé en « avril 1852, par une expédition composée du capitaine Mac- « Clure, etc. i suivent les six autres noms). Quiconque le trou- « vera est prié de le faire parvenir au stscrétairo de l'amirauté. (c Daté du navire de S. M. britannique l'Invcstiijatcur, gelé dans « la baie de Miséricorde, VI avril 185'i. . » « A mon retour au havre de Merci, je pouvais espérer que l'été ne tarderait pas à amener le dégel et à permettre au vaisseau de reni-ettre à la voile; mais cet espoir ne fut pas de longue durée: mai et juin se passèrent sans qu'aucun signe annonçât la fonte prochaine de l'épaisse couche de neige qui recouvrait la terre comme au cœur de Ihivir. Nous recon- nûmes même avec etïroi que durant la dernière moitié de juin la glace avait augmenté d'épaisse. ir. Les oiseaux voyageurs, à peine venus du midi, reprenaient leur vol d .ns cette direction, parce qu'ils ne trouvaient siu' la terre de Banks aucune trace de végétation, et, ce qui était plus grave, la santé de l'équipage commençait à s'altérer : seize cas de scorbut furent constatés par le rapport mensuel du chirurgien, .le fus obligé de faire suspendre tous les travaux pénibles, et nos chasseurs durent redoubler delVoi ts pour nous procurer de la v! uide fraîche. Le 8 juillet, l'un d'eux, en poursuivant un renne, rencontra inopinément deux bœufs musqués, et parvint à les abattre l'un et l'autre. Il lit preuve en cette circonstance d'un remarquable sang-froid; il ne lui restait |ilus cpriine seule ballij lorsiju'il fut assailli par un de ces animaux blessé et furieux; sans se troubler, il l'attendit à bout portant , et lui déchargea dans le cœur la baguelti- do son fusil. Nous recueillîmes aussi jus(pi"à la tin d'août une (juantité d'oseille suffisante pour '.'U fournir une ration tiuotidienne aux scorbutiques, ([ui Unirent par se rétablir. .^ii^fc- CoMMANItAM' MAi;-i;l,l HK ati" « Le 20 août, lii température tomba tout à coup à l.> au- dessous de glace : toute cette saison peut tHre appelée un long jour sans soleil; car, depuis la fin d,' mai, j'est à peine si cet astre a été visible, et si son influence s'est t'ait sentir sur les ^ masses de glaces qui bloquent le détroit complètement d'un bord à l'autre ; et je ne crois pas que la mer Polaire se soit brisée cette année, car rous n'avons pas vu une goutte d'eau dans cette direction. c( Le 8 septembre (,l Kl DKCnrVIMlIKS qui nous déilommaj,^'i;i imi[p|eiiiciit des t'atigufs ot des périls do notre pénible entreprise. » « Cette communication fut bien re<;ue de tous mes hommes, et j'eus lieu d'esi)ériT ([ue je mènerais à boiî;.' lin l'exécution de mon projet. « ... L'hiver 1852-1853 dépassa de beaucoup en rigueur les deux précédents, i'ar un bonheur inespéré, le gibier, cher- chant des abris dans les vallons les [)lus bas et les plus voisins de la nier, ne cessa de se montrer; et, quoiqu'il lût devenu très -craintif, on roussit toujours à tuer un certain nombre de roiinos, riui contribueront pour une bomio part à donner au festin de Noël uno a|iparenco d"abondance confortable. « Connue c'était lo dornior jour do Nool (pio nous devions passer ensemblo, Téquipage ré.solut do le célébrer d'une ma- nière mémorable. Chaque talile fut gaiement illuminée et dé- corée par des peintures de nos artistes de l'entro-pont, qui représentaient tontes les périlleuses [jositions du navire dans la mer Polaire; mais l'ornement principal consistait en énormes iduni-intddiiKjs pesant six livres, flampiosde quartiers do daims, de lièvres rôtis et d'onctueux salmis de ptarmigans. .lamais, je pense, un toi luxe avec une tille profusion ne brilla dars un entre-iiont; un étranger qui aurait été témoin de cette scène, n'aurait jamais imaginé ([uil voyait là lui équipage qui avait passé plus de deux ans dans ces régions abandonnées, entière- ment livré à ses propres ressources, et cependant jouissant d'inio excellente santé, l no réunion aussi joyeuse, en toutes circonstances, aurait éiianoui le cœur de tout oflicier; mais dans cette situation abandonnée, je ne pus (pTêtre profondé ment touché en contonqilant ce gai et consolant spectacle, et eu pensant aux grandes miséricordes que nous accordait la CiiMMANDAM' M \i;-f;l.i:i!K :tfiy Providence, îi qui seule est due notre sincère reconnaissance pour tous les bienfaits qu'elle nous a prodigués, au milieu des situations les plus critiques que l'on puisse concevoir. a Dans les jours qui suivirent, le froid devint excessif; il y eut en janvier 'm" au-dessous de zéri), 17" de plus que l'année précédente à pareille époqui;; un jour, le thermomètre tomba jusqu'à r.'e', et il resta à r)2" piudant vingt-quatre heures. J'aurais douté de l'exactitude du thermomètre si je ne l'avais éprouvé...; mais, en outre, l'état de mon éciuipage attestait la rigueur de la température. Le froid avait amené beaucoup d'humidiié dans l'entre- pont, et nous ne pouvions faire assez de feu pour la combattre, La liste des malades monta un mo- ment jusqu'à dix-neuf : parmi eux il y avait des cas de scorbut et d'hydropisie. « Le 1") mars t8r>3, je désignai les hommes qui i.'vaient composer les détachements destinés pour la baie de iîaftin et pour la côte d'Amérique. C'étaient ceux que leurs ofliciers, le chirurgien et moi, nous croyions les moins capables de sup- porter un quatrième hiver arcticiue. Je uk; flattais (m'ils par- viendraient à trouver les moyens de revoir heureusement IWn- gleterre; mais, avant d'atteindre le premier dépôt de vivres ou le premier fort de la compagnie d'Hudson, ils avaient à tuer pendant deux mois leurs traîneaux sur la mei- glacée ou sur la terre couverte de neige. Que de chances contre eux dans un si long trajet! Le sort (lui les attendait était plus qu'incertain, et .me sond.re tristesse, qui ne taisait que s'accroître à mesure qu'approchait le jour de la séparation, pesait sur l'esprit de ceux qui devaient partir et de ceux (lui devai.'ut rester. « Tout était prêt pour le départ, et il éh.it tixé au IT. avril. Le 6 du même mois, coinu.r le lieutenant Creswell et moi nous :t7(i \ll^ \c,i> Kl iii;i;ni mhik- u \ nous promenions ensemble sur lu gluce marine, assez loin du vaisseau, nous vîmes subitement apparaître du cMé du nuid un point noir qui semblait rouler plutôt que courii' sur la ylace. Nous ima-iinant que cotait queKju'un dis nôtres pour- suivi peut-être par un ours blanc, nous nous portâmes à sa rencontre; mais nous m- tardâmes [las à distin^çuer que la li-iure qui sapprocliait avec l.mt de rapidité n'appartt;nait à personne du bord. Cet être, quel quil lût, se mit, à notre vue, à agiter les bras en l'air et à pousser des cris, que l'éloi^nie- ment ou toute autre cause nous rendit inintelligibles. J'avoue qu'alors nous lûmes tentés de cliercher si celte apparition, au tfint de suie et aux gestes étranges, ne cachait pas les griffes et la queue du vieux >;ick. Nous Unîmes pourtant par nous joindiv, et l'on iieut juger de notrs surprise, quand, â celte question naturelle de ma (lart : « 1:T ItKCOlAT.lilKS I I fendre la glace. Assurément, en contemplant i-es puissants ou- vrages de la nature, on ne peut s'empêcher de penser que le bras qui a soutenu la première arche laite du bois de la terre, alors qu'ellf flottait sur les eaux d'un monde englouti, est le même qui a guidé aussi notre arche faite de chêne anglais , et que ses habitants retourneront jouir des bénédictions de leur patrie, ce qui sera un autre miracle de la bonté divine. » VOYAGE DU CMMTMNi; M AC-dLlNTOGK (18:.7-IR59) fe- î ,„.p.., ..■Ab..rae..n. - l.W.rna«.. .lans l.sgl.ces. - Ton.,.M.. - Uetour ,.nsle .-.ooMlund. - Knlr.V da..s la ba„. .1,. M-UVlc - C.nmunuafo,. av.-c Us m- .„«.•.,.,-« du cap NVarrand.-r. - An ,vée à l'ilc l.eo.h..y. - lnscn,l,on a la ■..-.noTC ;,:M.. J..hu KranKl.n «. d. .. co,n,a«„o„..- Le d-Uro., de «, lot. V.ond h>- v.Mir,". - Les ,nvmi.r.-s roclierd.es. - 0....municat>,.n ave. les Escimmaux. - Villa.-èd.- ...Mi!.'. - Inf..r.i.:.lions d,mné..s ,,a,- l.s Esquimaux. - Arnv..,. au .ap „..,;cU,.ll - i.. lK.u.,.nant llobsM.. - H l.ouv.. des faces de lev,,ed>t,on de F,n,kl,n - l.ecouve,le d'au cairu eontena.U le rapport d,. lVvpédm„u perdue. -'cVnuverte d'un .anot - Arrivée * la P,..„le.Vic,ory. - Uetour au va.seau. _ ..jour au p.r. Keuuedy . - Mort de nn.én.eur Oeor.e grands. - Le. voyageurs ...rviueut ,'.a.ner la poude de la Fury. - Année à Godhaveu. - Uetour en Auijleterre. Le récit qui vu suivre de la mission confiée par la noblo veuve de sir John Franklin uu capitaine Mac-Clintock, et si dignement remplie par lui, est la traduction fidèle de ses rapports à l'amirauté et à la Société royale de géographie de Londres. « Partis d-Aberdoen le 1- juillet 1857, nous étions le G août «uivant à Uppernavick, le plus septentrional des établissements i^, m>if. -^ 'M.r\ IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) // r/ y i^ ^ .**> t-c^r (/^ fA 1.0 Uà §18 u. 1m l.l 1.25 1.4 |Z5 M IIM 1.8 iiiM^ o V] '¥^ ^' / Photographie Sciences Corporation 23 WEST MAIN STREET WEBSTER, N. Y 14580 (7)6) 872-4S03 ^ 374 VOYAGES ET DK(Ji)UVERTi:S h' = ml danois dans le Groenland. Je m'y procurai trente-cinq chiens de trait et deux conducteurs esquimaux, auxiliaires indispen- sables de nos futures recherclus. En elTet, l'espace de terre et do mer laissé inexploré à l'ouest, et enfin celui qu'avaient exploré au sud Rae et Anderson, espace que j'avais le projet de sillonner en tout sens, ne pouv.nent guère, comme la suite me le prouva, être parcourus qu'en traîneau. « Le 18 août, nous nous trouvions à mi-chemin de la baie de Melville au détroit de Lanc.istre, quand tout à coup, cernés par une immense accumulation de glaces en dérive, nous nous vîmes condamnés à passor lliiver au milieu du plus vaste champ de glaces flottantes dont j'aie entendu parler dans ma carrière de marin. Incapable de gagner un rivage quelconque ou d'établir un observatoire fixe sur la surface mobile de l'im- mense radeau qui nous entraînait, nous fûmes réduits à l'é- tude des vents et des courants dont nous étions les jouets. Contrairement à une théorie récente (celle du lieutenant Mauryt, nous reconnûmes que l'influence atmosphérique était plus forte que celle de la mer sur les mouvements des glaces, et nous ne pûmes saisir le moindre indice du contre-courant Bous-marin qui devrait porter au nord. Au contraire, de hautes montagnes de glace qui, suivant cette théori.;, auraient dû marcher en sens inverse du Fox, dérivèrent en lui tenant une compagnie plus fidèle que rassurante, depuis T')» W jusqu'au cercle arctique. |; ÏOrs LEIRS VAILLANTS FRÈRKS, OFFICIEBS ET I lOÈLES COMPAGNONS, QUI ONT SOLTFEnT E7 ri';nl l'OCIt LA CAUSE DE LA SCIENCE ET POUP. LA GLOIRE DE LEUR PATRIE. CETTE PIERRE EST ÉRIGÉE PRÈS DU LIEU 3U ILS ONT PASSÉ LEUR PREMIER HIVER ARCTIQUE ET ll'ou ILS SONT PARTIS POUR TRIOMPHER. DES OHSTACLES OU PCUU MOURIR. ELLE CONSACRE LE SOI VEsIR DE LEURS COMPATRIOTES ET AMIS nui LES ADMIRENT, FT DE l'angoisse, MAÎTRISÉE PAR LA FOI, DE CELLE QUI A PERDl- DANS LE CHEF DE l'eXPÉDITION LE PLUS DÉVO'É ET LE PLUS AFFECTIONNÉ DES ÉPOUX. c'est ainsi qu'il LES CONDUISIT AU PORT SUPRÈ.ME OU TOUS REPOSENT. 183.Ï « Les provisions et les magasins laissés sur l'île par les expé- ditions précéaentes nous semblèrent en bon état; seul un petit bateau, retourné et jeté à la côte par un orage, avait souffert quelques dégâts. Nous fîmes aux toits des maisons les répara- CAPITAINE MAC-CI.INTOr.K 379 tions nécessaires; puis, après avoir embarqué du charbon et des provisions dont nous avions besoin, nous gagnAmes, le 17 août, et par une bonne traversée de vingt-cinq milles, le détroit de Peel; mais, le trouvant entièrement obstrué de glaces encore solides, je résolus de me diriger vers le détroit de Bellot. En chemin, j'examinai les provisions qui nous restaient au Port-Léopold, et j'y laissai un bateau baleinier q.'.e .i'avaiii amené dans ce but au cap Hotham, pour aider à notre retraite, dans le cas où je serais plus tard dans la nécessité d'abandon- ner le Fox. Nous trouvitmes le canal du Prince -Régent sans aucune glace, et nous n'en aperçûmes que très -peu durant notre traversée pour nous rendre à la baie de Brentford, où nous arrivâmes le 20 août. « Le détroit de Bellot, qui communique avec la mer de l'Ouest, a une largeur moyenne d'un mille, sur dix-sept à dix- huit de long. A cette époque, il éta't rempli de glaçons en dé- rive; mais à mesure que la saison avança, il devint plus navi- gable. En plusieurs endroits, ses rives sont bordées de rochers esc=.rp4s et de blocs de granit, et quelques-unes des montagnes voisines s'élèvent à la hauteur do seize cents pieds. Les marées y sont très-fortts en été, courant de six à sept nœuds à l'heure. « Le 6 septembre, ayant franchi le détroit de Bellot sans encombrement, nous assurâmes le navire au milieu des glaces fixes. Là, et jusqu'au 27, jour où je crus nécessaire de gagner nos quartiers d'hiver, nous avons constamment observé les mouvements de la glace dans les eaux qui nous entouraient. Au milieu du détroit, elle fiottait en fragments épars. ce Peu à peu l'eau augmenta, et il ne resta plus devant nous qu'une zone de glace de trois à quatre milles d'étendue seu- lement, mais qui, soutenue par les petits îlots, résista à l'action li 380 VOYAGES ET DECOUVEHTt:S dissolvante des pluies et à la violence des vents d'automne. Attendre de jour en jour que le passage fût libre pour nous remettre à flot, et ne pouvoir y parvenir, bien que les vagues vinssent baigner le pied des rochers qui se trouvaient à quel- ques milles de nous, au midi , était un vrai supplice de Tantale. u Pendant l'automne, et tant que la lumière du jour nous le permit, nous nous efforçâmes de transporter des dépôts de provisions du côté du pôle magnétique, dans le but de faci- liter d'autant nos opérations projetées pour le printemps; mais nous ne pûmes réussir, par suite de la rupture des glaces dans cette direction. Le lieutenant Hobson et ses hommes revinrent en traîneau au mois de novembre, après avoir beaucoup souf- fert du mauvais temps et couru les plus grands dangers; car la glace sur laquelle ils étaient campés se détacha une fois du rivage, et les entraîna au large avec elle. . tt Ainsi l'hiver nous surprit à l'entrée est du détroit de Bellot, dans un petit port abrité que j'ai nommé port Kennedy, en souvenir du digne officier anglais qui explora ces parages en 1851, en compagnie du lieutenant français. Il se trouve presque au point de jonction du calcaire des basses plages septentrionales de la baie Brentford avec les hautes chaînes granitiques qui forment la charpente intérieure, ainsi que les falaises escarpéeo des rivages occidentaux de Boolhia et du North-Somerset. 8 Quoique la végétation des bords du détroit soit relative- ment abondante, et que nos deux chasseurs esquimaux et plusieurs autres aient toujours été en quête ou sur le qui-vive, néanmoins les ressources que nous avons tirées du pays pen- dant onze mois et demi n'ont formé qu'un total de huit rennes, deux ours, dix-huit veaux marins et quelques poules d'eau, les lEli CAPITAINE MAC-CLINTOCK >M fréquentes tempêtes qui balaient ces parages en écartant sans doute les êtres animés. io.'i.--'^si>eii . „,. p.,ikirès - Une vengeance ■ n ..-il • Tm.inainbas,Boticoudos,MundrncusouPa.kices. iJne .,u B,e,.l . T"l "»-"ba« _ Rio -de -Janeiro à l'ile de France. - do femme. - Hichosse du Hrts.l. industries et son commerce. O.o,o«.e . con.i,uration et aspe.t e cet^ - ^^^^ _ ,„„ .,,,,.„ , - "TÏTl^::;)'- Waiiiht ni ot ses nu. - Unev.s.te.rne Tr t tu aX it. - Séance d'escamotage. - Combat singulier - Les TT- ' nr r à bord - Le capitaine Guébé. - Des sauva.es honnêtes. - Omba.ens -^'''^^'^ ^'"''- ^^ ,„ p,,,,i„et, médiateur entre un ro. r:;:rsï::r~ - - ~ .u. _ ^au^a. de r..„.^ sanvelage. - Retour en France J9ti TAUKE PHKMIEK VOYAGE Ul CAl'lTAlNK Dl'MONT irilllVIM.K llANS I.IPCKW AlSTIlAl. {tK2B. !».!«) Ni Notice uiograpliiqu)! sur Dumont d'Urville. — Inportanro du premier voyage de l'Astrolabe. — Départ. — Début du voyage — Dangers courus dant la Passe îles Fram-ais. — Deux intrus à bord. — nangui, (Ils de Teknke. — l'n slnj^ulier pasto-po'-t. — Un autre Ftangui; ses exploits, sa jactance. — Une scène de co- médie dans une pirogue. — La Nouvelle -/.élande et ses habitants. — L'archipel des Atnig. — Complot A bord. — Enlèvement de matolol» français par les sau- vage». — Siège d'un villatje. — Deux ilèse ^eurs. — La Nouvelle- Ciuinée. — Le havre Doreï. — Les naturels : Papou>, Métis et llarl'ours. — Industrie et nururs de ces Insulaires. — Découvt.te des restes du naufraiçc de lu Pérouse. — Monu- ment élevé dans l'île Vanikoro à la mémoire de la Pérouse et de tes conipa(,'nons. — Fin du voyage. — Retour 93 SECOND VOYAGE DU CAPITAINE DUMttNT DLRVILLE liANS 1.(11 KAN Al STIIAI. ISJT.fiii un I But du voyage de l'Astrolabe et de la Zélée. — Les glaces du pâle austral. — Découverte des terres Luuii- Philippe et Joinville. — Les îles (lambier. — Efforls et succès des missionnaires catholi(|Ue8. — Visite de l'cvéque et du roi de Man- gavera à bord de V Astrolabe. — Une messe en plein air sur la côte. — Uni' ancienne connaissance. — Expédition contre Nakalassé, roi de Piva. — Visite du roi Tanoa. — L'anlhropophatjii' aux Iles Viti. — Une mauvaise année. — Hetour au pôle sud. — Découverte de r.^rfé/ie et de la Côte C.la'iti. — La colonie anglaise. — Découverte de nouvelles terres. — Les missionnaires anglicans à Karora-Déka. - Retour en France .... 127 ViiYAliE DK P. (iinVANM MA^TAI ALJoi iii) iiLi SA .«Ai.N ri-ni: i.i-: i'apk imk ix I'AN> I-"aM1 «HJUI nu tll' Choix de D. Giovani Mtizi poui- vicaire apostolique de la mission du Chili. — D. (iiovanni-Maria Masiaï et l'alihé Giuseppe Sallusti, secrétaires. — Départ du port de Gènes. — Mouillage à Palma. — Captivité des miss^ionnaires dans le lazaret de retle ville. — Ils sont délivrés par l'évéque de Palma et le consul de Sardaigne. — TABLE 3^7 Nouveau .l.^pn.t. - ll.M.conlr.. d'un navire négrier. - Arrivé, à Bueno-Ayre,. - nrill.nto réreption faite aux mi.sionn.ire.. - Départ de Rueno.- Ayre«. - WlM,rat...n .l- la messe * I,u,an parle v.c.ireaposloliqu,.. - Description .lu loge- ment de !.. C.iovann. Ma.l.i A San-Pedr. - La clé de no«.rio. - De*n,ochado. ou les Mutil..s.- Incursion de. «.uvages. -Célébration de la me,.e 4 1. Canada de Luca>.- A.pect nouveau ùu paysage - Cordoba. - M^ndoza. - Santiago. 141 VOYAC.E D'UNE COMMISSION ANGLAISE Al X ll.tt A.MlAMAN "CKAN INDIEN, Expédition anglaise en 1857 - Combat avec Ir. naturels. - Victoire d« Anglais _ Retour à Calcutta. - Habitation., mteun-. coutumes et langage dos Andamans^ - Notions histori-iuen - Commerce d oiseaux de paradis *»» VoYAiJE DE CIUCLMNAVIUATION DU CAPITAINE WULLERSTOKF URTAlR n.U du voyage. - Départ de Triest-. - Rebkhe à Rio-dc-Janeiro. - Sain.-Panl. - C..yl„, - les ilos Nicobar. - Mœurs, fêtes et usage, des N.wbariens. - Mouillage devant lile de Poulo-Milou. Le canal Sa.nt-Oeorge. - Singapore. - Relâche à liatavia. - Le nègre Acouasie Hoacbi. - Un artiste indigène _ La m,.nt,,,u. dans les nua.'o.. - Le Pondjak-Pangerango. - Fête donnée par le régent de la province deTjangoe, - Les Iles Philippines. - Manille. - U lagune .le Ray. - La l.u.jana Encantada. - Le. Tagals. - Rentrée i Tneste. . 1b9 PREMIER VOYAtiE DU CAPITAINE JOHN ROSS AU i>oLK AiunigiE I81l> Dépait de VI.aMU ei de V Alexandre fonr la baie de Bafûn. - L'interprète Sackouse. - Communication ave.- les Esquimaux. - Vie et m.eurs de ce peuple. _ Danger que court un musicien de Vhabelle. - Rapports avec les imligene.. - Décciverte des Highlands arctiques. - Entrée dans le détroit de Lancastre. - _ Découragement de John Uoss. - Retour en Angleterre SECOND VOYAGE DU CAPITAINE JOHN ROSS .M P.1I.E Alir.TlQUE il.-iM 1»:") Départ - L. navi.e la V..,,»„.. - Ui.eH.on >ers le détroit du Pnnc,.-R.^gent. - Tremior lnverna,e a K.lix-llarbou, . ^ Ellet solaire. - Rencontre et rappo.ts 388 lAiii.i-; avec les Kgquimaux. — I n jambe df bois. - VuIh cummis |i.ii' li>5 iiuli^i'-neii. — Sculi^vement des naturels contre les vojrak'eura. — Jolin Ross parvient à le» apaiser. — Chasse aux birufs niu»i|iiés. — Ciliiutonnerie des Emiiiimnux. — Second hiver- nage. — Découverte du poli- magnétique. — Troisiinie hiver. — John Iloss et son C(|uipat,'e abandonnent leur navire. — Ils atteignent la pointe do la Fury. — Nouvelles déceptions. — Encore l'hubelle. — Délivrance. — iletuur en Angle- terre 2 Ut VOYAGE DU CAPIT\INE HACK A LA RECIIKRCIIE DK JOHN ROSS |j<33-tK3.i Départ de Back pour aller à la recherche du capitaine Koss. — Arrivée A Cumber- lanil-lliMise. — Privation d'eau. — Souffranifs occasionnées par les moustiques. — Le lac de l'Esclave et le fort de la Hésolulion. — Remonte du Hoar-Krost. — Encore le supplice des moustiques. — Retour au lac de l'Esclave. — Le lac de l'artillerie. — Destruction du canot de Baïk. — Paysage arctique. - Hivernage. — Affluence des Indiens ou Peaux- Rou^îes. — Le missionnaire. — Chant de mort. — Les souverains anthropophages. — Légendes sanglantes. — L'Indien cannibale. — Rigueurs de l'hiver. - Deux corbeaux , compagnons de la réclusion des voyageurs. — Nouvelle du retour de Ross. — Reprise du voyage ver» le nord. — Trajet sur la glace. — Arrivée à la mer polaire. — Itack prend possession de ces régions an nom de l'Angleterre. — Retour vers les établissenienls. . 23U VOYAGES ICKL'OIARD l'ARRÏ |.«l'.l-ll«-'3l ri i:3 4 I Départ de l'Héda et du Griper pour la baie de Baflin. — L'archipel de Parry. — Hivernage à l'île Melville. — Précautions contre la famine et les maladies. — Un incendie. — Effets do froid. — Le printemps polaire. — Vaines tentatives pour pénétrer à l'Ouest. — Retour dans la baie de Baflin. — Retour en Angleterre. — Second voyai^e. — Entrée dans la baie d'Hudson. — Blocus dans les glaces. — Ours monstiueux. - La haie de Repuise. — llivernaijeà l'île AVintor. — Relatioi:.. avec les Esquimaux. - ! 'ur- usages funéraires. — Au fumée du froid. — Reprisi* de la navij,ation. — Chaf-'' «ux n.orses. — Secnd hiverr ige i l'île d'Igloulik. — la presqu'île Melvil'.' - Ket.jur ■ 11 Angleterre '-Cl PREMIER VOYAGE DE JOHN FRANKLIN IHl'.l-lhiJ Le capitaine John l'ranklin. — Ses premiers débuts. — Départ pour la baie d'Hudson. — Le fort Chipéwyan. — Le chef indien Akaïlcho. — Tradition indienne à propos de la rivière de la Coppermine. — Vaines tentatives de Franklin pour amener les I TABLK an Esquimaux .-l If» Indien» ;i un.- coiiWn-nc.-. - Tableau de lanlaiîo»i»me de cei deux race» par Hearne. - Direction à lori-nl .1 b C-ppoi i li.i.- - L- rap Tur- nagain. - Misère» du reloui . - Uévouemen» du docteur Uithardmin. - Horrible nourriture. - Le fort l'Kntrepri.e. - Retour inattendu du nichardion. - l.hi^er iiufortl'tlan. - Un du voyagea la factorerie d'York VOYAGES SIMULTANÉS DE FRANKLIN ET DE ItEECllEï n..lour d.- Kranklin au fort Chipéwyan. - Descente vers la mer l'olaire. - Uelour au fort Franklin. - Séjour pendant Ihiver par delà le cercle poUiro. - Retour do KrankUn .n Anglet.-rro. - Le commandant lleecl.ey. - LiK- Chamisso.^ - ■ — Rapports avec les Esquimaux. - Retour de BeecliPJ '■^' DERNIÈRE EXPÉDITION DE SIR J.-a.N l'IUNKLlN Kl HliCllEhClIlis .jl 1 ■i.M M IVl 1 liS-lKSll Départ do Franklm avec l'Érebe et la Terreur. - Deux années sans nouvelles. - L'Anulelerrc sr décide i envoyer des navires à la recherche de Franklin. - Départ du do.!our Uichardson. - Son rapport à l'amirauté. - Rapports du capitaine James Clerk Ross. - Le navire le Prince -Mbe. t. - Le lieutonanl Uellot. - Sa mort • 207 VOYAGE DU DOCTEUR EL.-k. KANE KNVi.Yi; A l.A UKCllliltClli; liE sut JollN m.vNKI.l.N ■ IH'iJ-lOlili) Départ do Ne«-\ork du brick VAAvance. - Kpreuvos. - La rivière «le Mary- Muntuin. - La flore du Groenland. - Le grand «lacier llumboKlt. - VAdvame dans les glaces do Reussolaor. - Hivernage. - Diminution rapide de la lumière. - L'hygièi.e à bord. - Les m.iladies gagnont l'expédition. - Mort do Baker. - Visite des Esiiuimaux. - Intérieur d'une hutto dEsqu.maux. - Mo urs ot cou- tumes de ces sauvages. - Singulière coutume de deuil. - Restes. - Second hiver - Abandon de C.liiraHce. - Fatigues, dangers et famine. - Arrivée a „ ■ .. 3a» Upornavik 400 TABLE VOYAGE DU COMMANDANT MAC-CLURE EXVOYK A I.A ItECHEIlCIlE DE SIH JdHN FHANKI.IN inno-tHiiai L'Investigateur. - Découverte de l'ile de Barin;;. — Découverte du détroit du Prince-de-Gall<>s. — Hiver de ISSO à 1851. — Excursion et reconnaissance géographiques . -- Second hivernage ( 1851-1852). — Troisième hiver (1852-1853). — Délivrance 349 'i VOYAGE DU CAPITAINE MAC-CLINTdCK A I.A ItECHEIlCIlE DE SIH .liillN lUANKIJN ET DE SES COMPAGNONS !l"57-l«^'.i) Départ d'Aberdeen — Hivernage dans les glaces — Tempête. — Retour dans le Groenland. — Entrée dans la baie de Melville. — Communication avec les in- digènes du cap Warrander. — Arrivée à l'île Heecliay. — Insciiption à la mémoire de sir John Franklin et de ses compagnons. — Le détroit de Bellol — Second hivernage. — Les premières recherches — Communication avec les Esquimaux. — Village de neige. — Informations données par les Esquimaux. — Arrivée au cap Ilerschcll. — Le lieutenant Hobson. — Il trouve des traces de l'expédition de Franklin. — Découverte d'un cairn contenant le rapport de l'expédition perdue. — Découverte d'un canot — Arrivée à la Pointc-Victury — Hetour au vaisseau. — Séjour au port Kennedj . — Mort de l'ingénieur George iirands — Les voyageurs parviennent à gagner la pointe de la Fin y. — Arrivée à Godhavcn. — Retour en Angleterre 373 riN lu; I.A TAULE 4I7;|. — lliL'Rà, lUI'It. .M\Ht.