fSS. COLLECTION ACADÉMIQUE, COMPOSÉE Des Mémoires , Aftes , ou Journaux des plus célèbres Académies & So- ciétés Littéraires étrangères , des Extraits des meilleurs Ouvrages Pério- diques , des Traités particuliers , & des Pièces Fugitives les plus rares ; CONCERNANT L'HISTOIRE NATURELLE ET LA BOTANIQUE, LA PHYSIQUE EXPÉRIMENTALE ET LA CHYMIE, LA MÉDECINE ET L'ANATOMIE, ' Traduits en François , & mis en ordre par une Société de Gens de Lettres. ha rcs acundunt lumina rébus. L v c r e r. TOME II. Contenant les Transactions Philosophiques de la Société Royale de Londres, depuis l'année lèôj. jufqu'en 1678. m? A DIJON, RANÇois Desventes, Libraire de S. A. S. Me- lePrincede Chez ) C°ndé ' à * Image de Ia VierSe ' ruë de Condé. A AUXERRE, :ois FOUR NIER, Imprimeur-Libraire de la Ville. M. D C C. L V. AVEC APPROBATION ET PRIVILEGE DU ROI. L AVIS. A Tradu&ion des Tranfaclions Philq/b- phiques eft de M. Larcher , M. Roux , M. le Chevalier de Buffbn & M. Daubenton Subdelegué de Montbard. Les deux premiers ont pris un A , pour leur lettre diftin&ive , le troi- fième a pris un B , & le quatrième un C. la Table Alphabétique SC Raifonnée eft de M. Barberet. jAfe AVIS AU RELIEUR. Les Planches Les Planches I. & IL fe rapportent aux pa- VIII. ter reprefentant des mines ges IL bis. ni. & iv. v. & vi. \n. & VIII. VIII. bis. 6 & ii 171 & 190 199 & 216 240 & 267 288 d'étain. IX. & X. IX. bis. XL & XII. XIII. XV. & XVI. 3 10. 374- 388. 396. & 435. 489. 499. N. B. Page 171. la Figure 3. eft indiquée au lieu de la Fig. 1. Pag. 199. la PI. indiquée IV. eft la V. Pag. 216. il s'agit ici de la PI. VI. Pag. 240. la PI. indiquée VI. eft la PI. VII. Pag. 267. la PI. indiquée VII. eft la PI. VIII. Pages 335. & 341. la fig. 10. indiquée ne fe trouve point , mais elle eft aifée à fuppléer. Pages 409. & 410. manquent les 17. figures dont il y eft fait mention. Pag. 501. manquent les figures 22. & 23. dont il y eft fait mention. Si on ne voit point la Planche 14. c'eft une erreur de chifre. Nota. De la feuille Xxx il enlèvera le premier & dernier feuillet , pour le premier être mis en fon lieu & place , après lequel il mettra les feuilles * Xxx 2 * Yyy * Zzz * & Aaaa marquées d'étoi'es , puis placera le dernier feuillet qu'il aura levé folio 555. fera fuivre les autres fignatures , & fupprimera le furplus de cette feuille Xxx. COLLECTION COLLECTION ACADEMIQUE. TRANSACTIONS PHILOSOPHIQUES DE LA SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES. Année M. D C L X V. N°. DESCRIPTION D'UN VEAU MO NSTRU EUX. (A) On s I EU R Boyle a communiqué dernièrement à la So- ' ciété Royale la defcription d'un monftre fmgulier obier- Transactions vé à Limmlngton dans la Hamppiire, Un boucher de Philoso cette Ville ayant fait couvrir une vache, qui, l'année Ann. 1665. précédente avoiî eu un veau , afin quelle fût plutôt en- N°. 1. graiflee , la tua dès qu'elle lui parut allez gratte ; & en . R,. yi ouvrant la matrice , il tut bien étonné d'y trouver un veau qui commençoit à avoir du poil , & dont les jam- bes de derrière navoient point d'articulations. Il avoit , comme le Cerbère Tome I. II. Partie. A 2 Collection i trois langues , une à chaque côté de la gueule , & une au milieu. On trouva Transactions une grande pierre entre les jambes de devant , & celles de derrière. Le fler- Philosoi-hiq. num , ou cette partie de la poitrine à laquelle font attachées les côtes , étoit Ann. 1665. ai,fà une pierre parfaite. La pierre qui le trouvoit placée entre fes jambes N°. 1 . pefoit vingt livres & demie ; l'extérieur de cette pierre étoit de couleur ver- dàtre ; mais lorfqu on en eut rompu quelques morceaux , elle parut être un vrai caillou. Suivant la lettre de M. David Thomas , qui a envoyé cette ob- fervation à M. Boy le , cette pierre eft entre les mains du Docteur Haughteyn de Salisbury , auquel il renvoyé pour de plus amples informations. D'UNE MINE SINGULIÈRE DE PLOMB D'ALLEMAGNE , ET DE SON USAGE. (A) Art VII T TN Médecin très-curieux a envoyé ici d'Allemagne un Catalogue des VJ différens minéraux , & des différentes terres de cette Contrée , & de Hongrie , avec nn morceau de chacun de ces foffiles. Il y a entr'autres une efpéce de mine de plomb remarquable par fon ufage fingulier pour les ef- fais fur la coupelle , par ce qu'il n'eft mêlé avec aucun autre métal. Cette mine fe trouve dans le Haut-Palatinat dans un lieu appelle Eregung, & il y en a de deux fortes ; l'une eft une efpéce de pierre cryftalline , formée prel- que toute de très bon plomb : l'autre n'eft pas fi riche & paroît plus farineu- fe. Ces mines ayant été long-tems négligées à caufe des guerres d'Allema- gne & de l'accroiffement dés eaux , elles font reftées à découvert depuis les recherches qu'on y a faites anciennement. On a prié la perfonne qui en a envoyé les échantillons , de nous informer de la quantité qu'on pourrait en avoir , fi on avoit occafion d'en faire venir , pour fervir à l'ufage confi- dérable auquel elles font propres. Art. D'UN BOL DE HONGRIE QUI PRODUIT LES MÊMES EFFETS QUE LE BOL D' ARMENIE. (A) VIII. ' A même perfonne remarque auflî qu'outre le bol d'Arménie & la terre J_jde Siléfie , on trouve en Hongrie près de la Rivière de Tockay , une efpéce de terre appellée bol de Tockay , qui a d'auffi bons effets en Mé- decine que les deux précédentes , comme l'expérience l'a fait voir. Sen- nert la recommande & la regarde comme très-bonne. Académique. N°. Transactions 2,. J'hilosophiq. ■ Ann. 1665. N°. 2. OBSERVATION COMMUNIQUÉE A L'ILLUSTRE M. BOYLE par M. David Thomas , fur quelques particularités qui méritent encore d'ê- tre obfervées dans le monftre dont on a fait mention au n° . précèdent. ( A ) A Près avoir fait les informations les plus exactes , j'ai appris d'une per- ART. III. fonne qui a vu le veau monftrueux avec la pierre , quatre heures après qu'on l'eut tiré du ventre de la vache , que la poitrine du veau n'étoit pas pierreufe , ( comme je l'ai avancé ; ) mais que la peau qui fe trouve fur la poitrine , fur le cou, & entre les jambes étoit beaucoup plus épahTe que fur aucune autre partie , & que les pieds de ce veau étoient tellement divifés qu'ils refîembloient aux griffes d'un chien. J'ai vu la pierre depuis ce tems- là : elle eu plus groffe à une extrémité qu'à l'autre ; fa furface elt inégale & raboteufe. Lorfqu'on vient à rompre cette pierre , elle paroit remplie de petits calculs de figure ovale. Sa couleur eu grife ; mais entremêlée de vei- nes jaunes & noires. J'en ai demandé un morceau pour vous au Do&eur Haughteyn , que j'ai envoyé à Oxford , d'où vous pourrez avoir une rela- tion plus exacte , par la même perfonne. , , EXTRAIT D'UNE LETTRE ÉCRITE DERNIÈREMENT de Fenife par le fçavant Docteur Walter Pope , au vénérable Doyen de Rip- pon , le Docteur Jean ïï'ilkins , fur les mines de mercure qui fe trouvent dans le Frioul ; & fur la manière de produire du vent par la chute de l'eau. ( A ) LEs mines de mercure du Frioul , territoire appartenant aux \ énitiens, art. iy, font éloignées de Goritia , d'une journée & demie vers le Nord , dans un lieu appelle Idria , fnué fur une vallée des Alpes Juliennes. Elles ont été depuis 160. ans fous la poneffion de l'Empereur , & tous les Habitans parlent la langue Sclavone. Nous traversâmes , en y allant , le meilleur bois que j'aye jamais vu , étant tout rempli de lapins , de chênes , & de hêtres, d'une hauteur & d'une épaiffeur extraordinaire. La Ville elt bâtie , comme le font ordinairement les Villes des Alpes , toute de bois , à l'exception de l'Eglife, & de la maifon du Préteur. Lorfque j'y étois au mois d'Août der- nier , la vallée & les montagnes d'où fe tiroit le mercure , étoient d'une verdure aufîi agréable que fi on eût été au milieu du Printems, ce que les Habitans attribuèrent à l'humidité du mercure ; qu'ils euffent tort ou raifon , c'ett ce que je n'examine pas ici. La mine où nous entrâmes , la meilleure & la plus grande de toutes, étoit dédiée à Sainte Barbe , comme les autres l'étoient à différens autres Saints. Sa profondeur étoit de 125. pas , chaque pas de cette Contrée , équivalant à plus de cinq de nos pieds. Il y avoit deux chemins pour y defeendre ; le plus court étoit perpendiculaire & c'é- toit par celui-là qu'on enlevoit le métal dans de grands féaux , & que les A2 . Collection - ouvriers montaient & defcendoient Couvent. L'autre qui eft le chemin ordi- Tr.nsactions naire, ne paroit pas fort difficile au commencement, la defcente étantaffez. Ph'.losoph.q. douce. Ce qu'il y a de plus incommode , c'eft que le plus fouvent on ne peut i zzç pas fe tenir droit. Mais bientôt après on defcend avec des échelles perpen- ' v"o , diculaires fur lefquelles le poids du corps paroit très-fenfible. A l'extrémité ' ' de chaque échelle on trouve des planches qui fe traverfent , fur lefquelles on peur refpirer un moment. Les échelles font , comme nous l'avons dit , perpendiculaires, mais fi elles étaient prolongées , elles ne formeraient pas une feule échelle , mais pluiieurs parallèles entr'elles. Quand on eft au fond , on ne voit pas pins que ce qu'on voyoit auparavant , mais feulement la pla- ce d'où fe tire le mercure. Tout le long du chemin & le fond de la mine ou il y a différentes habitations taillées dans la montagne , font revêtus de gran- des pièces de fapin fort épaiffes. On tire le minéral avec des houes , en lui- vant les veines. Il eft pour la plus grande partie , dure comme une pierre ; mais plus pelant , d'une couleur de'foye ou de celle du fafran des métaux. J'efpére vous en faire voir bientôt un morceau. Il y a auffi un peu de terre graffe dans laquelle on voit clairement le mercure en petites particules. Ou- tre cela on trouve quelquefois dans la mine des pierres rondes comme des cailloux , de différentes groffeurs , qui reffemblent fort à ces globes de poil , qui fe forment dans le ventre des bœufs , & que j'ai vu fouvent en Angle- terre. Il y a auffi des Marcaffites & des pierres qui paroiffent avoir des ta- ches d'or , mais on ne peut pas en retirer la moindre quantité fenfible. Ces pierres rondes font très-pefantes & fort imprégnées de mercure; d'autres font légères , & n'en contiennent que peu ou point du tout. Voici la manière dont on retire le mercure. On prend de la t.°rre qu'on enlève dans des féaux , & on la met dans un crible , dont le fond eft fait de fils d'archal qui fontaflez écartés pour qu'on puiffe paffer le doigt entr'eux. On la porte auprès d'un ruineau d'eau courante , & on la lave jufqu'à ce qu'il ne paffe plus rien à travers le crible. La terre qui refte dans ce crible fe met à part fur un autre monceau. Celle qui eft paflee fe réferve dans le trou G , fig. i. & eft reprife de nouveau par le fécond homme , & ainfi de fuite jufqu'à ce qu'on l'ait fait paffer par dix ou douze cribles , dont la groffeur diminue de plus en plus. Il arrive fouvent qu'il fe trouve du mercure au fond du premier trou lorfque le fécond hom- me en retire la terre ; mais on en trouve dans la fuite une quantité beaucoup , plus grande , lorfque les intervalles des fils d'archal font fort diminués. On pulvérife la terre qu'on avoit mife de côté , & on répète la même opération. Le peu qui refte de terre fine , dont on ne peut plus faire fortir de mercure par le lavage , fe met dans des retortes de fer qu'on bouche , afin qu'elle ne tombe pas dans les récipiens aufquels on lute le col de ces retortes. Le feu pouffe le mercure dans les récipiens ; on en débita quelques-uns pour nous les faire voir , & j'obfervai qu'il diftilloit d'abord du mercure partait , & qu'il fortoit enfuite une poudre noire , qui étant lavée , ne paroiffoit au- tre chofe que du mercure , & en étoit réellement. On prend encore le caput mormum qu'on pulvérife , & on renouvelle l'opération auffi long-tems qu on en peut retirer du mercure. . Voilà la méthode de retirer le mercure qu'on appelle ordinaire , 6c lui* Académique. y Vant laquelle on en obtient beaucoup plus que par le lavage , comme on — — — i le verra par le calcul rapporté ci-après. Tout le mercure tiré fans feu , foit Transactions qu'on ait employé le lavage , foit qu'on l'ait trouvé dans les mines , ( car Philosophiq. en creufant il fe raffemble quelques particules de mercure , enforte que dans A.nn. 166?. certains endroits , on pourroit prendre deux ou trois cuillerées de mercure mv , pur & coulant , ) s'appelle mercure vierge , & c'eft le plus eftimé. Je de- mandai quelle vertu il avoit de plus que l'autre, & l'on me répondit que fi on expofbit à l'aftion du feu un amalgame d'Or & de mercure vierge , ce mercure volatiliferoit l'Or avec lui , cequenéferoitpasle mercure ordinaire. Les machines employées dans ces mines font admirables ; les roues qui font les plus grandes que j'aie vues de ma vie , ne fe meuvent que par la force de l'eau qu'on y fait venir par un aqueduc fort fimple , d'une monta- gne à trois milles de diftance. L'eau eft élevée de la mine par le moyen de jz. pompes , 26. de chaque côté , & fert enfuite à mouvoir d'autres roués pour différens ufages. Les Ouvriers travaillent pour un Jule par jour qui ne vaut que 6. ou 7. fols , & n'y réfiftent pas long-tems ; car quoiqu'aucun d'eux ne refte fous terre plus de 6. heure;, , ils deviennent tous paralytiques , les uns plutôt, & les au- tres plus tard, & meurent de confomption. Nous y avons vu un homme , qui depuis plus de fix mois n'avoit travail- lé à la mine , fi rempli de mercure que lorfqu'il mettoit une pièce de cui- vre dans fa bouche ou qu'il la frottoit avec fes doigts , elle devenoit aufîi- tôt blanche comme de l'argent. Il produifoit le même effet que s'il eût frotté du mercure fur cette pièce : & il étoit tellement paralytique qu'avec ies deux mains il ne pouvoit porter à fa bouche un verre à moitié plein de vin , fans le répandre , quoiqu'il aimât trop cette liqueur pour la perdre. J'ai appris depuis que tous ceux qui travaillent à étamer les glaces à Ve- nife , font auffi très-fujets à la paralylie. Je n'ai pas remarqué qu'ils euffent les dents noires. C'eft peut-être injuftement que nous accufons le mercure d'être fi contraire aux dents , lorfqu'on l'employé dans les maladies vénérien- nes. J'avoue que je ne m'en fuis pas informé fur les lieux , mais les dents noires font fi rares dans cette Contrée , que fi ces Ouvriers les euffent eu ainfi gâtées, je m'en ferois probablement apperçu. Ils confomment une quantité de bois prodigieufe , à faire & à réparer leurs machines , & à entretenir les fourneaux qui font au nombre de 16. chacun defquels contient 24. retortes. Mais la plus grande dépenfe eft pour les piè- ces de fupport dans ies mines , qui exigent une réparation continuelle , parce que le bois ne dure que fort peu de tems fous terre. Ces mines ont coûté jufqu'ici à l'Empereur 70000. ou 800CO. Florins chaque année , & donnoient moins de mercure qu'à -préfent qu'elles ne lui coûtent que 28000. Florins. Vous pouvez voir ce qu'en retire Sa Majefté Impériale par le détail fuivant , au fujet de la quantité de mercure que les mines d'Idria ont produit ces trois dernières années. 1661. Livres. 1662. Livres. De Mercure ordinaire. 198481. Mercure ordinaire. 225066. Mercure Vierge. 6194. Mercure Vierge. 9612. 204675. 234678. 6 Collection — 1663. Transactions Mercure ordinaire. 244119» Philosophie Mercure Vierge. 11852.. Ann. 1665. N°. 2. 255971- Il y a toujours 280. Ouvriers dans ces mines au rapport d'une perfonne très-polie qui m'a appris toutes les autres particularités dont j ai fait men- tion ci-deffus. Son nom eft Achatio Kappenjaggcr ; c'eft le Contre-écrivain pour Sa Majefté Impériale dans les mines de mercure d'IJria. Pour mieux entendre tout ce qu'on vient de rapporter , il n'y a qu'à jetter * PL i&re. les yeux fur la %. 1. * DEF, eft l'eau, CB, un vaiffeau dans lequel elle coule. DG , EH , FI , font des courans d'eau qui s'échappent continuelle- ment du vaiffeau. D , E , F , font trois cribles , dans lefquels la grandeur des mailles diminue proportionnellement. G , l'endroit où l'on retient la terre qui a paffé à travers le crible D , d'où elle eft retirée par le fécond Ou- vrier. La terre qui paffe à travers le crible E , eft retenue en H , & ainfi du refte. K , L , M , fourniffent de l'eau iî imprégnée de mercure qu'elle gué- rit les galles & les ulcères fordides. Permettez-moi de vous entretenir encore un infiant de la defeription de la machine qu'on a imaginée pour fouffler le feu dans les mines de Tivoli près de Rome ; où l'eau fouffle le feu , non en faifant mouvoir des foufflets , ce qui eft affez commun , mais en produifant du vent. Voyez la fîg. 2e. A , eft la rivière. B eft la chute de l'eau. C le Canal dans lequel elle tombe. LG un tuyau. G l'orifice du tuyau ou la canule du foufflet. GK le foyer. E un trou dans le tuyau. F cheville qui bouche ce trou. D un endroit fous-terrein par où l'eau s'écoule. Si on bouche le trou E, il fe fait un vent très-fort qui fort en G , & lorfqu'on a fermé C , le vent s'échappe avec tant de violence que je crois qu'il fuffiroit pour faire jouer une balle comme celle de Frefcati. EXTRAIT D'UNE LETTRE CONTENANT QUELQUES obferv citions fur la manière d'élever les vers à foye, communiquée par l'Ingé- nieux M. Edouard Digges , au célèbre M. Diedley Palmer , qui en a fait part à la Société Royale. (A) Art. V, J'Ai l'honneur de préfenter à la Société un échantillon de ma foye de Vir- ginie. Voici ce que j'aiobfervé de contraire aux opinions reçues aufujet de la conduite des vers à foye. j°. J'ai confervé'des feuilles vingt-quatre heures après qu'on les eut ra- maffées , & je jettai de l'eau deffus pour empêcher qu'elles ne fe defféchaf- fent ; mais lorfque je donnois ces feuilles aux vers , fans les avoir effuyées , je remarquois qu'ils les mangeoient tout auffi-bien que fi on venoit de les cueillir. 2°. Je n'ai jamais obfervé que l'odeur du Tabac , ni aucune odeur de ran» ce , fuffent nuifibles aux vers à foye. 3°. Notre Contrée de Virginie eft très-fujette au Tonnerre , & il a tonné Académique. -, prodigieufement dans le tems que j'avois des vers de toute forte , les uns _ nouvellement éclos , d'autres étant à la moitié de leur nourriture , d'au- Transactions très filant leur foye ; cependant je ne me fuis pas apperçu que le tonnerre Philosopha. fit aucune impreffion fur eux, maisils continuoient chacun leurs occupations , Ann i66î comme auparavant. +r'Q V 4°. J'ai fait quelquefois des litières de Geneft & de Houx dans le tems ou plufieurs centaines de vers filoient la foye , & loin qu'ils fuffent blefTés par les petites épines de ces plantes , ils les choifuToient au contraire pour y établir leur féjour. J'efpérois vous prouver en même tems qu'en retardant la couvée de la fe- mence , on pourrait faire deiix récoltes de vers à foye pendant un Été , mais mes Domeftiques n'ayant pas exécuté ce qu'on leur avoit ordonné, il faudra que vous ayez patience jufqu'à l'an prochain. N°. 3. EXPÉRIENCES ET OBSERVATIONS SUR LA ROSÉE DU MOIS DE M A I. (A) L'Ingénieux M. Thomas Hcnshaw, ayant eu occafion de faire ufage d'une N°. 1 . grande quantité de Rofée du mois de Mai , a fait auiîî plufieurs Obfer- Art. I. vations curieufes à ce fujet qu'il préfente à la Société Royale. Cette Rofée nouvellement ramafiee & filtrée à travers un linge fin, quoi- qu'il ne fort pas trop clair , eft d'une couleur jaunâtre un peu approchante de celle de l'urine. M. Henshaw a tâché de la faire pourrir en la mettant en quantité plus ou moins grande dans des vaifTeaux de verre à chapiteaux aveugles , & en les expofant enfuite à différens degrés de chaleur ; mais il n'a pu y réuflïr : car la chaleur la plus douce , quoique continuée pendant deux mois , clari- fie plutôt cette_ Rofée , & même la conferve plutôt fraîche qu'elle ne la dif- pofe à la putréfaction. Si on l'expofe au Soleil durant tout un Été dans des bouteilles de verre bien bouchées avec du liège , la feule altération confidérable qu'on obfer- ve alors dans la Rofée , eft qu'il s'y ramaffe une grande quantité d'une efpé- ce d'efflorefcence verte qui s'attache quelquefois aux bords du verre , telle qu'on l'apperçoit en Été fur la furface des eaux croupiiTantes. Si on met quatre ou cinq gallons de Rofée dans un demi-canal de bois, recouvert d'un canevas , pour le garantir de la pouflîére & des infedes , & qu'on la laifle ainfi repofer dans quelque chambre obfcure pendant trois femaines ou un mois , elle fe pourrit d'elle-même , exhale une odeur très- iœtide , & laifte tomber au fonds un fédiment noir comme du limon. L'Oblervateur venant fouvent examiner les différens changemens qu'o- péroit li putréfaction ., remarqua qu'il fe formoit d'abord dans l'efpace de vingt-quatre heures une pellicule limoneufe qui flottoitfur la furface de l'eau , & qui tomboit enfuite au fond ; mais qui bientôt étoit remplacée par une autre. r o Collection Il a trouvé auflî que fi on mettoit de la Rofée dans un long vaifféau Transactions de verre étroit , tel que les récipiens dont on lé fervoit autrefois pour la di- I'hii-osophivi. fiillation de l'eau forte , le limon s'élevoit à une hauteur fuffifante pour qu'on Ann. 166). pût en prendre avec une cuiller. Et lorsqu'il en eut mis une certaine quan- fiJo€ i t tité dans un verre à boire , & qu'il l'eut laifl'ée repoier toute la nuit , il en exprima l'eau & renverfa ce limon qui conierva la figure du verre , & pa- rut fembiable à de l'amidon bouilli , quoiqu'un peu plus tranfparent ; li , dit- il , la mémoire ne le trompe pas. Il ra mafia une bonne quantité de cette efpéce de gelée , & l'ayant mife dans un vaifféau de verre avec un chapiteau aveugle , il l'expofa à une dou- ce chaleur dans la vûë d'exciter la puîréra&ion ; mais quelques jours après il trouva que le chapiteau n'avoit pas été bien luté , &£ que l'humidité s'étant évaporée , la gelée étoit devenue prefciua lèche, &C avoit produit un gros inoufleron , d'une confiftence molle & humide , tel qu'il en a vu quelquefois végéter du bois pourri. Comme il avoit mis une bonne quantité de Rofée dans difFérens demi-ca- naux pour la faire pourrir , ainli que nous l'avons dit ci-deffus , & qu'il vint à en vuider un dont il avoit befoin , il trouva dans l'eau une efpéce déboule plus groffe que fon poing , toute formée de ces infe&es qu'on appelie mille pieds ou cloportes , entrelaflés enfemble par leur longue queue qui for- toit de leur corps de la groffeur d'un crin de cheval. Ces infectes étoient tous vivans , & ils le féparérent bientôt après. M. Hinshaw , ayant vuidé un autre demi-canal fur lequel le Soleil donnoit allez fouvent, trouva enpaflant la Rofée à travers un linge fin, deux ou trois cuillerées d'efflorefcence verte , mais qui n'étoit ni û épaifle ni fi verte que ■ celle qui s'étoit formée dans des verres expolés au Soleil à cet effet , comme nous l'avons dit ci-deffus. Il mit cette fubfiance verte dans un verre , & lia un papier par-deffus. Quelques jours après il trouva le verre prefque rempli d'un nombre infini de petites mouches, telles que ces effains qu'on apperçoit voltiger dans l'air , dans les foirées d'Été. Le même Obfervateur , ayant mis un gallon de cette Rofée qui avoit été putréfiée & coulée , dans un vaifféau de verre très-large & à découvert , & l'ayant laiffée pendant quelques femaines expolée au Midi fur une fenêtre où le Soleil donnoit fouvent, il la trouva quelque-tems après toute couver- te de petits infeftes avec de groffes têtes , & des corps très minces, reffem- blans à des Teftards , mais beaucoup plus petits. A fon approche ces infecles fe plongèrent au fond du valè comme pour le cacher , & dès qu'il le retiroit, ils reparoiffoient de rechef à la furface de l'eau. Etant revenu quelque tems après , il trouva toute la chambre remplie de coufins , quoique la porte & les fenêtres de cette chambre euflènt été toujours fermées. Il ajoute qu'il ne foupçonnoit pas d'abord qu'ils euffent aucun rapport avec la Ro- fée , mais que s'apperçevanr enfuite que ces coufins le multiplioient à pro- portion que le nombre des animalcules aquatiques diminuoit , & voyant mê- me leurs dépouilles flotter fur la furface de fa Rofée , il crut être bien fon- -dé à croire que ces coufins provenoient réellement de la transformation de ces petits animaux. .Ayant fait évaporer de grandes quantités de Rofée putréfiée , dans des calottes Académique. 9 calottes de verre ou dans des vaifTeaux de terre verniftes , il en retira en- —-——-——__ viron deux livres de terre blanche , qui après avoir été lavée plusieurs fois Transactions avec la même Rofée , & enfuite évaporée à liccité , parut dilpofée en feiiil- Philosophie. lets à peu -près comme du papier gris, mais très-friable. pinn jggc Cette terre ayant été bien pulvérifée fur un marbre , & mile enfuite dans XJo ■% une retorte de verre expofée à un feu violent , fe fondit bientôt , & fe ' réduilit en une maffe qui paroiflbit être comme du fel & du foufre fondus enfemble en une certaine proportion ; mais autant qu'il fe rappelle , elle n'étoit point inflammable. Cette terre pulvérifée de nouveau fe changea , dit l'Obfervateur , en une eau de fource , d'une couleur rougeâtre. Enfin par des calcinations & des fîltrations réitérées, il retira de cette terre environ deux onces d'un fel blanc très-lubtil , qui examiné au microfcope paroiffoit avoir des cotés & des angles difpofés de la même manière que ceux du falpêtre. MANIÈRE DONT ON TUE EN VIRGINIE LES SERPENS a Sonnettes. (A) ON eut occafion , il n'y a pas long-tems , dans une affemblée de la So- Art. IV. ciété Royale , de parler des Serpens à Sonnettes ; & le Capitaine SU las Taylor rapporta la manière dont on lestuoit en Virginie. lia bien vou- lu me donner enfuite cette relation par écrit , atteftée de deux perfonnes très-dignes de foi ; & telle qu'on va la lire. Le Calament ou le Dictamne de Virginie, croit à la hauteur d'un pied. Il a les feuilles du Pouillot , & de petits boutons bleus à l'articulation des branches. La couleur des feuilles eft d'un verd rougeâtre , mais l'eau diftillée eft de la couleur de l'eau-de-vie , c'eft-à-dire , d'un jaune clair. Ces feiiilles étant broyées font très-chaudes & très-âcres : on en attacha à une fente qu'on fit à l'extrémité d'une longue baguette, & on les approcha du nez du Serpent à Sonnettes , qui fe tourna & s'agita vivement comme pour les éviter , mais il fut tué en moins d'une demi-heure de tems,&: feulement, à ce qui parut, oar l'odeur de ces feiiilles. Ce fait arriva l'an 1657 > au m°is c'e Juillet , qui eft la faifon où ces animaux paflent pour être dans leur plus grande vigueur par rapport à leur poifon. RELATION DE LA MORT DE PLUSIEURS OUVRIERS étouffa par des vapeurs fouterreines. (A) CEtte relation a été faite auflî à la Société Royale , par le célèbre ^RT v< Chevalier R. Moray , qui nous l'a communiquée par écrit de la ma- nière fuivante. Dans une mine de charbon appartenant à Milord Sinclair en Ecofle , quia été creufée anciennement à une grande profondeur &c où l'on trouve en- core 18. ou 20. pieds de charbon ; les Charbonniers ayant épuiléun endroit de la mine autant qu'il leur étoit polfible, voulurent paffer dans ce qu'ils ap- Tomc I. II. Partie. B i0 Collection —ro— — pellen: de nouvelles chambres. En conféquence ils enlevèrent en fe retirant Transactions llne Part'e ^n charbon qu'on avoit laiffé comme des piliers ou des colom- I'hilosophiq. nés pour Contenir la voûte & la terre qui étoit par-deffus. Mais par-là ils Ann i66î affaiblirent tellement ledifîce , que peu de tems après qu'ils furent fortis de xt0 la mine , les piliers s'étant écroulés, la terre remplit toutl'efpaceoù ils tra- VLiilloient auparavant. Ces Charbonniers fe voyant ainfi fans ouvrage, quel- ques-uns d'entr'eux fe hazardérent de travailler fur de vieux reftes de mûrs, fi près des anciennes mines , qu'en frappant à travers la cloifon de charbon qui fervoit de mur de féparation entre ces mines & l'endroit où ils avoient coutume de travailler , ils reconnurent bientôt leur imprudence ; & crai- gnant d'être fuffoqués par le mauvais air dont ils fçavoient bien que ces an- ciennes mines étoient remplies , non-feulement à caufe des exhalaifons qui s'élèvent ordinairement de pareils fonterreins , mais parce qu'un feu qui quelques années auparavant s'étoit allumé dans ces mines , les avoit infectés de fumées & de vapeurs fuffocantes , ils fe retirèrent promptement , & fe mirent à l'abri de ces dangereufes exhalaifons. Mais le lendemain lèpt ou huit d'entr'eux ne furent pas plutôt au bas des échelles , qui les conduiibient à l'endroit où ils avoient été le jour précédent , qu'en s'avançant du côté où l'air étoit infecté , ils tombèrent morts, comme s'ils enflent été frappés de la foudre. La femme de l'un de ces Ouvriers ayant appris que fon mari avoit été étouffé dans la mine y accourut aufli-tôt , & descendit d'abord fans ac- cident, mais voyant fon mariaflez près-d'elle, & voulant s'avancer vers lui, elle fut étouffée par les vapeurs , & tomba morte à fon côté. Le Chevalier R. Moray allure avoir appris tous ces détails par une Lettre que le Comte de Weymes beau-frere de Milord Sinclair , lui a écrite d'Ecofle. DUN MINÉRAL DE LIÈGE DONT ON RETIRE DU SOUFRE & du Vitriol , & de la manière dont on y travaille ce Minéral. (A) Art. VI. T A defeription de ce minéral & de la manière d'en tirer le foufre & le J ivitriol, a été envoyée de Liège au même Chevalier Robert Moray , qui Ta communiquée à la Société Royale. Le minéral dont on tire du foufre & du vitriol , n'eft pas fort différent de la mine de plomb , & même fe trouve fouvent mêlé avec quelques mor- ceaux de ce métal , dont on a foin de le féparer. Les mines refiemblentà nos mines de charbon , creufées fuivant la profondeur du minéral, à 15. ou 20. toifes , à mefure que la veine conduit les Ouvriers , ou que les eaux fou- terreines leur permettent d'avancer. Car en Été elles innondent tellement les mines , que les eaux fupérieures à raifon de la féchereffe , ne fuffifant pas pour faire aller les pompes , on eft obligé d'interrompre l'ouvrage. Pour faire le foufre on bril'e la pierre ou la mine en petits morceaux , qu'on met dans des creufets de terre de cinq pieds de long & en forme de pyramide. L'ouverture oula bafe eft d'environ un pied quarré : cescreiriers font couchés en travers , huit au-deflbus &; fept par-deffus , ou plutôt entre les huit premiers , enforte que le feu puifle agir également fur ces quinze creufets , chacun ayant l'on fourneau particulier. Le loutre étant fondu par Académique. u la violence de la chaleur , s'écoule par la petite extrémité du creufet , &~ - tombe dans un canal de plomb , commun à tous ces creufets , & dans Transactio.hs lequel coule fans celle un petit ruiffeau d'eau froide qu'on y fait venir par I'huoso*hiq. des tuyaux , pour l'ervir à refroidir le foufre qui refte ordinairement quatre Ann. 1665. heures en fufion. Cela étant fait , on tire les cendres avec un inllrument de N°. î. fer recourbé , & on les met dans un haquet pour les tranlporter hors du La- boratoire. On les ramafle alors en un tas qu'on recouvre d'autres cendres déjà lavées ou defiechées , afin de les entretenir chaudes , ce qu'on réitère tant qu'on fait du foufre. Pour faire de la couperofe ou du vitriol , on prend une certaine quan- tité de ces cendres qu'on jette dans des fofles revêtues de bois, enfoncées de quatre pieds dans la terre , &i large de huit pieds en quarré ; on la recouvre avec de l'eau ordinaire qu'on laiife ainfi repofer pendant vingt-quatre heu- res , ou jufqu'àce qu'un œuf puifle furnager la liqueur, ce qui eiî une marque qu'elle efl: affez forte. Lorfqu'on veut la faire bouillir, on la conduit par des tuyaux dans les chaudières, en y mêlant parties égales d'eau-mere, qui efl: cet- te eau qui refle après la cryftallifation du vitriol. Ces chaudières font de plomb, hautes de 4 pieds f , longues de 6 pieds , & larges de trois , & foutenuës fur des barres ou des grilles de fer. On y fait bouillir la liqueur à un feu de charbon aflez violent , pendant vingt-quatre heures au moins , fuivant la for- ce de cette leflive. Lorfqu'elle a pris la confiftence requife , on éteint le feu , & on la laifle un peu refroidir , après quoi on la fait écoider par des robi- ne.s placés au bas des chaudières, d'où elle tombe dans des canaux de bois qui la conduifent à de différens réfervoirs , de trois pieds de profondeur & de quatre pieds de long, faits & rangés à peu-près comme les puits de nos Tan- neuis ; & elle y léjourne quatorze à quinze jours , ou jufqu'à ce que le vi- triol fefeparede lui-même, & fe cryftallife. L'eau qui refle efl: ce qu'on ap- pelle l'eau-mere de vitriol dont nous avons parlé, & les cendres lavées ou defléchées font le fédiment , ou le caput mortuum, que la leflive dont on fait le vitriol , dépoie dans ces creux. N°. 5. OBSERVATIONS FAITES SUR UNE TÈTE MONSTRUEUSE. (A) C'Étoit la tête d'un Poulin , qui fe trouve repréfentée dans la fîg. 3. ci- J^o ? jointe. * Elle a été d'abord vûë par M. Bayk , qui étant entré dans le- Art' III curie , fit auflitot ouvrir cette tête groffiérement , le corps de cet animal lui Planche vc paroiflant entièrement formé fans qu'on y put remarquer rien de monflrueux. Il le fit mettre enfuite dans un vafe rempli d'efprit-de-vin , dans la vûë de donner par-là un exemple & une preuve que les parties des animaux , & les monlhes pouvoient feconferver dans cette liqueur, ainfi qu'il ravoir "avan- cé dans l'un de fes eltais fur l'utilité de la Philofophie naturelle , même en Eté , aflez long-tems pour laifler le tems aux Anatomiftes de les examiner. La tète ayant été ouverte, on y a trouvé ce qui fuit. i°. U n'y avoit il Collection - ' — — aucun vertige du nez , fi ce n'eft la double poche CC , qui fortoit du milieu Transactions du front. 2°. Les deux yeux étoient réunis en un œil double qui étoit placé Philosoi'hiq. juftement au milieu du fourcil , ne s'y trouvant point de nez pour les fépa- Ann. 1665. rer- Les deux trous du fond de l'orbite n'en formoient qu'un très-grand qui jN°_ r donnoit paflage à un gros nerf optique à l'extrémité duquel fe trouvoitun grand œil double ; c'eit-à-dire , que la membrane appellée fclérotique , qui les contenoit tous deux , n'étoit que d'une feule pièce , mais elle paroiffoit avoir une future qiù joignoit les deux yeux. La partie antérieure & tranfpa- rente étoit féparée très-diftinclement en deux cornées par une future blan- che qui les divifoit. Chaque cornée paroiffoit avoir fon iris & fa prunelle ou fon ouverture particulière. En ouvrant la cornée on y trouva deux cry- ftallins très-bien conformés , mais on ne diftinguoit pas fi bien les autres par- ties , parce que cet œil avoit été fort endommagé en le maniant , il avoit quatre paupières , difpofées comme on le voit dans la fig. 3 aa,bb ; au re- préfentant la paupière inférieure & bb la fupérieure. Enfin précifément au- defTus des yeux, vers le milieu du front , il y avoit un enfoncement très-pro- fond , d'où fortoit une efpéce de bourfe ou de poche double, CC , qui ne contenoit rien, ou du moins peu dechofe ; quelques-uns le regardèrent com- me 1 ebaucne du nez qui auroit du fe former. OBSERVATIONS SUR L'OUVERTURE DU CORPS DU COMTE DE BALCARRES. Art. IV. f~* Es obfervations ont été envoyées depuis peu d'ÉcofTe au Chevalier Ro- \_j bcrt Moray , par une perfonne fort habile , & qui a été témoin oculaire. 1. Ayant ouvert le bas-ventre , on trouva l'épipioon très-maigre & très- petit. Le foye & la ratte étoient fort gros & remplis d'une humeur noire &c épaifTe. Son eftomac & {es entrailles étoient vuides , de couleur de fafran , & gonflés d'air. La véficule du fiel étoit toute remplie d'une humeur noire, & les reins contenoient une efpéce de fang grumelé. 2. A l'ouverture de la poitrine , les lobes des poumons parurent bien en- tiers , mais d'une mauvaife couleur. On voyoit du c^.té gauche quelque choie de noir ou de bleu , & du côté droit quelque chofe de blanchâtre , avec une véficule jaunâtre fur l'un des lobes. 3. On ne trouva point d'eau dans le Péricarde, & la furface antérieure du cœur depuis la bafe jufqu'au fommet éroit très-rude au lieu d'être polie. Dès qu'on l'eut fendu entièrement , il en fortit une grande quantité de li- queur épaifTe & blanche , & l'on trouva vers la baie entre les deux ven- tricules , deux pierres dont l'une étoit de la groffeur d'une amande , & l'au- tre longue de deux pouces , & large d'un feulement , avoit trois efpéces d'o- reilles, ou trois angles recourbés. A l'orifice du ventricule gauche, il y avoit une matière comme graffe & charnue. 4. Tout le corps étoit prefque dépourvu de fang , maigre Se exténué , d'u- ne couleur noire & bleuâtre. 5. Ayant ouvert le crâne , le cerveau & le cervelet étoient gros à propor- tion du corps , & il en fortit beaucoup plus de fang que des deux autres ca- vités enfemble. Académique. Transactions Philosophiq. QUESTIONS SUR L' A G RI CU LT U RE. (A) LA Société Royale ayant pour but de travailler à l'avancement des ™J?" 1""î Sciences , & de faire des Collections fur l'Hiftoire de la Nature & des JN . 5 . Arts , a déjà partagé les Membres qui la compofent , fuivant leurs inclina- Art. VI. tions & leurs études , afin de remplir ces vues. Ceux qui forment la comité où l'on doit traiter de l'Agriculture , de l'Hiftoire & des progrès de cet Art , ont commencé par dreffer un Catalogue de différentes queftions qui doivent être diftribuées aux perfonnes expérimentées en ce genre , dans toute l'An- gleterre , l'Écoffe & l'Irlande , afin d'avoir une information ridelle & fo- lide des régies ck des ufages établis dans ces Royaumes. Par ce moyen , outre les avantages qui en réfulteront par rapport à l'Hiftoire Générale de l'Agriculture , les connoiffances & les pratiques particulières à un pays fe répandront dans toutes les Provinces, & on fe trouvera en état de faire des recherches fur les progrès dont ces pratiques feront fufceptibles. Mais afin que ces queftions foient plus généralement répandues , & que les plus ha- biles en Agriculture foient invités publiquement à faire part de leurs con- noiffances , pour le bien commun de leur pays , on a jugé à propos de les inférer dans ces Tranfaftions , en avertiffant les perfonnes , qui auront des Obfervations & des Expériences à ce fujet , de vouloir bien les adreffer aux Imprimeurs de la Société Royale pour les remettre à l'un des Secrétaires de cette Société. Voici quelles font ces demandes. I. Pour le Labourage. i. Les différentes fortes de Terres de l'Angleterre étant fuppofées être fablonneufes, pierreufes , marneufes , crétacées , abondantes en bruyères , marécageufes , limoneufes , on demande quelles font les efpéces de Terres les plus communes dans votre pays , & comment on les prépare pour les employer au labourage ? 2. Quelles préparations particulières on met en ufage pour chaque efpéce de grains , dans ces différentes Terres , le tems & la manière dont on les cultive ? 3. Dans quelles faifons , & combien de fois on les laboure , de quelles ef- péces de charrues on fe fert pour différentes fortes de Terres ? 4. Combien de tems on laiffe repofer les différentes Terres ? 5. Comment on peut travailler les terres à Bruyères , & quel grains y femer ? Qui font ceux , s'il y en a , qui ont commencé à tirer du produit de ces fortes de Terres. ■> 6. Quelle Terre eft abondante en Marne ? Jufqu'à quelle profondeur en trouve-f on ? Quelle eft l'épaiffeur de cette Marne ? De quelle couleur eft elle ? Dans quels terreins en fait-on ufage ? Dans quel tems de l'année la répand-t'on fur les Terres ? Combien de charges en faut-il pour un arpent? Quels grains peut-on femer dans une Terre marneufe , & pendant combien d'années ? De quelle manière cultive ton enfuite cette Terrée On fait enfuite des demandes pareilles , fur les différentes efpéces de grains 14 Collection ...^ — ».,..»— ou de femences , fur la manière de les femer , de les préparer , fur les Terres Transactions qui leur conviennent , fur leurs maladies , furies remèdes qu'on y apporte l'HiiosoFHiq. dans différens pays , fur les moyens de conferver ces grains dans les gran- Ann. 1665. ges » les greniers , de les préferver des infeftes , &cc. |SJo, e , Des Terres de labour , on paffe aux Prairies , & on demande , quelles font les meilleures efpéces de foins , la manière d'en ieparer les mauvaifes her- bes , &c. A HT. IV Ibid. Art. V. N°. 6. OBSERVATION SUR DU LAIT TROUVÉ DANS LES VEINES AU LIEU DE S A N G. (B) NQ ( T T^ curieux m'a écrit de Paris , qu'il avoit dernièrement ouvert la veine " ,û \j à un homme dans la maifon d'un Médecin , & qu'au lieu de fang il en étoit forti du lait. SUR VU CHIENDENT TROUVÉ DANS LA TRACHÉE ARTÈRE DE Q_ U E L Q_ U E S A N I M A u x , par le Dr. Boyle. (A) JE me hâte de vous apprendre que deux perfonnes très-habiles le Dr. Clark & le Dr. Lower , ont eu la bonté de me communiquer deux Obfer- vations très-fingulieres. L'un d'eux m'affure qu'il a trouvé plu fieurs fois dans les poumons des moutons une grande quantité de foin ou de chiendent , dans les branches mêmes de la trachée artère ; & l'autre rapporte qu'il fut prié il y a quelques femaines avec deux Médecins d'examiner un bœuf, qui avoit eu pendant trois jours le cou roide & tendu , & qui étoit mort d'une ma- ladie que le Fermier n'avoit pu connoître ; fur quoi ayant ouvert toutes les parties appartenant au cou ou à la poitrine , ils trouvèrent à leur grand éton- nement que la trachée artère étoit auflî remplie & engorgée d'herbes , que fi on les y avoit fait entrer à force. Cette Obfervation a bien de quoi furprendre , & il eft très-difficile d'expliquer comment une û grande quan- tité d'herbes a pu s'y infinuer , & comment avec cela l'animal a pu vivre fi long-tems. D'UN LIEU D'ANGLETERRE OU SANS EAU PÉTRIFIANTE LE BOIS SE CONVERTIT EN P I E R R E. (A) LE même Phyficien ( M. Boyle ) qui a été fi fouvent cité dans les Obfer- vations précédentes , nous a communiqué auffi la fuivante dans une Let- tre écrite d'Oxford ; où il s'exprime ainfi. J'ai vu dernièrement un Gentil-homme qui me dit qu'il avoit trouve un Académique. ij endroit clans ces Contrées d'Angleterre , où , quoiqu'il n'y eût point d'eau ' pétrifiante , le bois fe changeoit en pierre dans la terre fablonneufe, & même Transactions beaucoup mieux que dans aucune eau que je connoifle , car j'ai eu la curio- Phuosophiq. fité d'aller voir quelques pièces de bois qu'il avoit fait apporter , & j'efpére Ann. i66j. examiner cette matière plus particulièrement dans la Cuire , que je n'ai pu le N^. 6. faire actuellement. Quelque tems après il écrivit encore fur ce fujet& fur quelques autres par- ticularités dans les termes fuivans. J'ai fait dernièrement quelques Expériences fur le bois pétrifié dont je vous ai parlé, & j'ai trouvé que c'étoitune fubftancetrès-finguliére,prodigieu- fement dure & folide.Si j'avois le loifir de donner unenouv. édit. de l'Hift. de la Fluidité & de la Solidité, je pourrais y ajouter différentes chofes fur les pier- res, qui peut-être ne déplairaient pas. J'efpére bien exécuter ce deffeindans la fuite , i\ Dieu m'en laiiîe le tems. Il y a une certaine pierre , qu'on croit être un os pétrifié,parce qu'elle reffembleaffez à un os dont on aurait ôté la moel- le; mais j'ai trouvé qu'elle fe diffolvoit aifément avec un menftruë convena- ble , comme les autres pierres molles ; & peut-être feroit-elle auffi propre aux ufages médicinaux que l'oftéocolle. DE LA NATURE DUNE PIERRE SINGULIÈRE TROUVÉE aux Indes dans la tête d'un Serpent. (A) LE Chevalier Pk'ilibmo Vernatti , a envoyé ici de rifle de Java où il ré- ART. VI. fide, au Chevalier Robert Moray , pour le Cabinet de la Société Royale, une certaine pierre qu'il aflure fe trouver dans la tête d'un ferpent , &c qui étant appliquée fur une playe faite par quelque animal venimeux , s'y aita- che & en tire tout le venin. On dit auflî que fi on la met alors dans du lait elle y dépofe tour fon poifon , & que le lait devient d'une couleur bleue. On s'en fert de cette manière jufqu'à ce que la playe foit cicatrifée. Comme on a raconté plufieurs fois des chofes femblables fur la vertu de cette pierre, & quelques perfonnes de cette Ville affurant en avoir tenté l'expérience avec fucecs , on a cru devoir faire quelques recherches plus éten- dues fur la vérité de ce fait. Depuis ce tems-là on n'a rien trouvé la-deiTus que ce qu'en rapporte un P.irifien fort ingénieux , ( M. Thevenot ) dans le fécond Tome de l'Hiftoire de fes voyages , dont il a envoyé dernièrement quelques exemplaires à fes amis en Angleterre. Comme cet ouvrage eft en François, & qu'il n'eft pas commun ici , nous croyons qu'il ne fera pas inu- tile d'inférer ici la remarque de ce célèbre voyageur fur le fujetdont il eft queltion. Dans les Indes & dans le Royaume de Quamfy en Chine , on trouve une pierre dans la tête d'un certain ferpent, qu'on appelle ferpent chevelu, laquelle guérit les morfures du même ferpent , qui fans cela cauferoient la morr en 24 heures. Cette pierre eft ronde , blanche dans le milieu , & bleue ou ver- datre vers les bords. Etant appliquée à une playe elle s'y attache , & ne tombe qu'après en avoir tiré le poifon. Alors on Ta lave dans du lait , où on j6 Collection _ la laiffe pendant quelque-tems , jufqu'à ce quelle ait repris ion premier état. Transactions C'eft une pierre bien finguliére , car fi on la remet une féconde fois fur la Thuosoi'hiq. playe , & qu'elle s'y attache, c'eft une marque qu'elle n'a pas tiré tout le Ann. 166?. venin pendant fa première application : mais fi elle ne s'y attache pas , c'eft N o t ... . Transactions Le 26. dud. le matin , le mercure etoit a 28 pouces ; le vent s etoit appai- Philosophie. fé , il y avoit des nuages épais & fort noirs. . ,/j, ii-ic-i-' , t /.. Ann. 1666. Ledit , le loir , le mercure etoit a 27 \ pouces ; le tems fut changeant ce \tç> jour & les i'uivans, il plut fréquemment, & le mercure defcendit plus bas qu'à ' l'ordinaire. 6. Pour plus d'exacTitude , j'ai misau-deflus du lieu , où je tiens mon Ba- romètre , une girouette faite d'une banderolle , montée en cuivre , extrême- ment large, &c dont l'axe eft fiché dans une planche dentelée furie bord, de- forte que je puis prendre aifément chacun des 32 vents, & même les de- mis , & les quarts de vent à une grande diftance ; autrement on fe trompe le plus fouvent dans (es conjectures , comme l'ont éprouvé ceux qui ont fait ces fortes d'obfervations. On peut conftruire un Baromètre circulaire afïez exad pour indiquer les plus petits changemens prefque au-delà de l'imagi- nation. Ainfi un domeftique aux approches de quelque nuage épais, ou de quelqu'autre météore plus élevé ou plus bas , ou au commencement d'un orage , ou d'un vent violent pendant la nuit ou le jour même , peut eftimer le poids de l'air auffi sûrement , & prefque aufîi aifément que l'heure fur un cadran folaire , lorfque le tems eft beau; il feroit bon d'avoir un indice pour déterminer leur élévation , ou leur abbaiflement comme leur direction. RELATION D'UN TREMBLEMENT DE TERRE, qui s'efi fait fentir près d'Oxford , avec quelques obfervations fur le Thermo- mitre & le Baromètre , tant par rapport à ce Phénomène qu'en général , com~ muniquée par le Dr. Wallis. (A) LE 19 Janvier 1665 V. S. ou le 29. Janvier 1666 N. S. on obferva Art. II. vers le foir un tremblement de terre en divers lieux des environs d'Oxford , comme Blechington , Stanton , St. Yohns , Bill , &c. Je n'ai pas oui dire qu'on s'en foit apperçu à Oxford ; mais je me fouviens qu'environ ce tems-là , ( je n'oferois dire que ce fût au même inltant, ) je fentis une fecoufîe extraordinaire , à laquelle je ne fis point attention , parce que je l'attribuai au paflage de qtielque charrette , ou de quelque carrofle , que je fuppofai n'être pas éloigné; néanmoins je remarquai que ce mouvement étoit un peu différent de ce qu'il eft ordinairement dans ces occafionS. Ce qui m'é- tonna le plus, c'eft que je n'entendis aucun bruit. Mais comme je ne voyois rien , à quoi je pufTe l'attribuer , je n'y penfai plus. J'ai entendu dire la mê- me chofe à plufieurs autres personnes d'Oxford , qui n'ont feulement pas penfé au tremblement de terre , tant ils font rares parmi nous. Ayant en- fuite entendu parler d'un tremblement de terre , je courus à mes obferva- tions fur le Baromètre & le Thermomètre , pour voir , s'il n'étoit pas arrivé alors quelque changement confidérable. ' Mon Thermomètre eft compofé d'une bouteille de verre , qui contient plus à une demi-pinte de liqueur , d'où fort un cylindre de verre d'environ 2 f pieds de long , 6c d'un quart de pouce de diamètre. Ce tuyau eft fcellé her- Philosophie. Ami. 1666. N°. 10. .0 Collection métiquement à fon extrémité , pour interrompre la communication avecFair sections exténeur ; avant de le fceller , on l'avoit rempli d'efprit-de-vm, ( teint avec de la cochenille , ce qm le rend plus feniible a la vue , ) quon avoir échauffé au point de lui faire remplir tout l'eipace de ce tuyau , il des- cendit enfuite en fe refroidiffant , & laiffa un grand efpace vuide dans la partie fupéneure du tuyau. Cet infiniment ainfi préparé indique par l'élé- vation ou l'abbaiflement de la liqueur , que produit la dilatation ou fa con- denfation, la température de l'air , je veux dire fon degré de chaleur ou de froid ; & cela avec tant d'exaftitude , que j'ai vu monter ou defcendre la li- queur lorfque j'entrois ou que je fortois de mon cabinet. Mon Baromètre eft un autre infiniment deftiné à mefurer le poids ou la preffionde l'air. Il eft fait d'un tuyau de verre de 4 pieds de long & d'envi- ron L de pouce de diamètre. On remplit de mercure ce tube fcelle hermé- tiquement par un bout, on renverfe l'autre extrémité , qui eft ouverte , dans une cuvette pleine de mercure expofé à la preffionde l'air extérieur. Apres cette immerfion , le mercure coule par l'extrémité ouverte , jufqu'a ce quil n'en refte plus qu'un cylindre de 28 , 29 ou 30 pouces de long , qui demeu- re fufpendu ( comme le fçavent ceux qui font faits à ces expériences ) au- deffus du niveau du mercure de la cuvette. Ce cylindre eft plus ou moins long , félon que le poids ou la preffion de l'air fur le mercure , eft plus ou moins grande , le haut du tube demeure vuide. Ces deux inftrumens font de l'invention de l'Illuftre M. Robert Boyle , qui les a décrits plus particuliè- rement dans fes expériences Phyfuo-Mèchaniques fur l'air , exp. IJ&lS- J- dans fon difeours fur les Thermomètres , qu'il a mis à la tête de / Hijtoire du. ™Ayant tenu un Journal des obfervations que j'ai faites avec cet infiniment pendant tonte une année," à quelques jours près que j'ai demeure hors de chez moi , je trouve que mes obfervations pour ce jour-là étoient ■ Thermomètre. pouces. 14 77,- 14 I- '4 h Baromètre. pouces. 29 ii 29 4. 29 f. 28 |. Variation du tems. Forte gelée. Couvert. Forte gelée. Nuages. Pluie. Vent. Soleil. Vent. Janvier. 1 66. f Jours, heures. 19. 8. M. 4. S. 9. S. 20. 8. M. Le 19. Janvier il fit une forte gelée, qui avoit commencé la veille 18 à 4 heures du foir , & continua jufqu'à environ cinq heures du foir du 19. Le matin le tems fut couvert & plein de nuages tout le jour, avec un peu de foleil. La liqueur monta dans le Thermomètre de ^ de pouce à 4 heures de l'après-midi. S'il eût été au foleil , vraifemblablement il ferait monte d uh pouce. Le tems ne changea point depuis ce moment , & même un peu au- paravant. Il baifla au coucher du foleil , & continua fans doute a defcendre jufquà 5 heures du foir ; car je n'y regardai pas dans cet intervalle. Mais contre toute attente , il étoit à 9 heures du foir d'un huitième de pouce plus haut qu'à 4 heures ; ce qui fut occafionné par le changement qui arriva dans le tems; y ayant eu un dégel fubit entre 5 & 6 heures; & vers ce tems il com- mença à pleuvoir , ce qui continua la plus grande partie de la nuit. Le len- Académique. 31 demain matin je trouvai la liqueur à 1 f ~ pouces , c'eft-à-dire , un demi pou- — — ce plus haut, au lieu qu'elle eft ordinairement plus bas le matin que dans Transactions la nuit ; fans doute parce que l'air avoit été plus chaud cette nuit que la Philosophie veille. Ann. 1666. Quant au Baromètre je trouve que le 11, 12 , 13 , 14, 15, 16, & 17, j^ J0< la pre/fion de l'air fur le mercure de la cuvette foutint celui du tube à 30 pouces ou environ au-deflus du niveau du premier , quoiqu'il y eût quelques petites variations, ayant été à 30. 29 77, 29 1, 29 77 pouc. Mais il ne descen- dit jamais jufqu a 29 ~ pouces : ce qui eft le plus haut que je l'aye jamais vu ; car jufqu alors il n'étoit pas monté à 30 pouces , quoiqu'il en eût beau- coup approché; il fit pendant tout ce tems-là un très-grand brouillard. Le 18 Janvier il defcendit le matin à 29 S pouces , & étoit à 29 77 pouces lorf- qu'il commença à geler. Le 19. à 8 heures du matin il étoit defcendu à 29 f , à 4 heures de l'après midi à 29 ^ : il étoit monté d'un demi pouce , c'eft-à- dire , à 29 \ le loir à 9 heures , lorfque le tremblement de terre arriva. Le lendemain au matin il étoit defcendu à 28 ~ pouces ; ce que j'attribue au moins en partie à la pluie, qui tomba dans la nuit. Voilàles obfervations ,que je trouve fur mes régiftres. Si j'eufle penfé au tremblement de terre , j'aurois obfervé avec plus de foin mes inftrumens. Voici maintenant les Phénomènes que j'ai pu recueillir de ceux qui l'ont obfervé. J'ai appris qu'on l'avoir fenti a BUchington 5 milles au Nord d'Oxford , & tout le long près de Bojlol , Horton , Stanton , St. Yohns , & anfli vers Wathely , qui eft environ 4 milles à l'Eft d'Oxfort. On ne l'a pas fenti par- tout au même inftant; mais fuccefîivement depuis Blechington jufqu'à Wathely. Car il fe fit fentir à 6 heures vers Stanton où étoit M. Boyle , de qui je Tai appris : on s'en étoit apperçu beaucoup plutôt à BUchington. Le Dr. Holder Membre de notre Société, qui y étoit alors, avoit appris que ceux qui étoient à l'extrémité d'un jardin , l'avoient obfervé fenfiblement avant ceux , qui étoient dans la maifon. Je ne fçais pas fi on l'a obfervé dans quelqu'autre endroit du pais : il étoit fi peu fenfible à Oxfort , qui paroit s'être trouvé fur les bords , qu'on ne l'auroit pas remarqué , fi on n'avoir pas appris , qu'on l'avoit obfervé ailleurs. Je crois qu'il ne fera pas hors de propos de rapporter à cette occafion ce que j'ai obfervé en général avec mon Baromètre & mon Thermomètre. Mon Thermomètre ayant été ajulté un peu à l'aventure , j'ai trouvé que fon plus grand abbaiffement dans les plus fortes gelées du commencement de l'année 1665 étoit un peu plus de 12 pouces au-delTus de la boule ; év fa plus grande élévation étoit de 27 pouces dans les plus grandes chaleurs de l'Eté . dernier : ce que je rapporte pour faire connoître la température de l'air dans ce tems. Je dois ajouter qu'il n'a jamais été expofé au foleil , mais qu'il a tou- jours refté dans une chambre , qui n'avoit qu'une fenêtre au Nord ; il feroit aflurément monté plus haut , fi on l'avoit mis au foleil pendant l'Été. Il a parconféquent donné la température de l'air en général , ck non pas la cha- leur immédiate du foleil. Il gelé ordinairement lorfque l'infirument ainfi fitué , efi à 1 5 pouces, rare- ment lorfqu'U eft au-deffus de 16. Quoique j'aye fouvent obfervé que la 3î Collection • liqueur defcendoît , fans qu'il gelât , quelquefois beaucoup plus bas que dans Transactions d'autres tems , qu'il geloit très-fort. I'uilosophiq. Le mercure n'eft jamais monté au-deflus de 30 pouces, ni defcendu au- Ann. 1666. défions de 28 dans mon Baromètre ( au moins n'a-t'il pas été poffible de le N°. j 0 ' difiinguer Vj au-deflus de la première , ou au-deflbus de la féconde de cette hauteur. ) Ce que je rapporte non-feulement pour montrer la différence que j'ai trouvée entre la plus grande & la plus petite élévation du mien , qui eft de 2 pouces ; mais auffi pour juger de l'exadtitude avec laquelle il a été purgé d'air. Car , quoique celui dont je me fers , l'ait été exactement , néan- moins celui de M. Boyle l'elt encore plus ; car en les comparant enfemble, j'ai trouvé que le mercure étoit toujours un peu plus haut dans celui de M. Boyle, quelquefois de près d'un quart de pouce ; ce que je ne crois pou- voir expliquer , qu'en fuppofant que mon vif-argent eft plus pefant que ce- lui de M. Boyle , ou qu'il n'eft pas fi bien purgé d'air ; à moins que la dif- férence du calibre des tuyaux, ou quelqu'autre circonftance, ne caufe cette di- verfité , le mien étant plus long 6c d'un calibre plus gros que le fien. Mon Baromètre eft monté dans ces tems de brouillard ; ce que j'attribue à la pefanteur des vapeurs, qui étoient dans l'air ; & je ne l'ai jamais trouvé plus haut que dans les brouillards dont j'ai parlé. Il monte auffi lorfqu'il fait Soleil , & ordinairement d'autant plus que le tems eftplus beau ; ce qu'on peut attribuer en partie aux vapeurs élevées par le foleil , qui rendent l'air plus pefant , & en partie à la chaleur , qui en aug- mente l'Elafticité. J'ajoute cette dernière caufe parce que j'ai quelquefois obfervé , que lorfque le foleil vient à être enveloppé de quelques nuages pendant un tems confidérable , deux heures par exemple , le mercure def- cend , & qu'il remonte lorfque le foleil les a percés. Il defcend pour l'ordinaire dans les tems de pluie, parce que l'air devient d'autant plus léger qu'il en tombe davantage ; dans les tems de neige , mais non pas autant que dans la pluie ; & je l'ai vu defcendre la nuit pendant qu'il tomboit de la gelée blanche. Il defcend auflî généralement lorfqu'il fait du vent , bien plus générale- ment même que quand il pleut ; fans doute parce que le mouvement colla- téral , que le vent donne à l'air , diminue fa preflion en embas , comme lors- qu'on nage : & je ne l'ai jamais trouvé plus basque dans les grands vents. * J'ai fouvent vu defcendre le mercure , fans en trouver aucune caufe ap- parente furies lieux , & je me fuis apperçu à la diflipation des nuages , qu'il avoit plu dans les environs quoiqu'il n'eût pas plu ici ; ce qui ayant rendu l'air plus léger en ces endroits , le nôtre plus pefant parce qu'il n'avoit pas plu, s'étoit jette en partie fur cet air plus léger. * L'Auteur de ces obfervations s'eft appliqué depuis , à déterminer quels font les vents qui font ainû defcendre le mercure. N°. 11. Académique. 33 Nq Transactions . II. PmiiOtOPHKi. - Ann. 1666. N*. 11. CONFIRMATION DE LA PREMIERE RELATION du tremblement de terre , qui s'ejl fait fentir auprès d'Oxford , avec quelques circonjlances qui l'ont accompagné. (A) CEtte confirmation eft de l'Illurtre M. Boyle , qui en a écrit ce qui fuit ^RT. à l'Éditeur de ces Tranfaftions. Quant au tremblement de terre , quoique je croye être le premier , qui en ait donné avis à quelques Sçavans d'Oxford , je fuis fâché de ne pouvoir vous envoyer à ce fujet , que ce qui concerne les changemens arrivés dans l'air, plutôt que l'Hiftoire de l'événement même. Je me trouvai le foir un peu tard entre Oxford & une maifon que j'ai à quatre milles de cette Ville. Le vent devint fi froid que je fus obligé de prendre quelques précautions pour m'en deffendre , ce que je n'ai pas fait de tout l'hiver. L'incommodité de ce vent , qui devint très-perçant , lorfque je fus à moitié chemin de chez moi , m'obli- gea de galloper ; mais avant que d'arriver à ma maifon , je m'apperçus que le vent avoit changé , & j'éprouvai la pluie. Lorfque je fis attention à la promptitude avec laquelle ce changement fe fit dans le tems , & à la gelée qu'il avoit fait auparavant ; j'en fus extrêmement furpris , & j'en parlai a mon retour comme d'un des plus grands changemens , que j'euffe oblervé jufqu'a- lors dans l'air. J'ai appris depuis , que ces altérations avoient été remarquées dans la pefanteur de l'atmofphére par l'exac~t Dr. Wallis , * qui ne foupçonna rien alors de ce qui le fuivit. Je fuppofe qu'il vous l'a déjà appris lui-même. Une heure après, autant que je puis le conjecturer , je fentis un véritable tremblement dans la maifon où j'étois , qui eft aiTez élevée en comparaifon d'Oxfort ; mais comme il n'étoit pas fort confidérable , & que j'étois occu- pé d'autres penfées que de celles du tems , je n'aurois pas fongé au trem- blement de terre, Se je l'aurais attribué à toute autre caufe , fi une perfon- ne , que vous connoiftes , dont je me fers pour vous écrire , & qui commen- ce à obferver avec foin la nature , ne m'en eût averti , comme l'ayant fenti avec tout le refte de la maifon ; il furvint bientôt après , un violent orage ; fur quoi j'envoyai pour m'en informer en un lieu appelle Brill , où je croyois qu'on devoir s'être apperçu davantage du tremblement de terre, parce qu'il étoit plus élevé : fi j'y enfle fait attention , je l'aurais obfervé avec plus de foin , en ayant déjà lcnti un fur les bords du Lac Léman. La perfonne , à qui je m'étois adrefle , n'ayant pu venir me voir à caufe de quelque indifpofi- tion , ce qu'elle me promit de faire aufli-tôt qu'il lui ferait poflible ; elle m'é- crivit un billet , qui contenoit en fubftance , que le tremblement de terre y avoit été beaucoup plus confidérable que chez moi , 6c que la maifon d'une perfonne , qu'elle nommoit , vraifemblablement la plus confidérable du voi- finage , avoit tellement été fecouée , que les pierres de la falle en avoient * Voy. le N°. 10. des Tranfaiftions rhilofopliiqucs. Lorgnon imprimoi: ce Mémoire , cette lettre de M. Boyle n'étoit pas encore tombee entre nos mains. Tome I. II. Partie. E.. 34 Collection _ été ébranlées , ce qui étonna & effraya beaucoup toute la famille, J'aîob- Transactions fervé que la montagne , fur laquelle Britt eft fitué , eft remplie de minéraux Philosophiq. de différentes efpéces. Depuis ce tems-là , j'ai appris par d'autres perfonnes Ann 1666. 1ue ce tremblement de terre s'étoit étendu à plufieurs milles. Mais je n'ai ni jj0' le tems , ni l'envie de vous faire des rapports incertains de fon étendue & de fes autres circonftances , d'autant plus que j'efpere être dans pende tems en état , par les recherches que je ferai , de vous en donner une hiftoire plus certaine. OBSERVATIO NS ET AVIS SUR LE BAROMÈTRE PAR M. B OY LE. (A) ÎT /"V Uoique vous ayés conjecturé avec raifon , * que lorfque je vis les ob-' + * .' N* \^fervations du Sçavant D[. Béale fur le Baromètre, je n'avois pas les des T°Inf! Philof! miennes fous la main , ( car je les laiffai il y a quelques années à un Sça- art. %. vant , & je n'ai pas maintenant le loifirde vifiter mes papiers. ) Néanmoins comme il y a apparence , que ce que vous avés communiqué au public , engagera plufieurs Sçavans , à en faire de femblables ; je vais malgré les af- faires qui m'accablent , vous faire part de quelques remarques , qui me font venues à l'efprit , en lifant ce que vous venés de publier. Lorfque j'invitai il y a quelques années , comme vous pouvés vous en fouvenir , les Sçavans à faire des obfervations fur le Baromètre dans les dif- * l'Editeur a in- férentes parties de Y Angleterre , & dans les pais étrangers ; * & que pour les vite quelques E- aider à le faire , je fis préfent à quelques-uns de mes amis des inftrumens traugersa lui faire néceffaires : la raifon , qui mefaifoit defirer cette correfpondance , étoit de '■ "l"1 s pouvoir déterminer retendue des chansemens de la pefanteur de V air par la com- paraifon de ces obfervations j mais n en ayant reçu aucune de leur part , com- me je l'avois efperé , je dois maintenant , fans compter davantage fur eux , vous dire , qu'il feroit néceffaire que les Obfervateurs marquaffent non- feulement le jour , mais autant qu'il fe pourrait , l'heure du jour , à laquelle ils obfervent la hauteur du mercure : car j'ai vu varier fi fouvent cette hau- teur dans l'efpace d'un jour , & même de la moitié d'un jour qu'il n'eft pas poffible de conclure rien de certain des obfervations faites le même jour , ii on ne connoît pas l'heure à laquelle elles ont été faites. Il faudrait auffi qu'ils flffent mention du lieu où ils font leurs obfervations ; parce qu'on pourrait juger fi leurs inftrumens font bien faits ; mais fur-tout parce que quelques parfaits que foient les Baromètres , les obfervations ne peuvent pas s'accorder , fi l'un de ces inftrumens eft placé dans un lieu beau- coup plus élevé que l'autre ; quand bien même il n'y aurait pas de différence dans le poids de l'atmofphére. Pour le prouver, je rapporterai ce que j'ai obfervé fur deux Baromètres placés l'un dans ma maifon à Oxford, que vous connoiffés , & qui eftfituée dans un fonds auprès de la Tamife , l'autre dans celle que j'ai à quatre milles d'ici à Stanton St. Yohns fur une hauteur. Ces deux Baromètres, quoique très- bons l'un & l'autre , différent prefque toujours de deux ou trois huitièmes de pouce , par la raifon que l'air doit être plus léger dans les lieux élevés , que Académique. 35 dans les bas : j'ai fait obferver cette différence par mes domeftiques, & je l'ai — — obfervée moi-même en allant & venant £ Oxford à S'.anton , & j'ai toujours Transactions trouvé , qu'ils montoient & defcendoient enfemble ; mais que dans celui Philosophie. d'Oxford le mercure étoit ordinairement ~ plus haut que dans l'autre. Ann. 1666. Cette obfervation nous apprend, que les exhalaifons de la terre , qui mon- JsJP. 1 j. tent dans l'atmofphére , & les autres caufes qui font varier la pefanteuf de l'air , l'affectent fouvent avec aflez de conformité , au moins en quelques endroits, à une plus grande hauteur , que je n'aurois ofé l'aiTurer avant de l'avoir faite. Ce qui eft cependant fujet à quelques exceptions , comme toutes les ob- fervations , qu'on fait fur le Baromètre ; car étant allé un foir xï Oxford à Stanton, & ayant avant de montera cheval, obfervémon Baromètre, je fàs un peu furpris à mon arrivée de trouver, que malgré la petite diftance des lieux , & le peu de tems que j'avois mis à venir , ( car je n'avois pas été plus d'une heure & demie en chemin;) il s'en falloitd'un quart de pouce, que celui de Stanton ne gardât la même proportion, qu'il avoit coutume de garder avec l'autre ; quoiqu'il ne parût aucun changement manifefte dans l'air , qui étoit calme & ferein , auquel on pût attribuer cette grande variation ; & quoique depuis ce tems- là ces deux Baromètres ayent le plus fouvent hauffé & baiffé comme ils avoient coutume de faire auparavant. La nouveauté de ces obfervations qui font les feules que j'aye trouvées , dans lefquelleson ait comparé des Baromètres placés en des lieux éloignés , & à des hauteurs différentes , pourra peut-être vous les rendre agréables ; quoique je ne puiffe pas y joindre maintenant les réflexions que j 'ai faites ail- leurs fur ce fujet. J'avoue que j'ai foupçonné que les phénomènes que nous préf'ente le Baromètre , &qui jufqu'ici nous ont plus embarraffé qu'inftruit, pourroient nous mener à quelques grandes découvertes , aufquelles on ne fonge pas ; û un certain nombre de correfpondans éclairés continue ces re- cherches, fur tout avec le Baromètre de M. Hock. Je ne fçai s'il convient d'ajouter ici , que depuis que j'ai quitté Londres t j'ai été accablé de tant d'autres affaires que je n'ai pu fuivre mes obfervations avec l'affidnité que j'aurois voulu ; mais le mercure a prefque toujours été fi haut , que cela m'y a fait faire attention , & m'oblige de vous prier de vous informer de vos correfpondans , s'ils ont fait la même obfervation ; * car fi cette élévation du mercure étoit confiante dans les tems extrêmement fecs , comme ce dernier qui a fait beauconp de mal , & qui fuivant ce qu'on lit dans les Gazettes, a fèché auprès de Vuymouth, des Fontaines qui ne tarifîbient jamais ; il feroit bon d'examiner fi ces longues fécherefTes, en faifant de gran- des crevaffes , & en rendant plus poreufe la terre , qui efï d'ailleurs très-fpon- gieufe , ne donnent pas une glus grande ifTuë aux exhalaifons fouterreines , qui montant dans l'air en augmentent la pefanteur. Je ne m'arrêterai pas à vous rapporter ce qui me détermine à propofer cette queflion , mais fi l'oblervation réûfïit , cela pourra n'être pas inutile à l'égard de quelques maladies. * On s'en eft informé & on a appris, que plufîeurs perfonnes, entre autres M. le Pré- fident de la Société Royale , le Lord Vicomte de Bmnker , le Dr. Si aie , M. Hook , &c, ontiait fa même obfervation. El 36 Collection » Il feroit peut-être nécefTaire que vous confeillafîîés à ceux qui vous de- Transactions mandent des inftruûions fur le Baromètre , d'écrire fur leur Journal non-feu- Thuosophiq. lement l'heure & le jour de l'obfervation , mais encore dans une colomne fé- Ann. 1666. Parée, le tems qu'il fait , fur tout de quel côté vient le vent , ( quoique cela N°, 11. ne f°'1 Pas toujours fi aifé ni fi néceffaire , ) & la force avec laquelle il (buf- fle. Car quoiqu'il (bit plus difficile , qu'on ne penferoit peut être , de déter- miner les loix que fuit le mercure dans (on élévation ck fon abbaiffement ; une de celles qui paroit la plus confiante , eft que le Baromètre defcend dans ' les grands vents , ce qui cependant n'arrive pas toujours ; car aujourd'hui 3 Mars il fait un vent d'Oueft affez fort fur cette montagne , où je fuis actuel- lement , néanmoins le mercure a monté depuis ce matin d'un huitième de pouce. J'avois envie d'ajouter ici quelque chofe fur une autre efpéce de Baromè- tre inférieur à celui-ci , dont j'ai parlé dans les préliminaires de VHiJloire du froid, mais cette lettre n'eftdéjà que trop longue , &c Depuis cette lettre nous en avons reçu une autre du même Auteur , qui nous apprend que ce qu'il avoit conjecturé de la caufe de l'élévation du mer- cure dans les grandes (échereffes , qu'il foupçonnoit être l'élévation des exha- laifons de la croûte ou de la fuperficie de la terre , qui n'étant pas entraî- nées par les pluies, comme elles le font dans les autres faifons , augmentent peu à peu le poids de l'atmofphére , s'accordoit avec ce qu'il avoit eu occa- fïon d'obferver depuis : carie 12 Mars le mercure étant à Oxford plus élevé qu'on ne l'avoit encore vu en Angleterre , c'eft-à-dire à 30 yz pouces ; il pré- dit à la première pluie un peu confidérable qui fuccéda à la grande fécherefle , que le mercure defcendroit fort bas , le vent concourant avec la pluie ; & en effet il le trouva à 28 pouces f à Stanton. * N°. 12. MOYEN DE CONSERVER LES OISEAUX TIRÉS DE LEURS œufs , & les autres petits fœtus ; communiqué par M. Boy le dans la lettre fuivante. (A) _ ' E tems de l'année m'invite à vous apprendre que parmi les autres ufa- iN . I 2. _L ges qu'on peut faire du moyen , que je propofai il y a déjà quelque Art. I. tems à la Société , pour conferver en toutou en partie , les animaux , qu'on tire de la matrice de leurs mères , ou les autres fœtus ; je me (ouviens que , lorfque j'obfervois les procédés de la nature dans la formation du pouîet , en ouvrant des œufs de poule le 1er- jour de l'incubation & lesfuivans; j'en tirois avec foin les embrions , & je les embaumois avec de l'efprit-de-vin dans des vaiffeaux particuliers bien bouchés. Par ce moyen je pouvois en * Le Dr. Béate eft d'accord avec cette obfeivation , lorfqu'il dit dans une lettre qu'il écrivit Je 1-9. Mars dernier à fon Correfpondant à Londres , » Le changement du tems & du vent « à fait defeendre le mercure d'un pouce depuis Lundi dernier , que je vous écrivis 5 il eft » «Ufcendu cette nuit d'un demi pouce par la pluie , & un vent de Sud. 12. Académique; 37 tout tems faire mes obfervations , & montrer à mes amis en d'autres faifons fgggg"gg- u les différences d'un embrion de poulet après 3,4,7, 14 jours d'incubation , Transactions & fur-tout quelques particularités, qu'on ne lçauroit voir dans les poulets Phuosophiq. lortis de l'œuf , comme la fituation de leurs intérims hors de l'abdomen, &c. Ann. 1666. Je n'ai pas encore pu m'afîurer , fi l'on pouvoit conferver par ce moyen le Ko tendre embrion d'un poulet fans qu'il fut trop ridé , peu de tems après qu'on a commencé d'appercevoir le point l'aillant , & tandis que Ion corps n'efl encore qu'une gelée organifée. Mais les embrions formés, comme ils le fontor- dinairement le f'eptième jour, ont tellement retenu leur figure , & leur grof- feur, que je n'ai pas eu iieu de me repentir de ma curiolité. Je puis même vous montrer encore quelques-uns de ceux , que j'ai préparés au commence- ment du Printems. Je me fouviens de vous avoir déjà parlé del'ufage qu'on pourroit faire de ce que j'ai donné au public depuis quelques années ; mais comme je fuis perfuadé par toutes mes expériences , que cette pratique pour- roit s'étendre à d'autres fœtus , dont on ne peut fe pourvoir que dans cette faifon ( le Printems ; ) j'ai cru qu'il ne feroit pas hors de propos d'en faire part à quelques-uns de nos amis. Mais étant a et uellement fort preffé , & ayant dans l'elprit des idées particulières fur les moyens de conferver les oifeaux qu'on tire de l'œuf, & les autres petits fœtus ; je me contenterai de vous avoir inflruii de l'efTentiel , fans m'arréter à une infinité d'autres chofes, qu'un peu de pratique apprendra aux curieux. Je ne dois cependant pas obmettre ces deux circonllances ; la i«e. que , lorfque le poulet efl grand quand je le tire de l'œuf, je mêle fouvent à l'efprit-de-vin un peu d'efprit volatil de fel ammoniac tiré avec la chaux, comme je l'ai enfeigné ailleurs. Je choifis cet efprit , parce que , quoiqu'il abonde en fel urineux , je n'ai jamais obfervé , quelque fort qu'il fût , qu'il coagulât l'efprit-de-vin. L'autre circoniïance efl que je me fuis toujours bien trouvé , de laiffer pendant quelque tems le petit animal , que je veux embaumer dans de l'efprit-de-vin , pour nettoyer les or- dures , qui l'ont ordinairement attachées au poulet lorfqu'on le tire de l'œuf. Ayant mis de nouvel efprit-de-vin ou même de meilleur, je l'y laifie trem- per pendant quelques heures , quelquefois pendant des jours entiers , l'ui- vant les circonllances , jufquà ce que la liqueur en ait extrait toute la tein- ture qu'elle pouvoit en tirer. Le fœtus étant enfuite mis dans de l'efprit-de- vin bien déphlegmé , ne lui donne aucune couleur , mais lui laiffe toute fa limpidité. EXTRAIT D'UNE LETTRE ÉCRITE DE VIRGINIE a M. Moray fur une nouvelle manière de multiplier les Meuriers , très-utile pour élever les Vers àfoye. (C) J'Ai fait faire dans la Virginie où je fuis , une plantation de dix-mille meu- ART. II. riers, dansl'efpérance d'avoir dans deux ou trois ans, une abondante récol- te defbye. La façon inufitée ici dont cette plantation a été faite , avance leur accroifTement de deux ou trois ans de plus qu'en les faifant venir de femen- ce. Ma pratique efl de les planter tous , comme on fait les grofeliers & auffi épais qu'une haye ; en les tenant ainli en haye , on aura toujours déjeunes 38 Collection ~— ' ~— M— arbres & de tendres rejettons ; il s'enfuit auifi qu'on pourra les couper ai- Transactions fément , & en grande quantité avec des cifeaux de Jardinier , & qu'un feul Philosophiq. en pourra cueillir autant de cette façon, que quatre pourroient faire fur des Ann. 1666. meuriers élevés & féparés. Mais la meilleure méthode feroit peut-être de N°. i 2. femer quelques aires de graines de meurier , & de les couper avec la faux pour les tenir toujours bas. N°. 13. NOUVELLE CONSTRUCTION D'UN BAROMÈTRE CIRCULAIRE plusaifé à exécuter , que celui qui ejl décrit dans la Mycrographie/w/'^a- teur de ce Livre. (A) fvjo. 1 ■?, ^^E n'eft qu'un moyen plus aifé d'appliquer une aiguille aux Baromètres Art II ^^ ordinaires , (bit qu'ils foient compofés d'un fimple tube de verre , ou qu'ils ayent une bouteille à leur extrémité. Et par-là on peut rendre la dif- férence des hauteurs du mercure , qui n'eft guère que de 3 pouces , auffi fenfible que û elle étoit de 3 pieds , de 3 verges , ou autant qu'on voudra. On en voit affez la manière par la Planche II. ou ABC repréfente le tu- be , qui peut être tout uni , ou avoir une boule comme ABC , ce qui donne plus d'efpace à l'air qui refte pour fe dilater. On doit le remplir de vif-argent & le renverfer comme les autres , mais dans un vaiffeau conftruit comme on le voit en IK , c'eft-à-dire , avec des bords élevés de 3 ou 4 pouces , & d'une cavité égale par-tout; & s'il fe peut ( excepté la partie qui eft remplie par l'extrémité du tube renverfé ) d'une capacité égale au diamètre du tube en B. Car alors le vif-argent s'élevant dans ce vaiffeau à mefure qu'il def- cend enB, la différence de fa hauteur dans le vaiffeau I, fera exactement la moitié de la différence ordinaire , & fi ce vafe a une plus grande cavité , la différence fera moindre ; s'il en a une plus petite , la différence fera plus grande : mais peu importe que la différence foit plus grande ou plus petite , puifque par l'invention de la roue &c de l'aiguille décrite plus au long dans la Préface de la Mycrographie , on peut rendre la plus petite variation auffi fen- fible qu'on le délire , en diminuant la groffeur du cylindre E , & en allon- geant l'aiguille FG félon qu'il en eft befoin. - RELATION D'UN ACCIDENT CAUSÉ PAR LE TONNERRE ; communiquée par le Dr. Wallis dans une Lettre écrite d'Oxford le iz Mai 1666. à V Éditeur des Tranfaclions Philofophiques. (A) TE n'aurois pas eu fitôt l'honneur de vous écrire, fans un accident, qui eft ART. IV. J arrivé ici le 10 Mai. J'entendis vers les 4 heures après midi gronder le tonnerre , quoique d'un peu loin ; il s'approcha de nous vers les 5 heures , & il commença de pleuvoir. En peu de tems le tonnerre devint très-fort & très- fréquent , & il fut accompagné de grands éclats. J'en ai cependant enten- ■■fi. >: ACADÉMIQUE. 39 du de plus forts, ta pluie augmenta ; les éclairs étoient brillans , quoiqu en » plein jour , & fi fréquens , qu'ils laiflbient à peine une minute d'intervalle Trahîactions entre eux , quelquefois même beaucoup moins, le fécond éclair précédant I'hilosoi-hiq. le tonnerre du premier, qui fe faifoit entendre ordinairement 8 ou 10 " après Ann. 1666. l'éclair : ce que j'obfervai le plus fouvent à ma pendule à fécondes. Je m'ap- Jv[° j ■, perçus, qu'il avoit fuivi une ou deux fois immédiatement l'éclair , qui étoit extrêmement ronge & enflammé. Je ne crains pas ordinairement !e tonner- re ; mais cette fois-là je l'appréhendois beaucoup plus que de coutume fans fçavoir pourquoi ; il me paroiffoit très-fort , très-près de nous , & très-fré- quent , les éclairs étoient très-brillans , de forte que s'il étoit arrivé la nuit comme le jour , il auroit été encore plus terrible. Quoique je fuffe dans ma chambre, je fentis une odeur de foufre dans l'air. Il ceffa vers les fept heures. On m 'avoit appris avant qu'il finît , la nouvelle d'un accident fâcheux arri- vé fur l'eau à MciUy à un mille ou un peu plus d'ici. Deux Écoliers du Col- lège de Wadham , étant feuls fans Matelots dans un bateau , qu'ils venoient de détacher du rivage à Mcdky , pour aller chez eux , fe tenant à la pointe du bateau : ils furent frappés d'un coup de tonnerre , qui les renverfa dans l'eau ; l'un d'entre eux tomba roide mort , & quoiqu'on l'eût retiré promp- tement de l'eau , ( car il n'y relia qu'une minute , ) on ne put lui trouver aucune apparence de vie , ni de mouvement ; l'autre avoit été enfoncé dans la vafe les pieds embas & la tête hors de l'eau femblable à un pieu ; il ne pouvoit pas fe tirer de-là ; quoiqu'il n'eût été qu'étourdi , & qu'il n'eût reçu aucun coup ; mais fes fens furent ii troublés , qu'il n'a pas pu fe fouvenir , comment il étoit tombé du bateau , ni û c'étoit un coup de tonnerre , ou un éclair, qui les avoit renverfés. Il étoit extrêmement foible & abbatu : ce qu'une nuit de repos ne put pas réparer, quoiqu'on l'eût mis tout de fuite dans un lit chaud : j'ignore comment il fe trouve depuis. D'autres perfonnes , qui étoient auflî fur l'eau à dix ou douze braffes des premiers, autant que j'en puis juger par leur defcription , fentirent une fe- couffe dans leur bateau , & un d'entre eux eut fa chaife enlevée de deffous lui & renverfée fur fa tête , fans recevoir aucun coup. Ils furent au fecours des premiers , & quelqu'un s'étant jette dans l'eau , les retira promptement l'un dans le bateau , l'autre fur le rivage. Cependant perfonne ne les avoit vus tomber dans l'eau , ne regardant pas de ce côté-là , mais ils entendirent un d'entre eux , qui crioit au fecours , d'abord après le coup , & ils fentirent une odeur très-puante dans l'air ; & lorfque je demandai à celui , qui me rap- portoit ces particularités , de quelle efpéce étoit cette odeur , il me dit qu'elle reflembloit à celle , qu'on fent en frappant deux cailloux l'un contre l'autre. On ne put trouver aucun figne de vie à celui qui eft mort, quoiqu'on l'eût mis dans un lit chaud , qu'on le frotât , & qu'on lui versât dans la bouche , des liqueurs fortes, &c. Il fut porté le lendemain matin à la Ville, où je fus le voir avec le Dr. Wallh , le Dr. Mdlington , le Dr. Lower , & quelques au- tres perfonnes. Nous ne trouvâmes aucune bleflure à la peau. La face & le col étoient noirs , & comme échimofés : il y avoit au côté droit du col une petite tache noire d'environ un pouce de long , & un quart de pouce de lar- ge ; il fembloit qu'on y avoit paffé un fer chaud ; & fi je m'en fouviens bien il y en avoit une plus grande au côté gauche du col , au-deffous de l'oreil- 40 Collection i "■ ' — — le. Tirant en bas vers le côté gauche de la poitrine , il y avoit une grande Transactions place d'environ neuf pouces de long fur deux de large en quelques endroits , Philosophiq. quoiqu'elle le fût plus ou moins en d'autres , qui étoit brûlée & féchée Ann. 1666. comme du cuir brûlé ; d'un noir foncé & affez femblable à la peau d'un co- No# n chon de lait rôti : il y en avoit une femblable de la grandeur d'une pièce de vingt-quatre fols à la partie antérieure de l'épaule gauche ; mais celle du col paroiffoit plus noire & plus brûlée. Depuis le haut de l'épaule gauche , jufqu'en cet endroit de la poitrine , il y avoit une ligne étroite comme de peau écorchée , comme fi quelque chofe fût defcendu du col le long de la poitrine , & fe fût étendu en cet endroit. Les boutons de fon pourpoint étoient pour la plupart arrachés; quelqu'un penfa qu'ils avoient été emportés par une boufée', qui étoit entrée vers le col , & avoit fait effort en dehors. Sur quoi je préfumai qu'outre 4 ou 5 bou- tons , qui manquoient vers le bas de la poitrine , il y en avoit une douzaine depuis le colet jufqu'en bas, qui avoient été emportés ; je crois que les au- tres étoient prefque neufs. Le colet de fon pourpoint avoit été déchiré fur le devant de l'épaule gauche , comme s'il eût été coupé avec un infiniment émouffé ; la doublure , qui étoit de futaine , étoit entière. Ce qui joint à la vue des bords de la déchirure , me fait croire que le coup a été porté de dehors en dedans , & non pas de dedans en dehors. Son chapeau étoit étrangement déchiré au côté & furies bords. Il y avoit au côté un grand trou à paffer le poing , une partie en étoit emportée où aboutiffoient différentes déchirures de chaque côté , comme fi ce chapeau eût été coupé par un infiniment obtus : quelques-unes étoient très-longues, &C s'étendoient prefque jufques aux bords du chapeau. Il y en avoir en outre une ou deux , qui ne communiquoient pas avec le grand trou. Je jugeai que cela avoit été fait auffi par un coup porté de dehors en dedans ; non par la vue des bords des déchirures , ( car il eft très-difficile d'en juger par ce moyen ; ) mais parce que la doublure n'avoit pas été déchirée , & qu'elle nétoif que découfuë du chapeau, du côté où étoir le trou. Comme on le trou- va à quelque diftance & non pas fur la tête du mort , on ne put pas déter- miner de quel côté de la tête ce coup avoit été porté. Je n'apperçus aucune trace de la foudre fur le refte de fes habits , ni au- cune odeur de foufre ; ce qui pouvoit venir en partie parce qu'il y avoit déjà quelque tems que l'accident étoit arrivé , & en partie parce qu'ils avoient été lavés dans l'eau , où il étoit tombé. Le foir j'affiftai avec les trois Docteurs , dont j'ai déjà parlé , quelques Chirurgiens Si plufieurs autres perfonnes , à l'ouverture qui fut faite de la tête , pour voir fi on n'y découvrirait pas quelque chofe ; mais on n'y remar- qua aucun figne de contufion. Le cerveau étoit fain , & en bon état ; les nerfs dans leur entier ; les vaiffeaux du cerveau affez pleins de fang ; il ne parut pas qu'il s'en fût épanché. Mais c'étoit à la lumière , & on ne pouvoit pas faire des obfervations bien délicates , le corps étant fur le point d'être enfeveli , la foule étoit d'ailleurs un oblfacle : mais il y a apparence que s'il y eût eu quelque dérangement confidérable , fenfible à la vue , il aurait été apperçu par quelqu'un de la compagnie. Il y en eut , qui crurent s'être ap- percus d'une petite fente au crâne ; 6c celui qui le tenoit pendant qu'on le ^ i'cioit Académique. 4t fcîoit , dit avoir fenti quelque treflaillement dans Tes mains , il y paroifïbit ■ ■ ■■— même quelque chofe d'approchant ; mais cela étoit fi peu fenfible , qu'il ne Transactions fut pas pollîble de s'en affurer à la chandelle. PWÎlôsophiç. Quelques cheveux de la temple droite avoient éré manifestement brûlés, Ann. 1^66. & la partie inférieure de l'oreille étoit plus noire que les parties voifines , J\,To# j* quoique molle , c'étoit tout au plus une Echimofe. La partie fupérieure de l'épaule gauche, &c le col de ce côté , étoient plus noirs que le refte du corps : mais je ne fçaurois dire fi c'étoit l'effet du coup , qui avoit déchiré le colet & avoit fait la tache rouge dont nous avons parlé ; je penfe qu'il fe peut très-bien , que la rête & cette partie du col avoient eu une grande contu- fion , du coup qui déchira le chapeau & le colet , & qui peut-être fêla le crâne ; quoiqu'il n'y eût pas de figne de contufion , parce que le bleffé étoit mort trop promptement , pour que le fang eût le tems de s'accumuler dans cette partie & de s'y arrêter , ce qui produit la couleur noire des meur- triffiires ; c'étoit comme iî le coup eût été donné fur un cadavre mort de- puis peu , ce qui d'ordinaire ne caufe pas de meurtriffure , le fang ayant ceffé de circuler. Après avoir examiné la tête , on ouvrit la poitrine & nous trouvâmes que la brûlure pénétroit toute la peau, qui, aux endroits où elle étoit écorchée, étoit dure , racornie & retirée , de forte qu'elle n'étoit pas auflî épaiffe que celle des environs ; mais il ne parut pas qu'elle eût pénétré au-delà ; les mufcles n'avoient rien perdu de leur couleur , peut-être pour la raifon , que nous avons rapportée au fujet de l'épaule & du col. Après qu'on eut enlevé le fternum , les poumons & le cœur parurent en bon état , dans leur couleur na- turelle , & fans le moindre défordre. Voilà en général ce qu'on a obfervé. Le corps étoit plus enflé la nuit que le matin , & rendoit une odeur très-défagréable & très-incommode , qui peut avoir été produite par la chaleur de la faifon , & par celle que caufoit le grand nombre de gens qui y étoient accourus. N°. 14. DESCRIPTION D'UNE NOUVELLE ESPÈCE DE BAROMÈTRE qu'on peut appdUr Baromètre flatique , & des avantages qu'il a fur celui de mercure , communiquée depuis quelque tems par l'illuftrc M. Boyle. (A) QUant à la nouvelle efpéce de Baromètre , dont je vous parlai il n'y a vt0 pas long-tems , & dont je ne pus pas vous donner la defrription alors ' * f ' parce que j'étois trop preffé ; puifque vous fouhaités communiquer aux eu- rieux tout ce que vous pourrés découvrir fur les Baromètres , je vais m'ha- zarder à vous l'envoyer maintenant. Vous pouvés voir par deux partages , que vous trouvères aux P. 19. & 20. de mes expériences fur le Thermomètre , que j'avois penfé il v a quelques an- nées à cette nouvelle efpéce de Baromètre, mais les variations du poids de 1 atmofphére ne s' étant pas trouvées telles que je l'aiirois fouhaité , & n'ayant Tome I. H. Partie. F 42 Collection ^g? pas voulu me priver des autres ufages , aufquels je pouvois employer la ba- Transactions lance la pins exacte * qu'on eût encore trouvée ; je vous avoiierai que mes Philùsophiç. occupations avoient entièrement écarté de mon efprit cette idée , jufqu'à ce Ann. 1666. quetant retourné enfuite en un lieu où j'avois lahTé deux ou trois paires de N°. 1 4 balances , leur vue la rappella à mon efprit. Et quoique je ne piuTe pas m'en procurer de plus exactes , néanmoins le defir que j'avois de faire quelque ex- périence pour réparer une fi longue négligence, me fit imaginer que fi j'avois une bouteille dé verre deux ou trois fois plus groffe & plus légère , qu'à l'or- dinaire, je pourrois même avec ces balances,faire en quelque façon ce que j'a- vois éprouvé avec celles qui étoient fi exactes. Je fis fourrier à la flamme d'une lampe quelques bouteilles de verre les plus grandes , les plus minces & les plus légères , qu'il me fut potfible , & je choifis dans le nombre , celle qui me parut la plus propre à mon deffein ; je la mis en équilibre dans une balance , qu'un 38e. de grain faifoit trébucher, & qui étoit fufpenduë à un chaffis. Je plaçai la balance & le chaffis près d'un excellent Baromètre , qui m'indiquoit la pefanteur de l'atmofphére. Je laii- lâi ces inftrtimens enfemble, & quoique mes balances ne fuffent pas aifez exa&es , pour m'indiquer tous les changemens dé l'atmofphére , qui paroif- foient dans le Baromètre ; néanmoins elles remplirent les vues que je m'é- tois propofées , en m'indiquant des variations qui n'altéroient la hauteur du mercure que de la huitième partie d'un pouce , & peut-être de plus petites que celles-là. Je ne doute pas, que fi j'enfle eu des balances plus exactes , ou des moyens de fuppléer à ce défaut par des commodités néceffaires , je n'eufle diftingué des variations beaucoup plus petites dans le poids de l'air; puifque j'ai eu le plaifir de voir la bouteille quelquefois en équilibre avec le .contre -poids; je l'ai vue quelquefois , lorfque l'atmofphére étoit plus élevée, l'emporter fi manifeftement, que les balances en étoient agitées , & l'aiguille penchée entièrement du côté, où elle étoit fufpenduë ; & quelquefois, lorf- que l'air étoit plus pefant , le contre-poids l'emportoit , & faifoit pencher l'ai- guille de fon côté : cela continue quelquefois plufieurs jours , fi l'air conferve le même degré de pefanteur. Lorfqii'il vient à changer , la bouteille reprend l'équilibre , ou l'empoite; deforte qu'il m'eft arrivé de prédire l'élévation ou l'abbaiffement du mercure dans les Baromètres ordinaires , en regardant cette efpéce de Baromètre ,que j'appelle flanque , pour le diftinguer del'au- tre. Quoique ces obfervations m'ayent auili bien réùffi en Hiver , & pendant une partie de l'Été , (ayant fouvent été abfent dans cette faifon , ) que dans le Printems ; cependant la fréquence de leur viciiïitude , qui n'eu peut-être qu'accidentelle , les rend plus agréables dans cette dernière faifon. Le fait ayant été mis hors de doute par des obfervations répétées, & quel- quefois en comparant enfemble difFérens Baromètres de cette nouvelle ef- péce, j'ajouterai fur cet infiniment quelques remarques qui fe préfentent à mon efprit , réfervant les autres pour une nouvelle occafion. Et 1 °. fi l'on me demande fur quel principe je conftruis ce Baromètre , je répondrai en peu de mots. i°. Que quoique la bouteille de verre & l'en con- tre-poids ayent la même pefanteur dans, l'air, où on les a pefés d'abord, néari- * La millième partie d'un' grain a fait trébucher , en préfence de gens capables d'en juger , Jes balances donc il eft ki qucllion. AN? ACTIONS LOSOPHIQ. Académique. 4» moins leur volume eft très-différent, la boule à raifon de fa cavité , qui ne - contientque del'air, ou quelque chofe de plus léger encore , étant peut-être Tr* deux ou trois cens fois plus groffe que le contre-poids ; car je n'ai pas eu la '*"-- Commodité de le mefurer. z". Suivant une loi d'Hydroftatique , dont vous Ann. 1666. fçavés que j'ai donné depuis peu une démonftration , ii l'on pefe deux corps N°. 1 4. d'une égale pefanteur , mais de volume inégal , dans un milieu différent ils cefferont d'être en équilibre; file nouveau milieu eft plus pefant,le corps' dont le volume eft le plus grand , étant fpécifïquement plus léger , perd plus de lbn poids que le plus petit , qui eft plus compaft ; mais fi le nouveau mi. lieu eft plus léger que le premier , le plus grand l'emportera fur le plus pe- tit. Et cette différence provenant de la différente denfité des milieux , fera d'autant plus grande, que le volume des corps en équilibre fera plus 'diffé- rent. 30. En réunifiant ces deux circonstances , j'ai remarqué que c'étoit la même chofe , foit que les corps fuffent pefés dans des milieux de denfné dif- férente , ou dans le même milieu , fi la pefanteur fpécifîque varioit : par con- féquent pmïqu'il paroît par le Baromètre, que l'air eft quelquefois plus pe- lant , & quelquefois plus léger ; les changemens qu'il éprouve , affecteront inégalement un corps aufil gros & auffi creux que la bouteille , & un autre (1 petit & fi denfe qu'un poids de métal : & lorfque l'air devient plus pelant , il doit foutenir la bouteille de verre plus que le contre-poids ; s'il devient plus léger qu'il n'étoit, la bouteille doit l'emporter. Il feroit difficile de don- ner des preuves & des éclairciflemens làdeffus en peu de mots ; mais , fi vous le fouhaites , je pourrai vous les envoyer à mes heures de loi'fir. Quoi- que l'air de l'Angleterre foit mille fois plus léger que l'eau , la différence du poids d'une quantité d'air égale au volume "de la bouteille femble donner' quelque efpérance , qu'on pourra la rendre fenfible à une balance. En faisant la bouteille très-grande & très-légère , j'ai trouvé l'effet que je vous ai déjà rapporté. ' 20. La bouteille dont je me fuis fervi , étoit fcellée hermétiquement , & de la grandeur d'une orange un peu groffe ; elle pefoit environ une dragme & dix grains. Jepenfois , & je me fuis convaincu dans la fuite qu'il étoit-pof- fible d'en faire de plus grandes, ou de plus légères, & même qu'on pouvoir leur donner ces deux qualités en même-tems ; fur-tout en ayant foin de ne pas les fceller tandis qu'elles font chaudes ; car quoiqu'on puiffe penfer qu'il eft avantageux de raréfier & d'en faire fortir tout l'air autant qu'il eft pofll- ble; parce que cet air renfermé , comme je l'ai démontré ailleurs, a toujours quelque poids : néanmoins cet avantage n'équivaut pas à l'inconvénient d'aug- menter le poids du verre , que la pefanteur de l'air externe cafte , lorfque celui qu'il contient eft extrêmement raréfié , s'il n'a pas quelque épaifiëur ce que j'ai fouvent éprouvé. 30. J'aurois éprouvé fi la fécherefle ou l'humidité de l'air pouvoient alté- rer le poids de la bouteille , comme l'augmentation du poids de l'atmofphére par d autres caufes. Mais le défaut de brouillards m'a empêché de faire cette obleryation. On vint me dire un jour fort à bonne heure , qu'il faifoit du brouillard , étant encore dans mon lit , j'envoyai voir s'il n'avoit pas rendn air affez pelant pour foutenir la bouteille ; je n'appris point que le brouil- lard produisit aucun effet fenfible fur elle. F x 44 Collection ■ 40. Comme plufieurs perfonnes trouvent qu'il eft très-difficile de fe pro- Transactions curer des bouteilles auffi grandes & auffi légères, que celle dont j'ai parlé; Phuosophiq. il eft bon d'être inftruit , que j'ai quelquefois fait ufage de deux bouteilles Ann 1666 plus petites%aulieud'une feule de cette grandeur. Et quoi qu'une feule bouteil- le ' le d'unç grofleur convenable foit à préférer , parce qu'elle contient toujours ■"*' fous un plus grand volume beaucoup moins de matière que deux, néanmoins je me fuisapperçu que deux petites bouteilles au lieu d'une , ne répondoient pas mal à mon attente , & qu'on pouvoit fe fervir fort bien des unes à la place des autres , qu'il étoit plus ailé de fe les procurer , & que fi la balance étoit afléz forte pour les porter fans les rompre , on pouvoit rendre l'effet plus fenfible en fe; fervant de deux grofles bouteilles, que lion n'en employoit qu'une feule , quelque bonne qu'elle fût. On peut perfectionner cet infiniment de plufieurs façons. 1°. On peut ajufter au manche de la balance un arc de cercle divifé en iy ou 20 ° plus ou moins, fuivant l'exactitude de la balance, de forte que l'aiguil- le refte toujours fur ces divi!ïons;&: on vpit alors fans calcul,l'angle que forme la déclinailon de l'aiguille, de l'un on de l'autre côté avec la perpendiculaire , & le fléau avec fa direction horizontale. 2°. Ceux qui auront afléz de curiofité pourront , au lieu du contre-poids de cuivre , en employer un d'or ou au moins de plomb , ces métaux étant fpécifïquement plus pefans que le cuivre , le premier ayant un poids double fous le même volume. 3°. Les parties de la balance, qu'on peut faire de léton ou de cuivre, fans que cela diminue rien de leur jufteffe , font moins fujettes à fe rouiller étant faites de ces métaux , que lorfqu'elles font d'acier , qui cependant , lorf- qu'il eft bien trempé & bien poli , peut fe conferver long-tems en bon état. 40. Au lieu de balances, on peutfufpendre la bouteille à l'une des extrémi- tés du fléau , & feulement un contre-poids à l'autre , afin que le fléau ne foit pas chargé d'un poids inutile. E mémoire & quelques autresdu même Auteur , qui ont paru dans ces N°. ], >Tranfa ftions, font partie de quelques traités, que l'Auteur travaille. Il ne art 1 refufe pas de les communiquera fes amis , perfuadé que fes Lecteurs ne trou- veront pas mauvais , qu'il les fa fie reparoitre en leur place dans les traités aufquels ils appartiennent ; puifqu'il confent à les donner avant le tems , par complaifance pour quelques perfonnes , qui croyent que ces expériences peu- vent être utiles au public , en excitant la curiofité des Sçavans , en atten- dant que les traités , dont ils font partie , foient publiés. Vous devés vous fouvenir,que je vous montrai le Printemsde l'année der- nière un moyen de produire un grand froid avec une certaine fubftance tirée du fel ammoniac , fans fe fervir de neige, de glace , de nitre , &c. mais com- me cette expérience eft très-difficile & fort coùteule , elle eft plus propre à faussaire notre curiofité , qu'à être mile en ufage. J'ai éprouvé depuis, ce que quelques mélanges moins chers & moins difficiles de différentes fubftances avec le fel ammoniac , pouvoient produire de froid , & j'examinai enfuite fi dans cette vue feule , ( car mon expérience avoit un autre but , ) on ne pou- voit pas fe pafler de ces mélanges fans inconvéniens. Mes conjectures furent confirmées par un accident arrivé à un Médecin de ma connoiflance , que je ne puis vous rapporter en peu de mots. De tous les moyens que j'ai employés pour refroidir ces mélanges avec le fel ammoniac, le plus fimple & le plus facile eft celui-ci : prenez une livre de lel ammoniac en poudre , mettez le fel dans 4 pintes ou quatre livres d'eau ; ou tout à la fois , fi vous voulés produire un grand froid , mais de court» 48 Collection ■ durée , ou bien en trois ou quatre fois fi vous fouhaités produire un froid Transactions plus durable , quoique moins grand ; remuez cette liqueur avec un petit mor- rniLOsorHiQ. ceau de bois ou de baleine , ou avec quelque autre choie qui ne foit pasfu- . * lorfquon met dans un verre ou quelqu'autre vaiffeau un mê- floire du froid. ' lange de neige & de fel. Les vapeurs aqueufes , qui nagent dans l'air & qui gliffent le long des parois du vaiffeau , font condenfées & raffemblées en gouttes par le froid. On peut même obferver que fi l'on effuye un côté du vaifieau , tandis que la diffolution eft dans fa force , il s'y raffemble bientôt de nouvelles gouttes , qui quelquefois font aflez abondantes pour couler le long du vaiffeau. 30. Le meilleur & le plus sûr moyen de s'affurer du froid du mélange , c'eft d'y plonger un bon Thermomètre d'efprit-de-vin coloré ; car on voit la liqueur defcendre affez vite beaucoup au deffous de ce qu'elle auroit defcendu dans l'air ou dans l'eau commune de la même température , que celle dans laquelle on fait la diffolution du fel ammoniac. Et fi de ce mé- lange on tranfporte le Thermomètre dans de l'eau fimple, la liqueur remonte affez vite , plutôt ou plus tard, félon qu'il a été plus ou moins long-tems dans la diffolution. La même chofe m'eft arrivée en tranfportant mon Thermomè- tre dans de l'eau nouvellement imprégnée de falpêtre , au lieu de le tranf- porter dans de l'eau commune. 20. La durée du froid produit dans cette expérience , dépend de différen- tes circonftances , lo. de la faifon & de la température de l'air ; car en Eté & dans les tems chauds le froid dure beaucoup moins , 2°. de la quantité de fel &C d'eau ; car fi on employé beaucoup de l'un & de l'autre , le froid eft plus grand & plus durable : 30. nous pouvons ajouter encore une certaine qualité particulière , ou un degré de bonté dans le fel qu'on employé. Car quoiqu'il ne foit pas aifé de difcerner celui qui eft plus ou moins propre a pro- duire cet effet ; néanmoins quelques expériences me font foupçonner qu'il y a une très-grande différence entre telles & telles concrétions falines , qu'on regarde fans fcrupule comme du fel ammoniac, différence , dont il n'eft peut- être pas difficile d'afligner la raifon , d'après les ingrédiens qui entrent dans la compofition de ce fel , & de la façon dont on le prépare. La durée du froid peut auffi dépendre , 40. de la manière dont on met le fel dans l'eau ; car fi on l'y met tout à la fois , l'eau devient beaucoup plus froide , mais elle l'eft beaucoup moins long-tems ; au lieu que fi l'on veut lui donner un degré de froid moins confidérable, mais de plus longue durée , tel qu'il le faut pour rafraîchir les boiffons , on doit mettre le fel peu-à-peu. J'ai fouvent éprou- vé en tenant pendant long-tems un Thermomètre dans ce mélange , que , fi Jorfque la liqueur defcendoit lentement , ou étoit arrêtée , j'y ajoûtois deux ou Académique. 49 ou trois cuillerées de nouveau fel , & que je vinfle à agiter l'eau pour hâter — — la diffolution, l'efprit-de-vin defcendoit, s'il étoit arrête tout-à-fait , ou bail- Transactions (bit plus vite qu'il ne faifoit auparavant. Si on veut faire durer l'expcrien- Philosophie. ce , il faut mettre le fel en poudre plus grofliére , parce qu'il eft plus long- ^nn> I(^6. tems à fe diflbudre & par conlequentà refroidir l'eau. Tant qu'il s'amalle des xr0° , gouttes d'eau à la furface du vaifleau , c'eft une marque que le froid eft tou- jours très-fort ; lorsqu'il celfe , les gouttes s'évanoùiUent , fur-tout dans les tems chauds. Mais un moyen plus sur encore de melurer la durée du froid, c'eft d'oter de tems-en-tems le Thermomètre de dedans ce mélange , pour le plonger dans la même eau que celle avec laquelle on a fait la dillblution. Et quoiqu'il ne foit pas ailé de déterminer quelque choie de précis fur cette ma- tière , je vous dirai cependant que le Printems dernier j'ai trouvé à un très- bon Thermomètre , que j'avois produit un froid lenfible avec une livre de fel ammoniac au plus , qui dura deux ou trois heures. 30. Pour rafraichirlesboiffons avec ces mélanges , on peut les mettre dans des bouteilles minces, les plus minces étant les meilleures ; on peut les remuer ça & là dans l'eau , ayant loin qu'elles foient bien bouchées , & que le gou- lot fe trouve au deifus de l'eau. Alors on peut verfer ces liqueurs pour les boire , mais lorfque les vailfeaux dont je me fervois, étoient d une forme con- venable , c'eft-à-dire, en pain de lucre ou avec un long col , j'ai trouvé qu'il étoit mieux de ne pas tranfvaler les liqueurs , ce qui ne peut pas fe faire fans diminuer leur fraicheur. Elles font bientôt rafraichies,fi les bouteilles font faites comme il convient. On peutaifémentfe rafraîchir les mains, fi l'on en a envie, en les appliquant au vaiffeau, qui contient le mélange rafraichiflant. On peut encore parce moyen rafraîchir des morceaux de criftal & des boulets pour ra- fraîchir la bouche ou les mains des malades ,aulquels cela peut-être cru avanta- geux, & on pourroit leur procurer d'autres rafraichiffemens de cette efpéce. 40. Je n'ai pas encore pu faire un aflez grand nombre d'expériences , pour m'allurer de combien le fel ammoniac mêlé avec du fable , fans être diflbus , mais feulement humedé avec un peu d'eau , rafraichit plus les bouteilles de vin ou autres liqueurs, que le fable ou la terre toute feule. Je laiffe cette re- cherche aux curieux. 50. il n'eft pas nécefiaire d'employer toute une livre de fel ammoniac pour rafaichir l'air ou les liqueurs, afin de graduer des Thermomètres dans tous les tems de l'année ; ce qui étoit une des principales vues , que je m'étois propo- fée dans cette expérience , ou pour rafraichir légèrement une petite quantité de|biere.Caron peut obferver très-aifément avec un Thermomètre, que quel- ques onces de iel bien pulvérifé , difîbutes promptement dans quatre fois au- tant d'eau , fuffifent dans plulieurs circonftances. 6°. Pour vous ùter tout fcrupule à ce fujet , je vous dirai que même avant & après le milieu de l'Été , j'ai trouvé que le froid produit par ce moyen , étoit très-confidérable & fuffifantpour rafraichir les boifibns. Mais fi le fel am- moniac eft bon , ( car j'ai déjà dit , que je foupçonnois , qu'il y en avoit de différentes qualités ) & fi la failbn de l'année eft favorable , le froid que peut produire une livre & même moins d'une livre de fel ammoniac , eft beau- coup plus confidérable qu'on ne fe l'imagineroit , & peut nous fournir une règle sûre pour graduer les Thermomètres , & pour plulieurs autres vues i Tome I. II. Panii. G yo Collection i»—^— car je me foiiviens que dans le Printems , vers la fin du mois de Mars , ou Transactions le commencement d'Avril, j'ai produit avec une livre de fel ammoniac &c Phuosophiq. une quantité d'eau néceffaire , un froid plus grand que celui qui avoit No ir glacé l'eau dans l'hiver précédent , & il faifoit geler l'eau dans un tems ' * extrêmement court. Pour confirmer ces particularités , qui doivent vous paroître fort extraordinaires , je tranfcrirai ici une note , que je trouve dans mes remarques fur ces Phénomènes , & le fuccès d'une de ces expériences , comme je l'éprouvai alors. J'aurois honte de vous préfenter des obfervations fi mal écrites , ii je nefpérois que vous conlidérerés que c'eft un Jour- nal fait à la hâte , pour foulager ma mémoire. Et afin que vous ne foyés pas arrêté par cette note , & par les deux fuivantes , je vous avertirai , que le Thermomètre avec lequel j'ai fait ces observations , a 16 pouces de long , la boule efl de la grandeur d'une noix un peu groffe , le diamètre du tube eft à peu-près d'un huitième , ou d'un neuvième de pouce. Ire- Expérience. Le 27. Mars un Thermomètre plongé dans l'eau , s'arrêta à 8 ^ pouces , on l'y laifla pendant quelque- tems, l'agitant de côté & d'autre, il defcendit enfin un peu au-deffous de 7 ç pouces ; ayant mis du fel ammo- niac dans cette eau , il defcendit durant un quart d'heure ou un peu plus , à 2 77 pouces ; mais avant ce tems-là dans l'efpace d'un demi quart d'heure , les vapeurs & les gouttes d'eau, qui s'attachoient à la furface du vaiffeau., com- mencèrent manifeftement à fe geler : & je me fuis apperçu plusieurs fois , que lorfque la vertu frigorifique étoit arrivée à fon plus haut degré , l'eau de la furface du vaiffeau fe glaçoit en quinze fécondes , tandis qu'on remuoit la liqueur. | d'heures après qu'on eut mis le fel ammoniac dans l'eau , le Ther- momètre qui en avoit été tiré quelque tems auparavant , & qui cependant n'étoit que jufqu'au point ie plus bas de la congélation , defcendit un pouce au deffous , lorfqu'on le remit dans la liqueur. Deux heures 5 après la pre- mière diffolution du fel , je trouvai la liqueur du Thermomètre entre les deux termes de la congélation , dont l'un eft à f -j pouces , ( lorfque le Ther- momètre eft à cette hauteur , il arrive ordinairement quelques petites gelées) & l'autre à 4 | pouces , qui eft la hauteur à laquelle les grands froids de l'hiver ont fait defcendre la liqueur du Thermomètre. 3 heures après le com- mencement de l'opération je trouvai la liqueur au-deffus du point de la con- gélation le plus élevé : enfuire il monta lentement pendant près d'une heure , après quoi je ceffai de l'obferver. Ce Journal fait mention d'une circonftance très remarquable dans Tune de ces expériences , c'eft que le mélange ayant été mis dans un vaiffeau dont le fond étoit large & plat , fit geler l'eau que j'avois répandue à deffein fur la table , affez pour attacher le vaiffeau à la table. Cette liqueur ayant été changée en un glaçon folide , fut long-tems à fe fondre , & cette glace étoit en quelques endroits de l'épaiffeur d'un écu. On y trouve une autre obfervation faite dans le même Printems , quoique moins importante , dont le but étoit de faire connoître la durée du froid dans fa plus grande force : on plongea d'abord un Thermomètre dans l'eau com- mune , il defcendit à 8 f pouces , mais l'y ayant laiffé long-tems , & ayant remué l'eau deux ou trois fois , la liqueur ne baiffa que jufqu'à 7 f pouces, ou au plus à 7 | ; on mit alors dans l'eau la liqueur frigorifique avec des cir- Académique. ji confiances aflez défavantageufes. Dans un demi quart d'heure le Thermomé- ■' mr- tr^baifla au-deflbus de 6 | pouces ; & en ayant retiré le Thermomètre, & l'y Transactions ayant enfuite replongé une heure après que l'eau eut été rafraîchie, il defcen- Philosophiq. dit au-deflbus de f pouces, & par conséquent un quart de pouce au-deflus du ^nn> ^g^ terme de la plus forte congélation. j^ j 70. Ce qui peut rendre cette expérience moins utile , c'eft la cherté du fel ammoniac; deux chofes peuvent remédier à cet inconvénient. Car , 1°. on peut le rendre à meilleur marché , fi, au lieu d'aller le chercher au-delà des mers , on le fait dans ce pays-ci , ce qui efi très-ailé ; & je fuis prêt à vous en communiquer la recette, qui n'efi pas un grand fecret. 2°. J'ai confidéré que la propriété de refroidir qu'avoit notre mélange , dépendoit vraifembla- blement de la compofition particulière du fel ammoniac, qui, tandis que l'eau le diflbut , développe quelques particules frigorifiques , ou plutôt chafTe quel- ques particules qui agitoient auparavant les molécules de l'eau , ou bien cesparticules font attirée^ par les corps environnans, ou peut-être feulement embarraflees dans leur mouvement ; d'où il paroit raifonnable de préfumer qu'en réunifiant ces parties falines en un corps, tel qu'elles le compofoient au- paravant ; ce fel ammoniac régénéré ayant la même contexture , produiroit par une nouvelle difiblution , un degré de froid égal ou peu inférieur au pre- mier. Et quoiqu'on puifle démontrer , qu'en faifant bouillir la difiblution du fel ammoniac dans des vaifleaux de terre , ( ceux de verre étant trop chers, ) elle perd en les pénétrant, quelques-unes de lés parties les plus fubtiles, je n'ai cependant pas été trompé dans mon attente ; le fel qui étoit relié dans ces vaifleaux ayant été léché & diflbut de nouveau dans une quantité propor- tionnée d'eau , lui a communiqué une fraîcheur très-confidérable , comme il paroît par les notes que je rapporte ici. Mais je dois avertir auparavant , que , quoique je me fois fervi de vaifleaux de terre, faute d'autres, ou plutôt parce que la difiblution du fel ammoniac auroit pu gâter ceux de métal ; néanmoins j'ai trouvé depuis, quelques avantages àmefervirde vaifleaux de quelque métal , de fer par exemple , & je pourrai vous en rendre compte dans la fuite. Le 29 Mars , le Thermomètre étoit à 8 \ pouces dans la température de l'atmofphére , & ayant été plongé dans un grand vaifleau de verre à évapo- rer, plein d'eau, il defcendit à 8 pouces, après avoir refté quelque tems immo- bile. On mit alors dans cette eau la moitié du fel, dont on s'étoit fervi deux fois auparavant , qui étoit moins froid que l'eau , on remua la liqueur , l'ef- prit-de-vin defcendit vifiblement jufqu'au deflbus de 4 pouces ; ayant alors tiré une partie de l'eau , & en ayant remis d'autre en la place, quoique mê- lée à la difiblution , elle fit remonter le Thermomètre beaucoup plus prom- ptement, qu'on ne s'y ferait attendu. Nous en refterons-là pour cette fois, fur notre expérience frigorifique, dont les Cartéfiens s'empareront vraifemblablement comme étant favorable à quelques-unes de leurs opinions. Vous verres bien qu'elles ne le font pas au- tant à l'opinion de ces Philolbphes que j'ai combatué ailleurs , & qui con- fiée à regarder le falpêtre comme le premier principe ou la fource du froid , primum jrigidum, quoique j'aye trouvé qu'il donne un plus grand degré de froid lorfqu'il eft actuellement en difiblution , que dans aucune autre cir- 52 Collection — ^— ■ confiance. Je ne crois pas devoir groflir cette lettre des réflexions qu'on Transactions peut faire fur cette expérience , fur les variations , fur le moyen de la perfc- Philosophiq. clionner , & fur l'utilité qui en réfultera ; quoiqu'à cet égard j'aye différen- Ann. 1666. tes chofes par devers moi ; vous en avés déjà vu une partie , & le refte eft N°. 15. à votre difpofition. N°. 18. RÉFLEXIONS SUR LES PARTIES PARENCHFMATIQUES du corps Hu m ain , par M. Edm. King. (B) N° 18 T ^s Anatomiftes fuppofent en général , que les parties parenchymatiques . ' itr' 1 'fin corps humain , font en beaucoup d'endroits entièrement dépourvues de vaifTeaux, &c que ces parties font deftinées principalement à remplir les cavités & les interilices qui le trouvent entre ces mêmes vaifTeaux , à les foutenir , & à faciliter leur diftribufion dans les différentes parties du corps humain ; mais ayant entrepris il y a quelques années de difféquer plufîeurs vifcéres , tels que le foye , les poumons, la ratte , les reins , &c. fans par- ler du placenta , qui femble être auffi une partie parenchymatique ; & dé- firant fort de faire un modèle des vaifTeaux de quelques-unes de ces parties quelles quelles fufTent , je m'appliquai à ce travail avec tout le foin poffi- ble ; & je trouvai , malgré les précautions que j'avois prifes pour conferver les vaifTeaux , lorfque je les eus dégagés avec le plus d'exaftitude qu'il me fut poffible , du parenchyme fuppofé , que dans chaque ouverture que j'a- vois faite avec mes doigts ou autrement ,tous mes foins & tous mes efforts étoient entièrement contraires à la réufîite de mon projet ; & qu'en exami- nant avec attention les parties que j'avois détachées, qui n'étoient la plu- part que ce que l'on nomme le parenchyme , j'y rencontrais plus de vaif- feaux que je n'en avois laiffés dans celles auxquelles elles étoient unies ; &£ quoique ces objets ne fufTent pas afTez petits , pour qu'il me fut impofhble de faire cette obfervation avec l'œil fimple , je vis cependant encore mieux lorfque je fais aidé d'un microfcope , que malgré tous mes foins & toute mon exactitude , j'avois plus détruit de vaifTeaux que je n'en avois confervé. Alors confidérant de nouveau le dégât que j'avois fait dans les endroits où j'a- vois enfoncé mes doigts , mon fcalpel , &c. je commençai à penfer qu'il n'étoit pas impofTible que ces parties ne fufTent entièrement compofées de vaifTeaux artiftement fabriqués & enrrelafles enfemble , ( fans doute pour un plus grand nombre d'ufages que nous n'en connoiflbns , ) & l'idée qui me vint dans l'efprit , d'un morceau de drap fin , dont le tiflu eft compofé d'un grand nombre de petits fils de laine entrelaffés , ne fervit qu'à me confir- mer dans cette opinion. Alors je réitérai plufîeurs fois mes expériences , dont la plupart me parurent réunir fi heureufement , que leur fuccès m'encouragea à en parler en'1663 , & en 1664. à plufîeurs Sçavans tels que Mrs. Boy le , & William Paty , lesDofteurs Williams , Ltnthal, Gafpar Needham3 le Docteur Académique. 53 Samfon , (qui m'écrivit après de France , pour m'apprendre qu'il avoit fait 1 connoiffance avec le Sçavant Sunon , qui a publié depuis , quelque chofe fur Transactions la même découverte , ) M. Daniel Cox , & le Docteur Samuel Parker , qui Phuosophiq. fans doute fe fouviennent encore que je leur dis alors, que j'avois de bon- Ann 1666 nés raifons pour croire que, li les parties conftituantes de cette fubftance que xj0' o l'on nomme communément parenchyme , n etoient pas entièrement rem- * * plies de vaiffeaux, elles l'étoient au moins pour la plus grande partie ; ce- pendant ils ont tous imaginé que j'avois toujours trouvé , que ce parenchyme étoit en plulieurs endroits prelqu'entiérement compofé d'une fubitance tota- lement dépourvue de vaiffeaux , Si deftinée aux ufages que j'ai rapportés ci- deffus. Voici de nouvelles preuves du contraire. En premier lieu. Si je prends un morceau de chair mufculeufe crue , rô- tie , ou bouillie , &c. Si je l'étends affez pour la rendre un peu tranfparen- te , je puis obferver avec l'œil fimple ( après avoir ôté toute la graiffe qui peut s'y trouver , ) qu'il eft compolé d'une infinité de vaiffeaux , qui forrnent un tiffu auffi ferré qu'il eil poffible de l'imaginer ; mais dès que cette chair eft affez étendue, pour qu'on puiffe voir à travers avec un microfcope , on n'y apperçoit plus en effet que des vaiffeaux. Enlècond lieu : fi quelqu'un prend un morceau de chair, & qu'il la divifeen fîlamens,en commençant (bit par la tête,foit par laquelle d'un mufcle, il pourra la divifer à l'infini, de la tête à la queue, fans déchirer aucunes parties de ce pa- renchyme fuppofé; il caffera feulement les fibres tranfverfales qui lemblent les unir enfemble. Je fuis fort porté à croire que ces fibrilles paffent au travers des plus petits mufcles , qu'elles les traverfenten entier, & qu'elles pénétrent juf- qu'aux porofités cutanées , de forte qu'il n'y a aucun de ces petits canaux qui s'étendent dans la longueur des mufcles , qui n'ait un nombre fuffifant d'ouver- tures, pour donner paffage lorfqu'il eft befoin,au fuc nourricier dans un corps vivant , &c à quelque autre liqueur dans un corps mort & refroidi ; mais laif- fons-là maintenant l'ufage de ces petits canaux , & revenons à ce que j'avois à dire : prenez entre vos doigts ce morceau de chair mufculeufe , & vous en verres couler le fuc , ( fur-tout fi elle eft chaude , ) par quelle extrémité il vous plaira ; car fi vous comprimés les deux extrémités du mufcle , vous verres que le milieu fe gonflera ; &c fi au contraire vous en preffés le milieu , la liqueur s'écoulera par les deux extrémités ; mais de plus, fuppofons que je pique avec une aiguille , à tel endroit de votre corps que vous m'indique- rés , une partie de la chair appellee parenchyme , de telle groffeur qu'il vous plaira , fi vous fentes cette piqueure , vous ferés forcé de convenir que j'aurai touché un nerf ou une fibrille qui en dépendoit ; mais fi vous ne la fentes point , je fuis sûr que quelque liqueur fanguine ou autre forcira après la piqueure de l'aiguille , & d'où viendrait cette liqueur , finon des vaif- feaux ? Seroit-ce quelque accident , tel qu'une contufion , &c. qui feroit la caufe de l'écoulement de cette liqueur : dans ce cas , la partie feroit mal af- fectée , tandis que je parle de parties faines 6c qui font dans leur état na- turel , & cela ne donneroit aucune atteinte à la force de mes raifons. Pour les mettre dans un plus grand jour , je vais rapporter quelques observations familières, aufquelles je prie le Lecteur de vouloir bien faire attention. 1 °. Si on fait courir avec toute la viteffe poffible, & qu'on mette en lueur 54 Collection — — — uri beau cheval , affez gras pour qu'on ne puiffe apperçevoir aucuns de Ces Transactions mufcles : fi alors on paffe une journée fans lui donner à boire , ni aucune Philosophie, nourriture hume&ante , il deviendra fi maigre en certains endroits du corps , . f/f comme dans les parties mufculeufes , que vous aurés de la peine à croire JxJ"' o que ce foit le même cheval , fur-tout fi c'eft un Nah on Wafh-Horfc , pour * me fervir du terme des marchands de chevaux. Or on peut fans craintede fe tromper , attribuer la caufe de cette maigreur au feul épuifement des flics qui pendant la courfe de l'animal , font fortis du fang qui rempliffcit fes vaif- feaux. Et tout homme accoutumé à monter à cheval , & à faire des cour- fes , qui remarquera combien la respiration de ce cheval fera précipitée , com- bien il écumera , & à quel point il fuera , ne fera pas fort furpris de l'alté- ration que lui caufera une telle épreuve. Car fi le cheval eft fort , & qu'il foit accoutumé à ces courfes , vous verres qu'après un jour de repos , & après avoir pris de bonne nourriture , il fe rétablira en un jour ou deux , & re- prendra fon premier embonpoint ; les fucs nourriciers étant diftnbués de telle façon, dans ce court efpace de tems, que tous les vaiffeaux feront rem- plis comme auparavant. Plus le cheval fera tenu proprement , plutôt il fera rétabli , Si on ne s'apperçevra plus du violent exercice qu'il aura fait ; c'eft à mon avis une bonne preuve de la facilité , avec laquelle le fang paffe dans les vaiffeaux ; & il eft très-sûr que s'il y avoir dans le corps quelque paren- chyme , il fe pourrait faire que par plufieurs accidens , qu'il ne ferait pas dif- ficile de rapporter , il pourrorUperdre dans quelques-unes de fes parties la faculté de recevoir le fang; & ce parenchyme ferait alors la chofe du monde la moins utile , puifqu'on la fuppofe fans vaiffeaux. i°. Les marchands de bétail de ce pays, avec lefquels je me fuis quelquefois entretenu fur la manière dont ils le nourriffent , mont affuré , que lorfqu'ils achetoient quelques vieux bœufs , ou quelques vieilles vaches , pour les en- graiffer , ils choififfoient préférablement à toutes autres , celles qui étoient aufli maigres qu'elles pouvoient l'être , pourvu quelles fuffent laines ; par- ce que , difoient-ils , fi ces bêtes font déjà bien en chair , lorfque nous les achetons, l'embonpoint qu'elles tirent de la bonne nourriture , leur donne à la vérité une plus belle apparence , & elles fe débitent bien , mais elles n'en font pas fi bonnes à manger , leur chair devenant dure & coriace , ce que quelques-uns peuvent attribuer à la vieillerie du parenchyme , & il eft très-vrai que c'eft ce qu'on appelle parenchyme , qui en eft la caufe. Mais lorfque ces bêtes font vieilles & extrêmement maigres , alors ils leur donnent de bonnes nourritures , & elles deviennent non-feulement très- graffes , mais elles fe vendent aufîî-bien que fi elles étoient jeunes , & leur chair eft très-tendre. Et voici félon moi quelle en eft la raifon , en fuppofant qu'il n'exifte point de parties parenchymatiques. Lorfqu'un bœuf ou une va- che font devenus vieux , & qu'ils font affez bien en chair : ( car c'eft-là l'ex- preffion dont on fe fert , ) tous leurs vaiffeaux étant reftés long-tems dans le même état de groffeur , fe font tendus & refferrés, leurs fibres font devenues moins fouples , & par-là moins propres à recevoir les particules onftueufes deftinées à en relâcher le tiffu ; ces matières onâueufes qui produiient la graiffe , font donc forcées de prendre un autre cours , & d'aller fe rendre dans d'autres parties fouvent éloignées des mufcles , où elles puiffent être re- ACADÉMIQUE. 55 çuës plus facilement , & fe jettent quelquefois dans un endroit , quelque- — — ^~— ' fois dans un autre , comme on peut le voir dans les boucheries ; au lieu que Transactions s'il fe trouvoit quelques parties femblables à celles que l'on nomme parenchy- Philosophiq. matiques, & qui feraient fans doute comme une éponge ièche,cesmatiéreson- ^nn ,666. clueufespafferoient au travers , &fe répandraient dansles différentes parties xjo ,g ducorps,( ce que l'on pourrait découvrir par la diffettion fans beaucoup de dif- ficulté, )& en plus grande abondance, dans les endroits où elles trouveraient les pores plus ouverts ; & il ferait très-furprenant ( fi ce parenchyme exiftoit , ) qu'en difféquant les mufcles , on n'en trouvât pas au moins quelques pe- tites portions de différentes formes , au grand détriment des parties dans lef- quelies il ferait fitué. Je puis affurer cependant que je n'en ai jamais trouvé dans aucun mufcle , à moins qu'il n'y eût une contufion , un abfcès , ou quel- que chofe femblable ; mais félon mon opinion fur les parties parenchymati- ques , il me femble que la raifon pour laquelle la chair d'un bœuf ou d'une vache maigre , qui en acquièrent pour ainfi dire une nouvelle dans de bons pâturages, devient tendre , eft que dans un animal maigre , les vaiffeauxde- ftïnés à recevoir & à distribuer les fucs nourriciers , font tellement rétrécis &c fi fortement ferrés les uns contre les autres , que lorfqu'ils font une fois re- lâchés par une nourriture onctueuie , toutes leurs parties fufceptibles de di- latation, s'étendent; de forte qu'en très-peu de tems, l'animal eft pour ainfi di- re , créé de nouveau , fes os fe couvrent d'une nouvelle chair. Et l'extrême dilatation qui eft néceffaire en pareil cas , rend les parties qui font comme nous l'avons déjà dit , deftinées à recevoir les fucs nourriciers , fi minces Se fi déliées , que ce même animal auparavant très-maigre , nourri de bons ali- mens, devient auffi tendre à manger qu'une jeune bête ; tandis qu'un autre du même âge, nourri dans le même pâturage , mais qui ne fera pas fi maigre , aura la chair dure& coriace. 3°. On a obfervé que les perfonnes graffes & replètes maigriffoient éton- namment , lorfquelles étoient attaquées de certaines maladies , & que ce dépériffement fe manifeftoit fur toutes les parties de leurs corps , fur leurs bras , fur leurs jambes & fur leurs cuiffes ; que leurs gras de jambe deve- noient fi flafques & fi mollaffes , que l'on pouvoit aifément entourer l'os de la jambe avec la peau. On peut aifément rendre raifon de cet amaigriffe- ment , en luivant l'opinion dont je viens de rendre compte , & on doit en attribuer la caufe au grand épuifement des liquides , qui rempliffant les vaif- feaux , dont je fuppofe que les mufcles font compofés , les tiennent toujours gonflés , tandis qu'on jouit d'une bonne fanté. Mais lorfque les pores font bouchés , lorfque les alimens , que l'on a coutume de donner alors aux malades en très-petite quantité , rencontrent des obftacles qui empêchent la diftribution des fucs nourriciers , lorfque les fueurs naturelles ou forcées, font abon-f ntes , il en réfulte un grand épuifement de ces liqueurs , les fucs qui pourraient en réparer la perte , n'étant pas affezabondans : cet épuifement ne "manquera p is de rapprocher & de ferrer tous les différens vaiffeaux qui compofent les mufcles , & de les rendre plus étroits ; ou bien fi les mala- des ne tranipirent point , la chaleur intérieure ccnfumera les efprits , deffé- chera les liquides , & on peut préfumeravec raifon, que tous ces divers ac- cidens doivent rendre les parties flafques & mollaffes, & caufer ce dépérif- j6 Collection — fement , & ce changement foudain qu'on y remarque ; on peut conclure en- Trans action s fin de tout ce que j'ai dit, qu'il n'eft befoin d'aucun parenchyme, pourrem- Phuosophiq. plir les efpaces vuides qui le trouvent dans ces mulcles. Ann. 1666. N«. 18. REMARQUES SUR LES PÉTRIFICATIONS. (A) ART. IV . /^\ Uoiqu'on ait déjà beaucoup parlé & écrit fur les pétrifications , il s'en V^/ faut cependant de beaucoup , que nous n'ayons un fonds fiiffifant , pour en donner une hiftoire complette ; ce qui doit réveiller l'attention des cu- rieux, & les obliger de nous aider à ramafTer les matériaux néceflaires pour cet ouvrage le plus propre à nous faire connoître la caufe de cette tranfmu- tation ; & fur-tout parce que , s'il étoit poflible par la connoiffance des ou- vrages de la nature, d'accélérer la pétrification, de la retarder, ou de la pré- venir , ou même de la diriger , ( ce à quoi on pourroit peut-être parvenir dans la fuite , ) cet Art feroit d'un grand ufage ; fur-tout fi on pouvoit par fon moyen , empêcher la production des pierres , ou du fable dans le corps humain , ou difïbudre la pierre lorfqu'elle eft formée. Dans cette vue on aura foin de recueillir dans cet ouvrage tout ce dont on voudra bien nous faire part fur ce changement. On a inféré dans ces Tranfaftions plufieurs articles fur cette matière ; on en peut trouver un plus grand nombre dans l'ejfedfur la folidité de M. Boylc , qui fait beaucoup de réflexions fur ce point ; dans l'ouvrage de Van-Hel- mont, de LithiaJî,oiientre autres remarques, on rapporte fur le témoignage de Paré , I'Hiftoire d'un enfant pétrifié vu à Paris , dont le propriétaire fe fer- voit comme d'une pierre à aiguifer ; dans Deujingius , Hifloria infantis in ab- domine inventi , & in duridem lapideam converji ; dans la Mycro graphie de M. Hook , & ailleurs : pour ne pas parler de ces pétrifications étonnantes de compagnies d'hommes , ou de troupeaux rapportées peut-être fans beaucoup de fondement par les Auteurs , tels quAventin , lib. y. Anal. Bojorum ; Pur- chas dans fon pèlerinage , pag. 416. fol. Lond. 1614 ; & d'une troupe de Cavaliers Efpagnols rapportée par Jofeph d'AcoJla , lib. J. c. g. Le curieux Dr. Béale , ajoute maintenant à tout cela , l'obfervation d'une pierre tirée de la matrice d'une femme de fon voifinage , près de Trent , dans la Comté de Somerfet, par une incifion, dont elle a été parfaitement bien gué- rie ; quoiqu'elle eût porté cette pierre pendant 8 ou 9 ans , avec de grandes douleurs. L'opération a été faite aux fêtes de Pâque dernières. Il afTure avoir vu la pierre depuis ce tems-là , & l'avoir pefée dans d'excellentes balances. Elle pefoit un peu moins de 4 onces ; mais il croit qu'elle avoit perdu de fon poids primitif, étant extrêmement légère pour fon volume : elle eft blanchâ- tre , legérementeendrée. Peut-être , dit-il , eft-elle femblable à celle dont par- le M. Boy le d'après Scaliger , pag. 528. de fon ejfai fur la folidité , qui aeris contacta , pofleà in gypfeam tùm fpeciem , tùm formitalem concreverat. Elle n'a point d'excavations profondes, fa figure eft un peu ovale , étant plus petite qu'un œuf de poule à l'une de fes extrémités ; tandis qu'à l'autre elle eft plus groflë & plus émouffée qu'un oeuf d'oye. Cette pierre, continuë-t'il, eft deftinée pour le cabinet de la Société Royale, on Académique. 57 on enverra avec elle le témoignage du Chirurgien, qui a fait l'opération , ^*— & celui de quelques autres perfonnesqui y étoient préfentes avec le détail Transaction de la méthode qu'on a fuivie pour tirer cette pierre. Philosovkki Il paroitparce que nous venons de dire, que cet amateur des feiences a eu Ann. i(, quelles font ces efpéces ; & quelle eft la propriété qui les diftingue ? Académique. 59 Qucfïions fur le troïfîcmc article. Transactions 8. Par quel figne connoit-on , ou a-t'on coutume de conje&urer qu'il y Philosopha. a une mine en tel endroit ? Ann. 1666. 9. Ces figues font fur la furface de la terre, ou au-deffous. On peut faire les N°. 1 9. queftions fuivantes fur les fignes de la première efpéce. 10. Si les écoulemens métalliques ou minéraux rendent la terre ftérile. 1 1 . Si on obferve que les arbres & les autres grandes plantes , ayent leur tête brûlée, ou li leurs feuilles perdent leur couleur : ou fi on y trouve quel- ques-unes des plantes , qui croiffenr ordinairement fur les mines de cette ef-- péce , Se fi on a éprouvé que les autres plantes , qui viennent aux environs , n'y puiffent pas croître. 12. Si les pierres ou les cailloux qu'on trouve dans les rivières , les ruif- feaux , les fontaines , &c. font enduits de quelque fubftance colorée , & s'ils le font, de quelle couleur, de quel poids font ces fubftances ? 13. Si les eaux qu'on y trouve , découvrent par leur goût , leur odeur , leur poids , &c. qu'elles contiennent des minéraux. Et fi elles le font , quels font les minéraux , qu'elles & leurs réfidus , lorfqu'on les a faites évaporer , paroiffent contenir ? 14. Si la neige & la gelée ne peuvent pas durer ; ou fi la rofée ne tom- be pas , ou ne peut relier fur la terre auiïi long-tems dans le lieu propofé , qu'aux environs. 1 f. Si la rofée qui tombe fur la terre , teint les toiles , ou les étoffes de laine blanche , qu'on y expofe la nuit pour la recevoir. Et fi la pluie qui y tombe, & qu'on peut fuppofer venir d'ailleurs , teint ces étoffes , ou contient quelque réfidu de nature minérale. 16. Si le lieu elt plus fujet au tonnerre, aux orages, ou auxtremblemens de terre , aux lumières nocturnes , ou aux météores ignés. 17. Si les exhalaifons qui s'élèvent déterre , contiennent quelque miné- ral , qu'y obferve-t'on ? quel' minéral indiquent-elles ? & quel eft celui qu'on peut fuppofer les produire ? 18. Si on s'eft fervi de la baguette divinatoire , pour trouver les veines de la mine ; & fi on s'en eft fervi , quel en a été le fuccès ? 1 9. Quels autres fignes trouve-t'on fur la terre , qui indiquent les mines , &: qui guident lorfqu'on veut fuivre leurs veines fur les montagnes , les val- lées , les lacs , les rivières , è\:c. Les fignes de la féconde efpéce font , 20. S'il y a quelque argille , marne ou autres terres minérales , quelque matière jaune ou liquide , qui indique ordinairement une mine ; & s'il y en a de plus d'une efpéce , à quelle profondeur trouve-t'on ordinairement cha- cune d'elles? quelle elt leur épaiffeur , Se leur confiltence ? & dans quel or- dre les trouve-t'on ? 21. Si l'on trouve quelques pierres, ou quelque marcaiîïte,près de la fur- face de la terre , ou à une petite profondeur, qui donne lieu de foupçonner une mine ; comme on l'obferve fouvent dans les mines de Cornwall , où l'on trouve des pierres de cette efpéce fur la terre. 22. Si toutes les pierres de cette efpéce, indiquent également une telle mi- H2 6o Collection 1 i—~ ne ; & fi elles ne le font pas , comment peut-on connoître les pierres , qui Transactions l'indiquent ? Eft-ce à leur couleur , leur groffeur , leur figure , leur poids , Philosoi>hiq. la profondeur à laquelle on les trouve fous terre , &c. Ann. 1666. 23' S'il y a quelque terre d'une efpéce particulière , par fa couleur , fa f\J°, ig. confiftence , &c. qui indique une mine ; & s'il y en a , quelle eft-elle ? Et qif eft-ce qui l'accompagne ? 24. Quelle chaleur ou quelle exhalaifon annoncent la proximité d'une mine. i Ou fi elle finit à quelqu efpéce de rocher ou de terre , qui la termine ou la ferme , Tans laifTer aucune fêlure ou crevaffe. Si l'extrémité de la veine eft dirigée vers le haut ou le bas , on fi elle eft horizontale , s'il y a quelque ef- péce particulière de pierre ou de terre , qui fcella pour ainli dire , l'extré- mité de la veine. 61. Si l'on a obfervé que la mine puiffe produire, après un certain tems,de l'argent ou de l'or , quelle n'auroit pas produit , ou une plus grande quan- tité qu'elle n'en auroit produit , fi elle n'eût pas été fi meure. Si la veine mé- tallique croit , de manière que quelque partie de la mine produife de la mine ou du métal après un certain tems , qu'elle n'auroit pas donné auparavant. Et fi l'air eftnéceflaire à cette maturation , ou s'il l'accélère. 62. Si toute la mine eft de la même nature , & du même degré de bon- té ; fi elle ne Teft pas , quelles en font les différentes efpéces ? Comment les diftinguer , & les eftimer ? 63. Quelle eft la fineffe & la bonté de la mine , qui la fait eftimer ? Quelles font les marques & les caractères , par où on les diftingue les unes des autres ? 64. Quelle eft la proportion du métal qu'elle produit ? On a obfervé dans nos mines de fer , qu'environ trois tonneaux de mine produifoient un tonneau de métal : & j'ai un morceau de mine de plomb , qu'une perfonne capable d'en juger , à qui je la fis eftayer , me dit produire trois parties d'excellent plomb , fur une de fcorie. 65. Si la mine eft feule de fon efpéce,fans aucun mélange d'autres métaux; &li elle ne l'eftpas , quels font les métaux , aufquels elle eft mêlée ? Quelle eft leur proportion ? Ce qu'on doit fur-tout remarquer , fuppofé que ce foit une mine de quelque métal vil , qui donne un métal plus précieux. Je fçai qu'on a obfervé que la mine de plomb , qui n'eft pas riche en fon métal , donne beaucoup plus d'argent qu'une autre qui feroit plus riche : & je me fouviens que la riche mine de plomb , dont je viens de parler , ne donna pas un atome d'argent dans la coupelle. Mathefius nous apprend , qu'on trouve fouvent un peu d'or dans les mines de fer , & j'ai un morceau d'or qui n'a ja- mais éprouvé ie feu , trouvé dans un morceau de mine d'étain. Quejlions fur le fixïemt article. 66. Quelle eft la Méchanique & les opérations qu'on employé pour fé- parer la mine , des corps hétérogènes , & la préparer à la fulion ? Comme de la battre , de la broyer , de la laver , &c. ou fi la mine n'a pas befoin de ces préparations ; comme il arrive fouvent aux mines de plomb , & quelque- fois aux mines de fer. 67. Si l'on fe fert de mercure , pour féparer les métaux précieux des au- tres ; comme c'eft l'ufage au Pérou & dans le refte des Indes Occidentales. <$4 Collection «-' — — - 68. Si on laide pendant long-tems,la mine expofée à l'air & à la pluie,com- Transactions me je l'ai vu faire à la mine de fer. PHiLosorHiQ. 69- Si l'on brûle la mine , & fi on la bat, avant de la mettre dans les four- Ann. 1666. neaux; comme on le pratique pour le fer, & quelquefois pour le cuivre. Et J^o# IQ# fi on le fait plus d'une fois , combien de fois le fait-on ? Car en quelques endroits , on lave la mine de cuivre 8 ou 10 , en d'autres 1 2 &C 14 , & avec quelles circonftances ? Combien dure chaque fois l'ignition ? Si on laifte re- froidir la mine d'elle-même , ou fi on l'éteint , fi on la lave après chaque jgnition. 70. Quels flux employe-f on, pour eflayer la mine en petit , & en recon- noître le degré de bonté. 71. Si on le fert pour fondre la mine en grand de quelques flux-, ou ad- ditions , ou feulement de la force du feu ; ou fi on prend un parti moyen. Les charbons de bois, qu'on jette dans la mine en fufion, fervent non-feulement à entretenir le feu, mais encore peut-être à avancer la fufion, par l'alkalide leurs cendres , il en eft de même de la chaux , Sec. 72. De quelle efpéce de fourneaux fe fert-on pour fondre la mine ? Sont- ils tous de la même efpéce , de la même grandeur , y en a-fil de différen- tes efpéces ? 73. Quelles font les dimenfions , la matière , la ftru&ure , la figure, la grandeur ; en un mot , quelle eft la ftructure & la compofition du fourneau ? A-fil quelque choie de particulier & de remarquable ? De quels inftrumens fe fert-on dans la fufion , leur figure , leur ufage , &c. Et quelle eft la Mé- chanique de l'opération en entier ? 74. Avec quelle matière entretient-on le feu ? Quelle eft la quantité qu'on en employé dans un jour , une femaine ? Combien en met-on à la fois ? Le renouvelle-f on fouvent ? Et combien de mine a-f on coutume de réduire en métal dans l'efpace d'un jour , ou d'une femaine ? 75. Suppofé qu'on ajoute quelque chofe à la mine , qu'eft-ce qu'on lui ajoute, & en quelle proportion avec la mine ? Le mêle-on avec la mine avant de la mettre au feu ; ou bien le jette-f on dedans lorfqu'elle y eft , & dans ce cas en quel tems l'y jette-f on? 78. Employe-f on pour fondre la mine, le vent produit par le feu lui mê- me , comme dans les fours à vent ? Ou par un courant d'eau ? Ou excité avec des foufflets ? Dans ce dernier cas , eft-ce une roué , qu'une chute ou un cou- rant d'eau font mouvoir , qui met les foufflets en jeu ? Quelles font les fitua- tions , les dimenfions des foufflets , &c. 79. De quoi fe fert-on pour retirer le métal en fufion & le mettre en bar- res , ou en Saumons , &c. 80. Quelle eft l'efpéce d'argille , de fable , ou de terre au travers duquel on fait pafler la mine ? Et comment la refroidit-on ? 81. Mêle-fon pour faciliter la fufion , ou avoir de meilleur métal , diffé- rentes efpéces de mine du même métal ? comme on a coutume en quelques endroits de combiner une mine riche , avec une autre qui ne l'eft pas ; &c à Jtlmdip on mêle deux ou plufieurs de ces efpéces de mine de plomb , qu'on y appelle , Frim-ore , Std-ore , Potern-ore , &c. 82. Si lorfqu'une fois on a mis la mine en fufion , on fond tout le métal pour Académique. (,<$ pour l'avoir plus pur ? Et fi on le fond, comment fe fait cette fufion. ■— ■■ 83. S'il y a quelque figne pour connoitre , fi la fufion a été bien ou mal Transactions faite , & fi le métal qu'on en retire , a toures les perfections qu'on dcvoit at- Philosophie. tendre d'une telle mine , fondue clans de tels fourneaux. Ann. 1666. 84. Si on obferve une grande différence dans la bonté du métal , qui eft XT0 fondu le premier , d'avec celui qui coule cnfuite dans la même , ou dans une autre opération. Et quelle régie fuit-il conftamment ? Car quoiqu'on obfer- ve dans les mines d'étain , que le meilleur métal coule le premier ; cepen- dant un de mes amis m'apprend , que dans (es fourneaux , le dernier eft le meilleur. 85. Si le métal qui en provient , eft tout de la même bonté ; & s'il l'eft , eft-il meilleur que celui des autres mines , ou des autres parties de la mê- me mine ou veine ? Mais s'il ne l'eft pas , quelle différence trouve t'on entre les différentes portions de ce métal ? Et à combien fe monte cette différence pour le prix ? 86. S'il y a quelque moyen de les diftinguer , & d'eftimer fa bonté ? 87. Si l'on fait quelque chofe au métal , après la première fufion, & s'il eft néceffaire de le fondre de nouveau , pour le perfectionner ; comme lorf- qne le fer eft raffiné & converti en acier. De quels fourneaux , & de quels moyens fe fert-on pour donner ce degré de perfection au métal î II eft né- ceffaire de décrire ces fourneaux , ces moyens , & les inftrumens dont on fe fert dans les différentes circonftances , pour le rafinage des métaux. 88. Ne s'élève fil pas pendant la fufion quelques corpulentes , qui s'at- tachent au haut des fourneaux ck des bâtimens ? Et s'il s'en élevé , font-ce fîmplement des exhalaifons fuligineules &c récrémenteufes , ou , au moins en partie , des fleurs métalliques ? Dans les mines d'étain de Cornouailles , on a coutume de défaire , au bout de quelques années , les chaumières, où on le fond , pour avoir la matière qui s'attache à l'intérieur des voûtes , dont on tire beaucoup d'excellent étain. 89. Si le métal une fois fondu donne des récrémens , comme la mine de fer , qui donne beaucoup de matière noire vitrifiée ou de Scorie ; & s'il en fournit, de quelle efpéce font- ils ? Comment les fépare-t'on du métal ? Et à quel ufage les fait-on fervir ? 90. Si lorfqu'une fois le métal eft fondu , le réfidu de la mine expofé à l'air , s'imprègne dans la fuite des tems , ou meurit , de ficon qu'elle fou rniffe d'autre métal ; On m'a affuré cela de la mine d'étain de Cornouailles. Et ce qui a refté après la fufion de la mine de fer', dans la Forêt de Dean , eft fi riche en métal , qu'un de mes Fermiers en Irlande , quoiqu'il ait une m'ne de fer dans la terre qu'il tient de moi , a trouvé qu'il y avoit moins de pro- fit à la travailler , qu'à envoyer chercher au-delà de la mer dans la Forêt de Dean , cette vieille mine , qui , ayant été abandonnée pendant plufieurs fié- cles , depuis qu'elle a été jettée par grands tas expofés a l'air , contient félon lui, une très-grande quantité de très-bon fer. Quoique je doute fi l'on doit at- tribuer cela entièrement à l'air , &C à la longueur du tems , plutôt qu'au mé- tal, qu'on aura laiffé anciennement dans les Scories , dans un tems, où les grands fourneaux n'étoient pas en ufage. Tome I. IL Partie, I 66 Collection Quejlions diverfes fur les mines , par le même Auteur. Transactions Philosophiq. I. Si le territoire qui fournit la mine, ne contient pas quelqu'autre efpéce Ann. 1666. ^e minéral , dans quelque quartier diftinct ; comme dans le Comté de Kent N°. I o. Pr^s c'e Tumbridgt : une partie du pays, qui contient beaucoup de montagnes, abonde par-tout en mines de fer ; l'autre partie qui a auffi des montagnes , & qui n'eft féparée de la première que par une petite vallée, eft pleine , ( ainfî que me l'ont dit les foffoyeurs & les habitans , ) de carrières , dont la pre- mière eft entièrement dépourvue ; mais ne contient pas une feule mine de fer. De même à Mendip , je vis d'un côté de la montagne , une grande quan- tité de mines de plomb contenant plulieurs eipéces de mines de ce métal ; je trouvai de l'autre côté des mines de charbon , qui contenoient quelques marcaffites , mais point de métal , & d'un côté de la mine de fer , & diver- fes autres mines qu'on ne croit pas encore propres à être travaillées. 2. Si l'air paroit réellement froid en Été & chaud en Hiver , au fond des mines 2 mais il faut s'en affurer autrement que par le tact. 3. Si on a jamais trouvé quelques endroits particuliers échauffés , ou quel- ques pierres extrêmement chaudes , comme le rapporte Mathefus. Et fi cela ne vient pas de l'extin&ion des marcaffites. 4. Si Ton trouve dans les mines quelques congélations minérales , com- me ce que les Naturalistes Allemans appellent Ghurr ; & fi dans la fuite des tems , cela ne peut pas fe durcir en métal , ou en une concrétion minérale. y. Quelles font les loix , les conftitutions ceconomiques , politiques , & morales en ufage parmi les mineurs 5 7. Si l'on obferve que non-feulement les feuilles des arbres , qui croif- fent fur les mines , ou auprès , foient argentées , ou dorées par les exhalai- fons minérales , qui montent fans ceffe ; mais encore fi les arbres , ou les plan- tes y font plus folides , &c plus pefantes. Et fi on ne trouve point auffi dans les pores , ou petites cavités de leur fubftance , quelques molécules fenfibles de métal, ou quelque concrétion minérale. 8. S'il n'y a pas auprès des mines , des fources & de grands ruifleaux , qui coulent toujours fous terre, fans paroître jamais au-deffus. 9. Si les fources foiiterreines coulent à certains vents, ou a un changement déterminé du tems. 10. De combien Tatmofphére elr-elle plus pefante au fonds de la mine , qu'à l'entrée ? Et fi les vapeurs en augmentent confidérablement le poids. 11. Si l'on trouve quelques fubftances étrangères dans la mine, comme des vaiffeaux , des ancres , des poiffions renfermés dans du Spar , du mé- tal , &c. rsjfr-*» ACADÉMIQUE. 67 QUESTIONS DIVERSES PRINCIPALEMENT SUR LE FROID, p**"^^1" envoyées à M. Hiulïus : & Rcponfe de M. Huelius à quelques-unes de ces ,,, n-„c ,n 7 Ann. 1666. quefions. (A) N^ t. /^\Uelle eft la manière dont on fait la potafle en Pologne ? ART. III- 2. V^/ Quelles font les obfervations qu'on a faites fur le fuccin ou ambre ? Ert-ce une exudation de la mer ? Le voit-on flotter fur fa furface ? Eft-il mou, lorfque la mer le jette fur le rivage ? En quelle faifon de l'année , & de quelle manière le ramafle-fon 3 3. Qu'obferve-r'on, en creufant les minesdefel Gemme enPologne? Quel- le eft leur profondeur ? A quelle diftance font-elles de la mer , &c. 4. Eft-il vrai qu'on trouve pendant l'Hiver les hirondelles enfevelies fous la glace , & qu'elles fe raniment , ft on les tient devant le feu î 5. Y a-t'ildans legolphe de Bothnie, un tournant d'eau, comme celui qu'on dit être dans la mer de Norvège appelle Maal-Storm , & y a-fil quelque fi- gne , qui découvre une communication fouterreine , de l'un de ces golphes à l'autre , comme l'allure le P. Klrcher dans l'on Mundus fuburrancus , tom. I. pag. I46 ? 6- A quelle profondeur le froid pénétre-fil la terre ou l'eau dans ce pays ? 7. Le froid y retarde-filles montres ? 8. L'huile y devient-elle dure & caftante, comme la glace, lorfque le froid eft le plus confidérable ? 9. Les fortes faumures de fel gris , les décodions de fel gemme , ou les fortes diflblutions de fel de tartre, ou de fucre de faturne s'y glacent-elles. 10. Le fang pur s'y congèle-fil après que toutes les parties féreufes e.i font féparées ? Le vin des Canaries , les leftives de favon & les diflblutions d'autres fels fe glacent-ils ": Comme aufli les efprits qu'on tire des différens fels , celui de vitriol , de nitre , &c. 1 1. Un froid vif & long caufe-f il quelque altération au mercure, lorfqu'on l'y expofe dans un vaifleau , dans lequel il ait peu d'épaiffeur. 1 1. L'action des purgatifs eft-elle augmentée , diminuée , ou entièrement détruite par les grands froids. 13. La corne de cerf dégelée & les autres fubftances de la même nature donnent-elles , lorfqu'on les difhlle nar les mêmes procédés, une quantité de liqueur égale à celle qu'elles fourniflent lorsqu'elles n'ont pas été gelées ? 14. Quel effet produit le froid dans la fermentation des liqueurs ? 15. Lesoifeaux & les bêtes fauvages deviennent ils blancs l'Hiver, & re- prennent-ils leurs couleurs naturelles l'Eté ? 16. Un froid violent rend-il les couleurs plus foncées ; par exemple une forte décoction de cochenille ? 17. Change fil la vertu électrique de l'ambre, & la force attractive & di- rective de l'aimant ? 18. Rend- il caftant le fer & l'acier , même lorfqu'il eft épais , de forte qtie les ouvriers l'oient obi gés de donner une trempe moins forte à leurs outil» de fer &c d'acier. 12 68 Coueciion ^mmmmm -ssgg 19. S'eft-on afluré par des obfervations exadîes, que tous les poiflbns meu- Transactions renr, fi l'on ne rompt pas la glace ? Il faut obferver avec foin, fi c'eft le froid, Philosophiq. ]e défaut de renouvellement de l'eau , ou la privation de l'air , qui tuë les •Ann. 1666. poiflbns. N°. 19. 20. Des Médecins, ou des Anatomiftes ont-ils eflayé de faire mourir de froid quelques animaux , comme des lapins , des poulets , des chiens, des chats? De quelle manière le grand froid tuë-t'il les hommes ? A-t'on trouvé de la glace dans quelques-unes de leurs parties intérieures ? Et dans quelles ? Eft-ee dans les ventricules du cerveau ou du cœur? Eft-ce dans les gros vaifleaux ! Réponfe de M. Huelius. J'ai fait part à plufieurs de mes amis, des queftions, que vous m'avés pro- pofées ; je n'ai encore reçu de réponfe que fur quelques-unes. Vous trou- vères, entr'autres chofes , une lettredu Sçavant Jean Scheffer, Profefleuren l'Univeriité d'Upfal , où il traite de plufieurs chofes , fur lefquelles il eft très- difpofé à entretenir un commerce avec vous. Je penfe a peu-près comme lui , au fujet de l'ambre. Je crois que c'eft une efpéce de poix , ou de bitume fof- file , puifqu'on en trouve non-feu!ement fur les côtes de la mer de Prufle ; mais encore à quelques milles de la mer, dans des terres fortes, comme dans des fables ; j'en ai un très-gros morceau de cette efpéce. J'ai fouvent entendu des pêcheurs affurer , qu'ils avoienr péché des hiron- delles dans des Lacs , pendant l'Hiver ; mais je ne l'ai jamais vu. Je reçois en ce moment des lettres de Dannemarc , qui m'apprennent que Thomas &C Erafme Bartholin s'apprêtent à répondre à vos queftions. Je me propofe de faire cet Hiver un voyage à Honisberg , où j'efpére apprendre quelque chofe au fujet de l'ambre. Extrait d'une Lettre de M. Jean Scheffer fur le même fujet. 1. Il penfe que l'ambre eft une efpéce de poix fofîile , dont les veines font au fond de la mer , qu'il fe durcit avec le rems , & que le mouvement de la mer la jette fur le rivage. Il ajoute qu'on avoit cru jufqu'à préfenr , qu'on n'en trouvoit qu'en Prufle ; mais il afïiire qu'on en trouve auffi en Sué- de , fur les côtes de l'Ifle de Biorkoo, dans le Lac Mèlero , qui eft un Lac, dont les eaux font douces. Ii dit qu'il en a un morceau large & épais de deux pou- ces , qui lui a été donné par une perfonne , qui l'avoit ramaffé elle-même avec plufieurs autres morceaux, fur les côtes de cette Ifîe , affurant qu'un Pa- fteur lui dit qu'il y avoit été jette par un coup de vent. 2. Qu'il eft certain que vers l'Automne , les hirondelles fe plongent dans les Lacs , comme des grenouilles , chofe dont plufieurs perfonnes l'ont affu- ré ; qu'il en a vu prendre dans des filets avec du poiflbn , & qu'on les faifoit revenir en les mettant devant le feu. 3. Qu'il eft vrai aufli , que plufieurs animaux deviennent blancs en Hiver , & qu'ils reprennent leur couleur naturelle en Été : qu'il l'a vu lui-même , & qu'il avoit des lapins , qui étoient au commencement de l'Hiver & du Prin- tems, moitié blancs , moitié de leur couleur naturelle; qu'il n'en a jamais vu que de blancs au milieu de l'Hiver. Que les renards font blancs dans la même faifon , & les écureuils gris mêlé de blanc étoient noirs. / Académique. 5p 4. Qu'on fçait en général , que les poiffons meurent , fi l'on ne rompt pas — 1 la glace; mais plutôt dans les étangs ou les petits lacs, enfuite dans les lacs, Transactions dont la glace eft épaiffe;carlorfqu'elleefl: mince les poiflbns y renflent; enfin Philosophie. que , lorfquele fond eft d'une terre graffe ou argilleufe , ils ne meurent pas Ann. 1666. fitôt que dans les autres. Mais il ajoute que dans les grands Lacs , la glace NQ. 10. fe caffe ordinairement dans les plus grands froids , foit par la force des va- gues, ou par l'effort des vapeurs renfermées, que leur agitation fait élever, ci: qui éclatent alors avec impétuofité. lia été témoin du bruit qu'elle fait en fe rompant , le long de ces Lacs ; & il affure qu'il n'eft pas moins terrible , que celui de plufieurs canons qu'on tireroit à la fois ; ce qui fait qu'il arrive rarement, qu'on trouve du poiffon mort dans ces Lacs. 5. Que l'huile , ni une forte faumure de fel gris ne fe glacent pas à Upfal. 6. Que le froid pénétre dans la terre , de deux coudées , ou de deux aul- nes de Suéde ; que l'humidité qui s'y trouve , eft blanche & femblable à de la glace. Que l'eau, lorfqu'elle ne coule pas , fe glace jufqu'à trois aulnes ou plus ; que celle qui coule , ne fe glace pas fi facilement ; que les rivières ra- pides ne fe gèlent point du tout , ni les fontaines qui jailliffent de terre ; que même ces dernières paroiflent plus chaudes en Hiver qu'en Été. On lit ce qui fuit , dans une Lettre de M. le Febre , premier Secrétaire de M. le Prince Raty.vil. 1. Que le Collège des Sçavans de Pruffe ne trouve pas fi aifé de réfou- dre toutes les queftions envoyées d'Angleterre à M. Huelius , mais que ce- pendant ils feront à cet égard , tout ce qui dépendra d'eux. 2. Que par rapport aux effets du froid,il peut affurer d'après fon expérien- ce , que , pendant la guerre de 1661;. contre les Mofcovites & les Cojaques , ils éprouvèrent un fi grand froid dans la Ruffie Blanche , pendant le mois de Janvier, au Siège de Bichow à 30 lieues de Smolensko , à 3 de Moihilo , près du Borifthene , que toutes leurs provifions de vin d'Efpagne & de bière fe glacèrent dans une nuit fur les traineaux.au Village d'Iskau,oh ils étoient en quartier , quoiqu'on les eût couverts de paille. De forte que le lendemain ils trouvèrent ces liqueurs toutes gelées , & qu'ils furent obligés de les porter dans une étuve pour les dégeler , ce qu'ils ne purent pas faire en deux jours ; ils furent forcés de rompre les vaiffeaux , &de mettre cette olace en pièce dans des chaudières , pour la dégeler fur le feu. Ils ne demandaient pas à boire , mais un morceau de vin , ou de bière. Leurs chevaux ne fu- rent pas mieux traités qu'eux , l'étang du village étant gelé de façon qu'il nereftoit qu'un peu d'eau entre la glace & le fond de l'étang; ce qui obli affure dans fa lettre, avoir examiné ce fait par lui-même, & qu'on peut le regarder comme très-certain. Jofeph Shut clerc, de Mary , près de Plymouth , dans le Comté de Devon âgé de 81 ans, d'une bonne conftirution & d'un tempéramment très-fain , ayant perdu fes dents molaires postérieures , fentit un jour quelque chofe qui le gênoit au fond de la bouche ; & il fe trouva que c'étoit une nouvelle dent qui venoit de lui percer , la troiiîème des molaires à la mâchoire fupé- rieure du côté droit, & cette dent eu très-ferme dans fa fituation. Marie Stert de Beneclijfe , auiîi près de Plymouth dans le Comté de Devon y âgée d'environ 75 ans , en très-bonne faute , ayant eu neuf enfans , perdit à l'âge de 40 ans trois de fes incifives fupérieures , l'autre ayant été arrachée , & relia privée de ces dents pendant 25 ans. Mais enfuite elle s'apperçur qu'il lui venoit une nouvelle dent , fans aucune douleur , près les canines du côté Académique. 77 gauche. Deux ans après il lui perça une autre dent fans douleur, à côté de ■■ la précédente. La première de ces dents n'avoit que la moitié de la longueur Transactions des incifives ordinaires , & l'autre perçoit à peine la peau. Ces deux dents Philosophie. lui lérvoient cependant beaucoup , mais il y a environ fix femaines que pen- * ••• . j r 1 j • ». •. •• 1 •' 1 • 1 1 r 1 Ann. 1666. dantun de les repas , la dent qui etoit venue la première , lui tomba dans la x,0 bouche, quoiqu'elle ne mangeât alors rien de dur , (ans qu'elle en relTentit ' la moindre douleur. L'autre tient encore très-ferme , & lui eft. fort utile. Pour conftater la vérité de cette obfervation , non-feulement lefdits Jofeph Shue & Marie Sure y ont mis leur nom le 3 & le 7 Janvier 1666 , mais en- core le Chevalier Guillaume Suode & M. CoUpnjft , ont figné avec eux. 22. Art. I. N°. 22. EXPÉRIENCES PROPOSÉES PAR M. BOYLL AU Dr, LOtTER pour pcrficlionncr la Transfufion du fang. (A ) LEs queftions fuivantes , qui ont été écrites depuis long-tems, ont été lues, Vo il y a un mois , à la Société Royale , &C elles paroiffent maintenant con- tre l'intention de l'Auteur , à la prière de quelques perfonnes , & fur-tout de celui à qui elles ont été adreffées , qui etl perfuadé qu'elles exciteront les Sçavans à l'aider dans une matière, qui demande de grands fecours. L'Au- teur déclara , lorfqu'il en fit la lecture , que , quoiqu'il y eût plufieurs de ces queltions dont il oferoit prédire la folution , il ne croyoit pas cependant qu'on dût négliger les expériences , parce que les lumières , qu'elles pourroient nous donner, feroient allez importantes , pour dédommager de la peine qu'el- les occafionneroient, foit qu'elles prouvent l'affirmative , ou la négative de la quefiion propofée ; en nous mettant a portée de la décider fur des fonde- mens plus furs. Et il étend cet avertiffement pour les autres expériences , qu'il a propofées jufqu'ici. Quejtions. 1. Si la transfufion change beaucoup la difpofition des individus de la mê- me eCpéce. Comme par exemple , fi un chien hardi & courageux devien- drait lâche , en lui faifant recevoir le fang d'un chien foible&c timide, Se réciproquement. 2. Si un chien qu'on vient de détacher après avoir faitpalTer dans fes vaif- feauxun fang étranger, connoit fon maitre , le flatte , & fait ce qu'il avoit coutume de faire auparavant , & s'il le fait auiïi-bien qu'avant l'opération. 3. Si la transfufion ne détruit , ou du moins ne diminue pas confidérable- ment ce qu'un chien peut avoir de particulier. Par exemple fi le fang d'un m.itin ne détruit pas l'odorat d'un limier , ou d'un épagneul. 4. Si les habitudes ne font pas détruites ou diminuées par cette expérience, comme fi un chien à qui on aura appris quelque tour d'adre(Te,à plonger com- me les canards , ou à arrêter , ne le gâte pas par la fréquente transtulion du fang d'un chien à qui on n'a pas appris ces choies. 78 Collection - . = ■; . Si l'on obferve quelques ch:ingemens dans le poulx , les urines , ou les Transactions autres excrémens de l'animal , fut lequel on fait cette opération , ou dans I'hilosophiq. la quantité de Ton infaillible transpiration. Ann 1666 ^' ^' lm cn'en vorace perdroit plutôt ion appétit en lui faiiant recevoir N° 11 ' Ie 'ang d'un autre chien , qui viendroit de bien manger , de forte que l'on fang abondât en chyle , que li ce fécond chien étoit à jeun , & jufques où le chyle garderoit-il la nature dans les veines du chien , qui auroit reçu ce fang? 7. Si on ne pourrait pas l'aire vivre long-rems un chien en injectant dans les veines du chyle récemment tiré du rélervoir d'un autre chien. 8. Si on ne pourrait pas guérir un chien attaqué de quelque maladie cail- lée par un vice dans le l'ang , en l'échangeant pour celui d'un chien , qui fe- rait en bonne lanté. Et fi le fang d'un chien malade , mais qui ne ferait ce- pendant pas infeclé , ne donnerait pas la même maladie à un chien , qui le porterait bien. 9. Que produirait la transfiifion fréquente du fang d'un jeune chien dans un vieux , quant à la vivacité; A l'engourdiffement? A raflbupifienaent? A la délicateffe î &c. & réciproquement. 10. Si un petit chien deviendrait plus gros que ceux de fon efpéce , en lui faiiant recevoir le fang d'un jeune chien d'une plus greffe efpéce. 11. Si l'on ne peut pas injecter quelque liqueur médicinale avec le fang. &: fi cela le peut , y a-t'il quelque différence confidérable entre les fécrétions qui fe font en cette occafion & celles qui fe feraient , fuppoié qu'on eût injecté ces liqueurs avec quelqu'autre véhicule , ou feules , ou qu'on les eût fait prendre par la bouche. 12. Si un chien feroit purgé , en lui faifant recevoir le fang d'un autre chien , à qui on auroit fait prendre une purgation quelque-tems avant l'opé- ration ; Et comment le feroit-il î On peut beaucoup varier cette expérience. 13. Si cette expérience réiiffiroit en faifant paffer le fang cTun animal dans les vaiffeaux d'un autre d'une efpéce différente ; comme le fang d'un veau dans un chien ; & celui d'un animal froid comme un poiffon , une grenouil- le , une tortue , dans un animal chaud , &c. & réciproquement. 14. Si cette opération fouvent répétée changeroit le poil , ou les plumes de l'animal , qui reçoit le fang , & leur donneroit la couleur de ceux de l'a- nimal , qui le fournirait. 1 5. Si en pratiquant fouvent fur un même chien la transfiifion du fang de quelque animal d'une autre efpéce ; elle produirait quelque chofede plus, ou qui tendrait un peu au changement d'efpéce , au moins dans les animaux d'ef- péces plus approchantes : comme les épagneuls , les chiens couchans , les lévriers d'Irlande , & les lévriers ordinaires. 16. Si l'opération ne pourrait pas fe pratiquer fur des chiennes pleines , au moins dans un certain tems de leur portée ; & quel effet elle produirait fur les petits ? Le même Auteur propofe encore quelques autres queftions fur ce que pefe l'animal , dont on tire le fang, avant l'opération, déduction faite de la trans- piration & des autres excrémens, s'il en rend quelques-uns, afin de voir com- bien le fang perd en effet. Il y en a auffi , qui ne peuvent convenir qu'à des Médecins, & que nous avons obmifes pour cela. Académique. 79 EXTRAIT D'UNE LETTRE DE M. NATHANAEL FAIRFAX , Transactions contenant des Vb eryations ur quelques infectes , Cr ur leur venin. (A) ,,, J j i 1 j ■> j y j Ann l66£_ L'Auteur de cette lettre témoigne un très-grand zèle pour les progrès de 12.' 'la Philofophie naturelle , ouvrage commencé par l'illufire Chancelier de ART. IV . l'erulam, & continué par les foins réunis de la Société Royale : il offre d'y contribuer par fes Obfervations, & il commence à remplir l'es engagemens par confirmer ce que penfe M. Redi Philofophe Italien , que les animaux qu'on croit venimeux , & qui le font en effet , lorfque leur venin eft porté dans une playe , ne font point de mal quand on les avale ; il affure qu'il connoit des gens, qui ont avalé en fa préfence des araignées de l'efpéce la plus vénéneufe , & qui n'en ont pas été plus incommodés que ne le font les poules , les gorges rouges , & autres oifeaux, qui or coutume de les man- ger. Il parle même de quelques perfonnes, qui mangent des crapaux. Il aver- tit cependant , que , quoique en général le crapaud ne foit pas un poifon pour nous , néanmoins il peut envenimer certaines parties extérieures , félon quel- les font plus ou moins agitées ; il en donne une preuve dans l'exemple d'un jeune homme , qui , écrafant un crapaud à coups de pierre , reçut quel- ques gouttes de fon venin fur les lèvres , ce qui les lui fit enfler de 1 epaiffeur de deux pouces ; & comme il négligea d'y apporter remède , il les a tou- jours depuis ce tems-là de la même groifeur. Cette difformité engagea M. Fairfax , à s'informer de ce qui y avoit donné lieu , il apprit ce que nous venons de rapporter. A cette occafion , il nous raconta , qu'ayant un jour regardé une araignée écrafée dans un verre d'eau , il vit l'eau teinte en bleu ; & comme il en témoignoit fa furprife , on lui apprit , qu'en en mettant une douzaine dans l'eau, elles la teignoient prefque en azuré. Ce que nous avens cru devoir rap- porter ici , parce que cette expérience eft fi aifée à faire , qu'elle pourra être répétée lorfque la faifon nous fournira de ces infe&es ; & il ne paroit pas plus incroyable que cet animal donne à l'eau , dans laquelle on le fait intufer , une couleur bleu célefte , qu'il ne l'eft que la cochenille , qui eft un autre infefte, lui communique une belle couleur rouge. 8o Collection Transactions Philosothiq. Ann. 1667. N°. 23. TRANSACTIONS PHILOSOPHIQUES. nawnvMnov Art. IV Année M. D C. L X V I I. N°.23. AIMANT CONSIDÉRABLE TIRÉ DE LA TERRE dans le Comté de D ev on. (A) Art III €~* ^û Aimant fut envoyé dernièrement de ce pays , & préfenté à la So- V_> ciété Royale par l'Archidiacre le Dr. Edouard Cotton , qui y joignit la defcription Clivante. Il pelé foixante livres ; & quoiqu'il ne foutienne pas un grand poids , néanmoins il fait mouvoir une aiguille de neuf pieds de di- ftance. On a aufîi envoyé un morceau , qui en avoit été rompu ; parce que , dit-il , il en augmente la force , lorlqu'on le remet à fa place : car , fans cetre addition , l'aimant ne feroit mouvoir l'aiguille qu'à la diftance de fept pieds. On aura foin de faire des expériences fur la force de cet aimant , armé ou fans armure , en éprouvant les deux pièces jointes enfemble , & fparées. OBSERVATIONS SUR L'AIMANT, & SUR LA BOUSSOLE. (A) UNe perfonne digne de foi nous affura dernièrement , qu'une aiguille de Bouffole ne s'étoit pas fenliblement dérangée dans une mine de fer , qui donnoit vingt-trois livres de métal fur cent vingt livres de mine. Une autre perfonne propofa d'éprouver , û une aiguille aimantée pren- drait une autre direction dans les mines de fer, qui ne font pas dirigées du Nord au Sud , que dans celles , qui ont cette direction. On nous a demandé des pays étrangers , û les BoufToles Angloifes étoient plus parfaites , que celles des autres pays. Des perfonnes inftruites ont ré- pondu , que toute la perfection de nos BoufToles confifte , en ce que leurs aiguilles font aimantées avec de bons aimans , qu'elles (ont bien fufpendués, & que la variation eft bien marquée. Pour perfectionner cet inftrument , il faudrait trouver un moyen de déterminer la variation en minutes & fécondes. On a aufli propofé d'examiner. 1°. Si on ne pourrait pas aimanter une aiguille, de telle forte qu'elle ne fut pas dirigée du Nord au Sud , pour en faire l'expérience dans des lieux , où il n'y eût point de variation connue. 2. Si ACADÉMIQUE. 8l 28. Si différens aîmans donneraient différentes directions , & fi en touchant "^mm ^— — plus ou moins fort le même aimant avec plufieurs aiguilles , on leur donne- Transactions roit des directions différentes. 11 faudrait pour cet effet Ce procurer autant PHiLosormq. de bons aimans , qu'il ferait poifible , & plufieurs aiguilles bien faites , du Ann. 1667. même métal , de la même groffeur , & de la même figure. N°. 23. OBSERVATIONS SUR LES FOURMIS , SUR LEURS ŒUFS j leur production , Itur progrès , leur maturité ; & fur l'ufage , qu'on en peut faire , par le Dr. Edm. King. D. L. S. R. (A) 1. TE n'ai obfervé que trois fortes de fourmis fans ailes , des noires , des Art. VI. J brunes , & d'une troifième efpéce couleur de feuille morte. 2. Chaque efpéce habite dans une fourmilliere fépr rée ; de forte qu'on ne les trouve jamais enfemble ; & fi l'on en met de l'une des deux autres efpé- ces parmi les noires , on voit avec étonnement l'inimitié de ces petits ani- maux , & la violence , avec laquelle celles-ci les faififfent, & les mordent avec leurs pinces, jufqu'à ce qu'elles les ayent tuées ; après quoi elles les em- portent hors de leurs demeures. Mais fi l'on met une fourmi noire dans une fourmilliere de rouges , la noire parait fi étonnée de s'y trouver , que , fans le mêler aux rouges , elle ne longe qu'a fuir, comme fi elle étoit effrayée. 3. On trouve dans les fourmillieres une fubftance blanche , qui reffemble à du fucre en poudre , ou à du fel blanc , mais plus molle & plus tendre : fi l'on en prend gros comme un 'grain de moutarde , & qu'on le mette fur le porte-objet d'un bon microfeope , on voit en l'ouvrant avec la pointe d'une aiguille plufieurs petits corps blancs & tranfparens , renfermés dans des mem- branes diftindes , qui ont chacun la figure d'un petit œuf d'oifeau. J'ai trou- vé cette fubfiance dans les fourmis , & je me perfuade que ce font leurs œufs , ayant obfervé toutes les fois qu'on les découvre , qu'elles les empor- tent avec leur bouche pour les mettre en fureté , & fi on les écarte elles les entaffent de nouveau auffi promptement , qu'il leur eft poffible. 4. J'ai obfervé qu'elles s'affemblent fur ce fray , ( s'il eft permis de nom- mer ainfi cette fubftance , ) & en peu de tems chacun de ces petits corps fe change en un ver de la groffeur d'une mite , qu'on ne voit mouvoir qu'avec peine ; mais bientôt après on apperçoit un foible mouvement de flexion , &c d'extenfion dans leurs membres , & ils commencent à paraître jaunes & velus , ayant la figure des petits vers qu'on trouve dans le fromage ; ils de- viennent fous cette forme prefqu'aulfi gros que les fourmis , ce ont chacun une tache noire. 5. Ils s'enveloppent enfuite d'une membrane blanche , de figure ovale , qui les a fait prendre pour des œufs de fourmi , quoique proprement parler , ils n'en foient pas. 6. Pour prévenir toute erreur, j'ai ouvert plufieurs de ces prétendus œufs, même des plus petits ; ( car il y en a d'aufii gros qu'un grain de froment , & d'autres plus petits qu'un grain de feigle , ) je n'ai trouvé dans quelques- uns que les vers , que je viens de décrire ; dans d'autres j'en ai trouve , qui commençoient.àfe changer en fourmis, en ayant déjà la tête & deux pe- Tome I. II. Partie. L 8z Collection s tites taches jaunes à la place des yeux. J'en ai trouvé d'autres beaucoup plus Transactions avancées , & entièrement changées en fourmis , mais encore tout blancs ex- Philosophiq. cepté les yeux , qui font alors très-noirs. Ann. 1667. 7" Jenai jamais pu découvrir le moindre mouvement dans aucune partie \Je 2i de ces Peti{s animaux , que quelque tems après qu'elles avoient pris cette figure. La raifon en eft peut-être , qu'alors leurs fibres font trop foibles ; car lorfqu' elles commencent à brunir , elles ont affez de force pour remuer tous leurs membres. 8. Enfin j'ai trouvé dans quelques-uns de ces œufs prétendus , des fourmis parfaites , qui fe font miles à marcher parmi les autres , dont elles ne diffé- roient que par la foibleflé de leurs mouvemens ; preuve certaine que cette membrane ne fert qu'à couvrir la mite , pendant qu'elle fe transforme en fourmi , & jufqu'à ce qu'elle foit en état de pourvoir à fa fubfiftance. 9. Je fuppofe que la tache noire , qui eft au bout de chacun de ces pré- tendus œufs, difparoît dans la métamorphofe du petit ver ; car lorfqiùl eft entièrement transformé en fourmi , on ne l'apperçoit plus , & la fourmi eft toute blanche ; d'ailleurs cette tache eft toujours à l'anus de la fourmi , qui eft dans l'enveloppe. 10. Quant au foin , que ces infectes prennent de leur ponte depuis lefray, jufqu'à ce qu'il foit changé en ce qu'on appelle ordinairement leurs œufs ; rien n'eit plus remarquable que l'empreffement , avec lequel elles les ca- chent , lorfqu'on découvre leur fourmilliere , mettant chaque efpéce en un tas particulier. Si on les mêle , ou les écarte de nouveau , Se qu'on mette au- près quelque morceau d'ardoife ou autre chofe femblable , fous laquelle elles puiflent les porter ; on voit une ou deux heures après , qu'elles y ont tranf- porré les petits vers , & ce qu'on appelle leurs œufs , & quelles les ont pla- cés chacun en un tas particulier , pourvu que le lieu ne refroidiffe pas leurs membres : fi cela arrive elles leur rendent bientôt leurs forces en les appro- chant du feu , & retournent à leur occupation. 1 1. J'ai obfervé que dans l'Eté elles portent tous les matins ce qu'on ap- pelle leurs œufs , au haut de la fourmilliere, où on les trouve depuis dix heures du matin jufqu'à f ou 6 de l'après-midi ; fur-tout à 1 , 2 & 3 heures, & plus tard fi le tems eft chaud , le plus fouvent du côté du midi. Le foir vers les fept ou huit heures s'il fait froid , ou qu'on foit menacé de pluie , on les trouve un pied au-deiïbus. Elles connoiffent fi bien leurs petits , qu'on ne peut pas les tromper en ré- pandant dans l'endroit , où font leurs véritables œufs , du fucre , du fel , ou de la mie de pain rafîîs , elles ne s'y trompent pas & ne prennent jamais rien de tout cela au lieu de leurs petits. 13. Je ne fçaurois paffer fous filence l'ufage qu'on fait des fourmis, pour nourrir les Faiiàndeaux , & les Perdreaux , dont elles font la principale nourriture , foit qu'ils foient apprivoifés ou fauvages , comme le fçavenr très-bien ceux , qui font accoutumés a en élever. Et ce qui fait qu'ils font fi difficiles à élever c'eft , ou qu'on leur donne trop peu de cette nourriture, ou qu'on les fait trop jeûner , ne fçachanf pas qu'auflitôt qu'il eft jour, ils ont coutume d'en chercher pour leur déjeuné , & que s'ils en font privés , ils deviennent en peu de tems foibles & abbatus : le défaut de cette nourriture ACADÉMIQUE. 83 les refroidit même quelquefois tellement , qu'il n'eft pas aifé de les rétablir. — — 14. Mais pour le direen partant, quoique ces infectes foient une excellen- Transactions te nourriture pour ces oifeaux, lorfqu'ils font jeunes , néanmoins s'ils de- I'hilosoi me., viennent malades, ou parce qu'on n'a pas foin de ies tenir propres, 6c de chan- Ann. 1667. ger fouvent leur eau , ou parce qu'on leur donne de mauvaife nourriture Jsj0. j, comme du bled gâté , &c. les fourmis ne fnffifent pas toujours pour les ré- tablir , quelque quantité qu'on leur en donne ; j'ai fouvent été obligé de leur fubltituer d'autres infectes comme des mille-pieds , & des perce-oreilles. On peut en donner de l'une ou de l'autre de ces efpéces avec ruccès , mais il eft mieux de les mêler & de leur en donner deux ou trois fois le jour au moins ; il faut outre cela avoir foin de les tenir proprement, de leur donner du bled frais , de changer leur eau deux fois H jour , de les tenir renfermés jufqu'à ce que la rofée foit diffipée , de les mettre avec un peu de fable dans un lieu expofé au foleil , mais ombragé , & de les retirer avant le coucher du foleil. Ce que j'ai cru devoir rapporter ici en faveur de ceux , qui s'occupent à nourrir des Faifans & des Perdreaux , en ayant perdu beaucoup moi-même avant que j'euflé appris la vertu de ces infectes ; mais depuis ce tems-là il n'en eft mort aucun de ceux que j'ai élevés. N°. 25. TRANSFUSION DU SANG D'UN VEAU DANS UN MOUTON faite par les veines feulement , par M. Edm. King. (B ) JE choifis un veau & un mouton les plus gros que je pus trouver , & après N°. 2f. leur avoir préparé à l'un & à l'autre la veine jugulaire, j'inférai mes tuyaux?, ART. I. félon la méthode ordinaire , dans la jugulaire du veau deftiné à fournir le fang , & dans celle du mouton préparé pour le recevoir. Je tirai alors du mouton 49 onces de fang , avant que le fang du veau n'eût coulé dans fes veines ; mais les perfonnes qui étoient préfentes à cette expérience , ayant obfervé que les forces de l'animal diminuoient conlidérablement , & que le fang ne couloit plus avec la même rapidité , je fermai la veine du mouton ; & ayant ouvert le tuyau que j'avois introduit dans la jugulaire du veau , je reçus dans une écuelle dix onces de fon fang qui s'écoulèrent pendant i'ef- pace d'environ 40 fécondes. Alors j'adaptai le tuyau placé dans la veine du veau , à celui qui étoit introduit dans la jugulaire du mouton , & il s'é- coula fans interruption , pendant l'efpace de 5 minutes , un torrent de fang qui paffa des veines du veau dans celles du mouton , ( peut-être avec moins de vitefle que les premières dix onces que j'avois reçues dans lecuel- 'e: ) Se pour m'affurer que Je cours du fang n'étoit pas interrompu , je com- primois fouvent avec mon doigt, la partie fupérieure de la veine qui fournif- Joit le fang , & par ce moyen je fentois que chaque eompreffion répondoit a la veine qui recevoit le fang , & y faifoit la même impreflïon qu'un batte- ment d artère. Suppofant donc alors que pendant l'efpace de ces 5 minutes , L 1 $4 Collection ■ ■ i i le mouton avoit reçu au moins autant de fang qu'il en avoit perdu , j'arrêtai Transactions le fang qui couloit de la veine du veau , & je fermai la jugulaire du înou- Philosophiq. ton ; je le détachai enfuite , & l'ayant mis en liberté il courut auffitôt dans Ann. 1667. la chambre , & parut beaucoup plus vigoureux qu'il "'étoit avant la perte N°, z< c'e fon propre fang. Mois comme j'avois deffein de faire faigner ce mouton jufqu'à la mort, je l'attachai pour la féconde fois , j'ouvris la partie delà veine par laquelle je voulois que fon fang s'écoulât. Après en avoir perdu environ 60 onces , il tomba en convulfions , &c expira lur la place après en avoir encore perdu 5 . Le boucher l'ayant ouvert & dépouillé , j'en trouvai environ 3 onces dans les parties du corps où il en refte ordinairement après la mort de l'animal. Sa chair étoit très-vermeille & fans aucune altération. Je réfolus aufli de faire faigner le veau jufqu'à la mort ; il perdit 10 on- ces de fon fang , qui coula pendant l'efpace de 5 minutes de plus que les 10 onces que j'avois tiré du mouton , le cours du fang fut interrompu pendant long-tems , & comme il commençoit à fe coaguler pendant cet intervalle, j'ouvris l'artère carotide , il s'écoula auffitôt environ 25 onces de fang d'une couleur beaucoup plus vermeille que celui qui étoit forti de la veine : le veau ayant été préparé par le boucher , il fe trouva aufli peu de fang dans Ion corps que dans celui du mouton , & fa chair étoit plus blanche que lorfqu'on les tuë , félon la méthode ordinaire. EXPÉRIENCE DE LA TRANSFUSION DU SANG D'UN CHIEN galeux dans un chien fain , par M. Tho. Cox. (B) Art II T^ P"s un v'eux cn'en m"'s de taille moyenne , & dont tout le corps étoit J couvert de gale; il avoit bu quelques heures auparavant, une grande quan- tité de lait , & mangé beaucoup de fromage ; je préparai la veine jugulaire de ce chien comme on prépare ordinairement l'artère carotide de l'animal qui fournit le fang. Je lui fis enfuite une ligature au col aufli forte que me le permit la crainte où j'étois de le fuffoqiier ; afin que le fang des veines qui circule bien plus lentement que celui des artères, eût alors tout l'avantage de la viteffe , & fortît des vaiffeaux avec la plus grande rapidité ; je pris alors un jeune épagneul dont la grofleur étoit à peu-près la même que celle du métis , & je lui préparai la veine jugulaire , comme on le fait ordinairement à l'animal deftine à recevoir le fang. Mes deux chiens ainfi préparés, & mis dans la fittiation qu'éxigeoit l'expérience que je voulois faire , je lâchai les nœuds coulans , & en comprimant fouvent avec ma main le col du vieux chien , ( malgré la ligature que j'y avois faite , ) parce que le fang des vei- nes du chien qui fourniiToit le fang, ne couloit pas afiez vite , je fis paffer dans les veines du chien fain environ 1 4 ou 16 onces de fang infecté du chien ga- leux , autant que je pus en juger par la quantité de celui qui coula dans le plat, en fuppofant que le chien qui recevoir, en perdit à peu-près dans la mê- me proportion que celui qui le lui fourniflbit. Cette opération ne caufa aucune altération au chien fain , & le chien ga- leux fut parfaitement guéri au bout de 8 ou 1 5 Jours. Je penfe donc qu'il eli allez probable que cette évacuation conlidérable de fang fut la caiife de Académique. 8j la guérifon de celui-ci , & peut-être eft-ce là le plus sûr remède que Ton —~» puiffe employer contre cette forte de maladie , tant pour les hommes que Transactions pour les bêtes. Philosophiq. — Ann. 1667. TRANSFUSION DU SANG DE TROIS FEAUX N°* 25* dans trois Chien s, par M. Denys. (B) DEpuis le 9 Mars 166 f j'ai fait l'expérience de la transfufion du fang . Tî| de 3 veaux dans trois chiens. Après l'opération , les 3 chiens mangèrent ' comme auparavant , & un des trois veaux dont on avoit tiré le jour précé- dent une fi grande quantité de fang , qu'à peine pouvoit-il fe mouvoir , en ayant reçu le lendemain d'un autre , reprit auffi-tôt fes forces & parut plus vigoureux que jamais. SUR LA RÉUNION DE UÉCORCE A L'ARBRE, après en avoir été féparée , par k Dr. Chriftophle Merret. ( C ) V Ers le milieu du mois de Mars 1664. je fis des incifions à l'écorced'un art \\ frêne & d'un faux fycomore : la première fut faite fur chaque écorce en quarré dont trois côtés étoient coupés , & le quatrième ne l'étoit pas. Il arriva que l'écorce après avoir été liée avec une ficelle , fe réunit , & qu'il relia une cicatrice fur chacun des côtés où il y avoit eu une incifion. Je coupai enfuite , & je féparai entièrement de l'arbre, tant fur le tronc que fur les branches , plulieurs morceaux de l'écorce d'un pouce en quarré au moins , dont quelques-uns n'étoient enlevés que fuperfieiellement , en laif- fant fur l'arbre une partie de l'écorce , & d'autres morceaux plus profondé- ment, & jufques fur lé bois vif: après avoir bien lié avec delà ficelle quel- ques-unes de ces écorces , tout ce qui en avoit été enlevé fut remplacé par une nouvelle écorce : j'en enveloppai d'autres , même au-delà de l'incifion , avec un emplâtre de Diachilon bien lié avec de la ficelle. Toutes ces inci- fions faites avec ces précautions , fe font bien réunis à l'arbre , dans l'efpace de trois femaines ; ii ce n'eft qu'il s'étoit fait quelques rides à la furface de l'écorce , qui s'étoit un peu retirée de chacun des côtés où il y avoit eu inci- fion , & qu'il reftoit une cicatrice à chaque interftice. Cette expérience que j'ai répétée à peu-près dans le même temsde l'an- née , & un peu plutôt , a toujours également réiiffi : mais lorfque j'ai voulu la faire aux environs de la Saint Michel & en Hiver , il n'a pu fe faire dans ces deux tems aucune réunion de l'écorce à l'arbre ; ce que j'attribue à la différence du mouvement de la fève , qui n'étoit alors ni fi fort ni ii abondant qu'au Printems. J'ai enlevé une bande circulaire d'écorce fur quelques branches des arbres dont je viens de parler , d'où il arriva que celles où les écorces ne fe réuni- rent pas , fe defféchérent au-deiTus de l'incifion. Après avoir aufli coupé le bout d'une branche , que je tranchai oblique- ment afin de la pouvoir rejoindre plus exactement ; je replaçai ce morceau 86 Collection - coupé , au bout de la même branche & précifément dans la même pou- Transactions tion où il étoit auparavant ; je le liai bien ferme , & j'y appliquai un em- Philosophiq. plâtre de Diachilon ; mais au bout de trois jours, le bout de branche qui avoit ,, été rejoint fe trouva defféché. Ann. 1667. N°. 25. . . EXPÉRIENCE POUR EMPECHER LES CERISES de s'éckauder fur l'arbre, & moyen de faire revenir le fruit prefque échau- dè , par le Dr. Merret. ( A ) ,. ,T T? N 1665. je fis l'expérience fuivante fur trois Cerifiers , qui étoient plan- * J—jtés dans un bon fonds , contre une muraille expofée au Sud , & om- bragés pendant quatre mois de l'Hiver par un grand bâtiment ; de forte qu'ils n'éprouvoient l'action du foleil qu'au mois de Mars , lorfqu'il commence à être chaud & élevé , aiuTi le fruit avoit-il coutume de s'échauder. Cette an- née la faifon étant très-féche & très-chaude , je fis découvrir les racines d'un de ces arbres , en faifant faire un grand trou tout autour , & je les fis ar- roferfoir& matin avec environ quatre pintes d'eau , quinze jours avant que les Cerifes ne commençaffentà changer; cela les conferva. Les deux autres arbres , dont on n'avoit pas eu le même foin , eurent la plus grande partie de leur fruit échaudé , n'ayanr que la peau & le noyau. Pour pouffer mon expérience plus loin, je fis faire un trou autour d'un autre de ces arbres ; & je le fis arrofer comme le premier ; en une femaine de tems le fruit , qui étoit entièrement échaudé, tomba, le relie fe remplit & groffit prodigieu- fement. L'autre arbre , pour qui on n'avoit pris aucune de ces précautions , ne porta aucun de l'es fruits à maturité. SUR UALOÉS D' AMÉRIQUE , par le même. {C) .X 'Année i6f 6. on fufpendit dans une cmfine,un Aloës d'une couleur verte- T. **■ JL pâle , qui étoit compofé d'onze feuilles ,& qu'on avoit enveloppé d'un drap rouge , fans l'avoir frotté d'huile comme c'eft l'ufage : il pefoit. o 27. 14. II. 32. 40. o o 26. 18. 7- 40. Pefanteur. 1 limim onces gros. ferupi les. grains. ferupi 21. — 6. — — O — 2. O. 19- 21. — — 3. ■ O — — 24. 3- 6. Septemb. . 21. — — J-T — — 0 — — O. 1. 21. — — I. »' . O — — 12. 0. 21. — 0. 1 2 . O- 0. 8. Avril 11. — — O. — — O — 0. 0. 20. — - 7. — — O — — — O. 1. 28. 20. — — ' UNE LETTRE DE PARIS , Contenant la relation d'un effet de la transfuflon du fang d'un jeune chien dans un vieux ; avec l'HiJlolre de deux monjlres , par M. Gayant. ( B ) ART. III. "J\^"Onneur Gayant fit l'expérience de la tranfufion du fang d'un jeune J.VXchien dans un vieux , qui deux heures après fauta légèrement, tandis que la vieillefTe l'avoit rendu prefque aveugle , & qu'avant l'expérience il avoit beaucoup de peine à marcher. ENFANT VIVANT SANS TÈTE , A PARIS , par M ( B) Ibid. T T"Ne femme accoucha dernièrement ici d'un enfant à terme , qui avoit en \J place de tête & de cerveau , une mafl'e de chair femblable à un foye ; & on reconnut qu'il avoit du mouvement ; ce fœtus donna matière à une queltion parmi les Cartéliens , fçavoir comment il pouvoitfe mouvoir, man- quant de glande pinéale , & n'y ayant aucuns nerfs vifibles qui partîffent du cerveau ? La moelle de l'épine étoit de la même fubftance que ce qui lui tenoit lieu de tête. Il ne vécut que quatre jours. ENFANT Académique. 89 Transac tioni ENFANT MONSTRUEUX SEMBLABLE A UN SINGE , PHiLosorma. A P A ris , par M (B; A"^ i667' ON a vu dans la maifon de M. Bourdelot, un monftre reffemblant à un \bià. linge ; ce monftre avoit fur (es épaules une maffe de chair placée pref- qu'au milieu , qui venoit de la partie postérieure de la tête , & pendoit en forme d'un petit manteau. On dit que la mère de cet enfant avoit vu fur le Théâtre , un finge couvert d'un petit manteau femblable. La chofe la plus remarquable étoit , que cette maffe de chair fe trouvoit divifée en 4 parties correfpondantes à la cafaque , dont le finge étoit affublé. On apprit par les informations que l'on fit , que cette femme étoit enceinte de 5 mois , lorf- qu'elle eut le malheur de voir ce finge. OBSERVATIONS FAITES DANS LES MINES , & SUR LA MER , qui donnent lieu à quelques conjectures fur l'origine des vents , par M. Co- leprefle. (A) UN nommé Jean GUI, homme très-verfé dans le travail des mines, s'en- ART. V. tretenant avec moi des vents & de leur origine, me fit part de quelques idées, qu'il avoit fur cefujet , & qui font le réfultat de vingt ans d'expérience & d'obfervations. 1. Il m'affura que , toutes les fois que les mineurs trouvent de l'eau à une certaine profondeur fous la terre , ils ne manquent jamais d'air , ou de vent ; mais que s'ils manquent d'eau , ce qui leur arrive quelquefois à dix ou douze braffes de profondeur , ils font privés de l'air néceflaire pour refpirer & pour faire brûler leurs chandelles. 2. Lorfqu'ils trouvent une grande quantité d'eau dormante & froide dans une mine profonde, ils ont coutume de faire un conduit pour la viiider : mais auflitôt que cette eau commence à pouvoir couler , ils courent rifque d'être mis en pièces contre les bords du conduit , s'ils n'ont pas la précaution de fe mettre à l'abri de ce danger : l'air , qui eft renfermé dans ces eaux dorman- tes , fort avec autant de bruit , que fi c'étoit un coup de canon , & avec tant de violence , qu'il emporte tout Si ébranle les rochers jufques bien avant dans le canal. 3. Il a obfervé dans différentes occafions , en allant & venant de Lon- dres à Plymouth par mer , que toutes les fois qu'à la fuite d'un tems calme , la mer commence à fe groflir ou à s'agiter , il fait Jurement du vent le len- demain , & ce vent vient toujours du côté où les vagues de la mer fe por- toient la veille. 7*Z Tome I. H. Paitie. M 90 Collection Transactions a Philosophiq. RELATION D'UNE CHUTE DE GRELE Ann. 1667. d'une grojjeur extraordinaire , par M. Nath. Fairfax. (A) N<\ 26. Art. VI. E 17. Juillet 1666 , il tomba vers les dix heures du matin de la grêle .Ljtoiit le long de la côte de Suffolk , à SeckfordHall , Wood-Bridge , Snape- Bridge , Albouroug, &çc. continuant vers le Nord. Les grains en étoient petits à Yarmouth ; il en tomba un grain à S.eck- ford-Hall , qui avoit environ 9 pouces ; une perfonne de Vood-Brïdge en trouva un autre de 8 pouces à Melton ; une autre perfonne affure en avoir trouvé un d'environ 1 2 pouces à Snape-Bridge ; une femme de Frifïon-Hall en pefa un , qui pefoit 1 2 JchiUings 6 deniers : plulïeurs perfonnes dignes de foi d' 'Albouroug ont affuré en avoir vu beaucoup auffi gros qu'un œuf de poule d'inde , ( Pœuf de poule pefe ordinairement , 9 JchiUings. ) Jean Baker de Rumboroug , conduifant une charrette dans les bruyères A' Albouroug, eut la tête caflée & meurtrie en plusieurs endroits , quoiqu'il eût un chapeau fort épais ; les chevaux furent fi maltraités , qu'ils emportèrent la charrette, fans que rien pût lesarrêter. Cette grêle paroifîbit toute blanche , polie en dehors & brillante en dedans. Il eft étonnant qu'une colomne d'air ait pu foutenirle nuage qui la portoit , fur-tout dans un tems de l'année , où l'air eft moins den- fe , & a moins de reffort; ce qui pourrait faire conjeûurer , que cette grêle ne s'eft réunie qu'en tombant. RELATION D'UNE GRANDE QUANTITÉ DE PIERRES TROUVÉES DANS UNE FeSSIE.(B) MOnfieur Goodrich Chirurgien de l'Hôpital Saint Edme, m'a affuré qu'en faifant l'opération de la taille à une jeune fille , il avoit tiré en une feule opération , quatre-vingt-feize petites pierres , toutes différentes les unes des autres pour la forme , pour la grofîéur , pour les angles & pour les fa- ces. Quelques-unes étoient faites de telle façon , qu'en glifiant les unes fur les autres , leurs faces plattes s'étoient extraordinairement polies. Il m'a af- furé auffi que dans le même Hôpital , il en avoit tiré encore une du corps de cette même fille après fa mort , qui étoit auffi groffe que la tête d'un enfant nouveau né , & précifément de la même forme. • DESCRIPTION D'UNE FONTAINE ET D'UNE TERRE , dans le Comté de Lancaflre , qui prend jeu à l'approche d'une chandelle , par M, Thomas Shirley Ecuyer. ( A) V Ers la fin de Février 1659. retournant de vpyage à ma maifon de Wigan, on me parla d'une fontaine extraordinaire fituée dans la terre de M. Hawkleys , à environ un mille de la Ville , fur la route qui conduit de War- tington à Chejler, Académique, çt Les gens de cette Ville afTiiroient avec confiance , que les eaux de cette •= fontaine brûloient comme de l'huile , erreur , qui ne vient que d'un défaut Tr an 'actions d'attention aux circonuances fuivantes. Philosophie Lorfque je fus arrivé à cette fource avec cinq ou fix perfonnes , qui m'ac- Ann. 1667. compagnoient, on approcha del'eau une chandelleallumée; ilefi vrai qu'elle Jsjo _ 2<$# prit feu fur le champ , ce qui donna lieu à toute la compagnie de me railler pour avoir ofé nier le fait ; mais ne croyant pas que cela fuffit pour me ré- futer , je commençai à examiner la chofe de plus près. J'obfervai que cette fontaine avoit fa fource au pied d'un arbre finie au forumet d'une éminenre voifine , que fes eaux remplifTbient un foîTé & couvroient le lien , où le feu s'allumoit , j'approchai enplufieurs endroits , une chandelle allumée, de l'eau du foffé , elle s'éteignit comme je m'y étois attendu. Je pris une pleine écuelle de cette eau à l'endroit , où elle brûloit , &c j'en approchai une chandelle , elle l'éteignit. J'obfervai aufli que l'eau boiiilloit en cet endroit , & s'elevoit comme l'eau d'un pot , qui eft fur le feu , quoi- qu'elle ne fût pas fort chaude au toucher : je préfumai que cette ébullition pouvoit être cauféepar l'éruption de quelque fumée fulphureufe ou bitumi- neufe; remarquant que ce lieu étoit à environ 30011 40 braffes de l'ouverture d'une mine de charbon de terre , qu'il y a en cet endroit , & que Wigan , Aflhon , & tout le pays plusieurs milles autour , eft rempli de mines de char- bon ; j'approchai ma main du lieu brûlant , & je fentis qu'il en fortoit un fouf- fle impétueux , comme fi c'étoit un vent. Je fis faire alors un Bàtardeau , pour empêcher l'eau de la fource d'y ve- nir , & ayant fait épuifer celle qui y étoit , j'approchai une chandelle de la furface de cette terre defféchée , à l'endroit précifément où l'eau prenoit feu ; les vapeurs s'enflammèrent &z brûlèrent avec force , la flamme s'éleva à un pied & demi au-de(Tus de la furface de la terre , fa bafe avoit environ deux pieds de diamètre. Alors je fis jetter un fceau d'eau dans ce feu , il s'étei- gnit , & mes rieurs commencèrent à croire que l'eau ne brûloit pas en effet. Je ne m'apperçus point que la flamme eût aucune couleur particulière , comme celle du foufre , ni aucune odeur remarquable. Les vapeurs , qui s'é- levoient de la terre, n'avoient pas non plus autant que je puis m'en fouvenir , de chaleur fenfible. N°. 27. LIQUEURS INJECTÉES DANS LES VEINES DE PLUSIEURS chiens, par M. FracafTati. ( B ) Eau forte. I« li^Onfieur FracafTati ProfefTeur d'Anatomie à Pile en Italie , ayant j^ 2_ iVAinjefté dans la veine jugulaire, & dans la veine crurale d'un chien, » " 1/ une petite quantité d'eau-forte mêlée avec de l'eau commune, l'animal mou- rut fur le champ ; &r l'ayant ouvert il trouva que tout le rang contenu dans M 2 91 Collection -— les veines étoit coagulé, mais que celui des vaiffeaux des înteftîns ne 1 etoit pas Transactions tant. Il obferva auffi que les gros vaiffeaux étoient crevés , peut-être par un Philosophiq. effort de la nature , de la même façon que les vaiffeaux des poumons dans Ann. 1667. ^a ph'Part ^es perfonnes , qui meurent d'apoplexie. Voici les réflexions que No# 27. l'Auteur fit fur cette expérience : 10. Que l'apoplexie étant caufée par une femblable coagulation dufang , ( comme on l'a obfervé en ouvrant plufieurs perfonnes mortes de cette maladie , ) on pourroit y apporter du remède , en injeclant quelque diffolvant dans les veines. 2°. Qu'il eft vraifemblable que ce fecret fi utile , par lequel M. de Bills difféque les animaux fans aucune effufion de fang , confifte dans quelque injection de cette efpéce. Efprit de vitriol. 2. Il injecta enfuite dans les veines d'un autre chien un peu d'efprit de vi- triol , qui ne produifit pas un effet auffi prompt ; car l'animal le plaignit très- Iong-tems , il écuma comme s'il eût été attaqué d'un accès d'épilepfie , il ref- piroit difficilement , & en obfervant le mouvement de fa poitrine , on pou- voit juger facilement , qu'il reffentoit de violentesdouleurs ; il mourut enfin, & on trouva que fon fang étoit coagulé dans lés veines , qu'il étoit grume- leux , & femblable à de la fuie. Huile de foufre. 3. Le même Auteur injecta enfuite dans les veines d'un autre chien, un peu d'huile de foufre ; mais quoique l'injection eût été réitérée plufieurs fois , l'animal ne mourut point. La playe étant refermée , on donna la li- berté au chien , qui courut auffitôt dans tous les coins de la chambre , cher- chant quelque chofe à manger , & ayant trouvé quelques os , il les rongea avec une avidité extraordinaire , comme fi cette liqueur lui eût donné un grand appétit. Huile de tartre. 4. Un autre chien , dans les veines duquel on injecta une petite quantité d'huile de tartre , ne s'en tira pas fi heureufement ; car il fe plaignit beaucoup, tout fon corps enfla , & il mourut auffitôt : il fut ouvert, & les fpectateurs furent fort furpris de voir que fon fang n'étoit point coagulé , mais qu'au con- traire il étoit plus fluide, & d'une couleur plus vive qu'à l'ordinaire. Il.pa- roît par-là, que la trop grande fluidité du fang peut canfer la mort, auffî-bien que fa coagulation. DÉCOUVERTES SUR LE CERVEAU , & SUR LA LANGUE , pur M. Malpighi. (B) MAlpighi prétend avoir découvert , que la partie extérieure & la plus molle du cerveau, couvre non-feulement le corps calleux , mais même y eft inférée en plufieurs endroits ; que le corps calleux n'ert qu'un tiffu de petites fibres , qui fortent de la moelle épiniére & viennent fe terminer dans cette même partie extérieure du cerveau. Et ces fibres , dit-il , font très-ap- ACADEMIQUE. 93 parentes dans les ventricules du cerveau des poiflbns. II prétend encore que , ■ comme la moitié ou au moinsle tiers du fang d'un animal , eft porté au cer- Transactions veau , où il ne peut cependant pas être entièrement confumé , la férofitéla Philosophie. plus fubtile eft filtrée par la partie extérieure de ce vifcére ; & partant alors ^nn 1^J dans les fibres , elle lé porte de-là dans les nerfs. Il allure que c'eft-là la rai- xt0 ' ion pour laquelle la tête fe trouve fi fouvent remplie d'eau , Iorfque le cer- ' ' ' veau a reçu une bleffure , ou une altération cauiée par quelque maladie. MAlpighi a découvert fur la langue plufieurs petites éminences , qu'il nomme papillaires , & il penlé que ces papilles font l'organe principal du goût. Fracaflati obferve que comme la langue a autour de fa pointe plufieurs petites éminences , par lefquelles elle va pour ainfi dire au-devant des ob- jets du goût , il fe trouve au contraire autour de fa racine , plufieurs cavités dans lefquelles elle les reçoit. Ces cavités font tapiflees de nerfs, & femblent fervir d'entonnoirs, pour y faire pafler les alimens. Cette obfervation donne lieu à l'Auteur de penfer , que les parties les plus fubtiles des alimens paflent en effet immédiatement de la langue dans les nerfs ; & c'eft-là la raifonpour laquelle le vin pris feulement dans la bouche , ranime fur le champ les for- ces , & rend plus vigoureux. , i , EXPÉRIENCE SUR LE SANG REFROIDI , par Fracaflati. (B) ON obferve ordinairement que , Iorfque le fang eft refroidi dans la palet- Art. IV. te où on la reçu , ce qui fe trouve fous la fuperficie , eft plus noir que ce qui eft au-deflus. Fracaflati prétend que cette couleur noire lui vient de ce que la partie lituée fous la fuperficie, n'eft point expoféeà l'air , & qu'el- le n'eft caufée par aucun mélange de bile noire. Et pour prouver ce qu'il avance , il aflure que fi on e.xpofe à l'air le fang noir , il reprend fa couleur vermeille. OBSERVATIONS DE M. MANFRÊDI SEPTALIUS DE MILAN, fur du vif-argent trouvé auprès des racines des plantes ; & fur des coquilla- ges trouvés dans des montagnes éloignées de la nier. (A) 1°. TL vient dans la vallée de Lancy , qui eft fituée dans les montagnes de a RT y A Turin , une plante femblable au Doronic , ce qui lui a fait donner ce nom par les Botaniftes du pays. On trouve auprès de fes racines du mercure coulant en petits grains; ion fuc exprimé expofé à l'air dans une belle ni.it , fournit autant de mercure , qu'il s'eft diflîpé de fuc. * 2°. Dans un voyage qu'il fit il y a quelque-tems à Gènes , il trouva , en * Ces faits peuvent être comparés aux relations , qui nous viennent de Moravie , d'Hon- grie , du Pérou Si d'autres pays , où l'on a trouvé des lues minéraux concrets , attache» aux racines des Plantes & des arbres , & où l'on a obferve qu'Us teignoient quelquefois leurs feuilles. 94 Collection ii • traverl'ant quelques montagnes, des payfans , qui avoient amaffé plufieurs CO- Tran-actions quiilagesde différentes efpéces , en bêchant furie penchant de la montagne. 1'hil..>soi'hiq. Ayant retardé (on voyage pour viliter tous ces endroits, il fut entièrement Ann. 1667. convaincu de la vérité des faits , qu'on lui a voit rapportés , & y trouva un Mo ,_ très-grand nombre de différons coquillages , des Turbinites , des Echinites &z quelques coquillesàperle*s.Il garde dans ("on cabinet une très-belle perle, qu'il trouva dans fa coquille. OBSERVATIONS Faites par un fçavant dans un voyage d'Angleterre , aux IJles Cariées. (A) Art VI T Obfervai à Déal , lorfque j'en partis pour la Jamaïque, la différence qu'il J y a entre la rouille du fer dans les maifons , qui font face à la mer ; & celle qui fe trouve dans les maifons fituées immédiatement derrière les premières. On me dit que le fer s'y rouilloit davantage dans les hautes marées , que dans les baffes , parce que l'élévation du rivage empêchoit les exhalaifons fa- lfnes. Cette remarque me fit appercevoir de la fauffeté de l'argument de M. Ligons , & de quelques autres voyageurs , qui prétendent que l'air eft chaud & humide dans les Indes occidentales , parce que le fer s'y rouille : mais cela dépend de quelqu'autre principe dans l'air; car à Cagua , où il pleut à peine 40 fois l'année, le fer s'y rouille autant & plus que par-tout ailleurs. Il y a quelques autres endroits del'Kle , où pendant neuf mois , il ne s'en paffe pas un fans de grandes pluies : d'ailleurs le fer fe rouille moins à la Jamaïque, dans les tems de pluie, que dans les tems fecs. Les exhalaifons de la mer font d'une telle nature , qu'elles pourriffent nos viandes , & rendent humides le fucre rofat , & les autres tablettes, fans qu'on puiffe l'attribuer à un tems pluvieux ; les pâtés & les jambons les mieux con- fervés , expofés à cet air , y dépendent plus en un jour ou deux , qu'ailleurs en lix femaines. Les canons du Fort de la pointe de Cagua font fi fort rongés , qu'il y en a quelques-uns, qui font prefque hors de fervice , & reffemblent prefque à des rayons de miel. J'en ai fait tomber avec deux ou trois coups de marteau , quelques livres de rouille de fer. Les canons , qu'on a laides dans l'eau de la mer , n'ont pas été beaucoup endommagés par la rouille ; comme nous nous en fommes convaincus en en retirant quelques-uns. Le fer n'eft pas la feule chofe , à laquelle l'air de ce pays foit nuifible , il pourrit la toile & la foye , fans lui faire perdre fa couleur ; pour peu qu'une lancette y ait été expofée , elle fe rouille , ce qui ne lui arriveroit point , fi elle étoit toujours renfermée. Il y a à Déal un Marchand de petite bière qui s'engage de la préparer de façon, qu'on peut la porter aux Indes Orientales & Occidentales , fans qu'elle fe gâte. Sa préparation , comme il me l'a dit lui-même , confifte en ce qu'il la mêle deux fois avec de la drêche fraîche , & la fait bouillir deux fois; cela ne l'empêche cependant pas de s'aigrir , comme je l'ai obfervé pen- Académique. 9j dant le féjour que j'y ai fait. Nous lui en achetâmes, pour porter à la Jamaï- ^^ que , & il nous dit de mettre dans chaque baril de 5 gallons ou de 10 pintes Transactions environ, lorfqu'on l'auroit placé dans le vaifleau, deux œufs frais entiers , & Philosophiq. de les y lahTer; ajoutant qu'au bout de 15 jours, la coquille feroit entièrement A.nn. 166-'. diffame, & que 1 œuf fembleroit vuide , n'étant renferméque dans une peau j^ 2y _ fine ; qu'enfuite tout le blanc s'évaporeroit, & qu'il n'y refteroit que le jau- ne, qui ne fe corromproit point. Par ce moyen nous confervâmes notre bière jufqu'à la Jamaïque , & elle étoit meilleure qu'à Béai. On m'a dit depuis qu'il gardoit de la petite bière en Angleterre pendant trois mois : & qu'en mettant des œufs dans la bière de Mars, lorfqu'ellea cefle de travailler , il l'empêche d'aigrir jamais. L'eau delà Tamife à cela de remarquable , qu'en huit mois de rems , elle acquiert une qualité fpiritueufe , qui la rend inflammable comme de Fefprit- de-vin ; & on m'a afluré , qu'on avoit penfé mettre le feu à quelques vaif- feaux des Indes Orientales , en approchant une chandelle de la bonde d'un tonneau , lorfqu'on l'ouvrit pour la première fois. Sa mauvaife odeur ne vient pas de corruption , & n'a peut-être rien de mal-fain ; car quoique nous ayons été forcés d'en boire , qui nous obligeoit de nous boucher le nez ; néanmoins ellena caufé aucune incommodité : il eft vrai que nous avions chaque femai- ne, une certaine ration de bran-de-vin, qui la corrigeoit peut-être ; elle perd fa mauvaife odeur , lorfqu'on ouvre la bonde du tonneau , & qu'on y lai/Te entrer l'air pendant 24 heures ; on peut même la racommoder en 4 ou $ heures de tems , en la remuant avec un bâton de genêt : elle jette alors une lie noire , qui tombe au fond du tonneau , fe remêle à l'eau , & occafionne une troifième ou quatrième fermentation avec une odeur délagréable , après quoi elle ne fent plus. Il n'en eft pas de même des autres eaux , comme de celle de la Tamife , & on a toujours remarqué jufqu'à prélent, que les eaux de toutes les autres fources ou rivières, ne peuvent plus fe racommoder , lorf- qu'une fois elles font devenues fœtides , 6c qu'il feroit dangereux d'en boire. J'ai obfervé , qu'il étoit faux , que la mer fût d'autant plus verte , qu'elle eft plus falée , comme le dit Glaubert ; car dès que nous fûmes en pleine mer , l'eau nous parut noirâtre & plus foncée que l'azur ; cependant plus nous avancions, plus elle étoit falée , comme je m'en convainquis avec un pefe- liqueur de verre , qui étoit chargé d'un peu de mercure au fond : cet in- finiment, qui s'éleva d'un pouce & demi au-deflus de l'eau de la mer dans les Dunes , fe tint à 2 pouces 24 ° , lorfque nous fumes fortis de la Manche , hauteur à laquelle il refta toujours jufqu'à la Jamaïque , la mer étant fans doute fi imprégnée de fel , qu 'elle n'en pou voit plus diffoudre ; ce qui détruit une autre obfervation , que la falure de la mer augmente , à mefure qu'on approche des Tropiques. Je conçois que la couleur de la mer & fes exhalaifons doivent beaucoup varier , comme celles de la terre ; ce qui doit la rendre plus mal-faine en certains endroits qu'en d'autres : car fon odeur n'eft pas la même dans les détroits & en pleine mer. Et quant à la couleur , elle eft d'un verd de mer , & plus mal-faine aux Dunes qu'à Torbay , à la côte de Plymouth qu'à Liinds- End, & dans la Baye de Bifcaye , qu'en pleine mer ; ce qu'on peut attribuer en partie à la différence des vagues, qui étoient fort petites dans la Lîaye de 9<$ Collection - Bifcaye , quoique nous ne fuirions pas à 80 lieues du Cap Finifterre enplei- Trans \ctions ne mer ; les vagues font longues , roulantes & né fe brifent pas ; dans la Flo- Philosophiq. riJe } ja l'irgin{£ , & la Nouvelle Angleterre, les vagues font longues , roulan- Ann. 1667. tes, mais elles fe brifent. La mer, qui , en allant , paflbit du verd au noirâ- N°. 27. tre, enfuite au bleu , étoit à notre retour d'abord bleue, noirâtre , enfuite verte. Lorfque nous fumes à la latitude des Barbades, & que nous nous en croyions éloignés de 70 ou 80 lieues , nous vîmes la mer noire &c trouble , & non pas d'un bleu tranfparent , comme auparavant ; l'écume , qui fe for- moit aux côtés du vaiffeau , étoit trouble Si d'une confidence différente de ce qu'elle avoit été jufqu alors ; je ne l'avois jamais vue ainfi ; je penfai d'a- bord , que cela venoit , de ce que le foleil n 'étoit pas aflez haut , pour lui donner fa véritable couleur. C'eft pourquoi j'attendis que cet aftre fût plus élevé , mais la mer prît alors une couleur verte. Le Maître , à qui j'en parlai , me dit que nous étions à 60 lieues des Bar- bades , & qu'on pouvoit jetter la fonde en cet endroir , ce qu'on ne pou- voit pas faire jufques-là. La mer étoit bleue à l'endroit du mouillage des Bar- bades , & blanche où elle avoit peu de profondeur : de même à la Jamaï- que , elle eft blanche &c tranfparente fur le rivage , ôc bleue à trois braffes du bord. Je n'ai jamais pu voir la mer affez lurnineufe , pour distinguer les poiffons , quoique j'y regardâffe fouvent du côté du gouvernail avec M. Ligons ; ce- pendant la lumière étoit confidérable , & tantôt plus , tantôt moins : je Soup- çonne que les terres , qui font deflbus , les courans , &C les vents y apportent quelque différence. De tout le voyage, je ne l'ai pas vue fi lurnineufe, qu'el- le l'étoit à Déal , la nuit avant notre départ : l'eau s'échappoit fous nos rames comme un feu liquide , le vent étoit alors au Sud-Eft ; un Matelot me dit , qu'elle étoit plus lurnineufe durant les vents d'Eft & de Sud ; mais elle ne le fut jamais davantage , pendant le féjour que nous y fîmes , les vents ayant toujours été à l'Oueft. Elle ne l'eft pas autant dans le Havre de la Jamaïque , lorfqu'on paffe le courant , qui le traverfe avec un mouvement différent de celui de l'eau , qui eft de chaque câté , la mer paroît à peine blanche fous les coups des rames. Je ne vous rapporterai point comment deux vents contraires , qui fe con- trebalancent, laiffentun calme au milieu , ni comment à quelque dirtance, les vaifleaux vont en même-tems avec des vents dlfférens. Mais je ne dois pas paffer fous filence que dans les Indes , par-tout où il y a quelques hautes montagnes , il vient chaque nuit un vent de terre , qui fouffle malgré les vents d'Eft , qui viennent de la mer , & qui à la vérité ont moins de force pendant la nuit ; ce qui femble prouver , qu'ils font pro- duits , non feulement par le mouvement de la terre , mais aura par le foleil. Pour découvrir ce qui peut produire ce vent , il eft bon d'obferver , qu'il ne le fait point du tout Sentir aux Barbades , ou à Saône , comme dans toutes les autres Ides. A la Jamaïque il (buffle de tous côtés à la fois , deforte qu'un vaiffeau ne peut en approcher la nuit , ni en Sortir que fort à bonne heu- re , avant que la brife de mer ait commencé à fourrier. J'ai fouvent penfé à ce phénomène , & je n'ai pu en trouver d'autre raifon , fi ce n'eftqueles vapeurs , lorfque le foleil , qui les a élevées , n'eft plus affez fort pour les foutenir , Académique, 97 foutenîr, le précipitent fur ces montagnes par un mouvement d'attraflion -— • fimilaire, * 6c y forment des nuages, qui venant à fe rompre par leur force Transactions & leur poids occasionnent un vent de tous côtés. Car lorlque le foleil baif- Philoso: fe , les nuages s'affemblent , & fe forment félon la figure des montagnes ; de- Ann. 1667. forte qu'un de nos vieux Matelots auroit connu toutes les Ifles à" la figure N°. 27, des nuages , qui étoient le foir au-deflus. Cette attraftion elt démontrée non-feulement par la pluie , qui s'amaffe fur les arbres dans rifle de Ferro , dont parle M. Jean Hawkins dans fes obfervations , Ifaac Vojfuis fur Pom- ponius Mêla, & Magnenus de Marina ; mais encore par les pluies des Indes , où il y a certains arbres , qui l'attirent , quoiqu'on n'ait pas fait d'obferva- tions fur leurs elpéces ; de forte qu'en détruifant les bois , on empêche la pluie. Une pleut pas maintenant la moitié tant à rifle des B.irbades , que Iorf- qu'elle étoit plus couverte de bois. A la Jamaïque & à Quanaboa on a dimi- nué les pluies , en étendant les plantations. Mais pour revenir à la Jamaï- que , il paroit que ce vent de nuit dépend beaucoup de la montagne ; par- ce que fa force eft proportionnée à fa diflance de la montagne ; car la Brift de terre eu peu confidérable kPortmorant , qui eft la partie la plus Orientale de llfle ; parce que la montagne en efl éloignée, & que le vent perd fa force en parcourant ce grand intervalle. Voici une oblervation qui pourra jetter du jour fur cette efpéce d'attraction. Il y a dans le Havre de la Jamaïque plu- sieurs rochers , qui ont la figure d'une corne de bouc , ou de celle d'un cerf de trois ans; il croit fur ces rochers pluiîeurs plantes marines, dont les racines font pierreufes : de ces plantes les unes font parfaitement infipides , & les autres font nitreufes. Il s'amaffe fur ces plantes une efpéce de chau.v , qu'on ne trouve pas fur les autres Eventails de mer , Se qui croit avec elles. L'ar- bre Monchinel fe couvre auflî d'une croûte nitreulé , lorfqu'il tombe dans la mer. Tout cela efl confirmé par l'Auteur de l'Hiftoire des Antilles. Pour finir , le Capitaine hazarda de me donner une explicarion de ces vents , que je vais vous rapporter, parce qu'elle eft fondée fur une expérience , qu'il dit avoir faite très-fouvent. Il prétend donc que le foleil échauffant l'air, exha- le ces vapeurs , qui , venant à tomber fur les montagnes , fe dilatent en fe re Yoidiffant , & produifent du vent par leur preflion , comme de l'eau chau- de mife dans un tonneau bien fermé , le remplirait félon lui en fe refroi- diffant. On avance ordinairement , qu'il pleut entre les tropiques pendant 6 mois de l'année , & qu'il fait beau les autres fix mois : mais cette obfervation n'eft p is généralement vraie ; car à la pointe dans la Jamaïque , comme nous l'a- vons rapporté dans une autre occafion, il pleut à peine quarante fois dans l'année , & cela depuis le mois d'Août, jufqu'en Octobre inclufivement. De la pointe tournant vers Portmorant jufqu'à Ligonce , à fix milles de la pointe , il fe paffe peu d'après-midi fans qu'il pleuve , depuis le commencement d'A- vril jufqu'en Novembre ou Décembre. Il ne pleut que trois mois de l'année à la Ville des Efpagnols , & même dans ces trois mois il n'y pleut pas beau- coup. Lorfqu'il pleut à Mcvis , il ne pleut pas aux Barbades. Il ne pleut pas * Il (croie peut-être plus vrai de dire , cjue ces exhalai fons condcnlees par la fraîcheur de la nuit, tombent par leur pelantcur £c fe ramaflent en nuages, lorfciu'elles rencontrent les terres les plus élcvces. Tome I. II. Partie. N Ç>$ COLIECTION ■ quelquefois de deux ou trois ans à Cignateo appellée autrement Ekuthèrîe + Transactions dans le Golphe de Mexique ; deforte que cette Ifle a été abandonnée deux Philosophie, fois , faute de pluie pour la fertilité de la terre. Ann. 1667. On ne creufe jamais de cinq ou fix pieds à la pointe de la Jamaïque, qu'on NQ. 27. ne trollve de l'eau , qui a un flux & un reflux comme celle de la mer ; elle eft faumâtre , malfaine pour les hommes , mais bonne pour les cochons. A Caymans , il n'y a que de cette eau faumâtre qui n'y eft pas mal faine ; bien des perfonnes s'y font rétablies en mangeant des tortues , & ne buvant point d'autre eau. Le fang des tortues eft plus froid que toutes les eaux de ces pays ; néan- moins leur cœur bat auffi vivement , & leurs artères font auffi fortes , que celles de quelques animaux que ce foit : ce qui femble prouver , que ce n'eft pas la chaleur , qui durcit les tuniques des artères , & produit le mouvement du cœur. Leurs poumons font fitués dans le ventre au-deffous du diaphrag- me , & s'étendent jufqu'au bout de leur écaille. Leur ratte eft triangulaire , d'une chair ferme , fans parenchime, fa couleur eft d'un rouge vif. Leur foye eft d'un verd foncé , tirant fur le noir , & parenchimateux. Elles ont deux dents dans l'œfophage , avec lefquelles elles mâchent l'herbe , quelles paif- fent dans les prés , & qui fe trouve dans ces pays-là au fond de la mer. Toutes les tortues des Caraïbes de la Baye de Mexique , & de Honduras , fe retirent en Été dans les Ifles de Cayman, pour pondre leurs œufs & les faire éclore. Elle s'accouplent enfemble pendant quatorze jours ; après cela elles pondent dans une nuit environ 300 œufs , qui ont un jaune & un blanc , mais point de coquille ; elles s'accouplent de nouveau , pondent dans le fable, & cela jufqu'à trois fois. Le mâle eft alors réduit intérieurement en une efpéce de gelée , & devient aveugle , fa femelle le reporte dans fon gîte. Leur graille eft verte , mais ne fait point de mal à l'eftomac , de quelle façon qu'on les mange , foit bouillies , foit à l'étuvée , ékc. lorfqu'on en a mangé , l'urine paroit d'un jaune verd & huileufe. Il n'y a point de terre , mais feulement du fable à la poinu de l'/JIe : j'y aï cependant mangé d'excellens melons , il y vient auffi beaucoup d'arbres dif- férens : il y a d'autres endroits où il n'y a point de terre , quoique couverts de bois , très-bons pour bâtir , & qui y viennent fur des rochers. Dans cer- tains terreins pleins de falpêtre , il vient du tabac , qui étincelle quand on le fume. Les fruits des arbres de la même efpéce , ne font pas tous meurs , en mê- me-tems. Il y a fur le chemin de la Ville desEfpagnols, une haye quia deux milles de long, dans laquelle j'ai vu plufieurs fois en même-tems des arbres en fleur , d'autres avec des fruits meurs , d'autres avec des fruits verts , enfin j'en ai vu , dont les fruits étoientdéja parles. J'ai obfervé la même chofe fur d'autres arbres ; j'ai vu fleurir des jafmins avant qu'ils enflent des feuilles , & après que leurs feuilles étoient tombées. Le Sowerfop , qui eft un fruit très-agréable de ce pays , a une fleur cora- pofée de trois pétales , qui font un fi grand bruit en s' ouvrant , qu'il m'eft fouvent arrivé dem'échapper de deffbus l'arbre, croyant qu'il alloit tomber. Il y a aufli un oifeau , qu'on appelle Pélican , quoiqu'il foit de l'efpéce du Coimoran , qui a le goût du poiflbn. On m'a aflûré qu'on le lui faifoir. Académique. 99 perdre , en le laiffant enfeveli pendant deux heures dans la terre. ■' ■■'■"—» J'ai fait une efpéce d'analyfe des corps, en lesfaifant manger par les four- Traksactioni mis ; & j'ai trouvé qu'en mangeant de la Catïbnade blanche , elles la ré- I'hilosophiq. duifoient en une poudre inlipide. Ainfi elles réduilirent une livre d'olives à Ann. 1667. deux gros de poudre. Jsjo, 27. A notre arrivée dans ce pays nous fuàmes à groffes gouttes pendant qua- tre mois : pendant tout ce tcms je ne me fuis pas apperçu , que ni moi , ni les autres fuiîîons plus ferrés , plus conftipés , ni que nous rendiffions moins d'urine , qu'en Angleterre ; & cette fueur ne nous affaiblit jamais. Si quel- qu'un le fentaltéré , cela vient pour l'ordinaire de la chaleur de fes poumons, qui affe&e la bouche. Dans ce cas rien ne rafraîchit mieux qu'un peu d'eau- de-vie. Il y a beaucoup d'animaux dans ce pays , qui boivent très-peu , ou point du tout, comme les cochons : les chevaux ne boivent jamais à Qjianaboa. Il y a des endroits dans l'Ille ou les vaches font lîx mois fans boire. Les chè- vres boivent peut-être une fois par iemaine. Les perroquets ne boivent jamais, les civettes qu'une fois le mois, &c. Le tems le plus chaud de la journée , eft à 8 heures du matin , lorfqu'il n'y a point de Brift ; j'ai mis un Thermomètre à ma fenêtre , &: je ne me fuis pas apperçu , qu'il fut plus haut à cette heure , que dans lereftede la journée. Lorique la Thériaq 1e de Venil'e eft devenue friable dans un pot defayan- ce , il s'y produit une elpéce de mouche , & une efpéce de ver blanc ; la même chofe arrive aux Pilules de Tribus. Je finirai par un phénomène extraordinaire , que plus de cent perfonnes m'ont afîuré avoir obfervé; toutes les fois qu'il pleut dans une pièce de terre fituée au milieu de l'Ille , appellée la Savane de Magotd , ( & il n'y pleut , que lorfqu'il a plu par-tout, ) la pluie , qui tombe fur les coutures des ha- bits fe change en une demie-heure de tems en petits vers; cette terre n'eft cependant pas mal-faine. Je pourrais, fi j'avois de la fanté , faire mille autres obfervations utiles aux Phyficiens : prefque tout eft nouveau dans ce pays , la nature y pro- digue fes ouvrages ; mais je n'oferois vous envoyer des mémoires impar- faits , &c. L'exemple louable de cet habile Obfervateur mérite d'exciter , & peut diriger les autres voyageurs , fur ce qu'ils peuvent obferver dans leurs voyages. N 2 ioo Collection Transactions ™ ™^""~ •mm^—am^^ Philosophiq. N^ oQ Ann. 1667. N°.i8. — EXPÉRIENCE D'une transfujlon de fang totale , faite fur une chienne. (B) ART. I. (T'\® a ^li ^ Londres plufieurs expériences de transfufions de fang tota- V^ les , qui ont eu un fuccès très-heureux , & entr'autres fur une chienne qui perdit pendant l'expérience , près de 30 onces de fang, & qui en reçut autant d'un autre animal. La chienne furvêquit non-feulement à cette ex- périence ; mais elle en fouffrit auflitôt après , une autre plus dangereufe ; car on lui coupa la ratte , fans prendre la précaution de faire une ligature aux vaiffeaux dont on fépara ce vifcére. Depuis ce temps elle s'eft accouplée ; même avant que la bleflure fut cicatrifée , elle eft devenue pleine , a mis bas , & s'eft toujours bien portée depuis. Cette expérience prouve qu'il ne faut pas croire que les transfufions abondantes foient dangereufes. MÉTHODE POUR FAIRE LA TRANSFUSION DU SANG DANS LES VEINES des Hommes , par M. Edm. King. (B) Ibid. T E penfe , qu'un tube d'argent avec un bouchon de même métal , un peu J émoufle à une de fes extrémités, & applati à l'autre pour être manié plus fa- cilement^ dont on s'eft déjà fervi avec fuccès dans les expériences faites fur les animaux, feroit très-propre pour la transfufion du fang dans les veines des hommes. Voici la méthode dont on pourroit fe fervir pour cette opération : aprèsavoir préparé l'artère d'un agneau, d'un chevreau, &c. faites une ligature au bras de la perfonne qui veut en faire l'expérience , dans l'endroit où vous voulés inférer la plus petite extrémité de votre tuyau d'argent , & ayez at- tention que la ligature foiraflez ferrée pour faire gonfler la veine. Cela fait, introduifez votre bouchon d'argent dans le tuyau , de façon que fon extré- mité émouflee effleure légèrement l'une des extrémités du tube. Faites en- fuite une incifion dans la peau , de la même manière que fi vous vouliés faire un cautère, dans l'endroit où vous voulés faire l'ouverture de la veine. Alors, avec une bonne lancette , ouvrez la veine ; ou bien fi elle eft pleine & gon- flée , & fur-tout fi la peau qui la couvre eft fine , vous pouvés l'ouvrir fans écarter les tégumens, en fuivant la méthode dont on fe fert dans les faignées ordinaires. Cela fait , appliquez le doigt , ou une petite compreffe que vous aurés préparée auparavant , un peu au-deffbus de l'orifice , pour empêcher le fang de remonter. Confervant toujours la même pofition , inférez dans la veine l'extrémité émouflee de votre tube ; lorfqu'il y eft introduit , foure- nez-le en appliquant fortement la peau au tour avec le doigt index & le pou- ce. Débouchez alors le tuyau , & inférez-y celui que vous avés placé dans Académique. ioi l'artère de l'animal qui doit fournir le fang, & achevez l'opération félon la — méthode , que l'on fuit ordinairement dans ces expériences. Transactions ___^ Philosophiq. Ann. 1667. RÉPONSE AUX QUESTIONS N°. 28. sur les Mines , proposées dans ces Mémoires. ( A ) MOnfieur Jean Glanvil , qui nous a communiqué ces réponfes , nous ap- « RT 11 prend dans fa lettre , qu'il les tient d'une perfonne , qui demeure au- près de Mcndip , & qu'on peut ajouter foi à fes obfervations. Il ajoute qu'il ne fe croit pas acquitté par ce petit eflai , mais qu'il pouffera plus loin fes recherches, dès qu'il aura occafion d'aller dans ces quartiers, oùil efpére pren- dre beaucoup d'éclairciffemens. Nous prions nos lecleurs , de vouloir bien jetter les yeux fur les queftions, que nous avons propofées dans le N". 19. les réponfes fuivantes ayant été difpofées dans le même ordre : ces obfervations ont été faites aux mines de Mcndip dans le Comté de Somerfit. Réponfes aux queflions I. 2. 3. Mcndip eft plein de Montagnes de diffé- rentes hauteurs , ftériles & froides , en quelques endroits pleines de rochers ; leur chaîne eft difpofée confufément , mais dirigée principalement à XEfl & à YOuef! , fans être parallèles entr'elles. La terre eft couverte de Bruyères , de genefts , & de fougères. On n'y nourrit guère que des brebis ; excepté pendant le Printems & l'Automne , qu'on y envoyé du gros bétail , comme chevaux , poulins, 8cc. les brebis n'y font pas belles , quoiqu'elles ayentle ventre gros ; & lorfqu'une fois elles ont été dans ce pâturage , elles ne grof- fifTent plus , mais elles s'engraiffent lorfqu'on les fait paffer dans un meilleur fol ; il en eft de même des autres bêtes & des chevaux. Aux queftions 4. 5. 6. 7. les habitans ne vivent ni plus ni moins que ceux des autres pays ; ils jouifient d'une très-bonne famé , excepté ceux , qui tra- vaillent à la fonte de la mine de plomb , qui font fujets à une maladie , qui les fait mourir. La fumée de ce métal empoifonneles herbes , fur lefquelles elle refte , & fait périr les troupeaux , qui paillent aux environs : les habi- tans font obligés d'avoir des Pafteurs , qui les en éloignent , crainte d'infe- clion. 11 y a peu de rivières & d'eaux, qui viennent du haut des montagnes , mais il fort plufieurs fources de leur pied , du côté du Nord, du Sud, &de ÏOucJl; les eaux en'font très-faines, & forment des rivières, après avoir cou- lé quelque tems. L'air eft froid, humide , épais , & pefant ; on le voit fouvent chargé de brouillards , & s'il pleut quelque part dans le pays , c'eft sûrement en cet endroit : il eft vraifemblable que cela vient des exhalaifons minéra- les & fouterreines. Le fol eft rouge & pierreux près de fa furface ; les pier- res qu'on y trouve font des cailloux , ou des pierres à fufil ; mais on n'y en trouve point de la nature de l'argille , de la marne, ou de la craye. | Aux queftions 10. 1 1. 12. 13. 14. & If. les arbres qui y croiffent , ont la tête brûlée , leurs feûilles,& leur écorce décolorées & déchirées parle vent : ils ne viennent pas à la groffeur , ni à la hauteur ordinaires. Les pierres & les cailloux que les ruiffeaux & les fontaines hvent , font rougeàtres & pe- ians. La neige , la glace , & la rofée reftent plus long-tems fur Mcndip , que joz Collection — — fur les terres voifmes ; mais je n'ai pas obfervé fi la rolee teint la toile Transactions qu'on y expofe. Phuosovhiq. Aux queitions 16. 17. 18. \ç). Memùp eft plus iujet au tonnerre, aux Ann. 1667. éclairs , aux orages , aux lumières nofturnes , & aux météores de feu , que vt" o ne le font les autres endroits. Les brouillards s'élèvent des vallées, mais je ne fçaurois dire s'ils indiquent les mines. Je ne fçache pas qu'on ait fait ufage de la baguette divinatoire ; & je ne connoisaucun figne fur la tetre , qui in- dique où font les mines. Je ne puis pas donner de grands éclairciffemens fur la queftion du cinquiè- me article , je fçais feulement que la mine de Mendip eft en quelques endroits, difpofée en veine comme une muraille, en d'autres , elle eft plusfuperficielle, tantôt plus étroite, tantôt plus large ; mais elle ne forme qu'une roaffe, & elle contient du plomb pur , excepté à la furface , où il elt couvert d'une terre rouge. Je n'ai pas plus à dire fur le fixième article ; il n'y a que les gens qui fon- dent la mine , qui puiffent y répondre , & je n'ai prefque pas de liaifon avec eux. Je vous apprendrai feulement , qu'ils battent peu la mine , & qu'après l'avoir battue , ils la lavent dans un ruiffeau , & la partent dans un crible de fer ; après quoi ils font un âtre , ou un fourneau d'argille , ou de pierre à fufil , qu'ils enfoncent dans la terre , & fur lequel ils font leur feu , qu'ils allument avec du charbon de bois , & qu'ils entretiennent avec des brouf- failles de chêne , l'excitant avec des (ourlets , que des hommes font agir. Lorfque le feu eft allumé & le foyer échauffé , ils jettent leur mine fur le bois ; elle fe fond & tombe dans le fourneau , d'où ils la tirent avec une cuil- ler de fer , & lui donnent la forme qu'ils veulent , en la jettant dans le fable. Nous efpérons que l'Auteur voudra bien rendre fes réponfes plus complet- tes , & que l'on exemple fera fuivi en d'autres endroits. N°. 29. DIVERS EXEMPLES DE FAITS SINGULIERS, par le Dr. Fairfax. ( B ) I . /^\ Uelques perfonnes confeillerent à M. Morely de Bury faint Edmond , ' î^' V_^de prendre une cuillerée de bon miel d Angleterre , dans un des ART. V. accès dafthme , aufquels il étoit fort fujet ; le malade ayant fuivi ce conieil , tout fon corps enfla , comme s'il eût avalé le plus violent des poifons. M. Goodrich , de qui je tiens ce fait , lui ordonna de prendre un fudonrique or- dinaire , qui le guérit au bout d'un certain tems. Et pour s'affurer , s'il n'y avoir rien de mauvais dans le miel , qu'avoit pris M. Morely , il en fit prendre une femblable quantité à une autre perfonne , dans un autre lieu ; il en ré- Xulta les mêmes accidens , que ceux qui étoient furvenus à M. Morely , & ce malade fut guéri avec le même fudorifique. Académique. 103 'Par M. Oldenbourg. Ibidem. ^^ ... v . Transactions 2. 1 TNeDame de condition , Irlandoife , très digne de foi, m'a rapporté Philosophiq, \J plufieurs fois une exemple femblable d'un accident caufé par le miel. Ann. 1667. Elle avoitreçu une légère bleiïure à la jambe , & le Chirurgien qu'elle ne J^o 2q. connoiffoit point ayant mêlé dans l'emplâtre qu'il appliqua fur la playe , une petite quantité de miel , pour lequel la malade avoit une entière averfion ; la gangrène fe mit au(fi-tôt dans la partie affeûée , dont l'état devint ii fâ- cheux , que la Dame Irlandoife fut obligée de rappeller le Chirurgien qui lui avoit mis l'emplâtre , & qui ayant appris l'antipathie de cette Dame pour le miel , lui ôta cet emplâtre , & en mit un autre qui réiiffit parfaitement. Par le Dr. F A I R F A X. 3. "ly^OnneurTVifTe , MiniftredeMethigam dans la Province de SufFolk, -LVjLàgé d'environ 40 ans , ayant contracté pendant quelque tems l'ha- bitude de boire chaud , ou plutôt de boire fa bière chaude , étant hors de chez lui , vers le milieu de l'Été , but un verre de bière froide , après quoi il fuma une pipe de tabac. Auffitôt après il fe trouva mal , il vomit , & en retournant à fa maifon , fon vomiffement augmenta au point , qu'en arrivant il fut obligé de fe mettre au lit. Il fe trouva encore plus mal le jour fuivant , & ayant épuifé tous les fecours de la Médecine , fans en recevoir aucun foulagement , il mourut le lendemain matin. On m'a cependant afluré que ce miniftre buvoit le vin froid : il ne faut donc point attribuer la caufe de fa mort à la fraîcheur des particides fenlîbles de la bière froide qu'il avoit buë. 4. A/T Adame Marie Brook d'Yoxford , a une telle averfion pour lesmou- IV JLches guêpes , que pendant la faifon ou elles volent en eiTains autour des maifons,elleeil obligée de fe retirer dans une petite chambre bien fermée, & n'ofe point fe mettre à table , de peur que ces mouches venant à volti- ger autour d'elle , ne lui caufent les mêmes accidens , que le fromage aux perfonnes qui ont de l'antipathie pour cet aliment. EFFETS DE PLUSIEURS LIQUEURS mêlées avec le fang chaud au fortir des veines , par M. Rob. Boyle. (B) J'Ai rapporté en 1664 à la Société Royale , une expérience finguliére , ^rt yj que j'ai faite fur le fang encore chaud , au fortir des veines de fanimal. Voici cette expérience : fi on mêle avec le fang encore chaud , une petite quantité d'eau-forte , d'huile de vitriol , ou d'efprit-de-fel , qui font les men- âmes acides les plus ordinaires , le fang perd auffitôt fa couleur vive & ver- meille , en prend une file & obfcure , & fe coagule en un inrtant. Si au con- rendra plus vive qu'elle n'étoit auparavant , confervera le fang dans fon état de fluidité , Se le garantira de la corruption pendant très long-tems. Cette ex- 104 Collection ' périence a été imaginée pour faire voir , entr autres chofes , l'affinité desef- Transactions prits volatils avec le fang. Par M. Oldembourg. Ibidem. -ki0' '" /"^Ette expérience fut rapportée publiquement par M. Boyle à la Société V> Royale , au mois de Décembre 1664 , comme on peut le voir par les Journaux de cette Académie. Art. VII. OBSERVATION SUR L'ÉPIPLOON & SUR LA GRAISSE. (A) LOrfqu'on regarde l'épiploon avec un bon microfcope , on voit que c'eft un fac compofé de plulîeurs autres petits facs remplis de graille. Il a plu- sieurs vaiileaux, qu'on peut appeller vaiffeaux adipeux , qui , comme les ar- tères fanguines , portent la graiffe dans toutes les parties du corps animal, Par-tout , où il y a de la graiffe , on trouve une infinité de ces petits facs , danslefquels elle eft renfermée ; de-là vient que dans les perfonnes maigres, au lieu de graiffe , on ne trouve que de la peau. La ftru&ure de ces petits facs & des vaiffeaux adipeux montre affez , que la graiffe n'eftpas le produit accidentel des vapeurs épaiffes du fang , comme on le croit ordinairement ; & quefon ufage principal n'elt pas de fomenter la chaleur naturelle , elle femble plutôt faite pour adoucir l'acrimonie des fels , qui fe trouvent dans le fang & dans la férofité. Car , dit l'Auteur , les perfonnes maigres & celles , dont l'épiploon a été coupé , font plus fujettes que les autres aux rhumatifmes, aux lienteries , & autres maladies , que pro- duit l'acrimonie des liqueurs , dont les perfonnes greffes ne font pas fitôt at- taquées. La graiffe adoucit l'acrimonie de la feroiîté , comme l'huile , qu'on mêle à une forte leffive , en détruit la force. N°. 30. EXPÉRIENCE DELA TRANSFUSION DU SANG, faite fur un homm '. , à Londres ; par le Docteur Richard Lower , & par M. Edm. Ring. (B) NOus fîmes l'expérience de la transfufion du fang fur M. Arthur Coga , le 13. Novembre 1667. & voici la méthode que nous employâmes pour ART. I. la faire avec fuccès : après avoir préparé l'artère carotide d'un jeune mou- ton , nous fîmes une incifion fur la veine de M. Arthur Coga , en fuivant exa&ement la méthode rapportée ci-deffus , excepté que nous changeâmes là forme d'un de nos tuyaux , pour lui en donner une autre qui nous parut plus propre à l'exécution de notre projet. Ayant donc ouvert la veine du bras , avec autant dç facilité que dans les faignées ordinaires , nous en laiffa- mes fortir 6 ou 7 onces de fang. Nous introduifimes alors notre tuyau d'ar- gent dans l'ouverture faite à laveine^ôi nous adaptâmes aux deux tubes, dont l'un Académique. 105 l'un étoit placé dans l'artère du mouton , & l'autre dans la veine de l'hom- ' — — me , plulieurs tuyaux de plumes inférés les uns dans les autres , pour fervir Transactions de canal de communication , &i conduire le fang qui lbrtoit de l'artère du Philosophie. mouton, dans la veine de l'homme deftiné à le recevoir. Le lang coula fans Ann. 1667. interruption , pendant z minutes au moins , dans la veine de l'homme ; de J^o. •'o. forte que nous pouvions lèntir le battement du poulx , préciièment à l'ex- trémité du tube d'argent. Le patient nous aflura , qu'il n avoit point fenti la chaleur du fang que lui fourniffoit le mouton , ( comme on nous l'a rapporté du fujet , fur lequel on a fait l'expérience en France ; ) ce que l'on peut at- tribuer à la longueur des tuyaux , par lelquels paffoit le fang , qui perdant fa grande chaleur en les traverlant , avoit acquis par-là un degré de cha- leur plus tempéré & très-convenable à celui du fang , avec lequel il fe mê- loit dans la veine de l'homme. Et voici d'où nous conclûmes que le fang avoit coulé fans interruption , pendant l'efpace de deux minutes : en premier lieu , de ce que nous fentimes pendant tout ce tems , que le battement de l'artère du mouton , repondoit à la veine de l'homme : en fécond lieu de ce que M. Arthur Coga nous ayant dit qu'il avoit reçu une quantité fuffifante de nou- veau fang , nous retirâmes de la veine , le tube que nous y avions introduit, & le fang du mouton ne biffa pas de s'écouler toujours avec rapidité par ce tuyau ; ce qui n'auroit point été ainfi , s'il avoit rencontré le moindre ob- flacle pendant l'el'pace de ces deux minutes , le fang étant fi prompt à fe coaguler d1 -s les tubes, au moindre retardement, fur-tout dans ceux dont nous nous fervimes , qui etoient auffi longs que les 3 tuyaux de plumes. Nous jugeâmes par la quantité de fang du mouton que nous laiffames couler au travers du tube dans uneécuelle , que l'homme fur qui nous avions fait l'ex- périence , en avoit reçu 9 on 10 onces. Il fe porta très-bien après l'opéra- tion , de même que pendant le tems que l'on employa à la faire. TRANSFUSION DU SANG DE 4. MOUTONS, DANS UN CHEVAL, par M. Denys. (B) MOnfieur Denys écrit de Paris, qu'il fit dernièrement l'expérience delà Art. II. transfufion du fang de 4 moutons , dans un cheval de 26 ans ; l'opé- ration rendit à ce cheval une nouvelle vigueur, & un appétit meilleur qu'à l'ordinaire. LIQUEURS MÉDICINALES INJECTÉES DANS LES VEINES de plusieurs personnes , par le Dr. Fabrice. (B) I'Inje&ai avec un fyphon , environ deux dragmes d'un remède laxatif, ^rt. jii_ . dans la veine médiane du bras droit de 3 malades , dans un Hôpital à Dantzick. L'un de ces malades étoit un foldat fort & vigoureux, dangereu- lement attaqué du mal vénérien , & dont les os des bras étoient prodigieu- lement tuméfiés. Auffitot après l'injection , il fe plaignit de violentes douleurs Tome I. II. Partit. O io6 Collection — . . aux coudes , & les petites articulations de fes bras s'enflèrent à vue d'oeil ; Transactions de forte qu'il fallut comprimer légèrement avec le doigt, les tumeurs qui fe Philosophie formoient autour des épaules , pourappaifer un peu la douleur qu'elles lui Ann. 166-. cauibient. Quelques heures après , le remède commença à agir , fans fati- N°" "•o ' Suer beaucoup le malade ; il fit auffi l'on effet le lendemain , de forte que le foldat alla 5 fois à la (elle fort copieufement ; les tumeurs de fes bras fe dif- fipérenr , fans employer d'autres remèdes, & il ne reffentit plus aucun refte du mal dont il étoit attaqué. Nous fîmes les deux autres expériences , fur deux perfonnes de l'autre fexe ; l'une étoit une femme uiariée , âgée de 3 5 ans , & l'autre une fervante âgée de 20 , qui étoient fujettes depuis leur naiffance à de terribles accès dvépi!epfie ; de forte qu'il y avoit très-peu d'efpérance de pouvoir les guérir. Elles fe fournirent toutes les deux à l'opération , & on injecta dans leurs vei- nes , une réline laxative diflbute dans un efprit antiépileptique. La femme mariée eut plufieurs felles copieufes quelques heures après l'injection , & le jour fuivant : les accès qui revenoient cependant encore de tems-en-tems , mais à la vérité beaucoup moins violens , difparurent entièrement. La fervan- te alla 4 fois à la felle le jour même de l'injection , & plufieurs fois encore le lendemain ; mais comme elle alla au grand air , qu'elle s'expofa au froid , & qu'elle n'obferva aucun régime , elle mourut par fa faute. Il faut remarquer que les trois malades eurent des vomiffemens abondans ôi fouvent réitérés , auflitôt après l'injection. EXTRAIT D'UNE LETTRE ÉCRITE DES BERMUDES , fur les marées , fur les puits d'eau douce & d'eau falée , creufés près de la mer , fur une nouvelle pèche de la Baleine , & fur les Baleines qui produifent lefper- ma-ceti , par M. Richard Norwood , qui efl établi dans ces pays. (A) Du 18. Juin 1667. M ONS1EUR ART. IV. J'ai reçu votre Lettre du 24 Octobre 1666 ; mais celle que vous m'a vies écrite auparavant , n'eu pas venue jufqu'à moi. Vous êtes la première per- fonne , qui m'ait appris l'inditution de la Société Royale ; je fuis bien aife que Dieu ait infpiré à S. M. un auffi noble deffein , je ferois charmé de pou- voir contribuer par quelque endroit à fon avancement; c'eft pourquoi je vais répondre le mieux que je pourrai aux queftions que vous me faites. Je n'ai qu'une connoiffance générale des marées, je fçais feulement , que la pleine-mer arrive fur les 7 heures aux nouvelles Lunes , & une ou deux heures plus tard dans quelques petites Bayes. L'eau ne monte guère qu'à quatre pieds, & à cinq feulement dans les plus fortes marées du Printems. Leurs directions font très-différentes , quelquefois elles font pouffées vers l'Elt , quelquefois vers l'Oueft : mais dans les beaux tems elles vont du Sud- Ouefl vers le Nord-Ouert. On trouve des puits d'eau douce à 20 brafles de la mer , & plus près , Académique. 107 dont l'eau haufle & baille avec la marée , ce qui arrive ù la plus grande par- ■■ ■■■- tic des puits de ce pays. Lorfqu'on veut taire un puits , on creufe jufqu'au Transaction? niveau de la mer, ou l'on trouve de l'eau douce &c falée. Si elle eft" douce, Philosophie. on découvre sûrement l'eau Calée en creui'airt deux ou trois pieds au-deflbus. ^nn I(jg_ L'eau eft douce dans les terreins fablonneux onde gravier que l'eau peut xio' pénétrer ; mais fi ce font des rochers de pierre à chaux , au travers desquels ' • ' l'eau ne pénétre pas , elle eft falée ou faumâtre ; néanmoins , pour le dire en paffant, je n'ai jamais vu dans ce pays , de fable brillant femblable au ver- re pilé , ou à la pierre à aiguiler , tel qu'on le trouve en Angleterre ; mais une fubftance femblable au. fable, quoique plus molle ; il n'y a pas non plus de cailloux ni de pierres à fuiïl. On avoit déjà tenté envain de prendre des baleines,mais depuis deux ou trois ans on commence à y mieux réùfiir ; nos pêcheurs en prennent quelquefois deux ou trois par jour dans le Printems. J'ai oui dire que celles de ce pays-ci étoientplus petites que celles du Groenland, mais beaucoup plus vigoureufes: car , fi on les harponne'dans un lieu où la mer eft profonde , elles plongent avec tant de violence, qu'elles entraineroient la barque, fi l'on ne coupoit pas le ca- ble à tems ; c'eft pourquoi on ne les harponne que fur des bas-fonds. On a dans ce pays-ci des bateaux très-propres à ce deffein ; ils font munis de fix rames , & on peut les faire aller en avant , en arriére , félon que l'occafion le requiert. On rame d'abord avec tant de force fur la baleine , qu'elle ne peut guère échap- per. Alors un homme , qui eft dreffé à cela, fe tient prêt & épie l'occafion, & lorfqu'il l'a trouvée, il lui jette fon harpon autour ou devant les nageoires plu- tôt que vers la queue. Ces harpons font femblables à ceux , qu'on employé en Angleterre pour le Marfouin , mais ils font d'une efpéce de fer particulie- re , qui ne fe cafte point , Se fe plie comme on veut. Le harpon eft attaché à une petite corde très-forte , il y a dans le manche un bâton , qui en fort lorfque la baleine eft percée ; de façon que , lorfqu'elle eft un peu en repos, on fe hàle deffus , & on lui jette un autre harpon , ou on l'achevé avec des lances emmanchées au bout d'un bâton : ce que je ne rapporte que par oui dire , n'en ayant pas vu tuer moi-même. Je n'ai jamais entendu dire qu'on ait trouvé de fperma-ceti dans aucunes de ces baleines; des perfonnes dignes de toi m'ont cependant afturé , qu'il y avoit à Elcutluris des baleines , de l'ef- péce de celles qui le produifent ; qu'on en trouvoit aufli dans les autres Ifles du Canal dt Bahama , ( où l'on trouve auffi de l'ambre gris ; ) que ces baleines avoient de grandes dents , ce que n'ont point les nôtres , & qu'elles étoient extrêmement nerveufes. Un homme de cette Iile nommé Perinchier en trouva une morte fur une Ifle , où elle avoit été jettée ; & quoique je le croye fort ignorant dans cette befogne , il en tira cependant beaucoup de fperma-ecti. II paroît qu'elles n'ont pas plus d'huile que les nôtres ; j'ai oui dire qu'elle reftembloit d'abord à du blanc de baleine : mais je crois qu'il le clarifie avec le feu. Lorfque je lui parlerai , ( ce que je ne puis pas faire maintenant, parce qu'il n'eft pas ici, & que le vaifleau eft prêt à partir, ) je tâcherai d'en apprendre quelqu'autre particularité , &c. X Oî io8 Collection Transactions ~~ "ZTSâ? TRANSACTIONS PHILOSOPHIQUES. N». 31. Année M. D C. L X V I I I. N°.3i. NOUVELLES EXPÉRIENCES SUR LE RAPPORT, qu'il y a entre l'air & la lumière du bois luifant , & celle des poijfons , fai- tes à Oxford , par M. Robert Boyle. ( A ) Art; i. JYL o N s 1 e u R ,■ Pour m acquitter de lapromeffe , que je vous fis , ily a quelques jours , je vais vous faire part des expériences, que j'ai faites la nuit du Mardi 29 Octobre 166 y. & les deux ou trois nuits fuivantes ,fur le rapport , qui Je trouve entre l'air & la lumière , que rendent certains corps. Ce qui a donné lieu à ces expériences ; c'efl qu'ayant fait depuis long-'.ems , comme vous le fçavés, des remarques hifloriqucs Jur les qualités des corps , au nom- bre defquelles les Philofophes mettent ordinairement la lumière , (je n'examine pas ji c'efl avec raifon , ) & ayant joint mes obfervations à celles , que quelques voya- geurs , que j'ai chargés de m' aider dans mes recherches , ont faites fur les corps lui- fans ; je formai le projet , de jaire des expériences à cefujet , lorfque j'en trouve- rois l'occafion , & que j' aurois les inftrumens néceffaires ; inflrumens , dont j'ai été privé pendant tres-long-tems j m' étant enfin procuré une petite pompe pneu- matique , & quelques morceaux de bois luifant ,je commençai le jour, que je vous ai dit , à faire quelques-unes des expériences que je trouvai fur ma li/le. Et quoi- que , à proprement parler , ces différentes expériences fe réduifent à une feule , dont je voulois vous rapporter tous les phénomènes , tels qu'ils s' étaient prejentés , néan- moins étant obligé d'en mêler quelques-uns , qui n'y ont pas tant de rapport , j'ai cru pour plus de clarté , devoir les propofer comme différentes expériences. J'en ai extrait lexpofé mot pour mot des remarques , que j'écrivois pour mon ufage , a mefure que ces phénomènes fe font préfentés. Ce qui doit vous faire excujer la né- gligence du jlile , & vous empêcher de vous défier d'un expoje dejliné a aider ma mémoire , & non à étayer quelque hypothefe. I. Expérience. Je voulus voir, fi un morceau de bois luifant , mis fous le récipient de la machine pneumatique éprouveroit , en pompant l'air & le laiffant rentrer , les mêmes changemens qu'y éprouve un charbon allu- mé ; m'étant enfin procuré un morceau de ce bois de la groffeur d'une pié- Académique. iop te de quatre fols, extrêmement luifant, je le mis dans un récipient de moyen- : ne grandeur , fans qu'il touchât le ciment ; nous ne nous apperçumes pas , Transactions qu'il eût rien perdu defon éclat , après les cinq ou fix premiers coups de pom- Phh-osophiq. pe , cet éclat n'augmenta pas cependant ; mais au feptième coup il devint Ann. 1668. un peu plus obfcur, &, comme nous nous y étions attendus , il perdit peu- N°. t. i à-peu fa lumière à mefure qu'on pompa l'air : enfin après le dixième coup de pompe , il ne fut plus poffible d'apperçevoir la moindre lueur , quoiqu'on eût fait emporter les chandelles ; & qu'on employât tous les moyens , qu'on put imaginer , pour rendre la chambre obfcure avec des draps , avec nos chapeaux , &c. II. Exp. Nous laiffames enfuite entrer l'air par degrés dans le récipient, & nous eûmes le plaifir de voir cette lumière , qui paroiffoit éteinte , fe ral- lumer auffitôt , & ii parfaitement , qu'elle reffembloit à une étincelle de feu ; elle parut même plutôt augmentée que diminuée. Nous répétâmes cette ex- périence , en partie pour nous affurer encore plus du réfultat , & en partie pour jouir d'un fpeftacle auffi agréable ; le fuccès fut le même que la pre- mière fois. Après cela nous voulûmes voir en combien de tems fe faifoient ces changemens ; nous mimes à cet effet le bois dans un très-petit récipient de verre bien tranfparent ; fa lumière s'affoiblit après le fécond , ou au moins après le troifième coup de pompe , elle difparut entièrement après le fixième ou le feptième ; & nous trouvâmes qu'il n'avoit fallu que fix minutes pour faire porter les chandelles hors de la chambre , pour pomper l'air jufqu'à ce que le bois ne brillât plus, pour laiffer entrer ce même air , qui lui redonna fa lumière en un moment , &c enfin pour faire rapporter les chandelles , afin de confulter la montre. III. Exp. Ayant répété deux fois cette expérience avec le même réci- pient , fans faire attention au tems, qu'on y avoit employé , nous voulûmes voir , fi cette lumière reffembloit à celle d'un charbon ardent , ou en quel- que façon à la vie d'un animal , c'eft-à-dire , fi elle s'éteignoit entièrement lorsqu'elle étoit privée d'air pendant quelques minutes ; ou fi femblable à la vie des infectes , elle fe rallumoit lorfqu'on laiffoit rentrer l'air , après avoir paru éteinte pendant quelque tems. Dans ces vues nous pompâmes l'air juf- qu'à ce que le bois ne parût plus lumineux; nous le laiffames plus d'un quart d'heure dans l'oblcuriré , fans nous apperçevoir , qu'il eût repris fa lumière , quoiqu'à la fin nous euffions rendu le lieu auffi obfcur , qu'il fut poffible. Mais, comme la nuit étoit trop avancée pour pouffer cette expérience plus loin , nous laiffames rentrer l'air, & le bois reprit auffitôt allez de lumière pourfe laiffer voir à quelque diftance. Cette lumière m,e.parut un peu moins vive qu'auparavant ; ce qui peut venir de la foibleffe de ma vue , ou peut- être de l'humidité du ciment. La nuit fuivante nous ajoutâmes ces Obfenat'wns. Nous mimes dans le récipient un morceau de bois très-brillant , qui avoit près d'un pouce de long : l'ayant privé de fa lumière par quelques coups de pompe , nous le laiffames dans le récipient vuide d'air pendant une groffe demie-heure ; nous apperçumes , en rentrant dans la chambre , une pe- tite lumière , qui ditparut après deux ou trois coups de pompe , preuve Tlt) C0iLECTIOI>f ?" ssss certaine qu'elle ëtoit produite par un peu d air , qui s'étoit infinité dans le ré- iRANSACTtoMs cipient : il devoir cependant y en avoir très-peu ; car cette lumière n'étoit J-niL050i'HiQ. ieniible , que lorfqu'on y fdiioii quelque attention. Ayant enuiite laiffé ren- Ann 1668. tier 'air ' 'e ^01S '3r'"a comme auparavant ; je crus cependant appercevoir xio' ,, ' quelque diminution dans fa lumière ; mais je n'oferoisl'affurer jufqu'à ce que je m'en fois convaincu par de nouvelles expériences; l'air s'étoit fait un petit jour au commencement de l'opération , avant que le récipient ne fût entière- ment vuidé , ce qui ranima cette lumière prefque éteinte. IV. Exp. Cette expérience a quelques rapports avec la première , que nous avons cru devoir répéter. Car ayant obfervé dans une autre occafion , que les changemens , qu'éprouvent les corps placés fous le récipient, lorf- qu'on a pompé l'air , font quelquefois moins confidérables immédiatement après qu'on a cefTé de pomper l'air , qu'au bout de quelque tems : j'imagi- nai que la lumière , que le corps conferveroit après en avoir été prefque en- tièrement privé, s'affoibliroit davantage, fi elle ne s'éteignoit pas tout-à- fait , en le laiffant dans le récipient , fans donner que quelques petits coups de pompe , pour vuider l'air , qui pouvoit s'être gliffé dans l'intervalle. Pour nous en allurer , nous mîmes dans le récipient un morceau de boisluifant, dont quelques-unes des parties brilloient plus que les autres ; lorfqu'on en eut pompé l'air , il n'y eut que les parties les plus brillantes , qui parurent lumineufes , leur lumière étoit même très-affoiblie. Nous laifiames ce corps ïlans le récipient vuide d'air , les parties , qui avoient confervé leur lumiè- re , devinrent de plus obfcures en plus obfcures , quelques-unes même cef- férent entièrement de paroître lumineufes , & les autres ne le paroiffoient que lorfqu'on y faifoit attention , encore tout le monde n'en convenoit-il pas : car peut-être nous ne nous en ferions pas apperçus , li nous n'avions pas fçu qu'on y avoit mis un corps lumineux ; & la perfonne de la compagnie qui îivoit les yeux les plus foibles,neput jamais les diftinguer. Mais lorfqu'on eut laiffé rentrer l'air , toutes les parties reprirent leur lumière. Nous ne fîmes cette expérience qu'une feule fois , la nuit étant trop avancée pour la répé- ter; il eit cependant néceffaire de le faire , & avec différentes fubftances , avant de pouvoir rien établir fur ce fondement. V. Exp. La raréfaction & l'expanfion de l'air agiffant fi puifTamment fur le bois luifant, je crus qu'il étoit néceffaire d'éprouver ce que produiroit fa comprefîion. Nous en mîmes donc un morceau dans la machine comprimante de M. Hook; mais quoique nous comprimaffions l'airavec affez de force, néan- moins foit à1 caufe de l'épaiffeur du verre de cette machine , foit à caufe de l'opacité, qui en eft la fuite, nous ne pûmes pas appercevoir le moindre chan- gement dans la lumière du bois. Ce qui m'étonne d'autant moins , que j'ai obfervé depuis long-tems dans des expériences , que j'ai faites dans ces vues , & à l'une defquelles je me fouviens que vous avés affifté , que j'ai , dis-je , obfervé qu'une grande pref- fion d'un fluide fait moins d'imprefïïon fur les fubftances molles & tendres , qu'on ne l'attendroif de là forcé , avec laquelle on les comprime. Comme une chofe en rappelle fouvent une autre , je me fouviens que j'ai eu plnfieurs idées fur le moyen de découvrir , fi l'abfence ou le retour de l'air ne feroient pas dans le tiffu du bois luifant quelque changement , auquel on Académique. n r pût attribuer fa lumière ou fon opacité. Car j avois obfervé dans différentes ■ ■ ■■ ' circonttances , que je ne m'amuferai point à vous rapporter, qu'un léger chan- Transactions gement dans la contexture de ce bois, influe beaucoup fur fa lumière ; ce Philo40phic«. changement femble le taire dans les pores , qui peut-être ont belbin d'être A .x^o d'une certaine grandeur, ou d'une certaine figure ,& d'être remplis d'une vo certaine matière. J'avois même trouvé auparavant par d'autres expériences, " ■> ' que les pores des corps mois font élargis , & que le volume & par conlé- qti^it le tiffu de ces corps, au moins quant à leurs pores , changent mani- fe/tement, lorlqu'on pompe l'air , qui les environne ; parce qu'alors celui qui remplit ces pores, fe dilate, & que ces corps paroifTent reprendre leur pre- mier état , lorsqu'on laiffe rentrer cet air. Mais les découvertes que j'ai faites avec mon microlirope , auquel j'ai expofé un morceau de bois allez luifant pour l'éclairer , ne méritent pas que je vous en rende compte dans un ouvra- ge , où je n'oferois hazarder la moindre conjecture. VL Exp. Ayant eniiiite jugé à propos d'examiner fi ce bois conferveroit fa lumière clans une petite quantité d'air, fans la renouveller, ce que ne peut pas faire un charbon , ni un morceau de mèche ; nous fîmes fceller herméti- quement dans un tube de verre mince, un morceau de bois luifant. N'ous trou- vâmes en le portant dans un lieu obfcur , qu'il avoit entièrement perdu fa lumière ; ce que nous attribuâmes à la chaleur , qu'il avoit éprouvée pendant qu'on feelloit le tube , qui étoit trop court pour cette expérience. Nous en fines fceller deux ou trois autres morceaux , d'environ deux pouces de long , dans un tube de 4 à 5 pouc. ce qui ayant été fait avec toutes les précautions néceffaires , le bois conferva très-bien fa lumière. L'ayant enfuite placé à cô- té de mon lit , lorlqu'on eut emporté les chandelles , je le confidérai long- tems avant de m'endormir , il me parut très- brillant. Le lendemain au matin lorfque je fus éveillé , je ne voulus pas ouvrir mes rideaux , que je n'euffe regardé mon tube , ayant la précaution de mettre un morceau de drap derrière, pour intercepter le jour de la fenêtre , & quoi- que le foleil tut déjà levé , il me parut plus brillant que jamais : fans doute parce que mes yeux n'avoient pas encore vu le jour , & qu'ils croient ac- coutumés à l'obfcurité de la nuit. Je l'examinai à dix heures du foirdans un lieu obfcur , il me parut toujours lumineux , quoiqu'il le fût moins que le matin. II luifoit encore , mais plus foiblement , le lendemain au matin & la nuit Bavante , un morceau fur-tout, qui étoit plus brillant que le relie : & au- tant que je puis le conjecturer, je l'aurois vu briller plus long-tems , û l'une des extrémités du tube n'avoit pas été rompue par accident. V 11. Exp. Tandis qu'on faifoit la première expérience , j'aurois fouhaité avoir une bonne pierre de Boulogne , pour obferver ce que produiroit fur elle, le vuide de la machine pneumatique. Car quoique je fçiiffe, qu'on m'ob- jecteroit , que ces expériences ne pouvoient fe taire que la nuit, au lieu que la pierre de Boulogne n'elt lumineufe, que lorfqu'elle a été expofée aux rayons du foleil , je ne croyois pas que cela eût du n'arrêter , parce que je fçavois que les meilleures peuvent acquérir la propriété d'éclairer, étant expo- fées à la flamme du feu ou d'une grofle chandelle. J aurois encore fouhaité pouvoir éprouver le diamant lumineux , qui ell ii2 Collection - ' — — entre les mains du Roi notre illuftre Fondateur , bien digne de pofféder une Transactions telle rareté. Car vous pouvés vous ibuvenir que dans les obfervations, que Philosouhiq. j'ai faites iiir cette pierre , & que j'ai jointes à la fin de mon traité des cou- Ann 1668 'eurs' Ja' montré les différens moyens , dont on pouvoit fe fervir pour la xt0" . ' rendre lumineufe , & je ne doute pas qu'on n'en pût trouver quelqu'un , -* ' fur-tout une chaleur extérieure, capable de la rendre lumineufe pendant 4 ou 5 minutes , ce qui fuffit pour en faire l'expérience dans un très-petit réci- pient , qu'on put épuifer en deux ou trois coups de pompe. J'aurois auffi voulu avoir quelques vers luifans, fur lefquels j'ai déjà fait d'au- tres expériences. Car quoique je n'aye pas oublié, ce que produit ordinai- rement le défaut d'air, furies créatures vivantes, jen'aurois pas moins fouhai- té d'en faire l'expérience fur ces vers ; foit parce que les effets , que cette machine produit fur les infedes , font différens de ceux qu'elle produit fur les autres animaux ; foit parce que je ne fuis pas de l'opinion de quel- ques Auteurs , qui prétendent, que cette lumière dépend de la vie de ces in- ieQ.es , &c finit avec elle. Mais ne pouvant me procurer rien de tout cela , je réfolus de faire ce qui étoit en mon pouvoir : & en conféquence je fis faire une efpéce de bouton de fer de la groffeur d'une noix mufcade , qui avoit une queue d'un pouce ou d'un pouce & demi de long. L'ayant fait rougir , nous le mimes dans un petit chandelier de terre à pipe , afin qu'il ne donnât pas de fumée capable d'obfcurcir le récipient, de façon que le bouton étoit entièrement faillant ; & nous le plaçâmes (bus un récipient de verre blanc , un peu éloigné de les bords , de peur que la chaleur ne fit rompre le verre. Nous renvoyâmes alors les chandelles , & nous rendimes la chambre aufîi obfcure qu'il fut poffible ; nous pompâmes l'air promptement, fans nous ap- perçevoir , que cette opération produisît aucun effet fur ce fer rouge , qui conferva fa lumière affez long-tems pour nous Iaiffer pomper & faire rentrer l'air trois fois ; nous ne pûmes cependant pas obferver , que cela produisît aucun changement. Car quoique le fer s'obfcurcît à mefure qu'on pompoit , cela ne peut être attribué qu'à fon refroidiffement ; parce qu'ayant fait ren- trer l'air deux fois dans le récipient , lorfqu'il avoit été entièrement vuidé , nous ne vîmes pas que la lumière augmentât. VIII. Exp. Ayant obfervé dans mes expériences Phyfîco Mkhaniqucs fur le reffbre de l'air , que ce fluide eft le véhicule du fon ; & qu'un corps , qui rend un fon foible , le rend encore plus foible fous le récipient de la machi- ne pneumatique , après qu'on en a pompé l'air, que lorfqu'il eft plein ; je J'étois d'autant plus porté à faire cette expérience , que , pour ne pas faire mention du rapport , que nous avions trouvé dans la première , entre la lu- mière & l'air en certain cas , je n'en connoiffois aucune , qui démontrât qu'un milieu moins denfe que l'air , fût capable de tranfmettre la lumière , auffi- bien que les autres milieux tranfparens. Je fçais bien , qu'il y a des raifons affez probables pour le croire ; & les Atomiftes modernes , qui penfent qu'il y a plus de vuide que de matière dans un récipient , dont on a pompé l'air , feront bien aife je penfç d'avoir un argument , qui prouve contre les Péripa- téticiens , Académique; 113 téticiens, que le mouvement des corps , comme celui des corpufcules de *MM*— ** ■ la lumière , peut le faire librement dans le vuide , & fans le fecours d'aucun Transactions véhicule. Phiiosophi* C'eft pourquoi je fcellaiun morceau de bois luifant dans un tube de verre Ann. i66c>. mince , que je mis fous un récipient bien tranfparent , nous pompâmes l'air vr0 ,» & nous le laifsâmes rentrer enfuite. Mais nous n'apperçumes pas le moindre ' accroiffement , ni la moindre diminution dans la lumière du bois , quoiqu'il parût par cette obfervation même que le tube étoit bien fcellé , puifqu'autre- ment l'air , qui y étoit renfermé , en feroit forti , & la lumière du bois fe fe- roit éteinte. IX. Exp. Il me vint auffi dans l'efprit de melurer le degré de raréfaftion de l'air , néceffaire pour priver le bois de fa lumière ; & d'éprouver û le mê- me air, qui, lorfqu'il eft raréfié, laiffe éteindre la lumière du bois , fuffiroit pour la lui redonner , étant réduit à fa première denfité. Ce que je me propofai de faire, en mettant un morceau de bois luifant dans un vaiffeau de verre d'une figure convenable , avec un long tube plein de mercure , de forte qu'il y eût un peu d'air renfermé dans l'endroit où feroit le bois ; qu'il pût être renfermé dans une cuvette pleine de mer- cure , & placé fous le récipient d'une machine pneumatique , & que lorf- qu'on pomperoit l'air du récipient , celui du vaiffeau pût fe raréfier , & re- prendre enfuite fon premier état , lorfqu'on laifferoit rentrer celui du réci- pient , qui devroit faire monter le mercure à fa première hauteur. Mais lorf- que nous voulûmes faire l'expérience , nous ne trouvâmes pas de récipient affez tranfparent , pour laiffer voir la lumière du bois , au travers de deux verres. On propofa de mettre le bois dans une veflie fine & tranfparente,avec une fu rH fan te quantité d'air ; mais faute d'une veflie affez fine , cet expé- dient fut encore inutile. Cependant comme nous délirions beaucoup de faire cette expérience , de quelque façon que ce fût, nous nous fervimes d'un vieux cylindre de verre fcellé à l'une de fes extrémités, dont le calibre étoit de la groffeur du petit doigt , & la longueur d'un pied ou plus. Nous mimes dans ce tube du côté , où il étoit fcellé , un morceau de bois luifant , que nous fou- tinmes avec du liège , nous le renversâmes dans un autre vaiffeau , où il y avoit du mercure , & nous lesjpimes l'un & l'autre fous un long récipient , qui reflémbloit à un barril. Nous pompâmes l'air jufqu'à ce que celui du tube fit defcendre le mercure &: s'échapât dans le récipient ; nous laifsâmes enfuite rentrer l'air du récipient , qui fît monter le mercure dans le tube , qui avoit perdu une partie du fien , jufqu'à la hauteur que nous crûmes néceffaire. Cela fait , nous pompâmes de nouveau l'air du récipient , & nous obfer- vâmes que le bois perdoit fa lumière , à mefure que l'air du tube fe raréfioit , & enfin il la perdit entiérement,lorfque cet air fut^defcendu beaucoup au-def- fous de la furface du mercure de la cuvette. Nous laifsâmes enfuite rentrer l'air dans le récipient , le mercure remonta dans le tube , & par conféquent l air , qui étoit au-deffus , reprit fa première denfité ; ce qui redonna au bois toute fa lumière. Il ne fut pas poflïble de déterminer avec précifion le degré de raréfaction de cet air , parce que fon expansion fit monter le mercure delà cuvette fi haut, que nous ne pûmes pas voir jufqu'où il étoit defcendu , mais nous conjecturâmes , que cet air s'étendoit d'environ un pied , depuis le haut Tome I. II. Partie. P 1 14 Collection ^= du tube jnfqu'à la furface du mercure. Lorfqu'il eut repris Ces premières di- Txan;actions menhons, nous le mefurâmes , &: nous trouvâmes que la partie fupérieure rmiosorHiQ. dutubevuide de mercure étoit d'environ trois pouces; le bois ayant un pou- Ami. 1668. ce de long , il reftoit 1 pouces ou un peu plus pour l'air. Mais cette expérien- \c, ■> \ w ce a befoin d'être répétée avec des inflrumens plus exacls. X. Exp. Nous mimes auflî devoir examiner, fila lumière du poiflbn pour- ri , étoit de la même nature que celle du bois , & fi celle d'un corps d'un grand volume s'éteindroit en pompant l'air, comme nous avons vu que fai- ■lbit celle d'un petit corps. Nous fufpendimes dans un récipient d'une figure convenable , un poiflbn qu'on avoir gardé jufqu'à ce qu'il fût prefque tout lu- mineux ; mais qui Pétoit beaucoup plus au ventre & en quelques parties de la tête que par-tout ailleurs. Sa lumière étoit û vive , ion volume fi considé- rable , & quelques-unes de les parties étoientfi éloignées du contait de l'air, que nous n'osâmes pas efpérer de pouvoir le priver de fa lumière. Nous vui- dâmes le récipient à notre ordinaire. Il parut à la vérité , fur-tout vers la fin de l'opé ration, que l'abience de l'air a voit beaucoup diminué , & même éteint en quelques endroits fa lumière , mais le ventre parut anfli lumineux qu'au- paravant. C'elt pourquoi fuppofant , qu'en ouvrant le robinet, comme Pair rentrerait plus vite qu'il n'en étoit iorti , nous pourrions mieux fentir ce en quoi il contribue à cette lumière , nous le laifsâmes rentrer , la lumière le ranima & augmenta même , les parties du poiflbn , qui étoient à peine vi- fibles , reprirent leur premier éclat. Nous fuivîmes cette expérience, & afin de voir fi c'étoit l'efpece de la lumière , ou feulement la grandeur & le vo- lume du corps, ou bien la force de la lumière , & fi je puis m'exprimer ain- ii , la ténacité de la fnbfiance dans laquelle elle réfide , qui produisent la différence, que nousobfervions entre le poiflbn & le bois ; nous mimes dans le récipient un morceau d'une autre efpéce de poiflbn moins lumineux que celui , dont nous venons de parler , & qui ne Pétoit même qu'en quelques endroits. Nous pompâmes Pair , ce qui fit difparoître la lumière de quelques- unes de fes parties , & rendit les autres fi obfcures , qu'on pouvoir à peine les diftmguer ; elles reprirent les unes ôi les autres leur lumière , lorfque nous laifsâmes rentrer Pair. Pour pouffer encore plus loin cette expéyence , nous mimes dans le ré- cipient un morceau très-mince & très-brillant du premier poiflbn. Il s'obf- curcit entièrement, lorfqu'on eut pompé Pair , & redevint lumineux lorf- qu'on le laifla rentrer. Voila , Monfieur , les expériences , que J'ai faites avec ma pompe fur les corps lia] ans ; j'en aurois fait un plus grand nombre , malgré la difficulté de manier cette machine dans l'obfcurité , fi le bois pourri ne "m'eût pas manqué, & fi nos magafins de verrerie étoient au(fi-bien fournis que nos Marchands de papier. Je ne doute pas , que ces expériences n'occafionnent parmi les Sçavans plufieurs que fions & plufieurs conjectures , félon l'hypothéfe , que chacun aura embraffée. eft 'lUel ProbabU , qu'on s'en feryira pour appuyer l'opinion , qui veut , que , maigre le froid fenfible despoiffons , & de quelques autres animaux- , il y ait dans leur cceuf if dans leur fan g une efpece de feu vital , qui a befoin d'air , comme le feu , qui imprime lefentimene de la chaleur. Il paroi croit alors moins étonnant que ces animaux ne pmffent pas vivre fans air. Je vous rapporterois , fi j'en avois le ACADÉMIQUE. Hf tems , d'autres expériences , qui femblent fiavorijer cette comparai/on ; quoique jr . . _n ne puifle pas vous dioif- fon , ) il perdit toute fa lumière , lorfqu'on eut pompé l'air, comme les plus petits morceaux , dont nous nous étions d'abord fervis , & la reprit comme eux, lorfqu'on le laifla rentrer dans le récipient. XII. Exp. Mais ce n'eft pas là ce que j'avois principalement en vue de vous apprendre. Je voulois vous entretenir du fuccès de quelques expérien- ces que nous fimes pour en confirmer deux des précédentes. Je n'ayois pu dans la première de ces expériences éprouver que pendant une demie-heure , fi un morceau de bois luifant privé de fa lumière dans le vuide de la machine pneumatique , y conferve la propriété de briller de nouveau , lorfqu'on y laiffoit entrer de nouvel air. Ainfi quoique j'enfle fort fouhaité de me fervir dans cette expérience , des mêmes corps que j'a- vois déjà employés; cependant ne pouvant pas m'en procurer , je ftibfti- tuai a leur place de petits morceaux depoiftbn pourri , les uns plu:, luifans Pi iî6 Collection i que les antres ; mais moins que quelques-uns , dont j'aurois pu faire ufage. Transactions Ayant pompé l'air d'un petit récipient, jufqu a ce que la lumière de ces corps Piulosophiq. fùtdifllpée , nous l'ajustâmes de façon qu'il demeura privé d'air pendant 24. Ann. 1668. 'leures > ma's 1 ayant enfuite laiffé rentrer dans un lieu fort obfcur , &c an mi- fjo^ , . lieu de la nuit, le poiflbn reprit toute fa lumière. XIII. Exp. Ce phénomène comparé à quelques obfervations, que j'avois faites auparavant fur la putréfaction , m'engagea à faire une expérience , que je vais vous rapporter ; quoiqu'elle n'ait pas été achevée ; afin que , fi vous jugés qu'elle en vaille la peine , vous puiifiés la faire répéter par un Phyfi- cien de la Société. Coniidérant donc combien la putréfaction influe fur la lumière du poiflbn, & combien l'air avoit de part à la putréfaction , je crus qu'il ne feroit pas hors de propos , de mettre dans un récipient un morceau d'un poiflbn , qui feroit fur le point de devenir lumineux , ayant la précau- tion d'en fufpendre le refte dans la cave , pour obferver fl un ou deux jours après que le poiflbn auroit commencé à être lumineux dans la cave , le mor- ceau , qu'on auroit mis dans le récipient vuide d'air , le deviendroit aufli , ou ( parce que cela ne paroiflbit pas vraifemblable , ) fi malgré le retarde- ment qu'on préfumoit , que l'abfence de l'air apporterait à la putréfaction , il deviendroit lumineux immédiatement après qu'on auroit laiffé rentrer l'air, ou peu de tems après. Mais comme je viens de vous le dire, on ne fit que tenter cette expérien- ce & on ne l'acheva pas ; le récipient étant fi mince , que le poids de l'at- mofphére le caffa , lorfqu'on eut pompé l'air intérieur ; nous en avions un au- tre de la même efpece que nous fumes obligés d'employer à une expérience plus importante , mais nous ne pûmes pas le conferver. Malgré cela nous fî- mes une féconde tentative , qui ne réiiflît pas mieux que la première , mais par une caufe différente : car le poiffo% , que nous avions renfermé dans le récipient , & celui, que nous avions fufpendu à la cave, ne devinrent pas lu- mineux , quoiqu'ils fuffent de la même efpece , que ceux que j'ai coutume d'employer , & que je les euffe gardé beaucoup au-delà du temps, que les autres ont coutume de mettre à devenir lumineux. Si cette expérience m'eût réiiflî , j'avois formé le deffein de la pouffer plus loin , & d'en faire plufieurs autres pour cela , que je ne vous rapporterai pas maintenant. Mais afin que tout ceci ne vous foit pas inutile , je vais faifir cette occalîon pour vous donner un ou deux avertiffemens , qui ont rap- port non-feulement à cette expérience ; mais encore à toutes celles que je vous ai rapportées , ou que je vous rapporterai dans la fuite. /. Avertissement. 1 °. Je ne répons pas que toutes les expériences , que vous entreprendrés fur du poiffon pourri , ay&nt le même fuccés P que celles , que Je viens de vous rappor- ter. Car comme je l'ai obfervé ailleurs , dans un difeours que j'ai écrit à ce fiijct , V événement des expériences n'efl pas toujours certain , & j'ai eu occajîon del'ob- ferverfur les poiffons lumineux en particulier. Outre ce que j'ai rapporté a la fin de la dixième expérience , je me fouviens qu'ayant voulu faire des objervations fur la lumière des poiffons pourris , &en ayant fait acheter pour cet effet un certain nom~ bre , il n'y en eut aucun de lumineux ; quoiqu'ils euffe nt été achetés par la même performe, que j'employois ordinairement pour cela j que je les euffe fuj pendus autui- Académique. 117 me endroit , oùj'avois coutumede les mettre , & que Je les euffe garda non-feulement — — — — jufquà ce qu'ils commencèrent à fe pourrir , mais encore au-delà du temps , où les Transaction» autres ceffentd'étre lumineux. Cependant un morceau d'un autre poiffon de la même PnuosorHiq. efpece, que je fis acheter quelques jours après , devint lumineux , comme je m'y étois Ann. 1 668. attendu. Je me fouviens feulement que le tems étoit alors changeant , & qu'il gela & V'oi i j , neigea, pendant quelques jours. Je pourrois, s'il étoit nèceffaire, vous rapporter des ob- fervations encore plus extraordinaires Jur le peu de certitude de la lumière des poiffons. IL Avertissement. Il faut au ffl faire attention , en faifant des expériences fur les poiffons pour- ris , que leur lumière ne dure pas long- tems. Cette remarque efl d 'autant plus effen- rielle , qu'on pourroit quelquefois ne pas réufjir dans ces expériences , parce qu'el- les feroient trop longues , & fe tromper en prenant la cefj'ation naturelle de cette lumière pour l'effet de l'expérience. XIV. Exp. Je ne fçais li l'expérience fuivante , qne je n'ai tentée, que pour épargner aux critiques la peine de demander , pourquoi elle n'avoit pas été faire , mérite de vous être rapportée. Nous mimes un morceau de poiffon lumineux dans un vaiffeau de verre , à moitié plein d'eau , dont le goulot étoit tort large ; & l'ayant mis dans un récipient , nous pompâmes l'air pen- dant long-tems, pour voir fi l'abfence de l'air auroit la même influence fur ce poiffon , qu'elle avoiteu dans les premières expériences , quoique le vuide du récipient ne privât pas alors le poiffon du contact de l'air , qu'il avoit dé- jà perdu par l'obttacle que l'eau mettoit à ce contact ; pour lors autant que que les bulles d'air , qui s'élevèrent de l'eau , &: qui troublèrent l'expérience comme nous nous y étions attendus, ( maisque nous ne jugeâmes pas à propos de prévenir , quoique nous puffions le faire , ) nous permirent de nous en apperçevoir , nous ne vimes pas que l'abfence ou le retour de l'air produi- sît aucun effet remarquable , fur la lumière de ce poiffon ; ce qui ne m'em- pêchera pas d'en faire l'expérience fur du bois luifant , lorfqu'il m'en tombera entre les mains , avec cette différence , que je le mettrai au fond d'un vaif- feaude verre bien clair , & je le couvrirai d'un peu de mercure. Je ne vous rapporterai pas les raifons de cette pratique que j'ai affez déduites ailleurs. Je dois vous avertir ici , que quoique je n aye pas borné mes obfer\ ations à une feule efpece de poiffon , néanmoins toutes les expériences , que je vous ai envoyées depuis le mois d'Oftobre dernier , à une ou deux près , ont été faites avec des merlans , qui de tous les poiffons que j'ai eu occafion d'exa- miner , excepté une feule efpece , que je ne puis pas me procurer ., font les plus propres pour cette expérience ; ce qui m'engage à vous les indiquer , pour vous faciliter le moyen de répéter ces expériences , û vous le croyés nèceffaire. XV. Exp. Afin de répéter la féconde des deux expériences , que j'avois réfolu de confirmer , je veux dire la neuvième qui nous apprend , que les corps luifans , qui n'ont pas été entièrement privés de leur lumière , en pom- pant l'air, achèvent de la perdre dans l'air raréfié, quoiqu'on ceffe de le pom- per. Expérience que je n'avois pu faire qu'une feule fois , & que je vous di» avoir befoin de confirmation. Nous mimes Ja nuit dans un récipient , im morceau de poiffon pourri , que nous jugeâmes trop brillant, pour être en- tièrement privé de fa lumière. L'abfence de l'air diminua , comme nous l'a- nS Collection =s vions prévu , cette lumière , mais ne la détruifir pas entièrement. M'érant Transactions fait apporter à minuit le récipient dans mon lit , & ayant bien fermé mes Philosophiq. rideaux , & rendu le lieu auffi obfcur , qu'il me fut poffible , le corps , qui Ann. 1668. y étoit renfermé , me parut plus lumineux , que je ne m'y étois attendu ; il N*, 3 1 . 1 étoit encore, fi je ne me trompe, le matin , mais la nuit luivante fa lumière étoit entièrement éteinte. Cependant je fis enforte de le conièrver encore 24 heures privé d'air ; & je n'ouvris le récipient qu'au bout de 48. heures; comme le Heu étoit obfcur , le poifibn reprit bientôt une lumière fi vive , qu'elle fe laiffa apperçevoir dans une chambre , où il y avoit du feu & une chandelle , pourvu qu'on le couvrît d'un chapeau. Aufli encouragés que fatisfaitsde ce fuccès, nous pompâmes incontinent l'air du même récipient, une fois davantage que la première fois , & nous le laifsâmes ainfi épuifé d'air pendant 4 heures ; l'ayant regardé dans un lieu obf- cur , nous n'y vîmes aucune apparence de lumière ; nous fîmes rentrer l'air , & la lumière reparut. J'aurois tenté encore une fois cette expérience , mais comme c'étoit la nuit du famedi , je ne voulus fcandalifer perfonne , en fai- fant travailler mes domeftiques à un ouvrage de pure curiofité. La promptitude , avec laquelle le corps renfermé paroît fe rallumer par le contai! de l'air , réveilla quelques foupçons , que j'avois eu fur les caufes , qui produifent la lumière paffagere, qu'on apperçoit en entrant,&par conféquent en introduifant un air frais , dans les caves , qui ont été long-tems fermées ; ( je ne parle pas des lampes , qu'on trouve dans les tombeaux , pour des rai- fons que je vous dirai une autre fois. ) Car quoique cette lumière difparoiffe promptement , ce que ne fait pas celle de poiffon ; cette différence peut ve- nir de la ténacité , ou dequelqu'autre difpofition de la matière , dans laquelle la lumière du poiffon réfide ; & je me fouviens d'avoir obfervé plus d'une fois une petite lumière fur une certaine efpece de corps , lorfqu'on les re- muoit de leur place , & qu'on les tranfportoit à l'air ; ces étincelles s'éva- nouiffoient quelquefois en une minute , quelquefois elles duroient davanta- ge ; mais comme ce ne font que des conjectures , je ne m'y arrêterai pas plus long-tems : me contentant , après vous avoir donné cet avis , de vous faire remarquer , qu'il fuit de notre expérience , que l'air a peut-être plus de part à divers phénomènes de la nature , qu'on ne l'avoit imaginé jufqu'ici. J'ajouterai , pour confirmer notre expérience , qu'ayant privé de fa lu- mière un morceau de poiffon , qui, lorfqu'on le mit dans le récipient , étoit beaucoup moins lumineux , que plufieurs de ceux que nous avions employés ; je le gardai pendant trois jours & trois nuits en cet état : & comme le récipient dans lequel il étoit renfermé , reffembloit à un autre , j'eus de la peine à le re- connoître dans l'obfcurité , l'ayant ouvert , & laiffé rentrer l'air fur ce corps , il reprit foudain fa lumière, qu'il avoit perdue pendant fi long-tems. En ayant renfermé un autre morceau , dont la lumière étoit encore plus foible , & le croyant propre pour cette expérience ; je le gardai dans ce récipient vuide d'air trois jours & trois nuits , au bout defquels ayant laiffé rentrer l'air , je n apperçus pas la moindre lumière , malgré l'obfcurité du lieu , où fe faifoit l'expérience. Mais comme cela ne répondit pas tout-à-fait à mon attente , je réfolus d'exercer ma patience , & d'éprouver fi le contaft de l'air produi- roit après quelque-tems , un effet qu'il n'avoit pas produit d'abord. Ayanf Académique. iip donc attendu , j'apperçus Air le poidbn une petite lumière , qui , quoiqu'obf- cure , étoit aftez manifefte ; mais je n'eus pas le tems d'examiner fi ellecroi- Transactions troit, & combien elle durerait. Philosophiq. Je ne fçai , Monfieur, li vous n'êtes pas las de lire , je vous afTure que je le Ann_ ](5($8. fuis d'un fi grand nombre d'expériences fur le même fujet: je finirai donc par Mo -, , celle-ci , qui confirme ce que je viens de vous rapporter , & ce que j'avois obfervé auparavant. Ayant renfermé dans de petits récipiens, deux morceaux de merlan pourri , dont l'un étoit moins lumineux que l'autre ; nous difpo- fames les choies de façon , que nous les gardâmes privés d'air pendant quel- ques jours. Le plus brillant étoit encore fort lumineux au bout de 48 heures , mais quelque-rems après , ils ne laidbient voir ni l'un ni l'autre, aucune lumiè- re , quoiqu'ils fuflent dans un lieu obfcur. C'eft pourquoi ayant laide ren- trer l'air dans le récipient, qui contenoit le corps le moins lumineux, nous n'ap- perçumes pas la moindre lumière pendant un tems affez confidérab!e,non plus que dans celui ou étoit le corps le plus lumineux , quoiqu'on y ait aufli laide rentrer l'air. Mais ayant réfolu d'attendre quelque-rems , notre patience fut recompenfée en moins d'un quart-d'heure ; le corps le plus lumineux com- mença à reprendre fa lumière , & l'autre devint aufli vifible quelque- tems après , mais fa lumière étoit très-foible ; le premier la conferva pendant 24 heures. Cette expérience a cela de particulier , que les deux récipiens refté- rent épuifés d'air, quatre jours & quatre nuits. N°. 32.. OBSERfJTIOXS ET EXPÉRIENCES SUR LES RAPPORTS & les différences , quift trouvent entre les charbons allumés & le bois luifant. CEs Obfervations étoient entre les mains de l'Éditeur , lorfqu'il publia les ex- N°. 3 periences de M. Boy le fur le bois luifant , mais n'ayant pas affe^de place pour ART. les IHptfer dans te \°. dernier , il fut obligé de les réferver pour celui-ci. Comme je n'aipu, faute de bois luifant, faire aucune expérience nouvelle depuis les premières , que je vous ai envoyées , je vais pour vous dédomma- ger,}-joindre quelques obfervations , que je vous ai déjà dit , que j'avois faites furies rapports & les différences , qui fe trouvent entre les charbons allumes Se le bois luifant. Vous vous apperçevrés fans peine en les lifant , que j'ai ajoute aux particularités, que ma mémoire & mes premières re- marques fur la lumière '& les corps lumineux m'ont fournies, quelques ob- fervations , que j'ai faites dans mes dernières expériences fur la machine pneumatique , dont je vous envoyé un extrait. RAPPORTS. J'ai trouvé que le bois luifant & les charbons allumés fe relîembloient en ces cinq points. 1°. Ils font l'un & l'autre lumineux , cefi-a-dirt , qu'ils brillent d'une lumière, qui leur cj} propre , & non pas comme les glaces & les corps blancs , qui ne bril- lent yque parce qu'ils réfléchi J'ent le< tfileil & des autres corps Tt no Collection i. g^ Cette proportion eft évidente ; car le bois Iuifant & les charbons allumés Trans actions font d'autant plus lumineux , que le lieu eft plus obfcur , &c qu'il n'y a point Philosophie, de lumière étrangère. Il eft vrai que Vénus & la Lune ne font jamais plus Ann. 166S. éclatantes qu'à minuit , quoiqu'elles n'ayent qu'une lumière empruntée; mais N°. 32. il.eftaifé de voir la différence, qu'il y a entre ces planettes &les corps , dont nous parlons , quant à la queftion préfente. Car quoique nous foyons dans l'obfcurité lorfque nous regardons ces étoiles , ce qui permet à notre pupille de fe dilater ; cependant elles font expofées aux rayons du foleil ; & lorfque ces rayons font interceptés , ces planettes cèdent de paroître lumi- neufes , ce qui eft évident dans les éclipfes. 2. Le bois Iuifant & les charbons allumés ont befoin d'air , & d'un air d'une certaine denflté , pour continuer à briller. Cela a été prouvé , quant aux charbons allumés , par ce que j'ai publié , il y a déjà long-tems , dans mes expériences Phifîco-Mathématiques , où je rap- porte avec quelle promptitude un charbon allumé s'éteint , lorfqu'on pompe l'air , qui l'environne. Les expériences , que je vous ai envoyées , me difpen- fent d'ajouter de nouvelles preuves fur la néceffité non-feulement de l'air , mais d'un air d'une certaine denfité , pour conferver la lumière du bois iui- fant. Il n'eft pas néceffaire de déterminer jufqu'à quel point cela peut s'ap- pliquer à la flamme ; cependant lorfque j'aurai le plaifir de vous voir , je pourrai vous dire fur ce fujet quelque chofe , à quoi vous ne vous attendes sûrement pas. 3 . .Le bois Iuifant & les charbons allumés , ayant perdu leur lumière par la privation de l'air , peuvent la recouvrer promptement , en h laiffant rentrer. J'ai démontré plus d'une fois en votre préfence la première partie de cette propofition , ayant rallumé , en laiffant rentrer l'air , des charbons, qui pa- roiffoient éteints dans le récipient de ma machine, La féconde partie eft évi- dente par les expériences, que je vous ai envoyées. 4. Les charbons allumés & le bois Iuifant s'éteignent aifément dans l'eau & dans plufleurs autres liqueurs. Cela n'a pas befoin de preuve pour les charbons ; quant au bois Iuifant , voici un extrait de mes remarques fur la lumière. J'humedtai un morceau de bois Iuifant avec de l'eau très-pure , il perdit fur le champ fa lumière. * J'ai fait la même expérience avec de fort efprit de fel , avec de l'efprit de fel ammoniac afFoibli ; la lumière s'éteignit lorfque le bois fut imbibé de ces liqueurs. Pour que vous ne penfiés pas que , lorfque je dis plufieurs autres liqueurs , l'en excepte les liqueurs graffes & on£hieufes, je vais ajouter ces deux remar- ques , que je trouve à la fuite de celles , que je' viens de vous rapporter. Je fis l'expérience avec de l'huile de térébenthine , le fuccès fut le même. Je l'ai répétée plus d'une fois avec de l'efprit-de-vin bien reûifîé , il éteignit entièrement la lumière , dès qu'on y eut plongé le bois : en ayant mis avec * C'eft la raifon pour laquelle je vous dis , en vous rapportant l'expérience , que j'avois faite fur du poilTon , dans un vailfeau plein d'eau , fous un récipient purgé d'air , que j'a- vois deiTein de la répéter fur du bois , & que j'aurois la précaution de fubftituer du mer- cure à l'eau, mon ACADÉMIQUE. m mon doigt quelques gouttes fur certains endroits d'un morceau de bois très- ; j luttant , elles éteignirent fa lumière par-tout, où elles touchèrent ; cette lu- Transactions miere ne fe ralluma pas de quelque tems, je ne fçai pas même fi elle fe rai- Philosophicj. luma du tout, car comme je fis cette expérience dans mon lit , jem'endor- Ann. 1668. mis avant d'avoir fini l'obfervation. J^o> -,2., «. Le froid extraordinaire ri 'éteint ni les charbons allumés , ni le bois luifant. On m'accordera fans peine la première partie de cette aflertion ; je pour- rois rapporter plufieurs expériences pour prouver la féconde , mais je crois que la liiivante fuffira. Je mis un morceau de bois luifant dans un petit tube cylindrique de verre fcellé à l'une de fes extrémités & ouvert à l'autre ; je plaçai ce tube dans un vaifleau de verre plein d'un mélange de glace &C de fel ; je l'y laiflai le tems , que je crus néceflaire pour glacer un corps aqueux ; je ne m'apper- çus pas , que cela eût caufé la moindre diminution à fa lumière. Mais pour être plus sûr que ce mélange frigorifique ne m'avoit pas trompé , je mis à côté de ce tube un autre vaifleau plein d'eau , qui fe gela ; & quoique j'y enfle laifle ce bois quelque-tems de plus , il ne perdit rien de fa lumière , & il brilloit même fi je ne me trompe 24 heures après. Quoique la lumière du poiflbn foit plus forte &c plus durable que celle du bois luifant , elle ne (ini- tient cependant pas le froid comme elle ; car ayant fait mettre par un de mes domeflïques, un morceau de merlan lumineux dans un mélange de glace &C de fel , je trouvai qu'il étoit tout roide, lorfque je l'en retirai une demie-heure après ; il ne jettoit plus la moindre lumière , même dans un lieu afléz obf- cur. Mais craignant pour des raifons , que vous pouvés voir dans mes ex- périences fur les poiflbns lumineux , que cet effet n'eût été produit par le fel , plutôt que par le froid , je fis mettre une autre fois un morceau de mer- lan lumineux dans un tube de verre fcellé par un bout, que je plaçai dans un mélange frigorifique , où je le laiflai environ un quart-d'heure ; ni moi ni un jeune homme , avec qui j'étois, n'y pûmes apperçevoir aucune lumière , quoique le lieu fût affez obfcur. Je n'examinerai point , fi cet effet à été pro- duit par le changement , que la congélation des fucs aqueux du poiflbn , a fait fur l'on tiffu , ou par quelqu autre caufe. DIFFÉRENCES. T. La première différence , que j'aye trouvée entre les charbons allumés &■ le bois luifant , efl que la comprefjion n 'éteint pas la lumière du bois luifant , comme celle des charbons , qu'on éteint en marchant de fus ; au lieu que j'ai comprimé du bois luifant , de façon que je pouvois obferver t effet de l'opération ; fans m' apperçe- voir , qu'elle détruisit ou diminuât fa lumière , pas même celle des plus petits mor- ceaux. En voici l'expérience que je trouve dans mes remarques fur la lumière. J'ai mis un morceau de bois luifant entre deux morceaux de verre, dont 1 un étoit plat & l'autre convexe , de façon que je pouvois voir le bois au travers , je ne me fuis pas apperçu que la compreflïon , quoique capable de rompre le bois , détruisit ou diminuât fenfiblement fa lumière. " J'ai répété cette expérience avec le même fuccès ; mais je n'ai pas pu éprou- ver , ce que produirait une compreflïon plus forte & plus longue. Tome I, II. Parue. Q ii2 Collection — 2. La féconde différence , entre le charbon allumé & le bois luifant, eft que le Transactions premier s'éteint entièrement , lorfquil a été privé d 'air pendant quelques minutes , Philosophiq. au lieu que le bois luifant reprend fi lumière ,fi on laiffe rentrer l'air une demie- Ann. 1668. heure après qu'on l'a pompé. Nv. 32. La première partie de cette obfervation fe prouve aifément par les expé- riences , que j'ai Couvent faites dans ma machine fur les charbons allumés ; & la dernière par une expérience , que je fis le mois d'Octobre dernier fur du bois luifant : & il eft affez vraifemblable , que fi j'avois pu en faire l'ex- périence, j'aurois trouvé , qu'un morceau de bois luifant privé de fa lumière, conferve dans le vuide du récipient, une difpofition à fe rallumer , non-feu- lement pendant une demie-heure , comme je viens de le dire , mais encore pendant une demie journée & peut-être plus long-tems. 3. La troijlème différence eft , qu'un charbon allumé s'éteint au bout de quel- ques minutes , fi on le renferme dans un petit vaiffeau de verre , tandis que le bois luifant y conferve fa lumière des jours entiers. Vous m'accorderés fans peine , la première partie de cette affertion , car c'eft un fait ; fans décider li c'eft la fumée , ou les exhalaifons du charbon , qui l'éteignent, faute d'une iffuë pour s'échapper , ou le manque d'air, ou bien quelqu'autre caufe particulière , ce que je n'examinerai point ici, quoique j'aye fait des expériences qui peuvent faciliter cette recherche. Il eft ailé d'en prouver la féconde par ce que j'ai expérimenté fur du bois luifant , que j'ai gardé pendant plufieurs jours dans de très-petits tubes de verre fcellés her- métiquement , fans qu'il perdît fa lumière. 4. La quitrième, eft que le bois luifant n'envoyé pas de fumée ni d' exhalaifons comme le charbon. 5. La cinquième , qui découle de la précédente , eft que le bois luifant ne fe dé- truit pas comme les charbons allumés. Je rapporte ces deux différences enfemble , non-feulement parce quelles ont de l'affinité entre elles ; mais encore parce qu'elles n'ont ni l'une ni l'au- tre befoin d'aucune preuve quant aux charbons , & que ce qui concerne le bois pourri , peut être vérifié par une feule obfervation , que je trouve dans mes remarques. Je fis fceller hermétiquement un morceau de bois dans un petit vaiffeau de verre bien clair , qui s'y conferva lumineux pendant quel- ques jours ; j'y regardai au grand jour , pour voir s'il s'en étoit exhalé quel- que efprit ou quelqu'autre écoulement ; mais je ne pus rien appercevoir à la face intérieure du verre-, excepté en un feul endroit , où il y avoit une efpece de rofée , mais compofée de fi petites gouttes , fuppofé même qu'el- les méritaflent ce nom , qu'il en eût fallu réunir un très-grand nombre pour faire une goutte ordinaire. 6. La dernière différence , quefaye obfervèe entre les corps, que nous comparons, eft que les charbons font actuellement chauds , & je n ai pas obfervè la moindre chaleur dans le bois luifant. Il n'y a que ce qui regarde ce dernier , qui ait befoin de preuves ; car la chaleur des charbons eft auffi évidente , que leur lumière. Je vais rapporter à cet effet une obfervation , que je trouve dans mes remarques , lorfque j'au- rai averti , que le morceau de bois , dont il étoit queftion , étoit fi lumineux , quem'étant éveillé pendant la nuit, quelques heures avant que j'enfiffe l'ex- ACTIONS Académique. ri} périence , & ayant apperçu la grande lumière , qu'il jettoit à côté de mon . lit , où on l'avoit mis ; je pris un livre au hazard entre plufieurs autres , qui Tban< étoient auprès de mon chevet , & je mis ce morceau de bois fur celui , qui Philosophie m'étoit tombé entre les mains ; je diftinguai à fa lumière , que c'étoit une Bi- Ann. 1668. ble Hébraïque , & que la page , où je l'avois ouverte étoit tournée de haut J^o. j 2. en bas ; j'ajouterai encore, que vous trouvères dans le préliminaire de mon hiftoire du froid , la defcription du Thermomètre , dont il eft parlé dans la remarque , à cette petite différence près , que celui-ci eft un peu enfoncé à fa bafe pour pouvoir fe tenir tout feul , & qu'il peut recevoir un petit corps dans le creux que forme cet enfoncement. Je dois encore avertir , que ce bois ne me parut point du tout chaud , & que le poiffon luifant étoit fen- Cblement froid. [ Je mis fur un gros morceau de bois luifant , & autant que je le pus , fur l'endroit le plus lumineux , un de ces Thermomètres que je fais avec une goutte d'eau fufpenduë : mais comme j'avois éprouvé qu'en appliquant mon doigt , ou mon nez fur ce bois , ( quoiqu'afiéz lumineux pour me les faire apperçevoir l'un & l'autre , ) je n'avois pas fenti la moindre chaleur , je ne vis pas monter non plus la goutte d'eau de mon Thermomètre , quoiqu'on la faffe monter, en approchant feulementle doigt de l'inftrument, fans le tou- cher , & qu'elle defcende lorfqif on l'en éloigne. ] Je me iouviens qu'ayant mis cet inftrument fur un grand poiffon luifant , je n'y apperçus pas le moindre degré de chaleur ; mais plutôt du froid. Car l'ayant fouvent changé de place , pour l'expofer plus avantageufement aux différentes parties du corps lumineux , je remarquai chaque fois que je le déplaçai , que la goutte d'eau montoit, & qu'elle defcendoit, lorfqu'il étoit ap- pliqué au poiffon. Je n'ai pas euoccafion d'éprouver (1 cette partie de l'expé- rience réùffiroit dans toutes les températures de l'air. * OBSERVATION SUR UNE MALADIE DES CHEVAUX , dont aucun Auteur n'a encore parlé , qui peut être d'un grand ujage dans le choix de ces animaux j par M. le Dr. Richard Lower. (A) Le 23. Janvier 166 f. ENtre un grand nombre de maladies, auxquelles les yeux des chevaux font ART. II. fujets , ils en ont une , que je n'ai obfervée en aucun autre animal , & que je n'ai trouvée décrite dans aucun Auteur. C'eft une excroiffance Ipon- gieufe , ordinairement d'une couleur de mufc foncée , qui vient au bord de l'uvée. Lorfqu'elle groffit beaucoup , ou qu'il en vient plufieurs , elles dé- rangent la vue ou l'interceptent entièrement. Mais afin que vous conce- viés mieux la manière , dont cela fe fait , vous pouvés vous rappeller que l'uvée eft une partie mufculeufe , dont le principal ufage eft de fe contracter & de fe dilater , félon que la lumière eft plus ou moins forte ; deforteque plus la lumière eft vive , plus cette membrane fe contracte ; plus le lieu , où l'œil eft placé , eft obfcur , plus elle fe dilate. Ce qu'il eft facile d'oblèr- ver dans les yeux des chats , qui font de tous les animaux , que j'ai vus , ceux , dont la prunelle fe dilate & fe contracte plus aifément. Par confé- 124 Collection i quent, fi cette excroiflance fpongieufe eftfi grande , ou s'il yen a tant, quel* Transactions les occupent une grande partie de la prunelle , elles devront intercepter la Philosophiq. lumière , au moins en partie , fi elles ne l'interceptent pas tout-à-fait, lorf- Ann. 1668. 9ne 'a Prune^e viendra à fe contracter ; & par conféquent le cheval n'y N° î 2 verra prefque pas , ou point du tout ; comme je l'ai remarqué plufieurs fois ■* ' dans quelques chevaux , qui n'y voyoienr point au foleil, & qui fouffroient, que je touchafle leurs yeux , fans fermer les paupières ; au lieu que dans leur écurie , leur prunelle fe dilatant , je ne pouvois plus leur préfenter mon doigt près de l'œil , qu'ils ne le fermaffent & ne fecouaffent la tête : j'ai oui dire à ceux , à qui ils appartenoient, qu'ils étoient fu jets a broncher pen- dant le jour , lorfqu'il faifoit du foleil ; mais qu'ils alloient fort bien & fort sûrement le foir & dans les tems couverts. Je n'ai pas examiné quelle peut être la caufe de cette excroifTance fon- gueufe , ni pourquoi les chevaux étoient les feuls de tous les animaux , qui y fuffent fujets , ni quelle efpece de chevaux y étoient le plus lujets. Je ne puis pas préfumer que cela vienne de race , ni que cela foit cau- fé par de trop longs voyages , ayant vu de très-grandes excroiflances à des chevaux de deux ou trois ans , avant qu'ils enflent été montés , ex- croiffances , qui ont beaucoup diminué , lorfqu'on les a tirés, des prairies- pour les nourrir de foin , & qui font revenues à leur première grofleur , le Printems fuivant, qu'on les y a remis pour les rafraîchir. Je ne déciderai pas , fi c'eft de l'humidité de cette nourriture que cela vient , ou de ce qu'ils font obligés de baifler leur tête pour paitre , ce qui doit attirer beaucoup d'hu- meurs vers cette partie. Mais comme il y a dans ce pays beaucoup de chevaux attaqués de cette maladie , ce qui en diminué le prix , je vais rapporter les régies qui peu- vent faire juger qu'un cheval eft hors de fervice , ou qu'il court rifque de perdre la vue. 1. Plus ces excroiflances font grandes , plus la prunelle eft en danger d'être entièrement remplie , & la vue interceptée. Ce qu'on peut connoître en tournant les yeux du cheval du côté de la lumière, & en obfervant fi l'ou- verture de la prunelle eft fort diminuée. 2. Lorfqu'elles font fituées au bord fupérieur de l'uvée , elles deviennent ordinairement plus grandes , & s'oppofent davantage à la vue. 3. Celles, qui viennent au milieu , divifent plus l'objet , & par conféquent dérangent plus la vue , que celles qui viennent à l'un , ou à l'autre de fes angles. Quant? la cure , je ne crois pas , qu'on puifle en attendre que d'une nour- riture féche ; à moins qu'on ne trouvât quelque chofe , qui en ombrageant les yeux , & les garantiflant des rayons du Soleil , empêcheroit la prunelle de fe tant contracter , & par conféquent la vue en feroit moins dérangée. Académique. 125; Transactions EXTRAIT D'UNE LETTRE DE M. DENIS, Philosopha. Docteur en Médecine , & Profejjèur de Philofophic , & de Mathématiques à Ann. 1668 Paris , fitr La cure d'une folie opérée depuis peu par la transfufion du far; r, (A) N° 1 •> IL y a déjà près d'un an , que je publiai ce que je penfois fur la transfu- Art. IV. lion , & qu'après avoir établi mes conjectures fur différentes raifons , Se fur un allez grand nombre d'expériences faites conjointement avec M. Eme- rez ; je réfolus d'en attendre la confirmation , en obfervant avec foin tout ce qui arriveroit dans les différentes expériences que je réfolus de faire. Nous n'avons depuis ce tems-là laiffé échapper aucune occafion de perfe- ctionner cette opération , qui nous a très-bien réiiiîi ; je pourrais en rappor- ter différentes preuves , dont les circonstances paroitroient affez curieufes fi je n'avois préféré d'en faire une Collection , que je pourrai vous envoyer dans quelque-tems , pour m'étendre davantage fur les particularités d'une hiitoire , dont vous ne ferés pas fâché d'apprendre l'événement. Vous avés fans doute entendu parler d'un fou , qui avoit été guéri & rétabli en ion bon fens par la transfufion. Il y a des gens , qui ont répandu le bruit , qu'il étoit mort peu de tems après l'opération ; d'autres , qu'il étoit retombé dans une plus grande folie qu'auparavant ; en un mot on en a parlé fi différemment , que je me fuis cru obligé , pour ciiîiper ces faux bruits de vous rendre compte de l'état , où étoit ce pauvre homme avant la trans- fufion , de ce qui s'eft paffé dans l'opération, & des effets furprenans , qui l'ont fuivie jufqu'ici. Cet homme eft âgé d'environ 34 ans. Sa folie commença il y a fept on huit ans , on préfume qu'elle fut caufée parla rupture d'un mariage , qu'il ef- péroit devoir faire fa fortune. Ce premier accès fut très-violent , & dura dix mois fans aucun bon intervalle ; mais étant peu-à-peu revenu dans fon bon fens , & en ayant donné toutes les marques poffibles , il fut marié à une jeune femme , qui étoit perfuadée que fa folie n'étoit que la fuite d'une ma- ladie , & qu'il n'y avoit pas d'apparence , qu'elle le reprit jamais ; mais la première année de fon mariage n'étoit pas encore finie , qu'il retomba dans ion premier état. 11 a éprouvé cette alternative de guérifons & de rechutes pendant les fept ou huit dernières années ; mais ce qui mérite le plus d'attention , c'efi que l'accès n'a jamais duré moins de huit ou dix mois , fans aucun relâche mal- gré tous les foins & tous les moyens , qu'on a mis en ufage pour le "'uérir; car une perfonne de qualité , ayant entrepris de le faire «uérir , le fît faigner au bras , au pied , a la tête , jufqu'à 18 fois, & lui fit" donner 40 bains ; pour ne pas parler d'un nombre infini d'applications qu'on lui fît fur le front ' ni des potions qu'on lui donna. Mais ces remèdes , au lieu de le foulager \ fembloient aigrir le mal. Il devint à la fin fi furieux , qu'on fut obligé de le lier , de peur qu'il ne fit quelque malheur. Sa folie a toujours été périodique , & n'a diminué que peu-à-peu , plutôt dans le tems qu'il ne prenoit rien , que" lorfqu on le tourmentoit par des remèdes. Le dernier accès de folie qu'il ait eu , le prit , il y a quatre mois , dans un u6 Collection ■*—*— —* ■ ■ lieu éloigné de Paris de 12 lieues. Sa femme , l'ayant appris , yallaauflitôr Transactions pour en avoir foin. Elle l'enferma, & même fut obligée pendant quelque-tems PHitosorHiQ. de le lier , parce qu'il la battoit. Mais malgré tous fes foins , il s'échappa Ann. 166S. tout nud , & vint droit à Paris. On n'a jamais pu comprendre comment il N°. î 1. avoit pu trouver le chemin pendant la nuit. Sa femme le fit chercher dans tous les Villages des environs , tandis qu'il couroit les rues à Paris fans trou- ver aucun endroit pour fe retirer, par ce que ceux , qui eurent la chanté de le recevoir les premiers jours , virent qu'ils s'expofoient au danger de voir brûler leurs maifons. Il n'étoit pas moins dangereux dans cette dernière attaque que dans la pre- mière , il fut deux ou trois mois fans dormir , & fon plus grand plaiiir pen- dant tout ce tems-là , étoit de déchirer les habits , qu'on lui avoit donnés , pour aller tout nud , & de brûler tout ce qu'il pouvoit trouver dans les mai- fons où il étoit. Il excita la compaflion de tout le monde , & même des gens du marais du Temple , où il étoit plus connu , & où on l'avoit vu aufli-bien mis que perfonne de fon état. M. de Montmor fur un de ceux , qui en furent le plus touchés , il réfolut d'employer tout fon crédit , pour lui procurer une place dans un Hôpital ; mais il penfa plutôt à la Transfufion , &c crut qu'on pouvoit la tenter fans danger fur cet homme , après les expériences , qu'il nous avoit vu faire. Il le fit donc enlever , & m'ayant envoyé chercher ainfi que M. Emerez, pour nous demander ce que nous penfions de cette expérience dans un tel cas ; nous répondîmes , que nous pouvions l'aiTurer , que fa vie ne couroit aucun rifque , & que cette opération n'avoit caufé la mort à perfonne , lorfqu'on l'avoit faite avec précaution ; mais que nous n'avions pas allez d'expériences par devers nous , pour lui promettre la guérifon de fa folie ; que nos con- jectures nous donnoient feulement lieu de penfer , que le fang de veau , par la douceur & fa fraîcheur , pourroit diminuer la chaleur & l'ébullition de ce malade. Après un mûr examen , nous réfolumes de le faire tranfporter dans une maifon particulière, &: nous lui donnâmes pour garde un portier , fur lequel nous avions déjà pratiqué la transfufion , il y avoit huit mois ; foit parce que cela ne devoit pas lui paroître fi nouveau , qu'à tout autre , qui n'auroit jamais vu l'expérience, ou qu'il feroit plus propre à raffurer fur le danger de l'opération , le malade & les perfonnes , qui voudraient y aflifter. Le 1 9 Décembre nous fîmes tout ce que nous pûmes , pour difpofer l'ima- gination du malade à fouffrir la transfufion , que nous réfolumes de faire le même jour à fix heures du foir. Un grand nombre de perfonnes de qualité y afliftérent avec plufieurs Médecins & Chirurgiens trop éclairés pour qu'on pût les tromper. M. Emerez ouvrît l'artère crurale du veau , & fit en leur pré- fence toutes les préparations néceffaires ; & après avoir tiré environ 10 on- ces de fang du bras droit du malade , nous ne pûmes lui en faire recevoir que cinq ou fix onces de celui du veau , parce que la pofture gênante &c la foule des fpe£tateurs interrompirent l'opération. Il fentit , comme il le dit lui-même , une grande chaleur le long du bras & fous l'aiffelle , mais voyant qu'il alloit s'évanouir,nous arrêtâmes le fang, qui couloit dans fa veine , & nous fermâmes la playe. Il foupa deux heures après, & fi l'on en excepte quelques étourdiffemens , & un peu d'aflbupiffement Académique. 127 qu'il éprouva de tems-en-tems , il paffa la nuit à chanter ck à fiffler à fon ' -*^a ordinaire. Transactions Le lendemain au matin nous le trouvâmes moins extravagant , (bit dans Phuosophk». les aftions , (bit dans fes paroles ; ce qui nous fît penfer , qu'en réitérant la ^nn x668. transfulion une ou deux t'ois, nous pourrions apperçevoir un plus grand chan- vrg' cernent : nous nous difpofames donc à la répéter le Mercredi à fix heures du " ^ loir , en préfence de M". Dodart , Bourdelot , Lallier , de Bourges , &c Vail- lant , tous habiles Médecins. Mais comme cet homme paroiffoit très-maigre , & qu'il n'y avoit pas d'apparence , qu'il eût trop de fang , après trois ou qua- tre mois de veilles , & après avoir louffert la faim & le froid , en courant les rués tout nud , fans trouver où le retirer la nuit ; nous ne lui en tirâmes que deux ou trois onces du bras gauche. L'ayant mis dans une poflure plus fa- vorable , nous lui infufames plus de fang que la première fois. Après avoir confidéré ce qui refîoit de fang au veau , nous jugeâmes , qu'il pouvoit en avoir reçu plus d'une livre. Comme cette féconde transfufion étoit plus forte , aufîi (es effets furent- ils plus prompts , 6c plus coniidérables. AufTitôt que le fang du veau com- mença à entrer dans fa veine , il fentit le long du bras & fous l'aiffelle la mê- me chaleur , qu'il avoit fentie la première fois. Son pouls s'éleva , éV bien- tôt après fon vifage fe couvrit d'une fueur abondante. Son pouls varia beau- coup dans ce moment ; il fe pleignit d'une grande douleur aux reins & d'un grand mal d'eflomac ; il nous dit qu'il alloit étouffer, ii nous ne lui donnions pas la liberté. On retira promptement le tuyau , qui conduifoit Je fang dans fa veine, & tandis qu'on fermoit la playe , il vomit beaucoup de lard & de graiffe , qu'il avoit mangée une demie-heure auparavant ; il fentit un befoin preffant d'u- riner , & demanda à aller à la felle. On le fît bientôt coucher ; & après avoir vomi pendant deux heures , des liqueurs qui chargeoient fon eftomac , il s'endormit vers les dix heures , & ne s'éveilla que le lendemain Jeudi à huit heures du matin. Lorfqu'il fut éveillé il parla de fes douleurs , & de la grande laifitude qu'il fentoit dans tous fes membres , avec beaucoup de calme & une grande préfence d'efprit ; il remplit un pot de chambre d'urine auffi noire , que fi on y eût mêlé de la fuie de cheminée. Ayant oui dire à quelqu'un de la compagnie , que nous étions dans le tems du Jubilé , il demanda un ConfefTcur pour fe préparer à le faire ; il fe con- fefla à M. de Veau , avec tant d'exacf itude , que cet Eccléfiaftique rendit pu- bliquement témoignage de fon bon fens , & le jugea même capable de rece- voir fes Sacremens , s'il perfifloit dans cet état de dévotion. Il demeura affoupi tout le relie du jour , parla peu , &: pria ceux , qui venoient l'importuner par leurs queflions, de le biffer en repos; il dormit auffi toute la nuit fuivante. Le Vendredi matin il remplit un autre pot de cham- bre d'urine prefque auffi noire que la veille , il feigna copieufement du nez , ce qui nous engagea à lui tirer une petite palette de fang. Le famedi au matin veille de Noël, il voulut fe confeffer une féconde fois , pour fe difpoferà la Communion. M. Bonnet l'entendit en confdfion & l'exa- mina ; ayant trouvé , qu'il avoit toute la raifon néceffaire pour recevoir fes Sacremens , il les lui adminiltra ; ce même jour fon urine s'éclaircit , depuis ce tems-là elle reprit peu-à-peu fa couleur. n8 Collection — ' Dans ce mcme-tems fe femme , qui l'avoit fiiivi de Ville-en-Ville , vint Transactions à Paris. I! témoigna beaucoup de joye de la voir , & lui raconta avec une Philosophiq. grande préfence d'efprit les difterens accidens , qui lui étoient arrivés en Ann. 1668. courant les rues de Paris , comment la garde l'avoit arrêté une nuit, &com- xt0 , , ment on lui avoit injefté du fang de veau dans les veines. ' ' Cette femme nous confirma encore plus les bons effets de la transfufion , en nous afîùrant , que la faifon , où nous étions , étoit celle , où fon mari étoit le plus furieux contre elle , & le plus dangereux , & qu'à toutes les plei- nes lunes , il ne faifoit que jurer &c la battre , bien loin de la careffer com- me il faifoit alors. Il eft vrai qu'en comparant le calme , où il étoit , avec l'état ou chacun f avoit vu avant la transfufion , il n'eft perfonne , qui n'eût dit qu'il étoit par- faitement rétabli. Cependant je n'étois pas auffi fatisfait que les autres , &C je préfumoispar quelque chofe que j'avois vu , qu'il falloit la réitérer en- core une fois , pour achever ce que le? deux premières avoient commencé. Néanmoins remettant d'un jour à l'autre , l'exécution de ce projet , nous remarquâmes un fi grand changement clans fa conduite , fon efprit revenant peu-à-peu , & fa femme & tous (es amis nous ayant aflurés , qu'il étoit ré- tabli dans tout fon bon fens , que nous renonçâmes entièrement à ce deffein. Je l'ai vu prefque tous les jours depuis ce tems-là , il m'a témoigné fa re- connoiflance de toutes façons , & a remercié mille fois M. de Montmor , de la bonté qu'il avoit eue de le retirer du malheureux état où il étoit , par un remède , dont il ne perdroit jamais le fouvenir. Il a à prefent l'efprit tranquille , & fait très- bien toutes fes fondions. II dort toute la nuit fans interruption ; il eft vrai qu'il a quelquefois des fonges efFrayans. Il s'eft comporté avec tant de difcrétion dans quelques vifites qu'il a faites cette femaine , que plufieurs Médecins, & autres perfonnes de con- iidération , qui l'ont vu , peuvent rendre témoignage de tout ce que j'avan- ce. Je n'oppoferai aux plaifanteries , & aux contradictions , que l'expérience même. Je publiai l'année paffée mes conjectures &mes raifons. Detous ceux qui ont tenté de les combattre , il n'en eft pas un , qui ait vu l'état de la que- fîion ; ce qui me difpenfe de leur répondre. Je me fuis borné aux feules ex- périences ; celle dont je vous envoyé le détail , pourra peut-être ouvrir les yeux à quelques-uns de ces incrédules. Je vous rapporte l'hiftoire fimplement , non pas qu'il n'y ait bien matière à difcourir fur ce qui eft arrivé , foit pen- dant, foit après la transfufion. Quelques perfonnes penférent , que le vomif- fement qui étoit furvenu , avoit été caufé par le lard , qu'il avoit mangé demie-heure avant l'opération ; d'autres, faifant attention à la douleur des reins pendant la transfufion , & à l'enflure de fon eftomac , qui fut immé- diatement fuivie d'une évacuation par haut & par bas , ont penfé que la gran- de quantité de ce nouveau fang , qui entroit dans les veines , avoit caufé une plénitude & une fermentation dans les gros vaiftéaux , dont tous ces phéno- mènes étoient les effets néceflaires. A quoi l'on peut ajouter , que prefque tous ceux , à qui l'on a injefté quelques liqueurs dans les veines , ont été ex- pofés aux même accidens. On ne s'accorda pas non plus fur ce qui caufoif la lafîîtude , qui obligea cet homme à garder le lit pendant plufieurs jours; quelques-uns l'attribuoient au défordre, Académique. 129 défordre , qu'avoit du cnufer l'entrée de ce nouveau fang ; d'autres l'ont re- gardée comme l'effet d'une efpece de rhumatifme que cet homme avoitga- Transaction gné en couchant tout nud dans les rues , tk ont penfé qu'il ne l'avoit i'enti , Pwiosoi'HKi. qu'après le retour delà raifon , comme ceux , qui l'ont attaqués de fièvre Ann. 1668. chaude , qui ne l'entent leur foibleffe , que lorfque l'accès a diminué. v0 On a auflî parlé différemment de la couleur noire de Ion urine quelques- uns prétendoient , qu'il s'étoit rompu quelques veines dans les reins , ou d^ns la veffie par trop de plénitude : d'autres imaginoient que c'étoit une atrabi- le , qui s'étoit déchargée dans les veines , & qui étant retenue auparavant , envoyoit des vapeurs au cerveau capables d'en troubler les fonctions. Jefufpens mon jugement jufqu'à ce qu'un plus grand nombre d'expériences m'ayent mis en étatde décider. Car de 50 animaux fur lefquels nous avons fait cette opération, il n'y en a eu que iO , qui ayent piffé du fang après l'o- pération : & je crois avoir trouvé un moyen affuré de prévenir cet accident. J'ai même imaginé une efpece de préparation & de régime, que je ferai ob- ferver aux malades avant & durant l'opération , afin de la rendre plus ef- ficace : car il n'eft pas douteux , qu'il faut préparer le corps à la transfulîon , comme aux autres grands remèdes , fi l'on veut qu'elle ait quelques fuccès. M lis nous ne devons pas nous repentir de ne l'avoir pas fait dans cette oc- cafion , étant mieux en état de juger par ce moyen , de ce que peut la trans- fufion toute feule , &c les gens prévenus ne pouvant pas attribuer cette cure à la préparation plutôt qu'à l'opération elle-même. J'ai oiii parler de plufieurs autres malades , qu'on pourrait guérir par ce remède , je ne manquerai pas de vous faire part du fuccès dans toutes les occa fions. N°. 34. OBSERVATIONS Chymiques et Médicinales; par Mich. Behm. (B) IL feroit à fouhaiter que le Dr. Boyle , qui s'eft rendu fi illuftre par fes N°. 34, ouvrages , voulût bien faire part au public de quelques expériences plus ART. I. détaillées , fur la nature des fels ; pour expliquer comment les fels alkalis ou lixiviels différent, comme fixes , des autres fels acides & acres qui ne font pas moins fixes , & en quoi les uns & les autres différent des volatils & des autres efpeces de fels , dont on n'a pas encore affez expliqué la nature , & qui en font diftingués par leur nom &: par leurs propriétés. Car parmi les volatils nous voyons que le fel urineux diffère du fel contenu dans l'efprit- de-vin, &i dans les autres fubftances inflammables de cette efpece, parce qu étant mêlés , ils fe coagulent Si changent de couleur. J'elpere trouver une liqueur , qui injeèlée dans la veffie, réfolve peu-à-peu &.' fans douleur les calculs. J'examinai dernièrement la férofité du fang de quelques animaux, & je la Tome I. II. Partit. R 130 Collection — fis coaguler à un feu doux ; elle prit la confidence d'un blanc d'œuf , elle Transactions le durcit par le mêlasge d'un acide, mais en y mêlant de l'efprit-de-vin , & Thuosophiq. fur-tout quelque alkali , elle conferva fa fluidité. Ann. 1668. J'a' remarqué que les différentes efpeces de goutte viennent, de ce que NQ. 34. le fédiment de l'urine n'eft point féparé de la malle du fang , par les reins ou par les fueurs : alors ce fédiment fe mêlant avec le fang s'attache dans les jointures des parties du corps les plus éloignées du centre de la chaleur ; & c'elt dans ces endroits , que par 1 acreté du fel qu'il contient , il caufe des douleurs aiguës , que l'on peut cependant appaifer par les remèdes froids , ou bien des pierres & des callofités dans les jointures par fon épaiffiffement. Il feroit à lbuhaiter que les Sçavans d'Angleterre vouluffent approfondir les caufes de cette maladie , & faire part au public de leurs découvertes , pour que ce mal ne pafsât plus pour incurable parmi les Médecins : ce qui m'a le plus embaraflé fur cette maladie , c'eft que j'ai obfervé , que les purgatifs , & les faignées ne la guériffoient point , que les fueurs &c les cautères n'y apportaient que très-peu de foulagement, & que tous les emplâtres huileux & refrigérans n'en procuroient aucun ; & bien plus , que l'efprit-de-vin , ou de fel ammoniac n'attiroient ou ne réfolvoient pas fuffifamment la matière qui caufe les douleurs de la goutte. Perfonne n'ignore que les eaux thermales font très-falutaires , & j'ai éprou- vé que celles qui provoquent l'urine font les plus fpécifiques. Mais comme on ne trouve pas par tout des eaux minérales , mes recherches & ma cu- riofité m'ont fait découvrir une liqueur , qui par fon odeur , fon goût &c fa vertu , reffemble affez à ces eaux. En étuvant de cette liqueur les parties malades , & plongeant le refte de mon corps dans l'eau chaude , je reffens un très-grand foulagement. J'ai éprouvé aufli que les pilulles qui provoquent l'urine , qui épurent le fang , &c le rendent plus fluide , qui diifolvent la ma- tière des calculs , & réfolvent les matières vifqueufes & fcorbutiques qui s'amaflentdans le méfentére, me foulageoient beaucoup , fans me caufer au- cun dérangement d'eftomac. Les véficatoires appliqués à la partie affeftée, ( contre l'avis de tous les Médecins , ) m'ont donné un foulagement très- prompt , & m'ont garanti , moi & quelques-uns de mes amis , des atteintes de ce mal. Je ne confeillerois cependant pas ce remède à ceux qui font fu- jets à des ulcères fiftuleux. Je fuis encore dans le doute , fur ce qu'il faut penfer des maladies que l'il- luftre Sylvius attribue à l'effervefcence du fuc pancréatique avec la bile , dans le duodénum ; car je n'ai jamais eu connoiffance de ce fuc acide , & je n'ai jamais remarqué que les acides ou les acres foibles ou violens miffent la bile en effervefcence ; mais qu'ils la coagulent plutôt , comme les acides pré- cipitent le lait de foufre & les autres fels huileux. Je penfe donc avec Hel- mont, que le chyle peut être tempéré efficacement par un mélange de bile avec le ferment acide des alimens , plutôt que par le feu. L'expérience dé- montre qu'un tel mélange , quand même il produirait quelque effervefcence » ne pourrait pas caufer tant de maladies. Académique. 131 Trassac ^ # "3 ( t PHILOSOPHIE ______ Ann. 1668. LETTRE DE M. VABBÉ MARIOTTE DE DIJON à. M. Pecquet , contenant uni nouvelle découverte fur la vifion. NMï. A Tant fouvent remarqué dans des différions d'hommes & d'animaux , art 11 que le nerf optique ne répond jamais au milieu du fond de l'œil , qui eft le lieu où fe peignent les objets que nous regardons , & que dans l'hom- me il eft un peu au-deffus de ce milieu & vers l'angle interne da l'œil ; j'i- maginai l'expérience fuivante , pour faire tomber les rayons réfléchis de quel- que objet fur le nerf optique de mon œil , & voir ce qui s'en-fuivroit. J'attachai à une muraille environ à la hauteur de mon œil un petit rond de papier , pour fervir de point fixe à ma vue. J'en attachai un autre du côté droit à deux pieds de diftance du premier , mais un peu plus bas , afin qu'il pût frapper le nerf optique de mon œil droit , tandis que je fermerois le gauche. Je me mis alors vis-à-vis le premier papier , & je me reculai peu- à peu , tenant toujours l'œil droit fixé fur lui : lorfque je fus à la diftance d'environ dix pieds , le fécond papier difparut entièrement à ma vue. Il eft évident qu'on ne peut attribuer cela à la pofition oblique de ce fé- cond papier ; car je voyois en méme-tems les objets , qui étoient au-delà. On croirait d'abord que le papier a été enlevé , fi on ne le trouvoit pas bien- tôt , pour peu qu'on déplace l'œil. J'ai fouvent fait cette expérience , en variant les diftances , & en éloi- gnant ou rapprochant les papiers à proportion ; je l'ai faite auffi avec l'œil gauche ayant le droit fermé , &c ayant placé le fécond papier au côté gau- che de mon point de vue. Deforte qu'on ne peut douter , vu la fituation des parties de l'œil , que ce défaut de vifion ne tombe fur le nerf optique. J'ai communiqué cette découverte à plufieurs de mes amis , qui ont éprou- vé la même choie , quoique ce ne fût pas toujours à la même diftance , di- verfité que j'ai attribuée à la différente fituation du nerf optique. Vous en avés fait vous-même l'expérience dans la Bibliothèque du Roi , où je la dé- montrai à votre illuftre compagnie ; tk nous trouvâmes vous & moi la même variété , y en ayant quelques-uns qui perdoient de vue un morceau de pa- pier de huit pouces de large ; d'autres , qui ne ceffoient de le voir , que lorf- qu'il étoit un peu plus petit , ce qui félon moi , ne peut venir que des dif- férentes groffeurs du nerf optique. Cette expérience ma fait douter , que la rétine fût l'organe immédiat de la vue , comme on le croit ordinairement ; ce qui m'a paru mieux convenir a la choroïde. Car fi la vifion fe fait fur la rétine , il femble qu'elle doit fe faire fur toute l'étendue de cette membrane , & par conféquent fur le nerf optique qu'elle recouvre ; car je ne vois pas de raiibn pourquoi la vifion ne fe ferait pas fur cette partie ; comme fur le refte du fond de l'œil : au con- traire , fi c'eft fur la choroïde , que fe fait la vifion, il eft évident, qu'elle ne doit point fe faire fur le nerf optique , parce que la choroïde prend fon ori- R 2 132 Col le c t i o n gine des bords de ce nerf, & ne le recouvre pas , comme elle fait le refle Transactions d» tond de ^œil. Phuosophiq. Je vous prie de me dire librement ce que vous penfés de cette opinion T Ann. 1668. "étant pas du nombre de ceux qui aiment à faire paffer leurs conjectures pour ]y0/ ,» des démonftrations. Rcponfi dé M. Pccquct. Il n'eft perfonne qui ne foit étonné , qu'on ne fe fût pas encore apperço de la privation de la vue , que tout le monde éprouve depuis que vous nous en avés fait apperçevoir. Quant aux conféquences , que vous tirés de cette découverte , je ne vois aucune néceffité à refufer à la rétine , le titre de principal organe de la vue ; car , pour ne pas infifter ici fur d'autres confi- dérations, il fufEt de remarquer, qu'il y a à cet endroit du nerf optique quel- que chofe,qui peut occafionner ce phénomène ; ce font les vaiffeaux de la rétine , dont les troncs font affez gros , pour mettre obftacle à la vue. Ces vaiffeaux , qui ne font que des rameaux d'artères & de veines , viennent du cœur , & n'ont aucune communication avec le cerveau ; par conféquent ils ne peuvent pas y tranfmettre les efpeces des objets. Si donc le rayon vi- fuel , qui part de l'objet , tombe fur ce tronc ou rameau principal , il eft cer- tain que FimprefTion , qu'il y fait , ne fçauroit produire de vifion , & que l'i- mage de l'objet doit être interrompue en cet endroit ; comme lorfque dans une chambre obfcure , le papier , qui reçoit l'image des objets , eft taché ou percé ; car plus cette tache ou ce trou font fenfibles , plus l'image eft inter- rompue. Il n'en eft pas des petites ramifications , comme des grofles bran- ches ; celles qui fe distribuent fur la rétine , ne peuvent pas interrompre l'i- mage de l'objet , parce qu'elles ne font pas fenfibles. C'eft comme dans les glaces, lorfque le plomb ou l'étain manquent en quelques endroits affez grands pour être fenfibles, l'image de l'objet paroît avoir un trou ; ce qui n'arrive pas , lorfque ce ne font que des petites rayures comme celles que pourrait faire la pointe d'une épingle. Après avoir ainfï examiné ce qu'on peut déduire de cette expérience , je remarquerai, qu'on perd de vue le papier à différentes diftances , félon la ftru- fture des yeux ; car il y a des personnes qui ceffe de le voir à deux pieds , d'autres à moins ; d'autres à une plus grande diftance ; quelques-uns un peu plus haut , d'autres un peu plus bas , fuivant que les vaiffeaux font fituéspar rapport au nerf optique. Il y en a , qui en perdent de vue une plus grande partie , félon que ces vaiffeaux font plus gros ou plus petits : ce qui fait qu'il eft difficile de déterminer le lieu précifément , où l'objet difparoit à tous les yeux. Nous fommes fondés à croire, que cela n'arrive pas toujours dans l'étendue du nerf optique , que recouvre la rétine ; mais que cela arrive quel- quefois fur la choroïde au-delà du nerf optique , les troncs des vaiffeaux de la rétine étant affez gros & affez longs , pour s'étendre de coté & d'autre du nerf optique , & par ce moyen couvrir une partie de la choroïde , fui- vant leur grandeur : & dans ce cas il fera vrai de dire que la vifion ne fe fait pas dans toutes les parties de la choroïde, quoiqu'expofées à la lumière , ( ce qui peut donner atteinte à votre opinion , ) parce que ces troncs empêchent les rayons , qui tombent fur eux , de parvenir à la choroïde , & par confé- N°- 35- Académique. 133 quent rendent l'image défeftueufe en cet endroit , attendu que ces rayons — — ne font pas capables de faire impreffion fut l'organe de la vifion à travers Transactions ces vaiffeaux. Thilosophiq. Cependant cette admirable découverte ne pouvoit pas être long-tems fans a nn , g/ro fe confirmer ; car comme le fecret de votre expérience conllfte à faire en forte que l'image de l'objet tombe précifément fur le nerf optique , ou aux environs , M. Picard a imaginé un moyen de perdre de vue un objet les deux yeux ouverts , en faifant tomber fon image fur les deux nerfs optiques à la fois , de la manière fuivante. Attachez à une muraille un rond de papier blanc de la largeur d'un pouce ou deux , faites une marque à chaque côté de ce papier , l'une à droit & l'autre à gauche , éloignées de deux pieds. Placez-vous directement vis-à-vis le papier , à la diftance d'environ neuf pieds , &c mettez les bouts de vos doigts devant vos deux yeux , de façon que vous cachiés à l'œil droit la mar- que gauche , & la droite à l'œil gauche. Si vous refiés dans cette pofture , & que vous regardiés fixement des deux yeux les bouts de vos doigts , vous cefferés de voir le papier quoique rien ne le cache ; ce qui eft d'autant plus furprenant , que , fans cette rencontre des nerfs optiques , le papier pa- roitroit double , comme on l'éprouve toutes les fois , que les doigts ne font pas placés comme il faut, ou lorfqu'on détourne un peu la vue ; il eft aifé d'en voir la raifon. On peut facilement faire l'application de ce moyen au vôtre , car lorf- qu'on regarde fixement le bout de les doigts placés devant les marques, c'eft comme il l'on dirigeoit chaque œil du côté où il faut regarder pour ceffer de voir le papier ; ainiî on peut faire avec les deux yeux , ce que vous ne faites qu'avec un feul en tenant l'autre fermé , &c. N°. 36. SUITE DES OBSERVATIONS INSÉRÉES DANS LE N". zj. Communiquées par U Scavant Docteur Stubbes. ( A ) I. TL eft difficile d'expliquer, comment les exhalaifons de la mer peuvent N°. 36". AdifToudre les confitures , le fucre rofat , &c. ces compofitions non feu- ART. II. lement s'humectent ; mais encore font fi intimement pénétrées , que cela me fit fouvenir de l'obfervation de M. Garencuns , que le fucre attendrit la chair, &C difpofe les femmes Angloifes à la phthifie , parce que dans les changemens de tems , le fucre , devenant alors fluide dans le corps , comme le fel dans les tems humides , produit des effets , qu'on n'obferve point en d'autres tems. Je ne doute pas que le fel ne flotte dans la mer & dans les autres liqueurs en petites maffes , jufqu'à ce qu'umprincipe d'une nature différente en occa- fionne la difîblution. Nous voyons dans les maladies, que ce n'eft pas une fimple altération dans le tems, mais quelque mélange particulier dans l'air , qui caufe les difpofitions à la confomption , & à la toux , ou les augmente i 134 Collection ■— — puifque les plus grandes pluies font moins funeftes aux perfonnes , qu'un tems Transactions nébuleux qui rend dangereufement malade. Toutes les altérations , qu'é- Philosophiq. prouvent nos fucreries , nos tablettes , & nos jambons, doivent être attri- Ann. 1668. buées à quelque principe particulier dans l'air : car , fi je m'en ibuviens bien , J^o. ^ (yt nous n'eûmes pas une feule ondée de pluie de tout notre voyage , jusqu'aux Barbades. Et fi quelqu'un veut que l'air ait été humide , malgré le vent d'Eft toujours i'ec , qui enfloit nos voiles ; comment fe peut-il qu'une grande cha- leur jointe à l'humidité , n'ait pas occafionné des fièvres putrides ? Pourquoi de tout ce voyage, &C pendant notre féjour à la Jamaïque les fels lixiviels d'abfmthe , & de cendres, n'ont-ils contracté aucune humidité, les vaiffeaux qui les contenoient ayant été à découvert pendant fix femaines ? Je n'ai pas été obligé pendant tout mon féjour , de mettre aucune efpece de fel au- près du feu ou au foleil , pour le conferver , ou pour lui rendre fa forme fo- lide , le fel marin ne s'y diffout pas davantage , quoiqu'on ne le tint pas au- près du feu , & même quoiqu'on le laifsât fur la terre ; car j'en ai vu gar- der ainfi : cependant s'il la touche immédiatement , il s'en diffout toujours quelque grain. J'ai vu laiffer fur la terre , des tortues Calées pendant un an , fans que le fel, expofé à toutes les viciffitudes du tems, foit devenu humide. 2. La manière , dont parle M. Ckrifiophk Mings , pour boire de l'eau-de- vie avec de l'eau, confifie à remplir fa bouche d'eau- de-vie , à boire de l'eau par-deffus , & l'avaler ainfi ; ayant obfervé après les marins , qu'il eft plus faindela boire de cette manière, que mêlée avec l'eau ou après ; car , dit-il, fi l'on boit l'eau la première , fa fraîcheur fait une telle impreffion fur l'efto- niac & fur les poumons , que l'eau-de-vie , qui la fuit , ne peut plus la cor- riger. Je ne puis m'empêcher d'adopter cette raifon , parce que dans ce pays , les pores font fi perméables , que ce qu'on boit , quoique froid , fort par la fueur , ou dérange l'infenfible tranfpiration , avant qu'on ait pu avaler de l'eau-de-vie. Le corps humain eft une machine fi délicate , que la moin- dre chofe le dérange, & fur-tout en ce pays-là. Si l'on mêle un peu d'eau-de- - vie avec l'eau , elle n'eft plus affez forte ; le froid de l'eau ayant plus d'ef- ficacité pour déranger la famé qu'une fi petite quantité d'eau-de-vie pour la rétablir. Mais en faifant précéder l'eau-de-vie, elle fortifie tous les endroits , qui doivent recevoir &diltribuer la liqueur froide. 3. Je remarquai à notre retour , comme je l'avois obfervé en allant, que lorfque la mer paffoit de la couleur verte à l'azur foncé , le fommet des va- gues , qui étoit expofé au foleil , paroiffoit azuré , le refte étant plus obfcur &C prefque noir , à cela près qu'à notre retour , ce fommet fe brifoit & pa- roiffoit vert , long-tems avant que le corps de la vague & la mer le devinf- fent. J'obfervai auflî , que la mer , qui étoit azurée & tranfparente , les jours qu'il faifoit foleil , étoit noire , foncée & moins tranfparente , lorfqu'il n'en faifoit point ; mais on ne trouve pas la même différence dans la mer verte. 4. Il faut remarquer que les plantes , dont j'ai dit que les racines étoient pierreufes , ont une partie de ces racines totalement pétrifiée ; elles en ont qui ne le font qu'en partie , & d'autres qiS font d'une confiltence plus appro- chante de celle des végétaux , tandis que les rameaux & les troncs font d'u- ne nature différente. Il y en a plnfieurs chez le Lord Mordant k-Parfons- gran , où vous pourrés voir ces concrétions pierreufes fur les branches; elles Académique. 13 e font fouvent mobiles comme des grains de chapelet. Les pierres nitreu- " — les fe l'ont perdues dans le transport ; il y a quelques-uns de ces arbres, qui Transactions ont été rompus en chemin ; mais fur le/quels on voit encore 'des concrétions I'hilosophiq. fingulieres , qui l'ont ornées d'étoiles imprimées dans leur fubftance. Ann. 1668. y. Je vous ai déjà marqué ci-devant qu'à la pointe de la Jamaïque , on y Jsjo' •> £ trouvoit de l'eau en creuf'ant à cinq ou fix pieds de profondeur , qui hauflbir ' & baiffoit comme les marées ; j'ajouterai maintenant que , quoique le fable la filtre & la laifle pénétrer jufqu a cette profondeur , cependant il ne s'en élevé aucune vapeur , malgré la chaleur du pays. La meilleure preuve que je puiffe vous en donner , c'eft qu'on couche tk qu'on dort fur le fable fans inconvénient ; j'ajouterai même à cette occalîon , qu'on a coutume pour chaffer ces infeftes ou ces efpeces de mouches , qui s'engendrent dans la fa- rine , les grofeilles , les raifins , &c. de mettre la farine , les grofeilles , &c. dans du papier fur le fable ; lorfque ce fable a été échauffé par les rayons du foleil , fa chaleur attire ces infeûes qui ne volent pas encore , vers la furface du monceau , lorfque l'endroit , 011 ils fe font retirés , eft échauffé , ils fe ré- fugient au milieu , & lorfque ce milieu eft auffi échauffé , ils font obligés de fe fauver. Il n'en elt pas de même , lorfqu'on met le papier fur la terre ; car quoiqu'elle ne foit jamais lî échauffée par le foleil , que le fable ; elle le rend d'abord humide , & ces infecles fe logent au fond ; de forte qu'on ne peut jamais les faire fortir que fur le fable. J'ai auffi obfervé que par-tout ailleurs il s'amaffoit la nuit entre la terre & nos hamacks ou branles , non feulement un air froid , * mais encore une humidité que nous n'obfervions pas à la * Ccftlanùfor. pointe de la Jamaïque. Il n'eft pas difficile de voir la raifon pourquoi il fe pour laquelle les ramaffe entre le hamack & la terre , un air qui ne le trouve pas au-deffus; indiens font dn feu mais il y a auffi des exhalailbns , de forte que j'ai été forcé de mettre deux fous lcuis ha~ couvertures fous moi , tandis que je n'en ai jamais qu'une pour me couvrir. maiks. 6. Quoique je fuffe fi foible d'une paralyfie, qui m'étoit furvenuë après une colique bilieule , que je ne pus pas me fervir de mes mains , & très-peu de mes jambes ; j'examinai cependant aux Caymans , pendant deux heures que j'y reliai, li, comme le dit M. Ligons, les tortues ont trois cœurs ; je trou- vai que cela étoit faux. Car , quoique le corps & la fubftance des oreillet- tes leur donne une apparence capable de tromper un Obfervateur inattentif; elles n'ont cependant qu'un cœur triangulaire & charnu , & deux oreillet- tes de la même figure & de la même fubftance. Les deux oreillettes ne le meuvent pas enmème-tems que le cœur, dont elles font éloignées d'un pou- ce , le tuyau de communication eft , autant que je puis m'en fouvenir, char- nu & étroit. Ce cœur n'a qu'un ventricule garni deplulieurs colomnes char- nues & de plulieurs finuofités , ce que n'ont point les oreillettes. Je ne pus pas examiner comment le fang circuloit dans le poumon de cet animal , ni quel eft l'ufage de l'on poumon , qui ne peut pas être de rafraîchir le fan<*. Si j'avois eu de la famé , j'étois réfolu d'aller une féconde fois à Caymans \ pour faire des obfervations fur la génération de cet animal & des Crocodiles, & fur la manière , dont leurs œufs éclofent ; ce qui m'auroit mis en état de vous rendre compte d'une infinité de chofes très-curieufes. L'herbe des efoe- ces de prairies qui fe trouvent au fond de la mer , n'a pas une palme de long, & eft d'un verd tirant fur le jaune. Les tortues en coupent plus qu'elles n'en 136 Collection ■ avalent , deforte que la mer eft couverte d'herbe aux endroits, où elles fe Transactions tiennent. Elies montent fur l'eau une fois toutes les demi-heures , pour pren- I'hilosophiu. dre leur respiration , après quoi elles plongent de nouveau ; lorfqu'elles font Ann. i66S. hors de l'eau , elles refpirent plus fouvent. Si on les frappe , lorsqu'elles font N°. 36. renverfées fur le dos , on voit couler des larmes de leurs yeux. On peut les garder 20. jours hors de l'eau, cependant elles font encore affez grattes pour être mangées , pourvu qu'on leur donne deux fois le jour, une demi pinte d'eau filée. La graiffe , qui eft autour de leurs boyaux , eft jaune , celle du refte du corps eft verte : elles meurent dès qu'on leur a coupé la tête ; le mou- vement de leur cœur ceffe bientôt après qu'on l'a arraché ; les chairs palpi- tent d'elles-mêmes , ou lorfqu'on les pique , plufieurs heures après qu'on les a coupées en morceaux ; & les jointures des os de l'épaule & des jambes, qui répondent à notre omoplate & à l'os de la cuiffe , quoique dansl'écail- le, confervent leur mouvement , &: même quoiqu'on n'en pique que la grail- le ; mais fi l'on expofe ces parties au foleil, elles deviennent immobi'^s fur le champ : les jambes le deviennent prefqu'aufïitot qu'on les a coupées. 7. Les œufs des Crocodiles font un peu plus gros , que ceux de poule d'In- de. J'en portois un en Angleterre , qui .s'eft rompu en route. Je n'en ai ja- mais caffé , pour voir le jaune & le blanc ; la coquille a la même forme que celle des œufs des poules d'inde , mais elle n'eft pas tachetée. J'ai fait des recherches fur les pierres qui fe trouvent quelquefois dans Feftomac des Caymans ou Crocodiles; & j'ai appris d'un très-bon Obfervateur de ce pays- là , que ce n'étoit autre chofe , que des pierres ordinaires que l'animal avoit avalées pour aider fa digeftion ; il en a trouvé de greffes comme fa tête , & 16 ou 20 plus petites. Perfonne n'en fait beaucoup de cas dans ce pays; quoiqu'en dife Monardés. 8. Je n'ai jamais oiii dire dans ce pays-ci qu'on y ait trouvé des pierres dans le fiel des cochons , quoiqu'il foit affez ordinaire d'en trouver dans leur veffie de différentes groffeurs , leur figure eft à cinq angles , & aucune ne pefe un fcrupule. 9. La defcription que nous a donnée Delaet , de la pierre du Manati , ou Veau marin , eft exafte ; j'aurois bien voulu que ma fanté m'eût permis d'al- ler aux lieux où l'on pèche ce poiffon , pour faire des recherches fur fa na- ture ; mais il s'eft mépris au fujet de ion lapis mbtrorum ; car , quoique le Tiburon , & le goulu de mer foient le même , & différent du Manati , & que cette pierre foit comme une efpece de chaux friable , lorfqu'elle eft arrivée dans ce pays-ci ; ce n'eft cependant qu'une fubftanee blanche , approchant de la nature du cerveau , enveloppée dans une efpece de gelée tranfparen- te. Cette gelée fe féche , lorfqu'elle eft expofée au foleil ; aufïï-bien que la fubftanee blanche , qui forme le corps dont il parle. On les tire , autant que je puis m'en fouvenir, de deux endroits , qui font au-deffous des yeux de l'animal , & les matelots ayant coutume de les mettre toutes les-deux enfem- ble dans le même papier , pour les faire fécher , elles paffent pour une feu- le pierre. Ce poiffon n'a point d'os dans l'on échine , quoiqu'il foit extrême- ment fort , (es mâchoires font cartilagineufes ; il a plufieurs rangées de dents femblables à des lancettes mouvantes , qui peuvent fe dreffer & s'abbaiffer. Ces rangées augmentent jufqu'à 3 , 4 , ou 5 , à mefure que l'animal croit en Académique. 137 en âge , fou arrête dorfalc , quoique divifée en vertèbres, eft toute cartila- ==^^=^5 gineùïe , ainli que l'es côtes : les matelots en font des efpeces de cannes , Transactions il nage beaucoup plus vite qu'un vaifleau à la voile , en quoi il reflemble Philosophiq. au dauphin , & au maquereau efpagnol. ^nn> j^g^ 10. La civette peut vivre un mois fans boire ; j'en ai gardé une plus long- joo -^ tems , fans lui donner une goutte d'eau ; mais fi on leur en donne une fois le mois, & qu'on les nourri fie de poifibn , elles fourniffent plus demufc: elles urinent cependant beaucoup, femblables en cela aux lapins. Dans les lieux, où il eft plus d'un mois à pleuvoir , & où il n'y a ni étang , ni rivières , les va- ches lèchent la rofée , pour fuppléer à ce défaut. Un boucher tua un bœuf dans une Ille , où il n'y avoitque de l'eau falée, il m'aflura que fa veflie étoit toute féche ; de façon qu'il y avoit apparence , que cet animal n'urinoit que très-peu , ou point du tout : cependant on peut conjecturer , qu'il avoit vécu dans cette Ifie , avant que les Anglois n'y arrivaflent , c'eft-à-dire , au moins 6 ans avant qu'on ne le tuât. 11. Les hirondelles partent de la Jamaïque dans les mois d'hiver , quel- que chaud qu'il fafle , & alors les canards fauvages & les farcelles y arrivent. 12. Vous n'imagineriés pas , que le fameux arbre , qu'on appelle ( en Anglois , ) Cabbidge-trée, Arbre-chou , eft une efpece de palmier ; ce n'eft ce- pendant pas autre choie , & c'eft la poufle de l'année , qui efi extrêmement tendre , qu'on mange comme chou cabu. Lorfqu'il eft crud , il a le goût des amandes fraîches , & lorfqu'il eft bouilli , il eft meilleur que les plus ex- cellens chous. L'arbre meurt , dès qu'on coupe fa tête ; il y en a un aux Bar- bades , qu'on m'a aflùré avoir 300 pieds de haut. Cet arbre ne fe pourrit jamais , & lorfqu'il eft fec il devient fi dur , qu'il eft impoflîble d'y enfoncer un clou. 13. Il eft certain que le tabac qui vient dans les terres nitreufes , pétille quand on le fume ; mais c'eft une erreur de croire, qu'il en vienne defau- vage , au moins à la Jamaïque- Ce tabac nitreux n'a jamais une aufiî belle couleur , & ne fe conferve pas aufiî long-tems que l'autre ; il arrive même afiez fouvent que les Marchands perdent dans les voyages d'Angleterre , ou d'Irlande tout leur tabac , qui fe pourrit dans la traverfée. Les patates qu'on plante dans les terres nitreufes , font meures un mois plutôt qu'ailleurs ; mais elles fe pourrifient , fi on ne les employé pas d'abord , le falpêtre rongeant extérieurement l'écorce de la racine , qui eft plus mince dans cette efpece de terre , que dans les autres. Les cannes à fucre y viennent & plus grandes & plutôt, que dans les autres terreins ; mais elles fe pourrifient d'abord , li on ne les pafie pas au moulin ; & ne bouillent pas fi bien pour le fucre. 14. Le fucre féche plutôt en dix jours à la Jamaïque , qu'en fix mois aux Barbades ; & cela dans des endroits , où il a plu plufieurs mois de fuite : mais vous fçavés que les pluyes font foudaines dans ce pays , qu'elles ne font précédées d'aucun dérangement dans l'air , & qu'elles ne laifient aucune hu- midité après elles. 15. Il y a une variété infinie dans la couleur & le grain des bois de ce pays. Il y a entr'autres , un arbre appelle Ccdre-bâtard , dont le bois eft ù poreux , quoiqu'il ne le paroifle pas à la vue , que les vales qu'on en fait , laif- fent échapper le vin & l'eau de-vie. Tome I. II. Partie. S 138 Collection 16. Il y a dans les Indes plufieurs fortes de bois , outre celui 8 Acajou ; Transactions qui n'engendrent pas de vers. Celui qu'on appelle le bois-blanc à la Jamai- Philosophiq. que , peut fervir à faire des vahTeaux , qui ne feroient pas expofés aux vers. Ann. 1668. J7" J'a*vu un Sav°f'er dans la ville des Efpagnols, dont les bayes grof- juo' ^ fes- comme des balles , fans contenir de fel lixiviel de foufre , ni d'huile , né- •* ' toyent mieux le linge , que le meilleur favon de Caftille ; mais elles le pour- riffent par la fuite des tems. Les Nègres en font ufage. 18. On a à la Jamaïque , trois fortes de tan , l'écorce de Mangrave , celle iïOUvier & un autre. On y tane mieux qu'en Angleterre , & au bout de fix femaines le cuir eft bon à faire des fouliers. 19. Le fuc de la Cajfave, ou Manioc , eft un vrai poifon. Les cochons & la volaille , qui en boivent , enflent d'abord & meurent fur le champ. Si la racine a été rôtie , ce n'eft plus un poifon , mais elle caufe des tranchées. 20. Les Indiens fe fervent pour leurs lampes , d'huile de Palma Chrijli , qui eft une huile délicate , douce , & tranfparente. Je ne l'ai jamais trou- vée d'aucun effet en Médecine , quoique j'en aye donné une pleine cuil- lerée par la bouche , & 3 en lavement. Cette plante donne une très gran- de quantité d'huile , & on pourroit en faire un revenu. Les feuilles appli- quées fur le front , foulagent beaucoup le mal de tête ; j'ai éprouvé ce re- mède fur moi même , les Nègres & les Indiens n'en font pas d'autres. 21. Le bois de l'arbre appelle Manchinel , eft d'un aufli bon grain que le bois de la Jamaïque. Il a quatre pieds de diamètre : les Efpagnols en font des lits,&lesAnglois de la Jamaïque en plancheyent leurs chambres. On m'a affu- ré , qu'il étoit réellement aufli pernicieux , qu'on le dit ordinairement. 22. La graifle des oifeaux , que quelques perfonnes appellent Fregati , & en Anglois Manofwar , vaijfeau de guerre , eft bonne contre les douleurs , ainiî que celle des Crocodiles , des Ligatorsou poiflbns écailleux , qu'on nomme aufli foldats. 23. Il y a une très-grande différence , entre les mouches luifantes de l'Ifle Saint Domingue , & celles de la Jamaïque , quant à la groffeur , elles peu- vent en volant refferrer& étendre leur lumière , qui continue quelques jours après qu'elles font mortes. Ce qui m'empêche d'être de l'avis de ceux, qui pré- tendent que c'eft la flamme du cœur , qui fe trouve dans leur queue. 24. Les cloportes mangent les couvertures & le papier des livres , comme je l'ai éprouvé à mes dépens ; elles rongent aufli quelques efpecesùe bois, mais non pas toutes. 25. M. Ligons a affez parlé des cirons ou des chiques. J'ai connu un hom- me , qui fit brûler fon Nègre tour vif, parce qu'il en étoit couvert. Us cau- fent de très-grandes douleurs , lorfqu'ils s'attachent aux parties nerveufes & membraneufes. Et on ne peut guère les ôter , fans courir le rifque de pi- quer les nerfs avec l'aiguille dont on fe fert ; ailleurs on a coutume de faire un trou de la groffeur d'un pois , pour les enlever. 26. Je n'ai jamais entendu parler d'aucun ouragan , autour de la Jamaï- que. Vincent le Blanc dit cependant , qu'il en a effuyé un auprès de cette Ifle. Je me fuis informé de quelques perfonnes , qui s'y font trouvées expo- fées , fi ces ouragans étoient fi froids qu'il le dit : elles m'ont affuré , que , quoiqu'il fit alors plus froid que dans d'autres tems , cependant le froid n'eft Académique. 139 pas fi grand , qu'il le rapporte. Je m'informai encore s'il étoit vrai , comme il ==== le dit , que le vent fait le tour de la bouflble. On me répondit que non ; mais Transactions qu'il commençoit toujours par un vent de Nord , &C qu'il fmiflbit quand Philosophiq. ce vent fe tournoit à l'Eft ; mais qu'il varioit fi promptement entre le Nord Ann. i66îv & l'Eft, & qu'il fouffloit avec tant de violence , qu'il étoit impolîible qu'un N°. 36. vaifleau fuivit tous ces changemens : d'oii il arrive que le derrière des Na- vires fe fracafte ordinairement, &c que les voiles emportent les mâts. J'ai vu un vailleau de quatre cens voiles dont la poupe étoit toute fracaflee , & qu'on fut obligé d'abandonner à la Jamaïque. Son grand màt qui eft or- dinairement conlidérable dans un pareil vaifleau , avoir été courbé comme un jonc & renverfé fur le tillac , avant qu'on n'eût pu ifler les voiles. 27. Je ne fçai fi vous ferés aufli curieux de lire ce que je vais vous rap- porter , que j'ai eu de plaifir à voir un bateau à l'ancre en pleine mer; voi- ci à quelle occalion : on trouve en revenant en Angleterre , lorsqu'on veut doubler le cap , qui eft à l'extrémité de lifte de Cuba , entre le cap Antonto de cette Ifte , & les deux caps Cartooche , un courant , qui eft quelquefois dirigé vers l'Oueft , quelquefois vers l'Eft. Lorfqu'il eft dirigé vers l'Eft , les vaifleaux paflent en trois ou quatre jours à la Havane , dans d'autres tems , il faut 15 jours ou trois femaines , le vaifleau étant emporté dans le golphe du Mexique. On met ordinairement les chaloupes à la mer , pour examiner la direction du courant ,lorfque le vent ne fouffle pas. Après avoir ramé à quelque diftance du vaifleau , on jette la fonde , ( la nôtre pefoic 40 liv. ( & on laifle filer 200 brafles de corde : alors quoique jamais on n'at- teigne le fond , le bateau tourne fa proue vers le courant , ( qui eft tou- jours très rapide par lui-même , la mer fe jettant dans le golphe du Mexi- que , ) Si demeure auflî ferme , que s'il étoit arrêté par le cable le plus fort , èi. par un ancre qui touchât le fond. Ne foyés pas furpris que je vous parle de calme dans un endroit , où règne un vent d'Eft continuel ; il n'eft pas extraordinaire d'en trouver , en approchant à une certaine diftance des ter- res ; &c la mer n'eft pas large en cet endroit , comme vous pouvés le voir fur la carte ; car quoiqu'on ne voye pas la terre , le vent qui en vient , con- trebalance fi bien le vent d'Eft , qu'il produit un calme. Ainfi lorfque nous quittâmes notre route , en allant à la Jamaïque pour éviter la flotte Efpa- gnole,qui faifoit voile vers nous, quoique nous ne tinflions pas la haute mer , comme nous le croyions , nous trouvâmes cependant un calme de deux jours, pendant lefquels cette flotte s'éloigna. 28. Le changement de climats produit des effets très-fenfibles fur nos corps, lorfque nous approchons du Tropique. Il furvient ordinairement pour lors des maladies dans les vaifleaux, comme vous pouvés le voir dans les voya- ges de Purchas. Lorfque les Matelots ont paffé le Tropique , ils ont cou- tume de tirer le canon en ligne de joye , d'être arrivés fi loin en bonne fanté. Un vieux Matelot à qui je demandai , pourquoi il y avoit moins de malades dans nos traverfées , qu'autrefois , ne put m'en donner d'autres raifons , fi ce n'eft que tous les Mariniers & paflagers fe faifoient faigner durant leur voya- ge,avantque d'arriver à ce terme. Cependant il ne faut pas le faire légèrement a cette latitude ; car j'ai examiné avec foin dans nos vaifleaux les altéra- tions qu'éprouvent nos corps dans ces climats ; & j'ai trouvé que le fang des S z N°. 3 6. 140 Collection ■ i Anglois , qui eft compofé de parties plus groflîéres , & qui eft l'extrait d'u- Transactions ne nourriture plus (iicculente , je veux dire la viande , que celui des autres Fhilqsofhiq. pays , s'attenuë , & que le pouls devient dans quelques-uns fort élevé , très- Ann 1668 plein & très-vif , dans d'autres fort lent , mais plus plein & plus élevé qu'au- paravant. Il y en a , quifentent des picotemens dans les mufcles , quelques autres de l'engourdiffement , de l'oppreffion , & de la pefanteur ; ils fuent enfuite pendant le tems , que je vous ai dit. Il eft ailé de déduire de cette agitation des humeurs , la raifon pour laquelle on tomboit plus fréquemment malade autrefois ; & combien il eft néceffaire de faigner , lorfqu'on apper- çoit ces fymptômes : car la faignée ouvre les pores , & procure la lueur. Nous confervames par ce moyen , tous les gens de notre équipage jufqu'à la Jamaïque. J'en ai fait faigner au 32e. degré , quelques-uns au 28e. au 24=. & au 23e. il ne mourut que trois perfonnes dans tout notre trajet. Deux perfonnes du vaiffeau dans lequel j'étois , furent attaquées de la maladie qu'on appelle la Caknture. Je ne puis rien dire du progrès de cette maladie , tant leurguérifon fut prompte. L'un d'eux cru tout d'un coup , pendant que je lui parlois , voir des feuilles vertes , qui flotoient fur la mer , qui cepen- dant étoit couleur d'azur ; enfuite il admiroit les beaux bois , qu'il imagi- noit être auprès de nous. Je lui donnai auftitôt un vomitif fait avec un nouet de verre d'antimoine , qui n'eut pas plutôt fait fon effet , que toutes ces ima- ginations s'évanouirent. Je lui fis prendre clans la nuit un peu de conferve de rofes vitriolée , avec du fel d'Abfinthe & du Diafcordium. Il fut faigné le len- demain matin au bras; & l'après-midi au front. Son régime étoit du gruau , dans lequel je fis mettre delà crêmedetartre , &: quelques prunes en compo- te. Je n'apperçus pas la moindre apparence de fièvre durant toute la maladie ; fon pouls étoit petit , lent , & égal. Il avoit plutôt froid/jue chaud , fa lan- gue n étoit pas chargée, &il ne fut pas altéré. L'autre perfonne croyoit voir des bois d'orangers &C de citroniers , il demanda la permiffion de defcendre à terre avec beaucoup d'empreffement ; il le feroit même jette à la mer , fi on ne l'eût pas veillé de près. Les fymptômes étoient les mêmes que dans l'autre ; fon corps paroiffoit feulement un peu plus froid ; cependant il ne le fentoitpas , je le fis vomir; fa tête fe rétablit, dès-que le vomitif commen- ça à agiter fon eftomac , même avant qu'il n'eût fait fon effet. Je lui pref- crivis le même régime qu'au précédent ; il ne fut faigné que du bras ; je le fis faigner par précaution, ( car il étoit bien , ) & pour exciter la tranfpira- tion & la fueur , ce qui réûffit comme je le fouhaitois. Le fiége de cette maladie eft fans doute dans l'eftomac & les parties ad- jacentes , où fe fait la première codtion ; & il eft probable qu'elle vient de de la mauvaife nourriture , & de la grande quantité de fel qu'on mange dans le voyage , les vapeurs falines de l'eftomac affe&ant le cerveau d'une ma- nière particulière. Je n'expliquerai pas comment le vomiffement agit dans cette maladie , il fuffit qu'elle ait fon fiége dans l'eftomac , ou aux environs ; & dans les pays chauds , comme dans les faifons des chaleurs, il faut appliquer la régie d'Hyp- pocrate, ceflate per fuperiora. Je n'ai jamais vu , pendant tout le féjour que j'ai fait dans les Indes , ré'ûflîr les purgatifs, que dans les maladies chroniques , & je ne donne jamais , depuis que l'expérience m'a rendu plus circonfpect , Académique. 141 que des pilltiles antimoniales , ou du mercure de vie , ou des infufions vo- T^^^^^^^ mitives ; & par ce moyen j'ai confervé nos équipages , & fait ces promptes Transactions guérifons , que perfonne je penfe n'avoit encore vues à la Jamaïque. Il eft Philosophiq. vrai qu'en arrivant aux Barbades , je trouvai beaucoup de feorbutiques & Ann. 1668. tl hydropiques dans les autres vaifieaux. Des que nous fumes débarqués, je fis N°. 36. vomir, & je purgeai avec du mercure de vie , des infufions vomitives , & de la gomme gutte , tous ceux qui étoient incommodés ; par ce moyen , & avec le fecours des viandes fraîches, & quelques limons , qu'on leur envoya , ils fe rétablirent tous ; de forte qu'il n'eft mort de tout le voyage , que les trois dont j'ai parlé,& je me chargerais d'en conduire un beaucoup plus grand nombre avec les mêmes foins. EXTRAIT D'UNE LETTRE ÉCRITE A L ÉDITEUR PAR M. DENIS, Docteur en Médecine , & Profejfeur de Mathématique à Paris , au Jujet des dijférens , qui fe font élevés fur la transfujion. ( A ) Z 'Auteur de ces Tranficlions , ayant été prié par fes Correfpondans à Paris de leur apprendre , files Magiftrats de Londres avoient défendu l'ufage de la transfujion , comme le bruit en couroit ; les affura qu'il n'avoit jamais oui dire , qu'aucun Magiftrat en Angleterre fe fut mêlé de ces matières. Ce même Auteur ayant fouhaité , d'être informé de toutes les intrigues qu'on avait mifes en ufage , pour rendre fufpect le fucces , qu'avoir eu la transfufwn fur un certain homme at- taqué de folie , M. Denis a bien voulu lui en envoyer le détail , tel qu'il a été imprimé à Paris avec privilège , on a cru devoir l'inférer ici , pour fatisfaire les curieux , & faire conjioître la vérité. M O N S I E U R Vous m'avés fenfiblement obligé , en m'apprenant par votre lettre du 29. ^RT m Avril , que les Magiftrats de Londres n avoient pas deffendu la pratique de la transfufion du fang ; & que cette opération avoit été jufqu a préfent pra- tiquée avec fuccès fur les animaux, & fans inconvénient fur un homme. Les ennemis de cette découverte ont û grand foin de publier par tout cette fauf- fe nouvelle , pour décrier l'expérience , qu'il falloit un témoignage autenti- qtie , pour défabufer la multitude. Si quelqu'un vouloit entreprendre de dif- fiper tous les faux bruits , qu'on répend fur cette matière , il ne faudroitpas qu'il quittât jamais la plume. Le mieux eft de méprifer ces rumeurs ; quant à moi j'étois réfolu de ne plus écrire fur ce fujet ,à moins que quelque nouvel- le expérience ne confirmât mes premières conjectures; mais votre lettre m'en- gage à vous faire part des cabales , qu'on a pratiquées fécrétement pourobf- curcir l'hiftoire de ce fou , qui avoit été guéri , il y a fix mois , par le moyen de la transfufion ; je vous .envoyé en conféquence le précis de tout ce qui s'eft paffé jufqu'à préfent , en attendant que le Parlement de Paris , qui , je crois , fera le Juge & l'arbitre de cette affaire , ait décidé. Vous fçavés déjà que la transfufion du fang de veau avoit û fort tempéré 14* Collection * — la chaleur de celui d'un homme fou , qui avoit couru tout nud les rues de Transactions Paris , nuit & jour pendant 4 mois , qu'il s'endormit deux heures après cette Phiiosophiq. opération ; & qu'après avoir dormi dix heures , il s'éveilla dans l'on bon fens, Ann 1668 t*U'^ a con(erv^ Pe"dant deux mois ; jùfqu'à ce que les excès qu'il fit avec ■ki-o , fa femme , & l'es débauches en vin , tabac & liqueurs fortes le jetterent dans " 30, une fièvre très-dangereufe. Vous aurés peut-être aufîi entendu dire , que cette opération avoit pro- duit dans le même tems un effet tout oppofé , & que pour un cerveau , qu'el- avoit rafraîchi , elle en avoit échauffé plufieurs. La guérifon d'un pauvre fou , ayant tourné l'efprit à une infinité de gens , qui cherchent à fe fingu - larifer , en s'oppofant à toutes les nouvelles découvertes , qu'ils ne font pas capables de faire eux-mêmes. A peine y avoit-il deux ou trois jours que cet homme étoit rétabli, lorfque quelques malins efprits commencèrent à publier, qu'il étoit mort entre nos mains , & que nous avions mis fin à fa folie , en terminant fes jours. Cette première hiftoire ayant été convaincue de fauf- feté , ils rajuftérent leur fable & voulurent faire croire au peuple , qu'il étoit retombé dans fa première folie ; &même qu ilétoit pis qu'auparavant; ce qui obligea M. le premier Préfident & plufieurs autres perfonnes , de l'envoyer chercher chez eux , pour s'inftruire de la vérité par eux-mêmes , & après s'ê- tre entretenus avec lui pendant quelque-tems , ils reconnurent les bons effets de la transfuiion, tk la méchanceté de ceux , qui débitoient des chofes fi oppo- iées à ce qu'ils voyoient par eux-mêmes. Vous avés pu être infiruit de tout cela par ma première lettre imprimée , mais ce que vous ne fçavés peut-être pas, c'eft que la femme du malade n'en a pas été moins allarmée , que ces efprits envieux ; quelqu'artifice qu'elle employât pour nous prouver le contraire ; & pour nous perfuader qu'elle ne penfoit qu'à le rétablir de fa maladie. Ce qu'il y a de vrai , c'eft que cet hom- me , ayant été laquais , & depuis valet de chambre, n 'avoit aucune profef- fion , qui pût faire fubfifter fa famille. Une femme de qualité, chez qui il avoit fervi , lui avoit promis de le prendre , mais la maladie mit obftacle à l'exécution de ces promeffes. D'ailleurs le tems de fa folie n'étoit pas le plus fâcheux pour (a femme ; car tandis qu'il couroit les rués , elle avoit la liber- té de faire certaines vilites , & vivoit à fa fantaiiie : elle étoit au contrai- re fort embarraffée , lorfqu'il reftoit à la maifon , parce qu'il l'obfervoit de près , & il ne put pas s'empêcher de lui reprocher , qu'elle avoit fouvent tenté de l'empoifonner ; montrant de tems-en-tems de la jaloufie au fujet de fa conduite. Ce font les plaintes , qu'elle a faite elle-même à des perfon- nes dignes de foi , qui fe font crues obligées de le dépofer en juftice , afin de découvrir la méprife , qui avoit fans doute été l'origine des fuites fàcheu- fes que cette affaire a eues. En effet ce pauvre homme étant retombé malade , fa femme nous preffa outre mefure , d'éprouver une troiiîème fois la transfufion fur lui; jufqu'à nous menacer de préfenter une Requête au Procureur Général , pour nous faire enjoindre ce que nous lui réfutions abfolument. Elle vint enfin un ma- tin chez moi , & ne m'ayant pas trouvé , elle laiffa un billet par lequel elle me prioit de lui faire la charité de pafler l'après-midi chez elle , qu'il devoit y avoir une confultation. J'y fus , & j'y trouvai M. Emmerez , & voyant un veau , & tout ce qui étoit néceffaire pour la transfufion , nous voulûmes Académique. 143 fortir, lui difant que fon mari n'étoit pas dans le cas.de cette opération. Elle ~— fe jetta à nos genoux les larmes aux yeux , & nous engagea par fes cris, à Transact.ons lui promettre , que nous effayenons tous les moyens pofîîbles de rétablir Philoso[>hiq. fon mari. Elle eut l'art de nous faire confentir à une autre épreuve. Pour la Ann. 1668. contenter , M. Emmerez mit un tuyau dans la veine du bras du malade , & N9' \6 comme il étoit néceffaire de lui tirer du fang avant de lui en infufer de nou- ' veau , il lui ouvrit la veine du pied : mais ayant éié attaqué dans ce mo- ment d'un accès violent , & d'un tremblement de tous fes membres ; il ne forut point de fang , ni de fon pied , ni de fon bras ; ce qui obligea M. Em- merez de retirer le tuyau , fans ouvrir l'artère du veau , & par conféquent fans transfufion. Il mourut la nuit fuivante , cette nouvelle étant venue jufqu a nous , j'y allai le lendemain matin avec M. Emmerez & un autre Chirurgien. Nous fouvenant qu'il s'étoit fouvent plaint des tentatives que fa femme avoit fai- tes pour l'empoifonner , nous voulûmes ouvrir fon corps en préfence de fept ou huit témoins , mais elle s'y oppofa fi fortement qu'il ne nous fur pas pof- fible d'exécuter notre projet. A peine fumes nous fortis , qu'elle fe donna tou- tes fortes de mouvemens , pour faire enfevelir promptement fen mari; mais comme elle ttoit pauvre , elle ne put pas le faire de ce jour. Sur ces en- trefaites un célèbre Médecin de la Faculté de Paris , étant la nuit chez une Dame , dont on avoit imploré la charité pour ces funérailles, penfa comme nous, qu'il falloit faire ouvrir ce corps , & envoya chercher des Chirurgiens pour l'exécuter : mais elle empl6ya le menfonge pour éluder ce deflein ; & par ce que nous l'avions menacée de revenir le lendemain matin , & de' le taire par force , elle fît enterrer fon mari une heure avant le jour, pour nous empêcher de l'ouvrir. Audi- tôt que le bruit de cette mort fe fut répandu , les ennemis de la tranf- r ufion commencèrent à triompher , & publièrent bientôt après des libelles contre nous. Je réfolus de garder le filence , ce qui ne fit qu'animer nos ad- verfaires. Mais je fus averti deux mois après , que trois Médecins ne ceC- foienr de folhciter la veuve par de grandes promettes , de leur permettre de nous acculer en jurtice, fous fon nom , d'avoir contribué par la transfufion, a la mort de fon mari ; que même ils s etoient adrefTés aux femmes du voi- finage pour les engager à rendre de faux témoignages contre nous. Quel- que-tems après cette femme enhardie par l'efpérance que ces genslui avoient donnée , vint chez nous, & nous dit , que quelques Médecins la follicitoient beaucoup contre nous,mais qu'elle les avoit toujours refufés fçachant bien les obhgations,qu'elle nous avoit pour avoir guéri fon mari; n'en ayant pas retiré le profit , qu elle s'en étoit promis , elle tourna fes averriffemens en menaces, & nous envoya dire , que dans la nécefîité où elle fe rrouvoit , elle étoit obligée d accepter les offres , que lui faifoient ces Médecins , fi nous ne vou- lions pas 1 aider Je lui fis répondre , qu'elle & ces Médecins avoient plus be- lom de la tmnsfulion , que fon mari n'avoir jamais eu ; & que quanta moi , je m embarrafîois fort peu de fes menaces. Je crus cependant qu'il étoit tems de rompre le filence , non-feulement pour mon intérêt , mais encore pour celui du public , afin de découvrir toutes ces intrigues fi indignes des fça- vans. J en portai ma plainte au Lieutenant Criminel , qui me permit d'abord 144 Collection ;- ;gg d'informer contre la veuve , & ceux qui la follicitoient : je fis entendre quel- Transactions ques témoins , qui dépoférent contre ces trois Médecins, & contre cette rém- Philosophiq. me , l'accufant d'avoir donné lécrétement à l'on mari des poudres , qui pou- Ann. 166S. voient avoir avancé l'a mort. N°. \6. Cette information compofée de cinq témoins ayant été préfentée au Lieu- tenant Criminel par M. d'Ormeffon Avocat duRoi, on rendit un Arrêt, qui décréta cette femme d'ajournement perfonnel , pour être examinée fur mon information ; & ordonna , qu'on ferait de nouvelles informations contre elle à la Requête des Gens du Roi. Et comme la Cour cru , qu'il pouvoit y avoir du danger à permettre indifféremment à toutes fortes de perfonnes, de pratiquer la transfusion , elle ordonna , qu'on ne pourrait déformais la faire , qu'avec l'approbation d'un Médecin de la Faculté de Paris , ce que vous verres mieux dans la Sentence. EXTRAIT DE LA SENTENCE RENDUE AU CHATELET , par M. le Lieutenant Criminel , le ly. Avril 1668. ON trouve dans cette caufe des preuves évidentes fur les particularités fui- van tes. 1. Qu'on a pratiqué deux fois la transfufion fur Antoine Mauroy , attaqué de folie ; & qu'on l'a tentée une troifiéme fois : quelle avoir fi bien réuffi les deux pre- mière fois , qu'on a vu pendant deux .mois cet homme dans fort bon fens & en parfaite fanté. 2. Que depuis les deux premières opérations , fa femme lui a donné des œufs , des confommés , & a couché quatre fois avec lui, malgré la deffenfe des Médecins , quelle l'avoit mené che^ elle, fans lui en parler , & contre fa volonté. 3. Que depuis ce tems , il alloit d'un cabaret à l'autre , & prenoit du tabac , qu'étant tombé malade , fa femme lui avoit donné des liqueurs fortes , & des bouil- lons , ou elle avoit mêlé certaines poudres ; que Mauroy s' étant plaint , qu'elle vouloit l'empoifonner , & qu'elle avoit mis de l'arfenic dans fon bouillon , elle empêcha les ajfiftans d'en goûter ; qu'après avoir fait femblant d'en prendre elle- même , ellejetta ce qu'elle avoit dans fa cuiller. 4. Que Mauroy avoit eu depuis ce tems-là , de fréquentes querelles avec fa fem- me , qu'elle lui avoit donné des coups , tout malade qu'il étoit , & qu'en ayant reçu unfoufflet , elle lui dit qu'il s'en repenti roi t. î. Qu'on tenta une troifiéme transfufion , à la follicitation de fa femme ; ceux gui dévoient entreprendre l'opération , refufant de le faire fans la permiffion du Procureur Général : qu'on commença cette opération quelques jours après ; mais que n'étant prefque point forti de fang du pied, ni du bras du malade , on inféra un tuyau , qui le fit crier , quoiqu'il ne parût pas , qu'il y eût paffé de fang du y eau dans fes veines : que l'opération avoit été abandonnée , & qu'il étoit mort la nuit fuivante, 6. Que cette femme ne voulut jamais permettre , qu'on ouvrit le cadavre de fon mari , difant pour excufe , qu'il étoit déjà dans la bière ; ce qui étoit faux. 7. Que long-tems après la mort dudit Mauroy , trois Médecins voulurent don- ner de l'argent à cette femme , pour l'engager à fe plaindre de ce que la transfu- fion avoit tué fon mari ; qu'elle dit après qu'ils furent fortis , qu'ils êtoient venus pour' Académique. i ,^ pour cet effet , & qu'à moins que ceux , qui avoknt fait V opération , ne VOUÏuf- ■ fait lui donner de quoi retourner dans fon pays , elleferoit ce dont on la preffoit : Transactions un témoin a dépofé , qu'elle l'avoit prié d'avertir ceux , qui avoient fait l'opéra- Phuosothic;. lion , que s'ils ne voulaient pas l'entretenir pendant fa vie , elle accepterait les Ann. l668> offres que lui avoient faites ces Médecins : un autre témoin avait dépofé , qu'on xj0 s était venu de la part d'un de ces Médecins , lui offrir zz louis d'or , s'il voit- • 30, loit dépofer , que Mauroy était mort dans l'opération de la transfufion. Que la matière était ajfe^ importante , pour faire des perquijîtions fur le fonds de cette affaire ; & qu'il y avoit affe^ de motifs pour examiner cette femme , & apprendre d'elle , d'où elle avoit tiré cette poudre ? Pourquoi , & par l'ordre de qui elle l'avoit donnée à fon mari } Pourquoi elle avoit empêché l'ouverture de fon cadavre ; qu'il requéroit , qu'on fit déplus amples informations ; & qu'on s'affu- rât , en attendant , de cette femme. Qu'il requéroit qu'on décrétât d'ajournement perfonnel les trois Médecins , qui l avoient follicitée de pourfuivre ceux qui avoient fait l'opération , & qu'on avoit vus avec elle. Enfin que puifque la transfufion avoit bien ré'ùfji les deux premières fois , & qu'on ne l'avoit entreprife la troifieme qu'à fin fiante prière de fa femme , qui avoit d'abord fi mal exécuté ce qu'on lui avoit prefc rit , & qu'on foupçonnoie a avoir contribué à la mort de fon mari ; il requéroit qu'onfursi: l'exécution du dé- cret d'ajournement perfonnel décerné contre celui qui avoit fait [opération. Sur quoi il fut décidé que la veuve de Mauroy comparoitroit en perfonne , pourjubir un examen fur f information fufdite , & qu'on feroit de plus amples in- formations fur le contenu en la plainte de M. Denis ; mais qu'à C avenir on ne pourroit faire la transfufion fur les hommes , qu'avec l'approbation d'un Médecin de la Faculté de Paris. Depuis cette Sentence , on a fait des informations beaucoup plus fortes que les premières ; & on a découvert un témoin , qui a dépofé que cette femme lui avoit dit en confidence, que c'étoitdel'arfenic qu'elle avoit don- né à fon mari , & qu'un chat à qui elle avoit donné le relie de fes bouillons depuis la mort de fon mari , en étoit mort peu de jours après. Quant à la transfufion , vous voyés qu'elle n'efr pas abfolument deffen- duë, puisqu'on peut la pratiquer avec l'approbation des Médecins de la Fa- culté de Paris. Il y en a aftuellement fept ou huit qui viennent de figner la propofition , ce n'eft pas cependant que je veuille faire ufage de cette per- mifîion , parce que les Médecins de Montpellier , Rheims , & autres Uni- verfités de France , qui occupent les premières places auprès de L. M. & auprès des Princes & Princeifes du Sang , des principaux Magiftrars , & au- tres perfonnes de qualité , fe croyent léfés par cette Sentence ; ne penfant pas avoir befoin de l'avis des Docteurs de Paris, pour pouvoir preferire urfe opération de cette nature. Cela fera fans doute réglé dans peu , par une Ju- rifdiftion fupérieure. J'ai maintenant entre les mains une femme paralytique , voifine & amie de celle que j'ai guérie de la même maladie par le même moyen , qui eft réfoluë de préfenter une Requête , pour qu'on lui permette de fe faire faire la transfufion. Si la Faculté de Médecine de Paris s'aflemble pour cette affaire, je ne crois pas qu'elle agifle avec tant de précipitation que quelques perfonnes l'imagi- nent. Je ne préfume pas que le Parlement deffende cette opération , à moins Tome I. II. Partie. X 146 Collection ■«■mm...»—*»» que l'expérience , qu'on doit faire devant lui, n'ait pas le même fuccès , que Transactions celles qu'on a faites jufqu'à prêtent. Cette Cour elf bien inftruite que la Fa- PHnosorHiQ. culte de Médecine de Paris fit il y a cent ans , un décret contre l'antimoi- Ann. 1668 ne ' c'ont k ^ervo'ent 'es Médecins de Montpellier ; & qu'après l'avoir ran- xio ■>( gé parmi les poifons , elle obtint une Sentence, qui en deffendit l'ufage : que * " cependant ces mêmes Médecins n'avoient pas fait difficulté de l'employer fous un autre nom ; le fuccès de ce remède & le rétabliffement de notre Grand Monarque l'ayant rendu fameux , cette même faculté fut obligée , il y a deux ans , d'approuver par un nouveau décret ce qu'elle avoit deffen- du , & de demander une autre Sentence pour en permettre l'ufage. Cet exemple fuffit pour les empêcher d'aller li vite dans les autres occa- fions ; outre que nous fommes dans un tems , qui paroît beaucoup plus fa- vorable aux nouvelles découvertes , que les fiécles pafTés. Quelqu'occupée que foit S. M. du gouvernement de fon Royaume & de fes victoires ; cela ne l'empêche pas d'encourager èc de protéger les Sçavans : & je ne puis pas croire que tandis qu'elle envoyé de tous côtés des recompenfes & des gra- tifications à ceux, qui cultivent les fciences, il y ait dans fon Royaume des Magiftrats , qui puffent fe réfoudre à condamner des perfonnes , qui n'ont d'autres crimes, que d'avoir confacré leur fortune, & leurs travaux au pro- grès de nos connoiffances , & à faire de nouvelles découvertes. Je ne man- querai pas de vous faire part de l'ifluë de cette affaire. Croyés-moi , en at- tendant, Votre, &c. Paris le i mais il Académique: 149 produifit le même effer. Quelques Nègres Efpagnols lui donnèrent pour le' nourrir , un cliftere avec une demi-pinte de vin de Madère , le jaune d'un Transactions œuf, Si un peu de poivre , qu'il prit chaud , & qu'il garda toute la nuit ; il lui Phuosophiq. échauffa doucement lesinteftins , lui procura un doux fommeil , & le fit nier Ann. 1668. pendant quelques heures. Il en prit pluiieurs dans le jour , dont l'effet cef- Nç. xi l'oit deux ou trois heures après. " *'" Enfin il ne penfe pas comme Simon Puuli fur le chocolat. Il croit au con- traire, que cette liqueur , lorfqu'elle eft bien faite , Si qu'on la prend comme il faut , eft une des meilleures nourritures , que puiffent prendre les hypo- condriaques , ceux qui font attaqués de maladies chroniques comme le feor- but , la goutte , la pierre , &c. les femmes en couches , Se les enfans , qui viennent de naître , afin de prévenir les convulfions , Si faire fortir le méco- nium. Mais comme on le prend plutôt par plaifir , que comme un remède , on le compofe d'une façon , qui le rend très-propre à détruire l'eftomac , & à augmentes les maladies hypocondriaques ; on le cuit même au point d'en faire une efpece de flanc ou de gâteau. DE L'ANCIENNETÉ DE LA TRANSFUSION DU SANG d'un animal dans un autre. ( A ) IL s'éleva ici, il y a quelque-tems , une difpute fur l'origine de la transfu- A.RT. VI fion , les Anglois prétendant , que c'eft une de leurs nouvelles découver- tes ; les François affurnnt, qu'elle avoit été propofée chez eux , il y a dix ans : depuis ce tems-Ià quelques Sçavans ont affuré après de nouvelles re- cherches, qu'elle étoit connue il y a 30 ans en Angleterre, & l'Éditeur en a de bonnes preuves en main. Mais il paroit qu'un Philofophe Italien entreprend de prouver, dans un traité intitulé Relatione dell' Efperience fatte in Ingilterra , Francia & Italia intorno la transfujîone del fangue , imprimé à Rome depuis peu , & dont nous devons la connoiffance au Journal des Sçavans , que la transfufion étoit connue de Libavius , il y a plus de 50 ans. Cet Auteur cite un paffage de fon livre intitulé , Defenjio fymagmatis arcanorum chimicorum fancof. 16 15. où il eft parlé fi clairement de la transfufion, qu'il eft diffi- cile de la mieux décrire. Voici ce paffage. Adfit, ( dit Libavius, )ju\enis robuflus ,fanus , fanguine fpirituofo pie nus : Adflet exhaujlus viribus , tenuis , maedentus , vix animam trahens. Magifler artis habeat tubulos argenteos , inter fe congruenus , aperiat aneriam robufli , & tubulum inférât muniatque ; mox & œgroti artenam findat , & tubulum fxmineum infigat , Jam duos tubulos fibi mu- tuo apphcet , & ex fanofanguis arterialis, calens & fpirituofus faliet in œgrotum , unaque vitœ fontem afferet , omnemque languorem pellet. Cela ne fçauroit être plus clair, & nous oblige de convenir , que cette opération eft plus ancienne que nous ne l'avions conje&uré ; quoiqu'il foit vrai , que Libavius n'en par- le , que pour s'en moquer ; ce qui eft la deftinée des nouvelles inventions , & que de la façon , dont il la propofe , elle foit très-dangereufe , & pour celui qui reçoit le fang , & pour celui qui le fournit ; car il propofe d'ouvrir l'arté- re ;i 1 un & à l'autre ; ce qu'on peut pratiquer fur des animaux , mais non pas lur des hommes. i ço Collection Transactions I'HItOSOrHlQ. JN . ÎO. Ann. 1668. _________ N°. 38. EXTRAIT D'UNE LETTRE ÉCRITE DE LEYDE A L'ÉDITEUR , par M. Coleprcffe , fur la manière de contrefaire les Opales , & fur la décou- verte de l'art défaire du verre rouge. (A) M ONSIEUR Art. II. Vous vous fouviendrés peut-être , qu'on parla il y a quelque-rems à Lon- dres, d'un certain pot de verre fondu , qui fe caffa à la Verrerie de Wooliige ; au fond duquel on trouva une quantité de verre , couleur d'Opale : & quoi- que chacune des perfonnes , qui avoient travaillé à le compofer , effayaf- fent de répéter cette expérience accidentelle, elles ne purent jamais y réuffir, comme je l'ai appris d'une perfonne , qui s'en étoit mêlée. Je fus pendant deux jours de la lémaine dernière à Harlem , pour voir faire des faunes Opa- les , elles font très-vives , & je conjecture , que c'eft le degré de chaleur , qui leur donne la couleur. J'ai fait plufieurs remarques fur ce degré de cha- leur. Lorfque la compofition eft entièrement fondue , on en prend un mor- ceau au bout d'une verge de ter rouge , fi on la laiffe refroidir à l'air , ou dans l'eau , il devient tranfparent , &c n'a point de couleur ; mais fi on le met à la bouche du fourneau au bout de cette même verge , & qu'on le tourne pendant quelque-tems , fes molécules font fi différemment pofées dans fes différentes parties , que la lumière qui tombe deffiis , en étant di- verfement modifiée , repréfente les différentes couleurs de l'Opale véritable. Je n'ai pas obfervé fi le degré de chaleur , qui la rend blanche & Opaque , eft plus grand ou plus petit : mais ce que je fçai , & ce qui me paroît re- marquable , c'eft que fes couleurs fe détruifent & fe rétabliflent fuivant les différens mouvemens , que je fuppofe , que la chaleur produit dans fes parties. On fait auffi dans le même endroit des Améthiftes & des Saphirs ; & on a retrouvé , il y a 100 ans , l'art de donner au verre la couleur rouge , qui avoit été perdue , il y a même quelque métal qu'on croit femblable au cry- ftal par fa dureté & fa couleur. Il n'eft pas néceffaire de vous rendre compte des machines , qu'on employé pour polir des glaces , je vous dirai feulement qu'on les taille dans des moulins. Académique; 151 N°. 39- REMEDES INJECTÉS Transactions Philosophiq. Ann. 1668. N°. 39. DANS LES VEINES DE PLUSIEURS PERSONNES par , (B) MOnfieur Smith ouvrit la veine , & inje&a quelques remèdes dans le fang de deux perfonnes infeftées du mal vénérien, dans un Hôpital à Dantzick. L'un des malades guérit parfaitement , & l'autre mourut au mois de Juillet 1668. Le même Médecin réitéra cette expérience avec M. Schef- feler , en injectant des remèdes propres à purifier le fang , dans la veine du bras droit de trois perfonnes. L'une étoit malade de la goutte , l'autre étoit d'un tempérament très-apopléftique , & la Plica avoit réduit la troifième à la dernière extrémité. M. Hevelius qui un la feule perfonne admife pour être préfente à cette opération , m'apprit qu'elle avoit eu un fuccès très-heu- reux; que le goutteux s'étoit trouvé beaucoup mieux !e jour fuivant; que peu de tems après il travailla , parce que c'étoit alors le tems de la moiffon ; qu'il continua de fe bien porter depuis , étant forti de l'Hôpital le 17. Août 1668 , affluant qu'il étoit parfaitement guéri. L'apopleftique n'eut depuis aucun ac- cès. Les ulcères que la Plica avoient caufé au troifième malade , furent gué- ris ; & ces trois perfonnes le trouvèrent en état de travailler comme au- paravant. ADDITION AUX RÉPONSES faites aux questions sur les Mi n es , par M. Glandvil. (A) M O N S I E U R, Je vous envoyé maintenant des éclalrcifftmens plus exacts fur les mines de Mendip , qu'un de mes amis m'a procurés d'un Mineur très-expérimenté ; je les ai communiquées à la perfonne , qui m' avoit donné les premiers , que je vous en- voyai ; elle m'a affuré, qu'ils étoient exacts. Ils différent en quelques petites choj'es, de ce qu'il m avoit rapporté ; par exemple , il n'a jamais oui dire , qu'on ait fait ufage de la baguette divinatoire , au lieu qu'on dit ici , qu'on s'en M fini , mais qu'elle n'efl pas beaucoup eflimée. Il faut accorder quelque chofe a la différence de Jo. années , qu'il y a que le premier ne travaille plus fur ces matières. Il dit auffi que les feuilles des arbres font plutôt flétries fur ces montagnes , au lieu qu'ici on obferve que , lors même qu'une veine minérale traverfe les racines des ar- bres , on n'apperçoit aucune différence à leur cime , ( ce qui doit s'étendre res- pectivement aux autres arbres , dans les racines defquels le minéral ne pénétre pas. ) Je n'ai pu trouver aucune autre différence effintieUc : fi vous y appercevés Art. II. Art. m. if! Collection mmummm^MM^mm a quelque défaut , je vous prie de m'en avertir, afin que je demande de nouveaux Transactions iclairc'iffemens , &C. l'HitosorHiQ. Réponfes aux que/lions , 10. 16. ( voy. N°. 10. ) L'herbe eft bonne ; il y Ann. 166S. a peu d'arbres fur cette partie de la montagne , mais les Mineurs ont ob- N°. 39. fervé , que la veine traverfoit les racines des arbres , fans qu'il parût aucune différence à leur cime. Ils croyent l'eau bonne à boire & à préparer les ali- mens. La neige 5c la glace fe fondent promptementprès des puits , mais elles fe confervent long-tems à quelque diftance. Aux que/lions, 18 & 19. Quelquefois lorfque la mine eft très-voifme de la furface , l'herbe eft jaune & fans couleur. Quelques perfonnes ont fait ufage de la baguette divinatoire ; mais les Mineurs expérimentés n'en font pas beaucoup de cas. Ils difent cependant que lorfque la mine eft ouverte , on peut par fon moyen trouver jufques où s'étend la veine. Aux que/lions, 20-26. Les terres blanches , jaunes & mêlées , font les guides du pays , ( c'eft ainfi qu'on les appelle. ) Les couleurs changeantes encouragent toujours les Mineurs. Quelquefois ils ne trouvent de pierres qu'à Il braffes de profondeur : mais lorfqu'il fe trouve un lit de pierre à la fur- face de la terre , alors la mine eft prefqu'immédiatement fous le gazon , & ' defeend à plus de 40 braffes de profondeur. Les pierres noires font d'un mau- vais préfage , & mènent à un rocher noir & épais , qui empêche de tra- vailler , que les Mineurs Anglois appellent Jam ; on fait plus de cas d'une pier- re grife , nette & féche. Les Mineurs trouvent rarement des vapeurs nuifi- bles. Si en creufant ils rencontrent une terre noire , & comme marécageufe , ils s'attendent à un Jam , & ne tardent pas à erre arrêtés par un rocher. Ils jugent qu'ils font près de la mine , lorfque la terre eft graffe , friable & peu épaiffe ; la molle ne mené à rien. Quant aux autres queftions de cet article : les Mineurs ne peuvent pas y répondre d'une manière fatisfaifante. Aux quejlions, 3 I & 32. La mine eft quelquefois abondante, quelquefois on parcourre 14 ou 20 braffes plus ou moins , fans en trouver. On fuit une veine, qui s'incline à une certaine profondeur , lorsqu'elle a une étendue fuf- fifante en largeur. Si elle fe trouve divifée par un lit de pierres , on tâche de le couper , afin de continuer la veine. Les puits font de 14 ou 16 braf- fes , jufqu'a ce qu'on parvienne au lit de pierre : alors on fait une tranchée ou un puits de c 3té, que les Mineurs appellent une coupure ; on creufe 4 ou 5 coupures perpendiculaires , les unes fous les autres ; on trouve la mine à 50 braffes. Les meilleurs lits font Nord & Sud , ceux qui font EJl ou Ouejl font bons , quoiqu'ils ne foient pas fi profonds. Aux que/lions, 33 & 34. Le puits eft de 4 pieds de long de 2 f de large , jufqu'à ce qu'on rencontre la pierre , qu'on enlevé comme on peut. Ce puits eft foutenu par du merrain de différentes groffeurs , félon que le lieu l'exige. Un morceau de bois de la groffeur du bras peut foutenir 10 tonnes de terre : il dure long-tems ; on peut même fe fervir encore de celui qui a déjà été employé de tems immémorial , & même qu'on connoît être dans la mine depuis 200 ans , à la différence dont les mines font travaillées. Il eft mol & noir , & lorfqu'il a été expofé au foleil & au vent pendant deux ou trois jours , il cède à peine à la hache. On en a employé qui fervoit depuis AQ ans, A la Académique. 153 A la queflion }<;. Lorfqu'on a fait un puits , il n'eft pas néceffaire d'avoir de foupiraux , jufqu'à ce qu'on foit venu à la mine ; & pour fe procurer de Transact l'air, les Mineurs ont des boëtes d'orme bien fermées , d'environ 6 pouces ftiaiO|Oj) dans œuvre , avec lesquelles ils le portent à 20 brades de profondeur , où Ann. 1668- ilsfont une tranchée à peu de diftance du haut du piùts , qu'ils couvrent avec N°. 39. du gafon & des baguettes , difpofées de façon qu'on peut y adapter un tuyau, qu'on fait entrer de côté dans le puits , à quatre pieds du fommet. Lors- qu'ils font parvenus à la mine , & qu'ils ont befoin d'un foupirail , ils en creufent un à 4 ou 5 braffes du puits , & lui donnent une largeur convena- ble , & la même forme qu'au puits , pour fervir à vuider la mine &c don- ner de l'air. Aux queflions, 36. 37. 38. Les eaux font plus abondantes en hiver fui- vant les pluies ; on fe fert pour la vuider de lacs de cuir , qui contiennent 8 ou 9 gallons ; on les monte avec des cordes. Aux que/lions , 39. 40. Lorfque les Mineurs trouvent une efpece de tor- rent qui les empêche de travailler , ils creufent un canal au niveau , jnf- qu'à ce que les eaux fe foient vuidées. Ils rencontrent rarement des vapeurs nuiiibles. Les queflions , 39. & 40. ontbefoin de nouvelles recherches ; nos Mineurs ont feulement trouvé, que la mine de fer ne leur portoit aucun préjudice. Aux queflions 43. & 44. Lorfqu'on ne peut pas couper les rochers , on employé le feu pour les faire éclater. On les couvre de bois & de charbon , les Mineurs y mettent le feu de façon qu'ils ont le tems de fortir de la mina avant qu'il prenne , & ils n'y rentrent que lorfque la fumée à entièrement ceffé : il y en a eu de tués par cette fumée. Aux queflions , 4^. 46. 47. 48. Les batoirs, les haches, & les coins, dont fe fervent nos Mineurs , doivent être affez durs pour faire une impreflion profonde fur la tête d'une enclume ; encore quelquefois ils les caffent en une heure de tems, quelquefois ils leur durent 2 ou 3 jours fuivant.les circon- ftances. Ils travaillent en fouquenille & en camifole , avec des chandelles de fuif de 14 ou 1 5 à la livre , qui durent 3 heures , s'ils ont affez d'air : s'il n'y en a pas affez pour faire brûler les chandelles, les Mineurs ne peuvent pas y demeurer. Lorfqu'ils ont perdu leur veine , ils creufent deuxou trois brades au large , félon que la nature du terrein les conduit. Ils emportent leurs matériaux dans des baquets d'orme , qu'ils montent avec des cordes ; chaque baquet contient environ un gallon. Leurs échelles font de corde. Aux queflions, 49. $0. f t. La mine eft quelquefois diipofée en veine , quel- quefois par bancs : elle eft fouvent entre des rochers. Il y en a de caffante Se de plus douce : on ne trouve pas de métal parfait , il a tout befoin d^être ra- fîné. Il y en a fouvent de ramifié dans du Sparr. Aux queflions , 53-60. Il y a du Sparr Se du Caulk autour de cette mine, & une autre fubltance , que les Mineurs appellent des croûtes ; c'en; une ei- pece de pierre blanche , farineufe , mêlée de mine & de terre molle. Le Sparr eft blanc , tranfparent , & caffant comme du verre. Le Caulk eft blanc & plus pefant qu'aucune pierre. Les veines font entre ces envelop- pes ; &i leur largeur n'eft pas par-tout la même : elles fe terminent quel- quefois tout d'un coup dans la terre , ce qu'on appelle un lit mourant , &une Tome I. II. Partie. Y 154 Collection = ou deux brafles après , on la retrouve dans la même direction. Elle fe termï- Transactions ne quelquefois dans une terre graffe morte , fans croûte ni Sparr, & quelque- I'hilosophiq. f0is à un rocher qu'on appelle en Anglois Fore Flonc ou pierre dedevant. Ann. 1668. Aux que/lions ,62-65. Il y a une très-grande différence dans la bonté de N^. 3 o. la mine. La plus pure & la plus pelante eft la meilleure , 36 quintaux de mine doivent donner une tonne de plomb , un peu de cuivre , &c. A la queflion , 66. On bat la mine avec une pièce de ferplatte , on la né- toye de fa boue dans l'eau , on la paffe au travers d'un tamis de fil d'archal ; la mine tombe au fond , & ne fe foutient point ; ce font les feules prépara- tions ufitées avant la fution. On a un fourneau élevé de 5 pieds , placé fur une poutre , qui tourne comme un moulin à vent , afin d'éviter les inconvé- niens de la fumée dans les changemens de vent. Le fourneau contient un demi-boiffeau de mine & de charbon , & eft garni de foufïïets au haut. L'on met le charbon de terre par-deffus la mine , & des brouffailles au-defl'iis du charbon. Il y a à côté du fourneau une auge , dans laquelle coule le plomb , & qui contient environ un quintal & demi. On jette le métal dans le fable , où il fe forme en faumons, tels qu'on les vend : il y a une barre pour remuer le feu , & une cuiller de fer rouge pour jetter le métal. Aux quejlions , 82 , &c. Il fuffit de fondre une fois la mine. Le meilleur mé- tal coule le premier , & le premier fondu eft le meilleur. Il y a quelquefois une différence de moitié dans fa bonté ; c'eft le poids qui le diftingue. Aux quejlions , 88. & 89. Il y a dans la fumée des corpufcules , qui em- poifonnent les troupeaux qui mangent l'herbe fur laquelle elle tombe ; les Mineurs trouvent qu'elle a uri goût doux lorfqu'elle touche à leur vifage. Ils en emportent chez, eux pour faire mourir les rats & les fouris. Si on mêle ces corpufcules avec l'eau avec laquelle on lave la mine , & qu'on les jette dans quelque ruiffeau , ils empoifonnent les troupeaux qui y viennent boire à trois milles de-là. On amafte de ces corpufcules qui tombent fur le fa- ble , & on les fond dans un fourneau pour en faire du menu plomb & des dragées. A la queflion , 90. On trouve des fcories de fer à 3 , 4, ou 5 pieds fous-terre; mais les Mineurs penfent qu'il y avoit été jette autrefois. On a fatisfait dans la première réponfe à la plupart des queftions diverfes inférées au NQ. 19. Je vous enverrai les loix qui concernent les mines de Mendip , que je vous aipromifes , dès que je les aurai reçues. Il y a environ deux ans qu'on trouva un morceau de mine , où l'on ima- gina voir la figure d'un homme , fes yeux , fes bras , fes jambes , fa poitri- ne ; le tout avoit environ 4 pouces de long. ~%-~ Académique. ijj EXTRAIT D'UNE LETTRE ÉCRITE DE FRANCFORT ïm^^Jf fur l'Oder, par le Prof. J. Chriftophle Bukman , fur l'Ofleocolle , & fur Ann. 1668. d'autres chofes remarquables de ce pays. ( A ) N0' ' M O N S I E U R La conyerfation , que j'eus avec quelques Membres de la Société Royale , lorfque j'étois en Angleterre , m'ayant fait prendre la réfolution d'employer le relie de mes voyages à faire des obfervations Philolbphiques ; le fouve- nir, que j'en ai confervé depuis mon retour dans ma Patrie , m'a engagé à faire des recherches fur les productions naturelles de ce pavs. Je vous ferai part maintenant de ce que j'ai remarqué fur l'Olteocolle ,' que j'ai d'autant plus exadement obfervée , que je n'ai encore trouvé aucun Auteur , qui me fatisfît à ce fujet. 1. J'ai remarqué , qu'elle ne croiffoit que dans les terreins fablonneux , ne s'en trouvant point du tout dans les terres graffes & argilleufes. 2. Elle pouffe fous terre à la hauteur de deux hommes , de forte que lorf- qu'on en trouve au-deffous de la furface de la terre , on peut efpérer d'en trouver des branches jufqu'à cette profondeur. Sur quoi il faut remarquer que ces branches font le plus fouvent droites , quoiqu'elles s'étendent quel- quefois de côté. 3. Les branches ne font pas d'une égale groffeur , mais femblables aux plantes , qui croiffent fur terre ; il y en a de plus groffes , & de plus petites les unes que les autres : plus elles s'éloignent du tronc , plus elles font minces, la tige étant plus groffe que tout le refte , elle eft ordinairement de la grof- feur du bras ou de la jambe, les branches font de l'épaiffeurdu petit doigt. 4. Il y a des^marques particulières , auxquelles on connoit les endroits , ou il y en a. C'eft un fable gras & blanchâtre , qu'on apperçoit fur le fable ordinaire , qui eft toujours jaune ici , & fous celui-là on en 'trouve un au- tre noir & gras avec une matière humide & putride femblable à du bois pourri , quelque fec d'ailleurs que foit l'autre fable. Cette matière s'étend d'elle-même dans la terre comme fait l'Olteocolle ; & ceux à qui je l'ai fait examiner , difent que c'eft la fleur de cette fubftance. 5. L'Ofleocolle eft molle , lorfqu'on la trouve , mais plutôt friable que ductile. C'eft pourquoi , fi on veut la retirer en entier avec (es branches , il faut écarter avec foin le fable , qui eft autour , & la laiffer quelque-rems. Elle devient auffi dure , que celle qu'on trouve chez les Apoticaires , après avoir été expofée au foleil pendant une demie-heure ou un peu plus. 6. Il femble que c'eft une efpece de Marne , ou quelque chofe , qui y a beaucoup d'affinité. On trouve la Marne en abondance dans ce pays-ci , quoiqu'il n'y en ait point auprès des endroits , où j'ai trouvé l'OfteocolIe. 7. Elle a beloin d'un certain tems pour parvenir à fa maturité. Car j'en ai trouvé aux mêmes endroits, d'où j'en avois tiré l'année paffée ; avec cette différence que celle-ci s'étoit durcie par la méthode , que j'ai rapportée ri- Art. IV ij6 Collection = deflus , au Keu que l'autre a refté molle & friable , quoiqu'elle foît déjà de Transactions cinq mois. Philosophiq. g. Je crois que ce qui fait quelle eft ainfi divifée en branches , c'eft qu'elle Ann. 1668. s'amafle & s'attache autour des racines, qui s'étendent çà&là dans la terre, &c xtq elle acquiert enfuite l'apparence d'une plante félon les divifions des racines. •* '* De-là aufîî paroît provenir la ligne noire , qu'on trouve toujours au milieu de l'Ofteocolle , & qu'on croit être un morceau de racine. Il arrive fouvent que ce trait fe perd peu-à-peu , & que l'Ofteocolle devient creufe dans fon mi- lieu , ce qui arrive , lorfque la racine eft réduite en poudre par la corruption. J'ai cependant trouvé ici aux environs de l'Ofteocolle qui n'étoit pas creufe à fon milieu ; mais j'ai obfervé qu'au lieu de s'être amaffée autour d'une groffe racine , elle s'étoit accumulée autour de plufieurs petites fibres ; elle avoir des pores dans toute fa longueur , mais non pas de cavité comme l'autre. Je vous communiquerai dans une autre occafion , quelques particularités fur le Gramen ifchœmon , appelle par d'autres Gramen Dactyloides , ou San- guinella ; & fur lé Gramen aquaûcum cum longi(Jîinâ panniculd , dont parle Bauhin , qui croiffent ici abondamment. Je vous ferai part aufîî de ce que je pourrai obferver dans la forêt de Hart^ , que j'ai réfolu de vifiter dans peu de tems. On y trouva des mines de cuivre & d'argent , beaucoup de pierres foffilles , une efpece de pierre , qui devient molle à la pluie , & un lieu appelle le Trou de Bawmans , qui reffemble à celui d'Oky auprès de Wells en Angleterre. Je ne dois pas pafler fous filence , qu'il tomba ici le ir. du mois de Mars dernier une efpece de neige extraordinaire , que j'obfervai avec beaucoup d'attention. Elle, n'avoit point la figure ordinaire , mais elle étoit compofée de petits piliers , dont quelques-uns étoient tétragones , quelqu'autres hexa- gones , avec une jolie bafe & une efpece de chapiteau , comme les colon- nes , ce qui m'engagea à lui donner le nom de nix columnaris. N°. 40. EXTRAIT D'UNE LETTRE ÉCRITE DES BERMUDES , par M. Richard Staff ord , fur les Marées , les Baleines , le Sperma-citi , des toiles a" araignée extraordinaires , quelques végétaux rares , & la longueur de la vie des habitans. (A) AftT.ln. JVIo nsieur; Votre lettre du 10 Février 166 | eft parvenue à mon ami M. Richard Norwood , avec YHiJioire de la Société Royale , qu'il a reçue comme une fa- veur fmguliere. Mais étant accablé d'affaires, qui l'empêchent de répondre lui- même à vos demandes par ce vaifleau , il m'a chargé de le faire pour lui. Je vais tâcher de m'en acquiter du mieux qu'il me fera poflible. Il me man- Académique. ic7 que Cependant beaucoup de chofes que vous demandés,* la faifon n'étant pas ============ propre à fe les procurer, mais nous tâcherons d'y fuppléer dans la fuite. J au- Transactions rai foin de faire ramaffer des racines, des femences ,& des fruits pour la pre- Phuosophiq. miere occalion. Quant à préfent j'obferverai que les marées ne montent jamais au-delà de £"' 5 pieds , autour de cette Me , & cela feulement entre la faint Michel & les ' 4°* fêtes de Noël ; mais pendant le refte de Tannée, elles ne montent qu'à irois pieds. Il y a. pleine mer une heure après le lever de la Lune , & après fon coucher. La direction des marées eft du Nord Oucjl au Sud Oue/l ; &c elles fe font fentir plutôt aux endroits , qui font plus au Nord-Ouefl , que dans les autres. Cependant elles ne fuivent pas toujours ce cours autour de no- tre côte. Je fuppofe que quelques pointes déterre ou bas-fonds changent leur direction du Nord-Ouefl au Sud-Oueft. Nous avons ici plufieurs fortes de poiflbns ; entrantes une grande quan- tité de baleines , qui s'approchent de nos côtes pendant les mois de Mars, Avril & Mai ; j'en ai tué plufieurs moi-même. Les femelles ont beaucoup de* lait dont elles noumfîènt leurs petits , leurs mammelles font placées auprès de leur nombril. Elles n'ont point de dents , elles rongent la moufle , qui croit pendant ces trois mois feulement fur les rochers qui font au fond de la mer. Les baleines fe retirent lorfqu'elle eft confommée. Nous les tuons pour leur huile. La mer jette aufîi fur le rivage des baleines , qui produifent le fpcrma-ciù , lequel eft répandu fur tout leur corps; celles-ci ont plufieurs dents , qui peuvent être de la groffeur du poing : j'efpére vous en envoyer une par la première occafion. Je fuis allé aux Ifles de Bahama , où j'ai trou- ve de ces baleines mortes fur le rivage , toutes couvertes àefperma-céti. J'ai fait la partie avec 20 autres perfonnes de tâcher d'en prendre quelqu'une & de la tuer ; car nous n'avons pas oiii dire , que perfonne en ait tué de cette efpéce , tant elles font féroces & vîtes à la courfe. Une de ces baleines doit valoir plufieurs centaines de livres. Elles font très-fortes , & couvertes de nerfs par tout leur corps , on en peut tirer de la longueur de 30 braftes. Il y a une Ifle parmi celle de Bahama , qu'on appelle la nouvelle Provi- dence , ou beaucoup de nos habitans ont été s'établir. On pourrait y décou- vrir plufieurs chofes rares , fi on encourageoit le peuple : je ne crois pas qu'il y ait dans l'univers , un endroit plus fain. Elle abonde en poiftbns & en oifeaux, & on y trouve une très-grande quantité d'arbres & d'autres plantes dont on ne connoit pas les qualités. 9? 3Vr°r dema"^ l0- de Mœaflèl I« petits fruits , & de les faire fecher à l'ombre , jufqu'à çcquils rullentauffi fecs, que le lotit ordinairement les railïns & les figues, i». D'ouvrir les fruits plus gros , & leurs noyaux , d'en ôter l'amande & de la fécher. }». De rccciiillir les femenecs ou les bayes lorfqu'ellcs font prêtes à tomber avec leurs colles & leurs peau*. 4 '. D'en- velopper les racin« dans de la moulTe , ou de la terre légère , & de les garantir autant quil eitpoflible, d être mouillées par l'eau de la mer dans le voyage. 50. De mettre les plan- tes & les jeunes arbres dans des cùffei à moitié pleines de tetre , a^yant foin de les garnir de cerceaux en forme de berceau , & de les couvrir de nattes pour les garantir de l'eau delà mer leur donnant de l'air tous les jours , lorfqu'il ferait beau , & lesarrofant une fois le jour avec de 1 eau fraîche. 60. D envoyer toutes fortes de patates dans de la terre. 70. D'envoyer toutes for- tes de bayes . de gazons , de graines & d'herbes , enveloppant les femenecs d'ans du papier i çS Collection ■u;?- ; Il y a ici des habitans , qui ont vécu cent ans & au-delà ; il y en a beau' Transactions coup , qui parviennent jufqu a près de cent ans , & qui meurent de vieillefte 1'hilosoj>hiq. plutôt que de maladie. La maladie la plus ordinaire eft un froid , qui failit Ann. 1668. dans les plus grandes chaleurs. L'air eft très-doux & très-agréable. Notre nour- N°. 40. ritu'te n'a rien d'extraordinaire ; le peuple eft pauvre , & j'obferve que les plus pauvres font ceux, qui fe portent le mieux. Vous recevrés du Capitaine Thomas Morly , commandant notre vaifleau * Cela ne s'cfl de charge , ce que je puis vous procurer pour le préfent , * vous y trouvères point trouvé dans entr'autres , des feuilles & des fruits de la plante , dont vous vous informés : le vaifleau. nous l'appelions Y herbe, venimeufe. Elle eft femblable à votre lierre ; j'ai vu un homme à qui le vifage fe pela , pour l'avoir regardée en partant , fans la tou- cher : mais j'en ai mâché, fans en avoir reçu aucun mal. Elle n'eft pas mal- failante pour tout le monde. 11 y a ici des araignées , qui filent leur toile entre des arbres éloignés de 7 ou 8 brafles; pour cet effet elles jettent leur fil en l'air , & le vent le por- te d'un arbre à l'autre. Cette toile , lorfqu'elle eft finie , peut arrêter un oi- leau gros comme une grive. Quant à l'écorce , dont on vous a dit que nous couvrions nos maifons , c eft une fable. Car ce n'eft pas de l'écorce , mais ce font des feuilles de pal- mier , que nous employons à cet ufage. Ce palmier eft un arbre , fans le- quel nous ne pourrions être agréablement dans ce pays. Ses feuilles ont huit ou dix pieds de long & prefqu'autant de large. Je ne crois pas qu'il y ait dans le monde un arbre d'un aufti grand ufage que celui-là. On dit que les peuples de la Virginie & de la Floride vivent très-long-tems , qu'il y en a quelques-uns , qui ont une taille gigantefque, & qui font beaucoup plus forts que les autres hommes. Je ne puis pas vous dire grand chofe de l'Éclipfe de Lune, que vous vou- driés qu'on eût obfervé dans ce pays-ci ; mais je préfume que M. Norwood vous fatisfera là-de(Tus. Si quelque chofe lui fait manquera fon devoir , c'eft fon grand âge & fa foibleffe. Il fouhaiteroit beaucoup pouvoir être utile à la Société Royale ; ce qui m'engage à fuppléer à fon défaut , Sec. A Bermude , le 16. Juillet 1668. OBSES DATIONS SUR LA COCHENILLE, avec des avis fur la manière de tirer une fubftance femblable des autres arbres , & de la préparer. ( A ) Art. V. tare femblable à celle du bois du bréiil , que le feu détruit en peu de jours ; mais Finfecle , qui fe produit de fon fruit ou de fes feuilles , en fournit une qui eft plus durable. J'ai oiii dire qu'il y avoit dans les Bermudes , & dans la Nouvelle Angle- terre un fruit appelle Summer- Ijhnd , Red-vud , aufti rouge que le fruit de ACADÉMIQUE. Ijp l'arbre qui produit la Cochenille, qui donne une teinture femblable. Il s'en- — - gendre dans ce fruit un ver , qui fe change enfuite en une mouche plus grof- Transactions le que celle de la Cochenille, qui le nourrit de ce fruit : on nous a mandé Philosophie. qu'on avoit trouvé dans ces mouches une couleur , qui ne le ccdoit pas Ann. 1668. à celle de la Cochenille , tk qu'elles l'emportoient fur elles par leurs vertus N°. 40. médicinales. Il feroit donc bon d'examiner. 1". Si ce fruit des Bermudes pourroit croî- tre en Angleterre. 2°. Si on ne pourroit pas obtenir du bois de bréfil un in- fedte , qui reffemblàt à la Cochenille , quant à la couleur & à la teinture. 30. Si la couleur paffagere , que donnent certains végétaux , ne pourroit pas être fixée en y excitant une fermentation propre à engendrer des infectes , qui donnaffent une teinture femblable à celle du grain. C'elt ce qu'on pourroit peut-être obtenir de cette manière. Comme les teintures végétales fe tirent des herbes , des bois , des bayes , on des autres fruits ; nous allons indiquer une méthode particulière pour chacune de ces chofes. 1°. Pour faire produire des infectes aux herbes , faites les lécher , ( parce que la teinture, qu'elles donnent , en eft meilleure , ) ou bien pilez- les , & laiffez-les lécher au foleil , ou à une chaleur équivalente , jufqu'à ce qu'elles ne donnent plus aucun lue , ou fi elles font féches , faites les infufer dans de l'eau chaude pendant 24 heures ; évaporez cette eau jufqu'à con- fiftence de lirop , ( mais pour cela il ne faut pas exprimer les fécules , ) met- tez-la dans un vailTeau de terre ou de bois, couvert avec un peu de paille , ou avec quelqu'autre choie de la même nature , de façon qu'il ne loit pas trop fermé , & que l'air puiffe y entrer : mettez ce vaiffeau à l'ombre , dans un trou fait dans la terre ; placez autour quelques feuilles mouillées , ou quel- ques balayures pourries , & par-deflus une planche avec un peu de paille. Cela produira d'abord un ver , & enfuite une mouche , qui donnera la mê- me teinture , que cette concrétion , mais plus durable ck plus forte. Quant aux bayes , pilez-les, faites-les bouillir & les évaporez à la confi- Itence de Rob , & le refte du procédé comme cy-devant. Enfin faites infufer le bois dans de l'eau , après les avoir mis en poudre ; & faites bouillir leur teinture ; faites évaporer l'eau , &c. comme dans les autres procédés. Les mouches joueront autour du vaiffeau & à la furface de la liqueur , il faut les prendre , les faire mourir dans une étuve & les garder après les avoir fait lécher. QUESTIONS SUR LA VÉGÉTATION, principalement fur le mouvement de la fève. I. /^\ Uels font les végétaux , qui croiffent très-bien , quoique plantés la ^RT yj V^/ tige en bas , comme on dit que font le fureau & la ronce. 2. Si les branches d'une plante , comme celles de vigne &: de ronce , en- foncées dans la terre , quoiqu'encore attachées à leur pied , & ayant pris racine, poufferoient en haut & enbas après avoir été léparées de leur tronc. 3. Si la fève , qui fort des plantes , qu'on a percées , vient du haut ou du bas de bur tige. i6o Collection • 4. Quelle eft la partie de la fève qui monte , ou qui defcend par I e- Transactions corce ? Et celle qui monte ainfî s eleve-t'elle par fa partie extérieure ouin- Phuosophiq. térieure ? Ann. 1668. 5. Une branche , dont on couperoit l'écorce tout au tour près de fon ori- N°. 40. gine de la largeur de deux pouces , en mourroit-elle ; ou perdroit-elle fes feuilles ? Laifferoit-elle échapper la fève de fa partie fupérieure , ou de la partie inférieure de fon écorce ainfi coupée ? Lui viendroit-il des feuilles, des branches ou des boutons au-deffus , ou au-deflbus de cette incifion ? 6. Quel eft l'ufage de la moelle ? La fève monte-t'elle ou defcend-t'elle dans fes cellules ? Etqu'arriveroit-il , fi l'on perçoit le tronc jufqu'à la moelle, & qu'on infirmât une cheville dans fon canal en haut , ou embas ? Il faut faire cette expérience fur les arbres , qui ont le plus de moelle. 7. S'il fortiroit autant de fuc de l'extrémité des racines coupées , que des branches , ou du tronc , fi on les perçoit. 8. Quel eft le côté de l'arbre , qui fournit le plus de fève. o. A quel âge les arbres ont-ils le plus de fève .* 10. Quelle eft la faifon de l'année la plus propre pour tirer une plus grande quantité de fuc de chaque efpece d'arbre , & combien dure cette faifon ? il. Si la fève eft plus abondante , dans un tems du jour ou de la nuit, que dans un autre. 12. Les arbres ont-ils beaucoup de fève dans l'Automne ? 13. Quel effet produit la pluye fur la fève des arbres ? 14. Peut-on changer la nature d'un arbre , en appliquant certains fucs ou certaines liqueurs à fes racines , ou à quelqu'autre de fes parties ? 1 Ç. Un arbre croîtroit-il fi fes racines étoient à l'abri de la pluie, & qu'on ne les arrosât pas , pourvu que fes branches fuffent expofées à l'air ? 16. Si les racines d'un arbre greffées pourroient croitre ? 17. Combien peut-on couper de racines à un arbre , fans le faire mourir ? 18. A quelle profondeur faut-il planter les différentes efpeces d'arbres? 19. Si une femence plantée renverfée ou debout , viendrait également ? 20. Si un arbre planté les branches en terre , & les racines en l'air, pour- roit pouffer ? &c. On public ces que/lions, afin de fournir des matériaux aux recherches des curieux , & pour les exciter à nous faire part de ce qu'ils ont découvert , ou pourront dé- couvrir dans la fuite fur cefujet , pour fervir à l'hijloire de la végétation. Et quoi- que quelques-unes de ces que/lions ayent déjà été réfolués , on n'a pas cru devoir les omettre , afin de recueillir ce qu'on pourroit y ajouter pour les confirmer : c 'efî dans ces vues que nous ajouterons ces autres que fiions , dont nous a fait part unt perfonne refpetiabk , qui voudroit avoir là-deJJ'us de nouveaux éclaircijfemens. I. Académique. 161 Transactions] QUESTIONS SUR L'USAGE ET LA CULTURE DES JARDINS Philosophie Potagers. Ann- l668' N°. 40. quelles Racines Pouffes Bourgeons Tiges Boutons Fleurs Fruits Amandes Semences f Manger crues. Bouillir. 1 Rôtir. I Cuire au four. 1 Mariner. 1 Garder. Faire des conferves. Confire. Sécher en entier. Sécher pour mettre en poudre , & s'en fervir en manière d'épicerie. jFaire du Vin. >Sontbonnesà/ Du cidre. De la petite bière, & autres boiffons. Du vinaigre & du verjus. Des fucs épaiffis comme le miel. Des fucs concrets comme le fucre. Du pain. Des gâteaux , des boudins , &c. Des bouillons. A donner de la couleur aux viandes & aux boiffons. Quelles herbes font propres à faire de la falade , & comment faut-il les ac- commoder ? 2. Quelle eft la meilleure faifon pour femer chaque efpece de graine ? 3. Combien de fois faut il femer chaque efpece de graine , pour en avoir toujours dans un jardin potager ? 4. Comment faut-il préparer la terre , pour les différentes efpeces de graines ? 5. Quelles font celles , qu'il faut femer dans une terre froide ? 6. Quelles font celles, qui demandent des couches chaudes? 7. Quels font les différens moyens de faire les couches &c de les en« tretenir ? 8. Quelles font les efpeces qui doivent être tranfplantées , foit dans la terre froide , foit dans les nouvelles couches , Et comment faut-il les plan- ter & les entretenir ? 9. Quelle attention doit-on faire au Soleil , à la Lune , & au tems, pour femer , planter , & tranfplanter ? 10. Comment faut-il ombrager , & arrofer les nouvelles plantes Se les femences ? Tome I. II. Partie. X jïjz Collection » 1 1 . Quelles font celles qui viennent le mieux au Soleil ? Tkansaction-s 12. Celles qui demandent l'ombre ? PHuosQPHiq. ij. Comment peut-on couvrir & garantir dehors celles qui ne peuvent Ann. i66S- venir dans les ferres ? N°. 40. l4- Quels vers , quelle vermine , & quels infe&es font nuifibles aux jardins ? 15. Quel remède peut-on y apporter ? 16. Quelle elt la meilleure forme, & quelles font lesdimenfions dune ferreï De quoi faut-il la bâtir &c la couvrir ? 17. Qu'eft-ce qu'il fant-ferrer en Hiver ? 18. Que faut-il faire aux pots , & aux caiffes avant de les ferrer ? 19. Dans quel tems.faut-il ouvrir & fermer les ferres ? 20- Quelles précautions faut-il prendre , en tirant les plantes des ferres dans le Printems ? 21. Comment faut-il tailler & fumer les plantes qui croiffent dans les ferres ? 22. Quelles fontles plantes qu'on peut multiplier d'oignon ? 23. Ou de bouture ? 24. Quelles font celles qui viennent mieux de femences , quife répandent '& fe fement d'elles-mêmes ? 26. Quelles font celles qu'il faut greffer & écuffoner ? ■ 27. Quelles font les différentes manières de greffer & d'écuffoner ? ' ï8. Comment peut-on changer la forme , l'odeur , la couleur , & le goût des végétaux ,. en. joignant différentes racines enfemble ? 2*9. Quels font ceux qu'on peut changer en greffant , joignant , ou écuf- fbnant les bourgeons fur d'autres fujets ; & comment le peut-on faire ? 30. Peut-on compofer quelque liqueur capable de changer les plantes en- les arrofant ? 3 r. De quelles racines yrtoncs, écorces , feuilles, fleurs , fruirs , femen- ces , duvets , &c. peut-on: faire des vafes , des boëtes , des parquets , des nattes , des toiles de c'otton , d'autres toiles , ( comme celle d'ortie , ) &c. tout ce que les jardins peuvent fournir de plus utile pour la vie. 5 2. Comment tarifer la vigne ? Combien faut-il laiffer de nœuds , en quel tems faut-il commencer à la tailler ? 33. Comment faut-il tailler les arbres de plein vent ? 34. Comment les Efpaliers ? Et avec quoi faut-il les attacher;5 3 5. Quels fontles Heux , tl'ôù l'on tire les meilleures plantes ou pour les ferres, ou pour les potagers ? Quelle marque a-t'on de leur bonté ? 36. Comment diftinguer les bonnes femences des mauvaifes ? 37. Quel eft le tems le plus propre pour les cueillir, & le moyen le plus sûr pour les conferver, &c. Académique. 163 AVIS POUR ENGAGER LES CURIEUX A FAIRE DE NOUVELLES Philosoihiq. Obfervations fur les fucs , qu'on peut tirer des arbres en les perçant. (A) Ann. 1668. N°.40. Quoiqu'il y ait eu quelques curieux , qui ont fait des obfervations fur Art. VII. les fucs de certains arbres , qu'ils ont tirés en les perçant , & dont ils ont tait ufage ; néanmoins comme ces obfervations font en petit nombre , en comparaifon des arbres, qui reftent à examiner , l'Éditeur s'eit obligé d'in- viter les curieux à faire de nouvelles expériences , qui peuvent devenir très- utiles tk nous fournir des découvertes avantageufes pour la fanté;lui ayant été rapporté qu'un Roi de l'Europe fait maintenant ufage & fe trouve bien du fuc de noyer. Il les invite en même-tems à lui faire part des découvertes qu'ils ont déjà faites, ou qu'ils pourront faire en ce genre , afin qu'il puiffe les rendre publiques. EXTRAIT D'UNE LETTRE DU Dr. FAIRFAX , fur une balle de plomb rendue par les urines. ( B ) UNe femme de la province de Suffolk , de moyen âge , pâle , & d'un ART. IX. très-grand embonpoint , nommée Eleot de Mendlesham , étoit cruelle- ment tourmentée depuis plufieurs années par des coliques violentes. Un de fes voifins qui avoit reffenii plufieurs atteintes du même mal , lui confeilla d'avaler deux balles de plomb d'une grofleur médiocre. Ce remède lui don- na un aufli prompt foulagement que celui qui le lui avoit confeillé , avoit lui-même éprouvé ; mais les coliques revinrent dans la fuite , & augmentè- rent beaucoup. Après avoir combattu pendant environ 1 &c nos chaulions pouvoient en garantir les Anglois ; mais il s'eft convaincu que la peau la plus dure n'étoit qu'une foible defenfe contre cette vermine. lia obfervé qu'il n'y avoit guère que ceux qui avoient les pieds mal-propres, qui y fulftnt fujets. Il en eut une fous le gtos or- teil du pied droit , oii il avoit la peau aullî dure que de la corne : ce qui l'empêcha d'abord d'y foupçonner des chiques. Cela lui demangeoit extrêmement , fans qu'il pût rien voir , qu'une rougeur de la largeur d'une pièce de douze fols, qui difparoilToic quand ou la pref- foit , comme fi elle eût été produite par un fang acre. Croyant que c'ètoit un cor , il s'allie pour le couper , mais lorfqu'il en eut emporté une partie , il apperçut le fac des chiques ; ce qui lui fît avoir recours à un Nègre, qui en tira deux facs , & remplit le trou avec de la cire d'oreille , il n'en arien fenti depuis. Il ajoute qu'elles s'étendent peu -à-peu , fut tout le pied, qu'elles mangent les orteils , & couvrent tout le corps des Nègres mal-propres. Il dk en avoir vu tirer 4a. du pied d'un enfant. Coilett. Aco^.To-i. Jec^. paxt.pL-3-^.poj. III. I<}0 F5.i- I Académique. 174 on trouva fon eftomac rempli de nourritures corrompues ; on difféqua ion ■ col , pourvoir ce qui étoii arrivé à la veine que l'on avoit coupée , & on Transactions trouva qu'elle s'étoit jointe elle-même par quelques fibres au mulcle le plus Philosothiq- voiiîn , &C que la partie fupérieure de cette veine avoit communication avec Ann. 166S. l'inférieure , parle moyen d'une petite branche qui fuppléoit en quelque Js|o- 42< manière au tronc enrier que l'on avoir coupé. Le 20. Mai 1668 , à S. Griffoni , dans le territoire d'Udine , on fit écou- ler le fang d'un agneau , dans les veines d'un épagneul de la taille moyen- ne des chiens de cette efpéce ; il étoit âgé de 13. ans , étoit entièrement fourd depuis trois , deforte que quelque bruit que l'on fit , il ne donnoit pas le moindre figne qu'il l'entendit. Il marchoit très-peu , & il étoit fi fbible que ne pouvant le foutenir fur fes jambes , il falloit qu'il fe traînât pour avan- cer d'un lieu à un autre. L'expérience faite , il refta pendant une heure éten- du fur la table , quoiqu'il fût détaché ; après cet efpace de tems , il fauta en bas , & alla trouver fes maîtres qui étoient dans une autre chambre ; il fortit deux jours après & courut dans les rues avec les autres chiens , ne fe traî- nant plus comme il faifoit avant l'opération ; l'appétit lui revint auflî , & il commença à manger davantage , & avec beaucoup plus d'avidité qu'avant l'expérience. Mais ce qui eft le plus furprenant dans ce fait , c'eft qu'il don- na depuis , des fignes qu'il commençoit à entendre , revenant quelquefois à la voix de fes maîtres , lorfqu'ils l'appelloient. Le 13. Juin il parut prefque entièrement guéri de fa furdité , & fut de- puis beaucoup plus gai qu'il ne l'étoit avant l'opération ; enfin le 20. du même mois , il recouvra l'ouïe entièrement , de telle façon cependant que , lorfqu'on l'appelloit , il fe retournoit de la même manière que fi celui qui l'appelloit,eût été très-éloigné de lui. Mais cela n'arrivoit pas toujours de mê- me , & il entendoit toujours , lorfqu'on l'appelloit. EXAMEN DU TISSU DES TESTICULES, par Valdlus Dathirius Bonglarus. (BJ JE vous envoyé deux figures , par lefquelles je vous expliquerai les ob- ART. IV. fervations que j'ai faites fur le tiffu des tefticules. La première repréfente un tefficule d'homme, & la féconde un tefticule de fanglier , parce que le volume de ce tefticule étant plus gros , les obfervations font plus faciles à faire. A A Les deux tefticules ouverts par le milieu. BB la tunique Albuginée; pi. j. Fig.III. C l'infertion des vaiffeaux préparans dans l'albuginée. D D Le canal d'Hig- mor étendu exactement au milieu du tefticule du fanglier , mais non pas de même dans celui de l'homme. La ligne fibreufe de Riolan eft-elle insépara- ble de la tunique du tefticule ? EEEE, les vaiffeaux préparans traverfant la tunique Albuginée, & atta- chés au canal d'Hygmor par un nœud femi-circulaire. FFFF La fubftance propre du tefticule humain , cette fubftance n'eft point glanduleufe , mais tifiué d'un nombre infini de vaiffeaux , deforte que le tefticule entier n'eft \"jl Collection ■ - qu'un vaiffeau clans celui du fanglier ; les vaiffeaux tefticulaîres font fépa- Transactions rés par une efpéce de lit de chair ffff. GG petits tuyaux, tantôt nombreux, Philosophie, tantôt en moindre quantité , qui fortent à la tête du tefticule , du canal d'Hig- Ann 1668 rnor ' l0^"'' f°rt ^e la tunique Albuginée. HH Le commencement de l'é- NQ ai ' pididyme , qui félon Higmor n'eft point glanduleux , mais félon Riolan un tiffu de vaiffeaux attachés enfemble par une forte membrane. Il eftaifé de voir par-là , que l'épididyme rire fon origine des petits tuyaux , & que les petits tuyaux naiffent du canal d'Higmor ; deforteque la femence commen- ce à fe former dans les vaifTeaux teiticulaires du tefticule , d'où elle tombe dans le canal d'Higmor. De-là elle paffe par les petits tuyaux , pour fe por- tera l'épididyme , dans les finuofités duquel ellefe perfectionne. II Le refte de l'épididyme entièrement vafculeux , il ne fe trouve aucune fubftance glan- duleufe dans le tefticule & l'épididyme de l'homme. KK Le vaiffeau éja- culatoire qui eft une continuation droite de l'épididyme. Ce Mémoire fut imprimé à Florence en 1658. M. de Graaf fit depuis plu- fieurs obfervations furie même fujet , & en dernier lieu la Société Royale a examiné, cette matière avec tant de foin & d'exa£titude , qu'on ne doute plus de ce que les habiles Anatomiftes d'Angleterre penfent & ont penfé juf- qu'à prefent , de la ftruc~ture des tefticules. C'eft-à-dire , que les tefticules font un amas de vaiffeaux , que l'on pourroit démêler comme un fil , & qui font très-apparens , & très- ailes à voir à l'œil fimple. N°-43- RÉPONSE AUX QUESTIONS FAITES SUR LA VÉGÉTATION, & fur le mouvement de la fève , parle D. J. Béai , & le D. Tonge. (C) N°. 4t. I " T^ y a Pm^ieurs efpéces de végétaux , qu'on peut multiplier de bouture j^ R T 1 Aavec fuccès , comme le fureau , la ronce , le faule , la vigne & la plu- part des arbriffeaux ; ce qui fe fait en mettant une branche dans la terre jus- qu'à deux ou trois yeux. On la coupe auprès du dernier œil , qui ne doit ex- céder le terrein , que de la moitié du joint qui le précède ; & on donne à la terre une légère culture , pour que la plante puiffe pouffer & croître : par le D. Béai. Les grofeliers & d'autres arbres de cette forte , dont le boi3 eft tendre & l'accroiffement prompt , font très-propres à réiiflir de cette fa- çon : par le D. Tonge. 2. Si on couche dans la terre , une branche qui tient à l'arbre , & fi , après qu'elle a fait racine , on la fépare de l'arbre , elle pouffera des deux côtés \ au cas que les racines foient fufHfantes , & qu'on y ait apporté les précaiB- rions dont on a parlé ci-deffus : par le D. Béai. Les branches couchées de toutes les efpeces d'arbres , dont il eft fait mention dans la première obfer- vation , poufleront aux deux extrémités ; & fi on coupe la branche par le milieu , quand elle aura fait racine , on fera deux plans de chaque branche couchée : par le D. Tonge. 3. Lorfque l'on perce les arbres , la fève monte des racines fur le champ , ACADÉMIQUE. 173 Zc après qu'elle s'eft perfectionnée au point detre analogue à la nature de ,MM— ■— » l'arbre , qui ne fe forme pas moins de l'air que de la fève que fourniflent les Transactions racines ; elle defcend , comme la liqueur dans un Alembic , à l'ouverture qui Phuosoihiq, a été faite pour (on écoulement. Ray cefçavant Ecoflbis , allure avoir re- Ann. '668. connu par fa propre expérience , que le lue qu'on peut tirer au Printems d'un \i0 bouleau, pelé autant que tout l'arbre entier avec lés branches & fes raeines : '43* ne pourroit-on pas regarder cela comme un grand Alembic de la nature qui peut avoir fouvent une plus grande force , que nos petits Alembics ar- tificiels , Se que nos diftillations les plus recherchées. Le puiffant effet de la prefence alternative du foleil, & le concours perpétuel de l'air, avec l'action de la plante toujours vivante & végétante , peuvent plus que nous ne pou- vons l'imaginer , influez efficacement & cauièr une vertu fpécifique. Quoi- que nous ne puiffions ni voir ni entendre le battement des poumons des vé- gétaux , nous pouvons cependant nous appercevoir, qu'il en fort des odeurs , tantôt agréables, tantôt très-déplaifantes , comme dans la fabine, le fapin , le cyprès , le fureau , le romarin , le mirthe, & en général dans toutes les fleurs : & quoiqu'il y en ait quelques-unes qui ne donnent point d'odeur, elles peuvent avoir lans cela des vertus très-falutaires. Je n'en rapporterai qu'un exemple : mes mains & quelquefois auffi mes bras étoient , il y a quelques années , couverts de dartres vives qui avoient réfifté aux meilleurs remèdes de plufieurs Médecins qui me voyoient ; mais j'en fus promptement guéri , fans quelles ayent reparu depuis vingt ans , en y appliquant de la gomme de prunier diffoute dans du vinaigre ; je ne dois pas omettre , que quelques jours avant que de me fervir de cette gomme , j'appliquai fur ces dartres des feuilles de vigne , & quelquefois des grains de raifin entrouverts, pour en attirer l'humeur : par U D. Béai. Le fentiment du D. Tonge , eff que la fève tend toujours à monter , & qu'à proprement parler elle ne delcend ja- mais ; qu'elle n'a feulement qu'une efpece de précipitation & de rechute qu'il ne veut pas qu'on nomme circulation , & qui ne reflémble pas au mouve- ment des liqueurs dans le Pélican , mais plutôt à la rechute de la liqueur dans un Alembic ; tandis que les parties les plus fpiritueufes font forcées de s'élever au chapiteau : que la fève imite cependant en quelque façon le mou- vement du fang dans les animaux , puifqu'elle fupplée continuellement à la diffipation qui s'en fait par les racines , par le tronc & par les. branches. Voici comment il conçoit cela : la fève néceffaire à l'accroiffement des feuilles, du fruit & des hautes branches , après s'être répandue , ayant pris la forme pro- pre à l'objet & l'arbre en étant très-rempli ; celle qui eft dans les tuniques intérieures , nourrit la partie du dedans , & celle qui eft dans les parties ex- térieures, entretient les parties du dehors , comme les fruits, &c. Que la fève qui relie dans le tronc , entre les différentes tuniques , & entre l'écorce & le bois , commence à s'y épaiflir , d'abord par une forte de coagulation , & enfuite elle forme le bois , l'écorce , les racines , &c. félon la nature des matières où elle fe trouve arrêtée : mais comme elle s epaiffit plutôt , foit par la chaleur , foit par le froid ou par la tranfpiration des parties les plus lubtiles , dans quelques endroits que dans d'autres , fuivant que leur pofition eft plus haute où plus bafle ; il arrive de-là , que la fève qui s'eft épaiffîe en haut ou en bas, occupant moins de place , fait que le fuc féveux qui n'eft 174 Collection - — — pas encore épaifîî , paroît f'e mouvoir , ou s'abaifler 6k fe rabattre ponraînfi Transactions dire de plus en plus dans les pores du bois & de l'écorce ; c'eft-à-dire , qu'il FniLOsorHiQ. i'e trouve placé moins haut , mais ce n'eft pas pour cela qu'il (oit defcendu Ann 166S d'une place où il étoit parvenu auparavant : fi ce n'eft que , lorfqu'on fait twq' , ' une incilion à un arbre , il arrive , comme dans la iaignée , que toute la 43* j-£ye ^e$ part;es hautes le porte a cet endroit , jufqu'à ce que l'arbre en l'oit épuifé , ou que la durée de l'écoulement de cetre lève qui eft le baume na- turel de l'arbre , ne faiTe coniblider l'incilîon , de la même manière que le fang réunit les playes du corps humain ; &c cela d'autant plus promptement & facilement ^ que l'air fe trouve plus favorable , ou qu'on peut mieux l'ex- clure. Que cela fert même de régie à ceux qui entendent bien la greffe en écuffon , dont la réiiffite dépend de ce principe. Les arbres que le même D. Tonge a obiervé qui rendoient du fuc , font la vigne ;le bouleau qui en four- nit abondamment du tronc , des branches & des racines ; le noyer , en fai- fant une entaille aux branches & aux racines ; quelques failles & oziers , &C quelques efpeces d'érables ; le fycomore qui eft !a plus grande efpece d'éra- ble , & que quelques-uns nomment Plane , en faifant une incifion à l'écorce du tronc , des racines & des branches ; le peuplier & le tremble. Quelques Bûcherons affurent qu'en coupant des chênes, qui avoient été ébranlés par les vents , & qui avoient de grandes cavités dans leurs branches & dans le tronc , ils y avoient trouvé beaucoup d'eau , dont ils avoient bu , fans en reffentir aucune incommodité : On peut encore ajoutera ces arbres le cor- mier fauvage ( Fraxinus fylvejlris , ou Fraxinus Cambro- Britannica , ) qui , à ce qu'on affure, rend dans la faifon beaucoup de fuc, qu'on veut que nous regardions comme un excellent remède contre quelques maladies invétérées, fur-tout de la ratte & du fcorbut. J'ai gardé , dit le D. Tonge pendant deux ans dans des bouteilles , un peu de jus du fruit de cet arbre , qui a fermenté de lui-même , &c qui a prefentement le même goût que le cidre amer ; je conjecture de l'on odeur agréable , qu'il pourra fe conferver , jufqu'à ce qu'il ait acquis de la maturité , & qu'il pourra devenir une liqueur forte & vinen- fe. C'eft une boiffon de ménage , dont on fait quelqu'ufage aux environs de Cambridge , & dans le Comté A'Hereford ; & quelques gens ayant eu la cu- riofité de brader de la bière avec des fruits meurs de cet arbre , elle s'eft confervée jufquV.u point de devenir l'une des meilleures bières. Les expé- riences que le D. Tonge a faites pour tirer du fuc du peuplier, du tremble, de l'orme , du chêne , du frêne , du fureau , du cormier fauvage , de l'ati- bepin , du nerprun , du tilleuil , du noyer , du prunellier , de la ronce fau- vage , de la ronce, &c. n'ont pas réiiflî ; il croit que c'eft parce que ces fortes d'arbres ont , comme le pommier & le poirier , quelque chofe de gommeux clans leur fève qui l'empêche de couler. 4. Il eft évident que la fève monte à travers l'écorce intérieure , dès qu'on s'apperçoit qu'elle Commence à remuer, & dans le tems propre à greffer : par U D. BLzl. Le D. Tonge obferve qu'il y a dans les arbres des cercles , qui; font lés interfaces de ces membranes ou enveloppes , par lefque- les l'arbre groflît chaque année. A travers ces cercles qui font remplis de pores circulaires , on voit monter la fève entre les différentes tuniques , de la même manière qu'elle s'élève entre l'écorce ôc le bois. Mais à pre» Académique. 175 fent , ( II. Janvier , ) elle monte en fi petite quantité à travers toutes les ===== parties & les pores de l'arbre , qu'à peine peut-on l'appercevoir , à moins Transactions que d'avoir entièrement coupé l'arbre , fur tout auprès des racines ; on verra Phu-oso^hiq. par ce moyen comment elle monte. La fève s'écoule abondamment de ton- Ann. 1668. tes les parties du tronc du bouleau, & des autres arbres de cette forte, N°. 43. lorsqu'on les a coupés près des racines. Il y a deux fortes d'écorce , l'une intérieure , l'autre extérieure ; l'écorce extérieure eftféche & dans quelques arbres raboteufe : l'intérieure eft probablement une enveloppe récente qui a été produite par l'accroiflement de l'année , ou quelque choie d'une na- ture moyenne qui tient de l'écorce & du bois ; c'eft en dedans & en dehors de cette écorce , que la fève s'élève. RÉPONSE A QUELQUES QUESTIONS que Al. Moray avoit envoyées à M. Philippe Venant , Préfident à Java , 6* auxquelles on n avoit pas répondu dans VHifloire de la Société Royale. ( A) 1 . T Es plongeurs , qui pèchent les perles , ne peuvent pas refter fous l'eau Art. II. J (plus d'un quart-dheure ; & cela à la manière ordinaire ; car la pè- che des perles ne dure que fix femaines , & les plongeurs demeurent plus long-tems fous l'eau , à la fin de la faifon , qu'au commencement. Il y a ici à Batavia un fameux plongeur , qui ne vit que de ce qu'il gagne à pêcher les ancres & les canons , qui fe perdent dans la rade. Je l'ai fouvent vu plon- ger , &c j'ai eiTayé de retenir ma refpiration autant qu'il me feroit poffible , il demeuroit fous l'eau dix fois plus long-tems : mais il ne plonge jamais qu'on ne lui donne une pinte d'eau-de-vie. 2. Pour extraire l'huile des racines de l'arbre de canelle, qui reiTemble au camphre , on fait fecher ces racines , on les broyé , on les fait infufer clans de l'eau, & on les met dans un alembic. 3. Le bois d'aloës eft une partie d'un arbre vivant , qui eft ordinairement gâtée , lorfqu'on la trouve. L'arbre lui-même eft d'un bois blanc & mol , qui donne un iuc laiteux fi venimeux , qu'une goutte , qui tomberoit dans l'œil , iufHroit pour rendre un homme aveugle ; & exciteroit une galle ou un ul- cère par-tout ailleurs. On trouve le bois d'Aloés ou Calembac dans l'intérieur du bois blanc , mais non pas par-tout. Lorfque l'arbre meurt , le bois blanc fe gâte bien vite & devient vermoulu ; fon lait fe feche de façon qu'on peut aifément le féparer avec la main ; le meilleur fe trouve dans le cœur de l'arbre. 4. Le bois, qui fent les excrémens humains , croit naturellement dans les Iiles de Solor &c Timor , ou aux environs. 5. Il y a réellement dans ce pays des ferpens, qui ont une tête à chaque extrémité du corps , appelles Capra-Capella. Les naturels les croyent facrés , &c eftiment heureux ceux qui en ont dans leurs terres ou maifons , quelque pernicieux que foient ces animaux. Je vous en aurois envoyé un- , fi j'enfle trouvé quelqu'un , qui eût voulu en tuer. Ces réponfes étoient accompagnées de différentes curiofités , que la mê- me perfonne a envoyées pour le cabinet de la Société Royale , parmi lefquel- 176 Collection ' ■^~ les il y a la figure d'un véritable mufe , & de diverfes plantes aromatiques Transactions des Indes Orientales ; & principalement delà noix mufcade appellée Thu- I'hilosophiq. ving , parce qu'une feule de cette efpece fuffit pour gâter une pleine cham- Ann. 1668. bre de bonnes noix mufcades ; une huiie très-odorante tirée de 1 ecorce d'un N°. 43 . arbre, qu'on appelle Lawang ; & un peu du fang d'un poiflbn appelle Bedil- ks , excellent contre les pertes de fang. On envoyoit avec cela une efpece de fève de la côte de Coromandd , qui a la qualité de purifier l'eau la plus trouble , en en frottant l'intérieur du vaiffeau , où on la met repofer ; mais elle s'eft perdue en chemin. On a pris des mefures pour en avoir d'autres , afin d'en faire l'expérience. N°. 44. SUITE DES RÉPONSES AUX QUESTIONS SUR LA V È G Ê T A T I O N. (C) U0 TT)Our avoir des expériences plus complettes fur le mouvement de la fève , •44» JL & s'affurer fi elle monte plus ou moins dans les cercles poreux du bois , ART. I, qUe (jans ceux qUj fon(- entre le bois & l'écorce : il faut d'abord percer avec une tarière , fans excéder l'écorce , un arbre dont on n'aura point tiré de fuc un jour auparavant ; le fuc qui en fortira pendant une heure , fera me- furé & pelé exactement ; enfnite il faudra faire anffitôt dans le bois ,un au- tre trou de la profondeur d'un pouce & demi , & percer ainfi tout autour de l'arbre , d'autres trous , dont quelques-uns feront plus profonds, & d'au- tres le feront moins, avec un autre trou en pente qui traverfera tout l'arbre. En répétant plufieurs fois cette expérience , on pourra connoître quelle dif- férence il y aura entre la fève qui monte du côté du Nord , & celle qui s'élève du côté du Midi,& entre la fève qui fort de l'écorce percée Amplement, & celle qui monte à travers toutes les parties intérieures de l'arbre. On peut aufii comparer par le poids , le fuc qui fort de l'écorce , avec celui qui coule du bois ; on pourra même tirer féparément le fuc de l'intérieur du bois , en faifant avec une tarière plus petite un trou dans le milieu d'un autre plus grand trou , en y adaptant avec précifion un long tube à l'orifice intérieur. 5. Le D. Béai , s'eft afluré par les expériences qu'il a faites , que fi on fait autour de quelqu'abre commun en Angleterre , comme d'un chêne , d'un orme , d'un peuplier , &c. une incifion circulaire jufqu'au bois , avec un couteau , quelque mince qu'il foit , enforte que toute l'écorce foit entiè- rement coupée ; la partie de l'arbre au-defl'us de l'inciiion fe defféchera :de tous les arbres fur lefquels j'ai eu occafion de faire cette expérience , le frê- ne eft le feul qui ait réfifté à cette incifion. On m'a fait voir de vieux & grands frênes , que les bêtes fauvages avoient écorcés de quatre pieds au- deflus des racines , & qui cependant ont continué de croitre pendant plufieurs années ; des morceaux d'écorce moins larges que la main , qui étoient reftés çn quelques endroits , étoient plus yerts que l'écorce qui reftoit au-deflus de la Académique; 177 la partie dépouillée : fi cependant on fait quelqu'incifion par des hachures , ■"^— ^™^^™ ou fi on écorce entièrement la branche de quelqif arbre fruitier , fiir-toutdu Transactions pommier de genêt , au défions d'un nœud proche du tronc de l'arbre, & que Phîlosoi-hiq. dans le mois de Juin on couvre bien avec de la glaife ou de la terre fran- Ann. 1668. che , le nœud & la partie écorcée ; non-feulement cette branche ne périra N°. 44. pas, mais elle fera difpofée à faire racine , & à devenir un nouvel arbre d'un prompt accroiffement , fi on coupe la branche au-deffous de la partie écorcée , & qu'on la plante à une profondeur convenable, fur la fin de l'au- tomne , ou aux environs de la Chandeleur. Quand on fait à l'écorce des hachures tranlverfales & des meurtriffures , beaucoup d'arbres font fujets à fe couvrir de nœuds , & l'on voit pouffer de vigoureux remettons , quelque- fois au-deffus de l'incifion , d'autres fois tout à l'entour. Pour me procurer de la gomme de prunier , j'ai quelquefois tordu une branche , jufqu'à ce que le bois éclatât , & que l'écorce fe fendit en quelques endroits ; je la laiffois ainfi croître dans une polition tant foit peu renverfée que je lui faifois pren- dre , & jamais elle ne manquoit de fe charger de beaucoup de gomme l'Été fiiivant. Pur h D. Tonge. Une branche dont on a enlevé l'écorce en rond , de la largeur de deux ou trois doigts dans la partie inférieure , peut donner des feuilles pendant plufieurs années , & conferver autant de vigueur que les autres branches , dans quelques arbres & furtout au Tilleuil ; ce qui fe fait par le moyen de la fève qui monte à travers les pores des membranes inté- rieures : comme il a été dit dans la 3c. queftion. 6. Le fuc qui deicend par la térébration , & qui étoit deftiné à former la chair ou l'enveloppe de quelque fruit , monte à travers l'écorce de la plante & non pas par la moelle. Fondé fur plufieurs expériences, je puis affurer que la moelle & le bois d'une plante ont quelque communication avec fa grai- ne ; enforte qu'il fe fait de la racine à fa graine un concours des mêmes ef- prits Se propriétés. Le D. Tonge rapporte que les moelles font de fubftances &c de natures dif- férentes. C'eft dans le noyer une grande quantité de membranes qui font vifi- blementféparées les unes des autres: dans d'autres végétaux tels que le fureau & la ronce , la moelle eft d'une fubftance toujours mollaffe , veule & féche. 7. Les pointes ou les extrémités des racines étant coupées , rendent du lue à proportion autant que les branches , même davantage probablement ; mais sûrement plus long-tems ; parce qu'il monte plus de fève par les racines, qu'il n'en parvient aux branches , par le D. Tonge. 8. Le tems propre à tirer le fuc des arbres , eft depuis la fin du mois de Janvier , jufqu'au milieu du mois de Mai : les premiers qui en rendent , font le peuplier , le frêne , l'érable , l'abele ou peuplier blanc à larges feuilles , le fycomore : quelques-uns comme les faules & le bouleau , fuivant que je m'en, luis affuré , font plus difpofés à recevoir la térébration vers le milieu du Prin- tems , & le noyer vers la fin de Mars. En général ils rendent du fuc pen- dant un mois entier. M. Midford de Burham , qui eft fort au fait de recueil- lir & de conferver ces fucs d'arbres , affure que la fève du peuplier & du trêne fe met fi fort en mouvement dès le mois de Janvier , qu'on peut la tirer dès la fin de ce mois ; à l'égard du fycomore , il rendra du fuc pendant Tome I. II. Parti,: Z 178 Collection .■ ' ■ — — le grand froid , jufqu'au point que les gouttes fe glacent en tombant : par Transactions k D. Tonge. Philosophiq. 9. Le milieu du jour eft le tems le plus convenable pour la térébration : Ann ' 1668 ma's comme 'a ^ve ne^ Pas ^ abondante fur l'arriére- faifon , ce ne fera ni xt0" ' le matin , ni le foir , ni probablement dans aucun tems de la nuit , qu'elle "* pourra couler dans ce tems. Quand au contraire les arbres en font très-rem- plis , & qu'on ne la tire que par de petits trous , le fuc peut couler alors jour & nuit , jufqu'à ce qu'il l'oit épuifé ; mais il n'en eft pas de même lorf- qu'pn a fait de grandes ouvertures. J'ai fouvent remarqué dans un grand noyer , que quand il ne couloit plus de fuc , ni du tronc , ni des branches , dans aucun tems du jour , il en fortoit plus long-tems des racines expofées au Midi , que de celles qui étcient tournées au Nord , ou qui étoient à l'ombre. 10. Les arbres , comme je l'ai remarqué , ne rendent aucun fuc en Au- tomne : mais les Bouleaux qu'on a percé fi tard au Printems , eu égard à l'année & au jour , qu'il n'en coule abfolument aucun fuc du tronc , fe font trouvés quelquefois en rendre enfuite une li grande quantité, qu'il fe conver- tiffoit dans les ouvertures , en une glû épaiffe. 1 1 . Moins il tombe de pluie , moins la fève eft abondante : mais les pluies fréquentes n'augmentent la fève que de la quantité dont les pores peuvent fe>- charger ; les pluies froides au contraire peuvent l'arrêter , en diminuant le degré de chaleur néceftaire pour l'impulfion 6i la digeftion des fucs qui paf- fent dans les racines : il en eft de même des arrofemens. Sur ce fondement, il paroi t probable , que , quand on tireroit exactement tous les ans la fè- ve d'un arbre , cela ne feroit pas un grand tort à l'accroif.enient du tronc,, des branches, des feuilles ni du fruit : car l'impulfion fujjpléera conftamment à remplacer dans les pores , autant de fève qu'ils en peuvent contenir. Il pour- roit fe faire aufli que les arbres profitafient davantage & produififlent plus de fruit , fi on fçavoit la jufte proportion d'en tirer le fuc à ce deftein , com- me il arrive que les fréquentes faignées engraiffent quelques perfonnes. 12. L'application des fucs , pour changer la nature d'un arbre , n'y fera fé- lon moi , d'autres effets que ceux qu'on peut attendre de l'abondance , de la difette , ou de la bonne qualité des parties nutritives de ces fucs , & non. pas de leur goût ou de leur faveur. Cependant il fe peut faire probable- ment, que la chaleur nourricière qui fe trouve dans les fucs ou dans la ter- re , puifl'e contribuer à la digeftion de la fé\ e , & par conféquent donner plus de qualité aux fruits qui font iniipides. Enfin la façon la plus probable de changer la faveur du fruit , quoique la chofe ne foit pas des plus aflu- rée , ce pourrait être de percer les racines & le bas du tronc tranlverfale- ment , & de remplir le trou d'une bonne quantité de fuc du même arbre , ou de quelqu'autre , dans lequel on aura fait infufer des Aromates. 13. Si l'on empêche qu'il ne tombe abfolument aucune pluie fur les ra- cines des arbres , & qu'elles ne reçoivent aucune humidité , ils ne prendront nul accroiflçment ; mais pourvu qu'on arrofe feulement les extrémités des racines , quoique tout le refte de l'arbre éprouve la féchereffe , comme il arrive naturellement au fapin , cela pourra fuffire à l'arbre pour croître très- bien: car les racines produifent tous les ans des filamens tendres & pointus: j, Académique. 179 affcz reflemblans aux minces rcjettons qui viennent au bout des branches , ^^ par lefquels les racines prennent leur nourriture &C s'étendent dans la terre Transactions comme les branches dans l'air ; & ces parties tendres des racines cherchent I'hilosophiq. la terre la plus fraiche & la plus meuble. Enforte que rien ne contribué da- Ann. 1668. vantage à taire croître les arbres, que de cultiver la terre au-deffus des ex- N°. 44. trémités de leurs racines , qui trouveront leur nourriture & l'humidité dont elles ont befoin , par le moyen de quelques creufées que l'on aura faites auprès , dont on aura répandu les terres idées aux environs , pour étouffer les mauvaifés herbes , & que l'on aura rempli de quelques engrais , qui s'y confervent mieux que derfns la terre. 14. Si l'on greffe des branches de pommier & de tilleuil , chacune fur des racines de fa propre efpece , elles réiiffiront , comme je l'ai éprouvé. Je n'ai pas eu le même fuccès en greffant les racines du noyer, faute , à ce que je crois , d'avoir pris une précaution néceffaire pour cela , qui auroit été de préferver la partie greffée de la pluie 6k de l'humidité de la terre. Pour faire cette épreuve avec fuccès , par exemple fur le Kermès , efpece de chêne vert , qui eft un arbre délicat , & qui réuffit difficilement par les autres façons de greffer, il faut découvrir en Automne les racines qu'on veut greffer , les élever d'un pied au-deffus de terre , & les arrêter à une diftance convenable de l'arbre ; il faut enfuite garnir de bonne terre le chevelu des racines , & les arrofer jufqu'à ce qu'elles ayent bien repris , & que la par- tie de la racine qui fe trouve expofée à. l'air , fe foit revêtue d'écorce , com- me les branches de l'arbre ; ce qui arrivera probablement avant la failon de greffer : enfin on greffe en écnffon fur cette tige , fuivant la pratique ordi- naire , & on a l'attention de garantir cette greffe contre les pluies , en la couvrant de cire molle avec les autres précautions ufitées en pareil cas. 15. Pour mieux faire croître les arbres félon les proportions qui convien- nent entre la tête & le tronc , ou fuivant que l'on fouhaite qu'ils fe portent au bois ou an fruit ; il faut couper les racines fecondaires : car celles qui s'é- tendent au loin , forment le bois , au lieu que les plus proches du tronc nour- riffent le fruit. 16. Pour planter les arbres à une profondeur convenable , il faut ne jamais paffer la bonne terre , ni aller plus bas que l'endroit où peut pénétrer la cha- leur du foleil qui détermine l'impuliîon , & fait monter les lues nourriciers ; on doit même préférer de les planter plus près de la furface que trop pro- fondément , parce qu'ils s'enfoncent ordinairement plutôt qu'ils ne s'élève- roient , s'ils étoient trop enterrés. 17. Les graines de fapin , de pin , Sic. qui en fortant de terre , gardent l'enveloppe de la graine au bout de leurs feuilles féminales , ne lèveront ja- mais ou au moins très-difficilement , li en les femant on les met la pointe en bas ; parce qu'il faut dans cette pofition , que la plante fe recourbe avant que de fortirde terre , attendu que la racine fe porte en bas par l'on extré- mité pointue : mais ces graines lèveront parfaitement , lî on les place hori- fontalement. 18. Les efpeces d'arbres dont il a été parlé dans la réponfe à la première queftion , peuvent croître malgré qu'aucune partie de leurs racines ne foit couverte de terre : il en eft de même de tous les arbres qui peuvent le mul- Zz i8o Collection i tiplier de bouture , & qui étant mis en terre réuniront comme le meurier. Sî Transactions on tient humidement le deflus des tiges de quelques jeunes arbres , ils fe Philosophiq. conferveront pendant tout l'hiver , s'il eft doux , quoiqu'on ait laiflé leurs Ann. 1668. racines expofées à l'air , comme j'en ai fait l'expérience i'urde jeunes pom- N°. 44. miersdefauvageons , qui ayant .été plantés au Printems fuivant , ont repris & poufle. La raifon qu'on peut donner de ce que quelques végétaux fe mul- tiplient de bouture , c'en: qu'ils ont un bois moelleux , propre à tirer le fuc nourricier comme les racines le tirent, & difpofé à jetter de lui-même du chevelu & des racines. Mais pour faire réunir des boutures d'arbres d'un bois plus dur comme le Laurier , il faut les faire dans une faifon douce & humide & infixer une petite pierre ou un morceau de bois au bout d'en-bas de la bouture , & la mettre ainfi dans'la terre , pour l'aider à faire racine. 19. J'ai appris d'un curieux & habile homme, que la corruption du bois ne dépend pas tant de la faifon de l'année , du mouvement de la fève , ni de fa plus grande ou moindre quantité , que du point de la Lune ou du rumb du vent ; & il m'a afluré que fi on coupe le bois par un vent d'Eft , & fur- tout en vieille Lune , il ne fera pas fujet à la vermoulure ; que fi au contrai- re on le coupe par un vent d'Oueft , il fera attaqué des vers , dans quelque tems de la Lune qu'il ait été abbatu. Pour garantir le bois de cette corrup- tion , on confeille de le jetter furie champ dans l'eau. 20. Il feroit également utile de fçavoir , fi lorfque la fève eft épuifée dans le bas de l'arbre, foit en fervant à former du bois , des racines ou d'autres parties ; foit en fe détournant , comme il arrive quand on coupe une bran- che , ou quand on a fait au pied de l'arbre une ouverture à l'écorce : fi daii3 ces deux cas la fève du haut de l'arbre , defcend ou plutôt retombe indif- féremment , pour fuppléer au défaut & recouvrir la plaie. Auffi arrive-t'il que vers le milieu de l'Été , lorfque la fève eft plus abondante dans les pom- miers , l'œil qu'on a greffe poufle ; fur-tout lorfque l'écuflbn a été fait avant ce tems : car il reçoit alors fa portion de la fève qui monte , & il a fa part de celle qui eft fuperflnë & quiféjourne , après que les branches fupérieures en ont eu leur fuffilance. 21. J'ai appris d'un de mes amis, qu'en coupant la tête de l'arbre au-def- fus de l'écuflbn , cela le fait mieux pouffer qu'il n'arrive par la pratique ufitée pour cette greffe ; fi on fait cette opération avant le milieu de l'Été. 22. Si le défaut deféve , fait un inconvénient pour l'opération de la greffe, il me femble que les écuflbns peuvent fe faire bien plus à propos & pen- dant plus long- tems fur les racines : car j'ai obfervé qu'il y avoit de la fève dans les racines , dans tel tems & à tel jour de l'année, où je n'en ai point trouvé dans les branches. 23. Pour faire qu'un arbre ftérile fe porte à fruit , il faut avoir foin de faire faire des fofles à portée de fes racines , les remplir de fumier , couper les extrémités des plus longues racines , & retrancher les racines fecondaires les plus proches du tronc : on voit par-là que la charrue contribue à la fer- tilité des arbres. 24. Les incitions tranfverfales contribuent à la fertilité des arbres , & gué- riflent la Phyllomanie ; il femble qu'on peut en rendre raifon en ce que , com- me on l'a dit ci-deiTus , les cercles extérieurs & l'écorce nourriflent le bois., ACADÉMIQUE. iSl & que les cercles intérieurs au contraire entretiennent les rejettons de l'an- jgga née précédente , qui font chargés de fruit ; car quelques arbres ne donnent Transactions du fruit , que furies rejettons de l'année courante , d'antres fur les branches I'huosophiq. de deux ans , quelques-uns même n'en portent que fur le bois de trois ans, A.nn. 1668. & ceffent d'en porter lorfqu'ils ne produifent plus de jeunes rejettons. En \jo découvrant auffi les racines à propos , ce qu'on appelle dechauffer un ar- bre , on en tireroit probablement les mêmes effets , parce qu'on détourne- roi t par-là , l'aliment des parties extérieures fur-tout, comme de l'écorce , des feuilles & des branches gourmandes : mais comme il eft évident que les branches folles qui furviennent le long de la tige , confomment la fève qui profiteroit au fruit ; il en eft de même des nouveaux rejettons qui pouffent fur les principales racines , & qui les privent des premiers fucs de la terre. On doit donc couper chaque année toutes les branches & rejettons qui ne font pas dilpofés à donner du fruit. C'eit auffi par la même raifon , que , pour amener les arbres à en donner de meilleur & en quantité , on peut pratiquer ce qui a été confeillé ci-deffus , qui eft de rapporter du fumier ou d'autres engrais dans des foffes , qu'on aura fait faire aux extrémités des racines , pour leur ménager la fraîcheur & les pluies. On doit auffi pour la même fin , prendre garde aux diftances & à l'expofnion qui conviennent aux arbres. 25. La meilleure façon de tirer en peu de tems , une grande quantité de fuc , du tronc de toutes fortes d'arbres , n'eft pas feulement de percer l'écor- ce , ou de faire une entaille au tronc avec un cifeau jufqu'à la moelle , com- me quelques gens l'ont confeillé ; mais c'eft de percer entièrement tout le corps de l'arbre , en ne confervant que l'écorce du côté du Nord-Eft : il faut que ce trou foit percé obliquement de bas en haut , avec une groffe tarrié- re ,•& qu'il foit dirigé au-deffous & à travers d'une groffe branche près de terre ; ce qui difpenfera d'y mettre une pierre pour entretenir l'ouverture , ni un tuyau pour conduire le fuc dans le vaiffeau. De cette façon l'arbre en donnera en peu de tems , une fuffifante quantité pour faire de la bière, & en fe fervant de quelques fucs doux , on fera d'auffi bonne bière avec un feul boiffeau d'orge , qu'on en feroit avec quatre , en fe fervant d'eau com- mune , quand même elle feroit braffée dans le mois de Mars, qu'on regar- de comme le tems le plus propre pour en faire d'excellente , parce qu'alors l'eau eft de meilleure qualité pour cela. Je crois que le fuc du fycomorc fe- roit très-bon pour faire de la bière , tant il eft doux & fain. 26. Pour que le fuc que vous aurés d'abord recueilli , puiffe fe confervei de très-bonne qualité à faire de la bière , il faut l'expofer au foleil dans des bouteilles de verre ou autres vaiffeaux , jufqu'à ce que le refte foit îimaflc &C prêt , fans quoi il s'ai<;riroit promptemenr. Lorfque vous l'atirés ainfi ex- pofé au foleil , pour attendre que vous en ayés une fuffifante quantité , jcttez- y des tranches de pain de feigle, que vous aurés fait rôtir pour le durcir, m;iis qui ne foit nullement brûlé, autant qu'il en faut pour exciter la fermen- tation. Alors retirez le pain , & mettez la liqueur dans- des bouteilles que vous bouchères avec du liège. Si vous faites cuire avec ces rôties de pain , de la fange ou d'autres herbes médicinales , jufqu'à ce qu'il foit bien fec , on pourra s'en promettre une boiffon très-faine. Si on met un peu de clous i8î Collection ■■!■ ■ ■ de gérofle dans les bouteilles qui fervent à recueillir le fuc qui découle de Transaction? l'arbre , cela le fera sûrement conferver pendant une année entière. En fai- Philosoi'hiq. faut mes obfervations , j'ai été étonné de voir combien le fuc prenoit prom- A (Y' nourriture toujours la même ; c'en1 fans doute ce qui empêcha que la na- ' ture ne fît librement (es tondions ; l'es poumons s'obftruérent , &c le defor- dre s'étant répandu dans tout ion corps , il s'eniuivit bientôt une diffolu- tion totale. TRANSACTIONS PHILOSOPHIQUES. Année M. D C. L X I X. N°. 48. EXPÉRIENCES FAITES AU P R I N T E M S fur le mouvement de la fève dans les arbres , par fltrs, Villougby & Ray. (C) I. 1 E fuc du bouleau fort également des plus petits rameaux des bran- fJo# 4g# l'jches , & des plus petites fibres des racines , à proportion de leur ^RT ij groffetir. 2. Dans tous les arbres , le poids du fuc excite l'écoulement , de façon qu'il en fortira beaucoup plus d'une branche ou d'une racine qui s'étendent au-dehors , que d'autres de pareille grofieur , qui feroient dans une pofition plus droite. 3. Les branches & la tige même des jeunes arbres, quand ils regorgent de levé , étant coupées , & fourenuës perpendiculairement , rendent du fuc , comme nous l'avons éprouvé dans le faille , le bouleau & le fycomore ; mais fi on en coupe la cime , & qu'on la tienne renveriée, le fuc fortira des ex- trémités : d'où il faut conjecturer que la petiteffe des pores n'eft pas la feule caule qui tait monter la fève. 4. Les racines du bouleau étant coupées , rendent du fuc des deux côtés , c'eft-à-dire , de la partie qui tient à l'arbre , & de celle qui en elt féparée ; mais beaucoup plus de la partie qui tient à l'arbre. Un rameau de fycomore que nous avions coupé par un jour de neige & un tems froid , rendit du fuc plus abondamment , & dix fois plus vite qu'il n'avoit fait auparavant par un tems chaud. <; • On ne peut tirer du fuc de l'écorce d'un bouleau , quelqu'épaifle qu'elle foit ; mais des qu'on la tend tout-à-fait , il commenceauffi-tôt à cou' 6. En enlevant l'écorce de plus de la largeur de la main , autour de p!u- Tomc I. II. Partk, A a 186 Collection "—— fieurs bouleaux , on a confidérablement diminué l'écoulement du fuc de ces Transactions arbres ;mais on ne l'a pas entièrement fait ceffer. Ihilosophiq. j. Non-feulement la fève monte entre l'écorce Si l'arbre & entre les po- Ann. 1669. res des cercles , à travers les diverfes membranes du bois , mais auffi à tra- N°. 48. vers Ie corps ligneux même ; car après avoir coupé quelques jeunes bou- leaux d'un feul coup de coignée , & y avoir appliqué un papier blanc def- fus le tronc qui reftoit , nous avons planté des épingles dans tous les points du papier qui paroiifoient humides , &c enfin lorique la plus grande p.mie du papier fe fut chargée d'humidité , ncus avons reconnu après l'avoir en- levé , que les épingles que nous avions laiffées adhérentes , étoient fixées in- différemment , les unes dans les cercles , & d'autres dans le bois. Pour nous en affiner davantage , nous avons fait couper en pente une tige d'arbre , dont nous avons fait recouper l'autre côté avec la même inclinaifcn , juf- qu'à ce que l'extrémité en fût bien tranchante ; en difpofant la chofe de fa- çon que l'on y avoit con(ervé une partie proportionnée d'écorce , & qu'on n'y appercevoit aucun des pores circulaires ; cependant la fève monta juf- qu'à l'extrémité du tranchant , & humecta le papier qui y étoit appliqué. 8. Pour découvrir quel ell le mouvement de la fève , fçavoir fi elle monte feulement, ou fi elle defcend auffi , nous avons fait faire un trou dans un grand bouleau , duquel il tomboit une goutte de fuc à chaque 4 ou 5 c batte- ment du pouls : enfuite nous avons fait fcier le tronc de l'arbre, environ de la largeur de la main au-deffous du trou , & plus profondément ; par-là l'écou- lement a été diminué de plus de moitié , & quand l'arbre a été fcié directe- ment au-defftis du trou & à la même profondeur , l'écoulement par le tron a ceffé fur le champ ; mais il a continué bien plus long-tems à couler parles deux ouvertures faites avec la fcie , au lieu que le trou du milieu elt demeu- ré tout-à-fait à fec. La même expérience répétée fur unfycomore,nous a pref- qu'auffi bien réiiffi. 9. Quelques arbres de même efpece & de même âge , rendent du fuc beaucoup plutôt & plus promptement que d'autres ; les vieux cependant toujours plutôt & plus vite que les jeunes. ic. Une incifion faite avant le mouvement de la fève , rendra du fuc quand la fève commencera à monter. 1 1 . Dans le tems que nous failïons ces expériences, il faifoit un tems chaud qui devint très-froid ; par cette viciffitude , l'écoulement des bouleaux qui commençoit à diminuer , ceffa tout-à-fait. Mais tous les fycomores & les noyers aufquels nous avions fait des incifions , rendoient quantité de fuc ; cependant quelque>-uns de ces arbres n'en rendoient point auparavant , & ceux qui en donnoient , ne le faifoient que lentement : le même écoulement fe foutinr jour & nuit , malgré qu'il gelât fortement , enforte que le fuc fe glaçoit à mefure qu'il fortoit. Le froid s'étant relâché , l'écoulement des bou- leaux recommença, les fycomores diminuèrent beaucoup le leur, & celui des noyers ceffa tout-à-fait. 12. Nous finies des trous à deux fycomores du côté du Midi , & du côté du Nord, &c chacun de ces arbres rendit du fuc bien plus promptement du côté du Nord , que de celui du Midi , quoique les ouvertures fuffent éga- les ; ce qui eft relatif à la précédente expérience. ACADEMIQUE. 1S7 """" ""^ ' TraV If.NS EXTRAIT D'UNE LETTRE ÉCRITE DEPUIS PEU A L'ÉDITEUR, Ph,lo !u,'h"3- parle Dr. Edward Browne , fur Us vapeurs des mines de Hongrie , & fur Ann. 1669. leurs effets. (A) N°. 48. M O N S I E U R, J'efpére vous rendre dans peu un compte exaft des mines de cuivre , d'ar- Art. III. gent & d'or de la Hongrie , où j'ai été il n'y a pas long -temps; je prends la liberté en attendant de vous préfenter ce qui regarde les vapeurs de ces mines , que j'ai oui dire être d'autant plus abondantes , que les mines font plus profondes. On m'a aiïiiré , qu'il y en avoit non-feulement dans les con- duits ou partages droits & horizontaux , que les Mineurs appellent Stolkn , mais aufli dans les puits ou foupiraux : on en trouve non-feulement dans les endroits , où il y a de l'argille & autres fubltances femblables , mais aufli dans des lieux pleins de rochers. On me fît voir dans une mine de cui- vre à Hcrn-Groundt une place , où il y avoit eu des exhalaifons très-dançe- reufes , & où cependant le rocher étoit û dur , qu'il n'avoit pas été pofli- ble de le caffer avec les inftrumens ordinaires , & qu'on avoit été obli- gé d'employer la poudre pour le faire fauter , & y former un puits. On me montra aufli un autre endroit , où tantôt il y a des vapeurs & où tantôt l'air eft ferein. On npperçoit des exhalaifons dans les mines , toutes les fois qu'il y a aflez d'eau pour couvrir le fond du paflage , & ordinai- rement elles font fortes; j'y 6s entrer une perfonne jufqu'à ce que fa lampe fe fut éteinte 4 ou y fois de la même manière qu'à la grotte du chien en Italie. Toutes les vapeurs ne font pas également dangereufes , elles font plus ou moins fortes ; il y en a , qui fuftbquent en très-peu de temps , d'autres ne font qu'affoiblir les travailleurs fans leur faire d'autre mal , à moins qu'ils ne reftaflent très-long-tems dans ce lieu. Les Mineurs ne fe croyent pas habi- les , s'ils ne font en état de remédier à une vapeur , ou au mauvais air, ou comme ils difent de faire le temps; ce qu'ils exécutent en faifant circuler l'air dans la mine. On employé à Hern-Groundtwne. grande paire de foufîlets , qui foufflent fans cefle pendant plusieurs jours ; mais on fe fert plus ordinaire- ment d'un grand tuyau , qui conduit l'air , & qui les met en état de creu- fer en avant fans éprouver de difficulté de refpirer. Il y a des boyaux qui ont 500. brades de long , ce qui ne paraîtra pas étonnant à quiconque verra la carte de la mine de cuivre de Hern-groundt , ou celle de la mine d'or de Chremits. J'ai parte fous une grande Montagne dans la mine d'argent de la Trinité près Schemits , & je fuis forti du côté oppofé. On me montra dans la mine de Windfchach près de Schemits , unendroit où <; hommes & une per- fonne de qualité avoient péri : c'eft pourquoi on y a placé maintenant un tuyau ; on en met aurti fur toutes les portes & fur toutes les routes , où on crenfe en droite ligne pendant un grand efpare , & où il n'y a point de paf- &ge , qui traverfe. On me dit à Chremits que 28 hommes avoient été i'u£- A a z i§8 Collection ii foqués en même-temps clans 4 boyaux , 7 clans chacun , & qu'en creufant Transactions lesfojfes de Léopold, qui ont 150. braffes de profondeur , on avoit été fort Philosophiq. incommodé par les vapeurs , qu'on chaffa de la manière qui fuit. Ann. 1669. On fixa un tuyau du haut en-bas au côté du puits ou foupirail ; ne le N?. 48. " trouvant pas fuffiiant , on fit entrer de force une planche large qui touchoir. de toutes parts les côtés du puits , excepté à l'endroit où étoit le tuyau , & par ce moyen on fit fortir tout l'air de la foffe par le tuyau , ce qu'on fut obligé de répéter plufieurs fois : mais maintenant qu'on a difTéren9 paffages , l'air y eft fort bon ; j'y fuis defcendu fans éprouver aucune diffi- culté de refpirer. Mais outre ces malheurs caufésparles exhalaifons vénéneufes , la ftagna- tion de l'air , ou l'eau imprégnée d'efprits minéraux , les Mineurs font quel- quefois expofés à d'autres périls : car y ayant dans ces cavités une quantité de bois prodigieufe , pour fupporter les terres & les paffages horizontaux , il arrive qu'en tous les endroits , excepté ceux où il y a des rochers , les., hommes font expofés a périr parle feu , qui prend quelquefois à ces bois. Il prit une fois dans la mine d'or de Chremits , par la négligence d'un jeune gar- çon , &c étouffa 50 hommes , qu'on retira tous entiers à la réferve d'un feul , qu'on trouva enfulte diffout par une eau viiriolique , qui n'avoit épargné qu'une partie de fes habits. Je fuis , &c. A Vienne le 20. Avril 1669. ÉTAT CHRONOLOGIQUE dis différais embrâsemens du Mont JEtna. (A) L'Embrâfement actuel du Mont jEtna , dont on vient d'imprimer une re- lation en Savoye me perfuade , qu'il ne feroit pas hors de propos de re- cueillir dans l'hiftoire des premiers fiécles , les différentes éruptions qui font arrivées , le temps auquel elles ont été remarquées , & quelques-unes des obfervations que les auteurs ont faites fur ce Phénomène. Nous pafferons fous filence ce que rapportent Berofe , Orphée & quel- ques autres Auteurs , qui ne méritent pas plus de croyance , fur les éruptions de cette Montagne , à l'arrivée de la Colonie des Ioniens en Sicile , & de celle des Argonautes, dont la dernière époque tombe vers l'an 1200. avant J. C. & nous parlerons d'abord de celle qui arriva lors de l'expédition d'j£- née, qui abandonna la Sicile , épouvanté par le feu de cette Montagne , dont Virgile nous donne la defcription fuivante. ^Eneid. Lib. 3. Ignarique vice , Cyclopum allabimur oris. Portas ab acceffu vcntorum immotus , & ingens Jpfe ;fed horrifias juxtà tonat JEtna ruinis : Interdumque atram piorumpit ad œthera nubem , Turbine fumantem piceo & candente favillâ : Attollitque globos jlammarum , & Jldera lambit ; lnterdum feopulos avulfaque vifcera montis Erigit enihans , liqiufaclaqut faxa fub auras Cum gemitu glomerat , jundoqui exœjluat ïmo. Académique. 189 Après cette éruption , nous trouvons dans Thucydide , qu'il s'en fit une 1 autre dans la 76 olympiade , c'eft-à-dire , environ l'an 476 avant J. C. Transactions & une autre environ Jo ans après. Phuosoi'hiq. Il en arriva 4 fous les Confuls Romains , au rapport de Diodon & de Po- Ann. 1660. iibe. Le même Diodore en rapporte une autre arrivée du tems de Ccel'ar , -vj « qui fut fi violente , que la mer , par la chaleur qu'elle en reçut , brûla les • 45« vaifleaux & tua tous les poifTons autour de Lipari , Ifle voiiine de la Sicile. Nous lifons qu'il s'en fit une fous le règne de Caligula , environ 40 ans après J. C. qui fut fi terrible, que l'Empereur, qui étoit alors en Sicile , fut obligé d'en partir. Cette Montagne s'enflamma lors du martyre de Sainte Agathe , & l'on dit que l'interceffion de cette fainte préferva Catane de fes effets. 11 arriva une éruption en 812 fous le règne de Charlemagne. Depuis 1 160 jufqu'en 1669. toute la Sicile a été ébranlée par pltifieurs tremblemens de terre , & les éruptions de cette Montagne ont détruit une grande étendue de terreaux environs , qui autrefois étoit habitée , & fe font étendues jufqu'à Catane dont la Cathédrale & les Religieux qui la defîer- voient ont été détruits. Il arriva en 1284 un embràfement terrible , vers le temps que mourut Charles Roi de Sicile & d'Arragon. Il en arriva un autre depuis i329Jufqn'à 1333 ■> l,n antre en 1408. Un autre en 1444. qui dura jufqu'en 1447. un autre en 1536. qui dura un an ; un autre en 1633. clul c'ura plufieiirs années. L'an 1650. cette Montagne s'embrâfa du côté du Nord-Eft & vomit tant de feu , que les torrens enflammés firent un très-grand ravage ; comme Kirdur le rapporte dans fon Mundus fuburraneus. C'eft de cet Auteur & de Ph'dotaus que nous avons tiré la Chronologie que nous venons de rapporter. Le premier de ces Auteurs ayant été en Sicile lui-même a obfervé que le peuple de Catane , en creufant clans la pierre-ponce , trouva à ICO palmes de profondeur , c'eft-à-dire , à 68 pieds , des rues pavées de marbre , & pluiieurs traces de l'antiquité , preuve évidente , qu'il y avoit eu autrefois des Villes en cet endroit, qui ont été renverfées par les matières, que la montagne a vomies ; on trouva aufli plufieurs Ponts de pierre ponce , formés fans doute par les torrens enflammés , la terre étant fort élevée en cet endroit. Ce ne ferait pas une chofe indigne des recherches d'un Phyficien,que d'exa- miner , fi ces éruptions font caufées par un feu aftiiel , entretenu par des matières combuftibles ; ou par un feu produit par le choc de quelque pierre , dont les étincelles venant à rencontrer quelques fubftancesnir.ro- fulfureufes , ou quelques autres fubftances inflammables entafiees dans les entrailles de la terre , y mettent le feu ; & par la violente expanfion de ce feu obligé de fe faire jour , & de fortir avec impétuofité au-dehors ; ainfi que nous le voyons. 190 Collection l'HiTo^opH^5 HISTOIRE D'UNE FEMME QUI AVOIT DEUX MATRICES , Ann. 1669. Par M- Benoit Vaffal. (B) N°. 48. ART. V. T E ^' Janvier i6&9- M> Benoît Vaffal , Chirurgien à Paris , fît l'ouver- J_jture du corps d'une femme âgé de 32. ans , d'un tempérament fan- guin , & qui avoit plus l'air d'un homme que d'une femme , tant pour la taille que pour les traits du vifage ; & il trouva qu'elle avoit deux matrices. La nature avoit placé ces deux matrices fort extraordinairement , & de telle façon que la véritable, & celle en même-tems qui méritoit feule le nom de snatrice , avoit fervi à la conception de onze enfans , à fçavoir fept mâles & quatre femelles qui étoient tous nés à terme & parfaitement bien for- més ; mais la mère après avoir mis ces onze enfans au monde , conçut un fœtus dans la féconde matrice qui étoit contiguë à la vraie , mais dans un lieuli étroit & fi peu fufceptible de dilatation,que le foetus cherchant un lieu où il fût moins refferré , après avoir caufé à fa mère pendant 2 mois & demi des accidens très-dangereux & des douleurs infupportables , rompit en- fin fa prifon , à l'âge de 3. ou 4. mois , & mourut en caufant la mort à fa mère , qui tomba dans des mouvemens convulfifs très-violens occafionnés par l'effulion du fang dans la cavité de l'abdomen ; ces commuions durèrent 3. jours, & la mirent au tombeau. EXPLICATION DES FIGURES. A une partie du Vagin. B L'orifice interne de la matrice ouverte. C le PI. III. Fig. 2. cq1 de la matrice_ D la cavit£ de ia matrice. E ligne tirée pour féparer en deux- parties égales , la cavité de la matrice. F le fond de la matrice. G deux fi- nus trouvés dans le fond de la matrice. HH l'épaiffeur de la matrice. II le ligament large , ou une production du péritoine du côté gauche , contenant dans fa duplicature les vaiffeaux déférens & éjaculatoires. K l'artère fperma- tique. L la veine fpermatique. M le teiticule. N le véritable vaiffeau eja- culatoire inféré dans le fond de la matrice , par l'un des firnis qu'on y a trouvé. O l'autre vaiffeau éjaculatoire qui entre dans le col de la matrice. P la trompe de la matrice. R le ligament rond. S le ligament large , du côté où fe trouve la fauffe matrice. V la veine fpermatique. T l'artère fpermati- que. Y le tefticule. Z une partie de la trompe. 2 Le véritable vaiffeau éja- culatoire , qui entre dans le fond de la matrice par le finus dont on a parlé cy-deffus. 3. L'autre vaiffeau éjaculatoire , qui va finir dans le col de la ma- trice. 4. La partie déchirée par le fœtus. 5. Le fœtus dans la même folia- tion où on le trouva enveloppé dans fon amnios. 6 les vaiffeaux ombilicaux. 7. Le placenta adhérant à une fiibitance charnue. 8. La fubftance charnue. 9. Le ligament rond. Il fe peut faire que ce que M. Vaffal regarde comme une féconde matri- ce , ne (bit rien autre choie qu'un prolongement de la véritable matrice , ou ce que les Anatomiftes appellent la trompe de fallope, Académique, 191 NO Transactions . ^y* Philosophie. ~~~~'— — — — — Ann. 1669. OBSERVATIONS SUR LES EAUX DE BATH, No'49« adrejjees à l'Éditeur, pur M. Grandwill dans une lucre de Butk le iG. Juin 16'Gç). (A) M ONSIEUR J'ai fait avec la plus grande exa&itude toutes les recherches , que j'ai Art. I. pu faire fur nos bains ; voici ce que je puis répondre à vos queftions. 1. Le pays , qui entoure cette Ville , eft inégal & rempli de Monta- gnes , qui ne gardent aucun ordre entr'elles. Elles font en général pierreufes & roides , leur direction elt du Sud-Oueft &c de l'Oueft au Nord-Eft & an Nord. Tout le pays , à 7 ou 8 milles aux environs , abonde plus ou moins en mines de charbon de terre ; mais je n'ai pas oui dire qu'il y eût d'autres mines un peu considérables plus près que Mendip , qui eft à dix milles d'ici , fi l'on en excepte la mine de plomb , qui elt à Berry dans le Comté de Gloeejhr à 4 ou 5 milles au Nord de cette Ville. 2. La plupart de ces Montagnes fournifTent de la pierre de taille : & celle qu'on tire au Nord-Oueft de Lansdown , ( qui eft aufli au Nord-Oueft de Bath directement au-deffus ) eft une efpece de pierre dure , appellée Lyus , bleue & blanche , qui reçoit le poli. 3. La Ville de Bath & (es bains font très-anciens. Outre ce que j'ai trouve à ce fujet dans une ancienne Chronique , un grand Antiquaire ( M. P. ) af- fure que ces bains exiftoient 800 ans avant J. C. Si cela eft , il ne me pa- roît pas facile de bien défendre l'hypothèfe , qui vent , que la chaleur de ces eaux foit l'effet de la fermentation de certains minéraux encore imparfaits. Car il n'eft pas vraifemblable , que les minéraux , au travers defquels ces eaux parlent , ayent demeuré dans cet état d'imperfe&ion pendant tant de fiécles ; & que toute la matière dépofée en cet endroit n'ait pas pris une for- me concrète dans un fi long efpace de temps. Vous connoiffés fans doute un autre fyftême , qui attribué cette chaleur à la rencontre de deux courans imprégnés de minéraux différens , au travers defquels ils ont parle , & qui lorfque leurs eaux viennent à fe mêler , occalionnent une grande fermenta- tion , & par conféquent de la chaleur : ce que nous obiervons dans le vi- triol & le tartre , qui, quoique froids féparément , acquièrent une très-gran- de chaleur & fermentent Iorfqu'on les mêle enfemble. Et c'eft vraifembla- blement ce qui fait que la chaleur fe conferve fi long-temps dans ces eaux. Mais ce n'eft pas à moi à vous rapporter des hypothèfes ; ainii je reviens à mon expoiition. 4. On afTure ici que la plus grande partie de la Ville eft bâtie fur un M. irais , quoique tous les environs foient une terre ferme. Quelques tra- vailleurs, qu'on a employés à creuier la terre , ont trouvé !e bouibicri 192 Collection - 10 pieds de profondeur , & à 7 pieds hors de la porte du Nord , le lieu Transactions le plus élevé de la Ville ; la terre , qui eft au-defïus , eft une efpecede dé- I'hilosophiq. combre. On trouve quelquefois , en creufant la terre de cinq ou lix pieds , Ann. 1669. des conduits que les eaux le font faits ; & des écailles d'huitres à 7 ou 8 N°. 49. pieds. 5. II y a dans la Ville & dans les environs plufieurs fources d'eaux froi- des. On trouve en quelques endroits des eaux chaudes , fort près d'autres fources qui font froides ; dans les uns à la diftance dé deux verges & dans d'autres à 7 ou 8. 6. Le Baigneur de Crojf-Bath m'apprit que lorfque le vent eft à l'Oueft , fi on fe baiffe près des fources , on lent venir de défions terre un vent froid; mais li le vent eft à l'Eft , que le tems foit couvert le matin , & qu'il ait un peu plu , ce bain eft li chaud qu'on peut à peine le foutenir ; & alors le bain du Roi & le bain chaud font plus froids qu'à l'ordinaire ; ces bains font tempérés dans les autres vents , quelque tems qu'il faffe. Les fources , qui bouillonnent le plus , font les plus froides. Le Crojf-Bath lé remplit en 16 heures en Été & en Hiver , fans que le chaud ou le froid , les pluies ou la féchereffe , y caufent aucune différence. Celui du Roi fe remplit en 12 ou 14 heures. 7. On refte plus aifément 4 heures dans le Crojf-Bath qu'une 'heure & demie dans les autres. On a trouvé dans le bain de la Reine , qui eft en- tièrement formé des eaux du bain du Roi, n'ayant pas de fource particu- lière , on a trouvé , dis-je , une pierre plate fous laquelle étoit un tonneau plein d'une boue molle dans laquelle il étoit enfoncé, & dont on ne put pas trouver le fond avec une perche. Il y a dans le bain du Roi une fource fi chaude , qu'on ne peut guère la fupporter , ce qui oblige d'en détourner la plus grande partie, de peur de trop échauffer le bain. La fource la plus chau- de ne peut pas durcir un cenf. 8- L'eau de ces bains ne paffe pas comme les autres eaux minérales ; elle purge promptement , li on y mêle un peu de fel. Lorfqu'on la laifle repofer , elle dépofe un fédiment noir, qu'on employé dans les douleurs, en forme de cataplafme avec plus de fuccès , que les eaux même. Le rendu de la di- ftillation eft tout-à-fait femblable à ce fédiment. Je ne fçache pas qu'on ait découvert autre chofe par l'examen chimique. Le Dr. Aflendojfa. tiré un fel jaune des bains du Roi & du bain chaud. Celui qu'on a tiré de Cro[[-Batk étoit blanc ; ce qui fait conclure à ce Dr. que le Crojf-Bath contenoit plus d'alun & de nitre que les bains plus chauds , qui avoient plus de foufre. Néanmoins les eaux de ce bain relâchent les nerfs retirés ; ce qui femble prouver , qu'elles ne contiennent pas beaucoup d'alun. Elles font plus ftipti- ques au goût que les autres , & pénétrent davantage les mains. 9. Lorqu'on eft dans Je bain, on ne peut pas boire des eaux les plus fortes la moitié de ce qu'on en boiroit dehors ; mais li l'on en avoit bu exceflî- vement avant d'y entrer , le bain foulageroit davantage , & rafraichiroit en quelque façon le corps , parce qu'il provoquerait l'urine. 10. Ces eaux font très-bonnes dans les maladies de la tête, les pnraîy- fies , les épilepfies , & les convuliions ; dans celles de la peau , la lèpre , U galle , la gratelle ; dans toutes les obftruâions des vifcéres , comme dans celles Académique. 193 celles delà rate , du foye, du méfentére, & dans les fquirrhes, & les duretés =^=^=rr de ces parties. Dansplufieurs maladies des femmes ; pour le icorbut & pour Transactions la pierre. Un Alderman de cette Ville vient de m'affurer que fa femme , qui Phuosoïhici. étolt tourmentée de la pierre , ayant fait nfage des eaux de Croff-Bath , vui- ^nn t^^o da plufieurs pierres auffi groffes que des noyaux d'olive ; & n'avoit plus eu v 0° d'attaque de cette cruelle maladie depuis ce tems-là. Ce bain eft aufli très- * '* bon pour ce qu'on appelle goutte froide. Ce même Alderman m'a dit que l'ufage de ces bains avoit coutume de le foulager & d'éloigner les accès de cette maladie à laquelle il eft fujet ; il y entre dès qu'il fent des douleurs, & il en eft délivré fur le champ : il met fon pied fur la fource la plus chaude du bain du Roi. Ces eaux produifent un effet contraire fur la goutte chau- de ; & quelques perfonnes attaquées de cette maladie m'ont dit que les bains réveilloient leurs douleurs , fi elles y entroient fans préparation. Ils les aigrilTent , fi on les prend dans l'accès , font remonter la goutte , & mettent le malade hors d'état de marcher. Ces bains font encore bons pour les maladies des enfans, particulièrement pour le Rachitis, envuidantfu- rement les humeurs qui en proviennent. Us l'ont avantageux aux femmes fujettes aux fauffes-couches, pourvu qu'on les employé avec modération. Elles entrent dans le bain lorfqu'elles approchent de leur terme ; d'autres femmes de la Ville fe baignent pendant tout le tems de leur groffeffe , & on a eb- fervé qu'elles ne faifoient jamais de fauffes-couches ; ces bains facilitent l'ac- couchement. Outre cela ils font très-bons pour raffermir les os caffés, & dans toutes les maladies nerveufes froides & humides, comme ftupeur , relâche- ment , & douleurs vagues ; il n'y a que dans la vérole , dont ils augmen- tent les douleurs , qu'ils ne conviennent pas , à moins qu'on n'ait détruit le Virus par les autres moyens que fournit la médecine. C'eft un excellent re- mède contre la foibleffe , qui refie après la goutte ; comme on l'a éprouvé d'une façon très remarquable fur un homme de 23 ans. 11. Nous n'avons point de preuves que ces bains ayent opéré ancienne- ment d'autres guérifons , que celles, qu'ils opèrent à préfent ; & même nous trouvons qu'ils facilitent la cure de quelques maladies comme des hydro- pifies, des cachexies , &c. dans lefquelles on craignoit autrefois d'employer les bains , de peur d'augmenter les obltruclions. 12. Les baigneurs vivent long-temi ; quelquefois jufqn'à IOO ans; ils vont ordinairement jufqu'à 70, s'ils font fobres. Il y en a maintenant deux, le mari & la femme , qui font âgés chacun de 80 ans. 13. Les baigneurs ont obfervé clans le Croff-Bath une efpéce de mouche noire , qui a des ailes cachées ; ils difent qu'elle plonge rapidement dans l'eau , où elle vit , & qu'elle pique quelquefois ; on n'en trouve que dans les eaux les plus chaudes ; ils croyent qu'elle vient avec la fource , parce qu'on n'en voit point ailleurs. On m'avoit envoyé l'année dernière un de ces infectes , que je gardois pour vous le donner, lorfque j'iroisà Lon- dres ; mais il s'elt perdu je ne fçai comment. 14. Les eaux de Croff-Bath rongent l'argent , & on m'a dit , qu'un Shil- ling avoit été tellement rongé dans l'efpace d'une femaine , qu'on pouvoit le tordre autour de fon doigt. Ces eaux ont , comme dit le vulgaire , un rapport avec le cuivre qu'elles n'ont pas avec le fer ; car elles rongent ua Tomt I. II. Partie. B b 194 C OLLECTION — — — — — anneau de ce dernier métal dans l'efpace de 7 ans, tandis que le cuivre pa- Transactions roit n'en recevoir aucune altération. rHuosopHiQ. 15. Les femmes , qui ont frotté leurs cheveux d'un mélange d'ceufs bat- Ann 1660 tus & de gruau , empoifonnent tellement ces bains , qu'ils rendent une odeur xio très-défagréable , & l'eau , qui en tout autre tems eft très-pure & très-lim- " "*' * pide , le couvre d'un verd de mer , qui teint le baffin , ôt on ne peut la nétoyer qu'en vuidant le bain. 16. Ces eaux jettent en Été une écume verte , qu'on n'obferve jamais en Hiver , mais alors elles dépofent un fédiment jaune. 17. Les réfervoirs des iburces chaudes font très-profonds & très-larges ; ayant dix pieds de diamètre , & 14 pieds de profondeur au-deffous du ni- veau de la rue. Ils font cimentés avec du fuif , de l'argille , de la chaux , & de la brique pilée. Le bain chaud ( c'efî un bain particulier , dont les eaux font auffi chaudes que celles du bain du Roy , ) fut très endommagé en 1659 par la perte d'une fource , qu'on retrouva enfin & qu'on rétablit. En creufant on parvient à une efpece de bafe de matières factices , trouées comme des pierres ponces , au travers defquelles l'eau fe perd ; de- forte qu'il paroit que ces fources ont été réunies par art. C'eft fans doute à la magie , qu'on a attribué anciennement la découverte & la con- ïtru&ion de ces bains ; comme je le trouve dans une très-vieille chronique manufcrite. Après la monde Ludibras , ( y eft-il dit ,) fonfils Bladut grand Magicien monta fur le Tkràne ; il fit ces admirables bains chauds par fa Négro- mancie ; .il mourut après avoir régné Zl ans, & e/l enjèveli à New-Troy. Et dans une autre très-ancienne chronique , on lit que le Roi Bladut fit venir pour cette grande entreprife des Magiciens d'Athènes , qui n'étoient vraifembla- blement que des Architectes & des Méchaniciens habiles. 18. J'ai obfervé , qu'il fortoit quelquefois de la fource du bain chaud , des feuilles femblables à celles de l'Olivier. Voilà , Monfieur , toutes les obi'ervations , que j'ai pu receiiillir jufqu'à préfent. Si je découvre dans la fuite quelque choie d'important fur cette ma- tière , je ne manquerai pas de vous en faire part. Peut-être cela pourra-fil donner occafion à plufieurs queftions fur les bains & fur leurs phénomènes. Si vous ou quelqu'autre perfonne de la Société Royale me faites l'honneur de m'en propofer quelqu'une, je ferai mes efforts pour y répondre ponctuel- lement. Je fuis, &c. EXTRAIT D'UNE LETTRE DE M. MURALT DE ZURICH à M. Honk , Membre de la Société Royale ,fur les montagnes de glace & de cryflal de Suijfe appellées Gletfcher. ( A ) Art. II. T Es plus hautes montagnes de glace de la Suifie , auprès du Waltàs & l^d'Aoufl , dans le canton de Beine , auprès de Taminium & de Tavetfch , chez les Grifons , paroiftent toujours couvertes de neige. Celle que la cha- leur de l'Eté fait fondre , fe durcit en glace , fur laquelle il en retombe de nouvelle peu de tems après. Cette glace s'épurant peu à peu fe change en une pierre , qui ne le cède au cryflal ni en dureté ni en tranfparence. Ces Académique. 105 pierres jointes &c entaflees compofenr une montagne tics-dure. Les gens ■■ qui habitent auprès, ont obfervé qu'elles Ce fendoient en Été avec un très- Transactions grand bruit , qui imite le tonnere ; ce que les cha fleurs apprennent atiffi à Pku>o$o leurs dépens: parce que ces tentes ou crevafles étant recouvertes par la Ann. 1669. neige , que le vent y porte, font périr ceux qui partent deflus. N?. 49. On tire avec beaucoup de peine du pied de ces montagnes , deux fortes de cryftaux , qu'on trouve parmi d'autres foflïles ; les uns font obfcurs & opaques , ce qui les fait appeller par quelques perfonnes , mines de Cryflal; on en trouve une très-grande quantité fur le Mont Saine Gothard : les au- tres font tranfparens , & aufli fins qu'une glace de Venife. Ils font tous hexa- gones grands & petits ; on en trouve dans le Valais auprès de la Ville dUrJèlcn au pied du Mont SheUning , & on les vend fort cher : mon père en envoya il y a 4 ans à Milan un de cette efpéce très-beau & très-gros , qu'il vendit 80 liv. Sterling?. Voilà ce que j'ai obfervé fur ces montagnes ; je vous ferai part de ce que je pourrai apprendre des perfonnes , qui habitent les environs de ces en- droits , à qui j 'ai écrit il y a un mois à ce fujet. Septembre 1 66 S. N°. 50. OBSE RVATIONS SUR LE CONTOUR PARTICULIER de la coquille de certaines efpeces de limaçons ; & fur la manière , dont les araignées lancent leurs fils , par une perfonne de Cambridge , communiquée à M. I. Wray , qui les a remifes à l'Éditeur pour être présentées à la Société Royale. (A) Mo N S I E U R Je ne puis vous rien refufer , & vous êtes le maître de dilpofer des re- -kt0 marques que je vous envoyé. Vous voulés fçavoir, dites-vous , ce que j'ai . '. . ! obfervé fur les volutes de quelques limaçons , qu'on trouve en Angleterre ; Se fur la manière , dont les araignées lancent leurs fils. Je répondrai à la première queftion , que j'en ai trouvé de deux fortes, qu'on peut aifément diftinguer l'une de l'autre , & de toutes les autres ef- peces ; parce que leurs volutes font tournées de droit à gauche , oppofées en cela , à ce qu'on obfervé dans les limaçons ordinaires. Ils font très-petits & peuvent par-là avoir échapé à l'attention des Naturaliftes ; car U n'y en a point , qui excède la grofleur d'un gros grain d'avoine. Dans ceux de la première efpece , l'entrée de la coquille eft exactement ronde , le fécond tour de la fpirale eft très-large à proportion des autres, qui font au nombre de fix , 6c diminuent infeniiblement , le terminant en un point. Cette figure conique a à peu-près un quart de pouce, 'la coquille eft de couleur de caffé , mais lorlque l'animal eft retiré on peut voir le jour au travers, & alors elle paroit jaunâtre. Elle eft très-tendre & très-fragile . Bb2 ïç6 Collection ! — ce qui empoche qu'on ne puiffe en envoyer dans une Lettre. Vous verres Transactions qu'ils reffemblent en quelque chofe aux turbines lèves d's.ldrovandi de 'Philosophiq. Teftac. 359. Ann. 1660. ^e vous en envoye aa naz:ird une douzaine de la féconde efpece, (vous vi0' ' imaginés bien que ceux-ci ne font pas fi rares. ) Leur coquille parqît plus ' ' forte & plus épaiffe que celle des premiers ; ils font près d'une fois & demie plus longs & auffi minces : leur figure eft exactement celle d'un grain d'a- voine , étant pointus par les deux bouts & un peu renflés dans leur milieu, L'entrée de la coquille n'eft pas exactement ronde, elle a une efpece de gout- tière à fa partie inférieure. On peut y compter jufqu'à dix tours de fpirale dirigés de droit à gauche , leur couleur eft noire & d'un brun ronge. Fabius Columna en décrit deux de cette efpece , & en a donné les coupes, mais ils ne reffemblent aux nôtres que par leurs volutes ; il eft vrai cependant que le troifième , qu'il appelle Cochlea terreflris turbinât* & flriata y te trouve très-fréquemment fur le grand chemin , entre Canterbury &c Dou- vres , & dans quelques bois de la Comté de Lincoln. Ces limaçons différent beaucoup des nôtres, foit parce qu'ils n'ont, fi je ne me trompe , qu'une paire de cornes , que leur coquille eft très-dure , & qu'ils ont une façon particu- lière de porter leur coquille , &c. ce que je laiffe pour une antre occafion. Pour revenir aux deux efpeces de limaçons , que j'ai décrites. Lorfqn'ils rempent , ils lèvent perpendiculairement la pointe de leur coquille , & font fortir avec une partie de leur corps deux paires de cornes , comme la plu- part de leur efpece. On les trouve toujours accouplés dans le mois de Mars. Arifiote affure cependant que tous les animaux de cette efpece naiffent d'une façon fpon- tanée ; & qu'ils ne contribuent pas plus à la production l'un de l'autre , que les arbres ; & par conféquent qu'ils n'ont point de Sexe. Je crois être fondé à ne pas me rendre à fon autorité , puifque j'en ai vu , qui étoient accouplés & dans l'afte vénérien. Il eft très-certain qu'ils engendrent alors ; mais je laiffe à des Obfervateurs plus exafts à déterminer , fi ceux qu'on trouve ainli accouplés font milles ou femelles , ou plutôt fi , comme vous lavés ob- fervé & publié dans le Catalogue des plantes des environs de Cambridge , ils font tout enfemble mâles & femelles , & fi dans l'afte de la génération ils introduifent & reçoivent réciproquement un pénis femblable , comme le croyent quelques perfonnes , qui les ont féparés. Nous trouvons dans Arifiote une enumération de toutes leurs autres par- ties , mais il n'a fait aucune mention de celle-là. Quoiqu'il en foit , les Ro- mains reconnoiffoient quelque qualité particulière dans ces animaux , qui les faifoit rechercher, & mettre au nombre de leurs mets les plus délicats : ils prenoient le plus grand foin à les nourrir & à les engraiffer pour leur ta- ble , comme Varon le rapporte fort au long. Leur goût ne me paroît pas des plus agréable. Je trouvai en feuilletant YHi/toire amoureufe des Gaules de Buffy , que je vonlois comparer à Pétrone , du quel je crus reconnoître, qu'il avoit tiré mot pour mot deux lettres & plusieurs intrigues amoureufes, je trouvai, dis- je , des éclairciffemensfurles limaçons , qui me firent beaucoup de plaifir. Par exemple que les anciens , pour s'exciter à l'amour , faifoient ufage de Académique. 197 ces animaux > ainfi que d'autres produirions extraordinaires de la nature , — ■ comme truffes , moufferons , ck làns doute auffi des gros vers qu'on trouve Transactions dans le chêne , autre efpece de mets romain. On y trouve que les amans Philosophiq. foibles fe préparaient avec un ragoût de col de limaçons , c'eft en cet en- Ann. 1669. droit que le trouvent ces étranges Pénis , dont nous avons parlé. Js,'o. (q. M, Hook travaille , comme il l'a promis , à l'Anatomie de cet infecte , qui mérite certainement , qu'on prenne la peine de le connoître , £c je ne doute pas qu'on ne lui lçache gré de ce travail ; n'y ayant encore rien d'exact fur la Itrufture interne des infectes. * On trouve fréquemment cette efpece de limaçon fous l'écorce des arbres tels que les vieux laules , & dans les fentes des ormes & des chênes , &c. je n'en ai jamais obfervé ailleurs. Vous me dites que les phyficiens en général penfent, que la raifon , pour laquelle les volutes des limaçons font ordinairement tournées de gauche à droit , efi que le foleil luit cette direction dans Ion mouvement ; & fur- tout vers le Nord , n'en ayant encore découvert dans ces endroits aucun, dont les volutes fu fient oppofées au mouvement du foleil. Mais ce n'eft pas le feul cas, où fe font trompés ceux qui confultent plus leur imagination que la nature ; ce que j'ai à vous dire au fujet des araignées en elî une preuve. Les longs fils, qu'on obferve dans l'air pendant l'Été , & furtout vers le mois de Septembre, ont donné bien de l'embarras aux Sçavans : je vous ferois rire fi je vous rapportois les ridicules opinions, qu'ils ont eues à ce fujet ; mais comme vous les ronnoiffés aufli- bien que moi, jelespafferaifous filence,pour vous en indiquer les véritables ouvriers , Se la manière dont ils les font. Lesaraignées fileufes ( du nombre defquelles il faut excepter celles, qu'on nomme vulgairement faucheurs , eu araignées à longues jambes , qui ne filent jamais ) font les artifans , qui fabriquent ces longs fils , qu'on trouve par-tout en fi grande quantité. Je vous envoyai l'Été dernier un catalogue de 30 efpeces d'araignées , que j'aiobfervées en Angleterre ; j'avouerai que j'en avois découvert le plus grand nombre , & que j'avois déjà fait beaucoup d'expériences fur elles , avant de trouver ce lécret. Vous ne devés attendre de moi , que ce que vous m'avés demandé , réfervant mes autres expériences pour notre entrevue. J'ai examiné avec foin tous les moyens que chaque efpece d'araignées v employé pour filer , & j'ai toujours vu qu'elles laiffoient tomber leur fil & le retiroient enfuite. Mais enfin obfervant attentivement un de ces animaux, qui travailloit à fa toile , je le vis quitter tout à coup l'on ouvrage & tour- ner le dos du côté du vent , d'où je vis fortir des fils avec rapidité, à peu près comme on voit l'eau fortir de fa fource. Ces fils ayant été pris par le vent s'allongèrent en un infrant de quelques braffes , fortant toujours du ven- tre de l'animal ; enfuite l'araignée s'élança tout d'un coup dans l'air &c re- monta promptement par l'on fil. Après cette première découverte , je fis la même obfervation fur pref- que toutes les efpeces d'araignées , que j'avois remarquées ; & je trouvai * Malpiçhi n'avoit pas encore public fa defeription du vers à foye , lorfquc ce Mé- moire a clé compofé. 198 Collection 1111 ■ '— — l'air rempli de vieilles & de jeunes qui couroient fur leurs fils , fans doute Transactions pour attendre les convins & les autres infectes à leur partage , y ayant fur ces PHiLosormc;. fils , comme fur leurs toiles qui font au-deffous , des marques du maflacre Ann. 1669. cIl,el'es en avoient fait, telles que des jambes , des ailes, &c. N°. to. Une des chofes , qui m'a le plus étonné , c'eft que plufieurs de ces fils qui volent dans l'air ne font pas fimples , mais mêlés avec des touffes de laine en quantité plus ou moins grande ; je n'ai pas toujours trouvé des arai- gnées fur ceux-là , quoique j'en aye quelquefois vu deux ou trois fur le mê- me fil ; lorfque ce fil commence à flotter , il eft fimple ou peu mêlé, ou peut- être plus épais en un endroit qu'en l'autre. Enfin je remarquai en y faifant beaucoup d'attention, que ces araignées gagnoient le haut d'un arbre -ou d'une branche pour delà lancer leurs fils ; & que lorfqu'elles n'avoient pas envie de courir , ou elles le retiraient à elles , le pelotonant par-deffus leur tête avec leurs jambes de devant , ou le coupoient fort court & le laiffoient flotter dans lliir , ce qu'elles répétoient plufieurs fois de fuite. On en voit qui ont plufieurs de ces petits pelotons devant elles , fans qu'elles s'élancent. J'obfervai outre cela , qu'après leur premier vol , elles faifoient des pe- lotons pendant tout le tems de leur courfe , lançant toujours de nouveaux fils pour fe foutenir & pour courir. Il faut encore remarquer , que ces fiîs mêlés font beaucoup moins forts , que les toiles que les araignées font dans nos maifons. Je les ai vu travailler dans l'Hiver & à Noël , mais il y en a peu , qui courent alors ; c'eft pourquoi on ne voit dans ce tems-là que des fils Am- ples. En outre il n'y a alors que les jeunes de la ponte de l'Automne , qui travaillent : & il eft plus que probable , que les gros fils de l'Automne font l'ouvrage des vieilles , qui les font dans le beau tems , lorfqu'une nombreufe proye les oblige à demeurer plus long-tems dehors. Mais il eft tems de finir. J'ai fait plufieurs expériences capables de lever- tous les doutes , qu'on pourrait avoir fur le nombre infini de ces infeftes & fur leur prodigieufe multiplication ; & combien elles peuvent fournir de ma- tière de leur petit corps , &c. Je vous en ferai part à la fin de l'Été prochain , ayant befoin de faire de nouvelles obfervations pour les confirmer. Je vous communiquerai aufll plu- fieurs autres chofes fur leur génération & fur leur poifon. Vous pouvés corn» pter fur ces obfervations , & je vous prie d'excufer en faveur de leur cer- titude, le peu d'ordre dans lequel je les ai rapportées. pL. $.6- paq ■ iqq aj6 CdlecL.AcaànLOlScdpai-t ■ paq ■ iqq 3J& Académique. 199 N°. 51. EXTRAIT />' U N E LETTRE Contenant le procédé qu'on employé en France pour faire Jufel par U moyen du foleil communiqué par un Médecin François , qui habite dans [endroit où on le fait. ( A ) Transactions Philosophiq. Ann. 1669. N°. 51. M O N S I E U R Je puis m'acquitter maintenant d'une des commifîions , dont vous me char- Art. I. geâtes , lorfque je pris congé de vous ; réfervant les autres pour un autre tems. Je vous envoyé cy-joint le plan de nos Marais * falans & la manière * Vey. U VUn- de faire le Tel ufitée ici. Si j'ai oublié quelque chofe , ou û je ne m'explique tht IV. pas aflez clairement , je vous prie de vouloir bien m'en avertir , je tâcherai d'y fuppléer , on de m'expliquer plus clairement. A,A , A. Eft la mer. I , I. Entrée par où l'eau de la mer pafTe dans B , B. B , B. Le premier réfervoir, où l'on garde 20. pouces d'eau. C , C , C. Le fécond réfervoir , où l'eau fait trois tours , comme vous pouvés le voir , & a 10 pouces de hauteur. 2 , 1. Ouverture par où le premier & fécond réfervoir communiquent enfemble. E , E , F. Le troifième réfervoir , qu'on appelle proprement le Marais. d, d , d , d , d , d. Eli un canal très-étroit, au travers duquel l'eau doit paffer avant que d'entrer dans le troifième réfervoir. 3 , 3. Eft l'ouverture , par où l'eau paffe du fécond réfervoir dans le troi- fième. Les points , qui font marqués dans toute la figure , indiquent la route &c les détours, que l'eau eft obligée de prendre avant que de parvenir en h , h , h , h , h , h , où fe fait le fel. h , h , h , h , h. Sont les couches du Marais , fur lefquelles fe fait le fel , & il ne doit jamais y avoir plus d'un pouce Si. demi d'eau ; chaque couche à J5 pieds de long fur 14 de large. 9,9, 9,9, 9. Sont de petits canaux entre les couches. 8,8,8,8,8. Sont les ouvertures par où les couches reçoivent l'eau de la mer après plufieurs détours. Lorfqu'il pleut les ouvertures 1 ,2,3,3, font fermées , pour empêcher l'eau d'entrer dans le Marais E , E , F. La pluie , à moins qu'elle ne foit très- abondante , ne caufe aucun préjudice aux Marais ; on n'en vuide pas l'eau lorfqu'il ne pleut qu'un jour & une nuit, la chaleur du foleil fuffifant pour évaporer cette eau , pourvu qu'il n'en foit pas tombé plus d'un pouce , il arrive feulement qu'on ne retire point de fel de deux ou trois jours, s'il y a beaucoup plù. Mais lorfque la pluie dure cinq ou ûx jours de fuite , on eft 200 Collection _.__ j — l_ obligé de vuider toute l'eau des couches par un canal , qui ne peut s'ouvrir Transactions que lorfque la mer eft baffe. Philosophie. On voit aiiément, qu'on fait d'autant plus de fel , que l'année eft plus Ann 1669. cnaude 5 u fout cependant remarquer qu'outre la chaleur du foleil , les vents puj y contribuent beaucoup ; & on fait moins de fel dans les tems calmes, que ' ' lorfqu'il fait beaucoup de vent ; ceux du Nord-Oueft & d'Oueft font les plus favorables. On fait du fel tous les jours Si les couches h , h , h , en fourniflent chaque fois plus d'un quintal. Dans le tems le plus chaud de l'Été il fe forme du fel durant la nuit. Les inftrumens , dont on fe fert pour le tirer , font percés d'une infinité de petits trous , qui laiffent échapper l'eau & ne retiennent que le fel. Le fel eft plus ou moins blanc félon la qualité de la terre du Marais. La terre rougeâtre le rend plus gris , la bleue le donne plus blanc : en outre fi l'on laiffe entrer un peu plus d'eau qu'il ne faut , le fel eft plus blanc , mais on n'en retire pas tant. En général il faut que la terre des Marais foit graffe , point fpongieufe , ni fablonneufe. Il y a trois chofes à remarquer au fujet de la blancheur du fel. i°. Que la terre du Marais foit convenable. 2°. Que le fel foit fait avec une grande quantité d'eau. 3°. Que les gens qui le retirent , foient adfoits : il y a dans cette Ifle ( de Ré ) des gens , qui retirent leur fel très-vert , & d'autres qui le retirent aufli blanc que la neige : il en eft de même en Saintonge. On doit avoir foin furtout qu'il ne fe mêle point de terre avec le fel au fond du Marais. Le fel, dont nous nous fervons fur nos tables , eft parfaitement blanc , ce qui vient de ce que 4 ou 5 heures avant de tirer le fel on levé la crème , qui n'eft autre chofe que le fel , qui s'eft formé à la furface de l'eau. Les grains en font plus petits , que ceux du fel ordinaire. En général le fel de Saintonge eft un peu plus blanc que le nôtre. Je ne fçais pas bien de quelle groffeur eft le fel , qu'on tire par le moyen du feu , le nôtre eft de la groffeur d'un grain de poivre & d'une figure cubique. On conferve les Marais d'une année à l'autre en les inondant de façon que l'eau paffe un pied par-deffus. Il y a ici des Marais , qui ne font féparés de la mer que par un foffé de 20 ou 30 pieds : Il y en a, qui font plus éloignés , & qui reçoivent leur eau par le moyen de canaux qu'on fait félon leur fituation. On revêt de pierres ces foffés afin de les conferver. Le bois qu'on employé dans les Marais, doit être de bon chêne gardé de- puis 30 ans. Mais on ne fe fert guère de bois ; toutes les foffes & les ou- vertures étant faites de pierres. RÉPONSE Académique. 201 TRANSACTIONS RÉPONSE A QUELQUES QUESTIONS, Philcophic.. qii on avoit propofèes fur V éruption du Mont- AZtna arrivée en 1669. par Ann. 1669- quelques Négocians Anglois , réjidcns en Sicile. ( AJ Nu. JI. LE Ciel parut noir avant 1 éruption pendant 1 8 jours , il y eut de fréquens ART. II. tremblemens de terre accompagnés de tonnerre Si d'éclairs, dont le peu- ple tailoit des rapports terribles : je n'ai cependant pas oiii dire , que ces i'ecouffes enflent renverfé aucune maifon , excepté celles d'un petit Bourg ou Village appelle Nicolojî, finie environ à un demi mille de la nouvelle bouche , ck quelques autres édifices légers , qui dans la fuite furent confu- més par le feu. On oblerva outre cela , que l'ancienne bouche du Mont- JEtna. avoit vomi des flammes plus qu'à l'ordinaire , deux ou trois mois au- paravant, ce qui arriva aufli à Volcan & à Stromboli, deux Ifles brûlantes fituées à l'Oueft , & que le Commet du Mont-jEtna s'étoit abbaiffé dans fon ancien goufre ; comme en conviennent tous ceux , qui l'avoient vu aupa- ravant. Je n'ai pas oiii dire que cette éruption eût eu d'autres avant- coureurs. La première éruption fe fît environ deux heures avant la nuit , le 1 1 Mars 1669. du côté du Sud-Eft, environ 20 milles au-deffous de la vieille bouche, & à 10 milles de Catane. On dit d'abord que cette éruption parcourait 3 milles en 24 heures ; mais étant allés le 5 Avril à un petit mille de Catane , nous nous apperçumes, qu'elle ne faifoitpas un ftade par jour. Elle continua 1 5 ou 20 jours à fe mouvoir avec ce degré de viteffe , paffant à quelque diftance fous les murs de Catane , pour fe rendre a la mer : mais à la fin de ce mois & au commencement de Mai , ( foit que la mer ne pût pas la re- cevoir affez promptement , ou plutôt que le Volcan en eût vomi une plus grande quantité, ) elle tourna toutes fes forces contre la Ville ; & s'étant élevée contre le mur , elle paffa par-deffus , & fe répandit en plufieurs en- droits. Son principal effort fe fit contre un magnifique Couvent de Bénédi- ctins , qui étoit féparé des murs par un grand jardin Se par d'autres terres. Lorfqu'elle les eut remplis , elle fe porta avec force contre le Couvent , où ayant trouvé une grande réfiftance , elle s'enfla, ( ce qui lui arrive toutes les fois qu'elle rencontre quelque chofe qui l'arrête , ) ck monta aufli haut que les boutiques les plus élevées de la vieille Bourfe de Londres ; ce Couvent étant bâti dans le même goût , à cela près , qu'il eft beaucoup plus élevé. Le mur fut en quelques endroits pouffé en dedans en entier, prefque d'un pied , comme il parut par l'exhauffement du comble , & par la courbure des barres de fer qui le traverfent. Il eft certain que li ce torrent s'étoit jette dans quelqu'autre partie de la Ville , il auroit fait un beaucoup plus grand dégât parmi les maifons ordinaires. Cette furie ceffa le 4 Mai , qu'il s'écoula en petits ruiffeaux , principalement vers la mer. Ce torrent avoit englouti au-deffus de Catane 14 Bourgs, ou Villages, dont quelques-uns étoient affez confidérables contenant 3 ou 4 mille habitans ; ils étoient fitués dans un pays agréable & fertile , où le feu n'avoit fait jufqu'alors aucun ravage ; il n'en refte aucun veftige , ôc on ne voit plus qu'une Eglife & un clo- Tome I. II. Partie. C C 202 Collection cher , qui fe lbnt trouvés fitués fur une petite hauteur. Transactions La matière de cet écoulement n'efl: autre chofe , que différentes efpeces i'HiLosopHiQ. de métaux liquéfiés dans les entrailles de la terre par la violence du feu, qui Artn. 1669. bouillonnent & fourdent comme la fource d'une groffe rivière. Lorfquils N°. 5 1. °n\ coulé l'efpace d'un grand jet de pierre ou plus , leurfurface commence à former une croûte , &c à fe figer , formant lorfquils font froids ces pierres dures & poreufes , que les naturels du pays appellent Sciarri , & qui reffem- blent à de grandes pièces de charbon de terre. Ces pierres roulent &: fe préci- pitent les unes fur les autres , jufqu'à ce que venant à rencontrer quelque élé- vation , elles s'arrêtent & fe gonflent , renverfent par leur poids les bâtimens ordinaires & mettent le feu à tout ce qui eft combuitible. La principale di- rection de ce torrent étoit en avant ; mais il fe dilatoit aufli comme fait l'eau fur un terrein uni , & formoit différentes branches , ou langues , comme on les appelle dans ce pays. Nous montâmes à 2 ou 3 heures de la nuit dans une haute tour à Catane , d'où l'on voyoit pleinement la bouche du Volcan. La vue nous en parut terrible , par la grande quantité de feu qu'elle vomiffoit. Le lendemain au •matin nous voulûmes aller jufqu'à cette bouche ; mais nous n'ofames ja- mais en approcher de plus près que d'un ftade , de peur que le vent ve- nant à changer , nous ne fuflions abimés fous les colomnes de cendres , qui s'élevoient , & qui nous parurent aufli groffes& plus élevées , que le clo- cher de faint Paul à Londres. Tout l'air aux environs efl: rempli de ces cen- dres , que le vent difperfe du fommet de ces colomnes. Er on n'a pu voir le foleil ni aucune étoile depuis le commencement de l'éruption jufqu'à ce que fa fureur eût paffé ; c'eft-à-dire pendant 54 jours. Il tomboit des côtés de cette colomne un très-grand nombre de petites pierres , nous ne pûmes pas diftinguer li elles contenoient du feu , n'ayant pas pu approcher de l'endroit où cette mafle enflammée fe précipita , par- ce qu'il y avoir entr'elle & nous une petite montagne de fable. Il fe tait à la bouche du Volcan , lorfqu'il en fort du feu ou des cendres , on l'un & l'autre en même-tems , un bruit femblable à celui que font les vagues de la mer , lorfqu'elles rencontrent des rochers , ou à celui d'un ton- nerre éloigné ; je l'ai entendu quelquefois de Mefline, quoique diltante de 60 milles & fituée au pied d'une haute montagne. Des gens dignes de foi m'ont appris , que ce bruit fe faifoit entendre dans la Calabre à ico milles vers le Nord , où l'on a aufli vu tomber des cendres : & quelques-uns de nos Matelots ont rapporté , que leur pont en avoit été couvert à Zant; quoi- quil y ait apparence , qu'elles n'étoient pas fort épaiffes. J'ai ramaffé quelques- unes de ces pierres calcinées ou Sciarri , & je m'en procurerai autant qu'il me fera poflible , pour vous les envoyer par les pre- miers vaiffeaux. Nous y fimes un autre voyage vers la mi-Mai , nous trouvâmes les chofes très changées; les trois quarts de la Ville de Catane étant entourés de Sciarri jufqu'à la hauteur des murailles , par-deflus lefqueiles ils avoient paffé en plufieurs endroits. La première nuit après notre arrivée un nouveau torrent de feu fe fit jour au travers de ces Sciarri , fur lefquels nous nous étions promenés une ou deux heures auparavant ; & comme ils étoient de Académique. 203 niveau avec le haut de la muraille , ce torrent Ce précipita dans la Ville en ■ un petit ruiffeau de feu de trois pieds de large & de neuf pieds de long , Transactions l'extrémité fe figeant toujours en Sciarri ; ce courant fut éteint le lendemain Philosophiq. au matin, quoiqu'il eût rempli de Sciarri une très-grande place vuide. On ^^ j^q. découvrit la nuit fuivante dans un autre endroit un fécond torrent beaucoup xio plus gros , qui fe jetta par-deffus les murs dans les foffés du Château , & ' ' continua quelques jours après notre départ , comme nous l'avons appris de- puis. Plufieurs de ces petits ruiffeaux couloient en même-tems dans la mer , ce qu'ils font encore aujourd'hui quoique très-foiblemenr. Lorfqu'on eut remarqué que ces ruiffeaux de feu ne devenoient ni plus larges , ni plus longs , & qu'ils ne paroiffoient plus fe mouvoir de l'endroit , où on les avoit vus ; nous nous en approchâmes pour les examiner ; & nous conclûmes que non-feulement alors , mais encore lorfqu'ils couloient avec le plus de rapidité , il s'y formoit de côté & d'autre certaines croû- tes , fous lefquelles ils couloient , comme pour fe garantir de l'air , qui les refroidiffoit , & les fixoit par degrés , comme on le voyoit au-deffous de la bouche , où nous trouvâmes , lorfque nous y fûmes pour la première fois , des Sciarri ainfi froids &c fixés. Delà vient que lorfque ces Sciarri encore enflammés rencontrent quelque lieu élevé , ils s'enflent jufqu'à ce qu'ils ayent paffé par-deffus : de forte qu'il y a en plufieurs endroits , & furtout fous les murs de Catant , de grands amas de Sciarri , & le feu ne fort , ni ne fe dé- couvre jamais dans ces courans , qu'ils n'ayent gagné le haut ; car ces petits ruiffeaux vont toujours en diminuant. Ayant paffé deux jours à Cacanc , nous retournâmes à la bouche du Vol- camnous pûmes voir fans courir aucun danger de la part du feu ou des cendres, les anciens & les nouveaux canaux delà Lave , & une grande montagne de cendres, qui en étoit fortie. Nous trouvâmes un terrein triangulaire d'envi- ron deux acres , dont le fond étoit couvert de Sciarri , & la furface d'une croûte de foufre , que nous primes pour l'ancien lit du feu : il étoit bordé de chaque côté par un grand banc de cendres ; la montagne , dont nous avons parlé s'élevoit derrière & à la partie la plus haute , le feu paroiffoit s'être fait un paffage entre ces deux bancs. Il y avoir au haut fur une petite élévation de Sciarri encroûtés, un trou d'environ 10 pieds de large , par où il eft probable que le feu s'élançoit , & il doit y avoir eu plufieurs de ces trous , qui dans la fuite fe feront encroûtés , ou qui auront été couverts de cendres. On voyoit le feu couler au fond de ce trou ; & plus bas il y avoit un ruiffeau de feu au-deffous des Sciarri , qui , étant fendus dans une certaine étendue , nous laifferent la liberté de voir couler le métal. La fur- face de ce courant pouvoir avoir une braffe de large ; quoiqu'il fe pût fort bien qu'il eût une plus grande mafié au-deffous , le canal étant oblique. Nous ne pûmes pas eftimer fa profondeur , parce qu'il étoit impénétrable aux cro- chets de fer &C aux autres inftrumens que nous avions. Nous aurions bien voulu nous procurer de cette matière à fa fource , mais nous ne pûmes ja- mais l'entamer ; il y a apparence , qu'il y avoit des courans , qui auroient cédé plus aifément que celui-là. Il fortoit de ce canal , mais fur-tout du grand trou qui étoit au-deffus , une fumée fulfureufe , qui penfa étouffer quelques perfonnes de notre compagnie , qui s'étoient avancées fans précau- C c 2 204 Collection ■ tion. Il s'éleva en un quart d'heure une colomne de fumée ou de cendres ,' Transactions qui n'étoit cependant pas comparable a la première , mais qui paroiffoit for- Philosophui. tir du milieu de cette nouvelle montagne. Je conviens que nous eûmes tort Ann. 1669. de ne Pas aller fur cette montagne , en étant fi proche ; mais comme cela ^o, m, n'étoit pas fans danger, & qu'il étoit difficile d'y arriver , le refte de la compagnie étant fatisfait de ce qu'il avoit vu , nous nous retirâmes. La dernière fois que nous fumes à Cutané , nous trouvâmes le peuple oc- cupé à barricader certaines rues, ou paffages , par où ils croyoient que le feu pourrait entrer ; ils démoliffoient pour cela les vieilles maifons , qui étoient aux environs , & en entaflbient les pierres les unes fur les autres en forme de muraille , prétendant qu'elles réfifteroient mieux au feu parce qu'il n'y avoit pas de chaux. Mais c'eft plutôt la pefanteur & l'impulfion de cette matière enflammée , que fon feu , qui renverfe les maifons , comme il pa- rut au Couvent des Bénédiclins , & aux murs de la Ville , où ce grand déluge entra , non pas en faifant une éruption , mais en paffant par-deffus les mu- railles , comme nous l'avons dit. On afTure que jufqu'à préfent la Lave s'eft avancée d'un mille dans la mer , & qu'elle a cela de front : il s'en falloit beaucoup qu'elle ne fût fi éten- due lorfque nous y étions. La côte va en baiffant légèrement , ayant envi- ron 5 braffes à l'extrémité des Sciarri , qui s'élèvent d'environ 2 \ braffes au- deffus de l'eau. La furfacede l'eau étoit fi chaude à 20 pieds ou plus de ces petits ruiffeaux de feu , qu'on ne pouvoit pas y tenir la main , elle étoit plus tempérée au- deflbus. Les Sciarri confervoient leur feu fous l'eau , comme nous nous en convainquîmes , lorfque la mer fe retiroit. La vue générale de ces Sciarri de haut en-bas ne diffère pas beaucoup à cer- tains égards , de celle de la Tamifevuè de deffusle Pont , lorfqu'il gelé bien fort; je veux dire, qu'ils font en grands morceaux raboteux ; mais leur cou- leur ett abfolument différente , étant d'un bleu obfcur; ils renferment quel- ques groffes pierres ou rochers. Mais malgré leur âpreté 6k la grande quantité de feu , que nous voyions briller à travers les fentes & les cavités, nous prîmes la peine d'en parcou- rir la plus grande partie. On nous dit que les habitans en faifoient autant dans la plus grande violence de l'éruption. Car ces Sciarri enflammés de ces ri- vières de feu font fi dures , & fi impénétrables , qu'elles peuvent fupporter de grands poids ; & qu'on peut manier & toucher leur furface , fans s'apper- cevoir du feu , qui eft en-dedans , à moins qu'on n'en approche de bien près , furtout pendant le jour. C'étoit une chofe étrange à voir que la lenteur , avec laquelle une auffi grande rivière conloit : car lorfqu'elle approchoit de quel- que maifon , on avoit non-feulement affez de tems , pour en emporter les meubles , mais encore les tuiles , les poutres & tout ce qu'on pouvoit en emporter. Il efl à remarquer , que toutes les perfonnes qui y vinrent , lorfqu'il n'y avoit plus rien à voir que des Sciarri refroidis , convinrent que cela leur pa- roiffoit tout autre , qu'ils ne l'avoient imaginé ; quoiqu'elles en euffent obi parler à ceux qui y étoient déjà venus. J'ajouterai que tout le pays jufqu'à 20 milles des murs de Catant , eil Académique. 205 couvert de ces côtés-là de vieux Sciarri , qui y ont été jettes par les érup- :=?=r= tions précédentes. On ne fe Convient cependant point d'en avoir vu une auifi Transactions terrible , que cette dernière , ou qui ait brûlé fi profondément. Malgré cela Phiiosophiq. le pays eft bien cultivé & bien peuplé , (bit que le tems ait amolli ces Ann. 1669. Sciarri, ou qu'ils ayent été couverts d'une nouvelle terre ; il relie cepen- N,'° dant beaucoup de cantons tout-à-fait incultes. ' ' Je ne puis pas vous apprendre , quelle eft la hauteur perpendiculaire de cette montagne ; il feroit peut-être difficile de le déterminer , fa hauteur & fa figure ayant changé pluiîeurs fois. Mais elle eft très-belle à voir en mer, lorfqu'on paife à l'Eft ; étant feule & s' élevant du rivage même. Son fom- met en eft éloigné d'environ 20 milles , quoiqu'il l'oit à 30 milles au-deffus de Ciitanc , comme nous l'avons dit ci-devant. N°. 52. MÉMOIRE Sur dlfférens minéraux calcinés jettes par la dernière éruption du Mont-jEtna , dont il a été parlé dans le N° . 5l. envoyés par des Négocions Anglols réfidens en Sicile, & qui ont été remis depuis à l'Éditeur pour le cabinet de la Société Royale. ( AJ COmme rien ne feroit plus propre , pour nous conduire à une explica- tion raifonnable des éruptions des Volcans , que d'examiner avec foin N°. 5 2. les matières qu'ils jettent ; parce que fi elles fe trouvoient être d'une na- Art. I. ture inflammable , on pourroit conjecturer qu'elles pourroientaifément pren- dre feu , fi quelque pierre venant à tomber donnoit , en fe brifant , des étin- celles capables d'enflammer ces matières combuftibles ; on a cru que nous ne devions rien négliger , pour nous procurer , parle moyen des amis que nous avons en Sicile , tous les minéraux qu'ils pourroient recueillir de la dernière éruption. Nous avons reçu par les derniers vaifieaux arrivés de Me/fine : i°. Une grande quantité de cendres prifes en divers endroits des environs du Mont-vEtna , fçavoir au fommet & à la bouche de la nouvelle Monta- gne , à l'on penchant , à un demi mille , à un mille , à quatre & à dix-mil- les de-là. Celles qu'on a prifes à un demi mille, & fur le penchant de la Mon- tagne , différent beaucoup des autres , qui ont paru répondre aflez exacte- ment à la diftance où on les a trouvées. Les deux dernières font toujours humides , quoique , comme on nous l'a mandé , elles ayent refté long-tems expofées au foleil en Sicile , tandis que les quatre autres font très-léchés. Outre cela les deux dernières efpeces différent entr'elles , en ce que l'une des deux eft compofée de petites maffes dures , l'autre de grains très-mois & reflerablant à de la, boue , quoiqu'elles l'oient humides l'une & l'autre , & d'un goût vitriolique. z°. Des pierres calcinées , que les Siciliens appellent Sciarri , dontil y a Transactions Philosophiq. Ann. N*. 1669. 52. Art. III. 206 Collection de deux efpeces : les unes grofîîeres qui ont été prifes à quelque diftance de la bouche , & parmi lefquelles il s'en trouve de noires qui ont une croûte fulfureufe, & d'autres de couleur rouge. Celles de la féconde efpece font plus fines , on dit qu'on les a prifes dans les ruiffeaux de feu près de la bouche , les unes & les autres font légères. Il y a une troifième efpece de pierre très-folide & très-pefante , qui paroît être compofée de diiférens métaux fondus enfemble. 30. Un morceau de fel ammoniac , & plufieurs morceaux de fiel de ver- re , outre les cendres vitrioliques humides dont nous avons parlé. Le tout étoit accompagné d'une carte des lieux , que le feu a traverfés. On a mis à cette carte une échelle , qui fait voir que le feu s'eft étendu de près de 3 milles en largeur & de 17 milles en longueur. Quoiqu'il paroiffe entièrement éteint , il en refte cependant toujours un peu dans les crevaflès &les trous des rochers , où on le voit briller. EXTRAIT D'UNE LETTRE ÉCRITE PAR LE SÇ AVANT GUILL. DuRSTQN , Médecin à Plimouth , au Lord Vicomte ÈROUNKER , comme Préjident de la Société Royale , aufujet d'un gonflement excejfif furvenu tout à coup aux mammelles d'une femme. ( A ) M. LORD Pour obéir aux ordres de S. E. le Lord AmbafTadeur en Barbarie , je prends la liberté de vous faire part d'un phénomène , dont la fingularité autorife ma préfomption, & ne vous laiffera pas regretter le tems, que vous emploirés à le lire. Le fait peut être attefté par mille perfonnes , mais fur- tout par M. l' AmbafTadeur de Barbarie, qui , après en avoir été témoin ocu- laire , m'a chargé d'en rendre compte à V. G. Il y a auprès de cette Ville une femme âgée de 23 ou 24 ans, nommée Eli^abet Trevers ; elle a la taille petite , les cheveux bruns , le teint beau , & a toujours joui d'une bonne réputation , quoique pauvre & de baffe con- dition. Elle s'étoit toujours bien portée jufqu'au Vendredi 3 Juillet 1669, qu'elle fe coucha en bonne fanté ; mais après avoir dormi auflî bien & auffi long-tems , qu'elle eût jamais fait , elle fut étonnée le lendemain matin de ne pouvoir pas fe tourner à caufe d'une enflure extraordinaire , qui étoit fur- venuë à fes mammelles. Leur poids l'empêcha de fe lever fur fon féant , mal- gré tous les efforts qu'elle fit pour cela , & elle a toujours refté couchée de- puis ce tems-là : elle ne fentoit cependant aucune douleur , ni aucune foi- bleffe dans fes mammelles , ni dans aucune autre partie de fon corps. Le bruit s'en étant répandu au dehors , plufieurs Médecins & Chirurgiens vinrent la voir. Il y en eut quelques-uns , qui propoferent de lui amputer les mammelles , à quoi je m'oppofai entièrement , me contentant d'y ap- pliquer une fomentation émolliente , & de lui donner un bol avec * * , qui la purgea par bas , & diminua un peu l'enflure ; mais elle en fut fi fort affaiblie deux ou trois jours après, que jen'ofai pas tenter de lui en donner Académique. 207 un fécond. Comme fes menitrues s'étoient arrêtées depuis fix mois , je lui — — ~— — prefcrivis des Emmenagogues , & une faignée. Elle avoit les mammelons Transactions durs & enflés , tk. les mammelles ne paroiflbient être autre choie , qu'une l'HuosorHiQ. inh'nité de tuyaux, & un peu d'air & d'eau. Nous conjecturâmes que la Ann. 1669. gauche pouvoit pefer 2J liv. & la droite un peu moins. La peau du dos , xj0 celle du col & du ventre parouToient avoir été tirées vers la poitrine pour ai- der à la diflenfion. Voici les dimenlions de fon fein. pieds pouc. La circonférence de la mammelle droite avoit. . . . 2. 7. Celle de la gauche . . 3. 1. f. La longueur de la mammelle droite depuis la clavicule étoit de. 1. 5. {. Celle de la gauche de . . . . . . . 1. 7. f. La largeur de la mammelle droite lorfqu'elle étoit couchée étoit de. . . . . • ... i- 1. Celle de la gauche. . . . i- 4. t. Voilà Mylord le fait tel qu'il eft. Nous fommes maintenant fort embarrafTés , pour décider ce qui peut avoir occafionné cette tumeur monftrneufe , & cela dans l'efpace d'une nuit. On ne trouve dans les écrits de Plater , de Roderic à Caflro , de Fontan , de la Forefl , ou d'autres modernes, qui ont écrit lur les maladies des femmes , rien de fatisfaifant à ce fujet , & qui foit fondé fur ce que nous fçavons de la circulation du fang , des vaifleaux lymphatiques , du canal thorachi- que, & vraifemblablement de quelques vaifleaux capillaires , qui , s'avan- çant vers les fouclaviéres , fe portent dans les mammelles à travers les muf- cles intercoflaux. Je vous demande mille pardons de l'ennui , que j'aurai pu vous caufer , &c. A Pli mou th le 18. Juillet l66ç). Cette Relation ayant été lue à la Société Royale , on remercia l'Auteur de ce qu'il avoit bien voulu en faire part , & on le pria de communiquer a la Com- pagnie ce qu'il obferx'eroit de nouveau à ce fujet. Il écrivit quelque tems après la lettre fuivante à l'Éditeur. M O N S I E U R J'aurois déjà répondu à votre lettre , fi je n'euffe pas eu le malheur de l'égarer parmi d'autres papiers ; l'ayant enfin retrouvée après beaucoup de recherches , j'y réponds, & je fais mille remercimens à la Société Royale & à vous , Monfieur , en particidier , pour l'honneur qu'elle me fait de m'in- viter à fuivre l'obiérvation extraordinaire , dont j'ai déjà rendu compte. Au commencement de ce mois la femme, dont il eft quefhon, cracha en touflant un peu de fang à différentes reprifes : j'arrêtai ce crachement en peu de tems , &il parut plulieurs ulcères cutanés fur fa poitrine & fur les autres parties defon corps, maisfurtout aux parties naturelles; ce que j'ay appris de quelques fem- mes, qui l'examinèrent. Je guéris ces derniers; mais ceux qu'elle avoit fur le Transactions I'hilosophiq 208 Collection fein, demeurèrent en partie, & rendoient tous les jours, parla feule application de quelques feuilles de chou, une grande quantité de fanie ; & la malade feplai- . gnant en même-tems de très-grandes douleurs dans les articulations, fur-tour à Ann. 1669. la jambe , je foupçonnai, &cc... Je lui appliquai une emplâtre de Ranis ** , N°. 52. & lui donnai pendant trois jours conlécutifs *** pour une dofe. Le troifième jour cela la purgea fortement par haut & par bas ; après quoi fes douleurs difparurent avec la plupart de ces petirs ulcères ; & fes mammelles , qui, depuis ion premier accident , étoient devenues beaucoup plus groffes & très- douloureufes , diminuèrent beaucoup ainfi que fes douleurs ; & quoiqu'elle fût extrêmement abbatuë auparavant , & même hors de toute efpérance , elle fe rétablit un peu. Ce fuccès m'indiqua ce qui me reftoit à faire. Je lui donnai Dimanche dernier **, qui la fit beaucoup vomir. Depuis ce tems- là elle acquiert tous les jours des forces , & fon fein diminué. J'ai formé le deffeinde la faire faliver, efpérant corriger par-là le ferment vicieux, que le genre nerveux a dépofé fur fon fein , & qui contribué beaucoup à ces tumeurs. Mais il eft tems de finir , &c. A Plimouth le ij. Septembre 1669. RÉFLEXIONS Sur la perte foudaine que les eaux minérales font de leur vertu , tirées d'une. Lettre du Dr, Daniel Foot à ï Éditeur , du il. Octobre 166 £/. (A) art. iv. Monsieur Le NQ. 51. de vos Tranfaclions , que vous venés de publier , m'engage de vous importuner , & la candeur que je vous connois , m'en donne la har- dieffe. Vous dites dans un extrait de la réponfe du Dr. Witties à FHydrol. Chimie, que vous n'en faites mention , que pour avoir lieu de rapporter une remar- que importante de l'Auteur , qui eft , que ces eaux perdent dans le tranfport toute leur vertu , une partie de leur poids & de leur volume , quoique renfermées dans des vaiffeaux fcellés hermétiquement , &c. Je fçais bien , Monfieur , qu'il eft généralement reconnu , que quelques efpéces d'eau minérale perdent leur vertu , fi on les tranfporte loin de leur fource ; ce qui n'arrive point à d'au- tres , ou du moins auffitôt. On peut mettre dans cette dernière claffe nos eaux de Barnet, à'Epsham & de Dullige : & dans la première , celles de Tun- bridge , d'Atrap , & de Stall-Bridge , * & autres femblables foit d'Angleter- re , ou d'ailleurs. Et l'ufage , où font les malades de s'y tranfporter fur l'avis de leurs Médecins, & fur une expérience confiante , prouve le confentement univerfel fur ce fujet. Mais quoique l'effet foit hors de doute , il ne me paroît pas qu'on en con- noiffe mieux la caufe. Comme vous avés ajouté au paffage que je viens de citer, Quelles perdoient de leur poids & même de leur volume , quoiqu'elles * Dans Je Comté de Dorfet , Si. non pas de Somerfet comme on l'a dit dans le N\ ci. fuffent Académique. 209 fufenrfcellées hermétiquement, &lc. Je fuppofe que vous voiilés nous faire en- — — ™ tenJre , que la perte de leurs qualités médicinales vient de la perte de leur Transactions poids e^de leur volume : ce que vous appuyés de l'autorité des D^- Frcnch, I'hilosoi-hiq. ab Heer Se Frambefarius : Vous ajoutés prudemment dans une parenthèfe , Ann. 1669. ( fans doute à caufe de la perte de leurs ejprits volatils , &C. ) &. vous pour- xr fuivés ainfi au commencement du Paragraphe fuivant. Quels que fou ru ces ' J 2* efprits , qui ne peuvent pas fouffrir le tranfport d'un lieu dans un autre , ni de- meurer renfermés dans aucune bouteille , pas même lorfqu elles font bouchées her- métiquement, &lc. par conféquent le refultat de vos conjectures ( car vous ne les propoies que fous ce titre , ) eft que cette perte vient de la diflipa- tion de la partie la plus volatile & la plus fpiritueufe , qu'aucun vaiffeau ne peut retenir , mais qui le t'ait jour par-tout. & laiffe l'eau privée de i'a vertu, & diminuée de l'a quantité & peut-être de l'on poids , fur-tout fi elle perd de fa quantité , mais quant à ce dernier vous ajoutés modeftement ; nous n'avons pas de preuve , qu'elles perdent de leur poids , ainfi que de leur Volume. Je ne nierai pas , que votre conjecture , fur la diflîpation de quelques ef- prits comme caufe de la perte que les eaux font de leurs qualités', puiffe être abfolument vraie. Mais vous ne devés pas ignorer , que cette opinion eft celle deplufieurs Médecins & Naturaliftes,fi elle n'eft pas généralement celle de tous ceux , qui ont examiné cette matière. J'ai eu moi-même cette pen- fée & je ne l'abandonne maintenant que fur une fuppofition. Car ayant trou- vé en dernier lieu quelque chofe , qui avoit rapport à cette matière dans le ]6e. chap.de \' Hyppocrates Chimicus de Tachenius , je commençai fur cette autorité à raffembler quelques conjectures, àla vérité d'une autre efpece, que je gardai dans le filence ; & dont je ne connois pas encore le degré de certi- tude. C'eft pourquoi j'aicru,que vous ne.trouveriés pas mauvais, que je vous priaffe de les publier , afin que les Sçavans puiffent les examiner , & en dé- couvrir la vérité ; parce qu'il peut en résulter un très-grand nombre de découvertes utiles pour l'augmentation de nos connoiffances, le bien du gen- re humain , & la gloire du Créateur. C'eft pourquoi je vous prie de vou- loir bien propofer ces queftions. 1. Si on a découvert par le moyen de la Chimie , que ces eauxeontinf- fent quelqu'efprit vineux , ou acide , ou de quelqu'autre efpece , qui hit inflammable , ou non inflammable , ou qui s'échappât fur le feu : ou fi on n'a pas encore fait cette découverte , s'il ne ferait pas polfible de la taire. 2. Si toutes ces efpeces d'eau , lorfqu'elles font bien bouchées , & qu'on les laifle en repos, ou qu'on les tianfporte à quelque diftance de leur fource,» ne dépotent pas , lorfqu'elles ont perdu leur vertu , un fédiment le plus fou- vent jaunâtre , ou de quelqu'autre couleur approchante. 3. Si lorfqu'on les laiffe en repos , ou lorfqu'on ne les tranfporte pas d'un heu en un autre , elles ne perdent pas plutôt leur vertu , &c ne dépotent pas plutôt leur ocre au fond de la bouteille. 4. Si on ne trouve pas un ocre fçmblable dans toutes les fources & dans tous les ruiffeaux ; mais en plus grande, quantité à la fource , que dans les ruifieaux , fur-tout fi ces eaux parcourent un long efpace. 5. Si on ne pourrait pas découvrir par des obfervations exactes,fi deux bou- Tome I. II. Partie. D d 2[o Collection _ teilles pleines de la même eau , dont lune feroit bouchée exactement , & Transactions l'autre ne le feroit point du tout, & qu'on laifferoit également en repos , Thilosoi'hiq. ou qu'on expoferoic aux mêmes mouvemens ; ne perdraient pas leurs quali- Ann. 1669. (^s ^ans 'e m^rae efpace de tems ; fi le fédiment , qui s'y précipiterait, ne ,N°. 52. feroit pas le même ; fi elles n'auraient pas le même goût , la même couleur ; fi leur quantité ne diminuerait pas également , & autres circonrtances fem- blables. 6. Si deux vaifTeaux de différentes matières , dont par conséquent les par- ties , les pores , &c. feraient différens , { comme par exemple une bouteille de verre & une veflie de bœuf ) remplis des mêmes eaux , ne préfente- roient pas les mêmes phénomènes , dans toutes leurs circonitances , telles que nous les avons rapportées dans la cinquième queftion. 7. Si on ne pourrait pas découvrir quelque moyen de prévenir toute pré- cipitation de fédiment dans les eaux , qu'on garde en bouteille. Il faudrait ob- ferver en ce cas, fi leurs qualités ne fe conferveroie nt pas en entier pen- dant tout le tems qu'on empêcherait une telle précipitation. 8. Si on n'aurait pas obfervé , que quelques eaux ayent perdu leurs qualités , fans dépofer d'ocre au fond ou fur les parois des vaifteaux , qui les contiennent. 9. Pour abréger , fi on ne pourrait pas rendre raifon de la perte que les eaux minérales font de leur vertu , par le moyen d'une précipitation inte- ftine des parties , dans lefquelles cette vertu réfide , finon mieux du moins auffi-bien,que dans l'hypothèfe de la difîîpation des efprits au traversde tous les Vaiffeaux & de tous les luts tels qu'ils foient. Je vais expofer cette hypothèfe aux Sçavans , afin qu'ils en puiflent mieux juger , leur laiffant la liberté de conclure. i°. Il eft généralement reconnu , fur-tout parmi les meilleurs Chimiftes , que la vertu médicinale des eaux minérales vient de leurs foufres , qui font d'une naturealkaline & volatile, fur-tout lorfqu'ilsne font pas intimement mê- lés , ou qu'après le mélange , ils ne font pas parfaitement délivrés de leurs parties mercurielles. 2°. Il eft reçu , & c'eft même une maxime de Chimie , que les acides & les alkalis agiflent mutuellement les uns fur les autres , jufqu a ce qu'ils foient faoulés, que leur activité (bit diminuée , ou fi les circonftancesy ré- pondent, qu'elle foit entièrement détruite ; & enfin jufqu'à ce qu'ils ayent compofé une troïfième fubftance neutre. ; De plus on convient aufli que les fels agiffent mieux lorfqu'ils font diffous. C'eft fur ces principes que j'établis mon hypothèfe. Les eaux , qui forment certaines fources, paffent fous la terre, au travers d'une veine de quelque mé- tal encore imparfait , étant déjà imprégnées d'un acide minéral , qui s'empa- rant des foufres encore cruels du métal, les entraîne avec lui à lafource. Mais dès le moment , que ce foufre & cet acide ont commencé à s'unir , ils agif- fent & réagiffent l'un fur l'autre , jufqu'à ce qu'ils fe foient confommés im- perceptiblement , ou que s'étant agités ils ayent formé par leur mélange un nouveau corps,que l'eau 'laide tomber , & qu'on appelle terre , ocre ou iédi-' ment. Après la production de cet ocre , la vertu médicinale de ce foufre en- core cruel eft embarraffée par l'acide , & par confisquent détruite ou cachée. Académique. 211 Mais cette a&ion & réaction peut durer jufqu'à ce que l'eau forte de la ter- ■ » re, & un peu après , ck par conféqiient la vertu des eaux doit durer pen- Transactions dant ce teins, mais non pas au-delà. I'hilosoi'hiq. Telle eft, Monlieur , il je l'ai bien comprife, l'hypothèfe de Tachtnius , que Ann 1/550 je vous envoyé, non pas pour détruire celle qui eft reçue , ou toute aune xiç. c , qu'on pourroitpropofer, mais parce qu'elle peut donner lieu à des expérien- ' ' ces , qui la confirmeront , ou la détruiront. Je pourrois vous alléguer plu- ficurs- choies en la faveur , & en particulier fur l'ocre , que j'ai déduites de différentes expériences que j'ai faites fur le vitriol. Niais je ne me i'uis déji que trop étendu , &C. N°. 53 RÉPONSE A QUELQUES QUESTIONS, qui avaient été propofées fur les fontaines filées , & lu manière ufitee à Nant- wie/i dans le Chefshire pour faire le fcl , par Guill. JACKSON , Dr. en Mé- decine. ( A ) 1°. f~\Uelle eft la profondeur de la fontaine* Nos fontaines font plus OU N°. 53. \^_ moins profondes. En quelques endroits, elles n'ont pas au-delà de ART. II. 3 ou 4 brafles ; le badin de celle de Nantwich en a 7 au-deffous de la ga- lerie , qui l'environne ; ce qu'on conjecture être la hauteur naturelle de la terre , quoiqu'il y ait autour une levée plus haute de fix pieds , qui a été formée accidentellement par les ordures, qu'on y a jettées depuis qu'on y fait du loi. Il y a des lieux oii elles font beaucoup moins profondes , car en deux- endroits des environs de cette Ville , les fontaines jailliffent dans les prés tle façon , que non-feulement elles détruisent le gazon , maisencore qu'elles enlèvent une partie de la terre ; ce qui forme une efpece de brèche au moins un demi pied plus bas que la tourbe du pré : il en fort une eau falée qui fuinte en quelque façon de la terre. 20. De quelle efpece efl le terrein autour de la fontaine ? Y' a-t il des Monta- gnes , &c ? Et quelles font les plantes, qui croiffent auprès ? Notre pays efl gé- néralement bas , comme l'indique le nom qu'on lui a donné, la l'allée Roya- le de l'Angleterre. Néanmoins il eft rempli cîe petites collines & de petites élé- vations, qui le distinguent des pays de plaines. Il y a auffi dans ce pays & clans les environs une eipéce de terre particulière , qu'on appelle Moffes. C'eft une terre noire & marécageulè extrêmement graffe & tenace , dont on Ce fert au lieu de tourbe , après qu'on l'a coupée en manière de briques , & qu'on l'a léchée au foleil ; êè cette efpece de terre y eft li abondante,qu'il n'y a guère de JurildicHon où il n'y en ait. On y trouve beaucoup de ce bois qu'on appelle Firr-Wood , du fapin , qui fert aux pavlans pour les éclairer, pour le chauffage , &c quelquefois pour les menues pièces de charpente. Le peuple eft perfuadé qu'il eft là depuis le déluge. Mais en général les Mojfes paroiffent être des endroits minés par-deftbns par quelque courant fouterrein, &parladhTolutionde quelque matière , qui les rend femblables en apparence Dd 2 îi2 Collection ^??^^!!^?^ à l'ancienne terre;ce qui me confirme dans cette conjecture, c'eft qu'il ya 9 ou Transactions io ans, qu'une pièce de terre de 30 braffes s'enfonça avec un grand bruit dans Phuosoi'hiq. Une de ces Mojfes fituée près d'une terre de Mylord CholmondUy , appellée Ann. 1669. Bilkely , fans qu'il eût précédé aucun tremblement de terre. Des grands chê- N°. 53. "es , qui étoient dans cette pièce de terre s'enfoncèrent aufïi , ils réitèrent quelque-tems fufpendus par leurs branches , mais enfuite ils furent abforbés tout-à-coup , de forte qu'on ne put plus les voir. On tira de l'eau falée de cette foffe avec une cruche attachée à une corde , mais on n'a jamais pu en trouver le fond , avec les cordes qu'on a ici. Depuis ce rems la folîé s'en: remplie d'eau douce , & n'a prefque plus de goût de fel , excepté un petit filet d'eau , qui la traverfe , qui eit un peu faumâtre. Les fontaines falées les plus voifines font à Dartwlch environ à trois milles de cet endroit , appar- tenant pour le préfent à Mylord Keepcr , & à Mylord Cholmondcky . Il y a quelques petites montagnes près de nos fontaines , qui en général font fituées le long de la rivière Weever comme Hankillow , Harurton , .Oflerfon , Bartherfon , Nantwlch , Wave.' , Left-Wlch , Nortwlch. Il y a ap- parence que la même veine fe continue à Midlewich plus près de la rivière ■je Dane r que de celle de Weever , mais malgré cela elle ne paroît pas être hors de la ligne du Torrent de Wewerlsh. Toutes ces monticules fom près de de quelque ruiffeau , & dans des prairies. Quant aux plantes , je n'ai rien obfervé de particulier , car le fel emporte tout ce qu'il touche , & on trouve fur les bords des vieilles foffes ruinées , les mêmes plantes que dans les lieux les plus éloignés. J'ai feulement remarqué , que les joncs fe confervoient plus que les autres plantes dans les endroits, où la tourbe avoir été emportée : mais comme ils viennent dans les autres terreins humides , on ne peut pas dire , qu'ils fe trouvent mieux aux fon- taines falées que les autres plantes , mais qu'ils y réfiftent mieux. 3°. Y a-tll quelques eaux chaudes près des fontaines falées ? Et ces dernières font-elles plus chaudes ou plus froides que les autres eaux ? L'eau des fontaines falées eli très froide , fur-tout au fond de la foffe , lorfque les ouvriers en- trent dedans pour les nettoyer , ils ne fçauroient y demeurer plus de demie heure , & alors ils boivent beaucoup de liqueurs fortes. 40. Trouve- t'on quelques coquilles} Et de quelle efpece e/l la terre} Je n'ai jamais entendu dire , qu'on eût trouvé aucune coquille , quoiqu'il n'y ait pas long-tems qu'on a fondé & creufé de nouvelles fontaines falées en faifant des foffes très-profondes ; mais on n'y trouva que de la boue mêlée avec du fa- ble, qui troubloit toute l'eau & la rendoit noire , lorfqu'on la remuoit , à peu-près comme fait la féche ; d'ailleurs elle efî très-claire. 5°. De combien de fel ces eaux font-elles chargées ? Les fontaines font pau- vres ou riches en deux fens. Car une fontaine peut être riche en fel &c n'a- voir pas beaucoup d'eau. De ce genre eft celle de Midlewich , elle donne une partie de fel fur 4 d'eau , en quoi elle reffemble aux riches fontaines de Bourgogne dont parle Klrcher dans fon mundus fubterraneus : mais elle a fi peu d'eau , que les habitans ont été obligés de régler leurs portions , & d'en tirer, pour ce qui leur en manque , d'une fontaine , dont les eaux font beau- coup moins chargées. Notre fontaine de Nantwich ne donne qu'un fixième de fel , mais elle eu li abondante , qu'au lieu qu'à Midlewich on ne peut ACADEMIQUE. 213 faire du fel que dans fix laboratoires à la fois , la nôtre fuffiroit pour en four- ... nir 50. Et cet avantage peut être augmenté; car plus on tire d'eau , plus Transactions elle fe charge de fel , peut-être à un degré fort peu au-deffous de celui Philosoihlj. de la fontaine de Midlewich. Une pinte d'eau falée a donné , trois ou quatre Ann. 1669. jours après qu'on en eut tiré ce qu'il en falloit pour le travail de 5 ou 61a- Njo , , boratoires , une once & demie de fel de plus que lorfqu'on avoit été une femaine ou environ fans en tirer. Mais je crois que la proportion la plus approchante eft celle d'une livre de fel fur fix livres d'eau , comme je l'ai ibuvent expérimenté , fans y mêler rien qui pût rendre l'opération doutcu- fe. Par conféquent fix tonneaux d'eau doivent fournir un tonneau de fel ; fur quoi l'on peut compter. Quoique fuivant la manière ordinaire de le tirer, on y ajoute tant de chofes , qu'il eft impoflible d'établir rien de fixe fur fon produit. Voici quelques expériences, que j'ai faites à ce fujet. I.e 8 Mars 1668. je pefai deux livres d'eau diftillée , dans une bouteille à col étroit, & je fis une marque à la hauteur de cette eau pour déterminer le volume d'une pinte : Ayant rempli cette bouteille d'eau falée jufqu'à la même marque , elle pefa' outre la tare de la bouteille , 2 livres 3 onces 5 dragmes. Cette eau avoit été puilée , lorfqu'on commençoit à faire le fel , de façon qu'on n'a- voit encore tiré qu'une très-petite quantité d'eau. J'achevai de remplir la bouteille avec la même eau , & elle pefa trois dragmes de plus ; l'ayant fait bouillir fans y rien ajouter , Si fans la clarifier , elle donna 5 onces & 2 dragmes de fel. Cinq jours après, c'eft-à-dire le 13 Mars , lorfqu'on eut tiré toute l'eau falée néceflaire pour le travail des maifons , la même bou- teille remplie jufqu'à la marque d'une pinte , pefa fans y comprendre le poids de la bouteille, 2. livres 4. onces & 1. gros. Lorfqu'on eut achevé de la remplir, elle pefa exactement 2. liv. \ , c'eft-à-dire , 3 dragmes de plus que la bouteille précédente. Elle donna par l'ébullition 6 onc. 6 gros & 2 ferup. de fel ; c'eft-à-dire , une once 4 gros 8c z ferup. de plus que la première fois , quoique l'eau falée n'excédât en poids celle de la première expérience , que de 4 gros. Cette expérience détruit l'opinion des ouvriers , qui travaillent au fel , qui prétendent que l'eau eft plus chargée de fel dans les hautes marées du Printems , c'eft-à-dire , aux plaines & nouvelles Lunes, que dans le refte de l'année. Car le 8 Mars , qui étoit le jour que je fis ma première expérience , étoit le lendemain de la pleine Lune , & l'eau étoit moins chargée que le 13 , c'eft-à-dire , fix jours après le plein de la Lune ; d'où je conclus que la ieule raifon de ce phénomène , eft qu'à mefure qu'on épuife la fontaine , on donne moyen à la fource de fe dégorger plus vite. 6°. Que/le efl la manière de faire le fel t Combien de tems fait-on bouillir Veau falée ? Fmploye-t'on quelques moyens pour le réduire en cryflaux , & quels font ces moyens ? La manière de faire le fel eft celle-ci. On fait d'abord bouil- lir l'eau falée dans fix baflins de plomb. Ce qui fert de mefure pour déter- miner la portion , que chacun eft en droit de réclamer du produit de la fon- taine , ayant coutume de compter par fix bafïins d'eau falée. Mais il n'y a pas long-tems, qu'on changea les fix baffins de plomb en 4 de fer, qui ont un peu plus d'une brafle en quarré , Se fix pouces de profondeur ; eftirrunt 214 Collection «■»■ ce qU'j[s contiennent fut Je pied de fix baflins de plomb ; & en dernier lieu Transactions pliilieiirs personnes ont converti les 4 baflins de fer en deux plus grands ; Philosophie i[ y a même des gens, qui ne travaillent que dans un. Mais le Directeur Ann. 1669. les jauge toujours telon l'ancienne proportion. Cela m'a paru néceflàire pour N°. 5 3. entendre les différentes opérations. On le fert pour le feu , de charbon de terre qu'on fait venir de la Comté de Stafford. Ces baflîns font placés fur des barres de fer , ils font exactement fermés de tons côtés avec des briques &: de la terre glaife , afin que la flam- me ni la fumée ne puiflent pas y entrer. On remplit d'abord ces baflîns avec de l'eau falée , qu'on tire de la fontaine , & qu'on verfe dans des gouttières de bois. On met enfuite dans cette eau , un certain mélange fait d'environ 20 gallons d'eau falée , & deux pintes de fang de veau , de vache , ou plutôt de mouton mêlés enfemble; ce qui lui donne une couleur très-légère. On met environ deux pintes de ce mélange dans chaque baflîn , qui contient 360 pin- tes d'eau falée. Ce mélange produit , dès que l'eau commence à bouillir , une écume , qu'on a grand foin d'enlever avec un infiniment fait d'une planche quarrée , au milieu de la quelle il y a un manche de bois. On continué le feu auflï vif que l'on peut , jufqu'à ce que la moitié de l'eau foit évaporée ; &: c'eit ce qu'on appelle faire bouillir l'eau fraîche. Mais lorfque la moitié de l'eau eft diflîpée , on remplit de nouveau les baflîns avec de l'eau falée d'un réfervoir , qui eft à côté des baflîns , & dans lequel on fait couler celle qu'on pompe dans la fontaine. On met alors dans les baflîns deux pintes du mélan- ge fuivant : on prend une pinte de blancs d'oeufs bien battusavec autant d'eau falée ; on les mêle avec 20 gallons de cette même eau , comme on a fait le fang ; & c'eft ce qu'ils appellent le liane. Lorfqn'une fois ce mélange eft clans l'eau , on la fait bouillir fortement , jufqu'à ce qu'il fe forme une écume , qu'on enlevé comme auparavant , & enfuite on fait bouillir doucement juf- qu'à ce qu'il paroiffe des grains. Pour en accélérer la formation , lorfque la moitié de l'eau eft évaporée , on met dans chaque baffin environ un quart de pinte de la plus forte Si meilleure petite bière , qu'on pniffe trouver , cet- te bière excite un bouillonnement léger, qui ceflTe bien vite. Alors on dimi- nue le feu , de façon cependant qu'il en refte toujours aflez pour entretenir une légère ébullition : car les ouvriers difent, que lî pour lors on faifoit bouil- lir l'eau fortement , ( ce qu'ils appellent faire bouillir la lejjive , parce qu'ils y mettent toujours la leftîve qui découle du fel , à mefure qu'il féche , ) le fel s'évaporeroit. Lorfqu'on y a mis toute la lefTive , on la fait bouillir dou- cement, jufqu'à ce qu'il fe forme une pellicule femblable à une glace très - mince , ce qui eft la première apparence du fel ; cette croûte s'enfonce & l'eau fe convertit par-tout en grains , fur-tout au fond des baflins. On a foin de les ramaffer doucement ; j'ai dit doucement , -parce que û on les agitoit, on briferoit les grains. On continué jufqu'à ce qu'il ne refte prefque plus d'eau falée dans les baflins; alors on tire le fel avec les écumoirs,qui laiffent écouler l'eau , & on le jette dans des paniers d'ofier , qui ont à peu-près la figure d'un pain de fucre renverfé. Lorfque le panier eft plein , on le met pendant une heure & demie dansune auge; pour laifler égouttef toute laleflîve, dont nous avons parlé ; après cela on les emporte dans des étuves placées der- rière les atteliers , 8t qui font échauffées par deux tuyaux qui partent de Académique. 215 défions les baftïns. La leflïve qui dégoutte clans les paniers fe met dans les 1 - baftïns avec l'autre eau falée , 11 étant autre chofe que du fel fondu , à qui il Transactions ne manque que d'être converti en cryftaux. PHitosoiHiy. Cette opération s'achève en deux heures de tems , fi les baftïns font ne- a •/- • . o ' r 1 1» » 1 , . , _ ' . Ann. 1000. tits & peu profonds , parce que 1 eau s y évapore plus vite ; c eu pourquoi xt ce fel (e conferve mieux , quoiqu'il ne foit pas fi bien cryftallifé , parce que ° ' ' 3 ' quand l'eau eft évaporée , le feu & l'agitation brifcnt les grains. Mais ce fel eft plus pefant & ne fe fond pas fi vite , auflï le vend-on pour le dehors. On eft obligé de faire bouillir une heure & demie de plus les grands baftïns, qui font plus profonds ; mais parce qu'on tire ce fel de l'eau , & qu'il ne fé- che que dans les étuves , il eft plus fujet à s'hnmecler à l'air ; néanmoins plus le grain eft gros , plus il fe conferve. Et en général cette dernière efpece de fel eft mieux cryftallifée & plus pure , quoique l'autre foit plus blanche. Ce qui me fait penfer que c'eft plutôt la méthode de tirer le fol de l'eau , avant qu'elle foit évaporée , qui le fait cryftallifer , que la petite bière qu'on y met, & à laquelle les ouvriers attribuent cet eiiét. Cette efpece fe mefu- re avantageufement ; ce qui fait que ceux qui en achètent pour le revendre préfèrent celui-là. On ne couvre jamais les baftïns pendant tout le tems de l'ébullition. Les laboratoires reflemblent à des granges couvertes de chaume , avec deux ou trois trous dans le toit, pour laifter pafler les vapeurs des baftïns, peut-être les tuiles feroient-elles meilleures ; mais perfonne n'a encore jugé à pro- pos de l'eflayer. Ces vapeurs font telles , que je fuisperfuadé , que le plâtre ne fçauroit y réfifter , que les planches fe déjetteroient , & que les clous fe rouilleraient en peu de tems , au point de tomber en morceaux. 7°. Si le fel qu'on tire de ces fontaines e(l plus ou moins propre à fe diffoudie à l'air que les autres fels ? Et s'il efl aujji bon pour faler le boeuf & les autres viandes que celui de France ? Je ne puis pas bien répondre à cette queftion , parce qu'il ne nous vient pas de fel de France pour pouvoir en comparer l'ef- ficacité avec le nôtre ; mais je puis aftiirer , que le nôtre conferve le bœuf &: le lard pendant un an ; & je conjecture , qu'il eft plus pénétrant que celui de France , parce que j'ai fouvent obfervé , que les viandes , qu'on en avoit falées , l'étoient davantage dans le milieu , que celles que j'ai manoées fur les Vaifleaux , qui fans doute l'avoient été avec du fel de France ; étant alors à la côte Méridionale de l'Angleterre , & fur un vaifteau Hollandois. Il eft certain que le Chefshire envoyé tous les ans beaucoup de lard à Lon- dres , & qu'il n'y eft point deprhé. Le bœuf falé y eft auflï bon que par- tout ailleurs ; d'oii je conclus que ce fel eft aniîï propre à quelque ufage que ce foit, & auftï bon qu'aucun autre. Ce qui me fait efpérer qu'on l'em- ploira , & qu'on perfectionnera ce commerce de nos denrées plutôt que celui des Étrangers, fur-tout par rapport au fel. La Société Royale rendrait ainfi à notre Province un fervice qu'elle n'oublierait jamais. S'il ie trouve quelque oblcurité , ou qu'on délire quelque chofe dans ce que je- viens de rapporter , je fuis prêt à répondre à toutes les queftions , qu'on pouroit me faire à ce fujet , ou donner tel autre éclairciflement , qu'on pourrait croire néceflaire. 2.i6 Collection Transact.ons explication des figures, Philosophiq. Ann. i66»p. Qui ont rapport à la manière défaire lefel. N°- 53- La Figure i. représente un des baflîns de fer , tel qu'on les employé dans les atteliers. a a Les oreilles , qui Contiennent le baflin fur la maçonnerie de brique. b. Les différens joints des pièces , qui compofent le baflîn. c c. La longueur & la largeur du baflîn de près de 4 pieds, c , d. La profondeur des côtés des baiîîns d'environ 6 pouces. FiG. 2. a a. L'étuve entre le mur & la cheminée. b , b. Les deux tuyaux. c , c. Le derrière de la cheminée dans laquelle les deux tuyaux condiu- fent la fumée. d , d , d , d. Les 4 baflîns. E. Le mur qui fépare l'étuve des baflîns. £ , f. Le foyer. g , g. Le cendrier. h. L'atre inférieur. i, i. Plan pour defcendre à terre. FiG. 3. Le feau avec fon manche , qui fert à vuider l'eau falée du réfer- voir dans les baflîns. Fi G. 4. a , b. Les différentes pofitions des inftrumens dont on fe fert pour écumer & recueillir le fel. FiG. 5. a, a. Deux paniers nouvellement remplis de fel placés fur une auge, pour laifler couler l'eau qui dégoutte du fel. b, b. Le fel entaffé au-deflus du panier & foulé. c. L'auge. FiG. 6. Une gouttière , qu'on fait pafler d'un baflin fur l'autre pour por- ter l'eau falée dans les baflîns les plus éloignés. EXTRAIT D'UNE LETTRE DE P L I MOUTH du 2. Novembre 166Q. par Guill. DuRSTON , Dr. en Médecine , fur la mort d'Elisabeth Trevers , dont on a donné l'hifloire dans le N^. 5z y avec ce qu'on a obfervé à l'ouverture defes mammelles, (A) Art. III. M O N S I E U R, Je vous remercie de la lettre que vous m'avés fait l'honneur de m'écrire , & qui ne m'en: parvenue qu'aujourd'hui , parce que j'étoisabfent. Elisabeth Trevers mourut la nuit du Jeudi 21 Oftobre. Le lendemain matin j'envoyai chercher un Chirurgien & quelques autres perfonnes , pour être préfentes à l'ouverture de fes mammelles. Nous ne coupâmes cependant que la gau- che , par ce qu'elle étoit la plus grofle ; elle pefa 64 livres ; nous n'y trou- vâmes Académique. i ij vaines ni eau , ni humeur cancéreufe , ni d'autre vice que fa grofleur pro- ^srs digicufe. Les vaifleaux& le parenchyme en étoient blancs & très-folides, & Transactions tels qu'on les trouve dans les plus laines mammelles des femmes , & dans Ph».loso*hj• ' d'expériences , qu'on avoit faites de ce remède , au moins fans aucun mau- \u> va's ef^et' en Angleterre, en Allemagne , en Italie , en Hollande , Sec. & ■N • Ï4* ]e grand nombre de Thèfes , dans letquelles on l'avoit deftendu dans pref- que toutes les Univerfités de l'Europe ; la guérifon d'un homme & d'une femme , qui étoient préfens à l'audience , & que la transfuiion avoit guéris, après qu'ils eurent été abandonnés par tous les autres Médecins. Pour juftifier l'ufage de cette nouvelle expérience , il dit que la vie la plus précieufe à l'État , celle de S. M. T. C. avoit été confervée par l'émétique s dont l'efficacité n'étoit connue que depuis très-peu de tems. Cet Avocat étoit fils de M. le P. P. de la Moignon. Il n'y a pas long-tems qu'il étoit à notre Cour , & j'ai lieu de croire , qu'il la connoît très bien , &C qu'il a été très-fatisfait des politeffes qu'il y a reçues de différentes per- fonnes. Quoique l'on Plaidoyer fût le premier qu'il eût fait , c'étoit néan- moins un chef-d'œuvre, Son Auditoire étoit compofé de tous les amis de fa famille, entr'autres du Duc d'Erzguien , des Ducs de Luynes , de Mortemart , de Chaulius , &c d'une infinité d'autres perfonnes de marque , hommes & femmes. On doit plaider Jeudi prochain pour la Veuve , le Deffendant pourroit bien avoir quelqu'avantage , quoiqu'on foupçonne quelques perfonnes de faire agir la Veuve. Pardonnés-moi , Monfieur , la liberté , que j'ai pris de vous importuner , & croyés-moi , Votre , &c. A Puriste 30. Novembre 16 6 g. EXTRAIT D'UNE LETTRE ÉCRITE DE PLIMOUTH le z8. Novembre 166 g. par le Dr. DuRSTQN , où il rend compte de ce qui Ca empêché d'ouvrir h cadavre d'Elisabeth Trevers. ( A ) Mo N S I E U R ART. II, J'avois formé le deffein d'examiner les vifcéres à' Elisabeth Trevers , mais • une tante , qui étoit avec elle , & qui en avoit eu foin pendant la maladie , entra dans une telle colère , à la feule propofition qui lui en fut faite , qu'elle parut pendant quelque tems hors d'elle-même, &£ il n'y eut aucun moyen de la faire fortir , jufqu'à ce que le cadavre fût cloué dans la bière. Je n'ai jamais vu tant de pafîion pour un corps mort; & je fus affez fâché d'être ainfi frnttré de mon efpérance par une femme extravagante. Je crois cependant , que je n'aurois trouvé prefque rien d'extraordinaire dans l'es vifcéres;car je ne m'étois pas apperçu , que ("on haleine eût eu aucune mauvaife odeur , qu'elle eût eu de difficulté à refpirer ; fes urines avoient toujours été affez belles , &c. S'il fe préfente dans ces quartiers quelqu'autre chofe , qui mérite d'être obfervée, je ne manquerai pas de vous en faire part. J'ai l'honneur d'être , &c. Académique. 219 Transactions SUPPLÉMENT AU MÉMOIRE, Ph.losoph.q. Ann. 1669. Sur la manière défaire le fel rapportée dans le Ar°. 3j. par le Dr. JACKSON , N°. 5 4. tiré d'une Lettre du 20. Novembre 16 6 g. (A) I. Ç>I ces fontaines falées donnent moins d'eau & plus de fel dans les grandes ART. III. «3 fécherefj'es , que dans les tems humides ? Nos fontaines n'augmentent ni ne diminuent fenliblement dans les tems fecs ou humides ; car y ayant beau- coup de fources , les fontaines font toujours remplies. Les ouvriers ont feu- lement obfervé , qu'on retire plus de fel de la même quantité d'eau dans les tems fecs , que dans ceux qui font humides , & plus dans les pleines Lunes que dans aucun autre tems. * 2. Dans quel tems , avant ou pendant le Printems , la fource fournit-elle plus * U a démontré d'eau ? On n'obferve point dans nos fontaines falées, que les fources don- ^Tcoutrauc dans le nenr plus d'eau dans le Printems , que dans toute autre faifon de l'année : ni qu'il y ait quelque différence fenfible dans la viteffe de leur écoulement en aucun tems du jour. 3. Combien la fource donne-t'elle d'eau par jour , ou par heure , ou dans les grandes féchereffes ? Le réfervoir de notre fontaine a environ 5 bradés ou plus en quarré. Sa fource eft fi abondante que je ne crois pas qu'on puiffe rien déterminer à ce fujet , d'autant plus quelle ne paroit pas couler beaucoup lorfqu'on ouvre entièrement le dégorgeoir , qu'on lui a pratiqué fur le bord de la levés , pour conduire fes eaux dans la rivière. Mais lorfqu'on tire beau- coup d'eau , par exemple jufqu'à la faire baiffer au-deffous du niveau de ce dégorgeoir , elle fe remplit fi vite , qu'elle fournit au travail de tous les at- teliers , fans baiffer de plus d'une braffe ou deux tout au plus. Ce qui me fait croire que , lorfqu'elle eft pleine , fon poids contrebalance l'écoule- ment de la fource , qui eft plus rapide lorfque la fontaine eft baffe que lorl- qu'elle eft pleine. 4. A quelle diflance de la mer font Us deux fources les plus riches de Nant- wich & de Droytwich ? Celle de >~ Namwich en eft à 30 milles ; je ne connois pas celle de Droytwich , qui eft dans le Comté de Worceft. 5. A quelle diflance du pied de la Montagne eft cette fontaine , & quelle eft la hauteur de la Montagne la plus voijîne ? La Montagne la plus voiline de notre fontaine eft à 7 milles d'ici : cette Montagne eft plus large , mais n'tft guère plus élevée que celle de Gâte. 6. Quelle différence y at'il entre le fel en gâteaux & le fel en pain ? Le fel blanc eft celui dont j'ai parlé dans mon premier dil'cours ; & le fel gris n eft pourainfi dire que les balayeures de ce fel ; car comme on l'étend fans celle fur le plancher , il ne peut pas fe faire , qu'il ne s'y attache de la pouifiere & différentes faletés , ce qui lui donne la couleur grife : ( ce fel fe vend la moitié moins que l'autre , & il n'y a que les pauvres , qui en achètent pour faler leur lard & leur fromage , &c. ) de même le fel en gâteaux eft fait feulement du plus mauvais fel , lorfqu'on le retire des baffins encore humi- des ; on le broyé & on le mêle avec des graines de cumin & un peu de cen- Ee 2 il0 Collection -.h- =s dres , puis on le fait fécher à la bouche d'un four en gâteaux fort durs. On ne transactions s'en fert que pour les colombiers. Mais le fel en pain eft le plus fin de tous Philosophiq. ceuXj donc on fait ulage. Il n'y a aucune différence entre la manière de le Ann. 1669. faire bouillir, &C celle qu'on employé pour le tel ordinaire ; on prend feu- No u lement quelques précautions pour le former ; car on coupe de chaque côté ' ' de haut en bas les paniers deftinés à cet ulage , on les lie avec des cordes , & on les remplit à l'ordinaire , du fel qu'on tire des baffins. On a foin en les rempliflant de fouler le fel avec le bout d'un bâton , -continuant jufqu'à ce que le panier foit achevé de remplir ; alors on l'emporte promptement dans l'étuve , & on l'y laiffe tout le tems du travail : C'eft pourquoi on prépare ces pains au commencement , afin qu'ils puiffent profiter de l'étuve pendant tout le tems. Lorfqu'ils commencent à diminuer , on tire les pains en détachant les cordes qui lioient le panier , afin de ne pas les rompre. On porte ces pains dans un four, dont on vient de tirer le pain. Ce qu'on répète deux ou trois fois, jufqu'à ce qu'ils foient aflez durs. On les garde dans une étuve ou au coin de la cheminée , enveloppés dans dû drap ou du cuir , com- me les pains de lucre, ce qui conferve leur blancheur. Lorfqu'on- veut s'en fervir , on les râpe comme du fucre , afin d'en remplir les falieres. Je ne dois pas paffer fous filence , que toute la terre fur laquelle le fel a été répandu , eft un excellent fumier pour les prairies ; & même les briques qui en ont été imprégnées, diffoutes dans d'autre fumier, fertilifent beaucoup la terre , & fur-tout les prairies , au moins pour 4 ans. Mais je pourrai vous en parler plus au long dans mes réponfes à vos queftions fur l'agriculture. OBSERVATIONS SUR LES MINES DE MERCURE DU FRIOUL, par le Dr. Edward Brown , qui peuvent fervir à confirmer ce qu'en a de] à rapporté fur ce fujet dans le N°. Z. de ces Tranfaclions. (A) T A V'"e àldria de la Comté de Goritie dans le Frioul,eft fituée dans-un Art. 1 V . J[_,i;eil kas s entouré de montagnes de tous côtés. Il y a auprès d'elle une rivière du même nom , qui , quoique Lcandro l'appelle , ( il fnperbijfimo fiante tTIdria , ) m'a paru très-petite & très-baife pendant tout le tems que j'y ai été. Cependant lorfqu elle a été groffie par les pluies , elle porte le bois dont on a befoin pour les mines , & pour le feu qui y eft néceflâire. On a conftruit à cet effet une efpece de digue de pilotis , qui traverfe oblique- ment la rivière , comme celle que j'ai vue à Newfol dans la haute Hongrie, au travers de la rivière de Gran. Elle fert à arrêter les arbres, qu'on jette dans la rivière au-deffus de cette Ville. Ce qu'il y a de plus remarquable à Idria , ce font les mines de mercure très-connues dans le voifinage , & dont l'utilité s'étend jusqu'aux pays les plus éloignés. Leur entrée n'eft pas élevée ni fur une haute montagne, comme celle de plufieurs autres mines ; mais elle fe trouve dans la Ville même , ce qui expofe les Mineurs a être fort incommodés par l'eau , contre laquelle ils font pourvus de plufieurs machines & inventions , comme dans les mines profon- des. La partie la plus bafle de la mine depuis fon entrée , eft entre 120 8c no brafles. Académique. 211 Cette mine fournit deux fortes de mercure : l'un qu'on appelle Jungfraw, — —— — c'eft-à-dire mercure Vierge , & l'autre mine de mercure. On appelle mercure Transactions Vitrgt celui qui Ce découvre de lui-même , fans qu'il foit befoin d'employer I'hu-osophiq. le feu pour le retirer de fa mine. Il dégoutte dans la mine , & quelquefois Ann. 1669. il coule en grande quantité. 11 y a environ fept ans, qu'on en vit fortir N°. 54. de la terre un petit filet très-mince qui augmenta jufqu'à la groffeur du petit doigt ; mais il céda de couler au bout de trois ou 4 jours. On appelle auffi mercure Vierge , celui qu'on fépare en lavant le mercure dans un crible , &enfuite dans une auge longue percée de quelques petits trous à l'une de fes extrémités , fans qu'il foit néceffaire d'y employer le {nu. Ainii il y a deux fortes de mercure Vierge ; l'un coulant Se qu'on re- tire fans travail , l'autre qui demande a être un peu travaillé pour être féparé de fa mine , mais qui cependant n'a pas befoin de l'aclion du feu. L'autre efpece de mercure ne fe laiffe pas d'abord appercevoir , mais il faut employer le feu. On le retire ou de la mine , ou du cinnabre qu'on trouve dans la mine. Cette mine eil d'une couleur noire mêlée de rouge , la meil- leure e& en pierre. On ne l'expofe pas d'abord à l'action du feu , on la bro) e & on la paffe au tamis , afin que ii elle contient du mercure Vierge, il puiffe s'en féparer. On met ce qui ne fe fépare pas au crible, dans desretortes de fer, qui font au nombre de 50 dans le même fourneau. Cette mine de mercure elt la plus riche de toutes les mines, que j'aye vues, car ordinairement elle donne la moitié de l'on poids de mercure , & quel- quefois deux parties de mercure fur trois de mine. J'entrai dans la mine par le puits fainte Agathe , & j'en fortis par celui de fainte Barbe. Je defeendis & je remontai par des échelles , la première avait 639 échelons ou 89 braffes. André Siferus fait une fi affreufe deferi- ption de cette mine dans le mundus fubterraneus de Rirclier , quelle feroit capable de décourager ceux, qui auroient envie d'y defeendre : ce qui me fait douter , qu'il ait été dans aucune autre mine , furtout dans celles où il faut defeendre par des échelles. On m'a dit qu'on travailloit cette mine depuis deux cens ans , c'eft-à-dire, à peu-près depuis le même tems que celle de Kewfol ; il y a plus long tems que la mine d'argent de Schemniti eft ouverte , tk encore plus la célèbre mine de plomb de la Carinthiefupe'rieure.On emploie quelques centaine d'hom- mes à la mine iïldria , dont les principaux Officiers font un Préfet, un Con- trôleur , & un Juge. Je n'ai pas oiii dire , qu'il y eût d'exhalaifonsdans cette mine , comme il y en a dans plulieurs autres ; mais les Mineurs y font expofés à un affez grand nombre d'autres incommodités ; car , quoiqu'ils ne foient pas fuffb- qués fur le champ , le mercure qui pénétre leurs corps , les fait périr de lan- gueur. Je n'ai pas non plus entendu parler d'aucune apparition , comme on dit qu'il y en a dans les autres mines. Je vis dans le laboratoire où l'on travaille le mercure , un tas de 16000 retortes de fer , qui coûtent chacune un écu de la première main , dans les forges de la Carinthie. Il y a toujours 800 retortes ck autant de rJcipiens employés à féparer le mercure dans 16 fourneaux , fçavoir 50 dans chacun , 25 de chaque coté , U au-deffus , & 1 3 au-deffous. ' ni Collection On fit partir pendant que j'y étois ( le 1 2 Juin ) 40 charges de mercure ; Transactions chaque charge pefe 315 livres , & vaut 400 ducats d'or. Quoique le tranf- PmLosormq. port ne ioit pas facile , on en envoyé jufqu'à Chremniti en Hongrie pour les » ce mines d'or. Mais les envois les plus coniidérables fe font du côté du Sud ; nn. 16 9- car qUOiqne la rivière , qui baigne la Ville , foit très-petite , il n'y a pas loin 5 4« ^e-là 4 ja riviere qu'on nomme Li^on^ , qui fe jette dans le golphe de Triefie dans la mer Adriatique. On me fit voir dans le Château 3000 charges de vif-argent en barrils ; on l'enveloppe d'abord dans un double cuir : & dans une autre maifon on tne montra autant de mine , qu'on pourrait en diftiller pendant deux ans , à moins qu'il ne furvint des pluies abondantes , qui permiffent un plus grand tranfport de bois; mais comme les montagnes qui font autour , font fort hau- tes , il neige plus fouvent qu'il ne pleut. Le pays par où j'ai pafle eft fort couvert de bois , & orné de très-beaux arbres ; entre lefquels , outre ceux que nous avons en Angleterre , on voit des Sapins , AesMeleies, des Pins, des Pinaflres , des Piceas, & la belle efpece d'E- rable , dont on fait les violons & les violes ; ces arbres le trouvent auflî en très-grand nombre dans le pays de Salt^bourg&C dans la Carimhie. Nous étions entourés la nuit pendant notre voyage d'un grand nombre de vers luifans , qui en les mettant dans une feuille de papier , éclairaient com- me une chandelle dans une lanterne ; & l'air étoit rempli de mouches lui- fantes , qui nous firent beaucoup de plaifir à voir. La route eft difficile jufqu'à cette Ville ; car allant des bords de la Croatie par Lovitch , je fus obligé de pafler fur de très-hautes montagnes ; & en re- venant , je paffai fur le Mont Swart^enberg ou la montagne noire , d'où je def- cendis pendant 10 milles dans Un pays plus pierreux que la Crau en Pro- vence ; & de-la à Aidofchini & Gorite , Se laiffantla Sclavonie derrière ^j'en- trai dans le Linguafulana,tk enfuite dans cette Ville, qui efttrès-bien fortifiée. Etant encore incertain , fi j'irai à Venife,je n'ai pas cru devoir différer de vous rendre compte de mon voyage , vous priant de l'accepter de la part , &c. De Palma nova dans le Frioul le à. Juin 166 g. LETTRE DU Dr. B R O W N , Sur un Lac extraordinaire appelle la mer de Ziftnîch^er dans la Carniole. (A) Art. V. A Près avoir traverfé la Drave , & pafle le Mont Luibel dans les Alpes J\de la Carniole , par le célèbre partage taillé dans le roc & voûté , com- me celui de Paufilipe près de Naples , je voulus voir le Lac de Zirchnit^ , dont on parle tant , & fur lequel peu d'Auteurs ont écrit ; c'eft pourquoi je vins jufqu'à Crainburg fur la Save , & de- là à Labach capitale de la Car- niole , d on je continuai mon voyage dans cette Province entre les monta- gnes & un grand marais , jufqu'à ce que je ftifle arrivé à Brounina : à deux lieues de là , & derrière les montagnes , eft fitué le Lac qui tire Ton nom de Zirchniti , Bourg de 300 maifons. Ce Lac a près de deux milles d'Allema- gne de long, & un de large. Il a au Sud une très-grande forêt , dans la- Académique. 12.3 quelle il y a beaucoup de daims , de fangliers , de loups , & d'ours ; au Nord -t le pays ell plat , mais toute la Vallée eli entourée de montagnes à quelque Transactions diftançe du Lac. Pbjoosophi^. 11 eit plein d'eau la plus grande partie de Tannée , mais dans le mois de ^nn_ j^g. Juin cette eau rentre dans la terre , non-feulement en s'intiltrant là , mais xjo . ' encore elle le retire par pluùeurs grands trous , qui fe trouvent au fond dû "' Lac. L'eau revient au mois de Septembre par ces mûmes trous & remplit en très-peu de tems toute la Vallée. L'eau employé très-peu de tems à fe retirer , furtout lorfque le Lac eft fort bas , tk qu'il a diminué pendant quelque tems, elle revient auffi fort vite , & fort avec tant de violence par ces trous , dont nous avons par',- , qu'elle s'élève quelquefois de la hauteur d'une pique , ce a bientôt rempli tout fon lit. Le terrein que l'eau quitte en fe retirant , n'efl: pas inutile , car l'herbe y croiffant très-promptement & en très-grande quantité, non-feulement il fert de pâturage pour les bêtes de labour, mais encore fournit une bonne pro- vifion de foin pour l'hiver. Ce n'eft pas le feu! avantage .que les hahitans en retirent. Lorfque les eaux fe font retirées , il y vient des forêts voifines une très-grande quantité de lièvres , de fangliers vde daims , qu'ils prennent de différentes manières. Non-feulement ce Lac fe remplit d'eau tous les ans , mais encore fe gar- nit de beaucoup de poiiTon. C'eltle Prince o«r découvrir la caufe , o# avancer la génération desfels minéraux , dta métaux , '' plus de reffort que l'eau , & qui fe trouvant concentré & comprimé, agit fur les parties de la liqueur , ou bien encore ce font les parties de la liqueur atténuées & changées en une fubftance plus fpiritueufe & invifible. Je puis démontrer par des expériences , que quelques-unes de ces chofes , ou autres femblables , peuvent fe rencontrer dans les fources fouterreines & autres liqueurs. Et pour lors il arrivera que l'air , ou les autres efprits fe fépare- ront de l'eau dans les vaiffeaux fcellés ; ou que ces efprits agités perdront leur reffort & s'éteindront , ce qui fera perdre à l'eau les vertus , foit qu'elle dépofe un fédiment ou non. Je vais maintenant tâcher de prouver que cela peut arriver. i°. Quoique les particules de l'eau foient fi fines , qu'on ne puiffe pas les difcerner avec les yeux ; cependant les fens les moins délicats , & même le toucher , distinguent les parties aiguës & actives des eaux minérales , des parties lourdes & maffives de l'eau commune. Les eaux minérales mêlent à leur âpreté une fi agréable titillation , qu'elles femblent nous inviter à faire ufage de leur qualité déterfive , & récompenfent du mal qu'a fait le frotement de leurs parties actives , par la réparation prompte , & la dou- ceur de la guérifon qu'elles procurent. Les autres eaux, même celles des fon- taines les plus pures & les plus claires , font prefque toutes empoifonnées , augmentant les dartres , & rendant les ulcères douloureux. Ces eauxbien- faifantes pénétrent au fond des vieux cancers ulcérés , emportent les racines des dartres & des cancers , & appaifent la rage. Quelques-unes de ces eaux font bénignes , foit qu'on les applique extérieurement , ou qu'on s'en ferve intérieurement , pour le foulagement des entrailles ou des organes vitaux : ces indications & les effets que j'en ai vus, m'ont confirmé la vertu de quel- ques-uns de ces puits qu'on trouve en Angleterre , & qu'on appelle Holy Wells, c'eft à-dire , puits faims , dont la réputation eft très-ancienne. Ils m'ont fait auffi découvrir d'autres fontaines minérales , dont les vertus n'étoient guéres connues auparavant. 20. Nous en appelions auffi au témoignage du goût , qui eff encoreun des fens le moins délicat , pour prouver l'apreté & la qualité adouciffdnte des particules de quelques liqueurs. M. Lingon , homme qui a le palais le plus déli- cat , croit que la pomme de la Reine eft fans contredit le fruit le plus délicieux du monde ; il le décrit ainfi. Lorfquon le mord , il eft fi âpre , qu'on imagincroit qu'il va emporter toute la peau de la bouche ; mais avant que la langue ait eu le tems défaire un fécond eff ai fur le palais , cette cruelle âpreté efi adoucie ; entre. ces extrémités d' âpreté & de douceur , onfent le goût de tout les fruits les plus excellens j ces goûts changent & difparoiffent fi vite , que l imagination peut à peine les fuivre , & cela au moins jufqu'à la dixième tentative , car il fe confer- ve tout ce tems. Il paroit avoir dans l'idée un habile joueur de Luth, lorfqu'il adoucit promptement les diffbnances de l'harmonie la plus vive. Je n'oie pas rn'arrêter fur les fredons d'un Luth ; mais pour faire mieux fentir la dit- Académique. 243 férence de ces eaux , je m'étendrai fur leur defcription. Je n'aurois pas olé — — — ■* le dire , fi je ne l'euffe fenti plufieurs fois moi-même , & fi je n'enfle pas Transactions appris que cela éroit reconnu de ceux qui avoient reçu de grands foulage- Philosophie mens de cette efpece d'eaux ; c'eft pourquoi je continue mon parallèle. Corn- ^nn jg me le goût des fruits les plus délicieux fe promené fur les organes du goût, xr0' de même les eaux minérales fe jouent fur les ulcères. A la première impref- ' 5 ' • fion , elles paroiffent ronger la chair , mais cette douleur fe change bientôt en une fenlation très-agréable , & après plufieurs attaques, elles applaniflent par leurs vibrations les rugofités de la playe , ou de la liqueur, ou de l'une & de l'autre. Mais prenons des exemples plus familiers : lorïque le vin, le cidre , ou la bière , ont été bien bouchés , nous fentons en les buvant , une âpre- té qui bleffe le palais & le gozier , mais qui fe convertit en un goût très- agreable ; cependant on n'imagine pas qu'il entre dans les bouteilles aucun minéral , aucun fel , ni aucun autre ingrédient, pendant que les liqueurs ac- quièrent cette vivacité. La féparation des parties , le développement des ef- prits , ou quelque altération dans la confiftance de la liqueur , peut produire ce changement. Et quelques caufes femblables peuvent exalter les efpritsde ces fontaines , tandis qu'elles coulent rapidement , & qu'elles fe creufent un chemin dans des veines de gravier , de fable , ou de bol ; ou peut-être font-ils l'effet de quelques vapeurs fouterreines qui imprègnent auffi les bols de leurs vertus. 30. Nous pouvons encore juger en quelque façon par la vue, de la figure des parties des eaux qui font propres pour les yeux. Elles paroiffent les nétoyer comme fi c'étoit avec un fable raboteux , mais très-fin. Cette indi- cation m'a fait découvrir des eaux furprenantes pour les yeux ; & peut- être pour nétoyer les verres des lunettes. Il y eut , il y a 30 ans dans ce pays-ci , pendant un été très-chaud , une maladie épidémique qui attaqiioit les yeux & les paupières ; je l'obfervai à Londres & à Weftminfter , dans prefque toutes les maifons où j'entrai , dans le voyage que je fis vers l'Oued des deux côtés de la Saverne. Le verjus de pommes fauvages fut de tous les remèdes celui qu'on employa avec le plus de fuccès ; je l'indiquai à ceux qui ne le connoiflbient pas , & tous ceux qui s'en fervirent , avouèrent que l'application n'en étoit pas défagréable ; ils fentoient une grande déman- geaifon aux yeux , que le verjus appaifoit mieux que le vinaigre , le vin blanc , ou toute autre liqueur ou mélange. Certaines eaux minérales bonnes pour les yeux procurent un chatouillement femblable , mais plus doux & plus délicat. J'ai parlé de cette indication dans le No. 20. art. 3. Je vous donnois auffi une idée des premières indications des eaux minérales ; je ne fçais com- ment cela s'ed perdu. 40. Le reffort de la laine plus grand que celui du linge , fournit une au- tre preuve évidente , que le reflbrt de quelques eaux plus fort &plus vif, que celui de quelques autres , les rend plus ou moins propres à la guérifon de certaines maladies , & plus ou moins nuifibles, foit qu'on les prenne in- térieurement, ou qu'on les applique à l'extérieur. Je me fouviens a cette oc- cafion que le Chancelier Bacon , dit dans quelques-uns de fes ouvrages , je penfe que c'eft dans l'on livre intitulé , Hifloria vita & mortis , qu'an- ciennement on avoit coutume dans les maladies dangereufes , doter tout le Hhî 244 Collection jm»^»^-. linge au malade , & de le laiffer enveloppé dans des couvertures de laine ; Transactions & on m'a affuré qu'une certaine perlbnne étant à l'article de la mort, avoir Philosophie, reçu un prompt foulagement d'une camifole de flanelle faite d'une laine Ann. 1670. très-fine. On préfère celle qui eft teinte en écarlate ; je crois que Milord fjo ?_ ' parle d'une teinture faite avec du fafran & de l'huile d'amandes ; mais je ' > '' n'ofe pas m'en rapporter à ma mémoire , ne l'ayant vu qu'une fois , tk. peu de tems après que cet ouvrage eut été publié. Cet habillement de laine fait au travers de la chemife un frotement qui produit de la chaleur, il répond en quelque façon auxfriclions qu'employent les Chinois ôi les autres Nations qui s'attachent à faire des expériences. Quanta l'efficacité des frictions , je ren- voyé à votre No. 12. où il eft dit. que le Chancelier Bacon a oblèrvé , que Je mouvement & la chaleur introduifent dans les parties de nouveaux fucs & une nouvelle vigueur , ( & la laine produit ces effets auffi-bien que la cha- leur ) & que les frictions fervent beaucoup à prolonger la vie. Je vais en ajou- ter une preuve d'une toute autre efpece. Je connois quelqu'un qui fut blefie par une flèche qui fit entrer dans la playe un morceau de bas de laine. Les Chirurgiens n'ayant pas trouvé ce morceau de bas , quoiqu'ils aillent des plus habiles , cette playe fut un an ou deux , fans pouvoir fe guérir ; tk la douleur qu'il fentoit , étoit fi infupportable, qu'il crut , qu'il falloit lui couper le pied. Enfin on trouva le morceau de bas par hazard , & on le retira de la pJaye qui guérit bientôt après. La laine & le linge ont leurs faifons , l'une lorfqu'il s'agit d'échauffer , par une douce fridion, & l'autre , lorfqu'on a befoin d'un adoucifîant. Notre peau eft trop tendre pour foutenir toujours le reflbrt de la laine , & on peut encore moins la fupporter dans une blef- liire profonde ; mais les reflbrts de certaines eaux peuvent être adoucis par des liqueurs plus douces que les filamens de la laine. Par là on peut apper- cevoir comment quelques eaux peuvent , par leurs parties adives être de très-bonnes fondes , fouiller, nétoyer, & guérir les playes. Mais on peut voir auffi par-là que certaines eaux qui guériflènt les ulcères tk les cancers, étant appliquées extérieurement , peuvent être trop corrofives pour s'en fer- vir intérieurement. 50. Pour approcher davantage du point principal, je vais entrer dans le dé- tail^ rendre un compte plus exaft de quelques qualités fingulieres des eaux. Des Auteurs dignes de foi, foit anciens, foit modernes, font des rapports fort extraordinaires de certaines fontaines & de certains lacs ; & vous nous avés . Je crois pouvoir remarquer qu'en général toutes les eaux minérales Académique. 24j d'Angleterre dont on reconnoir depuis Iong-tems la vertu , & qu'on appelle ■*— communément les faints puits , ( comme le puits de faint Winefreds dans le Transactions Comté de Flint , fur lequel je n'ai fait aucune expérience , mais qui a une Philosoi'hiq. très-grande réputation ) font très-pures , &C ne dépofent aucun fédiment. Il Ann. 1670. en faut excepter nos bains chauds , & peut-être un petit nombre de fontai- ^v. ry. nés minérales. Je vais entrer dans un plus grand détail. 70. Je connois une fontaine, que le peuple de ce pays appelle le faint puitt, qui eft lituée fur le côté d'une petite montagne , dans une terre labourable , & qui , outre (es qualités médicinales , a encore une efficacité extraordi- naire pour effacer le haie & les ronfleurs de la peau , & lui donner un luftre qui ne le cède en rien à celui que l'art le plus délicat pourrait lui procurer ; lorsqu'on s'en eft lavé deux matins de fuite , la peau devient unie comme une glace ; cette eau pafle au travers d'un fable fin , fi même on peut l'ap- peller du fable , car c'eft plutôt une efpece de marne d'un bleu roufleâtre , légère & œilletée , comme û elle avoit fermenté ; cette marne eft fi rem- plie de petites lames minces, quiparoiflent métalliques & femblables à de l'argent , que cela m'engagea il y a douze ans d'en envoyer au Lord Brere- ton , qui eut la bonté de les montrer à des eflayeurs qui ne les trouvèrent d'aucune valeur. Je fis des recherches pour tacher de découvrir , fi c'étoit ces lames argentées qui donnoient à ces eaux la propriété d'embelir , ou plu- tôt qui teignoient ainfi la terre. Je puis aflurer, 1°. que j'ai vu plufieurs fon- taines ouvertes dans des lieux bas , qui félon toutes les apparences venoient de la même fource , & avoient le même ferment à leur ouverture ; mais qui n'avoient aucune vertu médicinale , ni la propriété d'embelir , comme je m'en fuis convaincu par plufieurs expériences répétées plufieurs années de fuite : ;o. on trouve dans les mottes de terre & les jachères des champs voi- fins , quelques-unes de ces lames brillantes , mais plus fanées , quoiqu'elles foient encore aflez éclatantes pour éblouir les yeux , lorfque le foleil donne defl'us. Les vapeurs fouterreines ne peuvent-elles pas donner cette teintu- re , foit à cette veine de terre au travers de laquelle elle pafle plus libre- ment , foit à l'eau qu'elle traverfe avec plus de force , en employant un plus grand reflbrt ou quelqu'autre qualité qu'elle aura acquife en montant de la terre. On trouve ordinairement les eaux médicinales près du fommet, ou fur le penchant , ou même au pied d'une montagne. Par conféquent les vapeurs réfléchies &C précipitées par le mouvement de l'air , & par le poids de l'atmofphére , peuvent engendrer la même teinture dans les champs voi- fins. Elle eft bien éloignée de donner aucun fédiment , elle a une douceur agréable, & n'oftenfe en aucune manière l'eftomac , elle nétoye les yeux promptement , quoiqu'avec u^ peu de cuiflbn, & fcrt dans plufieurs mala- dies, foit intérieurement , foit extérieurement ; & foit qu'on l'employé de l'une ou de l'autre façon , elle eft plus agréable que douloureufe. Les villa- geois à qui appartient cette fontaine , jouïflant aflez généralement d'une bonne fanté, & ayant d'autres affaires qu'à fonger à la beauté de leur peau , en font aflez peu de cas : on l'eftimeroit plus que le meilleur vin des Cana- ries, fi elle étoit fituéedans Hidc-park ou More-fields. 8°. A deux milles de cette fource , il y en a une autre qui eft fituée fur le haut d'une autre colline , dans une autre terre labourable , à un demi mille 246 Collection ■■ ' ■— — d'une grande montagne. Ses eaux font très-bonnes pour les yeifs: , & ont Transactions opéré plufieurs cures , fur des ulcères putrides & fétides qu'on avoit regar- ' hilosophiq. dés pendant plufieurs années comme incurables. Ce que je puis certifier , Ann. 1670. ce^ 1l,e )e 1 a' Souvent vu éprouver & toujours avec un bon effet , quel- N°. «7. quefois furprenant. C'efl la même fontaine donc j'ai voulu parler dans le N". 20. Art. 3. où faute d'attenrion , (car j etois alors fort malade , ) je ne l'ai pas diftinguée d'une autre fource dont j'avois fait mention. Plufieurs perfon- nes en boivent , & vantent les guérifons qu'elle a faites. Je n'ai jamais oui dire qu'elle eût fait le moindre mal, elle eft un peu piquante , mais fort bon- ne dans les ulcères malins. 90. Mais les fontaines qui font fur le côté de la montagne de Malvern , qui fépare la Comté de Worctfler de celle à'Hcrefort , ont une plus grande . réputation ; la fource la plus élevée eft excellente pour les yeux. Environ un ftade au deiTous , eft une fontaine minérale qui a guéri de plufieurs ma- ladies & des cancers , fi on l'employé avant que les forces de la nature foient détruites. J'ai lu dans les régiftres de l'hôpital de Ledburg, Ville qui fe trou- ve fur le chemin iïHerefort à ces fontaines , qu'un Evèque donna , il y a quel- ques fiécles , à cet hôpital , des revenus pour retirer les pauvres malades qui iroient à ces eaux. Il y a 50 ans qu'il fe répandit un bruit dans la Ville & dans tout le pays de Worcefler , que les Médecins avoient empoifonné ces eaux. Je fuis perfuadé que ce qui avoit donné lieu à cette fable , c'eft que des pluies extraordinaires , telles qu'il en fait quelquefois en Angleterre , ayant inondé ces fontaines , leur vertu en étoit diminuée. Nous avons trouvé dans ces années de fécherefle , que plufieurs fources ont eu la moitié , &c quelques-unes f moins d'eau , qu'elles n'ont coutume d'en avoir dans les années humides. Mais les eaux qui leur reftoient , avoient beaucoup plus de vertu. J'avois conjecturé cet effet delà fécherefle, dans votre N°. 20. Ce qu'il y a maintenant de remarquable , c'eft que les fources qui font placées fur le côté des montagnes , & dans les terreins élevés , fe confervent plus long-tems que celles qui font dans des lieux bas & dans des vallées. Ainfi dans plufieurs endroits autour d'ici , lorfque les meilleures fources ont per- du f de leurs eaux , plufieurs de celles qui font dans des fonds , font entiè- rement à fec. Cet effet de la fécherefle m'encourage dans mon entreprife,mon témoignage courant moins de rilque d'être réfuté. Mais les gens font aflez infenfés pour aller tout en fueur fur la montagne , y boire de l'eau froide, ou en appliquer fur leurs ulcères échauffés ; quel bien peut-on en attendre ? Ces eaux font beaucoup plus falutaires pour les pauvres gens qui n'ont gueres coutume de boire de liqueurs fortes ; comme l'air des Bermudes & de la Floride en Virginie , conferve fans maladie , & quelquefois jufqu'à l'âge de cent ans , ceux qui ont coutume de vivre d'une manière fimple & naturel- le , au lieu que les riches qui font plus d'ufage d'eau-de-vie , d'alimens fuc- culens & d'épices , ne s'y portent pas bien , & n'y vivent pas long-tems. C'eft ce que rapporte M. Stafford dans votre N°. 40. Art. 3. Bontius&c Pi/on en difent autant du Brefil. L'air le plus falutaire , les eaux les plus faines ne peuvent conferver la fanté , ni faire vivre long-tems les gens trop adon- nés à la bonne chère. Toutes ces eaux font limpides , libres de tout fédi- ment , rrès-déterfives , & très-pénétrantes, mais plus efficaces à leur foureg que par tout ailleurs. Transa«tions Philosophiq. Académique. . 147 10. Je ne parle pas de plusieurs autres eaux minérales, afîri de vous dire quelque choie de celles de notre voifinage que j'ai trouvées , ou dont j'ai oiii parler , mais principalement de celles qui font auprès d'Yeavil ,dans le Comté deSomerfcc. On me parla dernièrement de deux fontaines de la Com- té de Dorfet, qui contiennent une plus grande quantité de métaux ; outre Ann- l^° celles de Fanington , dont le DofteurH. a donné l'analyfe dans votre No. N°. 57. 56. peut-être que la fécherefle a augmenté leur réputation & leur vertu.' La fontaine falee dont le D. H. parle en cet endroit,eit à Eafl-Chtnok, environ à trois milles d'ici vers l'Occident. Je les trouvai très-chargées de fel , dans un été très-fec. Mais il y a une fontaine falée à Everich environ à douze milles d'ici , vers Shepton-malla , qui eft beaucoup plus riche. Je me propofe de vous en parler plus au long. L'étang qui donne un felvitriolique, & dont je vous ai dit quelque chofe , eft à Sock-Demr à 3 ou 4 milles à i'Oueft d'ici. Il n'eft pas grand , & n'a pas au-delà de dix pieds quarrés. Je ne fçaurois détermi- ner û ce fel vient de la fontaine , ou d'une veine de terre vitriolique ; l'étang n'ayant pas été mis à fec depuis que j'en tirai le fel , quoique je l'att°ndifle° lorfque je vous en parlai dans votre N°. 18. La terre qui eft autour, eft bleue comme le vitriol romain. J'envoyai chercher une bouteille de cette eau , dans un tems très- froid qui duroit depuis long-tems, je la trouvai fcrt épaifle & fort noire , fon odeur étoit d'une force infupportable , & reffembloit à celle de la poudre enflammée. Il y a tout près de Ycavil , deux fontaines dont Feau eft très-bonne pour les yeux ; elles font fituées l'une dans un pré , & l'autre à une portée de fufil , dans un champ. Le peuple préfère celle qui eft dans la prairie , fur le témoignage de leurs Ancêtres , & fur leur préten- due expérience. Aduellement cette fource , qui eft fur le côté d'une petite élévation de terre , donne aflez d'eau , mais l'autre eft à fec depuis peu. Ce n'eft pas un léger frotement fur les yeux , qui fuffit pour indiquer qu'une eau eft excellente pour les yeux. Il y en a beaucoup qui ont une qualité deterfive ; mais celles qui lont les plus efficaces , occalionnent un picotement permanent qui fe termine par une fenfation agréable. Nous avons aufli près de notre Ville , une fontaine qu'on appelle fontaine roiiillée. A l'endroit où elle fort , & à celui où elle tombe , les pierres font teintes de couleur de rouille , & en ont l'odeur & le goût ; néanmoins elle eft aufli claire que quelque eau que ce foit. J'en ai gardé pendant un mois en expérience dans mon cabinet , y ayant mis des ardoifes & des cailloux ; elle ne leur a don- né aucune teinture , & n'a dépofé aucun fédimenf. Ce qui me fait foupçon- ner que cette teinture vient de quelque vapeur mêlée avec l'eau à fa fortie. Mais je ne fais pas beaucoup de fonds fur cette expérience : quelques per- sonnes vantent beaucoup plufieurs grandes cures qu'elle a opérées. Je no- ferois rien dire , ni pour ni contre. Je ne fçais pas non plus, fi on peut l'ap- peller métallique , ou anti-métallique , puifque la rouille eft uneputréfadion ou deftrudion du fer.Nos pères & les gens fort âgés connoiflbient peu le feor- but ; c'eft un effet de la Providence , que depuis que cette maladie eft de- venue épidémique , on trouve un remède aufli commun que le font ces fontaines ferrugineulès , qu'on prétend être très falutaires dans ce cas. Llle fort du pied d'une haute montagne , & coule après quelques petites chutes , lelpace de 3 milles à l'Occident , jufqu'à la carrière HHamdin d'où l'on tire 148 Collection - une pierre de taille dure , & d'un jaune foncé. On trouve à Vcfl-Camtl, à Transactions j milles d'ici , du côté du Nord , une fontaine dont les eaux font noires , PHiLOsorHiQ. puantes & noirciffent l'argent en un inftanr. L'on m'a dit qu'on avoit ou- Ann. 1670. vert ' '1 nV a Pas l°ng-tems à IO milles d'ici plus à l'Eft , près Wine-Caun- T^ç- ._ ton, une mine de charbon de terre, dans laquelle les Mineurs furent ex- pofés à une vapeur fétide ; ck le charbon mis dans le feu fe trouva très- mal-faifant , de forte qu'on fut obligé de l'abandonner. Peut-être que les perfonnes qui ont trouvé le moyen de faire ufage de l'ariénic , ou des autres poifons pour des chofes utiles , pourraient tirer quelque avantage de cette mine. 1 1. Je propoferai ici maintenant de faire des recherches , pour tâcher de découvrir 11 des vapeurs fouterreines , ne pourraient pas donner cette tein- ture jaune foncée à la carrière iïHamden , & à ces eaux rouilleufes la pro- priété de teindre en roux. On ne doit pas penfer que des matières auffi dif- férentes que les pierres paroiflent l'être de l'eau , lorfqu'eiles font parfaite- ment pétrifiées , reçoivent la même couleur , quoique les vapeurs qui les teignent l'oient les mêmes. Je propoferai auflî de faire les mêmes recherches fur la noirceur & la puanteur des eaux de Wcjl-Camd , & de la mine de charbon , quieft auprès de Wlni-Caunton , fçavoir fi l'une & l'autre ne reçoi- vent pas leur teinture & leur odeur de quelques vapeurs fouterreines, qui peu- vent être tellement différentes & compofées , qu'elles produisent peut-être les principales diverfités des métaux , des minéraux , des terres & des fels , & quelques-unes moins confidérables dans la couleur , le goût , l'odeur , & l'apprêt des végétaux , ainfi que dans les fourrures , le poil , la laine & les autres petites variétés des animaux , furtout des moutons en différens en- droits , plus immédiatement dans les végétaux , & d'une façon un peu plus éloignée dans les animaux. Je n'en excepte pas la couleur des Ethiopiens , & les humeurs des hommes des climats éloignés. Quoique les végétaux & les animaux pour la plupart retiennent pendant plufieurs générations leurs pro- priétés féminales dans des climats fort éloignés , & peut-être que les végé- taux tirent imperceptiblement leurs fels & la plus grande partie de leur nour- riture, de ces vapeurs terreftres. Je n'o ferais affurer ces chofes , ni en dire da- vantage , jufqu'à ce que j'aye trouvé une occafion favorable de prefenter mes raifons avec d'autres obfervations. 12. Quant à ces ouvertures , je ne citerai que ce qui fuit. L''"' ./Ire M. Boyle a démontré , fi je ne me trompe , que les corps les plus folides que nous connoiffions, ont une atmofphére de vapeurs ou d'exhalaifons , & quel- les que foient les matières qui font fous cette croûte terreftre vers le centre , foit qu'elles foient fluides , enflammées ou groffieres , elles doivent néceflai- rement tranfpirer continuellement , Se agir par leur mouvement , & leur tourbillonement. Des volcans fréquens dans le Japon , & dans plufieurs au- tres endroits , les chaleurs des mines les plus profondes , & plufieurs autres raifons indiquent qu'il y a toujours des vapeurs qui montent vers la furface de la terre ; & fi on examinoit bien leurs qualités génératives , &c leurs autres propriétés, & qu'on fçût en faire ufage, on pourrait peut-être y dé- fouvrir un jour quelque grande vertu d'un plus grand ufage pour nous , que toutes Académique. 249 toutes les influences des conrtellations & desaftres qui font tant de bruit par- mi les aftrologues. Transactions Nous fommes aflurés des premières , & nous pouvons en faire ufage à Philoscthiq. plufieurs égards , mais les dernières font fi fort hors de notre portée , que des ^np ,^-0- gens très-fçavans n'ofent décider après de grandes recherches , fi elles ont xjç quelque rapport à nous. Je ne parle pas des influences du foleilqui tait pref- que tout dans la nature , & peut-être plus qu'on ne l'a cru jufqu'à prélént ; comme je pourrai l'expofer dans la fuite. Après ceja , il n'y a rien de plus fréquent chez les Anciens , que les obfervations des influences lunaires ; beau- coup plus que les dernières expériences n'en ont confirmé. On a imaginé que la lune étoit la reine des régions baffes , froides & femelles. Mais il eft cer- tain que le foleil a un domaine mâle , non-feulement furies régions enflam- mées & féches , mais encore fur la lune , 6c fur tout fon diftrièt. Il eft néan- moins étrange que les rayons du foleil les plus forts foient fi fort abforbés & éteints dans le difque de la lune , qu'on ne puifle pas appercevoir le moin- dre degré de chaleur avec les meilleurs Thermomètres , & les miroirs les plus forts ; pas même , lorfque la lune eft la plus brillante , quoiqu'on ne puilfe guéres imaginer que la lumière foit autre chofe que les parties du feu les plus fubtiles. De-là , je voudrais qu'on examinât les vapeurs terre- ftres& les influences celeftes , d'après l'idée qu'on en a à prefent ,fans pré- vention , & fans partialité ; j'ai imaginé , quoique je ne puifle pas l'effectuer maintenant , quelque expédient pour parvenir à l'une & à l'autre de ces in- tentions. Ce font ces deux confidérations , dont l'une a été dans la plus haute eftime parmi les anciens , & l'autre paroît pouvoir fe perfectionner beau- coup par toutes les connoiflances des modernes, qui m'ont rendu auffilong, & auffi ennuyeux que je l'ai été. 13. Mais il eft tems de faire le réfumé de ce qui a été dit dans ce dif- cours , & d'en tirer le réfultat. Nous avons trouvé quelques fontaines miné- rales, & nous n'avons pas nié qu'elles ne puifTent avoir recueilli quelque fel minéral dans leurs conduits ; quelquefois peut-être dans des endroits où les métaux n'êtoient pas encore formés , faute de matériaux convenables. Nous n'avons pas encore trouvé de raifon,pour nier que ces eaux ne puifTent avoir acquis , comme les fources dont nous avons parlé en dernier lieu , quelque autre v ■' médicinale , que celles qu'elles doivent à leur qualité minérale ; ainfi on doit convenir , que quelques-uns de ces elprits inconnus , les plus fubtils , peuvent par le repos , ou par quelqu'autre accident , fe féparer promptement de l'eau , y mourir , ou s'envoler au travers des vailfeaux fcel- lés. Nous pouvons aflurer , que comme les particules de tontes les liqueurs, ont plus ou moins de rapport avec les pores de la langue & du palais , &c produifent le goût agréable , ou défagréable qu'on leur trouve , toutes les liqueurs produifent le même effet fur notre chair découverte , & fut les blef- fures profondes. Quelques ulcères exigent une plus forte friction pour les né- toyer , & pour extirper toutes leurs racines. Quant aux mots quels que foient ces efprits &c. du N°. 5 i. on peut les con- fidérer fous plus de faces différentes qu'on ne l'a fait dans les réflexions : on doit excufer cette circonfpecTion dans un tems où l'on attaque fi faci- lement les Philofophes & les Médecins. Mais il eft bon de garder le filence , Tome I. II. Punie. I i 250 Collection ;_._ ou d'être modelte dans les choies qu'on ne peut affurer , ni nier fur des fon- Tranîactions démens folides ; furtout lorique la difcuflion ne peut pas être renfermée dans I'hilosophiq. la fphére de la Phifiologie. C'eft pourquoi finitions. Si on veut bien excufer Ann 1670 l'ennui qu'a du çaufer la longueur du Mémoire , je pourrai pouffer plus avant '}j'0 - ' dans quelqif autre effai , ce que je n'ai fait qu'avancer ici. RÉFLEXIONS ET OBSERVATIONS Sur le mouvement de la fève dans les arbres , par Mrs. Tonge & Villougby» Suite de l'Art. 2. du No. 4$. ( C ) ART. IV. 13- T)Ar ^es expériences que le D. Tonge a faites fur les racines & fur les Y branches des arbres , il a trouvé que dans un tems froid , auffi-bien que par des vents froids & au foleil couchant , la fève du fycomore s'arrête ou fe rabat : mais ces expériences avoient été faites au mois de Février , au lieu que j'ai fait les miennes vers la fin du mois de Mars. Le froid qui caufe cette augmentation d'écoulement dans le fycomore au mois de Février, le rend accidentel vers lez3. 24.25. &C le 26. du mois de Mars ;& un fycomore qui avoit ceffé de rendre du lue au II. de ce même mois , en rendit après copieu- ment , par une incifion pareille à celle qui avoit été faite auparavant. Les boutons avant le froid étoient tout prêts à donner des feuilles , & la fève avoit commencé à s'épaiflir dans le haut de l'arbre , quinze jours auparavant. Au mois de Janvier 16^. ayant fait des incifions à un fycomore & à un éra- ble commun , fur le rallentiffement des premiers froids , nous trouvâmes que ces deux arbres rendoient du fuc ; qu'il couloit plus promptement lorfque le tems devenoit plus chaud ; & que le froid qui furvenoit , loin d'augmenter l'écoulement , l'empêchoit plutôt. De forte que l'habile Obfervateur conje- cture fort ingénieufement , que l'élévation de la fève dans les arbres , dé- pend d'un certain degré de chaleur fuffifant pour la faire monter , mais non pas pour l'épaiffir. Dans ces mois , où la chaleur pour l'ordinaire n'eft pas a fon degré , un air chaud qui furvient excite l'écoulement du fuc ; mais dans les mois où la température de l'air paffe ce degré , le retour fubit d'un tems plus froid fait recommencer cet écoulement. 14. Nous n'avons cependant pas trouvé que dans les noyers, la chaleur accélérât leur écoulement , mais toujours le froid. Rien n'eu lorti d'une incifion faite à un noyer dans le mois de Janvier, & au commencement de ce mois de Mars 1677- dans un tems doux '■> ma's 'a faifon ayant changé & étant devenue plus froide , il en a coulé du fuc abondamment. 15. Le u. Mars 1637. de petites & de groffes racines de bouleau ont cha- cune rendu du fuc, & des racines de fycomore en ont fait de même, à peu-près auffi dans le même tems. Le même bouleau qui avoit commencé le premier à rendre du fuc , en rendit l'année fui vante trois femaines plutôt. 16. M. Mart. Lifter a obfervé l'Automne 1669. que lors du premier froid qui fe fit fentir au mois de Novembre , un fycomore avoit rendu abondam- ment du fuc ; de forte qu'on ne fçauroit affurer qu'il ne découle du fuc de ces arbres qu'au mois de Janvier , mais immédiatement après la chute de leurs feuilles. Académique. 251 17. En l'année 1670. après la chute des feuilles , nousobfervames, en- ■ fuite de plufieurs nuits d'un tems de gelée, que le fycomore recommençoit Transactions à rendre du lue , aufli-tôt après le lever du foleil ; quoiqu'il eût diicontinué PHuosorHiQ. d'en rendre plufieurs jours auparavant. Cependant cela n'arriva pas à tous . / les fycomores , mais feulement à quelques-uns qui fe trouvèrent plus régu- vt0' ^ liérement fufceptibles de l'impreflion de l'air. 18. Le 3. & le 4. Avril, tous les fycomores cefferent entièrement de ren- dre du fuc. Le irgt,de Bochant{, &c iiKon/iigsbcrgt , Chremniis eft la plus riche en ■ or. On dit même dans le pays, qu'il y a eu anciennement une mine d'or Transactions fort riche, à Glaff-Hifltn , mais qu'elle eft perdue depuis que Btthlhm-G abor Pmtosoi'mq. ayant ravagé ces pays , les Entrepreneurs la bouchèrent & prirent la fuite. Ann. 1670. Il y a 900 ans qu'on travaille la mine de Chrtmnits : elle a plufieurs mil- N°. 5 S. les d'Angleterre c'e long , & environ 160 brades de profondeur; fes veines font dirigées au Nord Se à l'Eit. On travaille auflî vers une , deux , ou trois heures, pour parler le langage des Mineurs , car ils fe guident fous terre par une bouffole qui n'eft pas divifée en 35 points, comme celle qui ei\ en ufage fur mer ,mais en 24. qu'ils divifent comme nous faifons les heures du jour en deux fois 12. Il y a des mines d'or qui font blanches , d'autres qui font noires , rouges ou jaunes. Celle qui eft blanche avec des taches noi- res , eft eftimée la meilleure , ainfi que celle qui eft auprès des veines noi- res. Cette mine n'eft pas allez riche , pour qu'on puirte en faire l'épreuve fur de petits morceaux ; comme on fait dans les autres mines , pour connoi- tre la proportion du métal qu'elles contiennent ; mais on en broyé une très- grande quantité , & on la lave dans une petite rivière qui parte auprès de la Ville. Cette rivière qui eft divifée en plufieurs petits canaux , coule con- tinuellement fur la mine , & en enlève toutes les parties terreufes. Et de claire & tranfparente qu'elle étoit au-deflîis de la Ville , elle devient en cou- lant au travers de tous ces canaux , & fur toute cette mine broyée , d'un jaune obfcur au-deflbus de la Ville , de la couleur de la terre de ces mon- tagnes. On a trouvé des morceaux d'or pur dans cette mine ; j'en ai vu quelques- uns dans le tréfor de l'Empereur, Se dans le Cabinet de l'Élefteur de Saxe , parmi leiquels il y en avoit un aurti large que la paume de ma main , d'au- tres moindres , & plufieurs morceaux d'or pur , attachés à une pierre blan- che ; mais ils font très-rares. La terre jaune qui fe trouve par tout , autour de Chnmnits , contient un peu d'or quoiqu'on ne la regarde pas ordinairement comme une mine ; & j'ai vu une grande partie d'une montagne qu'on avoit fouillée , & dont on avoit mis la terre dans les atteliers pour la* laver comme la mine broyée , ce qui avoit donné un très-grand profit. - Quelques partages de ces mines qui avoient été pratiqués dans le roc , ayant été abandonnés, fe font étrécis , & j'ai obfervé les côtésde quelques- uns qui avoient fervi autrefois à fortir la mine , au travers defquels nous ne partions qu'avec peine. Cela n'arrive que dans les lieux humides ; ces partages ne fe réunifient pas du haut en-bas , mais d'un côté à l'autre. Il y a dans cette mine du vitriol blanc , rouge , bleu , & verd , &: des eau.v vitrioliques ; on y trouve auflî une fubftance qui s'attache à la mine d'or , femblable à des aiguilles , qu'on appelle antimoine d'or. Il y a en outre des criftaux dont quelques-uns font teints en jaune. Les Mineurs ne veulent pas convenir qu'on y ait trouvé de mercure ni de foufre ; cependant il y a du foufre dans l'antimoine d'or dont nous ve- nons de parler , comme il eft ailé de s'en convaincre , en le f.iifant b.uler. La mine de mercure dont il eft fait mention , dans les réponles aux que- ftions de Kirker , rapportées dans fon Mundus fubtcrmneus , eft éloignée de 2j6" Collection ----- Chremn'us d'un mille de Hongrie , ou de 7 milles Anglois ; on ne la rra- Transactions vaille plus. Thuosophiq. ji y a dans ces montagnes une mine de vitriol voifine d'une mine d'or , Ann. 1670. k terre ou la mine en eft rougeâtre , & quelquefois un peu verte. On fait j^Tg . o influer cette terre dans l'eau au bout de trois jours , & on la fait bouillir pen- dant fept dans un vaifleau de plomb , jufqu'à ce qu'elle fe change en une fubftance blanche , épaifle &C granulée , qu'on réduit en chaux dans un four. Elle fert à faire l'eau-forte , ou l'eau féparatoire dont on fe fert à Chremnits. On a plufieurs moyens pour tirer l'or de la mine : on la brûle , on la fond , on y ajoute de la mine d'argent & d'autres minéraux , du fable , &£ du plomb ; félon que la mine eft fluide ou fixe ; mais pour n'être pas trop long , je vais rapporter feulement le procédé où l'on n'employé pas le plomb. On rompt & on broyé la mine dans une eau très-claire , on la lave fou- vent , Si on la laiffe en poudre fur des draps , fur lefquels on fait pafler de l'eau en les fecouant fans cefle ; ce qui emporte les parties terreufes , ar- gilleuiès & légères , tandis que les plus pelantes , & le métal relient fur les draps. On lave enfuite ces draps dans différens tonneaux, & après avoir laiffé repofer l'eau , on la décante de deffus le fédiment qu'elle a dépofé ; on lave de nouveau ce fédiment , & on le remue dans différens vaifleaux. Enfin on l'arrofe avec du mercure , & on les mêle bien enfemble pendant une heure , au bout de laquelle on le lave dans un vaifleau de bois pour en féparer ce que le mercure n'a pas touché. On amalgame l'or & le mer- cure à un des coins du vaifleau , en le frappant contre les jambes , on fait fortir tout ce qu'on peut de mercure & de cet amalgame, en le faifant pafler d'abord au travers d'un gros drap , enfuite d'un plus fin ; on met ce qui refte fur une lame percée , placée fur un baflin profond qui eft dans la terre , & au fond duquel on a aufli mis du mercure , on couvre ce baflin , on lute bien fon couvercle , &£ on fait un feu de charbon par deflbus , ce qui fait def- cendre le mercure qui refte dans l'or au fond du baflin ; alors on retire l'or qu'on jette dans le feu pour le purifier. Quant à l'or de Cranach dont vous vous informés en particulier , je n'ai pu apprendre qu'il y en eût dans ce pays-ci , ni en aucun lieu en Hongrie , a qui on donnât ce nom. Mais je penfe qu'il eft dans l'Allemagne , car Agri- cola fait mention d'un tel lieu , Golde-Cranachum dans fon fécond Livre de Vet. 6* Nov. Meta/lis, pag. 4.0 0. inter Francos , & dans fon cinquième Li- vre , de Natura FoJJiLium , pag. i5^.. il parle d'un endroit nommé Golde- Crona , & d'un autre appelle , Golde-Çranaehum. Il y a différentes mines d'argent à Schemnits en Hongrie , comme celles de WindJ'chacht , de la Trinité, defaint Benoit , defaint Jean , des trois Rois &c plufieurs autres moins remarquables. Les principales & celles qu'on travaille le plus , font celles de Windfchaclit , & de la Trinité. Il n'y a en cet endroit aucune rivière , mais en revanche il y a beaucoup d'eau dans les mines , ce qui eft un double inconvénient , car on eft forcé d'envoyer une grande partie de la mine à Hodrat{ , & autres lieux , oii il y a de petites rivières qui font mouvoir les foufflets & les marteaux , & où on l.a broyé , où on la lave , & où l'on fait les autres préparations requifes. On ne Académique. 157 ne manque pas de machines pour pomper l'eau des mines , on les fait mou- ^^!^s^mmmmm- voir par le moyen des roues que des chevaux tournent , on en met jufqu'à Transactions 12 à chaque roue. Philo^ophiq. Il y a dans lamine de Windfchacht , une grande roue de 12 brades de dia- Ann. 1670. mètre , placée Cous terre , qu'une chute d'eau t'ait tourner. Cette roué t'ait N°. 5 8. mouvoir plusieurs machines , qui pompent l'eau du fond de la mine , & la font monter au niveau de l'endroit où eft placée la roué ; l'eau qui la fait tourner, ne defeend pas plirs bas dans la mine, mais fort par un petit aqueduc fait pour cela , qui fert auffi à vuider l'eau que les machines font monter , ce à la conduire au pied de la montagne. La mine de la Trinité a 70 braffes de profondeur , elle eft bâtie & foute- nuë par une maçonnerie qui a coûté beaucoup à conftruire. La mine en eft fort eftimée , parce qu'elle eft pour la plus grande partie dans la terre. Plu- sieurs veines font dirigées vers le Nord , les plus riches vers le Nord-Eft. On regarde comme un bonheur de rencontrer deux veines qui fe croifent. De forte que toutes les veines ne fuivent pas la même dire&ion , quoique dans la même mine , ce qui auroit été d'un très-grand fecours pour les découvrir. Mais on n'a aucun moyen de reconnoitre leur direction , c eft-à-dire , l'endroit où elles font , que par un travail affidu &c continué , jufqu'à ce qu'on les ait rencontrées. On ne fe fert pas de la baguette divinatoire , mais on fouille à l'avanture : on me fit voir un endroit où l'on avoit creulë pendant fix ans , quoique la mine ne fut qu'à deux braffes de l'endroit où l'on avoit commen- cé. On avoit creuié dans un autre endroit pendant 1 2 ans , & enfin on trou- va une veine , qui dans peu de tems dédommagea de tous les frais. La mine noire d'argent eft eftimée la meilleure , elle eft louvent mêlée à une fubftance ou marcaflite jaune & brillante qui fait beaucoup de plaifir aux Mineurs , lors quelle n'eft pas en trop grande quantité; parce qu'elle dif- pofe la mine à la fluidité , ou la rend plus propre à fondre : mais fi elle eft trop abondante , ils imaginent qu'elle s'eft formée dans la mine aux dépens de l'argent , & qu'elle le volatililë dans les fourneaux ; ce qui fait qu'ils l'appellent le volair , comme une fubftance qui diminue la richeffe de la mine. On trouve fouvent une fubftance rouge qui croit kir la mine , &c qu'on appelle cinnabre , cinnabre d'argent , cinnabre naturel, minium naturel , ou Berg £innober,àom je vous ai envoyé quelques morceaux féparés, & quelques au- tres attachés à la mine. Cette fubftance broyée avec de l'huile , égale , fi elle ne furpaffepas le vermillon qu'on fait avec le cinnabre fublimé. J'y ai dé- couvert du foufre , en le jettant fur une lame de fer rouge , où il prend feu , & donne une flamme bleue. Je n'ai pas fait d'expérience pour découvrir, s'il contenoit du mercure , par ce que j'en avois trop peu, & que je ne voulois pas diminuer la quantité que je vous en envoyé. Les Mineurs affurent qu'ils n'y en trouvent point. On trouva auffi dans les fentes des rochers de ces mines , des criftaux , des améthyftes , & des pierres qui en ont la couleur. Il s'en trouve quelque- fois auprès , Si même avec la mine ; on rencontre auffi du vitriol criftallité naturellement dans la terre de plulîeurs de ces mines , furtout dans celle du mont Paradis près de Schemnits. Comme les mines d'argent différent entr'elles par leur mélange avec la Tome I. II. Partie. K k 258 Collection - ^!= terre, les pierres, les marcaffites , le cinnabre , le vitriol , &c. de même elles Transactions différent beaucoup par leur richeffe , les unes contenant à proportion beau- Philosophiq. C0lIp p[us d'argent que les autres. Quelquefois 100 livres de mine ne don- Ann. 1670. nent qu'une demi-once, ou une once d'argent, quelquefois elles en donnent N°. 58. 2 , 3 , 4 , 5 , & jufqu'à 20 onces ; celles qui en fourniffent cette quantité font très-riches , & très-rares ; on en a cependant trouvé qui contenoient la moitié de leur poids d'argent , &c j'en ai vu une fi riche qu'on pouvoit la cou- per avec un couteau. On porte un morceau de chaque mine qu'on découvre, à un Officier qu'on appelle Effayeur , pour juger de fa richeffe , ce qu'il fait de cette manière. Il prend une égale quantité de chaque mine , les .ayant fait lécher, calciner, & broyer , il y mêle une pareille quantité de plomb , il les fond , & les pu- rifie ; & alors il mefure avec des balances exaftes , la proportion qu'il y a entre la mine & le métal qu'elle contient , & en fait fou rapport à ceux qui font chargés de la fonte en grand. Si la mine donne 2 1 onces de métal par quintal , on la fond ordinairement fans aucune préparation étrangère , par le moyen de la pierre de fer , ( ce qui 11'eft pas une mine de fer , mais une véritable pierre qu'on trouve aux environs ; les meilleures font de couleur de foye , ) du Kis ( qui eft une ef- pece de pyrite , ) & du Staken , ( qui n'eft autre chofe qu'une efpece d'écu- me qu'on tire de deffus les baffins qui contiennent le métal en fufion ; c'eft. «ne fubftance formée par la fufion de la première dont nous avons parlé , ) qu'on jette dans le fourneau avec la mine. Si la mine eft plus pauvre , & qu'elle ne donne que deux onces d'argent par quintal , ou moins, on commence parla broyer, enfuite on la lave , juf- qu'à ce qu'elle fort devenue plus riche , ou qu'elle contienne plus de métal à proportion de la mine. La plus grande partie de la terre étant emportée , on la jette dans le fourneau avec les matières précédentes & les marcaffites qui y demeurent toujours mêlées , parce que leurs parties defeendant au fond avec l'argent , lorfqu'on les lave , accélèrent la fufion de la mine- Tout ce qui eft fondu dans le fourneau de fufion , fort par un trou qu'on y a pratiqué , & tombe dans un baffin qui eft placé dans la terreau devant du fourneau , où il fe forme une écume , ou une efpece de croûte , qui étant enlevée à plufieursreprifes, Je métal devient plus pur. On y ajoute du plomb, & peu de tems après , on tire le métal fondu ; on le fond de nouveau dans un fourneau de féparation , où le plomb , & tout ce qui eft mêlé à l'argent, en eft féparé par Je vent de deux grands foufflets , & coule deffus en forme de litarge. Celle qui paroit la première eft blanche , celle qui vient la der- nière , ayant été plus long-tems expofée au feu eft rouge , non que ce foit de la litarge d'or , elles viennent l'une & l'autre du même métal. Comme la mine d'or de Chrcmnits contient de l'argent , de même la plus grande partie ûe la mine d'argent de Scliemnits , contient un peu d'or , -qu'on en fépare , en fondant l'argent , le réduifanten grains , & le diffol- vant dans l'eau- forte , au moyen de quoi l'or tombe au fond., après quoi on le fond ; on fépare enfuite l'eau forte de l'argent , par le moyen de la diftillation , & elle peut encore fervir. L'argent ayant été féparé de tout mélange , eft envoyé à Chrcmnits , où Académique. j^o on en fait une monnoye qui a cours dans le pays , de la manière Atîvante* : On le tond avec environ la même quantité de cuivre, & on le réduit en bar- Transaction res qu'on bat & qu'on amolit au feu , & pour leur donner une égale épait- 'hilosoihiq. feur, on les tait pafter entre deux cylindres d'acier ; alors on les coupe en Ann. 1670. pièces rondes avec un infiniment qui refTcmble au porte-pièce des cordon- N°. ^a. niers ; on les fait bouillir avec du tartre & du tel , on les agite dans un lac avec de petits charbons & de l'eau , on les fait lécher dans un baftin per- cé , & eniuite on les fait palier entre deux rouleaux oii elles reçoivent leur empreinte. EXTRAIT D'UNE LETTRE ÉCRITE A L'ÉDITEUR , par M. F. Willougby , Ecuyer , contenant fes idées fur les Chênes Nains, & le poijfon étoile du No. 5j ' . ( A ) LE poiffon étoile du N°. $7. eft le Stdla arborefeens de Rondelet , p. m. ART. V il a été décrit après lui , par plufieurs autres Naturalises. Il ne croit point en Angleterre de chênes nains , tels que ceux qu'on vous a envoyés de la Nouvelle Angleterre ;ni dans aucun des pays où j'ai été, à moins que ce ne fût l'Ilex Coccifera , qui eft un arbufte bas qui porte de gros glands , dont la feuille eft pointue' , femblable au laurier. Si cela étoit, ce feroit une découverte fort avantageufe de Middleton dans le Comté de Warwick. Le ij>. Avril 16 y 0. N°. 59- RELATION Des mines de cuivre de Herrn Ground en Hongrie, par le D. Edward Brovn. (A) TT Errn- G round eft une petite Ville fort élevée , fituée entre deux mon- Art. II. -£ Stagnes, fur un terrein qui porte le même nom. Elle eft éloignée d'un mille de Hongrie , de Nen\Çol; dans cette Ville fe trouve l'entrée d'une mine de cuivre fort travaillée. J'y entrai par un trou appelle Teich-Holn , j'y reftai plufieurs heures , •& j'en vifitai les principaux endroits ; on y defeend par des échelles , ou au moyen de grands arbres plantés debout, ôc qui ont de profondes entailles pour appuyer le pied. On n'y eft point incommodé de l'eau , la mine étant élevée dans la montagne; les eaux s'écoulent facilement ; mais en revanche, on y eft expolé à des vapeurs, & à une grande quantité de poufliere. Les veines de cette mine font larges & entaflees. La mine eft très riche. Elle donne quelquefois 20 , 30,40, $0, & jufqu'à 60 livres de cuivre fur un quintal de mine. La plus grande partie de la mine, eft fi fort adhérente aux roches , qu'on a beaucoup de peine à l'en détacher. Il y a plufieurs eipé- Kk2 160 Collection . ces de mines , mais leur principale différence eft entre le jaune & le noir ; Transactions celle qui eft jaune eft de cuivre pur , la noire contient de l'argent. Philoscthiq. On ne trouve pas d'argent vif dans cette mine; la mère de la mine eft Ann. 1670. jaune ; la mine de cuivre échauffée & jettée dans l'eau , la rend femblable N°. 59. à celle des bains fulphureux. On a beaucoup de peine à féparer le métal de la mine. La mine paffe ordinairement 14 fois par le fourneau; quelquefois on la brûle , ou bien on la fond , quelquefois toute feule , quelquefois on y mêle d'autres métaux & même fa propre écume , ou fcorie. On trouve dans cette mine différentes fortes de vitriol, duverd, du bleu , du rouge , & du blanc ; il y a aufli une terre verte , ou plutôt le fédiment d'une eau verte qu'on appelle Berg-Grun. On y trouve encore de très-belles pierres bleues, vertes, & une entr'autres, fur laquelle on a vûdesturquoifes, ce qui l'a fait appeller mine des turquoifes. On y voit aufli deux fontaines d'eau vitriolique , qu'on affure changer le fer en cuivre ; on les appelle le vieux & le nouveau Zimcnt ; elles fonr dans le fond de la mine. On laifle ordinairement le fer 14 jours dans l'eau. Je vous en envoyé quelques morceaux avec un cœur , & une chaîne qui étoient d'abord de fer , & qui paroiffent maintenant de cuivre ; j'ai tiré plu- fieurs de ces morceaux du vieux Zimcnt. Ils font durs dans l'eau , & ne per- dent pas tout-à-fait leur figure ; ils tombent en poudre , comme vous pou- vés aifément l'appercevoir , par ceux que je vous envoyé. Ils font aifés à fondre , j'en ai envoyé un morceau , qui a été fondu fans addition : on fait de très-belles coupes , & de très-beaux vaifleaux , de ce fel de cuivre ;'j'ai bu dans une de ces coupes , lorfque j'étois dans la maifon du ver Watter A'Hcrrn-Ground. Elle étoit dorée, & elle avoit un morceau de mine d'ar- gent très-riche attaché dans le milieu ; on avoit gravé cette infcription au dehors : Eifen Warc Ick , Kupfer bln Ick Silber trag Ick , Gold bedeckt mich. C'ejî-à-dire , j'ai été de fer , maintenant je fuis de cuivre , Je contiens de l'argent, de je fuis couverte d'or. MÉMOIRE Sur les bains d'Autriche , & d'Hongrie; & fur les carrières de pierres , des ro- chers de talc , &c. quife trouvent dans ces contrées , par le même Auteur. (A) POur répondre à quelques-unes de vos autres queftions , j'ai l'honneur de vous préfenter le détail fuivant fur les bains , & fur quelques-uns des au- Art. III. Jf vous prei très objets qu'elles renferment. Baden eft une petite Ville d'Autriche , à 4 milles de Vienne. Elle eft fituée dans une plaine voifine d'une chaîne de montages , qui eft une branche du mont Cetius. Cette Ville eft extrêmement fréquentée à caufe de fes bains , qui font û nombreux , qu'on en compte deux dans la Ville , cinq hors des murs , & deux au-delà d'un petit ruifleau qu'on appelle fwechet. Académique. 261 Le bain du Duc eft le plus grand , il a 20 pieds en quatre , & eft fitué au milieu d'une maifon de la même figure qu'on a bâtie au-deffus. Les vapeurs Transaction* fortent par une efpece de tuyau de bois, qui eft au faite de la maifon ; l'eau Phuosophiq, eft conduite dans des canaux de bois , depuis fa fource qui eft fituée à une Ann. 1670. petite diftance de la Ville du côté de l'Oueft, jufqu'au bain , où elle fe dé- -m0 ,q gorge dans un coin, parlant par défions le mur de la Ville. Les fources des autres bains , fourdent à l'endroit même oii font ces bains , &i on laifle à cet effet des trous au plancher , car tous les bains font boifés , les fiéges , les côtés , Ô£ le plancher étant de fapin. Prefque toute l'eau eft claire &c tranf- parcnte , mais un peu bleue , & fait paroitre la peau pâle quand on fe bai- gne , à peu-près comme la fumée de foufre : elle colore les métaux ( à l'ex- ception de l'or , dont elle rehaufle cependant la couleur , ) & les fait de- venir noirs en peu de minutes. La monnoyedu pays , qui eft un alliage de cuivre & d'argent , ) contenant 77 d'argent & 7V de cuivre , prend en une minute de tems une couleur jaune oblcur, de blanche qu'elle étoit , & devient noire bientôt après. Cette eau donne une belle couleur verte aux plantes qu'elle lave , & laifle fouvent fur leurs feuilles une écume , cou- leur de pourpre mêlée de blanc à fa fource , elle reflemble en quelque ma- nière à la rivière de foufre de Tivoli près de Rome , mais elle n'eft pas fi forte , & ne fent pasfi mauvais, elle n'incrufte pas fes bords , comme elle. Cette fource eft encore remarquable en ce qu'elle fort de deflbus une montagne de rocher, à quelque diftance de fon entrée. Je parcourus, pour y arriver, environ 40 pas d'un paflage voûté, taillé dans le roc , qui for- me une étuve naturelle , comme celle de Tricola &c de Bayes , échauffée par les eaux qui y coulent. La plus grande partie de cette caverne eft in- cruftée d'une fubftance blanche , que les habitans prennent pour du Salpêtre , &C dont je vous envoyé quelques morceaux. Elle eft plus dure & plus pier- reufe à l'entrée de la caverne. Je fis ouvrir quelques-uns des canaux qui conduifent ces eaux , & je tirai de leur partie fupérieure un peu de foufre en poudre , femblable à la fleur de ce minéral, ayant vraifemblablement été fublimé de l'eau , au lieu de fe dépofer ; puifque je le trouvai à la partie fupérieure du tuyau. L'huile de foufre par la campane ,n'ycaufe aucun mou- vement;i'huile de tartre/nzr défaillance y produit une ébullition, comme dans la compofition du tartre vitriolé. Le fécond bain qui fe trouve dans la Ville , eft celui de Notre-Dame , d'environ 12 pieds de large fur 24 de long. Une de fes extrémités eft fituée fous une Eglife du même nom. Il contient plus de foufre que les autres , les eaux en font plus bleues , & dépofent des fleurs jaunes , au lieu que les au- tres en dépofent de blanches. Le troifième eft le bain neuf; il eft fitué hors de la Ville , tout auprès delà porte. Lorfque je fus pour le voir , il étoit plein de gens qui chantoienf. Le 4e. eft celui des Juifs qui a une cloifon au milieu, pourféparer les hom- mes des femmes. Le 5 e. eft celui de faim Jean , dont la forme eft triangulaire. Le 6c eft le bain des pauvres. Il n'a jamais beaucoup d'eau , & on eft obligé de s'y coucher pour fe baigner. Le 7e. eft le bain de fainte Croix d'environ deux brades en quarré. Il eft principalement deftiné au Clergé. 2.6i Collection . Le 8c eft celui de faint Pierre. Il eft plus vert que les autres.' Transactions ^e 9e- e^ ic bain Sower ; il eft entouré de baluftracles de pierre, & con- ]'Hiî.osopHtQ. vert d'un beau dôme, & d'une lanterne. L'eau en eft claire, j'ai ibuvent Ann. 1670. noirci de l'argent à la vapeur du bain , fans lui taire toucher l'eau ; les bou- N°. 5 y. tons de mon habit , & tout ce que j'avois d'argent fur moi , expoféaux va- peurs , fut doré , pour avoir refté quelque-tems dans la chambre ; néanmoins cette eau , lorfqu'elle eft refroidie , ne colore plus les métaux , même lorf- qu'on les y fait bouillir. Les plus chauds de ces bains , ne font pas auffi chauds que le bain de la Reine à Bath , en Angleterre ; on ne fe fert point de guide , comme en An- gleterre , mais on fe lave foi-même avec un bâton tourné. Il n'y a qu'un bain à Manners Dorff, qui eft une Ville lituée fur une mon- tagne , fur le bord oriental de la rivière de Leyta. Il a fa fource fous une Eolife qui a été bâtie deffus , l'eau en eft tiède , & lorfqu'on la veut plus chaude , on eft obligé de la faire chauffer dans de grandes chaudières de cui- vre. On fe baigne dans de grands vafes remplis de cette eau ainii échauffée. On ramaffe fur ces chaudières une fubftance imprégnée de foufre , de fal- pêtre &de craye , qui s'y attache. Cette eau colore les pierres qu'elle mouil- le , d'un très-beau vert de Turquoife ; & les vapeurs qui s'attachent à la mouf- fe fous l'Eglile , fe changent en gouttes d'or ou d'ambre. Dotis , à deux milles d'Hongrie de Comora en Hongrie , fameufe par le grand nombre de fontaines qu'on y trouve , a auffi des bains fulfureux , qu'on dit être chauds pendant l'hiver. J'y ai été dans les mois de Mars & d'Ofto- bre , & j'ai trouvé leur chaleur peu confidérable , & à peine fenfible. Leurs eaux font bleues , & ont un goût acide. Le bain de la Reine , & le grand bain font finies dans un marais , au Nord du Château. Il y a auffi un autre bain dans les jardins du Gouverneur , en dedans de la Ville. On s'en fert , comme à Manners-Dorff , on fait bouillir l'eau , & on la met dans des cuves. A Banka , à deux milles de Hongrie de Frciflad , je comptai 1 5 bains dans un pré. Il y en a eu davantage , mais la rivière de Waag mine fes bords, & engloutit les bains; elle en a même inondé 3 des 1 5 qui fubfiftent. Les eaux de ces bains font femblables à celles de ceux de Baden en Autriche ; elles laiflent un fédiment blanc fur la moufle & les endroits qu'elle lave , & noirciftent les métaux. Ce que j'éprouvai , en y mettant de la monnoye. J'en enfonçai même , dans la terre du fond du lit de ces eaux ; la partie qui étoit dans la terre conferva fa couleur ; celle qui étoit dans l'eau , devint noi- re , comme du charbon : ces bains font ouverts , & extrêmement chauds. Les bains de Boinit^ , près de la rivière de Nitra en Hongrie , ont une chaleur douce qui les rend très-agréables, ils ont été fort embellis par le Com- te Pal/y Palatin de Hongrie. Ils font tous fous un grand lambris. Le pre- mier eft celui de la NoblefTe ; il eft bâti de pierres , & on y defeend de tous côtés par de grandes marches auffi de pierres. Il y en a quatre autres en bois, mais très-beaux & très-bien bâtis. Il y a à Stub'n , à trois milles de Hongrie de Newfol , & à deux de Chrem- nits , près d'une petite rivière, plufieurs bains très-eftimés & très-fréquenrés , l'eau en eft très-claire , fent le foufre, & dépofe un fédiment vert. Elles tei- Académique. 263 gnent le bols qui eft au fond , en vert & en noir ; mais ne changent pas ■ aufîitôt que les autres , la couleur des métaux ; j'y laiflai toute une nuit Transactions de l'argent, qui n'en fut que très-légérement coloré. La fource vient de deflbus Philosophie. le bain , & entre par plufieurs trous qui font au plancher. La chaleur ré- Ann ,^70> pond à celle du bain du Roy en Angleterre. Ces bains font au nombre de joo ,Q 7 ; le premier eft celui des Nobles , le fécond des Gentilshommes , le troi- sième des Bourgeois , le quatrième des Bourgeoifes , le cinquième des pau- vres , le fixième de ceux qui font infe&és du mal vénérien , le feptième eft le bain des Bohémiens , qui lont en grand nombre dans ce pays. Tous ces bains font dans une plaine entourée de tous côtés de monragnes ; les plus voilTnes font à l'Eft , & c'eft la même chaine qui de l'autre coté eft fi riche en métaux. Glujf-Hitten , qui eft fituée à un mille de Hongrie , environ 7 milles d'An- glerre de Schcmnits , a cinq bains , dont deux font très-grands ; leur eau dé- pofe un fédiment rouge , 6i incrufte le bois & les fiéges du bain , d'une fub- ftance pierreufe ; & elle dore l'argent. Le plus remarquable de ces bains eft celui qu'on appelle le bain de fueurs , dont la fource tombe d'une montagne dans un bain , qu'on a bâti pour la recevoir à l'une de fes extrémités. En montant on arrive dans une cave , qui torme une très-belle étuve échauffée par les eaux du bain , & dans laquelle il y a des fiéges difpofésde façon , qu'on peut en fe mettant en haut , ou en bas , régler la fueur, ou jouir du degré de chaleur que l'on veut. Cette cave , & les côtés du bain , font cou- jours couverts des vapeurs de ces eaux qui s'y ramalTent en gouttes , & d'une fubftance rouge , blanche & verte ; la rouge 6c la verte font fort agréables à la vue , mais on fe fert de la blanche contre la pierre , & pour guérir les ulcères , ou les furos des chevaux. On trouve auffi des bains chauds à Eifcn-Bach , qui eft environ à 4 milles d'Angleterre de Glajf-Hitun , &c à 4 ou 5 de Schcmnits. Je foupçonne que c'eft de ceux-ci dont vous voulés parler dans vos dernières queftions ; je vous envoyé plufieurs morceaux de fédiment ou de pierre pris dans ces bains. Il y en a un entr'autres , que j'ai pris dan-: une ancienne ouverture par où ces fources fortoient autrefois ; le bois eft encore attache au bas , mais il n'eft pas pétrifié comme vous pouvés le voir. J'ai cependant vu de grands arbres , qu'on avoit placés à la fuperrîcie du bain , qui avoient fouffert quelque pétrification. Il y a dans cette Ville deux bains très-fréquen- tés , &c un troifième qui eft formé par les eaux du premier , & qu'on appel- le U bain des Serpens , parce qu'il eft prefque toujours rempli de ces reptiles qui fe jouent dans fes eaux chaudes. Les bains de Bude paiTent pour les plus beaux de l'Europe , non-feule- ment par l'abondance de leurs fources , mais encore par la magnificence des bàtimens ; caries Turcs fe baignent beaucoup , & quoiqu'ils foient peu re- cherchés dans leurs maifons , ils font très-magnifiques dans leurs bàtimens publics , comme le prouvent leurs caiavanfera, leurs mojljuccs ^ leurs ports , leurs bains , &C. Il y a 8 bains dans cette Ville , que j'ai vifités pendant le féjour que j'y ai fait ; fçavoir 3 dans la partie de l'Eft , ou Sud- Eft de la Ville , fur le che- min de Conftantinople ; &c 5 dans fa partie Occidentale , du côté d'OJfèn cv de Strisronie. 364 COU E CTION ^— ™— ~~r; Le premier eft un grand bain découvert , fitué au pied d'une montagne de Transactions rochers ;on l'appelloit autrefois le Purgatoire. Le peuple en aune appréhen- Phii.osoi.hiq. fion ridicule. Ann. 1670. Le fécond eft couvert d'un dôme , & eft auprès de la même montagne , N°. « 0. ma's PU1S ^ans ^a Ville ' Pr^s ^e l'endroit où font les tanneries. Le troifième s'appelle le bain des Colomnes vertes , quoiqu'il préfent elles foient toutes rouges. Il eft fitué vis-à-vis le Caravanfera , l'eau en eft chau- de , mais il n'eft pas néceiïaire d'y en ajouter de froide , pour la rendre fup- portable. Elle eft imprégnée d'un fuc pétrifiant , qui fe manifefte fur les cô- tés du bain , à la bouche de la fource , & en d'autres endroits , & produit une pierre grife. Les exhalaifons du bain réfléchies par le dôme , par les barres de fer qui s'étendent d'une colomne à l'autre, & par les chapiteaux de ces colomnes , forment fur toutes ces parties , des pierres longues fembla- bles à la glace qui pend aux gouttières , telles qu'on peut en obferver dans plufieurs grottes, & particulièrement en Angleterre dans la grotte d'Okey, dans le Comté de Somerjet , & dans celle de Pooles dans la Province de Darby. On laiffe échapper l'eau pendant la nuit , lorfque les femmes ont achevé de fe baigner , ce qui eft quelquefois fort tard ; le bain eft entouré de gran- des colomnes qui foutiennent un dôme percé , pour laiffer fortir les vapeurs. Malgré cela , toute la falle eft comme une étuve. Les bains qui font à la partie Occidentale de la Ville, font, 10. ceux de Taclalli ou le bain de la Table. Il eft petit & couvert ; l'eau en eft blanche , & fent le foufre , on la boit , & on s'y baigne ; lorfqu'on veut en boire , on la prend au robinet qui fournit l'eau du bain. Je donnai à un Turc qui fe baignoit une pièce de cinq fols pour me la dorer ; ce qu'il fit en une minute , en la frottant entre fes doigts , & la tenant fous le robinet , afin de faire tomber l'eau défais. 2°. Barus de Grimene , ou le bain du Moulin à poudre. Il prend fa fource dans un étang , près du grand chemin , & s'y mêle avec de l'eau fraîche , ce qui fait que cet étang eft blanchâtre d'un côté , &c tranfparent de l'au- tre ; il eft auffi chaud & froid en différens endroits. On a conduit ces eaux au travers du grand chemin à un moulin à poudre , où elles fervent à faire de la poudre ; les habitans imaginent que ces eaux communiquent avec les fources fulfureufes de Dotis , qui en font éloignées de plufieurs milles. 30. Cunoculige , le petit bain , ou le bain du Saint, nom dont les Turcs rendent une raifonfuperftitieufe. Il eft gardé par des Moines Turcs ; ce bain dans lequel la fource fort , eft fi chaud , qu'il eft impoflible de le foutenir ; mais elle devient fupportable en panant dans un fécond bain qui eft à quelque diftance. Cette eau ne diffère de l'eau ordinaire , ni par fa couleur , ni par fon goût , ni par fon odeur , & elle ne dépofe aucun fédiment , les bords du bain font feulement teints en vert , & couverts d'une fubftance fongueufe. 40. Le Kaplih eft un très-beau bain ; mais une grande partie des bàtimens ont été confrmés cette année 1669. par un incendie ; les Turcs les ont déjà réparés. L'eau en eft très-chaude , & contient un fuc pétrifiant. Le bâii- ment eft oftogone , & a un très-beau bain au milieu. Il eft entouré d'un foffé plein d'eau qui ne fert qu'à l'ornement. Il a des niches tout autour , dans chacune •Académique. 165 chacune defqnelles eft une fontaine. Il y a aurti un baflin de pierre, & une ^^ fontaine dans le veftibule où l'on laide fes habits. Transactions Le bain de Velibey Cent très-fort lefoufre, & contient un fuc pétrifiant. PHnoiomia.; L'eau en eft li chaude, qu'elle a bel'oin d'être mêlée avec de l'eau froide , Ann. 167O. pour être fupportable ; ce bain eft le plus beau de tous. Le veitibule en eft Nc. 59. très-grand , la falle du bain très fpacieufe , fort élevée Se ornée de cinq dô- mes , un au milieu qui eft le plus beau , au-deffus d'un grand bain rond , & un à chacun des angles, où il y a auffi d'autres bains, ou d'autres étuvespour les gens qui veulent être en particulier. Les Turcs ont coutume de s'v épiler avec un épilatoire mêlé avec du fa von; ils ne fe lahTentpas un poil fur tout le corps , à l'exception de la barbe , & un toupet au fommet de la tête ; le grand dôme eft foutenu par douze colomnes, il y a entre ces colomneshuit fontaines d'eau chaude , &c l'intervalle des quatre autres eft rempli par des fiéges , où les Barbiers & les Baigneurs attendent. Il y a dans chacun de ces endroits deux citernes de pierre , dont l'une eft remplie d'eau chaude , ôc l'autre d'eau froide , afin de pouvoir les mêler comme on veut. Les hommes fe baignent le matin , & les femmes l'après-midi. Lorfqu'on veut fe baigner , on trouve en entrant dans la première chambre , plufieurs domeftiques qui attendent , & qui foumiffent d'habits , & d'un tablier. On fe dépouille de fes habits , on met le tablier , & on entre dans la féconde chambre , dans laquelle on trouve un grand bain ; on s'aflîed fur le bord du bain , ou entre les colomnes , près d'une fontaine. Alors on fe fait frotter avec les mains , par un barbier qui étend fes bras , &i les levé en l'air , après quoi on fe baigne. Si c'eft un fujet du Grand Seigneur, ou que ce foit la cou- tume du pays, on fe fait rafer la tête, &fi c'eft un jeune homme , il fe fait cou- per la barbe , excepté celle de la lèvre fupérieure ; enfuite le Barbier frotte l'échiné , la poitrine , les bras, les jambes , avec un morceau d'étoffe de laine. Pendant ce tems-là on eft afîis , ou couché fur le ventre. On fe fait laver la tête avec du favon , & on fe fait jetter de l'eau froide fur tout le corps. En- fuite on fe promené pendant quelque-tems dans la vapeur du bain. On prend ces bains de deux manières , ou en fe mettant dans l'eau , ou en s'affeyant autour du bain dans la vapeur qui s'en exhale ; car cette va- peur rend toute la falle comme une étuve. On y fue prefque toujours pen- dant tout le tems qu'on y refte. Il y a des gens qui n'entrent pas dans l'eau , mais qui fe la font jetter deffus le corps ; d'autres qui fe contentent de reflet- a la vapeur du bain qui les faitfuer fuffifamment. Mais en voilà ajje^ fur les bains. On trouve fur le côté du mont Calenberg vers le Nord , des pierres qui ont des empreintes d'arbres & de feuilles ; j'en vis de très-belles , qui fervoient de pavé dans les jardins d'un Hermitage de Calmadules , fitué fur le fommet de cette montagne. Cet endroit eft à 2 mil- les de Vienne. Les carrières de l'Empereur , d'où l'on tire la pierre qu'on employé pour les plus beaux bâtimens de Vienne , n eft pas loin de Manners-Dorff. Il n'y a point de fente dans toute cette carrière , où l'eau ne laifte quelque pétrifi- cation en partant. Ce qui fait une efpece de ciment qui rejoint les pierres, mais qui en diffère un peu. Il y a à un mille au Nord de Freijlad en Hongrie , une carrière d'où l'on Tome I. II. Partie. L 1 166 Collection ■^— ■ — — ■ tire de très-grandes. pierres tranfparentes & femblables au fiicre candi. Transactions Près de Branca ,k deux milles de Hongrie , au Nord de Freijlad , on trou- Philosophiq. veune autre carrière de pierre blanche , à peu de diftance des bains qui Ann 1670 il retient la i'alure , vous en avés de cette efpece dans le paquet N° 60 ' ^DD » Je laifferai à quelqu autre à décider , fi ce fel vient de la mer , ou fi c'eft le fel de tous les minéraux. Mon opinion eft , que ce n'eft autre chofe que le produit des minéraux , qui peuvent cependant avoir reçu quelques additions de la mer. Peu de tems après qu'on a mis de cette eau fur le feu , il tombe au fond une poudre jaune qu'on en fépare en la filtrant , & que j'ai marquée E ; je ne dirai pas fi c'eft la même chofe que l'ochre qui tombe au fond des vaifTeaux , lorfqu'on la porte loin , mais elles font toutes les deux de la mê- me couleur. J'avois penfé à vous envoyer du fédiment noir dont j'ai parlé à la p. 66. de ma réponfe , qui tombe au fond du vaifleau , lorfque l'eau a reçu une teinture de noix de galle calcinées , d'une couleur brune , que je crois être du fer. Mais le tems où j'ai été à Scarborough , ayant été très-froid , je n'ai pas pu le féparer ; fi vous en fouhaités , je pourrai vous en procurer cet Eté. Mais puifque mon Adverfaire s'eft beaucoup étendu fur la calcination des minéraux , qu'il prétend devenir blancs , ce qui lui fait en exclure le vi- triol & le fer ; je vous en ai envoyés quelques-uns calcinés , tels qu'ils font fortis du creuiet , marqués E , qui , comme vous pouvés le voir , ont une apparence de couleur rouge , ( pour me fervir de fon expreflion dont j'ai cité les termes , p. 57. de ma réponfe. ) Mais puifqu'on ne peut pas fuppofer que cette couleur vienne du nitre , de l'alun , ou du fel , elle doit félon fes pro- pres principes venir du vitriol ou du fer , & je juge que c'eft du fer qui y eft en corps. Si l'on calcine les minéraux que j'ai dit fe tirer les premiers de ces eaux , qu'on les réduife en une poudre très-fine , qu'on les édulcore avec de l'eau pure , ou diftillée , & qu'enfuite on la filtre , on trouve un fel nitreux qui ne diffère pas beaucoup de celui dont nous avons parlé ci-deflus , marqué B ; mais il refte toujours fur le filtre une plus grande quantité de criftaux que la grande chaleur du feu a produits. J'ai encore tiré d'autres parties de ces minéraux , qui fans doute contri- buent beaucoup aux cures qu'opèrent ces eaux , & qui employés dans d'au- tres véhicules, font d'un ufage fingulier dans les maladies hypocondriaques. J'ai pris fix onces de ces minéraux , que j'ai mis dans une retorte , à un feu de fable , j'augmentai le feu par degrés. Le récipient étoit fi bien luté à la retorte , qu'il n'étoit pas poflible qu'il s'en échappât aucun efprit , même le plus volatil ; il en fortit d'abord ce que vous voyés dans la phiole G , c'eft- a-dire , environ une once de phlegme ; augmentant enfuite la chaleur , & y ayant luté avec la même exactitude un autre récipient , j'eus l'efprit acide H , ( à la quantité d'une demi-once , ) j'en ai tiré de beaucoup plus acide que celui-ci , il eft vrai que je me preffai un peu de le retirer du feu ; il teint ce- pendant la décoction de rofes , comme l'efprit de vitriol , ou de fel. J'ai quelquefois vu cet efprit acide fe criftallifer aux parois des vaifTeaux , lorf- qu'on Académique. 273 qu'on le gardoit long tems, tk perdant lbn acidité devenir femblable à du ■ phlegme. Tra^,achoni. Je paffe maintenant aux queftions du Dr. Foot; me contentant d'exami- P«i*ftwaufc ner les faits , & laiffant à des gens plus éclairés , à difcuter les raifons des. Ann. 1670. chofes. . ..... N°. 60. Pour répondre à la première , je diftillai des eaux de Scarborough , dans un alembic de verre , & je lutai tellement le récipient , que L'étants de- vin même ne pouvoit pas s'en échapper ; elles ne donnèrent qu'une eau infipide , telle que l'auroit donnée toute eau de fontaine , & je crois pou- voir affurer qu'aucune eau minérale n'en peut donner d'antre. A la féconde , les eaux de Scarborough , & toutes celles qui font impré- gnées de quelques minéraux , foit qu'on les Jaiffe en repos, du qu'on les tranfporte , dépofent au bout de qnelque-tems un fédiment jaune. Mais il n'en eft pas de même des eaux douces de Knaresbrougk , ni des autres eaux de cette efpece, qui ne contiennent point de minéraux , mais qui font feule- ment imprégnées de la vapeur de quelques minéraux. A la troilième , les eaux dépofent plutôt leur fédiment , û on les tranf- porte, que fi on les laiffe en repos, furtout ii elles font dans des vaiffeaux de chêne. A la quatrième, ce fédiment jaune fe laiffe voira la fource & dans le ruif- feau , & même les eaux de Knaresbrough donnent une légère couleur à leur citerne , quoiqu'elles n'y dépofent prefque rien. A la cinquième, les bouteilles qui font bien bouchées confervent plus long- tems leur goût piquant , que celles qu'on laiffe ouvertes , & confervent auifi plus long-tems leur vertu médicinale , leurj couleur , & leur fédiment.' A la fixième , je n'ai point trouvé de différence entre ces eaux gardées dans une bouteille de verre ou dans une vefîie de bœuf, à cela près que celles quiavoient été gardées dans la veffie ne contractèrent pas avec la poudre de noix de galle une couleur 11 noire , mais plus claire. A la feptième , je n'ai pu imaginer , ni perfonne n'a pu trouver rien qui fût capable d'empêcher les eaux de Scarborough de perdre leur vertu apé- ritive , ni de prévenir la précipitation de leur fédiment , lorfqu'on les tranf- porte à quelque diftance. A la huitième , quoique les eaux de Scarborough dépofent une efpece d'o- cre , elles confervent cependant leur vertu purgative , qui provient fans doute des fels & des efprits minéraux reltans , & même jufqu'à ce qu'elles foient corrompues; & peut-être font-elles plus purgatives dans ce dernier état , comme me l'ont afïïiré des gens qui en avoient bu de ii fétide , qu'ils étoient obligés de fe boucher le nés pour la boire. Mais leur fanté en a fouf- fert beaucoup de préjudice, comme je l'ai fait voir dans mon premier Livre. Quant aux eaux douces de Knaresbrough , elles s'affoibliffent , quoiqu'il ne paroiffe point d'ocre au fond des vaifleaux. A la neuvième, qu'on explique mieux la perte de la vertu des eaux de Knaresbrough , & autres femblables , en difant , qu'il s'eft évaporé quelque partie fpiritueufe y puifqu'elles n'ont pas autre chofe en quoi leur vertu puiffe réfider. Au lieu que cette railbn ne peut pas fervir pour les eaux de Scar- borouzh , defquelles on ne peut pas dire qu'il s'évapore aucun efprit ; tk mè« Tome 1. II. Punie, M m. 274 Collection ■ nieou les trouve plus éminemment dans les minéraux; c'eft pourquoi nous de- Transactions vons convenir qu'il s'y fait une altération inteitine , ou une précipitation de Philoso^hiq. leurs parties , ou quelque chofe de femblable, ce que je laifle à examiner Ann. 1670. aux Sçayans. N°. 60. ^e Vius Parler maintenant des trois maximes de Chimie , citées par le Dr. Foot. Il eft vrai que la vertu médicinale des eaux réfide dans les fourres vo- latils des métaux ou des minéraux , cependant nous ne pouvons pas exclure leurs parties fixes de l'ufage de la Médecine , comme le fe4 fixe d'acier , & l'acier lui-même dont nous nous fervons avec tant de fuccès. Et Schrodcr prépare un grand nombre d'excellens remèdes avec les fels fixes de tous les métaux & minéraux. Ce qu'il obferve dans la féconde , que les acides & les alkalis agifient l'un fur l'autre , jufqu'à l'entière deftru&ion de leur première activité , &C à la production d'une troifième fubftance neutre , eft généralement vrai ; cela fe vérifie fuffilkmment dans les minéraux , dont les eaux de Scarborough font imprégnées ; car ils deviennent une toute autre fubftance , que ce qu'ils étoient dans leurs principes, comme je l'ai montré, p. 18, 19, & 61 , 62. On ne fçauroit douter de la troifième , & comme j'ai eu occafion de par- ler aux pag. 5,6, 17 , & 18 de l'hypothèfe qu'il déduit de fes prémiflés , je n'en parlerai pas davantage , & je viens à la lettre du Dr. Higmore , in- férée dans votre N°. $6. Je dois bien des remercimens au Docteur , pour la bonté qu'il a de convenir , que j'ai quelques avantages fur mon Adver- faire ; quoiquétant étranger , dit-il , à ces eaux , il ne puiffe pas décider le- quel à raifon de nous deux ; & il croit qu'on pourroit retrancher quelques- uns des principes minéraux que j'y admets. J'ai fait voir, pag. 112. 113. de ma réponfe , que mon Adverfaire, après avoir nié plufieurs fois que ces eaux continuent tous les principes que je leur afîjgne , eft cependant enfin convenu de l'exiftence de tous , dans fon Livre ; & je ne puis pas me plaindre que le Dr. Higmore , ou tout autre Sçavant qui comme lui , ne veut pas prendre part à la querelle , demande de nouveaux éclairciffemens. Quoique ce Docteur ne connoiffe pas ces eaux, il a les raifons que j'ai apportées pour l'exiftence de chacun de ces princi- pes , outre l'aveu de mon Adverfaire. Si les perfonnes qui ne font pas fatis- faites , veulent fe donner la peine d'examiner par elles-mêmes , ( fi lesin- grédiens que je vous envoyé de ces eaux , ne font pas fufnfans , ) je ne dou- te pas qu'elles ne reviennent à mon opinion. Eniiiire il eft étonné que je mette parmi les autres l'alun , qu'il dit défi- cher , refferrer , épaiffir , & il ne comprend pas comment ces eaux pourroient être fi défopilatives, &fi bien raifantes pour les hypocondriaques, & les per- fonnes cachectiques, étant imprégnées d'un aftringent fi fort, &C il ajoute, U Dr. ne nous rapprend pas. Il paroît par-là , & par ce qui fuit , que le Dr. Higmore n'a lu l'endroit de mon Livre cù je traite des minéraux , que très fuperficiellement , ou qu'il avoit oublié la plus grande partie de ce qui y eft rapporté , lorfqu'il a écrit fa lettre. Rien n'eft plus évident que l'exiftence de l'alun , dont nos eaux font imprégnées ; de forte que M. S. dans la première partie du Livre qu'il a écrit contre moi, avoue qu'il n'y a rien que de l'alun. Ce que dit le D. H. fur x. Académique. 275 la propriété aftringentc de l'alun eft très vrai ; delà vient que j'ai avancé ' "■■; dans ma réponse, pag. 126, 127, qu'elles ne pouvoient m lever les obftru- Thamsac-i iox's crions, ni lâcher le ventre pour cette raiibn ; mais j'ai pleinement démort- U'hchosophu. tré , que tous les autres principes y exiftoient au(H-bien que l'alun ; j'en Ann. 1670. ai parlé , & j'ai traité de toutes les propriétés qu'ils communiquoient à l'eau J^u, ($0. dans mon Scarborougli Spaw , 2. Édit. pag. 142, I43 » 144, 145. Outre ce que j'ai dit de leurs vertus en différens endroits de mon dernier Livre , comme du vitriol , pag. 71 , du fer, pa-g. 78 , 79 , du nitre , pag. S fans ; ( dont nous avons la preuve tous les jours dans les Étrangers d'un cer- tain âge , auxquels il eft très- difficile , pour ne pas dire impoffible d'appren- dre la véritable prononciation d'un fon ni d'une langue qu'ils n'auront pas appris dans leur tendre jeunefle ;) Néanmoins il peut parvenirà parler auffi-* bien. Académique. 2S1 bien qu'un Étranger du même âge que lui, qui apprendroit l'Anglois. Ce qui === lui manquera de cette exactitude à laquelle parvient uneperlbnne qui le parle Transactions depuis l'on enfance, n'en: pas d'une li grande importance, qu'on ne puiffe Ph»M«ophki, bien s'en difpenfer. Ann. 1670. Après vous avoir ainfi inftruit des raifons qui m'ont engagé à cette entre- ^o 1 $lt prife , je vais , de crainte que vous ne vous perfuadiés que j'ai bâti avec trop de confiance fur ce fondement , & que vous ne me croyiés coupable de trop de vanité , en ce que je meferois promis un fuccès plus grand, que je ne fuis en droit de l'attendre ; je vais , dis-je , vous rendre compte du fuçcès que j'ai lieu d'efpérer. Quant à la première partie , je veux dire , quant au parler , quoique je croye pouvoir y faire plus de progrès qu'on ne le l'imagine , & qu'il pourra parler de façon à fe faite entendre ; néanmoins je ne me promets pas qu'il parle avec affez d'exactitude pour qu'une oreille délicate ne diftingue plu- lieurs fautes , ou pluiieuts petites différences du ton , & de la prononciation ordinaire des autres hommes ; puifque nous voyons tous les jours que non- feulement les Étrangers , mais encore les gens de la Province ne peuvent jamais parler affez exactement , pour qu'on ne fente pas quelque différence entre leur prononciation &: celle des habitansde Londres; & cela non-feule- ment parce que les organes ne font pas affez fouples pour des fons auxquels ils n'ont pas été accoutumés , mais furtout parceque l'oreille ne peut pas gui- der la langue. Car je ne doute pas qu'une perfonne qui fçait bien écrire , ne puiffe parvenir à écrire dans l'obfcurité ; cependant comme on ne doit pas attendre qu'elle le faffe auffi-bien que fi elle voyoit le mouvement de fa main ; de même on ne peut pas efpérer raifonnablement, qu'une perfonne qui n'entend point, quoiqu'elle fçache les véritables régies de la Langue, puiffe parler avec autant de précifion , que fi elle entendoit. Je ne dois ni me promettre , ni efpérer , quelle que foit l'exactitude avec laquelle cette perfonne pourra apprendre à parler, qu'elle foit jamais capable d'en faire ufage , comme le relie des hommes ; car puifqu'elle ne peut pas entendre ce que les autres lui dilent, auffi-bien que leur exprimer fes pen- fées , elle ne pourra en faire le même ufage que les autres dans la conver- fation ; & quoiqu'il puiffe paroitre poffible qu'elle parvienne avec le tems à dilcemer au mouvement des lèvres , ce qu'on lui dit , ( ce que je ne veux pas cependant affurer, y ayant bien des chofes à dire pour le contre ) ; néan- moins on ne doit jamais efpérer qu'elle y parvienne , au moins jufqu'à ce qu'elle fçache affez parfaitement fa Langue , pour pouvoir en connoiffant quelques lettres , fuppléer le refte du mot , & par quelques mots , le refte de la penfée, ou au moins en deviner le fens ; comme lorfqu'on déchiffre une lettre écrite en chiffres. Car iln'eft pas poffible d'imaginer, que les yeuxpuif- lènt difcerner tous lesdifférens mouvemens des organes de la parole , & di- stinguer les fons que ces mouvemens dont quelques-uns font internes , & hors de la portée de la vue , doivent produire. Je ne vois point qu'il y ait aucune raifon de douter, que nous ne puifîîons parvenir à la féconde partie de notre entreprife , je veux dire lui faire en- tendre une Langue , auilî-bien que les perfonnes qui joiiiffent de fouie; & j'oie me promettre en lui donnant le tems & la pratique néceffaire aux au- Tome I, II. Partii. N n aSi Collection 1 très hommes pour parvenir à la connoiflance parfaite d'une Langue , qu'il Transactions l'entendra &c l'écrira auffi-bien qu'eux ; & qu'en f'aifant feulement l'exception Thuosoi-hiq. de ce qui dépend directement du fon , comme les tons , la cadence , &au- Ann. 1670. très petites bagatelles de cette efpéce , il la fçaura auffi-bien qu'il auroit fait , \i0 s s'il eût entendu. J'en dis autant de toute autre perfonne d'efprit , qui feroit dans la même condition , à qui on pourra apprendre à lire & à écrire , en fuivant une méthode propre à parvenir à cette fin. Il n'eft pas fort néceffaire de vous rendre compte de celle que j'ai fuivie jufqu'à prêtent ; car il feroit fort ennuyeux de defcendre dans des détails qui doivent être variés , félon que les circonitances le demandent : quant à la méthode générale , je vous l'ai affez fait connoître. Pour lui apprendre à parler , il faut d'abord , que je lui faffe entendre par les fignes les plus expreffifs que je pourrai , quelle difpofition il doit don- ner , & quels mouvemens il doit faire exécuter à fa langue , à les lèvres , & aux autres organes de la parole , pour former les fous que je voudrai lui fai- re faire. S'il réiiffit , je l'y affermis ; s'il le trompe , je lui fais fentir en quoi il a manqué , & à quoi il doit faire attention pour y parvenir ; par ce moyen & avec un peu de patience , il apprendra d'abord un fon dans la pronon- ciation duquel il s'affermira , en le répétant fouvent , ou le retrouvera s'il l'oublie. J'étois préparé de longue-main a cet ouvrage , & j'ai déjà donné dans mon traité de la parole , que j'ai mis à la tête de ma Grammaire Angloife, ' des obfervations exattes fur la formation de tous les fons , au moins quant à la Langue Angloife , & à celles que je connois , fans quoi c'eût été en vain que j'aurois formé cette entreprife. Car fi nous ne connoiffions pas , ou fi nous ne faifions pas attention à l'emploi différent de chaque organe de la parole , dans la formation des fons , ce feroit en vain que nous voudrions apprendre à quelqu'un à parler par ce moyen. Pour lui enleignerune Langue , je me fervirai du petit nombre d'aftions & de geftes qui ont une lignification naturelle , & d'un petit nombre de li- gnes dont il le fert lui-même pour exprimer les penlées , afin de lui faire comprendre ce que j'entends par quelqu'autre chofe , & ainfi par degrés. De forte que je me fervirai toujours , autant que je pourrai , de ce qu'il fçait déjà , comme d'un degré pour parvenir à ce qu'il ne fçait pas encore ; comme dans les Mathématiques, où l'on employé non-feulement les principes, mais encore les propofuions déjà démontrées , pour démontrer les ïùivantes. Il ne me relie plus , pour fatisfaire à ce que vous exigés de moi , que de vous rendre compte des progrès que j'ai déjà faits ; ce que , fi vous ne me l'euffiés demandé , j'aurois différé à un autre tems , jufqu'à ce qu'ils euffent été un peu plus grands. Il y a un peu plus de deux mois , que cette perfonne eft avec moi ; &c quoique la befogne ne foit pas finie , cependant le fuccès ne doit pas me dé- courager ; il eft auffi grand que je pouvois l'efpérer dans un auffi court ef- pace de tems, & même plus grand que je ne m'y étois attendu. J'ai prefque furmonté les plus grandes difficultés , & ce qui relie à faire , n'eft plus que l'ouvrage du tems & de l'exercice , il n'eft guéres de mot qu'elle ne puiffe prononcer en y faifant attention ; mais il lui faut du tems & de la pratique, Académique. 233 pour parvenir à le faire exactement & avec promptitude , & pour s'y fa- ^™*— — — !■— ' miliariier. Transactions (^uant à la Langue , quoiqu'il foit fort indifférent pour quiconque n'en Rhiw>sowu«i. connoît aucune, par laquelle il commence, l'Anglois lui étant plus nécef- Ann. 1670. faire , & plus utile, il n'eut pas été prudent de commencer par une autre ; J\To, (J j , car quoiqu'elle prononce le Latin plus ailément , comme étant moins em- barraffée du concours d'une multitude de confonnes , cette conlidération eft beaucoup moins importante que la première. Elle a déjà appris une grande partie des mots Anglois , & je puis dire , la plus grande partie des mots les plus en ufage ; mais l'abondance de la Langue , quoiqu'ailée , demande plus de tems pour perfectionner ce qu'elle a déjà appris. Voilà , Monfieur , l'hiftoire des progrès que nous avons faits jufqu'ici,fi vous voulés connoitre le fuccés que mon entreprife aura dans la fuite , je me ferai toujours un devoir de vous en rendre compte, je fuis , Monfieur, 6vC. /. îTallis. Oxjord k 14. Mars 166 [. LA perfonne dont il eft parlé dans la lettre précédente , eft M. Daniel Whaky , fils de feu M. Whalcy de Northampton , Major de cette Ville. II fut préfenté à la Société Royale , le 21 Mai 1662. ( le régiftre de ce jour en fait mention , ) il prononça allez diftinctement, à la fatisfa&ion de toute la compagnie , tous les mots qui lui furent propofés ; & quoique ce ne lût pas avec leur véritable ton , cependant il étoit aifé de les entendre. Ce qui engagea l'Aflemblée à encourager le Dr. Wallis à continuer un ou- vrage qu'il avoir fi bien commencé. Vers le même tems , le Roi en ayant oiii parler , & voulant le voir , il fit la même chofe en différens tems à Whhchall , en préfence de Sa Majefté , de fon Alteffe le Prince de Rupen , & de plufieurs autres Grands , quoiqu'il n'eût été que fort peu de tems à ac- quérir cette habileté. Dans l'efpace de l'année qu'il a été avec le Dr. Wallis, il a lu une grande partie de la Bible en Anglois , & eft parvenu à s'exprimer intelligiblement dans les affaires ordinaires, à entendre les let- tres qu'on lui écrit , & à y répondre finon avec élégance , du moins affez bien pour fe faire entendre , & pour fatisfaire les Étrangers qui ont voulu le voir. Il a fouvent en leur préfence, non-feulement lu du Latin & de l'An- glois,mais encore a prononcé différens mots de différentes Langues qui lui ont été propofés , même du Po/o/wis. Depuis ce tems quoiqu'il n'ait pas pu faire de nouveaux progrès, faute de Maître , il n'a cependant rien oublié de ce qu'il avoit appris. Et il recouvre avec un peu de iecours ce qu'il avoit per- du de la délicateffe requife pour prononcer certains mots. Ce n'eft pas la feule perfonne , fur qui ce Docteur a exercé fon talent. Il a rendu le même lervice à un autre jeune homme de très-bonne famille , qui étoit lourd de naiffince. Je crois qu'il ne fera pas hors de propos de faire connoitre à cette occalion, un petit traité Latin du même Auteur publié pour la première fois en 1655 intitulée Loquela ( de la parole) qu'il a mis à la tête de fa Grammaire Angloife écrite aufîi en Latin : c'eft à ce traité qu'il renvoyé dans fa lettre , & c'eil fur la confiance qu'il lui a inlpirée , qu'il a ofé Nnj i84 Collection ssss^ssssss entreprendre une telle tâche. Il y donne la manière de former les différens Transactions fons de toutes les Langues. C'eft,fi je ne me trompe, le premier livre de cette Philosophiq. elpece qui ait jamais été publié ; car quoique quelques Écrivains euffent Ann. 1670. déjà dit quelque chofe de la formation du fon de quelques lettres en par- N°. 6 1 . ticulier , perfonne que je fçache n'avoit entrepris avant lui de les expliquer toutes. Je ne déterminerai pas , fi depuis ce tems-là , on n'a pas entre- pris la même choie , avec plus de foin & de fuccès. Sa Grammaire Angloi- ie eft fi claire , & fi précife , qu'elle peut être fort utile non-feulement aux Étrangers, en leur facilitant le moyen d'apprendre cette Langue , mais en- core aux Anglois en leur faifant connoître le génie de leur Langue , à quoi peu de perfonnes s'appliquent. RELATION TOUCHANT LES MINES DE SEL GEMME de Pologne , communiquée par un curieux a" Allemagne qui y dejcendit , il y a quelques années , jufquà 20 0. braffis de profondeur , & y rejla Vefpace de trois heures. ( A ) ART. IL Es mines de fel gemme de Pologne font à un mille de Cracovie , près J_jd'une petite Ville appellée Wili^ka qui, à l'exception de l'Eglife,eft tou- te creufée fous terre. Elles ont huit entrées , dont les deux principales font dans la Ville , & c'eft par elles qu'on a coutume de fortir le fel ; les deux autres fervent à defeendre le bois , & les autres chofes néceffaires. Ces ou- vertures ou ces puits font quarrés , & ont quatre ou cinq pieds de long , & autant de large ; ils font revêtus de planches de haut en bas , on y def- cend par le moyend'une corde, delà groffeur du bras , attachée à une gran- de roue qu'un cheval fait tourner à peu-près comme dans les moulins à cheval. Lorfqu'on y veut defeendre, on fe revêt d'une efpece de fouquenille , & un homme prenant une corde qu'il attache à la groffe , & qu'il entoure autour de lui de façon qu'il eft comme aflis , vous prend fur les genoux , & on defeend un peu la groffe corde. Un fécond attache de la même manière un autre bout de corde qu'il entoure autour de lui, & fur laquelle il s'af- fied , comme le premier , pour prendre une autre perfonne fur fes genoux, & étant defeendu un peu, il fait place à d'autres qui en font autant. De cette manière trente ou quarante perfonnes peuvent defeendre à la fois ; le pre- mier qui eft arrivé au fond , fe détache , & les autres le fuivent ; on def- eend par ce moyen jufqu'à ioo brafles de profondeur. Alors on prend des lampes, & on vous conduit par de petits pafTages, & une infinité de dé- tours , defeendant toujours , jufqu'à ce que vous foyés parvenu à des échel- les avec lefquelles on delcend 100 brades plus bas. On trouve alors un très- grand nombre de doubles pafTages , & de trous les uns fur les autres ; car les Mineurs creufent toujours & coupent de tous côtés , tant que dure la veine , & qu'ils trouvent du fel ; mais lorfque la veine vient à fe perdre , ils en cherchent une autre , ce qui fait tous les trous & tous les pafTages qu'on tf ouve de Tune à l'autre. Pour Contenir la Ville , & empêcher les ouvrages Académique. 285 de s'ébouler , on étaye les puits avec de bon bois de charpente , y en ayant .; aflez dans cette mine pour bâtir une grande Ville. Transactions On tire trois fortes de fel de cette mine , le premier qui eft commun , Philosoi-hiq. eft noir & groflîer ; le fécond eft un peu plus blanc ; le troilième eft très-blanc , Ann. 1 670. cktranfparent comme du crifèal. Le noir fe coupe en gros morceaux ronds , Is°. 61. ayant trois aunes de Pologne de long, & une d'épais , ils valent de 50 à 70 florins Polonois chacun ; mais les habitans de Cracovie ont le privilège de ne les acheter que 8 de ces florins la pièce. On en voit de gros morceaux dans les rues de Cracovie , devant la porte des Citoyens ,dans les petites Villes & dans les Villages de ce canton, & devant les Châteaux & les maifons de la NoblefTe, où les beftiaux les lèchent en allant & venant. Pour s'en fervir, on les cafte , & on les broyé avec des moulins & autres machines. La couleur de ces pierres de fel eft d'un gris noir & un peu mêlé de jau- ne ; les inftrumens avec lefquels on les coupe , ont prefque tous des noms Allemands avec des terminaifons Polonoifes. Car les premiers Mineurs qui travaillèrent ces mines , lorfqu'on les eut découvertes , il y a 400 ans , étant Allemands , les Polonois ont retenu les noms qu'ils donnoient à leurs inftrumens , en leur donnant des terminaifons Polonoifes. Ces mines appartiennent au Roi de Pologne , qui paye & entretient les Officiers ; & c'eft un des meilleurs revenus de fon Domaine , qui fe monte à de très-grandes fommes. Il n'y a pas moins de mille hommes toujours em- ployés à ces mines. Il y avoit , lorfque j'y defcendis, une provision de fel efti- mée deux millions. Il y a trois chevaux qui n'en fortent jamais , y ayant leur écurie , & les autres chofes néceflaires ; ils fervent à porter le fel de l'endroit où on le coupe , au bas des puits , d'où on le monte avec les cordes & les roues dont nous avons parlé , qu'un cheval fait tourner de deiTus la terre. Lorfque ces chevaux ont été quelque-tems fous terre , ils deviennent aveugles par l'a- creté du fel; & les trois qui y travailloient , lorfque j'y defcendis , ne voyoient point du tout. Et l'un des trois qui y étoit depuis plus long-tems que les au- tres , avoit les cornes du pied une fois aufll longues que de coutume , ayant chacune un empan de long. Il y a dans ces mines quelques fources d'eau falée , qu'on conduit par des canaux en certains endroits , où on la fait bouillir pour en retirer le fel. Il y a encore une autre mine de fel à Bochna dans la Pologne ; mais elle n'eft pas fi bien réglée que la première. Outre cela , on trouve du fel en beau- coup d'autres endroits du Royaume , & même en Pruffh , comme à Holit^ , Colomcja , Solum , Pint^ , Ofwcnts , &c. Il y a dans la Pologne déferte près du Borijfine, un lac falé dont l'eau étant évaporée par le foleil , fe change en fel. Le peuple y va avec des chevaux & des chariots , pour en chercher , comme le rapporte Cromer Hiftorien de Pologne. Il affaire auffi qu'on trouve dans la mine de fe! de Bochna , une fubftance glacée , qu'on appelle dans le pais Efcarboucli , dont on fe fert pour fe purger en le râpant , Se le buvant dans un véhicule propre. X 286 Collection Transactions ™ "~ "" ~ """ ""— "" — •■■ PhilOsophiq. • N 6 *» Ann. 1670. —_»______—. DÉCOUVERTE DES VAISSEAUX QUI PORTENT LE CHYLE aux Mammelles, par M. .'. . . . (B) N°. 6< "T^TOus devons à un Allemand demeurant à Montpellier , la découverte Art I * "^ c'es va'n°eaux (îlu portent le chyle aux mammelles des femmes qui nour- rirent ; & le même Auteur a remarqué que ces vaiffeaux fortoient du ca- nal de Pecquet. RELATION DES EFFETS EXTRAORDINAIRES DU TONNERRE tombé à Stratfund , en Pomcrank , h 2 g Juin 16 JO. (A) Art. II, T'Ont le commencement du mois de Juin ayant été extrêmement chaud, M. il s'éleva le-rf une tempête du côté de l'Oueft Sud-Oueft , accompagnée de beaucoup d'éclairs , & de coups de tonnerre quiparoiffoit éloigné. Le 10. après plufieurs petits coups, toute la Ville ,& particulièrement la Congréga- tion de S. Nicolas, où le Miniftre prêchoit alors, furent furpris d'un éclair terri- ble, & d'un coup affreux de tonnerre , qui tomba par le petit clocher fur le corps de l'Eglife , & paffa par un grand trou rond qui étoit au haut de la voû- te , fous la figure d'une boule de feu, noire, qui fe porta fur l'Autel, faifant un bruit épouvantable, jettant des éclairs & de la fumée , comme fi on eût jette de cette voûte plufieurs pots à feu qui euffent pris en même-tems ; cet éclat jetta une conftemation terrible parmi le peuple , & laiffa une forte odeur de foufre. La bougie qui étoit du côté du Sud de l'Autel , fut éteinte , l'autre refta allumée , deux des Calices qui étoient fur l'Autel , furent renverfés , le vin répandu , & les Hofties difperfées ; mais celui qui étoit vuide refta fur pied. Ils furent tous trois un peu falis au pied , & même , il y en eut un qui fut fauffé & percé en deux endroits , comme s'il l'eût été avec des poftes. La boëte aux oublies fut aufïï un peu falie vers le fond , le livre fut déchiré par en bas, la couverture de l'Autel fut un peu rouffie en divers endroits , brûlée & falie çà & là , & déchirée en d'autres. Un grand morceau de boi- ferie qui étoit derrière l'Autel , & fur lequel il y avoit quelques peintures , fut fendu en deux. En même-tems tout le cuivre , le fil d'archal , & le mar- teau des quarts de l'horloge , qui étoit du côté du Sud , furent brifés en par- tie , & on ne put jamais trouver le refte ; un poteau de chêne qui ibu- tenoit un cadran folaire , fut à moitié rompu , & au-deffous il y eut plu- fieurs briques d'emportées des piliers qui foutiennent le clocher , une gout- tière de chêne , une poutre , & un étai qui étoient au haut du clocher du Sud , furent fort endommagés & feroient tombés , s'ils n'euflent pas été re^ tenus par un cloud. Académique. 287 Un des Minières qui étoit affis auprès de l'Autel , ne reçut aucun coup , === plulîeurs perfonnes qui étoient affiles en rond autour de l'Autel , tombèrent Transaction? d'effroi. Un jeune homme qui étoit près du banc de ce Minillre , n'ayant pu Philosophie reprendre l'es feus , on fut obligé de l'emporter chez lui. Du côté Nord de ^nn l^-IQm l'Autel, quatre perfonnes tombèrent par terre, & un des lièges de chêne xio k. ayant été fendu fous celui qui étoit affis deffus , cette perfonne en fut bief- fée , & ce fut de toutes celles qui le furent , celle qui le fut davantage. Quelques-uns qui étoient au-deflous , ou autour du beffroy près de l'horlo- ge furent bleffes çà & là , & entr'autres un Marinier qui étant appuyé fur une chaife garnie , eut le bras droit meurtri , & un autre qui quoiqu'il n'eût été bleffé que très-legérement , néanmoins ne put jamais fe fouvenir com- ment il étoit revenu chez lui de l'Eglife. Le Sermon ayant été interrompu , & le monde fe hâtant de fortir , quel- ques perfonnes s'apperçurent qu'il fortoit une vapeur épaiffe de la tour du Sud , femblable à de la fumée , ce qui fit craindre à plufieurs qu'il n'y eût du feu dedans ; mais le Charpentier ayant fait la viiite dans le clocher , & dans le lambris de 1 Eglife , il entendit quelque bruit , & y trouva une va- peur épaiffe , qui à la vérité lui fît d'abord craindre , qu'il n'y eût du feu ; mais s'étant approché d'une fenêtre, & l'ayant ouverte , la vapeur fortit avec beaucoup de violence , fans qu'il y parût de feu nulle part , excepté quel- ques petites étincelles dans les parties endommagées du clocher , ce qu'on eut bientôt éteint. Le cadran folaire avoit été fali en plufieurs endroits , de façon qu'on avoit peine à distinguer les figures dorées ; les coqs dorés du clocher l'avoient été auffi du côté de leur queue , fans aucune autre marque. On obferva plufieurs particularités dans ces perfonnes bleffées, qui étoient en tout au nombre de huit. Une d'entr'elles , qui étoit dans le beffroy , eut la partie fupérieure du der- rière de fes habits, fa chemife , & fa peau un peu déchirées, fans que la dou- blure de fon habit eût été endommagée. Un autre qui étoit affis fur un banc, fous les orgues , & qui s'appuyoit à la porte , ne fut point du tout bleffé par la ferrure du banc quoiqu'elle fût contre lui , & qu'elle fût frapée avec tant de force , qu'elle relia fuf'pen- duë à un cloud ; ni aucune des perfonnes qui étoient affiles fur le même banc, ne reçut la moindre atteinte du coup , quoiqu'elles euffent tombé de frayeur. Quant à celui qui eut le bras meurtri, il parut étonnant que fon habit, fa vefle , & fa chemife euffent été percées , fans qu'il eût reçu aucune bleffure. On obferva encore que fa velïe qui étoit d'un petit taffetas rouge , confer- va fa couleur partout , excepté à l'endroit où fon bras avoit reçu le coup ; ck cette vefle étant bordée d'un galon d'or , ce galon fe trouva tout taché même jufqu'au tour du col , où il portoit une cravate. Cette perfonne eut auffi la moitié d'un foulier déchiré , la femelle ayant été percée , comme avec une polie , un morceau du pied de fon bas grand comme la main avoit été emporté , fans qu'il eût reçut aucune autre bleffure , foit au pied foit à la jambe , excepté qu'il eut ce pied engourdi pendant quelques jours. » Enfin un homme qui étoit affis près de l'Autel , eut fes culottes & fes cale- çons qui étoient de peau , percés ; il y en avoit une partie de déchirée , Se de retirée , comme s'ils euffent été expofés au feu : il avoit auffi plufieurs pe- i88 Collection ■— -■" tits trous à fa chemife , & tout cela fans aucune bleflure ; il refTent.it cepen- Transactions dant de la douleur dans un pied , il eut auffi un côté de ion foulier déchi- Philosophiq. ré , & la femelle percée par le bord , comme û elle l'eût été avec des Ann. 1670. poftes. N°. 65. Aucun de ceux qui ont été blefles , ne font morts ; ils fe font tous réta- blis d'eux-mêmes, ou avec le fecours & les avis de quelqu'un. DESCRIPTION D'UN ENFANT MO NS T RUEUX né à Plimouth le zz- Octobre 16 JO , par Guillaume Durfton , Dr. en Médecine , & communiquée par te Dr. Tim. Clerk. (A) , VIF ^ nomm^e Grace Butterd , femme d'un Cordonnier , d'une honnête ré- JLjputation, avoit déjà eufixenfans, lorfqu'elle devint enceinte du fixiè- me , qu'elle porta à terme ; elle commença à entrer dans le travail à mi- nuit , & la tête de l'enfant fe préfenta à 4 heures du matin. La Sage-fem- me y ayant mis la main pour aider l'enfant à fortir, en fentit un autre qu'elle jugea en vie , à fa chaleur , & à fon mouvement , ce qui l'obligea de faire ce quelle put , pour la délivrer promptement de celui-là. Il eft à remarquer que fes trois premières couches avoientété fi promptes, quelle étoit accouchée , avant que la Sage-femme fût arrivée ; mais cette fois , cela ne fut pas fitôt fait , le premier enfant fut fuffoqué par fon féjour au paffage , la tête du fécond s'étant tournée de côté , c'eft-à-dire , de l'o- rifice interne de la matrice , vers l'aine , & ces deux enfans étant joints enfemble , comme on le vit enfuite ; cela rendit ces couches beaucoup plus difficiles , mais la Sage-femme ayant bien fait fon devoir , & la mère ayant eu des douleurs fort vives , elle accoucha de l'enfant monftrueux , dont je vous envoyé ici la figure, ( voyés la PI. FIH.fig. 1. ) avec ce qu'on a jugé de plus digne de remarque. Cet enfant a , comme vous le voyés , deux têtes & deux cols , & par conséquent quatre yeux , quatre oreilles , deux bouches, &c. il a quatre bras avec leurs mains , & autant de jambes & de pieds ; il n'a qu'un tronc , quoiqu'il ait deux épines , depuis la clavicule jufqu'à l'hypogaflre. Depuis les épaules jufqu'au bas des reins , ils font unis & comme incorporés. De cette manière , la clavicule de l'enfant , qui du côté droit eft fort longue , fe joint à la clavicule gauche de l'enfant du côté gauche ; les côtes de chacun de ces enfans s'unifient intérieurement par des cartilages , fans fie mu m , & font une poitrine commune à l'un & à l'autre. Celles qui font du côté du dos , s'unifient de la même manière les unes avec les autres , & ils font fi bien joints depuis les clavicules jufqu'à l'hypogaftre, qu'ils ne forment qu'un ven- tre , ils n'ont qu'un feul cordon ombilical , mais depuis l'hypogaftre en bas , ils fontféparés , ayanrchacun les parties de la génération femelles. Ayant obtenu du père , quoiqu'avec bien de la peine , la permiffion de difféquer ce monftre , je commençai par le pefer , il étoit du poids de 8 | livres. La tête gauche avoit environ il pouces de circonférence la , droite IO r. La circonférence du tronc étoit de 16^ pouces, la longueur de chacun depuis la tête , jufqu'à l'extrémité des pieds , étoit de 18^ pouces. Nous C ollcct.Acad.To.i: Part. Sf.Pian ■ S.paa. 2,88 / y-y- Paq. zg-2 Fiy.8 -O O O O O O— — a- Académique. 289 Nous ne trouvâmes qu'une veine ombilicale au foye qui étoit extrême- ment grand , la vélicule du fiel occupoit la place ordinaire , mais ils avoient Transactions deux velues urinaires , deux matrices, quatre reins & un efîomac , avec Philosophie. l'œfophage ouvert depuis la bouche de la tète gauche , car l'cefophage de Ann. 1670. la droite ne defeendoit qu'à un demi pouce au-deffus du diaphragme , &c le N°. 65. terminoit-là. Nous ne pûmes jamais introduire notre fonde plus avant; crai- gnant que notre expérience ne fût pas exacte , nous le lbuffiames avec un chalumeau , mais le vent ne palfa pas au-delà , d'où nous pouvons conclu- re que l'enfant du côté droit , avoit reçu fa nourriture de celui qui étoit à gauche. Ils n'avoient qu'un colon qui fe terminoit en deux intertins droits ; il n'y avoit non plus qu'un diaphragme , au-deflus duquel nous ne trouvante squ'u- ne légère apparence de poumons , un feul coeur , mais très-grand , dont la figure approchoit de celle d'un havrefac , ou de celle de l'eftomac ; il avoit deux oreillettes , & étoit iîtué tranfverfalementfous les clavicules , comme l'eitomac l'eft fous le diaphragme & le foye ; nous y trouvâmes deux ven- tricules , avec les valvules tricufpidales & fygmoides, comme aufîî la veine- cave , l'aorte defeendante & afeendante , qui fe divifoit à chacun des deux cols ou elle fe fubdivifoit de rechef. Ces deux enfans étoient femblables l'un à l'autre , ils étoient très-bien for- més , ayant de beaux membres , leurs cheveux étoient plus épais , que de coutume , & d'un demi pouce de long. Nous aurions pouffe plus loin nos obfervations , mais le tems , le concours du peuple , la nuit qui approchoit , & l'importunité du père qui s'empref- foit de le faire enfevelir , nous empêchèrent d'aller plus avant. La mère fe porte auffi-bien que peut fe porter une femme en couches. OBSERVATIONS Sur des infectes quife logent dans de vieux Saules, préfentèes à la Société Royale , par le Dr. Edmond King. ( A ) VOus pouvés vous fouvenir , qu'au commencement de Mai dernier, je art yjn vous fis voir un morceau de vieux Saule , qui m'avoit été envoyé de la Comté de Northampton , par M. Jean Bernhard, dans lequel il y avoit plufieuis trous qui fervoient de logement à plufieurs infectes enveloppés dans des feuilles vertes, en ayant chacun n , 14, ou 16 , autour du corps, ôc autant de morceaux taillés en rond qui en fermoientles extrémités. Ainfi en- veloppés , ils ont environ un pouce de long , & font placés l'un après l'au- tre dans des trous faits dans le bois, propres à les recevoir ; ils reffemblent, par la manière dont ils s'arrangent dans ces trous, à des cartouches dont on a coutume de charger des piftolets , ou de longs canons de plomb ; ils font pla- cés ordinairement là près l'un de l'autre qu'ils fe touchent ; quelquefois ils (ont fort éloignés. Voici la méthode qu'ils obfervent en le plaçant. Quel- quefois ils font leur trou tout droit dans la longueur du bois , quelquefois ils percent de côté , & fuivent une autre direction. Ces trous reffemblent en Tome I. II. Partie, O o 290 Collection t \ quelque manière au terrier des lapins , ils les remplirent entièrement de ces Transactions feuilles pliffées & travaillées régulièrement; j'ai toujours trouvé dans ces 1'«h.o$ophiq. trous quelque infecle vivant , ou qui y étoit mort &c pourri; dans quel- Ann. 1670. ques-uns , un grand nombre de mittes couleur de cendre , ayant la même fi- N°. 6î. gnre que les mittes ordinaires ; dans d'autres j'ai trouvé une efpece d'excré- ment de quelque petit iniétte , avec les reftes de Finfe&e mort. Dans d'au- tres des vers blancs que vous avés vus ; j'ai tiré quelques-uns de ces vers de leurs facs , ou étuis, & je les ai expofés au l'oleil ; ils font devenus un peu plus gros , fans changer de figure ni de couleur , mais ils font morts. J'ai gardé le refte enfermé dans une boëte jufqu'au 8 dupréfent mois de Juillet; j'en retirai alors un du bois , & ayant développé les feuilles , je fentis un fré- mifTement , &c entendis une efpece de bourdonnement femblable à celui d'u- ne abeille. Aufîitôt que j'eus ouvert l'étui , il en fortit en effet une abeille qui vola à ma fenêtre , avec autant de force qu'auroit pu faire une abeille en fortant de fa ruche , ayant prefque la même couleur , & la même grof- feur que les autres abeilles , lorfqn'elles commencent à voler. Cette vue m'ayant fait plaifir , je pris les cinq qui me reltoient, & les mis dans une boëte dans ma poche , pour les montrer au Lord Brounker avant de les tirer de leur étui , ou qu'elles ne l'euffent percé ; comme je ne le trouvai pas chez lui , je les rapportai ; ayant été troublées , elles fortirent d'elles-mêmes , & étant revenu chez moi , je les trouvai qui marchoient dans ma boëte , où elles font mortes; ce font celles que j'ai l'honneur de vous préfenter ici , elles ont toutes des aiguillons , comme les autres abeilles ; j'avois d'abord ima- giné en voyant les cercles jaunes qu'elles ont fous leur corps , que ce pour- roit être une efpece de guêpe, mais je crois maintenant que ce font des abeil- les ordinaires. EXTRAIT DE DEUX LETTRES ÉCRITES A L'ÉDITEUR , par M. François Willougby Ecuyer , L'une d' Aftrop le IQ Août , & l'au- tre dt Midleton le 2. Septembre 16 JQ. contenant fes obfcrvations fur les in- fecles du mémoire précédent. (A) Art. IX. i°« T'Ai eu le bonheur de trouver un grand nombre de vos cartouches J dans du Saule pourri , & je me fuis aifément perfuadé , en voyant la figure des chryfalides , qu'elles dévoient produire un infefte de la famille des abeilles. Je vous l'aurois sûrement prédit , fi ceux que vous m'aviés envoyé par M. le Hunt , m'étoient parvenus ; mais n'en ayant qu'un que vous m'a- viés envoyé auparavant , j'enétoisfi amoureux que jen'ofai jamais l'ouvrir. Je crois maintenant avoir découvert tout le myftére , & fi vous voulés m'envoyer les obfervations du Dr. King , & une de vos abeilles , je pourrai peut-être y ajouter quelque particularité , & je ferai charmé d'apprendre quelque chofe qui m'ait échappé. Je vous demande une abeille , parce que toutes les miennes étant de la dernière ponte , & n'en ayant point en nim- phes , je crains beaucoup de ne pas voir la dernière métamorphofe de cette année. Je trouvai dans un jardin qui eft auprès du Saule , l'endroit où elles prenoient les feuilles qu'elles employent à leurs cartouches. Ce font des feiul- Académique. 29 r les de rofier , & non pas de Saule , mais je ne m'étendrai pas davantage pour — le prêtent. Transactions 20. J'ai trouvé à mon retour chez moi les cartouches que j'arrendois depuis Phuosophiq. fi long-tems,& quelques-unes des abeilles écloiés. Ainfi il ne me manque plus Ann. 1670. rien pour achever leur hiftoire ; je me contenterai de vous faire part des par- Nc 6 k . ticularités fuivantes que je n'ai pas trouvées dans le mémoire de M. King à qui nous en devons la connoiffance , &c dont nous avons confirmé les ob- servations par nos expériences. M. Sndl en porta à Ajlrop , & m'ayant mené à l'endroit où il les avoit prifes , j'en trouvai un très-grand nombre dans le tronc d'un Saule mort. Ayant commencé à en développer quelques-unes , M. Wray jugea d'abord qu'elles étoient faites de feuilles de rofier , & il fe fouvint que ce printems, un de fes amis , M. François Jtjfop lui porta une feiiille de rofier , fur laquelle il avoit vu une abeille qui en emportoit un morceau. Il avoit pris aufli ce morceau coupé , qui reffembloit à ceux dont les cartouches font compofés. Je vous en envoyai quelques-unes dans ma dernière lettre. Les clapiers ou trous ne croifent jamais le grain du bois , ex- cepté à l'endroit par où l'abeille entre , & où ils s'ouvrent les uns dans les autres. De l'entrée ils vont en montant ou en defcendant , de forte que la nymphe eft quelquefois fous ces feuilles , & quelquefois au-deffus. L'ex- trémité du cartouche qui regarde l'entrée , eft toujours un peu concave , l'autre extrémité qui en eft la plus éloignée , eft un peu convexe , & eft reçue dans l'extrémité concave de celui qui eft derrière lui. Les côtés du car- touche font faits de longs morceaux de feiiilles collés enfemble, & les extré- mités de morceaux ronds. Lorfqu'ils ne fe touchent pas l'un l'autre , l'efpa- ce intermédiaire eft rempli d'un grand nombre de petits morceaux de feuil- les coupés en rond , mis les uns fur les autres. Les cartouches contiennent une efpece de bouillie ou de pâte , de la con- fiftence d'une gelée , & un peu plus épaifte , d'une couleur moyenne entre le firop de violettes , & la conferve de ro'es rouges , d'un goût acide , & d'une odeur défagréable. Il y a à l'extrémité concave de chacune , un ver qui fe nourrit de cette pâte , jufqu'à ce qu'il ait pris fon entier accroiffement , il fait alors & s'enveloppe d'une toile d'un rouge foncé &i de figure ovale , où il fe change en abeille. On trouve le refte de fa nourriture deffeché & ré- duit en poudre à l'extrémité convexe , & fes excrémens à l'extrémité con- cave , mais hors de l'étui. Les abeilles que j'ai trouvées dans votre boéte,qui font les feules que j'aye vues , font plus courtes & plus groffes que les abeilles communes , elles font auflî plus vêtues, &c. mais la marque la plus sûre pour les diftinguer, eft que leurs pinces , ou leurs dents font plus groffes , plus larges , & plus fortes , & ont la figure de celles des guêpes & des frelons. Elles différent de ces derniers par leur langue qui eft femblable à celle des abeilles , dont les guêpes & les frelons font dépourvus. Elles traverfent leurs trous par un chemin pratiqué dans leurs cartouches , Se non pas dans le bois. De la matière corrompue de ces cellules , où ces vers , ou ces nymphes font mortes , s'engendrent de petits infe&esà lix pieds qui produifent des hannetons , des vers qui engendrent des mouches , des mittes , &c Oo 2 292 Collection •——■——— Par ce qui a été obfervé de ces abeilles , & par un grand nombre d'exem- Transactions pies femblables , on peut répondre à la queftion de quelques Naturalises Philosophiq. qui ont écrit fur les abeilles , fçavoir , fi c'eft la vieille abeille , ou le ver qui Ann 1670 couvre la cellule , & dire que c'eft le ver, & non la vieille abeille : car ici , No 6 s ' l°r(clue l'abeille a amaffé une provision fuffifante , & qu'elle a dépofé fon * '" oeuf, elle ferme le cartouche , & n'a plus rien à faire , le verfaifant long- tems après fa gaine qui eft analogue à la couverture de la cellule. Dans la PL VIII. hjîg. 2. repréfente une feuille dont les abeilles ont coupé le morceau long de tefig. 3. & le morceau rond de la fig. 4. Lzfig. 5. repréfente le cartouche lui-même , & la fig. 6. la gaine. , - ■ ■ — ■ — ■ • — - , ■ CONFIRMATION DE CE QUI A ÉTÉ DIT DANS LE No. 5o. Sur la manière dont les Araignées jettent leurs fils , communiquée par M. Jean "Wray , à l'Éditeur. ( A ) ART. X. T'Ai reçu l'obfervation fuivante , fur la manière dont les Araignées jettent »J leurs fils , du Dr. Hulfe , de qui je reconnois que je tiens la première con- noiflance de cette particularité , qui me fut communiquée peu de rems après par un autre de mes amis , dont je vous envoyai la lettre , pour être in- férée dans les Tranfa&ions Philofophiques. Il n'eft pas étonnant que des ob- fervateurs appliqués à un même objet, faflentles mêmes découvertes. • Je les ai vues , dit-il , lancer leurs fils à trois braffes, avant de s'élancer el- les-mêmes ; & alors elles fe meuvent avec un vîteffe incroyable , ce qui m'a étonné plufieurs fois ; car le vent ne va pas le quart fi vite qu'elles. Enfuite elles jettent leurs fils fimples fans branches , ni divifions ; quelquefois elles les jettent en haut , & montent en droite ligne , quelquefois elles les jet- tent parallèlement à l'horifon , comme vous pourrés le voir par les fils qui s'étendent d'un arbre , ou d'une muraille à l'autre. J'avoue que cette cbfer- vation m'avoit fait penfer , qu'elles pouvoient voler , ne pouvant pas con- cevoir comment un fil pouvoit être lancé fi parallèlement à l'horifon , entre deux murailles ou deux arbres , à moins que l'araignée ne vole dans l'air en droite ligne. La figure fuivante fait voir de quelle manière les araignées ajou- tent des branches à leur fil ( voy. PL VIII. fig. 7. ). Je ne fçais pas la raifon pourquoi elles le divifent ainfi , à moins que cela ne le rende plus propre à les foutenir en l'air. Elles attachent fouvent leurs fils , en divers endroits , aux chofes fur lef- quelles elles marchent ; ce qu'elles font en les frapant avec leur derrière à mefure qu'elles marchent , ce qu'on entendra mieux par cette figure, ( PL VIII.fi"- 8. )• En frapant ainfi leur fil contre les rugofités des endroits fur lefquels elles marchent, elles l'affurent contre le vent, afin qu'il ne puifle l'em- porter; & lorfqu'il vient à fe détacher en quelqu'endroit , il refte attaché par Jes autres , ce qui les empêche de tomber. X Académique. 293 • Transactions ^J (\(\ Fhilosophiq. — — — — — — Ann. 1670. EXTRAIT DE DEUX LETTRES ÉCRITES A L'ÉDITEUR , par M. Adam Martindale de Rotherton , dans la Comté de Cheshire du iz & z6 Novembre 16 JQ. fur la découverte au on a faite dans ce pays, d'une mine de fil. ( A ) UNe perfonne digne de foi , & de bonne réputation , m'affure qu'on a ART. I. trouvé depuis peu dans ce pays une mine de fel , d'où fort une fon- taine dont les eaux font extrêmement falées. Au de-là des fontaines dont on tire le fel , il n'y a ni rivière, ni grand ruiffeau auprès , comme toutes les autres fontaines falées du pays. Je n'aurois pas ofé prendre la liberté de vous écrire , fi je n'enfle pas cru que cette découverte pourroit fervir à remplir quelques places vuides dans l'hiftoire de la Nature. Quoiqu'il en foit , je fuis perfuadé que la S. R. voudra bien me pardonner cette hardiefîe , par l'envie que j'ai d'être de quelque utilité à ces bienfaiteurs du genre humain. Et ù vous fouhaités apprendre quelqu'autre chofe fur cette matière , je me rendrai fur les lieux , pour les examiner par moi-même , au premier ordre que j'en recevrai de votre part. La Société Royale acceptant une offre auffi obligeante , le pria de vouloir bien vi- fiter les lieux , ce qu'il fit , & en rendit le compte fuivant. Je fuis à peine revenu de la mine de fel que vous m'aviés chargé de vifi- ter , & j'ai trouvé les choies conformes au rapport de mon ami. Je me fuis feulement apperçu qu'au lieu que j'avois compris , qu'il n'y avoit aucune eau courante aux environs , il avoit voulu dire , qu'il n'y avoit aucun courant d'eau confidérable , ou capable d'endommager la mine ; car il y a auprès, au moins dans l'hiver , un petit rnifleau , mais qui ne court pas rifque de l'inonder , ce dont font menacées toutes les autres falines du pays à chaque grande pluie , à caufe de la proximité de la rivière. Le fel de cette mine eu , au rapport des ouvriers, à 33 , ou 34 braffes de la furface de la terre dont on a déjà creufé 30 , & ils efperent parvenir à la couche qui couvre le fel, en trois femaines de tems. Je doute que je puifle d'ici à quelques mois , vous en envoyer de montre , les morceaux qu'on en a tirés avec la tarriere ayant été donnés , & les ouvriers n'ofant pas percer la couche qui la couvre , avant que la charpente qui doit étayer les terres, ne foit achevée. L'infpedleur m'a promis de me donner un morceau de mine pour vous , & de m'apprendre le tems où ils la découvriront , pour que je puifle y faire quelques-unes des expériences que vous m'avés indiquées. Les perfonnes qui ont vu le fel qu'on a tiré avec l'inftrument , m'ont affiiré qu'il étoit aufli dur & auffi pur que de l'alun ; & qu'étant pulvérifé , il formoit un fei très-beau & très-piquant. La première découverte en eft due à un rommé J. Jackfon d ' Halton , qui cherchoit une mine de charbon à la Notre- Dame dernière , avec la permiffion du Seigneur de la terre Marluri de Mzr- j.94 Collection ._ — » bure , Ecuyer. C'eft tout ce que je puis vous en apprendre pour le préfenr. Transactions Je luis occupé à confulter. des perfonnes expérimentées dans la pratique "hilosoi'hiq. de l'Agriculture de ce pays. Et j'efpere de vous en rendre compte dans peu , Ann. 1670. quoique je n'ofe pas me flatter d'apprendre rien qui mérite de venir à la Np'i 66. ' cormoiflance de la Société Royale. Mon ambition fera affez i'atisfaite fi je puis me conferver dans votre fouvenir , comme un zélé partifan de cette il- luftre Compagnie , & de fes travaux. C'eft fur cette confiance , que je , &c. N°. 67. EXPÉRIENCES Faites & communiquées par le Sçavant Mathématicien , le Dr. Erafme Bar- tholin,/àr un corps femblable au Crifial , qui lui a été envoyé d'Iflande. (A) S~> Es expériences étoient accompagnées d'une lettre très-obligeante du N . 67. y^j j-)r> Bartholin à l'Éditeur , à laquelle le Dr. Mathias Paifenius d'Ham- ART. I. your„ j ^ qlu ene avoit été adreflee pour l'envoyer à Londres , en joignit une des tiennes que nous rapportons , comme traitant du même fujet , & fer- vant à confirmer les expériences du Dr. Bartholin. Les obfervations que le Dr. Bartholin a faites fur le crifial d'Iflande ," font importantes , & doivent lui avoir coûté beaucoup de peine ; j'ai fait aufji quelques expériences fur un morceau dont il m'a fait préfent , qui confirment fes obfervations. Je me fuis apperçu qu'on pouvoit couper ce crifial , & le réduire avec un canif, en lames qui lorfqu elles font feules , préfentent les objets fimples , mais mifes les unes fur les autres , les font voir doubles; les deux images paroiffant d'au- tant plus éloignées que le nombre de ces lames e(l plus grand. Jepenfe que c'efl une efpece de félénite , jefoumcts cette conjecture au jugement des gens plus éclairés que moi. Quelques-uns de nos Sçavans avoient imaginé , que la figure rhomboïde de ces pierres étoit la caufe qui produifoit cette double image ; mais ayant voulu éprouver fi cette figure produiroit le même effet dans les autres corps tranfparens , je me fuis convaincu du contraire ; ce qui nous fait foupçonner qu'il y a quelque chofe de particulier dans cette pierre. Nous allons maintenant rapporter un extrait des obfervations & des ex- périences mêmes , renvoyant ceux qui voudront en fçavoir davantage , au livre du Dr. Bartholin , intitulé , Erafmi Bartholini Expérimenta Crijialli Iflan~ dici Dis-Diaclaflici , quibus mira , & infolita refracîio detegitur. Hafnite' , ann. 1669. où ils trouveront ces expériences plus détaillées & démontrées. ^ 10. Les habitans d'Iflande , & nos marchands nous apprennent , qu'on trouve cette efpece de criftal , en plufieurs endroits de cette contrée ; mais furtout dans une haute montagne peu éloignée de la baye de Roerfiord^ , qui eft à 6 5°. de latitude ; que cette montagne s'étend au Sud , & eft à l'exté- rieur entièrement formée de cette fubftance , fans qu'il foit néceffaire de creufer beaucoup pour la trouver ; qu'on la coupe de la grofleur d'un pied cubique avec des inftrumens de fer ; & qu'on trouve quelquefois à fes an- Académique. ioj gles une fubftance qui y eft attachée , d'une matière plus dure, propre à - couper le verre , d'une figure différente de toute la maffe , & approchant Transactions de celle du diamant. Philosophie 2°. La figure du criftal eft celle d'un rhomboïde , ou d'un prifme rhomboïde , ^m l()j0, & non-feulement le corps entier a cette figure , mais encore toutes les par- juo k- ties , lorfqu'on le cafte ; il arrive quelquefois qu'on en trouve dans la même terre , qui ont la figure d'une pyramide triangulaire. 30. Cette fubftance eft électrique , attirant (pour me fervir des expreflions du vulgaire , ) lorfqu'elle eft échauffée , des pailles , des plumes , &c. 40. Elle n'eft pas affez dure pour fouffrir le poli : il n'eft pas aifé de la confumer, & on ne la réduit en chaux qu'à un très grand feu , qui la chan- ge en une fubftance femblable à de la chaux vive. Cette fubftance s'échauffe en la touchant avec le doigt mouillé ; & lorfqu'on l'arrofe avec de l'eau de fontaine , elle fait une effervefeence , & devient comme de la chaux or- dinaire. 50. Ayant verfé de l'eau forte deflus ce criftal , elle le rongea , & les par- ties de fa furface furent mifes en mouvement, & firent quelque bruit. L'ayant pulvérifé dans un mortier , & ayant enfuite verfé de l'eau forte fur certe poudre, il s'y fit une ébullition jufqu'à ce qu'il fût entièrement diftbus , & le menftruë prit une couleur jaunâtre. Cette diffolution mife dans un Ther- momètre qui avoit une groffe bouteille au bas , indiquoit fort bien les de- grés du chaud & du froid. Je verfai quelques gouttes d'efprit de vitriol fur une diffolution femblable , pour féparer ce qu'il y avoit de trouble , &c pour précipiter la chaux blanche au fond. 6°. Les côtés de ce criftal font extrêmement polis : pour les rendre tels , il fuffit d'enlever légèrement une lame très-mince avec l'ongle ; mais fi on le frape avec un marteati , la pereuftion ne produit pas le même effet, & ne trouve pas une réfiftance égale de chaque partie , ce qui rend fouvent ces côtés raboteux. Toute la maffe eft plutôt tranfparente que brillante , fa cou- leur reffemble à celle de l'eau. Mais cette couleur fe ternit , lorfqu'on la laiffe tremper dans l'eau , & qu'on la fait enfuite fécher. De-là vient qu'aux endroits , où on le trouve , il a toujours fa" face fupérieure noirâtre , à cau- fe de la neige & des pluies qui tombent deffus. On y apperçoit quelquefois des efpeces d'arc-en-ciel. Les angles n'en font pas femblables , tous les plans étant inclinés les uns aux autres ; les oppofés ibnt parallèles. 7. Il y a toujours deux angles du prifme de criftal qui font aigus , les deux autres font obtus , & il n'y en a jamais aucun qui l'oit égal aux angles collatéraux de l'inclinaifon. 8. Les objets qu'on regarde au travers , paroiffent quelquefois & dans cer- taines pofitions , doubles ; & il faut remarquer que la diftance qui elt entre ces deux images eft plus ou moins grande , félon que le prifme eft plus ou moins épais. De forte que dans les morceaux les plus minces, cette différen- ce s'évanouit prefque. 9. Lorfque l'objet paroît double , les couleurs de chaque image font plus foibles ; & quelquefois il y a une partie de la même image qui eft plus obf- cure que l'autre. 10. Les images paroiffent plus hautes l'une que l'autre , lorfqu'on y fait bien attention. 296 Collection — ■— ■— — » 1 1. Dans une certaine pofition , l'image d'un objet vu au travers de ce Transactions criftal paroît fimple , comme lorfqu'on regarde au travers de tout autre Philosophiq. corps tranfparent. a / 12- Nous avons trouvé aufli une pofition , où l'objet paroît fextuple. xjç,' J 13. Si on divife en deux parties égales un des angles obtus de ce prilme ' 7' pnr une ligne , au travers de laquelle , ou d'une autre qui lui foit parallèle, paiTe le rayon vifuel qui vient de l'objet à l'œil , ces deux images le rencon- treront fur cette ligne ou fur fa parallèle. 14. Les objets qu'on regarde au travers des corps diaphanes, ont coutume de refter conftamment dans la même place : de quelque manière qu'on tour- ne le corps tranfparent , l'image ne change point de place fur leur furface , à moins que l'objet ne foit mu. Nous avons oblèrvé ici, que l'une de ces ima- ges eft mobile , tandis que l'autre demeure fixe , quoiqu'il y ait aufli un moyen pour rendre mobile l'image fixe, & pour rendre fixe l'image mobile dans le même criftal , & un autre pour les rendre l'une & l'autre mobiles. If. L'image mobile ne fe meut pas au hazard , mais toujours autour de l'image fixe , fans cependant décrire jamais un cercle parfait , en tournant autour d'elle , que dans un feul cas. 16. La dioptrique nous apprend que les corps diaphanes, qui n'ont qu'une furface , n'envoyent à l'oeil qu'une image réfractée de l'objet ; & ceux qui ont plus d'une furface , renvoyent une image de chacune de ces furfaces ; mais dans cette fubftance , l'œil qui n'apperçoit qu'une furface , voit deux images d'un feul objet ; ce qui nous engage à examiner d'où peut venir cette double image. Il fe préfente deux moyens , la réflexion , & la réfraction. Il eft difficile de trouver comment la réflexion peut produire cet effet ; car ayant terni les deux côtés plans de notre prifme criftallin , afin de les rendre in- capables de réfléchir la lumière , les rayons traverfant fes furfaces inférieure & fupérieure , préfenterent toujours une double image. En outre ayant rompu un de ces grands prifmes qui rendoit les objets doubles , chacun des plus petits morceaux qui le compofoient , préfenterent aufli une double ima- ge du même objet. D'où j'infère que la première de ces expériences furfit pour démontrer , que l'une de ces images n'eft pas produite par la réflexion des côtés plans , & fi l'on vouloit déduire la caufe de cette apparence ,^ de quelque réflexion interne des furfaces de ce corps , certainement le même effet n'auroit pas eu lieu dans chacune de fes parties ; ou la double appa- rence caufée dans les petites parties fe feroit multipliée dans un grand volume. La réflexion ne nous fatisfaifant pas , nous eûmes recours à la réfraction , mais puifqu'onfçait, qu'une image ne peut pas pafler au travers d'un corps diaphane , fans éprouver une réfraction , & qu'une image fuppofe une ré- fraction , il fuit que fi c'eft la réfra&ion qui eft la caufe de ce phénomène , il doit fe faire une double réfraction dans ce corps , puifqu'il fait voir deux images , & puifque les images que ce criftal fait voir , ne font pas de la mê- me efpece , & qu'il y en a une fixe , & l'autre mobile. Nous devons aufli diftinguer les réfractions elles-mêmes , qui rompent les doubles rayons qui arrivent à l'œil , & appeller celle qui nous envoyé l'image fixe , réfraction ordinaire , & celle qui tranfmet l'image mobile , réfraction extraordinaire. Cette Académique. 197 Cette propriété d'une double réfraction , nous a fait donner à ce criftal le nom de Difdiaclafliquc. Cela étant fuppofé , il y aura tout lieu de croire que ces deux réfractions procèdent de deux principes différens ; puifque la dioptrique nous apprend qu'un objer qui affecte l'œil , par des rayons vifuels , forme une image fur la lurface d'un corps diaphane , laquelle image eft limple lorfqu'il n'y a qu'u- ne lurface , &c que le plan îitpéricur eft parallèle à L'inférieur ; & que fi l'œil refiant immobile , le corps diaphane eft en mouvement, cette image demeu- re fixe auffi long-tems que l'objet ne change pas de place. Par conlequent limage qui paroit fixe dans cette fubftance tranfparente , peut être pro- duite par les loix ordinaires de la réfraction ; mais celle qui eft mobile , Se qui change de place , fuivant le mouvement du corps diaphane , quoique 1 objet foit immobile , nous montre une efpece de réfraction extraordinaire qui n'a pas encore été obfervée. Afin donc de pouvoir exa- miner la nature , & la différen- ce de ces deux réfractions , je mis fur un même objet au point A , le prifme de criftal à double réfraction N PQRT B S , & l'œil M étant placé perpen- diculairement fur le plan fupé- rieur du prifme NPQR, j'examinai s'il n'y avoit pas R quelque réfraction au point A, ( où félon las loix ordinaires de • la réfraction , il ne doit pas y en avoir , ) je remarquai que le rayon perpendiculaire de l'œil ne paffoit pas au travers de l'image mobile , mais fixe , & par conféquent fuivoit les loix ordinaires de la réfraction, c'eft-à-dire, n'en éprouvoit au- cune de la part du prifme ; de forte que l'œil, l'image, & l'ob- jet étoient vus dans la même li- gne. Mais tandis que l'œil con- feivoit la même fituation , l'objet A présentant l'aurre image X , à quel- que diitance du premier, je remarquai que cette image X fouffroit une retraction , quoique l'œil fut toujours perpendiculaire fur le plan , & que parconfequent cette réfraftion extraordinaire ne fuivoit pas la loi ordinaire. ^a un rayon tombant perpendiculairement fur la furface d'un corps diaphane, n'y Joufroit point de réfraction , mais paffoit fans fe rompre. Je plaçai enfuite mon œil de façon que le rayon qui venoit de l'objet A , put être parallèle aux lignes R T & Q B du plan R QT B ; alors Jl parut que les rayons paffoient de l'objet A fans fe rompre , au travers de Tome I. H. Partie. p ., Transactions Philosophiq. Ann. 1670. No. 67. 298 Collection = l'image mobile Z , l'objet A , l'image mobile Z & l'œil O étant dans la mê- Transactions me ligne, & que le même objet A envoyoit à l'œil O toujours dans la mê- Phuosophiq. me pofition , une autre image Y , par le moyen du rayon rompu A Y O ; Ann. 1670. ce l11' me démontra que cette réfraction extraordinaire fuivoit une ligne N°. 67 parallèle aux côtés de ce criftal à double réfra&ion , tandis que la réfra- ction ordinaire fe faifoit fiiivant une ligne perpendiculaire à la furface. Mais coniîdérant qu'il n'étoit pas aifé de déterminer le lieu du point , qui paroiffbit au travers de notre corps diaphane , parce qu'il ne ie faifoit voir qu'à la face fupérieure ; j'ajouterai un moyen qui nous fervit à trouver fa différence , en tirant fur la table eu étoit le prifme , une ligne droite , qui paffoit par ce point , & dont la place pouvoit être déterminée dans le cri- ftal , avec un œil , tandis que lautre œil obfervoit hors du criftal. Car fup- pofé que dans la même figure , on tire la ligne B C paffant par l'objet A , l'œil étant en M , on verra les deux lignes H D & I E fur la furface fu- périeure , & û l'on y fait attention , on verra l'une de ces images , fçavoir la fixe D , concourir avec la ligne B C fubjacente , tandis que l'autre , c'eft- à-dire , la mobile E I fera dirigée vers R. Mais fi enfuite l'œil eft placé en O , le même objet, je veux dire la ligne B C , non-feulement paroitra dou- ble par les images K F , & L G , mais auffi l'image mobile G L coincidera avec la ligne inférieure B C , tandis que la fixe F K tendra vers N. Après ces expériences , l'Auteur tâche de déterminer la quantité de la ré- fraûion dans ce corps , & ayant d'abord démontré la méthode de mefurer la réfraftion du verre , ( qui a été omife par Defcartes dans fa dioptrique, ) il a trouvé après plufieurs expériences , que dans ce criftal , l'angle d'inclinai- fon eft à l'angle de réfraction, comme 5 à 3. Mais il n'en refte pas là , il démontre toutes les expériences que, nous avons rapportées ; obfervant d'abord que les partifans de l'hypothèfe des corpuf- cules qui renferme celle des figures & des pores , ne fçauroient-defirer un- corps plus propre que celui-ci pour appuyer leur doftrine ; puifqu'il paroît que les pores de ce corps fuivent fes côtés & leur font parallèles. Car on obferve que c'eft dans la direction de ces côtés qu'il fe rompt , & que fes par- ties fe féparent les unes des autres , & qu'en outre l'une de ces images, c'eft- à-dire , la mobile pafle au travers de ces pores. Outre ces pores parallèles aux côtés , il y en a d'autres femblables à ceux du verre, de l'eau , & du cri- ftal ordinaire, qui tranfmettent l'image fixe. Mais laiflant là ces hypothèfes , notre Auteur en admet deux autres , com- me étant néceffaires à fon deffein , hypothèfes que l'expérience , plutôt que le raisonnement , lui fournit. L'une eft , qu'il y a quelques lignes par lefquel- les les rayons traverfent un corps tranfpavent fans fe rompre , quoique ces lignes foient regardées comme perpendiculaires dans tous les corps diapha- nes connus jufqu'à préfent. Il n'exige pas qu'on les fuppofe toujours telles ,. puifqu'il fe peut qu'il y ait des cas , où cela ne foit pas. L'autre eft qu'on peut fuppofer que la moitié de la lumière , ou de l'image renvoyée par l'objet , eft expofée à la réfraction ordinaire ; mais que l'autre moitié fouffre la ré- fraction extraordinaire ; ou , ce qui eft la même chofe , que la réfraction or- dinaire & extraordinaire ont le même pouvoir , pour rompre les rayons de l'objet. La première de ces propofitions fe déduit de la 14*. expérience , la Académique. 299 féconde de la iSc. mais il faut recourir au traité que nous avons cité , pour " voir comment il les déduit de les principes , & fur quoi font fondées (çs Transactions démonltrations, ce que nous ne fçaurions faire voir dans un extrait. Philosophie. , Ann. 1670. SUR LA GRANDE QUANTITÉ DE BOIS QU'ON TROUVE ' 6?' fous terre dans la Comté de Lincoln. ( A ) LE Marais qu'on appelle ordinairement rifle SAxolm , fitué en partie ART. I\» dans la Comté de Lincoln , & en partie dans celle d'York , a été autre- fois un pays de bois , témoin la grande quantité de chênes , de fapins , & d'autres arbres qu'on a trouvé depuis peu dans ce Marais. Il y a de ces chê- nes qui ont cinq braffes de tour , & 16 de long ; il y en a de plus petits & de plus longs. On trouve encore près d'eux , une grande quantité de glands un peu plus enfoncés que le pied de l'arbre , & près de leurs racines qui font toujours plantées dans la terre ferme , au-deflbus du Marais , comme fi les arbres étoient encore debout. Les fapins font plus nombreux & d'un pied ,011 1 ï pouces plus profonds que les chênes. Il y en a plufieurs qui ont jufqn'à 30 braffes de long. Il n'y a pas long-tems qu'on en tira un qui en avoit 36 outre la tête ; il étoit couché près de fa racine qui étoit , comme fi l'arbre eût encore été fur pied ; il n'avoit pas été coupé, mais brûlé. M. Dugdale rapporte dans fon livre de la manière de dépêcher les Marais en An- gleterre , ( où l'on voit la confirmation de tout ceci , ) qu'on en trouve un fi grand nombre , que les habitans en ont tiré plufieurs charretées dans le cours d'une année. Perfonne n'a parlé du tems où le terrein avoit été fubmergé , pas même le Sçavant M. Dugdale. Il dit feulement que la profondeur du Marais fai- foit voir qu'il y avoit plufieurs fïécles , ne pouvant pas s'être accru à ce point en peu d'années. Il croit que cette fubmerfion n'a été caufée que par le li- mon que les marées qui remontoient de XHumber dans le Trent , ont depo- fé en affez grande quantité , pour arrêter les courans de l'Idle, de la Donc & autres rivières , qui par conféquent ont reflué & inondé ce pays plat. DESCRIPTION D'UNE CARRIERE, Qui ejl auprès de Maflricht , communiquée par une perfonne qui fréquente beau- coup cette contrée. (A) IL y a à une portée de canon de Maflricht , une carrière fituée fur les bords ART. V. de la Meufe , dans une montagne où il y a environ 25 brafles de rocher ou de terre par-defïïis. La montagne a quelques milles de long , & s'étend le long de la rivière vers Liège : elle eft fituée fur la même rivière , & près de Maflricht , elle a \aa \ de mille de largeur , & davantage en quelques autres endroits. Cette carrière a du côté de la rivière , une entrée où les charretes peuvent paffer fort a leur aile , & décharger les pierres furie bord de la rivière ; la carrière étant intérieurement parallèle à l'horifon , ou à fon Pp 2 joo Collection -m ■_ i i . ^g^» niveau , ( ce qui eftun très-grand avantage, ) & un peu plus élevée que la Transactions rivière. Philosophuî. Cette même carrière qui a prelque miné toute la montagne , fait une des Ann. 1670 vues les plus étonnantes, lorfqu'elle efl éclairée de plulieurs torches ; car Mo (-.y ' il y a mille piliers quarrés très-gros , & ayant prelque par tout plus de 20 ' " pieds, & en d'autres endroits, beaucoup plus de haut. Ils font tous tra- vaillés avec une propreté 6f une régularité infinie ; ce qui feroit peni'er qu'on les a plutôt faits pour un palais fouterrein , que pour foutenir une carrière. Cette carrière fert aux peuples des environs de retraite sûre , lorsqu'il y a des armées dans ce pays ; car comme ils en connoiffent tous les détours , ils y portent tout ce qu'ils veulent lauver du pillage , leurs chevaux , leurs troupeaux , & leurs meubles, jufqu'à ce que le danger foit paffé ; y ayant un fi grand nombre de chambres , que 40000 hommes peuvent s'y tenir ca- chés. Qui voudroit entreprendre de les fuivre parmi ces piliers & ces détours fans un bon guide, non-feulement courroit rifque de fe perdre , mais encore de fe caiTer la tête à l'angle de chaque pilier ; & le peuple attendant les ennemis avec leurs carabines , & leurs fuiils de chafle , pourrait les tuer à la lueur de leurs flambeaux. Il eil à remarquer qu'il y a très-peu de décombres dans cette vafle grotte ; ce qui prouve , & la bonté de la pierre , & le foin des ouvriers. Il y a en plufieurs endroits de petites marres qui y ont peut-être été faites à deffein , pour abreuver les troupeaux , & pour d'autres ufages , dans le tems où cela peut être néceffaire ; car on ne voit nulle part aucune efpece d'humidité , il paroît feulement que la pluie y entre par les foupiraux , qui font difpo- iés de façon qu'ils la conduifent dans ces marres qui font aux environs , ce qui fans doute a été fait à deffein. N°. 68. EXTRAIT D'UNE LETTRE ÉCRITE A L'ÉDITEUR ,_ par M. J. Vray , du ij. Janvier 16 y 0. au fujctdt quelques obfervations extraordinaires faites fur un fuc acide qui fe trouve dans les Fourmis. (A) M O N S I E U R, N°. 68. H "Y a Pas long-tems que j'ai reçu de M. Hulfe & de M. Samuel-Fisker „ Art. I. 'es obfervations que je vous envoyé maintenant , fur un fuc acide qu'on trouve dans les fourmis. Voici celles de M. Hulfe , telles qu'il me les a en- voyées le 10 Août dernier. // n'y a pas long-tems , dit-il , que confultant h jardin de finté de Langkam , j'y rencon trai ce paffage. Jette{ des fleurs de de chicorée dans un tas de fourmis , & elles deviendront bientôt auffi rouges que du fang. Remarquez que Langham , n'eft pas le premier qui ait fait cette obfervation; je la trouve encore dans Hieronimus Tragus Hifi. Stirp. lié. i„ ch. gi. Cette fleur a une qualité flngu/iere , c'efi qu'étant enfermée dans une four- Académique. 301 milliere , elle change de couleur , & devient rouge , comme Jt elle rougi ffoit de leur '; terreur , Si Jean Bauhin obferve , quOthon Bransfeld en avoit fait mention Transactions avant lui. J'ai pris quelques-unes de ces fleurs , j'en ai fait l'expérience , & Philosophiq. je me fuis convaincu , que ce qu'il en dit eft vrai ; mais il ne rapporte pas Ann. 1670. de quelle manière cela le fait , la voici. Découvrez une fourmilliere avec un IsJ°. 6ci. bâton ; & jettez-y vos fleurs , vous verres les fourmis s'entaffer défais , à mefure qu'elles s'y promènent, elles laillent tomber une goutte de liqueur qui fait une grande tache rouge , par toutou elle tombe. Quelquefois elles fou- lent cette fleur avant de la déteindre , d'autrefois elles la déteignent tout de fuite. D'abord je conjecturai que le dérangement de leur fourmilliere les ayant irritées , elles enfonçoient leur aiguillon dans la fleur , & y portoient par fon moyen cette liqueur acre ; mais je remarquai , qu'en écrafant & en frottant ces fleurs avec le fuc qu'on en exprimoit par ce moyen , elles chan- geoient également de couleur. Tout le monde fçait que Iorfqu'on a des four- mis fur fa peau , elles y caufent un picotement cuifant , comme fi en la pi- quoit avec des épingles , ce qui vient fans doute de cette liqueur corrofive qu'elles biffent tomber , plutôt que de la piqueure de leur aiguillon. Je ne fçaispas trop à quel genre de liqueur rapporter ce fuc, je verfai de l'efprit de fel , & de l'huile de foufre , mais ils n'en changèrent pas la cou- leur ; * j'y mis auffi du fel de tartre , & verfai par-deffus un peu d'efprit de * yoy. |e p0n iel , qui produifit une affez grande fermentation , fans que cela apportât au- fcripmm, cun changement Cette obfervation a non-feulement lieu , fur les fleurs de chicorée , mais j'imagine qu'on peut encore la faire fur toutes les autres fleurs bleues. Il feroit bond'obferver fi la liqueur que le Dr. Hook dit être dans l'aiguillon des abeil- les , ne produiroit pas le même effet. Ici fe termine la lettre du Dr. Hulfe. En lifant cette lettre , je me rappellai une expérience dont M. Samuel- Fisher de Schejfield me fit part , il y a quelques années, qui eft , que fi on remue avec un bâton , ou quelqu'autre infiniment un tas de fourmis , fur- tout de groffes fourmis , & qu'on les tourmente , elles laiffent tomber def- fus une liqueur , qui , fi on l'approche du nés fur le champ , affefte l'odorat , comme feroit de l'huile , on de l'efprit de vitriol. Ayant fait réflexion fur cette obfervation , &: fçachant d'ailleurs que l'huile , ou l'efprit de vitriol rougit promptement le firop de violettes , & comme je l'ai appris de gens dignes de foi , les lues & les teintures de toute autre fleur ou fruit de la mê- me couleur , je penlai que cette liqueur des fourmis étoit de la même natu- re que l'efprit de vitriol , & les autres efprits acides , qui à cet égard pro- duitènt le même effet que cette huile. Sur cela j'envoyai m'informer de NT. Fisher , quelles étoient les expériences qu'il avoit faites , & il me renvoya le détail fuivant. Un foible efprit de fourmis rougit en un inftant des fleurs de Bourrache : du vinaigre un peu chaud produit le même effet. Les fourmis diftillées toutes feules ou avec de l'eau, donnent un efprit femblable à l'efprit de vinaigre, ou plutôt à l'efprit de verdet. Du plomb mis dans cet efprit , ou dans de l'eau où l'on auroit jette les fourmis elles-mêmes toutes en vie , fait du lucre de .Saturne. Du fer mis dans cet efprit donne une teinture aftringente , &: (e change , en répétant l'opération, en fafran de Mars. Prenez du fucre de Satur- 302 COULECTION — ne ainfi fait , diftillez-le , vous en retirerés le même efprit acîcle ; ce qui n'ar- Transactions rive point au lucre de Saturne fait avec le vinaigre , il fe change au con- Philosoi-hiq. traire en une huile inflammable qui ne contient rien d'acide ; mais celui . .- qu'on fait avec du verd de gris , reffemble à cet égard à celui qui eft fait avec N9* t^ii ' l'efprit ^e fourmis. i\ ■.. 0 6. Lorfqu'on met des fourmis dans l'eau , il faut les irriter pour les obliger à y verfer leur liqueur : c'eft de tous les animaux que nous avons diftillés ( il parle de fon frère & de lui , ) le feul dans lequel nous ayons trouvé un efprit acide , tous les autres contenant au contraire un efprit urineux ; ce- pendant nous en avons diftillé beaucoup , foit chair , poiflbn , ou infecte. Voilà ce que m'a appris M. Fisher qui fouhaiteroit fçavoir , fi quelqu'un a jamais trouvé , ou oui dire qu'on ait trouvé par la diftillation ou autre- ment , une femblable liqueur acide dans quelqu'autre animal ; pour moi , je ne connois aucun animal qui ait cette propriété , mais s'il y en a , il doit être de l'efpece de ceux qui vivent en fociété &c dans des ruches , & gé- néralement de l'efpece de ceux qui ont un aiguillon , arme dont les four- mis ne font pas dépourvues. Il eft en effet étonnant que la nature fépare dans le corps de cet infecte , fans aucune chaleur fenfible , une auflî grande quantité , refpe&ivement au volume de l'animal , d'une liqueur de la même efpece que les efprits acides , que l'art tire de quelques minéraux avec le fecours du plus grand feu. Je fuis perfuadé que cette liqueur peut être d'un grand ufage en Méde- cine , M. Fisher m'a affuré qu'il en avoir fait l'épreuve dans quelques ma- ladies , & cela avec beaucoup de fuccès. P. S. Il y a dans la lettre de M. Hulfe , un partage qui demande quelque explication , fans quoi il pourrait induire en erreur ; fçavoir que l'efprit de fel & f huile defoufre verfésfur les fleurs de chicorée n'en changent pas la couleur. Ce qu'il faut entendre des fleurs entières , car pour peu qu'on les froiffe , elles deviennent rouges , lorfqu'on y verfe quelque efprit acide que ce foit. La raifon s'en préfente d'elle-même. Car les feuilles d'une fleur , comme toutes les autres parties des plantes,étant revêtues d'une peau ou membrane, la liqueur qu'on y verfe ne peut pas aifément la pénétrer , & fe mêler avec le fuc , ou la pulpe intérieure. Ce qui fait que , fi l'on met les fleurs dans du vinaigre froid , furtout fi le tems eft froid , elles ne changeront pas de cou- leur de long-tems ; mais û l'on fait chauffer le vinaigre , elles en change- ront d'abord. On ne peut pas encore déterminer fi les fourmis ne font que verfer leurs liqueurs fur la furface des fleurs , ou fi elles ne la portent pas dans le fuc en- fermé , en plongeant leur aiguillon au travers de la membrane qui les re- couvre , & nous fommes obligés d'attendre que la faifon en nous donnant des fleurs , nous ait permis de faire de nouvelles obfervations. Académique, 303 [Transactions EXTRAIT D'UNE LETTRE ÉCRITE A L'ÉDITEUR, Philosophiq. par M. Martin Lifter du zS Janvier 16 y 'f , far le mêmefujet que la précé- « • dente , où il indique un autre infecte qui vraifemblablement contient aujfi *i ' . •/ une liqueur acide. (A) < • 08. ART. II. M O N S I E U R, J'ai reçu en dernier lien de M. Wray les obfervations de M. Fisher , & & de M. Jeffop , fur" la liqueur acide des fourmis , (je fuppofe qu'il vous en a fait part , ) dans lefquelles je trouve que le dernier demande, s'il n'y au- roitpas quelqu'autre infecte , animal , ou poiflbn , qui donnât une fembla- ble liqueur acide ; ayant fait lui-même des expériences fur un grand nom- bre d'infectes & d'animaux fans en trouver dans aucun d'eux. Pour moi je fuis perfuadé qu'il y en a , parce qu'ayant ob/ervé que les fourmis écrafées ont une odeur forte & piquante , femblable à celle des feuilles de la plan- te nommée Flammula, lorfqu'on la froiffe & qu'on la porte au nés : j'ai trou- vé , depuis que M. Wray m'en a fait la queftion , un infecte que je foupçon- ne contenir une liqueur acide comme les fourmis , c'eft le Julus à corps long & rond de couleur rouge , diftingué de tous les mille pieds , en ce que (es jam- bes font blanches , & fi grêles qu'elles reffemblentàdes cheveux. Il fe trou- ve fréquemment dans des décombres arides. D'ailleurs nos Scolopendres n'ont point d'armes offenfives, & ceux-ci ont des pinces très-dangereufes. Ce Ju- ins étant écrafé affecte l'odorat d'une façon très-vive , mais je n'ai pas en- core pu en amaffer une aflez grande quantité , pour en faire l'expérience. Je n'ai pas fait beaucoup d'attention au changement de couleur dans les fleurs, & vous aurés mes expériences Si mes idées à ce fujet plus à loifir. OBSERVATIONS ET EXPÉRIENCES Sur la végétation, &fur le mouvement de la fève. Suite de l'art, z. du Ni". ^S. (C) 21. TE n'ai pu parvenir par mes expériences à tirer aucun fuc de ces ar- »RT .ri J bres dont la fève , quand elle s'épaiflit , paroit être une efpece de gomme, comme les Cerifiers, les Pruniers, &c. ce qui me fait croire que quel- ques autres arbres fruitiers , dont je n'ai pu tirer de fuc , ni par le chaud , ni par le froid , tiennent de cette nature d'arbres ; quoiqu'il n'ait pas encore été obfervé que les autres fruitiers puiffent donner aucune gomme. Il peut y avoir auifi quelques fruitiers & d'autres arbres, dont la fève quoiqu'exem- pte de gomme, eft néanmoins vifqueufe , enforte qu'on ne peut à ce que j'eftime , en tirer par aucun moyen ordinaire qui foit connu. 22. Il n'eft pas poffible de tirer tout le fuc des arbres dont la fève quoi- que fluide & abondante fe congelé , parce qu'il arrive dans la plupart des faifons de l'année , que la fève monte imperceptiblement dans les parties cv- 304 Collection r:rr=-. " '" ' térieures cîe l'arbre comme dans les plus internes ; non-feulement entre Transactions l'écorce & le bois , mais aufll à travers les plus folides parties de chaque l'HiLosoini^. enveloppe , fuivanr les obfervations faites par M. Willoughby. Ann. 1670. 23. Un particulier de Glocejler , fort verfé dans l'Agriculture , nous a ap- N°. 63. pris? qu'en liant étroitement un arbre avec une corde qui le recouvre exa- ctement , Se de manière à intercepter la fève qui monte entre l'écorce & le bois ; cette opération retarde la fleur & le fruit : ainfi dans les années où il arrive qu'un printems trop doux , en hâtant la fleur , fait craindre pour la perte du fruit , on peut par ce moyen prévenir la difette des fruits pré- coces , que les derniers froids détruilent ordinairement. 24. J'ai gardé de la fève d'arbre dans une grande retorte contenant deux ou trois gallons ( le gallon contient quatre quartes , dont chacune fait en- viron la pinte de Paris , ) Si l'ayant biffée pendant plufieurs mois , fans au- tre préfervatif que l'inclinaifon du col de la retorte recouvert d'un fimple papier , pour le garantir des infectes, il fe fît une pellicule par-deffus : je trouvai ce fuc d'un goût agréable , ce qui me fit hazarder d'en faire braffer dans la faifon où l'on fait le cidre , & je fis une bonne quantité d'une excel- lente boiffon cordiale, avec huit boiffeaux de tranches de pommes , en les faifant braffer comme le Malte, avec de l'eau chaude , & en mêlant la fève avec l'eau , quand elle ne bout plus du tout. J'en ai rempli un vaiffeau con- tenant moitié d'un gros tonneau de vin du Rhein , c'eft-à-dire environ 40. gallons , autant que je puis me le rappeller. La fève d'arbre ne faifoit pas la moitié de cette boiffon , attendu que l'eau faifoit la plus grande partie de ce qui àvoit été braffé;cependant j'ai eu plus de cinq gallons par chaque boiffeau de pommes , d'une boiffon chaude , cordiale & agréable. Si elle avoit été toute compofée de fève d'arbre , elle auroit été plus cordiale & plus forte. J'y avois ajouté une bonne quantité de racines Si de montans de bourra- che , dans la faifon où ordinairement on la jette hors des jardins : il eft bon d'obi'erver auffi que le fuc de bourrache travaille , Si fe façonne de lui-mê- me , quand il eft dans le tonneau , & qu'il s'en forme une liqueur brune , claire Si excellente. Je fis ufage de ma boiffon à Pâques fuivant : ainfi de la fève d'arbre recueillie au printems , Si braffée à la faint-Michel , s'eft confervée jufqu'après Pâques. 25. On prétend que le meilleur moyen de multiplier le pommier fa uva- ge , ou du moins celui qui eft préférable ; c'ert de féparer du tronc de cet arbre des racines fans les arracher. 16. On m'a affuré qu'un copeau d'un bois tendre , infixé au bout d'une bouture de Laurier , contribuoit à lui faire prendre racine ; & que le Mû- rier fe multiplie aifémènt de boutures , quand on les plante fur la fin du mois de Janvier, ou au commencement de Février , par un tems humide , & non pas dans le hâle de Mars ; mais ces boutures font mieux racines , fi elles onjt été éclatées & enlevées avec une partie de la vieille écorce ; ou fi ce font des rejettons de la dernière année , qu'on ait coupés avec un peu de vieux bois. J'ai fait faire autrefois plufieurs de ces boutures qui ont toutes repris. Je me fuis attaché à beaucoup multiplier cet arbre , pour y greffer des poiriers & autres fruitiers , furtont des coignaffiers, des neffliers , des pruniers , pour donner une teinte de rouge à la chair de leur fruit , en prenant des greffes de ACADEMIQUE. 305 de pareils arbres qui avoient été entés fur le mûrier : peut-être que les poi- ^HHïsbs™! res fanguinales & rayées de rouge ont été trouvées par ce moyen; ou bien Transactions on peut les multiplier ainii avec avantage. Philosophiq. ^^ Ann. 1670. " ~~ No. 68. SUITE DES OBSERVATIONS ET EXPÉRIENCES fur lu végétation & fur le mouvement de la. fève. ( C ) JE me fuis confirmé dans ftdée que je m'étois faite , que les arbres & au- a RT iy très plantes , fi nous pouvons y pratiquer ce que j'ai déjà eflayé , quoi- qu'en petit , en tirant leur fève qui eft plus convenable pour mon deffein , indiquèrent les changemens de tems , le chaud , le froid , l'humidité , la fé- chereffe , beaucoup mieux qu'aucun Thermomètre puifTe le faire. Car le mien étant refté au même degré , pour ainfi dire , pendant tout un jour , qui étoit le 13 Avril 1670 , mes arbres ce même jour reçurent l'impreffion d'un fi grand changement de température , que 24 d'entr'eux qui avoient rendu paffablement de fève le matin , n'en rendirent pas une pinte l'après- midi ; & quoique l'un de ces arbres en eût rendu pendant la plus grande partie d'un autre jour, il cefla d'en rendre pendant environ une heure ou deux par un très-beau tems ; ce qui fut feulement occalîonné, autant que j'ai pu î'obferver , par un vent qui fe leva du couchant ; quoiqu'il parût être doux & chaud. Ces arbres rendirenr environ deux quartes de fève dans la matinée , le Thermomètre étant relié au même degré , fçavoir à 1 1 pouces pendant ces deux jours. Le Jeudi 14, il étoit feulement à 9 f. Le Vendredi 15. mon Thermomètre à midi , étoit monté de 9 à 10', Cependant la quantité de fève que les bouleaux rendirent ce jour-là , fur- pafla le premier produit ; car j'en eus environ deux quartes & demie avant midi. Mais par un tems froid , j'ai éprouvé que l'écoulement des bouleaux ceffe , quand l'air vient à être agité par un vent impétueux & froid. Le famedi 26 Avril, l'écoulement des 24 bouleaux commença après le le- ver du foleil , ils rendirent environ trois quartes de fève , qui cefla de cou- ler fur les deux heures après midi, jufqu'au quel tems l'écoulement n'avoir pas difeontinué. Le Dimanche 17, la pluie fut fi abondante , que nous ne pûmes distin- guer ce que ces arbres avoient rendu de fève ; le tout enfemble ne monta au plus qu'environ à fix quartes. Le Lundi 18 , l'écoulement alla jufqu'à midi : le Mardi 19 , & le Mercre- di 20, je m'attendois d'avoir une grande quantité de fève ; mais après la pluie , les arbres n'en rendirent pas une goutte. Le Samedi 23 Avril , mon Thermomètre fe foutint à 7 degrés r ; la ma- tinée fut pluvieufe & orageufe , & la pluie n'appaifa point le vent : à neuf heures de cette matinée , ma fève de bouleau fermentoit d'elle-même dans le tonneau ; ce qui m'a paru conforme à ce que m'a dit le frère de M. Souton marchand, qui en tranfportant en Suéde de l'eau de bouleau , qui étoit fans aucun mélange, s'étoit apperçu qu'elle avoit fermenté d'elle-mêr Tome I. II. Partie. Q q 306 Collection 1 me ; apparemment parce qu'il y en avoit une grande quantité : mais moï Transactions j'ai mis feulement un peu de gérofle dans ma fève de bouleau, que j'avois Philosophie fait bouillir & réduire au moins à un tiers ; &C elle fe conferve bien , fur- Ann. 1671. tout quand on la fait bouillir avec des rameaux & rejettons du même ar- N°. 68. t"re ' ûiivant qu'on m'en a affuré. De la fève de bouleau qui avoit été mêlée d'eau de pluie en coulant de l'arbre , les 16 , 17 & 18 Avril 1670, ayant fermenté avec des branches de romarin que l'on avoit fait infuiér dans de l'efprit-de-vin , fit une boif- fon qui échauffoit reftomac comme du vin violent , &c qui étoit agréable au goût , quoiqu'elle fût un tant foit peu aqueufe. TRANSACTIONS PHILOSOPHIQUES. Année M. DC. LXXI. N°. 69. OBSERVATIONS Sur les mines de Cornoiiallles , & de Devon , où ton décrit la manière de dé- couvrir une veine , de fouiller la mine, & de préparer & fondre l'étain ; par une perfonne fort inftruite en cette matière. ( A ) N°. 69. i«. T)Our mieux concevoir cet Art , on fuppofe d'abord , que la fépara» ART. III. X tion des eaux , d'avec les eaux dont il eft parlé dans la genef. 1. v. g. 10. ou le déluge de Noé , ou même l'un & l'autre cauferent un boulever- fement général à la furface de la terre. 2°. Qu'avant ce bouleverfemenr , la fuperficie des veines minérales étoit dans la plupart des endroits , de niveau avec cette furface imaginaire de la terre , qui pour lors étoit la véritable , que les Mineurs appellent terre pri- mitive , ou, comme ils le difent , la terre qui n'a pas été remuée dans le déluge ; termes que nous employerons pour éviter les circonlocutions : j'ai dit la plupart des endroits , par ce que ces veines plongent quelquefois , com- me on peut le voir dans la carte cy-jointe , & dans ce que nous allons dire fur la manière de fouiller les mines. 3°. Que dans ce bouleverfement , la furface de la rerre , & les plus fu- perrkielles de ces veines minérales ont été rompues & brifées , & que par la chute des eaux , la terre & ces morceaux de mine détachés de leurs vei- nes,ont été entraînés enfemble au-deffous de leur première place, au fond des yallées voilines ; les rivières dans leurs débordemens les ont encore em- Académique. 307 portés plus loin , plus ou moins i'elon leur chute & la rapidité de leurs eaux, _j.ib qui vraifemblablement n'eft pas la même partout. Transactions Cela fuppofé , nous allons parler aux moyens, qu'on met en ufage pour I'huosoi-hiq. découvrir une mine. Ann. 167 1. Io. Lorfqu'on foupçonne , qu'il y a une mine dans un endroit , on exami- -nt0 ^ ne avec foin la fituation du pays ou de la montagne , la terre, fa couleur, * "* fa nature , les pierres qu'on y trouve. La raifon de cela eft qu'on connoît mieux la terre & les pierres , lorfqu'on les trouve à quelque diftance dans une vallée voifine ; car on peut trouver des pierres de mine à 2,3,4, 5 milles de la montagne , ou de la veine , à laquelle elles appartiennent. 2°. On cherche & on examine avec beaucoup de foin, après les grands débordemens , les endroits où les eaux ont miné , ( fuppofé qu'elles ayent miné quelque part , ) pour tâcher de découvrir quelque pierre métallique avec quelque atterriffement , c'eft à-dire , quelque terre différente du fol ; ce qui eft d'un grand iécours pour trouver le côté de la montagne , où il faut fouiller. Je ne dois pas oublier de joindre ici le petit nombre de cara- ctères par lefquels on connoît l'elpece de métal , & la quantité qu'en con- tient la mine. Le premier de ces caractères eft le poids , par lequel en con- noît fi c'eft un métal ou non. Le fécond la porofité de la mine , car prefque toutes celles d'étain font poreufes , affez femblables à de gros os calcinés. Cependant on trouve quelquefois de l'étain dans des pierres très-dures. Un troifième moyen c'eft de la vanner ; ce qu'on fait en pulvérifant les pierres ou la terre , ou ce qu'on foupçonne contenir quelque minéral , & en les mettant dans un van ; car le gravier refte au fond du van , & le minéral à la pointe : par-là on peut connoitre la nature & la quantité de la mine , qu'on y foupçonne , prefque fans erreur , iurtout lorfque celui qui vanne a de l'intelligence. 3°. Mais fi on ne trouve point de ces morceaux de mine détachés , on abandonne la place. On ne le fie pas aux pierres métalliques , qu'on trou- ve dans les rivières ordinaires , pour les raifons que nous dirons cy-après , & par ce qu'elles égarent plutôt qu'elles ne guident , furtout fi elles font liffes & polies , fans afpérités , telles qu'on en trouve dans les pierres nouvelle- ment détachées : car cela montre qu'elles ont fait beaucoup de chemin , n'ayant acquis ce poli que par leurs roulemens , ce qui arrive à la plus gran- de partie des pierres de rivière. On va alors aux côtés des montagnes , qu'on foupçonne le plus de contenir quelque mine; il eft même bon d'y conduire un petit courant d'eau , ( plus il fera confidérable & mieux cela fera , ) & de creufer une tranchée ou rigole de deux pieds de gorge , & de la pro- fondeur de la terre primitive , dans laquelle on fera couler l'eau pendant deux ou trois jours , durant lequel tems l'eau , en détachant la terre des pierres , découvrira aifément quelle efpece de mine il peut y avoir. Si on en trouve , on eft affuré d'avoir une veine ou au moins un Squattuu haut de la montagne. Ces Squattsionl certaines places diftinctes dans la terre, qui ne font pas difpofées en veines ; elles différent de celles , que les Mi- neurs Anglois appellent Bonnys , en ce que celles-ci font rondes , au lien que les autres font plattes. 40. Quelquefois on trouve fur la terre des morceaux de mine , qui pa- Qq2 308 Collection - roiffent y avoir été jettes par les taupes , avec la terre qu'elles firent de leur Transactions trou , ou découverts par la charrue ou quelqu'autre moyen ; car on n'en Philosophiq. trouve guéres à la furface de la terre, à moins qu'ils n'y ayent été portés Ann. 1671. Par quelque accident depuis le déluge , furtout dans les lieux cultivés. Car No. 6"q. es végétaux & les autres productions de la nature qui le (ont corrompues, ont produit par la fuite des temps une nouvelle furface , qui en certains en- droits a un pied d'élévation , en d'autres plus ou moins : ce que j'ai obfervé plulieurs fois , & ce qu'on peut faire voir dans toutes les mines d'étain. 5". Après avoir tenté tous ces moyens, pour découvrir quelques mor- ceaux de mine , fi on en trouve , on continue à travailler avec confiance , étant affurés de trouver une mine ; mais fi on n'en trouve point , on ne va qu'à tâtons : & c'eft toute la différence , qu'il y a entre trouver ou ne pas trouver de ces morceaux de mine ; car on creufe au pied de la montagne une fofle d'environ lix pieds de long fur quatre de large , jufqu'à la terre pri- mitive ; il eft néceffaire de creufer à cette profondeur , fans quoi on cour- roit rifque de ne pas parvenir jufqu'à la mine. Mais fi on n'en trouve point avant, ou lorfqu'on eft parvenu à cette terre primitive, on ne doit pas ef- perer d'en trouver en cet endroit ; quelquefois les morceaux ont été déta- chés de la mine à deux ou trois pieds, & alors cette veine eft à un ou deux pieds plus haut dans la montagne. Si on trouve quelques morceaux de mine dans cette fofle , ils augmentent la certitude , qu'ont donnée ceux qu'on a trouvés auparavant , ou la produifent , fi on n'avoit rien trouvé. Et il ne l'en pas peu , pour connoître d'avance l'élévation ou l'éloignement de la veine , de marquer avec foin la profondeur à laquelle on trouve les morceaux de mine : car c'eft une régie générale , que plus ces morceaux de mine font près de la terre primitive , plus la veine eft voifine , & réciproquement 60. On ne fe décourage point , quoiqu'on ne trouve pas de morceaux de mine dans cette première ouverture, foit qu'on en ait trouvé auparavant ou non : mais on monte ordinairement 12 brafles plus haut , & on y creufe un autre puits femblable au premier : fuppofé qu'on n'y trouve rien, on creufe de côté & d'autre à la même diftance ; on monte ainfi à proportion au moyen de trois puits ou plus , félon que la terre eft plus ou moins large, juf- qu'à ce qu'on foit venu au haut de la montagne , &c fi l'on ne trouve rien dans ces fofles , on abandonne le lieu. 70. Mais fi on y trouve quelques-uns de ces morceaux de mine détachés,' on fait d'autres puits fur la même ligne , & plus on approche de la veine , plus ces morceaux de mine font profonds fous la terre , & plus près de la terre primitive. Suppofé qu'ils foient à fept pieds de profondeur , & à un de- mi pied de la terre primitive , on conclut que la veine eft à une ou deux braf- fes^ on diminue la première proportion comme de iibraffesàô ,4,2,1. félon qu'on eft guidé par fes conjeitures. 80. Il arrive quelquefois qu'on laide une veine derrière foi , c eft-à-dire , qu'on creufe au-deflus , on a pour lors une autre régie , qu'on ne croît pas moins infaillible , c'eft qu'après avoir trouvé des morceaux de mine près de la terre primitive , fi on n'en trouve point dans les fofles faites au-deflus , on eft sûr d'avoir laiffé la mine en arrière ; il eft aifé d'y remédier , il ne À C ADÉMIQUE. 309 s'agît que de creufer une fofle plus près de celle où l'on a trouvé le dernier — — morceau de mine. Transactions 90. H arrive encore quelquefois , qu'on trouve des efpeces de ces mor- Pwiosophk*. ceaux de mine détachés dans le même puits. Suppofé qu'on trouve un mor- Ann. 1671. ceau de mine à 8 pieds de profondeur , on efpere de le trouver à 10 pieds N°. 69. dans le puits fuivant ; mais quelquefois on trouve à 3 ou 4 pieds, des mor- ceaux de mine , & une terre d'une autre efpece , ce qu'on obferve avec foin ; & à 10 pieds on en trouve de la première efpece. Alors on eft afluré de trou- ver une autre veine au-defllis de la première , & on peut très-bien , en cher- chant la féconde , découvrir des morceaux d'une troifième veine : cela s'ac- corde aflez avec l'opinion & la pratique des anciens Mineurs , qui aflurenr , qu'il peut y avoir jufqu'à fept veines parallèles l'une à l'autre , dans la mê- me montagne , quoiqu'il y en ait une principale , dont les autres fix ne font que des accompagnemens , trois de chaque côté : il eft aflez ordinaire d'en trouver trois comme dans la figure. 10. Chaque veine a autour d'elle une terre d'une couleur particulière qu'on trouve aufli avec les morceaux, qui en ont été détachés en une quan- tité d'autant plus grande que ces morceaux font plus voifins de la veine • elle diminué par degrés jufqu'à environ \ de mille , qu'on n'en trouve plus. 11. Une vallée peut être entourée de trois montagnes ; alors on peut trou- ver trois différentes efpeces de terres , détachées avec les morceaux de mi- ne dans le tems de la révolution , ('quoiqu'elles ne fùflent pas contiguës à la veine dans fa première pofition ) avec autant de différens morceaux de mine détachés au milieu de chacune. Pour lors il eft néceffaire de bien con- noitre les différens terreins de chacune de ces montagnes , pour les décou- vrir l'une après l'autre félon l'ordre qu'elles gardent , en fuivant les régies ci-deflus pour les puits d'eflai : car la plus fuperficielle indique la montagne par où il faut commencer. 12. Il peut très-bien arriver, qu'après avoir fouillé une montagne, au lieu de veine on ne trouve qu'un Bonny , ou un Squatt , qui ont aufli leurs mor- ceaux de mine détachés , & qui contiennent deux ou trois braffes en long & la moitié en large , y en ayant très-peu qui foient plus larges , la plus gran- de partie même le font moins. Us ne communiquent pas avec d'autres veines & n'ont pas de branches ; leurs extrémités ne fe terminent pas en filets, mais font entières ; on ne les trouve pas non plus dans les vallées , comme des morceaux de mine détachés ; mais ils font pour l'ordinaire dans la terre pri- mitive , dont la furface eft par-tout de niveau avec cette terre primitive ima- ginaire , & qui peut fe trouver à cinq ou fix braffes de profondeur , quel- quefois plus, quelquefois moins. On a toujours de l'avantage à travailler les Squatts , & fétain qu'on en tire, n'eft pas le plus mauvais. 13. Quoiqu'on ait employé pour découvrir les mines, (j'ignore avec quel fuccès ) la baguette divinatoire & plufieurs autres moyens , tels que celui de l'eau , qu'on croit fortir des mines , (ce que je ne veux pas nier , & qui peut être un moyen propre à découvrir les mines de charbon de terre,) les vapeurs minérales , la ftérilité du terrein , & les feux noftumes , qu'on dit apperce- voir furies prétendus orifices de ces mines;cepenc!ant comme tous ces moyens font plus curieux qu'utiles & qu'ils font infufhïans à ce pourquoi on les pro- 310 Collection « — — pofe , à moins qu'ils ne fervent à détourner des Mineurs trop curieux & mal Transactions habiles, de faire de nouvelles recherches , après qu'ils fe feront apperçus , Philosophiq. qu'ils ne peuvent pas découvrir par ces moyens trompeurs ce qu'on décou- Ann i^ti vre «Hument parles régies, que nous avons rapportées ci-deflus, comme xi o v7 ' l'expérience le confirme tous les jours ; je me garderai bien d'infifter là- ' '" deffus , ayant ainfi appris à découvrir les mines. Parlons maintenant de la manière d'en tirer le minéral. Manière de fouiller une tnine, Io. Il s'en faut de beaucoup , qu'il y ait autant de difficulté à fouiller une mine , qu'à la découvrir. Lorfqu'on a trouvé une veine , on creufe le puits , qu'on avoit fait pour fonder le terrein , Se on le fait plus profond d'une braf- fe , alors on laiffe une petite place longue & quarrée , qu'on appelle une chambre ; enfuite on continue à creufer de jettée en jettée , ( c'eft-à-dire, de la hauteur à laquelle un homme peut jetter la mine avec une pelle , ) jufqu'à ce que la mine diminue ou dégénère en marcaffites, qui font de trois fortes , blanches, jaunes , & vertes; en da^e blanc , noir, & jaune : ircmould noir & couleur de rouille; caul rouge , glifier couleur de fang & noir. ( Voy. l'explication de ces noms finguliers ci-après, Art. 3.) Zo. Alors on commence à creufer à l'Eft ou à 1'Oueft , félon la bonté de la veine , ou la difpofition de la montagne , & on fait un partage de trois pieds de large fur fept de haut , afin qu'un homme puiffe s'y tenir debout & y travailler ; mais en cas que la veine ne fût pas affez large par elle-mê- me , y en ayant qui n'ont pas au-delà d'un demi-pied , on a coutume de couper la terre qui l'environne , d'abord du côté du Nord de la mine , pour faciliter le travail , enfuite on ouvre la veine elle-même. La terre , qu'on coupe ici , eft cette partie de la terre primitive , qui ne contient pas de mé- tal , mais enveloppe la mine comme deux murailles ; &c non pas celle , qui s'eft détachée dans la fecouffe , & dont on a fait mention en expliquant la . manière de découvrir les mines. 30. Pour entendre plus facilement de quelle manière fe fait ce travail , iettez les yeux fur la_/%. 1. & fur l'explication, qu'on en donne join- te ici , ce qui peut donner une idée des mines à ceux , qui ne les ont pas fré- quentées. a , a. Puits , qu'on a creufés pour fonder le terrein. b , b. L'enveloppe , que la terre primitive fournit à la veine , & la veine elle- même avec cette enveloppe. C , C. Bonnys , ou Squatts. d , d. Les branches des grandes ou petites veines. e , e. Mundik. f , f. Étain pour la plus grande partie avec fon Sparr, ce qui fournit de très- bon étain , furtout fi les branches d, b , fe trouvent être d'étain. g , g. Argille pure. h , h. Du Caul , qui diffère des marcaffites & du Sparr ; des marcaffites en ce qu'il fupporte le feu , ce que les marcaffites ne peuvent faire ; le, Sparr eft une pierre vitrifiable de différentes couleurs. î , i. Argille , qui peut contenir un peu d'étain. Ss-t^ ACADÉMIQUE. 311 k, k. De l'étaîn ; ces coudes en font ordinairement remplis. — 1 , 1. Iremould&c Da\e. Le Da^t eft une efpece de pierre brillante , qui fup- Transactions porte le feu ; il y en a de plus ou moins dures & de différentes couleurs. Phiiosophicj, tri , m. Étain. Ann. 1671. n , n. Pur étain. N°. 60. o , o. De l'argille , qui contient des marcafTites. p, p. Couche d'étain , qui n'a pasbefoin d'être broyé, mais feulement caf- fé , on a obfervé qu'il ne fort jamais de branches de ces fortes de couches. q , q. Une infinité de petites veines capillaires , par lefquelles la furface d'une veine paroit quelquefois fe terminer, r , r. Veines , qui accompagnent une veine principale de chaque côté. f , f. Le bout d'une veine , qui paroit fe terminer dans le côté d'une mon- tagne, & recommencer dans la montagne oppofée ; ce qui arrive lorfque la veine fe plonge perpendiculairement de plufieurs brafles , & reparoit dans l'autre montagne en manière d'ondes; en forte que la veine n'eft pas partout parallèle à la terre, comme on l'a indiqué ci- devant ; de-làil arrive quelquefois , qu'on perd une veine, car autrement il ne feroit pas poflible de la perdre , fi elle étoit parallèle à la furface de la terre. t, t. Les rivières. 40. Quoique j'aye divifé cette veine principale en un fi grand nombre de parties , & qu'on puiffe fuppoferles mêmes divifions dans celles qui l'accom- pagnent ; il ne faut cependant pas imaginer que ces divifions foient fi diftin- cles , & fe trouvent toutes à la fois dans une veine ; je veux feulement dire , qu'elles peuvent fe trouver dans les différentes veines. 5". Les inftrumens, dont on fe fert dans les mines pour détacher le mi- néral , couper la terre , & enlever l'un & l'autre , font 1°. un pic du poids de 8 ou lo livres , aiguifé par les deux bouts & bien trempé ; il eft ordinaire- ment percé dans fon milieu ; il peut durer fix mois dans un terrein dur ; mais il faut lui faire la pointe au moins tous les quinze jours. 20. Un marteau à tête plate de 10 à 20 livres , qui dure environ fept ans , pourvu qu'on le ra- commode tous les trois mois. 30. Des coins d'acier bien trempés du poids de deux livres; ils durent une femaine,& on a befoin de les aiguifer tons les deux ou trois jours. 40. Des échelles. 50. Des brouettes pour emporter la terre & la mine des corridors dans les chambres. 60. On employé ordinairement deux hommes pour charroyer la mine , & trois pour la détacher; c'eft tout ce qu'il en peut contenir dans un corridor, pour qu'ils ne s'embarraftent pas. Lorfque la mine eft détachée , on la tranf- porte dans la chambre à laquelle aboutit le corridor; & de-là on la jette avec des pelles , dans celle qui eft au- défais , à moins qu'on n'ait un vindas avec deux féaux , qui font faits ordinairement comme des barrils avec des cercles de fer,& placés au-deffous du foupirail; ils font difpofés de façon que l'un def- cende , lorfque l'autre monte. 7°. L'efientiel eft de bien connoître quand la veine plonge , fur quoi on aies régies fuivantes. La plus grande partie de nos mines d'étain font dirigées de l'Oueft àl'Eft, & plongent conftamment vers le Nord ; quelquefois elles biaifent de ce côté en s'enfonçant de 3 pieds fur 8 de perpendiculaire , ce qu'il faut obferver afin de connoitre exactement l'endroit où l'on doit creu- 3iz Collection ""*"• fer le foupirail, lorfqu'il en eft befoin. Il y a cependant dans la montagne de Transactions Dartmoor quelques mines confidérables , qui ("ont dirigées du Nord au Sud, PHiLOsorHiQ. & qlu le détournent vers l'Eft. Ann. 167 1. 80. Il peut y avoir 4 ou 5 veines parallèles entr'elles dans la même mon- N°. 69. tagne , & même, ce qui eft cependant plus rare , elles peuvent lé rencon- trer dans le même puits comme une elpece de nœud , le féparer enfuite Se reprendre leur première diftance. On a trouvé & travaillé ira de ces nœuds à Hingflon, qui fournit l'étain le plus commun de Cornouailles : j'ai demeuré pendant quelques années à deux milles de cet endroit. 90. La largeur de la veine principale peut être depuis 3 jufqu'à 7 pieds , rarement font-elles plus larges, à la réferve de quelques endroits particuliers comme dans \afig. l'endroit/",/; ou des endroits dans lefquels différentes veines viennent aboutir , ou envoyent des branches , mais elles ne confer- vent jamais la même largeur partout : car quelquefois elles ont fix pieds en g, g ; à peine deux en k , k , & quelquefois elles n'ont pas un demi pouce d'un bout à l'autre; cela ne doit s'entendre que des endroits les plus étroits, & des rameaux de quelque veine principale. 10- La veine fe trouve ordinairement dans un terrein dur, c'eft-à-dire , pierreux , & compofé de métal , de Sparr &c d'autres enveloppes comme lî c'étoit un rocher long & continu ; mais elle a plufieurs joints , pour me fervir de l'expreffion des Mineurs. Cependant dans des terreins moins fo- lides , l'étain peut fe trouver d'une confiftence plus molle , comme celle d'une argille en quelque manière pétrifiée , ce qui doit rendre la befogne plus facile, & par conféquent deux Piqueurs employèrent un plus grand nom- bre de gens pour enlever la mine. 11. Quant à l'eau , il eft à remarquer , que dans la plupart des endroits , on la trouve à quelques pieds plus bas que la furface de la veine , en d'au- tres on n'en trouve pas à plufieurs braffes au-deffous ; elle coule ordinaire- ment dans le cœur de la veine , non dans un canal diredt & continu , mais en ferpentant au travers de fes joints. iz. Lorfqu'on eft parvenu à une certaine profondeur, & qu'on eft incom- modé de l'eau , ( ce qui arrive bientôt lorfqu'il s'en trouve , ) on defeend , ft cela eft pofîîble , au pied de la montagne , & on commence dans l'endroit le plus bas un petit aqueduc , ( à peine la moitié auffi large , que le corridor de la mine , ) félon que les travaux & la pente le permettent , jufqu'à ce qu'on foit parvenu à l'endroit où l'on travaille. C'eft alors que Image de la bouffole eft néceffaire , ce qu'on appelle Nivellcr & Orienter : foit pour con- noître le véritable endroit où l'on travaille , afin d'y conduire l'aqueduc , foit pour trouver la place où il faut creufer un foupirail perpendiculairement, à un certain endroit déterminé ; ou bien encore pour découvrir l'inclinai- fon de la veine , lorfqu'il arrive qu'elle fe détourne ; ce qu'on fait de la ma» niere fuivante. 13. Une perfonne intelligente, après s'érre alïiiréede la place au-deffus de la terre, defeend dans la mine accompagnée d'une autre perfonne , qui porte une plume , de l'encre , du papier , une bouffole & un long fil. Elle attache d'abord fon fil à quelque choie de fixe , & attend que fa bouffole foit arrê- tée , marquant avec fa plume l'endroit où elle eft dirigée ; elle avance laif- fant Académique. 31} fant toujours fon fil attaché , & fait une marque , un nœud , par exemple , ' - au fil , lorfque la mine fait quelque coude, tk marque de nouveau l'endroit Transaction où l'aiguille de (il bouflble s'eft arrêtée à cette féconde pofuion. Elle con- Phuosoi-hkî. tinuë en avançant toujours, de marquer les points de la bouflble & de fon Ann. 167 t. fil , jufqu'à ce qu'elle (bit parvenue à l'endroit défigné. Ce qui étant fait Se N°. 69. écrit exactement , elle remonte & répète fur la terre toutes les opérations qu'elle a faites defïbus , commençant à l'ouverture. Elle porte le premier nœud ou première marque de fon fil à l'endroit où l'aiguille fe trouve dans la même pofuion que fous terre, & continue jufqu'à ce qu'elle foit parvenue exactement au-deflus de l'endroit indique. 14. Mais pour reprendre ce que je difois fur les eaux ; lorfqu'on a la com- modité de faire de ces Aqueducs , les eaux n'embarrafl'ent guéres , tant qu'on eft de niveau avec leur entrée ; car on ne garde pas toujours le niveau en travaillant. Par exemple , à cinq braffeson fait un corridor des deux côtés; & creulant cinq brafl'es plus bas, on en fait un autre de dix brades , & aufli profond qu'on veut. Mais lorfqu'une fois on eft au-deflbus du niveau de l'A- queduc, & que l'eau commence à incommoder, on y remédie par des féaux , des facs de cuir , des pompes avec lefquelles on la monte au niveau de l'A- queduc , ce qu'on eft obligé de faire jufqu'au fommet , lorfqu'on n'a pas la commodité de faire un Aqueduc, comme dans les plaines par exemple- Il peut aufti y avoir des endroits , où l'on ne trouve point d'eau , mais cela eft rare. I après avoir bien chauffé le fourneau , Si on le fait tom- ber fur la féconde par le trou , dont nous avons parlé ; il y a un homme avec un fourgon de fer qui l'arrange par l'ouverture du côté , & qui avertit lors- qu'il en eft aflez tombé pour couvrir toute la pierre de l'épaifleur de deux ou trois pouces. On ferme enfuite le trou d'en-haut avec de la tourbe ver- te , afin que la flamme puifle fe réfléchir avec plus de force. Un homme re- mue fans cefle cet étain avec un fourgon , afin que tout ce qu'il y a de mar- caflltes puifle venir au-deflus de l'étain , & être brûlé ; ce qu'on connoît à la couleur de la flamme , qui alors devient jaune pour l'ordinaire , & la puan- teur diminue. Car tandis que les marcaflltes brûlent , la flamme eft très- bleuë. Lorfque les marcaflltes font entièrement brûlées, il fait tomber la mi- ne par l'ouverture qui eft derrière dans le feu , après quoi on jette une nou- velle quantité d'étain par le trou de la pierre de deflus. Lorfque le foyer eft plein d'étain , de charbons & de cendres , il la tire avec fon râteau par un petit trou qui eft derrière le fourneau. On laifle cette mine rougie refroidir à l'air , ce qui eft à peine fait en trois jours à caufe des charbons, qui font cachés dedans. Si on ne peut pas attendre fi long-tems, on l'éteint dans l'eau, ce qui la rend femblable à du mortier. Mais foit qu'on la laifle refroidir d'elle-même , ou qu'on l'éteigne avec de l'eau , on eft obligé de la laver de nouveau avant de la mettre dans le fourneau Allemand. Comme j'ai déjà indiqué les proportions du feu & de la mine dans ma réponfe aux queftions furies mines , je ne le répète pas ici , je ne ferai qu'ajouter une ou deux obfervations. L'étain de marais , c'eft-à-dire , celui qu'on tire des marais , fe fond plus aifément avec du charbon de terre , qu'avec celui de bois : mais celui qu'on tire des mines du pays , fond mieux avec parties égalles de char- bon de bois & de terre pour la première fonte ; mais lorfqu'on refond les fcories , on ne fe fert que de charbon de bois. Lorfque tout eft fondu & re- fondu , il refte quelquefois une écume particulière au fond de la liqueur , qu'on appelle Mount-Egge en Angleterre , c'eft-à-dire , œuf de la montagne j c'eft pour la plus grande. partie du fer , quoiqu'il ait la couleur de l'étain , ce dont je me fuis afliiré par hazard en approchant le pôle d'un aimant , qu'il attira fort vite , mais non pas fi fortement que fi ce n'eût été que du fer. «fg* ACADEMIQUE. 317 N°. 70. EXTRAIT DE PLUSIEURS LETTRES DE M. Lifter, fur la végétation , & fur le mouvement de la fève. ( C ) !» "\/^rs k commencement du mois de Novembre 1669, je perçai un V fycomore qui étoit dans un terrein fablonneux à Nottingham ; le gonflement que j'avois apperçu dans les boutons de cet arbre , m'ayant en- gagé à faire cette opération dès ce mois là , & à tenir un Journal des ob- servations que j'ai faites à ce fujet jufqu a la fin du mois de Mars fuivant : voici le réfultat que j'ai cru pouvoir en tirer. 1°. Que des fycomores auf- quels on a fait des incifions, ne rendent jamais d'eau depuis le mois de No- vembre jufqu'en celui de Mars , qu'après une gelée un peu confîdérable ; mais aufli , que quand l'arbre fe met à en rendre , cet écoulement dure plus defix femaines fans cefler entièrement ; & même je ne me fers pas d'autre moyen pour tenir mémoire de la température de l'air, zc Que la gelée ne fait pas toujours rendre de l'eau aux incifions qui étoient faites auparavant, quoique cela foit arrivé quelquefois ; mais que quand les gelées fe rallen- tiflent , ou qu'elles font fur le point de finir, alors l'écoulement n'a jamais manqué de fe faire , plus ou moins ; foit que les incifions enflent été faites dans ce tems-là , ou plufieurs mois auparavant. 30. Que c'eft furtout après deux grandes & longues gelées , comme il s'en eft fait cette année dans ce pays , vers le froisse Janvier & le douze, treize & quatorze de Février , que toutes les incifions rendent de l'eau abondamment ; d'où l'on peut con- clure , que c'eft là le tems le plus favorable pour receiiillir une grande quan- tité de fève de ces arbres. 2. Au mois de Mai 1670. je perçai à Craven quelques fycomores , qui cependant ne rendirent point d'eau , ni dans le refte de ce mois , ni dans ceux de Juin & de Juillet ; mais on obfervera que l'entrée du trou qui n'a- voit été fait qu'avec une petite tarriere , s'étoit refermée par la végéta- tion , au point , qu'à peine auroit-on pu y faire entrer une plume de Pi- geon. Cela me détermina à enlever le 30 Juillet, un morceau d'environ deux pouces en quarré de l'écorce du tronc d'un grand fycomore bien vif, à peu- près à la portée de la main. Le lendemain matin , fur les neuf heures il commença à fortir de cette incifion de l'eau goutte à goutte pendant deux heures , après quoi il n'en fortit plus rien. Le huit Août je fis la même opé- ration fur un jeune fycomore , qui rendit de l'eau de la même manière le lendemain matin ; mais cet écoulemeut qui s'arrêta avant les neuf heures , recommença les deux ou trois jours fuivans, après quoi il cefla entièrement. 3. Deux fycomores que je perçai le 1. Novembre 1670 , & qui étoient dans une terre glaife humide aux environs d'York , ne donnèrent aucun fàgne d'humidité , jufqu'au commencement du mois de Février fuivant. Ce- pendant M. Ray m'a aflTuré qu'à Jf'arswickfhire , ces arbres avoient rendu Transactions Philosovhiq. Ann. 1671. N°. 70. Art. I. 3 18 Collection = de l'eau abondamment le feire Novembre , de même que les noyers peu Transactions de tems après l'HitosorHiQ. je ftûs difpole à croire , que dans le tems de cet écoulement irrégulier , Ann. 1671. 'a qiiannté &C la confidence de la fève font confidérablement altérés dans jsjo _0 toutes les parties de l'arbre ; &c qu'un écoulement qui eft occafionné par la rigueur de la laiton , peut probablement être regardé dans ces arbres, comme une violence faite à leur nature , dans un climat qui ne leur elt. pas favorable. Car je regarde le noyer & le fycomore comme des arbres étran- gers , par rapport à l'Angleterre, où il efî cependant vrai , qu'il y a plu- fieurs plantes qui donnent de la fève en hiver; mais atiffi ces mêmes plan- tes en rendent également dans toutes les autres faifons de l'année : à peu près comme un homme peut fe faire faigner quand il lui plaît. 4. Le premier Février 7777. il a gelé par un vent de Nord : la gelée & le vent ont continué avec un peu de neige & de pluie jufqu'aufept, au- quel jour le vent s'étant tourné le matin au Sud-Eft , le tems s'adoucit aufîî- tôt. Les fycomores ne rendirent point d'eau pendant tout ce tems ; mais fur le Midi du feptième jour , tous les arbres de cette efpece , dont j'avois percé environ une douzaine , en rendirent une allez bonne quantité tant du tronc que des branches. J'ai auffi fait des incifions dans cette même faifon à l'aubepin, au noifet- tier , au rofier fauvage , au grofeillier , au pommier , au cerifier , au nez- coupé ou piftachier fauvage , à l'abricotier , au laurier cerife , à la vigne & au noyer; fans qu'aucun de ces arbres ait rendu de fève , que ee dernier; mais foiblement en comparaifon du fycomore. Le 11. Février, toute la campagne étoit couverte d'une gelée blanche ," entre neuf & onze heures du matin: mais le tems ayant changé , voici l'ex- périence que je fis fur le fycomore , le noyer & l'érable. Après avoir cou- pé le bout d'une jeune branche ; la partie qui en étoit reliée à l'arbre , ren- dit de l'eau, & il ne parut aucune marque d'humidité au bout de l'autre par- tie de la branche qui avoit été féparée de l'arbre ; quoique nous l'enflions tenue pendant quelque-tems , fulpenduë de façon que l'extrémité coupée étoit tournée en bas. Mais fi l'on coupe l'autre extrémité de ce bout de bran- che , il paroîtra fur le champ de l'humidité fur les deux coupures : le même jour fur le foir , par un tems très-beau 8i ferein , une jeune branche que je coupai de la même manière , ne montra d'humidité dans aucune de tes par- ties. Mais je me fuis convaincu depuis , que ce nouveau mouvement de fève dont j'ai parlai , avoit été plutôt caufé par quelque accident inconnu que par le fimple pompement de la cime. f . Comme l'on prétend que la féye monte des racines , quand on la met en mouvement par le moyen de l'incifion ; je coupai de grand matin le vingt- un Février, jour d'un forte gelée, avant que la lève ne coulât , quelques bran- ches de fycomore, qui ne donnèrent aucun figne d'eau : & n'étant pas en difpolïtion d'attendre que le tems changeât, & que le foleil fe fit fentir , je les apportai devant le feu ; tout de fuite il y parut de l'humidité , comme je m'y attendois , même avant qu'elles ne fufTent bien échauffées. Cette expérience répétée plufieurs fois , m'a fourni différens Phénomènes que je vais rapporter , & m'a fait trouver un moyen prefque univerfel de Académique. 319 tirer de fa fève de toutes fortes d'arbres , même de ceux qui d'eux-mêmes - ne donnoient aucune apparence d'humidité. Transaction? 1. Des perches d'érable, de fycomore & de noyer que je fis couper par Phiiosophiç. un tems ferein , & apporter devant Iefeu , rendirent de l'eau dans l'inftant , ^nn# 1671. de même que des branchesde faille, de noifettier , de ceriiier, de chèvre- Mo -,Q feuille, de nez-coupé ou piftachier fauvage, de vigne , de fureau , d'épine- ' ' vinette , de pommier , de lierre , &c. on a fait la même expérience à Cra- vcn , fur le cormier & le bois de fainte Lucie. 2. Des baguettes de ronce &c de framboifier, n'ont pas rendu de l'eau fi promptement. Le frêne n'en rend point du tout , quoiqu'il ibit extrêmement chauffé. 3. Il fort auffi de l'eau des branches des arbres dont on a parlé , quand on les préfente au feu , fans avoir rien retranché des rameaux : mais il m'a femblé que lorlqu'on les tenoit renverfées , la fève n'en couloit pas fi volon- tiers , ni fi complètement , que quand on avoit été les rameaux. 4. Des perches de faule , que l'on avoit laiffées pendant une nuit fur le pré , & que l'on tint renverfées devant le feu le jour fuivant , rendirent de l'eau une féconde fois. 5. Des perches d'érable & defaule , donnent de la fève , ceffent d'en rendre , & recommencent de nouveau , autant que l'on veut , à melure qu'on les préfente au feu & qu'on les en retire promptement : mais fi on les balance avec la main & qu'on les retourne plufieurs fois , cela interrompt le mouvement & l'écoulement de la fève. Cependant elle ceffera de couler à la fin , après que les perches auront été chauffées à pkifieurs reprifes , quoi- que fans cela l'écoulement eût continué plus long-tems ; & quand une fois la fève a ceffé de fe répandre , il ne reparoit plus d'humidité à ces perches, quand même on les approche du feu : leur écorce fe trouvera pourtant très remplie d'eau. 6. Une forte ligature faite environ à un quart de pouce du bout d'une baguette de chèvrefeuille , n'empêchera pas entièrement la fève découler, quand on aura préfenté cette baguette devant le feu. 7. Des perches d'érable , de faule , &c. entièrement dépouillées de leur écorce , étant préfentées au feu , ne feront paroître d'humidité dans aucune partie. 8. Si l'on apporte auflîdevanrle feu, une baguette d'épinevinette dépouil- lée de fon écorce , les cercles intérieurs donneront des marques d'humidité; mais il n'en paroitra point dans les autres cercles. 9. Des perches d'érable , de faule , &c. dont on n'aura enlevé l 'écorce que d'un côté , rendront de l'eau par le moyen du feu , mais feulement à travers la moitié des cercles qui fe trouvera du côté de l'écorce. 10. Des perches d'érable & de faule fendues en deux £k parlées au rabot, ne rendront aucune humidité fur le côté rabotté ; mais il en paroitra aux extrémités feulement. il. Un bâton de lietre ftiinte de foi-même , & il fort de fon écorce une réfine liquide & jaunâtre , de même qu'auprès de la moelle ; mais quand on le préfente au feu , il coule à travers les cercles intermédiaires , une fève délayée , claire & décolorée. 320 Collection !>^—^g il. Une perche de faule pliée en arc , fournira de la fève auflî abondam- Transactions ment , qu'elle en auroit rendu par l'incifionou parle feu. Philosophiq. 13. Si on fcelle avec de la cire dure , la moelle de l'un des bouts d'une Ann. 167 1. perche de faille , ou même des deux bouts ; il ne laiflera pas d'en fortir de N?. 70. l'eau par le moyen du feu. 14. Le 23 Mars -^—7 il geloit plus fort qu'il n'a fait pendant cet hyver dans les environs d'York , &c il faifoit plus de neige que nous n'en avons eu ; quand je coupai le matin , quelques rejettons& branches fur un faule , dont je m'étois fervi pour les précédentes expériences , & fur d'autres arbres de cette efpece. Ces branches ayant été prôfentées devant le feu , elles ne don- nèrent pas le moindre ligne d'humidité ; ni même après qu'on les eut retour- nées plufieurs fois contre un fort grand feu. 1 5. Le 24. du même mois , je fis rafraichir la coupe de chacune de ces mêmes branches de faille , qui le jour précédent n'ayant rendu aucune eau, avoient été jettées fur le pré pendant la nuit , d'abord il en fortit facilement de l'humidité par le côlé qui fut préfenté au feu ; mais enfuite elles rendi- rent de l'eau dans la matinée , au moment que la gelée fe diifipa. 16. Le même jour & le précédent , des perches & des branches de frêne ne montrèrent pas plus d'humidité par Je moyen du feu , qu'elles n'avoient fait , quand je m'enétois fervi pour une première expérience. 17. Le même matin, je fis couper une branche d'érable , dont le bout avoit été retranché , dès le fept Février , auquel rems il avoit rendiidefeau -r & l'ayant fait rapporter devant le feu , d'abord le bout qui venoit d'être coupé , & que l'on tenoit renverfé , ne rendit aucune eau de tout ce côté- là : mais la branche ayant été tenue dans une pofition contraire , cela fit couler promptement le bout d'en-haut , qui étoit celui nouvellement coupé , de façon que l'eau fuintoit & dégouttoit. Il faut obferver que cela s'accorde très-bien avec les expériences que j'ai faites l'année dernière à Nçttingham , où j'ai remarqué que des incifions faites depuis quelques mois , rendirent promptement de l'eau , toutes les fois qu'il arriva un dégel. Car il ne fit pas cette année là dans ces contrées , un grand froid , ni l'hyver ne fut pas comparable à celui qui vient de fe faire. D'ailleurs à Notùngham , c'étoit fur le tronc des arbres que j'avois fait les incifions ; ces arbres étoient placés contre un mur de brique, & le côté des incifions regardoit la muraille : il y avoit outre cela un fu- mier placé auprès de ces arbres. Il n'eft pas douteux que ces circonftances n'ayent contribué à les garantir du grand air & du vent ; à conferver les incifions dans leur fraicheur & à entretenir les ouvertures : outre que les arbres fur lefquels j'avois pris ces rejettons d'érable , dont il a été queftion dans la dernière expérience , avoient été expofés dans une haye , à toutes les injures de l'air. Je luis également perfuadé , que Ci les deux fycomores à'Yorh dont j'ai parlé ci-devant , & que j'avois percé en Novembre 1670 , n'ont donné aucune marque d'humidité; on n'en doit attribuer la caufe qu'au défaut d'avoir renouvelle les incifions, dans le tems propre à l'écoulement de la fève. OBSERVATIONS Académique. 321 OBSERVATIONS ET EXPÉRIENCES PhilosopLiq.' Sur la végétation , & fur le mouvement de la fève. » , Suite de l'art, précédent , par M. Fr. Willoughby. (C ) ?°' I. TVT^US avons obfervé que des branches prifes fur un faille , fur un bou- ART. II. 1 il leau & fur un fycomore , rendoient de l'eau en les tenant perpen- diculairement & fans en avoir coupé la cime : mais que quand on en avoit retranché la pointe , elles n'en rendoient pas fenliblement. Comme je ne doute nullement de l'éxaditude de M. Lifter , ni de la réalité de fon travail ; je fuis étonné de ce que nos expériences ne fe rapportent pas. Le fycomore rend de l'eau dès la première gelée confidérable qui fe fait après la chute des feuilles ; comme en effet il en a rendu abondamment le 16. Novembre 1670. Il en a auifi coulé du noyer & de l'érable tout le long de l'hyver , lorfqii'a- près les gelées , le tems s'eft adouci & qu'il a fait du foleil : mais l'écoule- ment dans ces arbres ne commence pas fi promptement que dans le fycomore. Il ne s'eft fait appercevoir dans le bouleau , qu'aux approches du printems TZrr&C il a commencé un peu plutôt qu'à l'ordinaire , c'eft-à-dire les pre- miers jours du mois de Février. 2. De très fortes gelées arrêtent l'écoulement de la fève, jufqu'à ce que le tems vienne à changer ; mais les gelés médiocres ne l'interrompent que durant la nuit ; & il fe reprend pendant le jour , lorfqu'il fait du foleil , malgré la continuation de la gelée. Par-là , ce que nous avons dit ci-devant , que le froid n'excitoit pas l'écoulement de la fève , mais qu'il l'interrom- poit, lorfqu'il ne faifoit pas de gelée , fe trouve très bien confirmé. 3. J'ai coupé fur un bouleau , d'afTez greffes branches , dont j'ai retran- ché la cime , & ayant tenu le petit bout renverfé , j'ai appliqué un cercle de cire molle au gros bout , qui étoit tourné en haut : j'ai fait enfuite , avec un outil, un creux au-deffus de la perche , d'environ un pouce de profondeur, dans lequel , ayant verfé de l'eau , elle a pénétré en peu de minutes dans les pores du bois ; & paffant bientôt à travers toute la branche , elle en eft fortie très promptement par le petit bout : ce qui a continué aufli Iongtems que j'ai verfé de l'eau au-defTus. J'ai fait la même expérience fur l'autre bout de la perche ; auquel ayant aufli appliqué un cercle de cire & verfé de l'eau au-deffus, elle a paffé à travers la perche & diih'llc par le gros bout , auffi vite & même davantage. J'ai d'abord tenté la même épreuve fur un fyco- more , fans fuccès ; mais enfuite j'en fis l'effai , tant fur un fycomore que fur un noyer, & l'eau paffa à travers tous les deux , mais pas û prompte- ment qu'elle avoit fait dans le bouleau. Tome I. II. Partie. S f 3u Collection Transactions Phuosophiq. JN , H \ . Arn. 1671. —~ —" ~~" ~ ~ N°' 7U EXTRAIT D'UNE LETTRE ÉCRITE, par M. MALPIGHI, aufu/et de quelques obj'ervations Anatomiques fur Us poumons des grenouil- les , des tortues , & fur ceux des animaux plus parfaits ; avec des remar- ques fur la Jlruclure de la rate. ( A ) LA Diflertation du Dr Trufton fur la refpiration , m'eft enfin parvenue : Je vous prie de le remercier de ma part de l'honneur qu'il m'a fait de * Voy. Truft. défendre * mon fentiment fur la fubftance du poumon. diairib. de rcfpirat. J'ai été fort étonné que l'Auteur des Remarques , n'ait jamais obfervé dans ufu prim. pag. 41. les tortues & les grenouilles qu'il a difféquées , la communication des bron- & i4j. 144. cnes ayec les p0umons, qu'il regarde comme des véiicules produites par le relâchement de la membrane externe des poumons ; quoique les poumons fe gonflent ordinairement autour du cœur, lorfqu'on fouffle avec un chalu- meau dans la trachée artère, à laquelle ils font attachés ; & ce qui arrive dans l'animal vivant toutes les fois qu'il le veut. Si on les lie après les avoir foufrlés & qu'on les faflefécher , on apperçoit aifément en les coupant, des cellules & des vélicules membraneufes. Et quoique les grenouilles ayent la trachée artère fort courte.on voit cependant fortir du larynx, deux conduits compotes de quelques anneaux femi-circulaires,qui s'ouvrent dans ces véfi- cules membraneufes. Mais dans les tortues , les lézards & animaux fembla- bles , l'air parle par une longue trachée artère divifée en deux branches , pour parvenir au poumon. Je fçais que les grenouilles ont deux veffies près de la bouche , ( loin du poumon cependant) qui ne font autre choie que des appendices du gofier , qui fe font voir après une expiration forte. Il y a dans les poumons que j'ai fait graver, un raifeau mufculaire , dont j'ai autrefois groffiérement crayonné le plexus, lesfinus & les véficules en- vironnantes. On voit cette admirable ftructnre dans les grenouilles & fur tout dans les lézards, dans lefquels on apperçoit un grand nombre de fai- fceatix charnus , qui s'étendent en long , & des fibres tranfyerfales qui fe continuent avec eux. Le milieu des raifeaux eft rempli d'un tiflli mufculaire, comme dans les feuilles des arbres ; car ces petits efpaces reticulaires dont nous venons de parler , font enfin traverfés par des fibres droites en manière de tendons. Cet admirable mufcle environne non-feulement les poumons , mais encore chaque véficule , chaque cellule; de forte que comprimant tou- tes les parties du poumon par fa contraction , il fait fortir l'air dans l'expira- tion & produit le fon. On obferve à peu-près la même ftructure-dans les poumons des animaux plus parfaits , fur tout à l'extrémité des lobules des poumons d'un agneau , tandis qu'ils font encore pleins d'air & mois. J'ai cru devoir vous apprendre à cette occafion , que les fibres de la rate , que tout le monde a crues nerveufes ( ce que j'ai penfé moi-même ) font charnues. Son enveloppe mufculaire externe & quelques fibres tranlverfes produifent un mufcle admirable , qui comprime les cellules de la rate & Académique. 323 pouffe le fang dans le rameau fplënique , par la même ftrucîure & de la mê- ï=™^^— — me manière, qu'on l'obferve dans les oreillettes du cœur. Ces faifceaux Transactions mufculaires devenus tranfverfes, forment par l'entrelacement de leurs fibres, Philosophiq. un raifeau qui comprime les cellules membraneufes , &c donnent naiffance à ^ l'enveloppe charnue. ""^ l67*« La nature a mis la même ftru&ure dans les tefticules des chevaux ; car • 7 ' • leur tunique interne renferme des fibres ou plutôt un vrai mulcle , avec des vaiffeaux variqueux. Ces fibres s'inclinent comme dans la rate , font dirigées tranfverfalement & entrelacées en forme de raifeau , elles affermiffent le tout & le compriment. Recevez je vous prie ces observations comme une marque de ma déférence. A Bologne , le ZO Février l6ji. RELATION DE DEUX GRANDS OURAGANS, qui fe font fait fentir en moins d'un an , dans la Comté de Northampton , à quatre milles l'un de l'autre , communiquée par M. Jean Templer de Bray- Brook , à un de fis amis. ( A ) LE 30 Octobre 1669 , il fit à Asheley dans la Comté de Northampton, un Art. V. ouragan terrible , entre cinq & fix heures du foir , le vent étant à l'Eft. Il ne s'étendoit pas au-delà de iîx braffes &c ne dura que fept minutes. Il commença à exercer fa fureur fur une meunière , à qui il enleva un feau de deffus fa tête, & l'emporta à quelques vingtaines de braffes d'elle, où il demeura caché pendant plufieurs jours. Enfuite il ravagea la cour d'un nom- mé Spregge , habitant de Wejlorp ( c'elt le nom d'un quartier de la ville ) où il enleva un charriot de deffus fon effien , qu'il brifa avec les roues & en jetta le moyeu fur une muraille : ce charriot fe trouvoit un peu de travers à la direction du vent. Un autre charriot de M. Salisburies fut pouffé contre le mur de fa maifon , au grand étonnement des fpe&ateurs. Il caffa une branche de frêne , à cent braffes de la maifon du même M. Salisburies, & la jetta par-deffus cette maifon. Cette branche étoit fi groffe , que deux hom- mes avoient de la peine à la lever. Une pierre qu'il jetta contre la fenêtre de M. Samuel Templer Ecuyer , plia une barre de fer , quoique cette pierre fût lancée au moins de deux cens braffes de-là. Mais laiffant à part tous les ravages qu'il fit dans ces maifons , nous nous contenterons de rapporter que dans celle de M. Maidwells l'aîné , il ouvrit une porte , en rompit le loquet , s'avança dans le veftibule , enfonça la porte de la laiterie , renver- fa les vaiffeaux qui contenoient le lait , brifa deux carreaux de la fenêtre , monta enluite dans la chambre où il en caffa neuf. Delà il fut à la cure ,y dé- truifit une grande partie du plancher ; enfuite il traverfa la rue, qui eft étroite, & jetta un homme la tête la première dans la porte de M. Thomas Briggs ; il toucha en paffant à la maifon de Thomas Mar/lons , & defeendit chez M. George Wignils,a.u moins à une ftade de Mar/lons &c à deux de Spriggs. Il empor- ta une grande cabanne couverte de chaume de deffus fes fupports & la poih adroitement à terre , fans endommager beaucoup le chaume. Il enleva au Sf 2 314 Collection ■■ ■ même endroit un jambage de porte enfoncé de deux pîeds dans la terre & Transactions le porta à plufieurs pas. Phuosophiq. La fituation iïAshrfey & la pofition du champ du côté où venoit le vent , A ,/,, paroit remarquable dans cette occanon. Il y a à un demi mille de la ville un jj1"" ' ' petit bois placé fur le haut d'une montagne , & s'étendant en partie dans * ' un vallon entourré de montagnes au Nord & au Sud : de forte qu'il femble _ que le vent , avant d'attaquer la ville , étoit renfermé dans ce vallon com- me dans un canal , ce qui l'obligea de s'étendre comme il fît. Mais je fuis aflez porté à croire que quelque foufle venant de la partie du bois , qui étoit fur le penchant de la colline , avoit contribué à cet accident ; parce qu'autant qu'on peut en juger , le vent foufla enfuite avec la même force dans le champ, &c que la fituation de la ville en expofoit une plus grande partie aux dommages qu'il pouvoit caufer , la vallée étant plus de 4 ou 5 fois plus large , que la partie de la ville endommagée. L'autre eft arrivée à Bray Brook aufli dans la Comté de Nortkampton , le 13 Octobre 1670. vers les onze heures. Le vent enleva le chaume , qui couvroit un tas de pois , fans toucher à un autre , qui étoit à vingt pas de-là ; enfuite il tourna vers la cure, où il y avoit à peine huit brafles de lar- geur , emportant l'extrémité d'un tas d'orge , & quelques piquets fichés en terre, qui avoient près de 5 pieds de long, fans toucher à un tas de froment, qui étoit à fix brafles de l'orge , quoiqu'il n'eût aucun abri. Cependant il renverfa un corbeau qui étoit delTiis , avec tant de violence , qu'il lui fît fortir les entrailles , & rendre beaucoup de fang par le bec ; je le vis dans une maifon. De-là l'ouragan vint droit au logis du Miniftre , enleva la cou- verture tout au tour ; il pafla enfuite par-deflus la ville , fans y faire le moindre dommage , le refle de la ville étant dans un fond , & parvint aune place , qu'on appelle Fort-hill , où il dépouilla une maifon à drtchc , jufqu'à enlever le toit , &c à laifler la dreche expofée à l'air fur le plancher. Il eft bon de remarquer que Bray-Brook eft dans un vallon environné de montagnes de trois côtés , à trois quarts de mille de la ville ; mais ce qu'il faut furtout obferver , c'eft qu'il y a en cet endroit une vallée appellée Clarc-hill , éloigrée d'un mille, qui fe trouve dans la direction du vent ,* la montagne ne fut affaillie , que lorfque le vent eut pafle par tous les en- droits, où il fît du ravage. Et ce qu'il y a de plus remarquable , c'eft qu'on a fenti dans cette ville , deux tremblemens de terre depuis dix ans , & ils font toujours arrivés lorfque le vent étoit dans cette direction. PIERRES TROUVÉES DANS LES REINS , par M. Chr. Kirkby. (B) ART. VI. TNe femme demeurant près deDantzick, âgée de 56 ans, qui vivoit \J dans le célibat , Se qui avoit toujours mené une vie très fédentaire , reffentit quelques années avant fa mort , de violentes douleurs au dos &l furtout du côté droit; ces douleurs étoient accompagnées d'une envie con- tinuelle de vomir , & en effet elle étoit obligée de le faire très fouvenî. Quelques tems auparavant fes urines étoient devenues troubles &c un peu mêlées de fang , elles ne contenoient cependant aucune matière falfugs* Académique." 325 neufe ou muriatique. Les Médecins qui la traitoient , attribuèrent la caufe ! ' des urines enfanglantées , à la ceffation prématurée des écoulemens périodi- Transactions ques,qui avoient difparus à l'âge de 40 ans. Et ce qui les engagea à porter Phuosophiq. ce faux jugement, fut peut être, parce que la maJade n'avoit rendu aucune Ann. 1671. pierre , ni aucuns graviers. Mais fon dernier Médecin ( dont nous tenons Mé- cène relation ) jugea qu'il ne falloit attribuer cette caufe , qu'à une affeftion ' néphrétique très violente. On trouva à l'ouverture de fon corps que le rein gauche étoit entièrement rempli de pierres d'un aflez gros volume ; mais que le droit étoit totalement pétrifié , qu'il étoit couvert de la peau ordi- naire , mais on n'y trouva pas la plus petite parcelle de chair. Ils étoient tous deux maflîfs & pefans, & les graviers qu'ils contenoient, étoient fi for- tement attachés les uns aux autres , qu'il étoit impoflîble d'en enlever la moindre partie en les frottant avec le doigt. OBSERVATION Sur la coque dLun infecte du genre des Kermès , par M. Lifter. Le 22. Mai i6ji. (A) Ce mémoire nefl parvenu à l 'Éditeur qu'après que le refle de ce No. a été imprimé. JE vous ai rendu compte autrefois de certaines matrices ou coques d'un A vm infefte de la famille des kermès , que j'obfervai il y a quelques années , fur des pruniers. Je viens de faire la même obfervation , oi j'ai vu ces mêmes cocons indifféremment fur des farmens de vigne , des branches de laurier cerife , de prunier , & de cerifier. * La figure du cocon eft ronde , excepté où il fe divife en branches ; fa groffeur eft la même que celle d'un pois gris. Il fe divife en branches comme les Patelles. Sa couleur eft d'un marron très- foncé ; il eft extrêmement poli, &reffemble à une membrane. Il eft atta- ché le plus fouvent au- délions des branches, ce qui le met à l'abri de la pluie &c du trop grand foleil. Il eft bien attaché à fa branche , il y en a quel- quefois plulîeurs de compagnie; on les trouve rarement fans une efpece de ver femblable à une fourmi , &c. que je foupçonne les percer & en faire fa proie. Si on coupe adroitement avec un rafoir le bout d'un de ces cocons , on trouve quelquefois cinq ou un plus grand nombre de petits vers , qui paroiflent du genre des abeilles ou des guêpes, ceft-à-dire pointus par les deux bouts. Après les avoir tirés de leur cocon , on peut voir le refle de leur provifîon , ou nourriture, & une féparation qui eft entr'eux & la branche où eft dépofé tout ce qu'ils rendent. Enfin fi après avoir nettoyé le cocon de toutes ces ordures , on frotte cette membrane vuide fur un papier * Le 17 Mars I«l2 , je trouvai dans mes notes, (dit-il ,) que j'avois ramalle il y a quel- ques années fur un chêne de ce pays, des coques rondes de certains infectes femblablesaux crains de Kermès; mais je ne fis alors aucune expérience. J'ai fouvent trouvé depuis ce tems là , ces cocons fur des pruniers, des cerilîcrs , & j'ai vu fur le laurier cerife certains feuil- lets ou coques plactcs , contenant un infecte , & cette coque donne une couleur de chai; permanente. 3*6 Collection *— **^^ blanc , elle le teindra d'un beau pourpre. Au tems où j'écris ceci , il n'y a Transactions encore aucun de ces vers , qui foit changé en nymphe ; ce qui m'empêche rmi.osorHiQ. Je vous donner la defcription de i'infecle , ou de la guêpe en laquelle ils fe Ann. 1671. doivent changer, lorfqu'ils font parvenus à leur perfection. Les curieux Nc. 7 1 . feront bien de vérifier mes obfervations , avant que la faifon n'en foit paffée. 11 n'y a guéres d'endroits où il y ait des cerifiers , où l'on ne puiffe trouver de ces coques. Quoiqu'il en foit , fi on n'en trouve pas , je vous en en- verrai , &c. N°. 72. RELATION CURIEUSE Tirée du troifîéme Journal Littéraire de Venife pour le mois de Mars 16 Jl- au fujet dunefubtlànce qu'on trouve abondamment dans les mines d'Italie , dont on fait un papier , une peau & une mèche de lampe incombuflibles ; avec les expériences qu'on en a faites. MOnfieur Marc-Antoine Caftagna , fur-Intendant de quelques mines d'I- talie , a trouvé dans une de ces mines une très-grande quantité de ART. I. la pierre cotoneufe appellée Amianthe , qu'il prépare de façon à la rendre fi douce & fi du&ile, qu'elle reffemble à une peau d'agneau paffée en blanc ; il lui donne le degré d'épaiffeur qu'il veut , & en a fait une efpece de pa- pier , qui auffi-bien que la peau , dont nous venons de parler , rélifte au feu le plus violent , comme on l'a éprouvé plufieurs fois. D'abord on cou- vrit la peau de charbons ardens , ce qui lui fit prendre feu ; mais en ayant été retirée au bout de quelque tems , la couleur du feu difparut bien vite , elle fe refroidit & devint blanche comme auparavant : le feu , à ce qu'il pa- roît , ne faifant que paffer au travers fans en altérer la moindre partie ; tan- dis que les métaux les plus durs & les plus folides , tels que le fer & le cui- vre , réduits en lames très-minces , & expofés au feu auffi long-tems que cette fubftance , auroient donné des écailles. Cette peau rendue auffi mince que du papier , non-feulement donne cet amianthe que les anciens admi- roient tant, mais encore plus parfait que celui qui vient de Chypre , & non inférieur à celui qui nous vient quelquefois de la Chine. On a auffi éprou- vé ce papier avecle feu, & il en eft forti fans aucun dommage , quoiqu'il y eût refté quekmetems ; il étoit après cela auffi fouple , auffi blanc & auffi fin qu'auparavant. On en a fait encore une mèche pour les lampes , qui ne le confume jamais, tant qu'il y a de l'aliment pour le feu , & ne change pas même après que tout l'aliment eu confommé. Si l'on trouvoit cette fameu- fe huile incombuftible , dont il eft parlé dans les anciens Auteurs , on pour- roit fe flatter d'avoir des lampes perpétuelles. L'inventeur promet de faire de nouvelles expériences fur cette fubftance , pour tâcher d'y découvrir quelqu'autre nouvelle propriété. Maintenant il a réfolu de préparer une affez grande quantité du papier qu'elle fournit , pour en faire un livre qu'il couvrira de la peau & coudra avec du fil qu'il Académique. 327 tirera de cette même fubftance , de forte qu'en le faifant écrire en lettre — ; d'or, il pourra fe promettre de le rendre inaltérable, puifqu'il fera à l'abri de Transactions l'aftion de tous les élemens, étant à l'épreuve du feu, le plus deftruftif de Philoso^hh». tous , & n'étant pas fujet à la corruption de l'eau , ni de l'air. Et on pourra Ann. 1671. l'appeller à très-jurte titre le livre de l'Eternité. fs'°. 72. EXPÉRIENCES DE M. CHARLES RINALDINI, Philofophe & Mathématicien dans rUniverfîté de Padouë , fur la différence qu'il y a entre la glace faite fans air , & celle qui fe fait en plein air , tirée du même Journal. ( A ) ON a pris un tube de verre d'une aune deux tiers de Florence de long , ART. II. ouvert par un bout , on l'a remplit à la longueur d'une -aune un quart de mercure , & le refte d'eau ; ayant fermé l'orifice avec le doigt , on ren- verfa le tuyau & on le plongea dans un vaifleau plein de mercure ; celui du tube commença à defeendre , & l'eau monta par-deflus & fe trouva par conféquent vuide d'ajir. Cela fait , on expofale tube à un air froid , c'étoit dans le mois de Janvier , en une nuit cette eau fe glaça. M. Rmaldini , ayant comparé cette glace avec celle , qui avoit été produite en plein air , trouva , que celle du tube étoit femblable à la grêle , c'eft-à-dire , opaque & blanchâtre ; au lieu que celle qui avoit été faite en plein air , étoit tranf- parente comme du cryftal. Outre cela , il remarqua que la première étoit fpécifiquement plus pelante que l'autre : ce qti'il découvrit en la mettant dans un fluide fpécifiquement plus léger que l'eau , mais plus pefant que la glace faite en plein air ; il vit que la glace du tube y plongeoit tandis que l'autre flottoit. Cette expérience , dit l'Auteur , ne paroit pas favorifer le fyftême de ceux, qui croyent que la glace qui fe fait en plein air , eft produite par l'expul- fion de l'air caché dans l'eau , & par la réfolution de fes plus petites par- ties , recevant en leur place le mélange des exhalaifons terreftres. Car il paroit par l'expérience , que nous venons de rapporter , que l'air fe raèle avec l'eau dans la formation de la glace. Le Journalifte nous avertit , que l'Auteur traitera ces chofes & plufieurs autres dans fa Philofophie naturelle , où il a réfolu de prouver , qu'il n'eft pas néceflaire , qu'il y ait de viiide dans la glace , & de nous inftruire de ce qu'on doit penfer de la place abandonnée par le mereure , fi elle eft vui- de de tout corps ou feulement de l'air qui y étoit. 328 Collection Transactions Philosophiq. LETTRE ÉCRITE D'YORK le 10. Janvier 16 JO. A L'ÉDITEUR , Ann. 1667. aufujet d'une efpece de mouches vivipares ; avec une fuite de queflions carieufes N°. 72, f"r les araignées , & une Tables des différentes efpeces , qu'on en trouve en An- gleterre , qui font au moins au nombre de JJ, par M. Martin Lifter. (A) M O N S I E U R Art III Je vous remercie de l'obligeante Lettre, que vous m'avés fait l'honneur de m'écrire le 3 de Janvier. Je vous envoyé la mouche vivipare , & les queflions que vous m'avés demandées. La mouche eft une des plus greffes de la famille de celles qui n'ont pas de venin ; elle n'a pas non plus d'aiguil- lon , comme les taons , qui s'en fervent contre les hommes & contre les bêtes. Cette mouche eft rayée de gris &de noir fur les épaules , & marque- tée de ces mêmes couleurs fur le dos. On peut diftinguerla femelle à un peu de rouge , qu'elle a à l'extrémité de la queue. J'en ouvris plufieurs à la fin du mois de Mai 1666 ; & je trouvai deux facs remplis de vers blancs, ronds, longs , & vivans ; ils avoient la tête noire , & fe mouvoient fur ma main Se dans les véficules qui les contenoient; ils y étoient arrangés comme dans autant de cellules fuivant la longueur de la femelle, femblables à une gerbe de bled. Aldrovandi avoit vu quelque chofe defemblable,/.^''. i°. de infect. p. 4 j. Edit. de Bologne. Lorfque j 'étois encore fort Jeune , dit-il , j'attrapai une groffe mouche rayée de blanc ; l'ayant retenue quelque tems dans ma main , elle y fit plufieurs vers blancs , d'une vivacité extraordinaire. C'eft la feule mouche que j'aye obfervée avec des vers vivans Se fe mou- vant dans fon ventre ; je foupçonnai que toutes celles de fa famille étoient vivipares. Je vous envoyé avec ces mouches, un mémoire fur ces limaçons extraordi- * V. le N». jo. naires , dont je vous ai parlé dans ma première Lettre, * qui peut mériter" une place dans le cabinet de la Société Royale. Que/lions générales fur les Araignées. i°. Quelles (ont les efpeces d'araignées , qu'on trouve en Angleterre , & quelle eft la meilleure méthode de les diftinguer & de les réduire en claffes ? 2°. Si les araignées ne viennent pas d'autres araignées , c'eftà-dire , d'in- fedîes de leur efpece? Et fi les araignées n'engendrent pas les fauterelles , les cigales , &c. comme le font dire fauffement à Ariftete les interprètes , Aldrovandi d'abord , enfuite Kircher. V. Arift. Hift. natur. lib. 1. cap. ig. Comparez l'interprétation de Theod.Ga^a , Scaliger, Aldrovandi. 3. Si les araignées ne font pas mâles & femelles , & fi la grofleur de la femelle plus confidérable que celle du mâle fufKt pour diftinguer leurs (exes? 4. Si toutes les efpeces d'araignées ont un égal nombre de pénis , s'il eft fitué dans toutes à la même place , & fi toutes les fileufes ne l'ont pas double ; c'eft-à-dire , fi les fourches de certaines cornes nouées ne font pas autant Académique. 329 autant de pénis , dont elles fe fervent alternativement pour le coït ? s=== 5. Si les œufs des araignées ne font pas formés «Se très gros avant le tems Transaction» du COJt ? Philosophie. 6. Quelles font les araignées, qui pondent au printems , quelles font cel- Ann. 1671. les qui engendrent dans l'automne , quelles font celles qui ne font qu'une Is°. 7X» ponte par an , & qui pondent tous leurs œufs à la fois ? Quelles font celles qui paroiffent pondre tous les mois du printems , ou au moins qui font plu- fieurs pontes fubordonnées ? Peut-on distinguer les œufs dans les différentes matrices ou cellules de la femelle ? 7. Si les araignées ne reçoivent pas toute leur perfection dans l'œuf, & fi elles n'éclofent pas néceffairement dans un tems fixe & déterminé , c'eit- à-dire après un certain nombre de jours, 21. par exemple, entièrement formées? Si la préfence de la femelle n'eft pas néceffaire pour faire éclore les œufs, au moins pendant trois jours , comme les anciens paroiffent l'affurer. 8. Si les œufs d'araignée parfaitement ronds, doivent être regardés comme des vers , ainfi que le veulent Ariftote & Pline , c'eft-à-dire, fi fuivant la doctrine de Swammerdam, elles font chryfalides dans l'œuf, & fi elles paf- fent par toutes les autres transformations avant que de devenir araignées parfaites ? 9. De quelle couleur font la coque & la pulpe des œufs des araignées, comme blancs, jaunes, orangés, pourpres , verds, &c & quelles teintures reçoivent-ils des différentes fortes de fels? 10. N'y a-t'il pas des œufs de certaines araignées , qui fervent de nour- riture aux vers d'une certaine efpece de guêpe , que Mouffct appelle Muf- cx tripiks ? Ces mêmes obfervations ne détruiront-elles pas la fable des Vefpœ- ichntumones , que les anciens nous ont tranfmife , prétendant que ces versfe ncurriffant de ces œufs , acquéraient leur perfection & devenoient de véri-» tables guêpes fur les toiles des araignées. 11. De quelle manière fe nourriffent les araignées , ne dévorent-elles pas- une partie de leur proye en la fuçant ? Combien peuvent-elles vivre lans .nourriture , car elles ne font aucune provifion contre l'hiver? 12. Les araignées ne vivent-elles que d'infeftes comme mouches , hanne- tons , abeilles , fcolopendres , & même d'autres araignées ? Où fi elles tuent auffi les ferpens pour s'en nourrir , ou fe régaler , comme les anciens l'affurent ? 13. Quelques araignées ne fe nourriffent-elles pas de préférence d'une ef- pece particulière de mouches , ou de quelque autre infecte , & quelles pro- priétés ont-elles f 14. Dans quels tems de l'année & combien de fois changent-elles de peau, de quelle manière en changent-elles ? Quelles font les couleurs , qui paroif- fent après leur mue , ce qui , fi on ne l'obferve pas avec foin , peut rendre leur hiftoire plus confufe. 15. Qu'entendent les anciens en difant que les araignées lancent leurs * H;ft. aKu. fils ? ce qu'Ariltote * compare aux porc-épis lorfqu'ils lancent leurs traits, èi Lib. 7. c. ;?. Democrite à un animal qui fe décharge de fes excrémens. 16. Leur fxl fe forme-t'il dans leur corps , tel qu'il en fort , je veux dire fi elles ne font que dévider de deffus un peloton ,J ce qui me paroit avoir Tome I. II. Partie, T t 330 Collection f— ***"f été le fendillent d'Ariftote ; ou fi elles le tirent d'une maffe liquide comme Transactions le verre qu'on file , comme paroît l'avoit penfé Democrite , lorsqu'il a dit Philosophiq. que c'étoit un excrément corrompu ou fluide en certain rems. Ann. 1671. I7" ^a v^cont^ ^e 'eur °^ ' rç1" ^ait l1^ t0llt ce ^l" le touche s'y aira- in ° 72 c^e ' ne contribuë-t'elle pas autant que la figure de leurs filets , à retenir * ' leur proye. 18. La toile d'araignée n'eft-elle pas incombuftible , peut-elle fe diflbudre, & dans quel menitruë ? 19. Quelle différence y a-t'il entre les fils d'araignées, la foye, & l'ouvra- ge des chenilles ? Quelle eft la force d'un fil d'araignée , & quelle propor- tion a-t'elle avec celle d'un fil de foye de la même grofleur ? Les fils de certaines efpeces d'araignées ne font-ils pas plus forts que ceux des autres , puifqu'il y en a de différentes couleurs , de blancs , de verds , de bleus , de * Voy. No.ro. châtains ? La force des toiles des araignées des Bermudes * étant capable Art. IY. d'arrêter une grive , dépend-elle de la grofleur du fil ou de fa nature ? 20. Etant fi aifé de tirer en certains tems un fi grand nombre de fils , à la longueur qu'on veut , malgré l'animal , ne feroit-il pas auflî avantageux de les travailler que les cocons des vers à foye ? 21. La fubftance vifqueufe de leur corps & de leur toile efl-elle aufiî propre à guérir les playes récentes , que les anciens l'ont dit , & que le vul- gaire le croit ? N'y en a-t'il pas quelque efpece de préférable aux autres à cet égard ? 22. Quel ufage peut-on faire des animaux , qui fe nourriflent d'araignées, comme les rouges gorges ? Les araignées font- elles un remède pour la volaille malade , comme le croyent éprouver les bonnes femmes ? 23 . N'eft-ce point par ce que les araignées font occupées à leur ponte pen- dant tout l'Été , qu'elles ne fortent que dans l'Automne , ou quelle autre rai- fon pourroit-on en donner ? J'ai répondu en partie au premier article de ces queflions , & je vous en- voyé une table , que j'ai augmentée & corrigée d'après les obfervations de plulieurs années. Je dois cependant vous avertir que ces tables font fufcepti- bles de changemens & de perfection , félon l'étendue des connoiflances que peuvent nous donner des obfervations aflîdues. Quoiqu'il en foit, c'eft la pre- mière que je connoifle fur ce fujet , & elle peut être agréable aux curieux. A C A D É M I Q U E. 331 OU TABLE ABRÉGÉE DES ARAIGNÉES DANGLETERR E , à laquelle on a joint leur caraâére tiré des marques les plus diftinétivcs & les plus remarquables. Les araignées font ou fileufe:; & filent pour prendre leur proye avec des filets circulaires ; elles font au nombre de neuf. I • A Rancus fubfavus , alvo paulmlùm acumlnatâ , inflexàque. 2. ul. Araneus ru/us , cruciger , cui utrinqut ad fuperiorem alvi partent fingula tubercula (minent. 3. Araneus cinereus , piclurâ clunium in quinque fore parus divulsây iifque phnis admodùm. 4. Araneus flavus , quatuor albis preeter picluram foliaceam in dune maculis infîgnitus. J. Araneus nigricans , clunibus ad fîmilitudinem folii querni piclis. 6. Araneus ex viridi inauratus , alvo prœtenui procerdque. 7. Araneus cinereus , fylvarum incola , alvo in mucronem fafliaiatd feu triquetrâ. 8. Araneus viridis , caudà nigris punclis fupernè notatâ , ipfo ano- croceo. 9. Araneus pullus , cruciger in alvo plend. ou avec des rets en forme de pelotons , au nombre de quatre. 10. Araneus variegatus , alvo orbiculatâ. 11. Araneus rufus , clunium orbiculatarum fafligio in modum fle'lce radiato. 12. Araneus pullus, domeflicus. 13. Araneus cinereus, macula nigrd in fummis clunibus infîgnitus % miniums. ou avec des toiles , au nombre de huit. 14. Araneus fuligineus , ecraven , inftgni candore diflincTus , caudà bifured. 1 f . Araneus fubflavus , pilofus , prœlongis pedibus , domeflicus. 16. Araneus nigricans, pr agrandi macula in fummis clunibus , cœte- riim iifdem oblique virgatis , domeflicus. 17. Araneus fubflav us , nigricantium macularum quadratarum catenâ in clunibus infîgnitus , item cui utrinqut ad clunium latera fin- gula obliqua virgules flavefeentes. 18. Araneus cinereus, maximus , caudà bifureâ. I p. Araneus niger , aut caflaneus , glaber , clunibus fummo candore interdiflinclis. 20. Araneus cinereus , mollis, cui in alvo oblique virgatâ macula latiuf- cula ï nigro rubens. 21. Araneus plerumque lividus ,fîne ullà piclurâ , alvo acuminatd, Tt 2 Transactions Phuosch>h! 48 3o 5 î 1 6 1 31 4 9 lî 41 47 y 31 £>■ . 3 04 3°7i 10 0 5 1 43 46 fî 31 0 n, 6 > 3°67 K 0 45 33 5Î 4- 30 12 2 1 3 77 44 66 1 1 I > 20 n 0 î 3 46 43 rr 99 i6i 1 4 M 14 0 n 47 4*77 131 22 1 ) 12 15 li ! 3 48 41 f 165 *7Î 1 6 10 16 0 ? 1 49 40 g 198 33 "F 8 ? i6i 0 z 3 40 231 38 1 s 7 T 17 0 3 î io 39 { 264 44 1 9 6 ! 18 3 3 3 î 1 38 fî 297 49Î 1 0 6 «9 0 38rr 230 55 1 1 *»~ 20 0 ; 3 1 3 37TT 363 6or 77 5 1 3r 3 i i 4 36 1 396 66 7T 4* 4*9 Académique; 3)7 Profond, fous l'eau. Compreff. de [air. Profond. fous l'eau. Comprejf. de l'air. Transaction! Philosophio.. en pieds. en brall. en part. en pouc. en pied?. en braiT. en part. "1 en pouc. Ann. 1671. N°.7}- 42-9 717 1 1 4 4 y 1221 2°3r 78 4 77» 461 77 1 ï 4 II54 209 ! 19 . 7 1 1 j 495 8if ~Î6 i 4 1287 "47 1 4o » _i t 528 88 1 i7 5 17 1320 220 1 4T 1 " 41 561 93Î 1 18 _ 1 3 s r353 "fi T 41 7 594 99 7? - j_ 5 1 9 1386 231 47 . 7 1 4) 627 I04i 10 1419 236^ ! 44 . _4_ 1 1 660 1 10 t * 1 1452 242 4 S ■ 1 J 693 "ïî 1 r »£ 1485 M7 T 46 1 TT 716 121 r 1 J *rr 1518 2-53 J- 47 1 ! ' 1 47 759 126I f 1 4 2 f M5i 2587 f 4 a . 1 4 791 132 I 1 ) 2- f 1584 264 1 4» 1 ' * 49 815 •37i I *77 16 17 2697 1 î ° j J i 858 !43 77 -> * f 1650 275 77 . 9 1 i 1 891 148I 1 13 * ? 1683 280 i 1 77 924 '54 1 19 2T9 1716 286 t s f 71 957 •59Î 3 0 2 «749 *9*i H 1 9 990 .65 1 1» 1 3 1 1782 297 i T 1 -1— 1 t 1023 •7°r I i L 1 -2. 1 16 1815 3°*7 in . 1 14 1056 176 3 > 1 1 1848 308 77 * 1 1 1 9 1089 i8i{ T4 i- 1881 813Î 7 s 1 7? 1 122 187 } 1 1 * 7 1914 3>9 7? 39 "55 .92i t Ti 1 T '947 3Mi Tô 1188 1 198 1 Î7 1 ! ' 1 s 1 1 Tome I. II. Partie. V v 338 Collection Tmrosopmq5 EXTRAIT DE DEUX LETTRES DEM. Martin Lifter , à l'Éditeur , du 14. Juin & du 3 Juillet l6"]l , fur un infecte éclos du Ker- JY1' Ic*71' mes d'Angleterre , dont il eft fait mention & qu'il a décrit le premier dans U ■^ • 73' N°. Jl. & fur l'ufage des coques pourpres pour la teinture , avec la compa- raifon de ce Kermès pourpre d'Angleterre avec le Kermès écarlate des Bou- tiques. (A) Lettre Première. Art. II. T ^ trouvai Ie premier de Juin plufieurs de mes kermès éclos dans une boëte J où je les avois mis dans cette vue ; il en eft forti une efpece d'abeille , comme je l'avois conje&uré par la figure du ver : cette efpece eft la plus petite que je connoifTe , étant la moitié moins groffe qu'une fourmi ; elles l'ont fort épaiffes & d'un noir de charbon. Elles ne paroiffent pas dépour- vues d'aiguillon , ni des trois globules qu'on remarque fur le devant de la tête des autres ; ce qui demande cependant à être obfervé au microfcope. Elles font remarquables par une tache ronde , couleur de paille , qu'elles ont fur le dos. Leurs ailes fupérieures font tachées de noir , les inférieures font diaphanes. On peut les appeller , Apiculœ nigrce macula fuper numéros fub~ fiavefcente infignitce , è patellis feu favis membranaceis , veri kermès flmilibus fudque itidem purpura tengentibus , cxraji aut rofs , aliarumve arborum virgis adtextis , exclufœ. * V. fur ces det- Cette coque pourpre & les œufs , qui teignent en écarlate , * font deux niers,UN°. 71. productions de l'Angleterre , qu'on peut mettre en parallèle aves le ker- mès & la cochenille ; je veux dire qu'ils augmentent le nombre des dro- gues, qui fourniffent les belles teintures : je ne parle pas de la qualité mé- dicinale , qu'on ne peut découvrir que par des expériences sûres & variées, fuppofé qu'ils en ayent quelqu'une , comme les exotiques. Je vous envoyé une de ces coques attachée à une branche de rofier , & une autre à un mor- ceau de cerifier. Le tronc de ce rofier m'a fourni depuis , une vingtaine de ces coques , qui font éclofes dans la boëte où je les avois mifes. Il faut obferver i°. que celles, qui paroiffent les plus noires , fourniffent la pour- pre la plus foncée & la meilleure. 2°. que lorfque les abeilles viennent à ma- turité , la teinture s'évanouit , & la coque fe féche. 30. Que les petits for- tent par plufieurs petits trous , au lieu que le véritable kermès ne paroit percé qu'en un feul endroit. Lettre Seconde. LA découverte de notre kermès anglois a fait beaucoup de plaifir à quel- ques curieux de ces quartiers. Je crois vous avoir averti , que le pour- pre ou le violet le plus foncé , qui enduit l'intérieur de la coque , fe diffipe pour la plus grande partie , fi on n'a pas foin de les cueillir, tandis que l'abeille eft encore fous la forme de ver ; & que les coques les plus noi- res étoient les plus riches en couleurs. Hier je comparai en très-bonne com- pagnie , le kermès violet avec l'écarlate , ou celui qu'on vend dans nos boutiques; nous trouvâmes qu'ils convenoient en tout, excepté dans la cou- leur de leurs fucs: en ayant trouvé plufieurs parmi ceuxdes boutiques, enco- Académique. 339 re attachés à des morceaux de chêne verd. Nous croyons pouvoir aflurer — — — avec confiance, que ceux-ci ,ainfi que les nôtres , ne font que contigus aux Transactions branches de chêne verd, & n'en font point des excroiflances , comme on Phuosophui. Ta cru très-Iong-tems ; &C que leurs coques font l'ouvrage de leur mère Ati 6 abeille , qui les y attache, afin de mieux couver & nourrir fes petits. xjo' ' ^'" 73- N°. 74- EXTRAIT D'UNE LETTRE ÉCRITE A L'ÉDITEUR, par M. Ray de Midltton , le J Juin i6jl , fur les générations fpontA- nées , & fur quelques infectes qui fentent le mufc. (A) M O N S I E U R Pour répondre à votre Lettre , je me fouviens fort bien que M. Lifter m'a. \r0 fait part depuis très-long-tems, de fon opinion fur les excroiflances végétales, . ' ,, & fur les infectes qui s'y engendrent & s'y logent , mais je n'ai pas main- tenant la lettre , où il m'en parloit , l'ayant envoyée avec d'autres papiers enEJfex ; ce qui m'oblige de lui écrire , pour le prier de nous envoyer lui- même fes idées fur cette matière. Je crois qu'il y a beaucoup de raifons , qui peuvent faire douter de la gé- nération fpontanée des animaux , quoi qu'elle foit reçue par tous les Natu- ralises , qui ont paru jufqu'à préfent. Il me paroit plus probable, que tous les infectes viennent d'autres infectes de même efpece. M. Redi , en ex- pliquant comment fe fait la génération dans les matières putrides , a beau- coup contribué à prouver cette vérité ; mais il reftera toujours deux gran- des difficultés : la première, d'expliquer la génération des infectes dans les excroiflances des végétaux , que Redi n'héfue point d'attribuer à l'efprit vé- gétatif delà plante , où fe trouvent ces excroiflances ; mais je vous renvoya a M. Lifter. La féconde difficulté eft d'expliquer la génération des infectes dans les corps d'autres animaux. J'efpere être bientôt en état de rendre rai- fon de quelques-unes de ces générations , qu'on a regardées comme fpon- tanées , mais qui paroiflent fuivre les loix ordinaires auxquelles la généra- tion des autres animaux eft afllijettie. Je n'ai aucune connoiflance de l'infecte qui fe nourrit fur le Ranunculus , que vous dites fentir le mufc lorfqu'il eft fec. Je ne puis me fouvenir que de deux infectes , qui ont cette odeur ; l'un reflemble à l'efcarbot de tous les Naturaliftes , & a une odeur fi forte , qu'on le fent de fort loin , lors même qu'il ne fait que pafler. L'autre eft une petite efpece d'abeille , qu'on trouve fouvent parmi des fleurs, dans les jardins du Sud & de l'Eft de l'Anoleterre. Je me fouviens qu'elles étoient très-abondantes dans un jardin où l\* Edward Duke élevoit des tulipes près de Sexmundham en Suffolck ; j'ai oublié le nom de la paroifle. Ce M. Edw ard eft mort depuis. VV2 340 Collection s J'ai la defcription anatomique d'un marfouin que je trouvai rrès-heureu- Transactions fement à WeJ}-cheJIer,qm contient quelques particularités omifespar Rondelet. Phuosophiq. Je vous l'enverrai ficela vous fait plaifir. Ann. 1671. — — N"* 74' NOUVELLE DESCRIPTION DU POISSON ÉTOILE, dont il ejî parlé dans le No. $j, avec quelques autres curiofitès. (A) Art. IV. ("** ^tte defcription nous a été communiquée dans une lettre écrite de V_J Boflon dans la Nouvelle Angleterre, du 16 Octobre 167O, par la même perfonne qui a donné la première. Depuis ma première lettre , j'ai rencontré le pêcheur , qui avoit pris le poiffon étoile. Je lui fis toutes les queftions que je crus néceflaires , & j'ap- pris de lui , qu'il n'avoit jamais ouï parler de ce poiffon à perfonne , & qu'il n'en avoit vu que cinq ou fix , qu'il avoit pris en différens fems , près des bancs de Nantuktt ( Ifle fur la côte de la Nouvelle Angleterre ) en péchant du Merlus Si. d'autres poiffons pour le commerce. Ce poiffon lorfqu'on le for- tit de l'eau , étoit femblable à un panier d'ofier , ayant pris cette forme de lui-même pourfaifir l'appât qui étoit attaché à l'hameçon , & il ne le lâcha qu'après avoir été quelque tems fur le tillac , où le défaut de fon élément naturel lui fit lâcher prife , & il s'étendit de lui-même en la forme où il étoit, lorfqu'il vous a été envoyé. Il n'a pas pu voir le mouvement qu'il avoit dans l'eau , qui étant très-pro- fonde en cet endroit, ne le lui laiffa voir qu'après qu'il eut pris la forme de panier. Le feul ufage qu'on ait pu diftinguer de fon admirable îtrufture , paroir être de fervir de bourfe , pour garder d'autres poiffons , ou les autres chofes qui lui fervent de nourriture , &c comme d'un magafin pour les pro- visions , & donner retraite àfes petits contre les poiffons qui les pourfuivent, fi même ils ne leur fervent pas de pâture ( l'un & l'autre paroiffant très-vrai- femblable ) car il a trouvé quelquefois des morceaux de maquereau dans cette cavité : & il m'a dit , qu'il en avoit trouvé un , qui contenoit un pe- tit de la même efpece , & des morceaux d'autres poiffons , qu'il crut être du maquereau. Le petit étoit-là pour fe mettre à l'abri, ou pour fervir de nourriture au grand : mais comme il étoit en vie , il y a plus d'apparence , qu'il y étoit en sûreté , à moins qu'il ne fût tombé par accident dans ce filet, avec le morceau de l'autre poiffon , qu'il mangeoit peut-être. Il me dit encore que , pendant qu'il étoit en vie , toutes fes petites bran- •V. lafig. No. ;y. ches * étoient en mouvement, & avoient une certaine force ; mais après qu'il fut mort , & qu'il fe fut étendu à plat , il étoit fi caffant , qu'on ne pouvoit le toucher fans le rompre , mais l'ayant fait fécher avec foin , il s'endurcit. Il ajouta qu'il avoit pris un de ces poiffons l'Été dernier , mais qu'il l'a- voit laiffé à un de fes amis dans un autre port , où il avoit été. Il m'a pro- mis de me le procurer , lorfqu'il retourneroit dans ces cantons , s'il n'étoit pas brifé ou défiguré. J'efpere de pouvoir l'engager à faire des remarques fur ce qu'il peut y avoir de plus curieux à ce fujet. Je me fuis informé de plufieurs pêcheurs , s'ils connoiffoierrt ce poiffon ; je n'en ai pas trou-; Académique. 341 vé un feul , qui en eût jamais pris aucun. Mon pêcheur ne put pas m'en — - dire le nom , il y a beaucoup d'apparence qu'il eft encore innominé , n'é- Transactions tant pasauflî connu que les autres poiflbns ; mais jufqu'à ce qu'on lui ait Phuosophiq. trouvé un autre nom , on peut l'appeller le Panier , le Filet , ou la ^nn# j67i, Bourfe. ... NQ 74 Je vous envoyé dans une petite boëte unecuriofité , que vous regarderés * peut-être comme une bagatelle, mais qu'on a aflez de peine à trouver dans ce pays. C'eft un nid du Murmure * ou Colibry , ainfi appelle du bruit qu'il fait * °n en "ouve en volant. C'eft un oiieau très-petit , qui ne paroit qu'en été , le plus fou- unc ho"nc dc^" vent dans les jardins , où il vole de fleurs en fleurs , dont il fuce le miel SësAntitlcs Liv' 1 comme les abeilles ; il ne s'y arrête cependant point , mais voltige fans ch. ij. art. 17. od cefle , en fuçant avec (on long bec cette douce liqueur. Il y a dans le mê- °n l'appelle Coll- ine nid deux œufs ; ils font fi petits , que l'un des deux ne pefoitque 5 ir2' grains , & l'autre 3 - grains 5i tout le nid n'en pefoitque 24. Je ne fçais s'ils ont coutume d'en avoir davantage. Je n'ai vu jufqu'à préfent qu'un autre de ces nids , qu'on vous envoyoit avec d'autres raretés , mais le vaifleau fît naufrage. ~7~ SUPPLÉMENT A CE QUI A ÉTÉ DIT DANS LE N°. 33. Sur la compreffîon de l 'air fous l'eau. (A) ON avoit deflîné la Fîg. 10 à la prière d'un ami ; c'eft pour fatisfaire xt0 aux défirs d'un autre , qu'on permet maintenant de la rendre publique . " , par voie de fupplément à ce qui a été dit dans le n°. 73 , fur la compref- ART- *• iion de l'air fous l'eau. ED,le tube=A.- AB , l'efpace compris entre le haut du tube &: la furface de l'eau au-deflus , ou au-deffous = b EC , la profondeur de l'eau depuis la furface jufqu'à la couche inférieure de l'air dans le tube = a BC , la partie qui demeure pleine d'air dans l'eau. CD , le refte plein d'air. Deux des trois premières de ces quantités étant données , quelles qu'elles foient , il eft facile de trouver l'autre , &c par conféquent tout le refte. Car ft le poids de 33 pieds d'eau comprime l'air & le réduit à la moi- tié de fon volume , ces 33 pieds d'eau égalent la preflion de l'air fur la furface de l'eau. La longeur du tube , que l'air remplit , eft à celle du tube , qu'occupe l'eau , comme le poids ou la preffion de l'air fur la furface de l'eau eft à la profondeur de l'eau depuis fa furface jufqu'à la dernière couche de l'air , qui eft dans le tube : c'eft-à-dire , fuivant la même expérience , mettant { pour 33 , ou toute autre pefanteur de l'air au-deflbus de l'eau , qu'on pourroit 34î Collection — trouver dans d'autres endroits , ou dans un autre tems ; car elle n'eft jamais Transactions la même exa&ement. Philosophiq. a . . a ^ b } a'-±ab = C D , & par conféquent g + abA- ia + ib=~ Ann. 167 1. 2 . _ ,\ 11 ï + * ï a & £ étant connus , on trouve -v par la première équation ; Se a 8c x étant donnés , on trouve b par la féconde , comme on trouve a parla troi- sième , en connoiffant b & x. On afubftitué la ligne horifontale BFBAF à GABEFb. lorfque l'extrémité du tube n'eft pas de niveau avec la furface de l'eau , pour éviter la fraction cC=bB=^ b1 dans la longueur du tube. N*. On ne doit pas entendre par l'immerfion perpendiculaire du tube , dont il eft parlé dans le No. 73 , la profondeur de l'extrémité ouverte du tube dans l'eau , mais la profondeur de l'air dans le tube ou cylindre depuis la furface de l'eau , c'eft- à-dire FC non pas FD. LETTRE DE M. MARTIN LISTER Sur les excroijfances végétales. d'York le ij Juillet 16 Jl. ( A ) ART. IV. T'Ai compris par votre lettre du 23 du courant , que M. Ray a de la peine ■ à retrouver celle, dans laquelle je lui faifoispart de mon opinion furies excroiflances des végétaux. Pour ne pas vous refufer ce que vous paroiffés délirer , je vais tacher de me rappeller les penfées que j'ai eues autrefois fur ce fujet. Le compte que vous rendîtes dans le n°. Sn arfere étoit extrêmement courte, le poiflbn n'ayant pas de col ; le larinx avoitune Transactions figure finguliere, s'avançant avec un long col &un bec en forme d'aiguiere. Philosophie. Le conduit par lequel cet animal refpire Se rejette l'eau , eft placé dans j^vri Ig7, la tête devant le cerveau , & fe termine en dehors , par une ouverture "w'p > commune. Intérieurement il eft divifé par une cloifon offeufe , comme s'il * avoir deux narines , mais il n'a qu'une ouverture dans la bouche. Cet ori- fice interne a un fort fphinfter , au moyen duquel le poiflbn peut l'ouvrir & le fermer à fa volonté. Les parois du canal font garnies d'une membrane glan- duleufe , qui , lorfqu'on la prçfle , verfe par une infinité de petits trous o» papilles, une liqueur gluante dans le tuyau. Il y a au-deflus des narines, une valvule ou membrane femblable à une épiglotte, qui empêche l'eau d'en- trer involontairement. Ce conduit a fix trous borgnes, qui n'ont point d'if- fuc , quatre vers le mufeau , dont deux au-deflus de la valvule , qui ferme les narines , & deux au-deflbus ; les deux autres font vers le cerveau , ayant une cavité longue , mais étroite , que je conjecture fervirà l'odorat , quoi- que je n'aye trouvé dans le cerveau , ni nerfs olfaftifs , ni procès mr.mil- laires. II avoit les yeux petits à proportion de fa groffeur , &c finies fort loin de la bafe du cerveau. Le mufeau étoit long ce pourvu de mufcles très- forts pour fouiller le fable au fond de la mer , & y trouver les poiflbns , dent il fe nourrit ; ce qui paroit par les petites anguilles , que nous trouvâmes dans fon eftomac , & qui , comme nous Favoris dit auparavant , font en- fevelies dans le fable. Le cerveau & le cervelet étoientdela même fubf- tance , & avoient les mêmes anfrachiofités , que ceux des quadrupèdes , n'en différant que par la figure , qui étoit plus courte : mais il avoit en lar- geur , ce qui lui manquoit de longueur. Il avoit auflî une dure & pie-me- res ; fixou fept paires de nerfs , outre les optiques ; les mêmes ventricu- les : mais je n'obfervai pas à la moelle allongée les protubérances qu'on appelle nates & te/les. Le crâne n'étoit pas auffi épais que dans les quadru- pèdes , mais il étoit articulé de la même manière avec la première vertèbre de l'épine. Cette largeur du cerveau & fa reflemblance avec celui de l'hom- me , indiquent que cet animal a plus d'intelligence & de capacité que les autres bêtes ; ce qui doit rendre plus vraifemblables les anciennes hiftoires qu'on a faites fur cet animal, telles que celle d'Arion , rapportée par Hérodote ; celle que Pline l'ancien raconte * d'un Dauphin , qui s 'étant pris d'amitié * ffift. natur. pour un jeune garçon, avoit coutume de le porter fur fon dos de Bayes à Llb- 9- e. 8. Pou^ole , où il alloit à l'école au travers d'un bras de mer. Pline le jeune en rapporte une tout-à-fait femblable, d'un autre dauphin , qui portoit de la même manière un jeune garçon à Hipponeen Afrique. L'hilîoire mérite d'être lue. Epîfl. 33 , M. 3$- Ce poiflon avoit 48 dents à chaque mâchoire , difpofées comme un rang de chevilles émouflees. Sa langue étoit plate en-deffus , & également lar- ge d'un bout à l'autre ; fes bords étoient dentelés, & elle étoit fortement attachée à la partie inférieure de la bouche par fon milieu , comme Arijlote Ta dit avec raifon : & je ne puis aflez m'étonner , que Rondelet l'ait con- tredit en cela , & ait afluré que la langue du Dauphin efl mobile , & qu'il peut la tirer & la retirer comme il veut: à moins que le Dauphin ne diffère en Xx i 348 Collection ^=^î^= cela du Marfouin ; carie Marfouin eft, félon moi , le Phocœna des anciens J Transactions 1™ e^ une petite efpece de Dauphin ; au moins fi le poiflbn que je décris Phuosophiq. eft un Marfouin ; caries dents dece poiflbn font plus petites ,& d'une figure . , différente de celles , qu'on voit aux mâchoires de Dauphin , qu'on nous xjo J ' apporte d'au-delà de la mer. Néanmoins il n'y a pas beaucoup de différen- IN .. 70. ce entre ie Dauphin & le Phocœna. Quant au poiflbn, que nos Matelots appellent Dauphin , & qui , félon la defcription qu'en donnent Meflïeurs Terry & Ligons , a des dents fur la langue , de petites écailles , des nageoi- res dures , une odeur & un goût agréable ; je ne fçais quel il eft , mais je fuis très-afluré , qu'il diffère entièrement du Dauphin des anciens. Nous n'avons pas obfervé d'autres narines dans ce poiflbn , que celles que nous avons vues dans le conduit que nous avons décrit , ni aucun conduit auditif ; en quoi Ariflote s'accorde avec nous. Rondelet l'a trouvé près des yeux : étant très-manifefte , dit-il , qu'aucun animal ne peut entendre fans un conduit , qui porte les fons au cerveau. Il ajoute enfuite : plein de cette idée , J'ai examiné avec foin le crâne d'un Dauphin ; j'ai vu un conduit audi- tif, qui s'ouvre jufqu au cerveau. Il ejl placé immédiatement derrière Eail , & efl fi petit qu'il échape prefque à la vue. Nous avons obfervé dans le crâne un os qui répondoit à l'os pierreux , & qui certainement étoit deftiné pour rouie. Ce Marfouin avoit de chaque côté fix côtes , qui étoient dénuées de cartilages , & fept qui en avoient ; le fternum étoit très-petit. Quant au nom Porpes , je crois avec Gefner , qu'il dérive de Porcus , quajl porcus pifeis , plufieurs nations lui donnant le nom de Pifcis marinus ; en effet il reffemble à un cochon à plufieurs égards , par fa graifle , la force de fon groin , &c LETTRE DE M. F. W I LLOU G H B Y , du 24 Août 16 yi: Contenant quelques obfervalions fur l'ejpece de guêpes appellées Ichneumons , & principalement fur leurs différentes manières de fe perpétuer , & entr' autres fur la ponte de leurs œufs dans le corps des chenilles , &C. ( A ) ART III. F ^ regarde l'opinion de M. Lifter , qui veut que les mouches ichneumons J dépofent leurs œufs dans le corps des chenilles , comme très-ingénieufe & très-véritable ; & je fuis obligé d'y fouferire , quoique je ne puifle pas abfolumentla démontrer,ce que j'aurois cru pouvoir faire avant cesobferva- tions. Tous ces Ichneumons ont quatre ailes , & des antennes femblables à celles des abeilles ; leur corps tient au corcelet par un petit ligament , comme dans les guêpes. La plupart ont des aiguillons , fi elles n'en ont pas toutes , & font produites de vers , qui fe font une enveloppe , avant de fe changer en nymphes.3 II y en a de plufieurs différentes efpeces ; quel- ques-unes engendrent comme les abeilles , pondant un œuf qui produit un ver, qu'elles nourriffent jufqu'à ce qu'il ait acquis toute fa crue. D'autres , comme nous le conjecturons, dépofent leurs œufs dans les plantes , dans les corps des chenilles vivantes , dans des vers , &c. Car il eft fort éton- nant de voir , qu'une grofle chenille , au lieu de fe changer en papillon félon le cours ordinaire de la nature , produife quelquefois un , quelque- Académique; 349 fois deux , quelquefois tout un effaim à'Ichneumons. J'ai obfervé ces pro- ^^^^m^^^ duclions irrégulieres dans un grand nombre de chenilles de différentes ef- Transaction» peces , velues &c fans poils, dans différentes efpeces devers , &cequieft Philosothiq. plus étonnant dans un infecte d'eau. Lorfqu'il fort du corps d'une chenille Afln .g-, plufieurs vers d'Ic/vaumons , ils travaillent en commun leur enveloppe , t*j0' n( qu'ils entourent quelquefois d'une toile femblable au fac qui enveloppe ' les œufs des araignées. Mais j'oferois répondre à la 10 queftion de M. Liflcr * * N". '7*. Art. qu'ils ne fe nourriffent point des œufs des araignées , mais que c'en la ref- II1# femblance de leurs enveloppes conglobées enfemble avec les œufs d'arai- gnées , qui a occafionné cette conjecture. Une des chenilles vertes qui font très-communes pendant l'été dans les pays du Nord , fe fît elle-même un cocon de couleur brune , & de la fi- gure d'une bouteille , qui fut rempli d'un effaim d'Ickneumons ; & j'en ai vu fortir des nymphes de deux ou trois autres efpeces de chenilles. Il eft furprenant qu'une chenille piquée & imprégnée par un Ichneumon , en foit allez peu incommodée , pour pouvoir fe faire une enveloppe , & fe chan- ger en nymphe. J'ai fouvent vu dans les grands chemins des Ichmumons trainans des che- nilles. Cette année , M. Wray , étant accompagné d'un de fes voifins hom- me d'efprit , en a obfervé un , qui trainoit une chenille verte plus groffe que lui , qu'il laiffa tomber après l'avoir trainée de la longueur d'une perche , & ayant pris une motte de terre avec laquelle il boucha un trou fembla- ble a celui d'un ver , il y entra & en refortit après y avoir refté un peu de tems , entraina dedans la chenille avec lui , & l'y laiffa ; enfuite non-feu- lement il boucha le trou mais le remplit , tantôt y portant de petites mot- tes de terre , & tantôt gratant la poufliere avec fes pieds, &c la jettant par derrière dans le trou , y entrant même pour la mieux fouler. Il vola deux ou trois fois fur un pin , qui étoit au-deffus de fon trou , peut-être pour y chercher du ciment. Lorfque le trou fut bouché , & de niveau à la terre , * il traina deux feuilles de pin,& les laiffa à quelque diftance de l'ouverture de fon trou , après quoi il s'envola. On nes'apperçut pas qu'il vint de deux ou trois jours. On déterra la chenille , qu'on trouva fort avant dans la terre. M. Wray la mit dans une boëte , efpérant qu'elle produirait un Ichneumon , mais elle fe fécha , & il n'en vint rien. Nous avons obfervé depuis peu, une efpece d' Ichneumon , ou plutôt de guêpe , qui fe nourrit de différentes ef- peces de mouches. Lorfqu'elles volent avec elles, elles les prennent par la tête , & les portent fous leur ventre. Cette efpece fait de grands trous fous la terre , dans lefquels elle dépofe fes petits , &c les nourrit des mouches qu'elle prend , rempant à reculons fous la terre , & trainant les mouches après elle. Je foupçonne qu'elles dépofent d'abord leurs œufs clans une mou-, che, mais qu'une ne fuffifant pas pour conduire leurs petits à leur perfection, elles les nourriffent de plufieurs autres. Leurs enveloppes lent couvertes d'ailes , de jambes , & d'autres fragmens de mouches. 3^0 Collection — — a— — — — ^ Transactions PHilosophiq. LETTRE DE M. MARTIN LISTER , écrite d'York le zà Août i6yi. Ann. 167 1. pour confirmer Volfervation du N°. 74. fur les infectes , quifentent le mufc ; jj0 _/r avec quelques remarques furie livre de Swammerdam/àr/M infectes, &fur celui îl répart- Transactions dit une lumière agréable. Lorfque cette lumière parut entièrement éteinte, Phuosophiq. quoiqu'il fût en mouvement, j'enfonçai le bocal dans l'eau jufques au fond Ann. 1671. du baflîn, je vis en regardant par l'ouverture du bocal , une très-belle lu- N°. 76. miere , mais en retirant le vaiffeau de l'eau , il me parut très-peu luifant. L'ayant alors mis dans fa boëte , il augmenta en peu de minutes fa lumière, de façon qu'elle étoit dix fois plus grande que la première fois. Le 14 Juin , après une féconde abfence , le Ver me parut mort ; l'ayant renfermé dans une boëte , il ne donna aucune lumière entre 9 heures Se minuit, mais il luifoit foiblement dans la boëte découverte , & fa lumière étoit d'une couleur très- différente de ce qu'elle avoit été d'abord. Le 1 5 Juin qu'il paroiffoit mort , je le touchai légèrement avec une ai- guille , ce qui lui fit étendre une jambe ; il s'en fervit lorfque je panGhai la boëte , à s'affurer tout le corps , au lieu qu'auparavant il rouloit d'un côté à l'autre , lorfque je la panchois. Remarquez qu'avant la piqueure , il pa- roiffoit briller un peu dans fa boëte ouverte , mais non pas au travers du bocal. Le 16 Juin , je diftinguai une légère lumière , pendant qu'il étoit dans fa boëte, en le piquant, & je n'obfervai pas qu'il fit aucun mouvement ; mais l'anneau le plus voifm de la queue , étoit fenfiblement plus étendu , un quart d'heure après que je l'eus piqué , qu'auparavant. Remarquez que ces trois derniers jours, il fut toujours étendu fur le dos , fes jambes retirées, excepté le 15 Juin que je le piquai , comme j'ai dit ci-deffus. Je n'oferois affurer, qu'il fût mort le 16 , ayant oui dire à M. Th. Halhbtck , de Callnewton , près de Meltam-Mawbary , qu'il avoit gardé pendant près de fix mois dans une fenêtre , un Ver luifant , qui paroiffoit quelquefois mort pendant plu- fieurs jours de fuite ( il dit même , fi je ne me trompe , des femaines entiè- res ) & enfuite marchoit & brilloit. Quoiqu'il en foir , je ferois bien obligé à quelqu'un qui voudroit m'apprendre le figne caraûériftique, auquel on pur reconnoître qu'un Ver luifant eft mort , 24 heures avant qu'il ne ceffe de briller, afin de prévoir leur mort: car on m'a promis de me donner dans peu , une grande quantité de ces infe&es , ce qui j'efpere, me fournira l'oc- cafion de pouffer plus loin mes obfervations. r * OBSERVATIONS ET EXPÉRIENCES fur un baume minéral trouvé dans une mine d'Italie , par M. Marc-An- toine Caftagna , inférées dans le Journal Littéraire de Venife du mois dt Juin 16 Jl. (A) N9. 75. 1\ 1$ Onfieur Marc- Antoine Caftagna s'apperçut dans le Bergamafque , fur XV A les confins de la' Jurifdi&ion de Bergame , d'une odeur balfamique ex- traordinaire. L'ayant fuivie , pour découvrir fa fource , il fît d'abord creu- fer un rocher fur lequel il étoit alors, à l'endroit qu'il foupçonnoit devoir en être le fiége , & il trouva que les pierres renfermoient l'odeur , qu'il fen- toit , & qui étoit fi forte , & fe trouva par des expériences avoir tant de rapport avec la matrice , qu'y étant appliquée , elles guérirent en peu de Académique; 357 tettis quelque maladie de ce vifcére. Ce fut un motif pour continuer cet ;^— ! ouvrage; il fit creufer dans les entrailles même de la montagne, & après Transactions bien des travaux & des peines , il découvrit dans des pierres vertes , quel- 1'hu.osophiq. ques trous qui paroiflbient avoir été creufés par l'art , & dans ces trous il ^nn ,(.-,-, trouva la liqueur & le baume , fonrce de cette odeur ; il étoit limpide , xj0* „/ de couleur blanche, femblable au blanc d'oeuf, mais un peu plus huileux, ' ' flottant fur toutes les liqueurs comme l'huile. 11 trouva en outre dans les mê- mes cavités , quelques petites concrétions de la même liqueur , femblables à ce qu'on appelle de l'ambre blanc , qui ayant été diftillées , fournirent la même odeur que le baume. Cela excita la curioiité de plufieurs perfon- nes , qui défirent fort de connoître , quelle riche mine peut être contenue fous ces pierres. TRANSACTIONS PHILOSOPHIQUES. i Année M. D C. L X X I I. N°. 83. DESCRIPTION D'UN LAC SITUÉ AUPRÈS DE DANTZÏC ,' qui dans une certaine faifon de l'année produit une fubjlance verte , laquelle, tué les befliaux ; avec uni obfervation' fur l'ambra blanc , communiquée par M. Kerby , dans une lettre qu'il a écrite à l'Éditeur , de Dant^ic le iç) Dé- ■ \ ' cembre l6jl. ( A ) IL y a près d'un village appelle Tukum , un mille & demi d'Allemagne N°. 8-$.' à l'Oueft de cette ville , un lac produit par le concours de trois ruif- Art. VIII; féaux , &c de quelques fontaines , qui fortent des collines voifines, & par l'eau de la pluie, les neiges fondues, Sic. Ce lac a environ un demi mille d'Al- lemagne de long, fur un huitième de mille de large ; il s'étend du N. N. O. auS.S.O; il iè décharge à l'Elt & au Sud par deux petits ruirTeaux.Le terreia à l'entour paroitêtre du fable mêlé à de l'argille , fes bords &c Ion fond l'ont en général fablonneux. Il a quatre braffes dans l'endroit le plus profond , maisprefque partout ailleurs il n'en a qu'une ou une &i demie. Il eft rempli de très-bon poiffon , comme de perches , de rougets , d'anguilles , &c. & (urtout d'une efpece de petite perche fort eftimée dans ce pays , qui ne diffère de la perche commune , que par (es couleurs , & parce qu'elle a la tête plus grofTe , à proportion du corps ; on l'appelle perche noire. L'eau de ce lac eft douce & très-faine , excepté dans les mois de Juin , Juillet &c Août , qu'elle a coutume dans les tems fecs de fe couvrir dans le milieu , 358 Collection m^aaaïzmz^ d'une efflorefcence verte , qui étant pouffée par le vent iiir les tords , Transactions caufe une mort certaine aux troupeaux , aux chiens & à la volaille, qui Philoscthic;. boivent de cette eau. La personne qui m'a appris cette particularité , ma \nn 1672 ^tf clue"e avoit vu mourir trois chiens, qui en avoient bu , tandis que des xj0' ç. " chevaux , qu'on avoit promenés dans cette eau au-deffous de l'endroit ou " 3 • flottoit cette fubftance , n'avoient point été incommodés , & que dans la même faifon l'eau des ruiffeaux qui en découloient , étoit fort laine. Je tâcherai , fi vous le fouhaités , de vous envoyer de cette matière , & d'en faire l'analyfe chimique. J'ajouterai qu'un pêcheur de ce pays m'a appris , qu'en péchant il y a deux ou trois ans dans ce lac , il avoit trouvé dans fon filet un gros mor- ceau d'ambre blanc, qu'il donna, comme une rareté , aux Pères de l'Ab- baye des Olives , à laquelle ce lac appartient. L'élévation de ce lac , &c l'éloignement de la mer, qui eft à trois mille , ne permettent pas de foup- çonner , que cet ambre y ait pu venir de l'Océan , & les bois des envi- rons , qui ne font compolés que de grands arbres réfineux , ne pouvant pas vraifemblablement le produire , femblent confirmer , que l'ambre eft un fluide bitumineux , durci par l'action de l'eau 6c de l'air. N°. 84. OBSERVA T I O N D 'une pierre attachée à tépine du dos d'un cheval , extraite du Journal Littéraire de Rome. ( A ) M© S T ^ pierre qui étoit attachée à Pépine du dos d'un cheval d'Efpagne , ' .7,* ' I 1 Hongre , mort entre treize & quatorze ans, pefoit 4 \ onces ; elle étoit ART. IV. ronde , & un peu applatie , de couleur d'olive , avec des taches rouges , & reffembloit en quelque façon à du fang congelé ; elle étoit û polie &c fi brillante , qu'elle réfléchiflbit les images. Elle fe trouvoit enveloppée dans une membrane graiffeufe , & attachée par les deux bouts à l'épine du dos , tout près des reins. Quoiqu'il y eût douze heures que ce cheval fût mort avant qu'on ne l'ouvrît , elle étoit encore chaude , & elle conferva fa cha- leur fix heures après qu'elle eût été détachée. Cette pierre eft parmi les cu- riofités de M. Bartolini Ecuyer Italien. A Académique. 359 ~ "^— """"^~ """ Transactions ]^ ° Qe Philosophic;. . Aon. 1672. OBSERVATIONS DE M. NEEDHAM, Sur la communication découverte entre le canal Thorachique & la veine-cave inférieure , par M. Pecquet. ( B ) • LA découverte que M. Pecquet a faite il y a environ 20 ans , fur la corn- N°. 85. munication du Canal thorachique avec la veine cave inférieure , ne ART. II. paroit pas fuffifante pour réfoudre toutes les difficultés que l'on rencontre dans la nouvelle opinion, à laquelle ce Canal adonné lieu , touchant la manière dont fe forme le fang. On peut dire , entr autres chofes , que l'on ne découvre aucune raifon,pour laquelle la nature porteroit le fang dans les veines fous-clavieres , & le fe- roit defeendre de-là par le tronc de la veine cave ; à moins que ce ne fût pour empêcher que le chyle n'entrât dans le cœur tout à la fois, & avant qu'il ne fût entièrement converti en fang. On peut dire auffi que le fang fe mêlant avec le chyle dans ce paffage , lui communique une forte de fer- ment , qui en faifant fon effet fur lui , le difpofe à prendre plus aifément dans le cœur la vraie nature du fang. Mais on peut ajouter en même tems , que le Canal thorachique , étant inféré dans ce tronc de la veine cave qui monte au cœur , le même effet elt produit d'une manière beaucoup plus na- turelle , parce que cette voie eit la plus courte , & qu'elle eft également favorable au mélange du chyle avec le fang. On pourroit obje&er auffi , qu'en fuppofant , que ce mélange du chyle avec le fang , fût d'une néceffité abfolué , le Canal thorachique pourroit communiquer avec le tronc inférieur de la veine cave , auffi-bien qu'avec le fupérieur; afin que la moitié du chyle, fe mêlant avec le fang qui vient de la veine cave fupérieure , & l'autre moitié avec celui qui vient de la veine cave inférieure , le chyle pût avec plus de facilité changer de nature par ce mélange. Cette objection paroit être la plus raifonnable que l'on puiffe faire, parce que, comme il elt très-vraifemblable que le fang qui revient des parties, dans lefquelles il a reçu quelque impreffion en pénétrant dans leurs pores , communique au chyle de certaines difpofitions , femblables à celles qu'il a reçues , on a raifon de défirer qu'il communique au chyle juf- qu'à un certain degré , le caractère qu'il a reçu des parties inférieures ; de même que celui qui vient des parties fupérieures, lui communique les im- preffions qui lui appartiennent. Ajoutez à cela , que le fang qui remonte au cœur, doit être plus parfait que celui qui en defeend, parce qu'il vient d'ê- tre purifié dans le foie , dans la ratte , & dans les reins ; de forte qu'il ne peut donner au chyle que de bonnes impreffions. Enfin on peut dire , qu'en fuppofant qu'il étoit nécefTaire , que non-feulement une partie du chyle paffe par le cœur pour lui donner une forte de rafraichifTement , mais mê- me que tout le chyle y foit porté pour y être converti en fang ; les petits 360 Collection r orifices par lefquels le Canal thorachique décharge le chyle dans les vef- TRANSAcrroks nés fous-clavieres , ne paroiflént pas affez larges pour produire cet effet, I'hu.osoiwq. Les obfervations que l'on a faites dernièrement , en cherchant avec exac- Ann. 1671. tltude le paffage du Canal thorachique dans le corps d'une femme , font Ng 8ï voir que ces difficultés font très-bien fondées. Car on a découvert par plu- lieurs expériences réitérées fur cette matière , qu'il montoit au moins au- tant de chyle par le tronc inférieur de la veine cave , qu'il en defcend par le tronc fupérieur. Ces expériences confirment celles que l'on a faites il y a quelques années, &C même celles-ci font beaucoup plus claires , & beaucoup plus détaillées que les premières. Car dans les premières expériences , on avoit décou- vert que le Canal thorachique communiquoit feulement avec la veine émul- gente gauche ; maison a trouvé dans celles qui ont été faites nouvellement , qu'il communiquoit non-feulement avec cette veine , mais encore avec les deux veines lombaires qui font inférées dans le tronc de la veine cave infé- rieure. Voici la méthode qu'il faut employer pour découvrir cette commu- nication : après avoir démontré la communication de ce Canal avec leven- tricule droit du cœur, par une injection de lait , qui étant feringué au com- mencement de ce Canal , fe répand en abondance dans le ventricule , on fait une ligature au tronc de la veine cave au-deffus du cœur, de forte que rien ne puiffe parler par cette voie; alors on ouvre en longueur le tronc de la veine émulgente, & celui delà veine cave au-deffus de la ligature , on injeûe une petite quantité de lait prêt à bouillir dans la veine émul- gente par la veine lombaire gauche ( que nous avons toujours obfervé ve- nir de l'émulgente ) & en même-tems on voit venir le lait par l'autre vei- ne lombaire. Cette expérience ayant été répétée plusieurs fois fans nous faire voir le Canal que nous avions autrefois obfervé fous la plèvre , nous réfolumes de nous fervir d'une méthode plus facile &C plus sûre que la diffection ordinai- re , pour découvrir cette branche du Canal thorachique. Cette méthode étoit d'injefter dans le tronc du Canal thorachique , une compofnion qiù pût couler chaude dans tous fes rameaux , & en fe refroidiffant , y pût acqué- rir un affez grand degré de folidité , pour qu'il nous fût plus facile de fui- vre ces différens rameaux , dans la cavité defquels cette compofition de- voit fe durcir. Nous employâmes donc ce moyen , qui nous réuffit en par- tie ; car la compofition remplit tout le Canal thorachique, & monta juf- ques dans les veines fous-clavieres ; mais il n'en entra point dans le Canal qui faifoit la communication que nous cherchions, malgré le foin que nous avions pris d'échauffer les parties environnantes , en y injectant plusieurs fois du lait chaud , afin que la compofition ne fe durcît point avant que d'a- voir pénétré dans tous les conduits où nous avions deffein de la faire en- trer. Nous effayames àufli d'inje&er la même compofition , dans la veine lombaire qui fort du tronc , en cas que les valvules de cette veine le per- miffent ; mais elles fermèrent le paffage à tout ce que nous voulûmes y in- troduire , le lait ni même l'eau ne pouvant franchir ces barrières. Par cette méthode, nous vimes dirtinftement la figure & la ftrufture entière du Ca- nal thorachique , & nous trouvâmes que ce Canal montoit à coté droit du cœur , i Académique. 361 Cœur , confervant toujours la même grofleur , qui n'excédoit pas la don- ■ zième partie d'un pouce ; qu'eniuite il s'élargiflbit , (on diamètre ayant Transaction* alors un (ixième de pouce ; que dans cette partie dilatée, la tunique du I'hilosoj-hiu. Canal étoit percée du coté droit des vertèbres , de quatre petits trous éloi- Ann. 1672. gnés les uns des autres d'un demi-pouce , arrangés en ligne droite ; ( notre fsjo. 8 c . compofition ne put point pénétrer dans ces petites ouvertures ) que le mê- me Canal , après avoir repris fa première grofleur , avoit deux appendices faits en forme de facs ; qu'il y avoit un troilîème appendice précifément au-deflus de la partie dilatée ; que le premier appendice , & celui en mê- me-terris qui étoit le plus élevé , étoit femblable à une petite fève , pour la forme & pour la grofleur ; que le troifième qui étoit au-deflbus de la partie dilatée, étoit femblable au fécond ; qu'ils avoient tous trois un orifi- ce étroit , que le dernier étoit rempli de chyle épaiflî ; de forte que notre compofition n'avoit pas pu y entrer comme dans les autres. N°. 86. EXTRAIT D'UNE LETTRE DE M. HUYGHENS à f Auteur du Journal des Sçavans , da z5 Juillet l6iz , où il effdye d'ex- pliquer pourquoi le mercure rcfle fuj'pendu beaucoup au-deJJ'us de la hauteur , à laquelle il s'élevt ordinairement dans l'expérience de Torricelli. (A) VOici en peu de mots cette expérience : Un tube rempli de mercure à N°. 86*. la manière de Torricelli , étant bien purgé d'air , refte plein , ou pour ART. I. mieux m'exprimer, le mercure y demeure lufpendu au fommet du tube, après que ce tube a été renverfe , eût-il 75 pouces de long. Pour rendre raifon de ce phénomène extraordinaire , M. Huyghens ima- gine , qu'outre la preflîon de l'air capable de foûtenir le mercure à 27 pou- ces ou environ , dont l'exiftence eft prouvée par plufieurs autres phénomè- nes , il y en a une autre plus considérable , produite par une matière plus fubtile que l'air , qui pénétre fans peine le verre , l'eau , le mercure & tous les autres corps, que l'air ne fçauroit pénétrer. Cette preflîon , dit- il , join- te à celle de l'air , eft capable de foûtenir 75 pouces de mercure , & peut- être davantage, aufli long tems qu'elle n'agit que contre la furface infé- rieure du tube, ou contre celle du mercure , dans lequel eft plongée l'ex- trémité ouverte du tube : mais iitôt qu'elle peut agir fur l'autre extrémité du tube ; ( ce qui arrive lorfqu'en le fecouant , ou en introduifant une bul- le d'air , on donne à cette matière de l'efpace pour agir ; ) cette preflîon de- vient égale de part &: d'autre , de forte , qu'il n'y a plus que celle de l'air, qui foùtient le mercure à la hauteur ordinaire de 27 pouces. Si l'on demande pourquoi cette matière ne prefle pas fur le mercure con- tenu dans le tube , lorfqu'il eft plein , puifque M. Huyghens fuppofe , qu'el- le pénétre le verre , le mercure , &c ; & pourquoi les particules de cette matière , qui pénétrent &; traverfent le mercure , ne fe joignent pas pour commencer la preflîon , le verre ne pouvant pas les empêcher de commit- Tome I. II. Partie. Z z 361 Collection ; niquer avec les parties de cette même matière , qui font hors du tube ? Transactions M. Huyghens , en convenant de la force de cette objection , répond ,' Philosoi'hiq. que , quoique les parties de la matière qu'il fuppofe , puiffent s'infinuer en- Ann \(n\ tre ce^'es ^u verre ■> dn mercure , &c. elles ne trouvent cependant pas de xTg ,-,1- ' paffages affez grands pour pénétrer plufieurs à la fois, & pour fe mouvoir ' ' avec la force , qui feroit néceffaire pour féparer les parties du mercure , qui adhérent les unes aux autres : & cette adbéfion , félon lui , eft caufe que , quoique plufieurs parties de mercure foient preffées par cette matiè- re vers le bas du tube , cependant comme il y a beaucoup de ces parties , qui font garanties de cette preffion par les parties du verre , derrière lef- quelles elles fe trouvent ; elles fe retiennent les unes les autres , & relient fufpendues ; la preflîon , qui fe fait fur la furface du mercure contigueau tube , étant moindre que celle , qui fe fait fur l'inférieure , qui eft entiè- rement expofée à cette preffion. L'Auteur de cette folution , convient qu'elle ne le fatisfait pas au point de ne lui laiffer aucun doute ; il ajoute que cela l'empêche d'être bien affuré de cette nouvelle preffion , qu'il fuppofe outre celle de l'air , fondé fur l'expérience , que nous venons de rapporter , &c fur deux autres qu'il joint à cet effet. iQ. Lorfqu'on applique Tune contre l'autre , deux lames de métal ou de marbre , dont la furface eft bien polie , elles adhérent fi intimement , qu'elles reftent attachées enfemble malgré leur poids , qui tend à les fépa- rer ; on attribue avec raifon cette adhérence à la preffion extérieure de l'air. Ayant pris deux lames de la matière , dont les anciens fe fervoient pour faire leurs miroirs , & les ayant appliquées l'une contre l'autre fans rien mettre entre deux , la fupérieure foûtint non-feulement l'inférieure , mais encore trois livres de plomb , qu'on y avoit attachées. Il les fufpen- dit ainfi adhérentes & chargées , dans le récipient d'une machine pneuma- tique , dont il pompa l'air jufqu'à ce qu'il ne foûtint plus qu'un pouce d'eau : mais cela ne fut pas fuffiiant pour féparer ces lames. Il ajoute qu'il refit cette même expérience' , en mettant de l'efprit de vin entre les deux lames , & qu'il trouva qu'elles fe foùtenoient auffi-bien dans le récipient vuide d'air, qu'en plein air. Cela prouve , félon lui , qu'il refte dans le récipient après que l'air en eft pompé , une preffion affez grande pour foûtenir ces deux lames , & qu'il n'y a pas plus de raifon de douter de fon exiftence , que de relie de la preffion de l'air. lv. Le phénomène du fyphon à deux jambes inégales , dont on fe fert pour tirer l'eau d'un varffeau , peut encore fervir de preuve , phénomène , qu'on n'attribue plus à l'horreur du vuide , mais au poids de l'air , qui preffe fur l'eau du vaiffeau , la fait monter dans le fyphon ; cette eau defcend en- fuite par fon propre poids dans la jambe la plus longue. M. Huyghens a trouvé le moyen de faire couler l'eau par un fyphon , dans un récipient vui- * Il a fait la mê- de d'air , 8c il a montré que l'eau purgée d'air * faifoit le même effet dans me expérience a- un récipient vuide qu'en plein air : la jambe la plus courte dii fyphon avoit 8 pouces , fon ouverture étoit de deux lignes , & pour qu'on ne foupçon- nât pas que le récipient n étoit pas bien purgé d'air , il s'en étoit affuré tant parce qu'il ne fortoit plus d'air de la pompe , que par plufieurs autres marques certaines. vec du mercure. Académique. 363 Cela lui paroît faire une nouvelle preuve en faveur de la preffion d'une — ~ matière plus fubtile que l'air. Il ajoute que fi Ion prend la peine d'exami- Transactions nerjufqu'où peut aller cette preflion ( ce qu'on ne peut mieux faire qu'en Philosophie. fuivant l'expérience avec des tubes plus longs que ceux dont s'eft fervi M. ^nn ,^72< Boylt ; ) on trouvera peut-être que cette force eft aflez grande pour produire kj° os la cohéiion des parties du verre & de celles des autres corps , trop adhé- rentes pour nctre unies que par leur repos & leur contiguïté, comme l'a pré- tendu M. Defcartes. N°. 87. EXTRAIT D'UNE LETTRE DE M. LISTER A L'ÉDITEUR , contenant des additions & des corrections pour fes premiers Mémoires fur le Kermès ; avec quelques conjectures fur la cochenille , qu'il prétend être une ef- pece de Kermès. ( A ) M O N S I E U R, Voici quelques corrections & quelques additions à mes remarques fur N°. 87. le Kermès , * fur la nature & fur l'origine duquel il refte encore beaucoup Art. II. de difficultés. * V. N°. 71. i°. Nous avons vu cette année de la gomme , qui avoit tranfliidé de N°\7*- fut-tou: quelques abricotiers & de quelques lauriers cérifes , s'étendre en forme de ' 7'* gouttes cryftallines fur quelques-uns de ces Kermès ; à la vérité cela eft rare. 20. Les Kermès changent de couleur , & de jaunes deviennent d'un brun foncé ; ils paroiffent s'étendre , grandir , & devenir friables. 30. Ils font remplis d'une efpece de mites ; la poudre que j'avois prife pour des excrémens n'étant autre chofe , que des mites ainfi que la pulpe , que j'avois dit fervir de nourriture à l'abeille. Vérité , dont je me fuis bien afluré par mes obfervations,& par celles qu'a faites avec fon microfcope mon ami M. Johnfon de Pomfrets. 4°. Les vers des abeilles fe nourriflent de ces mites , n'y ayant pas d'au- tre nourriture pour eux. 50. Il y a une autre efpece d'abeilles ou de guêpes , outre celles que j'ai décrites , qui fe nourriflent quelquefois de ces mites ; car le Dr. Johnfon a ouvert une de ces coques , qui ne contenoit qu'un gros ver. 60. U y a vraifemblablementdans ces coques , diverfes efpeces de mites, qui produifent différentes elpeces de Kermès. J'en ai trouvé , qui conre- noient dans un duvet très-fin , des mites couleur de chair ; leur coque étoit attachée à la branche , & ridée en defliis , ne faifant que fervir de tente à ces animalcules. J'ai vu d'autres mites blanches , dont la coque étoit tout-à- fait adhérente à l'arbre , ce qui eft de plus ordinaire , & n'ayant qu'un peu de coton au fond. Celles de la première efpece font les toiles d'araignée dt la vigne , que M. Hook a décrites dans fa micrographie obf. J6. Z z 2 364 Collection - 70. Sî on ramaffe de bonne-heure , & qu'on faite fécher au foleil ces ten- Transactions tes ridées , qu'on trouve fur les mites qui font enveloppées de coton, & toute Philosophiq. ja COqlie ene même , pendant qu'elles font encore fouples , elles devien- Ann. 1672. nent tout-à-fait (emblables à la cochenille : ce qui me fait conjecturer que N°. 87. ^a cochenille eft une efpece de Kermès ramaffé de bonne-heure & feché au foleil. Voilà les remarques que j'ai pu faire cet Été fur le Kermès. Elles peuvent rendre plus intelligible la relation que M. Croon a tirée de M. Verny , &c * N° 10 Art •l11'00 a inférée dans les Tranfaclions ; ' la poudre écarlate , dont il eft parlé yil. ' dans cette relation , ne pouvant être que des mites , qu'il faut diftinguer du ver , qui fe change en une mouche , laquelle , quant à l'efpece , n'eft autre choie que l'abeille que j'ai décrite. Je fuis , &c. d'Yorck le g. Octobre 16 Jl. N°. 89. OBSERVATIONS Sur la lumière que rend la chair , par M. Boyle , envoyées dans une lettre a l'Editeur , qui les a présentées à la Société Royale. ( A ) N°. 89. TTIer au foir étant fur le point de me mettre au lit, un de mes Sécretai- Art. I. JL -Ires accoutumé à faire des obfervations , vint me dire qu'une fervante de la maifon étant entrée pour quelque affaire dans l'office , avoit été ef- frayée par une lumière , que malgré l'obfcurité elle avoit apperçuë dans l'endroit où l'on avoit coutume de fufpendre la viande. Ayant différé de me coucher , je fis apporter fur le champ cette viande dans ma chambre , & je la fis mettre dans un coin , qu'on pouvoit facilement rendre oblcur ; je vis alors avecplaifir , que cette viande jettoitde la lumière en plufieurs endroits , comme du bois pourri ou du poiffon corrompu. Il me vint d'abord dans l'efprit de vous envoyer chercher , pour être témoin d'un phénomène fi extraordinaire ? Mais l'heure qu'il étoit me fit craindre de vous impor- tuner ; & le froid que j'avois éprouvé en faifant quelques effais d'un nou- veau Télefcope ( que vous avés vu ) dans un endroit fort expofé au vent , fit que je n'ofai pas veiller tout le tems, qui m'eût été néceffaire pour faire les .expériences que j'aurois cru devoir faire à cette occafion. Mais ayant réfolu d'employer le peu de tems que j'avois, à celles que les commodités , que je pus me procurer à cette heure là, me permirent de faire ; je vais en peu de mots vous rendre compte des circonftances Se des phénomènes que j'obfervai. I". Je dois vous avertir d'abord que la viande , dont il s'agit ici , étoit un coletde veau , qui avoit été acheté d'un Boucher de la campagne, le Mardi précédent. 2°. Je remarquai diftin£fement vingt différens endroits clans ce morceau de viande , qui luifojent quoique plus foiblement les uns que les autres. ACADÉMIQUE. 36Ç 3». La grandeur de ces parties luifantes étoit aflez différente, y en ayant = delà grandeur d'une ongle, d'autres un peu plus grandes , mais la plupart Transactions étoient plus petites. Leur figure n'étoit pas la même dans toutes, quelques- philosoi>hi0' Quelques perfonnes zélées pour le bien public , ont follicité vivement des plantations de vergers & de bois , comme un remède contre la famine ; fe fondant fur une tradition confirmée par l'expérience & une longue fuite d'obfervations , que dans les années les plus ftériles en bled , les fruits tels que le gland , les châtaignes , les noix , & d'autres fruits de cetre efpece font plus abondans. Maison ne fçauroit éviter les jugemens de Dieu, qu'en rentrant dans le devoir. La relation fuivante va vous convaincre , que les vergers & les bois ne fçauroient fournir les fecours qu'on paroît en at- tendre. La pluie , qui tomba ici le 9, le 10, ou le 11 du mois de Décembre dernier , carjenemefouvienspas bien du jour,à tellement endommagé les arbres dans le grand chemin de Briflol , à Wells , à Shepton-Mallet , à Bath , à Bruton, & autres endroits à l'Ôueft , qu'on auroit de la peine à l'imaginer. On ne trouve rien de femblable dans aucune chronique Angloife. En voici la preu- ve dans la copie d'une lettre écrite par une perfonne digne de foi , que vous ou vos amis devez connoître. Les dernières gelées , dit-il , ont ravagé la plupart des anciens vergers , qui itoient fituês au Nord-EJl , &Ji elles fefuffent terminées par quelque grand vent , elles auroient tout emporté. Un rejet ton de frêne qui ne pefoit que | de livre avoit une croûte de glace qui pefoit 16 livres ,fans compter ce qui s'en étoit fon- du en le maniant & dans le tranfport. On m'apporta en même-tems une très-pe- tite branche , qui étoit environnée d'une croûte de glace de cinq pouces. Cepen- dant on ne vit point de glace fur nos rivières , ni même fur nos étangs pendant tout le temps que les arbres & les hayes en étoient chargées. Nous fommes occupés maintenant à replanter. Du 30 Décembre 1672. J'ai reçu les mêmes plaintes de plufieurs autres endroits , de gens dignes de foi. Quelques voyageurs ont penfé périr par le froid de l'air &: de la pluie , tous les arbres jeunes & vieux du grand chemin de Briflol à Shepton, ont été fi maltraités , que leurs branches éparfes dans le chemin le rendent prefque impraticable ; un femblable embarras a obligé les voituriers de Briflon de s'en retourner. Il y a eu des gens , qui ont été effrayés du bruit , qui fe fai- foit dans l'air , jufqu'à ce qu'ils fe foient apperçus , qu'il étoit produit parle choc des glaçons , que le vent agitoit. Les gens m'ont dit avoir vu cette pluie fe geler à mefure qu'elle tomboit fur la neige , fans la pénétrer en au- cune manière ; de forte que la neige a été entièrement couverte de gla- ce , ce qui auroit été dangereux fi cette glace eût été affez forte pour les porter. Il y en a eu d'autres , qui obligés de marcher fur cette glace de- venue affez épaiffe pour les foûtenir , fe font trouvés dans un grand em- bar".s',. J ai dit que je ne pouvois déterminer le jour , où cette pluie étoit la plus violente ; il tomba ici beaucoup de neige le 8 Décembre, Si beaucoup de Tome I. III. Partie. A a a 370 COUECTION ; pluie le lendemain ; toute la neige fe fondit fans laifler le moindre glaçon; Transactions Le io nous eûmes des alternatives fubires de froid & de chaud. Le Ven- Philosophiq. dredi il Décembre je vis un jeune homme , qui en revenant d'un voya- a Amr ge ■> qu'il avoit fait à cinq milles de chez lui , fentit en entrant dans une cham- ^'0 ' ' bre chaude, des douleurs exceflivespar tout le corps. Il affura qu'il ayoit ' 9°' defefpéré dans fa route d'arriver chez lui en vie , cependant de tout le jour on n'avoit apperçu qu'une rofée humide fous les pieds. Si quelqu'un penfe que la terre envoyoit des vapeurs chaudes , pour diffoudre cette pluie gla- ciale dans l'air ; à quoi attribuëra-t'il la production de ces glaçons dans l'air, & cette pluie , qui accabloit les hommes & les plantes ? Les gelées blanches qui couvrent nos arbres fruitiers ( quelquefois pendant plufieurs Semaines de fuite ) bien loin de leur faire mal , partent pour un préfage d'abondance : mais cette pluie glaciale , lorfqu'elle touchoit quelque branche , fe conyer- tiffoit en glace , qui s'accumnlant autour , furtout lorfqu'elle étoit arrêtée par la moufle , ou l'âpreté de l'écorce , les caffoit par fon poids. Dès que les gelés eurent ceffé, nous eûmes une chaleur bridante , qui faifoit fuer nuit & jour. Lés arbuftes & les légumes de nos jardins pouffèrent comme dans les mois d'Avril & de Mai. Je vis de jeunes choux croître & pouffer des racines fur de vieux troncs ; un pommier fleurit avant Noël au- près de ma maifon ; & ce qu'il y a de plus extraordinaire , c'eft qu'il porta des pommes bien nouées, qui étoient de la groffeurdu bout du doigt, avant le nouvel an : on m'apporta de ces pommes , que j'avois réfolu de vous envoyer. Mais elles fe font tellement flétries dans ma poche , qu'elles n'ont plus aucune reffemblance avec ce qu'elles étoient il y a quinze jours , qu'el- les étoient vertes & pleines de pulpe. " Il feroit à fouhaiter que quelqu'homme intelligent voulût au lieu de conjectures fur le tems qu'il fera , nous donner un état fidèle & judicieux du tems & des autres phénomènes , tels qu'ils font arrivés chaque jour de l'année. On pourroit examiner fur ce fondement , jufqu'à quel point la po- fition des planètes , on leurs afpetts pourroient fervir à prévoirie tems qu'il fera ;, nous aurions vraifemblablement des préfages des morts , des famines, des maladies épidémiques , &c. & leurs caufes nous indiqueraient les moyens de les prévenir : cette méthode nous apprendrait plus de chofes en un pe- tit nombre d'années , que le hafard ne fçauroit nous en apprendre dans tout le tems de notre vie. Si l'on pouvoit avoir de pareils Journaux des pays étran- gers comme de Dant?j.c , Tanger , la Nouvelle Angleterre , les Bermudes , les Barbades , la Jamaïque, nous pourrions travailler plus sûrement à la re- cherche des caufes du chaud & du froid ,-des pluies & des vents, qui ré- gnent furies côtes ; il feroit même utile , qu'on fit ces recherches en dif- férens endroits de l'Angleterre , fur les côtes , dans les terres , &c. Il ne feroit pas moins utile à notre poflérité , que l'Auteur du Calendrier de Londres voulût marquer à la fin de chaque mois le plus haut & le plus bas prix du froment , du feigle , de l'orge , des pois , des févts , des avoi- nes, dans le principal marché de Londres, & donner femaine par femaine l'état des enfans qui naitroient , foit mâles , (bit femelles , & celui des^morts. Il feroit à defirer , qu'on fit de femblables états à Paris , à Rome , à Vem- fe , à Vienne, à Madrid , fur-tout depuis que le Major Grant , nous a fait voir l'utilité , qu'on en pourrait tirer. Académique. 371 On ne peut pas efpérer d'avoir bientôt un état exact de la quantité de — - pluie, qui tombe chaque mois (bit dans les grandes ondées, ou dans les Tranka'-tio:.-, longues pluies, & quoique ce travail pareille difficile , cependant il pour- Philosoi-hicj. roit être utile à quelque cJjole. . , Je trouve dans de vieilles hirtoires que les tremblemens de terre , les inon- J}"" I&7,# dations, les fécherefles , les famines , les pelles , font ( chacune dans leur * 9°' faifon , fe fuivant quelquefois de fort près ) prefque univerfelles dans tout le monde connu , exerçant quelquefois leurs fureurs d'un lieu à l'autre pen- dant plusieurs années de fuite ; comme le fçavant Mcadt le rapporte d'une perte , qui du tems de Gallus & de Folujlen commença en Ethiopie , &c ravagea pendant 16 ans les Provinces Romaines. Il a tiré ce fait de Zonare , & Jufle-Lipfe en parle en ces termes , nec alla unquam major lues mihi lecla , fpatioumporum & tenarum. Il en eft des tempêtes, comme de la perte & de la famine ; & autant que je puis en juger , ces gelées & quelques vents paf- fent promptement d'un lieu à l'autre en differens tems, faifant quelquefois au- delà de dix milles. Souvent on n'entend le tonnerre qu'à vingt milles , à moins qu'il n'occupe un plus grand cercle , ou que le fon ne foit porté par les bois , les forêts , les rivières , ou les canaux , ainfi il faudroit qu'il y eût de la cor- refpondance entre ceux qui tiendroient ces Journaux , pour les rendre parfaits. Si quelqu'un entreprenoit un Calendrier , tel que nous le propofons ici> fon exemple ferviroit à augmenter nos lumières , & à nous en procurer un plus grand nombre de nouvelles que ne nous en a donné jufqu'à préfent l'A- ftrologie judiciaire :il pourroit lier un commerce avec des gens d'efprit , qui auroient la commodité de drefler des tables du tems & des autres évene- mens néceflaires. Les années 1629 & 1630 , pendant lefquelles la cherté fut très-grande en Angleterre , peuvent nous fervir d'exemple , pour prévenir & remédier à la difette : on difoit pour lors ici , qu'on avoit à Londres un moyen de pétrir & de fermenter les navets avec un peu de farine , de forte qu'on en faifoit un pain préférable pour la blancheur , l'agrément , la durée , & la falubrité , à celui qu'on fait de la plus fine fleur de froment. Les navets , les raves , les carottes , les panais , les pommes de terre , & les autres racines font fous-terre à l'abri de la chaleur brûlante , & on dit qu'el- les croiflent mieux d:ns les grandes pluies. Les pommes de terre ont été d'un grand fecours en Irlande dans la dernière famine ; elles fourniflent de quoi manger & de quoi boire. Mais après tous nos foins & toutes nos inven- tions , notre feule fauve-garde eft d'obéir à celui , qui gouverne tout. ^ Aaa 2 Transactions Philoscthic;. Ann. 1672. 3->i Collection N°. 91. NOUVELLES EXPÉRIENCES DE M. BOYLE, fur l'effet que produit fur certains corps plongés dans Ceau , la variation du poids de V Atmofphère ; cette expérience , que Milord Brounker avoit lui en 16 y 1 , a. été faite depuis par [Auteur lui-même , en préfence de l'E- diteur. ( A ) -j0 f^\ Uoique les fçavans ayent déjà fait plufieurs obfervations fur Faction IN . 9 1 . y^ cju pQjjj jg ratmofphére fur les liqueurs , qui lui font expofés dans le ART. I, tube je Xorricelli , ou dans tout autre vaiffeau fcellé par un bout , & vuide à cette extrémité de tout corps vifible ; cependant ils ne paroiffent pas avoir étendu ces recherches , aux effets de cette variation fur les liqueurs , fur lesquelles l'atmofphére pefe, dans d'autres vaiffeaux que les Baromètres & les pompes. Lorfque je confidére la quantité d'air invifible , que ma ma- chine découvre non-feulement dans les pores de l'eau , mais encore dans ceux du fang , de la férofité , de l'urine , de la bile , & des autres humeurs animales ; & que , comme je l'ai démontré ailleurs par expérience , la preffion de l'atmofphére , & le reffort de l'air agiffent fur les liqueurs & fur les corps , qui y font plongés , ainfi que fur les corps folides immédia- tement expofés à l'air; je foupçonne que chaque altération du poids de l'at- mofphére affefte considérablement la fanté des hommes. Lorfque , par exemple , l'air devient tout à coup beaucoup plus léger qu'il n'étoit , oit qu'il n'avoit coutume d'être , les parties fpiritueufes ou aériennes , qui fe trouvent en grande quantité dans la maffe du fang , gonflent naturellement cette liqueur , & par ce moyen peuvent diftendre les plus gros vaiffeaux, & altérer beaucoup la vîteffe de la circulation & la circulation elle-mê- me dans les artères &t dans les veines capillaires : & ceux qui cormoiffenr de quelle importance eft la circulation , verront qu'il eft affez probable que cette altération produit différens changemens dans le corps ; quant aux effets particuliers , je les laiffe à la fpéculation des Médecins. J'ajouterai feulement une expérience , pour appuyer ma conjecture & empêcher qu'on n'imagine qu'elle eft fans fondement ; la voici telle que je la trouve dans mes papiers. Je fis faire à une lampe d'Emailleur , de très- petites bulles de verre, de la groffeur d'une noifette , avec chacune un petit pédicule , par le moyen du- quel on les mettoit tellement en équilibre dans l'eau , que le plus petit chan- gement de pefanteur les faifoit fortir de l'eau , lorfqu'elles étoient au fond , ou plonger lorfqu'elles flottoient à la furface de l'eau. Les ayant fait faire dans un tems où l'atmofphére étoit d'une pefanteur convenable ( & il n'eft pas difficile de trouver ce point dans un certain ef- pace de tems , lorfqu'on a de l'attention , & un bon Baromètre ) je les mis dans un vafe de verre, dont le goulot étoit fort large , & que j'avois fait remplir d'eau , je les laiffai en repos dans un endroit où elles étoient tou- Académique; 373 jours fous mes yeux , & je les y gardai pendant quelques mois. J'obfervai, . comme je m'y étois attendu , que quelquefois elles montoient à la fur- Transactions face de l'eau , où elles relloient pendant plufieurs jours , & peut-être des fe- Thilosophiq. maines entières ; & quelquefois elles defcendoient au fond; d'oii elles re- A ./- montoient eniuite après y avoir refté quelque tems ( plus ou moins. ) Et quoi- xjç que quelquefois , furtout fi je portois le vaifleau qui les contenoit , à une ' ' * fenêtre expotée au Sud , la chaleur ou le froid de l'air les fit monter ou des- cendre , il n'étoit cependant pas difficile de diftinguer ces mouvemens, de ceux que produifoit la pefanteur de l'air : car quoique les rayons du fo- leil, ou la chaleur de l'atmofphére en raréfiant l'air contenu dans les bul- les, fiffentfortir une partie de l'eau , qui y étoit contenue ,& par conféquent rendiffent toute la bulle , qui étoit compofée de verre , d'eau & d'air , un peu plus légère qu'un égal volume d'eau , & que la bulle nageât né- cessairement pendant tout le tems que l'air qu'elle contenoit , étoit ainfi ra- réfié ; néanmoins lorfque l'abfencedu foleil , ou quelqu'autre caufe lui fai- foit perdre cette chaleur étrangère , ce même air le condenlbit , & permet- toit à l'eau de rentrer , pour occuper la place qu'il venoit de quitter , ce qui faifoit plonger la bulle. Cela arrivoit ordinairement la nuit , & quel- quefois plutôt ; mais lorfque c'étoit la variation du poids de l'atmofphére , qui faifoit monter ou defcendre la bulle , on voyoit au Baromètre que la pefanteur ou la légèreté de l'atmofphére devoir produire cet effet. J'ai mê- me prédit plus d'une fois, en conlidérant la fituation de ces bulles, l'élé- vation ou l'abbaiiTement du Baromètre , &c j'ai toujours trouvé mes conjec- tures vérifiées par cet infiniment. Quoique dans le tems que l'atmofphére renoitle milieu entre fa plus grande pefanteur & fa plus grande légèreté , les changemens qui arrivoient dans la chaleur ou dans le froid de l'air , pouf- fafTent , comme je l'ai dit, ces bulles quelquefois à la furface , quelquefois au fond de l'eau dans l'efpace d'un jour ; cependant , fi l'atmofphére étoit ex- trêmement légère ou extrêmement pelante, les bulles relfoient au fond ou à la furface de l'eau pendant plufieurs jours , fuppofé que la peranteur de l'atmof- phére n'eût pas changé de tout ce tems. Je me rappelle même , qu'ayant mis par curioiîté pendant deux ou trois jours, à midi , que le mercure étoit fort haut dans le Baromètre, ces bulles fur une fenêtre expofée au Sud, &c les y ayant laiffées quelque tems; elles ne montèrent pas, quoique le foleil fût très- vif, & que , comme je m'en affurai avec un bon Thermomètre , il fût plus chaud qu'il ne l'avoit été d'autres jours, où j'avois vu les bulles monter à la furface de l'eau. N. B. étant très-difficile de mettre également en équilibre plufieurs bulles, je ne fuis pas étonné que les trois bulles ne montaiïent & ne defcendilTent pas toujours enfemble , quoiqu'elles le fiffent le plus Couvent , & que quel- quefois deux , Se quelquefois une feule, plongeât ou s'élevât , lorfque le poids de l'atmofphére n'étoit pas affez considérable, pour agir feniiblemenr fur les autres. J'en ai vu un exemple ces deux ou trois derniers jours ; c'efl pourquoi il eft bon de mettre un plus grand nombre de bulles en équilibre , afin de choifir les meilleures , la remarque fuivante fera mieux connoitre l'importance de cet avis. 2°. J'ai obfervé qu'il arrivoit quelquefois, qu'une bulle qniflottoit ,lorf- 374 Collection -. i qu'on la mettoit en équilibre pour la première fois , plongeoit enfuite fans Transactions caufe manifefte , ou û quelque caufe la faiibit plonger, ellereftoit au fond Philosophiq. de l'eau , quoique cette caufe eût ceffé d'agir. Ce phénomène meparoit ve- , nir de ce que l'eau s etoit imbibée en quelque forte de certaines particu- nn. 1072. jes ^ime nature aërienne ; mais ce n'eft pas ici le lieu de l'examiner , il fuffit "" 7 defçavoir que l'expérience répond quelquefois à notre attente , comme cel- le que nous avons rapportée , dans laquelle mon objet principal étoit de dé- montrer , que puifque l'atmofphére , félon qu'elle eft plus ou moins pe- fante , agit fur les corps qui font dans l'eau , & les fait plonger , ou mon- ter à lafurface ; l'air , quoique mille fois plus léger que l'eau, pefe fur elle, & produit par ce moyen les phénomènes , que nous avons rapportés ; ce qui confirme ce que j'ai enfeigné ailleurs , que l'atmofphére prefle furie globe terreftre , comme un corps pefant. 3U. Outre plufieurs autres caufes, qui peuvent empêcher cette expé- rience de réuffir , la faifon de l'année dans laquelle on la fait , peut y con- tribuer beaucoup. J'avertirai à ce fujet que je préfère de faire mes expé- riences au commencement du Printems , ce tems étant plus fujet aux va- riations de l'atmofphére , foit pour la pefanteur, foit pour la chaleur. EXTRAIT D'UNE LETTRE DU Dr. \VALLIS, du zff. Septembre l6jZ , fur la fufpenfion du mercure purgé d'air , à une hauteur plus confidérabk que dans l'expérience de Torricelli. ( k) M ONSIEUR Je ne fuis pas fâché de trouver dans vos Tranfaftions du mois dernier ; ART. II. _ue je fçavant M. Huyghensa. tenté de rendre railbn du phénomène ex- traordinaire , que Milord Brounker & M. Boyle ont obfervé dans l'expé- rience , qu'ils firent il y a quelques années par ordre de la Société Roya- le ; expérience dont j'ai rendu compte dans mon Traité de Motu ,c. 14 % Schol.prop. 13. Voici le phénomène. Dans l'expérience de Torricelli, le mercure contenu dans le tube ren- verfé , quelque long qu'il foit , defcend à la hauteur de 29 pouces d'Angle- terre , ou de 27 de France au-deflus du niveau du mercure A B , dans lequel * „ c plonge fon extrémité C , * & y demeure fufpendu comme en I ; mais fi ce S' IS" mercure eft bien purgé d'air , on a trouvé qu'il fe foûtenoit de toute la hau- teur du tube jufqu'à75 pouces au-deflus de la furface du mercure ; on ne fçait pas même s'il ne fe foûtiendroit pas plus haut ; mais pour peu qu'il s'y infinue d'air , ou qu'on fecoue le tube , il defcend à la hauteur ordinaire. Je vais afligner deux caufes de ce phénomène , qui ne me fatisfont ce- pendant pas pleinement ; l'une que j'ai imaginée , eft le reflbrt de l'air né- ceflaire pour mettre en mouvement les corps pefans , lorsqu'ils ne font pas pouffes par quelqu'autre force. L'autre eft de Milord Brounker, qui penfe que le poids de l'air pourroit foûtenir le mercure à plus de 29 pouces , s'il ne devoit foûtenir que le mercure. Académique. 375 M. Huyghens m'a paru avoir la même idée que Milord Brcunker, à cela près, 1 . qu'il appelle matière fubtile , ce que nous appelions air. Transactions M. Hobbes veut, comme il paroît dans ion Dialog. Phijîc. p. 4, qu'on en- Phh.osoi>hiq. tende par air le pur Ether , ou comme il le dit lui-même , un air pur de ton- \nn 1A72. te exhalaifon aqueufe ou terreflre , tel qu'on croit qucfl F Ether. A quoi répon- \,'o 0 . dent la matière fubtile de Defcartes , 6c la matière plus fubtile que l'air d'Huy- ' ghens. D'un autre côté , M. Huyghens paroit entendre par l'air , cette ma- tière féculente produite par les vapeurs de la terre &c de l'eau mêlées à fa matiene fubtile. Par air , nous entendons le compofé de ces deux choies , ou tout ce qui forme ce fluide hétérogène , dans lequel nous refpirons , dont la partie la plus pure eft l'air de M. Hobbes , Se la plus féculente , celui de M. Huyghens. Par conféquent , lorfque je parlerai du vuide produit dans l'expérience de Torricelli , ou par quelqu'autre moyen de cette efpece , je déclare ex- preffement ( comme je l'ai fait dans mon Traité de Motu , cap. 4 , & Hobb. Heaut.p. i5l , & ailleurs , ) que je ne parle pas d'un vuide ablblu , dont je ne m'amuferai pas à difeuter l'exiftence ; mais de l'abfence de ce mélange hétérogène , que nous appelions air , tel que celui dans lequel nous refpirons ; fans difputer contre le pur Ether d' 'Hobbes , ou contre la matière fubtile de Defcartes , & d' Huyghens , comme inutile à la queftion préfente. Ils attribuent la fufpenfion du mercure à cette hauteur extraordinaire , à la prefllon de cette matière fubtile , qu'ils fuppofent pénétrer le mercure , le marbre & le verre ; & Milord Brounher avoit formé le deffein , tandis qu'on imprimoit ceci , de fuivre l'expérience de M. Huyghens , pour voir s'il feroit poflîble de déterminer quelle étoit la plus grande hauteur, à laquel- le le mercure pouvoit être fufpendu , & de connoitre par-là la preffion de cette matière fubtile , comme on a déterminé celle de l'air par l'expérience de Torricelli. J'aurois rendu compte de cette expérience , fi fes affaires lui euifent permis de la faire affez promptement ; mais comme elles ne lui ont pas laiffé cette liberté , je me contente de rapporter fon idée , ne fçachant pas s'il a eu depuis ce tems-là plus de loifir pour l'exécuter. Quoique je ne veuille pas exclure entièrement cette matière fubtile , s'il y en a une de cette nature; mais feulement fufpendre mon jugement, juf- qu'à ce que fon exiftence ait été prouvée ; cependant je fuis perfuadé qu'elle ne fçauroit être fuffifante pour expliquer ce phénomène , malgré les deux expériences que M. Huyghens allègue en fa faveur. Car fi cette matière eft affez fubtile pour prefferau travers du fommet du tube, fur le vif-argent, & par conféquent fur le marbre de deffous , au travers de celui de deffus , comme on en convient , fans quoi elle ne pourroit pas plus précipiter le mer- cure , lorfqu'il n'eft pas purifié d'air , ou qu'il a commencé à defeendre, que lorfqu'il eft purifié ou que le tube eft plein jufqu'au fommet ; je ne vois pas pourquoi elle ne fe mettroit pas en équilibre d'elle-même avec celui de déf- ions , comme feroit l'air , fi le tube étoit ouvert par les deux bouts , & pourquoi le mercure ne tomberoit pas d'abord par l'excès de fon poids. La réponfe qu'il donne , que , quoiqu'elle pénétre le verre , cependant elle ne le pénétre pas en aftez grande quantité pour fe mettre en équilibre avec celle de deffous qui n'a point de verre à traverfer , ne me paroit pas 3y6 Collection — réfoudre la difficulté ; par ce que le même obftacle fubfifte lorfque le tube Transactions eft vuide en partie , & que le mercure n'eft pas purgé d'air , les pores du Philosophiq. verre n'étant alors ni plus grands ni plus pénétrables. Et fi l'onfuppofe que , cette matière fubtile traverfe ces pores avec peine , comme l'air ou l'eau No *' Paffe a travers d'un lin8e ' cela Peiu-à la vérité faire que le mercure def- ^°' 9 l ' cende peu-à-peu , mais non pas qu'il tombe tout à coup à la hauteur de 29 pouces , comme de D en I. La connexion , ou la cohéiîon des parties du mercure les unes avec les autres , & avec les côtés du tube , que M. Huyghens fuppofe ne pouvoir être vaincue que par une force plus grande que celle de ces particules de matière fubtile ainfi filtrée , jufqu'à ce qu'elles ayent une place fuffifante pour fe combiner , me paroît d'un moindre poids ; parce qu'il n'eft pas né- ceflaire de féparer les unes des autres, les parties du mercure , qui peuvent gliffer enfemble le long des parois du tube , aufquelles on voit évidemment que le mercure ne s'attache pas , mais s'en fépare plutôt , femblable à l'eau, qui ne fçauroit lé mêler à l'huile ou à la graiffe ; quoique l'eau s'attache très- bien au verre & le mercure à l'or ; ainfi il ne faut aucune force pour fépa- rer le mercure du verre , quelle que foit celle , qui eft néceffaire pour fé- parer fes parties les unes des autres. Si donc nous fuppofons que la preflion de l'air le plus groflier fur AB fur- face du mercure en repos, & parce moyen vers C , fuffit feulement pour foû- tenir celui, qui eft dans le tube en I. & la preflion fur-ajoûtée de l'air le plus pur, pour le foûtenir à la hauteur D de 75 pouces ou plus, tandis que le tube eft plein , & que le mercure eft bien purgé d'air , comme fi pendant tout ce tems il ne pouvoit pas pénétrer en D ; au lieu que lorfqu'il n'eft pas purgé ou qu'il eft déjà defcendu en D , cet air pur entre en D & le fait defcen- dre jufqu'en I , contre-balançant la preflion de l'air le plus pur fur C , mais non pas celle du plus groflier ; ( ce que je crois être le réfumé de la caufe aflignée par M. Huyghens : ) je ne vois pas encore pou-rquoi il ne peut pas aufîî-bien pénétrer en D pour commencer à faire defcer.dre le mercure , qu'enfuite pour continuer à le pouffer ; pourquoi il ne peut pas commencer à faire defeendre du mercure bien purgé d'air , comme celui qui ne l'eft pas ; & pourquoi encore fi l'air pur entre librement en D , il ne defeend pas tout de fuite ; ou s'il n'entre pas librement , pourquoi lorfqu'il tombe , il tom- be tout à coup , & non pas lentement de D en I , fur-tout le poids de la petite quantité d'air pur contenu en DH , ( car l'air groflier ne peut pas y entrer ) étant très-petit , s'il n'eft pas pouffé librement par celui , qui pefe fur D ; & l'adhéfion n'étant pas moindre lorfque le mercure eft féparé du haut du tube , tandis qu'il continue encore à en toucher les parois. Je fuis donc porté , comme je l'ai dit ci-devant , à attribuer la caufe de ce phénomène au reffort , qui eft dans l'air , reffort qui ne fe trouve pas dans le mercure. Car on ne doute pas que l'air ne foit élaftique, & quelques expériences , qu'on ait faites , on n'a pas pu trouver la moindre élafticité dans l'eau purgée d'air ; je crois qu'il en eft de même du mercure , quoi- que je ne fçache pas , qu'on en ait fait l'expérience. Suppofant donc que la matière en repos y refte jufqu'à ce 'que quelque force la mette en mouve- ment : cette force peut-être ou la pereuflion d'un corps déjà en mouvement, ce Académique. 3-7 te qui arrive lorfque le mercure defcend par la fecouffe qu'on a donnée au ■■■ tube; ou l'impulfion d'un corps , qui commence à fe mouvoir, comme la Tran actions détente d'un reffort , ce qui a lieu lorfque les parties elaftiques de l'air, foit I'hilosophiq. de celui qui ell dans le mercure non purgé d'air , ou celui, qu'on y intro- Ann. 1672. duit enfuite , l'étendant d'elles-mêmes , mettent le mercure en mouvement ; N°. 9 1 . ou quelque tendance du corps lui-même, telle qu'eft celle d'un reffort, quelle qu'en foit la caufe. Par conféquent fi l'eau & le mercure font fans reffort , ils ne peuvent à cet égard fe mettre en mouvement d'eux-mêmes. Je fçais , qu'on regarde la gravité ou la pefanteur comme une tendance de cette nature vers le centre de la terre , & par conféquent une tendance à fe mouvoir ; ce qu'il y a donc d'étonnant , c'eft qu'il n'en foit pas de même dans ce cas-ci ; mais fi par hafard ce que nous appelions gravité , n'eft pas une qualité pofuive , ou une tendance naturelle , mais l'effet de quelque impul- fion ou percuffion externe , furtout de la part de l'air atmofphérique , les corps pefans ne tomberont pas li cette preflion trouve un obftacle,de quelque nature qu'il foit ; ce qui paroit être le cas dont il s'agit. Cette explication eft d'autant plus probable qu'on n'a pas encore trouvé la plus grande élévation , à laquelle le mercure peut refter fufpendu de cette manière , & ceile de 75 pouces eft très confidérable , eu égard à la pefanteur du mercure , puifqu'elle équivaut à 80 pieds d'eau. L'hypothèfe de Milord Brounkcr n'eft pas tout-à-fait la même , que celle de M. Huyghens, Il fuppofe que la partie la plus pure de l'air eft de la même nature que la partie grofliere , ( ce que M. Huyghens ne veut pas, ) & que, quoiqu'elle foit capable de pénétrer le verre, ce que la partie grofliere ne peut pas faire , elle eft élaftique comme elle , & agit non-feulement par fon poids , mais encore par fon reffort ; & que par conféquent lorfqu'elle eft une fois entrée , quoiqu'en petite quantité , elle agit auffi puiflamraent , que fi tout l'air pénétrait avec elle , fon reffort ayant la même tenfion que ce- lui de l'air externe, comme je l'ai démontré, ( C. 14. de Motu, p. 11. iz. 13. ) Quant à la matière plusfubtile que Pair de M. Huyghens , quoiqu'il lui ac- corde de la pefanteur , fans quoi fon entrée ne ferait d'aucun nfage pour la defcente du mercure , je ne fçais pas s'il lui attribue quelque élafticité , & il a négligé de nous en inftruire. Lorfqu'il dit que cette matière plus fubtile que fait pénétre fans difficulté le verre , l'eau , le mercure , & tous les au- tres corps impénétrables à l'air , je ne fçais s'il veut dire par-là qu'elle en- tre fans aucune difficulté , comme les mots femblent le fignifîer, ou comme je le conjecture par ce qui fuit fans une grande difficulté , quoiqu'elles y en- trent avec un peu de peine. Mais Milord Brounker , en fuppofant que fa matière fubtile élaftique péné- tre le verre , ne penfe pas que ce foit fans difficulté ; & elle ne peut pas exercer fa force élaftique , jufqu'à ce qu'elle ait une place en HD , où fes parties puiffentfe réiinir & fe dilater , c'eft-àdire lorfque le tube eft entière- ment plein , & que le mercure eft purgé d'air ; au lieu que fi le mercure n'eft pas purgé , le peu d'air qui refte , commence le mouvement par fon reffort. Il croit auffi que le mercure pourrait fe foùtenir dans un gros tube de verre fort court, de moins de 29 pouces , quoiqu'il eut un petit trou à fou Tomel. II. Parue. Bbb 378 Collection . extrémité comme en,K , au moins s'il étoit plongé dans l'eau , fuppofé que Transactions l'air fut trop fubtil pour notre méchanique ; ce qui , fi cela fe trouvoit vrai , Philosophiq. ferviroit beaucoup à confirmer l'on hypothèfe. Il auroit encore pu accorder Ann. 167Z. que fa matière fubtile pénétre le mercure , mais non pas le verre , & que N°. 91. par conféquent , lorfqu'il y a un efpace en HD , elle peut traverfer le mer- cure en C , fe réunir dans l'efpace HD , & y exercer fon élafticité. Je n'entreprendrai point de réfuter préfentement l'hypothèfe de M. Huygkens , perfuadé qu'il vaut mieux examiner par des expériences , fi le mercure bien purgé d'air ne pourroit pas fe foùtenir au-deffus de CI , en CH , par exemple , quoiqu'il y eût un peu de vuide au haut du tube comme en HD ; le fuccès de cette expérience paroiflant devoir terminer ce doute. Il y a encore un autre moyen d'expliquer cette hypothèfe fans qu'il foit né- ceffaire de faire paffer cette matière fubtile au travers du verre ; le voici. Notre air ordinaire étant compofé de parties hétérogènes , on peut fup- pofer qu'il y en a , qui ont du reffort , & d'autres qui n'en ont pas ; on peut concevoir que chaque partie élaftique eft un corps folide femblable à un pe- tit cheveu , ou à un fil élaftique entortillé de différentes manières , deforte qu'il forme différens vuides capables de recevoir , de quelle nature qu'on fuppofe les autres parties, une matière fluide, qui peut s'infinuer dans ces vui- des, comme l'eau dans un fagot de buiflbns, fans en changer le tiffu , & qui agira comme un poids & non pas comme un reflbrt. Voyez fur cette dir ftinftion C. 3j. de Motu.prop. 11. Schol.prop. 13. p. jzg- 730. J3Z- y 33. Si doncil y a dans le tube de Torricdli , une certaine quantite.de ces parties élaftiques ; comme elles y font entrées avec le même degré de tenfion : ibid. prop. iz. 13 ; leur reflbrt fera égal à celui de l'air extérieur , & par con- féquent elles pourront le contrebalancer , quoique leur pefanteur foit moin- dre. Mais s'il n'y a qu'un fluide fans élafticité , qui n'agiffe que parfon poids, & que le mercure foit à l'abri de toute autre prefllon que celle de fon propre poids, il fera toujours trop foiblepour le faire defcendre , jufqu'à ce que fon leul poids foit équivalent à celui dontils'agit ; c'eft-à-dire non-feulement la partie élaftique de l'air , mais encore fa partie non élaftique , laquelle , à raifon de ce qu'elle eft fluide , permet un libre paffage à la partie élaftique; elle ne peut pas laiffer paffer de la même manière la partie non élaftique; elle peut donc la foùtenir à une plus grande hauteur que fi le mercure n'é- toit pas purgé & contenoit un air élaftique , auflî long-rems au moins qu'il n'y entrera pas quelque corps élaftique , ou que quelque fecouffe ne mettra pas le mercure en mouvement ; mais étant une fois en mouvement , il le continuera comme un boulet de canon pouffé par la poudre , ou une flèche lancée de deffusun arc jufqu'à ce qu'il foit arrêté par une force pofitive équi- valente. Je conviendrai que cette explication eft fujette à quelques difficultés, & demande quelques éclairciffemens , mais je les crois en plus petit nombre que celles de l'hypothèfe , qui veut que cette matière fubtile pénétre le verre. Le meilleur moyen de décider cette queftion, étant une fuite d'expérien- ces, je vais en indiquer un certain nombre, en exhortant les perfonnes mieux pourvues d'inftrumens , que je ne le fuis , d'en faire au moins quelques-unes s'ils ne les font pas toutes. Première expérience , (imaginée par le Lord Brounker ) fi le mercure ne fe Académique. 370, foûtiendroit pas dans un gros tube , plus court que ceux qu'on employa ■ — pour l'expérience de Torrictlli , quoiqu'il eût un petit trou à fon fommet , Transactions au moins en faifant l'expérience fous l'eau. Je penfe qu'il defcendroit plutôt Phuosomhq. lentement & en iifflant , que tout à coup & fans bruit. . >- Seconde expérience , fi deux marbres polis, ou deux lames de métal demeu- vt0" \ reroient attachées l'une à l'autre dans un récipient vuide d'air , plus de tems " ' * qu'il n'en faut pour établir l'équilibre dans l'expérience de Torrictlli. Car quoi- que depuis peu M. Huyghens , & fi je ne me trompe , M. Boyle depuis long-tems ayent affuré l'avoir faite ; je crois qu'elle mérite d'être répétée , & ii elle réiiftiffoit comme je fuppofe qu'elle peut le faire, je penfe que cela viendrait du défaut d'un fluide élaftique entre ces lames , capable de les fé- parer;cela me paraît prouver auffi que l'efprit-de-vin , que M. Huyghens a éprouvé n'eft pas un corps élaflique. Troifième expérience , fi l'on pourrait faire couler un fyphon, dont les jam- bes feraient inégales, dans un récipient vuide d'air , en fe fervant d'eau ou de mercure , & à une hauteur plus grande que celle ou elle a coutume de monter ? Je crois que cette expérience quoique faite par M. Huyghens , mé- rite d'être répétée dans la Société ; quand elle réiifîiroit , elle ne pourrait venir que de quelques refles d'air élaflique , qui auraient demeuré dans le récipient , qu'il eft impofllble de vuider parfaitement. Quatrième expérience , qui paraît femblable à la féconde , (i un tube qui au- rait plus de 29 pouces de long, mais plongé affez profondément pour n'avoir pas cette hauteur au-deffus du niveau du mercure comme CE, ne pourroitpas en le rempliffant de mercure bien purgé, être élevé.doucement avec le mer- cure qu'il contiendrait , non-feulement en I comme lorfque le mercure n'eft pas purgé d'air , mais encore en H , ou en D au-deffus de la hauteur or- dinaire. Cinquième expérience , qui eft équivalente mais plus aifée à exécuter , fi ce tubeainfi rempli étant d'abord incliné comme en CF , de façon que fa hau- teur au-deffus d'AB fût moins de 29 pouces , ne pourrait pas être redreffé peu- à-peu, de façon qu'il reftàt plein non-feulement à la hauteur I , mais en- core en G , ou en D. Sixième expérience , fi du mercure purgé d'air ne coulerait pas en plein air dans un fyphon élevé au-deflus de 29 pouces. Septième expérience , & s'il ne couloit pas en plein air, s'il le ferait au moins en plongeant la jambe la plus baffe dans de l'eau bien pure. Huitième expérience, (que je recommande fur toutes. )Si dans un tube rempli de mercure bien purgé d'air au-deffus de la hauteur ordinaire , comme en CD , fuppofé que quelques parties fuffent pouffées , non par l'introduction d'aucun air , mais par les fecouffes du tube , en HD , par exemple , tk qu'on ceffàt alors de fecoùer le tube, li , dis- je , dans ce cas le refle CH plus élevé que la hauteur ordinaire, pourrait s'y arrêter de lui-même , malgré le vui- de HD. Cette expérience feule , fi elle réùfliffoit , ferait voir , que ce n'eft pas le feul défaut de place où la matière fubtilc puiffe s'amafler , qui em- pêche le mercure fufpendu de tomber , mais plutôt le défaut d'un reffort pour le mettre en mouvement. Si elle ne réiiflïffoit pas , je croirois que l'air éla- flique a traverfé le mercure plutôt que le verre. Bbbz 380 Collection i ' Neuvième expérience. Si du mercure bien purgé refteroit fufpendu dans un Transactions tube renverfé , furtout s'il étoit court, quoique percé d'un petit trou , fans Philosophie, que fon orifice C fût plongé dans le mercure , mais en l'air ou dans l'eau. Ann I/Î71 Dixième expérience. Suppofé que cela réufsît , fi la même chofe arriveroit N°* ni après qu'on auroit formé un petit vuide au haut du tube en HD , en fai- ' ' * fant defeendre le mercure. Ces expériences font délicates & difficiles , mais fi elles étoient faites avec foin, elles pourraient être d'un grand ufage pour nos recherches fur la nature de la pefanteur , qui a peut-être plus de connexion avec le refTort de l'air qu'on ne l'imagine ordinairement ; puifque de fa préfence ou de fon ab- fence dépend principalement la chute ou la fufpenfion des corps qu'on re- garde comme pefans. Mais je ne veux pas prévenir les expériences par mes conjectures. TRANSACTIONS PHILOSOPHIQUES. Année M. D C. L X X I I I. N°. 92. CONFIRMATION DE CE QUI A ÉTÉ RAPPORTÉ DANS LE N°.oo: fur la e,elée extraordinaire , qu'il a fait dans le Comté de Somerfet , par le Dr. Vallis. ( A ) N°. 02. A gelée extraordinaire , que vous nous avés appris être arrivée dans ART. IV. -L «'le Comté de Somerfet , le mois de Décembre dernier , s'eft auflî fait fentir à Oxford , je ne me fouviens pas précifément du jour. C'étoit plutôt une pluie de glace , ou une pluie qui fe geloit en tombant , & produifoit des glaçons, qui pendoient aux arbres & faifoient un bruit furprenant , lorfque le vent les agitoit. Mais elle n'a pas été auffi confidérable que dans le Comté de Somerfet, quoiqu'elle ait été plus fenfible à la Campagne qu'ici, comme je l'ai appris de différentes perfonnes. Nous avons eu aufiï à la fuite de cette gelée , des chaleurs qui ont fait fleurir les arbres. On m'a même af- furé avoir vu des pommes vertes. Académique. 38i N°. 94. Transactions Philosophiq. Ann. 1673. OBSERVATIONS Faites avec un Microfcope inventé en Hollande , par M. Lewenhoeck , com- muniquées par M, Régnier de Graaf. ( A ) LA perfonne qui nous a fait part des obfervations , que nous allons rap- porter, dit dans fa Lettre datée de Del fi le 28 Avril 1673 , qu'un cer- tain M. Leewenhoeck a inventé depuis peu des microfeopes , qui l'empor- tent fur ceux à'Euflachio Divini , & des meilleurs ouvriers ; ajoutant qu'il a donné des preuves de leur excellence par plusieurs obfervations qu'il a faites , & qu'il eft prêt d'en entreprendre de plus difficiles , fi les fçavans veulent lui en indiquer ; ce qu'ils ne manqueront fans doute pas de faire. Voici ces Obfervations. 1°. Quelques Auteurs nous ont repréfenté la moififfure, qui vient fur la peau , fur les viandes & fur les autres choies de cette efpece , comme fi elle pouffoit des tiges , qu'ils ont quelquefois terminées par des boutons , ou pardesfeiiillesen manière de fleur. J obferve que cette moififfure pouffe d'abord une tige droite & tranfparente , clans laquelle on voit monter une fubftance globuleufe , qui le plus fouvent fe place au haut de la tige , & eft fuivie d'un autre globule , qui la fait fortir ou par le côté ou par le fommet. Ce fécond globule eft pouffé par un troifième , qui eft fuivi de plufieurs au- tres. Tous ces globules forment à la fin un bouton cent fois plus gros que la tige ; & ce bouton n'eft autre chofe , que des globules multipliés au point , qu'ils font crever le bouton , ce qui repréfenté une efpece de fleur , avec des feuilles. 2°. L'aiguillon des abeilles me paroit d'une ftruchire différente de celle que les Auteurs ont décrite ; car j'ai obfervé deux autres aiguillons logés dans l'épaiffeur du premier , & ayant chacun une gaine particulière. 30. J'obferve encore à la partie antérieure de la tête des abeilles , deux membres ou bras munis de dents , que j'appelle des ratiffoires , imaginant qu'ils fervent à l'abeille , pour emporter la fubftance de la cire de deffus les plantes. J'y trouve aufîï deux, autres membres , qui ont chacun deux jointures , & que je nomme des bras ; je penfe que l'abeille s'en fert pour faire ces cellules : il y a dans le même endroit un petit corps qui eft plus rude , plus épais tk. plus long que les autres membres , ce qui me le fait re- garder comme une broffe avec laquelle l'abeille peut ramaffer le miel , qui fe trouve fur les plantes. Lorfque l'abeille ne fe fert pas de ces cinq membres , elle les range en ordre fous fa tête. 40. Quant aux yeux de cet infecle , que j'ai obfervés après les avoir ôtés de la tête , & en avoir expofé la partie inférieure au microfcope ; je dé- couvre que la lumière mêlée aux ombres , peint fur leur rétine des cellules N°. <)4. art. m. / 382 G OtlECTIOtf 1 ■— ° femblables à celles de lears rayons , je conjedure que l'abeille ne fuit dans Transactions fon travail que le modèle quelle a dans les yeux. Philosophiq. cq. J'ai vu dans le poux, comme tous les autres Obfervateurs , un nez Ann. 1673 coun & con'q«e > Perce d'un trou, par lequel cet infecte poiiffe fon ai- xi 9" guillon , lorfqu'il veut manger. Cet aiguillon m'a paru vingt fois plus petit '" ' qu'un cheveu; mais j'ai trouvé que fa tête étoitfans futures , contre ce que quelques Auteurs ont avancé. J'ai remarqué cinq articulations à fes anten- nes , quoique les Auteurs n'ayent fait mention que de quatre. Des deux griffes , qu'il a à chaque pied , l'une eft femblable à celle d'une aigle , l'au- tre eft droite & très petite ; entre ces deux griffes il y a une petite boffe pour pouvoir mieux faifir les cheveux , & s'y attacher. ESSENCE ADMIRABLE POUR ARRÊTER LE SANG, par M. Denys. ( B ) ON a fait ici ( en France ) la découverte d'une effence admirable , qui étant appliquée à une artère coupée quelle qu'elle foit , arrête auffitôt le fang qui coule de la playe , fans qu'il foit néceffaire de faire au- cune ligature pour la refermer. Nous fîmes les premières expériences de cette effence fur plufieurs chiens , auxquels nous avions coupé les artères crurales, & les carotides , & même les jambes entières; le fang fut arrêté en très-peu de tems , & la playe fut guérie (ans qu'il y eût la moindre fuppuration , & même fans efcarre ou cicatrice. Nous éprouvâmes auffi la vertu de cette effence , fur plufieurs hommes dont on avoit ouvert les ar- tères temporales , & fur quelques autres qui avoient reçu plufieurs bleffu- res aux mains & au vifage ; & cette effence produifit fon effet fur ces hom- mes avec autant de fuccès que fur les chiens. Cette liqueur eft auffi efficace à l'intérieur qu'appliquée à l'extérieur , car elle arrête les pertes des femmes , les flux de fang invétérés , guérit les hé- morrhoides qui fluent , & arrête toutes les autres hémorrhagies. Art. VI. ANIMAUX QUI ONT DES POUMONS, fans avoir d'artère pulmonaire , par le D. Swammerdam. ( B ) J'Ai découvert dans mes dernières diffeclions , quelques animaux quiman- quoient d'artère pulmonaire , quoiqu'ils euffent des poumons; de forte que le fang fortant du cœur , fe répandoit immédiatement dans toutes les parties du corps de ces animaux , fans circuler auparavant dans les pou- mons. Je penfe que perfonne noiera avancer que les grenouilles manquent de poumons, depuis que le célèbre Malpighi a mis au jour des faits fi remar- quables fur cet article , & qu'il a fait part au public de plufieurs expérien- ces curieufes fur les organes de la reipiration de ces animaux , & que l'ha- bile obfervateur Gualterus Needkam a affuré que la nature leur avoit donné des poumons , & qu'ils refpiroient. On n'a point encore trouvé cependant d'artère pulmonaire dans ces amphibies. Le fang de ces animaux ne en eu-: ACADÉMIQUE. 383 le donc point dans les poumons , n'eft point criblé au travers des parties ^ssssa^Sf^. de ce vifcere, & n'y reçoit par conféquent aucune nouvelle impreflion ; Transactions puifqu'en fortant des ventricules du cœur, il fe répand dans toutes lesdif- Philosophiç. férentes parties du corps , fans pafler par les poumons. Ce fait me paroit ^nn- \6f". être une forte preuve , dont je mefervirai entr autres dans la fuite , pour \i0 Q . tâcher de démontrer que c'eft dans le foie que le fang fe perfectionne. On trouve cependant une artère ( branchiale on plutôt analogue à l'ar- tère pulmonaire ) qu'il eft aifé de découvrir , dans la membrane qui envi- ronne les poumons. Cette artère femblable à un rézeau très-délié , s'étend d'une manière admirable fur toute la fui face des poumons , & pénétre par ces rameaux capillaires jufquesaux véficules intérieures de ce vifcere. C'eft- là qu'elle fe joint ( à ce que je penfe ) avec la veine pulmonaire , par une anaftomofe qu'il eit aifé de voir à l'oeil fimple. Ce vaiffeau veineux eft dou- ble de l'artère , il eft placé dans la cavité des poumons , & fur-tout fur la fuperficie des véficules , d'où il fe répand par de petits ramaux capillaires & prefque imperceptibles dans toutes les cellules des poumons , & fur la membrane qui les enveloppe. Je foupçonne qu'il fe trouve encore plufieurs animaux , dont les pou- mons font de la même ftrutture que ceux des grenouilles, comme les cra- pauds , les lézards , les ferpens , les caméléons , les tortues , les falaman- dres aquatiques , & en général tous ceux ( s'il s'en trouve encore quel- ques-uns ) dont les poumons font membraneux. N°. 95. EXPÉRIENCES Faites a Londres , avec une liqueur envoyée de France , qui a la propriété d'ar- rêter le fang des artères & des veines , fur laquelle Voy. le A'". 94. (A) Le jo. Mai 16 J Z. I . Ti lï Onfieur Serjcant Wlfcman fit une ouverture à la peau du col d'un jyjo_ -. J.VJL chien, pour découvrir la veine jugulaire; il ouvrit cette veine avec art V une lancette , & y appliqua immédiatement un bourdonnet de charpie trem- pé dans cette liqueur. Cela fait , il leva les mufcles de l'autre côté du col , & découvrit la carotide , qu'il ouvrit de la même manière , & y appli- qua un autre bourdonnet trempé dans la liqueur. Ayant contenu pendant un quart d'heure ,ces deux bourùonnets avec le pouce , on leva l'appareil fans qu'il fortît une goutte de fang ; on en remit cependant d'autre , qu'on y laiffa encore un quart d'heure fans les affujettir ; les ayant ôtés au bout de ce tems, on trouva la veine & l'artère fermées &: fondées parfaitement. 2. Le même Chirurgien ayant fait le même jour , l'extirpation de la mammelle aune jeune femme , il employa des piumaceaux trempés dans cette liqueur pour arrêter le fang , pendant qu'on préparoit l'appareil. Les 384 Collection ""^""""^ plumaceaux ôtés , le fang fe trouva arrêté , & les orifices des artères fer- Transactions rnés. Philosophiq. y Tandis qu'il faifoit cette opération, on amena un homme , à qui il Ann. 1673. avoit appliqué depuis peu la pierre à cautère à la nuque pour quelques tu- N'.pt, meurs fcrophuleufes ; il avoit teint pendant la route , tout un linceuil de fon fang ; le vaiffeau étoit fi profond , qu'il étoit difficile de l'atteindre. M. Wifeman trempa deux plumaceaux dans la liqueur en queftion , & les en- fonça dans l'ouverture par où venoit le fang. Il fut arrêté furie champ , & l'on panfa le col de cet homme fans aucun bandage confidérable. Walur Needham. La femme , dont j'ai extirpé la mammelle , vint me trouver de la cam- pagne mercredi dernier, avec un cancer ulcéré; elle étoit affoiblie par une hémorrhagie , qui venoit d'un vaiffeau auquel on ne pouvoit attein- dre. Deux heures après ce que M. Walur Needham vous a mandé , elle eut un vomiffement , qui occafionna une nouvelle hémorrhagie. On m'en- voya chercher, je la trouvai évanouie , & plufieurs femmes fort embarraf- ûes autour d'elle. Je levai l'appareil , & je vis une artère , quifaignoit un peu ; j'y appliquai de la liqueur françoife , qui arrêta le fang ; mais crai- gnant les fuites fâcheufes que cela pourroit avoir, fi l'artère fe rouvrok pendant la nuit , je la touchai avec un fer rouge. Le II Juin 16 J 3. Richard Wifeman. M. Needham fit une quatrième expérience devant la Société Royale ," quoiqu'il n'eût que très-peu de cette liqueur. Il coupa en travers avec un biftouri , l'artère crurale d'un chien ; le fang en fortant abondamment, on appliqua fur la playe delà charpie trempée dans la liqueur , & on l'y laiffa quelques momens , au bout defquels l'abondance du fang , qu'on n'avoit pas pu effuyer faute d'épongé , ayant fait conjeclurer à l'Obferva- teur que l'application n'avoit pas été bien faite , on changea le plumaceau , & on en mit un nouveau trempé dans la liqueur , qu'on laiffa pendant une demi-heure. L'ayant ôté , le fang fe trouva arrêté. On lâcha le chien , qui le mit à lécher fa playe , & marcha enfuite fans ligature ; il vit encore , &c fe porte bien. Le 18 Juin 16 y 3. M. Denis , Confeiller, Médecin ordinaire de S. M. T. C. étant venu à Londres par ordre du Roi , fit une autre expérience devant la même Com- pagnie. On fit une grande incifion oblique à l'artère crurale d'un chien ; la liqueur appliquée à la manière accoutumée , arrêta le fang en fept mi- nutes , on lâcha le chien, mais on le fit refter en repos pendant 23 minu- tes , au bout defquelles il fe leva , laiffa tomber la compreffe qu'on y avoit appliquée , & fortit fans aucun bandage. Nous allons ajouter à ces expériences , celles qui ont été faites en der- nier lieu à White Hall devant S. M. qui avoit indiqué le 20 Juin pour cela : on mena par fon ordre deux grands veaux dans la falle à manger , à l'un defquels on découvrit l'artère crurale , & on y fit une incifion longitudi- nale avec une lancette ; on y appliqua fur le champ un plumaceau trempé dans ladite effence. Le fang fut arrêté dans l'efpace d'environ un quart d'heure; Académique. 38? d'heure : mais l'animal étant gros & fort , &c fe débattant continuellement »"_f; pour lbrtir , l'artère fe rouvrit , on y remit un nouveau plumacean trem- Transactions pé clans la liqueur; le fang fut enfin û bien arrêté, qu'au bout d'environ Thilosoihicj. deux heures , l'animal fe leva &: fe promena dans la falle , fans qu'il for- A x tît une goutte de fang, quoiqu'il n'eût point de bandage. J\"' '*' Le Boucher coupa tout-à-fait une jambe à l'autre veau , aufli haut qu'il '95' lui fut poflible , le fang fortant avec impétuofité , on appliqua fur le champ à la partie une comprefle trempée dans l'eflence itiptique. On prit plus de foin pour tenir celui-ci en repos, qu'on n'avoit fait pour l'autre ; le fang fut entièrement arrêté au bout d'un quart d'heure. Plufieurs Médecins & Chirurgiens du Roi examinèrent la playe , lorfque le fang eut été arrêté, & la trouvèrent nette & fans efearre ; S. M. déclara publiquement qu'elle étoit. très-fatisfaite de ces expériences. Mais comme elles n'ont été faites que fur des animaux , plufieurs Chi- rurgiens qui étoient préfens , parurent douter qu'elles réufliflent de même fur les hommes ; ce qui devroit engager quelqu'un à en faire l'expérience , afin de fatisfaire à ces doutes. Nous efpérons rendre compte dans peu des tentatives qu'on aura faites. REMARQUES DU Dr. VALUS, 'Aufujct de l'obfervation de M. Lifter fur les plantes , rapportée dans le Ao. go. de ces Tranfaclions. ( A ) Le ly. Février i6j \. QUant aux veines des plantes , que M. Lifler obferve n'avoir pas de ra- Art. III mifications , & n'être que des paquets de plus petites veines , qui fe lêparent ; elles reffemblent en cela aux nerfs , qui , comme le remarque le Dr. Willis de Cerebro , font , dans ce qu'on appelle le tronc commun , com- me un écheveau de fil, qui fe fépare enfuite de différentes manières. Ces nerfs étant coupés, fe retirent , ce que font aufli les veines des plantes , fembîable en cela aux artères & aux veines des animaux. Le Dr. Willis obferve aufli , qu'il y a deux fortes de nerfs. Les uns vien- nent du cerveau , & fervent aux mouvemens volontaires , & qui dépen- dent de nous , où dont nous avons connoiflance, & par conféquent appar- tiennent à l'âme fenfitive , ou au moins aux fonctions des fens. Les autres viennent du cervelet , &: font employés aux mouvemens involontaires , qui fe font à notre infçu, & indépendamment de notre volonté , &c par conféquent appartiennent à l'ame végétative , à la nutrition , &c. ou au moins à la faculté motrice infenfible ; c'eft à cette dernière que paroiflent appartenir les actions fenfitives de quelques plantes , dont parle M. Lifler. Voy. le Dr. Willis de Cerebro , c. ig , p. 241 , Edit. 4. Tome L. II. Partie. Ccc 3S6 Collection Transactions "1 PWILOSOPHIQ. J^O^ ^ .Ar.ii. 1673. . Faites à r Hôpital Saint Thomas dans le Southwark à Londres ,/ur un homme & une femme , avec la liqueur Jliptique , dont on a parlé à la fin du No. pré- cédent, (A) N°. 06 ^ ^°' ayant ^ait faire en fa préfence , quelques expériences fur des Art IT* ~^ ' an'rnaux5 avec la nouvelle liqueur ftiptique,& y ayant encore quelques perfonnes , qui doutoient que cela réuffit auflî-bien fur les hommes , S. M. or- donna à fes Chirurgiens de vifiter les Hôpitaux, pourvoir s'il n'y auroitpas quelques malades fur lefquels on pût faire l'effai de ce remède. On en trou- va deux dans l'Hôpital S. Thomas. Le premier étoit une femme attaquée d'un fcorbut invétéré & d'écrouelles , à qui on devoit couper la jambe pour un ulcère malin , qui ne la laiffoit dormir ni nuit ni jour ; l'autre étoit un Matelot , à qui on devoit faire la même opération fur une jambe , qu'un boulet de canon lui avoit caffée dans le dernier combat naval. La première expérience fe fit le 3 Juillet , S. M. ayant envoyé quelques- uns de fes Médecins & de fes Chirurgiens audit Hôpital pour être préfens à l'opération , & lui rapporter fidèlement , ce qui fe feroit paffé. La jam- be de cette pauvre femme ayant été coupée , on panfa les artères avec des plumaceaux trempés dans la liqueur altringente , on les affujettit avec des comprefles & un bandage par-defïïis , pour contenir le tout. Le fuccès fut que le fang fe trouva arrêté fans aucun autre appareil ; & au lieu des plain- tes , qu'ont coutume de faire ceux à qui on a coupé quelque membre , lorfqu'on leur applique le feu ou un cautère pour arrêter le fang , la ma- lade parut très bien , fut délivrée de (es douleurs , & dormit deux heures après, & la nuit fuivante. Depuis ce tems , elle s'eft toujours trouvée de mieux en mieux, fans hémorrhagie & fans accident fâcheux. On coupa la jambe au Matelot le 4 Juillet , on lui arrêta le fang en moins d'un quart d'heure avec un plumaceau trempé dans cette eflence , pardeffus lequel on mit un bandage , qui l'aiTujettiflbit fur l'orifice des artères. Avec ce feul fecours, le malade fe trouva fi foulage des douleurs qu'il fentoit aupa- ravant , qu'il dormit deux ou trois heures après , & toute la nuit fuivante. On leva le lendemain l'appareil à l'un & à l'autre de ces malades , en préfence des mêmes perfonnes , & tous les Médecins & les Chirurgiens qui étoient préfens , convinrent, que la playe ne pouvoit être plus belle , ni plus rouge ; il n'y avoit pas la moindre efcarre , ni la moindre goutte de fang épanché. Ces deux malades fe font toujours bien portés depuis cette opération , il ne leur eft arrivé aucun accident. Ce qui a fervi à convaincre les plus in- crédules de la bonté de ce remède. Le Roi s'étant apperçu par ces expériences & par les premières , combien ACADÉMIQUE. 3?7 ce remède feroit utile dans fes armées, & dans (es flottes , &: ayant appris >— que les perlbnnes , qui auparavant y étoient les plus contraires , en fai- Transactions foient maintenant l'éloge , fit demander à M. Denis (on fecret. Loriqu'il l'eut PHuoiormci. communiqué , S. M. ordonna qu'on en fît une grande quantité dans fonla- Ann. 1673. boratoire; on en fie l'expérience fur trois veaux à Whitt H.i/lle 12 Juillet. N°. g(5, On coupa à chacun une jambe aurfi haut qu'il fut poffibte , leur fang fut arrêté avec cette nouvelle liqueur d'une manière , qui mérita l'admiration de tous les Spectateurs. Car cette eau ayant été préparée avec plus d'exac- titude, qu'on n'avoit fait jufqu'alors , l'effet en étoit fi prompt , que le fang étoit arrêté en 4 minutes de tems , les veaux en s'agitant , ayant fait tom- ber les comprefles , qu'on leur avoit appliquées , fans qu'il fortit une goutte de fang. Le Roi ordonna que tout ce qu'on en avoit fait , qui étoit confidérable, fût envoyé fur le champ à fa flotte. Il n'eff. pas douteux que tous ceux , qui viendront à être bleffés , n'en reçoivent un très-grand foulagement. INDIGESTION CAUSÉE PAR UNE ÉTUDE TROP LONGUE & trop ajjlduï , par M. Chr. Kirby. ( B ) UN Miniitre demeurant près de Dantzick , âgé de 50 ans , retomboit ART. VII. fouvent dans une maladie , accompagnée d'une diarrhée & de vomif- fement très-fréquens. Son Médecin m'affura qu'il étoit très-perfuadé que l'étude prefque continuelle , à laquelle ce Miniftre étoit obligé , rendoit inu- tiles tous les remèdes que l'on employoit pour le guérir ; parce que , dès que le malade prenoit les remèdes que (on Médecin lui ordonnoit , & qu'il ufoit du régime qu'il lui preferivoit , ilfe trouvoit confidérablement rétabli ; mais fon étude trop affiduë , & la fatique que lui faifoit effuyer le débit des fermons qu'il étoit obligé de faire , lui caufoient bientôt une rechute. Et comme il conje&uroit que cette indigeftion étoit cauféepar l'épuifement des efprits de l'eftomac , qui fortant de ce vifeere , en affoibliffoient beau- coup la faculté digeftive , il me dit pour confirmer fa conjecture , que ce Miniftre retombant un jour dans fa maladie ordinaire après avoir prêché , & fes vomiffemens étant ce jour-là plus violens que jamais , il vomit entr'au- tres matières, plufieurs morceaux ( les uns auffi gros, les autres plus petits que l'extrémité du petit doigt ) d'une fubftance parfaitement femblable au fuif, à en juger par le toucher, Se par la vue. Quatre morceaux de cette fubftance peibient enfemble une demi-once. «$< Ccc a 388 Collection Transactions XTO Thilosophiq. N . 07. Ann. 1673. ' EXTRAIT D'UNE LETTRE DE ROBERT BOYLE, du 13. Septembre iSjJ. au fujet de V Ambre gris. (A) »j0 A Yant été obligé d'aller à Londres cet après-midi , j'y ai rencontré le 2** • 97' xxDiredeur de la Compagnie des Indes, qui m'a fait préfentde l'extrait Art. III. faivant d'un journal trouvé fur un vaiffeau hollandois , & qu'il avoit eu la bonté de traduire pour moi. Cette relation mérite d'autant plus de confian- ce , qu'elle n'a pas été écrite pour étayer une hypothèfe , ou pour avancer un paradoxe , mais par un Marchand ou un Facteur , pour rendre compte à fes Supérieurs d'une obfervation , qui pouvoit être la fource d'un très- grand commerce pour la Compagnie d'Hollande. Voici l'extrait du Journal Hollandois , appartenant à la Compagnie d "Hol- lande. L'ambre gris n'efl pas l'écume ou l'excrément des Baleines , mais il fort de la racine d'un arbre , qui , quelque éloigné qu'il foit dans les terres , pouffe toujours fes racines du côté de la mer , cherchant la chaleur qu'elle a coutume de produire , & tâchant de fe délivrer de la gomme graffe qui en fort , fans quoi cette graiffe furabondante le feroit mourir. Lorfque cette gomme tombe dans la mer, elle eft fi dure , qu'elle ne fe détache pas aifé- ment de la racine , à moins que fon poids , ou la chaleur de l'eau de la mer ne l'en détache , & pour lors elle flotte fur l'eau. Un Soldat en a trouvé un morceau qui pefoit \ de livre , & le Capitai- ne en a trouvé deux morceaux , qui pefoient 5 livres. Si l'on plante cet ar- bre dans un endroit où les ondes viennent fe brifer , elles le pouffent fur le rivage. A Batavia le l Mars l6jz. FIGURES DE QUELQUES-UNES DES OBSERVATIONS microfeopiques de M. Lewenhoeck , publiées dans le No. 94. avec leurs explications. ( A ) Art. V. T 'Editeur ayant prié ce curieux Obfervateur de lui envoyer les figures de ? j ce qu'il avoit fi bien obfervé , en a reçu non-feulement ce qu'il lui avoit demandé, mais encore de nouvelles obfervations , que nous réserverons pour une autre occafion , nous contentant de publier maintenant les figures des premières obfervations qu'il nous a communiquées. Dans la fig. 13 , AB repréfente le grand aiguillon d'une abeille , ou plu- tôt la gaine d'où l'on a tiré les deux aiguillons ( car l'Obfervateur nous a appris qu'elles en avoient deuxj. E eft la cavité de la gaine , où ils étoient renfermés , elle reflémble à une plume de l'aile d'une poule , dont on an- Académique. 389 roit retranché le tiers de la circonférence , & dont les côtés feraient un peu — - - ■- tournés en dedans en E. D eft l'épaiffeur de la gaine au-deffous; les deux Transactions aiguillons fe montrent en DA en place , tels que je les ai vus en rompant Philosophie cette partie épaiffe de la gaine. . , Fig. 14. HI eft une partie d'un aiguillon hors de la gaine AB, vue un peu v"' ' ^" de côté, ce qui fait que les dents ne paroiffent ni û grottes , ni iî aiguës " 97* qu'elles le font en effet. L eft l'aiguillon vu par le dos , où il n'a point de dents. Cette face eft prefque aufli large qu'un des côtés de l'aiguillon. Fig. 1 f . MN représente l'aiguillon entier hors de fa gaine AB ,fig. 13 ; il eft vu du côté du dos, où il n'a point de dents , comme on l'a repréfenté dans la fig. 14 en L. Ici les dents fe montrent d'elles-mêmes ( quoique tournées du côté oppofé à l'œil ) au travers de l'aiguillon , comme il paroit en R. La partie fupérietire de l'aiguillon NQ , eft entièrement fermée , quoique creu- fe en dedans; l'extrémité inférieure NQ eft ouverte. SM eft une partie de la finuofité rompue , qui eft prefque auffi longue que tout l'aiguillon. Lorf- qu'on peut la tirer entière du corps , elle fe contracte d'elle-même , & prend la figure d'une demi-lune ; elle paroit de couleur d'écaillé , auffi-bien que les aiguillons. OP eft un corps attaché à l'aiguillon , & placé dans la par- tie la plus épaiffe de la gaine DCA fig. 13 , fçavoir S autour d'A & T vers D. Fg. 16. a , b , c , font les deux aiguillons , tels qu'ils étoient dans la gai- ne l'un auprès de l'autre , & comme on voit en A un morceau de la gaine ; les deux aiguillons paroiffent n'en former qu'un feul garni de dents des deux côtés. Fig. 17. e, d, g, f, h, font les deux aiguillons en partie hors de leur gaine ; néanmoins l'aiguillon e , d , h , eft un peu plus élevé que l'aiguillon g ,f, h. C'eft ainfi que je lésai trouvés dans leur gaine , lorlqu'ils étoient en repos. Fig. 18. Deux aiguillons qui fortent auiîi un peu hors de leur gaine; quant à leur mouvement, voici comment je conçois qu'il fe fait : d'abord l'abeille tire fa gaine &c fes deux aiguillons de fon corps , & tâche de l'en- foncer autant qu'elle le peut clans la partie , qu'elle veut piquer avec un de (es aiguillons, qu'elle fait pour lors fortir de fa gaine. Ne pouvant plus le retirer à caufe de fes dents , elle enfonce la gaine avec l'autre aiguillon , autant qu'elle peut ; & en tachant de le retirer , elle enfonce encore da- vantage le premier avec fa gaine ; ce qu'elle contiue jufqu'à ce qu'elle ait enfoncé dans la partie fes aiguillons & leur gaine , jufqu'à fa partie la plus groffe ; ce qui étant fait , les aiguillons n'ont plus befoin de fe mouvoir hors de leur gaine , tandis que le corps de l'aiguillon OTP , fig. 1 5 , peutfe mou- voir de C en D dans l'épaiffeur de la gaine CD A , ( Fig. 13. ) Nous allons paffer maintenant à l'explication , que donne notre Auteur des figures , qui repréfentent les différens membres , qu'il a obfervés autour de la tête des abeilles , &c dont il a parlé dans le N°. 94. fig. 19. LDABC eft un des petits membres que l'abeille a fur le devant de fa tête , & qu'il appelle bras , avec lequel il imagine que les abeilles bà- tiflent leurs cellules; ayant chacun trois articulations en DAB. Fig. 10. F eft encore un des petits inftrumens , que l'abeille a fur le devant 3ço Collection ■ — — de fa tête ; l'Auteur les nomme des rati fleures , avec lefquelïes il imagine Transactions qu'elles ramaffent la cire fur les plantes. Philosoi'hiq. Fig. 21. GH eft un autre petit infiniment placé comme les autres à la par- A if-73 t'e antêrieure de la tête , qu'il appelle broffe ; il conjecture que l'abeille s'en ' fert pour recueillir le miel fur les rieurs. Fig. 22. K.N repréfente la ratiffoire d'une abeille fauvage , qu'il a mife ici avec les autres , parce qu'elle eft autrement faite que celle des abeille* domeiliques ,fig.io. Nous rapporterons dans un autre mois les nouvelles obfervations de cet Auteur, qui roulent principalement fur la ftrufture des plantes , & fur les moyens que la nature employé pour les faire pouffer en haut. N°. 99. FŒTUS EXTRAORDINAIRE NÉ SANS CERVEAU ', par M. Denys. (B) AU mois de Novembre 1673 , je fus appelle pour voir une femme mala- de , accouchée le jour même que je lui fis ma vifue. Après avoir preferir. Art. II. les remèdes que je jugeai néceffaires pour la mère , je demandai à voir l'en- fant , qui à ce que l'on me dit, étoit mort en naiffant; fon corps me parut à l'extérieur bien conformé & très-gras , mais fa tête étoit ii difforme , qu'elle effraya tous ceux qui étoient préfens ; il n'avoit point de front ; les deux yeux qui étoient placés au-deffus de la face , étoient faillans , n'y* ayant point d'orbites pour les loger. La partie fupérieure & poltérieure de la tête étoit d'une couleur rouge , femblable à celle du fang coagulé , & reffembloit au fommet d'une tête de veau coupée &c féparée des vertèbres du cou. J'eus la curiofité d'examiner & de fonder cette chair rouge , & je trouvai deffous, un os qui n'étoit point un crâne concave ,mais un os folide dont la forme reffembloit à celle d'une petite écaille d'huître. Cet os étoit uniquement attaché pardevant aux os de la face , & ne l'étoit point par derrière aux vertèbres du cou , de ferte que la moelle de l'épine n'avoit aucune communication avec la tête. Je fuivis les nerfs optiques ,& je les perdis dans cet os qui tenoit lieu de crâne , & qui n'étoit point fpongieux , mais très-dur. Il me paroit un peu extraordinaire qu'un enfant puiffe vivre 0 mois fans cerveau ; on m'affura cependant qu'il avoit eu vie dans le fein de fa mère , & même qu'elle l'avoit fenti remuer , mais qu'il étoit mort en venant au monde. Co Ucct.A-- dô. Jom. I . Pdi-t II P 3qo Plmicli e IX '. ■ ■ • • ' ACADEMIQUE.' 391 N„ Transactions . IOO. Phiiosophiq. —™" "" — — — — — - Ann. 1673. NOUVELLE DESCRIPTION ET TUE DE LA MONTAGNE de Glace appcllée Gletfcher , dans le canton de Berne en SuiJJè , dont on a parlé dans le N*. 49. de ces Tranfaclions. (A ) CEtte defcription nous a été envoyée de Paris par l'obligeant M. Jurtes , Mo qui l'avoir reçue d'une perfonne digne de foi , laquelle demeure tout » ' r?,' auprès. ART- 111- La montagne de Glace , dont je vous envoyé la figure , mérite d'être Voy- lafi»- -'• vue. A défigne la montagne même qui eft très-élevée , & s'étend chaque année de plus en plus fur les prés voifins , en augmentant avec un grand bruit. U y a de grands trous & des cavernes , qui fe font faites lorfque la glace eft venue à fe rompre ; ce qui arrive en tout tems , furtout dans la Canicule. Les Chafleurs y vont dans les grandes chaleurs , afin d'en con- ferver l'accès. Il ne fe fond pendant l'Été qu'une très-petite partie de la fur- face , encore fe regéle-f elle pendant la nuit ; lorfque le foleil paroit on y voit toutes les couleurs du Prifme. B. eft un petit ruifleau , qui vient de deflbus la glace , il eft peu profond & extrêmement froid. C. font des Hutes qui en étoient d'abord fort éloignées ; mais qui à prê- tent en font voifines par l'accroiiTement continuel de cette montagne. Il y a auprès de Genne & dans les Alpes , une montagne fembfable. Un certain Capucin m'a allure qu'il avoit monté à la cime de cette montagne avec un Ouvrier en criftal , qui ayant eflayé avec fon marteau quelques- uns de ces rochers &s'étantapperçu qu'ils étoient creux & qu'ils refonnoient; H fit un creux & en tira une iubftance femblable à du Talc ; ce qui félon lui étoit un figne , qu'il y avoit du criftal ; en effet il fit un grand trou avec de la poudre à canon & trouva un rocher de criftal. 391 Collection Transactions I'hilosophiq. Ann. ,674. TRANSACTIONS PHILOSOPHIQUES. Année M. DCLXXIV. N°. 101. OBSERVATION DU Dr. JOHNSTONS DE POMPHRET fur quelques pierres animales de couleur d'or , communiquée à M. Lifter , qui en a fuit part à C Éditeur. ( A ) Lettre du D. Johntons. De Pomphret le ZZ. Avril 16 J2.. ~r TL y a environ un an , qu'un Boucher de Pomphret nommé Thomas Capidge ' 1®X' J.tua un bœuf,dans lequel on ne trouva rien contre nature ; mais fa fervante ART. IV. ayant voulu fourrier la veflîe , on s 'apperçut qu'il y avoit quelque chofe d'at- taché aux parois par une efpece d'écume tranfparente. Le fils du Boucher , qui s'en étoit apperçu le premier , ayant frapé fur le fond & fur les côtés de cette veflîe , rit tomber vers l'orifice , & fit fortir en la fecouant &c en la prenant une efpece d'écume , & environ deux cent pierres de différente grandeurs , dont les plus grofles étoient à peu-près du diamètre de cet ( O ) ; il y en avoit comme des têtes d'épingle ; d'autres , qui n'étoient pas plus grofles que de la graine de moutarde. Après avoir efluyé les glaires , qui y étoit attachées , il vit qu'elles étoient polies & de couleur jaune. Il en rom- pit quelques-unes & ferra les autres dans du papier ; lorfqu'elles furent fé- ches , elles parurent femblables à de la femence de perle , mais elles étoient plus polies & d'une belle couleur d'or , qu'elles ont toujours con- fervée depuis , comme il vous eft aifé de vous en convaincre. Elles paroif- fent très-polies & fans rugofités aumicrofcope, la plupart font fphériques , il y en a quelques-unes un peu applaties; elles reflemblent par leur couleur à de l'or bruni. J'en ai rompu une ou deux avec un peu de peine , & j'ai décou- vert à mon microfcope , que ce n'étoit qu'une petite enveloppe qui étoit ainfi brillante ; l'intérieur de cette écaille eft femblable à de l'or brun , la fub- ftance intérieure eft comme du fucre candi'; elle n'a point de goût : ces pier- res diminuèrent beaucoup dans l'efprit de vitriol fans perdre leur couleur , fans doute à caufe de l'écorce , qui les enveloppe , qui paroît difficile à dif- foudre comme celle des perles ; l'eau-forte les diffout avec effervefcence. EXTRAIT Académique. 393 EXTRAIT DE DEUX LETTRES ÉCRITES D'HAMBOURG , PH^otopHi^ par Ufç avant Chriftophle Sdnûius , fur [origine des perles. (A) A ( Du là. Octobre 16 y 3. N°' 101' VOici l'hift. de l'origine desperles,dont je vousavois déjà parlé. Les mères ART. V. des perles font leur ponte en eau douce en Norwége & ailleurs. Leurs co- quilles font femblables à celles des moules , mais plus grandes : le poifïbn qui eft dedans , refîemble à une huître , & produit une grofTe grappe d'oeufs femblables à ceux des écreviffes ; il y en a de blancs & de noirs , ces der- niers deviennent blancs à la fin , lorfque leur membrane extérieure eft enle- vée. Elles pondent leurs œufs lorfqu'ils font murs ; ils grofîîflent & produi- fent un poifïbn femblable à leur mère ; mais quelquefois il arrive qu'un ou deux de ces œufs font adhérens aux côtés de la matrice , & ne fortent pas avec les autres. L'huître les nourrit malgré elle , & ils croiffent avec le tems formant des perles de différentes grofTeurs, qui laiflent l'empreinte de leur figure dans le poifïbn & dans la coquille. La matière étant neuve , mais deflituêe de preuves , t Éditeur prit la liberté de prier M. Sandius de lui faire part des raifons qu'il avoit pour ajfurer ce fait ; à quoi celui-ci répondit par la lettre fuivante du zy. Février 16 y 4. Quant à l'autorité fur laquelle j'ofe afïïirer l'origine que j'ai aflîgnée aux perles , dans ma première lettre , je dois déclarer ici qu'un Danois appelle Henri Arnoldi , homme d'efprit & digne de foi , me l'a ainfi rapporté ; en m'affurant , qu'il s'en étoit convaincu par fon expérience à Chrifliana en Norwége. D'ailleurs la chofe paroit très-probable & je ne vois pas qu'on puiffe rien objecter à cet égard. Si je vais dans ces quartiers , ou dans le pays du Duc de Brunfwick , où l'on trouve aufîî des perles , qui ne le cè- dent pas à celles de l'Orient , je ne manqueraipas de m'infhuire de la chofe par moi-même. N°. 102. NOUVELLES OBSERVATIONS MICROSCOPIQUES faites par M. Leewenhoeck, qui ont été promifes dans le N° 97. de ces Tran- faclions, & telles qu'il les a communiquées dansfes Lettres du l5. Août l6y3. & du y. Avril 16 y 4. ( A ) 1°. A Yant efîayé en différens tems de découvrir les parties , qui entrent fj°. 102. -tS-dans la compofition du fang , j'ai enfin obfervé fur du fang , que j'ai ART. IL tiré de ma main, qu'il étoit compolë de petits globules ronds, qui nagent dans une liqueur cryftalline : cependant je doute encore que tout le fang l'oit ainfi compofé ; car lorfque j'ai examiné mon fang en très-petites parcelles , les globules étoient peu colorés. Tome I. II. Partie. D d d 394 Collection ■ = 2°. J'ai anfli obfervé que le lait de vache étoic compofé de petits globu- Transactions les tranfparens , entraînés de la même manière que le fang , dans une liqueur Phuosophiq. tranfparente. Ann. 1674. 1"' ^a' c'e m^me examiné à mon microfcope , quelques-uns de mesche- j^o .' veux, que j'avois cru jufqu'à prélent compolés de globules , qui n'attei- gnoient pas jufques au bout, comme je l'avois obfervé dans les plantes, mais qui étoient unis dans la peau & dans la racine du cheveu , de forte que j'imnginois que le cheveu croiffoit par le mouvement des globules. Mais j'obfervai il y a deux ou trois jours le poil d'un élan , & je trouvai qu'il étoit cornpolé de globules conjoints , qui me parurent fi manifeftes au mi- crofcope , que je me convainquis que l'accroiffement des cheveux venoit, comme je viens de le dire , du mouvement des gobules. Ce poil d'Élan me * v 1" ç . parut plus creux, que ceux des hommes & des autres animaux.* lamicro.'tapliiedc 49 • J'ai encore obfervé un de mes ongles, & j'ai trouvé qu'il étoit com- M. Hoock. pofé de globules ; je ne doute pas qu'ils ne croiffent, comme les cheveux, par le mouvement des globules. 5°. Outre cela j'ai examiné la tettine d'une vache , dans laquelle j'imagine que fe fépare le lait ; la graiffe de quelques animaux , & de quelques poif- fons , les nerfs d'une vache , la chair , la membrane commune des mufcles , les vaiffeaux & la graiffe de cette membrane, & l'épiderme du corps hu- main ; mais comme je n'ai pas le tems maintenant de vous envoyer toutes ces obfervations , je les réferve pour une autre occafion. * V la m*c 0- ^°" Ayant déjà parlé des poux , de leur aiguillon , ,&c. * je ne puis graphie de M. m'empêcher maintenant de dire quelque chofe de ce que j'ai obfervé dans Hoock. ce petit animal. J'ai mis à plufieurs reprifes un poux affamé fur ma main , pour obferver la manière , dont il en tire le fang , & les mouvemens qu'il donne à l'on corps pour cela. Le poux ayant enfoncé fon aiguillon dans la peau , en fuçe le fang , qui paffe par un très-petit filet dans la partie antérieu- re de fa tête, d'où il fe dégorge dans un grand réfervoir que je crois plein d'air. Ce réfervoir étant à demi rempli de fang dans fa partie antérieure , le pouffe en arrière , & l'air de rechef en devant , ce qui fe continue avec beau- coup de promptitude tant que le poux fuçe, excepté dans les momens, où il fe répofe comme s'il étoit fatigué , & qu'il reprend fes forces ; ( mouve- ment qui reffemble à celui des lèvres d'un enfant , qui tette ) de-là le fang paffe encore par un petit filet dans le milieu de la tête , où il rencontre un autre réfervoir, dans lequel on apperçoit le même mouvement. Enfuite il va encore par un très-petit filet à la poitrine , & dans un inteftin, qui s'avance à la partie pofrérieure de fon corps , & s'y courbe un peu en haut. Le fang fe meut fans interruption tk. rapidement dans la poitrine & dans cet inteftin, iurtout dans ce dernier , 8i cela avec des battemens fi forts , &c une telle con- traction de l'inteftin , qu'on ne peut qu'admirer ce mouvement. Il fort de tems-en-tems un peu de fang de la partie fupérieure de la courbure de l'in- teftin , qui eft très-étroite ; & comme ce fang ne rétrograde pas , cela me fait préfumer , qu'il y a en cet endroit une valvule. Le fang y refte immo- bile , & y prend une couleur aqueufe. On apperçoit après ce changement quelques parties noires , qui reffemblent à du fable , elles ont un mouve- ment confus , & augmentent de volume ; ayant enfin acquis la groffeur A C A I) É M I Q U F. j9f d'un grain de fable, ces parties fe joignent enfemble& forment une mafte, qui ' ■■»—»» fort par J'anus, & entraine quelquefois avec elle un peu de fang aqueux. Transactions Cette excrétion reflemble aux excrémens des vers à foie. Thilosophiq. Ann. 1674. REMARQUES Sur quelques Diamans extraordinaires. ( A ) IL nous tomba , il y a quelque tems entre les mains , la repréfentation Art. IV. d'un grand nombre de diamans , que M. Tavernier vendit au Roi de France à fon retour des Indes Orientales , où il a fait fix voyages par terre. Par- mi ces diamans , il y en a trois d'une couleur fort extraordinaire. Il y en avoit un qui pefoit Hi 77 Carrats , & qui étoit d'un très-beau violet ; les deux autres étoient d'une couleur de rofe pâle. Ils avoient tous les trois la dureté du diamant , ce qui les fait regarder comme tels. N°. 106. OBSERFJTIONS MICROSCOPIQUES DE M. LEEWENHOECK , fur le fang , le lait , les os , le cerveau , la falive , l Epidémie , &c. commu- niquées à l'Éditeur dans une Lettre du 1. Juin 16 J 4. ( A ) M O N S I E U R J'ai reçu avec beaucoup de plaifir votre Lettre du 24 Avril dernier, par N°. loS. laquelle j'ai compris que mes obfervations ne vous éi oient pas défagréa- ART. I. blés ; ce qui m'a encouragé à les continuer , & je vais à ce fujet vous faire part de ce qui fuit. 1. Les petits globules du fang , dont je vous ai parlé N". 102. font plus péfans que la liqueur , dans laquelle ils nagent ; car peu de tems après que le fang eft forti de la veine , ces petits globules tombent peu-à-peu au fond , & comme ils font formés de corpufcules mois & fluides , ôi qu'ils s'entaf- fent les uns fur les autres , ils s'unifient enfemble , & cette union fait, que le fang qui eft deflbus , change de couleur & devient d'un rouge noir , ou noirâtre , comme je l'ai obfervé plufieurs fois. Je crois que la raifon en eft , ( ce que je foumets cependant au jugement des Sçavans , ) que l'air ne peut pas fe mouvoir autour des globules. Quant à la couleur vive de la furface du iang expofé à l'air , je penfe que cela vient de ce que les globules fupérieurs ne font pas prefles , ôi par conféquentfe maintiennent dans leur état natu- rel ; & de ce que les globules qui font au-deflbus , étant intimement unis entr'eux, l'air, ni la lumière ne peuvent pas pénétrer au travers , mais fe rc- fléchiffent, & par conféquent éclairent plus les globules fupérieurs , qu'avant que les inférieurs ne fuflent unis entr'eux , ce qui les fait paroitre plus rouges. Dddz 396 Collection ■ 2. Voici la méthode que j'ai fuivie, pour obferverle lait & le fang. J'ai Transactions préparé moi-même plufieurs tubes de verre , d'un très-petit diamètre tels Philosophiq. qu'AB , dont quelques-uns ne font pas plus gros qu'un cheveu ; plus ils font Ann 167,1 étroits & meilleurs ils font. Ils faut qu'ils foient un peu plus gros , lorfqu'on No ' r>< ' veut exam'ner l'eau dans laquelle nagent les globules , & qu'on les veut voir * v" 1 fitr " *"e précipiter. Ayant apprêté un de ces petits tuyaux , je fais une ligature au-deffous de la première jointure de mon pouce , comme fi je voulois faire une faignée , alors je me pique avec une épingle pour en faire fortir du fang , j'eiTuye le premier qui tort , fi je veux le garantir de l'impreflion de l'air : j'examine bien l'endroit de la piqueure pour y appliquer mon tube, Se je preffe mon pouce pour en faire fortir une plus grande quantité de fang , qui monte en partie dans le tube : je mets ce tube, avec le fang qu'il con- tient , fur une feuille de papier blanc ; j'en coupe un petit morceau comme dans la figure 2 ou 3 , que j'expofe à mon microfeope. Le fang qui eft dans ce tuyau , eft prefque tout de la même couleur , parce que les globules font en petit nombre , & qu'ils ne font pas fi unis entr'eux. Plus le calibre du tu- be eft petit, plus le fang monte dans fa cavité. Je vous envoyé quelques- uns de ces tuyaux , pour vous mettre à portée vous , & vos amis de vérifier mes obfervations. J'ai découvert que les globules rouges du fang étoient 25 mille fois plus petits qu'un grain de fable ; ce qui paroîtra peut-être incroyable à bien des gens : mais comme il ne s'agit que de la figure des corps , on fçait bien que deux fphéres étant données, dont l'une a un diamètre = I & l'autre = 20 , la proportion de leur folidité eft : : 1 , 8000 , les fphéres étant en rai- fon triplée de leurs diamètres. Ces mêmes globules rouges lorfqu'ils font feuls, &c qu'ils font adhérens à la furface interne des tubes , paroiffent blancs & fans couleur. 3. Si vous avés la curiofûé d'obferver le mouvement des globules rou- ges dans la liqueur tranfparente , dans laquelle ils nagent ; prenez le plus gros de ces tubes , rempliffez-le de fang depuis E jufqu'en F , & fcellez her- fte 22. métiquement l'extrémité B à la flamme d'une bougie. Cela fait , tenez votre tube droit, l'extrémité A en haut , afin que les globules rouges puiffent fe précipiter ; & lorfque vous voudrés voir le mouvement des globules, échauf- fez un peu avec la main le tube entre E & B ; parce qu'alors l'air contenu entre E&B occupant un plus grand efpace , fera monter le fang plus haut; par ce moyen les globules rouges fe mouvront à la furface de la partie aqueufe. Lorfqu'il arrive que les globules font joints entr'eux , il n'eft pas poflible de bien faire cette obfervation. 4. J'ai effayé plufieurs fois d'obferver les parties des os , & d'abord je crus voir un grand nombre de petites veines à la furface de l'os de la cuifle d'une vache , que j'ai gardé à caufe de cela ; mais je n'en ai pas vu depuis fur au- cun autre os. Enfuite j'examinai l'os de la cuiffe d'un veau, dans lequel je remarquai plufieurs petits trous , qui pénétroient de-dehors en-dedans. J'i- maginai alors que cet os avoit des vaiffeaux , qui fe dirigeoient dans fa lon- gueur. Ayant examiné depuis la dent d'une vache , j'ai trouvé qu'elle étoit compoièe de globules tranfparens très-vifibles , j'ai obfervé la même chofe fur l'y voire ou fur une dent d'Éléphant , & comme j'ai fouvent remarqué ACADÉMIQUE. 397 la même chofe , je ne doute plus que tous les os blancs ne foient compolès de globules tranfparens ; & je fuis même perfuadé que tout ce qui nouspa- Transactions roît blanc , eft compofé départies tranfparentes ; comme la neige, le pa- Philosophiq. pier blanc, les pierres blanches, le bois blanc, 1 écume , le verre pilé , la Ann. 1674. réline pilée , le îiicre, le fel , &c. j^o IO(; 5. J'ai encore obfervé le fbye d'un mouton, & celui d'une vache graffe; ils étoient compofés de globules , qui paroiflbient auffi petits que ceux du fang. Le foye de la vache étoit d'un rouge brun , mais les morceaux , que j'en ex- pofai à mon microfcope , me parurent très-peu colorés .quoiqu'un peubril- lans vers leurs bords , qui étoient rouges , & entièrement remplis de globu- les fanguins. Le fang lé trouvoit en quelques endroits en manière de vei- nes , d'où je conjecturai que le fang étoit épanché dans la fubftance du foye hors de lès vaiffeaux. Je fis bouillir une partie de ces vifcéres , penfant que leur molleffe empêchoit d'obferver tout ce qu'il y avoit de remarquable. Je les fis lécher, & je vis de cette manière des globules dans l'un & dans l'au- tre : je me propofe cependant de répéter cette oblervation. 6. J'ai obfervé que la fubftance blanche du cerveau d'une vache étoit compofée de très-petits globules. Quant à la fubftance cendrée , je n'ai pu y obferver rien de particulier à caufe de fa couleur brune. Je vous envoyé quelques petits tuyaux , que j'ai imaginés pour ces obfervations , afin de mettre les curieux en état de les répéter. AB eft un tube creux , qui eft de la grofleur d'un crin de cheval en AC. J'enfonce fon extrémité A jufqu'en Fig. 33. D dans la fubftance blanche du cerveau , que j'ai auparavant découverte ; enfuite appliquant ma bouche à l'extrémité B , je fuçe auffi fort qu'il m'eft pofîîble ; pendant tout le tems de cette fuclion je remue le tube , l'enfonçant & l'élevant de façon cependant que l'extrémité A foit toujours dans la fub- ftance blanche. J'introduis par ce moyen dans mon tube un peu de cette fubftance , que j'examine de la même manière , que le fang. Je répéterai en- core cette obfervation , lorfque j'en aurai la commodité. * Quant à la moelle épiniére , j'ai auffi trouvé qu'elle étoit compofée de petits globules , j'y en obfervai même de gros , que je foupçonnai avoir pu être produits par la faction , ayant employé pour obferver cette moelle , les mêmes moyens que pour obferver le cerveau. 8. Ayant examiné en différens tems la chair de vache , j'ai découvert qu'elle étoit compofée de filamens très-déliés , mis à côté les uns des autres, & enveloppés d'une membrane commune; j'en ai vu plufieurs , qui étoient entourés de globules que je jugeai être des globules fanguins ; je conjecturai même que ce fang placé dans l'interftice des filamens, dont nous venons de parler , étoit celui qui fortoit dans les piqueures, lorfqu'on n'avoit pas ouvert quelque veine ; mais cela fera Iefujet d'un examen plusexact. En attendant j'ai féparé avec la pointe d'une épingle ces filamens les uns des autres, ils m'ont paru 2> fois plus fins qu'un cheveu ; les ayant expofés au microfco- pe , j'ai trouvé qu'ils étoient compofés de globules réiinis , qui paroiffoient plus petits, que tous ceux que j'avois vus juiqn'alors. J'ai fouvent eu oc- On pourroit peur-être dire que la force , qu'on employé pour introduire la fub erveau dans ces petits tuyaux , en altère & en change le tilîu. du cerveau 3p8 Collection ' cafion de faire la même obfervation , ne voulant reconnoître pour vrai , que Transactions ce que j'ai vu en différens tems , & fur différentes parties. Philosophie 9. J'ai trouvé dans la falive d'un homme à jeun , un petit nombre de très- Ann 1674. Pet'ts globules , dont j'ai vu quelques-uns tomber au fond. J'y aivuauflî xjo C ' des parties irrégulieres , qui me paroiffoient compofées de globules réunis. Mais ayant examiné cette même falive après le dîner ', je trouvai ces glo- bules & ces particules irrégulieres en plus grand nombre ; d'où je conclus que tous les fluides font compofés de globules , & je penfe que fi l'on pou- voit foîitenir une goutte d'eau en l'air, elle feroit parfaitement ronde. D'où je conclus, que, lorfque quelque fluide vient à être changé dans notre corps en parties folides , elles doivent être preffées de toutes parts les unes contre les autres ; preffion que je crois plus grande que celle de l'air fur l'eau, ou de l'eau fur l'air. Cette même preflîon agit fur chaque molécule en particu- lier , d'où refaite leur figure ronde. IO. L'Épiderme ou la furpeau efr compofée de parties rondes , ou de pe- tites écailles , mitant que j'ai pu en juger jufqu'à préfent , & j'imagine que la production de cette Epiderme fe fait de la manière fuivante. Si par exem- ple on laine tomber fur une feuille de papier une petite goutte d'eau gom- mée , l'eau s'évapore en peu de tems , & la gomme occupe la furface de la goutte. J'imagine donc , que les humeurs , qui fortent continuellement de notre corps , font cette eau gommée ; & par conféquent que la tranfpira- tion fort entre ces écailles appliquées les unes fur les autres, ck non pas par des pores , ainii que plufieurs l'ont enfeigné ; comme dans un cable bien ferré & bien tordu , l'eau qu'on y jette , traverfe tout le cable & fort par le bout, fans paffer par aucun pore ; mais coule entre les filamens de ce cable. La matière la plus groffiere , ou celle qui a le plus de confiftance, que je compare à la gomme , s'attache au corps ck fait l'Épiderme , qui fe forme en-deflbus & s'ufe par-deflus. Plus ces parties font tranfparentes , plus la peau eft blan- che ; mais ce n'eft encore qu'une conjecture. J'ai dit autrefois que les plan- tes croiflbient de cette manière , avec cette feule différence , que la fuper- ficie d'un globule de vapeur qui s'exhale de la plante , s'étant un peu endur- cie , l'humidité fort alors par le fommet de la plante ; & cela par une fuc- cefljon continuelle. Je fuis perfuadé qu'on peut voir en quelque façon cette efpece d'accroiffement dans la moelle du bois , dans celle des membranes, dans le liège , & dans la partie blanche des plumes ; je vous ai envoyé des petits morceaux de ces trois dernières efpeces de corps coupés avec un ca- nif bien tranchant, croyant que cela mériterait d'être obi'ervé. Je dois vous avertir que Iorfqu'on expofe de ces fortes de chofes au porte-objet d'un mi- crofcope , il faut mettre l'inftrument à l'ombre dans un lieu découvert , com- me fi l'on vouloit obferver les étoiles avec un télefcope. Académique. 399 Transactions AUTRES OBSERVATIONS DEM. LEEWENHOECK Phiiosophi*. fur la lueur , la erailfe , les larmes , &c. communiquées à l'Éditeur dans une k * 7 jl *> r -ii + .s*- f \ \ Ann. 1674. Lettre du 6. Juillet 16 J 4. ( A ) XIn 7 J^ K ' N°. 106. 1. T'Ai Couvent examiné la fueur de mon vifage , dans laquelle je n'ai ob- Art. II. J fervé qu'un petit nombre cie globules tranlparens, & quelques parties plus groffes de différentes figures , qui vraisemblablement ne font autre choie que des écailles de l'Epidetme ou de la peau. 2. J'ai auffi oblérvé la fueur de plulîeurs chevaux , que j'avois foin de ramafler lorfqu'elle n'étoit pas abondante ; j'y ai vu quelques globules qui nageoient dans une liqueur cryltalline , & quelques autres parties irrégu- lieres plus grolTes. Mais dans les chevaux, qui f'uoient abondamment, & dont la fueur formoit une écume blanche fur leur peau , j'ai remarqué un plus grand nombre de globules , avec quelques-unes de ces parties irrégulieres , que j'ai jugé être des écailles de l'Épiderme. 3. Je vous ai déjà dit que j'avois imaginé , que les cheveux étoient corn- pôles de globules unis enfemble , & que j'avois obfervé cette ftrudure dans les poils des Éléphans ; depuis ce tems-Ià j'ai vu ces globules non-feulement dans des cheveux & du crin de cheval , mais encore dans la laine de brebis, & dans les poils de mes fourcils. 4. Ayant arraché un poil noir de la queue d'un Éléphant , & en ayant coupé tranlverlalement une petite lame , je l'expolài à mon microfeope , qui me fît voir dans l'épaiffeurde ce poil , environ cent petites taches blan- châtres ; dans chaque tache il y avoit un point noir , & dans un petit nom- bre de ces points noirs un trou. Extérieurement ce poil étoit compofé de globules, que j'aurois cru beaucoup plus gros dans un animal li énorme, que je ne les trouvai en effet. Je conlerve ce poil à caufe de la figure affez femblable aux couleurs près , à la queue d'un Paon. 5. Je vous ai mandé la méthode , dont je me fers pour voir le mouvement de ces globules dans la liqueur cryltalline du lang. Ayant imaginé depuis, un tube beaucoup plus propre à cet effet , je vais vous en donner la defeription. AB eft un tube de verre de la grofTeur d'un crin de cheval de B en O ; de- „ puis O jufqu'en D , il a la grofTeur d'une plume de Pigeon ; la partie depuis D , jufqu'en A , eft un peu plus grêle. Il eft ouvert par les deux bouts A 6c B. J'ai fait entrer un peu de lang dans ce tuyau depuis E jufqu'en F , ou depuis E jufqu'en C ; enluite j'ai fcellé hermétiquement l'extrémité A ; ou bien je laiffe le tube fermé en A, & échauffant avec ma main ou avec mon haleine la partie la plus groffe G , en tenant le tube par F, & portant fon extrémité ouverte dans le fang , &c. la chaleur chaffant un peu d'air par l'ex- trémité B , il tâche d'abord de reprendre fon premier état , & attire un peu de fang dant la partie la plus grêle du tube : je mets enfuite ce tube depuis A jufqu'en G dans un tuyau de cuivre que j'ai fait ajufter à un de mes microf- copes , & que je pus éloigner ou approcher , baifferou élever à ma volonté. 6. J'ai obfervé depuis peu avec un de ces tubes , du fang dans lequel j'ai trouvé beaucoup de cette partie aqueufe ; m'étant avancé un peu à l'air dans 400 Collection — ■ — ~— un tems ', où il faifoit beaucoup de vent , je vis avec beaucoup de plaifir Transactions ces petits globules que le vent agitoit , fe mouvoir d'un double mouvement , Philosophiq. un mouvement en droite ligne , & un mouvement autour de leur axe. Ann 1674 7' ^'a* ^l't vo'r a ^' ^' ^' ^ Ie 'u' a' donné ma méthode d'obferver le ÏS'o ûT ^ano ' ^c' 'e *l" al ^dlt Pré^ent ds quelques-uns de mes petits tubes , qu'il a envoyés avec ma lettre à fon fils , qui eft à Paris ; il lui a répondu , qu'il n'avoir pas vu de globules dans le fang , mais d'autres petites particules. Cela peut arriver à d'autres , &c il eft bon d'avertir que les globules rouges , lors- qu'ils l'ont en repos , s'attachent promptement les uns aux autres, comme je l'ai obfervé plus d'une fois , & paroiffent d'une figure irréguliere , ce qui a fans doute empêché M. H. le fils de les voir, parce qu'en effet il n'eft pas poflible de les diftinguer en cet état. 8. Je ("celle par les deux bouts les petits tubes , dont j'ai coutume de me fervir pour obferver les fluides , & lorfque je veux en faire ufage , je romps avec les doigts ces extrémités. C'eft afin que les parties terreftres , qui flot- tent fans celle dans l'air, ne puiffent pas entrer dans ce tube ; m'étant fou- vent apperçu , que lorfqu'ils ont été quelques-tems ouverts à l'air , ils étoient remplis de particules terreftres & de filamens , qu'on pourrait prendre pour des parties de la matière qu'on obferve , fi on ne prenoit pas cette pré- caution. 9. J'ai obfervé & fait voir à plufieurs curieux la graiffe de mouton & de vache , qui m'a paru compofée de globules joints enfemble , de la groffeur de la grêle ordinaire. On ne doit pas imaginer que ces globules, &ceux qui compofent les os & les autres parties folides , foient parfaitement ronds ; car s'ils l'étoient , les intervalles qu'ils laifferoient entr'eux , devroient être trian- gulaires, ou ils devroient être remplis d'autres corpufcules ; mais ils ne font Flg. 2$. ronds que par un côté. Car par exemple qu'A & B , foient deux globules de graiffe & qu'un troifième qui fe forme, foit placé au-deffus & entre A & B , il prendra la forme C & fera avec les autres le corps triangulaire FDE comme dans la figure. C'eft ainfi que j'imagine que la graiffe eft compofée de parties groffieres , qui ne font pas parfaitement rondes. Et fi quelque cu- rieux fouhaite voir les globules qui en compofent la plus grande partie , il faut qu'il prenne un morceau de la graiffe la plus groffiere , qu'il la rom- pe avec les doigts ; par ce moyen on découvre des petites parties féparées, qui ne fe trouvent cependant pas toujours. Ces parties étant appliquées, adroitement au porte-objet d'un microfçope , on pourra en voir la forme , au lieu qu'en divifant la graiffe avec une épingle , on déchire la graiffe. 10. J'ai obfervé en dernier lieu que chaque véficule ou globule de graiffe eft compofé de plus de mille globules plus petits ; je fuis cependant porté à croire , que ceux , qui n'ont pas pu voir les globules du fang , des che- veux , des os , &c. n'auront pas la fatisfa&ion d'appercevoir les petits glo- bules , qui compofent les gros globules de la graiffe , à caufe de leur pe- titeffe exceffive. 1 1. Quoique j'aie déjà obfervé la graiffe de quelques poules d'eau & de quelques poiffons , je tâcherai cependant de l'examiner encore , avant que de vous faire part de mes obfervations. 12. Je n'ai trouvé qu'un très-petit nombre de globules dans les larmes de deux CoCêcct-Acdb -To- lr:Jècd- FaxljPCcui ■ XI • Vaa . éoo ■ JL l^ : l J\g--* £ rx a a » B ?(an-l1-Pag'é'33 ACADÉMIQUE. 401 deux enfans , que j'ai obfervées , mais en revanche j'y ai vti beaucoup de ^= parties irrégulieres de différentes formes , -dont quelques-unes paroiffoient Transactions composées de globules réunis. Comme ces larmes avoient coulé le long des Philosophie joués , je peniai que toutes ces parties pourroicnt bien être des écailles de ^nn. 1674. l'Épiderme.Et je préfume que fi l'on obfervoitles larmes d'un adulte qui cou- jy>ot 1 06. lent en plus grande abondance , &c pour des fujets plus graves , on y en re- marquerait beaucoup plus. HYDROPISIE PRISE POUR UNE GROSSESSE , par U Dr.... (B) ON confia il y quelques années à un Médecin en Hollande , une jeune ART. III. fille âgée d'environ 17 ans , qui avoir toujours été d'un tempérament très-fort ; elle portoit fur fon vifage les marques extérieures de la fanté la plus parfaite , elle avoit l'eftomac bon , fes meniïruès fe fuccédoient fans interruption , elle ne reffentoit ni douleurs de tête , ni aiToupiffemens , ni difficulté de refpirer , aucune altération, & en général elle n'étoit attaquée d'aucuns fymptomes ordinaires de l'hydropifie. Son ventre s'enfla fi prodi- gieufement en trois mois, que les Médecins la foupçonnerent d'être encein- te , ce qu'elle nia avec les fermens les plus facrés. Et en effet dès que les Médecins eurent touché cette tumeur , pluileurs raifons les forcèrent à aban- donner l'opinion qu'ils avoient de cette fille , parce qu'ils ne fentirent aucu- ne tumeur ronde ou proéminente , telle qu'on la fent ordinairement aux femmes enceintes ; outre cela fes urines n'étoient point épaiffes ni colorées , comme celles des femmes grofles. Il ne paroiffoit cependant aucun fympto- me d'hydropifle , la malade ne fe plaignoit d'aucunes douleurs à l'eftomac , au foye , à la rate , aux reins ; ies parties inférieures de fon corps, & les lombaires n'étoient point gonflées, elle avoit toujours confervé affez d'em- bon point , fes mammclles n'étoient point flafques , & n'avoient point per- du leur couleur naturelle ; en un mot elle parut à ion Médecin li bien con- ftituée, qu'il la renvoya fans lui prefcrire aucun remède. Après plus de fix mois, pendant lefquels elle confulta en vain plufieurs autres Médecins , Se quelques Charlatans , elle revint auprès de lui ; mais elle étoit alors bien changée, car elle étoit maigre & décharnée , elle ne refpiroit qu'avec pei- ne , elle avoit les tempes enfoncés , les yeux creux , elle étoit devenue pale & laide , fon pouls étoit ondoyant , elle avoit perdu l'appétit, fa langue étoit defféchée , fa voix éteinte , fes régies étoient fupprimées , elle avoit perdu toutes fes forces , & en un mot elle reffembloit plutôt à un fquelete, qu'à un corps animé. Le Médecin étant alors fuffifamment convaincu de la nature de la maladie de cette jeune fille , réfolut , qnoiqu'elle lui parût dans un état défefpéré , de lui faire l'opération de la paracentèiè : mais la malade ayant horreur de cette opération , fon Médecin l'abandonna , Se elle mourut trois mois après. Son corps fut ouvert, Se il parut auflîtùt lemblable à un lac, ce qui fit juger d'abord que cette tumeur,caufée par les eaux contenues dans la capacité de l'abdomen , n'étoit autre chofe qu'une hydropifie afeite ordi- naire. On voulut alors examiner le foye , mais on ne le trouva point ; le méfentére , le pancréas , la rate , Si. les reins ne parurent point ; la mem- Tome I. II. Partit. Eee 4oi Collection < i ' brane intérieure du péritoine étoit féparée de l'extérieure , de forte que ces Transactions deux membranes formoient une poche, qui contenoit ce volume d'eau prodi- Phuosophiq. gieux , dont il ne s'étoit pas répandu une feule goutte dans l'abdomen. Ce Ann \(tia ne ^u: quavec beaucoup de peine que l'on parvint à connoître ce que c'é- xj0 ' y toit que cette poche , parce qu'il fallut faire écouler toute la férofité qu'elle contenoit , pour en découvrir les deux côtés. On découvrit donc qu'elle étoit compofée des deux membranes du péritoine féparées l'une de l'autre , & attachées aux mufcles tranfverfaux de l'épigaftre. Les eaux qui s'étoient filtrées entre les deux membranes du péritoine , avoient forcé la membra- ne intérieure de s'enfoncer dans la cavité de l'abdomen , & avoient formé par cette dilatation , une efpece de fac qui s'étendoit depuis l'os pubis juf- qu'au diaphragme , & depuis la région gauche , jufqu'à la région droite des lombes ; de forte que la partie membraneufe du péritoine , qui eft naturelle- ment auflî mince qu'une étoffe de foye , & qui alors étoit auflî épaiffe & d'un tiflu aufli ferré qu'une peau de bœuf, s'étoit dilatée peu-à-peu, de mê- me que la capacité du ventre des femmes grofles , qui augmente de plus en plus , à mefure que les femmes approchent du terme de leur groflefle. Lorfque cette poche fut enlevée , on trouva les inteftins qui ne contenoient ni gravier , ni tartre , ni matière plâtreufe ( comme on en trouve fouvent dans les perfonnes mortes d'hydropifie ) , ils étoient feulement flétris &£ décolorés , mais on auroit pu prévenir cette flétriflure , en faifant à propos l'opération de la paracentèfe. N°. 107. DÉPLACEMENT GÉNÉRAL DE TOUS LES INTESTINS, par le Dr. Henry Sampfon. ( B ) ART, I. TN Miniftre de la Province d'York étoit attaqué d'une toux & de quel- \J ques autres incommodités,qui l'obligèrent de faire un voyage à Londres, pour confulter les Médecins fur fon Etat , & pour tâcher de fe procurer quel- que foulagement , & il fit à pied la plus grande partie du chemin ; il mourut environ quinze jours après fon arrivée dans cette Ville. Il avoit bu pendant fa maladie une grande quantité d'eau-de-vie , ce qui avoit accéléré le mo- ment de fa mort. Nous obfervames que fes membres étoient amaigris ,& qu'il y avoit fur fon ventre plusieurs inégalités, & furtout fur les mufcles droits; nous en tirâmes une très-grande quantité d'eau. Les inteftins étoient enflam- més , & étoient gonflés par la quantité d'air qu'ils contenoient ; nous remar- quâmes auflî de l'inflammation aux reins , qui étoient environnés de plufleurs glandes. Les inteftins étoient totalement déplacés ; le foye dont le volume étoit très-confidérable, étoit fitué dans l'hypochondre gauche, & la rate dans l'hypochondre droit ; la pointe du cœur étoit tournée du côté droit , & par- conféquent le ventricule le plus large &c dont les parois font en même-tems plus minces & d'un tiflu moins ferré , étoit du côté gauche , & l'autre ven- tricule qui eft le plus épais , éroit tourné du côté droit 5 tandis qu'il eft ordi- nairement placé du côté gauche. Académique. 403 L'œfophage defcendoit jufqu'au premier orifice de l'eftomac du côté droit) — — — ■ — ce qui faifoit que le pylore &c l'infection du canal cholidoque étoient du Transaction» côté gauche, &c que le premier pli des petits inteftins étoit du côté droit. Philosophie. De forte que le commencement du colon avec fon appendice étoit placé à . s gauche de l'os des îles ,& que la courbure figmoidale étoit à droite. Ce dé- u ' ' placement général des inteftins ne peut avoir aucun rapport évident avec " '* les maladies & la mort de ce Miniftre. Il étoit âgé d'environ 30 ans , il étoit marié , avoit plufieurs enfans , étoit de taille moyenne , & avoit toujours joui d'une bonne fanté , fi on en excepte le peu de jours qui précédèrent l'in- Itant de fa mort ; il n'avoit pas le côté droit plus élevé que le gauche , il rfétoit point gaucher , & n'étoit pas plus foible du côté gauche, que du côté droit. NOUVELLES OBSERVATIONS DE Al. LEEWENHOECK , adrejfées à t Éditeur dans une lettre du J, Septembre 16 J 4. (A) J'Ai pris l'œil d'une vache, & ayant percé la cornée avec une grofle aiguil- ART. II; le , j'en ai tiré l'humeur aqueufe , que j'ai expofée à mon microfcope. J'y ai vu quelques globules. Le brun obfcur que j'ai obfervé dans cet œil, étoit compofé de globules d'un gris foncé. ^ Je iéparai avec un rafoir l'humeur cryftalline , qui avoit prefque la dure- té d'une noix mufcade , & je l'obfervai par parties ; je trouvai qu'elle étoit compofée d'écaillés orbiculaires couchées les unes fur les autres , dont l'o- rigine fe trouvoit hors du centre , & qui étoient toutes formées de globules cryftallins. _ Ayant laiiTé fécher cette humeur cryftalline pendant trois jours , elle de- vint fidure , qu'elle fe brifa comme de la réfine , lorfque je voulus la cou- per. J'en examinai les morceaux , & je vis que non-feulement la fubftance écailleufe , dont j'ai parlé , mais encore que chaque écaille étoit com- pofée de parties circulaires , & que ces cercles avoient une direction con- traire aux premiers , comme un globe de papier, dont lafurface reffembleà l'écaillé , ou à la lame externe de cette fubftance cryftalline , fous laquelle il y a une autre couche. Ainfi jufqu'au centre du globe , la fubftance ronde dont chaque écaille eft compofée , eft aflez femblable à des lignes qu'on ti- rerait fur le globe dont nous venons de parler , & dont les premières pafie- roient par les deux poles,& les autres à côté de celles-ci,précifément comme ii la furface du globe étoit compofée d'autant de petites parties,qu'on pourrait tirer de lignes iur un globe. J'ai trouvé que toutes ces petites parties étoient compofées de globules cryftallins. J'ai fixé deux ou trois petits morceaux de cette fubftance cryftalline aux porte-objets d'autant de microfcôpes , pour les faire voir aux curieux ; ne me contentant pas d'obferver ces fingularités , mais voulant encore donner aux autres la fatisfaclion de les voir ; quoique je me fois apperçu , qu'il y avoit des perfonnes , qui fe les attribuoient. Le Dr. Swammcrdam, m'a encore rendu deux vifites avec une autre per- sonne depuis quinze jours ; je fis voir à l'un & à l'autre plufieurs de ces ob- fervations microfcopiques , & de celles, dont je vous ai rendu compte au- Eee z Transactions 40^ Collection , trefois , m'étant apperçu qu'il s'addonnoit aux mêmes recherches , & que 1 vraifemblablement il en traiteroit plus, au long , que je n'ai fait jufqu'à Philosophiq. preient. Ann. 1674 preienr. , Pour revenir à mon fujet , j'obfervai l'humeur vitrée , qui eft fituèe plus profondément dans l'œil , j'y remarquai un plus grand nombre de globules, M0, 107. que dans l'humeur aqueufe. J'examinai auffi la cornée tranfparente , après l'avoir laiffée fécher pen- dant plufieurs jours , je la trouvai compofée de globules cryftallins ; ayant tâché de fendre cette tunique dans fon épaiffeur, j'en trouvai les globules unis & fi compacts, qu'elle paroiffoit compofée de nerfs entrelacés, & quel- que foin que j'aye apporté pour en voir les parties écailleufes , je n'ai pu les découvrir ; j'ai feulement remarqué quelques rayes femblables à celles qu'on voit fur un rafoir nouvellement repaffé : cependant il paroiffoit que cette membrane auroit pu fe féparer , pendant qu'elle étoit humide. Je vous ai mandé autrefois que j'avois obfervé,que toutes les parties tranf- parentes de cette efpece, appliquées les unes fur les autres, paroiffoient blan- ches à la vue. J'ai obfervé la même choie d?.ns l'humeur cryftalline , lorf- qu'elle a été féchée & réduite en poudre : mais elle n'étoit pas blanche, pen- dant qu'elle étoit humide. . J'apperçus plufieurs couleurs brillantes dans la féconde tunique de 1 œil , qui étoit noire & compofée de globules; chacun de ces globules me parut noir ; j'emportai la couleur en paffant mon doigt deffus & la membrane parut plus foncée. La troifième tunique étoit extrêmement mince & délicate , je la trouvai compofée de globules , comme les autres. ...... J'ai communiqué ces obfervations au Dr. Schravefandc, & je lui ait fait voir l'humeur cryftalline. Il me dit que les Anatomiftes prétendoient avoir obfervé que les nerfs optiques étoient creux, & que cette cavité fervoit à donner paf- fage à l'efprit animal , qui portoit au cerveau les efpeces vifibles repréfen- tées dans l'œil ; d'où je conclus que je pourrais voir ce creux , puisqu'ils l'a- voient vu , devant être fort grand , & le nerf fort ferré , fans quoijes par- ties des environs s'affaifferoient les unes fur les autres. Pour cet effet j'exa- minai trois nerfs optiques de vache , fans qu'il me fût poffible d'y découvrir aucune cavité. Je remarquai feulement qu'ils étoient compofés de plufieurs fllamens très-mous , comme s'ils étoient faits de la fubitance même du cer- veau , tant les filets étoient lâches. Ils étoient. compofés de globules joints enfemble & liés par des parties compofées d'autres globules tranfparens. J'ai encore fait part de ces obfervations au Dr. Swammcrdam , qui m'ex- horta à en entreprendre d'autres ; ce qui m'engagea d'examiner la fixième paire de nerfs appellée la paire vague , que je coupai près de la trachée ar- tère , dans les poumons d'une vache, & je trouvai qu'ils étoient formés de filam'ens très déliés , compofés de globules joints enfemble. Ces parties fî- lamenteufes étoient très-fortes , & celles du nerf optique ne lenr étoient pas comparables à cet égard ; elles étoient comme liées par une fubftance compofée de globules tranfparens , qui faifoient les petits filets. J'obfervai en outre, que l'intérieur du nerf étoit rempli de globules beau- coup plus gros que ceux, qui compofoient les parties nerveufes ; & je jugeai Académique. 40^ que ces globules n étoient que de la graiffe. Entre cette graiffe & les fiia- mens , je vis d'abord de tems-en-tems quelques cavités , que je crus avoir Transaction éré faites par le canif ; je répétai cette obfervation avec encore plus d'exa- Philosoi-hics. âitude , & non-feulement je trouvai une cavité , mais quelque coupure que Ann 1674. je rifle au nerf , cette cavité paroifîbit toujours ; je remarquai même en x't>" |07 ' quelques endroits, quelle n'étoit pas feule , mais qu'il y en avoit quelque- * fois deux ou trois ; & que lorfque la cavité du nerf étoit un peu grande , elle étoit tapiflée de membranes , comme li elles avoient été placées en cet endroit , pour tenir cette cavité ouverte & les empêcher d'être comprimées par les parties environnantes. Cette cavité étoit auflî garnie d'une tunique, comme fi c'eût été une grotte artère en comparaifon du nerf; je vis dans le nerf plufieurs petites artères qui le traverfoient. Quant à fa force , il étoit très-délié & peu propre aux mouvemens violens : d'autant plus qu'en quelques endroits j'obfervai qu'il n'avoit que deux ou trois filamens. Pour paffer à un autre fnjet , j'ai fait quelques obfervntions fur le fel ,' dont je mis une petite quantité fur le bord d'un plat d'étain , & le lailTai fondre dans ma cave ; ayant expofé le bord de ce plat à l'air chaud & au feu, je lui ai redonné fa forme de fel. Je m'apperçus pour lors que quelques parties falines étoient globuleufes , &que d'autres reffembloient à des cônes polis, d'autres à des pyramides; il y en avoit auflî de quadrangulaires &C de parallélipipedes ; dans les deux dernières efpeces , je vis encore quelques quarrés très-petits. J'ai obfervé en outre , une terre jaunâtre d'Angleterre , & d'autre d'un jaune plus foncé que la première, qui fe trouve entre H.uwich cV Londres, où il y a quelques rerreins, qui en ftjui ciuieicuiciu couverts. Nos ouvriers en porcelaine s'en fervent , lorfqu'il leur manque de celle qu'on leur porte d'auprès de Tournay. Je vis que cette terre d'Angleterre étoit compofée de très-petits globules, que j'eftimai plufieurs milliers de fois plus petits , qu'un grain de fable ordinaire , & cela par un calcul , qui démontre que l'axe d'un grain de fable eft plufieurs centaines de fois plus grand que celui d'une des particules, qui compofent la terre d'Angleterre. J'ai examiné la terre de Flandres , dont je viens de faire mention ; je la trouvai compofée de globules à la vérité un peu plus petits que ceux de la terre d'Angleterre. Examinant l'argille , qui fe trouve abondamment autour de cette Ville ( Delft ) 6c dans le refte du pays , je la trouvai compofée de globules plus petits que ceux des deux autres terres; les Potiers l'appellent terre noire, elle eft en effet d'un gris foncé. Les globules de -cette terre ne font pas fi pefans , que ceux des terres d'Angleterre & de Flandres ; elle eft aifée à vitrifier. Un en fait des pots très-durs ; mais étant rouge, & parconféquent peu propre pour faire de la Porcelaine, on la mêle avec de la terre d'An- gleterre & de Flandres , afin de rendre la Porcelaine plus fonore. Je ne trouvai cependant pas cette terre û pure que l'autre : car elle me parut con- tenir des parties, que je crois n'être pas de la terre, mais du bois pourri mêlé avec du fable, ou des parties fablonneufes , qui font plufieurs centaines de fois plus petites que le fable. 406 Collection . — ■ H y a à deux lieues de cette Ville , un Lac , appelle Berkelfi , dont le Transactions f°nd eft marécageux en bien des endroits. L'eau en eft très-claire en hi- Philosophiq. ver, mais au commencement ou vers le milieu del'Été, elle devient blanchâ- Ann. 1674- tre » *' fl°tte Pour l°rs ^l,r & uiriace une fubftance verte , que les payfans N9 1 07 ^es env'rons attribuent à la rofée , & l'appellent rojee midleufe. Il y a dans ce ' ' Lac beaucoup de très-bon poiflbn. J'examinai cette moufle , il y a quelques jours en traverfant ce Lac , dans un tems où il faifoit du vent : j'en pris à cet effet un peu dans un verre. L'ayant revue le lendemain , j'y trouvai en la regardant , quelques parties terreufes en mouvement , & quelques filamens verds contournés en ipirale , comme les rognures de cuivre ou d'étain , dont les diftillateurs le fervent pour refroidir leurs eaux diftillées. Chacun de ces filamens étoit de la grofleur d'un cheveu. Il y a d'autres parties qui n'ont que l'origine de ces filamens, lefquels étoient tous compofés de globules verds dif- perfés. On y voyoit remper une très-grande quantité de petits animaux , quelques-uns étoient ronds , les plus gros étoient d'une forme ovale , quoi- qu'un peu plus larges qu'un ovale. Je vis à deux de ces derniers , deux jam- bes auprès de la tête , & deux petites nageoires à l'autre extrémité de leur corps ; ilsfe mouvoient plus lentement que les autres , & étoient en petit nombre. Ces animalcules ont différentes couleurs , il y en a de blancs & de tranfparens ; d'autres, qui ont des écailles vertes très-luifantes ; il y en a de verds dans le milieu , qui font blancs en dehors , & d'autres gris. Le mou- vement de la plupart étoit fi rapide , & fi varié en-haut, en-bas , & en rond , que j'avoue que j'en ai été étonné. Je juge que quelques-uns de ces petits animaux font mille fois moins gros, que les plus petits que j'avois ob- fervés jnfqu a préfent dans le fromage , la fleur de froment , 6cc. N°. 109. HISTOIRE D'un enfant mort d'une hemorrhagie très-extraordinaire , par M. Samuel du Card. (B) EN 167- aux environs de la Chandeleur, à Littleshall , dans la Province de Shrop , un enfant âgé d'environ 3 mois , fut attaqué d'une hemorrha- gie au nez , aux oreilles , & à la partie poftérieure de la tête , fans y ref- fentir aucune douleur. Cette hemorrhagie continua pendant trois jours, après lefquels le nez & les oreilles cefferent de faigner ; mais le fing diftil- loit toujours de la partie poftérieure de la tête comme une fueur abondan- te. Trois jours avant la mort de l'enfant , qui ne vécut que fix jours après celui où avoit commencé l'hémorrhagie , le fang fortit de fa tête avec tant de violence, qu'il jailliflbit même à une certaine diftance. L'enfant ne faignoit plus alors feulement à cette partie, mais le fang fortoit encore des épaules, il faignoit même au milieu du corps , & en û grande quantité que l'on poti- voit tordre les linges dans lefquels il étoit enveloppé , tk tous les jours il lui Académique. 4C7 falloir du linge blanc. Il faigna auffi pendant ces trois jours aux orteils , aux coudes , aux jointures des doigts de chaque main & au bout des doigts & Transactions en fi grande quantité, que fa mère rempliffoit prefque le creux de fa main Philosophie. des gouttes de fang qui diftilloient des doigts de l'enfant pendant un quart Ann. 167*. d'heure. Pendant le tems de l'hémorhagie, l'enfant ne pouffa point de grands Jv}°. j cris , on l'entendoit feulement gémir &c fe plaindre , quoique trois femaines auparavant il eût pouffé pendant très long-tems des cris fi perçans , que la mère m'a affuré n'en avoir jamais entendu de tels. Après la mort de l'enfant , on apperçut dans les endroits d'où le fang avoit coulé , des petits trous fem- blables à des piqueures d'aiguille. Je tiens cette hiftoire de la mère de cet enfant , quieftune très- honnête femme, & qui ne pouvoit retenir fes larmes en m'en détaillant les circonftan- ces. Elle m'a affuré que le fang qui diltilloit du corps de l'enfant , n'étoit pas fluide comme de l'eau , mais qu'il étoit épaifli comme le fang l'eft ordinai- rement ; elle ajouta auffi qu'elle & plufieurs autres perfonnes penfoient , qu'il n'étoit plus relié une feule goutte de fang dans les veines de l'enfant , ou au moins une très petite quantité. TRANSACTIONS PHILOSOPHIQUES. Année M. D C L X X V. N°. 112. LETTRE DE M. MARTIN LISTER ; Contenant fis obfervations fur les Aflroites , ou Pierres étoiléef. Du l<). Jan- vier 16 'j\. ( A ) M O N S I E U R L'accueil favorable que le public a bien voulu faire à mes remarques fur J^To# \n'% les pierres herborifées , telles que celles , qu'on trouve dans les monta- ART. VL gnes de Craven , m'engage à vous communiquer les obfervations que j'ai fai- tes fur les Aflroius , qui font des pierres pointuées comme les autres , mais qui ne fe trouvent pas, que je fçache, dans les mêmes rochers. On eit obligé de traverfer la plaine , & de les chercher avec beaucoup de foin fous les petites montagnes de la Comté d' York ; car toutes celles que j'ai pu me pro- curer , viennent de Bulhorp , & de Lcppington. J'en ai vu tirer dans le pre- mier deê ces deux endroits , d'une argille bleue , fur les bords d'un petit ruil- feau fitué entre la Ville & le pied de ces monticules. Le ruiffeau en en- 4°S Collection = traîne beaucoup dans fon lit , mais elles font moins belles & moins folides Transactions que celles qu'on tire de Fargille. Phuosophiq. je n'entreprends pas de vous en découvrir l'origine ; mais comme j'ai Ann. 167J. fait fouiller les lieux où on les trouve, avec un peu plus de foin qu'on n'a N?. 112. coutume, je m'en fuis procuré une fort grande quantité , qui m'ont donné occaiîon de faire les obfervations fuivantes. Je laiffe à des perfonnes plus éclairées , à décider quelle lumière elles peuvent nous donner ; ignorant ce qu'elles peuvent avoir été avant la pétrification , fi elles ne forment pas elles-mêmes une efpece particulière de pierre. Les Auteurs n'en ont prefque rien dit ; car à l'exception de la courte des- cription qu'en ont donné GcJ'ner &c Wormius , les autres Auteurs n'ont fait que fe copier. Leur fubftance eft la même que celle des pierres à fufil , étant demi-tranf- parentes comme elles ; mais elles font plus molles , & donnent plus de prife aux menftrues acides , car le vinaigre les fait fendre, & l'efprit de nitre les amollit. Je ne doute pas qu'il ne fût aifé de les calciner, Se de les réduire en une chaux blanche comme les Belemnites. Ces pierres telles que nous les trouvons maintenant , font toutes des frag- mens ; comme je l'ai remarqué des Entroques. Chaque articulation, ou 2, 3, ou un plus grand nombre de ces articulations unies enfemble , forment un Cylindre pentagone , ou une colomne à cinq côtés. Le plus grand morceau que j'aye eu , n'avoit guère plus d'un ponce de long ; il étoit compofé de 18 articulations ; j'en ai vu un plus court , qui en avoit 25 : les morceaux de cette dernière efpece font d'une ftru&ure entièrement différente de la première , comme je vais le faire voir. Chaque pièce articulée a cinq angles , qui font ou faillans & aigus ,' & par conféquent les côtés du morceau , qui en eft compofé , font en forme de gouttière ; ce qui s'obferve dans quelques pierres dont les articulations font proches les unes des autres , comme dans toutes celles , qui les ont éloi- gnées : ou bien les angles font ronds & obtus , &c les côtés plats ou très- peu creufés. Il y a des pierres aufti grandes & auiîï petites clans cette der- nière efpece , que dans les autres , même parmi celles qui ont les angles les plus aigus ; ce qui me les fait regarder comme une troifième efpece de pier- res étoilées : & je conjecture que celle, qu'a décrite Wormius,eû. de cette ef- pece ; qui félon lui reffembleplus à la fleur de la quinte feuille qu'à une étoi- le. D'ailleurs l'empreinte des pièces articulées de chacune de ces trois efpe- ces , eft différente , comme nous le dirons ci-après. Les pièces articulées , foit qu'elles foient épaiffes ou minces, le font éga- lement dans tout le morceau ; quoiqu'il y ait encore quelques exceptions à cet égard, y ayant des morceaux , dont les pièces articulées font plus épaiffes les unes que les autres. Quelques-uns des morceaux , dont les pièces articulées font épaiffes , ont quelques-unes de ces pièces un peu plus larges , ou un peu faillantes à leurs angles : ce qui fait que ces morceaux font di- ftingués en d'autres pièces , qui font compofées de 2 , 3 , ou d'un plus grand nombre d'articulations : & ces aflèmblages font très remarquables dans les pierres , dont les pièces articulées font minces ; ils font marqués extérieure- ment par un rang de rejettons , dont nous parlerons dans la fuite.' La. Académique. 409 La pièce la plus grofte qui me (bit parvenue jufqu'à pféfent , n'a pas plus d'un |)ouce & demi , encore elt-il fort rare d'en trouvei de cette longueur. Transactions J'en ai de toutes les grandeurs depuis celle-là jufqu'à eelle delà tête d'une I'hilosophiq. épingle. Les plus petites font auffi bien figurées que les plus grandes, la plû- Ann. 1677. part de celles , qui ont une certaine longueur , font vifiblement incl nées, j^o, 112. Toutes ces pièces font prefqu'également grofles partout, n'étant que très- peu coniques; elles ont cependant une extrémité qui efl vifiblement plus lar- ge , à raifon de la dernière pièce articulée. Cette dernière pierre qui forme le fommet, a cinq angles obtus, & n'eft pas gravée à l'extérieur, du moins elle ne l'eftque très-légerement. Chacune des autres pièces eft profondément gravée de côté &c d'autre , & pourrait fervir de cachet. Le milieu de chaque angle eft percé, &L les bords des an- gles font fillonnés. Les hachures fe terminent par une future dentelée , qui unit les pièces enfemble ; les filions des unes s'engrainant avec ceux des au- tres. Celles de ces pierres dont les côtés font plats , ont leurs hachures circu- laires , celles des deux autres efpeces font droites ou à peu-près. Il y a au centre des cinq angles un petit trou , qu'on apperçoit dans la plu- part des pièces. Remarquez auflï qu'au milieu de chaque pièce , entre un an- gle & un ansile , il y a dans la future un autre petit trou très-fenfible , fi on a d'abord bien nettoyé la pierre. Outre toutes ces particularités , on peut obferver dans les pierres , dont les articulations font éloignées , précilément fous la pièce la plus élevée, que nous avons décrite ci-deffus , les traces de certains rejettons , & quel- quefois 2,3, ou un plus grand nombre d'articulations de ces rejettons en- core adhérentes. Ces rejettons font toujours an nombre de cinq , fçavoir un dans l'entre-deux de chaque angle ; &c dans les pierres dont les articulations font plus proches, on trouve toujours cinq rejettons à chaque conjugaifon : de forte qu'ils repréfentent en quelque façon la tige de la Prejlc ou du Gra- teron. J'ai encore vu , ( à la vérité très-rarement , car cela fe rencontre à peine une fois fur cinq cens pierres ) des rejettons au milieu d'une pierre , dont les pièces articulées étoient épaifles. J'en ai entre les mains une , dont les pièces articulées font minces , qui a un rejetton compofé de plus de 20 articulations , & je ne fçais pas de combien il étoit plus long ; il eft dou- ble du côté de la pierre , ce qui la conferve dans fa place naturelle. J'ai quelques morceaux de pierre de la même carrière, dont les rejettons aufti-bien que les pierres paroiflent en morceaux longs. Il n'eftpas étonnant que ces rejet- tons foient caflés, & qu'on les trouve rarement attachés à la pierre, à laquelle ils appartiennent, étant très-grêles & unis par harmonie, & non pas par future. Rien ne refl'emble plus à ces rejettons, que les antennes de l'écreviffe de mer; il y en a quelques-uns , qui font noués, d'autres qui fe divifent en branches. J'ai fait faire avec le feconrs de M. Lodgc , des figures pour éclaircir ce que je viens de dire , en voici l'explication. y ja p .t_ 1. La dernière pièce articulée d'une Aflroiu figurée des deux côtés. D'un côté la gravure eft profonde , de l'autre les hachures font à peine vilïbles. Les cinq angles en (ont très-moufles. 2. Seconde pièce articulée, dont les angles font aigus , 8c qui eft bien gravée des deux côtés. Tome I. IL Partie. F f f 4io Collection — 3. Morceau , dont les angles font étroits Si aigus, on a auffi deffiné la der- Transactions niere pièce articulée, telle quelle paroiffoit , polie Si fans hachures. Philosophiq. ^, Pièce articulée , dont les angles font obtus. Ann. 167Ç. 5- P'erre > dont 'es cotés font plats , Si les hachures un peu circulaires. Ajo . . 6. Pierre , dont les pièces articulées font minces ; dans laquelle il faut auffi remarquer les angles les plus étroits , Si d'une figure ovale allongée. 7. La plus grande pierre que j'aye encore vue ; remarquez auffi fon in- clinaifon. 8. La plus petite que j'aye jamais rencontrée. 9. Pierre longue, dans laquelle après chaque quatrième articulation, il y en a une plus faillante que les autres;cequi eft très-bien repréfenté danslay%. 7. 10. Morceau à angles obtus , dont les côtés font plats ; Si auquel appar- tient la pièce féparée , marquée 4. 1 1. Pièce à côtés plats, de l'efpece de laquelle eft auffi celle, que nous avons repréfentée dans la cinquième fig. La 10 Si la quatrième , n'en diffé- rent pas beaucoup. 1 2. Pierre , dont les pièces articulées font minces , Si dont les conjugai- fons font marquées par un rang de rejettons ou de branches. 13. Morceau, dont les pièces articulées font de différente épaiffeur. 14. Pierre avec quelques morceaux de rejettons encore attachés dans leur ordre naturel , à la plus groffe extrémité de la pierre. 15. Morceau , dont les pièces articulées font minces ; remarquez au côté gauche, un rejetton qui s'y eft confervé feul, quoique le refte eût été emporté. 16. Pierre dont les articulations font fort ferrées, qui a un rang de rejettons dans fon milieu. 17. Grand morceau d'un rejetton , Si une de les articulations. Nous ne pouvons pat nous difpenfer d'ajouter les remarques que M. Ray a faites fur ces obfervations. J'ai vu avec grand plaifir , ( dit-il à M. Lifter , ) vos obfervations fur les pierres étoilées , elles m'ont appris bien des particularités , que j'ignorois : car quoique j'en euffe vu beaucoup , &i que j'en euffe ramaffé moi-même quelques-unes, je n'avois cependant jamais bien examiné leurftruclure , leurs parties Si leurs différentes efpeces. Quant à leur origine , û vous convenés que les Trochites ou Entmches font des fragmens de plantes pétrifiées , je ne vois pas pourquoi vous fériés difficulté de mettre les Aflroites dans la même claffe ; les entre-deux des nœuds étant les mêmes dans les unes Se dans les autres, Si leurs commiffures étant affez correfpondantes , elles ne différent que par leur figure extérieure. Mais il faut confidérer que la plupart des Trochites ont un trou pentagone dans leur milieu , qui ne reffemble pas plus au réfervoir de la moelle des plantes connues , que la tige des Aflroites ne reffemble à celle de ces mêmes plantes. Votre remarque fur les rejettons, qui fortent des filions , ou des angles rentrans entre quelques-uns des nœuds , & qui environnent la tige comme les feuilles de la Prefle , ou du Grateron, me paroît prouver que ces corps appartiennent au régne végétal , comme le Corail , la Coralline , les différentes efpeces de Pores , dont quelques-uns ont auffi des nœuds. Mais aucune plante foit de terre , foit de mer que je con- ACADÉMIQUE. 411 noiffe , n'a fes nœuds anfli proches les uns des autres ; ce qui me fait croire -■ que c'eft une efpece particulière , qui , autant que nous en pouvons juger, Transactions eft perdue pour nous. Si ce font des végétaux , je conjecture qu'ils n'ont ja- Philosophie maisétémols; mais je penfe qu'ils ont cru fur des rochers comme le Corail, Ar.n. 1675. & les autres plantes pierreufes, dont nous venons de parler , & qu'ils ont N°. 1 1 2. toujours eu le même degré de folidité. Nous fçavons que les feuilles de quelques efpeces de Pn-fle font articulées comme la tige, mais d'ailleurs je ne connois pas d'autres plantes qui ayent leurs feuilles articulées, que certaines efpeces de Jonc ; quoiqu'à proprement parler , je ne croye pas qu'on puiffe appeller feuilles , les productions qui en- vironnent la tige de la Prefle , ni les prétendues feuilles du Jonc ; étant ron- des Se leur furface fupérieure ne différant en rien de l'inférieure. Ce que je viens de dire fur la Prefle , m'engage à vous rappeller une chofe , que j'ai déjà communiquée au public : j'ai trouvé fur les bords de la rivière de Tanaro en Piémont, un très-grand nombre de tiges de Prefle pétrifiées , dont le volu- me n'étoit pas augmenté , & qui étoient fi reffemblnntesà la plante , qu'on y remarquoit très-clairement jufqu'aux cannelures longitudinales. Ces tiges pétrifiées étoient blanches. N°. 114. CONJECTURE SUR LES VESSIES DES POISSONS, communiquée par A. J. & éclair cie par une expérience propofée de M. R. Boyle. (A) LEs réflexions que j'ai faites fur la queftion , fi les liquides pefent fur les N°. 1 1 4. corps qui y font plongés, m'ont convaincu qu'ils pefoient en effet ; & une ART. IV. des plus grandes preuves , qui fe foit préfentée à mon efprit , eft qu'une bulle d'air, qui s'élève du fond de l'eau, fe dilate à mefure qu'elle appro- che de la furface , ce qui vient de la diminution du poids , ou de la prefîion , à mefure qu'elle eft plus près de cette furface ; d'où je conjecturé , que les poiffons peuvent , par le moyen de la vefTïe qu'ils ont , fe tenir à la pro- fondeur qu'ils veulent: car l'air , qui eft contenu dans cette vefîie , eft , comme celui des bulles, plus ou moins comprimé , félon que le poiffon eft plus ou moins enfoncé fous l'eau , cVpar conféquent il occupe un plus grand ou plus petit efpace : mais comme le volume de cette veflie fait partie de celui du poiffon , ce dernier eft plus ou moins grand félon les différentes profondeurs , auxquelles il fe trouve ; quoique ion poids foit toujours le même , la loi , que fuivent les corps qui tombent dans un fluide , eft qu'un corps plus pelant qu'un volume d'eau égal au fien , s'y enfonce , &: qu'il nage s'il eft plus léger; au lieu qu'un corps, dont le poids feroit égal à ce- lui d'un égal volume d'eau , refte dans l'endroit où il fe trouve. Suivant cette loi , û un poiffon , qui fe trouve à la moyenne région de l'eau , pefe autant qu'un égal volume de ce fluide , il y reftera fans que rien le pouffe en haut ou em bas. Si le poiffon eft plus profondément fous l'eau, Fff 2 412 Collection fon volume diminuera par la compreflion de la veflie, fon poids étant tou- Transactions jours le même , ce qui l'obligera de plonger & de refter au fond. Mais fi Philosophiq. ]e poiflbn eft au-deflus delà moyenne région , l'airvenant à fe dilater , &c Ann. 1675. par conséquent le volume du poiflbn augmentant, fans que fon poids au- N°. I 14. gmer.te, le poiifon devra s'élever & refter à la furface de l'eau. Peut-être que le poiflbn peut par quelque méchanifme, qui nous eft incon- nu , faire fortir l'air de fa veflie , enfuite de fon corps , & l'y faire rentrer , lorfqu'il en manque. 11 ne feroit pas alors étonnant , que le poiflbn eût toujours dans fon corps la quantité d'air , qui lui feroit néceflaire dans les différentes profondeurs , où il fe trouve : peut-être peut-il par le moyen de quelque mufcle, contracter fa veflie , & comprimer l'air plus que le poids tk. la preflîon de l'eau ne le compriment ; peut-être auflî peut- il foûtenir avec fes côtes , ou par quelqu'autre moyen , la preflîon de l'eau, & par-là donner à l'air la liberté de fe dilater. Ces moyens fuftiroient pour le foûtenir à toutes les différentes profondeurs de l'eau , & il pourrait s'é- lever ou plonger , fans qu'il eût befoin de mouvoir fes nageoires. Il feroit bon d'obferver quels font les poiflbns , qui n'ont point de veflie ; fi celles des différens poiflbns ne font point de différentes grofleurs & figu- res; quelle eft la figure & le volume de celles des poiflbns de mer, qui vi- vent dans une eau très-profonde ; & fi les animaux amphibies n'en ont pas, ou du moins s'ils n'ont pas quelque chofe d'analogue , comme des poumons ou d'autres cavités; Des recherches fur cette matière peuvent fortifier ou détruire ma conjecture. Cette conjecture ayant été rapportée à M. Boyle , il imagina en réflé- chiflant fur la manière , dont un poiflbn s'élève ou s'enfonce dans l'eau , une expérience qui pourrait déterminer fi les poiflbns fe contraftent & fe dilatent dans ces différens mouvemens. Cette expérience confifte à mettre dans une bouteille de verre à large col, & prefque pleine d'eau, unpoif- fon vivant , le plus grand que faire fe pourra , un Rouget , par exemple , ou une Perche , &c. Il faut enfuite allonger le col du vafe , pour lerendre auflî étroit qu'il foit poflîble , & le remplir auflî prefque entièrement d'eau. Cela fait , fi, lorfque le poiflbn viendra à fe plonger , on voit baifler l'eau dans le col du vafe , on en pourra inférer , qu'il fe contraâe ; de même fi elle monte à mefure que le poiflbn s'élève , on en peut conclure qu'il fe dilate. EXTRAIT D'UNE LETTRE ÉCRITE A L'ÉDITEUR , par M. J. L. fur des poiffons d'une, des Ifles de Bahama , qui empoifonnent ceux qui en mangent. ( A ) M ONSIEUR, Art. V. Je vous envoyé ici une relation , que j'ai reçue depuis peu de la Nou- velle Providence , l'une des Ifles de Bahama , fur certains poiflbns de ce pays ; la voici. Je n'ai rien trouvé dans ce pays, qui méritât de vous être envoyé, quelque Académique. 413 foin que j'aye eu de faire des recherches : voici ce que j'ai oui dire de plus — - — — - remarquable. La plus grande partie des poiflbns de ce pays-cy font autant Transactions de poifons; car ils occaiionnent de très -grandes douleurs aux jointures de p""-°-°rHic;. ceux , qui en mangent ; douleurs qui durent quelque tems, 6k qui Ce ter- Ann. 1675. minent enfin par une démangeaifon de deux ou trois jours. Parmi les N°. I 1 4. poiflbns de la même efpece , de la même grofleur Se de la même figure , il y en a qui empoifonnent , &: d'autres qui ne font pas le moindre mal : ôc ceux qui en font , n'en font pas à tous ceux qui en mangent. Je n'ay pas oiii dire qu'ils euffent caufé la mort à perfonne ; les chiens Se les chats mangent ordinairement ce qui refte. Les perfonnes qui ont une fois été in- commodées pour en avoir mangé , fentent renouveller leurs douleurs la première fois qu'ils en mangent , fût-ce même de ceux qui font le moins mal-faifants. La perfonne qui m'a écrit ces particularités , n'étant que depuis très-peu de tems dans l'Hle , n'a pu m'envoyer une relation aufli exacte de cette obfetvation extraordinaire , qu'on auroit pu le défirer , Se que j'ai lieu de l'attendre en réponlé à quelques queltions que je lui ai faites par un vaifleau qui a fait voile depuis peu pour ce pays-là. Lorfque j'aurai reçu cette répon- fe , s'il y a quelque chofe qui foit digne de votre curiolité , je faifirai cette oc- cafion de vous aflurer que je fuis , 6cc. OBSERVATIONS PHYTO LOGIQUES , SUR UN ORANGER qui produit en même- tans des Oranges , des Limons , & un fruit moitié ci- tron , moitié orange , par P. Natus , Médecin de Florence. ( A ) IL y a environ 30 ans qu'on trouva cet arbre dans un bois près de Floren- a RT \r\ ce , il a le tronc d'un Oranger, 6c il paroit avoir été tellement greffé , qu'il produit des branches , des feuilles , des fleurs & des fruits , dont quelques- uns tiennent de l'Oranger, d'autres du Citronnier, ou Limonier , 6c d'autres participent des uns & des autres , fur-tout les fruits. Il en a qui font de vé- ritables oranges , d'autres qui font longs comme des limons , Se d'autres qui tiennent de 1 un Se de l'autre. Quelques-uns ont le goût des oranges , d'au- tres n'en ont que l'écorce , la pulpe étant la même que celle du limon. La plus grande partie a une odeur forte , Se l'écorce fort amére. Le même ar- bre porte encore un fruit mi-parti de limon 6c de citron , mais en moin- dre quantité; il en a d'autres qui font en même-tems , limon , citron Se orange, deforte qu'on peut voir extérieurement deux fortes détruits, un citron-limon Se une orange : mais ces fruits font extrêmement diveriih'és , il y en a qui font la moitié citron-limon, 6c la moitié orange ; il y en a d'autres , dont les deux tiers font citron limon , 6c un tiers orange , d'autres au contraire : parmi ceux-là , il y en a quelques-uns , qui font oblon^s , d'autres ronds 6c d'autres boiTus , quelques-uns font polis , quelques autres raboteux , il y en a de petits , il y en a de gros , même du poids de deux livres. Leur chair eft distinguée , Se là où finit la pulpe d'orange , commen- ce celle du limon , Se au contraire. Il y en a dans lefquels la pulpe de l'orange eft plus étroite que celle du limon ; mais celle-ci eft plus tendre 414 Collection = que l'autre : elle n1 eft pas û agréable au goût que celle des véritables Oran- Transactions ges. Ce qu'il y a de remarquable , c'eft que ces fruits n'ont point ou très- Philosophiq. pen de iemences, encore font elles vuides. L'Auteur en donne pour raifon , Ann 167Ç clue cornme cet arbre étoit greffé , & ne pouvoit fe multiplier de Iemences , No a ^a natllre ne s étoit pas mife en peine d'en produire. Si vous voulés faire des recherches fur l'origine de cet arbre , notre Au- teur demande s'il n'auroit pas été produit par quelque graine d'orange &C de citron-limon plantées enfemble , qui enfuite auraient uni leurs tiges pen- dant qu'elles étoient jeunes , ou s'il ne viendrait pas de la greffe d'un Oran- ger fur un tronc de Citronnier-limon. Il eft de ce dernier avis , difant que l'union de cet arbre , s'étant répétée pendant plufieurs années de fuite , il étoit arrivé que par la folidité de ces inoculations , ces arbres s'étoient tel- lement combinés , qu'ils avoient cru enfemble , & avoient été nourris par les fucs différens , qui avoient parcouru leurs fibres communes , d'où étoit réfulté un germe ou une greffe , qui avoit parfaitement retenu la nature des deux : & lorfqu'il arrivoit qu'une efpéce particulière de fuc , quelquefois les deux efpéces venoient à paffer dans fes différentes branches , ils pro- duifoient fur une de ces branches une véritable orange , fur une autre , un citron-limon , fur une troifième , un citron-limon-orange , & même quel- quefois ces trois fortes de fruits fur une même branche , qui félon la penfée de Virgile , Georg. Lib. 2. Exiit ad cœlum Tamis felicibus arbor , Miraturque novas frondes , & nonfua poma. N°. 115. LETTRE DE M. RAY A V ÉDITEUR, contenant quelques remarques fur la conjecture rapportée dans le N°. 1 14. au fujet des vejp.es des poiffons. ( A ) J'Ai vu avec beaucoup de plaifir , & j'ai été très-fatisfait de l'ingénieufe conjecture fur les veffies des poiffons , que j'ai trouvée dans les Tranfac- ART. IL tions du mois de Mai. Je fuis perfuadé que l'Auteur en a indiqué le vérita- ble ufage , en difant qu'elles fervoient à foûtenir le poiffon à toute forte d'élévation dans l'eau. Car , i°. on a obfervé , & je trouve dans les re- marques générales fur les poiffons de M. Wdlughbi , que les poiffons ne peuvent pas fe foûtenir dans l'eau, lorfque leur veffie a été crevée ou per- cée , mais ils tombent au fond. 1°. Les poiffons plats , comme les Soles , les Plies , &c , qui ne s'élèvent jamais du fond de l'eau , n'ont point de yefîie , au moins ne leur en ai-je jamais trouvé. 30. Dans la plupart des poiffons , il y a un conduit manifefte , qui va de l'orifice fuperieur de l'eftomac a la veffie. Ce conduit fert fans doute pour porter l'air dans cette veflie , com- me il eft aifé à chacun d'en faire l'expérience : il doit y avoir une valvule pour empêcher cet air de fortir ; car on crevé plutôt la veffie que d'en faire fortir l'air. Cependant M. JVillughbi a obfervé qu'en preffant la veflie d'un Académique. 41 j Eturgeon, on faifoit gonfler fon eftomac : ainfi il paroit que dans ce poif" =rr^=^= fon , l'air patte librement de l'un dans l'autre. Il le peut que lepoiflbn , lorf- Transactions qu'il eft vivant, ait la faculté d'ouvrir cette valvule , & Iaiffer fortir l'air Philosophie dans l'oecafion; ce dont je doute cependant , parce que les autres animaux Ann ,6-,, ne peuvent pas ouvrir les valvules , qui empêchent le retour des fluides. V'o Je penfe que les membranes de ces veffies font mufculeufes , & qu'elles ont la faculté de fe contracter ; car dans certains poiffons elles font très- épaiffes , très-opaques , & reffemblent aux tuniques des artères , que M. Willis a dit avoir une force mufculaire ; j'en donnerai pour exemple celles de toute la famille des Merlus ; il y en a même quelque efpece , comme la Morue , dans laquelle l'intérieur de la vefïïe eft couvert d'une fubftance rouge & charnue , que je regarde comme une tunique mufculeufe ; dans d'au- tres , cette veffie a deux cornes , qui ont chacune un mufcle. Mais comme la preffion de l'eau , qui augmente à mefure que le poiffon defeend , (com- me les bulles d'air , qui s'elevent du fond , peuvent nous en convaincre ) aide toujours cette force mufculaire, il n'étoit pas néceffaire qu'elle fût fort grande. On pourroit objecter contre ce que dit l'Auteur , que le poiffon peut peut-être foûtenir par fes côtes ou par quelqu'autre défenfe , la preffion de l'eau , & permettre à l'air de fe dilater ; on pourroit objedter , dis-je, que fi cela étoit ainfi , ilsn'auroient pas beloin de veffie , la cavité de l'abdomen en tenant lieu. Je crois qu'on peut répondre que la faculté qu'ont les poif- fons , de dilater leur abdomen , peut aider à ceux qui ont coutume de fe te- nir au fond de l'eau , à s'élever à la furface , & l'air fe dilatant à mefure que le poiffon monte , facilite l'adtion des mufcles ; mais les poiffons , oui con- tractent leur veffie pour defeendre , doivent monter naturellement , lorf- que leurs mufcles ceffent d'agir , parce que l'air de leur veflie fe dilate alors de lui-même , comme les bulles d'air que nous voyons defeendre par lacom- preffion de l'air, qui remontent dès que la force comprimante ceffe d'agir. Outre tous les poiffons plats , dont j'ai parlé ci-devant , tous les poiffons car- tilagineux , foit plats , foit longs , font dépourvus de veffie : j'ignore qnels moyens ils employent pour monter ou defeendre. La plupart àes Anguilles ont des veffies ( car elles n'en ont pas toutes) ; cependant elles ont peine à s'élever dans l'eau à canfe de la longueur & de lapefanteur de leurs queues; j'imagine que leur veffie étant près delà tête, les aide î la lever. Il y a une très-grande différence dans la fituation , la connexion , la figure Si la fub- ftance des veffies des différens poiffons; mais n'étant pas en état devousles décrire exactement toutes , je n'ajouterai rien de plus fur ce fuiet. J. Ray. A Middltton le 22 Juin lÔJ.î. w Art. I. 416 Collection Transactions _ _ Philosothiq. N . I I"7» Ann. 1675. ' ' I7# OBSERVATIONS MICROSCOPIQUES SUR LE NERF OPTIQUE, par M. Leewenboeck. ( A ) AYant appris à M. Schravefende , que je n'appercevois aucune cavité dans le nerf optique , il me dit que Galien avoit vu cette cavité à un très- beau loleil ; ce qui m'engagea à obferver de nouveau ce nerf avec la plus grande attention. Je pris donc huit nerfs optiques tous frais , & je remarquai que très-peu de temps après avoir été coupés , leurs filamens fe retiraient ; mais la tunique externe du nerf ne pouvant pas fe retirer autant que les filamens qu'elle renfermoit , il parut une efpéce de petit enfoncement au milieu du nerf; & c'eft fans doute cet enfoncement que Galien aura pris pour une cavité. C'eft une obfervation que j'ai faite dans toutes les occaiîons. Ayant examiné depuis peu un nerf optique , non-feulement je vis la pe- tite foffette , dont je viens de parler , mais je remarquai auffi plufieurs au- tres enfoncemens , comme fi chaque filament s'étoit retiré dans fon mi- lieu, de la manière que je l'ai décrit ailleurs. J'ai auffi remarqué que le volume de ce nerf, lorfqu'il étoit fec , étoit diminué des trois quarts. Cette obfervation me fit tenter de faire fécher un nerf optique , en pre- nant toutes les précautions poflibles pour qu'il confervât , fi cela fe pou- voit , la même rondeur & le même volume dans toute fa longueur , com- me s'il ne faifoit que d'être détaché de l'œil ; efpérant que s'il avoit quelque cavité , je la découvrirais par ce moyen. Ayant fait fécher un nerf de cette manière , & l'ayant coupé tranfyer- falement , j'y remarquai plufieurs trous , qui le faifoient refîèmbler à un tamis de peau , avec cette feule différence , que les trous du nerf n'étoient pas ronds, n'avoient pas tous la même grandeur, & n'étoient pas fi ré- gulièrement difpofés les uns à côté des autres que ceux d'un tamis ; ce qui le rendit plus femblable à un morceau de parchemin, dans lequel on au- rait fait des trous les uns à côté des autres, qu'on aurait enfuite mouillé & étendu , ce qui aurait changé la figure ronde que les trous avoient avant qu'on eût mouillé le parchemin. Ces trous ou cavités ne paroiffoient que dans le nerf kc ; ce qui me confirme dans la penfée , que le nerf ou fes fibres font compofés de globules fluides , & que ces globules s'exhalent en grande partie, lorfqu'on fait fécher le nerf. Je penfe que chacun de ces trous peut avoir été un filament du nerf, & qu'il aurait été inutile qu'il y eût eu une cavité dans le nerf optique , pour tranfmettre jufqu'au cerveau les efprits animaux , qui portent l'ima- ge tracée dans l'œil. Voici de quelle manière j'imagine que les efprits tranf- mettent cette image. Je me repréfente un grand verre à bière plein d'eau; j'imagine que ce verre eft un des filamens du nerf optique , & l'eau qui eft dans ACADÉMIQUE. 417 dans le verre , les globules , dont ce filament eft compofé. Si on touche ^^ avec le doigt la furface de l'eau, qui eft dans le verre , (ce qui repréfente Transaction» l'a&ion d'un objet vifible fur l'œil) cette irapreflion met en mouvement Philosoi,h"î toute l'eau dans le verre , qui , dans cet inftant par conféquent , prefle Ann. 167?. plus fur le fond du verre , qu'elle ne faifoit avanr que le doigt ne lui com- N°. 117. muniquât ce mouvemenr. J'imagine que le mouvement , que les objets vi- fibles impriment aux globules , qui font à l'extrémité du nerf optique , eft femblable à celui que le doigt communique à toute l'eau du verre. Les globules extérieurs mis en mouvement , communiquent ce mouvement à ceux qui les touchent , & ainfi fucceiîivement juiqu'au cerveau. J'ai expofé à mon microfcope un morceau du nerf optique d'une vache , féché avec les précautions que j'ai rapportées , la figure ci-jointe expri- me ce que j'ai obfervé. ABCD eft la circonférence du nerf, qui n'a pas entièrement confervé fa figure circulaire, mais s'eft allongé vers CD. E , & tous les endroits blancs font les cavités obfervées dans le nerf op- tique féché ; j'imagine que c'étoit des filamens , dont la plus grande partie des globules s'eft exhalée. F , font des particules ou des globules , qui fe trouvent dans des petits trous des filamens , & qui ne fe font pas évaporées ; de ces particules , il y en a quelques-unes, qui font fur le côté du trou , d'autres font autour , il y en a qui traverfent la cavité , comme G , toutes ces parties font tranfparentes. Il y avoit autour d'ABCD près des bords du nerf, quelques rayes ondées , qui étoient auffi tranfparentes. AI/TRES OBSERVATIONS MICROSCOPIQUES fur le tiffu du fang , le fuc de quelques plantes , la figure du fucre , & du fel , & la caufe probable de la différence de leurs goûts ,par le même. (A) JE vous dis dans ma première lettre , que la partie aqueufe & tranfpa- ART. IL rente du fang , dans laquelle nagent les globules rouges fanguins , étoit aufli compofée de globules , que j'avois obfervés dans cette partie aqueufe , après que l'humidité s'en étoit prefque toute évaporée.Je dois vous apprendre maintenant que peu de jours après que j'eus fait partir ma lettre , je vis ces globules fe mouvoir dans cette partie aqueufe , fans que rien s'en fût éva- poré ; il eft vrai qu'ils étoient en petit nombre , & qu'ils paroiflbient blancs lorfqu'ils étoient réunis. Je me rappelle à cette occafion , que j'obfervai il y a environ deux ans, mon fang à différentes reprifes , & que quelques-uns des globules , qui conftituent la couleur rouge du fang , me parurent plus fo- lides & plus durs qu'ils ne le font maintenant : j'étois fort incommodé pour lors, je fus même attaqué d'une maladie que je gardai près de trois femai- nes : maintenant ces glebules me paroiffent plus mois & plus glutineux , aufli me porté-je parfaitement bien. Je ne fçais fi la dureté de ces globules ne feroit pas fuffifante pour caufer des maladies,& même la mort. J'imagine que dans un corps fain , ces globules doivent être fort fouples & fort flexibles , puisqu'ils doivent pafler au travers des petits artères & veines capillaires , Tome I. II. Partie. G g g 4i8 Collection ■' ^mmmm où ils changent néceffairement de figure & deviennent ovales , de ronds Transactions qu'ils étoient , ils reprennent leur première figure , lorfqu'ils trouvent un Phuosophiq. eiçace plus large. Ann. 1675. Outre cela j'ai obfervé dans la partie aqueufe du fang , des parties d'une N°. 117. forme quadrangulaire , que j'ai prifes pour des parties faiines , & que je me propofe d'examiner ci-après. Je vais maintenant vous rendre compte des obfervarions , que j'ai faites fur le fuc de quelques plantes. Le goût de Y Arum ( pied de Veau , ) m'ayant paru très-âcre , mon microfcope me fit découvrir que fes feuilles étoient compolees de globules , qui n'étoient pas exactement ronds , & que ces der- niers étoient eux-mêmes compotes de parties infiniment plus petites. Ayant féparé le pédicule de la feuille , je découvris dans quelques parties de ce pé- dicule , que j'appellerai des pores , des points , qui , à la fin me parurent au microfcope de l'épaifleur d'une grofle lame de couteau , & aux yeux feuls de celle d'une toile d'araignée : ces points étoient amoncelés dans les po- res , il y en avoit quelquefois dix , quelquefois quinze enfemble. Ayant cou- pé par morceaux quelques feuilles de cette plante , fur un plat d'étain que j'avois bien fait nettoyer , & en ayant exprimé le jus, je le trouvai fi rempli de ces petites particules , qu'il me parut que c'étoit elles , qui étoient caufe de la lenteur avec laquelle il paflbit au travers d'un papier bleu : Se ce fuc ainfi parle me parut fi épais & fi glutineux, que je n'y pus rien obferver qu'u- ne infinité de petites molécules , qui ne paroifloient pas avoir de figure à caufe de leur petitefle , & quelques molécules plus groffes , environnées d'une fi grande quantité de matière glutineufe, qu'il ne me fut pas pofiible d'en distinguer la figure ; mais ayant examiné la partie la plus épaifle de ce fuc qui n'avoit pas pu pafler au travers du papier bleu , je vis qu'elle étoit prefque toute compofée des petites molécules, dont j'ai parlé. Il entroit plus de mille de ces molécules dans la compofition de chaque globule , & elles compofoient toute la feuille. Je crus voir entre ces molécules , quelques pe- tits corps ou tuyaux femblables à ceux que j'ai dit avoir vus clans les pores du pédicule de la feuille : mais je ne pus pas bien les difhnguer à caufe du grand nombre de parties différentes , qu'il y avoit dans ce fuc , quelque foin que je priffe de l'étendre ; en ayant expofé un peu fur le feu , qui-brûla en partie les molécules , dont je viens de parler, je vis un très-grand nombre de ces petits tuyaux que j'avois obfervés dans le pédicule. Ces petits tuyaux étoient d'une fubftance plus folide , reprèfentè dans fes figures, ( Anat. des troncs , ) deux fortes de vaijfeaux dans le bois de Frefne & de plufieurs autres arbres. Mais tous les vaijfeaux, dont il repréfente l'orifice , ne font que d'une feule efpéce , excepté ceux de la fig. 1 8. ce qui a fait imaginer à M. Leewenhoeck , qui n'entend pas VAnglois , iv qui par conféquent n'a pas pu avoir recours à l'explication des figures , qu'il n'en avoit pas repréfente d'autres. Quant à /hiq. vivans , ce qui letonna beaucoup; mais il fut encore plus furpris , lorlquc Ann. 1676. je lui dis qu'outre ces animalcules , j'en voyois deux ou trois autres efpéces N°. 1 -i < de plus petits , qu'il ne voyoit pas , par ce que j'obfervois avec un autre microfcope que j'ai toujours réfervé pour moi leul.Par conséquent, il eft ma- nifefte, que (i dins la — partie d'un grain de millet , on en voit 1000 , on en doit voir 3000 dans toute la goutte, & par conféquent dans une goutte d'eau qui eft 91 fois plus groffe que cette graine , on doit en appercevoir 2730CO. 4,5 4. y ÎOIJ 4.5 9 1 JOOOO * *• 5 1 8 0 toit) 8100, 1730000 i 0 1 j 9 I, 1 15 Autrement je compare la quantité d'eau , à la grofleur d'un grain de fable , dans laquelle quantité je fuis perfuadé , que je vois plus de 1000 petits ani- malcules, mais l'axe d'un grain de fable eft à celui d'une goutte d'eau o: : I. 10. Par conféquent une goutte d'eau eft 1000 fois plus grofte que ce grain de fable , ck par conféquent il y a 1000000 d'animalcules vivans dans une goutte d'eau. Dans ce calcul je diminue plutôt le nombre , que je ne l'aug- mente. Il eft vrai que ma fupputation ne peut jamais être aflez exafte pour déterminer le nombre précis des animalcules , qui paroiflent : mais je fais comme ceux , qui voulant compter un troupeau de moutons , qui courent confufément les uns parmi les autres , eftiment par la largeur du front , & la longueur des côtés du troupeau , quel peut être le nombre des mou- tons , 6k comme celui qui a vu 1000 moutons courant enfemble , a pu fe tromper d'un cent plus ou moins dans fa conjecture ; on peut me parler la même erreur. Cependant je n'augmente jamais le nombre , parce que les plus petits animalcules qui fe préfentent tous les jours à mes yeux dans l'eau, font plus de 15 fois plus petits qu'un globule de fang ; car l'axe d'un de ces petits animacules , eft à celui d'un globule de fang au moins : : 1. 3. J ; — 9 > Voilà, Monfieur, ce que j'ai jugé à propos d'ajouter aux obfervations ; que j'ai faites , & que j'ai fait voir à d'autres , qui n'ont pu leur refufer leurs applaudiflemens. Je ne puis pas encore communiquer le refte , non plus que la fabrique de mon microfcope. Après avoir fait partir ma pre- mière lettre , je ne ceftai pas pour cela mes observations fur les animalcu- 464 Collection . , -— les , qui fe trouvent dans l'eau , mais j'examinai l'eau diftillée & bouillie. TtlKK1„Tn„t L'hiver dernier lorlque les grands froids eurent tué les petits animaux, je 1 KANbAtl IUN5 in • w * 1 ' 1' * ! Il 1 1 Philosophiq. trouvai en obfervant de 1 eau , qui s etoit dégelée a la chaleur de ma cham- bre , dans laquelle elle avoit relié un jour avec du feu , je trouvai, dis-je , Ann. 1677- apres j^ heures , & une autre fois après 17 qu'il paroiflbit de nouveau quel- N°. 134- ques petits animalcules dans cette eau. La première fois que je vous écri- rai , j'ai réfolu de vous envoyer les certificats des témoins oculaires de mes obfervations , pour les confirmer. Je fuis , &c. A Delpht le 23. Mars 16 JJ. N°. 136. N°. 136. Art. V. LETTRE DE M. LEEWENHOECK A L'ÉDITEUR, contenant les obfervations , qu'il a faites fur les fibres charnues des mufcles , fur la fubjlance corticale & médullaire du cerveau , & fur le Moxa & le cot- ton. (A) DtDclphtle 14. Mai 16 JJ. M O N S I E U R Vous me dites dans votre Lettre du 22 Février , que "quelques-uns de vos amis defiroient que j'obfervaffe avec toute l'exaftitude poffible , les fibres charnues des mufcles , & la fubftance corticale & médullaire du cerveau. Je vous avois appris dans ma lettre du 24 Juin 1674. que ces fibres char- nues des mufcles étoient compolées de très-petits globules : cependant pour donner une entière fatisfa&ion à vos amis , j'ai abandonné toutes mes au- tres obfervations, pour reprendre celles-là. Je pris entr'autres delà chair de vache , que je coupai avec un couteau bien tranchant , & me fervant de microfcope j'en féparai la membrane , ce qui me mit à portée de diftinguer parfaitement cette membrane fine , dans laquelle les fibres charnues font entrelacées , & dont je vous ai parlé dans ma lettre du 1. Juin 1674, où je dis que ces membranes font faites d'un fi grand nombre de filamens ou de fils , qu'elles paroiffent comme l'épliploon des animaux , iorfqu'on l'examine fans microfcope. Ayant obfervé ces mem- branes de plus près , je vis qu'elles n'étoient compofées que de fibres entre- lacées les unes avec les autres , quelques-une de ces fibres me parurent 10 , 20 , & quelquefois 50 fois plus fines qu'un cheveu. Ayant féparé ces membranes de ces filamens, je vis clairement les fibres charnues , qui dans ce morceau de chair étoient auffi groffes qu'un poil de la main , lorfqu'il y en avoit plufieurs d'entaffées les unes fur les autres , elles paroiflbient rouges , mais plus elles étoient étendues, plus elles paroifToient tranfparentes. Jas Académique. 465 J'ai employé plufieurs méthodes pour voir les parties de ces fibres char- ... nues , & j'ai toujours trouvé qu'elles étoient compofées de parties à qui je Transact, ne puis attribuer d'autre figure que celle de globule. J'ai outre cela divifé Philosopha. fous mes yeux de très-petits morceaux de ces fibres charnues en plufieurs a • parties, ces morceaux étoient plufieurs fois plus petits qu'un grain de fable. xi0 J'ai obfervé encore, que lorfque la chair ell fraîche &: humide, & que les * 1>' globules en font prefîés ou frotés , ils fe diffolvent , & s écoulent comme une efpéce d'huile , ou d'eau épaiffe. Les globules , dont j'ai dit , que les fibres charnues font compofées , font fi petits, que û j'en puis juger , il en faudrait un million pour égaler la grof- feur d'un grain de fable. Je vous ai déjà écrit , que les globules , dont j'ai dit que la chair , la graif- fe , les os, les cheveux , &c. étoient compofés , n'étoient pas des globules parfaits , mais qu'ils en approchent : je vous prie maintenant de confidérer, que plufieurs veffies de mouton pleines d'eau , qui font rondes en plein air, lorfque rien ne les comprime, perdent leur rondeur lorfqu'on les metenfem- ble dans un tonneau , &L font prelfees les unes par les autres , ce qui leur donne à chacune une figure particulière , étant extrêmement flexibles & capables de les prendre toutes , quoique celles de deflus confervent leur rondeur ; il en eft de même des globules de la chair qui font très- mois , & qui font plus ou moins ronds félon qu'ils font environnés d'air. J'ai enfuite examiné la pie-mere , & j'ai trouvé que cette membrane étoit percée par une infinité de petites veines , outre celles qu'on apper- çoit fans microfeope fur le cerveau. Surtout lorfque je l'eus féparée de ce vifcére , je trouvai défions des veines d'une fineffe incroyable , & autant que j'ai pu le diftinguer, compofées de filamens extrêmement déliés. J'ai encore obfervé qu'un grand nombre de veines , qui traverfent cette fine membrane , diftribuent leurs ramifications dans le cerveau , comme les vignes enfoncent leurs racines dans la terre ; le cerveau répondant à la terre , & les veines aux racines de la vigne. Paffant enfuite à l'examen du cerveau lui-même , je ne puis pas m'em- pêcher de dire , furtout lorfque la partie qu'on obfervé , eft un peu épaiffe, qu'il eft compofé de globules. Mais lorfque la partie qu'on a fous les yeux, eft très-mince & qu'on l'a coupée avec un couteau , comme on les voit fé- parés les uns des autres , ils paroiffent tranfparens comme de l'huile. Lorf- que je vis cette matière, j'imaginai qu'elle étoit produite parle couteau, qui avoit coupé les globules : mais continuant mes obfervations , non-feule- ment fur les cerveaux des animaux terreftres ; mais encore fur ceux des poiffons, furtout du mcr/ns,)e vis que cette matière oléagineufen'avoit pas été produite parle couteau, mais que c'étoit une matière particulière, dans laquel- le étoient les globuIes.Je vis encore, mais plus particulièrement dans le merlus, que cette matière huileufe étoit compofée de globules beaucoup plus petits. Les grands globules du cerveau font félon mon eftimation , aufll gros que ceux du fang , ces gros globules qui compofent le cerveau font beau- coup plus irréguliers , que ceux du fang. Ce que j'attribue à la preftion que fouftrent les globules du cerveau , ou aux vaiffeaux dans lefquels ils font ren- fermés, &à leur molleffe qui fait qu'ils ne fe féparent pas, quoiqu'on les Tome I. II. Partit. N n n 466 Collection — ^— — . fecoue , au lieu que ceux du fang fe meuvent dans une matière plus fluide, Transactions & par conféquent étant libres, ils confervent leur rondeur. Philosophiq. Je me fouviens qu'ayant examiné autrefois le cerveau d'un Canard , je Ann. 1677. jugeai qu'il étoit produit par l'union étroite des globules , que je croyoïs j^g j , £ alors compofer tout le cerveau ; globules qui fe changent en filamens en les ' tirant un peu : mais ayant continué mes obfervations pendant un mois en- tier , j'ai vu clairement un très-grand nombre de veines pénétrer dans le cerveau ; je ne pus pas d'abord m'affurer que c'étoit des veines fur des cer- veaux d'animaux terreftres ; mais ayant examiné le cerveau d'un merlus , je vis très-clairement un grand nombre de vaiffeaux ou veines transparen- tes , & plufieurs autres plus petites dont les ramifications fe diitribuoient dans le cerv,eau,& étoient quinze ou vingt fois plus déliées qu'un fil de ver à foye. J'ai vu ces petits vaiffeaux en très-grand nombre dans une parcelle de cerveau , qui n'étoit pas plus groffe qu'un grain de fable. Je vis en outre des vaiffeaux pleins de fang , & qui paroiffoient rouges , èV des vaiffeaux de la groffeur d'un fil de ver à foye qui étoient tranfparens. Ayant continué mes obfervations fur le cerveau des animaux, je parvins à y voir les vaiffeaux , dont je viens de parler : &i je fus failï d'admiration en les voyant , foit à caufe de leur grand nombre , foit à caufe de leur ex- trême fineffe , qui m'a paru li grande , que je fuis perfuadé que la huitième partie d'un globule rouge du fang ne pourrait pénétrer dans aucun. Plus je répétois.mes obfervations , plus ces vaiffeaux & leurs ramifications me pa- roiffoient manifeftes ; ils étoient fi délicats qu'on ne pouvoit pas les toucher fans les rompre. J'ai vu parmi les globules du cerveau des globules fanguins , qu'il eft fa- cile de diftinguer à leur rondeur ; j'imaginai que ces globules venoient des vaiffeaux fanguins , qui traverfent le cerveau , & qui avoient été coupés par le couteau. Je ne trouvai que très-peu de différence entre la fubftance corticale & médullaire du cerveau, furtout lorfque les morceaux que j'obfervois, étoient très-minces: je remarquai feulement que les vaiffeaux qui traverfoient l'écor- ce , étoient bruns & noirâtres , au lieu que ceux de la moelle étoient plus tranfparens. J'ai vu dans le cerveau , mais plus particulièrement dans la partie corti- cale , que les petits vaiffeaux qui partoient des plus gros, étoient rouges ; je ne pouvois pas comprendre comment les globules rouges du fang pou- voient y pénétrer. Ce qu'il y a de plus remarquable , c'elt que ces globu- les ne paroiffent jamais rouges , lorfqu'ils fontfeûls , au lieu que le fang étoit encore rouge dans ces veines ; la couleur rouge pénétroit même au travers des veines , & teignoit les parties des environs en rouge : mais ayant tait réflexion fur les premières obfervations que j'avois faites fur les poux , &C me rappelhnt que j'avois vu en différens tems , lorfque je faifois iucer du fang à un poux affamé , qu'il ne pouvoit pas digérer tout le fang qu'il ava- loit , ce qui faifoit que les globules rouges fe diffolvoient en une matière plus fluide , & le fang fe répandoit dans tout le corps de cet animal , dans fes pieds & dans fes cornes , qu'il rougiffoit ; j'attribuai ce défaut de dige- ftion à la féchereffe des inteftins & des petites veines , produite par le défaut Académique. 467 de nourriture , ce qui les empêchoit de fe mouvoir comme ils auraient du , r^^^r^n^^ & de le porter dans tout le corps ; me Convenant même que j'avois obfer- Transaction» vé en d'autres occafions , ce même changement du fang, après qu'il avoit Thuosophiq. refté quelque-tems dans un vaiffeau de verre : je jugeai que le fane deve- » / 11 1 11» ■ 1 ° Ann. 1077. noit rouge dans les petites veines du cerveau , de la même manière , quoi- xj0 J qu'elles ("oient fi fines , qu'un globule ne peut les traverser fans perdre fa * *3 ' figure ronde. J'ai obfervé auffi la moelle épiniére de veau , de poulet , de merlus, & de mouton , je l'ai trouvée compofée des mêmes parties que le cerveau, avec cette différence qu'outre les globules que j'ai dit fe trouver dans le cerveau , il y a dans la moelle épiniére un très-grand nombre de globules oléagineux , de différentes groffeurs , y en ayant de fo fois plus gros que les autres , ils font auffi très-mois Se très-fluides. La moelle épiniére a des veines ou des vaiffeaux d'une petiteffe infinie , qui font cependant très-ma- niteftes. Outre ces vaiffeaux , il y a encore des filamens bruns de la grof- feur d'un cheveu , qui font dirigés de haut em-bas ; la première fois , que je les vis , j'imaginai que ce pouvoit être des veines , mais les ayant exa- minés avec plus d'attention , je m'apperçus que chacun -de ces petits fila- mens étoit compolé de plufieurs petits filets ou vaiffeaux couchés les uns fur les autres , entre lefquels il y avoit des vaiffeaux tranfparens de la groffeur d'un fil de ver à foye. Je conjecturai que ces vaiffeaux pourraient être ceux qui portent les efprits animaux à travers de la moelle épiniére. Quelque-tems après , étant chez M. Conflanùn Huygens de Zulichem , il me fît la faveur de me montrer un peu de Moxa , qui guérit de la goutte en le faifant brûler fur la partie attaquée. Je pris un peu de cette matière , & je la brûlai par curiofité fur le dos de ma main , comme il eft preferit dans le livre , qu'on a publié fur cette matière , pour mieux connoître les effets de cette brûlure. Je trouvai feulement fur la partie fur laquelle je l'avois fait brûler , une matière huileufe jaunâtre , que je crus d'abord n'avoir été produite que par la brûlure de la peau ; je difeontinuai d'en brûler, non à caufe de la douleur que cela me caufoit , mais parce que cela eft fort long à guérir : & fi cela n'eût pas été plus embarraffant qu'une coupure, à laquelle je fais un point de future, ce qui fuffit pour la guérir , j'aurais répété cette expérience plufieurs fois. J'ai examiné ce Moxa avec mon mi- crofeope , & j'ai trouvé que ce n'étoit pas , comme on le dit , une prépara- tion de quelque plante , mais feulement une efpéce de duvet de quelque fruit , tel que celui qu'on trouve fur les pêches', les coins , Sec. $c je pen- foisque je pourrais retirer une fubffance femblable de quelques plantes, mais je n'ai pas encore pu réiiffir. Ce Moxa reffemble au coton. Car comme il n'y a pas d'autre différence entre le poil & la laine, fi ce n'eft que le poil eft plus groflîer Si plus long que la laine , étant compofés l'un Se l'autre de globules ; de même il y a très- peu de différence entre le Moxa & le coton , ayant l'un Se l'autre deux côtés plats. Le poil qu'on trouve fous la première écorce des châtaignes , a auffi la même ftruc~hire, avec cette différence que le Moxa eft plus fin que le coton , & le coton plus fin que le poil des châtaignes. J'ai mis un peu de Moxa fur du papier , pour ne pas m'expoler aux incommodités d'une N n n 2 468 Collection — ^^ brûlure , j'y ai mis auffî un peu de coron , que j'avois coupé avec des ci- Transactions féaux , afin qu'étanr plus courr , le feu parùr plus aifément fe communiquer Philosoi'hiq. d'une partie à l'autre. Les brûlures qu'ils produiiirent , étoient à peu-près Ann. 1677. les mêmes, d'où je conclus que fi la brûlure faiioit quelque chofe dans la N°. 1 -i 6. goutte , cela ne dépendoit pas d'une qualité particulière au Moxa , mais de la brûlure elle-même , & qu'une brûlure faite avec du coton produi- roit un aufîi bon effet que celle du Moxa. J'ai pris à peu-près la même quantité de Moxa. , de coton & de la matière, qui eft fous l'écorce des châtaignes, & je les ai brûlées les unes après les au- tres ; j'ai vu qu'elles faifoient toutes les trois, après leurs brûlures, une ma- tière huileufe , mais le Moxa plus que les autres : ce qui peut venir de ce que , quoiqu'il parût qu'il y eût la même quantité de chacune de ces ma- tières , cependant il devoit y avoir plus de Moxa , qui étant plus fin que le coton , doit auffi être plus ferré , & par conféquent fournir plus d'huile. Ce qui fait voir que M. Bujfchojf, n'a pas de raifons folides pour mettre le Moxa & (es préparations li fort au-deffus du coton , ou de toute autre fubftance femblable. Ayant examiné ce que difent les Chirurgiens , que le coton envenime les pla es , quand on s'en fert pour les panier ; j'ai trouvé que cela venoit de ce que le coton a deux côtés plats , comme je l'ai déjà dit , & par con- féquent il a deux bords tranchans , qui étant plus fins que les globules , qui compofent les fibres charnues , & étant en même-tems plus durs que ces fibres , il arrive non-feulement que les côtés tranchans du coton nuifent aux globules des chairs faines , mais encore coupent & détruifent la nou- velle matière , qui eft portée dans la plaie pour renouveller les chairs, & qui eft plus molle que les chairs déjà produites : au lieu que la charpie de lin ayant des parties rondes & unies enfemble , qui compofent de plus gros corps , ne peut pas bleffer les parties globuleufes de la chair. DESCRIPTION DES MINES DE DIAMANT préfentée à la Société Royale , par le Comte Maréchal d'Angleterre. ( A ) ART VII. T Es parties du monde , que l'on fçait contenir des diamans , fontl'Ifle I ' de Bornéo , & le continent de l'Inde , d'au-deçà & d'au-delà le Gange. On dit auflî qu'il y en a plnfieurs dans le Pegu ; mais le Roi n'étant pas puiffant , parce que le pays manque d'h?bitans , fe contente de fes mines de Rubis, de Saphirs , de Topafes , d'Emeraudes , d'Or , d'Argent , de Cuivre , d'Etain , de Plomb , &c de plufieurs autres denrées, que fon Royau- me produit en abondance , plutôt que de fouffrir, qu'on faflé de nouvel- les recherches , de peur que la découverte de quelque nouveau tréfor , n'invite quelque voifin plus puiffant que lui, à lui envahir fes Etats. Jelaiflérai à des gens plus inftruits, la defcription des autres mines , & je m'en tiendrai à celles de la côte de Coromandel , que j'ai vifitées en grande partie , & dont je puis parler d'après mon expérience. Les mines de Diamant de ce pays, font en général adjacentes à des mon- tagnes , qui commencent près du Cap Comorin , & ont Jo. milles d'An- Académique. 469 gleterre de large , fe joignant en quelques endroits , & en d'autres s'é- — cartant les unes des autres ; delà elles setendent jufqn'à Bengali. C'en1 Transactions près de ces montagnes, qu'on lçait que font ces mines. La plus grande Phuosophiq. partie elt poffedée par quelque petit Prince , ou les Rajas des Hondues , Ann. 1(177. dont quelques-uns ("ont venus en cet endroit, pour fe mettre à l'abri des I^°. \ i<$. Mores , qui le l'ont emparés de la plus grande partie de leur pays ; les au- tres n'ont | imais été domptés , comme les Rajas des montagnes, qui (ont dans le Royaume de Bengale , qui ne permettent point, ou très-peu de commerce avec leurs voilins , &c qui ne donnent aucun partage dans leur pays , que les Mores n'envient point , parce qu'il elt ftenle , & qu'il n'a de bonnes eaux qu'en très-peu d'endroits , & que les chemins en (ont très- rudes & très-pénibles , fur-tout pour une armée: ce qui tait qu'ils les en laiffent jouir en paix. Cependant pour prévenir tout danger , ils ne per- mettent pas qu'on roiiille leurs mines comme ceux de Pegu , ou n'en font fouiller que très-peu , & cela même en fecret ; deforte que la plupart fonr abandonnées & cachées. Mais les Royaumes de Golgonde & de Vifapour , ont allez de mines , pour fournir tout l'Univers de Diamans. 11 elt vrai que leurs Rois ne permettent de fouiller qu'en certains endroits, de peur, comme ils l'imaginent , qu'ils ne deviennent trop communs , & de peur d'é- prouver les forces menaçantes XAureng^ebe. Ils interdilènr aulfi les lieux qui produifent les plus gros Diamans , en y entretenant des ouvriers , qui le; travaillent pour leur ulage particulier. Deforte qu'on n'en trouve qu'une petite quantité , en comparailbn de ceux qu'on pourroit trouver , & feule- ment d'une grofleur médiocre. Il y a dans le Royaume de Golconde , autant que j'ai pu l'apprendre des perfonnes les mieux inftruites, 20. mines, qu'on travaille maintenant, ou qu'on travailloit il n'y a pas long tems : içavoir , Quolure , Codawilleul, Malabar , Buttiphalem , Ramiah , Gurem , Muttampellée , Currure , Ganjh- conta , Lattawaar , Jonagerre , Pirai , Dugulée , ParvilUc , Anuntapellee , Girregctta , Maarmood , Vanergerreé , Munnemurg , Langumboot , Wootor , Muddemurg & Mdwillée , ou la Nouvelle Mine. Quolure elt la première mine qu'on ait découverte dans ce Royaume. La terre en eft un peu jaunâtre, & affez femblable à notre gravier fec ; en certains endroits, elle eft plus blanche , & abonde en caillons polis, fe^blables à quelques-uns de ceux , qu'on trouve dans les fablonniéresen terre. On en trouve ordinairement beaucoup dans les veines , fi on peut leur donner ce nom ; car les diamans ne fe trouvent pas à la fuite les uns des autres , comme on pourroit l'imaginer ; mais ils font fouvent fi écartés , qu'on fouille quelquefois l'étendue d'un quart d'acre de terre à deux ou trois brafles de profondeur , fans rien trouver; fur- tout s'il y a dans la mine de grandes pierres près de la furface de la terre , & à en- viron 3. brafles de profondeur ; on ne peut pas creulèr plus bas , parce que cette mine eft fituée dans une vallée près d'une rivière En d'autres endroits , on trouve des pierres raboteufes , au-deflbus defquelles on ne creufe guère, quoique la terre foit profonde en cet endroit , parce que la terre change , & la veine ne va pas plus bas ; ce qu'on conjecture à la vue de petites pierres , qu'on trouve dans la terre , qui font le principal Transactions Philosophiq. Ann. 1677. N°. 136. 470 Collection guide qu'on ait dans ce pays , pour découvrir une mine. Les cliamans qu'on trouve dans cette mine , font en général d'une belle forme , la plupart pointus ; leur eau eft belle , vive & blanche ; il y en a aufli de jaunes , de bruns en petit nombre , & de quelques autres cou- leurs. Leur groffeur ordinaire eft depuis le poids d'un fixième de Mangcli- ne * ( ceux-là font en petit nombre ) jufqu'à celui de î ou 6 mangelmes * la Mangeline ... F • ,,- ■ ° pefe 4. grains dits chacun; il y en a quelques-uns qui en pèlent 10, 15, 20, mais ceux- Linfchoten. là font très-rares. On en trouve fouvent , dont la croûte eft tranfparen- te , tirant un peu fur le verd , quoique le cœur de la pierre foit très-blanc. Mais les veines de cette mine font prefque épuifées. Les mines de CodawilUul , Malabar & Butttphalkm , ont une terre rou- geâtre , tirant fur l'orange , qui teint les habits des ouvriers , qui y travail- lent. On creûfe à la profondeur de 4 braffes. On trouve en général des pierres d'une très-belle eau , dont la croûte eft cryftalline , plus petites que celles de Quo/ure. Les terres de Ramia/i, Gurem & MuttampelUe, font jau- nâtres , comme celles de Quolurt ; leurs diamans font femblables à ceux des deux premières mines ; mais on en trouve parmi , quelques-uns d'u- ne eau bleue. Ces cinq mines font dans le même gouvernement que celle de Melwillée , où le Gouverneur réfide. Ce Gouverneur , afin d'attirer auprès de lui tous les Entrepreneurs & les Marchands , pour être mieux informé de leurs actions & de leurs profits, & en tirer meilleur parti, pra- tique généralement fuivie par tous les Gouverneurs de ce pays , vient de défendre de travailler ces mines, & a ordonné à chacun de fe retirer dans le lieu de fa réfidence ; à quoi ils font obligés d'obéir , ou de fuir dans un autre gouvernement. La mine qu'on trouve enfuite , eft celle de Carrure, la plus fameufe & la plus ancienne de toutes. Elle a appartenu au Roi de Golconde , mais il y a a 5. ans qu'elle a été prife , avec fe pays de Rarnaticum , fur les Rajas de Hondues , par le Nabob , Méer, Jumla. On y a trouvé des diamans , qui pefoient 81 7 pagodes, 9. onces , poids de Roi, on ne la travaille que pour le Roi. Les diamans qu'on y trouve, font ordinairement gros , &onn'en trouve guéres de petits. Leur croûte eft en général brillante , &c tire fur le verd pâle , mais intérieurement ils font très-blancs. La terre dans laquel- le on les trouve, eft rouge, comme celle de la plupart des autres mines. Pendant qu'elle étoit fous le gouvernement des Hondues , & qu'il étoit permi à tout le monde de faire fouiller , un Portugais y vint de Goa , & ayant dépenfé une fomme immenfe , qui fe montoit à 100000 pago- des , il fit argent de tout ce qu'il avoit porté avec lui , & vendit jufqu'à fes habits. Le dernier jour que les ouvriers travailloient pour lui , ne lui reftant pas le fol pour continuer , il prépara un verre de poifon , réfolu de l'avaler , fi on ne trouvoit rien dans la nuit , & de finir l'es jours avec fon argent ; mais le foir fes ouvriers lui portèrent un très-beau diamant , du poids de 20. pagodes. Ce fait eft arrivé il y a 60 ou 70 ans. En mé- moire de cela , il fit ériger fur le lieu , une pierre , qui fubfifte en- core aujourd'hui , avec cette infeription , en langue des Hondues ou de Tellinga, Académique. 471 Vendc{ votre femme & vos en/ans , vende^ tout ce que vous avis , nêpargne7 > pas vos hahits , rendez-vous ejclave vous-même pour avoir de Transactions l'argent , alle^ à Currure , fouille^ les mines , vous trouvcrcs I'hilosophiq. enfin de quoi vous dédommager. ^nn 1677. Enfuite i! retourna à Goa avec là pierre. N° Il6 ' On trouve auprès de Currure , les mines de Lattawaar & de Gan/ecconta, qui l'ont dans le même fol que Currure , & donnent des pierres fembla- bles. On en trouve beaucoup à Lattawaar, qui reffemblent à l'extrémité d'u- ne lame de rafoir , étant minces d'un coté & épaiffes de l'autre ; elles l'ont très blanches , & d'une très-belle eau , mais le meilleur de la mine eft épui- {é , &C Ganjeeconta eft réfervée pour l'ufage du Roi. Jonagerre , Pirai , Dugulle , Purvillée &£ Anuntapellée , ont auflî des ter- ' res rouges. On les travaille maintenant , elles donnent beaucoup de gref- fes pierres , dont une partie eft d'une eau verdàtrc. Mais les principales mines font celles de Wairergerrée & de Munnemurg , les autres étant plu- tôt des foffes que des mines. On perce en cet endroit des rochers , & on creufe au-deffous de leur bafe , jufqu'à ce qu'on ait rencontré l'eau , ce qui , en quelques endroits , va jufqu'à 40 ou 50 braffes. La furface du ro- cher eft d'une pierre dure & blanche , dans laquelle on fait un puits de 4 , 5 , & quelquefois 6 pieds de profondeur , avant que de venir à une croû- te de pierre minérale , qui reffemble à de la mine de fer. Alors on rem- plit le trou de bois, auquel on met le feu qu'on entretient pendant detix 011 trois jours , jufqu'à ce qu'on le croye affez échauffé ; on le remplit d'eau , ce qui diffout & ramollit la pierre & le minéral. Lorfque le tout eft refroidi , on continue de creufer , & on emporte tous les débris des pierres , & tout ce qu'on peut , avant de l'échauffer une féconde fois ; cette croûte a rarement plus de 3 ou 4 pieds d'épais , au-deffous defquels on trouve la terre , qui ordinairement fe continue fous le rocher , l'efpace de deux ou trois acres , & quelquefois plus loin. On la fouille par-tout , 6 fi la première tentative réuflit , on continue à travailler , en creufant de la même manière auflî profondément qu'on peut , jufqu'à ce qu'on rencontre l'eau , que les Mineurs de ce pays-là n'ont pas le fecret d'épui- fer, faute des machines & des engins connus en Europe ; & quoique la veine (oit plus baffe , on ne va pas au-delà, on rompt tous les morceaux de mines qu'on trouve, & on y découvre très-fouvent des diamans. Ces miner coûtent beaucoup à travailler ; mais on eft ordinairement bien dé- dommagé de fes dépenfes. Cependant l'argent qu'il faut avancer avant de rien trouver, fait qu'elles ne font pas auflî fréquentées que les autres, où l'on peut faire fortune avec moins de fonds. La terre qu'on en tire eft rouge. On y trouve beaucoup de groflés pierres ; les plus petites (ont du poids d'un îixième de Mangeline. 11 y en a de différentes eaux , mais la plupart font bonnes , feulement la forme n'en eft pas toujours avantageufe, plufieurs font rabotei.fes, d'autres patoiffent avoir été rompues : cepen- dant je n'ai jamais oui dire , qu'on en ait trouvé deux morceaux qui fe rapportent parfaitement, même parmi ceux qui paroiffent avoir été rom- pus depuis peu. A Langumboot, on eft obligé de creufer , comme à Wa S: à 4y2 Collection Munnemurg. Le rocher n'eft cependant pas fi folide,mais les pierres & la terre Transact.ons qu'on y trouve , font tout-à-fait femblables. Philosophiq. J'aurois du placer la mine de Wootoor d abord après Carrure , dont elle Ann 1677 eftfort près, & dans laquelle on trouve des pierres prefque femblables No ,,6. lieux ; foit par les meilleures informations , que j'aye pu prendre. Je vais pafler maintenant à celles de Vifapour. On fçait qu'il y a dans le Royaume de Vifapour , des mines aufli ri- ches ; &c qui fournirTent des diamans aufli gros que celles de Golcondt ; mais le Roi , par les raifons que j'ai déjà rapportées , ne fait travailler que les moindres. Ce qui fait que ce Royaume eft refpeâé pour la pe- titefle de Ces diamans , comme celui de Golconde , par la grofleur des fîens. Et quoique fes mines enrichirent rarement un Entrepreneur tout d'un coup , comme font quelquefois celles de Golconde , par les gros diamans qu'on y trouve ; cependant elles font plus peuplées , & mieux travaillées , les petits diamans étant plus épais dans la terre que les gros ; deforte que tous les Entrepreneurs y font du profit , & il n'y en a guéres qui ne retire fes avances, au lieu qu'à Golconde , on creufe beaucoup fans rien trouver, fouvent on ne retire pas fes frais , &c pour un qui s'enrichit , il y en a beau- coup qui fe ruinent. Il y a quinze mines ouvertes dans le Royaume de Vifapour , Ramalco- neta , B anugunnapellée , Pandekull , Moodawa^um , Cummerwillée , Paulkull, Workfull , Longéepoleur , Pootloor , Punchelingull , Shingarrampent , Ton- darpaar , Gundepellée , Donée &C Ga^erpellée. La mine de Ramalconeta eft dans une terre rouge , elle a 15 ou 16 pieds de profondeur, on y trouve rarement de diamant qui pefe une mange- line; mais on en trouve de fi petits , qu'il en faut 10 ou 30 pour pefer une mangeline. Ils font ordinairement d'une très-belle eau , leur croûte eft bril- lante , Si. tire fouvent fur le verd-pâle ; ils font bien faits , mais il y en a très-peu de pointus. On y trouve fouvent des morceaux de diamans , qu'on appelle dans le pays Shcmtoes. La terre eft la même à BanugunnapelUe , Pandekull &c Moodawarum , qu'à Ramalconeta ; les diamans font les mêmes, ces mines étant voiiînes les unes des autres. Cummcrwillce, Paulkull & Workfull , qui n'en font pas fort éloignées, font dans une terre de la même couleur , & produifent des pierres Semblables , mais extrêmement petites , deforte qu'il en faut jufqu'à 100. pour pefer une mangeline. Les mines de Longéepoleur , font dans une terre jaunâtre , comme celle de Quolure. Les diamans en font ordinairement bien figurés , ronds , il y en a très-peu de pointus ; l'eau en eft très-belle, & la croûte brillante , il y en a beaucoup , qui l'ont épaiffe , & d'un verd de pré , 11 y en a qui font tachés de noir, & qui paroiffent fouillés , mais en dedans ils font très-blancs & très-nets. Leur grofleur eft de 2 ou 3 mangelines , & au-def- fous. Il y en a peu de très-petits. La terre des mines de Pootloor , eft rougeâtre , & leurs diamans ref- femblent beaucoup à ceux de Longéepoleur , mais ils font plus petits , étant Tome I. H. Partie. Ooo 0 474 Collection m ■—> tous au-deffoiis d'une mangeline ; leur groffeur ordinaire eft f | 5 ^ de man- Transactions geline. . . c rr Phh.ojophiq. Punchilingull , Shingarrampent & Tondurpaar , ont auffi une terre rouge. Ann 1677 Leurs diamans reffemblent à ceux de Quolure , il eft rare cependantd'y N0' 116 en trollver de ëros- ' * ' GundepdUe a une terre femblable à la précédente , & fes pierres font de la même groffeur ; mais elles l'emportent par la beauté de leur eau. Donîe & Goferpellét font auffi dans une terre rouge , & produifent des pierres femblables , dont la plupart font d'une belle forme & d'une belle eau ; elles ont auffi beaucoup de Shemboes , parmi lefquels il s'en trouve quelques-uns d'une vilaine eau ; il y en a auffi quelques-uns de bruns , qu'on appelle dans le pays d'une eau foible , parce qu'on les croit moins durs que les autres. En effet ils font moins brillans , lorfqu'ils font taillés, & font fu jets à avoir des pailles, lorfqu'on les coupe, ou qu'on les paffe au moulin. Ces mines donnent le plus ordinairement des pierres d'une groffeur moyenne ; mais celle de Ga^erpdlée en fournit beaucoup de grof- fes ; Si. c'eft la feule qui en fourniffe dans le Royaume de Vifapour. Pour terminer cette relation , je vais décrire les moyens qu'on employé pour trouver les diamans. Les diamans font fi écartés & fi difperfés dans la terre , qu'il eft rare de les trouver, en fouillant les mines, même dans les plus abondantes , & jufqu'à ce qu'on ait préparé la terre pour les chercher. Souvent on les trouve renfermés dans des enveloppes ; & il y en a à MelvilUe ou dans la nouvelle Mine du Royaume de Gokonde , auxquels la terre eft fi adhé- rente , qu'on eft obligé de les frotter fur une pierre raboteufe avec du fable , pour découvrir s'ils font tranfparens , ou pour les diftinguer des autres pierres. Lorfqu'on ouvre une mine , il arrive quelquefois , que les Mineurs ignorans, pour découvrir fi ce qu'ils ont trouvé eft un diamant, le mettent fur une groffe pierre , & frappent enfuite deffus avec une au- tre ; il leur arrive fouvent de s'appercevoir , qu'ils ont caffé un diamant» je connois une perfonne , qui en a un du poids de 8 mangelines , qui a été ainfi éprouvé par un Mineur ignorant. On élève près de la mine un mur avec les premières pierres , qu'on trouve fous la main , ( 6k; on en trouve beaucoup dans toutes les mines J^; on lui donne 2 pieds d'élévation fur 6 de long , on pave le fond des mê- mes pierres , qu'on lie avec de la terre détrempée pour tout mortier. On foûtient le mur par une chauffée de terre , à laquelle on laiffe une petite ouverture à deux pouces au-deffus du fonds, par laquelle l'eau fe vuide dans une petite foffe faite dans la terre , pour recevoir les petites pierres, fuppofé qu'il s'en échape quelques-unes. Cette ouverture étant bien bou- chée , on remplit la citerne d'eau , & on y jette la terre qu'on tire de la mine , autant qu'il en peut tenir à la fois. On a foin de rompre les croû- tes , de choifir les groffes pierres qui peuvent fe rencontrer , & de re- muer l'eau avec des pèles , jufqu'à ce qu'elle paroiffe entièrement trouble , que le gravier tombe au fond : alors on ouvre la petite ouverture , on laiffe fortir cette eau fale, & on y en remet de propre , jufqu'à ce que toute la terre foit emportée , & qu'il ne refte que le gravier. On continue de Académique. 475 laver jufqu'à dix heures du matin , qu'on prend le gravier qu'on a lavé, :rss & on le porte près de la citerne , fur un lieu qu'on a abbattu pour cet Transaction effer , comme une allée de mail. Lorfqiùl eft bien fec , & il l'eu1 bientôt Philosophie à cette heure-là , on l'épluche avec tant d'attention , que le plus petit ^nn. \fa~. morceau de pierre ne fçauroit échaper. On n'examine jamais ce gravier , jjo , -^ qu'entre dix heures du matin, & trois heures del'après-midi , à moins que quelque nuage n'intercepte les rayons du foleil , qui eft néceffaire pour cette recherche, car les diamans , venant à réfléchir les rayons, en font beaucoup plus apparens. On employé les Mineurs les plus expérimentés à cette recherche; celui qui les fait travailler , eft ordinairement à côté d'eux , & les regarde , mais il n'eft guéres poflîble , fur-tout lorfqu'on employé plusieurs perfon- nes, de les veiller d'aflez près, pour qu'ils ne cachent pas une partie de ce qu'ils ont trouvé , qu'ils vendent enfuite en fecret à leur profit. Lorfqu'ils trouvent une grofle pierre , ils ne la portent pas d'abord à celui qui les employé ; mais ils la fixent des yeux , jufqu'à ce qu'ils voyent qu'il l'a apperçuë , &C alors ils la lui montrent du doigt, mais il ne la lui rendent, que lorfqu'ils ont fini de travailler , alors même , ils le font aufli fecret- tement qu'ils peuvent ; tout le monde tâchant de cacher ce qu'il trouve , de peur que le Gouverneur , en ayant connoifiânee , ne veuille en avoir fa part ; ce qui fe pratique ordinairement dans le Royaume de Golconde , fans avoir égard à aucune convention faite avec eux. Les Mineurs , ceux qui les font travailler , & les Marchands qui achet- tent les pierres, font en général idolâtres ; aucun Mufulman , que je fça- che , ne s'étant donné à ce métier. Les Ouvriers & les Entrepreneurs font ordinairement Tellingiens , & prefque toujours natifs du lieu où eft la mi- ne, ou des environs. Les Marchands font des Bananiens , ou deshabitans de Guiaratce , dont les ancêtres ont abandonné leur pays pour faire le commerce , dans lequel ils réhflïflent fi bien , qu'ils font les feuls qui le faflent. La correfpondance qu'ils ont avec leurs compatriotes à Suracte, Goa, Golconde, Vifapour , Agra, Dely , Se autres lieux des Indes , fait qu'ils fournirent tous ces endroits de diamans. Les Gouverneurs des mines fontauftî idolâtres. Un Bramine de Telinga, afferme la plus grande partie de celles qui font dans les terres du Roi de Golconde. Il traite avec les Entrepreneurs aux conditions , que tous les diamans qu'ils trouvent au-deffous d'une Pagode * leur appartient ; tous * Une pagode ceux de ce poids , ou au-deffus , doivent lui revenir. Mais quoique cette Pc'e 9- Mange i- convention foit fignée & fcellée , il ne s'embarraffe pas beaucoup de la ' tenir ; mais il fait tout ce qu'il peut , pour s'approprier tout le profit , en vexant les Marchands & les Mineurs , qu'il taxe fort haut ; il entretient même des efpions parmi eux , & fur le moindre foupçon , qu'ils ont fait quelque profit , il leur demande de l'argent , & augmente leur taxe. Quel- quefois il leur fait donner la baftonade , fous prétexte qu'ils ont trouvé une grofle pierre , & il ne cefle de les faire tourmenter , qu'ils ne lui ayent donné tout ce qu'ils ont pour fe racheter de ce fupplice. Outre cela les droits font fi hauts fur toutes les provifions , comme le Bétel , le Tabac , dont ils ne peuvent pas fe pafler, qu'elles vallent le double de ce qu'on O o o 2 476 Collection ' les vend hors du Gouvernement; & il n'y a que quelques perfonnes, quî Transactions ayent la permifllon d'en vendre. On met à l'amende , quiconque ofe en Philosophiq. porter.de contrebande , ne fût-ce qu'une feiiille de Tabac; ik s'il n'a pas Ann if ^e cIuo' 'a Payer ' on lui fait donner la baftonnade , ce qui fait qu'il n'y a xjg ' 17' guéres perfonne , qui ait 500. livres vaillant ; la plupart de ces malheu- ' 3 • reux étant accablés par les intérêts , qu'ils font obligés de payer à des ufuriers , qui habitent ce pays , pour leur fournir ce dont ils ont befoin ; & qui avec le Gouverneur , abforbent tous leurs profits. Il eft étonnant qu'aucun de ces malheureux veuille refter dans ce pays , & qu'ils ne fe retirent dans des lieux, où on les traiteroit mieux, comme il y en a pluueurs dans les autres Gouvernemens. Mais il y en a peu,qui aient l'efprit de fe dé- placer. La plupart font retenus par leurs dettes, d'autres par l'efpérance de quelque grande fortune. Les Marchands & les Mineurs vont tous nuds ; n'ayant qu'une efpéce de torchon pour fe' couvrir le milieu du corps , & un fac fur leur tête. Ils n'ofent pas porter d'habit , de peur que le Gou- verneur ne dife qu'ils ont fait de gros gains , & qu'il n'en prenne oc- cafion d'augmenter leurs taxes. Les plus prudens , lorfqu'ils ont trouvé quelque grofle pierre, la cachent, jufqu'à ce qu'ils aient trouvé une occa- sion de s'enfuir avec leurs femmes & leurs enfans , dans le Royaume de Vifapour , où ils font en sûreté. Le Gouvernement eft plus doux dans le Royaume de Vifapour , les trai- tés y font obfervés , les taxes font plus fupportables , & il n'y a point d'im- pôts fur les provifions; les Marchands y font habillés proprement , & on trouve parmi eux, des gens qui joùiflent d'une fortune confidérable , fans être troublés dans leurs poffefiions ; auffi les mines y font-elles mieux peu- plées & mieux travaillées que celles de Golconde. On doit remarquer, que malgré la convention faite avec les Entrepre- neurs des mines , les pierres qui font au-deiTus d'un certain poids , font pour le Rqj. Néanmoins dans les Métropoles des deux Royaumes , Gol- conde & Vifapour, toutes les pierres font franches, & il n'y a point de faifie. Les derniers Rois de ces deux Royaumes , fçavoir Abdull-Catopshaw Roi de Golconde , & Edelshaw Roi de Vifapour , non-feulement payoient fort cher les grottes pierres , mais encore donnoient des vêtemens riches, ou des chevaux , & autre chofe de prix , aux Marchands , qui les leur vendoient , afin d'encourager les autres à en apporter : mais le Roi de Vi- fapour , actuellement régnant , eft un enfant ; & celui de Golconde , ne fe plaît qu'avec des Danfeufes & des Bateleurs , fans fonger aux diamans , ni à plufieurs chofes plus néceffaires , laiffant le Gouvernement de fon Royaume à un Bramine de Tellinga ; ce que les Mufulmans ne fouffrent qu'avec peine, & ce qui menace en quelque manière l'Etat d'une riùne prochaine. Académique; 477 ■!•' » I3 /• Philosophiq. Transactions ?hilosophiq Ann. 1677. LA MANIÈRE DONT ON FAIT ÈCLORE LES POULETS AU CAIRE, obfervée par M. J. Graves , Prof. d'AJlron. à Oxford , & communiquée par M. George Ent. Préfident du Collège des Médecins de Londres. (A) ON commence à chauffer les fours à la mi- Janvier , & on employé N°. n?, chaque matin 100. Kintars , ou 100. livres pelant de n'ente de Cha- meau ou de Buffle, & la même quantité chaque nuit, ce qu'on continue jufqu'au milieu du mois de Février , que les fours font lî chauds , qu'il n'eft pas poflible de tenir fa main fur les murailles. Enluite on met les œufs dans le four pour faire éclore les poulets , ce qu'on continue fucceiïivement jufqu'à la fin de Mai. On les met d'abord fur une couche de foin dans le four d'en-bas , qui eft fur la terre ; il y en entre ordinairement 7 ou 8 mille : on n'en met que deux couches l'u- ne fur l'autre. On fait les feux pour les fours fupérieurs dans de longs foyers , ou pe- tits canaux un peu profonds , pour recevoir le feu , qui communique fa chaleur an four inférieur, dont nous avons parlé. On range les œufs qui font immédiatement fous ces foyers , fur trois couches , l'une fur l'autre. La nuit , Iorfqu'on veut faire feu , on retire la couche inférieure aux endroits , où il y en a trois , & on n'en laiffe que deux fur les côtés. Après qu'on a retiré ceux-là , on en met trois couches fous les foyers où la cha- leur eft plus grande qu'aux côtés , où on n'en met que deux. On laiffe ces œufs pendant 14 jours & 14 nuits dans le four d'en-bas ; enfuite on les tranfporte dans celui d'en haut, qui eft immédiatement déf- ais. On n'y fait plus de feu , mais on retourne tous les oeufs quatre fois par jour , c'eft-à-dire en 24 heures. Le 21=. ou 22c jour, les poulets font éclos , ils ne mangent pas le premier jour : le fécond , des femmes les nourriffent avec du bled , &c. Le Maître du four a un tiers des œufs pour fa dépenfe & fes peines : il doit remettre les deux autres tiers en poulets , à ceux à qui les œufs ap- partiennent , répondant de ceux qui peuvent être volés ou caffés. Voici l'ordre qu'on fuit pour faire le feu dans le four d'en-haut , pen- dant qu'il y a des œufs dans celui d'en-bas. C'eft le premier jour qu'on fait le plus grand feu ; le fécond on en fait moins que le premier ; le 3e. encore moins; le 4e. plus que le 3c le 5e. moins ; le 6c plus que le 5e. le 7c. moins ; le 8e. plus : on n'en fait point du tout le 9e. le ic«. on en fait un peu le matin ; le ik, on bouche tous les trous avec de l'étoupe , &c & on ceffe de faire du feu, qui alors pour- roit rompre les œufs. On a foin que les œufs ne foient jamais plus chauds qu'il ne faut, pont qu'on puiffe les fouffrir fur les yeux. Lorique les poulets font éclos , on les met dans le four d'en bas , qui eft 478 C O L L E I 1 O N couvert de foin. Il y a fous ce foin du on pour fécher les poulets , & def- "T^NSACT.oKsfosde la paille, fur laquelle ils font ' ' TniLOsorHiQ. Lafig. 3z. reprefente le plan de la maiion & des fours. a, b,e& une longue entrée de chaque côté , de laquelle il y a 14. Ann. 1677. • is ^ jus ou mojns félon les lieux. Le fond & les côtés de ces fours , ^Ç* x37' qUi font fur la terre, font tous faits de briques léchées au foleil,fur lef- quelles on met du foin, & fur le foin les œufs. Le fommet de ces fours eft plat , & couvert de brouffailles , à la ré- ferve de deux efpaces longs , qui font faits de briques féchées au fo- leil , & qui forment les foyers , dont nous avons parlé , dans lefquels on fait du feu pour échauffer les œufs qui font dans le four d'en-bas. Sur chacun de ces fours , il y en a un autre fait de brique , & voû- té. 11 a auflî quelques trous, qu'on bouche avec de l'étoupe , ou qu'on laiffe ouverts félon qu'on veut régler la chaleur dans les fours d'en-bas. Lafig. 33. reprefente le plan du four d'en-haut. a. La bouche du four , qui s'ouvre dans la longue entrée ( a b ) donc nous avons parlé. b & c. Communications d'un four à l'autre. d , e. Deux foyers de 3 ou 4 pouces de profondeur , dans lefquels on fak du feu , pour échauffer ce four & celui de deffous. Le four d'en-bas a 2 7 pieds anglois de profondeur. Le le. en a plus de quatre. OBSERVATIONS SUR UN CAMÉLÉON, par M. Jonathan Goddard , Prof, de Med. au Collège de Grasham à Lon- dres. ( a; C'Etoit une femelle , comme il parut par les œufs , qu'on lui trouva dans le corps. Sa peau paroiffoit mêlée de plufieurs couleurs , fembla- ble à un drap mélangé : les teintes étoient plus légères vers le ventre , d'ailleurs également mêlées. Les couleurs qu'on pouvoit diftinguer , étoient le verd , le jaune de fable , & un jaune plus foncé , tirant fur la couleur du foye, & on peut aifément imaginer un mélange de toutes les couleurs, ou d'un plus grand nombre ; dont quelques-unes dominent en certain tems. Elle avoit des taches noires permanentes le long de l'épine du dos & fur la tête. Lorfqu'on l'irritoit ou qu'on l'échauffoit, il lui paroiffoit tout d'un coup des taches noires , de la groffeur d'une tète d'épingle , qui fe difperfoient également fut les côtés , & des rayes noires fur les paupières ; ce qui s'évanoiiiffoit enfuite. La peau étoit toute parfemée de grains ronds, comme ceux de la peau du chagrin , ou comme des œufs de mouches. Les plus gros grains étoient fur la tête, enfuite le long de l'épine , après cela aux jambes ; & ils étoient plus fins fur le ventre & fur les côtés. Peut-être que ces grains montrent différentes couleurs félon leur différente difpofition , & peuvent, Iorfque l'animal eft vivant , faire l'office de miroirs , & réfléchir les cou- Académique. 479 leurs des corps , fur lefquels on les met. Ce qui joint au mélange des cou- leurs de fa peau, peut avoir donné lieu à l'ancienne tradition , que le Ca- Transactions meleon prenoit toute forte de couleurs. Philosophiq. Ses yeux reffembloient à une lentille , ou à un verre convexe , placé \nn s fur un pied mobile , elle les tournoit en arriére , & par tout où elle Mo vouloit , fans remuer la tête ; ordinairement l'un d'un côté , l'autre de '37* l'autre. Sa langue , qu'on ne lui avoit pas vu tirer depuis quelque tems , quoiqu'elle ouvrît une bouche fort large, fortoit , lorfqu'elle fut morte , de la longueur de la moitié de fon corps. Elle étoit ronde & en forme d'un pilon à fon extrémité , où elle avoit auili quelques cavités : cette langue avoit un os dans fon milieu vers la racine , fur laquelle fa partie anté- rieure , pouvoir fe replier en arriére : l'os étoit fourchu à l'endroit où il étoit attaché au corps. Elle avoit des dents très fenfibles à la mâchoire fupérieure &c inférieure. La poitrine occupoit prefque toute l'étendue du tronc , car on remar- quoit des côtes jufqu'au commencement de la queue. Elles étoientde deux efpéces, les premières qui étoient plus larges, étoient dirigées en arriére , & tenoient à l'épine du dos. Les autres qui naiffoient des extrémités des premières , étoient tournées en devant , comme celles ' : r<: - . i ■■ ffrÛ î , w=:> ACADÉMIQUE. yoi peu étroite , cette cavité eft distinguée du canal qui fe fuit comme on le ^^^^^r~s voit dans les figures , 22 & 23. Ce canal eft un inteftin droit qui s'étend TluKurT,oss jufqu a l'autre extrémité du corps , fans que j'aie pu y obferver aucun re- Philosopha. plis, ni aucune distinction d'eStomach. J'ai obfervé dans le mâle une vergé une vélicule feminale , &C un tefticule ; dans la femelle l'ouverture du va- ,?"' ? gin , le vagin , les cornes de la matrice ; & les vaiffeaux fpermatiques. ^,°" ] 47- Dans le ver maie , la verge eft placée à la queue , il paroît qu'elle peut fortir de la longueur d'un grain d'orge , ou proportionnellement à la profon- deur du vagin de la femelle. A la racine du Pénis eft inféré le col de la vélicule feminale , qui augmente par degrés eti groupeur à mefure qu'elle s'étend dans le corps dont elle occupe ordinairement la moitié, cette vé-? ficule elt gonflée & remplie d'une liqueur laiteufe qui y entre par un pe- tit vaiffeau de la même couleur , inféré dans la vélicule , ce vaiffeau après s'être replié fur lui-même fe tortille en différens fens , & par (es circonvo- lutions forme le corps que j'appelle le tefticule , & quoique le tiffu de cette partie foit fi peu ferré qu'on diftingue aifément même à l'œil nud ,*que c'elt un vaiffeau continu, Si qu'on puiffe tirer ce vaiffeau dans toute fa longueur, qui elt de plus d'une verge, fuivant les mefures que j'en ai pris moi-même, je n'ai cependant pas hélité*de lui donner le nom de tefticule, puiique l'on fçait affez à prêtent que les tefticules ne font qu'un amas de vaiffeaux dans les animaux les mieux conformés , & il n'y a qu'un rat, & ce ver, où j'ai trouvé que le tefticule fut d'un tiffu auffi lâche , & put-être auff: aifément développé. J'ai obfervé dans le ver femelle , l'ouverture du vagin placée environ au milieu du corps , mais plus avancée cependant du coté de la tête , la matrice (e divife auffitôt en deux cornes larges & remarquables : car ces cornes formant quelques replis en defcendant vers la queue retournent alors fur elles-méme , & fe terminent en deux petits vaiffeaux blancs de la mê- me couleur que les cornes , mais d'un volume beaucoup plus petit ; ces petits vaiffeaux forment auffi fur eux-mêmes plufieurs plis & replis. Je pen- le que ce font les vaiffeaux fpermatiques; je les ai tiré du corps du ver avec les cornes de la matrice & le vagin , & les ayant mis fécher fur du papier , j'ai compté quatre pieds de longueur depuis la racine de chaoïie corne jufqu'à l'extrémité des vaiffeaux Sj»ermatiqii2s, que je conferve; j'ai ouvert les cornes de la matrice & je les ai trouvé remplies d'une liqueur laiteu- fe ; ayant mis une goutte de cette liqueur fur le porte-objet d'un petit mi- crofeope , je vis distinctement que ce qui paroiffoit à l'œil nud un corps fluide , n'étoit autre chofe qu'un nombre infini de petits œufs. Ces œufs encore frais paroiflbient couverts d'une infinité de petites pointes comme ou le voit dans la figure ci-jointe, mais dès qu'ils furent fecs leur furface pa- rut liffe &C unie : en comparant cette goutte de liqueur ou j'avois obfervé un fi grand nombre de petits œufs avec la fubftance entière contenue dans les deux cornes , je conjecturai que chaque ver femelle ne pouvoit en con- tenir moins de dix mille. Il me fu (fit de renvoyer aux figures 6c aux démonstrations du Dr. JTcllis pour faire voir combien ces parties mettent de différence entre ce ver & les vers de terre ordinaire. J'ignore cependant encore fi de tous les vers fcn Collection ■5 qui fe forment hors du corps , il s'en trouve quelqu'un dont les organes foient Transactions Semblables à ceux que je viens de décrire, & il réfulte de-là que la ma- Philosophiq. niére dont ces vers fe multiplient eft évidente , puifque les fexes font fi Ann 16-78 '3'en distingués de forte que ceux qui ont prétendu que ces vers n'engen- f\Jo ,~° droient point ie font trompés. Je crois aufîi que ceux qui les ont cru vi- *'' vipares ont été dans l'erreur , & que ce font les parties de la génération de ce ver qui l'ont occafionnée ; car n'ayant pas fait leur examen avec affés de foin , ils ont pu penfer que cette liqueur contenue dans les cornes de la matrice n'étoit qu'une infinité de petits vers , & ils fe font trom- pés, car ces animaux ne f je Philosoi'hic;. crois qu'il eft aflez conforme à la raifon d'imaginer , indépendamment de Ann 1678 tonte autorité, & de tout témoignage , que les mêmes caufes naturelles N0' /i ' P"''^e!lt quelquefois agir de même clans l'autre extrémité. Il y a dans la nature un rapport manifefte èk remarquable entre l'âge & l'accroiffement du corps humain. Delà les Grecs ont penfé qu'ils pouvoient exprimer promptement ces deux chofes par un feul ck même mot Helikia qui fignifie indiftinftement taille & âge. Et comme on peut regarder la mefure de 5 pieds ck demi comme le degré le plus fixe ck le plus ordinai- re de hauteur dans un homme , de même l'âge d'environ 70 ans peut paf- fer pour le terme le plus ordinaire de fa vie. Cependant l'expérience & les obfervations journalières nous apprennent qu'il y a des perfonnes qui a ces deux égards fnrpaifent de beaucoup ces limites . ck comme l'hifloire nous affure que plufieurs perfonnes , ont été au moins du double au-delà du terme ordinaire de la vie , nous n'avons de même aucune raifon de dou- ter de la vérité des relations qu'on nous a donné d'autres hommes qui ont furpaffé du double la grandeur ordinaire de l'homme : la longue vie , ck la haute taille dérivent ri naturellement chacune de leurs propres caufes , qu'on a fouvent obfervé qu'elles étoient héréditaires & le perpétuoient dans des familles entières. Delà les Grecs ont leur Macrofwi , èk les Romains leur Celfi , & autrefois les habitans de la Paleftine avoient leurs Anakims ou fils de Géants. De forre que les Géants n'ont rien d'incompatible avec le cours de la na- ture. En effet , plufieurs Auteurs très-dignes de foi nous ont afïïiré par des témoignages inconteftables , qu'il y a eu réellement , ck qu'il y a encore dans le monde , des hommes iî gros èk lî grands , qu'il méritent à jufte ti- tre le nom des Géants. Edmond Mallone fans chauffure , avôit 7 pieds 7 pouces de hauteur bien mefurés. Wralter Parfons portier du Roi Jacques pre- mier , né dans le S t.iffbndshire étoit de la même taille : en Flandre ck en Allemagne , où les hommes font ordinairement plus grands èk plus gros que nous , on trouve des exemples d'hommes encore plus grands, Isbrand Diemerbroeck rapporte qu'il a vu lui-même à Utrccht en 1665 lln homme de huit pieds èk demi , tous {es membres étoient bienfaits , èk fa force étoit proportionnée à fa hauteur. Il étoit né à Schoonhoven en Hollande, de parents de taille ordinaire : èk M. Ray rapporte qu'il a vîi le même homme à Bruges en Flandres. Goropius Becanus , dit avoir vu un jeune hom- me qui avoit près de 9 pieds de hauteur , un homme qui en avoit près de IO , èk une femme qui avoit 10 pieds de hauteur bien mefurés. Pline le Naturalise parle de plufieurs hommes de fon fiécle , dont quelques-uns étoient de la même hauteur , èk d'autres plus grands que ceux dont parle Becanus. Il eft vrai-femblable que dans les lieux où le terroir èk le climat cpncourent èk font difpofés naturellement à produire des plantes , des fruits, èk plufieurs efpéces d'animaux d'un plus gros volume que ceux qui naif- fent dans nos Contrées , comme les Autruches , èk les Vautours parmi les oifeaux , les énormes crocodiles , le Mouffedeu , VÉUphant , le Rhinocéros , V Hippopotame t parmi les quadrupèdes ; dans ces parties du monde, dis-; Académique. fif je , où on trouve des animaux aulîi énormes , il n'eft pas hors de vrai-fem- — — blance qu'on puiffe y trouver des hommes d'une taille beaucoup plus Transaction haute que ceux qui naiffent parmi nous. Le fameux voyageur André The- Philosovhiq. vu rapporte qu'ayant paffé trois femaines fur une côte d'Atfrique dans le Ann 1678 territoire SArguin , il rencontra par hafard un riche commerçant Espagnol , \J v . 6 , donc le vaiffeau avoit été brifé quelque-tems auparavant par une tempê- te , il avoit cependant fauve heureufement du naufrage un coffre où il avoit renfermé avec foin le crâne &c les os d'un Géant d'Amérique qu'il en avoit apporté. Ce Géant avoit 11 pieds 5 pouces de hauteur , & étoit mort en 1559. M. Thevet vit ces os & en fut fi curieux , qu'il prit les di- meniions de leurs principales parties, les os des jambes avoient 3 pieds 4 pouces de longueur , le crâne trois pieds un pouce de tour. Je remarque que cette circonférence eft exactement proportionnée à la longueur des jambes , & fi on a égard aux cheveux & à la peau qui couvrait ce crâne , tandis que le Géant vivoit , il fe trouvera peu de différence entre ces di- meniions Si celles que nous avons rapportées ci-deffus , en calculant la "tof- feur de la tète de notre Géant lorfqu'il étoit entier. Cela me fait penfer , que peut-être ce grand os frontal que nous avons décrit, a été apporté en Europe, il y a 70 ou 80 ans, par quelques commer- çans Hollandois , comme un échantillon de quelques Géants qu'ils auroient trouvés dans quelques-uns de leurs voyages d'Amérique ; car il paroit frais &il eft encore folide& pelant, ce qui marque qu'il ne peut pas être vieux, mais c'eft feulement une conjecture , & d'ailleurs il importe fort peu fi ce voyageur a découvert ou non le véritable original de ces os. De toutes ces hiftoires bien garenties , & en particulier de cet os dont nous avons donné ci-deffus une idée , on peut inférer clairement , qu'il y a eu dans la nature des hommes de 1 1 ou 12 pieds de haut : taille qui égale fi elle ne furpaffe pas celle du plus grand Géant dont parle l'Ecriture. Car on y lit en termes exprès que Golnuh de Gath avoit 6 coudées & une palme de hauteur : 6i en prenant une coudée félon l'acception la plus or- dinaire, pour une mefure d'un pied & demi , fa taille ne devoit pas mon- ter à plus de 9 pieds 9 pouces, & par conféquent Og Roi de Bafan a dû être de beaucoup plus grand que Goliath , fi nous jugeons de fa taille par les dimenfions de (on lit que l'on dit avoir été gardé comme un monument deftïné à conferver la mémoire de ce Roi, à Arabbath Ville des enfans d'Am- mon , & avoir eu 9 coudées de longueur , car je ne m'imagine pas qu'il ait été néceffaiteque ce lit fut beaucoup plus long que fon corps ; tout ce qu'on pourrait prendre pour le furplus ferait l'efpace de 9 pouces à la tête & de 9 pouces aux pieds, d'où il s'enfuivra qu'il avoit à peu-près 12 pieds de hauteur , c'eft-à-dire , qu'il étoit de la même taille que le Géant dont on garde l'os frontal dans l'École de Médecine à Lcyde. Ttt2 ji6 Collection Transactions TVTO f Philosothiq. iN . 102. Ann. 1678. L EXPÉRIENCES SUR LA DIGESTION , par M. CH. LEIGH. Mo /$ TE vous donne ici la defcription d'un digeftif artificiel , & je défire que • Iv?]i J les expériences que j'ai fait avec cette liqueur , facilitent les moyens de ART. VIII. connoïtre mieux le digeftif naturel. Son goût eft un peu aigre , Scfembla- ble à celui des alimens vomis , mais il n'entre dans fa composition aucun alkali qui puiffe y produire quelque ferment ; ce digeftif eft compofé avec l'elprit de foufre , l'efprit de corne de cerf, le chyle d'un chien , & la fali- ve. Il eft tranfparent, & n'a aucune' odeur , le fel qu'il produit eft cubique. Voici les expériences que j'ai fait avec cette liqueur & la chair de veau , & le réfultat de ces expériences. Je mis dans une dragme de cette liqueur un morceau de veau de la grofleur d'une noix , & je plaçai le tout fur un fourneau de digeftion : j'oblérvai deux heures après que ce morceau de chair avoit produit une liqueur femblableau chyle pour la couleur, & pour le goût , & que la chair n'étoit plus qu'une matière légère , deflechée , & infipide au goût. Je fis la même expérience fur la chair de bœuf & de mou- ton , & fur toutes les différentes chairs que je pus trouver, & le réfultat de mes diverfes expériences fut toujours le même. Ces oblèrvations nous don- nent lieu de penfer , que les alimens font digérés dans l'eftomach par le moyen de quelque menftruè naturel analogue au digeftif artificiel que je viens de décrire. Je ne prétends point aflurer par-là , qu'un menftruè liquide fuffife feul pour digérer les alimens dans l'eftomach , je crois même que dans plufieurs animaux & même dans la plupart , il eft néceffaire pour que la digeftion fe fafle bien, iQ. que l'eftomach reçoive une douce chaleur du foie : 2°. qu'il foit dans fon état naturel , 3". qu'il foit aidé par l'épiploon , 40. que l'efto- mach ait une tunique veloutée. i°. Parce que c'eft par ce moyen que les alimens fe divifent en parcelles ; ce qui facilite à coup sûr l'opération du ferment naturel. 1". Parce que fi l'eftomach n'avoit point de tunique ve- loutée , la tunique charnue ferait trop dilatée par les alimens &C par la boiffon , ce qui empêcherait néceffairement le mouvement régulier de l'e- ftomach. f°. Que les inteftins ayent un mouvent périftaltique , parce que s'ils étoient privés de ce mouvement, les alimens digérés fortiroient trop vite de l'eftomach , & nous feroient fouffrir des douleurs continuelles. Je penfe que les matières qui entrent dans la compofition du ferment na- turel , font la falive , le fuc des glandes de l'eftomach , & un efprit nitro- aërien qui provient' des nerfs. Il me paraît probable que la falive entre dans la compofition de ce ferment ; premièrement , parce que les alimensquoi- que mêlés d'ailleurs avec différens fucs en deviennent plus propres à s'in- corporer avec le menftruè qui doit les digérer ; fecondement , puifque la falive eft imprégnée d'un fel volatil , il eft probable qu'elle peut aider par là , la digeftion. Académique; ct7 Je crois que la féconde liqueur qui entre dans la compofuion du ferment ■■■ eft une liqueur exprimée des glandes qui font au fonds de l'eitomath. Car, Transactions fans rapporter ici ce qu'en dilent le fameux Willis Pharm. ration, p. G. & 1 miosorHiQ. Syhiits dcl Boc , pag. 88 1. on a obfervé que les animaux qui ont un plus Ann ,<-,% grand nombre de ces glandes font les plus voraces. V^ Z Enfin il paroit raifonnable de penfer que les efprits nitro-aëriens fournis par les nerfs entrent aufTi dans la compofition du ferment de l'eitomach , parce qu'en dit le Dr Mayow,p. 33. Jam verà cumfpiritus animales parti- culis nitro-aëreis confiant , haud difficile erit intellcclù quomodo effeelus prccdicli abiifdcm in ventriculo perficiuntur ; quanquam enim fpiritus nitro-aèreus acidus non ifl, abeodem tamenferrum corroditur , vitriola pcrjiciuntur, falia fixa adfluo- rcm perducuntur , rerumque compages tanquam ab univcrfali rncnjlruo folvuntur. Par M. M U S G R A V E. Le 19 Août 1684, je tirai une certaine quantité de fubftance mufqueufe de l'eftomach d'un Choucas, près du Pilore, je la mêlai avec une dilîblu- tion de fublimé , & cette fubttance devint beaucoup plus blanche qu'elle n'étoit auparavant. Une autre partie de cette même fubftance mêlée avec le firop violât devint verte. Ces expériences peinent lervir de preuves contre l'exiftence d'un ferment acide dans l'eftomach. Il paroit probable au contraire que la digeftion fe fait à l'aide d'un alkali volatil. N°. 164. CONVULSION EXTRAORDINAIRE A LA JOUE, par le D. Dafsbeny Turberville. JE fus un jour confulté par un homme qui depuis Iong-tems étoit at- xjo / t .que de grandes douleurs , & de convullions à la joue , le iiége de la A ' . douleur n'étoit pas plus large qu'un loi marqué ; mais les convullions s'é- tendoient jufqu'à la bouche , &: à l'œil , & occupoient enfin la moitié du vifage. J'appliquai les vélicatoires à l'endroit où la douleur fe faifoit ref- feniir. Je iacrifiai la playe , & j'y appliquai une féconde fois les vefica- toires , après quoi je mis un emplâtre de diapalme , ck le malade fut par- faitement guéri. Ïi8 COLLECTION Transactions PhilOsothiq. Ann. 1678. N°. 168. Art. III. No. 171. Art. V. N°. 168. PIERRE FORMÉE SUR UNE AIGUILLE DE FER, tirée de la vejjie d'un jeune homme, MOnfieur Colo tira cette pierre de la veffie d'un jeune homme à Paris. L'aiguille de fer fur laquelle la pierre s'étoit formée & qui la tra- verloit par le milieu avoit été introduite dans la veffie par l'enfant même deux ans avant l'opération. N°. 171. TRÈS-GROSSE PIERRE TIRÉE D'UNE VESSIE , par.... CEtte pierre fut tirée de la veffie d'un nommé Fr. Dugood , habitant à'Aucheuchove , dans la Province à'Aberdren. Cet homme vécut jufqu'à 50 ans. La pierre avoit elle eft née dans le Waterford de parents Anglois , qui paffoient tous deux pour être de bonne fanté : cette difformité ne fe déclara que lorf- que cette fille fut âgée d'environ trois ans. Elle en a maintenant environ treize ou quatorze , elle ne marche cependant qu'avec peine , & elle eft d'une taille iî petite , que j'ai vu des enfans de cinq ans plus grands qu'elle; elle eft très-fimple , parle très-peu , vite & avec difficulté , & ne s'expli- que pas clairement : fa voix eft baffe & rauque , fon teint eft affez beau , & fon vifage affez agréable , à l'exception de fes yeux qui font fort éteints , & il fembfe qu'il croiffe par-deffus une efpéce de membrane de la nature de la corne ; de forte qu'elle ne peut à préfent diftinguer qu'avec beau- coup de difficulté les différentes couleurs. Ces cornes fe trouvent en abon- dance principalement au tour des jointures & des articulations & non point fur les parties charnues : elles font attachées à la peau comme des verrues , Académique. jip & reffemblent beaucoup à leur racine pour la fubftance , quoiqu'elles ' — — foient beaucoup plus dures , & qu'elles tiennent beaucoup plus de la na- Transactions ture de la corne à leurs extrémités. Au bout de chaque doigt & de chaque I'hilosophiq. orteil , il en croit une auffi longue que le doigt ou l'orteil qui la porte : Ann. 1678. ces cornes ne vont point en avant , & ne font pas droites , mais s'élevant KTo. 176. un peu entre l'ongle & la chair , ( car ces excrefeences reffemblent un peu à un ongle près de leurs racines ,) elles lé courbent comme un ergot de coq-d'inde , auquel elles reffemblent beaucoup pour la couleur ; il y en a de plus petites fur les autres jointures de fes doigts & de les orteils : ces cornes tombent quelque fois pour faire place à d'autres. Toute la peau de fes pieds, de fes jambes , & de fes bras, eft très-dure ck calleufe, & elle le devient tous les jours de plus en plus : elle en a plufieurs fur (es genoux, & aux coudes : ces cornes font difpofées en rond au tour des jointures ; il y en a deux plus remarquables à la pointe de chaque coude , elles font femblables à des cornes de Bélier : celle qui eft au bras gauche a environ un demi pouce de largeur fur quatre pouces de longueur , il y en a un grand nombre fur fes feffes , que cette fille a applaties en fafféiant. Il s'élève de petites excrefeences dures à fes aiffelles & au bout de fes ma- melles , ces excrefeences font beaucoup plus déliées &c plus blanches que les autres : à chaque oreille , il croit auffi une corne : la peau de fon coû com- mence depuis peu à devenir calleufe , & de la nature de la corne , com- me celle de fes mains & de fes pieds. Elle mange & boit bien , dort pro- fondement , & s'acquitte de toute les fonctions de la nature aufli-bien que ceux qui font en parfaite fanté , mais elle n'eft point fujette à l'évacua*. tion périodique de fon fexe. Collections Philosophiq. Ann. 1678. 510 Collection V®&S**^$!Ssfc^.&Si$Sï$^a®&Si^ ^^^.4» ■%**" COLLECTIONS PHILOSOPHIQUES. N°. 2. No. CORPS QUI LONG-TEMS APRE'S AVOIR ÉTÉ ENTERRÉ fut trouvé entièrement converti en cheveux. ON enterra une femme à Nuremberg , il y a environ 43 ans , dans un cercueil de bois peint en noir félon l'ufage du pays. La rerre dans laquelle ce corps fut depofé étoit féche & jaune , comme l'eft en gran- de partie celle qui environne cette Ville. De trois cadavres enterrés dans la même foffe celui-là étoit placé le plus profondément dans la terre : le cercueil ayant été découvert , on s'apperçut qu'il fortoit par les fentes de la bierre une fi grande quantité de cheveux que l'on crut pendant quelque tems qu'elle en étoit entièrement couverte. Le couvercle du cercueil étant levé tout le cadavre parut parfaitement reffemblant à une figure humaine , les yeux , le nez , la bouche , les oreilles , & toutes les autres parties du corps étoient très-diftinftes ; mais depuis le fommet de la tête jufqu'à la plante des pieds , il étoit couvert de cheveux très-épais , longs & frifés. Le Foffoyeur après l'avoir examiné quelque tems , voulant manier la partie fupérieure de la tête s'apperçut que ce corps s'affaiflbit , & qu'il ne lui re- lîoit dans la main qu'une poignée de cheveux. Il n'y avoit ni crâne ni au- tres os, à l'exception d'un petit morceau, qu'il foupçonna être le gros orteil du pied , ces cheveux étoient un peu rudes au toucher ; mais peu-à-peu ils le devinrent beaucoup davantage , & ils prirent une couleur rouge tirant fur le brun. Par M. C H R. ARNOLD. Ibidem. Outre la relation de M. Wulfmis , concernant le corps converti en che- veux découvert dernièrement ici , on a encore obfervé qu'un homme qui avoit été pendu dans cette Ville pour caufe de vol , fe trouva en très-peu de tems extraordinairement couvert de cheveux , étant même encore à la potence. OBSERVATIONS Académique. 521 COLLFCTION'; OBSERVATIONS Philosophi* Sur des cheveux trouves dans plujicurs parties du corps , par le Dr. Ed. Tyfon. xj0 LE Sçavant Honorants Fabri , lib. j. de Plantis , & plufieurs autres ART. IV. Auteurs, penfent que les cheveux , la laine, les plumes , les onglos , les cornes , les dents , &c. ne font autre chofe que des végétaux ; fi cela eft ainfi , nous ne devons point être furpris de les voir croitre fur le corps des animaux , même après leur mort , comme on en a déjà recueil- li , plufieurs exemples. Les obfervations fuivantes pourront fervir de preuve à cette opinion. Petrus Borellus hifl. & obf. rned. cent. i. obf. 10. prétend que ces produ&ions dont je viens de faire rénumération, peuvent être tranf- plantées comme les végétaux , 6c qu'elles peuvent prendre de l'accroifTe- ment dans un lieu différent de celui où leurs premiers germes s'étoient d'a- bord développés ; il rapporte même quelques-unes de fes obfervations fur ce fujet , & je ne doute point de la vérité de tout ce qu'il dit fur une dent arrachée & transplantée , parce que j'ai fait cette expérience fur moi-mê- me , & que j'ai oui dire , qu'elle avoit été faite fur d'autres perfonnes avec le même fuccès. Quoique la furface extérieure du corps foit le lieu ordinaire où croiflent les cheveux , on en a cependant trouvé quelquefois fur la langue , dans fin- rérieur du cœur & à fa fuperficie , dans les mammelles , dans les reins, & dans les autres parties glanduleufes & mufculaires : mais il n'y a aucune partie intérieure où il s'en trouve plus fouvent que dans l'ovaire , ou les tefticules des femelles. J'ai eu autrefois occafion de le remarquer dans trois fujets différens , & de faire quelques obfervations , dont le détail fera peut- être plaifir aux curieux. Ma première obfervation fut faite fur une chienne que je diflequai chez moi à Oxford en 1674. Je remarquai d'abord que l'épiploon étoit beaucoup plus étendu qu'il ne refi ordinairement , mais il étoit tellement adhérent auxintefîins , aux cornes de la matrice, &c au côté droit, que je ne l'en fé- parai qu'avec difficulté. Les parties adhérentes étoient un peu enflammées , & j'y remarquai quelques petites glandes. Mais je fus très-furpris lorfque je trouvai du poil fur l'épiploon , fur les cornes de la matrice , & dans l'o- vaire : je contai trois poils dans le ventricule droit du cœur , Se j'en vis dans les veines plufieurs , qui n'avoient point de racines ; j'en trouvai en- core d'autres qui étoient enracinés dans les petites glandes. Les deux ex- trémités des cornes de la matrice étoient jointes enfemble , & les deux te- rticules ne faifoient plus qu'un corps aflez gros , & à peu-près femblable à une glande ; ce corps avoit plufieurs cavités remplies de poil &: d'une ma- tière purulente. On remarquoit encore dans les cornes de la matrice les traces des derniers fœtus qui y avoient été renfermés. J'avois obfervé avant la diffection , que les parties antérieures de cette chienne étoient en très- bon état , mais que les poftérieurs étoient fort maigres. Ce poil avoit en- viron un pouce ou un pouce ôc demi de longueur ; & quoique j'en eufTe Tom I. II. Partie. Y v v jn Collection r* ' M ' remarqué en beaucoup d'endroits, je n'en trouvai cependant pas par-tout } Collections & il refîembloit afiez au poil de la peau. Philosophiq. Je fis ma féconde obfervation fur une jeune fille de condition que je dif- Ann. 1678. fequai avec le Dr. Morton , le Dr. Dan. Cox , &c quelques autres au mois N°. 2. de Novembre 1679. Dès que le corps fut ouvert , nous remarquâmes fur le tefticule ou fur l'ovaire droit, une tumeur extraordinaire, auffi groffe qu'u- ne tête d'homme ; cette tumeur étoit divifée en deux poches ou velïies , & nous jugeâmes que c'étoit plutôt à cette tumeur qu'à toute autre chofe qu'il falloir attribuer la caufe de la langueur & de la longue maladie qui avoit conduit cette jeune perfonne au tombeau : l'une de ces veffies étoit plus petite que l'autre : toutes les deux étoient formées par une membra- ne déliée, &c communiquoient l'une à l'autre par leur partie latérale ; elles contenoient une liqueur & une fubftance femblable à du petit lait , & à du lait caillé ; cette fubftance n'étoit autre chofe qu'une matière ftéatoma- teufe qui nageoit par morceaux dans une lymphe tranfparente & prefque fans couleur ; ce ftéatome étoit mollaffe & paroiffoit gras au toi cher, d'une couleur jaunâtre très-foible , & n'avoit aucune odeur défagréable. J'en jet- tai dans l'eau chaude quelques morceaux qui furent diffous en partie. La furface intérieure de ces veffies étoit lifTe , elle n'adhéroit point à la fubftan- ce qu'elle contenoit , & nous obfervames qu'elle n'étoit décolorée en au- cun endroit. L'un de ces morceaux de matière ftéatomateufe étoit de la groffeur du poing , & nous y trouvâmes un gros peloton de cheveux , de même que dans tous les autres morceaux , avec cette différence cependant, que ceux ci n'en contenoient pas une fi grande quantité que le premier. Ces cheveux étoient d'une couleur argentée , ils étoient fins & doux , mais très- forts , &c quelques-uns avoient deux pieds trois pouces de long. Ils ne pa- roiffoient enracinés dans aucune partie , il ne fembloit pas même qu'ils puffent prendre aucun accroiffement dans ce lieu , ils étoient feulement mêlés avec cette matière ftéatomateufe. Ces cheveux après avoir été gar- dés devinrent un peu plus bruns , mais on en caffa plufieurs en les débaraf- fant de cette fubftance graffe dont ils étoient environnés. Nons trouvâmes au côté extérieur de lapins groffe veftie, le refte du tefticule, où nous ob- fervames plufieurs œufs , ou au moins plufieurs petites hydatides de cette groffeur [00 ]. Mais nous fumes très-furpris d'y trouver une fubftance of- feufe qui reprefentoit fi parfaitement une dent œillère , ou canine , pour la forme , pour la dureté , pour la couleur , &c. que je ne puis mieux la com- parer qu'à cette efpéce de dent : elle étoit fortement adhérente par fa bafe c'eft-à-dire , par fa plus large extrémité , aux membranes de l'ovaire , & on remarquoit à une petite diftance de chaque côté de cette dent , deux au- tres efpéces de dents , qui étoient beaucoup plus petites , & dont la figure n'étoit pas fi régulière. Cette dent & ces cheveux font foupçonner à quelques perfonnes que c'é- toit peut-être des parties de quelque embryon corrompu , mais je ne fuis point de leur avis ; car fi cela étoit en effet comme ils le penfent , nous aurions trouvé auffi d'autres os , ou au moins une matière purulente : ou- tre cela la dent dont nous venons de parler étoit dans l'ovaire , mais hors de la veffie , tandis que les cheveux étoient dans la Yeflie , & n'étoient point Académique. 52? dans l'ovaire. Je penfe plutôt que c'eft un jeu de la nature qui voulant for- — mer un corps , & ne pouvant venir à bout de former un animal , a pro- Collections dtiit un végétal. Les dents &c les os font d'abord des membranes mollesou 1'"ilo>ophi cogne, ayant , en fe débordant , rempli un jardin de fable & de limon , ceux qui y entrèrent pour le nettoyer, fentirent aux jambes des démangeai- ions avec enflure. Un Mineur qui demeurait fur les montagnes Mendipp , m'apprit il y a quelques années une chofe fort approchante, qui lui arriva à Week dans le Gloct/ler-S kirc, envwon à cinq milles, au Nord Oueft, de Bath, 6c deux milles au Nord de Kenysham. Ayant été envoyé en cet endroit pour renouvel- ler un ancien ouvrage auquel on n'avoit point travaillé depuis quelques années , il trouva en y arrivant ,que la mine qui n'avoit pas plus de fix toifes de profondeur , étoit plus qu'à moitié pleine d'eau , ce qui arrive or- dinairement lorfque les mines ceffent d être exploitées. Il en tira ce qu'il put avec un fceau ; il descendit enfuite dans la mine , pour puifer plus à fon aile l'eau , qu'un homme qui fe tenoit à l'ouverture de la mine enlevoit à l'infant. S'étant tenu dans cette eau qui lui donna beaucoup de peine pendant quelques jours , fes jambes commencèrent à lui démanger beau- coup , à enfler prodigieufement , ce qui dégénéra en ulcères. 11 ne pou- voit attribuer la caufe de cette enflure qu'aux exhalaifons venéneufes de quelques chiens qu'on avoit jettes dans la mine. Cette relation ne me fa- lisfaifant point , je le menai avec moi à la mine. Nous la trouvâmes aniîî à moitié pleine d'eau ; mais apperçevant à l'entrée quelques minerais, j'y remarquai des morceaux confidérables de marcaflites vitriolées. Je m'in- formai de lui de qu'elle manière la mine étoit difpofée , il me répondit que la veine minérale fe trouvoit au milieu d'une veine de marcaflites, qui avoit environ trois pieds de large. Je conclus de-là ,que les eaux rie la mine ayant féjourné long-tems fur ce lit de marcaflites, s'étaient fortement im- prégnées de lèls vitrioliques qui lui avoient caufé cette démangeaifon & cette tumeur dans les jambes. C'étoit un habile Mineur ; il s'appelloit Guillaume Daily. Ayant mis le feu , le Printems dernier , dans une mine des montagnes Mendipp, afin d'emporter les rochers, il ne put remonter à tems, £i fe vit atteint de la fumée qui le fuffoqua malheureufement. LETTRE DE M. A. P. Donnant une Relation d'un monftre , né au mois de Mai à Hilbrewers , dans le Comté de Sommerfert. M ONSIEUR, J'allai voir hier le Monftre qui eft né à Hilhrewers. La chofe paroit fi ART. VII.' iinguliére que je ne doute point que vous ne fouhaitiez en avoir une re- lation ample êc exacte. Il eft à propos de vous inftruire d'abord de deux *538 Collection zz^z ;gg= choies qui me paroiffent probables. La première , que la narure avoit def- Collechons fein de produire deux gémeaux , ik qu'elle en avoit même fait les prépa- Thilosophiq. ratifs ; car ces deux corps s'uniffant au nombril , toutes les parties inrerieu- Ann. 1679. res' jusqu'aux doigts du pied, font non-feulement très-diftincies , mais enco- N°. 2. re féparées les unes des autres. Ces corps le partagent de nouveau en deux, un peu au-deffusde la poitrine ; & les parties fupérieures font diftindtes &C féparées de même que les inférieures. Etant couchés fur le dos , ilsnepa- roiflent à l'endroit de leur jonftion , qu'un feul corps ; mais lorfqu'on les retourne, on voit une raye profonde entr'eux deux. Chacun a une épine du dos féparée ; chacun a fes mammelles dans la place qui leur eil propre, relativement à ces deux corps pris féparément ; mais refpeclivement au tout, on apperçoit l'une devant, l'autre derrière. Ils ne s'éveillent point & ne dorment certainement point en même-tems. Ils tètent & crient de ioutes leurs forces , fe déchargent le ventre féparément , & paroiffent devoir vivre, li la multitude qui le préfente pour les voir n'abrège pas leurs jours. On les a nommé fur les Fonts-Baptifmaux Aquila & Prïfcdla. La mère qui avoit été deux ans infirme, accoucha le 19 de ce mois, de ce monftre, après un travail aifé & de courte durée. Elle avoit eu cinq enfans auparavant. La féconde chofe que je regarde comme vraifemblable , c'efr, que cet accident pourrait arriver de la manière fuivante. Vers le tems de la pre- mière formation du fœtus , les cordons ombilicaux de chacun de ces en- fans vinrent à fe joindre de telle manière que, depuis l'intérieur de leur corps jufqu'à l'extrémité qui aboutit à la matrice , ils paroiflbient n'en former qu'un feul. La Sage-femme dit que l'arriére-faix, quoique unique , fe trou- voit cependant trois fois plus gros qu'il n'a coutume d'être , & que le cor- don ombilical étoit très-grand. Il eft donc aifé de concevoir que les vaif- feaux ombilicaux pourraient être diftinfts , quoique joints enfemble , & que vrailemblablement, ils fe féparoient dans ce nombril commun , d'où cha- que corps tirait une jufte diftribution des vaiffeaux qui lui font propres. I! y avoit une fi grande foule de peuple , que je ne pus me procurer toute la fatisfa&ion que je fouhaitois ; j'ai cru cependant mes peines aflez récom- penfées en voyant ce que je viens de vous marquer. Une perfonne d'une Paroifle voifine, m'apprit qu'un Vieillard du même endroit fe rappelloit d'a- voir entendu dire à fa femme , que pareille chofe étoit arrivée il y a 40 ans , dans la Principauté de Galles , & que les deux enfans vécurent affez pour pouvoir fe parler l'un à l'autre. Ils pleuraient quelquefois lorfqu'ils venoient à fonger à ce qu'ils feraient s'il arrivoit que l'un ou l'autre mou» rut. Ils moururent tous deux enfemble. OBSERVATIONS Académique. Ï39 OBSERVATIONS Faites à l'ouverture d'un cadavre , par le Dr. Tyfon. ON fit il n'y a pas long-tems l'ouverture d'une femme , qui , la veille de fa mort , étoit accouchée avec beaucoup de peine d'un enfant mort. On trouva deux grandes tumeurs globuleufes fur le tefticule gauche ; on peut les appelleravecplus de raifon, des œufs contre nature , ou des parties tle l'ovaire diftendu. Toutes deux étoient dans le badin , défions la matrice, & empêchoient par- là la fortie du foetus qui étoit gros & bien formé. Ces tumeurs étoient couvertes d'une membrane épaifle , qui avoit fes veines & fes artères auffi remarquables que celles de laveffie.La plus proche du tefticule fe trouvoit la plus petite ; elle étoit de la grofleur d'une noix de coco. Elle contenoit une fubftance graffe , non fluide , de la couleur d'un jaune d'eeuf, & au milieu , une boucle de cheveux , qui , étant dégagés de la graifle , pa- rurent d'une couleur blonde. La graifle petilloit au feu , fe fondoit Se s'en- flammoit comme le lard , & fi l'on en excepte quelques parties grumeleufes, elle bouilloit &c fumoit dans une cuillère pofée deflus la lumière d'une chan- delle. Il y avoit au milieu de la membrane une fubftance dure &c pleine de nœuds, oùl'on trouva un petit os d'une figure finguliére , recouvert d'un pé- riode qu'on eut beaucoup de peine à féparer. L'os eft dur , blanc , & un tant foit peu plus gros que le plus gros os du conduit auditif. L'autre tumeur étoit trois fois plus grofleque la première ; & quoiqu'elle en fut éloignée de deux pouces, elle y tenoit cependant par une forte mem- brane du tefticule diftendu. En l'ouvrant , il en fortit une forte de graifle plus blanche &t plus liquide , mais elle étoit auffi épaifle au milieu que la pre- mière , &'de la couleur & delà confiftence du miel. On peut l'appeller par cette raifon Meliceris, quoique l'inflammabilité de l'une & de l'autre en fafle des Steatomes. Il y avoit au milieu , une touffe ou deux de cheveux entor- tillées comme ce que nos payfans appellent boucle de lutin , qui font une efpéce de Plica Polonica. Ces cheveux étoient d'un brun tirant fur le noir , & il y en avoit quatre fois autant que dans la première. Quelques-uns de ces cheveux fe trouvoient longs , & 'naiffbient évidemment de la partie intérieure de la membrane dans laquelle ils étoient enracinés, &c d'où on les arracha. La graifle fut plusinflammable que l'autre : elle ne pétilla point en brûlant comme l'autre avoit fait , & laifla moins] de parties gru- meleufes au fond de la cuillère. On trouva pareillement dans les plis de cette membrane, un os difforme, très-dur, &c creux , couvert d'une peau fem- blable en-dehors au période , &c en-dedans à la dure-mere. Il eft par con- lèquent fort difficile de deviner , fi l'intention de la nature étoit de former une dent avec partie de la mâchoire , ou le crâne entier. COLlECTIONt PHILOSOrHIQ. No. 2. Art. XIV. Tome I. Partie. II. •Yyy * 540 Collection Collections XTO Philosophiq. JN . 3. O B S E RVAT10NS Faites au mifcrofcope , par M. Leewenhoek , fur les parties globuleufes des liqueurs , & les animaux qui fe trouvent dans la femence des infectes. N°. \. A ^r^s av0'r fait des obfervations fur les parties globuleufes de l'écume Art. III -tVde bière ,que je me rappelle vous avoir communiquées autrefois, j'exa- minai de la lie d'un vin d'Allemagne , & pour le mieux faire , je mis la lie dans de l'eau : je découvris par-là, qu'elle étoit compoféede globules très- irréguliers , chacun d'eux renfermant un nombre plus ou moins grand de petits globules , par exemple , i , 2 , 3 , 4 , 5 , 6 de ces globules. Venant enfuite à confidérer cette compofition , je compris que la figure la plus parfaite de ces globules compofés, devoir confifter en fix globules fimples, parce que chacun d'eux étant près de l'œil , la figure du total doit paraître la même , & prendre une efpéce de forme ronde lorfqu'on la prefTe un peu. Pour en taire l'épreuve , je mis fermenter du vin dans une bouteille que je plaçai dans mon Cabinet. Lorsque la fermentation eut celle , je re- marquai que la lie confiftoit , pour la plus grande partie , en globules com- potes de fix moindres , & plus petits que ceux du fang & de l'écume de bière. Je mis trois efpéces de moût dan? autant de verres differens ; lorfqu 'elles commencèrent à travailler, j'apperçûs dans quelques parties inégales des ver- res, une fi grande quantité de veffies s'engendrer, & s'élever l'une au-deiTus de l'autre , que j'avois la vue fatiguée à force de les obferver. A mefure qu'elles s'élevoient, elles augmentaient en groffeur, & quelques-unes paroif- foient auftî grandes que ces bouteilles qu'on fait avec l'eau de favon. Cetre fermentation caufoit beaucoup d'agitation dans le vin , & poufloit vers la furface, des globules que je trouvai compofés, comme auparavant , de fix globules moindres, & d'autres, qui n'avoient que 3 ,4, ou 5 globu- les plus petits. Ces globules étant abandonnés à la furface par les veilles pleines d'air , ils retomboient au fond , ci quelquefois , j'appercevois ces globules fextuples fe rlivifer , & fe partager. Je remarquai qu'on pouvoit auflî divifer les globules dans de l'écume de bière. Je fis la même chofe avec des globules de fang que je me tirai du doigt , mais ayant moins de confiftence , ils s'unirent plus aifément , Si ne parurent former qu'un feul globule , tandis que les autres étoient plus diftincts. Je fis de pareilles obfervations fur des firops, pendant qu'ils fermentoient; mais les globules ne fe trouvèrent compofés que de trois ou quatre autres , & non de fix , comme dans les premiers ; ce que j'attribue à l'épaiffeur Se à la vifeofité de la liqueur. Je voulus voir enfuite fi je découvrirais de pareils globules dans l'eau de pluie. Je crus que la meilleure manière poury réuiîîr , étoit de la faire mou- Académique. * î-M voir avec vlteffe dans de perits tuyaux de verre , & j'y apperçus plufîeurs — ~ particules , au nombre de lix. Les ayant examinées avec un microfcope Collection» commun, je vis que c'étoient des globules, qui , dans les endroits ou ils le Philo*om«H. trouvoient en plus grand nombre , paroifi'oient verds ; venant enfuite à les xjç> obferver en particulier , je remarquai qu'ils conlifioient en globules compo- ' *" les de fix moindres, a fiez femblables à ceux du fang. En obfervant ces glo- bules dans un autre tuyau de verre , j'en trouvai quelques-uns de la forme d'un cent", qui en contenoient douze autres plus petits , tk d'autres qui n'en avoient que fix. J'apperçus parmi ces globules plufîeurs petits animaux qui nageoient. J'examinai eniuite la liqueur des veines lactées de divers ani- maux ; d'une vache , entr'autres , qu'on avoit fait jeûner pendant 24 heures ; mais ma peine fut infruâeufe. Je trouvai dans les veines laftées d'un a°neau bien nourri , grand nombre de globules preffés &£ coagulés enfembie , dont quelques-uns étoient compofés de 2, 3,4, 5 & fix globules plus petits. Le refte du chyle , quines'étoitpascaillé, parut clair & fluide, &: mélangé de ces globules compofés. Il y avoit aufii une quantité prodigieufe de globules, beaucoup plus petits que la lïxiéme partie des globules du fang , comme fi ce n'eut été que ces mêmes globules nageans dans une matière rare & vifqueufe. J'examinai aufii le chyle de la veine la plus proche du pancréas, dans un veau , &c j'y remarquai les mêmes choies que dans l'agneau. J'ob- fervai enfuite du lait nouvellement tiré , &: qui étoit encore chaud , mais j'y apperçus feulement des globtdes de la groffeur de la fixiéme partie des globules de fang , & quelques autres compofés de 2 , 3 , 4 & 5 , tenant enfembie, dont quelques-uns alloient au fonds, & les autres , que je regarde commela crème ou le beurre, furnageoient. J'examinai aufii mon urine, lorf- que j'étois malade : j'y vis différens globules de fang attachés à divers petits vaiffeaux reffemblans à des fils de coton embarraffés entr'eux avec des grains de bled fufpendus à l'extrémité. Le refte de l'urine étoit plein de globules de la groffeur de la fixiéme partie des globules de fang. J'ai aufii examiné les particules qui nagent parmi les parties aqueufesde l'air , lorfqu'il fait du brouillard , Se je les ai trouvées de la fixiéme partie des globules du fang. Elles ne font pas les mêmes que celles qu'on apper- çoit dans une chambre oblcure, où l'on a introduit les rayons du foleil par un petit trou , car ces dernières ne lont autre choie que la fuperficie des corps qui fe détachent par le frottement, & deviennent une efpéce de poufliére, qui, par falégerté ,nage dans l'air. Quelques-unes des particules qui com- pofent cette pouffiére , pa roi ffent aufii groffes que des grains de fable , & d'une figure fi irré^uliére, que je n'ai pu en rencontrer deux qui fe reflem- blaffent ; mais les autres particules , tombent de l'air pendant la nuit. J'ai de plus oblervé, qu'après avoir brûlé une chandelle dans mon cabinet, les ameu- blemens étoient couverts de noir. Je crois que cela vient de ce qu'au- cun corps ne te détruit totalement en brûlant , mais qu'il fe divife en par- ties affez petites pour échapper à notre vûë. La chandelle fe change en brû- lant en une matière fluide , & fe répand dans l'air. Quelques-unes de ces parties aqueufes s'attachent enlemble , & forment des globules aufii gros que la fixiéme partie des globules de fang : quelques autres fe précipitent par leur propre poids , & étant unies enfembie , elles paroiffeni noirâtres. * Y y y 2 *54J COL1ECTION *~7S Je penfe que c'eft-là la matière de la fumée , plufieurs formant enfemble des Collections figures irrèguliéres. Philosophiq. Je n'ai jamais regardé le cœur comme le formateur du fang, mais feu- N°. 3. lement comme un infiniment qui le fait circuler , en le pouffant avec effort dans les artères , & qui , en s ouvrant , donne paffage au fang , pour qu'il y entre au fortir des veines. Mais je ne pus me fatisfaire fur la manière dont le fang fort des artères & rentre dans les veines. Je penfai d'abord qu'il y avoit un paffage confiant de la petite extrémité de l'artère à celle de la veine , mais en les examinant, je les trouvai fi petites qu'elles ne pou- voient livrer paffage à un globule un peu gros , & qu'elles n'en pouvoient contenir qu'un feul ; de forte que le cœur pouffant par fa force le fang dans ces petits vaiffeaux , un globule compofé fe féparoit en fix autres fimples , avant que de pouvoir paffer ; mais étant arrivés dans les veines , ils fe réunifient & forment des globules compofés de fix comme aupara- vant. Quelques autres fe joignant aux parties aqueufes , fe portent vers la circonférence du corps , & fe diffipent par les fueurs & les larmes. Je croyois découvrir dans les mouches cette réunion des vaiffeaux , les inte- ftins étant très-blancs, & le fang fort noir ; mais quoique je les viffe plus de deux cent mille fois plus petits qu'un cheveu , je napperçus point ce- pendant leur réunion. Je trouvai ce nombre , en mefurant ôi en compa- rant le diamètre de l'un avec le diamètre de l'autre , & en calculant en- fuite leurs aires. Je fis d'autres recherches fur la réunion de ces vaiffeaux, à l'occafion d'un grand fcarabée que je trouvai parmi des marchandifes ve- nant des Indes ; mais ce fut encore envain. Ayant examiné la femence d'un Scarabée rouge mâle que j'avois ac- couplé avec fa femelle , je trouvai plufieurs petits animaux unis enfemble dans une matière fluide. La partie antérieure de leurs corps étoit de fi- gure ronde , mais dégénéroit en une longue queue. J'obfervai auflï la femence des mouches qu'il fe forment au mois de Mai : j'y apperçus d'abord plufieurs petits vers fans vie ; prenant enfnite deux autres de ces mouches accouplées , je découvris une ouverture fur le dos de la femelle, avec quelques œufs. Je vis aifémentdans la femence du mâle des animaux vivans qui fe plioient & fe tortilloient enfemble comme des vers , & formoient 6 ou 8 plis. J'examinai pareillement des Sauterelles, & je trouvai dans la femence du mâle des vers fans vie ; mais continuant mes obfervations jufqu'à la fin d'Août , je les trouvai vivans, quelquefois 25 enfemble, on même davan- tage,leurs parties fupérieures rangées en ordre l'une près de l'autre, 6k leurs queues fort étendues qu'ils agitoient comme les ferpens , quoique le refte de leur corps fut tranquille. Je continuai mes recherches fur la femence des mouches , & j'y apper- çus une grande quantité de petits animaux tranfparens. En continuant mes obfervations , je vis l'eltomac d'une mouche,plein d'une fubfiance claire, mé- langée avec ungrand nombre de corps quarrés à angles droits, dont les uns formoient des quarrés exa&s, les autres des quarrés longs de grandeurs diffé- rentes, & fi clairs & fi minces, qu'on les eut pris pour autant de parties de glaces de miroir de diverfes configurations. Cette liqueur iortitde l'eftomac par un tronque j'y fis avec la pointe d'une éguille. J'obfervai auflï plufieurs Académique. * 543 vers envie dans un taon femelle ; ils étoient plus gros, mais plus courts , fe re- ■— — plioientplus rapidement, Si. fe trouvoienr dans une liqueurclaire des intertins Collections de la mouche. rmLOsormq. Comme je me donnai beaucoup de peine , Se que j'employai autrefois ni0 beaucoup de tems à obferver la manière dont les vers des infectes étoient engendrés d'œufs , comment ils croiflbient Se fe filoient une coque ainfi que les vers à foie , Si. comment après différentes métamorphofes , ils fe changeoient en mouches de diverfes efpéces , j'ai de même beaucoup tra- vaille pour remontera la fource de la vie qui fe maniferte dans la femen- ce des infectes mâles , & à ma grande fatisfaction , j'ai découvert une grande quantité d'animaux avec des figures de Serpens , mais plus longs &c plus minces à proportion , Si enfermés dans de petites vefîies de la groffeur d'un petit grain de fable que je crois être les tefticules de ces mouches. Je fuis sûr que les mouches ont deux vefîies pareilles , quoiqu'en quelques-unes je n'en aye pu trouver qu'une , parce que l'autre pouvoit s'être brifée en dif- féquant l'infecte. Je fuis furpris qu'on trouve dans la femence d'un aufli petit animal qu'une mouche , des animaux vivans fi gros à proportion ; mais je ne l'ai point été , de n'avoir pas trouvé d'animaux vivans dans la fe- mence de quelques mouches , Se très-peu dans celle de quelques autres , parce qu'elles pouvoient l'avoir déjà perdue par la génération ; ou peut- être cette liqueur n'étoit-elle pas venue à maturité , ou qu'en difléqunnt l'in- fecte , je l'avois répandue. Parmi diverfes fortes de vaiffeaux que j'ai exa- minés avec attention , j'en ai remarqué quelques-uns d'une figure extraor- dinaire,compofés d'anneaux, & aiTez reffemblans à la trachée artère. Quoique les vaiffeaux collatéraux foient mille fois plus minces qu'un cheveu, je pouvois cependant diftinguer ces annaux ; mais j'ignore encore s'ils contiennent du fang, où s'ils fervent à la refpiration. J'ai découvert la même efpéce de vaif- feau dans un pou : je croyoisles fuivre plus loin dans les plus petites bran- ches , mais après plufieurs foudivifions , je ne pus appercevoir ces anneaux, à caufe de leur extrême petiteffe. J'aifouvent auffi examiné lesvifcéres des mites , pour tâcher de décou- vrir dans la femence des mâles, deftnimaux vivans, mais je ne pus y réuf- fir, & je defefpérai de pouvoir jamais le faire , à caufe de la fluidité 6v de la tranlparence de la liqueur. Malgré mon peu de luccès , je ne vois aucu- ne raifon de douter que ces animalcules ne fe rencontrent dans ces infectes , pnifque je les ai vus dans des animaux de toutes grofleurs & de toute ef- péce, depuis un cheval jufqu'à un taon. Je les aurois probablement aufli apperçus dans des animaux plus petits, fi leur extrême petitefle Si leurtranf- parence ne l'enflent empêché. On peut conclurre de ce que je viens de dire, que la nature obferve dans les animaux invifibles la même méthode qu'elle garde dans tous les autres;qu'ils proviennent tous également de femence, que la corruption ne produit pas plus les plus petits infectes, tel qu'un taon , que lesplus grands animaux, tel qu'un cheval. J'aitrouvé très- fouvent grand nom- bre d'animalcules dans la femence des coufins mâles,mais plus petitsque ceux des mouches ; & j'ai fouvent apperçu dans la femelle beaucoup d'œufs qui !a font paroître plus groffe Si plus tranfparente. J'ai aufli examiné l'eau dans laquelle on avoit fait infufer du poivre bat- *Ï44 Collection • tu , & j'y ai trouvé deux genres d'animaux différens. Chacun de ces genres Collections avoit des efpéces plus grandes ou plus petites ; les plusgrands étoient Philosoi-hic;. fans doute les plus vieux , & les autres les plus jeunes. Je crois auffi ■kto 7 avoir découvert des petits dans le corps de la plus grande efpéce , & en voyant deux de ces animaux nageans , joints enfemble , je fuppofai qu'ils étoient accouplés. Quelques perfonnes doutent en France , à ce qu'on m'a rapporté , fi ces animaux que je prétends avoir découvert exigent réellement , & elles pen- fent qu'on peut appercevoir dans l'eau , après qu'elle a bouilli , les mêmes particules, avec les mêmes mouvemens que j'ai fait voir dans les autres eaux. J'ai démontré fuffifamment la vérité de mes afTertions à plufieurs fçavans fa- meux , à qui il n'auroit pas été aifé d'en impofer. Quant à moi , je foutiens positivement & véritablement que , j'ai apperçu la plus petite efpéce de ces infeûes dont je viens de parler auffi clairement en vie que je puis voir une mouche ou un coufin voltiger en l'air, quoique quelques-uns de ces ani- malcules foient cent milliers de fois plus petits qu'un grain de fable. Non- feulement je diftinguois la vélocité plus ou moins grande de leurs mouve- mens , tantôt au haut de îa liqueur , & tantôt au fonds , leurs tours & détours ditférens , &: leurs jeux entr'eux , mais je les appercevois auffi lorf- qu ils fe mouroient , qu'ils étoient morts , & qu'ils n'avoient plus de mou- vement. Je puis voir la plus grande efpéce courir de côté & d'autre com- me des fouris. Bien plus , j'ai remarqué qu'ils pouffoient la partie intérieu- re de leurs bouches tantôt en-dedans , & tantôt en-dehors comme s'ils badi- noient , &C dans quelques-uns , j'ai obfervé du poil autour de la bouche. Si ces peribnnnes fcrupuleufes vouloient avoir la bonté d'en faire l'épreuve , de s'en rapporter enfui te à eux-mêmes, & de ne point croire que leurs fens ayent formé le deffein de les tromper , ils fe convaincroient aifément que j'avois de bonnes raifons pour foutenir mon affertion , & que mon imagi- nation ne me faifoit aucune illufion. Venons maintenant à la manière dont je calcule la prodigieufe difproportion qui fe rencontre entre ces différens animaux qui fe trouvent un million d^fois plus gros les uns que les au- tres. Cette difproportion ne fera pas fi confidérable,fi l'on compare les dia- mètres ou les fimples dimeniions ; car ce corps qui eft un million de fois plus gros en maffe , n'eft que cent fois plus gros par fon diamètre , foit que vous preniez la largeur , la longueur , ou l'épaiffeur ; la proportion d'un corps à un autre étant en proportion triple d'une feule dimenfion. Si donc un de ces animaux n'eft en largeur , en épaiffeur, & en longueur, que la cen- tième partie d'un grain de fable d'une figure pareille , (a maffe entière fera un million de fois plus petite que ce grain de fable. Quoiqu'il foit difficile de juger à la fimple vue fi une chofe eft cent fois plus petite qu'une autre , on peut cependant conjetïurer qu'un corps fe trouve à peu-près quatre fois plus gros en diamètre qu'un autre ; un troi- fiéme corps , cinq fois auffi gros que le fécond , un quatrième , cinq fois auffi gros que le troifiéme : ainfi on peut vaincre par degrés , & peu-à- peu , la difficulté qu'on ne pourrait furmonter tout-à-coup. Suppofant ainfi un de ces plus gros animaux près d'un grain de fable, je le trouve envi- ron de la douzième partie du diamètre du grain de fable ; les multipliant Académique. * 447 enfuite tous les deux cubiquement , je trouve que l'animal eft la I728rac- ■ partie du grain de fable. Je compare enfuite la féconde efpéce de ces ani- Collections maux avec la première ; cette comparaifon ne me donne que \ de l'an- Philosophiq, tre , delà vient , qu'en m a (Te , il efl la 7— partie du premier animal , & la ■V->. 1. rr«Wr partie du grain de fable. Venant après à comparer une troifiémc ou plus petite efpéce d'animal avec la féconde efpéce , je la trouve de la dixième partie de la féconde : elle eft par conséquent , en mafle , de la mil- lième partie de la féconde efpéce , la 125 millième partie de la première & 'a TTrTFJS— de grain de fable. Ainfi quoique ces dilproportions foient ii confidérables qu'il paroit impoflible de les calculer Séparément, nous voyons cependant qu'on peut vaincre cette difficulté en procédant par degrés. N°. 4. LETTRE DE M. L E E WEN H O E K , du 4. Novembre 1681. Sur les nouvelles découvertes qu'il fit au Microfcope l'Été précédent. J'Ai autrefois écrit que l'écorce du poil de l'Elan , du Cerf, &c. étoit N9. 4. compofée de globules, & que j'avois auflî examiné les cheveux, que ART. III. je jiigai être compofés de globules. J'ai depuis écrit que les cheveux avoient une écorce Semblable à celle des arbres , & compofée de globules dont l'irrégularité eft occafionnée par la manière dont on les arrache , tandis qu'ils font encore tendres. L'intérieur des cheveux eft formé de filets. PIu- fieurs perfonnes fuppofant que les cheveux étoient creux , d'autres , qu'ils contenoient de la moelle , je fis tracer la figure d'une foie de cochon , pour montrer que , ce qui paroît quelquefois une cavité, èV qu'on prend pour de la moelle, n'eft autre chofe que l'intérieur du cheveu qui eft fendu. Us ne croiflent pas de même que les plantes, mais feulement en fe pondant à l'ex- térieur à travers la peau ; car ce qui, en dedans de la peau , tenoit lieu d'a- bord de racine , devient , en Sortant , le corps du poil. Lorfqu'il ne fait que de fortir , il eft fort tendre , mais fe féchant bientôt à l'air , fon écorce com- mence par fe durcir , l'intérieur enfuite. De - là vient que l'écorce étant féche la première , elle ne fe crêpe point comme la partie intérieure ; mais les fils qui compofent l'intérieur venant à fe recoquiller , ils fe fendent né- néceflairement , quelquefois en un endroit , &c d'autres fois en plufieurs. Ces fentes occafionnent des lignes obfcures qu'on prend pour de la moelle. Un de mes amis m'étant venu voir après une maladie qui lui avoit pref- que fait tomber tout le poil du corps, fe plaignoit d'une grande démangeaifon; il ne manquoit pas cependant d'appétit , èc d'ailleurs il fe portoit bien. Les Médecins attribuèrent cela à une âcreté dans le fang , mais en examinant les circonftances, je la crus produite par le nouveau poil qui pouflbit dans les endroits d'où la maladie l'avoit f.iit tomber: les pores qui avoient don- né partage au premier poil, fe trouvant bouchés , comme je le fuppofe , le nouveau poil qui pouflbit , s'ouvrant un chemin à travers la peau , occafion- nokeette déma.igeaifon. Ce qui m'engage à penler de la forte , eft l'expé- *S4<î Collection — — ' rience que j'ai acquifelà-deffus ; car , étant fort couvert de poil , & leper- Collf.ctions dant tous les ans , comme cela eft ordinaire , à ce que je crois , à la plû- PHiLOsoruiq. part des hommes , j'ai reffenti auPrintems une démangeaifon pareille, qui N°. 4. provient de ce que le poil commence alors à pouffer. J'ai obfervé avec beaucoup d'attention en deux parties de mon corps cette mue du poil; & en trois endroits de ma main , d'où j'avois arraché les poils , j'en trouvai qui pouffoient de nouveau, & d'autres qui étoient tout-à-fait tombés , 8c je pou- vois en arracher quelques-uns fans reflentir de douleur. J'obfervai auffi que ceux qui tombèrent avoient une racine très-mince & très-aiguë, & ceux qui étoient reftés l'avoient très-épaiffe; de plus, j'ai remarqué que ceux qui man- quent de poil fur le corps, éprouvent par les pores de la peau une excrétion de certaine matière qui ne paroît pas propre pour le poil ; on en apperçoit cependant dans les cellules de la peau les petites particules , comme autant de petites taches noires qu'on fuppofe par cette raifon être des vers. Quel- ques Médecins $Aken étant de ce fentiment, ordonnoient à un malade qui reffentoit une pareille incommodité , de fe tenir le dos nud à un feu de chê- ne , & de fe frotter le corps avec du miel , afin que les vers attirés par la chaleur & la douceur , fortiffent , & qu'on pût les enlever aifément avec un rafoir , ainii que le malade lui-même me l'a raconté. Dans la vue d'exa- miner cette opinion , j'effayai de faire fortir ces prétendus vers de mon nez , & de celui d'une autre perfonne , en les preffant. La fubftance qui fortit paroiffoit par fa forme favorifer cette idée, ayant une efpéce de tê- te ; mais en l'examinant de plus près , je découvris que c'étoient les raci- nes du poil , dont les parties les plus voilines de l'air paroiffoient plus bru- nes & plus vifibles que celles qui étoient en dedans de la peau ; & elles n'avoient aucune reffemblance entr'elles. J'obfervai toutes leurs autres par- ties , Se je ne remarquai rien qui approchât des membres d'un animal, mais je trouvai dans quelques-unes, de petites portions ou racines de poil , dont plusieurs étoient vingt-cinq fois , &i d'autres cent fois plus minces qu'un poii ordinaire. Je conclus de-là, que ces prétendus animaux vifibles ne font au- tre chofe que la fubftance ou l'aliment ordinaire du poil , qui remplit les endroits où il auroit paru. Ces enfans qui viennent au monde tout cou- verts de poil fervent à confirmer mon fentiment; & je penfe que cela vient de la trop grande abondance de cet aliment : mais après leur naiffance , cette grande quantité venant à manquer , ces poils tombent & ne croif- fent plus. M'étant trouvé cet Été plufîeurs fois incommodé d'un cours de ventre , après avoir mangé du bœuf féché à la fumée , ou du lard chaud , j'obfer- vai qu'il ne me duroit pas plus de quatre heures. Cela me fit naître l'en- vie d'examiner les excrémens , pour découvrir la caufe de cet effet. En obfervant avec foin au microfeope quelques-unes de ces parties , &L fai- fant attention à ce que j'avois bû & mangé auparavant , je les trouvai compofées de particules jaunes à peu près rondes, mais irréguliéres , na- geant dans une liqueur très-fluide , & d'une grande quantité de globules ap> prochans de ceux du fang , compofés pareillement de fix autres , quelques- uns égaux à | & les autres à y, d'un globule du fang. Je les vis nager dans une liqueur très-fluide , où j'apperçus auffi plufîeurs animaux , dont quelques- uns Académique. * 547 uns étoient aufli gros qu'un globule de fang. Leur corps parolflbit long - & plat. Ils avoient plufieurs pieds dont ils le fervoient pour le mouvoir foLiT.cr:r>Ni de côté & d'autre avec beaucoup d'agilité. Il m'elt arrive une fois de n'en trou- ■""■>>■• ver qu'un dans la grofleur d'un grain de Table, & d'autres fois j'en ai trouvé 4, NQ 4. J, 6, 7 ou 8 dans une pareille grofleur. J'ai aufli apperçu des animaux de for- me différente qui n'étoient pas fi gros. Quelques - uns rertcmb'.oient à des anguilles de rivière , & on en voyoit un très-grand nombre. Ils étoient fi petits, que cinq ou lix cent étendus en longueur , égaloient à peine la longueur d'une anguille de vinaigre. Ils fe replioient comme un Serpent, avec la plus grande facilité , & ils s'élançoient fubitement à travers le fluide comme un brochet. J'en ai vu auflî une multitude d'antres , deux cent fois plus petits qu'un globule de fang , leurs axes ne furpaffant pas un fixié- me de l'axe d'un globule de fang. Je fuis sûr d'avoir vu plus de mille ani- maux vivans , dans une quantité de matière de la grofleur d'un grain de fa- ble : ils étoient de trois ou quatre efpéces différentes , & fe remuoient çà 8c là avec une vîtefle extrême. Quelques personnes réfléchiflant fur la petitefle extrême de ces animaux , ont cru qu'ils pouvoient s'intro- duire par les petits vaifleaux dans la marte du fang ; mais j'ai remarqué que les partages du fang font iî prodigieufement petits, que, quand même ces animaux feraient mille fois plus petits qu'ils ne le font , ils ne pour- raient pas cependant pafler à travers ces vaifleaux. Mes excrémens ordi- naires , quand je me porte bien , fe trouvent mélangés d'une liqueur claire , & ne renferment aucun animal : mais Jorfqu'ils font plus déliés qufc l'or- dinaire, j'y apperçois toujours de petits animaux. J'ai obfervé aufli les dif- férentes parties des aliments que j'avois pris fans les digérer, Se fur tout cel- les des afperges : leurs parties tendres avoient été digérées , mais plulieurs tuyaux, ou parties tubuleufes, étoient forties fans l'avoir été. Je me fuis promené plulieurs fois cet Été dans nos prairies, afin d'obfer- ver les excrémens nouveaux des vaches, des chevaux , &c. mais je n'ai pu y découvrir d'animaux ; j'y ai trouvé feulement une grandequantité de ces petits globules nageants dans une [liqueur claire : les uns ne faifoient que la fixiéme partie d'un globule de fang, & les autres que la trente-fixiéme. J'examinai aurti la partie crarte de l'urine dune jument, après qu'elle eût beaucoup fatigué , & je remarquai que cette partie crarte de couleur de cendre, étoit produite par une grande variété de globules différens,dont quel- ques-uns étoient aurti gros que ceux du fang, & compofés de lix autres. Les pre- miers reffembloient à une grappe de rairtn dont les grains font fort ferrés , & je les appelle globules par cette raifon , quoiqu'ils ne fuflent pas parfai- tement ronds. J'en ai trouvé quelques-uns de la fixiéme partie d'un glo- bule de fang , & d'autres de la trente-fixiéme. J'ai apperçu dans de la fiente de cocq, qu'on tira aurti tôt après qu'on l'eut tué, un nombre prodigieux de vers reflemblans à des anguilles que je trouvai être la femence du cocq. Je me procurai de la même manière de la fiente d'une jeune poule , mais je n'y vis qu'un animal de la fixiéme partie d'un globule de fang. Elle conlîfloit en une liqueur tranfparente, pleine de globules de la grofleur d'une fixiéme partie d'un globule de fang , & compofés de 3 , 4 , 5 , ou fix autres , & plu- sieurs autres d'un ^- d'un globule de fang. La fiente d'un jeune pigeon ne Tome I. II. Part. * Z l 7. * 548 Collection ;^= fe trouva, après un mois, renfermer aucun animal. Dans celle d'un autre pi- Collections geon qui étoit tranfparente , j'en découvris plusieurs , de forte que dans Philosophie ja grofleur $un grajn de fable , il y en avoit une centaine de la figure d'un N°. 4. œuf, & de la fixiéme partie d'un globule de fang , lefquels avoient des mou- vemens très-vifs. Le reftede la matière reffembloit à de la fiente de poule. J'apperçus dans de l'argille que , ce que j'avois pris autrefois pour un des plus petits globules d'argille , étoit bien différent. Car ayant pris au mois de Mars dernier de l'eau de la Meufe, qui , en tombant des Alpes après le dé- gel eft fort bourbeufe , & la laiffant repofer, je remarquai que le fédiment étoit compofé de particules de figure ronde , & qu'une autre particule plus petite qu'un globule de fang , fe réfolvoit en 17 ou 18 globules inférieurs ; & quelques parties fimples auiïi , 11'alloient pas au-delà d'un 7- d'un globu- le de fang. J'y ai vu nager un animal de la groffeur d'un -globule de fang. N°. 5' N°. 5. DISSECTION ANJTOMIQUE D'UNE AUTRUCHE pré/entée à la Société Royale , par le Dr. Broon , membre de ladite Société & Jit Collège des Médecins. Art. VIII. yr"VN regarde l'Autruche comme, de tous les oifeaux , le plus gros & le V_^lplus grand. On en trouve qui ont huit pieds de haut. Son col à trois pieds ou une verge de long , fans y comprendre la tête. Le pied entier, depuis le calcamum jufqu'à l'extrémité de la griffe , fait les trois quarts d'une verge. L'animal s'appuye deffus quand il veut fe répofer. Mais le pied à proprement parler, ou la grande griffe , n'a que le quart d'une verge ; la petite griffe , le demi quart. L'ongle de la grande griffe eft long de la feiziéme partie d'une verge. Au- deffus , s'élèvent foixante-trois grandes écailles, l'une par-deffus l'autre , s'étendant le long de fon pied en-devant , ou par-devant les os qui répon- dent au métatarfe. La griffe inférieure n'a point d'ongle , & feulement huit ou neuf écail- les l'une par-deffus l'autre , qui ne s'étendent pas au-delà de la griffe même. Le grain du pied reffemble au grain de la peau d'un éléphant ; mais il ne fe trouve pas fi dur , & il cède lorfqu'on le preffe , de même que le pied du Chameau , à canfe de la graiffe de défions , ce qui eft caufe que cet animal marche fort doucement , & fans faire de bruit ; mais au-defius des deux griffes la peau eft couverte d'écaillés. Chaque petite écaille for- me un Pentagone , un quarré irrégulier, & quelquefois un Hexagone. Du talon au genouil , ou à cette partie de la jambe qui répond au Tibia dans les hommes, il y a une demie verge & un demi quart. La cuiffe a un peu plus d'un quart de verge , & fe trouve fort épaiffe. On voit fur la poitrine une fubftance brune, dure, calleufe , d'une fi- Académique. * oo gare ovale , d'un feiziéme de verge, & aflez femblable à celle du Chn- ■ ...^ msau. C'eft fur cette fubftance que l'Autruche Ce foutient lorfqu'elle repo- Coiiecti fe , tenant fa tête élevée ; & )cPen^ que c'eft en cette attitude qu'elle Phiiosoi dort , puifque je ne l'ai jamais vue dans aucune autre , &c que (es ailes font j\Jo trop petites pour pouvoir couvrir tout fon cou. On apperçoit auffi une callofité fur l'os pubis , plus longue que celle dont on vient de parler, mais étroite. Elle lui fert à fe repofer, aufli-bien que la callofité qui eft fur la poitrine. La longueur du corps, depuis la partie inférieure du cou jufqu'à l'extré- mité du croupion , eft d'une verge. L'os le plus long dans (es ailes , eft d'un quart & demi de verge. Le delfus de fa tête eft plat, & du derrière de la tête jufqu'à l'extrémité du bec , elle a un demi quart de long , &c un feiziéme. La tête paroît plutôt couverte de poil que de plumes ; mais le cou a de belles plumes blanches, quoique plufieurs perfonnes foutiennent le contraire. On voit fur le fommet de la tête une fubftance plate & ovale , longue d'un feiziéme de verge, entièrement calleufe, fans poil & fans plumes, com- me la callofité de fa poitrine , mais pas tout-à-fait fi épaifle. Elle fert à pré- ferver le cerveau du férain qui tombe dans les pays chauds , &à le garan- tir des autres injures de l'air , fur-tout pendant la nuit , d'autant plus que cet oifeau ne cache point fa tête fous fon aile, & qu'en dormant il la tient élevée. L'œfophage eft très-large & très-long , mais il eft plus large à l'extrémité, près de la tête , où il a un feiziéme de verge. L'os hyoïde s'étend de chaque côté du cou , d'une demie verge & d'un trente-deuziéme. Outre les différens mufcles du cou qui fervent à mouvoir la tête & les vertèbres qui font fi nombreufes , il y en a deux très-élégans qui viennent de l'intérieur du Thorax s'élevans vers la féconde côte , & s'inférans de chaque côté de la trachée artère : je les appelle direclores afpcrx arttriœ. A la première divifion de la trachée artère , ou à fa divarication de cha- que côté du poumon , on apperçoit un anneau plus gros &C plus fort que tous les autres anneaux de la trachée artère. On remarque aufli dans le cou, proche de l'œfophage, diverfes petites glan- des qui font d'une couleur cendrée ; &i il y en a deux très-belles & bleuâtres attachées aux artères carotides, à l'endroit où elles fortentd»la poitrine. Le péritoine environne l'eftomac. L'autruche a fept côtes. Les mufcles intercoftaux font larges , unis & beaux. Elle n'a pas le fternum élevé comme les autres oifeaux,ni la poitrine étroite comme la plupart des quadrupèdes , mais elle l'a large , &c le fternum fer- me , de la forme d'un bouclier , & plus large que celui de l'homme. Lorf- qu'elle baiffe la tête, &: qu'elle plie le cou pour paffer fous une porte, fa poitrine eft fi large, & fa démarche fi différente , qu'elle ne reffemble en au- cune manière à un oifeau , mais plutôt à un chameau, avec cet avantage que toute la raaffe de l'Autruche pofant fur (es deux jambes , elle entre d'une manière agréable , & d'un pas plus ferme. Cette Autruche mftle étoit jeune. Elle avoit le ptnis d'un pouce de long, * Zzzz * 5 ?o Collection - — & en-dedans, une petite fubftance cartilagineufe. Les tefticules fe trouvé- Collections rent très-élévés, & près des reins & de l'épine du dos. Ils étoient très- Philosophiq. petits, très-minces, & d'une couleur jaune. N°. î . L'oreille eft ronde , & fon orifice fe trouve aflez large pour qu'on puifle y inférer le doigt. L'œil eft grand , bleuâtre , & prefque aufîî gros que celui d'un homme. Cardan penfoit que les plumes d'Autruche colorées & teintes en rou- ge , en bleu , en jaune & en verd , étoient naturelles , mais les cou- leurs naturelles à cet oifeau , font le blanc , le gris & le brun. Les plnmes de l'intérieur des ailes , de la poitrine , du ventre & du cou , font blanches. Cel- les de la queue fe trouvent pareillement blanches , mais le refte eft grisâ- tre ou brun. Cet oifeau doit paroître très-beau en Barbarie , à caufe que la chaleur fait friler toutes (es plumes. Bellonius affure avoir vu deux cent peaux d'Autruche dans une boutique d'Alexandrie ; & fi la mode de por- ter des plumes revenoit, celaaugmenteroit le commerce de Barbarie. La petite fente du larynx fe trouve longue , & les cartilages des envi- rons font forts , mais on n'y apperçoit point d'épiglotte ou de reffem- blance au larynx humain , quoique les perfonnes qui ont entendu fa voix, la comparent aux cris d'un enfant enroué; mais elle eft encore plus trifte. Cela confirme ce que M. Sandys , dit dans fes voyages , qu'on ren- contre dans les déferts un grand nombre d'Autruches qui vont par bandes & qui effrayent fonvent les voyageurs par leurs cris terribles. Les poumons font d'une belle couleur vermeille ; mais petits à propor- tion de la groffeur de la trachée artère. Ils tiennent au dos , & font percés comme ceux des autres oifeaux ; & en foufflant dans la trachée artère avec un foufflet , nous ne pouvions ni les remplir , ni les faire enfler. Le cœur a deux ventricules , & il eft à peu-près de la groffeur du cœur humain ; mais le ventricule droit paroît beaucoup plus mince, & fes val- vules plus charnues. Il y a auffi deux eftomacs de même que dans les oifeaux qui fe nourrif- fent de grains , le jabot & le géfier. Le jabot, ou premier ventricule , diffère beaucoup de celui des antres oifeaux, en ce qu'il ne fe trouve point hors de la poitrine , mais à l'intérieur du fternum , & en ce qu'il n'eft point rond , mais plus long, comme un fac d'une grandeur confidérable. Ce qui me donna le plus de fatisfaclion dans cette diffe&ion Anatomi- que , ce furent les glandes que je découvris dans les membranes de ce ven- tricule. Ces glandes étoient arrangées fur fa partie poftérieure, & s'éten- doient prefque d'une extrémité à l'autre. Il y en avoit environ mille , dix en largeur & cent en longueur. Elles fe trouvent fituées entre les mem- branes de l'eftomac ; & chaque glandule particulière fe décharge , par un orifice qui lui eft propre, dans la cavité de l'eftomac, à travers fa membra- ne intérieure. Quelques-unes de ces glandules font rondes, d'autres ovales , & quelques-unes un peu plus plattes , & d'une figure irréguliére. Les plus élevées fe trouvent les plus épaiffes. Celles qui font plus vers le fonds de l'eftomac , à l'endroit où il s'unit au géfier, font plus larges & plus plattes. Elles féparent une liqueur qui aide à digérer les différentes nourritures dont cet oifeau fait ufage. Académique. * 7 5 r Le géfier étoit très-grand. La membrane intérieure n'adhéroit point d'une - manière auflî ferme que dans les autres oifeaux : elle étoit fort épaiffe Collections & femblable à de la flanelle. Lorfque du premier ventricule nous parlâmes ''""•osorHiq. à l'examen du géfier, cette membrane nous parut comme un morceau de N°. 5. flanelle ou de lérviette que l'Autruche avoic avalé , & qui s'étoit arrêté en cet endroit. Le partage du géfier dans les inteftins grêles eft fort étroit. Les boyaux ont environ vingt verges de long. Les grêles, à commencer de l'eftomac , ont dix verges , & les gros en ont prefque autant. Au com- mencement des gros boyaux fe trouvent deux cœcum , chacun d'une verge de long ; & ils ont une valvule fpirale affez reffemblante au cœcum du la- pin. Cette valvule fpirale fait dans chacun de ces deux inteftins environ vingt tours. L'extrémité du cœcum eft petite , & ne diffère pas beaucoup du cœcum de l'homme. J'ai remarqué deux fortes d'excrémensqui fe vuident des inteftins : l'un eft blanc , fluide & un peu vifqueux , approchant de ceux du faucon ; l'au- tre efpéce reffemble à celui des moutons , mais il eft plus gros. Quoique le méfentére contienne un fi grand nombre d'inteftins, il n'eft pas cependant épais, mais feulement tranfparent, comme dans la plupart des volatiles. Il eft très-grand, & en quelques endroits, à le mefurer du centre aux inteftins , il a plus d'un quart - de verge en profondeur ou largeur. Le foye a quatre lobes. Sa couleur ne diffère pas beaucoup de celle du foie humain. Nous ne pûmes trouver la véficule du fiel. Nous apperçumes fur l'eftomac une glandule qui reffembloit à la rate , mais on prétend que les oifeaux & les infectes n'en ont point. Le pancréas étoit mince , & d'environ un pied de long. Les reins font grands , & tous deux enlemble de la longueur de ma main ; ils ont la forme d'une guitarre. Les uretères font fermes , forts , blancs & longs. Derrière les reins fe trouvent deux glandules à peu-près ovales , d'envi- ron un pouce & demi de long , & attachées à l'épine du dos. La tête eft petite à proportion du refte du corps. Par cette raifon , lorl- que Jules Scaliger fait mention d'oifeaux qui ont la tète groffe en compa- raifon du refte du corps , il nomme le moineau , le hibou , &c le pivert , & lorfqu'il parle des oifeaux à petite tête , il appoite pour exemple la poule , le paon & l'autruche. On rencontre en Afrique des perfonnes qui fe nourriffent de chair d'É- léphant ; on ne doit pas être par conféquent furpris fi l'on en trouve anifi quelques-unes qui mangent de l'autruche ; mais Galien Si les autres Méde- cins condamnent cet aliment , parce qu'il eft difficile à digérer. * 551 Collection Collections Philosopha D ECO UF E RT E S CURIEUSES DE M. LEEWENHOEK, JSjo> * pré/entées à la S. R. fur la Jiruclure inurne des fibres mufculaires , far Us mouvemens furprenans des nageoires des poijfons , & fur V accroiffement des écailles d'huiere. Art. IX. T^ vousa' affuré jufqiiïci dans quelques-unes de mes Lettres que mon def- J fein étoit d'avouer les méprîtes que j'aurais faites lorfque je viendrois à les découvrir. Pour fatisfaire donc à mes engagemens, je dirai que dans les expériences que je fis fur les fibres mufculaires par le moyen d'un mi- crofeope commun , foit que les parties que j'obtervois euffent été coupées de côté avec un couteau , ou quelles enflent été féparées par deux aiguilles fort pointues , ou bien que ces fibres fuflent entières & dans leur pofition naturelle , je les regardai toujours comme compofées de globules , puif- qu'elles te préfentoient à ma vue fous cette forme ; mais en faifant ufage |de meilleurs inftrumens , & en y donnant plus de foin , j'apperçus mon erreur , & que ce n'étoient plus des globules , mais des rides. Il n'y a pas Iong-tems qu'en examinant à diverfes reprîtes des mufcles de bœuf , je les trouvai compotes de fibres jointes l'une contre l'autre d'une manière fort ferrée , & fi petites , que cinquante de ces fibres ne faifoient entemble que la largeur de la vingt-deuxième partie d'un pouce. Si l'on ôte deux de ce nombre, à caute de l'épaifleur de la membrane qui les en- ferme , on trouvera mille de ces fibres collées l'une contre l'autre dans la largeur d'un pouce , & par conféquent IOOOOOO dans un pouce quarré. Je remarquai dans quelques-unes de mes dernières obfervations , qu'une centaine de ces fibres mufculaires jointes entemble , te trouvoient envelop- pées dans une membrane qui failoit une corde mufculaire. J'apperçus une autrefois dans les mufcles d'une langue de bœuf , trois pareilles cordes muf- culaires, chacune enveloppée féparément de fa membrane, dont les extrémi- tés coupées de biais , auraient pu être couvertes par un grain de fable de la centième partie d'un pouce ; d'où l'on peut conclure que dans un pouce quarré il peut y avoir environ 5000. de ces cordes mufculaires. J'ai aufîï comparé la groffeur de ces fibres mufculaires avec celles des cheveux de ma perruque , & des poils de ma barbe , & je pente qu'en- viron quatre fibres mufculaires du diaphragme d'un bœuf , proche des côtes , ne font que la groffeur d'un cheveu de ma perruque ; & que neuf égaloient à peine un poil de ma barbe. On ne doit point s'imaginer que ces fibres foient rondes : chacune a fa figure particulière en conféquence de la pref- fion qu'elle éprouve. J'infère ici d'autanr plus volontiers ces calculs fur les fibres mufculaires , qu'un Médecin de ce pays fondent qu'elles font plantées dans les artères, à l'ex- trémité & à l'embouchure des veines , que le fang circule & paffe a tra- vers , & qu'il y a apperçu des valvules. Mais ces prétendues obfervations ne furent point faites au microfeope, ce qui me fait foupçonner qu'il aura pris une corde mufculaire pour une fibre fimple. J'ai fouvenr remarqué dans une feule fibre mufculaire, des anneaux ou rides circulaires, qui, à un microf- Académique. * 553 cope commun , m'avoient parus compofés de globules , comme je l'ai dit plus haut. Collections Cette découverte me fît apperçevoir la raifon pourquoi les doigts, les Philo;ofhiq; bras, les jambes & même le corps en entier ne l'ont point tout- à-fait éten- x,0 dus lorfqu'on fe repofe , mais qu'ils font un peu plies , & à peu-près dans * 5 " la pofture du fœtus dans la matrice. Je conjecturai aiuTi que je pourrois rendre raifon du mouvement des membres, ou plutôt de l'extenlîon 6c de la contraction des mufcles, puifque lorlque le mufcle eft étendu, ces fibres fe trouvent fans plis ou rides , & lorfqu'il fe refTerre elles en font pleines. J'applatis une fibre mufculaire , après l'avoir humectée avec de la fali- ve,afin de pouvoir découvrir plus aifément les filamens dont elle étoit com- pofée ; je les vis alors d'une manière diftin&e fe féparer les uns des au- tres , & ils paroiffoient comme les diverles branches d'une veine ; mais d'u- ne fineffe extraordinaire. Ainfi j'ai vu d'une manière fort fenfible que ces fibres mufculaires font compofés d'un grand nombre de ces filamens. Je fuis porté à croire qu'une de ces fibres mufculaires , qui n'eft que la neu- vième partie de la groffeur d'un poil de ma barbe , renferme au moins une centaine de ces filamens. J'ai fouvent auffi cru apperçevoir que les filamens de la membrane entouroient une de ces fibres mufculaires. Cela m'engagea à examiner de nouveau , & à raifonner ainfi. Si chaque mufcle eft compofé de tant de milliers de cordes mufculaires , chacun enveloppé dans fa membrane particulière , & fi chaque corde mufculaire eft compo- fée d'un fi grand nombre de fibres mufculaires , & chacune de ces fibres mufculaires d'une fi grande quantité de filamens , ( peut être de deux cent ; ) pourquoi chacun de ces filamens ne feroit-il point un mufcle, & ne renfer- meroit-il pas des filamens encore plus petits, chacun enveloppé dans fa membrane , puifque nos plus grandes découvertes font encore fi éloignées de nous manifefter la ftructure merveilleufe dont le Tout-puiffant a fait ufage ? Plus nos recherches font profondes , plus nous fentons notre impuif- fance , & les cfpérances que nous nous étions formées s'évanouiffent. Té- moin ces animaux vivans que nous appercevons , & qui reffemblent par leur figure 8c leurs mouvemens à des anguilles ; ils font certainement plus petits qu'un de ces filamens dont une fibre mufculaire fe trouve compofée, & cependant il faut qu'ils ayent une peau , des veines , des nerfs , £i peut- être autant de parties diftindes qu'un animal plus grand. S'il fe rencontroit quelque amateur de ces fortes de fpéculations, curieux d'examiner ou de fuivre ces expériences , je lui confeillerois de ne les point faire dans un tems chaud ations& expériences fur le rapport & les différences, qui fe trouvent entre les charbons allumés & le bois luifant. 11g Obfervation fur une maladie des chevaux , dont aucun Auteur n'a encore parlé , qui peut être d'un grand ufage dans le choix de ces animaux , par M. le Dr. Richard Lower. 123 Extrait d'une Lettre de M. Denis , Docteur en Médecine , & Profeffeur de Philofophie & de Mathématiques à Paris, fur la cure d'une folie opérée depuis peu par la transfufion du fang. I2f Olfervations chimiques & médicinales , par Mich. Behm. 129 Lettre de M. r Abbé Marioete de Dijon , à M. Pecquee , contenant une nouvelle découverte fur la vifion. 1 3 x Suite des obfervations inférées dans le N°. ZJ. communiquées par le S ca- vant Dr. Stubbes. 133 Extrait d'une Lettre écrite à f Éditeur par M. Denis , Dr. en Médecine , & Profeffeur de Mathématique à Paris, au fujet des differens qui fe font élevés fur la transfufion. I4I Extrait de la Sentence rendue au Cluitelct , par M. le Lieutenant Criminel , le iy. Avril 1668- 144 Suite des obfervations faites dans le voyage , dont on a déjà parlé , publiées dans le N°. 36. 146 De l'ancienneté de la transfufion du fang d'un animal dans un autre. 1 49 Extrait d'une Lettre écrite de Leyde à l'Éditeur , par M. Coleprefle , fur la manière de contrefaire les Opales , & fur la découverte de l'are de j'ai re du verre rouge. I fO Remèdes injectés dans les veines de plufieurs perfonnes , par.... 1 } t Addition aux réponfes faites aux qucjlions fur les mines, par M. Glandvil. ibid. 536 TABLE Extrait d'une Lettre écrite de Francfort fur l'Oder , par le Prof. J. Chri- iïophle Bnkman , fur l'Oft<.ocolle , & fur d'autres chofes remarquables de ce pays. I J $ Extrait lune Lettre écrite des Bertnud.es , par M. Richard StafTord ,fur les Marées, les Baleines , le Sperma-céti, des toiles d'araignée extraordi- naires, quelques végétaux rares , & la longueur de la vie des habitans. I j6 Obfervations fur la Cochenille , avec des avis fur la manière de tirer une l'ub fiance j'emblable des autres arbres, &' de la préparer, Ij8 Que/lions fur la végétation , principalement fur le mouvement de la fève. I 59 Queflions fur fufage & la culture des Jardins potagers. IÔI Avis pour engager les Curieux à faire de nouvelles obfervations fur les flics , qu'on peut tirer des arbres en les perçant. 163 Extrait d'une Lettre du Dr. Fairfax , fur une balle de plomb rendue par les urines. ibld. Obfervations fur les mines du Mexique , faites par un Anglois établi à Sévi lie , dans un voyage d'Efpagne à Mexique. 164 Obfervations pour fervir de fuite à celles qui ont été faites à la Jamaïque , rapportées dans le N" . zj. & 36. par M. Norwood le jeune. 169 Extruit des Journaux d'Italie , contenant deux expériences de la Transfu- flon du fing. I7O Examen du Tiffu des Teflicules , par Valclius Dathirius Bonglarus. 171 Réponfe aux queflions faites fur la végétation , & fur le mouvement de la fève , par Dr. J. Béai , & le Dr. Tonge. 172 Réponfe à quelques queflions que M. Moray avoit envoyées à M. Philippe Venatti , Prèfldent à Java , & auxquelles on n'avait pas répondu dans f Hifloire de la Société Royale. 175 Suite des reponfes aux queflions fur la végétation. 176 Addition aux reponfes , qu'a faites le Dr. Tonge à quelques queflions fur les végétaux propofées dans le N° . 4.0. 182 Defcription Anatomique du corps de Thomas Parr. 184 E Année M. D C L X I X. 1 Xpèriences faites au Printems fur le mouvement de la fève dans les arbres, par Mrs. Willougby & Ray. l8f Extrait d'une Lettre écrite depuis peu à l'Editeur par le Dr. Edward Browne , fur les vapeurs des mines de Hongrie , & fur leurs effets. 1 87 État Chronologique des differens embrâfemens du Mont Aitna. 188 Hifloire d'une femme qui avoit deux matrices , par M. Benoit Vaffal. 190 Obfervations furies eaux de Bath , adreffées à l'Editeur, par M. Grandwill dans une lettre de Bath le 16. Juin 166 g. 191 Extrait d'une Lettre de M. Murait de Zurich à M. Hook , Membre de la Srdué Royale , fur les montagnes de glace & de cryftal de Suiffe appellées Gletfcher. Ip4 Obfervations fur le contour particulier de la coquille de certaines efpeces de limaçons ; & fur la manière , dont les araignées lancent lews fis , par une Académique. * tfj paflage , ils fe plient & fe recourbent tellement contre elle , qu'ils font pa- — t roître de petites élévations. J'ai aufîiobfervé quelques poils prêts à tomber Con.rc-rioNs & je les ai arraché fans prefque le fentir. J'ai pareillement fait des obier- PaowofHi* valions fur les parties de la peau où ils avoient crû , & qui leur avoient No, r tenu lieu de racines , &C j'ai apperçu très-clairement les fibres qui compo- fent un poil; car au-dedans de la peau le poil n'a point d'écorce qui le cou- vre. Cette remarque me fit penfer que I'écorce , dont le poil eft revêtu hors delà peau, ne fe forme point entre la peau &C l'épiderme; mais à l'air, lorf- qu'il elt forti. Après avoir confidéré avec beaucoup d'admiration le grand nombre de mufcles qu'on rencontre dans la queux d'un bœuf, je pris la réfolution d'ob- ferver la queux d'une raye. Mais en la coupant, j'examinai le iang qui en fortoit , & je fus étonné de ce que les parties du fang qui dans les hom- mes font des globules & rendent le fang rouge , étoient ovales, un peu opa- ques, & paffoient à travers une matière cryftalline. Ces particules ovales ne donnoient feules aucune couleur , mais trois ou quatre enfemble en donnoient une ronge. Cela m'engagea à examiner le fang d'une morue & d'un faumon ; il avoit les mêmes particules ovales que le précédent. Et quoique j'apportaffe le plus d'exaditude qu'il étoit poflible , je ne pus dé- couvrir les particules dont ces ovales étoient compofées. Quelques-unes paroiffoient renfermer dans un petit efpace une forte de globules , & dans un autre efpace un anneau tranfparent, & autour de cet anneau un cer- cle obfcur qui compofoit la figure ovale. J'apperçus dans un autre 3 , 4 , 5 , 6 & même huit globules beaucoup plus petits que les premiers globu- les. Quoique mes obfervations duraffent moins de deux minutes , 6c que le fang de ces poiffons fut encore animé , je n'eus fujet d'être content que par rapport à la raye. Mais comme nous fommes maintenant en hiver , 6 qu'il fait froid , j'ai réfolu de différer mes obfervations jufqu'à l'été. Je pris enfuite le foie d'un faumon dans mon cabinet, &. j'obfervai le fang aniîitôt après qu'il fut forti des vaiffeaux , mais je ne remarquai aucune dif- férence ; j'obfervai au fil le foie, &C je le trouvai compofé de globules de groffeurs différentes ; mais je jugeai que ceux qui étoient plus gros que les autres étoient de la graiffe. Si je fais par la fuite quelque nouvelle décou- verte , je ne manquerai pas d'en avertir. Dans la faifon où les huîtres nous viennent le plus promptement d'An- gleterre , j 'obfervai avec admiration le mouvement extraordinaire de la barbe d'une huître , & quoique j'en priffe quelques petites parties, dont plufieurs n'avoient pas égalé la groffeur d'un grain de fable , elles ne laif- foient pas d'avoir un mouvement inconcevable , toutes rompues qu'elles étoient , & je crus que les unes ne reffembloient pas mal à une chevrette , &c les autres à une écreviffe de mer. L'on auroit juré que ce n'étoit point une partie de la barbe d'une huître , mais un anima! particulier, quoique le contraire parut évidemment ; car une telle partie de la barbe ne faifoit aucun mouvement progreiTif , & fe remuoit lî long-tems dans la même pla- ce , que mi vûë fe trouvant fatiguée, je me voyois forcé de quitter. Les fibres d'ailleurs qui dans un être f: petit paroiffoient être les griffes , avoient le même mouvement que les parties de la barbe entière. Terne I. II, Partie. * A a a a COLLECTION! PHILOSOPHIQ. * 556 COLLECTION J'obfervai l'écaillé d'une huître , Si je la trouvai compofée d'un grand nombre de feuilles pofées les unes fur les autres , dont la dernière eft la plus épaifle. Ainfi l'accroiffement de l'écaillé d'huitre fe fait par l'addition d'une nouvelle lame , qui furpaffe les autres en grandeur. En voyant le grand nombre de lames , qui font les unes fur les autres , & faifant réfle- xion au peu d'années qu'une telle huître avoit vécu , je conjecturai qu'à chaque nouvelle lune , il fe formoit une autre lame. Ces lames fe trouvent , autant que j'ai pu i'examiner, compofées de petits tuyaux entrelaffés les uns dans les autres. Mais ce qui me fit le plus de plaifir , ce fut de voir que lorfque chacune de ces lames étoit arrivée à fa grandeur , il fortoit alors des petits tuyaux des lames d'autres petites lames qui n'étoient point blan- ches comme le refte , mais brunes , Si compofées de globules. Ces lames étoient étendues en dehors en grand nombre fur la furface de l'écaillé , & je penie qu'elles croiffent en un inftant. En refléchiflant là-deffus, jepenfai que fi la matière qui , dans un court efpace de tems , paffe à travers ces globules joints enfemble , continuoit plus long-tems , les parties diffemblables dont les globules font intérieurement compofés feroient emportées de manière qu'ils deviendraient unis, & for- meraient de petits tuyaux. Cette réflexion me fatisfait d'autant plus que , non-feulement l'augmentation de prefque tous les tuyaux , dont le bois eft compofé ,fe fait de cette manière ; mais encore , parce que tous les globu- les de la femence , autant que j'ai pu le voir jufqu'à préfent , font faits en forme de tuyaux. Académique. -557 N°. 7. Collections I'HILOSOrHiq. LETTRE DE M. LEEf ENHOEK, En rcponfc à celles qui lui ont été écrites par le Dr. Robert Hooke , conte- nant de nouvelles obfervations fur la Jlruclure des fibres mufculaires. DAns votre Lettre du 18 Avril 1678 , vous dites que vous ave^ mon- tré à la Société Royale un mois auparavant , la jlruclure & la composi- tion d'un mufcle , dont vous avie^ fait auffi mention dans le traité que vous y avie^joint.Mais vous ajoute^ que vous nave^point voulu parler de fa Jlruclure par- ticulière , pour ne point prévenir le jugement que /'en pourrois former en faifant mes recherches, fous vous contente^ de nous apprendre que les mufcles qui ont été V objet de votre examen , & que vous avez préfentés à la Société , font ceux des crabes , des écrevijfès de mer , des langoufles , mais fur- tout ceux des grandes ferres des crabes , & des écrevijfès de mer. Fous ajoute^ outre cela que fi je les examinois , vous étie7 sûr que mes obfervations s' accorderaient avec les vôtres , & ferviroient à les confirmer, & vous J'ouhaite^ en méme-tems que je vous en- voyé le détail de mes obfervations. Pour fatisfaire à votre empreMement, j'ai obfervé les fibres mufculaires des grandes écreviffes de mer qu'on trouve fur les côtes de Norvège ; mais malgré mes obfervations, je n'ai pu encore m'a Murer de leur véritable Mru- fture : car en examinant une corde mufculaire , compofée de ces petires fibres , je les pris pour des globules. Je tentai enfuite de nouvelles obfer- vations ; en mettant trois ou quatre de ces fibres enfemble , elles me paroif- foient alors comme fi on les eut entrelaMees l'une dans l'autre. Mais ne pou- vant concevoir qu'il put exifter une telle Mrudure , je conclus qu'il falloir qu'elle fut différente de ce qu'elle paroiffoit être. Ces raifons m'ont fait dif- férer la réponfe que je méditois de vous faire , jufqu'à ce que je fuflé plus fatisfait de mes obfervations. Mais environ quinze jours après on m'envoya de Roterdam deux écre- viffes de mer ; je renouvellai mes obfervations , & depuis ce tems , j'ai clairement apperçu que les fibres mufculaires du corps , & des pinces des écreviffes de mer fe trouvent compofées de fibres extraordinaircment pe- tites , qui ont auMi leurs plis ou rides de la même manière que je l'ai cx- pofé dans ma dernière Lettre ; rides que les fibres mufculaires de la chair 4k du poiffon ont pareillement. Ces rides me paroiMbient être dans mes obfervations antécédentes de petites boules , & d'autres fois il me fembloit qu'elles fuMententrelaffées l'une dans l'autre. N'étant point fatisfait de cette découverte , je réfolus de continuer mes obfervations fur la fcrudhire de ces fibres. Je les féparai à cet effet l'une de l'autre , & malgré leur extrê- * A a a a 2 N°. 7. Art. I. *^8 Collection ■■■ me petiteffe , j'en ai encore divifé quelques-unes. J'eus enfuite la fatisfa- Collections clion de découvrira d'appercevoir clairement, que chaque fibre mufculaire Philosoi'hiq. d'une écreviffe de mer le trouve de nouveau compofée d'un grand nom- >j0 bre d'autres beaucoup plus petites. Telles font les obfervations que j'ai faites fur la ftru&ure des mufcles des écreviffes de mer ; j'efpére qu'elles vous plairont par leur nouveauté , & qu'elles s'accorderont avec les vôtres. Dans votre dernière Lettre du 10 Mars i68f vous dites: Les décou- vertes dont vous m'avez fuit part dans votre première , & dans votre dernière Lettres font tiès-confidérubles , mais je fuis charmé de voir par cette dernière Let- tre , que Us découvertes que vous ave^ faites fur les mufcles de la chair , fe reffem- blent avec celles que f ai faites il y a long- tems fur les mufcles des poiffbns , & fur-tout des écreviffes , des crabes , des chevrettes. Je vous en avertis il y a en- viron quatre ans, & je fis voir dans le même- tems à la Société Royale, que les mufcles de ces coquillages font compofés d'un nombre prodigieux de petits fi- lumens , environ cent fois plus petits qu'un cheveu ; chacun de ces filamens ref- fembloit à ces cordons qui fervent à enfiler un collier de perles ; ainfi une pe- tite fibre d'un mufcle gros comme un cheveu me paroiffoit comme un collier de femence de perles , qui eft ordinairement compofè d'un grand nombre de petits cor- dons de pareille femence de perles. Comme je ne pus avoir ni crabes , ni écreviffes de mer , j'examinai hier les mufcles d'une langoufte ; je remarquai qu'en obiervant plufieurs de ces fibres mufculaires collées enfemble, elles paroiffoient comme autant de cordons de petites boules , de corail , ou de perles jointes enfemble. Mais parmi vingt-cinq mufcles de cette langoufte , féparés l'un de l'autre, & dont chacun avoit (es plis particuliers , il s'en trouva un à peu-près de la groffeur d'un cheveu que j'apperçus d'une manière fort diftincte , & cha- cune de fes fibres avoit l'es plis particuliers , que je ne pouvois examiner aufli diftin&ement lorfqu'ils étoient enfemble , parce qu'ils paroiffoient alors comme de petites boules , & lorfqu'il y en avoit deux ou trois enfemble, ils paroiffoient alors entrelaffés comme une corde. Ces apparences de pe- tites boules, &c ne font autre chofe que les variétés des hauteurs & des pro- fondeurs , caufées par la chute variée de la lumière fur ces plis ; Si les apparences des petites fibres, dont chaque paquet de fibres mufculaires des langouftes , des écreviffes de mer , des crabes, &c. eft compofé, différent beaucoup entre elles , fuivant la chute de la lumière. J'ai quelquefois re- marqué dans les mufcles des écreviffes, ces paquets de fibres û étroitement ferrés & repliés enfemble , qu'on eut dit une maffe de ferpens entortillés entr'eux. Lorfque j'eus bien obfervé ce fait , je conjecturai fur le champ, que cette polition provenoit de ce que ces paquets avoient été étendus plus que leur nature ne le permet. De plus , je les ai maniés avec tant de déli- cateffe,que, quoiqu'ils fuffent extrêmement minces, j'ai cependant apper- çu très-diftin&ement les petits fils , dont chaque fibre mufculaire fe trou- ve compofée. Ce n'eft pas du premier coup qu'on parvient à la perfection dans des obfervations de cette nature. Je me fuis vu obligé d'aller pas-a- pas , & par degrés. Je ne me fuis point contenté de voir clairement les chofes , une , deux ou trois fois , mais j'ai fouvent réitéré mes obierva- Académique. * 759 tions , & je les ai apperçuës de la manière dont je les ai décrites plus de s^ vingt-cinq fois avant que de m'expofer à en parler. Je fuis parvenu par Collections cette pratique, Se un travail afïidu à féparer non-feulement une fibre fim- Philosophie pie d'une corde mufculaire d'une langouite , mais encore à la divifer. J'a- \jç> _ vois deffein de continuer ces recherches fur la ftruihire des mtifcles des di- verfes fortes d'animaux charnus & de poiffon , mais je penfe qu'ils font les mêmes, Si qu'ils ne différent que par leur grandeur. NOTA. Les Mémoires précédens font tirés de la Collection Philofophique du Dr. Hook , qu'il publia pendant les années l6jg , 1680 , l68l & l68z , pour fervir de Supplément aux Tranfaclions Philofophiques , dont la fuite fut in- terrompue depuis le mois de Février 16 j8 > jufquau mois de Janvier de Can- née 1683. nouveau ffyle. TABLE DES MATIERES Contenues dans les Tranfaclions Philofophiques , de la Société Royale de Londres. Année M. D C L X V. D Efcription d'un veau monflrueux. P'Tge I D'une mine fmgulière de plomb d'Allemagne , & de fon ufage. 2 D'un bol de Hongrie qui produit les mêmes effets que le bol d'Arménie. Ibid. Obfervadon communiquée à l'illuftre M. Boyle , par M. David Thomas , fur quelques particularités qui méritent encore d'être obfervées dans le mon- (Ire dont on a fait mention au N°. précédent. 7 Extrait d'une Lettre écrite dernièrement de Venifc , par le fçavant Dr. Walter Pope , au vénérable Doyen de Rippon , le Dr. Jean Wikins , fur les mines de mercure qui fe trouvent dans le Frioul >■ & fur la manière de pro- duire du vent par la chute de l'eau. ibid. Extrait d'une Lettre contenant quelques obfervations fur la manière d' élever les vers àfoye , communiquée par l'ingénieux M. Edouard Digges, au . * 7<5o TABLE bre M. Diedley Palmer , qui en a fait part à ta Société Royale. 6 Expériences & obfervations fur la rofée du mois de Mai. 7 Manière dont on tue en Virginie les ferpens à fonnettes. 9 Relation de la mort de plujieurs Ouvriers étouffés par des vapeurs fouter- r aines. ibid. D 'un minéral de Liège dont on retire du Soufre 6* du Vitriol , & de la ma- nière dont on y travaille ce Minéral. IO Obfervations faites fur une tète monflrueufe. 1 1 Obfervations fur l'ouverture du corps du Comte de Baléares. \ 2 Que/lions fur l'Agriculture. 1 3 Obfervation fur du lait trouvé dans les veines au lieu de fang. - 14 Sur du chiendent trouvé dans la trachée artère de quelques animaux , par le Dr. Boyle. ibid, D'un lieu d' Angleterre ou ,fans eau pétrifiante , le bois fe convertit en pierre, ibid. De la nature d'une pierre Jînguliére trouvée aux Indes dans la tète d'un Serpent. I y De la manière dont on fait le falpétre dans les États du Mogol. 16 Obfervation fur du fang blanc , par le Dr. Lower. ibid. D'une four ce fingulière de Weftphalie , des fontaines falées , & de la manière deféparer le fel de l'eau filée. 17 De l'origine & des progrès de la transfufwn des liqueurs dans le fang. ibid. D Année M. DCLXVI. 'Une fource remarquable près de Paderborn en Allemagne. 19 De plufieurs fontaines Jîngulières à Bafle , & en Al face. 20 Des fontaines d'Allemagne les plus abondantes en fel. z 1 Obfervations fur des ejfains de différens infecleh finguliers qui caufent beau- coup de ravage. ibid. Obfervations fur les fcrpens & les vipères. 22 Obfervations de quelques maladies. ibid. Manière de conferver la glace & la neige dans de la paille , communiquée dans une Lettre de M. Guillaume Bail , réjidant à Livourne. 23 Obfervations faites fur les Baromètres, avec les confèquences qu'on en tire. 24 Continuation des obfervations fur le Baromètre ou balance d'air. 27 Relation d'un tremblement de terre , qui s'efl fait fentir près d'Oxford , avec quelques obfervations fur le Thermomètre & le Baromètre , tant par rapport à ce Phénomène qu'en général , communiquée par le Dr. Wallis. 29 Confirmation de la première relation du tremblement de terre , qui s 'efl fait fentir auprès d'Oxford , avec quelques circojiflances qui [ont accompa- gné. 33 Obfervations & avis fur le Baromètre , par M. Boyle. 34 Moyen de conferver les 01 féaux tirés de leurs œufs , & les autres petits fœ- tus , communiqué par AI. Boyle dans la lettre fuivante. 36 Extrait d'une Lettre écrite de Virginie à M. Moray fur une nouvelle manière de multiplier les ' Meuriers , très-utile pour élever les Vers à joye. 37 DESMATIÉRES. *^r Nouvelle conflruclion d'un Baromètre circulaire plus aifi à exécuter , que celui qui efl décrit dans la Mycrographie par l'Auteur de ce Livre. 38 Relation d'un accident caufé par le tonnerre , communiquée par le Dr. "Wallis dans une Lettre écrite d'Oxford le iz Mai 1666. à l'Éditeur des Trava- illons Philofophiques. ibid. Defcription d'une nouvelle efpece du Baromètre qu'on peut appeller Baromètre jlatique , & des avantages qu'il a fur celui de mercure , communiqué de- puis quelque- tems par l'illuflre M. Boy le. Al Relation des effets funefles d'un coup de Tonnerre. a6 Nouvelles expériences fur la production du froid fan^Jefervir de neige , de glace , de grêle ou de nitre , &C. & en quel tems de l'année que ce foie , par M. Boyle. 47 Réflexions fur les parties Parenchy manques du corps humain , par M. Edm. King. t 52 Remarques fur des pétrifications. c6 Addition aux exemples de pétrif calions rapportés dans le dernier N". de ces Transfactions , par M. Philippe Packer de la Société Royale. 57 Que/lions fur les mines. ibid. Que/lions diverfes , principalement fur U froid , envoyées à M. Huelius; & Réponfe de M. HuellllS à quelques-unes de ces quefiions. 67 Succès de la transfufîon du fang d'un animal dans un autre par le Dr. Lcwer. 70 Manière de faire la transfufîon du fang d'un animal dans un autre , par le Dr. Lower. ibid. Moyen plus aifé de faire la transfufîon du fang , par.... 71 Réflexions fur les expériences de la transfufîon du fang. 72 De quelques Eaux médicinales du Comté d' Hereford , par le Dr. Béale. ibid. De l'ufage du Kermès pour la teinture. 73 Defcription de la pierre de Suéde , qui contient du foufre , du vitriol , de l'alun, & du minium , communiquée par M. Gilbert Talbot Chevalier, Membre de la Société Royale , telle qu'on la lui a donnée en Dannemarc , où il éeoit Envoyé extraordinaire de S. M. 74 Relation d'une pluie de cendres , qui tomba il y a quelques années dans l'Archipel , après une éruption du Mont-Vefuve , tirée d'une Lettre écrite par le Capitaine Guill. Badyly , qui nous a été communiquée par M. Robinfon. 75 Extrait d'une Lettre de M. Stenon à M. Croan , écrite depuis peu de Ro- me , pour rectifier la relation , qu'on a donnée des Salamandres , qui vi- vent dans le feu. ibid. Avis fur les remèdes contre le froid. 76 Relation d'un accident fingulier arrivé à deux perfonnes âgées. ibid. Expériences propofèes par M. Boyle au Dr. Lower , pour perfectionner la transfufîon du fang. 77 Extrait d'une Lettre de M. Nathanael Fairfax , contenant des Obfer.'ations fur quelques infectes , & fur leur venin. 79 j6i J35 TABLE A. Année M. DCLXVII. . Imam confîdêrable tiré de la terre dans le Comté de Devon. 80 Obfenationfur l'Aimant , & fur la Bouffole. ibid. Obfervations fur les Fourmis ,fur leurs œufs , leur production, leur progrès , leur maturité ; & fur l'ufage qu'on en peut faire , par le Dr. Edm. King. D. L. S. P. 81 Transfufion du fang d'un&cau dans un mouton faite par les veines feulement, par M. Edm. King. 83 Expérience de la transfufion du fang d'un chien galeux dans un chien fain , par M. Tho. Hox. 84 Transfufion du fang de trois veaux dans trois chiens , par M. Denys. 85 Sur la réunion de l'écorce à l'arbre , après en avoir été féparée , par le Dr. Chriftophle Merret. ibid. Expérience pour empêcher les cerifes de s'echauder fur l'arbre , & moyen de faire revenir le fruit prefque échaudé , par le Dr. Merret. 86 Sur l'aloès d'Amérique , par le même. ibid. Reponfe aux queftions fur l'Aimant , propofées dans le N°. z3. de ces Tran- faclions. 87 Extrait dune Lettre de Paris , contenant la relation d'un effet de la transfu- fion du fang d'un jeune chien dans un vieux ; avec l'Hiftoire de deux monflres , par M. Gayanr. 88 Enfant vivant fans tête à Paris. ibid. Enfant monftrueux femblable à un finge , à Paris , par M.... 89 Obfervations faites dans les mines , & fur la mer qui donnent lieu à quel- ques conjectures fur l'origine des vents , par M. Colepreffe ibid. Relation d'une chute de grêle d'une groffeur extraordinaire , par M. Nath. Fairfax. 90 Relation d'une grande quantité de pierres trouvées dans une veffîe. ibid. Defcription d'une fontaine & d'une terre , dans le Comté de Lancaftre , qui prend feu à l'approche d'une chandelle, par M. Thomas Shirley Ecuyer. ibid. Liqueurs injectées dans les veines de plufieurs chiens , par M. Fracaffati. 91 Découvertes fur le cerveau, & fur la langue , par M. Malpighi. Ç)ï Expériences fur le fang refroidi, par M. Fracaffati. 93 Obfervations de M. Manfrédi Septalius de Milan , fur du vif-argent trouvé auprès des racines des plantes ; & fur des coquillages trouvés dans des mon- tagnes éloignées de la mer. ibid. Obfervations faites par un fçavant dans un voyage d' Angleterre , aux Ijles Caribes. 94 Expérience d'une transfufion de ping totale , faite fur une chienne. 1 OO Méthode pour faire la transfufion du fang dans les veines des hommes , par M. Edm. King. ibid- Rêponfes aux queftions fur les mines , propofées dans ces Mémoires. IOI Divcrfes exemples de faits finguliers , par le Dr. Fairfax. 102 Par M. Oldembourg. 103 Par DES MATIÈRES. j37 une perfonnt de Cambridge, communiquée à M. J. Wray , qui les a re- mi/es à l'Éditeur pour être préfentées à la Société Royale. jçm Extrait d'une Lettre contenant le procédé qu'on employé en France pour faire du fel par le moyen dufoleil , communiqué par un Médecin Fran- çois , qui habite dans l'endroit où on le fait. QQ Rèponfeà quelques que fiions , qu'on avoit propofées fur l'éruption du Mont- /Etna arrivée en 1669, par quelques Négocions Anglois , réfidens en Sicile. Mémoire fur différens minéraux calcinés jettes par la dernière éruption du Mont- AZtna, dont il a été parlé dans le N°. 5l. envoyés par des Négo- tians Anglois réfidens en Sicile , & qui ont été remis depuis à l'Éditeur pour le cabinet de la Société Royale. 20Ç Extrait d'une Lettre écrite par lefçavant Guill. Diirfton , Médecin à Pli. mouth , au Lord Vicomte Brounker, comme Préfident de la Société Roya- le , aufujet d'un gonflement excefpf furvenu tout-à-coup aux mammel- les d'une femme. 2Qg Cette Relation ayant été lue à la Société Royale, on remercia l'Auteur de ce qu'il avoit bien voulu en faire part , & on le pria de communiquera la Compagnie ce qu'il obferveroit de nouveau à ce fujet. Il écrivit qtielque- tems après la lettre fuivante à l'Editeur. 207 Réflexions fur la perte foudaine que les eaux minérales font de leur vertu , tirées (Tune Lettre du Dr. Daniel Foot à l'Éditeur , du n. Octobre Rcponfe a quelques que/lions , qui avoient été propofées fur les fontaines Ca- lées , & la manière ufitée à Nantwich dans le Chefshire pour faire le fel , par Guill. Jackfon , Dr. en Médecine. 211 Extrait d'une Lettre de Plimouth du 2. Novembre 1 66 9. par Guill. Durfton, Dr. en Médecine ,fur la mort d'Elisabeth Trevers , dont on a donné l'hifloire dans le No. 32 , avec ce qu'on a obfervé à l'ouverture de fes mammelles. ■..£. Lettre d'un Anglois à un Membre de la Société Royale , écrite de Paris , fur ce qui s'tfl paffè dans cette Ville aufujet de quelques expériences de la transfujîon du fans. 217 Extrait d'une Lettre écrite de Plimouth le zS- Novembre 1 66 Q. par le Dr. Durfton , où il rend compte de ce qui l'a empêché d'ouvrir le cadavre d'Elisabeth Trevers. 2 18 2rp Supplément au Mémoire , fur la manière défaire le fel rapportée dans le No. 33. par le Dr. Jackfon , tiré d'une Lettre du ZO- Novembre 1669. O'frvationsfur les mines de mercure du Frioul , par le Dr. Edward Brovn, qui peuvent fervir à confirmer ce qu'on a déjà rapporté fur ce fujet dans le N°. Z. de ces Tranf actions. Lettre du Dr. Brown , fur un Lac extraordinaire appelle la mer de Zirtni- drer dans la Carniole. 222 Objervations fur le Baromètre , & le Thermomètre , faites & communiquées par le Dr. J. Vallis d'Oxford , & par le Dr. J. Béale d'Ycovil dans le Comté de Somerfet , rapportées félon leur date. Ce/les du Dr. Béale Tome I. Part. II. Y y yy / 53g TABLE nous ont été communiquées dans fes Lettres dul8 & 19 Décembre 1669'. & 3 Janvier 1 6%. 224 Lettre du Dr. Higmore , au Dr. Béale à Yeavd dans la Province de So- merfit , contenant quelques réflexions fur les eaux de Scarborouch Spaw du Dr. Witties, fur quelques fontaines falèes moins confidèrables de la Province de Somerfet , & fur une fontaine minérale de la Comté de Dorfet. c , , "9 Recherches fur la production des eaux minérales, & fur les changemens ex- traordinaires des liqueurs , qu'on examine ; par le Dr. J. Béale. 23 I Réflexions fur l'uf âge , qu'on peut faire des voûtes , des puits profonds & des glacières ,pour découvrir la caufe , ou avancer la génération des fils minéraux, des métaux , des cryflaux , des pierres précieufis , des pierres de différente efpéce ; & moyens de confiner long-tems ou hâter la putrê- ficlion & la fertilité des terres, &c. par le même Auteur]. Béale , dans une autre Lettre à l'Éditeur. 234 Année M. DCLXX. JLj Xtrait d'une Lettre écrite à l'Éditeur, par J. Wintrop , Ecuyer Gou- verneur de Conneaicut dans la Nouvelle Angleterre , aufujet de. quel- ques curiofités naturelles , & d'un poiffon extraordinaire envoyés pour le cabinet de la Société Royale. ^39 Examen des Réflexions ingénieufes fur les eaux minérales du N°. 5z. Re- marques fur les indications de quelques fontaines minérales ; avec l'hiftoire de quelques-unes de celles qui fi trouvent en Angleterre , & qui peuvent fervir à confirmer ces indications ; & celle de quelques autres rapportée fucclntement , par le Dr. J. Béale- ^ 24l Réflexions & obfirv allons fur le mouvement de la fève dans les arbres , par Mrs. Tonge & Willougby. Suite de l'Art, z. du No. 48. _ 2 50 Extrait d'une Lettre Italienne écrite de Venife , par M. Jaromo-Grandi , à un défis amis à Londres , fur quelques obfervations Anatomiques , & fur deux enfans monftrueux. ^ _ 2 f I Queflions & inftruclions fur les mines , les minéraux , les bains d'Hongrie , tranfdvanie , Autriche, & pays clrconvolfins , avec leurs Rêponfis. 2f2 Extrait d'une Lettre écrite à l'Editeur , par M. F. Wdlougby , Ecuyer , contenant fes Idées fur les Chênes Nains , & le poiffon étoile du No. 5j. 2f 9 Relation des mines de cuivre de Hern Ground en Hongrie , par le Dr. Edward Brown. . , ibid> Mémoire fur les bains d'Autriche , & d'Hongrie; & fur les carrières de pier- res , des rochers de talc , &c. qui fi trouvent dans ces Contrées , par le même Auteur. 2°° Du Sembrador ou du Spermatobole d'Efpagne , & de fin ufage , par M. Evelyn. l66 Lettre du Dr. Witties ,fur les eaux Minérales , & fur leur analyfi. ^ 27O Lettre du Dr. J. Wallis à Robert Boyle Ecuyer , aufujet de l'effal qu'il a fait d'apprendre à parler 3 & défaire entendre une Langue à un hom- E. D E S M A T I Ê R E S. 539 me fourd & muet ; & où il rend compte du fucces de fin er.ireprife. 277 Relation touchant les mines de fel gemme de Pologne, communiquée par un curieux d'Allemagne qui y defcendit , il y a quelques années , jufqu'à ZOO. braffes de profondeur, & y refla l'efpace de trois heures. 284 Découvertes des vaijfeaux qui portent le chyle aux mammclles , par Nf ... 236 Relation des effets extraordinaires du Tonnerre tombé à Stratfund , en Po- méranie , le ZÇ) Juin 16 y O. ibid. Defcription d'un enfant monfirueux , né à Plimouth le ZZ Octobre 16 JO , par Guillaume Durfton , Dr. en Médecine , & communiquée par le Dr. Tim. Clerk. 28 j Obfervations fur des infectes qui fe logent dans de vieux Saules , préfentéesà la Société Royale , par le Dr. Edmond King. 289 xtrait de deux Lettres écrites à l'Éditeur , par M. François Villon qby Ecuyer , l'une d' Aftrop le 19 Août , & l'autre de Midleton lez Septem- bre 16 JO. contenant fes obfervations fur les infectes du mémoire pré.é- dent. 2C)q Confirmation de ce qui a été dit dans le No. S O. fur la manière dont les araignées jettent leurs fils , communiquée par M. Jean Vray , à l'É- diteur. 20 '. Extraie de deux Lettres écrites à l'Éditeur, par M. Adam Martindale de Rotherton , dans la Comté de Cheshire du IZ & z6 Novembre i6j0.fur la découverte qu'on a faite dans ce pays , d'une mine de fel. 2 93 Expériences faites & communiquées par le fçavant Mathématicien , le Dr. Eral'me Bartholin ,fur un corps Jèmblable au criflal, qui lui a été envoyé d'Iflande. 294 Sur la grandi quantité de bois qu'on trouve fous terre dans le Comté de Lincoln. 299 Defcription d'une carrière , qui efl auprès de Mafiricht , communiquée par une perfonne qui fréquente beaucoup cette contrée. ibid. Extrait d'une Lettre écrite à l'Éditeur , par M. J. Wray , du zj Janvier 26 JO. aufujet de quelques obfervations extraordinaires faites fur un fuc acide qui fe trouve dans les Fourmis. 3 00 Extrait d'une Lettre écrite à l'Éditeur, par M. Martin Lifter du z5 Jan- vier lG j'~ ,fur le mêmefujet que la précédente , où il indique un- autre infecte qui vraifemblablement contient auffi une liqueur acide. 303 Obfervations & expériences fur la végétation , & fur le mouvement de la fève. Suite de t art. 2. du Ar°. 48. ibid. Suite des obfervations & expériences fur la végétation & fur le mouvement de la fève. 30$ O Année M. D C L X X I. Bfervations fur les mines de Cornouailles , & de Devon , où l'on dé- crit la manière de découvrir un: veine , de fouiller la mine , & de pré- parer & fondre l'étain ; par une perfonne fort inftruite en cette ma- 306 Yyyz 540 TABLE Extrait de plufieurs Lettres de M. Lifter ,fur la végétation. -, & fur le mou- vement de la fève. 3T Obfervations & expériences fur la végétation , & fur le mouvement de la fève. Suite de l'art, précédent , par M. Fr. Willoughby. 321 Extrait d'une Lettre écrite , par M. Malpighi , au fujet de quelques obfier- vations Anatomiques fur les poumons des grenouilles , des tortues , & fur ceux des animaux plus parfaits ; avec des remarques fur la jlruclure de la. rate. 322, Relation de deux grands Ouragans , qui fe font fait fentir en moins d'un an , dans la Comté de Northampton, à quatre milles l'un de l'autre , com- muniquée par M. Jean Templer de Bray-Brook, à un défis amis. 323 Pierres trouvées dans les Reins , par M. Chr. Kirkby. 324 Obfervationfur la coque d'un infecte du genre des Kermès , par M. Lifter , le Z2. Mai 16 Jl- 32S Relation curieufe tirée du troifième Journal Littéraire de Venifie pour le mois de Mars 16 Jl. au fujet d'une fubflance qu'on trouve abondamment dans les mines d'Italie , dont on fait un papier , une peau 6* une mèche de lampe incomba flibles ; avec les expériences qu'on en a faites. %l6 Expériences de M. Charles Rinaldini , Philofophe & Mathématicien dans VUniverfitè de Padou'è , fur la différence qu'il y a entre la glace faite fans air, & celle qui fi fait en plein air, tirée du même Journal. 327 Lettre écrite dYork le 10 Janvier 16 JO. à l'Éditeur au fujet d'une efpéce de mouches vivipares ; avec une fuite de que/lions curieufies fur les arai- gnées , & une Table des différentes efpéces , qu'on en trouve en Angleter- re , qui font au moins au nombre de 33 , par M. Martin Lifter. 3 2& Table abrégée des araignées d'Angleterre , à laquelle on a joint leur ca- ractère tiré des marques les plus difiinclives & les plus remarquables. 3 3 l Extrait dune Lettre de la même perfonne du 30 Mai 16 Jl. au fujet d'un infecte , qui fe nourrit fur la Jufquiame , dont Codeur dêfagréable efl tel- lement modifié par ce petit animal , qu'elle en devient aromatique ; & fur la couleur que donnent fies œufs, &c. 33 2 Obfervations fur les vers luifians , par M. Jean Temp'er , dans une lettre à un de fies amis , à Londres le 31 Mai 16 Jl. 333 Table des différens degrés de compreffibilitè de l'air dans l'eau de la mer , leur depuis l jufiqu'à 33 pieds de profondeur , & depuis 33 ou 3 f- braffes jifquà324 \ brafics ou l Q 4 J pieds. 334 Table des différentes comprejfions de l'air. 33^ Extrait de deux Lettres de M. Martin Lifter, à l'Éditeur, du 14. Juin fi* du 5 Juillet 16 Jl ,fiur un infecte èclos du Kermès d' Angleterre , dont il efl fait mention 6* qu'il a décrit le premier dans le N°. Jl. &J'ur l'ujage des coques pourpres pour la teinture , avec la comparai/on de ce Kermès pourpre d'Angleterre avec le Kermès écarlate des Boutiques. 33 S Extrait d'une lettre écrite à l'Éditeur , par M. Ray de Midlcton , le 3 Juin 1671. fur les générations fpontanées , & J'ur quelques infectes qui fien- tent le mufic. 339 Nouvelle deficription du poiffon étoile , dont il efl parlé dans le N". ôj. avec auelques autres cutiofitès. 34° D E S M A T I E R E S. y4, Supplément à ce qui a été dit dans le No, y 3. fur la comprejjlon de V air fous l'eau. 3 ,, Lettre de M. Martin Lifter ,fur les excroiffances végéta/es. ?<2 Defcripùon d'un Marfouin , par M. Jean Ray , communiquée dans une Lettre du iz Septembre 16 y l. -iac Lettre de M. F. Willoughby, du Z4 Août 16 y 1. contenant quelques ob- jetvalions fur l'efpéce de guêpes appellées lchneumons , & principalement fur leurs différentes manières de Je perpétuer , & entf autres Jur la ponte de leurs œufs dans le corps des chenilles , &c. 148 Lettre de M. Martin Lifter, écrite d'York le z5 Août 16 y 1. pour confir- mer Cobfervation du N°. y 4. fur les infectes , quifentent le mufe ; avec quelques remarques fur le livre de Swammerdam/àr les infectes , & fur celui de Stenon fur les coquilles pétrifiées. ??q Autre lettre de M. Lifter écrite d'York le ij. Septembre l6yi. contenant un fupplément à ce qu'il a donné dans le No. yj. fur les excroiffances végétales & les vers lchneumons. î r 2 Extrait de deux Lettres de M. Lifter , contenant quelques additions à fes premiers Mémoires fur les excroijfances végétales , & tes guêpes ichneu- mons ; avec des queflions fur la Tarentule , & la découverte d'un autre infecte , qui fent le mufe. 3 e 3 Extrait de la féconde Lettre. -; g Obfervations de M. Needham ,fur la communication découverte entre le ca- nal Thorachique & la veine-cave inférieure , par M. Pecquet. "lia Extrait d'une Lettre de M. Hnyghens à f Auteur du Journal des Sçavans , du z5 Juillet 16 IZ , où il cffliye d'expliquer pourquoi te mercure relie fufpendu beaucoup au deffus de la hauteur , à laquelle il s'élève ordinaire- ment dans l'expérience de Torricelli. 361 Extrait d'une Lettre de M. Lifter à l'Éditeur , contenant des additions & des corrections pour fes premiers Mémoires Jur le Kermès ; avec quel conjectures fin la cochenille , qu'il prétend être une efpéce de Kermès. 36'ï Obfervations Jur la lumière que rend la chair , par M. Boyle , envoyées dans une lettre à l'Editeur , qui les a préfentées à la Société Royale. 364 542 TABLE Copie d'une Lettre écrite du Comté de Somerfet au fujet d'une gelée extra- ordinaire , qui a caufé dernièrement beaucoup de dommage auprès de Bri- flol ; avec quelques idées propofées à cette occajîon. 36S Nouvelles expériences de M. Boyle , fur l 'effet que produit fur certains corps plongés dans l'eau , la variation du poids de L 'Atmofphére ; cette expé- rience , que Milord Brounker avoit lue en 16 Jl ,1 a été faite depuis par V Auteur lui-même , en préfence de l'Éditeur. 372 Extrait d'une Lettre du Dr. Wallis, duzC Septembre 16 JZ ,fur lafuf- penfion du mercure purge d' air } à une hauteur plus conjîdérable que dans l'expérience de Totricelli. 374 Année M. DCLXXIII. %^ Onfirmation de ce qui a été rapporté dans le N° . go. fur la gelée ex- traordinaire , qu'il a fait dans le Comté de Somerfet , par le D. Wallis. 380 Obfervations faites avec un Microfcope inventé en Hollande ,par M. Lewen- hoeck, communiquées par M. Régnier de Graaf. 381 Effence admirable pour arrêter lefang , par M. Denys. 382 Animaux qui ont des poumons , fans avoir d'artère pulmonaire , par le Dr. Swammerdam. ibid. Expériences faites à Londres , avec une liqueur envoyée de France , qui a la propriété d'arrêter lefang des artères & des veines , fur laquelle Foy. le N°. 94. . 383 Remarques du Dr. Wallis , au fujet de Vobfervation de M. Lifter fur les plantes , rapportée dans le No. go. de ces Tranfaaions. 38 ï Expériences faites à l'Hôpital Saint Thomas dans le Southwark à Londres , fur un homme & une femme , avec la liqueur Jliptique , dont on a parle à la fin du No. précédent. 3^6 Lndigeflion caufée par une étude trop longue & trop affiduè , par M. Chr. Kirby. ' .387 Extrait d'une Lettre de Robert Boyle , du 13. Septembre 16 73. au fujet de [Ambre gris. 3 §8 Figures de quelques-unes des obfervations microfcopiques de M. Lewemhoeck, publiées dans le N°. 94. avec leurs explications. ibid. Fœtus extraordinaire né fans cerveau , par M. Denys. 39° Nouvelle defcription & vue de la montagne de Glace appellèe Gletfcher , dans le canton de Berne en Suiffe , dont on a parlé dans le N°. 49. de ces Transfaciions. 39 * o Année M. DCLXXIV. . Bfervations du Dr. Johnftons de Pomphret , fur quelques pierres animales de couleur d'or, communiquée à M. Lifter, qui en a fait part À l'Éditeur. . 392 Extrait de deux Lettres écrites d'Hambourg , par le fç avant Chriftophle D E S M A T I É R E S. 543 Sandius , fur l'origine des perles. 3^ Nouvelles obfervations microfcopiques faites par M. Leewenhoeck , qui ont été promifes dans le N". gj. de ces Tranfaclions , & telles qu'il Us a communiquées dans fes Lettres du là. Août 16 J 3. & du j. Avril i674' . . . ibid. Remarques fur quelques Diamans extraordinaires. ,o- Obfervation s Microfcopiques de M. heev.tcn\\OQc\i,furlefang,Ula;t /cs os , le cerveau , lafalive , 1'Epidcrme , &c. communiquées à l'Éditeur dans une Lettre du 1. Juin 16 y 4. ib'iâ. Autres obfervations de M. Leewenhoeckyàr la futur , la graiffe , les lar- mes, &c. communiquées à l'Éditeur dans une Lettre du 6 Juillet iG y 4.. îgg Hydropifle prife pour une groffcffe , par le Dr.... . c t Déplacement général de tous les inteflins , par le Dr. Henri Sampfon. 40Z Nouvelles Obfervations de M. Leewenhoeck , adrejfées à l'Éditeur dans une lettre du 7. Septembre 1674. 403 Hifloire d'un enfant mort d'une hemorrhagie tris-extraordinaire , par M. Samuel du Card. 406 Année M. DCLXXV. J-jEttre de M. Martin Lifter , contenant fes obfervations , ou Pierres étoilées. Du 19. Janvier 167 {. 407 Conjeclure fur les veffies des Poiffons , communiquée par A. J. & éclairât par une expérience propofée de M. R. Boyle. 4 [ 1 Extrait d'une Lettre écrite à l' Éditeur , par M. J. h. fur des poiffons d'une des IJles de Bahama , qui empoifonnent ceux qui en mangent. 412 Obfervations Phytologiques , fur un oranger qui produit en mémetems des Oranges , des Limons , & un fruit moitié citron , moitié orange , par P. Natus , Médecin de Florence. 413 Lettre de Al. Ray à f Éditeur , contenant quelques remarques fur la conje- clure rapportée dans le A'o. I 14. au fit} et des veffies des poiffons. 414 Obfervations microfcopiques fur le nerf optique , par M. Leewenhoeck. 416 Autres obfervations microfcopiques fur le tiff'u du fang , le fuc de quelques plantes , la figure du fucre , & dufel , & la caufe probable de la diffé- rence de leurs goûts , par le même. 417 Extrait d'une lettre de M. Lifter à [Éditeur , contenant quelques obferva- tions fur les vapeurs des mines , avec une Relation de quelques vers ex- traordinaires vomis par des enfans , &c. 42 1 De la ckalcur qui réfulte du mélange du mercure avec for , par M. B. R. 424 * î44 TABLE Année M. DCLXXVI. \^/ Bfervaùons ftngulières fur la chair lumineùfi , rapportées par M. Jean Béai d'Yeavil dans le Comté de Somerfet , dans une lettre , qu'il a écrite à l'Éditeur. 43' Extrait d'une Lettre écrite à l'Éditeur , par M. Leewenhoeck , fur le tijfu des arbres , & une découverte remarquable fur le vin , avec quelques notes fur cette lettre. 434 Remarques fur la Lettre précédente. 43 7 Deux Lettres écrites , par M. J. Beaumont le Jeune , de Stony-Eafton , dans le Comté de Somerfet , fur les plantes pierreufes , & leur végé- tation. 439 Seconde Lettre. 445 Année M. DCLXXVI I. JLjEttre de M. Ant. Van-Leewenhoek , du g. Octobre 16 j6. fur de petits animalcules , qu'il a obfervés dans l'eau de pluie , de mer , de nei- ge , & dans une injufion de poivre. 4J4 OBSERV. Faites fur de l'eau , dans laquelle on avoit fait infufer du poivre. f 419 Sur des pierres d'un volumt tres-confidèrable rendues par une femme , par le Dr. George Garden. 462 Lettre de M. Leewenhoeck à î Éditeur , contenant la méthode , qu'il a fui- vie pour obferver le grand nombre de petits animalcules , qu'il dit avoir vus dans différentes efpéces d'eau. ibid. Lettre de M. Leewenhoeck à l'Éditeur , contenant les obfen-ations , qu'il a faites fur les fibres charnues des mufcles ,fur la fut [lance corticale & médullaire du cerveau , & fur le Moxa & le cotton. 464 Defcription des mines de diamant pré/entée à la Société Royale, par le Comte Maréchal d' Angleterre. 468 La manière dont on fait éclore les poulets au caire , obfervée par M. J. Gra- ves , Prof. d'Aftron. à Oxford , & communiquée par M. George Enr. Préfident du Collège des Médecins de Londres. 477 Obfervations fur un Caméléon , par M. Jonathan Goddard , Prof, de Med. au Collège de Grasham à Londres. 478 D Année M. DCLXXVIII. Efcription des mines d'ètain du pays de Cornouailles , & la ma- nière dont on prépare ce métal , par M. Criftophe Merret. 480 Extrait d'une lettre écrite à M. Parotti , réjtdent de Venife auprès de S. M. B. communiquée par M. Boyle. 48 5 Lettre D E S M A T I Ê R E S. 54J Obfervations de quelques animaux & d'une plante extraordinaire faites dans un voyage au Royaume de Congo , par Michel- Ange de Quattini , & Denis de Plaifance Mifjionnaires. ibid. Lettre de M. Ant. Leewenhoeck , contenant quelques obfervadons micros- copiques , qu'il a faites fur les dents & fur les autres os. 486 Obfervations Anatomiques fur un abfcès dans le foye , un grand nombre de pierres trouvées dans la véficule du fiel & les vaijjeaux biliaires ;fur une conformation entraordinaire des vaiffeaux imulgens , du baffinet ; fur une conjonction des deux reins &fur une grande dilatation de la veine- cave , par M. Ed. Tyfon. 487 Obfervations d'Antoine Leewenhoeck fur les animalcules de la femence des animaux, avec les Réponfes de l'Editeur. 490 Réponfe de f Éditeur à M. Leewenhoeck. 401 Réponfe de l'Obfervateur à la Lettre précédente. Du 18 Mars 16 J '.. 492 Extrait de quelques autres Lettres de l'Obfervateur du Ji Mai 1 6 y S. 493 Defcription du Tania, par le Dr. Edwrad Tyfon. 494 Defcription du Ver cylindrique, par le Dr. Edw. Tyfon. ^00 Faux germe extraordinaire tiré de la matrice , après la naijj'ance d'un enfant mort , dans le Staffordshire , par M. Sampfon Birck. 502 fœtus formé dans l'ovaire , par M. de S. Maurice. 503 Obfervations fur une chienne dont on avoit coupé le cœcum , par le Dr. Guill. Mufgrave. 50$ Hi/loire d'un Polype trouvé dans le cœur , par M. Guillaume Gould. ibid. Hi/loire de quatre hommes qui vécurent d'eau pendant vingt-quatre jours , P'r , 507 Hijloire d'un homme qui perdoit la vue , dès que le Soleil étoit couché , par le Dr. Per. Parham. ibid. Os Frontal prodigieux , par le Dr. Thom. Molyneux. 508 Sur la grande viellejfe de pliifieurs perfonnes dans les Provinces Septentrio- nales d' Angleterre , par le Dr. Mart. Lifter. 509 Géants , par M. le Dr. Thom. Molyneux. $10 Expériences fur la digeflion , par M. Ch. Leig. 5 16 Convulfion extraordinaire à la joue , par le Dr. Dafsbeny Turberville. 517 Pierre formée fur une aiguille de fer , tirée de la veffie d'un jeune homme. M8 Très-groffe pierre tirée d'une vefjie , par.... ibid. Jeune fille Irlandoife, ayant fur le corps plufieurs Excrefcences de la na- ture de la Corne , par M. Saint Georges Ash. ibid. COLLECTIONS PHILOSOPHIQUES. N°. 2. Corps qui longtems après avoir été enterré fut trouvé entièrement converti en cheveux. $20 Obfervations fur des cheveux trouvés dans plufieurs parties du corps , par le Dr. Ed. Tyfon. J2I 'Expérience fur ta Pefle , par le Dr. J. B. iElprunus. 5*4 Tome I. II. Partie. Z z z Î4(S TABLE DES MATIÈRES. Obfervations fur un nombre prodigieux de pierres rendues par une femme à Berne en Suiffe , par le Dr. Sigifmond Konig. filiv. Ces animalcules compofés de globules tranfparens fans aucune apparence de membrane qui les contienne , cre\ eut lorfqu'ils font à fec, & les globules qui les formoient fe difperfent. ilid. Leewenhoeck apperçoit ces animalcules extrêmement variés par leur forme , leur volume , la vivacité & la diverfité de leur mouvement : dans le même li- quide , leur nombre eft plus confidéra- ble dans un tems que dans un autre. L'infufion de poivre en contient une fi prodigieufe quantité , qu'il y en avoit plus de 6 ou 8000. dans une feule goutte d'eau ; & la plupart font fi pe- tits , qu'un million n'auroit pas égalé trois des dimenfions d'un grain de fa- ble, au. L'Obfervateur indique la méthode qu'il a fuivie pour divilèr l'eau & compter les animalcules. Suppofant une goutte d'eau de la grofleur d'un pois , il en prend de In grofleur d'un grain de mil- let qui fait la 91. partie de la goutte : divilànt enfuite cette partie de la gout- te en trente parcelles par le moyen d'un petit tuyau de verre, il compte à peu-près les animalcules contenusdans chaque parcelle, num. 134. 462.fi> fiùv. Leur nombre eft prodigieux dans la fe- mence des animaux. Il s'en trouve plus de dix mille dans une goutte de laite de Brochet de la grofleur d'un grain de fable. Ils font moins gros que les ani- malcules de la femence des quadrupè- des & leur queue eft plus longue & plus mince. Colleft. Philof. num. 1. 55'- Leewenhoeck obferve plus de cinquan- te mille de ces animalcules de la grof- feur ci'un grain de fable dans la femen- ce d'un Cocq. Il les croit compotes d'autant de parties différentes que les corps des autres animaux. ibid. Selon le calcul de cet Auteur une feule laite de Morue contient cent-cinquan- te milliards d'animalcules vivans. Leur nombre furpaffe dix fois celui de tous les hommes. 531. fr/wv. Animaux ( plufieurs ) dans la Suéde de- viennent blancs pendant l'hiver , & re- prennent en été leur couleur naturelle. num. 19- 68' Ce fait a encore été attefté depuis peu par M. Linntzus. Araigne'es ( des Bermudes les ) filent entre des arbres éloignés de 7 à 8 bVal- fes une toile capable d'arrêter des oi- feaux auffi gros que des grives, num.40. 15 S. Les araignées de nos campagnes lan- cent leur fil à l'aide du vent, num. 50. 197. 6-fuiv. Les longs fils qui voltigent en l'air pen- dant l'été font leur ouvrage. Aid. Elles les lancent à trois braifes de diftan- ce avant de s'élancer elles-mêmes , ce qu'elles font enfuite avec une viteffe incroyable. Elles jettent d'abord le fil principal fimple, & fans divifion ; ce qui étant fait, elles ajoute les branches. Les araignées attachent tous ces fils, & les affermiffent contre le vent en lesfrap. pant avec le derrière fur les rugofités des endroits par où elles gaffent. Voy. PL 8. fig. 7. &■ 8. num. 65. 192. Qeftions fur les araignées avec la ré- ponfe à ces queftions , & une Table des araignées d'Angleterre, num. 72. 318. & fuiv. On y compte vingt &une efpéce de cel- les qui filent pour attrapper leur proie: huit efpéces de celles qui filent feule- ment pour fauter , ou pour fe couvrir aufli-bien que leurs petits pendant l'hi- ver. Celles qui ne filent pas du tout & qui ont ordinairement de grandes jambes font de quatre efpéces. 331. ù fuiv. Arbre qui porte la canelle. On retire de BLE l'huile de fes racines par la di/Ulfa- tion. num. 43. '7 5- L'Arbre chou ell une efpéce de palmier , dont les poufles étant mangées crues , ont le goût d'amandes , & cuites font meilleures que les choux les plus ex- cellens. Cet arbre croît à la hauteur de 300 pieds , & ne fe pourrit jamais, num. 36. 137. Arbre fruitier des Indes ne pouffant que deux feuilles ; mais fi grandes , qu'une feule fuffit pour couvrir un homme, num. 139. 486. Observations fur le tiffu des arbres. Leewenhoeck découvre dans leur par- tie ligneufe deux fortes de vaiffeaux. Il croit que le fuc monte par les plus grands , & defeend par les plus petits, num. 1 27. 434- Mais Grew & Malpighi prétendent que ces vaiffeaux fervent à conduire l'air , & non pas le fuc Voy. les remarques. 437- Leewenhoeck a encore obfervé unetroi- fiéme efpéce de vaiffeaux qui vont tranfverfalement de la moelle à la cir- conférence. 4 3 5- Ces derniers vaiffeaux font félon Grew des véficules , que Malpighi appelle utricules, formées par l'entrelaffement d'un grand nombre de petites fibres. Voy. les remarques. 437.6" fuiv. La partie folide du bois eft compofée de vaiffeaux qui paroiffent en plufieurs endroits tranfparens , & coupés obli- quement par des membranes qu'on croit être des valvules. 43 ?• Grew prouve qu'il ne fçauroit y avoir de valvules , ni dans les vaiffeaux fe- veux , ni dans les vaiffeaux aériens. 438. Argent ( V) dans les Indes fe fépare des parties hétérogènes que contient fa mi- ne par le moyen du mercure. Mais il faut auparavant réduire la mine en petits morceaux , la calciner dans un fourneau , la moudre dans un moulin. A L P H A B Après cela on l'arrofe à plufieurs fois de mercure , la remuant Couvent pour mieux incorporer le mercure avec l'ar- gent. L'amalgame étant fait , on lave la mine. L'eau entraine les parties hé- térogènes plus légères que l'argent & le mercure , qui le précipitent au fond des vafes. On fépare enfuite l'argent du mercure par le moyen du feu. num. 41. 166. Sffukv, Argent végétation (d' ) qui produit un rejetton du même métal , quand on coupe une de fes branches , en four- niflant feulement un peu de mercure pour cette reprodu&ion. num. 41. 169 Les ingrédiens néceflaires à cette expé- rience font de l'eau-forte , du mercure & une petite quantité d'argent infé- rieure à celle qu'on peut retirer des branches de la végétation. ib'id. Voilà une tranfmutation de métaux qu'il feroit à propos de vérifier. Artère pulmonaire ( V) manque dans les poumons des grenouilles , mais elle eft remplacée par l'artère bronchiale qui fe distribue fur leur furface. On eft porté à croire que cette artère pulmo- naire manque auflî dans les poumons des crapauds , des lézards , des fala- mandres , des lerper.s , des caméléons, des tortues, &c. num. 94. ^41. 6" ftùv. Arum ( V ) ou pied de veau & fon fuc examinés avec le microfeope. 11 cil difficile de déterminer l'acrimonie de cette plante par la configuration des molécules & des petits tuyaux qu'on oblerve dans fon fuc. Auiîi l'Obferva- teur ajoute que la découverte de la vertu des plantes par la figure de leurs molécules cft une entreprife qui fur- pafle fes forces, num. 117. 418. O fuiv. Ceux qui l'ont film , & qui ont fait les mêmes tentatives n'ont pas eu plus de fuccès. Atmosphère (f ) agit parfon poids non Ê T I Q U E. ce, feulement fur les liqueurs contenues dans les baromètres & les pompes , mais encore fur les autres corps , fur nous & nos fluides , qu'il affecte diffé- remment , félon qu'il eft plus ou moins pefant. num. 91. 3-2 Le baromètre n'eft pas le feul inftrument qui dénote les variations de fon poids : des bulles de verre aflez minces pour être en équilibre avec l'eau , & faites dans un tems où l'atmofphéie étoitd'u- ne pefanteur convenable , plongent lorfque l'air devient plus pefant, & s'élèvent à la furface de l'eau lorfqu'il devient plus léger. Mi. 6/fu'iv. Astroites ( les ) réputées par l'Obfer- vateur pour des fragmens d'entroques font des pierres étoilées à demi tranf- parentes comme la pierre à fufil , mais plus molles, car elles donnent prife fur elles aux menftrues acides, num. 112 4I7. & fuiv. Remarque fur les angles , les articula- tions , les rejettons & les hachures de ces pierres avec leurs figures. 408. &fidv. On prétend qu'elles appartiennent nu règne végétal comme le corail & la coralline, & qu'elles font des fragmens de plantes pétrifiées de même que ces tiges de prefle fi communes fur les bords du Tanaro. 4 1 o &/iiiv. Peut-être tiennent-elles auflî au règne animal , ou pour avoir reçu leur em- preinte de l'étoile de mer , ou pour n'être qu'une épine de poiflbn pétri- iiee. Autruche. Sa defeription Anatomique. Collect. Philof. num. 5. 548. &fah. B. BAivs (les) d'Autriche & de Hongrie font en grand nombre. On en compte jufqu'à neuf à Baden. Defeription de ces bains, num. 59. 160 t De la partie fuperieure des tuyaux qui 5J* T A conduifent leurs eaux, on tire un fouf- fre fublimé naturellement. 261. Les plus chauds de ces bains le font moins que celui de la Reine à Bath en Angleterre. 2<>i. On trouve auffi des fources d'eau chau- de à Manners-d'Orff, àDotis.àBan- ka, à Boinits , à Stubn, à Glaff-hitten, à Eifen-Bach. Plufieurs de ces fontai- nes fourdent des montagnes de Hon- grie fi riches en métaux. 262 te fuiv. Le bois fouffre quelque pétrification dans les bains d'Eifen-Bach. Lun d'eux eft appelle le bain des ferpens , parce qu'on voit une quantité de ces repti- les qui le jouent dans fes eaux chaudes. 263. Les plus beaux bains de Hongrie font ceux de Bude. Ils font au nombre de huit. La plupart font très -chauds , Tentent le foutre , & contiennent un fuc pé- trifiant. L'eau du bain appelle de la table, dore l'argent. 264. Manière de prendre ces bains. 265. Baleines (les) font de plufieurs efpé- ces. Les unes ont des dents, les autres n'en ont point. Ces dernières cepen- dant rongent la moufle au tour des ro- chers , & s'en nourriffent. Les femel- les ont beacoup de lait , & leurs mam- melles font auprès du nombril, num.' 40. M-- Les baleines qui ont des dents font cel- les qui produifent le Sperma ceti. Elles font très-féroces , & nagent avec beau- coup de vitelTe. ibid. Manière de harponer les baleines, num. 19. i°7- Balle de plomb rendue par la voie des urines plus de trois ans après avoir été avalée :elle étoit revêtue d'une croûte pierreufe , qui dénotoit l'endroit où elle avoit long tems féjourné.num 40. 163.6" fuiv. Pes vomiffemens , des douleurs très- vives de colique néphrétique précé- dent & accompagnent la fortie de cette BLE balle. 164.1 Baromètre ( le ) ou Barofcope eft un inftrutnent qui nous fait connoître par l'élévation ou l'abbaiffement du mercu- cure dans fon tube les plus petites va- riations dans la preffion & le poids de l'air, num. 9. *4« Le mercure dans le baromètre ne s'élève pas en Angleterre au deffus de 3 o \ pouces. * 25. Le mercure monte auffi haut dans les plus grandes chaleurs de l'été que dans les plus grands froids de l'hiver, ibid. Il eft ordinairement plus élevé dans le beau tems , foit en hiver , foit en été , que devant, après, ou pendant la pluie. ■2.6 Il defcend en général dans les grands vents , mais moins dans ceux d'Eft & de Nord que dans ceux de Sud & d'Oueft. ibid. Il eft rare de voir tout à coup de grands changemens dans l'élévation du mer- cure , on l'a vu néanmoins baiffer fu- bitement d'un quart de pouce. 27. Continuation des obfervations fur le baromètre. Elles différent peu des pré- cédentes, num. 10. 27.6- fuiv. Autres obfervations fur le Baromét/e. num. 10. 30. &Juiv. Elles confirment ce que l'onavoit avan- cé , que le mercure defcend par les grands vents , & même plus généra- lement que dans les tems de pluie. 3 2.' Qu'il defcend auffi pour l'ordinaire dans les tems de neige & de pluie,mais moins dans les premiers , que dans les der- niers, ibid» Il defcendit d'un pouce pendant la nuit après le tremblement de terre qui fe fit fentir aux environs d'Oxford. 3 1. Régies auxquelles devroient s'affujettir ceux qui voudroient déterminer l'éten- due des changemens dans la pefanteur de l'air par la comparaifon des obfer- * Le pied d'Angleterre eft moins long que celui de France, vàtions A L P H A B vatîons faites en différens lieux, num. II. j4. Baromètre circulaire conftruir de ma- nière , que la plus petite variation dans la hauteur du mercure devient très- iennble par l'application d'une aiguille à ce baromètre. Vcy. PL u. num. i 3. 38. Defcription d'une nouvelle efpéce de baromètre qu'on peut appeller baro- mètre ftatique.num. 14. 41. C'eft une bouteille extrêmement mince mife en équilibre par un contrepoids d'une matière très-denfe dans une ba- lance fi exafte , que le moindre poids peut la faire trébucher. 42. Cette bouteille indique les variations de l'atmofphére ; elle baiffe lorfque l'air eft plus léger , s'élève au contraire lorfqu'il eft plus doux. " ibid. Ce baromètre eft conftruit félon une loi d'hydroftatique , qui nous ap- prend que , fi l'on pefe deux corps d'une égale pefanteur, mais de volume inégal dans un milieu différent , ils cefferont d'être en équilibre : fi le mi- lieu eft plus pefant , le corps qui a le plus de volume étant fpécifiquement plus léger, perd plus de fon poids qu'un corps compaét. Mais fi le nouveau mi- lieu eft plus léger que le premier , le plus grand volume l'emportera fur le plus petit. 4-, . La bouteille , à raifon de fon excès de volume fur fon contrepoids, eft plus foutenue & s'élève , lorfque l'air eft plus denfe , elle baiffe au contraire & emporte le contrepoids lorfque l'air eft plus léger £k qu'il la foutient moins. ibid. La bouteille ou le baromètre ftatique doit être fceilé hermétiquement, ibid. Moyen de perfe&ioner cet inftrument. 44. Avantage qu'il a fur le baromètre de mercure , quoiqu'il lui foit inférieur à quelques égards. 45. Tome I. Partie III. É T I Q U E. 553 On peut découvrir par (on moyen le poids abfolu ou relatif de l'air. ibid. Il peut nous faire juger de la pefanteur de l'air dans les différens lieux, ibid. O 1 Attentions qu'il faut avoir pour faire la comparaifon de fa pefanteur. 46. Dans les Baromètres nouvellement con- ftruits le mercure s'élève par la cha- leur , ce qu'il ne faut pas attribuer à l'augmentation du poids de l'atmofphé- re,mais à la raréfaction de l'air conte- nu dans le mercure: celui-ci étant for- cé de s'élever , lorfque la chaleur rend cet air plus élaftique. num. 55. 226. L'air dans les anciens Baromètres pro- duit des effets oppofés. Après un cer- tain laps de tems , il s'eft dégagé de fa prifon , il occupe le haut du tube , ou , lorfqu'il eft raréfié par la chaleur , il preffe le mercure en embas & doit le faire defeendre. ibid. Cette différence dans l'élévation ou l'ab- baiffement du mercure n'eft que d'une ligne , fi elle provient uniquement de la caufe qui vient d'être affignée. ibid. Quelquefois dans les gelées le mercure ne monte pas , comme cela devroit ar- river , parce qu'une goutte de l'eau , dont on s'eft fervi pour chaffer l'air du mercure , venant à fe glacer contre les parois du tube, empêche le mercu- re de s'élever. zz~. Le mercure agité dans le tube rend un bruit fec quand il en frappe l'extrémi- té. Le coup n'eft point amorti par l'in- terpofition de l'air. ibid. Bath. ( Obl'ervations fur les eaux de ) num. 49. 191. & fuiv. La Ville de Bath & fes bains font fitués dans un pais qui abonde en mine de charbon. MM. Ancienneté de ces bains. Leur conftru- èYion. 191.6» 194. La chaleur de leurs eaux eft attribuée a une fermentation caufée par la ren- contre des différens minéraux dont elle A a a a î54 T A B L font imprégnées. BSd. Différens vents occafionnent une varié- té dans la chaleur de ces eaux. 192. Les fources qui bouillonnent le plus , font les plus froides. 'tid. Les plus chaudes ne fçauroient durcir un œuf. ibid- Ces eaux purgent promptement en y mê- lant un peu de fel. tbid. Elles conviennent dans une infinité de maladies. '>>"*■ & fuiv- Elles augmentent les douleurs dans la vérole & la goutte chaude. 193. Elles rongent l'argent & le fer , & ne font aucune imprelîion fur le cuivre. ibid. &• fuiv. Des mouches noires vivent dans ces eaux chaudes. On croit qu'elles vien- nent avec la fource de même que Ap feuilles femblables à celles de l'olivier. ibid. Baume blanc trouvé dans un rocher en Italie fous une forme liquide , & fc-'3- Expérience qui le prouve. ibid. Le Bois luifant perd fa lumière dans l'eau & dans tout autre liquide, ce qui n'ar- rive pas au poiffon pourri, num. 3 2. 120. Un froid extraordinaire n'éteint pas la lumière du bois luifant , au lieu qu'il éteint celle du poiffon pourri. 121. Bois pourri fi lumineux qu'il fait diftin- guer les objets dans les ténèbres. 125. Le Thermomètre appliqué au bois & au poiffon luifans, ne donne aucune in- dice de chaleur. ibid. Le bois d'Acajou & plufieurs autres for- tes de bois ne font pas fujets à être vermoulus, num. 36. 138. Celui de Manchinel qu'on appelle dans un autre endroit Manichéel eft très corrofif. 'tid. Il croît dans l'Ifle de Timor, & aux en- virons un bois , qui fent les excré- mens humains, num. 45. J7 ï- Un marais de la Comté de Lincoln étoit autrefois un pais couvert de bois. Car il y en a une grande quantité fous la terre. On y découvre des fapins , des chênes , dont quelques-uns ont cinq braffes de circonférence. Quelque ri- vière arrêtée par fon limon aura fans A L P H A B doute fubmergé ce pais plat. num. 67. 199. Bol (de Toclcai en Hongrie le) produit d'aulfi bons effets en Médecine que le bol d'Arménie & la terre de Siléfie. On a peut-être voulu dire la terre Si- gillée. Au refte il nous vient d'Alle- magne, beaucoup de paftilles de diffé- rentes terres autant vantées , que la terre Sigillée, num. t. 2. CAdavre ouvert dans lequel on trouve deux pierres à la baie du cœur entre les deux ventricules. Au- tres ûngularités remarquées, num. 5. ; 2. Cadavre découvert 43. ans après avoir été enterré : il étoit entièrement con- verti en cheveux épais , longs & fri- fés. Car il ne parut aucun os à l'exce- ption d'un petit, qu'on foupçonne avoir appartenu au gros orteil du pied. On fait auflî mention d'un voleur qui fut tout couvert de cheveux étant en- core à la potence. Colleèt. Académ. num. 2. 520. De pareils faits devroient être atteftés par d'autre témoignage que celui d'un foffoyeur. Calendrier ( idée d'un) dont on attend de grands avantages, num. 90. 370. &• fuiv. CalentuRE guérie par les Emétiqucs. C'eft une eipéce de fièvre particulière à ceux qui font de longs voyages fur Mer. Les perfonnes attaquées de cette maladie délirent , s'imaginent voir des arbres verts , fe promener dans de beaux jardins, num. 36. 140. Calme produit parle choc de deux vents contraires. Ils dévoient fouffler l'un & l'autre avec des forces égales, num. 3 6. 139. Caméléon ( defeription du ) fa peau ref- femble à un drap mélangé & parfemé É T I Q U E. yrc de grains ronds qu'on préfume faire l'office de petits miroirs , & réfléchir les couleurs des objets voifins. Ce qui peut avoir donné lieu à l'ancienne tra- dition que le Caméléon prend toute forte de couleurs, num. 137. 478.6- fiiiv. Carrière en Hongrie d'où l'on tiredes grandes pierres tranfparentes & fem- blables au lucre candi. Dans une autre carrière voifine de celle-ci la pierre eft couverte d'une couche de craye fi bien rayée & ombrée , que le plus beau pa- pier marbré n'approche pas de fa beau- té, num. 59. 265. & fuiv. Dans une carrière près de Maftricht on voit une Grotte fi vafte , que 40000. hommes peuvent s'y réfugier & s'y tenir cachés : la voûte de cette Grotte eft foutenuc par mille pilliers quarrés très-gros , travaillés avec beaucoup de propreté & de régularité , & qui ont plus de 20 pieds de hauteur, num. 67. 2Î>9- & fuiv. Carrières des Montagnes de Mendip , où l'on rencontre fouvent au milieu d'une pierre pefant huit à dix mille li- vres des morceaux de chênes fendus & bien confervés. Colleèt. Philofoph. num. 1. 536. Cassave ( la ) ou le Manioc , racine dont le lue eft un poifon , ceffe d'être dangereufe lorfqu'elle eft rôtie, num. 30. 138. Cavernes du Comté de Sommerfet dans les Montagnes de Mendip. Leur def- eription. Colleèt. Phil. num. 2. 533. 6- fuiv. La principale de ces cavernes connue fous le nom de Oolcei-Holeà fix cens pieds de longueur. Sa largeur varie de même que fa hauteur. Il en fort un cou- rant d'eau allez confidérable pour faire aller un moulin. Cette rivière à l'inté- rieur de la caverne eft fournie d'An- guilles & de Truites , qui néceffaire- ment ont été engendrées dans cet cn- A a a a 2 556 TABLE droit : car elles ne pourroient pas re- monter un courant fortant d'une caver- ne par une Cafcade de dix à douze toifes de hauteur. 5 3 4. L'eau de cette rivière fut mortelle pour les animaux qui en burent après une inondation. On croit qu'elle communi- quent alors avec l'eau qui fert à laver la mine de plomb. ibid. En travaillant aux mines de Mendip les Ouvriers rencontrent un grand nom- bre de cavernes , dont les voûtes font ordinairement toutes brillantes de cri - ftallifations. 535. & j'u'iv. Gaves profondes au plus de 4 à 5 pieds expofées au Nord , & où néanmoins il ne gèle pas pendant les froids les plus rigoureux. La pierre fe diffout dans ces caves , ce qui fait dire à l'Auteur que la gelée mêlée avec la neige & la pluie diffout plufieurs efpéces de pier- res, num. 56. 13. & fuiv. Un autre terme que celui de diffoudre n'eut- il pas été plus propre ? La gelée fait fendre plufieurs pierres , les fait éclater par parcelles , mais ne les dif- fout pas. Cèdre bâtard ( le ) eft un arbre fi poreux que les vafes de fon bois ne fçauroient contenir , ni le vin , ni l'eau-de-vie. num. 36. 1 3 7- Cerises ( pour empêcher les ) de s'échau- der , & même pour faire revenir le fruit prefque échaudé , il faut décou- vrir les racines de Cerifier & les arro- fer foir & matin pendant 15. jours, num. iç. 8 6. Cerveau. Sentiment de Malpighi fur fa nibftance corticale. Sentiment du mê- me Auteur fur le corps calleux, num. 2.7. 9*- Le cerveau examiné avec le microfeo- pe. Tube dont fe fert Leewenhoek pour en obferver lafubftance blanche, de même que la moelle épiniére. Leur tiffu pounoit être changé par le tube, num. 106. 397. La pie-mere qui enveloppe le cerveau eft parfemée d'une infinité de petites veines , qui s'y enfoncent & s'y diftri- buent , comme les vignes enfoncent leurs racines dans la terre, num. 136. 495- La fubftance du cerveau paroit compo- fée de globules renfermés dans des vaifleaux , qui furprennent par leur nombre & leurfineffe. 469. &• fuiv. Le nombre en effet doit en être prodi- gieux , puifqu'on prétend que tout eft vaiffeau , malgré l'autorité de Malpighi. La fubfiance corticale diffère de la fub- ftance médullaire, en ce que les vaif- feaux de la dernière font tranfparens , & que ceux de la première ne le font pas. 466. Cheveux ( les ) vus au microfeope ont une écorce fémblableà celle d;s arbres qui fe durcit à l'air : car elle eft fort tendre au fortir de la peau. L'intérieur eft formé de filets , qui fe fendent en fe defféchant. Les cheveux ne croif- fent pas à la manière des plantes : leurs parties qui font fous la peau pouffent celles qui font au-deffus , & leur ra- cine devient enfuite le corps du che- veu. Colleft. Philof. num. 4. 545. & fuiv. Cirons ( les ) ou Chiques caufentde vi- ves douleurs lorfqu'ils s'attachent aux parties nerveufes. num. 36. 138. Ils s'engendrent en grand nombre & s'enferment dans une efpéce de fac qu'il faut retirer en entier. Sans cette précaution ils fe multiplient de nou- veau , mangent les orteils , & cou- vrent tout le corps des Nègres qui y font plus fujets que les blancs à caufe de leur malpropreté, num. 41. 169. & fuiv. Civete ( la ) animal des Indes , qui tient du Chat & du Renard , peut vivre un mois fans boire : elle urine cepen- dant beaucoup. En la nourriffant de poiffon elle produit plus de mule qu'à A L P H A B É l'ordinaire, num. 36. 137. Chair luttante. C'étoit un collet de veau fans aucune odeur qui pût faire foup- çonner de la putréfaction. Les parties les plus luminéufesde ce collet etoient les cartilages que le couteau du bou- cher avoit touchés, num. 89. 364. & fuivant. Quoique cette chair fut afTez lumineufe pour faire diftinguer plufieurs lettres , ellene donna aucune indice dechaleur. 3 ('S ■ Sa lumière fe conferva dans l'eau , mais elle diminua confidèrablement fous le récipient de la machine pneumatique , dont on avoit pompé l'air. 366. Un poulet confervé dans le même en- droit que le veau , devint luifant mais moins que celui-ci. Cependant ce pou- let n'étoit point mortifié , & il fut trouvé bon à manger. ,68. Un autre collet de veau paroît lumineux deux jours après que le veau a été tué. Si on le touchoit , fa lumière fe com- muniquoit aux mains, num. 115. 431. On met dans une faumure les entrailles d un cochon après les avoir fait bouil- lir , &. au bout de quelques jours , les inteitins & les ongles des pieds qui fur. nageoienr la faumure paroiflent lumi- neux, tandis que le refte ne rendoit aucun éclat. Les parties lumineufes de ce cochon n'étoient pas moins froides que les autres. 43 ;. La chair examinée avec le microfcope paroît compolée de filaniens très-déliés mis à côté les uns des autres , & en- veloppés d'une membrane commune. ' num. 106. Chaieur provenant du mélange du mer- cure avec l'or. Pour faire réufllr cette expérience , il faut prendre deux par- ties de mercure fur une partie d'or ré- duit en chaux ou en poudre fubtile; ou, ce qui eft mieux encore , parties égales d'or, & d'un mercure plus fubtil & plus pénétrant que le mercure ordi- TIQUE. „7 naire : car il faut qu'il n'ait de ce der- nier que le poids , la couleur & la vo- latilité, num. ii2. 424.6-/1/(1'. L'auteur n'apprend pas la façon de pré- parer ce mercure. C 'eft un fecret qu'ap- paremment il fe referve : il dit feule- ment qu'on peut le tirer de l'antimoine & du fer , & même le préparer lans antimoine & fans aucun métal. 4a8. & /Uivanr. Ce mercure & l'or incorporés font un amalgane aflez dur, mais l'or perd fa couleur dans le mélange par l'exren- fion du mercure : ce qui auroit dû rendre l'Auteur moins rélervé fur ("on fecref. nid. Toutes les chaux de l'or ne font pas é- galement propres à s'amalgamer avec le mercure. Pour en avoir une conve- nable , il faut mêler de l'or pur avec !e mercure ordinaire , eu fondre de l'or pur avec l'argent de coupelle , & faire difîbudre le mercure ou l'argent par l'eau forte ; l'or alors fe précipite fous la forme d'une chaux très-fine , dont on s'eft fervi avec fuccès. 430. Chêne enfeveli près d'une fontaine lalée & entièrement converti en tel très-dur. Quoique la vérité de cette obfervation ne foitpas certifiée , on propofe à ce fujer des moyens de multiplier diiïcrens fels , & d'accélérer leur génération, num. ^rt. *-li.t' iuiv. Chêne nain de la nouvelle Angleterre fi petit , que les cochons peuvent paî- tre le gland furies branches, num. 5-. Cheval (le) eft fujet aune maladie dont il n'ert fait mention dans aucun Au- teur , & fur laquelle il cil très-aifé de fe tromper. C'elt une excrefeence fpon- gieufe qui vient au bord de l'uvée. num. ? 1. j 2 . Elle paroît être l'effet d'une nourriture trop humide, telle que l'herbe. Une nourriture le^he pourroit fans doute la guérir. jjj. 558 TABLE Cheveux ( les ) de même que les poils examinés avec le microfcope paroif- fent compofés de globules. Leewen- hoeclt penfe que leur accroiffement vient du mouvement de ces globules. num. 102. &106. J94-6' î 9<3 - On trouve des cheveux dans tous les vifcéres, mais plus communément dans l'ovaire. Un ftéatome très confîdéra- ble furvenu à l'ovaire d'une jeune De- moifelle en contenoit un gros peloton, & l'ovaire contenoit une fubftance of- feufe de la forme d'une dent. On croit que des circonstances particulières lui avoient donné cette forme , & qu'elle s'étoit oflînee comme cela arrive à plu- fieurs artères. Colleét. Philof. num î. j 21 . & fu'iv . Quoique la furface du corps foit le lieu ordinaire où croiffent les cheveux , l'Auteur les regarde ainfi que les dents comme des végétaux , qui arrachés & tranfplantés peuvent prendre de l'ac- croiifement dans un lieu différent de celui , où leurs différens germes fe font d'abord développés. ïbïd. Chiendent trouvé plufieurs fois & en quantité dans les poumons de moutons, dans les branches même de la trachée artère, num. 6. 14- Chocolat ( le ) eft une excellente nourriture dans plufieurs maladies chroniques, num. 37. 149- Climat { le changement de ) produit des maladies dans les vaiffeaux , & o- pére des effets très-fenfibles fur nous, fur-tout lorfque nous approchons du tropique. La faignée eft alors très-re- commandée à caufe de la raréfaètion du fang num. 36. 1 3 ç . /k;v. Cloportes ( les ) rongent le papier & les couvertures des livres. ^îum. 36. .38. Cœcum (lej inteftin ainfi nommé , par- ce qu'il n'a qu'une ouverture ,fut cou- pé & enlevé à une chienne fans qu'el- le en mourut, num. 1 5 1. 505, Cochenille ( la ) eft un petit infeQe qui vient fur un arbriifeau des Indes occidentales dont le fruit eft de cou- leur de fang. num. 40. 158. On trouve dans le Bermudes un fruit dans lequel il s'engendre pareillement un infecte plus gros que la Cochenille, auffi eftimé pour la teinture , & qui lui eft fupérieur pour fes vertus médi- cinales. e)9- Méthode pour faire produire aux végé- taux des infeftes , dont on puiffe tirer une teinture. ibid* Colibry ( le ) eft un très-petit oifeau qui fuce avec fon long bec le miel des fleurs comme les abeilles. Ses œufs font fi petits , qu'ils ne pefent chacun que depuis 3 jufqu'à ù elle fouffre une réfraction extraordinaire , repré- fente l'image mobile ; tandis que l'au- tre moitié de la lumière ne fouffrant qu'une réfraction ordinaire en traver- i'ant des pores femblables à ceux du verre , repréfente l'image fixe de l'ob- jet. 298. Crocodile ( le ) reffemble au Lézard. Il a une odeur û forte qu'on le lent à une très-grande diltance. num. 41. 169. On combat cet animal avec avantage en le prenant de côté. ibid. Ses œufs font un peu plus gros que ceux des poules d'Inde, num. 36. 136. L'Obfervateur ne diftingue pas le Cro- codile de l'Alligator , cependant l'Alli- gator eft beaucoup plus petit que le Crocodile. 169. D. DArtres vives guéries par la diflb- lution de la gomme de prunier dans le vinaigre, num. 43. 173. É T I Q U E. 5ç9 Pour fe procurer cette gomme , il faut tordre des branches de prunier qui ne manquent jamais defe couvrir de gom- me l'Eté (uivant. num. 44. 177. Dents qui percent à un homme âgé de 8 1 ans , & à une femme de 7 5 . num. il- 76.&Juh: Les dents examinées avec le microfeope paroiflent compofées de petits tuyaux droits & tranlparens , dont 6 ou 700. égalent à peine la groffeur d'un che- veu. num. 140. 486. Diamant ( les mines ) de la côte de Co- romandel font ordinairement adjacen- tes aux montagnes qui commencent prés du Cap Commorin. On en compte \ ingt dans le Royaume de Golconde. num. 136. 468. &■ Juh. Les diamans ne font pas à la fuiteles uns des autres. Communément ils font très- écartés & difperfés dans une terre qui eft rouge dans la plupart de ces mines. 467. &• fuiv. Les rochers qu'on rencontre dans quel- ques-unes occarionnent beaucoup de dépenfes.Car on eft obligé de les per- cer & de les calciner , pour creufer enluitefous leurs bafes jufqu'à ce que l'eau gagne les Mineurs. Comme ils n'ont point de machines propres à l'é- puifer , ils ne foulent pas plus profon- dément. 471. La terre eft quelquefois fi adhérente aux diamans , qu'on a delà peine à l'en dé- tacher. 4"7i. Les mines deVifapourne le cèdent pas à celles de Golconde , mais il n'eft pas permis de fouiller celles qui fourniflent les plus gros diamans. Celles qu'on peut travailler font au nombre de quin- ze. Si les diamans y font moins gros que dans les mines de Golconde . leur quantité dédommage de leur grofleur. D'ailleurs les Mineurs fonrtraités beau- coup plus humainement à Vifapour qu'à Golconde. A- 3. Ofuiv. Lorfqu'une certaine quantité de terre a 5éo T A B été enlevée des mines, elle eft dépofée dans une efpéce de citerne remplie d'eau , qu'on remue jufqu'à ce qu'elle t'oit troublée, alors on la laiffe écouler; on fubftitue de la nouvelle eau jufqu'à ce que la terre ait été emportée , & que le gravier (bit propre au fond de la citerne. Ce gravier eft eniuite expo- fé au foleil , & les diamans qui réflé- chiffent Ces rayons , fe font aifément diftinguer parmi les autres pierres. 474- 6*/«»'. Dictamne ( de Virginie le ) fait mourir par fon odeur les ferpens à fonnettes.il faut attacher les feuilles broyées de cette plante à l'extrémité d'une perche, & les approcher du nez du ferpent , il mourra en moins d'une demi - heure. num. 3. 9. Ce Diftamne de Virginie , félon la def- cription qu'on en fait ne diffère pas de celui de Crête. Digestif artificiel compofé avec l'efprit de foufre , l'efprit de corne de cerf, le chile d'un chien & la falive. L'Gbfer- vateur qui donne la compofition de ce digeftif , a raifon de croire qu'un menftrue liquide feul ne fuffit pas pour digérer les alimens. Il croit auffi que des efpritsnitro- aériens fournis parles nerfs , entrent dans la compofition du ferment del'eftomac: mais ces efprits nitro-aeriens ne font peut être que des chimères, num. 162. 516. &/uiv. Pigestion (la) fe fait à l'aide d'un alkali volatil. Quelques expériences faites fur le fuc de l'eftomac femblent démon- trer qu'il n'eft point acide, num. 162. 5'7- E. EAufalée(l') imprégnée de quelque métal ne dépofe pas bien fon fel , fi on l'a fait bouillir dans un vaiffeau du même métal , que celui dont elle eft imprégnée. 11 faut en excepter les eaux vitrioliques qui dépofent dans des L E vaiffeaux de cuivre, num. 7. 17. Un vale de cire plongé dans l'eau falée fe remplit d'eau douce. Les pores de la cire font trop petits pour donner en- trée aux parties falines. ibid. L'eau de la mer eft moins falée vers les côtes, qu'en pleine roer. num. Z7. 95. La pefanteur de l'eau falée eft à celle de l'eau douce , comme 41 à 41. num. 71- 3 3 4- Les eaux médicinales du Comté d'Herc- ford guériffent les dartres & les vieux ulcères , elles ont auffi la réputation de guérir les maux des yeux. num. 10. 72. & fuiv. L'eau de la Tamife renfermée dans des tonneaux , acquiert en huit mois de tems une qualité fpiritueufe qui la rend inflammable. 'l>id. Les eaux minérales perdent dans le tranf- port toute leur vertu , une partie de leur poids & de leur volume , quoique renfermées dans des vaiffeaux fcellés hermétiquernent. num. 5 2. 208. La perte de leur vertu dans le tranfport eft attribuée à la diffipation de leurs parties les plus volatiles , ou à une fermentation qui ceffe peu après qu'el- les font forties de la terre. Ces eaux imprégnées d'un acide minéral entraî- nent avec elles , jufqu'à leur fource,les foufres cruds des métaux imparfaits , far lefquels elles paffent. Ce foufre & cet acide agiffent & réagiflent l'un fur l'autre : mais lorfqu'ils font bien mé- langés , il fe forme un dépôt d'un iédi- ment femblable à de l'ocre ; la fermen- tation ceffe , & les eaux ceffent auffi d'avoir les propriétés qu'elles avoient auparavant. 209. &fuiv. Selon cette hipothéfe de Tachenius , il feroit inutile de tranfporter les eaux minérales , puifqu'elles n'auroient de vertu qu'à leur fource : ce qui n'eft pas exactement vrai à l'égard de toutes les eaux minérales. 209. Celles de Scarbrough perdent une partie de A L P H A B de leurs qualités dans le tranfport , n'opèrent aucune guérifon à quelque diftance de leur fource , quoique leur quantité n'ait pas été diminuée ; cepen- dant elles conlervcnr, même étant tce- tides, leur vertu purgative, num 60. 270. 6* fuiv. Ces eaux contiennent du vitriol dans un état de volatilité. On en retire par la diftillation ou l'évaporation de l'alun, de l'ocre & un fel nitreux , car il fe criftallifeen longues aiguilles. 271.6- fuiv. Elles dépofent comme les autres eaux imprégnées de quelques minéraux un fédiment qui ne s'apperçoit point dans les eaux feulement imprégnées de la vapeur de ces minéraux. 27. L'Obfervateur prétend que les eaux de Scarborough contiennent encore des parties ferrugineufes diftinfles des par- ties vitrioliques. 27 5- Réponfe aux objections qui lui ont été faites. 270. 6- fuiv. ' Réflexions fur les eaux minérales num. 56. 229. (f fuiv. On y verra que les eauxalumineufesne font pas teintes par la noix de galle. 219. Que le vitriol eft le fel du fer , & qu'il ne fauroit être fer fans le vitriol. 229. &fuiv. Que les eaux minérales empruntent leur vertu des minéraux encore imparfaits. Elles n'en reçoivent point des métaux parfaits, puifqu'elles ne peuvent les dif- foudre. 2.30. Procède de l'Auteur pour découvrir la proportion de vitriol que contiennent les eaux ferrugineufes , telles que cel- les de Faiington. 13I- Les eaux à railon de leurs couloirs , de la différente température qu'elles ren- contrent,des rrottcmens qu'elles éprou- vent , des changemens dans la contex- ture de leurs parties peuvent acquérir un fel particulier , & devenir m'méra- Toiru I. II. Partit É T I Q U E. jr5l les. On compare ce méchanifme à ce- lui de la fève , qui au moyen des diffé- rens coulons & des viciflitudes du chaud & du froid, &c. devient feuil- le , écorce , bois , femence , noyau , fruit d'un goût extrêmement varié. 231. bfuiv. Selon la même idée , comme elles tien- nent leur vertu d'une certaine propor- tion , elles doivent perdre cette vertu , foit qu'elles dépofent un lèdiment ou non par le feul changement de combi- naifon , & par une différente contex- ture dans les parties aqueutes. num. 57. 24 i.& fuiv. Eaux acidulés. On en compte 3 2 four- ces à Tranchin en Hongrie, num. 59. 266. Source d'eau blanche qui donne la mort à ceux qui en boivent. Elle eft fur le fommet du mont Oiimpe. ibid. Eeau commune prife pour toute nourri- ture pendant 24 jours. Quatre hom- mes forcés de relier dans une mine qui avoit été inondée , fe foutinrent par ce moyen, num. 158. 5°7- Eau-de-vie. Comment il la faut boire pour en reflentir des effets falutaires. C'eft un avis pour les Marins, num. 36. 134- Ecorce ( 1' ) d'un arbre enlevée par mor- ceaux , appliquée enfuite exactement fur l'arbre, s'y réunit, pourvu qu'on tafle cette opération dans le tems que la fève eft la plus abondante, num. 2 5. 85. Ecorce d'un arbre de la nouvelle Ecof- fe parfemée de petits nœuds qui con- tiennent une liqueur vulnéraire fembla- ble à la térébenthine, num. 5-. 240. Efflorescence verte ( 1' ) qui paroit en Eté fur un lac à deux lieues de Delft , examinée avec le microfcope , fourmille de petits animaux de diffé- rente forme &c de différente couleur. 11 en eft de même de toutes les efïïoref- cences des autres Lacs & des Etangs. B bbb .-:■.■ Peut être le mal ne fut-il que pallié. De deux femmes attaquées d'épilepfie dans les veines defquelles on injefla une rèfme laxative mêlée dans un ef- prit antiépileptique, l'une guérit, l'au- tre mourut. On ajoute que ce fut par fa faute. 106. Ces trois perfonnes après l'injection furent tourmentées par de fréquens vomifTemens. ibid. Injeétion de difTérens remèdes dans les veines, num. 39. 151. De deux perfonnes infeftées de mal vé- nérien , & qui reçurent des remèdes immédiatement par les veines , l'une fut guérie , l'autre mourut. ibid. Trois autres perfonnes , dont l'une fu- jette à la goutte , la féconde à des at - taques d'apoplexie, & la troifiéme ré- duite à l'extrémité par les fuites du plica furent guéries par l'inje&ion d'un dépuratif du fang. ibid. Insectes ( finguliers effain d' ) qui for- tent de la terre fous la forme de vers fe changent en mouches munies d'une efpéce de queue ou d'aiguillon qu'el- les enfoncent dans les arbres, & qu'el- les détruifent dans un efpace de zoo. milles, num. 8. 21. Infeftes qui logent dans des vieux faules: ils font enveloppés de feuilles vertes de rofier; & dans cet état , ils ont un pouce de longueur , & font placés l'un après l'autre dans des trous faits dans le bois , & propres à les recevoir, num. 65. 289. Ces infeftes d'abord fous la forme d'un ver blanc fe changent enfuite en abeil- les plus grofles & plus courtes que les abeilles ordinaires. 190. & fuiv. Tant qu'elles font fous la forme de ver, elles fe nourritent d'une pâte d'un goût acide qu'elles trouvent dans leur enveloppe faite de feuilles de ro- fier , Si de la figure d'un cartouche, Cccc 170 T A B Voy. planch. VIII. fig. z. 3. 4. 5 & 6. 291. Du !â matière corrompue des cellules où ces infectes font morts , s'engen- drent d'autres infectes àfix pieds. Ceux- ci , produifent des hannetons & des vers , & ces derniers engendrent des mouches Si des mittes. ibid. Ceci auroitbefoin d'être confirmé. Infectes qui fentent le mufc. On en compte deux qui ont cette odeur. L'un reflemble à l'efcarbot , l'autre eft une efpéce de petite abeille, num. 73- ; 339- A ceux-ci on en ajoute un troifiéme. C'eft un ver qui fe nourrit fur le cail- le lait jaune, num. 76. 350. Ces infectes gardés perdent leur odeur en peu de femaines. ibid. On range encore dans la ciafTe des in- fectes mufqués , une très-petite efpéce de fourmis noires qui fentent fi fort le mufc étant écrafées, que leur odeur en eft infupportabie. num. 76. 355. K. KErmes ( animal le ) eft une excref- cence Ou coque grofle comme une baie de genièvre qui vient fur le bois & les feuilles d'un arbriffeau du Lan- guedoc, num. 20. 73. L'arbriffeau eft Yllex accnleata cocci glan- difirj. L'exCrefcence eft produite par la piquûre d'un infecte qui s'y renferme. Le Kermès fert pour la Médecine & pour la teinture. Si on le deftine pour la teinture , il faut farrofeAde vinai- gre , & le faire fécher. Sans cette pré- caution , l'infecte métamorphofé en mouche, s'envole & emporte la tein- ture, ibid. Coques d'iul infecta de la famille des Kermès qui fe trouvent fur des pru- niers ; des farmensde vignes, des ce- rifiers & des lauriers cerifes. Ces co- ques rondes , groffes comme un pois, L E & de couleur de marron , font au-def- fous des branches , & ainfi à l'abri de la pluie & du foleil. num. 71. 325. Elles contiennent plufieurs petits vers , qui paroiffent être du genre des abeil- les ou des guêpes. Si après avoir net- toie ces coques ( car elles contiennent encore la provifion des vers & leurs excrémens ) on les frotte fur du pa- pier blanc , elles le teignent d'une bel- le couleur de pourpre. 325. &fuiv. On place encore parmi les Ker- mès anglois une petite abeille de la moitié moins grofle qu'une fourmi. Defcription de cette abeille , fa no- menclature, num. 73. 338. La belle couleur qui enduit l'intérieur des coques de ce Kermès , fe diffipe pour la plus grande partie , fi on n'a pas foin de les cueillir , lorfque l'abeil- le eft encore fous la forme de ver. ibid. Les coques les plus noires font les plus riches en couleur. ibid. L'Auteur prétend qu'elles font l'ouvra- ge de la mère abeille , qu'elles font contigues aux arbres fans en être des excrefcences. 3 3 9- Ce fentiment eft le plus probable , car comment pourroit-on transporter la cochenille , efpéce de Kermès , fur d'autres arbres , comme cela fe pra- tique dans les Indes , fi c etoit une ex- crefcence. Les coques de Kermès changent de cou- leur , & de jaunes deviennent d'un brun foncé, num. 87. 3 73 - Elles font remplies non d'excrémens & de pulpe , comme on l'avoit dit , mais de mittes qui fervent de nourriture aux vers des abeilles. -ibid. Vraifemblablement les différentes efpé- ces de mittes produifent les différentes efpéces de Kermès. 'bid. Les coques de Kermès ramaffées de bon- ne heure & féchées , reffemblent à la cochenille; ce qui tait conjecturer que ALPHAB la cochenille eft une eipéce de Ker- mès. 364. La conjecture n'eft pas fans fondement. L'Auteur prétend que la poudre écarla- te dont il eft parlé N°. 20. & qu'on retire des coques en les tamifant , eft un compote de mitres qu'il faut diftin- guer du ver qui fe change en mouche. ibid. L. LAc extraordinairedans la Carniole, dont les eaux le perdent au mois de Juin par plufieurs grands trous, & re- viennent au mois de Septembre par ces mêmes trous, num. 54. 223. Le fond du lac ou l'on compte fept val- lées , produit une quantité de foin qui y croît fort vite , lorfque les eaux fe font retirées ; d: alors il y vient des forêts voifmes un grand nombre de Lièvres , de Daims & de Sangliers. 223. & fuiv. Lac près de Dantzic qui fe couvre en Eté d'une efflorefeence verte. Il faut que cette efflorefeence communique une très-mauvaife qualité à l'eau ,car tous les animaux qui en boivent meu- rent ; cependant il eft rempli de très- bon poillbn. num. 83. 3 57. 6- fuiv. Laine (la) fur les plaies eft pernicieufe. Ses mauvais effets font attribués à fort reffort. num. 57. 244. C'étoit anciennement l'ufage dans les maladies dangereufes d'ôter tout le lin- ge aux malades , Se de les laifter enve- loppés dans des couvertures de laine. 243. O fuiv. Lait tiré delà veine d'un homme au lieu de fang. num. 6. 1 4. Le lait examiné avec le microfeope , paroir compofé de globules tranfparens qui nagent dans une liqueur tranfpa- rente. num. 102. 3 94- Langue ( les papilles nerveufes de la) font l'organe immédiat du goût. Les cavités de fa racine font comme autant É T 1 Q U E, p( d'entonnoirs , qu'on dit trin/mettre dans les nerfs les parties les plus iub tiles des alimens. C'eft ainfi qu'on ex- plique pourquoi le vin pris feulement dans la bouche ranime fur le champ les forces, num. 27. <, •. Leucophlegmatie caufée par la fup- preflïon de la tranfpirarion. C'eft la caufe la plus ordinaire de cette mala- die, num. 8. ii. Limaçons dont les volutes font tour- nées de droit à gauche. Ceci n'a lieu que dans deux efpéces ; car les volutes des limaçons ordinaires font tournées de gauche à droit, num. 50. 195. Defcription de la coquille de ces deux efpéces de limaçon. 195. 6- fuiv. On les croit hermaphrodites. 106. Qualité prétendue qui les faifoit fi fort eftimer des Romains. '97- Ils font peu propres à produire l'effet qu'ils en attendoient. Liqueurs injeétées dans les veines de plufieurs chiens, num. 27. 91. L'eau forte mêlée avec feau commune coagula le fang , le chien mourut fur le champ , & fes gros vaiffeaux fe trouvèrent crevés. L'efprit de vitriol fit de même mourir un autre chien , mais non pas fi promptement. L'huile de foufrequoiqu'inje&ée plufieurs fois ne fit qu'exciter l'appétit de l'animal. L'huile de tartre donna de la fluidité au fang , cependant le chien en mourut. Ainfi la trop grande fluidité du fang peut caufer la mort aufil bien que fa coagulation. 91.6 fuiv. Liquides ( la plupart des ) vus au mi- crofeope font un affemblagede globules çompofés de fix autres globules (im- pies. C'eft ce qu'on peut obferver dans la bière, le vin, la lie de vin , le fang, l'eau de pluie. Dans les firops les glo- bules ne font formés que de trois ou quatre autres , &: non pas de fix. Colleft. Phil. num. 3. J40. & fuiv. Ces globules fe décompofent quelque- C c c c 2 572 TA fois , & de fextuples deviennent (im- pies. Cette décomposition fe remarque dans l'urine qui eft remplie de globu- les ; dont la groffeur équivaut à la fi. xiéme partie d'un globule rouge du fang. 54 t. Les globules du chile & du lait ne font auffi que la fixiéme partie d'un globu- le fanguin. Telles font quelques par- ties de cette matière qui fe répand dans une chambre où l'on a brûlé une chandelle , & qui examinée avec le microfcope paroit couvrir de noir les ameublemens. . ibid. Les globules de fang pouffes par le cœur font trop gros pour paffer de l'extrémi- té des artères dans le commencement des veines : auffi fe décompofent-ils dans le paffage, & de fextuples devien- nent fimples. Mais arrivés dans les veines , ils fe réunifient , & forment des globules compofés de fix autres comme auparavant ; fi ce méchanifme avoit toujours lieu , nous ne verrions point de maladies inflammatoires. 542. M. MAchine imaginée pour foufHer le feu dans les mines de Tivoli par le moyen de l'eau fans mouvoir des foufflets.En divifant l'eau , & la rédui- fant en très-petites gouttes , on donne à l'air qui y eft contenu la liberté de s'é- chapper , en dirigeant fa route du côté du feu. On voit une pareille machine dans le Languedoc. Examinez fa fig. planch. num. 1. 6. Mammelles devenues extraordinaire- ment groffes dans l'efpace d'une nuit. La droite avoit deux pieds fept pou- ces de circonférence , & la gauche a- voit trois pieds un pouce, num. 52. 206. &Jhiv. Cet accident futfuivi d'un crachement de fang , & de plufieurs ulcères cuta- nés fur la poitrine, & aux parties na- turelles. 207. &fuiv. BLE La mammelle gauche amputée après la mort de la malade pefe 64 livres, num. 53. 216. On avoit tenté de diminuer cette grof- feur des mammelles par la falivation , quoiqu'il n'y eut aucun foupçon de maladie vénérienne. 2 1 7. Manich eel ( le ) arbre de la Jamaïque , produit des pommes les plus belles qu'il foit poffible de voir ,• mais elles donnent la mort à tous ceux qui en mangent , d'où leur eft venu le nom de pomme d'Eve. Le bois du Ma- nichéel encore verd emporte la peau , lorfqu'on le touche , & la pluie qui dégoutte de fes feuilles produit le mê- me effet, num. 41. 170.' Manne ( la ) examinée avec le microf- cope paroit un compofé de longs tuyaux fimples ; auffi agit-elle foible- ment fur les inteftins. Sa douceur fa- de lui vient de la flexibilité & de la foibleffe de ces tuyaux, num. 117. 420. Marsouin (le) qu'on regarde comme le Phocœna des anciens eft une petite efpécede dauphin reffemblant au co- chon par fa graille , & la force de fon groin ; quant au refte la forme de fort corps diffère peu de celle du Thon, num. y 6. 345. ùfuiv, La queue du Marfouin eft fourchue en manière de croiffant ; & au lieu d'être perpendiculaire à l'horifon comme cel- le des autres poiffons , elle lui eft pa- rallèle. Ce qui fait que d'un coup de queue , il monte à la furface de l'eau pour prendre fa refpiration , qui lui eft auffi néceffaire qu'aux animaux ter- reftres. 345. Le pannicule adipeux qui enveloppe tout fon corps eft de l'épaiffeur d'un pouce, il garantit du froid de l'eau le fang du poiffon qu'on ne croit pas moins chaud que celui des quadrupèdes. ^4^.6-fuiv. Description anatomique du Marfouin. 346. & juiv> A L P H A B M atrices (deux)dans une femme. L'une avoit fervi à la conception de onze enfans ; un douzième fut conçu dans l'autre : & comme elle étoit peu fuf- ceptible de dilatation , elle fe rompit ; ce qui caufa la mort à la mère & à l'en- fant, num. 48. 190. Peut-être cette féconde matrice étoit- elle un prolongement de la véritable. Peut être que c'étoit la trompe de fal- lope. ibïi. Mer ( la) eft très-lumineufe à Deal. L'eau qui s'échappe fous les rames paroitétre un feu liquide, num. 27. 96. Sa couleur varie en différens endroits. ibid. & num. 56. 134. Obfervation fur la brife de mer à la Ja- maïque, num. 36. 146. Mercure ( les mines de ) dans le Frioul qu'on appelle aufli les mines d'Idriadu nom de la ville qui en eft la plus voi- fine font profondes au moins de 615 pieds d'Angleterre, num. 2. 3. Le minéral qu'on en tire avec des houes eft dur comme la pierre , mais plus pe- fant & de la couleur du foie d'anti- moine. 4- Pour en féparer le mercure on fait pal- fer le minéral par douze cribles dont les mailles diminuent proportionnelle- ment. Cette méthode fournit plus de mercure que le lavage. Voy. planch. i.fig. 1. _ 5- Le mercure vierge plus eflimé que l'au- tre, eft celui qu'on retire fans îeu.ibid. Mêlé avec l'or il a la propriété de le volatifer. ibid. Ce fait n'eft point garanti. Tous les ouviers qui travaillent aux mi- nes d'Idria deviennent paralitiques. Leurs dents ne fontpas noires,d'où l'Au- teur conclut que le mercure pourroit bien n'être pas fi contraire aux dents qu'on le penfe. Un ouvrier paralitique qui depuis plus de fix mois n'avoit travaillé ,blanchif- foit le cuivre qu'il touchoit , tant il é- É T I Q U E. ,73 toit rempli de mercure. ibid. Produit des mines d'Idria. 5 & Juiv. Meuriers ( les ) plantés en haye dans la Virginie, num. 12. 37. Cette façon de planter les Meuriers , procure le double avantage de cueillir aifément les feuilles , & d'avoir des rejettons très-tendres. 38. La meilleure méthode feroit peut-être de femer quelques arpens de graines de Meuriers , 6c de les couper avec la faux pour les tenir toujours bas. ibid. Miel d'une mauvaife qualité occafionne des endures qui font diflipées par des fudoririques. num. 28. 102. Effets d'une antipathie pour le miel. num. 29. 103. Mines ( queftions fur les ) communi- quées à plufieurs Etrangers pour eu recevoir des éclairciffemens. num. 19. 57- Ces queftions concernent la nature du pays qui eft au tour des mines , la na- ture du fol où eft la mine , la nature de lamine , fa réduction en méraJ , les fignes de la mine , fa ftructure & les autres particularités qui la concernent. 58. O fuiv. L'air renfermé dans l'eau dormante qui fe trouve au fond des mines profon- des fort avec explofion de cette eau , lorfqu'elle commence à couler , & ce n'eft pas fans danger pour les Mineurs, num. 26. S9. Ils ne manquent jamais d'air quand ils trouvent de l'eau; s'ils manquent û'eau, ils nefauroient refpirer , ni faire brû- ler leurs chandelles. ibid. Réponfe aux queftions fur les mines par des obfervations faites aux mines de Mendip dans le Comte de Somerfer. num. 28. 10 1, Le terrein qui les environne eft fterile. Les habitans y vivent auffi long-tems qu'ailleurs , à la réferve de ceux qui travaillent à la fonte de la mine de plomb. La fumée de ce métal empoi- 574 TABLE tonne les herbes , & fait mourir les troupeaux, ibid. & num. 39. 154. Mendip eft très - fujet aux météores ignés, num. 28. 102. Les arbres n'y viennent point à la grof- feur & à la hauteur ordinaire. Leur écorce & leurs feuilles font décolo- rées. i°i- On lit dans un autre endroit , qu'une veine minérale ne change pas la cime d'un arbre,quoiqu'elle traverfe fes raci- nes, num. 39. 151- Une herbe jaune , une terre graffe fria- ble de différente couleur annonce une mine. Les pierres au contraire font d'un mauvais préfage. 151. Puits des mines , leur dimenfion , façon de les étayer. Le merrain qui fert à cet effet dure très-long-tems. ibid. Les Mineurs fe procurent de l'air par de longs tuyaux qui le conduifent juf- qu a une certaine profondeur , ils pra- tiquent auffi des foupiraux. 153. Lamine ne contient jamais de métal par- fait,elle eft mêlée avec différentes ma- tières. La plus pelante eft la meilleure. : 5 3 . & fuiv. Sa préparation. Sa fufion. num. 28. 10 2. & num. 39. 1 54- Le métal qui coule le premier eft le meil- leur, num. 39. I54- Obfervations fur les mines du Mexique, pays abondant en métaux parfaits , im- parfaits & mixtes, num. 41. 164. Caverne dorée à quelques lieues du Mexique. Les feuilles métalliques qui la revêtent , dorent les mains pourpeu qu'on les en frotte. 165. Tentatives des Indiens inutiles foit pour réduire ce minéral en maffe par la vio- lence du feu , foit pour le fepare'r de fes parties hétérogènes par le moyen du mercure. Md. La pierre de touche ne le fait pas diftin- guer de l'or le plus pur. ibid. 11 abonde en une ondtuofité fulfureufe que le mercure même aiguifé avec le ciput monuum du vitriol & du nitrene fauroit détruire. 166. S'il eft diffous par le moyen de l'eau régale , on trouve après la décanta- tion de l'eau une boue jaune, qui cé- mentée avec du foufre ordinaire lui rend plus d'on&uofité qu'il n'en avoir. ibid. Une odeur forte & défagréable eft re- gardée au Mexique comme le meilleur figne d'une mine riche, num. 41. 168. Les vapeurs & les exhalaifons des mi- nes de Hongrie font affez fortes pour éteindre une lampe. Plufieurs perfon- nes en ont été fuffoquées. num. 48. 187. Elles ne font pas toujours également dangereufes. Pour diminuer leurs mauvaifes qualités on fe fert de longs boyaux qui condui- fent l'air au-dehors. ibid. & fuiv. Un homme eft diffous dans ces mi- nes par une eau vitriolique, qui épar- gne une partie de fes habits. 1S8. La mine de mercure d'Idriadansle Frioul eft très -riche ; car ordinairement elle donne la moitié de fon poids de mer- cure , & quelquefois fur trois parties de mine ,on en retire deux de mercu- re, num. 54. 221. Le mercure vierge eft de deux fortes, celui qu'on trouve coulant & fans mé- lange , & celui qu'on retire par le la- vage fans être obligé de recourir au feu. ibid. 800. retortes & autant de récipiens font continuellement employés à fepa- rer le mercure. ibid. Voyez Mercure. Queftions &inftrufl ions fur les mines, les minéraux de Hongrie,Tranfilvanie, Autriche , & pays circonvoifins avec leurs réponfes. num. 58. 252. & fuiv. Les mines de Tranfilvanie fourniffent de deux efpéces defel en pierre, num. 58. 253. S'il eft brifé à coups de marteau , il fe A L P H A B divife en tables ou parallelipipédes. ibid. A une demie lieue d'Epéries eft une mine de 180 brafles de profondeur , d'où l'on tire des morceaux de fel qui pèlent jufqu'à dix milliers, num. 58. Mf La couleur en eft grife quand il eft en pierre .mais il devient blanc lorfqu'il eft pile. On en voit aufll des morceaux d'une couleur bleue & jaune. ibid. Ses parties ne font pas de la même figu- re. Celles-ci font pointues , celles-l.i font branchues,d'autres paroifient com- pofées de quarrés. ibid. Voyez Sel. La Hongrie poflede fept mines principales d'or & d'argent peu diftantes les unes des autres. Celle de Chremnits eft la plus riche en or. num. 58. 254. bfuiv. Elle contient encore du vitriol , blanc , rouge, bleu, verd, une fubftance qu'on appelle antimoine d'or & des crif- taux.dont quelques-uns font teints en jaune. 255. On a trouvé quelques morceaux d'or pur dans cette mine , mais ils font rares. ibid. Procédé pour tirer Torde la mine. z Une feule noix mufcade des Indes Orien- tales de l'efpéce appellée Thuving, fuffit pour gâter une chambre pleine de bon nés noix mufcades. num. 43. i76. O. Observations faites fur difFérens fujets dans un voyage d'Angleter- re aux Ifles caribes. num. 27. 94. Suite de ces obfervations. num. 3 6 & 37. 133 & 146. Obfervations anatomiques fur le canal de Virfungus , fur un foie divifé en cinq lobes , fur une rate d'une grof- feur extraordinaire , de la figure d'une fcie , & fur des veines laâées très- apparentes. nlim. 58. ajt Œil (les différentes parties de 1') exa- minées avec le microfcope. num. 107. 403. & fuïv. On voit quelques globules dans l'hu- meur aqueufe , & un plus grand nom- bre dans l'humeur vitrée. Le criftallin eft formé d'écaillés orbiculaires cou- chées les unes fur les autres ; & cel- les-ci font formées par des globules criffallins. Md. Ongles (les ) vus au microfcope pa- roiflent compofés de globules. Tout eft prefque globuleux avec le microf- cope de Leewenhoeck. num. ioi. 394- Opales. Manière de les contrefaire. Les vraies opales font une efpéce de pierre précieufe qui réfléchit plufieurs cou- leurs. Les contrefaites tiennent ces couleurs du degré de chaleur auquel on les expofe à la bouche du fourneau, num. 38. 150. Opium (V ) profcrit aux Barbades. On lui fubftitue le Laudanum de Londres, que l'Auteur met fort au-deflbus d'un Laudanum fimple compofé d'Opium torréfié extrait avec le vinaigre diftillé, Il vante beaucoup ce dernier remède pour la colique, & le donne à plus for- te dofe que le Laudanum ordinaire , ce qui n'eft pas furprenant , puifque l'opium torréfié eft dépouillé d'un de fes principaux agents , fa partie réfi- neufe j & quand même il ne feroitpas torréfié , on le pourroit donner à la même dofe ; car le vinaigre diftillé , dont on fe fert pour faire l'extrait , ne fe chargeront pas de la partie refineufe. Orangers dans un bois près de Florence, portent en même tems des Oranges', des citrons & des fruits qui participent des deux efpéces. Ces productions font attribuées à une certaine combinaifon de la greffe avec le Sion. num. 114. 41 $.&fuiv. Il faut qu'il y ait auffi une combinaifon A L P H A B dans les femences , car nous verrions plus fouvent des fruits mipartis, fi leur production dépendoit uniquement de la combinaifon de la greffe avec le Sion. Os ( les) examinés avec le microfcope paroiffent compofés de très-petits tuyaux , qui joints enfemble en com- pofent un plus gros. num. 140. 486. Os frontal prodigieux. On le voit à Ley- de:mefuré depuis (on articulation avec les os du nez jufqu'à la future fagit- tale.il a 9-^ pouces.Tranfverfalement, 12 | pouces fur fixlignes depaiffeur. De forte que toutes les dimenlïons font une fois plus grandes qu'à l'or- dinaire. Cet os étoit celui d'un homme qui devoit avoir 1 1 ou 1 2 pieds de hauteur fi tout étoit proportionné, num. 160. 508. Osteocolle ( 1' ) croit dans ies terreins fabloneux. Elle a un tronc, d'où partent des branches, qui s'enfoncent dans la terre jufqu'à dix pieds de profondeur. num. 39. i55. Un fable gras , une matière femblable à du bois pourri , font les fignes qui dénotent les endroits ou eft l'Ofteo- colle. ib'id. Elle eft molle dans le fein de la terre : expofée au foleil elle fe durcit dans l'elpace d'une demie-heure , pourvu qu'elle foit parvenue à la maturité. Uni. Ovaire d'une femme nouvellement ac- couchée , remarquable par deux tu- meurs ou des œufs contre nature d'u- ne groffeur confidérable , qui en com- primant la matrice, avoient rendu l'ac- couchement très-laborieux. Colleft. Phil. num. 2. 539. Cet ovaire étoit le gauche : dans chacu- ne def tumeurs qui lui étoit adhéren- tes , on trouva de la graiffe , un os & une touffe de cheveux. L'os de l'une de ces tumeurs étoit plus gros que le plus gros du conduit auditif. ïb'id. Il eft affez difficile de deviner ce que É T I Q U E. 579 veut dire l'Obfcrvareur ,' car le con- duit auditif n'eft pas compolé de plu- fieucs os , mais d'un feul qui eft l'os temporal. Voudrait- il parler de l'en- clume qui eft le plus gros os de la caif- fedu timpan? mais il appartient à cette caiffe , & non pas au conduit auditif. Ouragan à la Jamaïque qui brife les mats des vaiffeaux. num. 36. 138. 6- fuiv. Deux Ouragans fe font fentir en moins d'un an dans le Comté de Northamp- ton. L'un brife un chariot avec fes roues, jette le moyeu fur une murail- le , caffe une branche de frêne que deux hommes avoient peine à lever , la jette pardeffus une maifon quoi- qu'elle en fut diftante de cent bralles ,' enlève une cabane de deffus fes fup- ports , & la pofe à terre fans l'endom- mager, num. 71. 3 23. L'autre moins furieux pafla fans faire beaucoup de dommage pardeffus la ville de Brag-Brook, où deux tremble- mens de terre fe firent fentir dans l'ef- pace de dix ans , & toujours lorfque le vent étoit dans la direction des deux Ouragans. 314. PAlma ( Chrifti lejqu'on appelle aufli Ricin , eft une plante dont on tire beaucoup d'huile dans les Indes occi- dentales. Cette huile qui fert pour les lampes , n'ert d'aucun ufage en Méde- cine : elle eft fans acrimonie, tandis que l'huile tirée du Ricin d'Europe eft un \ uilent purgatif. Les feuilles du Palma Chrifti appliquées fur le front , foula- gent le mal a la tète. num. 36. 138. Palmier des Bermudes qui porte des feuilles de 8 ou dix pieds de long , &: prefque de la même largeur. Elles fer- vent à couvrir les mailons. num. 40. 158. Parinchime (le ) étoit, félon les an- D d d d 2 58o T A B ciens ï une fubftartcë dépourvue de vaifleaux , mais qui fervoit à les fou- tenir & remplir les cavités , & les in- terftices qui fe trouvent entre ces vaif- feaux. L'Obfervateur rejette ce fenti- ment : & fait voir , ou qu'il n'exifte point de telles parties parenchimati- ques, ou que le Parenchime eft lui- mêmeun tiffu de vaifleaux entrelafles. On peut s'en convaincre par l'infpec- tion , fans avoir befoin de recourir au microfcope. num. 18. 52. &fiiv. Preuves tirées des mufcles pour établir ce fentiment. 53. Obfervations qui tendent à le confirmer. 5 4. & fuiv. Perles de Norvège. Leur origine eft at- tribuée à des œufs d'huitre adhérens à côté delà matrice. Cette adhérence les empêchant de fortir avec les autres œufs , ils font nourris dans l'écaillé , où ils forment des perles de différente groffeur. num. 101. 393. Si l'Auteur ou celui qui l'a induit en er- reur, eut ouvert beaucoup d'huitres , il auroit trouvé beaucoup plus de perles adhérentes à la nacre , qu'au poiflbn. D'ailleurs le petit nombre de perles qu'on trouve dans le corps de l'huitre, n'eft pas plus adhérent à la matrice , qu'aux autres parties. Elles ne viennent donc pas des œufs de ce. poiffon. Voy. les Mémoires de l'Acad. Roy. des Scien. ann. 1 717. & les aftes de Leipfic. 1686. Il y a apparence que les perles rraiflént de l'extravafion du fuc deftiné à former l'écaillé de l'huitre. Ce fuc extravafé par gouttes au-dedansde Té- caille fe durcit , & voilà des perles rondes ou baroques , félon que les gouttes de fuc font plus ou moins fphé- riques. Peste ( la ) eft un poifon très-fubtil dont l'Auteur tente de découvrir la nature par l'analife chimique. Pour cet effet , il met dans une retorte la matière vi- rulente d'un bubon peftilentiel , dont L E il retire un fel très-âcre & très-fœtï- de , caufe félon lui des vomiffemens ,' des diarrhées & de cette chaleur brû- lante que reflentent les peftiférés. Il regarde les fudorifiques qui pouffent au-dehors ce fel acre comme les meil- leurs remèdes contre lapefte. Collett. Academ. num. t. 524. Mais la puanteur & l'acrimonie de ce fel ne feroit-elle pas en partie l'ouvra- ge du feu. Pétrification d'un enfant vu à Paris, Il fervoit au Propriétaire de pierre à aiguifer. num. 18. 56. Pétrification d'un Orme revêtu comme un de fes rejettons d'une croûte pier- reufe fous fon écorce. On voyoit dans le rejetton qui avoit été coupé à en- viron 1 { pied au-deffus de la terre les marques de la hache recouvertes par cette croûte, num. 19. 57. Pierre qui fe trouve dans la tète d'un Serpent des Indes. Si on l'applique (ur la morfure d'un animal venimeux , elle s'y attache & en tire tout le poifon. Lavée enfuite dans du lait elle dépofe fon poifon , & le lait devient d'une cou- leur bleue. Si elle s'attache une fecon- fois à la plaie , c'eft une marque qu'el- le n'a pas tiré tout le venin la première fois : fi au contraire elle ne s'y attache pas, il ne refte plus de venin, num. 6. I 5 . (sfuiv. On la croit la même que celle dont par- le The venot dans l'hiftoire de fes voya- ges, ibld. Pierre tirée par incifion de la matrice d'une femme qui l'avoit portée 8 à 9 ans. Elle pefoit un peu moins de qua- tre onces, & félon toute apparence elle avoit perdu de fon poids primitif; car elle étoit légère pour fon volume. Elle étoit d'une figure un peu ovale , plus petite qu'un œuf de poule à l'une de fes extrémités, & à l'autre plus groffe qu'un œuf d'Oye. num. 18. 56. Pierre de Suéde qui contient du foufre , ALPHABÉ du vitriol de l'alun & du minium. Elle eft de couleur jaune rayée de blanc. Le foufre en eft féparé par la fufion. Ce qui refte de la pierre expolé à l'air pen- dant deux ans donne une poudre bleue dont on retire le vitriol par criftallifa- tion , & enfuire l'alun en ajoutant feu- lement un huitième d'urine & de lie de cendres de bois. Le réfidu mis au four forme le minium, num. il. 74.. Quatre-vingt-feize petites pierres tirées de la veflie d'une tille dans une feule opération. Après la mort de cette fille on en tira encore une pierre auflî groffe que la tète d'un enfant nouveau né. num. 26. 90. Pierres qui fe trouvent dans l'eftomac des crocodiles , & au-deflbus des yeux des goulus de mer. Les pierres des re- quins font une elpéce de chaux fria- ble, num. 36. 136. Pierres en Hongrie qui ont des emprein- tes d'arbres & de feuilles, num. 59. 165. Pierres trouvées dans les reins. Le gau- che en étoit entièrement rempli & le droit étoit totalement pétrifié , de forte qu'on n'y vit pas la plus petite parcel- le de chair, num. 71. 324. 6"Juiv. Pierre du poids de 4 \ onces attachée par fes deux extrémités aux vertèbres d'un cheval , elle étoit fi polie & fi brillante qu'elle réflechifîbit les rayons de lu- mière comme une glace, num. S 4. ÎS8. Pierres au nombre d'environ îoo. dans la veffie d'un bœuf. Elles étoient ex- térieurement d'une belle couleur d'or, qu'elles ne perdoient pas dans l'efprit de vitriol ; quoique ce menftruë eut beaucoup diminué leur volume, num. IOI . yÇ)2.- Quatre pierres très-confiderables ren- dues par la voie des urines. L'une de ces quatres avoit 5 pouces d'une face & 4 de l'autre. Cependant ce n'étoit pas la plus groffe. num. 134. 46 a. TIQUE. j8i Autre pierre trouvée dans la veflie & pefant 32. onces. itiJ. Pierre formée autour d'une aiguille de fer tirée avec l'aiguille de la veflie. num. 168. 5 1 8. Pierre pefant deux livres trois onces fix gros auili tirée de la veflie. num. 171. Mi. Pierres trouvées dans la véficule du fiel , dans les conduits hépatique S; eiftique & le canal cholédoque. Elles étoient légères & favoneufes , & rempliffoient entièrement la véficule du fiel , le con- duit eiftique & le canal cholédoque : aufli la perfonne qui donne lieu à cet article, étoit fujette à la jauniffe. Néan- moins elle ne l'eut pas dans fa dernière maladie ; quoique l'écoulement de la bile dans les inteftins fut empêché par les pierres, num. 142. 488. O/uiv. Leur nombre eft prodigieux dans une jeune femme dont les régies avoient été fupprimées. Elles fe formoient non- feulement dans les reins & la veflie , mais félon toute apparence dans l'e- ftomac , les inteftins & les glandes du méfentére. Car , lorfque cette femme faifoitdes efforts pour vomir, ou qu'on lui touchoit le ventre,le choc des pier- res fe faifoit entendre. Colleft. Philof. num. 3. 526. (y fuivjnt. La maladie de cette femme commença par des veflies érifipelateules qui pa- roiffoient tantôt dans un endroit , tan- tôt dans un autre. A la fuppreflion des veflies érifipe'.ateufes fuccéda une co- lique néphrétique dans laquelle la ma- lade rendoit les lavemens par la bou- che avec une grande quantité de pier- res & de gravier. 5 17. Ce vomiffemenr de pierres & de graviei continua quelques jours , la malade ne pouvoit riea avaler , que le vomiffe- ment ne furvint ; de forte qu'elle s'ab- ftint quatre mois de boire & de man- ger. Pendant ce tems elle ne rendit tous les trois jours qu'une très-petite quaa- ç8i TAB tité d'urine muqueufe & verdâtre ; en- core falloit-il recourir à la fonde , qu'on avoit peine à retirer de la veffie, com- me fi elle eut été enfoncée dans de la glu. 528. & fuïv. Enfin par le moyen des bains , des eaux acidulés , des eaux de fontaines im- prégnées de nitre , ou de fel policrefte & de quelques autres remèdes , on par- vint à lui faire rendre par la voie des urines le fable & le gravier qu'elle re- jettoit auparavant par le votniffement. Il paroît néanmoins par les fimptomes & les accidens décrits par l'Obferva- teur , qu'il s'en falloit de beaucoup , que cette maladie fi finguliére ne fut terminée. jzq.&fuiv. Une femme d'Avalon dans le Duché de Bourgogne eft attaquée d'une maladie qui a beaucoup de rapport avec celle- ci : car on fent le gravier rouler dans fes veines. Pierre pefant quatre livres trouvée dans le corps d'un cheval. Elle étoit près des reins adhérente par fes deux ex- trémités à l'épine. Du centre de cette pierre extérieurement polie & refléchif- fant comme un miroir l'image des ob- jets , partoient des veines noires & blanches qui aboutiffoient à la circon- férence. Collett. Philof. num. 7. 531. Plante femblable au Doronic dont le fuc exprimé fournit du mercure. On en voit du coulant en petits grains au- près de fes racines, num. 27. 93. Plantes marines de la Jamaïque dont une partie des racines eft pierreufe , & l'au- tre ligneufe. num. 36. 1 $4. & fuiv. L'Auteur avoit avancé, num. 27. qu'el les étoient totalement pierreufes. De ces plantes les unes font infipides les autres ont le goût de nitre. Elles fe couvrent d'une efpéce de chaux qu croît avec elles, & qu'on ne trouve pas fur les autres évantails de mer. num 27- 97 Plantes pétrifiées. On met dans ce rang L E les entroques. num. 129. 4$<).&fu'fi>. Cependant la plus commune opinion des Naturalises eft que les entroques font des vertèbres de poiffon pétrifiées. Defcription très-étenduë des différentes entroques ou Trochites qu'on trouve dans les montagnes de Mendip. L'Au- teur entre dans le détail de toutes les variétés des différentes entroques. 440. ùfuiv. Il n'oublie pas de décrire les racines de ces plantes prétendues ordinairement adhérentes à une pierre qui leur fert de moule. 441. 6- fuïv. Il croit qu'il y a dans le fein de la terre des champs & des forêts entières de ces plantes pétrifiées , & communé- ment remplies de Sparr. 446. Il explique leur végétation par la forma- tion du Sparr qu'il dit être produit de trois façons différentes ; ou par la ro- fée à mefure qu'elle tombe fur la ter- re , ou par l'eau qui fort des fentes des Rochers fous la terre, ou par la terre & l'argile. 447» L'argile & la terre contiennent la ma- tière propre à la pétrification , & l'eau ou l'humidité de la rofée ne fert qu'à charier cette matière. Les plantes pierreufes végètent & font douées d'une véritable vie, puifqu 'elles ont des parties propres à s'affimiler la nourriture par voie d'attraction , de rétention de coftion & d'expulfion. 449. On pourroit tout au plus attribuer ces facultés aux Litophites, mais on feroit bien fondé à en refufer quelques-unes aux entroques. La juxra pofition de la matière pierreufe n'étant pas fuflifante pour expliquer l'accroiffement des plantes pierreufes intérieurement pourvues de moelle ,de fucs, d'articulations , &c. l'Auteur pré- tend qu'elles ont des cellules , qui leur tiennent lieu de veines & de fibres. Il ajoute que par une certaine modifica- ALPHA fion elles peuvent fe reproduire de leurs cendres. 450. Voilà l'oméomerie d'Anaxagore renou- vellée. Il ne regarde pas les pierres figurées comme des parties d'animaux ou de plantes : il penfe que la nature peut auflî-bien produire des coquilles dans les mines , que dans la mer. Perfonne n'oferoit difputer ce pouvoir au Sou- verain Maître de la nature. Mais ont- elles été produites dans les mines ? L'Auteur le foutientpar la raifon que les différentes carrières produifentdes efpéces de coquilles différentes. Pour que cette raifon fut de quelque poids , il taudroit que toutes les coquilles , ou du moins la plupart fuffent différentes quant à la forme , ce qui n'eft pas. Car ne fçait-on pas qu'elles doivent varier félon les différentes matières dont elles font remplies. 450. Une autre raifon que l'Auteur allègue en faveur de fon fentiment , c'eft qu'on trouve dans les carrières & les champs labourés des coquilles qu'on ne fçau- roit trouver dans les plus riches Col- lerions de coquilles de Mer. Mais con- noît-on ; eft-on en poffeffion de toutes les efpéces de coquilles de Mer. 451. L'Auteur qui ne veut pas croire que les pierres & les plantes figurées ayent été moulées par des animaux ou par des plantes , eft obligé pour expliquer leur figure de recourir à une racine fétni- nale , à un ReÉteur particulier , enfin eft forcé de convenir qu'on nefjauroit l'expliquer félon fon hypothèfe. ihid. & fuiv. Plomb ( mine de ) fans mélange d'aucun autre métal, & par-là d'un ufage fm- gulier pour les effais fur la coupelle. num. j. 2. Se trouve dans un lieu du haut Palati- tinat nommé Fregung. itid. Plomb ( la mine de ) eft pernicieufe aux animaux de toute efpéce. Les habitans B É T I Q U E. 583 des endroits où on lave cette mine ne fçauroient conferver en vie ni chien , ni chat , ni volaille. CoIleéL Philoi". num. 1. 536. L'eau qui féjourne quelque-tems dans des mines qu'on avoitdiicominué d'ex- ploiter caufe des ulcères aux jambes d'un ouvrier qui avoit voulu l'epuifer. On préfume que cette eau s'étoit char- gée de fols vitrioliques. ibid. O fuiv. Plongeurs ( les ) qui pèchent les perles ne peuvent refter fous l'eau plus d'un quart-d'heure. num. 43. 17c. Les bons plongeurs , félon I'Emery,Di- élion. des drogues au mot Mjrgar'uœ , demeurent fous l'eau jufqu'à une demi- heure. Pluie de cendres qui tombe dans l'Archi- pel après une éruption du MontVefu- ve , & qui dure quatre heures. Le til- lac des vaiffeaux en étoit couvert à la hauteur de deux pouces. D'autres vaif- feaux à cent lieues de diftance de ceux- ci furent également couverts de cen- dres. Les unes & les autres furent com- parées S: parurent les mêmes, num. 2 1 . 75- La pluie qui tombe fur les coutures des habits dans un endroit des Itles Caraï- bes fe change en petits vers dans une demie-heure de tems, num. 27. 99. Ce fait eft affuré fur le rapport d'au- trui. ibid. Poil. Voyez cheveu. Poissons ( lesj meurent dans les Etangs, fous la glace , fi on n'a pas foin de la rompre, ce qui n'arrive pas dans les Lacs glacés ; ou parce que leur glace fe rompt dans les plus grands froids , comme le dit l'Auteur , ou parce qu'ils contiennent plus d'air que les Etangs, num. 19. 69. La lumière du poiffon pourri , fi elle eft fort vive & le volume du poiftbn confidérable , ne s'éteint pas totalement fous le récipient de la machine pneu- matique dont on a pompé l'air. Si au î84 T A B contraire les morceaux de poiffon font minces , ils perdent leur éclat & le re- couvrent comme le bois luifant , lorf- que l'air rentre dans le récipient, num. ) i. 114. Quoique l'air (bit introduit , fi le poiffon pourri refte trois ou quatre jours fous le récipient vuide , il ne reprend pas fa lumière tout d'un coup , mais infenfiblement. 118. Onfe fert ordinairement du Merlan pour ces expériences. Attention qu'il faut avoir pour ne pas fe tromper en fai- fant des expériences fur le poiffon pour- ri. Il6. & fu'iv. Poiffon nommé pifcis echino fldlaris vifci- formis. Sa description. Ses cinq bras & leurs divifions , voy. Phnch. VI. fig. :. num. 57. 240. £• fuiv. Ce poiffon étoile eft le Jklla arbore/cens de Rondelet, num. 58. 259- Il reffemble quelquefois à un panier , & pre-nd cette forme , foit pour donner retraite à fes petits , foit pour faifir fa proie & la tenir renfermée comme dans un Magazin. num. 74. 340. Ce poiffon mort eft fi caffant , qu'on a peine à le toucher fans le rompre ; mais il s'endurcit en fe féchant. ibid. La plupart des poiffons de la nouvelle Providence l'une des Mes de Bahama caufe de grandes douleurs aux join- tures de ceux qui en mangent. Ces douleurs fe terminent par une déman- geaifon. num. 114. 412. & fuiv. Poupe trouvé dans le cœur ou pour mieux dire dans la plupart des veines , car il étoit prefqu'univerfel. Ses bran- ches , dont quelques-unes avoient un pouce & demi , & même deux de dia- mètre , étoient entièrement fibreufes & femblables à un nerf. L'une de ces branches s'ètendoit depuis le ventricu- le droit du cœur jufqu'à l'endroit où les jugulaires entrent dans le crâne. Ces veines en étoient fort dilatées , puifqu'elles avoient plus de neuf lignes L E de diamètre, num. 157. 505. 6- /î«»0 Poulets. On les fait éclore au Caire dans des fours conftruits à cet effet , qu'on chauffe depuis le 1 5 . Janvier jufqu'au 1 5. Février avec de la fiente de Cha- meau ou de Buffle. Les œufs font pla- cés d'abord dans le four d'en-bas pen- dant 14. jours , & enfuite pendant 7 à 8 jours dans le four d'en-haut. Il faut avoir foin de les tourner 4 fois en 24 heures , & qu'ils ne foient pas fi chauds que l'œil n'en puiffe fuppor-; ter la chaleur. Voy. la fig. des fours.' num. 137. 477. &juivl Poumons ( les ) des grenouilles & des autres animaux font un compofé de véficules membraneufes qui s'ouvrent dans la trachée artère. Cette trachée eft très-courte dans les grenouilles & très-longue dans les Tortues & les Léfards. num. 71. 312- Non- feulement les poumons , mais cha- que véficule eft environnée d'un rai- feau mufculaire qui les comprime , & en fait fortir l'-.ir. ibid. Poux ( les J quittent les Efpagnols qui vont aux Indes , & les reprennent à leur retour dans la même latitude, num. 37. 148. Us meurent tous dans leslndes, excepté ceux de la tète où ils s'engendrent de la fueur , qui fe loge dans les cheveux. ibid. On avoit cependant avancé, que la fueur exceffive qui couvre tout le corps fous les Tropiques, chaffoit ou faifoit mou- rir les poux. Ainfi félon ce raifonne- ment la fueur engendre & fait mourir cette vermine. Le poux examiné avec le microScope. num. 94. 3X1. & num. 102. 394- On le voit , quand il eft affamé , Sucer le Sang avec fon aiguillon qu'il enfon- ce dans la peau. Ce fang paffe par un petit filet de fa tète dans fa poitrine , où il fe meut rapidement ; & de la poi- trine dans l'inteftin où il Séjourne , & prend A L P H A B prend une nouvelle confidence, num. iOi. 394. Les poux de Pharaon font des infectes du Bréfil qui entrent dans les pieds , ou pendant l'efpace d'un jour ils de- viennent gros comme une fève. Si on ne les arrache pas fur le champ , ils caufent un ulcère qui corrompt tout le pied. num. 139. 485. Puits ( \es) aux Bermudcsà zo brades de la mer , hauffent & baiffent avec la marée. L'eau en eft douce fi le terrein eft fablonneux , elle eft falée fi le ter- rein eft plein de rochers, num. 29. 107. Les faints puits. On appelle de ce nom en Angleterre les fontaines minérales, num. 57. Z45. Saint puits dont l'eau eft un excellent cofmetique. itid. Le fable de cette fontaine eft mêlé de paillettes argentées qui n'ont cepen- dant aucune valeur. itid. Autres faints puits dans différentes Con- trées de l'Angleterre dont les eaux font recommandées pour les vieux ulcères , le fcorbut, les maladies des yeux, &c. 146 ty fuiv. Punaises fefpéce de )qui fe nourriffent fur la Jufquiame de la matière onftueu- fe qui en enduit les feuilles. L'odeur défagréable de la Jufquiame , eft telle- ment modifiée dans le corps de cet in- fecle , qu'elle y devient aromatique, num. 71. 331. 6- fuiv. Les œufs de ces punaifes écrafés , lors- qu'ils font murs , fur du papier le tei- gnent d'un très-beau vermillon. 333. Purgatifs ( les ) dans les Indes Occi- dentales ne conviennent que dans les maladies chroniques, num. 36. 140. Q- Questions fur les mines. Voyez mines. Queftions fur différens fujets. num. 1 9. 67. &• jun Tome I. 11. Partit. É T I Q U E. 58* ?.. RAte ( la ) eft revêtue d'une enve- loppe mufculairc externe qui com- prime les cellules, & pouffe le fang dans le rameau fplénique. num. 71. 3ZZ. & fuiv. Le plus grand nombre des Anatomiftes révoque en doute ces cellules de la rate qu'ils regardent comme totalement vafculaire. Reims (les deux ) unis enfemble. par la continuation de leur parenchime qui s'étendoit de l'un à l'autre de ces vif- céres fous la forme d'un corps fémilu- naire. Cette conformation des reins abondamment pourvus de vaiffeaux émulgens gênoit le cours du fang dans la veine-cave , & l'écoulement de l'urine dans les uretères, ce qui avoit occafionné une dilatation dans la vei- ne-cave , & le baffinet des reins, num. 41. 488. Ofuiv. Rocher en Hongrie dont une partie eft naturellement peinte enverd &.en bleu de haut en bas. num. 59. z66. Rochers de Talc en Carinthie. itid. Rosée ( du mois de Mai la ) expofée pen- dant tout l'été dans une bouteille bien bouchée, fe couvre d'une efflorefeence verte. Confervée dans un vafe feule- ment bouché par un cannevas , elle exhale trois femaines après une odeur très-fœtide. num. 3. 7. L'efflorefcence verte ayant été mifedans un vaiff;au bien bouché , ce vaiffeau au bout de quelques jours fut trouvé rempli de petites mouches. S. Dans un autre vafe qui contenoitde cet- te rofée , on vit un peloton de Clo- portes entrelaffes. éid. L'Obfervaceur trouve dans de la rofée expofée au foleil fur une fenêtre & à découvert une quantité d'infeftes lem- blables à des Teltards. Peu de tems après la chambre fut remplie de Cou- fins , quoique 1a fenêtre fur laquelle Eeçe 586 T A B il avoit expofé la rofée fut exactement fermée : comme le nombre des animal- cules aquatiques diminuoit , à mefur'e que celui des Coufins augmentoit , il en conclut que ces derniers prove- noient de la transformation des pre- miers, ibid. Du fédiment de la rofée, il retire un fel blanc dont les criftaux reffemblent à ceux du falpêtre. 9. SAffran ( manière de cultiver le ). Une terre légère fablonneufe & mé- diocrement limoneufe eft celle qui lui convient le mieux. Préparation qu'il faut donner à cette terre avant que d'y planter les oignons de faffran , & après les avoir planté, num. 13S. 482. &• fuiv. Méthode pour faire fécher en gâteau les étamines du faffran. Defcription du chauffoir deftiné à cet ufage. 4 S 4. & fuiv. Le meilleur faffran eft celui dont les éta- mines font groffes & courtes , d'un rouge vif & brillant , & d'une même couleur au-dehors & au- dedans , fans aucun mélange de pétales. ibïd. On évalue le profit qu'on peut retirer du faffran , & l'on fait voir qu'il eft avantageux de cultiver cette plante. 484. & fuiv. Salamandre ( une ) jettée dans le feu s'en garantit pendant deux heures par le moyen d'une matière vifqueufe dont elle éteignoit les charbons. Elle vit on- ze mois fans nourriture fur de la terre des Indes qu'elle léchoit. Tranfportée fur de la terre d'Italie , elle meurt trois jours après le changement, num. 21. Salive ( la ) examinée avec le microf- cope eft un compote de parties irrégu- liéres formées de globules réunis. Tous les fluides félon Leewenhoeck font L E compotes de globules, num. 106; 398. Salpêtre (le) eft commun dans les Etats du Mogol. Procédé des Mogoliens pour le féparer de la terre & le purifier, num. 6. 16. Sang blanc tiré par la faignée du pied quatre heures après le repas. Le pre- mier qui s'écoule étoit moitié fang , moitié chile ; celui qui fortit enfuite de la veine n'étoit que du chile. L'un &. l'autre chauffés féparément prennent la confidence d'un blanc d'ceuf cuit dur. num. 6. 16. 6" fuiv. Le fang blanc comme du lait tiré de la veine d'un homme, fait conjecturer à un Médecin que cet homme avoit mangé beaucoup de poiffon , & qu'en confé- quence il auroit la lèpre, num. 8. 23.' Selon cette conjecture , les Iéïiophages feroient tous lépreux. Le fang refroidi dans une poëlette eft plus noir, au deffous qu'au deffus, par- ce que le deffous n'eft point expolé à l'air, qui lui donne fa couleur vermeil- le, num. 27. 9$' Il feroit plus vrai de dire que cette couleur foncée dépend de la quan- tité des parties globuleufes rouges qui fe précipitent par leur gravité. Si on mêle avec le fang encore chaud de l'eau-forte , de l'huile de vitriol , de l'efprit de fel , il fe coagule & perd fa couleur vermeille. L'efprit de fel ammoniac ne le coagule point , ni n'al- tère pas fa couleur, num. 29. 104. Le fang d'un poiffon des Indes Orienta- les appelle Bedilles eft excellent dans les pertes de fang. num. 43. 176. Le fang examiné avec le mifcrofçope parut compofé de globules ronds qui nagent dans une liqueur criftalline. num. 102. 3 93- Cette liqueur tranfparente eft elle même compofée de globules, num. 1 17. 417. Les globules rouges plus pefans que le liquide dans lequel ils nagent, fe préci- ALPHAB cipitent , s'uniflent & paroiflcnt au fond du vafe d'un rouge noir : parce que, dit Leewenhoeck, ils font moins éclairés , que s'ils étoient à la furface où ils paroiflent d'un plus beau rou- ge, num. 106. 395. Ces globules rouges du fang font 15. mille fois plus petits qu'un grain de fable. 396. Ils doivent être dans l'état de fanté fort fouples & fort flexibles pour pouvoir paflérparles vaiiïeaux capillaires,oude ronds qu'ils étoient , ils deviennent ova- les, num. 117. 417. 6> fuiv. Manière d'obferver avec le microfcope le fang , fes globules & leur mouve- ment, num. 106. 396. 399.6-/uiv. Le fang dans la raye , la morue & le faumon ne paroît pas compofé de ces parties globuleufes qui conftituent la couleur rouge du fang dans les hom- mes : dans ces poifTons ce font trois ou quatre particules ovales qui donnent cette couleur rouge. Colleét. Philof. num. 5. 555. Savonier arbre des Indes Occidentales dont les baies blancliinent mieux le linge que le favon ; mais elles le pou- riflcnt dans la fuite, num. 36. 138. Sauterelles ( les ) dans l'Ukraine font quelquefois en û grand nombre , qu'el- les dévorent tout le bled du pays. num. 8. n. Elles dépofent en Automne chacune 100. ou 500. œufs , dont les cochons détruilent une grande partie. ibid. -Sel. Manière de le faire en France, num. 51. 199. Plan des Marais falans avec leurs cou- ches, leurs réfervoirs& leur canaux de communication. Vov. U PL if. ibid. Lorfque la pluie excède la hauteur d'un pouce , on eft obligé de vuider l'eau des couches. zoo. On fait plus de fel par le vent & le foleil qu'en tout autre tems, l'évapora- tion étant alors plus coniîdérable , les É T I Q U E. T87 parties de fel font plus rapprochées. ibid. Soins qu'il faut prendre pour que le Ici foit blanc. ibid. Manière de faire le fel dans le Chcfshire en Angleterre, num. 53. 113. Ce procédé confifte à clarifier d'abord l'eau falée avec le fang de veau , de va- che , ou de mouton , & enfuite avec le blanc d'œuf : quand l'eau a bouilli jufqu'à réduction de moitié ; à entre- tenir l'ébullitionjufqu'àce qu'il fe for- me des grains qu'on ramafTe dans des paniers pour les faire («cher dans des ctuves. num. 53. 2l4, On croit ce fel aufli bon que celui de France. ne. Il peut être aufli bon que celui de nos fontaines falées , mais il doit être in- férieur à celui de nos marais falans. Le fel en gâteaux ne fert que pour les colombiers. C'eft un mélange de fel humide : de cendres & de graines de Cumin, num. 54. 119. & fuiv. La terre fur laquelle on a répandu du fel eft excellente pour fertilifer les prai- ries. lio. Le fel gemme eft un fel foflile qu'on re- tire de fes mines fous la forme de pierre. Les mines de fel gemme les plus célè- bres font à un mille de Cracovie fous une petite Ville foutenue par une fi grande quantité de bois de charpente, qu'elle fiifh'roit pour bâtir une grande Ville, num. 61. 184. 6- fuiv. Ces mines ont huit ouvertures par L-i- quelles on defeend jufqu'à la profon- deur de îoo brades. ibid. On en tire trois fortes de fel ; l'un noir, l'autre gris & un troifiéme blanc & tranfparent comme le criilal. i8j. L'àcreté de ce fel rend aveugles les che- vaux qui ont demeuré quelque-tems dans ces mines. ii,j. Mine de fel foflile dans la Comté de Chefshire en Angleterre à 33 ou 34. brades au-deflous de la furface de 1» E e e e z 588 terre, num. 66. 2,93. Différence des fels fixes entr'eux. Diffé- rence des fels volatils, num. 34. 119. Le fel examiné avec le microfcope pré- fente des parties globuleufes , quarrées piramidales, quadrangulaires, parallé- lépipèdes, &c. num. 107. 405. 11 a des parties roides & pointues d'où lui vient fon goût piquant, num. 117. 4 1 9 . & fuiv. Sembrador ( ou fpermatobole d'Efpa- gne le ) eft une machine qui étant at- tachée à la charrue fert en mème-tems à labourer , herfer & femer le grain à égale diftance. Voy PL VU. num. 60. 166. & fuiv. Par cette nouvelle méthode il faut moins de grain pour enfemencer les terres , & cependant la récolte en eft beau- coup plus abondante. 267. Mais il faut avoir attention quand on fe fert du Sembrador , d'avancer les fe- mailles de 8 ou 10 jours , parce que le grain plus recouvert eft plus long- tems à paraître. Il faut auffi labourer moins profondément les terres fortes que les fablonneufes. Le germe des fe- mences ayant moins de peine à ouvrir celles-ci que les premières. 268. Autres précautions qu'il fautprendre en labourant avec le Sembrador. ibid. &> fuiv. Semence ( la ) des animaux contient , félon Leewenhoeck une fi grande quan- tité d'animalcules vivans , que dans l'efpace qu'occuperoit un grain de fa- ble , il y en avoit plus de mille. L'Au- teur ajoute peu après que mille mil- liers de ces animalcules n'égalent pas un grain de fable. Ils ont une queue tranfparente 1 5 ou 16 fois plus lon- gue que tout leur cops. num. 142. 490. On n'apperçoit point ces animalcules dans la pituite & la falive. 491. L'eau de pluie mêlée avec la femence les fait tous mourir fur le champ. 493. A B L E Ils ne fe meuvent que dans la partie la plus fluide de la femence. Ils font im- mobiles dans la plus épaiffe , ou Lee- wenhoeck apperçoit une quantité de vaiffeaux differens , qu'il croit être les rudimens des nerfs , des veines & des artères. ibid. & fuiv. Mais l'Editeur des Tranfaftions penfe que ces prétendus vaiffeaux ne font que des filamens de la femence fans organifation ; que dans la femence ils feroient embrouillés & en pure perte , puifque leurs délinéamens font tracés , & que leur ordre eft régulier dans les ovaires des femelles. 492. & fuiv. Semence ( la ) des Scarabés , des Saute- relles &de plufieurs autres infectes exa- minée avec le microfcope fourmille d'a- nimalculescomme celle des autres ani- maux. Leewenhoeck dit avoir obfervé ces animalcules vivans dans deux vef- fies de mouches qu'il regarde comme leurs tefticules. CollecL Philofoph. num. 3. 542. 6> fuiv. Il croit même en avoir vu dans le corps de la plus groffe efpéce des animaux qui naiffent dans l'infufion de poivre. 544- Calcul de cet Auteur pour établir la pro- digieufe difproportion de ces animal- cules dont les uns font un million de fois plus gros que les autres, ibid, & fuiv, Serpens à fonnettes. L'odeur du diftam- ne de Virginie les fait mourir, num. 3. 9- Serpens appelles Capra Capella qui ont une tète à chaque extrémité du corps : on les croit facrés à Java , ou per- fonne ne veut les tuer , quoiqu'ils foient pernicieux, num. 43. 175. On voit dans le Royaume de Congo des Serpens de 25 pieds de longueur qui avalent une brebis. Il eft facile de les tuer lorfqif ils ont fait un pareil repas. Ils font gras comme des cochons & les Nègres les mangent, num. 1 3 p. 485. A L P H A B Sève. Questions fur fon mouvement, num. 40. 1 59. & fuiv. Réponfe à ces queftions. num. 43. 1-1. & juiv. Sentimens différens fur la circulation de- là Sève. 173. Le fuc qu'on peut tirer au Printems d'un bouleau pefe autant que tout l'arbre avec fes branches & fes racines, ibid. Quelques arbres ne donnent point de fuc. On conjecture qu'il eft tropgom- meux pour couler librement. 174. Le Cormier fauvage rend un fuc re- commandé dans le feorbut & quel- ques autres maladies invétérées. C'eft une boiffon de ménage aux environs de Cambridge & dans le Comté d'Hé- réford. ibid. La bière qu'on braire avec les fruits mûrs de cet arbre eft très-bonne , & fe conferve. ibid. Suite des réponfes aux queftions fur le mouvement de la fève, num. 45. 176. & fuiv. Moyen de s'afTurer s'il monte plus de fève dans les cercles poreux du bois , que dans les cercles qui font entre le bois & l'écorce. num. 44. ibid. Une incifion circulaire qui pénétre jus- qu'au bois fait fécher la partie de l'ar- bre fupérieure à l'incifion. Quoique ceci n'ait pas lieu pour le Frêne & le Tilleul , c'eft néanmoins une preuve qu'il monte beaucoup de fève à tra- vers l'écorce. ibid. & fuiv. Le fuc des arbres fe tire depuis la fin de Janvier jufqu'au milieu de Mai. 177. On prétend que cette opération nepré- judicie pas beaucoup aux arbres. Les raifons alléguées en faveur de ce fen- timent ne paroilTent pas concluantes. num. 44. 183 Les extrémités des racines coupées ren- dent proportionnellement autant de fuc que les brandies, num. 44. 177. Moins il tombe de pluie, moins la fève eft abondante. Les pluies froides re- Ê T I Q U E. ,89 tardent fon mouvement. Les pluies fréquentes augmentent fa quantité de celle que les pores font en état de re- cevoir. 178. & 183. Pour tirer en peu de tems une grande quantité de fuc du tronc de toute forte d'arbres, il faut percer tout le corps de l'arbre obliquement de bas en haut. 181. On fait avec ce fuc une bière excellen- te qui fe conferve une année entière en y mêlant quelques clous de gérofle. 181. 6- fuiv. Expériences faites au Printems fur le mouvement de la fève fur fon écou- lement des racines, des branches félon leur grofleur.leur pofition, leur expofi- tion & félon que le tems eft plus chaud ou plus froid, num. 48. 185. O fuiv. Il eft prouvé par des expériences que la fève monte entre l'écorce & l'arbre , entre les pores des cercles , a travers les membranes du bois & le corps li- gneux. ,86. 11 eft encore prouvé par une expérien- ce que non-feulement la fève monte , mais aufli qu'elle defeend. ibid. L'écoulement de la fève varie dans dif- férons arbres par la même températu- re. Cet écoulement n'a pas lieu feule- ment au commencement du Printems , mais en Automne après la chute des feuilles, num. 57. 2^0. & fuiv. Suite des obfervations fur le mouve- ment de la fève. num. 68. 303. &. fuiv. On ne fçauroit tirer de fuc des Cerifiers, Pruniers & autres arbres dont la fève eft vifqueule & paroit être une efpéce de gomme quand elle s'épaillît. ibid. Le fuc des arbres fe conferve long-tems dans un vailfeau fans aucune précau- tion fi on le braUe dans la faifon avec des tranches de pomme & des mou- lins de bourache : on en fait une boif- fon cordiale & agréable. 304. La fève de Bouleau fermente d'elle mé- 59° me fi pendant fa fermentation on y mêle des branches de Romarin infuiées dans l'efprit-de-vin , elle échauffe l'e- ftomac comme un vin violent. 301?. Journal fur le mouvement de la fève, num. 70. 3 17. &fuiv. Suite de ce Journal, ibïd. 231. & fuiv. Les Sycomores auxquels on a fait des incifions ne donnent jamais de fucs de- puis le mois de Novembre jufqu'au mois de Mars , qu'après une gelée un peu confidérable. 3 1 7 ■ & 3 - ' • 11 eft dit cependant dans la fuite du Jour- nal que les fortes gelées arrêtent le mouvement de la fève. 321. Si l'on verfe de l'eau dans un creux fait à l'extrémité d'une branche de Bou- leau , l'eau s'écoule promptement par l'autre extrémité de cette branche. ïbid. Sourds ( & muets de naifTance les ) peu- vent parvenir à comprendre la fignifi- cation des mots , foit prononcés , foit écrits. Ils peuvent auffi les prononcer en leur faifant entendre par les fignes les plus expreffifs , qu'elle difpofition ils doivent donner à la langue & aux lèvres, & quels mouvemens ils doivent leur faire exécuter, num. 61. 277. & fuiv. Mais pour cela il faut qu'il n'y ait au- cun défaut de conformation dans l'or- gane de la voix , & que ces fourds ne foient muets , que pour n'avoir ja- mais entendu de fons articulés. M. Wallis vient à bout de faire parler deux Anglois auparavant fourds & muets. L'un d'eux prononça devant la Société Royale de Londres touslesmots qui lui furent propofés. 283. M. Pereire fait actuellement à Paris ce que faifoit alors M. Wallis à Oxford. Suc ( le ) des arbres peut être d'une gran- de utilité. On fe fert avec fuccès du fuc de noyer. Les curieux font invités à faire des expériences fur le fuc des dif- férens arbres, num. 40. 163. TABLE Sucre (le ) examiné avec le microfcopé parott un compofé de molécules an- gulaires dont les pointes font émouf- fées. Le peu d'imprefTion qu'elles font fur les papilles nerveufes de la langue excitent cette fenfation de douceur que nous lui attribuons, num. 117. 419. &• fuiv. On prétend que le fucre difpofe à la phtifie. num. 36. 1 3 3 * Sueur ( la ) examinée avec le microfco- pé préfente des globules tranfparens , & quelques parties plus groffes de dif- férentes figures, qui vraisemblablement font des écailles de l'épidémie, num. 106. 399. TAbac ( le ) recueilli dans des terres pleines de falpètre pétille quand on le fume. num. 27. 98. Lavemens de fumée de Tabac donnés fans fuccès dans les coliques bilieufes. num. 37. 148. De pareils remèdes ne paroiffent pas in- diqués dans ces fortes de maladies. L'acrimonie de la fumée doit augmenter les douleurs. Cependant l'Auteur allu- re avoir donné en lavement une once de fuc de Tabac qui en produifant une ftupeur diffipa par conféquent la dou- leur, ibid. Taenia ( le ) qu'on appelle auflî ver fo- litaire ou ver ruban , parce qu'il eft plat & large , fe forme dans les inte- ftins ; mais on ne fçait pas encore com- ment, num. 146. 494- Ce ver eft compofé de jointures ou de pièces de rapport ordinairement de la longueur d'un pouce , excepté vers la tète , où il faut quatre à cinq de ces jointures pour faire la longueur d'un pouce. Au refte la dimenfion de ces jointures varie non feulement dans les différens vers , mais dans ie même , félon qu'il les allonge ou les racourcit. 495. & fuiv. A L P H A B Ces jointures font difpofées de façon qu'en examinant le ver de la tète à la queue , les bords de l'extrémité infé- rieure de la première jointure cou- vrent les bords de l'extrémité fupérieu- re de la féconde. Néanmoins le ver eft moins large à la tête que par-tout ail- leurs, ibid. Au milieu des bords de chaque jointu- ture on apperçoit de petits trous qui fervent peut-être à pomper le chile ; car ce ver en cil ordinairement plein. 49 6. &fuiv. Le Tasnia eft quelquefois auili long que le canal inteftinal, quelquefois il l'eft beaucoup plus. Dans l'efpace d'une an- née un homme en rendit des lambeaux qui , rapportés auroient fait une lon- gueur de 800. pieds. itij. On ne trouve pas feulement ce ver dans les hommes , mais auflî dans les ani- maux tels que le bœuf & le chien ; & dans les poiflbns tels que les bro- chets , les ables , &c. 497- La tête du Tawia eft garnie de deux rangs fort épais, de petites pointes ou de petits crochets. Voy. les fig. 499. & Juiv. Tan ( le ) à la Jamaïque eft de trois for- tes d'écorces. Le cuir en eft plutôt préparé qu'en Angleterre, num. 36. 138. Tarentule ( queftion fur la ) ne feroit- elle pas une efpéce de phalangium , araignée qui a fix yeux , Si qui mar- che en fautant, num. 76. 3 5 3- Non car la Tarentule a huit yeux qua- tre grands, & quatre petits. Voy. l'hift. de l'Acad. Royale des Sciences , Ann. 1701. Terre ( différentes efpéces de ) exami- nées avec lemicrofcopeparoiflentcom- pofées de globules plufieurs milliers de fois plus petits , que les grains de fa- ble ordinaire, num. 107. 405. Testicules. Examen de leur tiflu qui eft comme celui des épididimes totale- É T I Q U E. 59, ment vaftuleux. C'eft un amas de vaif- feaux qu'on peut démêler comme des fils , ou dévider comme un cocon de ver à foie. Voy. Planche III. fig. III. num. 42. 17,. 6, /Ulv. Les tefticules des chevaux font afFermis & comprimés par des fibres diri tranfverfalement,& entrelaflees en for- me de raifeau. num. 71. 3*3- Tête monftrueulê. Voy. Planch. I. num. 5- 11. Elle étoit d'un Poulain. On n'y apper- çoit aucun vertige de nez , & les deux yeux réunis en un œil double font pla- cés au milieu du fourcil. 1 2. Thermomètre ( le) eft un infiniment qui par l'élévation ou l'abbaiflement du liquide contenu dans fon tube in- dique la température de l'air , plus ou moins chaud, num. 10. 30. Manière de le conftruire. ibid. La liqueur du Thermomètre dont il eft ici parlé, defeend à un peu plus de 1 2 pouces au-deflus de la boule , S: s'é- lève à 27 pouces dans les plus grandes chaleurs de l'Eté. 3 1. Obfervations fur le Thermomètre, num. 5 5- 225.6- fuiv. La liqueur dans les Thermomètres nou- vellement conftruits , monte plus haut que dans les anciens. L'efprit-de-vin contenu dans ceux-ci devient moins fpiritueux à melure qu'il eft plus car- dé. n7. Thorachique ( le canal ) communique avec la veine émulgente gauche , S: les deux veines lombaires.il fournit peut- être par ces vaifieaux de communica- tion autant de chile au tronc inférieur de la veine-cave , qu'il en fournit par les fouclaviéres au tronc fupérieur de cette veine, num. 85. 3Ï9- 6- Juiv. On ajoute que cette voie de communi- cation eft plus naturelle comme étant la plus courte , & qu'elle eft également favorable au mélange du chile avec le fang. ibid. î9î T A Cependant en injeâant dans le Canal Thorachique une composition chaude qui put en fe refroidiiïant faire voir Tes vaiffeaux de communication , ou ne s'apperçut pas en prenant toutes les précautions néceflaires qu'il fut entré de cette compofition dans le Canal qui faifoit cette communication- \6o. D'ailleurs une expérience de Lower rap- portée parGualb Needham, lib.de Form. Fcet. Cap. i. femble détruire ce fen- timent. Un chien à qui Lower ouvre le Canal Thorachique au deflus du diaphragme meurt d'inanition , quoi- qu'on lui donnât beaucoup à manger. Sa poitrine étoit remplie d'une quanti- té de chile , & fes veines d'un fang épais fans férofité , & fans chile. Defcription du Canal Thorachique. 361. Tonnerre ( relation de deux accidens caufés par le ). num. 13. & 44. 39. & 46. De deux Ecoliers qui étoient dans un bateau , l'un fut tué par le tonnerre , & l'autre enfoncé comme un pieu dans la vafe , les pieds en -bas , & ia tête hors de l'eau. 39. Obfervations furies habits & le cadavre de celui qui avoitété frappé de la fou- dre, ibid. &fuiv. Relation d'un autre accident caufé par le tonnerre qui tue un homme &. fon cheval le 24. Janvier 1666. num. 14. 46. Le nez de l'homme fut enfoncé dans la face , & la face dans la terre. L'épine du dos fut pareillement enfoncée dans la poitrine. Les cheveux étoient flam- bés , & l'habit confumé. Quoique les mains fuffent brûlées jufqu'à l'os , les gands étoient entiers : les os de lacuif- fe & de l'épaule du cheval furent bri- fés, & la felle mife en pièces. 47. Effets finguliers du tonnerre qui tombe fur une EgKle en Poméranie. num. 65. 286, BLE On le vit , ou du moins on crut le voir fous la forme d'une boule noire de feu d'où partoient des éclairs , & comme des pots à feu. ibid. Les effets du tonnerre & toutes les par- ticularités rapportées aux pag. 2 S 6. & 287. prouvent qu'il s'attache parti- culièrement aux métaux. Tortues ( le fang des ) eft plus froid que les eaux des pays où elles vivent, num. 27. 98. Elles pondent dans une feule nuit en- viron 300 œufs qui ont un jaune , un blanc , & point de coqui le. Les jours de calme elles flottent endor- mies fur la mer. num. 37. I47. Transfusion des liqueurs dans le fang. Sa découverte eft revendiquée en fa- veur de M. Wren. num. 7. 17. & fuiv. Elle confifte à faire des ligatures aux veines , à les ouvrir à côté de la li- gature vers le cœur , pour y inféref des petits tuyaux attachés à des veflies contenant la liqueur qu'on veut inje- fter. ibid. L'opium inje&é dans les veines d'un chien le rend ftupide fans le faire mou- rir. La quantité de l'opium n'eft pas marquée. ibid. Le Saffran des métaux injefté en grande dofe produifitdesvomifTemens , &cau- fa la mort à un autre chien : on tente la dernière inje&ion fur un homme , mais une fueur abondante qui lui fur- vient empêche d'achever l'opération. ibid. Transfusion du fang d'un animal dans un autre, num. 10. 70. Un petit chien tire d'un mâtin par la transfufion au moins une fois autant de fang qu'il pouvoit en avoir lui-mê- me, 'bid. Avec le double du fang qu'il devoit avoir naturellement', ce chien ne devoit-il pas mourir d'une apoplexie fanguine ? Manière de faire la transfufion du fang d'un animal dans un autre. On diffeque félon A L P H A B félon cette méthode l'artère carotide de l'animal qui doit fournir le fang en la dégageant du nerf de la huitième pai- re. On découvre de même la veine ju- gulaire de l'animal qui doit recevoir le fang pour adapter à l'artère & à la veine des tuyaux de communication, num. 20. 70. & fuiv. Autres particularités de cette opération. ibid. Un petit fiphon d'argent qui ait un re- bord à l'un de fes bouts, eft plus com- mode pour cette opération qu'un tuyau de plume. 7 1. On compare la transfufion à la manière de greffer. Le fion change la nature de la fève , comme la transfufion la natu- re du fang. On fubftitue un fang de bonne qualité à un fang corrompu. Queftions fur la transfufion du fang. Elles tendent à perfeètionner cette opé- ration dont on attend de grands avan- tages, num. 22. 77. Ofuiv. Donner de la fanté , de la vigueur , ra- jeunir les Viellards , faire participer celui qui reçoit le fang aux qualités de celui qui le tranfmet , font les vues qu'on fe propofe dans la perfe- ction de cette opération. Il eft fâcheux que le fuccès n'ait pas répondu à l'at- tente. Transfufion du fang d'un Veau dans un Mouton par les veines feulement. Le Mouton après avoir reçu au moins au- tant de fang du Veau , qu'il en avoit perdu du fien , parut plus vigoureux qu'il n'étoit avant la perte de fon pro- pre fang. num. 15. S3. &fuiv. Transfufion du fang d'un chien galeux dans un chien fain. Celui ci ne con- tracta pas la gale , & l'autre en fut guéri par la perte de 14 ou 1 6 onces de fang. num. 25. 84. Transfufion du fang de trois veaux dans trois chiens. Un des trois veaux de- venu très languiffant par la perte de Tome I. H. Partie. É T I Q U E. m fon fang , en ayant reçu le lendemain d'un autre veau , reprit fes forces & parut plus vigoureux que jamais, num *5- 8 " Un vieux chien ayant peine à marcher dcv.ent beaucoup plus jcger p ^ avo.r reçu le fang d'un jeune chien num. iC. 8„ Une chienne perd par la transfufion 30' onces de (ang , en reçoit autant d'un autre an.mal , furvit à l'amputation de la rate qu'on lui fit immédiatement après la transfufion , & fe porte bien dans la fuite, num. 28. .rn Méthode pour faire la transfufion dans les veines des hommes. On ouvre or- dinairement une des veines du bras , le refte de l'opération ne diffère pas de celle que l'on fait fur les animaux, ibid. Transfufion deçà 10 onces de fang de l'artère carotide d'un mouton dans la veine d'un homme , qui fe porte bien pendant & après l'opération, num. 30. 105. Un cheval de 16 ans reçoit une nouvelle vigueur de la transfufion du fang de quatre moutons dans fes veines, ibid. Cure d'une folie opérée par la transfu- fion. Voy. Folie.num. 31. 25. Ofuiv. De 50 animaux à qui l'on fait recevoir du fang étranger par la transfufion , 10 piffent du fang après l'opération, num. 32. ,,9_ Différens qui fe font élevés à Paris fur la transfufion. num. 36. 1 .. t. Calomnies employées pour la décrier. 14 *• & fuiv. Hiftoire d'un procès mù à Toccafion de la mort du nommé Mauroy , fur qui la transfufion avoit été pratiquée. Extrait de la Sentence du Châtelet ren- due à ce fujet. i44. g. juiv. Suite de ce procès traduit au Parlement de Paris, num. 54. 21-7. O fuiv. La transfufion eft plus ancienne qu'on ne croyoit. Les François & les An- glois s'en attribuoient la découverte . Ffff 594 TABLE & ne luidonnoient au plus que 30 ans d'ancienneté ; mais un Italien fait voir qu'elle étoit connue de Libavius : ce qui lui en donnoit cinquante, num. 37. 149. La méthode indiquée par Libavius eft dangereufe en ce qu'il propofe d'ou- vrir l'artère de celui qui fournit le fang & de celui qui le reçoit. ibid. Transfufion du fang d'un agneau dans la jugulaire d'un autre agneau. Cette vei- ne coupée fut trouvée adhérente huit mois après au mufcle le plus voifin , & fa partie fupérieurecommuniquoit avec l'inférieure par le moyen d'une petite branche qui remplaçoit le tronc coupé, num. 42. 170. &fuiv. Transfufion du fang d'un agneau dans les veines d'un Epagneul âgé de 1 3 ans & fourd depuis trois, qui un mois après la transfufion fut parfaitement guéri de fa furditè , & couroit dans les rues, tandis qu'à peine pouvoit-il fe traîner avant l'opération. 171. Tremblement ( de terre le ) qui fe fit fentir aux environs d'Oxford le 29 Janvier 1666. eft affez violent dans un lieu nommé Brill. Pour ébranler les pierres d'une maifon. num. 10 & 11. 29. & 33. Brill eft fitué fur une Montagne remplie de minéraux. ibid. Tube ( le ) de Torricelli rempli de mer- cure bien purgé d'air refte plein quoi- que renverfé , eut-il 7 5 pouces de lon- gueur : le mercure demeurant fufpen- du au fommet de ce tuyau, num. 86. 361. M. Huyghens attribue ce phénomè- ne de la fufpenfion à la preffion d'une matière qui furpaffe l'air par fa fubtilité , qui pénétre fans peine le verre , le mercure , Sic. cette pref- fion jointe à celle de l'air foutient le mercure à la hauteur de 7 5 pouces , tant que la cohéfion de fes parties entr'- elles ne permet pas à la matière fubtile d'agir fur le fommet du tube ', comme fur fa furface inférieure , & fur celle du mercure , dans lequel plonge l'extrémi- té ouverte de ce tube. ibid. Une expérience fur deux lames d'une ma- tière polie appliquée l'une contre l'au- tre , & quireftent très-adhérentes dans la machine pneumatique,aprèsque l'air en a été pompé, confirme F Auteui '• uns fa penfée qu'il y a une preflion indé- pendante de celle de l'air , oi qu'elle eft peut-être fuffifante pour produire la cohéfion des parties du verre , & de celles des autres corps. 3 62. 6" fuiv. M. Wallis ne croit pas que la prefTionde la matière fubtile & la cohéfion des par- ties du mercure les unes avec les autres & avec les côtés du tube , foient des caufes fuffifantes pour retenir le mer- cure à la hauteur de 75 pouces. Il at- tribue cette fufpenfion au reffort de l'air agiffant fur une matière dépourvue de toute élafticité qui ne fçauroit fe mou- voir d'elle-même. num. 76. 374. & fuhi Car il ne regarde pas la gravité comme une qualité pofitive , mais comme l'ef- fet d'une impulfion fur-tout de la part de l'air atmofphérique: par conféquent le mercure du tube n'étant point ex- pofé à cette impulfion doit demeurer fufpendu. 377- On explique encore le phénomène de la fufpenfion du mercure à 7 5 pouces en admettant dans l'air des parties élafti- ques agiflant par leur reflbrt , & d'au- tres fans élafticité qui n'agiffent que comme un poids : fi les premières par- ties font admifes dans un tube , elles contrebalancent l'effort de l'air exté- rieur, mais fi elles en ont été pompées ,' le mercure qui trouve dans l'air exté- rieur un obftacle à fa defcente , & de la part de fes parties pondérantes , & de la part de fes parties élaftiques, refte fufpendu plus haut , que s'il étoit prefle ALPHA feulement par les parties pondérantes de l'air. 378. M. Wallis propofeaux Sçavans de faire des expériences qui les mettront en état de décider encore mieux la queftion. ibid. b fuiv. V. VAisseaux (les) qui portent le chi- le aux mammelles des femmes qui nourriiïent , partent du canal thora- chique. num. 6j. i%6. Le plus grand nombre des Anatomiftes penfe que le chile eft porté aux mam- melles par les vaiffeaux fanguins. Vapeurs ( fouterraines les ) produifent peut-être les principales diverfités des métaux, des minéraux, des terres , des fels , des végétaux , des animaux • l'Au- teur n'en excepte pas même la diverfité de la couleur parmi les hommes, num. 57. 148. (/fuiv. Les vapeurs des mines aux environs d'York , font de quatre efpéces. La première fe fait connoître par un cer- cle autour d'une chandelle dont elle éteint la flamme par gradation. Cette vapeur fufFoque , fait évanouir & don- ne des convulfions à plufieurs de ceux qui font enveloppés dans fon atmof- phére. Le remède ordinaire contre cette vapeur elt de refpirer l'air d'un trou fait dans la terre, num. 1 1 7. La féconde efpéce de vapeurs a l'odeur de fleurs de pois , & ne fçauroit être nuifible. 411. On raconte de la troifiéme qu'elle s'é- lève fous la forme d'un ballon qui fuf- foque tous les Mineurs , s'il vient à éclater. ibid. La quatrième s'enflamme avec explofion aux approches d'une chandelle. Cet accident eft commun dans les mines de charbon. 422. O fuiv. Veau monftrueux. Sa defeription. num. j. & 2. 1. & 3. B É T I Q U E. 595 Il avoit trois langues , & fes pieds ref- fembloient à ceux d'un chien. Une pierre du poids de vingt livres & de- mie fe trouvoit entre fes jambes, ibid. Végétation (queftions fur la ). num. 4°- 159. Sur l'ufage & la culture des jardins po- tagers, num. 40. 161. 6- fuiv. Réponfe à ces queftions. num. 45. 172. Végétaux qui fe multiplient de bouture. ibid. Si une branche qui tient à un arbre , eft couchée dans la terre, & fi après avoir pris racine , elle en eft détachée , elle pouffera des deux côtés. Si on la coupe enfuite vers fon milieu , on fait deux plans de chaque branche. ibid. Suite des réponfes aux queftions fur la végétation, num. 44. 176. & fuiv. Moyens indiqués pour faire croitre les arbres. Attention qu'il faut avoir pour les planter , les greffer & les faire fru- ctifier. 17S. & fuiv. Obfervations fur la végétation. num. 68. 303. On retarde la fleur , & le fruit d'un ar- bre en le ferrant avec une corde , de manière à intercepter la lève qui mon- te entre l'écorce & le bois. 504. Les Meuriers fe multiplient de bouture , quand on les plante fur la fin de l'hiver & par un tems humide. fàd. Voyez Sève. Vent de terre. Il fouffle régulièrement toutes les nuits dans les Indes Occiden- tales par-tout où il y a quelque haute montagne , & malgré les vents d'Eft qui viennent de la Mer. num. 27. y6. Explication peu fatisfaifante de la caule de ce vent. 97. Autre explication contraire aux princi- pes de Phifique les plus certains, ibid. Verjus (de pommes fauvages le ) fut le remède employé avec le p/js de fuccès dans une maladie épidémique quiatraquoit les yeux S. les paupières Ffff ; 596 T A num. 57. 245- Il eft problable que cette maladie inno- mmée étoit mie maladie inflammatoi- re , puifque l'application du Verjus qui eft un repercuffif en étoit le remède. Vers à foye. Manière de les élever dans la Virginie. num. 2. 6. 6-fiuiv. Ils n'y reçoivent aucune impreffion du tonnerre. 7- Le contraire arrive dans nos Provinces Méridionales. Vers ( luifans les ) ne brillent pas fans un mouvement fenfible de leurs Corps ou de leurs jambes. Lorfqu'ils font le plus luifans , ils font d'un tiers plus étendus qu'à l'ordinaire, num. 71. 333.6" J'uiv. Les vers luifans paroiflent quelquefois morts pendant plufieurs jours & bril- lent enfuite de nouveau, num. 76. Jjtf. Vers hexapodes, & vivans rejettes par le vomhTement. num. 117. 423. Autres ve.rs ou plutôt de vraies chenil- les ayant quatorze jambes auffi rejettes par le vomiffementà l'aide du mercure doux. 4M' Le ver cilindrique qu'on appelle auffi Lumbricus tercs,a ordinairement un pied de longueur , & fe termine en pointe par fes deux extrémités. On voit fous la peau de ce ver un mufcle dirigé en fpirale par le moyen duquel il exécute fes mouvemens. Il fort par les pores de fa peau une mucofité qui l'enduit & le rend plus gliffant. Sa bouche eft munie de trois dents cartilagineulès placées en triangles , & fes inteftins font un canal qui va fans aucun repli d'une des extrémités à l'autre, num. 14.7. 500. & fiùv. Le fexe de ces vers fe diftingue aifément. Le mâle eft plus petit que la femelle ; celle-ci eft ovipare & doit multiplier prodigieufement : car on conjefture qu'il peut y avoir dix-mille œufs conte- nus dans les cornes de fa matrice, ibiJ. BLE Vessie ( des poiffons la) fert à les tenir à telle profondeur qu'ils veulent. En la contractant ils defcendent, parce qu'ils deviennent plus pefans qu'un égal vo- lume d'eau ; en la dilatant ils devien- nent plus légers , & montent par con- féquent. Mais quand les poiffons font à une certaine profondeur , & qu'ils font plus comprimés par la colonne d'eau , peut-être foutiennent-ils avec leurs côtes la preffion de cette colon- ne , pour donner à l'air de la veffie la liberté de fe dilater, num. 114. 411. ùfuiv. Expérience qui démontreroit fi le poif- fon fe contra&e, & s'il fe dilate. 412. Les veffies dans la plupart des poiffons ont un conduit qui aboutit à l'orifice fupérieur del'eftomac,& quiporte l'air de l'eftomac dans la veffie. Peut-être l'air peut-il pafler encore de la veffie à l'eftomac comme on l'obferve dans l'Eturgeon. num. 114. 414- & fiùv. Tous les poiffons plats & cartilagineux n'ont point de veffie : auffi reftent-ils toujours au fond de l'eau. Viellard de Shropshire en Angleterre qui fe marie à 1 20 ans, & meurt âgé de 152. Il n'avoit vécu que de pain , de vieux fromage , de lait , de petit lait & de petite bière. On ouvre fon cadavre à Londres. Sa defcription ana- tomique. num. 44. 184. Viellards habitant les parties Septentrio- nales de l'Angleterre tous âgés de plus décent ans. num. 160. 509. Vin de France. On y obferve avec le microfcope de petites anguilles tranf- parentes ayant à leur tête une excref- ceneeen forme de croifTant. num. 127. 1 36. &• fuiv. Viscères totalement déplacés, de forte que le foie étoit à gauche , la rate à droite , la pointe du cœur tournée du même côté, le piloredu côté gauche, &c. num. 107. 401. ùfuiv. Vision ( remarques de M. Mariotte fur ALPHAB la ). num. 35 131. Ayant pris un objet pour fervir de point fixe à fa vue , & ayant placé à côté de celui-ci un autre objet , mais un peu plus bas , il s'éloigne en fermant un œil , & fixant avec l'autre le premier des objets , & bientôt il ceffe de voir le fécond. Ce qui arrive auflî à d'an- tres perfonnes & à différentes diftan- ces , félon la différente flrucfure de leurs yeux. iSid. M. Mariotte attribue ce défaut devifion à la rétine qui ne tranfinet pas les im- preffions de l'objet à l'endroit où elle recouvre le nerf optique , il voudroit fubftituer à cette tunique la choroïde , pour en faire l'organe immédiat de la vue. ibid. & fuïv. Mais M. Pecquet rétablit la rétine dans la poifeffion de fes droits. Il attribue ce défaut de vifion aux vaiiléaux de cette Ê T I Q U E. 797 tunique, dont les troncs font aflez gros pour intercepter dans une certaine pof . tion les rayons réfléchis d'un objet. 1 3 2. Vue qui s'affoiblifloit tellement vers le coucher du Soleil , qu'on ne diftinguoit plus rien avec la lumière d'une chan- delle , dés que la nuit approchoit : le ;eune homme qui avoit cette incommo- dité , voyoit pendant le jour les objets à toutes les diftances, fans que fes yeux en fuffent fatigués, num. 154. 507. & fuiv. rVoiRE (V ) examiné avec le mif- crofeope paroît compofé de pièces qui s'entrecroifent & chevauchent les unes fur les autres , comme les f.br..i d'un mufeie penniforme. num. 140. 487. Fin de la Table des TranfaSlior.t Plùlofophiques: 598 J APPROBATION. 'Ai lu par ordre de Monfeigneur le Chancelier un Manufcrit intitulé , Collection. Académique , &c. & je n'y ai rien trouvé qui puifle en empêcher l'impreffion. A Paris ce zS. Avril 1755. Laviroiti. PRIVILÈGE DU ROI. LOUIS , par la grâce de Dieu , Roi de France & de Navarre , à nos amés & féaux Confeillers les Gens tenant nos Cours de Parlement , Maîtres des Requêtes ordi- naires de notre Hôtel, Grand-Confcil , Prévôt de Paris, Baillifs, Sénéchaux, leurs Lieutenans Civils & autres nos Jufttciers qu'il appartiendra ; Salut. Notre amé DtsvtNTEs , Li- braire a Dijon , nous a fait expofer qu'il delireroit faire imprimer & donner au public un Ouvrage qni a pour titre : Collection Académique , ou Recueil des Mémoires des Aca- démies étrangères , s'il nous plailoit lui accorder nos Lettres de Privilège pour ce néceflaires : A lis CAUsts , voulant favorablement traitet l'Expofant , Nous lui avons permis & per- mettons par ces préfenres de faire imprimer ledit Ouvrage autant de fois que bon lui lem- blera , & de le vendre , faire vendre & débiter par tout notre Royaume pendant le tems de quinze années confécutives , a compterdu jour de la date des prélentes ; failons déftnfes à tous Imprimeurs , Libraires & autres Perlonnes de quelque qualité & condition qu'elles foient d'en introduire d'imprellion étrangère dans aucun lieu de notre cbéillance ; comme aulïï d'imprimer ou faire imprimer, vendre, faire vendre, débiter ni contrefaire ledit ouvrage , ni d'en faire aucun extrait, fous quelque prétexte que ce foit d'.iugmentation , corteélionj changementou autres , fans la pernulTion cxprellc & par é:rit dudit Expofanr ou de ceux qui auront droit de lui , à peine de confifeation des Exemplaires contrefaits & de trois mille livtes d'amende contre chacun des contrevenans, dont un tiers a Nous, un tiers à l'Hôtel- Dieu de Patis & l'autre tiers audit Expofant ou à celui qui aura dtoit de lui , & de tous dépens , dommages & intérêts; à la charge que ces préfentes feront enregiftrées tout au long fur le Regiftre de la Communauté des Imprimeurs & Libraires de Paris dans trois mois de la date d'icelles ; que l'imprelfion dudit Ouvr32,e fera faite dans notre Royaume & non ail- leurs , en bon papier Se beaux caractères conformément aux conditions portées par l'Acle fous-feing privé du 18. Février 1754. °,ui eft j°'nt fous le contre feel des préfentes , que l'Impétrant fe conformera en tout aux réglemens de la Librairie & notamment à celui du 10. Avril 172. f . qu'avant de l'expofer en vente , le Manufcrit qui aura fervi de copie à l'im- preffion dudit Ouvrage fera remis , dans le même état où l'Approbation y aura été donnée , es mains de notre très-cher & féal Chevalier Chancelier de France le Sieur De la Moi- gnon , & qu'il en fera enfuite remis deux exemplaires dans notte Bibliothèque publique , un dans celle de notre Château du Louvre, un dans celle de notredit très-cher & féal Che- valier Chancelier de France le Sieur De la Moignon , &c un dans celle de notre très -cher & féal Chevalier Garde des Sceaux de France le Sieur De Machault , Commandeur de nos ordres , le tout à peine de nullité des préfentes. Du contenu defquclles vous mandons & enjoignons de faire jouir ledit Expofant & fes ayant caufe pleinement & paifiblement , fans foutfrir qu'il leur foit fait aucun trouble ou empêchement. Voulons que la copie des préfentes qui fera imprimée tout au long au commencement ou à la fin dudit Ouvrage foit tenue pour duement lignifiée , & qu'aux copies collationnées par l'un de nos amés & féaux Confeillers Secrétaires, foi foit ajoutée comme à l'original. Commandons au pre- mier notre Huifiier ou Sergent fur ce requis de faire pour l'exécution d'icelles tous aétes requis Se néceflaires , fans demander autre permiffion & nonobftant clameur de Hato , Chat- Ï99 te Normande & Lettres à ce contraires : Car tel cft notre plaifir. Donné i Vetfaillcs le vinotieme jour du mois de Mars , l'an de grâce mil fept cent cinquautc-quatre , 8c de notre Règne le trente-neuvième. TAR LE ROI EN SON CONSEIL, Signé , P E R R i N. Régiflrè fur l& Régiflrè treize de la Chambre Royale des Libraires & Imprimeurs de Paris N". ;o8. fol. 144. conformément aux anciens Re^kmens , confirmés far celui du 18. Février. 1715. A Parisle 11. Mars 1754- DIDOT, Syndic. Je reconnois avoir cédé à Monficur François Fourniïr , Libraire-Impi'imeur à Aa- xerre , une part au préfent Privilège , fuivant le Traité fait entre nous , à Auxcrtc ce quinte Avril 1754. Destsntis. A AUXERRE,dc rimprimeric de F. Fournie».